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Full text of "Nouveau dictionnaire d histoire naturelle"

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'9 '7' 


'Û. 


V 


TAVLOH   INSTITUTION. 


UEtiUEA  TIIED 

T  0   THE   U  N  H'  E  R  S I  '!•  V 


HUBERT  FINXH,  M.  A. 

OF  BALLIOL  IVLLeVf. 


4 


I 


•V 


/ 


'    -NOUVEAU 

DICTIONNAIRE 


D'HISTOIRE  NATURELLE. 


CAA-»CHA. 


Noms  des  auteurs  de  cet  Ouvrage  dont  les  matières 

ont  été  traitées  comme  il  suit  : 


U  Homme  , 
leR  QuadrupèdeBy 
Us   Oiseaux ,   les 
Cétacés. 

UArt  vétérinaire, 
l'Economie  domes- 
tique. 

Les  Poissons,  les  ( 
Reptiles ,  les  Mol'  ) 
hisques  et  les  Vers.  1 


SONNINI ,  Membre  da  Ja  Société  il'Agrienltvra  do 
Paria,  éditanr  et  continaatanr  de  TUiatoira  aa- 
tvralla  d«  Bnffon. 

VIREY,  Antrar  da  THiat.  natnrvlla  du  Gava  Uonaia. 

PARMENTIER,) 

H  tJ  Z  A  R  D  I  Méhnbraa  de  tlaalitnt  Bational. 

SONNINI ,  MamWa  da  la  Société  d'Aerienltnra  da 
Paria ,  aie.  aie' 


B09C  y  MfHtra  da  la  Société  d'Hialoi'ra  aituralfla  da 
paria ,  da  U  Société  Liaaéamia  da  Loadroa. 


téSs  Insectes. 

Botanique  et  son 
application  aux 
Arts  y  à  VAgricul-' 
ture,au  Jardinage, 
à  l'Economie  Ru^ 
raie  et  Domesti^ 
que. 


{ 


OLIVIER  ,  Mambra  da  riasUtat  national. 

L  ATREILLE ,  Membre  aaaocié  da  l' InaUtnt  naUonal. 

niAFTAL,         ] 

PARMENTJER,  V  Membreada  l'Ioatitvt  national. 

CELS,  j 

TUOUJN  ,  Membre  da  riniti  lut  national.  Profetienr 
et  AdmlaiMrataar  an  /ardin  de»  Plantes. 

DU  TOUR,  Membre  de  laSociété  d'Agricnltma  do 
Sai  nl-Domiv  gae. 

BOSC,  Membre  de  U  Société  d'Hittotre  Batnrallf  do 

Paria. 


Minéralogie,  Géo-  f  CHAPTAL,  Membre  de  ria^tîtot  national. 
loffie,MéCéoroloffiê  J  PATRIN  ,  Membre  aMocié  da  i'Inalilal  national  et  de 
^  ,  I  l'Académie  des  Sciences  de  Saint-Péteralioiirg , 

et  Physique.  I  Antoar  d'une Hiêtoire  natnrelle  de* Minéranx. 


NOUVEAU 

DICTIONNAIRE 

r 

D'HISTOIRE  NATURELLE, 

APPLIQUÉE  AUX  ARTS, 


Principalement  à  l'Agriculture  et  à  FEconomie  rurale 

et  domestique  : 


»  _  ' 


PAR  UNE  SOCIETE  DE  NATURALISTES 
ET  D'AGRICULTEURS: 

Avec  des  figures  tirées  des  trns  R^es  de  la  Natim. 

TOME  IV. 


DB  L'IMPRIMERIE  DE  CRAPELET. 

A   PARIS, 

Chez  DETER  VILLE,  Libraire,  me  du  Battoir,  n*  16. 

AN    XI —  180 3. 


I 


•  • 


AVI  S    AU    RE  Lrl  E  U  R 


Tout  lèplabèrrient  Oes  FigUna  des  tom.  ly;  V,  fT. 


•      ♦♦       ••       «♦• 


i   p  ■    I  ^'•w^'fn   ■■>   ■  ^-^^w^ 


•    t    •    •    ■ 


B  1.  Tome  IV '. Page  lo 

B  2 97 

B  5. 117 

B  6 iSy 

B  7 i88 

B  8 ....336 

B  9 3i5 

B  lo 335 

B  11 vv...,.., 5g5 

B  13 .• 4i7 

B  i5 538 

B  i4 570 

B  16  Tome  V Page  107 

B  17 126 

B  18 339 

B  so '' 3o3 

B  21 385 

B  33 4i2 

B  33 44î 

B  34 6o5 

B  a6 611 

B  37. 56i 

ir,  a 


I    '     tu     «  •  V  »  »  ï  ». 


NOUVEAU 

DICTIONNAIRE 

D'HISTOIRE  NATURELLE. 

C  A  B 

IjAA-APIA,  nom  brasQien  de  la  doratène  du  Brésil, 
dont  le  sue  pause  pour  éti-e  l'anlidole  de  la  monure  dm 
terpetu  el  de  la  blessure  des  flèches  empoisonnées,  foyez  au 

mot  DORSTÙNE.  (B.) 

CAAIGOUARA ,  nom  que  les  sauvages  du  Brésil  don- 
nenl,  suivant  Marcgrave,  au  pécari  ou  tajacu.  Voyez  Pi- 
CABI.  (S.) 

CAAOPIA  ,  pelit  arbre  du  Brésil ,  figuré  avec  ses  fruils 
pag.  96  de  X Histoire  des  plantes  du  Brésil,  par  Fison.  C'est 
le  Millepertuis  baccifère.  (  f^oyes  ce  mot.  }  Les  baies  de 
cet  arbre  sont  d'un  beau  janne ,  et  il  découle  de  son  tivinc 
une  réùne  de  même  couleur,  dont  les  nègres  se  servent  pour 
se  puiser.  On  l'appelle  Comme  gutte  n'AMiRiQuc.  roytt 
ce  mot  et  le  mot  Millepertuis.  (B.) 

CAAPEBA  ,  nom  brasilien  de  Variitoloche  anguicide 
el  de  la  baniaière  anguleuse.  C'est  aussi  celui  de  la  PaREiRu 
OPPiciNAi.E.  Voyez  ced  mots.  (B.) 

CAjiJlABOA,  petit  arbrisseau  du  Brésil  mentionné  dan» 
Pison ,  el  qui  paroît  avoir  quelques  rapports  avec  les  Cané- 
FiciERs.  (  Voyex  ce  mot.)  Ses  feuilles,  en  c 
employées  contre  les  ulcères,  et  son  bois,  en  ti 
maladies  vénériennes.  Toutes  ses  parties  sont 
C.'VBALLAIRE,  Cahallaria  ,  genre  de  pla 
gamiedtoccie.dontlecaraclèi-econâisleenun 
iL^nl,  campanule,  à  cinq  divisions  profond) 
corolle  en  roue,  à  tube  très-court  et  à  limb< 


i  C  A  B 

parties  ovales;  cinq  anthères  sessiles^  insérées  à  la  base  deê 
découpures  de  la  corolle  ;  un  ovaire  supérieur^  presque  rond» 
à  stigmate  presqiDe  seiuilê  et  pentagone  ;  uii  dtripe  globuleux, 
monosperme ,  nuirqné  de-points  oblongs. 

Les  ileurs  mâles  sont  sur  d'autres  pieds  que  les  fleurs  her- 
maphrodites^ mais  n'en  diflerent  que  par  l'avortement  de 
Fovaire. 

Ce  geni*e,  dont  les  caractères  sont  figurés  p).'  3o  du  Gênera 
de  la  Flore  du  Pérou,  contient  huit  espèces  ;  toutes  sont  des 
«rbres  ou  des  arbrisseaux  de  ce  pays  fort  voisins  des  Argans 
(  Voyez  ce  mot.  ) ,  et  dont  un  a  été  mentionné  par  Jussieu  saur 
le  nom  générique  de  Makolii4^  ou  Manoilul.  Voyez  ce 
mot.  (B.) 

CAfiARE,  nom  que  l'on  donne  à  la  HuIiOte  du  Brésil. 
Voyez  ce  mot.  (Vieill.) 

CABARET (/W/i^*//a  Umaria.Yar.  Lath.  pi.  enl.  n"  486, 
fig.  3  de  VHifit.  nai.  de  Buffon;  ordre ,  Passereaux;  genre. 
Pinson.  Voyez  ces  deux  mots.  ).  La  longueur  du  cabaret  est 
de  quatre  pouces  et  demi;  sa  queue  est  fourchue ,  et  ne  dé- 
passe les  ailes  que  de  huit  lignes  ;  le  dessus  de  la  tête  et  le 
croupion  sont  rouges;  une  bande  roussâtre  passe  sur  les  yeux  ; 
le  dessus  du  corps  est  varié  de  noir  et  de  roux;  le  dessous  est 
de  cette  dernière  teinte  et  tacheté  de  noirâti^e  sous  la  gorge  ; 
le  ventre  est  blanc  ;  les  pie^ds  sont  bnins^  les  ongles  loH 
allongés  y  et  celui  du  doigt  postérietu*  est  plus  long  que  le 
doigt;  le  bec  jaunâtre^  et  brun  à  son  exti*émité.  La  femelle 
diflêre  du  niâle  en  ce  qu'elle  n'a  point  de  rouge  sur  le 
croupion. 

(c  Cet  oiseau,  dit  Montbeillard  ^  est  rare  en  France  et  eit 
7>  Allemagne;  son  vol  est  rapide;  il  voyage  en  petites  troupes, 
-»  arrive  en  France  à  rautomne ,  et  disparoit  au  printemps  3>^ 
Le  chant  du  mâle  est^  dit-on^  assez  agréable.  Il  n'est  pas 
méfiant^  et  donne  facilenient  dans  les  pièges  qu'on  lui  tend« 
On  le  nourrit  en  cf^  de  chenevis  et  de  millet.  Il  supporte 
d'abord  la  captivité  avec  impatience;  mais  il  devient  ensuite 
familier^  et  même  à  un  certain  point.  Dès  sa  première  mue, 
il  jierd  sa  coulem*  rouge,  et  elle  ne  i^vient  plus,  même  dans 
luie  volière  exposée  en  plein  air. 

Cette  espèce ,  selon  James  Bolton  (  Harmonia  ruralis  ^ 
First,  part,  page  ^4.  ),  habite  les  buissons ^  se  plait  sur  les 
arbrisseaux,  et  y  place  son  nid,  dont  le  fond  est  un  mélange 
de  mousse,  de  foin  et  de  chaume;  des  petites  racines  en  for» 
ment  le  contour ,  et  les  plus  douces  et  les  plus  petites  en  gar- 
nissent l'ouverture.  Ces  racines^  quoiqu'entrelacées  ensemble, 
«ontsipeurapprochéesles  unesdes  autres,  que  Ton  voit  le  jour 


C  A  B  S 

à  travers  le  nid  ;  enfin,  quelques  crins  noirs  sont  épars  dans 
l'intérieur.  Sa  ponte  est  de  cinq  à  six  œufs  y  d'un  bleu  blan-* 
châtre,  tachetés  de  rouge,  et  marqués  de  zigzags  bruns.  Ces 
zigzags ,  isolés  sur  la  coque,  sufiBsent  pour  distinguer  ces  œu£i 
de  ceux  des  autres  linottes. 

Il  paroit,  d'après  cet  auteur,  c][ue  Its cabarets  nichent  en 
Angleterre,  et  que,  pendant  l'hiver,  ib  se  rassemblent  en 
troupes  et  se  mêlent  avec  les  autres  petits  oiseaux. 

Le  caharet  a  une  telle  analogie  dans  la  taille,  les  habitudes 
et  le  plumage  avec  le  sizerin,  qu'il  est  très-difficile  de  ne  pat 
les  confondre.  Tous  deux  ont  encore  un  caractère  qui  leur 
est  particulier,  et  les  distingue  très-bien  des  autres  linottes^ 
c'est  d'avoh'  les  plumes  qui  sont  à  la  base  de  la  mandibulo 
supérieure  retournées  en  devant,  retombant  sur  les  narines 
et  les  couvrant.  Mais  cette  espèce  parott  très-rare  en  France^ 
et  le  sizerin  y  est  trè»-commun  pendant  certains  hivers.  Outre 
cela ,  le  sizerin  a  les  couleurs  de  la  gorge  d'un  beau  ros9 
tendre;  enfin,  les  oiseleurs  de  Paris  lui  donnent  le  nom  de 
cabaret ,  et  ne  paroissent  pas  connoitre  celui  ides  omitho|eH> 
gistes.  (ViEiLL.) 

CABAR£T,  nom  vulgaire  de  I'Asarjst  d'£urofs.  Voyez. 
ce  mot  (B.) 

CABASSOU-  Voyez  Kabassou.  (S.) 

CABÉUAU  ou  CABILLAUD.  C'est  le  nom  que  porte 
la  TQorixe y  gadus  morhua,  sur  les  côles  de  France,  et  sous 
lequel  on  la  mange  à  Paris  lorsqu'elle  est  fraîche.  C'est  par 
erreur  que  quelques  pêcheurs  regardent  le  cabéliau  comme 
une  espèce  particulière  de  G  a  de.  Voyez  ce  mot. 

Quant  au  cabillaud  salé,  c'est  encore  la  morue  oixiinaire^ 
que  les  Hollandais  pèchent  au  banc  de  Terre-Neuve,  et  pré- 
parent difiéremmeut  que  les  Français ,  c'est-àrdire ,  qu'ils 
fendent  dans  toute  leur  longueur,  et  dont  ib  enlèvent  toute 
répine  du  dos.  Voyez  au  mot  MoauE. 

CABESTAN  (  L£  ).  C'est  le  nom  marchand  d'une  coquille 
du  genre  des  Harpes.  Voyez  ce  mot.  (B.)  ; 

CABI  AI  (  Cap,ia  ) ,  dénomination  imposée  à  une  famille  de 
quadrupèdes  dans  la  classe  des  Rongeurs.  (  Voyez  ce  mot.  ) 
On  lui  assigne  pour  caractères  :  le  corps  trapu,  la  tète  grosse, 
les  oreilles  rondes,  la  queue  courte  ou  nuUe ,  les  pieds  courts; 
point  de  clavicules;  les  dents  moUaires  sillonnées,  ou  à 
couronne  plate.  (S.) 

CABI  AI  (  Cavia)^  désignation  d'un  genre  de  quadrupèdes 
dans  la  famille  du  même  nom ,  et  dans  Tordre  des  Rongeurs. 
f  IVoyez  ce  mot.  ).  Aux  caractèi*es  généraux  des  cabiais  (  Voy. 
Cji^iai^  Famille.),  ce  genre  joint  les  caractères  particuliers 


4  C  A  B 

d'être  sans  queue  ^  et  d'avoir  les  denfs  mollaires  sillon-^ 
nées.  (S.) 

CABIAI  (  Cbpîfl  capyhara  Linn.  Voyez  tom.  3i ,  pag.  aSg , 
de  rédilion  de  Bufibn ,  par  Sonnini.  ) ,  quadrupède  du  genre 
de  la  famille  du  même  nom.  (  Voyez  ci-deâsus.  )  Le  cahiai 
i^ssemble  beaucoup^  peau*  la  forme  générale  du  corps ,  au 
câchon  cTinde  ;  mais  il  est  beaucoup  plus^grand.  Sa  longueur 
est  de  deux  pieds  et  demi  ;  sa  tête  est  longue ,  applatie  sur  les 
côtés  ;  le  museau  est  épais  ;  la  lèvre  supérieure  a  une  échan- 
erure  au-dessous  du  nez,  et  laisse  les  deux  longues  incisives 
supérieures  à  découvert  ;  la  bouche  est  petite  ;  les  oreilles 
coiu'tes;  droites  et  nues.  Les  jambes  sont  courtes ,  et  les  pieds 
gont  longs.  Il  y  a  quatre  doigts  séparés  à  ceux  de  devant  ^  et 
ceux  de  derrière  n'en  ont  que  trois  ^  réunis  par  une  mem- 
brane, n  n'y  a  qu'un  petit  tubercule  à  l'endroit  de  la  queue* 
lie  poil  est  rare ,  et  de  même  qualité  que  les  soies  du  cochon  ^ 
mais  plus  fin  ;  celui  du  dessus  de  la  tête ,  du  corps  et  de  la 
face  externe'  des  jambes ,  est  noir  sur  la  plus  grande  partie 
de  sa  longueur  depuis  son  origine  ;  il  y  a  au-dessus  du  noir 
une  couleur  fauve ,  et  la  pointe  est  noire.  Le  poil  du  tour 
des  yeux  ^  du  dessous  de  la  téte^  et  celui  du  corps  et  de  la 
face  interne  des  jambes^  n'a  qu'une  couleur  fauve.  Les  mous- 
taches sont  noires. 

Le  cahiai^  que  l'on  a  mal-à-^propos  confondu  avec  le  eo^ 
chon,  en  diffère  non-seulement  par  la  conformation,  ainsi 
qu'on  vient  de  le  voir,  mais  encore  autant  parle  naturel  et 
les  moeurs  ;  il  habite  souvent  dans  l'eau ,  où  il  nage  comme 
une  loutre,  y  cherche  de  même  sa  proie,  et  vient  manger  au 
bord  le  poisson  qu'il  prend  et  qu'il  saisit  avec  la  gueule  et  les 
ongles.  11  mange  aussi  du  grain ,  des  fruits  et  des  cannes  de 
sucre.  Ck>mme  i^es  pieds  sont  longs  et  plats,  il  se  tient  souvent 
assis  sur  ceux  de  derrière.  Son  cri  est  plutôt  un  braiment , 
comme  celui  de  l'âne ,  qu'un,  grognement  comme  celui  du 
cochon.  11  ne  marche  oïdinairement  que  la  nuit,  et  presque 
toujours  de  compagnie,  sans  s'éloigner  beaucoup  des  eaux  ; 
car,  comme  il  court  mal  à  cause  de  ses  longs  pieds  et  de  ses 
jambes  courtes ,  il  ne  pourroit  trouver  son  salut  dans  la  fuite  ; 
et  pour  échapper  à  ceux  qui  le  chassent ,  il  se  jette  à  l'eau,  y 
plonge,  et  va  sortir  au  loin,  ou  bien  il  y  demeure  si  long- 
temps, qu'on  perd  l'espérance  de  le  revoir.  Sa  chair  est  grasse 
et  tendre;  mais  elle  a  plutôt,  comme  celle  de  la  loutre,  le 
goût  d'un  mauvais  poisson  que  celui  d'une  bonne  viande  : 
cependant,  on  a  remarqué  que  la  hure  n*en  étoit  pas  mau- 
vaise. Le  cahiai  esX  d'un  naturel  tranquille  et  doux  ;  il  ne  fait 
ni  mal  ni  querelle  aux  autres  animaux;  on  l'apprivoise  sany 


C  A  B  5 

peine  ;  û  vient  &  la  voix,  et  suit  asses  volontiers  ceux  qu'il 
connoît  et  qui  l'ont  bien  traité.  La  femelle  a  douse  mamelles , 
ce  qui  fait  présumer  qu'elle  produit  beaucoup  de  petits.  Ce- 
pendant,  M.  de  Ijaborde  assure  quelle  n*en  fait  qu'un  à 
chaque  portée ,  ce  qui  nous  parait  assez  difficile  à  croire.  Nous 
ignorons  le  temps  de  la  gestation  ,  celui  de  l'accroissement , 
et  par  conséquent  la  durée  de  la  vie  de  cet  animal.  11  est 
commun  à  la  Guiane ,  au  Brésil ,  aux  Amazones  et  dans 
toutes  les  terres  basses  de  l'Amérique  méridionale.  Il  parott 
qu'il  ponrroit  fort  bien  supporter  le  fit>id  de  Thiver  dans  nos 
climats.  (Desm.) 

CABIAYE.  (  Fbyêz  Cabiai.  )  L'usage  a  prévalu  d'écrire 
de  cette  dernière  manière  le  nom  de  ce  quadrupède  ;  cepen- 
dant ,  sa  vraie  prononciation  est  cabioje.  (S.) 

CABINET  D'HISTOIRE  NATURELLE.  C'est  un  lien 
clans  lequel  sont  rassemblées  les  différentes  p]x>duction»  de 
la  nature  ,  suivant  l'ordre  de  leurs  ressemblances  et  de  leurs 
affinités.  On  peut  ainsi  contempler  d'un  seul  coup-d'œil^  la 
série  des  êtres  créés  ,  et  reconnoiti'e  la  marche  de  la  nature 
dans  leur  formation.  Si  l'on  pouvoit  toujours  observer  la  na^ 
ture  vivante  sous  ses  yeux ,  il  seroit  superflu  d'en  rassembler 
les  ouvrages  morts  et  dégradés  dans  nos  habitations.  Il  y  a 
donc  un  grand  avantage  pour  la  science ,  de  trouver  sous 
sa,  main  des  objets  rares ,  nés  dans  des  climats  éloignés ,  et  de 
pouvoir  les  examiner  à  loisir.  Quel  plus  beau  spéciale ,  d'ail<<» 
leurs  y  que  celui  de  la  richesse  et  de  la  variété  de  la  nature  ! 
Quel  tableau  plus  capable  de  nous  pénétrer  de  sa  toute-puis- 
aance  ^  et  de  nous  émouvoir  par  la  contemplation  des  œuvres 
de  la  magnificence  divine  l  Cependant  si  cet  ensemble  nous 
ravit  d'admiralion  ,  qu'est-il  auprès  de  la  nature  vivante  en- 
tourée de  toute  sa  splendeur  et  de  sa  majesté  7  De  cette  nature 
iBiiblime  et  hardie  au  milieu  des  rochers  et  des  précipices ,  dans 
les  immenses  forêts ,  sur  l'Océan  agité  de  tempêtes ,  soiu  les 
zones  brûlantes  et  les  pôles  glaces  ,  dans  les  entrailles  des 
volcans  et  les  abîmes  des  mers^  dans  la  hauteur  des  cieux  et 
la  profondeur  de  la  terre  7  Combien  nos  collections  sont 
anéanties  en  présence  de  ces  grandes  mel'^'eiUes  !  Les  baleines 
^ui  fendent  les  plaines  liquides  de  TOcéan  ;  les  éléphans  ,  les 
rhinocéronj  les  hippopotames  qui  peuplent  les  tenres  humides 
(le  la  zone  Torride  ;  les  giraflbs^  les  chameaux^  les  gazelles^ 
Tautruche^qui  parcourent  les  brûlans  déserts  de  l'Afrique  ; 
Taigle ,  le  vautoiir ,  le  condor  aux  ailes  puissantes,  qui  régnent 
dans  l'empire  des  airs;  les  crocodiles ,  Jes  gi*ands  serpens  qui 
pétrissant  et  sillonnent  la  fange  des  mai'ais  ;  les  monstres  ma- 
rins qui  s'entredévorent  dans  les  gouffres  profonds  ^  et  £• 


4  C  A  B 

d'être   sans  queue  ^  et  d'avoir  les  denfs  mollaires  sSIon-* 
nées.  (S.) 

CABIAI  (  Cat^ia  capyhara  Linii.  Voyez  tom.  3i ,  pag.  aSg , 
deTédilion  de  BuHbn^  par  Sonnini.  )^  quadrupède  du  genrer 
de  la  famille  du  même  nom.  (  Voyez  ci-dessus.  )  Le  cabiai 
i^essemble  beaucoup,  pour  la  forme  générale  du  corps ,  au 
cdchon  (Tinde  ;  mais  il  est  beaucoup  plus* grand.  Sa  longueur 
est  de  deux  pieds  et  demi  ;  sa  tête  est  longue ,  applatie  sur  les 
côlés  ;  le  museau  est  épais  ;  la  lèvre  supérieure  a  une  échan- 
crure  au-dessous  du  nez ,  et  laisse  les  deux  longues  incisives 
fiupérieures  à  découvert  ;  la  bouche  est  petite  ;  les  oreilles 
courtes ,  droites  et  nues.  Les  jambes  sont  courtes ,  et  les  pieds 
sont  longs.  Il  j  a  quatre  doigts  séparés  à  ceux  de  devant,  et 
ceux  de  deirière  n'en  ont  que  trois,  réunis  par  une  mem- 
brane, n  n'y  a  qu^un  petit  tubercule  à  l'endroit  de  la  queue. 
lie  poil  est  rare ,  et  de  même  qualité  que  les  soies  du  cochon  , 
mais  plus  fin  ;  celui  du  dessus  de  la  tète ,  du  corps  et  de  la 
face  externe'  de^  jambes ,  est  noir  sur  la  plus  grande  partie 
de  sa  longueur  depuis  son  origine  ;  il  y  a  au-dessus  du  noir 
une  couleur  fauve ,  et  la  pointe  est  noire.  Le  poil  du  tour 
des  yeux,  du  dessous  de  la  tête,  et  celui  du  corps  et  de  la 
face  interne  des  jambes^  n'a  qu'une  couleur  fauve.  Les  mous- 
taches sont  noires. 

Le  cabiai ,  que  Ton  a  mal-à-^propos  confondu  avec  le  eo~ 
ehon,  en  diffère  non-seulement  par  la  conformation,  ainsi 
qu'on  \ieni  de  le  voir ,  mais  encore  autant  par  le  naturel  et 
les  mœurs  ;  il  habite  souvent  dans  l'eau ,  où  il  nage  comme 
une  loutre ,  y  cherche  de  même  sa  proie,  et  vient  manger  au 
hord  le  poisson  qu'il  prend  et  qu'il  saisit  avec  la  gueule  et  les 
ongles,  il  mange  aussi  du  grain,  des  fruits  et  des  cannes  de 
sucre.  Comme  ses  pieds  sont  longs  et  plats,  il  se  tient  souvent 
assis  sur  ceux  de  derrière.  Son  cri  est  plutôt  un  braiment , 
comme  celui  de  l'ane,  qu'un  grognement  comme  celui  du 
cochon.  Il  ne  marche  ordinairement  que  la  nuit,  et  presque 
toujours  de  compagnie,  sans  s'éloigner  beaucoup  àe&  eaux  ; 
car,  comme  il  court  mal  à  cause  de  ses  longs  pieds  et  de  ses 
jambes  courtes ,  il  ne  pourroit  trouver  son  salut  dans  la  fuite  ; 
et  pour  écliapper  à  ceux  qui  le  chassent ,  il  se  jette  à  IVau,  y 
plonge ,  et  va  sortir  au  loin ,  ou  bien  il  y  demeure  si  long- 
temps, qu'ion  perd  l'espérance  de  le  revoir.  Sa  chair  est  gra&se 
et  tendre;  main  elle  a  plutôt,  comme  celle  de  la  loutre,  le 
goût  d'un  mau^'ais  poisson  que  celui  d'une  bonne  viande  : 
cependant,  on  a  remarqué  que  la  hure  n'en  étoit  pas  mau* 
vaiae.  Le  cabiai  est  d'un  naturel  tranquille  et  doux  ;  il  ne  fait 
ni  mal  ni  querelle  aux  autres  animaux;  on  l'apprivoise  saii« 


C  A  B  5 

peine  ;  fl  vient  à  la  voix^  et  suit  assess  volontiers  ceux  qu'il 
coimoît  et  qui  l'ont  bien  traité.  La  femelle  a  douze  mamelles  ^ 
ce  qui  fait  présumer  qu'elle  produit  beaucoup  de  petits.  Ce- 
pendant ,  M.  de  Laborde  assure  qu'elle  n'en  fait  qu'un  à 
chaque  portée  y  ce  qui  nous  paroît  assez  difficile  à  croire.  Nous 
ignorons  le  temps  de  la  gestalion  ,  celui  de  l'accroissement , 
et  par  conséquent  la  durée  de  la  vie  de  cet  animal.  11  est 
commun  à  la  Guiane^  au  Brésil ,  aux  Amazones  et  dans 
toutes  1^  terres  basses  de  l'Amérique  mérîdionale.  Il  paroi t 
qu'il  pourroit  fort  bien  supporter  le  fix>id  de  Thiver  dans  no» 
climats.  (Desm.) 

CABIAYE.  (  Foyêz  Cabia.1.  )  L'usage  a  prévalu  d'écrii-e 
de  cette  dernière  manière  le  nom  de  ce  quadrupède  ;  cepen- 
dant y  sa  vraie  prononciation  est  cabiaye.  (S.) 

CABINET  D'HISTOIRE  NATURELLE.  C'est  un  lieu 
dans  lequel  sont  rassemblées  les  di0erentes  pi*oduction»  de 
la  nature  ,  suivant  l'ordre  de  leurs  ressemblances  et  de  leurs 
affinités.  On  peut  ainsi  contempler  d'un  seul  coup-d'œil^  la 
série  des  êtres  créés ,  et  recotinoiti*e  la  marche  de  la  nature 
dans  leur  formation.  Si  l'on  pouvoit  toujours  observer  la  na« 
ture  vivante  sous  ses  yeux ,  il  seroit  superflu  d'en  rassembler 
les  ouvrages  morts  et  dégradés  dans  nos  habitations.  Il  y  a 
donc  un  grand  avantage  pour  la  science ,  de  trouver  sous 
sa  main  des  objets  rares ,  nés  dans  des  climatséloignés  ^  et  de 
pouvoir  les  examiner  à  loisir.  Quel  plus  beau  spectale  y  d'ail- 
leurs  y  que  celui  de  la  richesse  et  de  la  variété  de  la  natui'e  ! 
Quel  tableau  plus  capable  de  nous  pénétrer  de  sa  toute-puis- 
sance y  et  de  nous  émouvoir  par  la  contemplation  des  œuvres 
de  la  magnificence  divine  !  Cependant  si  cet  ensemble  nous 
ravit  d'admiration  ^  qu'est-il  auprès  de  la  natiU'e  vivante  en- 
tourée de  toute  sa  splendeur  et  de  sa  majesté  ?  De  cette  nature 
sublime  et  hardie  au  milieu  des  rochers  et  des  précipices ,  dans 
les  immenses  forêts ,  sar  l'Océan  agité  de  tempêtes ,  sous  les 
zones  brûlantes  et  les  pôles  glaces  ,  dans  les  entrailles  des 
volcans  et  les  abîmes  des  mers ,  dans  la  hauteur  des  cieux  et 
la  profondeur  de  la  terre  ?  Combien  nos  collections  sont 
anéanties  en  présence  de  ces  grandes  mel*^'eilles  !  Les  baleines 
qui  fendent  les  plaines  liquides  de  TOcéan  ;  les  éléphans  ^  les 
rhinocéron,  les  hippopotames  qui  peuplent  les  teri'es  humides 
de  la  2one  Torride  ;  les  giraDes ,  les  chameaux  ^  les  gazelles  , 
Tautruche^qui  parcourent  les  brûlans  déserts  de  l'Afrique  y 
l'aigle ,  le  vautoior  ^  le  condor  aux  ailes  puissantes^  qui  i^nent 
dans  l'empire  des  airs;  les  crocodiles , les  grands  serpens  qui 
pétrissant  et  sillonnent  la  fange  des  marais  ;  les  monstres  ma- 
xins  qui  s'entredévorent  dans  les  gouffres  profonds^  et  yà 


6  C  A  B 

joaent  an  milieu  clés  tempêtes  ;  les  mœnrs  industrieuisès  dm 
insectes ,  la  mystérieuse  multiplication  des  vers ,  enfin  la  vie , 
le  mouvement ,  les  combats ,  les  amours  de  tous  ces  animaux, 
ne  se  voient  que  dans  l'ample  sein  de  la  nature  vivante.  Nous 
n'amassons  que  des  cadavres  immobiles  dans  nos  cabinets; 
ce  lion  n'agite  point  sa  crinière  ;  je  n'entends  point  son  rugis- 
sement horrible  ;  sa  figure  est  déformée ,  son  attitude  con- 
trainte ;  (e  n'y  relit>uve  rien  de  la  vigueur  et  de  la  mâle  fierté 
de  ce  roi  des  animaux  :  ce  n'est  plus  qu'mie  peau  bourrée  ^ 

3ue  rongent  sourdement  les  insectes  ,  et  qui  me  préserite  les 
ébris  de  la  destruction  où  je  cherche  la  jeunesse  et  la  vie. 
Dans  le  règne  végétal^  ces  chênes  oi^eilleux  ,  ces  grands 
cèdres  ^géans  des  forêts,  ces  peuples  innombrables  de  plantes, 
d'arbres  de  toute  espèce ,  les  placerons-nous  dans  nos  cabi- 
'aiets?  Conserverons-  nous  la  fi<aicheur  et  le  brillant  éclat  des 
fleurs ,  le  charme  de  la  verdure ,  l'élégance  des  formes  dans 
nos  ti'istes  herbiers,  dans  ces  tombeaux  de  Flore ,  où  les  plan* 
tes  sont  rangées  et  entourées  de  papiers  comme  les  momies 
d'£gypte  dans  leurs  langes  ?  Qu'est -ce  que  ces  petits  échan- 
tillons de  minéraux ,  ces  cristaux  imperceptibles ,  auprès  des 
xnonts  gigantesqties ,  des  rochers  sourcilleux  qui  se  couron- 
nent de  neiges  étemelles  ,  des  cavernes  eth-ajantes  de  la 
terre ,  où  la  nature  prépare  dans  l'obscurité  ses  transforma- 
tions ,  sème ,  prodigue  toutes  ses  richesses ,  compose  l'or ,  le 
diamant ,  l'éméraude  ,  et  allume  l'incendie  des  volcans? 

C'est  ainsi  qu'en  rétrécissant  notre  vue  et  nos  idées  dans 
nos  petites  collections  ,  nous  perdons  toutes  les  beautés  de  la 
nature  ;  nous  ne  concevons  plus  rien  de  ses  grands  effets; 
nous  n'admirons  plus  ses  étonnans  contrastes  ;  sa  haute  ma- 
jesté dégénère  à  nos  yeux  en  un  ridicule  droguier  rongé  de 
vers  et  couveil  de  poussière.  Un  petit  caillou  me  représente- 
ra-t-il  la  chaine  immense  des  Alpes  ?  Reconnoîlrai-;e  l'érup- 
tion du  Vésuve  à  une  mince  expérience  de  chimie  dans  un 
laboratoire  ?  La  feuille  d^un  palmier, applatie  sous  un  papier, 
me  montrera-t-elle  ces  forêts  vastes  et  impénétrables  de  la 
jsone  Torride?  Non ,  ce  n'est  pas  ainsi  qu'il  faut  étudier  l'jfîT/^- 
toire  naturelle  dans  son  ensemble.  C'est  dans  l'immensité  de 
la  terre  qu'il  faut  la  |conlempler  dans  toute  sa  splendeur  et 
sa  jeunesse.  La  passion  démesurée  des  collections  de  miné- 
raux ,  des herbiei*s ,  des  insectes  ,  des  coquilles,  dégénère  en 
extrême  minutie ,  avilit  les  idées  grandes  et  élevées  que  pré- 
sente la  nature,  donne  un  prix  imaginaire  à  des  clioses  sans 
importance,  et  déprave  le^ugqment ,  a  force  de  l'occuper  à 
des  inutilités. 
Toutefois  l'usage  i^glé  et  sage  des  collections  d'histoire  na- 


C  A  B  T 

ttonelle  est  utile  pour  connottre  les  diverses  prodactions  de  la 
terre  ^  car  il  Ciat  commencer  par  voir  beaucoup^  el  successif 
vement  pour  se  familiariser  avec  tous  les  ob^eU  de  la  nature. 
Mais  il  faut  choisir  de  préférence  les  exemples  vivans ,  qui 
ont  bien  plus  de  pouvoir  sur  l'esprit  et  de  vérité.  Avant  do 
connoitre  les  insectes  étrangers,  les  plantes  rares  ,  étudiez  la 
cheniQe  qui  ronge  vos  arbres  ,  sactiez  distinguer  le  persil 
de  la  ciguë  ;  car  c'est  encore  une  manie  bien  ab&urde  et 
bien  ridicule^  de  vouloir  connoitre  les  objets  étrangers  et  rares^ 
avant  d'avoir  appris  à  distinguer  les  choses  les  plus  commu- 
nes et  les  plus  nécessaires  de  nos  propres  contrées. 

Ilseroit  utile  de  former  dans  chaque  pays  une  collection 
complète  des  objets  d'histoire  naturelle  qu'on  y  trouve ,  afia 
d*en  étudier  les  propriétés,  et  d'en  rechercher  les  usages  dans 
la  vie  civile  :  on  ne  peut  dire  jusqu'à  quel  point  les  arl^  en 
profiteroient  L'on  auroit  en  raccourci  le  tableau  des  res* 
çources  naturelles  de  la  contrée  ,  et  des  notices  instructives  ré- 
pandroient  des  lumières  dans  toutes  les  classes  d'hommes  qui 
viendroient  admirer  ces  cabinets*  Un  Insecte  brillant  des  In-: 
des,  un  bel  oiseau  de  la  Chine ^  une  plante  curieuse  de  l'Ame* 
xique  ,  un  minéral  singulier  de  Sioérie ,  ne  sont  4*Aucune 
utilité  réelle  pour  nous  ;  ils  flattent  la  curiosilé  de  ceux  qui 
les  admirent ,  la  sotte  vanité  de  quiconque  les  fait  venir  i 
gi'ands  frais,  et  l'orgueilleuse  pédanterie  de  ceW  qui  en  &it  la 
démonstration  ;  mais  à  quoi  tout  çèlasf  rt-il?  Je  trouverois  plus 
de  profit  à  connoitre  qu'une  mi^e  de  iourbe ,  une  veine  d^ 
fer  se  jpeuvent  exploiter  en  tel  lien  c^e  ce  pays  \  que  la  vigne 
croit  bien  en  tel  autre  ;  que  la  culture  de  telle  plante  est  avaor 
tageuse  dans  ce  canton ,  &c.  Je  verrois  dans  un  seul  salon 
la  statistique  de  toute  une  réaiop  ;  le  laboureur ,  l^fulisan 
în^e  y  viendroient  connoitre  1^  0[bjçtS:qui  pourroient  leur 
servir,  et  y  apprendroient  à  tirer  un  meilleur  parti  de  leurs 
productions.  Ce  cabinet  seroit  une  sorte  de  répertoire  des 
arts  ,  de  l'agriculture ,  de  l'in,4ustrie  et  du  commerce  d# 
chaque  pays.  La  vue  seule  de  ces  objets  éveilleroit  l'activité^ 
exciteroit  le  talent  ^,  et  enseign^roit  à  tous  les  hommes  une 
foule  de  choses  très-utiles.  iRien  de  moins  dispendieux  au 
reste  que  ces  musées  simples  et  rustiques ,  où  la  science  po^ 
pulaire  et  sans  pédanterie  se  mettroit  à  Ifi  portée  de  tous  les 
Lommes. 

Quand  on  veut  former  un  muséum, on  un  cabinet,  il  faut 
établir  un  ordre ,  et  suivre  l'arrangement  le  plus  naturel  qu'il 
est  possible  ,  afin  de  reconnoîti*e ,  par  des  nuances  succes- 
sives ,  la  marche  de  la  nature.  Il  y  a  deux  ordres  de  ^rps , 
les  minéraux  ou  les  matières  inorganiques  >  et  les  corps  yi- 


8  _  C  A  B 

van9  organisés ,  soit  animaux ,  soit  végétaux.  Voilà  une  pre- 
mière division  ;  la  seconde  séparera  les  animaux  des  plantes  : 
ensuite  chacune  de  ces  trois  parties  de  la  nature  sera  rangée 
suivant  les  rapports  mutuels  des  êtres  qui  la  composent. 

Les  minéraux  sont  ou  des  corps  inconibn»tibles ,  ce  qui 
comprend ,  i°.  les  pieiTes  et  terres  ;  2**.  les  sels  ;  ou  des  sub- 
stances (Combustibles ,  telles  que  5"^.  les  métaux  ;  4°.  les  bitu- 
mes. Là  première  classe  comprend  les  quartz ,  les  grès  ,  les 
cristaux  de  roche ,  les  agathes  ,  calcédoines  et  cornalines , 
les  cailloux  ,  les  jaspes ,  le  feld-spalh  ,  les  hyacinthes  ,  les  to- 
pazes ,  les  émeraudes  et  les  sapbii*s ,  les  rubis ,  les  tourmalines, 
les  schprls,  &c.  On  range  dans  la  seconde  classe  les  argiles^  soit 
ïn fusibles  ,  soit  en  partie  fusibles,  comme  le  kaolin  des  Chi- 
nois f  dont  on  fait  la  porcelaine  ;  les  schites  et  ardoises ,  les 
laïcs  el  lés  micas  ,  le  fripoli ,  les  stéatites  ,  les  terres  bolaires , 
les  Serpentines ,  lesamiantfaes',  les  zéolithes  et  les  spath-fluoi^. 
La  troisième  classe  est  formée  defs  terres  et  pierres  calcaires  , 
des  différentes  sortes  de  marbres  ,  des  brèches  ,  des  luma- 
chelles,  des  albâtres  ;  ensuite  viennent  les  pierres  mélangées^ 
comme  les  craies ,  les  marnes,  les  terres  à  foulons  et  terres  de 
pipe  ,  les  trapp  ou  pierres  de  touche  ,  Tophite  ,  la  pierre  de 
Florence  ,  les  marbres  verds  ,  le  porphyre  ,  les  granits  et  les 
brèches.  )>ans  la  classe. des  sels  ,  il  faut  ranger  le  natron,  le 
horax  ',  lé  nitre^les  g3rpses ,  les  vitriols  ou  sulfates  métalliques, 
l'alun  yle*sel  d'Epsom ,  le  spath  pesant  qu  sulfate  de  baryte  et 
la  pierre  de  Bologne  y  le  pnosphate  calcaire  et  Tapatile^  tous 
les  spaths  calcaires  eh  'cnil'^ti? ,  ou  ramcu'x  comme  le  flo$ 
fhrri ,  et  plusieurs  ^trjficiitions  ,  concrétions  ,  jeux  de  la 
nature, &c.      .     -".-  '''■'^"-  ' 

'  Les  substances  métalliques  dont ,  ou  acidifiâbles  ,  comme 
Tarsenic,  le  wolfram  ou  tungstène  ,1e  molybdène  et  le  chrome; 
ou  cassans ,  tels  que  le  cobalt ,  le  nikel ,  là  btsthdih  ,  le  man- 
ganèse ,  Fantimoinè  élr  le  zinc  ;  ou  coularis",  coïhme  le  mer- 
r.ure  ;  ou  ductiles ,  tels  que  ^*étain  ,  le  plomb  ,  le  fer  ,  le  cui- 
vre; l'argent,  Tor  et  lé  pbtine.  Cette  classe  comprend  encore 
le<i  diiférens  mélanges  des  miileis  et  des  métau*sç ,  soit  dansIeUr 
gangue  ,  soit  par  l'action  du'feù ,  soit  par  la  minéralisation  ^ 
tels  sont  les  mines ,  les  blendes ,  les  calamines ,  les  galènes , 
i'orpinrent ,  les  pyrites  cuivreuses  et  ferrugineuses,  fiio. 

On  rangera  dans  la  dernière  classe  le  diamant ,  le  soufre  > 
et  les  bitumes,  tels  que  le  charbon  dé  teri^  ,  le  jais,  l'asphalte; 
le  pétrole ,  le  succin ,  et  quelques  autres  substances  de  nature 
ambiguë ,  qui  paroissent  avoir  jadis  appai*tenu  aux  végétaux! 
et  aux  animaux.  L'on  poun*a  placer  ensuite  les  produits  vol- 
caniques ,  comme  la  pouzsobtnç  ^  les  acoriçs  et  les  cendrav 


C  A  B  p 

des  volcans  ,  les  laves,  les  piérides- ponces ,  la  pîerre  obsi- 
dienne, les  basaltes  simples  ou  articillés  et  à  plusieurs  pans. 

On  ne  peut  pas  exposer  le  règne  végétal  dans  un  uinijéc 
comm^  les  autres  branches  de  l'histoire  natui^lle ,  mais  on 
foime  un  di-oguier  :  des  racines  ,  des  tiges  ,  des  feuilles ,  dt.'» 
fleurs ,  des  gi*aines  et  des  fruits ,  des  écorces  ,  des  sucs  et  di  s 
gommes  ou  des  résines  sont  placés  dans  des  bocaux.  Des 
fucus  sont  encadrés  sous  verre  ,  la  racine  du  poly podium  bo  - 
ramez  Liinn. ,  ou  l'agneau  de  Scythie,  se  place  avec  les  racines 
et  fougères  employées  dans  la  médecine  ou  dans  les  aliniens 
des  nations  sauvages.  Les  tiges ,  les  feiïilles  et  les  fruits  de»  pal- 
miers ,  des  lontai^s  ,  des  lataniers ,  des  cocotiers,  des  dattiers , 
et  la  moelle  du  sagou  doivent  avoir  leur  rang ,  ainsi  que  1rs 
graines  céréales  du  riz ,  du  mil ,  du  sorgho  ,  du  doiura  et 
du  couz-couz  des  nègres.  On  place  ensuite  la  canne  à  hucyg 
et  tous  ses  produits ,  le  nard  ,  le  cyperua  papyrus  d'Egypte , 
Yeriopharum  et  sa  laine ,  la  masse  d'eau,  les  joncs  ,1e  bambou , 
le  maïs ,  les  poivres  blanc  et  noir ,  le  bétel ,  les  aroïdes ,  le  ro- 
seau aromatique  ,  la  colocasie  ou  chou  d'Egj'pte  ,les  souchets, 
les  blés ,  &c.  Plus  loin  seront  Tellébore  blanc  ,  les  ignames  , 
la  salse-pareille ,  le  sang-dragon  ,  les  liliacées ,  les  yuccas ,  la 
nombreuse  famille  des  aloes  avec  leurs  sucs ,  la  sciUe ,  les  agave 
et  leur  chanvre,  ensuite  les  iris ,  le  safran  ,  les  glayeuls ,  l'iris. 
de  Florence.  Une  auti^  classe  offrira  les  ananas ,  les  bananes, 
le  balisier  ,  les  amoraes  et  cardâmes ,  le  curcuiua  ou  terre- 
mérite  ,  les  galangas ,  le  costus ,  le  gingembre  ,  les  orchidées 
et  le  salep ,  les  opnris ,  les  serapias  et  la  vanille. 

On  rangera  plus  loin  les  aristoloches ,  le  cabai*et ,  le  garou ,' 
le  bois-denlelle  (  daphne  laggelto  Linn.  ) ,  les  polygonées ,  la 
rhubarbe  ,  le  rhapontic ,  les  soudes  et  kali^  ,  la  bette-rave  et 
son  sucre ,  le  salicor ,  lephytolacca ,  les  àmaranlhes ,  les  bel- 
les-de-nnit  ;  l'arbre  d'argent (/jro/^a  argentea  Linn.  ),  le  cy- 
clamen ou  pain  de  poui-ceau  ,  la  grassette ,  \e  poly  gala  senega 
Linn.  ,  les  véroniques  ,  l'arbre  triste  {nyctanthes  sambac^ 
Linn.)  ,  les  catapas  (  bignonia  )  ,  et  les  lianes ,  la  graine  hui- 
leuse du  sésame ,  Ja  spigèle  vermifuge  ,  les  juscjuiame's ,  le' 
tabac  ,  la  pomme  épineuse  ,  la  belladone  ,  l'alkékenge ,  les 
ûifSbrens  solariums ,  tels  que  les  triste  ^  macrocarpon  et  lyco  - 
perstcum  ou  la  tomate ,  la  mélongène  ,  Vinaanum\  lefhrox  ,* 
le  jutnctum,  etc.  On  placera  à  la  duite  les  pi  mens ,  le  cale  bas-' 
sieretaes  calebasses, la  noix  vômique ,  lie  bois  de  couleuvre, 
le  genipa ,  ej  l'aHouai  vénéneux.  ' 

JDatis  une  autre  casé  seront  pla'cés  l'oU'saer  et  ses  produits  ,* 
le  frêne  et  sa  manne  ,  l'agnus  castus ,  et  le  bois  de  giiitarre. 
On  trouvera  ensuite  les  labiées,  telles  que'  la  raonarde,  les  sau- 


15  C  A  B 

Linn.) ,  le  mftrier  à  papier ,  le  bangue  ou  chanvre  d'Asie.. Oit 
ïi*oubliera  point  ensuite  l'arbre  à  cire,  ou  le  myrica  cerifera 
Lrnn. ,  le  peuplier  baumier  ^les  châtaigniers,  le  chêne  ballote 
et  ses  glands  dont  se  nourrissent  les  Orientaux ,  le  liège ,  le 
liquida  m  bar  ou  copalme  et  le  platane  d'Orient.  Dans  les  co- 
nifères,  sont  les  ifs ,  le  bois  de  massue  (casuarina) ,  les  cyprès  et 
le ui^ noix ,  les  thuyas ,  la  sabine,  le  genévrier  et  sa  résine ,  l'en^ 
cens ,  la  sandaraque ,  les  pins ,  les  mélèzes ,  avec  leui*s  résines 
et  leui^s  poix.  Dans  la  famille  des  lauriers  sera  placée  la  ca- 
nelle,  l'avocatier,  le  camphre,  le  coulilawan,  le  malaba- 
thnim ,  le  raventsara ,  et  le  sassafras.  On  aura  aussi  la  ban-« 
dura,  nepenthes  disHUatoria  Linn.,  qui  porte  de  l'eau  dans 
des  godets  ;  ainsi  se  termine  le  règne  végétal. 

Le  règne  animal  nous  offrira  un  tableau  non  moins  intéres- 
sant et  aussi  curieux.  L'homme  est  le  premier,  et  fait  la  plus 
importante  partie  de  l'histoire  naturelle  .des  animaux.  On  le 
verra  dans  quelques  détails:  son  squelette ,  des  crânes  des  di& 
férens  peuples  de  la  terre ,  les  caractères  particuliers  des  âges, 
du  sexe  et  des  climats  seront  remarqués.  On  y  verra  ensuite  les 
géans ,  les  nains,  les  monstruosités  naturelles ,  les  foetus  des  em* 
bryons  de  diverses  époques  de  la  grossesse  ;  une  tête  injectée  , 
Un  cerveau  disséqué ,  les  parties  de  la  génération  figurées  en 
cire  colorée,  une  névrologie ,  iine  angéiologie ,  une  momie 
d'Egypte;  enfin  ,  des  concrétions  et  des  calculs,  ainsi  que  la 
démonstration  de  l'œil  et  de  l'oreille  internes. 

On  rangera  ensuite  la  famille  des  5»/}^.9,  l'orang-outang ,  les 
gnenons ,  les  sapajous ,  les  macaques ,  le  magot ,  les  babouins , 
les  alouattes  :  puis,  les  makis ,  les  chauve-souris,  teUes que  le 
vampire,  le  spectre,  le  spasme,  les  chats -volans,  les  héris- 
sons ,  musaraignes ,  taupes ,  ours,  blaireaux ,  coatis ,  la  man- 
gouste ,  la  loutre ,  l'hermine ,  la  zibeline  et  les  mouffettes  ou 
pêtes  puantes.  Plus  loin ,  nous  trouverons  le  lion ,  le  tigi'c ,  la 
panthère,  le  léopai*^ ,  le  lynx  ;  puis,  le  loup,  le  renard  ,  le 
chacal  et  les  sanguinaires  hyènes ,  qui  seront  suivies  des  ci- 
vettes, des  didelphes  qui  déposent  leurs  petits  dans  une  poche 
inguinale,  du  cayopoUn  qui  porte  les  siens  sur  son  dos,  du 

Î)halanger  volant,  des  kanguroos  sauteurs,  qui  portent  aussi 
eurs  petits  dans  une  poche.  La  famiUe  des  rongeurs  nous  pré- 
sentera les  poiT<épics ,  les  cabiais  et  agoutis,  le  castor  si  célèbre 
par  son  industrie ,  les  jolis  écureuils ,  les  marmottes ,  les  rats- 
taupes,  les  gerboises  qui  font  de  grands  sauts,  et  les  loirs  en- 
dormis.  Nous  voyons  ensuite  des  fourmilliers ,  des  tatous  cui- 
rassés ,  des  pangolins  écaiûeux ,  et  le  triste  unau  ou  le  pai'es- 
seux.  Dans  la  famille  des  ruminans,  on  obsei-verales  chameaux^ 
là  cigogne ,  l'animal  du  musc^  le  renne  des  lapons^  l'élan ,  la 


C  A  B  ,5 

èolossale  girafiè^  les  légères  gazelles ,  le  moulBon  y  les  bniBes  et 
les  bisons  farouches.  Une  autre  famille  nous  ofirira  le  beau 
zèbre ,  puis ,  le  sanglier  d'Ethiopie ,  le  babiroussa  y  dont  les 
dents  canines  sont  roulées  en  spii*ale  ^  le  tapir ,  le  rhinocéros  à 
une  ou  deux  cornes^  l'intelligent  éléphant ,  et  le  grossier  hip- 
popotame. Les  lions  et  veaux  marins ,  le  lamantin,  les  vaches 
marines  se  présentent  à  la  suite ^  et  précèdent  les  cétacés, 
parmi  lesquels  règne  la  monstrueuse  baleine ,  l'énoime  cacha- 
lot avec  le  blanc  de  baleine  et  rambi*e  gris  ;  le  narwhal  et  sa 
longue  dent.  On  ne  peut  avoir  dans  les  cabinets  que  quelques 
dépouilles  de  ces  immenses  animaux. 

Plus  loin  s'offre  une  classe  brillante  ;  celle  des  oiseaux.  Les 
perroquets,  tels  que  les  kakatoès^  les  aras^  les  perruches,  les 
loris ,  les  amazones,  sont  sui\'îs  des  toucans  au  bec  énorme  , 
des  pics ,  de  l'ani ,  des  beaux  alcyons,  du  coucou  indicateur  ^ 
des  charmans  colibris  et  oiseaux -mouches,  des  caciques  et 
troupiales  avec  leurs  nids  curieux,  des masnifiques  oiseaux  de 
paradis ,  du  mainate  à  voix  humaine,  et  du  merle  moqueur , 
qui  eat  l'Orphée  des  bois  américains.  Ici  se  placeront  les  pie- 
grièches,  les  vautours,  les  aigles, les  griffons,  le  condor,  les 
faucons ,  les  épei*viers  et  les  milans  :  puis ,  les  tristes  oiseaux 
de  nuit,  tels  que  les  ducs,  hiboux ,  chouettes,  chat»-huants et 
efindes.  Ces  familles  seront  suivies  des  nombreuses  cohortes 
de  corbeaux,  calaos,  cotingas  ;  puis,  des  petits  oiseaux,  les 
éloumeaux  ,  les  bouvreuils ,  les  veuves ,  les  mésanges,  le  remis 
et  son  nid  suspendu ,  les  coqs  de  roche ,  le  rossignol ,  l'hiron- 
delle salangane  et  son  nid ,  dont  on  prépare  d'excellens  con<* 
«ommés  sous  le  nom  de  nida  d'alcyons. 

A  cette  famille,  succède  celle  des  oiseaux  gallinacés ,  teb 
que  le  paon ,  les  faisans ,  la  peintade ,  les  hoccos ,  les  outardes , 
la  gelinotte ,  les  coqs  de  bruyère,  l'autruche  et  le  casoar  :  en- 
suite se  placent  les  oiseaux  de  rivage ,  comme  le  kamichi  à 
grande  voix ,  l'agami  apprivoisé ,  le  flammant  à  hautes  échasses, 
les  lierons ,  les  grues  et  les  cigognes,  les  ibis,  les  spatules  ix>ses , 
le  vanneau  combattant ,  les  courlis  rouges ,  la  poule  sultane  et 
les  jacanas.  Nous  trouverons  plus  loin  les  oiseaux  nageurs  ou 
piilmipèdes  ,  comme  les  pélicans  avec  leur  sac  sous  le  bec ,  les 
frégates  à  longues  ailes,  les  noddis  stupides,  les  goélands  si 
voraccs  ,  les  pétrels  qui  vomissent  une  huile  rance  sur  leurs 
ennemis ,  la  grosse  albalrosse ,  les  plongeons ,  la  macreuse  , 
l'eider  qui  foiunit  l'édredon,  le  beau  cygne ,  les  guillemots  , 
les  pingouins  à  ailerons,  à  marche  lente  et  boiteuse  :  enfin ^ 
les  manchots  qui  ne  quittent  jamais  l'empire  des  eaux. 

IDes  hordes  d'affreux  reptiles  leur  succèdent  :  on  y  voit  les 
pesantes  tortues ,  le  caret ,  la  çaouanne,  les  lé^sards  ,  comme lo 


î 


■4  .  C  A  B 

crococlille  féroce ,  le  gavial  ^  le  ca  jman  y  les  ignanes ,  le  curieux 
caméléon ,  le  scinque  et  les  dragons  volans.  Plus  loin ,  sont  les 
venimeux  serpens  à  sonnettes ,  les  énormes  boas ,  serpens  de- 
vins ou  fétiches^  les  vipères^  l'aspic^  le  céraste ,  le  serpent  à 
lunettes  que  les  psylles  savent  cnarmer,  les  couleuvres  lui- 
santes y  le  serpeni.  d'Esculape  y  les  orvets  timides  y  les  amphis- 
bènes  ou  douoles-marcheui^s  :  enfin ,  la  famille  immonde  des 
crapauds  y  du  pipa,  qui  porte  ses  petits  sur  son  dos  »  des  têtards 

ai  se  transforment  en  grenouilles,  des  rainettes  qui  changent 

e  couleur  et  qui  grimpent  sur  les  arbres. 
Ici  sont  l'assemblées  les  cohortes  aquatiques  qui  peuplent  les 
Hiers  et  les  fleuves,  des  lamproies,  des  raies, la  curieuse  tor- 
pille ou  raie  électrique-,  des  cliiens  de  mer  vivipares ,  le  re^ 
quin  sanguinaire ,  le  redoutable  poisson-scie ,  le  tiburon ,  la 
roussette  et  sa  peau  couverte  d'aspérités,  le  roi  des  harengs^ 
l'esturgeon ,  avec  le  caviar  formé  de  ses  œufs  et  la  colle  de 
poisson  ;  l'hippocampe  ou  cheval  marin ,  les  coffres ,  le  pois-» 
âon-lune,  et  les  diodons  vénéneux ,  les  hérissons  de  mer,  les 
diables  de  mer  ou  les  hideuses  baudroies ,  le  crapaud  marin 
composent  la  première  division.  Elle  est  suivie  parles  congres, 
les  murènes,  l'anguille  électrique,  l'éguille  {atnmodyUa  ta^ 
iobianua  Linn.  ) ,  le  loup  marin ,  dont  les  dents  pétiifiées  sont 
appelées  bufonites,  comme  les  dents  fossOes^de  requin  sont 
appelées  gloswpètres ,  le  poisson  empereur  ou  l'espadon ,  la 
vive  ou  le  dragon  marin.  Ensuite ,  on  trouve  les  familles  des 
morues ,  cabeliaux  et  merlans,  le  perce-pierre  vivipare,  la 
i*ascasse  volante ,  le  rouget,  le  poisson  volant, la  rémora  ou  lé 
sncet.  Après,  viennent  en  ordre  les  poissons  plats,  la  sole,  le 
turbot,  la  plie;  puis ,  les  thons  et  maquereaux,  les  perches,  là 
dorée,  les  belles  bandoullières ,  les  éclatantes  dorades,' les 
labres  et  les  spares  :  enfin ,  les  carpes ,  le  poisson  doré  de  la 
Chine ,  l'ablette,  le  poisson-volant  des  Tropiques ,  le  hareng, 
l'alose ,  la  sardine ,  les  saumons,  les  truites,  les  brochets  et  le 
mal  (  silurus  glanis  ) ,  &c. 

Dans  les  mollusques ,  nous  trouverons  les  sèches ,  les  poulpes 
et  les  nautiles ,  le  lièvre  de  mer,  les  patelles ,  les  ormiers,  les 
nérites ,  les  murex ,  les  strombes  et  buccins  :  les  sabots ,  comme 
la  scalata ,  la  bouche  d'argent,  les  toupies ,  les  volutes,  les  por-i 
celaines;  et  les  cornets,  tels  que  le  drap  d'or,  le  cedo  nulli,  la 
couronne  impériale,  &c.  Nous  i-econnoîtrons  ensuite  les  fa- 
milles biifalpes ,  comme  les  pèlerines ,  la  moule  à  perles ,  les 
pinnes-marines ,  les  venus ,  la  conque ,  les  arches ,  les  dails  qui 
vivent  dans  des  pierres  :  les  pousse-pieds  et  balanistes  achè- 
vent cette  classe. 
On  entre  ensuite  dans  celle  des  insectes.  D'abord  se  trou* 


C  A  B  i5 

▼ent  les  cruBtacés  ^  les  légions  de  crabes^  le  bemard-l'hermite, 
le  piiinothères ,  les  langoustes  ^ficc.  On  rencontre  bientôt  les 
araignées ,  la  fameuse  tarentule  et  les  scorpions  ;  puis ,  les  de- 
moiselles ou  libellules,  les  termites  rongeurs ,  les  îiépli^mères.. 
D'autres  familles  offrent  les  abeilles,  les  guêpes  solitaires  (sphexj,  ^ 
les  mouches  à  scie ,  les  ichneumons  ;  puis,  des  cer&-volans^ 
de  ffos  scarabées,  des  charançons ,  des  richards ,  des  taupins , 
des  vers  luisans ,  des  cantharides^  des  chrysomèles ,  des  tour- 
niquets ,  Sec.  Plus  loin,  sont  rangées  des  blatlM,  des  mantes^ 
des  cigales,  le  fulgore  porte-lanterne,  les  gallinsectes,  telles 
que  la  cochenille  et  le  kermès  ;  enfin  ,  les  brillans  papillons^ 
les  sphynx,  les  papillons  de  nuit,  les  vers-à-soie,  les  chenille^ 
et  leur  transformation.  Le  reste  des  insectes  est  composé  des 
diptères,  comme  mouches,  moustiques,  taons,  moucnes-arai* 
gnées,  oestres  ;  et  des  aptères,  telles  que  les  mittes,les  puces,  &c. 
Dans  les  vers,  on  compte  les  aphrodites,  les  dentales,  les 
naïades ,  la  furie  infernale,  les  vers  intestinaux,  les  tœnia , 
les  hydatides  et  les  dragonneaux. 

La  classe  des  zoophytea  est  composée  des  étoiles  de  mer ,  des 
oursins  :  puis,  des  orties  marines ,  des  anémones  de  mer ,  des 
polypes  d'eau  douce  si  remarquables  par  leturs  facultés,  de» 
animalcules  infusoires,  dont  les  uns  peuvent  se  ressusciter, 
des  anguilles  microscopiques ,  &c.  Ensuite ,  on  place  les  coral» 
Knes  ,  les  sertulaires ,  et  les  cératoph3rtes ,  tels  que  les  gorgones  , 
le  corail  et  les  pennatules  phosphoriques.  Immédiatement 
après,  se  rangent  les  madrépores, les astroïtes ,  les  millépores  : 
et  enfin ,  les  alcyons ,  les  éponges  et  plusieurs  pétrifications 
animales. 

Tel  est  Tordre  d'un  grand  cabinet  d'histoire  naturelle.  Il  y 
a  de»  productions  empaillées,  d'autres  desséchées,  les  autres 
-0ont  conservées  dans  de  l'esprit-de-vin  ou  de  Tcau  chargée 
d'alun  et  de  sel.  On  place  dans  les  peaux  bourrées ,  de  l'ar- 
aenic  mêlé  aux  autres  poudres ,  afin  de  faire  péril*  les  insectes* 
Les  plantes  sont  rangées  en  herbiers ,  les  fruits ,  les  sucs ,  les 
racines,  &c.  se  placent  dans  des  bocaux.  Le  goût  suggère 
plusieurs  arrangemens  locaux  et  des  embellissemens  qui  doi- 
vent être  simples  comme  la  nature.  Quelque  soin  qu'on  prenne 
pour  former  un  musée  d'histoire  naturelle,  il  ne  peut  pas  être 
complet,  il  n'en  est  même  aucun  en  Europe  qui  contienne 
tous  les  objets  dont  nous  venons  de  faire  l'enumération.  Au 
reste,  ce  qui  manque  aux  uns  peut  se  trouver  dans  les  autres. 
On  |)eut  consulter  dilFérens  mots  de  ce  Dictionnaire,  pour 
connoîlre  la  marche  qu'on  doit  tenir  dans  l'élude  et  le  classe- 
meut  des  objets  d'histoire  naturelle.  Voyez  Mutera vx  ^  Y i- 


j6  C  a  B 

gétaux,  Animaux,  et  les  mots  Nature, Histoire  natu- 

B£LLE.  (V.) 

GABION  ARA:  "BarrèTe- {  Franc,  êquinox.),  dit  que  c'est 
le  nom  du  cabiai  à  la  Guiane.  Voyez  Gabiai.  (S.) 

GAfiOGHE,  poisson  des  rivières  de  Siam,  dont  on  distin- 
gue deux  espèces ,  et  dont  la  chair  fraîche  ou  sèche  est  fort 
estimée  ;  il  est  long  d'un  pied  et  demi.  On  ignore  à  quel  genre 
appartient  ce  poisson ,  qui  est  mentionné  dans  Y  Histoire  gé-^ 
nérale  des  voyages,  (B.) 

G  ABOCHON ,  nom  commun  à  plusieurs  coquilles  du  genre 
des  Patelles.  Lia  patelle  figurée  pi.  a ,  fig.  K ,  de  la  Conchy^ 
liologie  de  Dargen ville ,  le  |X>rte  plus  particulièi*ement.  G'est 
une  Galyptree  de  Lamarck.  Voyez  aux  mots  Patelle  et 
Calyptrée.  (B.) 

*GABOMBë  ,  Nectris ,  plante  aquatique  dont  lesli^es  sont 
longues^  menues  et  rameuses;  les  feuilles  de  deux  sortes  ;  les 
inférieures ,  opposées  et  finement  découpées  ;  les  supérieures  , 
alternes,  or biculaires,  ombiliquées,  entières ,  et  flottantes  ;  les 
fleurs  sont  jaunes ,  axillaires ,  solitaires  et  pédonculées.  Gha- 
cune  consiste  en  un  calice  de  trois  pièces  ovales ,  pointues  ; 
en  trois  pétales  plus  courts  ;  en  six  étamines  ;  en  deux  ovaires 
oblongs ,  qui  se  terminent  chacun  en  un  style  court  dont  les 
stigmates  sont  obtus. 

Le  fruit  est  composé  de  deux  capsules  dix>ites,  ovales,  poin- 
tues ,  uniloculaires  et  polyspermes. 

Gette  plante  croit  à  Gayenne.  (B.) 

GABOT ,  nom  vulgaire  du  MuGBsur  quelques  côtes.  G'est 
aussi  le  nom  du  Gobie  de  Schlosser.  Voyez  ces  mots.  (B.) 

GABOT£.  On  appelle  ainsi  quelquefois  le  Trigle  uiron« 
J>ELLE.  Voyez  au  mot  Triole.  (B.) 

GABOU ILLE ,  nom  donné  à  Saint-Domingue,  à  I'Agavs 
DU  Mexique.  Voyez  ce  mot.  (B.) 

GABRA  MONTES,  nom  portugais  du Gheyreuil.  Voyez 
au  mot.  (S.) 

GABRE.  Voyez  au  mot  Neore.  (S.) 

GABRI ,  jeune  chevreau  qui  n'a  pas  encore  six  mois.  Voy. 
Ghevre.  (S.) 

GABHILLET ,  EJwetiay  genre  de  plantes  à  fleurs  polypé- 
lalées ,  de  la  pentandrie  monogynie ,  et  de  la  famille  des  Se* 
BESTÉNiERS ,  dont  le  caractère  est  d'avoir  un  calice  d'une 
seule  pièce  à  cinq  divisions  ;  une  corolle  monopétale  cam-^ 

Sanulée  à  cinq  divisions  souvent  réfléchies  ;  cinq  étamines , 
ont  les  filamens  s'insèrent  au  tube  de  la  coix>lle  ;  un  ovaire 
supérieur  ^  ari*ondi^  chargé  d'un  style  court^  dont  le  sUgmate 
est  échancré. 


C  A  C  17 

Le  fruit  est  une  baie  arrondie ,  qui  Contient  quatre  se- 
mences convexes  d'un  côté ,  et  anguleuses  de  Tauli^e. 

Ces  caractères  sont  figurés  pi.  96  des  lUiuitrations  de  Iia<- 
marck. 

'  Les  cahriUets  sont  au  nombre  de  neuf  espèces^  dont  sept 
appartiennent  à  TAmérique  méridionale  ,  et  deux  viennent 
dans  les  Indes  ;  ce  sont  des  arbres  ou  des  arbrisseaux  à  fleurs 
disposées  en  panicules  terminales  ou  axiUaires.  Les  plus  re- 
marquables sont  le  Cabrillet  A  FEUILLES  0£  THYM,  dont 
les  caractères  sont  d'avoir  les  feuilles  ovales  ,  oblongues ,  en-? 
tières ,  glabi*es  et  les  fleurs  paniculées.  Il  croit  à  la  Jamaïque  ^ 
et  dans  le  Mexique.  On  en  mange  les  fruits.  Le  Cabrill£T 
SAT'ARO,  Ehrêtia  bourreria  Linn.  ,  dont  les  caractères  sont 
d'avoir  les  feuilles  ovales,  entièi'es,  lisses,  les  fleurs  en  corymbea 
et  calices  glabres.  Il  croit  aux  Antilles.  Ses  fleurs  sont  odo- 
rantes. 

Le  genre  Carmone  de  CavaniUes  se  rapproche  beaucoup 
de  celui-ci.  Voyez  au  mot  Carmone.  (B.) 

CABROUZILLO  MONT£S.  C'est  en  espagnol  le  Chs« 
VREUiL.  Voyez  ce  mot  (S.) 

CABURE,  espèce  de  Seops  du  Brésil.  Voyez  Petit-duo, 

(ViEILL.) 

CABURËCBA.  Cest  le  nom  brasilien  de  l'arbre  qui  four* 
oit  le  baume  du  Pérou.  Voyez  au  mot  Muiosferme.  (fi.) 

CACA  HENRIETTE,  nom  que  les  Créoles  de  Cayenne 
donnent  au  fruit^uMÉLASTOME  succulent.  A^o^.  ce  mot.(B.) 

CACALIE,  Cacalia ,  genre  de  plantes  de  la  syngénésie  po- 
lygamie égale, et  de  la  famille  des  Corymbiferes,  dont  le 
caractère  est  d'avoir  un  calice  cylindrique,  simple ,  ou  légèra-> 
ment  caliculé  à  la  base  ;  plusieurs  fleui-ons  tous  bermapnro- 
dites,  réguliers ,  tubulés,  quinquéfîdes,  posés  sur  un  récep- 
tacle nu  ;  un  fruit  consistant  en  plusieurs  semences  oblongues^ 
couronnées  d'une  aigrette  sessile,  longue  et  velue. 

Voyez  pi.  673  des  Illustrations  de  Lamarck,  où  ces  carac- 
tères sont  figurés. 

Ce  genre  ,  qui  contient  plus  de  trente  espèces  connues,  se 
èmse  eu  deux  sections^  d'un  aspect  fort  différent.  L'une  com- 
prend les  cacaliee  dont  la  tige  est  frutescente  ;  l'autre  celle 
dont  la  tige  est  herbacée. 

Presque  toutes  les  espèces  de  la  première  division  seroient 
dans  le  cas  d'être  citées  par  leur  singularité.  Ce  sont  des  plantes 
qui  s'élèvent  au  plus  à  la  hauteur  d'un  homme ,  dont  les  tiges 
sont  solides^  non  parce  qu'elles  sont  formées  de  bois ,  mais  parce 
qu'elles  ren  ferment  des  fibres  longitudinales  de  la  nature  de 
celles  àesyuques,  des  aloèê  ,  «t  autres  plantes  grasses.  Leur^ 

AT.  H 


j8  C  A  C 

feuilles  aontfinéquemment  charnues,  et  presque  toujoui-s  d'un 
vert  glauque.  Plusieurs  se  cultivent  dans  les  jardins  de  bota- 
nique, mais  y  fleurissent  rai^ment.  Les  plus  communes  dans 
ces  jardins^  sbnt  : 

La  Cacalie  antheuphobbe  ,  dont  les  feuilles  sont  ovales , 
oblongues ,  planes ,  et  ne  naissent  qu  a  Textrémilé  des  rameaux 
et  ce  en  petit  nombre.  On  a  cru  pendant  long- temps  que  son 
suc  éloit  le  contre-poison  de  V euphorbe  d^ Afrique ,  pays  d'où 
elle  vient.  Voyez  au  mot  Euphorbe. 

La  Cacalie  a  feuiljles  de  laurose,  Cacalia  kleinia 
Linn. ,  dont  le  caractère  est  d'avoir  les  feuilles  lancéolées , 
applaties,  placées ,  en  petit  nombre ,  à  l'extrémité  des  rameaux. 
Mie  vient  des  îles  Canaries.  C'est  celle  qui  fleurit  le  plus  sou-« 
vent  en  Europe. 

On  peut  voir  dans  la  belle  collection  des  plantes  grasses  de 
Redouté, cette  dernièreespèce^ et  plusieurs  autres  de  la  même 
division  fort  bien  figurées. 

Parmi  les  plantes  de  la  seconde  division ,  il  faut  noter  : 

La  Cacalie  porofh  ylle  ,  qui  vient  de  l'Amérique  y  dont 
les  feuilles  sont  elliptiques  et  un  peu  dentelées. 

La  Cacalie  a  feuilles  de  laitron,  dont  les  caractères 
sont  d'avoir  les  feuillesenlyreet  dentées.  Elle  vient  des  Indes, 
et  son  suc  pas&e  pour  fébrifuge  et  anti-dyssentérique. 

La  Cacalie  a  feuilles  de  verge  d'or  ^  qui  croit  dans  les 
montagnes  des  parties  méridionales  de  la  France,  et  qui  y  est 
constamment  de  ce  genre,  tandis  que,  lon^qu'on  la  cultive 
dans  les  jardins  y  elle  devient /iMsi/a^^,  en  prenant  des  fleurons 
femelles  à  la  circonférence.  Voyez  au  mot  Tussilage. 

La  Cacalie  a  fuilles  d'abroche  ,  venant  de  l'Amérique 
septentrionale ,  mais  commune  dans  les  jardins,  où  elle  se  fait 
remarquer  par  sa  grandeur, 

La  Cacalie  a  feuilles  de  fetasite,  qui  se  troiive  dans 
les  montagnes  du  Puy-de-Dôme. 

La  Cacalie  a  fett illes  d'alliaire  ,qui  vient  des  bords  de 
l'Isère^  et  que  Villars  a  décrite  sous  le  nom  de  iuasilage  odorant ,^ 
dans  les  actes  de  la  Société  d'Histoire  naturelle  de  Parie. 

La  Cacalie  coucuée  ,  quia  les  tiges  couchées ,  légère  ment 
frutescentes  ,  les  feuilles  ovales,  lancéolées,  presque  dentées 
et  charnues.  Elle  se  trouve  à  la  Chine  et  à  laCoclunchine,  et 
est  figurée  dans  Rumphius  sous  le  nom  de  sonchus  volubilis. 
On  en  mange  habituellement  les  feuilles  en  guise  d'épinards, 
et  même  crues  en  salade. 

La  Cacalie  bulbeuse  a  les  feuilles  radicales  en  lyi*e  ,  la 
tige  presque  nue  et  pauciflore.  On  la  ti*oiiye  à  la  Chine  et  a 
la  Cochinchine.  Sa  racine  est  trcs-grosse  et  est  regardée  comme 


Carier    re^u^^  -  ^     àiÀauAAiMt  de  fityemft^     "  ' 


C  A  C  '•9 

^molliente  et  résolutive.  On  l'emploie  en  calaplamne  dans  les 
douleurs  des  mamelles ,  les  érysipcles,  les  ophlhalmies  çt  les 
douleurs  de  la  gorge. 

J'ai  découvert  pTuMears  espèces  nouvelles  de  ce  genre  danf 
rAmérique  septentrionale.  (B.) 

CACALOTI,  corbeau  du  Mexique,  varié  de  noir  et  im 
liknc  ;  c'est  tout  ce  que  Ton  en  sait  (  Vikill.) 

CACALOTOTOTL,  nom  mexicain  deTAKi.  frayez  ce 
mot.  (S.) 

CACAOYER ,  CACAO ,  pieobroma  Linn.  {polyadeU 
phle  pentandrie  ) ,  arbre  qui  ci*oît  naturellement  sous  la 
zone  torride ,  dans  diverses  conti'ées  de  l'Amérique ,  et  parti** 
culièrement  dans  la  Guianè  et  au  Mexique,  sur  la  côte  de 
Csraque.  Il  appâtaient  à  la  fami|le  des  Maly acées  ;  et  les  b(^ 
tanistes  ont  donné  son  non^  à  un  genre  dont  on  ne  connolt 
que  trois  espèces  ;  savoir  :  le  Cacaoyer  sauvage  ,  CacoQ 
iyli^utria  Aubl. ,  à  feuilles  ti*ès-entières ,  ^  à  fruit  sans  côtesj 
le  CiCAOYER  ANGULEUX ,  Cocoo  Guionensi^  Aubl. ,  dont  lea 
feuilles  sont  dentées,  et  dont  le  fruit,  cotonneux  et  roussâtre , 
comme  celui-  du  précédent ,  offre  ciiia  côtes  saillantes.  On 
trouve  ces  deux  espèces  dans  les  forêts  de  la  Guiane.  La  troi* 
nème,  est  le  Cacaoyer  cuiiTiVE,  Tàeobroma  cacao  X^zin* 
Cest  le  fruit  de  ce  dei*nier  qui  donne  ces  amandes  précieuses  y 
connues  dans  le  commerce  sous  le  nom  de  coomo  ,  dont  on 
fait  un  si  grand  usage  pour  la  préparation  du  chocolat^  au- 
quel elles  servent  de  base. 

Le  cacaoyer  ou  cacaotier  cultipé  ,  est  un  arbre  d'une  gran- 
deur et  d'une  grosseur  médiocre ,  plus  ou  moins  élevé ,  selon 
U  nature  du  soL  U  a  à -peu -près  le  port  d'un  cerisier  de 
ZDojenne  taille.  L'écorce  de  son  tronc.est  de  couleur  de  canr 
ndie  plus  ou  moins  foncée ,  suivant  Tâge  de  l'arbre  ;  son  boit 
^^^  poreux  et  fort  léger.  Ses  rameaux  sont  garnis  de  feuilles 
^Wmes  et  pétiolées ,  très-entières ,  grandes ,  lisses ,  pendantes 
^  veinées  en  dessous:  elles  se  renouvellent  sans  cesse ,  de  sorte 
que  i'arbre  n'en  paroîl  iamais  dépouillé.  Il  est  aussi  chargé 
tn  toat  temps  ,  mais  partiruUèrement  aux  deux  solstices,  d'une 
innde  quantité  de  Ueurs  petites  et  sans  odeur ,  éparses  et  di»- 
lWf8  en  faisceaux  sur  le  tronc  et  sur  les  branches.  Ses  Heurs 
^^nl  complètes^  Le  calice  est  découpé  çn  cinq  folioles  ouvert 
'^,  lancéolées  et  caduques.  X^  corolle  est  formée  de  cinq  pé«- 
^^'^excavés  à  la  base,  voûtés  supérieurement,  et  surmontés 
''acun  d'une  lanière  très-étroite,  qui  se  recourbe  en  avant ^ 
^^  termine  par  une  lame  élargie  et  aiguë.  Les  éiamines,  au 
^'"'nhre  de  dix,  ont  leurs  filets  réunis  en  tube  vers  le  .bai  ; 
cuiq  de  ce«  filetj  sont  longs  et  stériles  ;  les  cinq  autres ,  alternes 


so  C  A  C 

mvec  les  premiers ,  sont  courb  et  cachés  dans  la  cavité  des 
pétales  ;  ils  portent  chacun  une  antlière  à  deux  loges.  Au- 
dessus  de  l'ovaire ,  qui  est  supérieur  et  ovale  ^  s'élève  un  style 
couronné  par  cinq  stigmates. 

Le  fruit  du  cacaoyer  est  une  capsule  coriace ,  ayant  à-peu* 
près  la  forme  d'un  concombre  ;  sa  surface  c&t  raboteur  ^  et 
marquée  de  dix  stries  en  cotes  ;  et  son  intérieur  est  divisé  en 
cinq  loges ,  remplies  d'une  pulpe  gélatineuse  et  acide ,  qui  en- 
veloppe des  semences  ou  amandes  attachées  à  un  placenta  com- 
mun et  central.  Ces  amandes  sont  un  peu  plus  grosses  qu'une 
olive ^  charnues  ,  un  peu  violettes,  lisses,  et  au  nombre  de 
TÎngt^nq  à  quarante  dans  chaque  fruit.  La  peau  qui  les  re- 
couvre est  très-amère;  mais  la  pulpe,  dont  elles  sont  entou* 
rées ,  mise  dans  la  bouche ,  étanche  ia  soif  et  rafraîchit  agréa- 
blement. Le  fruit,  pai*venu  à  sa  maturité ,  est  tantôt  d'un 
rouge  foncé,  parsemé  de  petits  points  jaunes,  tantôt  simple- 
ment jaune.  /  oy.  ïa  pL  S36  deê  lUustr,  des  genr.  de  Lam. 

En  Europe,  le  cacaoyer  cultivé  ne  peut  être  qu\iti  arbre 
4]'agrément  On  est  obligé  de  l'élever  et  de  le  tenir  dans  les 
«erres  les  plus  chaudes.  11  se  multiphe  de  marcottes ,  et  quelque- 
fois de  boutures.  On  n'a  pas  pu  encore  l'obtenir  de  semen- 
ces ,  non  plus  que  ses  deux  congénères ,  parce  que  ces  arbres 
ne  portent  point  de  fruits  dans  notre  climat ,  et  parce  que  leurs 
graines ,  «qu'on  tire  des  pays  on  ils  croissent ,  ont  perdu  leur 
propriété  germinatrice  lorsqu'elles  aiment.  Dans  son  pays 
natal ,  le  cacaoyer  se  cultive  en  grand. 

Culture  du  Cacaoyer. 

Le  eaeao  faisant  un  objet  considérable  de  commerce  dans 
le  nouveau  continent ,  on  apporte  beaucoup  de  soin  à  la  cul- 
ture des  roctio^ers.' Quand  on  veut  en  faire  une  plantation  » 
on  choisit  d'abord  avec  intelligence  le  sol  et  rex|K>silion  qui 
leur  conviennent.  Comme  il  ne  leur  faut  ni  trop  ni  tixip  \te\x 
d'air,  et  comme  ils  ci*aignent  sur-tout  les  grands  vents  ,  on 
les  place  toujours  dans  un  lieu  abrité  par  des  arbres  qui  aient 
une  certaine  hauteur.  S*il  ne  ben  trouve  point  autour  du  tcr-> 
rein  qui  leur  est  destiné ,  on  en  plante  trois  ou  quatre  rangs  ^ 
en  donnant  la  préférence  à  ceux  qui  croissent  vite,  qui  gar- 
nissent beaucoup,  et  dont  le  pix>dint  utile  puisse  dédomma*» 
ger  le  propriétaire  d'une  jiartie  de  ses  frais.  Le  bananier  réu- 
nit ces  avantages  :  d'ailleurs,  n'étant  pas  très-élevé,  il  laisse 
passer  tout  l'air  dont  ont  besoin  les  cacaoyers ,  qu'on  arrèto 
communément  à  quatorse  ou  quinxe  pieds;  car  plus  ils  sont 
bas ,  plus  leur  fruit  est  facile  à  cueillir ,  et  moins  le  vent  a  do 
prise  sur  eus. 


C  ^  G  9» 

Un  sol  riche  ^  humide  et  profond ,  est  celui  qui  conTienf  1& 
mieux  à  ces  arbres;  comme  ils  ont  un  pivot  qui  s  enfonce 
beaucoup ,  ils  ne  peuvent  réussir  clans  une  terre  dure  et  argi» 
leuse.  La  meilleure  est  upe  terre  noire  oii  rougeàtre,  alliée  d'un 
qaart  ou  d'un  tiers  de  sable  ^  avec  quantité  de  gravier.  Ils>y 
produisent  du  fruit  en  assez  grande  abondance^  ^rois  ant 
après  avoir  été  semés.  Dans  les  terreins  plus  forts  ei  plus  hu** 
mides ,  ils  deviennent  grands  et  vigoureux  •  mais  ils  rappor- 
tent moins.  On  est  assez  dans  Tusage  de  défricher  nn^  tercein 
exprès ,  pour  établir  des  cacaoyers.  Sur  les  terres  qui  ne  sonf 
^ue  reposées,  il»  durent  peu ,  et  ne  donnent  qu'un  fruit «aé-: 
diocre  et  en  peliie  quantité.  ..    « 

On  brûle  d'abord  les  plantes,  et  les  arbustes  qui  ont  été  ar- 
rachés, ainsi  que  les  arbres  abattus;  puis  on  laboure  à  la 
houe,  le  plus  profondément  qu'il  est  possible,  on  ôte  toutea 
les  racines  qu'on  rencontre ,  et  on  applanit  la  surface.  Ensuite, 
avec  un  cordeau  divisé  par  noeuds ,  plus  ou  moins  éloigi^és, 
on  dispose  un  quinconce  de  piquets^  Autour  de  chacun ,  et 
avec  les  piquets  même,  on  fait  deux  ou  trois  irmis  rappro» 
chés,dans  lesquels  on  coule  une  amande,,  le  gros  bout  ea 
bas,  en  la  couvrant  d'un  peu  de  terre.  On  fait  cette  plantation 
dans  un  temps  pluvieux  ou  disposé  à  la  pluie,  et  aussi^tôt  quf 
les  amandes  ont  été  récoUéea ,  ,car  elles  ne  conservent  pa» 
leur  germe  ;  on  doit  choisir  les  plus  mûres  et  les  plus  saines* 
Comme  toutes  pe  lèvent  pas,  les  surnuméraires  qui  ont  bien 
levé,  servent  dans  la  suite  à  regarnir  les  endroits  vides. 

C'est  au  bout  de  dix  ou  douze. moi^»  qu'on  £»it  Je  choix 
des  jeunea  plantes  qui  doivent  rester,  en  place,  oi;  être  arra-^ 
chées»  On  conserve  celles  qui  annoncc^nt  ])ius  de  force  ;  et  on* 
retranche  les  plus  foiblea,  avec  la  jirécaulion  de  ne  point 
oQenser  les  racines  dc^s  individus  dont  on  les  sépare,  ni  le» 
leurs  même,  au  cas  qu'on  veuille. ^es. transplanter.-  Selon 
Miller,  cette  transplantation  réufii^it  rarement, et  les coco^j^^r^ 
demandent,  à  être  semés  dans  le.  lieu  même  où  ils  doivent 
rester.  Cependant  on  en  fait  quelquerojÊs  des  pépinières  pour 
garnir  les  terreinsde)^  Ca.Ugués  oa  rempli»  d'insectes.  Le  plant 
qu'on  y  porte ,  auir«-tqut  un  peu  fort,  est  moins  endommagé 
par  ces  animaux ;,  que  celui  qui  j  seroit  venu  de  graine. 

Pour  aiTêter  les  effet»  de  rmipétuosité  du  vent ,  oa  ne  se 
contente  pas  d'entourer  la  plantation  de  trois  ou  qualre  rangs 
de  bananiers,  on  en  plante  encore  d'autres  rangées  dans  l'iu- 
térieur ,  de  distance  en  dislance  ;  et  comme  les»  jeunes  caraoy<?r# 
sont  fort  délicat^,. afin  de  les  garantir  aussi  de  la  trop  forte 
impitession  d'un  soleil  brillant,  on  met , entre  chacun  de  lenis 
ranga^  deuxrayons  de  manioc  ;, celle  plante  ne  s'éleiTint  c^'k 


»*  CAO 

beaaconp  endommagées  :  maû  il  ne  faut  point  penser  k  r«c-* 
courcir  les  branches  vigoureuses ,  ni  faire  de  grandes  plaies  ;. 
comme  ces  arbres  sont  remplis  d'un  suc  laiteux  et  glulineux^ 
jl  se  feroit  alors  un  épanchement  qu'on  auroit  |>eine  à  arrêter, 
et  qui  les  affoibliroit  considérablement. 

Les  cacaoyers  ont  pour  ennemis  les  raveis,  diverses  sortes 
de  fourmis ,  et  des  espèces  de  sautei^elles  nommées  criquetJf,' 
Lies  criquets  mangent  les  feuilles  ,  et  par  préférence  les 
bourgeons ,  ce  qui  fait  périr  l'arbre ,  ou  au  moins  le  retarde 
beaucoup.  Jusqu'à  présent  on  n'a  connu  d'autres  moyens  de 
s'en  garantir,  que  de  les  faire  chercher  soigneusement  pour' 
en  détruire  le  plus  qu'il  est  possible.  Les  fourmis  blanches , 
nommées  en  quelques  endroits  j902ijr  de  bois,  font  un  grand 
dégât ,  et  les  fourmis  rouges  encore  plus  ;  en  une  nuit ,  elles 
ont  quelquefois  ravagé  de  Vastes  plantations.  Elles  s'attachent 
principalement  aux  jeunes  arbi*es.  On  les  détruit ,  en  rem«- 
plissant  d'eau  bouillante  les  fourmilières  qu'on  rencontre ,  ou 
en  jetant  quelques  pincées  de  suUimé  corrosif  dans  leur  nid  , 
ou  sur  leur  route. 

La  vente  des  amandes  de  cacao ,  pour  faire  le  chocolat , 
forme  une  branche  considérable  de  commerce  en  Amérique. 
Ces  amandes  fournissent  encoi*e  une  huile  qui  s'épaissit  natu- 
rellement ,  et  qui  reçoit  alors  le  nom  de  beurre.  Après  les  avoir 
priées ,  on  les  jette  dans  une  gi*ande  quantité  d'eau  bouillante  ; 
Philile  qui  surnage ,  se  recueille  aisément ,  et  on  en  obtient 
encore  en  exprimant  fortement  le  marc.  Cette  ^méthode  suffit 
en  Amérique,  où  les  amandes  récentes  abondent  en  huile  ; 
mais  en  Europe ,  oà  elles  arrivent  sèches .  on  est  obligé  de  les 
tori*éfier  avant  de  les  piler;  pour  le  reste,  le  procédé  est  le 
même.  Plus  le  cacao  est  gros  et  bien  nourri ,  moins  il  éprouve 
de  déchet  après  avoir  été  rôti  et  mondé.  Le  bon  cacao  doit' 
avoir  la  peau  fort  bi-une  et  assez  unie  ;  et  quand  on  l'a  ôtée  , 
l'amande  doit  se  montrer  pleine,  lisse ,  de  couleur  de  noisette, 
fort  obscure  au-dehors,  un  peu  plus  rougeâtreen  dedans, 
d'nn  goût  un  peu  amer  et  astringent ,  sans  sentir  le  verd  ni  1q 
moisi  ;  en  un  mot,  sans  odeur  et  sans  être  piqiiée  des  vers. 

Propriétés  du  Cacao, 

Le  cacao  est  nourrissant ,  il  fortifie  restomao  et  la  poitrine^, 
répare  promptement  les  forces  épuisées  ;  il  est  salutaire  aux 
vieillards.  Son  huile  est  très-anodyne  ;  elle  cpnvient  dans  les 
rhumes  de  poitrine,  et  peut  même  être  utile  contre  les  poisons 
corrosifs  ;  elle  est  très-propre  à  faire  fluer  doucement  les 
hémorroïdes.  Elle  ne  contracte  point  d'odeur,  sèche  proxap- 


CAO  35 

tement,  et  passe  pour  un  bon  cosmétique  :  des  frictions  de 
cette  huile  pourroîent,  jusqu^à  un  certain  point,  conserver 
aux  muscles  leur  souj^esse ,  et  garantir  de  rhumatismes  les 
personnes  d'un  âge  avancé.  (D.) 

Observations  sur  la  composition  et  les  usages  du  Chocolat. 

Parmi  les  substances  dont  la  conquête  du  nouveau  con- 
tinent  a  enrichi  l'ancien  ,  il  faut  compter  le  cacao.  C*est  avec 
ce  fnitt ,  ou  plutôt  cette  semence ,  que  les  Mexicains  pré- 
paroient ,  de  temps  immémorial  ,  leur  boisson  favorite ,  le 
chocolat  ;  elle  consistoil  dans  du  cacao  grillé  et  broyé  ,  qu'ils 
délayoient  dans  l'eau  :  ils  y  ajonloient,  pour  ini  donner  de 
la  consistance ,  de  la  farine  de  maïs  ,  et  du  piment  pour 
l'assaisonner;  l'existence  du  sucre  leu  rétoit  inconnue,  puis- 
que la  canne,  indigène  des  Indes  au-delà  du  Gange ,  n'a  été 
apportée  à  Saint-Domingue  qu'en  1 5o6  ,  par  d'Eslîcaca  ,  0t 
que  c'est  Balastro  qui  le  premier  en  Amérique  a  soumis  cette 
plante  au  moulin. 

Les  Espagnols  partagèrent  l'enthousiasme  des  Mexicain* 
sur  les  propriétés  merveilleuses  qu'ils  altribuoient  au  eho^' 
colat  ;  sa  préparation  ,  tout  imparfaite  qu'elle  étoit  alors  « 
devint  bientôt  entre  leurs  mains  un  objet  de  spéculation  ;  ïh 
en  firent  un  secret ,  et  ils  ont  vendu  long-temps,  et  vendent 
encore  aujourd'hui ,  aux  autres  nations  pour  du  chocolat, 
une  pâte  simple  de  cacao  ,  grillé ,  mondé  ,  broyé  ,  et  féduit 
â  l'aide  du  feu  sous  la' forme  de  rouleaux  cylindriques. 

La  canne  transportée  dans  nos  colonies  ayant  rendu  plus 

commun  en  Europe  l'usage  du  sucre,  il  devint  bientôt  Tas- 

saisonnement ,  le  condiment  général  ;  les  Espagnols  neman* 

quèrent  pas  de  le  faire  entrer  dans  la  pi*é]>aration  du  chocolat, 

afin  d'en  corriger  le  désagrément  pour  quiconque  n 'étoit  pas 

familier  avec  cette  boisson  ;  mais  ce  n  est  que  long  -  temps 

après  que  les  autres  nations  parvinrent  à  découvrir  que  le 

cacao  en  étoit  la  base,  le  suci*e  l'assaisonnement,  la  cannelle 

et  la  vanille  l'aromate  ;  chacun  alors  modifiant  à  son  gré  la 

préparation  du  chocolat,  et  s'efibrçant  de  persuader  qneie 

meilleur  procédé  étoit  en  sa  possession  ,  les  consommateurs 

se  partagèrent  entre  les  dill'ei*entes  fabriques  des  différens 

pays ,  mais  toirjoui's  avec  la  propension  de  préférer  celles  qui' 

se  trouvoient  les  plus  éloignées  :  de-là  la  réputation  des  cAo- 

colats  d'Italie,  de  Portugal  et  d'Espagne  ,  qui ,  comparés  à 

ceux  que  l'on  prépare  à  Paris  et  dans  lesautres  villes  de  France , 

n'ont  aucune  sufiériorité  :  eh  !  pourquoi  ces  conli'ées  auroient- 

ellea  sur  nous  un  pareil  avantage  ?  les  objets  qui  concluent 


ftft  C  A  C 

tambour   sur  un  feu  doux  ,  jjout  achever  d'épuiser  ITin- 
midi  lé  qu'elle  aiuroit  pu  encore  retenir. 

Le  temps  de  procéder  an  grillage  du  cacao  est  le  prin- 
temps ,  avant  Tanivée  des  gi'audes  chaleurs  ;  et  cehii  pour 
préparer  ie  chocolat  est  l'automne.  En  préparant  le»  gâteaux 
de  pâte  à  l'avance^  le  cacao  pi'end  plus  de  corps  et  se  décom* 
pose  moins. 

Confection  du  Giocolat. 

L'automne  est  également  la  saison  la  plus  convenable  ;  car 
quoique  la  chaleur  que  donne  à  sa  pierre  l«=t  broyeur  soit  bien 
supérieure  à  celle  de  l'abmosphère  ^  néanmoins  l'air  un  peu 
frais  sert  à  soutenir  la  matière  ,  et  s'oppose  à  la  désunion  du 
beurre  du  cacao  d'avec  le  pai'enchyme  del'amande.  Le  temps 
très-fl'oid  ne  permet  pas  d'administrer  une  cbaleur  égale  , 
antre  inconvénient.  Ainsi  tout  bien  considéré ,  le  printemps 
et  l'automne  sont  les  saisons  les  plus  favorables  à  la  fabrication 
du  chocolat. 

Sans  doute  le  cacao  caraque  est  le  meilleur  de  tous  ;  mais 
fli  on  l'emploie  seul ,  il  donne  un  chocolat  noir ,  sec  et  peu 
onctueux  ;  si  c'est  au  contitiire  le  cacao  des  îles  dont  on  se 
sert 9  le  chocolat  sera  très-gras ,  et  aura  moins  de  consistance; 
ces  diiféi'entes  espèces  de  fruits  ^  traitées  chacune  séparément^ 
ne  peuvent  donc  offrir  un  bon  résuli.at  ;  il  faut  les  mêler 
dans  des  quantités  déterminées  par  le  prix  qu'on  veut  y 
mettre  et  par  le  goût  du  consommateur  ;  .les  proportions -les 
plus  convenables  sont  trois  parties  de  cacao  caraque  et  une 
partie  de  cacao  des  îles  ;  du  mélange  de  cette  pâte  ou  prend 
trois  cinquièmes  ^  auxquels  on  ajoute  deux  cinquièmes  de 
sucre  blanc ,  sans  cependant  être  trop  rafliiié ,  car  celui  cris- 
tallisé ,  dit  candi  ^  n  y  seroit  pas  propre. 

Quand  il  n'entre  dans  la  composition  du  chocolat  pour 
aromates  que.de  la  cannelle ,  on  l'appelle  chocolat  de  santé;. 
il  porte  le  nom  de  chocolat  à  une  demie  ^  à  une ,  deux  et  troia 
vanilles,  lorsque  dans  une  livre ,  il  y  a  une ,  deux  ou  trois 
gousses  de  ce  frm't. 

Le  chocolat  ainsi  composé  est  infiniment  préférable  à  cette 
pâte  brute  de  cacao  qui  se  prépare  encoi*e  aux  Antilles^  et 
que  les  Espagnols  continuent  de  nous  envoyer ,  sous  le  pré- 
texté que  dans  cet  étal  il  est  plus  commode ,  parce  qu*on 
peut ,  a  l'instant  du  déjeûner  >  aJQuler  le  sucre  et  l'espèce  a'aro-. 
mate  dans  la  propo*  lion  qu  on  désire  ;  mais  la  boisson  qui  en 
résidte  ne  présente  jamais  une  homogénéité  parfaite  ;  on  voit 
toujours  le  beurre  du  cacao  nager  à  la  surface  ,  tandis  quB 
quiind  le  sucre  est  mêlé  au  cacao  siu:  la  ji^rre  à  broyer  ,  i^ 


Ç  A  C  S9 

ft'opcre  dans  le  mélange  une  combinaûon  plus  intime  de  tous 
les  principes^  un  chocolat  en  un  mot  mieux  fondu  ,  plus 
miscible  à  Teau,  et  par  conséquent  plus  facile  à  digérer.  D'ail- 
leurs y  quoique  le  caccu)  ne  contracte  point  de  la  ranciditi 
nassi  facilement  que  les  fruits  qui  lui  sont  analogues ,  il  est  à 
craindre  qu'en  éprouvant  trop  immédiatement  Taction  de 
b  chaleurnécessaire  pour  broyer  l'amande,  l'huile  ou  le  beurrd 
à  nu  qu'elle  contient  ne  perde  de  son  caractère  de  douceur 
pour  devenir  acre  et  échauffante. 

Des  abus  qui  se  commettent  dans  Us  fabriques  de  Chocolat. 

Il  est  malheureux  sans  doute  que  dans  un  cbmmerce  d'où 
Vamourde  l'humanité^  ce  sentiment  si  pur  et  si  naturel ,  sem- 
bieroit  devoir  baanir  toute  infidélité ,  tout  intérêt  sordide^  on 
voye  cependant  les  fraudes  se  multiplier ,  à  mesure  que  les 
objets  passent  en  des  mains  différentes  pour  acquérir  la  pro- 
priété de  l'aliment  ou  du  médicament  ;  je  suis  fâché  que  les 
malversations  de  quelques  particuliers  faisant  le  commerce  du 
chocolat ,  forcent  à  indiquer  ici  des  précautions  dont ,  sans 
contredit ,  n'ont  pas  besoin  beaucoup  d'hommes  qui  rem- 

S lissent  les  devoirs  de  leur  utile  profession  avec  cette  candeur 
igné  de  l'âce  d'or. 

Baume  9  dans  ses  Élémens  de  Pharmacie,  et  Demachy, 
dans  son  Art  du  distillateur  liquorisie ,  ont  dévoilé  une 
partie  des  abus  qui  se  commettent  dans  ce  genre  de  fabrica- 
tion. Je  m'estimerai  heureux  si ,  en  ajoutant  quelques  ob- 
servations à  celles  que  ces  chimistes  ont  déjà  publiées ,  je 
parvieÀs  à  conserver  au  chocolat  la  juste  réputation .  qu'il 
mérite^  et  qu'il  n'a  perdue  dans  l'opinion  de  quelques  par- 
ticuliers que  par  les  vices  de  sa  préparation  ou  l'addition  de 
matières  étrangères  à  sa  composition. 

Dans  le  nombi'e  des  personnes  qne  j'ai  entendu  former 
des  plaintes  contre  le  chocolat  y  je  citerai  une  femme  d'une 
assez  bonne  constitution,  à  laquelle  on  l'avoit  ordonné  comme 
médicament.  Les  mauvais  efiëts  qu'elle  en  éprouvoit  me  don-» 
nèrent  lieu  de  suspecter  la  fidéhté  de  son  chocolat.  J'en  lis 
Texamen ,  et  j'y  trouvai  une  matière  farineuse  en  assez  grande 
abondance  :  or ,  cette  matièra  lui  étoit  précisément  interdite 

Sar  son  médecin.  Je  l'engageai  à  ne  pas  discontinuer  l'usage 
u  chocolat ,  mais  à  s'en  procurer  chez  lui  autre  fabiicant. 
Bientôt  le  mal-aifte ,  les  pesanteurs ,  les  aigreurs  qui  la  tour- 
mentoient  disparurent  ^  et  l'estomac  se  rétablit  insensible- 
ment. Ainsi ,  le  moyen  auquel  elle  devoit  être  redevable  de 
6a  guérison^seroit  peut-être  devenu  pour  elle  une.caus«  de 
dépériasement. 


3o  C  Â  G 

J'ai  cm  devoir  saisir  cette  occasion  pour  vérifier  d'antres 
chocolats  achetés  indiRei^minent  chez  plusieurs  fabricaua  ; 
)'en  ai  trouvé  de  parlaitement  préparés.  J'en  ai  trouvé  audsi 
c|ui  contenoient ,  les  uns  de  la  faiîne  de  froment  ou  de  la  ia* 
rinede  riz, lesautresdesfarinesde  lentilles  et  de  pois;  enfin ,  do 
la  fécule  de  pomnie-de*ten*e.  Ces  substances,  dira-t-on,  sont 
innocentes  dans  Téconomie  animale  :  j'en  conviens;  mais^ 
dans  les  circonstances  où  le  chocolat  fait  partie  du  régime  , 
elles  ne  peuvent  devenir  oue  très-préjudiciables  k  la  santé. 
D'ailleurs ,  pourquoi  les  y  introduii*e  ?  Elles  sont  absolument 
étrangères  à  sa  compoidtion.  Ces  observations  sont  applicable» 
i  toutes  ces  additions  préconisées  dans  des  avis  que  des  char- 
latans en  ce  genre  distribuent,  et  qui  ont  trouvé  des  appro- 
bateurs; mais,  en  supposant  ce  qui  n'est  pas>  qu'il  soit  né- 
cessaire de  rendre  le  chocolat  plu»  épais  et  plus  substantiel , 
les  mélanges  dont  il  s'agit  ne  doivent  se  faire  qu'au  moment 
de  sa  préparation ,  et  pour  ainsi  dire  sous  les  yeux  du  consom- 
mateur. J'observerai  encore  que  si  on  croit  qu'il  soit  utile  d'y 
ajouter  des  matièi^s  fiirineuses,  il  faut  toujours  les  employer 
dans  l'état  de  fécule  ou  d'amidon,  parce  qu'alors  elles  sont 
dépouillées  de  ma(ièi*es  glutineuses  ou  extractives,  et  ne  con- 
tiennent plus  que  le  principe  alimentaire  par  excellence. 

.  La  composition  du  chocolat  doit  être  distinguée  de  sa  pré- 
paration. Celle-ci  est  le  lot  du  consommateur;  il  peut  y  fair» 
entrer  à  son  gré  tout  ce  qui  lui  plaira  pour  donner  au  breu- 
vage un  caractère  plus  savonneux  ;  il  peut  se  servir  de  lait  au 
lieu  d'eau  pour  augmenter  son  agrément  ou  sa  vertu  nutritive. 
On  a  même  remarqué  oue  beaucoup  de  personnes,  qui  ne 
•auroîent  faii*e  usage  du  lait  de  toute  espèce  sans  qu'il  ne  s'ai- 

Ï risse  sur-le-champ,  viennent  à  bout  de  le  digérer  à  l'aide 
'un  peu  de  chocolat  ;  il  peut  augmenter  l'aromate  et  le  di- 
▼entner.  Mais,  encore  une  fois,  lorsqu'il  entre  dans  les  vue» 
du  médecin  de  l'ordonner  aux  malades,  c'est  un  médicament 
aur  les  eOets  duquel  il  ne  peut  plus  compter,  si  sa  composition 
est  arbitraire  et  variable. 

11  y  a  encore  d'autres  fraudes  plus  nuisibles  aux  eHets  salu- 
taires du  chocolat,  que  j'ai  i*econnues  dans  mon  examen. 
Quelques  fabvicnns  se  procurent,  à  vil  prix ,  les  résidus  do 
pâte  ae  cacao  dont  le  beurre  a  été  enlevé ,  et  le  remplacent 
par  des  graisses  animales,  des  jaunes  d'œufs  ;  d'autres  y  ajou- 
tent des  amaudes  grillées ,  de  la  gomme  adragante ,  de  la 
gomme  arabique,  &c.  Enfin ,  il  y  en  a  qui  choisissent  exprès 
des  cacaos  acres,  amers  et  nouvellement  i^coltés,  parce  que 
tfi  qualités,  qu'on  a  toujours  à  bon  compte,  sont  en  état  do 


C  A  C  5t 

rapporter  nne  ploa  grande  quantité  de  sucre ^  ce  qui  diminue 
d'autant  le  prix  du  chocolat. 

Nous  observerouA  encore  qu'avec  les  motifi  les  plus  pun^ 

\e  chocolat ,  sans  rien  contenir  d'étranger^  peut  être  cféfeo- 

tiieiuc,  par  la  raison  que  les  objets  de  sa  composition  auront 

'  été  mal  choisis ,  préparés  sans  soins ,  ou  négligâ  dans  quelques 

points.  Tout  Fart  consiste  à  choisir  le  cacao ,  et  à  éviter  les 

deux  extrêmes  dans  la  torréfaction.  S'il  n'est  pas  suffisamment 

gnM,  il  conserve  un  goût  désagréable  ;  si  on  le  grille  jusqu'à 

le  briUer^  outre  l'amertume  qu'il  contracte^  la  boisson  qu  ou 

en  prépare  est  noirâtre^  et  manque  de  ce  moelleux  qu'on 

aime  à  y  trouver.  Enfin ,  si  le  germe  n'est  pas  séparé  des  deux 

lobes  du  fruit,  son  état  dur  et  corné ,  bravant  l'action  du 

broiement  et  de  la  cuisson ,  se  retrouve  au  fond  de  la  tasse  de 

chocolat^  jouissant  de  toute  son  intégrité.  Sa  présence  suffi! 

même  pour  annoncer  que  le  premier  travail  de  monder  le 

cacao  grain  à  grain  a  été  négligé ,  et  que  les  autres  opérations 

subséquentes  n'ont  pas  été  mieux  soignées. 

Il  ne  suffit  pas  d'avoir  indiqué  les  fraudes  qu'on  se  permet 
dans  la  fabrication  du  chocolat,  et  tous  les  défauts  de  négli- 
gence et  de  choix  dans  la  qualité  des  matières  et  dans  la  pré- 
paration ;  nous  n'aurions  rempli  que  la  moitié  de  notre  objet, 
si  nous  ne  mettions  les  consommateurs  eux-mêmes  à  portée 
de  les  distinguer,  de  manière  à  ne  pas  s'y  méprendre. 

Moyen»  de  reconnoitre  oeajraudee. 

Avec  des  organes  exercés,  on  peut  aisément  juger  de  la 
bonté  du  chocolat;  il  ne  doit  présenter  dans  sa  cassure  rien 
de  graveleux.  En  le  goûtant,  il  doit  se  fondi*e  dans  la  bouche, 
et  en  se  fondant,  y  laisser  une  espèce  de  fraîcheur;  ne  con- 
tracter, enfiu,  quand  on  le  cuit  dans  l'eau  ou  dans  le  lait, 
qu'une  médiocre  consistance. 

Toutes  les  fois  qu'un  chocoku  répand  dans  la  bouche  ui% 
foût  pâteux;  qu'en  le  préparant,  la  liqueur  exhale  au  premier 
bouillon  nne  odeur  de  colle,  et  qu'après  son  entier  refroidisr 
sèment  elle  se  convertit  en  une  espèce  de  gelée,  on  doit  être 
Sdauré  que  le  chocolat  contient  une  matière  farineuse  d'autant 
plus  abondante ,  que  les  efiets  énoncés  seront  plus  marqués. 
S'il  dépose  au -fond  de  la  tasse  des  petits  corps  solides,  un  sé- 
diment terreux  et  graveleux,  c'est  une  preuve  qu'on  a  oublié 
de  cribler  le  cacao ,  qu'il  a  été  mal  mondé ,  et  qu  on  a  employé 
de  la  casaonnade  plus  ou  moins  commune  au  lieu  de  sucre* 
L'odeur  de  fromage  décèle  la  présence  des  graisses  animales; 
la  i-ancidité  ,  celle  des  semences  émuliives  ;  «n£n  p  le  goût  amer 


^a  CAO 

OU  mariné ,  ou  de  moisi ,  annonce  que  le  cacao  employé  étoît 
trop  verd  y  trop  grillé  y  ou  avarié. 

Mais  en  développant  les  abus  qui  se  commettent  dans  le^ 
àéh'iX  au  chocolat  y  je  n'ai  intention  d'inculper  qui  que  ce  soit; 
il  existe  de^  hommes  que  des  senlimens  honnêtes  garantissent 
de  tous  les  piégés  tendus  à  leur  droitiu^. 

Une  autre  observation^  c'est  que  la  plupart  des  ouvriera 
'  auxquels  on  confie  la  fabricalion  du  chocolat ,  exij^ent  une 
grande  siurveillance  de  la  part  du  maître;  ils  peuvent  com- 
mettre des  infidélités  quand  ils  travaillent  à  la  tache;  ils 
broient  mal  la  pâte  ,  et  pour  épargner  lem*s  bras  et  le  temps  , 
ils  donnent  un  degré  de  Feu  trop  considérable^  qui  nuit  sin- 
gulièrement à  la  qualité  du  chocolat. 

Quoiqu'il  nous  arrive  des  îles  des  pains  de  pur  cacao  d'une 
excellente  qualité ,  le  fabricant  délicat  et  soigneux  ne  doit 
jamais  se  permettre  de  les  employer  dans  son  commerce  , 
tant  est  susceptible  cette  pâte  de  recevoir  une  foule  d'ingré- 
diens  dont  la  présence  est  facile  à  inasquer;  d'ailleurs  ,  il  n'a 
aucune  certitude  des  proportions  ou  s'y  Iroux'ent  les  deux 
espèces  de  cacao;  et  si  l'une  ou  l'autre  n'a  voit  pas  le  goi^l  de 
inoisi,  que  le  grillage  poussé  un  peu  loin  a  la  propriété  de 
faire  disparoître',  enfin  il  ne  peut  ni  ne  doit  avoir  de  sécurité 
que  dans  celui  qu'il  a  fait  préparer  sous  ses  yeux. 

On  ne  sauroit  donc  assez  le  répéter ,  le  chocolat  n'est  pas 
une  préparation  indifférente;  ce  ne  sont  pas  des  lumières, 
mais  de  la  probité  et  des  soins  qu'elle  exige.  Nous  recomman- 
dons aux  fabricans  en  ce  genre ,  quels  qu'ils  soient^  de  laisser 
aux  consommateurs  la  faculté  d'y  ajouter  ce  qu'il  leur  plaira 
quand  ils  voudront  en  augmenter  l'efficacité  ou  l'agrément, 
selon  leurs  idées  et  leurs  vues  ;  et  à  ceux-ci  de  ne  &en  prendi^ 
souvent  y  relativement  à  sa  mauvaise  qualité,  qu'à  leur  con- 
fiance mal  placée  ou  à  leur  économie  mal  entendue  ;  car , 
enfin ,  le  chocolat  a  une  valeur  réelle,  et  cependant  beaucoup 
de  pei*sonnes  ne  veulent  le  payer  que  34  ou  5o  sous,  tandis 
que  d'autres,  donnant  dans  un  excès  opposé ,  le  paient  beau- 
'coup  trop  cher.  £n  voici  la  recette  telle  que  la  publie  Baume 
d^^s  ses  ÈUnuns  <U  Pharmacie  : 


C  A  C 


55 


COMPOSITION   DU    CHOCOLAT. 


oiNOMlNATlOK. 


Cacao  Caraque.. 
Cacao  dct  ilet... 

Sacre 

Cannelle  fine». . . 

Girofles 

Joorn.d'oufrier. 


QUANTITis. 


5  lif  re«. 

1 
5 

gr.  xij. 
3i 


VAIiBUR. 


2I.  igs. 
1       5 
1       8 

T 

3 
3-   10 


TOTAL. 


OBSERVATIONS. 


i3   5 
i  i5 

7 
1  10 

3 

3  10 


27    3 


. 


Déchet^  dcc.  donae  le  chocolat  à  2  lî?,  16  s. 


Le  chocolat  de  sanié  revient  donc  à  sk  liv.  16  aoud.  Si  on 
ajoute  les  frais  de  la  pierre  à  broyer^  des  rouleaux^  bassins , 
balances^  tamis ^  mortier^  moules^  combustible,  Scc.^  cela 
porte  la  valeur  du  chocolat  à  3  liv.  environ.  L'addition  d'une 
vanille  revient  à  celui  qui  le  fabrique  ^  à  3  liv.  1 5  sous  ;  il  y 
a  ensuite  les  avances  de  fonds  et  les  bénéfices,  ce  qui  élève 
la  livre  de  chocolat  à  une  vanille  de  4  liv.  à  4  liv.  5  sous^  L« 
prix  des  ingrédiens  varie  quelquefois,  et  devient  fort  cher, 
«or-tout  en  temps  de  guerre  :  alors  le  chocolat  peut  augmenter 
de  10  à  90  sous. 

Ces  détails ,  dans  lesquels  nous  venons  d'entrer  sur  la 
préparation  du  chocolat,  tout  minutieux  qu'ils  paroissent , 
•ont  cependant  indispensables;  on  en  a  même  négligé  quel- 
ques-uns, dans  la  crainte  d'être  prolixe.  Ils  doivent  suffire 
pour  faire  juger  des  conditions  nécessaires  que  doit  réunir 
celui  qui  le  fabrique.  Il  faut,  I^  qu'il  soit  exact,  probe,  et 
doué  d'organes  perspicaces;  2^.  qu'il  possède  des  connois- 
•ances  pratiques  sur  la  nature  des  matières  premières;  qu'il 
ait  y  en  un  mot,  les  notions  de  là  pharmacie,  afin  de  ne  né« 
gliger  aactin  des  moyens ,  soit  physiques ,  soit  chimiques  ^ 

IV.  c 


S/»  ^  C  A  C    ^ 

j>our  procéder  à  sa  meilleure  confection.  N'omettons  pas  de 
dire  que  l'aromate  doit  toujours  élre  ajouté  vers  la  fin  de  la 
préparation  ,  et  préalablement  mêlé  avec  du  sucre  qu'on  9, 
tnturé  long-temps  ensemble;  que  le  chocolat  demande  encore 
six  mois^  à  partir  du  moment  de  sa  fabrication  «  avant  d'en 
faire  usage  ;  qu'il  faut  toujours  renvelop]>er  dans  un  papier, 
et  le  conserver  dans  un  endroit  sec  et  fix)id. 

Il  résulte  de  ce  qui  précède^  1°.  que  le  chocolat  n'est  plus 
aujourd'hui  ce  qu'il  eloit  lorsque  les  Espagnols  firent,  au 
commencement  du  seizième  siècle,  la  conquête  du  Mexique; 
ji°.  qu'il  n'existe  aucune  méthode  particulière  pour  sa  prépa- 
ration ;  3^.  que  si  les  élémens  qui  le  composent  peuvent  varier 
dans  les  proportions ,  le  procédé  pour  les  amener  à  former 
un  tout  partit  doit  être  constant  et  invariable  ;  4^*  que  sa 
quahté  dépend  du  choix  des  ingrédiens  et  des  soins  employés 
à  les  approprier  et  à  les  combiner  ;  5^.  que  l'incurie ,  la  cupi- 
dité et  le  charlatanisme  le  dénaturent ,  au  point  d'en  faire  une 
boisson  lourde  »  indigeste  et  échauffante  ;  6^.  que ,  pour  se  le 
procurer  ayant  toutes  les  conditions  qui  caractérisent  un  cho- 
colat de  bonne  qualité,  il  faut  le  prendre  chez  les  personnes 
honorées  de  la  confiance ,  et  consentir  de  le  payer  ce  qu'il  vaut 
réellement  ;  7**.  qu'enfin  tout  individu  qui  se  permet  d'ad- 
metti'e,  dans  la  composition  du  chocolat,  des  matières  qui 
'  n'en  doivent  pas  faire  partie ,  à  moins  que  le  consommateur 
ne  l'exige,  préjudicie  directement  à  la  santé.  En  terminant, 
avertissons  le  falsificateur  qu'il  a  beau  s'envelopper  du  voile 
du  mystère,  et  se  placer  dans  d'obscurs  ateliers  pour  intro- 
duire dans  le  chocolat  des  matières  à  vil  prix  et  les  masquer, 
il  ne  peut  échapper  à  l'analyse  chimique ,  qui  décèle  sur-le- 
champ  ses  fraudes,  et  dénonce  son  art  funeste  et  son  nom  à 
l'animadversion  publique.  (Parm.) 

CACAO  SAUVAGE.  C'est  le  Pachirier  a  cinq 
FEUiiiLEs,  poiu:  les  habitans  de  Cayenne.  Voyez  ce  mot.  (B.) 

CACASTOL,  Stumus  mexicanua  Lath.;  ordi*e.  Passe- 
reaux; genre,  Etourneaux.  (  Foyes  ces  deux  mots.  )  Cet 
étourneau  est  peu  connu,  il  habite  les  cantons  chauds  et 
tempérés  du  Mexique,  et  probablement  d'auti^s  contrées; 
chant  désagréable,  chair  d  un  mauvais  goût; la  grandeur  de 
Yétourneau  de  Fiance  :  tête  petite,  bec  noir,  iris  jaune, 
coi*ps  varié  de  bleu  et  de  noirâtre  :  c'est  à  quoi  se  borne  tout 
ce  que  l'on  sait  de  cet  oiseau.  (Vieill.) 

CACATIN  DES  GARIPOUS.  C'est  le  Faoarier  de  i.a 
Gui  A  NE.  Voyez  ce  mot.  (B.) 

CACATOTOLL ,  CAXCAXTOTOLL.  VÔy.  Catotoi^ 

(Vieill.) 


CAO  35 

CACATOU ,  KAKATOU  ou  CACATUA.  L'on  écrit 
plus  communéineiit  KAKATOES.  Voy,  ce  mot.  (S*) 

CACHAXiON,  calcédoine  blanche.  Voyez  Calcédoine. 

(Pat.) 

CACHALOT  ,  Phyaeter,  Après  la  baleine^  il  n'est  point 
d'animaux  cétacés  plus  remarquables  par  la  grandeur  de  leur 
taille,  que  les cacA<t/0^«.  Ils  disputent  même  l'empire  des  ondes 
à  cette  reine  de  l'Océan.  En  effet ,  les  ccichatots  sont  plus  cou- 
rageur  et  mieux  armés  que  les  haleines  ;  ils  marchent  eu 
troupes  nombreuses,  voyagent  dans  presque  toutes  les  mers , 
poursuirent  leur  proie  dans  presque  tous  les  parages^  2>ortent 
le  ravage  dans  les  bancs  de  poissons ,  et  attaquent  môme  les 
baleines  avec  fureur. 

Il  y  a  des  cachalots  aussi  grands  que  les  plus  fortes  baleines, 
tek  sont  les  cachalots  à  grosse  tête  et  le  microps,  qui  acquiè* 
rent  jusqu'à  quatre-vingts  pieds  de  longueur  ou  même  plus  ; 
ils  sont  tous  agiles  et  pleins  de  courage ,  tandis  que  les  6â* 
leines  sont  timides,  ne  voyagent  jamais  en  troupes ,  et  sortent 
rarement  de  leurs  demeures  accoutumées;  au  conti-aire ,  les 
cachalots aonX  vagabonds  ;  ib  se  trouvent  sous  le  brûlant  équa- 
teor  et  sous  les  glaces  des  pôles  ;  ils  ])ai*courent  les  vastes 
plaines  des  mers  en  caravanes,  et  vont  lever  le  tribut  de  leur 
nourriture  dans  les  divei^ses  régions  de  TOccan.  Leur  gueule 
rst  armée  de  dents  crochues  et  nombreuses ,  leur  tê(e  est  d'une 
grosseur  énorme^  et  forme  près  delà  moitié  de  tout  leur  corps  ; 
ils  n'ont  qu'un  évent  au  bout  de  leur  museau ,  tandis  que 
les  baleines  en  ont  deux ,  et  qu'elles  ont  des  fanons  en  place 
de  dents. 

Un  caractère  particulier  à  ces  faux  poissons^  est  de  receler 
dans  leur  crâne,  au-dessus  de  leur  cerveau^  une  très-grande 
quantité  d'une  substance  huileuse ,  logée  dans  des  ceUules 
séparées  ;  leur  évent  est  toujours  placé  à  l'extrémité  de  leur 
museau  ;  dans  l'intérieur ,  cet  évent  se  àivïse  en  deux ,  pour 
entrer  dans  la  trachée-artère. 

On  distingue  donc  les  cachalots  des  baleines ,  par  leur  tête 
énorme  ,  par  un  seul  évent  au  bout  du  museau ,  et  par  des 
dents  crochues  et  pointues  à  la  mâchoire  inférieure  seule^ 
ment.  Il  y  a  dans  la  mâchoire  supérieure  des  cavités  corres- 
pondantes aux  dents  inférieures^  de  petites  dents  2)lates  et 
enfoncées  dans  la  gencive.  Quelques  espèces  sont  poui'vues 
d'une  nageoire  sur  le  dos;  une  simple  émincnce  la  remplace 
dansd'autresespèces.  Les  yeux  àes^cachalot^  sont  petits  comme 
dans  tous  les  cétacés^  et  le  canal  de  l'oreille  est  pi*esque  invisible* 
Comme  ils  sont  vivipares ,  ils  ont  les  organes  de  la  gêné- 
mion  conformés  pour  s'accoupler^  les  mâles  sont  pottrVuK 


56        .  CAO 

d'une  verge  ou  d'un  baknas ,  renfermé  dans  nn  fourrc^m  ;. 
les  femelles  portent  deux  mamelles  près  de  l'anus  à  la  régioa 
inguinale^  et  placées  dans  deux  sillons  longitudinaux ,  ainsi 
que  les  autres  CiTACÉs.  (  Voyez  ce  mot.  )  Les  ettchalots  ont 
le  sang  chaud  et -respirent  Tair  par  des  poumons. 

Les  cackalois  ne  produisent  point  autant  <l'ftVAiitage  dans* 
leur  pèche  que  les  baleines  ;  ils  ne  fournissent  qu'une  assez  pe- 
tite quantité  d'huile,  et  leur  gi*aisse  est  touie  remplie  de  tendon» 
et  de  filamens.  Ils  nagent  d'ailleurs  avec  encore  plus  de  rapidité 
que  les  baleines ,  leur  taille  est  plus  eflBlée  dans  ses  parties  pos- 
térieures ,  ils  plongent  beaucoup  plus  de  temps ,  et  leur» 
osaemens  sont  plu»  compactes  et  plu»  durs  ;  car  ce  sont  des 
animaux  carnivores  auprès  de  la  Baleine  ;  ils  ont  plus  de  vi- 
gueur et  de  courage  qu  elle  ;  parce  qu'ils  sont  mieux  armés» 
On  les  rencontre  habituellement  dans  presque  toutes  les  mers> 
tandis  que  le«  baleines  sont  confinées  prè»  des  pôles,  bien 
qu'elles  s'étendent  quelquefois  vers  le  midi^  par  des  excur- 
sions passagères.  Les  coups  de  queue  des  cachalots  sont  moina 
violens  que  ceux  des  baleines  ;  néanmoins,  ils  sont  assea  fort» 
pour  briser  les  naceHes  des  pécheurs  imprudcns. 

Cette  grosse  tète  des  cachaJols ,  qui  compose  près  de  la: 
moitié  de  leur  corps ,  n'est  pas  entièrement  remplie  de  leur 
cerveau  \  celui-ci  est  même  fort  petit  en  comparaison  de  la 
taille  de  ces  animaux  ;  mai»  tout  l'espace  qui  existe  entre  la 
cervelle  et  le  crâne ,  est  i*empli  de  cellules  contenant  une 
huile  très-limpide,  qui  se  fige  à  l'air,  et  produit  le  blanc  de 
baleine,  si  mal-À-propos  nommé  sperme  de  baleine  (  spemus 
celi),  car  ce  n'est  pas  une  matière  spermatique.  Celte  sub- 
stance n'est  pas  seulement  contenue  dans  l'huile  de  la  tête  de» 
cachalots ,  mais  encore  dans  toute  la  graisse  de  leur  corps  , 
quoiqu'elle  y  soit  en  raoindi'e  quantité.  En  eifet,  Thuile  reti- 
rée du  lard  de  ces  faux  poissons ,  devient  grenue,  et  dépose 
une  foule  de  cristaux  en  flocons  ,  semblables  à  de  la  neige  i 
c'est  du  véritable  blanc  do  baleine ,  comme  ceiui  de  la  tète  , 
ui  est  seulement  plus  beau  et  plus  considérable.  Un  cachaioi 
e  quatre-vingts  piedi  rend  communément  trente-six  quin-^ 
taux  d'huile  et  plusieurs  tonnes  de  blanc  de  baleine.  Ces  ani* 
maux  sont  fort  difficiles  à  harponner ,  parce  qu'ib  sont  sau- 
vages, et  que  le  harpon  pénètre  difficilement  dans  leur  chair  ^ 
excepté  au-dessus  des  nageoires  latérales.  Les  dents  des  ea- 
chalots  arrachées ,  ont  la  forme  d'un  concombre  et  la  gros- 
seur du  poignet  ;  leur  gueule  est  d'une  largeur  énorme ,  et 
un  bœuf  y  entreroittoutentier  àson  aise,  a  On  a  même  trouvé^ 
D  dit  Anderson,  dans  l'estomac  d'un  de  ces  monsti-es,  des  aréle» 
»  et  caix^astes  à  moitié  digérées^  de  poissons  de  sept  pieds  et 


î 


C  A  C         ^  5^ 

s>  dzranfage  de  long  y>.  Leur  estomac  est  fort  large;  car  on  a 
vu  un  <:achalot  blessé ,  revomir  aisément  un  poisson  entier 
^  douze  pieds  de  longueur  qu'il  avoit  avalé  d  une  seule  fois. 
Toutes  les  dents  delà  mâchoire  inférieure  des  cachalots^  sont 
•des  canines  ;  il  paroît  que  le  nombi^  en  est  variable  et  aug- 
mente à  mesure  que  la  mâchoire  s'alonge  ou  que  l'animal 
grandît-,  car  on  trouve  dans  des  individus  vingt-cinq  dents^ 
chez  d'autres  trente  y  quarante  et  môme  cinquante ,  au  rap- 
port des  pécheurs*  On  pnéiend  qu'il  se  rencontre  aussi  quel- 
ques molaires  au  fond  ae  la  mâchoire  inférieure,  et  d'autres 
À  la  snpérieiure^  qui  sont  plates  et  à  peine  visibles.  Ces  ani- 
maux n'ont  que  seize  côtes  en  tout  ;  les  autres  cétacés  eu 
ont  un  plus  grand  nombre. 

La  graiise  des  cachalots  donne  moins  d'huile  que  celle  des 
baleines ,  quoique  sa  qualité  ne  soit  point  inférieure.  Je  dois 
ajouter  que  l'huile  de  baleine  ti^ on  trouve  dans  le  commerce  » 
ae  se  tire  pas  seulement  des  animaux  cétacés ,  mais  encore 
4l'un  grancf  nombre  de  poissons  :  par  exemple,  les  foies  des 
morues,  des  cabéliaux,  des  chiens  de  mer ,  laissent  dégoutter 
<l'eux-mémes  beaucoup  d'huile,  et  on  les  exprime  pour  en 
obtenir  encore  davantage.  Les  nations  maritimes  du  Nord  ont 
même  appris  a  extraire  de  l'huile  des  harengs  et  de  tous  ]es 
mîasons  de  mai^ ,  à  l'aide  de  la  chaleiur  et  de  la  pression. Ces 
iiuiles  s'appellent  thran  ;  il  y  en  a  de  claires  qui  se  séparent 
de  la  graisse  non  bouillie  :  mais  le  thran  brun  se  tire  [lar  le 
len,  et  il  est  moins  bon.  Ce  mot  thran ,  dérive  des  langues  du 
Nord ,  et  signifie  un  liquide ,  qui  dégoutte ,  une  larme,  un  suin- 
tement^ &c.  Dans  les  cachaiote ,  il  y  a  de  petits  vaisseaux  qui 
partant  de  la  moelle  épinière,  &e  rendent  a  toutes  les  parties 
extérieures  du  corps  ,  et  y  portent  cette  matière  huileuse  de 
la  tête ,  qui  se  fige  en  flocons  à  l'air ,  et  qui  compose  le 
blanc  de  baleine  :  voilà  pourquoi  Ton  rencontre  du  blanc  de 
baleine  dans  les  huiles  de  cachalots.  (  Voyez  encore  la  suite 
de  Tarlice  Baleine.  )  Il  ne  faut  pas  confondre  cette  ma- 
tière avec  le  cerveau  de  ce  cétaoé,  comme  font  ordinairement 
les  pécheurs. 

«  Ayant  ôté  la  peau  du  haut  de  la  tète  des  cachalots,  dit 
9»  Anderson  {Hiet.  du  Gro'énl,  p.  i  aS.  et  suiv.) ,  on  trouve  la 
i>  graîase  de  l'épaisseur  d'une  main  ^  et  au-dessous  de  celle-ci 
3»  une  membrane  {cartilage)  épaisse  et  fort  nerveuse  qui  sert 
1»  de  crâne.  Celle-ioi  est  suivie  d'une  seconde  séparation  d'une 
9»  texture  pareille  4e  gros  nerfs  (^tendons) ,  et  épaisse  jd'environ 
j»  quatre  doigts,  qui  s'étend  depuis  le  museau  par  toute  la 
9»  tète  jusqu'à  la  nuque, et  qui  la  sé^re  par  le  haut  en  deux 
SB  partiesL  La  première  chambi*e  qui  est  entre  ces  deux  mem- 


S8  CAO 

»  branes  {lames  cartilagifieuseê) ,  renferme  le  cerveau  {hulU 
"»  concrescibie)  le  plus  ])récieux....  dont  on  prépare  le  meil- 
»  Icfur  blanc  de  baleine.  Lch  parois  des  cellules  sont  tbiinées 
3>  d'une  matière  qui  ressemble  à  un  gros  crêpe,  et  un  pécheur 
>»  a  tiré  sept  pebts  tonneaux  de  cette  précieuse  hiule.  £lle 
j)  étoit  fort  claire  et  blanche ,  et  étant  versée  sur  Teau  y  elle 
^  se  coaguloit  comme  du  fromage;  mais  quand  on  len  ôloît, 
-»  elle  redevenoit  fluide....  Au-^ieasous  de  cette  chambre ,  on 
3>  découvre  l'autre ,  qui  repose  sur  le  palais  de  la  gueule ,  et 
»  qui ,  selon  la  grosseur  du  poisson  ,  a  depuis  quatre  jusqu'à 
y>  sept  pieds  et  demi  de  haut.  £lle  est  de  même  remplie  de 
D  cerveau  spermatique  (huile  concresci-ble  de  hkuic  de  h€^ 
»  leine  )....  Il  est  distribué  y  comme  le  miel ,  dans  une  ruche  , 
3»  par  petites  cellules  >  dont  les  parois  ressemblent  à  la  pelli- 
3)  cule  intérieure  d'un  œuf.  A  mesure  qu'on  6te  le  cerveau 
^  de  cette  chambre  ,  elle  se  remplit  de  nouveau  de  sperme  , 
3)  qui  y  est  conduit  de  tout  le  corps,  et  par  une  grosse  %'eine 
»  {cavité  de  V épine  dorsale) ,  et  l'on  en  tire  souvent  jusqu'à 
3>  onze  petits  tonneaux....  Ce  gros  vaisseau  a,  proche  de 
3»  la  tète,  la  grosseur  de  la  cuisse....  et  s*étend  le  long  de 
D  l'épine  en  se  rétrécissant ,  &c.  ».  ConsuUe%  la  suite  de  l'article 
Baleine  sm*  cet  objet. 

La  chair  des  cachéUois  est  très-ferme ,  dure ,  entrelacée  de 
tendons,  de  ligamens  et  de  fibres  grossièi^s,  dans  lesquelles  le 
har|K>n  a  peine  à  mordre.  Cette  chair  est  rouge  comme  celle 
de  toutes  les  baleines.  Leurs  yeux  sont  fort  petits,  et  leur  cris* 
luUiii  n'est  pas  plus  gros  qu'une  balle  de  fusil  de  chasse.  Leur 
lard  n'a  guère  que  six  pouces  d'épaisseiu*.  Leur  peau  est 
douce ,  veloutée ,  et  d'une  couleur  grise  ;  leur  langue  foi*t 
petite  ;  leur  mâchoire  inférieure  plus  étroite  que  la  supé- 
rieure ,  et  placée  en  dessous  du  corps ,  de  sorte  qu'ils  sont 
obligés  de  se  retou2*ner  pour  saisir  leur  proie.  Il  paroit  que 
les  femelles  ne  ]>ortent  qu'un  ou  deux  petits  à-la*fois.  Parmi 
les  ti*ente-un  cachalots  échoués  en  mars  de  Tan  1 784  sur  la 
côte  de  Bretagne ,  au  port  d'Audierne ,  deux  femelles  en-> 
ceintes  mirent  bas  sur  le  rivaee;'ce  qui  fut  précédé  de 
bruyantes  explosions.  L'une  produisit  deux  petits ,  l'autre ,  un 
aeul  ;  ils  faisoientdcs  efforts  ))our  se  remeUre  à  flot  et  s'élancer 
dans  la  mer.  Leur  taille  étoit  de  dix  pieds  et  demi  enrà'on, 
et  ils  n'a  voient  encore  aucune  dent. 

Comme  les  cachtUots  sont  mieux  armés  que  les  baleines,  ib 
ae  nourriaseut  aussi  de  plus  gros  ]x>issons.  Ils  donnent  la 
chasse  aux  veaux -marin  s  ou  phoques,  aux  cycloptères,  aux 
daupliins  et  même  aux  baleines-à-bec ,  ^ui  tremblent  devant 
CCS  redoutables  brigands.  Le  requin  lui-même,  ce  monatrok 


C  A  C  Sq 

féroce  de  l'Océan ,  est  saisi  de  terreur  à  Taspect  da  grand 
cachalot;  dans  son  eSroi  ^  il  voadroit.se  dérober  à  la  lumière^ 
et  cherche  à  s^enterrer  sous  le  sable  des  mers  pour  se  sous- 
traire à  la  dent  meurtrière  de  son  ennemi.  Il  Cuit  en  vain  ; 
le  cachalot  l'arrête ,  le  serre  ;  alors  ce  formidable  déprédateur 
s'^nce  éperdu  sur  les  rochers  «  et  s'y  précipite  avec  tant  de 
violence  ,  qu'il  se  donne  souvent  la  mort ,  et  expie  ,  sous  la 
dent  cruelle  ^  toutes  les  fui*eurs  et  la  tyrannie  qu'il  exerça 
dans  l'empire  des  ondes.  Le  cadavre  seul  d'un  cachalot , 
donne  une  telle  frayeur  au  i*equin^  qu'il  n'ose  pas  en  dévorer 
la  chair  comme  les  autres  poissons.  Âusai-lôt  que  les  phoques* 
appei'çoivent  le  cacJuUot  microps,  ils  fuient  avec  précipita- 
tion^ et  grimpent  sur  les  glaçons,  ou  gagent  le  rivage  de  toutesi 
leurs  forces  ;  mais ,  caché  derrière  la  glace  ,  le  cachalot  les 
gaette,  ou^  se  réunissant  à  dauti*es^  ils  assiègent  le  glaçon^ 
le  renversent^  se  saisissent  de  leur  proie  en  mugissant  de 
fureur^  et  étanchent  leur  haine  dans  son  sang  tout  fu- 
mant. 

Dans  toutes  les  mers ,  on  rencontre  des  cachaiotê  voya- 
geurs, mais  ils  se  tiennent  plus  fréquemment  dans  les  mer» 
polaires.  Leur  séjour  ordinaire  au  nord,  est  vers  le  détroit  de 
Davis  ,  les  côtes  de  Finmarchie  ;  et  au  sud ,  vers  la  pénin-^ 
suie  méridionale  de  l'Afrique.  £n  1 670  ,  trois  cents  cacha^ 
iois  échouèrent  sur  les  grèves  de  Tile  Tiréia  ,  et  cent  deux 
furent  jetés  sur  le  rivage  près  du  port  de  Kairston,  en  1690* 
Trente-un  demeurèrent  à  sec  sur  la  côte  occidentale  d'An- 
dieme  en  Basse-Bretagne  >  le  14  mars  1784  ,  à  la  suite  d'une 
tempête.  £n  échouant ,  ils  poussoient  des  mugissemens  af- 
ireax  ,  qu'on  entendoit  de  trois  quarts  de  lieue  dans  les  terres» 
Ils  a'agitoient  avec  violence  au  milieu  des  vagues  écumantes^ 
du  bruit  des  flots,  des  cris  épouvantables  1  du  fracas  de  leur 
queue  battant  l'onde,  la  faisant  jaillir  en  brouillards, et  la 
lançant  dans  les  airs  avec  sifflement  par  leurs  évents.  Deux 
hommea  qui  apperçurent  de  loin  cette  scène  d'horreur,  s'en- 
fuirent de  terreur.  Les  monstres  roulés  par  les  flots  sur  le 
sable,  déchirés  et  sanglans,  se  débattant  avec  effort,  labou- 
roiBTki  le  sol  et  exhaloient  leurs  gémissemens.  On  fuit  de 
toutes  parts,  on  cherche  des  asyles  dans  l'église  voisine 
(c*étoit  un  dimanche);  enfin,  on  s'enhardit  peu  à  peu;  ou 
examine  de  loin  les  énormes  cadavres  qui  couvroient  la  rive. 
Us  étoient  couchés  pêle-mêle  comme  de  vieux  chênes  abattus 
dans  les  forêts  par  la  main  du  temps.  Le  plus  petit  avoit  au 
moins  trente^quatre  pieds  de  longueur  ;  d'autres  en  avoient 
qaarante^-cinq.  Ils  palpitèrent  pendant  plus  de  vingt-quatre 
ikinxTc^  encore^  et  l'un  d*eux  vécut  plus  de  deux  jours»  el 


40  C  A'  C' 

"®mi.  La  rdlte  on  avoit  appérçu,  avec  utirprûe^  une  mnlti-* 
*^de  de  pelits  poissons  se  jeler  tout  effrayés  sur  la  c6te^  etlé 
même  jour  des  troupes  nombreuses  de  marsouins  entrèrent 
dans  le  port  d'Audierne.  Ils  étoient  peut-être  poursuivis  par 
d'autres  cachalotê ,  qui  sont  leurs  implacables  ennemis ,  et  qui 
les  déchirent  de  leurs  dents  crochues.  La  iner  est  souvent  un 
théâtre  de  carnage  et  de  déprédation.  Le  cachalot,  ce  fier 
tartare  des  ondes  ,  fait  trembler  la  baleine  et  le  requin. 
L'Océan  est  teint  du  sang  de  ces  infortunés  habitans.  Ses 
grottes  profondes  recèlent  des  brigands^  comme  celles  de  la 
terre  ;  comme  il  n'existe  presqu'aiicun  végétal  au  fond  de» 
jners^  il  faut  que  les  poissons  vivent  de  poissons^  et  s'entre- 
dé  v'orent  perpétuellement  pour  se  conserver  sans  cesse. 

En  1 723  ^  le  a  décembre  ,  api^s  une  tempête  siSvie  d'une 
marée  extraordinaire^  dix-sept  cachalots  furent  jetés  singles 
bancs  de  Rifzebutlel^près  de  Hambourg;  ils  étoient  longs  de 
quarante  à  soixante-Kiix  pieds.  De  loin ,  ils  sembloient  être 
des  bâtimens  échoués.  Ils  étoient  tous  couchés  et  tournés 
vers  le  nord.  Huit  hommes  se  tenoient  de  front  sur  la  largeur 
de  chacun  d'eux.  Les  mâles  et  les  femelles  étoient  placés 
près  les  uns  des  auti'es;  il  paroît  qu'ils  cherchoient  à  s'ac- 
coupler. 

Ce  qui  rend  aussi  les  cachalots  remarquables ,  c'est  Vambre 
gris  quon  i*enconlre  fort  souvent  dans  leurs  intestins^  et 
particulièrement  dans  le  cachalot  tmmpo.  C'est  une  matière 
onctueuse^  opaque  ,  légère,  d'une  nuance  cendrée  et  rem- 
plie de  paillettes  ou  de  taches  blanchâtres  ;  son  parfum  est 
très-agréable.  La  chaleur  ramollit  cette  substance ,  exalte  son 
odeur,  et  celleci  se  développe  sur^tout  lorsqu'on  la  mélange 
à  des  poudres  aromatiques.  C'est  un  corps  de  nature  rési- 
neuse ,  qui  nage  sur  l'eau ,  n'a  point  de  saveur,  s'il  est  pur; 
se  fond  comme  la  cire,  est  en  masses  irrégiilières,  paroît  formé 
de  couches  diverses ,  et  recèle  quelquefois  des  corps  marins 
dans  son  intérieur.  £n  le  brisant,  il  s'écaille  ;  on  en  distingue 
deux  variétés  principales ,  l'une  marquée  de  jaune ,  l'autre 
de  noir.  {Voyez  l'article  Ambre  gris.  )  Celte  substance  est 
dissoluble  dans  l'esprit-de-vin ,  et  dans  l'éther  en  partie, 
tandis  que  les  bitumes  ne  s'y  dissolvent  point.  Elle  produit  à 
la  distillation  un  acide , et  un  sel  concret,  avec  une  huile  em- 
pyreumatique.  On  l'emploie  en  médecine  comme  cordial  et 
antispasmodique  ;  on  l'unit  au  musc ,  et  il  entre  sur-tout  dans 
les  parfums  ;  son  odeur  est  douce  et  plus  suave  que  celle  du 
musc  ;  cependant  eDe  agace  quelquefois  les  nerfs  des  femmes 
hystériques  et  irritables. 

Kempfer  avoit  pensé,  avec  les  Japonais^  que  l'ambre  gris 


CAO  4* 

éloit  im  excrémdut  det  baleines.  Dudloy ,  cbuia  les  ThsiMae-^ 
ûom phUoêophiquea ,  11^387,  p.  967^  avoit  aasuré  qu'il  ne  atf 
trouvoit  que  dans  les  cachalots  (^sperma  eeti  whaîes),  et  le 
crojoit  formé  dans  une  bourse  ou  vessie  placée  près  de  la 
Terge  des  vieux  mâles  ;  d'autres  ont  soupçonné  qu'il  se  dé-* 
posoîi  dans  la  vessie  uiinaire  de  ces  animaux.  Poncet ,  ÎA^ 
mery ,  Formey  et  Monconis  ont  pensé  que  l'ambre  gris 
n'était  qu'un  mélange  de  cire  et  de  miel^  altéré  par  les  eaux 
de  la  mer  et  recuit  par  le  soleSL  D'autres  ont  regardé  cette 
sub^stance,  tantôt  comme  des  excrémens  de  phoques  ou  d'oi- 
seaux^ tantôt  comme  un  bitume  suintant  des  rochers  sous^ma- 
rins ,  et  desséché  par  le  soleil ,  ficc.  C'est  principalement  dans, 
ks  mers  des  tropiques  et  de  la  oone  torride  que  se  rencontrent 
les  massesCamore  gris  flottant  sur  les  ondes  ^  se  détachant  du 
fond  de  l'Océan  ,  s'amassant  dans  quelque  anse  et  dérivant 
sor  les  bords  de  quelques  iles  »  comme  les  Maldives,  les  Phi- 
lippines ,  le  canal  de  Moasambique  9  les  îles  Lucaies,  les  Ber- 
mudas ,  &c.  Les  oiseaux  manns ,  les  poissons ,  les  cétacés 
sont  très-friands  d'ambre  gris ,  et  le  recherchent  pour  le  dé-« 
vorer. 

Il  est  certain  qu'on  observe  dans  l'ambre  gris  des  fragmens 
de  becs  de  sèches ,  et  de  poulpes  {sepia  octopodia) ,  ce  qui  an- 
nonce que  ces  animaux  ne  sont  pas  étrangers  k  cette  matière. 
D'ailleurs  plusieurs  sèches  et  poulpes  répandent  un  parfum 
ambré^  et  il  paroit  que  celte  odeur  est  naturelle  à  leur  encre, 
ou  liqueur  noire ,  comme  on  l'observe  dans  l'encre  de  la 
Chine,  qui  en  est  composée.  On  prétend  que  les  baleines, 
et  sur-tout  les  cachalots ,  se  nourrissant  de  poulpes  et  de 
sèches,  peuvent  former  de  l'ambre  gris  dans  leurs  intes- 
tins, et  le  rejeter  avec  leurs  excrémens  ou  par  vomissement» 
Il  est  certain  qu'on  en  a  trouvé  dans  l'estomac  de  plusieurs 
cétacés,  et  que  les  Indiens,  les  insulaires  qui  ramassent  cette 
matière ,  la  regardent,  en  général ,  comme  un  excrément  de 
baleine.  Aumphius(C!a^iiis/<2'^m6oi>i«,Amst.  174>*  P-  3^^») 
rapporte  un  grand  nombre  de  témoignages  qui  continuent 
la  présence  de  l'ambre  gris  dans  les  cétacés.  U  reste  main- 
tenant à  décider  si  l'ambre  est  réellement  produit  dans  les  in- 
testins des  cétacés ,  ou  seulement  s'il  est  avalé  ,  tout  formé, 
par  ces  animaux.  Quelquefois  on  trouve  de  l'ambre  gris  sur 
les  côtes  du  golfe  de  Gascogne  ;  il  y  est  jeté  par  les  tempêtes; 
les  animaux,  qui  en  sout  très^^friands,  accourent  pour  le 
manger  ;  ils  le  rendent  ensuite  dans  leurs  excrémens.  Albert 
Hiigo  ,  et  Fusée  Aublet,  botanistes ,  ont  cru  que  l'ambre  gris 
étoit  une  résine  d'arbre  qui  découloit  dans  la  mer ,  mais  cette 
opinion  est  abandonnée.  On  trouve  des  masses  d'ambre  gris 


*f  . .  c  A  ^ 

d'une  grosseur  prodigieuse;  on  en  a  vn.du  poids  de  cent 
qualre-vingt-deux  livres ,  de  deux  cent  vingt-cinq  livret ,  et 
m^me  de  plusieurs  quintaux  ;  quoique  celte  matière  soit  asses 
commune ,  elle  demeure  cependant  très-chère.  Celle  de  deux 
cent  vingt- cinq  livres  fut  vendue  5aooo  francs.  En  sor* 
tant  de  la  mer,  elle  répand  une  odeur  désagréable  et  très- 
forte  ,  maû  qui  devient  suave  par  la  suite.  On  ne  trouve 
point  d'ambre  gris  fossile ,  car  quoiqu'on  prétende  en  avoir 
rencontré  dan»  une  fouille  en  Russie  (  Coliect,  acad.  part^ 
étrang.  t.  iv,  pag.  297.) ,  rien  n'est  moins  démontré. 

jLe docteur  Scnwediawer(PAi/t>ff.  /ra/is.  i.hxxjn, an.  iySS, 
part.  i,n^  é3.  et  trad.  franc,  dans  le  Journal  de  Physiq.  4y8U, 
octobre.  )  regarde  l'ambre  gris  comme  une  sorte  de  bezoard  , 
on  de  matière  particulière  au  cachalot ,  sur-tout  au  phyaeter 
tnaeroeephaltu  Linn. ,  qui  donne  aussi  le  meilleur  blanc  de 
baleine.  Depuis  long -temps  les  pécheurs  des  Etats -U  nia 
d'Amérique  savoient  qu'en  ouvrant  cet  animal^  on  y  trou- 
voit  fréquemment  de  1  ambre  gris^  et  ils  ne  manquent  jamais 
d'en  chercher  lorsqu'ils  prennent  un  cétacé  de  cette  espèce» 
Ayant  appris  qu'on  trouvoit  abondamment  de  l'ambre  gris 
sur  les  côtes  de  Madagascar ,  un  pécheur  de  Boston  proposa 
d'y  faire  la  pèche  de  ta  baleine.  Lorsqu'on  harponne  le  ca- 
chalot ,  il  vomit  souvent  et  rend  ses  excrémens  ;  il  est  inutile 
de  chercher  de  l'ambre  gris  dans  ses  entrailles;  mais  si  l'ani- 
mal est  maladif,  engourdi ,  alors  il  ne  rejette  rien ,  et  Ion 
peut  espérer  de  rencontrer  cette  précieuse  matière.  C'est  prin- 
cipalement chez  les  individus  maigres  et  malades  qu'on  la 
trouve.  EUe  est  placée  dans  une  poche  intestinale  du  coecum , 
et  souvent  entourée  de  matières  fécales.  Cet  ambre  gris  est 
plus  mollasse  que  celui  de  la  mer,  mais  l'air  lui  donne 
bientôt  de  la  solidité.  Dans  le  ventre  du  cachalot ,  l'ambre 
gris  a  presque  l'odeur  et  la  couleur  des  déjections  de  cet 
animal;  ensuite  il  les  perd  promptemeht  par  son  exposition 
à  l'air  et  au  soleil  pour  acquérir  ce  parfum  suave  qui  le  rend 
si  précieux.  Un  cachalot  échoué  près  de  Bayonne  en  1 74  >  j 
donna  plusieurs  morceaux  d'ambre  gris ,  en  forme  de  boules, 
dont  quelques-unes  avoient  un  pied  de  diamètre.  Ils  pesoient 
jusqu'à  vingt  livres.  Ils  étoient  contenus  dans  une  bourse 
ovale ,  longue  de  quatre  pieds ,  et  posée  vers  la  l'égion  des  tes- 
ticules. Cell&ci  étoit  remplie  d'une  liqueur  jaune  d'une  odeur 
plus  forte  que  les  boules  d'ambre  qui  surnageoient.  Chaque 
boule  étoit  formée  de  couches  concentriques.  11  existe  des 
morceaux  d'ambre  gris  d'un  tel  volume ,  qu'ils  n'ont  pas  pa 
é\ve  contenus  entièrement  dans  quelque  cavité  que  ce  soit 
du  coj'ps  des  cachalots. 


C  A  C  .    .      *^ 

Quoique  beaucoup  de  probabilités  semblent  se  réunir  pour 
annoncer  que  Tambue  gi-is  est  produit  par  les  cachalola,  il  est 
possible  que  ces  animaux  l'avalent  tout  formé ,  de  même  aue 
tes  poiasous  ,  les  oiseaux  et  les  quadrupèdes  qui  en  sont  toi<t 
avides  ,  ce  qui  annonce  qu'il  contient  quelque  matièi'e  gé- 
latineuse et  nutritive.  Selon  ce  piîncipe ,  l'ambre  gris  n'ap 
partiendroit  pas  au  règne  minéral ,  qui  n'offre  aucune  sub- 
stance alimenlaire ,  k  moins  que  celle-ci  ne  soit  étrangère  à 
«a  nature.  L'analyse  chimique  de  l'ambre  giis  paroît  le  l'ap- 
porter incontestablement  aux  malièi*es  animales.  Tous  les  bi- 
tumes sortent  originairement  des  substances  organisées  ,  vé- 
gétales ou  animales  9  mais  qui  ont  éprouvé  de  grandes  et 
profondes  altéi'ations  dans  le  sein  delà  terre  ou  des  mers. 
(  Consultez  l'article  Ambre  gris.) 

Api^  ces  détails  sur  les  cachalots  ,  nous  allons  en  décrire 
les  espèces  ^  qui  sont  au  nombre  de  cinq  :  le  grand  et  lepetii 
cachalot ,  le  trumpo ,  le  nùcrops  et  le  muiar. 

Grand  Cachalot  ,  Physeter  macrocéfphalus  Linn.  et 
JBonnaf.  {Cétologie ,  p.  é9*pl,  ri  yf.u  ,  etpL  rit  yf.  «.)•  C'est 
le  potpisch  des  Hollandais  ,  le  trold^hwal  des  Norwégiens; 
il  a  en  quelque  sorte  la  figure  d'une  crosse  de  fusil.  Sa  tête 
énorme  comprend  le  tiers  de  sa  taille ,  et  paixiît  tronquée  vers 
le  museau.  C  est  de  sa  cavité  que  s'extrait  le  blanc  de  baleine. 
La  mâchoire  inférieure  y  plus  courte  y  plus  étroite  que  la  su- 
périeure y  est  placée  en  dessous.  Ses  dents  inférieures  ,  sail- 
lantes de  quelques  pouces  ,  sont  pointues  et  un  peu  recour- 
béfïâ  ,  et  sont  reçues  dans  autant  de  cavités  à  leur  mâchoire 
supérieure.  Entre  ces  cavités^  sont  des  molaires  applaties  et  à 
peine  élevées  d'une  ligne  hors  de  la  gencive.  Sa  langue  est 
courte  y  carrée  y  rouge  y  et  ressemble  à  une  grosse  masse  de 
chaire  Les  deux  évents  se  réunissent  à  l'extérieur  y  et  n'ont 
qu'une  seule  sortie.  On  apperçoit  à  peine  le  canal  extérieur 
aes  oreilles  y  placé  derrière  les  yeux  y  qui  sont  fort  petits.  Sur 
le  dos ,  se  trouve  une  bosse  légère  qui  tient  lieu  de  nageoires. 
La  verge  du  mâle  est  renfermée  dans  un  fourreau  ;  la  femelle 
porte  deux  mamelles  inguinales  y  longues  de  quatre  à  cinq 
pouces  y  avec  un  mamelon  de  dix-huit  lignes  de  longueur. 
La  queue  est  mince.  Ces  animaux  ont  le  dos  de  couleur  noi- 
râtre ardoisée,  et  le  ventre  blanchâtre  ;  leur  graisse  n'a  que 
six  pouces  d'épaisseur  ;  leur  chair  est  rouge  comme  celle  du 
cochon  ;  ils  ont  la  vie  très-dura ,  et  on  a  peine  à  les  tuer.  Leiur 
langue  est ,  selon  les  marins  y  une  chair  délicieuse.  Le  cacha- 
lot nage  très-vite  y  et  on  le  pêche  dans  toutes  les  mers.  Il  se 
troirve  au  nord  y  et  dans  les  mers  du  Sud  où  il  abonde ,  sui^'anf 
quelques  pécheurs.  Nous  avons  dit  qu'il  en  échoua  trente-un 


44  C  A  C 

«n  1784  sur  les  côtes  de  Bretagne  ;  Tnii  d'eux  ^  long  de  qua* 
ranle-quatre  pieds  six  pouces  ,  avoit  trente-quatre  pieds  tiuk 
pouces  de  circonféi^ence  ;  sa  gueule  s'ouvroit  de  quatre  pieds 
comme  celle  d'un  grand  four.  Cet  animal  acquiert  plus  de 
«oixante  pieds  de  longueur  ;  il  mange  des  sèches ,  des  veaux 
marins ,  &c. 

Pbtit  Cachalot  ^  Physeter  catodon  linn.  et  Bonnat 
(jCétol.  pL  f4,),9e dislingue  du  précédent  par  sa  taille  plus  p»> 
tite  qui  ne  surpasse  guèn;  vingt-quatre  à  (i^nte  pieds ,  par  la 
fausse  nageoire  raboteuse  de  son  dos ,  par  Tavancementde  sa 
mâchoire  in  férieurequi  dépasse  la  supérieure.  Leurs  dents  sont 
«moussées  et  font  voir  à  leur  sommet  des  couches  concen  triques; 
.la  racine  de  ses  dents  coniques  est  moins  grosse  que  la  partie 
qui  soi*t  de  la  gencive.  Leur  museau  arrondi  porte  un  évent 
placé  très-  près  de  la  gueule  y  qui  est  petite  :  cet  évent  reé" 
isemble  à  une  narine.  Vers  la  fin  du  17*  siècle ,  une  centaine . 
de  ces  animaux  vinrent  échouer  dans  une  des  iles  Orcades-, 
au  port  de  Kairtson.  Ils  se  trouvent  dans  les  mers  Glaciales. 

Cachalot  trumpo  Physeter  trumpo  Bonnat.  {Cêtol^p.  #4 
et  45,) ,  Cetus  novœ  Angtiœ  de  Brisson ,  Règn.  anim,  p,  36o, 
n^  3.  Cette  espèce  est  commune  dans  les  parages  des  Bermu- 
des  et  vers  les  côtes  de  la  Nouvelle  -  Angleterre.  Sa  tête  est 
d'une  taille  énorme ,  relativement  à  son  corps  ;  son  museau 
est  ti'ès-prolongé  ,  et  sa  mâchoire  inférieure  fort  courte.  La 
tète  fait  exactement  la  moitié  du  corps  ;  elle  a  un  museau 
«pplati  en  avant ,  et  l'évent  est  sur  une  bosse  placée  au-devant 
du  mufle.  Près  de  la  queue,  sur  le  dos  ,  est  une  bosse  épaisse 
d'un  pied.  Ses  dents  pointues  sont  grosses  comme  le  poignet 
et  ressemblent  aux  dents  d'une  roue  de  moulin.  Leur  matière 
est  semblable  à  de  l'ivoire.  On  en  voit  de  la  longueur  de  cin- 
quante pieds ,  et  de  vingt-sept  pieds  de  tour.  Ils  donnent  dix 
tonneaux  d'excellent  blanc  de  baleine  ,  et  fournissent  prin- 
cipalement de  l'ambre  gris ,  comme  celui  qui  échoua  vers 
Bayonne  en  1 74 1 .  C'est  un  animal  très-agile  et  plein  de  cou- 
rage ;  lorsqu'on  le  blesse ,  il  se  tourne  sur  son  dos  ,  et  se  dé- 
fend avec  sa  gueule  à  toute  outrance:  sa  couleur  est  d'un  gris 
noii^tre  en  dessus ,  et  plus  pâle  en  dessous  du  corps. 

Cachalot  mular,  Physeter  tursio^  Linn. ,  Physeter  mip- 
iffr  Bonnat.  {Cétol.p.  /y.).  Il  ressemble  beaucoup  au  eachtUot 
microps  j^  mais  ses  dents  sont  moins  crochues  et  plus  émous- 
flées.  Son  dos  porte  une  nageoire  très  -  élevée ,  droite ,  aiguë , 
qui  ressemble  de  loin  à  un  mât  de  misaine  d'un  bâtiment.  Son 
évent  est  placé  sur  le  front.  Il  y  a  deux  soites  de  dents ,  les 
plus  grosses  sont  placées  eu  avant ,  et  les  plus  petites  dans  le 
fond  ;  les  premières  sont  longues  de  huit  pouces,  les  secondes 


C  A  C  4S 

denx.  La  mâchoire  «npéiieure  a  quelques  dente  mAchelièreà. 
A  rextrémiié  du  dos  on  trouve  trois  Bosses.  Ces  anitnaus^ 
marchent  en  troupes,  a  Un  capitaine  de  vaisseau  ^  dit  Andei^ 
3>  son  ,  m'a  assuré  qu'il  avoil  vu  arriver  un  jour  du  côté  du 
p  Groenland  ,  une  grande  troupe  de  pareils  poissons ,  à  la 
1»  tête  de  laquelle  il  y  en  avoit  un  de  plus  de  cent  pieds  de 
3»  long ,  qui  sembloit  en  être  le  roi ,  et  qui  ,  k  l'aspect  da 
3»  vaisseau ,  avoit  fait  un  ciî  si  terrible  en  soufflant  Teau^que. 
3»  ce  bruit  avoit  été  comme  àelui  des  cloches ,  et  si  pénétrant  ^ 
»  quçle  vaisseau  en  avoit  tremblé  pendant  quelque  temps;  qu'à 
»  ce  signal  toute  la  troupe  s'étoit  sauvée  avec  précipitation  v» 
Ces  cachalot  habitent  les  c6tes  de  Finmarcnie  ,  et  le  Cap. 
du  Nord  ;  ils  sont  fort  difficiles  à  harponner ,  et  trè»-farou-. 
ches.  Leur  chair  remplie  de  tendons  ^  ne  donne  que  très- 
peu  d'huile.  Une  variété  de  ce  cétacé  e&t  vcrdàtre  ;  ime  autro 
grise  sur  le  dos^  et  blanchâtre  sm*  le  ventre.  La  première  mco 
«cquiert  quarante  pieds  de  longueur ,  les  autres  soixante^  et 
produisent  environ  trente-six  tonneaux  de  lard* 

CACUAiiOT  MicROPS  ,  Phy&eUr  micropa  I^inn.  et  Bonnat 
fCéioLp.  i6,).  C'est  le  cachalot  à  dents  en  faucille  j  des  pê- 
cheurs y  le  etaur^yming  des  Nor^végiens ,  le  tikagueich  des 
Oroënlandais.  C'est  une  des  plus  grandes  espèces  de  ce  genre, 
car  eUeparvientjusqu'à  quatre-vingts  ou  même  cent  pieds  de 
kmgneur.  On  kd  trouve  vingt-deux  dents  crochues  à  la  mâ- 
choire inférieure  ;  d'autres  observateurs  prétendent  en  avoir 
trouvé  quarante -deux  :  elles  sont  rondes ,  un  peu  appla* 
ties,  renflées  à  leur  milieu.  Le  museau  est  comme  tronqué; 
révent  est  placé  vers  sa  partie  moyenne.  On  observe  sur  le 
dos  une  nageoire  aiguë  comme  un  pieu  ,  et  d'une  longueur 
médiocre.  Les  Groënlandais  trouvent  délicieuse  la  chaii*  decet 
aninnl  ;  mais  on  le  harponne  trè»-rarement ,  car  il  est  farou- 
che et  nage  avec  beaucoup  de  rapidité.  C'est  le  redoutable 
ennemi  des  marsouins  ,  des  veaux  marins,  des  bélugas ,  des 
jubartes  ,  et  de  quelques  autres  baleines,  qu'il  attaque  avec  la 
plus  grande  vigueur.  11  n'est  pas  indigne  de  se  mesurer  avec 
^es,si  l'on  considère  sa  taille  et  son  courage.  On  le  rencontre 
dans  les  mers  du  Nord.  Sa  tête  est,  extrêmement  massive ,  sa 
mâchoii'e  inférieure  courte^  et  sa  peau  très-lisse  y  de  couleur 
brunâtre.  Il  a  des  yeux  fort  petits ,  mais  i>rillan8  et  comme 
doré^  Souvent  il  poursuit  les  dauphins  jusques  sur  les  côtes, 
et  échoue  avec  eux  en  voulant  les  atteindre.  Sa  langue  est 
courte  y  pointue  ;  il  porte  sur  le  dos  une  bosse  assez  élevée. 

Le  CAcuAiiOT  CYLINDRIQUE  de  Bonnaterre(Cétolog»p«  |6, 
PhjMur  cylindricus  )^  me  paroît  être  une  variété  du  micropg^ 
Il  eai  trè»-diffîcile  de  déterminer  exactement  les  esjpèces  dam 


46  CAO 

la  famiHe  des  cétacés  ^  parce  qa'ils  n'ont  presque  jamais  été 
examinés  par  des  naturalistes ,  mais  seulement  par  desi  pê-' 
cheurs^quise  soucient  fort  peu  en  général  de  tout  ce  qui  ne 
leur  rapporte  aucun  avantage  pécuniaire.  Ce  cachalot  est  le 
pnttfiKch  d' Andersen  ,  ou  le  cachalot  blanc  de  Rai.  On  le 

S  rend  dans  le  déti*oit  de  Davis  ;  il  n'a  point  de  nageoire  sur  le 
os,  et  ne  produit  guère  que  dix  tonneaux  d'une  graisse  si  moUe^ 
que  le  harpon  nV  tient  pi*esque  point.  Sa  présence  indique , 
a  ce  que  prétendent  les  pêcheurs ,  l'arrivée  des  grosses  ba- 
leines. Il  a  une  bosse  su'r  le  dos.  La  taille  de  Cet  animal  est 
d'environ  cinquante  pieds  de  longueur,  et'li*ente-six  de  toUjt*. 
Sa  verge  est  longue  de  cinq  pieds  ^  et  a  dix-huit  pptices  de 
circonférence  à  sa  racine.  Sa  tête  ,  extrêmement  grosse ,  fait* 
la  moitié  du  corps ,  et  contient  beaucoup  de  blanc  de  baleine. 
La  figure  de  ce  cachalot  approche  de  ceDe  d'un  cylindre  j 
aa  gueule  renferme  cinquante  -  une  dents  ,  selon  Ander^^ 
son.  (V.) 

CACHIBOU.  C'est  le  Galanga  jaune.  Voyez  ce 
mot.  (B.) 

CACUICAME.  C'est  le  nom  que  porte  au  Biwl  le  tatou  A 
neuf  bandes^  etqueBuilon  a  adoplé.  Voyez  Tatou.  (S.) 
CACHIME^TIER.  Voyez  au  mot  (JoaossoiaiEB.  (B.) 
C  A  C  H I Y  E  ^  nom  arabe  d'un  poisson  du  genre  Moa-* 
KYRE y  qu'on  pêche  dans  le  Nil  ;  c'est  lé inormyrusanguil^ 
loïdes  Linn.  Voyez  au  mot  Mormyre.  (B.) 

CACHORRO  DOMATO ,  nom  que  les  Portugais  du 
Brésil  ont  donné  au  Sarigue.  Voyez  ce  mot.  (S.) 

CACHOU,  nom  d'une  substance  végétale  qui  nous  est 
apportée  des  Indes  toute  préparée,  et  sur  la  nature  de  laqiielle 
lessentimens  ont  été  auti-efois  partagés.  On  a  cru  long-temps 
<|ue  c'étoit  le  pcUmier  arèque ,  qui  fournissoit  exclusivement  la 
matière  dont  on  fait  le  cachou  ;  mais  on  sait  aujourd'hui  que 
cette  substance  est  une  fécide  que  l'on  retire  du  fruit  d'un 
arbre  indien ,  nommé  cat-che ,  lequel  est  une  espèce  d'AcA- 
ciE ,  Mimosa  catechu  Linn. ,  et  que  celui  de  l'arec  est  plus 
rare  et  de  plus  médiocre  qualités  Voyez  aux  mots  Acacie  et 
Arec. 

Le  cachou  nous  est  envoyé  en  morceaux  gros  comme  un 
œuf,  de  différentes  couleurs  et  figures.  Il  est  opaque,  com- 
munément d'un  roux  noirâtre  à  l'extérieur,  quelquefois  mar- 
bré de  gris  intérieurement,  sans  odeur ,  d'un  goAt  astringent^ 
un  peu  amer  d'abord ,  ensuite  plus  doux  et  d'une  saveiu* 
agréable  d'iris  ou  de  violette.  Le  pins  pur  se  fond  en  entier 
dans  la  bouche  et  dans  l'eau;  il  s'enflamme  et  brûle  dans  le 


G  A  C  47 

feu.  Les  nations  qui  le  vendent  y  mèlenl  quelquefois  au  saLlà 
ou  d'autres  matières  étrangères  pour  en  augmenter  le  poids. 

£n  Europe ,  et  sur-tout  en  Fi*ance ,  on  mêle  le  cavhou  avec 
du  sucre  >  de  l'ambre  ou  de  la  cannelle  ;  on  fait  une  pâte  de  ce 
tout  >  avec  une  dissolution  de  gomme  adragaute  y  et  l'on  en 
forme  des  pastilles.  Ce  cachou  rend  l'haleine  agréable.  Par  son 
astriction  il  arrête  les  vomissemens  et  les  diarrhées.  Un  gro« 
de  cette  substance^  jeté  dans  une  pinte  d'eau ,  lui  donne  una 
couleur  rougeâtre  y  une  saveur  douce  un  peu  astringente  «  et 
en  forme  une  boisson  dont  on  peut  faire  usage  dans  les  dé- 
voiemens  et  les  fièvres  bilieuses  et  ardentes.  (  D.  ) 

CAGOLIN  (  édition  de  Sonnini  de  V Histoire  natureiHe 
de  3t^n,).  Fernandez  {Hist.  avinm  ,  cap.  ^34.)  indique  cet 
oiseau  sous  le  nom  de  cacacolifij  et  le  donne  comme  un  colin 
ou  caille  du  Mexique.  Il  en  a  la  taille ,  le  chant ,  le  plumage^ 
peint  des  mêmes  couleurs ,  et  se  nourrit  de  même.  (Viexi*!^) 

CACOUGIËR;  Sehouabœ^  arbrisseau  grimpant^  dont  le* 
feuilles  sont  alternes  et  ovales;  les  fleurs  rouges  et  en  épis  ter^ 
minaux.  Les  caractères  de  sa  fructification  sont  d'avoir  un 
calice  monophylle,  caduc ,  à  cinq  dents  ;  cinq  pétales  ovales  , 
pointus  ;  dix  étamines  saillantes  ;  im  ovaire  inférieur  chai^ 
d'un  style  simple.  ^ 

Le  fruit  est  une  sorte  de  baie  ovale ,  pointue  y  à  cinq  angles, 
jaune ^  à  écorce  presque  ligneuse,  qui  contient  une  aemencm 
oblongue.  a 

Le  cacoucier  croit  dans  la  Guiane.  Il  a  été  figuré  par  Au- 
Uet ,  pi.  1 79  >  et  par  Lamarck  ^  pi.  359  de  ses  Illustrations» (B^) 

CAGTIER ,  MELON  -  GHARDON  ,  GlERGE ,  EA7 
QUETTE,  Cactus  Linn.  (Icosandrie  monogynie.),  genre 
déplantes,  très-particulier,  de  la  famille  des  GACTOïnJEs^dans 
lequel  la  fleur  offre  un  calice  en  tube  et  non  penûstant,  place 
au-dessus  de  l'ovaire  et  composé  de  plusieurs  folioles  ecail- 
leuses ,  souvent  imbriquées  ;  la  corolle  est  formée  de  pétales 
nombreux  ,  inégaux ,  disposés  en  rose  et  sur  plusieurs  rangs; 
le  nombre  des  étamines  est  indéfini  ;  elles  sont  insérées  au 
sommet  du  calice ,  et  au  milieu  d'elles  s'élève  un  style  cou- 
ronné par  plusieurs  stigmates.  Le  fruit  est  une  baie  charnue  ^ 
ombiliquée ,  de  forme  ovoïde  ou  oblongue,  à  surface  lisse  cv 
épineuse  ,  et  qui  contient ,  dans  une  seule  loge ,  plusieurs  se- 
mences rondes  ou  anguleuses,  dispersées  dans  une  palpe.  Ces 
caractères  sont  figurés  dans  YlUastr,  des  Genr.  pi.  414. 

Ce  genre  comprend  un  grand  nombre  d'espèces  qui 
croissent  toutes  dans  les  contrées  chaudes  de  l'Amérique,  au 
Mexique ,  au  Pérou ,  dans  la  Guiane ,  au  Brésil ,  aux  An- 
Aillea.  Ce  sont  des  pliuites  vivaces^  charnues,  succulentes. 


f 

le 


48  CAO 

jnunies  d'aiguilloiia  en  faûceaux  et  dépourvues  de  feoQIeie 
elles  viennent  dana  les  lieux  secs  et  arides ,  n*ont  presque  pas 
besoin  d'eau  pour  végéter ,  et  semblent  se  nourrir  de  leur 
propre  substance.  Leur  forme  bizarre  et  leur  singulier  port 
es  distinguent  de  toutes  les  autres  plantes ,  et  les  font  i^emar- 
quer  à  la  première  vue.  Les  unes  sont  très-basses ,  arrondies 
et  ressemblent ,  en  quelque  sorte ,  à  des  melons  qui  seraient 
épineux  ;  les  autres  ont  des  tiges  à  plusieurs  angles ,  simples 
ou  composées ,  lesquelles  s'élèvent  droites  ou  en  serpentant  k 
différentes  hauteurs,  et  représentent  ou  des  cierges,  ou  des 
espèces  de  lustres ,  ou  de  gros  serpens  ;  d  autres ,  enfin ,  sont 
composées  d'articulations ,  ordinairement  applalies  des  deux 
côtés ,  plus  ou  moins  lai'ges,  qui  naissent  les  unes  des  autres, 
et  qui  ont  a-peu-près  la  forme  d'une  raquette.  En  voyant  des 
cactiers,  non  dans  nos  serres,  mais  dans  leur  pays  natal ,  où 
ils  sont  forts  et  vigoureux ,  et  où  leur  nombre  et  leurs  figures 
différentes  forment  un  contraste  frappant  avec  tous  les  arbres 
ou  arbrisseaux  qui  les  entourent,  on  ne  peut  s'empêcher 
d'admii*er  la  prodigieuse  variété  que  la  nature  a  mise  dans 

les  productions  végétales. 

. 

Cactiers  nmns  et  globuleux,  ou  ayant  la  forme  cTun  melon. 

Cette  division  comprend  : 

Le  Cactier  a  mamelons  ,  Cactus  mamillaris  Linn.  11 
forme  un  sphéroïde  de  la  grosseur  du  poing ,  sans  côtes  re- 
marquables ,  mais  hérissé  de  toutes  parts  de  mamelons  coni* 
3ue8  y  nombreux  et  cotonneux  à  leur  sommet,  qui  est  chargé 
e  petites  épines  divergentes.  Les  fleurs  sont  petites ,  blan- 
châtres, et  sortent  entre  les  mamelons.  Les  fruits  sont  li&set 
et  d'un  pourpre  bleuâtre  ;  ils  ont  une  saveur  douce  et  sont 
très-agréables  k  manger,  sur-tout  lorsqu'ils  sont  cuits. 

IjeCACTiKKGijOMx:nvi.û,Cactusglomeratus  Lam.  Il  a  une 
couleur  glauque,  une  surface  laineuse  et  des  fleurs  rouges.  Sa 
grosseur  surpasse  à  peine  celle  d'un  œuf  de  poule;  mais  plu- 
sieurs viennent  ensemble  en  groupe  large  et  serré. 

Le  Cactier  a  côtes  droites  ,  ou  le  Melok  épineux  , 
(hctus  melocactus  Linn.  Cette  espèce  forme  une  masse  arran- 
die ,  un  peu  plus  grosse  que  la  télé  d'un  homme ,  ayant  qua«- 
torse  ou  qumsse  côtes  droites ,  régulières  et  profondes.  £11» 
ressemble  à  un  melon  dont  les  côtes  seroicnt  munies  sur  le 
dos  d'une  rangée  de  faisceaux  d'épines  droites ,  divergentes  et 
rouges  à  leur  sommet.  A  la  base  de  cliaque  faisceau  de  pt« 
quans,  se  ti*ouve  comme  un  écusson  d'un  duvet  cotonneux» 
Les  fleurs  sont  rouges  et  sortent  du  sommet  de  la  plante. 


C  A  C  49 

Le  Cactter  couronné  ,  Cactus  coronaiua  Iiani.  Il  est  haut 
d'un  pied  et  fait  presque  ^a  pain  de  sucre  ;  il  a  viugt  cotes 
obliques ,  couvertes  chacune  d'une  rangée  de  faisceaux  d'épi- 
nes dirergen  les  et  un  peu  courbées.  Son  sommet  est  cou- 
ronné par  une  toque  cotonneuse ,  blanchâtre  épaisse ,  sil* 
lonnée  en  dessus,  et  de  laquelle  il  sort,  de  toutes  parts ,  des 
paquets  de  petites  pointes  rouges ,  roides  comme  les  crins 
a  une  brosse^  sans  être  piquantes. 

Le  Cactier  rouoe^  Cactua  nohilU  Linn.  Il  est  tout-à>fait 
rouge  k  Textérieur  ;  aes  côtes  sont  obliques  ou  en  spirale ,  et 
garnies  de  faisceaux  de  longues  épines  blanches  et  un  peu 
courbées. 

CacHers  droiU  et  qui  ressemblent,  en  quelque  sorte ^  à  des 

Cierges. 

Dans  cette  section  on  trouve  : 

Le  CACTtER  A  SEPT  ANGLES ,  Ooctus  kêptagonus  Linn.  » 
hsut  d'un  à  deux  pieds ,  et  de  forme  ovale  ou  oblongue» 

Le  Cactier  quadranoulaire  ,  Cactus  tetragonus  Linn. 
Il  s'élève  à  la  hauteur  de  douise  à  quinze  pieds.  Le  tranchant 
de  ses  angles  est  muni  de  points  cotonneux ,  d'où  sortent  de 
petites  épines  divergentes.  La  profondeur  de  ses  c6tes  et  leur 
peu  d'épaisseur,  leur  donnent  l'apparence  de  quatre  ailes. 

Le  Cactier  pentagone.  Cactus pentagonus  Linn.  Il  est 
àvoit  y  nn  peu  grêle  et  articulé  ;  les  entre -nœuds  sont  longs 
d'un  pied.  Ses  angles  sont  munis  de  faisceaux  d'épines ,  qui 
nonik  leur  hase  aucun  duvet  sensible. 

Le  Cactier  de  Surinam  ,  Cactus  hexagonus-  Linn.  Ce 

ciei^e  a  plus  communément  huit  angles  que  six;  il  n'est  point 

ramenx  ,  s'^ève  à  une  grande  hauteur;  sa  fleur  est  blanche  et 

son  irait  d'un  noir  pourpré.  Il  croît  à  Surinam  et  dans  les 

Anf£Ue0,  où  on  le  nomme  cierge  épineux  ."iled  vient  un  grand 

nombre  ensemble ,  qui  forment ,  en  quelque  sorte ,  une  pe* 

ûte  forêt  hérissée  d'épines  et  d'un  aspect  tres^-singulier.  Cette 

plante  ne  fleurit  pas  communément  dans  nos  serres  ;  mais 

9iiand  elle  y  fleurit ,  sa  tige  produit  toujours  plusieurs  fleurs 

qui  paroissent  en  juillet  et  aoât,  se  succèdent  rapidement ,  et 

ne  durent  chacune  qu'un  seul|our;  elles  ont  deux  pouces  ^t 

demi  de   diamètre,  et  quarante -quafre  pétales  obtus.  C'est 

l'espèce  de  cierge  la  plus  commune  daAs  les  serres  en  Anglb* 

l?rre  :  elle  n'a  îamais  porté  de  fruit  en"  £nrope. 

Le  C  A  CTiER  A  côtes  ondées  ,  Cactus  répandus  Linn.  Cett« 
espèce  est  à  huit  côtes  applaties ,  ondées,  et  garnies  d'épinea 
pliis  longues  que  le  duvet  laineux  qui  se  trouve  k  leur'  base. 

ijfm  "' 


<o  CAO 

'  Son  Tmit  est  janne  en  deliors^  avec  des  aspérités  éparses^  d'un 
blanc  déneige  à  Tin  teneur,  et  contient  beaucoup  de  semences 
noires  :  il  mûrit  en  octobre ,  et  peut  se  mangeh 

Le  Cactier  cotoknisux.  Cactus  royehi  Linn.  It  a  des 
cAtes  peu  profondes,  nonibréuses,  ordinairement  neuf.  Ses 
épines  sont  longues  et  jaunâtres,  ses  fruits  rouges,  et  non 
épinéuk  :  le  duvet  qui  nait  à  son  sommet  est  d'un  blanc 
pâle. 

Le  Cactier  laineIjx  DECtTRAÇAO,  Cactus  lanuginottus 
Linn.  Il  est  droit,  long ^  presqu'à  neuf  ahgles,  dont  le  Iran- 
'  chant  est  émoussé.  On  voit,  entre  les  épitles  desdn  sbhimet , 
un  duvet  laineux  et  jaunâtre,  plus  long  que  lesépines  mêmes. 
Ses- fleurs  sont  d'une  couleiv  herbacée  ^  ses  fruit^  rouges  en 
dehors,  non  épinenx,  et  de  ta  grosseur  d'iine  noix. 

Le  Cactier  du  Pérou  ,  Cactus  Peruvianus  Linn.  Voyem 

CXEROE  EPINEUX  DU  PÉROU.   . 

Le  Cactier  a.  pjqtajuev  franoé^^  Cactuf  fimbriaius  Linn . 

Il  en  nait  un  grand  nombre  ensemble,  et  chaque  individu  a 

une  tige  djroile,qui  acquiert  la  grosseur  du  genou  de  Tl^imme , 

el  s'élève  à  la  .hauteur  de  dix-huit  h  vingt*  quatre  pied^.  Ses 

.  côtes,  au  nombre  de  huit,  neuf  ou  dix,  ont  leur  crête  garnie 

d'épines  eu  faisceaijix^  blanches  i  assez  loi«jties  et  Irès-aiguës. 

Lç  sommet  de  la  tige ,  qui  a  presque  ia  forme  d'un  cône  épi- 

,  n^x  ,  portQ  'de  belles  fleurs,  rpse^.  Lie  fruit  est  tenture  ^  à-peu* 

(  V^^  S'^^  comme  une  orange^  et  rouge  tant  au-debors  qu'au- 

dedans.  S^.cbai^  a  une  sayeur  acidulé  fort  agréable  «  et  con* 

lient  beaucoup  de  semences  très^nqires. 

t      X^  Cagtj^br  FOcyooKE^  Çaclus  pofy^ni4sJjapi,  Sa  tige 

'.est droite,  rameuse  au  sommet,  Ixaute  d enviix>n  dix  pieds, 

..sujt  six  ou  sept  poHçes  d^  diamètre,  et  munie  de  dix  à  douze 

€;6^^  À  çr^^.onduléç  et  ^pineus^.  («'écorce  en  est  épaisse  et 

grisâtre;;.  eUi& |iacouvre  un  corps  ligneux^  qui  a  la  ,4urçté  du 

chôuQ.  Lea,  fleuri  sont  l^landbes,  et  les  fruits  d'un  rouge  bran , 

av^  des  tubercules  verruqueux. 

.  '  Jie  Cactier  cyjuindrique,  Cactus  t^lindrictts  Juss.  Cette 

l^j^ce.est  t|?ii^istinpte  de  toutes  les  autres;  elle  n'est  ni  com- 

'  jp^-unée  comme  les  raquettes  ,  ni  anguleuse  comme  les  cierges. 

;  l^lle  ^  une  tige  ^épaisse,  cylindrique ,  dépourvue  de  cotes,  et 

lin^  .écôrce  creusée  /de  aUlonsi  qui,  en  se  croisiMit^  forment 

.  destrhpmbes  ou  dealosanges.  On  trouve  au  somifiet  de  chaque 

rhombe  un  écusson  cotonneux,  d'où  partent  des  épines  en 

,  Jj^Cagti»^  a  TBOia  CÔTES  ovjûiES,  des  environs  de  Caf- 
ib^g|f^ç,  Cgcft^fi pUajafa  LinA«  Celuî-ci  s'élève  à  la  hauteur 
de  huit  à  dix  pieds;  il  porte  un«  fort  belle  ffew  blanchâtre , 


C  A  C  5t 

large  de  six  ponces^  et  qui  s'épanouit  le  aoir.  Son  fruit  a  la 
figure  et  le  volume  d'un  œuf  de  poule  ;  il  est  luisftnt ,  d'un 
rouge  écarlate  chaigé  de  quelques  folioles,  et  il  con lient  une 
pulpe  blanche,  douce ,  et  bonne  a  manger.  Ce  cierge  a  une 
variété  qu'on  trouve  à  Saint-Domingue,  dont  la  tige  est 
presqu'aussi  épaisse  que  le  corps  d'un  homme ,  et  rameuse  à 
son  sommet. 

Le  Cactier  FANicuiié,  Caetus  paniculatua  Lavol.  Par  son 
port  et  sa  grandeur,  il  ressemble  à  la  variété  de  l'espèce  pré- 
cédente ;  mftis  sa  tige  soutient  à  9on  sommet  des'  rameaux  « 
quatre  côtes,  articulés  les  uns  sur  les  autres,  et  disposés  em 
nue  panicule  aiqple  et  diffuse.  Ses  fleurs  ont  leurs  pétales 
arrondis,  blancs  et  marqués  de  petiteslignes  rouges.  Son  fruit 
est  un  peu  plus  gros  qu'un  œuf  d'oie ,  jaunâtre  k  l'extérieur, 
«t  tuberculeux;  il  contient  une  chair  très-blanche  et  acidulé. 

Le  Cactier  J)IVE1Igsnt^  Cactus  diinxricatua  Linn.  Son 
tronc  est  un  peu  plus  gros  que  la  jambe  de  l'homme ,  haut 
de  trois  ou  quatre  pieds ,  assez  dur ,  à  cannelures  droites  et 
nombreuses,  et  affreusement  hérissé  d'épines  très-aiguës;  il 
donne  naissance  à  des  rameaux ,  sur  lesquels  iï  en  vient 
d'autres,  et  qui  tous  sont  situés  en  divers  sens.  Ses  fruits ,  un 
peu  i^us  grosque  le  poing ,  sont  d'un  ^aune  d'or ,  et  garnis  de 
tubercules  verruqueux  et  poinitus  :  leur  pulpe  est  blanche  et 
douceâtre. 

Oactiers  rampons  ougrimparu ,  et  dont*  les  Uges^paù^enldëff 

racines  latérales. 

Ce  sont  :  Le  Cactier  a  grandes  Fl^EURs.ouJe  Sj^r^^kt, 
Cactus grandiflorus  Linn.;  très-belle  espèce  ,  dont  les  tiges 
sont  cylindriques,  serpentantes ,  d'une  couleur verdâire,  et  a 
cinq  ou  six  côtes  peu  saiUantes  et  épineuses.  Ces  tiges  portent 
latéralement  de  superbes  fleurs  blanches ,  qui  out  six  a  çept 
pouces  de  diamètre,  et  qui,  dans  nos  serres,  paroissent  en 
juillet.  Ëllel  exhalent  une  odeur  suave.  Leur  durée  est  fort 
courte  ;  elles  s'ouvrent  au  coucher  du  soleil,  restent  ouvertes 
pendant  tout  le  temps  que  cet  astre  poursuit  son  cours  sous 
le  cercle  de  l'horizon,  et  se  ferment  à  son  retour  pour  ne  plus 
s'épanouir  de  nouveau.  Ainsi ,  chaque  fleur  ne  brille  qu  une 
nuit  ;  mais,  comme  elles  ne  s'épanouissent  pa^  loulçs  à-la-fc^ , 
on  peut  en  jouir  pendant  quelques  joui*B.  JLie  fruit  de  ce 
€€tctler  est  ovoïde,  et  de  la  grosseur  d'une  poire  ordinaire  ;  il 
est  couvert  de  tubercules  écailleux ,  charnu ,  d'un  beau  rouge 
ou  d'une  couleur  orangée.  Sa  pulpe  a  y  ne  saye\ir  .acidu|o 
fort  agré^Jble.  Quand  il  mûrit  d^ns  nos  serres,  il  est  un  an 


S2  Ç^    ^  . 

cpâer  à  acquérir  sa  maturité  parfaite^  ainsi  que  le  Iruît  dit 
caclicr  suivant. 

Le  Cactier  queue  de  souris,  Cactus  fl^gelliformis  Linn. 
C'est  une  espèce  fort  jolie  quand  elle  est  en  fleur.  Sa  racine 
pousse  des  tiges  cylindriques  et  à  dix  angles ,  longues  de  trois 
'a  cinq  pieds ,  grosses  comme  le  petit  doigt,  ai-ticulées  et  bc- 
risséeji  de  petites  épines  foibies.  Ses  fleurs^  d'un  rouge  vif, 
«ont  plus  pelHesque  celles  du  vactier  précédent;  mais  elles 
sont  plus  éclatantes ,  beaucoup  plus  durables,  et  paroissent 
•en  grand  nombre  à-la-^fois  :  leur  stigmate  n'est  presque  point 
divisé. 

Le  Cactier  parasita.  Cactus para8ilict$9  Linn.  Il  a  des 
liges  grêles,  cylindriques,  striées,  articulées,  rameuses,  et 
rampantes  ou  pendantes  du  tronc  des  arbres.  Il  perd  ses 
épines  en  vieillissant.  Ses  fruits  ressemblent  assez  bien  à  des 
grosei/les: 

Le  Cactier  triangulaire  ,  Cactus  trian^iaris  Linn. 
Dans  les  pays  où  croit  ce  cactier,  on  le  cultive  pour  son  fruit , 
•qui  est  le  meilleur  de  tous  ceux  que  produisent  les  plantes  de 
ce  genre.  Il  a  la  forme  et  la  grosseur  d'un  œuf  d'oie-;  sa  cou- 
leur est  ronj^àtre  -en  dehors  et  en  dedans;  «a  saveur  acidulé 
est  très-agi*éable.  Les  fleurs  de  cette  eaf^èce  sont  grandes  et 
blanches;  ses  tiges  grimpent  sur  les  arbres,  auxquels  elles 
s'attachent  par  des  racines  qu'elles  poussent  latéralement. 

CactUrs  composés  fP articulations  qui  naisseni  des  unes  sur 
les  autres,  et  sont  ordinairement  àpplaties  des  deux  côtés» 

n  y  a  :  Le  Cactier  mokioforms.  Cactus  mûniliformis 
Linn.  De  sa  racine,  qui  est  presque  ligneuse,  rameuse  et 
rougcâti^,  naît  d'abord  un  globe  épineux  gros  comme  une 
noix  verte;  ce  globule,  bientôt  après,  donne  naissance  à  deux 
autres  qui  lui  ressemblent ,  et  ceux-ci  en  produisent  d'autres 
successivement;  de  manière  que  toute  la  piaule  forme  un 
amas  de  globules  diflVis ,  étalés  au  large  sur  la  terre,  et  affi^eu- 
sèment  hérissés  d'épines.  Ses  fleuri  sont  rouges,  ainsi  que  les 
fruits,  dont  la  chair  eM  blanche.,  acidulé  et  agréable,  et  ren-> 
ferme  des  semences  d'un  jaune  d'or. 

^Le  Cactier  en  raquette.  Cactus  opuntia  Linn. , rul- 
gairemènt ,  la  raquette ,  le  Jiffuier  d*Inde ,  la  cardasse.  Ce 
iactier  croit  non-seulement  dans  l'Amérique  méridionale  , 
'mais  aussi  dans  quelque!»  parties  de  l'ancien  continent ,  sur  la 
côte  de  Barbarie ,  en  Italie ,  en  Espagne,  et  même  en  Suisse* 
Il  fournit  an  assez  grand  nombre  de  variétés,  qui  diileivijt 
entr'clles  pai'  la  grandeiur  •(  la  forme  des  articulations,  et  par 


C  A  C  Si 

la  longueur  et  la  couleur  des  épines.  Les  plus  remarqua]>lcf 
sont  :  La  raquetU  à  feuilles  ohlongues ,  celle  à  lfinguê&  épines  , 
la  petite  raquette  à  feuilles  arrondies.  L'espèce  commune  est 
un  arbrisseau  ,  qui  s  élève  jusqu'à  six  ou  huit  pieds  de  liau« 
teor,  et  qui,  dans  sa  vieillesse ,  est  porté  sur  un  tronc  court ^ 
ligneux  et  grisâti'e.Ilest  entièrement  compoaé  d'articulations 
ovales, oblongues,  comprimées,  longues  d'un  pied  plus  ou 
moins,  épaisses  d'un  pouce ,  charnues ,  à  bords  arrondie  » 
Terles,  fermes^  qui  naissent  toutes  les  unes  sur  les  autres  un 
peu  obliquement^  forment  des  ramifications,  et'i*essemblent 
en  quelque  sorte  à  des  raquettes.  On  peut  recarder  comme  les 
Téiilables  feuilles  de  la  plante ,  ces  petites  folioles  lancéolées , 
vertes,  qui  viennent  sur  les  articulations  naissantes  ,  aux  en- 
droits ou  les  épines  croissent  par  la  suite.  Les  fleurs  sont  jau- 
nâtres, à  dix  pétales  ou  environ  ;  leurs  étamines,  qui  sont 
nombi'euses,  ont  un  mouvement  particulier  de  contraction  : 
lorsqu'on  les  touche  avant  l'émission  de  la  poussière  fécon- 
dante ,  les  filets  se  couchent  circulairement  les  uns  sur  les 
autres.  Le  fruit  a  presque  la  forme  d'une  figue  ;  il  est  ordi- 
nairement rougeàtre,  et  il  contient  une  pulpe  succulente , 
assez  douce ,  et  d'un  rouge  très-vif.  Les  parUes  charnues  de 
cette  plante  sont  regardées  comme  anodines  et  rafraîchis* 
•antes. 

Le  Cactieb  ▲  cochenilles  ,  Cactus  cochenitlifer  Linn. 
Cette  plante  croit  dans  plusieurs  régions  de  l'Amérique  mé- 
ridionale et  au  Mexique.  C'est  sur  elle,  dit'Lamarck,  que- 
s'élèvent  ces  insectes  si  précieux  pour  la  teinture ,  qu'on 
nomme  Cochenilles.  (  F'oy,  ce  mot.)  Elle  a  ses  articulations 
ovales,  oblongues,  comprimées,  épaisses,  et  presqu'entière- 
ment  dépourvues  d'épines.  Ses  fleurs  sont  petites  et  a 'un  rouge* 
de  sang.  Suivant  Thierry  de  Ménonville,  qui  a  observé  les 
cactUrs  dans  leur  pays  nafal,  il  est  douteux  que  celuf-ci  soit 
la  même  plante  que  le  cactier  cultivé  en  grand  au  Mexique 
pour  l'éducation  de  la  cochenille  fine. 

Le  Cactier  de  Cuuaçao,  Cactus  curassavîcus  Linn.  Sea- 
articulalions  sont  mediocrementapplaties  sur  lescôtés ,  presque 
cylindrique»,  ventrues  dans  leur  partie  moyenne,  et  hérissées 
d'épines  blanches  :  elles  forment  de»  ramifications  lix>p  foiblea 
pour  se  soutenir  droites  sans^  appui. 

Le  Cactier  cruciforme..  Cactus  spinosissimus  Mus;,. 
Tulgairement  la  croix  de  Lorraine.  Cette  espèce  est  très-reraar- 
qnaUe  :  elle  s'élève  à  la  hauteur  de  trois  à  cinq  pieds  sur  uue 
tige  comprimée,  non  cannelée,  ni  anguleuse,  trcs-épineuse 
ai  un  peu  fiaihle;  vers  son  sommet  naissent  des  arliculalloiu^ 


54  C  A  C 

oblongiKs^  fifrt  applaties,  réticulées  en  leur  superficie^! 
d'épines ,  et  disposéeti  presqu'en  manière  de  croix ,  c'est-à- 
dire  ,  formant  les  unes  avec  les  autres  des  angles  à-peu-près 
droits.  Les  épines  sont  îaunâtres  et  d'une  extrême  ténuité  ; 
chaque  faisceau  en  offre  de  deux  sortes  :  les  inférieures  sont 
longues  y  en  petit  nombre  et  divei^entes;  les  supérieures  fort 
petites^  et  ramassées  en  paquet  droit  comme  les  poils  d'an 
pinceau. 

Le  Gactier  ▲  feuilles  de  scolopendre  ,  Cacina  phyl^ 
lanthus  Lihn.  Dans  ce  cactier ,  les  articulations  sont  asses 
langues,  ensiformes^  très-applaties,et  bordées  de  grandes  cré- 
nelures;  eUes  ont  une  nervure  assez  gitisse  et  cylindrique  qui 
les  traverse  longttudinakment  y  et  elles  se  i*amifîent»  Les  fleura 
sont  blanchâtres^  et  viennent  dans  les  crénelures  des  ramifi- 
cations. Le  fruit  est  d'un  rouge  vif^  à  huit  eôtes  saillantes^  et 
garni  de  quelques  tubercules  écailleux  ;  il  contient  une  pulpo 
molle  et  blancnâtre. 

CaetUrê  garnis  de  véritables  feuiUeê^ 

On  en  compte  deux  espèces^  savoir  : 

Le  Cactjubr  a  fruits  feuilles ^  Cactus  pereshia  Liniu 
On  l'appelle  aussi  Cactier  groseillier ,  parce  que  son  fruit  a 
quelque  ressemblance  avec  la  groseille.  C'est  un  arbrisseau 
toujours  vert ,  qui  pousse  de  longs  rameaux  cylindriques  ^ 
plians ,  sarmenteux ,  pleins  de  moelle ,  à  écorce  verte ,  et 
muuis  à  leuHB  nœuds  de  doubles  aisuillons  courbés  en  bas  ; 
sa  tige  est  hérissée  inlerieurement  d'cpines  longues ,  roides  et 
en  faisceaux  ;  ses  feuilles  sont  alternes  ^  ovales ,  lancéolées  , 
lisses.,  un  peu  succulentes,  et  de  la  grandeur  de  celles  du 
pourpier;  ses  fleurs^  blanches  et  très-odorantes,  ont  leurs 
pétales  intérieurs  ovales,  et  les  extérieurs  presque  capillaires  ; 
elles  produisent  des  fruits  arrondis ,  feuilles ,  d'un  blanc 
jaunâtre  ,  gros  comme  une  aveline,  et  d'une  acidité  ti^- 
agréable. 

Le  Cactier  a  feuilles  de  ^ourfieb  ,  Cactus  portulaci» 
folius  Linn.  C'est  un  petit  arbre  qui  acquiert  Tétendue  de  noa 
pommiers  ordinaires  \  son  tronc  est  de  la  grosseur  de  la  cuisse , 
son  bois  pâle  et  solide,  son  écorce  noirâtre;  se?  branches  sont 
-étalées 9  et  garnies  de  faisceaux  d'épines.  Les  jeunes  rameaux 
portent  des  feuilles  alternes ,  fiiîies  en  foitne  de  coin ,  et  qui 
ont  la  grandeur  et  la  consistance  de  cdles  duponrpier  :  a^ 
l>as  de  chaque  feuille  est  une  épine  solitaire  et  longue.  Lea 
fleurs,  de  couleur  purpurine,  viennent  au  sommet  des  ra-> 
meaux supérietun.  Les  unes  aout  stériles^  les  muU^  fertiles. 


CAO  55 

Celle9rcî])rQ^uÎ9ent  des  fruits  ronds^ gros  cpmjsietme  pomme 
iiiéJiocre,  verdâlres,  ombîtic^uès,  et  remplis  â'une  jpulpe 
blanchâlrç.  \ 

Toiu  lea  cactiers ,  en  général ,  exigent  une  ten.*e  sablon- 
neuse et  mêlée  de  décombres.  On  les  inuItiplLe  ordinairement 
par  boutures,  qui  prennent  racine  avec  unç.^xtr^mé  facilité. 
Il  sulTit  de  couper  par  iporceaux  plus  ou  'moins  longs  une 
tige  de  Tespèce  qu'on  veut  propager;  après  avoir  tenu  cea 
(rançons  pendant  quinze  jours  ou  un  mois  dans  un  endroit 
sec  pour  eh  guérir  les  blessures,  on  les  plante  chacun  dans 
un  pot  séparé,  et  ils  forment  autant  de  pouvelles  plantes. Qa 
doit  les  plonger  dans  UTie  couche  de  tan ,  les  garantir  sur-tout 
4e  la  mpindre  humidité,  et  né  jamais  les  exposei*  eu  plein  air, 
exceplé  dans  les  jours  les  plus  chauds  de  l'été. 

Toouiii  a  dernièrement  observé  que  les  fruits  même  des 
cactiers  ,  mis  en  terre  avant  leui'  maturité,  étoientsuscepitibles 
de  pou^r  des  l'acines  et  d^s  tiges. 

Caciiers  moins  connus ,  canhelis  ou  composés  d'articulations 

applaiiâs. 

Le  Cactier  des  tables,  Cactus  mensarum  Th.  de  Mem 
Jf)  a  un  port  (oti  approchant  de  celui  du  cactisr  polygone.  Il 
est  aussi  cannelé ,  mais  moins  gros,  moins  haut ,  moins  difiPbs, 
moins  rameux  et  épineux  ,  et  d^un  vei*t  plus  sombre.  Ses 
fleurs  son  t  de  couleur  vive  de  cerise,  et  son  fruit  de  la  grosseur 
d'un  petit  œuf,  brun  extérieurement,  et  pleini  d'une  pulpe 
cmmûisie ,  d'un  goût  acide  parfumé  fort  agréable.  Thierry  de 
Ménonrille  dtt  qu'il  n'y  a  pas  de  fruit  plus  délicieux  dftns  les 
contréea  de  Gua'vaâa  eC  de'Théguacan,  oà  il  vient  naturelle- 
ment, et  où  il  est  Irès-recHetf'ché  par  les  naturels  du  pays. 

Le  Cactier  oranoe  ,  Cactàs  auràntiiformis  Th.  de  Mén, 
n  a  le  port  di^  précédent.  Sa  fleur  est  blanche  ;  son  fruit  c^ 
d'un  jaune  d'or,  de  la  grosseût  et  de  la  forme  d'une  orange, 
et  plein  d'une  pulpe  blanche  assess  insipide,  maistrès*fratchel 
Cette  espèce  croît  a  Saint-Domingue,  ou  les  colons  l'appellent 
torche  l  n6|xi  qu^ils  donnent  à  la  {^tupart  des  cakHiers  cierges. 

Le  CactÎeIi  patte  de  tortue,  Cactus  testuduhiscrus  Th. 
Célui-^i  est  formé  d'articulations  plates ,  et  armé  d'épines 
blanches  (rèa-longues  et  trè^nombreùses.  Il  végète  avec  tant 
de  vigueur,  qu'Une  seule  de  ses  articulations  étant  plantée, 
parvient  en  trois  ou  quatre  ans  à  la  hauteur  d*un  arbre.  Il  a. 
répidcrme  tùbercule£ix,  les  fleurs  de  couleur  aurore,  et  il 
porte  des  fruits  ronds,  dun  vert  clair,  gtoê  comme  une 
pomme  d'apis,  çt  dont  la  pulpe,  d'iva  blanc  grisâtre >  est 


66  '•  CAO  .       . 

acide  et  peu  agreaUe  an  goûL  II  croit  spontanément  dans  Te» 
lieux  stériles  de  Saint-Domingue ,  notamment  au  môle  Saint- 
Nicolas  et  dans  la  plaine  du  Cul-de-Sac.  Thierry  a  découvert 
que  la  cochenille  sylvesti^e  habite  sur  cette  plante  en  ces  deux 
endroits.  ^ 

Le  Cactier  jaunb^  Cactus  luteus  Th.  Cette  espèce  est  une 
des  plus  belles  de  celles  à  articulations  compiiraées.  £lle  est 
peu  épineuse  j  et  s'élève  pramptement  en  arbre.  Sa  fieiii'  a  les 
pétales  ouverts;  elle  est  janne,  ainsi  que  le  fruit,  dont  la  pulpe 
est  d'une  saveur  assez  agréable.  Le  même  auteur  a  découvert 
et  éprotivé  que  ce  cactier  peut  élre  employé  à  l'éducation  de 
la  cocheniUe  sylvestre. 

Le  Cactier  de  Camf£che,  Cactus  campechianus Th»  On 
peut ,  suivant  Thierry ,  élever  le  même  insecte  sur  celui-ci , 
et  y  nourrir  aussi  une  petite  quantité  de  cochenille  fine.  C'est 
avec  des  plantes  de  cette  espèce ,  prises  à  Campéche  même  , 
que  ce  botaniste  zélé  a  sauvé  la  cochenille  qu'il  a  portée  de 
la  Vera-Crux  à  Saint-Domingue.  Ce  cactier  est  peu  épineux  ; 
il  vient  très-haut ,  et  il  produit  dès  fleurs  et  des  fruits  rouges. 
La  pulpe  du  fruit  a  sa  même  couleur ,  et  une  saveur  peu 
relevée.       • 

Le  Cactier  sylvestre^  Cactus  sylvestrisTh,  U  ne  s'élève 

})as  au-delà  de  vingt  pieds.  Ses  articulations  sont  applaties  , 
argesj  réli'écies  à  leur  base,  et  armées  à  leur  surface  de  fais- 
ceauxd'épines  blanches  très-poignantes.  Ses  fleurs  sont  rouges^ 
avec  des  pétales  très-ouverts.  Le  fruit  qui  leur  succède  est  groa 
<:omme  une  noix ,  et  de  couleur  de  sang-  Cette  plante  ,  dit 
Thierry,  croit  dans  les  terres  arides  de  l'intérieur  du  Mexique» 
La  cochenille  sylvestre  y  fait  sa  demeui'e ,  et  la  préfère  à  toutea 
les  autres  plantes  non  cultivées.  £lle  s'y  trouve  en  teUe  abon- 
dance ,  qu'elle  en  fait  périr  continuellement  quantité  d'arti- 
culations, qui  tombent  en  pourriture  avec  les  insectes  qui  les 
<y>uvrent  ;  ce  qui ,  suivant  ce  naturaliste,  empêche  cette  espèce 
de  s'élever  en  arbre,  comme  L-s.tirois  pL^cédentes. 

Voyez  au  mot  Cactier,  Nouv.  Éncycl.  Diction,  d'Agricuit» 
la  description  du  cactier  splendide  et  Y  Histoire  de  fintro- 
ducfion  de  la  cochenille  à  Saint-Domingue ^  par  Thierry  de 
ISdén  on  ville.  Voyez  aussi  le  mol  Cochenille.  (D.) 

CACTOÎDES ,  famille  de  jdantea  qui  ne  comjprend  qu'un 
genre,  le  Cacte.  L'exposé  de  son  caractère  est  oans  celui  da 
genre  même.  VoyezXemoi  Cacte.  (B.) 

CACTONITE:  Les  anciens  ont  quelquefois  donné  ce  nom 
à  k  Cornaline.  (  Pat.) 

Ç  ACUI£N ,  nom  des  grands  salins  dans  plusieurs  en- 
droits de  l'Amérique  méridionale  (Thevet  ^pag.  to3.),  et  dont 


CAD  57 

on  Fait  le  nom  sahi ,  que  Ton  applique  au  plas  grand  des  «a- 
goins.  Voyez  Sak.1.  (S.) 

CADAbA  y  genre  de  plantes  de  la  gynandrie  penUndrîe, 
dont  le  caraclère  est  d'avoir  un  calice  de  qualn*  feuilles  ca- 
duques ;  quatre  pétales  à  onglets  Gli formes  ;  une  production 
tubuleuse ,  terminée  par  une  languette  plane,  située  entre  la 
division  supérieure  du  calice  et  le  récepiacle  ;  cinq  étaniines 
inégales  9  qui  s'insèrent  sur  le  pédicule  du  pbtil;  un  ovaire 
supérieur  cylindrique ,  porté  sur  un  pédicule  plus  long  que 
les  étamines ,  dépourvu  de  style  ,  et  terminé  par  un  stiguiate 
velu  et  obtus.  Le  fruit  est  une  siliquepédiculëé ,  unîloculairc^à 
deux  valves ,  contenant  plusieurs  semences  disposées  sur  trola 
rangs  dans  une  espèce  de  pulpe. 

Ce  genre  se  rapproche  des  Câpriers  par  ses  fruits  ,  et  des 
lMo8AMB£s  par  ses  fleurs.  11  renferme  quatre  es|>èces^  dont  une 
croît  dans  Tlnde  ,  et  les  autres  en  Arabie.  La  plus  remarqua- 
ble est  le  Caoaba  farineux,  dont  les  feuilles  sont  ovales  , 
oUongues,  fanneuses,  et  sont  regardées  comme  anti- véné- 
neuses ;  et  le  Cadaba  frutiqueux  ,  qui  est  le  cleome  frulv- 
coaa  de  Linnseus.  Vabl  a  appelé  ce  genre  stroemia,  et  l'a 
placé  dans  la  pentandrie.  (B.) 

CADAMB\ ,  nom  donne  par  Sonnerat  à  la  fleur  de  SL 
TTiomé,  ou  le  Guettabd  de  l'Inde.  Voyez  ce  mot.  (B.) 

CADAVRE.  Ce  mot  ne  peut  être  employé  en  histoire  na- 
turelle que  pour  désigner  le  corps  moil  d  un  être  organisé  qui 
est  livré  aux  forces  destructives  de  la  nature  brute.  On  dit  le 
cadavre  d'un  animal ,  et  Ton  pourroit  dire ,  de  même ,  le 
cadavre  d'un  végétal ,  puisqu'il  a  joui  de  la  vie ,  et  qti'il  est 
organisé  aussi  bien  que  l'animal. 

Aussi-tôt  que  la  vie  abandonne  un  être  organisé ,  les  forces 
qui  unissoient  les  élcmens  divers  dont  il  se  composoit ,  sont 
anéanties,  et  les  forces  de  la  nature  brute  prennent  la  place. 
L'organe  que  la  puissance  vitale  maintenoit  dans  un  état  con- 
tinuel de  perfection,  se  ramollit  d'abord;  ses  fibres  se  relâ- 
chent, perdent  leur  ton  ou  leur  tension  ;  le.-,  fluides  s'épan- 
chent, croupissent  et  fermentent ,  bientôt  ils  sont  un  levain 
de  désorganisation  pour  les  parties  solides.  Ces  membres  si 
beaux ,  si  doux^  si  polis  d'une  jeune  vierge ,  deviennent  froids, 
niou.M ,  pâteux  ,  livideis,  violets  ;  bientôt  ils  s'ouvrent,  ils  lais- 
sent écouler  une  sanie  noirâtre  et  dégoûtante  ;  une  odeur  hor- 
rible se  répand  à  Tenlour  du  cadavre  ;  Tair  la  transporte  au 
loin  ;  rhumidité  ,  la  putréfaction  achèvent  de  dissoudre  le  ca- 
iLzvre  ;  les  insectes  accourent  y  vivre  à  ska  dépens  ;  les  vers  y 
trouvent  un  aliment  qui  \e^  engraisse,  qui  les  porte  rapide-n 
lucnt  à  leur  dernier  état  de  transformation  ,  de  sorte  que  U 


5?  CAD, 

mort  sert  à  la  vie  >  comme  nous  le  dûona  à  l'anicle  MoET.qp'il 
est  utile  de  consulter. 

Pour  lordinaire ,  la  destruction  des  végétaux  est  bien  moins 
adreuse^iue  c^le  des  animaux  ;  ils  n'exhalent  pas  une  fcliditç 
aussi  insupportable  y  et  leur  décomposition  est  beaucoup  plus 
lente.  Car  on  peut  admettre ,  qu'en  général-  les  corps  les  plus 
compliqués  sont  aussi  les  plus  prompts  à  se  dissoudi'e,  parce 

aue  les  elémens  plus  nombreux  ont  une  plus  grande  quantité 
'affinités  diverses. 

Les  animaux  donnent  une  odeur  ammoniacale  dans  leur 
destruction ,  ce  qui  la  distingue  de  celle  des  végétaux  qui  ne 
produisent  qu'une  odeur  de  gaz  hydrogène  carboné  ;  c'est 
parce  que  les  premiers  contiennent  dans  leurs  principes 
coastilutift  de  1  azote,  tandis  que  les  seconds  en  sont  privés. 
Les  élémens  des  corps  organisés  ne  se  séparent  pas  entièrer 
ment  entr'eux,  mai^  ils  forment  des  composés  bmaires ,  ter* 
naires ,  ou  même  quaternaires.  Dans  les  plantes, on  ne  trouve 
d'elémens  essentiels  que  le carbone^ ,  V hydrogène ,  Yoxigène ,  ra« 
•  rement  de  V  azote ,  taudis  que  ce  dernier  principe  est  tres-abon- 
dant  chez  les  animaux.  Voilà  tout  ce  qu'on  retire  en  dernièi'O 
analyse  chimique  des  corps  organisés,  car  les  petites  portions 
cie  soufre,  de  ^'phosphore ,  de  chaux  ,  de  fer,  de  muriates, 
nitrates,  phospnates,  sulfates,  &c.,  semblent  bien  moins  essen-> 
lielles  à  1  économie  vivante.  Au  reste,  ces  produits  sont  telle- 
ment changés  par  les  agens  chimiques,  qu*il  est  totalement 
impossible  de  les  rappeler  à  leur  état  primitif  d'organisation. 
La  vie  ne  peut  s*imitcr  ;  elle  est  indépendante,  et  1  empreinte 
de  Torganisation  est  un  cachet  divin  qu'il  n'est  pas  permis  à 
fhomme  de  renouveler  lorsque  la  nature  l'a  détruit.  ^V.) 

CADELARl ,  Achyrantfies ,  genre  de  plautes  de  la  pen- 
tandrie  monogynie ,  et  de  la  famille  des  Amaranthoïdcs  , 
dont  le  caractère  est  d'avoir  un  calice  de  cinq  folioles  poin- 
tues ,  et  munies  en  dehors  de  trois  écailles  caliciformes  ;  cincj 
étamines  situées  entre  des  écailles  frangées  ;  un  ovaire  supé- 
rieur,  surmonté  d'un  stigmate  simple  ou  bifide. 

Le  fruit  est  une  semence  solitaire,  globuleuse,  renfermée 
dans  le  calice,  et  dont  les  folioles,  alors  conniventcs,  font 
l'oilice  d'une  capsule. 

Ce  genre,  qui  est  le  même  que  le  CvATHuiiK  de  Loureiro  ^ 
et  dont  les  caractères  sont  figurés  pi.  i68  des  lUtis  irai  ions  de 
Jjaniarck,  est  com{x>sé  d't^ne  vingLiine  d*es|)èce8 ,  dont  les 
unes  ont  les  fouilles  opposées  »  et  les  Ûeurs  en  épis  terminaux, 
ou  en  épis  axillaires  ;  les  autres  les  feuilles  alternes. 

Parmi  les  espèces  dont  les  feuilles  sont  opposées  et  It^i 
Qeurs  eu  éplâ  terminaux,  ^c  trouve  k  Cadkx«aiu  arguhtÈ ^ 


CAD  59 

^ui  croit  naturellement  en  Sicile  ,  et  dont  les  feuilles  sont  ar- 
gentées en  dessous  ;  toutes  les  autres  viennent  de  rindc  y  4 
deux  ou  trois  près  qui  sont  américaines.  Ce  sont ,  en  général , 
des  plantes  vivaces  peu  briUanies,  qui  n'ont  rien  de  remar- 
quable, mais  qui  sont  fréquemment  employées  en  médecine 
dans  rinde  et  à  la  Chine.  On  les  regarde  comme  astringentes  ^ 
elons  en  aertconséquemment  pour  arrêter  les  cours  de  ventre^ 
les  fleors  blanches,  guérir  les  ophtlialmies  commençantes,  les 
inflammations  des  ulcères.  Les  fièvres  lentes  et  les  sueui:»  noc< 
tornee. 

Lamarck  a  réuni  à  ce  genre  les  Illécebives  de  Linnseu^ 
Vi^a  ce  mot  (B.) 

CADSIilJS.  C'est  le  nom  qu'on  donne,  au  midi  de  I(i 

France  ^  à  une  lan^e  qui  attaque  le  blé  renfermé  dans  les  gre- 

iiien,et  en  ronge  la  substance  farineuse.  L'abbé  Rozier ,  dans 

son  Cours  d^ Agriculture  ,  nous  donne  une.  description  trèti^ 

détaillée  de  cette  lan~e  sans  faire  connoître  à  quel  ^enre  d'in  - 

jectes  eHe  appartient  Ce  n'est  que  dans  les  méniou^es  publiés 

par  la  ScM;iéte  d'agriculture  de  Paris,  trimestre  du  printemps 

'7^7  f  ^y^  l'on  trouve  quelques  obseirations  de  M*  Dorthe», 

sur  pluneurs  insectes  nuisibles  an  blé  et  à  la  luzerne,  et  paru- 

culierement  sur  la  oadeUe  ,  dont  il  a  suivi  le  développement  ; 

il  a  reconnu  que  l'insecte  parfait  étoitle  fenebrio  mauriianicufi 

de  Lânnasus,  mais  c'est  la  ehevreite  brune, ,  n^  5  ,  de  GeoU'roy, 

el  non  point  le  ténébrion  à  ntrUa  lisses  de  cet  auteur. 

Gomme  l'histoire  de  cette  larve  est  liée  et  appartient  à  celle  de 
J'imocte  parfait ,  noils  renvoyons  au  mot  Taogossit£  ,  pour 
tous  lesdeiailsqui  peuvent  concerner  et  Tinsecte  et  la  larve.  (Q.) 
CADIJS ,  (ktdia ,  arbuste  dont  les  feuilles  sont  alterufo^ , 
pinnées ,  avec  une  impaire  ;  le«$folioles  très-nombreuses,  pe- 
tites ,  oblongue»  ,  sesâiles  et  glabres  ;  les  fleurs  penclaceç , 
graadea,  d'abord  blancties,  ensuite  roses,  sortant  deux  ou 
trois  sur  un  pédoncide  commun  de  l'aisselle  des  feuilles. 

Chacune  de  ces  flews  est  composée  d'un  calice  de  cinq  di-* 
visions  ,  de  cinq  pétales  piiesqn'en  cœur  et  égaux ,  de  dix  éia-< 
miaes^  et  d'un  ovaii*e  supérieur ,  surmonté  d'un  style  aimplu 
ii  stigmate  capité. 
Le  fruit  est  un  légume  à  plusieui's  semeujces.. 
Cet  arbuate ,  qui  croit  naturellement  dans  l'Arabie ,  forme 
Un  genre  qui  a  été  d'abord  établi  sous  le  nom  ci-dessus  >  par 
Forakal  ^  et  qui  depuis  a  été  décrit  sous  les  noms  de  panliaiica 
et  de  êpœndonoea;  ce  dernier  est  celui  du  célèbre  Van-Spaen- 
àowài  9    professeur  d'iconographie  au   Muséum  d'Hisloii't» 
naturelle.  U  est  cultivé  au  ^rdia  du  JSIuséuin  d'Jtlijrtoire  na-r 
tiuïile.  (B.) 


6o  ,     C  JE  S 

CADITË ,  nom^ionné  par  quelques  oryctographeirfinx  irrt^^ 
culations  d'ENCRiKES^  qu  on  ti*ouve  fossales.  Ce  aont  piînci* 
paiement  celles  qui  sont  rondes  qui  s'appellent  ainsi  ^  les  an» 
guleusea  ayant  été  prises  long-temps  pour  des  vertèbres  de 
poissons.  Voyez  au  mol  Encbine.  (  B.) 

CADMIE  DES  FOURNEAUX  ,  ou  TUTfflE-  C'est  un 
oxide  de  zinc ,  mêlé  de  suie ,  qui  s'attache ,  sous  la  form» 
d'une  croule  dure  et  noirâtre ,  aux  cheminées  des  founieaux 
où.  l'on  fond  en  gi'and  des  matières  qui  contiennent  ce  métal. 
La  tuthie  est  employée  en  pharmacie ,  où  on  la  fait  entrer 
dans  les  coilires  desstcalifs  pcfUr  les  yeux.  On  a  quelquefois 
confondu  la  cadmie  avec  la  calamine  y  ou  pierre  ccHaminaire-, 
qui  est  un  minerai  composé  d'oxide  de  zinc,  d'oxide  de  fer  ^ 
et  de  parties  terreuses.  Voyez  Zinc.  (Pat.) 

CADOREU ,  nom  que  porte ,  en  Picardie,  le  Chaboon* 
Kebet.  Voy.  ce  mot.  (Vieill.) 

CADRAN  (  édilion  Sonnini  de  l'Histoire  Fiat.  deBuJbn, 
ordre 9  Passereaux;  genre,  Gbive.  foy.  ces  deux  mots.  )• 
Tel  est  le  nom  que  ce  merle  porte  au  fiengale  (  dial  bird); 
taille  de  noire  pie-grièche  ;  bec  noir  ;  iris  jaune  ;  tête ,  dessus  et 
dessons  du  corps ,  excepté  les  couvei*tures  inférieures  de  la 
queue ,  noirs  ;  celles-ci  et  le  dessous  des  pennes  blancs.  Cett« 
espèce  se  tix>uve  aussi  dans  le  midi  de  l'Afrique.  (  ViEiiiii.) 

CADRAN,  Solarium,  genre  de  coquilles  établi  par  La- 
marck ,  aux  dépens  des  toupies  de  Linnaeus. 

Ce  genre  a  poiir  caractère  d'être  en  cône  déprimé ,  ayant 
dans  sa  base  un  ombilio  ouvert ,  crénelé  sur  le  bord  interne 
des  tours  de  la  spire ,  et  l'ouverture  presque  quadrangulaîre.  Il 
est  composé  des  coquilles  qui  ont  des  rapports  de  forme  avec 
la  toupie  escalier,  trochus perspectipusi  Lmn. ,  figuré  dans  la 
Conchyliologie  de  Dargenville.  Voy»  au  mot  Toupj^e.  (B.) 

C^SIO,  Cœsio,  genre  de  poissons  établi  par  Lacépède, 
dans  la  division  des  'THORACHiQUESy  entre  les  Scombres  el  les 
Cektrooasteres.  (  Voy.  ces  mots.  )  Il  ofire  pour  caractèi^ 
une  seule  nageoire  dorsale  ;  point  de  petites  nageoires  au*- 
dessus  ni  au-dessous  de  la  queue;  les  c6tés  de  la  queue  relevéa 
lonsitudinalement  en  carène;  une  petite  nageoire  composée 
de  deux  aiguillons  et  d'une  membrane  au-devant  de  la  na- 
geoire de  1  anus  ;  la  nageoii*e  dorsale  f  rès-prolongée  vers  celle 
de  la  queue  ;  la  lèvre  supérieure  ti^ès-extensible  ;  point  d'aK- 
gtiillons  isolés  au-devant  de  la  nageoire  du  dos. 

Ce  genre  renferme  seulement  deux  espèces  ;  le  Cjbsio 
asuror  ,  qui  a  l'opercule  branchial  recouvert  d^écailles  senir- 
blahles  à  celles  du  dos ,  et  placées  les  unes  au-dessus  des  autres» 
Il  sa  trouve  dans  la  mer  des  Indes ,  où  il  a  élé  observé  par 


CAP  6» 

Comraenon.  L'or ,  Targent ,  le  rouge ,  le  bien  céleste ,  la 
noir  y  sont  répaDcliia  avec  variété  et  magniiicenee  5ur  cette 
espèce  :  le  dos  est  bleu  ;  une  bande  longitudinale  jaune  se  voit 
sur  chacun  de  ses  côtés  ;  le  ventre  est  argenté  ;  une  tacha 
d'un  noir  très-pur  est  placée  à  la  base  de  chaque  nageoira 
dorsale. 

Ce  poisson  ^  qui  est  de  la  grandeur  et  de  la  forme  d'un  ma- 
quereau ^  a  la  chair  très-délicate. 

Lie  CjBAio  FOUiiAiN ,  Cenirogaêier  equula  Linn. ,  a  una 
fossette  calleuse  et  une  bosse  osseuse  au-devant  des  nageoires 
thoracines.  Il  le  trouve  dans  la  mer  Rouge ,  et  panaient  rare* 
ment  à  la  longueur  d'un  pied.  Sa  télé  est  relevée  par  deux 
saiUies  qui  convergent  èur  le  front  ;  un  ou  deux  aiguillons  > 
tournés  vers  la  queue  f  sont  placés  au-dessus  de  chaque 
ml  (B.) 

C^ESIOMORE ,  Cœsiomorua.  C'est  encore  un  genre  nou»- 
veau  de  poissons,  établi  par  Lacépède.U  a  une  seule  nageoire 
dorsale;  point  de  petites  nageoires  au-dessus  ni  au-dessous  da 
la  queue;  point  de  carène  latérale  à  la  queue,  ni  de  petite 
nageoire  au-devant  de  celle  de  l'anus  ;  des  aiguillons  isolés 
au-devant  de  la  nageoire  du  dos. 

On  compte  aussi  seulement  deux  espèces  dans  ce  genre , 
toutes  deux  observées ,  décrites  et  dessinées  par  Commerson , 
dans  son  voyage  autour  du  monde. 

Lie  CiBsioMORE  BAiLi«ON  a  deux  aiguillons  isolés  au-devant 
de  la  nageoire  dorsale  ;  le  corps  et  la  queue  revêtus  d'écaillés 
assez  grandes.  Il  est  figuré  vol.  3,  pi.  3  de  l'ouvrage  de  Lacé- 
pède.  Il  a  des  dentn  très-petites,  et  quatre  taches  rondes  sur 
la  partie  postérieure  des  tignes  latérales. 

Le  CjBsiomobe  bloch  a  cinq  aiguillons  isolés  au-devanC 
de  la  mâchoire  dorsale  ;  le  corps  et  la  queue  dénués  d'ëcaiUes 
facilement  visibles.  Il  est  figuré  à  côté  du  précédent.  (B.) 

CAFÉ,  CAFÉYER,  ou  C AFBER ,  CÀFÉTERIE.  On 
donne  le  premier  nom  à  la  graine  du  fruit  que  porte  un  arbre 
cultivé  dans  les  régions  des  deux  continens,  placées  entre  les 
•  tropiques  ;  cette  graine ,  connue  par*tout ,  à  cause  de  l'usage 
qu'on  en  fait  généralement ,  forme  une  branche  de  commerce 
très-considérable.  Caféyer  ou  cafier  est  le  nom  de  l'arbre  qui 
la  produit  (  Foyez  l'article  suivant  ) ,  lequel  est  aussi  appelé 
cafi  dans  quelques  pays ,  et  par  plusieurs  auteurs.  Par  le  mot 
cafiterie ,  on  entend  une  grande  plantation  de  caféyer9, 

CAFÉYER  ou  CAFIER,  Coffea  Linn.  {pentandrie  mo^ 
nogynie),  genre  de  plantes  de  la  fiimille  des  RuBiAciKS,  qui 
comprend  des  arbres  et  des  arbrisseaux  exotiques,  dont  W  * 
feuillM  sont  simples  et  opposées ,  et  dont  les  flews  naiiseu^ 


6îs  C  A  F 

communément  aux  aûaeUes  de»  feiuDes^  et  quelqueroîs  au 
•ommet  des  rameaux.  Chaque  fleur  est  composée  d'un  très^* 
petit  calice  à  quatre  ou  éinq  dents ,  d'une  corolle  monopélale 
en  entonnoir  à  quatre  ou  cinq  divisions ,  de  quatre  k  cinq 
étam  ines ,  et  d'un  style  ayant  deux  stigmates  ;  le  frmt  est  une  baie 
ovoïde  avec  un  ombilic ,  contenant  ordinairement  deux  se^ 
menées  9  planes  et  sillonnées  d'un  côté  ^  convexcis  de  l'autre. 
Les  feuilles  des  caféyers  ont  des  points  glanduleux  &  la  base 
de  leurs  nervures  ;  entre  leurs  pétioles ,  sur  la  face  nue  des 
rameaux ,  se  trouvent  deux  stipules  opposées  ^  qui  ne  manquent 
jamais.  I^m.  liiuêtr.  dés  Oenr.  pi.  160. 

Dans  le  nombre  d'espèces  que  renferme  ce  genre',  il  en 
est  une  très-célèbre  depuis  deux  ou  trois  siècles^  et  qui  fait  la 
richeise  des  pays  où  elle  croît;  c'est  celle  que  les  botanistes 
appellent  caféyer  arabique ,  du  nom  de  la  contrée  qu'iJi 
soupçonnent  être  son  pays  naUl ,  ùu  plutôt  parce  que  c'est 
l'Arabie  qui  a  fotu*ni  ks  premiers  individus  d'où  provien- 
nent tous  les  caféyêTë  de  la  même  espèce ,  cultivés  aujourd'hui 
dans  les  deux  mondes. 

Le  Gaf^ter  arabiqob  y  Coffka  arabica  Linn. ,  est  un 
arbre  ou  arbrisseau  toujours  vert ,  qui  croît  assez  vite ,  et  qui 
s'élève  à  la  hauteur  de  qutnae  à  vingt-cinfj  pieds  sur  un  tronc 
droit,  dont  le  diamètre  n'excède  pas  trois  ou  quatre  pouces; 
sa  racine  est  pivotante ,  peu  fibreuse  et  roussâtre  ;  son  tronc 

Îousse ,  d'espace  en  espace ,  vers  sa  partie  supérieure ,  des 
rancfaes  opposées  deux  à  deux ,  et  situées  de  manière  qu'une 
paire  croise  l'autre  ;  elles  sont  souples ,  trèa-ouveries ,  presque 
cylindriques,  noueuses  par  intervalles,  et  couvertes ,  ainsi  que 
le  tronc ,  d'une  écorce  fine  et  grisâtre,  qui  se  gerce  en  se  dessé- 
chant ;  f'^îderme  est  blanchâtre  ;  l'enveloppe  cdlulaire  d'un 
vert  léger;  le  bois  asses  dur;  les  branches  inférieoi^s  sont 
ordinairement  simples,  et  s'<élendent  plus  horisontalement 
que  les  supérieures  ;  les  unes  et  les  autres  sont  chargées  en  tout 
-temps  de  feuilles  entières ,  sans  dentelures  ni  crénelures , 
opposées,  d'une  ferme  ovale  alongée,  lisses,  et  luisantes  eu. 
dessus ,  pâles  en  dessous,  aiguës  au  sommet ,  rétrécies  k  la  base, 
emportées  par  de  très-courts  pétioles  ;  les  feuiUes  ressemblent 
k  celles  du  laurier  commun ,  avec  cette  difiei«n ce  qu'elles  sont 
moins  sèches,  moins  épaisses,  ordinairement  plus  larges  et 
plus  pointues  à  leur  extrémité  ;  à  chaque  nœud  on  voit  deuic 
courtes  stipules  intermédiaires ,  larges  par  le  bas ,  et  terminées 
-en  pointe. 

De  l'aisselle  de  la  plupart  des  feuiUes ,  sortent  de  pelils 
-groupes  de  (leurs  au  nombre  de  quatre  ou  cinq;  chacune 
•  d'eUjMPost;aoo(eiuie.piir  ui^  eourt'pédsQC4fe^«Uessont  blao- 


C  A  F  f>-> 

rhes,  formées  A*ua  seul  pétale ,  et  ont  â-peii-pro8  la  figure  et 
Je  Folume  de»  fleurs  du  Jasmin  cT Espagne  ^  excepté  que  leurs 
découpures  sont  plus  étroites^  leur  tube  plus  court ,  et  qu'an 
lien  de  n'avoir  que  deux  étamînes  comme  \ea  jasmins ,  elles 
enreaferment  cinq>  saillantes,  hors  du  tube^  et  à  sommets 
linéaires  et  jaunâtres;  au  milieu  des  filameus  s'élève  un  style 
fourchu  qui  surmonte  l'ovaire ,  et  qui  est  aussi  long  que  la 
corolle.  Ces  fleurs  passent  fort  vite,  et  ont  une  odeur  douce 
et  agréable  :  elles  sont  remplacées  par  une  espèce  de  baie,  qui 
a  Tapparence  d'uiie  cerise,  et  qui,  par  cette  raison ,  porte, 
dans  les  Antilles,  le  nom  de  cerise  du  café;  elle  est  plus  ou 
moins  ronde  ou  ovale  ,  et  d'un  rouge  obscur  dans  sa  parfaite 
maturité;  elle  a  un  petit  ombilic  à  son  sommet,  et  elle  ren- 
ferme une  pulpe  glaireuse. et  d'un  goût  douceâtre,  laquelle 
sert  d'enveloppe  à  deux  petites  fèves  ou  craines ,  d'une  nature 
cornée  ou  cartdagiueiise ,  accolées  l'une  a  l'autre ,  et  entourées 
chacune  d'une  membrane  particulière  et  coriace  :  ce  sont  ces 
graines  qu'on  appelle  caje.  Tout  le  monde  en  connoil  la 
forme  et  la  couleur,  qui  oÔrent  quelques  légères  différences, 
suivant  les  variétés. 

Histoire  du  Cafi, 

Le  caféyer,  dit  Raynal ,  Hist.  philosaph.  et  potitiq. ,  &c. , 
vient  oi^gfnairement  de  la  Haute-Ethiopie,  où  il  a  été  connu 
de  temps  immémorial,  et  où  il  est  (encore  cultivé  avec  succès. 
M.  I/agrenée  de  Mésîères ,  un  des  agens  les  plus  éclairés  qne 
la  Fmnce  ait  jamais  employés  aux  Indes  ,  a  possédé  de  -son 
frofit ,  et  en  a  fait  souvent  usage  ;  il  l'a  trouvé  beaucoup  plus 
^1109 ,  nn  peu  pius  long ,  mùihs  vert ,  presqu'aussi  parfumé 

2ub  celiii  qu'on  a  côtnmeneé  à  cueillir  dans  l'Arabie  vers  ia 
a  du  quinzième  siècle. 

Ce  sohtlds  Orieiitaux  ^li  ndusont  transmis  l'irsiige  du  cafi. 
lies  uns  disent  qu'on  en  doit  la  première  expérience  à  la  Vi- 
gilance du  supérieur  d'Un  hionaslère  d'Arabie,  qui,  voulant 
tirer  ses  moines  du  Âdmitieil  qui  les  tenoit  assoupis  dans  la 
nuit  aux;  offices  du  choeur,  leur  en  fît  boire  l'infusion  ,  'sàr 
la  reialion  des  effets  que  ce  fruit  causoit  aux  boucs  qui  en 
croient  mangé.  D'autit^s  prétendent  qu'un  moUach,  nomtidé 
Cliadely  ,  fut  le  pretnier  Arabe  qui  prit  du  café,  dans  la  vue 
de  se  délivrer  d'un  assoupissement  continuel ,  qui  ne  lui  per- 


ipperçut  oicntôt  que  celte  boisson  egayoït  1  espîil 

tit  dusipôit  Iqs  pÊiSkiitiUhirs  4e  r^foltiàô.  Cetix  ixikm^  t^\ï 


64     ^  C  A  F 

n^avoient  pas  besoin  de  se  leuir  éveillés ,  l'adoptèrenL  Dca 
bords  de  la  mer  Rouge,  cet  usage  passa  à  Médiiie,  à  la  Mec- 
que, et,  par  les  }>élerins,  dans  tous  les  pays  mahométans. 
Enfin,  on  lit  dans  un  manuscrit  arabe ,  qui  est  à  la  Biblio- 
thèque nationale ,  que  le  café ,  quoique  originaire  de  rArabfo 
Heureuse ,  étoit  en  usage  en  Afrique  et  dans  la  Perse ,  bien 
long-temps  avant  que  les  Arabes  en  eussent  fait  une  boisson. 
Vers  le  milieu  du  quinzième  siècle,  le  muphti  à^Aden ,  ville 
de  l'Arabie ,  voyageant  dans  la  Perse ,  y  vil  employer  cette 
liqueur ,  et  à  son  retour  il  la  fit  connoître  dans  son  pays. 
D  Aden ,  Tusage  s'en  répandit  dans  tous  les  lieux  soumis  à  la 
loi  de  Mahomet. 

Dans  plusieurs  villes  de  ces  contrées ,  on  imagina  d'établir 
des  maisons  publiques,  où  se  distribuoit  le  café.  En  Perse, 
ces  maisons  devinrent ,  comme  chez  nous ,  un  asyle  hon- 
nête pour  des  gens  oisifs ,  et  un  lieu  de  délassement  pour 
les  hommes  occupés.  Les  politiques  s'y  entrelenoient  de  nou« 
velles ,  les  poètes  y  récitoient  leurs  vers,  et  les  moUachs  leurs 
sermons.  A  Constantinople ,  les  choses  ne  se  passèrent  pas 
n  tranquillement.  On  n  y  eut  pas  plutôt  ouvert  les  cafës , 
c^u'ils  furent  fréquentés  avec  fureur.  D'après  les  repi*ésenta- 
tions  du  muphti ,  le  gouvernement ,  sous  Amurat  Jii ,  fit 
fermer  ces  lieux  publics,  et  ne  toléra  l'usage  de  cette  liqueur 
que  dans  l'intérieur  des  familles.  Un  penchant  décidé  triom- 
pha de  cette  sévérité.  On  continua  de  boire  du  café  publi- 
Ïuement;  et  les  lieux  où  on  le  distribuoit  se  mulliphèrent. 
*endant  la  guerre  de  Candie,  et  sous  la  minorité  de  Maho- 
met IV  ,  le  grand  visir  Koproli  les  supprima  de  nouveau  ; 
mais  cette  précaution  fut  aussi  inutile  que  les  précédentes  ; 
elle  n'eut  d*auti*e  effet ,  dit  Ricault ,  que  de  diminuer  le  revenu 
de  l'état.  Au  commencement  du  seusième  siècle  ,  le  cafi  pro- 
duisit pareillement  des  troubles  au  Giire.  L'an  i5fl3  ou  q3o  de 
riiégire ,  Abdallah  Ibrahim  ,  cheik  de  la  loi ,  prêcha  naute^ 
ment  contre  cette  boisson  dans  la  mosquée  de  Haisananie. 
Les  têtes  s'échaufierent,  les  partis  en  vinrent  aux  mains  ;  maie 
le  cheik  £l-belet  (le  commandant  de  la  ville)  assembla  toue 
les  docteurs ,  et  après  avoir  entendu  avec  patience  une  Ion- 

re  discussion ,  Q  fit  senôr  du  café  à  tout  le  monde ,  et  leva 
séance  sons  proférer  un  seul  mot.  Cette  mesure  rétablit  la 
tranquillité.  C'est  ainsi  que  l'usage  du  cafi  adopté  universel- 
lement dans  rOrient ,  s'y  est  pei^tué  malgré  la  violence  dce 
loix  et  l'austérité  de  la  religion  ,  qui  s'étotent  réunies  pour  le 
proscrire.  Les  Turcs  ont  un  intendant  particulier,  qu*ile 
nomment  kahveghi ,  c'est-À-dira  officier  du  café  ,  et  dans 
h  <érail  il  y  a  plusieurs  kaliyeghiê^  chacun  d'eux  préside  JL 


CAP  65 

TÎngt  on  trente  hattagis ,  qui  sont  des  employés  chargés  de 
préparer  cette  liqueur  agréable. 

Le  cafi  avoit  commencé  à  être  en  crédit  à  Cbnstantinople, 
#01»  le  règne  de  Soliman-le-Grand  ,Tan  1 554»  Ce  fut  envi- 
ron on  siècle  après  ,  qu'on  l'adopta  à  Londres  et  à  Pai-is  ; 
mais  son  inti-oduction  en  Angleterl-e  éprouva,  sous  Charles  n, 
]es  mêmes  difficultés  qu'elle  avott  épix>uvées  en  Turquie ,  sous 
Amiirat  et  Mahomet.  On  trouva  que  les  cafés  devenoient 
des  assemblées  trop  considérables,  et  on  les  supprima  (en 
1676)  comme  des  séminaires  de  sédition.  On  fut  plus  modéré 
en  France.  L'établissement  de  ces  lieux  publics  s'y  fit,  et  s'y 
maintint  paisiblement  £n  i66g ,  Soliman-Aga,  qui  demeura 
à  Paris  pendant  un  an ,  fit  goûter  du  ccfé  à  un  grand  nombre 
de  personnes  qui ,  après  son  départ,  continuèrent  à  en  faire 
usage.  La  première  salle  de  café  publique,  fut  construite  à  la 
foire  S*  Germain,  par  un  Arménien,  en  1673.  Depuis,  il 
s'établit  sur  le  quai  de  l'Ecole ,  où  l'on  voit  encore  une  bou* 
tique  aa  coin  de  la  rue  de  la  Monnote.  La  salle  n'étoit  fré- 
quentée que  par  des  chevaliers  de  Malte  et  par'des  étrangers* 
Ayant  quitté  Paçis  pour  aller  k  Londres ,  il  eut  plusieui^  suc- 
cesseurs. Une  tasse  de  café,  k  c«tte  époque,  se  vendoit  deux 
sois  six  deniers.  -Enfin  un  certain  Etienne  d'Alep  construisit 
le  premier ,  à  Paris,  une  salle  décorée  avec  des  glaces  et  des 
tables  de  marbre;  elle  étoit  dans  Ut  rue  S.  André«des-arcs > 
vis-à-vis  le  pont  S.  Michel. 

Un  peuple  naturellement  vif  et  léger  ^  dut  adopter  bien 
vite  l'usage  d'une  boisson  qui  é4oit  si  propre  k  entretenir  sa 
gaicé  ordimûre.  Elle  fut  d'abord  un  objet  de  fantaisie  ou  de 
loxe  ;  et  elle  ne  tarda  pas  à  devenir  un  besoin ,  sur-tout  pour 
les  riches.  Le  goût  s'en  répandit ,  de  proche  en  proche,  dans 
toutes  les  conditions  et  dans  tous  les  pays.  Les  habitans  dû. 
Nord  s'y  accoutomèrent  ;  ils  préférèrent  cette  boisson  à  lem*s 
liqueurs.  Enfin  toute  l'Europe  prit  du  café,  B  étoit  impos- 
sible qu'un  goût  devenu  ai  général ,  ne  donnai  point  envie 
aux  Européens  de  posséder  1  arbre  qui  produisit  cette  graine 
précieuse.  Les  puissances  maritimes  de  cette  partie  du  monde, 
avoient  des  colonies  placées  entre  les  Tropiques  ;  elles  songé* 
rent  à  y  transplanter  le  ctdéyer*  H  falloit  1  aller  chercher  dans 
son  pays  natal,  c'est-à-dire  en  Arabie;  car  c'étoit  de  cette 
contjrée  que  venoit  alors  tout  le  café  qui  se  débitoil  dans  le 
comoaerce.  Cette  entreprise  étoit  réservée  k  une  nation  con-r 
nue  par  son  industrie.  Les  Hollandais  furent  les  premiers  qui 
transportèrent  cet  arbre  de  Moka  à  Batavia,  et  de  Batavia  k 
Amsterdam.  Au  commencement  du  dix-huitième  siècle , 
les  magistrats  de  celte  dernière  ville  en  envoyèrent  un  pied 

s 


C0  C  A  F 

à  LàOuis  XIV.  Ce  pied ,  qui  fut  soigné  au  jardin  de»  plantes  d# 
Paris  y  a  été  le  père  de  tous  les  caiéyers  plantés  depuis  dans 
toutes  les  îles  françaises  de  TAmérique.  Ce  fut  d'aoord  à  la 
Mârlinique  que  parut  le  premier  de  ces  ai*bres.  Il  y  fut  apporté, 
par  M.  de  Ciieux*  Pendant  la  traversée ,  qui  fut  longue  et 
pénible,  Teau  douce  étant  devenue  rare,  ef  ayant  été  mesurée 
a  cliaque  passager,  ce  zélé  citoyen  partagea  toujours  sa  por- 
tion avec  Tarbuste  qui  lui  avoit  été  confié f  il  parvint  ainsi  à 
le  sauver.  Arrivé  à  la  Martinique ,  il  le  planta  dans  le  lieu  do 
son  jai'din  le  plus  favorable  à  son  accroissement ,  et  le  fit 
garder  à  vue ,  jusqu'à  ce  qu'il  eût  fructifié.  Il  en  distribua  les 
graines  à  divers  nabilans  de  Tile ,  qui  en  étendirent  prodi-» 
gieusemen^  la  culture.  Quelques  années  après ,  des  plants  de 
café  furent  transportés  de  la  Martinique  à  Saint-Domingue^ 
à  la  Guadeloupe ,  et  aux  autres  Oes  adjacentes. 

Dans  le  même  temps  à-peu-près ,  la  culture  du  eaféyer 
fut  intit>dmte  à  Cayeune,  par  un  Français ,  qui  en  apporta 
des  graines  fraîches  de  la  Guiane  hollandaise.  £n  1717 ,  la 
compagnie  française  des  Indes,  établie  à  Paris ,  envoya  aussi 
des  plants  de  café  Moka,  k  Vue  de  Bourbon.  Tous  les  caféyerk 
cultivés  aujourd'hui  dans  cette  île  descendent  de  ces  plants  , 
et  donnent  le  café  connu  dans  le  commerce  sous  le  nom  de 
café  Bourbon.  Cependant  il  en  existe  une  espèce  on  une  va* 
riété  indigène  à  ce  pays.  Du  moins ,  le  fait  suivant  consigné 
dans  les  Mémoires  de  l'académie  des  sciences  de  Paris,  an- 
née. 1715,  semble  le  prouver.  Les  habitans  de  l'île  Bourbon  , 
y  est-il  dit,  ayant  vu  sur  un  navire  français  revenant  de 
Moka ,  des^raachesde  eaféyer  ordinati^  ,  chargées  de  feuii* 
les  et  de  fruits  ,  reconnurent  aussi-tôt  qu'ils  avoient  dana 
leurs  montagnes  des  arbres  entièrement  semblables  ;  ils  allè- 
rent en  chercher  des  branches ,  dont  la  comparaison  a\'e6 
'  celles  qui  avoient  été  apportées,  se  trouva  exacte ,  tant  pour 
la  feuille  que  pour  le  fruit  ;  seulement  le  café  de  l'ile  frit  trouvé» 
plus  long ,  juus  menu  et  plus  vert  ^ue  celui  d'Arabie.  C'est 
•ans  doute  cette  différence,  jointe  a  quelques  autres  très-lé-> 
gères  ,  qui  a  décidé  Lamarck  k  faire  de  ce  eaféyer  une  espèce 
particulière  et  diitincte  du  eaféyer  arabique. 

Cukure  du  Cafêyer. 

» 

Cet  arbre  croit  et  réussît  très-bien  dans  tous  les  pays  situés 
entre  les  Tropiques  ou  dans  leur  voisinage.  On  le  cultive  avec 
auccès  en  Arabie,  &  Batavia,  aux  !les  de  France  et  de  Bour* 
bon ,  dans  les  Guianes  française  et  hollandaise ,  et  dans  tou^ 
les  les  Antilles.  Mw l'Arabie  est  depuis  long-temps  en  posae^-» 


,     C  A  F       '  ^  67 

non.  de  fournir  le  meilleur  café  connu.  L'abbé  Raynal  diU 
qu'on  en  exporte  chaque  année  de  ce  pays  iâ^55o,ooo  livres 
pesant,  dont  environ  5^5oo,ooo  livres  son  l  achetées  par  les  com- 
pagnies européennes.  C'est  principalement  dans  le  royaume 
d'Vémen ,  vers  les  cantons  a  Aden  et  de  Moka,  que  se  trou- 
vent les  grandes  plantations  en  cafêyera.  Quoique  ceUe  por- 
tion de  l'Arabie  Heureuse  soit  dans  une  température  très- 
chaude ,  les  montagnes  qu'elle  i*enferme  sont  froides  au  som- 
met. Le  caféyer  est  ordinairement  cultivé  à  mi-côte  ,  et 
lorsqu'on  le  trouve  dans  la  plaine,  on  voit  d'autres  arbres 
plantés  à  proximité  ,  pour  le  garantir  de  lardeur  du  soleil  i 
parce  que  la  chaleur  excessive  dessécheroit  ses  fruits  avant  la 
récolte.  Quand  il  est  placé  dans  des  lieux  exposés  au  midi ,  ou 
trop  découverts ,  on  l'abrite  avec  une  espèce  de  peuplier.  Le 
pied  du  caféyer  est  ami  de  l'eau  ;  les  Arabes  ont  coutume  do 
;eter  des  pierres  dans  les  fosses  qu'ils  creusent  pour  le  planter  \ 
les  soins  qu'ils  donnent  ensuite  à  sa  culture ,  consistent  à  dé?» 
tourner  l'eau  des  sources,  et  à  la  conduii*e  au  pied  de  ces 
arbres.  La  récolte  du  fruit  se  fait  à  trois  époques  :  la  plus 
grande  a  lieu  en  mai;  on  étend  des  pièces  de  toile  sous  les 
cafèyers  qu'on  secoue  ;  le  café  mûr  tombe  facilement  :  on  lo 
jette  dans  des  sacs  ;  il  est  transporté  ailleurs ,  et  rais  à  sécher 
sur  des  nattes,  afin  que  les  baies  puissent  s'ouvrir  parle  mçyen 
d'un  cylindre  en  bois  ou  en  pierre  fort  pesant,  qu'on  passe 
par-dessus.  Quand  les  grains  sont  dépouillés  de  leur  enve- 
loppe ,  et  séparés  en  deux  petites  fèves ,  on  les  agite  dans  de 
grands  vans,  pour  les  monder,  et  on  les  fait  sécher  de 
nouveau. 

'    Telle  est  la  méthode  simple  et  facile  que  suivent  les  Arabes 
dans  la  culture  de  cet  arbre  intéressant ,  et  dans  la  récolte  et 
la  préparation  de  son  fruit.  Le  café  de  ce  pays  ,  connu  sous 
le  nom  de  café  Moka ,  surpasse ,  comme  on  sait ,  en  qualité  ^ 
toates  les  autres  espèces  de  café  que  le  commerce  débite  dans 
les  deux  continens.  Cette  suj^riorité  est-elle  due.au  climat  et 
au  sol  de  l'Arabie?  ou  le  cjféyer,  transporté  hors  de  cette 
contrée,  a-t-il  dégénéré?  C'est  ce  qu'il  seroit  intéressant  je 
rechercher.  Nous  croyons  que  la  cupidité  des  Européens  est 
la  principale  cause  de  la  médiocre  qualité  du  café  qu'ils  récol- 
tent dans  leurs  colonies ,  et  sur-tout  aux  Antilles.  On  le  re- 
cueille trop  tôt,  et  on  le  fait  mal  sébher,  pour  avoir  un  ^ain 
plus  gros  et  plus  pesant  ;  de  sorte  qu'il  perd  nécessairement 
en  qualité  ,  ce  qu'il  gagne  en  volume.  Sa  saveur  ne  peut  être 
aossi  exaltée ,  ni  sa  sève  aussi  élaborée  que  dans  le  café  d'Ara-', 
tie.  n  a  moins  de  dureté  que  ce  dernier,  moins  de  parfum; 
ei  il    conserve  toujouri  ime  certaine  '  verdeur ,  qui  le  fait 


C8  C  A  F 

s'imprégner  plus  facilement  des  odeurs  des  corps  phcés  dafii 
son  voisinage. 

Une  autre  cause  de  rinfériorilé  du  café  d^ Amérique ,  est 
l'indifférence  des  colons  sur  Je  choix  des  Jieux  où  ils  fout 
leurs  étabiissemens.  Le  cafêyer  demande  un  sol  plutôt  sec 
qu'humide,  et  une  terre  légère  et  rocailleuse  plutôt  que  sub* 
f  tantielle  et  forte.  Il  veut  être  abriié  des  grands  vents  et  des 
ardeurs  brûlantes  du  soleil  ;  mais  les  abris  doivent  être 
ménagés  de  manière  que  le  grand  air  puisse  frapper  libre- 
ment ses  branches,  et  que  le  soleil  puisse  proniptement  mûrir 
les  fruits  qui  les  couvrent.  Si  ces  arbres  sont  plantés  dans  un 
lieu  étouTO,  sur  un  sol  marneux  ou  argileux,  ou  même  dans 
une  terre  trop  légère,  qui  se  dessèche  promptement,  et  ne 
conserve  point  à  leurs  pieds  la  fraîcheur  dont  ils  ont  besoin  , 
alors  ils  produiront  des  fruits  imparfaitement  mûrs ,  ou  à 
moitié  avorlés.Si,  d'un  autre  côté ,  la  terre  où  ils  croissent  est 
trop  riche  ou  trop  fréquemment  arrosée,  leur  croissance  sera» 
il  est  vrai  ,  rapide  et  vigoureuse  ;.niai3  leurs  fruits ,  quoique 
plus  gros ,  auront  été  formés  par  un  suc  crud  et  mal  préparé. 

L'usage  d'étêter  les  caféyert^Kim  a  prévalu  généralement 
dans  presque  toutes  les  Antilles ,  et  même  aux  îles  de  France 
et  de  Bourbon,  peut  contribuer  aussi  à  diminuer  la  bonté 
du  fruit.  Les  branches  forcées  de  prendre  une  direction  laté- 
rale ,  sont  sujettes  à  se  coucher  et  a  s'entremêler;  étant  moins 
élevées  au-dessus  de  la  terre  ,  elles  se  trouvent  plus  souvent 
et  plus  long-temps  plongées  dans  les  vapeurs  qm  s'en  exha- 
lent, et  les  fleurs  ou  fniits  qu'elles  portent,  reçoivent  plu» 
diflBicilement  les  influences  bien&iisanles  de  l'atmosphère  8u-> 
péneure  et  du  soleil. 

Si  à  toutes  ces  causes ,  on  ajoute  l'empressement  des  pro-> 
priétatres  à  enfermer  leur  café  dans  des  sacs  avant  son  en^ 
tière  dessication  ,  afin  qu'il  soit  plutôt  vendu ,  et  le  peu  de 
précautions  prises  par  les  capitames  de  navires  (  en  cbai^ 
géant  cette  çniine)  pour  en  éloigner  tout  ce  qui  pourroit 
lui  communiquer  une  odeur  étrangère  et  désagréable ,  on  ne 
sera  plus  étonné  de  voir  répandus  dans  le  commerce  tant  de 
cq/ïfsdes  tles^  médiocres  on  mauvais,  ieiiquels  se  vendent 
pourtant ,  parce  qu'il  7  a  peu  de  connoisseun  de  cette  den- 
rée ,  et  encore  moins  de  gourmets  d'tme  boisson  devenue 
cependant  aujourd'hui  si  commune. 

Malgré  ce  qui  vient  d'être  dit ,  on  ne  peut  disconvenir  que 
la  diU'érence  du  sol  ou  du  climat  n'tnOue  jusqu'à  un  cerlaii» 
point  sur  la  quahté  Axicafé;  elle  dépend  aussi  de  l'âge  de» 
aîrbres,  quelle  que  soit  la  méthode  de  cultiue  que  l'on  suive» 
flar  on  ae  suit  pat  la  même  par-tout; elle  varie  selon  les  peu-^ 


C  A  F  69 

taies  et  les  pays;  el  le^  cultivateurs  du  cafky» ,  dans  les  Dotixi- 
Ifides  y  ne  sont  pas  quelquefois  d'accord  entr'eux  sur  des 
jioints  très-essentiels*  C'est  après  avoir  lu  et  comparé  tout  ce 

Su'ils  ont  écrit  à  ce  sujet»  et  après  avoir  fait  nous-mêmes 
es  observations  sur  celle  culture  à  Saint-Domingue  y  que 
nous  présentons  au  lecteur  l'extrait  suivant >  dans  lequel  il 
trouvera  y  au  lieu  d'une  méihode  locale  et  particulière^  dei 
principes  généraux  applicables  dans  tous  les  lieux  où  peufc 
Icroitre  ie'Caféyer. 

Quoique  cet  arbre  soit  originaire  des  pays  chauds  de  l'Asie 
tst  de  l'Afrique ,  ce  seroil  une  erreur  d'imaginer  qu'on  ne 
pouiToit  pas  le  naturaliser  dans  les  parties  australes  de  r£tt<-> 
rope.  M.  Jean-Laurent  Telli  a  réussi ,  il  y  a  quelques  années» 
k  faire  prendre  racine  au  caféyer  dans  le  jardin  botanique 
de  PUe,  Cet  arbre  n'a  pas  benoin  d'une  grande  chaleur  en 
hiver  ;  il  suffît  qu'elle  soit  entre  treize  et  quinze  degrés  du 
ihermomètre  de  Béaumun  D*un  seul  individu  qu'avoit  dana 
le  principe  M.  Telli^  et  qui  chaque  année  a  donné  des  fruits 
parfaitement  mûrs ,  il  a  obtenu  successivement  et  en  peu  db 
temps  y  jus(|u'à  vingt  plantes  y  qu'il  a  envoyées  à  diflerentea 
villes  d'IlaUe.  Le»  pays  tempérés  peuvent  donc  convenir  aiisî 
«u  eaféyer.  On  a  vu  que  dans  sa  terre  natale  il  croît  sur  le 
penchant  des  montagnes^  où  le  froid  se  fait  quelquefois  sentir 
mi  peu* 

Si  y  pour  former  une  cafèterie  «  on  prend  les  jeunes  plantes 
qui  naissent  des  fruits  tombés  y  on  aura  des  sujeta  foibles,  qni 
languiront  long- temps  après  leur  transplantation;  il  vaut 
mieux  semer  le  wfé  y  soit  k  demeure  ,  soit  eu  pépinière  :  en 
semant  k  demeure ,  on  s'épai^ne  beaucoup  d'embarras  y  la 
cc^tène  est  plutôt  établie  ,  ei  les  oaféyers  non  transplantés 
^^^niservent  leurs  pivots^  et  résistent  mieux  auxomugans.  Cette 
méthode  doit  être  adoptée  de  préférence  dans  les  quartiers 
pluvieux;  elle  consiste  à  planter  des  piquets  en  quinconce^  ou 
disposés  de  toute  autre  manière.et  espacés  .convenablement. 
On  fait  un  ti^u  k  chaque  piquet  ^dans  lequel  on  met  plusieurs 
graines.  Quand  lés  plants  ont  environ  douze  à  quinase  pouce» 
de  hauteur ,  on  n'en  laisse  qu'un  dans  chaque  trou  y  et  tou- 
ionra  le  plus  vigoureux. 

Dans  les  endroits  où  il  pleut  rarement  y  une  pépinièi*e  est 
îndispensaUe.  On  choisit  pour  rétablir  un  lieu  assess  décou^ 
vert  et  un  sol  d'une  médiocre  bonté ,  que  l'on  prépare  par 
piosîeur»  labours^  sans  le  fumer.  Le  ten*ein  est  disposé  en 
planches  ^  avec  des  rayons  ouverts  d'un  demi -pouce  de  pro- 
fondeur y  et  espacés  de  sept  à  huit.  On  y  sème  à  trois  ou 
quatre  pduces  de  distarwe  fune  de  l'autre,  non  la  baie  du 


70  C  A  F 

café  y  mais  la  graine  ou  fève  dépouillée  de  sa  pulpe  et  reveine 
de  son  enveloppe  coriace.  Les  cerises  résen^ées  pour  le  semis, 
doivent  être  fraîches  ^  l'ouges  et  cependant  très-mûres  ;  les 
graines  desséchées,  ou  qui  ne  sont  pas  récentes^  ne  lèvent 

Sas.  Pour  les  rendre  plus  faciles  à  manier  ^  on  les  couvre 
'un  peu  de  cendre  avant  de  les  semer.  On  doit  les  mettre  en 
terre  immédiatement  après  la  récolte  ^  ou  dans  les  premiers 
quinze  jours  qui  la  suivent;  jusqu'à  ce  moment  ^ on  les  laissq 
toujours  dans  la  cendre  ^  étendues  dans  un  lieu  couvert  et 
aéré. 

La  saison  la  plus  favorable  pour  faire  les  semis  ^  est  celle 
des  équinoxes  et  des  deux  mois  suivans,  c'est-à-dire  qu'on 
doit  les  commencer  à  l'éqninoxe  de  septembre  dans  les 
pays  situés  en-deçà  de  rétjualeur ,  comme  la  Metrtinîque 
et  Saint-Domingue  ;  et  à  l'éqninoxe  de  mars,  dans  les  con- 
trées placées  aundelà  de  la  ligne  y  comme  les  iles  de  France  et 
de  Bourbon,  Les  jeunes  plants  n*auront  alors  à  supporter 
que  la  cJialeur  du  soleil  d'hiver  de  ces  climats,  et  seront  déjà 
assez  forts  lorsque  celle  de  l'élé  se  fera  sentir.  En  semant  dans 
une  saison  contraire,  on  les  exposeroit  à  périr  ilès  leur  nais- 
sance. On  ne  doit  point  établir  les  semis  près  des  haies;  leur 
ombrage  arrête  la  végétation  des  jeunes  co^s,  et  les  vieilles 
liaies  dévorent  la  substance  de  la  terre. 

Il  est  convenable  d'arroser  la  pépinière.  Les  cafés  adultes 
ou  avancés  en  âge ,  peuvent  résister  à  la  chaleur  ;  ils  se  font 
omhrage  avec  leurs  feuilles,  et  leurs  racines  pénètrent  en 
avant  dans  la  terre  ;  mais  dans  leur  enfance ,  privés  d*ombre 
et  de  fraîcheur,  et  placés  dans  un  sol  meuble  et  plus  per- 
méable aux  rayons  du  soleil,  ils  doivent  être  très-ailérés ;  les 
arroscmens  du  soir  sont  préférables  dans  les  pays  chauds  à 
ceux  du  matin  et  de  la  journée.  On  peut  arroser  à  la  main , 
par  filtrat  ion  ou  par  irrigation  :  il  ne  faut  pas  que  les  plants 
soient  submergés;  l'on  ne  doit  pas  non  plus  répeler  cette  opé- 
ration tix>p  souvent ,  car  les  cafée  trop  anx)sé8  ou  élevés  dans 
un  terrein  trop  humide,  n'ont  point,  à  la  transplantation,  la 
v^eur  des  autres. 

C'est  dans  l'hiver  de  ces  pays  qu'on  transplante  ordinaire- 
ment les  cafés  ;  ils  ont  alors  moins  de  sève.  On  les  enlève  avec 
leur  motte  de  terre  ou  sans  leur  motte.  Cette  dernière  mé- 
thode est  la  plus  suivie  ;  mais  l'autre  quoique  plus  longue  » 
est  plus  sûre  et  préférable;  en  l'employant ,  on  peut  se  di^ 
penser  de  consulter  la  saison  ,  pourvu  que  la  transplantation 
se  fasse  dans  un  temps  pluvieux.  On  coupe  ou  l'on  ne  coupe 
pas  le  pivot  du  jeune  plant ,  suivant  la  nature  du  sol  préparé 
pour  le  recevoir  :  si  ce  sol  a  de  la  profondeur  »  le  pivot  doit 


C  A  F  71 

ttre  conservé;  Sans  le  cas  contraire^  on  le  coupe  en  bec  de 
flûte ,  au  moment  même  et  dans  le  lieu  de  la  transplan- 
tation. S'il  n'étpit'pas  coupé ^  ne  pouvant  percer  le  tuf  ou  la 
pierre  qu'il  rencontreroit ,  il  se  roideroit  en  vis ,  et  seroit  sujet 
a  être  attaqué  par  les  vers  ;  d'ailleurs ,  son  retranclieuient  fa- 
vorise la  pousse  des  racines  latérales.  La  profondeur  des  trous, 
la  distance  des  planU  entr'eux  et  leur  disposition  sur  le.  ter- 
rein  ,  sont  également  subordonnées^  non-seulement  à  sa  qua- 
Utc  ,  mais  encore  à  sa  pente ,  plus  ou  moins  grande  ou  nulle, 
i  son  exposition  et  même  aux  variations  de  l'atmosphère  aux- 
quelles est  sujet  le  lieu  où  est  établie  la  caféterie.  Il  est  clair  qu'on 
doit  espacer  davantage  les  cafés  y  et  faire  des  trous  plus  larges 
dans  les  quartiers  humides  et  fréquemment  arrosés ,  sur-tout 
m  le  sol  est  plat ,  riche  et  profond.  Dans  les  endroits  secs  , 
escarpés^  ou  disposés  en  pente  vi^'B  ou  douce ,  les  plants  doi- 
vent être  plus  rapprochés^  et  les  trous  avoir  une  largeur  et  «ine 
profondeur  relatives.  On  ne  peut  prescrire  à  cet  égard  au- 
cune régie  générale.  II  faut  pourtant  avoir  soin  de  creuser 
toujours  des  trous  plutôt  larges  qu'étroits ,  dans  les  terreins 
nouvellement  défrichés,  parce  qu'ils  sont  remplis  de  petites 
racines  d'arbres  qu'il  importe  d'enlever  ;  elles  servent  de  pâ- 
ture aux  vers  blancs  qui  attaquent  ensuite  celles  du  café ,  sur- 
tout le  pivot ,  et  font  périr  l'arbre. 

Le  choix  des  plants  est  important.  Ceux  qu'on  prend  dans 
sa  pépinière  y  sont  pi^férables  aux 'plants  pris  chez  ses  voi- 
sins ou  sous  les  vieux  cafés.  On  peut  employer  de  petits  plants 
de  cinq  à  six  pouces ,  ou  de  plus  forts.  En  général  cerfx-ci 
réussissent  mieux ,  parce  que  t;onte  transplantation  étant  une 
crise  pour  le  jeune  arbre ,  cette  crise  est  mieux  soutenue  par 
le  plant  fort  qui  a  douze  a  quinze  pouces  de  hauteur.  Cepen- 
dant le  succès  des  uns  et  des  autres  dépendra  de  la  saison^  des 
précautions  employées  en  les  transplantant ,  et  du  temps  qui 
a  précédé  et  suivi  la  transplantation.  Lorsqu'elle  est  achevée  , 
on  abrite  les  jeunes  cafés  avec  des  branchages  garnis  de 
Vailles  ;  et  après  leur  reprise ,  au  bout  de  quinze  ou  vinct 
jours  ,  on]  retire  cet  abri  ;  les  feuilles  sont  laissées  au  pied  du 
plant,  qu'elles  maintiennent  dans  un  état  de  fraîcheur  ;  elles 
engraissent  d'ailleurs  la  terre. 

Soit  qu'on  élève  le  café  degi*aine  6emée  en  place  ^  soit  qu'on 
le  transplante ,  on  ne  doit  ctdtiver  dans  le  même  champ  que 
du  maïs  et  des  petits  pois,  en  ramant  ceux-ci,  et  pendant 
les  deux  premières  années  seulement  ;  après  ce  temps  il  ne 
fkut  rien  mettre  entre  les  caféyers.  Il  est  prudent  de  faire  , 
chaque  année,  des  semis  pour  les  remplacemens.  L^  coupa 
de  aoleil ,  les  sécheresses,  les  groa  vers^  les  ouragans,  dé- 


^a  ^  C  A  F 

truiaent  assez  souvent  les  arbres  les  plus  vigoureux  dans  les 
caféteries  les  plus  avancées  ^  mais  sur-tout  oanA  les  premières 
années  de  leur  transplantation. 

L'entretien  des  cafés  jusau'au  temps  de  la  récolte  n'est  pas 
difficile  ,  il  suffit  de  lessarcîer  deux  ou  trois  fois;  on  arrache 
les  herbes  à  la  main  ou  avec  un  couteau  fait  exprès,. et  au 
lieu  de  les  brûler  on  en  fait  des  litâ  assez  épais  dont  on  en- 
toure les  pieds  de  café  ;  ainsi  entassées  elles  ne  repoussent  pas 
de  si-tôt ,  et  elles  étouffent  celles  de  dessous.  On  laisse  aussi  sur 
le  sol  de  la  caféterie  les  lîges  sèches  et  les  autres  production  a 
des  plantes  herbacées  qu'on  y  cultive  :  tout  cela  forme  en  peu 
de  temps  un  excellent  leri'eau. 

Dans  les  quartiers  secs  on  doit  retrancher  toutes  les  bi'an-* 
ches  gourmandes  à  mesure  qu'il  en  paroît.  Dans  les  endroits 
pluvieux  il  convient  peut  -  être  de  les  laisser ,  afin  qu'elles 
puissent  servir  d'écoulement^à  la  sève  surabondante.  Il  faut 
tailler  dans  le  vif  les  branches  mortes  ou  à  deiui-rompues  et 
appliquer  sur  la  plaie  de  la  terre  humectée.  Quand  un  ou* 
ragan  renverse  des  cafés ,  pu  doit  se  hâter  de  les  i*elever  et 
les  rechausser.  C'est  principalement  pour  les  garantir  de  la 
violence  du  vent ,  et  aussi  pour  rendre  la  récolte  plus  facile  , 
qu'on  a  coutume  de  les  é téter  dan^  leur  jeunesse  :  cette  opé- 
ration contrarie  cependant  la  natiuie  ;  car  il  est  hors  de  doute 
que  l'arbre  auquel  on  lais^roit  prendre  son  c^croissement 
donneroit  des  fruiU  de  meilleure  qualité  que  l'arbre  étété. 
Comme  on  plante  communément  les  c({fés  en  lig^  droite  , 
il  seroit  peut-être  avantageux  d'en  étêter.  la  moitié  ,  el  de 
laisser  l'autre  moitié  parvenijc  à  toute  sa  hauteur  ,  de  façon 
qu'un  arbre  taillé  se  trouvai  entre  deux  ai'bres  non  taillés  et 
vice  versa  ;  disposés  ainsi  ils  ne  pourroient  pas  se  nuire  en 
«'entrelaçant^  et  les  arbres  livrés  à  eux-méme  étant  plus  pré- 
coces j  pendant  qu'on  cueilleroit  leurs  fruits ,  ceux  des  arbres 
taillés  achèveroient  de  mûrir. 

Lorsque  les  cafés  sont  fort  vieux ,  qu'ils  portent  du  bois 
mort  et  donnent ,  peu  de  fruits ,  il  faut  les  recéper  le  plus 

Êrès  de  terre  qu'on  le  pourra  ,  et  dans  le  moment  o^  ib  sont 
\  moins  en  Bève^c'esl-Â-direàTun  des  deux  solstices^  suivant 
le  pays  ;  on  laboure  la  terre  à  leur  pied  ,  et  on  y  met  de  l'en- 
erais.  Ces  arbres  entrent  ordinairement  en  grand  rapport  à 
la  quatrième  année ,  et  fructifient  pendant  environ  trente , 
ou  quarante  ans. 

Récolte  du  Café. 

Cette  récolte  se  fait  à  la  main^  et  à  deux  ou  ti'ois  époques. 
L'objet  essentiel  est  de  ne  récolter  le  grain  que  lorsqu'il  eal 


C  A  F       ^  73 

parfaitement  mûr  :  sa  maturité  se  reconnott  à  la  couleur  de 
la  cerise  ;  quand  eUe  est  d'un  rouge  bien  foncé ,  et  qu'elle 
commence  à  brunir ,  il  est  temps  de  la  cueillir.  On  doit  avoir 
soin  en  la  cueillant  de  ne  point  effeuiller  les  extrémités  des 
branches  y  et  de  ne  {>as  endommager  les  bourgeons  qui  s'y 
trouvent  et  qui  dmvent  fleurir  bientôt  après  ;  il  faut  enlever 
les  conaes  par  chaque  anneau  séparén^ent  y  en  tournant  et 
retournant  la  main  droite  sur  elle-même  y  tandis  que  la  main 
gauche  contiendra  la  branche.  Ceci  n'est  applicaole  qu'à  la 
grande  récolte  ;  dans  les  autres  on  ne  trouve  des  grains  mûrs 
que  ça  et  là,  et  l'on  est  obligé  de  les  cueillir  un  à  un. 

11  seroit  à  désirer,  non-seulement  pour  la  prompte  dessi- 
cation  de  la  cerise  et  du  grain  y  mais  encore  pour  la  santé 
des  noirs ,  que  l'on  pût  toujoiuv  récolter  le  café  oans  un  temps 
sec  y  après  que  la  rosée  est  passée  y  et  au  moment  où  le  soleil 
darde  ses  rayons  ai'ec  plus  de  force.  Malheureusement  dans 
la  plupart  des  Antilles  presque  toutes  les  cajeleries  sont  éta* 
blies  dans  les  mornes^  où  il  pleut  très-fréquemment  ;  on  ne 
veut  pas  attendre  l'instant  favorable ,  ou  on  ne  le  peut  pas  ;  on 
cueille  la  cerise  encore  tout  humide  ;  les  cultivateur  char- 
gés de  ce  soin  sont  exposés  à  la  pluie  ou  à  la  rosée  ;  ils  sont  à 
la  vérité  vêtus  y  mais  1  humidité  échauffée  par  les  babils  est 
plus  funeste  que  celle  qui  est  reçue  à  nu  sur  le  corps  ;  de-là 
naissent  beaucoup  d?  maladies.  Aussi ,  toutes  choses  égales 
d'ailleurs  y  périt-il  proportionnellenient  plus  de  nègres  dans 
les  établissemens  en  cafés  que  dans  les  auti'es ,  quoique  le 
conlraii'e  dût  arriver^  puisque  dans  nos  fles,  comme  dans 
tout  pays  y  l'air  de  la  montagne  est  ordinairement  plus  vif 
et  plus  sain  que  celui  des  plaines  et  des  borda  delà  mer. 

Lorsque  la  cerise  est  cueillie  y  le  premier  soin  doit  être  de 
la  dessécher  y  pour  pouvoir  séparer  plus  aisément  la  pulpe  do 
la  ftve.  On  l'expose  donc  y  pendant  quelques  jours,  a  l'air  et 
au  soleil ,  sur  des  aires  prépai'ées  de  différentes  manières  ; 
celles  qui  sont  pavées  ou  revêtues  d'un  bon  cinMmt  y  aveo 
une  pente  pour  l'écoulement  des  eaux  y  remplissent  mieux 
le  but  qu'on  se  propose.  Sur  ces  aires  les  cerises  sont  échauf- 
&es  à  la.  fois  dans  toutes  leurs  surfaces  par  la  réverbération 
des  rayons  du  soleil  ;  on  n'a  pas  besoin  de  les  retourner  anasi 
souvent ,  et  s'il  survient  quelque  humidité  ,  elle  est  çromp- 
tement  dissipée.  11  faut  avoir  attention  de  ne  pas  les  laisser  en 
las  ;  elles  fermentent  -alors  y  le  suc  de  la  pulpe  devient  spiri- 
tueux et  volatil  y  et  ^^nétrant  juscju'à  la  fève  a  ti*avevs  son  en- 
veloppe coriace ,  il  lui  coq^umquo  un  goût  d'aigt*e  et  une 
odeur  désagréable. 

Lia  méthode  de  sécher  la  cerise  à  l'étave  est  celle  de  toutes 


^4.  C  A  F 

qui  parott  mériter  la  préférence  ;  elle  est  presque  indispet»* 
oable  dans  les  endroits  très-pluvieux  ^  on  n  a  point  à  craindre 
de  fermentation  ,  le  dessèchement  est  pluis  sûr^  plus  prorapt , 
plus  complet^  sujet  à  moins  de  main-d'oeuvre  et  à  moins  d*in- 
convéniens.  L'étuve  ne  doit  point  être  aussi  vaste  qu'on  jjour- 
roit  le  penser ,  parce  que  le  café  d'une  plantation  ne  se  ré- 
colle pas  tout  à  la  fois. 

Dans  les  Antilles  on  dépouille  le  café  de  sa  pulpe  pendant 
qu'elle  est  rou^e  par  le  moyen  des  moulins^  et  on  rejette  la 
pulpe  comme  inutile.  Les  Arabes^  au  conti^ire  ^  font  sécher 
la  cerise ,  parce  qu'ils  emploient  la  pulpe  desséchée  en  bois- 
son théiforme ,  et  qu'elle  est  un  objet  de  commerce. 

Quand  cette  pulpe  est  enlevée  y  on  lave  les  fèves  ,  on  le» 
Inet  sécher  au  soleil  ^  on  leur  enlève  leur  enveloppe  coriace 
en  les  pilant ,  et  on  les  vanne  ;  ensuite  on  fait  sécher  de  poa- 
veau  le  café ,  soit  à  Tair  libre,  soit  à  l'étuve  ou  au  four;  1  etuve 
lui  ôte  toute  sa  verdeur  sur-le-champ  ;  il  est  enfin  mis  dans 
des  sacs.  Si ,  au  lieu  de  dessécher  le  café  mondé,  on  lenferme 
bu  sortir  du  pilon  ou  du  moulin,  il  contracte  alors  une  odeur 
qui  diminue  de  sa  qualité.  Les  sacs  doivent  être  élevés  au-des- 
6us  de  la  terre  ou  du  plancher ,  disposés  les  uns  sur  les  autres 
à  angles  droits  ,  dans  un  lieu  couvert  et  aéré  ,  et  Ton  doit  en 
éloigner  avec  soin  tous  les  corps  dont  les  émanations  pour- 
roient  communiquer  au  café  une  odeur  étrangère  et  altérer 
son  parfum.  Il  est  difficile  de  prendre  cette  dernière  pré- 
caution dans  un  navire  ;  c'est  un  grand  inconvénient ,  et  qui^ 
ajouté  à  tous  les  contre-temps  et  à  toutes  les  négligences  qui 
ont  accompagné  la  récolle  de  celle  denrée,  fait  qu'on  la  tiY>uve 
û  rarement  de  bien  bonne  qualilé.  Miller  raconte  a  u'un  vais- 
seau venant  des  Indes  chargé  de  café,  ayant  pris  à  bord  plu- 
sieurs sacs  de  poivre ,  toute  la  cai^aisoii  de  café  fut  absolument 
perdue. 

■jivantageê  particuliers  que  les  colonies  européennes  et  leurs 
métropoles peui^eni  retirer  de  lacuUiaredu  Cafèyerou  Café, 

La  culture  du  café  exige  peu  de  fonds  ;  elle  convient  & 
l'homme  industrieux  d*uue  fortune  médiocre  ,  ou  dont  le 
commerce  n'a  pas  eu  de  succès.  Avec  un  petit  nombre  de 
bras  il  peut  former  un  établissement  quis'acroîtra  peu  à  peu , 
et  qui ,  en  attendant ,  le  fera  vivre.  Les^ravaux  dans  une 
caféierie  ne  sont  ni  très-mullipliés  ni  pégpKi?  les  femmes  et 
les  enfans  peuvent  en  faire  une  gcande  partie  ç  ainsi  ce  genre 
de  culture  est  favorable  à  la  population.  Le  sol  où  le  café 
m  plaît  le  plus  ne  peut  guère  être  employé  qu'à  la  culture  dm 


C  A  F  75 

oeUe  plante.  C'est  dans  rintérieur  des  tles  ,  dans  les  rallées , 
sur  le  penchant  des  petites  montagnes ,  et  qnelquefois  à  leur 
sommet ,  que  ae«  trouvent  les  terres  et  les  situations  qui  lui 
conviennent.  Tous  ces  cantons  peuvent  ^tre  peuplés  d'un 
grand  nombre  de  familles.  En  formant  leun  plantations ,  elles 
éclairciront  les  forêts ,  mettront  en  valeur  les  terreins  mon* 
taeux  ,  établiront  des  routes  et  des  communications  corn-* 
modes  ;  il  s'élèvera  insensiblement  des  ^nllages ,  de  petites 
villes^  dont  l'industrie  sera  vivifiée  par  les  richesses  des  ports 
de  mer,  et  qui  pourront  servir  de  premiers  entrepôts  au  café. 
Cette  denrée^  exportée  en  abondance *des  colonies  dans  les 
métropoles,  fournira  au  commerce  une  grande  quantité  de 
fret  y  et  alimentera  une  marine  marchande  considérable  :  or 
la  marine  est  le  nerf  de  toute  puissance  maritime.  D'ailleurs 
les  familles  blanches  répandues  en  grand  nombre  dans  les 
établissemens  coloniaux  ,  consommeront  les  denrées  et  mar- 
chandises de  l'Europe  ,  en  proportion  de  l'accroi^isement  de 
leur  fortune  ;  le  succès  de  leurs  travaux  encouragera  d'autres 
Européens  à  venir  s'établir  dans  le  même  pays  ;  et  les  colons 
s  y  multipliant  chaque  jour  davantage ,  y  contiendront  facile- 
ment les  noirs  ^  et  y  maintiendront  y  sans  secousse  y  l'ordi'e  efr 
Lft  tranquillité. 

Propriétés ,  usctge  et  préparation  du  Cajé. 

Jje  caje,  regardé  comme  boisson ,  a  eu  ses  détracteurs  ^ 
ses  partisans  ;  on  à  beaucoup  écrit  pour  et  contre.  DansUOrient 
il  a  été  plusieurs  fois  l'objet  de  discussions  ridicules  et  de  dé* 
fenses  sévères ,  dont  on  s'est  toujours  moqué.  En  Europe  plu- 
sieurs médecins  se  sont  élevés  en  diflérens  temps  contre  l'usage 
de  cette  liqueur,  et  ont  préVendu  qu'elle  étoil  contraire  à  la 
santé  y  tandis  que  d'autres  prônoient  au  contraire  avec  en- 
thousiasme ses  vertus  salutaires.  Au  milieu  de  ces  contradic- 
tions l'habitude  a  prévalu  ,  et  le  goût  du  café  est  aujourd'hui 
/général  dans  les  quatre  parties  du  monde.  Si  celte  boisson 
cloit  pernicieuse,  seroit-elle  devenue  comme  une  espèce  dm 
beaoinpourun  si  grand  nombre  d'hommes?  Non  sans  doute^ 
son  excès  seul  est  nuisible  comme  l'excès  du  vin. 

Tje  café  contient  une  grande  portion  d'acide,  un  extrait 
gommeux ,  résineux  et  astringent ,  beaucoup  d'huile ,  du 
sel  fixe  et  du  sel  volatil  ;  le  feu  détruit  son  goût  de  crudité  et 
ia  partie  aqueuse  de  son  mucilage  ;  il  le  dépouille  de  9^^  pro* 
pnéftés  sahnes  ,  et  rend  son  huile  empyreumatique  ,  d'où  lui 
xïetxt  cette  odeur  piquante  qui  réveÛle  et  fait  plaisir  \  car  1» 
&«  agit  sur  les  hmles  végétale9  de  la  méote  manière  que  sur 


76  C  A  F 

les  viandes  qui  ^  étant  ftrilléef ,  acquièrent  une  odeur  agréable 
ti-èft-propre  à  exciter  1  appétit. 

JLe  café  fortiûe  restomac  ,  aide  à  la  digestion  et  tient 
éveillé.  Il  dissipe  la  4angueur  et  les  soucis ,  fait  éprouver  4 
riiomme  un  sentiment  de  bien-être ,  et  répand  dans  tous  ses 
membres  une  chaleur  vivifiante  et  douce.  11  soulage  sensible- 
ment dans  les  migraines  et  les  maux  de  tète  ;  la  tête  est  la 
partie  sur  laquelle  il  a  le  plus  d'action  :  son  usage  ordinaire 
est  un  moyen  presque  infaillible  de  prévenir  l'apoplexie ,  la 
paralysie  et  la  plupart  des  maladies  soporeuses.  11  arrête 
aussi  les  mauvais  effets  de  l'usage  immodéré  de  l'opium.  On 
sait  que  les  Turcs  ont  souvent  recours  à  l'opium  comme  à 
un  cordial  spécialement  destiné  à  réveiller  leur  courage  à  la 
guerre ,  ou  leur  tempérament  dans  le  plaisir  ;  mais  son  action 
est  bientôt  après  smvie  de  lassitude  on  d'un  abattement  sin-- 
gulier  des  esprits.  Pour  recouvrer  alors  leurs  forces^  ils 
prennent  du  café.  Les  Persans  disent  que  cette  boisson  a  été 
inventée  par  l'ange  Gabriel  pour  rétablir  la  santé  de  Ma- 
liomet.  Tous  les  peuples  qui  la  connoissent  en  font  l'élofle  et 
leurs  délices.  Cette  liqueur  est  très-recherchée  des  Ëaropeens. 
Elle  inspire  une  aimable  gaieté  à  ceux  qui  se  réunissent  pour 
en  boire;  elle  fait  naiti'o  les  bons  mots»  favorise  les  épanche- 
mei^s  de  Familié ,  déride  les  fronts  sévères ,  et  peut  réconcilier 
quelquefois  deux  ennemis.  Elle  ne  convient  pourtant  pas  à 
tout  le  monde.  Les  hommes  d'un  tempérament  sec ,  ardent, 
bilieux  et  sanguin  »  ceux  qui  sont  très-sensibles  et  qui  ont  le 
genre  nerveux  très-irritable ,  doivent  s'en  abstenir.  Elle  est 

Sréjudiciable  aux  enfans ,  et  aux  femmes  lorsqu'elles  sont 
isposées  aux  maladies  inflammatoires  ou  convulsives.  Maia 
les  sens  qui  ont  un  excès  d'embonpoint  y  les  tempéramena 
pitmteux ,  les  personnes  sédentaires  et  phlegmaliques ,  peu- 
Tent  sans  crainte  faire  un  usage  modère  du  café. 

Les  Orientaux  prennent  du  cafk  toute  la  journée ,  et  jus- 
qu'à trois  ou  quatre  onces  par  jour;  ils  le  font  épais  ,  et  le 
boivent  chaud  dans  de  petites  tasses  »  sans  lait  ni  sucre,  maia 
parfumé  avec  des  clous  de  girofle ,  de  la  cannelle  ,  des 
grains  de  cumin  ou  de  Tessence  d'ambre.  Les  Persans  rô- 
tissent l'espèce  de  coque  qui  enveIop})e  la  semence  ,  et  ils 
l'emploient  avec  la  semence  même,  pour  préparer  rinfu*> 
aion  à  leur  manière  ;  la  liqueur ,  selon  eux ,  en  est  meilleure. 
Les  Turcs  font,  avec  la  pulpe  de  la  cerise  ,  une  boissoti. 
agréable ,  très^rafraîchissante  ;  cVst  le  café  à  la  sultane.  On 
donne  aussi  ce  nom  a  la  décoction  légère  des  graines  non  i^ô-» 
ties ,  qui ,  prise  avec  un  peu  de  sucre,  est  propre  à  fortifier 
l'estomac  et  à  rétal  '*r  rapj>étit.  Enfin ,  quelques  personnes^ 


C  A  F  7  »^ 

«pràs  ayoir  fait  griller  le  café ,  au  lieu  de  le  moiidié  en  cet 
état,  yeraent  de Teau  boiûQante  «ur  le  grain  entier,  et  com- 
poaent  ainsi  une  boisson  parfumée  et  saine,  moins  forte  que 
celle  dont  on  fait  communément  usage.  La  fève  du  café  tor- 
réfiée ,  réduite  en  poudre  et  infusée  à  feau  bouillante' ,  est  la 
préparation  la  plus  généralement  adoptée.  Elle  exige  des 
soins  particuliers  et  beaucoup  de  petites  précautions,  sans 
lesquelles  la  liqueur  qui  en  résulte  est  acre  ou  amère,  sans 
parfum ,  et  souvent  plus  nuisible  que  salutaire. 

lie  choix  du  grain  est  une  chose  importante.  Il  doit  être 
petit ,  parfaitement  sec ,  difficile  à  casser  sous  la  dent,  d'une 
couleur  légèrement  jatmâtre  >  parfumé ,  et  sans  odeur  étran* 
gcre  quelconque.  Vieux  ou  nouveau ,  peu  importe ,  pourvu 
qu'il  ah  été  cueilli  après  son  entière  maturité ,  et  qu'il  ait 
perdu  toute  son  eau  de  végétation.  Pourquoi  pré(ere-t-on 
communément  le  vieux  café ,  et  pourquoi  dit-on  qu'il  est 
meilleur  ?  c'est  parce  que  la  plupart  de  ceux  qu'on  nous  ap«« 
porte  des  Indes  Occidentales ,  ayant  été  récoltés  verts ,  ont 
besoin  que  le  temps  achève  leur  dessication.  Loin  que  le  ca(% 
vieux  soit  préféraole,  je  pense,  au  contraire,  avec  Miller, 
que  le  nouveau  l'emporte  en  qualité  ;  il  doit  avoir ,  et  il  a 
en  effet  plus  de  parfum ,  plus  de  goût ,  et  contient  une  plus 
grande  quantité  d'huile.  On  suppose  qu'il  soit  venu  dans  un 
sol  plutôt  sec  qu'humide  ,  et  qu'à  ait  été  récolté  et  séché  à  la 
manière  des  Arabes.  J'en  ai  fait  plusieurs  fois  l'expérience  à 
Saint-Domingue.  Le  café  de  cette  lie  passe  pour  être  de  la 
quatrième  qualité.  Ceux  de  Moka,  de  Bourbon  et  de  la  Mar^' 
Hmque ,  sont  plus  estimés  dans  le  commerce.  Cependant  j'ai 
bu  du  café  de  Saint-Domingue  £iit  avec  un  grain  récolté  six 
aemaines  auparavant,  qui  étoit  aussi  bon,  sinon  meilleur, 
que  le  café  fait  avec  du  Moka  de  deux  ou  trois  ans.  Je  cueiUois, 
a  la  vérité,  moi-même  la  cerise  au  moment  où  elle  étoit  prêle 
à  tomber  ;  elle  étoit^ussi-tôl  dépouillée  de  sa  ptdpe ,  et  le  grain 
étoit  séché  au  soleil  très-promptement.  Je  letoiréfîois,  quand 
il  ceasoil  de  diminuer  de  volume,  et  quand  j'avois  de  la  peine 
à  le  briser  entre  les  dents.  D'ailleurs,  j'employois, dans  la 
préparation  des  deux  cafés,  les  mêmes  soms  et  les  mêmes 
proportions. 

AfMrès  le  chcHX  du  grain  ,  une  condition  essentielle  pour 
prendre  d'excellent  café,  c'est  de  mettre  le  moins  d'inter- 
valle possible  entre  sa  torréfaction  et  son  infusion.  Les  Arabes 
préparent  ainsi  le  leur.  Mais  jusqu'à  quel  degré,  dans  queU 
vaiseeaux  et  de  quelle  manière  doit-on  le  lorréfier  et  le  faire 
jofu^er  ?  Voilà  ce  qu'il  importe  de  savoir  et  ce  qu'il  n'est  pas 
'  '   pourtant  de  déterminer.  On  auroit  obligation  aui:  clbi- 


7»  C  A  F 

mules  a'ik  indiquoient  un  appareil  peu  coûteux ,  qvd,  dalt* 
lea  deux  opérations,  retint  la  vapeur  du  café  dans  les  vase». 
Car  les  parties  balsamiques  les  plus  pures  sont  dissipées  par  le 
procédé  ordinaire ,  soit  qu'on  fasse  usage  de  la  poêle  ou  du 
tambour,  de  la  cafetière  ou  de  la  gi^ecquc  (i). 

Les  vaisseaux  de  fer  sont  les  plus  propres  à  torréfier  le 
café ,  et  préférables  aux  vaisseaux  de  terre  vernissée  ;  l'usage 
de  ceux-ci  peut  devenir  pernicieux ,  parce  que  rémail  on 
vernis  de  la  terre  s  éclate  par  la  chaleur,  tombe  et  se  niéle* 
quelquefois  au  café.  Ce  grain,  brillé  dans  un  tambour  ou  mou-* 
lin  neuf,  contracte  dans  les  premiers  temps  une  odeur  désa- 
gréable, qu*il  ne  prend  plusquand  le  tambour  a  servi  pendant 
quelque  temps.  Cette  manière  de  le  rôtii*  est  moins  fatigante  que 
la  ton*éfaction  à  la  poêle,  et  il  est  rôii  plus  également;  cepen- 
dant il  ne  peut  jamais  Tétre  au  poiut  convenable ,  si  l'on  méie 
ensemble  plusieurs  sortes  de  café  ,  qui ,  variant  en  qualilé  et 
•iccilé,  exigen  t  nécessairement  difierensdegrés  de  chaleur.  De- 
puis le  commencement  de  Topération  jusqu'à  la  fin,  on  doit 
entretenir  dans  le  fourneau  un  feu  égal  et  doux,  et  tourner  sans 

_  _ __»  ._ 

(i)  Henrion  le  jeane  ,  ferblantier  de  Paris,  rue  de  la  Loi,  vient 
d'ioTcnter  une  cafetière  pharmaco- chimique  ^  trè:«propre  à  infuser 
le  café  sans  qu'il  |>erde  rirn  de  son  principe  ▼olatil  et  aromatique. 
Cette  cafetière ,  qui  1im  a  valu  un  brevet  d  invention  du  gouverne- 
ment ,  contient ,  dans  son  intérieur^  une  boite  cylitidriq.  e  à  jour, 
laquelle  renferme  une  grille  à  trois  plans  perpendiculaîies,  entre 
lesquels  se  place,  par  proportion ,  le  café  ,  afin  d'en  éviter  le  trop 

Î;rand  entassement.  On  le  torréfie  comme  k  l'ordinaire ,  et  au  lieu  de 
e  moudre ,  ce  qui  en  diminue  la  qualité ,  on  se  contente  de  le  broyer. 
\a  cafetière  est  à  double  fond  ;  à  ss  superficie  se  trouvent  deui  ori- 
fices ou  l'origine  de  deux  conduits.  Dans  l'un  et  l'autre ,  et  lorsque  le 
cafc  est  dans  la  grille  interne  et  bien  couvert,  on  verse  de  l'eau  bouil- 
lante ,  d'abord  par  le  conduit  qui  aboutit  au  corps  inlérieur  où  lo 
café  est  déposé»  ensuite  par  celui  qui  donne  dans  l'intervalle  compris 
entre  les  aeuz  corps.  On  rebouche  les  orifices  pour  empêcher  l'éva- 
poiation.  Après  vingt  ou  trente  minutes  d'infusion  ,  on  soutire  la  li- 
queur par  un  robinet^  placé. au  l>as  de  la  cafetière.  Le  calé,  ainsi  fait, 
offre  une  belle  couleur  dorée  pi  conserve  le  goût  du  fruit ,  et  il  a  plus 
de  parfum  et  de  mordant  que  le  café  ordinaire.  Une  livre  de  cette 
graine  concassée >  donne  trente  tasses.  La  dose  est  d'une  demi-onco 
environ  par  tasse  ;  mais  si  l'on  en  ajoute  une  once  sur  un  marc  de  sis 
tasses,  on  aura,  en  le  laissant  infuser  un  peu  plus  long*temps,  six 
nouvelles  tasses  ,  qui  ne  céderont  point  en  bonté  aux  précédentes. 
Au  reste ,  si  dans  la  même  cafetière ,  on  avoit  laissé  refroidir  une  in- 
fusion de  café ,  il  ne  s'agiroit,  pour  lui  restituer  la  plus  grande  cha- 
leur, que  de  retirer  l'eau  du  double  fond  qui  fait  l'office  du  baio^ 
marie,  et  de  lui  substituer  de  l'eau  bouillante. 

La  cafetière  pharmaco^chimique  d'Henrion ,  peut  être  aussi  em-> 
ployée  &  infuser  toute  autre  graine ,  et  toute  racine  ou  substance  vé- 
gétale dont  on  a  intérêt  à  ne  pas  laîsMc  inntilement  dissiper  le* 
.principes  volatils. 


CAP  f}^ 

cesse  la  manivelle  da  tambour  ;  aussi-tAt  que  la  premier» 
odeur  du  café  brûlé  se  fait  sentir ,  on  retire  le  tambour  du 
fourneau  ,  et  après  en  ayoir  ouvert  la  porte ,  on  examine  si 
la  couleur  du  café  approche  de  celle  de  la  cannelle  ou  du 
tabac  mpé.  C'est  Tindice  sûr  du  degré  juste  de  torréfaction, 
qu'il  faut  tâcher  d'atteindre ,  sans  pourtant  le  dépasser.  Car 
u  le  café  n'est  pas  assez  rôti ,  il  perd  de  sa  qualité ,  charge  et 
oppresse  l'estomac  ;  s'il  l'est  trop ,  il  devient  acre,  prend  un 
^oût  de  brûlé  désagréable ,  échauffe  et  agit  comme  astrin- 
gent. Quand  il  a  acquis  la  couleur  prescrite ,  on  le  retire, 
bieu  vite  de  dessus  le  feu ,  et ,  après  avoir  tourné  le  tanr- 
bour  à  l'air  pendant  environ  deux  minutes,  on  verse  le  grain 
sur  un  corps  froid ,  tel  que  la  pierre  ou  le  marbre ,  afin  d'ar- 
rêter l'évaporation  de  ses  principes  ;  et  aussi-tôt  qu'il  est  par- 
faitement refroidi ,  on  le  met  dans  un  vase  quelconque ,  do 
faïence ,  de  grès  ou  de  fer  blanc ,  peu  importe ,  pourvu 
qu'on  ait  soin  de  fermer  après  le  vase  très  -  exactement. 
Quelques  personnes  ont  l'habitude  de  l'étouffer  dans  une 
bervielte  ou  dans  du  papier.  Cette  pratique  est  mauvaise.  Ce» 
corps  s'imprègnent  de  la  partie  huileuse  du  café,  et  on  ne  la 
retrouve  plus  dans  la  boisson. 

Le  ea/i  ne  doit  jamais  être  moulu  non  plus  avant  son  entier 
ivfroidissementi  Sa  substance  ayant  été  rendue  pâteuse  par 
faction  du  feu ,  l'est  toujours  un  peu  tant  qu'elle  conserve 
un  reste  de  chaleur  ;  et,  dans  cet  état,  elle  embari'assei'oit  la 
noix  du  moulin  et  ne  passeroit  pas. 

Il  y  a  peu  de  matières  végétales  que  la  décoction  ou  Fin- 
fiuibn  dénaturent  autant  que  le  café.  On  doit  donc  apporter 
beaucoup  de  précision  et  de  soins  à  composer  cette  boisson. 
Quand  on  est  pi-essé ,  on  peut  faire  usage  de  la  grecque.  Oix 
met  du  café  en  poudre  dans  une  chausse  un  peu  claire ,  et 
on  verse  paiMlessus  une  certaine  quantité  d'eau  bouillante. 
La  liqueur  tombe  toute  faite  dans  un  vase  préparé  au-dessous. 
Cette  méthode  est  bonne.  Mais,  pour  boire  d'excellent  café^ 
il  vaut  mieux  employer  la  suivante.  £Ue  consiste  à  jeter  la. 
poudre  daus  une  cafetière  pleine  d'eau  qui  bout.  La  propor- 
iioa  est  de  deux  onces  et  demie  de  café  pour  deux  livres 
d'eau  ou  une  pinte  d'eau  mesure  de  Paris.  On  remue  le 
ttièhnge  avec  une  cuiller,  et  on  retire  aussi- tôt  d'auprès  du 
feu  la  cafetière  ,  qu'on  laisse  au  moins  deux  heures  sur  les 
cendres  chaudes,  hermétiquement  couverte.  Pendant  le  temps 
de  rinTusion ,  on  agite  de  nouveau  la  liqueur  à  diverses  re- 
luises avec  un  moussoir  ou  bâton  à  chocolat ,  et  on  la  laissé 
2  h  fin  reposer  pendant  un  quart-d'heure.  ElUe  est  alors  tirée 
àdair»  iJe  café  préparé  ainsi  ^  est  parfait.  Dans  les  grandes 


«o  CAP 

maûons  et  chez  les  limonadiers,  on  le  clarifie  avec  la  colle  dé 
poisson  ;  c'est  le  moyen ,  sans  doute ,  de  le  rendre  très- 
agréable  à  la  rue,  mais  on  lui  ôte,  par  cette  addition,  une 
grande  partie  de  son  parfum.  Quand  cette  boisson  est  bien 
faite ,  elle  e.Ht  limpide,  claire,  nullement  chargée ,  ni  rendue 
trouble  par  les  plus  petites  particules  de  ia  substance  du  café; 
et  elle  offre,  dans  la  tasse,  une  couleur  è-peu-près  noire, 
avec  une  bordure  de  couleur  marron. 

La  meilleure  manière  de  consen^er  le  café ,  est  de  le  tenir 
«uspendu  dans  un  sac  à  couvert,  et  exposé  dans  un  endroit 
où  il  rè^ne  un  grand  courant  d'air.  On  appelle  café  mariné 
celui  qui  a  été  mouillé  par  leau  de  la  mer  ;  on  en  fuit  peu  de 
cas ,  à  cause  de  Tâcreté  saline  que  la  tori^faction  lui  ôte  diffi- 
cilement. Pour  corriger, autant* qu'il  est  possible,  sa  mauvaise 
qualité ,  il  faut  le  jeter  dans  Teau  bouillante ,  l'y  laisser  quel- 
ques minutes ,  et  faire  sécher  ensuite  le  grain,  dans  une  étuve , 
ou  a^ti  gratid  soleil. 

Dans  quelques  pays  on  fait  une  espèce  de  café  avec  les  ra- 
cines de  chicorée.  Suivant  M.  Morescliini ,  les  graines  torré- 
fiées du  blé  noir  ou  sarrasin ,  donnent  aussi  une  sorte  de  café 
très-savoureux  et  très-sain. 

Outre  le  caféyer  arabique ,  il  y  a  encore  dix-huit  espèces  de 
caféyer  connues  des  botanistes ,  savoir  :  celle  qui  e&t  indigène 
k  Pile  Bourbon ,  et  dont  nous  avons  parlé.  Le  caféyer  mono'^ 
êperme  de  Saint  -  Dominsue ,  deux  espèces  naturelles  à  la 
Guiane ,  quatre  qui  croissent  dans  les  iles  de  la  mer  du 
Sud ,  et  dix  autres  trouvées  dernièrement  dans  les  forêts  dea 
Cordilières  par  les  auteurs  de  la  Nouvelle  Flore  du  Pé^ 
rou.  (D.^ 

CAFÉ  FRANÇAIS.  On  donne  ce  nom  au  Chiche,  avec 
le  fruit  duquel  on  fait  quelquefois  une  espèce  de  café.  Voyez 
au  mot  Chiche,  (fi.) 

CAFRË  {Falco  vuliurinuê  Lath.  fig.  Iliet.  nai.  dee  oie. 
J^ Afrique ,  i)ar  Levaillant,  n^6.)  ,  oiseau  du  genre  des  Fau- 
cons et  de  1  ordre  des  Oiseaux  de  proie.  {Voyez  ces  mots.) 
C'est  un  de  ces  êtres  que  les  méthodes  ne  peuvent  saisir  ;  il 
tient  &-la-foisdes  aigles  et  des  vautours;  cependant  il  a  plua 
de  rapports  avec  le»  premiera  ;  et  Le%'aillant ,  qui  Ta  décou- 
vert ,  le  regarde  comme  un  aigle  ,  quoique  par  son  bec  ,  si*s 
•erres ,  et  quelques  habitudes  ,  cet  oiseau  se  rapproche  beau- 
coup des  vautours.  Sa  taille  égale  celle  du  grand  aigle;  son  bec 
est  même  plus  fort ,  mais  ses  serres  sont  plus  toibles  ;  des 
plumes  revi^tciit  ses  pieds  jusqu'aux  doigts  ;  sien  ailes  ,  pliées  ^ 
•'étendent  fort  an-delà  du  bout  de  la  queue  ,  dont  la  poiuto 
est  arrondie,  uaée  et  élimce.  Tout  le  plumage  est  d'un  noUr 


C  A  G  8i 

mât,  avec  quelques  reflets  btninâtres  sur  les  aSes  ;  le  bec  est 
iauaàlre  et  sa  membrane  bleuâtre  ;  Tiris  des  yeux  est  d'un 
brun  marron  ;  les  doigts  sont  d'un  jaune  terne  et  les  ongles 
noirs. 

Le  nom  de  cafre  ,  que  LevaOlant  a  imposé  à  cet  oiseau  de 
proie ,  indique  qu'on  le  trouve  dans  la  Cafrerie  y  où  il  est 
néanmoins  as.$ez  rare  ;  on  ne  le  voit  point  en  troui^es ,  mais 
seulement  par  paires  ;  et  avant  de  pouvoir  s'enlever  de  terre 
pour  prendre  son  vol ,  il  marche  et  saute  quelque  temps  à  la , 
manière  des  vautours  ;  son  aire  est  placée  siu*  les  rochers;  les 
charognes  sont  sa  nourriture  habituelle  ;  il  attaque  quelquefois 
des  agneaux  pour  les  dévorer  sur  place  ;  car  jamais  il  n'em- 
porte de  proie  dans  ses  serres^  même  quand  il  a  des  pe- 
tite. (S,) 

GAGAO.  C'est  ainsi  que  les  Indiens  nomment  le  calao  den 
Philippines.  Voyez  au  mot  CaLiAO.  (S.) 

CAGARELLË.  On  appelle  de  ce  nom ,  dans  quelques 
ports  de  France  ,  le  Sparjb  cagarelle.  Voyez  au  mot 
Sfare.  (fi.) 

CAGAROL.  C'est  ainsi  qu'on  appelle ,  sur  les  côtes  de  la 
Méditerranée ,  les  coquilles  du  genre  Sabot  ^  qui  sont  nacrées 
en  dedans.   Voyez  au  mot  Sabot.  (B.) 

CAGE  {Anas  hyhrida  Lath.  )y  espèce  d'OiE  {Voyez  ce 

moU  )  particulière  aux  îles  de  l'Archipel  de  Chiloè* ,  où  les 

naturels  lui  ont  donné  le  nom  de  cage.  L'abbé  Molina  ,  qui 

la  décrite  dans  son  Histoire  naturelle  du  Chili  y  lui  a  imposé 

la  dénomination  spécifique  A*oie  hybride  ^  a  à  cause ,  dit-il^ 

D  de  la  difierence  remarquable  entre  la  couleur  du  plumage 

Tk  dans  les  deux  sexes  ».  Le  mâle  est  en  effet  tout  blanc  ;  Ja 

femelle  ,  au  contraire ,  est  noire;  plusieurs  de  ses  plumes  ont 

seulement  quelques  filets  blancs  en  bordure.  Le  bec  et  les 

pieds  du  mâle  sont  jaunes  ;  ceux  de  la  femelle  sont  rouges.  - 

Du  reste ,  le  cage  est  de  la  grosseur  de  notre  oie  domestique  ; 

maïs  son  cou  est  plus  court ,  et  les  pennes  de  ses  ailes  et  de 

sa  queue  apnt  plus  longues  ;  la  queue  se  termine  en  pointe , 

et  le   bec  à  demi-cylindrique ,  est  garni  à  sa  base  par  une 

membrane  rouge. 

L'on  ne  voit  point  cette  espèce ,  comme  les  autres  du 
même  genre^  en  troupes  nombreuses  et  bruyantes.  Les  cagea 
virent  0oiiiaii*es;  mais  leur  solitude  est  pleine  de  chai  mes  , 
puisque  loin  du  tumulte^  chaque  couple  isolé  sait  se  suffire , 
taimer  ,  et  s'aimer  sans  cesse  comme  sans  partage.  Dans  la 
nombreuse  tribu  des  oies,  le  cage  et  le  kasarka  sont  les 
ttvls  qui  préfèrent  ainsi  le  calme  et  la  douceur  de  la  retraite 
embellie  par  les  charmes  d'une  union  constante^  aux  agitation^ 

IV.  y 


89  C  A  J 

d'une  société  souvent  tumultueuse.  (Foyez  TOiE  Kasarka.) 
Au  temps  de  la  ponte ,  les  coffes  se  retirent  sur  le  rivage ,  et  la 
femelle  y  dépose  huit  œu&  blancs ,  dans  une  cavité  qu'elle 
creuse  dans  le  sable.  (S.)  ^ 

CAGNOT.  On  donne  vulgairement  ce  nom  à  deux  pois- 
sons du  genre  squale,  le  Squale  glauque  et  le  Squale 
^iUATAUKE ,Squalus galeus  Linn.  F^ojez  au  mot  Squale.  (B.) 

ÇAGUI ,  est  le  aagoin  au  Brésil ,  selon  Marcgrave.  F'oye» 
Sagoin.  (S.) 

CAHOANE  ou  CAOUANE.  On  appeDe  ainsi  une  es- 
pèce de  Tortue  de  mer.  Voyez  au  mot  Tortue.  (B.) 

CAHUITAHU.  Les  sauvages  qui  habitent  les  bords  de 
la  rivière  des  Amazones ,  appellent  ainsi  le  kanùchi,^ta'  imi- 
tation de  son  cri.  F'oyez  Kamichi.  (S.) 

CAI ,  ou  SAI.  {Voyez  ce  mot) C'est  an  singe  d'Amérique^ 
de  la  famille  des  Sagoins.  (V.) 

CAICA  (  Psittacus  caïca  Lath.  6g.  pi.  enl.  de  Buffon , 
n^  744.)  ,  oiseau  du  genre  des  Perroquets  ,  et  de  l'ordiie  des 
Pies.  {Voyez  ces  mots.)  Buffbn  en  a  fait  avec  le  maipouri  un 
petit  genre  qui  paroit  faire  la  nuance  pour  la  grandeur  entre 
hi  tiùbu  des  Pafeoais  et  celle  des  PerrIches.  (  Voyez  ces  mots, 
et  VHiat,  nat.  des  Oiéecmx  nar  Buffon  ,  voL  44  ,  page  3i  de 
mon  édition.,)  Cet  oiseau  a  la  tête  enveloppée  d'une  grande 
coiffe  noii-e  qui  s'étend  fort  bas ,  et  s'élargit  en  deux  menton- 
nières également  noires  \  le  cou  e&t  d'un  jaune  mordoré  ;  une 
tache  oblongue  de  la  même  couleur  se  remarque  sur  l'aile , 
dont  le  bord  est  bleu  d'azur  ;  le  reste  du  plumage«est  d'uu 
vert  brillant ,  avec  quelques  reflets  bleuâtres  au  bout  de  la 
queue  ;  le  bec  est  nou*âtre  y  teinté  de  rouge ,  et  les  pieds  sont 
gris. 

Le  caica  est  tme  des  petites  conquêtes  ornithologiqnes  qui 
'appailieniient  ;  je  l'apportai  en  France ,  et  je  fus  même 


partie  de  1  Amériqi 

Sar  petites  troupes ,  y  rester  pendant  la  belle  saison  des  mois 
e  septembre  et  d'octobre ,  et  en  repartir  sans  que  l'on  sache 
ni  où  ils  vont^  ni  de  quel  pays  ils  viennent.  (S.) 

CAJEPUT ,  nom  d*une  huile  qu'on  retire,  par  la  distilla- 
tion ,  des  feuilles  du  Melaleuque  a  bois  blaKc  ,  dans  les 
Moluques;  huile  qui  a  une  couleur  verte ,  une  odeur  de  té- 
rébenthine, une  saveur  analogue  à  celle  de  la  menthe  poivrée , 
et  qui  y  appliquée  sur  une  dent  gâtée ,  la  ronge  et  la  fait  tom- 
ber par  morceaux  sans  douleur  :  elle  est  aussi  carminativ^ 


C  A  ï  83 

^  emméni^ogue.  Celte  huile  est  le  meilleur  moyen  qu'on 
puisse  employer  pour  garantir  les  collections  d'histoire  nalu-* 
relie ,  sur-^tout  d'insectes^  de  la  voracité  des  animaux  destnic- 
lears.  Il  suffît  de  tenir  des  papillons  pendant  quelques  mois 
dans  une  botte  qui  en  contient  quelques  gouttes,  pour  que  les 
dermestes  et  les  ptines  n'en  approchent  plus  de  jdusieura 
années. 

Thnnberg  a  publié  une  dissertation  sur  cette  huile.  TB.) 
CAI6UA  ,  espèce  de  Momordiqub  du  Pérou  ,  dont  on 
mange  le  fruit,  f^oyez  le  mot  Momordiqujb.  (B.) 

CAILLE  (  Perdix  cotwrrdx  Latham ,  pL  enl.  n^  170  do 
YHUi,  natur.  de  Buffon ,  ordre  des  Gallinacxes  ,  genro 
de  la  Perdrix.  Voyez  ces  deux  mots.  ).  Cette  espèce  se  trouve 
dans  toute  l'Europe,  une  partie  de  l'Asie,  et  en  Afriquel 
L'on  remarque  quelques  dissemblances  dans  le  plumage  du 
mâle  et  de  la  femelle  ;  celle^i  a  la  poitrine  blanchâtre ,  par^ 
oemée  de  taches  noires  et  presque  rondes ,  et  n'a  point  de  noir 
i  la  gorge  (les  jeunes  sont  de  mâme  privées  de  cette  couleur^  ; 
du  reste  elle  ressemble  au  mâle ,  qui  a  le  dessus  de  la  tête  vané 
de  noir  et  de  roussâtre ,  avec  trois  bandes  longitudinales , 
étroites  et  blanchâtres;  l'une  est  sur  le  sommet  de  la  tête  ;  les 
deux  autres  sont  sur  les  côtés,  et  passent  au-dessus  des  jeux  ; 
le  cou ,  le  dos ,  le  croupion  et  les  scapulaures  offrent  un  mé- 
lange de  jaunâtre  ,  de  noir  ,  de  roux  et  de  gris  ;  le  jaunâtre 
tient  le  milieu  de  la  plume ,  et  les  autres  sont  sur  les  bords  et 
k  l'extrémité  ;  la  poitrine  est  rousaâtre  ;  le  ventre  d'un  blano 
sale  ;  les  couvertures  des  ailes  sont  d'un  brun  roux ,  et  chaque 
|dume  a  dans  son  milieu  ime  petite  ligne  longitudinale  jau- 
nâtre fies  pennes  des  ailes  sont  d'un  giîs  brun,  et  à  l'exté- 
rieur ,  variées  de  bandes  transversales  roussâtres  :  ces  mêmes 
bandes  se  trouvent  aussi  sur  la  queue  ,  dont  le  fond  est  noi-* 
râlre  ;  bec  cendré  ;  pieds ,  couleur  de  chair  ;  longueur,  sepV 
pouces  six  lignes. 

I]  existe  certainement  beaucoup    de  rapports  entre  les 

eaiiUê  et  lez  perdrix  ,  aussi  les  appelle-tron  perdrix  nainês  , 

petiie*  perdrix.  Comme  celles-ci  ,  les  caillée  sont  des  oiseaux 

poivérateurs  ;  elles  se  nomrissent  des  mêmes  alimens ,  cons- 

tmisent  leurs  nids  dans  les  mêmes  endroits ,  mènent  leurs 

petits  à-peu-près  de  la  même  manière  ;  les  mâles,  aussi  que- 

i^euTB  y  aussi  disposés  à  se  battre ,  sont  peut  -  être  encone 

plus  lascifii.  Mais  u  y  a  entre  eux  des  dissemblances  qui  ca- 

raclériaent  bien  deux  espèces  séparées  ;  outre  la  taille ,  qui 

e«a  inférieure  ,  elles  ont  un  plumage  différent  ;  les  mâles  ne 

Ibnt  entendre  leur  cri  de  colère  qu'en  se  battant  ,  et»  lea 

perdrix  avant  le  combat.  Elles  ont  les  m»urs  moins  douces^ 


«4  CAI 

le  naturel  plus  rétif  ^  ne  se  réunissent  point  par  compftgnles; 
I)  mèi*e  seule  est  attachée  à  ses  petits  ,  mais  pour  .peu  do 
temps  ;  elles  ne  se  rassemblent  qu'à  leur  clépai*t  et  à  leur  re^ 
tour  ,  encore  cette  réunion  n  est  p<»nt  un  acte  social ,  ayant 
toutes.,  à  la  même  époque  ,  le  même  bnt  ;  voyageant  a-])eu« 
près  dans  la  même  direction ,  elles  se  trouvent  en  même 
temps  dans  les  mêmes  cantons^  sans  cependant  s  être  al  trou- 
pées  comme  les  autres  oiseaux  :  dans  tout  autre  temps ,  elles 
vivant  isolément  ;  entin ,  le  mi^le ,  un  des  oiseaux  qui  recher- 
che la  femelle  avec  le  plus  d'ardeur  ,  n'en  préfère  aucune  ; 
XLXiè  fois  ses  désirs  satisfaits ,  toute  société  est  vompue  :  il  ne 
la  recherche  ,  ou  une  auti*e  5  que  lorsque  ses  désirs  renais- 
sent. Mais  le  temps  que  la  nature  a  fixé  pour  ses  jouissances 
.  e^^  passé,  il  les  qmtte  ,  les  fuit  ^  les  repousse  même  à  coup 
de  bec ,  et  ne  s'occupe  nullement  du  soin  de  sa  progéniture. 
Cette  antipathie  pour  ses  semblables  est  tellement  naluiielle 
AUX  cailles ,  que  les  jeunes ,  à  peine  adultes ,  se  séparent  ;  et 
si  on  les  met  dans  un  Heu  fermé ,  ils  se  battent  enire  eux ,  ne 
connoissent  point  de  sexe ,  et  finissent  souvent  par  se  détruire 
les  uns  les  autres.  Pour  empêcher  cette  destruction ,  Von  pose 
de  bout  des  boltesde  paille  longue;  lesphis  tbifoles  y  trouvent  leur 
retraite  contix;  les  plus  forts  ;  et  toutes  \  la  solitude  qui  leur  est 
nécessaiiie  :  d'api'ès  ce  tableau ,  l'amour  seroit  le  seid  lien  qui 
réunit  les  cailles .,  et  ce  lien  seroit  sans  consistance  pendant 
ime  très-courte  durée.  Getie  assertion  paroît  adoptée  par  la 

I)lus  grande  partie  des  natiu^listes  et  des  chasseurs  ;  d'autres 
a  rejettent  Lottinger  (  Mémoire  eur  le  cotêcou  d  Europe , 
pag,  iy,\  pense  qu'i|  est  plus  naturel  de  croire  que  les  màles, 
auxquels  on  donne*  de  pareilles  mœurs ,  ne  les  ont  que  (Mirco 
au'ils  ne  sont  pas  appariés ^  mais  que  ceux  qui  le  sont ,  restent 
iidèles  à  leur  compagne  ;  et  il  cite  des  faits  pour  fortifier  son 
opinion,  a  Une  personne,  dit -il ,  avoit  placé  une  caiUc  fe- 
»  raelle,qui  lui  servoit  d'appeau ,  a  côté  d'un  mâle  qui  s'étoit 
3»  souvent  (ait  entendre*  L'oiseau  prisonnier  fit  de  son  mieux  , 
9  mais  ses  invitations  ,  quoique  réitérées ,  n'eurent  aucun 
3>  succès; le  chasseur  ,  étonné  d'une  indifférence  à  laquelle  il 
9  ne  s'étoit  pas  attendu ,  en  U'ouva  bientôt  la  cause  ,  en  dé- 
^  couvrant  une  femelle  qui  a^t>it  son  nid  dans  le  voisina^ , 
m  et  qui  couvoit.  Les  oiseleurs,  ajoute-t-tl ,  qui  prennent  des 
2)  eailleê  à  l'appeau ,  ont  souvent  occasion  de  remarquer  qu'il 
^  j»  est  des  mâles  qui  se  tiennent  constamment  dans  le  même 
3>  canton  ,  et  qui  résistent  à  tous  les  elTorts  qu'ils  font  pour 
»  les  attirer  dans  leurs  filets*  :  ce  qui  étant ,  n'y  a*t-il  pas  Ui-u 
3&  de ciwre, dit-il, que  cesmàles  ne  sont  insensiblesjque  paree* 
t  qu'ils  sont  appai*iés»?  Celle  inseusibililé  n'eslquappareulc^ 


C  A  I  85 

mUtjn  d'autres  cIiaasetiFs  ;  ce  sont ,  disent-ils  ^des  miles  qui  06 
•ont  échappés  après  avoir  élé  pris. 

Ce  qui  les  disUngue  encore  des  perdrix,  qui ,  hors  le  temps- 
des  amours  ,  se  recherchent ,  et  ne  peuvent  être  long-temps 
jéparées  sans  se  rappeler  sans  cesse  ,  c'est  la  qualité  de  la  chair.. 
Celle  des  cailles  est  assez  susceptible  d'une  charge  de  graisse 
considérable ,  et  est  d'une  texture  différente.  De  plus ,  les  per- 
drix  sont  sédentaires  ;  au  contraire  ,  une  des  affections  lea 
plus  fortes  des  autres^  c'est  de  voyager  ,  de  changer  de  cli- 
mat deux  fois  dans  l'année.  Au  moment  où  le  voyage  s'ef^ 
fectue ,  une  caille  tenue  en  captivité ,  n'ayant  aucune  com- 
munication avec  ses  semblables  y  épi*ouve  une  inquiétude  et 
des  agitations  singiilière&^n'a  pJuA  de  repos  pendant  la  nuit, 
s'azite  de  toute  manière ,  s'élève  dans  sa  cage  avec  une  tello 
violence  contre  le  couvercle  ,  qu'elle  retombe  étourdie  ,  et  ' 
«'y  biîsera  même  la  tête  ,  si  cette  cage  n'est  couverte  d'une 
toile  :  c'est  ainsi  qu'elle  passe  les  nuits  à  l'automne  et  dans  le» 
pi^niiers  jours  du  printemps ,  et  ce  desii*  lui  dure  euviix>n 
trente  jours^  Il  se  fait  sentir  non-seulement  à  celles  que  Ton 
a  prises  adultes^  mais  encore  aux  jeunes  qui  éprises  à  leur  nais-< 
aance ,  ne  peuvent  connoitre  ni  regretter  une  liberté  dont 
elles  n'ont  jamais  joui.  Quelle  est  la  cause  de  ce  désir  inné  de 
changer  de  pays  7  Le  motif  ne  peut  être  le  même  pour  cel- 
les-ci que  pour  les  insectivores.  ,  puisque  vivant  dea  mèmeth 
alimens  que  les  perdrix  »  elles  peuvent^  comme  elles,  trouver 
de  quoi  satisfaire  leurs  besoins.   Ce  ne  seroit  donc  que  la. 
crainte  de  l'excès  des  températures,  puisqu'elles  quittent  les 
contrées  méridionales  au  printemps,  et  s'éloignent  conslam- 
ment  des  septentrionales,  aux  approches  de  Thiver  ;  cepen- 
dant elles  résistent  au  fj*oid  ,  puisque  le  feu  n'est,  pas  néces- 
aaire  dans  une  chambre  pom*.  les  y  consei'ver  y  quelque 
rigoureux  qu^  soit.  Tout  ce  qu'on  peut  alléguer  pour  décî- 
der  ce  qui  peut  donner  lieu  à  celte-  vie  errante  ,  n'est  que 
•pécieux  :  c'est  eiicore  un* de  ces  innombrables  secrets  que  la 
nature  couvre  d'un  rideau  impénétrable.  Quoi  qu'il  en  soit  ^^ 
les  cailles  n'arrivent  ni  ne  partent  à  la  même  époque  du  lieu 
de  leur  naissance  et  de  leur  retraite  hibernale.  Elles  i-evirn- 
nent  dans  les  parties  méridionales  de  la  France  ,  en  Italie,. 
dès  les  premiers  ^ours  d'avril ,  et  elles  arrivent  au  mois  do- 
mai  dans  non  provinces  septentrionales  et  en  Allemagne..  A 
l'automne  ,,  elles  quittent  le  Nord  dès  le  mois  d'août ,  et  le 
Midi  en  septembre  ;  cependant  ces  époques  ne  sont  pas  in- 
variables ,  car  l'on  a  remarqué  que  la  chaleur  ou  le  froid 
avançoit  ou  retardoit  dans  le  même  «pays  le  départ  ou  l'ar- 
rivée» JLieur  passage  sur  les  c6tcs  d'£gyx>te ,  dit  Sonninij^té- 


s 


«6  C  A  I 

moin  oculaire  ^  se  fait  en  septenïbre ,  où  Ton  peat  en  preh* 
dre  alors  une  grande  quantité  le  long  de  la  mer  ;  quelques- 
unes  restent  dans  le  pays ,  puisqu'il  en  a  tiré  en  novembi*e  , 
et  entendu  chanter  en  janvier.  Ce  n'est  donc  pas  le  froid» 
comme  je  Tai  déjà  dit ,  qui  est  la  cause  de  leur  émigration , 
puisque  presque  toutes  quittent  aussi  l'Egypte.  11  faut  qu'au 
passage  eues  y  soient  très-nombreuses  et  à  très-bon  marché, 
puisque  les  capitaines  de  naiire ,  qui  sont  très-économes,  en 
noui^'issent  pendant  ce  temps  leur  équipasse.  Enfin ,  dans 
diverses  îles  de  la  MéditeiTanee  ,  on  les  confît  dans  le  vinai- 

re ,  ou  on  les  sale.  (  Voyez  les  Woyageê  en  Egypte  et  en  Grèce 

e  ce  savant  voyageur.) 
Il  est  peu  d'oiseaux  voyageurs  sur  lesquels  on  ait  fait  tant 
de  oontes  absurdes,  et  auxquels  Ton  ait  contesté  avec  plua 
d'opiniâti*eté  les  moyens  de  voyager  qu'aux  cailles,  sur-tout 
la  faculté  de  ti'averser  la  mer,  et  ce,  malgré  les  témoignages 
incontestables  de  tous  les  marins  et  voyageurs  qui  se  sont  trou- 
vés dans  les  parages  que  ces  oiaeaux  sont  forcés  de  passer  pour 
aborder  en  Afrique,  où  ils  restent  l'hiver.  Ce  qu'il  y  a  d'é-* 
tonnant ,  c'est  que  les  modernes  seuls  ont  réroqué  en  doute 
ce  passage;  tandis  que  les  anciens ,  qui  n'ignoroient  pas  plus 
qu  eux  que  cet  oiseau  avoît  le  corps  loui'd ,  le  vol  court ,  pesant 
et  difficile ,  Fentreprenoit  deux  fois  par  an  :  ils  savoient  > 
€x>mme  eux ,  que  la  caille  aime  mieux  courir  que  voler  ;  que 
même  l'ardeur  excessive  dont  le  mâle  brûle  pour  les  femelles, 
ne  peut  le  décider  que  rarement  à  se  servir  de  ses  ailes  ;  qu'ac- 
courant k  la  voix  qui  l'appelle  au  plaisir,  il  fera  souvent  un 
quart  de  lieue  à  travers  les  grains  et  les  herbes  les  plus  serrées  , 
pour  ven  ir  trouver  sa  compagne  du  moment  ;  que ,  plutôt  que 
de  s'élever,  il  se  laisse  prendi*e  k  la  main  ;  et  que  le  chien  sedl 
le  force  de  s'envoler.  Dans  le  temps  de  ses  amonrs,  ce  ne  pent 
être  une  aurcharge  de  graisse  qui  Pem|)éche  de  voler ,  car  il 
est  alors  maigre;  mais  à  l'automne,  cette  abondance  de  graisse 
en  fait  périr  un  grand  nombre,  si  elles  traversent  une  grande 
étendue  de  mer,  et  si  leur  vol  n'a  pas  pour  aide  un  vent 
favorable.  Le  vent  du  nord  est  celui  aont  elles  profitent  lora* 
qu'elles  quittent  l'Europe  pour  gagner  la  côte  d'Afrique  ; 
celui  du  sud ,  pour  fuii*  les  grandes  chaleurs  de  la  Barbarie^» 
et  revenir  jouir  de  la  douce  température  de  nos  climats*; 
enfin,  le  rumb  de  vent  qui  leur  est  fil^'orabIe  pour  l'un  e| 
l'autre  passage ,  dépend  de  la  situation  du  point  de  départ  e| 
de  retour.  Pour  entrepi^ndi*e  ces  voyages,  on  Knir  donne 
pour  chef,  sans  doute  à  chaque  troujHs,  un  oi.seau  d'utie 
autre  eô])ète ,  auquel  on  donne  le  nom  de  rot  den  caUUè  { le 
râle  de  ictre);  maiscerolc  paie  dosa  vÎQ  un  si  beau  titre  ^  car  lea 


i 


Y 

le 


C  A  I  87 

cailies,  auxquelles  Ton  accorde  dans  ce  choix  une  grande 
sagacité  et  un  profond  discernement ,  le  destinent  à  être  une 
victime  qui  doit  sauver  leur  tête  de  la  voracité  d'un  certain 
oiseau  de  proie  qui ,  à  leur  arrivée ,  dévore  la  première  qui 
paroît  à  terre.  Telle  est  une  des  fables  innombrables  et  don* 
nées  comme  des  vérités  dans  l'histoire  de  ces  oiseaux.  Les 
cailles  changent  de  climat;  mais  ce  qui  est  certain ,  c'est  qu'il 
en  reste  quelquefois 9  soit  qu'elles  n  aient  pas  eu  la  force  de 
suivre  les  autres^  soit  qu'elles  soient  blessées^  ou  que,  prove- 
nant d'une  poute  tardive ,  elles  soient  Irop  jeunes  au  temps 
du  départ.  (Ses  cailles  cherchent  alors  les  expositions  qui  loiu* 
sont  les  plus  favorables ,  et  les  cantons  où  elles  puissent 
trouver  leur  nourriture  :  toutes  se  tiennent ,  au  printemps  , 
dans  les  prés,  les  blés  en  herbes (  on  les  désigne  à  celte  époque 

ar  le  nom  de  cailles  vertes  );  en  été,  elles  se  retirent  dans 
es  blés  mûrs,  et  quand  ib  sont  coupés ,  dans  les  chaumes  ou 
les  broussailles.  Les  femelles ,  pour  faire  leur  nid ,  creusent  la 
terre  avec  leurs  ongles ,  et  garnissent  le  trou  d'herbes  et  de 
feuilles  ;  elles  le  cachent  autant  qu'elles  peuvent ,  pour  en 
dérober  la  connoissance  aux  mâles ,  qui  casseroient  les  œufs , 
et  à  l'oiseau  de  proie,  qui  les  mangeroit.  La  ponte  est  ordi« 
nairement  de  douze  à  viugl  œu£s ,  mouchetés  de  brun  sur  un 
fond  grisâtre  ;  l'incubation  dure  vingt-un  jours.  Les  caille^ 
teaux  naissent  couverts  de  duvet ,  courent  aussi-tôt  qu'ils 
sorteni  de  la  coque,  et  se  suffisent  à  eux-mêmes  beaucoup 
plutôt  que  \es  perdrix.  Ou  peut  les  élever ,  sans  le  secours  de 
la  mère  au  bout  de  huit  jours  ;  ils  prennent  leur  accroisse- 
meut  promptement,  et  il  ne  leur  faut  que  trois  mois  pour  être 
en  état  de  voyager.  Le  mâle  est  tellement  ardent,  qu'on  en  a 
vu  réitérer,  dans  un  jour,  jusqu'à  douze  fois  a^  approches 
avec  plusieurs  femelles  indistinctement  :  il  court  à  leur  voix 
avec  une  telle  précipitation  et  une  telle  insouciance  de  lui- 
même  ,  qu'il  vient  les  chercher  jusque  dans  la  main  du 
chasseur  ;  mais  la  femelle  ne  court  point  à  la  voix  du  mâle. 
Il  n'est  pas  certain  que  les  cailles  fassent  deux  couvées  par 
an ,  comme  il  est  tres-douteux  qu'à  leur  arrivée  en  Afrique 
elles  en  recommencent  une  autre.  Montbeillard  assure  qu'elles 
font  deux  mues  par  an ,  l'une  au  printemps ,  et  l'autre  à 
l'automne ,  et  que  ce  n'est  qu'après  chaque  mue  qu'elles  se 
mettent  en  voyage ,  et  ce  ,  pendant  la  nuit.  L'on  a  remarqué 
que  celles  qui  sont  en  cage ,  ne  manifestent  leur  inquiétude 
périodique  qu'aux  mêmes  époques. 

l'out le  monde  connoit  le  en  sonore  du  mâle  :  Ton  prétend 
que  lorsqu'il  le  fait  entendre,  il  est  toujours  éloigné  des  fe- 
melles ;  et  qu*au  contraire,  lorscju'il  fait  ouan  ouan  oucm,  il 


88  C  A  I 

en  est  proche.  J'ai  cependant  entendu  souvent  l'un  et  l'anfr» 
en  même  temps  ;  maù  le  dernier  précédoit  le  premier.  Celui 
de  la  femelle  ne  lui  sert  que  pour  rappeler  le  mâle  ;  quoiqu'il 
soit  foible  au  point  que  l'on  ne  l'entend  qu'à  une  petite  dis- 
tance^ ceux-ci  y  accourent, dit-on^  de  près  d'une  demi  lieue: 
elle  en  a  encore  un  qui  est  tremblotant,  cricri. 

La  caille  ne  produit  point  en  captivité ,  la  femelle  n  'y  fait  point 
de  nid ,  et  ne  prend  aucun  soin  des  œufs  qui  lui  échappent.  £lte 
se  noiu'rit  de  blé,  de  millet,  de  chenevis,  d'her  Des  vertes, 
d'insectes  et  de  toutes  sor!  es  de  graines;  elle  boit  peu  en  liberté, 
cependant  elle  boit  assez  fréquemment  en  captivité,  lors* 
qu'eUe  a  de  l'eau  à  sa  disposition.  L'on  sait  que  ces  oiseaux  se. 
tiennent  toujours  à  terre ,  et  ne  se  perchent  jamais.  L'on 
attribue  la  facilité  qu'ils  ont  à  s'engraisser,  au  long  repos  qu'ils 
prennent  pendant  le  jour,  refitant  quatre  heures  de  suite  dans 
îa  même  place ,  couchés  sur  le  côté  et  les  jambes  étendues. 
Leur  vie  est  courte  ;  cinq  années  en  sont  ordinair^nent  le 
terme. 

Les  mâles  étant  d'un  caractère  très-querelleur,  l'on  en  a 
profité  pour  les  dresser  à  se  battre  à  volonté  les  uns  contre  les 
autres.  Pour  ce  combat  on  prend  deux  cailles,  k  qui  on 
donne  h  manger  largement  ;  on  les  met  ensuite  vis-à-vis  l'une 
de  l'autre,  chacune  au  bout  opposé  d'une  longue  table,  et 
l'on  jelte  entre  deux  quelques  grains  de  millet  :  d'abord  elles 
se  Inncent  des  regards  menaçans,  puis,  partant  comifie  un 
éclair,  elles  se  joignent,  s'attaquent  à  coups  de  bec,  et  ne 
cessent  de  se  battre,  en  dressant  la  tête  et  s'élevant  sur  leurs 
ergots ,  jusqu'à  ce  que  l'une  cède  à  l'autre  le  champ  de  bataille; 
mais  il  est  à  remarquer  que  ces  oiseaux  ne  se  battent  ainsi  que 
contre  ceux  de  leur  es|)ece. 

On  sait  que  la  caille  est  un  de  nos  meilleurs  gibiers ,  que  sa 
chair  et  sa  graisse  sont  d'un  goût  exquis  ;  c'est  pourquoi  on  a 
cherche  les  moyens  d*engraisser  celles  que  l'on  prend  maigres. 
L'on  a ,  pour  cela,  des  mues  faites  exprès,  de  six  à  douze 
pouces,  oi\  on  leur  donne  en  abondance  du  millet ,  du  che- 
nevis et  du  grain  ;  l'on  change  souvent  leur  eau,  et  Ton  tient 
toujours  leur  abreuvoir  très  propre.  Pour  jouir  du  chant  de 
ces  oiseaux  dans  la  saison  oi\  orclinairement  ils  se  taisent,  on 
les  met  en  mue;  pour  cet  effet,  on  en  met  quinze  à  vingt  de 
celles  que  Ton  prend  à  If ur  arrivée ,  dans  une  cage  d'osier, 
que  Ton  place  nans  une  petite  chambre  retirée,  ou  dans  un 
grand  coffre ,  selon  la  commodité  que  l'on  a  ;  on  leur  6te  peu 
a  peu  le  jour,  de  manière  qu'elles  en  soient  privées  totale- 
ment dans  l'espace  de  douze  à  quinze  jours;  vers  les  premiers 
jours  d'aoïU,  on  le  leur  rend  a\'ec  la  même  progression ,  dana 


C  A  I  ft, 

le  même  espace  de  temps  ;  et  afin  de  les  exciter  daranCage^  on 
leur  donne  quelques  petites  cigales.  (Vieill.) 

Chasse  de  la  CeùUe. 

Au  tramail  ou  halier.  On  prend  les  cailles  avec  un  Blet^ 
que  Ton  nomme  halier,  et  encore  tramail  y  parce  quVn 
rétendant  on  en  forme  une  espèce  de  baie  ^  et  qu'il  est  com  posé 
de  trois  nappes^  dont  les  deux  extérieures  s'appellent  auméeê, 
et  celle  du  milieu  simplement  nappe  ou  U}ile.  Lorsque  celte  es- 
pèce de  filet  est  destinée  à  la  chasse  deè  cailles^ il  ne  doit  pas  avoir 
moins  de  dix  pieds  de  long  sur  dix  pouces  de  hauteur  ;  il  doit 
être  fait  do  soie  d'un  vert  pâle  ;  les  piquet»  qui  le  tiennent 
doivent  être  longs  de  quatorze  ou  quinze  pouces ,  et  attachés 
au  filet  à  deux  pieds  de  distance  les  uns  des  autres.  Pour  y 
attirer  les'  cailles  dans  le  courant  de  mai ,  époque  de  leur 
arrivée  dans  nos  pavs ,  où  elles  portent  alon  le  nom  de  cailles 
vertes,  on  se  sert  a'un  appeau:  c'est  une  petite  bourse  de 
cuir ,  large  de  deux  doigts ,  longue  de  quatre  p  et  en  forme  de 
poire  9  au  petit  bout  de  laquelle  on  adapte  un  sifflet ,  fait  de 
l'os  d'un  jarret  de  chat ,  de  lièvre ,  ou  mieux  encore^  du  grand 
os  de  l'aile  d'un  vieux  héron.  Cet  os  doit  être  long  de  troîa 
doigts  et  fait  en  flûte ,  par  le  moyen  d'un  peu  de  cire  molle 
dont  on  bouche  de  même  le  bout  extérieur  »  qu'on  perce  avec 
une  épingle  pour  lui  donner  un  son  plus  clair;  on  lie  ce 
sifflet  avec  la  bourse ,  par  le  moyen  d'un  gros  fil  de  cordon- 
nier^ ou  de  petite  ficelle.  Pour  faire  jouer  ce  sifflet  et  lui  fairo 
imiter  le  chant  de  la  caille ,  on  le  tient  dans  la  paume  de  la 
main  gauche  ;  et  tenant  un  des  doigts  sur  le  haut  du  cuir,  on 
frappe  dessus  ce  doigt  avec  le  dos  du  pouce  de  la  main  droite, 
et  1  on  contrefait  ainsi  le  chant  de  la  femelle.  Cette  chasse  se 
fait  an  soleil  levé ,  à  neuf  heures  du  matin ,  k  midi ,  à  trois 
heures ,  et  au  coucher  du  soleil  :  on  se  promène  autour  des 
campagnes  couvertes  de  blés ,  et  si-tôt  qu'on  (entend  chanter 
une  cadle ,  on  donne  deux  coups  d'appeau  ;  si  ce  n'est  point 
une  femelle,  elle  vole  tout  d'un  coup  a  vingt  pas  de  l'appe- 
lant ,  principalement  le  matin  et  le  soir,  et  aux  autres  heures 
elle  ne  fait  qu'y  courir.  On  connoît  par-là  si  c'est  un  mâle 
seul  ;  car  s'il  est  avec  une  femelle ,  encore  qu'il  chante  et  qu'il 
entende  l'appeau,  il  n'approche  pas.  Si  le  mâle  est  seul,  on 
approche  à  quinze  pas  de  lui ,  et  on  plante  le  halier  sur  le  haut 
d'un  sillon ,  en  sorte  que  l'oiseau  qui  court  au  travers  du  blé, 
se  jette  dans  le  filet  sans  l'appercevoir  ;  ensuite  on  va  se  cacher 
dans  le  fond  de  la  troisième  ou  quatrième  raie  en  arrière, 
vis-à-vis  le  milieu  du  filet,  et  là  ou  appelle  la  caille ,  chaque 


90  C  A  I 

jbis  qu'elle  a  chanté  ;  alors  elle  se  prend  da^na  le  lialier.  Mais  s'il 
arrivoit  que  la  caille  eût  dépassé  le  halier,  et  qu'elle  fût  près 
du  chasseur^  il  ne  doit  pas  remuer^  afin  de  lui  donner  le 
temps  de  s'écarter  ;  et  lorsau'elle  est  assez  loin  pour  ne  plu^ 
entendre  remuer,  Q  faut  cnanger  de  place ,  et  aller  de  l'autre 
côté  du  filet  pour  répéter  le  manège  de  l'appel.  Le  meilleur 
moyen  pour  attirer  les  cailles  mâles  dans  le  haUer ,  est  de  ae 
servir  d  une  femelle  qui  chanle,  et  qu'où  nomme  chanUreiiê, 
Pour  apprendre  la  caille  à  chanter  utilement  pour  la  chasse , 
le  moyen  est  de  l'enfermer  dans  une  cage  placée  dans  un  lieu 
•obscur,  où ,  soir  et  matin,  à  la  lumière,  on  lui  donne  à 
manger  du  millet ,  et  l'on  continue  ainsi  jusqu'à  ce  qu'à  l'aide 
de  l'appeau,  on  lui  ait  appris  à  chanter.  Quand  elle  est  ins- 
truite ,  on  la  porte  à  la  chasse,  dans  sa  cage ,  et  lorsqu'on  en- 
tend le  mâle  ctianter ,  on  tend  le  /uUier ,  entre  lequel  et  l'oiseau 
on  place  la  cage  à  deux  ou  trois  enjambées  du  filet  ;  tandis  que 
la  chanterelle  fait  son  devoir,  l'oiseleur  se  tient ,  sans  remuer, 
caché  derrière  le  haiîer,  dans  lequel  les  mâles  viennent  se 
prendre ,  croyant  se  rendre  à  la  voix  de  la  femelle*  Voilà 
pQur  la  chasse  deseailles  ueries  à  leur  arrivée.  Mais  la  manière 
de  s'y  prendre  en  août  et  septembre  est  toute  différente ,  et  se 
nomme  bourrée,  parce  qu'on  bourre  le  gibier  pour  le  forcer 
de  se  jeter  dans  le  halier  qu'on  oppose  a  son  passade  :  alors  , 
et  quand  il  ne  reste  plus  que  quelques  sillons  a  moissonner  , 
on  tend  les  haliers  en  travers  les  sillons  récoltés,  près  de  ceux 
qui  ne  le  sont  pas  ;  ensuite  on  se  rend  aux  deux  extrémités , 
qu'on  traque  à  pas  lents,  en  jetant  de  la  terre  à  droite  et  à 
gauche  ;  par  cette  manœuvre ,  on  conduit  au  piège  tout  le 
gibier  qui  se  trouve  dans  le  champ ,  et  cela  d'autant  plus  sûre- 
ment ,  que  les  cailles  sont  alors  trè»-grasses ,  et  sont  peu  dis- 
posées à  voler* 

jdu  traîneau.  Dans  le  mois  de  mai,  pour  la  caille  verte, 
et  dans  les  mois  d'août  et  septembre^  pour  prendre  les  cai/lss 
graeees,  on  emploie ,  comme  i)our  les  aJoustteHjle  filet  qu'oa 
iioratne  traîneau ,  et  dont  la  forme  et  l'usage  ont  été  décrit*  à 
l'article  AIiOuettks.  Voyez  ce  mot. 

A  la  tiraeee.  Depuis  l'arrivée  des  cailles  en  mai ,  jusqu*^ 
leur  départ  en  septembre ,  on  les  prend  à  la  tireuse ,  grand 
filet ,  long  de  quarante  à  cinquante  pieds ,  dont  les  mailles ,  à 
losanges,  n'ont  qu'un  pouce  et  demi  de  larae.  Pou9  faii*e  cette 
chasse  ,  qui  est  plus  pénible  que  la  précéaente  »  mais  qui  eal 
aussi  plus  récréative  et  plus  profitable ,  il  faut  avoir  un  cbiexk 
•d'arrêt  di*essu  pour  cela.  On  se  rend  avec  lui  sur  le  terrein  (et 
les  prés  sont  les  endroits  qui  sont  tout  à-la-fois  les  plus  coiu* 
Biodcs  et  les  plus  agrcaLles  )  :  quand  le  chien  est  en  arrêt  >  oia 


C  A  I  91 

déploie  h  iiriKMe  ;  deux  chasseurs  tieiiiieiit  chacnn  un  deé 
bouCs  du  coideau  qui  sert  à  la  traîner;  ils  en  couvi^nt  le  chien 
et  tout  le  terrein  ou  l'on  pense  qUe  l'arrêt  est  formé. 

On  pi-end  aussi  des  cailWa  la  tiroMs,  sans  chien  y  et  pour 
cela  il  faut  être  deux  ;  l'un  tient  la  tirasse  et  l'autre  l'appeau. 
Quand  on  est  sur  le  terrein  y  on  écoute  y  et  lorsqu'on  a  en- 
tendu chanter  la  caille  y  on  va  doucement  à  elle  ;  on  attend 
qu'elle  ait  encore  chanté ,  pour  s'assurer  mieux  de  l'endroit 
où  elle  est;  alors  on  déploie  la  tii*asse^  et  l'on  appelle^  avec 
l'appeau  9  la  caille^  qui  va  droit  au  filet,  derrière  lequel  las 
chasseurs  ont  eu  le  soin  de  se  coucher  de  manière  à  n'être 
pas  apperçiw;  et  quand  l'oiseau  est  ainsi  attiré,  on  va  à  sa 
rencontre  avec  Ja  iiraasey  qu'on  jette  sur  le  terrein  qù  eUe  est 
présumée  se  trouver ,  ce  dont  on  s'assure  en  jetant  le  chapeau 
anr  le  filet  pour  la  faire  partir  :  ti  elle  n'est  pas  dessous ,  on 
traîne  la  tirtuae  {^us  loin ,  avec  le  même  procédé ,  jusqu'à  ce 
qne  Foiseau  soit  pris. 

Une  personne  seule  peut,  avec  un  chien,  se  servir  de  la 
iiratëe  ;  pour  cela,  on  prend  un  bâton  gros  comme  un  manefaa 
de  fourche ,  et  Imig  de  trois  ou  quatre  pieds,  £E:-rré  en  pointe 
par  un  des  bouAs ,  afin  qu'il  puisse  facilement  se  ficher  en 
terre  ef  y  tenir  ferme  ;  à  neuf  pouces  de  la  pointe  ferrée ,  on 
attache  un  des  bouts  de  la  corae  du  filet  ;  le  filet  plié  sur  le 
bras  canche,  et  le  bâton  à  la  main ,  on  fait  chasser  le  chien. 
Aussi-tôt  qu'il  a  formé  son  arrêt,  on  va  à  côté  de  lui  à  la  dis- 
tance de  deux  toises ,  on  y  pique  le  bâton  ;  alors  on  s'éloigne 
du  chien  pai>devant ,  en  laissant  couler  le  filet  à  bas ,  en 
l'étendant  suivant  sa  forme  carrée  ;  et  lorsque  le  chasseur  est 
arrivé  à  l'autre  extrémité  de  la  corde,  qu'il  tire  bien  fort,  il 
ramène  le  filet  en  tndnant ,  jusque  devant  le  nez  du  chien  : 
alors  les  cailles  arrêtées  sont  sous  le  filet ,  et  on  les  &it  levet* 
en  frappant  le  haher  avec  le  chapeau. 

Une  personne  seule,  avec  un  chien ,  peut  se  servir  d'une 

antre  espèce  de  tirasse,  plus  commode  et  aussi  profitable  poiu* 

la  chasse  aux  caiUes  grasses,  qui  tiennent  davantage  à  l'aiTêl, 

CSe  filet  est  triangulaire  ;  à  l'extrémité  d'un  des  angles  est  stta^ 

elle  un  poids  quelconque,  à  une  autre  extrémité  est  un  bâton 

terré  ,  comme  il  est  dit  plus  haut.  Lorsque  le  chien  a  formé 

mm  arrêt ,  le  chasseur  s'avance  à  c6té  de  lui ,  à  une  distance 

â-pea-prés  égale  à  la  moitié  d'un  des  côtés  du  filet ,  il  y  plante 

je  béton»  passe  de  l'autre  côté  du  chien,  et  là,  en  tirant  la 

corde  de  la  tirasse ,  il  en  place  l'extrémité  sous  ses  pieds  ,  et  l'y 

lieot  bien  ferme  ;  alors  il  ;ette ,  dans  la  direction  convenable, 

la  troisième  extrémité  du  filet ,  au  bout  .de  laquelle  est  le 

poidj(^  et  ctf  qui  se  trouve  dessous  est  pris.  11  renouvelle  co 


9«  C  A  I 

manège  à  tous  les  antres  endroits  du  terrein  oA  son  cbiVit 
fait  arrêt. 

Au  fusil.  Lorsque  le  temps  du  passage  des  cailles ,  pour 
retourner  en  Afrique ,  est  arrivé ,  c'est-à-dire  du  quinze  aoûl 
eux  premiers  joun  d'octobre,  il  se  fait,  aux  environs  de  Man> 
seille,  une  chasse  très  -  agréable ,  pour  laquelle  on  se  sert 
d'appeaux  vivans*  Ce  sont  de  jeunes  mâles  de  l'année ,  pii» 
au  filet  lors  de  leur  arrivée ,  et  qui  se  conservent  d'une  année 
à  l'autre ,  dans  des  chambrea  ou  des  volières ,  où  ib  sont 
nouiTis  avec  la  précaution  de  ne  pas  leur  donner  du  millet, 
qui  les  engraisse  trop.  Au  mois  d'avril ,  on  les  aveugle,  en  leur 

5 assaut  légèrement  sur  les  yeux  un  fil  de  fer  ix)uge  ;  au  mois 
e  mai ,  on  les  plume  en  partie  sur  le  dos ,  aux  ailes  et  à  la 
<|neue,  sans  trop  les  déshabiller,  }x>ur  avancer  leur  mue, 
parce  que  s'ils  muoient  dans  le  temps  du  passage ,  cela  les 
empécheroit  de  chanter;  au  commencement  du  mois  d'août, 
on  les  met  en  cage^  pour  les  y  accoutumer  ;  et  lorsque  le  temps. 
de  la  chasse  est  arrivé ,  on  place  dans  les  vignes ,  de  distance 
en  distance ,  des  pieux  de  huit  à  dix  pieds  ,  auxquels  on 
attache  transversalement^  de  l'un  à  l'autre,  deux  rangs  de 
planches  garnis  de  clous  k  crochets,  pour  y  suspendre  les 
cages.  Lorsqu'on  a  peu  d*appeaux,  on  se  contente  de  clouer 
longitudinatement ,  sur  chaque  pieu  ,  une  planche  d'envimn 
Hrois  pieds  de  longueur,  et  de  huit  à  dix  pouces  de  large,  dana 
laquelle  on  fiche  trois  clous  pour  recevoir  autant  de  cages  : 
on  multiplie  les  pieux  et  les  cage.s  à  proportion  de  retendue 
dea vignes.  Les  cages  restent  ainsi  suspendues,  tant  que  dure 
la  saison  du  passage,  et  elles  sont  gardées,  pendant  la  nuit, 
par  un  homme  qui  est  aussi  chargé  de  donner  à  manger  aux 
appeaux;  mais  loi'sque  les  vignes  sont  enÉormée^i  de  murs, 
on  se  dispense  de  la  garde  de  nuit.  Les  cailles  appelantes ,  au 
nombre  ae  trente,  quarante,  cinquante,  et  ju^^qu'à  cent,  sui- 
vant que  le  ten^ein  est  plus  ou  moins  grand  ,  chantent  dt» 
l'aube  du  jour,  etattii'ent  autour  des  ca^es  non-seulement  les 
cailles  qui  passent,  mais  encore  celles  qui  se  trouvent  répan- 
dues dans  les  environs.  Deux  heures  après  le  lever  du  soleil  , 
et  quand  la  rosée  est  passée ,  le  chasseur  se  rend  sur  les  lieux 
sans  chien ,  et  bat  les  vignes  doucement  et  sans  bruit ,  pour  ne 
pas  elFaroucher  les  cailles  qui  sont  autour  des  cages.  Cette  pre- 
mière battue  faite,  on   amène  un  chien  qui  les  fait  lever; 
de  cette  manière,  un  seul     chasseur  peut  tuer  cinquante  ou 
soixante  cailles  dans  une  matinée ,  si  la  mer  est  calme;  car  hî 
elle  est  agitée ,  la  chasse  n'est  pas  boun  e  :  elle  est  bien  abonda ii'e 
lorsnu'on  enferme  un  terrein,  ainsi  garni  d'appeaux,  avec 
des  nlets  suspendus  à  des  pieux  disposés  autour  de  Tencein  le  ^ 


.       C   A    I  gS 

filets  qu'on  tend  le  matin ,  et  dans  lesquels  les  cailles  se  jettèdl 
à  ine»ui«  qu'on  bal  les  vignes ,  ce  qui  n'empêche  pas  d'en 
tirer  beaucoup  au  fusil.  (8.) 

La  Caille  BLANCHE.  Celle  couleur  ne  caractérise  pas  uno 
race  particulière ,  mais  une  de  ces  variétés  qu'on  i^nconlro 
souvent  dans  les  autres  oiseaux  ;  Ton  en  conserve  une  autre 
an  Muséum  d'hist.  natur, ,  qui  est  d'un  gris  blanc. 

La  Caille  srune  de  Madagascar  (  Perdix  griaea 
Lath.  }.  Cette  seconde  espèce  de  caille  de  Madagascar , 
est  de  la  taille  de  celle  d'Europe.  La  tête  est  mélangée  de 
noir  et  de  roux;  la  goi^e  d'un  gnsâtre  terreux  fort  sale; 
toutes  les  plumes  de  la  partie  inférieure  du  corps  ont  chacune 
deux  bandes  noires  ;  celles  du  dessus  sont  d'un  gris  sale  avec 
des  bandes  noirâtres;  les  ailes  sont  brunes;  le  bec  elles  pieds 
noirs;  l'iris  est  jaune. 

La  Caille  de  Caybnne  (  édition  Sonnini  de  YHist  nai, 
deBuffon),  L'émigration  habituelle  aux  caillée,  est  étrangère 
à  celle-ci^  puisqu'eUe  reste  toute  l'année  à  Cayenne.  Le  climat 
cbaud  qu'elle  habile  favorise  ses  pontes^  car  elle  fait  plusieurs 
couvées  par  an ,  et  l'on  trouve  des  jeunes  dans  toutes  les  sai- 
sons ,  mais  ces  cailles  ont  une  habitude  qui  les  rapproche 
beaucoup  des  perdrix;  c'est  de  vivre  en  compagnie ,  et  de  se 
rappeller  entr'elles  par  un  petit  sifflement  ;  ellei  habitent  de 
préférence  les  petits  mornes  sur  les  lisières  des  bois^  et  se  rencon- 
trent par  petites  bandes  dans  le  voisinage  des  habitations.  Elles 
portent  sur  la  tête  une  huppe  qui  est  roussàtre  ainsi  que  la  nu- 
que; la  gorge  est  £iuve  ;  les  côtés  du  cou  sont  gris  et  noirs  ;  le 
dos  y  le  dessous  du  cou ,  les  couvertures  des  ailes  d'un  gris  rous* 
sâtre  et  ondées  de  raies  noires;  ces  deux  couleurs  couvrent  le 
croupion  ;  les  pennes  des  ailes  sont  grises  et  roussâtres;  celles 
de  la  queue  de  celle  dernière  teinte  et  brunes  ;  les  pieds  jau- 
nâtres. 

La  Caille  de  la  Californie  {Perdis  Caiifornica  Lath.}. 
Cette  caille ,  un  peu  plus  grande  que  la  nôtre ,  a  siu*  le  som«- 
met  de  la  tête ,  une  huppe  composée  de  six  plumes  longues  et 
noirâtres  ;  que  l'oiicau  redresse  à  volonté  ;  le  front  est  ferrugi- 
neux ;  le  reste  de  la  tête ,  le  menton  et  la  gorge  sont  d'un  noir 
foncé  ,  et  bordé  sur  celle-ci  d'un  cercle  blanc  jaunâtre  qui 
prend  naissance  derrière  l'œil  ;  le  ventre  est  d'un  jaune- 
ferrugineux^  mélangé  de  petits  croissans  noirs  ;  l'on  voit  sur 
les  flancs  plusieurs  plumes  longues  et  noirâtres  ;  sur  le  milieu 
de  chaq  ue  il  y  a  une  raie  jaune  ;  le  brun-cendré  qui  domine  suv 
les  parties  supérieures  du  corps ,  les  ailes  et  la  queue ,  est  varié 
de  taches  d'un  brun  jaunâtre  sur  le  cou ,  et  descend  sur  lea 
côiés  de  la  poitrine  où  il  prend  un  ton  bleuâtre  ;  la  queue  eM 


94  C  A  I 

assez  longue  et  arrondie  à  son  extrémité  ;  les  pieds  sont  pa- 
reils au  bec. 

La  femelle  est  privée  de  noir  sur  la  t^le  et  a  généralement 
les  couleurs  plus  claires.  Espèce  nouvelle. 

La  Caille  de  la  Chine  ou  des  Philippines.  Fby.  Fb  atse. 

La  Caille  de  la  c6te  de  Coeom andel  [Perdix  Coroman'^ 
delîca  Lath.).  Celte  petite  espèce  ,  que  Ton  rencontre  dans  le 
férriloire  de  Giiigi ,  a  un  tiers  moins  de  grosseur  que  la  caille 
ordinaire.  Sa  tête  est  noire,  avec  sa  partie  antérieure  roussâ-> 
tre;  une  raie  jaunâtre  part  des  coins  de  la  bouche  ,  passe  snr 
les  yeux  et  se  perd  sur  Vocciput.  Les  plumes  du  cou  sont  jau- 
liâtres  et  bordées  de  noir  ;  le  dessous  du  corps  a  une  bando 
longitudinale  noire,  en  forme  de  zigzag;  le  dos,  le  croupion 
et  les  petites  couvertures  des  ailes ,  sont  d'un  roux  châtain  et 
rayées  longitudinalement  de  jaunâtre;  les  grandes  pennes  des 
ailes  sont  brunes. 

La  femelle  diffère  par  ses  couleurs  plus  ternes  et  par  la 

S>rge,  qui  est  blanche ,  avec  une  raie  noire  sur  sa  partie  in* 
rieui'e.' 

La  Caille  a  trois  doigts  de  l'Andalousie  (  Perdix 
AndaluaicaljMih,),  Une  belle  couleur  rousse,  tachetée  irrégu- 
lièrement de  noir ,  domine  sur  le  plumage  de  cette  caille; 
mais  eUe  est  phis  pâle  sur  Jes  parties  inférieures  du  corps  et 
se  présente  avec  une  nuance  jaune  sur  la  gorge  et  la  poitrine; 
les  pennes  des  ailes  sont  noirâtres  ;  les  pieds  et  le  bec  de  cou- 
leur de  chair  ;  et  les  trois  doigts  en  avant. 

La  Caille  a  trois  doigts  de  Gibraltar  {Perdis  Gibral^ 
tarica  Lath.  ).  Longueur,  six  pouces;  bec  noir  ;  les  plumes  de 
la  tète  d'une  couleur  marron  et  frangées  de  blanc ,  celles  du 
dos  de  la  même  teinte,  mais  rayées  de  noir,  les  couverture» 
des'ailes  ferrugineuses ,  bordées  de  Uanc  avec  une  tache  noire 
au  milieu  entourée  d'un  cercle  blanc  ;  la  goi^e  rayée  de  noir 
et  de  blanchâtre  ;  la  poitrine  blanche  avec  un  croissant  noir 
sur  chaque  plume,  et  le  milieu  d'une  coideur  de  rouille  pâle; 
le  venti*e  et  les  parties  subséquentes  de  la  même  teinte,  maia 
inclinant  au  jaune  ;  les  pennes  des  ailes  et  de  la  queue  noirâ- 
tres ;  et  ces  dernières  rayées  d'un  brun  roux,  de  noir,  et  fran* 
gées  de  blanc  ;  les  trois  doigts  placés  en  avant. 

La  Caille  a  trois  doigts  de  l'Ile  de  "Lvçov  (Perdix 
Lutonienêis  ).  Trois  doigb ,  et  tous  trois  en  avant  caractérisent 
et  distinguent  facilement  cette  caille  d'une  autre  qm'  se  trouvo 
aussi  dans  la  même  île;  celle-ci  d'un  tiers  plus  petite  que  !« 
nôtre,  a  la  tête,  la  gorge  d'un  noir  mélangé  de  blanc  ;  le  liaut 
de  la  poitrine  mordoré  ;  le  ventre  jaune  ;  le  dos  et  les  ailes 
grises  el  bordées  de  jaunâtre  ;  le  b^  «I  let  pieds  d'un  gris  clair*. 


C  A  I  {,5. 

La  CaIIiLS  a  trois  doigts  de  la  Not7TELIiS-GAT.L£  DU 

Sud  {P^rdix  varia  La  th.).  Les  terres  australes  oiil  aussi  leur 
caille  à  trou  doigta.  Celie-ci  se  trouve  dans  les  parties  méri- 
dionales de  la  NouYelle-Hollande«  Ses  habitudes  et  son  genre 
de  vie  sont  les  mêmes  que  ceux  de  la  caille  européenne  ;  sa 
taille  tient  le  milieu  entre  celle-ci  et  la  perdrix  ;  elle  a  le  bec 
couleur  de  corne  ;  le  plumage  sur  les  parties  supérieures  du 
corps  analogue  à  celui  de  notre  perdrix'^  avec  des  grandes  ta- 
ches noires  y  triangulaires  ;  le  front  et  le  tour  des  yeux  mar- 
qués de  petits  points  blancs;  le  dessous  du  cou  et  la  poitrine 
d'an  cendré  pâle  ;  Ton  remarque  sur  les  oreilles  une  tache 
bleuâtre,  et  plusieurs  ronges  et  femiginenses  sur  les  côtés  du 
cou  ;  le  ventre  y  le  bas-ventre  et  les  cuisses  sont  d'un  blanc 
aie;  les  pennes  noires;  les  pieds  d'un  jaune  pâle^  et  les  trois 
doigts  en  avant.  On  la  trouve  au  mois  de  juin  y  dans  la  Nou- 
velle Galle  du  Sud.  Nouvelle  espèce* 

La  GAiLiiB  13K  liA  BAIS  b'Hudsok.  Gette  caille,  une  des 
pins  petites  de  cette  espèce  y  n'a  guère  que  quatre  pouces  et 
demi  de  longueur  ;  son  bec  est  noir,  et  la  couleur  générale 
dn  plumage  d'un  blanc  jaunâtre  obscur,  marqué  de  taches 
blanches ,  irrégnlières ,  sur  le  cou  et  les  cuisses  ;  rayé  de  blanc 
et  de  noir  sur  les  ailes ,  le  dos  et  la  queue ,  d'une  nuance  plus 
chire  sur  les  parties  inférieures  du  corps  et  sans  taches  ;  les 
pieds  sont  d'un  brun  noitrâtre.  Cette  nouvelle  espèce  est  ti*è&- 
nire. 
La  Caille  i>e  Java,  f^oyez  R£v£il-matik. 
I«a  Caille  de  la  Louisiane.  Voyez  Colenigui. 
La  Caille  de  la  Nouvelle  GuiN££(/'€rc?xx  novœ  Guineœ 
Lath.).^  Cet  oiseau  un  tiers  moins  gros^que  la  caille  d'Europe  , 
a  l'iris  grisâtre  ;  les  petites  pennes  des  ailes  frangées  de  jaunâ- 
tre ,  les  grandes  noires  et  le  reste  du  plumage  d  un  bi*un  plus 
on  moins  foncé ,  mais  plus  éclatant  sur  la  tête  et  le  ventre  , 
tirant  au  noirâtre  sur  les  couvertures  des  ailes  et  sur  le  dos. 

La  Caille  DE  LA  Nouvelle-Hollande  {Perdix  Auetra* 
/<«Lath.).  Celte  caiUe  a  sept  pouces  de  longueur,  la  couleur 
générale  du  plumage  rougeàtre,  mélangé  de  zigzags  et  de 
pents  points  noirs  ;  chaque  plume  marquée  dans  son  milieu 
d'une  ligne  blanche  ;  le  dessous  dn  corps  de  couleur  de  buffle, 
mélangé  de  même  ;  le  menton  d'une  teinte  uniforme  et  une 
itrie  sur  le  miUen  de  la  tête  ;  les  pieds  sont  bruns.  Espèce 
nouvelle^ 
La  Caille  de  Madagascar.  Voyez  Turnix. 
La  Grande  Caille  de  Madagascar,  {Perdrix  striata 
lialh.  pi.  ooloriée  98  du  Voyage  aux  Indes  et  à  la  Chine  de 
4lcirm#ra/.}.  Cette  ÇQiUe  ^  dei»;  lois  la  grandetur  de  celle  d'Eu^ 


36  C  A  I 

it>pe;  les sourciia blancs;  une  ligne  blanche  au-dessus  des yeiLX  ; 
la  goi^e,  la  poitrine^  le  ventre  noirs;  le  dessus  du  corps  d*un 
brun  fauve  strié  de  blanc  ,  et  traversé  de  noir  sur  le  dos  et  la 
snque;  une  plaque  de  couleur  ventre  de  biche  sur  la  poitrine; 
les  peu  nés  primaires  des  ailes  d'un  brun  terreux  sale;  les  autres 
soires ,  avec  des  bandes  blanches';  et  celles  de  la  queue  aveo 
des  lignes  jaunâtres:  le  bec  noir;  les  pieds  rousNàtres. 

La  Pbtit£  Caille  oe  Mamlle  (  Perdrix  ManilUnêiM 
Lalh.  )•  Cette  petite  caille ,  de  la  grosseur  du  moineau ,  se 
trouve  dans  rile  de  Luçon.  Elle  a  quatre  pouces  de  longueur; 
le  bec  ,  les  pieds  et  les  parties  supérieures  du  corps  noirs;  la 

Soi^e  blancne  ;  la  poitrine  grise  et  tachetée  de  noir  ;  des  raies 
e  même  couleur  sur  les  plumes  jaunâtres  du  ventre  ;leâ  flancs 
d'un  roux  vif,  et  des  petites  lignes  grises  sur  les  ailes. 

La  Caille  du  Mexique.  Foyes  Coyolcos. 

La  Grande  Caille  du  Mexjque.  Voy,  le  Grand-Colik. 

La  Caille  huppi^  dv  Mexique.  Voyez  Zonâ.c  olin. 

La  Caille  des  Iles  blAi^oviVRsiPerdrixfalklandiahaLih, 
pL  enl.  n®  2sa  de  ÏHist.  nat.  deBuffon.).  ijim  caille  qui  se 
trouve  dans  un  pays  séparé  de  notre  continent  par  une  grande 
étendue  de  mer,  ne  peut  être  regardée  comme  une  variété  de 
notre  espèce ,  quoiqu'on  lui  trouve  de  l'analogie  dans  les  cou- 
leurs, et  des  rap|)orts  dans  la  taille.  Celle-ci  qui  habite  des 
lies  qui  sont  à  l'extrémité  méridionale  de  l'Amérique,  a  le 
bec  couleur  de  plomb  ;  les  plumes  du  dessus  du  corps ,  d'un 
brun  pâle ,  plus  foncé  sur  les  bords  de  la  tige ,  avec  quelques 
lignes  en  demi-cercles  ;  les  côtés  de  la  léle  bigarrés  de  blanc  ; 
le  dessous  du  corps,  y  compris  le  haut  de  la  poitrine,  d'un 
jaune  brunâtre,  mélangé  de  taches  et  de  lignes  brunes;  le 
reste  de  la  poitrine,  le  ventre  et  les  couvert uit;s  inférieures  de 
la  queue  blancs  ;  les  pennes  des  ailes  noirâtres  ;  celles  de  la 
quuue  brunes,  ainsi  que  les  pieds. 

La  Caille  nz  Perse  f  Perdis  Caspia  Lalham.  ).  Le  bec 
de  cet  individu  est  d'un  brun  olive  ;  les  narines ,  les  pau- 
pières et  les  tempes  sont  nues  et  jaunes  ;  cette  teinte  est  celle 
des  ^ieds  qui  sont  privés  d'ergots  ;  le  rete  du  plumage ,  à  l'ex- 
ception de  l'extrémité  des  pennes  des  ailes,  et  d'une  partie 
de  la  queue  qui  sont  blanches,  est  d'un  gris-cendré  tacheté  de 
brun  ;  sa  taille  légale  celle  de  l'oie  commune.  Si  cet  oiseau  ap- 
^rtient  réellement  à  la  famille  d'^s  Cailles  ou  àcelle  dca 
Perdrix  {easpian  pariridge ,  dit  Latham),  c'est  bien  la  plus 
grande  et  la  plus  grosse  de  toutes  celles  qui  sont  connues. 

La  Grande  Caille  de  Pologne.  Voyez  Chrokiel. 

La  CAILI4E  VERTE  (  Perdix  viridiê  Lath.  ).  I^e  pays  et  loe 
babitudas  de  cet  individu  étoient  inconnus  à  Latham  loiisqu'il 


B.3. 


3.  (a/a^  à^^iti&^  aitu^tif^.  Cà&ia^^i^r  à /pioSm' &n^gu 


C   A  I  q«y 

Fa  décrit  dâiis  son  General  synopsis  ofbirds;  mais  depuis ,  il 
a  vu  plusieurs  de  ces  oiseaux  ,  soit  vivaiis ,  soit  moris,  et  il  a 
reconnu  que  aa  perdrix  i/er  te  étoit  la  femelle  é^9on  petit  pigeon 
huppé  (  columha  crUtata  ) ,  ou  le  Koiiouii.  bjb  Malacca.  do 
Sonnerat.  Voyez  ce  mot. 

La  Caille  de  Virginie  {Perdue  FirginianaJ^îb.).  Cet 
oiseau,  décrit  poui*  la  première  fois  par  Catesby ,  uW autro 
que  la  Perdrix  de  la  Nou  velle- Angleterre.  Fo/ex  co 
mqt.  (Vieill-) 

CAILLE  DE  BENGALE.  Foy.  Brève  db  CeyjxAn.  (S.) 
CAILLEBOT.  C'est  un  des  noms  vulgaires  de  FObizr. 

foyez  ce  mot.  (B.) 
CAILLELAIT.  Voyez  an  mot  Gaillet.  (B.) 
CAILLETEAU  ,  pelit  de  la  Caille.  Voyez  ce  mot.  (S.) 
CAILLETOT.  Les  pécheurs  donnent  ce  nom  aux  petits 

du  Pleuronecte  turbot.  Foy.  au  mot  Pleuronecte  et  au 

mot  TtTRBOT.  Œ») 

CAILLEU  TASSART ,  nom  vulgaire  d'un  poisson  du 

Î^enré  desCLtJ^is  ,  dupéa  tris^sa'\Ànn, ,  qu'on  trouvé  dan» 
es  mers  de  l'Inde  et  de  l'Aménque/fTy.  au  mot  Clupé.  (B.) 

CAILLOU  D'ANGLETERRE,  f^oj.  PouDiNotrÉ.  (Pit.) 

CAILLOU  D'ALENÇONF,  I>E  BRISTOL,  DE 
CAYENNE  ,  DE  MÉDOC ,  DU  RHIN:  Ce  sorit  des  cris- 
taux  de- roche.  Voyez  Quartz.  (Pat.  )  .  , 

CAILLOU  DE  ROC  LIE,  dénomination  vicieuse  qu'on  a 
quelquefois  donnée- au  horneâein,  et  m^ème  au^pettro '^ silex 
primitif.  (  Pat.  ) 

CAILLOU*  On  donne  communétnent  ce  nom  à  toute 
pierre  arrondie  et  d'un  volume  médiocre  ;  mais  il  appartient 
fins  spécialemenAan  ei^x  onpierre  àfuùl.  Voyez  SiLiix.  (Pat.) 

CAILLOU  D'EGYPTE.  Foye%  Jaspe.  (Pat.) 

CAILLOU  DE  RENNES,  f^^x  BRiicHE/(PAT.) 
CAILLOUX-CRISTAUX. Ce  sont  des  cristauac  de  roche 
roulés  par  les  eaux ,  tels  que  les  cailloux  du  Rhin.  (Pat^) 

CAIMIRI.  C'est  le  Saïmiri  de  Bufibn ,  très-jolie  espèce  de 
singe  eagoin  d'Amérique.  (V.) 

CAÎMITIER ,  Chrysophyllutn  Linn.  (  Pentandrie  motio^ 
gynie.),  genre  de  plantes  de  la  famille  dds  HiLOSPERMis'.Son 
cai*actère  est  d'avoir  un  petit  calice ,  persistant  et  à  cinq  divi- 
sioiAs;  une  coroUe  monopélale  en  cloche  ^  découpée  égale- 
ment en  cinq  parties  ouvertes  et  arrolidies  ;  et  piour  fruit ,  une 
^-oase  baie  globuleuse  à  dix  loges  y  dont  chacune  renferme  une 
«emence  comprimée  et  marquée  d'une  cicatrice  latérale.  Foy* 
VIiîu.%iratiQn  den  Genres,  pi.  i  ao.  C%  genre  comprend  de» 

jv.  o 


ç)8  .    ^.^^  ^ 

arbrcs  ou  arbrisseaux  qui  croissent  entre  les  Tropiones^prin' 
cipalement  dans  les  Antilles.  Quelques-uns  ont  la  surface 
inférieure  de  leurs  feuilles  couverte  d  un  duvet  tràs-^fin ,  qui 
les  œnd  soyeuses,  brillantes,  et  comme  dorées.  Tels  sont  les 
deux  suivans. 

LeCAÏMifiERFOBCiFOBME,  Chyêophyllum  caintiolinn. 
C'est  un  arbre  du  second  ordre  y  très-garni  de  branches^  d'un 
bel  aspect,  ayant  une  cime  ample  et  étalée,  avec  des  feuilles 
alternes  pétiolées,  ovales,  im  peu  pointues,  très -^entières, 
lisses  en  dessus  et  couvertes  en  dessous  d'un  duvet  bronzé, 
qui  parott  doré  lorsque  le  soleil  l'édaire.  Ses  fleurs  sont  petites, 
solitaii'es  sur  chaque  pédoncule,  et  disposées  en  faisceaux  aux 
aisselles  des  femlles.  Son  finit,  communément  rond,  a  la 
grosseur  d'une  pomme  moyenne  ;  il  est,  suivant  les  variétés, 
oupourpre,  ou  violet,  ou  d'un  rose  foncé ,  nué  de  vert  et  de 
jaune,  et  il  contient  cinq  à  dix  noyaux  bruns,  environnés 
d'une  pulpe  molle,  laiteuse  et  gluante,  d'un  goût  fade  et 
d'une  odeur  qui  approche  de  ceue  de  la  fleur  de  châtaignier  : 
quoique  raédioci^ement  bon,  on  le  mange  et  on  le  sert  quel- 
quefois sur  les  tables.  Ce  ccûmitier  crott  k  Saint-Domingue  et 
dans  les  îles  voisines;  son  bois  est  blanc,  tendre  i  et  recouvert 
d'une  écorce  roussâtre  et  crevassée.  On  l'emploie  dans  les  ou- 
vrages de  charpente. 

Le  Caïmitier  ouvairb,  ChrytophyUumolivifarmeljaxa. 
C'est  VitcomoB  de  Nicolson.  Le  friiit  de  cette  espèce  est  deux 
fois  gros  comme  une  olive ,  et  de  la  même  forme  ;  sa  couleur, 
quand  il  est  mûr,  est  d'un  violet  noirâtre;  il  a  une  saveur  vi- 
neuse asse»  agréable ,  et  il  ne  renferme  qu'un  seul  no^-au.  Ou 
distingiSQ  d'ailleurs  ce  caimitier  du  précèdent,  par  la  couleur 
jaunâtre  de  son  bois,  qui  sert  ausssi  à  bâtir ,  et  parce  qu'il  eut 
moins  élevé  ;  à  peine  aurpasse-t-il  en  hauteur  nos  pommiers 
ordinaires.  On  le  trouve  communément  dans  les  bois  k  Saint- 
Domingue;  il  fleurit  vers  le  milieu  d'octobre,  et  il  donne  des 
fruits  murs  au  commencement  de  juin. 

ljeCàÏMiTinKVYRiroAMZ,ChryaophjttummacoucouAubl,, 
s'élève  très-haut  ;  son  bois  est  blanc ,  dur  et  cassant;  son  écorct» 
enlamée  rend  un  suc  laiteux ,  et  ses  feuilles  sont  lisses  des  deux 
côtés.  11  porte ,  dans  toute  la  longueur  de  ses  branches ,  de» 
fruits  d'un  jaune  orangé  et  d'un  soût  plus  agréable  que  ceux, 
du  caimiiier  deâ  AntiUes.  Cet  arbre  croit  dans  la  Guiane. 

Le  Caïmitier  olajbrjb  ,  Chrysophyllum  glahrum  Linn.  , 
est  un  petit  arbre  qui  a  des  feuilles  un  peu  coriaces,  lisses  et. 
luisantes  des  deux  côtés,  et  des  fruits  bleus  d'une  saveur 
i'eàlre  que  ks  eofans  et  les  noirs  mangent  quelquefois  i 


CAL  jjcj 

semence»  sbnt  moins  conïprimées  que  ceUes  des  précédens.  u 
croit  dans  les  bols  de  la  Martinique. 

On  multiplie,  dit  Miller,  ces  arbres  de  bouture  dansles  Indes 
Occideniales.  £n  Europe ,  ils  ne  peuvent  être  élevés  et  con- 
servés que  dans  les  serres  les  plus  chaudes  ;  comme  ib  gacdênt 
leurs  feuilles  toute  l'année ,  ils  y  font  un  bel  efi'et,  sut^tout  les 
esjièces  qui  les  ont  satinées  et  dorées.  Vojt^  dans  Miller^  la 
manière  de  les  cultiver  dans  nos  climats.  (D.) 

CAJOU.  Voyez  le  mot  Acajou.  (B.) 

CAIPON ,  nom  vulgaire  d'un  arbre  de  Saint-Domingue , 
Jont  lo  caractère  générique  n'est  pas  connu.  (B.) 

CAITAIA ,  espèce  de  sapajou.  Voyez  Coaita.  (V,) 
CAJU-BESSI ,  arbre  de  l'Inde.  Voyez  Bjbssi.  (B.) 
CAKATOCA,  ou  CATACOU A.  Voyez  Ka^atobs-  (S.) 
CAKILE  »  Kakiie,  ^enre  de  plantes  à  fleurs  polypétalées» 
de  la  tétradynamie  oliculeuse ,  et  de  la  famille  des  Cauci-* 
Fiatt  »  qui  a  pour  caractère ,  un  calice  de  quatre  folioles  con- 
niveales;  une  corolle  ouverte,  à  quatre  pétales  arrondis  ;  six 
étamines ,  dont  deux  plus  courtes  ;  un  ovaire  supérieur^  sur- 
monté d'un  style  filiforme  à  stigmate  simple* 

Lte  fruit  est  une  stlicule  aubéreuse^  oblongue,  aéuminéeii 
à  quatre  angles  obtus ,  bi-articulée ,  se  séparant  dans  les  arti- 
culations ;  à  articulation  supérieure  tzèe^grandey  profondément 
échancréeàsa  base,  uniloculaire,  monosperme;  à  articulation 
inférieure  petite  ,  presque  turbinée ,  tantôt  solide ,  tantôt 
Qnilooulaire ,  et  alors  stérile  ou  mono»perme. 

Vojres  pL  554  des  IUu9tra4ions  de  Lamarck ,  où.  ce  genre 
est  figuré. 

ijea  cakiies  faisoient  partie  des  genres  des  Buniadks  de 
Lianasus^  mais  ib  enont  été  séparés  ,  à  raison  de  l'organisa- 
ûon  fart  diflërente  de  leur  siUcule.  On  en  compte  trou 


lie  Oajlilb  UAAiTiMx,  JBuniae  cakile  linn*,  dont  les 
feuilles  «ont  pinnées ,  les  découpures  linéaires  et  un  peu 
dentées.  On  le  trouve  sur  le  bord  de  la  mer  ^  en  Europe ,  et 
an  l'emploie  contre  le  scorbut  et  la  colique  ;  c'est  le  plus 
commmi.  Les  deux  autres  sont  le  CAKiut  d'£ovFTX ,  et  celui 

A  rStriM^V,^»  !)£  CAMJBUNE.  (B.) 

CAJLmABA  ,  CalophyUum,  genro  de  plantes  de  k  polyan-* 
àrw  jtsojsogynie  ^  et  de  la  famille  des  GuttiIpj^bês  »  dont 
le  caractère  est  d'avoir  un  calice  coloié  ^  caduc  et  composé 
'le  qusttres  folioles  ;  quatre  pétales  ovales  ,  arrondis^  con«^ 
ûares  ,  oaaverts ,  dont  deux  extérieurs  aoni  un  peu  phis 
pcdta  c|ue  les  autres  ;  un  grand  nombre  d'çtamines  ;  tm  ovaire 


loo  CAL 

ffipérienr ,  globuleux  ^  chargé  d'un  style ,  dont  le  stigmate 
est  épais  et  obtus. 

Le  froit  est  une  noix  sphérique  9  charnue ,  contenant  un 
noyau  globuleux  »  dans  lequel  est  une  amande. 

.Fioyez  pi.  459  des  lUus^aiiona  de  LamarcL ,  où  ces  carac-« 
tères  sont  figurés. 

Ce  genre  renferme  trois  espèces ,  qui  sont  de  grands  arbres 
de  l'Inde  à  feuilles  luisantes  ^  coriaces,  remarquables  par  le 
nombre  et  la  finesse  de  leurs  nervures  latérales  ;  à  fleurs  asi- 
laires ou  terminales ,  portées  trois  par  trois  sur  des  pédon- 
cules opposés.  Ces  espèces  différent  très-peu  entr'elles. 

Le  Calaba  a  fruits  ronds  ,  Calophyllum  inophyUiun 
Linn. ,  laisse  couler,  lorsqu'on  entame  son  écorce,  une  li* 
queiu"  visqueuse ,  jaunâtre,  qui  s'épaissit  à  l'air.  C'est  la  résine 
iacanutque,  qu'on  appelle  aussi  baume  uert,  qui  est  odorante , 
et  qu'on  dit  vulnéraire,  résolutive^  nervale  et  anôdyne. 
Voyez  au  mot  Baume  vert. 

Le  Calaba  a  frvits  £.ono8  ,  Calophyllum  calaba  Lfnn., 
donne  des  fruits  rouges  que  les  Indiens  mangent,  et  avec  les 
amandes  desquels  ils  font  de  Thuile  à  brûler.  (B.) 

CALABRIA ,  le  grèbe  huppé  est  décrit  sous  ce  nom  cata- 
lan, par  Adanson,  dans  le  Supplément  à  l'Encyclopédie.  Voy. 
Gr£be.  (S.) 

CALABURE  ,  Afuntîngia  ,  genre  de  plantes  de  la  po-« 
lyandrie  monogynie,  et  de  la  famille  des  Liliacébs,  qui 
est  formé  par  un  grand  arbre  dont  les  feuilles  sont  alternes, 
ovales,  pointues,  dentées,  inégales  à  leur  base,  couvertes 
d'un  duvet  roux  fin  comme  de  la  soie.  Les  fleurs  sont  axil-> 
laires ,  solitaires ,  et  composées  d'un  calice  à  cinq  ou  six  dé- 
coupures pubescentes  et  caduques;  d'une  corolle  de  cinq  ou 
six  pétales  un  peu  onguiculés  ;  d'un  erand  nombre  d'étamines  ; 
d'un  ovaire  supérieur ,  globuleux,  dépourvu  de  style,  et  cou- 
ronné par  cinq  ou  six  stigmates  épais  et  persistans.  Le  fruit 
est  une  baie  globuleuse ,  un  peu  plus  grosse  qu'une  cerise , 
jaunâtre ,  avec  une  teinte  de  rose ,  divisée  intérieurement 
en  cinq  ou  six  loges  peu  apparentes ,  par  des  cloisons  mem- 
braneuses, tràs-fines,et  qui  contiennent  des  semences  nom- 
breuses ,  nichées  dnns  une  pulpe. 

Cet  arbre  est  commun  à  Saint-Domingue.  Son  bois  sert 
à  faire  des  douves,  et  son  écorce  des  cordes.  (B.) 
'  CALAC,  Carieaa ,  genre  de  plantes  à  fleurs  monopétalées^ 
de  la  pentancirie  monogynie ,  et  de  la  famille  de  Apocinj&es  , 
dont  le  caractère  est  d'avoir  un  calice  fort  petit ,  persistant ,  à 
cinq  divisions  droites  et  pointues  ;<Une  corolle  monopétale, 
à  tuDc  cylindrique^  à  cinq  divisions;  cinqétamines;  un  ovaire 


CAL  lat 

tapérieur  oblong  ,  rarmonté  d'un  style  fiUfbnne^  dont  le 
Migmaie  est  légèrement  bifide. 

Le  fruit  est  une  baie  ovoïde ,  divûée  en  deux  loges  conte* 
nant  une  à  quatre  semences ,  nichées  dans  une  pulpe.- 

Ce  genre  est  figuré  pi.  118  des  Iliustrationa  de  liamarck. 
II  contient  quatre  à  cuiq  espèces ,  qui  sont  des  arbrisseaux 
épineux  ,  à  épines  opposées ,  quelquefois  florifères ,  et  faisant 
les  fonctions  de  pédoncules;  leurs  feuilles  sont  entières,  op- 
posées; leurs  fleurs  portées  sur  des  pédoncules  axillaires  ou 
terminaux.  Us  croissent  tous  dans  l'Inde  ou  en  Ai*abie. 

L'espèce  la  plus  connue  est  le  Calac  a  feuilles  obtuses  , 
Carissa  carandas  Linn. ,  dont  les  caractères  sont  d'avoir  les 
feuilles  ovales  et  obtuses.  Elle  se  trouve  dans  l'Inde.  Ses  firuils 
sont  acides ,  et  on  en  fait  de  très-bonnes  confitures. 

n  en  est  encore  une  autre  espèce  qui  vient  en  Arabie  y  et 
que  Forskal  a  décrite  sous  le  nom  dicuituia.  Ses  fruits  se  man-  ' 
gent  également 

Le  genre  Ahduine  est  le  même  que  eelui-ci.  (B.) 

CALADION  y  Caladium  ,  genre  de  plantes  établi  par 
Venienat  aux  dépens  des  CtOUETs  de  Linnasus ,  c'est-à-dire 
dans   la  gynandrie  polyandrie  ^  et  dans  la   famille  des 

GÔUETS. 

Ce  genre  ofire  pour  caractère  une  spathe  ventrue ,  se  re- 
couvrant dans  sa  paitie  inférieure;  un  chaton  plus  court  que 
la  'spathe  ,  simple ,  droit ,  cylindrique  ,  portant  des  fleurs 
mâles  dans  sa  partie  supérieure  ,  et  des  fleurs  femelles  dans 
sa  partie  inférieure  ;  les  premières  formées  d'anthères  sessiles 
disposées  en  spirales ,  creusées  dans  leur  contour  de  douze 
sillons  remplis  de  poussière  fécondante,  en  molécules  agglu- 
tinées ,  et  terminées  supérieurement  par  un  plateau  en  forme 
de  losange,  parsemé  de  points  brillans,  et  crénelé  à  son 
limbe  ;  les  secondes  composées  d'o vailles  nombreux ,  orbicu- 
laires ,  concaves ,  à  stigmate  sessile ,  même  ombiliqué ,  rem- 
plis d'une  liqueur  visqueuse  ;  des  glandes  oblongues,  obtuses, 
relevées ,  disposées  sur  quatre  rangs,  remplissant  l'espace  qui 
est  entre  les  étamines  et  les  ovaires. 

Le  fruit  est  semblable  à  celai  des  gouets.  Voyez  ce  mot. 

Ce  genre  diffère  donc  Ae^goueta  par  la  situalion  et  la  struc^ 
ture  oe  ses  anthères ,  par  la  direction  et  la  forme  des  glandes  ^ 
par  ses  stigmates  ombiliqués ,  et  même  par  son  pollen.  Ven- 
tenat  lui  rapporte  les  Gouets  esculent  ,  ovale  ,  a  feuilles 
]>£  sagittaires  ,  ARBORESCENT ,  et  trois  autres  moins  con- 
nna.  On  doit  lui  donner  pour  type  le  Caladion  bicolor  ,  dont 
ce  botaniste  a  donné  une  superbe  figure  pi.  3o  de  ses  Planfeif 
du  jardin  de  Ce,k.  Cette  belle  plante  est  originaire  du  Bré^^ii, 


soa  C  A  li 

et  se  &ît  remarquer  par  aes  larges  feuilles ,  peltées ,  sagittées  ^ 
d'un  rouge  cramoisi  dans  le  muieu^l  d'un  vert  foncé  dans 
leur  contour.  On  la  multiplie  de  drageons.  (B.) 

CALAF  4  nom  arabe  d*un  arbuste  que  quelques  vojageui^ 
ont  appelé  9auU ,  et  dont  les  Egyptiens  distillent  la  fleur  en 
en  tirant  une  eau  cordiale ,  qu'ils  app^ent  macahalef,  et 
dont  ils  font  usage  pour  réprimer  le  trop  grand  deair  de  l'acte 
vénérien.  On  s  en  sert  tant  intérieurement  qu'extérieurement 
dans  les  fièvres  ardentes  et  pestilentielles.  Son  odeur  est  si 
agréable  et  si  pénétrante ,  qu'elle  su£Bt  pour  dissiper  la  dé- 
faillance. Il  est  tris-probable  que  ce  ciUaf  est  un  Chalrf. 
I^oyex  ce  mot  (B.) 

CALAGUALA,  racine  d'une  plante  du  Pérou,  dont 
on  fait  usage  en  Espagne  y  comme  apérilive  et  sudorifique. 
On  ignore  a  quel  genre  appartient  cette  plante.  (B.) 

CALAK ,  nom  persan  du  Corbeau.  Voyez  ce  mot.  (S.) 

CAL ALOU ,  nom  d'une  espèce  de  citrouille  de  la  division 
des  PipoNS,  qu'on  mange  habituellement  dans  les  colonies 
européennes  de  l'Amérique.  Voyez  au  mot  Coubob. 

C'est  aussi  un  mets  propre  aux  mêmes  contrées ,  que  l'on 
fait  avec  la  Kjëthib  escuijsnte  et  quelques  autres  mal- 
vacées.  (B.) 

CALAMBAC.  C'est  une  espèce  d'AoALocHX.  Voyez  ce 
mot  (B.) 

CALAMBOURG,  bois  odoriférant,  qui  est  employé  en 
Chine  à  des  ouvrages  de  tabletterie.  Il  diflère  peu  ^  a  ce  qu'il 
paroît,  de  I'Agalochb.  Voyez  ce  mot.  (6.) 

C  ALAMENT  «  espèce  de  plante  du  genre  Mélisse.  Voyez 
ce  mot.  (B.) 

CALAMINE  ou  PIERRE  CAL AMIN AIRE,  minerai 
composé  pour  lordinaire  d'oxule  de  aine ,  d  oxide  de  fer  et 
de  parties  terreuses»  ce  qui  forme  un  mélange  couleur  de 
rouule.On  regarde  aussi  comme  une  calamine  1  oxide  pur  de 
^fiinc  9  qui  a  une  apparence  \itreusc  »  et  qui  est  d'une  couleur 
biancne  ou  cilrine.  Celui-là  est  8U.Hceptible  de  poli  comme  une 
calcédoine,  et  il  en  a  le  coup-dWl  et  la  demi-lrausparence. 
Ce  minerai  est  rare ,  et  ne  se  trouve  guère  qu'en  Angleterre, 
dans  le  comté  de  Sommersel,et  dans  les  mines  de  la  Ilaourie, 
à  l'extrémité  de  rAsiesoplentrionalc.  Cet  oxide  de  sine  cris* 
tallise  quelquefois  eu  lauies  disposées  les  unes  sur  les  autres  , 
de  manière  qu'eUes  se  touchent  immédiatement  par  une 
extrémité,  et  qu'elles  sont  un  peu  écartées  par  l'autre  comme 
im  éventail  fermé.  Voyez  Zinc  (Pat.) 


CAL  103 

CALAMITE,  nom  spécifique  d'un  Cravaub.  V^eu  tm 
mot.  (B.) 

GAJLAMUS  AROMATIQUE ,  nom  donné  à  nluaieum 
fubatance»  végétales  odorantes  qui  viennent  de  l'Inde.  Parmi 
elles ,  on  peut  citer  la  racine  TAcorb  odorant  ,  le  Rotang 
TRAi  et  de  Barbon  karb.  (  Voye»  ces  mots.  )  Mais  il  y  a  peu 
d'accord  sur  le  nom  des  autres  plantes  qui  fournissent  les 
autres  espèces  àecalamua  connues  dans  les  boutiques  d'apo- 
thicaires. (B.) 

CALANDRE  (  Alauda  calandra  Lath. ,  fig.  pi.  enlum. 
de  Buffon,  n^  365.  ),  espèce  d' Alouette.  (  Fcye»  ce  mot.  ) 
Elle  est  plus  grosse  que  V alouette  commune ,  d'où  on  l'a  encore 
appelée  groMe  alouette.  Sa  longueur  totale  est  de  sept  pouces 
un  quart ,  et  son  vol  de  treize  pouces  et  demi  ;  ses  ailes  pliées 
aboutissent  à  l'extrémilc  de  la  queue ,  au  lieu  que  celles  de 
Yaiouêtte  commune  ne  sont  pas  à  beaucoup  près  si  longues. 
Son  bec  est  aussi ^  proportion  gardée ,  plus  court,  plus  épais 
et  plus  fort.  Du  reste ,  la  calandre  est  semblable  à  Valouette 
commune  par  l'ensemble  et  les  détails  de  conformation,  ainsi 
911e  par  le  plumage.  Toutes  les  pliunes  du  dessus  du  corps 
ont  une  bordure  grise  sur  un  fond  brun  ;  la  goi^  et  le  v^nti'e 
sont  blancs;  au-oessous  de  la  gorge  est  un  demi-collier  noir , 
qui,  dans  quelques  individus,  devient  une  grande  plaque 
de  la  même  couleur,  qui  couvre  le  baut  de  la  poitrine  ;  quel- 
ques mouchetures  noires  paroissent  sur  le  blanc  sale  du 
devant  du  cou  et  de  la  poitrine;  les  flancs  sont  d'un  brun 
rouseâtre,  et  les  pennes  des  ailes  brunes,  bordées  de  blan- 
châtre ;  les  deux  paires  les  plus  extérieures  des  pennes  de  la 
queue  sont  bc«^ees  de  blanc,  la  troisième  paire  terminée  de 
môme,  la  paire  intermédiaire  gris-brun,  tout  le  reste  noi- 
râtre ;  le  bec ,  les  pieds  et  les  ongles  sont  blanchâtres.  Le  mâle 
est  plus  gros  et  plus  noir  autour  du  cou  que  la  fem^e,  dont 
le  rallier  est  fort  étroit. 

Aux  rapports  de  conformation  et  de  couleurs  avec  Valouette 
commune,  la  calandre  en  joint  d'aussi  saillansdansles  habitudes 
et  les  moeurs.  Sa  voix  est  également  agi^able ,  mais  plus  forte  ; 
elle  a  la  même  légèreté  dans  6es  mouvemens  et  ses  amours  '; 
elle  niche  de  même  à  terre  sous  une  motte  de  gazon  bien 
fourni ,  et  sa  ponte  est  de  quatre  ou  cinq  œufe.  Elle  a  le  mém0 
talent  pour  contrefaire  parfaitement  le  ramage  de  plusieurs 
oiseaux  et  le  cri  de  quelques  quadrupèdes  ;  mais  son  espèce 
est  moins  nombreuse,  et  elle  ne  se  trouve  qu'au  midi  de  la 
France ,  et  sur-tout  en  Provence  ,  oi\  elle  est  commune^ 
et  oi\  on  rélève  à  cause  de  son  chant.  EHe  l'est  aii^i  en 
Italie,  et,  selon  Cetli^  danaTile  de  Sardaigne,  où  elle  passe 


104  CAL 

toMte  Tannée.  (  Uccellidi  Sardegna,  pag.  147.  )  On  ne  roît 
pas  les  calandres  en  troupes  ;  elles  se  tiennent  seules  pour 
rordinaire.  En  automne ,  elles  deviennent  fort  grasses^  et  sont 
alors  un  manger  très-délicat.  On  les  prend  aux  filets ,  que 
Ton  tend  à  portée  des  eaux  où  elles  ont  coutume  d'aÛer 
l>oire ,  ou  aux  collets  et  aux  traîneaux,  de  même  que  les  autres 
alouettes. 

Si  Ton  veut  élever  les  calandres  pour  jouir  de  l'agrément 
de  leur  chant  et  de  la  flexibilité  de  leur  gosier  imitateur ,  on 
doit  les  avoir  jeunes,  au  sortir  du  nid,  ou  du  moins  avant 
leur  première  niue;  les  nounûr  d'abord  avec  de  la  pâte 
composée  en  parlie  de  cœur  de  mouton  ;  leur  donner  ensuite 
des  graines ,  de  la  mie  de  pain ,  et  tenir  dans  leur  cage  du 
plâtras  pour  qu'elles. s'aiguisent  le  bec,  et  du  sable  fin  où 
elles  puissent  se  poudrer  à  leur  aise  ;  enfin ,  leur  lier  les  ailes 
dans  les  commencemens,  ou  couvrir  leur  cage  de  toile,  car 
elles  sont  fort  sauvages,  et  pourroient  se  tuer  en  cherchant  à 
s'élever  ;  mais  lorsque  ces  oiseaux  sont  façonnés  à  l'esclavage , 
ils  ne  cesaent  plus  de  répéter  leur  chant  propre  et  celui  dea 
autres  oiseaux,  qu'ils  retien uent  faciiçn^ent. 

La  Calandre  du  Caf  de  Bonme-Espérancb.  Foy.  Cra-» 

.TATEÏAUKE.     . 

La  Cai^andre  de  Mqngoi«i£  {Alauda  MongoUcaJj^Aï.), 
Celte  espèce  est  plus  srande  que  la  calandre  ordinaire  ;  son 
bec  est  épais,  et  l'ongle  postérieur,  à  peine  plus  long  que  le 
doigt ,  est  en  ligne  droite,  gros,  et  a  trtois  faces  ;  une  couleur 
rougeàtre,  tirant  sur  ceUe  de  la  rouille,  couvre  la  iête  et  le 
cou;  sur  le  sommet  de  la  télé,  celle  nuance  est  plus  foncée  ; 
une  bande  blanche  et  circulaire  l'entoure,  et  une  tache  de  la 
même  couleur  en  marque  le  milieu  ;  une  autre  tache  noire  , 
divisée  en  deux  pièces,  se  voit  sur  la  gorge  :  le  reste  du  plu«^ 
iinage  ressemble  à  celui  de  la  calandre  commune, 

M.  Fallas  a  vu  cet  oiseau  dans  les  terres  salines  et  désertes 
de  la  Mongolie,  entre  TOuon  et  l'Argoun  ;  son  ramage  est 
fort  agréable  ;  mais  il  ne  le  fait  entendre  qu'étant  posé  à  terre. 
Voyez  les  Voyagea  de  M,  Pailas  en  Russie  et  au  nord  de 
fAsie,  tom.  4,  in-i^^,,  d^  l'édition  française,  pag.  5og,  et 
append,  n®  19. 

La  Calandre  de  Sibérie  {Alauda  ccUandra  Var.Lath.). 
M.  FaUas ,  qui  le  premier  a  décrit  et  observé  cet  oiseau  ,  le 
regarde  comme  une  espèce  distincte  de  toutes  les  autres 
alouettes,  (  Voyages  en  flussie  el  dans  FAsie  septentrionale  , 
tom.  5,  in^/i.^.y  dç  l'édition  française,  et  append.  n**  8.) 
Gmelin  a  adopté  la  môme  opinion  ;  mais  M.  Latham  prétend 
que  cette  aiou#t(?  de  Sibérie  p  ost  qu'une  variété  de  la  vcUgndre^ 


C  A  L  loS 

Qaoi  qu'il  en  soit,  cet  oiseau  ne  fréquente  que  les -régions 
glacées  du  nord  de  l'Asie;  on  l'y  rencontre  communément 
dans  les  campagnes  exposées  au  soleil,  et  de  préférence  le 
long  des  chemins  de  la  Sibérie  près  de  Tlrtich  ;  il  vole  seul  » 
et  à  peu  d  élévation ,  fait  son  nid  dans  l'herbe ,  et  sa  nourri- 
ture de  sauterelles  et  de  vermisseaux.  Son  chant  n'est  pas 
aussi  agréable  que  celui  de  V alouette  commune;  son  plumage 
ne  dioere  pas  beaucoup  du  plumage  de  la  calandre,  et  ses 
principales  dissemblances  se  réduisent  aux  taches  d'un  jaune 
pâle ,  mêlé  de  couleur  de  rouille ,  sur  la  gorge  et  les  couver- 
tures supérieures  de  la  queue,  au  gris  blanchâtre  du  dessous 
du  corps,  au  blanc  qui  règne  sur  presque  toutes  les  pennes 
moyennes  de  l'aile ,  au  brun  livide  du  bec ,  et  au  gris  des 
pieds.  (S.) 

CALANDRE.  Ce  nom  est  donné  au  cockevi8,en  Pro- 
Tence  et  dans  l'Orléanois.  F'oyex  Cochevis.  (S.) 

CALANDRE ,  Calandra,  nouveau  genre  d'insectes ,  éta- 
bli par  l'auteur  de  ÏEntomolagie  Helvétique ,  et  adopté  par 
Fabricius.  Ce  genre  renferme  plusieurs  charansons  à  longue 
trompe  et  à  cuisses  mutiques,  tels  que  ceux  du  palmier,  du 
blé,  du  riz.  Ployez  Charansok.  (O.) 

CALANDRE.  On  a  donné  ce  nom  ,  dans  quelques  paya 
méridionaux  de  la  France ,  à  la  larve  du  charanson  qui  atta- 
que le  grain.  Voyez  Charamson.  (O,) 

CAL ANDBiNO ,  nom  italien  de  la^  FARiiOUS£.  Voyez  ce 
mot.  (S.) 

CAXjAO  ,  Buceroa ,  genre  de  l'ordre  des  Pies.  Voyez  ce 
rao\. 

Caractères  désignatifs  des  oiseaux  de  ce  genre  :  bec  den- 
telé en  scie  ;  front  osseux  ,  très-souvent  une  grande  excrois-  ' 
sance,  ressemblant  à  un  autre  bec  ,  sur  la  mandicule  supé- 
rieure ;  narines  petites ,  rondes ,  placées  à  la  base  du  bec  ; 
langue  petite,  courte^  pieds  marcheurs,  c'est-à-dire  troisdoigts 
en  avant,  un  en  arrière,  celui  d  u  milieu  joint  au  doigt  extérieur 
jusqu'à  la  troisième  articulation,  et  à  l'intérieur,  jusqu'à  la  ^ 
première  seulement.  Latham. 

Tje  ÇAiiAO  A  B£c  BiiANC  (édit.  de  Sonninide  YHUt.  nat.  de 
Buffbn  ).  Ce  ccdao  à  bec  blanc ,  a  une  très-gi-ande  analogie 
arec  le  ccdao  du  Malabar.  En  comparant  ces  deux  calaos, 
il  est  difficile  de  ne  pas  les  regarder  comme  oiseaux  de  U 
même  espèce  ;  la  dissemblance  la  plus  remarquable  ne  con- 
date  que  dans  la  forme  du  casque  ;  mais  l'on  sait  que  sa  con- 
formation varie  avec  l'âge.  L'on  peut  présumer  qu  il  habite  le 
fiieme  pays  ou  dans  les  contrées  voisines. 
I4Ç  bec  de  ce  calaq  a  quati*e  pouces  trois  lignes ,  mesuré 


io6  C  A  li 

en  ligne  droite  ;  il  est  dentelé  irrégalièrement  sur  ses  bords , 
et  il  se  termine  en  pointe  mousse  ;  le  casque  en  occupe  les 
deux  tiers  et  s'étend  sur  le  f>ont ,  auquel  il  est  adhérent  ;  il  a 
une  huppe  pendante  y  composée  de  longues  plumes  effilées  ; 
la  tète  y  le  cou ,  le  dos ,  le  croupion  et  les  couvertures  des 
ailes  ,  les  pennes  ^  ainsi  que  celles  de  la  queue  y  d'un  noir  à 
reflets  verdâtres;  une  large  tache  blanche  à  1  extrémité  de  la  plu* 
part  des  pennes  des  ailes  et  de  la  queue;  tout  le  dessous  du 
corps  d'un  beau  blanc  ;  les  pieds^les  doigts  et  les  ongles  noirs. 

Le  CAii Ao  A  BEC  ciSEiiE ,  Sonnerai.  Ce  voyageur  véridique , 
cet  observateur  exacte  auquel  l'Histoire  naturelle  a  de  grandes 
obligations  ,  désigne  ainsi ,  dans  son  F^oyage  à  la  HouveUe- 
Guinée ,  le  Calao  de  i/ile  Fana  y.  Voyez  ce  mot. 

Le  Calao  a  bec  rouge  du  Sj^n^oal.  Voyez  Tocx. 

LeCALAO  A  CASQUE  CONCAVE  (édition  deSonnini  de  VHist. 
nat,  de  Buffon.),  La  grandeur  de  ce  calao  est  de  trois  pieds,  dtï 
sommet  de  la  télé  au  bout  de  la  queue;  son  bec  a  sept  pouces 
de  long  y  est. plus  gros  et  d'une  conformation  plus  bizarre  que 
celui  du  calao  rhinocéros  ;  le  casque  est  long  de  plus  de  cinq 
pouces ,  et  haut  de  dix-huit  lignes  ;  il  est  arrondi  sur  ses  cotés , 
et  très-relevé  par-derrière ,  creusé  en  lai*ge  gouttière,  angu- 
laire dans  le  milieu  de  sa  longueur,  se  termine  en  pente  douce, 
est  ouvert  par-devant  et  presque  entièrement  creux  ;  la  mandi- 
bule supérieure  est  d'un  rouge  de  cinabre  à  sa  pointe ,  et  d'un 
;aune  aocre  sur  le  reste  :  cette  couleur  est  celle  du  casque 
et  de  Textrémité  de  la  mandibule  inférieure^  dont  la  teinte 
îaune  s'a£fbibliten  s'approchant  de  la  base,  et  sur  laquelle  on 
remarque  une  tache  noire  ;  une  huppe  composée  de  plumes 
longues,  déliées  et  d'un  roux  fauve,  est  couchée  sur  le  derrière 
de  la  tête,  dont  les  côtés  sont  noirs  ainsi  que  la  gorge;  le  roux 
fauve  se  rencontre  encore  sur  une  moitié  du  cou  ;  et  l'autre 
moitié,  la  poitrine,  les  scapulaires ,  le  dos, les  couvertures 
supérieures  de  la  queue  et  les  ailes,  sont  d'un  noir  mat;  un 
blanc  mêlé  de  fauve  est  répandu  sur  le  ventre;  les  jambes  , 
les  couvertures  inférieures  et  les  pennes  de  la  queue  qui  est 
arrondie  et  plus  courte  que  celle  du  calao  rninocéroe  ;  les 
pieds  et  les  ongles  sont  nom.  Cette  espèce  a  été  apportée  de 
Batavia. 

Le  jeune  ou  la  femelle  de  ce  calao  y  ne  dtfiFère  qu'en  ce  que 
SCS  jambes  ,  le  bas  de  son  ventre ,  les  couvertures  inférieures 
et  les  pennes  de  la  queue ^  sont  totalement  noirs. 

lie  Catmo  a  casque  en  crojasamt  (  édition  Sonnini  de 
YHieL  nat.  de  Buffon  ).  Le  casque ,  dont  les  deux  tiers  du  bec 
de  cet  oiseau  sont  surmontés,  })eut,  dit  Sonnini,  se  comparer 
k  un  diadème  en  croissant  ;  le  bec  est  très-grand ,  li*ès-forl , 


C  A  li  107 

et  a  pris  d  un  pied  de  long  ;  l'un  et  l'antre  âont  presque  lola- 
lemenl  d'un  janne  de  chamois  ^  et  rougeâtres  dans  quelques 
individus;  la  taille  de  l'oiseau  est  celle  du  calao  rhinocéros  ; 
mais  sa  queue  est  plus  longue  ;  toutes  les  pai'ties  supérieures 
sont  d'an  noir  changeant  en  brun  ou  en  bleuâtre  ;  le  bas- 
rentre  et  les  jambes  sont  d'un  blanc  teint  de  fauve  ;  la  queue 
qui  est  arrondie ,  a  son  milieu  noir  et  le  reste  d'un  blanc  salo,; 
les  pieds  sont  d'un  brun  noirâtre.  On  dit  que  cet  oiseau  est 
commun  aux  îles  Moluques ,  qu'il  se  lient  dans  les  grands 
bois  y  qu'il  est  très- sauvage  et  qu'il  vit  de  cadavres. 

Le  Calao  a  casque  festonna  (  HiaL  nat,  d*oiseaux  de 
VAmériqtAe  et  des  Indes,  par  Levaillant.  ).  Le  bec  de  ce  calao 
n'a  que  cinq  pouces  de  long  et  deux  d'épaisseur  ;  la  longueur 
du  corps  est  d'environ  trente  pouces;  les  mandibules  nuUer 
ment  oeatelées  sur  leurs  bords ^  sont  d'un  blanc  jaunâtre^ 
et  d'un  brun  clair  à  leur  base  ;  le  casque  s'élève  au-dessus  du 
bec  de  cinq  à  six  lignes  y  et  est  coupé  transversalement  de 
plusieurs  festons  blancs  et  bruns  ;  une  peau  nue  et  ridée  en- 
veloppe lea  yeux  »  couvre  la  base  des  mandibules  et  s'étend 
mr  la,  gorge;  lea  plumes  du  derrière  de  la  tête  sont  longues; 
le  plumage  est  d'un  noir  à  reflets  bleuâtres  sur  la  tète,  le  cou , 
le  dos  et  les  ailes  ;  sur  les  épaules  est  une  plaque  carrée  y  d'un 
brun  rougeâlre  ;  la  poitrine  et  les  flancs^  le  ventre  et  les  jambes 
iont  d'un  noir  brunâtre  ,  et  les  grandes  pennes  d'un  noir 
pnr;  la  queue  est  d'un  blanc  roussâtre.  Ce  calao  a  été  ap- 
porté de  Batavia. 

La  femelle  diffi^rc  en  ce  qu'elle  est  plus  petite,  et  n'a  point 
de  plaque  d'un  brun  rouge  entre  les  deux  épaules. 

Le  CAiiAO  A  CASQUE  noiHi^Buceros  gcUeatus  Lath.  Foy.  le 

bec  pi.  enl.  n^933  de  XHist.  nat,  de  Buffon).  L'on  ne  connoït  dé 

cet  oiseau  que  le  bec  et  la  tête  :  cette  tête  annonce  par  sa  grosseur 

que  l'oiaenu  doit  être  l'un  des  plus  grands  et  des  plus  forts  de 

ces  congénères  ;  le  bec ,  de  six  pouces  de  longueur  y  est  pre»^ 

que  droit  ,  n'a  point  de  courbure,  et  est  sans  dentdures,  dit 

Buffon;  mais,  selon  £dwards,  il  est  dentelé  à  son  extrémité; 

one espèce  de  casque  haut  de  deux  pouces,  un  peu  comprimé 

»ur  les  côtés ,  forme  avec  le  bec  une  hauteur  verticale  de  quatre 

fonces,  sur  huit  de  circonférence ,  il  s'élève  du  milieu  de  la 

mandibule  inférieure,  et  s'étend  jusque  sur  Focciput.  On  ne 

put  guère  juger  de  ses  couleurs,  puisqu'ellessonl  flétries  ;  mais 

^w«rd9  {pL  jB^/,;7Mrr^tt0C.),  dit  qu'il  est  blanchâtre  et  cou- 

^ar  de  vermillon  p  et  que  le  bec  est  blanc  sale  vers  la  pointe , 

<rec  quelques  taches  brunâtres  répandues  sur  le  rouge  qui  io 

^nvre  iasqu  a  la  tête. 

Le  Cax# AO  fii.ANC  [Bucerosalbus  Lath.). L'on  ignore  quelle 


laÇ  CAL 

est  la  contrée  qu'habite  ce  calao.  Q  aété  pris  en  mer,  près  les. 
IleA  de  l'Archipel  des  Larrons.  L'on  n  a  de  son  physique 
qu'une  description  incomplète  :  grandeur  d'une  oie;  bec  trè»- 
grand ,  courbe  en  faulx  et  noir;  cou  étroit  et  long  d'un  pied  ; 
tout  le  plumage  d'un  blanc  de  neige;  pieds  pareàs  au  bec. 

Le  Calao  d'Abyssinie  {Buceros  Abyssinicus  LAih.  ]pl. 
enl. ,  n**  779  de  VHist,  nat.  de  Buffon.  ).  Cette  espèce  a  trois 

ineds  deux  pouces  de  longueur;  le  bec  long  de  neuf  pouces , 
égèrement  arqué,  applati  et  comprimé  par  les  côtés  ;  les  deux 
mandibules  creusées  intérieurement  en  gouttières, et  finissant 
en  pointe  mousse;  la  supérieure,  surmontée  à  sa  base  d'une 
excroissance  cornée ,  de  deux  pouces  et  demi  de  diamètre 
et  de  quinze  b'gnes  de  l^rge  a  sa  base,  si  mince  qu'elle 
cède  au  doigt;  la  hauteur  de  cette  corne  et  du  bec ,  pris  en- 
semble et  verticalement,  est  de  trois  pouces  huit  lignes;  il 
y  a  sur  les  c6tés  de  la  mandibule  supérieure ,  près  de  l'orî- 

i^ine ,  une  plaque  rougefttre  ;  les  paupières  sont  garnies  de 
ougs  cik,  les  yeux  sont  entourés,  et  la  gorge  et  le  devant  du  cou, 
sont  couverts  d'une  peau  nue ,  d'un  brun  violet.  Cet  oiseau 
est  tout  noir ,  excepte  les  grandes  pennes  des  ailes  qui  sont 
blanches;  les  moyennes  et  une  partie  des  couvertures,  d'un 
brun  tanné  foncé.  Cest  ainsi  que  ce  calao  est  décrit  dans 
Bufibn. 

Bruce,  qui  l'a  observé  dans  son  pays  natal,  et  k  qui  nous 
devons  la  connoissance  de  ae^  mœurs  et  de  ses  habitudes ,  lui 
donne  près  de  trois  pieds  sept  pouces  de  longueur;  un  plu- 
mage fuligineux,  quelques  protubérances  sur  le  cou,  comme 
celles  du  dindon  mâle,  d'un  bleu  clair,  changeant  en  rouge 
dans  certains  momens  ;  les  yeux  rougeâlres. 

Cet  oiseau  se  trouve  en  Abyssinie ,  communément  dans  les 
champs  où  croît  le  iaff.  Il  mange  les  gros  coléoptères  verts , 
qui  se  trouvent  en  abondance  sur  cette  plante.  Sa  chair  a  une 
odeur  fétide  »  ce  qui  fait  croire  qu'il  se  nourrit  aussi  de  cha- 
rognes. On  le  nomme  dans  la  partie  de  l'est  abba  gamba ,  et 
dans  celle  de  l'ouest ,  erkooms  ;  enfin  ,  sur  les  frontières  da 
Sennara  et  de  Raas  elfiel,  on  l'appelle  l'oiseau  du  destin 
(  ieir  el  naciba  ).  Il  niche  sur  les  grands  arbres  les  plus  (oufi'us , 
et  quand  il  peut ,  proche  des  églises  ;  son  nid  e»t  couvert  comme 
celui  de  la  pie ,  et  quatre  fois  aussi  large  que  celui  de  Vaigle  ; 
il  l'appuie ,  l'afiermit  contre  le  tronc ,  et  ne  le  place  pas  à  uno 
grande  hauteur  ;  l'entrée  est  toujours  du  côté  de  l'est.  Il  est  ii 
présumer  que  sa  ponte  est  nombreuse ,  car  on  a  vu  des  vieux 
accompagnés  de  aix^huit  jeunes  qui ,  à  terre,  les  sui  voient  pus 
ë  pas  ;  mais  lorsqu'ils  sont  forts ,  m  s'accoupkat  deux  à  deux  « 


.   C  A  ti  iog 

et  cliaqtie  couple  se  tient  éloigné  l'un  de  Tautre ,  soit  qu'ib 
volent ,  soit  qu'ils  soient  à  terre. 

Lie  Calao  d'Afrique.  Voyez  Bbac. 

Le  GbandCalao  d'Afrique.  Voyez  Calao  d'Abyssinw* 

Le  Calao  de  Ceram  (  Buceros  plwatus  Lath.  ),  grosseur 
d'une  corneille  ;  bec  qui  ressemble  à  la  corne  d'un  bélier , 
Cou  assez  long  et  d'une  couleur  de  safran;  corps  noir  et  queue 
blanche  *,  jambes  courtes  et  fortes  ;  pieds  d'un  pigeon.  Telle 
est  la  description  succincte  que  Dampier  fait  de  cet  oiseau 
(  Voyage  autour  du  Monde  ).  Il  se  nourrit ,  dit-il ,  de  baies 
sauvages,  et  se  perche  sur  les  grands  arbres.  Cet  oiseau  se 
trouve  à  Ceram  et  à  la  Nouvelle-Guinée. 

Selon  Willulgby ,  le  bec  a  cinq  à  six  pouces  de  long  ,  est 
courbé  en  faulx,  sans  dentelures  à  ses  bords ,  et  surmonté  par 
un  casque  haut  d'un  pouce  ,  avec  sept  à  huit  feuillets  au-des- 
sus du  front. 

Le  Calao  ds  Giif oi  (  Buceros  Gengianus  Lath.  pi.  colo^ 
nées,  n**  1 32  du  Voyage  aux  Ind,  et  à  la  Ch.  par  Sonnerat  )- 
Cet  oiseau  a  deux  pieds  de  longueur  ;  le  bec  trè»-long ,  court>é 
en  forme  de  faulx ,  terminé  en  pointe  aiguë,  déprimé  sur  les 
éôlés  ,  noir  et  blanc  vers  la  pointe  et  les  bords;  une  excrois- 
sance de  même  substance  que  le  bec ,  s'élève  à  Torigine  de 
la  mandibule  supérieure,  et  se  recourbe  aussi  en  arc.  La 
forme  de  cette  excroissance  l'a  fait  nommer  par  les  Indiens 
l*oiêeau  à  deux  becs;  à  l'angle  de  la  mandibule  supérieure  , 
naît  une  large  bande  longitudinale  noire ,  qiû  passe  au-des  > 
aous  de  l'œil ,  et  se  termine  un  peu  au-delà  j  un  gris  terreux 
couvre  la  tête ,  le  cou,  le  dos ,  les  petites  piumes  des  ailes, 
et  le  noir  les  plus  grandes  y  la  poitrine  et  le  ventre  sont  blancs); 
les  deux  premières  pennes  de  la  queue  sont  les  plus  longues^ 
et  d'un  gris  terreux  roussâtre  ,  terminées  par  une  bande  transe 
versale  noire  \  cette  couleur  teint  les  latérales  jusqu'au  trois 
quarts  ,  ensuite  c'est  le  brun  ;  enfin ,  elles  sont  terminées  par 
une  bande  transversale  blanche  ;  pieds  noirs. 

Le  Calao  de  la  côte  Jiz  Coromandel.  Voyez  Second 
Calao  i^v  Malabar. 

Le  Calao  de  la  Nouvelle-Hollande  (  Buceros  oriett" 
taiis  Lath.).  La  Nouvelle-Hollande  a  aussi  ses  calaos  :  celui- 
ci  ,  plus  petit  qu'un  geai,  a  le  bec  convexe ,  le  casque  plus 
élevé  sur  le  front ,  et  creusé  eti  gouttière  dans  le  milieu  de  sa 
longueur  ;  une  peau  nue ,  ridée  et  de  couleur  cendrée  au- 
tour des  yeux  ;  la  cquleur  générale  du  dessus  du  corps  noi- 
râtre, ainsi  que  les  pennes  des  ailés  et  de  la  queue ,  les  doigts 
divisés  à  leur  origine. 

L^  CaL4P  d;s  l'Ile  Panay  (  Buceros  PayanemU  Lath. 


110  CAL 

pi.  enl.  îi**  780,  le  mâle  ;  n"  781 ,  la  femelle  ;  de  VHUL  nat^ 
deBuffon.)y  taille  du  corbeau d* Europe ,  mais  plus  alongee; 
bec  très-long  ,  courbé  en  arc,  dentelé  sur  les  bords  des  deux 
mandibules ,  déprimé  sur  les  côtés ,  finissant  en  pointe  aiguë 
elsiUonné  en  travers  dans  les  deux  tiers  de  sa  longueur;  partie 
convexe  des  sillons^  el  partie  lisse  vera  la  pointe  brune;  cise- 
lures couleur  d'oi'pin  \  cette  excroissance  de  même  substance 
que  le  bec ,  s'clevanl  àla  base  ,  applatie  sur  les  côtés  ,  tran- 
cliante  en  dessus  ,  coupée  en  angle  droit  en  devant ,  8*éten- 
dant  le  long  du  bec  el  finissant  vers  la  moitié  j  yeux  entourés 
d'une  membrane  brune  et  nue^  cils  durs ,  courts  et  roides  ; 
iris  blanchâtre  ;  tête^  cou,  dos,  ailes,  d'un  noir  verdâtre  ,  à 
reflets  bleuâtres  ,  selon  la  direction  de  la  lumière*,  haut  delà 
poitrine  d'un  rouge  brun  clair ,  plus  foncé  sur  le  ventre ,  les 
cuisses  et  le  croupion  *,  queue  d'un  jaune  roussâtre  dans  le» 
deux  tiers  de  sa  longueur ,  et  noire  dans  l'autre^  pieds  de  cou- 
leur de  plomb. 

La  femelle  ne  diflere  du  mâle  qu'en  ce  qu'elle  a  la  tête  et 
le  cou  blancs,  avec  une  large  tache  triangulaire ,  et  d'iui 
vert  noir  à  reflets, qui  s'étend  de  la  base  de  la  mandibule  infé- 
rieure et  derrière  l'oeil  jusqu'au  milieu  du  cou  en  travers 
sur  les  côtés. 

Le  Cai.ao  db  Malabar  {Buceros  Maiabaricut  Lath. ,  pi. 
enl.  n^  181  de  VHisL  nal.  <ie  Buffbn.).  Ce  calao  de  la  grosseur 
du  cor&eaa,  apresde  trois  pieds  de  longueur  ;  le  bec  long  de  huit 
pouces,  large  de  deux ,  arqué  et  pointu  ;  la  protubérance  cor- 
uée  appliquée  et  couchée  sur  le  bec ,  a  deux  pouces  trois  lignes 
de  largeur  et  six  pouces  de  longueur  ;  sa  forme  est  ceUe  d'un  bec 
tronqué,  fermé  a  la  pointe ,  dont  la  séparation  est  tracée  vers  le 
milieu  par  une  rainui*e  trèsnsensible,  et  suivant  toute  la  courbure 
je  ce  faux  bec,  qui  ne  tient  pointau  crâne  ;  sa  tranche  en  an'ièi*e, 
ou  sa  coupe  qui  s'élève  sur  la  tête,  est  une  espèce  d'occiput  chaiv 
nu,  dénué  de  plumes  et  revêtu  d'ime  peau  vive.  Ce  faux  bec  est 
ci^ux  et  fléchit  sous  les  doigts.  Sa  cavité  est  composée  de  cel- 
lules osseuses  ,  fort  minces ,  en  forme  de  rayons  de  miel ,  mais 
in'égulières.  Sa  pointe  »  ji>|u'à  trois  pouces  en  anière,  eftt 
noire  ;  le  reste  est  d'un  blanc  jaunâtre  ainsi  que  le  bec.  Une 
peau  noire  entoure  la  base  et  environne  les  yeux  ;  de  longs 
«ils  arqués  en  a  mère  garnissent  la  paupière  ;  l'œil  est  d'un 
brun  rouge  ;  les  plumes  de  la  .tête  et  du  cou  sont  longues  , 
cflilces  et  d'un  noir  à  reflets  violets  et  verts.  La  poitrine ,  le 
ventre  et  l'extrémité  de  la  queue,  excepté  les  quatre  pennes  in* 
termédiaires ,  sont  blancs  ;  le  reste  du  plumage  est  pareil  À  la 
tête.  Cet  oiseau  est  frugivore  ;  mais  beaucoup  plus  Carnivore, 
il  a  un  cri  sourd  qui  paroît  exprimer  ouçk,  omk  ,  et  dont  le 


CAL  ,,i 

ston  bref  et  sec  n'edt  qu'un  coup  de  gosier  enroué.  II  en  a  en- 
core un  autre  pareil  au  gloussement  de  la  poule  d*Inde  qui 
conduit  ses  petits.  Ce  ccUao  se  tient  dans  les  grands  bois ,  se 
perche  sur  les  arbres  les  plus  hauts,  et  de  préférence  sur 
les  branches  sèches.  D  niche  dans  le  creux  des  troncs  ver- 
moulus. Sa  ponte  est  de  quatre  œu(s  d'un  blanc  sale.  Les  petits 
naissent  nus. 

Second  Ca;<ao  db  Malabar  (  Buceros  Malabaricu9  Var. 
Lath.  pi.  coloriées  «  n^  i  â  i ,  Voyage  aux  Indes  et  à  la  Chine  , 
par  Sonnerai.  ).  Ce  calao  a  de  grands  rapports  avec  l'autre 
calao  du  Malabar.  Aussi  Sonnerat,  à  qui  l'on  ne  peut  refuser, 
bans  injustice,  des  connoissances  en  ornithologie,  le  regarde 
comme  appartenant  à  la  même  r^ce.  Latham  est  de  la  même 

opinion. 

La  longueur  de  cet  oiseau,  suivant  Sonnerat,  est  de  deux 

Eieds  depub  la  pointe  du  bec  jusqu'à  l'extrémité  de  la  queue  ; 
i  bec  est  très-gros ,  presqu'aussi  hirge  à  sa  base  que  la  tête,  et 
dentelé  le  long  de  ses  bords  ;  à  sa  racine  s'élève  une  sorte  de 
casque  arrondi  sur  les  côtés ,  s'élendant  le  long  du  bec  jusques 
vers  la  moitié  de  sa  longueur,  où  il  finit  en  s  arrondissant  ;  il 
est  noir  à  sa  naissance  et  une  bande  blanche  le  termine  ;  le 
bec  est  de  cette  couleur;  l'espace  entre  lui  et  les  yeux  est  noir, 
et  dénué  de  plumes;  parmi  les  pennes  des  ailes,  ily  en  a  deux 
qui  sont  totalement  blanches,  et  d'autres  qui  ne  le  sont  qu';V 
moitié  ;  celles  de  la  queue  le  sont  presque  en  entier,  et  les  deux 
latérales  le  sont  totalement  ;  le  ventre  et  les  parties  subsé- 
quentes sont  d'un  blanc  sale;  le  reste  du  plumage  est  noir, 
ainsi  que  les  pieds  ;  l'iris  est  d'un  rouge  brun* 

Cette  espèce  se  trouve  aussi  au  Bengale,  où  les  Anglais  la 
désigne  par  les  dénominations  de  eherry  deanieà  ou  bird  of 
knotpleage. 

Le  Cai«ao  jdb  ManiIiUI  (  Buceros  Manillenais  Lath.  pl« 
enl.  n^  891  deVHisi,  nai,  de  Buffon*).  Le  bec  de  ce  calao  est 
aurmonté  d'un  léger  feston  proéminent,  adhérent  à  la  man- 
dibule supérieure ,  et  formant  un  simj^  renflement ,  il  a 
deux  pouces  et  demi  de  longueur,  .et  il  n'est  point  dentelé, 
mais  assez  tranchant  par  les  bords.  Le  plumage  est  noir , 
brun  et  rougeâtre  ;  un  olanc  jaunâtre  onde  de  brun  couvre 
la  tête  et  le  cou  ;  une  plaque  noire  teint  les  oreilles  ;  le  dessua 
da  corps  est  d'un  brun  noirâtre  avec  des  franges  blanchâti^es, 
filées  dans  les  pennes  de  Taile  ;  le  dessous  d'un  blanc  sale;  le 
milieu  de  la  queu^est  traversé  par  une  bande  rousse  d'environ 
un  pouce  et  demi  de  largeur.  Grosseur  un  peu  au-dessus  de 
celle  du  calao  tock.  Longueur ,  vingt  pouces. 

X«e  Calao  des  Indbs.  f^oyes  CAiiAO  juiiNOciROS* 


lia  CAL 

Le  Calao  des  Moluques  (  Buceros  hydrocùtax  Latli. ,  pL 
enl.  n®  283  de  VHUt.  naL  de  Buffbn,),  JL'excroissance  qui 
surmonte  le  bec  de  cet  oiseau  est  assez  solide  et  semblable  à  de 
la  corne  ^  elle  est  applalie  en  devant  et  s'arrondit  jusques  pai*-> 
dessus  la  léte.  Cette  partie  est  blanchâtre  j  le  reste  et  le  bec 
sont  d'un  cendré  noii'àtre.  Celui-ci  a  cinq  pouces  de  lon- 
gueur sur  deux  et  demi  d'épaisseur  à  son  origine  ;  la  grosseur 
du  corps  de  ce  calao  est  un  peu  au-dessus  de  celle  du  coq  y  et 
sa  longueur  de  deux  pieds  quatre  pouces  ;  les  yeux  sont  grands 
et  noirs;  cette  coiUeur  domine  sur  les  côtés  de  la  téte^  les  ailes 
et  la  gorge  ;  et  cette  partie  de  la  gorge  est  entourée  d'une 
bande  blanche  ;  un  gris'- blanchâtre  règne  sur  les  pennes  de 
la  queue  ;  le  brun  «  le  gris ,  le  noirâtre  et  le  fauve  sont  ré- 

fandus  sur  le  reste  du  plumage  ;  les  pieds  sont  d'un  gris- 
run» 
Cette  espèce  ne  seroit  pas  camivore ,  si ,  comme  le  dit  Bon** 
tins ,  elle  ne  vit  que  de  fruits  et  principalement  de  noix  mus- 
cades. Aussi  sa  chair  est-elle  délicate  et  a  un  fumet  aroma- 
tiquer  Charles  White ,  dans  ses  Recherches  asiatiques  (asiatic 
researcfies) ,  ajoute  que  ce  calao  se  nourrit  aussi  de  noix  vo-* 
miques^  et  que  sa  graisse  est  très-estiniée  des  Insulaires^  qui  lui 
donnent  le  nom  de  dhanéaa^ 

Le  Calao  des  Philippines  {Buceros  bicornisJjHÛï.  ).  Le 
l«>oc  de  ce  calau  a  neuf  pouces  de  longueur  sur  deux  pouces 
huit  lignes  d'épaisseur  ;  l'excroissance  cornée ,  àx.  pouces  de 
long  sur  trois  pouces  de  largeur.  Cette  excroissance  un  peu 
concave  dans  la  partie  supérieure ,  a  deux  angles  qui  se  pro- 
longent en  avant  en  forme  de  double  corne ,  et  s'étend ,  en 
s'arrondissant  sur  la. partie  supérieure  de  la  tête.  Le  tout  est 
de  couleur  rougeâti*e.  Cet  oiseau  est  de  la  grosseur  du  dindon 
femelle;  il  a  la  tête,  la  gorge ^  le  cou  ,  le  dessiu  du  corps ^  les 
oouvertures  supérieures  des  ailes  et  de  la  queue  noirs,  ainsi 
que  les  pennes  alaires  et  caudales  ;  une  tache  sur  les  pre- 
mières ;  les  latérales  de  la  queue  et  les  parties  inférieures  du 
eorps  sont  blancs  ;  pieds  verdâtres.  Cette  espèce  se  trouve  aux 
Philippines,  et  Liiinseus  dit  qu'eUe  habile  aussi  la  Chine. 
Les'  ornithologistes  donnent  à  ce  calao  une  variété  qui  me 

Îaroit  trop  dissemblable  dans  les  couleurs  et  la  forme  de  son 
ec ,  pour  ne  pas  constituer  une  espèce  particulière.  Quoi 
qu'il  en  soit,  cet  oiseau,  qu  'a  fait  connoître  George  Castel,'habile 
aussi  les  iles  Philippines.  U  a  le  bec  long  de  six  à  sept  pouces , 
un  peu  courbé,  diaphane  et  de  couleur  de  cinabre;  les  mandi- 
bules égales ,  larges  d'un  pouce  et  demi  dans  le  milieu  ;  la  su- 
périeure recouverte  en  dessus  d'une  espèce  de  casoue  long  de 
six  pouoes,  et  large  de  près  de  trois;  la  paupière  bleue;  l'ii'is 


C  A  Ti  1,5 

blanc  ;  les  cîls  noira  et  longs  ;  la  tèle  ]>elile ,  noire  autour  d.'S 
yeux  ;  et  »ur  le  reste,  rousse  ainsi  que  le  cou  ;  le  ventre  noir; 
le  croupion  et  le  dos  d*ua  cendré  brun  ;  les  pennes  des  ailes 
d'une  couleur  fauve,  les  cuisses  et  les  pieds  jaunâtres  ;  la  queue 
blanche  et  longue  de  quinze  à  dix-huit  pouces  ;  les  doîgU 
écailleux  et  rougeâtres;  les  ongles  noirs. 

Cette  espèce  ne  fréquente  point  les  eaux ,  mais  habite  les 
endroits  élevés  et  même  les  montagnes ,  où  elle  vil  de  figues , 
d  amandes,  de  pistaches  et  autres  fruits  qu'elle  avale  tout  en- 
tiers. Les  Gentils  ont  rangé  cet  oiseau  parmi  leurs  dieux. 

Le  Calao  gingala  (  HUt,  nat.  d'ois.  c^ Amérique  et  de 
f  Inde  y  par  Levaillant.  ).  Cet  oiseau  s'éloigne  des  calaos  par 
la  privation  de  toute  excroissance  sur  le  bec ,  et  ne  s'en  rap- 
proche que  par  sa  courbure  et  ses  dentelures,  ainsi  que  par 
les  pieds;  les  mandibules  n'ont  que  trois  pouces  de  longueur, 
et  sont  noirâtres  et  blanches  ;  les  narines  sont  cachées  eu 
partie  sous  des  poils roides;  le  dessus  de  la  tête,  la  huppe ,  le 
derrière  du  cou  ,  le  manteau  et  les  couvertures  de  la  queue 
sont  d'un  brun  noir  nuancé  de  gris  bleuâtre  ;  celte  teinte  est 
celle  des  ailes  ;  tout  le  devant  du  cou  jusqu'à  la  poitrine ,  est 
d'an  blanc  légèrement  nuancé  de  gris ,  qui  prend  une  teinte 
cendi^esur  les  parties  subséquentes,  et  rougeâti-esur  les  cou- 
vertures inférieures  de  la  queue  ,  dont  les  pennes  sont  poin- 
tues ,  étagées ,  blanches  et  d'un  gris  bleuâtre.  Cette  espèce 
habite  Tile  de  Ceylan. 

Le  Calao  gris  (  Buceroa  grise  us  Lalh.  ).  Ce  calao  a  le  bec 
janne  ,  une  tache  nÀire  à  sa  base ,  dont  le  tour  ,  ainsi  que  le 
coin  de  l'œil,  sont  garnis  de  soies  très-nombreuses;  derrière 
celui-ci  est  une  peau  bleue  privée  de  plumes  ;  au-dessus  du 
bec  est  une  espèce  de  casque  tronqué  par-derrière  et  s'abais- 
sa nt  progressivement  vers  la  pointe;  le  dessus  delà  tête  est 
noir  ;  le  reste ,  le  cou  ,  le  dos ,  la  poitrine  sont  gris  ;  les  ailes 
en  partie  grises ,  en  partie  noires ,  et  TextrémUé  des  pennes 
blanche;  la  queue  longue,  les  deux  jTcunes  intermédiaires 
noires  ,  les  autres  blanches  dans  toute  leur  longueur.  Celte 
e&pèce  se  trouve  à  la  Nouvel  le- Hollande. 

LiC  Calao  javan  {Hist,  nat,  des  oiseaux  de  V Amérique 
et  de  l'Inde  par  Levaillant.).  Cette  espèce  diffère  des  autres, 
aîinsi  que  le  calao  gingala ,  en  ce  qu'elle  n'a  point  le  bec  sur- 
monte d'une  protubérance.  Elle  a  environ  trente  pouces  ; 
son  bec  est  d'un  brun  clair  à  sa  base  et  jaunâtre  vers  la 
pointe.  11  a  quatre  pouces  et  demi  de  longueur,  sur  vingt 
liâ^nes  de  hauteur  et  de  largeur.  Une  peau  nue ,  qui  couvre 
le  dessous  des  yeux  et  le  bas  aes  joues ,  forme  sur  la  gorge  une 
poche  profondément  ridée  ;  le  cou  et  la  queue  sont  blanc«  ; 

JV.  H 


1 14  C  A  ti 

le  front  y  le  deasna  delà  tété»  les  plûmes  longues  de  l'occiput 
sont  d'un  brun  roux  ;  le  dessus  et  le  dessous  du  corps  d  un 
noir  à  reflets  verdâtres  ;  les  pieds  brunâtres  et  les  ongles  d'un 
blanc  jaune.  Cet  oiseau,  envoyé  de  Batavia  ^  oà  on  le  nomme 
jaar  vogel y  ^roit  appartenir  à  un  autre  genre  que  celui  des 
ctilaos  :  car  il  n'a  aucun  des  caractères  qui  distinruent  ces 
oiseaux ,  à  l'exceplion  des  ongles ,  qui  ont  la  coupe  des  leurs  ; 
son  b«c  est  privé  de  toute  excroissance ,  a  absolument  la  même 
forme,  que  celui  du  corbeau ,  et  les  mandibules  ne  sont  ni 
échancrées  ni  dentelées. 

Le  Calao  jihinocéros  (Suceros  rhinocéros  Latb.  Voye$ 
le  bec  pi.  enl.  n^  954  de  VHisi,  nai,  de  Buffon ,  et  pi.  1 34  de 
l'édition  de  Sonnini,),  Ce  caku)  se  Irouve  dans  les  îles  de  Java  » 
de  Sumatra ,  des  Philippines ,  et  dans  divers  autres  pays  de 
F  Inde.  Sa  grosseur  est  presque  celle  du  dindon  ;  sa  longueur, 
depuis  la  pointe  du  bec  jusqu'au  bout  de  la  queue  «  cle  près 
de  quatre  pieds  ;  le  bec  est  long  de  dix  pouces  ,  le  cou  d  en* 
viron  un  pied.  Il  y  a  sur  la  paiiie  supérieure  du  bec  une 
excroissance  cornée  qui  prencl  naissance  à  la  base,  s'étend 
en  avant  et  sa  recourbe  ensuite  en  forme  de  cornes.  Cette 
corne  a  huit  pouces  de  longueur  sur  quatre  de  large  à  sa  base  ; 
elle  est  divisée  en  deux  parties  par  une  ligne  noire ,  qui 
s^étend  sur  chacun  de  ses  côtés  suivant  sa  longueur  (cette  ligne 
manque  à  la  corne  de  certains  individus  )  ;  ses  couleurs  sont 
le  jaune  et  le  rouge  ;  la  teinte  du  bec  est  blanchâtre  ;  Tins  est 
rouge  ;  le  corps  noir  ;  le  croupion  et  le  bas-ventre  sont  d'un 
blanc  sale  ;  les  couvertures  inférieures  de  la  queue  moitié 
noires,  moitié  blanches  ;  les  pennes  de  cette  dernière  couleur, 
iteec  une  large  bande  noire  dans  leur  milieu  ;  les  pieds  d'uu 
gris  foncé. 

Le  jeune,  selon  Marsden  {Histoire  de  Sumatra),  est 
privé  de  l'excroissance  qui  est  sur  le  bec  ;  Tins  des  yeux  esi 
blanchâtre  ;  en  captivité  on  le  nourrit ,  à  Sumatra ,  de  riz 
cuit  ou  de  viande  tendre.  Les  habitans  lui  donnent  le  nunt 
d'engang.  Ces  oiseaux  se  nourrissent  dans  l'clat  sauvage  ,  dit 
Bontius  {Hiet.  nat,  ind.) ,  de  chair  et  de  charogne  -,  ils  suivent 
ordinairement  les  chasseurs  de  sanglieci ,  de  vaches  sauvages 
et  de  cerfs  ,  pour  manger  la  chair  et  les  intestins  de  ces  aui* 
maux  ,  quon  veut  bien  leur  abandonner.  Ce  calao  vit  aussi 
de  ruts  et  de  souris  *,  c'est  pourquoi  les  Indiens  en  élèvent« 
Avant  de  manger  un  de  ces  animaux ,  il  l'applatit,  en  le  ser* 
rant  dans  son  bec  afin  de  l'amollir ,  et  l'avale  tout  entier  en  1% 
jetant  en  l'air ,  et  le  recevant  dans  son  large  gosier.  Cet  oiseau 
iriste  et  sauvage  ,  d'im  caractère  craintif  et  stupide ,  a  latti-» 


CAL  n5 

hide  pesante  /  ne  marche  pas,  luais  saute  pour  s  avancer 
d'une  place  à  une  autre* 

Le  Cat.ao  rouge  (  Buceroa  ruber  Lalh.)  ;  telle  est  la  dési-* 
gaation  d'un  calao  dont  parle  Latham,  mais  dont  il  ne  con- 
noit  ni  la  taiUe^  hi  le  pays  :  de  tous  les  calaos  ^  c'est  celui  de 
Ceram  avec  lequel  il  a,  selon  lui ,  le  plus  de  rapport.  Sa  tél9 
eiit  couverte  de  plumes  ;  elle  est  un  peu  huppée  et  noire  jus- 
qu'aux yeux  ;  le  reste  du  plumage  est  d'un  beau  rouge.  L'on 
remarque  une  bande  transversale  blanche  sur  le  dos.  Le  beo 
fort ,  un  peu  courbé  vers  le  tiers  de  sa  longueur,  est  noirâtre^ 
excepté  à  la  base  ,  où  il  est  entouré  de  blanc  ;  c'est  dans  là  di^ 
vision  de  ces  couleurs  que  sent  placées  les  narines  ;  les  pîed« 
sont  noirs  ;  la  queuç  est  cunéiforme  et  longue.  Espèce  not^ 
velle, 

LeCAiiAO  vsRT(Biic«ro«  t^îrû/iA  Lath.).  L'on  neconnoît  pas 
)e  pays  qu'habite  ce  calao.  U  aie  bec  d'un  jaune  pâle,  et  sur  ia 
mandibule  supérieure  une  excrciasancequi  est  tronquée  dana 
sa  partie  postérieure;  le  jaune  en  couvre  la  moitié,  le  noir 
.couvre  l'autre  et  la  base  de  la  mandibule  inférieure;  cette 
même  couleur  règne  sur  la  té(e ,  le  cou,  le  dos,  les  ailes  et  la 
queue  ;  mais  sur  les  ailes ,  elle  jette  des  reflets  verts  ;  les  pennes 
latérales  de  La  queue  et  le  ventre,  sont  blancs;  l'on  remarqua 
au-dessous  des  reins  un  pinceau  déplumas  très-effilées.  Les 
pieds  sont  bleuâtres. 

Le  Calao  vioI/'et  {Hist.  tuU.  étoia.  de  V Amérique  et  deê 
Indes  par  Levaillant.).  Ce  oàiao  a  des  rapports  avec  celui  à 
hec  blanc  ;  mais  il  a  les  couleurs  plus  vives.  La  léte ,  le.  cou , 
le  manteau,  le  dos  et  le  croupion  sont  d^un  noir  v«rdAtre  à 
reflets  verts,  pourpres  et  violets  ;  les  couvertures  et  les  pennes 
des  ailes ,  celles  de  la  queue  et  les  quatre  pennes  intermédiaires 
ont  les  mêmes  nuances  ;  le  dessous  du  corps  est  d'un  blanc 
pur.  Le  bec  est  courbé  en  faulx,  échancrésnr  ses  tranches;  le 
casque  s'élève  de  deux  pouces  au-dessus  du  bec ,  et  s'étend 
jusque  passé  la  moitié  de  sa  longueur  ;  il  est  plat  sur  les  côtés 
et  sillonnés  par  deux  rainures  longitudinales  ;  le  devant  est 
coupé  en  ligne  droite  et  le  deirière  applati  ;  ses  couleurs  wo% 
le  noir,  le  jaune  et  le  rouge ,  ainsi  que  celles  des  mandibules. 
On  le  trouve  à  l'ile  de  Ceylan,  et  sur  la  côle  de  Coro« 
mandel.  -..v 

Le  Calao  ns  Waygiou  (édition  de  Sonnini  de  VHist* 
nat.  de  Bi^n.).  Cette  espèce  se  trouve  dans  Flte  de  \Yay-> 
giou ,  une  des  Moluques  ;  elle  a  deux  pieds  et  demi  de  lon- 
gueur; le  bec  est  long  de  sept  pouces  et  demi ,  et  dentelé  sur 
aea  bords;  le  casque  qui  le  «urmonte  est  jaunâtre,  applati  et 


iiG  .CAL 

cannelé  ;  le  noir  couvre  le  corp»  et  lea  uilcs  ;  un  roux  asscs 
brillant  rè^nc  suv  le  cou.  La  queue  e«t  blanche.  (Vjkji.l.) 

CALATTr.  Foyez  Tangaha  bleu  d'Amboink.  (Vieill.) 

CAliBOA,  Calôoa,  plante  à  lige  grimpante,  de  huit  4  dix 
pieds  de  long  ,  à  feuilJe:*allernes,  |)élioléea,  en  coeur,  glabres, 
a  cinq  lobes  aigu»  et  trèd- profonds;  à  ilctirs  grandej»,  jaunes 
en  dehors  cl  rouges  en  dedans,  disposées  en  corymbes  sur  de» 
pédoncules  comnnins  axillaires. 

Cette  plante,  qui  est  Cguree  pi.  47G  des  Icônes  plantarum 
de  Cavanillcs ,  forme ,  dans  la  peniandrie  monogj-nie ,  un 
genre  qui  présenle  |>our  caracttre,  \x\i  calice  à  cinq  divi- 
sions aiguës  et  persistantes;  une  corolle  mono  pétale,  à  tube 
verilru  et  à  limbe  divisé  en  cinq  parties  lancéolées  ;  cinq  éla- 
mines  trè.v-longues  ;  un  o\'aire  supérieur,  ovale  ,  à  style  re- 
courbé ,  plus  long  que  les  ctamines  et  à  stigmate  globu- 
leux. • 

Le  fruit  est  une  capsule  à  quatre  loges  ,  à  quati'e  valves  , 
auxquelles  les  cloisons  sont  parallèles ,  et  contenant  quatre 
semences  convexes  et  sillonnées  d'un  coté. 

Le  Cal  BOA  a  fruilles  de  vione,  croit  dans  la  Floride, 
ci  seraj^proehe des  Azal^i:».  Voyez  ce  mol.  (B.) 

UALCABOTIX);  c'est  rENGOUJLEVEwr  dans  le  Bolonais. 
Voyez  ce  mot.  (S.) 

CALCAMAH'>   espèce   de   Manchot.    Voyez    ce 

mot.  (VlEILL.) 

CALCAIRJ^.  En  géologie,  «ce  mot  peut  être  pris  comme 
substantif,  et  dans  ce  sens ,  il  y  a  trois  ordres  de  caicairee. 

1^.  Le  cidcaire  primitif,  qui  comprend  tous  les  marbres 
grenusoii  salins  qui  ne  contiennent  jamais  le  moindre  vestige 
de  corps  organisés  ^  et  qui  ont  leurs  couches  très-incii nées  et 
t  rès-irréguiiè  res . 

a°;  Le  calcaire  ancien,  que  Warner  appelle  de  iran&iitonc 
il  ne  contient  que  très-peu  de  corps  marins.  Sis  couches  sont 
tres-épaisses ,  à-peu-pres  horizontales  et  i^gulières;  son  tissu 
est  compacte.  t 

3^.  Le  calcaire  coquif/ier.  Il  abonde  pli>s  ou  moins  en 
corps  mitrios  ;  il  en  e«t  qii(J(|uefois  presqu  entièrement  coni- 
poséy  sur-tout  dans  les  bancs  sujK'riei»rs.  Ses  couche»  sont 
Leaucouy  plus^iinees  et  plus  multipliées  que  celles  du^ra^o/'r^ 
ancien;  du  reste  ,  il  n'y  a  point  de  ligne  de  démarcation  pré- 
cise eiitre  ces  deux  ordres,  comme  il  y  en  a  une  très-pro- 
noncée entr  eux  et  le  calcaire  priniisif.  (Pat.) 

C^VLCANTllK,  c V^t-ii-direyZéfMrs  de  cuiî^re;  c'est  le  nom 
gueles  anciens  donnoicnl  au  sulfate  de  cuivre  y  vulgaiivnient 
appelé  vitriol  bleu  ou  vitriol  de  Chypre.  Voyez  Cuivre.  (Pat.) 


t.    CoHff*  Jf   Ùj   marne- pitrr^  . 


^^  CAL  117 

CALCEDOINE.  C'est  une  pierre  de  là  même  nature  que 
le  silex-  ou  pierre  à  fusil  ;  mais  sa  pâle  esl  pFus  fine ,  sa  couleur 
plus  agréable^  el  sa  dui'eté  plus  considérable^  de  même  que 
•a  densité. 

La  pesanteur  spécifique  de  la  calcédoine  va  de  21600  à 
S700  :  celle  du  silex  n*esi  pas  lout-à-faii  de  a6oo; 

Elle  esl  susceptible  du  plus  beau  poli  y  el  Ton  en  fiât  diffé- 
rens  bijoux. 

La  plupart  des  minéralogistes  ré  unissent- la  calcédoine  avec 
tes  agates,  qui  n'en  sont  en  e(lët  qu'une  variété  ;  mais  t'usa ge 
paroît  avoir  consacré  spécialement  le  nom  de  calcédoine ,  k 
celle  qui  n'est  que  d'une  seule  couleur  y  ou  y  tout  au  plus  y 
de  deux  teintes  peu  diflerentcs  l'une  de  l'autre;  et  Ton  donne 
le  nom  d'agates  à  celles  qui  sont  mêlées  de  diverses  couleurs, 
et  dont  la  pâte  est  rarement  aussi  fine  >  aussi  homogène  que 
celle  de  la  calcédoine, 

La  couleur  de  celle-ci  est  le  plus  ordinairement  d'uïi  blanc 
ronssàtre ,  comme  la  gelée  animale  ,  dont  elle  a  d'ailleurs  le 
eoup-d'oeil  ;  elle  est  aussi  d'une  teinte  plus  ou  moins  bleuâtre  ; 
et  celle  dont  la  couleur  bleue  est  un  peu  nourrie ,  est  décorée 
du  nom  de  calcédoine  saphitine  :  elle  est  fort  rare  et  très- 
estimée. 

Le  nom  de  calcédoine  est  celui  d'une  ville  de  Bithynie 
daus  l'Asie  mineure ,  de  l'autre  côté  du  Eosphore  ,  vis-à-vi» 
de  Constantinople  ;  et  comme  cette  pierre  se  trouvoit  dan» 
«on  voisinage,  les  anciens  la  nommèrent  lapis  calcedonùis ,. 
pierre  de  calcédoine. 

Le  gîte  ordinaire  de  cette  pierre ,  est  dans  les  anciennes 
laves  dont  elle  remplit  les  soufflures,  de  même  que  les  agates  , 
les  cornaline»,  les  sardoiues ,  &c.  qui  ne  sont  que  des  variétés 
de  la  même  substance ,  et  qui  se  trouvent  quelquefois  réu- 
nies dans  la  même  collirie  volcanique. 

Les  contrées  de  l'Europe  les  plus  riches  en  calcédoine , 
•ont  l'Islande  et  les  îles  de  Ferroë.  C'est  de-là  qu'on  avoit 
tiré  la  belle  coUecfion  que  rapporta  de  Daneniarck  le  prési- 
dent Ogier,  où  l'on  voyoit  des  boules  de  la  grosseur  de  la  tête, 
et  des  stalactites  de  la  plus  grande  beauté. 

Dans  l'Asie  boréale  ,  le***  anciennes  coulées  de  lave ,  qui 
sont  si  firéquentes  aux  environs  dû  fleuye  Amour ,  en  con^ 
tiennent  une  grande  quantité  ;  mais  elles  Ronl  d'un  petit 
volume  :  elles  atteignent  rarement  la  grosseur  d\r  poing  ;  il  y 
en  a  quelques«*une5  qui  sont  d'une  assex  jolie  couleur  bleue. 
Celles-ci  ne  se  présentent  jamais  qu'à  la  superficie  du  sol  ;  et 
il  paroit  certain  que  cette  couleur. est  duc  à  l'aclion  de  Tal»- 
mosphiwe  y  car  j'ai  fait  fouiller  dans  bcaucom?  d'endroils. 


ii8         ^  CAL 

sans  jareaù  en  rencontrer  une  seule  qui  eât  la  moindre  teinte 
bleuâtre.  Celles  que  je  trouvois  détachées  avoient  toujours 
une  teinte  plus  vive  aessys  que  dessous  ;  et  celles  qui  se  tix>u* 
voient  encore  engagées  en  partie  dans  la  lave ,  n'avoienl  da 
colorée  en  bleu  que  la  portion  qui  se  montroit  au-^leiiors. 

On  trouve  dans  ces  collines  volcaniques ,  des  géodes  de 
eaicédoine ,  qui  démontrent  clairement  que  la  matière  pier- 
reuse qui  les  contient  est  bien  une  lave,  et  non  pas  une  amj^-« 
daloloê  ou  mandelstein ,  comme  semblent  le  croire  quelques 
naturalistes  -,  ce  sont  des  géodes  à  moitié  remplies  d'une  sub- 
stance calcédonieuse ,  disposée  par  couches  planes ,  parfaite- 
jnent  parallèles  les  unes  aux  autres ,  qui  n'ont  qu'un  quart  de 
ligne  d'épaisseur ,  et  qui  sont  alternativement  blanches  et 
bleues.  Celles  qui  se  trouvent  encore  dans  leur  site  sont 
blanches  et  grimes ,  et  toutes  présentent  ces  couches  dans  une 
situation  horizontale  ;  de  sorte  qu'il  est  évident  que  les  ca-r 
vités  qu'elles  occupent  étoient  vides ,  et  qu'eUes  ont  été  rem- 
plies postérieurement.  £t  comme  il  n'existe^  à  ce  que  je  crois^ 
aucune  espèce  de  roche  qui  offre  des  cavités  sphéroïdes ,  si 
ce  n'est  la  lave,  ce  fait^  joint  aux  circonstances  locales,  ne 
m'a  laissé  aucun  doute  sur  l'origine  volcanique  de  la  pierre  qui 
contient  les  calcédoines  de  la  Daourie.  J'ai  £ut  figurer  unç 
de  ces  géodes  dans  mon  HUt.  nai,  dès  miner.  t.n,p*  #62. 

Calcédoine  avec  du  bitume. 

Parmi  les  collines  volcaniques  de  la  Daourie ,  il  y  en  a  une 
sur  la  rive  droite  de  la  Càilca^  l'une  des  branches  du  fleuve 
Amour ,  qui  est  remarquable  par  une  singularité  que  présen- 
tent ses  cîdcédoincs.  Elles  sont  toutes  en  géodes,  et  n'ont  , 
qu'une  coque  très-mince,  qui  est,  contre  l'ordinaire,  ad  hé* 
rente  aux  parois  de  la  cavité  qui  la  renferme;  mais  comme  la 
lave  est  dans  un  état  de  décomposition  ,  du  moins  dans  quel- 
ques-unes de  acA  parties ,  on  peut  les  détacher  assez  aisément* 

Elles  sont  de  la  grosseur  du  poing  plus  ou  moins.  Les  unes 
sont  entièrement  remplies  de  spatli  calcaire,  confusément 
cristallisé  et  parfaitement  blanc;  d'autres  «où  il  reste  des  ca- 
vités, offrent  des  cristaux  de  spath  calcaire  de  diverses  for- 
mes ,  accompagnés  d'un  bitume  noir  ,  d'une  consistance 
solide,  mais  qui  se  coupe  facilement  ;  il  est  à-peu-près  suns 
odeur ,  et  n'en  donne  que  très-peu  en  brûlant. 

Par-tout  où  le  spath  calcaire  se  trouve  avec  ce  bitume,  il 
en  est  souillé,  même  dans  rintérieur  des  cristaux,  qui  aoai 
d*uii(^  couleur  de  fumée. 

Quand  la  géodu  ao  trouve  tapissée  de  cristaux  de  quari^ .» 


CAL  ii<l 

le  bitume  n'y  adliivQ  nullement;  et  j'en  ai  des  échahtfllons 
qui  présentent  un  phénomène  aanez  singnlier.  Les  parois  de 
k  géode  sont  couverts  de  petits  cristaux  de  quarts ,  sur  les- 
quels sont  difTérens  groupes  de  spath  calcaire  en  crête  de  coq. 
Les  cristaux  de  quartz  sont  parfaitement  nets^  et  n'offrent 
pas  un  atome  de  bitume  :  ceux  de  spath  calcaire  en  sont  au 
contraire  totalement  revêtus ,  de  sorte  qu'en  1^  voyant ,  il 
n'est  penonne  qui  ne  croie  ^  au  premier  coup-d'oeil,  que 
c'est  le  bitume  lui-même  qui  prena  cette  forme  cristalline. 

Ce  seroit  un  problême  curieux  à  résoudre  que  celui  de  sa- 
voir d'où  vient  ce  bitume ,  et  comment  il  s'est  introduit  dans 
ces  géodes ,  qui  n'en  o£frent  pas  la  moindre  trace  à  l'extérieur^ 
et  la  lave  elle-même  n'en  contient  point  du  tout. 

Le  savant  M.  A.  Pictet  a  observé  le  même  phénomène 
dans  des  espèces  de  ludua  hehnoiuH  des  mines  de  fer^voisi* 
nés  de  Carron  en.£cosse. 

Jl  paroit  «u  snrplus  que  la  calcédoine  a  quelque  sorte  de 
rapports  avec  les  hitumea ,  car  les  laves  d'Auvergne  offrent 
très-fréquemment  ce  mélange  ;  et  l'on  voit  se  former  à  leur 
surface  «  par  une  espèce  de  suintement  ,•  des  mamelons  de 
calcédoine ,  entrem^és  de  mamelons  de  bitume  :  on  diroit 

Sue  ce  sont  les  mêmes  élémens  diversement  modifiés  qui  pro^ 
uisent  ces  deux  substances  si  différentes. 
Ces  calcédoinea  d'Auvergne  présentent  quelquefois  les  plu» 
jolis  petits  accidens  :  il  se  forme  dans  le  foyer  du  suintement 
des  groupes  de  cristaux ,  moitié  quartzeux ,  moitié  calcédc^ 
nieux ,  c  est-À-dire ,  qui  ont  la  cristallisation  ébauchée  du 
quartz  et  la  demi-transparence  laiteuse  de  la  calcédoine.  Ils 
sont  disposés  en  rayotis  qui  partent  d'un  centre  commun  en  se 
dilatant  à  leur  extiémité ,  et  qui  forment  ainsi  des  espèces  de 
petits  soleils  ;  et  ce  qui  ajoute  encore  à  leur  beauté ,  c'est  qnils 
sont  parfois  environnés  de  mamelons  calcédonieux ,  applatis 
et  entassés  les  uns  sur  les  autres,  de  manièi*e  à  représenter  dea 
nuages. 

Calcédoine  (Sillée, 

Les  calcédoineê  de  la  Daourie  présentent  quelquefois  urv 
accident  propre  à  iuléresser  ceux  qui  aiment  à  suivre  la  mar« 
cbe  de  la  nature  dans  ses  diverses  productions.  On  voit  sur 
leur  surface  des  espèces  de  mamelons  d'un  pouce  plus  oa 
moins  de  diamètre ,  sur  une  ligne  de  relief,  mais  qui  pénè- 
trent de  deux  oi|  trois  lignes  dans  l'intérieur.  Ils  sont  com— 
posés  d'un  grand  nombre  de  calottes  emboîtées  les  unes  dana^ 
les  autres,  et  dont  les  bords  présentent  une  teinle  et  une 
itaracture  cUfférente  les  unes  des  antres..  £t  j'observe  qu'il  faut 


lao  CAL 

écarter  ici  toute  idée  de  dccoinposilion  :  il  n'y  en  a  pas  le 
moindre  veslige.  MaLi  ce  qu'il  y  a  de  plus  remarquable  , 
c'est  qu'on  voit  sur  là  même  pierre  plusieurs  de  ces  mamelons 
qui  sont  parfaitement  égaux  entr  eux  pour  la  grandeur ,  le 
nombre  el  la  s'.ructui'e  des  couches  qui  les  composent.  Je 
possède  ep  ce  genre  \\\\  échantillon  bien  intéi^essant.  C'&it 
une  calcédoine  bleuâtre,  demi-transparente  et  parfaitement 
saine  y  de  la  gros&eur  d'un  œuf ,  qui  est  en  ):artie  couverte 
par  quatre  de  ces  mamelons,  de  àhi  lignes  de  diamètre,  lis 
sont  composés  chacun  de  six  assemblages  de  couches  Ires-dis- 
tincts le  uns  des  autres  y  et  qui  sont  si  parfaitement  semblables 
dans  les  quatre  mamelons,  par  leur  structui'e  et  par  la  ma- 
nière dont  ils  se  succcdent ,  qu'il  n'est  aucun  naturaliste  qui 
ne  les  prenne ,  au  premier  coup-d'œil ,  pour  des  vestiges  do 
corps  organisés  ;  et  Ton  ne  revient  de  cette  idée ,  que  par  la 
comparaison  avec  d'autres  échantillons  de  la  même  nature  ^ 
qui,  par  dillërenles  circonstances,  prouvent  clairement  que 
jamais  ces  corps  n'ont  appartenu  ni  au  règne  animal,  ni  au 
règne  végétal. 

Parmi  ces  échantillons ,  on  en  voit  où  la  partie  centi'ale  de 
tous  les  yeux  ofl're  une  prunelle  d'environ  deux  ou  troi» 
lignes  de  diamètre ,  qui  fait  plus  de  saillie  que  le  reste,  et  où 
1  on  remarque  une  multitude  de  rayons  qui  partent  exacte- 
ment du  centre  et  qui  vont  aboutir  à  la  circonférence  ;  et 
tout  cela  d'une  manière  si  juste,  que  l'organisation  propre- 
ment dite  ne  pourroit  pas  faire  mieux.  £t  ce  qu'il  y  a  encore 
de  remarquable ,  c'est  que  ces  espèces  de  prunelles  se  déta- 
chent et  laissent  une  place  vide,  parfaitement  n^tte ,  et  sem- 
blable à  la  cupule  d'un  gland  ;  ces  globules  qui  se  séparent 
ainsi  de  leur  mère,  ont  cinq  à  six  lignes  de  cliamètre ,  et  ils 
sont  au&si  parfaitemeul  sains ,  et  tout  aussi  translucides  que 
la  calcédoine  d'où  ils  sortent. 

J'avoue  que  je  i^garde  ces  faits,  ainsi  que  plusieurs  au- 
tres, tels  que  la  forme  \égé{s\eàuJlosferri,  &c.  &c.  comme 
de:)  transitions  qui  lient  ensemble  le  règne  minéral  avec  les 
règnes  organisés. 

Cachalon, 

Nous  avons  adopté  ce  nom  ,  que  les  Tartares  de  la  Daou* 
rie  donnent  à  la  calcédoine  blanche  opaque,  qu'on  rencontre 
quelquefois  sur  les  collines  volcaniques  de  cette  contrée.  Plu- 
sieurs naturalistes  ont  regardé  cette  substance  comme  une 
calcédoine  décomposée  ;  mais  cette  opinion  paroit  toul-à-fait 
dénuée  de  fondement,  car  j'ai  un  gi-and  nombre  d'écban- 
liilous  où  Ton  voit  des  couches  de  calcédoine  bleue  >  qui. 


CAL  1»! 

aîfernent  d'une  manière  très-régulière  avec  des  couches  de 
cachalon ,  el  dont  la  diviiiion  est  parfaitement  netle:  ces  deux 
variéiés  ne  dillèrent  absolument  que  par  la  couleur  ,  et  sont 
parfaitement  saines  l'une  et  l'autre. 

Ijb  cac/ialon  ,  quand  il  est  sans  mélange  ,  est  toujours  dis- 

S  osé  par  couches  planes  et  jamais  en  boules  ;  je  ne  l'ai  pas 
u  moins  observé  ^ous  celte  forme ,  dans  les  collections  faites 
à  Nertchinsk ,  quoiqu'elles  fussent  composées  de  nombreux 
échantillons. 

On  ne  le  rencontre  point  en  morceaux  volumineux  ;  le 
plus  grand  que  j'aie  vu  avoil  la  forme  d'une  brique  de  six  à 
sept  pouces  de  long  sur  un  pouce  d'épaisseur;  mais  les  échan- 
tillons d'un  pareil  volume  sont  infiniuient  rares. 

Je  n'ai  pas  connoissance  qu'on  ait  trouvé  le  cachalon  im- 
médiatement dans  son  gite  natal  ,  mais  toujours  parmi  des 
débris ,  à  la  surface  du  sol  ;  et  comme  il  présente  ordinaire- 
ment quelques  couches  d'une  teinte  un  peu  dififérente ,  et  qui 
sont  constamment  planes  et  parallèles  à  sa  surface ,  je  pense 
qu'il  a  fait  partie  d'un  assemblage  de  couches  horizontales  qui 
se  rencontrent  quelquefois  dans  la  partie  inférieure  de  cer- 
taines géodes^  semblables  à  celle  que  j'ai  fait  figurer  et  dont 
j'ai  parlé  plus  haut. 

Le  cachalon  présente  quelquefois  des  indices  évidens  de 
cristallisation  ,  de  même  que  la  calcédoine  ;  j'en  possède  des 
échantillons  dont  la  surface  es!  couverte  de  portions  de  rhom- 
boïdes en  relief ,  dont  les  faces  sont  très -bien  prononcées  et 
ont  un  poli  parfait:  on  ne  peut  pas  soupçonner  que  ce  soient 
des  impressions  ,  puisqu'on  voit  dans  la  tranche  de  la  pierre 
une  contexture  particulière  vers  la  base  des  cristaux ,  et  ceux- 
ci  sont  d'une  pâte  plus  blanche  et  plus  fine  que  celle  de  leur 
matrice. 

U  me  semble  d'ailleurs  qu'en  général  c'est  un  peu  légère- 
ment qu'on  suppose  ces  prétendues  impressions  ;  car  elles  en- 
traînent des  conditions  qui  semblent  bien  difficiles  a  réunir. 
U  faut  par  exemple  supposer^  i°.  qu'il  a  d'abord  existé  une 
matière  quelconque  cristallisée  (  un  spath  calcaire  si  l'on  veut), 
qui  a  servi  de  type  aux  cristaux  actuels  ;  a^.  que  ce  spath  cal- 
caire a  été  revêtu  d'une  chemise  très-solide  ;  3®.  que  ce  spath 
calcaire  a  disparu  très  -  complètement ^  on  ne  sait  par  quel 
moyen;  4**.  qu'il  soit  venu  une  matière  calcédonieuse  rem- 
plir ce  vide  ;  ô^.  que  le  moule  lui-même  ait  disparu  pour  lais* 
sera  découvert  les  cristaux  moidés ,  &c  ,  &c.  Toutes  ces  sup- 
positions ,  je  l'avoue ,  m'étonnent ,  et  je  ne  puis  que  difficile* 
ntent  m'arcoutumer  à  penser  que  la  nature  prenne  tant  de 
«léioais  pour  arriver  à  son  but. 


a»  G  Â  L 

Comatin». 

On  donne  le  nom  de  cornaline  k  une  calcédoine  de  cou- 
leur rouge  plus  ou  moins  foncée  ;  on  en  trouve  d'un  beau 
ronge  de  sang  :  ce  sont  les  plus  estimées.  Il  y  en  a  de  toutes 
les  nuances^  depuis  le  jaune  de  miel  et  l'orangé  jusqu'au  brun 
rougeâtre. 

La  cornaline  a  les  mêmes  gites  que  la  calcédoine  blanche 
ou  bleuâtre^  et  j'ai  vu  des  échantillons  de  lave  qui  contenoieut 
les  unes  et  les  autres. 

Les  plus  belles  cornalines  viennent  d'Arabie  et  d'autres  con- 
trées de  l'Asie  méridionale  ;  il  est  rare  que  celles  d'£mx>p9 
aient  une  pâte  aussi  fine  et  des  couleurs  aussi  vives. 

On  trouve  dans  les  collines  calcaires  des  environs  du  Havi^^ 
des  êiiex  d'une  pâle  assez  belle  pour  être  mis  au  ran^  des  cal^ 
cédoine8,etyentà  rapporté  des  échantillons  du  poids  de  dix 
à  douse  livres ,  qui  présentent  des  couches  alternatives  de  cor<- 
naline  et  de  calcédoine  couleui*  d'eau  ;  ces  couches  sont  on- 
dulées ,  très-nombreuses ,  et  n'ont  pas  une  ligne  d'épaisseur. 
Quand  je  reçus  ces  morceaux  en  1 788 ,  la  cornaline  étoit  d'une 
belle  couleur  rouge  :  elle  a  depuis  ce  tempa-là  pris  une  teinte 
tin  peu  jaunâtre. 

Sardoine, 

II  serait  difficile  de  tracer  une  ligne  de  démarcation  entt« 
la  cornaline  et  la  sardoine  ,  puisqu'on  passe  de  l'une  à  l'autre 
par  nuances  insensibles  ;  elle  prend  le  nom  de  sardoine  quand 
elle  est  d'une  belle  couleur  brune  dorée.  J'ai  rapporté  de 
Paourie  un  échantillon  de  cette  variété  ^  oui  est  delà  plus  belle 
pâte  possible^  el  qui  est  d'un  volume  rare;  il  pèse  cinqâ  six  livres. 

On  donne  le  nom  de  sardonix  aux  cornalines  et  aux  sar- 
doines  qui  forment  des  couches  accolées  à  des  couches  do 
cachalon  ,  de  manièi*e  à  pouvoir  en  faire  des  camées,  c'est- 
à-dire  des  gravures  en  relief,  où  les  figures  soient  d'une  cou- 
leur et  le  fond  d'une  autre,  f^oyez  Agate.  (Pat.) 

CALjDÉOLATRE  ,  Calceolaria  ,  genre  de  plantes  à  fleu» 
monopélalres ,  delà  diandrie  monogynie ,  et  de  la  famille  des 
Bhinantojdks,  dont  le  caractère  est  d'avoir  un  calice  mo- 
nophvlle ,  pei*sistant  et  partagé  en  quatre  découpures  inégales  ; 
une  coiTvUe  monopélalo ,  irréguliere  ,  labiée  ,  ayant  la  lèvie 
supérieure  petite  ,  globuleuse ,  resserrée  et  bifide ,  et  l'infé- 
ri^'ure  fort  ;;rande  ,  enflée  et  ouverte  parle  haut  ;  deux  éta- 
mxxx^^  imérées  dans  la  lèvre  supérieuix*  ;  un  ovaii'O  supérieur» 


O  A  L  laJ 

arrondi ,  sarmonté  d'an  Blyle  trè»-coiirt  ^  dont  le  stigmate  e»t 
obtuA. 

Lie  firait  est  une  capsule  arrondie,  à  deux  loges,  s'ouvrant 
en  quatre  valves ,  et  contenant  beaucoup  de  semences. 

Ce  genre  est  figuré  pi.  i5  des  lUuatrationa  de  Lamarck  ;  il 
est  composé  d'environ  cinquante-six  espèces ,  toutes  de  lit 
partie  australe  de  l'Amérique  méridionale ,  aanuelles  ou  bis* 
annuelles ,  à  feuilles  presque  toujours  opposées,  à  pédoncules 
axilliaires  multiflores ,  ou  à  corymbes  terminaux,  la  plupart 
figurées  dans  la  Flore  du  Pérou  ,  et  dans  les  Icônes planfariun 
de  CavaniUes. 

Une  seule  de  ces  espèces  est  cultivée  dans  les  jardins  debo* 
tanique  ;  c'est  la  CALcioLAiRS  finnée  ,  c'est-4-dire  dont  les 
feuilles  sont  pinnées  ;  c'est  une  plante  assez  jolie ,  très-gueuse , 
qui  croît  naturellement  au  Pérou  dans  les  lieux  humides.  Elle 
est  diurétique ,  sa  tige  est  velue  ,  fragile  comme  celle  de  la 
plupart  de  ses  congénères;  une  autre,  la CAiiC£oi«Aiiis  tri-< 
FiDE,  passe  pour  fébrifuge  et  antiseptique.  (B.) 

CAIX?£OLi£  ,  CcUceola  ,  coquille  bivalve ,  régulière  «  à 
valves  inégales ,  la  plus  grande  en  formé  de  demi^sandale  ;  là 

Elus  petite  applatie ,  demi-orbiculaire ,  en  forme  d'opercule; 
i  charnière  auneà  trois  petites  dents.  Cette  coquille,  qu'on  a 
trouvée  fossile  en  Allemagne,  et  qui  semble  faire  un  passage 
entre  les  coquilles  bivalves  et  les  univalves ,  par  la  formo 
et  la  situation  de  sa  petite  valve  ,  qui  est  semblaole  à  la  porte 
d'un  four ,  est  solide  ,  épaisse ,  de  la  grosseur  du  pouce  ;  son 
dos  est  applati  ;  son  intérieur  longitudinal  et  son  oper- 
cule €X)ncentriquement  strié.  Knorr  l'a  figurée  plane.  soG  , 
fig.  â  et  6  du  SuppUmetàt  à  son  Tnùté  dês  péirificaiions  ,  et 
sa  ^ure  a  été  copiée  pi.  8,  fig.  a  et  3  de  la  partie  des  vers  du 
Buffbn^  édition  de  Deterville.  Elle  forme  seule  un  genre  dans 
le  Système  des  animaux  sans  vertèbres  de  Lamarck.  (B.) 
CALCHILE.  Voyez  Colcotar  fossile.  (Pat.) 
CAlX^INiiIIiLE,  nom  qu'Adanson  donne  à  une  Venus 
des  mers  du  Sénégal  ;  c'est  la  venu^  dealhata  de  GmeUn.  Voy^ 
au  mot  VÉNUS.  (B.) 

CALCULi,  Calculus,  c'est-à-dire,  petite  pierre.  Ce  mot 
vient  de  calx ,  chaux.  Comme  les  anciens  se  servoient  de  p«v 
tits  cailloux  pour  compter ,  on  en  a  tiré  le  mot  calcul;  mais 
il  est  spécialement  employé  ici  pour  désigner  les  concrétions 
pierreuses  qui  se  forment  dans  la  vessie ,  les  reins  ,  la  vési* 
cnle  du  fiel ,  les  bronches ,  les  intestins ,  la  glande  pinéale , 
les  articulations ,  et  une  foule  d'autres  lieux,  soit  dansl^omme, 
soit  dans  les  animaux.  On  les  confond  quelquefois  aussi  avev 
lui  BizoAKDé,  (  Foye9  ce  mot*  )  Nous  ne  parloos  ici  uî  da^ 


Î34  CAL 

yeux  d'écrevîsses,  ni  des  perles,  ni  des  autres  coitcrelions 
Irourées  dans  plusieurs  animaux  invertébrés  ,  à  un  seul  sys- 
tème nerveux.  Les  principaux  calculs  sont  la  pierre  de  la 
vessie  et  la  gravelle. 

La  gravelle  des  reins  est  un  assemblage  de  petites  pieires 
lisses^  arrondies  y  d'un  rouge  de  brique  etassez  dures.  C'est  une 
matière  acide,  concrète ,  peu  dissoluble,  qui  se  dépose  dans- 
le  parenchyme  des  reins ,  et  s'écoule  par  les  uretères  dans  la 
vessie,  où  elle  devient  fréquemment  le  noyau  d'une  pierre 
plus  grosse.  Ces  corps  rougeàtres  sont  composés  d'acide  uri- 
que  ou  acide  liihique  assez  pur  ou  mêlé  avec  une  nmtière  gé- 
latineuse animale,  analogue  à  celle  qu'on  a  trouvée  dans  l'u- 
rine ,  et  qu'on  a  nommée  urée.  Voyez  Fourcroy ,  Syst.  conn^ 
chim,  t.  lOy  sec  t.  8 ,  ord,  3. 

Les  calculs  de  lavessie  sont  communément  formés  par  cou- 
ches successives  ;  ils  ont  quelquefois  pour  noyau  des  corps 
})articulier8  qui  peuvent  avoir  été  introduits  dans  la  vessie  , 
comme  des  épingles,  des  bouts  desonde,  des  fétus  de  bois,  &c. 
Jamais  les  calctds  n'ont  la  densité  des  véritables  pierres,  puis- 
que les  plus  lourds  sont  à  l'eau  :  :  1976  :  1000.  Lorsque  leur 
surface  est  mamelonnée  comme  celle  d'une  mûre ,  on  le» 
nomme  calculs  muraux  ;  ils  acquièrent  souvent  la  dureté  du 
marbre ,  et  l'on  renconti^  même  dans  quelques-uns,  de  la  si- 
lice ou  de  la  matière  du  cristal  de  roche  et  du  caillou. 

Les  chimistes  modernes',  et  sur-tout  Fourciw  et  Vauque- 
lin ,  ont  trouvé  dans  les  diflérens  calculs  de  la  ve&de  9Xk  sub- 
stances différentes,  outre  l'urée,  ou  la  matière  animale  qui  se 
rencontre  presque  dans  tous  ;  i**., l'acide  urique  ;  a®,  l'urate 
d'ammoniaque  ;  b^.  l'oxalate  calcaire ,  ou  la  combinaison  de 
l'acide  oxalique  et  de  la  chaux  ;  4^.  le  phosphate  de  chaux  ott 
la  terre  des  os  ;  5^.  le  phosphate  d'ammoniaque  et  de  magné > 
aie ,  ou  la  matière  perlée  de  Kerkingrius  ;  G^.  enfin  la  silice; 
Ces  matières  sont  rarement  isolées ,  et  on  les  trouve  presque 
toujours  mélangées  dans  les  différens  calculs  dont  le  chimiste 
Fourôroy  établit  douze  sortes  que  voici:  1°.  Ceux  composés 
d'acide  urique;  2?,  ceux  d'acide  urique  ,  combiné  à  l'ammo- 
niaque ;  5°.  ceux  de  l'acide  de  l'oseille  ou  acide  oxalique  et; 
de  chaux  ;  4^.  ceux  d'acide  urique  ,  de  phosphates  calcaire 
ctammoniaco-ma.^nésien  en  couches  séparées;  5®  idem  mê- 
lés intimement  sans  couche  distinctes  ;  6®.  urate  d'ammo- 
niaque et  les  ])hosphates  teiTCux,  précédens,  en  couches  dis- 
tinctes ;  7°.  idem  mélangés  intinicinent  ;  b**.  les  phosphates 
terreux  en  couches  minces ,  ou  niclés  ensemble  ;  9*.  oxalaie 
de  chaux  et  Vkcu\v  urique  en  couches  dislinctes;  10**.  à^&  coit- 
ches  séparées  des  pho^>p!lates  calcaire  et  a-mmoniaco-magné- 


CAL  !'>.$ 

sien  ,  arec  l'oxala le  calcaire  ;  ii^.  l'urate  d'ammoniaque  ou 
lacide uriqiie  avec  Toxalale  de  chaux  el  les  pi-écédciis  plios- 

Î thaïes  ;  enfin  ,  12?.  l'acide  urique  ,  Turale  d'ammoniaque, 
a  silice  et  les  phosphates  lerreux. 

Les  calculs  composés  d  acide  oxalique  combiné  à  la  chaux 
forment  les  concrétions  nomméeapierreamûralen,  car  ils  sont 
communément très^ngulcux  et  raboteux  à  leur  surface,  qui 
est  couverte  d'aspérités,  de  mammelons,  et  de  proémineu-. 
ces  ;  leur  couleur  brune  appi'oche  de  celle  de  la  suie,  ils  sont 
fort  durs,  se  décomposent  diUicilement  et  contiennent  beau^ 
coup  de  matière  muqueuse  animale  qui  retient  leurs  mole-* 
cules.  La  présence  de  la  silice  dans  les  calculs  e&t  fort  rare. 
Ceux  formés  de  phosphate  calcaire  et  de  phosphate  ammo- 
niaco-magnésien  sont  très-légers,  poreux ,  friables, d'un  blano 
opaque  et  crayeux. 

Toutes  les  urines  contiennent  de  l'acide  urique  et  des  phos- 
phates terreux ,  mais  ces  corps  ne  se  déposent  pas  toujours 
dans  la  vessie  ou  les  reins;  il  paroit  qu'il  faut  la  présence  d'une 
matière  animale  gélatineuse  qui  soit  le  hen  de  ces  molécule* 
pierreuses.  Les  dissolutions^alcalincs ,  les  lithontriptiques  sa- 
vonneux proposés  contre  les  maladies  calculeuses«,  ne  pcu<« 
vent  dissoudre  que  les  calculs  formés  d'acide  urique  et  d'u- 
rate  ammoniacal ,  mais  sont  insuâisans  dans  les  antres  cas. 

Il  y  a  des  maladies  calculeuses  héréditaires,  comme  des 
maladies  arthritiques.  On  trouve  même  beaucoup  d'analo- 
gies entre  ces  deux  genres  d'affection  ;  les  concrétions  gout-^ 
teuses  sont  composées  d'urate  de  soude  avec  une  matière 
animale  gélatineuse.  D'ailleurs  les  attaques  de  goutte  sont  sou- 
tient suivie:»  de  la  gravelle  et  de  la  pierre,  et  réciproquement. 

LâCa  calculs  biliaires  du  bœuf  sont  composés  de  carbonate  do 
chaux  et  d'une  matière  gélatineuse  animale.  Les  bézoards  do 
chèvres,  de  chevaux,  démontons,  appelés  bézoards  occi^ 
dentaux,  sont  un  phosphate  de  chaux  ou  de  magnésie  etd'am- 
inoniaque.  Les  calculs  des  poumons  et  des  bronches,  dant 
l'homme ,  sont  formés  de  phosphate  calcaii'e. 

Pendant  les  accès  de  goutte  ,  l'urine  des  personnes  arthri-. 
tiques  ne  contient  pas  d'acide  phosphorique ,  suivant  Bertholet. 
On  observe  une  grande  ressemblance  entre  la  matière  com- 
posante des  calculs  biliaires  et  le  blanc  de  baleine  ;  excepté 
Sue  les  premiers  sont  coloré»  en  verddlre  par  l'humeur  bi-. 
euse.  Il  paroît  que  les  calculs  ou  le  gravier  qui  se  trouve  tou- 
jours dans  la  glande  pinéale  des  hommes  adultes,  suivant 
Sœmmering,  est  composé  de  phosphate  calcaire.  Je  ne  pensa 
pas  qu'on  veuill^i^  encore  admettra  aujourd'hui  le  siège  de 


126      .  C  A  li 

Tanie  entre  ces  petites  pierres  du  cerveau  ;  il  me  parott  d'aiU 
leurs  ridicule  de  donner  une  place  déterminée  a  Tanie^  qui 
n'est  point  une  substance  coi*porelle  ou  matérielle. 

Les  concrétions  calculeuses  des  animaux  à  un  seul  système 
nerveux ,  ou  invertébrés  y  sont  communément  comjjosées  de 
CfiAiE  y  ou  de  Carbonate  de  chaux  >  comme  les  yeux  d'é- 
Clovisses  et  les  perles.  Voye%  ces  articles.  CoruuUet  aussi  le  mot 
Bi^OARP.  (V.) 

GALD£RON ,  cétacé  non  décrit,  que  Ton  dit  être  un» 
Baijsinb.  yoyeM  ce  mot.  (  S.  ) 

CALDERUGIO^  nom  italien  du  Chardonneret.  Fojrea 
ce  mot.  (  S.  ) 

CAUSA  ,  Calea  ,  genre  de  plantes  de  la  syngénésie  poly-- 
garnie  égale ,  dont  le  caractère  est  d'avoir  un  calice  commun 
imbriqué  d'écaillés  un  peu  lâches  ,  renfermant ,  surun  ré- 
ceptacle commun  chargé  de  paillettes,  quantité  de  fleurous  , 
tous  hermaphit>dites ,  iufundibuliformes,  réguliers ,  k  limbe 
quinquéfide.  Le  fruit  conaiste  en  plusieurs  semences  oblon<» 
gués  ,  nues  ou  cluirgées  d'une  aigrette  velue. 

Ce  genre  est  compoaé  d'une dixaine  d'espèces ,  presque  tou* 
tes  de  l'Amérique  méridionale ,  dont  une  seule  est  cultivée 
dans  les  jardins  de  botanique  ;  c'est  la  Cai^^a  de  la  Caro«« 
liiNs ,  dont  les  fleura  sont  paniculées ,  les  feuilles  alternes  , 
lancéolées ,  dentelées,  sesailes.  £Ue  croît  sur  le  bord  des  bois 
humides ,  mais  non  marécageux,  où  je  l'ai  fréquemment  ob* 
nervée.  Elle  s'élève  de  trois  ou  quatre  pieds. 

Le  Cal^a  a  balai  a  servi  à  Gœrtner  pour  établir  son  genre 
SERGILI.S.  (  F'oyet  ce  mot.) 

Le  geni^e  caléa  est  figuré  pL  669  des  JUustraiions  de  La-* 
marck.  (  B.  ) 

CALEBASSE  D'HERBE  ,  nom  commun  d'une  espèce 
de  CouRor. ,  Cucurhlta  lageruuria  Linn. ,  dont  les  nègres  en 
Afrique  et  en  Amérique  font  des  meubles  de  ménage ,  surtout 
des  vases  propres  à  conserver  des  liquides.  11  suffit  pour  trans- 
former une  de  ces  courges,  dont  l'écorce  est  unie  et  solide ,  en 
bouteille ,  en  sceau  ou  en  assiette  ,  de  la  vider  de  sa  pulpe  et 
de  la  couper  plus  ou  moins  à  son  sommet.  Ces  vases  se  con- 
servent souvent  long  -  temps ,  quoiqu'employés  journeUe<* 
ment.  (  B.  ) 

CALEBASSE  DU  SÉNÉGAL ,  fruit  du  Baobab,  royet 
ce  mot  (B.) 

CALEJMSSfER  ,  CouU ,  arbre  à  calebasse ,  Crescentia 
Linn.  {didy nantie  iingiospermiê) ,  genre  de  plantes  de  la 
famille  des  SolanjLes,  et  qui  comprend  des  arbres  d'Amé- 
rique ,  dont  les  fruits  charnus  soDt ,  par  leur  forme  et  leur 


CAL  t27 

grosseur  ,  «ases  semblables  à  nos  cnà^geê  ou  calebiuseê.  Son 
caractère  est  d'avoir  un  calice  caduc,  à  deux  divisions  égales; 
une  corolle  monopétale ,  irrégulière ,  dont  le  tube  est  ^'eutru  , 
et  le  limbe  découpé  en  six  parties  inégales ,  déniées  et  sinuées, 
et  une  baie  solide ,  à  une  loge  renfermant  plusieurs  semences. 
Voyez  Liam.  lUiMtr  des  genr. ,  pi.  647. 

On  connott  trois  espèces  de  ce  genre.  Le  Calebaasibr  ▲ 
FSUILLB8  LONGUBs  ,  Crescentia  cujete  Linn.  y  qui  a  deux 
variétés;  le  CaIiEBassier  k  feuilles  larges,  CreacerUia 
cucurbiUna  Linn.  y  et  le  Calebassier  a  fruit  dur  ,  Cujete 
minima ,  Jructu  dwro  Plum.  Le  premier  est  un  petit  arbre  , 
dont  le  ti*onc  tortueux  ^et  épais  se  divise  en  plusieurs  bran-^ 
ches ,  qui  s'étendent  horissontalement  de  tous  côtés  ;  ellea 
sont  garnies  à  chaque  nœud  de  feuilles  entières ,  oblongues 
et  rassemblées  en  faisceaux.  Les  fleurs  naissent  sur  les  parties 
latérales  de  ces  branches,  et  quelquefois  sur  le  tronc  même  ; 
un  pédoncule  épais  les  soutient;  elles  sont  solitaires,  d'un 
blanc  sale  et  d'une  odeur  désagréable.  Les  fruits  varient  de 
forme  et  de  grosseur  selon  les  individus  :  tantôt  ovoïdes  ,  tan* 
tôt  presque  ronds^  ils  ont  depuis  deux  pouces  jusqu'à  un  pied 
de  diamètre;  ils  sont  recouverts  d'une  peau  lisse  et  mince  , 
d'un  jaune^  verdàtre ,  et  sous  cette  peau  est  une  coque  dure  et 
ligneuse  ,  qui  renferme  une  chair  molle,  jaunâtre,  d'un 
goiU  piquant  et  désagréable. 

On  tire  un  grand  parti  de  ces  fruits,  aux  Antilles ,  à  la 
Nouvelle-Espagne ,  à  la  Guiane  et  dans  tou»  les  lieux  où  croit 
l'arbre  qui  les  porte.  Ils  sont  vidés  et  creusés  pai*  les  natureb 
du  pays ,  qui  en  forment  des  hochets ,  des  iustrumens  et  ]>lu- 
sieurs  ustensiles  de  ménage ,  tels  que  des  seaux ,  des  bouteilles , 
des  assiettes ,  des  verres ,  &c.  Leur  surface  extérieure  est  polie 
et  peinte  en  compartimens  de  diverses  couleurs ,  qu^  ces 
hommes  apprêtent  avec  le  rocou ,  V indigo  et  la  gomme  d'aca* 
jou.  Ils  regardent  la  pulpe  qu'ils  en  tirent  comme  un  boa 
remède  dans  un  grand  nombre  de  maladies  et  d'accidens  ; 
ils  l'emploient  contre  i'hydropisie  ,  la  diarrhée  ,  et  pour  gut^ 
rir  les  brûlures  et  les  maux  de  tète.  Dans  nos  colonies  on  pré^' 
pare,  avec  cette  pulpe,  un  syrop  renommé  sur-tout,  pour 
son  eiBcacité ,  dans  les  maux  de  poitrine  :  on  en  fait  aussi 
usage  avec  succès  dans  les  fortes  contusions  et  après  les 
chutes. 

Le  bois  de  ce  calebassier  est  blanc ,  assez  dur  et  susceptible 
de  poli  ;  on  en  fait  communément  des  selles,  des  tabourets^ 
des  sièges  et  d'autres  meubles  de  cette  &spèce. 

Le  Calebissier  a  feuilles  larges  s'élève  moins  haut 
^ue  le  précédent  ;  il  en  difiere  sur-tout  par  la  forme  et  la  dis- 


19»  CAL 

position  de  ses  feirilles  qui  ne  sont  point  réunies  en  paqnefs, 
cl  par  ses  FriiiLs  inolns  ^\vos,  dont  ks  cocjiics  sont  uiiucc»  et 
très- fragiles,  il  croît  à  Sainl-Doniingue  et  dans  la  tirre-fcruio 
de  rAmérique,  aux  environs  de  Canipéche.  Son  bois^  qui 
réunit  la  blancheur  à  la  dureté ,  pourroit  être  employé  uti- 
lement. 

Le  Calebassier  a  fruit  dur  ^  mis  par  quelques  auteurs 
an  nombre  des  vq.riétésdu  premier ,  doit  être  regardé  comme 
une  véritable  espèce ,  non-Aeulenjent  |)arce  que  c'est  un  ar- 
brisseau très-bas  ,  mais  à  raison  aussi  de  la  petitesse  relative  de 
ses  feuilles  et  de  son  fruit  sur-tout^  qui  est  a  peine  gros  comme 
un  œuf;  d'ailleurs  ses  feuilles ,  quoitjue  venant  en  paquets, 
sont  constamment  inégales  en tr  elles.  11  croit  aussi  à  i>aint- 
Domingue. 

Ces  arbres  ne  peuvent  supporter  l'air  libre  en  Europe  ;  ils 
doivent  être  toujours  tenus  en  serre.  On  les  muili])iitf  de  re- 
jetons ou  de  graines  fraîches;  ils  demandent  une  bonne  terre 
et  de  fréquens  arrosemens. 

.  Le  Cajlebassier  a  fleurs  de  jasmin  ,  qu'on  trouve  dans 
les  îles  de  Bahama^  paroit  appartenir  à  un  autre  geni«  de 
plantes.  (D.) 

CALEÇON  ROUGE ,  nom  que  Ton  donne  à  Saint-Do- 
mingue au  CouROucou  a  ventre  rouge.  Fojez  ce 

mot.   (ViEILL.) 

CALENDHOTE ,  nom  que  le  mauvis  porte  dans  les  cam-* 
pagnes  des  environs  de  jVlontbard  ;  il  se  trouve  inal-à-propos 
appliquée  la  litorne,  dans  les  planches  enluminées  de  Luilon, 
n**.  490.  Voyez  Mauvis.  (S.) 

CALESAN  ,  Calesjam,  C'est  un  arbre  du  Malabar,  dont 
les  feuilles  sont  ailées  et  les  folioles  ovales ,  eniièrc.s  et  glabres  ; 
les  fleurs  en  grappes  terminales^  composées  d'un  calice  à 
quatre  divisions,  quatre  pétales  ovales  pointus,  huit  élauiines, 
iin  ovaire  supérieur,  chargé  d'un  style  simple.  Les  fruits  sont 
des  baies  ovales-oblongues  ,  un  peu  coujpjimées  ,  mono- 
spermes  et  vertes. 

La  poudre  de  l'écorce  de  cet  arbre  guéril  le  spasme  et  les 
convulsions ,  calme  les  douleurs  de  la  goutte ,  des  ulcères  ,  et 
arrête  la  dyssenterie.  (B.) 

CALFAT  ou  GALl'  AT  ( Emberza  calfat  Lalh.  ) ,  oii>eau 
du  genre  des  Bruants  et  de  l'ordre  des  Pas^krkalx.  (  F  oyez 
ces  mots.  )  Le  calfat  est  plus  petit  que  le  moineau  franc ,  d'un 
cendré  bleuâti*e  sur  toutes  les  parties  supérieures ,  à  Texcep» 
tion  de  la  tète  qui  est  noire ,  ainsi  que  la  gorge  et  une  bor- 
dure à  la  queue  ;  d'une  couleur  faneuse  sur  la  poitrine  et  sur 
le  ventre  ;  et  le  bas-ventre  blauc  ;  une  baudç  blanche  située 


G  A  Tj  129 

•or  les  c6lés  de  la  tête ,  depiùs  le  bec  à  l'occipat  ;  lés  yeux  sont 
plaeés  au  milieu  d'un  espace  dénué  de  plumes  et  couleur  de 
rose  ;  leur  iris  a  la  même  couleur  rose,  ainsi  que  le  bec  et  im 
pieds.  Cet  oiseau  a  été  décrit  &  Tlle  de  France  par  feu  Com<^ 
menon.  (S.) 

CALIBÉ.  r(ryez  Calybé.  (S.) 

CALI-^CALIC  {JLaniuit  Mculagascariensia  IjBiÙiwnA  y  pi. 
enl.  n^.  299 ,  maie  et  femelle ,  de  tHist,  naù,  de  Bt^jfbn  y  ordre 
PiEs^  espèce  du  genre  de  laPiE-oRiècHE.  Fby,  ces  deur  mots.). 
Cette  pie-griècbe  se  trouve  à  Madagascar.  Le  mâle  y  porte 
le  nom  de  ccUi-ccUic ,  et  la  femelle  celui  de  bruia.  Sa  'grosseur 
est  à^peu-près  celle  du  friquei ,  et  sa  longueur  dé  près  de  cinq 
pouces. 'BQe  a  le  dessus  de  la  tète  et  du  corps  cendré,  ài'ex'^ 
ception  du  croupion  qui  est  roux  ;  il  y  a  de  chaque  côté  de  la 
tète  y  entre  le  bec  et  Tœil  y  une  tache  noire,  au-dessus  de  la- 
quelle est  une  ligne  blanche  qui  s'étend  au-dessus  de  l'oeil^ 
les  joues  blanchâtres  ;  la  goi^e  et  le  -dessous  du  cou  noirs  ;  le 
dessous  du  corps  et  les  couvertures  inférieures  de  la  queue 
d'un  blanc  nuancé  de  roux  sur  la  poitrine  et  le  ba»*verilre; 
les  petites  couvertures  des  ailesrousses  ;  les  pennes  brunes  ;  leh 
deux  intermédiaires  de  la  queue  rousses  à  leur  origine ,  et 
d'un  gri^broQ  dans  le  reste  de  leur  longueur  ;  les  autres  rous- 
ses y  et  terminées  de  gris-brun  ;  le  bec  noir;  les  pieds  de  cou- 
leur de  plomb. 

'La  femelle  difiere  par  des  teintes  plus  iemes ,  et  en  ce  que  la 
gorge, tout  le  dessons  du  corps  sont  aun  blanc  mêlé  de  rous- 
sàtre ,  et  que 'les  petites  couvertures  «des  ailes  sont  cendrées. 

(VlBlIit..) 

CALICATZU.  Belon  dit  que  dans  l'île  de  Orète ,  c'est  le 
nom  du  Plonoison  et  du  Petit  Pingouin.  Woyez  ce^ 
mots.  (S.) 

CALICE, "EÉRIANTE,  Oïlyx^Perianthiumy  enveloppe 
extérieure  de  la  fleur  ,  produite  par  l'épanouissement  do 
-rét^rce  du  pédoncule.  Cette  enveloppe  est  ordinairement 
verte  et  quelquefois  colorée.  Voyez  le  mot  pLrEun ,  eti'aipha^ 
bet  qui  se  trouve  à  la  suite  de  l'article  Pilante.  ÇD.) 

CALiCÉRË ,  Calicera  ,  plante  annuelle,  à  tige  fistulénse ,. 
à  feuilles  radicales  nombreuses ,  pinnalifides  ou  profondé- 
ment dentées,  lancéolées,  très-longuement  pétiolées,  à  feuilles 
canlinaires  plus  courtes  et  peu  nombreuses ,  à  fleurs  disposées 
en  tôle  terminale,  armée  d'un  grand  nombre  de  cornes  mol- 
les ,  laquelle  forme  un  genre  dans  la  pentandi'îe  mono^ 
gynie« 

Ce  genre  offre  pour  caractère  un  calice  commun  poly- 
pfayHe  à  foUoles  Unéoirea;  an  calice  partiel  pentagone^  à  cinq 


i3o  CAL 

denU ,  devenant  der  cornes  divergentes  ;  une  coi-olle  mon<v* 
pétale  j  iiifundibuliforme  ickiq  denU  ;  cinq  étamines  trè«^ 
courtes,  à  an  tlières  rapprochées  ;  un  ovaire  supérieur ,  obloug , 
à  style  capillaire  et  à  stigmate  simple. 

Le  fruit  est  une  semence  solitaire  oblongue  ,  obtusément 
pentagone  ,  et  recouverte  pdr  une  saillie  de  la  base  du 
calice. 

La  Cai*ic£re' HERBACEE  cst  figurée  pi.  358  des  IconttM 
plantarum  de  Cavanilles,  et  elle  se  trouve  au  Chili.  (B.) 

CALICION,  Çalicium ,  genre  de  plantes  de  la  famille  dei 
Algues  ,  établi  par  Achard.  C'est  le  même  que  le  Stemonitk 
de  Gmelin  y  la  Taachie  d'HolTman ,  FEmbole  de  fiatsch.  Le^ 
cs[)èces  qui  le  composent  faisoient  partie  des  Lichexs  et  des 
Moisissure»  de  Linnœos.  Voyez  ces  mots.  (B.) 

CALIG£  9  Caligus ,  genre  de  crustacés  de  la  division  des 
SESSiLiociiBft ,  qui  otfre  pour  caractère  un  corps  couvert  de 
deux  grands  boucliers;  deux  antennes  ti^es-seusibles f  une 
4>ouclie  peu  distincte  ;  huit  à  dix  pattes,  dont  les  postérieure* 
ont  des  appendices  branchiales f  deux  yeux  marginaux  ;  deux 
filets  ou  tuyaux  formant  la  queue. 

Ce  genre ,  quoîqu'en  appat*ence  voism  de  celui  des  Limo- 
liBS  I  t^^en  écarte  beaucoup  par  la  forme  des  organes  et  par  les 
mœurs  des  animaux  qui  le  composent.  Foy.  au  mot  Lm uuu 

£n  efi'et ,  le  corps  des  caliges  est  composé  de  deux  pièce» 
écaiUeuses ,  dont  la  première ,  plus  grande ,  représente  un  seg« 
ment  de  splière  très-auplati ,  formé  jjar  un  test  coriace^  sem- 
blable k  celui  des  limmes,  le  reste  est  différent.  La  bouche  est 
une  tix>mpe  ou  mieux  un  suçoir  j  plus  ou  moins  long  ;  les  yeux 
«ont  placés  latéralement;  les  pattes  varient  en  nombi*e^  depuis 
quati^  jusqu'à  dix.  £lles  sont  toujours  beaucoup  plus  courtes 
que  le  test  n'est  large ,  et  généralement  la  pi^mière  paire  est  plu« 
grande  que  les  autres,  et  terminée  par  un  ongle  très-alongé^ 
tres-aigu ,  qui  se  repÛe,  ou  mieux  qui  est  toujours  replié  ea 
dedans,  et  les  dernières  le  «ont  par  des  filets  charnus ,  ciliés. , 
qui  sont  de  véritables  branchies.  Le  nombre  de  ces  filets  varie 
suivant  les  espèces,  et  ils  prannent  même  des  formes  qui 
•emblent  indiquer  qn'ih  ont  la  faculté  de  servir  a  la  natation 
comme  k  la  respiration.  Le  canal  alimentaire  traverse  tout» 
la  première  partie  enti*e  les  pattes. 

La  seconcie  pièce, que  Mtdlcr  appelle  Yabdomen,  varia 
beaucoup  dans  sa  forme ,  mais  est  de  même  nature  que  Ia 
première  ;  dans  l'une  des  espèces ,  elle  représente  un  cai*i^ 
très-petit,  attaché  à  la  partie  postérieure  de  la  première  pièce. 
Dans  une  autre  elle  est  ovale,  presque  aussi  large  et  beaucou|v 
]^us longue quela première  pièce, mais  quellequeaoit  la formo 


CAL  i3i 

Ae  cette  pièce ,  elle  a  toujours  l'appendice  variable  que  Mul- 
1er  a  appelée  la  queue,  et  deux  longs  tuyaux  cylindi'ique^  qut 
])aroissent  cartilagiueux,  et  que  MuUer  a  appelés  les  ovaires  , 
non  })arce  qu'on  y  a  trouvé  des»  œu& ,  mais  parce  qu'ils  ne  se 
monti'ent  pas  dans  tous  les  individus,  et  qu'où  soupçonne 
qu'U  n'y  a  que  les  femelles  qui  en  soient  pourvues. 

On  ne  connoît  encore  que  très-imparfaitement  l'histoire 
de  ces  animaux.  Strom ,  qui  est  celui  qui  les  a  le  plus  étudiés^ 
rapporte  qu'ils  vivent ,  comme  les  Lernj^bs  (  l'ayez  ce  mot.}^ 
cramponnas  sous  les  écailles  des  poissons ,  à  la  faveur  de  leurs 
pattes  onguiculées ,  et  que  là ,  ils  sucent ,  par  le  moyen  de  leur 
trompe^  le  sang  dont  ils  se  nourrissent.  Ordinairement  ils  res- 
tent très-long-temps,  peut-être  même  toujours,  fixés  au  même 
endroit ,  mab  lorsque  par  l'effet  de  leur  volonté  ou  d'une  cauae 
étrangère,  ils  quittent  leur  place ,  ils  savent  fort  bien  courir  sur 
le  corps  du  poisson,  pour  en  chercher  une  autre,  et  même 
nager  pour  trouver  un  nouveau  poisson  lorsqu'ils  ont  été  forcés 
de  quitter  le  leur.  11  y  a  h'eu  de  croire  cependant ,  que ,  dans  cç 
dernier  cas,  ib  parviennent  rarement  à  leur  but  :  on  en  sent 
les  raisons. 

On  a  lieu  de  soupçonner  que  plusieurs  animaux  impar- 
faitement décrits  dans  les  anciens  ouvrages  sur  Thisloire  na- 
lurelle ,  «ont  des  caliges ,  mais  on  n'ose  les  réunir  à  ce  genre. 
£n  conséquence,  il  faut  le  regarder  comme  composé  seule-^ 
ment  de  deux  espèces,  qui  encore  diffèrent  assez  l'une  de  l'au^ 
tre,  poiurque  quelques  personnes  pensent  qu'elles  pouiToient 
faii-e  chacune  un  geni-e  particulier. 

La  première  est  le  Cai.ige  court,  figui^  par  MuUer ,  pL 
21  ,  fîg.  1  et  a  de  ses  Entomostracà,  et  qui  a  pour  caractère 
le  test  antérieur  anx>ndi ,  et  le  postérieur  carre  et  court.  Il  se 
trouve  sur  divers  poissons  de  mer,  et  principalement  sur  les 
saumons  et  les  merlans. 

JLa  seconde  est  le  Calioë  Ai<ONoé,  dont  le  test  antérieur  est 
arrondi ,  et  le  postérieur  ovale  alongé.  Il  est  figuré  à  côté  du 
précédent ,  et  se  trouve  sur  les  saumons  et  les  squales.  (Ë.) 

CALIGNI,  Lwanla.  C'est  un  petit  arbre  dont  les  feuilles 
sont  alternes,  ovales  ,  vertes  en  dessus ,  tomenleuses-et  blan- 
ches en  dessous  ;  les  fleurs  en  épis  terminaux  et  composées 
d'un  calice  de  deux  folioles  fort  petites  ;  d'une  corolle  mono- 
pétale lurbinée  et  à  cinq  dents;  de  cinq  étaminefl;d'un  ovaire 
supérieur ,  arrondi ,  velu ,  chargé  d'un  #tyle  courbe  terminé  par 
un  stigmate  obtus. 

Le  fruit  est  une  baie  ovale,  glabre ,  blanche  ,  poîntillée  de 
rouge ,  qui  contient ,  dans  une  chair  blanche ,  uu  xi^oyaii 
osseux  qui  renferme  une  amande. 


ï52  CAL 

Cet  arbre  croit  dazu  les  forêts  de  la  Guîane.  Ses  baies  sor»l 
mangées  avec  plaisir  par  les  habitans  II  est  figuré  pi.  45  des 
Jetantes  d'Aiiblet.  Il  a  été  appelé  hedycuiea  ,  par  Schreber  et 
AVildenow.  (B.) 

CALIMA>i  DE  ,  nom  spécifique  d'un  poisson  du  genr^ 
pLEURONECTE.  Foye%  au  mot  Pi.eubonecte.  (B.) 

CALIN  p  composition  métallique  dont  la  base  est  Tétain  , 
et  dont  les  Chinois,  et  autres  })euples  orientaux ,  font  dea 
boîtes  à  thé^et  autres  ustensiles.  (Pat.) 

CAIilNEË ,  genre  de  plantes  établi  par  Aublet ,  et  depuis 
liuni  au  Tetraceae  ,  et  par  suite  aux  Litsées.  Voyez  ces 
mots«  (B.) 

CALISFERME  ,  Calispermum  ,  arbrisseau  grimpant  è 
feuilles  alternes  y  ovales^  lancéolées ,  crénelées^  clabres^à  fleurs 
Blanches,  disposées  en  grappes  presque  terminales,  qui  forme  ^ 
aelon  Loureiro ,  un  genre  dans  la  pentandrîe  monogynie. 

Ce  genre  oHrepour  cai^aclère  un  calice  persistant,  â  cinq 
divisions  égales  ;  une  corolle  de  cinq  pétales  ovales  et  concaves; 
cinq  étamines  ;  un  ovaire  supérieur ,  surmonté  d'un  style  k 
«tigmate  épais. 

Lie  fruit  est  une  baie  presque  ronde ,  à  une  loge  et  à  plusiepra 
•emences. 

Le  calispgrnu  se  trouve  dans  les  forêts  de  la  Cochinchine. 

'CALLB,.Cai/0,  ffenre  de  plantes  de  la  gynandriepolyan* 
^rie  ,  et  de  la  famille  des  Aroïoes,  dont  le  caractère  est  d'à- 
Voir  les  fleurs  disposées  sur  un  chaton  cylindrique ,  et  accom- 
pagnées d'une  spathe  ^lane  ou  en  cornet ,  colorée  et  persis- 
tante; ces  fleurs  n^ont  ni  calice,  ni  corolle,  et  consistent  en 
plusieurs  étamines,  truitôt entremêlées  avec  les  ovaires,  tantôt 
occupant  la  partie  supérieure  du  chaton.  Les  anthères  sont 
aessiles ,  les  ovaires  arrondis ,  avec  un  style  très- court  à  stig— 
|nate  aigu.  Le  fruit  consiste  en  plusieui's  baies  qui  renfeiment 
chacune  six  à  dousse  semences  oblongues ,  cylindriques  et 
obtuses  aux  deux  bouts. 

VoYfx  pi.  739  des  IlUisiration9  deijamarck,  qù  ce  geare  est 
fijguré. 

Il  y  a  trois  espèces  de  calles  : 

L'une,  la  CAr.LK  d'Ethiopie,  a  les  feuilles  s^gittées  et  en 
coeur,*  la  spathe  en  capuchqn  ,  et  les  fleurs  màlcs  au  sommet 
du  chaton.  C'est  une  belle  niante  dont  le  spathe  est  d'un  blanc 
éclatant,  et  d'une  odeur  des  plus  suave.  On  U  cultive  dan^ 
b^ucoup  de  serres,  ou  elle  fleurit  au  premier  printemps. 

L'autre ,  la  Caljub  des  mabjub  ,  est  ^nçiigène  à  l'Europe  ; 
•es  feuillet  ioot  en  cœur ,  sa  .ipatfaf  f]»np ,  et  |mb$ '.fleuty  m^l^ 


,      d  AL  i33 

mêlées  at^  lés'ffénnfetnelles^  Ëllé^e»t  îhodbre^  On  la' trouva 
dand  les  mai^.  Oh  en  recueille  lès  rarcînes  dans  Id  hord'dô' 
rËurope,  et  on  les  fait  dessécher  pour  lés  mander  pendant 
l'hiver ,  cuites  avec  de  la  viande  ou  du  poisson. 
La  troisième  vient  du  Levant ,  et  est  peu  connue.  (E.) 

CALLICARPA ,  Callicarpa ,  genre  de  planles  à  fleurs 
monopétalées ,  de  la  tétrandiie  monofgrnie ,  et  de  la  &millo 
des  Ptren  AC££8  f  dont  le  caractère  est  d  avoir  un  calice  mo* 
nophylle,  À  quatre  dents  ;  une  corolle  monopétale  ^  à  quatre 
découpures  obtuses  ;  quatre  étamines*;  un  ovaire  supérieur  , 
charge  d'un  style  dont  le  stigmate  est  en  tête. 
.  Le  fruit  est  ime  petite  baie  globuleuse  qui  renferme  quatre 
semences  oblongues^un  peu  comprimées  et  calleuses 

Gegenre^  qui  est  figuré  pi.  69  des  lUualraiions  de  LamarckV 
comprend  une  dixaine  d'espèces  ,  dont  quatre  sont  d'Amé^^ 
riqne  ,  et  les  autres  des  Indes.  Ce  sont  des  arbrisseaux  tomen- 
teux^  à  fleurs  axillaires ,  pre&que  vertitillées ,,  à  pédoncules 
dichotomes  et  mulliflores. 

La  seule  espèce  à  citer  ici ,  est  le  CaIiLICarfe  d*  Ameriqub  0 

3ui  croit  dans  la 'Caroline ,  et 'qu'on  cultive  da'ïis  les  jardins 
'agrémens ,  quoiqu'elle  craigne  beaucoup  le  froid.  Ses  carac'- 
tères  sont  d'avoir  tes  feuilles'  dentelées  et  velues  en  dessous^ 
Cette  espèce  s'élève  à  six  ou  huit  pieds  ^  même  dans  son  pay^r 
natal  où  ses  haies  servent  de  nourriture  aux  jeunes  dindons 
sauvages ,  et  autres  oiseaux  baccivores,  ainsi  que  je  l'ai  fré- 
quemment observé.  On  la  multiplie  de  marcottesou  de  hou* 
tares.  (B.) 

CALLICBRE^  CalUceruM,  nortv^n  genre  dHniecies,q{û 
doit  appartenir  à'ia  première  section  de  lV>rdre  dea  Co^iop* 

TJKRfS. 

Ce  genre  «  fbrt  voisin  de  celui  dûs  S^A's^st^iLiîf&',  a*  été  éta- 
bli par  M.  Gravenhorst  y  naturaliste  aUemànd.  Il  en  e^t'  dlsV 
ttngué  par  le  dernier  article  de  ses  antennes  ,  qui  est  très-* 
long ,  cylindriqite ,  avec  l'exlrémîté  anx)ndie. 

Le  corps  du  callictre  est  grêle ,  filiforme,  glabre;  la  tête  est 
orbiculaire ,  à-peu-près  de  la  grandeur  du  Qorcelet ,  celui-ci 
e$l  presque  orbiculaire,  avec  les  angles  obïus ,  et  dé  la  largeur 
des  élytres  ;  les  élytres  sont  presque  cariées  ;  Tabdomen  eslgros» 
obtos  y  rebordé  ;  les  pattes  sont  ae  moyenne  longueur  ;  les  tarsea 
sont  composés  de  cinq  articles. 

La  seule  espèce  connue  de  ce  genre  est  le  CAi.iiicBRE  obs- 
cur ;  il  est  d'un  noir  brillant  ;  les  antennes,  la  bouche  et  lea 
pattes  sont  d'un  roux  testacé;  les  élytres  sont  obscures ,  avec 
ie«  bordd  pAles.  U  se  trouve  sous  les  pierres  à  ]9ru««wicL  (O.) 


,34  CAL 

CALLICTE  f  poisson  qui  habite  les  ruisseaux  d'Améri- 
que, et  que  Bloch  a  place  dans  son  genre  CataphractEt, 
lormé  aux  dépens  des  silures  de  Linnœus.  Voyez  au  mol  Ca- 

TAPH^ACTE.  (B.) 

GAL.LIDIE  ,  Catlidium  y  'genre  d'insectes  de  la  iroi&ième 
section  de  l'ordre  des  CoLi;oFTi:R£6. 

Ltescaliidies  ont  le  corps alongé, le  corcelet  arxt>ndi,  quel- 
quefois globuleux ,  rarement  épineux  ;  deux  ailes  cachées  sous 
des  élytres  plus  ou  moins  convexos;  lesantennes  filiformes  à- 

ru-près  de  la  longueur  du  corps^  composées  de  onze  articles, 
bouche  tnunie  de  deux  lèvres ,  dont  l'inférieure  cornée 
et  échancrée  ,  de  deux  mandibules  cornées  ,  de  deux  mâ- 
choires membraneus(\M  et  bifides,  et  de  quatre  anteiinules  pi-es- 
que  en  masse  ;  learyeux  ovales,  un  peu  éobancrés  antérieure- 
ment  ;  enfin ,  les  tarses  composés  de  quatre  articles,  dont  le 
dernier  assez  gi*and  et  bilobé. 

Les  cailtdies  ressemblent  aux  cftpricornes;  ils  en  diilerent 

Î)ar  les  parues  de  la  bouche ,  ainsi  aue  par  les  antennes  qui 
es  distinguent  aussi  des  saperdes,  des  lepturea  et  des  aten^* 
eores. 

On  trouve  la  plupart  des  callUliea  dans  les  forêts ,  sur  le 
tronc  à  moitié  pourri  des  arbres ,  dans  les  chantiers ,  où  ou 
les  saisit  souvent  au  moment  qu'ils  sorient  du  bois  dans  lequel 
la  larve  s^est  nourrie.  Ils  entrent  aussii  quelquefois  dans  les 
appartcmens.  Quatre  es))èces  fi^quenlent  les  fleurs,  et  s'y  nour* 
rissent  de  leur  nectar. 

Ces  insectes  font  entendre  un  bruit  occasionné  parle  frot- 
tement du  corcelet  contre  la  base  de  l'écusson  qui  est  cha- 
grinée :  ce  bruit  augmente  à  mesure  qu'on  les  inquiète  da- 
vantage ,  et'  que  Us  mouvemens  de  flexion  et  de  relèvement 
de  la  tète  sont  plus  précifntés. 

Les  callidiea  font  souvent  usage  de  leurs  ailes  :  ik  prennent 
aisément  leur  essor,  et  leur  vol  est  assez  soutenu. 

Les  larves  ressemblent  à  des  vers  mous  et  alongcs;  leur 
corps  est  composé  de  treize  anneaux  et  de  six  pattes  écail- 
leuttcs,  très-petites,  que  l'on  distingue  avec  |)eine;  leur  bouche 
est  armée  de  deux  fortes  mâchoires  ,  qui  leur  servent  à  ix>iiger 
et  réduire  en  poudre  le  bois  dont  elles  font  leur  nourritures 
Ce  n'est  aussi  que  dans  les  sillons  qu'elles  tracent  dans  le  bois, 
qu'on  peut  les  trouver  ;  et  tandis  qu'elles  avancent  en  ron- 
geant ,  elles  remplissent  les  vides  qu'elles  laissent ,  de  leurs 
excrémens,  poussière  môme  du  bois  qui  a  servi  d'alimeut, 
uii  i^eu  liée  ,  mais  très- friable ,  et  qui  en  conserve  la  couleur. 

(>s  lances  restent  dans  leur  premier  étal  environ  deux  ans. 
Pendant  ce  temps,  elles  changent  plusieurs  fois  de  peau ,  ju^- 


C  A  li  i55 

qo'i  ce  que  parvenuea  à  leur  entier  accroistemenl  »  elles  la 
quittent  pour  paroitre  sous  la  fprme  de  nymphe.  Celle-ci  dif- 
fère de  la  larve  ;  son  corps  est  plus  court  et  plus  ramassé  ;  se» 
anneaux  sont  moins  apparens ,  et  l'on  distingue  les  élytres  à 
travers  l'enveloppe  qui  lescaclie  :  elles  sont  courtes  et  repliées 
â-peu-près  comme  Taile  du  papillon  l'est  dans  sa  chrysalide. 

On  peut  élever  ces  larves  oans  la  farine ,  elles  y  vivent  très- 
bien  ,  et  s'y  changent  en  nymphes  ;  mais  il  est  rare  qu'elles 
ne  périssent  dans  cet  état.  On  n'obtient  presque  jamais  l'iu- 
secle  parfait. 

Parmi  plus  de  quatre-vingt-dix  espèces  de  callidieê,  les 
plus  connues  sont  le  Porte-faix  *,  il  est  noirâtre;  le  corcelet 
est  arrondi ^  légèrement  déprimé^  avec  deux  taches  noires, 
luisantes ,  un  peu  élevées  :  le  Bleuâtre  est  noirâtt^ ,  avec  le 
corejfel  fauve ,  arrondi ,  légèrement  tubercule ,  et  les  élytres 
bleuâti^es  :  le  Violet  est  noir  ^  avec  le  corcelet  arrondi  ,  pu- 
bescent  ;  il  a  les  élytres  violettes.  (O.) 

CALLIGON,  OaUigonum ,  geni^e  de  plantes  de  la  dodê- 
candrie  tétragynie,  et  de  la  famille  des  Polyookées,  dont' 
le  caractère  est  d'avoir  un  calice  à  cinq  divisions  inégales  ; 
point  de  corolle  ;  douze  étamines  ;  un  ovaire  supérieur  , 
oblong ,  tei'miné  par  trois  stigmates.  Le  fruit  est  une  capsule 
pyramidale  ^  à  quatre  angles  et  à  une  semence. 

Ce  genre ,  figuré  dans  les  Illustrations  de  Lamarck,  pi.  4 1  o  ^ 
renferme  trois  espèces^  qui  sont  des  arbrisseaux  de  la  Tur- 
quie d'Asie,  remarquables  en  ce  qu'ils  sont  presque  aphylles  , 
que  leurs  rameaux  sont  souvent  dichotomes ,  arliçiués^  ont 
les  articulations  membraneuses^  monophylles  ou  nues  et  flo- 
rifères ;  les  feuilles  linéaires  presque  cylindriques. 

Le  Calligon  polyoonide  croît  naturellemeiU  sur  le 
mont  Arai-at ,  d'où  il  a  été  apporté  par  Toumefort ,  qui  Ta 
figuré  dans  son  Voyage  au  Levant,  Ses  caractères  sont  d'avoir 
la  capside  couverte  de  poils  qui  se  croisent. 

Le  Calligon  de  Pallas  formoit  un  genre  sous  le  nom  de 
Polios  y  qui  l'a  découvert  près  de  la  mer  Caspienne;  mais  il  a 
été  supprimé.  Ses  racines  coupées  donnent  unegomrae  claire^ 
qui  a  les  propriétés  de  la  gomme  adraganle.  Se&  caractères 
sont  d'avoir  les  fruits  avec  des  ailes  membraneuses  et  frisées 
ou  dentées.  (B.) 

■  CALLIMUS ,  nom  latin  qu'on  a  conservé  au  noyau  des 
géodes  ferrugineuses^  nommées  astites  ou  pierres  d'aigle,  (Pat.) 

CALLIOMORë^  C<dliomorus  ,  genre  de  poissons  de  1» 
division  des  Jugulaires  ,  établi  par  Lacépède  aux  dépens 
des  caUionymes  de  Linnaeus.  Ce  nouveau  genre  offre  pour 
caractère  une  tête  plus  grosse  que  le  cQi*ps  )  les  ouvertures 


i36  O  A  L 

branchiales  pkcées  snr  les  côtés  de  ranimai; les  nageoire» 
jugulaires  très-éloîgnées  l'une  de  l'autre;  le  corps  et  la  queue 
garnis  d'écaillés  à  peine  visibles.  Il  ne  renferme  qu'une 
espèce ,  le  Cax^liomors  indien  ,  Platicephalun  spathula  pu- 
Pelle  Bloch ,  qui  a  sept  rayons  à  la  membrane  des  branchies, 
deux  aiguillons  à  la  première  pièce,  et  un  aiguillon  à  la  se- 
conde de  chaque  opercule. 

Le  calliomore  indien  est  d'un  gris. plus  ou  moins  livide  et 
sa  mâchoire  inférieure  est  un  peu  plus  avancée  que  la  supé* 
rieure.  Il  est  figuré  dans  Bloch  et  dans  le  Buffon  de  Déter- 
viUe.  (B.) 

CALLIONYMEy  Caliionymus ,  genre  de  poissons  de  la- 
division  des  Jugulaires,  dont  le  caractère  consiste  à  avoir 
une  tète  plus  grosse  que  le  corps;  lésion  vertu  res  branchiales 
sur  la  nuque  ;  les  nageoires  jugulaires  très^loignées  Tune  de 
l'autre  ;  le  corps  et  la  queue  garnis  d'écaillés  à  peine  visibles. 

Ce  genre  étoit  composé  de  sept  espèces  ;  mais  Liacépède  en . 
a  ôté  deux  ;  Tune  ,  ainsi  qu'on  vient  de  le  voir ,  pour  former 
celui  qu'il  a  appelé  Calliomore  ,  et  Tauti^e  le  Comophobe.  . 
n  reste  donc  aujourd'hui  composé  de  cinq  espèces ,  que  le 
Naturaliste  français  a  séparées  en  deux  sections  fort  inégales. 
La  première  comprend  les  caUionymes^  dont  les  yeux  sont . 
très-rapprochés  l'un  de  l'autre ,  et  on  y  trouve  : 

Le  Callionyme  lyre,  qui  a  le  premier  rayon  de  la  na-  ' 
geuire  dorsale  de  la  longueur  du  corps  et  de  la  queue  ;  l'ou* 
verture  de  la  bouche  très-grande  ;  la  nageoire  de  la  queue 
arrondie.  Il  est  figuré  dans  Bloch',  pL  i6i  ;  encore  mieux 
dans  Lacépède ,  vol.  J ,  pi.  i  o.  Il  lest  encore  dans  plusieurs 
autres  auteurs.  On  le  trouve  dans  la  Méditerranée  et  autres 
mers  d'£urope,  où  il  parvient  à  la  longueur  de  trois  pieds  au 
plus  y  et  où  il  vit  principalement  dK>uRsiN8  et  d'AsTÉRUS* 
(  Voyez  ces  mois. }  Sa  cnair  est  blanche  et  agréable  au  gOÛt. 
•ton  nom  vient  du  rapport  qu'on  a  trouvé  ou  cru  trouver 
entre  les  longueurs  des  sept  rayons  de  sa  première  nageoire 
dorsale  et  les  cordes  d'un  instrument  destiné  à  donner  des 
accords  parfaits,  tels  que  ceux  delà  lyre.  On  l'appeUe  ïaçQn~ 
dière  et  lacer t  sur  uos  côles. 

La  léle  du  callionyme  lyre  est  blanche  en  desdus  ,  applatie 
en  dessous ,  et  plus  large  que  le  corps  ;  lea  yeux  n'ont  point 
de  membrane  clignotante  ;  l'ouverture  de  la  bouche  est  très- 
grande  ,  les  lèvj'es  épaisses  et  les  mAchoires  héiissées  de  plu- 
sieurs petites  deuts  ;  l'oneixule  branchial  embrasse  presque 
toute  la  circonférence  oc  Tanimal  ;  l'ouverture  de  l'anus  est 
beaucoup  plus  près  de  la  télc  que  de  la  nageoire  de  la  queue. 
L('s  couleurs  de  ce  poisson  varient  beaucoup;  mais  le  bleu 


CAL  i3>7- 

domine  sar  les  n^geoine»,  le  jaune  stir  les-oAtéB-  du-do^v  et' le 
blanc  sur  le  ventre^  ce  qui  lui  fj^il  une  robe  de» plus  riches^ 

Le  CAiiiiiofrywE  draooksav  a  le»  rayons  de  là  première 
nageoire  du  dos-beaucoup  plus  courts  que  le  corps  et  là  queue; 
l!onverture  delà  bouehe  tres^-grande;  la  nageqire  de  la  queue 
arrondie.  Il  se  trouve  dans  les' mêmes  mers  que  le  précédent^ 
dont  il  seroit  la  fbmelle  si  on  en  veut  croire  Gmehn.  On  l'ap- 
pelle doucet  sur  nos  côtes.  Il  est  âguré*  dans  Blbch ,  pi.  169 , 
dansla  ZooUgie  danoûeàeMtûitT ,  pi.  âo^  et  dans  le  Euifon  ,- 
édition  de  Déterville,  vol.  i ,  pag.  i5g.  S»  couleurs  sont  beau** 
coup  moins^  briUantes  que  celles'  du  précédent  y  le  brun  y  do- 
mine. 

£ie  Callionymb  flècrc  a  trois  rayons  à  la  membrane 
â^  branchies*;  l'ouverture  de  là  bouche  petite  ;  la  nageoire 
de  la  queue  arrondie.  Il  est  figuré  dans  les  Spicilegia  zoologica 
de  Pallas^  tàb.  4  ^  n*"'  4  et  5.  Il  habile  lés  mers  d'Amb'oine. 

r«e  Callionyme  japokois,  dont  le  premier  rayon  de  la 
première  mâchoire  dorsale  est  terminé  par  deux  filamens, 
et  dont  la  nageoire  de  la  queue  est  fourchue.  On  le  trouva 
dans  les  mer» du  Japon. 

La  seconde  division  des  calltonymes,  dansLacépède,  ne 
renferme  qu'une  espèce ,  dont  les  yeux  sont  très-rapprochés 
l'un  de  l'autre^  c'est  le  Callionyme  pointillé^  qm  a  l'ou- 
verture de  la  bouche  très^petiie  ^  et  la  nageoire  de  la  queue 
arrondie.  Il  vil  dans  les  mers  d'Amboine^  et  est  figuré  dans  les 
Spicilegia  zoologica  de  Pallas ,  pi.  4i  ^  n°  i3.  Sa  grandeur  est' 
celle  du  doigt;  et  sa  couleur  le  brun  varié  de  gris  et  parsemé 
de  points  blancs  et  brillans.  La  femelle  est  un  peu  différente  ,. 
soit  par  le  rapport  de  ses  partiesv,  soit  par  seseouleurs.  (B.) 

CALLiSEj  Calliêia.  C'est  une  petite  plante  rampante^  qui- 
a  beaucoup  de  rapport  avec  lacommelines ,  on  mieux ,  qui 
n'en  diffère  que  par  l'absence  du  nectaire.  SesfeuiUes  sont 
alternes 5  engalnéeîs  à  leur  base^  ovules^  pointues^  rappro- 
chées au  sommet  des  rameaux*;  ses-  fieurs^sont  petites,  pres'* 
que  sesalesy  et  ordinairement  trois*  ensemble  ;  chacune  de 
ces  fleurs  consiste  en  un  caliee  de  trois  folioles  linéaires ,  lan^ 
céolées  ;  en  trois  pétales  lancéolés^  aussi  longs* que  le  calice; 
en  trois  étamines^  dont  le?  filamens  sont  élargis ,  et  portent 
chacun  deux  anthères  adnéesaubord  interne  de  leur  lame  ; 
en  un  ovaire  supérieur^  oblong,  chargé  d'un  slylo  que  ter* 
minent  trois  stigmates^frangés. 

Le  fruit  est  une  capsule  ovale,  pointue,  comprimée,  bilo-- 
cnlaire ,  bivalve  ,  et  qui  oontâent  daHB  chaque  loge  deuc 
aemences  arrondies. 


i5»  CAL 

Cette  plante  setroare  dans  les  lieux  humides  et  ombragés,  £ 
la  Martmique  et  à  Gayenne.  (B.) 

.  CALLIST£^  Ccdliêta ,  genre  de  vers  mollusques ,  établi 
par  Poli  ydauâ  son  ouvrage  sur  les  testacés  des  mers  des  Deux- 
Sicîles.  Son  caractère  consiste  à  avoir  deux  siphons  glabres , 
lantàt  réunii»  dans  toute  leur  longueur ,  tantôt  séparés  dans 
leur  partie  supérieure  ;  les  branchies  écartées  ,  ouvertes  , 
cependant  quelquefois  réunies  à  leur  extrémité  8U|)érieure  ; 
le  bord  du  manteau  ondulé  et  frangé  dans  qudques  espèces 
et  disjoint;  le  pied  lancéolé. 

11  a  pour  type  les  animaux  de  toutes  les  mactres  et  des 
venus  chione  ,  déflorée  et  galline.  Voyez  au  mot  Venus.  (B.) 

CALLISTE  ,  CaUiata ,  plante  parasite  ,  vivace  ^  à  bulbe 
linéaire  y  à  tige  épaisse,  sillonnée  ;  a  feuilles  alternes,  lancéo- 
lées ,  très-entières ,  striées ,  épaisses ,  duies ,  engaînées  ;  à  fleurs 
blanches ,  rongées  dans  leur  centre ,  éparses  sur  de  longues 
grappes  simples  latérales  et  recourbées ,  qui ,  selon  Lou- 
reiro  ,  forme  un  genre  dans  la  gynandrie  monahdrie  ,  mais 
cpi'on  peut  également  placer  dans  le  genre  An  grec.  Voyez 
ce  mot. 

Ce  genre  offre  pour  caractère  un  calice  nul  et  remplacé 
par  plusieun*  écailles  ovales,  lancéolées,  imbriquées  avant  la 
floraison  ;  une  corolle  de  cinq  pétales  ouverts ,  dont  trois  ses* 
siles ,  ovales,  oblonga  ,  deux  opposés ,  onguiculés ,  plus  larges  > 
renflés  à  leur  base  ;  un  tube  intérieur  attaché  à  la  base  des 
pétales  y  grand ,  divisé  en  deux  lè^Tes ,  Tintérieure  oblongue , 
charnue ,  bicorne  à  sa  base  ,  Fextérieure  turbinée,  très-en- 
tière ,  velue ,  contournée  en  entonnoir  ;  une  étamine  attachée 
à  l'extrémité  intérieure  du  tube ,  à  anllière  operculée  et  bilo- 
bée  ;  un  ovaire  inférieur ,  filiforme  ,  contourné  ,  à  style  et 
stigmates  nuls  ,  à  moine  ^u'on  ne  veuille  prendre  pour  eux 
un  sillon  qui  va  de  i'étamine  au  germe. 

Le  fruit  avorle  presque  toujours* 

Lie  callisie  est  une  très-belle  plante  qu'on  trouv^à  la  Co* 
chinchine ,  sur  le  tronc  des  vieux  arbres.  (B.) 

CALLITRIC  ,  CalUtriche ,  génie  de  plantes  à  fleurs  in- 
complètes de  la  monandrie  digynie  ,  dont  le  caractère  est 
d'avoir  un  calice  composé  de  deux  folioles  opposées  et  cour- 
bées en  croissant  ;  une  étamine  plus  longue  que  le  calice  ; 
un  ovaire  supérieur  >  arrondi,  chargé  de  deux  styles  recour- 
bés. 

Le  fruit  est  une  capsule  courte ,  tétragone ,  biloculaire ,  et 
qui  contient  quatre  semences. 

Voye%  pi.  5  des  lUuêirationê  de  Lamarck  ,  où  est  figura 
.ce  genre  ,  qui  contient  trois  espèces  extrêmement  peu  dilliè^ 


CAL  i3i^ 

rentes  |ps  unes  des  antres ,  toutes  ayant  les  feuilles  ovales, 
opposées  ;  les  fleurs  solitaires  et  axiUaires  ,  et  toutes  vivant  au 
milieu  de  l'eau  ^  où  surnage ,  en  forme  de  rosette  ,  rextrémilc 
des  tiges. 

La  première  espèce ,  le  Cai^litric  printanier  se  dis- 
tingue cependant  bien  de  la  dernière  ^  le  Cai^lptric  d* au- 
tomne ,  puisque  l'un  a  les  fleurs  androgynes  et  l'antre  les  a 
hermaphrodites  :  rinlermédiaire  se  distingue  à  ses  feuilles, 
qui  sont  légèrement  échancrées. 

Ces  plantes  couvrent  quelquefois  complètement  les  eaux , 
sur-tout  celles  des  petites  rivières  qui  coulent  lentement*  Les 
bons  agriculteurs  ne  les  lais^nt  pas  perdre  ;  ils  les  arrachent 
en  automne  avec  dès  râteaux  à  dents  de  fer  ^  et  les  transpor- 
tent sur  leurs  fumiers,  dont  elles  augmentent  la  masse.  (B.) 

CALLITRICHE ,  CallUriche,  genre  de  vers  mollusques 
établi  par  Poli  ,  dans  son  histoire  des  teatacés  des  mers  des 
Deux'Siciles,  Son  caractère  connste  à  avoir  un  seul  siphon 
en  forme  de  trou  ;  un  abdomen  ovale ,  comprimé  ,  saillant  ; 
point  de  pied ,  mais  en  place  un  muscle  linguiforme  com- 
primé ,  pour  filer  le  byssus  qui  est  toujours  rameux. 

Ce  genre  est  formé  par  les  animaux  des  Moules,  qui 
sont  figurés  planch.  Sa  de  l'ouvi^age  précité.  Voyez  au  mot 
IdoviiS.  (B.) 

C  ALLITRICEŒ).  Ce  mot  grec ,  appliqué  à  une  guenon , 
signifie  hecui^poilj  qualification  qu'Homère  donnoit  à  wt^ 
héros.  Le  beau  Paris ,  le  fougueux  Achille  et  oient  callitriches. 
Idais  les  modernes  ont  donné  cette  dénomination  au  singe 
vert.  Le  caUUriche  de  Bufibn  (éd.  Sonn. ,  t  36  ,  p.  5a ,  pi.  48.)» 
et  d'Audebert  (  HisL  des  sing,  fam.  4  ,  sect.  3  ,  fig.  4  et  5.  )  » 
est  la  simia  caudala ,  imberbis,  flauescens  ^facie  atrà  ,caudâ 
cinered,  natibus  caltfis, . .  simia  sabœa  de  Linnseus  y  Syst. 
nat.  éd.  i3 ,  gen.  a ,  sp.  18.  Ce  singe  est  facile  à  distinguer  par 
sa  face  d'un  noir  vif ,  par  sa  robe  d'un  vert  assez  pur  sur 
le  dos,  et  d'un  blanc  éclatant  sur  le  ventre  ,  la  poitrine  et  la 
gorge.  Au  reste  ,  il  a  des  callosités  aux  fesses  et  des  abajoues  ; 
sa  queue  longue  a  un  petit  floccon  de  poils  à  son  extrémité. 
11  nabite  non-seulement  la  Mauritanie,  mais  encore  le  Séné- 
gal et  les  îles  du  cap  Verd.  Silencieux  et  léger  ,  il  se  lient  au 
sommet  des  grands  arbres;  il  ne  crie  point  et  ne  s'eflarouche 
point  lorsqu  on  tue  un  de  ses  compagnons  à  ses  côtés  :  le 
blessé  lui-même  ne  fait  aucun  bruit.  Cet  animal  est  long  de 
quinze  pouces ,  non  compris  la  queue;  sa  femelle  a  un  écou- 
lement périodique  de  sang.  Les  oreilles ,  les  pieds  et  les  mains 
sont  noirs  :  il  y  a  des  variétés  de  couleur  dans  cette  es« 
pèce.  (V.)  .  . 


&40       CAL 

CALLITKIX  BES^  GRECS  est  le  Gallitr^chx.  I^oyét 
ce  mot.  (S.) 

CALUXÈNE,  CalUxêfiè,  genre  de  planles  dé  ITiexan- 
drie  monogynie  ,  et  de  la  famUie  des.  Asparagoïdes  ,  qui 
est  figuré  dans  les  Illustrations  de  Lamarck ,  pi.  344.  Il  a 
pour  caractère  une  corolle  divisée  en  sis:  parties  égales^  dont 
les  trois  alternes  ont  deux  glandes  à  leur  base  ;  six  étàmihes  ; 
Xin  germe  supérieur  à  stigmate  trigohe  ;  une' baie  à  trois  loges^ 
qui  renferment  chacune  troi^semences. 

Ce  genre  ne  contient  qu'une  espèce  qui  est  un  petit  arbris- 
seau des  Terres  magellaniqùes ,  dont  les  feuilles  sont  alternes, 
(•essiles  ,  elliptiques ,  aiguës ,  très-entières  ;  et  les  fleurs  solitai- 
res ,  terminales  et  pédonculées. 

Ce  genre  a  été  appelé  Enargee  par  Gasrtner  et  Wil- 
denow.  (B.) 

CALMAR ,  Lolîgo,  C'est  le  nom  que  Ton  donne  sur  les 
bords  de  la  Méditerranée,  à  une  espèce  de  sèche  qui  a  servi 
k  Lamarck  pour  établir  un  genre  auquel  il  a  conservé  la 
même  dénomination.  Ce  genre  a  pour  caractère  un  corps 
charnu, alongé, contenu  dans  un  sac  ailé  inférieurement  ,«et 
renfermant ,  vers  le  dos ,  une  lame  mince  ,  transparente  et 
cornée  ;  une  bouche  terminale  entourée  de  dix  bras  garnis 
de  ventouses ,  et  dont  deux  sont  plus  longs  que  les  autres. 

Ainsi  donc  il  diilère  dés  sèches  ,  parce  qu'il  n'a  pas  d'os 
calcaire  ;  et  des  poulpes  du  même  auteur,  parce  qu'il  a  deux* 
bras  surnuméraires  plus  gsands  que  les  autres. 

Malgré  cela ,  le  genre  Seche  de  Linnseus  est  si  naturel ,  et 
les  espèces  qu'il  l'enferme  sont  si  peu  nombreuses,  que  cette 
séparation  peut  être  encore  évitée.  F'oy.ez  au  mot  Sèche.  (B.)  , 

CALMAR ,  nom  spécifique  d'une  Coui^euviœ'  d'Amé^' 
rique.  Voyez  au  mot  Coujleutre.  (B*). 

CALODENDRON,  Calodendmm,  afb'ï^  éles^  ddnt  les' 
feuilles  sont  op|x>sées,  pétiolées ,  ovales,  rapprochées aux'ex« 
trémités  des  rameaux  ,  et  les  fleurs  disposées  en  panieules* 
terminales. 

Ces  dernières  sont  composées  d'un  calice  monophylle,  per* 
sistant ,  velu  en  dehors  el  à  cinq  dents;  d'une  corolle  de  cinq' 
pétales  lancéolés ,  carinés  et  velus  à  l'extérieur  ;  de  cinq  prô-  - 
ductions  pétalifoiines,  linéaires ,  aussi  longues  que  les-  péta- 
les, mais  plus  étroites ,  insérées  sur  le  réceptacle  entre  les  pé- 
tales ;  de  cinq  étamines  ,  dont  une  est  stérile  ;  d'un  ovaire  ' 
supérieur ,  hérissé,  pédicule ,  en  télé ,  ayant  un  style  filiforme 
qui  s'insère  latéralement  et  dont  le  stigmate  est  obtus. 

Le  fruit  est  une  capsule  hérissée ,  pediculéc ,  à  cinq  angles^ 


CAL  ,4, 

pbtua ,  i^  cino  «îIIodb  ,  à  cinq  val^eB  et  k  cinq  loges ,  qui 
contiennent  cnacune  deux  semences  presque  triangulaires. 

Cet  arbre  croit  en  Afrique^  où  il  a  été  observé  par  Thun- 
berg.  n  est  figuré  pi.  3  du  Journal  d' Histoire  jHUurelle. 

JLAmarck ,  auteur  du  mémoire  auquel  appartient  cette  fi>- 
gm»,  observe  que  ce  genre  se  rapproche  si  fort  à^sfracsineiles  , 
qu'il  ny  auroit  pas  d'inconvénient  de  l'y  •réunir  :  c'est  ausai 
ce  qu'a  fait  Valu.  f^o>yeM  au  mot  F«axinsli»e.  (B.) 

C ALQDION ,  Caiodium ,  genre  de  plantes  établi  par  L#ou- 
reiro  d&QS  la  JFlore  de  la  Cochinchine  j  mais  qui  ne  aiSere  de 
celui  appelé  CAaaYTS  par  JLinnaaus ,  que  parce  que  les  ca- 
raclènM  de  oe  dernier  aboient  -été  d  abord  mal  exprimés, 
/^a/es  an  mol  Gassyte.  (£•) 

GALOPE ,  genre  d'insectes  qui  doit  être  placé  dans  la  se- 
conde section  de  Tordre  des  GojL^oPTfiREs. 

Ge  genre  parott  appartenir  à  la  famille  des  Cistèles  ;  il  a 
les  antennes  longues  ^  en  scie ,  les  antennules  antérieures 
longues  et  en  masse ,  les  mâchoires  courtes  et  bifides,  avec 
la  division  extérieure  mince,  à  peine  plus  longue  que  l'autre  ;  ^ 
il  difière  des  capricornes  par  le  nombre  des  pièces  des  tarses. 
lies  ciUopes  ont  cinq  articles  aux  quatre  tarses  antérieurs ,  et 
quatre  seulement  aux  postérieurs. 

Get  insecte  nous  est  étranger  ,  et  nous  ne  connoissons  pas 
salanre  ;  mais  nous  croyons  qu'elle  vit  dans  la  substance  du 
boia  comme  celle  des  capricornes ,  des  leptures. 

La  seule  espèce  de  calope  connue,  est  le  Serr  aticorne  ;  il 
est  obscur  ,  et  a  le  corcelet  cylindrique  :  il  se  trouve  au  nord 
de  l'Europe ,  dans  les  bois.  (O.) 

GALOR[QU£.  Suivant  un  grand  nombre  de  physiciens, 
le  calorique  est  la  matière  môine  du  feu;  c'est  un  fluide  très- 
subtil  et  sans  pesanteur,  qui  pénètre  tous  les  corps  sans  excep* 
tion ,  et  qui  peut  se  combiner  plus  ou  moins  avec  eux.  C'est 
le  dégagement  de  ce  fluide  qui  c^use  la  sensation  de  Ja 
chaleur.  , 

Suivant  ses  divers  degrés  d'abondance  et  d'intensité ,  il 
dilate  les  corf>s ,  il  les  £iit  ensuite  passer  àl'état  liquide ,  et  entia 
il  les  convertit  e^'gaz;  l'or  lui-mémp  est  réduit  en  vapeun 
par  le  calorique  des  rayons  ralaires ,  rassemblés  au  foyer  d'une 
puissante  lentille  ou  d  un  grand  miroir  connave. 

Sans  le  calorique ,  il  est  probable  qu'il  n'existeroit  aucun 
fluifle  ;  toutes  les  mcdécules  de  la  ipatîère  obéiroioat  à  leur 
attraction  oiutuelle,  etse  rapprocheroient  de  manière  à  ne 
Xonner  que  des  corps  solides ,  .comme  nous  le  pouvons  yoir 
f^  i'ft^^fV^^  âa  I'qau  ,et  jfi^u^  cUi  mmnwe,  qw  çbyiennent 


î4a  CAL 

des  corps  durs  par  la  sonAtractioii  d'une  partie  du  caloriqtiâ 
dont  ils  sont  pénétrés. 

Quand  un  corps  passe  de  cet  état  solide  à  la  fluidité ,  il 
absorbe  une  quantité  de  ccdoriqtie  souvent  très-considérable. 
L'expérience  nous  apprend  que ,  pour  faire  fondre  une  livre 
de  glace  qui  est  à  l'a  température  de  zéro,  il  faut  une  livre 
d'eau  à  la  température  de  soixante  degrés,  c'est-à-dire ,  qui  ait 
les  trois  quarts  du  calorique  qui  suffiroit  pour  la  rendre  bouil- 
lante; et  quand  la  glace  est  fondue,  le  mélange  se  trouve  ré- 
duit à  la  température  de  %éro;  de  sorte  que  Li  glace,  pout* 
passer  à  l'état  liquide ,  absorbe  soixante  degrés  de  calorique 
qui  se  combinent  avec  l'eau.  £t  lorsque  le  calorique  se  trouve 
dans  un  état  de  combinaison ,  il  est  tellement  enchaîné,  qu'il 
n'a  nulle  influence  ni  sur  les  tiens,  ni  sur  le  tlienno mètre. 

Quand  un  liquide  passe  à  l'état  de  vapeurs ,  il  absorbe  éga» 
lement  une  grande  quantité  de  calorique  :  c'est  par-là  qu'on 
explique  le  refixiidissement  qu'éprouvent  les  corps  sur  les- 
quels se  fait  Tévaporalion.  Tout  le  monde  conuoit  l'expérience 
triviale  de  faire  rafraîchir  une  bouteille  de  vin  en  l'exposant 
au  soleil ,  enveloppée  d'un  linge  mouillé.  Plus  l'évaporation 
est  prompte ,  et  plus  le  refix>iai58ement  est  sensible  ;  l'eau  se 
convertit  subitement  en  glace ,  dans  un  tube  de  verre  sur 
lequel  on  fait  évaporer  de  l'éther. 

Kumford ,  Scherer,  et  d'auti-es  physiciens  célèbres ,  pensent 
que  le  calorique  n'es^  point  une  substance  proprement  dite  ; 
ce  n'est  qu'une  simple  modification  des  corps ,  qui  résulte 
des  vibrations  imprimées  aux  molécules  dont  ils  sont  corn* 
posés.  Rumford  a  fait  bouillir  de  l'eau  par  le  seul  frottement 
rapide  et  violent  de  deux  pièces  de  métal  plongées  dans  cette 
eau  ;  et  il  demande  d'où  émaneroit  ce  calorique ,  dont  la 
source  paroit  inépuisable ,  quoique  rien  n'annonce  qu'il  ail 
été  fourni  à  l'eau  aux  dépens  des  corps  environnans. 

Ce  même  physicien  a  uit  diverses  expériences  qui  semblent 
prouver  que  les  liquides  ne  sont  nullement  conducteurs  du 
calorique ,  et  qu'ils  ne  s'échaufient  que  molécule  à  molécule , 
et  par  un  déplacement  successif;  mais  d'autres  physiciens  ont 
fait  des  expériences  qui  paroissent  prouver  que  les  liquides 
■ont  seulement  moins  bons  conducteurs  du  calorique  que  ks 
corps  solides^ 

Parmi  les  savatis  qui  considèrent  le  calorique  comme  un  a 
véritable  substance ,  les  uns  le  regardent  comme  une  simple 
modification  du  fluide  lumineux  ;  d'autres  disent  que  c'e.st 
un  fluide  absolument  distinct ,  et  ils  l'apportent  en  preuve  de 
cette  opinion , lexemple  d'une  masse  cfe  fer  ou  autre  corps 
•umblable  j  qui  peut  se  trouver  éminemment  pénétré  de  calo- 


CAL  145 

riqùe  aaus  être  lamineux  ;  de  même  qu'uu  corps  très-lumi- 
neux ,  tel  que  la  lune  et  beaucoup  de  substances  phosphore9- 
centesy  ne  donne  que  de  la  lumière  sans  le  moindre  signe  de 
chaleui*. 

Suivant  le  célèbre  Herscliel  y  le  calorique  émane ,  ou  y  sui* 
Tant  son  expression ,  rayonne  du  soieii  y  en  même  temps  et 
avec  la  môme  rapidité  que  la  lumière,  et  il  est  plus  ou  moi  m» 
mêlé  avec  les  dîtlérens  rayons  lumineux.  Les  expériences 
qu'il  a  faites  sur  le  spectre  solaire  formé  par  le  prisme ,  lui  ont 
prouvé  que  W  faculté  calorifique  des  diiFéreus  rayons  n'est 
point  du  tout  la  même  y  et  qu'elle  est  en  raison  inverse  de  leur 
réfningibilité.  Les  rayons  rouges ,  par  conséquent  y  sont  ceux 
qui  possèdent  le  plus  éminemment  cette  faculté ,  et  les  rayons 
violets ,  ceux  qui  en  sont  les  moins  pourvus  ;  elle  est  graduelle 
dans  les  rayons  intermédiaires. 

La  faculté  calorifique  des  rayons  rouges  est  à  celle  des  rayons 
verts,  comme  55  à  36;  et  à  celle  des  rayons  violets,  comme 
55  à  16. 

n  a  fait  de  plus  une  observation  très-remarquable  ;  c'est 
^e  dans  cette  expérience ,  la  plus  gra.nde  faculté  calorifique 
ne  s'est  point  manifestée  dans  les  limites  du  spectre  solaire, 
mais  à  la  dislance  d'un  demi-pouce;en  dehors  du  rsLjon  rouge; 
c'est  là  que  le  thermomètre  est  monté  de  9  degrés.  A  la  dis- 
tance d'un  pouce,  il  mon  toit  a  j  degi-és  ^,  et  à  la  distance 
d'un  pouce  et  demi ,  il  montoit  à  3  degrés  ^,  Dans  la  partie 
opposée  du  spectre  solaire,  c'est-4-dire  du  côté  du  rayon 
violet  y  le  thermomètre ,  placé  dans  la  dernière  teinte  visible 
de  ce  rayon ,  ne  monta  que  d'un  degré  ^  ;  mais  hors  de  la 
limite  de  ce  rayon,  il  ne  donna  pas  le  moindre  signe  de 
dilatation. 

Il paroîtroit  donc,  d'après  ces  expériences,  qu'il  émane 
du  soleil  une  gr.*nde  quantité  de  rayons  qui  sont  purement 
calorifiques  sans  être  visibles  ;  que  parmi  ces  rayons ,  il  y  eu 
a  qui  ont  les  divers  degrés  de  réfraueibilité  des  rayons  lumi- 
neux ,  et  d'autres  qui  sont  moins  re&augibles  que  les  rayons 
rouges  eux-mêmes  ;  et  il  paroit  que  ces  rayons  invisibles  sont 
les  plus  nombreux  ou  les  plus  énergiques,  puisqu'ils  pro- 
duisent le  plus  grand  eÛet  sui'  le  thermomètre. 

Herscbel,  d'api*ès  difierentes  considérations,  pense  néan- 
moins que  les  rayons  lumineux  ne  sont  point  essentiellement 
diflérens  des  rayons  calorifiques  ;  il  croit  inutile  d'admettre 
deux  causes  quand  une  seule  paroit  suffisante.  La  chaleur 
rayonnante  lui  parpît  être  composée  de  lumière  invisible, 
e'e^t-à-dire  de  rayon»  venant  du  soleil  avec  un  momerUum 


144  C  A  Li 

ou  iin«  -modificalion  qui  ies.-rend  incapables  d'affiNstet 
notee  vue. 

J^aiM-leoeors  de  «ee  ebservfitioiM'Sur.le  disque  du  soleil , 
il  a  reconnu  que  les  verres  colorés  en  rouge  interceptent  -fbit 
.bi«n  la  Ijimiàre  ^«inais  quiib  transmettent  à  Teeii  une  chaleur 
intolérable.;  les  verras  de  couleur  .verte  sont  ceux  •  qui  vinns^ 
4nettent  le  moins  da  chaleur. 

U. me  semble  qu'on .pouvroit  fairerune  application  avanta- 
.geuse  de  cette  observation  .pom*.  les  serres  chaudes  et  des  oran^ 
,geries  :  1  inieation  est  d'y  rassembler  ^.autant  qu'on  peut ,  le 
'Calorique  avec  .le  .moins  de  dépense  possible  ;  et  Icursqu'on 
«emploie ,  suivant  J'usage ,  des  verres  d'une  couleiir  verdàtre , 
on  VA  dii'eotesaent .contre  son  but,. puisque  les  verres  de  cette 
.  couleur  inteircepteiUiles'rayofu.oo/ori^iiaff ;  il  faudroit  donc 
employer  au  vitrage  des  serres  chaudes /des  verres  coloréaeu 
rpugey  qui  transmettent  si  bien  les  sayons  de  cette  espèce. 

Ùerschel  a  fait  aussi  des  expériences  qui  confirment  celles 
que  le  savant  M.  A.  Pictet  a  voit  déjà  consignées  dans  son 
Traité  du  feu ^  qui  parut  en  1790,  et  qui  prouvent  rjue  le 
calorique  est  susceptible  d'être  rédéchi  et  réfracté  de  la  mên^c 
manière  et  suivant  les  marnes  loix  que  Ja  lumière ,  et  que  le 
yroz^est  également  susceptible  d'être  réfléchi.  Ce  dernier  fciit 
*a  confirmé  le  comte  de  Rumfort  dans  son  opinion ,  que  la 
lumière  n'est  jpas  plus  une  émanation  que  le  froid  lui-même. 

IjCs  rayons  directs  du  ^eil  ont  très-peu  d'énei'gie  calori- 
fique; ce  n  est  que  parles  diflérentes  réflexions  qu  ils  épix>u- 
*vent ,  et  par  une  sorte  de  frottement  qu!ils  l'acquièrent  à  un 
certain  point.  ÇTest  pour  cela  que ,  niéme  au  solstice  d'été ,  ils 
a'ont  pas  la  force  de  fondre  la  neige  sur  les  hautes  montagnes, 
attendu  qu'ils  sont  dispersés  dans  un  air  Libre  et  fort  rare , 
où  rien  ne  les  infléchit  ;  mais  lorsque ,  par  quelque  circons* 
<^tance  particuëère ,  ils  s'y  trouvent  rassemblés  et  accwnnlés 
dans  un  même  espace  »  ils  ont  autant  d'énergie  que  dans  la 
plaine  ;  c'est  ce  que  ptt>uve  l'exjiérience  que  Saussure  a  firitto 
sur  le-Cramont,  le  16  juillet  1774 ,  à  une  élévation  de  mille 
quatre  cent  deux  toises.  Il  exposa  an  soleil,  depuis  deux  heures 
jusqu'à  ti*ois,  une  boite  doublée  de  liège  noirci ,  et  dont  l'on* 
Terture  étoit  fermée  par  trois  glaces ,  placées  à  quelque  dis-» 
tance  l'une  de  l'autre  ;  le  thermomètre  contenu  dans  cette 
boite  ,  monta  jusqu'à  70  degrés ,  ce  qui  est ,  peu  s'^^n  faut ,  la 
température  de  l'eau  bouillante  ;  quoiqu'en  plein  air,  la  chà* 
leur  ne  fût  que  de  cinq  degrés. 

Le  même  observateur  est  parvenu ,  au  moyen  d'un  appareil 
€ort  ingénieux ,  à  reconnaître  qu'il  faut  six  mois  entiers  pour 
^ue  le  cidorique  des  rayons  solaires  pénètse  dans  Técoi^ce  àm 


C  A  L  1^5 

h  terre  jasqii'à  la  profondeur  de  trente  pieds  ^  de  sorte  que  le 
phis  grand  degré  de  chaleur  s'y  manifeste  au  solstice  d'hiver; 
et  comme  la  progression  du  l'efroidissement  est  la  même ,  son 
maximum  aiTÎve  au  solstice  d'été.  La  variation  de  Tun  à 
l'autre  n'est  pas  à  la  vérité  fort  considérable^  elle  n'est  que 
d'un  degi*é  et  j  ;  mais  elle  a  été  observée  constamment  la 
même  pendant  trois  années  consécutives.  Au  solstice  d'hiver 
le  thermomètre  y  marquoit  8.96,  et  au  solstice  d'été  7.75. 

Cette  expérience  a  été  faite  aux  environs  de  Grenève ,  dans 
un  sol  tout  composé  d'argile ,  qui  est  un  fort  mauvais  con- 
ducteur du  calorique  ;  et  l'on  sent  aisément  que  l'eilet  doit 
varier  beaucoup,  suivant  la  nature  du  sol,  et  sur-tout  à  des 
latitudes  qui  seroientfort  différentes  les  unes  des  autres.  Il  est 
infiniment  probable^  par  exemple ,  qu'entre  les  tropiques  le 
calorique  solaire  pénètre  plus  avant  dans  la  terre,  et  a'y  .sou- 
tient à  un  degré  plus  égal  que  dans  les  autres  zones ,  puisque 
le  refiroidissement  de  la  superficie  n'a  lieu  dans  aucune 
saison. 

Ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est  que  dans  les  contrées  boréales, 
telles  que  la  Sibérie,  le  calorique  solaire  ne  pénètre  jamais 
le  sol  avec  asseie  d'énergie  pour  fondre  la  glace  au-dessous  de 
deux  ou  trois  pieds  tout  au  plus  de  la  superficie.  Les  racines 
des  arbres  ne  pénètrent  jamais  au-delà  oe  cette  profondeur; 
et  il  y  a  une  infinité  d'endroits,  même  dans  les  plaines,  où  le 
dégel  ne  s'étend  pas  au-delà  d'un  pied  :  c'est  ce  que  j'ai  eu 
l'occasion  d'observer  difiérentes  fois  dans  les  fosses  qu'on 
faisoit  pour  enterrer  les  morts;  et  dès  qu'une  fois  les  corps  y 
•ont  déposés,  on  est  sûr  qu'ils  s'y  conservei*ont  aussi  long- 
temps que  la  température  de  ces  contrées  n'éprouvera  pas  d^ 
changement 

On  en  a  la  preuve  dans  le  rhinocéros  qui  étoit  enseveli 
dans  le  sable  à  trè»-peu  de  profondeur ,  sur  les  bords  dit- 
Fïhui,  qui  se  jette  dans  la  Lena  à  64  degrés  de  latitude,  où 
il  gisoit  probablement  depuis  une  longue  série  de  siècles.  Il 
fut  découvert  par  des  chasseurs  de  zibelines ,  au  mois  de  dé- 
cembre 1771 ,  et  il  étoit  si  bien  conservé,  que  les  cils  de  ses 
paupières  n'étoient  pas  même  tombés ,  ainsi  qu'on  peut  le 
voir  à  sa  tête,  qui  est  conservée  avec  un  de  ses  pieds,  dans  le 
Muséum  de  l'académie  de  Pétersbourg ,  où  ces  restes  furent 
envoyés  après  avoir  été  soigneusement  desséchés. 

Dans  ces  régions  glacées  ,  ni  \e calorique  solaire,  rnlàfeu 
central^  s'il  existe) ,  n'ont  assez  d'efficacité  pour  fondre  la  glace , 
à  quelque  profondeur  que  l'on  pénètre.  C'est  ce  qui  m'a  été 
attesté  par  tous  les  mineurs,  et  ce  que  j'ai  moi-même  observé 
dans  plusieurs  circonstances ,  et  notamment  dans  un  nou- 

IV.  *. 


146  CAL 

veau  puits  que  Ton  creusoit  sur  un  filon  de  la  mine  à'Ildi^ 
ion  en  Daourie.  Pour  observer  la  structure  des  roches ,  j'y 
descendis  au  mois  de  juin  1 785 ,  et  je  vis  qu'à  la  profondeur 
de  quarante  pieds ,  où  Ton  étoit  alors  ,  les  fissures  étoient 
remplies  de  glace. 

Mais  ce  qu'il  y  a  de  remarquable  ,  c'est  qu'une  fois  les  ex- 
cavations faites ,  quelque  profondes  que  soient  les  mines ,  et 
dans  quelque  saison  que  ce  soit  ^  la  tempéra tui-e  s'y  soutient 
k  plusieurs  degrés  au-dessus  du  zéro.  Il  n'y  a  rien  de  cons- 
tant à  cet  égard  :  certaines  mines  n'ont  qu'une  chaleur  de  6 
k  6  degrés  ,  tandis  que  d'autres  mines  cle  la  même  contrée 
et  d'une  profondeur  à-peu-près  égale  ,  jouissent  d'une  tem- 
pérature de  1  ô  à  16.  C'est  ce  qui  me  fait  penser  que  la  tempé- 
rature douce  qu'on  éprouve  aans  ces  souterrains  métallifères , 
est  principalement  due  à  Tinfluence  actuelle  de  l'air  atmo- 
sphérique ,  don  t  l'oxigène ,  en  se  combinant  avec  quelq  ues  sub* 
stances  minérales ,  occasionne  ce  dégagement  de  calorique. 

Il  peut  se  faire  aussi  que  pendant  l'été  ,  le  calorique  de 
l'atmosphère  pénètre  dans  les  souteiTains  par  les  ouvertures 
extérieures  ,  et  s'y  accumule  jusqu'à  un  certain  point ,  de  ma- 
nière à  s'y  rendre  sensible  pendant  une  partie  de  l'hiver , 
plus  ou  moins  long-temps  suivant  les  circonstances  locales. 
C'est  ce  que  me  sembleroit  prouver  ce  que  j'ai  vu  dans  une 
caverne  qu'on  trouve  sur  la  rive  gauche  de  la  Chilca  y  près 
de  la  fonderie  de  Meiichinsk  en  Daourie^  à5ii  degrés  de 
latitude. 

■ 

L'entrée  de  cette  caverne  est  ime  espèce  de  puits ,  presque 
vertical ,  de  dix  à  douze  toises  de  profondeur.  J'y  descendis 
le  1*""  mars  (  1 784)  :  on  étoit  encore  en  plein  hiver ,  et  la  tem- 
pérât ui*e  habituelle  de  l'atmosphère  étoil  de  âo  à  a5  degrés  R. 
au-dessous  de  zéro.  Car  c'est  une  observation  faite  depuis 
loDg-temps ,  oue  dans  toute  la  Sibérie  ,  et  sur-tout  dans  sa 
partie  orientale  ^  appelée  Daourie  ,  le  climat  est  aussi  rude 
que  dans  les  pays  a*£urope  qui  se  trouvent  à  une  latitude 
plus  élevée  de  10  degrés.  Néanmoins  la  température  de  la 

Si-otte  me  parut  être  seulement  de  3  à  4  degrés  au-dessous 
e  la  congélation.  J'y  vis  dans  plusieurs  endroits  des  stalac- 
tites très-volumineuses  de  glace  solide  ,  qui  sont  formées  par 
les  eaux  qui  s'infiltrent  pendant  l'été.  Mais  ce  qui  m'a  voit 

Srincipalement  attiré  dans  cette  caverne  ,  c'étoit  la  curiosité 
e  voir  les  congélations  de  la  voûte  ,  qu'on  m 'a voit  dit  être  de  la 
plus  gi*ande  beauté, et  que  je  trouvai  en  effet  d'un  éclat  ébloui»- 
•ant  :  c'étoient  de  longs  festons  d'une  glace  presque  aussi  lé-> 
gère  que  des  bulles  de  savon  9  formes  d'un  a&serablage  d«i 
tubes  nexaèdrcs  qui  s  epanouissoienlàleur  exli^milé ,  et  pr^ 


C  A  C  i^ff 

leDtoient  des  pyramides  creuses.  Celte  glace  légère  et  papi« 
racée  éloit  produile  par  les  vapeurs  qui  s'éievoient  du  fond, 
de  la  groUe  au  cooimencemenl  de  l'hiver ,  où.  la  température 
éloit,  me  dit-ou  ,  sea^dblemeiit  plus  chaude  que  dans  le  mo- 
ment où  je  iu'y  trouvois.  J'ai  rapporté  ces  diiféren tes  obser- 
vations dan  ->  un  des  mémoires  que  j'ai  publiés  sur  la  Sibérie* 
(Voyez  Joam,  de  Phys,  mars  lygi ,  p,  23a  et  q36.)  (Pat.) 
CALOSOME ,  Caîosoma,  nouveau  genre  d'insectes  établi 

Kr  Fabricitts  ,  qui  doit  appartenir  à  la  première  secLiou  do 
rdre  des  Coleopterks. 

Ije»  ccUoaomea  ,  long^temps  confondus  avec  les  carabes^ 
sont  d'assez  grands  insectes,  ornés  souvent  des  couleurs  mé-' 
talliques  les  plus  brillantes.  Leur  corps  est  oblong,  déprimé  ; 
la  tête  est  grande ,  ovale  ;  les  yeux  sont  globuleux  ,  proémi- 
nens  ;  les  mandibules  et  les  antennules  sont  saillantes  ;  les  an- 
tennes sont  se  lacées  ,  un  peu  plus  longues  que  le  corcelet  i 
elles  sont  insérées  en  avant  des  yeux  ;  le  corcelet  est  plane  ^ 
9^5  bords  sont  arrondis  :  il  est  Ironqué  posté rieuremenl ,  moins 
large  que  la  base  des  élytres.  L'écusson  est  très-petil ,  el  mémo 
n'existe  pas  dans  quelques  espèces  ;  les  élylres  sont  dures: 
leur  bord  externe  embrasse  à  peine  l'abdomen.  Le:»  pattes 
sont  fortes  ,  propres  à  la  coui-se;  on  remarque  un  trochanler 
à  la  base  des  cuisses  de  la  dernière  paire  de  pattes  ;  les  cuiâsea. 
sont  comprimées;  les  jambes  sont  un  peu  arquées  en  dedans;, 
celles  des  pattes  antérieures  sont  munies  de  quelques  épines. 
Tous  les  tarses  sont  composés  de  cinq  articles. 

Ces  insectes  forment  un  genre  composé  de  dix  espèces^ 
presque  toutes  étrangères  à  notre  pa^s.  Nous  en  podsédons 
cependant  deux  ,  le  CiLOSOMK  inquisiteur  el  le  Cal.osom£ 
SYCOPHANTE.  Réaumur  a  donné  l'histoire  de  la  larve  de  co 
dernier  ,  qui  vit  dans  le  nid  des  chenilUa  processionaires  ^ 
et  en  est  l'ennemi  le  plus  redoutable  :  la  chenille  ^  qu'elle 
attaque  et  perce  par  le  ventre  y  a  beau  se  donner  des  mouve- 
mens,  s'agiter  y  se  tourmenter ,  marcher  ^  elle  ne  l'abandonne 
pas  jusqu'à  ce  quVlle  l'ail  entièrement  mangée.  La  plus  grosse 
chenille  ne  sumt  pas  pour  la  nourrir  un  jour  ;  elle  en  tue  et 
elle  en  mange  plusieurs  dans  la  même  journée;  et  lorsque  la 
gloutonnerie  Ta  mise  hors  d'état  de  se  pouvoir  remuer,  elle 
e^frt  attaquée  }xir  d'autres  larves  de  son  espèce  »  encore  jeunes 
et  assez  petites  y  qui  lui  percent  le  ventre  et  la  mangent ,  quoi- 
que les  chenilles  ne  lui  manquent  pas. 

Dans  lelat  parfait  y  le  caloaome  sj cophante  est  d'un  noir 
bleuâtre^  luLiant;se8  élytres  sont  striée»,  et  marquées  de  trois 
rangées  de  petits  points  enfoncés  :  elles  sont  d'une  belle  cou- 
leur verte-,  avec  des  reflets  cuivreux  sur  les  côtés. 

2 


14»  CAL. 

Le  calosome  inquisiteur  (  caioêoma  inquiêitor  )  est  vert 
bronzé  en  deasouA  ;  bronzé  en  dessus ,  ses  élytres  sont  mar- 
quées de  trois  rangées  de  petits  points  enfoncés. 

Ces  deux  insectes ,  décrits  par  Geoffroi ,  le  premier  sous  le 
nom  de  bupreste  carré  couleur  d'or  ,  et  le  second  sous  celui 
de  bupreste  c€arré  couleur  de  brome  antique  j  se  trouvent 
aux  environs  de  Paris.  Ils  se  tiennent  ordinairement  sur  les 
arbres  et  principalement  sur  les  cbénes,  où  ils  donnent  chasse 
aux  difierens  insectes  dont  ils  se  nourrissent  :  il  paroît  qu'ils 
attaquent  principalement  les  chenilles.  (O.) 

CALOUASSËouCOLOUASSE^  nom  vulgaire  que 
porte  en  Solo^e  la  PiE-ORiicHE  orise.  F'oy,  ce  mot.  (Vieii^l.) 

CALP  9  pierre  argileuse  ou  plutôt  marneuse ,  de  couleur 
noire,  qui  forme  des  carrières  considérables  près  de  LMcan, 
Ceu  connu  par  ses  eaux  minérales  hépatiques  ,  à  quelques 
milles  à  l'ouest  de  Dublin  :  on  ne  la  trouve  pas  ailleurs. 

C'est  le  célèbre  minéraloaiste  Kinvan  qui  lui  a  donné  le 
nom  de  calp ,  et  qui  Ta  placée  dans  le  genre  argileux,  parce 
qu'elle  possède  les  caractères  distinctifs  de  cette  terre  plus 
que  ceux  d'aucune  autre  ;  car ,  quoiqu'elle  fasse  eflferves- 
cence  avec  les  acides ,  et  qu'elle  raye  le  verre  ,  elle  ne  sau-* 
roit  être  placée  ni  dans  le  genre  calcaire,  ni  dans  le  genre 
àilieeux  :  elle  ne  donne  pas  dé  chaux  lorsqu'on  la  calcine ,  et 
elle  ne  fait  pas  de  feu  au  briquet  ;  tandis  que  d'autre  part  elle 
exhale,lorsqu'onrhumecteavecrha]ieine>rodeur  particulière 
à  la  terre  ai^euse. 

Relativement  à  cette  dernière  propriété  ,  le  savant  M.  A* 
Piclet  observe  que  l'odeur  terreuse  ne  paroît  point  appartenir 
k  l'aivile  pure ,  et  l'on  n'a  pas  fait  asses  d'attention  à  ce  phé* 
nomene. 

Ijo  calp  a  beaucoup  plus  de  densité  que  les  pierres  cal- 
caires ordinaires  ;  sa  pesanteur  spécifique  approche  beau- 
coup de  ceBe  du  marbre  ;  elle  est  de  deux  miUe  six  cent  qua- 
tre-vinfft;  celle  des  pierres  calcaires  des  environs  de  Paris, 
est  de  deux  mille ,  plus  ou  moins;  celle  du  marbre  de  Carrare 
est  de  deux  mille  sept  cents« 

Suivant  l'analyse  faite  par  Kirwan  ,  le  calp  contient  : 

Carbonate  de  chaux 68 

Silice i8 

Alumine j  S 

Oxidc  de  fer a 

Carbone  et  bitimie 3 

Eau.. • 1  5 

^  lOO 


C  A  L  14g 

Les  cÎFconstancefl  géologîquea  de  cette  pierre  sont  aasas 
remarquables  :  sous  la  terre  végétale  est  un  ut  mince  de  gra- 
vier calcaire,  ensuite ,  et  jasqu  à  une  profondeur  assez  cons^ 
dérable  ,  sont  des  couches  de  pierre  calcaire  d'une  couleur 
foncée ,  séparées  les  unes  des  autres  par  des  bancs  de  schiste 
iu*gileuz. 

«  A  mesure  que  la  carrière  devient  plus  profonde  ,  on  re~ 
marque  que  la  pierre  calcaire  se  rapproche  davantage  de  la 
nature  du  dalp  ;  elle  y  arrive  enfin  par  une  transition  lente 
et  à  peine  perceptible  ».  {BibL  britan.  n^  lAty.)  (Vât^ 

CALQUIN  y  grand  oiseau  de  proie  du  Chib^  dont  Tabbé 
Molina  a  donné  une  trop  courte  description ,  et  qui  lui  a 
paru  différer  de  YiizquauUatMi  du  Mexique  et  de  Yurulaiê^ 
rana  du  Brésil  (  Hist,  nat,  du  Chili  ,  traduct.  française  , 
page  ai5,)  ,  c'èst^-à-dire  de  Y  aigle  couronné  d^ Amérique  ^  ou 
de  la  Harpte.  (  Voyez  ce  mol.  )  L'envergure  de  celte  espèce 
d'aigle  est  d'environ  dix  pieds  et  demi  ;  un  panache  bleu  dé- 
core sa  tête  ;  du  noir  bleuâtre  teint  les  plumes  de  son  cou  eC 
dé  son  dos  ^  aussi  bien  que  ses  ailes  ;  sa  poitrine^  blanche  ^  est 
picotée  de  brun  y  et  des  raies  brunes  et  noires  traversent  aller- 
natxvement  les  pennes  de  sa  queue.  (S.) 

CALUMET.  C'est  une  pipe  des  sauvages  américains,  dont 
le  tuyau  est  fort  long ,  et  qm  est  couverte  de  diflerens  orne- 
mens,  de  figures  d'hommes,  ou  peinte  de  plusieurs  couleurs. 
Il  y  a  le  calumet  de  paix  et  le  calumet  de  guerre  ;  celui-ci  est 
rouge ,  l'autre  est  orné  de  plumes  blanches.  £n  signe  de  ré- 
conciliation ,  les  chefs  des  nations  ennemies  fument  dans  le 
même  ealumet  de  paix.  Ce  calumet  est  une  sauvegarde  pour 
celui  qui  se  présente  dans  l'armée  ennemie  comme  parlemen- 
taire. 

Lorsqu'on  traite  de  la  paix ,  des  députés  apportent  cette 

£ipe  en  cadence ,  chanlenl  l'hymne  du  calumet ,  et  agitent 
ss  plumes  blanches,  qui  sont  le  symbole  des  alliances.  Rien 
n'est  plus  sacré  que  cette  réconciliation  des  peuples  sauvages. 
Lorsqu'ils  entonnent  léchant  de  la  paix,  et  que  les  guerriers 
lument  ensemble,  on  laisse  dormir  la  hache  de  la  guerre, e( 
lesenfansse  reposent  tranquillement  sur  le  sein  de  leurs  mèi*es. 
Le  père  fume  son  calumet  sur  le  berceau  de  son  fils ,  et  se 
réjouit  en  le  voyant  agiter  dans  ses  foibles  mains  les  armes 
qn'fl  prendra  quelque  )our  pour  la  défense  de  la  patrie ,  ou 
saisir  le  calumet  de  paix  qm  réconciliera  les  héros.  (V.) 

CALUM£T,  nom  quon  donne,  à  Saint-Domingue,  à 
une  plante,  de  la  tige  de  laqpelle  les  nègres  se  servent 
pour  faire  des  tuyaux  de  pipe.  C'est  un  PxNic.  Kojen  o^ 
mot  (B.) 


i5o  CAL 

CAXiYBE  {Paradisêa  chalybealjsiûi.  pi.  lo  dj9  oiseaux 
de  paradis  ,  tom.  a  de  VHist.  des  oiseaux  dorés  ou  à  reflets 
mttiîlUques,  Ordre  Pies,  genre  Paradis.  Voyez  ces  deux 
inot  ).  Ce  bel  oiseau  de  paradis  ^  qui  se  trouve  à  la  ^iouvelle- 
Guinée  ,  a  près  de  douze  pouces  de  longueur,  le  bec  noir  ; 
le  tour  des  mandibules  el  le  fronl  d'un  noir  de  velours  ;  la 
té!e  verte  ;  le  cou  d'un  vert  plus  clair;  les  plumes  de  la  gorge, 
de  la  poitrine  et  du  dos,  à  reflets  bleus,  violets  et  verts  ;  les 
ailes  et  la  queue  de  couleur  d'acier  bronzé  ;  les  pieds  noi- 
râtre.s.  (Vieill.) 

CAL  VCANT  ,  CaÎYcanthus ,  genre  de  plantes  de  l'ico- 
sandrie  polvg^nie ,  et  de  la  famille  des  Rosacées  ,  dont  le  ca« 
ractère  est  d'avoir  un  calice  turbiné  ,  écailleux  ,  se  terminant 
en  plusieurs  folioles  linéaires ,  lancéolées ,  uu  peu  pubes- 
contes  et  colorées;  plusieurs  pétales  ligules  portés  sur  le  ca- 
lice; \infii  étamines  plus  couiies  que  les  pétales,  et  insérées 
sur  le  calice  ;  plusieurs  ovaires  supérieurs ,  situés  au  fond  di| 
calice,  se  terminant  en  style  en  alêne. 

Le  fruit  est  com  {>osé  de  plusieurs  femences ,  munies  chacune 
d'une  queue  ou  pointe  pailiculière  ,  et  enfermée  dans  le  ca- 
lice ,  qui  s'est  cpai^si  et  «i  pi*is  la  forme  d'une  baie  ovale. 

Ce  genre  conipi-end  \vv\s  opt'ces  d'arbrisseaux ,  dont  deux 
sont  confondus  jions  le  miu  de  Calycant  de  1  loride.  Tous 
deux  ont  lv\«i  feuiLt*s  ojipostées ,  ovales,  lancéolées,  dépour- 
vuesi  de  slipnles,  mais  Tune  \çs  a  velues  et  plus  grandes,  1  autre 
glabres  el  plus  j)elites.  Ijen  Ueurs  de  la  première  sont  égale- 
ment plus  grandes ,  d'un  rouge  de  sang  plus  foncé,  et,  de 
plus,  ré|>andent  une  odeur  forte,  que  fautre  n'a  pas.  Je 
les  ai  observées  en  Caroline.  Ou  les  cultive  toutes  deux  en 
}  rriiice ,  où  elles  passent  fort  bien  l'hiver  en  pleine  terre ,  et 
où  elles  Ûeurifisent  tous  les  ans ,  mais  sans  porter  de  fruit. 

Ou  a  indiqué  {es  fleurs  et  l'extrémité  des  rameaux  de  la 

Sremière  de  ces  es^ièces ,  comme  fournissant  par  l'infusion 
ans  i'eau-de-vie  une  liqueur  de  table  fort  agréable. 

Ses  graines  passent  en  Amérique  pour  être  un  poison  pour 
les  chiens  et  les  renards. 

La  troisième  espèce  est  le  Cai-ycawt  du  Japon  ,  Calycan-* 
thus  precox  Linn.  C'est  un  arbrisseau  bien  plus  petit  que  les 
précédens,  dont  les  fleurs  sont  jaunâtres  et  a'une  suavité  peu 
commune.  £Ues  paroissent  ^vant  les  feuilles  et  de  ti*ès-bonne 
heure.  On  le  cultive  dans  quelques  orangeries. 

Les  c^lycants  sont  figurés  pi.  ^.\5  des  lUustralions  de  La- 
xnarck.  (B.) 

CALYCANTHÊMES,famiUe  de  plantes  dont  la  fructifi- 
cation est  composée  d'un  calice  libre ,  tubuleux  ou  urcéolé  et 


CAL  ï5t 

persistant  ;  d'une  corolle  formée  de  pétales  en  nombre  dé« 
terminé ,  insérés  au  sommet  du  calice ,  et  alternes ,  avec  ses 
divisions,  quelquefois  nulle;  d'étamines  en  nombre  égal  à 
celui  des  pétales ,  quelquefois  en  nombre  double  ,  attachées 
au  milieu  du  calice  ;  d'anthères  petites  ,  s'ouvrant  en  deux 
loges  par  des  sOlons  latéraux  ;  d'un  ovaire  simple,  libre  ;  d'un 
style  unique  ;  d'un  stigmate  souvent  capité;  d'une  capsule  en* 
tDurée  ou  recouverte  parle  calice,  uni  ou  mnltiloculaire,  po- 
Ijsperme  ;  à  semences  à  périsperme  nul,  à  embryon  droit , 
à  radicule  inférieure ,  insérée  sur  un  placenta  central. 

Les  plantes  de  cette  famille  sont  en  général  herbacées  et  an- 
nuelles ,  rarement  frutescentes.  Elles  ont  une  tige  souvent  cy- 
lindrique ,  droite  et  garnie  de  rameaux  tétragones,  alternes, 
ou  opposés.  Les  feuilles ,  qui  sortent  de  boutons  coniques,  et 
nu»,  sont  simples ,  opposée  ou  alternes  ,  sessiles  ou  presque 
^essiles.  Lies  fleurs ,  presque  toujours  hermaphrodites ,  sou* 
vent  dépourvues  de  corcàle,  résident  dans  les  aisselles  des 
feuilles  ou  sont  placées  au  sommet  des  tiges  et  des  ra- 
meaux. 

Dans  cette  famille ,  qui  est  la  septième  de  la  quatomèiîie 
classe  du  Tableau  du  Règne  végétal,  par  Ventenat ,  et  dont  les 
caractères  sont  figurés  pL  so,n*^  5  du  même  ouvrage,  ouvrage 
dont  on  a  emprunté  l'expression  caractéristique  ci-dessus ,  il 
se  trouve  onze  gem'es  sous  deux  divisions,  savoir,  ceux  à 
fleurs  pétalées ,  Pemfhis  ,  Gimore  ,  Henné  ,  Salicairs  , 
Acisanthëre  ,  PARsoNst£ ,  CuFU££ ,  et  ceux  à  fleurs  sou- 
vent apétales  ,  Isnardte  ,  Ammanis  ,  OtAUCB  et  Pe- 
PLTDE.  F'oyez,  ces  mots.  (B.) 

CALiYCQPTÈRE,  Garfycop^rw,  genre  de  plantes 
de  la  décandne  monogynie ,  flguré  par  Lamarck  ,  pi.  357 
de  «es  Illustra iiorui ,  mais  dont  le  caractère  n'a  paA  encore  été 
publié  par  ce  naturaliste.  (B.) 

GALYDëRME  ,  Ckilydermos ,  nom  que  les  auteurs  de  la 
Flore  du  Pérou  ont  donné  à  un  genre  qu'ils  ont  ètphM  ayec 
la  Beli^adonb  physsalouoe  de  linnœus.  {Voy.  au  tti^BKi.- 
LADONE.)  C'est  le  même  que  celui  appelé  Ni€andjib  par 
Adanson.  Voye%  ce  mot  (B.) 

CAL YPLECTE ,  Calypleùtua  ,  arbre  du  Pérou  ,  qui 
constitue  dana  l'icosandrie  monogynie  un  geni^,  dont  le 
caractère  offre  nn  calice  campanule ,  coriace  ^  caduc  ,  à  dix 
à  douze  pb's ,  à  dix  à  dousedent»;  dix  à  dowee  pétales  adnéa 
aux  plis  du  calice  ;  une  trentaine  d'étamines  insérées  au  ca« 
lice;  un  ovaire  supérieur ,  globuleux,  strié  ,  surmonté  d'un 
fltyl«  à  stigmate  simple  ;  une  cJâpsUe  globuleuse ,  iutiloculaire , 


i5s  CAL 

atriée  longiiudinalement  dans  sa  partie  supérieare ,  se  fen- 
danr  irrégiilièrement ,  et  contenant  pltuieun  semences  ap- 
platies  et  membraneuses  en  lem*s  bords. 

Ce  ^«  nre  est  figuré  pi.  1 3  du  Gênera  de  la  Flore  du  Pérou. 
Il  se  i*approche  du  Lafgensie  de  Vandelii.  (fi.) 

CALVPFRANTE,  Calyptranthes ,  genre  établi  par 
Swartz  poi/r  placer  quelques  plantes  jusqu'à  lui  confondues 
avec  les  myrtes  ou  les  Jambosierê.  Jl  est  le  même ,  suivant 
Lamarck ,  que  Veucàlypte  de  THéritier  ;  maïs  il  a  cepen- 
dant des  caractères  qui  semblent  plus  que  suffisans  pour  l'en 
distinguer^  tels  que  le  germe  inférieur  et  le  fruit.  Il  renferme 
six  espèces ,  savoir ,  les  CAi<YrTRANT£8  suzyoie  et  chytra- 
cuiaE  j  qui  étoient  des  myrtes ,  et  qui  viennent  de  la  Ja- 
maïque. Les  Calyptrantes  a  fbuilles  de  giroflier  et 
jAMhOJjMiB  ,  qui  étoient  des  Jambosiers ,  et  viennent  de 
riude  ;  leurs  fruits  se  mangent  cruds  ,  mais  ils  sont  acerbes, 
et  il  n'y  a  que  les  pauvres  ou  les  enfiins  qui  les  reclierchent. 
£nfîn»  les  Calyptkantes  de  G  uinée  et  a  feuilles  roiobs, 
qui  sont  nouveaux.  Foyez  aux  mots  Myrte  ,  Jamdosier  , 
et  Eucalypte.  JB.) 

CAL  YPTRÉ£  ,  Calyptrœa^gsnre  de  coquilles  conoïdes  » 
à  sommet  vertical ,  entier  et  en  pointe  p  dont  la  cavité  inté- 
rieure est  munie  d'une  languette  en  cornet,  tantôt  isolée, 
tantôt  s'épanouissant,  d'un  côté,  en  une  lame  décurrente en 
api  raie. 

Ce  genre  faisoit  partie  des  Patei^ubs  de  Linnœusy  dont 
Lamarck  l'a  séparé ,  en  lui  donnant  pour  tjpe  la  Patsli«b 
CABOCHON ,  vulgairement  appelée  le  bonnei  de  Neptune  (^pa-^ 
tella  equêstris  Linn.  ) ,  figuré  par  Dargenville  pi.  s.  fig.  K. 
Voyez  au  mot  Patelle.  (B.) 

CAL  YTRIPLEX ,  Caiytriplx ,  plante  herbacée  du  Pé- 
rou ,  oui  forme  un  genre  dans  la  didynamie  angiospermie. 
Bile  offre  pour  caractère  un  calice  triple ,  persistant  >  Texte-» 
rieui:*  de  deux  folioles  subulées  ;  l'intermédiaire  à  trois  divi- 
sions o^^es  et  aiguës  ;  l'intérieur  de  deux  folioles  lancéolées  ; 
une  corolle  irrégulière ,  à  tube  court ,  a  limbe  divisé  en  cinq 
parties  presque  rondes  ,  dont  les  deux  suj>érieures  sont  plus 
larges;  quatre  étamines;  un  ovaire  supérieur^  comprimé  , 
k  style  fiUfi>itnQ  ',  décliné ,  de  la  longueur  des  étamines  et  i 
stigmate  en  léte  ;  une  capsule  ovale,  biloculaire,  bivalve,  con-* 
tenant  plusieurs  semences  petites ,  sillonnées  et  striées ,  alla* 
chées  à  un  x^eptacle  adné  aux  valves. 

Ces  cara«lài!es  sont  figurés.pl.  19  du  Gênera  de  la  Flore  dm 
Pérou,  (B.) 
CALI  XHYMÉNFm  C7/i.TAv?ntfma,  genre  dephnte» 


C  A  M  i55 

établi  par  Ortega  dans  ses  Décades  botantqueê.  II  offre  pour 
caractère  un  caÙce  à  cinq  divisions  ;  une  corolle  campanulée 
à  limbe  à  cinq  divisions  plissées  ;  trois  élamines  ;  un  ovaire 
aupénenr  surmonté  d'un  style  courbé ,  à  stigmate  en  tête. 

xjà  fruit  est  un  drupe  ovale ,  monosperme^  renfermé  dans 
le  calice. 

Ce  genre  contient  quatre  espèces ,  toutes  originaires  du 
Pérou ,  et  figurées  pi.  7Ô  de  la  Flore  de  ce  paya.  Ce  sont 
des  plantes  herbacées ,  à  tiges  articulées,  à  feuiLies  opposées^ 
pétiolées  ,  ovales,  entières ,  qui  ont  les  plus  grands  rapports 
avec  les  nictages ,  et  auquel  doit  être  réuni  le  niciage  via^ 
queux  de  Cavanilles,  qu'on  a  déjà  établi  en  titre  de  geni^ 
sous  les  noms  de  Vitmane  et  Oxybafhe.  Voyez  ces 
mots.  (B.) 

CAA4AA  9  nom  du  bubale  chez  les  Hottentots.  Voyez 

BCJBAJLE.  (S.) 

CAMAGNOC  y  espèce  de  manioc  qu'on  cultive  à  Cayenne , 
et  clont  on  peut  manger  la  racine ,  immédiatement  bouillie  ou 
rôlie ,  sans  aucun  danger.  On  ignore  si  cette  plante  est  une 
variété  du  manioc  ordinaire,  ou  si  c'est  une  plante  différente. 
Voyez  à  l'article  Medicinier.  (B.) 

CAMAIL  {Tangara  menalopie  Lath.  pi.  enl.  n^  7i4 ,  fig.  9 
de  VHist.  nat.  de  Buffon;  ordre ,  Passereaux  ;  genre,  Tan- 
gaka.  Voyez  ces  deux  mots.).  Ce  tangara,  fort  rare,  se 
trouve  à  la  Guiane  dans  les  lieux  découverts.  Il  a  le  devant 
et  le  derrière  de  la  tête ,  la  gorge  et  le  haut  de  la  poitrine 
noirs;  le  reste  du  plumage  cendré ,  un  peu  plus  clair  sur  le 
ventre ,  plus  foncé  sur  les  ailes  et  la  queue,  excepté  sur  le 
bord  extérieur  des  pennes;  le  bec  blanc  à  la  base  de  sa  partie 
supérieure ,  et  noir  au  bout  et  en  dessous  ;  la  queue  un  peu 
étagée ,  et  sept  pouces  de  longueur.  (  ViziLii.) 

CAMARA ,  Lantana  ,  genre  de  plantes  à  fleurs  mono* 
pétalées ,  de  la  didynamie  angiospermie ,  et  de  la  famille  des 
Pyrénacees  ,  dont  le  caractère  est  d'avoir  un  calice  quadri- 
denté,  court;  une  corolle  monopétale  un  peu  irréguuère,  à 
tube  cylindrique  plus  long  que  le  calice ,  un  peu  coui'bé  ,  à 
limbe  plane ,  partagé  en  quatre  divisions  inégales  ;  quatre 
étamines ,  dont  deux  plus  grandes,  et  insérées  au  milieu  dû 
tube;  un  ovaire  supérieur ,  oblong  ,  chargé  d'un  style,  dont 
le  stigmate  est  courbé  en  crochet. 

Le  fruit  est  composé  de  baies  globuleuses  qui  contiennent 
chacune  un  noyau  à  deux  loges.  Ces  baies  sont  sessiles  et  ra«- 
majuées  plusieurs  ensemble  en  tête  ovoïde  et  pédonculée. 

YoyesE  lUuetrationa  de  Lamark ,  pi.  540. 

Ce  genre  renferme  dix  à  douze  espèces ,  qui ,  k  une  près  ,* 


i5|  C  A  M 

sont  toutes  des  ai^brisseaux  dont  les  liges  sont  carrées,  les  ra*^ 
meaux  quelquefois  épineux ,  les  fleurs  rapprochées  en  paqueta 
ombeiliformes ,  axiUaires  et  pédoncules ,  munies  chacune 
d'une  bradée.  Toutes  sont  d'Amérique,  et  la  plupart  ont  leurs 
feuilles  odorantes. 

Les  plus  communes  dans  les  jardins  sont  : 

Le  Camara  a  i^euilles  be  mélisse  ,  Lantana  camara 
linn. ,  dont  les  caractères  sont  d'avoir  les  feuilles  op|K>sées ,  la 
tige  rameuse ,  sans  épines,  et  les  fleurs  en  tète  ronde.  Cet  arbris- 
seau a  les  fleurs  jaunes ,  mais  elles  deviennent  rouges  après  la 
iScondation.  On  se  sert  en  Amérique  de  ses  feuilles,  qui  sont 
frèft-odorantes ,  pour  composer  les  bains  aromatiques. 

'  Le  Camaba  piquant  ,  Lantana  aculeaUt  Linn. ,  dont  les 
feuilles  sont  opposées  ,  presque  en  cœur  ,  les  rameaux  cou- 
verts d'épines  crochues  et  les  fleurs  en  tête  alongée.  Cet  ar- 
l)usle  a  les  fleurs  semblables  ,  et  sei*t  aux  mêmes  usages  que  le 
précédent.  Il  croit  dans  les  mêmes  pays.  On  l'appelle  Isi  sauge 
ile monta frne  k  Saint-Domingue. 

11  y  a  encore  le  Camara  a  feuilles  obtuses  ,  Lantana 
involucrata  Linn. ,  qu'on  appelle  mont-joli  à  Cayenne  ,  où 
3  croît  naturellement ,  et  le  Camar\  trifolié.  Celui-ci  est 
herbacé^  même  annuel;  ses  feuilles  sont  ternées,  ses  baies 
ronges  et  bonnes  à  manger.  11  croît  dans  l'Amérique  méri- 
dionale. (B.) 

CAMARIA ,  nom  que  l'on  donne  à  I'HironsbIiLB  acu- 
tipenne  de  Cay£»ne.  Voye%  ce  mol.  (  Vibill.) 

CAM ARIN£  ,  Empetrum ,  genre  de  plantes  de  k  dioé- 
cie  triandrie ,  et  de  la  famille  des  Éicornes  ,  dont  le  caractère 
^  d'avoir  les  fleurs  quelquefoishennaphroditessouventdioï- 
ques  ,  et  composées  d'un  calice  di^dsé  en  trois  pai*ties  ;  d'une 
corolle  de  trois  pétales oblongs;  de  ti'ois  étami nés  ;  d'un  ovaire 
supérieur ,  un  peu  applati  en  dessus ,  surmonté  d'un  style 
terminé  par  un  stigmate  à  neuf  divisions. 

Le  fruit  est  une  petite  baie  globuleuse  qui  contient  trois  à 
'neuf  semences. 

Voyez  pi.  8o3  des  Illustrations  de  Lamarck. 

Ce  genre  est  composé  de  tix>is  espèces  ,  qui  sont  des  sous- 
arbris9eaux  à  feuilles  ramassées,  alternes,  presque  verticillées^ 
petites,  à  fleurs  presque  sessiles,  axi  lia  ires  ou  terminales.  L'es- 
pèce la  plus  commuae  croît  dans  les  montagnes  élevées  de 
L'Europe.  £n  France  elle  est  connue  sous  le  nom  de  Bruyère 
A  fruits  noirs.  La  seconde  a  les  fruits  blancs ,  et  se  trouve 
en  Portugal.  La  troisième  vient  de  l'Amérique  méridionale  ; 
^e  a  les  touilles  pinnées.  (  B.  ) 


C  Â  M  i55 

CAM  AX  y  Càmax ,  nom  donné  par  Wildenoy  ^auRov- 
rouRi£R  d'Aublel.  Vojez  ce  mot.  ÇB.) 

CAMfiING  ,  arbre  des  Moluquos ,  dont  on  ne  çonnott 
pas  le  genre ,  et  dontrécorce  passe  pour  ua  bon  remède  con«> 
tre  la  dyssenterie.  (B.) 

CAMBOGË,  Cambogîa,  C'est  un  arbre  de  l'Inde,  qui  four- 
nit la  gomme  gutte.  Il  formoit  un  genre  particulier  sous  ce 
nom.  Gserlner  ayant  prouvé  que  ce  genre  devoit  être  réuni 
avec  celui  du  Mangoustan  ,  on  1  y  trouvera  décrit  comme 
espèce.  (B.) 

CAMBROUZE ,  sorle  de  roseau  qui  devient  gros  comme 
le  bras ,  et  qui  s'élève  beaucoup  sur  le  bord  des  rivières  delà 
Guiane ,  ou  il  est  commun.  On  l'emploie  aux  même?  usages 
que  le  bambou.  Voyez  au  mot  Roseau.  (B.) 

CAM-CHAIN ,  espèce  d'orange  qui  croît  dfins  le  Ton- 
quin ,  et  qu'on  regarde  comme  une  des  meilleures  qui  soient 
connues.  (B^ 

CAME  y  Chôma ,  genre  de  coquilles  bivalves ,  dont  le  ca-- 
ractère  est  d'avoir  lesvalves  inégales ,  adhérentes  aux  rochers  ; 
une  charnière  composée  d'une  seule  dent  oblique  ,  épaisse  , 
crénelée  ou  raboteuse,  et  articulée  dans  une  cavité  de  la  valve 
opposée. 

Ce  genre,  suivant  les  caractères  ci^dessus,  ne  contient 
qu'une  petite  partie  des  coquilles  qui  entroient  dans  celui  de 
liinnaeus.  Bruguière  ,  et  après  lui  L^mardc ,  en  ayant  formé 

?uatre  nouvcaqx  à  ses  dépens ,  savoir ,  Ca&ditb  »  Tridacne  , 
socARDE  et  IIiFpOFE.  (  royez  ces  mots.  )  Il  contient  encore 
bien^moina  des  coquilles  appelé^s  cames  par  Dargen ville  et 
auli*es  conchyliologistes  français. 

D  après  ce  qui  vient  d'être  dit ,  lorsqu'on  trouvera  le  mot 
Came  dans  un  ancien  auteur  ,  il  faut  en  étendre  la  significa- 
tion ,  l'appliquer  à  des  bucardes  ,  à  des  maetrea  y  à  des  venue 
et  des  donacee  ,  &c.  Il  est  difiELcii^  de  fixer  le  point  où  il  fauH 
dra  s'arrêter ,  parce  que  chaque  autem*  a  varié  dans  son  ac- 
ception ;  ainsi  GeofTroi  l'applique  aux  cyclades ,  Lister  aux 
teilines  ,  &c.   Voyez  tous  ces  mots. 

Les  came/i  proprement  dites  vivent  ordinairement  à  une 

tite  profondeur  dans  la  mer.  On  les  y  trouve  toujours  at- 
ichées  aux  rochers  ou  aux  coraux ,  ou  groupées  ensemble 
d'une  manière  très-variée.  Elles  offrent  rarement  des  cou- 
feurs  brillantes  ;  leurs  valves  s'entr'ouvrent  fort  peu,  et  diilerent 
)>eaucoup  dans  la  même  espèce  ,  à  raison  de  la  gêne  qu'elles 
éprouvent  souvent  dans  leur  croissance. 

L'animal  de  la  Came  oRYFHoïns  a  été  figuré  par  Adanson , 
pi.  i5^  fig.  1  de  YHUtoire  des  coquiUagee  du  SénégaL  Ije 


iac 


i56  C  A  M 

manteaa  est  fort  épais  /  relevé  eu  son  contour  d'un  nom- 
bre infini  de  petits  tubercules  jaunes  ^  disposés  sur  cinq  rang» 
et  fort  serrés.  Il  est  percé  de  trois  ouvertures ,  dont  l'une  laisse 
passer  le  pied  de  Tanimal ,  et  les  deux  autres ,  qui  sont  sur  le 
dos  y  sont  Vun  la  bouche  et  l'autre  l'anus  ;  le  pied ,  qui  a  la  forme 
d'une  hache  en  croissant ,  est  une  fois  moins  long  que  la 
coquille ,  et  porte  ^  dans  son  milieu ,  un  petit  lobe  charnu  de 
forme  carrée.  ' 

Les  parties  intérieures  de  cet  animal  sont  assez  semblables 
à  celles  de  Yhuitrejmais  au  lien  d'un  seul  muscle  d'attache  anx 
battans  de  la  coquille ,  on  en  voit  deux  dont  les  impression* 
sont  très-marquées. 

Poli ,  dans  son  ouvrage  sur  les  testacés  des  mers  des  Deux- 
Siciles,  appelle  cet  animal  Psylofe  (  Voye*  ce  mot  )  >  et  le 
figure 9  avec  des  détails  anatomiques ,  pi.  ai,  n®  20  du  même 
ouvrage.  Il  est  ovipare ,  et  ses  œufs  sont  enveloppés  d'une 
membrane  terminée  en  queue.  On  le  regarde  comme  un 
excellent  manger. 

Personne  n'a  encore  observé  la  manière  dont  les  camen 
se  propagent  ;  mais  il  est  très-probable  que  vivant  fixées  et 
réunies  en  société  ,  comme  les  huttres  ,  elles  jouissent  du 
même  mode  de  génération.  Voytz  au  mot  Huître. 

On  mange  par-tout  les  cames  comme  les  huttrea. 

On  en  trouve  fréquemment  de  fossiles  en  France  et  ailleurs. 

Le  nombre  des  cames  est  peu  considérable^  on  en  compte 
à  peine  une  douzaine  d'espèces^  parmi  lesquelles  il  faut  i-e* 
marquer  : 

La  Came  FEUiLiiXTÉs ,  dont  le  caractère  est  d'éti-e  cou- 
verte de  feuillets  lâches  j  tuiles ,  déchiquetés ,  les  bords  lé- 
gèrement plissés.  Elle  est  figurée  dans  Dargenville,  pi.  17  ^ 
ng.  F  ^  et  se  trouve  dans  la  Méditerranée ,  et  dans  toutes  lei 
mers  entre  les  Tropiques. 

La  Came  gryphoïde  ,  dont  le  caractère  est  d'être  cou- 
verte de  feuillets  seirés ,  tuiles,  plissés ,  ou  épineux  ;  le  dedans 
et  le  bord  des  valves  légèrement  striés.  Elle  est  figurée  dans 
Adanson  à  la  planche  citée  plus  haut.  Elle  se  trouve  dans 
toutes  les  mers  entre  les  Tropiques  et  dans  la  Méditerranée.  (B.^ 

CAMÉAN ,  petit  arbre  mentionné  dans  Rumphius ,  qui 
paroît  avoir  quelques  rapports  avec  le  Croton  ;  mais  dont 
on  ne  connoît  les  parties  de  la  fructification  que  d'une  ma« 
nière  fort  incomplète.  Voyez  au  mot  Croton.  (B.) 

CAMEE  (  Voyez  Agate.  ).  On  appelle  en  général  camée 
toute  gravure  sur  pierres  fines ,  composées  de  deux  couches 
de  couleur  différente,  dont  l'une  sert  à  former  les  figures  « 
•t  l'autre  le  fond.  (Fat.) 


• 


• 


B.6. 


4.     ji\4ia*   tontérie  ■  v-     Boa    brodé . 


C  A  M       ^  i57 

C  A  MELEE,  Cneorum,  petit  arbrisseau  toujours  vert 
^u'on  trouve  dans  les  lieux  pierreux  des  pairie»  méridioiialea 
de  l'Europe.  Ses  feuilles  sont  alternes  ^sess»iles,  alongéea,  en-> 
tièreset  un  peu  épaisses.  Ses  fleurs  sont  petites,  jaunes  ,  ter- 
minales ou  axillaires  ,  solitaires  ou  réunies  deux  ou  trois  en- 
aenible  ;  chacone  de  ces  fleurs  consiste  en  un  caUce'à  trois 
dents  ;  en  trois  pétales  oblong*»  ;  en  trois  élamines,  en  un  ovaire 
«npérieur ,  globuleux  ,  trigone ,  surmonté  d'un  style  court , 
dont  le  stigmate  est  Irifide. 

.  Le  fruit  est  formé  par  trpis  coques  dures  réunies ,  et  reii« 
fermant  chacune  deux  à  trois  semences. 

Lie  suc  de  cet  arbrisseau  est  acre ,  drastique  et  caustique  ; 
on  L'emploie  aussi  quelquefois  comme  détersif;  mais  son  usage 
est  très-dangereux. 

Voyez  ph  27  des  Illustrations  de  Lamarck,  où  ce  genre  est 
figiuré.  (B.) 

CAMELEON,  Cameleo ,  genre  de  reptiles  de  la  famille 
4e8  LjÉzabos  ,  qui  ollre  pour  caractère  un  corps  comprimé  , 
tubercule  ,  sans  écailles  ;  une  queue  prenante  ;  quatre  pattes; 
cinq  doigts  réunis  trois  par  trois  et  deux  par  deux  ;  une  langue 
vermiforme ,  terminée  par  un  tubercule  spongieux  ;  des  mâ- 
choires sans  dents  et  sé^mrées  ;  deux  yeux ,  grands  ;  recou- 
verts ,  et  n'ayant  qu'une  petite  ouverture  ;  point  de  trou  au-^ 
ditif  externe. 

Cegenre  avoit  été  confondu  par  Linnteus  avec  lesLéz a ads, 
mais  il  en  a  été  retiré  par  Alexandre  Brongniard.  Voyez  aux 
mots  LisAiin ,  HARFijOLOOis  et  Sacriek. 

Une  espèce  de  ce  genre  est  connue  de  toute  antiquité ,  et.' 
a  été  long*temps  célèbre,  à  raison  de  ladculté  qu'on  lui  sup- 
posoit  de  se  nourrir  d'air,  et, de  changer  de  couleur  sek>n 
les  objefo  dont  elle  s'approchoit.  Aujourd'hui  Tobeervalion  a 
£ût  justice  des  fables  dont  elle  a  été  lobjet  ;  maislecaifs^/^o/i^ 
dans  le  lainage  oratoire  et  dans  celui  de  la  poésie,  n'en  est 

r\  moins  encore  l'emblème  de  ces  hypocrites ,  qui  prennent 
manière  de  penser  et  d'agir  des  hommes  puissans  ,  et  qui 
en  changent  toutes  les  fois  que  cela  est  nécessaire  aux  fins  d» 
leur  vile  ambition» 

Ce  n'est  que  dans  les  parties  les  plus  chaudes  de  l'Afrique 
et  de  l'Asie  qu'on  a  trouvé  les  caméléons  y  il  est  très-probable 
qu'il  n  y  eu  a  pas  en  Amérique,  quoique  Séba  en  mentionne 
comme  venant  de  cette  partie  du  monde.  Le  premier  de  ces 
pays  paroit  être  principalement  cdui  que  leur  a  destiné  la 
nature,  puisque  de  quatre  espèces  que  l'on  connoit,  trois  s'y 
rencontrent. 

La  tête  du  caméléon  est  triangulaire ^applatie  sur  les  côtés; 


i58  C  A  M 

ta  bouche  est  très-fendne  ;  les  os  des  mâchoires  sont  déniés , 
mais  ils  ne  sont  point  garnis  de  dents  comme  ceux  des  autres 
lézards  ;  les  yeux  sont  gros  ou  très-saillans^  ils  se  meuvent 
indépendamment  Tun  de  l'autre^  et  sont  recouverts  par  une 
membrane  chasrinée, quien  suit  tous  les  mouvemeas ;  cette 
membrane  est  divisée  par  une  fente  horizontale  ^  au  travers 
de  laquelle  on  apperçoitune  prunelle  vive ,  brillante,  comme 
bordée  d'or  ;  aussi  le  caméléon  ;ouit-il  du  sens  de  la  vue  au 
plus  haut  degré ,  et  la  membrane  dont  il  vient  d'être  question 
sert  à  la  préserver  de  la  trop  grande  vivacité  de  la  lumière  ; 
la  gorge  a  un  gonflement  comme  dans  les  iguajies  y  mais  ce* 

Eîndant  moins  marqué  \  son  corps  est  couvert  d'une  peau 
che  et  granulée  ;  ses  pattes  sont  fort  longues,  et  n'annoncent 
pas  un  animal  rampant  ;  aussi  se  tient -^ il  presque  conti- 
nuellement sur  les  branches  des  arbres  ;  les  cinq  doigts  de 
chacun  de  9d%  pieds  sont  également  longs  ,  garnis  d'ongles 
crochus, et  réunis,  pardes  peaux ,  en  deux  paquets, avec  cette 
diflérence  qu'aux  pieds  de  devant  c'est  le  paquet  extérieur 
qui  n'a  que  deux  doigts,  et  qu'aux  pieds  de  aerrière  c'est  l'in- 
térieur. \}vi<t  telle  ciiApOfifilion  dans  ces  parties  donne  à  ces  ani- 
maux une  trèA-grau(Je  faciliié  pour  saisir  les  branches  des  ar- 
bres et  s'y  tenir  perchés  à  la  manière  des  oiseaux  ;  leur  queue 
longue  et  douée  d'une  ansez  grande  force  prenante  ,  leur  sert 
encore  à  s'y  fixer  plus  solide  ment. 

La  démarche  des  caméléons  est  fort  lente  ;  on  les  voit 
quelquefois  des  ^ours  entiers  sur  la  même  branche  ;  ce  n'est 
qu'avec  une  sorte  de  circonspection  ,  après  avoir  tâtonné , 
s  être  fixés  fortement  avec  la  queue,  qu'ils  se  hasardent  à  faire 

Juelques  pas.  Cette  lenteur  de  mouvement ,  et  leur  dénuement 
'armes  défensives  et  offensives  ,  les  rendent  victimes  de  tous 
les  ennemis  qui  veulent  les  attaquer,  aussi  s'en  fait-il  annuelle- 
ipenl  une  immense  destruction  ,  et  l'espèce  serofl  bientôt 
anéantie  si  sa  fécondité  n'étoit  pas  aussi  grande. 

C'est  d'insectes, et  principaiemeut  de  mouches,  que  vivent 
les  cam^/^on«;  ils  les  saisissent  avec  vivacité  ,au  moyen  de  leur 
langue  longue  et  gluante,  etles  broient  entre  leurs  mâchoires. 
Ils  peuvent  rester  ,  comme  les  auti^es  reptiles ,  des  mois  sans 
manger,  c'est  ce  qui  avoit  fait  croire  qu'ils  rivoient  d'air;  mais 
enfin  ils  succombent  au  besdhi.  Leur  }x)n te  est  de  neuf  à  douze 
œufs  ,  c}ue  la  femelle  dépose  dans  le  sable,  où  iU  éclûsent  par 
le  seul  ctlet  de  la  chaleur. 

On  ignore  la  durée  de  la  vie  des  caméléons  ;  mais  on  peut 
présumer  que  peu  d'individus  arrivent  natunllement  au 
terme  fixé  par  la  nature  ,  puisque ,  comme  on  vit-nt  de  le 
dire ,  ils  ne  peuvent  ^  que  par  un  grand  hasard  ,  échapper 


C  A  M  i59 

aux  nombreux  animaux  qui  leur  font  la  guerre ,  et  qu'un 
caméléon  apperçu  est  un  caméléon  per^u.  Dans  les  pays  un 
peu  froids ,  comme  dans  la  Basse-Egypte ,  sur  les  côtes  do 
Barbarie  ,  ils  se  cachent  pendant  l'hiver  dans  les  trous  ^  sous 
des  tas  de  pierres,  où  ils  restent  dans  un  état  de  parfiûte  im- 
mobilité ,  mais  sans  être  endormis. 

Les  Indiens  et  les  Africains  regardent  les  caméléons  comme 
des  animaux  utiles,  et  les  voyent  avec  plaisir,  autour  de  leurs 
maisons ,  détruire  les  insectes  qui  les  tourmentent  ;  ils  ne  lui 
fout  jamais  de  mal ,  et  se  plaisent  môme  à  le  caresser.  Le  ca* 
méléon  de  son  côté  est  fort  doux ,  on  peut  le  prendre  dans 
la  main ,  lui  mettre  môme  le  doigt  dans  la  bouche,  sans  crain- 
dre qu'il  cherche  à  mordre.  Les  uns  disent  qu'il  ne  peut  pous- 
ser de  véritables  cns  ;  les  autres  qu'il  fait  entendre  un  petil 
sifflement  lorsqu'on  lo  surprend  et  qu'on  le  saisit 

«c  Mais,  dit  Lacépède ,  soit  que  le  caméléon  grimpe  le  long 
des  arbres ,  soit  que,  caché  sous  les  feuilles,  il  y  attende  paisible- 
ment les  insectes  dont  il  se  nourrit ,  soit  enfin  qu'il  marche  sur 
la  terre  ,  il  paroit  toujours  assez  laid  ;  il  n'oifre  ni  propor» 
tionsagréables,  ni  légèreté  danssa  démarche  ;  ce  n'est  qu  avec 
circonspection  qu'il  se  remue  :  s'il  ne  peut  pas  embrasser  les 
branches  sur  lesquelles  il  veut  grimper ,  il  s'assure  à  chaque 
pas  qu'il  fait,  que  ses  ongles  sont  bien  entrés  dans  les  fentes  de 
l'écorce  ;  s'il  est  à  terre  ,  il  tâtonne ,  il  ne  lève  un  pied  que 
lorsqu'il  est  sâr  du  point  de  gravité  des  trois  autres  :  par  toutes 
ces  précautions  il  donne  à  sa  démarche  une  sorte  de  gravité 
pour  ainsi  dire  ridicule  2>. 

Le  caméléon  n'arrèteroit  donc  pas  les  regards  de  ceux  qui 
ne  cherchent  à  remarquer  que  les  objets  les  plus  saillans  du 
règne  animal ,  si  la  faculté  de  présenter ,  suivant  ses  diiférens 
états,  des  couleurs  plus  ou  mmns  variées  ,  comme  on  l'a  déjà 
dit ,  ne  l'avoient  depuis  long-temps  rendu  célèbre. 

Ces  couleurs ,  en  effet ,  changent  avec  autant  de  fréquence 
que  de  rapidité  ;  mais  il  n'est  pas  vrai ,  on  le  répète,  qu'elles 
soient  déterminées  par  celles  des  objets  environnans  ;  leurs 
nuances  dépendent  de  la  volonté  de  l'animal,  de  l'état  de  son 
a  me  ,  de  sa  bonne  ou  mauvaise  santé,  et  sont  subordonnées 
d'ailleurs  au  climat ,  à  Page  et  au  sexe. 

On  croyoit ,  du  temps  de  Pline,  qu'aucun  animal  n'étoit 
aussi  timiile  que  le  caméléon;  et  en  effet ,  n'ayant ,  comme  on 
Ta  vu,  aucun  moyen  de  défense,  et  ne  pouvant  sauver  sa  vie 
par  la  fuite ,  il  doit  souvent  éprouver  des  craintes ,  des  agita- 
tions intérieures  plus  ou  moins  considérables.  Son  épiderme 
est  transparent  ;  sa  peau  est  jaune,  et  son  sang  d'un  bleu  violet 
fort  vif.  il  en  résulte  que,  lorsque  la  passion,  ou  uneimpres- 


i6o  C  A  M 

aîon  quelconque  fait  passer  plus  de  sang  du  coour  à  sa  surftca 
^t  aux  extrémités^  le  mélange  du  bleu^  du  violet  et  du  jaune 
produit  plus  ou  moins  de  nuances  diffîrentes.  Aussi^  dansTélat 
naturel ,  lorsqu'il  est  libre ,  et  qu'il  n'éprouve  aucune  inquié- 
tude ^  sa  couleur  est  d'un  beau  vert,  à  quelques  parties  près,  qui 
offrent  une  nuance  de  brun  roug^tre  ou  de  blanc  gris.  Est-il 
en  colère?  sa  couleur  passe  au  vert-bleu  foncé ,  au  vert-jaune , 
et  au  gris  plus  ou  moms  noir.  Est-il  malade?  il  devient  gris- 
jaune  et  jaune  feuille -morte  :  telle  est  celle  de  presque  tous 
les  caméléons  qu'on  apporte  à  Paris  ou  dans  les  autres  pays 
froids,  et  qui  ne  tardent  pas  à  mourir.  En  général^  les  cou- 
leurs des  caméléons  sont  d'autant  plus  vives  et  plus  variables , 
qu'il  fait  plus  chaud ,  que  le  soleil  Drille  dun  plus  grand  éclat. 
Elles  s'anbiblisseut  toutes  pendant  la  nuit.  Ces  observations 
ont  été  faites  nouvellement  par  d'Opson ville  et  Golberiy ,  et  je 
les  ai  vérifiées,  un  très-granci  nombre  de  fois ,  sur  un  animal  de 
la  même  ffimille ,  mais  d'un  genre  différent  :  l'Iou  ane  rouok 
OOBOE  ,  Lacerta  buUaris  Linn.  {Foyex  ce  mot.) ,  qui  est  égale- 
ment d'un  vert  clair  dans  «on  état  naturel  lorsqu'il  fait  chaud  ^ 
et  qui  change  à  volonté  et  fort  rapidement  au  vert-noir ,  au 
vert-jaune ,  au  gris  et  au  brun ,  selon  qu'il  est  plus  ou  moins 
affecté  par  la  présence  des  objets  étrangers  qui  peuvent  agir  sur 
lui.  Lforsqu'il  fait  froid  (  c*est  en  Caroline  qu'u  a  été  observé, 
et  il  y  gèle  quelquefois  ) ,  il  est  d'un  gris  nuancé  de  brun  dans 
quelques  parties ,  et  il  n'a  plus  la  faculté  de  varier  ses  teintes, 
parce  que  son  sang  ne  peut  plus  venir  à  la  surface  de  sa  pean, 
modifier  le  jaune  qui  ta  colore.  Il  est  positivement,  pendant 
l'hiver ,  comme  les  caméléons  que  j'ai  vus  à  Paris. 

lie  caméléon  jouit  d'une  autre  propriété  qui  mérite  un 
examen  particulier.  Il  peut  enfler  à  volonté  les  différentes 
parties  de  son  corps,  et  leur  donner ,  nar-là ,  un  volume  plus 
considérable.  Il  est  probable  que  e'est-là,  avec  sa  couleur  sem- 
blable aux  feuilles , les  foibles  moyens  de  difiérence  que  la  na- 
ture lui  a  donnés  pour  ne  pas  paroitre  entièrement  marâtre  k 
son  égard. 

«  C'est,  dit  encore  Lacépède,  par  des  mouvemens  lents 
et  irréguliers ,  et  non  pas  par  des  oscillations  progressives,  que 
le  caméléon  se  gonfle.  Il  se  remplit  d'air  au  point  de  doubler 
son  diamètre.  Son  enflure  s'étend  jusques  dans  les  pattes  et 
dans  la  queue.  Il  demeui*e  dans  cet  élat  quelquefois  pendant 
deux  heures,  se  désenflant  un  peu  de  temps  en  temps.  Sa  dila» 
tation  est  toujours  plus  soudame  que  sa  couipression.  H  est 

S  lus  que  prabable  qu'elle  a  lieu  par  l'introduction  de  l'air 
es  poumons  entre  l'épiderme  et  la  penu ,  muis  il  n'y  a  pas 
d'observations  positives siur  cet  objet  digne ,  sans  doute, des 


C  A  M.  jgi 

cfaci*cli^  dès  Toyageun.  On  est  certain,  du  moins,  que  ce* 
«nimaux  peuvent  aussi  considérablement  gonfler  leurs  pou- 
mons ,  car  ceux  qui  les  ont  disséqués  sont  fort  discordans  suif 
le  volume  de  cet  oi^ne  :  lès  uns  le  disent  très-petit  et  les 
autres  très-gros  ».  ' 

On  connoit  aujourd'hui  six  espèces  de  caméiéowt ,  savoir  : 
LeCAM£L£ON  COMMUN.  C'est  le  plus  grand  deieus.  Il  est 
très-reconnoissable  à  sa  iéte  chai^  de  gixM  tuberouks,  à  aoa 
casque  très-tranché,  dont  l'arête  postérieure  €Sl  tiAs-fOrto  et  à 
un  enfoncement  derrière  chaque  oeil.  Le  dos  et  I«  carène  in- 
férieure du  corps  ont  une  crête  formée  par  <^  dénis  fines 
et  serrées.  Il  esl  figuré  dans  Séba,  pi.  8»,  n?  i  du  premier 
volume,  et  ni.  3  de  VffisL  nai.  dtts  quadrupèdes  wparêê^ 
par  Lacépède.  ' 

I^  CAMijLBON  DU  SfiNioAL,  qui  est  plus  petit  que  le  pré^ 
cèdent,  dont  1^  casque  est  ellipsoïde,  et  applati  en  deJinis^ 
et  dont  le  dos  et  la  carène  sont  garnis  de  dents  moins  pro^ 
noncées.  '^ 

Le  CAMii.ioN  nu  Cap  de  BoN^K-Espin^K cb  ,  dont  lo 
casque  est  presque  plan  en  dessus,  qui  a  une  ligne  de  pïm 
cros  tubercules  derrière  chaque  œU ,  dont  les  dents  du  dm  et 
de  la  carène  du  col  sont  écartées  et  ne  se  prolongent  pas  soua 
le  ventre  et  sous  la  queue. 

Le  CAMiLÉoN  FovBOHU ,  dout  le  museau  est  avancé  et  ler^ 
miné  par  deux  probngemens  comprimés ,  dont  le  dessus  d« 
la  tête  est  applaU,  dentelé  dans  son  contour  ainsi  que  le  com- 
mencement  de  l'arête  du  dos.  Il  se  rapproche  du  reste  pour 
la  forme  et  la  grandeur  du  caméléon  commun.  Il  a  été  uguré 
par  Brongniard,  à  qui  Riche  Fa  envoyé  de  Java ,  n®  36  du 
Bulletin  dee  Sciences  ^eï  par  Latreille,  dans  son  JÏm*.  nai. 
des  Repiiies ,  faisant  suite  au  Buffbn,  édition  de  Déterville. 

Le  CAMiLioN  d' Afrique  est  noir  ;  son  casque  et  la  ca- 
fène  de  son  dos  sont  garnis  de  dents  courtes  et  blanches.  Il 
est  figuré  dans  Séba,  pi.  85,  u*»  4  du  tome  premiâr ,  et  dans 
VHist.  nat.  des  repiiies ,  faisant  suite  au  J!hM>n,  édition  do 
Déterville. 

Le  CAMitéoN  NAIN  a  le  casque  plat ,  oblong,  à  bords  den- 
telés et  plissés  sur  le  derrière.  Il  a  au  plus  six  pouces  de  long.  Il 
se  trouve  au  Cap  de  Bonne-Espérancè ,  et  est  figuré  dans  Séba. 
pi.  85,  fig.  5  du  lom.  i«%  et  dans  Daadin ,  pi.  55.  (B.) 

CAMÉLÉON-MINÉRAL.  On  a  donné  ce  nom  à  l'oxide 
de  manganèse  combiné  avec  k  potasse,  parce  qu*il  paroit 
rouge  dans  l'eau  froide,  et  vert  dans  l'eau  chaude.  Ce  phéno- 
mène'pro^e  à  combien  peu  de  chose  tiennent  les  couleurs  s 


i6s         ^  C  A  M 

auBai,  éeroit*3.  bien  difficile  d'en  donner  une  e<plJcat»Ai  pn^ 
cifle.  Peul-étre»  suivant  un  célèbre  cbimiste ,  Taflote  qu'il  re- 
^rde  comme  le  principe  alk^Ufiant,  en  ae  dégageant  de  la 
polaase,  est-il  en  partie  la  cau9e  de  cea  flingulières  modifica* 
fions.  (Pat.) 

CAMÉUSOPAIID,  dùiatîncaaMZfo-jN^^      nom  de  la 
OiiUFi-JB.  ^c^êM  ce  mot  (S.) 

CAMELINE  CULTIVÉE,  MyagrumaaHvttm  Un.,  {iêtra* 
éymamiâMlieiêieuêe),  plante  annuelle  d'Eui'ope,  de  la  famille 
deiCRiroirjfcRBS >  cultivée en^landre  pour  sa  graine^  dont  on 
retire  par  expression  traelnule  bonne  a  brâler.  Elle  n'est  pas 
xare  aux  environs  de  Paris  ;  elle  croit  naturellement  dans  les 
4Mgi$êf  les  orgeê  et  les  aPoineê.SB,  tige  est  droite ,  cylindrique 
et  rameuse  vers  son  sommet  ;  ses  rameaux  sont  lisses  et  rem- 
plis d'une  moelle  spongieuse  ;  ses  feuilles  un  peu  velues  , 
vertes^  moUes  et  pointues ,  embrassent  la  tige  par  leur  base  y  où 
eUes  ont  deuï  petites  oreillettes  ;  leurs  bords  sont  légèrement 
dentelé^  Se»  fleurs ,  portées  par  des  j)édoncule8  d'un  pouce 
de  longueur ,  forment  des  épis  clairs  oo  lâches  aux  extré* 
mités  ae8  branohesé  Elles  sont  composées  d'un  calice  peu  ou- 
vertet  à  quatrefolioles  ;  de  quatre  pétales  jaunâtres  et  en  croix  ; 
deaiic^mmesy  deuxcourteset  quatre  longues^  avec  de»  an- 
thères simples  ;  d*un  germe  supérieur  et  ovale;  et  d'un  slyle 
conique  ou  en  alêne,  penistant  et  tenniné  par  un  stigmate 
Qbtu».  lies  piUcides.dela  plante  sont  petites^  ovoïdes  ou  ea 
fi^rme  de  poire»  jplus  lai^gea  dan^  leur  partie  supérieure ,  bor* 
déeaet  couronnéesau  sommet ,  par  le  style  de  la  fleur  ;  chaque 
silfcule  est  à. deux  loges  et  remerue  <Ux  A  douse  petites  se- 
9»ences  ovoïdes  et  rouges^  CD,) 

Cette  pUnteohange  de  nom ,  seloii  le  canton  où  on  la  cultive» 
Dans  les  pays  eirconvoisins  de  Calais /on  l'appelle  camomen, 
dans  la  Picardie  ycamoinsâf^^. et  don^  d'antres^  msoum  étjilU^ 
9f»a^n0,  Elle  s!apperçoit  dan»  tous  les  lins,  parmi  lesquels  sn 
grune  se  mâle.  Les  cnbivateum,,  &  la  vérité ,  ne  se  plaignent 
]2as  du  dommage  c|u'elle  lenr  oanse ,  IMu^ce  qu'on  peut  la  rouir 
et  la  Hier  avec  le  lin  :  cependant,  il  faut  l'avouer,  si  la  graine 
de  cameiine  s'y  trouvoit  dans  une  certaine  quantité ,  il»  ne 
mauqueroieut  pas  de  chercher  et  de  trouver  les  moyens  d» 
»*en  débarrasser  4  Vu  que  tk  filasse  lui  est  inférieure. 

Ban»  les  oampames  de»  environs  de  Béthune,  on  cnltive 
beaucoup  de  cameUne  /  die  est  destinée  à  remplacer  le  lin  , 
le  colsa ,  les  paxots  ou  œillets  que  Tintempérie  des  saison»  a 
détruits,  tantôt  jMur. des  «dées  inattendues,  tantôt  par  l'ardeur 
du  soleil  ou  par  des  sécnereaaM  prolongée»  ;  «doiv  le»  culli*» 


C  À  M  .  ,63 

▼atears  remplacent  ces  plantes  par  la  cameline.  Elle  ne  trompe 
jamais  leur  attente ,  parce  que  pouvant  être  semée  beaucoup 
plas  tard ,  et  n'exigeant  que  trois  mois  au  plus  pour  parcourir 
tous  les  périodes  de  sa  végétation  ,  elle  n'est  pas  exposée  aux 
mêmes  inconvéniens.  Ce  sont  là  de  ces  avantages  qu'on  ne 
sauroit  assez  apprécier  dans  les  cantons  où  les  gelées  tardives 
Anéantissent  en  un  instant  toutes  les  ressources  de  leurs  habi- 
tans. 

Dans  les  environs  de  Mont-Didier ,  on  ne  sème  presque  tort- 
jours  la  cameline  que  sur  les  parties  des  pièces  de  froment  oà 
ce  grain  a  manqué.  Oir  est  encore  à  temps  de  profiter  de  la 
ressoui'ce  qu'oflFire  cette  plante ,  pour  tirer  parti  de  ces  places 
vides  dans  le  courant  d  avril. 

La  cctmeline  se  cultive  comme  le  Un ,  mais  elle  n'exige  pas 
une  aussi  bonne  terre.  Après  lui  avoir  donné  deux  labours 
avec  un  hersase ,  on  sème  à  la  volée  la  graine  ,  qu'on  mêfe 
avec  du  sable  ^  à  cause  de  sa  ténuitél  Une  mesure  qui  en  con- 
tient environ  deux  livres  suffit  pour  couvrir  un  arpent  de 
cent  perches  à  vingt-deux  pieds  la  perche  ;  les  pieds  doivent 
'se  trouver  espacés  à  environ  six  pouces  les  uns  des  autres, 
afin  de  multiplier  davantage  la  graine. 

Si  la  cameline  est  semée  drue ,  elle  étouffe  toutes  les  autres 
plantes.  Si  elle  est  semée  clair  ^  il  faut  enlever  les  pieds  afin 
qu'elle  n'en  soit  pas  incommodée. 

Trois  mois  après  l'ensemencement,  la  graine  de  la  came-' 
Une  est  mare ,  mais  ,  pour  la  récolter,  il  ne  faut  pas  attendre 
que  Içs  capsules  soient  parfaitement  sèches ,  il  suffit  qu'elles 
commencent  à  jaunir  ;  autrement  on  seroit  exposé  à  en  perdre 
beaucoup.  Cette  graine  est  jaune,  un  peu  oblongue ,  et  exhale 
à  sa  maturité  une  odeur  d'ail,  qu'elle  perd  par  sa  dessication; 
elle  ne  conserve  pas  sa  vertu  germinative  aussi  long-temps  que 
celle  de  beaucoup  d'autres  plantes,  et  ne  réussit  qu  étant  semée 
un  an  après  sa  récolte. 

Des  usages  économiques  de  la  Cameline, 

Lorsque  la  graine  est  vannée,  on  l'envoie  au  moulin  pour 
en  tirer  l'huile  par  la  pression  ;  cette  huile  est  bonne  à  brûler, 
et  a  moins  d'ooeur  que  celle  de  colsa  ;  celte  dernière  pai-oît 
cependant  plus  estimée,  car  sa  graine  to  vend  i3  fr.  lorsque 
la  même  mesure  de  cameline  ne  vaut  que  ii  fr.  ;  l'huile  qu'on 
en  extrait  suit  à-peu-près  les  mêmes  proportions  :  à  la  vérité  il 
semble  que  depuis  quelque  temps  elle  est  plus  recherchée  à 
cause  vraisemblablement  de  ses  usages  plus  multipliés.  Plu- 
sieurs fabriquans  nous  Ont  assuré  qu'elle  éioit  employée  aux 


t&^  €  A  M 

vaiweaux^  à  la  peinture^  et  sur-tout  à  Téclaîrage^  parce  au 'elle 
a  Tavanlage  de  donner  moins  de  fumée  que  les  autres  nuilea 
dont  on  se  sert  dans  les  parties  du  nord  de  la  France  y  pour  le 
même  ob)et;  on  l'emploie  encore  dans  la  confection  du  savon  , 
en  hiver ,  de  préférence  aux  autres  huiles;  car  dans  les  tempa 
chauds  elle  n  a  pas  le  même  desré  d'utilité ,  mais  c'est  mal-a« 
propos^  que  dans  quelques  enoroits  on  appelle  cette  huile , 
nuite  de  camomiiU,  au  lieu  de  cameline;  la  camomille  est  une 
plante  fort  différente  ,  dont  on  ne  tire  pas  d'huile.  Voyez  au 
mot  Camomjjule. 

Quand  la  tige  de  cetie  plante  est  baJltue,  dépouillée  de  sa 
graine  et  séchée,  on  la  conservé  en  tas,  ^u'on  appelle  moie  , 
ou  s'en  sert  pour  se  chauffer;  elle  est  aussi  employée  a  la  cou* 
verture  des  maisons  des  habitans  de  la  campagne. 

Quoique  dans  les  pays  où  le  lin  vient  mal  ,1a  cameline  pour- 
jroit  fournil*  une  filaÏMe  utile  ,  c'estspécialement  pour  son  pro- 
duit huileux  qu'elle  est  cultivée,  et  au'on  peut  se  fiatter  d'en 
retirer  un  grand  profit;  la  matière  filamenteuse  est  si  abon* 
damment  répandue  dans  la  nature,  qu'il  n'y  a  pas  d'arbres , 
d'arbrisseaux ,  ou  déplantes  qui  ne  la  contiennent ,  soit  dana 
l'écorce ,  soit  dans  les  feuilles ,  soit  enfin  dans  le  fruit  ;  oa 
peut  donc  se  dispenser  de  songer  k  celte  dernière  ressouixe 
dans  la  culture  ae  la  cameline. 

Cependant ,  auand  on  considère  que  l'huile  de  la  cameline  , 

3uoique,  dans  le  commerce,  son  prix  soit  inférieur  à  cdui 
es  autres  huiles ,  appartient  à  une  plante  qui  en  donne  une 
ti-ès-grande  quantité ,  qu'elle  peut  se  semer  dans  des  terres 
aècfaes  et  légères  sur  lesquelles  le  lin  ne  réussiroit  point ,  qu'elle 
supplée  les  récoltes  avortées ,  et  en  fournit  deux  dans  un  cas 
urgent  à  cause  de  l'extrême  promptitude  de  sa  végétation ,  et 
du  peu  qu'elle  exige  du  sol ,  on  a  droit  d*étre  étonné ,  forma- 
lisé même ,  que  la  cameline ,  qui  réunit  tant  d'avantages,  soit 
encore  dédaignée  dans  les  cndi*oits  et  dans  les  circonstances 
où  elle  pourroit  remplacer  le  coUa,  la  navette ,  VœilleUe. 
Mais  supposons  que  l'iiuile  de  la  cameline  ne  soit  propre 

3u'àlalani[)e,  et  que  ce  soit  par  fraude  qu'on  en  alongerhuile 
e  colsa  pour  dégraisser  les  laines  ,  ne  seroit-il  pas  possible 
que  la  chimie  parvint  à  la  rendre  moins  grossière?  Lendormy, 
médecin  à  l'hôpital  militaire  d'Amiens,  k  qui  les  objets  d'è« 
conomie  ne  sont  point  étrangers,  a  obtenu  quelques  résultats 
qui  lui  font  croire  que  ai ,  avant  l'extraction ,  on  faisoit  digérer 
la  graine  dans  une  lessive  alkaline,  on  pourroit  parvenir  à 
l'améliorer* 

Les  hivers  rigoureux  des  années  précédentes  ayant  détruit 
xvx  graud  nombre  de  noyers  et  beaucoup  d'olivien ,  on  a 


C  A  M  iGS 

eherché  à  réparer  cette  pei*te ,  en^  introJuûant  dkns  les  can- 
tons du  inidi  àfi  la  France  des  plantes  annuelles ,  telles  que  le 
papot,  la  navette  ;  mais  la  camelîne,  dont  l'huile  est  de^inéeà 
brûler  on  à  défijraisser  les  laines^  ou  à  fabriquer  des  savons,, 
doit  élre  adoptée  dans  tous  les  endroits  où  les  gelées  tardivea- 
détniisenl  ces  dernières  plantes. 

Au  lieu  d'aller  chercher  dans  les  plantes  sauvages  le  filament 
ouThuile  qu'on  peut  en.  retirer  et  qui  ne  sont  jamais  que  des 
ressources  précaunes ,  pourquoi  ne  pas  accorder  plus  a  exten-* 
sibn  à  celles  pour  lesquelles  le  sol  de  la  France  est  si  favorable  ? 
Cultivons  plus  de  Un ,  de  chanvre  ,  de  navette ,  de  pavots 
et  decameiine ,  alors  nous  ne  serons  pas  obligés  de  tiver  de 
Iltranger  pour  des  sommes  exorbitantes  ^  de  £i  graine  et  de 
Huile  de  lui ,  du  lin  et  du  chanvre  en  masses ,  filés  ou  ouvra- 
gés, que  peuvent  fournir  nos  fabiiques  nationales»  Les  végé- 
taux propres  à  fournir  de  Thuile  ont  bien  trouvé  quelquea 
écrivains,  et  dans  ce  nomhre  nous  dntingpons  Rozier  ;  mais 
il  est  honteux  que  nous  ne  possédions  pas  encore  de  traité 
complet  à  cet  égard ,  quand  on  en  »  tant  composé  pour  des 
plantes  dont  les  avantages  sont  au  moins  problématiques.;  il 
reste  cependant  beaucoup  de  recherches,  à  faire,  pour  per- 
fectionner Teurs  produits,  doubler  le  prix  des  huiles ,  et  les. 
rendre  en  même  temps  d'un  usage  pl\^  général  et  plus  éco- 
nomique. Nous  saisirons  l'occasion:,  au  mot  Ouvier,  pour 
présejiter  quelques  vues  sur  celte  branche  de  L'industrie  agri^ 
cole ,  et  du  commerce  nationall  (Pabm.). 

CAMELU ,  Càmeilia ,  arbrisseau  toufours-vert,  que  Foi^ 
cultive  dans  les  JMrdins.de  la  Chine  et  du  Japon,  à  raison  de 
la  beauté  de  ses  fleurs.  Ses  feuilles  sont  alternes,  ovales,  poin- 
tues, dentées,  coriaces  et  luisantes.  Ses  fleurs  sont  grandes,, 
d'un  rougf?  vif,,  sessiles^  solitaires ,.  et  réunies  trois  à-  quatre 
ensemble  au  sommet  des  rameaux. 

Chacune  de  ces  fleursoonsîste  en  un  calice  imimqué ,  com- 
posé de  plusieurs  éoaîlies  avrondies^  concaves ,  caduques  ;  en 
MX  pétalesovales,  obtus,  beaneonp  tdws  grands  que  le  calice, 
etcobérens  àleur  base;  eh  un  grand  nombre  d'étamine»  dont 
les  filamens  sont  réunis  inférieurement  ;  en  un  ovaire  stipé» 
rieur ,  oblong  >  surmonté  d'un  style  simple ,  dont  le  stig- 
mate est  aigiu 

lie  fruit  est  une  capstde  hirbinée,  à  trois  ou  cinq  côtes  aiTon- 
dîes,  divisé  intérienrement  en  un  pareil  nombre  de  Ibges  qui 
contiennent  chacune  un  ou  deux  noyaux. 

On  cultive  cet  arbuste  dans  quelques  jardins  de  botani- 
«IW ,  nau  il  deinande  l'orangei^. 


i66  C  A  M 

n  double  facflement ,  et  c'est  principalement  dans  cet  état 
qu'on  le  voit  représenté  sur  les  papiers  et  tapisseries  chinoises» 

Ses  feuilles  sont  ovales ,  oblongues ,  un  peu  dentées  ;  ses 
fleurs  en  nombre  de  deux  ou  trois  sur  le  même  pédoncule ,  et 
le  drupe  a  quatre  loges.  On  tire  de  ses  amandes  une  huile  fort 
estimée  pour  graisser  les  cheveux ,  et  faire  des  préparations 
médicales  .•  attendu  qu'elle  est  odorante  et  ne  rancit  pas  faci- 
lement. 

Il  est  figuré  dans  les  Illustrations  de  Lamarck,  pi.  694. 

On  cultive  à  laCochinchine^  une  plante  que  Loureiro  a 
appelée  cameline^  quoiqu'elle  s'éloigne  de  celle-ci  par  ses  ca* 
ractéres.  (B.) 

CAMERIER ,  Cameraria ,  genre  de  plantes  à  fleurs  poly- 
pétalées ,  de  la  pentandrie  monogynie ,  et  de  la  famille  des 
Apocinées,  don  lie  caractère  est  d'avoir  un  calice  monophylle 
à  cinq  dents  ;  une  corolle  monopétale ,  infundibuliforme  ,  à 
tobe  cylindrique^  à  limbe  plane  ;  à  cinq  divisions  tournées 
obliquement  ;  cinq  étamines  très-petites  dont  les  filamens  sont 
munis  d'un  ap|>endice  à  leur  base  et  les  anthères  conniven- 
lés;  un  oVaire  supérieur ,  à  deux  lobes,  surmonté  d'un  style> 
dont  le  stigmate  est  bifide.  "" 

Le  fruit  est  composé  de  deux  follicules,  oUongs  ^  compri- 
més ,  lancéolés  ,  ayant  deux  lobes  opposés  à  leur  base,  écartés 
horizontalement  l'un  de  l'autre.  Ces  follicules  sontunivalves 
et  renferment  plusieurs  semences  ovales,  applaties,  terminées 
chacune  par  une  aile 'membraneuse  et  imbnquée. 

Ce  genre ,  qui  est  figuré  pi.  lyS  des  Illustrations  de  La- 
mfàrak ,  enferme  quatre  espèces.  Ce  sont  des  arbres  ou  des 
arbrisseaux  à  rameaux  dichotomes ,  à  feuilles  opposées ,  à 
fieurs  axîliaires  ou  terminales.  Trois  croissent  à  la  Guiane  , 
et  une  dans  l'île  de  Ceyian. 

L'un  des  plumiers,  est  le  Camehier  a  larges  feuix^lbs  , 
dont  les  feuilles  sont  ovales,  aiguës  des  deux  côtés,  et  trans\'er- 
salement  striées;  il  vient  de  Oayenne.  L'autre  est  le  Cambrieh 
A  FLEURS  JAUNES ,  dont  Ics  feuilles  sont  ovales ,  oblongues , 
aiguës,  les  fleurs  grandes  et  très-odorantes  ;  il. vient  du  même 
pays.  Le  camerier  de  Ceyian  ressemble  si  fort  au  premier, 
qu'il  avoit  été  d'abord  confondu  avec  hii  par  Linnteus.  (B.) 
•  CAMERINE,  Camerina^  genre  de  coquilles  dont  on  ne 
connoît  encore  que  des  espèces  fossiles,  vulgairement  connues 
sous  le  nom  de  numismales  ou  de  pierres  lenticulaires.  Ses 
caractères  sont  d'avoir  une  seule  valve,  sans  spire  extérieure, 
et  rintérieur  divisé  en  un  grand  nombre  de  cloisons  impep- 
forées. 

Ainsi  les  camérines  ressemblent  à  une  lentille  >  et  ne 


C  A  M  167 

laissent  rdt  ancime  oi^gBsîsatton  à  rextêrienr;  Pour  biea 
les  obsenrer ,  il  faat  diviser  la  coquille  parallèlement ,  et 
alors  on  remarque  dans  Tintérieur  une  spire  ,  tournant 
sur  un  plan  horizontal^  et  se  terminflnt.y  sur  le  tranchant 
de  la  lentille ,  en  une  ouverture  qu'où  ne  peut  voir , 
quand  elle  est  entière,  qu'avec  beaucoup  de  dif&cullé,  pàrco 
quelle  est  bouchée ,  et  qu'on  ne  sait  l!endroit  où  il  faut  la 
chercher.  Les  tours  de  cette  spire  sont  coupés  transversale- 
ment par  de  petites  cloisons  imperforées ,  très-rapprochées , 
•ans  aucune  trace  de  siphon.  Les  surfiices  convexies ,  qui  la 
recouvrent  >  sont  composées  de  lames  appliquées  les  unes  sur 
les  autres ,  qui  se  réunissent  au  centre.  Le  moyen  le  plus 
simple  d'opérer  celte  séparation ,  est  de  mettre  au  feu  la  ra- 
mérine ,  et  do  la  jeter  tre»«haude  dans  de  l'eau  froide  :  alors 
un  petit  coup  >  sur  la  tranclie  ,.la,  sépare  en  deux  parties  égales» 

La  petitesse  de  la  dernière  loge  de  cette  coquille ,  la  seule 
que  l'animal  ait  pu  habiter ,  ainsi  que  la  structure  des  hunes 
qui  recourrent  la  sph^e  'des  deux  c6tés ,  oût  fait  penser ,  à 
Bruguière>  que  l'animal  devoit  s'étendre  à  l'extérieur,  reeou* 
vrir  la  coquille  on  tout  et  en  partie.  Ses  conjecture,  à  cet 
égard  y  sont  très -ingénieuses,  et  màxiïidni  d'être  lues  dans 
V Encyclopédie  méthodique. 

Les  anciens,  qiii  avoient  été  frappés  de  la  forme  organisé* 
'de  ces  fossiles ,  ont  publié  sur'  sa  nature  des  opinions  fort 
Inzarxes  qui  ne  méritent  pas  Jétre  rapportées.  La  plus  grande 
|Mirlie  des  naturalistes  ne  doutent  pas  s^ourd'hui  que  ce  ne 
aoit  de  vraies  coquilles  fossiles,  qui  ne  difi^retit  des  nautiles 
que  parce  que  la  spire  tourtie  entièrement  dans  l'ihlérieur, 
et  que  les  cloisons  ne  sont  point  perforées.  Lam'arck  a ,  dam 
ces  derniers  tenaps,  prétendu  que  c'étoient  des  pofypiérs  f 
mais  cette  ofnnion  ne  soutient  pas  ma  exadfen  approfondi» 
Il  les  appelle  des  nummuUtes,  avec  quelques  anciens  natu-* 
ralistes* 

Les  cmmérines  se  rencontrent  dans  beaucoup  de  pays ,  et 
dans  quelques-uns  avec  une  telle  abondance,  que  des  mon-* 
lagnes  entières  en  sont  formées.  Ordinairement,  dans  ce 
dernier  cas,  elles  sont  a^vtiné^  entr'elles,  et  alors  leur 
union  «st  si  forte,  que  leur  masse  est  taillée  pour  la  bâtisse 
comme  les  pierres  calcaires  ordinaires.  Les  fameuses  pyra- 
mides d'£g3rpteen  sont  cotistmites,  ainsi  que  beaucoup  de 
maisons  des  environs  de  SoisBons. 

Dans  un  mémoire  sur  les  csotnérines j  dennèrement  lu  i  la 
société  philoïuatique  de  Paris,  on  en  compte  six  espèces.  Les 
deux  plus  communes  sont  la  Gamérin  b  lisse  et  ia  ÔAMiaiNS 
SKT1I1SM4LE.  liCs  Caractères  de  la  première  soal  d^ttri  IbdA^ 


i68  C  A  M       ^ 

culaire  et  liflae  ;  die  êé  trouve  dans  la  Picardie  /etc.  Les  ea-' 
ractères  de  la  seconde  sont  d'être  applatie  et .  unie  :  on  la 
trouve  dans  les  environs  de  Soissons.  (B.) 

CAMÉRISIËR.  C'est  le  nom  vulgaire  d'une  espèce  dû 
chèvrefeuiUe^  le  Lonieera  chamaeceraëus  Linn. ,  que  Tour^ 
neforl  avoit  fait  entrer^  avec  plusieurs  autres  plantes^  dana 
un  genre  particulier  par  lui  nommé  xytoaieoiu  Jussien  et 
Ventenal  ont  rétabli  ce  genre  sous  le  luénie  nom  ktin  et  souâ 
le  nom  français  de  camérisiêr.  Il  renferme  tous  les  chèt^»* 
fêuiUes  bifiorea^  qid  forment  une  division  dans  linncus,  et 
a  pour  caractère  un  ca\jce  a  cinq  dents  »  muni  de  bractées 
rapprocbées,  et  même  adnées  Tune  à  l'autre;  une  corollo 
înî'undibuliforrae  ou  campanulée>  à  limbe  régulier  ou  irré- 
gulier ;  cinq  étamines  saillantes  ;  un  ovaire  inférieur  k  style 
court  et  stigmate  un  peu  épais.  Le  fruit  est  composé  de  deux 
baies  j  tantôt  connées  à  leur  base,  à  une  ou  trois  loges poly- 
«permesy  tantôt  réunies  en  une  seule,  marquée  au  sommet  de 
deux  ombilics.  Les  espèces  de  ce  genre  sont  au  nombre  dç 
iiuit,  et  toutes  des  arbrisseaux  à  tiges  droites  et  à  fleurs  axil- 
laires.  F'oyet  au  mot  Chèvrefeuille.  (B.) 

CAMICHI.  /^ay«  Kamichj.  (S.) 

CAMIRION.  C'est  le  nom  que  Gaertner  a  donné  angenr» 
Alvritiî  de  Forster.  Voyez  ce  mot.  (B.) 

CAMOMILLE  j  jinthemis  Linn.  (  ayngénésie  polygamie 
auperfiué(^),^nTe  de  pl«iite9  de  la  famille  desCoRYUAiriBBa 
pu  RAjpiéfis  j  et  qui  a  des  rapports  avec  les  anacycles.  8a  fleur 
pose  sur  un  jréceplacle  garni  de  paillettes;  le  càUce  commun 
est  hémisphérique  et  imbriqué,  avec  des  écailles  linéaires  et 
presqu'égfiles;  les  fleurons  nermapfarodiles et  à  cinq  dents, 
placés  fliU  cei^ira^  sont,  entoum  de  demi-fleurons  femeUes  et 
fertiles,  beaucoup  plusjongs  que  le  calice,  et  ordinairement 
découpés  en  trois  parties  à  leui;.  extrémité  ;  chaque  fleuron 
tenfern^e  cinq  étamines  coui:tes,  dont  les  anthèi'es  sont  réu- 
XMçs^  .et'un  style  ayant  deux  stigmates  ;  les  demi-fleurons  ont 
un  g^irme  oblong  et  deux  styles  réfléchis  ;  les  semences  sont 
iiuesyoblongues,  et  souvent  couronnées  d'une  petite  mem« 
brana  Voyt%  la  pi.  683  des  lUustraiions  de  LamajTk. 

To.utes  les  espèces  de  ce  genre,  au  nombre  de  dix-sept  k 
ving^^.i^ctucjleraent  connues,  sont  des  herbes  annuelles  ou 
vivaces,  qui  ont  les  feuilles  aïlernes ,  et  prescjue  toujours  ti^èa-r 
découpées.  Nous  ne  décrirons  que  celles  dont  on  fait  usage  en 
médecine  ou  dans  les  arts  ;  ce  sont  les  suivantes  : 

La  Camoa^illk  odorante  ou  romaini:.,  la  Camomilui 
DEs^u  Tiq^uES ,  Anthemùi  nobilië  Linn.  Llle  est  la  plu»  inté* 


C  A  M  169 

ff«nante  âe  tentés ,  tant  par  son  odeur  agréable ,  qhe  par  se» 
propriétés  médicinales.  Ses  tiges- foibles,  et  presque  couchées» 
sont  garnies  de  feuilles  d'un  verd  clair. ,  éti*oites ,  légèrement 
^relues,  et  à  découpures  courtes  et  aiguës.  Ses  ileurs  ont  leur 
calice  et  leur  pédoncule  un  peu  blanchâtres  ;  elles  doublent 
dans  la  variété  que  l'on  cultive.  On  trouve  cette  plante  dans 
les  pâturages  secs  en  Italie ,  en  Espagne^  en  I^rance.  £Ue  est 
invaceet  se  multiplie  aisément  par  tes  i*acines  que  ses  branche» 
poussent.  Ses  fleurs ,  prises  en  iufusion,  sont  fébrifuges ,  sto* 
machiques ,  anodynes  et  carminatives ,  et  toute  la  plante, 
appliquée  en  catajNasme  ou  en  fomentation^  est  très-résolutive. 
On  en  relire  une  huiie  d'un  bleu  de  saphir,  qui  aies  mêmes 
propiiétés  que  les  fleurs. 

ha  Camouxllb  puante,  ou  la  Maroutte,  Anthemù 
eoiula  Linn.  Elle  est  annuetÛe,  et  croit  dans  les  terreins  in- 
cultes et  dans  les  champs  de  FEurone.  On  la  distingue  des 
autres  à  son  odeur  forte  et  désagréable,  à  ses  semences  nues, 
et  à  son  réceptacle  conique,  garni  de  paiflettes  extrêmement 
fines.  On  a  ooservé  que  les  crapauds  aiment  à  se  cacher  soua 
cette  plante.  Elle  est  résolutive ,  véi'mifuge  et  anti-hystériques 
L'herbe  et  les  fleurs  sont  employées  en  décoction  pour  les 
lavemens  et  les  bains  de  vapeur. 

La  Camomille  pyrjëthre,  Anthémis  pyrethrum  Linn» 
Sa  i*acine  est  vivace  et  longue  ;  ses  tiges  sont  inclinées,  simples 
et  uniflores;  ses  feuilles  ailées  et  à  folioles  découpées;  sgs  fleurs 
ffi^ndes ,  belles ,  solitaii*es  et  terminales ,  ayant  leurs  demi- 
fleurons  blancs  en  dessm  et  pourprés  en  dessous.  On  la  trouve 
dans  le  Levant,  l'Italie,  1  Allemagne,  et  aux  environs  de 
Montpellier,  selon  Sauvages.  Dans  le  nord  de  la  France,  eUe 
exige  une  chaleur  ai*tificielle  pendant  l'hiver,  et  ne  peut  être 
cultivée  que  dans  les  jardins  cfe  botanique  ou  par  les  amateurs. 
La  racine  de  cette  plante  est  sans  odeur  ;  mais  sa  saveur  est 
piquante  et  poivrée.  Si  on  la  mâche,  elle  fait  couler  une  quan-  ' 
tite  considérable  de  salive  ;  prise  en  poudre  par  le  nez ,  elle  ' 
fiût  éternuer ,  et  excite  l'écoulement  d'une  grande  abondance . 
de  sérosités.  On  s'en  sert  dans  les  maux  <Te  dents,  dans  les* 
calharres,  les  fluxions  de   la  bouche  et  la  paralysie  de  la 
langue.  On  en  fait  rarement  usage  à  l'intérieur,  si  ce  n'est  en 
Invement  dans  les  maladies  soporeuses.  Elle  entre  dans  les 
compositions  des  poudres  steiiiutatmresetdè  quelques  vi« 


lia  Camomille  bés  teinturiers,  ou  l'dliL  de  bcuf^* 
jinihemia  àincioria  Linn.  Elle  croit  en  Italie  et  dans  le  midi 
de  la  France,  auprès  de  la  mer,  dans  les  pftlurages  secs* et 
montueux.  Sa  forme  est  élégante^  et  eUemériie  d'être  cultivée 


tfjo  C  A  M 

comme  plante  d^ornement.  Elle  a  ime  vacine  vivace ,  une 
tige  Fameuse  i  et  des  feuilles  deux  ou  trois  fois  ailées ,  à  den« 
tdures  fines  et  aiguës^  blanches  et  cotonneuses  en  dessous, 
imitant  celles  de  la  ianaiêie.  Ses  fleurs  naissent  en  corymbea 
terminaux^  portées  par  des  pédoncules  nus  et  blanchâtres; 
elles  se  succèdent  depuis  le  milieu  de  l'été  jusqu'à  la  fin  de 
l'automne,  et  produisent  un  très-bel  effet  pai*  le  mélange  rarié 
«le  leurs  couleurs.  Les  unes  sont  blanches,  d'autres  couleur 
de  soufre,  d'autres  jaunes  :  ces  dernières,  dit  Miller ,  sont 
sujettes  à  varier  de  semence.  Cette  espèce  n'est  employée  en 
médecine  qu'à  l'extérieur.  £Ue  passe  pour  vulnéraire  et  dé- 
teivive.  Ses  fleurs  donnent  une  teinture  jaune  et  brillante  très- 
estimée  dans  le  nord.  On  multiplie  cette  camor^Ule  par  ses 
graines,  qu'on  sème  au  printemps  dans  un  terrein  orcUnaîre. 
Quand  les  jeunes  plantes  qui  en  proviennent  sont  assez  fortes, 
on  les  transplante  dans  vn  endroit  découvert ,  laissant  enti*e 
elles  et  les  autres  espèces  une  distance  au  moins  de  trois 
pieds.  (D.) 

Obaervationa  but  la  culture,  la  réooUe  et  la  conterpation  deê 

fleurs  de  Catthomille  romaine. 

Un  membre  correspondant  de  la  société  d'agriculture  de 
Paris ,  Bescroisilles ,  cultive  en  grand  cette  plante  aux  portes 
de  la  ville  de  Dieppe.  J'ai  vu  tous  les  soins  qu'il  donne  a  cette 
culture  avec  d'autant  plus  d'intérêt,  que  la  f\iàUTàe camomille 
ne  laisse  pas  que  d'être  d'une  assez  grande  consommalioa 
dans  l'usage  médical ,  et  que  les  procédés  employés  à  sa 
dessication  et  à  sa  conservation  m  ont  paru  mériter  d'être 
connus. 

Cette  plante  vivaoe ,  basse ,  traînante ,  originaire  des  pays 
chauds  f  aime  les  terres  un  peu  fortes  et  l'aspect  du  sweîl  ; 
elle  se  muliipUe  par  marcottes  enracinées  au  printemps ,  ce 
qui  a  lieu  en  partageant  le  jdant  de  l'année  précédente.  On 
place  une  seule  marcotte  à  un  pied  et  demi  de  distance  au 
cordeau  ,  et  on  choisit  pour  la  plantation  un  temps  un  pea 
iuimide;  et  pour  éviter  les  d^âts  des  ouvriers  lors  de  la 
récolte ,  il  faut  avoir  la  précaution  de  tenir  chaque  sentier 
éloigné  au  moins  de  trois  pieds  l'un  de  l'autre  ,  parce  que  la 
plante  peut  occuper  un  pied  d'étendue.  , 

Les  principaux  soins  que  demande  cette  culture ,  sont 
des  mclages,  qu'il  laut  répéter  jusqu'à  ce  due  la  plante  soit 
parvenue  à  étouffer  l'accroisiciment  des  heroes  parasites.  Oa 
pool,  au  dernier  sardage,  butter  l^èrement  chaque  pied 
gnefon  relève  :  par  ce  moyen  «lea  wiinm  traînent  poist 


C  A  M  171 

à  terre.  Cette  plante  produit  aâses  ordinairement  un  eiiet 
agréable  à  la  vue  dans  Ie«  petites  plates-bandes,  lorsqu'elle  s'y 
trouve  placée  avec  art. 

En  plantant  la  eamomUle  de  bonne  heure ,  c'est-à-di^e  ; 
au  commencement  de  mars ,  la  récolte  peut  s'en  faire  dès  les 
premiers  jours  de  |uin,  et  se  continuer  jusques  dans  le  moié 
de  septembre.  On  remarque  que  les  premières  fleurs  sont 
semi-aouUes,  c'est-à-dire,  composées  en  grande  partie  de 
fleurons  jaunes  ;  mais,  à  mesure  qu'on  ap]^roche  du  fermer 
de  la  récolte ,  elles  finissent  par  être  tout^^-fait  doubles ,  %m<* 
blables,  en  (quelque  sorte,  à  cette  fleur  appelée  vuigaii^ment 
par  les  iardmiers-fleuristes  bouion^*argeni ,  qui  n*est  autre 
chose  qu'une  renoncule  double  à  fleurs,  blanches,  c'est-à-dire, 
qu'on  n'apperçoit  plus  de  IQeurons  jaunes.  Cette  difiérence 
ne  pomrroitr-elle  pas  être  attribuée  à  ce  que  la  plante  étant 
déjà  dépouîHée  aune  grande  partie  de  ses  fleurs,  la  sève 
nourricière  se  trouve  portée  par  surabondance  à  cdles  qui 
se  développent  ensuite  ?  Ijes  étamines  alors  se  conveilissent 
en  pétales. 

On  recherche  beaucoup ,  dans  le  commerce ,  les  fleurs  de 
camomille  romaine  tout-a-fait  doubles ,  à  cause  de  leur  plus 
grande  blancheur  ;  mais,  s'il  est  permis  de  le  dii*e,  c'est  un 
luxe  médical  qu'on  ne  peut  guère  obtenir  qu'au  préjudice' 
de  leur  vertu  ;  car,  si  on  les  distille  chacune  séparément ,  on 
observe  qu'elles  donnent  beaucoup  moins  d'huile  essentielle 
que  les  jaunâtres  ou  semi-doubles  :  on  sait  que  sa  couleur  est 
a'un  beau  bleu. 

Le  vrai  moment  de  cueiUir  la  camomille  romaine  est  assez 
difficile  à  saisir  ;  l'état  de  son  épanouissement  influe  beaucoup 
sur  la  blancheur  des  fleurs.  On  a  observé  cependant  qu'il  valoit- 
mieux  quelquefois  les  rentrer  aux  trois  quarts  ouvertes ,  que 
de  les  laisser  trop  long-temps  sur  pied ,  sur-tout  quand  on 
craint  un  <H*age.  Alors  on  est  force  d'augmenter  le  nombre 
des  ouvriers;  car,  pour  en  obtenir  un  millier  pesant  dans 
l'espace  d^un  jour^  il  faut  le  concours  de  plus  de  cinquante 
personnes.  Mais  c'est  sur-tout  le  point  de  maturité  qii  il  faul 
trouver,  pour  éviter  qu'elles  ne  perdent  de  leur  couleur,  et 
ne  roussissent  à  l'ardeui-  du  soleil;  on  remarque  même^à  celles. 
qtd  sont  restées  trop  long-temps  sur  pied,  que  les  pétalea 
inférieurs  commencent  à  devenir  grisdtres,  et  que  ce  dcfaujt 
gagne  jusqu'au  sommet  quand  on  les  fait  séclier  trop  len-« 
tement 

Il  importe  d'étendreles  fleurs  de  oam^nM/^  aussi-tôt  qu'elles 
sont  cueillies;  car^  lorsqu'on  les  laisse  Amoncelées  en  tas,  elles 


^71  C  A  M 

s'échffnfient  conudéniblements  et  ne  tardent  pas  à  perdre  de 
leur  blancheur. 

La  inélliode  que  suit  Descroiaffles^  pour  dessécher  la  fleur' 
de  camomille,  consiste  4  l'exposer  à  l'ardenr  du  soleil  sur  de» 
châssis  revêtus  en  toile  ,  et  à  fa  surface  desquels  on  a  collé  du 
papier  gris  ,  et  à  faire  en  sorte  que  le»  couches  soient  très- 
minces,  afin  de  multiplier  les  surraces. 

Quand  la  dessicalion  est  complète,  il  fiiut  s'ocenper  de  leur 
conservation.  Le  mieux  serok  peut-éire  de  comprimer  les 
fleurs  dans  des  tonneaux  >  garnis  intérieurement  de  papier 
bien  coUé ,  qu'il  faut  placer  dans  un  lien  sec ,  frais  et  obsrur  ; 
car  la  lumière  les  colore,  quoiqu'elles  soient  parfiiitemenL 
séchées ,  et  elles  se  moisissent  facilement  dans  les  endroits  un 
peu  humides.  * 

Les  droguistes  de  Paris  et  des  autres  villes  de  Fnmce  tirent 
encore  aujourd'hui  une  grande  partie*  des  fleurs  de  camo- 
mille qu'ils  débitent,  de  la  Suisse  et  d'Italie:  nous  leur  assurons- 
qu'elle  n'est  pas  comparable ,  pour  l'odeur  et  la  coideur,  k 
celle  que  cultive  Descroiidlles.  Il  mérite  d'être  encoui^agé  par- 
le commerce,  puisque,  par  sa  culture,  il  fait  vivre  beaucoup 
de  femmes  et  a'enfans,  et  que  la  plante  qui  en  est  Tobiet  » 
une  efficacité  reconnue.  On  en  prend  l'infusion  eomme  du 
thé,  lorsqu'il  s'agit  de  rétablir  l'apnétit  dépravé  par  des  hu- 
mera pitiiîteiises,  de  calmer  les  coliques  venteuses^  ou  celles 
qui  sun'iennent  après  Taccouchement. 

I7n  des  avantages  de  la  culture  de  la  camomille  en  plein 
champ,  est  de  n'être  pas  attaquée  par  les  moutons  et  par  les 
autres  bestiaux,  vraisemblablement  k  cause  de  la  forte  odeur 
et  de  l'excessive  amertume  de  toute  la  plante.  (Farm.) 

CAMPAGNOL,  nom  d'un  genre  de  quadrupèdes,,  dans- 
la  cinquième  famille  de  Tordre  des  Ronoeurs.  (  Foyez  ce 
mot.  )  L'on  assigne  à  ce  genre ,  pour  caractères ,  d'avoir  les. 
dents  molaires  sillonnées,  et  la  queue  fournie  de  poib  courts 
et  non  comprimée.  (S.) 

CAMPAGNOL  (Mus  arvalis  Linn.,  fig.  dans  YAiat.  nat, 
de  Bujffbn.  )  ,  quadrupède  du  genre  qui  porte  son  nom. 
T'oyez  cî-dessus. 

Voici  une  de  ces  espèces  ennemies  déclarées  et  des  plus 
redoutables  de  l'homme,  puisqu'elle  l'attaque  sans  cesse  et 
avec  de  funestes  succès  dans  ses  subsistances.  Par-tout  où  le 
laboureur  a  dirigé  vers  un  but  utile  la  fécondité  de  la  terre  , 
le  campagnol  profite  de  ses  travaux ,  et  s'en  approprie  les 
fruits  ;  mais  il  ne  se  contente  pas  des  droits  de  propriétaii*e 
qu'il  s'arroge,  car  après  avoir  dévorf  et  quelquefois  anéanti 
■les  moissons^  souvent  il  en  détruit  jusqu'à  l'espérance  pour 


C  A  M  475 

Tavemr.  Dès  que  les  blés  sont  mûn,  les  campagnols  arriireut 
de  tous  côtés ,  coupent  les  tiges  pour  en  ronger  Pépi ,  u'aban- 
donnentpasles  cbamps  tant  qu'il  reste  une  tige  sur  pied,  mois- 
sonnent avec  le  cultivateur ,  enlèvent  au  glaneur  une  portion 
des  trop  foibles  re^souraes  de  la  misère ,  et  quand  le  sol  dé- 
pouillé ne  présente  plus  que  les  tuyaux  dessécnés  du  chaume, 
CCS  petits  animaux  voraces  courent  se  jeter  sur  les  champs 
nouvellement  ensemencés,  et  y  consomment  d'avance  la 
récolte  de  l'année  suivante.  Us  préfèrent  le  blé  à  toute  autre 
nourriture  ;  cependant  ils  se  répandent  dans  les  prés  comme 
dans  les  champs ,  et  y  détruisent  les  racines  des  herbes  et  des 
plantes  ;  ils  gagnenl  aussi  les  jardins  et  les  vei^ers ,  où  ils  re- 
cherchent les  noix ,  les  noisettes  et  les  autres  fruits  :  à  l'appro- 
che de  l'hiver,  ils  se  retirent  dans  les  bois ,  auxquels  ils  ne  sont 
pas  moins  nuisibles ,  par  la  multitude  de  glands  et  de  faines 
qu'ils  dévorent.  Enfin  dans  les  temps  de  aisette  ils  se  déchi- 
rent et  se  mansent  les  uns  les  autres. 

A  une  grande  activité  dévastatrice  et  à  beaucoup  d'agilité  , 
les  campagnolê  joignent  let  désastreux  avantage  du  erand 
nombre  ;  ui  ont  tout  ce  qui  assure  les  succès  des  brigands  ;  ils 
se  pradquent  des  repaires  souterrains ,  où  ils  se  réfugient  ait 
mouidre  danger  et  où  il  est  difficile  de  les  atteindre.  Dans 
certaines  années  leur  multiplication  est  prodigieuse  ;  ils  6on« 
vrent  en  peu  de  temps  une  vaste  étendue  de  terrein ,  et  leurs 
déprédations  causent  la  ruine  de  tout  un  canton,  et  y  amè- 
nent la  désolation  et  la  disette.  C'est  ce  qui  est  arrivé  ces  an- 
nées dernières  ;  une  énorme  quantité  de  campagnols  s'est 
montrée  sur  plusieurs  points  de  la  France;  à  l'Ouest,  par 
exemple,  ils  occupèrent  en  quelques  mois  un  espace  de 
quarante  lieues  carrées.  Deux  années  auparavant ,  le  sol  de 
la  France  fut  jonché  presqu'en  ender  d'araignées.  L'on  n'a 
pas  assez  observé  la  marche  à-peu-près  périodique  de  ces 
débordemens  de  matière  vivante.  Quelle  .cause  doit-on  leur 
assigner?  on  l'isnore  absolument  ;  car  ce  n'est  pas  une  expli- 
cation bien  satisfaisante  que  de  dire,  comme  on  le  répète 
tous  les  jours ,  que  les  circonstances  en  telle  ou  telle  année  se 
sont  rencontrées  favorables  à  la  propagation  subite  et  éton- 
nante de  quelques  animaux.  De  pareilles  explications,  qui  , 
si  elles  étoient  de  quelque  justesse ,  devanceroient  le  fait  aa 
lien  de  le  suivre  ,  n'ont  rien  que  de  vague  et  de  très-incer* 
tain  ;  et  il  faut  en  convenir ,  elles  laissent  le  champ  libre  aux 
pailûans  de  la  génération  spontanée. 

D  est  vrai  que  les  campagnols  produisent  deux  fois  par 
an  dans  nos  climats ,  au  pnntemps  et  en  été ,  et  que  leurs 
portées  ordinaires  soat  <^  ^^ï  ou  w,  qu«)quel6is  m  sept  ou 


174  C  A  M 

huit»  et  même  de  douze  petits  y  ainsi  qae  M.  Pallas  Ta  observé 
(  GUr,  pag.  78^  n^.  14.  )•  Mais  outre  que  chaque  année  ils 
engendrent  dans  la  même  proportion ,  une  pareille  fécondité 
ne  suffiroit  pas  pour  former  les  myriades  de  ces  animaux,  dont 
ia  terre ,  à  quelques  époques ,  se  trouve  tout-à-coup  infestée; 
L'on  ne  doit  pas ,  ce  me  semble ,  ajouter  une  foi  entière  aux 
rapports  de  quelques  cultivateurs  ^  qui ,  justement  efli-ayés  des 
ravages  des  campagnols ,  ont  attribué  à  ces  animaux  une 
portée  par  mois ,  au  point ,  disent-ils ,  que  les  femelles  de- 
viennent pleines  tout  en  alaitant  encore  leurs  petits.  L'obser- 
vation repousse  des  conjectures  fort  excusables  ;  il  paroit 
même  que  plus  au  nord  fl  n'y  a  par  an  qu'une  seule  portée , 
et  qu'elle  a  Heu  au  mois  d'avril  ;  quelquefois  les  femelles  met- 
tent bas  des  moles  en  même  temps  que  des  petits  vivans. 

Les  trous  des  campagnols ,  qui  leur  servent  à  -la  -  foi* 
de  demeiu^  et  de  magasm ,  ne  sont  ni  fort  spacieux ,  ni  pro- 
fondément enfoncés  sous  terre ,  mais  ib  se  divisent  presque 
toujours  en  deux  ou  trois  loges:  ces  petits  animaux  y  habitent 
plusieurs  ensemble.  Les  galeries  occupées  par  divei^ses  fa- 
milles ou  petites  colonies  ^  ne  sont  pas  contiguës ,  il  reste  tou- 
jours entrelles  un  espace  plus  ou  moins  grand.  K  les  faabitans 
de  ces  loges  sou  terrâmes  les  abandonnent  ou  périssent^  d'au- 
tres ne  viennent  pas  s'y  établir ,  et  ils  préfèrent  de  travailler 
5 lus  loin  sur  de  nouveaux  frais;  tous  ne  creusent  guère  an- 
elà  d'un  demi- pied  ou  d'un  pied ,  mais  souvent  les  femelles  , 
avant  de  mettre  bas^  prolongent  l'excavation  jusqu'à  deux 
pieds  de  profondeur,  par  une  tranchée  k  peine  large  d'un 

Îoucé ,  et  qui ,  après  plusieurs  sinuosités ,  aboutit  à  un  cul- 
e-sac  de  la  largeur  au  poing ,  mollement  garni  d'herbes 
découpées  :  c'est  sur  cette  couche  douillette  que  les  petits  sont 
déposés. 

On  voit  des  campagnols  dans  toute  r£urope  ;  le  froid  ne 
les  empêche  pas  d'habiter  dans  les  campagnes  incultes,  au 
nord  de  la  Russie ,  où  ils  vivent  de  graines  sauvages  ,  et  éta- 
blissent leur  demeure  autour  des  tas  de  foin ,  sur  les  bords 
escarpés  des  torrens  et  des  ruisseaux,  et  dans  tous  les  lieux  bien 
fournis  d'herbes.  Ils  remontent  même  jusqu'en  Sibérie ,  le 
long  de  rirtirch,  et  dans  les  contrées  septentrionales ,  arro- 
sées par  rOby ,  près  de  Beresof ,  aussi-bien  qu'aux  environs 
de  la  mer  Caspienne.  (  Pallas,  Glir.  loco  ciiaùo.  )  Erxleben  dit 
qu'ils  se  trouvent  également  au  nord  de  l'Amérique  {Sjrst. 
règn,  animal ,  pag.  397.).  Ce  sont  des  animaux  voyageurs; 
et  f  on  a  remarqué  que  des  rivières  et  des  canaux  larges  et 
profonds  ne  les  arrêtent  pas  dans  leur  marche. 
Le  campagnol  a  un  peu  plus  de  trois  pouces,  depuis  \% 


C  A  M  170 

"bout  du  nez  jusqu'à  Tongine  de  la  qaeiie;'il  est  renurquaUe 
par  la  grosseur  de  sa  tête;  son  museau  est  obtus;  ses  denta 
incisives  sqnt  très-jaunes  ;  celles  de  la  mâchoire  supérieure 
■ont  un  peu  plus  longues  que  celles  d'en-bas,  et  marquées  dan» 
leur  milieu  par  une  raie  à  peine  apparente;  ses  oreilles  sont 
petites  et  presqu'entièrement  cachées  par  le  poil  ;  ses  yeux 
sont  saillans  et  sa  queue  est  cdui'te ,  tronquée  ,  à  demi-cou- 
verte de  poil ,  avec  une  sorte  de  petite  toufie  à  son  extrémité: 
^e  varie  de  longueur  dans  les  difféi^ens  individus^  et  quel- 
ques-uns ne  Tout  pas  plus  grande  que  de  deux  tiers  de  pouce. 
Un  mélange  de  brun  ,  de  couleur  de  rouille  et  de  noir^ 
teint  le  dessus  de  la  tête  et  du  corps  ;  le  dessous  est  d'un  cendré 
très -foncé.  Ce  quadrupède  est  tourmenté  par  de  petits  in*- 
sectes  parasites. 

Après  avoir  signalé  le  campagnol  comme  un  des  fléaux 
de  1  agriculture ,  je  vais  indiquer  quelques  moyens  de  s'ea 
débarrasser.  M.  PaUas  a  entendu  dire  que  les  feuilles  d'aulnç 
répandues  sur  les  champs  et  enterrées  a  la  charrue  faisoient 
fuir  ces  animaux  ;  c'est  un  essai  aussi  simple  que  facile ,  qui 
inérite  d'être  répété.  L'on  a  epaa\é  dans  ces  derniers  temps  de 
semer ,  sur  les  champs  de  blé,  ae  l'avoine  macérée  dans  une 
dissolution  d'arsenic  ;  ce  moyen  dangereux  a  fait  périr  à  la 
vérité  un  grand  nombre  de  campagnols,  mais  il  a  empoisonné 
aussi  beaucoup  de  lièvres  et  de  perdrix ,  qui ,  portés  au  mar- 
ché, ont  pu  occasionner  des  accidens.  Un  procédé  au  moins 
aussi  sûr  et  exempt  de  tout  inconvénient,  consiste  à  pratiquer 
dans  les  campagnes ,  soit  avec  une  bêche  à  fer  étroit  et  tran- 
chant y  soit  avec  ime  espèce  de  tarrière ,  de  petites  fosses,  dont 
ks  parois  soient  coupées  net ,  afin  que  les  campagnols  ne  puis- 
sent s'accrocher  pour  sortir  du  trou  quand  ils  y  sont  tombés, 
ce  qui  ne  manque  guère  d'arriver.  On  détruit  encore  beau- 
coup de  ces  animaux  lorsqu'on  donne  aux  terres  le  second 
labour  ;  des  enfans  suivent  la  charrue ,  poursuivent  les  cam^ 
pagnols  à  mesure  qu'ils  sortent  de  leur  trous  ;  un  seul  enfant 
en  a  tué  de  cette  manière  jusqu'à  troii  cents  en  un  jour. 
{Foyez  les  Renseignemens  sur  les  rat^ages  exercés  par  les 
campagnols  dans  la  Vendée ,  par  Cavoleau,  insérés  dans  les 
AimaUs  éTagricuUure ,  tome  lo,  quatrième  cahier.) 

Le  garou  (  daphne  thymelea  Lmn. } ,  regardé  comme  un 
poison  pour  plusieurs  animaux,  s'emploie  avec  succès  pour 
fidre  périr  les  campagnols.  On  le  pile  dans  un  mortier  pour 
en  extraire  le  suc ,  dans  lequel  on  fait  tremper  pendant  quel- 
ques jours  des  grains  de  blé  ;  on  les  distribue  sur  des  mor- 
ceaux de  tuile  que  l'on  place  çà  et  là  dans  les  champs  ;  le» 
grains  sont  bientôt  manges  par  les  campagnols,  qui  ne  tardent 


,76  C  A  M 

]Kis  à  mourir.  A  défaut  de  garou ,  on  se  sert  du  suc  de  lhyfi-« 
maie.  (  Observaiion  de  Gérard ,  ibid,  ) 

Mais  y  pour  élever  une  barrière  qui  s'oppose  avec  succès  k 
la  multiplication  des  campagnols,  il  faut  que  l'homme  renonce 
a  ses  vues  irréfléchies  de  destmction  ;  il  faut  appeler  à  notre 
secours  lesennemisquela  nature  a  formés  contre  uneespèceex- 
G«wivement  malfaisante,  les  ménager,  et  se  reposer  sur  eux  du 
loin  de  la  maintenir  en  asses  petit  nombre ,  pour  que  ses  dé- 
gâts soient  peu  sensibles.  Toutes  les  espèces  d'oiseaux  de  proie 
«e  jettent  sur  les  campagnols  et  las  mulots;  mais  une  guerre 
vive  et  imprudente  a  rendu  ces  oiseaux  fort  rares  ;  ils  sont 
néanmoins  les  protecteurs  de  nos  moissons ,  auxquelles  ils  ne 
louchent  jamais  ;  et  si  on  continue  de  les  tuer ,  il  n'est  paa 
douteux  que  la  quantité  de  petits  animaux  nuisibles  ne  s'ac- 
croisse de  jour  en  jour ,  et  que ,  par  une  conséquence  nécessaire, 
nos  ressources  alimentau'es  diminuent.  Dans  l'immensité 
des  êtres  et  des  substances  que  la  nature  a  placés  sur  notre 
clobe  ,  elle  a  établi  un  sage  équilibre ,  qui  les  retient  dans  de 
justes  bornes  :  en  rompant  cet  équilibre ,  l'homme  s'est  en- 
touré de  désordres  et  de  maux  qui,  chaque  jour,  deviennent 
plus  difficiles  à  réparer.  (S.) 

CAMPAGNOLO^  nom  italien  du  Campagnol.  Foy0€ 
ce  mot.  (S.) 

CAMPAGNOL  VOLANT  {FespertUio  hUpidus  Linn.), 
quadrupède  du  genre  des  Noctilioms  ,  de  la  famille  des 
Chauve-souris  et  de  l'ordre  des  Carnassiers.  (  Voye%  cet 
mots.  )  C'est  Daubenton  ^ui ,  le  premier ,  a  décrit  cette  cAauve* 
souris  du  Sénégal ,  et  qui  lui  a  imponé  le  nom  de  campagnol 
volant.  {^Mémoires  de  l* académie  des  sciencss  ,  année  1 749.  ) 
Elle  est  singulière  par  la  forme  de  sa  tête  et  de  son  museau  ; 
celui-ci  est  alongé  ,  tandis  que  le  front  est  très-enfoncé.  U  n'y 
a  point  de  cloison  cartilagineuse  entre  les  narinea,  qui  sont 
ilarées  chacune  au-devant  d'une  gouttière  ouverte  d'un  booft 

l'autre  par  le  dessus ,  avec  le  bord  interne  fort  petit ,  et 
l'externe  terminé  à  son  extrémité  postérieure  par  un  petit 
oreillon.  Les  bords  externes  des  deux  gouttières  se  réunissant 
au-dessus  de  la  lèvre  supérieure ,  forment  l'extrémité  d*ua 
ffrand  sillon  qui  s'étend  depuis  la  lèvre  le  long  du  chanfreia 
jusqu'au  front ,  od  il  y  a  une  fosse  large ,  profonde  et  garnie 
de  longs  poils  sur  ses  bords.  Les  oreilles  sont  longues  et  étroi*- 
tes;la  queue  est  à-peu-près  de  la  longueur  du  corps.  Le  oom- 
pagrtol  iHdant  est  d'un  roux  brun  eu  dessus,  et  d'un  blano 
jaunâtre  en  dessous.  (S.) 

CAMPAN,  mwbre  veiné  de  blanc,  de  vert  et  de  rooge. 


l 


C  A  M  ijff 

qui  tire  ton  nom  d'une  grande  vallée  des  Hautes-Pyrénées 
où  on  le  trouve.  Voyez  Marbre.  (Pat.) 

CAMPANE  JAUNE ,  nom  jardinier  d'une  f)lante  da 
genre  des  Narcisses.  C'est  le  narcUaus  pseudo  nareiêsua  do 
Linn.  (Voyex  au  mot  Narcisse.)  On  a  préconisé  Texlrait  de 
cette  plante ,  il  y  a  quelques  années,  pour  la  guénsoa  des 
convulsions.  (B.) 

CAMPANETTE.  Voyez  au  mot  Bvlbocodb.  (B.) 

CAMPANULACEES,  Campanulaceœ  Jussîeu,  fanniie  da 
plantes  dont  la  fructification  est  composée  d'un  calice  infé* 
rieur,  divisé  à  son  limbe  ;  d'une  corolle  insérée  au  sommet  du 
calice ,  ordinairement  régulière,  à  limbe  divisé ,  souvent  ra^f^ 
cescente;  communément  cinq  étamines  insérées  un  peu  aa^ 
dessous  des  divisions  de  la  corolle ,  presque  toujours  alternes  et 
égales  en  nombre  avec  ces  divisions ,  à  nlamens  souvent  élar- 
gis, squamiformes ,  connivens  autour  du  style ,  à  antlières  dis- 
tinctes ou  quelquefois  réunies  ;  d'un  ovaire  simple  ,  inférieur 
au  calice  dans  toute  son  étendue  ou  quelquefois  seulement 
dans  sa  partie  inférieure ,  glanduleux  à  son  sommet  ;  d'un  style 
unique ,  et  à  stigmate  simple  ou  di^asé  ;  d'une  capsule  très-sou- 
vent triloculaire,  quelquefois  divisée  en  deux  ou  cinq  ou  six 
loges  ,  presque  toujours  polyspermes ,  et  s'ouvrant  sur  les  côtés  ; 
de  semences  attachées  à  l'angle  intérieur  des  loges ,  à  péris- 
penne  charnu ,  à  embryon  droite  à  ^cotylédons  semi-cylin- 
driques ,  à  radicule  inférieure. 

Les  plantes  de  cette  famille ,  en  général  herbacées  et  vi- 
Taces  par  leurs  racines ,  rarement  frutescentes  et  su£Prutes- 
centes ,  contiennent  un  suc  laiteux.  Leurs  tiges  cylindriques 
et  rameuses ,  portent  des  feuilles  simples ,  ordinairement  al- 
ternes ,  quelquefois  sinuées ,  plus  souvent  garnies  de  dents 
terminées ,  selon  l'observation  d'Adanson ,  par  un  petit  tu- 
hercule  blanchâtre.  Les  fleurs  distinctes,  ou ,  plus  rarepient, 
agrégées  dans  un  calice  commun,  affectent  différeutes  dis- 
positions. 

Dans  cette  famille ,  qui  est  la  quatrième  de  la  neuvième 
classe  du  Tableau  du  règne  végétal  ^  par  Yentenat,  et  dont 
les  caractères  sont  figurés  pi.  12 ,  foU^a  du  même  ouvrage , 
duquel  on  a  emprunté  l'expression  ci  -  dessus ,  il  se  trouve 
dix  genres  sous  deux  divisions  ;  savoir  :  ceux  dont  les  anthè- 
res sont  distinctes,  Michaijxis  ,  Canarims  ,  CamfanvXiB, 
TRACMiki.E ,  Ro£i«i^,  Rafoncclb,  Sivoi.A  et  GouniNE  ;  et 
ceux  dont  les  anthères  sont  réunies,  LosiiiiB  etJASiONs^ 
Voyez  ces  mots.  (B).  •> 

CAMPANULE ,  Campanula  Linn.  (  PefOondrie  mono^ 
gynie.  ) ,  genre  de  plantes  de  la  iGuniUe  des  CAXPANujuàciBs, 

IV.  M 


178  C  A  M 

qui  offre  des  rapports  avec  la  canurine  et  les  roeUes,  Ses  carac- 
t^^res  sont  un  calice  d'une  feuille,  ayant  cinq  découpures  pro- 
icmdes  et  aiguës ,  ou  dix  découpures ,  dont  cinq  réfléchies  ; 
«une  GoroUe  monopétale ,  en  cloche  à  cinq  divisions  et  mar* 
oescente  ;  cinq  élamines ,  dont  les  filets ,  dilatés  à  la  base  , 
portent  des  anthèœs  plus  longues  qireux ,  droites  et  linéaires  ; 
un  long  style  posé  sur  un  ovaire  inférieur  au  calice ,  et  cou- 
ronné par  un  stigmate  épais ,  divisé  en  trois  et  quelquefois  en 
cinq  parties.  Le  fruit  est  une  capsule  de  difle t'entes  formes , 
4elon  les  espèces^  ayant  communément  trois  loges  (  rai<ement 
4;inq  ) ,  dont  chacune  est  percée  à  sa  base  d'un  trou  par  où 
Réchappent  9  dans  leur  maturité ,  les  semences  nombreuses 
qu'elle  renfei*me.  Voyez  Liam.  Illustr,  des  Genr,  pi.  i  a3. 

'■'  Ce  genre  comprend  un  grand  nombre  d'espèces,  dont  la 
plupart  sont  des  herbes ,  et  quelques  -  unes  des  sous  -  arbris- 
seaux. Toutes  ont  les  feuilles  simples  et  alternes ,  et  les  fleurs 
munies  de  bractées.  Les  espèces  utiles  ou  qui  servent  à  l'or- 
tiement  àes  jardins ,  sont  : 

La  Campanule  raiponce,  Campanula  rapunculwt  Linn. 
Elle  est  bisannuelle,  et  se  trouve  en  France ,  en  Angleterre,  en 
Suisse  ,  dans  les  pi^és,  dans  les  vignes  et  le  long  des  haies  et 
des  fossés.  Elle  a  des  tiges  grêles ,  cannelées  et  hautes  de  deux 
pieds  ;  ses  feuiUes ,  radicales,  souit  lancéolées,  ovales;  les  supé- 
rieures sont  étroites,  pointues,  adhérentes  par  leur  base  et 
légèrement  dentelées  à  leurs  bords  ;  ses  fleurs  bleues ,  rai^e- 
ment  blanches,  naissent  eji  panicule  serrée  au  sommet  des 
figes.  Toïite  la  plante  est  laiteuse.  On  la  cultive  dans  les  jardins 

1  potagers.  Sa  racine  est  blanche,  tendre  et  rafraichissanle  ;  on 
a  mange  en  salade,  au  printemps,  avec  les  jeunes  feuilles. 

On  sème  la  graine  de  cette  campanule  au  mois  de  juin ,  dans 
une  tcri^  bien  labourjée  et  ameublie  ;  on  i^couvre  la  semence 
avec  du  terreay  fin  >  et  on  arrose  souvent  ;  l'ombre  est  l'expo- 
sition qui  lui  convient  le  mieux. 

La  Caji pANUiiE  A  FEUILLES  DE  picHERy  Companula per^ 
éicifolia  ^inn.  Elle  croit  dans  nos  bois  ;  les  chèvres  et  les  che- 
vaux la  mangent.  Sa  radne  contient  abondamment  le  prin- 
cipe wuqueux  nutritif;  les  feuilles,  radicales ,  sont  ovales, 
oblongues  ;  celles  de  la  tige  sont  éircMtes,  lancéolées,  légère- 
n^ent  dentelées ,  sesdles  et  distantes.  Cette  espèce  est  vivace  ; 
eue  oSre  quatre  variétés  à  fieun»  simples ,  doubles ,  blanches 
pu bleues^On  nexoiltiveque la  vanétéà  fleurs  doubles, qu'on 
appeUe  cam/MZiii^/e  des  Jardins.  On  la  multiplie  en  séparant 
les^AÎlletons  qui  se  forment  aux  pieds.  £Ue  ne  craint  point  la 
4<b1^  «.  QA  lie  aoii  l'arnAser  que  d«afl  les  grandes  séchei^osses  ;  il 


C  \  M  t^^ 

Ini  Faut  une  l>onne  terre,  et  le  plein  air  est  rexposlllon  yu» 
lui  Cal  la  pins  naturelle  ;  elle  fleurit  au  milieu  de  l'été. 

lia  Campanule  pyramidale,  Campanuia  pyrami^ 
daUn  Linn.  C'est  une  des  plus  belles  espèces.  £Ue  cix>il  natu- 
reUement  dans  la  Carniole,  et  elle  est  employée  comme  orne- 
ment dans  les  jardins ,  sur  les  terrasses,  &c.  Elle  pousse  plu* 
sieura  tiges  très-di'oites  ^  effilées ,  simjdes  ,  lisses ,  hautes  d^ 
quatre  ou  cinq  pieds  ,  et  feuillées  dans  toute  leur  longueur 
(les  tiges  vigoureuses  poussent  des  rameaux  latéraux);  les 
feuilles  radicales  sont  en  cœur  et  dentées  ;  les  supéric^ures , 
lancéolées.  Les  fleurs  bleues,  quelquefois  blanches,  viennent 
plusieurs  ensemble  par  bouquets  latéraux  et  terminaux, sur 
^,^  pédoncules  courts,  et  forment^  dans  la  partie  supérieure 
de  chaque  tige ,  un  long  épi  pyramidal  a'un  aspect  très- 
agréable. 

Cette  campanule  est  bisannuelle.  On  doit  en  semer  la  graine'^ 
qui  est  très-nne,  à  la  fin  de  Tété,  dans  une  terre  douce  et  lé-« 
gère ,  el  avoir  soin  de  ne  pas  couvrir  la  semence.  Au  prin- 
temps on  relève  les  jeunes  pieds ,  on  les  met  ou  en  pleine 
terre ,  ou  dans  des  pots  exposés  au  grand  soleil ,  el  on 
n'épargne  pas  les  arrosemens  ;  ils  s'élèveront  à  une  grande 
liauleur ,  et  se  couvriront  de  fleurs  en  août  \  pour  leur  en 
fiiire  produire  davantage  et  plus  long-temps^  on  met  quel- 
quefois les  pois  dans  une  temne  d'eau  ;  la  plante  alors  n'a  pas 
besoin  d'être  arrosée. 

La  Campanule  OANTELis>  ou  Gant  de  Notre-Dame  , 
Campanula  trackelium  Lann.  On  la  trouve  en  Europe,  dans 
1rs  bois  el  le  long  des  haies.  Elle  a  une  grosse  racine  blanche 
et  fibreuse ,  une  tige  angulaire  et  des  feuilles  péliolées.  Ses 
fleura  bleues  ,  violettes  ou  blanches ,  ont  des  calices  velus  et 
sont  portées  par  de  courts  pédoncules  divisés  en  trois  parties. 
(Jt'ile  espèce  est  vivace  et  peu  employée  en  médecine.  £lle  est 
pourtant  vulnéraire  et  asttîhgente ,  et  sa  décoction  forme  un 
bon  gargarisme  dans  les  inflammations  de  la  bouche  et  de  la 
gorge.  Ses  jeunes  racines  peuvent  se  manger  en  salade  ,  ait 
printemps,  comme  celles  de  la  raiponce.  Elle  a  une  variété  à 
ileuTB  doubles,  qu'on  cultive  dans  les  jardins  et  qu'on  multi^ 
plie  en  divisant  ses  racines  en  automne;  cette  opération  doit 
étf^e  renouvelée  tous  les  ans. 

Lia  Campanule  centianoïde  ,  Campanula  gentianoldeè 
Ijinn.  Elle  est  Lu^se  dans  toutes  ses  parties,  a  des  tiges  foibles  et 
peu  droites ,  et  des  feuilles  ovales ,  lancéolées ,  dentées  en  scie 
et  presque  sessiles.  Ses  fleurs  sont  grandes,  soUlairessur  chaque 
rameau  et  d'un  bleu  magnifique ,  comme  celles  de  Ia gentiane 
{f  automne  ;  la  corolle  est  très-évasée,  et  le  style,  moins  long 


é8o  C  A  M 

qu'elle  ^  a  un  stigmate  divisé  en  cinq  parties.  Le  pa ja  natal  de 
celle  campanule  est  la  Sibérie  ;  elle  est  vivace ,  et  mérite ,  par 
la  beaaté  de  bcb  fleurs^  d'être  cultivée  dans  les  jardins. 

LaCAMPANUiiEcoNOLOMÉRiB^  Cktmpanula glome-- 
rata  Linn.  Celle-ci  est  remarquable  par  la  disposition  de  ses 
fleurs  réunies  en  tète  ou  en  épi  terminal;  e|les  sont  bleues  ou 
blanches  ;  la  tige  qui  les  porte  est  ordinairement  simple ,  légè- 
rement anguleuse  et  garnie  de  feuilles  ovales ,  pointues ,  qui 
l'embrassent  à  demi  ;  les  feuilles  radicales  ont  au  contraire  de 
longs  pétioles.  Cette  espèce,  qui  est  vivace ,  croit  dans  les  lieux 
secs  et  montueux  de  l'Europe.  Mie  a  deux  variétés ,  l'une  à 
fleurs  éparses,  l'autre  à  feuilles  luisantes. 

La  Campanule  miroir  de  Venus  ,  Campanula  specu^ 
him  Linn.  Jolie  espèce  annuelle,  et  à  tige  basse,  rameuse  et 
diffuse.  £lle  crott  dans  les  champs  parmi  les  blés  ,  est  nutri- 
tive ,  et  se  mange  en  salade.  Ses  feuilles  sont  oblongues  et  cré* 
nelées,  ses  fleurs  en  roue  et  d'un  pourpre  violet;  la  corolle, 
dont  le  limbe  est  découpé  jusqu'à  moitié  en  cinq  parties ,  se 
ferme  ordinairement  le  soir,  et  forme  alors  un  pentagone  à 
angles  tranchans.  Les  capsules  sont  prismatiques. 

On  la  sème  en  place  au  mois  de  mars ,  soit  en  bordure ,  soit . 
dans  un  petit  cari'é;  elle  donne  ses  fleura  en  août.  £lle  aime 
le  soleil,  et  demande  une  terre  meuble  et  un  arrosement 
ordinaire. 

Cette  espèce,  avec  un  certain  nombre  d'autres,  qui  ne  sont 
pas  mentionnées  ici ,  ont  été  séparées  de  ce  genre  pour  en  for- 
mer un  particulier,  qui  a  été  appelé  Licouzic  par  Durande^ 
et  Prismatocarfe  par  l'Héritier.  Voyez  ce  dernier  mot. 

La  Campanule  a  grosses  fleurs  ,  ou  la  Violette  ma* 
bine  ,  Campanula  meducia  Linn.  Sa  tige  est  cylindrique  , 
haute  de  deux  pieds  et  garnie  de  feuilles  oblongues,  sessile* 
et  rudes  au  toucher.  Ses  fleurs  sont  droites  ,  ordinairement 
hleues  ou  purpurines,  quelquefois  blanche».  Les  capsules  on| 
cinq  loses.  On  trouve  cette  campanule  dans  les  bois  et  \en  lieux 
arides  de  la  Provence,  de  l'Italie  et  de  l'Allemagne.  £lle  es^t 
bisannueUe  et  cultivée  dans  les  jardins.  On  en  sème  la  graine 
au  printemps  ;  on  repique  la  jeune  plante  dans  un  endroit 
aéparé  du  parterre ,  et  au  printemps  suivant  on  la  place  où  1  oa 
veut  qu'elle  fleurisse.  (  D.  ) 

CAMP£CH£ ,  BOIS  DE  CAMPÊCHE ,  Hœmatoxyîon 
eampechianum  Linn. ,  arbre  épineux  toujours  vert ,  de  la  fa- 
mille des  Liou  mineuses  ,  originaire  de  la  haU  de  Campéche . 
d'où  il  a  tiré  son  nom.  On  le  trouve  aussi  à  la  Jamaïque  et  k 
^aint-Doiningue,  où  il  a  été  apporté  du  continent  de  I'Amm^ 


C  A  M  181 

rîqtie.  Il  ne  faut  pas  le  confondre  avec  leBRJssiLLKT  Dk  fbb- 
NAMBouc  (  Voyez  ce  mot.  )>  quoiqu'il  ait  avec  lui  beaucoup 
de  rapporte.  Son  bois,  propre  a  la  teinture,  forme  une  bran- 
che considérable  de  commerce  dans  une  partie  des  posses- 
sions espagnoles  du  Nouveau-Monde.  Cet  arbre  croit  rapi- 
dement ,  et  s'élève  à  trente  ou  quarante  pieds  avec  une  tiga 
%  côtes  y  assez  droite  ,  mais  dont  le  diamètre  n'est  pas  propor- 
tionné à  son  élévation.  Son  écoi'ce  est  d'un  brun  gris ,  son^ 
aubier  d'un  blanc  jaunâtre ,  et  le  cœur  du  bois  rouge,  il  pousse 
de  tous  côtés  des  branches  irrégulières ,  courbées  et  arméesr 
d'épines  ,  axillaires ,  solitaires  et  droites.  Les  feuilles  ailées  sans 
impaire,  et  composées  de  quatre  à  huit  folioles  ^en  forme  de 
coeur,  sont  tantôt  seules ,  tantôt  en  faisceaux,  et  toujours  al- 
ternes. Les  fleurs  petites  et  jaunâtres ,  offrent  au  sommet  des 
branches  des  grappes  simples  et  érigées.  Ces  fleurs  ont  cha- 
cune un  calice  persistant,  découpé  en  cinq  segmens  ovales 
d'un  pourpre  violet;  une  corolle  à  cinq  pétales  égaux  à  peine 
plus  grands  que  le  calice  ;  dix  étamines  dont  les  filamens  li- 
1>re8  et  un  peu  velus  portent  de  petites  anthères  ovales  ;  uu 
Mylepresqu'aussilong  queles  étamines,  avec  un  stigmate  épais 
et  comme  échancré.  Le  fruit  est  une  gousse  membraneuse  ^ 
très- plate,  amincie  aux  deux  extrémités;  elle  renferme  deux 
ou  trois  semences  oblongiies  et  en  forme  de  rein.  Ces  carac- 
tères sont  figurés  dans  Vlllustr.  des  Genres  ,  pi.  340. 

Le  bois  de  campêche ,  dépouiQé  de  son  aubier ,  est  trans- 
porté en  Europe ,  où  il  est  très -recherché  pour  les  teintures  ; 
^par  sa  simple  infusion  dans  l'eau ,  il  donne  une  couleur  d'un 
très-beau  noir ,  laquelle,  mêlée  avec  des  gommes,  peut  tenir 
lieu  d'encre  pour  écrire.  Par  la  décoction  ,  il  fournit  une  cou^ 
leur  rouge  foncée ,  et  même  pourprée ,  dont  on  varie  les  tein- 
tes en  y  mettant  plus  ou  moins  d'eau.  Les  Espagnols,  chez  les- 
quels on  va  chercher  ce  bois  dans  le  golfe  du  Mexique  ,  sont 
Irès-jaloux  d'en  faire  seuls  le  commerce  ;  ils  empêchent ,  au- 
tant qu'ils  peuvent ,  lès  autres  nations,  les  Angfois  sur- tout  , 
de  venir  le  couper  en  fraude  ;  ils  ont  eu  souvent  avec  ces 
derniers  des  dtflérends  graves  à  ce  sujet.  Aujourd'hui  le  cam^ 
pêche  croit  en  abondance  à  la  Jamaïque  et  u  Saint-Domingue; 
il  est  comme  naturel  a  ces  îles.  Cependant  on  ne  le  cultive  pas 
communément  dans  nos  colonies  ,  pour  tirer  parti  de  son 
bois ,  mais  pour  dore  les  habitations  ;  il  est  très-propre  à 
cet  usage  ,  et  forme  des  haies  aussi  défensives  que  le  citro- 
nier ,  d'un  vert  gai ,  et  aisées  à  tailler  ;  mais  il  faut  les  tailler 
trois  ou  quatre  fois  dans  l'année,  autrement  les  branches  s'é- 
leveroient  bien  tôt  à  une  hauteur  considérable,  etprodiiiroient 
graines  qui  ittfecteroientle  voisinage  déjeunes  plants.  CV^sl 


j8a  C  A  M 

riticonrénient  do  ces  haies,  auprès  desqn^lIeiT  rien  ne  croît  R 
faut  des  soins  suivis  et  fréauens  pour  empêcher  le  campeche 
de  s  emparer  des  terres  qui  le  touchent  ;  quand  il  s'y  est  une 
fois  établi ,  on  a  4>eaucoup  de  peine  à  le  détruire,  tant  il  croit 
avec  facilité  et  promptement. 

Les  curieux ,  pour  se  procurer  cet  arbre  en  Eurc^ ,  ont 
recoura  aux  couches  et  aux  serres  chaudes.  ÉleTe  ainsi  de 
ff raines  qu'on  apporte  souvent  de  l'Amérique  ,  ii  vient  d*a- 
Dord  assoz  vite  ,  et  se  garnit  très-bien  de  feuilles  ;  mais  dans 
la  suite  il  a  de  la  peine  à  les  conserver,  et  il  fait  très- peu  de 
progrès.  Rarement  atteint-il  la  hauteur  d'un  grand  arbris* 
seau.  (D.) 

CAMPHRE ,  Camphora.  Les  chimistes ,  d'après  un  assex 
grand  nombre  d'observations,  regardent  le  camp  Are  comme 
un  principe  immédiat  des  végétaux.  C'est  une  su bstanceblan* 
che  ,  transparente ,  concrète ,  légère  ,  friable  ,  très-volatile  p 
d'une  odeur  aromatique  très-forte ,  d'une  saveur  acre  légè- 
rement amère ,  laissant  un  sentiment  de  fraîcheur  dans  la 
bouche  ;  insoluble  dans  l'eau ,  soluble  dans  l'espril-de-vin  , 
les  jaunes  d'oeufs ,  les  huiles,  les  graisses ,  les  acides  miné- 
raux et  la  bile  ;  peu  soluhle  dans  le  vin  et  le  vinaigre;  liqué- 
fiable par  le  moyen  du  feu  ;  surnageant  l'eau ,  et  brûlant  à  sm 
surface  ;  inflammable  euBn  au  plus  haut  degré ,  et  à  la  ma- 
nière des  huiles  essentielles,  et  cependant  diilèrente  des  huile» 
et  des  résines  par  plusieurs  propriétés  qui  lui  sont  particu- 
lières. 

La  grande  combustibilité  du  camphre  le  rend  pi*o|M«àétre 
employé  dans  la  matière  des  feux  d'artifice.  On  soupçonne 
qu'il  étoit  un  des  principaux  ingrédiens  du  Jeu  grégeois.  On 
le  mêle  dans  quelques  compositions  de  vernis ,  particulière- 
ment dans  celui  qui  est  destiné  à  imiter  le  vieux  laque.  Ou 
dit  que ,  dans  les  cours  des  princes  Orientaux  ,on  le  brûle  avec 
de  la  cire  pour  éclairer  pendant  la  nuit  ;  après  sa  combustion» 
il  ne  laisse  aucun  résidu  charbonneux  ;  «ss  émanations  soni 
irès-mullipliées ,  et  s'étejidênt  à  une  grande  distance;  on  le 
sent  de  très-loin  ,  et  il  est  si  volatil ,  qu'il  s'évapore  entière- 
ment à  lair  ,  lequel  s  en  impi*ègne  Ucîlement.  Si  l'on  jette 
du  camphre ,  dit  iiomare,  dans  un  bassin  sur  de  l'eau-de-vie, 
qu'on  les  fasse  bouillir  jusqu'à  leur  entière  évaporation  dans 
quelque  lieu  éti*oit  et  bien  fermé  ,  et  qu'on  y  entre  ensuite 
avec  un  flambeau  allumé ,  tout  cet  air  renfermé  prend  sur  le 
champ ,  et  paroit  comme  un  éclair  ,  sans  incommoder  le* 
spectateurs  ,  ni  endommager  le  bâtiment. 

Ije  camphre  de  forme  dans  plusieurs  végétaux  différens.  On 
|)e.it  tn  i-etii*vr  du  ihjtu  ,  du  romarin,  de  Caurotme,  de  la  i:»* 


C  A  M  ,85 

mMjie  cmnneiUêr^  àe  beaucoup  de  UAiêeê  ^  Je  qnelqncf  ittu^ 
mers  ,  et  d'un  grand  nombre  d'autres  plantes  aromatiques^ 
Mais  la  plus  grande  partie  de  celui  qui  se  débite  dans  le  com-. 
merce  ,  pro\ient  d'une  espèce  de  Jaurier  qu'on  appelle  lais^ 
rier  camphrier,  (Fc^ez'-en  la  description  à  l'article  La vbi£B.) 
11  est  retiré  de  cet  arbre  par  la  sublimation  ,  et  apporté  en 
Europe,  ou,  comme  aux  Indes ,.  on  en  fait  usage  d^ns  la 
médecine  et  dans  les  arts» 

Cette  substance  si  singulièi-e  est  dispersée  sur  tontes  les  par- 
ties de  Tarbre.  Kœmpfer  dil  que  dans  les  provinces  de  Saison 
ma  et  de  Gotéo  ,  les  paysans  coupent  la  racine  et  le  boi*  dn. 
eamphrier  par  petits  morceaux  ;  ils  les  font  bouillir  aveo  de 
l'eau^  dans  un  pot  de  fer  fait  en  vessie,  sur  lequel  ilb  placent 
une  sorte  de  grand  chapiteau  argileux  ,  pointu  et  rempli  de 
chaume  ou  de  nalte  :  le  camphre  se  sublime  comme  de  1a 
suie  blanche;  ils  le  détachent  en  secouant  le  chapiteau,  et  ils. 
en  font  des  masses  friables ,  grenelées ,  jaunâtres  ou  bises  ^ 
comme  de  la  cassonade ,  remplies  d'impuretés*. 

A  la  Chine  ,  selon  un  auteur  célèbre  de  ce  pays  (  Leiirem 
édifiantes  ,  ton»  9s.  )  ,  l'arbre  dont  on  retire  le  camphre ,  m 
nomme  uhang,  et  le  campJire  iehang-^mw.  Cette  matièvan'en 
découle  ni  naturellement  ni  par  incision.  Voici  comment 
on  lobtient  On  prend  des  branches  nouvelles  de  eel  arbre , 
on  les  coupe  par  petits  morceaux  ,  et  on  les  fait  tremper  du- 
rant trois  fours  dans  de  l'eau  de  puits.  Lorsqu'elles  ont  été  ma-^ 
céréesde  la  sorte  ,  on  les  jette  dans  une  marmite  où  en  le» 
fiiit  bouillir  ;  et  pendant  ce  tems ,  on  les  remue  sans  cesse  avec 
un  bâton  de  bois  de  saule.  Quand  le  suc  de  ces  petits  mor- 
ceaux de  l'arbre  s'attache  en  quantité  au  bâton  ,  sous  la  forme^ 
de  gelée  blanche,  on  passe  le  tout ,  ayant  soin  de  rejeter  le 
marc  et  les  immondices.  Alors  ce  suc  est  versé  dans  un  bassin 
de  terre  neuf  et  vernissé.  On  Vy  laisse  toute  une  nuit  ;  le 
lendemain  on  le  trouve  coagulé  >  et  formant  une  espèce  de. 
masse. 

Pour  purifier  cette  production ,  on  se  sert  d'un  bassin  de. 
cuivre  rouge  ,au  fond  duquel  on  met  de  la  teri'e  de  vieille  mu-^ 
raille  réduite  en  poudre  très-fine.  Sur  cette  couche  de  terre 
on  en  répand  une  de  camphre  ;  Ton  arrange  ainsi  par  ordre, 
couche  sur  couche  jusqu'à  quatre,  et  sur  la  dernière  qui  doi| 
être  de  terre ,  on  place  une  couverture  faîte  avec  les  feuillesi 
de  la  plante  po-ho,  c'est-à-dii'e,  du  poulioû.  Le  bassin  de  cui^ 
vre  étant  ainsi  garni,,  on  le  couvre  d'un  autre,  et  on  les  lutte 
tous  deux  ensemble  par  leurs  bords  avec  une  terre  jaune.  JL/iw^ 
férieur  est  mis  sur  un  feu  qui  doit  être  égal  et  réglé ,  ni  iro|> 
Soi't,  ai  trop  foib|e..  On.  entretient  ce  fea pendant  un  lemp# 


i86  C  A  M 

de  sucre,  incorporé  avec  un  sirop ,  ou  en  iolution  dans  nn 
jaune  d'œuf. 

Dans  les  épizoolies ,  soit  putrides ,  soit  inflammaloires ,  on 
peut  donner  le  camphre  aux  animaux ,  à  la  dose  de  quinze  k 
vingt-cinq  ^aîns ,  uni  à  pareille  dose  de  nilre ,  et  incorporé 
dans  du  miel,  mais  non  pas,  ainsi  qu'il  a  été  dit,  dans  le 
commencement  de  Tinflammation.  Dans  tous  les  cas  ou  lou 
administre  le  camphre  aux  animaux ,  s'ib  ont  l'estomac  rempli 
d'ali mens ,  ils  en  éprouvent  de  mauvais  eSets.  La  dose ,  pour 
le  cheval ,  est  depuis  une  demi-drachme  jusqu'à  une  drachme, 

rrce  qu'il  agit  moins  sur  lui  que  sur  le  bœuf  et  sur  la  brebis, 
facilite  l'éruption  de  la  clavelée  :  les  maréchaux  l'admi- 
nistrent ordinairement  &  trop  forte  dose.  Le  ctvnphre  est 
très-propre  à  conserver  les  élofies  de  laine ,  les  fourrures  et 
pelleteries;  son  odeur  chasse  les  teignes  et  autres  insectes  qui 
s'y  attachent  oi*dinairement  pendant  l'été.  (  D.) 

CAMPHRÉE ,  Camphoroema ,  genre  de  plantes  à  fleur» 
incomplètes ,  de  la  létrandrie  monogynie, et  de  la  famille  des 
Chénopodées  ,  dont  le  caractère  est  d'avoir  un  calice  ur  - 
céolé ,  persistant ,  divisé  en  quatre  découpures  pointues  ,  dont 
deux  opposées  sont  un  peu  plus  grandes  que  les  autres  ; 
quatre  étamines  ,  dont  les  filamens  sont  saillans  hors  du  tube  ; 
un  ovaire  supérieur,  chargé  d'un  style  bifide  k  stigmate» 
aigus. 

Le  fruit  est  une  capsule  environnée  par  le  calice ,  et  con* 
tenant  une  semence  ovale,  un  peu  appiatie  et  luisante. 

Ce  genre  est  figuré  pi.  86  des  lUusttationn  de  Lamarck ,  et 
renferme  cinq  espèces.  La  plupart  sont  de  petites  plantes  fru^ 
tescentes ,  à  tiges  rameuses,  étalées  sur  la  terre ^  à  feuille^i 
linéaires  très-serrées ,  à  fleurs  axillaires.  La  plus  connue  est 
la  Camfhku  db  Montpellier,  qui  est  velue  dans  toutci 
aes  parties,  et  dont  les  feuiUes  ont  une  odeur  aromatique  qui 
approche  un  peu  du  camphre ,  mais  qui  ne  se  développe  quu 
lorsqu'on  les  fit>tle  entre  les  doigts.  Elle  passe  pour  vulné- 
raire, incisive,  diurétique ,  sudoriiîque , emménagogue,  8(.c. 
Elle  croit  dans  les  lieux  sablonneux  des  parties  méridionales 
de  r£urope. 

La  Camphrés  d'Arabie,  Camphoroemapieranthue  Linn. , 
est  une  plante  annuelle  à  pédoncules  eusiformes  et  k  bractérs 
en  crête.  £Ue  a  été  établie  en  titre  de  genre  par  l'Héritier , 
Siirpes,  pi.  65,  sous  le  nom  de  Loi'irHCA,  et  ensuite  sou» 
celui  de  Ptérantiie.  f^oyêz  ces  mois.  (U.) 

CAMPHUR.  A  en  croire  d'uiuiennes  relations,  le  eam^' 
phiir  seroit  un  quadni|)ède  d'Arabie  ,  esjitVe  d'âne  sauvage, 
poruiU  uue  coruc  âur  le  front;  mai^  comme  l'obn-rvaiioa 


C  A  N  i«7 

a  prouvé  qoe  les  anciennes  relalions  ne  méritoîent  niiilê 
croyance  k  cet  égard ,  il  auit  que  le  camphut  est  un  aniuiai 
iabuleux.  (S.) 

CAMPOM ANÈS£  ,  Campomanenia  ,  arbre  du  Pérou  ^ 
intermédiaire  entre  les  Myrtes  et  les  Goyaviers,  qui 
paroit  congénère  avec  le  Dj-xasperme  de  Forster.  Il  forme , 
selon  la  Flore  du  Pérou ,  un  genre  dans  Ticosandrie  mono* 
gynie ,  auquel  on  a  donné  pour  caractère  un  calice  per«i»* 
tant,  à  cinq  divisions  ovales  ;  cinq  pétales  ovales  et  concaves  ; 
un  grand  nombre  d'étamines  insérées  au  calice;  un  ovairo 
inférieur  surmonté  d'un  style  incliné  à  stigmate  pelté  et  om- 
biliqué  ;  une  baie  globuleuse,  comprimée  ,  unilooulaire , 
couronnée  par  le  calice ,  et  renfermant  une  douzaine  de  se- 
mences réniformes ,  aUachées  à  un  réceptacle  charnu,  yofcz 
le^nera  de  la  Flore  du  Pérou,  où  ces  caractères  sont  re- 
présentés, (fi.) 

CAMPSIS ,  Campsiê  Loun?iro  a  donné  ce  nom  au  genro 
appelé  Incarvii^le  par  Lamarck.  Foy.  ce  mof.  (  B.) 

CAMPULOTE ,  nom  donné ,  par  Guettard ,  aux  tuyaux 
marins  dont  les  spires  sont  régulières  :  ce  sont  quelques  espèces 
du  genre  VeAmicuLaire.  Voyez  ce  mot.  (B.) 

CAMP  YLE ,  Campylua ,  arbrisseau  grimpant  à  rameaux 
presque  nuls,  à  feuilles  en  cœur ,  aiguës ,  très-entières,  velues, 
pétiolées,  quelquefois  alternes,  à  fleurs  d*im  blanc  rongeât re, 
disposées  sur  Qts  grappes  terminales ,  longues ,  flexueuses  et 
garnies  de  bractées  à  to*ois  lobes. 

Cet  arbre,  qu'on  trouve  à  la  Chine,  sur  les  montagnes 
sèches,  forme,  dans  la  penlandrie  monogynie  ,  un  genre  qui 
offre  pour  caractèi*e  un  calice  tubuleax,  velu,  tuberculeux, 
divisé  en  cinq  parties  inégales  ;  une  corolle  monopétale ,  tu-* 
buleuse,  bilabiee ,  la  lèvre  supérieure  en  alêne ,  et  Tinférieure 
ovale  ;  cinq  étamines  inégales  ;  un  ovaire  supérieur  surmonté 
d'un  style  à  stigmate  à  cinq  lobes. 

Le  fruit  est  une  capsule  presque  ronde,  à  cinq  loges  poly-" 
spermes.  (B.) 

CAM  US ,  nom  vulgaire  d'un  poisson  du  genre  PolynèmS  , 
Polynemus  decadact  lu^.  Voyez  au  mot  Polynbme.  (B.) 

CAM  USA,  nom  italien  du  Chamois.  Foy.  ce  mot.  (S.) 

CAN  ou  QUAN,  nom  vulgaire  que  l'on  donne,  dans  lu 
Brie,  an  Mauvui.  Foy.  ce  mot.  (  Yiejll.) 

CANAD£,  nom  spécifique  d'un  poisson ,  du  genre  G  as-» 
TÉROsTiE  de  Linnadus,  qu'on  trouve  en  Caroline.  »  oyez  au 

mot  GA8TéROSTi.E.  (fi.) 

CANAL  DE  MER.  foy.  Détroit.  (Pat.) 


iSS  C  A  N     . 

CANAMÈLLE ,  Saccharum  Linn.  (  TViandriê  digynie)  , 
^enre  de  plantes  à  un  seul  cotylédon  ^  qui  appartient  à  Tutile 
familie  des  Graminées^  et  qui  a  de  grands  rapports  avec  les 
rfistaux.  Il  comprend  sept  à  nuit  espèces,  parmi  lesquelles  se 
trouve  celle  quon  cultive  en  Afrique,  eu  Asie  et  dans  les 
deux  Indes ,  sous  le  nom  de  Canne  a  sucre.  (  Voy.  ce  mot.  ) 
C'est  la  GANAMELiiE  OFFicufKiéïk,  Saccharum  officinale  Liun» 
IL^  autres  espèces  n'olTrent  rien  d'intéressant. 
:   Le  caractèi*e  du  genre  est  d'avoir  les  fleurs  chargées  exté- 
rieurement d'un  duvet  farineux  ou  soyeux  trèfr-remarquable, 
ce  qui  les  distingue  de  celles  des  roseaux  ^  dont  le  duvet  est 
^nlerietir  ;  elles  sont  disposées  en  panicule  ou  en  épi.  La  bâle 
calicinale ,  qui  quelquefois  n'existe  pas ,  est  composée  de 
deux  parties ,  et  ne  contient  qu'une  fleur  :  chaque  fleur  est 
formée  d'une  bâle  à  deux  valves  lancéolées ,  droites  et  con- 
caves ,  surmontées  d'une  arête  ou  sans  arête  ;  de  trois  étamines 
dont  les  filets  capillaires  ont  à-peu-près  la  longueur  de  la  bâle 
florale ,  et  portent  des  anthères  oblongues  ;  et  d'un  ovaire 
supérieur  chargé  de  deux  styles  que  couronnent  des  stigmates    . 
simples  et  plumeux.  Le  fruit  est  une  semence  oblongue ,  à 
pointe  aiguë ,  et  enveloppée  par  les  valves.  Ces  caractères  sont 
figuix^s  dans  la  pi.  40  des  Illustrations  de  Lâmarck.  (  D.) 

CANANG ,  Uvaria,  genre  de  plantes  à  fl^eors  polypélalées, 
de  la  polyandrie  polygyhie,  et  de  la  famiHe  des  Glypto- 
SPERMES,  dont  le  caractère  est  d'avoir  un  calice  petit,  per- 
sistant ,  et  profondément  divisé  en  trois  découpures  ovales , 
pointues;  six  ])étales  lancéolés,  sessiles,  plus  longs  que  le 
ealice';  un  grand  nombre  d'étamines  dont  les  anthères  sont 
oblongues ,  et  recouvrent  en  grande  partie  le  pistil  ;  beaucoup 
d'ovaires  supérieurs,  serrés  et  ramassés  en  un  corps  ovale, 
dépourvus  de  style,  et  terminés  chacun  par  un  stigmate  simple. 
Le  fruit  consiste  de  siic  a  quinze  capsules ,  ou  espèces  de  baies 
ovales  ou  oblongues,  pédiculées,  uniloculaires ,  ne  i-en fer- 
mant qu'une  à  six  semences ,  attachées  à  un  placenta  latéral  ; 
les  ^)éaicules  de  ces  capsules  naissent  d'un  point  commun , 
qui ,  auparavant ,  éloit  le  centre  de  la  fleur. 
.  Ce  genre  est  figuré  pi.  49 5  dL<ôs  Illustrations  de  Lamarck  : 
il  contientune  douzaine  d'espèces,  qui,  à  deux  près ,  "^ricnnent 
des  Indes  ou  des  lies  qui  en  font  partie ,  et  qui,  la  plupart ,  sont 
intéressantes  sous  plusieurs  rapports. 

La  première  est  le  Can  ano  odorant  ,  dont  les  feuilles  sont 
ovales,  oblongues,  aiguës,  très-entières  ;  les  pétale?  lancéolés, 
linéaires  ,•  aigus,  planes,  et  très-longs.  Elle  est  figurée  dans 
Bumpliius,  amb.  3  ,  tab.  65.  C'est  un  grand  arbre  que  l'on 
cultive  dans  les.  villages,  près  des  maisons^  aux  Moluques  et  »  ' 


G  A  N  i8g 

h  Chine ,  à  cause  de  Todeur  agréable  qne  répandent  an  loia 
»es  fleurs.  Les  Indiens  en  mettent  dans  leurs  appariemens  et 
dans  leurs  pommades. 

La  seconde  est  le  CAnako  aromatique  ,  Uuaria  arotna^ 
tica  Lamarck ,  qui  a  été  confondue  avec  Vupcwia  zeylanica 
Liinn.  Elle  vient  dans  l'Amérique  méridionale  y  et  ses  fruiti» 
4ont  employés  comme  épicerie  y  sous  les  noms  de  maniguette 
et  àe poivre  <V Ethiopie  ;  ses  caractères  sont  d'avoir  les  feuilles 
ovales^  oblongues  y  aiguës ,  très-entières,  unies  et  les  pélales 
oblongs  y  concaves ,  coriaces.  Wildenow  l'a  placée  dans  \% 
genre  Urjkne.  Voyez  ce  mot. 

La  troisième ,  le  Canang  sarmenteux  y  Uparia  zeylanica, 
dont  les  feuilles  sont  lancéolées ,  ovales^  aiguës,  très-entières  ; 
les  pétales  courts  et  arrondis.  C'est  un  arbrisseau  sarmenteux, 
qui  s'appuie  sur  d'autres  arbres ,  qui  croit  dans  les  Indes ,  et 
dont  les  fruits  ont  un  goût  d'abricot.  Son  écorce  et  ses  feuilles 
sont  aromatiques. 

La  quatrième ,  le  Canang  a  i«onoues  feuili«E8  ,  que  Ton 
cultive  à  Pondichéry  à  raison  de  son  ombre ,  et  que  Sonnerat 
a  figuré  pi.  i3i  de  son  F'oyage  aux  Indes,  sous  le  nom 
d'arbre  de  mâture, 

La  cinquième ,  le  Canang  a  trois  pétales  ,  qui  vient 
desMoluques,  a  les  semences  aromatiques^  et  Lusse  couler 
une  gomme  également  odorante. 
Les  autres  sont  moins  remarquables* 
Les  genres  Porcele  et  Guattkre  delà.  Flore  du  Pérou , 
9à  distinguent  à  peine  de  celui-cL  Voyea  ces  mots.  (B.) 

CANARD ,  dénomination  donnée  vulgairement  au  chien 
barbet ,  parce  qu'il  va  à  l'eau  comme  les  canards  :  dans  lé 
même  langage  vulgaire,  la  femelle  du  chien  canard  s'appelle 
caniche.  Voyez  Chien.  (S.) 

CANARD ,  AntiSy  genre  d'oiseaux  de  l'ordre  des  Palmi- 
pèdes. {Voyez  ce  mot.)  Caractères  :  £ec  lamelleux,  dentelé, 
convexe  et  obtus  ;  narines  ovales  ;  langue  ciliée  et  obtuse  ; 

Ïieds  palmés  ;  les  trois  doigts  antérieurs  unis  par  des  mem- 
ranes  entières  ,  et  celui  de  derrière  dégagé.  (M.  Lalbam.  ) 
Ce  genre  est  très-nombreux  en  espèces ,  principalement  dans 
les  Uvres  d'ornithologie  méthodique,  où  les  cygnes  et  les  oies 
•ont  joints  aux  canards  proprement  dits.  Le  bec  de  ceux-ci 
est  lar^,  applati  en  dessous ,  convexe  «n  dessus ,  plus  large 
qu'épais,  et  terminé  par  un  onglet  plus  dur  que  le  reste, 
au  heu  que  les  oies  ont  le  bec  plus  épais  que  large.  Le^ir 
4}ueue  est  très-courte,  et  leurs  jambes,  plus  courtes  que  le 
corps  ,  sont  avancées  vers  son  milieu  et  hors  de  l'abdomen. 
De  cette  position  des  jambes  résulte  la  difficulté  de  marcher 


igo  C  A   N 

«I  d  ^  garder  l'équilibre  sur  ferre;  maÎB  dans  l'eau^  ces  oiseaux 
oui  les  mouvemens  très-faciles. 

Nous  nous  contenterons,  dans  cet  article,  de  donner  la 
description  et  l'hbloire  des  canards  proprement  dits ,  et  nous 
renvoyons  aux  articles  du  Cyone  et  de  rOi£  celles  de  ces 
oiseaux  ,  généralement  distingués  des  vrais  canards, 

LeCANARDDBBAHAMA.  /^o/^£  Marec  et  Mareca. 

Le  Canard  dk  la  baie  d'Hudson.  Voyez  Canard  ▲ 

TETE  GRISE. 

Le  Canard  DE  Barbarie  ,  dénomination  appliquée  assez 

Sénéralement  au  canard  musqué ,  qui  est  cepenolant  oi  iginaire 
es  climats  chauds  du  nouveau  continent.  Voyez  Canard 

JtVSQVÉ. 

Le  Canard  barboteux.  Fo^r^s Canard  domestique.  (S.) 

Le  Canard  a  »ec  courbe  {Anas  recuruirosira  L^ath.).  Cet 
oiseau ,  un  peu  plus  grand  que  le  canard  saui^age ,  et  remar- 
quable par  son  bec  retroussé ,  est  presque  tout  noir;  cette  cou- 
leur jette  des  reflets  de  vert  obscur  sur  la  tête ,  le  cou  et  le 
croupion  ;  les  cinq  pi^emières  pennes  des  ailes  sont  blanches, 
et  cette  même  teinte  forme  une  tache  ovale  sur  la  gorge  ;  Tins 
est  fauve.  (Vieill) 

Le  Canard  a  bec  étroit,  dénomination  donnée  par 
quelques-uns  au  Fou.  Voyez  ce  mot.  (S.) 

Le  Canard  a  bec  membraneux  {Anas  membranacea 
liath.).  Des  dissemblances^  soit  dans  la  forme  du  cor^is  ou  du 
1>ec  ,  soit  dans  la  singulière  disposition  des  couleurs  ou  dans 
la  conformation  et  la  longueur  des  plumes ,  caractérisent  la 
phis  grande  partie  des  oiseaux  des  terres  au&trales.  Parmi  let 
palmipèdes ,  Von  distingue  le  Canard  chevelu,  remarquable 
par  les  longues  plumes  eflBlées  qui  couvrent  l'occiput  et  la 
nuque;  le  Canard  caroncule  (Voyez  ces  deux  mots.  ), 
qui  porte  une  membrane  pendante  au-dessous  de  la  mandi* 
bule  inférieure ,  et  celui-ci ,  dont  le  bec  long  et  augmentant 
de  largeur  depuis  sa  base  jusqu'à  son  extrémité ,  est  en  partie 
mou  et  membraneux;  consistance  qui  caractérise  aussi  le  bec 
d'un  autre  canard  habitant  de  la  même  contrée,  mais  qui 
diffère  dans  ses  couleurs.  {Voyez  Canard  oris  bleu.)  La 
trinte  des  mandibules  est  noire ,  et  celle  de  Tiris  bleue  ;  le 
dessus  Ap  la  tête ,  une  grande  tache  qui  entoure  les  yeux  , 
et  le  dessus  du  cou  sont  noii'âtres  ;  le  dos  et  lesaih^s  d^m  brun 
Crrugineux  ;  deux  stries  de  cette  même  couleur  pansent  sur  les 
calés  de  la  lête ,  une  au-dessus  et  l'autre  au-dessous  des  yeux  ; 
quelques  pennes  des  ailes ,  la  partie  infi^ri  ure  du  croupion  , 
et  la  queue  ont  des  taches  trcs-pàles  ;  les  côtés ,  le  devant  du 
cop  •!  tdut  le  dessiu  du  corps  sont  d'un  blanc  sale  varié  tran»« 


C  A  N  ,9T 

versalement  et  bigarré  d'un  gris  qui  denent  noirâtre  sur  les 
côlés  du  bas-ventre  et  s^ur  la  partie  des  flancs  que  cachent  les 
ailes.  Grosseiu*  du  canard  commun  ;  longueur  de  dix- huit  à 
dix-neuf  pouces. 

Cette  espèce  9  que  les  naturels  de  la  NouvelleOalle  du  Sud 
désignent  par  le  nom  de  fF'ongi,8'y  trouve  rarement.  Espèce 
nouvelle. 

Le  Canard  a  bec  tache  de  rouge  {jinas  poekilaryncha 
Lalfa.).  Quoique  ce  canard  soit  commun  à  Vile  de  Ce^lan  et 
dans  les  Indes  Orientales,  les  ornithologistes  anglais,  qui  nous 
Tout  fait  connoitre ,  ne  donnent  ni  sa  longueur  ni  sa  gros- 
seur. Son  bec  est  alongé  y  noir  en  plus  grande  partie  ,  blano 
à  sa  pointe  ,  et  a  une  tache  rouge  de  chaque  côié  de  sa  base  ; 
une  raie  noire  part  du  bec,  traverse  les  yeux  et  Vétend  sur  les 
côtés  de  la  tête  ;  les  ;oues ,  et  une  partie  du  devant  du  cou  sont 
d'un  cendré  blanchâtre  ;  le  bas-ventre  est  noir  ,  ainsi  que  lea 
grandes  pennes  des  ailes ,  et  le  reste  du  plumage^  excepté  les 
secondaires ,  qui  sont  blanches ,  et  le  miroir ,  qui  est  d'un 
vert  luisant ,  bordé  de  noir  et  de  blanc.  Les  pieds  sont  d'un 
jaune  roux. 

Le  Canarb  branchu  ou  d'Its.  Fbyez  le  beau  Canard 
jiuppi. 

Le  Canard  du  BRisiL^  ou  Canard  de  Bahama.  Foyeg 
Marec. 

Le  Canard  brun  (^nas  minuta  Lath.  pi.  enl.  n^  1007  de 
ÏHi9t.  nat.  de  Buffon.  ).  Ce  canard  a  une  si  grande  analogie 
avec  la  sarcelle  brune  et  blanche,  que  Lalham  regarde  l'un  et 
1  autre  comme  le  même  oiseau.  Celui-ci  est  d'une  taille 
moyenne  >  entre  le  canard  sauuage  et  la  sarcelle.  Il  a  le 
dessus  du  corps  d'un  brun  noirâtre  ;  le  cou  et  la  poitrine  d'un 
brun  ronssâtre  nué  de  gris  blanc  ;  le  ventre ,  une  tache  sur 
les  ailes  et  une  autre  entre  le  bec  et  l'œil  de  couleur 
blaitche. 

On  a  trouvé ,  sur  les  bords  de  la  mer  Caspiène,  un  canard 
qui  ne  difière  de  celui-ci  que  par  le  croupion^  qui  est  totale- 
ment blanc. 

Le  Canard  brun  de  New^York  {Anas  obscura  Lath.) 
a  deux  pieds  environ  de  longueur ,  des  raies  longitudinales 
noirâtres  sur  le  cou  ;  les  plumes  du  dessous  du  corps  légère^ 
ment  bordées  de  jaune;  le  miroir  bleu ,  bordé  de  noir  ;  les 
grandes  pennes  des  ailes  et  de  la  queue  noirâtres ,  avec  un 
iLséi^  blanc  à  l'extrémité  de  leurs  barbes;  le  reste  du  plumage 
brun;  les  pieds  d'un  brun  jaunâtre  ^  et  la  queue  étagée. 

Ce  canard  s^  trouve,  pendant  l'hiver,  aux  environs  deNew« 
YorL 


lijfl  C  A  N 

Le  Canard  CARONCULE  {Lobated  duch.jA.  255.  nat.  mise) 
Ce  canard  de  la  Nouvelle-Hollande  se  dislingue  de  tous  les 
autres  par  une  grande  membrane  arrondie  et  d'une  coulcmr 
très-sombre ,  qui  part  de  la  base  de  la  mandibule  inierieure 
et  pend  sur  la  gorge.  Sa  taille  est  celle  du  canard  sauvage  / 
son  bec  estgrand,  courbé  à  son  extrémité^  et  d'un  noir  fondé  ; 
cette  couleur  s'étend  sur  presque  tput  son  plumage  et  est  mé- 
langée de  lignes  nombreuses ,  longitudinales ,  transversales , 
vermiculées^  et  de  très-petites  taches  plus  ou  moins  pâles  et 
blanchâti*es  ;  le  menton  ,  le  dessous  ou  cou  et  le  ventre  ont 
des  taches  irrégulières  »  noires^  sur  un  fond  blanc  ;  la  queue 
est  pointue  à  son  extrémité^  et  les  pieds  sont  de  couleur  A% 
plomb.  Espèce  nouvelle. 

Le  Canard  chbvslu  (Anasjubuta  Lath.).  Sur  les  bords 
de  la  rivière  d'Hawsbury ,  dans  la  Nouvelle-Galle  du  sud» 
et  souvent  sur  les  arbres  des  forêts  voisines^  Ton  voit  un 
conorc^  remarquable  par  des  plumes  longues,  effilées,  qui, 
naissant  à  l'occiput  et  sur  la  nuque ,  ombragent  une  partie 
du  cou  ;  un  point  noir-velouté  et  placé  à  leur  extrémité,  se  dé- 
tache  avec  a'autant  plus  d'éclat ,  que  leur  couleur  dominante 
est  d'un  roux  sale;  mais,  ce  qui  complète  la  beauté  de  ce  pal- 
mipède, c'est  le  joli  mélange  de  teintes  qui  parent  la  poitrine  ; 
chaque  plume ,  d'un  brun  roussâtre ,  terminée  par  un  gris 
argentin  ,  a  sur  ses  bords  deux  petites  taches  noii%tres  ;  cette 
distribution  olTre  un  accord  si  parfait ,  que  cette  parûe  pa- 
roit  en  même  temps  ondulée  de  gris ,  de  brun  ,  et  tachetée 
de  noir  ;  une  couleur  de  chocolat  couvre  la  léte  et  le  cou  ;  un 
brunâtre  cendré  règne  sur  le  haut  du  dos,  les  couvertures 
des  ailes ,  et  les  scapulaires  dont  le  bord  extérieur  est  noir, 
ainsi  que  le  croupion  ;  le  milieu  du  ventre ,  les  parties  subsé» 
queutes  et  les  pennes  de  la  queue,  les  côtés  de  la  poitrine  et 
les  flancs  sont  gris  et  variés  de  petites  lignes  transversales  et 
vermiculées  ;  enfin  ,  un  vert  bronsé ,  bordé  d'un  bknc  de 
neige  en  dessus  et  en  dessous ,  caractérise  le  miroir  qui  dis- 
tingue les  canards.  Grosseur  du  vingeon;  longueur,  vingt 
pouces  et  demi  ;  bec  noir ,  pins  court  que  ne  l'ont  ordi^ 
nairement  les  canards  ;  pieds  bruns. 

La  femelle  diffère  en  ce  que  le  bas-ventre  est  bknc,  et  que 
le  miroir  est  plus  petit  et  même  peu  visible. 

M.  Latham  désigne  un  antre  mâle,  dont  les  couleurs  ont 

51  us  d*éc1at ,  et  dont  les  plumes  de  la  nuque  ont  plus  d'éten- 
ue.  La  léte  et  le  cou  sont  d'un  beau  roux;  la  partie  inférieure 
de  la  poitrine  et  le  milieu  du  ventre  sont  d  un  joli  gris»  et 
chaque  plume  est  terminée  par  un  croissant  brun;  quatre  4 


C  A  N  ^      ^  lg3-  : 

cinq  grandes  taches  noires  ,  et  d'une  forme  irrégniière  ,  sont 
éparses  sur  le  dos  ;  les  pieds  sont  noirs.  Espèce  nouvelle. 

lie  Canard  a  collier  de  Terre-Neuve  {Arias  histrion 
nica  Lath.  pL  enl.  n^  798^  le  mAle\  n®  799 ,  la  femelle  ^  de 
VHist,  nai,  de  Buffbn,).  Ce  joli  palmipède ,  à-^u-près  de  la  ' 
grosseur  du  canard  domestique,  se  trouve  non-seuleuienl  dans 
le  nord  de  TAmérique ,  mais  encore  au  Kamtsclmtka ,  sur 
nos  côtes ^  près  du  lac  Baikal ,  en  Sibérie  ,  et  au  Groenland^ 
où  il  fi'équente  pendant  Télé  les  lieux  ombragés  et  les  rivières  ;  - 
en  hiver  les  glaces  le  forcent  de  s'en  éloigner  ;  il  se  retire  • 
alors  sur  les  côtes  et  même  gagne  la  haute  mer.  L'on  assure 
que  c'est  un  gibier  préférable  au  canard  sauvage.  Le  mâle  a 
le  dessus  de  la  tête  »  le  cou  noirs;  une  tache  blanche  sur  les 
oreilles  et  une  autre  entre  le  bec  et  l'œil  ;  une  petite  bande 
au-dessus  de  ce  dernier ,  de  même  couleur ,  qui  prend  une 
nuance  roussâtre  en  approchant  de  Tocciput  ;  les  côtés  de  la: 
tête  d'un  bleu  pourpre  ;  de  chaque  côté  du  cou  une  bande 
longitudinale  blanche  ;  un  ruban  de  même  couleur  >  et  liséré 
d'un  noir  de  velours  ,  traverse  la  poitrine  ;  un  second  passe 
au-dessus  de  l'origine  des  ailes  ;  le  des  d'un  brun  noirâtre; 
le  croupion  et  les  couvertures  de  la  queue  d'un  noir  bleu  très- 
foncé  ;  la  poitiîne  gris  de  fer  ;  le  ventre  gris  brun  ;  les  flancs 
d'un  roux  vif;  leti  pennes  des  ailes  et  de  la  queue  brunes  ;  le 
miroir  d'un  bleu  pourpré  ;  le«bec  noirâtre;  les  pieds  de  cou- 
leur de  plomb  et  les  ongles  gris. 

La  femelle  est  privée  de  cette  belle  parure  ;  le  gris  domine 
sur  tout  son  plumage  ,  et  prend  un  ton  noirâtre  sur  la  tête  ^ 
et  presque  blanc  sur  le  devant  du  cou  et  la  poitrine  ;  enfin , 
cette  dernière  couleur  est  pure  sur  le  ventre.  Latham  assure 
que  cette  femelle  est  le  canard  décrit  sous  le  nom  de  Canard 
XRUN  9  et  LA  Sarcelle  brune  et  blanche,  f^o^ei  ces  deux 
mots. 

Le  Canard  a  crête  rouoe  (édition  de  Sonnini  de  VHist» 
7uU.  de  Buffbn.  )•  Ce  canard,  de  la  nouvelle  Zéiande  ,  niais 
qui  n'y  est  pas  commun ,  se  trouve  au  fond  de  la  haie  Dusiy^ 
Une  crête  rouge  s'élève  sur  sa  tête  ;  un  gris  noir  très^luisant 
domine  sur  le  dos  ;  et  une  couleur  de  suie  grisâtre  foncée  sur 
le  ventre  ;  le  bec,  les  pieds  sont  couleur  de  plomb,  el  l'iris  est 
doré.  (ViEiLL.) 

Le  Canard  du  détroit  de  Maoellan*  Des  navigateurs 
ont  désigné  par  cette  dénomination  ^  le  Mareo.  Voyez  ce 
mot 

Le  Canard  domestique  est  de  la  même  espèce  que  le  Ca* 
» ARD  JsAUVAOE.  {^Koyez  ce  mot.  )  La  domesticité  a  prodi^t 
plusieurs  variétés  dans  eette  porûon  captive  de  lespèce* 

IV.  V 


194  .        .  C  A  N 

f^oyez  aussi  Tarticle  Camaao  ,  Economie  furaU  et  domu* 
tique,  (S.) 

Le  Canard  i>ominicain  du  Cap  db  Bokne-Esperanck 
{jinas  dominicana  Lath.).  C'est  à  un  savant  voyageur  et  na* 
Uiraliate  éclairi  que  nous  devons  la  connoissance  de  ce  ca- 
nard. Sonnerat;  qui  Fa  observé  au  Cap  de  Bonne-Espérance, 
le  décrit  ainsi.  Cet  oiseau  est  de  la  taille  du  canard  sauvage  ; 
le  masque  et  la  gorge  sont  blancs  ;  à  Tangle  supérieur  du  beo 
il  nait  une  bande  longitudinale  noire  ,  qui  étant  coupée  par 
l'oeil  y  se  termine  en  angle  aigu  un  peu  au-delà  ;  le  derrière 
de  la  léte ,  le  cou  et  la  poitrine  sont  noirst;  le  dos  et  les  petites 
plumes  des  ailes  sont  d'un  gris  cendré  foncé ,  traversées  par 
deux  bandes  d'un  gris  cendré  très^lair  ;  les  grandes  plumes 
des  ailes  et  de  la  queue  sont  noires  ;  le  ventre  et  les  couver- 
tures de  la  queue  en  dessous  d'un  gris  clair  ;  le  bec  et  les 
pieds  noirs.  (Visill.) 

lie  Canaud  ▲  DUVET  ,  dénomination  donnée  par  quel- 
ques-uns k  rStDER.  FbyeK  ce  mol.  (S.) 

Le  Canaed  a  face  BiiANtHE  (  jàruMS  viduata  Lalh. ,  pi. 
?nl.  9  n**  Ho8  de  VHiet»  na^,  de  Buffbn.  ).  On  rencontre  en 
Espagne  el  sur  la  côte  de  Barbarie  cette  belle  espèce  qui  est 
plus  grande  el  plus  grosse  que  le  canard  sauvage.  Son  be« 
et  ses  yeux  sont  noirs  ;  le  front ,  les  joues ,  le  menton  d'uo 
blanc  pur  ;  cette  couleur  couvre  aussi  le  derrière  de  la  iôte, 
dont  le  sommet  est  noir ,  et  est  celle  du  collier  qui  entoure  le 
cou  ;  le  dos  et  ta  poitrine  sont  d'un  ferrugineux  brillant ,  et 
chamarrés  d'ondes ,  de  festons  noirâtres  et  roux  ;  les  ailes  et  la 
queue  sont  noiràtres  ;  le  ventre  est  brun  et  tacheté  de  noii*  ; 
ks  pieds  sont  bleuâtres.  Les  Espagnols  donnent  le  nom  de 
vindiia  à  cette  espèce  «  dont  le  en  est  perçant,  et  qui  est  trè»* 
commune  sur  les  lacs  des  environs  de  Carthagène.  (Vibili<.) 

Le  Canard  franc.  Les  colons  de  la  Guiane  française  ap* 
pellent  sànsi  le  Canard  musqué.  Fbyex  ce  mol. 

Le  .Canard  français.  Les  faabitans  de  la  Louisiane  ap* 

Sellent  ainsi  le  canard  sauvage  qui  se  trouve  dans  cette  partie 
e  l'Amérique ,  et  qu'ils  ont  reconnu  pour  être  le  même  que 
celui  de  France.  Foy.  Canard.  (S.) 

Le  Canard  de  Gkoroik  (  jénas  Georgica  Lath.  )•  On 
trouve  dans  l'Amérique  septentrionale,  sur  les  lacs  elles  ri- 
vières de  la  Géorgie ,  cette  espèce  de  canard  qui  passe  pour 
un  fort  bon  gibier.  Sa  longueur  est  d'un  peu -plus  de  dix— 
huit  pouces  ;  le  bec  un  peu  recourbé  en  haut  ,  est  noir  à  esk 
pointe ,  et  jaune  dans  le  reste  ;  une  teinte  cendrée ,  variée  de 
rougeâtre  ,  est  répandue  sur  son  plumage  ;  la  grande  larho 
•ies  ailes  est  verte  et  bordée  de  blanc  ;  les  pennes  des  ailes  e  l 


C  A  N      ^  ,c^ 

de  la  queue  sont  noirâtres;  et  iet»  pieds  d'un  cendré  ver* 
dâlre. 

Le  Canard  des  glaces.  Voyez  Canard  a  juonoue  quEus 
DE  Terre-Neuve. 

Le  Canard  gloussant  (^/ia«  ^ibciton^  Latli,).  Le  cri  de 
ce  canard  imite  le  gloussement  de  la  poule  :  il  so  trouve  dans 
Ja  partie  orientale  de  la  Sibérie  ^  sur  le  lac  Baïkiil ,  et  se  voit 
fluelquefois  en  Angleterre.  Il  a  dix-huit  à  dix*neuf  pouces 
06  longueur  ;  le  bec  de  couleur  de  plomb  ;  l'iris  brun  ;  ^e 
dessus  de  la  tète  de  la  même  t^nie ,  à  reflets  verls  ;  une 
tache  ronde  et  de  couleur  de  rouille  entre  le  bec  et  l'œil  ;  un 
petit  croissant  d'un  vert  foyeux  changeant  en  violet  sur  les 
côtés  du  la  tête  ,  derrière  les  oreilles  ;  les  plumes  de  rocciput 
assez  longues  ])our  former  une  petite  huppe  ;  la  gorge  d  un 
beau  pourpre  foncé  ;  une  raie  longitudinale  d'un  vert  bril- 
lant sur  le  cou  ,  et  qui  s'étend  un  peu  sur  la  tête  ;  la  poitrine 
d'un  brun  ferrugineux ,  brillant ,  tacheté  de  noir  ;  le  ventre 
noirâtre  et  piqueté  ;  le  dessus  du  cou  et  du  corps  d'un  brun 
fouce.ondoye.de  noir;  les  couvertures  des  ailes  d'une  cou- 
leur cendrée  ;  les  plus  petites  striées  de  jaunâtre  ;  les  pennes 
primaires  pareille^  aux  grandes  «  e.t  inclinant  au  brun  ;  les 
secondaires  d'un  beau  vert  ombré  denoir,  et  bordées  de  blanc; 
les  couvertui*es  dje  la  queue  d'un  vert  changeant  ;  les  pennés 
intermédiaires  de  la  que  vie  noires,  les  autres  brunes  bordées 
de  blanc  ;  les  pieds  pejtils  et  jaunes  j  les  fnembranes  noi- 
râtres. 

Le  Canard  orisblbu^  v^nos  malacorhincoa  Latham.).  Ce 
palmipède  de  la  Nouyelle-Zélande  a  le  même  cri  que  le  cch- 
nord  siffleur  ,  et  porte  dans  cette  île ,  où  il  paroît  au  mois 
d'avril ,  le  nom  de.  à^-is^ego.  Sa  gi'osseur  est  celle  du  vingeon , 
et  sa  longueur  d'eili^^ron  dix-«sept  pouces.  Il  a  le  bec  de  cou- 
leur cendrée/  mais  membraneuXs  et  noir  à  son  extrémité  *,  le 
dessus  de  la  jléie  d'un  Oendré  vei^âtre  ;  le  plumage  en  gé- 
néral d'un  bleu  pâle  ;  une  tache  bla^c^e  sj^r  les  ailes  ;  la 
poitrine  mélangée  de  ferrugineux  ;  les  pieds  d'une  coulei^* 
de  plomb  sombre.  Ce  canardent  remarquable  en  ce  que  son 
bec  est  d'une  ;Hub8tance  molle ,  ^e  manière  qu'il  ne  peut 
vivre  qu'en  suçant. les  vers  qu'il  cherche  dans  la  vase. 

lue  Canard  c^rjs  d'Eoyfte  {Anas  damiatica  Lé&th.).  laa, 
grosseur  de  ce  cantard ,  que  Sonnini  a  vu  sm*  les  lagunes  voi- 
«aines  d'Aboukir,  est  à-peu-près celle  de  notre  canard  sauuage. 
Son  plumage  est  généralement  gris ,  mais  il  prend  une  teinte 
noirâtre  sur  le  cou ,  les  plumes  scapulaires  et  la  queue.  On 
remarque  une  espèce  de  croiâsant  qui  embrasse  la  nuqu<»: 
les  pennes  des  ailes  et  de  la  queue  sont  d'un  vert  noirâtre. 


i9«  C  A  N 

Cette  espèce  est  commune  dans  les  lacs  et  les  mûrts  de  la 
partie  septentrionale  de  l'Egypte  :  les  habitans  lui  font  la 
chasse  avec  des  filets. 

Le  PETIT  Canard  a  grosse  tjête  (jénas  bucephala  Lath«) 
est  d'une  taille  moyenne  entre  le  canard  commun  et  la  «ar- 
celle  ;  sa  longueur  est  d'environ  quinze  pouces  ;  une  touffe 
de  plumes  longues  ,  effilées  ,  d'un  vert  orillant  et  à  reflets 
Meus  et  violets ,  couvre  la  tête  que  cette  touffe  grossit  beau-^ 
coup  par  son  épaisseur  ^  dont  lui  est  venu  le  nom  de  canard 
à  tête  de  buffle  ;  les  joues  sont  blanches  ;  le  dos  ,  le  cou  et  le» 
couvertures  supérieures  de  la  tête  noirs  ;  le  cou ,  le  dessous 
du  corps  et  les  scapulaires  blancs  ;  une  large  bande  de  cette 
même  couleur  s'étend  longitudinalement  sur  les  ailes  ^  qui 
•ont  noires  ;  les  pennfes  de  la  queue  sont  grises  ;  les  pieds  rou* 
ges  ;  et  le  bec  est  couleur  de  plomb. 

La  femelle  est  totalement  brune  ,  selon  Brisson  y  et  c'est, 
«don  Latham  ,  le  canard  décrit  sous  le  nom  de  Sarcelle 
DE  LA  Caroline.  {Foyez  ce  mot.)  Cette  espèce  se  trouve  pen- 
dant l'hiver ,  non-seulement  a  la  Caroline,  mais  à  New-York 
et  à  la  Louisiane. 

Le  Canard  d'hiver.   F^oyeE  petit  Canard  a  grosse 

tAtE.  (VlElLL.) 

Le  Canard  de  Hongrie.  En  Lorraine  Ton  connott,  sous 
ce  nom ,  le  Garrot.  Koyem  ce  mot. 

Le  Canard  huppe  ,  moreton  ,  ou  molleton  de  Sa* 
LERNE  est  le  canard  si  fleur  ou  Vingeon.  Voyez  ce  mot.  fS.) 

Le  BEAU  Canard  huppé  {^Anas  eponea  Lalh.  ^  pl.enl. 
n^  980  et  981  ^  mâle  et  femelle,  de  VHiat.  nai.  de  Buffbn,). 
Cette  espèce ,  par  la  richesse  de  son  plumage  et  le  goût  exquis 
de  sa  cnaii* ,  doit  tenir  une  des  premières  places  parmi  les 
plus  beaux  et  les  plus  précieux  palmipèdes.  Un  faisceau  de 

S  lûmes  longues,  soyeuses,  variées  de  blanc ,  de  vert  brillant  et 
epourpreyélèventsurlatétedumâle^etformentunesnperbe 
aigrette  qui  en  arrière  se  balance  sm*  le  cou  :  tm  viblet  bronxé 
domine  sur  le  front  et  les  joues  ;  la  mandibule  inftrieure  est 
entourée  d'un  blanc  pur  ,  qui  se  présente  sous  l'œil  comme 
une  petite  échancrure  ,  et  s^étend  longittidînalemenC  au-- 
dessus ;  un  joli  roux  moucheté  de  blanc  ,  couvre  le  bas  dfi 
cou  et  la  poitrine ,  et  est  coupé  sur  les  épaules* par  deux  ban- 
des noires  et  blanches  ;  un  brun  éclatant ,  à  reflets  veris  do^ 
rés^  règne  sur  les  ailes ,  le  dos, le  croupion  et  les  couverturessi- 
périeures  de  la  queue ,  dont  quelques  plumes,  longues, efliléee 
et  d'un  beauroux,  tombent  sur  les  côtes;  celles  des  flancs  d'un 
joli  gris, sont  lisérées,  vermiculées  de  petites  li:«nes  noirâtres ^ 
etterminéespardeux  rubans,  l'un  d'un  noir  veiouté^etrairir». 


C  A  N  ^  197 

â'un  blanc  de  neige  ;  le  ventre  est  de  cette  dernière  couleur  ;  les 
pennes  des  ailes  sont  brunes  ,  quelques-une^  ont  des  petites 
taches  blanches  à  leur  extrémité  ,  d'autres  ont  leur  côté  in- 
térieur vert  doré  :  la  plupart  ont  T^xtérieur  blanc,  et  reflètent 
en  bleu  et  en  violât.  Le  miroir  ofire  la  réunion  des  teintes 
les  plus  brillantes  ;  le  brun  et  le  vert  cuivreux  sont  répandus 
sur  la  queue  y  qui  est  étagée  et  composée  de  seize  pennes  ;  le 
rouge  est  pur  sur  les  paupières  et  l'iris ,  tacheté  dé  noir  siur 
le  bec ,  et  tirant  à  Torangé  sur  les  pieds ,  dont  les  membranes 
sont  d'un  brun  léger  ;  les  ongles  sont  noirs  ;  grosseur  du  vinr 
If^oTi;  longueur  de  dix-huit  pouces. 

La  femellie ,  plus  petite  ^  et  dont  la  robe  ne  présente  que 
des  couleurs  simples  et  modestes  ,  est  privée  de  ce  bouquet 
de  plumes  qui  pare  si  pompeusement  la  tête  du  mâle.  Une 
couleur  brune  domine  sur  presque  tout  son  plumage  ;  le 
blanchâtre  sur  la  gorge  ;  un  mélange  de  bleu  et  de  vert  sur 
les  couvertures  ,  les  pennes  des  ailes  et  de  la  queue  ;  et 
un  blanc  sale  sur  le  ventre  ;  enfin  ,  cette  teinte  se  présente 
sur  la  poitrine  en  taches  triangulaires  confusément  distii- 
buées. 

Cette  espèce  se  trouve  dans  l'Amérique  septentrionale, 
depuis  le  Canada ,  peut-être  plus  au  nord  ,  jusqu'au  Me- 
xique ';  mais  à  l'époque  des  grands  froids ,  elle  quitte  les  con- 
trées glaciales.  Les  cantons  qu'elle  fréquente  le  plus  souvent» 
sont  les  bois,  les  taillis  où  serpentent  de  petites  rivières  ;  elle 
se  perche  quelquefois  sur  les  branches  qui  les  ombragent, 
d'où  lui  est  venu  le  nom  de  canard  hranehu  ;  et  elle  place 
son  nid  dans  des  creux  d'arbres: sa  ponte  est  de  huit  à  douxo 
oeu&. 

Ce  canard ,  qui  à  la  beauté  joint  une  chair  savoureuse  > 
lorsqu'il  se  nourrit  de  graines ,  de  gland  et  de  faines,  est  d'un 
caractère  sauvage  et  méfiant.  Néanmoins ,  pris  trè^-jeune, 
il  s'apprivoise  volontiers  ;  on  l'acclimate  aisément  en  France, 
et  l'on  peut ,  avec  quelques  soins  ,  se  procurer  des  généra* 
tions  domestiques,  et  par-là  augmenter  le  nombre  de  nos  vo- 
lailles les  plus  précieuses.  Poui;  cela  ,  il  faut  le  tenir  dans  un 
lieu  où  les  chiens  et  les  chats  ne  puissent  l'inquiéter  \  il  ne  faut 
pas  qu'une  curiosité,  toujours  déplacée  lorsque  des  oiseaux 
couvent ,  trouble  la  femelle  pendant  l'incubation ,  ce  qui 
souvent  lui  fait  abandonner  ses  œufs.  £n  captivité,  elle  aime 
à  couver  dans  une  petite  loge  posée  sur  le  bord  d'une  eau  cou- 
rante ou  stagnante,  ombragée  d  arbres;  l'entrée  doit  être  pla- 
cée de  manière  qu'elle  puisse  en  sortir  ou  s'y  retirer ,  sans 
quitter,  cet  élément.  Il  seroit  encore  .mieux ,  pour  la  m^eUre  à 
l'abri  de  tout  «ccident ,  de  former ,  au  nulieu  d'un  bamo. ^ 


ïc)g  C  A  N 

lin  petit  flot  ou  seroit  un  arbre,  au  pied  duquel  on  placeroit 
la  petite  cabane.  Cette  position  a  des  attraits  pour  ces  aiseaux, 
qui  nfi  se  plaisent  que  dans  les  bois.  Avec  ces  précautions 
on  peut  être  sûr  de  réussir  ;  mais  il  est  très -prudent  de  leur 
couper  les  pennes  d'une  aile  ,  aans  quoi  on  s'expose  à  les 
perdi*e. 

Le  Canard  huppé  db  la  teiiiie  des  États  (  jinas  cris-^ 
tata  Lath.).  Cet  habitant  de  l'extrémité  de  l'Amérique  mé- 
ridionale ,  a  la  grosseur  du  canard  sauvage ,  mais  il  est  beau- 
coup plus  alongé ,  car  il  a  vingt-cinq  pouces  de  longueur  ; 
une  huppe  pare  sa  tête  ;  un  jaune  paille  mélangé  de  taches 
de  couleur  de  rouille  est  répandu  sur  la  gorge  et  le  devant 
du  cou  ;  le  miroir  des  ailes  est  mi-parti<  de  bleu  et  de  blanc  ; 
le  bec ,  les  ailes  et  la  queue  sont  noirs  ;  l'iris  est  rouge;  et  tout 
le  reste  du  corps  gris  cendré.  (Vieill.) 

Le  Canard  d  Inde  ,  c'est  le  canard  musqué ,  apporté  de 
l'Amérique  ou  de  llnde  occidentale.  Foyez  Canard  mus- 
qué. (S.) 

Le  Canard  d'Islande  (^/las/^/andfVa Lath.). Les Islan; 
dais  donnent  à  ce  palmipède  le  nom  de  hra-fas-aund»  La  têto 
est  ornée  d'une  huppe  ;  le  dessous  du  corps  est  blanc ,  et  le  restç 
du  plumage  noir  ;  les  pieds  sont  couleur  de  safran.  (Vieill.) 

Le  Canard  JBNSEN  DE  la  Louisiane.  Voyez  Vingeon. 

Le  Canard  a  large  szc  de  M.  Saleme  est  le  Petit  Mo- 
HiLLOK.  Voyez  ce  mot. 

Le  Canard  a  large  bec  et  pieds  jaunes.  Dénomination 
que  M.  Saleme  a  donnée  dans  son  ornithologie  au  Soucuet. 
Voyez  ce  mot.  (S.) 

Le  Canard  à  longue  queue.  Voyez  Pilxt. 

Le  Canard  a  longue  queue  de  Terre-Nb'ute  (  jtna9 
giacialis  Lath. ,  pi.  enl.  n**  1008  de  VHisi.  nai.  de  Buffon.  \ 
L'on  trouve  ce  canard  non-seulement  a  Terre-Neuve  ,  maia 
«n  Canada  et  a  New-York  pendant  l'hiver ,  l'on  assure  même 
que  dans  les  hivers  rigoureux  il  s'avance  en  Europe  jusqu'au 
nord  de  l'Angleterre  ;  il  se  tient  pendant  Tété  sur  les  côtes 
du  Groenland  et  de  la  baie  d'Hudson ,  où  il  niche  au  mois 
de  juin  ;  sa  ponte  est  de  cinq  œufs  de  la  grosseur  et  de  la  même 
forme  de  ceux  d'une  jeune  poule ,  et  d'un  blanc  bleuâtre  ; 
non  vol  est  rapide ,  sinueux  et  balancé  ,  de  sorte  qu'il  pré- 
fiente  obliquement  et  alternativement  tantôt  le  dos  et  tantôt  le 
ventre  ;  son  cri  semble  exprimer  a-ei-nWiiEr;  son  duvet  le  dis- 
pute en  beauté,  en  finesse  et  en  élasticité  à  celui  de  Veider. 

La  faille  de  cet  oiseau  est  inférieure  à  celle  du  canard  sau^ 
^*^S^,  nluis  il  jtaroît  phtslong,  pat  ce  quelesdvitx  brins  de 


C  A  N  199 

m  queue  augmentent  sa  dimenâon  totale  ;  3  a  la  téte^  le  coq 
justju'au  haut  de  la  poitrine  ,  et  le  do9  blancs  ,  avec  une 
bande  d'un  fauve  orangé  ,  qui  part  des  yeux  et  descend  le 
long  des  côtés  du  cou  ;  le  ventre  et  les  scapulaires  de  la  même 
couleur  que  la  tète ,  le  reste  du  plumage  noir  ;  l'iris  rouge  ; 
le  bec  et  les  pieds  d'un  rouge  noirâtre. 

La  femelle  a  le  sommet  de  la  tête  et  les  côtés  du  cou  eu 
partie  noii'àtres  ;  un  collier  et  le  bas-ventre  blancs ,  le  dos  et 
le  croupion  noirs ,  et  rayés  transversalement  de  gris  ;  le  bec 
noir ,  entouré  d'une  bande  blanchâtre  ;  les  pennes  de  la 

Ïueue  étagées ,  mais  privées  des  deux  longs  brins  qu'a  celle 
u  tnâle.  (ViEiLL.) 

Lêû Canard  de  Madagascar.  C'est ,  dans  Albin,  tome  3, 
pi.  99  >  le  même  oiseau  que  notre  canard  privé.  (S.) 

I^  Cavard  du  Maraonon.    Voyez  Canard  a   fac£ 

BLANCHB.  (ViEILIi.) 

1j^  Canard  du  Mexique*  Brisson  désigne  ainsi  le  Sou- 
CHET.  V6ye%  ce  mot.  (S.) 

liO  Canard  de  Miquelon.  Voyez  Canard  a  longue 
QUEUE  DE  Terre-Neuve. 

liC  Canard  moine  (  jinae  monacha  Lafh.  ).  L'on  ne  con- 
noît  pas  le  pays  qu'habite  ce  canard  ;û  a  des  rapports  avec 
le  musqué;  maïs  il  est  un  peu  plus  grand;  sa  tête  est  blan- 
che, et  tachetée  de  noir  ;  celte  dernière  couleur  couvre  la  poi- 
trine  ;  ime  grande  tache  verte  et  violette  pare  les  ailes ,  dont 
les  pennes  et  celles  de  la  queue  sont  blanches  et  terminées  de 
brun ,  le  reste  du  plumage  est  varié  de  fioii*  et  de  blanc  ;  le 
bec  est  jaunâtre  et  sa  pointe  noire.  (  Vieïll.) 

Le  Canard  de  montagne.  Voyez  Eider. 

Le  Canard  des  montagnes  du  Kamtschatha  est  le  CanarI) 
A  coLJLiER  DE  Terre-Neuve,  ^o/ex  l'article  de  cet  oiseau. 

Le  Canard  de  Moscovie.  Albin  a  mal-à-propos  appliqué 
cette  dénomination  au  Carnad  musqué.  Voyez  ce  mot. 

Le  Canard  mulard  ,  nom  donné  aux  Canards  qui  pix>- 
viennent  du  mélange  de  la  race  musquée  et  de  la  i*àce  domes^ 
tique.  Voyez  l'article  Canard  ,  économie  rurale  et  domestique. 

Le  Canard  musqué  (  Anas  moschata  La(h. ,  fîg.  pi.  enlum. 
de  VHistoire  naturelle  de  Bujgon ,  n^  g8g.  ).  L'épithète  de 
musqué  a  été  donnée  à  ce  canctrd  parce  qu'u  exhale  une  assez 
forte  odeur  de  musc ,  due  à  une  humeur  qui  filtre  de  glandes 
lycées  près  du  croupion.  Pour  ôter  k  la  chair  cette  saveur 
musquée ,  il  faut ,  dès  qu'un  oiseau  de  cette  espèce  est  tué ,  lui 
enlever  le  croupion  et  lui  couper  la  tête  ;  c'est  alors  Un  fort 
bon  mets ,  et  aussi  succulent  que  le  caHatd  sauvage. 

Cet  oiseau  est  beaucoup  plus  grand  que  notre  cahard  com^ 


âoo  C  A  N 

mun  ;  sa  longueur  totale  est  de  plus  de  deux  pieds ,  et  son 
.enver^ui-e  en  a  près  de  trois  ;  une  large  plaque  de  peau  nue 
d'un  rouge  fort  vif  et  semé  de  papilles,  couvre  la  plus  grande 
partie  des  joues ,  s'étend  jusqu'en  arrière  des  yeux  ^  et  s  enfle 
sui*  la  racine  du  bec  en  une  caroncule  rouge  ,  que  Belon 
compare  à  une  cerise  ;  ce  tubercule  manque  à  la  femelle  , 
ainsi  que  le  bouquet  de  plumes  étroites  et  un  peu  contournées 
qui  pend  derrière  la  tête  du  mâle  ;  elle  est  aussi  moins  grande  ; 
tous  deux  sont  bas  sur  jambes ,  ont  les  ongles  courts ,  et  celui 
du  doigt  intérieur  crochu  ;  tous  deux  y  depuis  que  leur  espèce , 
ou  plutôt  une  portion  de  leur  espèce  ,  a  été  élevée  dans  nos 
basse-cours^  ont  subi  toutes  les  variétés  de  plumage  que  pro- 
duit une  longue  domesticité.  c<  Tantôt,  dit  Belon,  le  mâle  est 
3>  blanc ,  tantôt  la  femelle  blanche;  tantôttous  deux  sont  noirs, 
3>  tantôt  de  di  veines  couleurs  ;  par  quoi  Ton  ne  peut  écrire  bon* 
s>  nement  de  leur  couleur ,  smon  en  tant  qu'ils  sont  sembla- 
a>  blés  à  une  can»  ;  mais  sont  plus  communément  noirs  et 
n  mêlés  de  diverses  couleurs  ».  (^Nai,  des  oiseaux  ,psige  176.  ) 
Dans  l'état  de  liberté  le  mâle  est  entièrement  d'un  noir  brun , 
lustré  de  vert  sur  le  dos ,  et  coupé  d'une  large  tache  blanche 
aur  les  ailes  ;  son  bec ,  ses  pieds,  ses  doigts  et  leurs  membram^s 
sont  rouges  ;  mais  il  y  a  des  bandes  noirâtres  sui'  le  bec  ;  le 
plumage  de  la  femelle  est  d'un  brun  noirâtre  ,  et  joue  à  l'œil 
de  beaucoup  moins  de  reflets  que  celui  du  mâle. 

Quoique  l'on  appelle  communément  cette  espèce  canard 
de  Barbitrie  ou  de  Guinée ,  il  paroît  qu'elle  n'est  sauvage  qu'au 
midi  de  l'Amérique.  Marcgrave  l'a  observée  au  Brésil  ;  elle  est 
aussi  naturelle  à  la  Guiane.  Ces  oiseaux  se  perchent  sur  les 
grands  arbresqui  bordent  les  rivières  et  les  marécages ,  comme 
les  oiseaux  ten^estres  ;  ils  y  établissent  leur  nid ,  et  dès  que  les 
canetons  sont  éclos,  la  mère  les  prend  l'un  après  l'autre  avec 
le  bec  et  les  jette  à  l'eau  :  la  ponte  a  lieu  deux  ou  trois  fois  dans 
l'année ,  et  chacune  est  de  douze  à  dix-huit  œufs ,  tout-à-fait 
ronds,  et  d  un  blanc  vcrdâtre  ;  la  mur  commence  en  sep- 
tembre ,  et  elle  est  quelquefois  si  complète  que  les  canard»  , 
se  trouvant  presque  entièrement  dénués  de  plumes  y  ne  peiji- 
vent  plus  voler ,  et  se  laissent  prendre  vivans  par  les  Indiens. 
Ces  oiseaux  sont  aussi  farouches  que  nos  canards  sauvages  , 
et  ce  n'est  que  par  surprise  que  1  on  peut  les  tii*er. 

Le  canard  musqué  peuple  les  basse-cours  de  nos  colonie»  ; 
on  Ta  depuis  long -temps  apporté  dans  les  nôtres,  où  il  est 
d'un  bon  rapport  par  sa  fécondité  ,  sa  grosseur  et  la  facilité 
avec  laquelle  il  s'engraisse  ;  mais  il  est  de  plus  grande  dé- 
pense que  toutes  les  autres  volailles,  et  si  l'on  veut  en  retirer 
un  parti  avantageux  >  il  faut  le  nourrir  largement.  Scaliger 


C  A  N       ^  SOI 

«t  Olivier  de  Serres  ont  dit  que  ce  atnard  èioii  muet  ;  peut- 
être  que  nouvellement  transporté  dans  nos  climats  il  avoit 
perdu  la  voix ,  comme  nos  chiens  la  perdirent  en  Amérique; 
mais  il  est  certain  qu'il  fait  entendre  un  cri  grave  et  fort  bas» 
à  moins  qu'il  ne  soil  en  colère.  (  Voyez  la  description  de  Toiv 
gane  de  sa  voix  dans  ma  noie  delà  page  3 70, vol.  61  de  mon 
édition  de  VHist.  nat,  de  Buffon,  )  Plus  gros  que  nos  canards  ^ 
celai-ci  est  aussi  plus  lourd  et  plus  lent  dans  sa  mai*che  ;  le 
mâle  est  très-ardent  en  amour  ^  et  il  se  distingue  entre  les 
oiseaux  de  son  genre  par  le  grand  appareil  de  ses  organes  pour 
la  génération,  a  L'on  s'émerveiUera ,  dit  £elon ,  d'entendre 
»  que  tel  oiseau  ait  si  grand  membre  génital ,  qu'il  est  de  la 
D  grosseur  d'un  gros  doigt ,  et  long  de  quatre  à  cinq  ,  et  rouge 
3>  comme  sang  ».  (  Nature  des  oiseaux,  )  Toutes  les  femelles 
lui  conviennent  ;  il  s'apparie  avec  la  cane  commune  ,  et  de 
cette  luiion  pi*oviennent  des  mélis  qui  n'engendrent  pas 
entr'eux ,  mais  qui  se  mêlent  et  produisent  avec  l'espèce  com- 
mune ;  les  individus  qui  résultent  de  ces  mélanges  ^  se  re- 
produisent ensemble  et  avec  les  canards  domestiques.  C'est  en 
croisant  ainsi  les  deux  espèces ,  que  l'on  obtient  de  belles  et 
utiles  variétés. 

Voyez  l'article  du  Ganarp  domestique.  (S.) 

Le  Canard  nu  Niii(  AncLs  Nllotica  Latham.  ).  Sonnini 
soupçonne  que  ce  canard  n'est  autre  que  Voie  d'Egypte. 
(  Voyez  tom.  5q  ,  pag.  578  de  son  édition  de  VHist,  nat,  de 
Buffon.  )  Ce  palmipède  a  la  callosité  du  bord  du  bec  et  la  ca- 
roncule de  sa  base  de  couleur  pourpre  ;  l'iris  jaune  ;  le  des- 
sus de  la  tête,  le  cou  blancs  et  tachetés  de  gris;  une  raie 
blanche  qui  s'étend  derrière  les  yeux  ;  le  dos  blanchâtre  ;  le 
dessous  du  corps  grisâtre  et  rayé  de  noir  ;  les  flancs  rayés  de 
gris  ;  la  queue  arrondie. 

Cette  espèce  se  prive  aisément ,  et  les  Egyptiens  la  nour- 
rissent dans  leurs  basse-cours.  (  Vieill.  ) 

Le  Canard  noir  de  M.  Saleme^  est  la  double  macreuse ,  et 
le  petit  canard  noir  du  même  auteur,  est  la  Macreuse* 
^o^tfs  ce  mot  et  celui  de  Double  macreuse. 

Le  Canard  noir  et  blanc  Cest,  dans  Edwards, la  Sar- 
celle BLANCHE  ET  NOIRE.  VoyCZ  CC  mOt. 

Le  GRAND  Canard  noir  et  blanc  C'est  TEidsr^  dans 
£)dwai*ds.  Voyez  ce  mot. 

Le  Canard  du  Nord.  Voyez  Macreuse  a  bec  rouge. 
C'est  aussi,  suivant  quelques-uns,  le  Macareux,  f^ojres  ce 
mot. 

Le  Canard  du  Nord  ,  appelé  le  Marchand.  Voyez  Ma- 
creuse A  long  BSCé 


S09  C  A  N 

Le  Canakd  paills-bn-^ueus.  Dénomination  mployét 
par  quelques-uns  pour  désigner  le  Filet.  Voyez  ce  mot  (S.) 

Le  Canard  fie  (  Anas  lahradoria  Lath.).  Cette  espèce  , 
qui  n'habite  pendant  l'été  que  les  terres  glacées  du  Labrador , 
les  fuit  IorM|ue  Ferlrème  rigueur  du  froid  les  rend  inhabi* 
tables.  A  celte  époque ,  elle  se  retire  dans  l'état  de  New- York  , 
le  Connecticut  et  la  Nouvelle-Angleterre.  £lle  voyage  en 
troupes,  et  visite  aussi  les  côtes  occioentales  du  Cap  Fear.  Sa 
grosseui*  est  celle  du  canard  sauvage  ;  et  sa  longueur  d'un 
pied  et  demi  environ  ;  elle  a  une  bande  noire  qui  descend 
du  sommet  de  la  tête  à  la  nuque  ;  une  teinte  roussalre  sur  la 
tète  et  le  eou,  un  collier  noir  et  un  ruban  delà  même  cou- 
leur sur  la  poitrine  ;  le  dos ,  les  ailes  et  le  ventre  bruns  ;  les 
Slumesscapulaires  blanches  ,  ainsi  que  les  pennes  moyennes 
es  ailesj  le  bec  noirâtre  >  avec  un  cerle  orangé  qui  entoure  sa 
base  ;  les  pieds  jaunes,  et  les  membranes  brunes. 

La  femelle  est  variée  de  brun  sur  les  parties  supérieures , 
et  blanchâtre  sm*  les  inférieures  ;  une  tache  blanche  se  fait 
remarquer  sur  les  ailes  ;  les  pieds  sont  noirs. 

Le  Canard  presque  brun  (  Anaa  fusceseens  Lath.  ).  Ce 
canard,  que  l'on  trouve  à  Terre-Neuve  ,  a  quiiuEe  pouces  de 
longueur  ;  le  bec  bleuâtre  et  noir  à  son  extrémité*,  la  tête  et  le 
cou  d'un  brun  très-pâle;  les  plumes  du  dos,  du  croupion,  de  la 
poitrine ,  de  la  même  teinte ,  et  bordées  de  jaunâtre  ;  les 
ailes  cendrées;  et  le  miroir  bleu,  avec  une  bordure  blanche. 

Un  observateur  très*éclairé  ,  Bosc ,  un  des  collaborateurs 
de  ce  Dictionnaire,  a  rapporté  de  la  Caroline  du  Sud  ,  un 
canard  qui  est  peu  différent  du  précédent ,  et  qui  lui  parott , 
s'il  n'appartient  pas  à  la  même  espèce ,  être  d'une  race  très- 
voisine.  Ce  canard  iviche  k  la  Caroline.  Son  genre  de  vie  est 
i-peu-près  semblable  à  celui  de  La  sarcelle,  llaquinsepoucea 
de  longueur;  le  bec  d'un  brun  verdâtre ,  et  très-courbe  k  son 
extrémité;  l'iris  jaune;  les  paupières  blanchâtres;  le  dessus  de  La 
tète  d'un  brun  cuivré;  lescotésgri^une  tache  blanche  au-des- 
aous  des  yeux  et  près  des  oreilles;  une  brune  en  avant  ;  les  plu- 
mes de  l'occiput  longues;  le  cou  brun  en  dessus,mi>partie  bUmc, 
mi-partie  gris  en  dessous;  la  poitrine  brune;  et  le  milieu  do 
chaque  plume,  vers  l'extrémité,  d'un  blanc  ferrugineux  ;  le 
▼entre  gris  ,  et  chaque  plume  brune  dans  son  mihen  ;  le  dos 
d*un  brun  verdâtre;  le  croupion  et  la  queue  bruns,  et  l'ex- 
trémité des  pennes  blanchâtres  ;  les  ailes  pareilles  au  dos;  les 
six  premières  pennes  vertftsàleurextrémité, et  bordéesâl'ex* 
térieur  d'un  blanc  argenté;  les  secondaires  terminées  de  cette 
dernière  couleur,  et  vertes  k  lextérieur,  tontes  sont  cendrées 
«n  dessous ,  et  les  couvertures  inférieures  blanches  et  brunaa» 


C  A  N  uoS 

Le  Cak  ARD  BOT  AL  (  Auas  regia  LAth.  )  ae  troure  an  Chili  : 
il  est  beaucoup  plus  gros  que  le  canard  domestique  ;  Une 
aorte  de  crête  rouge  et  membraneuse  qui  s'élève  sur  sa  tète , 
lui  a  fait  donner  la  dénomination  qui  distingue  ce  canard  / 
un  beau  collier  blanc  entoure  le  cou;  un  ricne  bleu  couvre 
tont  le  dessus  du  corps  ;  le  dessous  est  brun.  (Vieill.) 

Le  Ganaro  8Ai;vAGE  (  AnoB  hoachaa  Latli.  fig.  du  mâle  et 
de  la  femelle^  pL  enl.  de  BuflTon  ^  n^  776  et  777.  ).  Dans  cette 
espèce,  comme  dans  toutes  celles  du  même  genre ,  le  mâle  est 
toujours  plus  grand  que  la  femelle  ;  sa  longueur  totale  est  ordi- 
nairement de  vingt-un  pouces^  et  celle  de  son  bec  de  deux 
ponces  et  demi  :  il  se  distingue  par  une  petite  boucle  de  plumes 
rele^'ées  sur  le  croupion  ;  et,  comme  dit  Belon,  revirées  contre- 
mont  ;  il  est  aussi  paré  des  plus  belles  couleurs ,  tandis  que  la 
robe  de  la  femelle  est  unie  et  de. peu  d'apparence. 

Un  riche  vert  d  emeraude ,  à  reflets  aacier  poli  brille  sur 
la  tète  et  la  moitié  du  cou  du  mâle  ;  au-dessous  est  un  petit  col- 
lier blanc  ;  le  reste  du  cou  sur  le  devant  et  les  côtés,  est  d'un 
beau  brun  pourpré ,  ainsi  que  la  poitrine  ;  le  dessus  du  cou 
est  rayé  de  noirâtre  sur  un  fond  gris,  de  même  que  le  dos, 
les-  flancs  et  le  dessous  du  corps  ;  le  croupion  est  d'un  noir 
changeant  en  vert  foncé  ;  les  ailes  sont  grises,  avec  une  large 
bande  d'un  bel  azur  éclatant  ^  bordée  en  haut  et  en  ba^  d'une 
bande  étroite,  de  gros  bleu  velouté  et  brillant,  laquelle  est 
encore  surmontée  par  une  autre  de  couleur  blanche.  Les 

Sennes  de  la  queue  ,  au  nombre  de  vingt ,  sont  grises  >  bor* 
ées  extérieurement ,  et  terminées  de  blanc ,  excepté  les  quatre 
du  miheu  ,  qui  sont  recourbées  en  demi-cercle  et  de  la  même 
couleur  que  le  croupion  ;  le  bec  est  d'un  vert  jaunâtre,  et 
l'iris  des  yeux  de  couleur  bnme  ;  la  partie  nue  des  jambes , 
les  pieds  et  les  doigts  sont  orangés,  et  les  ongles  de  devant 
noirâtres  ;  celui  du  doigt  postérieur  est  rougeâtre.  Le  plu- 
mage de  la  femelle  est  varié  de  brun  et  de  giîs-roussâtre  : 
die  a  sur  l'aile  deux  bandes  transversales,  mais  celle  qui,  sur 
le  mâle ,  est  d'un  azur  brillant ,  approche  du  violet  sur  la 
femelle  ;  son  bec  est  rougeâtre^  avec  des  taches  noires  à  la 
mandibule  supérieure. 

n  y  a  quelques  variétés  dans-  l'espèce  du  canard  sauvage  9 
1^.  Le  grand  canard  sauvage ,  que  les  AUemands  appellent 
grosse  ente ,  grosse  wild^nte,  &c.  et  les  Catalans  aneh  cnli 
vert  ;  cette  race  i^ssemble  entièrement  à  la  race  commune  y 
li  ce  nW  qu'elle  est  un  peu  plus  grande,  et  que  les  plumes 
de  son  dos  ont  la  couleur  de  la  suie.  a^.  Le  grand  canard 
sauvage  gris,  en  allemand  schmael endte^schmU  endte  et  sch-^ 
lic/ien.  Il  est  d'une  contour  cendrée,  et  son  bec ,  srs  pieds  ^ 


io4   ,  C  A  N 

068  doigts,  aiun  bien  que  leurs  membranes  sont  noirs.  3®.  Le 
petit  canard  sauvage ,  désigné  par  Scfawenckfeld ,  et  qui  pa- 
roîtétre  la  petite  sarcelle.  {Voyez  Sarcelle.  )  4°.  Le  canard 
sauvage  noir  {anas nigra  Linn.,  éd.  Gmel.  var.  N.  ) ,  n'a  de 
noir  que  la  tête  et  le  cou  :  du  reste ,  il  ressemble  au  canard 
commun,  ô^.  "Le grand can<Mrd  sauvage  tac/ieté,  en  allemand, 
rosa  endte,  mertz  endte  et  grosse  tvilde  entité,  ne  diflere  du 
canard  commun,  qu'en  ce  que  son  dos  e^  tacheté  de  jaunAlre 
sur  un  fond  noir.  6^.  Le  canard  sauvage  à  large  collier.  Cette 
▼ariété,  observée  par  Picot  Lapeyrouse ,  est  remarquable  par 
aon  large  collier  blanc  au  bas  du  cou  ;  le  ventre  a  la  même 
couleur.  7^.  Le  canard  sauvage  brun ,  autre  variété  vue  par 
Picot  Lapeyrouse  ;  elle  est  d'un  fauve  brun,  uniforme  et  sans 
taches.  8°.  Le  Journal  des  savans,  du  16  novembre  .1684  y 
lait  mention  d'un  canard  à  quatre  ailes  ;  mais  cette  appa- 
rence de  quatre  ailes  n'étoit  due  qu'à  un  accident  individuel  ^ 
par  lequel  une  partie  des  pennes  des  ailes ,  qui,  ordinaire- 
ment sont  couchées  le  long  du  corps ,  s'en  écartoient  un  peu. 
L'espèce  du  canard  sauvage  est  a  présent  partagée  en  deux 
tribus  distinctes  :  Tune  qui  a  conservé  sa  Liberté,  et  l'autre 
que  l'homme  a  rendue  captive ,  qui  se  propage  dans  nos 
basseK;ours,ety  formeune  des  plus  utiles  et  des  plus  nombreuses 
familles  de  nos  volailles.  La  portion  de  l'espèce  restée  libre, 
a  tous  les  caractères  de  l'indépendance  :  elle  se  répand  siur 
une  grande  partie  du  globe;  ne  séjourne  pas  long-temps  dans 
les  mêmes  contrées  ;  ne  fait  que  passer  et  repasser  en  hiver 
dans  nos  pays ,  et  va  en  grand  nombre  s'enfoncer  dans  les 
régions  du  Nord ,  pour  y  nicher  sur  les  terres  les  plus  éloi- 
gnées de  l'empire  de  l'homme.  Ce  sont  des  oiseaux  très-dé- 
fians  ;  leur  vol  est  élevé,  et  on  les  reconnoit  aux  li^es  incli- 
nées ,  aux  trianffles  réguliers  tracés  par  la  disposiUon  de  leur 
troupe  ;  ils  ne  s  abattent  jamais  sans  avoir  fait  pliuieurs  cir- 
convolutions sur  le  lieu  qu'ils  ont  choisi ,  comme  pour  le  re- 
connoitre ,  et  s'assurer  s*d  ne  récèle  aucun  ennemi  ;  ils  ne 
s'abaissent  qu'avec  précaution,  et  lorsqu'ils  nagent,  c'est  tou- 
jours loin  des  rivages.  Us  se  reposent  sur  l'eau ,  et  on  les  y  voit 
souvent  la  tête  cachée  sous  une  aile ,  dans  l'attitude  d*un  oi- 
seau qui  dort  ;  mais  il  y  a  toujours  quelaues-uns  de  la  bande 
qui  veillent  à  la  sûreté  commune,  et  donnent  Talarme  ôva 
qu'il  y  a  péril;  aussi,  sont -ils  fort  diiiiciles  à  surprendre, 
et  la  chasse  aux  canards  est  une  de  celles  qui  exigent  le  plus 
de  finesse,  de  ruses,  de  peines,  et  souvent  de  patience.  Les 
canards,  de  même  que  tous  les  oiseaux  nageurs,  eu  sortant 
de  l'eau ,  s'enlèvent  verticalement  ;  et  comme  ils  sont  fort 
pesans,  ils  font  beaucoij^  de  bniit  de  leurs  ailes  au  momeui 


C  A  N  ftoS 

qn^fls  partent,  et  le  siffiemeni  de  leur  vol  les  décèle  pendant 
]a  nuit,  car  leurs  allures  sont  plus  de  nuit  que  de  |our.  Ils 
quittent  les  eaux  une  demi-heure  avant  le  coucher  du  soleil, 
et  c'est  ordinairement  dans  Tobscuiîté  qu'ils  voyagrnt  et  qu'ils 
paissent.  Ceux  que  l'on  voit  pendant  le  jour  ont  élé  forcés  de 
prendre  leur  essor  par  les  chasseurs  ou  par  les  oiseaux  da 
proie.  Leurs  voyages  se  font  en  troupes  nombreuses ,  et  ils 
vivent  presque  toujours  en  société  ;  ils  se  nourrissent  de  petita 
poissons,  de  grenouilles,  d'insectes  aquatiques,  et  de  graines 
des  plantes  marécageuses.  Pendant  les  gelées,  ils  vont  à  la  iisièro 
des  bois  ramasser  les  glands  qu'il  aiment  beaucoup  :  ils  se  jet- 
tent aussi  sur  les  champs  de  blé.  Quand  les  eaux  stagnantes 
commencent  à  se  cou^Tir  de  glace ,  ils  se  rabattent  sur  les  ri- 
vières encore  coulantes,  ou  près  des  sources.  Les  hivers  les 
plus  rudes  ne  les  incommodent  point ,  et  ils  vont  dans  les 
contrées  les  plus  âpres ,  chercher  un  climat  froid ,  dès  qqa 
le  nôtre  commence  à  s'adoucir  ;  ils  se  portent  jusque  dans  les 
régions  les  plus  septentrionales  de  r£urope  et  de  l'Asie,  en  La« 
ponie>  en  Sibérie ,  au  Siptzbera;,  au  Groenland,  &c.  et  loua 
les  voyageurs  qui  y  ont  pénétre,  s'accordent  à  dire  que  ces 
oiseaux  s'y  rassemblent  en  nombre  prodigieux ,  et  qu'ils  y 
couvrent  tous  les  lacs  et  toutes  les  rivières  :  cependant,  leur 
départ  de  nos  pays  n'est  pas  général,  et  il  en  reste  quelques- 
uns  qui  passent  l'hiver  en  France,  et  même  dans  des  contiéei 
plus  tempérées. 

Jjes canarda  sauvage»  ne  font  qu'une  couvée  par  an;  la  pa~ 
riade  a  lieu  dès  la  fin  de  février  ou  le  commencement  de  man  r 
elle  dure  environ  trois  semaines ,  et  nos  chasseurs  prétendent 
que  l'époque  de  la  ponte,  est  celle  de  la  floraison  de  Yhépa-^ 
tique.  Alors ,  ces  oiseaux  cessent  de  vivi^e  en  troupes  ;  ils  se 
séparent  :  les  mâles  recherchent  les  femelJes,  se  les  disputent 
même  par  des  combats  ;  les  couples  s'isolent  et  se  tiennent 
cacbés  dans  les  joncs  et  les  roseaux  pendant  la  plus  granda 
partie  de  la  journée ,  et  h'en  sortent  que  la  nuit.  Avec  un  na- 
turel vorace ,  les  canards  ont  aussi  beaucoup  d*ardeur  pour 
l'acte  de  la  génération  ,  et  les  femelles,  à  cet  égard ,  ne  le  cè- 
dent point  aux  mâles.  Tout  le  monde  conuoit  la  forme  sin- 
gulière de  la  verge  du  mâle  ;  elle  est  tournée  en  spirale,  et 
dans  certains  momens ,  elle  paroît  longue  et  pendante  ,  ce  qui 
a  fait  imaginer  à  des  gens  de  la  campagne,  que  l'oiseau , ayant 
avalé  une  petite  couleuvre ,  on  la  lui  voit  ainsi  pendante  viva 
au  bas  du  ventre. 

Cest  ordinaii*ement  dans  une  touffe  de  joncs ,  épaisse  et 
isolée  au  milieu  d'un  étang ,  qile  la  femelle  fait  sa  ponte»  en 
pliant  et  coupant  lies  joncs  et  les  arrangeant  en  forme  da  Qid« 


ttof>  C  A  N 

Cependant  y  eDe  préfère  souvent  des  bruyères  atae2  éloignées 
des  eaux  y  des  meules  de  paille  dans  les  champs  >  des  chênes 
tronqués  dans  les  forêts.  Quelquefois  même  la  carte  s'empare 
de  vieux  nids  abandonnés  par  les  pies  et  les  corneilles,  sur 
des  arbres  très-élevés.  Quelque  paîrt  qu'elle  fasse  son  nid , 
elle  en  garnit  l'intérieur  du  duvet  qu'elle  s'arrache  sous  le 
ventre.  On  y  trouve  ordinairement  seize  œufs  fort  obtus, 
sphéroïdes,  à  coquille  dure  et  blanchâtre;  et  suivant  la  re* 
marque  de  Belon ,  à  moyeu  rouge ,  au  lieu  d'être  jaune ,  comme 
dans  les  œufs  des  oiseaux  terrestres.  L'incubation  dure  trente 
jours,  et  la  femelle  s'en  charge  seule  :  lorsqu'elle  quitte  ses 
œufs  pour  chercher  sa  pâtui'e ,  elle  a  soin  de  les  couvrir 
avec  le  même  duvet  dont  elle  a  feit  une  couche  épaisse  au 
fond  du  nid  ;  et  quand  elle  retourne  après  qudques  instana 
d'absence^  vers  l'objet  de  ses  espérances  et  de  ses  soUicitudes  , 
elle  n'en  approche  qu'avec  précaution^  elle  se  rabat  cent  pas 
plus  loin ,  et  ne  s'y  rend  que  par  des  allures  tortueuses  qui 
indiquent  sa  défiance  :  mais  quand  une  fois  eUe  s'est  remise  à 
couver,  elle  quitte  difficilement,  et  le  bruit  ui  l'approche  de 
l'homme  ne  la  font  pas  enlever.  Lets  soins  du  mâle ,  pendant 
cette  longue  et  constante  incubation  ,  se  bornent  à  rester  aux 
aguets  près  du  nid ,  à  suivre  sa  femelle  dans  ses  courses  que 
le  besoin  commande  ,  et  à  la  défendre  des  persécutiona  des 
autres  mâles. 

Tous  les  petits  naissent  dans  la  même  journée,  et  dèsie  len- 
demain la  mère  descend  du  nid,  les  appelle  à  l'eau.  Mais  si  le 
nid  est  trop  élevé  ou  loin  de  l'eau,  lé  père  et  la  mère  les  pren- 
nent k  leur  bec  et  les  transportent  l'un  après  l'autre  sur  Veau. 
Ce  fait,  rapporté  par  Belon  {Naturn  das  oiseaux, -n^Lge  160), 
a  été  vérifié  par  a'excellens  observateurs.  Une  fois  sortis  au 
nid ,  les  petits  n'y  rentrent  plus;  le  soir , la  mère  les  rallie danb 
les  roseaux  et  les  réchauffe  sous  ses  ailes.  Tout  le  jom* ,  ib  na«- 

{[ent  avec  beaucoup  de  facilité,  et  guettent  h  la  surface  de 
'eau  et  sur  les  herbes ,  les  moucherons  et  autres  insectes  dont 
ils  font  leur  première  nourriture.  Jjeê  canetons  sont  long- 
temps couverts  d'un  duvet  jaunâtre  ;  leurs  plumes ,  et  sur^tout 
les  pennes  de  leurs  ailes ,  ne  poussent  que  fort  tard ,  et  ce  n'est 
guèi*e  qu'à  trois  mois  qu'ils  commencent  à  pouvoir  voler.  Dans 
cet  état,  on  les  nomme  halUbrans,  Du  reste,  ils  acquièrent  <  n 
six  mois  tout  leur  accroissement  et  toutes  leurs  couleurs,  bi 
l'on  prend  des  haUebrans ,  on  ne  parvient  à  les  apprivoiser 
qu'en  leur  brûlant  le  bout  des  ailes  qui  sont  long  -  temps  k 
revenir^  et  en  les  mettant  avec  beaucoup  de  canetons  domes- 
tiques. 
Ces  oiseaux  sont  sujets  à  une  mue  presque  subite  j  dans  hi- 


C  A  N  .207 

quelle  ils  perdent  quelquefois  toutes  les  pennes  des  aile«  eu 
une  seule  nuit.  £ile  arrive  aux  mâles  après  la  panade,  et  aux 
femelles  après  la  nichée^  ce  qui  paroh  indiquer  que  cette  mue 
si  prompte  est  l'eSèt  de  l'épuisement. 

La  voix  du  canarc^  est  bruyante  et  rauque ,  et  cette  réson- 
nance  est  due  à  la  conformation  de  la  trachée-artère,  qui, 
avant  sa  bifurcation  pour  arriver  aux  poumons  ,  se  dilate  en 
une  sorte  de  vase  osseux  et  cartilagineux.  L'on  a  remarqué 
que  cette  partie  évasée  de  la  trachée-artère^  est  plus  alongée 
dans  le  canard  privé  que  dans  le  ea^^xrd  sauvage.  Les  Latins 
avoient  le  verbe  tetrinire  pour  exprimer  le  cri  du  canard  : 
nous  n'en  avons  point  dans  notre  langue ,  si  ce  n'est  celui  de 
kankan,  qui  est  l'expression  même  de  ce  cri.  Les  femelles 
font  bien  plus  de  bruit  ;  leur  voix  est  jJus  forte ,  plus  suscep^ 
lible  d'inflexions ,  et  eUes  sont  plua  loquaces  que  les  mâles^ 
dont  la  voix  est  beaucoup  plus  foible ,  monotone  et  enrouée. 

On  retrouve  l'espèce  du  canard  sauvage  dans  les  régions  du 
Nord  du  nouveau  continent ,  où  elle  suit  le  même  ordre  de 
voyage  que  dans  l'ancien.  Mais  les  canarda  qui  peuplent  les 
bords  des  rivières^  les  lacs  et  les  savanes  noyées  de  l'Amérique 
méridionale ,  n'appartiennent  pas  à  cette  espèce.  Ce  sont  des 
espèces  distinctes  que  nous  décrivons  dans  cet  article. 

De  toutes  les  propriétés  que  les  anciens  attribuoient  aux 
dilTéï^ntes  parties  du  canard  sauvage,  û  n'y  a  de  bien  constaté 
qne  l'excellence  de  sa  chair  ^  plus  fine ,  plus  succulente,  et  de 
meilleur  goût  que  celle  du  canard  domestique,  Cest  un  mets 
recherché  pour  les  meilleures  tables  :  et  les  pâtés  de  canards 
d'Amiens  sont  en  grande  i*éputation  chez  les  goiumands. 
Aussi  a-t-on  imaginé  une  fouie  de  moyens  pour  prendre  les 
canards  sauvages  ;  û  n'y  a  point  de  pays,  point  de  canton 
même  qui  soit  fréquenté  par  ces  oiseaux ,  ou  l'on  n'emploie 

![uelque  méthode  particulière  pour  les  attraper  ou  les  tuer.  Il 
audroit  un  volume  pour  rapporter  toutes  ces  méthodes ,  et 
nous  nous  bornerons  à  indiquer  celles  qui  sont  les  plus  simple^ 
et  en  même  temps  les  plus  sûres.  Nous  ferons  précéder  celte 
notice  des  chasses,  aux  canards ,  par  quelques  détails  que  le» 
chasseurs  ni  les  gourmets  ne  doivent  point  ignorer. 

Pour  distinguer  les  jeunes  canards  des  vieux ,  on  examinera 
les  pattes  que  les  vieux  ont  plps  lisses  et  d'un  rouge  plus  vif; 
ou  bien  on  leur  arrachera  une  penne  de  l'aile,  dont  le  bout 
est  mou  et  sanguinolent  si  le  canard  est  jeune.  La  différence 
entre  le  canard  sauvage  et  le  canard  privé  j  eai  très^ensible:  le 

Emier  a  les  formes  et  les  contours  plus  élégans;  les  écailles 
pieds  plus  fines  j  égales  et  lustrées  ;  les  membranes  des  doigts 


5io8  C  A  N 

plus  minces  ;  les  ongles  plus  aigus  et  plus  luisans ,  et  les  jambes 
plus  déliées.  On  le  reconnoît  aussi  aisément  lorsqu'on  le  sert  sur 
nos  tables  y  à  son  estomac  toujours  aiTondi ,  tandis  que  cette 
partie  forme  un  angle  sensible  dans  le  c<uuxrd  domestique  , 
quoique  celui-oi  soit  surchargé  de  beaucoup  plus  de  graisse 
que  le  sauvage. 

Chaase  aux  Caruurds, 

9 

A  la  glanée.  De  toutes  les  chasses  aux  canards,  la  plus  sim- 
ple et  en  même  temps  la  moins  dispendieuse ,  et  l'une  des  plus 
productives ,  est  celle  qu'on  nomme  glanée.  Il  faut  pour  cette 
chasse,  avoir  des  tuiles  plates ,  les  plus  gi*andes  de  celles  qui 
servent  à  couvrir  les  toits  :  on  en  perce  le  milieu  d'un  trou,  à  tra- 
vers lequel  on  passe  quatre  fils  de  fer  de  moyenne  grosseur,  et 
longs  d'un  pied  ;  on  les  tord  et  on  en  courbe  les  quatre  extré- 
mités, à  chacune  desquelles  on  attache  solidement  un  collet 
de  six  ou  huit  crins  ;  on  garnit  de  terre  glaise  le  dessus  de  la 
tuile ,  et  on  y  sème  du  blé  cuit  dans  de  l'eau  commune;  on  ré- 
pand aussi  du  blé  à  l'entour  du  piège  pour  servir  d'amorce* 
Cette  chasse  se  fait  à  la  sourdine ,  de  manière  qu'un  canard  se 
prend  à  côté  de  son  voisin ,  sans  l'appercevoir  et  sans  se  dou- 
ter du  piège ,  qui  se  place  sur  le  bord  d  une  rivière ,  d'un  étang  , 
d'un  marais  ou  dans  des  prés  inondés  ,  en  sorte  que  la  tuile 
soit  recouverte  de  quatre  pouces  d'eau  au  moins ,  étant  indif- 
férent que  les  collets  surnagent  horizontalement  ou  entre 
deux  eaux.  Les  canards  s'y  prennent  également ,  en  plongeant 
pour  manger  le  grain  cuit  qui  sert  d'appât,  etsans  qu'ils  pui»* 
aent  s'en  débarrasser.  Pour  empêcher  qu'en  se  prenant  le 
canard  ne  déplace  le  piège ,  on  en  attache  plusieurs  après  un 
même  coi'deau ,  qu'on  passe  par-dessous ,  a  travers  l'anneau 
qu'on  a  formé  avec  les  nls  de  fer  qui  tiennent  les  collets  :  dans 
ce  cas  on  place  les  pièges  à  une  certaine  distance  les  uns  des 
autres,  et  on  y  prend  différentes  espèces  d'oiseaux  nageurs. 

A  lapines.  Aux  mêmes  endroits  où  l'on  place  le  piège  aoe 
l'on  vient  de  décrire ,  on  .peut  tendre  une  sorte  de  pince  qu  on 
nomme  d'Elvaski,  du  nom  de  son  inventeur*  Cet  instrument 
ressemble  en  grand  a  celui  dont  les  fumeurs  allemands  se 
servent  pour  prendi^  les  charbons  ardens  dont  ils  allument 
leurs  pipes.  La  pince  en  se  détendant  par  le  moyen  d'un 
ressort ,  attrape  le  canard  par  les  pattes  ou  par  le  cou. 

AufusiL  En  été ,  lorsqu'il  y  a  dans  un  étang  une  couvre 
de  halUbrans,  ou  de  très-jeunes  ccmards  sauvages  y  ei  qu'ils 
commencent  à  voler  k  l'entour  de  cet  étang ,  on  est  sûr  de  les 
rencontrer  j  dès  le  grand  matin  et  vers  midi,  barbotant  sur 


C  A  N  sîog 

les  bords  y  d^ns  les  grandes  herbes ,  où  ils  se  laissent  approcher 
de  très'près  pour  les  tirer.  On  peut  encore  les  chasser  sur  l'é-* 
tang,  à  toute  heure  du  jour,  en  se  plaçant  dans  un  bateau ,  ce 
qui  réussit  sur-tout  dans  l^s  petits  étangs  où  il  est  aisé  de  tuer 
jusqu'au  dernier^  parce  qu'ils  s'écartent  moins,  et  qu'on  ne ieê 
perd  pas  de  vue;  cela  est  encore  plus  facile,  si  Ton  a  tué  la 
mère  :  alors  on  prend  une  cane  domestique ,  qu'avec  une 
ficelle  on  attache  par  un  pîed^  à  un  piquet  fixé  sur  les  bords 
de  l'étang ,  de  manière  qu'elle  ait  la  liberté  de  se  promener 
un  peu  dans  Feau  ;  on  se  tient  un  peu  à  l'écart ,  là  cane  se  met 
à  caneter,  et  dès  que  les  hallebrans  l'entendent  »  ils  s'en  ap-» 
prochent  aussi-tôt,  la  prenant  pour  leur  mère  ;  alors  on  les 
tue  a  coups  de  fusil.  Si  l'on  veut  les  avoir  sans  les  tirer,  on 
jette  sur  l'eau ,  aux  environs  de  l'endroit  où  est  la  cane ,  des 
hameçons  garnis  de  mou  de  veau,  de  glands ,  de  petits  pois- 
sons ,  de  grenouilles  et  même  de  petits  morceaux  de  chau*  ou 
de  vers;  cesliameçons  sont  attachés  à  des  ficelles  retenues  par 
des  piquets  plantés  au  bord  de  l'eau^ 

n  n'est  presque  point  d'étang,  qui,  dès  le  commencement 
de  l'automne,  ne  soit  hanté  par  quelques  bandes  de  canard» 
coupages  :  lorsque  ces  étangs  ne  sont  que  d'une  médiocre 
étendue,  deux  chasseurs  placés  d'un  celé  et  de  l'autre^  en 
jetant  des  pierres  dans  les  joncs ,  font  partir  le  gibier  qu'ila 
tirent ,  et  dont  ils  tuent  une  certaine  quantité ,  sur-tout  si  l'é-i 
tang  n'a  que  peu  de  largeur  et  qu'il  se  resserre  vers  la  queue  ; 
mais  le  plus  sur  est  de  se  faire  conduire  en  bateau  sur  l'étang  > 
de  pénétrer  entre  les  joncs  et  sans  bruit ,  de  cette  manière  les 
ccmtztds  se  laissent  ordinaii-ement  approcher  d'assez  près  poui* 
pouvoir  les  tuer  au  vol ,,  ceux  qui  échappent  reviennent  quel- 
ques momens  après  se  rabatti-e  sur  l'étang,  et  avec  les  mêmes 
précautions  on  réussit  à  en  tuer  encore.  Au  reste ,  l'on  lie 
doit  pas  précipiter  le  coup  de  fusil  dès  qu'on  le  juge  possible ,  1er 
canard^  ne  s'éloigne  pas,  en  s'enlevant,  autant  qu  un  oiseau  qui 
file  droit ,  et  on  a  tout  autant  de  temps  pour  ajuster  un  canard 
qui  part  à  soixante  pas  de  distance ,  qu'une  perdrix  qui  par* 
tiroit  à  trente. 

ji  l-affUe.  En  hiver,  et  sur-tout  dans  les  temps  de  gelée ,  les 
canards  circulent  et  sont  en  mouvehient  plus  que  dans  tout 
autre  temps,  alors  on  les  attend  à  la  brune  au  bord'  des  petits 
étangs,  et  on  les  tire  au  vol  ou  à  leur  chute.  Lorsque  les  étangs 
elles  rivicres  sont  pris  par  la  glace,  on  se  meta  l'aflûtprè* 
des  sources  ou  des  fontaines  qui  ne  sont  pas  gelées. 

A  la  hutte.  La  chasse  à  la  nutte ,  est  celle  qui  détruit  le  plus 
de  canards.  La  hutte  est  une  petite  cabane  très-basse,  propre 
à  contenir  une  ou  deux  personnes  seulement^  t>n  la  cocstru^ 

IV.  o 


•lo  C  A"  N 

dans  un  marais,  arec  des  branches  de  sanlerecoaTenes  de 
teiTe  et  pkquées  de  gason.  On  l'établit  près  d'un  endroit  où 
le  terrein  se  creuse  et  fait  Isl  jatte,  et  où  Ton  conduit  l'eau  de 
quelque  fossé  voisin  ;  cda  forme  une  petite  mare  de  cinquante 
&  soixante  pas  de  diamètre ,  à  l'extrémité  de  laquelle  est  la 
hutte  qui  doit  être  avancée  de  quelque  pas  dans  1  eau,  et  sur 
un  sciasses  exhaussé  pour  qu'on  puisse  y  être  à  sec.  Le  hutteur 
est  muni  de  deux  ou  trois  appelons,  un  canard  et  deux  ou 
trois  canes  domestiques  qu'on  place  dans  l'eau  à  quelques  dis- 
tance du  bord ,  et  qui  sont  attachés  par  la  patte,  avec  des  ficelles 
de  deux  ou  trois  pieds  de  longueur,  à  des  piquets  qui  n'excè» 
dent  point  la  surface  de  l'eau.  Le  hutteur  a  des  bottes  pour  cette 
opération,  ainsi  que  pour  gagner  sa  hutte  ;  il  est  accompagné 
d  un  chien  barbet  pourallercnercher  lescanardsqn'on  atuâ.11 
«ttend  que  les  canards  et  autres  oiseaux  d'eau  qui  sont  attirés 
par  la  voix  des  appelans,  viennent  descendre  dans  la  mare 
où  il  les  tue  à  coups  de  fusil  par  les  meurtrières  pratiquées  à 
la  hutte.  A  défaut  d'appelans  vivans,  on  peut  figurer  des  ca« 
aards,  soit  ea  bois  peint ,  soit  en  terre.  Cette  chasse  dure  depuis 
le  commencement  de  novembre  jusqu'à  la  fin  de  mars»  et  ne  se 
faitquela  nuit , excepté  dans  les  premiers  joursde  gelée  oudedi- 
^el.  Elle  se  pratique  aussi  sur  les  bords  des  rivières,  danslesen- 
droits  où  les  eaux  sont  dormantes ,  et  au  lieu  de  hutte  on  peut 
•e  placer  dans  les  creux  que  présentent  quelquefois  les  bordi 
escarpés  d'une  rivière  ;  et  de-Ià  avec  des  fusils  de  gros  calibre, 
on  peut  tuer  douie  à  quinze  canards  d'un  seul  coup. 

Une  autre  chasse  qui  ressemble  beaucoup  k  celle  qtd  vient 
d'être  décrite ,  est  ceue  qui  se  pratiaue  dans  des  mares  à  un« 
lienç  ou  deux  de  la  mer,  et  dont  l'étendue  est  d'environ  un 
demi-arpent  ;  à  six  ou  huit  pieds  du  bord  est  un  petite  ile  ,  soit 
naturelle ,  soit  faite  par  une  jetée ,  couverte  d'un  massif  de  ro* 
•eaux  et  de  jeunes  plants  de  saules  ou  d'osier:  au  milieu  de  oetto 
ile  est  une  petite  cabane  recouverte  en  chaume  et  très-basse. 
Pour  faire  descendre  dans  la  mare  ,les  canardi  et  autres  oiseaux 
d'eau ,  le  chasseur  attache  sur  le  bord  un  ou  deux  canaida 

i drivés ,  et  il  a  en  outre  dans  sa  cabane  un  canard  mâle  qu'il 
âche  en  l'air  dès  qu'il  apperçoit  une  volée  de  canarde  sai^ 
pagee,  le  canard  privé  va  se  joindre  1  ceux-ci,  les  amèno 
dans  la  mare ,  et  u  a  l'instinct  particulier  de  s'en  séparer  dès 
^u'il  est  à  l'eau ,  afin  de  n'être  pas  tué  avec  eux.  A  la  chute  du 
jour,  et  le  matin  avant  qu'il  paroisse ,  voilà  le  temps  le  plus  fa«* 
vorable  pour  cette  chasse. 

Outre  ces  différentes  manières  de  tirer  le  canard  à  l'affût , 
il  en  est  ulubieurs  autres  que  les  locaUtés  indiquent  et  qu'oa 
peut  facilement  imaginer  d'après  les  pi-incij)es  indiqués  dan« 


C  A  N  „i 

les  différeales  chaases  que  je  viena  de  meltre  loiu  les  yeux 
da  lecleur. 

jéu  réverbère  et  aa  flambeau»  C'est  ainsi  que  pendant  la  nuit^ 
sur  une  rivière  dont  le  cours  est  lent^  un  chasseur  placé  sur  un. 
bateau  qu'il  laisse  aller  au  fil  de  l'eau,  et  en  devant  duquel  est  uno 
perche  posée  horÛBontalement,  au  bout  de  laquelle  est  attaché» 
une  terrine  remplie  de  suif,  avec  trois  mécnes  allumées,  on 
attire  les  canarda  des  bords  de  la  rivière  au  Ueu  qui  est  éclairé, 
et  on  les  tue  avec  de  longs  fusils  nommés  canardières ,  et  qui 

Sortent  fort  loin;  on  obtient  le  même  avantage,  lorsque  do 
eux  chasseiu^  qui  suivent,  pendant  la  nuit ,  les  bords  d'une 
rivière  hantée  «par  les  canarde  sauvages,  l'un  d'eux  porte  un 
chaudron  bien  écuré,  dans  lequel  est  placée  la  terrine. 

jiux  filets.  Sur  les  bords  de  la  mer ,  loi^ue  les  canards  en 
sortent  versla  nuit,  ou  lorsqu'ils  v reviennent  à  l'aube  du  jom\ 
non-seulement  les  chasseurs  cacnés  dans  des  huttesles  tuent  au 
vol ,  mais  ils  leur  font,  ainsi  qu'aux  autres  oiseaux  nageurs^  une 
guerre  qui  est  encote  plus  sure  et  plus  productive  :  elle  consist» 
à  tendre  à  marée  basse  et  à  deux  cents  pas  du  rivage,  des  fileta 
à  trois  mailles  qu'on  place  verticalement  à  l'aide  de  perches 
plus  élevées  que  le  niveau  de  l'eau;  lorsque  ces  oiseaux  sont 
chassés  par  les  hautes  marées  ou  par  des  vents  forcés,  ils 
donnent  dans  ces  filets  et  s'y  prennent. 

^ux  filets  d'alouettes.  Dans  les  marais ,  dans  les  étangs  dont 
les  bords  sont  peu  profonds  et  dans  les  prairies  inondées  par 
le  débordement  des  rivières,  on  prend  beaucoup  de  canarde^ 
avec  des  filets  à  alouettes,  qu'on  tend  de  la  même  manière 
que  pour  la  chasse  au  miroir ,  qu'on  trouvera  décrite  au  mot 
AiiOUSTTS.  La  difiérence  que  nécessite  le  local ,  c'est  qu'on  so 
sert  de  barres  de  fer  pour  monter  et  fij^er  les  nappes  au  fond  du 
marais ,  de  l'étang  ou  de  la  prairie  noyée ,  sur  laquelle  on  tend  ; 
et  que  si  la  monture  des  nappes  est  en  bois,  on  les  garnit  do 
balles  de  plomb  pour  les  faire  tenir  à  fond;  en  observant  en- 
core de  placer  les  nappes  dans  un  endroit  couvert  de  deux 
pieds  d'eau ,  et  au  lieu  d'avoir  un  miroir  et  ime  alouette  pour 
appeau,  il  faut  avoir  plusieurs  canes  privées,  que  le  chasseur 
attache  entre  la  rive  et  les  nappes  qu  d  fait  jouer  de  la  hutt» 
qu'ilaétabliesur  les  bords, et  cela  par  le  même  procédé  et  dans 
les  mêmes  circonstances  que  pour  la  chasse  au  miroir.  Pour 
assurer  davantage  le  succès  de  cette  chasse,  on  a  dans  la  huttai 
quelques  canards  mâles  privés ,  que  le  chasseur  lâche  lorsqu'il 
apperçoit  une  volée  de  sauvages  ;  les  privés  les  joignent  »  lea 
appeaux  femelles  les  rappellent ,  les  mâles  privés  se  ren&nt  à 
liax  voix ,  et  sont  suivis  par  les  sauvages,  et  lorsque  ceux««i 


ais  C  A  N 

traversent  les^mitftf  ou  nappes ,  le  tendeur  les  fait  Joner,  et 
on  en  prend  souvent  plus  d'une  douzaine  à  la  ibis.  Si  les  ap-> 
peaux  sont  des  femelles  sauvages,  cela  n'en  va  que  mieux* 
Cette  chasse  ne  se  fait  que  pendant  la  nuit  au  clair  de  la  lune 
et  avant  l'aube  du  jour^  les  vents  de  nord  et  nord-ouest  sont 
les  plus  favorables  ;  tout  chasseur  intelligent  reconnoîtra  les 
dlifereuces  que  le  local  exige,  entre  la  manièi^  de  monter 
les  nappes  aux  alouettes  et  celles  aux  canards* 

u^  la  nasse  ou  grand  piège,  La  plus  grande  et  la  plus  pro- 
ductive des  chasses ,  est  celle  qui  se  pratique  sur  le  bel  étang 
4'ArmiuviUien|  et  qui  peutêtre  faite  sur  d'autres  étangs  qui  pi^* 
sentent  la  même  facdite.  Sur  un  des  côtés  de  cet  étang  qu'om- 
bragent des  roseaux^  et  que  borde  un  petit  hois,  leau  forme 
une  anse  enfoncée  dans  le  bocage  et  comme  un  petit  pori  om- 
bragé où  règne  toujours  le  calme  ;  de  ce  port  ^  on  a  dérivé 
des  canaux  qui  pénètrent  dans  l'intérieur  du  bois  ,  non  pas 
en  ligne  droite  ,  mais  en  arc  sinueux  ;  ces  canaux ,  nommés 
cornes ,  assez  larges  et  profonds  à  leur  embouchure  dans 
l'aiLsc  ,  vont  en  se  rétrécissant  et  en  diminuant  de  largeur  et 
de  profondeur  j^  mesure  qu'ils  s'enfoncent  dans  le  bois^  où  ils 
finissent  par  un  prolongement  en  pointe  et  tout-à-fait  à  sec. 
Le  canal ,  à-peu-près  à  la  moitié  de  la  longueur  ,  est  re- 
couvert d'tin  filet  en  berceau,  d'abord  assez  large  et  élevé  , 
mais  qui  se  resserre  et  s'abaisse  à  mesure  que  le  canal  se  i^lrécit, 
et  finit  k  la  pointe  en  une  nasse  profonde  et  qui  se  ferme  en 
poche.  Tel  est  le  gt*and  pî^e  où  des  troupes  nombreuses  de 
canards ,  mêlés  de  rougets ,  de  garois  et  de  sarcelles  viennent 
s'abattre  sur  l'étang  dès  le  milieu  d'octobre  ;  mais  pour  le» 
attirer  vers  l'anse  et  les  fatales  cornes ,  voici  comme  on  s'y 
prend  :  an  centre  du  bocage  et  des  canaux  on  bâtit  uno 
petite  maison  où  loge  un  garde  qu'on  nomme  le  eanardier^ 
cet  homme  va  ,  trois  ibis  par  joui-,  répandre  le  grain  dont  il 
nourrit,  pendant  toute  Tannée ,  plus  de  cent  canards  demi- 

imvés ,  demi-sauvages ,  et  qui  ,  nageant  tout  le  jour  dana 
'étang,  ne  manquent  pas  à  l'heure  accoutumée, et  au  coup 
de  siHlêt,d^arriTer  à  grand  vol ,  en  s'abattont  aor  l'anse  >pour 
enfiler  les  canaux  ou  leur  pâture  les  attend.  Ce  sont  ces  oi- 
seatix ,  que  le  canardier  appelle  iraitrss ,  qui ,  dans  la  saison  , 
se  mêlant  sur  l'étang  aux  troupes  des  sauvages,  les  amènent 
dans  Taiise ,  et  les  attirent  ensmtfe  daim  les  cornes  ,  tandis  que  ^ 
caché  derrière  \ine  suite  de  claies  de  ix)seaux,le  canardier  va 

{'étant  dn  grain  devant  eux  pour  les  amener  jusque  soua 
'erhbôiidhuré  dn  berceau  de  mets  ;  alon  ,  se  montrant  dans 
les  intcHralles  des  claies  ,  disposées  obliquement  >  et  qui  ju»* 
qu'alors  le  cttcik>ienl  aux  canards  arrivam ,  il  offraiia  eeu« 


C  A  N  2t5 

qui  sont  avancés  sans  le  berceau  de  filets  ^  el  qui  se  jettent 
dans  le  ciil-de^sac  ,  d'où  ils  vont  péle-méle  s'enfoncer  dans 
la  nasse  :  on  en  prend  ainsi  însqu'à  soixante  à-la-fois ,  et  par 
milliers  dans  le  cours  d'une  saison.  Il  est  rare  que  les  deini- 
priyés  entrent  dans  la  nasse  $  ils  sont  faits  à  ce  jeu ,  et  retour*- 
nent  sur  Tétang  recommencer  leur  manœuvre  ,  et  engager 
iuie  nouvelle  capture. 

Foyex  encens  l'artidLe  Canaab«  Economie  rurcde  et  domeê' 
tique, 

LeCAKABD  SAUVAGE  DuBrÉSIL.  FoytfzGANARD  MUSQUi. 

Le  Canard  sauvage  de  Saint-Domingue.  Voyez  Ca« 

KARD  MUSQUE. 

lie  Canard  sauvage  a  tâte  roussatre  ,  dans  l'Ornitho- 
logie de  Saleme ,  c'est  le  Mobii^IiON.  Foyex  ce  mot.  (S.) 
Le  Canard  siffleur.  Foyez  Vingeon. 
Le  Canard  sifflant  a  bec  mou.  Voyez  Canard  gris- 

SLSU. 

Le  Canard siFFLEUR  DU  Cap  de  BoNN£-EsF£RANC£(^/za# 
capensis  Lath.  ).  Sa  taille  est  la  même  que  celle  du  Vingeon, 
Un  bleu^  mêlé  de  cendré'et  pointillé  d'une  teinte  plus  sombre, 
couvre  la  tête  ;  les  plumes  du  dos  sont  d'un  brun  rougeâtre  , 
et  bordées  de  jaunâlre  ;  une  teinte  tendre^  verte  et  oleue, 
indique  le  miroir  des  ailes  ;  le  cendré  est  répandu  sur  le  reste 
du  plumage  ^  le  bec  et  les  pieds  sont  rouges  et  les  ongles 
noirs. 

Le  Canard  siffleur  a  queue  noire  (  ^nas  meUmura 
Lalh.  ).  Cet  oiseau  que  Scopoli  a  indiqué  le  premier ,  mais 
sans  faire  connoîtt^  le  pays  qu'il  habite^  a  beaucoup  de 
I  apport  au  F'ingeon,  Il  n'est  pas  tout-à-fait  aussi  gros  que  le 
canard  saupoge  y  le  dessus  de  la  tête  et  le  dos  sont  roux  ; 
le  cou  et  le  corps  cendi'és,  le  croupion  est  varié  de  taches 
t>lanches  sur  un  fond  noir  ;  les  pennes  et  les  ailes  sont  de 
celte  dernière  couleur^  le  bec  et  les  pieds  d'un  rouge  de 
brique.  (Vieill.) 

Le  Canard  spatule.  Voyez  Souchet.  (S.) 
Le  Canard  de  Steli-br  (  jinaa  diepar  Lath,  Muê,  carL 
faec,  1  g  iom.  y  ,  8^  Sparm.  ).  Le  nom  que  porte  ce  canard  est 
celui  du  savant  voyageur  qui  y  le  premier^  l'a  fait  connoîlre. 
C'est  dans  les  écueils  et  dans  les  rochers  inaccessibles  du 
Kamtschatka ,  que  Steller  l'a  découv.ert.  Cette  espèce  y  place 
son  nid ,  et  ne  s'éloigne  jamais  des  eaux  de  la  mer  pour  en- 
trer dans  les  fleuves  ;  eUe  fréquente  aussi  les  côtes  les  plus 
septentrionales  de  l'Amérique  ;  sa  taille ,  son  port  et  sa  dé- 
marche ,  sont  cens  du  petit  morillon  y  elle  a  6ur  le  derrière 


».4  C  A  N 

de  la  tôte  une  sorte  de  petite  huppe  ;  deux  tacliei  d'un  rert 
d'émeraude ,  l'une  transversale  sur  la  nuque  ,  l'autre  plus 
lai^e ,  qui  va  d'un  œil  à  l'autre  en  passant  sur  le  front;  les 
yeux  entourés  de  petites  plumes  soyeuses  et  noires  ;  le  bec  de 
cette  couleur.  Tins  brun  clair,  le  devant  du  cou ,  la  gorge ,  le 
dos ,  pareils  au  bec  ,  mais  à  reflets  violets  ;  un  collier  encore 
plus  éclatant  ;  la  poitrine  légèrement  teinte  de  roussâtre  \  le 
teste  du  corps  blanc  ;  les  grandes  pennes  des  ailes  d'un  brun  • 
brillant  \  les  moyennes  d'un  riche  mélange  de  noir ,  de  bleu 
et  de  blanc  \  les  petites  d'un  noir  violet  à  l'extérieur ,  et  blan- 
ches à  l'intérieur  :  ces  pennes  sont  ]M>intues  et  recourbées  à 
leur  extrémité  ;  la  queue  est  brune ,  courte  et  terminée  en 
pointe;  les  pieds  sont  noirs;  longueur,  quinse  pouces  et  demi. 

La  femelle  de  ce  superbe  et  rare  canard  n'est  variée  que 
de  brun  et  de  fauve  rougeâtre  ;  son  plumage  a  de  la  ressem- 
blance avec  celui  de  la  béccuse  ;  elle  n'a  de  remarquable  que 
deux  taches  blanches  sur  les  couvertures  des  ailes  ,  dont  lef 
pennes  sont  droites  et  noirâtres.  C'est  à  cette  femelle  que  doit 
éti'e  rapporté  le  canard  ferrugineux  de  Gmelin  et  de  Latham. 
(  anaejerruginea), 

LieUANAAD  A  t£t£  COULEUR  DE  pAKNELLB(^mis  carjo^ 
pkyllaia  La  th.  ).  Cette  espèce  qui  se  trouve  dans  plusieurs 
parties  de  l'Inde,  s'apprivoise  facilement  ,  se  réunit  rare- 
ment en  troupes,  et  vit  presaue  toujours  par  paires.  Sa  taille 
est  celle  du  canard  siffleur  à  bec  noir ,  et  sa  longueur  de  dix- 
neuf  pouces  ;  le  miroir  peu  brillant ,  qui  occupe  trois  ou 
quatre  pennes  de  l'aile  ,  est  d'un  rouge  pâle  ou  couleur  de 
rouille  ;le  bec  de  près  de  deux  pouces  et  demi  de  long ,  un  peu 
courbé  à  son  extrémité ,  est ,  ainsi  que  la  tête  et  la  moitié  du 
cou,  d'une  teinte  vive  de  cannelle  ;  un  brun  de  chocolat  couvre 
l'autre  partie  du  cou  et  le  reste  du  corps  ;  les  couvertures  des 
ailes  sont  longues  et  recourbées  ;  les  pieds  d'un  gris  bleuâtre , 
et  l'iris  rouge.  La  femelle  diflere  très-peu  du  mâle. 

Le  Canard  a  tête  grise  (  Anaa  spectahilis  Latfa.  )  est 
beaucoup  plus  gros  que  le  canard  domentique ,  et  a  près  de 
deux  pieds  de  longueur;  le  dessus  de  la  tête  d'un  cendré 
bleuâtre  ;  les  côtés ,  au-dessous  des  yeux ,  d'un  vert  pâle  ;  trois 
petites  bandes  longitudinales  noires  sm*  le  front ,  et  qui 
a'avancent  en  pointe  sur  le  haut  du  bec ,  et  deux  autres  qui 
s'étendent  en  arrière  sous  ses  angles  ;  le  tour  des  yeux  delà 
même  couleur; le  cou»  la  gorge  et  la  poitrine  blancs;  le 
ventre  d'un  brun  noirâtre  ;  le  dos,  les  scapulaires  et  le  crou- 
pion de  celte  même  teinte  et  k  reflets  pourprés;  les  couver^ 
tures  du  dessus  et  du  dessous  de  la  queue  d^  noir  brillant  ; 
de  chaque  cAlé,  an-dessus  du  croupion  ,  une  grande  tache 


C  A  N  1,9 

bkncbe;  le» pennes  des  ailes  branes;  les  cenvertures  d'un 
pourpre  luisant^  et  chaque  plume  terminée  par  un  point 
Diane  ;  la  queue  d'un  brun  foncé  et  étagée  ;  le  bec  rouge  ; 
un  tubercule  musculeux  qui  surmonte  le  bec  à  sa  base  ;  les 
pieds  d'un  rouge  sale. 

La  femelle  n  a  sur  le  bec  qu'un  renflement  peu  apparent; 
les  yeux  entourés  de  blanc  ;  le  j^umage  tacheté  de  bnm  ,  do 
noir  et  de  rougeâtre;  les  pennes  de  la  queue  et  l'extrémité  do 
c^es  des  ailes  cendrées ,  avec  une  bande  blanche  qui  les  tra- 
verse en  dessus;  les  pieds  noirs.  Les  jeunes  mâles  ont  à*peu« 
près  les  mêmes  couleurs  que  la  femelle. 

Cette  espèce  habite  pendant  l'été  le  nord  de  la  baie  dllud^ 
•on  y  et  pendant  l'hiver  elle  s'avance  jusqu'à  New-Yorck.  On 
la  trouve  au  Kamtschatka ,  en  Sibérie  ^  en  Ncnrège  ;  et  le,  ello 
ae  nourrit  de  coquillages  qu'elle  va  chercher  au  fond  des  eaux^ . 
et  qu'elle  n'avale  que  lorsqu'elle  a  regagné  la  surface.  Ses 
œu&sont blanchâtres;  son  duvet  est  aussi  fin  et  aussi  moelleux 
que  celui  de  Veider ,  et  sa  chair  très-savoureuse.  On  fait  la 
chasse  à  ces  oiseaux  avec  des  traits  adaptés  pour  tuer  plu* 
sieurs  autres  espèces  d'oiseaux  d'eau  :  on  les  surprend  au  mo* 
ment  où  ils  plongent  pour  attraper  leur  proie  ^  efl^yés  des 
cris  des  chasseurs ,  ils  n'osent  pas  prendre  leur  vol  et  se  rèfo« 

S  lent  sous  l'eau;  mais  ne  pouvant  s'y  tenir  long-temps^  et 
écélant  le  Ueu  où  ils  sont  par  les  bulles  d'air  qu'ils  laissent 
échapper ,  ils  sont  frappés  au  moment  où  ik  montrent  leur, 
tète  à  la  surface  de  Teau.  (Yieill.) 

Le  GRAND  Ôanarb  A  téte  ROUSSE.  G'cst ,  daus  Vor/diha^ 
hgie^e  Saleme,  le  canard  aiffleur  ouVinoeon.  Voyez  co 
mot.  (S.) 

Le  Canard  TARii  a  calotte  noire  (  jifuu  JamaicenM 
Ijath.)  ne  parott  à  la  Jamaïque  qu'en  octobre  et  novembre» 
Sa  taille  est  celle  du  petit  canard  à  grosse  tête;  il  a  près  do 
quinze  pouces  de  longueur;  son  bec  est  laige  et  un  peu  re- 
courbé en  haut  à  son  bout^  la  mandibule  supérieui*e  est 
bleuâtre  sur  son  arête ,  orangée  sur  ses  côtés  et  autour  dea 
narines;  l'inférieure  est  de  cette  dernière  couleur^  l'iris 
est  d'un  brun  clair  ;  une  calotte  noire  couvre  le  dessus  de  la 
tète  ,  et  une  teinte  brune  domine  sur  le  dos ,  les  ailes  et  la 
queue  ;  la  gorge  est  blanche  et  tachetée  de  noir  ;  sur  tout  lo 
reste  du  plumage  il  y  a  des  raies  couleur  de  rouille  et  de  sa« 
firan,  agréablement  variées  ;  la  queue  est  cunéiforme.  (  Vieill.^ 
Le  Canard  aux  yeux  d'or.  M.  Saleme  a  désigné  ainsi 
le  Garrot.  Fby.  ce  mot.  (S.) 

CANARD  (  Economie  rurale  et  domestique.  ).  Nous  nou« 
bomerouB  i  présenter  ici  les  qualités  les  plus  essentielles  dec 


^i6  C  A  N 

canards ,  et  à  indiquer  aux  culûvateiirt  qui  desirerbieiil  s'oc* 
cuper  de  leur  éducation ,  les  moyens  d'en  tirer  tous  les 
avantages  qu'on  peut  en  obtenir.  Mais  avant  d'entrer  dans 
ces  détails ,  qa'il  nous  soit  permis  de  commencer  rarticle  par 
une  réflexion  générale^  que  vraisemblablement  ont  déjà  &ite 

iïlusîeurs  bonnes  fermières,  auxquelles  le  gouvernement  de 
a  basse -cour  est  naturellement  dévolu. 

fl  n'est  pas  douteux  que  le  canard,  devenu  domestique  , 
ne  soit  d'une  assez  grande  ressource  pour  les  habitans  des 
campagnes  ;  il  vit  et  se  multiplie  au  milieu  de  nos  habitations , 
exige  peu  de  soins,  même  dans  son  premier  âge  ;  pourvu  qu'il 
«it  a  sa  disposition  une  rivière ,  un  étang,  un  filet  d'eau ,  une 
maj^e,  un  bourbier,  peu  lui  importe  ;  l'humidité  est  son  élé- 
inent  ;  il  ne  sauroit  profiter  que  dans  des  lieux  frais  et  aqua* 
tiques  ;  inutilement  on  s'obstmeroit  à  vouloir  élever  des  ca^ 
nards  dans  des  endroits  secs  et  arides ,  leur  chair  ne  seroit  ni 
aussi  tendre  ni  aussi  savoureuse  ;  dans  ce  cas ,  il  vaut  mieux 
leur  préférer  d'autres  oiseaux  auxquels  les  localités  convien- 
nent davantage ,  pour  les  vues  qu'on  doit  se  proposer. 

Des  Espèces  ou  Vctriétés  de  Canards. 

Dans  le  très-grand  nombre  des  variétés  de  canards  dont 
les  naturalistes  ont  donné  la  description  ,  il  n'en  existe  com- 
munément que  deux  ou  trois  au  plus  dans  nos  basses-cours  , 
savoir  ,  le  canard  commun  ou  harboteux  ;  le  canard  musqué 
ou  de  Barbarie  ;  enfin  le  canard  métis,  qui  résulte  de  l'ac- 
couplement du  canard  <^Inde  et  de  la  cane  commune. 

Canard  sauvage. 

Le  canard  sauvage  a  fourni  le  canard  domestique  ,  auquel 
il  se  mêle  volontiers  ;  il  vit  en  troupe  sur  les  étangs  voisina 
ieê  lieux  habités,  et  la  troupe  ne  descend  qu'après  avoir  reçu 
le  signal  de  sécurité  de  ceux  qui  vont  en  avant  comme  édai" 
reurs  y  il  a  l'ouïe ,  l'odorat  tres-fins  ;  on  le  prend  à  l'ham»- 
con ,  aux  lacs  tendus  dans  les  grands  joncs.  Le  chasseur  pru- 
dent ,  placé  en  opposition  de  la  lune  et  du  vent ,  peut  en  »uv^ 
preudre  un  grand  nombre.  Sa  chair  est  plus  estimée  que 
celle  du  canard  domestique.  Souvent  la  cane  sauvage  fait  sa 
ponte  sur  la  crête  d'un  arbre  ;  descend  ses  petits  en  les  por- 
tant avec  son  bec  dans  l'eau  voisine  ;  les  habitans  du  Nord 
attachent  près  des  grandes  eaux  de  petits  caissons  aux  arbres , 
et  y  mettent  un  ou  deux  œufs  de  cane  pour  attirer  les  pon-* 
denses  ;  3s  les  visitent  à  la  ponte»  et  en  retirent  les  nouveaux 
œufs  par  le  fond  qui  est  à  bascule. 


G  A  N  417 

Canard  musqué. 

Les  iftaturalûtes  connoîssoient  dès  le  seizième  siècle  ie  con 
nord  musqué ,  ainsi  appelé  à  cause  de  l'odeur  de  musc  qu'il 
répand  ;  on  le  nomme  encore  canard  cTIfui^ ,  de  Guinée  y  de 
Barbarie  ;  mais  cette  espèce  n'est  pas  assez  proj^agée  :  étant 

Elus  grosse,  plus  belle  ^  plus  propre  et  plus  paisible  et  ausû 
onneque  le  canard  domestique  ^  elle  devroit  être  multipliée 
de  préférenceà  toute  autre.M.Schrenk  de  Géra  ,  en  liante- 
Bavière  ,  en  a  suivi  réducation  avec  le  plus  grand  soin  ^  et  il 
a  consigné  le  résultat  de  son  expérience  et  de  ses  observa- 
tions dans  un  mémoire  particulier  dont  nous  allons  ofi'rir  un 
court  extrait. 

Gomme  ce  canard  est  encore  assez  sauvage  ,  il  s'avance 
dans  Veau  aussi  loin  qu'il  peut ,  et  conséquemment ,  quand 
il  est  sm*  des  ruisseaux  un  peii  considérables  y  il  lui  «st  diffi- 
cile de  retrouver  le  chemin  de  la  ferme.-  Les  étangs  et  les  vi- 
viers, sur- tout  lorsqu'ils  sont  clos  de  murs  ou  placés  dans  le 
coin  d'un  jardin ,  lui  conviennent  le  mieux  ;  il  se  platt  aussi 
dans  les  mares  ou  gués  destinés  à  abreuver  les  chevaux  ;  mais 
il  faut  que ,  de  loin  ou  de  près ,  il  pnisse  appercevoir  d'autres 
objets  propres  à  le  distraire^  ne  fût-ce  que  des  bâtimens, 
parce  ou'il  ne  s'apprivoise  pas  aussi  facilement  que  le  canard 
ordinaire. 

"Loi  nourriture  qu'il  trouve  dans  l'eau  ou  sur  la  terre,  lui 
est  insuffisante;  c'est  pourquoi  nos  économes  placent,  sur  le 
bord  des  eaux  qu'il  fi'équente,  des  augets  pleins  d'avoine 
renflée  par  IVau  qu'on  a  versée  dessus ,  et  de  mies  de  pain 
trempées  qui  lui  réussissent  à  merveille.  Il  convient  aussi  de 
hii  procurer  une  quantité  suffisante  de  vase  et  de  lavures; 
il  se  ^ette  dessus  avec  avidité ,  même  quand  il  a  une  autre 
nourriture  en  abondance.  £n  observant  ces  règles,  il  est 
inutile  de  lier  les  ailes  à  cet  oiseau  ;  on  peut  être  sûr  qu'il  ne 
volera  pas  plus  loin  ,  tant  qu'il  trouvera  autoiur  de  lui  ce  qui 
lui  est  nécessaire.  Mais ,  dans  aucun  cas,  il  ne  faut  arracher  ses 
plumes  ou  éjointer  ses  ailes ,  parce  que  cette  opération ,  qui  ne 
se  fiiit  ordinairement  que  sur  les  plumes  les  plus  essentielles, 
a  l'influence  la  plus  funeste  sur  la  santé  de  l'animal. 

Canard  barhoteux. 

Comme  tous  les  canards  barhoteux  proviennent  originaire- 
ment d'oeufs  de  canard  sauvage ,  et  que  tous  s'accbututnent 
facilement  à  la  do;nesticité ,  il  paroîtroit  plus  naturel  de  dis* 
iûiguer  les  canqrds  en  grande ,  moyenne  et  petite  espèce. 


„8  C  A  N 

La  première  est  plus  belle  dans  la  Normandie  que  dans  tout 
autre  canton  de  fa  France. 

Dans  la  Picardie ,  au  contraire ,  et  dans  d'autres  canlons 
limitrophes ,  on  préfère  Tespèce  moyenne  >  plus  connue  sous 
le  nom  de  canard  harboteux ,  parce  qu'en  ettet  il  paroît  avoir 
encore  plus  de  disposition  que  les  autres  espèces  a  se  vautrer 
dans  les  lieux  bourbeux  ,  dans  les  ruisseaux ,  au  bord  des 
étangs  et  des  marais ,  où  il  trempe  le  bec  pour  y  trouver  , 
aa  nourriture.  Cette  espèce  est  plus  féconde^  plus  vivace> 
exige  moins  de  soins  ^  et  n'a  pas  le  défaut  de  déserter  la  ferme 
pendant  plusieurs  jours  de  suite ,  ni  de  devenir  par  consé- 
quent la  proie  des  renards ,  des  fouines  et  autres  animaux 
destructeurs. 

Au  reste,  si  les  cxtnwrds  dits  harhoUux  ne  se  mêlent  qu*avec 
leur  espèce ,  ceux  de  Barbarie  yen  revanche ,  s'accommodent 
très-bien  des  canes  ordinaire^  d'où  résultent ,  par  cet  accou- 

Îlement ,  des  métis ,  mulets  ou  bâtards  qui  forment  toutee 
»  variétés  supérieures  en  grosseur  et  en  saveur ,  que  nous 
▼oyons  dans  les  fermes  des  diflférens  cantons  de  la  France. 

Canards  mulard: 

Cest  ainsi  que  dans  plusieurs  parties  méridionales  de  la 
France,  on  nomme  les  canar<&  qui  proviennent  du  canard 
d^lnde  avec  la  cane  ordinaire  ;  leur  plumage  est  d'un  vert 
très-foncé,  et  leur  grosseur  moyenne  entre  celle  du  canard 
d'Inde  et  du  canard  commun;  mais  ils  n'ont  pas  ces  excroia* 
sances  qui  distinguent  les  pre/niers ,  et  ils  perdent  presqu'en- 
tièremeut  cette  odeur  qui  les  caractérise.  Plusieurs  observa- 
teurs prétendent  que  le  mâle  de  celte  espèce  étant  très-chaud  » 
il  falloit  bien  se  garder  de  ne  lui  donner  qu'une  cane ,  sans 

3uoi  on  courroit  tes  risques  de  n'avoir  que  des  œufs  clairs  et 
e  nul  rapport  ;  mais  ces  canards  étant  le  produit  d'animaux 
d'espèce  ciîHerente,  ils  sont  rarement  féconds.  A  peine» 
suivant  la  remarque  de  Puymaurîn ,  sur  cent  oeufs  obtient-on 
vingt  individus  vivans  ;  mais  si  ces  canards  métis  se  régé* 
nèrcnt  difficOement  entr'eux ,  ils  peuvent ,  en  s'appartant 
avec  les  canes  ordinaires  ,  fournir  une  excellente  postérité  i 
c'est  ce  qu  Olivier  de  Serres  a  très-bien  exprimé  dans  soa 
Théâtre  d^ agriculture ,  par  deux  paragraphes  que  noua 
rapportons  Utléralement ,  dans  la  crainte  d'en  altérer  Jm 
texte. 

ce  TJne  troisième  espèce  de  canes  sort  par  raccooplemeal 
»  du  canard  d*Indê  avec  la  cane  commune;  recommandaUa 
>  en  ce  que ,  pour  la  fertilité  de  la  femelle ,  eifiicil^aslao»* 


C  A  N  919 

9  ment  des  petits  mii  sortent  de  ces  oeufs,  l'on  en  peut  auoir 
3»  abondamment.. $e8te  cttne  tient  du  masle  la  grosseur  d« 
j)  corps ,  la  bonté  de  la  chair  et  le  silence  :  et  de  la  femelle 
.S)  les  fertilités  des  œufs  qui  s'augmentent  par  ce  mariage^  pon- 
^>  dans  les  femelles  plusieurs  fois  l'année.  Mais  œufs  qui  ne  sont 
9  bons  qu'à  manger^  ne  pouuans  esclorre^  pour  le  nieslange 
3»  des  semences ,  parlant  stériles  en  génération  (  comme  les 
y>  mulets)  en  eux  défaillant  leur  race. 

D  Pour  en  conseruer  l'engeance  ^  se  faut  soigner  de  tenir  , 
s>  suflBsant  nombre  de  canards  dinde  au  troupeau  des  canes 
3D  communes  :  comme  pour  cinq  ou  six  femelles ,  vn  masle 
p  (ceux-cj  ne  pouuant  foui*nir  à  tant  de  femelles  que  les 
9  autres)  afin  d  auoir  abondance  des  œufs  que  demandés  , 
»  lesquels couuer  ainsi  que  dit  est ,  par  des  poules  communes» 
9  satisferont  à Tostre  intention.  A  la  charge  toutesfois ,  qu'autre 
3)  masle  que  d'Inde  n'y  ail  au  troupeau  des  canes  communes , 
»  pour  le  danger  de  gaster  tout.  £t  à  ce  que  cela  se  puisse 
»  commodément  faire,  sera  bon  loger  en  lieu  séparé ,  cette 
3>  bande  ainsi  assortie  ;  par  le  moyen  de  laquelle,  sans  destoux^ 
3B  bier,  cette  race  bastarde  se  maintiendra.  Dont  tirerez  plai* 
s>  santé  vlilité,  par  les  chairs  et  œub  qu'elle  vous  fournira  en 
»  abondance  ». 

De  la  Cane. 

Elle  est  dans  toutes  les  variétés  de  canards,  moins  volumi- 
neuse que  le  mâle  ;  son  cri  est  plus  aigu  et  plus  perçant ,  et 
ses  couleurs  ne  sont  ni  si  belles  ni  si  vives.  Une  autre  marque 
la  distingue  encore  ^  c'est  un  assemblage  de  quelques  pliuues 
de  la  queue ,  placées  en  rond  et  retroussées  vers  son  extré- 
mité supérieure. 

Un  seul  canard  su£St  à  huit  et  dix  canes,  H  en  faut  moins  à 
un  canard  d'Inde,  et  ses  petits  sont  d'une  éducation  plus  dif- 
ficile, sans  cependant  être  moins  voraces.  Elles  commencent 
leur  ponte  vers  la  fin  de  février,  et  la  continuent  jusqu'au 
mois  de  mai,  lorsqu'elles  ont  une  nourriture  suffisante  et 
sont  logées  dans  un  endroit  qui  leur  plaise.  Alors  il  faut  les 
veiller  de  près  ,  car  elles  déposent  par- tout  leurs  œufs  où  elles 
se  trouvent ,  dans  les  lieux  les  plus  ombragés,  les  plus  écartés, 
quelquefois  dans  l'eau.  Souvent  même ,  api'ès  les  avoir  dé- 
robés k  l'œil  vigilant  de  la  ménagère ,  elles  les  couvent  furti- 
vement ,  et  amènent  un  beau  jour  à  la  ferme  leur  nais- 
sante famille  pour  demander  à  manger,  sans  qu'on  en  ait 
aucun  soin ,  aucun  emban*as.  Il  est  prudent^  à  l'approche 
du  printemps  ,  de  leur  donner  à  manger  trois  ou  quatre  fois 
le  jour ,  mais  peu  A-la-fois,  et  toujours  dans  les  lieux  où  loii 


sm  G  A  N 

éeaire  qu'elles  pondent  ^  en  disposant  lenn  nids  od  eOes  ont 
pondu  une  seule  fois.  ^* 

n  y  a  eu  long-temps ,  sous  mes  fenêtres^  une  petite  basse* 
conr  où  les  canards^  les  poules  et  les  pigeons  vivoient^  pour 
ainsi  dire  »  en  commun  et  sous  le  même  toit;  j'ai  vu  une  cane 
monter  dans  le  pondoir  pour  y  déposer  son  œuf,  comme  si 
le  poulaillier  étoit  son  habitation.  Elle  paroh  moins  timide 
que  les  autres  pondeuses. 

J}e8  (Eufê  de  Cane, 

La  ctme  ordinaire  pourroit  pondre  de  suite  cinquante  i 
aoixante  œufs ,  depuis  lé  mois  de  mars  jusqu'en  mai ,  si  la 
couvaison  ne  venoit  pas  interrompre  la  poule.  Aussi  nour^ 
rissans  que  ceux  de  la  poule  commune,  ils  ont  seulement 
Jin  peu  plus  de  grosseur,  et  la  coque  paroi  t  plus  lisse  et  moins 
épaisse.  Leur  couleur  est  asses  ordinairement  verdàtre  à  Tex*- 
4meur  ;  il  s'en  trouve  d'un  blanc  terne  :  le  jaune  est  gros  et 
«ssez  foncé. Cuits  à  la  coque ,  le  blano  ne  devient  pas  laiteux  ; 
il  acquiert  une  consistanoe  décolle,  a  une  couleur  d'an  blanc 

E aie ,  et  un  goût  un  peu  sauvageon  ;  mais  bouillis  ou  en  orne* 
itte,  ils  sont  fort  délicats. 

Dans  la  Picardie,  les  fraimes  de  campagne  sont  fort  em- 
pressées de.  rechercher  ces  œufs,  avec  lesquels  elles  préparent 
leurs  gâteaux.  Ck)mme  il  s'établit  parmi  elles  une  sorte  d'ému- 
lation pour  faire  briller,  dans  les  grandes  solemnités,  leur 
talent  en  fait  de  pàtisseiie ,  il  n'est  pas  rare ,  aux  approches 
d'une  fête  religieuse ,  de  les  voir  courir  i  trois  ou  quatre 
lieues  pour  se  procurer  des  œufs  de  canes,  qu'elles  emploient 
de  préférence,  parce  qu'ils  donnent  un  meilleur  goût,  une 
plus  belle  couleur,  et  n'exigent  point  autant  de  beurre.  A  la 
vérité,  si ,  au  lieu  de  levure ,  elles  ne  se  servoîent  que  de  levain 
de  pâte  ordinaire,  leurs  gâteaux  seroienl  plus  délicats  et  no 
sécheroient  pas  si  promptement  :  nous  ajouterions  même  que 
quelques  jaunes  a'œufs  de  cane ,  brouillés  avec  des  œufs  de 
poule  ordinaire,  rendroient  les  omelettes  plus  délicates ,  s'il 
n'étoit  pas  plus  économique  de  les  réserver  pour  la  couvai- 
son, et  de  les  consommer  ensuite  sous  forme  de  canards. 

Des  (Êufê  de  Cane  êaupoge. 

Lorsqu'on  a  la  possibilité  de  se  procurer  desœnfii  de  cane 
sauvaflo^  il  est  facile  de  les  faire  édore  en  les  confiant  à  uno 
cane  domestique,  ou  mieux  à  une  poule.  On  trouve  les  nida 
dans  les  joncs  «  près  des  étangs,  des  rivières,  sur-tout  dauA 


C  A  N  nûi 

les  endroits  solitaires ,  dans  les  bruyères  qui  avoisinent  le* 
pièces  d  eau  fréquentées  par  ces  oiseaux.  Rien  ensuite  ne 
«'apprivoise  plus  aisément  que  les  petits  qui  en  proviennent  ; 
ils  s'accoutument  au  milieu  des  autres  canetons  privés,  dès 
qu'on  a  eu  soin  de  leur  couper  la  partie  extérieure  d'une  des 
deux  ailes.  Sans  cette  précaution,  ilss'envuleroient  avec  les  ca- 
nards sauvages  qui  séjournent  hahitu^ement  dans  certains 


'éloigner 
affections. 

lia  ti*è8«grande  facilité  d'avoir,  dans  certains  cantons,  des 
«eufii  de  canes  sauvages ,  a  fait  songer  à  Gouffier  de  proposer 
aasx  éoonomes  un  renouvellement ,  tous  les  quinze  à  vingt 
ans ,  de  la  race  primitive  de  nos  canards  par  une  rééducation 
domestique  de  canards  sauvages.  Ib  réussissent  au  moins  aussi 
bien  que  nos  canards  ordinaires;  ils  sont  infiniment  meil- 
leurs, et  ib  coûtent  moins  à  nourrir',  pai*ce  quêtant ,  par 
l#ur  nature,  plus  portés  que  nos  canarda  domestiques  à. 
cfaerclier  leur  pâture,  ib  vont  toute  la  journée  et  dans  tous 
les  temps  de  l'année  le  long  des  pièces  d'eau,  où  ib  en . 
trouvent  d'analogue  à  leur  goû|  et  à  leur  tempérament. 

IjCs  individus  de  la  première  génération  sont,  à  la  vérité , 
un  peu  plus  petits  que  nos  canards  domestiques  ;  mab  à  la 
seconde,  et  sur-tout  a  la  trobième,  ib  deviennent  au  moins 
aussi  gros  ;  ils  ont  la  délicatesse  des  canards  sauvages ,  et  toute 
la  bonté  et  la  graisse  de  nos  barhoteux. 

Cùmwison  de»  Canes, 

JLa  cane  n'est  pas  naturellement  dbposée  à  couver  ;  c'est 
pour  l'y  inviter  que,  vers  la  fin  de  la  ponte,  on  laisse  ordi-  . 
naireoient  deux  autres  œub  dans  chaque  nid,  ayant  soin 
d'enlever,  tous  les  matins,  les  plus  anciens,  afin  qu'ib  ne 
sment  pas  .gâtés.  On  lui  en  donne  depuis  huit  jusqu'à  douae^ 
aAon  qu'elle  est  plus  en  état  de  les  embrasser,  en  prenant 
garde  sur-tout  de  les  asperger  d'eau  froide,  comme  quelque» 
auteurs  le  conseillent  assez  mal-à-propos.  Cette  précaution 
est  au  moins  superflue,  si  elle  n'est  pas  nuisible.  Pom*  bien 
fiûie^  il  faut,  autant  que  l'on  peut,  que  ce  soit  toujours  ses. 
propnea  œuËi>  ou  du  moiin«  qu'ils  dominent  dans  le  nombre  ; 
car  il  semble  qu'elle  ne  couve  les  œufs  d'une  autre  cane 
qu'avec  peine,  et  par  complaisance  pour  les  siens. 

lier  aeul.  temps: oÀ  la  cane  demande  quelques  soins,  c'est 
locsqu'elle  convsi;  alQE&,  comme  elle  ne  peut  aller  chercher 


sas  C  A  N 

sa  pÂture,  il  faut  avoir  rattetiLion  de  la  mettre  devant  elle  ; 
mais  aussi,  quelle  qu'en  soit  la  quantité,  elle  s'en  contente; 
on  a  même  remarqué  que  trop  bien  nourrie,  elle  couve  mal  : 
il  faut  la  rationner. 

Là  couvaison  dure  un  mois ,  et  les  premières  couvées  sont 
ordinairement  les  meilleures,  pai*ce  que  les  chaleurs  de  Féié 
contribuent  beaucoup  à  leur  développement  :  le  froid  em- 
pêche toujours  les  dernières  couvées  de  se  fortifier  et  de 
donner  des  canards  aussi  vigoureux. 

On  l'eproche  à  la  cane  de  laisser  refroidir  ses  œufs  quand 
elle  couve.  Cependant,  Réaumur  dit  avoir  eu  une  cane  de 
l'espèce  la  plu&  commune,  qui  paroissoit  encore  plus  inquiète 
de  ce  refroidissement  auquel  les  œufs  alloient  être  exposés  pen«* 
dant  qu'elle  prendroit  de  la  nourriture ,  que  les  poules  ne 
paroisiyoient  Télre  pour  les  leur  ;  elle  ne  quittoit  son  nid 
qu'une  fois  par  jour,  vers  les  huit  à  neuf  heui*es  du  malin  ; 
et  avant  de  les  abandonner,  elle  les  couvix>it  d'une  couche  de 
paille,  qu'elle  tiroit  du  corps  du  nid  pour  les  mettre  à  l'abri 
des  impressions  de  l'air.  Cette  couche ,  épaisse  de  plus  d'nn. 
pouce,  cachoit  si  bien  les  œu&,  qu'il  etoit  impossible  de 
slmaginer  qu'ils  s'y  trouvoient. 

Il  s'en  faut,  à  la  ^'érité,  qtie  toutes  les  canes  de  la  même 
espèce  donnent  des  preuves  aune  aussi  grande  prévoyance 

Sour  la  conservation  de  la  chaleur  de  leurs  œufs ,  que  celle 
ont  il  s'agit.  Il  arrive  souvent  qu'elles  les  laissent  nTroidir. 
D'ailleurs ,  à  peine  les  canetons  sont-ils  nés ,  que  la  mère  les 
mène  à  l'eau ,  où  ils  barbotent  et  mangent  d  abord  ^  et  il 
en  périt  beaucoup  si  le  temps  est  froid. 

Toutes  ces  raisons,  et  tant  d'autres  trop  longues  à  détailler 
dans  un  ouvrage  destiné  à  offrir  une  ^nde  variété  d'objets, 
déterminent  ordinairement  les  fermières  à  faire  couver  les 
œufs  de  cane  par  des  poules  ou  par  des  poules-d'Inde  :  plus 
douces  et  plus  assidues  que  les  canes ,  ces  mères  empruntées 
affectionnent  très-bien  leurs  petits,  dont  la  surveillance  exige 
une  certaine  attention ,  parce  que ,  ne  pouvant  être  accom- 
pagnées dans  les  endroits  aquatiques ,  pour  lesquels  ils  mon- 
tren  t ,  dès  en  naissant ,  la  plus  grande  propension ,  ils  suivent 
la  poule  sm*  terre ,  et  s'endurcissent  un  peu  auparavant  de 
s'exposer  à  Teau  sans  aucun  guide. 

Il  est  probable  que  sî  on  pouvoit  réunir  une  quantité  cen* 
sidérable  d'œufsde  cane  pour  en  foimer  une  grande  convée, 
l'art  (le  faire  éclore  artificiellement  les  poulets ,  appliqué  au 
canards,  ne  fiU  suivi  d'une  réussite  plus  compieie ,  vu  que 
ces  derniers  oiseaux  sont  moins  difficiles  i  élever  ^ueJee 
potileLs.  U  sulfiroit  de  les  tenii*  enfermés  lûie  douaame  d« 


C  A  N  aaS 

ioxm  âsoïB  cet  endroit  appelé  Ir  poussinière;  et  6Ù  0  faudrait 
leur  laiuer  quelques  baquets  d'eau  pour  barboter.  Au  bout 
de  ce  temps ^  on  pourroit  les  mettre  en  liberté,  et  ils  vien- 
drolent  à  merveille ,  pourvu  qu'ils  eussent  dans  l'enclos  ou 
on  les  lâcheroit  une  mare ,  un  }>etit  ruisseau. 

On  dit  et  on  répète  que  la  cane  refuse  de  couver  ica  œu&, 
lorsqu'elle  a  été  elle-même  couvée  par  une  mère  d'emprunt  ; 
mais  c'est  un  préjugé.  L'instinct  de  la  nature  triomphe  de 
tout.  Jamais  je  n'ai  apperçu  aucune  répugnance  à  l'incuba-^ 
tion  des  canes  ^  quoique  couvées  originairement  par  des 
gaUines  ou  par  des  poules-d'Inde.  Dès  que  les  petits  sont 
eclosy  ils  se  traînent  machinalement  à  la  première  mare  voi- 
sine. Damboumey,  dont  toute  la  vie  a  été  consacrée  à  dea 
objets  d'utilité  publique,  croit  avoir  remarqué  que,  jusqu'à 
ce  qu'ils  soient  à-peu-près  croisés ,  une  couvée  ne  se  mêle 
ni  sur  l'eau ^  ni  sur  la  terre  ;  chacune  s'isole  >  mais  sans  sq. 
battre  ni  paroltre  se  haïr. 

Déê  Canetons, 

Us  sont  trente-nn  jours  à  éclore,  soit  qu'on  laisse  &  la  cane 
le  soin  de  couver  ses  œufs,  soit  qu'on  les  ait  confiés  à  la  poule 
ou  klàpoule'^PInde,  Il  est  possible  d'en  élever  beaucoup  et  à 
pen  de  frais,  parce  qu'ils  vont  chercher  une  partie  de  leur 
nourriture  presqu'au  sortir  de  la  coquille. 

liCs  canetons  peuvent  se  passer  de  la  mère  aussi-tôt  qu'ils  sont 
nés.  Licnr  nourriture,  dans  les  premiers  jours,  est  du  pain 
lémietié,  imbibé  de  lait,  d'eau ,  d'un  peu  de  vin  ou  de  cidre. 
Quelques  jours  après,  on  leur  prépare  ime  pâte  £ute  aveo 
une  pincée  de  feuilles  d'ortie»  tendres,  cuites,  hachées  bien 
menuet,  et  d'un  tiers  de  farine  de  blé  de  Turquie ,  de  sar- 
FBBÎn  ou  d'orge  :  on  y  ajoute  les  œufs  de  rebut  préalablement 
coils. 

Dès  qu'ils  ont  acquis  un  peu  de  force ,  on  leur  jette  beau- 
coup d'nerbes  potagères  ,  crues  et  hachées ,  mêlées  avec  un 
pen  de  son  détrempé  dans  l'eau  ;  l'orge  ,  le  gland  écrasé ,  le^ 
pommes  de  terre  cuites  et  divisées  par  morceaux  ;  de  petits 
poissons ,  quand  on  en  trouve,  conviennent  également  à  ces  * 
oîseam: ,  qui  se  jettent  sur  les  difiérentes  substances  qu'ils 
lencontrent ,  et  montrent ,  dès  leur  plus  tendre  enfance,  une 
voracité  qu'ils  conservent  toute  leur  vie. 

JLet  canards  sont  si  vivaces,  qu'un  œuf  cassé  par  curiosité 
ou  par  accident  ,  deux  ou  trois  jours  avant  le  terme  de  la 
couvaison  ,  peut  encore  donner  un  caneton  ,  si  on  le  recou- 
vre adroitement  avec  une  autre  coquille  :  j'ai  vu  fiure  souvent 
ces  raccommodages  avec  succès^ 


ii!i4  C  A  N 

Pour  fortifier  les  petits  avant  d'aller  à  f  eau ,  îl  faut  les  (enir 
enfermés  sous  une  mue  ou  auge  à  poulet  y  pendant  huit  à  dix* 
jours  y  et  avoir  soin  d'y  mettre  un  peu  d'eau ,  ce  qui  est  facile 
quand  ils  ont  eu  pour  couveuse  la  poule  ou  la  poule-d'Inde  :' 
alors  ils  s'endurcissent  sur  la  terre  :  en  leur  laissant  la  liberté/ 
un  penchant  naturel  les  entraîne  bientôt  vers  l'eau  ;  ils  s'y 
plongent.  Les  poules  ne  pouvant  les  suivre  ^  témoignent ,  par 
des  cris  et  des  gémissemens  qu'ik  ne  compi^nnent  point, 
leur  inquiétude  et  leur  alarme  sur  la  famille  adop(ive,«tat 
que  Rosset  a  si  bien  rendu  dans  son  Po'éme  de  l'Agriculture, 
Mais  il  faut  insensiblement  les  accoutumer  à  revenir  le  soir 
à  la  maison  ,  pour  prévenir  les  accidens  qui  pourroient  leur 
arriver  s'ils  en  restoient  éloignés. 

On  doit  prendre  encore  quelques  précautions  avant  de 
laisser  aller  les  canetons  avec  les  vieux  canards  ,  dans  la' 
crainte  que  ceux-ci  ne  les  maltraitent ,  et  leur  donner  à 
manger  comme  aux  autres  volailles,  toujours  dans^le  même' 
endroit  et  aux  mêmes  heures,  afin  qu'ils  s'y  trouvent  régu* 
lièrement  et  ne  s'écartent  point.  Il  est  nécessaire  de  les  tenir 
enfermés  sous  les  toits  qui  leur  sont  destinés  ,  et  de  placer  ces 
toits,  autant  que  le  local  le  permet,  à  portée  de  la  mai*e  ou  de' 
la  foose  de  la  basse-cour. 

Nourriture  des  Canards. 

On  peut  les  abandonner  une  partie  del'année  à  eux* mêmes, 
lisse  nourrissent  de  grains  répandus  dans  la  basse -cour. 
Avec  ces  oiseaux  il  n'y  a  rien  de  perdu  :  lescriblures  et  ba-' 
layures  de  greniers ,  les  farineux  fermentes  sous  forme  de 
jMun ,  les  résidus  des  brasseries  et  des  bouiUeries ,  les  herba- 
ges, les  racines  potagères  ,  les  fruits,  tout  leur  est  propre  , 
pourvu  que  ce  qu'on  leur  donne  soit  un  peu  humide.  11  ann  ve' 
même  que  quand  ils  sont  à  portée  de  l'eau ,  ils  y  trempent 
eux-mêmes  leurs  alimens.  Aussi  aiment-ils  de  prédilection 
la  pomme  de  terre  cuite ,  et  Ta-t-on  substituée  dans  quelques 
endroits,  avec  profit ,  au  maïs  et  à  l'orge.  C'est  à  cause  de  cet 
attrait  pour  l'humidité  ,  qu'ils  se  plaisent  dans  les  prairies  et 
dans  les  pâturages  qu'on  pourroit  facilement  couvrir  des* 
espèces  de  plantes  que  les  canards  recherchent  e%  aiment  le' 
plus. 

Mais  ilparott  que  tout  ce  qui  approche  du  chamage  est  fort 
de  leui*  goût  ,  et  concourt  singulièrement  à  accélérer  leur 
croissance.  La  grande  et  belle  espèce  ne  réussit  si  bien  dans  ' 
los  environs  de  Kouen  ,  sur  les  bords  de  la  Seine ,  que  par  la  ' 
faculté  qu'on  a  de  la  nourrir  avec  des  \txs  de  terre  qui'ou 


C  A  N  aaS 

prend  dans  les  prairies  ,  et  dont  on  leur  distribue ,  trois  fois 
par  jour ,  une  portion  dans  les  ioils  où  on  les  enferme  sépa- 
rément :  c'est  ce  cjui  forme  ces  canetons  hâtifs ,  gi*ands ,  gras^ 
blancs ,  qu'on  voit,  au  mois  de  juin  ,  dans  les  marchés. 

Les  canards  sont  si  |(loutons  ,  qn'iïs  se  mettent  souvent  en 
besogne  pour  avaler  un  poisson  6u  une  grenouille  entière, 
qtd  les  échauffe  souvent ,  s'ils  ne  les  rejettent  pas  prompte- 
ment.  Extrêmement  friands  de  viande  ,  ils  la  mangent  avec 
avidité ,  quelque  corrompue.  Les  limaces  ,  les  araignées,  les 
crapauds ,  les  tripailles ,  les  insectes ,  toutes  ces  substances,  en 
un  mot ,  conviennent  à  leur  appétit  carnassier.  Aus^ii  sont- 
ils  les  oiseaux  de  la  basse-cour ,  qui  pourroient  rendi*e  le  plus  , 
de  service  dans  un  jardin ,  en  détruisant  une  foule  d'insectes 
qui  y  font  ordinairement  un  tort  irréparable,  si  leur  voracité 
n'exposoit  pas  à  d'autres  inconvéniens  qui  doivent  balancer 
cet  avantage ,  et  y  faire  renoncer. 

Ennemie  dés  Canards. 

Le  plus  redoutable ,  c'est  le  renard  »  aux  incursioiis  doq<uel 
Xthcanarda  sont  les  plus  exposés,  parce  qu'ils  s  éloignent  asses 
ordinairement  de  l^iabitation  ;  ou  ne  sauroit  trop  lui  faii« 
la  chasse  pour  en  délivrer  la  contrée ,  et  il  faut  envoyer  con- 
duire les  canards  à  l'eau  le  matin  et  les  ramener  le  soir. 

n  faut  prendre  garde  aussi  que  les  eaux  où  les  canards  ont 
la  liberté  d'aller ,  ne  contiennent  pas  de  sang-saes ,  qui  occa- 
«ionnent  la  perle  des  canetons ,  en  s'atiacbant  à  leurs  pattes. 
On  parvient  à  détruire  ces  sang-4ues ,  au  moyen  de  tanche» 
et  autres  poissons  qui  en  font  leur  pâture. 

On  ne  saui'oit  trop  s'empresser  non  plus  de  détruire  dans 
tous  les  endroits  où  les  canards  peuvent  aUer,  ainsi  que  les 
«utres  volailles  ,  la  jusquiame  ;  ces  animaux  ne  manquent 
pas  de  manger  de  cette  plante  vénéneuse  pour  la  jjlliipart 
des  animaux ,  qui  leur  cause  bientôt  la  mort. 

Engrais  des  Canards* 

I/i  grosseur  du  canard  varie  infiniment.  II  y  en  a  qui ^ 
dans  le  cercle  de  huit  à  neuf  semaines ,  à  partir  de  leur  nais- 
sance ,  pèsent  jusqu'4  sept  à  huit  livres ,  tandis  que  d'autres 
du  même  âge  et  de  la  même  espèce  ,  n'acquièrent  point  la 
moitié  de  c«  poids.  On  sait  qu'il  n'est  pas  nécessaire  de  les 
chaponner  pour  les  engraisser. 

Quoique  cet  oiseau  chérisse  sa  liberté  aU-dessus  de  tout 
autre  bien ,  et  qu'on  ait  remarqué  qu'il  pouvoit  aisément  s'en- 
C;raisser  sans  étrttsjrenfermé^  l'expérience  a  cependant  prouvé 

rr.  S 


fla6  C  A  N 

qu'on  y  parvient  plutôt  en  le  mettant  aous  une  mue,  en  lui 
administrant  une  quantité  suffisante  de  grains ,  ou  de  son 
gras ,  et  un  peu  d'eau  pour  seulement  mouiller  son  bec  :  au* 
trement  il  pourroil  se  noyer. 

£n  Angleterre ,  on  engraisse  les  canards  au  moyen  de  la 
dréche  moulue  et  pétrie  avec  du  lait  ou  de  Teau.  Dans  la 
Basse-Normandie  ,  où  Ton  en  fait  commerce  ,  parce  que  le 
terrein  y  est  très-frais ,  on  prépare  une  pâte  avec  de  la  farine 
de  sarrasin ,  et  on  en  forme  des  gobes  ,  avec  lesquelles  on  lea 
gorge  trois  fois  par  jour  pendant  huit  à  dix  joui's ,  après  quoi 
ib  sont  bons  à  vendre  un  prix  qui  dédommage  des  soins  et 
des  frais  ,  sur-tout  si  on  saisit  l'à-propos  pour  s'en  défaire. 

Dans  le  Languedoc,  quand  les  canai*ds  sont  asses  gras,  on  le» 
enferme  de  huit  en  dix  dans  un  endroit  obscur.  Tous  les  ma<- 
tins  et  tous  les  soirs  une  servante  leur  croise  les  ailes,  et ,  les 
plaçant  entre  ses  genoux,  elle  leur  ouvre  le  bec  avec  la  main 
gauche ,  et  avec  la  di*oiteleur  remplit  le  jabot  de  maïs  bouilli. 
Dans  cette  opération  ,  plusieurs  canards  périssent  suffoqués, 
mais  ils  n'en  sont  pas  moins  bons  ,  pourvu  qu'on  ait  soin  de 
les  saigner  au  moment.  Ces  malheureux  animaux  passent 
ainsi  quinze  jours  dans  un  état  d'oppression  et  d'étoimement 
qui  leur  fait  grossir  le  foie  ,  les  tient  toujours  haletans  ,  et 
presque  sans  respiration  ,  et  leur  donne  enfin  cette  maladie 
appelée  la  cachexie  hépatique.  Quand  la  queue  du  canard 
fait  l'éventail  et  ne  se  réunit  plus ,  on  connoft  qu'il  est  asses 
gras  :  alors  on  le  fait  baigner  ,  après  quoi  on  le  tue. 

J'ai  ouvert ,  dit  Puymaurin  ,  deux  canards ,  dont  l'un 
n'avoit  pas  été  ainsi  gorgé.  Le  foie  du  premier  étoit  de  gran- 
deur naturelle ,  la  peau  également  épaisse  ,  et  les  poumons 
parfaitement  sains  ;  mais  celui  qui  avoit  été  gorgé  avoit  un 
ibie  énorme  ,  qui ,  recouvrant  toute  la  partie  inférieure  dn 
ventre  ,  s*étendoit  jusqu'à  Tan  us.  (Les  canards  sont  ordinai- 
rement sullbqués  ,  quand  ,  par  la  pression  du  foie  ,  l'anus 
s'ouvre  ,  et  le  foie  paroit  à  son  orifice.)  Les  poumons  étoicnt 
gorgés  de  sang,  la  peau  du  ventre  qui  recouvroit  le  foie» 
étoit  de  l'épaisseur  d'une  pièce  de  six  sous.  Les  canards ,  sura- 
bondamment nourris  de  cette  manière ,  semblent  des  boules 
de  graisse. 

Saiaieon  des  Canards, 

Deux  jours  après  qu'on  a  tué  les  canards  engraissés,  on  les 
fend  par  la  jMirlie  inférieure ,  et  on  enlève  à-la-fois  les  cuisses  , 
les  ailes ,  et  la  chair  qui  recouvre  le  croupion  et  resloniac. 
On  met  le  tout  avec  le  cou  et  le  bout  du  croupion  dans  uii 
•aloir',  et  on  les  lai&se  couverts  de  sel  pendant  quinze  jour»; 


■     C  A  N     .  «37 

«près  quoi  on  les  coupe  en  quatre  quartiers ,  et  on  leis  fnet  dans 
des  pots.  On  a  soin  auparavant  de  les  piquer  de  clous  de  gi-;- 
roâe ,  et  d'y  jeter  quelques  épices.  On  a  mis  précédemment 
dans  la  saumure  quelques  feuilles  de  laurier  d'Espagne  et  un 
peu  de  nilre  ,  pour  donner  à  la  viande  une  belle  couleur 
rouge. 

Commerce  des  Canards, 

n  n'y  a  presque  point  de  nation  qui  ne  fasse  un  commerce 
de  canards.  Les  Chinois  sur-tout  sont  ingénieux  pour  les  éle- 
ver. Beaucoup  ne  vivent  absolument  que  de  ce  commerce. 
Les  uns  achètent  les  œufs ,  et  les  vendent  ;  les  autres  les  font 
éclore  dans  des  fourneaux ,  et  trafiquent  leurs  couvées.  11  y 
en  a  enfin  qui  s'appliquent  uniquement  à  élever  les  canetons. 

Quelques  Anglais ,  a  l'imitation  de  ces  peuples ,  se  sont  aussi 
attachés  à  perfectionner  cette  éducation.  Leur  méthode  con- 
siste à  entretenir  un  petit  nombre  de  vieilles  canes >  et  à  don- 
ner les  œufs  à  couver  à  une  poule  pendant  huit  à  dix  jours 
seulement  ;  après  quoi  ils  les  enterrent  dans  du  fumier  de  che- 
val ,  ayant  soin  de  les  retourner  sens-dcssus-dessous,  de  douze 
en  douze  heures^  jusqu'à  ce  qu'ils  soient  éclos. 

C'est  ordinairement  depuis  le  mois  de  novembre  jusqu'en 
février  >  qu'on  les  apporte  à  Paris  ^  plumés  et  effilés ,  pour  les 
mieux  conserver.  Le  canard  de  Rouen  payoit  aux  entrées  le 
double  de  ce  qu'on  exigeoit  pour  le  canard  barbotier.  Cette 
difiérence  ne  venoit  pas  seulement  de  son  volume ,  qui  est  en 
effet  plus  considérable  ,  mais  encore  relativement  à  la  qua- 
lité de  sa  chair  plus  estimée  ;  le  premier  se  rapproche  de  la 
volaille  ferme  engraissée  y  et  le  second  tire  sur  le  gibier  aqua- 
tique et  sauvageon. 

Les  canards  de  la  grande  espèce  sont  plus  beaux  dans  la 
Normandie  que  dans  tout  autre  canton  delà  France.  Les  An- 
glais viennent  souvent  en  acheter  de  vivans  dans  les  environs 
de  Rouen,  pour  enrichir  leur  basse-cour,  et  perfectionner 
leurs  espèces  dégénérées  ou  abâtardies  :  ils  les  mettent  dans  des 
parcs  clos ,  poiu*  procurer  à  l'opulence  les  plaisirs  d'une  chasse 
excessive. 

Les  canards  alors  sont  un  commerce  pour  les  capitaines  ca- 
boteurs de  cette  nation,  qui ,  en  passant  jpour  retourner  che^ 
eux  ,  les  revendent  aux  riches  propriétaires,  assex  sages  pour 
résider  sur  leurs  domaines.  Le  profit  des  exportateurs  dépend 
de  la  brièveté  et  du  beau  temps  de  leur  trajet ,  qui  préviens 
nent  plus  ou  moins  la  mortalité  de  leurs  passagers. 

Le  canard  d'Inde^  ou  ds  Guinée,  est  un  assez  médiocre 


»rt  C  À  lï 

tnanger ,  à  c«u0e  cle  la  forte  odeur  de  musc  qu'il  répand.  Il 
ftiut  lui  supprimer ,  lorsqu'il  est  tué ,  le  cit)upion ,  qui  est  lo 
foyer  où  réside  cette  odeur.  Les  mélifs  la  perdent  presqu'en-* 
tièrement.  Peut-être  est-ce  celte  odeur  qui  empêche  que  les 
«anards  domestiques  mâles  ne  s'appaiîent  point  avec  les  canes 
musquées. 

Le  canard  saui^ajge  ou  domestique ,  au  contraire ,  est  un. 
excellent  manger;  mais  il  faut  qu'il  soit  jeune  ^  et  plutôt 
élouilé  que  saigné.  Les  cultivateurs  qui  en  élèvent  pour  lea 
vendre ,  sont  forcés  de  les  saigner  avant  de  les  exposer  au 
marc  lié  ,  parce  qu'ayant  la  peau  rouge  ,  on  croiroil  qu'il» 
Bontmort»  nalurellement.  Dans  plusieurs  cantons  de  la  Fran- 
ce ,  il  est  le  mels le  plus  ordinaire  des  gens  aii>és,  et  par  con- 
séquent l'objet  d'un  commerce  d'autant  plus  lucratif ,  qu^il 
s'accouimode  de  tout,  qu'il  n'est  pas  susceptible  de  maladies  , 
et  que  s'il  mue  comme  les  autres  oiseaux  de  la  t>asse-cour  , 
cette  crise  pério<lique  lui  est  moins  funeste  ;  elle  ne  dure  quel- 
quefois qu'une  nuit.  Chez  le  mâle,  c'est  après  la  pariade ,  et 
chez  la  femelle  après  la  couvée  ;  ce  qui  jxiroîtroit  indiquer 
que  la  mue  est  Tell  et  de  l'épuisement,  du  moins  pour  ces  oi- 
seaux. La  cane  aime  les  plimies  au  point  que ,  si  Ton  n'y 
prend  garde ,  elle  en  enlève  des  paquets  aux  poules.  J'ai  vu 
des  poules  ordinaires,  dont  le  croupion  étort  déplumé  par  ce 
manège,  il  faut  avoir  soin  d'empéoher  qu'elle  n'en  approche* 

Dee  plumes  de  Canarde. 

Les  canarde  offrent  encore  un  autre  bénéfice  dans  letirs 
plumes ,  si  on  a  eu  soin ,  aux  mois  de  mai  et  de  septembre  , 
de  les  enlever  sous  le  ventre,  les  ailes ,  et  autour  du  cou ,  peor^ 
dant  qu'ils  vivent  et  avant  la  mue.  Ces  plumes  demandent  à 
être  séchées  au  four,  lorsque  le  pain  en  est  ôté ,  et  cela  à  diffé- 
rentes reprises ,  à  cause  de  leur  nature  huileuse ,  analogue  k 
celle  de  la  plume  de  tous  les  oiseaux  aquatiques. 

Mais  si  les  œufs  et  la  chair  du  canard  sont  infiniment  meil- 
Jeurs  que  ceux  d'oie ,  sa  plume  a  en  récompense  une  qua- 
lité bien  inférieure  :  cependant  elle  est  assez  élastique,  et  ne 
laisse  pas  encore  de  se  vendre  certain  pri^.  Dans  la  Nor-* 
mandie  ,  on  en  fait  des  oreillera ,  des  matelas  et  des  travcr-* 
AÎns ,  en  la  mêlant  a  celle  d'oie  :  Védredon ,  et  par  corrup- 
tion Vaigledon ,  si  connu  dans  le  commerce  à  cause  dô  l'a- 
vantage précieux  qu'il  réunit  d'être  fort  chaud ,  et  d'avoir 
une  très-grande  légèreté  ,  provient  du  duvet  recueilli  sur  le 
maie  des  canards  d 'Islande  du  même  genre  qt^e  l'oie ,  et  qiâ  n 'en 
difiere  que  par  qudquea  nuafices  du  phunagé.  F'oy.  IIideA. 


C  A  N  „, 

Au  reste  ^  les  œufs>  k  chair  ^  les  plumes  et  la  fiente  dea  ca« 
liiards  sont  un  assez  bon  revenu  de  la  basse- cour ,  poui*  iixer 
raUenlion  des  fermiers  dans  les  cantons  où  les  prairies  jointes 
&  rhumidité  du  sol  peuvent  favoriser  l'éducation  de  ces  oi<» 
^eaux ,  et  devenir  une  branche  essentielle  d'indu^iie  agri-# 
cole  pour  leurs  habitans. 

Cancwdière. 

C'est  le  Uea  destiné  aux  canards  ^  dans  les  endroits  où  ilt 
nrivent  en  liberté  ;  on  leur  construit  sur  le  bord  de  Teau  deéf 
toits  pour  les  retirer;  alors  il  fuul  renoncer  au  poisson^  à 
xnoins  qu*on  n'y  entretienne  que  de  grosses  pièces  y  mais  U 
canardière  est  destinée  plus  spécialement  encore  à  un  lieu 
couvert  et  préparé  dans  un  étang  ou  un  marais  pour  prendre 
des  canards  sauvages  ;  sa  description ,  et  les  différentes  mé- 
thodes employées  pour  procéder  à  cette  chasse  ,  ou  plutôt  k 
celtepéche,  setrouventdans  Varon  et  dans  Columelle.  F^oyea 
aussi  l'article  de  la  Chasse  aux  canards  sau^agks.  (Parm.) 

CANARD  DE  PRÉ  DE  FRANCE.  ro;ye%  Pjetite  Ou- 

7ARDE.  (S.) 

CANARDEAU.  Voyez  Axbrand.  (S.) 

CANARDIERE  ;  c'est  un  terme  de  chasse ,  un  lieu  cou-*- 
vert  et  préparé  dana  un  étang  pour  prendre  les  canarda  saw^ 
^agês.  C'est  aussi  le  nom  d'un  grand  fusil ,  avec  lequel  on 
peut  tirer  de  lojn  les  canarda  ,  qui  sont  très-diiïiciles  à  ap«* 
procher  ;  la  portée  de  ce  fusil ,  à  charge  ordinaire  >  est  de  ceni 
cinquante  pas.  ($.) 

CANARI.  Foyea  Serin.  (Vieill.) 

CANARI ,  Canarium ,  arbi*e  de  la  dioécie  pentandrie  ^ 
dont  le^  feuilles  sont  altemea  »  ailées  avec  une  impaire ,  et  les 
fleurs  blanches ,  disposées^  en  panicules  terminales  ^  chaqii^ 
fleur  a  un  calice  de  deux  ou  de  cinq  folioles  ovales ,  concaves  » 
))er8istantes  ;  trois  pétales  oblongs  ;  les  mâles  ont  cinq  étar 
mines  y  et  les  femelles  un  ovaire  supérieur  y  ovale  ,  dépourvu 
de  style  ,  et  chargé  d'un  stigmate  en  tête  trigone  ;  le  fruit  est 
une  espèce  de  noix  ovale ,  acuminée  y  entourée  à  sa  base 
d'une  membrane  crénelée,  qui  renferme  un  noyau  ovale ^ 
trigone  y  pointu ,  à  trois  loges  et  à  trois  semences. 

Cet  arbre  ,  dont  le  fruit  est  figuré  pi.  81  a  des  Illustration^ 
de  Lamarck  ,  croit  dans  les  Indes  et  ih»  ^ui  en  dépendent. 
X^s  habitans  tirent  de  son  fruit  une  partie  de  leur  nourri- 
ture y  soit  en  le  mangeant ,  ou  soit  en  exprimant  une  buil& 
^ui  sert  àTassaisonuemen^de  Jiçur^autre^  alimeus»  Les  vit^u^ 


a5o  •  C  A  N 

pieds  donnent  une  résine  blanche^  dont  on  fait  des  espèce* 

de  chandelles  Le  bois  est  (rùs-bon  à  brûler. 

•    Loureiro  a  établi  ce  même  genre  sous  le  nom  de  Pimêle  , 

et  outi'e  cette  espèce  ,  qu'il  appelle  Pimèle  blanche  ,  il  eu 

décrit  deux  autres  ^  que  Ton  trouve  à  la  Cochinchine  et  pays 

voisins. 

Le  PiMELE  ou  Canari  noir  ,  qui  a  les  feuilles  pinnées, 
unies,  les  grappes  de  fleurs  latérales,  et  les  noix  biloculaires: 
on  tire  de  son  drupe  une  huile  non  moins  agréable  que  celle 
de  Tolive  ,  mais  plus  pesante  sur  l'estomac. 

Le  PiMKLE  ou  Canari  oléifIre  ,  a  les  feuilles  pinnéet 
par  quatre  folioles  de  chaque  côté ,  les  pédoncules  latéraux 
poliÛores  ,  et  les  noix  uniloculaires.  11  est  figuré  dans  Rura- 

iihius,  vol.  1  ,  pi.  54.  Ses  drupes  se  mangent  comme  ceux  de 
a  première  des  espèces ,  et  on  en  tire  ime  huile  comestible. 
11  découle  des  entailles  faites  à  son  écorce  ime  résine  huileuse, 
jaunàlre,  odorante  ,  semblable  au  copale,  vulnéraire  et  ré-^ 
fiolutive  comme  elle,  et  dont  on  se  sert  pour  vernir  les  meu- 
bles de  bois ,  soit  seule ,  soit  unie  à  la  résine  liquide  de  TAvaiE , 
c'est-à-dire  au  vernis  de  la  Chine.  (  Voyez  le  mot  Auoie.  ) 
Lar  substance  qu'on  emploie  dans  l'Inde  sous  le  nom  de  Da^ 
mar  ou  Dammar  ,  pour  calfater  les  vaisseaux ,  est  composée 
de  cette  résine  mêlée  avec  de  l'écorce  de  bambou  réduite  en 
poudre, et  un  peu  de  chaux  :  celte  substance  est  préférable  à 
toutes  les  autres  connues  pour  cet  objet ,  soit  relativement  à 
sa  durée ,  soit  relativement  à  sa  ténacité ,  et  elle  n'a  point 
d'odeur  comme  la  poix  d'Europe. 

Le  bois  de  canari  oléifère  est  très-beau ,  et  s'emploie  à  faire 
des  tables  et  autres  meubles;  mais  il  est  de  peu  de  durée. 

CANARI  MAKAQUE^est  à  Ca^enneleQuAXEJLÉ.  Voy. 
ce  mol.  (B.) 

CANARI  DE  MONTANYA.  C'est  en  Catalogne  le  Cini. 
Voyez  ce  mol.  (S.) 

CANARI  SAUVAGE,  nom  qu'on  donne  à  la  Pbndu- 
1.ÏNE.  Voyez  ce  mot.  (Vieill..) 

CANARINE  ,  Canarina.  C'est  une  plante  dont  la  racine 
est  tubéreuse ,  la  tige  herbacée ,  noueuse  et  foible ,  les  rameaux 
opposés  ,  les  feuilles  opposées  ou  ternées,  pedolées  ,  hastées  , 
inégalement  dentées,  glabres ,  molles  et  glauques  en  dessous  ; 
les  fleurs  d'Un  rouge  jaunâti-e ,  solitaires  ,  axillaires  et  pen- 
dantes. 

Chacune  de  ces  fleurs  est  composée  d^in  calice  à  six  di« 
visions  lancéolées ,  lisses  et  persistantes;  d'une  corolle  mono* 
pétale ,  campanulée ,  et  à  si\  découpures  ovales  pointues  ;  de 
AÏx  étamines^  dont  les  filamens  sont  élargis  à  leur  baae  ;  d'uA 


Ç  A  N  iSi 

fraire  iiiterienr  y  duquel  s'^ève,  dans  la  fleur ,  un  slyle  pres- 
qu'aussi  long  que  la  corolle ,  ayant  un  stigmate  en  massue  ,  k 
SIX  divisions^  et  cotonneux.  Le  fruit  est  une  capsule  obtuse  , 
sexangnlaire ,  et  divisée, intérieurement^  en  six  loges  qui  con- 
tiennent des  semences  petites  et  nombreuses. 

Cette  plante  est  figurée  pi.  269  de  lUuairationaàe'Là^TnBvcYi 
elle  est  originaire  des  Canaries.  On  ta  cultive  au  Jardin  des 
plantes  de  Paris.  (B.) 

CANC AME ,  gomme  i^ine  d'Afrique ,  qui  paroit  être  un 
mélange  de  plusieurs  espèces  de  gommes  et  de  résines,  opéré 

fiar  des  insectes  ou  des  oiseaux.  Ce  n'est  que  par  hasard  que 
on  trouve  des  masses  de  cette  substance  ;  aussi  est-elle  très- 
chère.  On  l'emploie,  comme  l'encens,  contre  le  mal  de 
dent.  (B.) 

CANCELLAIRE  ,  Cancellaria ,  genre  de  testacés  uni- 
tal  ves  établi  par  Lamarck ,  dont  l'expression  caractéristique  est 
d'avoir  une  coquille  ovale  ou  subturriculée ,  à  bord  droit  , 
éiilonné  intérieurement;  à  base  de  l'ouverture presqu'entière 
et  un  peu  en  canal ,  avec  quelques  plis  comprimés  ou  trauchansi 
sur  la  columeDe. 

Ce  genre  a  pour  type  la  ifoluta  cancellaria  de  Linnaeus  , 
coquille  des  côtes  d'Afrique  ,  qui  est  figurée  dans  Adanson  , 
pi.  8 ,  fig.  16  ,  sous  le  nom  de  hUet  ^  et  dans  Lister^  Conc/i,  ^ 
tàb.  85o ,  fig.  5a.  Foyez  au  mot  Volute.  (B.) 

CANCER  ;  constellation  qui  forme  le  quatrième  signe  du 
zodiaque  ;  elle  est  composée  de  3a  étoiles  remarquables.  Le> 
soleil  entre  dans  ce  signe  au  solstice  d'été ,  c'est-à-dire  le 
21  juin  :  le  tropique  qui  est  au  nord  de  la  ligne  passe  par  ca 
^gne,  qui  lui  a  donne  son  nom.  (Pat.) 

CANCERILLE.  C'est  un  nom  vulgaire  de  la  LAURÉoiiB. 
GENTILLE,  Daphm  mezereunk- ,  Linneeus^  Voyez  au  mot 
Lauréole.  (B.  ) 

C  ANCHE ,  Aira,  genre  de  plantes  de  k  triandrie  digynie,. 
et  de  la  famille  des  Graminées  >  dont  les  caractères  sont 
d'avoir  la  baie  calicinale  composée  de  deux  valves  qui  ren^ 
ferment  deux  fleurs,  consistant  chacune  en  une  bâle  k  deux 
valves  ;  en  trois  ét&mines  ;  en  un  ovaire  supérieur  chargé  de- 
deux  styles  ,  dont  les  stigmates  sont  pubescens.  Le  fruit  est 
une  semence  presque  ovale,  couverte  ou  enveloppée  dans  la 
bâle  floréale  ,  qui  lui  est  adhérente. 

Ce  genre  est  figuré  pi.  44  des  Illustrations  de  Liamarck  ,et 
renferme  quinze  à  vingt  espèces ,  dont  les  ^ne3  ont  les  fleura 
sans  barbes ,  et  les. autres  en  sont  pourvues  ;  aucune  ne  peut 
entrer  dans  la  formation  d'une  prairie^  à  raison  de  la  petitess»" 


aSa  ,     C  A  N 

de  letm  feuillet  ;  mais  pliuieur»  «ont  recherchées  par  let 

animaux  palurans. 

Les  espèces  les  plus  communes  sont  ;  / 

La  Canche  aquatjqu£  ^  que  Ton  trouve  dans  les  marais^ 
sur  le  bord  des  fossés ,  et  qui  fournit  un  fourrage  très-savou- 
reux ,  et  par  conséquent  très-recherché  des  bestiaux  ;  mais 
rare  et  court.  Ses  caractèi^es  sont  d'avoir  la  panicule  ouverte^ 
les  fleurs  sans  barbes  ,  unies  ,  aussi  longues  que  le  calice  >  et 
les  feuilles  plates. 

La  Canch£  élevée  ,  dont  les  caractères  soi^t  d'avoir  le» 
feuilles  planes  ,  striées  ,  rudes ,  la  panicule  écartée  ,  avec 
une  très -courte  aréle.  ^lese  trouve  dans  les  prés  couverts 
et  les  bois  ,  et  s'élève  jusqu'à  hauteur  d'homme  :  elle  est  rara 
«t  vîvace. 

La  Canche  flexueuse  ,  et  sa  variété ,  la  canche  des  mon^ 
tagnes ,  que  l'on  trouve  dans  les  bois  secs ,  sur  les  montagnes 
arides.  Ses  caractères  sont  d'avoir  les  feuilles  sétacées ,  le 
chaumç  presque  nu  y  la  panicule  écartée ,  les  pédonculet 
tortueux.  C'est  un  très  -  joli  gazon  que  les  moulons  recher- 
chent ;  mais  que  les  autres  bestiaux  trouvent  trop  dur  :  ella 
est  vivace. 

La  Casche  BLANCHATRE,  quI  a  les  feuilles  sétacées  ,  et  la 
hase  de  la  panicule  renfermée  dans  une  gaine.  Elle  se  trouva 
dans  les  lieux  sablonneux.  On  en  fait,  dans  quelques  jardins, 
des  bordures  fort  agréables  à  la  vue  :  elle  est  vivace. 

La  Canche  «illetée,  Aira  caryophylUa  Linn. ,  dont 
les  feuilles  sont  sétacées ,  la  panicule  écartée  ,  et  les  fleurs 
pourvues  d'une  barbe.  On  la  troute  dans  les  lieux  secs ,  sur 
le  bord  des  hoîa  :  elle  est  annuelle. 

La  Canche  précoce  a  les  feuilles  sétacées ,  la  gatne  angu- 
leuse ,  les  fleurs  en  épis  paniculés ,  et  la  base  des  baies  garnie 
d'une  baHie.  Elle  se  trouve  daiis  les  lieux  sablonneux  et  hu- 
mides des  bois  :  elle  est  annuelle.  C'est  une  des  pi^mièrea 
plantes  qui  fleurisse  au  printeàips.  (B.) 

C  ANCOINE  ,  nom  vulgaire  de  la  Litornb.  Foy»  ce» 
mot.  (Vieill.) 

CANCRE  ;  mot  aujourd'hui  synonyme  deCRABB«(  Fb/.ce 
mot.)  Il  désignoit  autrefois  généralement  tèusles  crustacés , 

Î)lus  ou  moins  applutis  y  plus  ou  moins  approchant  de  la 
orme  ronde ,  et  clont  la  queue  est  courte  et  cachée  entiè- 
rement sous  le  ventre  ^  enfin  lescoiaori^acAiur»  de  Lin  meus. 
Voyet  au  mot  Crustacé.  (JB.) 

CANCRE  CAVALIER  ,  c'est  I'Octfodr  ciRATOPH- 
TAi«ME  {Voyt%  ce  mot.) ,  qui  court  aussi  vile  qu'un  homaiD 
à  cheval,  (fi.) 


,  C  A  N  a55 

jCANCRE  MiJUBRE.  C'est  le  Gbapss  pjbint.  Foyez  ca 

mol.  (fi.) 

CANCHE  OURSE.  Cest  le  Maja  ours  de  la  Méditei** 
ranée.  Voye%  ce  mot.  (B.) 

CANCRE  A  PIEDS  LARGE.  C'est  la  Fortune  de  Ron- 
delet. Vçycz^Q  mot 

CAWCRE  pE  RIVIÈRE.  C'est  le  Crab;e  fi.uviatii*k* 
Voyez  ce  mot.  (B.) 

CAMBRE  SQUINADE.  C'est  le  Majà  squinabe.  Voy^ 
ce  mot.  (B.) 

-  CANCRELAT.  C'est  la  Blatte  b'Amérique.  Vàye%  ce 

mot.  (B.) 

CANCRITES.  On  appelle  ainsi  les  crustacés  fossilea.  Voy. 
au  mot  Crustacé.  (B.) 

CANDIDE  ,  nom  français  donné  au  papillon  qu'Espeic 
apppUé  phiççny^ne,  (  Pap-  (T Europe  4'.-pf^<wielle,)  (L.) 

CAKfiCHUUNE >  ConifhlUa,  geure  déplantes  orypto-- 

£mes,  de  la  famille  des  Foug£R£s^  établi  par  Mirb^aux. 
p?iis  d^s  Act^^^kQvvfi  de  Limueus^  Son  caractère  consiste 
à  avoîi:  la  frttctificatipn  disposée  régulièrement  en  peints ,  efe 
tes  follicules  Jk»gées  dans  de  petites  fossettes. 

J^  plupart  des  canfùfUines  ont  la  sur&ce  inférieure  de 
leuis»  feuilW  euAièremeKit  garnie  d'écailles  ou  de  poik  ^  ,ce 
qui  les  avoit  fait  prendre  pour  des  acrostiques  par  Linnseus; 
91^  0n  les  eiuiminant  avec  attention ,  ou  voit  que  ces  écailles 
neccavueot  les  yrai^s  parties  de  la  fructification ,  disposées 
como^e  dlupâ  ilen  pofypqde^ ,  mais  nichéos  dans  des  fçMscÉtea 
particulières.  On  connoît  quatre  espèces  de  ce  genre  >  qui 
sont  lfi$  AoibQSTUÎUISS  HéTÉHOYBlhhZ  >  XAsrcioLBB  et  tio- 

LYiymjEOïoB  de  liinnffius^  et  juomoue  v»fix.x«B  de  Burmant 
toQtef  ^i^les  des  lnd»s ,  rares  dans  les  herbiers^  et  sur  lesa^> 
qutàm  on  n'«  Aucfm  senaeign^ment.  f^oyex  au  mot  AoBOfr*. 

TJQUE.  (B.) 

GANE,  fetnelle  du  Canard,  f^oytf*  ce  mot.  (S.) 

CANE  (GROSSE)  DE   GUINÉE,    toy^z  Cai^aru 

MUSQUE.  (S.)  • 

CAifS:  J^  COLUER  BLANa  Bdpa  ^  appplé  ainsi  Ip 
Gravant.  Ployez  ce  mot.  (S.) 

£|ANE  A  OOIililER ,  dépominatîon  de  la  btmache  dans 
V Ornithologie  de  Saleme.  Voyez  Bsrnache.  (S.) 

OAN£  A  TJ^E  RjOUSâE  de  Bèibn'fit  «d'Albin ,  est  k 
BIillouinI  Koyezçemoi.^.^. 


r 


3i54  C  A  N- 

CANE  BLANCHE.  M.  Salerne  ait  qn'ea  Sologne^  c'est 
le  nom  de  la  Piette.  Voyez  ce  mot,  (S.) 

CANE  DU  CAIRE.  Voyez  Canar»  musqué,  (S.) 

CANE  DE  GUINÉE ,  dénomination  impropre  du  ra« 
Tuard  musqué ,  qui  ne  vient  pas  de  Guinée ,  mais  de  FAmé- 
rique.  Voyez  Canard  musqué.  (S). 

CANE  DE  LIBYE  ,  Voyez  Canard  MUSQui.  (S.) 
'  CANE  DE  MER  ,  l'une  des  dénominations  que  Belon  a 
données  au  Cratant.  Voyez  ce  mot.  (S.) 

CANE  DE  MER  A  COLLIER.  C'est  un  des  noms  du 
^rauant  dans  Belon.  Voyez  Gravant.  (S.) 

CANEFICIER.  C'est  Tarbre  qui  produit  la  casse  du  com- 
merce^ le  caêsiafistula  de  Linnœus.  (B.) 

CANEFICIER  BATARD.  C'est  la  Casse'  bmîapsui-aire. 
Voyez  au  mot  Casse.  (B.) 

CANELUDE  ou  CANELADE.  Lorsque  les  fauconniers 
veulent  que  leurs  oiseaux  soient  plus  chauds  et  plus  ardens 
au  vo]  du  héron  ,  ils  Jeur  donnent  la  caneiude  ,  c'est-à-dire, 
une  curée  composée  de  cannelle,  de  sucre  et  de  moelle  de 
héron.  (S.) 

CANEPETIÊRE,  nom  vulgaire  de  la  peiiie  outarde  ;  c& 
nom  vient ,  selon  toute  vraisemblance ,  de  quelque  rapport 
que*  la  petite  outarde  présente  par  sa  figure  et  son  vol  avec  le 
canard ,  et  aussi  de  ce  qu  elle  se  plaît  parmi  les  pierresv  On 
l'appelle  encora  canepétrace ,  et  en  Berri ,  canepéirate,  Yoye» 
Outarde.  (S.) 

CANEPHORE^  Canephora ,  genre  de  plantes  à  fleur» 
conjointes^  de  la  pentandrie  monogynie ,  dont  on  doit  l'éfa» 
blissement  À  Jussieu,  et  qu'on  trouve  figurée  pi.  i5i  dealliu^ 
trations  de  Lamarck. 

n  a  pour  caractère  un  calice  commun  tubuleux  y  denté  et 
multiflore  ;  un  calice  particulier  de  cinq  à  six  divisions;  une 
corolle  monopétale  du  même  nombre  de  divisions;  cinq  et»-- 
mines  très-courtes;  un  ovaii'e  inférieur ,  terminé  par  ui%* 
style  bifide  ;  un  fruit  à  deux  semences. 

Deux  espèces  sont  réunies  sou»  ce  genre.  L'une ,  la  Cake- 
PHORE  AXXLLAIRE  ,  a  les  feuiUes  ovales ,  et  les  fleurs  solitaires 
et  axillaii*es;  l'autre  ^  la  Cànephorb  en  tâte,  a  les  feuille^ 
lancéolées  et  les  fleurs  terminales  i*éunies  plusieurs  dans  un 
involucre.  Toutes  deux  ont  les  feuilles  opposées ,  et  viennent 
de  Madagascar.  (B.) 

CANETON  et  CANETTE  ,  petiU  du  Cakahd.  Fbyec 
ce  mot  (S.)  , 

CANEVAROLA.  C'est ,  dans  Aldrovande ,  Ufau99UȈ 
tête  noire.  Voyes  Fauvette.  (S*) 


C  A  N  a35 

CANEVAROLE ,  nom  vulgaire  de  la  Fauvette  sabil-» 
LARDE.  Voyez  ce  mol.  (Vieill.) 

CANJALAT,  r/Z»/iw?»Rumphiu8,  Amb.  S^tab.  139.  C'est 
une  plante  d'Amboine^  dont  les  racines  sont  composées  de 
tiibérosîtés  nombreuses^  cylindriques,  noires^  succulentes  ef 
d'un  goût  amer  et  désagréable.  Ses  tiges  sont  cylindriques^ 
glabres^  sarmenteuses^  et  grimpent  sur  les  arbres;  ses  feuilles 
sont  opposées ,  pétiolées  y  cordiformes  ;  ses  fleurs  axiUaires 
solitaires ,  et  composées  d'un  calice  de  quatre  pièces ,  d'une 
corolle  de  quatre  pétales  étroits  y  épais  et  plus  courts  que  le 
calice  ,  de  beaucoup  d'étamines  y  et  d'un  ovaire  supérieur  ^ 
chargé  de  plusieurs  styles.  ^^  fruits  sont  des  capsules  ovaf« 
les-coniques ,  comprimées  et  polyspermes. 

Cette  plante  croît  à  Amboine ,  dans  les  lieux  humides.  On 
confit  9/d&  racines^  et  on  les  mange  en  prenant  le  thé.  (B.) 

CANIARD.  Selon  appelle  ainsi  le  Goéland  varie.  Voy. 
ce  mol.  (S.) 

CANIBELLO  ^  nom  italien  de  la  CaessereIle.  Voyez 
ce  mot.  (S.) 

CANIC  A  ^espèce  d'épicerie  en  usage  dans  l'île  de  Cuba. 
On  ignore  quel  genre  de  plante  la  produit.  Peut-être  est-ce 
le  myrte-piment ,  si  employé  pour  le  même  objet  à  la  Ja- 
maïque. (B.) 

CANICHE.  Voyez  Canard  ,  chien.  (S.) 

CANICULE ,  éloile  qui  fait  partie  de  la  constellation  du 
grand^chien.  C'est  la  plus  belle  de  toutes  les  étoiles  fixes  ^  et 
on  la  désigne  plus  ordinairement  sous  le  nom  de  slrius.  Les 
jours  caniculaires  commencent  dans  le  temps  011  le  soleil  se 
lève  avec  cette  étoile  :  un  préjugé  populaire  les  a  fait  regarder 
«iomme  dangereux  pour  la  santé  ,  probablement  à  cause  de 
la  grande  chaleur  qui  rèsne  à  cette  époque.  (Pat.) 

CANIDAS ,  CANIDE  et  CANIDE  JOUVE,  noms  sous 
lesquels  les  sauvages  de  quelques  contrées  de  l'Amérique  mé* 
ridionale  connoissent  1' Ara  bleu.  Voyez  ce  mot.  (S.) 

CANIFICIER.  Voyez  Caneficier.  (S.) 

C  ANILLEE.  C'est  un  des  noms  vulgaires  de  la  Lenticule* 
yoyez  ce  mot.  (B.) 

•  CANI VET.  Voyez  Canidas  et  Ara  bleu.  (S.) 

CANNA  (  Antilope  orcas  Linn.  ).  C'est  le  même  animal 
que  le  Coudous.  Voyez  ce  mot.  (S.) 

CANNABINE ,  Dastica ,  plante  de  la  dioécie  dodécan- 
drie ,  qui  a  l'aspect  du  clianvre>  ou  dont  les  feuilles  sont  al*- 


9Ô6        ^  C  A  N      ^ 

ternes,  afléea  avec  uoe  impaire  >  composées  de  neuf  à  onae  £>- 
Ixoles  lancéolées  ,aiguës  et  déniées.  Le»  fleurs  sont  pedtes^jaunà* 
tre$i^  disposées  aux  son?  mités  des  tises ,  et  munies  a  une  bractée. 

Lés  mâles  ont  un  calice  de  cinq  à  six  folioles  linéaires  ^ 
jKiintnes  ,  inégales ,  et  environ  quinze  étamines. 

Les  femelles  ont  un  calice  supérieur ,  Irès-petit ,  pendslant 
et  à  deux  dents;  un  Q^^aire  inférieur^  oblong,  chargé  de  trois 
styles  fourclius,  dont  les  stigmates  sont  longs  et  velus. 

Le  finit  est  une  capsule  oblongue^  triangulaii^e ,  unilocu- 
laire ,  à  trois  petites  cornes ,  s'ouvrant  par  trois  valves  et  con- 
tenant des  semences  menues  et  nombreuses. 

Cette  plante  est  figurée  pi.  8â3  des  Illustration^  de  La«- 
marck.  fille  croit  dans  l'île  ae  Candie ,  et  est  vivace.  Sa  saveur 
est  amère. 

-    Il  y  a  «ne  seconde  espèce  de  ce  genre ,  qu'on  dit  venir 
de  Penfiilvanie.,(B.) 
.  CANNAN-GOLÏ.  P'oye*  Anooli.  (S.) 

CANNE  A  SUCRE ,  ou  CANAMELLE  OFFICINALE  ^ 
fiacchfiirum  ofieinale  LÎnn. ,  plante  de  la  famille  des  Grami- 
ifûis,  dont  on  retire  celle  substance  végétale  si  agréable  et 
d'un  usage  si  géaétfil ,  connue  sous  le  nom  de  sucre.  De  toutes 
le9  plantes da  la  même  famille,  c'est,  après  le  liz  et  le  fro-^ 
p^ent ,  la  plus  intéressante  et  la  plus  utile  ;  elle  est ,  par  cette 
raison ,  cultivée  dans  les  quatre  parties  du  monde ,  et  elle 
enrichit  les  pavs  ait  sa  cuilfire  est  établie  en  grand. 

La  racine  oe  la  canne  à  sucre  est  gcnouillée ,  fibreuse , 
j^lcine  de  suc,  et  oblique  ;  elle  pousse  plusieurs  tiges,  hautes 
de  huit  à  douze  pieds,  articulées ,  lisses ,  luisantes,  du  dia- 
mètre d'un  pouce  ou  d'un  pouce  et  demi^et  garnies  de  noeuds 
écartés  les  uns  des  autres  de  trois  à  qqatre  pouces.  Il  y  a  com- 
munément de  quarante  à  soixante  nœuds  snr  une  tige,  quel- 
<]uefois  davantage  :  chacun  d'eux  présente  au-dedans  une 
cloison  qui  sépare  les  articulations  ;  au-debors  il  oifi^  à  /» 
suriaee,  i*.  de  petits  points  disposés  circulairement  en  quin-^ 
concesur  deux  ou  trob rangs,  lesquels^  en  se  développant 
dans  la  terre,  forment  des  racines  ;  2^.  un  lK>uton  nlus  gros 
qu'une  lentille  et  terminé  en  pointe ,  qui  renferme  le  germe 
d'i^ne  canpe  nouvelle.  De  tous  u^  noeuds  partent  des  Quilles 

2*  ui  tombent  à  mesure  que  la  canne  mûrit  ;  elles  s'élèvent 
[temativement  sur  de.ux  plans  opposés ,  et  présentent  dans 
leur  expansion  luie  espèce  d'éventail.  Elles  sont  composées  de 
âeux  sections  ;  la  section  Inférieure ,  longue  à-pcu-près  d'ua 
pied  ,  embrasse  la  tige  par  un  tour  el  demi  ;  fa  supérieun^ , 
qui  a  de  trois  k  quatre  pieds  de  longueur,  s'élève  droite  ,  e| 
fiicmfl,a¥ecl'aze  deUcaiiBe,tta  angle  d'autant  moins  aoga^ 


B.  8. 


i.  CaUèat^ùr  dùimériaue/ ■       3  ■  ùume^    à'     Jka-e/ 


•C  A  î^         ^  aÎT 

que  le  nœud  àfoii  elfe  jiSLti  est  plus  près  du  terme  de  son 
accroissemenl  parfait:  sa  plus  grande  largeur  est  de  deux 
pouces  ;  elle  va ,  en  diminuant  toujours ,  se  terminer  en  poinlo 
alongée  ;  ses  bords  sont  rudes ^  et  ses  surfaces  lisses  et  striées^ 
avec  une  côte  ou  nervure  moyenne  longitudinale. 

Lorsque  la  canné  fleurit ,  elle  pousse  à  son  sommet  un  ^t 
sans  noeuds^  de  quatre  à  cinq  pieds  de  hauteur ^  qu'on  appelle 
,  flèche;  ce  jet  porte  une  panicule  ample,  longue  d'environ 
deux  pieds  9  à  ramifications  grêles  et  nombreuses ,  et  garnio 
d'un  grand  nombre  de  très-petites  fleurs  soyeuses  et  Usin- 
châtres.  (  Voyez  Canam£LL£.  )  La  tige  de  la  canne ,  dans  ssi 
maturité ,  est  lourde^  cassante,  et  d^une  couleur  jaunâtre,  ou 
violette ,  ou  quelquefois  blanchâtre ,  selon  la  variété  ;  elle  es( 
remplie  d'une  moelle  fibreuse ,  spongieuse  et  blanchâtre ,  qui 
contient  un  suc  doux  très-abondant.  Ce  suc  est  élaboré  sépa- 
rément dans  chaque  entre-nœud ,  dont  les  fonctions  parti- 
culières sont  à  cet  égard  indépendantes  de  celles  des  entre- 
Aœuds  voisins  ,  et  qui ,  par  conséquent ,  peut  être  regardé 
comme  une  espèce  de  fruit  isolé.  Ce  suc  exprimé ,  porte  vul- 
gairement le  nom  de  vin  de  canne:  c'est  de  cette  liqueur  qu'on- 
extrait  le  sucre. 

L  Hi  STornjB  de  la  Canne  à  sucre. 

La  canàB  est ,  dit-on ,  originaire  des  Indes  orientales.  Led 
Chinois ,  dès  la  plus  haute  antiquité ,  ont  connu  l'art  de  lai 
cultiver  et  d'en  extraire  le  sucre ,  art  qui  a  précédé  cette  plante 
en  Ënrope  de  près  de  deux  mille  ans.  Les  anciens  Egyptiens,' 
les  Phéniciens ,  les  Juifs ,  les  Grecs  et  les  Latins  ne  l'ont  point 
connue.  Elle  fut  transportée  en  Arabie  à  la  fin  du  treizième 
siècle ,  et  cultivée  d'abord  dans  l'Arabie  Heureuse  ;  de-là  elle 
passa  en  Nubie ^  en  Egypte  et  en  Ethiopie,  où  l'on  fit  du 
ancre  en  abondance.  Vers  la  fin  du  siècle  suivant,  on  la  port» 
en  Syrie ,  en  Chypi-e ,  en  Sicile  :  lé  sucre  qu'on  en  tii-a  etoit,- 
comme  celui  d'Artibie  et  d'Egypte,  gras  et  noir.  Dom  Henri , 
régent  de  Portugal ,  ayant  fait  la  découverte  de  Madère  en 
1490,  y  fit  transporter  des  cannes  de  Sicile,  où  on  les  avoit 
introduites  depuis  peu.  Elles  y  furent  cultivées  avec  succès, 
ainsi  qu'aux  Canaries ,  et  bientôt  le  sucre  qu'elles  y  produi- 
airent ,  fut  préféré  dans  le  commerce  à  tous  les  sucres  de  ce 
temps -là.  Les  Portugais  portèrent  la  canne  k  l'île  Saint- 
Thomas  aussi-tôt  que  cette  île  leur  fut  connue,  et  en  iSso  il 
y  avoit  plus  de  soixante  manufactures  à  sucre.  On  essaya  aussi 
«le  planter  ce  roééan  en  Provence,  mais  il  ne  put  y  réusrir  a 
«ause  de  la  température  de  l'hiver.  Il  prospéra  cependant  en 


.258  C  A  N 

Espagne ,  où  on  le  cultive  encore  dans  quelques  parties  méri- 
dionales de  ce  royaume. 

Après  la  découverte  de  l'Amérique  y  celte  belle  plante  fut 
transportée  à  Saint-Domingue  ^  vraisemblablement  des  '  Sles 
Canaries,  et  vers  l'an  i5o6  ;  c'est  au  moins  ce  qu'assurent  les 
plus  anciens  auteurs  espagnols  qui  ont  parlé  du  Nouveau- 
Monde  :  il  n'est  pas  pi-ouvé  cependant  qu'elle  ne  soit  pas  na-* 
turelle  à  ce  continent.  Dans  le  siècle  dernier ,  on  en  a  trouvé 
dans  l'île  à'Oiahiti ,  située  dans  la  mer  du  Sud.  D'où  y  avoient« 
elles  été  apportées  ?  Il  est  vraisemblable  que  plusieurs  espèces 
ou  plusieurs  variétés  de  cannes  croissent  naturellement  dans 
divers  pays ,  sans  y  avoir  été  introduites.  On  en  voit  à  Mada-» 
gascar ,  où  les  insulaires  ignorent  la  manière  d'en  obtenir  le 
sucre  ^  aux  côtes  de  Coromandel  et  de  Malabar^  à  Ceylan . 


que  la  partie  de  l'Asie  située  au-<lelà  du  Gange  ^  est,  exclu-» 
•ivement  à  tout  autre ,  le  lieu  natal  de  la  canne  à  sucre. 


Dans  presque  tous  les  pays  dont  nous  venons  de  parler , 
elle  se  propage  de  graine.  Rumphius  en  cite  trois  espèces  cul- 
tivées aux  Moluques  :  la  première  ,  celle  dont  on  se  sert  com- 
munément, est  olanche,  avec  des  noeuds  espacés  de  cinq 
doigts,  presque  toujours  jaunâtres  ou  blanchâtres  en  dehors  ; 
son  écorce  est  mince  ;  elle  rend  beaucoup  de  jus  et  de  sucre. 
loL  seconde  est  rougeâtre,  a  ses  nœuds  plus  rapprochés,  une 
écorce  dure ,  et  produit  moins  de  sucre ,  mais  plus  doux.  Dans 
la  troisième  espèce ,  la  tige  n'a  que  la  grosseur  du  pouce  ; 
récorce  est  mince ,  les  cannelures  sont  vertes,  les  nœuds  très- 
espaces  ;  celle-ci  a  une  saveur  très-douce ,  et  donne  une 
grande  quantité  de  sucre  :  les  Javans  la  cultivent  beaucoup. 
Toutes  les  trois  mûrissent  vers  le  neuvième  ou  dixième  mois. 
A  Java,  on  emploie  la  méthode  des  boutures,  comme  dans 
nos  colonies  ;  ailleurs ,  où  l'on  consomme  moins  de  sucre  ou 
de  cannes ,  on  eufouit  les  vieux  rejetons  dans  des  sillons  parai-* 
lèles.  A  la  Cochinchine ,  il  y  a  dans  les  champs  plusieurs 
espèce  de  cannes ,  qui  y  viennent  et  s'y  multiplient  d'elles* 
mêmes:  les  ha  bilans  n'en  cultivent  que  deux  espèces  plus 
productives  que  les  autres.  Outi*e  la  canne  violette  de  Bata\ia, 
on  en  connoit  une  autre  du  même  pays,  qui  est  verte  ,  plus 
grosse  et  plus  touffue.  Celle  d*Otahili  présente  une  nuance 
blanchâtre ,  ou  d'un  jaune  moins  foncé  que  celui  des  cannes 
des  Antilles. 

On  voit  que  celte  plante  varie  beaucoup ,  comme  toutes 
«elles  qui  sont  soumises  à  la  culture  ;  cependant  l'espèce  qu'où 


,        C  A  N  u3a 

cultive  à  Saint-Domingue  depuis  près  de  trois  siècles,  n'y  a 
subi ,  pendant  ce  temp ,  aucune  altération  ;  elle  n'a  ni  dégé- 
néré ,  ni  été  perfectionnée  ;  elle  n'y  est  jamais  Tenue  de 
semences  répandues  par  Thomme  ou  par  la  nature ,  puisque 
les  fleurs  qu'elle  y  porle  quelquefois  sont  stériles;  mais  elle  sa 
reproduit  de  bouture ,  et  se  multiplie  ainsi  avec  une  mer- 
veilleuse fécondité.  C'est  de  cette  ile  que  sont  sortis  les  pre- 
miers plants  qui  ont  servi  à  propager  les  cannes  à  êucre  dans 
toutes  les  Antilles.  Cette  plante  aime  de  préférence  la  fempé- 
ralui*e  de  la  zone  torride  ;  cependant  sa  culture  peut  s'étendre 
dans  les  zones  tempérées,  jusqu'au  quarantième  degré  d% 
latitude  à-peu-près. 

II.  NAïasAifcs  et  développement  de  la  Canne  à  eucre* 

Pour  cultiver  avantageusement  la  canne,  et  pour  en  retirer 
le  plus  de  sucre  possible ,  il  importe  de  connoitre  la  manière 
dont  son  serme  se  développe  et  donne  naissance  aux  difle- 
rens  nœuds;  l'influence  de  l'air  et  de  l'eau  dans  ces  dévelop- 
pemens  et  dans  la  végétation  entière  de  la  plante;  les  sucs 
propres  qu'eUe  renferme,  et  les  modifications  successives 
qu'ils  éprouvent  pour  arriver  à  l'état  de  sel  essentiel  ;  l'action 
enfin  des  feuiUes  tant  dans  la  végétation  que  dans  l'élaboration 
des  sucs,  et  comment  eUes  indiquent,  par  leur  verdeur  ou 
sécheresse ,  la  croissance  de  chaque  entre-nœud  ou  son  degré 
de  maturation  ^i). 

Une  même  souche  ou  plançon  de  canne ,  produit  ordi- 
nairement plusieurs  tiges  :  on  distingue  la  souche  prwzithe 


(i)  Quoique  j'aie  cultivé  la  canne  à  sucre  sur  mes  propres  biens 

Seadant  plusieurs  années ,  et  que  j'aie  suivi  avec  beaucoup  de  soin  et 
'attention  tout  ce  qui  a  rapport ,  non-seulement  à  sa  culture ,  mais 
k  la  fabrication  même  du  sucre,  j'ai  cru  devoir,  dans  cet  article, 
joindre  à  mes  propres  observations^  les  expériences  et  observations 
intéressantes  de  Dutrône  >  consi innées  dans  son  Précis  sur  la  canne  à 
sucre ,  I  vol.  in-S^.  C'est  le  meilieur  ouvrage  qui  ait  été  fait  sur  cette 
plante  ;  j'y  ai  puisé  beaucoup  de  choses  ,  et  j'en  ai  particulièrement 
«xtrait  ce  paragraphe  tout  entier ,  ainsi  que  le  suivant ,  et  les  para* 
graphes  8,  i3.  i4  et  18.  Obligé  de  me  resserrer,  je  n'ai  pas  toujours 
employé  le  même  ordre  d'idées  et  les  mêmes  expressions  que  Du- 
trône ;  mais  je  n'ai  rien  omis  de  tout  ce  qu'il  dit  d'intéressant  sur 
l'économie  végétale  de  la  canne  ,  sur  ses  sucs ,  sur  la  manière  d'ea 
extraire  le  sel  essentiel^  &o.  Ce  naturaliste  condamne,  avec  raison, 
la  mét|iode  suivie  jusqu'à  ce  jour  pour  fabriquer  le  sucre  }  il  en  pro- 
pose une  nouvelle  dont  il  a  fait  lui-même  un  heureux  essai  à  Saint* 
bomingue.  Je  la  fais  connoitre  avec  assez  de  détail  pour  qu'on  puisse 
monter  une  sucrerie  d'après  les  principes  de  cette  méthode ,  «ans 
aroir  recours  à  d'autre  livre  qu'à  ce  Dictionaaire. 


B40  C  A  lï 

et  la  souche  secondaire.  Lorftju'nn  plan^n  est  mis  en  iètve, 
les  deux  à  trois  boulons  dont  A  est  pourvu ,  sont  d'^abonl 
pénétrés  par  l'eau  qui  les  enfle  :  les  petites  feuilles  qui  les  re* 
couvrent  s'étendent  :  les  points  radicaux  s'alongent  et  donnent 
des  moines.  Ce  sont  ces  trois  parties  qui  forment  la  souche 
primiHt^;  elles  travaillent  au  développement  de  la  j^ntule, 
auquel  cette  souche  paroit  uniquement  destinée.  Le  bouton 
est  doué  de  toutes  les  conditions  nécessaires  à  ce  développe* 
ment  ;  car  Dutrône  a  mis  en  terre  des  boutons  tenant  à  une 
petite  portion  d'écorce  seulement ,  ils  se  sont  bien  développés^ 
et  ont  donné  des  cannes;  ce  qui  paroît  démontrer  que ,  dans 
cette  espèce  de  germination  ,  la  plantnle  ne  tire  rien  que  de 
la  souche  primitive.  Les  premiers  nœuds  ^ cannes  (i)  de  la 
plantule  produits  par  celte  souche ,  donnent  des  racines  et 
des  feuilles  avec  lesquelles  ces  nœuds  forment  la  souche  se- 
eondaite ,  qui  doit  sendr  à  Taccroissement  le  plus  étendu  de 
la  plante.  Quand  les  circonstances  favorisent  beaucoup  sa 
végétation ,  le  boulon  que  présente  le  premier  de  ces  derniers 
noeuds 9  fournit  d*auti*es  nœuds  radicaux  ,  formant  une  se- 
conde filiation  sur  la  première^  et  souvent  cette  seconde 
filiation  en  produit  une  troisième  de  la  même  manière. 

Du  centre  du  dernier  nœud  radical  ,  sort  le  germe  dn 
premier  nœud-canne  qui  se  monlreau-dehors.Ce  germe  ren* 
ferme  le  principe  de  la  vie  de  la  canne  et  de  la  génération 
des  nœuds  ;  le  premier  nœud-canne ,  en  se  formant ,  devient 
la  matrice  du  second  ;  celui  -  ci  d'un  troisième  ,  et  ainsi  de 
«uite.  Le  plus  voisin  de  la  racine  panaient  ordinairement  dans 
cinq  on  six  mois,  au  terme  de  son  accroissement.  Pendant 
ce  temps  il  est  suivi  de  quinze  à  vingt  nœuds  ;  et  chacun  de 
ceux-ci  arrive ,  à  son  tour,  au  même  terme  indiqué  toujours 
par  le  dessèchement  comnlet  de  sa  feuille.  Après  six  on  sept 
mois,  lorsque  les  feuilles  des  trois  ou  quatre  premiers  nœud»- 
cannes  qui  paroissent  hors  de  terre ,  sont  desséchés,  la  canne 
présente  douze  k  quinze  feuilles  vertes  disposées  en  éventail. 
Alors,  considérée  dans  son  état  naturel ,  elle  a  acquis  tout  son 
accroissement;  car  si  elle  se  trouve  à  Tépoque  de  sa  floraison, 
elle  fleurit ,  et  sa  sève  est  employée  ,  pt*esque  toute  entière , 
an  développement  des  parties  de  sa  fruclifîration.  A  cette- 
époque  les  nœuds-cannes  qui  se  forment ,  pn*srntent  bien 
deux  parties ,  c'e8t-à-<lire  le  nœud  proprement  dit  et  l'entre* 
nœud:  mais  on  ne  voit  sur  le  premier,  ni  boulons,  ni  ces 
points  dont  il  a  été  parlé  ,  et  qui  sont  les  clémcns  des  racines, 
■  ■  I 

(i)  Far  nœud^canne  on  doit  enteodce  l'eatre-noeud  joint  tu  uceud 
Iprapremsat  dit. 


C  A  N  ^    a4t 

La  nalure  cesse  en  ce  moment  de  s'occtiper  de  Tindlvidu  , 
.pour  ne  «onser  qu'à  l'espèce.  Les  feuilles  des  derniers  noeuds 
placés  immedialement  au-dessous  de  la  flèche ,  ainsi  que  les 
nœuds  d'où  elleà  partent ,  se  dessèchent  en  mémo  temps  que 
la  flèche^  et  tombent  avec  elles;  cependant ,  quoique  le  prin- 
cipe de  la  généralion  des  nœuds  setjrQUve  anéanti,  les  nœud»* 
<;annes  pourvus  de  boutons  qui  n'ont  point  encore  atteint  le 
dernier  terme  de  leur  croissance ,  n'en  sont  pa5  moins  pleins 
de  vie  ;  leurs  feuilles  conservent  leur  direction  et  leur  ver- 
dure :  ce  qui  démontre  ,  entr'elles  eit  la  souche ,  un  mouve- 
ment particulier ,  dont  les  bénéfices  se  rapportent  au  nueud 
de  chaque  feuille. 

Si  la  canne  ,  arrivée  au  terme  naturel  de  son  développer 
ment ,  ne  se  trouve  pas  à  l'époque  de  la  Qoraisoji  »  ou  si  à 
cette  époque  la  culture  l'éloigné  trop  de  son  état  naturel ,  elle 
ne  fleunt  pas  ;  alors  le  principe  de  vie  pa.s9e  à  la  formation 
de  nouveaux  nœuds. 

La  feuille  est  la  partie  de  la  canne  la  preraièf^e  formée.  £9. 
paroissant  à  Tair  libre ,  au  moment  pu  le  nœud  d'Qii  elle  part 
se  développe  ,  elle  annonce  que  ses  fonçtiontï  «ont  néci^âsdires 
au  développement  et  à  l'accroissement  de  ce  nœud«  et  Texpé- 
riencele  prouve  ;  car  si  on  enlève  à  une  canne  ses  feuilLea^ 
m>n-seulement  les  nœuds  où  elles  étoient  insérées,  cessent  de 
se  développer,  mais  la  canne  même  périt.  CVest  dans  la  feuille 
du  nœud- canne  que  le  suc  aqueux  reçoit  le  premier  mou-t 
veinent  qui  doit  le  conduire  à  l'état  muqueux  hepl>boé.    ^• 

On  peut  compter  quatre  temps  dans  les  révolutions  que 
subit  le  nœud-canne  depuis  l'instant  de  sa  génération  jusqu'à 
celui  de  sa  maturité.  Le  premier  temps  est  marqué  par  sa  gé* 
nération  même  qui  dure  huit  à- dix  jours  ;  il  se  montre  alors 
sous  la  forme  d'un  petit  cône.  Au  second  temps  ,  il  se.déve* 
loppe,  et  dans  ce  développement  son  suc  est  modifié  à  divers 
degrés.  Le  troisième  temps  est  celui  de  son  accroissement , 
pendant  lequel  le  sac  reçoit  un  degré  d'élaboration  de  plus.' 
Enfin  sa  maturation  embrasse  le  dernier  temps  :  il  a  cess^ 
alors  de  croître.  A  1  époque  de  sa  formation  ,  toutes  ses  par-« 
lies  sont  ébauchées  par  le  mouvement  qui  vivifie  la  plante 
entière.  Mais  après  cette  époque ,  presque  abandonné  a  luf- 
'même  ,  c'est  de  ses  propres  forces  qu  n  semble  subir  les  ré- 
volutions^ et  convertir  le  corps  muqueux  en  sel  essentiel  ^ 
après  lui  avoir  fait  éprouver  diverses  modifications  que  nous 
allons  suivre.  Ainsi  il  y  a  deux  fluides  principaux  circulant 
dans  la  canne,  et  par  conséquent  deux  mouvemens  indépen*- 
dans  ,  en  quelque  sorte ,  l'un  de  l'autre ,  savoir  :  le  mouve- 
ment de  la  sève  qui  se  porte  dans  to«ite  la  plante  dont  eUe  ea<* 

IV.  Q 


C  A  N  5143 

1a  canné ,  ce  0)ic ,  en  Mf  d^omposant ,  fournit  toujours  ua 
acide  et  une  moiassure  atxmdauiie.  Dans  sa  seconde  modifi- 
cation y  le  suc  muqueiix  acquiert  une  couleur  citrine  et  am- 
brée ,  une  saveur  douce ,  et  le  parCîun  des  pommes  reinettes. 
lia  décoalxK)sition  sponl^née  dç  ce  suc  est  ou  acide  ou  api<* 
ritueuse:  elle  présente  uiie  ligueur  analogue  au  cidre.  Modifié 
une  troisième  fois ,  sa  partie  colorante  prend  ujql  caractère 
résineux,  qui  change  son  odeur  de  pommes  en  Todeur  balsa- 
mique propre  à  la  caajie.  Sa  saveur  douce  devient  douce- 
«ucrée  :  ce  suc ,  dans  ce  nouvel  état ,  a  la  plus  grande  analo« 
gie  avec  le  miel ,  et  porte  le  nom  de  suc  muqueux  sucré.  Sa 
décomposition  est  comme  celle  du  suc  muqueux  doux ,  c'est- 
à-dire  acide  ou  spiritueuse^et  eUe laisse  appercevoir  les  mêmes 
Erincipes.  Enfin ,  dans  sa  quatrième  et  dernière  modification, 
i  suc  nuiqueux  sucré  est  tout-à-fait  dépouillé  de  sa  couleur 
ciuine  et  de  son  odeur  balsamique ,  et  sa  saveur  suci'ée 
est  beaucoup  plus  développée.  Cet  état  est  celui  qui  cons- 
titue le  suc  muqueux ,  sel  essentiel ,  l'enfermé  dans  les  cel- 
lules que  forme  la  substance  médullatre  du  nœud  -  canne. 
CkMXime  chaque  cellule  est  entièrement  isolée ,  et  ^u'il  iiy  «a 
aucune  çomnabunication  entr'elles ,  ce  suc  ne  s'échappe  que 
par  expression.  Celle  particularité  rapj^ixx^  encore  le  nœud* 
canne  de  la  condition  des  fruits  muqueux  doux  et  sucrés  ; 
comme  eux  il  peut  être  enta,aié  «t  gâté  diHis  une  de  sea 
parties,  sans  que  les  autires  éprouvant  aucune  altération. 

La  canne  consomnae  beaucoup  d'eau  de  végétation  dans 
râabonttion  de  aes  sucs  ;  sa  souche  est  pourvue  d'une  très- 
grande  quantité  de  xacines  ^  et  ses  vaisseaux  séveux  sont 
trè»-nombreux. 

liO  suc  savonneux  «xtractif ,  dont  il  nous  reste  k  parler  , 
s*élabore  dans  le  système  des  viaisseaux  propres.  JLa  sève ,  dit 
Dutrône ,  «portée  dans  les  vaisseaux  propres  des  feuilles  et  do 
récoroe ,  préseiute  dans  la  «uitâère  glutineuse,  {Voyez  la  noto 

Srécédente.)  ,  une  base  aux  principes  que  ces  organes  tii*ent 
e  l'air  ,  de  la  lumière  «t  de  l'eau.  Ce  sont  ces  principes  qui 
rendent  cette  matière  colorée  ^  odorante ,  çapîde  et  dissoluble. 
Plusieurs  &its  .prouvent  que  la  base  du  suc  savonneux  ex^ 
tractif  est  une  matière  ^utiueuse.  La  couleur  de  l'écorce  de 
la  canne  tient  en  partie  à  .ce  «uc  qu'on  enlève  aisément  par 
l'eau  ;  elle  tient  encore ,  dans  une  plus  grande  proporlioii ,  à 
une  matièi'e  résineuse  qui  n'eA  soluble  que  dans  l'alcohol.  La 
aubstaoce  médullaire ,  quoique  blanche  ,  contient  aussi  une 
petite  quantité  de  suc  savonneux,  que  l'eau  bouiUante.dis^ 
.août.  Enfin ,  Talcobol ,  comme  l'eau  ,  tient  en  dissolution  to 
maxi  aavonueux  de  l'écorcç  et  de  la  moelle.  Les  acides  ne  pa-i 

:3 


roissent  avoir  aucune  prise  sur  lui  r  ils  semblent  au  confmtnr 
le  fixer  davantage  à  la  parlie  solide  de  la  canne.  Les  aikalis  le 
dégagent  dans  une  proportion  d  autant  plus  grande  ,  qu'ils 
sont  plus  caustiques  ,  et  qu'ils  sont  aidés  d'un  plus  fort  degré 
de  chaleur.  La  substance  médullaire ,  apt'ès  a^oir  été  dépouil- 
lée du  suc  savonneux  par  les  aikalis,  porte  une  (orte  couleur 
cilrine  résineuse.  Le  suc  savonneux  passe  dans  Ptxpression 
de  la  canne,  à  la  faveur  du  suc  séveux  <pu  sert  a  1  étendre. 

En  parlant  bienlôt  des  moyens  employé.N  pour  l'extrac- 
tion du  sucre,  nous  analyserons  le  suc  exprimé  de  la  canna 
coupée  à  sa  maturité,  il  faut  auparavant  faire  connoitre  sa 
culture. 

IV.  Cu  LTi/R^  de  la  Canne  à  suce. 

Tontes  les  terres  ne  conviennent  pas  à  ItLcanrte.  Dans  celles 
qui  sont  grasses,  humides  ,  basses  et  nouvellement  défrichées, 
die  vient  très-belle,  mais  elle  ne  produit  qu'un  suc  aqueux , 
peu  sucré  ,  de  mauvaise  qualité ,  difficile  à  cuire  et  à  purifier. 
Dans  un  sol  sans  fond  ,  elle  est  presque  toujours  avortée  et 
donne  peu  de  sucre.  Les  terres  fortes  ne  sont  pas  non  plus 
favorables  à  sa  végétation.  Elle  demande  une  terre  substan- 
tielle médioct-ement  légère,  un  peu  limonneuse  ,  très-di^ôsée^ 
ou  facile  à  diviser.  Les  meilleures  terres  à  suc i*e  ont  un  coup- 
d'œil  gris  ,  et  ne  présentent  ordinairement  aucun  mélange 
de  sable,  de  gravier,  ni  d'aiple.  Quelquefois  une  htuix?use 
exposition  et  l'abondance  des  pluies  compensent  la  médiocrité 
du  sol.  Ainsi  les  établissenicns  situés  dans  des  lieux  élevés  ou 
au  pied  des  montagnes  ,  et  dont  le  terrein  n*est  tout  au  plus 
que  passable ,  peuvent  pourtant  prospérer  ,  jxirce  qu'ils  &ont 
arrosés  souvent:  Ceux  qui  se  trouvent  placés  dans  les  plaines , 
et  sur -tout  dans  le  voisinage  de  la  mer  ,  ont  moins  besoin 
d'eau ,  parce  que  le  sol  y  est  communément  meilleur,  et  a  plus 
de  fond.  Dans  tous  les  pays  ,  et  aux  Antilles  plus  qu  ailleurs  , 
les  plaines  s'enrichissent  de  la  terre  et  des  débris  des  monta- 
gnes. La  plupart  des  rivières  de  ces  iles  sont  de  vrais  torrens 
qui ,  ayant  un  lit  étroit ,  grossissent  très-fréquemment  et  cou- 
vrent leurs  bords  d'un  limon  productif  qui  convient  très- 
bien  à  la  canne.  C'est  vraisemblablement  ainsi  que  se  sont 
formés  ,  avec  le  temps  ,  les  lerreins  bas  et  plats  ,  ou  ce  ^^égétal 
précietix  e»t  communément  cultivé. 

L'art  des  engrais  est  peu  connu  dans  les  colonies  ;  et  l'art 
d'alf orner  les  objets  de  culture  ne  l'est  pas  du  tout ,  ou  plutôt 
on  ne  peut  pas  l'y  mettre  en  pratique.  Il  seroit ,  pour  l'ordi- 
naire ,  désavantageux  au  colon  de  faire  succéder  une  culture 
i  une  *autre  ,  ou  do  fairw  marcher  ensemble  deux  culturcn 


C  A  N  24S 

«liiTérentes  (1).  Cependant ,  danâ  quelques  cantons  de  Saînf- 
Domingue^  on  cultive  à-la-fois  sur  le  même  bien  le  cotonnier 
et  V indigo.  Cette  dernière  plante  est  semée  en  longues  et  lar- 
ges platles-bandes  qu'on  enloure  d'allées  de  cotonniers.  La 
blancheur  éblouissante  des  fruits  de  cet  arbrisseau  contraste 
agréablement  avec  la  verdure  gaie  de  l'indigo.  Mais  la  canne 
ne  souffre  aucun  mélange  ,  et  les  travaux  d'une  sucrerie  sont 
trop  multipliés  et  trop  dispendieux  j  pour  pei*mettre  qu'on  s'y 
occupe  à  faire  autre  chose  que  du  sucre.  Que  le  sol  soit 
mauvais ,  médiocre  ou  excellent ,  ces  travaux  et  les  dépenses 
qu'ils  entraînent  sont  les  mêmes  :  d'où  résulte  la  nécessité  de 
n'établir  ces  sortes  de  plantations  que  sur  un  bon  fonds  ,  si 
l'on  ne  veut  pas  que  les  produits  soient  au-dessous  des  frais.  Il 
n'est  point  de  biens  plus  productifs,  quand  le  sol  est  bon; 
il  n'en  est  pas  de  plus  ruineux  ,  lorsqu'il  est  mauvais.  Dans 
les  terreins  médiocres  ,  le  propriétaire  d'une  sucrerie  peut 
vivre  et  entretenir  sa  famille ,  mais  il  ne  s'enrichit  jamais  :  il 
tirera  cependant  un  plus  grand  parti  de  sa  terre ^  s'il  sait  faire 
un  usage  bien  entendu  des  engi*ais  ( u). 

Lorsqu'on  en  coupe  des  cannes ,  leurs  pailles  ou  feuilles 
sèches  restent  ordinairement  sur  le  cliamp;  elles  pourrissent, 
et  forment  bientôt  un  engrais  naturel  excellent.  Quelquefois 
on  les  enterre,  d'autres  fois  on  les  brûle;  leurs  cendres^ 
mêlées  à  celles  des  vieilles  souches,  sont  très-propres  à  diviser 
et  fertiliser  un  terrein  gras  et  argileux.  Le  fumier  convient 
mieux  aox  terres  légères.  Il  n'est  point  d'établissement  agri- 
cole qui  puisse  en  fournir  autant  qu'une  sucrerie,  parce  que  son 
exploitation  exige  un  grand  nombre  de  mulets  et  de  boeufs, 
sans  compter  les  chevaux  employés  au  service  du  mailre,  et 
les  mouions  qu'on  pourroit,  comme  en  Europe,  faire  par- 
quer successivement  dans  les  terreins  destinés  à  être  plantés. 

Cest  la  nature  du  sol,  ce  sont  les  saisons  et  le  chmat  qui 
doivent  déterminer  l'espèce  de  préparation  à  donner  alors  à 
la  terre  ^  ainsi  que  l'époque  et  le  mode  de  plantation.  Mal* 


(1)  Nous  parlons  des  grandes  cultures ,  c'est-à-dire  de  la  culture 
des  plantes  les  p'us  utiles»  et  qui  donnent  un  riche  produit  «  telles  qu» 
la  canne ,  le  coton  ,  ckc 

(t)  J'ai  vu  à  Saint-Domingue  un  terrein  où  l'herbe  croîssoît  à  peine , 
produire  au  bout  de  quelque»  antiées  de  très-belles  cannes.  Il  f'aisoit 
partie  d'une  grande  habitation  fort  médiocre  qui  appartenoit  à  un 
colon  trt*s-8ctif.  Ce  colon  venoit  «ourent  en  France  ,  emportant  tou- 
jours avec  lui  plusiems  caisses  des  différentes  terres»  de  son  habita-^ 
tîon ,  qu'il  soumettoit  à  l'analyse  des  chimistes  de  Paris,  et  qu'il  ren- 
doit  ensuite  productives^  en  employant  les  engrais  qui  lui  avoient  ét4 
iodîqaés* 


54r>  C  A  N 

heureoâement ,  on  suit  dans  chaque  pays  les  méthodes  reçues  , 
bonnes  ou  mauvaises.  Dans  nos  colonies,  k  charrue  est  pea 
connue  ;  on  y  travaille  et  dispose  le  terrein  avec  la  houe  ; 
lout  s'y  fait  à  force  de  bras.  11  faut  espérer  que  le  besoin  de 
rétablir  pr€HnpteBsent  les  cultures  dans  ces  contrées ,  y  io* 
troduira  les  instrumens  aratoires  de  l'ancien  continent.  On 
y  gagneroit  beaucoup.  Ce  seroit  pourtant  une  erreur  de 
•penser  que  la  charrue  peut  être,  avec  profit ,  mise  en  usage 
par-tout  sous  la  vone  torride  comme  en  Europe.  Dans  ces 
orûlans  climats,  une  terre  trop  ameublie  est  exposée  À  perdre 
plutôt  les  »els  et  les  principes  qui  la  fécondent  On  ne  doit 
donc  y  ouvrir  son  sein  qu'à  propos,  et  ne  pas  le  tenir  ouvert 
trop  long-temps.  Il  faut  suivre,  a  cet  égara,  un  juste  milieu  , 
et  consulter  les  saisons  et  les  localités. 

La  canne  se  multiplie  de  bouture  dans  toute  l'Amérique. 
On  distingue  deux  parties  dans  sa  tige  quand  on  la  coupe  , 
savoir  :  une  inférieure ,  et  dans  laquelle  le  suci^  est  tout 
formé ,  qui  est  presque  dépouillée  de  feuilles ,  et  qui  présente 
quelquefois  jusqu'à  quarante  et  même  cinquante  articula- 
tions; et  une  partie  supérieure  beaucoup  moins  longue,  qu'on 
nomme  téâe  de  canne.  Celle-ci  est  garnie  d'un  petit  nombre 
de  feuilles  vertes,  et  formée  d'en  Ire-noeuds  plus  rapprochéa 

Ïue  les  inférieurs,  et  qui  sont  à  di^^ers  degrés  a'accroissement 
E'est  dans  ces  têtes  qu'on  prend  les  boutures;  on  en  coupe 
les  feuilles,  et  on  en  forme  un  plançon  de  la  longueur  à-peu* 

£rès  d'un  pied.  Cette  partie  étant  plus  tendre  que  le  cor|M  de 
canne,  est  plutôt  pénétrée  par  la  pluie  ou  par  l'humidilé 
de  l'atmosphère,  et  elle  pousse  plus  aisément  des  racines. 
Dans  quelques  pays,  comme  à  la  Grenade,  où  les  sucreriea 
n'ont  pas  ordinairement  une  grande  étendue,  on  laisse  loua 
les  ans  croître,  jusqu'en  octobre  et  novembre,  les  rejetona 
des  cannes  coupées  en  janvier  et  féii*ier,  pour  en  faire  du 
plant.  A  Saint-Domingue,  on  emploie  le  plant  à  l'instant 
même  de  la  récolte. 

Après  avoir  nettoyé  le  lerreîn  destiné  à  la  plantation ,  on  le 
parfage  en  carrés  égaux.  Chaque  carré ,  appelé  pUce  de 
canne,  a  ordinairement  deux  cents  pas  d'étendue  sur  tontea 
les  faces ,. et  le  pas  est  de  trois  pieds  et  demi.  On  laisse  enfr'enx 
une  allée  de  dix-huit  à  vingt  pieds  de  large,  qu'on  nomme 
divUion,  et  tirée  au  cordeau.  Elle  est  communément  plantée 
en  poitf  ou  patates,  qui  servent  à  la  nourriture  des  nouns.  Par 
ce  moyen ,  il  n*y  a  pas  de  surface  perdue.  On  aligne  ensnite 
les  trons  deslinéa  à  recevoir  le  plant  de  cannf.  Ptoin*  cet  effet, 
on  pose  près  de  terre  une  ligne,  le  long  de  laquelle  on  fait , 
avec  la  houe ,  un  trou  ou  marque  ;  on  l'épète  cette  opirmtioa 


C  A  N  su^j 

4cn«  toute  I»  largeur  de  la  piièce  de  canne.  Les  marques 
•doivent  être  parallèles  eatr^eUes  ou  disposées  en  quinconce , 
«et  distante»  les  unes  de^  autres  deileux ,  trois  ou  quatre  pieds , 
«uivant  la  nature  du  sol.  C'est  aussi  la  qualité  du  terrem  qui 
détermine  la  largeur  et  la  profondeurdeslrous.  Ils  ne  peuvent 
pa9  avoir  moins  de  sept  à  dix  pouces  de  pi'ofondeur^  et  de 
quinze  à  dix-huit  pouces  carrés.  On  les  fouiUe  de  façon  qu'ils 
se  terminent  en  plan  incliné.  Les  boutures  y  sont  coucbees  à 
plat  au  nombre  de  deux*ou  trois ,  et  recouvertes  avec  la 
moitié  de  la  terre  qu'on  a  tirée  :  on  réserve  l'autre  paur 
«hausser  les  jeunes  plants  à  la  premièi'e  sai^laison.  Lia  fosse 
est  alors  dans  la  disposition  la  plus  favorable  pour  recevoir 
et  consei*ver  l'eau ,  soit  de  pluie ^  soit  d'aiTosage,  et  l'état  de 
division  où  est  la  terre  permet  ^aisément  aux  racines  de  La 
pénétrer  et  de  s'étendre. 

Lm  jeunes  otames  commencent  à  se  montrer  au  bout  de 
trois  semaines  ou  un  mois.  Rien  ne  contribue  plus  à  favoriser 
]0ur  accroissement  que  les  sarclaisons  ;  deux  ou  trois  suffisent 
•ordinairement.  On  remplit  alors  de  terre  les  trons ,  et  on 
rhamse  les  pieds  des  cannes.  Si  les  chenilles  s'y  mettent ,  il 
faut  difféi'er  de  sarcler ,  parce  que  cet  insecte  naroit  pi^férer 
l^  autres  herbes  ^  dont  la  substance  est  moins  dure. 

Tous  les  plants  ne  i^ussissent  pas.  On  doit  remplacer  ceuac 
qui  manquent,  et  ceux  qui  sont  pourris  ou  desséchés  ;  on 
appelle  cela  recourir.  Quand  les  cannes  ont  cinq  ou  six  mois , 
il  est  convenable  d'extirper  les  bourgeons  qui  poussent  4  leur 
pied.  Ces  bourgeons  ne  pouvant  pai-venir  aussi-tôt  que  les 
premiers  jets,  à  la  même  grandeur  et  à  la  même  maturité , 
ne  donnent,  lors  de  la  réc(dte ,  qu'un  suc  imparfait,  capable 
d'altérer  celui  des  bonnes  tiges.  Il  est  aussi  très-utile  d'épailler 
les  cannes  ;  elles  croissent  alors  plus  grosses  et  sont  plus  mûi^es  » 
parce  qu'elles  reçoivent  mieux  les  impressions  de  lair.  De-là 
Tient  que  les  h'sières  des  pièces  de  canne  sont  toujours  plua 
1>elles  que  l'intérieur.  Une  habitante  de  Saint-Domingue  » 

Eiidée  sans  doute  par  ce  principe,  avoit  imaginé  de  planter 
s  siennes  en  carrés  trefr4ong8  et  fort  étroits.  De  cette  ma- 
nière ,  toutes  les  touffes  et  pi'esque  toutes  les  tiges  étoieni 
également  bien  aërées  et  de  la  plus  belle  venue.  Sur  une  sur- 
face é^ale  à  celle  employée  à  la  même  culture  par  ses  voisins, 
elle  fiusoit  un  tiers  de  revenu  de  plus  ;  elle  avoit,  en  outre  , 

£lus  de  divisions ,  c'est-^-dire ,  plus  de  terrein  disponible  pour 
i  nourriture  des  cultivateurs.  Ilseroit  pourtant  desavantageux 
d'éclaircir  ou  d'épailler  les  cannes  dans  un  kà  léger  ou  sa- 
Uonneiix ,  sur -tout  l'été ,  parce  que  les  chaleurs  de  cette 
a^iîaon  dessécheroient  trop  Ibur  racine,  et  mèmid  la  terre.' 


5148  C  A  N 

C'est  pour  prévenir  cet  inconvénient  que ,  dans  les  terreina 
de  cette  nature^  on  a  soin  de  planter  les  cannes  près  à  près^  • 
afin  qu'elles  pui^nt  se  garantir  mutuellement  des  effels  de  la 
sécheresse. 

Les  cannes -rejetons  (  Foy.  le  paragraphe  II) ,  toutes  choses 
égales,  ne  viennent  jamais  aussi  hautes  ni  aussi  helles  que  les 
cannes  plantées  ;  mais  elles  donnent  en  proportion  plus  de 
sucre ,  qui  est  en  même  temps  plus  heau  et  meilleur.  L'ex- 
traction du  sucre  des  cannes  plantées  demande  plus  de 
0oin. 

Dans  les  mau^'aises  terres^  les  cannas  sont  petites  et  minces; 
elles  portent  aux  iles  le  nom  de  rotins.  Dans  les  tenues  vierges , 
elles  viennent  d'une  hauteur  et  d'une  grosseur  extraordi- 
naires, mais  mûrissent  difficilement;  on  n^en  peut  iioint 
extraire  de  sucre^  ou  celui  qu'on  en  extrait  ne  graine  point^et 
garde  la  consistance  de  sirop.  Pour  tirer  parti  de  ces  cannes, 
il  faut  les  couper  trois  ou  quatre  fois  tous  les  huit  on  dix  mois , 
et  -quand  elles  sont  sèches,  les  brûler  on  les  abandonner  en 
verl  aux  animaux.  Par  ce  moyen ,  on  dompte  la  terre,  et  ou 
diminue  la  vigueur  de  la  canne ,  dont  le  quatrième  ou  cin- 
quième rejeton  peut  donner  du  sucre  pa&sable.  Dans  de 
semblables  terres,  les  oannes  sont  quelquefois  productives 
pendant  vingt  à  vingt-cinq  ans,  sans  qu'on  ait  besoin  de  les 
replanter.  J'ai  vu  chez  moi  des  pièces  de  canne  produii'e  , 
à  leur  dix-huitième  rejeton ,  de  vingt  à  trente  milliers  de 
iucre. 

On  appeUe  aux  Antilles  cannes  créoles,  celles  qui  reje- 
tonn^nt ,  c'est-à-dire  ,  qui  poussent  des  bourgeons  à  leurs 
nœuds  le  long  des  tiges.  Elles  ne  sont  bonnes  à  rien.  Cet  acci- 
dent a  pour  cause  une  trop  grande  humidité  et  une  sui^abon- 
dance  de  sève. 

L'époque  de  la  plantation  des  cannes  n'est  pas  aisée  a  dé- 
terminer. l'Jlc  ne  doit  pas  éti*e  la  même  par-tout ,  à  raison  de 
]a  variété  des  climats,  des  saùons,  des  sites,  des  tcrreins.  La 
canne  étant  un  roseau,  ne  peut  se  passer  d  eau  pour  crottre. 
C'est  sur-tout  dans  les  premiers  six  mois  de  sa  croissance 
qu'elle  en  a  besoin.  11  est  donc  raisonnable  de  planter  à  la 
Teille  des  pluies  modérées.  Les  boutures  se  pénètrent  d'eau 
par  degrés,  et  donnent  promptement  des  plantes  qui  se  for- 
tifient asses ,  lors  âeè  grandes  pluies ,  pour  résister  à  la  sé- 
cheresse et  jpour  couvrir  la  teiTe.  Voilà  la  règle  générale  ; 
c'est  au  cultivateur  à  en  faire  Tapplicalion.  Que  la  canne  soit 
arrosée  par  les  eaux  pluviales  ou  par  celles  des  rivières,  par 
submersion  ou  par  infiltration  ,  ]ieu  importe,  pourvu  qu'elle 
le  soit  à  propos  et  znodéi^meut.  Dans  les  terreins  légers  ;i* 


,    .   CAN  249 

itahirellemenl  secs  on  disposés  en  pente  ^  il  lui  faut  beaucoup 
d'eau.  Elle  s'en  passe  plus  aisément  dans  un  sol  plat^  substan- 
tiel et  frais. 

Toutes  les  fois  qu'on  plante  des  canneR  à  Saint-Domingue , 
on  est  assez  dans  l'usage  de  semer  en  même  temps  du  maïs 
sur  le  même  terrein.  Ce  grain  étant  récolté  au  bout  de  quatre 
mois  ,  ne  nuit  point  à  la  croissance  des  cannes;  au  contraire , 
leur  enfance  est  protégée  par  l'ombre  légèi*e  des  tiges  et  des 
feuilles  du  blé  de  Turquie. 

y.  RÉCOLTE  dé  la  Canne  à  Sucre. 

La  récolte  des  cannes  ne  se  fait  pas  en  même  temps  dans 
les  diyers  élaUissemens  des  Européens  en  Amérique.  Elle  est 
nécessairement  subordonnée  à  l'époque  des  plantations^  qui 
varie  beaucoup,  ainsi  qu'il  a  été  dit  au  paragraphe  précédent. 
Si,  dans  la  culture  de  la  canne,  on  a  voit  pour  objet  de  re- 
cueillir ses  graines,  il  faudroit  faire  sa  récolte  au  temps  de  sa 
maturité  absolue;  mais,  comme  le  seul  but  qu'on  se  propose 
est  l'extraction  d'un  sel  précieux,  on  doit,  pour  couper  ce 
roseau,  choisir  le  moment  où  le  sucre  y  est  le  plus  abondant, 
et  où  il  a  acquis  sa  perfection.  Ce  moment,  suivant  M.  de 
Caseaux,  est  celui  où  les  vingt-deux  nœuds  inférieurs  de  la 
tige  sont  dépouillés  de  leurs  feuilles.  Cette  règle  est  trop  gé- 
nérale. J'ai  fait  couper  souvent  des  cannes,  crues  sur  le  même 
soi ,  qui  avoient  un  plus  petit  ou  un  plus  grand  nombre  de 
tels  nœuds,  et  qui  ont  donné  également  de  très-beau  sucre 
et  en  même  quantité.  Tant  de  causes  concourent  à  la  crois- 
sance de  la  canne  et  k  l'élaboration  de  son  suc ,  qu'il  faudroit 
pouvoir  les  combiner  toutes  pour  déterminer ,  d'une  ma- 
nière invariable,  l'époque  précise  où  il  est  plus  avantageux 
de  la  couper.  Tout  ce  qu'on  peut  dire  à  cet  égard  de  certain , 
c'est  que  les  nœuds  de  ce  beau  graminée,  ne  mûrissant  point 
à-la-fois,  mais  successivement ,  comme  les  fruits  d'un  même 
arbre,  laissent  toujours  au  cultivateur  une  latitude  de  deux 
ou  trois  mois  pour  la  récolte  ;  avantage  inappréciable  dans 
un  étabb'ssement  où  les  travaux  sont  si  multipliés,  et  où  il 
est  essentiel  d'en  savoir  faire  une  juste  distribution,  afin 
qu'aucun  ne  soit  omis  ou  perdu.  Car  voilà  ce  qui  importe  lo 
plus.  Le  colon  n'est  pas  toujours  le  maître  de  couper  ses 
cannes  au  point  juste  de  maturité  convenable  pour  eu  ex- 
traire le  plus  de  sucre  ;  il  en  est  souvent  empêché  par  d'antres 
tra^-aux  que  nécessitent  la  saison  nu  les  circonstances.  Mais 
si,  pour  avoir  hâté  ou  difieré  sa  récolte,  il  éprouve  quelque 
perte ,  cette  perle  est  ordinairement  compensée.  Une  coupe 


a5o     •  C  A  N 

anticipée  donne  plna  de  vigueur  aux  rejetons ^  et  npprocli^ 
répoque  où  ils  doivent  être  coupés  à  leur  tour  ;  une  coup* 
tardive  a  laissé  au  propriétaire  le  temps  d'assurer  les  planta* 
tions  commencées^  soil  en  cannes ,  soit  en  vivres. 

A  la  Grenade  et  dans  la  partie  du  nord  de  Saint-Domingue^, 
ou  récolte  k  toutes  les  époques  dp  Tannée,  mais  particulière- 
ment pendant  les  quatre  mois  de  la  plus  belle  saison ,  savoir  : 
février,  mars,  avrd  ti  mai.  Il  en  résulte  un  grand  avantage 
pour  les  noirs  et  pour  le  propriétaire.  Les  premiers  ont  plua 
de  repos,  et  le  second  peut  vaquer  plus  facilement  aux  autres 
travaux  de  Thabitation  dans  les  intervalles  que  laissent  les 
roulaisons  (  i  ).  Chaque  année ,  on  coupe  ordinairement  les 
trois  quarts  de  tous  les  carreaux  cultivés  en  cannes  ;  souvent 
on  en  coupe  les  quatre  cinquièmes,  et  quelquefois  la  totalité. 
Cela  dépend  des  saisons,  du  point  de  maturité  de  la  canne, 
«t  sur-tout  de  l'ordre  qui  a  été  suivi  dans  les  travaux. 

Les  cannes  qui  viennent  de  plants,  ne  sont  bonnes  k  cou- 
per qu'à  quatorse  ou  quinse  mois  ;  les  cannes-reietons  peu<> 
vent  être  coupées  k  onseet  douse  mois; aussi ,  sur  les  habita- 
tions où  Ton  est  obligé  de  replanter  souvent ,  c'est-^-dire 
après  le  premier  ou  deuxième  rejeton  ,  on  a  tous  les  ans 
(  toutes  choses  égales  d'ailleurs  )  moins  de  pièces  de  cannes  à 
récolter.  Sur  un  établissement  où  on  les  laisseroit  toujours  re- 
pousser de  leurs  souches ,  il  est  clair  qu'on  les  couperoit  néces- 
sairement toutes  dans  la  même  année. 

Un  de  mes  voisins  à  Saint-Domingue ,  pour  gagner  un  an 
sur  cinq ,  avoit  imaginé  de  ne  jamais  replanter  ses  cannes , 
ou  du  moins  que  très-rarement.  Il  faisoit  recourir  les  caiw 
reaux  qui  eii  avoient  besoin  ,  c'est-à-dire  qu'aussi -t6t  la 
coupe  nnie ,  il  gamissoit  de  plants  les  chamores  ou  vides , 
après  avoir  fait  labourer  ou  fumer  la  place.  Par  cette  mé*' 
tliode ,  il  évitoit  les  travaux  des  granaes  plantations ,  qui 
sont  considérables,  qui  faliguent  beaucoup  les  nègres,  et 
dont  le  succès  d'ailleurs  n'est  pas  toujours  assuré.  Le  temps 
qu'il  gagnoilétoit  consacré  à  planter  ou  à  sarcler  des  vivres  fa). 
Ses  noirs  en  étoient  mieux  nourris;  et  comme  il  coupoit 
toutes  ses  cannes  dans  l'année  ,  il  faisoit ,  disoit-il ,  en  quatr» 
ans  le  revenu ,  ou  à-peu-près ,  qu'il  n'eût  fait  qu'en  dnq[ , 
en  suivant  la  méthode  ordinaire.  Heureusement  pour  lui  , 
son  habitation  étoit  située  dans  un  quartier  asses  souvent 
arrosé  par  les  eaux  du  ciel.  Sans  cet  avantage  ,  sa  pratiquo 


(i)  Voyez  au  parag.  17  »  ce  qu'on  entend  par  roulaison. 
(a)  C'eat  le  nom  général  qu'on  donne  ,  dans  nos  colonies  y  aux  lé- 
gamea ,  rscinea  et  traita  deaiiaéa  à  nourrir  lea  nègrea. 


C  A  N  a5t 

eAt  été  manraiie  >  parce  que  les  rejeioDs  atiiment  néoeasairei- 
jneot  étoaffé  les  jeanes  cannes.  On  doit  encore  observer  que 
lorsque  ceUe»«i  réussisaenl^  elles  donnent  des  produits  plue 
abondans. 

Je  pense  que  pour  hâter,  accroitre  et  aàsurer  les  revenus 
d'une  sucrerie,  il  seroit  peut-être  avantageux  d'avoir  des  pé~ 
.pinières  de  cannes.  On  pourroit  aussi  les  multiplier  quelque 
fois  de  drageons  enracinés.  Il  seroit  à  désirer  que  quelqu'un 
.essayât  ce»  méthodes  dans  une  possession  bornée, 

VI.  Expression  de  la  Carme  à  sucre* 

Les  cannes  coupées  sont  réunies  en  paquets ,  et  portées  an 
moulin.  Le  moulin  est  formé  principalement  de  trois  groa 
rouleaux  appelés  tambours ,  faits  d'un  bois  très^dur  et  com- 
pacte y  bien  uni  et  poli ,  dans  lequel  on  enfonce  trois  cylindres 
de  fer  creux ,  de  la  hauteur  de  quinze  à  dix-huit  pouces ,  et 
d'un  pouce  environ  d'épaisseur.  Ces  rouleaux  sont  élevés 
sur  un  plan  horizontal ,  nommé  table,  rangés  perpendicu- 
lairement sur  la  même  ligne ,  et  presque  contigus.  Celui  du 
milieu  mû  sur  son  axe  par  une  puissance  quelconque,  com- 
munique aux  deux  autres  le  mouvement  qui  lui  est  imprimé. 
•Ils  présentent  ensemble  deux  faces  opposées.  Vis-à-vis  de  cha- 
que face  est  une  négresse.  L'une  d'elles  engage  d'abord  les 
cannes  entre  le  rouleau  du  milieu  et  l'un  des  deux  autres,  à 
droite  ou  à  gauche.  Ces  cannes  prises ,  tirées  et  comprimées 
fortement  dans  toute  leur  longueur ,  sont  reçues  par  la  se- 
conde négi*esse ,  qui  les  engage  à  son  tour  entre  le  même 
rouleau  central  et  l'autre  rouleau  latéral ,  afin  qu'elles  soient 
exprimées  de  nouveau.  Après  avoir  subi  deux  expressions, 
la  canne  reparoit  sur  la  première  face  entièrement  applatie , 
toute  désorganisée  y  et  privée  de  Bits  sucs ,  qui  dans  l'une  et 
l'auti^  expression  tombent  sur  la  table,  se  confondent  dans 
la  gouttière  pratiquée  à  une  des  extrémités ,  et  coulent  dans 
les  réservoirs  nommés  bassins  à  vin  de  canne,  Qes  bassins  sont 
ordinairement  au  nombre  de  deux ,  et  placés  au-dehors  ou 
an-dedans  de  ta  sucrerie  (i);  quand  ils  sont  en  dehors,  ou 
les  couvre  d'un  appentis. 

Ce  sont  communément  les  négresses  qui  font  le  service  du 
moulin.  Depuis  trente  ans  environ  ,  on  a  imaginé  d'adapter 
à  Tune  des  deux  faces  une  machine  appelée  doubleuse,  qui 

(0  La  sucrerie  est  le  bâtîmeot  dans  leqnel  se  fait  le  travail  du 
iracre.  On  donne auasî  ce  nom  à  toute babitation  établie  en  cannes, 
pour  la  distingner  des  établiasemcns  appelés  indigoterie^  eaféter 
rie,  &c. 


(AN 

o.Jef"».  «qwe 


.,^1    (OUI  «o  '"V 


k 


C  A  N  j,53 

VIL  Disposition  des  bâtimens,  fourneaux,  et  rhaudièreê 
néoessairee  pour  extraire  le  sucre  du  Jus  de  la  Canne, 

C'est  dans  la  sucrerie  que  se  fait  le  premier  travail  du  sucre* 
Pour  retirer  celte  substance  du  jus  cle  la  canne,  on  a  bf^soin 
de  feu  ^  de  chaud ièresel  de  fourneaux.  Autrefois  on  employoit 
quatre  ,  cinq  ,  six  ou  sept  chaudières  de  cuivre  de  di/léreniet 
grandeurs ,  montées  les  unes  près  des  autres  dans  la  mém» 
direction  ,  chacune  sur  un  foyer  particulier.  Dans  la  pre- 
mière ,  on  séparoit  les  écumes  à  l'aide  de  la  chaleur  ;  dan« 
la  seconde ,  on  enlevoit  les  matières  grasses  à  la  faveur  des 
alcalis  ;  dans  la  troisième  ,  on  évaporoit  le  vesou  jusqu'à  con<« 
aîatance  de  sirop  ;  la  quatrième  servoil  à  cuire  ce  même  vesou  ; 
les  autres  ^toient  un  supplément  à  la  troisième  et  quatrième» 
Le  pix>duit  de  chaque  chaudière,  dont  la  contenance  alloil 
fouiours  en  diminuant,  passoit  en  entier  de  la  première  dans 
la  seconde,  de  celle-ci  dans  la  troisième,  &c.  On  iiltroil  le 
liquide  en  le  pa5sant  d'une  chaudière  dans  une  autre  :  ce 
filtre  étoit  de  toile  ou  de  laine. 

Depuis  1 735,  on  a  établi ,  à  l'exemple  des  Anglais ,  loutet 
les  chaudières  sur  un  seul  foyer  ;  et  1  on  a  substitué  à  celles 
de  carrre ,  des  chaudièi^es  de  fer  fondu,  que  les  Hollandais 
oni  introduite»  les  premiers  dans  le  Nouveau-Monde  (i). 
Maintenant  dans  les  sucreries  bien  montées ,  il  J  a  deux  la- 
boraf cires  appelés  équipages»  Chacun  d'eux  est  composé  de 
pJusîi^Tirs  chaudières  (  ôrdinaîremenl  dnq  )  piskcéeê  sur  la 
même  ligne,  presque  conligu'i^  les  une^  aux  autres,  et  en-» 
cbijsées  dans  la  voàte  du  fourneau ,  de  manière  que  les  deux 
tiers  de  la  chaudière  reçoivent  Taction  du  feu.  Le  fourneau 
est  commun  à  toutes  les  chaudière».  Il  consiste  â»nê  an  ca** 
nal ,  dont  l'ouverture  est  en  dehors  de  la  sucrerie ,  pratiqué 
d^WÈS  la  muiaiOe  ,  presque  rly-k-vis  âe  la  dernv:re  cliau'Jière, 
eC  qui  se  termine  par  une  chc-mînce  placée  un  peu  au -dessus 
de  2a  première.  On  observe  dp  f<iire  l'ouverture  de  la  cbe« 
miiK^  qui  couimnni  ifie  au  canal ,  auMÎ  large  que  celle  de 
rentrée ,  et  ce'le-ci  doit  être  eu  face  du  veut  Ce  canal  e»t 
fju^  ardinairtcrinent  de  deux  f;LL'ds  et  d^rroî,  et  haut  de  trois 
piedi  soos  la  halterîe:  il  est  m  ..iiis  liaut  sojs  les  autres  cbac«'- 
cfii^v^s  .  ea  rat»oa  proportionnelle  de  leur  profondeur.  Ootr» 
ce  ÊManeaUyfl  V  en  a  danj  le  m43ie  ba:imenl  deux  autres, 
doot  l'un  pt»l£  des  cbaudiênes  â  cuire  ks  «ops ,  et  Taulre 


^-1 


t»B«o«fs  ée  fhaadlrwa  àe  caifie. 


^5a  C  A  N       ^  ^ 

sert  à  engager  les  eannea  une  seconde  foû ,  et  qui  économi» 
XI ne  ou  deux  négreues.  Un  jeune  nègre  veille  à  ce  que  les 
débrû  de  la  canne ,  tonibanl  sur  la  table ,  ne  s'opposent  point 
à  récoulement  du  suc  exprimé,  et  ne  forment  point  d*en^- 
gemenl  dans  la  gouttière.  On  la^^e  deux  fois  par  jour  les  rou- 
leaux et  la  table ,  pour  empêcher  que  le  jus  de  canne  qui  s'y 
colle,  en  s'aigrissant ,  ne  communique  sa  qualité  à  celui  qu'on 
exprime. 

Les  puissances  qui  mettent  les  moulins  en  mouvement, 
sont  les  animaux ,  l'air  ou  l'eau.  On  pourroit  employer  la 
|>ompe  à  feu. 

Un  moulin  à  bêles  est  mû  par  deux  attelages  de  mulets  , 
appliqués  à  deux  leviei*s ,  lesquels  sont  fixés  l'un  sur  lautre , 
k  Taxe  du  rouleau  centrai.  Chaque  attelage  est  formé  de  deux, 
ou  plus  communément  de  trois  niuiets, qu'on  relaye  toutes 
les  deux  heures ,  temps  <^u'on  appelle  quart.  On  ne  doit  les 
faire  travailler  qu'une  fois  dans  les  vingt-quatre  heures,  ai 
l'on  veut  qu'ils  soient  toujours  vigoureux  et  bien  poiians.  Il 
faut  avoir  par  conséquent  cinquante  à  soixante  mulets ,  des- 
tinés seulement  au  moulin  qui ,  dans  une  grande  habitation , 
va  nuit  et  jour  tant  qu'il  y  a  des  cannes  à  récolter.  On  a  en 
oulre  dix-huit  à  vingt  mulets  et  sept  à  huit  paires  de  bœulà, 
pour  les  charrois  de  toute  espèce. 

Les  moulins  à  eau  sont  plus  commodes  et  moins  dis))en- 
dieux;  leur  mouvement  est  plus  uniforme  et  n'est  jamais  in- 
terrompu. La  puissance  qui  leur  est  appliquée  étant  pluj 
forte  y  les  cannes  sont  mieux  comprimées  et  plus  également 
D'ailleurs  le  ser\'ice  de  ces  moulins  se  lait  plus  rondement  : 
on  ne  perd  pas  de  temps  à  relayer,  et  on  ne  craint  pas  la 
mortalité  des  animaux. 

Il  estétonnant  que  dans  les  Antilles,  où  les  venls  sont  cons- 
tans  et  réglés  ,  on  n'ait  pas  généralement  adopté  l'usage  des 
moulins  à  vent.  J'en  ai  vu  deux  à  Saint-Domingue,  Il  y  en  a 
plusieurs  à  la  Guadeloupe  et  dans  quelques  îles  anglaises  :  ils 
seroient  moins  coûteux  à  établir  que  les  moulins  à  eau ,  et 
conviendroient  sur-tout  aux  établissemens  situés  loin  des 
rivières. 

Les  moulins  sont  ordinairement  couverts  et  renfermés 
dans  des  batimens  qu'on  appelle  cases  à  moulins, 

La  canne  exprimée  deux  fois ,  prend  le  nom  de  bagasse. 
On  la  lie  par  gros  paquets  et  on  la  porte  sous  des  hangnrda 
qu'on  nomme  cases  à  bagasse.  On  en  forme  quelquefois  de 
grandes  piles  a  l'air  libre.  Quand  elle  est  desséchée ,  on  rem- 
ploie à  chauffer  les  fourneaux  de  la  sucrerie* 


C  A  N  a53 

VII.  Disposition  des  hâiimenê.  fourneaux ,  et  rhcuidières 
nécessaires  pour  exiraire  le  sucre  du  Jus  de  la  Canne, 

C'est  dans  la  sucrerie  que  se  fait  le  premier  travail  du  sucre. 
Pour  retirer  celte  substance  du  jus  cie  la  canne,  on  a  besoin 
de  feu,  de  chaudières  el  de  fourneaux.  Autrefois  on  employoit 
quatre  ,  cinq  ,  six  ou  sept  chaudières  de  cuivre  de  diflérentes 
grandeurs ,  montées  les  unes  pi^s  des  autres  dans  la  même 
direction  ,  chacune  sur  un  foyer  particulier.  Dans  la  pre- 
mière y  on  séparoit  les  écumes  à  l'aide  de  la  chaleur  ;  dans 
la  seconde,  on  enlevoit  les  matières  grasses  à  la  faveur  des 
alcalis  ;  dans  la  troisième ,  on  évaporoit  le  vesou  jusqu'à  con- 
sistance de  sirop  ;  la  quatrième  servoit  à  cuire  ce  même  vesou  ; 
les  autres  ^toient  un  supplément  à  la  troisième  et  quatrième. 
Le  pit>duil  de  chaque  chaudière,  dont  la  contenance  alloil 
toujours  en  diminuant,  passoit  en  entier  de  la  première  dans 
la  seconde,  de  celle-ci  dans  la  troisième,  &c.  On  filtroit  le 
liquide  en  le  passant  d'une  chaudière  dans  une  autre  :  ca 
filtre  étoit  de  toile  ou  de  laine.  > 

Depuis  1 726 9  on  a  établi ,  à  l'exemple  des  Anglais  ,  toutes 
les  chaudières  sur  un  seul  foyer  ;  et  Ton  a  substitué  à  celles 
de  cuivre,  des  chaudièi*es  de  fer  fondu,  que  les  Hollandais 
ont  introduites  les  premiers  dans  le  Nouveau-Monde  (1). 
Maintenant  dans  les  sucreries  bien  montées  ,  il  y  a  deux  la- 
boratoires appelés  équipages.  Chacun  d'eux  est  compof;é  de 
pluâitt'.irs  chaudières  (  ordinairement  cinq  )  placées  sur  la 
même  ligne,  presque  conliguiis  les  unes  aux  autres,  et  en- 
châssées dans  la  voûte  du  fourneau ,  de  manière  que  les  deux 
tiers  de  la  chaudièi*e  reçoivent  l'action  du  feu.  Le  fourneau 
est  commun  à  toutes  les  chaudières.  Il  consiste  dans  un  ca- 
nal ,  dont  l'ouverture  est  en  dehors  de  la  sucrerie ,  pratiqué 
dans  la  muraille  ,  presque  vis-à-vis  de  la  dernière  chaudière, 
et  qui  se  termine  par  une  cheminée  placée  un  peu  au-dessus 
de  la  première.  On  observe  de  faire  l'ouverture  de  la  che- 
minée qui  communique  au  canal ,  aussi  large  que  celle  dç 
l'entrée ,  et  celle-ci  doit  être  en  face  du  veut.  Ce  canal  est 
large  ordinairement  de  deux  pieds  et  demi ,  et  haut  de  trois 
pieds  sous  la  batterie  :  il  est  moins  haut  sous  les  autres  chau- 
dières ,  en  raison  proportionnelle  de  leur  profondeur.  Outr^ 
ce  fourneau,  il  y  en  a  dans  le  même  bâtiment  deux  autres, 
dont  l'un  porte  des  chaudières  à  cuire  les  sirops ,  et  l'autre 


(1)  Lss  il,pgUis  se  leiTent  toujours  de  chaudières  de  çuirre. 


i54  C  A  N     , 

une  seule  furmontée  d'un  glacis  très-élevé ,  pour  les  clarifi- 

caUons. 

Les  cinq  chandières  qui  composent  un  équipage  ont  cha- 
cune un  nom  particulier.  La  pi*emière ,  c'est4-dire  la  plus 
TCHSÎne  du  bassin  se  nomme  grande  ,  parce  qu'elle  est  d  une 
plus  gi*ande  capacité  que  les  autres  ;  la  seconde  est  appelée 
propre ,  parce  que  dans  celle  dbaudière  le  suc  doit  éire  départ 
et  amené  au  plus  liaut  degré  de  propreté;  on  nomme  la  troi* 
aième  le  flambeau,  parce  que  le  suc  de  canne  défà  écfaaufie , 

Ïirésente  des  signes  qui  indiquent  le  d^gré  et  la  proportioa 
e  lessive  ^u'on  doit  employer  ;  la  quairième  le  eir^p  ,  k  cause 
de  la  consistance  qu'y  prend  le  veaou  (  j  )  ;  enfin  «  la  cinquième 
est  la  AaMsrse^  ainsi  nommée,  parce  que  la  dernière  action 
du  ieu  que  reçoit  le  vesou«etrop  dans  œtte  chaudière ,  ooca^ 
•ionne  quelquefois  un  boursoufflemenl  considérable ,  qu'on 
arrête  en  battant  fortement  la  matière  avec  une  écumoire. 
Ces  cbaiidîères  sont  soutenues  entr'elles  par  de  la  maçonaerie 
qui  s'élève  au-dessus  de  leurs  bords,  en  suivant  leur  évese^ 
ment,  et  forme  un  glacis  plus  ou  moins  haui ,  qui  augmente 
d'autant  leur  contenance. 

Près  de  la  batterie  «  «1  y  a  deux  chaudières  nommées  rafrat'^ 
chisAoirs.QasLnd  le  vesou-sirop  est  cuit,  au  point  convenable^ 
on  le  transvase  successivement  dans  l'un  et  l'autre  de  ces  ra- 
fraîchîssoirs. 

A  la  surface  du  bord  de  l'équipage  ,  entre  chaque  chau* 
dière  ,  est  un  petit  bassin  d'un  pied  de  diamètre ,  et  de  deux 
à  trois  pouces  de  profondeur,  où  l'on  verse  les  écumes  qui 
sont  portées  par  une  gouttière  dans  l^  grande;  pi*ès  de  celW- 
ci  y  et  hors  de  la  ligne  du  laboraloliT ,  se  trouve  une  autre 
chaudière  peur  recevoir  les  grosses  écumes. 

La  disposition  du  fourneau  principal,  procure  à  la  batterie 
un  feu  vif,  qui  perd  insensiblement  de  sa  force  en  montant 
le  canal  pour  sortir  par  la  cheminée.  Ainsi ,  les  chaudières 
bouillent  suivant  les  proportions  qui  conviennent  pour  l'éva- 
pomtion  lenle  et  graduée,  nécessaire  à  la  fabrique  du  sucre. 

La  galerie  des  fourneaux  est  en  dehors  du  bâtiment  ;  son 
•ervice  est  entièrement  séparé  de  celui  de  Tintérieurde  1% 


ouverte  presque  de  tous  côtés ,  et  couverte  par  un  appentis 
qui  garantit  le  chauffage  et  les  chauffeurs. 

(i)  On  donne  ce  nom  su  tnc  dépuré  de  U  canne ,  lorsque  les  fécttlss 
qu'il  cpetenoit  ea  ont  été  léparéis.  Voye:t  le  paragr.  suiraou 


C  A  N  s55 

Les  Yuaseaul:  mi  vases  dans  lesqneb  on  met  le  sucre  à 
cristalliser  y  sont  des  grands  canots  de  bois  ou  des  c^nes  de 
terre  cuite ,  placés  dans  la  sucrerie.  Ijes  canots  ont  huit  à 
dix  pieds  de  longueur^  sur  cinq  à  six  de  lai^ur  ^  et  un  pied 
«le  profondeur;  les  cônes  appelés ^/ïv/fieis,  ont  environ^eux 
pieds  de  hauteur,  avec  une  base  de  ti^eixe  à  quatorze  pouces 
de  diamètre;  leur  sommet  est  percé  d'un  trou  qui  a  un  pouce 
d'ouverture. 

Avant  de  dire  comment  on  obtient  le  sucre  par  l'applîca»- 
tîon  de  la  chalear  au  suc  exprimé  de  la  canne,  il  est  uéces* 
aaire  d'analyser  ce  suc  y  et  d'en  faire  connoître  les  principes. 

VIII.  AsALY9E  du  suc  exprimé  de  la  Cmnne. 

Les  sucs  de  la  canne ,  diassés  par  la  pression  du  moulin  , 
rompent  les  vaisseaux  qui  les  couienoient  »  et  en  emportent 
des  débris  auxquels  ils  restent  plusou  moins  intimement  unis. 
Ces  sucs  forment  un  tout  homogène ,  connu  sous  le  nom  de 
/U8  de  canne,  de  v</»  de  canne  ,  ou  de  eue  exprimé.  Le  jus  de 
canne  est  un  fluide  opaque  ,  d'un  gris  terne  olivâtre ,  d'Uhe 
saveur  douce  et  suci^  ;  il  a  l'odeur  balsamique  de  la  canne  ; 
il  est  doux  au  toucher,  et  légèrement  poisseux  ;  et  il  est  formé 
de  deux  parties,  l'une  solide,  l'autre  fluide,  plusou  moins 
unies  entr'elles ,  suivant  les  circonstances. 

Oe  sont  les  fécules  qui  composent  k  partie  solide  conte-> 
nne  dans  le  suc  exprimé.  Elles  sont  de  deux  sortes  :  l'une 
.grossière ,  qui  provient  de  Técorce  ,  et  qui  porte ,  avec  une 
portion  du  suc  savonneux,  une  matière  v^rte  résineuse  très- 
abondante  ;  l'autre,  d'une  finesse  extrême ,  dans  laqudle  se 
trouve  aussi  une  petite  portion  da  suc  savonneux,  qui  queA*> 
4)nefois  y  adhère  fortement  PlnsieuFs  agens ,  tels  que  l'air , 
4a  chaleur,  les  alcalis ,  &o.  décomposent  le  suc  exprimé  en  sé- 
parant les  fécules  de  la  partie  fluide. 

Lorsque  ce  suc  est  exposé  à  l'air  en  très-grande  surfoce , 
les  fécules  se  séparent  et  se  précipitent  au  fond  da  vase.  La 
partie  fluide  qui  surnage,  a  une  couleur  citrine  très-fbible, 
due  au  suc  savonneux  qui  a  passé  dansrexpression  ;  car  dans 
cette  décomposition  ,  le  suc  savonneux  tenant  aux  fécules  , 
n'en  a  point  été  séparé.  La  partie  fluide  décantée ,  prend  le 
nom  de  suc  dépuré  on  de  vesau.  L'eau,  que  contient  le  vesou 
bissé  à  l'air  et  au  soleil,  s'évaipore  d'une  manière  constante  et 
graduée.  L^b  molécules  du  sel  essentiel  suivent ,  en  se  rappro- 
-àxaxstfhi  marche  lentedeTévaporationla  plus  favorable  pour 
leur  union  cristalline  et  régulière.  Le  sucre  se  présente  alors 
la  forme  de  cristaux ,  couverts  d'une  légère  teinte  ci- 


a56  C  A  N 

trine ,  dont  le  suc  savonneux  vernit  leur  surface.  J'ai  souveuf 
observé  de  pareils  ciîstaux  sur  la  table  même  du  moulin  qui 
sert  à  broyer  les  cannes  ;  leur  formation  étoit  Teflet  de  la 
seule  évaporation  libre  et  spontanée  de  l'eau  qui  les  tenoit  en 
diss^ulion.  Ce  moyen  d'exlraii*e  le  sel  essentiel  du  suc  expri- 
mé ,  est  le  plus  naturel  et  le  plus  simple.  Mais ,  étant  impra- 
ticable en  grand ,  on  doit ,  comme  le  dit  très-bien  Dutrône , 
faire  en  sorte  de  s'en  rapprocher  le  plus  possible,  dans  le  choix 
.  de  tous  ceux  qu'on  peut  employer. 

La  chaleur  décompose  le  suc  de  canne  (  comme  presque 
tous  les  sucs  exprimés }  au  simple  degré  du  bain-maric.  Mais 
son  action ,  portée  même  à  la  plus  forte  ébullilion  ,  suffit  ra- 
rement pour  séparer  en  entier  la  fécule  de  la  seconde  sorte  , 
souvent  même  elle  favoiise  son  union  à  la  partie  fluide  ,  et 
la  rend  plus  intime.  C'est  alors  qu'on  est  obligé  d'avoir  re- 
cours aux  alcalis.  £n  séparant  les  fécules ,  et  les  réunissant 
■  sous  la  forme  de  gros  flocons,  lu  chaleur  en  enlève  tout  le  suc 
savonneux  qu'elle  en  peut  dissoudre.  La  présence  de  ce  suc , 
mêlé  au  vesou ,  met  celui  ^ci  dans  une  circonstance  moins  fa- 
vorable ,  pour  l'extraction  du  sel  essenliel  qtie  n'est  le  vesou 
qui  a  été  soumis  à  la  seule  action  de  l'air. 

Les  fécules  et  le  vesou  qui  ont  éprouvé  l'action  de  l'air  et 
de  la  chaleur  seulement,  conservent  l'odeui*  balsamique  de 
la  camie. 

Les  alcalis  sont ,  de  tous  les  agens ,  ceux  dont  l'action  sur 
le  suc  de  canne  est  plus  forte  et  plus  marquée.  Ils  le  décom»- 
3X>sent  à  l'instant ,  en  séparant  les  deux  sortes  de  fécules 
sous  la  forme  de  très-gros  flocons  qui  se  précipitent ,  si  leur 
action  se  passe  à  froid  ;  ils  enlèvent  à  ces  fécules  tout  leur  suc 
savonneux ,  auquel  ils  se  combinent.  Si  la  séparation  des  fé- 
cules a  Ueu  par  la  réunion  de  la  chaleur  et  des  alcalis,  elle  s'o^ 
•  père  d'autant  mieux  que  la  partie  colorante  résineuse  qu'elles 
portent,  est  plus  abondante.  Et  lorsque  la  fécule  de  lasL'condo 
.sorte  en  est  pnvée ,  ou  qu'elle  n'en  a  qu'une  ])ctile  quantité  , 
elle  peut  alora  être  ténue ,  plus  divisée  par  la  chaleur ,  et  morne 
.dissoute  par  les  alcalis.  Ainsi  les  alcalis,  €*n  dépouillant  les 
.fécules  de  tout  leur  suc  savonneux ,  et  en  les  dissolvant  même 
.dans  certaines  circonstances,  doivent  nuire,  sous  ce  rapport^ 
i  la  cribtallisation  du  sel  essentiel. 

L  action  de  l'alcohol  sur  les  fécules  dans  le  jus  de  cann» 

n'est  point  sensible  ;  il  suspend  seulement  pour  quelque» 

heures  leur  décomposition  spontanée.  Les  acides  semblent 

*di\'iser  davantage  les  fécules ,  et  favoriser  leur  union  à  la  par^ 

^tt  fluide. 

Lorsque  le  suc  exprimé  de  cannes  fraîches  est  abaadonn» 


C  A  N  aÔ7 

1  lui-même  en  grande  masse ,  les  fécules  se  décomposent  les 
premières ,  et  déterminent  la  fermentation  acide.  Celles  de  la 
première  sorte  se  séparent  ;  une  partie  se  précipite,  lautre 
surnage  ;  celles  de  la  seconde  sorte ,  sont  tenues  plus  divi- 
sées dans  ce  premier  moment  par  l'acide  qui  se  développe, 
Î mis  elles  se  précipitent.  Dans  cette  décomposition  spontanée, 
'acide >  en  divisant  les  fécules,  les  tient  plus  unies  a  la  partie 
fluide  ,  et  leur  séparation  par  la  chaleur  et  les  alcalis  en  est 
plus  difficile. 

Si ,  après  avoir  enlevé  au  jus  de  canne  par  la  chaleur  et  les 
alcalis ,  les  fécules  de  la  première  soile  et  une  partie  de  celles 
de  la  seconde ,  on  l'abandonne  a  lui-même  ,  il  passe  alors  à 
la  fermentation  spiritueuse.  La  portion  de  fécule  restée  imie  à 
la  partie  fluide  se  décompose,  et  bientôt  s'en  sépare  complè- 
tement. La  partie  fluide  traitée  après  ce  premier  mouve- 
ment ,  donne  un  sel  essentiel  de  qualité  bien  supérieure  à  ce- 
lui qu'on  eût  obtenu. 

Le  jus  de  canne ,  dépouillé  de  fécules ,  présente  les  sucs  sé- 
veux ,  muqueux  et  savonneux ,  réunis  en  diverses  propor- 
tions ,  formant  ensemble  un  fluide  homogène,  clair ,  trans- 
Îarent ,  d'une  couleur  citrine  ambrée,  qu'on  appelle  yesou. 
i'eau  que  ce  fluide  contient ,  doit  y  éire  considérée  sous  deux 
états  difiérens.  Daiis  le  premier  état ,  elle  est  en  rapport  avec 
les  sucs  muqueux  et  savonneux  qu'elle  tient  en  dissolution  , 
et  eUe  prend  avec  ces  sucs  le  nom  de  pesou  -  sirop.  Dans 
le  second  ,  elle  est  surabondante  à  l'eau  de  dissolution  ,  dans 
une  proportion  plus  ou  moins  grande;  et  cette  surabon- 
dance ,  quelle  qu  elle  soit ,  donne  à  l'ensemble  le  nom  de 
vesou.  Sous  ce  dernier  rapport ,  l'eau  varie  de  soii^ante  à  qua- 
tre-vingt-cinq livres  par  quintal  de  vesou. 

Le  sue  muqueux ,  dont  la  quantité  proportionnelle  varie 
.en  raison  inverse  de  celle  de  l'eau  ,  varie  aussi  dans  sa  quali- 
té, en  ce  qu'il  est  plus  ou  moins  éloigné  de  l'étal  qui  le  cons- 
titue sel  essentiel.  Le  vesou  de  bonne  qualité ,  est  celui  dont  le 
«uc  muqueux  est  tout  entier  dans  l'état  de  sel  essentiel.  Cela 
de  qualité  médiocre  contient  une  quantité  plus  ou  moin 
grande  du  même  sue ,  privé  de  quelques-unes  des  conditions 
nécessaires  à  sa  constitution  de  sel  essentiel ,  état  qui  a  été  dé- 
signé sous  le  nom  de  suc  muqueux  sucré  (  Voyez  le  par^gr. 
III.  )  :  enfin  le  vesou  de  mauvaisequalité  porte  encore  une  por- 
tion de  corps  muqueux  doux.  Dans  ce  troisième  vesou ,  le 
corps  muqueux  ne  peut,  sans  se  décomposer,  souffrir  un 
d^ré  de  chaleur  au-dessus  du  terme  de  84 ,  échelle  de  Réau* 
TOUT  ;  le  corps  muqueux  dans  l'état  sucré ,  se  décompose  à 
86  ou  &7  degrés ,  tandis  que  le  coi-ps  muqueux  sel  essentiel 

IV.  JBL 


Ii58  C  A  lî 

peut  supporter  5  dans  le  suc  de  canne  de  bonne  qualité ,  une 
chaleur  de  plus  de  loo  degrés.  On  voit  combien  la  présence 
du  corps  muqueux  doux  et  sucré  peut  nuire  à  l'extraction  du 
sucre  ,  en  s'opposant  tant  à  la  cuite  qu'à  la  cristallisation. 

Le  suc  savonneux  extractif  est  plus  ou  moins  abondant , 
suivant  la  constitution  de  la  canne.  C'est  à  lui  que  le  vesou 
doit  sa  couleur,  qui  varie  du  citrin  léger  au  brun  foncé, 
selon  que  la  chaleur  et  les  alcalis  y  en  dépouillant  les  fécules 
de  ce  suc  qu'elles  contenoieut ,  en  ajoutent  davantage  à  celui 
^ui  a  passé  dans  l'expression.  Les  alcalis ,  en  se  combinant  au 
suc  savonneux ,  donnent  à  sa  couleur  d'autant  plus  d'inten- 
sité ,  qu'ils  sont  plus  purs;  et  en  détruisant  Fodeur  balsamique 
de  la  canne,  ils  donnent  aussi  au  vesou  une  odeur  de  lessive. 
Les  acides  minéraux  et  le  vinaigre  radical  avivent  la  couleur 
citrine  du  vesou,  et  la  changent  en  couleur  jaune  ambrée, 
suivant  leur  degré  de  concentration.  Les  acides  végétaux  ^ 
tels  que  la  crème  de  tartre,  le  sel  d'oseille ,  l'acide  citrique, 
aflbiblissent  sa  couleur ,  et  la  détruisent  en  partie.  L'acide 
oxalique  (  acide  saccharin  )  la  détruit  entièrement.  Alors  la 
base  ae  ce  suc ,  privé  du  principe  colorant  qui  la  tenoit  en 
dissolution ,  parott  sous  forme  solide,  blanche  et  insoluble  à 
tous  les  menstrues.  On  doit  penser  que  le  suc  savonneux 
ayant  pour  base  une  matière  solide,  dissoute  par  un  principe 
colorant ,  sera  d'autant  plus  nuisible  k  l'extraction  du  sel 
essentiel,  que  ce  suc  se  trouvera  en  plus  grande  proportion 
dans  le  pesou. 

IX.  Travaiz.  Géyinjz  du  tue  e^tprimé  pour  en  retirer 

le  micre. 

Tous  les  vaisseaux  étant  propres ,  les  fourneaux  nettoyés 
et  approvisionnés  de  chauffage ,  dès  qu'un  bassin  est  rempli 
de  suc  exprimé ,  on  le  fait  couler  dans  la  grande  chaudière  , 
qu'on  chaîne  à  un  point  déterminé.  On  met  alon  dans  le  suc 
qu'elle  contient  delà  chaux  vive  en  substance,  dont  la  pro- 
portion doit  être  relative  à  son  degré  de  pweté  el  k  l'état  des 
eannee  qui  ont  fom*ni  le  suc.  Cet  état  dépend  de  lear  Age,  de 
la  qualité  du  sol  où.  elles  ont  cru,  et  de  la  saison  où  on  les 
récolte.  La  charge  de  cette ^on^,  ainsi  lessivée,-  est  trans- 
vasée dans  les  chaudières  suivantes,  et  partagée  entre  le  eirt^ 
et  le  flambeau.  Chargée  de  nouveau  au  même  point ,  on  y 
Jette  la  quantité  convenable  de  chaux,  et  on  la  transvase  en 
entier  dans  la  propre»  Enfin ,  remplie  une  troisième  fois  à  sa 
mesure,  et  ayant  reçu  la  chaux  nécessaire,  on  la  laisse  en 
cetélat^etTon  commence  k  chauffer,  la  batierie  étant  ploiae 


-C  A  N  aSg 

fi'etii.  lies  matéiianx  employé»  aii  chauEBige  aont  la  baga^iié^ 
et  les  pailles  des  cannes ,  nommées  ouaouaia. 

Le  êirop  et  \e  flambeau  sont,  après  la  balierU,  celles  de9 
chaudières  qal  s^écluniiTent  le  plus  et  le  plus  promptement. 
Les  matières  féculenies  du  suc  exprimé  se  séparent  et  se  pre* 
sentent  à  la  surface  sous  la  forme  aéciwtejt ,  qu'on  enlève.  Le 
sac  enLi«  en  ébullition;  tou*es  les  écumes  étant  enlevées,  on 
vide  la  batterie^  et  on  la  charge  avec  moitié  du  produit  de 
b  chaudière  sirop.  Alors,  s'il  e&t  nécessaire,  on  ajoute  aux 
chaudières  sirop  ,  flambeau  et  batterie ,  un  peu  de  chaux 
vive  ou  d'eau  de  chaux,  ou  de  dissolution  d'alcali.  La  propre 
etla  grande  s'échauffent  successivement  ;  on  en  6te  les  ^umes 
à  mesure.  L'évaporation  étant  très-rapide  dans  la  batterie  , 
4m  la  charge  du  surplus  du  produit  du  sirop;  on  passe  celui 
dayZ^un^ottdansle  sirop,  et  on  transvase  moitié  w  Ui propre 
dans  le  flambeau ,  ayant  soin,  pendant  le  cours  du  travail , 
d'ajouter,  dans  ces  deux  dernières,  la  chaux  ou  les  dissolu- 
tions alcalines,  lorsqu'il  en  est  besoin. 

La  batterie  reçoit  partiellement  la  charge  de  deux,  trois 
ou  quatre  grandes ,  plus  ou  moins ,  suivant  le  degré  de  ri- 
chesse et  la  qualité  qu'a  le  suc  exprimé  après  avoir  passé  dans 
les  autres  chaudières,  et  après  y  avoir  été  lessivé  et  ecuraé. 

Quand  on  a  rassemblé  dans  la  batterie  la  quantité  suffisante 
de  pesou,  on  continue  l'action  du  feu  pour  opérer  la  cuite, 
qu'on  porte  à  94  ou  97  degrés  du  thermomètre  de  Réaumur ,  si 
le  sucre  ne  doit  pas  être  terré ,  ou  à  90  ou  93 ,  s'il  doit  être  terré. 

Le  produit'  de  la  batterie  cuit  au  point  convenable ,  on 
suspend  le  feu ,  et  on  transvase  la  liqueur  en  entier  dans  le 
premier  rafitdchissoir.  On  remplit  de  nouveau  la  batterie 
avec  le  produit  du  sirop  ;  le  feu  reprend ,  et  on  continue  le 
même  travail  sor  le  suc  exprimé,  à  mesure  qu'il  arrive  du 
moulin. 

Le  vesou  de  la  batterie  reçu  dans  le  rafraîchissoir ,  est 
nommé  euile  ou  batterie;  il  est  transvasé  aussi -tôt  dans  le  se* 
cond  mfraîchissmr ,  où  on  le  laisse  jusqu'à  ce  qu'on  ail  obtenu 
une  secx>nde  batterie.  Celle-ci  reçoit  un  degré  de  cuite  un  peu 
plus  fort  que  la'  première  à  laquelle  on  la  réunit  tout  de  suite* 
Ijeur  réunion  se  nomme  empli  ;  on  le  mêle  bien.  Si  le  degré 
de  cuite  a  été  donné  avec  «l'intention  de  laisser  le  sucre  dans 
un  état  brut,  ce  qu'on  appelle  cuite  en  brut^  on  porte  l'empli 
dans  un  bac  où  Û  cristallise  aussi- tôt ,  et  on  charge  le  bac  de 
quatre  ou  cinq  emplis  successifs  ;  si  on  veut  terrer  le  sucre,  ce 
qu'on  appelle  cuite  en  blanc,  le  degré  de  cuite  étant  moins 
fort ,  l'empli  est  partagé  entre  les  cônes  rangés  dans  la  sucre- 
rie^ qu  on  charge  à  trois  ou  quatre  reprises. 


ft6o  C  A  N      ^^ 

Le  sucre  tiré  de  la  batterie  est  la  matière  de  tontes  les  pré* 
parations  qu'on  fait  pour  avoir  les  diH^érentes  espèces  de  sucre 
depuis  le  brut  jusqu'au  royal.  Comme  on  l'obtient  directe- 
ment du  jus  de  canne^  on  l'appelle  par  cette  raison^  sucre  dé 
<:anne,  par  opposition  à  celui  qu'on  retire  des  sirops  en  les 
cuisant,  et  aux  autres  sucres  qui  ont  reçu  plusieurs  prépara- 
tions et  cristallisations,  tels  que  les  raffinés. 

Le  sucre  de  canne  est  brut  ou  terré. 

X.  D ir  SuoRB  dé  Canne  brui» 

Le  sucre  de  canne  brut  est  le  produit  du  pin  de  canne  après 
qu'il  a  été  lessivé  ,  cuit  et  cristallisé.  C'est  un  sel  essentiel  (i) 
qu'on  obtient  sous  une  forme  concrète  et  solide.  Il  devient 
blanc  quand  on  le  purifie.  Cette  substance,  ainsi  que  l'amidon, 
est  homogène  dans  tous  les  végétaux ,  et  forme  un  de  leun 
principes  immédiats.  Il  n'y  a  qu'une  espèce  de  sucre  ,  soit 
qu'on  le  retire  de  la  canne,  soit  aautres  plantes , arbres,  fruits 
ou  légumes  qui  en  contiennent,  tels  que  l'érable,  le  raisin, 
la  betterave.  Les  difiGérens  sucres  ne  difièrent  entre  eux^  que 
par  le  plus  ou  le  moins  de  pureté. 

£n  cénéral  il  faut  plusieurs  purifications  des  sels,  pour  les 
avoir  dans  leur  plus  grande  pureté  et  blancheur;  mais  comme 
ces  purifications  prennent  au  temps  et  occasionnent  une  di- 
minution sur  la  matière ,  il  eat  essentiel  de  tirer  le  meilleur 
parti  de  la  première  façon  ou  cristallisation  du  sucre. 

Dé  la  lessive.  £lle  a  pour  ohyei  d'enlever  au  via  de  canne 
toutes  les  parties  solides,  grasses  et  visqueuses  qui  s'opposent  a 
la  cristallisation  du  sucre.  On  y  parvient  en  employant  la  chaux 
t>u  tout  autre  corps  de  nature  alcaline.  La  chaux  agît  oommo 
absorbant  ;elle  se  combine  avec  les  parties  étrangères  au  sucre, 
et  les  rassemble  sous  la  forme  d'écumes  avec  lesquelles  elle  (ait 
une  espèce  de  savon. 

Autrefois  on  lessivoit  beaucoup  avec  de  différentes  cendrea» 
On  a  renoncé  à  cette  méthode,  parce  que  la  eendre  grisoit  lo 
sucre.  La  soude  a  le  même  inconvénient*  Cependant ,  il  eal 
probable  que  si  l'on  employoit  de  l'alcali  fixe  végétal ,  ou  de 
l'alcali  minéral  bien  purs,  ik  n'altéreroient  pas  la  blancheur 
du  sucre.  La  cherté  de  ces  sels  suifit  seule  pour  les  exclure  ;  et 
l'on  doit  s'en  tenir  à  la  chaux ,  tant  par  son  bas  prix  et  la  faci- 
liié  dese  la  procm*er,  que  parce  qu'elle  lessive  très*>biea  le 

(i)  C«tte  substanee  prut  conierverle  nom  de  sel  essentiel  lUaa  Tart 
du  sucrier  s  elle  le  perd  en  psMant  dsut  Tart  du  rafiiueur  et  daiu  le 
commerce»  où  elle  prend  le  nom  de  sucre ,  a?ec  dWerseê  épîthètea  qui 
désiguent  ton  état  éC  «a  qualité. 


€  A  N  2&k 

.'aacre.  La  plus  vive  est  la  meilleui-e  :  il  en-  faulnne  pliu  grande^ 
quantité  ,  à  proportion  de  ce  qu'elle  est  plus  éteinte. 

Un  pin  de  canne  qui  n'est  pas  assez  lessivé  est  celui  qui  n'a 
pas  assez  reçu  de  cbaux  ^  il  en  résulte  un  sucre  gras  :  c'est  le 
plus  grand  défaut  qu'il  puisse  avoir.  Un  vin  de  canne  trop 
lessive  y  est  au  contraire  celui  qui  a  reçu  ti*op  de  chaux  ;  il  en- 
provient  un  sucre  gris  :  c'sst  le  plus  grand  vice  après  le  sucre 
gras.  La  précision  de  la  lessive  est  Ufie  des  principales  partie» 
du  travail  du  sucre  ;  mais  ce  point  capital  est  difficile  à  saisir. 

Le  vin  de  canne  varie  non-seulement  à  raison  du  sol  et  da 
l'ancienneté  de  la  culture,  mais  encore  à  raison  des  saisons, 
de  la  pluie  ou  de  la  sécheresse  et  de  Tàge  des  cannes.  Il  y  a  des 
vins  de  cannes  terreux.  Outre  qu'ib  contiennent  peu  desucrç, 
celui  qui  en  prévient  est  presque  toujours  gris ,  par  la  quantité 
de  parties  terreuses  qu'ils  tiennent  en  dissolution  et  qui  entrent 
dans  la  combinaison  des  cristaux;  le  sirop  en  est  amer.  Les 
cannes  qui  croissent  dans  des  terres  grasses  et  argileuses  don- 
nent ces  vins  de  canne  qui  demandent  à  être  très-peu  lessivés^ 
Il  y  a  des  vins  de  canne  visqueux  :  ils  produisent  peu  de 
sucre ,  et  d'une  crislallisation  difficile,  par  l'obstacle  qu'y  ap- 
porte l'abondance  du  mucilage.  .Ce  sont  des  cannes  venues 
dans  de  mauvaises  terres,  ou  des  terres  neuves  trop  vigou- 
reuses qui  donnent  un  pareil  vin.  Leur  sirop  est  d'une  dou- 
ceur fade  et  mielleuse.  Il  y  a  des  vins  de  canne  aqueux  :  ils- 
aont  plats  au^oût;  le  sucre  n'y  est  pas  abondant,  mais  assez 
bon.  L'excès  d'eau  rend  l'évaporation  très-longue.  Ceux-ci 
sortent  de  cannes  venues  dans  aes  terres  humides,  ou  ont  pour 
cause  des  saisons  trop  pluvieuses. 

Le  meilleur  vin  de  canne  est  celui  qui  contient  le  plus  abon» 
damment  de  sucre.  Il  est  agréable  au  goût»  Son  sirop  a  une 
douceur  fine  et  relevée  :  c'est  le  plus  facue  de  tous  à  traiter.  Les 
terres  de  rapport,  profondes,  légères  et  anciennement  culti- 
vées, ont  l'avantage  de  le  produire. 

Les  cannes ,  dont  le  point  de  maturité  est  passé,  donnent 
un  vin  de  canne  fermenté.  Celles  qui  ont  beaucoup soufi'ert 
de  la  sécheresse ,  qui  ont  été  entamées  par  les  rats  ou  piquées. 

Sar  les  insectes,  sont  sujettes  au  même  .défaut.  Il  n'y  a  point 
'âge  déterminé  pour  la  coupe  des  cannes;  il  faut  les  prendre* 
quand  elles  sont  mûres.  Voyez  le  paragraphe  V. 

Comme  il  est  impossiHe  de  conuoitre  la  quantité  de  parties 
étrangères  au  sucre  que  contient  chaque  espèce  de  vin  db- 
muine^  on  ne  peut,  par  la  seule  inspection,  appi*écier  la  lessive 
ou  la  quantité  de  chaux  qu'il  demande.  On  la  met  donc  né-> 
cessairement  la  première  fois  à  tâtons,  .par  approximation*. 
Alovs  on  doit  risquer  plutôt  moins  de  chaux  que  plus  ,  i^jx^r 


862  C   À   N  _ 

qu'il  est  facile  d'en  ajouter^  difRcile  de  diminuer  tes  efiets.  11^ 
a  beaucoup  de  marques  sur  la  lessive  y  quelquefois  bonnes  ^  quel- 
quefois défectueuses.  Il  est  nécessaire  de  les  connoître  toutes» 
et^  dans  certains  cas^  il  faut  en  comparer  plusieui-s  ensemble. 

Voici  les  six  indications  les  plus  généralement  suivies  y  dont 
deux  sont  tirées  du  vin  de  canne ^  deux  des  écumes ,  et  deux 
du  sucre. 

Premièi*e  indication.  Couleur  du  ùin  de  canne.  En  généra]  , 
un  vin  de  canne  d'une  couleur  louche  y  d'un  jaune  pale  on 
irop  légèrement  ombré,  manque  de  lessive,  tandis  que  celui 
qui  est  noir  ou  d'un  vert  noirâtre  en  a  ordinairement  trop. 
Cette  indication  n'est  pas  toujours  sûre,  parce  que  la  couleur 
est  un  accident  des  corps,  qu'elle  varie  nécessairement  dans 
le  vin  de  canne,  suivant  le  plus  ou  moins  d'eau,  de  terre, 
d'huile  ,  de  mucilage  qu'il  contient.  £Ue  varie  encore  dans  le 
même  vin  de  canne ,  à  raison  de  l'évaporation  et  de  Técumagb 
d'une  chaudière  à  l'autre.  Enfin ,  le  rapport  d'une  couleur 
présente  a  une  couleur  passée ,  n'est  qu'une  affaire  de  mé- 
moire ,  et  dès-lors  sujet  à  tromper. 

Seconde  indication.  Bouillon  de  pin  de  canne»  <Q°and  ce 
houiUon  est  sec  ,  menu  et  vif,  il  prouve  que  le  vin  de  canne 
ne  manque  pas  dé  chaux.  Un  bouillon  gros  ,  lourd  et  lent, 
annonce  au  contraire  qu'il  en  manque  :  mais  un  vin  de  canne 
peut  être  trop  lessivé  avec  un  bouillon  sec ,  et  un  vin  de  canne 
très-aqueux  ou  très-àbondant  en  mucilage,  aura  nécessaire- 
ment un  plus  gros  bouillon,  quoique  bien  lessivé ,  qu'un  bon 
vin  de  canne. 

Troisième  indication.  Couleur  dee  éeumea.  Elle  varie  comme 
celle  du  vin  de  canne.  En  général ,  elle  prouve  un  défaut  de 
lessive ,  lorsq^i'èUe  est  blanche ,  et  un  excès  quand  elle  est 
trop  foncée  ou  noire. 

Quatrième  indication.  Cordon  que  lee  écumee  forment  au 
bord  de  la  chaudière.  Il  arrive  communément  que  les  écumêa 
poussées  en  haut  par  l'action  du  feu  ,  s'amassent  et  s'atta- 
chent au  tour  des  chaudières  dans  le  llambeau  et  le  sirop  :  c'est 
ce  qu'on  appelle  le  cardon.  Il  n'existe  pas  quand  la  lessive  est 
très-t'oible.  Il  est  au  contraire  abondant  quand  elle  est  forte. 
Mais  plus  le  vin  de  canne  contient  d'écumes,  plus  le  cordon 
indique  assez  bien  qu'il  y  a  assee  de  chauTt,  mais  non  p«ift 

3u'il  y  en  a  trop.  Ainsi  il  est  très-possible ,  et  même  asaes  or* 
inaire,  de  lessiver  trop  sur  cette  seule  remarque. 
Cinquième  indication.  Sucre  dégouiianide  i'écumoire*  On 
croit  communément  que  le  sucre  qui  se  détache  avec  facilité 
et  netteté  de  l'écumoire  et  qui  est  cassant,  est luses  lessivé,  et 
^u'il  manque  de  chaux  quand  il  est  mou  et  filant  ;  niait 


eette  preuve  est  plaspropre  à  connoitre  hr  corps  de  sucre  que 
la  lessive  ;  car  un  sucre  abondant  en  mucilage^  quoique  bienb 
lessivé  4  sera,  toujours  filant ,  et  celui  abondant  en  parties  sar« 
lines  cassera  bien ,  quoique  foible  de.lessive. 

Sixième  indication.  Fleurs  blanchâtres  danikh  rafraîchis^- 
êoir  et  sur  le  mouperon.  Il  est  ordinaire  que  le  bon  sucre  biei» 
lessivé  forme  promplement  et  abondamment  des  fleur»  dan» 
lerafraichissoir  et  sur  le  mouveron.Le  sucre  gras  au  contraire 
en  forme  difficilement.  Mais  quand  cette  remarque  indique^ 
roit  avec  certitude  un  sucre  bien  ou  pial  lessivé^  elle  ne  pour- 
iroit  servir  que  pour  le  sucre  fait  et  non  pour  celui  à  faire. 

On  peut  voir,  d'après  ce  détail,  que  les.  indications  ordi- 
naires sur  la  lessive  sont  séparément  peu  sûres,  souvent  trom- 
peuses ;  qu'elles  annoncent  plutôt  le  trop  ou  le  trop  peu ,  que  1» 
juste  point.  Cependant ,  quand  elles  se  réunissent  toutes ,  c'est- 
à-dire,  quana  les  écumes  ne  sont  ni  trop  blanches  ni  trop 
noires ,  que  la  couleur  du  vin  de  canne  n'est  ni  trop  pâle  ni 
trop  loucne ,  que  le  bouillon  est  sec ,  que  les  écumes  marquent^ 
un  cordon,  que  le  sucre  se  détache  bien  de  l'écumoire,  qu'il 
myupe  avec  netteté  et  qu'il  laisse  des  fleurs  abondantes  sur  le 
mouveron,  alors,  on  peut  être  à-peu-près  cer^nquele  suer» 
ne  pèche  pas  par  la  lessive. 

Le  moyen  le  plus  prompt  et  le  plus  sâr  de  trouver  le  juste 
degré  de  lessive  >  est  d'observer  la  manière  dont  les  écume» 
ae  détachent  du  vin  de  canne,  et  la  facilité  plus  ou  moins» 
grande  avec  laquelle  s'opère  cette  séparation.  Quand  elle  psi 
parfaite ,  les  écumes  sont  alors  épaisses  et  gluantes  ;  elles  s'atta- 
chent à  l'écumoire  dans  la  grande  et  la  propre  ;  elles  s'échap- 
pent avec  rapidité  du  bouillon  qu'on  entrevoit  bouillant  et 
transparent.  Dans  le  flambeau  et  le  sirop ,  le  vin  de  canne  se» 
gonfle  aisément,  les  écumes  s'élèvent  demême  et  se  réunissent 
en  flocons  sépai*és. 

Quand  le  vin  de  canne  manque  de  lessive ,  il  est  terne  et 
trouble  dans  )a  propre,  le  flambeau  et  le  sirop ,  parce  que  les 
écumes  t^en  réparent  difficilement  :  et  celles-ci  sont  d'une  cou-> 
leur  claire ,  rares,  peu  épaisses ,  et  s'échappent  à  travers  l'écu-» 
moire.  Si  1^  vin  de  canne  est  trop  lessivé,  on  s'apperçoit  dan» 
le  flambeau  et  le  sirop ,  qu'il  s'élève  et  se  gonfle  difficilement , 
et  que  les  écumes  qui  surnagent  sont  chargées  de  couleur. 
Slles  ont  également  peu  d'épaisseur ,  et  passent  facilement  à 
travers  l'écumoire ,  comme  lorsque  le  vin  de  canne  nesX  pa» 
aMe2lessivé(mai»par  un  défaut  contraire),  partrop  de  pesan-* 
teur,  due  à  l'excès  de  chaux  dont  elles  sont  chargées,  et  qui 
les  fait  se  précipiter  dans  le  vesou  qu'elles  rendent  trouble. 

Ou  remédie  au  défaut  de  lessive,  par  une  addition  de  chaigi^ 


a64  fJ  A  N 

Mais  lorsque  cette  substance  se  trouve  arec  excès  dan*  le 
sou  ^  il  est  impossible  de  la  retirer.  Il  faut  alors  recourir  k  def 
corps  ou  à  des  ingrédiens  qui  en  diminuent  l'effet ,  soit  ea 
ajoutant  du  vin  de  canne  ,  soit  (ce  qui  est  plus  ordinaire  et 
préférable)  en  passant  de  Teau  dans  las  chaudières.  Li'eau 
afibiblit  d'un  côlé  la  chaux ,  et  de  l'autre  facilite  Técumage. 
On  ne  peut  plus  corriger  la  lessive  dans  la  batterie ,  parce  que 
la  matière  a  pris  alors  ti^op  d'épaissiasement.  C'est  dans  lea 
premières  chaudières  qu'il  faut  tâcher  de  la  perfectionner. 

Quoique  l'écumage  soit  une  partie  purement  mécanique  et 
qui  n'exige  que  les  bras  du  nègre,  on  doit  pourtant  j  veiller. 
Anciennement,  pour  plus  de  commodité ,  on  écumoit  d'une 
chaudière  dans  l'autre  ;  mais  cette  Eaçon  étoit  vicieuse ,  ea 
ce  qu'elle  augmentoit  les  écumes  des  premières  chaudières  , 
et  qu'il  falloit  touiours  les  extraire  du  vin  de  canne.  Aujour- 
d'hui on  écume  chaque  chaudière  dans  des  bailles. 

Les  grosses  ou  premières  écumes  se  donnent  ordinairement 
aux  animaux.  Celles  de  la  propre ,  du  sirop  et  du  flambeau 
80  mettent  dans  des  barriques  à  déposer.  Après  sept  à  huk 
heures  ,  temps  sui&sant  pour  éclaircirle  vin  de  canne  qu'elles 
oonliennent ,  on  les  soutire  et  on  les  passe  dans  la  grande  ou 
la  propice ,  suivant  leur  netteté  ;  par  ce  moyen ,  l'écumage  a 
lieu  sans  aucune  perte  de  matière.  Les  écumes  de  la  batterie 
étant  abondantes  en  sucre ,  on  les  passe  sans  inconvénient 
dans  les  autres  chaudières. 

J}e  la  Cuite.  La  cuite  est  le  degré  d'épaississementdu  vesou  , 
convenable  pour  opérer  la  cristallisation  du  sucre.  Il  est  im- 
possible de  déterminer  au  juste  quel  doit  être  cet  épaississe- 
ment  II  dépend  de  la  qualité  de  la  matière ,  qui  contient  plus 
ou  moins  de  p?irties  saunes. 

On  juge  de  la  cuiie  par  un  fil  que  l'on  fait  former  à  une 
goutte  de  matière  entre  deux  doigts  ;  en  général ,  plus  il  se 
retire  lentement ,  plus  il  y  a  d'épaisainement  ou  de  cuite. 

On  cuit  communément  à  deux  batteries  (  Voyez  le  paragr. 
précédent.).  Mais  quand  la  matière  est  maigre  et  le  sucre  dif- 
licile  à  faire,  il  faut  cuire  à  trois,  quatre  ou  cinq  batteries, 
suivant  l'exigence  des'  cas  ;  la  première  doit  être  plus  foible  » 
la  seconde  plus  forte ,  ainaides  autre» graduellement,  à  raîaoa 
du  nombre  des  batteriea 

Le  fil  qui  sert^'épreuve ,  se  diversifie ,  non-seulement  vaSt^ 
▼ant  le  degré  d'épaississement,  mais  encore  suivant  la  quan- 
tité de  la  matière ,  la  quantité  de  lessive,  et  le  degré  de  cuaud 
ou  de  froid. 

Si  le  sucre  est  gras  ou  sans  corps,  le  fil  est  gitM,  mou  et 
filant.  Quand  on  laisse  trop  refroidîir  la  goutte  de  matière ,  le 


C  A  N      ^  a65 

fil'ae  ipend  plus  ferme  ^  toutes  choaes  égules ,  et  fait  croire  la 
cuite  plus  forte  ;  ce  qui  trompe  souvent  les  gens  peu  attentifs. 
Il  faut  donc  éviter  le  vent  en  prenant  la  preuve^  former  son 
fil  le  plus  promptement  possible,  le  rapprocher  de  la  qualité 
de  la  matière. y  et  le  combmer  sur  le  nombre  des  batteries.  Le 
plus  ou  le  moins  de  feu  qui  se  trouve  sous  les  chaudières,  au 
imoment  où  on  prend  la  preuve,  l'espèce  de  chauffage  même 
|)eut  influer  sur  le  degré  d'épaississement  ou  de  cuite  quç 
cette  preuve  présente.  Pour  éviter  toute  incertitude  à  cet 
égard ,  on  fait  cesseï*  le  feu  et  retirer  le  chauffage  avant  de 
tirer  la  batterie. 

On  manque  la  cuite  en  cuisant  trop  ou  trop  peu.  Si  la 
puile  est  beaucoup  trop  foible ,  on  peut  repasser  la  batterie 
dans  le  vesou  :  on  peut  encore ,  dans  ce  cas ,  diminuer  le  vo- 
lume  de  la  batterie,  en  ôtant  un  ou  deux  corbins  (i)  de  sucre. 
Enfin  on  peut  alors  tirer  Y  empli  à  ti*ois  batteries,  et  suppléer  , 
j>ar  les  deux  dernières,  au  défaut  de  la  première.  Si  la  cuite 
est  trop  forte,  on  la  diminue  en  n^êlant  dans  la  batterie  tirée 
un  peu  de  vesou<^sirop. 

Dû  la  CrUtallisation.  La  crislallisaiion  est  Tarrangement 
régulier  des  parties  constituantes  de  certains  corps.  Ce  mot 
est  principalement  affecté  aux  sels,  qui,  par  leur  transpa- 
rence ,  leur  blancheur  et  le  coup-d'œil,  ressemblent  assez  au 
cristal. 

Le  sucre  est  un  des  seb  dont  la  cristallisation  s'opère  par 
refroidissement  insensible.  Le  suc  de  canne  a  cela  de  parti- 
culier,  qu'il  contient  beaucoup  plus  départies  grasses,  vis- 
queuses et  mucilagineuses ,  que  le  suc  des  plantes  dont  on 
extrait  d'autres  seb.  C'est  ce  mucikge  surabondant  qui  forme 
le  principal  obstacle  à  la  ciîstallisation  du  sucre.  Cependant 
le  mucilage  est  une  partie  constituante  du  sucre ,  et  le  fluide 
où  s'opère  la  crbtalUsation  ;  mab ,  quand  il  est  trop  abon- 
dant, il  y  nuit,  autant  qu'il  la  favorise,  lorsqu'il  se  trouve 
dana  une  juste  proporliou.  C'est  encore  ce  mucdage  surabon- 
dant, après  qu'on  en  a  séparé  toutes  les  parties  saccharines  le 
plus  qu'il  est  possible,  qui  forme  ce  qu'on  appelle  le  sirop 
amer  ,  lequel  est  d'autant  plus  propre  au  tafia\;À),  qu'il  con- 
tient moins  d'eau  et  de  sucre. 

La  cristallisation  a  lieu  naturellement  de  la  manière  la  plus 
parfaite ,  quand  rien  ne  s'y  oppose ,  par  la  tendance  que  les 


(i)  Ustensile  de  cuivre,  qui  sert  à  transporter  le  sucre  de  la  batterie 
^ene  les  rafralchissoirs  et  dans  les  formes. 

(3)  Nom  donné  dans  les  colonies  françtbes  &  l'eau«de*Tie  de  sucre. 
*^y€t  ie>  |iara£.  xvu  de  cet  acticle. 


aB6        '  C  A  N 

parliea  similaires  de  la  matière  ont  les  nues  vers  les  autres.  Lur 

véritable  crislallisation  du  sucre  est  le  candi. 

Il  résulte'  de  ces  principes,  i®.  aue  dans  les  manufacture» 
OÙ  le  sucre  ae  fabrique  en  grand ,  u  est  impossible  d'obtenir 
«ne  cristallisation  parfaite  (i)  >  et  que  celle  qui  ae  rapproche. 
4n  candi  est  la  meilleure. 

â^.  Que  si  répaississement  du  vesou  est  trop  grand'  ou  Ia« 
cuite  trop  forte,  la  crûtUllisation  devient  trop  rapide  ;  les  par* 
ties  salines  étant ,  dans  ce  cas,  trop  subitement  rapprochées, 
t'accrochent  indistinctement  par  toutes  les  faces  ou  points  de 
contact  dont  elles  sont  stuceptibles ,  et  leur  arrangement  de- 
vient très-irrégulier.  C'est  une  masse  saline  qu'on  obtient  alors 
au  lieu  de  cristaux.  U  en  i^ulte  un  autre  mconrénient  hé 
mucilage  étant  trop  épaissi ,  et  se  trouvant  interposé  entre  leâ 
parties  salines ,  ne  peut  être  séparé  facilement  par  le  ûernige  (a), 
soit  par  le  défaut  de  iluidité,  soit  par  le  vice  des  couloirs; 
ce  qui  s'oppose  à  la  blancheur  naturelle  du  sucre,  dont  les 
cristaux  sont  ternis  par  ce  mucilage. 

3®.  Que  par  un  effet  contraire  au  précédent,  lorsque  la 
matière  n'est  pas  suffisamment  épaissie  ou  que  la  cmte  est 
trop  foible ,  les  parties  salines  étant  trop  divisées,  trop  éloi- 
gnées les  unes  des  autres ,  se  réunissent  avec  difficulté.  Une 
certaine  quantité  de  ces  parties  reste  mêlée  intimement  avec 
le  mucilage  en  état  de  dissolution ,  d'où  résulte  une  mauvaise 
cristallisation ,  c'est-à-dire  des  cristaux  petits,  mous,  plus  su&* 
ceptibles  de  prendre  l'humidité,  de  se  décomposer  et  tomber 
en  poussière.  Dans  ce  cas,  le  mucilage  ayant  une  grande 
fluidité ,  s'échappe  aisément.  Le  sucre  est  facile  à  blanchir 
aous  le  terrage  ;  mais  faute  de  solidité  (ou  de  corps)  celte  blan- 
cheur est  terne. 

4^.  Que  c'est  dans  les  rafraichissoira  que  commence  la  cris- 
tallisation ,  et  que  c'est  dans  les  formes  qu'elle  s'achève. 

5®.  Que  le  degré  de  refroidissement  apporte  une  différence 
nécessaire  dans  la  cristallisation  ;  qu'il  faut  dès-lors  conserver 
le  plus  de  chaleur  qu'il  est  possible  aux  rafraîchissoirs  et  aux 
fermes ,  et  garantir ,  pour  cet  effet ,  les  uns  et  les  autres  da 
vent. 

6^t  Enfin  qu'un  froid  trop  subit ,  épaississant  le  mucilaga 
ou  sirop ,  suppose  au  rapprochement  des  parties  salines.  Ce 
n'est  plus  une  cristallisation ,  mais  une  véritable  congélation, 

(i)  On  verra  bientôt  qa^en  suivant  U  néthode  è9  Datrône^  ^ 
obtient  une  cristalliMtion  «uui  par£iit«  qu'il  est  po«uble. 

(a)  Foygi  dans  le  parsgr.  tulTant  ce  ^us  c'ett  ^ue  Urrag*^ 


C  A  N  2(?7 

"Voilà  pourquoi  un  rafraichissoir  froid  produit  plus  de  grain , 
mais  bien  moins  cristallisé  qu'un  rafraîchisspir  échauffé. 

Le  sucre  qiii  a  cristallisé  ou  dans  les  canots  ou  dans  lec 
formes  ,  est  encore  brut.  Soit  qu'on  veuille  le  vendre  en 
cet  état ,  soit  qu'on  se  propose  de  le  terrer  ,  il  est  essentiel  de 
le  purger  auparavant,  c'est->à-dire  de  lui  enlever  son  sirop. 
On  donne  le  nom  de  purgeries,  aux  bàtimens  destinés  à  ce 
travail  ;  ils  doivent  être  adjaèeas  à  la  sucrerie.  Celui  où  Ton 
purge  le  sucre  brut ,  a  communément  de  soixante  à  quatre* 
vingts  pieds  de  long ,  sur  vingt  à  vingt-qualre  de  large.  Dana 
toute  son  étendue  est  une  espèce  de  réservoir  appelé  bcusin  à 
mêlasse  (i) ,  creusé  à  six  pieds  de  profondeur  au-dessous  du 
aol ,  et  recouvert  par  un  plancher  formé  de  grosses  pièces  de 
bois  rangées  parallèlement  à  deux  ou  troispouces  de  dislance. 
On  place  debout ,  sur  ce  plancher  ,  des  barriques ,  dont  le 
fond  est  percé  de  trois  à  quatre  trous  d'un  pouce  à-peu-près 
d'ouverture,  et  on  y  poi*ie  le  sucre  des  canots,  quand  il  est 
cristallisé  et  refroidi  à  un  certain  degré.  LêC  sirop  qui  s'en 
sépare  s'échappe  par  les  trous  et  les  fentes  des  barriques,  et 
tombe  dans  le  bassin  à  mêlasse.  Après  avoir  subi  cette  dépu- 
ration ,  qui  n'est  jamais  complète ,  le  sucre  brut  est  mis  dans 
le  commerce. 

xi.  Da  Sucre  de  Canne  terré. 

On  donne  ce  nom  au  sucre  qu  W  a  retire  immédiatement 
du  jus  de  la  canne ,  et  qui ,  après  avoir  été  purgé ,  a  encore 
été  terré ,  puis  séché  à  l'eluve ,  opérations  qm  ont  pour  objet 
de  le  purifier  entièrement ,  et  de  le  blanchir. 

Les  purgeries  où  l'on  terre  le  sucre ,  sont  composées  ordi* 
nairement  d'un  corps  principal  de  bâtiment  et  de  deux  ailes  , 
ayant  ensemble  deux  cent  cinquante  à  trois  cents  pieds  de 
longueur  et  quelquefois  davantage.  £Ues  sont  presque  toutes 
construites  en  pierre.  Leur  intérieur  est  divisé  en  comparti* 
mens ,  nommés  cabanes ,  par  le  moyen  de  traverses  mobiles, 

§  lacées  à  des  distances  égales.  Après  quinze  ou  dix-huit  heUrés 
e  refroidissement ,  le  sucre  qui  a  cristallisé  dans  des  formes , 
est  porté  dans  ces  cabanes.  Chaque  forme ,  dont  on  a  soin  de 
déboucher  en  ce  moment  le  trou  qui  se  trouve  à  sou  sommet, 
est  implantée  dans  àeB  pots  d'une  grandeur  proportionnée  à 
la  sienne.  Le  sirop  se  sépare  du  sucre  et  s'écoule  dans  lés 


(i)  On  appelle  mêlasse  ^  les  sirops  provenant  du  sacre  bmt  mis  dails 
•iss  baniqaei  de  la  purgeris. 


568  €!  A  N 

pots  ;  on  en  substitue  d'autres  sous  les  formes,  et  on  rang0 
celles-ci  avec  ordre ,  pour  recevoir  le  terrage. 

Du  Terrage.  iSon  objet  est  d'enlever  ^  à  la  faveur  de  l'ean  , 
ia  portion  de  sirop  qui  reste  à  la  surface  des  petits  cristaux  de 
«ucre  y  réunis  et  agrégés  en  une  masse  conique ,  nommée 
pain.  Pour  cet  effet ,  ou  unit  bien  la  base  du  pain  en  tassant 
nn  peu  le  sucre  y  puis  on  verse  dessus  une  terre  argileuse 
délayée  dans  Teau  à  connstance  de  bouillie.  Cette  terre  fait 
fonction  d'épongé  ;  emportée  par  son  propre  poids  y  l'eau  di»- 
sout  le  sirop,  qui,  devenu  plus  fluide ,  est  entraîné  vers  la 
partie  inférieure  de  la  forme ,  et  découle  dans  le  pot  sur  lequel 
eUe  est  placée.  Toute  terre  ai^euse  peut  étY*e  employée  au 
terrage ,  pourvu  qu'elle  soit  bien  battue  et  bien  délayée. 

Quand  la  première  terre  dont  on  a  couvert  la  base  du 
-pain  est  desséchée ,  on  l'enlève  et  on  la  remplace  par  une 
seconde ,  qui ,  devenue  sèche ,  est  remplacée  à  son  tour  par 
une  troisième.  Celle-ci  est  pareillement  enlevée  après  sa  des- 
aication.  On  laisse  alors  le  pain  dans  sa  forme  pendant  vingt 
jours ,  afin  que  le  sirop  s'écoule  entièrement  ;  aprà  ce  temps 
on  retire  le  sucre  des  formes,  et  on  l'expose  au  soleil  pendant 
quelques  heures  sur  de  fortes  toiles  bien  sèches,  ou  sur  un  plan 
horizontal  fait  en  maçonnerie  ,  appelé  ^acis;  il  est  mis  dans 
cet  état  k  l'étuve. 

De  VÈtuve.  C'est  un  bâtiment  adossé  aux  purgeries,  très- 
élevé ,  et  ressemblant  à-peu-pi^  à  une  tour  carrée  ;  il  est  com-> 
posé  en  dedans  de  plusieurs  étages ,  formés  chacun  de  quel- 
ques planches  légèrement  espacées  entr'elles,  et  sur  lesquella» 
on  dispose  les  pains  de  sucre  ;  l'air  intérieur  est  échaufie  par 
un  énorme  poêle,  dont  le  foyer  est  en  dehors  ,  et  dont  le  feu 
est  rarement  bien  gradué.  Il  doit  être  modéi*é  dans  le  com-^ 
mencement.  Au  haut  de  l'étuve  est  une  fenêtre  en  forme 
de  trappe  qu'on  laisse  ouverte  cinq  à  six  jours.  Après  ce 
temps  on  la  ferme ,  et  on  chauffe  alors  fortement:  il  faut  en* 
viron  trois  semaines  pour  sécher  le  sucre  ;  le  feu  doit  être 
entretenu  également  ;  s*il  est  trop  fort ,  le  sucre  roussit ,  et 
l'éluvée  est  impfirfaile.  On  nomme  étuvèe  la  quantité  de  pains 
mis  dans  l'étuve  ;  elle  en  contient  communément  5  à  700  , 
'  c'estrà-dire  âo  à  3o  milliers  de  sucre,  car  cliaque  pain  , quand 
il  est  sec ,  pesé  environ  40  livres. 

I>a  Triage  et  de  la  Pilaûon.  C'est  le  jour  oi\  l'on  retire  le 
sucre  de  l'étuve  et  où  on  le  pile ,  que  le  propriétaire  jouit 
enfin  du  fruit  de  ses  travaux.  Les  nègres  sucriers  se  rassemblent 
dans  la  purgerîe ,  ils  dressent  une  grande  table ,  ou  bien  iU 
.  étendent  des  cuira  de  bœuf,  sur  lesquels  le  sucre  est  jeté  à 
mesure  qu'on  le  trie.  Ce  triage  est  indiqué  par  le  ra£Bneur^ 


C  A  N  ,69 

auquel  chaque  pain  est  présenté  l'un  après  l'autre  ;  on  les 
coupe  sous  ses  yeux  avec  une  serpe  y  en  deux  portions ,  dont 
on  fait  deux  qualités ,  connuei^  dans  le  commerce  par  les  noms 
de  sucre  blanc  et  de  sucre  commun  ;  ce  dernier  doit  former 
tout  au  plus  un  quart  ou  un  tiers  de  l'étuvée ,  s'il  y  en  a  davan- 
tage, le  sucre  a  été  mal  fait  ou  mal  séché. 

Comme  on  ne  peut  point  exporter  des  colonies  de  sucre 
en  pain  ,  on  est  obligé  de  le  piler;  cette  opération  se  fait  dans 
de  grands  canots  d'un  bois  très-dur^  d'où  le  sucre  est  mis  en 
barriques  y  où  on  le  tasse  à  grands  coups  de  pilon. 

XIL  F'icss  de  la  méthode  suivie  jusqu'à  ce  jour  dans  te 

«     travail  du  suere^ 

La  préférence  donnée  aux  chaudières  de  fer  sur  celles  de 
euivre»  et  leur  disposition  sur  un  seul  foyer  j  présentent,  il  est 
vrai,  une  grande  économie  de  chauffage;  mais  elles  rendent 
la  fabrication  du  sucre  très-défeclueuse. 

Les  chaudières  de  fer  sont  sujettes  à  se  fendre  ;  leur  frac- 
ture arrête  le  travail  ;  alors  il  y  a  non  seulement  perle  de  temps, 
mais  encore  perte  de  chaudières  et  de  maténaux  ;  car  le  fer 
fondu  une  fois  brisé  n'est  plus  bon  à  rien  et  n'a  aucune  valeur. 
Pour  remettre  l'équipage  en  état ,  il  faut  le  démonter  et  dé- 
nie^ en  partie  le  fourneau ,  qui  souffre  souvent  de  cette  ré- 
paration ,  sur-tout  quand  elle  se  fait  à  la  hâte ,  comme  cela 
arrive  presque  toujours.  La  chaudière  neuve  demande  un 
nouveau  glacis ,  qui  apporte  de  nouvelles  saletés. 

La  forme  elliptique  des  chaudières  de  fer  contribue  à  alté- 
rer le  sucre  ;  plongeant  presque  tout  entières  dans  le  feu ,  qu'on 
n'arrête  que  rarement ,  le  vesou  qui  se  trouve  au-dessous  du 
point  où  elles  sont  scellées ,  reçoit  un  degré  de  chaleur  qu'il 
ne  peut  supporter  et  se  décompose  ;  il  est  noirci  par  les 
croûtes  charbonneuses  qui  se  forment  dans  la  batterie. 

Il  est  difficile ,  en  employant  ces  chaudières ,  d'établir  une 
niarche  constante  dans  le  travail  qu'on  se  propose;  1^.  la 
^ande  est  ordinairement  chargée  de  1 ,5oo  à  2,000  livres  de 
auc  ;  comme  elle  se  trouve  éloignée  du  foyer  propi'ement  dit, 
le  suc  qu'elle  contient  ne  peut  entrer  en  ébulhtion ,  et  c'est 
inutilement  qu'il  reçoit  l'action  de  la  chaleur  pendant  en^àron 
une  heure  ;  â^  quand  on  le  transvase  dans  la  propre ,  les  fé- 
cules qui  s'étoient  déjà  réunies  en  flocons  se  divisent  de  nou- 
veau ,  et  la  défécation  devient  plus  difficile  ;  3®.  à  peine  le  ve^ 
aou  de  Impropre  est-il  dépouillé  d*une  partie  de  ses  fécules^ 
qu'il  faut  en  passer  une  portion  dans  le  flambeau ,  lequel 
*ii 'étant  pas  vidé  en  entier ,  reçoit  avec  cdm  qu'il  contient  un 


'a7«  C  A  N 

Il  est  donc  démontré  que  si,  par  nn  travail  bien  enlen  Jii 
et  bien  ordonné  ,  Ton  parvenoit  à  prirer  le  suc  exprîmé  de 
toute  matière  solide ,  le  sel  essentiel  qu'on  en  retire^oit  seroit 
aisément  dépouillé  de  tout  sirop  dans  le  terrage ,  et  rendu 
parfaitement  pur  ;  or  c'est  à  la  plus  grande  pureté  possible 
que  doivent  tendre  toutes  les  opérations  qui  constituent  Fart 
au  sucrier.  C'est  aussi  vers  ce  but  qu'ont  été  dirigés  tous  les 
moyens  proposés  et  établis  par  Dutrône  :  nous  allons  en 
faire  une  courte  exposition.  ^ 

XIIL  Exposition  des  nouveaux  moyens  tT extraire  U  ssl 
essentiel  de  la  canne  à  sucre  j  employés  par  Dutrône, 

Le  suc  exprimé  étant  formé  de  parties  solides  et  fluides^ 
unies  entr'elles  et  étendues  dans  une  très-grande  proportion 
d'eau  ,  le  premier  but  dans  le  travail  de  ce  suc  ,  est  la  sépa- 
ration et  l'enlèvement  des  parties  solides  ou  fécules  ;  c'est  ce 
qu'on  nomme  défécation.  Ces  matières  enlevées ,  restent  l'eau  , 
le  sut  muqueux  et  le  suc  savonneux  extractif  ^  qui  forment 
'ensemble  le  vesou.  Voyez  le  paragr.  VIII. 

L'enlèvement  dans  le  vesou  de  l'eau  surabondante  à  celle 
qui  est  en  rapport  avec  les  matières  solubles ,  est  l'objet  d'un 


beaux  de  Saint-Domingue,  parce  que«  dans  cette  partie  «les  sucreries 
•ont  beaucoup  mieux  tenues ,  et  que  les  raffineurs  Teillent  au  travail 
•rec  plus  de  soin. 

Les  sucres  bruts  de  la  partie  du  Port-au-Prince ,  sont  les  plus  beaux 
de  la  colonie ,  et  les  plus  estimés  dans  le  commerce  et  dans  les  raifi- 
nerf  es ,  particulièrement  ceux  de  la  plaine  du  Cul-de^êac  et  des  yases» 
Leur  supériorité  est  due  à  ce  que  ,  dans  ces  plaines ,  les  cannes  sont 
>  par&itemeut  bonnes ,  et  leur  suc  exprimé  de  la  meilleure  qualité  pos- 
sible }  mais  les  sucreries  y  sont  en  ||énéral  si  malpropres  ,  et  le  traTaii 
y  est  conduit  avec  si  peu  de  soin  >  que  rhahitant  ne  )oait  pas  des  avan- 
tages que  lui  offrent  les  circonstances  locales  les  plus  Favorables. 

J'ai  vu  (c'est  Dutrône  qui  parle  )  dans  In  plaine  du  Cul^e^ste, 

un  habitant  vendie  son  sucre  terré  moins  cher  que  son  sucre  brut.  Oo 

n'en  sera  pas  étonné  ,  quand  on  saura  que  la  portion  de  mêlasse  qns 

'recouvre  le  sucre  brut,  masque,  en  le  colomnt,  toutes  les  m  atièrea 

féculentes  et  terreuses  qu'on  n'apperçoit  point  du  tout ,  et  dont  U 

^«véaoBco  n'influe  nullement  sur  le  prix ,  qu'on  éraloe  toujours  d'eprèe 

la  couleur,  la  dureté,  U  aéchereaae ,  &o.  du  sucre.  Mais  lorsque  »  par 

.le  terrage ,  la  mêlasse  a  été  enlevée ,  alors  toutes  les  saletéa  paroiasent 

À  découvert ,  et  c'est  sur  le  degré  d'altération  oue  cause  leur  pré* 


•ence  qu'on  règle  le  pris  du  sucre  terré.  La  diS'érence  de  ce  prix 
avec  celui  du  sucre  brut  ne  paie  pas  toujours  les  frais  de  déchet  oana 
le  terrage ,  ni  la  main-d'ceuvre  ;  auasi  beaucoup  dliabîtans ,  persuadée 
qu'il  est  impossible  que  leurs  sucres  puissent  jamais  devenir  Maure, 
ont  renoncé  à  le  terrer,  et  fabriquent  tout  en  brutâ  tel  e%t  l'eiet 
des  préjugea  et  de  l'ignoi ance,  DvTaèjia. 


C  A  N  a.3 

Becond  travail.  On  appelle  éuaporation  Taclion  de  la  chaleur 
sur  celte  eau. 

Les  fécules  et  Teau  surabondante  çnlevées,  reste  l'eau  qui  ' 
tient  en  dissolulion  les  parties  salines.  On  donne  le  nom  de 
cuite  à  l'opération  par  laquelle  on  rapproche  ces  parties ,  en 
enlevant  une  certaine  portion  de  l'eau  dans  laquelle  elles  sont 
dissoutes. 

Ainsi  le  travail  du  suc  exprimé  se  réduit  à  trois  opérations 
principales  et  successives  :  savoir  s  la  défécation  du  suc  êxr, 
primé ,  Yévaporation  du  Afésou,  et  la  cuite  du  peeou-^irop, 

J)e  la  Défécation  et  de  t Evaporation.  Pour  séparer  les  fé-«' 
cules ,  on  emploie  la  chaleur  et  les  alcalis  ;  pour  les  enlever/ 
ainsi  que  les  matières  terreuses  ^  on  se  sert  de  l'écumoire^  du 
filtre  ou  du  repos. 

lia  chaleur ,  dans  sa  première  action  ^  sépare  les  premières 
fécules  et  les  élève  à  la  surface  du  fluide  ^  d'où  elles  sont  en-« 
levées  avec  Técumoire.  Celles  de  la  seconde  sorte  exigent  uno 
forte  ébuilition.  Quelquefois  la  chaleur  seule  opère  la  sépa- 
ration complète  des  secondes  fécules  ;  quoique  les  flocons 
qu'elles  forment  ne  soient  pas  toujours  assez  volumineux  pour^ 
pouvoir  être  écumes  ,  il  suffit  qu'elles  soient  bien  séparées  , 
parce  qu'alors  elles  n'échappent  pas  au  filtre  et  au  repos.  On 
est  dispensé  dans  ces  circonstances  de  se  servir  de  chaux  et 
d'alcalis  ;  on  ne  doit  les  employer  que  lorsque  les  fécules  ré^ 
■istent  à  la  chaleur  y  et  pour  aider  son  action.  U  faut  toujours 
préférer  la  chaux  ,  parce  qu'elle  n'enlève  aux  fécules  qu'une 
petite  portion  dé  suc  savonneux  ;  quand  son  action  est'trop 
Ibible ,  ce  qui  est  rare  ,  on  la  seconde  de  l'action  de  la  potasse 
on  de  la  soude. 

L'écumoire  est  insuffisante  pour  enlever  les  fécules ,  et  elle 
ne  peut  rien  sur  les  matières  tenseuses  ;  il  est  donc  indi^pen-' 
Ifable  de  filtrer  et  de  laisser  déposer  le  vesou  avant  de  le  cuire. 

Voici  comment  est  disposé  le  laboratoire  (i)  où  se  font  len 
opérations  qu'exige  le  tra^^il  du  suc  exprimé.  Il  présent^ 
trois  ou  quatre  chaudières  de  cuivre  ,  placées  sur  la  même 
ligne  ,  et  dont  la  contenance  doit  être  de  quatre  à  cinq  mil- 
liers. La  première  y  belle  qui  reçoit  le  suc  de  canne  ^  est  nom-* 
mée  première  chaudière  à  déféquer  ;  la  deuxième ,  seconde 
chaudière  à  déféquer;  la  troisième,  chaudière  à  époporer;  la 


•  (i)^l>aa9  le  travail  actuel  on  filtre  le  veioa  en  le  passant  du  sirop 
dans  la  batterie  ;  mais ,  dans  cette  filtration  ^  on  n'enlève  que  des  ma-> 
tièrea  solides  extrêmement  grossières^  parce  que  les  filtres  dont^on  sa 
sert  y  sont  ou  un  tamis  de  laiton ,  ou  un  caneras.  Aussi  cette  filtra-* 
tlon  est-elle  à-peu -près  nulle.  ruTftÔHS. 

IV.  » 


^fj4  C  A  N  ^ 

quati-ième^  chaudière  à  cuire.  Ces  chandièr^  sont  (ris-nipiw 

Srochées  et  scellées  dans  une  matçonnerie.NEntre  chacune 
'elles,  et  sur  le  bord  du  laboratoire,  se  trouvent  de  petits  bas« 
fins  où  les  écumes ,  enlevées  avec  l'écumoire ,  ^sont  reçues  et 
portées  par  des  goultières  dans  la  première  à  déféquer.  Entre 
celle-ci  el  le  mur  est  un  bassin  qui  reçoit  les  pi*emières  fécules» 
Ces  bassins  et  goultières  sont  faits  en  plomb  laminé ,  et  soudés 
k  une  garniture  de  cuivre  qui  recouvre  toute  k  surlace  de» 
paroifl  du  laboratoire,  lequel  ofire  la  plus  grande  propreté. 

Deux  bassins  destinés  à  iiltrer  et  à  laisser  déposer  le  ye&oi| 
évaporé  à  un  degré  déterminé ,  se  trouvent  à  peu  de  distance 
du  laboratoire,  ils  doivent  être  assei  grands  pour  contenir 
tout  le  suc  exprimé  (  amené  à  Téfat  de  vesou^  portant  34  k 
a6  degrés  à  Fai'éomètre)  que  peut  fournir  le  moulin  en  ^îngt* 
quatre  heures.  Us  doivent  être  faits  en  maçonneiie ,  doublés 
en  plomb  et  recouverts  de  plusieurs  caisses  dont  le  fond  soit 
formé  d*une  claie  d'osier.  Sur  ce  fond  ,  ou  dis|>o6e  plusieurs 
filtres  L'un  sur  Tautre,  d'abord  une  laine,  puu  une  toile  et 
un  tamis  de  laiton.  Deux  canaux  en  plomb  établissent  uno 
communication  entre  ces  bassins  et  le  laboratoire.  L'un  porte 
le  vesouévapoi'é,  dans  un  chaudron  placé  au  pied  de  cnaque 
"bassin  ,  d'où  un  nègre  le  verse  sur.  les  filtres  ;  l'autre ,  dont 
l'ouverture  au  ibnd  du  bassin  est  fermée  par  une  soupape  > 
rapporte  le  vesou  fiUré  et  décauté  à  la  chaudière  à  cuire. 

Les  deux  bassinn  qui  reçoivent  immédiatement  le  suc  de 
canne  venant  du  moulin,  sont  placés  en  dehors  de  la  suci-erie. 
ils  doivent  contenir  chacun  5ooo  livres  au  moius  de  suc.  On 
les  remplit  à  une  mesure  fixe  toujours  égale  ;  on  fait  passer 
celle  charge  dans  la  première  chaudière  à  déféquer  ;  on  pèse 
avec  une  balance  hydrostatique  (1)  la  quantité  de  chaux  né- 
cessaire à  la  séparation  des  fécules;  on  l'étei^d  ;  on  agite  1» 
charge  avec  une  cuiller  pendant  une  minute  ou  deux  ;  pui» 
on  la  transvase  en  entier» dans  la  chaudière  a  cuire.  Après- 
avoir  rempli  toutes  les  chaudières  d'une  charge  ainsi  lessivée  > 
on  commence  à  chauffer.. 

Les  chaudières  reçoivent  un  desré  de  chaleur  relatif  à  leur 
proximilé  du  foyer  proprement  dit.  Le  sue  de  la  chaudière  à 
ouii^  est.le  premier  dont  les  fécules  se  séparent  L'action  de 
la  chaleur  se  porte  successivemeut  sur  les  cîmiulières  suivantes.. 
Les  premières  et  secondes  Seules  sont  enlevées»  Tant  qu» 

(1)  Elle  a  été  inventée  par  un  An&laîa ,  et  introduite  à  Saînt-Bo- 
mjngue  en  1787  ou  88.  Elle  sert  à  faire  cnnnoitre  la  quantité  de  fé- 
rules qui  existent  dans  le  suc  efprimé^  st  le  rippoft  de  la  chauXnâr 
cessait  e  pour  1«  réparer. 


Ç  A  N  5^5 

l'èvaporation  se  fait ,  on  écame  toujours ,  et  on  ajoute .  à 
chaque  charge,  si  cela  est  nécessaire^  soit  de  la  chaux  en  sub- 
stance, soitime  lessive  de  chaux  ou  d'alcali. 

Ijorsque  le  vesou  de  la  chaudière  à  cuire  porte  2a  à  34  de- 
grés de  l'aréomètre,  on  suspend  le  feu,  et  on  fait  passer  ce  ve- 
jsou  dans  le  chaudron  placé  au  pied  du  bassin  à  décanter, 
qu'on  veut  remplir.  La  chaudière  à  cuire  est  remplie  de  nou- 
veau avec  la  charge  entière  de  la  chaudière  à  évaporer;  celle- 
ci  est  remplie  avec  la  charge  de  la  chaudière  précédente  ;  il 
en  est  de  même  des  deux  autres.  A  mesure  que  le  vesou  ar- 
rive dans  le  chaudron ,  il  est  versé  sur  les  filtres.  On  continue 
ainsi  jusqu'à  ce  que  le  bassin  à  décanter  soit  rempli.  On  doit 
disposer  la  marche  du  travail  de  telle  manière  que  le  premier 
bassin  à  décanter  se  trouve  plein  vers  les  six  ou  huit  heures 
du  soir.  Alors  le  vesou  évaporé  toujours  au  même  degré ,  est 
porté  de  la  même  manière  dans  le  second  bassin, par  le  ca- 
nal qui  lui  répond.  On  poursuit  ce  travail  pendant  la  nuit. 

Vers  les  cinq  ou  six  heures  du  matin ,  on  éteint  le  feu  ;  on 
vide  la  chaudière  à  cuire ,  et  après  l'avoir  bien  lavée ,  on  y  fait 
passer  le  vesou  qui  a  été  filtré  dans  le  bassin  et  qui  a  déposé , 
pendant  huit  ou  dix  heures  de  repos ,  les  matières  féculentes 
eC  terreuses  qui ,  par  leur  extrême  finesse ,  ont  pu  échapper 
aux  filtres. 

La  chaudière  à  cuire ,  chargée  d'une  quantité  de  vesou 
convenable  pour  faire  une  cuite ,  on  s'assure  si  la  dcfécatioa 
eat  bien  faite  (1)  ;  on  remédie  au  défaut  ou  à  l'excès  de  lessive  ; 
on  cuit  cette  charge,  et  successivement  tout  le 'produit  du 
bassin  à  décanter. 

Pendant  celle  opération  ,  on  continue  d'écumer  et  d'éva- 
porer dans  lès  trois  chaudières  précédentes  ;  et,  à  mesure  que 
le  vesou  de  la  chaudière  à  évaporer,  arrive  au  point  d'évapo- 
lation  déterminé ,  on  le  fait  couler  de  celte  chaudière  dans  le 
second  bassin  à  décanter ,  jusqu'au  moment  où  tout  le  pro- 
duit du  premier  se  trouve  cuit,  ce  qui  doit  arriver  sur  les  six 
ou  huit  heures  du  soir.  A  ce  moment  on  |)asse  la  charge  de  la 
chaudière  à  évaporer  dans  celle  à  cuire ,  qui*  alors  sert  à' éva- 
porer. On  remplit  de  nouveau  le  premier  bassin.  Le  second 
est  abandonné  au  repos  pendant  la  nuit,  et  le  matin  à  cinq 
heures ,  on  procède  à  la  cuite  du  vesou  de  ce  bassin ,  ainsi 


de  chaux  filtrée.  Si ,  après  une  ou  deux  minutes ,  on  n'apperçoit  au- 
can  corps  solide  nager  dans  la  liqueur ,  et  que  le  Tesou  soie  de  bonne 
qualité  I  on  peut  être  assuré  que  U  défécation  est  complète^  • 


■7S  .         .  ^  A  '^        . 

qu'on  a  fait  la  Teille  pour  celui  du  premier.  Une  fois  ce  tAvail 

établi  ^  on  le  continue  en  suivant  toujours  lalternative. 

Les  avantages  qu'il  présente  sont  évidens.  i^.  Chaaue  charge 
passe,  sans  être  confondue,  d'une  chaudière  dans  1  autre,  ou 
elle  reçoit  successivement  le  degré  de  chaleur  qui  convient  k 
ïa  marche  de  la  défécation  et  de  Té^^aporation.  a®.  On  peut  i-é* 
gler  la  lessive  sur  chaque  charge  ,  et  suivre  les  signes  que  pré- 
sentent les  écumes  et  les  bulles  de  vesou  en  ébuUition.  3^.  Dana 
la  fîltration  et  la  décantation ,  toutes  les  matières  solides  qui 
ont  échappé  à  l'écuinoire ,  sont  enlevées  avec  lé  plus  grand 
auccès.  4  .  ^  défécation  et  Tévaporation  commencent  pres-> 
qu'en  même  temps,  et  vont  ensemble  jusqu'aux  bassins  a  dé- 
canter. 5**.  Avec  les  chaudières  de  cuivre ,  on  est  le  maître  de 
graduer  l'action  de  la  chaleur  et  de  régler  l'évaporation  jus- 
qu'au degré  convenable  (i).  La  marche  des  cnaudières  de 
fer ,  bien  loin  d'avoir  aucun'^de  ces  avantages ,  a  Ioua  les  vices 
opposés.  , 

Delà  Cuiu.  Quand  on  commence  à  cuire  le  vesou,  il  est  dé- 
pouillé de  toutes  les  matières  solides ,  et  on  est  à  temps  de  re- 
médier à  l'excès  ou  au  défaut  de  lessive.  On  cuit  d'ailleurs  en 
somme  et  pendant  le  iour  ;  ainsi  le  raffineur  peut  donner  ses 
soins  à  toutes  les  cuites ,  sans  être  obligé  de  passer  une  partie 
de  la  nuit  dans  la  sucrerie. 

Le  but  (}u'on  doit  se  proposer ,  en  cuisant  le  vesou-sirop  , 
est  d'en  cxtraLi*e ,  dans  le  meilleur  état  possible,  la  plus  grande 
quantité  de  sel  essentiel.  La  cu/te  n'est  autre  chose  que  l'action 
de  la  chaleur  sur  l'eau  de  dissolution  du  sucre.  Les  rafineurs 
d'Amérique  et  d'Europe  n'en  ont  jamais  eu  qu'une  idée  très- 
imparfaite.  Pour  «'assurer  du  degré  de  cuite ,  ils  se  bornent  à 
des  épœuves  particulières  et  vagues  qui  marquent  la  routine 
de  l'art.  Il  con^-ient  cependant,  et  il  est  bien  plus  sûr,  de  ré- 
elcr  cette  opération  sur  les  principes  de  la  chimie.  C'est  ce  que 
fait  Dutrône. 

(c  II  faut ,  dit-il ,  à  une  température  de  a  a  degrés,  trois  par- 
ités d'eau  et  cinq  de  sucre  ,  pour  satisfaire  l'affinité  réciproque 
de  ces  deux  étrei ,  dont  le  produit  fluide  au  point  de  saturation , 

(i)  On  A*assare  de  ce  degré  ,  au  moyen  d'un  aréomètre  formé  d'une 
boule  do  cuivre  de  deuv  k  trois  poucei  de  diamètre  ,  portant  un  tuba 
de  six  à  huit  pouces  de  hauteur.  On  charge  cet  aréomètre  avec  du 

Ïlomb  en  crainâ«  de  manière  qu'au  degré  74  de  l'aréomètre  da 
lanmé ,  la  boule  «  plongée  dans  le  fluide,  se  trouve  couverte  in^qu'è 
)a  naitsance  du  tube.  Voyez  dans  l'ouvrage  de  Dutrône.  pag.  91  »  U 
table  qu'il  donne  pour  coonoître  k  chaque  instant  la  rapiaicé  de  l'éva- 
poration. Cette  table  doit  servir  à  tu  régler  la  nurche  1  tn  suÎTaat  Ua 
divers  degrés  aveo  l'tréomètrf* 


C  A  N  277 

est  nommé  Btrop.  L'action  de  la  chaleur  appliquée  à  ce 
fluide ,  doit  nécessairement  commencer  et  finir  à  un  degré  du 
tiiermomètre  toujours  fixe.  L'expérience  a  prouvé  que  le  pre- 
mier terme  de  celte  action  commen^oit  à  85  degrés,  thermo- 
mètre de  Réaumur ,  et  que  le  dernier  fînissoit  à  1 10.  On  peut 
donc  établir  entre  ces  deux  termes ,  réchelle  suivante ,  qui ,  à 
chaque  degré  j  annonce  par  la  somme  du  sucre  passé  à  l'état 
«olicle  après  la  cuite ,  la  proportion  d'eau  que  la  chaleur  a  en- 
levée dans  cette  opération.  Or,  si  on  porte  sur  un  quintal  de 
sucre  dissous  et  mis  dans  l'état  de  sirop  par  60  livres  d'eau  ^ 
l'action  de  la  chaleur  à  un  degré  déterminé  (  88  livres ,  par 
exemple)  '^  ,on  obtient  une  somme  de  sucre  déterminée ,  qui  ^ 
une  fois  connue  (  bâ  livres  ) ,  fait  nécessairement  connoitre  la 
proportion  d'eau  (  3i  hvres  3  onces  2  gros )  qui  a  été  enlevée , 
ei  celle  (  38  livres  1  a  onces  6  gros  )  qui  reste  encore  combinée 
dans  l'état  de  sirop,  k  l'autre  portion  de  sucre  .(  48  livres). 
Voyez  la  taUe  qui  suit. 

»  Quoiqu'il  se  trouve  dans  l'eau  de  dissolution  que  porte  le 
vesou-sirop,  des  matières  solubles  qui  ne  sont  pas  sel  essen- 
tiel ,  l'eau  néanmoins  est  unie  à  ce  sel  dans  une  proportion 
relative. et  déterminée.  Le  thermomètre  doit  donc  être  em- 
ployé pour  en  fixer  la  cuite ,  dont  le  produit  solide  est  toujours 
relatif  à  la  proportion  d'eau  que  la  chaleur  a  enlevée  à  chaque 
degré  de  cet  instrument. 

»  L'usage  du  thermomètre  dans  la  cuite  ,  bien  loin  d'exclui*e 
la  preuve  du  doigt,  qui  est  très  commode ,  sert  au  conti*aire  à 
l'éclairer  et  à  en  rendre  la  pratique  moins,  équivoque.  Il 
<lonne  au  ralEneur  des  termes  fixes  et  de  rapport  sur  lesquels 
il  peut  se  régler  avec  ràreté  d. 


'J^i 


C  A  N 


EcRBLXtE  deê  divers  degréi  de 

1 

T  A  B  !<  B  de  la  quantité  d'eau  | 

l'action  de  la  chalear  sar  l'eau  de 

que  la  chaleur  : 

'              ■            ■ 

u  a  point  enle-  1 

vee»  et  qui,  aux  oivers  de^resll 

disaolution  du  sucre,  au  point  de 

de  son  action. 

reste  unie  au  1 

saturation. 

sucre  dans  1  état  de  sirop.          | 

a 

Eau  qui  reste 

Sucre  qui  res- 

M 
M 

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de  cuite ,  com- 
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degré  de  cuite. 

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C  A  N  S79 

XTV.  MéxMODR  jiovrjSLJLM  propcêée  et  mîse  en  usagfi 
par  Dutrône  ^  pour  la  purgatiodi  et  la  crUtalUéation  du 
sucre. 

<c  Loi'Mu'on  laisse  ,  dit-il ,  au  sucre  qu'on  fait  cristalliser 
«ne  grande  proporlion  d  eau ,  il  forme  de  très-gros  cristaux 
bien  réguliers;  dans  cet  état,  il  porte  le  nom  de  sucre  candi. 
On  sait  que  les  sels  sont  d'autant  plus  purs  et  plus  parfaits , 
que  la  forme  sous  laquelle  ils  se  présentent  approche  davan- 
tage de  celle  que  la  nature  leur  a  assignée.  Le  sucre  candi  est 
donc  dans  Tetat  le  plus  parfait  qu'on  puisse  desii^r ,  et  le» 
moyens  qu'il  convient  d'employer  pour  exti-aire  le  sel  essenti^ 
de  la  canne ,  doivent  donc  être  fondés  sur  ce  principe  de 
chimie ,  cristalliaer  à  grande  eau ,  établi  pour  tous  les  sels  qui 
cristallisent  par  refroidissement.  C'est  d'après  ce  principe 
qu*on  doit  établir  la  cuite  du  vesou  sirop ,  et  donner  aux 
vases  dai\s  lesquels  on  fait  cristalliser  le  sucre ,  la  forme  et  la 
contenance  les  plus  favorables  pour  sa  cristallisation  et  sa 
purgalion  ». 

Dutrône  propose ,  pour  cet  effet ,  de  substitua*  aux  cônes 
de  terre  cuite  des  caisses  de  bois,  faites  avec  des  planches  d'un 
pouce  d'épaisseur ,  et  doublées  en  plomb  lamine  très-mince  ; 
elles  doivent  avoir  cinq  pieds  de  long  sur  trois  de  large  ;  leur 
fond  est  composé  de  deux  plans  inclinés  de  six  pouces,  dont 
la  réunion  forme  une  gouttière  percée  de  douze  à  quinze 
trous  d'un  pouce  de  diamètre ,  pour  l'écoulement  des  sirops  : 
leur  profondeur  est  de  neuf  pouces  sur  les  côtés  ;  elle  va  en 
•augmentant  vers  la  gouttière ,  où  elle,  a  quinze  pouces.  Ce 
chimiste  s'est  an-été  à  cette  dimension ,  parce  que  l'expérience 
lui  a  démonti-é  que  la  somme  de  matière  qui  réunissoit  le 
plus  grand  nombre  de  circonstances  favorables  pour  la  cri»- 
lallisation  du  sucre  >  étoit  de  quinze  à  seize  pieds  cubes. 

Ces  vaisseaux ,  appelés  cristaUiêoire^caiases ,  sont  destinés 
a  recevoir ,  les  uns  le  vesou-sirop  ou  sucre  de  canne ,  les  autres 
les  premiers,  seconds  on  troisièmes  sirops  cuits.  Ils  sont  établis 
«ur  des  traverses  fixes,  à  huit  ou  dix  pouces  du  sol,  et  au- 
dessus  de  gouttières  qui  se  terminent  à  des  bassins.  Chaque 
espèce  de  cristaUisoir  a  sa  gouttière  et  son  bassin  particitliers; 
de  cette  manière  les  produits  en  sucre  et  les  sirops  ne  se  con- 
fondent point 

ce  On  nxe  la  cuite  du  vesounârop  au  thermomètre  ;  le  degré 
qui  convient  pour  obtenir,  dans  la  plus  grande  proportion  , 
le  sel  essentiel  cristallisé  en  caisses  sous  la  forme  la  plus  belle 
el  la  plus  régulière^  est  87  x  ^  88.  Lorsqu'on  s'est  assuré  de  ce 


rfo    .  C  A  N 

degré ,  on  ételht  le  feu  ;  on  vide  le  produit  de  la  chandière  à 
cuire  dans  le  rafraîchùaoir,  qni  fait  partie  du  laboratoire; 
de-là  on  le  porte  tout  de  suite  dans  une  caisse  ^  dont  on  a  eu 
soin  de  boucher  les  trous  avec  des  cbevilles  de  bois,  garnies 
de  paille  de  maïs. 

»  Les  caisses  font  fonction  de  second  rafiraicbissoir;  on  les 
emplit  de  deux  cuites  qu'on  mêle  ensembles  Au  bout  de  vingt- 
quatre  heures,  on  imprime  à  la  masse,  fluide  encore ,  un  léger 
inouvement  avec  un  mouveron  (i)  ,en  ayant  soin  d  élever  vers 
la  surface  le  sel  essentiel ,  qui  s'est  déjà  déposé  au  fond.  Après 
celte  opération ,  la  cristallisation  a  lieu  simultanément  dans 
toute  l'étendue  de  la  caisse  ;  en  cinq  ou  six  heures ,  elle  de- 
vient générale  et  égale.  Quatre  à  cinq  jours  après ,  la  masse 
totale  étaut  refroidie ,  on  tire  les  chevilles  ;  alors  la  purgation 
se  fait  très-promptement  :  elle  est  complète  au  bout  de  six  à 
huit  jours. 

»  Le  sel  essentiel  bien  purgé  de  son  sirop,  est  légèrement 
humide;  maîs^  pour  peu  qu'il  soit  exposé  a  l'air,  U  devient 
parfaitement  sec.  Dans  cet  état ,  il  peut  être  mis  en  barrique, 
où  on  doit  le  piler  fortement  comme  les  sucres  terrés. 

»  £n  cuisant  le  vesou-sirop  à  quatre-vingt-huit  degrés ,  on 
obtient  moitié  et  même  plus  de  la  quantité  de  sel  essentiel 
qu'il  porte  ;  et  si  la  défécation  et  la  cnstallisation  ont  été  bien 
entendues,  ce  sel  est  alors  dans  le  plus  haut  degré  de  pureté 
et  de  beauté  qu'il  puisse  acquérir  en  brut  ». 

Si  on  vent  terrer  le  sel  essentiel  provenant  du  vesou-sirop, 
purifié  de  la  manière  que  nous  venons  d'exposer  ^  on  se  sert 
«Ion,  pour  le  mettre  à  cristalliser,  ou  des  caisses  décrites  ci- 
dessus  »  ou  de  formes.  Lorsqu'on  se  sert  de  caisses,  il  faut 
augmenter  le  degré  de  cuite  et  le  porter  de  88  à  90.  Si  l'on 
fait  usage  de  formes,  on  les  dispose  comme  dans  la  méthode 
ordinaire  ;  mais  elles  ne  peuvent  être  employées'  que  lorsque 
le  vesou-sirop  est  de  bonne  qualité ,  attendu  le  degré  de  cuito 
que  leur  contenance  et  leur  forme  conique  exigent ,  degré 
qu'il  faut  élever  de  90  à  99,  et  que  les  vesou-sirops  de  mé- 
diocre et  de  mauvaise  qualité  ne  peuvent  supporter.  Dans  ce 
cas ,  il  faut  nécessairement  avoir  recouiv  aux  caisses,  ainsi  que 
pour  la  cristallisation  du  sel  essentiel  qu'on  veut  extraire  de 
toutes  sortes  de  sirops. 

«  On  procède  ,  dans  la  purgation  des  pains  de  sucre ,  dans 
la  préparation  qu'il  convient  de  leur  donner  pour  le  teiTage  > 
et  dans  cette  dernière  opération,  de  la  manière  qui  a  été  dé- 
rrile  paragr.  Xi. 

(i)  SptHil«  dt  bois. 


C  A  N  aff, 

y>  On  doit  observer  ici  que  le  vesou  ayant  été  complètement 
dépouillé  de  toute  matièi*e  solide  »  il  ne  se  présente  dans  la 
cristallisation ,  la  purgation ,  le  terrage  et  Tétuvage  du  sel 
essentiel,  aucunes  dimcullés  (1)9  et  qu'après  avoir  subi  ces 
diverses  opérations ,  ce  sel  est  parfaitement  pur,  et  aussi  blanc 
qu'on  puisse  le  désirer  ». 

XV.  CjtNNEg  A  avens  du  Tonquin  et  de  la  Cochinchine, 
d'Egypie,  de  Baiavia  et  d*OtahitL 

"Nous  avons  dit  que  la  canne  à  sucre  étoit  originaire  de  la 
presqu'ile  au-delà  du  Gange.  On  cultive  ce  roseau  à  la  Chine 
et  dans  toutes  les  provinces  méridionales  du  Tonquin  et  de  la 
Cocbinchine.  Le  sucre  candi  ne  s  y  vend  aux  Européens  que 
quatre  sous  la  livre  ,  c'est-à-dire  que  les  naturels  du  paya 
l'achètent  à  meilleur  marché.  Le  peuple  mange  beaucoup  de 
ces  cannes  ;  et  il  est  surprenant  que  l'usage  de  ce  fruit ,  qui 
est  nuisible  à  bt  santé  dans  nos  colonies,  ne  cause ,  à  la  Cochin- 
chine,  aucune  maladie. 

On  trouve  et  on  cultive  au  Tonquin  deux  sortes  de  cannée; 
l'une,  très-grosse  et  très-haute ,  qui  a  les  nœuds  fort  éloignés, 
une  couleur  toujours  verte  et  une  grande  abondance  de  sucre  ; 
l'autre  plus  mince ,  plus  petite ,  et  dont  les  nœuds  sont  plus 
serrés.  Lorsque  celle-ci  mûrit ,  elle  prend  une  couleur  jaune  ; 
elle  contient  moins  d'eau  que  la  première ,  mais  elle  est  plu^ 
chargée  de  sel. 

Les  Tonquinois  multiplient  la  canne  de  boutures ,  qui  sont 
enfoncées  à  dix-huit  pouces  en  terre ,  et  plantées  en  échi-* 
quier  à  six  pieds  de  distance  les  unes  des  autres.  On  choisit , 
pour  cette  opération ,  la  fin  de  la  saison  des  pluies.  Douze  ou 
quinze  mois  après  la  plantation ,  on  coupe  les  cannes  ;  et 
quand  leur  »uc  est  exprimé ,  on  la  fait  bouillir  quelques 
heures ,  pour  faire  évaporer  une  partie  de  son  eau  ;  puis  on 
le  transporte  au  marché  le  plus  voisin,  pour  le  vendre  en. 
cet  état.  Ici  unissent  l'industrie  et  les  profits  du  cultivateur 
tonquinois.  , 

Des  marchands  achètent  ce  sucre  on  plutôt  ce  jus  sucré* 

fi)  Datrôue  a  fait  construire, pour  étuver  le  sucre  extrait  et  terr^ 
flelen  sa  méthode/  une  étuve  imitant  à-peuprès  une  serre  chaude-  Le 
aucre  y  rrçoît  Tactioù  (tu  soleil  ;  ce  qui  dispense  de  le  mettre  sur  le 

S  lacis.  Cette  étuve  est  échauffée  pendant  le  jour  par  le  soleil  ;  pen- 
ant  la  nuit,  nn  très-petit  feu  sumt  pour  la  soutenir  k  la  température 
convenable  ,  qui  est  de  36  à  4o  degrés-  Cette  manière  d'étuver  e&t  pltia 
vupédittve,  moins  dispendieuse ,  et  donne  ait  sucre  un  œil  plus  brit** 
lant  et  plus  blanc 


a8,  C  A  N 

Ils  le  font  cuire  de  nouveau,  et  jettent  dans  les  chaudières 
quelques  madères  alcalines,  telles  que  la  cendre  des  feuilles 
ae  musa,  et  de  la  chaux  de  coquillage.  Ces  ingrédiens  oeca- 
fiionnent  une  écume  considérable ,  que  le  raffineur  enlève* 
L'action  des  alcalis  hâte  la  séparation  du  sel  d'avec  Teau* 
Enfin ,  À  force  d'ébullitions,  on  réduit  le  suc  de  la  canne  en 
consistance  de  sirop  ;  et  dès  que  ce  sirop  commence  à  perler, 
on  le  décante  dans  un  grand  vaisseau  de  terre  ;  on  le  laisse  se 
rafraîchir  environ  une  heiu'e;  bientôt  il  se  couvre  dune 
petite  croûte  molle,  de  couleur  jaunâtre;  on  le  vide  alors  dans 
un  vase  conique ,  et  quand  il  a  pris  consistance  de  sel ,  on  le 
terre  pour  le  blanchir  et  le  purifier. 

On  voit  par  oet  exposé  (  /isex  les  Lettrée  édifiantee ,  &c.  ) , 
que  la  méthode  des  Tonquinois,  dans  la  culture  de  la  canne 
et  dans  l'extraction  du  sucre ,  a  beaucoup  de  rapport  avec 
celle  que  nous  suivons  dans  les  Antilles. 

£n  £gypte ,  cette  culture  est  assez  considérable.  On  j  plante 
la  canne ,  appelée  par  les  Egyptiens  kaesabmae ,  non-seule- 
ment pour  l'usage  du  pays ,  mais  encore  pour  exporter  le 
sucre  raffiné  dans  la  Turquie ,  et  quelquefois  en  Moscovadb 
(  Vo^ez  ce  mot.  ) ,  à  Livourne  et  Venise.  Tout  ce  qu'on  en 
cultive  aux  environs  des  villes,  se  mange,  les  cannes  encore 
vertes;  les  marcliésen  sont  remplis  depuis  novembre  jusqu'en 
mars  ;:  on  y  en  trouve  même  pendant  toute  l'année^  Les 
pauvres  gens  font  un  usage  général  du  sirop ,  dans  lequel  ils 
trempent  leur  pain ,  comme  les  gens  riches  trempent  le  leur 
dans  le  mieL  Dans  la  Haute-Egypte,  les  habitans  coupent  les 
cannes  par  morceaux  de  trois  pouces  de  longueur,  et  après 
les  avoir  fendu»,  ils  les  font  macérer  dans  l'eau ,  ce  qui  leur 
prodUre  une  boisson  agréable. 

Les  plantations  des  cannes  se  renouvellent  tous  les  ans  dans 
cette  contrée.  Elles  exigent  des  levées  et  des  fossés.  Le  sol  qui 
y  est  le  plus  propre  à  ce  roseau ,  est  à-peu-près  noir ,  et  formé 
par  les  dépôts  cfu  Nil.  On  plante  les  cannes  à  la  mi-mara , 
après  trois  labours.  Leurs  som miles  choisies,  sont  étendues» 
dans  des  rigoles  faites  avec  la  charrue ,  peu  profondes  et  peu 
distantes  les  unes  des  autres.  Chaque  n»ua  pousse  sa  tige , 
qui  s'élève,  dans  le  Saïdy^  de  neuf  4  dix  pieds,  tandis  qu'aux 
environs  du  Caire  à  peine  les  cannes  parviennent -elles  à  six 

ineds.  Dans  le  Saïdy,  où  s'en  fait  la  plus  |p:ande  culture,  on 
es  récolte  ordinairement  à  la  fin  de  févner. 

Il  a  été  parlé ,  au  commencement  de  cet  article ,  des  deux 
espèces  de  cannes  qui  croissent  à  Batavia ,  dont  l'une  (  la  rouge 
ou  vioUue)  préfère  les  terres  vieilles  et  un  peu  sèches ,  et  lautni 
(  la  verte  )  se  plaît  dans  les  terre  îiis  neufâ  et  humides. 


C  A  N    ^  2?5 

ce  Dans  ce  pays ,  cli(  l'auteur  d'un  mémoire  inséré  par  extrait 
j>  dans  la  Feuille  clu  Cultivateur ,  tome  7 ,  un  propriétaire 
]>  riche  divise  en  ffénéral  ses  plantations  en  trois  cents  arpens; 
9  sur  chaque  dinsion  il  fait  construire  des  bâtimens  soUdes. 
2>  Il  loue  ensuite  chacune  de  ces  divisions  à  des  Chinois  qui  les 
3»  habitent  sous  le  titre  de  fermiers ,  et  les  sous-afferment  à  des 
9»  personnes  libres,  par  parties  de  cinquante  arpens ,  sous  la 
2)  condition  de  les  planter  en  cannes  à  sucre ,  et  sous  la  rede- 
»  yance  de  tant  par  chaque  pécule  (1)  de  sucre  de  produit. 

»  Le  principal  fermier  fait  ensuite  venir,  pour  la  récolte, 
D  des  ouvriers  des  villages  qui  avoisinent  sa  ferme.  Aux  uns 
y»  il  confie  la  coupe  des  cannes  et  leur  transport  au  moulin  ; 
j>  les  autres  sont  chai*gés  de  faire  bouillir  le  jus  qui  en  pro- 
D  vient  ;  les  troisièmes  Tenduisent  d'argile  pour  le  purifier,  &c. 
>i  Ces  difierens  ouvriers  sont  payés  à  tant  par  pécule.  Chaque 
»  fermier  ne  fait  que  les  dépenses  indispensables.  La  récolte 
p  finie,  les  ouvriers  qui  y  ont  été  employés,  s'en  retournent 
7>  chez  eux  pour  sept  mois ,  et  il  ne  reste  sur  le  terrein  que 
9  les  sou»-fermiers  ou  planteurs ,  qui  le  préparent  pour  la 
»  récolte  prochaine.  L  ouvrage  ainsi  divisé ,  est  mieux  fiiit 
»  et  à  meilleur  marché.  Le  sucre  terré  n'est  vendu  que  douze 
9  livres  la  pécule ,  un  peu  plus  de  sept  liards  la  livre.  Le  prix 
3>  commun  d'une  journée  est  de  18  à  ao  sous. 

Tfi  II  n'y  a  aucune  distillation  sur  les  plantations  à  sucre  ;  les 
»  écumes  et  les  mêlasses  sont  vendues  au  marché,  où  un  dis* 
s  tiUateuf  peut  acheter  le  produit  pour  la  distillation  de  cent 
D  plantations  ou  de  trente  mille  arpens.  Le  rhum  vaut  à  Ba<- 
j>  tavia  4  sous  le  gallon  (3). 

39  Tandis  qu'aux  Antilles  la  houe  est  presque  le  seul  uslen«* 
p  sile  connu  pour  cultiver  la  canne  à  sucre  y  on  se  sert  à  Ba-* 
»  tavia,  avec  un  grand  succès,  d'une  charrue  légère ,  traînée 
2>  par  un  seul  buffle ,  après  laquelle  on  fait  passer  un  cylindre. 
]>  Une  personne,  avec  deux  paniers  suspendus  à  chacun  des 
9  bouts  d'un  bâton  porté  sur  l'épaule  d'une  autre  personne, 
9  fait  tomber  alternativement  de  chaque  panier  un  plançon 
9  de  canne  dans  des  trous  faits  exprès,  et  à  la  même  distance 
11  que  se  trouvent  les  denx  paniers  :  la  même  personne  pousse 
»  avec  son  pied  de  la  terre  pour  couvi*ir  le  plant. 

30  On  prend  autant  de  soin  a  Batavia  à  réduire  la  canne  en 

]>  sucre  qu'à  la  cultiver.  L'évaporation  étant  en  proportion 

9  de  la  surface  des  vases,  les  bouilloires  ont  la  plus  grande 

»  surface  possible.  Le  jus  des  cannes  est  d'abord  tempéré  et 

—  -  —     -  I  ,1 

(i)  La  pi^rulé  pèse  cent  trento-troîs  livres  et  demie. 
(a)  Le  gallon  contient  quatre  pintes  de  Paris. 


7>  bouilli  k  consûtance  de  sirop  ;  il  est  versé  ensuite  dans  des 
y>  cuves  et  arrosé  avec  de  Teau^  pour  précîpiler  les  mauvaises 
3>  parties.  Après  six  heures  de  repos ,  on  le  rai t  couler  par  trois 
3»  trous  faits  à  différentes  hauteurs  ;  d'abord  par  le  premier 
2>  trou ,  dans  une  bouilloire  de  cuivre  placée  sur  le  feu ,  où  le 
)»  suc  est  encore  tempéré  une  fois^  et  réduit  en  sucre  avec  un 
3D  feu  modéré.  Il  se  met  en  grain  ;  l'ouvrier  ^  au  moyen  d'une 
V  épreuve ,  juge  quand  il  est  suffisamment  bouilli,  lies  cuves 
D  dont  il  a  été  fait  mention^  sont  toutes  placées  à  la  gauche 
j)  des  bouilloires  en  cuivre.  Après  y  avoir  fait  couler  tout  ce 
9)  «|ui  est  clair  par  le  premier  trou,  on  passe  le  reste.  Ce  qui 
3>  se  trouve  clan* ,  tiré  par  le  second  trou ,  est  jeté  dans  la  bouil- 
»  loire;  le  reste,  on  les  lies,  tiré  par  le  troisième  trou ,  est 
j>  destiné  à  la  distillation  :  on  enduit  ensuite  le  sucre  d'argile  , 
»  dans  l'Orient  comme  dans  l'Occident  x». 

Par  ce  qui  vient  d'être  dit  sur  le  mode  de  culture  de  la 
canne  en  usage  à  Batavia,  on  voit  combien  la  culture  de  la 
même  plante  est  encore  imparfaite  dans  nos  colonies.  Il  est 
évident  que  la  houe  est  un  instrument  trop  léger  pour  ouvrir 
facilement  une  terre  endurcie  et  desséchée  pai*  le  soleil , 
qu'elle  emploie  un  trop  grand  nombre  d'ouvriers ,  qu'elle  les 
fatigue ,  et  que  l'inégahté  de  leur  forcp  et  leur  plus  ou  moins 
de  bonne  volonté ,  jointes  k  l'imperfection  de  l'instrument , 
doivent  amener  souvent  de  mauvais  résultats.  Il  seroit  donc 
essentiel,  pour  k  prospérité  des  plantations  aux  Indes  Occi- 
dentales, qu'on  y  préférât  la  charrue  à  la  houe  ;  qu'on  donnât 
plus  de  travail  aux  animaux,  et  beaucoup  moins  aux  hommes: 
que  des  machines  suppléassent  quelquefois  à  ceux-ci  :  qu'on 
employât  une  pljis  grande  partie  des  terreins  en  pâturages  oa 
•n  prairies  artificielles  :  qu'on  établît,  pai^tout  ot\  il  seroit 
possible ,  de  petits  canaux ,  soit  pour  transport ,  soit  pour 
irrigation  ;  qu'on  adoptât ,  pour  les  arrosemens  des  cannes  ou 
d'autres  plantes ,  la  nouvelle  découverte  de  Montgolfier  et 
Argan ,  qui ,  dans  un  courant  d'eau  quelconque,  peut  donner 
les  moyens  d'en  enlever,  à  trente-trois  pieds  de  hauteur,  an 
moins  la  cinquième  partie.  Il  y  auroit  encore  beaucoup 
d'autres  changemens  et  beaucoup  d'améliorations  à  intro* 
c(|Uire  dans  les  étabUssemens  agricoles  de  ces  heureuses  con* 
trées;  mais  on  ne  peut  en  faire  mention  dans  cet  article^ 
déjà  trop  long  pour  un  dictionnaire. 

C'est  Cossigny  qui ,  le  premier,  a  multiplié  sur  sa  terre,  à 
rile  de  France ,  Wcanns  de  JBatavia ,  dont  il  avolt  reçu  dea 
plants  dès  1 78a.  U  en  a  fait  passer  dans  nos  iles  de  l'Amé- 
rique ,  notamment  à  la  Guadeloupe.  Martin ,  botaniste  à 
Cayenne,  a  propage  aussi  ^  dans  cette  dcrnicrr  coloniq^  1» 


C  A  N  «85 

tanne  ronge  et  verte  de  Batavia.  La  ronge  ou  violetle ,  selon 
Moreau  de  Saint-Méry  (  i®**  vol.  des  Mémoires  de  la  société 
iTagriciUi.  de  Paris,  ),  donne  un  sixième  de  sucre  de  plus  y 
et  mûrit  trois  mois  plutôt  que  celle  de  Saint-Domingue  ;  mais 
le  sucre  en  est  médiocre ,  et  garde  une  teinte^  violette.  Le 
contraire  est  affirmé  par  d'autres,  qui  prétendent  que  le 
sucre  de  la  même  canne  n'a  point  cette  teinte  foncée^  quand 
il  est  bien  fabriqué  et  la  canne  bien  cultivée. 

Une  espèce  particulière  de  canne  à  sucre  ,  très-belle  et  plu» 
hâtive  que  la  nôtre ,  a  été  trouvée  à  Otahiti  (  i  ) ,  où  elle  croît 
spontanément.  Y  est-elle  indigène^  ou  y  a-t-elle  été  apportée 
ou  continent  ou  des  îles  de  l'Amérique  ?  c'est  cequ'on  ignore. - 
Les  Anglais  Font  transportée  à  Antigoa ,  une  des  petites  An- 
tilles. £lle  s'y  est  naturalisée  avec  un  grand  succès.  De  ce  pays , 
elle  a  été  envoyée  par  ordre  du  gouvernement  britannique 
dans  d'autres  colonies  anglaises ,  notamment  à  la  Jamaïque. 

Cette  espèce,  dit-on,  réussit  dans  des  terres  médiocres,  et 
dans  des  temps  contraires  à  la  canne  de  nos  îles;  elle  est  mûre 
souvent  à  neuf  mois,  toujours  à  un  an.  Outre  sa  précocité , 
on  vante  encore  beaucoup  sa  bonne  constitution  et  ses  pro  - 
duits.  S'il  faut  ejn  croire  Lachenaie,  elle  a  des  fibres  plus 
ligneuses  que  la  canne  des  Antilles,  elle  pèse  beaucoup  plus, 
donne  un  cinquième  de  vin  de  canne  de  plus ,  et  à  quantité  • 
de  jus  égale,  fournit  un  sixième  de  sucre  de  plus;  de  manière 
que  son  produit  est  au  produit  de  l'autre  comme  <io  est  à  3o , 
et  un  peu  plus.  Son  grand  avantage,  selon  le  même  natura- 
liste ,  est  de  donner  quatre  récoltes ,  quand  la  canne  des  An- 
tilles n'en  donne  que  trois  :  mais  elle  épuise  plus  la  terre.  Elle  ' 
a  moins  de  parties  extractives,  moins  de  fécule  et  moins  de 
principe  colorant  ;  et  son  gluten ,  qui  n'est  qu'en  petite  pro- 
portion, rend  le  sucre  plus  facile  à  faire  et  plus  beau.  De  sa 
cristallisation  plus  régulière  résultent  de  grands  vides  entre  les 
cristaux ,  d'où  il  a  une  légèreté  spécifique  plus  grande.  Ainsi,' 
il  porte  plus  d'encombrement,  et  donne,  par  conséquent, 
plus  de  fret.  lies  procédés  pour  l'extraire  sont  les  mêmes  que 
ceux  déjà  connus. 

La  canne  d'Otahiti  n'existe  encore  que  dans  une  de  nosco* 
lonies ,  la  Guadeloupe  (  3  ) ,  et  se  trouve  pourtant  dans  toutes 
les  îles  anglaises,  et  même  à  la  Trinité,  île  ci-devant  espa- 
gnole ,  où  un  Français  l'a  introduite.  Elle  a  été  cultivée  à  la 
Martinique  :  si  l'éloge  qu'on  en  fait  est  mérité  et  appuyé  pai^' 

(i)  Ile  aîtti^e  an  milieu  de  la  mer  du  Sud. 

(3)  Il  est  possible  qu'on  ait  oé^ligé  de  Ty  cultlrer  pendant4a  r^ 
volution. 


3 


s86  C  A  N 

dea  expériences  suivies^  son  inlroduction,  en  ce  moment; 
dans  nie  de  Saint-Domingue ,  seroit  un  bienfait  pour  cette 
colonie.  On  peut  en  dire  autant  de  la  canne  de  Batavia. 

XVI.  AcciDBNs  ST  M^L^DiBs  ouxqueU  les  Cannes  sont 
sujstUs.  Ennemis  qu'elles  ont  à  redouter. 

La  canne  à  sucre,  pour  végéter  convenablement  et  d'un* 
manière  qui  soit  profitable  à  celui  qui  la  cultive,  exige  un 
certain  ordre  de  saisons, et  un  état  de  Tair  tellement  modifié^ 
u'elle  puisse  éprouver  alternativement  la  chaleur  et  Thumi- 
ilé  dont  elle  a  besoin  aux  diverses  époques  de  sa  croissance. 
Une  sécheresse  trop  loiig-temps  prolongée  l'épuisé  ou  s'op- 
pose à  son  développement.  J'ai  vu  souvent  des  cannes  de  huit 
à  dix  mois  auxq uelles  on  n'en  auroit  pas  donné  cinq,  tant 
l'ardeur  du  soleil  les  avoit  desséchées  et  tenues  rabougries. 
Li'excès  d'humidité  est  également  contraire  à  ce  roseau;  il 
détruit  sa  texluve,  et  nuit  a  l'élaboration  et  concentration  de 
fif»  sucs.  Quelques  intervalles  de  pluie  entre  de  plus  grands 
intervalles  de  chaleur,  voilà  ce  am  rend  cette  plante  vigou-* 
reuse,  et  en  même  temps  remplie  de  sucre.  Quelquefois  de 
fortes  pluies,  qui  succèdent  à  une  longue  sécheresse,  dèeu^ 
crent  pour  ainsi  dire  les  cannes  ^  la  sève ,  trouvant  les  vais- 
seaux oblitérés ,  ne  peut  plus  le»  enfiler.  Dans  un  terrein 
argileux  et  plat,  les  grandes  ploies,  dont  l'eau  séjourne^ 
noyent  les  racines  et  les  pourrissent. 

La  canne  redoute  les  vents ,  le  feu ,  la  rouille ,  et  plusieurs 
sortes  d'animaux. 

Les  vents  violens  qui  régnent  à  certaines  époques  de  l'an- 
née ,  et  particulièrement  vers  novembre  et  décembi^  ,  r^i  • 
versent  aux  Antilles  beaucoup  de  cannes.  Abattues  et  posant 
sur  un  sol  humide ,  elles  pourrissent  ou  sont  la  proie  de» 
rais. 

Le  feu  du  ciel  tombe  quelquefois  sur  ces  plantes  ;  mais  il  y 
est  mis  plus  souvent  par  Timprudence  des  noirs.  On  l'arréle 
alors  en  lui  faisant  une  part,  et  en  coupant  toutes  les  cannes 
qui  entourent  de  plus  près  celles  qui  brûlent  £n  passant  au 
moulin  les  cannes  brûlées  oui  louchoient  à  leur  maturité , 
on  en  relire  encore  un  peu  ae  mauvais  sucre  ou  du  sirop. 

La  rouille  est  une  maladie  qui  attaque  les  feuilles  des 
cannes,  comme  celles  de  beaucoup  d'autres  plantes;  elles  y 
sont  plus  sujettes  dans  les  terres  grasses  et  humides ,  et  dana 
les  années  pluvieuses.  On  peut  prévenir  une  partie  de  ses 
effets  (rn  préparant  la  terre  convenablement,  en  la  diviaant  > 
en  y  mêlant  du  sable ,  des  cendi^es  ou  du  fumier  non  con^ 


C  A  N  587 

•ominé^  et  «or -tout  en  procurant  de  récoulement  aux 
eaux. 

Les  pucerons  ralentissent  la  Tégélation  de  la  canne ,  en 
dévorant  les  feuilles;  mais  aux  Antilles,  ils  tiennent  rare-- 
ment  contre  les  vents  impétueux  de  la  fin  de  Tannée. 
•  Il  se  forme ^  dans  Tiniérieur  des  cannes ,  des  ven  qui  dimi- 
nuent  Tabondance  du  sucre ,  et  en  altèrent  la  qualité.  Celles 
qui  ont  été  plantées  en  octobre  et  novembre ,  lorsqu'elles 
contiennent  de  ces  vers,  se  gangrènent  après  la  chute  de  la 
flèche.  Suivant  M!  deCaseaux,  le  préservatif  seroit  de  planter 
en  mai  et  jaiu.  Mais  un  ver  particulier,  ennemi  des  cannes 
plantées  à  cette  dernière  époque,  exige  aussi  la  vigilance  du 
colon;  c'est  le  i/er  brûlant,  ce  £n  se  promenant,  dit  Pouppé 
3»  Desportes,  le  long  d'une  pièce  qui  commence  à  pousser  , 
S)  on  voit  quelques  Uges  sèches;  si  on  les  tii*e,  elles  viennent 
3)  à  la  main,  et  on  troave  quelquefois  à  l'extrémité  un  petit 
3>  ver  ,  quelquefois  on  n'y  trouve  rien  ;  l'insecte ,  ou  est  resté 
3»  dans  le  planta  ou  bien,  devenu  papillon,  il  s'est  échappé.  On 
3»  doit  ordinairement  cet  accident  au  peu  d'attention  qu'on  a 
»  de  choisir  le  plant.  Les  cannes,  comme  les  fruits,  sont  su- 
»  jettes  à  être  piquées.  Si  le  plant  qu'on  met  en  terre  est  ver- 
»  moiilu ,  il  n  est  pas  surprenant  que  le  ver  en  détruise  peu 
y>  à  peu  l'intérieur  en  grandissant ,  s'y  fraie  un  chemin  vers 
y>  la  partie  la  plus  tendre,  qui  est  celle  de  l'œilleton,  et  qu*y 
V  trouvant  une  issue  quand  il  a  subi  ses  métamorphoses ,  il 
y>  sorte  par  cet  endroit  aux  dépens  de  la  tige  qui  en  seroit 
3)  pro venue  ».  (  Traité  des  Plantes  usuelles  (jfe  Saint'-Do^ 
mingue.  )  Cest  sur-tout  quand  le  liiois  d'août  est  sec  et  coupé 
par  de  petits  grains  de  pluie ,  que  ce  ver  parof t.  On  peut 

5 ré  venir  ou  diminuer  le  dégât  qu'il  fait,  en  saupoudrant 
'un  peu  de  chaux  vive  ou  la  plante  ou  la  terre  dont  on  la 
chausse,  soit  au  premier,  soit  au  second  sarclage. 

Les  rats  aiment  beaucoup  la  canne.  Quelquefois  ils  se 
içultiplient  tellement  au  milieu  de  ses  touifes  nombreuses , 
qu'ils  portent  un  grand  préjudice  au  colon.  Une  canne  par- 
venue à  sa  maturité,  et  rongée  par  le  bas,  est  une  canne 
perdue.  Il  n'y  a  qu'un  seul  moyen  de  détruire  ces  animaux , 
et  il  ne  peut  être  mis  en  usage  qu'après  deux ,  trois  ou  quatre 
récoltes ,  c'est-à-dire ,  lorsqu'on  se  propose-  de  replanter. 
Alorson  brâle  les  pailles  de  la  pièce  de  cannes  que  l'on  coupe  ; 
mais,  avant  d'y  mettre  la  serpe,  il  faut  prendre  quelquoB  me- 
sures d'avance.  On  doit  avoir  attention  d'entamer  la  pièce 
par  les  quatre  coins  ou  angles,  et  avancer  en  proportion 
égale  jusqu'au  milieu,  ou  on  laisse  un  bouquet  asses  coiuidé- 
rable  pour  servir  de  retraite  et  de  nouiTiture  aux  rats.  On 


388  C  A  N 

met  ensuite  le  feu  aux  quatre  coins  et  autour  de  la  piec« 
dans  un  temps  calme  :  de  cette  manière ,  ils  sont  surpris  ejt 
brûlés. 

De  tous  les  ennemis  de  la  canne  à  sucre,  il  n'en  est  point 
qui  y  dans  ceilains  temps  ^  se  soient  montrés  plns^redoutables 
que  les  fourmis.  Elles  ont  été ,  il  y  a  une  vingtaine  d'années, 
un  fléau  terrible  pour  la  Martinique;  ni  les  vents,  ni  les 
pluies  ne  pouvoienl  arrêter  leurs  ravages.  Ces  inseclei  ne 
s'altachoient  pas  au  tronc  de  la  canne,  mais  ils  creusoient 
sous  la  souche  comme  pour  s'y  loger  ;  ils  dépouilloient  ses 
principales  racines  de  la  terre  qui  les  environne;  la  plante  , 
suspendue ,  se  desséchoit,  et  cédoit,  si  on  vouloit  Tarracher  , 
à  des  efforts  peu  considérables.  On  ne  .«lauroit  se  faire  une 
idée  du  nombre  incalculable  et  prodigieux  de  fom*mis  qui 
couvroient  alors  le  sol  de  la  Martinique.  Quatre  ans  après 
leui-  introduction ,  on  n'auroit  pas  trouvé  dans  cette  île  un 
pie^  carré  de  superficie  sur  lequel  on  n'en  eût  compté  plus 
de  cent ,  indépendamment  de  celles  qui  travaiUoient  sous 
terre.  Elles  se  portôient  par-tout,  et  traversoient  même  les 
ruisseaux  et  les  petites  rivières  sur  des  ponts  volans  de  foui'mis 
mortes.  On  a  tenté  alors  inutilement  tous  les  moyens  possibles 
pour  les  détruire.  Iu&b  pièces  de  cannes  fourmillées  éloient 
brûlées  après  la  récolte,  et  labourées  en  tous  sens;  mais  ces 
insectes,  plus  forts  que  les  cultivateurs,  mettoient  en  défaut 
toute  leur  industrie.  On  promit  une  somme  de  deux  millions 
à  celui  qui  réussirait  à  en  purger  la  colonie,  et  personne,  ni 
en  Amérique,  ni  en  Europe,  ne  mérita  cette  récompense. 
Enfin ,  toutes  les  {plantations  de  la  Martinique  éloient  me- 
nacées d'une  ruine  totale ,  si  la  nature  ne  fût  venue  au  secours 
de  l'homme.  Heureusement  une  branche  d'ouragan  fit  dis- 
paraître entièrement  et  tout-à«coup  ces  fourmis,  on  ne  sait 
comment. 

XVII.  Produits  de  la  Canne  à  sucre. 

Les  produits  de  la  canne  sont  immenses  et  d'une  srande 
ricbesne.  Sa  culture  a  pour  objet  principal,  rextraclion  du 
sucre  qui  est  plus  abondant  dans  cette  plante  que  dans  touto 
autre.  F'oyez  au  mot  Sucms,  l'analyse  de  cette  substance  vé<* 
gétale ,  ainsi  que  ses  propriétés  et  se^  divers  usages. 

Indépendamment  du  sucre,  les  cannes  fournissent  à-peu« 
près  un  douzième  de  sirop. 

On  dislingue  les^os  sirops,  les  sirops  fins,  les  sirops  &d~ 
't€urds  et  les  sirops  amers. 

Lie  gros  sirop  est  celui  qui  sort  immédiatement  du  sucre  de 
cannts  avant  le  tcrrage.  Celui  qui  s  écoule  après  les  terrago  sa 


C  A  N  28» 

nomme  sirop  fin.  On  appelle  sirops  bâtards,  ceux  qui  pro* 

viennent  des  sirops  mêmes ,  c'est-à-dire ,  du  sucre  qii*on  a 

formé  des  sirops^  après  qu'on  l'a  couvert  de  terre.  £nfin  ,  les 

sirops  caners  sont  ceux  qui  résultent  de  la  cuite  et  purifîca-  '  «^  jjj 

tion  des  gi*os  sirops  ;  ils  sont  vendus  ou  portés  à  la  rhum* 

mené ,  pour  y  fermenter  et  être  distillés  comme  les  mêlasses. 

On  cuit  les  autres  sirops  pour  en  faire  du  sucre.  Celui  qu'on 

obtient  des  sirops  bâtards  porte  le  nom  de  vergeoise. 

On  retire  du  sucre ,  ou  plutôt  des  sirops  amers  et  des  mê- 
lasses^ une  espèce  d'eau-de-vie  appelée  Mi^n»  chez  les  Anglais^ 
et  tafia  dans  nos  colonies.  Cette  liqueur  ,est  très-recherchée 
el  très-répandue  daus  le  commerce.  Lès  bâtimens  particuliers 
destinés  à  sa  distillation  se  nomment  rhummeries  ou  guildives^ 
On  étend  les  sirops  dans  l'eau,  en  telle  proportion,  qu'ils 
portent  onze  à  douze  degrés  à  l'aréomètre.  Dans  cet  état ,  ils. 
prennent  le  nom  de  râpes.  Quand  ils  ont  fermenté^  on  les 
met  dans  un  alambic  pour  être  distillés.  Le  produit  qu'on  en 
obtient  est  du  rhum  et  du  tafia ,  suivant  la  qualité  du  siro^uet  i 

les  circonstances  qui  ont  accompagné  la  fermentation  et  la  '      "^ 

distillation  des  râpes.  On  trouvera  dans  ceJ^clionnawe ,  au 
mot  RfiuM  ,  plus  de  détails  sur  sa  préparatiffià  ,  avec  un  ex»     •* 
posé  succinct  des  procédés  employés  par  les  Anglais  de  la 
Jamaïque,  pour  composer  cette  liqueut,  dont  on  fait  dans^i^  ^ 

toute  l'Europe ,  et  sur-tout  en  Angleterre ,  une  si  grande  con* 
sommation. 

On  peut  encore  obtenir  une  autre  sorte  d'éau  -  de  -  vie  ^^ 

avec  le  suc  même  de  la  canne,  ou  en  composer  un  vin  très- 
agréable.  Voyez  le  paragraphe  suivant. 

Le  propriétaire  d'une  sucrerie  trouve  dans  la  canne  beau- 
coup de  ressources ,  pour  la  facile  exploitation  de  son  bien. 
Elle  donne  à-la-fois  le  plant  qui  sert  à  la  multiplier ,  la  paille  f 

ou  le  fumier  qui  fertilise  la  terre  où  elle  croît  >  et  du  chaufiage 
pour  les  fourneaux  de  la  sucrerie  et  pour  l'étuve.  Avec  ses 
sommités  desséchées ,  on  couvre  les  cases  des  nègres,  et  quel- 
quefois celle  du  maître.  Quand  les  têtes  à  cannes  sont  vertes, 
on  les  donne  aux  mulets  et  aux  boeufs,  qui  en  sont  très- 
friands.  On  les  nourrit  aussi  pendant  la  roulaison  (1) ,  avec 
de  la  bagasse  hachée  que  l'on  trempe  dans  les  écumes  retirées 
des  chaudières,  ou  dans  du  mauvais  sirop.  Quoique  ces  ani- 
Bianx  soient  alors  surchargés  de  travail,  ils  engraissent  pour- 

(1)  On  donne  1q  nom  de  roulaison  à  Tensemble  de  tous  les  tnrauz 
qo'eziisent  tant  la  récolte  et  l'expression  de  la  canne,  que  la  £ft6rics- 
tion  do  sucre.  Ces  traraus  se  font  tout  en  même  temps. 


ï 


ago  C  A  N 

tanl  à  vue  d*oe3,  tant  cette  nouiiîture  est  saine  et  subslan** 
tielle. 

On  a  souvent  calculé  quel  pouvolt  être  le  produit  net  en 
argent  d'un  établissement  planté  en  carmes^  auquel  il  ue 
manque  ni  bras^  ni  ustensiles ,  ni  bâtimens.  Suivant  Raynal, 
sur  une  sucrerie  ainsi  établie  et  placée  dans  un  bon  sol^  deux 
liommes  peuvent  exploiter  un  can*é  de  cannes ,  c'est-à-dire , 
environ  |trois  arpens.  (c  Ce  carré  ,  dit-il ,  doit  donner  com* 
a>  n^unément  soixante  quintaux  de  sucre  brut.  Le  prix  moyen 
»  du  quintal ,  rendu  en  Europe ,  sera  de  20  livres  tournois, 
»  déduction  de  tous  frais.  Vodà  donc  un  revenu  de  600  liv. 
»  pour  le  travail  de  chaque  homme.  1 20  livres  auxquelles  on 
»  joindra  le  prix  des  sirops  et  des  tafias^  suffiront  aux  dépenses 
)>  d'exploitation.  Le  produit  net  d'un  arpent  et  demi  sera  donc 
3»  de  480  Hyres.  On  trouveroit  difficilement  une  culture  plut 
»  avantageuse  ». 

Le  calcul  de  Raynal  approche  beaucoup  de  la  vérité.  Une 
)iiJl||tation  établie  en  sucrerie  et  dans  un  bon  fonds,  doit  pro- 
diiire^nnée  commune,  de  huit  à  dix  pour  cent  Ainsi,  celle, 
|>ar  épnnple,  qui,  avec  tous  ses  accessoires,  est  estimée  i5  i 
1 ,600^000  livi\,  argent  des  cobnies,  donnera  à  ses  propriétaires 
5o|000  écus  de  rente,  qui  représentent  100,000  uv.  tournois. 
Les  habitations  dont  le  sol  est  médiocre  rendent  beaucoup 
pioins. 

XYIII.  yiS  BT  x^u-DM-ris  gu*on peut  retirer  du  eue 

même  de  la  Canne. 


Des  cannée,  dit  Dutrône ,  coupées  et  abandonnées  k  eU 
mêmes  pendant  huit  à  dix  jours ,  prennent  après  ce  temps, 
T  fl%»  une  odeur  de  pomme  foiie.  Si  on  les  exprime,  la  fermenta- 

^   f  tion  spiritueuse,  qui  est  déjà  très-avancée,  se  continue  dans 

leur  suc  exprimé,  et  on  en  retire  un  \4n  parfaitement  ana- 
logue au  cidre. 

Si  la  canne  est  abandonnée  quelques  jours  de  plus,  Todenr 

et  la  saveur  de  pommes  disparoissent ,  ou  au  moins  diminuent 

considérablement  Le  suc  qu'elle  donne  alors  est  très-vineux  ; 

la  fermentation  spiritueuse  s'achève  bientôt,  et  on  obtient  un 

.  vin  très-analogue  au  vin  blanc  de  raisin. 

Ck)mme  les  noeuds  de  la  canne  à  sucre  ne  mûiissent  que 
successivement,  il  est  à  propos  de  la  partager  en  plusieurs 
^    tronçons ,  et  de  les  mettre  à  fermenter  séparément. 

Le  moût  de  canne  mis  dans  des  tonneaux  continue  à  fei^ 
menter  comme  les  sucs  des  poires ,  pommes ,  &c.  Les  matière* 
féculentes  se  sépai'ent;  une  partie  se  précipite,  l'autre  est 


1 


C  A  N  ^t 

chaasée  au-dehors  ,  sous  la  forme  d'une  écume  mouaseuiîe. 
Une  portion  du  suc  est  aussi  rejetéjb  ^  et  il  se  fait  un  vide  qu'il 
faut  remplir  une  ou  deux  fois  par  jour  ^  soit  avec  de  Teau  su- 
crée y  soit  avec  du  sable  bien  lavé. 

Après  plusieurs  jours  ^  la  fermentation  étant  arrivée  au 
point  convenable^  on  pei*ce  le  tonneau  à  quatre  ou  cinq 
pouces  au-dessus  du  fond  ;  et  si  le  vin  est  clair ,  il  convient  de 
le  soutirer  dans  un  vaisseau  propi^  qu'il  faut  remplir  en  en- 
tier. S'il  est  un  peu  ti*ouble ,  ce  qui  arrive  quand  la  matière  fé- 
culente et  très-abondante ,  il  faut  le  coller  et  le  soutii^r  après 
vingt-quatre  heures  de  repos. 

Le  vin  seroit  alors  trop  doux  pour  en  faire  usage  comme 
boisson  ordinaire.  Aussi,  convient-il  de  l'abandonner  à  lui- 
même  pendant  quelque  temps,  comme  le  viif  et  le  cidre.  Si 
on  le  met  tout  de  suite  en  bouteille ,  il  mousse  et  pétille  comme 
le  vin  de  Champagne.  Sa  couleur  est  plus  ou  moins  ambrée  « 
Buivant  l'état  et  la  qualité  des  cannes. 

Les  meilleures  cannes  pour  donner  du  sucre ,  sont  les  diail^ 
leures  pour  donner  du  vm  de  bonne  qualité.  ■^' 

L'état  du  moût  de  canne  est  tel ,  que  la  fermentation  ëé  con* 
tinue  et  s'achève  avec  succès  même  dans  les  plus  petits  vases. 
£n  y  ajoutant  du  suc  d'ananas ,  ou  d'orange ,  ou  d'abricot,  &c^ 
on  obtient  un  vin  qui  a  la  saveur  et  le  parfum  du  fruit  que 
l'on  a  employé;  on  peut  le  rougir  avec  la  raquette. 

Le  suc  de  canne  de  qualité  médiocre ,  soumis  à  la  distilla- 
tion, donne  une  eau-cie-vie  (i).  Dix  pintes  de  vin  de  canne 
donnent  quatre  pintes -d'eau-de-vie,  portant  dix> sept  degrés  à 
l'aréomètre  deBaunié.  L'eau-de-vie  de  canne  est  très-agréable, 
et  le  dispute  au  meilleur  rhum. 

£n  considérant  la  canne  à  sucre ,  ,pai*  rapport  aux  produits 
spiritueux  qu'on  en  peut  retirer,  elle  oifre  au  cultivateur,  des 
avantages  plus  certains  et  plus  grands  qu'aucune  autre  deni^ 
coloniale. 

Un  carreau  de  terre  qui  présente  une  surface  de  trois  mille 
quatre  cents  toises ,  peut  produire  deux  à  trois  cabroutées  de 
cannes,  pesant  mille  livres  chacune.  La  canne  sucrée  donne 
ordinairement  moitié  de  son  poids  en  suc  exprimé.  £n  sup- 
posant un  cinquième  de  perte  dans  la  confection  du  vin  pour 
le  coulage  et  pour  la  he,  il  résulterait  quatre  cents  livres 
d'une  liqueur ,  cidre  ou  vin ,  produit  d  une  cabroutée  de 
cannes.  Trois  cents  cabroutées  donneroient  donc  cent  vingt 

(i)  Il  ne  faut  pas  confondre  lVau-de-vî«  dont  îl  est  ici  Question,  a?ec 
celle  dont  on  ▼ient  de  parler  au  paragraphe  précédent ,  laquelle  se  T(y 
tire  des  sirops  amers,  et  non  immédiatement  du  suc  de  la  canne. 

2 


[ 


«9.»     .  .  ^  ^  N     . 

xnille  livres  de  vin .  ou  soixante  mille  jpintes^  mesure  de  Paris, 

dont  le  produit  distillé  donneroit  vingl-quatre  mille  pintes 
d'eau-de-vie.  Mais  en  réduisant  ce  produit  à  moitié ,  et  n'es- 
timant Teau-der^e  que  dix  sols  la  pinte^  un  carreau  de  terre 
jNroduiroit  au  moins  6000  livres  en  argent. 

Le  coton ,  ï indigo ,  le  café,  la  canne,  exploitée  pour  faire 
du  sucre ,  ne  donnent  jamais  dans  les  circonstances  les  plus 
heui*euses ,  par  carreau  de  terre  ,  un  produit  de  6000  liv.  en 
argent 

La  confection  et  la  distillation  du  vin  de  canne  ne  deman- 
dent pas  plus  de  peine  ni  de  soin  que  la  fermentation  et  la 
distillation  des  mêlasses.  Toutes  les  opérations  peuvent  se  faire 
successivement.  Un  petit  moulin  et  un  alambic  sufBsent.  La 
culture  des  cannes  nécessaii'es  à  cet  établissement  n'exige  ni 
de  grandes  dépenses ,  ni  beaucoup  de  bras»  On  peut  la  com- 
mencer avec  dix  nègres.  (D.) 

CANNE  BAMBOCHE.  C'est  la  même  chose  que  le 
BikMBOu.  Woyez  ce  mot.  (B.) 

CANNE  CONGO.  On  appelle  ainsi  le  Costus  à  Cajenne. 
Voye%  ce  mot.  (B«) 

CANNE  ÉPINEUSE.  C'est  une  espèce  de  Rot  a  no. 
y  oyez  ce  mot.  (B.) 

CANNE  D'INDE.  C'est  le  Balisibr.  Voyez  ce  mot.  (B.) 

CANNE  A  MAIN.  C'est  une  espèce  du  genre  Rotang. 
Voyez  ce  mot.  (B.) 

CANNE  MARONNE,  plante  de  Saint-Domingue ,  qui 
croit  sur  le  bord  des  rivières,  et  qui  passe  pour  un  poison 
violent.  C'est  le  Gouet  vénkneux.  Voyez  ce  mot.  (B.) 

CANNEfiERG.  C'est  un  des  noms  vulgaires  de  I'Aiaeli^s 
Z>KS  MI4RAIS,  Vaocinium  oxycocoe  Linn.  Voyez  ce  mot.  (B.) 

CANNELLE,  (Xnnamomum,  seconde  écorce  d'une  es« 
pèce  delaurier,  connu  sous  le  nom  de  Cannellier  ,  on  Lau- 
rier CANNELL1ER.  Voyes  ces  mots.  (D.) 

CANNELLE  BLANCHE.  C'est  l'écorce  du  Drym» 
AROMATIQUE ,  OU  du  Drymis  PONCTUÉ.  C'est  aussi  celle  da 

.WlNTERIAN  CANNELLE.  Fo/tfS  CCS  mOtS.  (B.) 

CANNELLE  DE  LA  CHINE.  Cest,  selon  Bnmare,  une 
espèce  de  cannelle,  qui  croît  sur  les  montagnes  de  la  Chine , 
et  qui  est  assez  bonne  et  assez  abondante  pour  qu'on  n'ait 
pas  besoin ,  dans  ce  pays^  de  celle  de  Ceylan.  EUe  est  plus 
épaisse ,  et  moins  odoriférante  que  celle-ci,  et  d'une  couleur 
grise.  (D.) 

CANNELLE  GIROFLÉE.  C'est  le  Ratblaka.  Vcyêz 
ce  mot.  (B.) 


C  A  N  293 

CANNELLE  MATTil,  nom  donné  à  l'écorce  des  vieux 
troncs  de  canneliiers;  celle  écorce  est  rejelée  comme  Irès- in- 
férieure à  la  jGne  cannelle.^  (D.) 

CANNELLE  POIVBÉE.  C'est  le  Drtmis  aromatique. 
yoyes  ce  mot.  (B.) 

CANNELLE  SAUVAGE.  C'est  le  nom  oue  porte  aux 
Indes  occidentales  un  véritable  eannellier,  dont  récorce pour* 
roit  acquérir  la  bonté  de  celle  de  Ceylau ,  si  cet  arbre  y  éloit 
cultivé.  (D.) 

CANNELLÏER,  LAURIER  CANNELLIER  ,  vulgai- 
rement  le  CANNSiiLiER  de  CsYiiAK  y  Laurus  cinnamomiun 
Linn.  C'est  le  nom  d'un  arbre  aromatique^  appartenant  au 
genre  Laurier  (  Voyez  ce  mol.) ,  qui  cit^t  naturellement  dans 
l'ile  de  Ceylan ,  et  dont  la  secon(ïe  écorce ,  si  recherchée  pour 
la  médecine 9  et  pour  la  préparation  de  divers  mets,  porte, 
dans  le  commerce ,  le  nom  de  cannelle. 

Cet  arbre  très-rameux,  a  un  port  élégant  et  s'élève  à  dix- 
huit  ou  vingt  pieds;  quelquefois  son  tronc  acquiert  jusqu'à 
un  pied  et  demi  de  diamètre.  L'écorce  extérieure  qui  le  recou- 
vre ,  ainsi  que  celle  des  branches ,  est  d'abord  verte;  elle  rou- 
git avec  le  temps  ^  et  devient  ensuite  d'un  brun  grisâtre.  Ses 
feuilles  sont  ovales-oblongues ,  presqu'opposées,  et  assez  sem- 
blables à  celles  du  laurier  commun  ;  elles  en  difierent  par  leur 
odeur  et  leur  saveur  de  cannelle ,  qui  est  très-agréable.  Leur 
surface  supérieure  est  verte  et  luisante  ;  l'inférieure  est  blan- 
châtre et  terne  :  on  y  remarque  trois  (et  quelquefois  cinq) 
nervures  longitudinales ,  qui  parlent  en  divergeant  de  la  bas» 
de  chaque  femUe ,  et  disparoissent  un  peu  avant  d'avoir  atteint 
son  sommet. 

Le  canneUier  porte  des  fleurs  dioïques^  disposées  en  bou- 
quets à  l'extrémité  des  rameaux.  Les  mâles  et  tes  femelles  ont 
un  semblable  calice ^  découpé  en  six  parties^  et  qui  leur  tient 
lieu  de  corolle  ;  on  comple  dans  les  mâles  neuf  étamines.  Ces 
fleui-s  sont  petites,  nombreuses,  jauuâtiH^s  intérieurement , 
blanchâtres  et  un  peu  veloutées  en  dehors.  Elles  exhalent  une 
odeur  admirable ,  et  qui  se  fait  sentir  en  mer  a  une  grande 
distance  du  rivage ,  lorsque  les  vents  soufflent  de  terre.  Le  fruit 
qui  leur  succède  est  un  drupe  ovale ,  long  de  quatre,  à  cinq 
lignes^  et  d'un  brun  bleuâtre  dans  sa  maturité;  il  contient 
tine  pulpe  verte  et  onctueuse ,  qui  recouvre  un  noyau  dans 
lequel  on  trouve  une  amande  de  couleur  purpurine.  Le  can- 
neUier fleurit  en  février  ou  en  mars,  et  conserve  sa  verdure 
toute  Tannée. 

Il  y  a  aux  Indes,  selon  Leblond  ,  dix  espèces  de  canneliiers^ 
dont  quatre  seulement  fournissent  la  cannelle  du  comm6rcei 


7>  ai 
j>  a< 


394  C  A  N 

li  est  défendu  d'exploiter  leâ  autres ,  parce  qu'elles  sont  mau* 
vaises.  Cela  n  empêche  pas  que  la  bonne  n'en  soit  quelquefoi» 
falsifiée,  li  faut  élre  connoisseur  pour  se  garantir  de  cette 
fraude. 

xc  Les  Hollandais  (  Encyclop,  mélh,  botanique ,  t,3.)  sont 
1»  presque  parvenus  à  taire  seuls  le  commerce  de  la  cannelle , 
3>  ainsi  que  celui  du  giroOe  ,  en  conquérant  sur  les  Portugais  y 
»  d*un  côté ,  les  îles  Moluques>  qui  produisent  seules  le  girolle 
»  {Foye%  Giroflier.)^  et  de  l'autre,  File  de  Ceylan,  seule 
»' féconde  en  cannelle.  Les  Hollandais,  pour  se  rendie 
»  maîtres  exclusivement  du  commerce  de  celte  ccorce  pu- 
»  cieuse,  après  avoir  chassé  les  Portugais  de  Ceylan ,  conqui- 
se rent  encore  sur  eux  le  royaume  de  Cochin  ,  sur  la  côte  de 
3»  Malabar,  pour  leur  enlever  Je  commerce  d  une  cannelle 

Iiii  croissoit  dans  ce  pays ,  et  qu'ils  vendoient  sous  le  nom 
e  cannelle  portugaise ,  cannelle  sauvage,  ou  cannelle  griee^ 
»  La  première  chose  qu'ils  firent  après  celte  conquête,  fut 
3»  d'arracher  cette  cannelle  sauvage. 

»  Toute  la  cannelle  dont  les  lloUandais fournissent  les  deux 
1»  hémisphères ,  se  récolte  dans  un  espace  d'envii*on  qua— 
3»  toraee  lieues  ,  le  long  des  bords  de  la  mer  ,  à  Ceylan.  Cet 
3>  endroit  qui  porte  le  nom  de  Champ  de  la  cannelle  ^  est  de- 
i>  puis  Négambo  jusqu  a  Gallières.  Ils  ne  laissent  croître 
9  qu'une  certaine  quantité  de  cannelliers,  et  ont  grand  soin 
3»  ae  faire  arracher  de  temps  en  temps  une  partie  de  ceux  qui 
D  viennent  sans  culture ,  ou  même  qui  seroient  cultivés  aîl«> 
»  leurs  que  dans  certains  districts  de  Tile,  counoissant,  par 
9  une  expérience  de  plus  de  cent  vingt  ans,  la  quantité  de 
»  cannelle  qu'il  leur  faut  pour  le  commerce,  et  ])ei*suadés  qu'ils 
»  n'en  débiteroient  pas  davantage ,  quand  même  ils  la  don- 
»  neroient  à  meilleur  marché. 4Dn  estime  que  ce  qu'ils  ea 
3»  apportent  en  Europe ,  va  à  six  cent  mille  livres  par  an  , 
3»  et  qu*ils  en  débitent  à-peu-près  autant  dans  les  Indes.  11 
3>  s'en  consomme  aussi  une  grande  quantité  en  Amérique  , 
)>  pai*ticulièrement  au  Pérou ,  pour  le  chocolat ,  dont  les  £spa« 
D  gnols  ne  peuvent  se  passer.  Mais  ce  commerce  des  épi- 
-»  ceries  fines ,  que  les  Hollandais  font  seuls  depuis  long-^ 
30  temps ,  va  bientôt  cesser  d'être  exclusif,  car  les  arbres  oui 
»  les  produisent ,  sont  maintenant  dans  nos  pos^eBsions  des 
D  Deux-indes.Ou  cultive ,  depuis  quelques  années,  le  cannelé 
y»  lier  à  l'ile  de  France,  à  Cayenne ,  et  dans  les  Anlilleay. 
Jkiénte  ouurage  cité  ci-^sêue» 

C  est,  dit  Aublet,  aux  soins  de  M.  le  commandeur  de 
Godheu ,  et  aux  ordres  de  M.  son  frère,  directeur  de  la 
compagnie  des  Indes ,  et  commandant  gi^néral  de  nos  et** 


C  A  N  -295 

bUaaeinens  dans  cette  partie ,  qu'on  doit  les  arbres  de  la  vraie 
cannelle.  Ces  messieurs  employèrent  une  somme  considérable 
pour  cet  objet  y  et  M.  Porche ,  commandant  à  Mahé  ,  chai*gé 
de  cette  mission  9  procura  ,  par  Carical ,  plusieurs  baies  de 
cannellier ,  tirées  de  Ceylan  même.  Une  partie  de  ces  baies 
fut  cultivée  dans  le  jardin  de  Pondichéry,  par  M.  Bordier, 
médecin.  Les  autres  furent  mises  dans  une  caisse  confiée  à 
M.  de  là  liOude ,  capitaine  de  vaisseau  ^  qui  me  la  remit  k 
VUe  de  France  (  c'est  toujours  Aublet  qui  parle  ).  Cette  caisse 
conlenoit  cinq  baies  de  cannellier  dont  le  germe  sortoit  hoi^ 
de  terre.  Je  fis  transporter  ces  jeunes  plants  au  jardin  d  u  Réduit, 
et  c'est  par  les  soins  que  j'en  pris ,  qu'ils  fleurirent  ^  et  don^- 
nèrent  des  baies  en  abondance  cinq  années  après. 

De  rile-de-France  on  a  transporté  le  cannellier  aux  Indes 
Occidentales.  Cet  arbre  intéressant  est  cultivé  à  Cayenne  avec 
le  plus  grand  succès^  et  l'espèce  de  cannelle  qu'il  donne  est 
une  des  meilleures.  On  la  distingue  aisément  de  la  Cannelle 
BLANCHE  [Voyez  ce  mot.) ,  qui  croît  dans  plusieurs  contrées 
de  TAmérique  ,  dont  la  couleur  est  d'un  blanc  mat,  et  dont 
l'odeur  et  la  saveur  tiennent  du  girofle  et  du  gingembre.  On 
ne  la  confondra  pas  non  plus  avec  la  cannelle  giroflée  ou 
bois  de  crave  ,  qu'on  trouve  au  Pai*a  et  dans  quelques  paities 
de  la  Guiane. 

Dans  l'Inde ,  la  récolte  de  la  cannelle  se  fait  deux  fois  par 
an  ;  la  grande  récolte  a  lieu  d'avril  en  août^  pendant  la  mous- 
son pluvieuse  ;  et  la  petite  ,  de  novembre  en  janvier  ou  fé- 
vrier dans  la  mousson  sèche  :  voici  la  manière  dont  on  re- 
cueille la  cannelle. 

On  choisit  les  arbres  ;  on  coupe  les  branches  de  trois  ans; 
on  emporte  l'écorce  extérieure ,  en  la  raclant  avec  une  ser- 
pette dont  la  courbure ,  la  pointe  et  le  dos  sont  tranchans  * 
on  fend  avec  la  pointe  la  deuxième  écorcc  d'un  bout  à  l'autre 
de  la  branche ,  et  avec  le  dos  du  même  outil  on  la  détache 
peu-à-peu  :  on  ramasse  toutes  ces  écorces  ;  les  plus  petites  sont 
mises  dans  les  plus  grandes  ;  elles  sont  exposées  au  soleil ,  où 
elles *8e  roulent  d'eUes-mémes  de  jdus  en  plus  en  séchant. 

Après  la  récolte  de  la  cannelle ,  l'arbre  reste  nu  pendant 
deux  ou  trois  ans.  Au  bout  de  ce  temps ,  il  se  trouve  revêtu 
d'une  écorce  nouvelle  qu'on  peut  alors  enlever. 

Li'âge  des  arbres^  leur  exposition^  9  leur  culture ,  les  diverses 
parties  de  l'arbre  dont  on  retire  la  cannelle ,  en  font  distin- 
guer trois  sortes  ,  lafine ,  la  moyenne,  et  la, grossière»  La  fine 
est  menue  ,  un  peu  pliante  ,  de  l'épaisseur  d'une  carte  à 
jouer ,  d*une  couleur  tirant  sui*  le  jaune  tant  soit  peu  rem- 
bruni ,  d'un  goût  doux  et  agréable ,  mais  pas  plus  iort  ni  plus 


a^e  C  A  N 

piquanl  que  ce  qa'on  en  peut  éprouver  sur  la  langue  sans  cuis- 
6on,  ne  laissant  après  l'épreuve  aucun  arrière-goût  désagréable. 
Plus  la  cannelle  s'éloigne  de  ces  qualités^  moins  elle  est  esd* 
mée  ;  ainsi  ,  lorsqu'elle  est  dure  ou  très-oassante,  de  Tépais- 
seur  d'un  écu  ou  plus  épaisse^  brune  ou  noirâtre,  chaude  ou 
très  -  piquante  ,  elle  est  de  moyenne  qualité  ;  enfin ,  à  elle 
laisse  dans  la  bouche  un  goût  astringent  ou  mucilagineux  , 
elle  est  grossière. 

On  ne  trie  point  la  cannelle k  Cayenne  comme  dans  l'Inde; 
elle  y  est  recueiUie  sans  choix  pendant  toute  l'année.  Cepen- 
dant l'écorce  d'un  arbre  dépouillé  à  la  fin  de  l'été ,  sera  moins 
chargée  de  parties  aromatiques  ,  qu'à  l'époque  de  la  floraison 
ou  dans  le  temps  de  la  sève.  Dans  ce  pays,  le  cannellier  fleurit 
régulièrement  deux  fois  par  an  ;  sa  végétation  y  est  rapide. 
Au  lieu  de  trois  ans  nécessaires  ,  dans  l'Inde ,  aux  jeunes 
pousses  pour  qu'eUes  arrivent  à  leur  maturité ,  deux  ans  suf- 
roient  peut-être  à  Cayenne. 

M.  Poiviie ,  qui  a  été  en  Cochinchine  ,  nous  apprend  qu'il 
s'y  ti'ouve ,  quoiqu'en  petite  quantité ,  une  cannelle  supérieure 
à  celle  de  Ceylan ,  et  que  les  Chinois  payent  trois  ou  quatre 
fois  plus  cher. 

Les  cannelUers  qui  croissent  dans  les  vallées  ou  dans  un 
sable  léger ,  peuvent  être  écorcés  plutôt  que  ceux  qui  sont 

Slantés  dans  des  lieux  humides  ou  ombragés.  Ces  derniera 
onnenl  moins  promptement  la  cannelle ,  ou  en  donnent 
une  moins  parfaite,  moins  aromatique,  et  qui  contient  moins 
d'huile  essentielle. 

L'écorce  de  la  racine  de  cet  ai-bre  a  une  odeur  de  cam- 
phi'e  ,  qui  est  plus  sensible  ,  lorsque  le  cannellier  a  crû  à 
l'abri  d'autres  arbres,  ou  dans  un  sol  marécageux  ;  car  lors- 
qu'il végète  dans  un  terrein  sablonneux  et  découvert ,  rin<* 
tluence  du  soleil  rend  alors  le  camphre  si  volatil  ,  que  se  mê- 
lant facilement  avec  les  sues  de  l'arbre  ,  et  se  répandant 
pstr&itement  entre  ses  branches  et  dans  les  feuiQes,  il  ne  se 
laisse  plus  distinguer. 

Quand  la  cannelle  est  sèche ,  on  la  dépose  dans  des  maga- 
sins ,  où  elle  continue  à  sécher ,  en  paquets  d'environ  trente 
livres ,  qu'on  couvre  avec  des  nattes.  Avant  de  la  charger ,  on 
la  trie  ;  on  la  coupe  de  trois  à  quatre  pieds  de  longueur  ;  on  en 
fait  des  balles  d'environ  quatre  -  vingt  -  cinq  livres  oui  ne 
comptent  que  pour  quatre-Wngts  livres ,  à  cause  du  aéchel 
qu'elles  éprouvent  dans  la  traversée.  Chaque  balle  est  liée 
avec  des  cordes  ,  et  couverte  d'une  étoffe  de  laine  mise  en 
double,  et  cousue  très- étroitement  ,  pour  préserver  la  can- 
nelle de  moisissure.  £a  cet  état ,  les  balles  sont  mises  à  bord 


C  A  N  397 

dans  le  lieu  le  plus  sec.  On  jette  du  poiirre  en  quantité  sur 
chaque  lit  de  balles  ,  pour  remplir  les  vides  ;  par  sa  qualité 
chaude  et  sèche ,  il  attire  Thumidité  qui  reste  dans  la  can- 
nelle ,  et  lui  donne  plus  d'énergie. 

Au  défaut  de  poivre  et  d'étoffes  de  laine ,  on  pourroit  à 
Cayenne  y  dit  Le  Blond ,  faire  usage  de  caisses  garnies  de 

Sapier  gi*is  en  dedans ,  et  dont  les  joints  en  dehors  le  seroient 
e  bandes  de  toiles  collées.  On  les  rempliroit  de  cannelle,  en 
interposant  entre  les  couches  ,  des  feuilles  du  cannelier  sé- 
chées  et  grossièrement  pilées  :  les  caisses  bien  fermées  par 
un  couvercle  cloué ,  seraient  emballées  comme  à  l'ordinaii^e. 
Le  cannellier  \4ent  par -tout ,  plus  ou  moins  bien  ,  même 
de  bouture  ;  il  eat  propre  aux  avenues ,  peut  être  planté  dans 
les  terreins  inutiles,  s'iJs  sont  un  peu  Immides,  et  n'exige  que 
quelques  soins.  On  doit  planter  ces  arbres  à  deux  ou  trois  pieds 
les  uns  des  autres;  ils  se  servent  ainsi  mutuellement  d'om- 
braee.  Au  bout  de  deux  ou  trois  ans ,  ils  n'ont  poussé  qu'une 
ou  deux  tiges  longues  de  huit  à  dix  pieds ,  dont  on  obtient 
aisément  l'écorce  :  c'est  la  meilleure  cannelle.  On  les  coupe 
à  environ  deux  pieds  de  terre  ;  ils  fournissent  bientôt  des  re- 
jetons ,  qu'on  peut  également  couper  quand  ils  sont  parvenu! 
i  une  croissance  convenable.  Les  ti*oncs  acquièrent  peu-à- 
peu  la  forme  d'un  saide  étêté,et  on  en  recueille  les  branches. 
Il  faut  de  même  éclaircir  les  cannelliers  à  mesure  qu'ils  gran- 
dissent. 

Cet  arbore ,  dit  Le  Blond ,  est  si  vivace  ,  sur-tout  dans  les 
bonnes  tenues  un  peu  humides  ,  que  si  on  en  coiupe  le  tronc 
presqu'à  i-as  terre  ,  il  pousse  beaucoup  de  rejetons  qui  sont 
bons  à  prendi*e  au  bout  d'un  an  en\âron  ;  Fécorce  en  est  plu4 
abreuvée  de  sève ,  la  cannelle  de  meilleure  qualité.  Le  ca/i- 
nellier,  qu'on  laisse  croître  isolé  ejt  à  plein  vent, pousse ,  comme 
tout  autre  arbre,  des  branches  qui  se  ramifient  de  proche  eu 
proche  et  dans  tous  les  nen^  ;  l'écorce  en  est  épaisse ,  coriace, 
blanchâti^,  et  difficile  à  exploiter  :  c'est  la  cannelle  la  moiju 
estimée  de  toutes. 

Utilité  du  Cannellier  ;  propriétés  et  usages  de  la  Cannelle  (  1  ). 

Toutes  les  parties  du  cannellier  sont  utiles  ;  son  écorce ,  sa 
racine,  son  tronc ,  ses  branches ,  ses  feuilles ,  ses  fleurs  et  ses 
fruits;  on  en  retire  des  eaux  distillées ,  des  sels  volatils ,  du 
camphre ,  du  suif  ou  de  la  cire  ,  des  huiles  précieuses  ;  on  eu 

(i)  Cette  section  est  extraite  presqaVntièrement  <le  la  Noupellc 
encyclopédie.  Voyez  le  mot  LAvmsa  *  tes.  3  de  la  Botanique^ 


59»  C  A  N 

compose  des  ûrops ,  des  Uqueurs ,  des  esseiuces  odoriféranfet  ; 
en  un  mot ,  le  canneDier  peut  être  regardé ,  à  tous  ces  éeards, 
comme  un  des  arbres  les  plus  précieux  que  Ton  connoisse. 

Son  écorce  récente  (  la  plus  épaisse ,  celle  qui  passe  pour 
grossière  dans  le  commerce)  donne  une  huile  appelée  essence 
de  cannelle,  que  les  HoUandais  font  à  Ceylan  et  k  Batavia  ,  et 
portent  toute  préparée  de  l'Inde.  Une  livre  d'écorce  fraîche 
peut  en  produira  pour  quarante  ou  cinquante  francs.  Comme 
cette  hune  est  très-chère  ,  et  vaut  jusqu'à  soixante-dix  livres 
Tonce ,  on  la  falsifie  quelquefois  ,  en  y  mêlant  de  l'huile  de 
girolle ,  ou  mieux  encore  de  l'huile  ae  ben  :  l'excellence  de 
son  parfum  la  fait  employer  dans  les  mélanges  d'aromates , 
qu'on  nomme  poâJt'pourris,  Les  Indiens  en  oignent  leurs  bou- 
gies pour  parfumer  leiu^  apparteraens.  Lorsque  cette  huile 
est  pure^  elle  va  au  fond  de  1  eau  ;  elle  demancie  k  être  gardée 
dans  un  flacon  hermétiquement  bouché.  Par  son  âcreté  caus- 
tique,  elle  est  propre  à  calmer  les  douleurs  des  dents,  en  des- 
séchant et  brûlant  le  nerf. 

On  retire  aussi,  par  la  distillation ,  de  l'écorce  de  la  racine  , 
une  huile  et  un  sel  volatil  ou  camphre.  Cette  huile  est  limpide, 
jaunâtre  ,  subrile;  eDe  se  dissipe  aisément  à  l'air  ;  elle  est  d'un 
goût  fort  y\(;  son  odeur  tient  le  milieu  entre  celle  du  cam- 
phre et  de  la  èanneUe.  Aux  Indes  ,  on  l'emploie  extérieure- 
ment dans  les  paralysies  et  les  rhumatismes  ;  et  en  y  ajoutant 
du  sucra ,  on  la  donne  intérieurament  pour  exciter  les  sueurs 
et  les  urines ,  fortifier  l'estomac ,  chasser  les  venta ,  et  dissiper 
les  catharres. 

Le  camphra  du  cannellier  est  très-blanc  ,  et  surpasse ,  par 
la  douceur  de  son  parfum ,  le  camphra  ordinaire  ;  il  est  très- 
volatil ,  s'enflamme  promptement,  et  ne  laisse ,  après  sa  com- 
bustion y  aucun  i^sidu.  Lés  Indiens  le  regardent  comme  le 
mciQeur  dont  on  puisse  faire  usage  en  médecine  ;  on  le  garde 
avec  soin ,  et  on  le  destine  pour  les  rois  du  p§ys ,  qui  le  pren- 
nent comme  un  cordial  d'une  efficacité  peu  commune. 

Les  vieux  troncs  du  cannellier  fournissent  des  nœuds  rési- 
neux ,  ayant  l'odeur  du  bois  de  rose  :  ils  peuvent  être  em- 
ployés dans  l'ébénisterie. 

Des  feuilles  du  même  arbre ,  on  distille  une  huile  particu- 
lière qui  a  un  peu  l'odeur  du  girofle  ,  et  dont  les  propriétés 
aont  presque  les  mêmes  que  celles  de  l'huile  retii^  de  l'écorce» 
Elle  est  pesante ,  d'abord  ti*ouble «  et  devient ,  avec  le  temps, 
transparente  et  jaunâtre.  £Ue  paaso  dans  le  pays  pour  uu 
correctif  des  puipitifs  violens  :  on  fait  usage  des  feuilles  dans 
les  bains  aromatiques. 

L'eau  distillée  des  fleurs  a  une  odeur  des  plua  agréable:»; 


C  A  N  >99 

elle  eài  bonne  conlre  les  vapeurs  ;.elle  ranime  les  esprits, 
adourit  la  mauvaise  haleine  ^  et  donne  du  parfum  el  de  1  agré- 
ment à  dilférenies  sortes  de  mets  :  on  prépare  encore  avec 
ces  fleurs  une  conserve  d'un  très-bon  goût. 

Les  fruits  du  cannellier  donnent  deux  sortes  de  substances; 
on  en  lire ,  par  la  disliUalion  y  une  huile  essentielle^  semblable 
à  rhuiie  de  senièvre  ,  qui  seroit  mêlée  avec  un  peu  de  can-- 
nelle  et  de  clou  de  gi  roue  ;  et  par  la  décoction^  une  certaine 
graisse  épaisse  ,  d'une  odeur  pénétrante  ,  ressemblante  au 
suif  par  sa  couleur  ,  sa  consistance  ,  et  qu'on  met  en  pain 
comme  du  savon.  La  compagnie  deslt.des  Orientales  hollan- 
daise nous  l'apporte  sous  le  nom  de  cire  de  cannelle ,  parce 
que  le  ix>î  de  Candie  ,  province  du  Mogolistan  ^  en  fait  faire 
ses  bougie.'  et  ses  flambeaux ,  qui  rendent  une  odeur  agréable, 
et  sont  résen'és  pour  son  usage  et  celui  de  sa  cour.  Cette 
même  substance  sert  d'un  remède  intérieur  et  extérieur  cheai 
les  Indiens  y  soit  pour  les  contusions ,  les  luxations ,  les  frac- 
tures ,  soit  dans  les  onguens  nervins,  le#  emplâtres i^solutifsi 
céphaliques. 

De  toutes  les  parties  du  cannellier  ,  no.us  n'employont 
guère  en  Europe  que  son  écorce  ,  l'eau  spirîtueuse^  et  Thuilo 
essentielle  qu'on  en  retire  par  la  distillation. 

On  prépare  l'eau  spiritueuse ,  en  faisant  macérer  ,  pen- 
dant vingt-quatre  heures ,  une  livre  de  cannelle  concassée , 
dans  trois  livres  d'eau  de  mélisse  distillée  ,  et  trois  livres  de 
vin  blanc.  On  distille  la  liqueur  à  un  feu  violent  dans  Falam- 
bic  avec  un  réfrigérant  :  on  conserve  pour  l'usage  les  trois 
livres  d'eau  qui  passent  les  premières.  Cette  eau  est  trouble  , 
blanchâtre ,  laiteuse ,  à  cause  des  parties  huileuses  de  la  can- 
nelle qui  y  sont  incor[>orées ,  et  qui  lui  donnent  beaucoup 
de  force. 

Les  propriétés  de  l'huile  essentielle  de  cannelle  sont  très-^ 
actives.  Quand  elle  est  pure ,  elle  est  caustique  ;  adoucie  par 
le  sucre ,  eUe  est  d^un  goût  délicieux  :  on  la  prescrit  encore 
depuis  une  goutte  jusqu'à  six  dans  un  œuf  ou  quelques  li- 
queurs convenables. 

Voici  ce  qu'on  lit ,  dans  la  Pharmacopée  de  Lyon  ,  par 

Vitet,  sur  les  propriétés  de  la  cannelle  :  (c  II  est  peu  de  ma- 

D  ladies  de  foi  blesse ,  dit  ce  médecin  ,  pour  lesquelles  la  ca/i- 

»  nelle  h'ail  été  teritée  et  célébrée.  Elle  échauJl'e  beaucoup , 

S)  réveille  puissamment  les  forces  vitales  et  musculaires,  cons- 

70  tipe  et  diminue  l'expectoration  et  le  cours  des  urines  ;  rare* 

79  ment  elle  augmente  la  transpiration  insensible  ,  mais  elle 

j!>  fortifie  l'eslomac  et  les  intestins  afibiblis  par  des  humeurs 

■»  séreuses  ou  pituiteuses.  XUle  est,  pour  l'ordinaire  ,  nuisibl* 


5oo  C  A  N 

1»  dans  les  maladies  convulsives  et  inflammatoires.  L'eau  dis- 
7>  tillée  de  canneUe  flatte  l'odorat  ^échauffe  peu  ;  à  haute  dose 
»  elle  réveille  à  peine  le»  forces  vitales  :  la  plus  légère  infusion 
9  de  cannelle  est  plus  efficace.  L'eau  spintueuse  accroît  snr^ 
D  lo-cfaamp  les  forces  vitales  ;  Fesprit^ie-vin  agit  plus  alors 
»  i^ue  les  parties  ai*omatiques  de  la  cannelle.  L'huile  essen- 
3)  tielle  convient  dans  toutes  les  maladies  où  il  s'agit  d'aug- 
3)  menter  la  sensibilité  et  le  mouvement  de  quelque  partie  foi- 
9  ble  ;  mais  il  faut  bien  se  garder  d'en  faire  un  usage  déplacé  : 
1»  on  doit  toujours  la  mj^er  avec  deux  ou  trois  parties  de 
3»  graisse  ou  d'huile».  (D.) 

CANONNIER.  royez  Bombardier.  (S.) 
CANOT,  nom  vulgaire  du  Hisou.  Foy,  ce  mot.  (Vibill.) 
CANOTS  DES  SAUVAGES  ou  PIROGUES.  Ce  sont  les 
barques ,  les  chaloupes  des  nations  barbares  qui  n'ont  point 
encore  appris  à  construire  des  vaisseaux  de  haut  bord.  Il  leur 
faut  peut*être  plus  d'intrépidité  pour  s'abandonner  sur  de 
frêles  embarcations  aux  values  et  aux  tempêtes ,  qu'aux  Eu- 
ropéens, parce  que  les  bâtunens  de  ceax-<i  sont  moins  sujets 
k  faire  naufrage. 

Illi  robur  et  «s  triplez 
Cirrl  pectus  erat,  qui  fragilem  truci 

Commisit  peUgo  rutem 
Frimiu. 

*  HoRAT»  Od.  iir ,  i.  /. 

Les  eanoiê  des  saupagêê  sont  faits  ordinairement  d'une 
•eule  pièce.  C'est  un  tronc  d'arbre  aminci  aux  deux  bouts  et 
creusé  dans  son  milieu  avec  des  haches  de  pierres ,  ou  par  le 
feu.  Trois  ou  quatre  hommes  se  tiennent  dedans  et  rament 
avec  des  pagaies, <ou  branches  d'arbre  applaties  en  palettes. 
La  plupart  de  ces  pirogues  sont  légères  et  servent  pour  traver- 
ser des  fleuves.  Lorsqu'il  se  rencontre  ime  cataracte,  une 
chute  d'eau  ,  l'Indien  tire  son  canot  à  terre ,  le  chai*ge  sur  son 
dos,  le  porte  au-delà  de  la  cataracte,  et  le  remet  à  flots  pour 
suivre  son  chemin.  Quelquefois  les  canots  sont  formés  d'écorce 
d'arbi'es  jointes  ensemble ,  ou  de  planches  grossièrement  réu- 
nies. Comme  toutes  ces  pirogues  ne  sont  jamais  lestées  ni  asscs 
creuses ,  elles  chavirent  très-souvent ,  mais  les  sauvages  ne  s'en 
inquiètent  pas  beaucoup  ;  ils  nagent  comme  des  ])oissons , 
retournent  phlegmaliquement  leur  barque  ,  et  continuent 
leur  voyage  sans  s'émouvoir.  Ils  ont  la  précaution  d'attacher 
Mu  fond  de  leur  barque  les  objets  qui  pourroient  se  peixlre 
loi^sque  leur  pirogue  fait  capot  Les  insulaires  de  la  mer  du 
Sud  construiseat  des  pirogues  très-élroiteDy  légrres  et  peu  pro» 


\ 


C  A  N  3oi 

fondes ,  avec  un  Mton  qui  sert  de  mât ,  et  une  Toile  ti-iangu«> 
laire  faite  d'écorces  d'arbre  entrelacées^  ou  de  nattes  de  jonc. 
£n  outre  ^  il  y  a  un  banc  de  rameurs  qui  se  servent  de  la  pa- 
saie  ou  palette  avec  beaucoup  de  dextérité.  Ces  sauvages  feu* 
dent  Tonde  sur  leur  fragile  pirogue  avec  une  extrême  rapidité. 
En  peu  de  jours  ils  parcourent  de  très-srandes  étendues  :  mais 
ne  pouvant  pas  se  diriger  par  la  boussole  qu'ils  ne  connoisâenk 

SIS,  ils  sont  contraints  de  côtoyer  les  rivages.  Rien  n'est  plus 
k[uent  que  ce  cabotage  dans  les  Archipels  des  Iles  Mola* 
ques,  des  Maldives,  des  Philippines^  et  dans  les  îles  de  Jb 
Méditerranée. 

Les  canota  des  Groenlandais  sont  très-singuliers  ;  ils  sont 
formés  d'une  carcasse  intérieure  de  baguettes  de  bois  ;  celles- 
ci  sont  couvertes  de  peaux  de  chiens  marins  et  de  phoques , 
bien  cousues  et  graissées^  de  manière  que  Teau  ne  passe  point 
au  travers.  Ces  canots  ressemblent  à  de  grosses  outres  de  cuir  , 
pointues  aux  deux  extrémités,  et  ouvertes  dans  leur  milieu 
d'un  large  trou  dans  lequel  se  place  le  Groënlandais ,  une 
rame  légère  à  la  main.  Dans  son  canot ,  il  vogue  avec  une 
étonnante  légèreté  sur  les  ondes,  sans  crainte  d'en  être  ja-* 
mais  submergé.  C'est  dans  cette  petite  pirogue  qu'il  s'avance 
avec  intrépidité  vers  Ténorme  baleine ,  pour  l'harponner,  la 
percer  de  sa  lance,  et  déi)écer  son  lard  en  lambeaux.  11  sait 
éviter  avec  adresse  la  furie  de  ce  vaste  animal ,  et  s'échapper 
entre  les  glaces,  qui  menacent  d'écraser  son  frêle  bâtiment. 

Lies  Nègres  de  Guinée  construisent  aussi  des  canots  avec 
les  troncs  des  arbres ,  et  y  mettent  des  voiles  de  nattes  de 

SIC  ;  mais  ces  pirogues  ne  sont  pas  aussi  légères  que  celles  des 
alais.  Ceux-ci  en  construisent  pour  exercer  leurs  pira- 
teries et  leurs  violences  dans  tous  les  rivages  des  Indes. 
Xieurs  bâtimens  sont  si  légers,  et  exécutent  si  facilement  tous 
leurs  mouvemens ,  qu'on  a  beaucop  de  peine  à  les  atteindre. 
On  montre  dans  les  cabinets  d'Histoire  naturelle ,  des  mo« 
dèles  de  canots  des  diilérêns  peuples ,  pour  constater  l'état  de 
leur  industrie  sociale.  Beaucoup  de  ces  pirogues  sont  peintes 
et  sculptées  avec  un  grand  soin ,  mais  sans  goût.  Ces  premien 
essais  de  l'habileté  humaine  intéressent,  lorsqu'on  les  com- 
pare à  nos  grands  vaisseaux  de  guerre ,  et  nous  montrent  les 
nuances  diverses  par  lesquelles  passe  l'esprit  en  se  perfection^ 
liant.  Lie  sauvage  américain  fait  des  canots  moins  parfaits  que 
ceux  des  Nègres;  et  ceux-ci  construisent  les  leurs  moins  ha- 
bilement que  les  Malais  et  les  autres  peuples  maritimes  des 
Indes.  £nhn  les  vaisseaux  des  nations  européennes  surpassent 
pour  la  grandeur  ,  k  figure  et  la  perfection  tous  les  bâti- 


Son  C  A  N 

auens  des  autres  peuples  de  la  terre.  Voyez  la  suHe  du  mot 
Homme.  (V.) 

CANSCHV,  est  un  gros  arbre' du  Japon,  dont  on  fait  du 
])apier.  On  ignore  si  c*est  la  Bhoubsonnetie  ,  Morus  pa'- 
pyrifera  Ldnn.    Foyen  aux  mots  Broussokketie  et  Msu- 

lUBR.   (fi.) 

CANSCORË ,  Canscora  Rhéed ,  mat.  lo ,  lat.  5a.  C'est 
une  plante  dont  la  tige  est  menue,  anguleuse,  presque  pa- 
niculée  et  feuiilée;  les  feuilles  opposées,  sessiles,  ovales, 
pointues  et  glabres;  les  fleurs  réunies  en  petit  nombre  au 
sommet  de  chaque  rameau ,  et  ayant  à  leur  base  une  bractée 
arrondie  et  pertbliée. 

Chaque  fleur  consiste  en  un  calice  monophylle ,  oblong , 
ventru  aux  deux  bouts,  anguleux  et  à  deux  petits  lobes  eu 
son  limbe  ,  en  quatre  pétales  inégaux  ,  onguiculés,  veinés,  à 
lames  obtuses ,  et  dont  deux  sont  plus  grands  que  les  autres  ; 
en  quatre  étamines  inégales;  en  un  ovaire  supérieur,  coni- 
que ,  chargé  d'un  style  simple  que  termine  un  stigmate  en 
tête  applatie. 

Le  fruit  est  une  capsule  ovale -conique,  en^âronnée  par 
le  caUce,  et  qui  contient  des  semences  menues,  et  noirâtres. 

Cette  plante  croit  au  Malabar,  dans  les  lieux  sablon- 
neux. (B.) 

CANSJÉRE ,  Cansjere,  genre  de  plantes  établi  aux  dépens 
des  L AURÉOLES  de  Linnseus.  Il  ofi're  pour  caractère  un  calice 
inférieur  urcéolé,  quadrifide  ;  une  corolle  nulle;  huit  ^- 
mines  ;  un  ovaire  environné  dé  quati*e  écailles  ;  une  baie  pi* 
siforme  monosperme.  Voyez  au  mot  Laureole.  (B.j 

CANTÉ ,  nom  vidgaire  d'un  poisson,  du  Spare  sparail* 
l<ON.  Voyez  au  mot  Spare.  (B.) 

CANTHARIDË  ,  genra  d'insectes  de  la  seconde  section 
de  l'ordre  des  Coi^éopteres. 

Les  caniharidea  ont  le  corps  alongé ,  presque  rond  ou  cy- 
lindrique ;  deux  ailes  recouvertes  par  des  étuis  durs ,  mais 
flexibles  ;  les  antennes  filiformes ,  de  la  longueur  de  la  moitié 
du  corps,  et  composées  de  onze  articles  ;  la  tète  inclinée;  la 
bouche  pourvue  d'une  lèvre  supérieure ,  de  deux  mandi- 
bules simples ,  arquées ,  de  deux  mâchoires  bifides ,  et  de 
quatre  ant^nnules  filiformes  ;  cinq  artii-les  aux  tarses  des 
quatre  pattes  antérieures,  el  quatre  aux  pattes  postérieures. 

Ce  genre  est  distingué  de  ceux  du  mèloë ,  du  mylahre  et  de 
la  cèrocome,  par  les  antennes;  et  de  celui  de  Yoetiemère  j  par 
les  tarses. 

Les  larves  des  caniharides  ont  leur  corps  mou ,  d'un  Uanc 
jaunâtre,  composé  de  treize  anneaux;  la  tête  arrondie^  un 


C  A  N  3oS 

pen  applatie ,  munie  de  deux  antennes  courtes ,  filiformes  ; 
fa  bouche  pourvue  de  deux  mâchoires  assez  solides^  et  de 
quatre  antennules  ;  six  pattes  courtes ,  écailleuses. 

Ces  larves  vivent  dans  la  terre  ^  et  se  nourrissent  de  diverses 
racines.  Parvenues  à  toute  leur  croissance ,  elles  se  changent 
en  nymphe  dans  la  terre,  et  elles  n'en  sortent  que  sous  la 
forme  a  insecte  parfait 

La  cantharide  est  un  des  insectes  le  plus  anciennement  et 
le  plus  universellement  connu.  Les  médecins,  qui  ont  été  les 
premiers  physiciens  et  les  premiers  observateurs  de  la  nature, 
en  ont  iail  mention  dans  des  temps  très-reculés;  mais  ils  ne 
Font  considéré  que  sous  le  rapport  qui  leur  couvenoit,  et 
comme  fournissant  à  la  médecine  un  de  ses  plus  puissans 
agens.  Le  naturaliste ,  qui  cherche  moins  à  connoitre  dans 
les  cantharidea  les  vertus  médicinales  dont  on  peut  faii-e 
usage  après  leur  mort  «  que  les  habitudes  qui  leur  sont  pro- 
pres pendant  la  vie  ,  est  encore  loin  d'avoir  acquis  à  cet 
égard  des  connoissances  certaines ,  étendues  et  satisfaisantes. 
La  seule  espèce  qu'on  a  cru  douée  de  propriétés  utiles  y  a  fait 
oublier  toutes  les  autres  qui  composent  le  genre  entier;  et 
tout  ce  que  nous  savons  en  général  sur  ces  insectes,  c'est  qu'ils 
vivent  dans  nos  climats,  sur  les  plantes ,  dévorent  les  feuilles 
de  certains  arbres ,  craignent  le  froid ,  et  paroissent  vers  la  fin 
du  printemps ,  pour  dispai-oitre  an  commencement  de  l'au* 
tomne.  Nous  ne  pouvons  dès-lors  que  présenter  quelques 
notions  sur  la  cantharide ,  spécialement  appropriée  aux  vé- 
aicatoires. 

Baglivi  ne  parott  pas  fondé,  lorsqu'il  avance  que  l'usage  des 
cantharides  a  été  introduit  en  médecine^par  les  Arabes ,  puis- 
qu'il est  assez  prouvé  que  cet  usage  n  étoit  pas  inconnu  à 
Hippocrate  même  ;  mais  il  faut  dire  aussi  que  les  caniharidea 
des  anciens  et  celles  des  Chinois ,  ne  sont  pas  les  mêmes  que 
celles  des  Européens.  Les  Chinois  emploient  la  mylabre  de  la 
chicorée  ;  et  il  paroit ,  par  ce'  qu'a  ait  Dioscoride ,  que  les 
cantharidês  des  anciens  étoient  les  mêmes  que  celles  dont  les 
Chinois  se  servent  encore  aujourd'hui. 

<K  Les  cantharides  les  plus  efficaces ,  dit  Dioscoride ,  sont 
celles  de  plusieurs  couleui*s>  qui  ont  des  bandes  jaunes ,  trans- 
verses, avec  le  corps  ^alongé ,  gros  et  gras;  celles  d'une  seule 
couleur  sont  sans  force».  Celte  description  ne  convient  point 
à  notre  espèce  qui  est  d'une  belle  couleur  verte  ;  elle  convient 
très-bien  au  contraire  au  mylabre  de  la  chicorée ,  très-com-> 
mun  dans  le  pays  qu'habitoit  Dioscoride  ,  et  dans  tout 
l'Orient. 

On  a  peut-être  trop  négligé  de  faire  des  expérience*  sur  les 


3o4  ,         C  A  N  ^  ^ 

insectes ,  relali veinent  à  leur  utilité  dans  la  médecine  et  dans 
les  arls  ;  leur  petitesse  sans  doute  les  a  trop  fait  mépriser.  Il 
ii*est  pas  douteux  cependant  qu'il  n'y  en  ait  un  grand  nom  ^ 
bre  dont  les  vertus  soient  égales  à  celles  de  la  cantharide  ;  e| 

Slusieurs  autres^  moins  acres ^  moins  caustiques^  pourroient, 
ans  divers  cas,  être  pris  intérieurement  avec  moins  de 
danger  et  plus  de  succès.  Nous  pouvons  assurer  que  toutes  les 
espèces  qm  tiennent  au  genre  de  cantfiaride ,  jouissent  à-peu- 
près  des  mêmes  vertus  que  l'espèce  la  plus  connue  ;  et  par 
conséquent ,  dans  tous  les  pays  où  on  les  trouve ,  on  pourroit 
en  faire  le  même  usage.  Parmi  les  insectes  pris  dans  d'autres 
genres ,  qui  pourroient  fournir  des  particules  caustiques  et 
irritantes,  et  qu'on  pouiToit  substituer  jusqu'à  un  certain 
point  à  la  cantharide,  nous  pouvons  ranger  les  mèloës ,  les 
my labres ,  lès  carabes,  les  ténébrions,  les  cicindèles ,  les «co- 
rites,  les  coccinèles ,  &c.  La  dépouille  de  la  plupart  des  che- 
nilles produit  une  poussière  qui,  dispersée  par  les  vents, 
soulève  des  pustules  sur  le  visage  qui  la  reçoit.  Le  même  effet 
est  occasionné  par  le  poil  et  la  lame  de  quelques  phalènes  » 
lorsqu'on  les  touche.  Mérian  a  trouvé  à  Surinam  des  espèces 
de  larves  de  lépidoptères ,  qu'on  ne  pouvoit  toucher  sans 
iiessentir  soudain  une  inflammation. 

Parmi  plus  de  vingt  espaces  à&cantharides,  après  la  Vssi- 
CATorRE,  qui  est  d'un  vert  doré,  à  antennes  noires,  les  plus 
connues  sont  la  Douteuse;  elle  est  noire ,  à  tête  rougeâtre, 
a  corcelet  et  él3rtres  sans  taches  ;  et  la  Syrienne  ,  d'un  vert 
bleuâtre  foncé,  à  corcelet  rougeâtre,  arrondi.  (O.) 

NoTB  sur  la  manière  de  recueillir  les  cantharides ,  et  de 

procéder  à  leur  conservation. 

Cest  dans  le  courant  de  juin  que  les  mouches  «an^Aoriflbs 
se  réunissent  pour  préluder  à  leur  accouplement  11  faut  donc 
savoir  saisir  cet  instant  pour  en  faire  la  récolte ,  particulière* 
ment  le  soir  au  coucher  du  soleil ,  ou  le  matin  à  son  lever. 

Cet  insecte  se  trouve  presque  par  toute  l'Europe,  mais 
plus  communément  dans  les  contrées  chaudes  :  il  varie  pro- 
digieusement pour  la  grandeur.  La  nature  l'a  superbe- 
ment habillé  :  tout  son  corps  est  d'un  beau  vert  luisant , 
azuré,  mêlé  de  couleur  d'or,  à  l'exception  de  ses  antennes 
qui  sont  noires. 

Les  cantharides  usitées  en  médecine  ont  environ  neuf 
lignes  de  longueur,  sur  deux  ou  trois  de  largeur  ;  elles  se  jet- 
tent sur  les  flânes ,  les  chèvrefeuilles ,  les  lilas,  les  rosiers ,  les 
peupliers,  les  noyers,  les  troènes^  les  ormeaux,  dont  elles 


C  A  N  io6 

dévorent  les  feuilles  ;  et  souvent ,  lorsque  cette  pâture  leur 
manque ,  elles  attaquent  les  blés ,  les  prairies  ,  et  leur  causent 
de  grands  dommages.  L'intérêt  de  lagriculture  réclamei^it 
donc  leiir  destruction ,  si  l^art  de  guérir  ne  trouyoit  dans  ces 
insectes  une  de  ces  ressources  les  plus^mportanles  que  rien 
jusqu'à  présent  n'a  pu  remplacer. 

De  leur  recolle. 

CommeleBcantharidee-paroiasent  en  troupes  et  par  essaims  j 
qu'elles  sont  précédées  par  une  odeur  fétide^  approchant  celle  * 
de  la  souris  ,  il  e6t  facile  de  les  4écouvrir  et  de  les  ramasser , 
moyennant  quelques  précatitions  qu'il  est  prudent  de  ne  ja- 
mais négliger. 

Il  y  a  deux  manières  de  procéder  à  la  récolte  dese^n^^-- 
rideê;  la  plus  simple  consiste  à  disposer  sous  l'arbre  chargé 
de  cet  insecte  un  ou  plusieurs  draps  stir  lesquels  on  les  fait 
tomber  en  secouant  les  branches;  on  les  rassemble  ensuite 
BUT  un  tamis  de  crin  à  la  vapeur  du  vinaigre  qui  les  fait  mou-^ 
rir,  ou  bien  on  les  réunit  dfans  ime  loiie  claire  qu'on  trempe 
à  diverses  reprises  dans  un  vase  rempli  de  vinaigre >  confié 
avec  de  1  eau  :  c'est  la  méthode  de  récolter  la  plus  générale-^ 
ment  adoptée. 

La  seconde  méthode  de  récolter  les  cantharides  ,  est  plus 
embarrassante  et  plus  dispendieuse  que  la  première  :on  étend 
des  toiles  sous  les  arbres ,  et  tout  autour  on  met  du  vinaigre 
en  évaporatiou.^  en  le  faisant  bouillir  dans  des  temnes  placées 
«ur  des  réchauds  ;  on  secoue  les  arbres  pour  faire  tomber  les 
canùharides\  on  les  ramasse  aussi-tôt^  et  on  les  enferme  promp-< 
tement  pendant  vingt *-qualre  heures  dans  des  vaisseaux  de 
lïois ,  de  teri'e  ou  de  ver^-e ,  qu'on  a  expi*ès  disposés  pour  cela« 
Il  convient  ensuite  de  s'occuper  des  moyens  de  les  sécher« 

De  leur  dessication. 

Four  parvenir  à  la  dessication  des  canthhtidea  ^  oti  les  ex" 
pose  au  soleil  9  ou  mieux  dans  un  grenier  bien  aéré  ,  sur  des 
claies  recouvertes  de  toile  ou  de  papier  ;  on  les  remue  avec  un 
petit  bâton  ou  avec  les  mains  garnies  de  gants;  car,  sans  cette 

Précaution  I  les  ouvriers  pourroient  être  exposés  à  des  ardeur» 
*urine ,  à. éprouver  des  douleurs  aiguës  autour  du  col  de  la 
vessie/ à  des  ophtalmies  et  à  des  démangeaisons  considérableAt 
Quand  les  canihariden  ont  acquis  le  degré  de  dessication  cou' 
Venable ,  elles  deviennent  si  légères,  que  cinquante  pèsent  k 
2>eine  un  gros. 

jv.  ir 


So8  CAO 

et  lescorymbes  triflore8.Ses  feuilles  ont  les  mémefl  qualités  qu6 
celles  du  précédent  ;  mais  leur  décoction  est»  de  plus,  lem- 
ployée  en  tisane  ou  en  lavemens ,  regardée  comme  propre  à 
guérir  les  ardeurs  de  sang,  les  dyssenteries  et  les  fièvres. 

La  QuAMocuTE  A  FLBUKS  HouoEs  est  Congénère  de  ce 
genre  ,  seloii  quelques  botanistes.  Voyez  au  mot  Quamo«- 
CLITE.  (B.) 

CANUT  (  Tringa  canutus  Lath.,  pi.  276,  Glan.  d'Ed- 
wards. Ordre ,  ëchassiers  ;  genre ,  Vanneau.  Voyez  ces 
deux  mots.  ).  Cet  oiseau  de  rivage  se  trouve  dans  le  nord  de 
r£urope;  cependant,  on  le  voit  quelquefois  en  Angleterre 
au  commencement  de  Tbiver  :  alora  ces  oiseaux  sont  en 
troupes,  et  se  tiennent  sur  les  bords  de  la  mer,  où  ils  se- 
jom*nent  deux  ou  trois  mois;  ensuite  ils  disparoissent.  On  les 
recontre  encore  sur  les  lîves  du  lac  fiaikal ,  et  même  à  la  baie 
d'Hudson,  d'où  il  s'avance  jusqu'à  New-York,  et  peut-être 
encore  plus  au  Sud. 

Willulgby  dit  que  si  on  les  nourrit  de  pain  trempé  de 
lait ,  ils  deviennent  très-gras  et  d'un  goût  exquis. 

Le  canut  a  le  bec  d'un  cendré  obscur,  l'iris  noisette,  uue 
tache  d'un  brun  obscur  entre  le  bec  et  l'œil,  un  trait  blauc  au* 
dessus  de  celui-ci  ;  la  tète ,  le  deftsus  du  cou,  le  dos ,  les  ailes  et  la 
queue  d'un  cendré  qui  se  rembrunit  sur  certains  individus  ; 
les  grandes  couvertures  des  ailes  terminées. de  blanc,  ce  qui 
forme  une  barre  blanche  transversale  sur  chaque  aile.  Cette 
couleur  borde  aussi  à  l'extérieur  les  pennes  secondaii-es  et  la 
tige  des  primaires  ;  elle  est  mélangée  de  cendré  foncé  sur  le 
croupion  et  les  couvertures  de  la  queue,  ce  qui  donne  lieu  à 
des  taches  dé  la  forme  d'un  croissant;  enfin ,  elle  couvre  tout 
le  dessous  du  corps ,  et  est  tachetée  de  brun  sur  la  gorge  et  la 
poitrine;  pieds  d'un  cendré  bleuâtre;  longueur  d'environ 
neuf  pouces.  (Vieill.) 

CAOLIN.  {Voyez  Kaolin.)  C'est  une  argile  à  porce- 
laine. (Pat.) 

CAOUANNE,  nom  spécifique  d'une  Tortue.  Fcyeu  au 
mot  Tortue.  (B.) 

CAOUT-CliOUC.  C'est  le  nom  de  la  résine  élastique 
qu'on  retire  de  THev^  de  Cayenne.  Voyez  au  mot  HEvi. 

On  retire  encore  du  caoutchouc  àe  I'Urcéole  élastique, 

J liante  de  Tlude  nouvellement  connue,  et  il  est  en  quelque 
açon  sii)}érieur  à  celui  de  l'HEvi..  Voyez  au  mot  URci.oL£« 

Ij^  Jaquier  a  feujlles  entières  et  le  Figuier  liisam 

en  fournissent  aussi ,  mais  d'une  qualité  inférieure  :  c*esi 

plutôt  de  la  glu.  Voyez  au  mots  Jaquier  et  Figl  ieb.  (li.) 

CAOUTCllOUC-MINÉKAL,  bitume  élasUque  qu' 


oa 


CAP  3oj 

trouve  dans  les  mines  de  plomb  du  Dei'byshire.  Voyez  Bi- 
tumes. (Pat.) 

CAP ,  pointe  de  lerre  fort  avancée  dans  la  mer,  ordinai- 
rement terminée  par  une  montagne  qui  a  résisté  à  l'action 
des  flots  qui  ont  échancré  les  côtes  voisines.  Les  capB  les  plus 
connus  des  quatre  parties  du  Monde,  sont  :  le  Cap^Nord , 
qui  est  la  teiTe  la  plus  septentrionale  de  THurope  dans  la 
Laponie  Danoise  ;  le  Cap  ae  Bonne-Espérance ,  à  l'extrémité 
méridionale  de  l'Afrique  ;  le  cap  Comorin ,  dans  les  Indes  ; 
et  le  cap  de  Horn,  à  l'extrémité  méridionale  de  la  Terre-de- 
Feu.  Quand  on  parle  de  l'histoire  ancienne,  on  donne  aux 
caps  le  nom  de  promontoires  ;  quand  la  terre  avancée  dans  la 
mer  est  basse,  on  la  nomme  pointe;  quand  elle  est  fort  étroite 
et  un  peu  courbée ,  on  lui  donne  le  nom  de  bec,  "En  Amé- 
rique ,  les  petits  caps  sont  appelés  mornes,  (Pat.) 

CAP.  On  donne  ce  nom ,  dans  le  Nord ,  aux  nœuds  on 
loupes  qui  se  forment  fréquemment  sur  le  bouleau.  Voyez  au  ^ 
mot  Boui4£AU.(B.) 

CAP  ARAROCH.  Voy,  Chouette-Epervier.  (Vieill.) 

CAPELA^  ou  CAPLAN,  nom  spécifique  d'un  poisson 
du  genre  des  Gades,  Gadus  minutas  Linn.,  qu'on  pêche 
abondamment  dans  la  Méditerranée.  Voy,  au  mot  Gade.  (B.) 

CAPELLA,  nom  du  Vanneau  en  latin  moderne.  Voyez 
ce  mot.  (S.) 

CAPELLINA,  nom  latin  du  cochevis;  en  italien,  c'est 
eipellata.  Voyez  Cochevis.  (S.) 

"CAPERONNIER,  nom  d'une  variété  jardinière  dans  le 
genre  des  Fraisiers.  Voyez  le  mot  Fraise.  (B.) 

CAPILLAIRE.  On  donne  vulgairement  ce  nom  à  diverses 
sortes  de  fougères,  considérées  relativement  à  leurs  propriétés 
médicinales.  Ce  sont  la  plupart  des  espèces  d'AoïANTES  , 
genre  qui  comprend  le  capillaire  de  Montpellier  et  celui  du 
Canada;  plusieurs  Dorapilles  ,  telles  que  la  doradille  noire ^ 
la  saupe^ffie,  \epolytric  ^  le  ceterach,  le  polypode  blanc ,  &c. 
Voyez  ces  différens  mots.  (B.) 

CAPILLINE ,  Trichia ,  genre  de  plantes  de  la  cryptogamie 
et  delà  famille  des  Champignons,  dont  le  caractère  est  d'a- 
voir le  péricarpe  turbiné  ou  cylindrique,  d'une  consistance 
m:ollasse,  et  d'une  blancheur  de  lait ,  devenant  insensiblement 
opaque ,  et  se  prolongeant  en  une  petite  colonne  formée  à 
rintérieur  d'un  réseau  filandreux,  et  à  l'extérieur  de  fibres^ 
chevelues ,  enlacées  les  unes  dans  les  autres ,  d'abord  très-» 
rapprochées  sous  la  forme  d'une  enveloppe  membraneuse , 
ensuite  lâches  et  disposées  en  forme  de  treillage.  Lessemencet 


5ia  CAP 

«'échappent  par  toutes  les  petites  ouvertures  qui  se  frouvenl 
à  la  surface  au  péricarpe. 

Voyez  pL  890  des  Iliustraiions  de  Lamarck,  et  pi.  477 
et  5oa  des  Champignons  de  Bulliard ,  où  ce  genre  est 
figuré. 

On  compte  six  espèces  de  capillinea ,  qui  toutes  viennent 
sur  le  bois  mort.  Elles  ont,  dans  leur  adolescence >  beaucoup 
de  rapports  avec  les  réticiUaires  et  les  moUissurea  ;  mais  elles 
en  difi'erent ,  dans  leur  vieillesse ,  par  leur  forme  cylindrique 
et  par  leur  réseau  chevelu  >  qui  est  persistant. 

La  Cafilline  axif£B£  est  ferrugineuse ,  et  a  ses  pédi- 
cules noirs.  Elle  est  d'abord  ovale  ^  et  finit  par  être  cylin- 
drique. 

La  Capilline  typhoïde  est  d'un  brun  rougeâtre  et  sea 
pédicules  sont  plus  gros  &  leur  base.  Elle  est  cylindrique  k 
tout  âge. 

La  Capilline  cendhée  et  la  Capillike  rouge  portent 
dans  leurs  noms  leur  principal  caractère. 

Les  deux  autres  sont  très-petites  ;  ce  sont  les  Capilunes 

liEUCOPODE  et  PENCHÉE.  (B.) 

CAPINERA,  ou  CAPONERA.  C'est,  en  italien,  la 
fauvptte  à  tête  noire.  Voye*  Fauvette.  (S.) 

CAPITAINE  DE  L'ORÉNOQUE.  Voyez  Grena- 
din .(  Vieill.  ) 

CAPI VARD  de  Froger  et  de  Yancienne  Encyclopédie  / 
c'est  le  Cariai.  Voyez  ce  mot.  (S.) 

CAP-MORE  (  Oriolus  textor  Lath. ,  pi.  enl.  n"  375  et 
376  »  de  VHiat  nat.  de  Buffon^  Pies  ,  espèce  du  genre  Loriot. 
Voyez  ces  deux  mots.  ).  Cet  oiseau ,  comme  la  plupart  de  ceux 
qui  habitent  sous  le  climat  ardent  de  l'Afrique ,  porte  un 
habit  dont  les  couleurs  varient  d'une  saison  à  l'autre.  Au 
printemps ,  sa  tête  est  recouverte  d'une  espèce  de  capuchon 
d'un  brun  mordoré ,  qui  est  remplacé  dans  l'arrière-saison 
par  une  couleur  jaune.  Cette  dernière  teinte,  plus  ou  moins 
orangée^  règne  sur  le  dos>  ainsi  que  sur  la  partie  inférieure 
du  corps ,  et  borde  les  couvertures*  des  ailes^  les  pepnes  et 
celles  de  la  queue  ^  dont  la  couleur  principale  est  noirâtre.  Il 
paroit  que  le  jeune  est  deux  ans  à  pai-venir  à  ce  changement- 
Pendant  ce  temps,  un  jaune  foible  domine  sur  presque  tout 
son  plumage  ;  il  prend  un  ton  brun-olivâtre  sur  la  t^le,  dei^ 
rière  le  cou  et  sur  le  dos.  Grosseur,  un  peu  au-dessous  do 
Yéiourneau;  bec  couleur  de  corne  ;  iris  orangé  ;  pieds  rou- 
geâtres. 

Cet  oiseau  se  trouve  au  Sénégal ,  et  dans  le  royaume  do 
Congo  et  Cacongo.  Soji  chant  est  singulier  et  fort  gai.  Ceux 


CAP  3„ 

^*on  a  vtra  vivans  en  France  annonçoient  des  dispositions  à 
nicher^  quoiqu'ils  n'y  fussent  pas  excités  par  la  pi*ésence  de 
leur  femelle.  Us  ont  construit  des  nids  avec  des  brins  d'herbes 
ou  de  joncs ^  qu'ils  entrelaçoient  dans  le  grillage  de  leur  cage. 
11  est  très-probable  qu'avec  quelques  soins  ^  et  en  leur  pro- 
curant une  chaleur  convenable,  l'on  parviendroit  à  les  faire 
multiplier.  (Vieill.) 

C APNIE ,  Capnia  ,  genre  de  plantes  de  la  cryptogamie  ^ 
Jdi  delà  famille  des  Algues^  qui  a  été  fait  aux  dépens  des 
liicHENS  de  Linnseus.  Il  comprend  les  fycAen  pofyphjllut , 
^eusiusypolyrhizus,  et  autres  dont  les  expansions  sont  presque 
cartilagineuses,  otnbiliquées^  d'une  couleur  obscure,  et  adhé- 
rentes aux  rochers  par  le  centre  de  leur  surface  inférieure. 
i^oyez  au  mol  Lichen.  (B.) 

CAPNOIDE  y  Capnoïdes  ,  genre  de  plantes  établi  par 
Tourneforty  et  qui  comprend  quelques  espèces  du  genre 
FuMETERE  de  Linnasus.  Gasrtner  l'a  renouvelé  sous  la  con- 
ûdération  que  la  capsule ,  dans  ces  esjpèces,  est  bivalve,  et 
les  semences  attachées  à  un  réceptacle  intervalvulaire.  Voyez 

au  mot  FUMETÈRE.  (B.) 

CAP-NOIR  (  Certhia  eucullatay  jd.  60  des  Grimpereaux^ 
4.  3  de  mon  HisL  des  Oiseaux  dorés  et  à  reflets  métalliques^ 
Ordre,  Passereaux;  genre,  Grimpereau.  Voyez  ces  deux 
mots.  ).  Ce  bel  oiseau,  de  la  Nouvelle-Hollande,  a  la  télé 
couverte  d'un  capuchon  noir ,  qui  descend  en  forme  de  ban- 
delette sur  les  côtés  du  cou;  celui-ci  et  le  menton  d'un  jaune 
xlair  ;  une  bande  transversale  d'un  brun  roussâtre  sur  la 
gorge  ;  la  poiti'ine  et  les  parties  subséquentes  d'une  couleur 
âe  souci  ;  les  couvertures  des  ailes ,  le  dos  et  le  croupion  d'ua 
gris  bleuâtre  ;  les  pennes  des  ailes  et  de  la  queue  noii^.  Lon- 
l^ur  totale ,  cinq  pieds  ti*ois  quarts.  (Vieili<.) 

CAPNOPH YLLE ,  Capnophyllum ,  plante  d'Afrique, 
que  Unnseus  avoit  placée  parmi  lesconium,  sous  le  nom  de 
Conium  Africanum,  mais  dont  Gsertner  a  cru  convenable  de 
faii'e  un  genre  particulier.  Ses  caractères  sont  une  ombelle  à 
peu  de  rayons  ;  les  l'ayons  latéraux  des  ombelles  partielles  , 
stériles,  et  ceux  du  centre  très-petits,  fertiles;  les  involucres 
universelles  et  partielles  de  trois  feuilles;  les  corolles  irrégu* 
lièrcs;  les  fruits  sessiles  et  tuberculeux. 

Cette  plante  a  les  feuiHes  composées,  planes;  les  pédoncules 
opposés  et  glabres.  Elle  est  annuelle,  et  répand  la  même  odeur 
que  le  Céleri.  Voyez  ce  mot.  (B.) 

C APPA  ,  quadrupède  si  mal  décrit  par  Nieremberg , 
^u'ii  n'est  pas  possible  de  le  recocmoitre.  Cet  auteur  dit  que 


3.»  CAP 

le  cappa  est  plus  grand  qu'un  âne^  noir^  relu,  féroce^  et 
fuiirste  auK  chiens;  il  dévore  tout  ce  qu'il  rencontre,  et 
comme  le  loup ,  il  se  jette  sur  les  li^oupeaux.  La  forme  de  set 
pieds  est  singulière  ;  son  ongle  semblable  à  un  talon  y  son 
front  large  et  rond ,  et  sa  figure  hideuse  à  voir.  (  Hist,  exoi. 
lib.  9 ,  cap.  7.  )  Nieremberg  soupçonne  que  le  cappa  est  le 
même  animal  que  le  tapir  ;  l'abbé  Ray,  dans  sa  Zoologie 
unit^erseUe  ,  présume  la  même  chose  :  mais  le  iapir  n'est  ni 
velu,  ni  féroce,  ni  carnassier.  (S.) 

CAPPARIDÉES,  Çapparides  Jussteu,  famille  de  plantes 
dont  la  fruotiBcaltoh  est  composée  d'un  calice  polyphylle  ou 
monophyUe  divisé;  d'une  corolle  formée  de  quatre  à  cinq 
pétales  ,  souvent  alternes  avec  les  folioles  ou  divisions  du  ca-> 
lice;  d'étami nés  rarement  en  nombre  déterminé,  plus  sou- 
vent en  nombre  indéterminé;  d'un  ovaire  simple,  ordinal-- 
rement  stipité  ;  à  stipe  quelquefois  staminifêre ,  et  glanduleux  à 
sa  base;  à  style  nul  ou  très-court;  à  stigmate  simple.  Le  fruit 
est  siliqueux  ou  bacciforme,  uniloculaire,  polysperme  ;  à 
semences  souvent  réniformes,  nichées  dans  la  pulpe  du  fruit, 
ou  portées  sur  des  placenta  latéraux  ;  à  périsperme  nul  ;  à 
embryon  semi-circulaire  ;  à  radicule  courbée  sur  les  lobes  , 
qui  sont  presque  cylindriques,  et  appliqués  l'un  contro 
l'autre. 

Les  plantes  de  cette  famille  ont  leur  tige  rarement  her« 
bacée,  presque  toujours  frutescente  ou  arborescente,  s'ékvant 
le  plus  souvent  dans  une  direction  droite.  Les  feuilles  sortent 
de  boutons  coniques  nus  et  dépourvus  d'écaillés  ,  et  sont 
alternes ,  simples ,  entières,  rarement  ternées  et  digitées.  On 
trouve  quelquefois  à  leur  base  deux  stipules ,  ou  deux  épinea, 
ou  deux  glandes.  Les  fleurs,  remarquables  par  leur  ovair» 
alipité,  souvent  grandes,  affectent  diflérentes  dispositions. 

Dans  celte  famille,  qui  est  la  huitième  delà  treizième  classe 
du  Tableau  du  Règne  végétal,  par  Ventenat,  et  dont  les 
caractères  sont  figurés  pi,  i5,  n^  3 ,  du  même  ouvrage  ,  de 
ui  on  a  emprunté  l'expression  caractéristique  qu'on  vient 
e  lire,  il  i\y  a  que  six  genres  ;  savoir ,  MozAMB£,CAPRf£R  , 
Tapier  ,  Mabouya  ,  RiLs^DA  et  Parn  assie  ;  encore  ces  deux 
derniers  ne  lui  con^îennent-ils  pas  complètement.  (B.) 

CAPRAj  dans  Gesuer,  est  le  nom  du  Vanneau.  Fb/«s 
ce  mot.  (S«) 

CAPRA  DE  MATTO.  C'est,  disent  d'anciens  voyageurs, 
le  nom  que  les  Portugais  donnent  à  une  espèce  de  clUétn  do  la 
Côte-d'Or.  (S.) 

CAPRA  IR£ ,  Capraria,  genre  de  plantes  a  fleurs  mono- 
p6t<ilé«9  de  la  didynaoïie  angiospermie ,  et  de  la  famillq  dei 


I 


CAP  3iS 

JPersonneeb^  dont  le  caractère  est  d'avoir  un  calice  oblong, 
partagé  en  cinq  découpiires  droites ,  linéaires  et  persistantes  ; 
en  une  corolle  monopetale  cainpaniilée  ^  plus  grande  que  la 
calice ,  et  dont  le  limbe  est  à  cinq  divisions  oblongues  et 

Sresque  égales;  en  quatre  étamines  non-saillantes  hors  de  la 
eur^  et  dont  les  filamens  sont  tantôt  égaux  ,  tantôt  inégaux 
-deux  par  deux  ;  un  ovaire  supérieur,  conique ,  chargé  d'un 
style  qui  est  terminé  par  un  stigmate  en  télé  échancrée. 

Le  fruit  est  une  capsule  oblongue ,  conique ,  marqué  d'un 
sillon  longitudinal  de  chaque  côté^  s'ouvrant  en  deux  valves, 
et  divisé  intérieurement  en  deux  loges  par  une  cloison  oppoi^ 
$ée  aux  valves  ;  chaque  loge  contient  beaucoup  de  semences 
très- menues. 

Voyez  ph  534  des  Illustrations  de  Lamarck. 

Ce  genre  comprend  six  à  huit  espèces  ,  dont  plnsleurs  no 
lui  appartiennent  pas  d'une  manière  bien  positive. 

L'espèce  la  plus  certaine  et  la  plus  commune  est  la  Ca- 
PRA1R12  BiFiiORE ,  qui  croît  naturellement  aux  A  ntilles  et  dans 
pi*esque  toute  l'Amérique  méridionale^  et  dont  on  fait  usage 
de  la  feuille  en  guise  de  thé:  on  l'appelle  le  thé  du  Mexique. 
C'est  un  petit  arbrisseau  à  feuilles  alternes^  cunéiformes, 
dentées,  rarement  ciliées;  à  fleurs  blanches,  solitaires^  et 
disposées  deux  par  deux  dans  les  aisselles  des  feuilles.  On  le 
cultive  dans  les  jardins  de  botanique. 

Ruiz  et  Pavon  ont  donné  y  dans  la  Flore  du  Pérou ,  le  nom 
de  XuARÈsE  à  un  genre  établi  sur  un  arbuste  qui  avoit  été 
confondu  partons  les  botanistes  avec  la  Cafraire  biflore; 
c'est  la  capraire  du  Pérou  de  Feuille.  Voyez  au  mot  Xua- 

RESE.   (B») 

CAPRES.  On  donne  ce  nom  aux  boutons  à  fleurs  du 
C.\FRi£R  ^  qu'on  confit  dans  le  vinaigre.  Voyez  au  mot 
Câprier.  (B.) 

CAPRICORNE ,  variété  Au  Bouquetin.  (  Voyez  ce  mot.  ) 

Cequadrupède,qui  fut  donné  au  commencement  du  siècle 
dernier  à  la  ménagerie  de  Versailles ,  sous  le  nom  de  capri^ 
corne ,  ressembloit  beaucoup  au  bouquetin ,  et  n'en  difléroil 
que  par  ses  cornes ,  plus  courtes  et  recourbées  vers  la  pointe , 
comme  celles  du  chamois  ,  comprimées  et  annelées ,  à  une 
seule  arête 9  sans  face  antérieure^  et  ayant  des  rugosités  sans 
tubercules.  BufFon  soupçonne  que  le  capricorne  forme  une 
i*ace  intermédiaire  entre  le  bouquetin  et  le  bouc  domes'^ 
tique.  (S.) 

CAPRICORNE,  genre  d'insectes  de  la  troisième  section 
de  l'ordre  des  Coléoptères. 

Les  capricornes  fout  remarquaUes  par  la  longueur  de 


 


5i4  CAP 

leurs  antennes  sétacées ,  par  leurs  yens  figurés  en  crcnssuit , 
par  le  corcelet  souvent  épineux  ou  tubercule ,  par  les  tarses 
composés  de  quatre  articles ,  dont  le  quatrième  est  large  et 
bilobé  :  ils  ont  la  bouche  composée  de  deux  lèvres ,  dont 
l'inférieure  membraneuse  et  bifide ,  de  deux  mandibules 
arquées  et  cornées»  de  deux  mâchoires  membraneuses  et 
bifides ,  et  de  quatre  antennules  filiformes. 

Ces  insectes ,  nommés  par  les  anciens  capricorni ,  cérame' 
hyces ,  font  partie  d'une  famille  très -nombreuse^  facile  à 
reconnoitre  par  la  figure  et  la  position  des  antennes^  et  par 
le  nombre  des  pièces  qui  composent  les  tarses. 

Lies  capricornes  sont  distingués  des  priones  et  des  Bcperdes 
par  le  corcelet  ;  des  siencores ,  des  lepluree  et  des  donacieM 
parles  antennes  ;  des  callidiea  par  les  antennes  et  les- yeux. 

lies  capricornes  ont  dû  être  distingués  depuis  long-temnt 
par  les  belles  proportions  et  les  couleurs  variées  que  pré- 
sentent la  plupart  des  espèces»  et  sur-tout  par  la  longueur 
des  antennes  qui  caractérise  le  genre  ;  leur  corps  est  alongé  : 
les  antennes  différent ,  par  leur  longueur ,  dansl'espèce  même; 
les  mâles  les  ont  ordinairement  beaucoup  plus  longues  que 
les  femelles  ;  leur  marche  n'est  ni  lente  ni  précipitée ,  et  ils 
font  souvent  usage  de  leurs  ailes.  Dès  qu'ils  se  sentent  saisis» 
ils  cherchent  à  se  défendre»  et  font  entendre  un  son  aigu 
assez  fort  »  en  frottant  leur  corcelet  contre  la  base  de  l'écusson. 
On  rencontre  ordinairement  les  capricornes  dans  les  bois  et 
eur  le  tronc  des  arbres  ;  on  les  voit  rarement  sur  les  fleurs. 
Us  se  nouriîssent  du  bois  ou  des  sucs  qui  découlent  des 
arbres.  La  femelle  se  sert  d'une  espèce  de  queue  ou  tanière  » 
qu'elle  a  au  bout  de  l'abdomen  »  pour  percer  le  bois  et  pour 
y  introduii'e  et  y  déposer  ses  œufs. 

Les  larves  ont  le  corps  alongé  ,  asses  mou  »  composé  de 
treize  anneaux  bien  distincts  ;  leur  léfe  est  écailleuse  »  asses 
dure  ;  la  bouche  est  pourvue  de  deux  fortes  mâchoires  »  par 
le  moyen  desquelles  ces  larves  rongent  la  substance  du  bois  » 
dont  elles  font  leur  nourritui^e.  Elles  changent  planeurs  fois 
de  peau  »  restent  deux  ou  trois  années  dans  leur  premier  état  » 
ae  changent  ensuite  en  une  nymphe  de  la  troisième  espèce , 
«t  l'insecte  parfait  en  sort  au  bout  de  quelque  temps. 

Parmi  plus  de  quatre-vingts  espèces  de  capricornes,  les 

£lus  connus  sont  le  Charpentier  ;  il  est  d'un  gris  cendi^  ; 
)  corcelet  est  épineux  et  marqué  de  quatre  points  jaunes  :  il 
ae  trouve  communément  en  Suède  et  dans  tous  les  pays  élevés 
de  la  France. 

Le  Hjbios  est  noir  avec  les  élytres  brunes^  8ttr>tout  vers  leur 


'rter 


f 
f 

f 

f 


^ 


CAP  5i5 

extrémité;  le  corcdet  est  épineux  et  raboteux  :  fl  «a  trouve 
dans  presque  toute  l'Europe. 

Le  RosAiiiK  se  fait  remarquer  par  ses  antennes  bleues 
avec  le  bout  de  chaque  article  très-noir  et  vehi  ;  ses  élyti'es , 
qui  sont  bleues  >  ont  une  large  bande  vers  le  milieu ,  une 
jurande  tache  vers  la  base^  et  une  petite  vers  rextrémité ,  d'un 
beau  noir  de  velours. 

Le  Capjucorne  musqxt^  ,  qu'on  trouve  assez  communé- 
ment sur  le  saule,  répand  une  odeur  très-suave,  semblable 
à  celle  de  la. rose ,  odeur  qui  se  fait  plus  fortement  sentir  dans 
le  temps  de  l'accouplement.  Le  corps  de  celui-ci  est  d'une 
belle  couleur  verte,  quelquefois  bleuâtre  ou  cuivreuse.  (O.) 

CAPRICORNE ,  constellation  qui  forme  le  dixième  signe 
du  Zodiaque,  où  le  soleil  entre  au  sobtice  d'hiver,  c'est-à- 
dire  le  21  ^e  décembre.  Ce  signe  a  donné  son  nom  au  tro-i 
pique  austral,  qui  passe  par  son  premier  point  (Pat;) 

CAPRIER ,  Capparis  Linn.  (  Polyandrie  monogynie.  )^ 
genre  de  plantes  de  la  famille  des  Caprifoliacées  ,  qui  com-* 
prend  près  de  trante  espèces ,  toutes  étrangères  à  r£uix>pe ,  à 
l'exception  d'une  seule, qui  est  le  Cafrisb  commui<,  cultivé 
dans  le  midi  de  ]a  France.  Les  câpriers  sont  des  ai:bres  ou 
des  arbrisseaux  qu'on  peut  diviser  naturellement  en  deux 
sections  :  tous  ont  leurs  feuilles  simples  et  alternes;  mais  dans 
les  uns  les  feuilles  sont  garnies  à  leur  base  de  .deux  épines,  et 
ceux-là  ont  un  fruit  qui  ressemble  à  une. baie;  dans  les  autres  , 
les  feuilles  sont  ordinairement  nues  ou  munies  de  deux 
glandçs ,  et  le  fruk  de  ceux^i  imite  une  silique* 

Les  caractères  du  genre  sont  :  un  calice  à  quatre  folioles 
ovales,  concaves  et  caduques;  une  corpUe  à  quatre  pétales 
ouverts  et  plus  grands  que  le  calice;  un  grand  nombre  d'éta^ 
mines  communément  plus  longues  que  les  pélales ,  et  ua 
ovaire  supérieur  soutenu  par  un  pivot  et  chargé  d'un  stig-t 
mate  obtins  et  sessile  :  cet  ovaire  devient  une  espèce  de  capsule 
ou  de  siUque ,  cylindrique  ou  ovale ,  à  une  loge ,  et  remplie 
d'une  pulpe  dans  laquelle  sont  nichées  beaucoup  de  semencea 
réniformes.  Voyez  la  pL  446  des  lUustrat,  de  Lamarck, 

Les  espèces  les  plus  remarquables  sont  : 

Le  Cafrisk  ordinaire,  Capparie  apinosa  Linn.  C'est  un 
petit  arbrisseau  qui  crott  en  Barl^irie  et  au  midi  de  l'Europe^ 
dans  les  lieux  pierreux ,  dans  les  crevasses  de»  rochers  et  les 
fentes  des  vieilles  murailles.  H  vient  en  touffe  lâche  et  diffuse , 
et  a  des  tiges  ou  des  sarmens  nombreux ,  garnis  de  feuilles 
entières,  lisses ,  un  peu  charnues,  et  d'une  forme  ovale  ar|?Qn-« 
[y  die;  au  bas  de. leur  pétiole,  on  voit  deux  épines  courtes  Ql 


5i6  CAP 

erochnea^  et  de  chacune  de  leurs  aisselles  s'élèvent  des  pédon- 
cules portant  une  seule  fleur  large  et  très-ouverte ,  qui  y  par 
la  blancheur  de  sa  corolle  et  la  teinte  pourprée  de  ses  eta- 
mines  nombreuses^  offre  un  aspect  trè»-agreable.  Les  fruits 
qui  lui  succèdent  ont  la  forme  d'une  poire. 

Il  se  fait  dans  la  Provence ^  en  Barbarie,  et  aux  environs 
de  la  ville  de  Tunis^  un  commerce  important  en  càpreê;  c'est . 
le  bouton  de  la  fleur  du  câprier.  Cet  arbuste  n'est  point  ori- 
ginaire de  ces  pays ,  mais  de  TAsie  ;  aussi  n'y  vient-il  que  par 
le  moyen  de  la  culture.  La  câpre  de  Tunis  est  très-inférieur» 
à  celle  de  Provence^  et  Ion  en  fait  moins  de  cas  dans  lo 
commei*ce.  C'est  sur-tout  entre  Marseille  et  Toulon  qu'on 
▼oit  beaucoup  de  câpriers  ;  des  champs  entiers  en  sont  cou- 
verts, el  on  les  y  cu|live  en  grand. 

On  les  plante  en  quinconce ,  à  envii'on  dix  pieds  de  dis- 
tance les  uns  des  autres;  et  comme  ils  multiplient  beaucoup , 
et  que  la  motte  grossit  continuellement  par  des  œilletons  qui 
s'appliquent  toujours  aux  rejetons  précédens ,  on  s'en  procure 
les  plants  en  dégarnissant  les  mères.  Les  plantations  réus- 
siasent  toujours,  les  câpriers  craignant  peu  la  sécheresse  et  la 
chaleur  ;  miûs  ils  redoutent  un  froid  trop  fort ,  et  sur-tout 
l'ombre.  Au  printemps,  un  labour  leur  suffit;  en  automne , 
pour  les  abriter ,  on  coupe  les  montans  à  environ  six  pouces 
de  terre,  et  on  couvre  toute  la  plante  avec  la  terre  qui  est 
entre  les  pieds  :  on  les  laisse  tout  l'hiver  sous  cet  abri. 

Le  printemps  suivant,  on  découvre  les  vieux  ;ets  jusqu'au- 
près du  collet  des  plantes ,  qui  bientôt  en  repoussent  de  nou- 
velles. Les  câpriers  ne  tardent  pas  à  fleiuîr  au  commencement 
de  l'été ,  et  ils  continuent  à  porter  des  fleiws  tant  que  les  fraî- 
cheurs des  nuits  ne  resserrent  pas  leur  sève. 

Les  femmes  et  les  enfans  vont  tous  les  matins  recueillir  les 
boutons;  on  n'y  manque  point,  parce  que  la  grosseur  de  la 
câpre  en  diminue  la  valeur.  Quelques  précautions  qu'on 
apporte  dans  la  cueillette ,  il  y  a  toujours  des  boutons  qui 
échappent  et  qui  fleurissent  ;  on  les  laisse  venir  en  graine  ;  et 
quand  les  capsules ,  encore  vertes ,  sont  grosses  comme  une 
olive ,  on  les  cueille  et  on  les  confit  :  elles  forment  un  meta 
agi*éable ,  et  c'est  ce  qu'on  appelle  le  cornic/ion  dé  câpre. 

A  mesure  qu'on  apporte  ces  récoltes  journalîèi^es ,  on  les 
jette  dans  des  tonneaux  remplis  de  vinaigi*e,  où  l'on  ajoute 
uu  peu  dé  sel;  alors  des  mains  des  cultivateurs  elles  passent 
dans  celles  des  saleura  commerçans ,  qui  préparent  les  olives, 
les  anchois,  les  sardines  et  autres  poissonsou  provisions.  Ceux* 
ci ,  au  moyen  de  plusieurs  grands  cribles ,  laits  d'une  plaque 
^  ouivre  rouge  un  peu  creuse,  et  percée  de  trous  de  diverses 


CAP  5,7 

grandeurs  5  en  séparent  les  différentes  qualités^  et  les  rangent 
sous  des  numéros  parliculiers  :  ils  en  renouvellent  le  vi-> 
naigre ,  et  les  remettent  en  tonneaux  pour  être  traasporlés* 
Cette  petite  branche  de  commerce  est  très-lucrative. 

Dans  les  pays  tempérés  de  la  France ,  il  faut  planter  les 
câpriers  au  pied  des  murailles  exposées  au  midi ,  les  rabattro 
avant  les  froids ,  les  butter  abondamment ,  et  les  couvrir  de 
manière  à  pouvoir  être  garantis  de  la  trop  grande  humidité  ; 
comme  elle  pénètre  facilement ,  l'hiver ,  dans  les  lieux  salpé* 
tres^  on  doit  éviter  de  les  y  placer;  Un  n'aiment  point  non 
plus  une  terre  forte ,  neuve  ou  grasse ,  mais  une  terre  sablon* 
neuse^  légère,  qui  soit  fraîche  ou  arrosée  de  temps  en  temps  ^ 
et  qui ,  sur-tout ,  ne  soit  pas  chargée  de  substances  putrides  , 
telles  que  les  eaux  de  fumier ,  le  ten*eau,  les  immondices ,  &c. 
En  choisissant  bien  le  sol  et  l'exposition ,  on  peut ,  même  dans 
ces  pays  y  les  conserver  quinze  ou  ^dngt  ans  :  ils  ne  rapporte^ 
ront  jamais  autant  que  dans  les  pays  chauds  ;  mais  si  on  les 
laisse  fleurir  en  liberté,  ils  feront  l'ornement  des  jardins,  et 
l'on  en  pourra  recueillir  les  cornichons, 

JLes  câpres  confites  excitent  l'appétit  et  rafraichissent;  le 
vinaigre  qui  a  servi  à  leur  macération ,  appliqué  extérieure- 
ment ,est  un  bon  résolutif.  £lles  doivent  avoir  une  belle  cou- 
leur verte.  Quelques  marchands ,  pour  la  leur  donner,  se 
servent  de  cuivi'e  :  cet  usage  est  très^dangereux. 

Ije  Câprier  de  AJaLiABar,  Capparis  baducca  Linn.  C'est 
un  arbrisseau  toujours  vert  et  non  épineux,  à  feuilles  ovales 
lancéolées  et  glabres ,  qui  croît  au  Malabar  dans  les  lieux  sa- 
blonneux ,  et  qui  fleurit  dans  le  mois  de  janvier.  Les  Indien  a 
le  cultivent  à  cause  de  la  beauté  de  ses  fleurs ,  qui  naissent 
jusqu'à  trois  ensemble  aux  aisselles  supérieures  des  rameaux  ; 
leurs  étamines  sont  bleuâtres,  et  de  la  longueur  de  1^ 
corolle. 

Le  Câprier  a  grosses  siliques,  Capparis  amplissima 
Iiam.  Cette  espèce ,  que  Linnaeus  confoqd  avec  la  pi'écé- 
dente,  en  diffère  pourtant  beaucoup.  Elle  s'élève  en  arbre, 
avec  une  tige  quelquefois  très-grosse,  et  recouverte  d'une 
écorce  épaisse,  noirâtre  et  ridée;  ses  feuilles  sont  glabres, 
ovales  et  veinées;  ses  fleurs  soUtaires  sur  leur  pédoncule ,  et 
dont  les  nombreuses  étamines  sont  blanches  ainsi  que  la  co- 
rolle, forment  comme  autant  d'aigrettes  aux  aisselles  des 
feuilles  supérieures.  Le  fruit  est  ovoïde ,  et  de  la  grosseur  d'un 
œuf  d  oie.  Ce  câprier  se  trouve  à  Saint-Domingue. 

Le  Câprier  a  siliques  rouges,  Capparis  cynophallo^ 
phora  Linn. ,  vulgairement  le  pois  mabouia ,  ou  la  fève  du 
diable  des  Caraïbes.  Q  croit  aux  AotiUes,  et  s'élève  beaucoup 


Si8  CAP 

tuoins  que  le  précédent  :  ses  feuilles  sont  ovales ,  ôbtiuesj 
persistautes ,  et  munies  de  glandes  au  point  de  leur  insertion 
sur  la  tige  ;  ses  fleurs  naissent  trois  ou  quatre  ensemble  à  l'ex^ 
trémité  des  rameaux  y  sur  de  courts  pédoncules  ;  elles  sont 
blanches,  gi*andes,  fort  belles  et  d'une  odeur  agi^ble.  Ses 
fi-uits  f  longs  d'environ  six  pouces ,  s  ouvi*ent  en  deux  valves 
dans  leur  longueur,  et  d'un  seul  côté;  ils  contiennent  une 
chair  d'un  rouge  très- vif,  dans  laquelle  sont  nichées  des  se^ 
menées  foi*t  blanches,  qui  brillent  sur  ce  fond  comme  autant 
de  perles. 

Le  Câprier  i^ùisant,  Cappcuris  breynia  Linn.  Des  feuilles 
ovales  lancéolées,  luisantes  en  dessus ,  ponctuées  et  un  peu 
rudes  en  dessous  ;  des  pédoncules  supportant  plusieurs  fleur» 
blanches  et  très-odorantes  ;  des  fruits  cylindriques,  noueux 
et  un  peu  écailleux.  Tels  sont  les  caractères  spécifiques  de  ce 
câprier ,  arbrisseau  d'un  port  élégant ,  qui  croit  aux  Antilies 
et  dans  le  continent  voisin ,  près  de  la  nier. 

LeCAPRiRR  A  BsrxES  FLEURS,  Capparis  pulchêrrimaJacq. 
Ce  câprier  y  qu'on  trouve  sur  les  pentes  des  montagnes  des 
environs  de  Carthagène ,  s'élève  depuis  trois  jusqu'à  douxe 
pieds,  suivant  les  heux  et  la  natui^  du  tiol.  Ses  feuilles  sont 
obtuses  et  très^longues  ;  ses  fleurs  viennent  en  grappe  à  Tex- 
trémité  des  rameaux;  elles  sont  d'un  jaune  blanchâtre,  fort 
belles ,  et  elles  exhalent  une  odeur  très-suave.  (D.) 

CAPRIFICATION.  Opération  pratiquée  anciennement, 
et  encore  aujourd'hui  au  Levant ,  dans  la  vue  de  hâter  oa 
faciliter  la  maturité  des  figues.  £Ue  consiste  h  placer  sur  un 
figuier,  qui  ne  produit  pas  de  figues^'/leurs ,  ou  figuee^pre^ 
mièreêj  quelques-unes  de  celles-ci,  enfilées  par  un  fil.  Le» 
insectes  qui  en  sortent  chargés  de  poussière  fécondante ,  s'in» 
troduisent  par  l'csil  dans  Tintérieur  des  secondes  figues,  fé- 
condent par  ce  moyeu  toutes  les  graines ,  et  provoquent  la 
maturité  du  fruit.  Ces  premières  ligues ,  comme  on  sait ,  pa- 
roissent  un  mois  avant  les  autres.  Les  secondes  mûrissent  suc- 
cessivement depuis  le  mois  d'août  jusqu*en  octobre  et  même 
plus  tai^. 

Cette  opération,  dont  quelques  auteurs  anciens  et  quelque» 
modernes  ont  parlé  avec  admiration,  ne  m'a  paru  autre  cliose, 
dans  un  long  séjour  que  j'ai  fait  aux  iles  de  l'Archipel ,  qu'un 
tribut  que  l'nqmme  payoit  à  l'ignorance  et  aux  préjuges.  En 
efiet ,  dans  beauc;oup  de  contrées  du  Levant ,  on  ne  connoit 
point  la  caprification  :  on  ne  s'en  sert  point  en  France ,  en 
Jtalie ,  en  £s]>agne  ;  on  la  néglige  depuis  peu  dans  quelaues 
iles  de  rAi*chipeI  où  on  la  pratiquoit  autivlbis  ;  et  cependant 
on  obtient  par-tout  des  figues  tre»-bonn€s  à  manger.  Si  cette 


CAP  3i^ 

opération  étoit  nécessaire ,  aoit  que  la  fécondation  dât  s'opérer 


on  Ta  cru  communément  ^  on  sent  bien  que  ces  premières- 
figues  en  fleur  9  ne  pourroient  féconder  en  même  temps  celles 
qui  sont  parvenues  à  une  certaine  grosseur^  et  celles  qui  pa* 
loissent  a  peine ,  ou  ne  paroissent  pas  encore ,  et  qui  ne  mû- 
rissent que  deux  mois  après  les  autres. 

Laissons  tout  le  merveilleux  de  la  caprification ,  et  conve* 
nons^  d'après  l'observation ,  qu'elle  doit  être  inutile ,  puisque 
chaque  figue  contient  quelques  fleurs  mâles  vers  son  œil,  ca- 
pables de  féconder  toutes  les  fleurs  femelles  de  l'intérieur,  et, 
que  d'ailleurs  ce  fruit  peut  croître,  mûrir  et  devenir  excellent 
à  manger,  lors  même  que  les  graines  ne  sont  pas  fécondées. 

Bernard  a  donné  sur  cette  matière,  des  mémoires  aussi  in-« 
téressans  qu'instructifs.  Il  a  observé  que  les  figues  que  l'on 
cultive  au  midi  de  la  France,  ne  sont  jamais  attaquées  par  des 
cynipa  ,  tandis  qu'on  les  tiouve  constammenttdans  les  graines 
des  figues  sauvages.  Lorsque  les  figues  sont  assez  grosses  pour 
que  les  fleurs  femelles  soiont  bien  sensibles ,  des  cynips  pénè- 
trent dans  l'intérieur  par  l'œil ,  et  vont  sur  chaque  semence 
déposer  les  germes  qui  doivent  reproduire  ces  insectes.  Un 
mois  suiSt  pour  que  les  larves  pai*viennent  à  leur  dernière 
métamorphose.  Le  cynips  sort  de  chaque  graine  par  une  ou- 
verture qui  suit  constamment  la  direction  du  pistil.  On  trou- 
vera à  l'art.  Cykifs  la  description  de  cet  insecte.  (O.) 

CAFRIFIGUIER.  On  donne  ce  premier  nom ,  dans  le 
Levant ,  au  figuier  sauvage ,  dont  les  fruits  servent  à  la  Cafbi-' 
FiCATioN.  F^oyes  ce  mol ,  et  le  mot  Figuier.  (B.) 

•  CAPRÏFOLIACÉES,  Capri/o//a  Jussieu,  femille  de  plantes 
dont  la  fructification  est  composée  d'un  calice  mono^^hylle  , 
presque  toujours  divisé  à  son  limbe ,  rarement  entier ,  sou- 
Tent  caliculé  à  sa  base  ou  muni  de  deux  bractées  ;  d'une  co- 
rolle ordinairement  monopétale,  régulière  ou  irrégulière, 
quelquefois  fermée  de  plusieurs  pièces  dilatées  ou  reunies  à 
leur  base;  d'étamines  en  nombre  déterminé ,  le  plus  souvent 
simples ,  toujours  épipétales  et  alternes  avec  les  divisions  de 
la  corolle  dans  les  f|eurs  monopétales  ;  épîgynes  et  alternes  , 
avec  les  parties  de  la  corolle,  ou  insérées  sur  la  corolle  et 
opposées  à  ses  parties  dans  les  fleurs  polypétales  ;  à  anthères 
droites,  biloculaires;  d'un  ovaire  simple ,  inférieur,  à  style 
souvent  unique ,  quelquefois  nul ,  à  stigmate  simple,  rarement 
triple. 


Sao  CAP 

Le  fruit  est  une  baie  ou  une  capaule  k  une  on  plufieiirf . 
loges ,  renfermant  Une  ou  plusieurs  semences  à  embryon  placé 
dans  une  petite  cavité  ,  située  au  sommet  d'un  perisperme 
charnu  ,  et  à  radicule  supérieure. 

Les  plantes  de  cette  famille  ont  les  tiges  arborescentes  ou 
frutescentes  4  rarement  herbacées ,  presque  toujours  droites  , 
quelquefois  rampantes ,  quelquefois  volubles.  Les  feuilles ,  qui 
sortent  de  boutons  coniques ,  sont  le  plus  souvent  opposées , 
communément  simples  et  toujours  dépourvues  de  stipules  ;  le 
pétiole ,  qui  les  porte ,  est  très-court ,  quelquefois  même  il  est 
nul ,  et  alors  elles  se  réunissent  à  leur  base  pour  ne  former  , 
en  appai-ence^  qu'une  seule  feuille  entilée  par  la  tige.  Lea 
fleurs  ,  ordinairement  hermaphrodites  et  rarement  diclines 
ou  stéiiles ,  affectent  diflérentes  dispositions. 

Dans  cette  famille ,  qui  est  la  troisième  de  la  onzième  classe 
du  Tableau  du  règne  pégétal ,  par  Yentenat ,  et  dont  les  ca- 
ractères sont  figurés  pi.  iS^n^  a  du  même  ouvrage ,  de  qui  on 
a  emprunté  l'expression  caractéristique  ci-dessus ,  on  compte 
treize  geni'es  divisés  en  quatre  sec  lions  ;  savoir  : 

Ceux  qui  ont  le  calice  caliculé  ou  muni  de  bractées,  le 
style  unique  et  la  corolle  monopétale  :  la  Linnée,  laTRiosTKj 
la  Symphoricarpe  ,  la  Dierville^  le  Gamérisier  et  leCnis- 

VREFCUIIiLE.' 

Ceux  qui  ont  le  calice  caliculé  ou  muni  de  bractées ,  le 
style  unique  et  la  corolle  presque  monopétale  :  le  Lorai^te  , 
le  Gui  ,  le  Palétuvier. 

Ceux  qui  ont  le  calice  muni  de  bractées,  le  st^le  nul ,  troia 
stigmates  et  la  corolle  monopétale  ;  la  Viorne  ,  le  Sureau. 

Ceux  qui  ont  le  caUce  simple ,  le  style  unique  et  la  corolle 
polypétale  :  le  Lierre.  (B.) 

CAPROS  f  Caproe ,  genre  de  poissons  de  la  division  dee 
TuoRACHiQUEs ,  établie  par  Lacépede  aux  dépens  des  Zées  de 
Linnsus.  Son  caractère  consiste  k  avoir  le  corps  et  la  queue 
très-compiimés  et  très-hauts;  point  de  denta  aux  mâchoires; 
deux  nageoires  dorsales  ;  les  écailles  très-petites  ;  point  d'ai* 
guiUons  au-devant  de  la  première  ni  de  la  seconde  dorsale  , 
ni  de  l'anale. 

La  seule  espèce  qui  compose  ce  genre  est  appelée  Capros 
SANGLIER, c'est  le  Zeubuper  deLinnaeus,  le  Sanglier  deKon-* 
delet.  11  a  neuf  rayons  à  la  première  nageoire  du  dos  ;  vingt- 
trois  à  la  beconde;  trois  rayons  aiguillonués  et  dix-sept  rayon* 
articulés  à  la  nageoin;  de  Tanus;  la  caudale  sans  échancrure* 
On  la  II  ouve  dans  la  Méditerranée.  Sa  «hair  est  dui'e  et  ré- 
pand quelquefois  une  mauvaise  odeur.  On  l'a  appelé  sanglier p 
parce  qu'il  a  le  museau  avancé,  et  une  lèvi^  supérieure  aua- 


^C  A  P  5ji 

cepûble  d'applatûsement  commo  les  cochons  :  de  plus ,  »es 
écailles  sont  striées  et  frangées  sui*  leurs  bords,  ce  qui  leur 
donne  un  peu  l'apparence  d'être  couvertes  de  soies  ^  sembla- 
Lies  à  celles  du  même  animal.  Voyez  au  mot  Cochon.  (B.) 

CAPS£,  Capsa ,  nouveau  genre  de  coquilles  bivalves,  établi 
par  Lamai'ck  pour  placer  quelques  espèces  des  genres  Tel- 
lins  et  Venus  de  Linn. ,  qui  ne  conviennent  point  parfaite^ 
ment  aux  caractères  de  ces  genres.  Celui  que  Lamarck  indique 
comme  devant  appartenir  aux  capaes ,  sont  :  coquille  Irans- 
verse  ;  deux  dents  cardinales  sur  une  valve,  et  une  dent  bifide  et 
intrante  sur  la  valve  opposée.  Il  donne  pour  type  de  compa- 
raison, la  Venus  deflorata  Linn. ,  qm  est  figurée  pi.  oi  « 
fig.  3  et  4  de  Y  Encyclopédie  par  ordre  de  matières ,  section 
des  Vers;  et  dans  Gualtieri,  Test,  tab.86,  fig.  B.  C.  Voyez  aus 
mots  TEiiiiiNE  et  Vénus.  (B.) 

CAFSËLLE ,  Capselta ,  genre  de  plantes  établi  par  Venr 
tenat,  à  l'imitation  de  Tournefort ,  pour  placer  quelques  es- 
pèces du  genre  Thlasfi  de  Linnseus,  dont  les  siliques  pré- 
sentent des  difiérences  lorsqu'on  les  compare  à  celles  des 
autres.  Dans  ce  nouveau  genre  entre  la  plante,  si  commune, 
appelée  vulgairement  bourse  à  pasteur,  et  dont  on  sait  que  la 
capsule  ou  silicule  est  triangulaire  et  sans  l'ebords ,  tandis  que 
dans  les  véritables  thlaspis,  elle  est  ronde  et  entourée  d'un 
rebord.  Voyez  au  molTHiiASPi.  (B.) 

CAPSUL  AIRE ,  Capsularia,  genre  de  vers  intestins,  établi 
par  Groèze.  Il  a  pour  caractèi'e  d'être  mince ,  rond ,  aminci  à  sa 
partie  antérieure ,  obtus  à  ses  extrémités ,  et  renfermé  dans 
une  vésicule  capsulaire. 

II  comprend  deux  espèces,  dont  l'une  fait  partie  des  cu^ 
calions  du  Systema  naturœ  ,  édition  de  Gmelin.  C'est  le 
cucuUanus  scUaris  qui  se  trouve  dans  le  foie  des  poissons  d'eau 
douce.  L'autre,  des  ascarides  du  même  ouvrage.  C'est  V ascaris 
halecis  qui  se  trouve  dans  les  vésicules  séminales  du  hareng. 
Voyez  aux  mots  Cucullan  et  Ascaride. 

U  paroît  que  ce  genre  peut  difficilement  être  séparé  *  des 
dragonaux  ou  des  filaires,  par  aea  caractères  physiques  ;  mais 
son  genre  de  vie  l'en  éloigne  beaucoup ,  parce  qu'il  se  trouve 
toujours  dans  une  capsule  et  roulé  en  spirale,  tandis  que  les 
espèces  des  genres  cités  plus  haut  sont  libres ,  soit  dans  les  in- 
testins ,  soit  entre  les  tég  umens.  (B.) 

CAPSULAIRE ,  nom  donné  par  Cuvier ,  dans  les  tableaux 
ui  font  suite  à  ses  leçons  d*analomie  comparée ,  à  un  gepre 

e  vers  polypes  intermédiaire  entre  les  Tubul  aires  et  les  Ser* 
TULAiREs.  n  est  probable  que  ce  genre  est  le  même  que  celui 
appelé  Cellaire  par  Lamarck.  V(^ez  ce  mot.  (B.) 

iV.  X 


ï 


3sw  t:  A  p 

CAPSULE  9  Capsula  ,  péricarpe  aec  et  crenx ,  s'ouvrant 
d'une  manièi'e  déterminée  en  une  >  ou  plusieurs  parties  ap- 
pelées i^aiues  ou.  Jtaitans,  Voj.'les  mots  Fjleur,  Pxricabpk 
eiValphabei,  à  la  suite  de  larticle  Plante.  (D.) 

CAPUCHON. NOIR  (  Merops^cryaopteriiëy  Lath-,  ordre 
Pies  ,  genre  du  Gubfiek;  Voyez  ces  deux  mots.  ).  Ç^  guêpier 
se  trouve  à  la  Nouvelle-Galles  du  Sud  ^  où  il  ^estxonnu  sous 
le  nom  de  gtào  gtémr^uck.  Ce  nom  est  commun  à  un  autre 
oiseau  du  même  pays  ,  queje  ferai  connottre  sous  le  nom  de 
goruck.  Il  vit  ^e  mouches^  d'insectes ,  et  suce  le  miel  de  dif- 
ierentes  espèces  de  plantes  de  la  famille  de  celles  que  les  An- 
glais nomment  baakàia  ;  son  plumage  est  généralement  brun  ^ 
mais  plus  pâle  sur  la  tige  des  plumes  ,  plus  foncé  sur  les 
pennes  des  ailes,  dontles  quatre  ou  cina  des  plus  extérieures 
ont  dans  le  milieu  une  taclie  orangée  ;  la  queue  est  élagée^ 
et  toutes  les  pennes ^  excepté  les  deux  intermédiaires,  sont 
terminées  de  blanc  ,  la  langue  est  terminée  par  des  soies  ^ 
le  bec  et  les  pieds  sont  noirs  ;  longueur  d'environ  douae 
pouces.  Espèce  nouvelle,  (Vieill.) 

CAPUCIN.  Nom  vu^aire  du  sajou  brun ,  à  cause  de  sa 
couleur*  Voyez  Sajou.  (S.) 

CAPUCIN  (LE) ,  nom  donné  par  les  marchands  à  une 
coquille  du  genre  Càtiz,  qui  vient  des  mers  d'Afrique,  /^o/. 

CONE.  (B.) 

CAPUCINE ,  Tr^poÊolum  Linn.  (  Xhtandrie  moncgynU,  )  , 
genre  de  plantes  très-beau ,  très-remarquable  ,  qui  n'appar- 
tient encore  à  aucune  famille.  Il  a  des  rapports  avec  les  ^ero- 
niums ,  les  violettes  et  le9  balsamines.  Ses  caractères  sont ,  un 
calice  coloré  ,  d'une  seule  pièce  ,  à  cinq  divisions  profondes, 
lancéolées  ,  et  dont  les  trois  supérieures  se  terminent  en  un 
éperon  alongé  ;  une  corolle  invgulière  formée  de  cinq  pétales 
larges  et  arrondis,  deux  supérieurs  nus  et  rétrécis  simplement 
k  leur  base,  trois  inférieurs  ciliés  et  portés  sur  un  ongle!  étniit 
et  oblong  ;  huit  étamines  inégales,  plus  courtes  que  les  pétales , 
et  ayant  leurs  filamens  inclinés  ;  un  ovaire  su|>érieur  à  trois 
lobes;  un  style  étigé  de  la  longueur  desélamincs,  et  couronna 
par  un  stigmate  à  trois  pointes. 

Le  fruit  est  formé  par  tixns  capsules  charnues,  réunies, 
convexes  et  sillonnées  en  dehors,  angulaires  en  dedans  et 
attachées  à  la  base  du  style ,  qui  persiste  ;  chacune  d'elles  ren- 
ferme une  semence  de  la  même  forme.  Voyez  la  planche  S77 
des  Illustrations  de  Laniarck. 

Les  espèces  de  ce  genre  ,  dont  on  ne  connoft  jusqu'à  pré- 
sent qu'on  très-petit  nombre  ,  sont  des  herbes  exotiques,  qui 
ontlestigesfoibleset grimpantes,  les  feuilles  alternes, simples. 


CAP  3a3 

et  commnniinent  en  rendaclie  y  et  les  fleurs  axillaîres,  A 
l'exception  d'une  seule  espèce  trouvée  aux  environs  de  Bue^  v 
noB-Ayren ,  par  Commerson  (  la  capucine  à  cinqfeuiUes  ) , 
toutes  les  autres  sont  originaires  du  Pérou  ^  et  maintenant  très- 
communes  dans  nos  jardins.  Cependant  on  eu  cultive  plus 
particulièrement  deux ,  savoir  :  la  Grande  Capucine  ou  le 
Grand  Cresson  d'Inde  ,  Tropœolum  majus  Linn. ,  et  la  Pe- 
tite Capucine  ou  le  Petit  Cresson  d'Inde  ,  Tyopœolum 
minus  Linn.  La  première  n'est  connue  en  Europe  que  dé- 
puis 1684  ;  la  seconde  y  avolt  été  apportée  dès  i58o.  Elles  sont 
annuelles  dans  notre  climat  et  vivaces,  dit- on ^  dans  leur 
pays  nataL  Elles  difierent  principalement  par  la  grandeur 
respective  de  leurs  parties.  Toutes  deux  ont  des  tiges  cylin- 
driques et  grimpantes^  et  des  feuilles  anx>ndies  en  bouclier  et 
ombiliquées^  c'est-è-dire  attachées  soi  pétiole  parleur  centre  ; 
mais  les  feuilles  sont  plus  petites  dans  la  seconde  espèce ,  qui 
d'ailleurs  s'élève  moins.  La  fleur  de  la  grande  capucine  est 
d'un  jaune  orangé  ou  d'un  ponceau  éclatant ,  et  ses  deux  pé- 
tales supérieurs  sont  marques  à  leur  base  de  lignes  noii^àtres. 
ToL  petite  capucine  a  ses  fleurs  d'un  jaune  pâle ,  et  les  trois  pé- 
tales inférieurs  plus  petits  que  les  deux  autres  ,  et  tachés  de 
rouge.  Celte  dinérence  dans  la  forme  ou  dans  la  couleur  de 
leurs  fleurs  est  constante  ^  et  suffit  pour  [es  distinguer.  Dans 
l'une  et  l'autre  espèce  la  surface  supérieure  des  feuilles  est 
lisse  et  verte  ^  et  la  surface  inférieure  pàle^  et  quelquefois  pu- 
bescente.  Ces  feuilles ,  grandes  ou  jpetites  ,  ont  la  singubèra 
propriété  de  rester  sèches  après  avoir  été  arrosées. 

liJEi  capucine  est  une  des  plus  belles  plantes  qui  nous  soit 
venue  de  l'Amérique.  La  forme  singulière  de  ses  fleurs,  leur 
grandeur  et  leur  éclat ,  frappent  et  étonnent  l'œil  en  le  flat- 
tant agréablement  ;  elles  se  succèdent  dans  nos  climats  pen- 
dant tout  l'été  ^  et  même  jusqu'à  l'en&ée  de  l'hiver.  Dans  les 
pays  chauds  cette  plante  demeure  verte  et  fleurit  toute  l'année. 
En  lui  donnant  un  appui  y  dont  ses  tiges  foibles  et  lourdes  ont 
besoin  y  on  peut  la  faire  monter  à  une  assez  grande  hauteur, 
et  en  orner  les  murs  des  jardins  y  les  berceaux ,  les  terrasses 
ainsi  que  les  cours  et  les  fenêtres  des  maisons.  U  y  a  une  ca- 
pncine  à  fleurs  doubles  y  qui  est  fort  recherchée  des  curieux  ; 
c'est  une  variété  de  l'une  des  deux  espèces  dont  nous  venons 
de  parler ,  elle  se  maintient  plus  droite ,  est  moins  grim- 

1>ante,  conserve  plus  facilement  ou  plus  long-temps  ses  tiges  , 
orsqu'onla  tient  en  serre  chaude  dans  les  temps  convenables, 
et  peut  se  propager  facilement  de  bouture.  Les  espèces  an- 
nuelles se  multiplient  d'eUes- mêmes  par  leurs  graines ,  qui 
tombent  encore  un  peu  vertes ,  achèvent  de  mûrir  sur  la 

2 


5a4  C  A  P 

terre ,  -et  germent  «u  printemps.  C'est  dans  celte  saison  qu'où 
âoit  les  semer  y  ou  en  place  ou  dans  de  petits  pots,  pour, 
pouvoir  les  transplanter  plus  aisément.  Elles  aiment  le  soleil 
et  L'eau ,  et  demandent  une  bonne  terre. 

lies  fleurs  de  capucine  ont  l'odeur ,  le  goût  et  les  propriétés 
du  cresson  5  aussi  les  mange-t-K)n  en  salade.  On  confit  au  vi- 
naigre les  j  eunes  boutons  et  même  les  j  eunes  fruits  ;  ils  tiennent 
alors  lieu  de  câpres  ^  et  ils  sont  plus  parfumés.  On  jette  ces 
boutons  dans  du  bon  vinaigre  ,  ils  doivent  y  tremper  ;  à  me- 
sure que  le  nombre  en  augmente ,  on  ajoute  de  nouveau  vi- 
naigre. Il  suffit  de  couvrir  avec  une  toile  ou  avec  uneplancbo 
les  vases  destinés  à  cette  préparation  ;  le  vinaigre  ,  par  sa 
communication  avec  l'air  ,  devient  de  plus  en  plus  acide  et 
fort  ^  et  les  câpres^capucine»  en  acquièrent  plus  de  saveun 
On  peut^  si  l'on  veut ,  y  mêler  un  peu  de  ^1  ou  de  poivre. 

La  grande  capucine  ofire  un  phénomène  bien  singulier , 
qui  a  été  observé  pour  la  première  fois  par  la  fille  de  Lin-- 
uasus.  Dans  les  jours  chauds  de  l'été  ,  vers  le  crépuscule  du 
soir ,  il  sort  de  9idA  fleurs  une  lumière  vive  comme  l'éclair^  et 


trop  vit  nous  y  oblige.  C'est  sur-tout  dans  le  mois  de  juillet 

Sueces  petits  éclairs  sont  le  plus  fréquens.  Ce  phénomène  est 
igné  de  fixer  l'attention  des  naturalistes  pliysiciens  ;  il  de- 
manderoit  à  être  observé  de  nouveau  et  d  une  manière  sui* 
vie^  pour  savoir  s'il  est  l'efiet  des  principes  conslituans  de  la 
plante ,  dans  quelque  sol  qu'elle  se  trouve ,  ou  s'il  faut  l'at- 
tribuer à  la  nature  du  terrem,  ou  à  d'autres  circonstances  qui 
nous  sont  inconnues. 

On  trouve  dans  quelques  jardins  la  Capucine  i^AcuriJ^s  , 
Tropctolum  perigrinum  Linn.  C'est  une  fort  jolie  espèce,  qu'on 
reconnoît  aisément  à  son  feuillage  et  à  la  forme  élégante  de 
ses  fleurs  ;  elles  sont  un  peu  petites  et  d'un  jaune  orangé;  l'épe- 
ron du  cahce  est  plus  long  que  ia  corolle  ;  et  les  pétales  sont 
finement  découpes  en  leurs  bords.  Cette  capucine  est  grim- 

Sanle  aussi ,  et  a  ses  feuilles  médiocrement  ombliquées  et 
écoupées  profondément  en  trois  ou  cinq  segmens  un  peu 
dentés. 

La  Capucins  bâtarde  ,  Tropceolum  hibridumlAnn, ,  est 
selon  Liniueus  une  variété  obtenue  de  l'espèce  à  grande* 
feuilles.  Elle  a  le  poi*t  des  autres  capucines;  mais  les  pétale* 
de  sa  fleur  varient  et  sont  difficiles  à  déterminer^  et  ses  feuillet 
au  lieu  d'être  ombiliquées ,  sont  en  coin  élargi ,  et  à  cinq  lobes 
très-entiers.  (D.) 
~  C  APURE ,  Capura,  C'est  un  arbre  dont  les  rameaux  sont 


C  A  K  5a5 

opposés  ;le8'feuinè8  opposées^  oyales^entièi^ea; les  fleurs  pui^ 
parines  et  disposées  en  faisceaux  axillaii*es. 
-  Chaque  fleur  est  dépourvue  de  calice,  et  a  une  corolle  mo«* 
nopétaîe  y  tubuleuse  ^  cylindrique  ,  à  limbe  à/six  découpures 
orrondies ,  dont  trois  y  extérieures  et  alternes  ^  sont  plus  étroites; 
«lie  a  de  plus  six  étamines  y  a  les  anthères  presque  scssiles  , 
et  dont  trois  sont  plus  élevées  que  les  autres  :  un-  ovaire  su- 
périeur y  arrondi  y  trigone ,  tronqué  y  chargé  d'un  style  très- 
court,  ayant  un  stigmate  un  peu  alongé^IiefFuilest  unebaie. 

Cetasbre  croît  dans  riiuk.  (B.) 

CAPYfiARA,nom  brasilîen du  Cabiai.  /^sjf.cemot.  (S.) 

C  AQ  U  £  PI  N  !•£  ,  genre  de  plante»  adopté  par  Gmelin  y 
d'après  Sonnerat  y  qui  l'avoit  établi  dans  son  Voyage  à  la 
'Nouvelle^Guinée  sous  le  nom  de  ^reririas^C'est  la  gardène  thur^ 
hergique.  Voyez  au  mot  Garbene.  (B-.) 

GARA  ,  liseron^  d'Afrique  dont  les  nègres  mangent  la  ra- 
cine. On  ignoreà  quelle  espèce  cette  plante  doit  étro  rapportée. 
Peut-être  est-ce  tout  simplement  le  liseron paiaie..Yoyez  au 

mot  Ll5£RON.  (B,) 

CARABACIUM^  nonr  donné  à  un.  bois  aromatique  de 
yinde  y  qu'on  regarde  comme  un  excellent  remède  contre  lo 
scorbut.  On  ignore  par  quel  arbre  il.est  fourni.  (B.) 

CARABE  ^enre  d'insectes  de  la  pxemière  section  de  l'ordre 

des  CoLÉOPTERESà 

Les  caro^^s  ont  le  corps  alongé;  le  corcelet  ordinairement 
en  €œur;  les  élyti^es  convexes,  distincte^  du  corcelet;  les 
antennes  filiformes  ^-de  la  longueur  environ  de  la  moitié  du 
corps;  la  bouche  munie  de*  deux  lèvres ,  de  deux  nuuidi- 
bnlesyffrand^^arquéesy. dentées;  de  deux  mâchoii^es  cornées, 
et  de  SIX  antennules  ;  une  appendice  à  la  base  des  cuisses 
postérieures  y  aivec  les  tarses  filiformes,  composés*  de-  cinq 
articles. 

Linnasus  désigne  ce  geni^esous  le  nom  decarabus,  du  mot 
scora^^aiM,  légèrement  changé.  GeoiTrôi  lui  a  voit  restitué  celui 
de  bupreetis,  que  les  anciens  lui  avoient  donné  y  et  qui  est  tiré 
•de  la  qualité  malfaisante  que  l'on  attribuoità  ces  insectes  ;  le 
mot  bupreatisy  signifiant  en  grec  faire  crever  les  bœufs.  Mais 
le  mot  oara67«s  a  prévalu,  et  l'autre  a  été  assigné  aux  richards 
du  même  autetu'. 

Le  genre  des  carabes  est  fiicile  à  reconnoître.  Indépendam- 
ment des  caractères  génériques  qu'ofirent  les  antennes  et  les 
tarses ,  ces  insectes  ont  une  forme  particulière  qui  les  dislingue. 
'Us  difierent  des  ténébrions  paries  antenn&s  et  les  tarses  ;  des 
^eicindèles,  par  la  tête,  les  yeux,  le  corcelet  ,.les  pattes  et  les 
tarses-^ des  scarites,  par  les  antennes  etles  pattes  antérieiures» 


33S  CAR 

Ija  plupart  ieê  earabea  sont  aptères  ,  qvtoique  les  élytrm 
soient  séparées  l'une  de  l'autre ,  et  qu'elles  puissent  s'ourrir 
ou  s'écarter  du  corps  ;  on  ne  tiT)uve  au-dessous  qu'un  moi» 
gnon  d  aile  y  c'est-a-dire ,  une  petite  pièce  mince  ,  étroite, 
membraneuse ,  garnie  de  nervures ,  phis  ou  moins  longues  , 
mais  toujuars  trop  courtes  pour  pouvoir  servir  au  vol.  Plusieurs 
espèces  ont  des  ailes..,  dont  elles  font  rarement  usage. 

Les  larves  des  ctxrabe^  vivent  dans  la  terre,  dans  le  boia 
pourri  ;  elles  sont  difficiles  à  rencontrer ,  et  conséquemment 
peu  connues.  Ce  sont  des  vers  mous,  dont  le  corps  alongé 
a  six  pattes  écaillenses ,  et  une  bouche  armée  de  deux  forlea 
mâchoires  ou  pinces,  qui  leur  sei'vent  à  saisir  les  larves  et  le» 
insectes  dont  ils  se  nourrissent. 

Les  carabes  sont  très-agiles,  on  les  rencontre  très-firéquem- 
ment  dans  les  champs  et  dans  les  jardins,  courant  avec  beau- 
coup de  vitesse ,  et  se  cachant  le  pins  souvent  dans  la  terre  et 
sous  les  pierres.  La  plupart ,  parmi  les  grandes  espèces  sur-tout ,. 
évitent  la  lumière,  et  ne  sortent  que  la  nuit.  Ils  sont  ti^ès-vo- 
races;  ils  se  nourrissent  de  larves,  de  chenilles,  et  souvent 
d'insecles  pai*fails ,  dont  ils  se  saisissent  avec  leurs  grandes  et 
fortes  mâchoires  :  ils  ne  s'épargnent  pas  même  entr'eux,  car 
souvent  Os  se  dévorent  impitoyablement  les  uns  les  autres. 

Les  carabes  i^pandent  «ne  odeur  lre»-forte  et  très-désa* 
gréable,  qui  approche  de  celle  du  tabac ,  et  de  quelques  plantes 
vénéneuses.  Lorsqu'on  les  prend,  on  voit  sortir  de  la  bouche 
ou  de  l'anus,  une  liqueur  d'un  vert  noirâtra,  trè»-âcre,  et 
très-caustique,  et  dont  l'odeur  est  plus  forte  et  plua  péné* 
franleque  celle  que  répand  leur  corps. 

Les  anciens  avoient  regardé  ces  insectes  comme  un  poison 

Kur  les  bœufs  qui  en  avaloient  quelques-uns  ,  mêles  avec 
erbe  dont  ils  se  nourrissent  dans  les  champs  et  dans  les 
prés  ;.  ils  les  croyoient  capables  d'enOammer  les  intestins  de 
ces  animaux ,  par  leur  causticité.  C'est  à  cause  de  cette  qua- 
lité malfaisante,  qu'ils  leur  avoient  donné  le  nom  de  bupreste 

Hippocrate,  Pline,  et  les  anciens  médecins,  attribuoieni 
k  ces  msectes  une  vertu  peu  inférieure  à  etVLeAeAOMthandes, 
ils  en  faisoicnt  usage  dans  divenes  maladies,  dans  l'hydropi*- 
nie,  dans  les  Ijmpanites,  et  sur-tout  dans  quelques  maladies 
auxquelles  les  femmes  sont  particulièrement  sujettes.  Us  les 
faisoienl  prendre  intérieurement  à  très-petite  dose,  et  ils  les 
employoient  quelquefois  en  pessaires,  mêlés  avec  des  sub- 
stances aromatiques. 

Comme  ce  genre  vient  d'être  divisé  en  plusieurs  par  quel- 
ques auteurs  étrangers,  nous  croyons  devoir  renvoyer  a  ch»-> 
cun  d'eux  ce  qu'il  y  a  de  particulier  à  dire»  On  peut  cia  coor* 


e  A  K  527 

•équence  eoiùailterlea  mots  Cychrcs,  Calosohb,  6ai,e- 

BM'£  ,  BhaCHINLIS  ,  AnTHIE  ,  ManTIGOBB-,  ScaKITE  ,  liES- 

TEVE  el  Odacanthk.  Malgré  cea  i-eU'anch«men.«,  il  reste  pliu 
dedeux  cents  mra&e*  connus  ,  qui  se  trouvent  pour  Ia-pIu|Mirl 
en  France  ;les  plus  reui 01*4 fiables  011  les  plus  coantia,  sonl  : 

Le  Cahabe  coriace  ,  qui  est  a^tt:ref  noir ,  dont  te  corcelct 
elles  élytreS'Sont  rugveux.Cetttie  plus^groit-de  csux.qu'on 
trouve  en. France. 

IieCA.HABKDORé;  il  estaptère,noirendeesoiu,  d'un  vert 
doré  en  deanu ,  ses  élytres  préwnleat  de  larges  sillons  lisse». 

he  L£UcopHTAi.Hs.e*tailé,  noir,  son  corcelet«st.cannelé  ;- 
•es  élytres  scot  striées. 

Le  VuuMiRE  est  ailé, d'tm.QoirbroiuéjMswiteniiei  et 
■es pattes  sont  noires.. 

Le  Carabe  PRA)tfti,quiest  ailé,Doir,quiala  téteetlecor^ 
celet  dorés,  dont  les  élytres  sont  ferruginetises,avec  une  grand»  - 
tache  dorée. 

Parmi  les  espèces  étrangères,  celui  qui  jnérite  le  plusnotra- 
in te n lion,, est  le  Savonier,  que  j'ai  décrit  dans  mon  Ento- 
mologie, et  fig.  pi.  3,  fig.  a6;ile»t  noir  avec  le  bord  du  corcelet 
et  des  élyti-esÂùives,  les  antennes  et  les  pieds  pâles.  Les  nègres 
du  Sénégal,  suivant  la  remarque  de  Geoffroy- Villeneuve,  s0 
servent  de  cetânsecte  pour  la  composition  d'uo.  sftvon  Doir 
qui  a  les  mêmes  propriétés  que  les  nôtres.  (O.) 

CAAABIQ:UES>(LES),  Caraiici,  Famille  de  l'ordre  des 
Coi.KopT£REs  ,  établie  par  Lalreiile  ,  et  qui  appartient  k  Ut- 
première  section.  £1Ib  se  divise  en  C^IiÉriorades  ,  qui  eux-> 
mêmes  se  subdivisent  en  : 

ÉtAPasifiM}  ilseompreonsnt  les  genres  ËLAPaB»  et  Bem- 

BIDIOK.- 

GRAFinn-ÉsiDEB  ;  les  genres  Aktria  et  Grafhittère. 

Bombardiers;  lés  genres  Brachinus,Odacantmk  et  AoBA. 

LoNOiPALFES  i  les  genres  Galérits  et  Dryptb. 

BARBt;s;  les  genres  Eooonofhork,  Loricèhe,  NIbrue 
et  Omophron. 

Mkta  LLiQVJut  ;  les  genres  CVchre  ,  PkNAoéE ,  Cauwoms 
«t  Carabe. 

Melancklènes;  les  genres  LiriNE  elHÀRPALE. 

Fo»aovEURs;its renferment deiutgenres.CuviNE et  Sca- 

UTBS.  (O.) 

"■"•"""    "'    "  1.  4  ,  Ub.  55.  Cest  un  bel  arbro 

s  et  des  feuilles  ailées,  dont  les 
)deur  déw^réable  et  une  saveur 
petites  ,  viennent  en  panicnles 
rorle. 


Sa8  CAR 

Elles  ccftinsient  en  un  calice  petit  et  à  cinq  divisions  poin- 
tues; en  cinq  pétales  lancéolés;  en  dix  éiamînes  de  la  lon- 
gueur des  pétales;  en  un  ovaire  supérieur,  chargé  d'un  style 
menu ,  blanchâtre ,  ayant  un  stigmate  en  tête.  Les  fruits  sont 
des  baies  rondes  et  monospermes. 

Cet  arbre  croît  dans  l'Inde.  Il  fleurit  deux  fois  l'iinnée.  On 
retire  de  ses  graines  une  huile  par  expression. 

Quelques  botanistes  pensent  que  c'est  l'AzEnERACK  ailjé. 
yoyex  ce  mot.  (B.) 

OARACAL  {Feliê caracalïAnn. ,  Syat,  nat. ,  éd.  1 5.  Voyes. 
t.  26  y  p.  357 ,  pi.  16  de  redit,  de  Buffbn ,  par  Sonnini.) ,  qua- 
drupède du  genre  Chat  ,  de  la  famille  du  même  nom  y  et  de 
l'ordre  àe»  Carn  assieds  ,  sous-ordre  des  Carni\  ores.  (  Voy, 
ces  mots.)  Le  caracal  se  rapproche  beaucoup  du  lyn^ç ,  par  la 
grandeur  et  la  forme  du  cqy\^  ,  par  l'air  de  la  tête  ;  et  encore 

S  lus  par  l'existence  d'un  long  pinceau  de  poil  noir  à  la  pointe 
es  oreilles  ;  cependant  lecarcrca/  n'est  point  moucheté  comme 
le  lynx;  il  a  le  poil  plus  rude  et  plus  court,  la  queue  beau- 
coup plus  longue  et  d'une  couleur  uniforme,  le  museau  plus 
alonge ,  la  mine  beaucoup  moins  douce ,  et  le  naturel  plus 
féroce.  Le  lynx  n'habite  que  dans  les  pays  froids  et  tempéi^  ; 
le  ccwacal  ne  se  trouve  que  dans  les  climats  les  phis  chauds  ; 
ces  disconvenances  du  naturel  et  du  climat,  indiquent  sufli-> 
samment  que  ces  deux  animaux  sont  d'espèces  diflérentes. 

Le  c^rrcrca/ est  commun  en  Barbarie,  en  Arabie  et  dans 
tous  les  pays  qu'habitent  le  lion ,  la  panthère  et  l'once.  Gomme 
eux  il  vit  de  proie  :  mais  étant  plus  petit  et  bien  plus  foible  , 
il  a  plus  de  peine  à  se  procurer  sa  subsistance  ;  û  n'a  ^ur 
ainsi  dire ,  que  ce  que  lea  autres  lui  laissent ,  et  souvent  il  est 
forcé  de  se  contenter  de  leurs  restes.  Il  s'éloigne  de  la  pan-* 
thère,  parce  qu'elle  exerce  ses  cruauté»  lors  même  qu'eDe 
est  pleinement  rassasiée  ;  mais  il  suit  le  lion  ,  qui ,  dès  qu'il 
est  repu  ^ne  fait  de  mal  à  personne  ;  le  caraco/ profite  des  dé- 
bris de  sa  table ,  quelquefois  même  il  l'accompanie  d'asses 
près ,  parce  que  grimpant  légèrement  sur  les  arbres  ,  il  ne 
craint  pas  la  colère  du  lion  qui  ne  pourroitry  suivre,  comme 
fiiit  la  panthère.  C'est  par  toutes  ces  raisons ,  que  l'on  a  dit  du 
caracal ,  qu'il  étoit  le  guide  ou  le  potavoyeur  du  Uon  ;  que 
celui-ci,  clont  l'odorat  n'est  pas  fin,  s*en  servoit  pour  éventer 
de  loin  les  autres  animaux ,  dont  il  partageoit  ensuite  avec  lui 
la  dépouille. 

Ce  quadrupède  carnassier  ne  s'apprivoise  oue  trè»-diflBri- 
lement  ;  cependant  lorsqu'il  est  pns  )eune  et  élevé  avec  soin , 
on  peut  le  dresser  à  la  citasse ,  qu'il  aime  naturellement ,  et 
i  laquelle  il  réussit  trè»-bien ,  pouvu  qu'on  ait  Tattention  de 


CAR  5j9 

ne  le  jamais  lâclier  que  contre  des  animaux  qui  lui  soient  iit- 
férieurs  et  qui  ne  puissent  lui  résister  ;  autrement  il  se  rebute 
et  refuse  le  service  dès  qu'il  y  a  du  danger  :  on  s'en  sert  aux 
Indes  pour  prendre  les  lièvres^  les  lapins  ^  et  même  les  grands 
oiseaux  ^  qu'il  sui^irend  et  saisit  avec  ime  adresse  singulière. 

(Desm.) 

CARACARA  {Falco  hrasiliensU  Lath.)  y  oiseau  du  genre 
des  Faucons  ,  et  de  Tordre  des  Oiseaux  de  proie.  (  Voye% 
ces  mots.)  Les  Indiens  du  Brésil  nomment  coracara  un  oiseau 
de  proie  ^  dont  Marcgrave  donne  une  assez  courte  indication. 
(  Hist,  nat.  Bras.  pag.  311.  )  Il  a  la  grandeur  d'un  milan ,  la 
queue  longue  de  neuf  pouces  ;  les  ^es  de  quatorze  ,  qui  ne 
s'étendent  pas ,  dans  leur  état  de  repos ,  jusqu'à  l'extrémité 
de  la  queue  ;  la  tête  et  les  serres  d'un  épervier  ;  le  plumage 
roux  et  pointillé  de  jaune  et  de  blanc  ;  la  queue  variée  de 
brun  et  de  blanchâtre  ;  le  bec  et  les  ongles  noirs  ;  enfin  ,  les 
yeux  et  les  pieds  jaunes.  Quelques  individus  ont  le  venti'e  et 
la  poitrine  blanchâtres.  Marcgrave  dit  que  le  carticara  est 
un  grand  ennemi  des  poules.  Les  Portugais  l'appellent  ga^ 
vicn.  (S.) 

CARACARA.  Le  Père  Dutertre  a  parlé  de  Vagand  sous 
cette  dénomination  àecaracara  (^Hisi,  des  Antillea,  tom.  2.), 
et  tout  ce  qu'il  en  dit  doit  être  rapporté  à  1' Agami.  Voyez  ce 
mot.  (S.) 

CAR  ACCA  (  Falco  cristatua  Lath.  ) ,  oiseau  du  genre  des 
Faucons  ,  et  de  l'ordre  des  Oiseaux  de  proie.  (  Voyez  ces 
mots.)  Dillon  a  vu  et  dessiné  un  oiseau  vivant  de  cette  espèce 
dans  la  ménagerie  du  roi  d'Espagne  à  Buen-Retiro.  (  Voyage 
en  Espagne ,  pag.  80,  et  pi.  3.)  Sou  bec  est  fortement  courbé 
en  dessus  y  et  presque  droit  en  dessous  ;  il  poite  une  huppe 
courte  sur  le  derrière  de  la  tête  ;  son  ventre  est  blanc  ^  et  sa 
queue  est  traversée  par  quatre  bandes  cendrées  ;  le  reste  de 
son  plumage  est  noir.  Cet  oiseau  est  de  la  grandeur  d'un  coq. 
d'Inde  y  et  paroit  se  rapprocher  beaucoup  de  la  famille  des 
aigles. 

L'on  doit  rapporter  à  cet  oiseau  de  proie  celui  que  Jacquin 
a  observé  dans  les  montagnes  de  la  Nouvelle-Grenade  ,  et 
qu'il  présente  mal-à-propos  comme  une  espèce  de  vautour, 
{^Beyir.  zur gesch,  der  uoeg.  pag.  1 5  ,  n*^  1 1 .  )  M.  Latham  en  a 
fait  une  variété  de  Vaigle  huppé  du  Brésil,  décrite  par  Bris- 
son  ;  mais  il  n'est  guère  possible  de  se  méprendre?  sur  l'iden- 
tité d*  ces  deux  oiseaux.  {Voyez  mon  article  du  caraccadans 
le  vol.  38  de  mon  édition  de  VHistoîre  naturelle  de  Buffon.)' 
Au  reste  le  caracca,  au  rapport  de  Jacquin  «  a  tant  de  force 
musculaire^  qu'il  fend  la  tête  à  un  homme  d'un  seul  coup  de 


55o  C  A  K  ^ 

bec  :  en  le  prenant  jeune  on  parvient  aiséaaent  £  Tappri^-^ 
Toiser.  (S  ) 

CARACO  (  Mus  caraeo  Linii,.,  éd..  i3.  Vayer^  tom.  3d,. 
]>ag.  ai  7  de  l'édition  de  BuRbn ,  par  Sonnini.  ) ,  quadrupède 
du  genre  des  Rats,  de  la  famille  du  même  nom  ^.etdelor- 
dre  det  Rongeurs.  {Voyez  ces  mots.)  Le  caraao  ou  charavho- 
a  ordinairement  six  pouces  de  longueur  depuis  le  1;k>uI  du 
museau  jusqu'à  l'origine  de  la  queue  ,  longue  de  qjialre  pou* 
ces  et  demi..  Son  poil  est  brun  cendré  sur  le  dos,  et*.cendré' 
blanchâtre  sous  le  venlre  :  ses  pieds  sont  d'un  blanc  sale. 

Cette  grande  espèce  de  rat  est  commune  dans  les  provinces 
orientales  de  la  Sibérie  ;  il  aime  le  voisinage  des  eanx  ;  il  y 
creuse  son  terrier  ,  et  y  nage  avec  beaucoup  de  facilité  :  aussi 
les  doigts  de  a^  pieds  sont-ils  unis  par  des  rudimens  de  mem- 
branes qui  les  rendent  presqu'a  demi  palmés.  Dana  les  can- 
tons cultivés  et  habités  ,  le  caraeo ,  de  même  qœ  le  i*at 
commun  ,  fréquente  les  maisons  et  y  fait  de  gnuids  dé- 
gâls.  (Desm.) 

CaRACOLY,  alliage  métallique  composé,  dit-on  ,  d'or,, 
d'argent  et  de  cuivre  ,  dont  on  £iit  des  bracelets  el.  autres 
oiiiemens  pour  les  Caraïbes.  (Pat.) 

CARACTÈRES  DÈS  MINÉRAUX.  Voyez  MiwiaA- 
XooiE.  (Pat.) 

CARACURA  ,nom  d'un  petit  oiseau  maritime,  qu^Henry 
Ruysch  dit  se  tix>uver  au  Brésil ,  et  désigne  par  un  plumage 
gris  cendré  ,  des  yeux  rougeâtres  ,  et  la  voix  forte  pour  sa- 
taille.  (ViEiLL.) 

CARAGAN  ,  Caragana  Lara.  (  diadelphie  décandrie,^  ^ 
genre  de  plantes  de  la  famille  des  Légumineusbs  ,.et  qui  a 
beaucoup  de  i-apport  avec  le  rohinia ,  dont  il  diUère  par  son 
calice  à  cinq  dents  ,  par  son  stigmate  non  velu ,  sa»  gouast 
enilée  et  presque  cylindrique,  ses  semences  à-jpeu-près ron-> 
des  et  non  comprimées,  enfin  par  ses  feuilles  ailées,  sans  im- 
paire, et  dont  une  pointe  épineuse  termine  le  pétiole  com*- 
mun.  Ce  genre  est  figuré  dans  les  lilustr.  de  Lamarck, 
pL  607  ;  il  comprend  de  petits  arbres  et  des  arbrisseaux  le 
plus  souvent  épineux  ,  qui  croi>sent  presque  tous  dans  le 
nord  de  r£urope ,  et  qu'on  peut  cultiver  en  France  en  pl«iji« 
terre. 

L'espèce  la  plus  élevée  est  le  Caraoan  AaBORRSCKNT  p 
jRohima  caragana  Liiin. ,  vulgaii*ement  firbre  aux  poU.  Ses 
feuilles  sont  en  faij>ccaux ,  et  composées  d'environ  cinq  pairea 
lie  folioles  elliptiques  ;  acs  stipules  deviennent  épineuaes  au 
bout  de  deux  ans  ;  ses  fleurs  jaunes  sont  soutenues  par  des 
pédoncules  simples  ^  réunis  trois  à  six  ensemble  pai'mi  ka 


CAR  33i 

feuilles  :  elles  h'ont  point  d'odeur  ;  mais  .comme  elles  sont  en 
grand  nombre ,  et  qu'elles  paroissent  en  mai ,  cet  arbre  mé- 
rite de  figurer  dans  les  bosquets  du  printemps  :  IL  est  origi- 
naire de  Sibérie.  On  le  multiplie  par  ses  gi^aines ,  qu'il  faut 
•emer  en  automne  et  à  l'ombre  ;  il  se  propage  aussi  de  plant» 
enracinés.  Sa  croissance  est  rapide  :  û  peut  former  en  peu 
de  temps  la  haie  la  plus  épaisse  et  la  plus  durable.  Use  plaît 
dans  un  sol  sablonneux  et  léger  ,  veut  êli^  exposé  au  nord, 
et  ne  craint  pas  les  froids  les  plus  violens.  Dans  un  mauvais 
terrein  sans  abri,  où  l'on  essaieroil  inutilement  de  faire  venir 
d'autres  arbres ,  celui-ci  réussit  fort  bien.  On  lait ,  dans  son 

Says  natal ,  de  bonnes  cordes  avec  son  écorce  ,  et  une  espèce 
e  teinture  avec  les  feuilles  ,  qui  sont  en  même  temps  un  ex- 
cellent fourrage  pour  les  bestiaux.  Ses  semences  se  mangent  : 
ce  sont  des  espèces  de  pois  fort  oléagineux ,  plus  nourrissant 
aue  les  nôtres ,  et  qui  cuisent ,  dilron  ,  et  se  digèrent  plus 
facilement.  JI  est  étonnant  qu'un  arbre  aussi  utile  soit  né- 
gligé. Ceux  qui  le  cultivent  doivent  ,  loi'squ'il  est  petit  et 
tendre ,  en  éloigner  soigneusement  le  bétail  et  les  cochons^ 
Ces  derniers  animaux  sont  friands  de  sa  racine ,  qui  a  un 
goût  d'orge.  La  taupe  est  le  plus  moi'tel  ennemi  de  cet 
arbre. 

Jje  Caragan  FiROCfi,  Caraganaferox  Lam. ,  est  un  petit 
arbi-isseau  qui  ne  pai*oît  s'élever  qu'à  la  hauteur  de  titiis  à  cinq 
pieds.  Il  est  horriblement  hérissé  d'épines ,  et  li^ès-propre  à 
faire  des  haies.  Il  croît  aussi  dans  la  Sibérie.  Ses  feuilles  sont 
ailées  sans  impaire ,  et  ont  huit  ou  dix  folioles  terminées  en 
une  petite  pointe.  Les  stipules  et  les  pétioles  sont  également 
épineux. 

Le  Caragan  argenté ^  Robinia  holodendron  Linn. ,  qu'on 
trouve  dans  le  même  pays ,  le  long  de  la  rivière  Iriisch,  peut 
être  employé ,  comme  le  précédent ,  à  clore  les  possessions  ; 
il  a  beaucoup  d'épines ,  mais  le  duvet  court ,  blanchâtre  et  ar- 
genté dont  il  est  couvert,  en  fait  un  joli  arbrisseau.  Seê  feuilles 
aont  composées  de  deux  ,  quati*e  ou  six  folioles  oblongues , 
ondées ,  élargies  vers  leur  sommet ,  et  terminées  par  une 
pointe  épineuse.  Les  pédoncules  sont  axillaires  ,  et  portent 
chacun  trois  fleurs  rougeàtres  ou  d'un  rose  pâle.  (D.) 

CAR  AGATE,  Tillandsia  ,  genre  de  plantes  de  l'hexan- 
drie  monogynie  ,  et  de  la  famille  des  Brom £LoïD£s  ,  dont  le 
caractère  est  d'avoir  un  calice  à  trois  divisions  droites  et 
pointues  ;  une  corolle  monopétale  plus  ou  moins  profonde^ 
ment  trifide  et  plus  grande  que  le  calice  ;  six  étamines  dont 
lea  anthères  sont  sagiltées  ;  un  ovaire  supérieur  oblong. 


533  CAR 

chargé  d'an  style  aiuaî  long  que  lesétamines^i  stigmate  tri<* 
fide  et  obtU5. 

Le  fruil  est  une  capsule  oblongue ,  triloculaire  ^  et  qui  con- 
tient piiisieuFs  semences  munies  d'aigrettes. 

Voyez  pi.  294  4^^  lUuatration»  de  Lamarck ,  où  ce  genre 
est  figuré. 

Les  caragates  renferment  quinze  À  seize  espèces ,  la  plu- 
part parasites ,  et  toutes  propres  à  TAmérique  méridio- 
nale. Leur  aspect  varie  beaucoup  :  les  unes  ont  des  feuilles 
radicales  alongées ,  du  milieu  desquelles  s'élève  une  hampe 
plus  ou  moins  grande  ;  les  autres  ont  des  feuilles  cylindn-' 
ques  9  pendantes ,  des  aisselle»  desquelles  naissent  des  fieiurs 
Aolitaires. 

Les  espèces  de  ce  genre  sont  peu  connues  en.  Europe , 
aucune  n  étant  suscepuble  d'y  dtre  cultivée.  Une  de  celles  que 
l'on  doit  citer  dans  la  première  division  ,  est  la  Caraoatk  ▲ 
"iBPi  TRONQUÉ,  TiUanasia  lingulala  Linn. ,  dont  le  caractère 
est  d'avoir  les  feuilles  liiigulées,  lancéolées ,  très-entières;  les 
épis  simj^s ,  feuilles  ,  tronqué>  au  sommet.  C'est  une  trè»- 
belle  plante  dont  les  fleurs  sont  grandes,  d'un  jaune  d'or, 
et  qu'on  trouve  sur  le»  troncs  d'arbre  dans  les  Antilles,  où  on 
l'appelle  Vanaruzs  des  bois. 

Une  autre,  encore  phis  digne  de  remarque  ,est  la  Caraoate 
PANicuLJfiE,  dont  les  feuilles  sont  arondinacées ,  très-longues, 
chargées  de  poussière,  et  le  hampe  central  de  la  hauteur 
d'un  homme.  Ce  hampe  est  composé  d'une  grande  quantité 
de  rameaux  alternes  qui  sortent  de  raisseUe  d'une  petita 
feuille  amplexicaule,  et  qui  suppoiient  des  épis  lâches  com- 
posés de  fleurs  dont  le  calice  est  panaché  de  vert  et  de  pour- 
pre ,  et  la  corolle  violette  ,  parsemée  de  points  pourpres. 
Cette  belle  plante  se  1i*ouve  à  Saint-Domingue  sur  les  vieux 
arbres  :  elle  est  figurée  pi.  937  des  plantes  cP Amérique  de 
Surmann. 

Parmi  celles  à  feuilles  cylindriques^  la  CIragate  musci* 
FORME ,  Tillandsia  usneoldes  Lmn.  ,  est  seule  dans  le  cas 
d'élre  citée.  Ses  ti^es  sopt  filiformes  ,  rameuses,  diversement 
entrelacées ,  garnies  à  leurs  articulations  de  feuilles  en  alt^ne , 
chargées  d'un  duvet  poudi'eux  et  grisàti^  :  elles  ressemblent 
k  une  mousse ,  à  un  lichen  filamenteux  ou  à  une  barbe  qui 
pend  aux  branches  des  arbres  :  aussi  l'appelle-t-on  ta  Barde 
espagnole  dans  les  colonies  françaises  de  l'Amérique ,  oA 
elle  se  trouve  'ti*es-abondamment.  Les  chênes ,  les  érables,  les 
liquidambars ,  les  noyt'i^ ,  et  quelques  autres  espèces  d'arbres 
de  la  Caroline  en  sont  quelquefois  couverte  ,  au  point  qu'on 
ne  peut  pas  voir  leiu*»  branches  ,  ainsi  que  je  l'ai  ^marqué 


CAR  335 

Jaiis  le  IMiya  ;  mais  eUe  ne  croit  point  sur  les  pins ,  les  cy- 
près^ les  gordons,  &c.  Sa  Heur  ne  subsiste  que  quelques  heu- 
res. Lorsqu'on  met  cette  plante  pendant  quelques  jours  dans 
une  eau  croupissante  ou  dans  la  teri*e  y  la  partie  poudreuse 
qui  la  recouvre  se  poiuTit,  et  il  l'esté  des  iilamens  bruns  y  sem- 
blables à  du  crin,  qu'on  emploie  aux  mêmes  usages,  c'est* 
à-dii«  à  faire  des  matelas ,  à  rembourrer  les  selles  des  che- 
vaux,  et  auti^s  usages  économiques.  Presque  toujours  la  plus 
Srande  partie  de  ce  qui  est  sur  un  arbre  est  composée  de  li- 
res mortes  qui  subsistent  extrêmement  long-temps  avant  de 
Ae  détruire.  \jà%  vaches  mangent  de  cette  plante  ^  lorsqu'elles 
n'en  ont  pas  d'autres  qui  leur  plaisent  davantage.  (B.) 

GARAGNE  y  nom  d'une  résine  produite  par  un  grand 
arbre  d'Amérique  ,  qu'on  appelle  Varhre  de  la  folie.  £lle 
entre  dans  la  composition  du  faux  vernis,  de  la  Chine,  efc 
de  quelques  oUguens.  On  n'est  pas  certain  du  genre  de  cet 
arbre ,  que  Miircgrave  représente  comme  un  palmier ,  et 
qu'Hernandès  appelle  curhor  insania  caragna  nuncupata.  (B.) 

CAR AGNE.  C'est  le  sarigue ,  selon  De  Laët.  (  Hist.  du 
Notiv.  Monde  y  page  485.)  Voyez  Sarigue.  (S.) 

'  CARAICHE ,  nom  vulgaire  des  plantes  du  genre  Laiche. 
Voyez  ce  mot.  (6.) 

CARAINAL.  Voyez  Guêpier.  (Vieill.) 

CARAIPÉ  ,  Caraipa  ,  genre  de  plantes  qu'Aublet  a  fait 
connoître  y  et  qui  comprend  des  arbres  à  feuilles  simples  et 
alternes  ,  dont  les  fleurs  viennent  en  bouquets  ou  en  petite» 
grappes  aux  extrémités  des  branches. 

Ses  caractères  sont  d'avoir  un  calice  profondément  divisé 
en  cinq  découpures  arrondies  et  velues  ;  une  corolle  encore 
inconnue  ;  beaucoup  d'étamines  attachées  au  réceptacle  du 
pistil  ;  un  ovaire  supérieiu*  dont  le  style  et  le  stigmate  ne  sont 
point  connus. 

Le  fruit  est  une  capsule  ovale  conique,  pointue ,  un  peu 
courbée  à  son  sommet,  qui  s'ouvre  en  trois  valves  persistantes^ 
qui  contient  trois  loges  a  une  seule  semence  angiUeuse  à  l'in- 
térieur, et  arrondie  en  dehors.  Chaque  semence  est  attachée 
à  un  placenta  à  trois  ailes. 

Aublet  cite  et  figure  pi.  a 23  et  224  de  ses  Plantée  de  la 
Guiane ,  quatre  espèces  de  ce  genre,  peu  difierentes  les  unea 
des  autres,  et  qui  ne  présentent  rien  de  remarquable.  Le  bois 
de  la  première ,  la  Caraip£  a  petites  feuilles  ,  estrouge^ 
dur ,  compacte  ,  et  sert  à  faire  des  meubles.  (B.) 

GABAMASSON.  On  donne  ce  nom  à  l'embouchure  da 
la  Seine  au  Cotts  ftCORpioi<r.  Voyez  ce  mot.  (B.) 


554  CAR 

CARAMBASSE.  C'est  une  espèce  de  Millbt.  Voyem  cm 
mot.  (B.) 

CARAMBOLIER ,  jiverrhoa ,  genre  de  plantes  à  fleurs 
polypétalées,  de  la  décandrie  penlagynie  ^  et  de  la  famille  des 
T£B>  BiNTACSEs,  dont  le  caractère  est  d'atoirun  calicedecûu| 
feuilles  orales  ou  lancéolées ,  droites  et'penûtantes  ;  cinq  pé- 
tales oblongs ,  onguiculés ,  plus  grands  que  le  calice  ;  dix  éta* 
mines  alternativement  grandes  et  petites  ;  un  ovaire  supé** 
lieur ,  légèrement  pentagone ,  chargé  de  cinq  styles  courts  , 
astigmates  simples. 

Le  fniit  est  une  espèce  de  baie  charnue,  oblongueou  airon* 
die ,  à  cinq  angles  ou  à  cinq  côtes ,  et  divisée  intérieurement 
en  cinq  loges  qui  contiennent  une  ou  plusieurs  semences. 
^oyes  pi.  d8ô  des  lUuêtraUonê  de  Lamarck ,  od  ce  genrs 
est  figuré. 

Les  caramboUerê  sont  des  arbres  de  moyenne  grandeur , 
originaires  des  Indes  orientales ,  dont  les  feujlles  sont  alter- 
nes 9  ailées  avec  une  impaire ,  les  folioles  alternes  sur  plu- 
sieurs rancs  ;  les  fleurs  disposées  en  grappes  paniculées ,  nais- 
sent sur  le  tronc  ou  à  la  base  des  rameaux ,  ou  dans  les 
aisselles  des  feuilles.  On  en  compte  trois  ou  quatre  espèces, 
savoir: 

Le  Car AM  bolier  axiixairb  ,  Aperrhoa  carambola  Lînn. , 
dont  le  caractère  est  d'avoir  les  fleurs  axillaires»  et  le  fruit 
ovale  y  à  angles  aigus.  Cet  arbre  est  cultivé  dans  les  jardins;  il 
fructifle  deux  ou  trois  fois  Tannée.  Ses  baies  sont  de  la  gros- 
seur d'un  œuf  de  poule,  se  mangent  crues,  ont  un  goût  agréa- 
ble, et  excitent  Tappétit.  On  les  ordonne  pour  les  fièvres  bi- 
lieuses ,  pour  les  dyssenteries.  On  les  coniit  au  sucre.  Il  fournit 
plusieurs  variétés. 

Le  Carambolibr  cTt.iNDRiQi7B,  ^^errAoa  hilimbi  Linn. , 
a  ses  fleurs  sur  la  tige  ;  ses  fruits  sont  alongés  et  obtusément 
anguleux. 

Celui-ci  est  plus  petit  que  le  précédent  dans  toutes  ses  pai^- 
ties.  Ses  fruits  ne  se  mangent  pas  crus ,  parce  qu'ils  sont 
trop  acides,  mais  on  les  fait  cuire  avec  la  viande  et  le  poisson, 
auxquels  ils  communiquent  un  goût  relevé  et  agréable.  On 
en  fait  un  sirop  qui  est  très-rafraichissant.  On  les  confit  au 
sucre ,  au  vinaigre  et  au  sel  pour  les  adoucir. 

Le  Carambolier  a  fbuits  RovDs,y^perrhoaacida  Linn. , 
dont  les  fleura  se  trouvent  sur  les  branches ,  et  dont  le  fruit 
•st  rond ,  légèrement  sillonné ,  et  à  peine  plus  gi*os  que  la 
cerise.  Les  fleurs  de  celui-ci  ont  une  odeur  agréable  et  une 
saveur  légèrement  acide.  L'acidité  de  ses  fruits  est  plus  agi^a- 
blc  que  celle  des  fruits  du  précédent;  on  les  mange  avec  dé-* 


CAR  sis 

Hce  y  et  on  en  fait  d'excellentes  confitures ,  dont  le  goût 
scient  de  Y  épine  vlnette.  La  racine  de  ce  carambolier  rena  un 
sue  laileux  et  acre  lorsqu'on  l'en  lame. 

Uy  «  encore  une  espèce  de  carambolier  qui  est  cultivée  « 
•mais  qu'on  J^e  co'nnoiL  qu'imparfaitement.  C'est  le  pomum 
draoonum  de  Rumphius.  (B.) 

CARANCRÔS.  Foyez  Uhuïu.  (S.) 

CARANDCER,  Caranda,  genre  de  plantes  de  la  famille 
âes  Pajlmiërs  ,  établi  par  Gaertner ,  mais  dont  on  ne  connoit 
encore  qu'imparfaitement  l'inflorescence.  Le  calice  est  tri- 
fide  et  coriace  ;  la  corolle  nulle  ;  le  fruit  supérieur  ,  nu  et 
pédicellé.  Ce  genre  est  rapporté  par  Gserlner  à  la  plante  fi« 
gurée  par  Rumphius  ,  Amb.  6  ,  pi.  25.  (B.) 

CARANGUE.  Cestun  poisson  delà  Martinique  qui  en- 
tre de  nuit  dans  les  rivières.  Sa  chair  est  très-délicate.  Il  atteint 
jusqu'à  quatre  pieds  de  longX)n  ignore  à  quelgenre.il  appar- 
tient. «'B.) 

CARANX,  CaranXy  genre  de  poissons  établi  par  Lacé- 
pède  y  dans  la  division  des  Thor aciques  ,  et  auquel  il  donne 
pour  caractère  deux  nageoires  dorsales  ;  point  de  petites  na- 
geoires au-dessus  ni  au-aessous  de  la  queue  ;  les  côtés  de  la 
queue  relevés  longitudinalement  en  carène  ;  une  petite  na- 
geoire composée  de  deux  aiguillons  et  d'une  membrane  au- 
devant  de  la  nageoire  de  l'anus. 

Les  espèces  qui  composent  ce  genre  faisoient  partie  des 
Sgombres  de  Lii^naeus.  Elles  ont  de  très-grands  rapports  de 
forme  et  de  moeurs  avec  eux  ;  mais  elles  en  diffèrent  essentiel- 
lement par  le  défaut  de  petites  nageoires  au-dessus  et  au-dea- 
0OUS  de  la  queue  ^  caractère  bien  suffisant  pour  lefl  en  séparer. 
Ployez  au  mot  Scombre. 

Lacépède  a  mentionné  quatorze  espèces  de  caranx>  qu'il  a 
avisées  en  deux  sections. 

La  première  renferme  les  caraTur  qui  n'ont  point  d'aiguil-» 
fon  isolé  entre  tes  deux  nageoires  dorsales;  savoir: 

Le  Caranx  trachure  y  Scomber  trachurus  Liiin. ,  qui  a 
trente-quatre  rayons  à  la  seconde  nageoire  du  dos  ;  trente 
rayons  a  la  nageoire  de  l'anus;  la  ligne  latérale  garnie  de  pe- 
tites plaqués,  dont  chacune  est  armée  d'un  aiguillon.  Il  se 
trouve  dans  presque-toutes  les  mers  y  sur-tout  celles  des  pays 
chauds  y  et  se  voit  figuré  dans  Bloch  ,  pL  56  ,  dans  l^Hiat. 
nat,  des  poissons ,  faisant  suite  au  Buffon ,  édition  de  Déter-- 
ville,  voL  4*  pag*  iBB,  n**  3 ,  et  dans  plusieurs  autres  ou- 
vrages. Il  est  connu  en  France  sous  les  noms  desaurel,  sieu^ 
relj  sieursl  ^  gascon^  gaseaaet  ,  c/ùcJkarou  et  maquereau 
hâuird. 


556       ,  CAR 

Ce  pQÎs3on  est  mentionné  dans  Atbénée  et  autres  anciens. 
Sa  grandeur  varie  beaucoup  ;  car  dans  la  Baltique  il  atteint 
rarement  un  pied  ,  et  dans  la  Méditerranée  il  en  a  souvent 
plus  de  trois.  11  peut  faii^e^  en  frappant  avec  sa  queue^  comme 
on  l'a  dit  ^  latéralement  hérissée  d'épines ,  des  blessures  fort 
dangereuses. 

Le  corps  du  caranx  trachure  est  alongé  et  comprimé  ;  sa 
léte  grosse  et  un  peu  inclinée  :  sa  mâchoire  inférieure  plus 
longue  et  l'élevée  ;  ses  dents  petites  et  ses  yeux  pourvus  d  une 
membrane  ;  sa  couleur  est  d'un  vert  bleu  en  dessus  et  blanche 
en  dessous  ;  on  voit  une  tache  noire  sur  l'opercule  des  ouïes  , 
et  sur  le  dos  une  fossette  destinée  à  recevoir  la  première  na- 
geoire ;  la  nageoire  de  la  queue  est  en  croissant. 

Il  arrive  au  printemps  sur  les  rivages  pour  déposer  son 
frai ,  et  c'est  à  cette  époque  qu'on  en  prend  de  grandes  quan- 
lités  au  filet  et  à  la  ligne.  Dans  le  Nord  on  estime  sa  chair, 
qnoiqu 'inférieure  k  celle  du  maquereau  qu'on  pêche  en  même 
temps  que  lui;  mais  à  Rome  on  l'abandonne  à  la  plus  pauvre 
classe  au  peuple. 

Le  Caranx  amie,  Scomber  amia  Linn.^  a  trente-quatre 
rayons  à  la  seconde  nageoire  du  dos ,  le  dernier  rayon  de 
celte  nageoire  très-long ,  et  vingt-quatre  rayons  à  la  nageoire 
de  l'anus.  On  i^ore  son  pays  natal.  Les  figures  rapportées  à 
eetle  espèce  par  quelques  naturalistes,  ne  lui  appartiennent 
pas ,  d'après  ta  remarque  de  Lacépède. 

Le  Caranx  queue  iaune  y  Scômber  c/iryêurue  Linn. ,  a 
vingt-six  rayons  à  la  seconde  nageoire  dorsale  ;  trente  à  celle 
de  Tanus  ;  des  dents  très-petites  ou  nulles.  Il  se  trouve  dana 
les  mers  de  la  Caroline. 

Le  Caranx  glauque,  Scomber  glaucus  Linn.,  a  vingt- 
flix  rayons  k  la  seconde  nageoire  dorsale ,  le  second  rayon  de 
cette  nageoire  très-long  ;  vingt-cinq  rayons  à  la  nageoire  de 
Tan  us.  11  se  trouve  dans  la  Grande-Mer  et  dans  la  Méditer- 
ranée. Il  est  connu  sur  nos  côtes  méridionales  sous  les  noms 
de  derbio,  de  biche ,  de  cabrole  et  de  damo.  lia  été  mentionné 
par  Aristote.  Son  dos  est  de  couleur  glauque ,  et  son  ventre 
blanc.  On  voit  souvent  une  tache  à  l'origine  de  la  seconde 
nageoire  dortale  et  à  celle  de  la  queue  ;  sa  chair  est  blanche, 
gnisse  et  de  bon  goût. 

Le  Caranx  blanc  ,  Scomber  albwt  Linn. ,  a  vingt-cinq 
rayons  à  la  seconde  nageoire  du  dos  ;  vingt  rayons  k  celle  de 
Fanusjla  queue  non  carénée  latéralement;  la  couleur  gé- 
nérale blanche  ;  les  côtés  de  la  queue  et  la  nageoire  caudale 
jaunes.  Il  se  trou^'e  dans  la  mer  Rouge. 

Le  Caranx  QU£U£RouoB,iSco/n^Ay>po« Linn. ^avingt-* 


CAR  S37 

jeux  rayons  à  la  seconde  nageoire  du  dos  ;  quarante  à  celle 
de  l'anus  ;  une  tache  noire  sur  la  partie  supérieure  de  ch>«que 
opercule.  Il  a  été  trouvé  dans  la  baie  de  Charleston  et  à  Otahiti. 

Le  Caranx  filamenteux  a  vingt-deux  rayons  à  la  se- 
conde nageoire  du  dos;  dix -huit  à  celle  de  l'anus;  des  fila- 
mens  à  toutes  les  deux.  Il  se  trouve  dans  les  mers  d'Asie. 

Le  Caranx  Daubenton  a  vingt-deux  rayons  à  la  seconde 
nageoire  du  dos ,  quatorze  à  celle  de  Ta  nus  ;  les  deux  mâ^ 
choires  également  avancées;  la  ligne  latérale  rude  ^  tortueuse 
et  dorée.  11  habite  les  mers  d'Amérique. 

Le  Caranx  très-beau^  Scomber  apeciosua  Linn.,  a  vingt 
rayons  à  la  seconde  nageoire  doi*sale;  dix-sept  rayons  à  celle 
de  l'anus  ;  un  grand  nombe  de  bandes  transversales  et  noii'es 
sur  un  fond  de  couleur  d'or.  I^  est  figuré  dans  Lacépède, 
pL  1  du  troisième  volume.  Il  se  trouve  dans  la  mer  Rouge  et 
dans  celle  des  Indes. 

La  seconde  division  des  caranx,  renferme  ceux  qui  ont  uu 
ou  plusieurs  rayons  isolés  eutre  les  deux  nageoires  dorsales  , 
tels  que: 

Le  Caranx  caranoue  a  ti^ois  aiguillons  garnis  d'une  petite 
membrane ,  et  })lacés  entre  les  deux  nageoires  dorsales  ;  \ts 
pectorales  alongées  jusqu'à  la  seconde  nageoire  du  dos.  Il  se 
trouve  autour  de  la  Martinique. 

.  Le  Caranx  ferdau,  Scombef-  ferdau  FowVal,  a  vingt- 
neuf  rayons  à  la  seconde  nageoire  dorsale  ;  vingt'-quaire  à 
celle  de  l'anus  :  la  couleur  générale  argentée  avec  des  taches 
dorées;  cinq  bandes  transversale»  brunes;  un  seul  aiguiUon 
isolé  entre  les  deux  nageoii^s  du  dos. 

LeCARAKx  OAEZZ,  ScomberfiUyo^guttatuaVoTsksX,  a  vingts 
huit  rayons  à  la  seconde  nageoire  dorsale ,  vingt-cinq  à  celle 
de  l'anue;  une  membrane  luisante  sur  la  nuque  ;  la  couleur 
ginérale.bkoàtre  ;  des  taches  dorées;  un  seul  aiguillon  isolé 
entre  les  deux  nageoires  dorsales. 

Le  Caranx  SANSCJN^  Scomber  *aànêun  Forskal/a  vingt- 
deux  rayons  k  la  seconde  nageoire  du  dos;  seize  à  celle  de 
Tanus;  les  carènes  latérales  de  la  queue  très-relevées;  ht  cou- 
leur blanche  ;  un  aeul aiguillon  isolé  entre  les  nageoires  du  dos. 
Le  Caranx  corab  ,  Scomber  ignobilM.  Forskal ,  a  vingt 
rayons  à  la  seconde  nageoiiv  dorsale;  dix-sept  à  celle  de  l'anus; 
la  couleur  générale  ai'gentée  ,  le  dos  bleuâtre  ;  un  seul  aiguil- 
lon isolé  entre  les  deux  nageoires  dti  dos. 

Toutes  ces  espèces  habitent  la  mer  Rouge.  (£.) 
.    C  AR ANXOMORE,  Caranxomor^.  C'est  encore  un  genre 
de  poissons  établi  par  Lacépède,  aux  dépens  des  Scombrei 
Me  Lionseus.  Celui-ci  présente  pour  caractère  une  seule  na- 

IV.  X 


I 


538  CAR 

Seoire  donude  ;  point  de  pelitea  nageoires  au-deanis  ni  au-» 
eaaous.de  la  queue  ;  les  côtés  de  la  queue  relevés  longîtudi- 
nalement  en  carène  ;  la  lèvre  supérieure  très*peu  extensible 
çu  i^on  extensible  ;  poiui  d'aiguillons  isolés  au-devant  de  la 
ipageoii^  du  dos.  Foyezle$  uu>t&  Caranx>  Taacuinot&,  et 

SCOMBRS. 

Lacépède  rapporte  deux  espèces  k  ce  geni^  ;  savoir  :  le 
Caaanxomojie  rijUAGiQUE^  Scçmiber  pelasgfcu9  Linn. ,  qm  « 
quarante  rayons  à  la  nageoire  du  dos ,  et  qui  est  figuré  dans 
le  Muséum  d'Adolphe  !•  nèdéric ,  pL  3  ,  n*'  5.  On  le  trouva 
djKns  la  haute  mer. 

1/e  Car  ANxoMoaK  plu  mkrisn  »  dont  les  pectorales  sont  une 
ibis  pbzs  longues  que  les  tboraciques  et  domi  la  dorsale  >  ainsi 

ue  l'anale  sont  en  forme  dp  .^vdx.  Il  est  figuré  dans  Touvraga 

s  La^épède ,  vol.  3,  pi.  u^  C'ei>l  à  Fluiniierqu'oa  en  doit  la  con- 
noi^sance.  11  parvient  à  un»  grandeur  considérable,  (Bk) 

^CARAVA,  Persoonia>^  genre  de  plantes  imparfaitement 
connu,  qui  comprend  dei^x  aj^bres,  un  de  la  Guiane,  el 
fauli^e  des  Moluques ,  dont  les  feuilles  sont  alternes  el  ailrea 
sans  impaire ,  et  dont  les  Heurs  produisent  de  grosses  capsules 
qi^drivaLvei^^  remplies  d'amaj^des  in^gulièi^es  et  angttkuM». 
^es  babitans  de  la  Guiane  ^^Kt^X  une  huile  des  amandes  de 
la  première  espèce  ,  et  les  ^^ur^^^éens  emploiefii  son  treoe 
pour  faire  des  mats  de  navire.  Ûie  est  figurée  dans  AuUet , 
l'iare  de  la  Guiane ,  pi.  387 ,  el  dans  ks  lUuetratioÊU  de 
liama,rck ,  pi.  3q  1 .  Wildenow  Ta  placée  dansloclandrie  mo^ 
j^ogynie ,  et  lui  donne  pour  caractère  un  calice  divisé  en  quatre 
parties ,  quatre  pétales  ;  un  necJaire  cylindtique  â  Imit  dents ^ 
portant  les  anthères  et  la  capsnle  mentionnée  plushauC  (B.) 

CAR4PACJL.  On  donne  vulg^*emett)t.Qe  nom  au  lest  dea 
ToRTUfs.  VojfêMce  mot.  (B.) 

CAK  APAT*  C'est  un  des  uonM  de  pays  du  Bjcin«  Fefss 
ce  mot.  (B.) 

CARAFE  f  nom  spépifi^ue  d'un  poisson  du  genre  Gym- 
KOTR,  qui  se  pèche  dans  les  fleuves  et  les  lacs  de  rAménqno 
n^éridionale.   F'oyen^xk  moi  Gym^notr.  (B.) 

CARAPiCUl::,  Carafncha,C^  im  peiit arbrisseau,  dont 
les  feuilles  sont  opposées,  avales,  euliè4*es,  à  péiiolea  unis 
par  deux  Gitipules  o|ino^es  et  inlermé'Jiaires;  dont  les  fleurs 
naissent  à  TeAirémite  des  rameaux  »  et  sont  dispo^ot8  en  lèle 
enveloppée  par  quatte  écailles,  dont  deux  plus.graudes  ^  et 
terminées  nar  une  appendice. 

Chaque  fleur  coltsi^te  en  un  calice  monophylie  ijrès-petit, 
à  cinq  dents;  en  une  corolle  monopctale,  infundibuliferaie» 
•upérueure ,  dont  le  limbe  est  4  cinq  découpures  aîgaës  ;  ta 


CAR'  S3ç> 

cinq  étamini»  ;  en  uii  ovaire  inférieur^  ayant  un  slyle  long 
et  bifide. 

L/e  fruit ert  une  capsule  anguleuse^  biloculaire, qui  s'ouvre 
en  deux  parties,  et  contient  une  semence obiongue dons cha* 
que  loge. 

Cet  arbrisseau  cr<^  dans  les  forêts  de  l'Amérique  méridio- 
nale, et  est  figuré  pi.  64  des  plantes  de  la  Guiane,  par  An  - 
blet.  Il  a  été  depuis  réuni  aux  Tafooonbs.  Voyez  ce  mol.  (B.) 

CAAAR  A.  C'est  sous  ce  nom  que  les  naturels  de  la  Gmacne 
connoiss^it  VAsutnga.  Voyet  ce  mot.  (  S.  ) 

CARASSIN  ,  nom  spécifique  d'un  poisson  du  genre  Cy- 
HUK ,  quibabite  les  étangset  les  petits  lacs  de  fEurope.  Kùye^ 
au  mot  Cyprin. 

On  appelle  Carettsin  de  mer,  le  Sf  are  oarudse  de  Lac^-* 
pède ,  qtii  avoit  été  placé  par  Bloch  parmi  les  luxons,  Voyeé 
au  mot  Sfare.  (B.) 

CARATAS.  On  donne  ce  nom  ,danB  les  colonies  françaisef 
de  l'Amérique,  à  plusieurs  plantes  (desgenres  Car  aoatb,  An  a* 
NAS,  AoAVE  et  Draoonibr,  dont  les  feuilleiB  sont  longues  et 
épineuses.  Koyez  ces  mots ,  et  sur-4?0Ut  le  pi*emier.  (B.) 

CARBONATE ,  combinaison  de  l'acide  carbonique  aveo 
une  base  saline ,  terreuse  ou  métallique.  Le  nattan  est  tih? 
carbonate  de  soude  ;  le  epauh  calcaire,  on  carbonate  de  oliaux  ; 
le  bleu  de  montagne,  ou  carbonate  de  cuivre.  (Pat.) 

CARBONE.  Dans  la  noirvelle  notoenclatui*e  chimique^ 
c'est  le  charbon  pur ,  ou  la  base  deVocide  ùorbonique. 

L'un  des  phénomènes  les  plus  singuliers  qu'il  présente  i 
o'est  qu'il  fbrmeà  lui  seul  toute  la  matière  du  diamant,  Cefta 
pierre  si  transparente,  si  dure,  Â  brtUante,  n'est,  suivant letf 
expériences  modernes,  qu'un  charbon  pur:  elle  en  offre 
le^  propriétés  chimiques. 

Le  carbone  est  regardé  comme  un  principe  simple  :  au 
moina  n'a<^t-on  pu  juscfu'ici  le  décomposer  par  aucun  moyen. . 

On  pense  que  le  charbon  existe  tout  formé  dans  les  ani*- 
maux  et  les  végétaux  ;  mais,  indépendamment  de  plu-« 
sieurs  autres  raisons ,  il  pareil  difficile  de  concevoir  que  dea 
matières  très- blanches  ,  telles  que  l'amidon  ,  le  bois  de 
saule,  6ic.,  contiennent  plus  du  tiers  de  leur  poids  en  char- 
bon ,  tandis  que  le  plus  fort  microscope  n'y  sauroit  faire  dé- 
couvrir la  plus  petite  molécule  noire.  D'ailleurs,  on  voit  ces 
matières  passer  graduellement  et  par  nuances  insensibles,  du 
blanc  au  roux,  au  brun, et  enfin  au  noir  de  charbon.  Il  sem- 
bleroit  donc  que  celui-ci  ee formé  gradueHement;  et  je  trouv# 
infiniment  pi*obable  l'opinion  ûe  Buffi>n ,  qui  considère  le 
chai'bon  comme  la  matière  même  du  feu  combinée  aveo  les 


540  CAR 

parties  les  plus  fixes  des  corps  combustibles^  et  même  de  qnel^* 
quea  substances  purement  terreuses. 

Un  fait  assez  curieux  me  semble  venir  à  l'appui  de  cette 
opinion.  Désirant  savoir  si  Je  sulfate  de  baryte ,  que  j'ai  rap- 

Eorlé  de  la  mine  d'argent  de  Zméofen  Sibéiie,  contenoit  de 
L  strontiane ,  je  priai  Vauquelin  de  vouloir  bien  en  faire 
Fanalyse^  dont  il  a  rendu  compte  (/ourn.  des  Mines ,  n^  5%, 
pag'  3^9*  )•  11  II 'y  trouva  point  de  strontiane;  mais  voici  ce 
qm  arriva  :  après  avoir  débarrassé  la  baryte  de  l'acide  sulfu- 
rique  par  le  moyen  .du  charbon  ;  après  l'avoir  fondue  et 
ensuite  dissoute  dans  l'acide  muriatique,  et  filtrée ,  il  resta  sur 
kfiUi^une  matière  terreuse ,  assez  abondante  (qui  fut  ensuite 
reconnue  pour  être  de  la  silice  ). 

Ce  résidu  qui  pe:>oit  deux  gros  quarante-quatre  grains^  fut 
édulcoré  avec  beaucoup  d'eau  bouillante,  a  II  étoit  aloK»^  dil 
»  Vauquelin  y  parfaitement  blanc  et  insipide  \  mais  en  le  fai- 
9  sant  rougir  dans  un  creuset  d'argile  neuf^  il  prit  une  cou* 
S)  leur  noire  comme  du  charbon;  la  siirface  supérieure  seule, 
«•  ^ui  avoit  le  contact  de  l'air  ^  étoit  blanche  »• 

Ce  &it  panit  fort  singulier  à  Vauquelin  ,  qui  me  dit  en 
riant  :  il  y  avoit  sûi'emcnt  du  c/iarbon  blanc  dans  celte  terre  ^ 
et  c'est  le  feu  qvii  Ta  i*endu  noir. 

.  Il  soumit  celte  matière  à  différentes  épreuves ,  et  il  ajoute 
dans  son  qiémoire  :  a  D*après  ces  expériences^  il  est  évident 
:p  que  celle  matière  est  de  la  silice  noircie  par  une  petite  quan- 
D  tité  de  carbone  ;  mais  on  ne  remarque  pas^sans  étonnement, 
:p  que  ce  carbone,  mêlé  à  la  silice  dans  la  proportion  d'en- 
»  viron  six  pour  cent,  ns  se  soit  pas  mantfesié  par  sa  cou^ 
»  leur  noire  avant  d'avoir  été  rougi  dans  un  creuset  i». 

Vauquelin  propose^  à  la  vérité ,  une  explication  de  ce  phé- 
nomène ,  en  supposant  que  dans  le  cours  des  expériences , 
il  sesoitybrm^  un  composé  amUogue  à  une  substance  végétale, 
qui  étoit  d*abord  sans  couleur ,  et  qui  a  été  ensuite  décom- 
posée par  le  feu ,  à  la  manière  des  corps  organiques  ;  mais  il 
convient  que  ce  n'est  q\x*une  pure  hypothèse  ;  et  il  promet  de 
se  livrer  à  de  nouvelles  recherches  à  ce  sujet.  (Pat.) 

CARBONE.  Foyez  les  mots  Engrais  et  VÉoixAUX.  (T.) 

CARBURE  DE  FER  ou  PLOMB AGINR  r.FEH.(PAT.) 

CARCAJOU  ,  nom  du  glouton  au  Canada  et  dans  les 
autres  parties  de  l'Amérique  septentrionale.  Voyez  Glouton. 

Li'on  a  donné  ce  même  nom  de  carcajou ,  dans  pluaieura 
livres  de  voyages ,  au  Coucou  au.  f^oyez  ce  mot.  (S.) 

CARCAPULI.  C'est  le  nom  indien  de  l'arbre  qui  pro» 
duit  la  gomme  gutts.  Voyez  aux  mots  Camboos  et  Ma^— 

COUSTAN.  (B.) 


CAR  5.^1 

CARCHARIAS  y  mot  latin  qui  sertde  nom  spécifique  en 
cette  langue, au  Squ  aIjB  lamie  ou  Requin.  f7>y.  ces  mots.  (B.) 

CARDAIRE.  C'est  la  même  chose  que  le  chardon ,  espèce 
de  raie  épineuse.  Voyez  au  mot  Raie.  (B.) 

CARDAUNE ,  nom  vulgaire  que  Ion  donne ,  dans  le 
Périgord ,  au  Chardonneret.  Voyez  ce  mot.  (Vieii-l.) 

CARDAMINE.  Voyez  au  mol  Cresson.  (B.) 

CARDAMOME»  Cardamomujn ,  nom  donné  à  Vamome 
à  grappes  et  à  son  fruit  {Amomum  cardamomum ,  A,  granum 
paradlsi  Linn.  ).  Ses  graines  entrent  dans  le  commerce ,  et  on 
en  fait  usage  en  médecine. 

Les  auteurs  de  l'ancienne  Encyclopédie  et  Bomare  dis- 
tinguent trois  ou  quatre  espèces  de  cardamome ,  savoir  :  le 
'Cardamome  proprement  dii,  le  grand  y  le  moyen  et  le  petiù 
ou  commun.  Ils  en  font  une  description  confuse ,  et  ils  ne 
disent  point  à  quelles  plantes  ils  appartiennent  Peut-être  ne 
sont-ce  que  des  variétés  d'une  même  espèce,  et  qui  croissent 
dans  divers  pays  de  l'Inde. 

Celai  dont  il  s'agit  ici,  le  véritable  Cardamome  ,  a  une  ra- 
cine noueuse  et  traçante ,  dea  fleurs  blanchâtres,  et  des  feuilles 
d'un  goût  piquant ,  aromalique  et  uti  peu  amer  lorsqu'eÛes 
sont  fraîches.  Ses  fruits  sont  disposés  en  grappes  comme  le 
raisin;  ce  sont  autant  de  capsules,  presque  rondes  ,  mar-- 
quées  dans  leur  hauteur  de  quelques  nervures  parallèles  et 
partagées  intérieiu'ement  en  trois  loges,  qui  renferment  des 
semences  anguleuses,  roussâlres,  blanches  en  dedans ,  d'une 
saveur  chaude  et  mordicante.  Ces  semences  font  un  objet  de 
commerce  assez  considérable  sur  la  côte  de  Malabar ,  où  elles 
0ont  connues  sous  le  nom  de  graines  de  paradis,  EUes  ont  un 
goût  très-agréable ,  et  à-peu-près  les  mêmes  propriétés  que 
le  poivre.  Aussi  les  Indiens  les  emploient-ils  comme  assai- 
sonnement. Quand  on  les  écrase  dans  la  bouche ,  elles  y  pro- 
dubent  une  sensation  de  fraîcheur  qui  plaît.  Elles  sont  échau€-. 
fautes,  cordiales  et  stomachiques. 

Le  ORANO  Cardamome  de  Madagascar  {Sonnerae^ 
Voyage  aux  Ind, ,  tom.  d) ,  est  la  même  plante  que  le  Lon^' 
gouze  de  Flaccourt,  et  Vamome  de  Madagascar  de  Lamarck. 
Ses  capsuTes  charnues  et  rougeâlres  sont  remplies  de  semences 
ovales  et  luisantes ,  qu'environne  uiie  pulpe  blanche  et  d'un 
goût  aigrelet. 

Les  caractères  génériques  et  spécifiques  des  amomes ,  sont 
décrits  au  mot  Amome  ;  et -aa  mot  Gingembre  ,  on  trouvera 
une  notice  sur  la  manière  dont  ces  plantes  sont  cultivées  dans 
Jbur  pays  nataL  (D.) 


342  CAR 

CARDASSE ,  nom  qu'on  donne  dan»  Ie$  colonies  firan- 
çaûes  à  la  raquette.  Voyez  au  mot  Cagti£&.  (B.) 

CARDÈR£^  DipsacuM ,  genre  de  plantes  à  fleun  monopé- 
talées,  de  la  tétrandrie  monogynie ,  et  de  la  famille  desDiPSA- 
C££S,  dont  le  caractère  consiste  à  avoir  les  fleurs  réunies  en 
tête ,  sur  un  réceptacle  hérissé  de  paillettes  longues  et  piquantes, 
et  entourées  d'un  calice  commun  de  plusieurs  folioles.  Chaque 
fleurette  consiste  en  un  calice  propre  fort  petit  ;  en  une  corolle 
monopétale,  tubuleuse,  à  quatre  découpures  inégales;  quatre 
étamines  saillantes;  un  ovaire  inférieur,  surmonté  d'im  style 
à  stigmate  simple  ;  une  semence  nue,  tétragone,  couronnée 
par  le  calice. 

Ce  genre»  qui  est  figuré  pi.  56  des//&s/!ra£îoi»«âeLianiarck, 
renferme  quatre  à  cinq  plantes  d'Europe ,  à  feuilles  opposées  » 
légèrement  épineuses ,  et  à  fleurs  solitaires  portées  sur  do 
longs  pédoncules  terminaux  ou  axillaires. 

Les  plus  importantes  à  connoitre ,  sont  la  CABniHB  n£s 
BOIS, qui  a  les  feuilles  sesailes,  dentées,  et  les  paillettes  droites^ 
plante  bisannuelle,  très-commune  dans  les  bois  un  peu  hu« 
mides,  sur  le  bord  des  chemins ,  et  qui  s'élève  à  trois  ou  quatre 
.pieds  ;  et  la  CabdIrs  a  foui^k  ,  qui  a  été  long-temps  regar- 
dée comme  une  variété  de  la  précédente ,  mais  dont  les  pail- 
lettes sont  conslamment  recourbées  en  hameçon.  On  cuhive 
cette  dernière  pour  l'usage  des  drapiers,  qui  l'emploient  à  pei- 
gner leurs  étoffes  après  qu'elles  ont  été  foulées  ;  c^  pourquoi 
on  l'appelle  vulgairement  chardon  à  foulon,  £lle  bit  l'objet 
d'un  commerce  important  pour  quelques  cantons.  (  B.  ) 

Du  Chardon  à  foulon. 

C'est  communément  en  octobre  que  se  bit  le  semis  dooAor- 
don  dans  une  terre  bien  meuble ,  profondément  défoncée  et 
fortement  fumée.  Il  faut  qu'A  soit  un  peu  clair,  de  manière 
xiu'il  y  ait  un  pied  et  demi  de  distance  entre  chaque  jdante  : 
par  ce  moyen,  elle  a  la  facilité  d'étendre,  de  multipher  ses  bran- 
ches ,  conséquemment  ses  têtes.  Pour  tirer  parti  du  terrein  laissé 
entre  les  rangées,  il  faut  semer  des  navels,  dont  la  récolte  taX 
avantageuse  pour  les  chardons,  parce  qu'on  détruit  en  même 
temps  les  mauvaises  herbes. 

Quelquefois  on  sème  le  chardon  à  foulon  avec  le  seigle  oa 
le  froment  d'hiver ,  souvent  avec  les  mars,  ou 'bien  avec  la 
gaude ,  le  carvi ,  les  navels ,  les  panais  et  les  carottes  ;  mais  , 
comme  l'observe  Tessier ,  ces  cultures  mixtes  de  plantas,  qui 
exigent  des  soins  particuliers  ,  ne  procurent  jamais  l'éco- 
nomie Qu'on  en  attend  ;  on  doit  donc  préférer  de  semer  seul 
le  charaon  à  foulon. 


CAR  54S 

Dès  qtie  la  gnîne  ft  giâpmé  et  ane-b^nte  a  pris  une  cer<- 
laine  coasiatimce^  on  arrache  les  pieds  stimtmiéttûres  JeH 
ipoins  bien  vernis ,  sans  cependiint  déc^an88elr  oa  attaquer 
les  racines  de  ceux  qui  doivent  rester  en  place;  S  ne  serait 
pas  prudent  d'exécuter  rigoureusement  ce  sarclage  ;  il  con- 
vient de  le  répéter  à  la  fin  de  Thiver  ^  et  alor»  de  laisser  seule» 
ment  les  pieds  qvà  doivent  produire.  Les  plantes  arrachées  k 
cette  époque ,  serviront  à  remplacer  celles  qui  auront  péri  par 
une  cause  quelconque.  On  le  répète^  ce  èhardon  ne  craint 
point  le  froid  le  plus  rigoureux  oe  la  France^  s'il  n'est  pas 
planté  dans  un  sol  qui  retienne  Fetfn. 

Il  est  important  de  sarcler  souvent  ;  la  plante  profite  de  ce 
petit  travau ,  et  sa  substance  n'ettt  pas  dévorée  par  les  mau- 
vaises herbes.  Dès  que  se&  feuilles  sont  assez  gramies ,  le  sar- 
clage devient  inutile  ;  elles  étouffent  tes  planteft  qui  naissent  à 
leur  pied. 

Dans  les  pays  méridionaux^  si  on  petit ,  lorsque  le  besoin 
l'exige ,  arroser  les  plantations ,  on  sera  assuré  d'avioir  uno 
récolte  abondante. 

La  récolte  des  tètes  de  chardon  esit  longue ,  parce  qu^elles 
ne  mûrissent  pas  toutes  en  même  temps;  Tépoque  de  cette 
récolte  est  indiquée  par  la  chute  des  fleurs  qui  se  détachent  de 
leur  calice.  Ainsi,  tous  les  deux  jours,  il  faut  parcourir  la 
chardonnière ,  couper  là  tige  qui  soutient  la  pomme,  à  la 
longueur  d'un  pied  ,  ranger  dans  la  main  et  par  paquet 
ces  tiges  coupées ,  et  mettre  cinquante  tiges  au  paduet  ;  lier 
chaque  poignée  avec  de  l'osier,  les  exposer  sur-le-champ  au 
soleil ,  suivant  quelques-uns  ;  et  si  ah  craint  la  piuie ,  les  por* 
ter  sous  des  hangars.  On  suspend  ces  paquets ,  et  on  les  attache 
les  téte9  en  bas  à  des  cordes,  afin  qu'un  libre  courant  d'air 
les  dessèche  plus  vite.  Loi*sque  la  dessicatton  est  complète, 
les  paquets  sont  secoués  sur  àea  planchers  bien  nets,  afin  d'ea 
recueillir  la  graine  ;  mais  ces  procédés  ne  sont  pas  sahs  défauts. 

1^.  Lorsque  la  pomme  est  desséchée  par  le  soleil ,  elle  jau- 
nit ,  elle  rougit ,  et  les  piquans  ou  crochets  deviennent  trop 
roides.  s?.  Cette  graine  n'est  jamais  bien  mûre,  et  il  faut  en 
semer  le  double  en  pure  perte  ;  il  vaut  mieux  laisser  sur  pied 
le  nombre  des  tiges  proportionné  à  la  quantité  de  semence 
dont  on  a  besoin ,  et  de  temps  à  auti«  parcourir  la  cfaatdon- 
nière  ;  secouer  sur  un  paillasson  ou  sur  tel  auti^  réceptacle 
les  pommes  *qiii  paroissent  mûres ,  et  on  sera  assuré  de  n  avoir 
que  des  graines  bien  nourries. 

Lorsque  tous  les  paquets  sont  complètement  desséchés ,  il 
faut  les  porter  dans  un  heu  où  l'on  ne  craigne  pas  les  effets  de 
rhumidité,  et  les  mettre  en  monce^x,  SBu  qu'ils  tiennent 


544  CAR 

moins  de  place.  Les  pommes  de  chardon  les  pins  estimées  , 
Boni  celle»  dont  la  forme  eal  parfaitement  cylindrique  ,  alon- 
gée,  et  dont  les  crochels  sont  fins  et  roides;  elles  ont  plus  ou 
moimi  ces  qualités ,  selon  le  terrein  où  on  les  a  récoltées.  On 
peut  d  avance  annoncer  qu'elles  sont  bonnes  ^  si  en  rompant 
la  tige  ou  les  pommes  m^me ,  on  tix>uve  Tintérieur  plein. 

Pour  ramasser  la  gi*aine  de  chardon,  il  suffit  d'en  secouer 
légèrement  les  têtes  lor8qu*eUes  sont  sèches  ;  la  meilleure  se 
détache  facilement  des  calices  ;  on  la  tixiuve  même  ordinai-» 
rement  dans  les  graines ,  sous  les  paquets  de  tètes. 

Le  chardon  employé  une  année  aj^rès  sa  récolte ,  est  d'un 
meilleur  service  ;  les  grosses  et  les  meilleures  tètes  sont  réser- 
vées pour  les  bonnetiers  9  les  moyennes  A  les  plus  petites  pour 
la  draperie. 

Nous  avons  déjà  observé  que  les  abeilles  recherchoient 
l)eaucoup  les  fleurs  du  chardon  à  foulon;  elles  y  trouvent 
dans  un  petit  espace  une  abondante  récolte.  On  a  remarqué 
que  ces  insectes  alloient  boire  de  l'eau ,  qui  s'amasse  et  se 
conserve  dans  les  articulations  des  feuilles  fermées  et  creuses 
du  chardon ,  ce  qui  est  pour  eux  une  grande  ressource  en 
été.  Ils  ne  sont  point  ex |K>sés  è  s'y  noyer,  comme  dans  les 
ruisseaux»  les  mares  ou  les  rivières ,  et  même  dans  les  vases 
remplis  d*eau  (ju  on  place  auprès  des  ruches.  Que  de  motifs 
pour  engager  à  élever  des  abeilles  dans  les  cantons  où  l'on 
cultive  Je  chardon  à  foulon ,  ou  d'imiter  les  bons  économes 
qui  en  plantent  exprès  quelques  pieds  dans  les  environs  de 
leurs  ruches  !  (Farm.) 

CARDES.  On  donne  ce  nom  aux  côtes  ou  pétioles  com- 
muns des  feuilles  d'une  espèce  d'ARTiCHAUT,  et  aux  pétioles 
et  à  la  principale  nervure  des  feuilles  de  Bette.  Voyez  ces 
mots  et  celui  de  Poiri^e.  {}i>) 

CA  RDI  AQU£ ,  nom  d'une  espèce  du  genre  Agripauiie. 
Voyez  ce  mot.  (B.) 

CARDIJS  A,  nom  du  Chardonneret  en  Catalogne.  Voy. 
ce  mot.  (S.) 

CARDINAL  AMÉRICAIN,  f^b^es  Rouob-cap. 
Le  Caroinajl  a  collier.  Voyez  Soari^atte. 
Le  Cardinal.  CAR LSONiEN  (  Loxia  carUoni  Var^  Lath. , 
Tab.  4i ,  farcie,  a.  Mus.  Carie.  Ordre,  Passereaux  ;  genre, 
Gros-Bec.  Ployez  ces  deux  mots.  )•  Celte  es|)èce  se  trouve 
dans  quelques  îles  de  TOréan  austral.  £lle  a  des  couleurs 
analogues  a  celles  du  cardinal  huppé.  La  seule  diflerenctt 
remaix^uable  qui  existe  entre  ces  deux  espèces,  consiste  dans 
la  huppe  dont  celui-ci  e:>t  privé.  La  taille  et  toutes  les  pro«* 
portiQns  du  corps  sont  les  mêmes. 


CAR  5^5 

-    Le  Cardinai*  bb  Madagascar.  Fbyez  FovDr. 

Le  Cardinal  D£  Sibérie  (  Loxia  Sibirica  Lath.  ).  Cette 
trèf» -belle  espèce  ne  se  rencontre  que  dans  la  Sibérie^  ou  elle 
habite  le  voisinage  des  torrens  et  des  ruisi^aux ..  au  milieu  des 
bosquets  les  plus  épais  et  les  plus  ombragés.  Elle  .se  nourrit 
de  diverses  graines ,  telles  que  celles  de  l'armoise  bleue  et  de 
V finnoise  à  feuilles  entières.  Pendant  Thiver^  ces  oiseaux  se 
l^unissent  en  petites  bandes,  et  se  retirent  dan^  des  lieux 
plus  t^npérés^  tels  que  les  parties  méridionales  de  la  Sibérie. 
La  nature  a  acco.  de  à  cet  oiseau  un  brillant  plumage  ;  mais, 
avare  de  'ses  dons ,  elle  lui  a  refusé  ce  ramage  mélodieux  qui 
distingue^  parmi  les  beaux  oiseaux ,  le  cardinal  huppé.  Le 
chant.de  celui  de  Sibérie  est  enroué^  glapissant ,  et  n'est 
composé  que  de  cris  rauques. 

Sa  taille  est  celle  de  la  linotte;  mais  il  paroît  plus  gros, 
parce  qu'il  est  plus  fourni  de  plumes.  Son  bec  est  pareil  à 
celui  du  bouvreuil  ;.mais  il  a  plus  de  longueur.  La  oase  est 
entourée  d'un  rouge  pourpre  ;  le  dessus  de  la  tête  et  le  dos 
sont  d'un  vermillon  l'once.  D'autres  ont  ces  parties  d'une 
teinte  rose^  tachetée  de  brun  comme  les  linottes;  le  dessous 
du  corps  offre  la  m^me  teinte^  mais  plus  pâle,  et  sans  la 
moindre  tache.  Les  plumes,  autour  de  la  tête,  ont  l'extrémité 
d'un  blanc  lustré. £!ette  couleur  règne  à  la  base,  sur  le  bord 
extérieur  des  pennes  alaires,  et  sur  les  petites  couvertures  des 
ailes  qui  sont  terminées  de  noir;  ce  qui  donne  lieu  à  deux 
raies  qui  les  traversent  obliquement.  La  queue,  plus  longue 
que  le  corps,  est  presque  carrée  à  son  extrémité  ;  les  deux 
pennes  latérales  sont  blanches,  et  les  autres  noires,  avec  uu 
liséré  blanchâtre. 

La  femelle  et  les  jennes  ont  les  couleurs  de  la  linotte ,  avea 
des  nuai\ces  rouges  sur  le  ventre  et  le  ci*oupion. 

Le  Cardinal  db  Viroinie  a  bec  jaune  (^ Loxia  Virgi^ 
nica  Lath.  )•  Cet  oiseau,  peu  connu  des  auteurs  qui  l'ont  dé- 
crit, a  été  rapporté  de  la  Caroline  du  Sud  par  Bosc.  C'est 
d'après  les  observations  que  cet  exact  et  zélé  naturaliste  a 
bien  voulu  me  communiquer,  que  j'entrerai  dans  quelques 
détails  sur  le  genre  de  vie  de  ce  cardinaL 

Cette  espèce  rare  paroit  dans  la  Caroline  au  mois  de  mai  > 
à  l'époque  de  la  maturité  des  baies  de  divers  paccinium,  dont 
elle  se  nourrit.  Ou  cet  oiseau  change  de  plumage  dans  di- 
verses saisons,  ou  les  teintes  n'ont  pas  la  même  distribution 
sur  tous  les  individus  de  la  même  espèce;  car,  sur  les  uns  , 
le  rouge  domine  ;  sur  d'autres,  c'est  l'olivâtre. 
•  Sa  longueur  est  d'environ  six  pouces  ;  il  a  le  bec  alongé , 
un  peu  recourbé,  et  d'un  jaune  sale;  les  yeux  bruns;  la  tête 


5i6  CAR 

d'un  rouge  sangniii^  mélangé  d'olivâtre  sur  roceipat,  les 
cuisses  et  le  croupion  ;  ce  rouge  est  très-vif  sur  le  cou  et  le  dos , 
et  foncé  sur  les  pennes  de  la  queue,  dont  les  latérales  sont 
olivâtres  ;  enfin ,  il  couvre  quelques-unes  des  couvertures  su-» 
périeures  des  ailes ,  qui  en  dessons  sont  ^unes,  ainsi  qu'une 
tache  fort  largç  qui  est  sur  le  ventre. 

Le  Cardinal  dominicain.  Voyez  Paboahk. 

Le  CARDINAIi  DOMINICAIN  HUPPÉ.  Vcy,  PaROARE  HTTFPi. 

Le  Cardinai<  du  Canada.  Foyn  Tangara  du  Canada. 

Le  Cardinal  du  Cap.  Voyez  Foudi. 

Le  PETIT  Cardinal  du  Vol^a  (  Loxia  eryikrina,  ).  Ce 
second  cardinal  de  Sibérie ,  peu  méfiant ,  et  dont  le  chant 
est  désagréable,  se  trouve  aussi  dans  les  forêts  épaisses  et  soli- 
taires près  des  rives  du  Volga  et  de  la  Samara ,  où  il  est  connu 
sous  le  nom  de  moineau  rouge*  Sa  grosseur  est  celle  du  ver  dur  ; 
mais  sa  tête  est  plus  petite.  Il  a  près  de  cinq  pouces  de  lon- 
gueur ;  le  bec  d  une  couleur  de  corne  bnme  ;  une  tache  grise 
entre  celui-ci  et  l'œil  ;  la  tète,  le  cou  et  la  gorge  rouges;  le 
dessus  du  corps  cendré ,  avec  des  )ets  rougeâtres  ;  les  couvei^- 
iures  des  ailes  brunes ,  et  bordées  de  rougeAtre  ;  les  penneê 
et  celles  de  la  queue  brunes  Ksérées  de  jaune;  lea pieds  pa-* 
reils  au  bec ,  et  la  queue  fourchue. 

La  femelJe  a  le  dessus  du  corps  d'un  cendré  yaunâtre  ;  les 
côtés  de  la  tête  et  le  menton  blancs  ;  quelques  marques  d'^un 
brun  obscur  sur  le  cou  ;  la  queue  noirâtre,  et  bordée  de 
gris. 

Le  Cardinal  nuppi  (  Loxia  eardinaiis  Lath. ,  pi.  en!. 
n^  io3  de  VHiet.  nat.  de  Buffon,  ).  Ce  groe^-hec  réunit ,  ce  qui 
se  rencontre  rarement  dans  les  oiseaux  chanteurs,  une  voix 
éclatante  et  un  très-joli  plumage.  Sa  tête,  parée  d'une  huppe 
qu'il  peut  remuer  k  volonté,  et  qu'il  remue  souvent,  est , 
ainsi  que  la  plus  grande  partie  de  son  plumage,  d'un  beau 
rouge  ;  cette  teinte  devient  plus  foncée  sur  les  ailes  et  la  queue, 
dont  la  partie'extérieure  est  brune  ;  elle  est  pâle  sur  le  oec  et 
les  pieds  ;  une  bande  étroite  noire  entoure  les  mandibules , 
et  s'étend  un  peu  sur  le  menton.  Les  couleurs  de  lu  femelle 
sont  moins  vives  :  im  brun  rougeâtre  plus  clair  et  plus  pâle 
dessous  le  corps,  est  sa  couleur  dominante.  Les  jeunes  ont 
une  huppe  peu  apparente,  et  leurs  couleurs  àont  beaucoup 
plus  ternes  que  celles  de  la  femelle. 

Cette  espèce  n'habite  que  les  parties  tempérées  de  l'Amé- 
rique septentrionale.  Elle  s'avance,  pendant  l'été,  jusqu'à  la 
Pensylvanie,  et  se  retire  pendant  l'iiiver  dans  la  Louisiane 
et  les  Florides.  Elle  préfère  les  bois  marécageux  ;  c'estJà  oue 
le  mâle,  perché  à  la  cime  4u  magnolia,  déploie  toute  1  etenau# 


CAR  ^  347 

de  sa  vDix>  et  tire  de  Bon  gosier  lesMïnsTeriée.el  mélodieux 
qui  lui  ont  mérité ,  daiM  sou  pays  natid ,  le  nom  de  rossignol: 
mais  ces  sons«  qui  sont  très«fort0>et  inéme  perçaus,  n'ont 
pas  dans  un  appartement  le  içéme  agrément. 

Ce  cardinal  B^  nourrit  de  graines  et  de  maïs  :  l'on  dit  aussi 
qu'il  est  grand  destructeur  d'abeilles.  En  ^olière>  il  vit  de 
millet  et  ds  chenevis;  mais  cette  derniei^  graine,  dont  il  est 
lrè9>friand,  abrège  ses  jours.  La  volière  dans  laquelle  on  le 
lient  en  captivité  doit  être  grande,  au  moins  une  fois  plus 
longue  que  haute;  car  cet  oiseau^  naturellement  vif,  aun 
caractère  inquiet,  ^  presque  toujours  en  mouvement ,  et 
saule  continuellement  d'un  bâton  à  l'auti^  »  mais  horizonta- 
lement, et  rarement,  à  moins  qu'il  n'y  soît  forcé,  de  bas  en 
haut  et  de  haut  en  bas.  Il  seroit  facile  de  l'acclimater  en  £u^ 
rope,  et  Ton  pourroit  même  réussir  4  Ip  faire  multiplîer  en 
captivité. 

Le  Cardin  Ali  :^upps  d'Afrique  (jLoxîaeris/alaLath.). 
La  huppe,  la  poitrine  et  le  csoupion  de  cetoiseau  sont  rouges; 
le  dessus  du  corps  est  blanchitre;  la  queue  est  cendrée  ;  les 
deux  pennes  intermédiaires  de  la  queue  sont  plus  longnes 
lie  le^  autres;  les  pieds  sont  rouges.  Ix>ngueur,  un  peu  plue 
e  sept  pouces.  On  le  trouve  dans  TËthiopia 

Jjc  Cardinal  rouRPRi.  Voyez  Brc  d'arosnt. 

Le  Cardin  Ali  tach^tb.  Voyen  Scarlatte.  (  Vieill.) 

CARDINAL,  nom  donné  dans  les  papillons  d'Europe, 
a  un  papillon  voisin  du  tabac  d'£spagne  ;  c  est  le  P.  pandiora 
d'£sper.  (L.) 

CARDINAL  (LE),  espèce  de  coquille  du  genre  CAnK^ 
ainsi  appelé  par  les  marchands  à  cause  de  sa  couleur  rouge. 
Elle  est  figurée  par  Favanne^  pi.  16 ,  fig.  a^  et  vient  de  Saint-- 
Domingue. Voyez  le  mot  Cône.  (B.) 

CARDINALE  4  nom  de  deux  espèces  de  plantes  du  genre 
LoBELiB.  Voyez  ce  mot  (B.) 

CARDINALE.  Voyez  Pyrochre.  (O.) 

CARDIT£,  Çardita  ,  nom  im|H>sé  par  Bruguière^ 
à  un  nouveau  genre  de  coquilles  bivalves ,  qu'il  a  pris 
dans  celui  des  Cames  de  Linnaeus.  Il  ofire  pour  caractère, 
une  coquille  inéquilatérale,  libn»,  dont  lacuamière  a  deux 
dents,  une  à  la  base  de  la  valve  gauche,  l'autre  longitudinale 
et  parallèle  à  sa  face  antérieure  ;  caractères  que  Lamarck  a  en- 
core circonscrila  en  établissant  son  ginre  Isooardb  aux  dé-* 
pens  de  celui-ci.  Voyez  au  mot  IsocaRDE. 

Les  cardiUe  n^ont  point  une  forme  irrégulière ,  et  ne  sont 
jamais  fixées  par  leurs  valves  comme  las  crimes,  mais  qnel- 
ques-iines  d'Qutir'elIes  s'uttAcheat  aiup  rochers  pai*  un  byssus^ 


3 


34»  CAR 

ce  qui  les  rapproche  des  Moules,  ^oyez  ce  mot.  Poli ,  dan« 
'aon  ouvrage  sur  les  testacés  des  mers  des  deux  Siciles ,  donne  la 
figure^  accompagnée  de  détails]anatomiques^  des  animaux  qTii 
les  habitent ,  et  les  appelle  Glosse  et  Lihnee.  Voyez  ces  mots. 

Il  y  a  trois  ou  quatre  espèces  de  Cardites  dans  la  Méditer- 
ranée, et  une  dans  la  mer  du  Nord  ;  le  reste  appartient  aux 
pays  chauds  de  l'Amérique  et  de  Flnde.  On  en  trouve  asses 
fréquemment  de  fossiles. 

Les  plus  remarquables  des  cardites  sont  : 

La  Caruite  c«ttr  ,  qui  est  figurée  dans  Favanne,  pi.  55, 
fig.  G,  et  dans  VHist.  nat,  des  vers,  faisant  suite  au  Buffon,  édi- 
tion de  Délerville ,  pi.  21 ,  fig.  4,  et  avec  son  animal ,  qui  est 
une  Glosse  (  Voyez  ce  mot.) ,  pi.  16,  n**  34 — 36 ,  et  pi.  a3, 
ti°*  1  et  a  de  l'ouvrage  de  Poli ,  cité  plus  haut.  C'est  un  Iso- 
carde de  Lamarck.  Ses  caractères  sont  d'être  en  forme  de 
cœur ,  presque  globuleuse  y  lisse ,  et  d'avoir  les  sommets  écartés 
et  courbés  en  arrière  en  forme  de  spirale.  Elle  se  trouve  dans 
la  Méditerranée ,  et  fossile  en  divers  lieux. 

La  Gardite  jeson  y  Càrdita  caliculaia ,  dont  le  caractère 
est  d'être  oblongue ,  comprimée  sur  le  derrièi^e  ;  les  côtés 
garnis  d'écaillés  tuilées^  les  bords  peu  sensiblement  plissés. 
Voyez  Adanson ,  pi.  1 5  ,  fig.  8  ;  le  Buffbn  de  Oéterville  ,  et 
l'ouvrage  de  Poli  précité ^  pi.  aS,  n"*  7,  8,  9  et  10,  où  son 
animal^  qui  est  une  Limnee,  est  figuré  et  anatomisé.  Elle  se 
trouve  dans  la  Méditerranée ,  sui*  les  côtes  d'Afrique ,  et  fos- 
sile près  de  Tours. 

La  Ca EDITE  ARCTIQUE  est  ovalo ,  marquée  de  stries  tran»» 
verses  blanches ,  et  a  deux  carènes  garnies  d'écailles  tuilées  sur 
chaque  valve.  £lle  est  figurée  dans  Lister ,  Conch.  tab.  4516  ^ 
^g.  267.  Elle  se  trouve  dans  la  mer  du  Nord ,  sur  les  côtes 
d'Angleterre  et  de  France. 

La  Gabditb  aiar,  Cardita  antiquaia,  qui  est  presque  en 
cœur  ^épaisse ,  ventrue ,  sillonnée  longitudinalement  avec  des 
écailles  alternes,  brunes,  striée  transversalement,  recourbée 
i  sa  pointe,  dentée  en  ses  bords.  Elle  est  figurée  pi.  1 6 ,  n**  a 
de  l'ouvi'age  d' Adanson,  et  avec  son  animal  et  des  détaila 
anatomiques ,  pi.  33 ,  n^  i  a  et  1 3  de  celui  de  Poli.  Cet  animal , 
qui  est  une  LiMKÉE,  renferme  dans  son  manteau  ime  humeur 
qui  excite  des  nausées  à  ceux  qui  veulent  le  manger.  Voyez 
au  mot  LiMN^E.  (B.) 

CARDITES,  nom  qu'on  donne  aux  cœurs  fossiles.  (Pat.) 

CARDON.  C'est  la  plus  grande  et  la  plus  volumineuse  de 
nos  plantes  potagères ,  qu'on  croit  n'être  qu'une  variété  de 
TArti chaut.  ( Voyez  ce  mot. )  Les  jardiniers  en  distin* 
guent  deux  espèces  :  les  cardons  ds  Tours  ^\^  cardons  dEsr^ 


CAR  34g 

pagne  ;  l'une  et  l'autre  se  multiplient  de  graines^  se  cultivent 
de  la  même  manièi*e  et  demandent  unfond^gras  et  humide. 
Maû)  malgré  la  bonne  qualité  du  terrein  et.  tous  les  soins  qu'on 
peut  prendre  de  la  végétation  de  cette  plante^  on  ne  sauroit 
éviter  dans  la  première  saison  qu'il  n'en  monte  quelques  pieds^ 
et  rai^ement  ceux  qui  flem*issent  ainsi  donnent-ils  des  graines 
franches. 

'Comme  c'est  seulement  pour  la  tige  et  pour  la  racine  qu'on 
cultive  cette  plante ,  on  la  semé  tous  les  ans  à  diverses  époques, 
afin  d'en  prolonger  la  jouissance  dans  les  différentes  saisons. 
Pour  en  avoir  de  très-bonne  heure,  on  met  la  graine  en  mars 
sous  cloche^  et  quand  le  plant  a  de  bonnes  feuilles ,  on  le  re- 

Eique  sui*  du  terreau  et  sous  cloche  ;  si  on  veut  l'avancer ,  on 
i  repique  une  seconde  fois  en  pleine  terre  avec  une  cloche 
sur  chaque  plant ,  jusqu'à  ce  qu'il  ait  bien  repris  :  on  obtient 
par  ce  moyen ,  des  cardons  bons  à  manger  dès  le  commen- 
cement de  maL 

Ce  qui  reste  du  plant  levé  sur  couche,  se  repique  en  pleine 
terre ,  vers  avril ,  afin  d'avoir  des  cardons  qm  succèdent  aux 
pi-emiers.  Chaque  pied  étant  planté  ,  on  sarcle  et  on  arrose 
fi-équemment  pour  développer  et  accélérer.  A  la  fin  d'avril 
on  fait  un  troisième  semis  de  cardons  :  on  répand  la  graine  sur 
des  planches  bien  préparées,  en  ne  laissant  que  les  pieds  les 
plus  vigoureux  y  et  les  distribuant  à  une  distance  convenable  ; 
car  Duhamel  a  observé  que  des  cardons  d'Espagne  plantés  à 
six  pieds  les  uns  des  autres  acquièrent  un  volume  énorme. 
Lorsque  la  plante  a  atteint  toute  sa  croissance,  quelle  que  soit 
l'époque  ou  elle  ait  été  semée,  il  faut  arrêter  sa  végétation 
par  un  procédé  qu'on  nomme  ordinairemant  blanchir  les 
cardons ,  et  dont  il  va  être  question. 

Les  pieds  destinés  à  porter  semence  ne  doivent  pas  subir 
l'opération  du  blanchiment  ;  il  faut  les  entourer  avec  de  la  li- 
tière légère  ou  du  chaume  de  pois,  pour  les  préserver  des 
fortes  gelées ,  et  avoir  soin  de  les  découvrir  quand  le  danger 
du  froid  est  passé.  £n  un  mot,  pour  recueillir  la  graine  de 
cardons ,  il  faut  employer  les  mêmes  précautions  que  pour 
celle  des  artichauts,  la  prendre  de  préférence  sur  les  vieux 
pieds  ,  et  la  mettre  dans  un  lieu  sec  et  aéré.  Le  même  pied 
peut  servir  à  produire  de  la  graine  pendant  plusieurs  années. 
On  prétend  que  la  graine  des  cardons  de  Tours  recueillie  dans 
les  parties  méridionales  de  la  France,  dégénère  sensiblement. 
Cependant,  il  est  bien  certain  que  cette  plante  ne  se  perfec-^ 
tionne  pas  au  Nord. 


55o  CAR 

de  blanjûhir  les  CardotUé 


Lonqu^on  prive  les  plantes  en  yégétation  de  Ilnfluence  Je 
la  lumière  et  de  l'accès  de  l'air  atmosphérique,  on  alToiblil 
tellement  leur  constitution  physique,  qu'elles  deviennent  plus 
susceptibles  de  l'action  du  froid  et  de  l'humidité  :  leur  cou- 
leur et  leur  tissu,  leur  saveur  changent,  c'est  ce  qu'on  nomipe 
étloiement,  La  chaleur  et  llimnidité  qu*on  enti^tient  dans 
leur  intérieur ,  déterminent  nécessairement  l'augmentation 
delà  matière  nraqneuse  aux  dépens  de  la  substance  lésineusô 
et  fibreuse  ;  c'est  ce  qui  arrive  à  nos  céleris  et  à  nos  chicorées, 
lorsqu'on  les  enterre^  à  nos  laitues,  quand  on  les  lie  sur  pied  : 
elles  prennent  tm  blanc  jaunâtre,  perdent  de  leur  âcreté  et 
de  leur  caractère  filandreuic.  Ce  n'est  donc  que  par  ce  pro- 
cédé qu'on  parvient  à  rendre  les  tiges  de  caraon  sèches ,  ca.s- 
santés,  et  propres  à  deveior  tm  mets  fort  recherché  par  lej 
amateurs. 

On  conseille  diverses  nfétiiodes  pour  blanchir  le  cardon  : 
les  uns  ont  proposé  d'environner  la  plante  après  qu^eile  est 
liée,  avec  nne  caisse  semblable  à  une  ruche  à  ipid:  d'autres  ^ 
de  l'environner  avec  du  marc  de  raisin  ;  mais  c'est  beaucoup 
trop  multiplier  la  main  -  d'œuvre  et  la  dépense  pour  une 
plante  qui  ne  fournit  à  l'homme  qu'un  mets  de  luxe  et  rieii 
aux  animaux.  Tenons-nons-en  à  deux  pratiquas,  l'une  bonne 
pour  îe  Midi ,  et  la  seconde  pour  I^  Nord.  jLa  principale  at- 
tention consiste  à  ne  lier  les  feuilles  que  par  uh  temps  sec  >  et  à 
les  butter  dans  les  mêmes  circonstances.  Elle  est  incnspensablé 
dans  toutes  les  méthodes  qpi  ont  pour  objet  de  blanchir  les' 
plantes. 

Quand  il  sagit  pendant  Télé  de  blanchir  les  cardons,  rien 
n'est  plus  facile  :  il  n'est  question  que  de  rassembler  les  feuilles 
du  cardon  avec  un  lien  de  foin  ou  de  paille ,  et  de  butter  au- 
tour. On  les  entoure  d'une  grande  litière  secouée  ,  en  né 
laissant  à  l'air  que  Textrémité  des  feuilles  :  on  leur  donne  en- 
suite quelque  mouillure  par-dessus ,  en  versant  l'eau  dans  lé 
cœur  de  la  plante  au  milieu  de  l'empaillage.  Dans  l'espace  de 
tfois  semaines  ou  un  mois ,  selon  la  saison ,  les  cardonê  sont 
en  état  d'être  coupés;  alors  on  ôte  toute  la  paille  que  Ton  fait 
iiécher  pour  en  garnir  d'autres. 

Si  l'on  veut  avoir  continuellement ,  et  sans  interruption , 
des  cardoru ,  il  ne  faut  lier  et  couvrir  de  ten*e  que  peu  de 
plantes  à-ia-fois,  renouveler  cette  opération  tous  les  quinxe 
jours ,  et  proportionner  leur  nombre  a  la  consox&matiMi  qu'on' 
en  fait. 


CAR  35t 

Les  9artbm8  dettîaéa  pour  Thiver,  ne  aont  empaillés  qu'à 
fur  et  mesure  de  la  consommation.  On  commence  par  les  plus 
forts  pieds.  Quand  la  gelée  approche,  on  lie  ce  qui  reste  sans 
l'empailler ,  eton  le  butte  un  peu.  La  saison  étant  plus  rigou- 
reuse, on  les  enlève  en  motte,  et  on  les  enterre  dans  du  sable 
frais;  ils  y  blanchissent.  On  les  couvre  seulement  de  paillas- 
sons ,  de  feuilles. 

Quand  on  n'a  pas  de  serre ,  c'estr-àrdire  d'endroit  i  l'abri 
de  la  gelée  et  de  l'humidité,  on  peut  faire  dans  un  terrein. 
très-sec  ,  des  tranchées  profondes  de  trois  pieda,  larges  de 
cinq  et  de  long^ur  proportionnée  anx  planta  de  cardons, 
A  on  bout  de  la  tranchée ,  on  fait  un  chevet ,  c'est*à-dire  , 
on  tapisse ,  on  couvre  pe  bout  de  la  tranchée  de  deux  oit 
trois  pouce»  de  longue  paiUe  ;  on  jette  sur  le  bord  de  la 
tranchée  du  côté  du  nord,  du  levant  et  du  couchant,  toute» 
les  terres  qui  sortent  de  la  fouîUe.  On  les  plombe  bien ,  et  on 
les  dispose  en  talus  qui  éloignent  de  la  tranchée  les  pluies  et  les 
neiges.  Le. long  de  la  tranchée,  du  cô4érdu  midi,on  plante  des 
échalas  ou  de  grandes  fourchettes ,  pour  soutenir  une  per* 
che  sur  laquelle  ou  attache  un  nombre  suffisant  d'échalas , 
pour  portei'une  couverture  grossière  de  paille  ou  de  fougère , 
ou  de  cosse  de  pois,  et  des  paillassons  par-dessus.  Cette  con- 
verlure,  plus  inclinée  du  côté  du  niircl  que  du  côté  du  midi, 
ipira  appliquée  par  son  extrémité,  sur  les  terres  qui  bordent 
1^  tranchée.  Du  côlé  du  midi ,  on  ménagera  quelques  on-* 
vertures  pour  in^oduire  l'air  et  le  soleil  quand  il  est  pos- 
sible ,  et  afin  de  pouvoir  descendre  dans  la  tranchée  et  y  soi-* 
gner  les  cardons.  Ces  couvertures  se  bouchent  avec  de  doubles 
paillassons  pendant  les  nuits  et  les  temps  rudes.  On  dispose  ^ 
comme  ci-devant,  les  cardons  entre  les  chevets  de  pailla, 
suivant  ht  longueur  de  la  tranchée  du  côté  du  nord ,  ou  biei^ 
comme  dan:»  une  serre.  Dans  les. pays  tempérés,  ces  grandes 
précautions  sont  assea  inutiles.  La  méthode  suivante  suffit. 

r  Dès  le  mois  de  novembre,  et  même  plutôt^  on  peut  Uer 
iina  cer4aine  quantité  de  pieds  de  ccurdons,  et  tous  les  huit  ou 
quinze  jours ,  suiviant  le  besoin ,  en  lier  de  nouveau ,  et  le  faire 
blanchir  à  la  maiiière  du  céleri,  c'est-à**dirB ,  relever  la  terre 
autour  des  pieds  dont  les  feuilles  sont  Uées,  et  ne  laisser  qu0 
1m  sommités  i  découvert. 

Dans  d'autres,  on  fait  une  fosse  an  pied  de  la  pilante  ;  on 
dégarnit  ses  racines  d'un  côté  ;  on  la  couche  dans  la  fosse  , 
rompre  la  racine  ;  on  recouvre  lateiTe  sur  sept  à  huit 


pouces  de  liauteur ,  et  on  laisse  sortir  quelques  bouts  des  feuilles 
j^mir  l'indiquer.  Si  la  terre*  est  sèche ,  et  qu'on  la  mette  à  l'abxi 


55îx  .      ^  A  ^ 

des  plnîes  par  de  la  paille  longue  qui  en  repousse  lès  eanx^  lei 

cardons  se  conserveront  pendant  plusieurs  mois. 

Usages  économiques  des  Cardons* 

(7est  la  feuille ,  on  pour  mieux  dire  ^  la  c6le  et  la  racine  de 
cardon ,  qui  sont  l'objet  de  la  culture  de  cette  plante  :  on  les 
mange  au  gras  et  au  maigre^  et  souvent  au  jus  dans  les  cotre- 
inets  :  on  en  sert  aussi  sous  la  %dande  rôtie.  Mais  la  classe  peu 
aisée  fait  rarement  usage  des  cardons ,  parce  que  la  prépara-» 
tion  qu'ils  exigent  pour  devenir  alimentaire ,  est  trop  coûteuse, 
et  que  d'ailleurs  il  faut  une  sorte  de  tact  pour  en  obtenir  un 
mets  passable  ,qui  ne  doit  l'avantage  deparoilre  sur  nos  tables, 
qu'à  l'art  de  les  accommoder.  Aussi ,  nos  Lucullus  modernes 
etoient-ils  dans  l'usage,  avant  d'engagier  À  leur  service  un  cui- 
sinier, d'essayer  son  talent  par  l'apprêt  d'un  plat  de  cardons; 
et  quand  le  ragoût  réunissoit  toutes  les  conditions ,  le  can- 
didat étoit  admis  au  nombre  de  leurs  officiers  de  bouche. 

La  médecine,  qui  a  cherché  à  mettre  à  contribution  toulesles 
productions  de  la  nature  pour  soulager  l'espèce  humaine  n'a 
découvert  dans  les  cardons  aucune  propriété  capable  d'en- 
richir le  domaine  de  la  pharmacie.  Mais  dans  les  fabriques 
de  fromage,  l'économie  domestique  tire  parti  de  leurs  flem 
pour  coaguler  le  lait  comme  la  présure  :  an  les  déiaclie  des* 
pommes  ou  fruits  ;  on  les  fait  sécher  à  l'ombre;  on  en  met 
une  pincée  plus  ou  moins  forte  selon  la  quantité  de  lait.  La 
ileur  d'artichaut  sauvage ,  qu'on  nomme  la  chardonnetêe ,  est 
douée  de  la  même  vertu.  (Par m.) 

-  CARELET,  espèce  de  poisson  du  genre  Fleuron  £ct£, 
qu'on  pèche  communément  sur  nos  côtes,  et  dont  la  chair 
est  très-bonne ,  quoique  moins  estimée  que  celle  de  plusieun 
autres  du  même  genre.  Voyez  au  mot  Fleuron £ctjî. 

JLa  tête  du  careUt  est  'petite  et  large  ;  sa  mâchoire  inférieure 
est  plus  avancée,  et  est  armée ,  ainsi  que  la  supérieure ,  de  plu- 
sieurs rangées  de  petites  dents  pointues ,  dont  les  antérieures 
sont  les  plus  grandes  ;  s»ê  deux  yeux  sont  à  gauche  ;  son  corps, 
du  même  côté ,  est  brun ,  marbré  de  brun  foncé  et  de  jaune. 
L'autre  côté  est  jaune.  Tous  deux  sont  couverts  d'écaîUeaob- 
longues  et  molles. 

Ce  poisson  se  tient  au  fond  de  la  mer  a  moitié  enfoncé  dans 
le  sable,  ou  dans  la  vase,  et  y  attend  les  petits  poissons,  les 
pinistacés  et  les  coquillages ,  dont  il  fait  sa  nourriture.  11  par-* 
vient  a  une  grandeur  considérable ,  mais  jamais  autant  qu« 
\e  pleuronecte  Jletan  ,  ainsi  il  faut  croire  que  c'est  ce  dernier 
^u'on  prit  sous  X)omitieO|  et  qu  on  a  cité  Goaiwe  u«  oankê 


CAR  *  555 

de  dix  à  dotiTse  toises  de  long.  Au  reste  ^  ces  deux  poissous 
peuvent  difficilement  se  confondre^  car  celui  dont  il  est  ici 
question  est  aussi  large  ^  ou  mieux  aussi  long  que  haut ,  et  au 
contraire,  le  flétan  est  beaucoup  plus  long  que  haut.  Voyez 
au  mot  Pl£uronbcte. 

On  prend  le  car«/^^principalement  à  la  ligne  de  fond  y  amor* 
cée  de  crustacés  ou  de  morceaux  de  poissons.  On  le  prend 
aussi  à  la  fouëne ,  lorsque  la  mer  est  calme  et  qu'on  peut  Tap- 
percevoir  au  fond.  Il  remonte  quelquefois  les  rivières. 

On  a  trouvé  son  empreinte  fossile  dans  la  canîère  d'CSnin- 
gen  9  près  le  lac  de  Constance  en  Suisse. 

Dans  le  Nord,  où  il  est  encore  plus  commun  que  sur  nos 
c6tes ,  on  sale ,  on  fume ,  on  marine  tout  ce  que  la  popula- 
tion du  pays  ne  peut  pas  employer  frais ,  et  on  le  vend ,  très- 
souvent  sous  lu  nom  àe  flétan.  Voy.  au  mot  Pjlburonsote. 

£n  France, on  n'en  mang&point  ainsi  préparés,  maison, 
^n  prend  beaucoup,  que  Ton  consomme  frais.On  eu  voil  à  Paris 
une  partie  de  Tannée,  que  Ton  sert  sur  les  tables  ,  soit  frits , 
soit  cuits  au  court-bouillon.  Ordinairement  le  prix  n'est  pas 
assez  élevé  pour  être  hors  de  la  portée  de  la  classe  ouviîere. 
C'est  le  turbot ,  c'est  la  sole  des  pauvres  de  cette  ville. 

On  appelle  ce  poisson  barbue  et  rhomboïde  dans  quelques 
ports  de  mer.  C'est  le  pleuronectes  rhotnbus  de  Linnseus.  (B.) 

CARENE,  Carina,  nom  donné  au  pétale  inféneur  d'une 
corolle  papillonacée.  {Voyez  le  mot  Fleur.J  Une  feuille  est 
aussi  appelée  en  carène ,  lorsqu'elle  est  relevée  longitudinale- 
ment ,  dans  le  milieu  de  sa  surface  inférieure,  par  une  saillie 
anguleuse  et^ tranchante.  (D.) 

CARENE, nom  d'un  poisson  du  genre  Silure.  Voyez  c9 
mol.(B.) 

CARET,  nom  spécifique  d'une  Tortue  de  mer.  Voyez 
ce  mot.  (B.) 

CARGOOS,  nom  vulgaire  que  l'on  donne  au  Grèbe 
BUPPE.  Foyez  ce  mot.  (Vieill.) 

CARIACOU  (  Fig.  pi.  ao ,  vol.  5i  de  mon  édition  de 
YHist.  naturelle  de  Buffon,)  C'est  ainsi  que  l'on  nomme  à  la 
Guiane  une  race  de  CiiEVREUiii.  {Voy.  ce  mot.)  Elle  ne  fré- 
quente que  les  grandes  forêts  de  l'intérieur  des  terres  ;  sa  taille 
est  petite  ,  et  son  pelage  d'un  gris  blanchâtre  ;  ses  bois  sont 
droits  et  pointus.  La  femelle  fait  plusieurs  portées  par  an , 
car  l'on  trouve  des  petits  cariaeoue  dans  tous  les  temps  de 
Tannée ,  même  pendant  les  plus  fortes  chaleurs  de  l'été.  Ce 
sont  de  animaux  sveltes,  agiles,  aussi  jolis  qu'innocens,  doux 
et  même  caressans ,  lorsqu'on  les  a  apprivoisés  >  ce  qui  n'est 
pas  difficile;  mais  ils  portent  aux  yeux  des  hommes  un  puis- 

JV,  SB 


554  CAR 

iaiit  motif  cle  proscription  ;  ou  les  chasae  avec  ardeur  ^  parce 
qu'ils  soûl  le  meilleur  gibier  de  T Amérique  méridionale ,  et 
que  leur  chaii*  est  aussi  savoureuse  que  leur  naturel  est  bon  et 
aimable.  (S.) 

CARfAMA  {PalamedeacrisUiiaLtSLth.fGg.  dansTornitho^ 
logie  de  Willugby^pl.  5i.) ,  oiseau  du  genre  des  Kamjchis, 
ef  de  l'ordre  desÉcHASSfîs.  (  Foyez  cesmots.^  Ce  nom  cariama 
est  ^  en  langage  du  Brésil  y  celui  d'un  grand  et  bel  oiseau  de 
cette  conirée  du  midi  de  l'Amérique  ^  qui  fréquente  les  maré- 
cages y  et  s'y  nourrit  de  poissons  et  de  reptiles.  Il  surpasse  la 
héron  en  grandeur;  il  porte  le  cou  élevé  et  la  télé  haute;  son 
bec  court  et  crochu  est  surmonté  k  la  racine  par  une  aigrette 
<ie  plumes  droites  ;  les  doigts  qui  terminent  ses  longs  pieds  sont 
unis  par  une  portion  de  membrane  jusqu'à  leur  première  ai^ 
f  iculation  ;  le  doigt  du  milieu  est  le  plus  long  de  tous ,  et  celui 
de  derrière,  fort  courte  est  placé  si  haut  aii'il  ne  peut  appuyer 
ik  terre.  Tout  le  plumage  est  gris  ^  varié  de  brun  et  de  roussâ- 
tre  ;  le  bec^  les  jHeds  et  les  yeux  sont  jaune». 

Le  cri  de  cet  oiseau  ressemble  à  celui  du  coq-d' Inde,  mais 
il  est  plus  fort  et  se  faitentendre  de  loin  ;  sa  chair  est  délicate , 
selon  Pison ,  qui  dit  que  de  son  temps  l'on  commençoît  à 
rendre  le  cariama  domestique.  {Hisi,  ruU,  etmédic,  ind,,  pag. 
8i.)(S-) 

CARIAROU^  plante  sarmenteuse  du  Brésil,  des  feuilles 
de  laquelle  on  tire  une  fécule  propre  à  teindre  en  cramoisi. 
Barrère  l'appelle  conuohulus  tinctoriusfructu  viligineo,  (B.) 

CARIBOU  {Cervua  caribou  Linn.,  var.  cervi  tarandi,  fig. 
pL  76,  vol.  3ode  mon  édition  de  VHùt.  naturelle  de  Buffbn^* 
Bufibn  avoit  pensé  que  le  caribou  de  l'Amérique  est  le 
même  quadrupède  que  le  renne  de  Laponie  ;  il  paroit  néan- 
moins que  quelques  dissemblances  distinguent  ces  deux  ani- 
maux, qui  n'en  sont  pas  moins  des  races  ou  de  simples  Vft- 
riélés  de  la  même  espèce,  yoyez  Rbnnk.  (S.) 

CARICOIDE ,  nom  donné  par  Guettard ,  à  quelques  Ma** 
j>R£PORES fossiles,  de  figure  spherique,  et  ayant  une  cavité  cir- 
colaire  à  leur  partie  supérieure.  Us  rentrent  dans  ce  qu'on  a 
appelé  fiffêê  jùêêile,  Voyes  au  mot  MAintipoRS  et  au  mol 

FlOUB  HB  MER.  (B.) 

CARIE.  C'est ,  en  agriculture ,  le  nom  de  deux  maladies 
qui  attaquent ,  Tune  les  arbres,  l'autre  certaines  plantes  her- 
bacées, et  particulièrement  le  Froment.  {FbyeM  ce  moi  et 
l'article  BiJL.)  La  c€u^ie  des  arbres  est  cette  espèce  de  moiaia- 
sure  du  bois ,  qui  le  rend  mon  et  d'une  consistance  peu  dilfé- 
a^nttf  de  celle  de  la  moelle  ordinaire  ;  pour  arrêter  les  suilea 


CAR  355 

de  celle  maladie  ^  îl  faut  couper  jusquet  dans  le  vif  la  partie 
cariée ,  et  recouvrir  soigneusement  la  plaie.  (D.) 

ÇARIGUEou  ÇARIGUYA^  nom  brasilien  du  Sabious. 
Voy€%  ce  mot.  (S.) 

CAHIGUIEBEJU.  Voye%  Saricoviennb.  (S.) 

CARILLON NEUR  {Turdus  cûmpan^Ua  Lalh.  ,fig.  pi. 
enlum.  de  Buffon,  n^  700 ,  fig.  s.)  ^  oiseau  du  genre  des  Gai* 
TK8 ,  et  de  l'ordre  des  Passereaux.  {Koyez  ces  mots.)  Il  fait 
partie  de  la  section  desfourmiUierâ,  oiseaux  fort  singuliers , 
répandus  dans  les  fbréls  tranquilles  el  solitaires  de  la  Guiane, 
et  famille  assez  nombreuse  que  j'ai  fait  connoître  le  prèmiçr. 
Voyez  FouRMii.LiERs^  oiseaux.  Les  hautes  et  antiques  futaies 
qui  croissent  sous  l'équateur ,  retentissent  de  sons  €|ui  frap- 
pent d'étonnement  quiconque  s'égare  dans  ces  sombres  dé- 
serts ;  la  voix  de  plusieures  espèces  de  fourmilière  forme  les 
})lus  remarquables  de  ces  bruits  éclatans.  L'un  siffle  comme 
'homme  y  et  module  la  game  et  des  airs  harmonieux  comme 
le  musicien  {Fb/ez  Araoa.);  l'autre  sonne  le  tocsin  (Foyet 
Béfroi.)  ;  et  les  carillonneura ,  réunis  en  petites  troupes  et 
sautillant  sur  les  branches  des  arbrisseaux,  forment  entr'eux 
le  carillon  de  trois  cloches  de  ton  difiérent;  leur  voix  est  très- 
forte  ,  si  on  la  compare  à  leur  petite  taille  ^  et  ils  continuent 
leur  singulier  caxdUon  pendant  des  heures  entières  sans  in- 
terruption. 

Lia  longueur  totale  du  carillonneur  est  de  quatre  pouces  et 
demi  ;  il  est  d'un  blanc  tacheté  de  noir  sur  la  tête  «  la  gorgç  ^ 
le  cou  el  la  poitrine ,  gris  brun  &ur  le  dos,  brun  roux  sur  le 
renti^  et  les  couvertures  de  la  queue ,  brun  sur  les  ailes  et  la 

aueue^  enfin  ,  noirâtre  sur  le  bec  et  les  pieds  \  un  trait  noir 
e  chaque  côté  de  la  télé  passe  au-dessus  de  l'œil  y  et  un  lisci  é 
roussâtre  règne  sur  le  bord  extérieur  de  toutes  lès  pennes.  (S.) 
CARÏNAfRE,  Carinaria,  coquille  uni  valve,  très-mince, 
en  cône  y  applatie  sur  les  côtés,  à  sommel  en  spirale  involute 
et  très- petit,  et  à  dos  garni  d'une  carènç  dentée;  à  ouverlui*6 
ovale  oblongue ,  rétrecie  vers  l'angle  de  la  carène. , 

Cette  coquille  avoit  été  placée  parpii  les  patelles  par  Lin- 
naeus,  sous  le  nom  depateila  orislata;  Dargen^^lle,  Favànne 
et  autres  en  ont  fait  un  Argonaute  ,  et  LamarcX  un  genre 
nouveau.  EUe  a  été  figurée  par  Dargçn ville,  Appendix ,  pi.  1 , 
fig.  B  ;  et  par  Favanne,  pi.  7 ,  fig.  C  %  C'est  une  des  plus  rares 
qui  existent  dans  les  cabinets,  ce  qui  est  dû  sans  doute  à  son 
extrême  fragilité ,  qui  permet  difficilement  de  l'apporter  en- 
tière des  îles  de  la  mer  du  Sud ,  où  on  la  trouve  :  elle  est  aussi 
transparente  que  du  verre.  On  en  voit  une  fort  belle  au  ca- 
l>inet  du  Muséum  d'Histoire  naturelle  de  Paris,  qui  provient 


tatUttOi.    a 

Vm 

CARtSD£.ï 

CARCHRA ,  1^  '^ww ■*  **  ■  Iki**T».  ieytm  ce 

^  4e  l'AmiiMii  .  pu 

•-iiBK,Carii,pM>w.raB«Brtadfw&wdfedt»THnrga, 

,  ^"       1^^   ^,...^   arAr  A-t^«-itnsT-nMMa.SMc»rM:- 

ï  -^a,^  Knne*  ik  h  HiaiwcaùMi ,  fomuit  uiie  espèce 

II.  ^      ,^_,  avïiK*»,  jwacifc.  de  v  longBtar  ,  point 

mil  ^^_^g^i^if-<i\f»ar±.Hii^oirw  mjtaniU  dt*  ùiMCte» , 

xi'  ^^      ,^  ^.- ^  Bu^ua  .  Âliï.  dr  Sooaini. 

(  ^  .—y  [ni'une  leulf  opêcr  de  ce  genn  ;  je  I'm  tnm- 

jm  1  ,^-     -=s  d'une  cl»uTie-«»iii» ,  d'où  je  l'w  DominM 

cul,  _         iiiw»  irr-'i'*""'  pr^«<aio»"«. 

■t'I"  ■^^»-  -  Jpére  ï^w  ^  d">»  ligne»  tle  longnenr  :  le 

Fnii  ^^ .^^^^revêlu  d'une  pewiMKm  ferme,  comma 

Ça  .     ■_    ;^T  jniiKU» nomme  ncùuu.  (L.) 

9"' ,»  -;      ^  ,,,i  que  l'on  ■ppelle,  depai*  qudqu« 

';**■':■'•  .    -,-«  rh^  devenu  fort  à  U  mode,  tioo  nés 

lartn-i,  ^^^^aMnmecduid'»rieq»ûn.  rôle  dan» 

Mt-'It     .'  ^""^        .   .—^  Itdieiine.t'eat  ■cquii  en  tinnc» 

'^"'*'  *J'  Il^^^oot  r«t  donner  k  nom  de  cel 


CAR      ,    .    -     .  .        SS?- 

'  La  râce  du  doguin  on  carlin ,  fonmit  de  trâs-jolis  diiena , 
mais  qui  n'ont  pas  t'inteUigence  ni  les  autres  qualités  aimablea 
-  de  plusieun  autres  races  ;  et  cette  diSérence  est  produite  par 
des  ot^uies  moins  délicats  et  moins  sensibles  ;  1  odorat  qui , 
pour  les  chiens,  est  le  premier  de  tous,  n'a  presque  point 
d'inlensilé  dans  le (&>^uin,icaase  delà déformadon du  siège 
de  cet  organo.  Voytt  Qaist*.  (S.) 

■  CARLINE ,  Carlina,  genre  de  plantes  de  la  ^ngénésie 
polygamie  égale ,  et  de  la  famille  des  CYNARocÉPHALEa,  dout 
le  caractère  est  d'avoir  un  calice  commun,  court,  ventru , 


imbriqué,  composé  d'éoaillcs  lâches,  pointues,  dont  les  inté- 
Heures  sont  fort  longues ,  lancéolées ,  linéaires ,  colorées ,  aca- 
rieusea  et  ouvertes  ;  des  fleurons  nombreux,  tous  hermaphro- 


dites, tabulés,  quinquéfîdes,  réguliers, posés  sur  un  réceptacle 
chargé  de  paillettes  mullilides ,  et  entourés  par  le  calice 
commun.  Le  fruit  consiste  en  plusieurs  semences  un  peu 
cylindriques ,  couronnées  d'une  aigrette  plumeuse  ou  ra- 
meuse ,  et  environnées  par  le  calice  commun  de  la  fleur. 

^o/«pI.  663  des/Z^A^tfMiM  de  Lunarck,  où  ces  carac- 
tères sont  figurés. 

Les  earlintê  sont  an  nombre  d'une  douzaine  d'espèces, 
propres  aux  hautes  montagnes  ou  aux  parties  méridionales  d» 
l'Europe  et  à  l'Afrique  :  ^uaieurs  sont  très-élégantes,  et  deux 
■ont  escul entes. 

Ces  dernières  sont  la  Carijnb  chardocsse  de  ViUars,  1« 
Carlina  achantifolia  ,  figuré   par  AUioni,  Flora  Pedtnwt^- 
tana  ,  pi.  5i ,  et  autres  ;  et  la  Carline  sans  tigk,  Carlina 
acauiit  Linn. ,  plantes  extrêmement  voisines ,  et  qui  croissent 
sur  les  hautes  montaenea  de  l'intérieur  de  la  France.  On  le* 
appelle  c/iardoutue»  dans  les  Basses- Alpes ,  et  loque*  dans  les 
Cévennes.  Par-tout  où  elles  se  trouvent,  les  habitans  en 
mangent  les  réceptacles,  comme  ceux  des  artichauta,  aux- 
quels ils  ne  sont  point  inférieurs  en  bon  goût ,  et  qu'ib  sur- 
passent très-souvent  en  grosseur.  On  les  sèche  pour  l'hiver; 
mais  ces  plantes,  dont  la  nature  est  prodigue  dans  les  lieux 
qui  leur  conviennent ,  ne  souffrent  que  difficilement  la  cul- 
ture ;  et  inutilement  on  a  tenté  plusieurs  fois  de  les  introduire 
dans  les  jardins  même  de  leur  climat.  Leurs  caractères  M>nt 
d'avoir  la  Ûeui-  solitaire ,  preaqi 
radicales,  profondément  sinuw 
a'éralent  sur  la  terre  en  rosette , 
quefois  un  espace  de  deux  it  Ir 
ivcines  ,  qui  sont  bisannoelles, 
paaseoi  pour  diurétiques ,  sudor 

Après  ces  deux  espèoea,  il  i 


358  CAR 

vux«GATitx>qui  (K)ft  daiui  le  cas  d'être  citée.  Elle  a  la  tige, 
multiflorey  en  coiymbet  les  fleurs  terminales,  les  rayons  du 
calice  blanc.  Elle  se  trouve  abondamment  dans  les  lieux 
montueux ,  sablonneux  et  arides  de  presque  toute  l'Europe. 
Les  cinq  à  six  auti-es,  européennes ,  ne  se  trouvent  que  dans 
les  parties  les  plus  chaudes  et  les  plus  sèches  des  parties  méri- 
dionales de  la  France.  (B.) 

CARLO.  D'anciens  voyageurs  disent  que  c'est  un  oiseau 
de  Tile  de  Ceykn^  aussi  gros  qu'un  cygne ,  à  tête  prodigieu* 
aement  grosse  >  à  crête  de  coq  y  k  jambes  courtes ,  a  plumage 
noiV  et  oreilles  blanches ,  à  cri  de  canard ,  et  qui  ne  se  pose 
jamais  à  terre.  Il  y  a  plus  que  de  Texagéralion  dans  cette  des* 
criplion  ,■  et  le  carlo  peut  passer  pour  un  oiseau  imagi^ 
naire.  (  S.) 

CARLUDOVIQUE ,  Carludouiea ,  genre  de  plantes  de  la 
monoécie  polyandrie,  et  de  la  famille  des  Palmiebs,  qui 
oHro  pour  caractère  une  spathe  universelle  de  quatre  folioles 
lancéolées,  concaves,  striées,  s'enveloppant  les  unes  sur  les 
autres,  cadtiques,  et  terminées  par  quatre  à  cinq  pointes;  une 
spalhe  commune ,  cubique ,  à  quatre  fleurs  ;  une  spathe  propre  , 
ovale,  couronnée  de  plusieurs  dénis  arrondies;  pK>int  de 
corolle;  un  grand  nombre  detamines  très-courtes,  insérée* 
au  réceptacle  dans  les  fleurs  noales;  un  ovaire  cubique,  creusé 
supérieurement  de  deux  sillons  en  croix ,  portant  quatre  styles 
écartés,  filifi^rmes,  très-longs^,  portant  chacun  un  stigmate 
semblable  à  une  anthère,  dans  les  fleurs  femelles. 

Le  fruit  est  une  baie  cubique,  uniloculaire  et  poljsperme» 
renfermant  un  grand  nombre  de  semences,  petites,  obfongues 
et  planes. 

Dans  ce  genre,  dont  les  caractères  sont  figurés  pi.  Si  du 
Gênera  de  la  /Yor#  du  Pérou ,  les  fleurs  mâles  sent  méléee 
avec  les  femelles  sur  le  même  spadix. 

On  compte  cinq  espèces  de  cardudoviquee ,  toutes  propre» 
au  Pérou.  (B.) 

CARMANTINE ,  Justicia  Linn.  (  Dy€Ouirit!  monogynie.)  , 
genre  de  plantes  de  la  famille  des  Aca^^thoïdes  ,  renfermant 
tui  grand  nombre  d'espèces ,  qui  sont  toutes  ou  des  herbes  oit 
des  arbrisseaux  étrangers.  Dans  les  carmaniineSf  le  calice  eal 
petit,  et  découpé  proiFondément en  cinq  parties;  la  corolle^ 
qui  est  raonopelale,  a  deux  lèvres  très-distinctes  ;  une  supé- 
r.eui'e,  échancrée;  une  inférieure,  réfléchie  et  à  trois  divî* 
sions;  les  étamioes,  au  nombre  de  deux,  sont  attachées  à  la 
corolte  sous  la  lèvre  supérieure,  et  chacune  d'elles  porta  one 
anthère  droite  à  deux  loges,  réunies  ou  distantes;  Tovaire  est 
•upévifur;  ie  s^k  a^ce^  et  1^  stig^naie  simple»  Le  fruit  est 


CAR  559 

ime  capsule  oblongne^  à  deux  .valves,  s'oorrant  avec  élasd^ 
cité  ;  cette  capsule  a  deux  cellules ,  séparées  par  une  cloison 
opposée  aux  valves,  et  chaque  cellule  contient  plusieurs  se* 
menées  rondes  et  comprimées.  Fayex  Lam.  Illustraâiona  dett 
genr.  pi.  1  a. 

Toutes  les  carmaniinês  ont  la  corolle  kbiée  et  les  feuilles 
simples  et  opposées.  Les  unes  ont  la  tige  ligneuse ,  les  auti'es 
l'ont  herbacée  ;  dans  plusieurs  les  anthères  sont  à  loges  réunies , 
dans  d'autres  elles  sont  à  loges  séparées.  Ces  quatre  caractères 
ont  donné  lieu  à  quatre  divisions  des  ncnnbreuses  espèces  de 
ce  genre ,  qui  en  comprend  environ  cinquante-quatre.  Parmi 
celles  dont  la  tige  est  ligneuse,  et  dont  les  loges  des  anlhèi-e» 
•ont  réunies,  les  plus  intéressantes  à  décrire  sont  : 

La  Carmantjne  en  arbre  ,  vulgairement  le  Noter  ]>r 
Ce  Y  LAN,  le  Noyer  des  Indes,  JusHeia  adathoda  Linn^ 
C'est  l'espèce  la  plus  élevée  de  ce  geru^e  ;  elle  >i  un  beau  port 
et  un  aspect  agréable ,  quand ^Ue  est  en  fleur:  elle  s'élève  à  la 
hauteur  de  huit  à  douze  pieds ,  sur  une  tige  grosse  comme  le 
bras,  avec  des  rameaux  miressés  et  des  feuilles  larges,  ovalea 
et  lancéolées,  qui  ont  Tapparence  de  celles  du  noyer  commun; 
les  fleurs  sont  grarAies,  blanches ,  et  disposées  vers  le  sommet 
des  rameaux  en  épis  courts,  munis  de  bractées  ovales  et  per-> 
distantes  ;  les  lèvres  de  la  corolle  sont  courbées,  et  rinférieur» 
est  veinée  de  pourpre  à  sa  base. 

Cet  arbre  croît  dans  Ule  de  Ceylan  ;  il  est  «ultivé  depuia. 
long-temps  en  Europe ,  dans  les  jardins.  Ses  fleurs  paroissent 
&  la  &n  de  Tété  ;  quelquefois  les  boutons  ne  sotlent  qu'à  1  ap« 
proche  du  froid ,  et  ne  s'ouvrent  pas  ;  en  général  il  fleurit 
oiflicilement  :  il  lui  faut  un  gi*and  soleil ,  une  terre  légère  et 
aubstantielle ,  et  continuellement  de  l'eau.  On  doit  l'éiever 
dans  un  grand  pot  ou  dans  une  caisse,  afin  de  le  mettre  dana 
l'orangerie  aussi-tôt  que  les  froids  commencent,  car  il  craint 
les  moindres  gelées  :  cependant  il  passe  très-bien  l'hiver  dans 
une  bonne  serre ,  sans  le  secours  d'une  chaleiH'  arti&cielJe.  On 
peut  le  multiplier ,  vers  le  milieu  de  Tété ,  de  marcoifes  ou  de 
boutures,  qui  prennent  aisément  racine;  on  le  traite  après 
comme  les  orangers  :  fl  conserve  ses  feuilles  «n  hiver. 

La  Carmantine  a  cnocn'Er p.Justicia  eeholium  Linn. 
C'est  un  petit  arbrisseau  qui  a  des  rameaux  anguleux  et  des 
feuilles  ovales  lancéolées;  les  épis  de  fleurs  munis  de  bractées 
ciliées,  oflrent  quatre  cotés,  et  ressemblent  à  un  cône;  la 
corolle  est  d'abord  bleuâtre ,  et  devient  presqw'entièremeni 
blanche  en  se  développant  ;  ea  lèvre  supérieure  est  étroite^ 
bifiirquée  et  i:ecourbée  en  crochet.  Cette  espèce  croît  au  Ma- 
labar et  à  Cejlan;  elle  se  multipUè  par  seénences  et  par  bou^ 


56o  CAR 

tures.  Sa  racine  en  décoction  est  bonne  confre  la  goutte,  et 
mêlée  à  celle  de  ses  feuilles,  elle  est  réputée  salutaire  dans  les 
douleurs  néphrétiques. 

La  Carmaktinz  tachke,  Justicia  picùa  Linn. ,  est  un 
arbrisseau  de  cinq  ou  six  pieds,  qui  croit  dans  les  Indes 
orientales,  dans  les  Moluques  et  à  la  Chine ,  où  on  le  cultive 
comme  ornement  dans  les  jardins.  Il  est  remarquable  par  ses 
feuilles  ovales  pointues ,  tachées  de  blanc  jaunâtre ,  ou  de 
rouge  brun ,  et  par  ses  beaux  épis  de  fleurs  purpurines^  dont 
la  corolle  est  renflée  à  son  orifice. 

La  Carm ANTiNE  A  FLBUR8  ROuoEs ,  JuêUcia  pulcHerrima 
Linn.  /.  Coccinea  Aubl,  et  Mua.  C'est  une  ti*ès-beUe  espèce, 
qui  a  des  fleurs  grandes,  d'un  l'ouge  éclatant;  elles  sont  pro- 
duites au  sommet  des  rameaux ,  sur  des  épis  droits  à  quatre 
côtés,  et  munis  de  bractées  ciliées  ;  les  feuilles  sont  pétiolées, 
ovales,  pointues  aux  deux  bouts,  et  longues  dé  huit  à  dix 
pouces.  Cet  arbrisseau  croît  dans  l'Amérique  méridionale ,  à 
Cayenne ,  à  Carthagène  :  il  poussa  de  la  même  racine  plusieurs 
tiges  droites,  peu  rameuses,  de  six  pieds  de  hauteur. 

Parmi  les  carmantines  à  tige  ligneuse ,  dont  les  anthères 
aont  à  loges  séparées ,  on  distingue  les  deux  suivantes: 

La  Carmantinx  a  i>eux  fi^eurs  ,  Justicia  hiflora  Lam. 
Dans  cette  espèce,  qui  croit  en  Arabie,  les  rameaux  sont 
opposés  et  cyhndi'iques ,  les  feuilles  ovales  et  obtuses  ;  chaque 

Sédoncule  ne  porte  que  deux  fleurs ,  et  les  fleurs  ont  un 
ouble  calice  ;  elles  sont  d'un  jaune  rougeàtre.  On  applique 
les  feuilles  de  cet  arbrisseau  sur  les  tumeurs  enflammées ,  pour 
en  calmer  les  douleurs. 

La  Carmantinx  odorants  ,  Justicia  odora  Lam.  C'est 
un  arbrisseau  d'un  asjsect  agréable,  et  qui  ressemble  un 
peu  au  précédent.  11  a  des  rameaux  articulés  et  munis  de 
chaque  côté  d'un  sillon  qui  va  d'un  nœud  à  Tautre  ;ses  feuilles 
•ont  ovales ,  oblongues  et  obtuses;  9iss fleurs ^âennent  solitaires 
aux  aisselles  des  feuilles  ,  leur  couleur  est  jaune;  elles  n'ont 
point  de  pétiole,  et  sont  velues  en  dehors.  Cette  plante  croit 
en  Arabie,  dans  les  bois.  Son  odeur  appix>che  de  celle  de  la 
Jlouvê  ;  mais  elle  n'est  bien  sensible  que  lorsque  la  planta 
commence  à  se  faner .  Les  paysans  arabes  s'en  parent  les  jours 
de  fStes ,  et  en  font  des  couronnes  de  fleurs  dont  ils  s'orneni 
la  tête. 

Dans  les  espèces  &  tige  herbacée ,  et  dont  les  anthères  ont 
les  loges  réunies ,  nous  n'en  trouvons  qu'une  qui  ofire  quel* 
qu'ulililé  ;  c'est  la  Carm  an  tins  rou  rprur  ,  Justicia purpur^a 
liinn.  Elle  a  une  tige  rampante ,  articulée ,  et  qui  nous&e  de 
petites  racines  k  ses  uceuos  ;  ses  feuiUes  sont  ovales ,  tivs- 


CAR  SGi 

entières 9  lisses  et  pointaes;  les  fleurs,  dont  la  corolle  egt 
purpurine  ainsi  que  les  étamines ,  naissent  en  épis  au  sommet 
des  rameaux  et  d'un  seul  côté.  Cette  plante  cri^t  à  la  Cbine 
el  dans  les  Moluques.  Rnmplie  fait  mention  d'une  variété 
dont  les  nœuds  de  la  tige  et  les  nervures  des  feuilles  sont 
rougeâlres  :  on  a'en  sert  pour  teindre  eh  rouge. 

La  Carmantine  pectorale  ,  Juaticia  pectoralU  Jacq.  » 
est  aussi  une  herbe ,  mais  elle  a  des  antlières  à  loges  distantes. 
Sa  racine  périt  tous  les  ans  ;  sa  tige  est  noueuse  et  menue  ;  ses 
feuilles  sout  lancéolées ,  lisses  et  entières  ;  et  ses  fleurs  petites , 
rougeâtres  et  à  caliee  simple ,  sont  disposées  en  épis  grêles  et 
paniculés.  Cette  plante  croît  à  Saint-Domingue  et  à  la  Marli- 
nique  :  elle  est  vulnéraire  et  résolutive^  et  on  en  fait  un  sirop 
très-agréable,  vanté,  avec  raison,  pour  les  maladies  de  la. 
poitrine. 

Pour  les  détails  de  la  culture  des  Carrriantines  dans  l'Inde 
et  dans  nos  climats,  voyez  Miller  et  la  Nouu.  Encyclop.  DicL 
d'jigriciUture,  Ruys  et  Pavon  ont  découvert,  dans  le  Pérou, 
plusieurs  espèces  nouvelles  de  Carmantines.  Voyez  la  Flore 
du  Pérou  y  publiée  récemment  par  ces  botanistes  (D.) 

La  Caemantine  teignante  a  les  feuilles  lancéolées , 
presque  ternées ,  pubescentes  ;  les  flem's  ramassées  en  tête  et 
axillaires.  Elle  croît  dans  la  Cochinchine ,  où  on  emploie  ses 
feuilles  à  teindre  en  vert.  (B.) 

CARMONE  ,  Carmona ,  arbrisseau  à  feuilles  alternes  fas- 
ciculées  sur  des  tubercules ,  ovales ,  oblongues ,  tantôt  en- 
tières, tantôt  Iridenlées,  velues  en  dessous,  ponctuées  de  blanc 
en  dessus ,  très-peu  pétiolées  ;  à  fleurs  rouges ,  disposées  en 
grappes  axillaires  et  très-velues. 

Cet  arbrisseau  forme ,  dans  la  pentandrie  digynie,  un  genre 
dont  les  caractères  consistent  en  un  calice  persistant  à  cinq 
divisions  aiguës  ;  une  corolle  monopétale  à  tube  court  et  a 
limbe  divise  en  cinq  parties  aiguës;  cinq  étamines;  un  ovaire 
supérieur  ,  globuleux  ,  surmonté  de  deux  styles  à  stigmates 
simples. 

Le  fruit  est  un  drupe  globuleux,  contenant  une  noix  à  six 
loges  et  à  six  semences. 

Le  carmone  hètérophylle  est  figuré  pi.  438  des  Jconesplan^ 
tarum  de  CavaniUes ,  et  se  trouve  aux  îles  Mariannes.  Il  se 
rapproche  beaucoup  des  Cabri llets  ,  d'après  Tobservatiou 
de  Ventenat.  Voyez  au  mot  Cijbrillet.  (B.) 

CARNASSIERS.  Ordre  de  quadrupèdes  qni  n'ont  pas  le 
pouce  séparé  des  autres  doigts.  Cet  ordre  se  divise  en  quatre 
sotts^rdxes  ^  et  ceux*ci  en  plusieurs  familles.  (S.) 


564  CAR 

pour  soutenir  Texifitence  des  êtres  ?  nVst-ce  pas  pour  les  re<» 
produire  ?  n'esl-ce  pas  pour  le  seul  besoin  des  espèces  7  la  na- 
ture va-t-elle  au-delà  ?  iue*t-elie  pour  le  plaisir  de  tuer?  Ele- 
vons donc  nos  pensées  à  de  plus  hautes  contemplations  ; 
voyons  le  but  réel  que  la  naiure  se  propose.  £Ue  ne  s'mquièle 
point  des  individus  ,  mais  seulement  des  espèces  ;  eUe  n'a 
point  d'acception  ni  de  prédilection  injuste.  Si  le  foible  ani- 
mal a  ses  ennemis ,  croyez-vous  que  le  lion  féroce  n'ait  pas 
aussi  les  siens  dans  les  âpres  rochers  de  la  Guinée  ?  Le  mou- 
cheron ,  tout  faible  qu'il  est  ,  ose  bien  attaquer  ce  roi  des 
animaux ,  le  harceler  ,  le  piquer  ,  sans  qu'il  puisse  détruire 
cet  importun  insecte.  Et  l'homme ,  qu'il  faut  mettre  au  pre- 
mier rang  des  animaux  déprédateurs  ^n*est-il  pas  la  vile  proie 
d'un  ciron ,  d'une  puce?  N'a-t>il  pas  des  ennemis  plus  cruels 
encore  ?  Ne  s'entr*égorge-t-il  pas  dans  ses  grandes  et  san- 
glantes querelles  ?  Il  y  a  donc  une  guerre  éterndle  entre  tous 
les  êtres  vivans  de  la  nature  ,  et  les  plus  foibles  ne  sont  pas 

5 lus  malheureux  que  les  plus  forts.  La  somme  des  biens  et 
es  maux  est  à-peu-près  égale  pour  Tinsecte  et  pour  l'aigle  , 
pour  le  ver  et  pour  le  lion  ;  chacun  mange  pour  être  mangé 
k  son  tour ,  et  l'on  ne  meurt  qu'une  seule  fois,  f^oyez  Far- 
ticle  Armks. 

Après  avoir  fiiit  remarquer  ta  nécessité  des  espèces  carn^ 
vores  ;  après  avoir  montre  que  la  nature  n'est  ni  cruelle  ni 
injuste ,  il  nous  reste  à  examiner  les  animaux  carnivores  en 
#ux-mémes.  Nous  ne  nous  occuperons  pas  à  décrire  les  armes 

Su'ils  emploient  pour  vaincre  leur  proie ,  nous  en  avons  parié 
ans  l'article  Armes  des  Animaux. 
Premièrement  il  faut  reconnoître  que  tout  être  organisé  esl 
foimé  relativement  au  genre  de  vie  auquel  il  est  destiné. 
Tous  ses  parties  concourent  au  même  but  ^  car  il  n'y  a  peut- 
être  pas  une  fibre  dans  un  animal  qui  n*ait  pour  objet  la  nu- 
trition et  la  génération ,  quoique  la  manière  en  soit  bien  dif- 
férente dans  les  diverses  espèces.  Prenons  pour  exemples 
de  ccffnivores ,  dans  les  quatre  classes  d'animaux  k  vertèbres 
et  à  sang  rouge  »  un  lion ,  un  aigle ,  un  crocodile ,  un  requin  ; 
tout,  dans  ces  êti*es  ,  respire  la  férocité  ;  tout  représente  la 
force  ,  l'agilité ,  le  courage  >  l'instinct  âpre  et  sanguinaire  ;  la 
nature  a  tout  diisposé  en  eux  pour  le»  faire  vivre  de  chair  ;  ils 
sont  tous  armés  avec  avantage  ;  ils  ont  tous  l'appétit  du  sang; 
leurs  intestins ,  leurs  os ,  leurs  muscles ,  monU«nt  évidem- 
ment leur  destination  ;  de  sorte  qu'on  pourroit  deviner  leur 
caractère ,  leurs  appétits,  leur  genre  de  vie ,  à  leur  seule  con* 
formation  ;  qu'on  me  montre  une  dent  d'un  animal  quel— 
conque,  et  je  dirai  comment  il  vit*  Tout  esl  coordooné  dans 


C  A  H  565 

la  nature  ;  quand  on  tient  un  fait ,  il  se  lie  tonfonr»  à  qneU 
qu'autre  ;  c'est  un  anneau  attaché  à  une  longue  chaîne. 

Dans  tous  lescarnitH}rê8  on  remarque  deux  faîls  généraux: 
le  premier  est  la  force  de  tous  les  organes  extérieurs  ;  et  le  so- 
cond  lafoiblesse  des  parties  internes.  Voyez  un  lion ,  un  aigle  ; 
qu'y  a-t-il  de  plus  musculeux ,  de  plus  robuste ,  de  plus  ao« 
tif  7  Mais  examinez  ses  organes  intérieurs  de  nutrition  ,  ses 
intestins ,  son  e&tomac  ,  vous  les  verrez  foibles  à  proportion, 
de  la  force  extérieure  de  l'individu. 

£n  eifet  tous  les  carnitfores  n'ont  qu'on  seul  estomac ,  d'uno 
capacité  médiocre ,  d'une  texture  membraneuse  ,  déhcate  , 
et  des  intestins  fort  courts  ;  au  lieu  que  dans  les  espèces  her- 
bivores ,  l'estomac  est  krge,  quelquefois  multiple  ou  muscu- 
leux ,  les  intestins  sont  amples  et  fort  longs  ;  ces  animaux  ont 
même  un  appendice  intestinal ,  une  sorte  de  sac  appelé  cœcum, 
près  de  l'estomac  ,  pour  lui  servir  en  quelque  sorte  de  sup- 

Slément  ;  les  carnivores  n'ont  jamais  qu  un  estomac  simple  et 
'une  médioci*e  capacité.  La  longueur  des  intestins  est  méoM 
un  caractère  remarquable  des  animaux  herbivores  ;  le  bdeufy 
par  exemple ,  a  des  intestins  grêles  de  la  longueur  de  cent 
quatorze  pieds,  et  les  gros  sont  longs  de  trente-quatre  pieds; 
les  grêles  ont  cinquante-six  pieds  dans  le  cheval  ;  les  intestins 
du  lapin  font  onze  fois  sa  longueur ,  et  ceux  du  lamantia 

£  lus  de  vingt  fois  ;  ceux  du  castor  ont  huit  aunes  ou  vingt* 
uit  pieds  ;  mais  dans  les  carnivores  ils  sont  fort  courts  ;  ceux 
du  tigre  et  du  loup  ne  font  que  trois  fois  leur  longueur  totale  ; 
ils  n'ont  ^ue  cinq  pieds  dans  la  panthère.  Il  en  est  de  même 
chez  les  oiseaux  ;  1  aigle  a  des  intestins  longs  de  deux  aunes 
et  demie  seulement  ;  les  serpens  en  ont  aussi  de  fcnrt  courts; 
mais  chez  les  poijisons  très -carnivores  celte  brièveté  est  en-» 
core  plus  remarquable  ;  dans  le  requin  l'intestin  est  tout 
di-oit  et  n  a  guère  plus  d'un  pied  »  son  intérieur  est  garni  d'une 
valvule  spirale,  comme  la  vis  d'Archimède.  Ces  proportion^ 
4ans  la  longueur  des  intestins  se  font  aussi  appercevour  parmi 
les  autres  classes  d'animaux ,  les  mollusques  ,  les  crustacés  , 
les  insectes ,  les  vers  et  les  zoophytes.  L'homme ,  qui  est  om- 
nivore, a  des  intestins  qui  font  six  fois  sa  longueur  ,  pour 
l'ordinaii*e.  On  rematxiue  d'une  manière  frappante  combien  ' 
la  longueur  des  intestms  dépend  de  la  nature  des  alimens  ; 
car  dans  le  têtard  de  la  gt*enouille  ils  sont  fort  longs  ,  parce 
que  cet  animal  vit  de  plantes  aquatiques  ;  mais  lorsqu'il  se 
transforme  en  grenouille,  son  système  intestinal  se  raccourcit 
parce  qu'il  doit  vivre  désormais  de  vers  et  d'insectes. 

Or ,  plus  les  organes  internes  d'un  animal  sont  foibles  , 
plus  la  force  vitale  se  porte  sur  les  parties  extérieures,  comme 


566  CAR 

•n  le  voit  érîdemment  ches  les  carnivores.  Dans  les  licrLi* 
▼ores  la  raison  est  contraire.  Ne  fi&ut*il  pas  en  eflét  que  les 
premiers  puissent  atteindre  et  subjuguer  leur  proie  vivante 
par  l'agilité  et  la  force  ?  Ne  faut*il  pas  que  les  seconds  aient 
des  intestins  amples  pour  recevoir  une  grande  masse  de  subs- 
tances végétales, qui  sont  bien  moins  nutritives  que  la  chair? 
N  'est-ilpas  nécessaire  que  les  matières  animales  sortent  promp- 
tement  du  corps  pour  éviter  une  putré&ction  dangereuse  à 
rindividu  7  Au  contraire  ne  faut*il  pas  que  les  substances  vé- 
gétales séjom*nent  pluslong-tem  ps  dans  les  in  testins ,  pour  four- 
nir tous  leurs  principes  alimentaires  mêlés  dans  une  grande 
masse  de  matières?  On  voit  donc  que  les  animaux  n*onlpas 
la  volonté  de  choisir  la  nature  de  leurs  alimens ,  mais  qu'ils 
sont  forcés  à  la  vie  soit  v^étale,  soitaniipale,  selon  leur  con- 
formation ;  c'est  à  tort  qu'on  accuse  le  loup  ,  le  tigre  d'élro 
cruels,  ib  ne  veulent  que  vivre  suivant  leurs  besoins. 

Tous  les  carnwcrea  ont  non-seulement  des  muscles  plus  ro- 
bustes que  les  herbivores,  mais  leurs  sens  sont  encore  plus 
délicats;  leur  vue  est  plus  )>erçanle,  comme  dans  l'aigle; 
leur  odorat  plus  exercé ,  comme  dans  le  loup  ;  leur  ouïe  plus 
fine ,  leur  goût  plus  sensible,  leur  instinct  plus  étendu  ,  leurs 
sensations  plus  exactes,  leuryi«^«/iten^  plus  vif:  c'est  ce  qu'on 
peconnoit  dans  leurs  chasses,  leuiv  finesses  »  leura  embûches, 
leurs  guerres ,  et  toutes  leurs  habitudes  extérieures. 

Il  semble  donc  que  les  facultés  vitales  des  herbivores  soient 
toutes  internes ,  celles  des  carnivoreê  toutes  externes  ;  que  plus 
les  organes  extérieurs  sont  forts,  plus  les  oraanes intérieurs 
sont  foibles ,  et  réciproquement  :  c'est  à  cette  foiblesse  interne 
de  la  vie  qu'il  faut  attribuer  la  difficile  digestion  des  carnivo- 
res ,  car  les  herbivores  peuvent  manger  presque  sans  relâche  ; 
ils  digèrent  k  mesure  qu'ils  avalent ,  mais  les  camii^oreê  bien 
repus ,  refusent  de  manger ,  et  peuvejfit  ainsi  demeurer  plu* 
sieurs  jours  sans  autres  alimens.  On  a  vu  des  loupa ,   des 
chats ,  des  fouines ,  demeurer  huit  et  même  quinsejours  sans 
prendre  de  nourriture  ;  nn  cheval ,  im  bœuf,  meurent  au 
bout  de  deux  ou  trois  jours ,  parce  que  leurs  alimens  aont 
d'ailleurs  peu  nourissans ,  tandiH  que  la  chair  alimente  beau- 
coup plus.  C*est  même  à  cause  de  cette  nourriture  de  chair  , 
que  les  oarneuêierê  sont  si  robustes  et  si  vigoureux ,  maïs  un 
animal  herbivore  est  plutôt  fati^^ué  qu'eux.  On  voit  des  oi- 
seaux de  proie,  des  aigles ,  des  faucons ,  des  oiseaux  frégates 
voler  pendant  plusieurs  journées ,  et  faire  dans  les  airs  plu- 
sieurs centaines  de  lieues.  Un  cheval  seroit  bientôt  mort ,  s'il 
éloit  forcé  de  courir  pendant  quelques  jours  sans  so  reposer. 
Le  lion  ,  le  tigre  foui  des  bono»  à  plusieurs  toises  de  distance , 


CAR  5St 

te.  qui  montre  la  prodlgieiue  fermelé  de  leurs  miucles,  de 
leurs  tendons  et  de  leurs  os.  D'un  coup  de  dent ,  ils  brisent 
répine  du  dos  d'un  taureau ,  ils  déchirent  l'éléphant ,  et 
cette  grosse  masse  herbivore  ne  peut  se  défendre  éontre  un 
médiocre  camitfore  agile  et  robuste. 

I/homme  est  conformé  comme  les  singes ,  pour  être  fru** 
givoi*e ,  ou  plutôt  omnivore.  Les  chauve-souris  sont  insec* 
tivores  ;  et  les  hérissons  ,  les  musam^nes  y  Jes  taupes  ,  sont 
vermivores.  Les  ours ,  blaireaux ,  Lmkajous ,  mangoustes  , 
martes  ,  vivent  de  malières  plus  ou  moins  animales. ,  mais  il 
faut  des  animaux  vivans,  et  du  sang  au  lion  ,  au  tigre  ,  à  la 
laiithère ,  8cc.  Les  loups ,  hyènes ,  chacals  aiment  les  charo*' 
^gaes.  Les  autres  quadrupèdes  vivipares  sont  herbivores  quoi- 
que plusieurs  espèces  de  rongeurs  ne  dédaignent  pas  la  chair. 
Parmi  les  oiseaux ,  tous  les  rapaces ,  et  la  plupart  des  palmi- 
pèdes veulent  des  nourritures  animales  ;  les  oiseaux  à  bec 
fin  ,  les  grimpeurs  et  les  oiseaux  de  rivage ,  recherchent  les 
vers  et  les  insectes  ^  il  en  est  de  même  pour  la  plupart  des  rep- 
tiles. Les  poissons  vivent  presque  tous  les  uns  cfes  autres  ;  la 
mer  est  un  champ  de  perpétuel  carnage.  Quelques*  mollus- 
ques dévorent  des  vers  et  des  insectes ,  comme  les  crustacés. 
Plusieiu*s  coléoptèi-es  détruisent  beaucoup  de  charognes,  tels 
sont  les  sylphes ,  nicrophores ,  carabes ,  dermestes  ,  &c.  Lea 
araignées  9  libellules ,  hemérobes,  &c.  font  la  guerre  aux  au- 
tres insectes ,  et  tous  les  aptères  sont  parasites.  Il  n'y  a  pas 
jusqu'aux  zoophytcs  qui  ne  dévorent  les  vers ,  les  insectes ,  les 
débris  des  animaux,  de  sorte  qu'il  y  a  plus  d'un  tiers  du  rè- 
gne animal ,  en  entier ,  qui  vit  sur  sa  propre  substance.  Lea 
plantes  parasites  sont ,  pour  ainsi  dire,  les  herbivores  du  règne 
végétal ,  car  elles  vivent  de  destructions  végétales ,  comme  ks 
moisissures ,  des  champignons ,  et  même  le  gui ,  l'oroban- 
che ,  êcc.  On  peut  voir  à  Tarlicle  Alimeks  ,  ce  que  nous  di-, 
aons  sur  la  matière  nutritive  en  général,  et  combien  elle  in- 
flue sur  tous  les  êtres.  (V.) 

CARNIVORES ,  divbion  ou  sous-ordre  de  quadrupèdes , 
dans  l'ordre  des  Carnassiers.  (  Foyez  ce  moL)  Lescami-. 
vores  n'ont  aucun  des  pouces  séparé ,  et  leui^s  pieds  n'ap- 
puient que  sur  les  doigts.  Cette  division  comprend  trois  fa  - 
milles  :  les  Martes  ,  les  Chiens  et  les  Chats.  Foyez  .ces 
mots.  (S.) 

CAROCHUPA.  C'est  le  Sarigue  ,  suivant  quelque»-nns. 
y  oyez  ce  mot.  (  S.) 

CAROLINE,  nom'spécifique  de  poissons  du  genre  Ar- 
0CNTINB  et  du  genre  Taiolr.  Voytz  ces  mots.*  (B.) 


56»  \  CAR 

CAROLINÉE,  Cbro/i/i^a,  genre  de  pkntes  appelé  Pa^ 
CHJHE  par  Aublet  Voyez  ce  mot  (fi.) 

CAKONCULË  (  Sùumua  carunculatua  Lath.  ordre  Pa». 
8EREAUX  ;  genre  Etourmeau.  Voyez  ces  deux  mots*  ).  Cet 
élourneau  a  une  petite  caroncule  de  couleur  orangée  ^  qui 
pend  à  chaque  coin  de  la  bouche ,  près  de  la  base  de  la  man« 
dibule  inférieure  du  bec  ;  le  dos  et  les  couvertures  supérieu* 
res  des  ailes  d'un  brun  rougeâti*e;  le  reste  du  plumage,  le 
bec  et  les  ongles  noirs  ;  les  ])enne8  de  la  queue  sont  tei*minées 
en  pointe. 

La  femelle  est  entièrement  d'un  brun  rougeâlre  ;  les  ca- 
roncules sont  ti*ès-peu  apparentes;  longueur  neufpouces  et  de* 
mi  environ  ,  grosseur  de  Yéùourneau, 

Cette  espèce  se  trouve  à  la  Nouvelle-Zélande.  (Vieili..) 

CARONDI ,  nom  que  les  Indiens  donnent  généralement 
a  toutes  les  espèces  de  Perroquets.  Voyez  ce  mot.  (S.) 

CAROTTE,  Daucus  JÀxin.{ PentandrU digynie  ) ,  genre 
de  plantes  de  la  famille  des  Ombellifkres  ,  dont  le  carac- 
tère est  d'avoir  des  fleurs  disposées  en  ombelles  doubles,  qui 
sont  planes  pendant  la  floraison ,  et  qui  se  contractent ,  et 
deviennent  concaves  à  mesure  que  le  u'uit  approche  de  sa 
maturité.  La  grande  et  les  petites  ombelles  sont  garnies  d'un 
involucre  et  d'involuceUes  découpés  en  lanières  étroites. 
Chaque  fleur  est  composée  d'im  calice  entier ,  de  cinq  pé- 
tales courbés  en  coeur  et  dont  les  extérieurs  sont  plus  grands, 
de  cinq  étamines  à  anthères  simples ,  et  d'un  ovaire  inférieur 
surmonté  de  deux  courts  styles.  Les  fleurs  du  centre  et  de  la 
circonférence  sont  sujettes  à  avorter.  Le  fruit  consiste  en  deux 
semences,  planes  d'un  côté ,  convexes  de  l'autre,  et  toujours 
hérissées  de  poils  un  peu  roides.  On  trouve  ces  caractères 
figurée  dans  illiust.  des  Genr.  de  Lamarck ,  pi.  19a. 

Les  carottes  sont  des  herbes  qui  ont  beaucoup  de  rapporta 
avec  les  caucalides  et  les  ammis.  Elles  diflèrent  des  pre- 
mières par  leur  involucre  dont  les  folioles  sont  profondément 
découpées  ;  et  leurs  semences  hérissées  empêchent  qu'on  ne 
les  confonde  avec  les  ammis.  Leurs  feuilles  sont  composées  j 
et  à  découpures  plus  ou  moins  fines. 

Les  espèces  connues  de  ce  geni'e  sont  en  petit  nombre.  La 
plus  intéressante  de  toutes  est  la  Carotte  commune,  Dau^ 
eus  carota  Linn. ,  qui  comprend  la  cmrotte  sauuage  ,  et  celle 
que  l'on  cultive  ;  la  racine  de  la  carotte  sauvage  «rst  plus  grêle 
et  plus  dure  ;   d'ailleurs  elle  ressemble  entièrement  à  Tautr^. 

La  carotte  commune  a  une  tige  velue ,  rameuse  ,  légère- 
ment cannelée ,  et  qui  s'élève  ordinairement  à  trois  pieds. 
Les  découpures  de  ses  feuiUes  sont  étroites,  linéaires  et  ai- 


CAR  .3Ô4j 

gtiës.  Ses  fleurs  sont  blanches  et  quelquefois  rougeâtres»  Cette 
}>lanle  est  cultivée  depuis  long-temps  dans  les  jardins  ;  elle 
oflreà  rhomme  un  aliment  sain ,  et  qui  parfume  et  assaieonne 
les  auti'es.  El]e  n'est  pas  moins  bonne  pour  les  animaujc.  Ce- 
pendant on  n^en  sème  la  graine  dans  les  campagnes  que  de- 
puis quelques  années^  à  Timitation  des  Anglais.  C'est  au  aèle 
de  la  société  établie  à  Londres  pour  l'encouragement  des  arts  , 
qu'on  doit  la  culture  en  grand  de  cette  plante  ;  comme  ell» 
piv^ote  beaucoup ,  elle  n'épuise  point  la  superficie  du  terrein , 
et  ne  peut  nuire,  par  conséquent,  au  blé  ni  aux  autres  graini 
qui  sont  semés  après  elle.  On  la  sème  même ,  avec  avantage, 
parmi  Us  grains  du  printemps.  £Ile  est  d'une  grande  ressource 
pour  la  conservation  des  bestiaux .  auxquels  elle  fournit  une 
nourriture  abondante  et  substantielle.  Les  bœufs ,  les  mou-» 
tons ,  les  chevaux  et  les  porcs  mangent  cette  racine  avec  plai-^ 
sir  ;  elle  les  engraisse,  les  maintient  en  santé ,  et  les  rétablit 
promptement  après  la  maladie.  Le  lait  de  vache  en  est  au^ 
mente  et  rendu  meilleur,  ainsi  que  le  beurre*  Enfin  elle  peut 
être  ajoutée  ou  substituée  en  tout  temps  aux  autres  fourrages. 
£t  comme  cette  plante  est  à  l'abri  des  ouragans  et  de  la 
grêle  ;  comme  on  la  garantit  aisément  de  la  gelée,  dans  la 
terre  ou  hoi*s  de  terre  :  qu'elle  est  peu  sujette  à  manquer  ^ 
levant  facilement  :  qu'on  peut  la  semer  et  la  récolter  dans 

Slusieurs  saisons,  la  replanter  même  au  printemps  pour  avoir 
e  la  graine ,  après  l'avoir  gardée  l'hiver  dans  du  sable  ; 
comme  elle  n'est  point  dévorée  par  les  chenilles ,  ainsi  que 
les  navets ,  et  qu'elle  craint  peu  les  autres  insectes,  à  l'excep- 
tion du  ver  de  hanneton  et  de  la  courtillière  qui  l'attaquent 
quelquefois ,  mais  dont  on  a  des  moyens  de  la  défendre  ;  par 
tous  ces  avantages,  elle  mérite  l'attention  et  les  soins  de  tout 
cultivateur  bon  économe. 

On  compte  trois  espèces  jardinières  de  caroiie,  distinguées 
par  la  couleur  de  leur  racine  ,  savoir  :  la  carotté  rouge  ou 
couleur  d'orange  ,\à  blanche  et  Îb.  jaune,  La  première  est  pré- 
férée en  Angleterre ,  la  seconde  en  Italie ,  et  la  troisième  ea 
France.  Celle-ci  passe  pourtant  pour  la  meOleure  ;  elle  cuit 
mieux ,  et  elle  est  plus  tendre  et  plus  délicate.  La  blanche 
craint  moins  l'humidité  que  les  deux  autres.  Il  y  a  aussi  une 

Eetite  carotte  jaune  ,  pâle,  hâtive ,  et  une  petite  rouge  plus 
âtive. 

De  toutes  les  plantes  qu'on  cultive  pour  leurs  racines ,  il 
n'en  est  point  qui  exige  un  sol  plus  profond.  Il  doit  être 
léger  j  gras ,  un  peu  sablonneux  et  un  peu  humide  ,  ou  plu- 
tôt ce  qu'on  appelle  frais,  afin  que  la  carotte  le  pénètre  et 
1  écarte  aisément ,  et  afin  que  l'eau  des  pluies  ne  séjourne  pas 
IV.  A  a 


$70  CAR 

Bur  lesiticlnes.  On  doit  rendre  tel  celui  qui  seroit  trop  coii>- 
pacte  ou  trop  serré.  On  peut  employer  pour  cela  le  sable  sec, 
et  encore  mieux  le  terreau  bien  consommé.  Le  fumier  m» 
trop  tard  ^  ou  trop  de  fumier,  nuit  à  cette  plante  ;  elle  four- 
che alors ,  pousse  des  racines  latérales  ,  est'  sujette  à  devenir 
galleuse ,  à  pourrir  ou  à  être  mangée  des  vers  ;  elle  est  en 
un  mot  moins  saine  et  se  conserve  moins.  On  doit  donc  fu- 
mer la  teiTe  destinée  aux  carottes  deux  ans  ou  au  moins  un 
an  avant  de  les  semer.  Elle  doit  avoir  été  préparée  par  trois 
labours ,  faits  ,  le  premier  en  automne ,  le  second  après  les 
grandes  gelées  ou  pluies ,  et  le  troisième  au  milieu  de  mars. 
Celui-ci  doit  être  superficiel  ;  mais  les  deux  précédens  Uiès- 

1)rofonds.  Le  second!^labour  peut  être  supprimé,  si  la  terre  est 
égère  et  meuble ,  et  après  le  dernier  il  ne  faut  pas  manquer 
de  passer  le  râteau  ou  la  herse  sur  le  terrein ,  pour  l'unir  ^  et 
pour  nemer  également 

Dans  le  midi  de  la  France,  on  peut  semer  les  carottes  i% 
mars  en  septembre ,  juin  et  juillet  exceptés.  Dans  le  nord ,  on 
aème  communément  en  automne  et  après  l'hiver.  Si  on  sème 
au  printemps ,  il  ne  faut  pas  attendre  qu'il  soit  trop  avancé. 
Les  plantes  monteroient  en  graines  y  avant  que  leurs  racines 
fussent  parvenues  à  une  grosseur  médiocre  :  cela  arrive  sou- 
vent dans  les  pays  chauos  ;  car  la  carotte  n'est  bisannuelle  , 
qu'autant  mx'elle  ne  fleurit  pas  dans  la  même  année.  Pour 
garantir  de  la  gelée  les  semis  faits  en  automne ,  on  les  couvre 
de  paille  longue. 

Ses  graines  ay«nt  des  poils  qui  les  unissent  ensemble ,  on 
lesméle  a^ec  deux  tiers  de  sable  fin  ;  et  après  les  avoir  frottées 
dans  les  mains ,  on  les  sème ,  {Mir  un  temps  calme ,  à  la  volée 
ou  en  rayons  séparés.  Quelques  personnes  y  mêlent  plusieurs 
autres  espèces  de  semences,  comme  des  porreaux,  des  oignonéy 
des  panais,  des  raves,  8cc.  Cette  pratione  est  mauvaise.  Si 
une  de  ces  espèces  réussit  pleinement ,  éDe  détruit  les  autres  ; 
les  earottea ,  pour  avoir  de  Tair ,  poussent  plutôt  par  le  haut 
que  par  la  racine.  Au  lieu  que  chaque  espèce  semée  séparé- 
ment ,  devient  plus  belle  ;  et  la  récolte  finie ,  le  terrein  se 
trouve  libre.  Rozier  parle  de  les  transplanter  quand  elles 
ont  acquis  la  grosseur  d'un  tuyau  de  plume  à  écrire.  Nous 
crd^ons  cette  méthode  Ticieuse  et  contraire  à  ses  principes  ; 
lepivot  étant  déplacé ,  fourchera  ou  poussera  moins  proton- 
dément,  n  vaut  mieux  les  éclaircir,  et  cela  est  indispensable. 
Cette  opérUion  ne  se  fait  pas  dans  un  même  temps ,  mais  à 
deux  ou  trois  reprises ,  et  chaque  fois  on  laisse  entre  les  ca- 
rottea  une  plus  grande  distance ,  en  observant  de  n'en  jamais 
Liisser  deux  ensemble.  On  swicle ,  ou  bine ,  on  arrose^  si  cehi 


CAR  371 

«9t  nécessaire  ;  et  ce  cjui  est  arraché ,  est  mis  à  profit  pour  la 
table  ou  pour  les  anunaux.  On  donne  encore  à  ceux-ci  le» 
feuilles  qu'on  coupe  vers  la  fin  d'août  ^  pour  faii*e  pousser  da- 
vantage hsL  racine. 

£n  novembre ,  les  carottes  sont  à  leur  perfection  ;  on  peut 
commencer  à  en  faire  usage.  Dans  nos  départemens  méridio- 
naux ,  il  est  inutile  de  les  arracher  avant  l'hiver  ;  de  petiti 
•oins^  pendant  la  courte  durée  du  froid,  leur  suffisent.  Maia 
dans  le  nord  de  la  France  ,  il  seix>it  imprudent  de  les  laisser 
dans  la  terre  après  le  commencement  de  décembre  ;  les  ge- 
lées qui  doivent  suivre ,  les  n^ges  et  la  grande  humidité  le» 
alléreroient ;  et,  d'ailleurs,  souvent  il  ne  seroit  pas  £icile  dç 
les  arracher.  Il  vaut  mieux  les  enlever  à  cette  époque ,  et 
les  serrer,  après  avoir  coupé  la  fane,  dans  un  lieu  où  u  ne  doiv^ 
pas  geler.  Elles  seront  enterrées  dans  le  sable  ou  rangées  par  ta^ 
séparés ,  recouvertes  d'un  peu  de  paille  ou  de  chaume.  C'est  Im 
moment  de  choisir  les  pieds  les  plus  sains ,  pour  les  replanter 
après  l'hiver ,  et  se  procurer  de  bonne  sraine.  On  les  con- 
serve aussi  en  creusant  près  de  son  habitation  des  fosses  de 
sept  à  huit  pieds  de  profondeur  ,  dans  un  terrein  sec  :  col 
en  garnit  le  fond  et  les  côtés  de  paille  on  de  fougère  sèche  s 
on  tait  alternativement  un  lit  de  carottes  et  un  lit  de  paille, 
jusqu'à  trois  ou  quatre  pieds  au-dessous  du  niveau  du  sol;  et 
on  comble  le  trou  avec  la  terre  qu'on  a  ôtée,  en  la  pilant  bien^ 
Par  ee  moyen  on  en  garde  toute  l'année,  qui  sont  excellentes 
Les  cctrottes  ,  pour  être  bien  belles ,  ne  doivent  avoir  poussé 
qu'une  seule  racine.  Si  le  terrein  est  favorable ,  elles  acquer- 
ront une  longueur  et  une  grosseur  considérable  :  on  en  a  vu 
qui  avoient  aeux  pieds  de  long ,  sur  un  diamètre  de  près  d^ 
cinq  pouces  vers  le  collet 

Quand  on  en  recueille  les  graines,  il  fiint  choisir  de  préfet 
rence  ceUesdel'ombeUe principale,  et  sur  cette  ombelle,  ceUes 
de  la  circonférence.  Elles  sont  encore  bonnes  à  semer  an  bout 
de  deux  ans  ;  mais  la  nouvelle  graine  est  meilleure.  Un  culti- 
vateur anglais ,  M.  Walford ,  est  dans  l'usage  de  semer  dee 
carottes  toutes  les  fois  qu'il  fait  une  plantation  de  pins  ou 
d'arbres  qui  se  dépouillent  En  arrachant  les  carottes ,  oa 
fait,  selon  lui,  moins  de  tort  aux  petites  racines  des  arbres 
qu'en  labourant  autour  d'eux  ;  et  le  vide  qu'elles'  laissent  se 
remplissant  de  la  terre  la  plus  meuble ,  les  racines  encore 
Cendres  des  jeunes  arbres  poussent  avec  plus  de  facilité.  La 
récolte  des  carottes  suffit  quelquefois,  dit-il,  pour  payer  la 
dépense  de  la  plantation. 

La  raaine  de  carotte  étant  cuite*  a  une  douceur  agréable. 

a 


?,>7«  CAR 

On  eti  retire,  comme  de  la  betterave  et' des cliertne ,  un  véri* 
table  sucre.  Bêchée  et  réduite  en  poudre ,  elle  est  utile  aux 
voyageurs^  et  peut  ôtre  employée  sous  cotte  forme  dans  les 
potages  el  dans  les  ragoûts.  Ses  semences  sont  aromatiques , 
carminatives  et  diurétiques;  leur  infusion,  dans  le  vin  blanc , 
provoque  les  règles  et  les  urines,  est  utile  dans  les  affections 
hystériques ,  et  convient  dans  le  calcul.  Qn  vante  sur-tout, 

Ïour  cette  dernière  maladie ,  leur  infusion  dans  la  petite 
ière.  £Ues  sont  an  nombre  des  quatre  semences  chaudes 
mineures.  M.  Homby ,  de  la  viMe  d'York  en  Angleterre,  a 
fait  avec  des  racines  de  carotte  une  eau-de-vie  d'un  bout  goût 
et  très-limpide.  Voyez  son  procédé  dans  la  /VuiV^  du  cultiva- 
teur ,  Introd,  pag,  Qsp. 

Il  y  a  encore  la  Carotte  ne  Mauritakie,  Daucus  Meut^ 
ritanicwt  Linn. ,  qui  croît  aussi  en  Espagne  et  dans  les  envi- 
rons de  Perpignan.  Elle  a  des  feuilles  deux  ou  trois  fois  ailées 
et  à  folioles  ovales ,  dentées  et  très-glabres.  Son  involucre  est 
moins  long  que  les  rayons  de  l'ombelle;  et  le  réceptacle  com- 
mun de  ces  rayons  est  épais ,  dilaté  et  comme  hémisphérique, 
lia  Carotte  cOMMipiRE,  Daucwt  gummifer  Lam. ,  qu'on 
trouve  dans  les  lieux  pierreux  et  maritimes  de  l'Europe  aus- 
trale, et  qui  est  remarquable  par  ses  involucelles  qui  sont  sîm-» 
pies ,  larges ,  membraneux ,  verts  dans  leur  milieu ,  et  blancs 
aur  leurs  bords.  De  la  tige  et  des  rameaux  de  cette  plante ,  il 
découle  un  suc  visqueux  gommo  -  résineux ,  d'une  odeur 
agréable.  La  Carotte  maritime,  Daucus  maritimue  Lom., 
et  à  feuilles  luisantes  des  environs  de  Montpellier.  La  Carottx 
POLYGAME,  Daucus pofygamus  Gouan,  ainsi  nommée, jparoe 
que  les  fleurs  de  la  circonférence  des  ombelles  n'ont  point  de 
style.  Ses  semences  sont  hérissées  de  poils  plus  nombreux  et  plus 
longs  que  ceux  de  la  carotte  ordinaii'e  sauvage.  Elle  vient  en 
Espagne.  La  Carotte  hjêrissée  ,  Daucus  murieatus  Linn. , 
des  côtes  de  la  Barbarie ,  dont  les  graines  sont  garnies  de 
pointes  longues  et  ix>ugeâtres.  La  Carotte  d'Eot  pts  ,^inms 
copticum  Linn.,  qui  a  une  tige  lisse,  des  feuilles  glabres,  k 
découpures  linéaires ,  très-menues^  et  des  fleurs  régulières. 
La  Carotte  a  cureobntb  ,  Daucus  pisnaga  Linn. ,  dont 
les  semences  sont  unies,  et  les  rayons  des  ombelles  réunis  à 
leur  base.  EUe  se  trouve  dans  les  parties  méridionales  de 
l'Europe  et  en  Barbarie.  Dans  ce  dernier  pays,  on  vend  dans 
•les  marchés  ses  ombelles  desséchées,  dont  les  rayons,  employés 
à  nettoyer  les  dents ,  laissent  une  odeur  agréable  dans  la 
bouche.  (D.) 

CAROTTE  (LA).  C'est  le  nom  que  quelques  marchand» 
donnent  à  une  coqmile  du  genre  Côme  ,  qui  a  été  figurée  par 


C  A  R\  575 

Favanne ,  pi.  1 5 ,  fig.  O ,  et  qui  nous  vient  d'Aiiïérique^ 
Foyez  au  mot  C6n£.  (B.) 

CAROUBIER  ,  CAROUGE ,  Ceraionià  sîliqua  Lin». , 
(pofygamie  iriœcie,  ) ,  arbre  de  moyenne  gi'andepr  ^  toujours 
verd ,  et  de  la  famille  des  LiouMiNEusEs.  Il  forme  seul  un. 
genre.  Sa  fleur  ,  qui  manque  de  corolle  ,  a  un  Irès-pelit  ca- 
Kce  à  cinq  divisions ,  et  cinq  élamihes  distinctiça  (  quelquefois 
six  ou  sept)  beaucoup  plus  longues  que  le  calice  ;.  elles  sont 
portées  par  un  disque  cbarnu ,  au  centre  duquel  se  trouve 
rovaire.  Son  fruit  est  une  gran  de  «  gousse  >  longue,,  applatie^ 
un  peu  coriace ,  et  divisée  intérieurement  en  plusieurs  logesi 
par  des  cloisons  transversales;  chaque,  loge  est  remplie,  d'une 
pulpe  succulente^  et  contient  une  semence  luisante  et  dure* 

iLamarck ,  Illuatr,  des  genr,  pi.  Si 9.)  Cet  arbre  a  un  tronc  ra- 
}oteux  y  des  branches  tortueuses  y  uiue  cime  étalée  comme 
celle  du  pommier ,  et  des  feuilles  ailées  sans  impaire ,  com- 
posées de  quatre  ^  six  ou  huit  folioles ,  lissas ,  fermes  et  presque 
l'ondes.  Les  fleui*s ,  tantôt  nnisexuelles ,  tantôt  hermaphro- 
dites «  naissent  à  la  partie  nue  dès  branches  ou  aiix  aissdyiea 
des  feuilles  ^  et  forment  de  petites  grappes  rouges. 

Le  earoubUsr  croît  dans  le  midi  de  la  France ,  dans  le 
royaume  de  Naples^  en  Espagne^  ^n  Egypte  et  dans  le  Le- 
vant. Ses  gousses  renferment  une  pulpe  noirâtre  et  mielleuse. 
C'est  un  fruit  désagréable  au  goût  lorsqu'il  est  verd  ;  maia 
mûr  j  il  est  passablement  bon  ;  il  est  regardé  comme  bécbique> 
et  on  le  fait  entrer  dans  quelques  préparations  pharmaceuti-* 
ques;  il  contient  les  mêmes  principes,  et  il  a  les  mêmes  pro- 

Jmétés  médicinales  que  la  casse  ,  mais  à  un  degré  moins 
brt. 

Les  fruits  des  caroubisr»  ,  rapporte  Olivier  dans  son  Woyage 
^n  Grèce  y  servent  de  nourriture  aux  pauvres^  aux  enfans  el 
a^x  bestiaux.  Sa  pulpe  y  qui  a  la  consistance  d*un  sirop  noi- 
râtre et  une  saveur  mielleuse,  mêlée  avec  la  racine  de  régisse , 
le  raisin  sec  et  divers  autres  fruits  y  sert  à  faire  les  sorbetji 
dont  les  Musulmans  font  un  usage  journalier.  On  emploie 
aussi  cette  même  pulpe  pour  confire  les  aulresfraits^  mais  elle 
a  une  vertu  laxative  y  et  cause  quelquefois  des  tranchées. 

On  dit  que  les  caroubiers  diminuent  chaque  année  sur  les 
cbicB  françaises  de  la  Méditerranée  oû  ils  étoient  très-com- 
muns autrefois  y  et  où  ils  sont  connus  sous  le  nom  dp  carouge  ; 
mais  ils  sont  encore  abondans  en  Espagne  y  en  Italie ,  et  sur- 
tout dans  l'ile  de  Crète.  La  cause  de  cette  diminution  vient 
de  ce  qu'il  n'y  a  plus  que  les  enfans  et  les  plus  pauvres  lia- 
bilans  des  campagnes  qui  mangent  des  earoubea  ^  et  quti 


*7*  G  A  R 

rarbre>  quoûjue  vivant  dans  les  pluamanTais  tei^ina^  parmi 
fes  rochers ,  tient  la  place  d'un  arbre  plus  productif,  ou  nuit 
aux  autres  piaules  herbacées  qu'on  cultive  dans  ses  environs. 

•  On  trouve  dans  le  second  vol.  des  Plantes  d'Espagne ,  par 
Cavanilles ,  une  très-élégante  dissertation  sur  cet  arbre  et  sur 
Ési  culture. 

'  Les  feuilles  du  caroubier  peuvent  servir  à  la  préparation 
AeB  cuirs  y  en  manière  de  tan  ;  et  son  bois  est  aussi  dur  et 
aussi  utile  que  celui  du  chêne  verd  ,  et  s'emploie  dans  les 
ouvrages  de  marqueterie.- 

•  Cet  arhre  est  propre  à  figurer  dans  les  bosquets  d'hiver, 
Inais  il  est  délicat,  et  ne  peut  être  cultivé  avec  succès  que  dans 
les  bons  abris  du  midi  de  la  France  ;  il  est  difficile  à  élever 
en  pleine  terre  dans  le  nord.  Cependant ,  en  le  plaçant  dans 
une  situation  chaude  ,  et  en  le  couvrant  dans  les  hivers  ri- 
goureux ,  il  seroit  peut-être  possible  de  l'y  acclimater.  On  le 
multiplie  de  marcottes  et  de  semences  qu'on  élève  sur  couche. 
H  demande  à  être  peu  arrosé.  (D.) 

C  A  R  O  U  G  E  (  Oriolus  hanana  Lath.  pi.  enl.  n°  87  de 
YHUt.  nat  de  Buffbn.  Pies  ;  espèce  du  geni'c  Loriot.  Vcye% 
ces  deux  mots.  ).  Les  carouges  se  distinguent  des  troupialea 
par  moins  de  grosseur  et  un  bec  moins  fort.  Celui-ci  a  sept 
pouces  de  longueur  ;  la  tète ,  le  cou  et  la  poitrine  d'un  brun 
vougeâtre  ;  le  bec  ,  les  pieds ,  le  àos ,  les  grandes  couvertures, 
les  pennes  des  ailes  et  de  la  queue  d'un  beau  noir  ;  les  petites 
couvertures  des  ailes  ,  les  supérieures  de  la  queue  et  le  crou- 
pion orangés. 

La  femelle  a  les  couleurs  plus  ternes.  Cette  espèce  y  que 
l'on  trouve  à  la  Martinique ,  construit  un  nid  tout-à-fait  sin- 
gulier. Elle  le  compose  de  petits  fibres  de  feuilles  entrelacées 
les  unes  dans  les  autres ,  et  lui  donne  la  forme  de  la  tranche 
d'un  globe  creux  coupé  en  quatre  parties  égales.  Elle  sait  fi- 
xer ce  nid  sous  uoe  feuille  de  bananier ,  de  manière  que 
celle-ci  lui  sert  d'abri  et  en  fait  eUe-même  partie.  Plu- 
sieurs habitans  de  la  Martinique  m'ont  assuré  que  ce  carougê 
a  une  qualité  qui  doit  lui  m4nter  une  protection  spéciale  dans 
un  pays  ou  la  morsure  du  serpenta  wnneUe  est  souvent  moi^ 
telle  et  toujours  très -dangereuse.  Ennemi  de  ce  reptDe ,  ce 
n'est  point  en  l'attaquant^  qu'un  aussi  petit  oiseau  peut  coopé- 
rer à  sa  destruction ,  mais  par  un  en  qu'il  ne  fait  entenare 
que  lorsqu'il  découvre  cet  animal.  Alors,  voit-il  un  homme? 
u  s'approche  de  lui ,  et  redouble  ses  cris ,  voltige  en  avant  de 
hrancnes  en  branches ,  ou  d'arbres  en  arbres,  et  le  conduit 
ainsi  jusqu'au  repaire  du  serpent  ;  là  il  s'airète  »  se  pose  sur 
Tarbre  ou  la  branche  la  plus  voisine  ^  en  répétant  continael** 


CAR  57Ï 

lemeut  son  cri  indicateur  ^  et  il  ne  s'éloigiie  qocL  lorsque  la 
reptile  a  dispani. 

Le  Garouge  du  Mexique.  Voyez  petit  Cul  jaune  de 
Cayenne. 

Le  Carouoe  olive  de  la  Louisiane  (  Oriolua  capensiê 
I^alh. ,  pi.  enl.  n^  607  ^  fig.  2  de  YHiai,  nat.  de  Buffbn,  )« 
C'est  par  eireur  que  cet  individu  est  indiqué  par  Brisson 
et  dans  les  planches  enluminées,  pour  un  oiseau  d'AFrique^ 
car  il  ne  se  Irouve  que  dans  FAmérique  septentrionale.  L  oU*^ 
vatre  domine  sur  le  dessus  du  corps  ;  u  est  fondu  avec  du 
gi*is  sur  la  tête  »  avec  du  brun  sur  les  parties  subséquentes  , 
avec  du  jaune  sur  les  flancs  et  les  duisses:  cette  dernière  teinte 
couvre  le  dessous  du  corps  y  et  prend  un  ton  orangé  sur  la 
gorge.  Je  regarde  cet  oiseau  comme  la  vraie  femelle  au  Bal» 

TIMORE  BATARD.    VoyeZ  CC  mot.  (ViBILL.) 

CAROUGE.  Voyez  au  mot  Caroubier.  (B.) 
CAROUGE  A  MIEL.  C'est  le  Févier  a  trois  épines. 
Voyez  ce  mot.  (B.) 

_  • 

CAROUSSE,  nom  vulgaire  d'un  poisson  du  genre  des 
SciicNEs  y  que  Sohnini  a  figuré  pi.  3  de  son  Voyage  en 
Egypte,  C'est  la  perche-loup  d'Artédi ,  la  sciène  -  loup  do 
Blocfa.  Voyez  ce  dernier  mot.  (B.) 

CAROXYLON.  C'est  une  plante  dont  la  tige  est  droite^ 


arborescente ,  unie  et  très-rameuse  ;  les  feuilles  très  -  petites  > 
très-nombreuses ,  imbriquées  ,  sessiles ,  ovales^ obtuses^  pres- 
que globuleuses ,  velues  y  et  placées  sur  les  plus  petits  des  ra- 
meaux. Chaque  fleur  consiste  en  un  calice  divisé  en  cina 
parties  crépues  y  membraueuses ,  ouvertes^  et  jaunâtres  y  garni 
en  dehors  de  deux  bractées  presque  orbictdaires  et  carénées 
surleiu*  dos ,  et  en  dedans  de  cinq  écailles  jaunâtres;  en  cinq 
ëtamines  ;  en  un  ovaire  supérieur  y  conique  y  chargé  d'ua 
style  simple  ,  el  ayant  deux  stigmates  roulés  en  dehors. 

Le  fruit  est  une  semence  ronde  y  déprimée  y  en  spirale  ^ 
enveloppée  d'une  membrane  trè»-inince  et  des  écailles  inté- 
rieures du  calice  qui  subsistent. 

Celte  plante  croit  sur  les  bords  de  la  mer  au  Cap  dé  Bonne- 
Espérance  y  et  a  beaucoup  de  rapport  avec  les  soudes  :  auss^ 
l'a-t-on  réunie  à  ce  genre.  C'est  la  Soude  sans  feuili^es» 
(^ Voyez  ce  mot.  )  Les  Africains  font  du  savon  avec  sa  céndi'e 
et,  de  la  graisse  de  mouton.  (B.) 

CARPAIS,  genre  d'insectes  aptères  que  j'ai  établi  dans 
mon  Précis  des  caractères  génériques  des  insectes ,  et  qui  ap- 
ipartenoit  à  ma  classe  des  Acéphales  y  et  que  je  range  aujour- 
d'hui dans  zaon  ordie  des  Ch£Lodoj(tes  de  ma  sous -classe 


376  CAR 

des  aeère8.  Ce  mot  de  carpais  étant  trop  dur  ,  ]e  Ta!  cRangé 
en  celui  de  Gamase  ^  Gamaaus,  Voyez  ce  inot.(L.) 

CABPE  ,  espèce  de  poissons  du  genre  Cyprin  ,  projire 
aux  eaux  douces  des  parties  méridionales  et  tempérées  de 
TEurope ,  et  qui  présente  pour  l'homme  des  avantages  écono* 
miques  tels ,  qu'Os  ne  peuvent  être  mis  en  comparaison  avec 
ceux  d'aucun  autre  poisson.  Je  dis  qu'elle  est  propre  aux 
parties  méridionales  et  tempérées  de  l'Europe  ,  quoiqu'on  la 
trouve  aussi  abondamment  dans  les  parties  septentrionales  > 
parce  que  lesdocumens  historiques  prouvent  qu  elle  n'y  exis< 
toit  pas  autrefois.  En  effet ,  on  sait  d  une  manière  indnbilabie 

2 ne  Pierre  Maschal  la  porta  en  1Ô14  en  Angleterre ,  Pierre 
^xe  en  i56o  en  Danemarck ,  qu  elle  a  également  été  intro- 
duite quelques  années  après  en  Hollande  et  en  Suède. 

La  carpe  est ,  de  tous  les  poissons ,  sans  exception ,  celui 
qui  est  le  moins  délicat  ^  qui  se  prête  le  plus  facilement  à  tous 
les  chanf^mens  de  situation  ,  dont  la  inulliplication  est  la 
plus  rapide  ^  et  la  croissance  la  plus  accélérée  ,  qualités  qui 
ont  permis  de  la  rendre  pour  amsi  dire  domestique  ,  ci  qui 
ont  dû  lui  faire  donner  la  préférence  sur  ceux  même  qui  ont 
la  chaii*  plus  délicate. 

La  télé  (te  la  carpe  est  grosse  et  applatie  en  dessus  ;  ses  lèvre^ 
aont  épaisses ,  jaunes  ,  susceptibles  a'alonjgement  »  «t  garnies 
en  dessus  de  quatre  barbillons  dont  les  supérieurs  sont  très-^ 
courts  ;  ses  mâchoires  ont  cinq  larges  dents  ^  et  on  sent  do 

Îrandes  aspérités  à  l'enti'ée  du  gosier  lorsau'on  y  iixlroduit  le 
oigt  ;  mB  yeux  sont  noirs  avec  un  cercle  jaune  ;  ses  ouïea 
couvertes  d*un  opercule  cannelé  et  d'une  membrane  sou- 
tenue par  ti'ois  rayons  ;  son  corps  est  un  ovale  alongé ,  épais  » 
couvert  d'écaillés  grandes  ,  aiTondies  ,  et  striées  longiluaina-* 
lement  ;  son  dos  est  d*un  bleu  vei'dàtre  ainsi  que  la  tète  ;  sou 
ventre  blanchâtre ,  et  d(;s  côtés  jamiâtres  variés  de  bleu  on  do 
noir  ;  ses  nageoires  sont  de  médioci*e  grandeur  ;  celle  du  do$ 
est  bleue  et  composée  d'environ  vingt-quatre  rayons^  dont  1^ 
troisième  est  dentelé  ;  celle  de  l'anus  est  d'un  brun  rouge,  et  a 
neuf  rayons  ,  dont  lé  troisième  est  également  dentelé  ;  celle 
de  la  queue  est  fourchue  et  violette  :  les  autres  sont  aussi  vio- 
lettes. 

Mais  ces  couleurs  sont  sujettes  â  varier  selon  l'âge  et  le  lieo 
de  l'habitation  des  caipes  :  elles  sont  en  général  pïua  foncéea 
dans  la  j[eunesse ,  et^  aevierincnt  pn^sque  blanches  dans  la 
vieillesse  ,  comme  ceux  qui  sont  allés  à  Fontainebleau  et  4 
Chantilly  ,  avant  la  révolution  ,  ont  pu  s'en  assurer.  Danslea 
^ux  vaseuses  elles  pn^nnent  des  teintes  plus  obscures*  U  seroil 


C  A  R  .377 

gnperfln  d'entrer  dans  le  détail  de  toutes  les  nuances  dont 
elles  sont  susceptibles. 

C'est  dans  les  eaux  qui  coulent  lentement ,  que  les  carpes 
ae  plaisent  le  plus ,  et  que  leur  chair  acquiert  toute  la  finesse 
de  goût  qui  lui  est  propre.  (Test  encore  dans  de  telles  eaux,  lors- 
qu'elles y  trouvent  une  nourriture  abon daii le,  qu'elles  pai^ 
Tiennent  à  la  grosseur  la  plus  considérable.  £n  France ,  il 
n'est  pas  rare  d'en  voir  de  douze  ou  quinze  livres;  mais  il  pa- 
roît  que  c'est  dans  l'Allemagne  que  se  pèchent  les  plus  mons- 
trueuses. Valmont  de  Bomare  en  cite  une  présentée  sur  la  table 
du  prince  de  Conti ,  dans  un  de  aea  voyages  à  Offenbourg , 
qui  avoit  près  de  quatre  pieds  de  longuet  qui  pesoit  quarante- 
cinq  livres;  la  plus  gigantesque  est  celle  indiquée  dansBloch  » 
comme  péchée  à  Bischofshause  ,  près  de  Francfort  -  sur- 
J'Oder  'y  elle  étoit  dé  deux  aunes  et  demie  de  Prusse  de  long 
ànr  une  de  large ,  et  pesoit  soixante-dix  livres.  De  telles  carpes 
supposent  une  grande  vieillesse  ,  mais  il  est  difficile  de  fixer 
leur  âge.  Les  données  d'après  lesquelles  on  peut  pai*tir  sont 
incertaines.  Cependant  on  en  a  vu ,  en  Lusace ,  qui  avoient 
deux  cents  ans  d'âge  ;  à  Pontchartrain ,  qui  avoient  cent  cin- 
quante ;  à  Fontainebleau  et  k  Chantilly  ,  auxquelles  on  don- 
noit  près  d'un  siècle  ;  mais  toutes ,  excepté  peut-être  les  pre- 
mières ,  étoient  renfermées  dans  de  très-petits  bassins  ,  et 
n'avoient  pas  touîours  une  nourriture  abondante  :  aussi 
étoient-elles  loin  de  la  grosseur  de  celles  mentionnées  plus 
haut.' On  trouvera  au  mot  Poisson  les  calculs  les  plus  pro- 
bables sur  la  durée  de  la  vie  des  carpes  :  on  y  trouvera  aussi 
quelques  données  sur  leur  organisation  générale  :  on  y  ren- 
voie le  lecteur. 

La  nourriture  des  carpes  se  fonde  sur  les  larves  d'insectes,  les 
versâtes  petits  coquillages, le  frai  de  poisson  ,  les  graines  et  les 
jeunes  pousses  des  plantes.  Quelques  naturalistes  ont  prétendu 
qu'elles  vivoient  de  limon  ;sans  doute  elles  en  avalent  souvent, 
mais  on  ne  peut  pas  croire  qu'il  seiTe  à  les  substanter.  D'autres 
ont  nié  qu  elles  vécussent  de  végétaux ,  mais  il  suffît  de  jeter 
une  feuiUe  de  laitue  dans  un  vnder  où  il  y  en  a  de  gi*osseâ , 
pour  s'assurer  qu'ils  ont  eu  tort  Bloch  assure ,  d'après  des 
observations  positives ,  qu'eDes  recherchent  de  préférence  les 
feuilles  et  les  graines  de  ndiade  ,  et  qu'elles  grossissent  plus 
vite  et  enffraissent  davantage  dans  les  étangs  où  il  y  en  a  beau- 
coup, {rcyes  au  mot  Naïade  et  au  mot  Étano.)  Elles  recher* 
cbent  aussi  les  insectes  parfaits ,  car  on  les  voit  souvent  sauter 
hors  4o  Teau  pour  prendre  ceux  qui  en  rasent,  en  volant, la 
•urface  ;et  les  meilleurs  appâts  qu'on  puisse  employer  pour  les 
prendre  à  la  ligne ^  sont  des  grillons  ^t^ls  que  le  gryilus  biguC" 


S78  CAR 

tuliMy  acheta  campeatriSy  &c.  et  des  glo8aate8>tek  que  lesioii^ 
hlx  salicia ,  cJirysorhœa ,  &c.  Ce  poisson  Fait  en  manseaat  un 
bruit  particulier^  qui  se  (ait  entendi*e  à  une  certaine  distance^ 
et  qui  est  produit^  soit  par  le  clioc  de  ses  mâchoires ,  soit  par 
le  cloquement  de  l'eau  dans  la  commissure  de  ses   lèvres. 
Comme  les  autres  espèces  de  son  genre,  il  peut  rester  long- 
temps sans  manger,  ou  du  moins  en  ne  mangeant  que  les 
matières  extractives ,  animales  et  végétales  qui  se  trouvent 
dissoutes  dans  toutes  les  eaux  ;  mais  lorsqu'il  a  abondamment 
de  la  nourriture ,  il  mange  avec  tant  de  gloutonnerie^  qu'il  ea 
périt  souvent  :  aussi  lorsqu'on  en  conserve  daiis  des  viviers,  on 
doit  leur  ménager  la  nourriture.  Les  objets  qu'il  convient  de 
lui  donner  dans  ce  cas ,  sont  les  restes  de  la  table  ,  les  rela- 
vures  de  la  cuisine ,  les  éplucbures  de  salade ,  de  pommes  da 
terre ,  les  feccs  des  purées  de  pois  ,  de  Iiaricots,ae  lentilles; 
de  l'orge  cuit  ;  les  fruits  pourris  ,  &c.  Dans  les  étangs  d'une 
certaine  grandeur ,  ilTaut  joindre  à  ces  objets  d'autres  articles 
de  nourriture  ,  dont  le  principal  peut  être  tiré  d'une  fosse 
creusée  sur  le  bord  même  de  1  étans ,  fosse  dans  laquelle  on 
auroit  entassé  du  fumier ,  sm*-tout  de  celui  de  brebis ,  mêlé 
avec  quelques  lambeaux  de  matières  animales.  Cette  com*- 
position  donne  lieu  à  la  naissance  d'une  pix>digieuse  quan* 
tité  de  larves  de  mouches ,  larves  qui  sont  extrêmement  du 
goût  des  poissons ,  et  qu'on  jette  il  pelletées  dans  l'eau.  Foxex 
au  mot  Étang. 

Pendant  l'hiver ,  les  carpes  s'enfoncent  dans  la  boue  ,  et 
passent  plusieurs  mois  sans  manger ,  i*éunies  en  grand  nom-* 
bre  les  unes  à  coté  des  autres. 

On  dit  les  carpes  en  état  de  reproduire  leur  espèce  dès  leur 
troisième  année.  On  est  certain  que  le  nombre  de  leurs  œufs 
augmente  avec  lem*  âge  :  leur  fécondité  est  prodigieuse.  Une 
femelle  d'une  livre  a  fourni  à  Bloch  237,000  œufs;  une  autre 
d'une  livre  et  demie  en  a  donné  842,144  à  Petit  ;  une  troi- 
sième ,  qui  pesoit  neuf  livres  ,  a  donné  au  même  Moch 
6'2 1 ,600  œufs.  Mais  il  s'en  faut  de  beaucoup  que .  tons  ces 
œufs  deviennent  des.  carpes ,  et  que  ces  carpes  arrivent  k 
l'âge  adulte.  Une  très-gi^ande  partie  du  frai  est  mangé  par  les 

Ïoissous  ,  plusieurs  causes  empêchent  une  autre  d'eclore. 
les  petits  qui  anîvent  à  bien,  sont ,  les  premières  années  da 
leur  vie ,  exposés  à  de  nombreux  dangers  ,  de  sorte  que  fort 

r'U  atteignent  l'âge  de  trois  ans ,  époque  où  ils  commencent 
n'avoir  plus  à  craindre  que  les  gros  brochets  et  les  loutres» 
Cependant^  dans  les  étangs  où  il  n'y  a  que  des  carpes,  et  oÀ 
une  surveillance  active  les  garantit  de  leurs  enneiris  ,  eUes  se 
propagent  en  tel  nombre ,  quelles  ne  trouvent  plus  assez  d«» 


CAR  579 

nounilure ,  qu'elles  restent  toujours  très-petites ,  ou  meurent 
defaim.Dansce  cas  il  faut  y  circonscrire  le  nombre  des  mères, 
ou  y  introduire  des  brochets ,  des  truites  ,  des  perches ,  et 
autres  poissons  propres  à  diminuer  celui  des  petits.  Voyez  au 
mot  Etang. 

On  a  dit  que  la  carpe  étoit  le  poisson  d'eau  douce  qui 
croissoit  le  plus  rapidement,  et  ce  fait  n'est  révoqué  en  doute 
par  aucun  pêcheur,  par  aucun  propriétaire  d'étang;  mais, 
cependant,  on  manque  de  données  qui  le  constatent  d'un ef 
manière  directe.  Il  est  yrai.  que  les  expériences  à  faire  pour 
remplir  ce  but ,  si  aisées  en  apparence,  ne  seroient  pas  fa- 
ciles dans  la  pratique;  elles  ne  pourroient,  d'ailleurs,  pro- 
duire de  résultats  certains  que  lorsqu'elles  auroient  été  ré- 
Sétées  un  grand  nombre  de  fois  dans  des  lieux  et  des  temps 
ifférens.  Tout  ce  qu'on  peut  conclure  des  observations  jus- 
qu'à présent  faites  sur  ce  sujet,  c'est  que  les  carpes  croissent 
d'autant  plus  l'apidement,  qu'elles  sont  mieux  nourries,  et 
que  le  chmat  est  plus  chaud.  On  sait,  cependant,  qu'une 
carpe,  de  moyenne  qualité,  pèse  trois  livres  au  bout  de  six  ans  , 
et  que  la  même  en  pesé  six  à  huit  au  bout  de  dix  ans. 

Lors  du  fi*ai ,  c'est-à-dire  au  milieu  du  printemps ,  les 
carpe»  cherchent  les  endroits  couverts  d'herbes.  Ordmaire- 
ment,  plusieurs  mâles  suivent  la  même  femelle.  Celles  qui 
habitent  les  rivières  cherchent  à  entrer  dans  les  étangs  qui  y 
communiquent ,  pour  y  déposer  ieursœnfs.  Lorsqu'en  voula  nt 
exécuter  ce  que  leur  instinct  leur  indique,  elles  trouvent  un 
obstacle,  tel  qu'une  grille ,  un  batardeau,  elles  sautent  par- 
dessus, eût-il  quatre  à  six  pieds  de  haut.  Pour  exécuter  ce 
saut,  elles  se  mettent  sur  le  côté ,  courbent  la  tête  et  la  queue 
au  même  instant,  de  manière  que  leur  corps  forme  un  cercle 
presque  parfait;  ensuite,  s'étendant  avec  une  prodigieuse 
vivacité,  elles  frappent  l'eau  du  milieu  de  leur  corps.  Cette 
manière  de  sauter ,  rapportée  par  Bloch  ,  est  différente  de 
ceUe  des  saumons,  qui  certainement,  dans  le  même  cas^ 
sautent  par  élancement,  et  la  tête  en  avant.  Voyez  au  mot 
Saumon. 

Quand  on  possède  plusieurs  étangs,  et  qu'on  désire  en 
tirer  tout  le  ^rti  possible,  on  en  consacre  un  au  frai  des 
earpeêy  et  c'est  dans  celui-là  qu'on  prend  tous  les  ans  l'alevin 

2u'on  destine  à  peuplbrles  autres.  I^s  avantages  de  cette  mé- 
iode  sont  nombreux.  Voyez  au-mot  Étano. 
.  Dans  les  lacs  et  dans  les  rivières,  on  pêche  les  carpes  avec 
la  seine  et  autres  grands  filets ,  ou  à  la  nasse  et  à  la  ligne 
amorcée  d'un  gros  ver,  de  quelqu'ihsecle  ou  d'un  pois  cuit. 
£n  général,  on  SQ  les  prend  pas  aisémejit;  car,  lorsqu'ellen 


S8o  .CAR. 

voient  le  filet ,  elles  se  mettent  la  tête  dans  la  boue,  et  le 
laissent  passer  par-dessiu  leur  corps»  ou  bien  sautent  par- 
dessus. J'en  ai  vu  une  très-grosse ,  dans  un  canal  de  -trois  à 
quatre  toises  de  large»  braver  les  efforts  des  pécheurs  pendant 

1  plusieurs  années^  quoiqu'on  y  traînât  la  seine  pi'esque  toutes 
es  semaines.  Dans  quelques  cantons»  on  a  des  filets  disposés 
de  manière  que  celles  qui  sautent  sont  immanquablement 
prises. 

On  peut»  sans  inconvénient»  mettre  les  carpes  ainsi  prises 
dans  ats  ré/^eivoirs  trcs-éti^oits  »  pourvu  que  Teau  »  qui  les 
alimente  »  soit  un  peu  courante.  Elles  s'y  nourrissent  à  la  main 
fort  aisément»  comme  on  l'a  déjà  dit.  On  peut  les  trans- 
porter au  loin  sur  des  charrettes»  dans  des  tonneaux  dont  on 
a  soin  de  renouveler  Teau  une  ou  deux  fois  par  jour»  selon 
la  chaleur  de  la  saison.  On  peut  encore»  pendant  l'hiver» 
leur  faire  faire  des  routes  fort  longues,  en  les  envelop]}ant 
dans  des  herbes  fraiches  ou  dans  des  linges  mouillés.  On  dit 
même»  qu'en  Hollande» on  les  garde  dans  des  caves» suspen- 
dues dans  un  filet»  en  partie  plein  de  mousse  humide»  et 
3u'on  les  y  engraisse  avec  de  la  mie  de  pain  trempée  dans 
u  lait.  Mais  la  manière  la  plus  sûra  et  la  plus  économique  de 
faire  voyager  et  garder  les  carpes,  c'est  de  les  mettre  dans  des 
bateaux  construits  exprès  pour  cet  objet,  et  dont  Le  milieu 
est  percé  de  trous*  On  en  amène  ainsi  à  Paiis  de  plus  de  cent 
lieues»  et  on  les  y  consente  des* années  entières  »  avec  fort  peu 
de  dépense»  au  milieu  même  de  la  rivière. 

Toutes  les  carpea  qui  ont  été  prises  dans  un  étang  vaseux 
doivent  éli^  mises»  pendant  quelque  temps,  dans  une  eau 
pure  ou  courante»  |K>ur  perdi*e  le  goût  de  marais  qu'indu- 
bitablement elles  ont  plus  ou  moins.  Lies  mêmes  sont  encore 
exposées  à  deux  maladies»  qui  sont  connues  sous  les  noms 
de  petite  vérole  et  de  mousse,  La  première  consiste  dans  des 
pustules  qui  se  manifestent  entre  les  écailles  ;  et  la  seconde , 
dans  des  petites  excroissances  sur  leur  tête  et  leur  dos ,  qui 
ressemblent  à  de  la  mousse.  Ces  maladies  sont  rarement  mor- 
telles; mais  elles  allèrent  la  qualité  delà  chair,  et  elles  exigent 
un  séjour  de  quelque  temps  dans  une  eau  limpide  pom*  être 
guéries. 

La  chair  de  la  carpe  est  un  bon  aliment  »  qui  se  digère 
aisément,  et  convient  à  tous  les  tempéramens;  mais  cepen- 
dant on  la  permet  rarement  aux  convalescens ,  et  on  la  dé-* 
fend  AUX  goutteux  »  de  qui  on  croit  qu*elle  accélère  les  accès. 
£lle  est  en  général  d'autant  ]>lus  moUe,  ^ue  les  carpes  ont 
vécu  dans  une  eau  plus  ti'anquille.  A  Paris»  on  estime  par- 
tic  ulièix'meut  les  car|)cs  de  Seine^  de  Rhiu  >  et  celles  de  l'étang 


CAR  58i 

de  CatnièreS;  près  Ae  Boulogne-sup-Mer.  CeHes  qn'on  y  con-- 
somme  ^  en  si  grande  quantité,  et  qui  s'y  vendent  si  bon 
marché,  y  arrivent  des  étangs  de  la  Bresse,  du  Fores,  de  la 
Sologne,  et  de  quelques  autres  Aïoins  éloignés  parla  Loire 
et  la  Seine.  Elles  ont  le  temps  de  se  dégorger  pendant  leur 
long  voyage  :  aussi  sont-elles  passablement  bonnes,  quoique 
nées,  pour  la  plupart,  dans  des  étangs  fangeux. 

L'art  du  cuisinier  s'exerce  beaucoup  sur  ce  poisson,  mais 
cependant  n'en  varie  pas  beaucoup  Tassaisonnement. 

Lorsque  la  ccurpe  est  grosse ,  et  vient  de  bon  lieii ,  on  Tap- 

])réte  constamment  au  bleu.  Pour  cela,  après  l'avoir  vidée  et 
avée,  sans  l'écailler,  on  jette  dessus  du  vinaigre  bouDlant 
pour  la  rendre  bleue,  et  on  la  fait  cuire  dans  un  vase  appelé 
poissonnière ,  dans  lequel  on  a  mis  d'un  côté  du  beurre ,  du 
sel,  du  poivre,  du  girofle,  des  tranches  d'oignon  et  de  ca* 
rotte  ;  de  l'autre^  un  gros  bouquet,  ficelé,  de  pei^sil ,  de  ci- 
boule ,  ail ,  thym ,  laurier  et  basuic,  le  tout  noyé  dans  du  vin 
blanc  ou  dans  du  vin  mêlé  d'eau.  Il  faut  avoir  attention  que 
la  cuisson  ne  se  prolonge  pas  asses  pour  qu'il  ne  soit  plus 
possible  de  retirer  la  cai*pe  sans  la  briser,  parce  qu'on  la  sert 
entière  sur  une  serviette  garnie  de  persil.  Ainsi  préparée  ;  elle 
compte  pour  un  plat  de  rôti. 

On  mange  aussi  la  carpe  cuite  sur  le  gril ,  après  l'avoir  vidée 
et  écaillée,  avec  un  ragoût  de  farce,  ou  une  sauce  aux  câpres-, 
ou  une  sauce  piquante.  On  la  fait  frire  ;  on  en  compose  des 
fricassées  analogues  à  celle  qu'on  appelleyrico^s^e  de  poule f; 
on  la  fait  entrer  dans  des  pâtés  froids  ou  chauds,  &c. 

Mais  la  manière  la  plus  générale,  et  certainement  la  meil- 
leure de  la  manger,  est  celle  qui  est  connue  sous  le  nom  de 
maielotte  ou  de  meurette. 

Pour  cela,  après  l'avoir  vidée,  écaillée  et  bien  lavée,  on 
la  coupe  en  morceaux,  qu'on  met  dans  une  casserole  avec 
d'autres  poissons,  tels  que  brochet,  angtdQe,  barbillon,  écre- 
vîsses,  &c.  On  fait,  dans  une  autre  casserole ,  un  petit  roux 
avec  du  beurre  et  de  la  farine  ;  on  y  fait  cuire  de  petits 
oignons  ;  on  y  ajoute  du  beurre^  du  vin  blanc  ou  rouse,  et 
du  bouillon  de  bœuf.  Lorsque  letoutest  suffisamment  chaud , 
on  le  verse  dans  la  casserole  où  est  le  poisson  ;  on  y  ajoute  du 
sel ,  du  poivre ,  des  fines  herbes ,  quelouefois  des  aromates,  et 
on  le  fuit  bouillir  pendant  une  demi-heure.  Les  laitances  et 
les  GBufii  ne  se  mettent  que  peu  de  temps  avant  d'ôter  la  cas-* 
serole  du  feu ,  et  les  croûtes  de  pain  qu'au  moment  de  servir. 

Les  œufs  de  carpes  se  préparent  comme  le  caviar  (  f^oyeM 
au  mot  Esturgeon.  ),  et  se  conservent  de  même  pendant 
plus  d'une  année.  C'est  un  très-bon  manger^  mais  cependant 


58a  CAR 

bien  moins  recherché  que  ce  qu'on  appelle  leurs  laiieM  on 
laitances^  qui  sont  regardées  comme  un  mets  très^délicat, et 
qu'on  paie  en  conséquence  fort  cher 'dans  les  grandes  villes. 
Ces  iaites,  qui  ne  sont  autres  que  la  senlenoe  du  mâie^  four* 
Hissent,  dit-on ,  une  nourriture  si  substantielle^  qu'on  a  vu 
des  éliques  guéris  par  leur  usage. 

Les  langues  et  les  palais  de  carpes  sont  encore  fort  eîilimés 
des  gourmels ,  et  ordinairement  les  marchandes  ont  soin 
d'enlever  les  premières ,  qu'elles  débitent  pour  les  vendre 
séparément  :  on  les  accommode  ordinairement  à  la  êotscê 
blanche. 

On  a  beaucoup  écrit  sur  les  carpes ,  soit  sous  les  rapports 
scientifiques ,  soit  sous  les  rapports  économiques.  Gomme* 
c'est  le  poisson  le  plus  commun ,  c'est  sur  elles  quW  a  fait  la 

Idupart  des  expériences  physiques  et  physiologiques  que 
'envie  de  perfectionner  nos  connoissances  a  fait  tenter  corn* 
parativement  sur  toutes  les  classes  du  règne  animal.  On  trouve 
dans  les  Jlf^moirss  de  l'Académie,  année  i'j55,  des  observa- 
tions anatomiques  de  Duvemy  l'afné  et  de  Petit  le  médecin, 
dont  le  résultat  sera  consigné  au  mot  Poisson  :  on  y  renvoie 
le  lectem*. 

On  a  imaginé,  en  Angleterre,  de  châtrer  les  carpes  mâles 
ou  femeUes ,  pour  les  rendre  plus  grasses  et  plus  délicates. 
Cette  opération  réussit  très-bien  ;  mais  elle  est  si  barbare , 
qu'on  n'ose  la  conseiller.  L'époque  la  plus  favorable  pour  la 
mre  est  celle  qui  précède  le  &ai ,  c'est-à^-dire ,  lorsque  les 
ovaires  sont  remplis.  La  méthode  de  procéder  consiste  à 
fendre  le  ventre  de  la  carpe  depuis  les  nageoires  ventrales 
jusqu'à  l'anus,  à  écailer  l'ouverture  de  manière  à  pouvoir 
couper  les  ovaii*es  sans  blesser  les  intestins  ni  l'artère^  et  ea« 
suite  À  recoudre  le  Ventre. 

Bloch  a  observé  des  carpes  hermaphrodites ,  c'est-à-dire , 

aui  avoient  des  laites  dans  un  de  leurs  ovaires,  et  des  œufs 
ans  l'autre  ;  mais  ce  fait|doit  être  rare.  Voye%,  au  mot  Poisson. 

Le  même  naturaliste  a  décrit  comme  espèce ,  sous  le  nom 
de  reine  des  carpes ,  un  poisson  qui  difiere  principalement 
de  celui-ci ,  parce  qu'il  a  deux  ou  trois  rangées  de  larges 
écailles  de  chaque  coté,  et  le  reste  du  corps  nu.  D'autres  , 
parmi  lesquels  je  me  ranjje ,  pensent  que  ce  n'est  qu'un* 
simple  variété  qui  se  multiplie  dans  les  étangs  d'Allemagne» 
yaye»  au  mot  Reine  des  carpes  et  au  mot  Cyprin.  (B.) 

CARPE  D£  ^4ER.  On  donne  ce  nom  au  Labre  vibi^ub 
sur  les  côtes  occidentales  de  la  France.  Voye^  au  mot  La» 
bre.  (B.) 

CARPEAU.  On  donne  ce  nom ,  à  Lyon,  à  une  variété  de 


.CAR  *  ^  583 

la  carpe  y  dont  la  chair  est  beaucoup  plus  délicate  que  celle 
des  carpes  ordinaires.  Il  a  été  constaté^  par  Latourette^  que  ce 

Soisson  n'est  qu'une  carpe  ravie,  privée,  dans  sa  jeunesse  ^ 
e  la  faculté  de  se  reproduire ,  par  une  espèce  de  castration 
accidentelle.  Il  diffère  de  la  carpe  par  son  corps  plus  court, 

Îiar  sa  tête  plus  obtuse ,  plus  large ,  les  lèvres  et  le  dos  plu» 
pais,  et  le  ventre  plus  applali ,  sur-tout  près  de  Fanus. 

On  ne  trouve,  dit-on ,  des  carpeaux  que  dans  le  RhAne, 
dans  la  Saône ,  et  dans  les  étangs  de  la  Bresse  et  de  la  Dombe. 
Ils  se  vendent  à  Lyon  un  écu  la  livre;  et  quand  ils  sont  gros, 
ils  n'ont  point  de  prix.  Il  est  probable  que  cette  espèce  d« 
castration  naturelle  a  également  lieu  dans  les  autres  rivières 
de  France ,  mais  qu'on  n'y  a  pas  fait  attention.  Voyez  à  la  fin 
de  l'article  Cabpjb. 

CARPËAU.  On  donne  aussi  ce  nom  à  un  poisson  du 
genre  Salmone,  ScUmo  cyprindides  Linn. ,  qu'on  trouve  en 
Amérique.  Koye%  au  mot  Salmone.  (B.) 

CARPION ,  nom  spécifique  d'un  autre  poisson  du  même 

Senre,  Salmo  carpio  linn.,  qu'on  pêche  dans  le  Danube  et 
[ans  quelques  lacs  d'Italie.  Voyez  au  mot  Salmone.  (B.) 

CARPëSIE,  Carpesium,  genre  de  plantes  de  la  syngé- 
nésie  polygamie  superflue,  et  de  la  famille  des  Corymbi^ 
FÂREs ,  dont  le  caractère  est  d'avoir  un  calice  commun  im- 
briqué d'écaillés  dont  les  extérieui-es  sont  réfléchies  ;  un 
grand  nombre  de  fleurons  hermaphrodites,  infundibuli- 
formes,  quinquéfides,  placés  dans  son  disque,  et  de  fleurons 
femeUes ,  semblables ,  placés  à  la  circonférence  ;  un  récep- 
tacle nu. 

Le  fruit  consiste  en  plusieurs  petites  semences  ovoïdes  et 
nues. 

Voyez  pi.  6g6  des  Illustrations  de  Lamarck,  où  ce  genre  ; 
qui  ne  contient  que  deux  espèces,  est  figuré. 

La  première  de  ces  espèces  a  les  fleurs  terminales  et  re- 
courbées; c'est  pourquoi  on  l'appelle  la  Carf^sie  penchée. 
Elle  ressemble  à  une  conise.  On  la  trouve  dans  les  lieux  hu- 
mides de  l'Italie ,  de  la  Suisse  et  des  parties  méridionales  de 
la  France.  La  seconde  vient  de  la  Chine  :  elle  a  ses  fleui's  à 
Faisselle  des  feuilles.  (B.) 

CARPHALE  ,  Carphalea,  arbrisseau  de  Madagascar,  à 
feuilles  linéaires,  lancéolées ,  opposées,  à  fleurs  en  corymbe 
glomérulé ,  qui  a  servi  à  Lamarck  pour  établir  un  geni'e  nou- 
veau dans  la  tétrandrie  monogynie. 

Ce  genre  a  pour  caractère  un  calice  supérieur,  télraphylle , 
A  folioles  ovales ,  scarieuses  et  persistantes  ;  une  corolle  infun- 
dibuUfonx^e,  à  tube  long ,  grêle  et  ventru  supérieurement , 


\ 


s 


584  ,   P  '^  ^     . 

velu  dans  l'inlérieur  et  à  limbe  quadrifide  ;  quatre  étaminofl 
Irèft-courtes;  un  ovaire  inférieur,  à  sLyle  surmonlé  d'un  stigmate 
liifide  ;  une  capsule  couronnée  par  le  calice ,  biloculaire,  bi- 
valve ,  polysperme^  à  cloisons  opposées  aux  valves^  et  qui  se 
partagent  en  deux. 

Voyez  pi.  59  des  Illustrations  de  Lamarck  ^  où  ce  genre  est 
figuré.  (B.) 

C  AHPOBALS AME ,  espèce  d'arbre  du  genre  Balsamibil 
{Voyez  ce  mot.)  ^  qu'on  croit  être  le  même  que  le  Balsamibr 
DE  1.A  Mecquk.  Ses  fruits  se  trouvent  dans  les  boutiques ,  sous 
le  nom  de  carpobcUsamum.  (B.) 

CAKPODET  9  Carpodetua ,  nom  d'une  plante  découverte 
ar  Forster  dans  les  îles  de  la  mer  du  Sud ,  et  dont  il  a  pu- 
lié  le  caractère  générique  seulement. 

Ce  caractère  consiste  en  un  calice  turbiné  faisant  corps 
avec  l'ovaire^  et  dont  le  bord  est  à  cinq  dents  en  alêne  et  ca- 
duques ;  en  cinq  pétales  ovales,  pointus  et  très-petits  ;  en  cinq 
étamines  à  filamens  courts;  en  un  ovaire  inférieur,  chargé 
d'un  style  plus  long  que  les  étamines,  et  à  stigmate  en  tête. 

Le  fruit  est  une  baie  sèche ,  globuleuse,  entourée  d'un  re- 
bord annulaire ,  et  divisée  intérieurement  en  cinq  loges  qui 
renferment  plusieurs  semences. 

On  croit  que  c'est  la  même  plante  que  le  Ceaïiotbk  d'Asie. 
Voyez  ce  mot.  (B.) 

CAB POLITES ,  fruits  pétrifiés.  Les  carpoliies  les  plus  re- 
marquables sont  1^  noix  converties  en  sQex ,  et  dont  la  co- 
quille et  le  2este  étoient  l'estés  dans  leur  état  naturel.  Elles 
furent  trouvées  dans  un  pufts  des  salines  de  Lona-le-Saunier. 
Voyez  Fossiles  et  Pj^thification.  (Pat.) 

CARREAUX ,  nom  vulgaire  de  I'Hirgndellb  de  ri- 
vage ,  dansl'Orléanois.  Voyez  ce  mot.  ^Yieill.) 

CARRELET ,  nom  vulgaii*e  d'un  poisson  du  genre  Pusu* 
RONECTS,  PUwronecUê  rhombus,  qu'on  pêche  sur  les  côtes  de 
France ,  et  dont  on  mange  beaucoup  à  Paris,  Voyez  au  mot 
Plburonecte.  (B.) 

CARRIÈRES,  excavations  faites  dans  des  montagnes,  et 
quelquefois  sous  le  sol  des  plaines  ,pour  en  extraire  les  pierre» 
qui  servent  aux  constructions.  Presque  toutes  les  carrièrem 
•ont  étabUes  sur  des  couches  horizontales  de  pierre  calcaire 
ou  de  grès.  11  est  assez  rare  qu'on  emploie  d  autres  pierras 
dans  la  maçonnerie,  excepté  dans  les  contrées  volcanisée»  ^ 
oi\  les  laves  et  les  tu&  sont  exploités  en  carrière ,  comme  lo 
pipérino  des  environs  de  Rome,  qui  est  un  tuf;  le/>i|psrrao 
de  Naplesqui  est  une  lave  ;  hi  pierre  de  Volute  en  Auvergo»  , 
qui  est  aussi  une  lave ,  et  quelquefois  un  basalte^  kc. 


CAR  585 

Dans  les  paya  Sont  le  sol  est  tout  primitif;  on  a  des  carrières 
de  granits,  de  gneiss ,  de  schistes >  &c.  ;  mais  comme  ces  ma*, 
tériaux  ne  piiësentent  que  des  formes  irrégulières  et  qu'ib 
sont  difficiles  à  travailler,  on  n'en  fait  que  des  constructions 
asses  grossières,  et  on  ne  les  emploie  que  par  nécessité.  Il  y  a  peu 
de  pays  qui  sment  aussi  bien  pourvus  d'escellentes  carrières 
de  difiérenies  espèces  de  matériaux ,  que  les  environs  de 
Paris.  (Pat.) 

CARTE  GÉOGRAPfflQUE ,  nom  marchand  d'une 
coquille  du  genre  des  Porcelaines.  C'est  le  cyprcea  mapptt 
de  JLinnaeus.  Foysz  aU  mot  Porcei^aine.  (B.) 

CARTE  GÉOGRAPHIQUE  BRUNE,  nom  donné  au 
papilio  levana  de  Linnasus.  (L.) 

CARTE  GÉOGRAPHIQUE  FAUVE,  nom  donné  au 
papilio  prorsa  de  Linnaeus.  (L.) 

CARTHAGÉNE ,  nom  marchand  d'une  coquille  dtx 
genre  PoaceiiAine,  qui  vient  des  côtes  de  l'Amérique ,  otk 
est  bâtie  cette  ville.  Voye%  au  mot  Poac£I<ain£.  (B.) 

CARTHAME ,  Carihamus  Linn.  (  SyTtgénéëie po^gamie-» 
égale, } ,  genre  de  plantes  de  la  fiimille  des  Cyn  abocéphales  , 
qui  a  des  rapports  avec  les  carlines  et  les  chardons.  Les  fleurons 
sont  tous  hermaphrodites ,  régulien ,  divisés  au  sommet  en 
cinq  segmens  et  posés  sur  un  réceptacle  soyeux  ;  le  calice 
commun  est  formé  d'écaiUes  tenninées  en  pointe ,  qui  se 
|*ecouvrent  les  unes  les  autres ,  et  dont  les  extérieures  ont 
encore  des  épîpes  latérales.  Une  aigrette  couronne  le  plus 
souvent  les  semenoes  qui  sont  ovales  et  anguleuses*  (Lam. 
JUust,  des  Genr.  pi.  66 1 .  )  Ce  genre  comprend  plusieurs  es- 
pèces, qui  sont  d^  herbes  plus  ou  moins  épineuses  ,  ayant 
des  feuilles  alternes.  I^  plus  utile  de  toutes  est  la  suivante. 

Caath^ms  officinal  ,  ou  Safran  bâtard  ,  Carihamus 
tincioriushinn.  C'est  une  plante  annuelle,  originaire  d'Egjrpte, 
qui  peut  servir  a  orner  les  jardins,  et  qu'on  cultive  en  grand 
pour  la  teinture ,  dans  qelques  parties  de  l'Europe  et  dans  le 
Levant.  Elle  est  glabre  dans  toutes  ses  parties.  Sa  tige  est  droite 
et  ferme,  lisse ,  blanchâtre ,  et  haute  de  deux  pieds  et  demi 
on  trois  pieds  ;  elle  se  divise  vers  son  sommet  en  plusieurs  ra- 
meaux garnis  de  feuilles  simples  >  entières ,  ovales ,  pointues 
et  bordées  de  quelques  dents  épineuses.  Chaque  rameau  porte 
une  fleur  terminale  assez  grosse,  dont  les  fleurons  découpés 
en  cinq  lanières ,  sont  d'un  beau  rouge  de  safran  foncé.  A 
<:es  fleurs  nommées  dans  le  commerce  so/^i»  bâtard  ou  eafran 
d' Allemagne ,  eaframan,  succèdent  de  petites  graines  blan- 
ches ,  luisantes  >  obloogues  »  quadrangulaires  >  et  dont  l'ai^ 

jv.  3  b 


5K6  CAR 

grette  est  lombfe;  aonsune  coaue  asses  finie  ^  eOes  ccfh^ 
•tiennent  une  amande  hnileiise  «  aunefiaveur  d'abord  douce, 
.et  ensuite  acre.  Ces  gnsnes^  bonnes  pour  la  TokiUe,  sont 
connues  sous  le  nom  degrainêê  à  perroquet  ^ -pttrce  que  les 
peri'oqueis  en  sont  tres^friands ,  et  s  en  engraissent  sans  être 

Sni^és  ;  car  elles  sont  pm^atives  pour  les  hoBMnes.  Cepen^ 
ant  elles  purgent  foiblementet  avec  lenteua  k  cause  de  leur 
viscosité  ;  aussi ,  quand  on  en  fait  usage ,  les  eiNnbine-l'on 
avec  des  ratuAdes  plus  aotifi.  La  fleur  dn  earihame  a  les 
mêmes  pronriélés  médicinales  que  celles  du  ee^ram,  maïs 
beaucoup  plus  foibles. 

Cette  fleur  est  principatement  employée  en  teinture,  pour 
donner  aux  étbnes  de  soie  les  couleurs  rose^  cerise  et  pon* 
ceau  ;  mais  ces  couleurs  sont  peu  solides,  et  lea  étoffes  temtes 
avec  le  eafranum^  ne  sont  jamais  d'un  bon  teint  On  prépare 
avec  les  étamines  un  beau  rouge  qui  sert  aux  peintres  et  auii 
femmes, «ppelé  rouge-végétal^  pBriniUon  d^Eepngmê  ou  laqu^ 
de  cartkame.  La  même  planta ,  bouillie  dans  î'ain  y  sert  à 
mettre  en  couleur  les  parquets  d'apipartemeDs* 

Il  ikudroit  encourager  en  Pmnce  k  culture  du  earikame, 
pour  n'être  point  tributaire  à  cet  égard  de  TéttMiger.  Voici 
comment  cette  plante  est  ouMvée  en  AUenu^ne ,  oà  on  r6«- 
4:olf e  une  grande  quantité  de  Ma  flecurs ,  et  M  sas  eemenoeà 
mûrissent  constamnseRt  bien.  Cimime  elle  aimeiin  scdmeuMe 
et  léger,  on  laisse  en  yachère»  pendant  un  an  au  moins,  le  ter-^ 
rein  qui  lui  est  destiné  pâ«r  pontoir  rameuUir  et  détruire 
les  mauvaises  herbes.  Api^  IWoir  laboufé  et  hené  quatre 
fois  dans  cet  espace  de  temps,  on  fait  un  ctnqHÎènve  et  der* 
nier  labour  é  k  fin  de  mar»;  on  trace  aveo  WfSé  petite  chamiu- 
des  sillons  étroits ,  sur  lesquek  on  répand  k  seaenee  fort 
claire  ;  elle  est  couvrrte  avec  un^  herse,  dont  les  dente  ont  la 
longueur  de  k  moitié  du  petit  doigt;  et  on  passé  k  rouleau» 
Les  jeunes  plantes  paroissent  communénsent  en  moine 
d'un  mois  ;  dés  qu'on  peut  ke  distinguer,  on  nettoie  le  ter^ 
rein  avec  k  houe ,.  et  on  ks  éekircit  en  même  tsmps,  en  arra» 
chant  les  plus  foibks.  Il  suffit  de  laisser  d'abord  entr'elles  ua 
intervalk  de  trois  ou  quatre  pouces.  Au  l>ont  de  six  semaine» 
on  renouveile  ce  travail ,  en  édaircissant  davantage  ;  et  un 
mois  et  demi  après  le  socond  houage,  on  en  \ùât  un  troi- 
sième. Les  plantes  doivent  se  froviver  alors  espacées  d'un 
pied.  Elles  n'^igent  phis  aucun  soin  jusqu'au  temps  de  k 
récolte ,  qui  commence  au  milieu  de  jaiUef.  Les  fleurs  se 
succèdent  pendant  prés  de  deux  mois»  'On  doit  les  cueilli» 
a  mesure  qu'elles  paroissent  et  s'ouvrent  :  le  trop  grand  éiw* 
nouisseinent  nuità k  beauté  de  kcoukur  ;  on-iesiait  sécaor 


C  A  R       ^  3«7 

A  i'ombfe ,  et  on  les  Ûeni  après  à  l'àbri  de  l'hilmidité ,  en- 
fermées dans  des  sacs  oti  oans  des  caisses.  Il  &ut  r^eter  dans 
le  commerce  le  aafrànum  qui  olGre  une  couleur  l^ne  et  pea 
nette  ;  c'est  un  indice  que  la  fleur  a  été  cueillie  dams  un  tempe 
de  pluie ,  ou  mal  desséchée ,  et  que  la  partie  cotomnte  est  atta- 
quée. Les  marchands  de  mauvaise  foi  mêlent  ciss  fleurs  aVeo 
cslles  da  Téritabie  ittrfran,  parce  que  le  prix  des  premières 
^t  de  beaucoup  inférieur  à  cdiui  des  secondes;  mais  en  les 
examinant  séparément  avec  attention^  on  reconuottra  aisé<* 
menl  la  fraude. 

Quand  on  cultive  le  carthame  pour  en  atoir  la^  graine  >  os. 
doit  se  garder  d'en  couper  les  iteurettes ,  les  graines  idona 
avorteroient  infailliblement.  Cette  plante  ne  souffre  pas  aisé* 
ment  la  transplantation  ;  ainsi,  les  curieux  qui  voudront  en 
décorer  leurs  jardins,  feront  bien  de  la  semer  toujours  &  la 
-place  où  eUe  doit  rester. 

En  Egypte ,  où  l'on  cultive  en  ^rand  le  carthame  y  Aepxm 
long-temps ,  on  le  sème  à  la  tnain  quinze  à  Vingt  jours  après 
le  premier  labour,  sur  la  terre  où  il  y  avoit  Tannée  pre^ 
dente  des  fèves  et  d'autres  plantes  légumineuses.  Il  est  exempt 
de  pluie  et  d'orage  pendant  le  teinps  de  sa  floraison*  Irhniio 
qu'on  en  retire  est  employée  dans  la  cuisine;  Les  Européens 
achètent  à -peu-près  les  sept  huitièmes  de  la  récolte  de  sa 
fleur  ^  qui  s  élèvent,  année  commune,  de  seise  à  dix-huit 
mille  quintaux  ;  l'excédent  se  colisomme  dans  le  pays  et  dans 
le  reste  de  la  Turquie. 

De  tous  lés  procédés  connus  pour  extraire  la  teinture  da 
earthtmt^fle  plus  simple  est  celui  qu'on  pratique  dans  ce  pays  ^ 
où  le  chimiste  Bertholet  l'a  recueilli*  Il  l'a  inséré  dans  lés 
mémoires  du  oi-devant  Institut  du  Caire.  Le  voici  tel  ^ti'il 
est  décrit: 

.  «  Il  y  a  dails  la  fleur  du  carthame  deux  substances  colo*- 
rentes  très-distniotes  ;  Tune  jaune  ,  qui  est  dissoluble  dans 
l'eau  ;  l'antre  rouge ,  qui  se  dissout  dans  les  alcalis.  On  né 
fait  point  usage  de  la  première  dans  la  teinture;  on  Tenlève 
en  mettant  le  carthame  dans  un  sac ,  qu'on  place  dans  un 
courant  d^eau  ,  jusqu'à  ce  qu'en  l'exprimant ,  ii  ne  donne 
plus  de  couleur.  Le  teinturier  (dont  fierlholeta  examiné  le 
procédé  ) ,  s'est  servi  d'eau  de  puils  pour  dépouiller  le  eor-* 
ihame  de  la  substance  jaune  qu'ti  fiiul  séparer  aabord  de  celle 
qui  doit  teindre  en  rouge.  Après  une  macération  qui  a  duré 
vingt-quatre  heures,  ii  a  exprimé  le  carthame  ,etu  Ta  remis 
dans  une  sectmde  eau  pour  vingt-quatre  heures  ',  puis,  ex-* 
primé.  Dana  oet  état,  le  carthmte  a  été  mêlé,  avec  un  cin- 
^piiéine  de  son  poids>  d'une  oendre  peu  abondante  eç  soude , 

2 


im  CAR 

qui  eflè  achetée  deé  Arabes,  et  il  a  été  porté  Boni  la  meule  vfei^ 
ticale  d'un  moulin.  Après  plusieurs  tours  de.  meule ,  le  cttr'^ 
thame  a  été  recueilli  pour  élre  employé.  Le  teinturier  a  fait 
filtrer  à  tra^rs -ce  cor^^ifM  une  médiocre  quantité  d'eau  du 
Nil,  de  sorte* que ]e  liquide  qui  a  été  filtré,  étoit  trés-K;harffé  de 
anftMtance  colorante,  u  aséparé  la  dernière  portion  quia  nllrév 
etraemployéelapreméfe  en  y  m^nt  un  peu  de  suc  de  oiiron» 
Jjo  coton  étoit  imprégné  d'une  foible  couleur  :  alors  le  pre- 
mier liquide  a  été  mêlé,  avec  .une  quantité  considérable  de 
•uc  de  citron,  dans  une  chaudière  placée  sur  un  fourneau  ^ 
jet  lit  teinture  s'est  faite  dans  un  bain  chauffé  entre  trente  et 
cinquante  degrés,JBient6t  le  coton  a  pris  une  couleur  satinée 
•et  tras-belle;  au  sorlir  du  bain  ,  il  a  été  passé  dans  une  eau 
lendue. acidulée  par  le  suc  de  citixm ,  puis  séché  ». 

Les.  différences. de  oe  procédé  avec  celui  qu'on  snit  en 
Europe ,  sont  :  i  ^.  qu'on  se  sert  d'une  eau  un  peu  alcaline  pour 
.exlKaire  la  partie. jaune,  a^  qu'on  incorpora,  au  moyen  d'une 
.meule,  l'alcali  dans  le  omrtluMmê ,  au  lieu  de  le  mêler  simple- 
«nent;  3^.  qu'on  donne  uirpen  de  chaleur  an  bain,  au  lien 
qu'en  £nrope>  cette  opération  se  fait  à  froid. 

Le  colon  teint  par  le  earikame  ne  supporte  pas  l'action  du 
aavon ,  parce  aue  la  partie  colorante  est  soluble  dans  les 
alcalis.  11  {irena  donc  une  teinl^  TÎolette  qui  se  délaye  dans 
l'eau.  On  peut  cependant  luiTaire^subirun  léger  savonnage, 
en  le  passant  immédiatement  apeèa  dans  une  eau  acidnlée  par 
le  )us  du  citron;  par-là ,  il  ne  repi*end  pas  sa  première  cou- 
leur, mais  une  nuance  lilas  qui  e^t  encore  agréable. 

La  couleur  du  carthamê  ne  supporte  pas  long^temps  l'action 
.du  soleil  ;  mais  elle  s'aflUUit  -sans  changer  de  ton.  On  peut 
donc  iQi  rendre  sa  pvBmitfffeiinteaâté  par  une  seconde  tein- 
ture ;  mais  pour  que  cette  opération  réussisse,  il  faut  com- 
mencer par  tenir  1  étoffs  en  bda  dans  l'eau  alcaline  de  cor- 
thamê ,  et  n'y  ajouter  du  me  de  citron  qu'après  l'avoir  ainsi 
impr^née  de  substance  colorante.  Laxoulenr  du  carthame 
est  si  fugace»  qu'il  n'est  guère  possible  d'en  profiter  pour  la 
peinture. 

AfirèB  cette  espèce ,  les  «nlres  n'oHrent  rien  aux  arts  ou  à 
Phomme»  quisoitd'un  gmnd  intérêt. On  distingue  pourtant  le 
Caath  ABUiLA.iNBUX,CiirMai»iM /a/ia/<is  i«inn.,ainsi  nommé, 

Crcequesa  tige  est  lanugineuse,  suiMout  entre  les  bractées  oà 
poils  ressemblent  à  de  la  toile  d.'araignée.  C'est  le  chardon 
bénit  deê  Parisiens.  11  croît  dans  les  lieux  incultes ,  en  l*  rance, 
et  dans  plusieurs  contrées  de  l'Europe  tempérée  et  australe» 
«Miller  dit  qu'en  Italie  et  en  Espagne ,  les  femmes  se  servent 
deses  t%es  ponr iaire  des  quenouijîee.  Cette  planteest 


CAR  5% 

et  'ûBuet  povâr  ftbrifiige  et  sudorifique*  Le  CA^TRAmte  ta-' 
vm,  Carduue  marianus  Linn.^  vulgairement  appelé  chardon 
marie,  dont  les  feuilles  sont  vertes  el  parseméfss  de  tachés  lai- 
teuses y  ou  de  reines  blanches  qui  les  font  paroitre  agréaBle» 
ment  panachées.  On  le  trouve  sur  le  bord  des  ehemins  dans 
presque  tous  les  pays  de  l'Europe.  Sa  racine  et  ses  semences 
sont  diuiétiques  et  pectorales.  Le  Carthame  en  coaymbe  ^ 
Carthamuêcorymhosiu  Linn. ,  d'un  aspect  remarquable  par  les 
nombreuses  épines  dont  il  est  hérissé  de  tous  côtés;  ses  feullleâr 
sont  d'un  vert  foncé  ^  ses  fleurs^  d'un  bleu  clair  ^  et  sa  racine 
vivace.  Il  croît  en  Espace  ^  dans  la  Fouille ,  la  Thrace  et  aux 
Dardanelles.  On  le  cultive  au  Jardin  des  Plantes  de  Paris.-  Le 
Carthame  GRiLiié^  Atractyliê  canceilaUi  Linn. ,  qui  vient 
aux  environs  de  Montpellier  et  dans  nie  de  Candie ,  dont  les 
fleurs  sont  d'un  bleu  pourpre ,  et  dont  le  calice  offre  uner 
espèce  de  grillage/  dans  lequel  les  mouches  sont  quelquefois 
retenues.  En£n  le  Carthame  GOMMiriRE ,  Airactylia  gum» 
mifera,  Lfnn.  Cette  espèce  se  trouve  dans  les  îles  de  TAr-* 
chipel  ;  ses  fleurs  sont  purpurines  ;  sa  racine  qui  est  vivace  m 
une  odeur  agréable  ;  elle  est  remplie  d'un  suc  laiteux  et  vis-» 
queux  qui  épaissi  à  l'air^  se  change  en  une  sorte  dégomme.  (D.^ 

'  CARTILAGE.  C'est  un  corps  blanchâtre^  ti^s-élastiqne  , 
dur,  et  demi-transparent^  qui  se  rencontre  aux  extrémités  ar- 
ticulées des  os  ^  au  nez ,  aux  oreilles ,  aux  fieiusses  cotes ,  à  la 
trachée-artèi^,  au  larynx  et  à  quelques  autres  parties.  La 
matière  qui  le  compose  est  d'une  nature  gélatineuse  qui  peut 
se  conserver  long-temps  sans  se  putréâer.  Comme  les  carli» 
lagea  résistent  facilement  aux  chocs  par  leur  souplesse,  et 
comme  leur  surface  est  extrêmement  pohe ,  la  natui^  les  a 
placés  dans  toutes  les  articulations  mobiles  des  os>  afin  que  leur 
action  réciproque  s'exei*ce  mieux  par  une  sorte  de  glissement. 
Doux  k  l'extérieur,  les  oariiiages  sont  tapissés  d'une  mem-* 
brane  serrée  et  forte  qui  ressemble  au  périoste  des  os ,  et  t[ui 
sécrète  la. liqueur  synoviale.  On  ne  trouve  aucun  vaisseau 
sanguin  dans  ces  substances. 

.  Dans  le  foetus  et  la  plus  tendre  enfance,  les  os  ne  sont  en- 
core que  des  cartilages  mous  et  foibles;  peu  à  peu  la  terre  de» 
os ,  ou  le  phosphate  calcaire  s'y  dépose ,  et  les  durcit  &  mesure 
que  l'animal  vieillit.  Dans  la  /eunesse ,  le  système  cartilagineux 
domine  ;  c'est  le  contraire  chez  les  vieillards. 

Les  poissons  semblent  demeurer  dans  une  jeunesse  per- 
pétuelle ,  car  leurs- os  sont  toujours  dans  un  état  cartilagineux, 
sur-tout  ceux  des  poissons  chondroptérygienê  ;  aussi  ces  ani- 
maux jouissent  d'une  vie  très-longue, et s'accitïissent  pendant 
b  plus,  grande  partie  de  leur  existence.  Les  reptiles  pat  des  os 


5go  CAR 

,  plus  caiiilaginenz  €jm,  cens  ctot  mmvpL  et  dm  ^najnipiMct^ 
C'est  pour  cette  raison  qu^ilsçroiasentavec  beaucoup  de  fiicQité. 

C^  qm  eompose  la  base  des  os^  est  un  earli/<aE^  ;  car  si  vous 
mettes  treinper  un  os  dans  de  Teau  forte  (acide  nUrique)  affoi- 
)>Iie  d*eau^  tous  l'en  retirerez  dans  un  état  de  mollesse  et  do 
llexibiliké  très^analogue  k  pelle  des  autres  substances  cartil»* 
penses.  La  matière  qui  le  durcissoit  est  un  sel  terreux  »  coni-> 
posé  d'acide  pbosphorique  et  de  chaux,  qui s'accomnle  aveo 
4'aulant  plus  d'abondance  que  l'animal  est  plus  vieux,  do 
sorte  qu'if  devient  cassant  à  la  fin.  C'est  ce  qu'on  observe  dans 
ks  vieillards,  cbes  lesquekles  os  se  fracturent  avec  beaucoup 
de  facilité ,  tandis  que  l'enfance ,  é  exposée  aux  chutes  et  aux 
coups ,  offre,  bien  moins  de  cas  semblables. 

Il  existe  en  effet  une  gradation  successive  de  durcissement 
4ans  tous  les  corps  vivans ,  depuis  lemr  naissance  jusqu'à  leur 
yieillesse.  Le  corps  est  d'abora  gélatineux  ;  il  devient  ensuile 
pâteux;  puis,membraneuX|  tendineux,  cartilagineux,  et  enfin* 
oafeux.  La  fibre  se  dispose  en  membranes ,  ensuite  en  aponé* 
vroses ,  puis  en  tendons  »  enfin  en  cartilage,  dont  l'ossification 
est  la  dernière  nuanco.  On  trouve  en  eflRet  des  portions  tendî-^ 
neuses  des  muscles  qui  acquièrent  la  dureté  du  cartilage  ;  et 
enfin  celle  d'un  véritable  os,  comme  on  l'observe  dans  les 
tarses  ou  jambes  des  oiseaux.  Les  teiidons  de  leurs  doigts  de- 
viennent de  véritables  09  dans  leur  longueur.  U  en  est  souvent 
de  même  du  gros  tronc  de  l'artère  aorte ,  à  sa  courbure  près 
du  cœur.  Ses  fibres  se  serrent  en  tendons,  reçoivent  les  qua- 
lités d'un  cartilage  y  et  prennent  ensuite  une  nature  osseuse. 
(  Foye%  AoRT£.  )  Les  os  sesamoïdes  qui  se  forment  dans  diflRé- 
rens  endroits  du  corps ,  commencent  toujours  par  l'état  ten* 
diueux  ;  puis ,  cartilagineux.  Lorsque  la  corne  des  cerfs  €st 
jeune  et  nouvelle,  on  lui  trouve  toutes  les  qualités  du  cartilage. 

Les  maladies  qui  attaquent  les  articulations  et  les  cartilages, 
ont  toutes  un  caractère  de  lenteur  qui  les  fait  ranger  parmi 
les  affections  chroniques ,  semblables  à  celles  des  os.  Comme 
les  cartilages  reçoivent  des  vaisseaux  qui  charrient  un  fluide 
blanc  et  non  du  sang,  ils  entrent  rarement  en  inflammation* 
Dans  la  jaunisse,  ils  sont  colorés  par  la  bile. 

De  toutes  les  parties  du  corps  des  animaux,  il  n'en  est  point 
d'élastiques  a  ^n  degré  aussi  éminent  que  les  caiiilages  ;  c'est 
pourquoi  la  nature  les  a  placés  aux  articulations  et  a  tous  les 
organes  qui  ont  besoin  de  repousser  les  chocs  qu'ils  reçoivent. 
.  11  paroit  que  cette  Qualité  élastique  dépend  de  la  gélatine.  Les 
cartilages  ne  s'étenaent  et  ne  se  contractent  pas  sensiblement  ; 
leur  osûHcation  commence  toujours  parleur  milieu  et  dans  leur 
portion  la  plus  épaisse.  Coinmunément  les  cartilages  sont  ap-» 


CAR  Bgi 

|>liqn&i  4iir  les  99  en  manière  dé  croàissa  dans  lei  cêvîlés  ard- 
çuldirea*  Les  cRrtUnges  placés  eptre  les  vertèbres,  sont  d'une 
nature  tendineuse.  Ils  peuvent  s*applatir  et  s'alonger.  D^Ià 
rieM  ^ue  l'homme  est  un  peu  plus  grand  le  matin  que  le 
soir^  parce  que  les  parties  supérieures  du  corps  pesant  sur  ces 
d^rtilages  >  les  affaissent  et  les  applatisaent;  mais  ils  repren-p 
nent  leur  épaisseur  lorsqu'on  demeure  couché.  Après  une 
longue  ipaladie  qui  force  i  garder  le  lit ,  on  est  plus  grand 
que  dans  la  pleine  janté ,  par  cette  même  cause. 

U  se  trouve  des  cas  de  maladies  qui>  diminuant  la  quantité 
du  phosphate  calcaire  dans  les  os,  les  font  retourner  à  l'état 
cartilagineux  ^  et  les  rendent  si  mous  qu'ils  se  déformée  t  Tel 
paroit  être  le  rachitisme.  Cbn#»/^z  l'article  Oa  et  le  mot  Sqve^ 

XJ£TT£«  (V.) 

CARTILAGINEUX ,  (  Poissons  )  nom  d'une  division  des 
poissons  qui  renferme  ceux  qui  sont  privés  d'arêtes.  On  les 
subdivise  en  CARTiJLAOïKfiux  bbancuiostjèobs  et  Cartila- 
gineux CHONnKOFTJBRioiSNS.  Foyes  ces  mots. 

Ijotcarêikiginêièx  avoient  été  séparés  des  poissons  par  Lin^ 
nsMis,  sous  la  considération  qu'ils  ne  respirent  pa»  par  des 
ouïe3  ou  branchies  comme  les  autres.  Il  les  avoit  placés  parmi 
Iséamphihieê  sous  la  dénomination  d'amphilda  nantea.  Au- 
jourd'hui <m  est  généralement  d'accord  qu'ils  doivent  fiiire 
partie  des  poissons.  Vof^.mk  mot  Boiason  et  au  mot  Ichtio^ 

JUOGUB.  (B).  . 

CAR  U  DE*.  On.  appelle  ainsi  un  poinon  dn  genre  des 
Labbss  y  Labrus  rupeatris  Linn. ,  qu'on  pèche  dans  les  mei^ 
du  Nord.  FeyeM  au  mot  Labrx.  (B.) 

CARVI,  Carum^  genre  de  plantes  à  fleurs  polypétalées , 
delà  pentandrie  digynie^  ei  de  k  &mitle  desOMBSi«i.iFKRBS ,  ^ 
dont  le  caractère  eêt  d'avoir  les  involucres  univeiisels  mono» 
pfayUes,  et  les  partiels  nuls;  une  corolle  de  cinq  pétales  re« 
levés  en  carène ,  échancrés ,  presqu'égaux  ;  cinq  étamines  ; 
lin  ovaire  supérieur  à  deux  styles  ;  deux  semences  réunies , 
planes  d'un  cêté ,  convexri  de  l'autre  «  et  marquées  de  cinq 
nervures. 

Ce  genre  est  composé  de  deax  espèces ,  qui  ont  été  réunies 
avec  les  SbsxIiIs  (Foyem  ce  mot.)  par  Lamarck.  La  plus  oom- 
.mune  se  trouve  aans  les  parties  méridionales  de  la  France. 
C'est  une  jdanle  bisannuelle ,  dont  les  feuilles  sont  découpées 
ti^menues^  les  fleurs  blanches ,  et  sujettes  à  avorter  dans  le 
centre  de  l'ombelle.  Les  graines  sont  odorantes^  et  entrent 
dans  la  composition  de  plusieurs  liqueurs.  On  en  retire,  par 
la  distillation  y  une  hnile  essentielle.  Ce  g  graines  font  partie 
d^  quatre  grandes  semeuces  ehaudes.  (fi  ^) 


Sga  CAR 

CARVIFEUILLE ,  Cartnfo&um.  ViU«n  a  donné  ce  Qom 
k  un  genre  qu'il  a  étabU  avec  le  Sèlis  ▲  nviuuBB  n£  CAavi. 
Voyez  att  mot  Sjslin.  (B.) 

CARYOCAR^  Caryacar.  Cest  un  gnnd  arbro  de  l'Amé- 
rique méridionale ,  dont  les  feuilles  sont  opposées ,  temées  , 
les  folioles  lancéolées^  dentées ,  et  qui  porte  des  flevm  à  calice 
et  à  corolle  de  couleur  pourpre. 

Chaque  fleur  consiste  en  un  calice  coloré  «  caduc ,  partagé 
en  cinq  découpures  obtuses  et  concaves  ;  en  cinq  pétales 
grands  et  ovales;  en  un  grand  nombre  d'étamines;  en  un 
ovaire  supérieur^  globuleux ,  chargé  le  plus  souvent  de  quatre 
styles  5  dont  les  stigmates  sont  obtus. 

Le  fruit  est  une  grosse  noix  sphérique^  charnue,  qui 
contient  auatre  noyaux  ovales-triangulau-es ,  à  surface  réti- 
culée ^  qui  ont  une  saveur  d'amande,  sont  bons  à  manger  ^ 
el  servent  à  faire  de  l'huile. 

Ce  genre  a  été  réuni  aux  Pakba  d' Aublet  (  Foy.  ce  mot.  )  f 
dont  Gaertner  et  Schréber  ont  changé  le  nom  en  celui  de 
Rhizobolb.  Il  est  figuré  pi.  486  des  lUuttrationê  de  La^ 
marck.  CavaniUes  lui  a  consacré  un  long  article  dans  le  qua- 
trième volume  de  ses  Icônes  pkmUwum,  (B,) 

CARYOLOBE  ,  Caryolobiê,  genre  de  niantes  éubti  par 
Gsertner,  sur  la  considération  du  fruit  seulement.  Ce  genre 
approche  beaucoup  du  Raisikur.  Foye»  ce  mot  (B.) 

CARYOFHYLLATE,  CaryophyUata.  Les  anciens  bo- 
tanistes  appeloient  k  Bbiioitb  de  ce  nom*  Voyez  au  mot 
Benoîte.  (B.) 

CARYOPHYLLÉES»  famille  de  plantes  dont  la  fmcti- 
Ration  est  composée  d'un  calice  monophylle,  tubulenx  ou 
divisé ,  presque  toujours  persistant  ;  d'une  coroUe  rarement 
nulle ,  plus  souvent  formée  de  pétales  onguiculés,  alternes 
avec  les  découpures  du  calice,  et  en  même  nombre  qu'elles; 
d'étamines  en  nombre  déterminé,  quelquefois  en  nombre 
.moindre  oue celui  des  pétales,  plus  souvent  en  nombre  égal, 
et  alors  alternes,  avec  les  pétales,  ou  en  nombre  double  de 
ces  mêmes  pétales,  une  moitié  des  étamines  étant hypogyne, 
.et  l'autre  moitié  alterne  épipétale;  d'un  ovaire  simple,  à  style 
.multiple,  rarement  unique,  à  stigmates  en  nombre  ég*i  k 
.celui  des  styles;  d'un  fruit  cajpsulaire, presque  touiours  po* 
lyspemie,  uni  ou  multilocuhure  ;  de  semences  insérées  k  un 
placenta  central,  ou  attachées  chacune  au  fond  de  la  capsule 
par  un  petit  cordon  ombilical;  à  périsperme  Anneux,  oen<- 
U*al,  c'est-à-dire ,  entouré  par  l'embryon,  qui  est  courbé  et 
roulé  ^  spirale,  et  à  radicule  inférieure. 

Les  plantes  de  cette  bmille  feont^  en  général,  l^erbacéesd 


CAR  .    ^1/ 

miginakes  d'Earope.  Leurs  tiges ^  ordinairement  cylindri- 
quet^  ne  s'élèvent  tout  au  plus  qu'à  trois  où  quatre  pieds  de 
£auieur.  Elles  sont  garnies  de  rameaux  axillaires,  opposés, 
et  comme  articulés  à  chaque  nœud.  Les  fleurs,  opposées  et 
connées  à  leur  base,  et  rarement  verticillées,  sont  constam- 
ment simples  et  entières,  ordinairement  dépourvues  de  sti- 
riles.  Les  fleurs,  presque  toujours  hermaphrodites,  sujettes 
doubler  par  la  culture ,  naissent  communément  dans  les 
aisselles  des  feuilles  :  quelquefois  elles  résident  au  sommet  des 
tiges  et  des  rameaux. 

Dans  cette  famille,  qui  est  la  vingt-unième  de  la  treizième 
classe  du  Tableau  du  règne  végétal,  par  Ventepat,  et  dont 
les  caractères  sont  figurés  pi.  18,  n^  3,  du  même  ouvrage, 
ouvrage  dont  on  a  tiré  l'expression  caractéristique  ci-dessus, 
on  compte  trente-un  genres  sous  six  divisions  :  . 

i^.  Genres  dont  le  calice  est  divisé ,  qui  ont  troia  étamines, 
un  style  unique,  ou  plus  souvent  triple.  Ortece,  L8fi<in- 

GI£  ,  HoLOStIe  ,  POLYCARPE  ,  MoJLUGIl^E  ,  MiNUART  et 
QuÉRIE. 

s^.  Genres  dont  le  calice  est  divisé,  qui  ont  quatre  étamines 
et  deux  ou  quatre  styles.  Bufonie  et  Sagine. 

3^.  Genres  dont  le  calice  est  divisé,  qui  ont  cinq  ou  hfiit 
étamines ,  et  un  ou  quatre  styles.  MoRGEiiiz^E ,  Hagee  , 

PhaRNACE,  M<mHINGEet£LATtKE. 

*  4^.  Genres  dont  le  calice  est  divisé,  qui  ont  dix  étamines^ 
et  trois  ou  cinq  styles.  Sparooute,  Ceraiste,  Cherlerie, 
Sabline  et  Steljlaire. 

3®.  Geni'es  dont  le  calice  est  tubuleux,  qui  ont  dix  éta- 
mines, dont  cinq  alternes  hypogpiea,  et  cinq  alternes  ordi^ 
nairemcnt  épipétales ,  à  deux,  trois  ou  cinq  styles.  Gyp«o- 
fhyle  ,  Saponaire  ,  (Billet  ,  Silène  ,  Carvillst  , 
Ltchnibe,  Agrosteme  et  Githage. 

6^.  Genres  dont  le  calice  est  tubuleux,  les  étamines  au- 
dessous  de  dix,  et  qui  ont  deux  ou  trois  styles.  Vellèze  et 
Drypis. 

Les  genres  du  Lin  et  de  la  FRANK^NiEont  aussi  beaucoup 
d'affinités  avec  les  CaryophyUéeê  ;  mais  ils  ne  leur  con- 
viennent pas  par  tous  leurs  caractères  comme  ceux  précités. 

Il  est  bon  d'observer  que  le  nom  de  cauryophyllceus  avoît 
été  donné  à  VceiUet  par  ToumeforI ,  et  que  c'est  de  ce  cenre 

a  ne  la  famille  prend  le  sien ,  et  non  du  genre  caryoïphyiiœiu 
e  Linnseiis ,  le  giroflier ,  avec  qui  elle  n'a  aucun  rapport.  TB.) 
CARYOPHYLLYE,  Carjophyllea ,  genre  de  polypier» 
établi  par  Lamarck  aux  dépens  des  Madrépores  de  Lin- 
jisBus.  Son.  caractère  est  d'être  pierreux,- fixé ^  simple,  ou 


394  CAR 

fascicule  ^  ott  Fameux  ;  d'avoir  les  tî^  oa  lés  rameaux  tu^ 
binés  ou  cylindracés^  striés  longiludinalement  k  rextérieur^ 
et  terminés  chacun  par  une  éioue  lamelleuse>  plus  ou  moins 
concave. 

.  Ce  genre  se  divise  en  deux  sections  : 
.  Les  caryophyllies  à  iiges  simpUs  UoUes  ou  fûuigiouUeê , 
dont  le  type  est  le  Madbbpobs  ooblbt  y  Maàrepora  eyaiimë 
linn.^  uguré  pi.  a8^  fig.  7 ,  de  Touvrage  d'EUis,  édition  de' 
5olander>  et  dans  la  partie  des  vers  du  Buffbn,  édition  de 
Deterville,  pL  aS,  fig.  3. 

'  lies  caryophylUea  à  HgBs  ramêuêes  et  dendroldes ,  dont  le 
type  est  le  MADRÉroBS  HAMEVx^MadreporarameaLânn., 
figuré  dans  les  mêmes  ouvrages,  pi.  38  et  2i3,  fig.  4  et  5. 

F^oyê%  l'article  MADBipoBB,  ou  se  trouve  décrit  l'animal 
de  cette  dernière  espèce.  (B.) 

•  CARYOPH YLLOÏ DES ,  nom  donné  par  les  orycto- 
graphes  aux  espèces  fossiles  du  genre  précédent  On  les  trouve 
généralement  dans  les  terreîns  ai'gîleux  de  seconde  forma- 
tion ,  avec  les  Ammonitbs.  (B.) 

CARYOTE,  Caryota,  genre  de  plantes  de  la  famille  des 
Fai«mixbs  ,  dont  le  caractère  est  d'avoir  une  spalhe  poly- 
phylle ,  un  spadix  rameux ,  couvert  de  fleurs  sesaues,  les  unea 
Khâles,  et  les  autres  femelles. 

Chaque  fleur  mâle  consiste  en  un  calice  entier,  en  trois 
pétales  oblongs  et  concaves^  et  en  un  grand  nombre  d'éta* 
mines. 

Chaque  fleur  femelle  a  le  calice  et  la  coroUe  de  la  fleur 
mâle, et,  à  la  place  des  étamines,  un  ovaira  supérieur,  ovale , 
pointu,  légèrement  trigone  vers  son  sommet,  se  terminant 
en  un  style  très-court,  dont  le  stigmate  est  simple. 

Le  fruit  est  une  baie  arrondie  ,  rouge  dans  sa  maturité , 
uniloculaire,qui  contient  deux  semences  dures, de  substance 
marbrée ,  applaties  d'un  c6té ,  et  arrondies  de  l'autre. 

Foyez  pi.  897  des  lUuatroUoiu  de  Lamarck,  où  ces  carac- 
tères sont  figurés. 

Le  caryotê  a  un  tronc  droite  cylindrique ,  de  deux  pieds  do 
diamètre,  rempli  de  moelle,  couronné  par  une  cime  com- 
posée de  queli}ues  feuille»  deux  fois  ailées,  et  k  pinnules  op- 
posées ,  garnies  dans  toute  leur  longueur  de  deux  nmgs  00 
folioles,  a  bord  supérieur  tixinqué  obliquement,  et  commo 
rongé  et  denté.  Eues  sont  minces,  finement  striées  et  lui^ 
santés.  Le  pétiole  commun  est  creusé  eu  gouttière,  et  embraaso 
le  tronc  par  sa  base. 

Ce  palmier  croit  dana  1^  Indes  et  dans  les  Moluqnea. 


B.n. 


CAS        ^  i^ 

fruits,  4(m  teni  de  la  graienr  d'une  pstîte -prune,  ont  leur 
pulpe  extérieure  ci  caustique  ,  qu'elle  cause  des  démangeai- 
sons tràs-cuisantes  à  la  bouche.  On  peut  faire,  avec  sa  moelle, 
une  &rine  semblable  à  celle  du  sagotf;  mais  on  n'y  a  re^cours 
que  dans  les  temps  de  disette,  cette  moelle  n'ayant  pas  une 
sayeur  aussi  agréable  que  celle  du  Sagou.  (  Voye^  ce  mot  ) 
lia  partie  ligneuse  se  fend  àiaément ,  et  on  en  fait  des  planches 
et  des  solives  propres  à  la  construction  des  maisons,  (fi.) 
CASARCA;  T'oyez OiE  kasarka.  (S.) 
CASCADE.  Woye%  au  mot  Catakacte.  (S.) 
CASCARA.  Voyez  au  mot  Quinquina.  (B.) 
CASCARILLE.  C'est  Técoroe  d'u9  arbre  du  ^i^  Cro* 
TON, qu'on  emploie  en  médecine  contre  la  dyssenterie, contra 
lés  fièvres  putndes ,  &c.  ,^  et  qui  donne  une  teinture  noire  u>* 
lide ,  même  sur  la  toile.  Voyez  vsx  mot  Crotok.  (B.) 

.  C  A  ^  C,9 1  y  £ ,  nom  arabe  d'un  poisson  du  genre  Mor-« 
MYB£  ,  Mor^»yru^migiiiUçMkz\Àxai» ,  qii'cm  pèche  dans  le 
I>ïil.  Voyez  au  mot  Mormyrs.  (B.) 

CASCARIE,  Caecaria  ,  nom  donné  par  Jacquin  à 
un  genre  que  Lamarck  a  décrit  sous  le  nom  d  Anavjnous. 
Voyez  ce  mol.  (B.) 

-  CASOAR  ,  Casuariiêe,  genre  d'oiseaux  de  Tordre  des  Av- 
TRtrcHKrt.  (  Voyez  ce  mot  ;  Caractères  :  bec  déprimé  ,  droit 
et  à-peu-près  conique  ;  ouvertures  des  narines  ovales  ;  ailes 
très-  courtes  et  inutiles  pour  te  vol  ;  baë  des  jambes  dénué 
de  plumes  ;  trois  doigts  atix  pieds  ,  tous  en  devant  ;  poinfe 
de  quene. 
L'on  ne  connôit  que  deâx  espèces  de  ce  genre  ;  ce  sont  : 

'  Ije  Casoar  profrbmsnt  bit  CStruthio  èmeu  Lath. ,  ^, 
pi.  âS  ,  vol.  40  de  mon  .édition  de  YHiet,  nat.  de  Buffbn,). 
Qisean  qui ,  de  même  que  l'oif/ri^cA^ ,  le  drorUè ,  &c. ,  n'a  guère 
de  ToiseaU  que  le  nom  ;  il  ne  peut  s'élevçr  dans  les  airs ,  et 
ses  ailes,  tout  atissi  inutiles  pour  le  vol,  sont  encore  plus  pe* 
tites  que  celles  de  l' Autru^hb.  {Voyez  ce  mot.)  Elles  ne  con- 
sistent qu'en  cinq  tiges  ou  tuyaux  de  plumes  ,  rouges  à  leur 
extrémité , creux  dan^  toute  leur  longueur  ,  sans  barbes,  Jui- 
sans  ,  un  peu  courbés ,  et  dont  celui  du  miKéù  a  environ 
douze  )x>uce8  de  long,  et  trois  lignes  de  diamètre;  If»  latéraux 
vont  en  décroissant  ae  part  et  d'autre  comme  les  doigts  de  la 
main  et  à-peu-près  dans  le  même  ordre.  Le  ccLsoar  n'a  point 
de  queue  ;  il  a  seulement  les  plumes  du  croupion  pendantes 
et  longues  de  quatorze  pouces.  Voilà' déjà' des  détails  de  con«« 
formation  fort  singuliers  pour  un  oiseau  :  ceu^  qui  suivent  ne 
le  s<lttl  pas  moins.  Une  espèce  de  casque  conique  ,  brun  par 


$96  CAS 

dèmni^  et  jaune  chns  ttmt  k  rette  ,  B*iXhe  «or  le  frôtit»  ef 
a'étend  depuis  la  baae  du  bec  jusqu'au  milieu  du  Bommet  de 
la  tâte,  et  quelquefois  au-delà  :  c'est  à-pea-près  un  cône  tron- 
qué qui  a  trois  pouces  de  liaut ,  un  ponce  de  diamèlre  à  sa 
base ,  et  trois  lignes  à  son  sommet  ;  il  est  formé  par  le  renfle» 
menï  des  aa  du  crâne ,  et  recouvert  par  des  couches  concen- 
triques d'une  substance  analogue  à  la  corne.  La  tête  est  près* 
que  nue^  et  la  peau  qui  la  revêt ,  et  sur  laquelle  sont  des  -poih 
noirs  et  clair-semés ,  est  bleuâtre  sur  les  côtés ,  d'un  violet  ar- 
doisé sous  la  gorge ,  et  rouge  par-derrière  en  plusieun  places  , 
mais  principalement  vers  le  milieu  ;  et  ces  places  rouges  sont 
un  peu  plus  relevées  que  le  reste ,  par  des  espèces  de  rides  ou 
de  hachures  obliques  dont  le  cou  est  sillonné.  Les  trous  des 
oreilles  sont  fort  grands ,  découverts  et  environnés  de  petits 
Jioils  noirs  ;  un  rang  de  poils  semblables  se  dessine  en  sourcil 
au-<lessus  de  la  paupière  snpérieture.  L'œil  est  fort  petit  ^  et 
aon  iris  a  la  couleur  de  la  topase.  Sur  le  devant  du  cou ,  au-* 
dessus  de  l'endroit  où  il  commence  k  être  garni  de  plumes, 
il  y  a  deux  barbillons  charnus ,  mi-partis  de  rouge  et  de  bleu , 
arrondis  par  le  bout,  longs  d'un  pouce  et  demi>  etlargies  de  neuf 
lignes.  A  la  partie  intérieure  du  sternum  est  une  cdllosilé  nue 
et  décolorée  comme  à  l'autruche.  Les  plumes  les  plus  courte» 
sont  au  bas  du  cou  ;  ensuite  elles  augmentent  en  longueur  jos- 

3u'au  croupion  »  mais  ces  plumes  ne  ressemblent  pouit  à  cdlea 
es  autres  oiseaux  ;  la  plupart  sont  doubles ,  c'est-à-dire  que 
qhaque  tuyau  donne  ordinairement  naissance  à  deux  tiges 
plus  ou  moins  longues^  souvent  inégales  entr'elles ,  applaties, 
noires ,  luisantes  ,  et  divisées  par  noeuds  en  dessous ,  dont 
chacun  produit  une  barbe  ou  filet  :  les  barbes  sont  d&unies 
et  sans  adhérence  entr'elles  ;  depuis  leur  origine  jusqu'au  mi- 
lieu de  la  tige ,  elles  sont  courtes^  souples,  branchues,  et  d'un 
S  ris  tanné  ;  au-delà  elles  deviennent  plus  longues  >  plus 
ures  et  noires  ;  et  comme  ces  dernières  recouvrent  les  au» 
très ,  et  sont  les  seules  qui  paroissent ,  le  caswir ,  vu  de  quel- 
que distance  ,  semble  être  un  animal  velu  ,  et  du  même  poil 
que  l'ours  ou  le  sanglier.  Les  pieds  sont  très-gros  et  courts» 
proportion  gardée  avec  la  taille  de  l'oiseau ,  presque  aussi  gros 
que  l'autruche  ;  leur  couleur ,  de  même  que  ce)le  du  bec ,  est 
noirâtre  ,  et  les  ongles  très- durs  sont  noirs  au-dehoni ,  et 
blancs  en  dedans. 

A  l'intérieur ,  le  eaaoar  a  la  langue  dentelée  et  fort  courte, 
les  intestins  aussi  courts  que  ceux  des  animaux  carnassiers , 
un  cœoum  double ,  une  vésicule  de  fiel ,  &c.  Les  parties  de  la 
génération  du  mâle  sont  assez  semblables  à  celles  de  Vauiruc^* 
Ia  femeUe  pond  des  çeofs  plus  étroits  et  plus  alongès  que  ceux 


'  CAS  Sgr 

de  VmtinuAe,  et  d'nh  cendré  verdâtre  semé  d'ane  multituae 
de  petits  luliercules  de  coulear  verte. 

Cet  animal ,  d'une  nature  équivoque  y  qui  n'est  proprement 
ai  oiseau  ni  quadrupède  ^  et  qui  reunit  les  estomacs  des  gra-» 
jiivores  avec  le»  intestins  des  carnassiers  y  court  fort  vite  ;  mais 
comme  il  est  plus  massif  et  plus  lourd  que  Vimtruche  ,  sqn 
allure  est  biaarre ,  et  sa  démarclie  de  mauvaise  grâce.  L'on  a 
•prétendu  mal-à-propos  qu'il  avaloit  tout  ce  qu'on  lui  présen- 
toit  y  même  les  matières  les  plus  dures  et  les  plus  nuisibles^  et 
c'est  parce  qu'il  a  des  rapports  communs  avec  Y  autruche , 
qu'on  a  voulu  lui  prêter  encore  celui  d'une  grande  force  dans 
les  organes  de  la  digestion  ;  c'est  aussi  par  la  même  raison 
que  presque  tous  les  contes  débités  an  sujet  de  Vautrucke  ont 
été  appliqués  au  caaoar.  Ce  grand  <Nseau  compose  le  fond  de 
aa  nourriture  de  fruits,  de  racines,  de  plantes,  et  il  les 
•mange  fort  goulûment  ;  en  un  mot  son  régime  est  purement 
végétal.  Son  naturel  est  néanmoins  farouche  et  méchant ,  et 
il  leconserve  même  dans  l'état  de  domesticité  :  il  frappe  éga^- 
lemeut  de  son  bec  et  de  son  pied ,  et  les  coups  de  cette  der- 
nière partie  sont  bien  plus  rudes  et  plus  dangereux  que  les 
atteintes  de  son  bec.  L  on  voit  dans  les  basseKK>ur8  de  Bata- 
via quelques  caaoarê  qui,  quoiqu'ils  y  soient  nounâs  depuis 
long-temps ,  et  ayant  1  air  apprivoisé ,  laissent  quelquefois  ap- 
j)ercevoir  leur  naturel  féroce,  et  attaquent  à  coups  de  bec  les 
personnes  qqi  s'avancent  trop  près  d'eux.  {J^oyage  du  lori 
Maoartney  en  C/ûne  ,  tom.  i  de  la  traduction  française, 
•pag.  326.)  Le  casottr  de  la  ménagerie  du  jardin  des  Plantes  à 
Paris ,  ne  paroh  pas  méchant  ;  mais  il  vit  depuis  long-temps 
«n  captivité ,  dans  des  climats  tellement  opposés  à  celui  doht 
il  e9t  originaii*e ,  que  l'on  doit  le  regarder  comme  un  indi- 
^dn  dégenM ,  et  que  l'on  ne  peut  nèn  en  conclure  au  sujet 
da  naturel  et  de»  habitudes  de  l'espèce. 

Le  pays  natal  de  celle  espèce  est  la  partie  orientale  de 
l'Asie ,  comprise  sous  la  sone  torride.  On  la  trouve  aussi  aux 
îles  Moluques  ,  à  Banda  ,.à  Java  et  à  Sumatra.  Par-tout  elle 
est  rare ,  parce  qu'habitant  les  contrées  de  la  terre  les  plus 
anciennement  peuplées,  elle  a  été  en  butte  à  des  moyens  de 
destruction  plus  multipliés ,  tandis  que  Vauiruche,  au  milieu 
def  désert  nrûlans  de  l'Afrique  ,  est  beaucoup  plus  diffici-^ 
lement  inquiétée.  Suivant  Labillardière ,  quoique  les  caaoarê 
forment  à  Amboine  des  oiseaux  de  basse-cour ,  il  n'est  pas 
fiicile  de  s'en  procurer  ,  parce  qu'ils  ne  sont  pas  nombreux 
à  Amboine  ,  et  qu'on  les  y  apporte  des  fies  voisines.  Ces  oi- 
seaux supportent  difficilement  les  voyages  de  mer.  (F'ofagê  à 
la  rtchtrcfiê  de  Lagérouê» ,  iem*  i  ^  pag,  536*) 


S98  CAS 

AipE  Indes  mèm^  >  Toa  n'aère  guère  les  êàMoarw  qu'àcanse 
de  leur  beauté  et  de  leurs  «ttributs  singulien  ;  du  rasleilsscml 
fr-peu-près  inutiles  ,  leur  chair  étant  dVire^  noire  et  peu  siu:- 
culente*  Swammerdam  trouvoit  les  piqnans  de  leurs  ailes 
£>rt  commodes  pour  souffler  des  parties  trià-délicates^  comme 
les  trachées  des  insectes,  &c«  €tc. 

Le  Casoar  de  i.a.  NouVBLiiE-HotiLAKUf  (  dnmarùu 
Nopœ-HoUahdiœ  Lath.  ,  fig.  dans  cet  onrrage.  )•  Dans  le 
nombre  des  oiseaux  curieux  que  l'on  décotme  à  la  NouveU» 
Hollande,  une  espèce  de  eo«oor  se  fiut  distinguer  par  sa  haute 
stature  et  par  des  caracièles  particuliers.  Plus  grand  que  le 
casoar  des  Indes  >  il  n'a  guère  moins  de  sept  pieds  de  loog  ; 
il  est  plus  éleré  sur  ses  ïambes ,  et  son  cou  est  plus  ahm^; 
mais  ce  qui  le  sépare  plus  distinctement  du  MiMiir  asiatique., 
c'est  que  sa  tète  n'est  point  chargée  d'un  casque  osseux  ,  m 
le  devant  de  son  cou  accompagné  de  deoK  caroncules  chaf^ 
nues  ;  aes  ailes  sont  encore  plus  courtes  et  à  peine  apparentes; 
elles  n'ont  pas  de  pîqnans  ^  et  elles  sont  revêtues  de  phun^ 
jem  blables  à  cdles  du  corps. 

Toutes  ces  j^mes  sont  soyeuses  et  ont  leur  eKtrémité  re* 
courbée  :  elles  s'étendent  jusques  près  de  la  gorge;  et  la  peau» 
à-peu-près  nue  du  haut  du  cou ,  est  d'une  oouwnr  Ueoâtre, 
mais  sans  rides  ni  hachures.  Sur  la  tété  êont  des  plumes  doîi^ 
semées,  assez  semblables  à  des  poils  1  et  variées  dé  gris  et  de 
brun ,  aussi  bien  que  celles  du  bas  du  cou  et  de  toolca 
les  parties  supérieures.  Les  plumes  du  dessèus  du  corps  ont 
une  leinle  blanchâtre.  Le  bec  ,  dont  la  ferme  se  rapproche 
de  celui  de  l'autruche ,  est  tout  noir  ;  et  les  pieds  ,  qui  sont 
bruns ,  ont  des  dentelures  saillantes  le  loàg  dé  leo^  fiîce  pee^ 
térieure. 

Le  foie  de  cet  animal  est  si  petit  ^  qu'il  n'eocède  pas  la  g^os^ 
seur  du  foie  d'un  merle  ;  la  vésicuie  du  fiel  est  bfge ,  et  le 
dinol  intestinal  a  près  de  six  aunes  de  long. 

Ce  casoar  est  plus  l^er  à  la  cpune  que  le  lévrier  le  nlus 
vite  ;  il  a ,  comme  oehii  de  l'Inde  r  1®  naturel  très-fiunouche  , 
et  se  nourrit  également  de  végétaux.  Doiu  des  terres  peu  he* 
bitées ,  et  sur^tou  l  encore  peu  fréquentées  par  les  hommes  ci** 
vilisés,  et  par  conséquent  destructeurs/  l'espèce  du  eoêoar  Je 
ia  NoupêÛe-HoUande  est  asses  nombreuse  ;  c'est  même  «un 
gibier  qui ,  sans  être  dâieat ,  n'est  point  mauvais  à  manger, 
et  auquel  les  Anglais  de  Bo4any-Bay  trouvent  un  goèt  ap- 
prochant de  la  viande  du  bœuf.  (S.)  • 

CASOAR  A  BEC  ROU6E   D'AUTRUCHE,  ^cysa 

AUTRUCHK  HE  MAOBIiLAN.  (S.) 

Calque  ,  Oassidea  ,  genre  de  ooquSles  uuiralves  qui  • 


CAS  $99 

jét&  établi  par  Broguière  aux  dépens  du  genre  Buccin  de 
liinnœiu ,  maïs  qui  avoit  été  indiqué  avant  lui  par  Klein  , 
Gualtiéri ,  DargenviUe ,  et  antres. 

Le  nom  dfe  oe  genre  indiaue  la  forme  des  espèces  qui  le 
composent.  Ce  sent  des  coquilles  bombées^  à  ouverture  pluii 
longue  que  large ,  terminée  à  sa  base  par  un  canal  courte  re- 
courbé vers  le  dos  de  la  coquille ,  et  à  columeUe  plîssée  mfé- 
rieurement 

Jj^fctuquM  diffiàrent  des  buccins ,  par  la  forme  de  leur  oih 
verture  qui  est  oblougue  et  presoue  toujours  dentée ,  par  Tap^ 
platissement  de  leur  lèvre  gaucne^qui  fut  une  saiUie  coiisi- 
aérable  sur  ce  oÀté  de  leur  coquille  >  et  priilcipalement  par 
le  canal  tourné  à  gaucbe,  qui  termine  leur  base ,  et  enfin  pat 
leur  lèvre  droite  garnie  en  dehors  d'un  bourrelet  épais/ 
.  Tout  ce  qu'on  sait  des  animaux  qm  habitent  les  casques ,  se 
réduit  à  la  figure  que  Ton  voit  dans  la  Zoomorphose  de  Dar- 
genviUe y  pi.  3 1  y  fig.  H ,  figure  qui  n'a  pas  d'e^q^ation. 

Les  casçiêss  vivent  ordinaîrenient  dans  la  mer ,  à  quelque 
distance  des  rivages  ,  sur  les  fonds  sablonneux  ôû  ils  ont  la 
faculté  de  s'enfoncer  en  totalité*  Nulle  part  ils  ne  sont  très* 
abondans  ;la  plupart^  et  presque  tolis^  fournissent  de  la  pour^ 
pre«  Dans  queues  endroits  on  les  mange  :  la  chair  d« 
casquë  bésoùrd  a  naturallement  une  odeur  a  ail. 

Daudin  a  encoi^  subdivisé  ce  genre  par  la  considération 
des  épines  qui  se  voient ,  dans  quelques  espèces  ^  à  la  lèvre 
droite*  Ce  caractère  est  bon,  mais  le  genre  n'est  pas  asses  nom- 
breux pour  em'ger  cette  nouvelle  division  ;  car  on  n'en  trouve 
que  vingt-deux  espèces  dans  V Encyclopédie  ^  et  il  est  probable 

3ue  Bniguière  en  a  peu  laissé  échapper  à  sa  per^icaoité 
ans  les  collections  de  Paris  et  dans  les  auteurs. 

Les  espèces  les  plus  saillantes  ou  les  plus  communes  de  ce 
^nre  sont  : 

Le  Casque  BAUi>nifiii,qui  est  ovale^luisant,  et  a  le  bas  de  la 
lèvre  droite  garni  de  dents  épineuses.  U  est  figuré  dans  Dar- 
genviUe -y  pl.  I <i  >  fig.  H,  et  se  trouve  dans  la  Méditerranée.- 

Le  Casqv^  SAeuAON  ,  qui  est  évale  >  gaimi  de  stries  trans^ 
verses ,  et  dont  la  lèvre  gauche  est  ridée.  Il  est  figuré  dans 
Adanson ,  pi.  Sg  ,  ^g.  G.  On  le  trouve  dans  la  Méditerranée 
et  ftur  la  côte  d'Afrique. 

Le  Casque  pav^  ,  qui*  a  pour  caractère  d'être  ovale  ^  lisse  » 
marqué  de  tachess  carrées , disposées  sur  j^usieurs 'rangs;  la 

3ç>ii*e  safllanle  ,  garnie  de  stries  treillisées  ,  et  qui  est  n^ré 
ans  DargenviUe  ^  pi.  1 5  ^  fig.  I.  On  le  trouve  dans  la  Méditei<- 
ranée. 
.  Le  Casque  rcuBSRcirj[.Birx  ,  qui  ^Mfe  ovale  >  transparaît^ 


^op  CAS 

bouplé ,  garni  de  stries  transrenes ,  et  de  quatre  à  cinq  c6tô 
tuberculeuses ,  Qt  dont  les  tours  de  la  spire  sont  convexes  et 
légèrement  carénés.  Il  est  fieuré  dans  Dargen ville ,  pL  1 7  , 
fig.  P.  9  et  dans  le  Buffon  ,  édition  de  DélerviUe^  partie  des 
vere,  pi.  56  ^  fig.  3. 

Le  Ca5QU£  tybrjbnien  est  ovale  ,  transparent,  marqué 
décotes  transverses  ;  les  deux  du  haut  sailhntes,  tubercu<» 
leuses  ou  piissées  ;  l'ouverture  dentée  de  chaque  oôté.  Voyez 
Tavanne  y  pi.  36 ,  fig.  1  et  a.  Il  se  trouve  dans  la  Méditer- 
ranée ,  et  fournit  de  la  pourpre.  Voyez  le  mot  Buccin.  (B.) 

CASQUE  MILITAIRE.  On  donne  ce  nom  à  I'Orchids 
■MiUTAiRE  9  à  raison  de  la  forme  de  sa  fleur.  Voyez  au  mot 
Ohgihii>£.  (B.) 

CASQUE  NOIR  (  Turdua  atricapUlua  Lath.  Ordre, 
PASSfiREAUX ,  genre  de  la  Grive*  Voyez  ces  deux  mots.). 
Ce  merle,  que  Brisson  dit  se  trouver  au  Cap  de  Bonne-Es- 
pérance ,.  a  dans  son  plumage  de  grands  rapports  avec  le 
%runetet  le.  merle  à  cul  Jaune  du  Sénégal.  Le  casque  noir  est 
moins  gros  que  le  mauvis  ;  sa  longueur  est  de  neuf  pouces  ; 
la  tète  f  le  dessus  du  cou  sont  noirs  ;  le  dos ,  le  croupion  et  les 
ailes  bruns  ;  le  dessous  du  corps  est  roussàtre  ;  les  flancs  sont 
rayés  de  petites  lignes  brunes  ;  les  gi'andes  pennes  des  aiks 
ont  une  tacBe  blanche  vers  leur  drigine  ;  les  pennes  de  la 
queue  sont  étagées ,  noirâtres  et  terminées  de  blanc ,  à  l'excep- 
tion des  deux  intermédiaires;  les  pieds  sont  bruns.  (Visiia..) 

CASQUÉ ,  espèce  de  Silure  d'Amérique  ,  SÙurue  ga» 
leaiua  Linn.  Voyez  au  mot  Silurs.  (B.) 

CASQUES.  On  appelle  ainsi  en  Amérique,  selon  le  Père 
Liabat ,  des  chiens  que  les  chasseurs  ont  laissés  dans  les  bois» 
et  qui  sont  devenus  sauvages ,  y  ont  multiplié  >  et  marchent 
toujours  en  meute.  On  ne  peut  croire ,  ajoute  cet  auteur ,  le 
dommage  que  ces  chiens  causent  dans  les  troupeaux.  Lors- 
qu'ils sont  petits ,  on  les  apprivoise  aisément;  ils  ont,  pour 
1  ordinaire  la  tête  plate  et  longue ,  le  museau  alongé ,  le  corps 
mince  et  maigre  ,  et  la  physionomie  farouche.  (  Nouu.  voyagee 
aux  ilee  de  l'Amérique  ,  tome  6,  page  199*)  Voyez  à  l'article 
Chxen.  (s.) 

CASSARE ,  nom  de  la  buée ,  en  vieux  français.  Voyet^ 
Buse.  (S.) 

CASSA VE ,  nom  de  la  fécule  qu'on  retire  de  la  i-adne 
du Mamoc ,  Croton manhiotlÀnn,  Voyezau  motCROiON.  (B.) 

CASSE,  CoHëia  linn.  {  JDécandrie  monogynie,  ),  genre 
de  plantes  de  la  famille  des  Légumineuses  ,  et  qui  a  des  rap* 
ports  avec  les  poincilladee  et  les  brésillete,  11  renferme  uo 

4rès-gund  noiobre  d'espèces^  toulM  es^otiques  et  dea  pays 


CAS  401 

cTiauds  y  parmi  lesquelles  on  compte  quelques  arbres  9  plu«> 
«ieurs  herbes  et  beaucoup  plus  d'arbustes  ou  d'arbrisseaux. 
Son  caractère  est  d'avoir  un  calice  formé  de  cinq  folioles, 
concaves ,  colorées  et  caduques  :  une  corolle  à  cinq  pétales 
également  concaves^  ouverts  ^  arrondis,  et  dont  les  inférieurs 
sont  écartés  ,  et  un  peu  plus  grands  que  les  autres  :  dix  éta- 
mines  distinctes  inégales ,  trois  supérieures  Irès-couries  ,  sou«> 
vent  stériles 9  quatre  latérales  moyennes ,  et  Irais  inférieures 
et  abaissées  fort  grandes  :  un  germe  su])érieur  long ,  à-»peu« 
près  cylindrique ,  et  terminé  par  un  style  court  et  recourbé 
vers  le  haut  Voyez  Lamaix;k^  Illu^tr,  des  Genr,  pL  33ii. 

Dans  toutes  les  cassêê ,  les  feuilles  sont  alternes  et  ailées 
sans  impaire  ;  les  fleurs ,  ordinairement  jaunes  y  sont  dispo- 
sées sur  des  grappes  axillaires  ;  et  le  fruit  est  une  gousse ,  va- 
riant de  forme  et  de  srosseur^  garnie  intérieurement  de  cloi- 
sons transversales  qm  renferment  les  semences.  Dans  quel-^ 
ques  espèces  ce  fnut  est  sec,  membraneux ,  applati  ,  large  ou 
étroit ,  et  plus  ou  moins  long  ;  dans  les  autres  il  est  ligneux, 
presque  cylindrique;  il  s'ouvre  à  peine,  et  contient  souvent 
une  pulpe  dont  la  graine  est  entourée.  Quoique  cette  difié- 
rence  dans  les  fruits  du  même  genre  semble  le  partager  en 
deux  sections  bien  naturelles ,  cependant ,  c'est  sur  le  nom- 
bre des  folioles  des  feuilles  que  Lamarck  a  établi  la  division 
des  quarante-huit  espèces  qu'il  a  décrites.  Notre  objet  et  no- 
tre intention  n'étant  pas  de  parler  de  toutes ,  .nous  nous  con- 
tenterons de  faire  connoître  a  nos  lecteurs  celles  qui  sont  ou 
utiles  ou  les  plus  belles. 

On  doit  mettre  au  pi*emier  rang  la  Casse  des  boutiques  , 
ou  Casse  solutite  ,  vulgairement  le  Caneficier ,  Cassiafia*- 
tu  la  Linn.  C'est  un  grand  arbre  ,  d'un  beau  port ,  et  d'un 
aspect  agn^ble ,  qui  croît  naturellement  en  Egypte  et  dans 
les  Indes  Orientales ,  d'où  il  a  été ,  dit-on ,  transporté  en 
Amérique ,  sur-tout  aux  Antilles,  au  Brésil  et  au  Mexique,  où 
il  se  ti*ouve  main  tenant  comme  naturalisé.  Il  s'élève  k  la  hau- 
teur  de  quarante  ou  cinquante  pieds.  Son  tronc ,  dont  l'écorce 
est  unie  et  d'un  gris  cendré ,  se  partage  en  plusieurs  branches . 

?;arnies  de  feuilles  pétiolées  et  composées  de  dix  à  douxefo- 
ioles  lancéolées ,  lisses ,  marquées  de  nei*vures  saillantes ,  et 
longues  de  trois  à  cinq  pouces  ,  sur  deux  de  largeur.  Les 
fleurs  sont  grandes  ,  d  un  jaune  foncé , .  et  à  pétales  veinés  ; 
elles  ont  chacune  un  pédoncule  particulier ,  assez  long ,  et 
un  caUceuni ,  trois  fois  plus  court  que  la  corolle.  Réunies  en 
grand  nombre  sur  de  belles  grappes  un  peu  lâches ,  elles 
offrent  un  coujp-d'œil  charmant.  Les  fruits  pendent  en  gousses . 
eu  bâtons  cylindriques ,  droits  et  longs  a'un  pied  et  demi 
'  IT.  •  co 


éoa  CAS 

environ  ^  mr  un  ponce  d'épaisseur  ;  une  cooue  ligneuse  et 
tnincC;,  d'un  noirchàUtn^  forme  leur  écorce.  Dans  leur  ma- 
turité ,  pour  peu  qu'ils  soient  agités  par  le  veut ,  ils  se  heur- 
tent les  uns  contre  les  autres ,  et  tombent.  Si  on  les  frappe 
légèrement  avec  un  petit  marteau ,  ils  se  divisent  à  Teiidroit 
des  sutures  ,  en  deux  parties  longitudinales ,  et  leur  intérieur 
offre  un  grand  nombre  de  loges  et  de  cloii»ons  transversales 
et  parallèles  ;  dans  chaque  loge  se  trouvent  une  ou  deux  se- 
mences en  cœur ,  dures  et  plates ,  enveloppées  d'une  pulpe 
ûoelleuseï  noire  et  un  peu  sucrée. 

C'est  cette  pulpe  dont  on  fait  un  si  grand  usage  en  méde- 
cine f  sous  le  nom  de  ciuêe.  Le  principe  mucilagineux  sucré 
qu'elle  renferme ,  la  rend  très-propre  à  évacuer  les  humeurs 
sans  occasionner  d'irritation.  C  est  un  purgatif  très-doux  et 
tin  des  meilleur  laxati&  ou'on  connoiase.  On  la  confit  quel- 
quefois avec  du  sucre  ou  du  sirop  de  violette^  et  on  l'aroma- 
tise avec  l'eau  de  Qeur  d'orange.  On  a  trouvé  aussi  le  moyea 
de  confire  les  bâtons  ou  gousses  de  casse  encore  jeunes  ^ 
tendres  et  verts. 

Lia  Casse  LAMcioL^E  ou  Séné  d'Alexandrie  ,  Cassia 
senna  Linn. ,  est  eiicoi^  une  espèce  ti^s-utile,  et  même  d'ua 
usage  plus  général  en  médecine  que  l'espèce  précédente.  Tout 
le  monde  connoiCle  séné  :  ce  sont  de  petites  feuilles  sèchei 
en  forme  de  lance ,  d'un  vert  tirant  sur  le  jaune ,  d'une 
odeur  de  drogue ,  mais  qui  n'est  pa^  désagréable ,  d*un  goût 
un  peu  acre ,  amer ,  qui  excite  des  nausées ,  et  qu  on  emploie 
ordinairement  pour  purger.  Ces  feuilles  qui  nous  viennent  du 
Levant  en  balles  ,  se  recueillent  sur  une  plante  qui  |)orie  le 
même  nom ,  et  qui  n'a  pas  encore  été  bien  décrite  parles  bo- 
tanistes. Elle  croit  en  Arabie  et  en  £g\pte.  Ses  fruits  ,  appelés 
jhUiculcs  de  séné ,  sont  (dit  Geo0icQi,3fat  méd,)  des  goiisses  j 
membraneuses  y  oblongues  »  recourbées^  lisses,  applalies, 
d'un  vert  roussâtre  ou  jaunâtre ,  qui  contiennent  des  graines 
presque  semblables  à  celles  du  raisin ,  applaties ,  pâles  ou 
noirâtres.  La  tige  de  cette  plante  s'élève  à  deux  ou  trois  pieds  ^ 
^e  est  dure ,  et  comme  ligneuse  ;  les  ramoaux  sont  plian», 
et  les  feuilles  alternes  et  composées  de  cinq  paires  de  îblioles 
lancéolées  et  pointues  ;  le  pétiole  est  glanduleux  j  tes  Ueura 
sont  jaunes. 

La  Casse  d'Italie  ou  Sénjê  d'Italie,  Coss/a  senna  Linn.  ^ 
n'est  pas  la  même  espèce  que  la  dernière  ,  quoique  Linnsus 
les  ait  confondues.  Elle  en  diflcre  sur-tout  parla  forme  de  ses 
folioles,  qui  sont  obtuses  ou  elliptiques  et  plus  larges,  et  par 
leur  pétiole  commun ,  qui  n'est  point  glanduleux.  Se»  fleui-s 
font  auaii  d'un  jaune  plus  briUaut;  cetie  pkutene  s  elèv  e  qu  a 


CAS  ♦oî 

ttn  pied  et  demi  ;  èUe  est  annuelle  et  orjgînftire  des  Ii:ide0 
Orientales  ;  c'est  parce  qu'on  la  cultive  en  Italie^  dans  les 
champs^  qu'on  lui  a  donne  le  nom  de  ce  pays^  d'où  ses  feuilles 
el  ses  loAicules  nous  sont  apportées.  Elles  ont  une  vertu  pur- 
{^ativei  mais  beaucoup  moins  efficace  que  celles  de  iV^pèc* 
Ci-dessus.  Ce  ^né  est  pourtant  le  plus  répandu  dans  le  com-> 
tnerce  ;  c'est  celui  dont  on  fait  communément  usace  parmi 
nous  ,  en  médecine;  mais  il  ne  vaut  pas  le  séné  d''Jb«gypte  ou 
d'Alexandrie. 

ce  Dans  les  deux  espèces ,  les  {euilles  et  les  gousses  ou  folli- 
cules ont  une  saveur  amère  nauséabonde ,  et  uYie  odeur  forte, 
lorsqu'elles  sont  fraîchement  recueillies.  Leur  vertu  purga- 
tive réside  principalement  dans  leur  principe  huîleux-étliere* 
volatil  y  et  dans  leur  partie  résineuse  fixe.  Ce  premier  pi-in** 
cipe  pvrge  doucement  et  avec  sûreté ,  el  le  second  est  sujet  à 
Bxciter  des  trancliées  taaet  vives.  Ce  :t  pourquoi  on  doit  se 
contenter  de  faire  infuser  les  feuilles,  et  ne  point  les  faire 
bouillir  y  à  moins  qu'on  ne  veuille  les  donner  en  lavement. . 
lia  partie  gommeuse  qu'elles  contiennent  pousse  plutôt  les 
urines  qu'elles  ne  lâchent  le  ventre ,  et  tous  ces  principes  réu* 
nis  sont  assez  fortement  sndorifiques,  sur-tout  lorsqu'on  fait 
prendre  ces  feuilles  en  poudi'e.  On  les  prescrit  ordinairement 
en  infusion  ,  en  y^élant  une  décoction  de  pruneaux  >  et  en 
y  faisant  entrer  quelques  substances  aromatiques ,  comme 
l'anis  et  le  citron ,  et  quelque  sel  alkalin  végétal ,  soit  pour  en 
adoucir  l'âcreté  ou  en  faciliter  l'action ,  aoit  pour  en  corriger 
la  saveur  désagréable.  On  ne  doit  point  s'en  ser^ôr  dans  les 
maladies  convnlsives  ou  de  la  poitrine ,  ni  dans  celles  où  il  y 
a  quelque  disposition  inflammatoire  j>.  Mili.  Dict,  des  Jcwd. 
'NoUts. 

Puisqu'une  des  deux  'plantes  qui  produisent  le  séné  est 
cultivée  avec  succès  en  Italie,  pourquoi  ne  la  cultiveroit-on 
pas  aussi  dans  le  midi  de  la  Frahce ,  où  la  chaleur  est  forte  et 
soutenue  ?  ce  seroit  introduire  une  nouvelle  branche  de  com* 
merce.  Les  feuilles  et  follicules  de  ce  séné  seroient  sans  doute 
inférieures  en  Hjualilé  à  celles  qui  viennent  d'Egypte ,  mais 
elles  pourroient  au  moins  être  employées  utilement  pur  la 
médecine  vétérinaire  qui  en  fait  une  si  grande  consommation. 
Nous  joignons  en  conséquence  ici  la  méthode  qui  peut  être 
sui^nle  par  ceux  qui  seront  tentés  d'essayer  cette  culture. 

On  sèmera  la  graine  de  séné  sur  une  couche  sourde ,  dans 
un  lieu  bien  abrité,  et  au  plus  tard  à  la  fin  de  février;  il 
faudra  semer  clair.  Chaque  soir  et  chaque  jour  un  peu  froid 
fa  couche  sera  couverte  de  paillassons ,  qu'on  ôtera  lé  lende* 
main  ^  si  le  temps  le  permet  Lorsque  les  jeunes  plantes  seront 


4()4  CAS 

assez  fortes  pour  être  transplantées,  on  les  enlèvera  de  la 
couche,  sans  les  arracher  ,  ayant  soin  de  o'eidever  que  ce 
Qu'on  peut  planter  dans  une  matinée.  £Ues  sepont  mises  dans 
un  panier  couvert ,  et  tenues  à  l'abri  du  haie  et  du  soleil 
jusqu'au  moment  de  la  transplantation.  Le  lerrein  destine  à 
les  recevoir  doit  avoir  été  préparé  d'avance ,  soit  à  la  bêche, 
soit  à  la  charrue.  Par  le  premier  travail ,  un  seul  labour  suf- 
fira; et  il  faut  aue  lé  second  soit  tel,  que  la  terre  se  trouve 
après  bien  ameubUe  et  entièrement  émiettée.  Les  plantes,  une 
fois  mises  en  place,  n'exigeront  plus  aucun^soin^  sinon  d'être 
débarrassées  des  mauvaises  herbes. 

Outre  les  trois  espèces  de  ccuê^  décrites  ci-dessus,  il  y  en  a 
encore  quelques  autres  utiles ,  ou  qu'on  peut  élever  comme 
plan  le»  d'ornement.  Ce  sont  les  suivantes. 

La  Cass£  BiCAPsuiiAiRE ,  Cosêia  bicapsularis  Linn.  C'est 
le  caneficier  bâtard ,  arbrisseau  de  six  à  huit  pieds  ,  remar- 
quable par  ses  gousses  longues  ,  cylindriques ,  et  divisées  dans 
leur  longueur  en  deux  loges ,  qui  forment  comme  deux  tubes 
réimis  ;  ses  Ûeurs  sont  jaunes  ;  il  croît  dans  l'Amérique  méri- 
dionale. La  Casse  a  fsuillbs  j^chanchées  d£s  Antix.les, 
Cassia  emarginata  Linn.  Ses  feuilles  sont  purgatives ,  et  peu- 
vent être  employées  comme  celles  du  séné;  la  pulpe  de  son 
fruit  a  la  même  saveur  <et  les  mêmes  vertus  que  celles  de  la 
casse  des  boutiques.  La  Cass^  dk  la  Chine  ,  Cassia  Chinera 
sis  Linn. ,  plante  d'ornement ,  cultivée  depuis  peu  au  ;ardin 
des  plantes  ae  Paris;  ses  fleiurs  sont  grandes,  d'un  beau  jaune, 
et  reimies  deux  ou  trois  ensemble  sur  des  pédoncules  courts 
et  solitaires  aux  aisselles  des  feuilles  supérieures.  La  Casss 
PUANTE,  Cassia  oocidentalis  Linn.  Celte  espèce  croit  aux 
Antilles,  où  il  y  en  a  trois  variétés.  On  trouve  la  première  dans 
les  savanes  et  dans  les  haies ,  et  la  seconde  le  long  des  riva- 
g^'s;  la  troisième  est  entièrement  velue;  toutes  les  trois  sont 
fétides  dans  toutes  leurs  parties ,  ce  qui  leur  a  fait  donner  le 
nom  de  poispuaiU.  Leurs  feuilles  sont  résolutives  et  très-pur- 
gatives ;  on  les  fait  entrer  aussi  dans  les  cataplasmes.  La  Cassk 
A  GOUSSES  FIXATES ,  Cossia  planisUiqua  Linn.  C'est  un  arbre 
qui  parvient  à  la  hauteur  d'un  noyer  médiocre.  On  le  trouve 
à  la  Guadeloupe.  Ses  gousses  sont  longues,  étroites,  plates, 
un  peu  arquées  et  comme  articulées;  les  loges  ti'ansv^rsales 
paraissent  à  l'extérieur  :  il  a  des  fleurs  jaunes  et  des  feuilles 
d'un  vert  obscur.  La  Casse  a  gousses  ailées  ,  Cassia  aiata 
Linn.  On  fait  avec  les  fleurs  un  onguent  qu'on  dit  très* bon' 
contre  les  dartres ,  d'oi\  lui  vient  le  nom  de  dartrier ,  d*/i^rbe 
à  dartres ,  qu'on  lui  a  donné  aux  AnliUe^ ,  od  cette  plante 
se  trouve.  Ses  gousses  ont  dans  toute  leur  longueur  deux  ailes 


CAS  40^ 

liiemBraneusea.  La  Casse  du  Maryland,  Cassia  MhfylaTv^ 
dica  Linn.  Cette  plante  a  une  racine  vivace  qui  dure  plu- 
aieurs  années;  placée  dans  un  lieu  sec  et  chatid^.elle  peut 
subsister  en  pleihe  terre  ;  on  en  sème  la  graine  au  printemps^ 
et  rautomne  suivant  on  peut  la  transplanter  à  demeure.  Ses 
fleurs  ont  une  belle  couleur  jaune  ^  avec  des  anthères  brunes  j 
et  les  articulations  de  ses  fruitii  offrent  à  Textérieur  dès  poils 
rous^tres  La  Ca9ss  de  Siah  ,  Caasiœ  Siamea  Lam.  Cette^ 
belle  espèce  croît  aux  environs  de  Sîam.  Cest  un*  arbre  qu'on 
appelle  siamois  à  l'He  de  Bourbon  ^  où  il  est  cultivé  pour  la 
beauté  de  ses  fleurs.  Elles  viennent  en  corymbes  au  sommet" 
des  rameaux,  sur  des  pédonTsules  axillaires  aux  feuilles  supé- 
rieures. La  Casse  a  gousse»  étroites  ,  Cassia  angustidli^ 
qua  Linn.  Ce  joli  arbrisseau,  qui  croit  à  Saint-Domingue ,  « 
le  port  d'un  baguenaudier ,  mais  ses  fleurs  grandes  et" belles 
lui  donnent  un  aspect  plus  agréable  ;  elles  sont  jaunes  et  dis*« 
posées  en  grappe  composée  et  terminide  rses  feuilles  ont  dix* 
paires  de  petites  folioles.  La  Casse  de  Java  ,  Cassia  Japanica^ 
Linn. ,  et  la  Casse  du^  BRisii< ,  Cassia  JBrasiUana  Linn.  Ce 
sont  deux  espèces  différentes  que  Linnseus  a  mal-à-propos* 
confondues  ;  la  première  est  un  ai*bre  élevé ,  à  cime  étroite  , 
et  la  seconde  un  arbre  pl^  grand  et  foil  beau ,  qui  étend  se» 
branches  au  large  de  tous  c6tés.  Dans  la  casse  de  Java  j  les 
rameaux  sontg^bres ,  les  pétioles  glanduleux,  les  fleurs  rou- 
ges ou  jaunâtres,  et  les  cloisons  transversales  des  fruits  ne 
contiennent  point  de  pulpe  succulente.  Dans  celle  du  Brésil, 
au  contraire,  ou  voit  un  duvet  finsiu*  l'écoroe  des  branches, 
on  n^'apperçoit  aucune  glande  sur  les  pétioles;  les  fleurs  ont' 
leurs  pétales  de  couletu*  de  efaair,  et  les  firuils  très^-longs ,  très- 
larges  et  un  peu  comprimés,  contiennent  une  pulpe  gluante,, 
brune  ou  noirâtre,  pareille  à  celle  de  la  casse  dés  boutiques-, 
maisamère  et  désagréable.  Cette  pulpe  est  aussi  purgative  ; 
mais  comme  elle  donne  ordinairement  des  tranchées ,  on  ne 
Femploie  guère  que  dans  la  médecine  vétérinaire;  ce  qui  &• 
£iit  donner,  en  Amériqne,  à  cette  espèce ,  le  nom- de  casse- 
de  chevai\  on  easse- purgative  du  Brésil* 

Voyez  dans  Miller  la  mamère  d'^ver  en  Europe  et  de* 
cultiver  artificiellement  la  plupart  des  casses.  (D.) 
'  CASSË-ALATGUË ,  dénomination  vulgaire  du  Câsse^ 
VOIX  en  Amérique..  Voyez  ce  mot.  (S*) 

CASSE  AROMATIQUE.  C'est  le  nom  que  les  ancléna- 
donnoient  à  la  Cannei^le.  (h.) 

CASSE  EN  BOIS.  C'est  le  Lav rier  -  casse.  Voyez  ai» 
asot:  Laurier.  (B.) 

C ASSE^LUNETTE.  C'est  le  Bjuvet.  On  a  donné  ce  noar 


4^)S  C  A  3      ^        ^ 

a  cette  planta^  parce  qu'on  a  cru  et  qu  on  croît  encoio,  dont 
les  caœpagoea>  qu'elle  est  spécifique  conti-e  la  foiUease  de* 
yeux.  Voy^z  au  mot  Bi^uxt  el  au  mot  Ckmtaurks  ,  dont 
elle  est  uue  espèce.  (B.) 
ÇASS£-MOTT£ ,  nom  vulgaire  du  Mottsux.  Voyez  ce 

mot.  (ViEiLL.) 

CASSE-NOISETTE  {Pipra  manacus  La(h.| jpl.  enlun.» 
A^  3o2  et  3oJ^  fig.  \  deT^iW.  naturelle  de  BuÂn.  Ordre  , 
Passsrsavx  ;  genre  «  Manaiun.  Vnyez  ces  deux  mots.). 
Comme  le  cri  de  cet  oiseau  imite  exactement  le  l^ruiL  que  fait 
le  petit  outil  qui  sert  à  casser  les  noix ,  on  lui  en  a  donné  le 
l[ioni.  Ce  manahin  se  trouve  à  La  Guiane  dans  les  lisières  dea 
grands  bois^  se  tient  plus  ordinairement  à  terre,  se  pose  quelr. 
qnefoia  sur  les  ^rancnes  les  plus  basses  «  vit  en  petite  famille  ^ 
mais  ne  se  mêle  paa  avec  les  autre»  manakins  ;  il  est  trèa-vif  ^ 
très-2(gile|  et  sautille  continuellement  f  se  nourrit  dlnsecles, 
at  fait  souvent  la  chasse  aux  fourmis.  Il  a  le  bec ,  le  dessus  de 
la  lête ,  le  dos ,  les  ailes  et  la  queue  noirs  ;  le  reste  du  cov]ia 
Uanc  y  les  pieda  jaunes  ;  longueur  ,  quatre  poueet  troia 
lignes.  (ViEfX«L.) 

CASSE-NOISETTE ,  CASS£;NCUX  »  noma  yulgpùi^  que 
porte  la  Sittellb  en  Normandie.  Voyez  ce  mot.  (VueiLii.) 

CASSE-NOIX  (  CorvuB  caryoeatexiee  Lath. ,  pi.  enlum»  ^ 
A^.  5o de  VMùi,  natn  de  BuJJbn,  Ordre,  Pi^s  ;  genre,  CoA-> 
SRAV.  Voyez  ces  deux  mois.  ).  Cet  oiseau ,  peu  défiant  e% 
peu  rasé,  habite  de  préférence  les  haute»  monlagnea.  L'on 
prétend  qu'il  est  plus  babillard  ^ue  la  pié;  qu'ainsi  il  vit, 
au  besoin,  de  tontes  sortes  de  proie,  et  cache  ce  qull  n*a  pu 
consommer  ;  mais  sa  nourriture  habituelle  sont  les  noisetlea 
qu'il  casse  ou  perce,  lesgjanda,  lea  baies  sauvages,  le»  pignonc 
qu'il  épluche  assea  adroitement ,  et  même  les  inaecteK  Lee 
paya  montagneux  étant  ceux  oà  le  caese-noix  se  pkJt  »  on  le 
trouve  communément  en  Auvergne ,  en  Savoie,  en  Lorraine^ 
en  Suisse ,  dana  le  Bevgamasqne ,  en  Autriche ,  sur  les  monta» 
gnes  couvertes  de  sapins,  mais  très-raremeni  en  Angleterre  ; 
enfin  cette  espèce  étend  ses  courses  jusqu'en  Russie ,  en  Si* 
bérie  y  au  Kamtaohatkey  et  même  dana  le  nord  de  l'Amérique, 
selon  Latliam. 

Quoique  les  caeee-^noix  ne  soient  point  dea  oiseaux  de  pas-» 
sage  ,  ils  sont  quelquefoia  erratiques.  Dan»  certaines  années  ^ 
ils  fe  réupiisent  en  troupiss  très-nombreuses ,  quittent  leurs 
montagnes ,  se  répandent  âmn  lea  plaines  ',  et  tonjouni  de 
préférence  dans  les  lieux  od  ib  trouvent  dea  sapins.  Leur 
passage  ou  leur  voyage  se  fait  en  automne  ;  ils  mettent  orài^ 
nairement  entira  chaque  paasage  ua  intervalle  de  six  à  neuf 


CAS-  407 

années^  A  cette  époque ,  ili  sont  qiielqùefoù  fellelAéitt  afimbli^ 
par  le  défaut  de  nourriture  ^  qu'ils  se  laissent  approcher  e^ 
iuer  à  coups  de  bâtou,  et  même  prendre  à  la  main,  il  en  est 
ainsi  des  See-^croiséê ,  dans  leur  émigration >  s'ils  se  tronvent 
dans  un  pays  où  il  y  a  peu  de  .napins.  Ces  voyages  sont  sou-«^ 
▼ent  occasionnés  par  une  disette  de  nourriture  dans  leur 
pays  natal.  11  suffit  alors  de  leur  présenter  des  appâts ,  et  9b 
donneront  en  foule  dans  tous  les  piégea  qu'on  leur  tendra  '.. 
l'on  prétend  qu'ils  causent  un  grand  préjudice  aux  forêts ,  en 
perçant  les  gros  arbres  à  la  manière  deëpiea;  ce  qui  leur  occ*- 
pionne  une  guerre  continuelle  de  la  part  des  propriétaires;  et 
c'est  une  des  raisons  qui  les  empêche  de  se  perpétuer  dahs  ces*^ 
bous  pays ,  et  les  force  à  se  réfug^ter  dans  les  foréis  eacârpéeé..  ^ 
Ces  oiseaux  ayant  les  pennes  de  la  queue  usées  peu*  le  bout , 
l'on  suppose  qu'il»  grimpent  comme  les  pioft  ;  slls  n'ont  pas. 
cette  habitude ,  il  paroit  certain  que ,  comme  eux ,  ils  tiichent 
dans  des  trous  d'arbres.  Leur  cri  jTessemble  à  celui  de  lajpre.  Oh- 
peut  les  élever  lorsqu'ib  sont  pris  jeunes  ;  mais  pku  âgés,  Sii 
refirent  toute  espèce  de  nourriture,  et  meurent  bienièt.  La 
ponte  est  de  cinq  ou  six  œufs 9  d*une  couleur  jaunâtre ,  e% 
parsemés  de  petites  tacbie  noirâtrés*^ 

Klein  dislingue  deux  variétés  dans  l'espèee  du  Cft^se-itoit  ;: 
Tmte  plutf  petite  ,  dont  le  bec  est  plus  menu ,  plus  aiToitdi , 
et  dont  les  mandibfdes  sont  in^gales^^  la  supérieure  étant  pliàV 
longue  que  l'inftrieare  ;  de  pluis  elle  a  la  langue^  divisée  pro^ 
ibndément ,  trè»-contter  et  coïnihè  perdue  dans  ler  gosier  ;. 
Tautre  a  le  bec  anguleux  et  fopC ,  hi  langtie  k>ngue  et  feu^hue 
cootme  drvertfes  espèces  de /x^ 9  >  son  plumage  eéi  thoucheié  ; 
e'esl  sans  doute  l'espèce  k  pli«s  eoYtimnne.  MuHét  fait  ifteir- 
tien  d'une  tn^sième  qui  est  rotisëé. 

Le  cmsse-tïoiix  a  un  pTuYnâge  rémài*qrtiftbïe'  pai^  àeé  môucfiè— 
inres  blanches  et  triangufeires ,  fépandues  sur  un  tond  brun. 
qtii  est  la  ôOT^eur  dominailte  dé  tout  son  corps.  Ces  mouche^ 
tures  sont  plus  petites  sur  lai  partie  supérieui^ ,  et  plus  làrgéa 
twt  lA  pottrtriie';  marivràn  n'eri  voit  au'cuft  vestige  sur  le  som— 
met  de  la  tête  ;  les  ailes  et  la'  queue  sont  d'un  noir  brillant ,  et 
le  blanc  borde  qu^elques  peùrles  alaires  vers  leur  extrémité  ;.- 
ptenà  1h  ferme  d'une  très-petite  tache  blanche  vers  la  poinle- 
de  six  à  sept  autres ,  et  termine  celles  de  la  queue.  L'iris  est  noî* 
ietle  ;  le  bec  et  les  pieds  sont  noirs  ;  les  narines  rondes ,  et  cou^ 
vertes  par  de  petites  plumes  blanchâtres ,  étroites ,  fiexibles  et 
dirigées  en  avant.  Grosseur  un  peu  inférieure  à  celle  de  là 
piê;  longiTetkr ,  près  de  tj^izé  pouces.  (ViiiiiL.) 

CASSE-NOIX^  CASSÊ-NOYAUX^  CASSE- 


4Q»  ,  "     .      ^  ^  ^     . 

KOCNON  ,  dénominatidhs  vulgaires  da  Gros -bec  en 

Champagne.-  Voyez  ce  mot.  (S.) 

CASSENOLÉSw  C'est  le  nom  vulgaire  de  la  Noix  de  sa^e 
de  France ,  de  celle  qui  se  développe  sur  les  feuilles  du  chêne. 
Voyez  au  mot  Chànb  et  au  mot  Cinips.  (B.) 

CASS£-PI£RR£  ,  nom  vulgaire  donné  à  1*  Saxifragk. 
Voyez  ce  mot.  (B.) 

CASSE  -  TÊTE  ,  instrument  de  guerre  des  nations  san-> 
yages,  fait  ordinairement  de  quelques  pierres  dures  et  tenace», 
telles  que  les  coméennes ,  les  traps  ,  tes  basaltes  ,  les  serpen- 
.lines  dures  ,  les  jade's ,  &c.  (Pat.) 

CASSICAN  (  Coracioê  tforia  Lath. ,  pi.  enl.  n*  6s8  do 
YHiët.  nat.  dé  Bpffm  ,  ordre ,  Pus  ;  genre ,  Roli^ier.  Voyez 
«ces  deux  mois.  ).  (Jet  oiseau  j  dont  on  ignore  le  pays  natal  »  a 
le  corpft  mince  et  alongé;  treize  pouces  environ  de  longueur  ; 
Je  bec  bleuâtre  ;  la  tète^  le  cou  ,  le  haut  de  la  poitnne ,  le  dos  , 
les  grandes  pennes  des  ailes  y  la  queueetles  pieds  noirs;  lecrou-^^ 
pion ,  les  couvertures  supérieures  de  la  queue ,  le  dessous  du 
corps  >  les  moyennes  pennes  alaires  et  le  bout  des  caudales 
blancs.  (Viëill.) 

CASSIDE^  genre  d'insectes  de  la  troisième  section  de 
Tordre  des  Coléoptères. 

Les  caesides ,  vulgairement  nommées  tortue»  y  scarabée»^ 
tortues  9  sont  des  insectes  plats  en  dessous ,  convexes  en  des- 
sus ^  dont  le  contour  du  corps  est  presque  circulaire ,  souvent 
ovale^et  quelquefois  approcnant  de  la  figure  triangulaire  ;ce- 
pendant  leur  corps  ^ proprement  dit,  est  alongé, et  beaucoup 
plus  petit  et  plus  étroit  qu'il  neparott;  lecorcelet  et  lesélytres, 
dans  lesquels  il  est  comme  encadré,  le  débordent  considéra* 
blement  par  les  côtés ,  et  ont  fait  donner  au  genre  le  nom  de 
Cassioa  ,  qui  signifie  casque;  elles  ont  les  antennes  presque 
filiformes ,  à  peine  plus  grosses  vers  l'extrémité ,  et  tres-rap« 
)>rochéc5  à  leur  base  ;  la  bouche  composée  de  deux  lèvres  > 
de  deux  mandibules  larges ,  tranchantes^  tridentées,  de  deux 
mâchoires  simples  ,  et  de  quatre  antennules  pi^esque  fili- 
formes ;  quatre  articles  aux  tarses. 

Les  cassides  sont  très- aisées  i  reconnoilre  ;  elles  difierent 
des  boucliers  et  des  coccinelles  par  les  tarses  ;  des  érotyles ,  par 
le  corcelet  et  les  élvtres ,  et  par  les  antennes.  Elles  vivent  sur 
les  plantes  dont  elles  font  leur  nourriture ,  el  rarement  les 
voit-on  courir  ,  plus  rai*ement  encore  font -elles  usage  de 
leurs  ailes.  Elles  composent  un  genre  bien  digne  d'attirer  lea 
regards  des  amateurs.  La  plupart  des  espèces  sont  enrichies 
de  belles  rouleura  dorées  ou  argentées ,  qui  disparoi&sont,  it 
est  vrai,  lorsque  Finsecle  est  mort  el  conservé  dans  les  cabi^ 


CAS  ,  4og^' 

nets ,  mais  que  l'on  pent  faire  reparoilre  par  le  moyen  de  leaa 
chaude,  dans  laquelle  on  met  ramollir  la  casaide  pendant  en- 
viron un  quart-d'heure.  A  côté  de  l'insecte  parfait ,  sur  le» 
mêmes  plantes ,  on  trouve  souvent  la  larve ,  qui  mérite  do, 
fixer  l'attention  des  Naturalistes. 

Les.  larves  des  cassides  ont  le  corps  mou  ,  large  ,  court , 
àpplati ,  bordé  sur  les  cotés  d'appendices  branchues  et  épi- 
neuses ,  avec  six  patles  écailleuses  ;  la  tête  petite  et  écailleusej^ 
garnie  de  dents ,  avec  trois  petits  tubercules  et  quatre  pointi^ 
noirs  de  chaque  côté.  , 

.  Ce  qui  doit  sur-tout  nous  aiTêter,  c'est  la  forme  singulière 
de  la  queue ,  qui  se  recourbe  en  dessus  du  corps ,  se  termina 
en  une  espèce  de  fourche ,  et  qui  est  environ  de  la  longueur, 
de  là  moitié  du  corps  ;  les  deux  branches  ou  foui*chons  dont 
elle  est  composée  sont  en  filets  coniques ,  qui  se  terminent  en, 

Î>ointe  assez  fine  ;  elles  ont  des  espèces  d'épines  courtes  depuis 
eur  origine  jusqu'à  une  certaine  distance  de  leur  étendue  ^ 
mais  seulement  du  côté  extérieur  ;  entre  les  deux  fourchons. 
â  l'extrémité  d'un  mamelon  plus  ou  moins  recourbé  et  èlevS 
au  gré  de  l'insecte  ,  on  voit  lanus ,  qui  a  la  formé  d'un  tuyau 
cylindrique ,  et  qui  est  placé  de  manière  que  les  excrémena 
qui  en  sortent  glissent  sur  la  fourche  inclinée  et  disposée 
pour  les  recevoir  ;  quand  il  s'eii  aknoncèle  trop,  près  de  l'ori- 
gine de  ces  petits  fourchons ,  le  mamelon  où  est  l'anus  peut 
les  poussek*  et  les  faire  aller  plus  loin  ;  peut-être  que  les  an*' 
neaux  et  les  épines  qui  les  bordent  aident  encore  à  faire  aller 
les  excrémens  plus  avant  ;  peu  à  peu  ils  s^accumulenl ,  se 
collent  les  uns  contre  les  autres  ,  et  alors  poussés  insensible- 
ment par-delà  les  pointes  des  fourchons ,  ils  forment  une 
masse  ou  un  toit  capable  de  couvrir  tout  l'insecte.  Tels  sont' 
les  moyens,  aussi  simples  que  dignes  de  remarque ,  ménagé» 
r  la  nature  pom*  mettre  le  corps  mou  de  ces  larves  à  l'abri 
es  impi^essions  qui  pourroient  leur  nuire  :  le  plus  souvent  ce» 
toit  est  immédiatement  au-dessus  du  corps  ;  il  le  touche  sana 
le  charger  ;  quelquefois  il  est  presque  perpendiculaire  au  plan, 
du  corps  ;  souvent  il  est  placé  un  peu  au-dessus  et  presque 
parallèle  ;  toutes  les  dili'érentes  positions  de  cette  espèce  de 
parasol  sont  variées ,  comme  le  sont  celles  de  la  queue  four- 
chue qui  le  soutient  :  celte  ouverture,  quoiqu'assez  bien  ci-, 
mentée  par  elle-même ,  est  encore  fortifiée  par  la  dépouille 
de  l'insecte  ,  qui  lui  sert  quelquefois  de  base. 

Avant  de  se  métamorphoser ,  la  larve  doit  changer  plu- 
sieurs fois  de  peau  ;  la  dépouille  qu'elle  abandonne  est  incom- 
plète ,  les  fourchons  même  doivent  se  dépouiller ,  et  c'est  ce 
qu'il  y  a  de  plus  long ,  et  peut  -  être  de  plus  difficile  dans 


dci 


♦la  CAS 

fbute  ropéntlion  dn  dépouillefment.  CTest  8ar  h  (eoîDe  ménm 
où  cette  larve  a  véca  qu'elle  doit  sabir  ga  métamorphose  ^  8an$ 
former  ni  coques  ni  enveloppe  d  aucune  espèce  ;  pour  s'y 
préparer  elle  cesse  de  tenir  la  queue  élevée ,  elle  la  porte  alori^ 
étendue  en  arrière  et  dans  une  même  ligne  avec  le  corps. 
Far  le  frottement  contre  la  feailleelle  quitte  avec  la  peau  leâ 
fourchons ,  et  fait  tomber  cette  couverture  dont  elle  ne  doit 
plus  avoir  besoin.  Elle  se  fise  ensuite  contre  la  f^orlle  par  leà 
deux  anneaux  àtx  corps  qui  suivent  celui  û&  est  attadiée  la 
dernière  paife  de  panes  ;  ainsi  fi:;ée  elle  reste  tuinqniile  pen- 
dant deux  ou  trois  jours ,  et  quitte  ensuite  sa  peau  ,  pour  pa-^ 
i^oitre  sous  la  forme  de  nrympbe ,  qui  doit  rester  engagée  par 
I9  derrière  dans  la  peaa  y  alors  réduite  en  pelotons ,  seul  sou» 
tien  qu'dle  puisse  avioir ,  et  qu'dle  doit  aassi  conserver.  La 
nymphe  a  aussi  une  queue  fourchue  ;  mais  les  filets  sont  plus 
déliés  et  moina  longs  qœ  ceux  de  la  larve  »  et  ils  n'ont  ni 
poils  ni  épines. 

Celte  nymphe ,  moins  longue  que  Ta  larve  ^  est  de  figure 
évale  et  applatie  ;  elle  a  un  ample  coix^elet ,  à-peu-^prà  de 
forme  senti -lunaire  9  dont  le  contour  est  bordé  d'un  rang 
d'épiAes  courtes  et  simples^  ou  sans  poils  ;  le  ventre  est  borde 
des  deux  cotés,  d'appendices  ou  de  lames  plates ,  en  forme  de 
feuilles  ,  pointues  au  bout ,  garnies  d'épines  ou  d'espèces  de 
poiLi  ;  de  chaque  côté  du  dos  on  voit  quatre  petits  tuyaux  , 
qui  sont  les  stigmates.  En  regardant  la  nymphe  en  dessous , 
on  y  apt^erçoit  presque  toutes  les  parties  de  l'insecte  parfait , 
qui  sort  au  bout  de  quinze  jours  ,  par  la  rupture  faite  à  là 
paitie  antérieure  de  la  peau  de  dessus. 

Lf'insecte  parfait  dépose  sur  les  feuilles  se»  ofeuft ,  qui  sont 
rangés  les  uns  auprès  des  autres ,  et  forn^nt  des  plaques sou-> 
renl  couverte»  d'excrémens.  (O.) 

CASSiDtJLË,  CaBsidultts^  genre  fait  par  Lamarck  avt 
dépeuH  des  Oursins  de  Linnseus.  Ses  caractères  sont  d'avoir 
une  coquille  irrégulière,  elliptique ,  ou  su bcordiforme, garnie 
de  très*-petites  épines  et  de  plusieurs  rangées  de  pores,  qui 
forment  en  dessus  de»  ambulacres  bornés  disposés  en  éloue; 
W  boncbe  subcentrsde ,  et  l'anus  au-dessus  du  bord. 

Ce  genre  est  composé  d'un  petit  nombi'e  d'espèces,  doni 
une  seule  n'est  pas  fossile  ;  c'est  la  Cassidule  dks  Îles  Ca- 
raïbes, figurée  dans  V Encyclopédie ,  partie  des  Fers ,  pi.  143  , 
n°*  8,9,  1  o  ;  et  dans  la  partie  des  F^ers  du  Buffbn ,  édition  d# 
DétenriBe,  pi.  i4,n**  i  et  z.  Voy,  au  motO^ïtsiN.  (B.) 

CASSIS.  C'est  le  robinia  pseudo  acacia  Linn.  Voy.  au  mol 

ACAC1£  BE9  JABDINI2RS  et  aU  mOt  ftOBiNIE.  (B.) 


C  A  »  4ii^ 

C  ASSIER«  V«yn  an  mot  Casss.  (  B.) 

CASSrNE;  Caséine,  gpnre  de  plantes  Je  la  peniandri^ 
Irigynîe ,  et  de  le  famille  de»  RHAMNOÏoxë  «  dont  le  caractère 
est  d'avoir  un  calice  petit,  perastant,  à  cinq  diriaûmA;  «m^ 
coitAle  divisée  )«8cpi'à  sa  base  en  cinq  parties  kacéolées;  cinc| 
^tamin^  ;  tm  ovaire  sapérieur  ovafe  conique  >  chaîné  de  troîa 
stigmale»  outerts^  Le  fruit  est  une  baie  arrondie  ou  obluaé* 
ment  trigoae ,  trilocukire  >  qui  contient  trois  semences. 

Vojtê»  pi.  i3o  des  lUuêtration»  de  Lamarek  f  où  ce  gOAro 
est  figure. 

Le  nombie  deseM>èces  de  emnimêê  a  beaucoup  varié ,  parce 
qu'on  leur  a  véuni  des  CBLASTRJBe  et  des  Houx  »  genreaaveo 
qui  eUes  ont  beaucoup  de  rapports.  La  plua  importante  dei 
erreurs  commises  à  leur  n^,  est  celle  qui  a  rapport  à  Vapor* 
lachine,  ou  la  cassine  ^  qui  a  do&né  son  nom  ait  genr^,  et 
qui  fait  réellement  partie  des  houx.  C'est  un  arbuste  des  par« 
ties  méridioBales  de  l'Amérique  septentrionale,  dont  les  sau* 
vageS  faisoient ,  par  mfusîon  ,  une  liqueur  enivrante ,  et  que 
les  babitans  actuels  de  la  Caroline  emploient  encore  en  formft 
de  tbé  ;  c'est  le  ihé  des  jUpaiufihee,  (  Voyez  au  mol  Houx.  ) 
Le  genre  caeaine  reste  composé  dans  \Vildenow,  mi  parolt 
en  avoir  le  mieux  débrouSie  ]es  espèces,  seulement  oe  quatre 
plantes ,  toutes  du  Cap  de  Bonne-Espérance.  Ce  sont  dea 
arbrisseaux  &  feuilles  opposées  ou  alternes ,  et  à  fleuir»  axil>« 
laires  9  que  l'on  cullive  clans  lea  jardins  de  botanique  >  moîa 
qui  y  ont  touîonm  une  apparei^ce  souffrante.  La  plus  com^ 
mune  est  celle  qui  porte  wirlicttlierement  le  nom  de  CjiisaiMa 
i>u  Cap  »  et  dont  les  feuiliea  sont  ovales ,  rétuse»  et  créneléeek 
Une  autre  a'apprile, en  françaia, \d petit oeriswr  des Hoêdentote^ 
t'est  la  Ca8»ine  a  FseiLi^as  concavbs  de  Lamarek,  dontlea 
caraclèi*es  sont  d'avoir  les  feuiHeaalfernes,  presque  pétioléeSf 
ovale» >  arrondies  »  très^eniière»,  et  concavee  en  dessua.' 

On  appelle  aussi  de  ce  nom  le  Hoc/x  gaas^n  ,  et  la  Viobkk 
LUISANTE  ,q»'on  emploie  en  Amériqneen guise doTaé.  V<yet 
c'es  rabffl.  (  B.) 

CASSiPOURIER ,  LêgTfotie,  arbre  de  moyenne  grandetn^ 
dont  le»  feuilles  sont  (^posées,  ovales ,  pointue» ,  glabres  ;  ka 
fleurs  fleasilea,  asdUatres,  blanehe»|  et  rassemblées  enire  demi 
bractée»  stipidair»»  et  opposée». 

Ses  fleurs  s<mt  composée»  d^'nn  calice  monorJiyHe  k  q«âtr^ 
à  cinq  dents  ;  de  cini|  pétale!  plus  grand»  que  le  calice ,  fifie^ 
ment  laciniés-  et  frangé»,  et  attaché»  au  fiônd  du  calice  pav 
un  onglet  étroit  ;  de  dix-buit  étamines  ;  d'un  ovaire  supéneni*, 
b^èfr^tat ,  surmonté  d'un  style  long  et  ^'elu ,  termine  par  ma 
atigmale  obtus*  Le  frutt  est  une  capiile  i  troî»  lo^s» 


4ift  CAS 

Cet  arbre  cix>it  à  Ift  Guiane ,  dans  Ub  beax  aqnatiquer.. 
Voyez  lUtuttratisns  dès  Genre»,  pi.  406. 

S^v^arUs  a  depuis  peu  augmenlé  ce  genre  d'une  espèce^  V^*^ 
#  trouvée  à  la  Jamaïque.  Voyez  son  PnooROMEr  (fi.) 

LE  GASSIQUË  D£  LA  LOUISIANE  (  Oriolua  ieucoce^ 
phaiua  Lath.  pi.  eni.  n^646  de  Vliiei.  natwr.  de  Buffon,). 
Cet  oiseau  est  une  variété  accidentelle  de  Ut  pie  de  la  Jamaïque , 
de  fiufibn  (  gracula  quUcala  Lath.  ).  Le  blanc  se  mêlant  ai» 
noir  à  reflels  violets  et  verts,  qui  couvre  totalement 4e  quiscaie, 
ou  le  remplaçant  sur  diverses  parties  du  corps ^  f<H*me  le  flih» 
mage  de  cet  oiseau  ;  si  ce  mélange  a  lieu  sur  un  jeune  ou  une 
femelle ,  un  brun  noirâtre  remplace  le  noir;  enfin ^  la  distn* 
bution  de  la  teinte  blanclie  n'étant  plus  la  même  sur  d'antrer 
individus^  il  en  est  résulté  de  nouvelles  variétés,  décrites  dany 
divers  ornithologistes  comme  telles ,  ou  comme  espèces.  Fbj-, 

QuiflCALB. 

Le  Cassiqve  jaune  i>u  BREsifi.  F'ojsz  Y avov^ 

Le  Cassiqub  Hurri  (  Oriolan  crUiatus  Lath.  pi.  enl.  n?  844 
de  VHisL  naL  de  Buffon,  Passereaux  ,  espèce  du  genre 
Loriot.  Voye%  ces  deux  mots.  ).  Ce  cassique  porte ,  à  Cayenue , 
le  nom  de  aU-jaune  dee  -peUétuviere,  parce  qu'il  en  mange 
les  fruits;  il  vit  aussi  d'inéecles.  Sa  chair  exhale  une  odeur 
insupportable  de  castareun^ ,  quelles  que  soient  les  substance» 
dont  il  se  nourrit.  (  Edition  de  Sonnini  de  YHisi.  juU.  df 
Bt^on,  )  Sa  longueur  est  d'environ  dix-huift  pouces  ;  il  a  sur 
le  sommet  de  la  tête  quelques  plumes  plus  longue»  que  le» 
autre» ,  qu'il  redresse  à  volonté  ;le  noir  couvi^  toute  la  partie 
antérieure  de  son  corps ,  et  le  marron  la  partie  postérieure^ 
à  l'exception  des  deux  pennes  interraéduiires  de  la  queue  ^ 
qui  sont  noires,  et  ks  autres  qui  sont  jaunes;  le  bec  est  do 
cette  dernicire  couleur;  Tiris  est  d'un  bleu  céleste. 

La  femelle  ne  difiere  que  par  des  teintes  moins  décidées.. 

Cette  espèce  se  tix>uve  aussi  au  Brésil. 

Le  Camsique  rouge  du  Brésil.  V'oye%  Jupuba. 

Le  CASiUQi'K  vkrt  (  Oriolae  crietatus  Var.  Lath.  pi.  enL 
n*  3s8  de  VHisL  nat.  de  Buffon.  ).  Le  nom  que  donnent  le» 
habitans  de  Cayennc  a  cette  espèce,  est  celui  de  gros  cul'jaune;^ 
quoiqu'elle  fréquente  les* cantons  humides,  elle  ne  ae  tient 
as,  comme  le  cassique  huppé ^  au  bord  des  eaux,  mais  sur 
es  arbres  fort  élevés.  La  chair  de  cet  oiseau  n'a  point  l'odeur 
de  casiwéum ,  et  eUe  est  bonne  à  manger.  La  grosseur  de  ce 
cassique  est  celle  de  la  corbine  ;  il  a  sur  le  sommet  de  la  télé 
deux  plumes,  longues  de  deux  à  trois  pouces,  et  olivâtres; 
aon  bec  rouge  est  fort  large  à  la  base,  et  forme  sur  le  fron^ 
une  protubérance  qui  se  prolonge  jusqu'au  tiors  du  sommet 


i 


\ 


CAS  4i3 

de  la  tête;  toutela  partie  antérieui^e,  dessus  et  dessous  le  corps^ 
el  les  couvertures  des  ailes  sont  vertes;  la  partie  postérieure  est 
de  couleur  marron  ;  les  pennes  des  ailes  sont  noires;  celles  dé 
la  queue  en  partie  de  cette  teinte  et  en  pailie  jaunes;  lespieda 
noirs;  longueur^  quatorze  pouces  environ.  (Yieill.) 

CASSIS,  nom  vulgaire  du  Gros£ILJli£a  a  fauits  noirs. 
Voyez  au  mot  GAOsEiiiiaER.  (  £.) 

CASSITËy  Cassila,  genre  de  plantes  de  lennéandrie  mo- 
nogynie ,  dont  les  caractères  sont  d'avoir  un  calice  mono- 
pfaylle,  persistant  >  et  à  six  divisions  ovaJes-poiiitues,  dont  trois 
sur  un  rang  inférieur ,  sont  pétaUformes  ;  neuf  étamines  ayant 
leurs  filamens  comprimés  et  insérés  sur  plusit^urs  rangs,  et 
leurs  anthères  fixées  au-Klessous  dé  leur  sommet  ;  neuf  corpa 
glanduleux  et  jaunâtres ,  dont  six  sont  attachés  à  la  base  des 
trois  étamines  intérieures,  et  les  trois  autres  alternes  avec  les 
mêmes  étamines;. un  ovaire  supérieur,  ovale,  chargé  d'un 
style  épais,  dont  le  stigmate  est  légèrement  trifide. 

Le  fruit  est  une  baie  globuleuse ,  monosperme ,  couronnée 
par  le  calice,  dont  la  base  s'est  accrue ,  épaissie  et  a  formé  une 
enveloppe,  charnue  qui  renferme  la  semence. 

Foyez  pi.  3â3  des  Illustrations  de  Lamarck. 

Ce  genre ,  qui  est  le  même  que  ceux  appelés  VotulslIi a  par 
Forskal ,  et  Calodion  par  Loureii'o  {  Voyez  ces  mots.  ) ,  ren« 
ferme  deux  espèces ,  qui  sont  des  plantes  parasites  fort  sem-» 
blables  à  la  cuscute ,  presque  dépourvues  de  feuîUes ,  et  qui 
croissent  sur  les  arbres  de  l'Inde.  L'une  s'appelle  la  Cassits 
FILIFORME,  parce  que  sa  tige  est  mince;  l'autre  la  Cassits 
coRNicuiiEE,  parce  que  9i&s  rameaux  sont  gros  et  épineux. 
Gsrtner  a  fait  son  genre  Rhifsalis  avec  la  Cassitb  poi<y- 
SPERME  d'Aiton.  Voyez  ces  mots.  (B.) 

CASSONADE ,  nom  qu'on  donne  communément  au  sucra 
en  poudre ,  parce  que  le  premier  qui  fut  apporté  dans  cet  état 
en  Europe,  par  les  Portugais  du  Brésil,  étoit  livré  dans  des 
caisses  appelées  casses,  (  D.) 

CASSOWARE.  Voyez  Casoar.  (S.) 

CASSUMUNl AR /  ou  CASMINAR,  Rysagon.  C'est, 
une  racine  que  les  Anglais  nous  apportent  des  Indes  orien- 
tales, dont  ils  vanten*  beaucoup  les  propriétés.  Elle  est  tubé- 
reuse, articulée ,  grisàire  au-dei-ors ,  jaunâtre  en  dedans ,  d'na 
goût  un  peu  acre,  amer,  aromatique,  et  d'une  odeur  agréable. 
£ile  affermit  les  nerfs ,  fortifie  l'estomac ,  et  sert ,  dit-on ,  de 
correctif  au  quinquina.  Elle  appartient  à  une  espèce  d'AM- 
MOME,  mais  on  ignore  à  laquelle.  Au  reste,  elle  est  extrême- 
ment i-ai-e  en  Europe,  Ce  n'est  guèi-e  qu'à  Londres  qu'on  peut 
«e  la  procurer.  Voy^  aux  moti  Ammome  et  Qi^oembre.  (D«}  , 


^r*  CAS 

CASSURE.  C'est  un  cai*actère  extérieur  des  minéraux , 
qui  peut  aider  à  un  certain  point  à  les  faire  connoître;  mais 
comcne  on  ne  distingue  que  cinq  espèces  de  cas&ures,  et  qu'il 
existe  plus  de  trois  cents  espèces  de  minéraux ,  ce  caractèra 
ne  peut  pas  élre  d'un  très-^grand  sec<!fU!*8,  d'autant  plus  qu'il 
arrive  fréquemment  que  divers  échantillons  du  même  minéral 
pt^utent  plusieurs  sortes  de  cassures,  suivant  les  circon^ 
tances  qui  ont  présidé  à  leur  agré^tion.  La  cassure  peut 
néanmoins  donner  quelqu'idée  du  tissu  ou  contexture  inté- 
rieure d'un  minéral.  Les  difKrentes  espèces  de  cassures  sont: 
1^.  La  cassure  compacte  ;  c'est  celle  qui  présente  une  sur- 
face non*interrompue.  On  la  sous-divise  en  écaiUeuee ,  unie, 
tùTtchoide,  inégaie  ou  grenue,  terreuse  et  crochue;  cetle  der- 
nière est  propre  aux  ligules  métalliques. 
*  %\  La  cassure  fibreuse.  On  y  distingue  lea  fibres  en  grosses , 
minces  ou  capillaires ,  droites  ou  courbes,  parallèles ,  diuer^ 
gentes  on  entrelacées. 

3^.  La  cassure  rayonnée,  c*e8t-4-dire  à  fibres  applaties^  plus 
Iiirges  par  une  extrémité  que  par  l'autre.  On  désigne  ces 
rayons  par  les  mêmes  épitbetes  que  les  fibres. 

4^.  La  cassure  iameÛeuse  ;  elle  présente  des  surfaces  lisses , 
et  n'appartient  qu'à  des  substances  criiilallisées,  au  moins  con- 
flisément.  Les  lames  sont  ou  grandes  ,  ou  petites  et  écaiileuses , 
ou  très-petites  et  grenues  ;  eDes  sont  ou  planes  ou  courbes ,  et 
celles-ci  sont  ou  sphériques ,  ou  ondulées ,  ou  flori formes , 
c'est-à-dire  convergentes  en  un  seul  point ,  comme  les  pétales 
d'une  fleur ,  ou  indéterminées.  Le  clivage  des  lames  est  ou 
simple ,  ou  double ,  ou  triple ,  &c. 

5^.  La  Cassure  sdiisteuse  :  elle  diffère  de  la  cassure  lamel' 
ieuse ,  en  ce  que  les  feuillets  qu'elle  présente  sont  plus  épais 
que  les  lames ,  et  ne  peuvent  se  sous-diviser  ;  les  feuillets  sont 
ou  plant ,  ou  courbes  ,  ou  ondulés.  Cette  cassure  est  propre 
lur-tout  aux  ix>ches  feuilletées.  (  Brochant,  tom.  i.  p.  109.  ) 

(Pat.) 
CASTAGNEUX  IPodiceps  mino*,  Lath. ,  pL  enL  n^ijoS 
de  VHist,  nat.  de  Buffbn.  Oi'dre^  PinÀatip£D£s  ;  genre  du 
GaéBE,  Voyez  ces  deux  mots.  j«  Ce  grèbe,  un  des  plus  petits 
des  oiseaux  navigateurs ,  se  rapproche  du  pétrel  par  le  auvet 
qtii  le  couvre  au  lien  de  plumes,  et  tire  son  nom  de  ctMsta^ 

Steux^  du  brun  chÀtain  qu'il  a  sur  le  dos.  Il  est  privé  de  la 
culte  de  se  tenir  et  de  marcher  sur  la  terre  ;  la  disposition 
de  ses  pieds,  traînans  et  jetés  en  arrière ,  ne  lui  permet  que 
de  nager.  Il  plonge  avec  beaucoup  de  facilité,  et  s'envole 
«ffflBciiement  ;  mais,  une  fois  élevé ,  son  vol  est  asses  soutenu. 
Cbue  espèce  est  répciiduit  dauj»  toutes  les  parties  Je  l'Europe  , 


CAS  4i5 

e1  se  tronve  aussi  dans  le  nord  de  TAmérique.  Elle  préfère 
habiter  les  rivières  pendant  Thiver^  époque  où  elle  est  fort 
grasse.;  mais  on  la  voit  aussi  sur  la  mer,  où  elle  vil  de  petits 
poissons,  ainsi  que  dans  les  eaux  douces.  Elle  place  son  nicl 
au  milieu  des  joncs  el  des  roseaux,  de  manière  qu'il  porte  sur 
la  surface  de  l'eau. 

.  Ijongoeur ,  neuf  pouces  ;  grosseur  d'un  petit  paulei;  beo 
brun  en  dessus,  et  rougeàtre  en  dessous  ;  iris  noisette  ;  dessua 
de  la  tête  et  du  corps  d'un  brun  brillant»  tirant  sur  le  fauve  ; 
bas  du  croupion  blanc  ;  oôtés  ide  la  tête  et  du  oou  d'un  grit 
&uve  ;  gorge  d'un  blanc  un  peu  fauve;  poitrine  et  ventra 
d'un  blanc  argenté  (  dans  cjuelques  individu»,  le  devant  du 
corps  est  gris  et  le  dos  noirâtre);  flancs  mélan^  de  gris  , 
de  fauve  et  de  brun  ;  couvertures  et  pennes  des  ailes  brunes^; 
quelques-unes  des  pennes  sont  blanches  à  leur  origine  du 
côté  intérieur  ;  deux  petits  pinceaux  de  dnvét ,  qui  aiortenl 
chacun  d'un  tubercule  «  et  qui  sont  placés  au-dessus  du 
croupion ,  tiennent  lieu  de  queue  ;  les  pieds  sont  verdâtres  , 
et  tiennent  au  derrière  du  corps  par  une  membrane  qui  dé- 
borde lorsque  les  jambes  s'étendent,  et  qui  est  attachée  fort 
près  de  l'articulation  du  tarse  ;  lea  membiiinas  des  doigts  sont 
d'un  brun  rougeàtre. 

Le  Castagnsux  a  bbo  cercle  (Podicepê  CaroUnensiM 
Lath.  ).  Ce  casia^neux ,  que  l'on  trouve  dans  le  nord  d« 
l'Amérique,  depuis  le  Canada  jusqu'à  la  Caroline,  a  les  mêmes 
habitudes  que  celui  d'Europe.  11  a  un  peu  jAus  de  grosseur  et 
un  peu  plus  de  longueur;  mais  ce  qui  le  distingue  plus  par- 
ticulîèrement ,  c'est  un  cercle  noir  qui  entoure  le  bec.  IjO 
hrun  domine  sur  la  tète,  le  dessus  du  corps,  les  couverture» 
et  les  pennes  des  ailes;  il  est  foncé  sur  les  premières  parties , 
et  plus  clair  sur  les  autres,  sur  les  côtés  de  la  tète,  la  parti* 
inférieure  du  cou  et  la  poitrine  ;  la  gorge  est  noire  ;  le  ventra 
et  les  parties  subséquentes  sont  d'un  blanc  sale  ;  les  yeux  sont 
entourés  d'un  cercle  blanc;  le  bec,  brun  à  sa  base,  est  oli- 
vâtre sur  le  reste  de  sa  longueur;  les  pieds  sont  gris.  La  f<^ 
melle  ne  dillere  qu'en  ce  que  son  bec  it'est  point  cerclé. 

Le  Castaoneux  des  îles  Hébrides  {Podiceps  Hwbredicus 
Lath.  ).  Taille  un  peu  au-dessus  de  celle  du  castagneux  ; 
menton  noir;  devant  du  cou  ferrugineux;  derrière  du  cou 
mélangé  de  biom  ;  ventre  varié  de  cendré  et  de  gris  argenté» 
Cet  oiseau  se  trouve  dans  l'ile  Tircé ,  l'une  des  Hébrides. 

Le  Castaoneux  des  Phiuu^pinbs  (  Podiceps  minor  Far. 
Lath. ,  pi.  enl.  n^  94Ô  de  VHisi.  naL  de  Bujfbn.  ).  Cet  oiseau  ^ 
un  peu  plus  grand  que  le  Castaumbux.  n'KunorB  (  Voye^  et) 


4i6  CAS 

mol.),  n'en  diffère  que  par  deux  grands  traits  de  couleur 
rousse  qui  couvrent  les  joues  et  les  côlés  du  cou^  et  par  une 
teinte  pourprée  sur  son  manteau. 

Lie  Ca5ta6N£UX  de  Saint-Domingue  (  Podiceps  domi- 
hzcus  Laih.  ).  Ce  grèbe  est  moins  gros  que  le  nôtre ,  et  n'a  que 
sept  pouces  dix  lignes  de  longueur.  Le  dessus  du  corps  est 
noirâtre  ;  le  dessous  d'un  grû»  blanc  argenté ,  parsemé  de 
petites  taches  brunes  (  sur  quelques  individus  »  toutes  les  par-> 
ties  inférieures  sont  brunes  ;  sur  d'autres ,  le  ventre  beul  est 
blanc  )  ;  les  sept  premièi^es  pennes  des  ailes  sont  d'un  gris 
blanc  à  leur  origine ,  et  d'un  gris  brun  vers  leur  extrémité  ; 
les  qualité  suivantes  entièrement  d'un  cendré  blanchâtre;  bec 
noir,  et  pieds  bruns. 

Cette  espèce  se  trouve  aussi  à  la  Jamaïque  et  à  la  Guiane. 

(VlEILI..) 

CASTAGNOLE.  nom  spécifique  d'un  poisson  du  genre 
des  SpARiis ,  qui  habite  TOcéan.  FoyeMikU  motSPARB. (J3.) 

G ASTAR ,  ou  CAJbTAAR ,  nom  persan  de  I'HyIns. 
Voyez  ce  mot  (S.) 

CASTÉLIE,  Gstffe/àx  9  plante  annuelle  à  tige  tétragone, 
glabre  ;  à  feuilles  opposées ,  pétiolées ,  ovales  y  cunéiformes  ^ 
les  supérieures  dentées,  les  inférieures  crénelées;  à  fleurs 
rougealres  y  disposées  en  grappes  terminales ,  accompagnées 
de  bractées  lancéolées  et  sessiles ,  laquelle  forme  un  genre 
dans  la  didynamie  gymnospermie. 

Ce  genre  y  qui  est  figuré  pi.  Ô8^  des  Icônes  de  Cavanilles, 
offre  pour  caractère  un  calice  tubuleux ,  persistant ,  à  cinq 
sillons  et  à  cinq  dents;  une  corolle  monopétaie»  bilabiée,  a 
tube  courbé,  plus  long  que  le  calice ,  à  lèvre  supérieure  re- 
levée et  bifide^  à  lèvre  inférieure  trifide,  et  à  lobes  obtus; 
quatre  étamines,  dont  deux  plus  courtes;  un  ovaire  supérieur 
ovale, surmonté  d'un  style  courbé  k  son  sommet,  et  terminé 
par  un  stigmate  transversalement  ovale. 

Le  fruit  est  composé  de  deux  noix  renfermées  au  fond  du 
calice  qui  s'est  accru;  chacune  de  ces  noix  est  biloculaire, 
et  formée  de  deux  enveloppes ,  dont  l'intérieure  est  très- 
mince  et  ruusse.  Une  seule  semence  oblongue  et  cylindrique 
•e  trouve  dans  chaque  loge. 

La  casUlie  croît  au  Brésil.  (B.) 

CASTIGLIGNE,  Casiiglionia,  arbrisseau  du  Pérou  qui 
forme  un  genre  dans  la  polygamie  monoécie ,  et  qui  présente 
pour  caractère  un  calice  persistant  de  cinq  folioles  oblougues , 
dont  les  trois  extérieui'es  sont  plus  grandes  ;  cinq  pétales 
oblongs,  velus  en  dedans;  cinq  écailles  entourant  le  germe  ; 
dix  étamines  :  un  ovaire  supérieur^  trigone^  i  s^le  divisé  en 


B.ia. 


C  A  vS  4,>y 

trou  parties  et  à  trois  stigmalos  hiûtlcs  ;  une  capsnle  trigone 
k  alx.  silloas^  à  trois  loges  et  à  trois  valves^  renfermant  une 
seule  semeace.  ^ 

Les  Qeurs  mâles  sont  dans  les  mêmes  grappes  que  les  fleurs 
femelles  y  et  n'en  diilerent  que  par  l'uvortemoat  de  l'ovaire. 

Ces  caractères  sont  figurés  pi.  ij  du  Gênera  de  la  Flore  d» 
Pérou.  {B,) 

CASTUaLiÈJE ,  Caetiiieja  ,  genre  de  plantes  de  la  didy^ 
namie  angiospermie  et  de  la  famille  des  Rjiinanthoïdes  ^ 
dont  le  caractère  est  d'avoir  un  calice  lùonophylle,  tubuleux 
et  coloré;  une  corolle  monopétale ^  labiée^  ayant  sa  lèvre 
supérieure  plus  longue,  canaliculée,  soutenue  par  le  calice  ,. 
et  rinférûsure  fbrm^  par  deux  très-petites  glandes  tubùleuses 
et  trifides;  quatre  étamines^  dont  deux  plus  grandes,  et 
toutes  à  deux  anthères;  un  ovaire  supérieur, oblong,  chargé 
d'un  style  filiforme ,  dont  le  stigmate  est  obtus. 

Le  fruit  est  une  capsule  ovale -oblon^e^  et  à  cloisons 
opposées  aux  faces  applaties,  £lle  conUent  des  semences 
nombreuses  et  très-applaties.  ' 

Koyez  Lamarck ,  Illuetradons ,  pi.  5 1  g. 

Ce  genre  renferme  deux  espèces ,  que  Smiih  a  de  nouveau 
décrites  et  figurées  dans  ses  leoms,  et  qui  viennent  de  l'Amé^^ 
rique  méridionale.  L'une  est  la  CA»TiJLLii£  a  FEUii^iiEs  dI'>- 
visÉBs,  et  l'autre  la  Castillkje  a  feuilles  entières.  Ce 
9onl  dés  plantes  légèrement  frutescentes,  dont  les  feuilles  sont 
akernes .  et  les  fleurs  en  épi  terminal.  (J3.) 

CASTINE,  mot  corrompu  de  l'aHemand  kalketein ,  qui 
veut  dire  pierre  calcaire.  C'est  un  mélange  de  difierentes 
terres  qu'on  ajoute  au  minerai  de  fer  qu'on  jette  sur  le  haut 
fourneau  pour  en  faciliter  la  fonte.  On* varie  ce  mélange  sui- 
vant la  nature  du  minerai.  Quand  la  terre  calcaire  y  do- 
miné, on  ajoute-  pour  caetine  de  la  terre  argileuse,  qu'on 
nomme  herbue  ;  quand,  au  contraire,  le  minerai  est  argi- 
leux ,  la  castine  est  composée  de  pierre  calcaii*e  et  de  cail- 
loux quartzeux,  suivant  les  proportions  qu'indique  l'expé- 
rience. (Pat.) 

CASTOR  (  Castor  Fiber.  Linn.  Foyez  tom.  26;  pag.  gs  , 
pi.  5 ,  fig.  I  de  l'édition  de  Buffon ,  par  Sonnini.  ) ,  quadru- 
pède du  genre  Castor  ,  de  la  famille  des  Rats  ,  et  de  l'ordre 
dbs  Rongeurs.  (  Voyez  ces  moti.  )  Le  castor,  cet  animal  dont 
on  a' tant  parlé,  sur  lequel  les  voyageurs  et  les  écrivains  ont 
débité  tant  de  contes  plus  ou  moins  absurdes  et  merveilleux , 
ïe  castor  est  plutôt  remarquable  par  les  singularités  de  aà 
conformation  extérieure,  que  par  la  supériorité  apparente 
de  ses  qualités  intérieures.  Il  est  le  seul  parmi  les  quaarupèdc*s 

IV.  DCl 


4,8  CAS 

qui  ait  la  queue  plate ^  ovale  et  couverte  d'écaillés ,  de  laquelle 
il  fie  sert  qomme  d'un  gouvernail  pour  fie  diriger  dans  Teau  ; 
le  seul  qui  ait  des  nageoires  aux  pieds  de  derrière^  el  en  même 
iemps  les  doigts  séparés  dami  ceux  de  devant ,  qu'il  emploie 
comme  des  mains  pour  porter  à  sa  bouche  ;  le  seul  qui , 
reâsem.blant  aux  animaux  terrestres  par  les  parties  antérieures 
de  son  corps,  paroisse  en  même  temps  tenir  des  animaux 
aquatiques  par  les  parties  postérieures.  Il  fait  la  nuance  des 
quadrupèdes  aux  poissons ,  comme  hi  c/iaut^e-êourU  fait  celle 
des  quadrupèdes  aux  oiseaux  ;  mais  ces  singularités  seroient 
plutôt  des  défauts  que  des  perfections ,  si  l'animal  ne  savoit 
tirer  de  celle  conlormation ,  qui  nous  paroSt  bixarre ,  des 
avantages  uniques,  et  qui  le  rendent  supérieur  à  tous  les 
autres. 

Le  castor  est  long  de  deux  k  trois  pieds  ;  son  pelage  fin  est 
ordinairement  d'un  gris  roux  uniforme  ;  rarement  il  est  d'un 
beau  blanc  ou  d'un  noir  foncé  ;  sa  télé  est  de  forme  arrondie , 
comme  celle  de  la  plupart  des  rongeurs  ;  ses  oreilles  sont 
couries  et  rondes.  Il  a  cinq  doigts  à  chaque  pied  ;  ceux  de 
derrière  sont  réunis  par  une  membrane  ;  le  second  doigt  a 
un  ongle  double  et  oolique.  Il  a  vingt  dents  comme  le  loir  y 
savoir,  deux  longues  incisives  de  couleur  jaunâtre  au-devant 
de  chacune  des  mâchoires,  et  quatre  molaires  à  couronne 
plaie  de  chaque  côté. 

Les  castors  commencent  par  s'assembler  au  mois  de  juin 
ou  de  juillet  pour  se  réunir  en  société  ;  ils  arrivent  en  nombre 
et  de  plusieui*s  côtés ,  et  forment  bientôt  une  troupe  de  deux 
ou  ti'ois  cents.  Le  lieu  du  rendez-vous  est  ordinairement  le 
lieu  de  l'établissement,  et  c'est  toujours  au  bord  des  eaux.  Si 
ce  sont  des  eaux  plates,  et  qui  se  soutiennent  à  la  même  hau- 
teur ,  comme  dans  un  lac ,  ils  se  dispensent  d'y  construire 
une  digue;  mais  dans  les  eaux  courantes,  et  qui  sont  sujettet 
à  hau»ser  ou  à  baisser,  comme  sur  les  ruisseaux ,  les  rivièi'es , 
ilfl  établisi»ent  une  chaussée ,  et  par  cette  retenue ,  ils  forment 
ime  espèce  d'étang  ou  de  pièce  d'eau  qui  se  luttent  toujours 
à  la  même  hauteur;  la  chaussée  traverse  la  rivière  comme 
une  écluse,  et  va  d'un  bord  à  l'autre  :  elle  a  souvent  quatre- 
vingts  ou  cent  pieds  de  longueur  sur  dix  ou  douze  d'épaiiseur 
à  sa  ba^e.  Cette  construction  paroît  énorme  pour  des  animaux 
de  cette  taille,  et  suppose ,  en  eSet,  un  travail  immense;  mais 
la  sohdilé  avec  laquelle  1  ouvrage  est  construit  étonne  encore 
plus  que  sa  grandeui*.  L'endroit  de  la  rivière  où  ils  éublisaent 
cette  digue  est  ordinairement  peu  profond.  S*il  se  trouve  sur 
le  bord  un  gros  arbre  qui  puisse  tomber  dans  l'eau,  ils  com* 
siencent  par  l'abattre  pour  en  faire  la  pièce  principale  de 


CAS  /ji(l 

leuF  conâlruction.  Cet  arbre  e:>t  :»ouyent  plus  eros  que  le  corps 
d'un  homme  ;  ils  le  scient  et  le  rongent  au  pied  ;  et  sans  autre  ' 
instrument  que  leurs  quatre  dents  incisives ,  ils  le  coupent  en 
assez  peu  de  temps  ^  et  le  font  tomber  du  côté  qu'il  leui*  plaît, 
c'est-ÀHJire^  en  travers  sur  la  rivière;  ensuite  ils  coupent  les 
branches  de  la  cime  de  cet  arbre  tombé,  pour  le  mettre  de 
niveau  et  le  faire.porter  par-tout  également.  Ces  opérations 
se  font  en  commun  :  plusieurs  castors  rongent  ensemble  le 
pied  de  Tarbre  pour  l'abattre  ;  plusieurs  aussi  vont  ensemble 
pour  en  couper  les  branches  lorsqu'il  est  abattu  ;  d'autres 
parcourent  en  même  temps  les  bords  de  la  rivière,  et  coupent 
de  moindres  arbres,  les  uns  gros  comme  la  |ambe,  les  autres 
comme  la  cuisse  ;  ib.  les  dépècent  et  les  scient  à  une  certaine 
hauteur  pour  en  faire  des  pieux;  ils  amènent  ces  pièces  de 
bois,  d'abord  par  terre  jusqu'au  bord  de  la  rivière,  et  ensuite 
par  eau  jusquau  lieu  .de  leur  construction;  ils  en  font  une 
espèce  de  pilotis  serré ,  qu'ils  enfoncent  encore  en  entrelaçant 
des  branches  entre  les  pieux.  Cette  opération  suppose  bien 
des  difficultés  vaincues;  car,  pour  dresser  ces  pieux  et  les 
mettre  dans  une  situation  à-peu-près  perpendiculaire.,  il  fau( 
qu'avec  les  dents  ils  élèvent  le  gros  bout  contre  le  bord  de  Uf. 
rivière,  ou  contre  l'arbre  qui  la  traverse  ;  que  d'autres  plon- 
gent en  même  temps  jusqu'au  fond  de  l'eau  pour  y  creuser, 
avec  les  pieds  dé  devant,  un  trou  (}ans  lequel  ils  font  entrer 
la  pointe  du  pieu,  afin  qu'il  puisse  se  tenir  âebout.  A. mesure 

3ué  les  uns  plantent  ainsi  les  pieux,  les  autres  vont  chercher 
e  la  terre ,  qu'ils  gâchent  avec  leurs  pieds  et  battent  avec  leur 
queue  ;  ils  la  portent  dans  leur  gueule  et  avec  leurs  pattes  de 
aevant,  et  ils  en  transportent  une  si  .grande  quantité^  qu'ils 
en  remplissent  tous  les  intervalles  de  leur  pilotis.  Ce  pilotis  est 
composé  de  plusieurs  rangs  de  pieux  tous  égaux  en  nauteur^ 
et  tous  plantes  les  uns  contre  les  autres;  il  s'étend  d'un  bord 
à  l'autre  de  la  rivière  ;  il  est  rempli  et  maçonné  par-tout  ;  les 
pieux  sont  plantés  verticalement  du  côté  de  la  chute  de  l'eau  ; 
tout  l'ouvrage  est,  au  contraire,  en  talus  du  côté  ^ui  en  sou- 
tient la  charge  ;  en  sorte  que  la  chaussée  qui  a  dix  ou  douze 
pieds  de  largeur  à  la  base,  se  réduit  à  deux  ou  trois  pieds 
d'épaisseur  au  sommet.  Elle  a  donc  non -seulement  toute 
rétendue,  toute  la  soHdité  nécessaire,  mais  encore  la  forme 
la  plus  convenable  pour  retenir  l'eau,  l'empêcher  de  passer^ 
en  soutenir  le  poids,  et  en  rompre  les  e£Po^.  Au  haut  de  la 
chaussée  ,  c'est-à-dire ,  dans  la  partie  où  elle  a  le  moins 
d'épaisseur ,  ils  pratiquent  deux  ou  trois  ouv/Bf  turcs  en  pente, 
qui  sont  autant  de  décharges  de  superficie  qui  s'élargissent 
ou  se  rétrécÎBSeutV^^Pix  que  la  rivière  vient  à  hausser  qu  k 


4iO  C  A  S^ 

baiser;  et  lonqae,  par  des  iriondalîons  trop  grancles  bn  trop 
«ubites»  il  se  fait  quelques  brècbes  à  leur  digue,  ils  savent  le» 
réparer ,  et  traviullent  de  nouveau  dès  que  les  eaux  spnt 
baissées. 

Les  castors ,  après  avoir  ainsi  travaillé  ensemble  à  élever 
le  grand  édifice  public ,  se  réunissent  par  petites  tribus ,  com- 
posées de  deux  y  quatre  ,  six,  quelquefois  dix-hiiit ,  vingt,  et 
même,  dit-on ,  jusqu'à  trente  individus  ,  presque  toujours  en 
nombre  pair  ,  autant  de  femelles  que  de  mâles ,  et  com* 
mencent  à  s'occuper  de  la  construction  de  leurs  habitations^ 
Ce  sont  des  cabanes,  ou  plutôt  des  espèces  de  maisonnettes, 
battes  dans  Teau  sur  un  pilotis  plein  ,  tout  près  du  bord  de 
leur  étang ,  avec  deux  issues ,  Tune  pour  aller  à  terre ,  l'autre 
t>our  se  jeter  à  l'eau.  La  forme  de  cet  édifice  est  presque  tou- 
jours ovale  ou  ronde  ;  il  y  en  a  de  plus  grands  et  de  plus  pe-« 
lits ,  depuis  quatre  à  cinq  jusqu'à  nuit  ou  dix  pieds  de  dia-* 
mètre  ;  il  s'en  trouve  aussi  quelquefois  qui  ont  deux  ou  trois 
étages  ;  les  murailles  ont  jusqu'à  deux  pieds  d'épaisseur  ;  eDes 
•ont  élevées  à-ptomb  sur  Je  pilotis  plein  ,  qui  sert  en  même 
temps  de  Ibnaement  et  de  plancher  à  la  maison.  Lorsqu'elle 
n'a  qu'un  étage ,  lesr  murailles  ne  s'élèvent  droites  qu'à  quel- 
ques pieds  de  hauteur ,  tfu-dessns  de  laquelle  dles  prennent 
la  courbui^e  d'une  voûte  en  anse  de  panier  ,  cette  voûte  ter- 
mine l'édifice  et  lui  sert  de  couvert  ;  il  est  maçonné  avec  so- 
Kdilé ,  et  enduit  avec  propreté  en  dehors  et  en  dedans  ;  il  est 
impénétrable  à  l'eau  des  pluieiB,  et  résiste  aux  vents  les  plus 
idipétueux  ;  les  parois  en  sont  revêtues  d'une  espèce  de  stuc  si 
bien  gâché  et  si  proprement  appliqué ,  qu'il  semble  que  la  main 
de  l'homme  y  ait  passé  ;  aussi  la  queue  leur  sert-elle  de  truelle 
.  pour  appliquer  ce  mortier ,  qu'ils  gâchent  avec  leurs  pieds, 
ik  mettent  en  œuvre  difierentes  espèces  de  matériaux  ,  des 
bois^  des  pierres  et  des  terres  sablonneuses,  qui  ne  sont  point 
mjeltes  à  se  délayer  par  l'eau  ;  les  bois  qu'ils  emploient  sont 
presque  tous  légers  et  tendres,  ce  sont  des  aulnes ,  des  pcu-> 
pUers ,  des  saules  ,  qui  naturellement  croissent  au  bord  des 
eaux ,  et  qui  Sont  plus  faciles  à  écoiver ,  à  couper ,  à  voitu- 
Ter ,  que  df:B  arbres  dont  le  bois  seroit  plus  pesant  et  plus 
dur.  Lor8<||n'ils  attaquent  un  arbre,  ils  ne  l'abandonnent  pas 
qu'il  ne  soit  abattu ,  dépecé ,  transporté  ;  ils  le  coupent  tou- 
jours à  un  pied  ou  à  un  pied  et  demi  de  hauteur  de  terre  ;  iU 
travaillent  assis ,  et  outre  l'avantage  de  celte  situation  com-> 
mode,  ils  ont  1c  plaisir  de  ronger  continuellement  de  Técorce 
et  du  hoir,  dont  le  goût  leur  esX  foi^  agréable ,  car  ils  prr« 
lei^nt  l'écorre  fraîche  et  le  bois  tendre  à  la  plujpart  des  ali- 
ticens  ordinaires;  ils  en  (ont  une  ani^e  provision  potxr  se 


C  A  «  421 

nourrir  pendant  l'hiver  ;  ils  n'aiment  pas  le  bois  flec*  C*^% 
dansVèau ,  et  près  de  leurs  habitations ,  qu'ils  établissent  leui* 
magasin  ;  chaque  cabane  a  le  sien  5  proportionné  au  nombrç 
de  ses  habitans ,  qui  tous  y  ont  un  droit  commun ,  et  ne  vont 
jamais j)iller  leurs  voisins.  On  a  vu  des  bourgades  composées 
de  vingt  ou  de  vingt  -cinq  cabanes ,  contenant  en  tout  dewc 
cent  cmquante  à  trois  cents  castors;  ces  grands  établissemena 
sont  rares ,  et  cette  espèce  de  république  est  ordinairement 
moins  nombreuse ,  eUe  n'est  le  plus  souvent  composée  que 
de  cent  à  cent  cinquante  de  ces  anima.ux ,  partagés  en  dix  à 
douze  tribus ,  dont  chacune  a  son  quartier ,  son  magasin ,  soii 
habitation  séparée  ;  ils  ne  souffrent  pas  que  des  étrangers 
"viennent  s'étaolir  dans  leurs  enceintes.  Quelque  nombreuse 
que  soit  cette.société ,  la  paix  s'y  maintient  sans  altération  ;  le 
travail  commun  a  resserré  leur  union  ;  les  commodités  qu'ilf 
se  sont  procurées  ,  Tabondance  des  vivres  qu'ils  amasjient  et 
consomment  ensemble  »  sentent  à  l'entretenir  ;  des  appétits 
modérés ,  des  goûts  simples ,  de  l'aversion  pour  la  chair  et  le 
sang ,  leur  ôtent  jusqu'à  l'idée  de  i*apine  et  de  guerre  ;  ils 
jouissent  de  tous  les  biens  que  l'homme  ne  sait  que  désirer^ 
Amis  entr'eux ,  s'ils  ont  quelques  ennemis  au-dehors ,  ilf 
savent  les  éviter^  ils  s'avertissent  en  frappaht  avec  leur  queue 
un  coup  sur  l'eau ,  qui  retentît  au  loin  clans  toutes  les  voûtes 
des  habitations;  chacun  prend  son  parti ,  ou  de  plonger  dans 
le  lac ,  ou  de  se  receler  dans  lews  murs  ^  qui  ne  craignent 
que  le  feu  du  ciel  ou  le  fer  de  l'homme  ;  cçs  asyles  sont  nonr 
seulement  très^ûrs ,  mais  encore  très-propres  et  très-comr 
modes  ;  le  plancher  est  jonché  de  verdure ,  des  rameaux  d^ 
buis  et  de  sapin  leur  servent  de  tapis ,  sur  lequel  ils  ne  font 
jai  ne  souffrent  jamais  aucune  ordure  ;  Jia  fenêtre  qui  re* 
garde  sur  l'eau  leur  sert  de  balcon  poUr  se  tenir  au  frais  et 
prendre  le  bain  pendant  la  plus  grande  partie  du  jour  ;  ilp 
s'y  tiennent  debout ,  la  tête  et  les  parties  antérieures  du 
corps  élevées,  et  toutes  les  parties  postérieures  ploi^ées  dans 
l'eau  ;  cette  fenêtre  est  percée  avec  précautipn  ^  l'ouverture  en 
est  assez  élevée  pour  ne  pouvoir  jamais  être  fermée  pa^  les 
glaces  ,  qui  ,  dans  le  climat  de  nos  casjtors  ,  ont  quelquefois 
deux  ou  trois  pieds  d'épaisseur  ;  ils  en  abaissent  alors  la  ta- 
blette ,  coupent  en  pente  les  pieux  sur  lesquels  elle  est  ap- 
puyée, et  se  font  une  issue  j.usqu'à  l'eau  sous  la  glace.  Cet  élé- 
ment liquide  leur  est  si  nécessaire, x>u  plutôt  leur  fait  tant  de 
plaisir ,  qu'ils  semblent  ne  pouvoir  s'en  passer.  Us  voat  quel- 
quefois assez  l(»n  sous  la  glace  ;  c'est  alors  qu'on  les  prend 
aisément ,  en  attaquant  d'un  côté  la  cabane ,  et  les  attendant 
en  même  temps  a  un  trou  qu'on  pratique  dans  k  g^oe  k 


4)S3  CAS 

quelque  distance ,  et  on  ils  sont  obligés  d*amVer  pour  respi- 
rer. L'habitude  au'ilsont  de  tenir  continuellement  la  queue 
et  toutes  les  parties  postérieures  du  corps  dans  l'eau  ,  paroit 
avoir  changé  la  nature  de  leur  chair  ;  celle  des  parties  an  té-' 
rieures  juqu*aux  reins ,  a  la  qualité ,  le  goût ,  la  consistance  de 
la  chair  des  animaux  de  la  terre  et  de  l'air;  celle  des  cuisses 
et  de  la  queue  a  l'odenr  ,•  la  saveur  ,  et  toutes  les  qualités  de 
celle  du  poisson  ;  cette  queUe,  longue  d'un  pied ,  épaisse  d'un 
pouce,  et  large  de  cinq  on 'six,  est  même  nnc  extrémité  ,  nne 
vraie  portion  de  poisson  attachée  au  corps  d'un  quadrupède  ; 
elle  est  entièrement  recouverte  d'écailles ,  et  d'une  peati  toute 
semblable  à  celle  d'un  gros  poisson  :  on  peut  enlever  ces 
écaOles  en  jea  raclant  au  couteau,  et  lorsqu'elles  sont  tombées, 
1  on  voit  encore  leur  empreinte  sur  la  peau  ,  comme  dans 
tous  nos  poissons. 

'  Les  castors ,  après  avoir  employé  les  mois  de  Juillet  et  d'aoi^  t 
là  construire  leur  digne  et  leurs  cabanes  ,  font  leur  provision 
d'écorce  et  de  bois  dans  le  mors  de  septembre';  ensuite  ils 
jouissent  de  leurs  travaux ,  ils  goûtent  les  douceurs  du  reiws 
et  les  plaisirs  de  f  amour.  Chaque  couple  ne  se  forme  point 
«u  hasard  ,  ne  se  joint  pas  par  pure  nécessité  de  la  nature  , 
inais  s'unit  par  choix  et  s  assortit  par  goût,  lis  passent  ensemble 
l'jRitomnc  et  l'hiver  ;  contens  l'im  de  l'autre, ils  lie  se  quittent 
l^ère  ;  à  l'aise  dans  leur  domicile  ils  n'en  sortent  que  pour 
faire  des  promenades  agréables  et  utiles;  ils  en  rapportent  des 
iécoi*ces  fraîches  ,  qu'ils  préfèrent  à  celles  qui  sont  sèches  ou 
trop  imbibées  d'eau.  Les  femelles  portent,  dit-on,  quatre  raoL<«; 
elles  mettent  bas  sur  la  fin  de  l'hiver ,  et  produisent  ordinai- 
rement deux  ou  trois  petits.  Les  mâles  les  quittent  à-t>eu-prcs 
dans  ce  temps  ,  ils  vont  à  la  campagne  jouir  des  douceurs 
et  des  fruits  du  printemps ,  ils  reviennent  de  temp»  en  temps 
à  la  cabane;  mais  ils  n'y  séjournent  plus  ;  les  irières  y  de- 
meurent occupées  à  alaiter ,  à  soigner  ^  à  élever  leurs  petits  , 
qui  sont  en  état  de  les  suivre  au  bout  de  quelques  semaines. 
Elles  vont  à  leur  tour  se  promener ,  et  passent  ainsi  Tété  sur 
les  eaux  et  dans  les  bois.  Ils  ne  se  réunissent  qu'en  automne  ,* 
a  moins  que  les  inondations  n'aient  renverse  leur  digues  ou 
détniit  leurs  cabanes  ,  car  alors  ils  se  réunisBent  de  bonne 
heure  pour  en  réparer  les  brèches. 

11  y  a  des  lieux  qii'ils  habitent  de  préférence,  où  l'on  a  vu 
qu*Après  avoir  détruit  plusieurs  fois  leui-s  travaux  ,  ils  ve- 
lioieiit  tous  les  étés  pour  les  récdifier ,  jusqu'à  ce  qu*enfin  , 
fatigués  de  cette  persérution  et  alfoiblispur  la  perle  de  plu- 
sieurs d'entr*eux,  ils  ont  pris  le  parti  de  changer  de  demeure 
et  de  se  retirer  au  loin  dans  les  solitudes  les  plus  profonde. . 


CAS  4aS 

C'est.prindlpaleiiieiit  en  hirer  que  les  cbauenrA  les  cherchent, 
^rce  que  leur  fourrure  n'eut  parfaitement  bonne  que  dan» 
cette  sauon  ;  et ,  loraqu'aprè»  avoir  ruiné  letira  étabKsaemens  , 
il  arrive  qu'ik  en  prennent  un  grand  nombre ,  la  société 
trop  rédmle  ne  se  rétablit  point  ;  le  petit  nombre  de  ceux 
qui  ont  échappé  à  la*  mort  ou  à  la  captivité  se  disperse;  ils  de- 
viennent fuyards  ;  leur  génie ,  flétri  par  la  crainte ,  ne  s'épa- 
nouit plus  ;  ils  s'enfouissent  eux  et  leurs  tatens  dans  un  terrier , 
où  y  rabaissés  à  la  condition  de»  autres  animaux ,  ils  mènent! 
une  vie  timide  ^  ne  s'occupent  plus  que  des  besoins  pressans^ 
n'exercent  que  leurs  facultés  individuelles  ^  et  perdent  sans 
retour  les  qualités  sociales  que  nous^  venons  d'admirer. 

Outre  les  castors  qui  sont  en  société^on  rencontre  par-ion t 
dans  le  même  climat  des  au  tors  solitaires^  lesquels  rejetés, 
.dit-on,  de  lasociélé  par  leurs  défauts,  ne  participent  à  aucun 
de  ses  avantages, n'ont  ni  maison ,  ni  magasin ,  et  demeurent 
comniele  blaireau  dans  un  boyau  sous  terre;  l'on  a  même 
appelé  ces  castors  solitaires ,  castors  terriers  ;  ils  habitent 
comme  les  autres  assez  volontiers  au  bord  des  eaux ,  ou  quel- 
ques-uns même)  creusent  une  fosse  de  quelques  pieds  de  pro- 
fondeur, pour-  former  un  petit  étang  qui  arrive  jusqu'à  1  ou- 
verture, de  leur  terrier,  qui  s'étend  quelquefois  à  plus  décent 
pieds  en  longueur ,  et  va  toujours  en  s'élevant  ,  afin  qu'ils 
aient  la  faciÙlé  de  se  retirer  en  haut ,  à  mesure  que  l'eau 
s'élève  dans  les  yiondations  ;  mais  il  s'en  trouve  aussi,  de  ces 
castors  solitaires  ,  qui  habitent  assez  loin  des  eaux,  dans  les 
terres.  Tous  nos  hihvres  d'£uix>pe  sont  des  castors  terriers  et 
solitaires ,  dont  la  foiurrure  n'est  pas  à  beaucoup  près  aussi 
beUeque  celle  des  ca^/or«  qui  vivent  en  société.  Tous  différent 
par  la  couleur  suivant  le  climat  qu'ils  habitent;  dans  les  con- 
trées du  Nord  les  plus  reculées  ils  sont  tout  noirs ,  et  ce  sont 
les  plus  beaux  ;  parmi  ces  castors  noirs  il  s'en  trouve  qydque- 
fois  de  toui  blancs ,  ou  de  blancs  tachetés  de  gris  et  mêlés 
de  .roux  sur  le  chignon  et  sur  la  croupe  ;  à  mesure  qu'on 
a'éloigne  du  Nord  la  couleur  s'éclaircit  et  se  mè\e  ;  ils  sont 
coulenr  de  marron  dans  la  partie  septentrionale  du  Canada, 
châtains  vers  la  partie  méridionale ,  et  jaune  ou  couleur  de 
paille  chez  les  Illinois.  On  trouve  des  ccutors  en  Amérique 
depuis  le  3o®  degré  de  latitude  nord  jusqu'au  60^  et  au-delà. 
Us  sont  très-communs  vers  le  Nord,  et  toujours  en  moindre 
nombre  à  mesure  qu'on  avance  vers  le  Midi.  C'est  la  même 
chose  dans  l'ancien  continent  ;  on  n'en  trouve  en  quantité 
que  dans  les  contrées  les  plus  septentrionales  ;  et  ils  sont  ii'ès^ 
rares  en  France,  en  Espagne ,  en  Italie  et  en  Grèce.  Lies  an- 
ciens les  connoissoient  ;  il  étoit  défendu  de  les  tuer ,  dan»  lu 


à 


424  CAS 

religion  des  mages;  Us'éioient  communs  «nr  les  rives  du  Pont- 
Ëuxin  ;  on  a  même  appelé  le  castor ,  canU  Ponticus,  mai» 
apparemment  que  ces  animaux  n'étoient  pas  assez  tranquilles 
sur  les  bords  de  celte  mer ,  qui. en  effet  sonl  fréquentes  par 
les  hommes  de  temps  immémorial ,  puisqu  aucun  des  anciens 
ne  parle  de  leur  société  ni  de  leurs  ti'avaux. 

On  peut  apprivoiser  aisément  le  castor ,  et  lui  appren- 
dre à  ptk^her  du  poisson  et  le  rapporter  à  son  maître  ;  ce- 
pendant il  paroit  inférieur  au  chien  par  les  qualités  relatives 
qui  pourroient  le  rapprocher  de  l'homme  ;  il  ne  semble  fait 
ni  pour  servir  ni  pour  commander,  ni  même  pour  commer- . 
cer  avec  une  autre  espèce  que  la  sienne  :  son  sens,  renfermé 
dans  lui-même ,  ne  se  manifeste  en  entier  qu'avec  ses  sem- 
blables ;  seul  ^  il  a  peu  d'industrie  personnelle ,  encore  moins 
de  ruses ,  pas  même  assez  de  défiance  pour  éviter  des  pièges 
grossiers  :  loin  d'attaquer  les  autres  animaux ,  il  ne  sait  pas 
même  se  bien  défendis;  il  préfère  la  fuite  au  combat,  quoi^ 
qu'il  morde  cruellement  et  avec  acharnement ,  lorsqu'il  se 
trouve  saisi  par  la  main  du  chasseur.  Si  Ton  considère  donc 
cet  animal  dans  l'état  de  nature ,  ou  plutôt  dans  son  état  de 
solitude  et  de  dispersion,  il  ne  paroitra  pas ,  pour  les  qualités 
intérieures ,  au-dessus  des  autres  animaux  ;  il  n  a  pas  plus 
d'esprit  que  le  chien ,  de  sens  que  l'éléphant^  de  finesse  que 
le  renard ,  tac, 

La  fourrure  du  castor  est  plus  belle  et  plus  fournie  que 
celle  de  la  loutre  :  elle  est  composée  de  deux  sortes  de  poils  ; 
l'un  est  plus  court,  mais  très-^ouBu,  fin  comme  le  davet, 
impénétrable  à  l'eau,  revêt  immédiatement  la  peau;  l'autre 
plus  long ,  plus  ferme,  plus  lustré»  mais  plus  rare,  recouvre  ce 
premier  vêtt*ment,  lui  sert  pour  ainsi  dire  de  surtout,  le  dé- 
fend des  ordures,  de  la  poussière ,  de  la  fange  ;  ce  second 
.poil  n'a  que  peu  de  valeur;  oe  n'est  que  le  premier  que  l'on 
emploie  dans  nos  manufactures.  Lies  fourrures  les  plus  noires 
sont  ordinairement  les  plus  fournies ,  et  par  conséquent  les 

Ïlus  estimées  ;  celles  des  castors  terriers  sont  fort  inférieures 
celles  des  castors  cabanes.  Les  castors  sont  sujets  k  la  mue 
pendant  l'élé ,  comme  tous  les  animaux  quadrupèdes  :  ausai 
la  fourrure  de  ceux  qui  ont  été  pris  dans  cette  saison  n'a  que 
peu  de  valeur.  La  fourrure  des  castors  blancs  est  estimée  à 
cause  de  sa  rareté,  et  les  parfaitement  noirs  sont  presque 
aussi  tares  que  les  blancs. 

Niais  indépendamment  de  la  fourrure ,  qui  est  ce  que  le 
castor  fournit  de  plus  précieux ,  il  donne  encore  une  matière 
dont  on  a  fait  im  grand  usage  en  médecine ,  comme  étant 
anti-sp^smodique,  stimulante,  résolutive.  Cette  matière,  qne 


CAS  428 

Ton  a  appelée  rtfAlôT^um^  est  contenue  dans  deux  grosses  vé- 
sicules ,  que  les  anciens  avoient  prises  pour  les  testicules  de 
i'animftl ,  mais  qui  cependant  se  trouvent  dans  les  deux  sexes  ; 
elle  est  résineuse,  extractive  et  gélatineuse,  d*une  odeur  et 
d'une  saveui'  forte  et  désagréable.  Les  sauvages  tirent ,  dil-on , 
de  la  queue  du  castor,  taie  huile  dont  ils  se  servent  comme 
de  topique  poilr  diifi^rensmaux.  La  chair  du  castor  a  toujours 
tin  goût  amer  assez  désagréable  ;  leurs  dents  sont  très-dures 
et  si  tranchantes ,  qu'elles  servent  de  couteau  aux  sauvages , 
pour  couper,  creuser  et  polir  le  bois.  Ils  s'habillent  de  peaux 
de  castors ,  et  les  portent  en  hiver  ,  le  poil  contre  la  chair  : 
ce  sont  ces  fourrures  imbibées  de  sueur,  que  l'on  appelle  cas* 
tors  gras ,  et  dont  on  ne  se  sert  que  pour  les  ouvrages  les  plus 
grossiers. 

Les  peaux  de  castors  forment  une  grande  branche  du  com- 
merce des  Européens  dans  le  nord  de  l'Amérique  septentrio- 
nale. On  les  distingue  en  trois  sortes  :  les  castors  gras  dont 
nous  venons  de  parler,  les  castors  neufs  et  les  castors  secs. 
Les  castors  neufs  sont  les  peaux  des  castors  qui  ont  été  tués 
pendant  l'hiver  et  avant  la  mue  ;  elles  sorit  très-belles ,  et 
ne  sont  employées  que  comme  fourrures.  Les  castors  secs 
proviennent  de  la  chasse  d'été  ,  durant  le  temps  de  la  mue. 
Ces  peaux  qui  ont  perdu  une  partie  de  leurs  poils ,  ne  servent 
qu'au  feutrage ,  et  sont  employées  par  les  chapeliers.  On  fait 
aussi  des  draps  avec  le  poil  de  castor ,  mêlé  avec  de  la  laine 
de  Ségovie;  mais  ces  araps,  par  leurs  qualités,  sont  in  ani- 
ment au-dessous  des  draps  ordinaires  ;  ils  ne  gardent  pas  bien 
la  teinture ,  et  deviennent  secs  et  diu*s  comme  le  feutre.  ' 

Parmi  les  versions  fabuleuses  des  anciens  écrivains  et  des 
voyageurs  sur  l'histoire  du  castor ,  auquel  ils  prêtent  des 
idées  de  police  et  un  code  de  gouvernement,  nous  ne  citerons 

3 ne  celle-ci ,  pour  donner  une  idée  de  Tabsurdité  qui  règne 
ans  toutes  les  autres  :  Ils  ont  prétendu  que  quand  les  castors 
étoient  poursuivis ,  ils  ne  manquoient  pas  de  s'arracher  les 
testicules  (c'est-à-dire  les  poches  qui  renferment  le  casto^ 
reum  )  potur  satisfaire  à  la  cupidité  du  chasseur  ;  et  qu'ils  se 
montroient  ainsi  mutilés ,  pour  trouver  grâce  à  leurs  yeux. 

(Desm.) 
CASTOR.  Aldrovande  désigne  ainsi  le  Harle.  Fojez  ce 
mot  (S.) 

CASTOR.  Plante  sarmenteuse  de  Saint-Domingue ,  qu'on 
appelle  aussi  liane  à  bouton.  On  ne  sait  pas  à  quel  genre 
appartient  cette  plante.  (B.) 

CASTOR  DE  MER.  Voyez  Loutre.  (S.) 

CASTOR  ET  POLLUX ,  noms  donnés  par  Esper  à  âeu:c 


426  CAS 

j[)apilIons  ^ui  appartiennent  à  la  divimon  des  Satyilss  de 

M,  Fabricuis.  (L.) 

CASTOR  £T  i'OLLUX ,  météore  que  Ton  nomme  aiusi 
T^v  Saint-Ei^me,  Foyex  ce  mot.  (S.) 

CASTOREUM.  Voyez  Castoi^  (Dbsm.) 

CASI'RATION.  L'on  désigne  communément  soua  ce 
nom  ranipuialion  d'un  ou  des  deux  testicules  \  elle  n'est  exi- 
gible que  dans  les  cas  de  contusions  graves^  de  carcinomes  du 
testicule ,  de  sarcocèle  ou  hydro-sarcocèle  ,  d'ulcères  fon- 
4^eux  y  &c.  Un  fluide  épanché  dans  la  tunique  vaginale  à 
la  suite  d'un  coup ,  le  froissement^  le  déc^rement  au  lesti<^ 
'cule  ou  des  vaisseaux  qui  en  dépendent  y  un  abcès  »  forcent 
.encore  à  pratiquer  celte  opération,  il  est  nécessaire  de  s'in- 
former exactement  de  lelat  du  cordon  spermatique  avant 
d'y  procécKr;  alors  on  fend  les  tégumens^  on  met  a  nii  le 
cordon  que  l'on  coupe  près  du  testicule  ;  on  enlève  ce  der- 
nier y  ou  arrête  le  i»ang  par  la  compression  ou  la  ligature  ,  ou 
même   le  froissement.   {Voyez  Sabatliier ,  Médec.  opérait. 
lom.  I  ,  pag.  3?.8-33b.) 

Telle  est  la  castration  opérée  dans  nos  pays  sur  les  faom* 
mes  y  lorsque  des  accidens  l'exigent;  mais  lorsqu'elle  est  com- 
mandée par  la  tyrannie  de  l'amour  ou  l'espoir  d'un  vil  gain  » 
dans  les  climats  méridionaux  ^  alin  d'avoir  des  eunuques  et 
des  virtuoses  caatrati,  on  s'y  prend  d'une  autre  manière. 

Les  anciens  admettoient  trois  genres  de  castration.  La  pre- 
mière étoit  celle  par  froissement.  Dès  la  plus  tendre  jeunesse» 
on  plongcoit  les  enfans  qu'on  vouloit  rendre  eunuques ,  dans 
im  bain  émollient^  chaud ,  et  on  froissoit,  on  comprimoit 
leurs  délicates  parties  sexuelles.  Ainsi  les  vaisseaux  détruits, 
la  circulation  dérangée  dans  ces  organes,  les  laissoient  sans 
accroissement  et  sans  vie.  Cette  méthode  étoit  la  plus  douce  et 
. la  moins  dangereuse.  On  appeloit  tladiaion  tlibiai  cette  aorte 
d*eu  nuque. 

La  castration  des  animaux  domestiques  ^  tels  que  les  pou- 
lins  et  les  veaux ,  s'opère  à-peu-prèa  suivant  les  mêmes  prin- 
cipes. (Columella ,  re  rustic.  p.  484 ,  8°.)  C'eat  ce  qu'on  ap- 
pelle bistoitrner.  On  comprime  fortement ,  on  tord,  en  disant 
faire  deqx  tours  aux  testicules^  les  cordons  qui  les  soutiennent. 
Celte  prii tique  ne  s'exécute  que  dans  le  jeune  âge-  On  détruit 
ainsi  ces  vaisseaux  qui  ne  peuvent  plus  apporter  de  nourri- 
ture aux  organes  sécréteurs  de  la  semence. 

En  général  la  castration ,  dans  le  jeune  âge  ,  n'est  pas  dan- 
gereuse ,  parce  que  les  organes  sexuela  n'ont  point  encore 
acquis  un  surcroit  de  vie  et  formé  des  sympathies  étendues 
avec  tout  le  reste  de  1  économie  vivante.  Il  n'en  est  pas  de 


CAS  -  43*7' 

même  lorsque  l'époque  de  la  puberté  est  arrivée.  Les  grandes 
connexions  des  organes  du  sexe  avec  les  parties  les  plus  essen* 
tîelles  de  la  vie  ^  rendent  leur  amputation  périlleuse. 

Une  seconde  manière  de  castration ,  est  l'amputation  dea 
testicules,  telle  que  nous  l'avons  décrite  «u  commencement 
de  éet  article.  C'est  la  plus  usitée  dans  les  pays  ou  Ton  fait  de» 
eunuques.  C'est  aussi  la  méthode  employée  ];)our  les  chanteurs 
ilalii?ns  ;  ils  acquièrent  une  vkàx.  argentine  et  éclatante  à  n'a 
prix  bien  cher>  puisqu'elle  leur  coûte  leur  qualité  d^horame.* 
C'est  à  l'avarice;  ou  peut-être  à  la  pauvreté  des  pères  qu'il 
faut  attribuer  cette  coupable  opération.  Mais  en.  donnant  à» 
eés  hommes  une  voix  douce  et  agréable ,  leur  donpe-i^-on,: 
aussi  le  talent  de  la  musique ,  rend-on  leur  oreille  plus  jnsAt^ 
plus  délicate  ?  QueHe  folie  d'invmoier  d'abord  un  étre.aisai 
cupidité  !  de  le  vouer  au  n^alheur  avant  de  salroir.si  ïtUÈi&n 
tirera  un  profiteur  !  ;-    «^ 

'  'Cette  seconde  9or\e  de  •caêtiuuion  peut  s'opérec,  soit pao 
l'instrument  tranchant,  le  bistouri,  soit^par  la  ligatune^diti 
cordon  spermatique,^  qu'on  serre  progreAsivçmenJi^ jusqp'à 
son  entière  division.  (Foyex  Anl.  Nuck,  Expér.  et  Opér^ifL^ 
chirurg. ,  -p*  129.  Lecleiv; ,  CJiirurgie  complète  ,  t.  i,  p.  Z02  , 
édit.  de  Paris ,  1703.)  CeUe  métliode  se  pratique  aussi  sur  le» 
animaux,  suivant  Robert  Boyle  {de  Utilit, p/iilos.  experirru 
pag.  396.).  Les  Holtentots  châtrent  leui^s  veaux ,  en  .liant 
leurs  testicules  qu'ils  écrasent  en  outre  entre  deux  pierres. 
•  On  pratique  sur  les  poulets  la  castration  par  l'extirpation: 
des  testicules  qu'on  va.  chercher  jusqu'auprès  de  leurs  reins. 
La  castration  des  femelles  d'animaux  s'opère  en  retranchant 
les  ovaires,  et:quelqiiefois  même  la  matrice.  On  ne  pratique^ 
cette  opération  que  sur  les  truies ,  pour  l'ordinaire.  Un  autour 
asslire  ^u'un  de  ces  c/idtreurs  d'animaux,  irrité  .çon^fp.^ 
fille  qui  s'abandonnoit  aux  hommes  sans  retenue  ^  résolut  ^ 
dans  un  violent  chagrin,  de  pratiquer  la  castration, ^t^  elle-, 
mém^ ,  comme  il  la  praliqnoit  sur 'les  truies*  L'opéf^lioi^ 
réussit  y  et  la  fille  fut  guérie  pour  toujours  de  son  libertinage.^ 
en  perdant  la  fiiculté  d'engendrer  et  le  désir  de  la  jjouissance., 
Ce  remède ,  contre  les  mauvaises  mœurs,,  est  tjrop  violent; 
pour  être  u^ité  dans  nos  villes.  U  seroit  nuisible  à  Ja  popAi- 
lation.  ^/, 

Dans  la  seconde  espèce  de  ccifitralion  des  hommes ,  le^  cor- 
don spermsftique  n'étant  pas  toujours  détruit  entièrement,  il  se 
sécrète  un  peu  de  semence;  et  ^es eunuques  faits  de  cè(te  ma- 
nière ne  sont  pas  toujours  entièrcmeht  impuissans.  ï\  est  vrai 
qu'ils^ n'engendrent  plus,  an  moins  en  général ,  mais  ils  sont 
d^pables  d'érection  et  de  copulation.  Plusieurs  même  se  mfLn 


4^8  .^  \'^ 

rient ,  quoiqu'ils  ne  pniaaent  éprourer  que  des  jonifBamM^ 
désespérantes,  puîs^u  elles  sob  t  imparfaites,  et  qu'elles  ne  rem* 

S  lissent  pas  l'intention  de  la  nature.  Juvénal  rejnxKhoit  aui; 
Lomaines  leurs  excès  avec  ces  eunuques.  ^Sat.  vi.) 
Les  Turcs  ayant  considéré  cette  raculte  dans  leurs  eunu** 

Îues ,  ont  pris  un  parli  plus  sûr  pour  leurs  femmes  ;  celui  de 
lire  retrancha  toutes  les  parties  extérieures  de  k  génération* 
(Aumst.  Gislen.  fiusbequius ,  Episi,  itin,  Ikircic.  pag.  1 37, 
et  Aldrovandi ,  Quadrup.  Solidipedib.  pag.  6:1 ,  o(.c.  )  Le» 
Grecs  du  moyen  âge  nommoient  carsamaiion ,  cette  espèce 
d'eunuques.  L'historien  Luitprand  {Hiêi.  L.  ti^  eu  3.) 
assure  qu'on  en  amenoit  beaucoup  en  Espagne  de  son 
temps,  et  qu'ils  s'y  vendoieni  très- chèrement;  car  ceux 
qui  réchappent  dune  pareille  opération  ,  spnt  en  petit 
nombre  ;  et  elle  est  en  effet  très-dangereuse  à  tout  âge  ,  et 
aur-itout  après  celui  de  la  puberté.  Les  empei'eurs  Hadrien  » 
Constantin  et  Justînien  prohibèrent  ceUe  barbare  coutume, 
90US  la  peine  du  talion. 

"Ltinfibulation  n'est  pas  une  véritable  eaairation ,  car  elle  ne 
détruit  pas  les  orsanes  sexuels  ,  mais  empêche  leur  fonction 
générative.  Elle  s  opère  dans  l'homme  en  attachant  un  an- 
neau bien  fermé  et  solide  au  prépuce  des  jeunes  gens  qu'on 
veut  empêcher  de  s'énerver.  Cet  anneau  s'6te  pour  le  ma- 
riage. On  perce  en  deux  endroits  l'extrémité  du  prépuoe  et 
on  y  passe  l'anneau  ,  de  même  que  dans  le  lobe  de  1  oreiDe» 
On  boucle  aussi  les  femmes ,  en  quelques  pays  chauds ,  par 
un  anneau  passé  dans  les  grandes  lèvM  du  vagin.  En  Italie 
et  en  Espagne ,  les  jaloux  font  mettre  à  leurs  femmes  une 
ceinture  de  virginité  dont  ils  ont  seuls  la  clef.  Aux  Indes 
orientales ,  on  coud  presqu'entièrement  l'orifioe  du  vagin  des 
jeunes  filles,  de  -sorte  que  les  lèvres  contractent  une  adh^ 
rence  qu'on  est  obligé  de  diviser  au  temps  du  mariage.  Juges 
des  moèun  des  peuples  qui  ont  besoin  de  tous  ces  moyens  pour 
être  chastes  f  Ils  ne  croient  point  à  la  vertu  des  femmes ,  pure 
qu'ils  savent  combien,  dans  leurs  ardens  climats,  h  nature 
commande  avec  force.  Un  peu  de  chaleur  dans  l'atmoapbèra 
change  bien  les  idées  des  hommes. 

{GfMuiieM  les  articles EvtruQVS,  Sbxbs»  GiN^mx* 

TION  ,  &C.  (V.) 

CASUEL ,  dénomination  donnée  p»r  quelques-uns  aq^ 
Caso^r.  Fo^s  ce  mot.  (S.) 

CATACLYSME.  FoyeM  DiLvos.  (Pat.) 

CATACOUA  ,  KAKATOUA.  C'est  le  KakatoJm,  bdln 
•spèce  de  |>erroquet«  ConêuUn  l'article  des  &AXAToif  (V«) . 


C  A  T  «99 

■  CATACRA.  C'est  la  cri  et  le  nom  d'un  biseau  de  rivagc| 
du  golfe  du  Mexique  ;  il  est  ,  dit-on  ^  gros  comme  anfai^ 
'^an  :  il  a  les  jambes  plus  hautes ,  et  le  plumage  d'un  gris  ar- 
doisé. (ViïiLi..) 

CATALEPTIQUE,  C'est  le  DitàcociPHALE  he  Vmoi^ 
NIE.  Voyez  ce  mot.  (B.) 

'  CATALPA.  C'est  une  esjièce  du  genre  des  Bionojnss. 
Jussieu  et  Ventenat  en  ont  fait  un  genre  nouveau  qui  a  pour 
caractères  un  calice  divisé  en  deux  parties;  une  corc^e  cam* 
panulée  ^  à  tube  venlru  ,  à  limbe  à  quatre  lobes  inégaux  i^ 
ondulés  sur  leurs  bords  ;  deux  étamines  fertiles ,  et  trois  iila- 
mens  stériles  ;  un  ovaire  supérieur  à  stigmate  bilamellé.  Le 
fruit  est  une*  capsule  en  forme  de  silique  >  alongée  ,  cylindri- 
que ,  bivalve ,  à  semences  munies ,  à  leur  sommet  et  à  leur 
base  ^  d'une  ajle  membraneuse  aigrettée  sur  ses  bords.  Voyem 
au  mot  BiGNONE.  (B.) 

CATAPHRACTE ,  Caiaphractua  ,  genre  de  poissons  d» 
la  division  des  Abdominaux  ,  établi  par  Bloch,  pour  placer 
quelques  espèces  du  genre  SiLvas,  qui  s'écartent  du  carao- 
1ère  de  ces  aemiers.  Voye*  au  mot  Silure. 

Le  caractère  de  ce  nouveau  genre  consiste  dans  le  corpi^ 
"cuimssé,  ei  l'ouverture  de  la  bouche  en  avant. 

On  compte  quatre  espèces  qui  s'y  réunissent ,  savoir  : 

Le  Cataphracte  c6tk,  Siktrua  cosiatua  Linn. ,  qui  a  la 
nageoire  postérieure  du  dos  charnue ,  un  seul  rang  d'ecaillea 
de  chaque  cdté ,  et  la  queue  fourchue.  11  se  trouve  dans  le^ 
mers  du  Brésil  et  de  l'Inde.  Il  est  figuré  dans  Gronovius*^ 
dans  Bloch ,  et  dans  l'Histoire  naturelle  des  poiaêonê  ,  faisant 
suite  au  Buff>n ,  édition  de  Déterville.  Sf|  chair  est  peu  re-^ 
'cherchée. 

La  tète  du  cataphracte  côte  est  large  et  couverte  ^n  haut 
d'une  enveloppe  osseuse  >  couverte  de  tubercules  luisans,  qui 
«'étendent  jusqu'à  la  moitié  de  la  m^eoûre  donale^  l'ouver» 
ture  de  sa  bouche  est  petite  ;  sa  mâcnoire  supérieure  avance 
et  est  héiissée  d'aspérités  ainsi  que  l'inférieure.  Ses  lèvres  sont 
garnies  de  six  barbillons ,  dont  les  deux  de  la  supérieure 
#ont  plus  longs.  L'ouverture  de  ses  ouïes  est  petite ,  son  opem 
cule  est  simple  ^  et  sa  membrane  est  à  cinq  rayons.  Le  corps  est 
comprimé  ^  et  montre ,  de  chaque  côté , environ  trente-quatre 
larges  écailles ,  dont  chacune  est  armée  d'un  crochet  courbé 
en  arrière.  Le  premier  rayon  des  nageoires  dorsales  et  abdo- 
minales est  aiguillonné  et  profondément  dentelé  on  ses  deux 
bords  ;  la  nageoire  caudale  est  profondément  échancrée  ; 
l'anus  est  plus  près  de  la  queue  que  de  la  tête. 

Le  Çatapuractr  caiaict^  «  Sikurug  ooflicAfê  Linn. , 


45o  C  A  T 

qui  a  la  nageoire  dorsale  postérieure  a  un  seul  rayon  ,  deux 
rangs  d 'écailles  de  chaque  côté  ,  et  quatre  barbillons.  IJ  est 
figuré  dans  Bloch  et  dans  le  BulTon  de  Déterville.  Il  habito 
les  rivièreÀ  de  l'Inde  et  de  l'Amérique  :  sa  chair  est  estimée. 
Le  CjLtATHRACTE  PONCTUÉ  a  la  télé  comprimée  ,  deux 
rangs  de  grandes  écailles  de  chaque  côté  ,  et  des  points  rou- 
ges sur  un  fond  jaune.  Il  habite  les  rivières  de  Surinam.  U  est 
'figuré  dans  Bloch  et  dans  le  Bulibn  de  Déterville.  (B.) 

CATAPHRACTE  ,  nom  spécifique  d'un  poisson  placé 
.parmi  les  Cottes^  par  Linnseus ,  et  parmi  les  Ajsfibofhores, 
par  Lacépède  :  c'est  rAspiDOPHORjs  AAMi  de  ce  dernier. 
Voyez  ce  mot.  (B.) 

C  A  T  A  P  P  A ,  Catappa  ,  genre  de  plantes  établi  par 
'Gaertner,  pour  placer  le  Bad  A  M  JER  BENJOIN  ,  dont  le  fruit 
'diftère  un  peu  des  autres  Badamiers.  Voyez  ce  mot. 

Le  catappa  a  pour  caractère  un  calice  à  cinq  divisions 
^caduques  ;  point  de  corolle  -,  dix  étamines  ;  un  ovaire  infé* 
rieur  à  style  simple  ;  un  drupe  sec ^ non  couronné^  com- 
primé y  uniloculaire  et  monosperme. 

Yenlenal  pense  que  ce  genre  ne  doit. pas  être  séparé  des 
•BabamieRs.  (B.) 

CATAPUCE.  C'est  TEusuorbe  saule.  Voyez  ce 
mot.  (B.) 

CATARACTE.  On  donne  ce  nom  aux  chutes  que  font 
brusquement  les  grandes  rîvières.  Les  plus  fameuses  calorocfe* 
sont  celles  du  Nil  dans  les  montagnes  d'Abyssinie ,  où  il  tombe, 
•dit-on ,  de  deux  cents  pieds  de  haut  ;  et  la  cataracte  ou  s(uU  du 
Niagara  y  entre  le  lac  Erié  et  le  lac  Ontario  en  Canada.  Cette 
rivière  de  Niagara ,  qui  est  regardée  comme  la  partie  supé- 
rieure du  fleuve  Saint-Laurent  ,  fait  là  une  chute  subite  de 
cent  quarante  à  cent  cinquante  pieds  perpendiculaires, 
d'après  l'estimation  du  jésuite  Charlevoix  qui  l'a  observée 
avec  soin  ^  et  qui  a  rectifié  les  exagérations  de  Lahontan  et 
du  Père  Hennepin ,  qui  lui  don  noient  environ  six  cents 
pieds.  Bufibn  dit ,  d'après  les  mêmes  exagérateurs  ^  que  «a 
largeur  ent  de  plus  a  un  quarê  de  lieue  ;  mais  Charlevoix 
«{dont  il  rapporte  lui-même  le  passage) ,  après  avoir  déterminé 
9HX  hautenr,  ajoute  :  Quanta  sa  figure,  elle  eut  en  fer  à  cheval, 
et  elle  a  environ  quatre  cents  pas  de  circonférence*  Ainsi  la 
corde  de  cette  courbe ,  qui  représente  la  largeur  de  la  rivière, 
M'ro\\  à  peine  de  deux  cent  soixante-dix  pas ,  ce  qui  est  fort 
loin  d'un  quart  de  lieue. 

Qîiund  les -rivières  ne  tombent  pas  brusquement  ,  mais 
fiuVIli\s  on\  seulement  un  cours  très^accéléré ,  on  donne  à  cet 
:>ortês  d'açcidens  le  simple  nom  de  chu^  ;  comme  la  chut» 


C  A  T  43i 

du  Rhin  à  travers  les  rochers  qui  sont  sous  lechâteati  de  Lau^^ 
fen,k  une  lieue  au-dessous  de  Schafibuse ,  et  qui  empêche' 
toute  espèce  de  bateau  de  remonter  jusqu'à  cette  ville. 

Quand  les  rivières  sont  peu  considérables  ,  quelle  que  soit 
la  forme  de  leur  chule  ,  comme  elle  est  toujours  plun  btlle. 
qu'effrayante ,  on  lui  donne  le  nom  de  casccuie.  Ainsi  le  Té-» 
véronne  fait  à  Tivoli  Tune  des  plus  belles  cascades  que  l'oo! 
<x>nnoisse. 

Presque  tous  les  pajs  de  montagnes  présentent  de  ces  sorte» 
de  chutes^  qui  sont  plus  ou  moins  intéressantes,  suivant  les 
circonstances  où  on  les  voit  :  quand ,  par  exemple ,  elles  mynï 
éclairées  d'un  beau  soleil,  elles  offrent  de  brillans  arcs-eu- 
ciel ,  et  d'autres  superbes  accidens  de  lumière^ 

Causé  des  CcUcaracies. 

C'est  ordinairement  dans  les  chaînes  de  montagnes/>ri/i»i/iV#c' 
que  se  trouvent  les  cataractes  :  cet  accident  tientà  leur  btruciure 
et  à  la  nature  des  roches  qui  les  composent.  Les  couches  de  ces. 
montagnes,  par  leur  situation  presque  verticale  et  leurcontex-r. 
ture  grenue  et  confusément  cnstallûiée  ,  sont  incomparable- 
inent  plus  sujettes  a  la  destruction  que  lescoucfaes  hon;fiontalea 
des  montagnes  secondaires.  Mais  cette  destruction  n'est  pas 
toujours  imiforme,  et  la  direction  variée  des  couches  primitif 
ves  donne  lieu  à  des  éboulemens  dans  de  certains  endroits  plu- 
tôt que  dans  d'autres.  Il  n'est  point  rare  d  e  voir ,  sui'-tout  vers  les 
flancs  des  chaînes ,  deux  montagnes  voisines  dont  les  cuu«. 
cbes  se  rencontrent  presque  à  angles  droits  :  celle  qui  est  la 

Elus  voisine  du  centre  ,  a  pour  l'ordinaire  ses  couches  parai- 
des  à  la  crêle  générale  de  la  chaîne ,  de  sorte  que  les  eaux 
qui  en  descendent ,  ont  peu  de  prise  sur  les  couches  qui  se 
présentent  en  travers  ;  mais  lorsqu'à  la  suite  de  celles-ci ,  les 
eaux  en  trouvent  d'autres  qui  sont  parallèles  à  leurs  cours , 
dles  enfilent  leurs  interstices,  elles  les  pénètrent^  eUes  les  ron- 
gent ;  bientôt  il  se  forme  des  éboulemens  ;  les  roches  se  bri- 
dent ,  leurs  débris  sont  entraînés  ;  la  destruction  fait  des 
progrès  ;  et  enfin  il  se  creuse  un  abime  où  se  précipite  le 
torrent.  (Pat.) 

CATARACTE ,  nom  appliqué  au  Manchot  dAUTEun  ^ 
et  au  Guillemot.  Ployez  ces  mots.  (Viejll.) 

CATARACTES.  Aristote  a  parlé  ,  sous  ce  nom ,  d'un 
oiseau  marin, qui  tombe  sur  Teau  comme  un  traita  pour  y 
saisir  sa  proie.  L'on  pense  généralement  que  cet  oiseau  est  le 
GoELAM)  BRVM.  Fojiti  ce  xnot.  (S.) 


45a  C  A  T 

CATECHU.  C'est  le  Cachou.  Voyez  au  mot  Acacis  4 
Cachou.  (B.) 

GATERÊTES.  Herbst  et  Illiger  ont  donné  ce  nom  à  on 
^enre  (f  insectes  >  dans  lequel  ib  font  entrer  le  spheridiam 
puJkccwiwn  y  le  dermeatea  urHcœ ,  etle-dermeslespedicula-' 
riuê  de  Fabricius.  Latreille  ayant  fait  le  genre  Protbine, 
des  deux  premiers  de  ces  insectes ,  et  le  genre  Cerqujs  dU 
troisième  ,  nous  renvoyons  à  ces  articles.  (O.) 

CATESfiÉE>  Caiesbcoa.  C'est  un  arbrisseau  épineux  de 
kl  iétrandrie  monogynie ,  et  de  la  famille  des  Rubiacées  « 
dont  les  feuilles  sont  opposées ,  petites ,  ovales ,  et  sortant  pav 
bouquets  sur  le  vieux  bois  ;  les  épines  également  opposées  ^ 
droites  ot  ouvertes  ;  les  fleurs  jaunâtres  ,  très-longues  ,  petk^ 
dantes ,  et  solitaires  dans  les  aisselles  des  feuilles  supérieures.  < 

Chacune  de  ces  fleurs  consiste  en  un  calice  très-petit ,  su- 
périeur, persistant, à  quatre  dents  pointues  ;  en  une  corolle 
monp pétale  ,  infundibuliforme  ,  à  tube  long  ,  grêle  vers  sa 
base ,  et  divisé  en  quatre  parties  à  son  sommet  ;  quatre  éta- 
mines  égales  ;  un  ovaire  inférieur ,  arrondi  ,  chargé  d'un 
style  filiforme  de  la  longueur  de  la  coroUe  ,  et  à  stigmate 
Ample. 

lie  fruit  est  une  baie  ovale ,  couronnée ,  uniloculaire ,  et 
qui  contient  j^usieurs  petites  semences  angulaires. 

Cet  arbrisseau  croit  aans  l'île  de  la  Providence.  Son  fruit, 
qui  e5t  de  la  grosseur  d*un  œuf  de  poule ,  est  d'une  agréable 
acidité ,  et  a  une  bonne  odeur. 

Il  y  a  encore  une  autre  espèce  de  catêshèe  qui  vient  à  la 
Jamaïque , et  qui  est  figurée  dans  Sloane,  a,  tab.  207  ;  celle-ci 
a  la  fleur  plus  petite ,  et  forme  le  genre  Scolosanthx  de 
Vahl.  Voyez  ce  mot.  (B.) 

CATHA  ,  nrbre  de  l'Ai^bie  ,  dont  les  feuilles  sont  la  plu* 
part  opposées ,  ovales ,  lancéolées ,  dentées  ;  les  fleurs  blan- 
ches et  disposées  par  bouquets  axfllaires  sur  des  pédoncules 
i  ramifications  opposées  et  fourchues. 

Chacune  de  ces  fleurs  consiste  en  un  calice  monophyUe 
ayant  son  bord  velu  et  à  cinq  den(s  ;  en  cinq  pétales  ovales 
et  deux  ou  trois  fois  plus  grands  que  le  calice  ;  en  cinq  éta- 
mines ,  et  en  outre  en  un  anneau  cyatiforme  placé  entre  les 
étamines  et  l'ovaire  ;  en  un  ovaire  supérieur  ,  globuleux , 
chaîné  d'un  style  court. 

Le  fruit  est  une  capsule  oblongue  ,  cylindrique  ,  Iriloco* 
laire ,  qui  contient  une  semence  dans  chaque  loge. 

Les  Arabes  cultivent  cet  arbre  dans  leurs  jardins  ;  ils  en 
vantent  beaucoup  les  propriétés  contit)  la  peste  et  «aftrea 
)adies  :  ils  eu  mangent  les  feuilles  toutes  vertes. 


C  A  T  45$ 

*  LamarCk  pense >  avec  fondement^  que  ce  gebre  doit  éU'e 
fondu  dans  celui  des  CeïjASTKEs  ,  dont  il  ne  diiifère  pas  suffi- 
«aminent.  Voyez  ce  mot.  (B.) 

CATH£TUS ,  Cathetuê  ,  arbrisseau  à  feuilles  fasciculées  , 
petites^  ovalesy  entières,  planes , glabres, à  fleurs  axillaires>  so- 
litaires et  très-petites ,  qui ,  selon  Loureiro ,  forme  un  genre 
dans  la  dioécie  monandrie. 

Ce  genre  offre  pour  caractère ,  dans  les  fleurs  mâles ,  un 
calice  de  six  folioles  presque  rondes ,  concaves,  dont  les  trois 
extérieures  sont  plus  petites  ;  point  de  corolle  ;  six  glande 
bilobées  ;  une  étamine  à  filament  court  surmonté  de  trois 
anthères  ovales  ;  dans  les  fleurs  femelles ,  un  calice  divisé  eu 
six  parties ,  arrondies*,  concaves  ;  point  de  corolle  ;  un  ovaire 
supérieur  surmonté  d'un  style  épais  à  stigmate  trifide. 

Le  fruit  est  une  capsule  comprimée ,  arrondie ,  à  six  lobe^, 
à  trois  loges,  contenant  chacune  deux  semences  anguleuses» 

Le  camelut  se  trouve  dans  les  montagnes  de.  la  Cochin'- 
chine.  (B.) 

GATIMBION ,  Catimbium ,  genre  établi  par  Jossieu  dans 
la  monandrie  monôgynie  ,  et  dans  la  famille  des  DRYMva- 
BHisESS.  Il  ne  difiere  que  fort  peu  des  G  l  o  b  a.  Foyet  ce 
mot.  (B.) 

CATIN6U£,  Caiinga  Aublet,  tab.  sio3,fig.  i  et  9  , 
arbres  de  la  Guiane ,  dont  on  ne  connoit  pas  encore  tous  les 
caractères  de  la  fructification.  Leurs  rameaux  sont  garnis  de 
feuilles  la  plupart  opposées ,  ovales ,  oblongues ,  entières ,  par- 
semées de  pomts  transparens  ;  leurs  fruits  sont  des  noix  glo- 
buleuses dont  le  brou  est  épais  et  parsemé  de  vésicules  rem^ 
plies  d'une  huile  essentielle  aromatique  ou  musquée.  Ce  hràu 
renferme  une  coque  mince  et  dure  qui  recouvre  une  amande 
roussâtre  et  veinée.  Ces  arbres  croissent  sur  le  bord  des  rivières, 
et  ne  paroissent  diflérer  que  par  la  forme  de  leurs  fruits,  ronde 
dans  l'une  des  espèces ,  et  longue  dans  l'autre,  (fi.) 

CAT-MARIN  ,  nom  vulgaire  du  Plongeon.  Fbyeg  ce 

mol.  (ViEILL.) 

CATOPS ,  Catopê ,  nouveau  genre  d'insectes  de  la  pre- 
mière section  de  l'ordre  des  CoLÉoPTiREs ,  établi  par  l'auteur 
de  Y  Entomologie  helvétique ,  et  adopté  par  Fabricius. 

Ces  insectes  ayant  été  observés  par  Latreille  ,  avant  les  au^ 
tettrs  dont  nous  venons  de  parler ,  et  ayant  reçu  de  lui  le  nom 
générique  de  CaoïtivE ,  nous  croyons  devoir  renvoyer  à  cet 
article.  (O.) 

.    CATOTOL  (  FringiUa  cacatototl  Lath. ,  ordre ,  Fasse- 
BEAUX,  genre^  Pinson.  {Vofei  ces  deux  mots.)  Au  Mexique 

IV.  E  e 


4»4  C  A  U 

on  appelle  aûiû ,  ou  platùt  caeatoioti  un  petit  oiaeaa  de  la 
taille  de  notre  iarin.  Toute  la  partie  supérieure  de  son  corps 
est  variée  de  noirâtre  et  de  fauve  ;  toute  la  partie  inférieui^ 
Test  de  blanchâtre ,  et  ses  pieds  sont  cendres.  Son  chant  est 
foii  agréable.  11  se  lient  dans  les  plaines^  et  vit  de  la  graiite 
d»  l'arbre  que  les  Mexicains  appellent  hoauhtti.  (Vieill.) 

C  ATRAC  A.  f  oyez  Katraca.  (S.) 

CATT£ROLLES.  Quelques  chasseurs  appellent  ainsi  les 
«Ueux  souterrains  dans  lesquels  les  lapines  font  leurs  petite. 
VoyëM.LiJLViH.  (S.) 

CATTICHÈ.  C'est  ainsi  qu'on  appelle  les  trous  pratiquéf  ^ 
eoit  au  bord  des  rivières  et  des  étangs  ,  soit  au  fond  des  eaux , 
par  lesIiOUTRXS.  Woyz  ce  mol.  (S.) 

CATURE  ,  Caiurus,  C'est  uo  arbrisseau  dont  les  femllea 
iont  ahemes  ^  presque  en  cœur ,  dentées  et  velues  sur  leurs 
nervures^  dont  les  flaun  sont  dioïques ,  en  épis  ajôUaires ,  et 
-tMs-pedtes. 

Chaque  fleur  mâle  consiste  en  un  calice  tubuleux  ^m&i 
iin  trois  parties  et  eiai  froîa  éiemiaei. 

Chaque  fleur  fenell^  t^  un  calipe  d'uoe  à  Ijbqîs  fclîolet  ov«- 
ks.,  et  un  ovaire  v^  ,  aupérieur  ^  qui  aouiieat  ttoiê  stylos 
longs ,  pinnés ,  multiiides  et  colorés. 

]^  fruit  est  une  capauile  obromk ,  composée  de  trois  co-* 
^uçs  réunies  qui  ce^l^erment  cl^acuMC  une  semence. 

Cet  arbrisseau  crqji^  daM  1^  Inà^  et  d^n^  les.  4^  qui  e^ 
d^ndient. 

fii  y  a  dans  IyiLDO||B|UAet  dj9#is  L^marck  une  au^  mpeœd^ 
cOi^ure,  dont  lapquin  %  fait  un  genre  p^xlippUier  ^us  le  ooip 
4e  BoBHBiiiRii.  ITo/e»  ce  mot.(ii.) 

CAVALAM ,  nom  dooné  pf|r  Rb^de  «j^  ggiu^.^fanciii^ 
ip  linjiœus,  f^cjez  au  mot  TojjiGciiu.  (fi.) 

CAVALE ,  Vôn  dit  plus  ocdinaireuieot  Jx^^^mui^T  ,  i^mell^ 
dans  l'espèce  du  Cmbval.  f^ojtex  ce  mqt.  ($,) 

CAYAJNILLLSK ,  Çai^uiillenia ,  nom  dopné  .pi|r  Rjuis 
et  t^avon  au  genre  appelé  PouRRiiTiJK  par  Wilaenoor.  f^PX' 
ce  mot  (B.) 

GAÙCALIBE  f  Càuealiê,  genre  de  pliâtes  de  la  pentan* 
àrib  digynie ,  et  de  la  fiimille  des  Ombellifkrbs  ,  dont  le 
caractère  est  d'avoir  Tombelie  univarseHe  peu  nombreuse ,  et 
les  ombelles  parlîelies  portent  dés  flpurs ,  dont  les  extérieures 
sont  irrégulièros  et  fertiles  ,  tandis  que  celles  du  centre  sont 

£lus  petites  ^  presque  régulières  ,  et  ordinairament  alérilea. 
A  collerette  univeraellç  et  les  collerettes  pfirtielles  sont  coin* 
posées  de  folioles  simples  ^ut  Y^jp^ml  eu  iV9]|ibre  ^  ei 
•qutnt  même  quelquefoiSi  .     . 


,      C  A  U  43^ 

Chaque  fleur  oonsûte  en  cinq  pétâtes  cordiformes  ,  dont 
les  extérieurs  sont  presque  bindes  et  ibrt  grands  ;  en  cinq 
étamines  ;  en  un  ovaire  inférieur  chargé  de  deux  styles. 

Le  ^nit  est  ovale ,  oblpn^  ^  hérissé  de  pointes  roides  qui 
sont  éparses  ou  disposées  par  rangées^  et  est  composé  (]le  deu^: 
aemences  appliquées  Tund  contre  l'autre. 

Koyez  pi.  19a  des  lUustraiiona  de  Lamarck  ,  la  figujre  (]lçs 
parfies  de  la  fnictification  de  ce  genre.  ■ 

Les  caucalides ,  qu'on  appeUe  girouiUea  dai^s  qjuelque^ 
cantons  de  la  France  ,  sont  fa  pliipart  des  planfes  annîiell^ 
d'Europe.  Elles  ont  varié  en  nombre ,  selon  que  lés  Bplânislés 
y  ont  réuni  ou  en  ont  écarté  Quelques  plantes  des  genres  vbH> 
sins,  sur-tout  du  Tordylion.  (?^oy.  ce  mot.)  Elles  sont  en  cp 
moment  fixées  à  treize  espèces ,  dont  les  plus  communes  sont  : 

La  Caucalibf.  a  grande  flecr  ,  dont  le  caractère  est 
d'avoir  les  involucres  partielles  (te  cinq  feuilles ,  dont,  une 
est  deux  fois  plus  grande  que  Içs  autres. "On  là  trouvé  dans  les 
champs  de  blé  :  elle  passe  pour  àpéritiye.  tiorsque  seà  grâineA 
restent  dans  le  blé^'eÛes  rendent  le  pam  brun  ,  amer  et,  ip^ 
sain.  Il  est  difficile  de  l'en  séparer. 

La  Caucalide  âpre  ,  Tordytium  antriscMia  LinQ.  y  qui  n 
ses  involucres  pblyphylles^  ses  sénience^  ovales ,  ses  feuilles 
finement  décomposées,  et  leur  foliole  dii  mlUeu  linéaire  ^lan- 
céolée. Elle  se  trouve  dans  toute  l'Europe',  dans  les  lieux  in- 
cultes ,  le  long  des*  chemins. "*'    "       •  '" 

La  Ca.ucalid£  nodip^lore  ,  Tortfyliu^  nodosum  Lian., 
dont  les  ombelles  sont  slmplëR ,  presque'  sessOés  ,  âxillaires , 
et  les  feuilles  plusieurs  fois  décomposées.'  EUfe  se  trouve*  dana 
les  lieux  arideisV  sur  le  bord  'des  chemins.  Ses'îi^es  sont  éta^- 
lées  sur  la  terre ,  et  souvent  cachées  par  lès  plantes  les  blùs 
^tites.  '  .     •'        '   . 

La  Caucalide  a  liAROSs  feuilles  ,  doilt  l'ombelle  uni- 
Terselle  est  trifide  ,  les  partielles  à  cinq  ^«emences  ',  et'  les 
feuilles  pinnées  et  dentées  :  oii  la  trouve  '  d'ans  les  champs 
dé  blé.  .  .  .       ,    . 

Parmi  les  autres ,  il  y  en  a  une  d'Orient ,  une  du  Japon, 
et  plusieurs  propres  à  rAfiriqué.  Voyei  la  Flore  odânHau^ 
deDesfonUinfes.^1)  ^'         Y-.'  •       ^m 

C AUCj^pI^'  X^  anciens  donnoie;^t  ce  nom  à  ime  espèo» 
d'AM YRis'.  T'oyez  ce  mot.  (J.) 

C AUCANTiiE  ,  Caucanihue ,  arbnssea^u  de  l'Arabi^^ 
mentionna  par  Porskal.  Ses  feuilles  tp^it  ramasséies  aux  son^ 
mets  .des  rameaux  ,  opposées  >  orjbiçulaires  ,  ei;itière8.  $4li 
fleurs  sont  Uc^ch^  et  ais|»osé<^^  en  çofjmja^  tecvûU^iUI*'  \ 


456  C  A  V 

Chaque  fleur  consiste  en  un  calice  petit  ,  monoplylle, 
campanule  et  quinquéfide  ;  en  cinq  pétales  six  fois  plus 
grands  que  le  calice ,  ciliés  et  crépiu  d'un  c6bé  ;  en  dix  éta- 
mines  ;  en  un  ovaire  supérieur ,  ovale ,  velu ,  chargé  de  trois 
«tyles  à  stigmates  tronqués. 

Le  fruit  n'est  pas  connu  :  on  le  dit  de  la  grosseur  d'un  œuf 
de  pigeon.  (B.) 

CAUDEC  {Muscicapa  audax  Lath.^pl.  enl.  n^  453  ,fig.  % 
de  VHisL  ncU.de  Buffon,  Passereaux  ^  espèce  du  genre  du 
GoBE-MOUCHE.  Voyez  ce%  deux  mots.).  Ce  gobe-mouche k 
l'audace  et  le  courage  du  tyran.  Sa  nourriture  favorite  sont 
les  mouches  aquatiques  ;  c'est  pourquoi  on  le  trouve  le  long 
des  criques  ^  sur  les  branches  basses  des  arbres  ,  surtout  des 

Îalétuviers.  Son  bec  est  fort  crochu  et  a  treize  lignes  de  long, 
leux  couleurs  dominent  sur  son  plumage ,  le  gris  noir  et  le 
blanc.  Celui-ci  est  mêlé  de  quelques  lignes  roussâtres  sur  les 
ailes  ;  le  premier  règne  sur  le  dos ,  le  second  couvre  le  de^- 
BOUS  du  corps  avec  des  taches  noii*âtrcs  longiludinales ,  et 
forme  deux  lignes  blanches  oui  passent ,  l'une  sur  l'œil ,  et 
l'autre  au-dessous.  Une  tache  d  un  jaune  orangé  est  sur  le  som- 
met de  la  tête  et  est  à  demi  couverte  par  des  plumes  noirâtre»; 
les  pennes  de  la  queue  sont  noires  et  bordées  de  roux  :  Ion* 
gueur  totale ,  huit  pouces. 

La  femelle  est  privée  de  la  tache  jaune  qui  est  sur  la  tétera 
mâle.  (ViEiLii.) 

CAUDIMANE.  Quelques  naturalistes  désignent  par  cette 
dénomination  ,  les  animaux  qui  ont  la  queue  flexible, 
musculeuse  et  prenante ,  tels  que  les  sapajous  ,  les  sari^ 
gueSfiLc,  (S.) 

CAVËE.  C'est ,  en  terme  de  chasse  >  l'endroit  d'une  Ibrél, 
creux  et  entouré  de  montagnes.  (S.) 

CAV£QUI  ,  nom  vulgaire  du  Mimusofs  ▲  Fsuii«i«cft 
FOIN  TUES.  FoysE  ce  mot.  (B.) 

CAVERNES ,  grandes  excavations  irréguhères  formées 
dans  les  montagnes  par  les  mains  de  la  nature.  Celles  qui  aont 
l'ouvrage  des  hommes  ,  et  qui  pour  l'ordinaire  oflrent  plu»« 
de  régularité ,  telles  aue  les  travaux  des  minet  et  des  carrières , 
portent  simplement  le  nom  de  souterrains. 

Ce  n'est  guère  que  daQ3'  dés  montagnes  calcaires ,  acii  ae* 
condaires,  soit  primitives  /quW  rencontre  des  cai^em^s  z  la 
«ituation  horisontaîé  des  couches  secondaires  qui  les  fait  soth» 
porter  mutuellement,  et  l'extrême  solidité  des  marbre»  prt-> 
«ailifs  donnent  aux  voûtes  des  excavations  formées  par  Ica 
taux ,  la  faculté  de  se  soutenir  pédant  une  longo»  •viile  ém 


V 


C  A  V  45t 

•iècles  ;'  au  lieu  que  dans  les  autres  roches  >  les  élémens  hétéro* 
gènes  de  leur  pâle ,  ou  leur  tûsu  feuilleté^,  les  rendent  sujette* 
à  une  prompte  décomposition  ;  et  la  situation  verticale  de 
leurs  couches  ,  opère  des  éboulemens  dès  que  leur  baseest 
sappée  par  les  courans  souterrains  ;  de  sorte  qu'on  voit  rare- 
ment des  cauernes  considérables  dans  les  montagnes  graniti* 
ques  ou  .schisteuses.  > 

La  plupart  des  cavernes  sont  l'ouvrage  dès  eaux  qui  se  8on( 
frayé  un  passage  par  quelque  fissure  ,  étroite  d'abord ,  et 
qu'elles  ont  élargie  successivement. 

D'autres  paroissent  dues  à  la  décomposition  spontanée  de 
la  roche.,  car  une  foule  d'obsei'vations  prouvent  que  les  gran- 
des masses  pierreuses  sont  sujettes  à  une  sorte  de  cane  lo-- 
cale ,  qui  s'étend  de  proche  en  proche  comme  dau8>leftcorpa 
oiganisés. 

Quelques-unes  enfin  paroissent  avoir  été  creusées  par  une 
action  violente  et  loug-temps  continuée  des. eaux  y  amid  que 
l'ai  testent  les  profonds  sillons  arrondis  qui  subsistent  sur  leurs 
parois.  Celles-ci  peuvent ,  par  les  circonstances  qui  les  accom- 
pagnent ,  jeter  un  grand  jour  sur  certains  faits  géologique^ 
qui  me  paroissent  avoir  été  jusqu'ici  totalement  méeonnu« 
ou  négligés. 

L'un  des  phis  importans  ,  et  qui  fournit  une  explication 
naturelle  de  beaucoup  d'autres  ,  c'est  )a  grande  élévation 
qu'eurent  jadis  les  montagnes  ,  à  laquelle  je  ne  vois  pas  qu'au- 
cun géologue  ait  fait  attention  ,  et  que  la  nature  nous  atteste 
néanmoins  par  une  foule  de  témoins  irrécusables.  On  a  bien 
senti  qu'ils  révéloient  de  grandes  vérités  y  mais  à  force  d'eft- 
prit  ,  on  a  quelquefois  interprété  leurs  déposiliona  d'une 
façon  bien  extraordinaii-e. 

Les  observations  que  le  célèbre  Saussure  a  faites  sur  les  car 
vernes  du  mont  Salève  ,  sont  bien  instructives  ,  et  prouvent 
incontestablement  la  grande  élévation  primordiale  des  moJk^ 
tagnes. 

L*one  de  ces  excavations  se  trouve  près  du  sommet  du 
grand  Salève  >  qui  est  élevé  de  cinq  cent  douze  toiles  au<- 
dessus  du  lac  Léman  ;  et  les  circonstances  qu'elle  présente-^ 
démonti'enl  que  le  sommet  actuel  fut  jadis  suriqonie  de  beau- 
coup,  |)ar  d'autres  montagnes  qui  s'étendoient  graduellement 
jusqu'au  soumet  des  Alpes ,  qui  deVoient  être  alors  d'une 
hauteur  au  moins  double  ou  triple  de  celle  qui  leur  reste  ;  et 
que  c'est  de-là  que  descendoient  des  torrens  qui  faisoieut 
des  chutes  et  des  cascades  sur  les  rochei:s  qui  forment  aujour-« 
d'iiuile  sommet  du  mont  Saiève  :  c'est  sur  quoi  les  excava» 
lions  décrites  par  Saussure  ne  laisseront  nul  doute.. 


4$»  C  A  V 

'  Près  dnbord  le  plus  élevé  de  cette  montagne  y  il  ensfe  une 
espèce  de  puits  d'une  grandeur  énorme  :  il  a  cent  soixante 
pieds  de  profondeur ,  et]  plus  de  trois  cents  pieds  de  circou* 
lérencè.  Vers  le  fond  ,  il  est  ouvert  par  une  échancrure  en 
forme  de  portail ,  de  quarante  à  cinquante  pieds  de  haut , 
qu'on  voit  du  bas  de  la  montagne  ,  et  qu'on  nomme  le  trou 
de  Brifaut ,  parce  qu'à  ceUe  distance ,  il  lie  paroît  que  le  ré- 
duit d'iin  chien. 

.  lies  parois  de  ce  puits  êont  ôannelées  du  haut  en  bas  par  de 
larges  et  profonds  sillons  arrondis  ,  qui  sont  évidemment  des 
érosioiis  formées  par  uUe  énorme  masse  d'eau  qui  est  tombée 
-verticalement  d'une  grande  élévation  sur  ces  rochers ,  où  elle 
ft  creusé  cet  abîme  par  l'effet  de  sa  chute  continuée  pendant 
une  longue  suite  de  siècles;  car  Saussure  hous  apprend  que  le 
mont  Sa  lève  est  formé  de  grandes  assises  à~peu^près  horison-- 
•taies  d'une  pierre  calcaire  blanche  sur  laquelle  les  injures 
'tfe  l'air  ne  font  que  peu  d'impression  ;  et  l'on  sent  facilement 
•combien  il  a  fallu  de  temps  pour  former  une  aussi  prodi- 
-giâUse  excavation  ,  dans  une  roche  qui  s'y  oppoàoit,  non* 
^aeulement  par  la  solidité  de  son  tissu  ^  mais  encore  par  U 
^tuation  horizonbtle  de  ses  couches  épaisses  qu'il  fidloil  per- 
cer les  unes  après  les  autres. 

Ces  érosions  verticales  et  toutes  les  autres  circonstances , 
prouvent  dune  manière  si  évidente, qu'elles  sont  rouvrage 
d'une  eau  tombant  de  fort  haut ,  que  malgré  la  difficulté  de* 
irendre  raison  dé  ce  fait ,  ce  savant  observateur  n'a  pu  le  ré- 
voquer en  doute  ;  mais  pour  l'expliquer  ^  il  a  recours  a  l'hy- 
-pothèse  d'une  grande  catastrophe. 

'  Il  suppose  que  l'Océan  qui  couvroit  les  plus  hautes  monta- 
gnes .  ht  tout-à-coup  une  débâcle  ,  et  se  précipita  dans  d** 
'grandes  caveiTies  creusées  dans  Tinté  rieur  de  la  terre  ;  que 
dans  celte  retraite  subite  il  forma  divers  courans  très*put5> 
aans  ;  et  que  c'est  un  de  ces  courans  qiii  a  aiHonné  le  ptiits 
dont  il  s'agit.  (  $•  aSi .) 

Itfais  sans  chercher  à  dikculer  Ici  cette  hypothèse  ^  il  su  Sri 
de  remarquer  que  cette  excavation  ,  avec  ses  larges  et  pro- 
•fonds  sillons  arrondis,  ne  sauroit  être  l'effet  d'une  calastro- 
-phe  subite  ;  et  qu'il  n'y  a  que  la  main  lente  du  temps  qui  soit 
capable  d'impnmer  des  traces  de  cetle  nature. 

C'est  donc  bien  évidemment  la  chute  habituelle  d'un  tor- 
yeM  ordinaire  qui ,  à  force  de  temps ,  a  produit  cette  grande' 
exravafidn  ;  et  ce  torrent  n'a  pu  venir  que  d'une  suite  de 
'montagnes  trè»-élevées  au-dessus  du  sommet  actuel  du  rnoiil 
"Salève.  Voyez  Mon  ta  unes. 

On  y  trouve  encore  d'autres  cavernes  dont  la  stradnr» 


C  A  V  45» 

pronTe  avec  la  tlemière  évidence  qu'elles  sont  l'effet  da  tni« 
vaîl  des  eaux  loag-lemps  continué. 

.  Celle  que  Saussure  appelle  la  Caverne  d'Orjolmt,  du  nom 
desonpnipriétaire,  est  située  à  quelque  distance  au  couchan^^et 
un  peu  plus  bas  que  le  puits  précédent*  Saussure >  et  Orjobet 
qui  lui  servoit  de  guide,  y  pénétrèrent  par  sa  pturtie  inférieure^ 
car  elle  est>  de  même  que  le  puits,  ouverte 'par  le  haut  et  par 
le  bas.  a  Nous  entrâmes,  dit-il ,  dans  le  rocher  par  nne  grands 
9  ouverture  qui  n'est  pas  encore  qelle  de  la -caverne,  mais  une 
3»  avenue  bien  singulière  qui  conduit  à  son  ento^.  C'est  une 
^  espèce  de  grande  cheminée  éclairée  ^à  el  là  par  des  ouver- 
»  tures  irrégulîèi*ement  ovales>  que  les  eaux  ont  creusées  dan» 
9  l'épaisseur  du  rocher.  On  monte  par  celte  espère  de  canal  ^ 
9  jusqu'à  la  hauteur  pet:pendiculaire  d'environ  quatre-^îngt- 
9  dix  pieds;  et  là^  on  se  trouve  à  l'entrée  de  la  caverne  qui 
9  est  située  au  haut  de  cette  cheminée ,  et  éclairée  par  un 
9  grand  jour  qui  s'ouvre  vis-à-yis  de  la  porte. 

3»  Cette  porte  est  double. . .  On  entre  par  la  gauche  qui  e^ 
2>  d'un  accès  plus  facile,  d'environ  quinze  pieds,  sur  sept  à 
î>  huit  de  hauteur;  mais  en  avançant,  elle  s'élargit  et  s'exhausse 
3>  à-peu*près  du  double.  Le  sol  de  cette  galène. . .  s'élève  en 
9  s'avançant  vers  le  fond.  Environ  à  soixante-dix  pieds  de  l'en- 
9  trée,  la  caverne  se  rétrécit  considérablen^ent,  au  point  de 
2>  se  changer  en  un  canal  étroit  et  tortii^ux  danslequel  on  ne 
9  pénètre  qu'avec  difficulté;  et  enfin,  à  dix  ou  douze  pieda 
9  plus  loin  ,  on  ne  peut  plus  y. passer,  quoiqu'il  se  prolonge 
9  encore  plus  avant  ».  (^.  a3â.  ) 

D'après  cette  description ,  il  est  aisé  de  voir  que  ces  divers 
•ipbranchemens  de  cau^mes  ne  sauroient  être  l'effet  d'une 
opération  subite.  11  paroit  qu'il  y  avoit  deux  courans  qui  ont 
contribué  à  les  former  :  l'un  qui  tomboit  de  haut,  et  venoit 
frapper  contre  un  rocher  placé  vis^à-vis ,  qui  le  renvoyoit 
contre  celui  où  est  aujourd'hui  la  .grande  ouverture  placée 
devant  la  porte  de  la  caverne  ;  et  ses  eaux ,  que  leur  poids  et 
leur  impulsion  iaisoient  continuellement  agir  de  haut  en  bas, 
ont  creusé  peu  à  peu  le  grand  tuyiiu  de  cheminée ,  et  sont 
â^nfin  sorties  par  son  ouverture  inférieure. 

L'autre  courant  qui  a  formé  dans  l'intérieur  de  la  monn 
tagne  la  galerie  inclinée  que  Saussure  appelle  proprement  la 
saveme,  étoit  beaucoup  moins  considérable  ;cétoit  unepor- 
.tion  du  courant  supérieur  qui  s'infiltroit  dans  la  roche  avanlt 
.«d'arriver  à  la  cataracte,  et  qui  venoit  par  une  route  souter^ 
raine ,  se  joindre  aux  eaux  du  torrent ,  vis-à-vis  le  haut  de  ht 
^cheminée,  où  elles  se  précipitoient  en  commun..  . 
«  .  Jl  .est  encore  k  propos  d'observer^  que  pour  arriver  à  cistle 


440        >  C  A  V 

Caverne  par  le.hameau  du  coin,  comme  le  fit  Saussure^  il  faat 
gravir  une  montée  très-rapide  d'une  heure  et  un  quart  ;  *»t 
qu'en  montant  Ton  voit  de  grands  ix>chei*8  dont  les  faces  tail- 
lées à  pic  sont  sillonnées  vers  leur  base  d'excavations  consîdé^ 
râbles  qui  indiquent  manifestement  l'action  d'un  grand  cou** 
sant  ;  et  ce  sont  probablement  les  mêmes  eaux  qui  avoieni 
creusé  les  cavernes  situées  au-dessus/ 

En  général  9  la  structure  des  cavernes  prouve  que  si  ellear 
sont  dues  principalement  à  l'action  immédiate  des  eaux,  il  est 
arrivé  souvent  que  la  décomposition  spontanée  de  la  roclie  y 
est  entrée  pour  beaucoup  dans  leur  formation  ;  car  pour  l'or- 
dinaire ,  elles  offrent  une  suite  d'étranglemens  et  d'évaseniens 
alternatifs  :  après  des  couloirs  trè»étroils  ou  l'on  peut  à  peine 
passer  en  rampant ,  il  n'est  pas  rare  de  tix>uver  des  excava- 
tions de  plusieurs  centaines  de  pieds  en  tous  sens.  £t  il  seroit 
bien  difficile  de  concevoir  que  l'action  purement  mécanique 
des  eaux  eût  produit  cet  effet  sur  des  bancs  calcaires  ordinai-» 
remenl  1rè»-solides. 

Mais  dès  qu'une  fois  la  décomposition  s'établit  sur  un  point, 
elle  fait  des  progrès  autour  d'elle  ,  d'une*  manière  assez  ra- 
pide ,  même  sur  les  pierres  les  plus  dures  et  les  plus  saines. 

Cette  décomposition  a  quelquefois  lieu  sans  le  concours  de» 
eaux 9  par  l'effet  d'une  modification  particulière  de  la  pierre 
calcaii^^  qui  se  convertit  en  matière  saline.  Il  y  en  a  des 
exemples  multipliées,  et  il  suffit  de  citer  les  nitrières  natureBea 
de  la  Molfetàa  dans  la  Fouille,  près  de  Barri. 

Lies  couches  calcaires  de  cette  contrée  sont  sujettes  à  pré-> 
senter  ce  qu'on  appelle ,  en  langue  du  pays ,  un  pulo  :  c'est  un 
enfoncement  plus  ou  moins  considéra  oie  en  forme  d'enlon-^ 
noir.  "Le pulo  cie  la  Molfetta  a ,  suivant  Fortis,  six  cents  palmes 
napolilaines  de  tour  et  cent  vingt-sept  de  pix>fondeur.  Il  se 
forme  une  foule  de  grottes  dans  l'épaisseur  des  couches ,  et  ces 
grottes  sont  tapissées  d'un  nitre  parfait ,  à  base  de  potasse^,  qui 
ae  renouvelle  a  mesui^  qu'on  le  recueille ,  et  les  cavernes  s'a- 
grandissent proportionnellement.  Celles  dont  l'ouverture  e»t 
)a  plus  étroite  ,  et  où  un  enfant  peut  à  peine  s'introduire  la 
lampe  à  la  main,  sont  celles  où  s'opère  le  plus  rapidement  1a 
conversion  de  la  pierre  ^calcaire  en  excellent  nitre.  £t  cette 
métamorphose  est  d'au  tant 'moins  extraordinaire,  que  les  ex* 
périences  de  l'habile  chimiste  Desormes  faites  au  commence* 
ment  de  Tannée  i8oo,  ont  prouvé  entre  antres  choses,  que 
la  terre  calcaire  renferme  les  mêmes  élémens  que  la  potasse  et 
l'acide  nitrique. 

Les  pulo  de  la  Fouille  ne  sont  pas  les  seuls  exemples  de 
cette  decompositiou  de  la  pierre  calcaire  ;  Doloiaieu  Ta  ké^ 


CAV  44». 

fuemment  observa  sur  les  muraiUee  de  Maltbe^  et  soi^fout 
en  Egypte. 

C'est  probablement  à  des  décompositions  de  cette  nature  / 
qu'est  due  l'une  des  plus  grandes  et  des  plus  intéressantes  ca- 
vernes que  l'on  connoiâse  :  c'est  celle  de  la  petite  île  d'Anli^^ 
paros  dans  rArchipel,  que  Tournefort  a  si  bien  décrite^  el 
qui  est  si  remarquable  par  les  formes  merveilleuses  des  stalac- 
tites et  des  stalagmites  qu'elle  renferme ,  et  dont  l'observation 
a  confirmé  de  plus  en  plus  l'opinion  de  ce  profond  natura-* 
liste  sur  la  végétation  de  ces  suostancfts  pierreuses.  Il  faudroit 
en  effet ,  pour  contester  cette  vérité ,  vouloir  fermer  les  yeux  à 
l'évidence.  (  VoycigB  de  Tournefort,  lom.  i  ,  pag.  188.  ) 

Je  remarquerai ,  à  l'occasion  de  cette  fameuse  grotte,  que 
dans  un  ouvrage  d'histoire  naturelle  fort  répandu,  où  l'on 
donne  en  abrégé  la  description  de  Tournefort ,  le  rédacteur 
a  cru  devoir  l'embelltr  encore,  en  ajoutant  qu'elle  e§t  remplie 
d'un  grand  nombre  de  coquilles  fousUee.  C'est  une  erreur  qu'il 
importe  de  relever ,  car  le  marbre  d'Antiparos ,  dans  lequel 
cette  caverne  est  creusée,  enX primitif  ,  conséquemment  il  ne 
sauroit  offrir  le  moindre  vestige  de  corps  marins;  aassiToitr- 
pefort  ne  dit-^il  pas  un  seul  mot  des  prétendues  coquilles  ïoa^ 
siles  ;  et  il  étoit  observateur  trop  exact ,  pour  les  omettre  si 
•lies  eussent  existé. 

Parmi  les  diverses  instructions  que  fournit  l'observation  des 
cavernes ,  on  ne  doit  pas  omettre  les  preuves  qu'elles  donnent 
de  la  diminution  graduelle  de  l'Océan ,  bien  différente  de  la 
débâcle  soudaine  qu'admettoit  Saussure  ;  et  il  est  remarquable 
que  c'est  lui-même  qui  rapporte  ces  preuves  de  la  diminution 
graduelle. 

Ce  sont  des  excavations  qu'on  observe  sur  la  côte  de  Gènes  ; 
entre  Monaco  et  Vintimille  ;  elles  sont  formées  dans  un  ro- 
cher calcaire  aussi  dur  que  le  marbre  et  parfaitement  sain. 
Elles  commencent  au  niveau  actuel  de  la  mer,  et  l'on  en  voit 
en  si  grand  nombre,  que  Saussure  se  lassa  de  les  compter.  Elles 
ee  trouvent  sur  tous  les  points  du  rocher  jusqu'à  une  hauteur 
dé  deux  cents  pieds.  Ce  sont  des  enfoncemens  circulaires  qui  ont 
jusqu'à  vingt-cinq  et  même  cinquante  pieds  de  diamètre,  sur 
une  profondeur  proportionnée ,  et  qui  va  jusqu'à  cent  pieds. 

Et  comme  Saussure  a  pensé  que  ces  excavations  étoient  dues 
à  l'action  des  flots,  (c  il  faut ,  dit-il ,  que  la  mer  ait  été  dans  cet 
9  endroit  de  deux  cents  pieds  plus  haute ,  ou  le  rocher  de  deux 
»  cents  pieds  plus  bas  qu'aujourd'hui  ».  (f .  i383.  ) 

Or ,  comme  il  y  a  mille  preuves  que  la  mer  a  climinué ,  et 
qu'il  n'existe  pas  un  jseul  fait  qui  autorise  à  penser  que  les 
l'Qçhers  s'élèvent  de  deux  cents  pieds ,  il  doit  rester  pour  cons- 
i»nlj  d'après  Saussure  lui-même,  que  la  côte  de  Gènes  porte 


^43  C  A  V 

la  preuve  de  h  dimiiiution  graduelle  de  rOcéan,  au  moioa 
gnelativement  aux  demie»  deux  cenla  pieds  de  aon  abaissa 
ment. 

L'objet  qui  a  le  plus  contribué  à  donner  de  la  célébrité  aux 
grotles  el  aux  cavetnea ,  ce  sont  les  Stalactitbs  et  les  Sta- 
2«A OMITES  qu'elles  produisent.  {Foyez  ces  mois.)  Les  plus  fa- 
meuses en  ce  genre  ,  après  celle  d'Antiparos^  sont  les  grdtles 
^'Orselleit  en  FrancheA^mté,  de  ia  BtUme  en  Dauphiné  près 
du  Rlidae  à  sept  lieues  de  Ljon  ;  celle  de  Pi>oh'Holê  oans 
leDerbyshire^&c.  &C4 

.  Il  y  a  d'autres  eayemêa  qui  sont  connues  <par  les  ossemena 
d'animaux  qu'elles  renferment  y  et  qui  souvent  s'y  trouvent 
incrustés  du  mêmç  albâtre  qui  forme  les  stalactites  de  ce9 
grottes.  Tell^sont  les  cavernes  de  Baumank  six  lieues  à  l'est  dé 
Goskr  >  dans  le  pays  deBilinsMrick.  Cdle  deGailenreuth,  dans 
le  pays  de  Baréith.  Il  pah)ît  que  ces  eat^êmes ,  dans  le  temps 
OÙ  elles  se  trouvoient  au  niveau  de  la  mer ,  servoient  de  re* 
traite  aux  veaux<>marins  et  autres  amphibies  qui  vencnent  j 
mourir  ou  peut-être  y  dévorer  leur  proie. 

Celles  de  la  montagne  de  Gibraltar  contiennent  des  os  de 
auadmpèdes  mêlés  de  coquilles  de  limaçons  terrestres,  ce  qui 
»dt  juger  que  ces  os  et  ces  coquilles  ont  pénétré  dans  ces  ca-^ 
•vernes  par  les  fissures  de  la  roche  ;  et  ils  peuvent  n'être  pas 
trèsHinciens ,  qiioiqu'ib  se  trouvent  empétés  dans  une  ma- 
tière pierreuse,  attendu  que  ces  dépêls  stalactiques  se  fixrment 
en  peu  de  temps. 

Quelques  ctsp^/t0s  n'ont  de  remarquable  que  leur  étendue: 
tel  est  le  labyrihllie  de  Koungour  ^  sur  les  frontières  de  la  Si- 
bérîe.  Il  est  dans  les  collines  cypseuites  qu'arrose  la  Sylva.  Les 
anfractuositésde  ses  souterrams  ont  élé  formées  par  de  petits 
ruiâseaux  que  produit  la  fonte  des  neiges ,  et  tfoi  s'infiltrent  k 
ti*averB  les  fissures  multipliées  du  gypse.  Je  l'ai  visité  en  1 786 
avec  une  peine  infinie.  On  ne  peut  y  pénétrer  qu'en  se  cou- 
chant sur  le  ventre  ;  et  quoique  ce  fût  au  mois  de  juillet ,  il 
fallut  rompre  les  stalactites  de  glace  qui  en  fermaient  l'entrée» 
n  en  sortoit  un  vent  ei  froid  qu'il  étoit  insupportable.  A  une 
toise  seulement  de  l'entrée ,  le  thermomètre  qui  étoit  à  quatone 
degrés  de  chaleur  en  plein  air ,  descendit  k  cmq  au-dessous  de 
séro.U  est  vrai  que  dans  l'intérieur  même  du  labyrinthe,  il 
remonta  d*un  degré.  Je  ne  vis  de  totu  côtés  qu'un  mélangb 
de  glace  et  de  décombres.  A  mesure  que  les  gouUes  d'eau  tom» 
bent  de  la  Voûte,  elles  se  congèlent.  Il  faut  que  dans  Taulomne 
la  glacé  y  fonde,  sans  quoi  tout  en  seroit  rempli  ;  et  les  gêna 
du  pays  m'ont  dit ,  en  efiet,  ou'aux  approches  de  Thiver  il 
sortoit  une  épaisse  fomée  par  1  entvée  de  ooLSOUlerrain.  Fitym 

CAI.OfiJQUX. 


.C  A  'Ù  4^5 

'  3e  ne  parlerai  pas  ici  oes  catfemes  qa'on  dit  exister  sous  lt« 
Volcans ,  et  d'où  l'on  suppose  que  sont  sorties  des  montagnt  ii 
de  dix  mille  pieds  d'élévation  et  de  soixante  lieues  de  circon- 
lërence  ;  telle  que  l'Etna  qui  &st  entièrement  composé  de  ma- 
tières volcaniques.'  Consultez  rarticle  Lave  ,  où  je  fais  voir 
combien  l'existence  de  ces  cav^/'/z^^  eàt  dénuée  de  vraisenl^ 
Wance.  (Pat.) 

CAVIA;»  dénomination  brasilienne^  que  des  naturalistes 
ont  appUqiiéè  à  plusieurs  qûadiupedës ,  d'espèces  et  mèiqe 
,de  genres  différens.  (S,) 

CAVIA  COBAYA.  C'est,  suivant  Pison/le  hombrast- 
'lien  du  eçchon  d'Inde  (  HUt.  naU  pag.  \o%  ),Cobaya ,  selon  la 
itémoignage  de  M.  d'Azara ,  (  Hisi.  nai»  des  quadrupèdeê  dià 
JParoffuay ,  tome  2  de  la  traduction  française ,  page  69  ) ,  fi- 
.grille  ce  maitre  ;  et  comme  ce  surnom  n'est  guère  fait  pour 
{u^  animal  aussi  petit  que  le  cochon  d'Inde  »  ISA,  d'AsEara  con- 
jecture que~rinventeur.de  ce  nom  aura  entendu  do6a  aperea^^ 
nom  de  Vaperea ,  qu'il  aura  cru  qu'on  prononçoit  le  nom  de 
Fanimal ,  lorsqu'on  le  lui  indiquoit  »  et  qu'il  aura  écrit  cavia 
cobaya,  au  lieu  de  coba  aperea.  Quoi  qu'il  en  soit  dé  cette  con* 
jecture^il  e.st  certain  que  I'Aperea  est  un  animal  différent  du 
Cochon  b'Indbw  Voy,  ces  deux  mots.  (S.) 

C  A  VI  AL.  C'est  la  même  chose  qtie  le  caviar  y  c'est-à-dire, 
des  œufs  d'esturgeon ,  salés  et  mannes  pour  être  envoyés  au 
loin.  Voyez  Esturgeon.  (B.) 

CÀVIIiliONE ,  Tiom  spécifique  d'ttn  poisson  du  genre 
Trigle.  Voyez  c^e'dernîer  mot.  (B.) 

CAUMOUN,  espèce'  de  palmier  du  genre  Avoir  a  ,  qui 
'croît  k  Cayenne  et  dont  on  emploie  les  fruits  pour  feire  une 
liqueur  agréable  et  Une  huile  bonhe  à  hi'anger.  Le  chou  de 
*ce  palmier  est  fort  i-eclierôhé.  Voy,  au  mot  AVoira.  (B.) 

CAUNGA.  C'est  î'AWEfc  de  l'Inde.  Voyez  te  mot.  (b.) 

CAURALE  ('Aàllus  heltas  luaih. ,  pL  enl.  jo?  783  de 
YHist,  nat,deBuWbn^  ôrdfe,Éc'HASSi£R8,geilre,  Raï^e.  Voy^ 
ces  deux  mots.).  Dés  teintes  moelleuses  et  douces^  riches  quoi« 
que  sonpibres  ,  sont  sans  doute  lès  ni otîfs  qui  ont  décidé  les 
créoles  de  Cayenne,  a  d6nner  à  éet  oiséàu,  le  hdtti  de  paon  desL 

*  palétuviers  ou  petiLpaon  des  roses;  dirTôn  assure  qu'il  ne- 
',  relève  ni  n'étale  les  perlnes  de  sa  qtiéuè  cèihme  fait  Xepaon^ 

*  On  le  trouve,  itiais  assez  rarement,  dans  Tintérienr  des  terréa. 
*de  la  Guiane,  où  il  se  tient  sur  te  bord  des  rivières.  Là,  il 

vit  solitaire ,  et  se  décèle  par  un  sifflement  lent  et  plaintif  que  le 
^chasseur  sait  imiter  pour  le  faire  approcher.  Sa  longueur  esÇ 

*  d'un  pied  trois  pouces  ;  son  bèc ,  long  de  nngt-sept  lignes , 
'^^st  hoir  en  dessus'et  d'Un  blanc  de  corne  en  dessoua;  un^ 


444  C  A  Y 

coiOe  noire  'couyre.ln  tête,  avec  des  lignes  blanches  dessus  et 
dessous  roeil.  Le  brun ,  le  roux,  le  fauve  et  le  gi*is-blanc,  dis* 
tribués  en  tâches ,  en  ondes ,  en  zones  et  en  zig-zags  ,  sont  les 
ieinles  de  son  plumage  :  celte  distribution  de  couleurs  est  sur- 
tout remarquable  sur  les  ailes  et  la  queue,  dont  les  pennes  sont 
longues  et  larges.  ( Yieill.) 

CAUKIS.  C'est  le  nom  indien  d'une  petite  coquille  du 
genre  Porcslaine  ,  qui  sert  de  jnonnoie  dans  une  partie  de 
l'Afrique.  Cest  le  cypraca  moneta  de  Linn.  Voyez  au  mot 
Porcelaine.  (B.) 

CAU  VETTE ,  nom  vulgdre  du  Choucas  /en  Savoie  el  en 
Normandie.  Voye%  ce  mot  (Vieill.) 

CA  WK  ou  K£  V£L  y  minéral  composé  de  baryte  y  dé 
ierre  calcnira  et  de  spath  fluor.  Celte  matière  y  qui  n'a  que  la 
dureté  de  la  craie  y  et  qui  en  a  toute  l'apparence^  à  la  pesan- 
teur près  y  sert  le  plus  souvent  de  gangue  au  minerai  de  plomb 
du  Derbysbire.  On  l'emploie  dans  les  manufactores  de  cuivre 
de  Birmingham  ;  mais,  on  tient  secret  l'usage  qu'on  en  fait  On 
prétend  que  le  cawh  donne  de  la  ductilité  au  régule  d'anti- 
moine >  et  rend  son  grain  plu»  serré.  (Pat.) 

CAXCAXTOTOTL.  Foyéx  Cacastol.  (S.) 

C AY.  Voyez  Say.  (S.) 

C AYES  y  nom  qu'on  donne  dans  quelques  parages  y  aux 
jrocLes  qui  se  trouvent  dans  la  mer  à  si  peu  de  profondeur  qu» 
les  navii'es  peuvent  y  loucher.  (Pat.) 

C  A  YÈU.  Voyez  Mou  le.,  (S.) 

C  AYjBU  ou  CAIEU  y  petit  bulbe  ou  bouton  placé  sur  une 
racine  bulbeuse  ou  tubéreuse,  et  desliné  à  la  reproduction  da 
là  plante.  Voyez  Bulbe  et  Bouton.  (D.) 

C4.  YMAN  ,  nom  que  Ton  donne  dans  les  colonies  £ran« 
çaises  à  une  espèce  de  Crocodile.  Voyez  ce  mot.  (B.) 

CAYMAN.  Ou  donne  aussi  ce  nom  à  un  poision  du 
genre  Esoce  ,  Esox  osseus  Linn.  y  qui  se  trouve  dans  les  ri- 
vièi^s  saumaches  de  l'Amérique  septentrionale  y  parce  qu*ii 
a  par  sa  tète  et  la  dureté  de  ses  écailles,  quelques  rapporte 
fivec  le  Cbocodile  Caybian.  Voyez  au  mot  ÉsocE.  (B.j 

CAYMIRI.  royez  Saïmiri.  (S.) 

CAYO,  nom  espagnol  du  Geai.  Voyez  ce  mot.  (S.) 

CAYOPOLLIN  (DidelphU  cayojpoUin  Linn.,  éd.  i5» 
Voyez  tom.  aS^  pag.  73  ^  pi.  3 ,  de  l'édition  de  Buffon  y  par 
Sonnini.),  quadrupède  du  eeure  Sarigue,  de  Tordre  des 
Carnassiers  et  du  sous-ordre  des  Pédi mânes.  (  Voyez  ce* 
mots.  )  Le  cayopolUn  a  beaucoup  de  rapports  avec  la  mar^ 
7TU)se,]e  sarigue,  le phalanger[,  vi  tous  les  autres  quadrupôdea 
carnassiers  du  sous-ordie  des  PiniMANES.  11  est  plus  grand  , 
^  a  le  museau  plus  long  et  la  queue  plus  longue  ^ue  k  mar^ 


C  A  Y  445 

mose  f  qui  est  l'espèce  dont  il  se  rapproclie  le  plus.  Ses  yeux 
sont  simplement  bordés  de  noirâtre ,  et  n'ont  point  de  bande 
tout  autour^  comme  dans  la  marmose.  Le  dessus  et  les  côtés 
du  corps  sont  moins  gris  et  plus  fauves  ;  la  partie  inférieure 
est  d'un  jaunâtre  très-pâle  ;  la  queue  est  velue  à  sa  base ,  re- 
vêtue ensuite  d'écaillés  ^  et  eQe  est  tachetée  de  noirâtre  ;  la 
bouche  est  très-fendue  ;  la  mâchoire  supérieure  a  deux  dents 
molaires  de  moins  que  celle  du  sarigue  et  de  la  marmose. 
L'organisation  interne  de  ces  animaux  est  a-peu-près  la  même. 
Voyez  Sarioue^  Didblfhe^  Mahmosc^  &c. 

Le  cayopollln  ressemble  beaucoup  à  ces  animaux  par  la 
conformation  des  parties  intérieures  et  extérieures  ^  par  les 
os  surnuméraires  du  bassin ,  par  la  forme  des  pieds ,  par  la 
naissance  prématurée ,  la  longue  et  continuelle  adhérence 
des  petits  aux  mamelles  ,  et  enfin  par  les  autres  habitudes  de 
nature  ;  ils  sont  tous  du  Nouveau-Monde  et  du  même  climat  ; 
on  ne  les  trouve  point  dans  les  pays  froids  de  l'Amérique  ;  ils 
sont  naturels  aux  contrées  méridionales  de  ce  continent ,  et 
peuvent  vivre  dans  les  régions  tempérées.  Au  reste ^  ce  sont 
des  animaux  très-laids;  leur  gueule  fendue  comme  celle  d'un 
brochet ,  leurs  oreilles  de  chauve-souris ,  leur  queue  de  cou- 
leuvre et  leurs  pieds  de  singe ,  présentent  une  forme  bizarre , 
qui  devient  encore  plus  désagréable  par  la  mauvaise  odeur 
qu'ils  exhalent ,  et  par  la  lenteur  et  la  stupidité  dont  toutes 
leurs  actions  et  tous  leurs  mouvemens  paroissont  accom- 
pagnés. 

Liephilandre  de  Surinam  ne  paroit  être  qu'une  simple  va- 
riété de  l'espèce  du  cayopollin;  voici  la  aescription  qu'en 
donne  Séba  :  a  Cet  animal^  dit-il^  a  les  yeux  très<-brillans  et 
environnés  d'un  cercle  de  poile  brun  foncé  ;  le  corps  couvert 
d'un  poil  doux  ^  ou  plutôt  d'une  espèce  de  laine  d'un  jaune 
roux  ou  rouge  clair  sur  le  dos  ;  le  front,  le  ventre  et  les  pieds 
0ont  d'un  ^aune  blanchâtre  ;  les  oreilles  sont  nues  et  asse2 
roides  ;  il  y  a  de  longs  poils  en  forme  de  moustaches  sur  la 
lèvre  supérieure  et  aussi  au-dessus  des  yeux  ;  ses  dents  sont 
comme  celles  du  loir  ^  pointues  et  piquantes  ^  sur  sa  queue 
qui  est  nue  et  d'une  couleur  pâle  >  il  y  a  dans  le  mâle  des 
taches  d'un  rouge  obscur ,  qm  ne  se  remarquent  pas  sur  la 
queue  de  la  femeUe;  les  pieds  ressemblent  aux  mains  d'un 
singe;  ceux  de  devant  ont  les  quatre  doigts  et  le  pouce  garais 
d'ongles  courts  et  obtus  ;  au  lieu  que  des  cinq  doigts  des  pieds 
de  derrière ,  il  n'y  a  que  le  pouce  qui  ait  un  ongle  plat  et 
obtus ,  les  quatre  autres  sont  armés  de  petits  ongles  aigus.  Les 
petits  de  ces  animaux  ont  un  grognement  assez  semblable  a 
celui  d'un  petit  cochon  de  lait.  Les  mamelles  de  la  mère 
•etublent  à  celles  de  la  marmose  9. 


446  G  E  B         \ 

Ces  philandrês  ,  qui  ,  d'après  la  description  de  Séba,  jfit 
leur  comparaison  avec  le  cayopoUin ,  paroisse  ni  évidem* 
ment  appartenir  à  la  n^éme  espèce ,  produisent  ordinairement 
cinq  ou  si?c  petits.  II3  ont  la  queue  prenante  et  irès-Iongue 
Conjhie  celle  des  sapajous  ;  les  petits  montent  sur  le  dos  dp 
leur  mère  ^  et  s'y  tiennent  en  accrochant  l^eur  queue  à  U 
sienne.  Dans  cetie  situation  ,  qui  leur  est  faniijière,  elle  les 
porîe  et  transporte  avec  autajgit  de  si\rçté  que  de  légèreté.  Le 
phUandre  de  Surinam^  e$t  le  didelphis  aoraigera  de  Liin* 
useus.  (Desm.) 

CAYOU-OUASl^U  y  nom  quç  porte  le  âyoïk,  dans,  les 
terre»  du  Maragnou.  f^oye:^  Sajou.  (S.) 

CÉANOTË,  Ceanothu9 ,  genre  de  plantes  de  I^  peutan^ 
djîe  monogynie^  et  de  1^  fkmille  des  Rha^noiues,  dout  \p 
caractère'est  d'avoir  un  calice  monophylle ,  turbiné  ,  persisr 
tant  y  à  cinq  divisions  ;  cinq  pétales  creu^s  en  cuiUeron  et 
attachés  au  calice  ;  cinq  étamines  ;  im  ovaire  supérieur  trir 
gone  9  surajouté  d'un  style  divisé  en  trois  stigmates  obtus.  Le 
fruit  est  une  capsule  ou  une  baie  sèche ,  légèrement  trigone  » 
tiilocuikire  ^  qui  contient  une  semence  ovato  dans  chaque 
loge. 

t^oyez  pi.  1 39  des  Illustrations  de  Lamarck. 

Ce  genre  renferme  cinq  à  six  espèces  >  toutes  élfai^gc''^  f 
r£urope.  La  plus  côijumunç  est  la  C£anqtjb  n'v^iiiij^iQUfi , 
qui  vient  fort  pien  ety  pleine  ten'e  dans  nos  jardins»  pour\'a 
qu^on  la  couvre  pendant  les  fortes  gelées  ^  et  qui,  par  T^é- 
g^^ce  et  la  <][urée  de  sa  floraison ,  mérite  d'ltX9  empl^oyée 
]x>ur  la  décoration  des  bosquets  d'été  et  d'automne.  Çea  ca- 
ractères sont  d'avoir  des  feuilles  en  cœur,  acuminées  et  ^ 
trois  nervures  ;  les  |leu;:s  blanches,  légèrement  purpi;uiuea# 
dispçs^es  en  paniçvles  axillaires  et  along/èes.  Çettç  pjantç  a  ~ 
tige  ujn  pçu  U'ut^ente  et  de  àeux  à  trou  pieds  de  naut.  T^ 
croit  en  Caroline ,  4^ns  les  ]jieux  les  plus  arides ,  et  ip;*me 
i^appes  blanches  d'une  trè^-grande  éteijidue ,  dans  certain^ 
cantons  ou  elle  domine. 

Il  y  en  a  dans  lé  çiême  pfiys  une  autre  espèce  que  R^c^au^ 
j  a  le  preinier  découverte ,  et  a  ue  Lézermes  a  appeUe  C^Ay  ot4| 
jf ^B^o^eHYX^Lis ,  à  raison  de  la  petitesse  de  ses  t«i:^Ùles. 

La  Céajiçte  p*Asue  vient  de  Ceylan.  ]EIlle  a  les  feuilles 
aigiiçp ,  veinées ,  c(  les  panicu^ca  des  iUeurs  axillaires. 

X^a  CÉAXfUTE  n'AFRivit'E  a  les  feuilles  lancéolées,  obtuses.^ 
veinées ,  en  réseau ,  et  les  paiiici4<es  des  fleurs  term^aW 
Elle  vient  du  Cap  de  Bonne-Espérance.  O*) 

CÉBAL ,  Charleton  (Exercit.  pag.  ao.)  déaigiie  ainsi  U 
marte  zibeline.  Voyez  ZIibelims.  (S.) 

CÉBATIiE ,  C^balha  ,  pkuLe  d'^rabj^  que  For^kal  a 


^  ^  '^  441^ 

fiit  connaître.  Ses  tiges  «ont  ligneuses  et  s'entortillent  autour 

des  objets  qu'elles  rencontrent  ;  ses  feuilles  sont  alternes^  pé- 

iiolées ,  ovales  et  veineuses  ;  ses  fleurs  dioïques  et  axiUaires. 

Chacune  de  ces  fleurs  a  un  calice  de  six  folioles  alternative»- 

ment  grandes  et  petites  ;  un&  coroUe  de  six  pétales  ^  ovales , 

5 lus  courts  que  le  calice.  Les  mâles  opt  six  élamines  insérées 
ans  une  cavité  qui  est  à  la  base  de  chaque  pétale,  et  les  fe«>. 
melles  un  ovaire  trigone,  chargé  de  trois  styles  courts,  dont 
les  stigmates  sont  obtus  et  échanci'ét. 

Les  fruits  sont  des  baies  rouges  composées  de  trois  coques 
'comprimées,  réunies  par  leur  côté  intérieur,  et  un  peu  plus 
grosses  qu'une  lentille. 

Le»  Arabes  mangent  les  baies  de  c^lte  jjante ,  quoiqu'elle 
aient  un  goût  acre ,  et  ik  en  préparent  une  boisson  enivrante 
ainsi  qu'une  liqueur  dtsliUée  très-spiritueuse. 

Vanl  a- réuni  celte  plante  unx  ménUpermes ,  sous  le  nom 
de  MÉNispBRMB  COMJBSTII3LB.  Voyez  ce^mot.  (B.) 

C£BIP1R A ,  arbue  du  Brésil  dont  Fécorce  amère  et  a»- 
tringente  entre  dans  les  bains  et  les  fomentations  ordonnées 
dans  les  maladies  des  reins.  Cet  arbre  est  figuré  page  loo  des 
Planées  du  Brésil  d0  Marcgrave;  mais  on  ignore  à  quel  genre 
il  a|>partient.  (B.) 

CÉBRION ,  Cebrio,  genre  d'insectes  de  la  première  sécttoQ 
de  l'ordre  des  Gb^epTstiEs.  Les  cabrions,  confondus  avec  les 
CM/^/?«parFabricius  etRoasi,  ressemblent  beaucoup  plus  aux 
Éoupins;  mais  ils  en  dilE^rent  par  les  antennes  longues,  près* 
quesélacées,légèrenient  en  scie;  par  les  mandibules  et  lei 
mâchohres simples,  et  par  les  anlennulès  filiformes.  Le  nombtv 
des  pièces  des  tarses  doit  suffire  pour  ne  pas  les  confondre  aved 
ies  ciëtèlee.  Jh  ont  le  corps  oblçmg,  le  corcelet  trapézoïdal , 
avec  les  angles  postérieurs  treMaitians,  les  palpei  fiinormes  et 
les  tarses  composes  de  cinq  pièces.  Ils  habitent^  talie,  le  midi 
de  la  France  ;  leur  conleui*  est  d'utt  bran  fauve^  ^  peu  pluà 
claire  à  l'abdomen  et  à  la  poitriae.  Les  larves  né  sont  pas  côn* 
fraes.  (O.) 

€ËBRIONATC»  (LES) ,  &*ri^naie4^,  famille  d'insectes 
de  Tordre  d^s  CoijâoPTÈivjBs ,  étabh^  par  Latreffle ,'  et  qui  ap* 
partientà  la  première  section.  Elle  renferme  les  genres  Das- 
€{ILL| .,  ilLorà  et  GisBioN.  Fo^es  ces  mots.  (G.) 

CÈÉVS.  On  donne  ce  nom  aux  singes  a  queue  de  Fancien 
continent.  Ce  sont  les  guenons  que  les  anaens  nommoient 
ainsi,  en  grec  kébos  ;  on  en  a  &it  le  mot  c^phus,  pour  dé»!* 
gner  la  ^enon  moustac  de.  Buflfon.  ('^^^  Moustac.)  Cet 
animal  vient  de  Guinée.  Les  singes e^&ii«' sçBt  derÇsKCOPZ- 
iTHjBQUES.  Q>nsidte%  ce  mot.  (Y.) 

e£CiLI£*  Fij^dê  au  mot  Coiciu.  (^) 


4/>8  ,  CED 

CÉCILIE ,  Coiûilia ,  genre  de  Cousons  établi  par  Lacépèdè 
xlaiis  la  division  des  Apodes  ,  pour  placer  le  muraena  coeca 
de  Linnaegs,  qui  n'a  ])as  complètement  les  caracières  des 
Autres  Murènes.  VoyeM  ce  mot. 

Le  caractère  de  ce  nouveau  genre  est  d*étre  totalement 
privé  de  nageoires  et  d'y«ux ,  et  aavoir  Touverture  des  bran- 
chies sous  le  coL 

La  seule  espèce qull  renferme ,  la  CiciLiB  branderienns^ 
a  le  corps  anguiliforme  ;  le  museau  très- pointu  ;  les  denta 
aiguës  ;  huit  pcrtits  U'ous  sur  le  devant  de  la  tête  ,  sept  sur  le 
sommet,  et  sept  sur  l'occiput.- £Ue  vit  dans  la  Méditerra- 
née ,  sur  les  côtes  d'Alger ,  où  Brander  l'a  observée. 

Lacépède  observe  qu'on  doit  comparer  ce  poisson^veo 
les  Gastrobranches  ,  qui  sont  de  la  division  des  Cartila- 
gineux, et  aveugles.  On  ajoute  qu'on  doit  encore  plus  le 
comparer  avec  les  Sphagébranches  et  les  Synbranches^ 
genres  dont  ce  naturaliste  n'a  pas  parlé ,  et  qui  n'en  difi%rent 
que  parce  que  les  espèces  qm  les  composent  ont  des  yeux. 
Voyez  ces  mots.  (B.) 

CÉDO  JSULLI.  Cest  le  nom  marchand  d'une  des  plus 
belles  espèce  de  cônes ,  qui  nous  vient  de  l'Amérique  méri- 
dionale ,  et  qui  a  été  figurée  par  Dargenville,  Supp.  pi.  i  ^fig.  H. 
Voyez  CÔNE. 

Il  pareil  qu'on  a  aussi  donné  ce  nom  à  une  coquille  bivalve^ 
d'un  genre  voisin  des  Cames.  (B.) 

CÉDRAT ,  nom  donné  à  une  espèce  de  Citron.  Voyet, 
ce  mot.  (B.) 

CÈDR£  DE  BUSACCO.  C'est  le  Ctprâs  veuilles 
GLAUQUES.  Voyez  an  mot  Cyfres.  (B.) 

CÈDRE  ROUGE  ET  BLANC.  A  Cayenne,  c'est  llci* 
QUiER  CÈDRE.  Voyez  ce  mot.  (B.) 

CÈDRE  DU  LIBAN  ,  Pinus  cédrue  Linn. ,  arbre  rétt- 
nenx ,  très  -  anciennement  connu  »  qui  croit  naturellemeni 
dans  une  plaine  élevée ,  située  entre  les  plus  hauts  sommets  da 
znont  Liban ,  et  qu'on  ne  trouve ,  dit  Miller ,  dans  aucun 
.autre  lieu  du  monde.  U  appartient  à  la  famille  des  Conifères  ; 
mais  les  auteurs  ne  sont  point  d'accord  sur  le  genre  auquel 
on  doit  le  rapporter;  Tournefort  l'a  réuni  aux  iiMMM«,Justîeo 
aux  genéuriere ,  et  Linnœus  aux  Pins.  Voy,  ce  dernier  mol . 

Cet  arbre ,  que  sa  rareté ,  sa  beauté  et  l'incorruptibilité  de 
•on  bois  ont  rendu  célèbre^  a  le  port  le  plus  noble  et  le  plus 
majestueux.  Sa  tige  ne  s'élève  pas  a  une  très-grande  hauteur  , 
mais  elle  pousse  de  grosses  et  superbes  branches  «  qui  s'éten- 
dent latéi'alement  fort  au  loin ,  et  qui,  se  distribuant  en  nom» 
breux  rameaux  toujours  verts ,  forment,  par  leur  disposition 
horisoatalo  |  çomine  «utant  de  tapis  réguliers ,  uiû#  et  on- 


^    C  E  D  44» 

jioyans  ;  'k  lenr  extrémité  eUes  tombent  vers  la  terre  en  pa- 
naches ,  et  environnent  ainsi  Tarbre  d'une  ombre  très-épaisse»  1 
Les  feuiHes  qtd  les  garnissent  ont  une  teinte  rembrutiie  ;  elles 
iont  petites  et  persistantes ,  courtes ,  aiguës ,  disposées  en 
fiusceaux ,  se  recouvrant  les  unes  les  autres  ;  les  fruits  pré-* 
sentent  de  petits  cônes  arrondis  «t  droits ,  dont  la  pointe  est 
lonjours  dirigée  vers  le  ciel  ;  ils  contiennent  des  semences 
oblongues;  chacune  d'elles  est  nichée  dans  une  espèce  d'étui 
ou  de  noyau  anguleux. 

Beaucoup  de  voyageurs  ont  vu  sur  les  lieux  les  cèdres  du 
Liban  et  en  ont  parlé;  mais  il  en  est  peu  qui  se  soient  attachét 
à  les  bien  faire  connoître.  Rawolf  dit  dans  s^  voyages  qu'il 
n'y  avoit  en  1674  ,  sur  ces  montagnes ,  que  vingt-six  de  ces 
arbres  sur  pied ,  et  qu'il  n'en  a  point  trouvé  de  jeunes  qui 
pussent  les  remplacer.  Dii  temps  de  Maundrell ,  o'est-à-dira 
plus  de  cent  ans  après ,  ce  nombre  était  réduit  à  seize  ;  mais 
ce  dernier  voyagent^  assure  en  avoir  vu  parmi  les  gros  plu- 
sieurs petits  de  moindre  taiOe  ;  dans  le  nombre  des  premiers 
il  en  a  mesiiré  un  qui  avoit  trente-six  pieds  et  demi  de  circon* 
lérence ,  et  dont  les  branches  couvroienl  un  espace  de  cent 
onze  pieds  de  diamètre  ;  il  se  divisoit  à  quinze  on  vingt  pieds 
au-dessus  de  la  terre  en  cinq  branches  ,  dont  chacune  étoit 
égale  à  un  grand  arbre.  Suivant  Pôcocke  ces  fameux  cèdres 
occupent  l'encognure  d'un  vallon  exposé  au  nord  -  est ,  et 
forment  un  bois  d'environ  un  mille  de  circonférence ,  com- 
posé de  gros  arbres  et  de  plus  jeunes.  II  est  étonnant  qu'ils  ne 
se  soient  pas  plus  multiphés  dans  ce  pays ,  et  qu'on  n'en  ait 
point  trouvé  ailleurs^  puisqu'ils  réussissent  très-bien  en  Eu- 
rope ',  oà  ils  sont  maintenant  comme  naturalisés  :  on  en  voit 
beaucoup  en  Angleterre  «  et  ils  commencent  à  devenir  assez 
communs  en  France.  Celui  qui  est  au  Muséum  d'histoire  na- 
turelle ,  et  qui  s'élève  si  majestueusement  au  milieu  des  arbres 
verts  qui  couvrent  la  butte ,  fut  apporté  d'Angleterre  par  Ber- 
nard de  Jussieu  j  et  planté  en  1 734  ^  il  a  aujourd'hui  (  34  juin 
1  Soj  )  soixante-huit  ans  ;  j'ai  mesuré  la  circonférence  de  sa 
tige  À  quatre  pieds  et  demi  au-dessus  de  terre ,  elle  est  de  sept 
pieds  dix  pouces  ,  et  son  diamètre  par  conséquent  de  deux 
pieds  sept  pouces  quatre  lignes  ;  ainsi  ce  bel  arbre  a  cru  chaque 
année  en  épaisseur  de  cinq  lignes  et  demie  ou  environ. 

Le  cèdre  se  phiît  dans  les  terreins  pierreux ,  sablonneux  et 
msûgreB  ;  sa  croissance^  ainsi  qu'on  vient  de  le  voir ,  est  assez 
rapide  ;  son  bois  est  le  meilleur  qui  existe  pour  la  charpente  ; 
il  devToit  donc  être  plus  multiplié.  On  pourroit  en  couviirles 
coteaux  arides  ou  les  petites  montagnes ,  et  le  placer  dans  des 
bosquets  d'hiver ,  où  il  produiroit  uii  effet  superbe.  U  réussit 

pf 


45o  €  E  D 

également  dans  les  climatii  de  température  difl&rente  ^  cnA 

}>armi  les  neiges ,  et  supporte ,  quand  il  est  adulte^  les  Croids 
es  plus  rigoureux  ;  dans  sa  première  jeunesse  il  a  besoin 
d'être  garanti  contre  les  fortes  gelées.  Une  grande  partie  des 
jeunes  cèdres  qui  étaient  en  France  ont  péri  ^  dit  M.  de  Fe- 
uille y  à  la  suite  de  Thiver  désastreux  de  1789. 

Cet  arbre  vit  plusieurs  siècles.  On  ne  le  multiplie  que  da 
«es  graines ,  qu'on  relire  des  cônes  qu'il  produit;  on  les  sème 
dans  des  pots ,  qu'on  met  à  l'abri  du  soleil  et  des  .pluies  ;  car^ 
il  faut  que  la  terre  soit  peu  humectée  \  on  les  sépare  ensui'^ 

f>ur  n  en  mettre  qu'un  dans  chaque  pot ,  qu'on  place  aussi 
l'ombre  ;  ils  sont  gardés  dans  fa  serre  en  hiver  pendant 
trois  ans ,  après  ce  temps  on  peut  les  confier  à  Ifi  pleine  terre* 
Ija  culture  du  cèdre  est  en  général  la  même  que  celle  du  Mé* 
X.£S£.  (  Voye%  ce  mot.  )  Miller  dit  que  và^  fruits  réussissent 
mieux  dans  les  hivers  durs  que  dans  les  plus  doux^  et  il  assure 

Sue  plusieurs  de  ces  arbres^  plantés  en  Angleterre ,  y  donnent 
es  semences  qui  produisent  à  leurs  pieds  des  plantesen  abon- 
dance et  sans  aucuns  -soins. 

Le  bois  de  cèdre  est  rougeâtre ,  odoriférant  et  incorrup<» 
tible  ;  son  odeur  approche  beaucoup  de  celle  du  pin  ;  il  ne 
paroit  pas  contenir  beaucoup  de  résine.  On  rapporte  que 
les  charpentes  des  temples  d'Ephèse  et  de  Jérusalem  étoient 
construites  avec  ce  bois.  On  Ut  aussi  dans  l'histoire,  qu'on 
trouva  dans  le  temple  d'Apollon  à  Utique  des  débris  de  chai> 

Sente  faite  du  même  bois ,  qui  avoit  près  de  deux  mille  anj^ 
I.  de  Feuille  révoque  ces  faits  en  aoute  ,  parce  qu'il  pré- 
tend que  le  tronc  du  cèdre  ne  s'élëvant  pas  à  plus  de  vmgt 
Sieds  y  n'a  pu  servir  à  des  édifices  d'une  dimension  aussi  éten- 
ue  ;  il  croit  encore  moins  que  la  statue  de  Diane  ait  éti 
sculptée  sur  ce  bois ,  qui  est  mou ,  d'un  grain  înésal  et  sujet 
&  se  fendre.  H  est  plus  léger  que  le  sapin.  Quand  on  remploie, 
au  lieu  de  l'attacher  avec  des  clous  y  dont  il  se  retire  ordinai- 
rement y  il  faut  l'assujettir  avec  des  broches  du  même  bois. 

Suivant  le  rapport  des  voyageurs  il  découle  naturellement 
du  tronc  et  des  branches  de  cet  arbre  une  substance  résineuae* 
Voyez  l'article  Ri;8iKX. 

On  donne  improprement  le  nom  de  cèdr?.  &  plusieurs  ar- 
bres ou  arbrisseaux  qui  appartiennent  à  des  genres  diflerens; 
tels  sont  le  cèdre  de  Virgiiùe  ou  cèdre  rouge ,  juniperu»  Fli^ 
giniana  Liinn.  ;  le  cèare  de  Bermude  ,  Juniper  us  BermM^ 
diana  Liinu.;  le  cèdre  de  Lycïe  ^juniperue  P/iœnicea  Ijinn.; 
le  cèdre  acajou  ft  est  le  cedrel  odorant  y  cedrela  odorata  Linn.  ^ 
le  cèdre  mahogoni  ou  le  mahogon  ,  ewietnia  mahogoni  Lin  11.  ^ 
c'est  l'arbre  qui  donne  le  beau  bois  d'acajou  ^  le  cèdre  biamc^ 


O  B  H  ^         45i. 

9HpreêêU8  thuyûideê  Unn.  ;  Ip  cèdre  de  ta  Jamaïque^  theo^ 
broma  guazuma  Linn.;  le  cèdre  de  Busaccb,  cupresaus pen* 
dula  y  Linn.  ; -enfin  il  y  a  uii,e  espèce  àHciquier ,  icica  altiê" 
eima  Aubl. ,  qui  porte  le  nom  de  cèdre  rouge  ou  d'iciquier'» 
cèdre.  Voyez  dans  ce  Dictionnaire  les  mots  GEjNàvaisa^ 

CrDKRL  ,  MaHOGON  ,  ICIQUIER  et  CYPRÂa.  (D.) 

C£DR£L  ,  Cedretta.  C'est  un  très-grand  et  très-bel  arbra 
quia  beaucoup  de  rapports  avec  le  Mahooon.  U  a  les  feuilles 
alternes,  ailées^  sans  impaire, et  composées  de  folioles  ovales^ 
lakicèolées  et  entières.  Ses  fleurs  sont  disposées  y  en  grand 
nombre ,  sur  des  grappes  nombreuses  et  paniculées. 

Chaque  fleur  consiste  en  un  calice  très-petit  et  monbphylle  ; 
en  cinq  pétales  ovales ,  oblongs ,  obtus  et  droits  ;  en  cinq  éta» 
mines  ;  en  un  ovaire  supérieur ,  globuleux ,  porté  sur  un  ré- 
ceptacle un  peu  élevé  dans  la  fleur ,  et  à  cinq  angles  ;  en  un 
style  alongé  et  terminé  par  un  stigmate  obtus.  Le  fruit  est 
une  capsule  ligneuse  ^  ovale ,  à  cinq  loges ,  qui  souvre  en  cinq 
valves ,  et  a,  dans  son  milieu,  un  placenta  ligneux ,  libre  et  & 
cinq  angles ,  auxquels  sont  attachées  plusieurs  semences , 
munie»  latéialement  d'une  aile  membraneuse. 

Cet  arbre  croit  dans  l'Amérique  méridionale  ;  il  répand, 
dans  les  temps  chauds  une  odeur  désagréable ,  et  quand  oa 
rincise ,  une  gommelransparente.  On  l'emploie  dans  la  cons- 
truction  des  maisons  et  dans  la  fabrication  des  bateaux  »  des 
armoires  et  autres  meubles.  Son  bois  est  tendre ,  léger ,  aro- 
matique et  amer  ;  il  n'est  point  attaqué  par  les  insectes.  C'est 
le  cédrel  odorant  y  le  cèdre  acajou  ou  V acajou  à  planches  de 
SairU-Domingue, 

Loureiro  a  décrit ,  dans  sa  Flore  de  la  Cochinchine ,  sous 
le  nom  deCK])R£i^  romarin,  un  arbrisseau  qui  paroitse  rap^ 
procher  beaucoup  plus  des  Itébs  ,  au  dire  de  Wildenow  , 
que  de  l'arbre  dont  il  vient  d*étre  question. 

Ses  feuilles  et  ses  fleurs  sont  odorantes ,  et  passent  pour  ce- 
phaliques ,  nervines  et  diurétiques  ;  on  les  emploie  contre  les 
catarrhes  et  les  douleurs  rhumatismales.  On  en  tire,  par  la 
distillation  avec  lesprit-de-vin ,  une  liqueur  qui  ne  le  cède  pas 
k  Teau-de-vie  de  lavande,  et  à  feu  nu,  une  huile  essentielle 
extrêmement  suave.  (B.) 

G£DR[  A ,  résine  qui  découle  du  CkoRE.  Foyez  ce  mot  et 
celui  de  RÉSINE.  (S.) 

C  Ë  D  R I N  ,  nom  que  Selon  donne  au  Cini.  Foyei  ce 
mot.  (S.) 

CÉHOILOTL  ,nom  mexicain  du  pigeon  brun  de  la  Nou^ 

velle^Eapagne.  Yoyez  Fjoson*  C^O 

a 


CEIBAy  arbre  du  Sénégal  da  genre  Fbomageb.  Voyez 
ce  mot.  (B.) 

CEINTURE.  CommerFon  dbaerve  dans  les  Cabinets  d'his- 
toire naturelle  ,•  et  dans  les  niagasiti&de  curiosités  ,  dos  cein-^ 
tares  de  quelques  sauvages  de  l'Amérique  ou  des  îles  des 
Indes ,  on  a  cru  nécessaire  d'en  dire  quelque  chose  ici.  La 
plupart  des  hommes  qui. marchent  nus  gardent  un  senti- 
ment de  pudeur  qui  les  oblige  à  cacher  leurs  parties  sexuelles; 
les  nègres  se^servent'dfune^o^n^./  c-'estun  morceau  d  étoffe 
grossière  ou  nie  linge ,  dont  iJs  entourent  leurs  hanches.  Go 
mot  pagne  est  poitugais  ,  et  dérive  de  j)annus^  un  «drap.  Il 
parolt  qu'avant  l'arrivée  des  Européen&^n  Amérique ,  et  avant 
la  traite  des  noirs ,  les  hommes  sauvages  .du  Nouveau-!Monde 
et  de  la  brûlante  Afrique  marohoient  entièrement  nus  ;  on 
assure  même  que  les  peuplades  américaines  qui  sont  tr軫 
éloignées  des  établisse  mens  européens ,  .et  qui  n'ont  aucune 
communication  avec  eux  ^suivent-encore  cette  coutume  de 
rester  nus  comme  ils  sortent -du  sein  de  leur  mère ,  k  la  ma- 
nière des  animaux.  Ils  sont  si  simnles^si  remplis  d'innocence^ 
qu'ils  ne  se.  doutent  pas  même  des  lois  de  la  pudeur  ;  on  ne 
rougit  que  quand  onconnoft  déjà  le  mal  ;  l'enfant  ne  craint 
pas  de  ae  découvrir  ^  pai«ce  qu'il  est  dauit  l'âge  derinnocence^ 
ees  sauvages  sont  de  même  des  jneuplesenfans;  à  mesure  qu'oa 
se  couvre  davantage^  on  a  des  mœurs  moins  chaatea.  Une 
Chinoise  »  une  Mahométane,  toute  femme  aai.itîque ,  est  d'au* 
tant  plus  cachée  ,  plus  serrée  ,  qu'elle  seroit  plus  facile  en 
amour.  L'habitude  de  la  nudité  rend  les  aeites  indiiférens; 
c'est  le  mystère  des  appas  qui  les  rend  plus  séducteurs*,  voyes 
les  nations  les  plus  corrompues ,  ce  sont  celles  qui  ont  le  {àaa 

Srand  soin  de  cacher  leur  nudité  et  de  conserver  une  grande 
écence  extérieure  ;  les  peuple»  simples  ,  au  contraire  ,  ne 
cherchent  point  à  se  couvrir  avec  soin  ,ilsp<N*tent  dansleoie 
regards  toute  l'honnêteté  de  leur  cœur. 

Xies  efiineurêê  des  sauvages  sont  quelquefoisuu  tissu  d'herbea  » 
de  fibres  ,  d'écorces  ;  on  y  attache  aussi  des  plumes  ornées  dea 
plus  briUantes  couleurs.  Lies  insulaires  de  la  mer  du  Sud ,  lea 
Américains  recherchent  sur- tout  pour  cet  emploi  les  plumea 
des  aras ,  des  perroquets  loris ,  des  toucans ,  des  flammans  et 
aotrea  oiseaux  éclatans.  Les  Caraïbes  lissent  des  ceiniurts  dm 
paix ,  pour  donner  en  gage  d'amitié  ;  ils  les  ornent  d'un  ou 
plusieurs  rangs  de  coquiMes  appelées  pucelages  ou  cauns  , 
crprœa  moneta  de  Linn.  ;  ils  ciessnient  aussi  des  hommea, 
des  caractères  d'écriture ,  des  fleurs  et  des  animaux  sur  leurs 
csiniures.  Il  y  en  a  pour  les  jours  de  fôte ,  pour  les  temps  de 
guerre  ,  pour  les  époques  du  mariage  ,  les  funéimiUes ,  &c.  ; 


c  E  r       ^  455:. 

comme  la  làngne  dé  ces  peuples  est  imparfaite ,  ils  témoignent 
leurs  sentimenspar  divers  attributs^  et  par  le  genre  d'orne^ - 
mens  de  cette  espèce  d'habillement. 

Chess  les  peuples  pasteurs  ^  et  ceuxa  demi^-civilisis ,  la  vie 
étant  activa  et  exigeant  beaucoup  de  mouvement)  les  hommes 
se  ceignent  pour  maintenir  la  capacité  du  bas-ventre  ;  sans^ 
cette  précaution  les  hernies  ou  descentes  devîendroient  plus 
communes-:^  par  les  efforts  continuels. qu'ils-  sont  obligés  dé- 
faire dans  tous  leurs  travaux.  De  même  nous  voyons  que  le»^ 
hommes  de  peine  ,  les  crocheteurs<>  lés  meâiiiers,  les  ma- 
çons ^'&c.^  portent  des  ceintures  pour  pipévenir  tout  accident;. 
oependant>iorsque  la  ceinture  est  trop  senée ,  elle  oblige ,  dana  < 
les  grands  «éforts ,  leà  viscères  à  réagir  ^vec  violence  oonti%  - 
les  parois  du~bas*venlre>^.Ge  qui  produit  de»  hernies  ingui-*-- 
nales. 

Chez  lès  lancîéns  la  ceinture  étoit  une  partie  nécessaire  du; 
vêlement  ;  elle  portoit  l'argent,  comïnele  témoigne  le  pro-- 
verbe  :  Bonne  renommée  vaut  mieux  qwe  ceinture  dorée, 

n  y  a  voit  aussi  un  autre  geure.de  ceinture ,  qui  ressembloit 
à  celle  de  Vénus  y  à  cette  ceinture  des  Grâces ,  dont  la  puissance 
sur  les  cœurséloit  inévitable  ;  c'étoit  la  ceinture  de  la  jeune 
vierge  qui  passoit  dans  les  bras  d'un  époux  ;  détacher  la  cein- 
ture j  sottfere  zonam  ,  étoit  consommer*  le  mariage.  Il  est  dilT' 
dans  l'Ëcriture  sainte  ;  que  les  prostituées  se  tenoient  dans  les- 
carrefours  y  ayant  leurs  ceintures  prèles  à  être  détachées.  La 
ceinture  des  vierges* romaines  étoit  ae  laine  blanche ,  et  noué» 
d'un  nœud'singulier,  qu'on  appeloit  nœud  d'Hercule  ;  c'étoit 
une  allusion *à  la  fidélité  et  à  la  pudeur  que  l'épouse  doit  con- 
server sans  cesse  j  et  à  l'amour  constant  qjtie  l'époux*  doit  té- 
moigner pour  edle. 

Les  maris  jaloux  ont  imaginé  d*aiiitres  ceintures  dé  idrgiL 
ml^^qui  sont  plutôt  les  liens  d'une  odieuse  et  flétrissante  cap- 
tivité. C'est  une  zone  qui  entoure  les  hanches  et  qui  sup» 
rrte  une  autre  ceinture  passant  sur  les  parties  naturelles  de 
femme,  de  sorte  que  toute  union>«exuelle«st  impossible': 
on  laisse  de  petites  ouvertures  poui*  la^sortiédeexcrétions  na» 
turelles.  On  vok,  en>> Italie ,  en  Espagne*,  de»  maris  offrir , 
le  lendemain  de  leurs  noces  ,  cette  ignomineuse  ceinture  à 
leurs  épouses;  c'est  insulter  à  leur  vertu  et  à  leur  honneur; 
c'est  tyranniser  et  avilir  son  épouse ,  et  la  croire  incapable  de 
garder  la..fidélité*  Quoique,  le  mari  garde  seul  la  clef  de  cette 
ceinture  ,  et  qail  soit  le  geôlier ,  le  cerbère  vigilant  de  sa 
femme ,  celle-ci  cherche  souvent  à  le  tromper ,  cequ  elle  n'eût 
peut-être  pas  fait  si  elle  fût  demeurée  libre  \  car  la  contrainte* 
engendre ledesirderindépendance,  nitimurin  uetitum sem^ 


454  C  E  L 

per;  l'amour  Mit  foirer  des  clefs  ou  les  soustraire  aux  Argiu; 
une  femme  dont  on  méprûe  la  vertu ,  peut  se  rendre  mé- 
j)rûab]e  en  effet  par  désir  de  vengeance.  Maris  imprudens , 
soyez  plus  confian»  en  vos  femmes  ;  tout  votre  art  sera  inu- 
tile contre  celle  qui  voudra  vous  tromper  ;  s'il  est  dans  votife 
destinée  d'avoir  une  épouse  infidèle  y  faites  qu'elle  rousisse 
élernellement  de  sa  faute ,  en  reconnoissanl  que  vous  eties 
digne  d  un  plus  fidèle  amour,  et  qu'elle  devoit  plus  de  cons- 
tance à  votre  tendresse  et  à  votre  estime  pour  elle.  (V.) 

CEINTURE  D* ARGENT,  nom  d'un  çoisson  du  genre 
Tbichiure,  Trichiurua  lepiurus  Linn.,  qui  habite  les  men 
de  la  Chine  et  du  Brésil.  Fbjn  au  mot  Tbichiubs.  (B.) 

CELA.  Dans  Unnasus  c'est  la  mésange  noire  ;  dans  iEIiea 
c'est  le  PiXiiCAN.  Foy.  ce  mot  ainsi  que  celui  de  M£sanok.(S.) 

GÉLASTRE  ,  Celastrus ,  eenre  de  plantes  de  la  pentandrie 
monogynie  y  et  de  la  famille  des  Rhamnoïoes  ,  dont  le  carac-* 
tère  est  d'avoir  un  cab'ce  très-petit,  à  cinq  lobes;  une  coroUe 
de  cinq  pétales  onguiculés  et  ouverts;  cinq'  étamines;  un 
ovaire  supérieur,  ovale,  conique,  chargé  d'un  style  court  à 
«tigmate  obtus  et  trifide  ;  cet  ovaire  est  à  demi-enfoncé  dans 
lin  disque  charnu  qui  recouvre  la  base  des  pétales. 

Le  fruit  est  une  capsule  charnue ,  ovale,  obtuse,  trîgone, 
à  trois  loces ,  qui  contiennent^  chacune,  quelques  semences 
munies  a'une  tunique  propre. 

Ce  genre  réunit  trente  à  trente-deux  espèces ,  qui  sont  des 
arbres  ou  des  arbrisseaux  k  feuilles  alternes ,  à  fleurs  dispoaées 
en  bouquets  axillaires ,  la  plupart  incomplètement  connus , 
mais  que  l'Héritier  avoit  commencé  de  fixer  dans  son  Ssr» 
tum  Anglicwn ,  où  plusieurs  sont  figurés.  On  les  partage  ea 
auatre  sections,  savoir,  ceux  qui  ont  et  ceux  qui  n'ont  p^s 
d'épines,  et  dans  ces  deux  divisions,  ceux  qui  ont  on  n'ont 
pas  les  feuilles  dentées.  C'est  le  Cap  de  Bonne-Espérance  qui 
en  fournit  le  plus,  et  après  lui,  l'Amérique  :  aucune  ne  croit 
naturellement  en  Europe. 

Les  plus  communes  de  ces  espèces  sont; 

Le  Cii^ASTRE  GRIMPANT,  vulgairement  appelé  le  homrreau 
des  arbres  par  les  habitans  du  Canada^  où  u  se  trouve.  Cest 
un  arbrisseau  sarmenteux ,  sans  épines,  qui  s'élève  consi€lé«> 
rablement  par  le  secours  des  arbres  voisins ,  autour  desquels 
ÎL  s'entortille ,  et  qu'il  serre  si  fortement,  qu'il  les  fiât  ordmai- 
rement  mourir.  Ses  caractères  sont  d'avou*  les  feuilles  oblo^ 
gués ,  aiguës ,  dentelées ,  et  la  tige  grimpante ,  non  épine 
On  le  cultive  dans  les  jardins  de  quelques  cnrieux. 


C  E  L  455 

Le  CiLâSTRB  TAVXCvhi,  Celasirus  pyracaniku»  Linn., 
clont  les  épines  sont  nues^  les  rameaux  cylin^ques  et  les 
feuilles  aiguës.  Il  vienX  en  Afrique ,  mais  n'en  fleurit  pas  moins 
tous  les  ans  daa^  le  Jardin  des  Plantes  de  Paris. 

Le  CiLASTRB  OfDULé  »  dont  les  caractères  sont  d'être  sana 
épines,  et  d'avoir  les  feuilles  presque  opposées*  lancéolées, 
ondulées  ;  la  capsule  bivalve  et  polysperme.  Il  croît  à  Madar 
*  gascar  et  à  File  Bourbon ,  où  on  l'appelle  bois  de  merle. 

Le  CÉLASTRE  COMESTIBLE  y  (Jui  est  saus  épines ,  et  dont  les 
feuilles  sont  elliptiques,  dentelées,  et  les  bouquets  de  fleurs 
axiUaires  et  dichotomes«  Il  vient  naturellement  dans  l'Arabie 
Heureuse ,  et  on  en  mange  les  fruits ,  au  rapport  de  Forskal , 
qui  l'appelle  Cébathe.  Voyez  ce  mot.  (B.) 

CELÉOS.  AIdrovande  indique,  sous  la  dénomination 
de  célèos ,  le  Coureur.  Voyez  ce  mot.  (S.) 

CÉLERI,  ACH£>  PERSIL  DES  MARAIS,  Jpium 
graveoiene  linn.  ;  j^pium  dulce ,  céleri  ^italorum  Tourna , 
plante  bisannuelle  de  la  famille  des  Ombellifères,  et  appai>* 
tenant  au  genre  Persil.  (  Voy.  ce  mol.  )  Dans  son  élat  sau** 
vage,  elle  porte  le  nom  d'aehe,  et  croit  dans  les  terreins 
humides  et  marécageux.  Les  Italiens  sont  les  premiers  qui 
l'ont  tirée  des  marais  pour  la  transformer  en  plante  potagère* 
La  culture  lui  a  fait  perdre  sa  saveur  désagréaole  et  son  odeur 
forte  (  I  )•  Cette  plante  a  une  racine  pivotante  et  fibreuse,  rousse 
en  dehors  et  blanche  en  dedans  :  elle  s'élève  ordinairement  à  la 
hauteur  de  deux  pieds ,  avec  des  tiges  noueuses  et  profondé- 
ment cannelées  ;  ses  feuilles  inférieures  sont  pétiolées  et  oppo* 
sées,  les  supérieures  sont  sessiles,  en  forme  de  coin ,  et  placées 
alternativement  ;  ses  fleurs  viennent  aux  aisselles  des  feuilles  ^ 
et  quelquefois  au  sommet  des  rameaux.  On  distingue  quatro 
espèces  jardinières  de  c^i^rî,  savoir; 

Le  céleri  long  ou  tendre  ,  ou  grand  céleri  ^  dont  les  cales 
■ont  charnues ,  creuses ,  cylindriques  ,  siQonaées  à  l'extérieur  > 

(i)  Miller  prétend  que  Vache  est  nne  eipèce  trèa-dîftidcte  du 
eêUri  ouitiTé.  «Après  avoir  cultivé,  dît-îl,  vache  dans  des  îardins 
3»  pendant  quarante  ans  ,  pour  essayer  si ,  au  moyen  de  l'art  »  il  étoît 
A  possible  de  lui  procurer  la  même  saveur  qu'au  céleri ,  Je  n'ai  janaîa 
»  pu  le  faire  changer  en  rien  ;  tout  ce  que  fa  culture  peut  opérer,  est 
9  de  le  porter  à  une  grosseur  plus  considérable ,  et  de  le  blanchir  en 
»  lecourrant  de  terre;  mais  il  ne  croit  îamaîs  à  la  même  hauteur» 
»et  sa  tige  est  moins  droite  que  celle  du  céleri.  Il  pousse  pi usieun 
V  rejetons  près  de  la  racine;  et  quand  il  est  blancni^  il  conserro 
»  son  goût  acre  ,  qu'aucune  culture  ne  peot  lui  ôter  :  ainsi  {e  ne  puis 
9  douter  qu'il  ne  soit  nne  espèce  paifaitcmeat  diftiasts  de  celle  du 
9  céleri  s«  Diçtionn*  dee  Jaraimen* 


4S6  C  E  L 

et  crenaéeA  d'uB  fort  «Slon  du  c6té  opposé»'  Cette  ^Bfict  m 

{produit  deux  vaiîéléi^  ;  la  première  est  panachée  de  l'ose  4 
a  partie  charnue  de  sa  racine  ;  la  seconde  esl  le  céleri  plein, 
^  ainsi  nommé.,  parce  qne  son  caractère  essenlie]:  est  d'avoir  U 
jcôte  pleine  intérieurement ,  en  quoi  il  difiere  de  lontca  leS' 
eftpèces  de  céleri  ;  il  est  aussi  plus  tendre  ^e  les  autres,  el 
d'un  goût  plus  délicat  ;  maia  il  est  fort  sujet  a  dégénérer. 

Le  céleri  eburt ^  ou  céleri  dur,  ou  petit  céleri.  Ses  fëville» 
sont  plus  courtes  que  celles  des  précedens,  et  sa'  racine  plus 
dure,  n  est  moins  agréable  au  goût;  mais  il  a  l'avantage  paiw 
dessus  tous  les  autres,  d'être  plus  hâtif  et  moins  sensiole  à  la 
gelée. 

Le  céleri  hranchu,  ou  fourchu.  Son  nom  lui  vient  de  sa 
forme  ;  il  a  un  pivot  gros  et  court,  duquel  pai*tent  plusieurs- 
autres  pivots  plus  petit»',  qui  forment  chacun  une  plante  de 
céleri. Son  odeur  est  forte,  et  soiv  goût  doux  et  parfumé. 

Le  céleri  à  groeee  racine  ^  ou  céleri^rave,  on^céleri-'mapet^ 
Deux  caractères  essentiels  le  distinguent  des  autres  f  ses  feuilles  , 
mu  lieu  d'être  droites,  sont  couchées  sur  terre  boriaontalement 
et  circutairement,  et  sa  racine  a  la  forme  quelquefois  d'uae 
grosse  rave,  et  quelquefois  d'un  gros  navet.  Il  est  tris-déticaty 
très-parfumé  ,  sur^tout  après  qu'il  a  été  euit  D  demande  à 
être  moins  arrosé  que  les  précedens,  mais  il  exige  une  lerr» 
bien  meuble  ;  c'est  de  ce  point  que  dépend  la  srosseur  de  sa 
racine.  Cette  eepèce  a  jmduit  une  sous-varieté  veinée  de 
yooge. 

On  peut  semer  te  céleri  depuis  Te  mois  de  janvier  fusqn'i  la 
fin  de  juin  ;  cela  dépend  du  climat  et  des  fiujultés  du  culti- 
vateur. Les  premiers  semis  exigent  toujours  plus  de  soins,  è 
cause  des  gelées,  que  les  derniers  ;  on  les  fait  communément 
sous  cloche  et  sur  couche.  Le  céleri  aime ,  dans  sa  citnssance  , 
une  terfe  légère,  bien  engraissée,  fratche  et  fréquemment 
arrosée  ;  lorsqu'il  est  devenu  un  peu  fort ,  on  le  transplante 
dans  des  planches  bien  labourées  ;  quand  on  veut  le  fidre^ 
Blanchir,  on  Tempaille  fusqu'à  l'exlrémité  des  feuilles,  oo 
bien  on  le  butte  avec  de  la  terre.  Sa  graine  mûrit  en  sep- 
lembre,  et  peut  se  conserver  pendant  trois  ou  quatre  ans  ; 
mais  la  nouvelle  est  toujours  préférable» 

La  racine  de  céleri  est  une  des  cinq  racines  apéritives  m»- 
îeures  ;  les  autres  sont  celles  de  persil,  d'cupergCy  definouil 
et  de  petit  Aoftv  :  on  plate  sa  graine  parmi  les  quati^  semence» 
chaudes.  Cette  plante  est  plus  employée  dans  les  cuisines  au 'en 
médecine ,  on  la  mange  sur-tout  en  salade.  On  connt  se» 
sommités  fleuries,  et  avec  ses  ti^es  on  fait  une  conserve  trè»^ 
bonne  pour  les  maux  de  poîtnœ  et  leê  coliques  vente 


C  E  I>  407 

A»  senrance»  fenmiiseni  pou.  d'bude  -eaBeo^eOle  t  resprît-de-* 
▼in  en  sépare  un  principe  aromatique  vif.  Sa  racine,  dit 
rvitet ,  est  un  urinau^  plus  actif  que  celle  du  persil  ;  elle  est 
utile  dans  Tembarras  des  uretères  par  des  matières  pituiteuses^ 
^ns  la  colique  néphrétique  par  de»  graviers  et  sans  inflam- 
jmation  ,  dans  l'inteippérie  froide  du  foie  et  de  la  rate ,  dansa 
)u  jaunisse  par  Tobstruction  de»  vaisseaux  biliaires.  On  l'em- 
ploie sèche  »  depuis  demi-once  jusqu'à  une  Mice^en  macé- 
,«t>on  au  bain.-marie  dans  kuit  onœ.  d'eau, 

U  faut  se  défier  de  Vetcàe,  ou  du  céleri  saUinxge^^  cueilli 
dans  les  marais;  lodetur  nauséabonde  de  sa  racine  rend  çeUe 
plante  suspecte  ;  plusieurs  personnes  en  ont  éprouvé  de  mau- 
.vais  efièts.  Cependant  les  chèvres ,  les  moutons  et  quelquefina 
les  vaches  le  mangent  ;  mais  les  chevaux  n'y  touchent  pas. 

Les  anciens  courou  noient  à'ache  vert  ceux  qui  se  signar 
ioient  aux  jeux  Néméens.  (D.) 

C£L£RIN.  Les  pAcheurs  appellent  ainsi  un  poisson  da 
■genre  CLVPi,  qui  ressemble  beancoup  à  la  sartUne , tasÔB 
qui  est  plus  gros.  Il  n'est  pas  bien  certam  qu'il  soit  autre  que 
la  sardine  même.  Voyê%  au  mot  CLui^iÉ» 

On  trouve  dans  les  lacs  des  Alpes  française»  des  poissons 
qu'on  nomme  aussi  célerins  ;  et  qui  sans  donte  appartien*- 
nent  au  genre  cyprin,  mais  on  n'en  connoît  pas  Tespèce» 
^ortf»  au  mot  Cyprin.  (B.) 

CELLEPORE9  CeUepora  ,  genre  de  polypiers  dont  le 
caractère  est  d'être  presque  membraneux,  lapidescent>  à 
expansions  crustacées  ou  subfoliacées  et  très-fragiles ,  ayant 
leur  surface  extérieure  munie  de  cellules  urcéolées,  presque 
turbinées  ,  saillantes  et  labiées  à  leur  ouverture» 

Ce  genre  est  fort  voisin  de  celui  des  mâlepores  et  de  celui 
des  fiustres,  mais  il  est  composé  d*espèces  qui  sont  moina 

J>ierreuses  que  les  premières ,  et  leurs  cellules  sont  plus  sail- 
anies  que^ans  les  secondes r du  reste,  ce  qu'on  sait  sur  ces 
.deux  genres  leur  convient  ;  ainsi  on  ne  peut  que  renvoyer  le 
lecteur  aux  articles  qui  les  concernent. 

On  connoit  sept  à  huit  espècel)  de  cellépcree  ,  qui  toutes  se 
•trouvent  dans  les  mers  d'Europe ,  attachées  aux  varecs  et 
#utres  objets  qui  gissent  dans  les  eaux*  La  plus  commune  est 
la  CEiâUÈPORE  PONCJB ,  dout  le  caractère  est  d'ètte  diohotome , 
droite ,  un  peu  applatie ,  rude  au  toucher ,  fragile  ;  d'avoir  les 
cellules  globuleuses  avec  une  épine  au  bord  de  leur  ouverture. 
Cette  Ps^e  est  figurée  pi.  27 ,  ug.  F  et  3o,  fig.D  de  ÏEssaiêur 
les  Corallinee ,  par  £ilis  ;  et  ^.  3o,  fig.  S  de  la  partie  des  Kere 
du  JSuffbup  édition  de  Séterville.  (B.) 


4SR  C  E  L 

CELLULAIRE ,  Ceîlaria  j  genre  de  polrpien  dont  le 
caractère  est  d'avoir  des  liges  grêles ,  articulées ,  rameuses, 
cornées^  lapidescen  tes ,  et  dont  la  superficie  est  garnie  decellule» 
lériales  et  polypifêres. 

Ce  genre  est  intermédiaire  entre  les  escares  et  les  êertularreit; 
il  comprend  une  vingtaine  d'espèces,  dont  la  plupart  rea* 
'semblent  à  des  plantes.  Leur  base  est  composée  ae  tubidures 
horizontales;  leurs  tiges  sont  souvent  branchues,  et  ont  des 
articulations  tantôt  cornées ,  tantôt  pierreuses.  Il  se  divise  ea 
cellulaires  à  articulations  couvertes  de  cellules  dans  tous  les 
sens ,  et  à  articulations  garnies  de  cellules  sur  une  seule  face. 
Ces  ceUnles  renferment  dans  leur  cavité  des  pdypes  dont  la 
tête,  qui  en  sort  quelquefois ,  est  garnie  de  bras  radiés  sem- 
blables à  ceux  des  hydres^ et  percée,  au  centre,  d'un  trou  qui 
est  la  bouche. 

Les  espèces  de  racines  qui  attachent  lesce/Z/iibire^aux  corps 
solides,  sont  ordinairement  grisâtres  et  flexibles  pendant 
qu'elles  sont  dans  Feau ,  et  touionrs  remplies ,  dans  leur  iuté* 
rieur,  d'une  humeur  mueilagineuse ,  à  qui  Pallas  a  donné  le 
nom  de  moelle  animée.  Ces  tubes  sont  en  très-grand  nombre 
«ur  quelques  espèees ,  et  peuvent  être  comparés  aux  radicule» 
du  Ucopode  ou  du  Uerre. 

La  structure  et  l'organisation  des  eellulairee  ne  sont  pas 
uniformes  dans  toutes  les  espèces  ;  les  liges  des  unes  sont  comr- 
primées  et  composées,  dans  toute  leur  longueur,  d'un  double 
rang  de  cellules  alternes,  qui  sont  posées  de  manière  que 
toutes  leurs  ouvertures  sont  tournées  d'un  même  côté  ;  les 
tiges  des  autres  sont  articulées ,  et  leurs  articulations  con- 
sistent en  des  cellules  simples^  attachées  les  unes  aux  autres 
par  leurs  extrémités. 

Les  cellulaires  sont  toutes  marines  ;  on  les  trouve  ordi- 
nairement attachées  aux  coquillages ,  aux  rochers ,  aux 
varecs,&c. 

L'espèce  la  plus  commune  de  la  première  division,  est  le 
Cellulaire  salicob,  dont  le  caractère  est  d'avoir  une  tige 
articulée,  dichotome,  à  articulations  presque  cylindriques  , 
parsemées  dé  cellules  rhomboïdales.  Elle  est  figurée  pi.  e3 , 
fig.  A  du  Traité  des  CoralUnea  d'Ellis  ;  et  pi.  a8 ,  fig.  6  de 
la  partie  des  Fers  du  Buffbn,  édition  de  Déterville.  Elle  se 
trouve  dans  les  mers  d'Europe  et  d'Asie. 

Les  espèces  les  plus  communes  de  la  seconde  division ,  sont 

les  CSLLULAIBES  PLUMBUSES,  NÉRITINBS  et  ATICULAIRBS, 

qui  sont  figurées  dans  Ellis,  pi.  i8,  19  et  so,fig.  A  a.  (B.) 

CELLULE.  Cest  le  nom  qu'on  donne  aux  loges  que  se 
construisent  to  guêpes  et  les  abeiUes.  Quoique  Ton  a< 


C  E  L  45t, 

plus  particulièrement  le  nom  A'alçéole  aulc  cellules  des 
abeillea ,  nous  devons  néanmoins  les  compi*endre  dans  Ib 
même  article ,  puisque  la  même  dénomination  générale  leur 
appartient.  Les  cellules  des  abeilles  sont^  comme  celles  des 

fuêpes ,  de  figure  hexagone  »  mais  leur  fond  a  une  forme 
eaucoup  plus  recherchée  ;  au  lieu  d'être  plat ,  il  est  pyra- 
midal, et  composé  de  trois  losanges  égaux  et  semblables  « 
dont  les  proportions  sont  telles,  qu'elles  réunissent  ces  deux 
conditions  très-remarquables;  la  première,  de  donner  à  la 
cellule  l«i  plus  grande  capacité;  la  secoude ,  d'exiger  le  moins 
de  matière  peur  sa  construction  :  c'est  cette  figure  pyramidale 
qui  permet  aux  fonds  des  cellules  des  deux  faces  opposées  du 
gâteau ,  de  s'ajustei*  les  uns  contre  les  autres ,  de  manière  qu'ils 
ne  laissent  entr'eux  aucun  vide.  Il  en  est  de  mèm^*  du  corps, 
des  cellules  :  la  figure  hexagone  leur  permet  aussi  de  s'appfi- 
quer  immédiatement  les  unes  aux  autres,  sans  qu'il  reste 
eutr*elles  aucun  intervalle.  L'architecture  des  abeilles  sur- 
passe encore  celle  des  guêpes  dans  l'ordonnance  des  gâteaux: 
ils  n'ont ,  chez  celles-ci ,  qu'un  seul  rang  de  cellules  ;  chaque 
gâteau  porte  un  double  rang  de  cellules  chez  celles-là.  Les 
cellules  des  a.beines  à  miel  sont  horizontales,  et  celles  des 
guêpes  varient  dans  les  difiérentes  espèces  ;  elles  sont  horizon* 
'  taies  dans  le  plus  petit  nombre,  et  perpendiculaii^es  dans  le 
plus  grand  nombre.  La  position  des  cellules  des  abeilles  soli^ 
taires  varie  beaucoup  j  et  elles  ont  ordinairement  une  forme 
cylindrique. 

La  matière  qui  sert  à  la  construction  des  cellules,  n'est 
pas  la  même  pour  toutes  les  abeilles  et  les  guêpes.  On  connoit 
la  cire  employée  par  les  abeilles  à  miel  :  les  abeilles-bourdons 
se  servent  d'une  cire  très-grossière  ;  quelques-unes  emploient 
d'autres  substances ,  telles  que  les  feuiUes  de  difi'erentos 
plantes ,  l'argile ,  une  terre  délayée ,  &c.  Fresque  toutes  les 

fiêpes  construisent  leurs  cellules  avec  une  matière  semblable 
cdle  du  gros  papier  gris  ou  du  carton.  Voyez  Abeilub, 
Guêpe.  (O.) 

CÉLONITE ,  Cetonitês ,  genre  d'insectes  de  Tordre  des 
HymÎnoptâres,  et  de  ma  famille  des  Masarides.  C'est  na 
démembrement  du  genre  Masaris  de  M.  Fabricius.  L'es- 
pèce qu'il  a  nommée  apiforme  m'a  servi  de  i3rpe  ;  elle  diffèrsi 
essentiellement  de  sa  vespiforme  parses  antennes  plus  courtes 
nue  le  corcelet ,  à  articles  très-courts ,  serrés  et  presque  pas 
oistincis,  et  terminées  en  massue  globuleuse;  sa  lèvre  supé- 
rieure est  grande  ;  ses  mandibules  sont  simplement  uni- 
dentées. 


jfifr  C  E  FF 

Le  corps  dès  eéîbnites  est  d'aillencs-  proportiôniiéllênicnff 
jplus-  court  que  celui  des  masarea^- 

Otk  trouve  la  oéloniU  apifhrme  9xxx  environs  de  Mo)iN 
pellier;  elle  se  met  en  demi-boule ,  se  tient  accrochée  aux* 
plantes  avec  les  àileS'  rejetées  sur  les  côtés ,  pendantes  et 
seri*ées  contre  le  corps.  Je  tienàces^bservations-deChabrier,. 
naturaliste  de  cette  ville.  (L.) 

C£LSIEy.C^/Ma, genre  de* plante»  dé  la  didynamie  an- 
giospersiie,  et  de  la  famille  des  Solanj&es  ,  dont  le  caractère 
est  d'avoir  un  calice  divisé  profondément  en  cinqi parties; 
une  corolle  mono|)éiale  en  tou»y  à-  cinq  di vidons  inégales  ; 
quatre  étami nés -inégales ,  à  filamens  inclinés  et  barbus  ;  un 
ovaire  supérieur  chargé  d'un  style  de  la  longueur  des  éta- 
mines  et  dont  le  stigmate  est  obtus. 

Le  fruit  est  une  capsule  arix>ndie ,  applatiê  en  &8sa»  avec 
une  pointe>  environnée  à  sa  base  par  le  calice ,  et  partagée  in- 
térieurement en  deux  loges  ^  qui  contiennent  des  semences 
petites  et  nombreuses. 

Foyez  pi.  53â  des  ///iM/m^/KrdeLamarck,  ou  cegenre 
est  figuré. 

Les  celaiea  sont  au  nombre  de  quatre  à  cinq  espèces,  crtii 
croissent  naturellement  dans  la  Tuirquie  d'Asie  et  les  contrées 
adjacentes.  Elles  ne  diUèrent  des  Molànes  (  Voyez  ce  mot.  ), 
que  par  le  nombre  de  leui*s-étamines;  aussi  sont-elles  bisan- 
nuelles comme  elles.  Les  plu»  communes  dans  les  jardins  de 
Botanique,  sont  la  Celsie  nu  Levant,  â  feuilles  bipinnées, 
etlaCEj[«8H5  A  itONOS  PÉDONCULES^  Celsiçt' mxturu9.\ÀùX!k.  y 
dont  lés  feuilles  radicalessont'pinnées  en  lyre.  (B.) 

G£MAS.  Belon  prétend  que  cernas^  ou  plutôt  kèmaa,  est 
le  nom  grec  du  Cita  moi  s.  Foyet  ce  mot.  (S.) 

CENCHRIS,  nom  spécifique  d*un  serpent  d'Amérique, 
du  genre  des  Boa.  Voyez  ce  mot.  (B.) 

CENCHRITES.  Foyez  Aj«mites.  (Pat.) 

CENCCX,  nom  spécifique  d'une  couleuvre  d'Aménque. 
F'oy,  au  mot  Couleuvre.  (B.) 

CENCONTLATOTLI.  Fernandez  fait  mention  da  nio- 
fUéUTBOXiÈ  cette  dénomination  mexicaine.  Voy,  Moqueur.  (&) 

CENDREE.  Les  chasseurs  appellent  cendré»  un  trèe-^ietit 
plomb,  propre  à  tirer  les  petits  oiseaux; l'on  s'en  sert  aussi 
pour  les  bécassines,  (S.) 

CENDRÉE  DE  TOURNA  Y ,  poussière  des  foursi  chaux 
des  environs  de  cette  ville  :  c'est  un  mélange  de  chaux  et  de 
oendre  de  houille  ;  on  l'emploie  aux  mêmes  usages  que  là 

pouaaolane.  (Pat.) 


e  E  N  4g, 

CEfiTDRES.  On  a  désigné  assez  malrii-propos  sonale  nom 
.généngue  de  cendres  ^  les  substances  înétalliqaes  qui^  ayant 
perdapar  raciion  du  feu  leurx:ohérence^  leur  continuité  et  leur 
éclat,  sont  réduites  à  ^état  d'oxidç  ;  c  est  ainsi  que  les  potiers 
d'étain^par  exemple,  appellent  cendres  d'étain  ,  cendres  dm 
j}lomb^  les  oxides  de  ces  mélaux;  mais  ils  n'ont,  avec  les 
cendres,  soit  des  végétaux,  soit  de»  animaux  ,  soit  des  miné- 
rfiux ,  d'autre  ressemblance  que  l'état  pulvérulent  et  la  coulenr 
grise. 

Le  Bom  de  cendrée  ne  convient,  à  proprement  parler» 
qu'au  résidu  des  corps  organisés ,  après  leur  combustion  à 
l'air  libre.  Les  propnétés  qui  les  caractérisent ,  sont  d'étra 
inodores  dans  1  état  sec  ^  d'exhaler  une  odeur  de  lessive  dans 
l'état  iMimide  ;  d'augmenter  de  poids  dans  l'atmosphètre  ; 
d'absorber  l'eau  avec  avidité ,  et  de  la  perdre  avec  la  même 
promptitude  ;  d'imprimer  sur  la  langue  une  saveur  acre;  de 
lépandoe  dans  la  bouche  une  odeur  nrineuse;  d'ofirir ,  étant 
agitées  avec^uelques  gouttes  d'huile ,  une  espèce  d'état  savons 
neux;  de  ne  contenir  aucune  matière  charbonneuse  ;  enfin , 
de  se  rapprocher  le  plus  de  cette  nuance ,  vulgairement 
nommée  couUur  cenwrée*  Tels  sont  les  caractères  les  plus 

E^néraax  d'après  lesquek  on  peut  recohnoitre  que  le  corpa 
nileux  aX  «xtractif  a  été  parfaitement  détruit,  et  que  les 
i^ndres  sont  bien  conditionnées  ;  mais  il  paroit  difficile  » 
pour  ne  pas  dire  impossible ,  d'amener  au  même  degré  do 
bonté  les  cendres  de  toutes  les  matières  combustibles ,  d'oik 
-on  les  retire ,  et  de  tous  les  foyers  où  elles  se  préparent.  C'est 
à  la  chimie  spécialement  qu'il  appartient  d'indiquer  la  nature 
<les  parties  constituantes  aes  ctndres,  les*  procédés  emf>loyé8 
«n  grand  pour  les  appliquer  aux  arts  et  métiers  :  cette  science 
a  déjà  fait  connoitre  que  la  slaise ,  le  sable ,  des  sek  neutres  à 
différentes  bases ,  du  fer ,  des  alcalis ,  et  de  la  terre  calcaim 
convertie  en  chaux,  en  forment  les  jprincipales  ;  mais  c'est 
^ujoursà  raison  de  la  quantité  d'alcah  qui  s'y  trouve, qu'elles 
ont  plus  ou  moins  de  valeur* 

.  Le  sel  qu'on  retire  de  la  lessiye  dçs  cendres,  des  bois,  éva* 
porée  jusqu'à  siccité,  s'appelle  salin;  on  nomme  potasse  C9 
même  sel,  blanchi  pai*  la  calcination;  et  soude,  les  cendres 
^des  plantes  recueiUies  dans  le  voisinage.de  la  mer. 

Tous  les  végétaux  ne  produisent  pas  une  égale  quantité  d# 
cendres ,  les  plantes  herbacées  en  fournissent  le  plus. 

Toutes  les  plantes  ne  contiennent  pas  une  égale  quantité 
de  salin ,  les  arbustes  en  produisent  plus  que  les  ai*bres,  les 
fraiUes  plus^ue  Les  branches,  les  branches  plus  que  le  tronc. 


46»  CBN 

Cendres  de  hoU. 

Ta  plus  grande  quantité  de  potasse  qn\>n  tronve  dank  lé 
commerce ,  provient  des  cendres  de  bois  qu'on  bi'ûle  sur 
place ,  dans  les  forêts  du  nord  de  FËutope  et  de  l'Amérique  ; 
elles  contiennent  en  général  depuis  cmq  jusqu'à  dousse  à 
quinze  livres  de  scUin  par  quintal  ;  mais  on  a  remarqué  qu'un 
arbre  qui  a  végété  au  nord  et  dans  un  terrein  hume{^té^  en 
fournit  moins  que  le  même  individu  placé  dans  un  terrein 
aec  et  au  midi.  Le  bois  d'orme  en  donne  plus  que  le  chêne, 
et  ce  dernier  davantage  que  le  charme  et  le  trembla  ;  l'âge  et 
Fétat  de  l'arbre,  la  saison  où  il  a  été  coupé,  le  procédé  em* 
ployé  à  sa  combustion ,  en  font  souvent  varier  la  proportion  ; 
d'oH  il  suit  que  souvent  deux  à  trois  mesures  de  cendres  n'en 
valent  pad  une ,  quoique  provenant  du  même  végétal ,  rela- 
tivement à  la  quantité  de  potasse  qu'on  en  retire ,  car  c*eat 
toujours  de  cette  quantité  que  résulte  le  prix  qu'on  met  aux 
cendrée.  Elles  sont  réputées  de  bonne  qualité,  quand  elles 
en  produisent  dix  livres  par  quintal;  les  cendrâ  des  bois 
flottes  en  contiennent  d'autant  moins ,  qu'ils  ont  séjourné 
pins  long-temps  sur  l'eau.  Les  bois  résineux  sont  générale- 
ment les  moins  riches  en  potasse  ;  mais  c'est  une  erreur  de 
croire  que  les  bois  poonis  fournissent  peu  de  salin ,  Vexpè-- 
rience  a  démontré  qu'ils  en  donnent  le  double,  ce  qui  oifte 
une  ressource  pour  les  iabriques,  attendu  le  prix  modique 
eu  se  trouve  ce  bois  généralement  rebuté. 

Cendres  déplantes. 

Ce  sont  celles  qui  abondent  le  plus  en  potasse,  puisque 
vingt  livres  de  cendres  d'orme  ne  donnent  que  deux  livres 
d'alcali  ;  tandis  que  la  même  quantité  de  cendres  des  tiges  de 
tournesol  en  produit  le  double  ;  celles  de  blé  de  Turquie 
jusqu'à  dan  bvrea,  et  les  côtes  ou  nervures  de  tabac ,  qu'on 
rejette  dans  les  fabriques ,  huit  livres  ;  la  dépouille  ou  le  sque- 
lette des  plantes  légumineuses  et  potagères,  la  fougère,  le 
bruyère ,  les  chardons ,  les  branches  mortea,  sont  é^ilement 
fort  riches  en  potasse.  « 

D'après  ces  exemples  incontestables,  il  parottroit  qu'on 
des  meilleui's  moyens  de  se  procurer ,  en  abondance  et  par- 
tout, des  cendres  bien  chargées  de  poioâse ,  ce  seroit  de  feire 
sécher,  avant  qu'elles  aieut  porte  des  graines  â  maturité ^ 
toutes  les  herbes  qu'on  sarcle  dans  les  cliamps ,  dans  les  jar- 
dina, que  les  bestiaux  refusent  de  manger,  de  les  réduire  en 
fiQuàres  vers  la  fiji  de  l'été  ^  comme  ceh  se  pratique  dane  k% 


CBN  46S 

•nvkons  de  Paris ,  par  lea  blanchiaaenges»  Parmi  cespUnteB^ 
il  en  existe  qui  se  trouvent  réduites  à  rien  dès  qu'elles  sont 
pourries ,  tandis  que  d'autres  ne  parviennent  a  cet  élat  que 
très-difficilement 9  à  cause  de  leur  texture  dure  el  ligneuse  ; 
en  les  jetant  d'ailleurs  sur  le  fumier,  leurs  semences ^  qui 
bravent  les  effets  de  la  putréfaction ,  infestent  les  terres^  en  y 
llépandant  avec  l'engrais  le  germe  des  mauvaises  herbes. 

Cendrée  de  soude, 

EDes  sont  le  produit  de  la  combustion  à  Tair  libre  du  eaii, 
tl  de  plusieurs  autres  plantes  maritimes  qu'on  brûle  sur  les 
bords  de  la  Méditerranée,  dans  des  fosses  pratiquées  exprès, 
et  auxquelles  la  chaleur  nécessaire,  pour  les  réduire  en 
cendres ,  a  fait  subir  une  demi-^fusion ,  d'où  résultent  ces 
masses  dures  et  pesantes ,  connues  dans  le  commerce  sous  le 
nom  de  soude;  l'alcali  qu'elles  contiennent  diffère  de  celui 
des  bois,  des  plantes  et  des  lies  de  vin,  en  ce  qu'au  lieu  de  s9 
résoudre  en  eau ,  il  s'efHeusit  à  l'air,  cristallise  plus  aisément 
et  a  moins  de  causticité.  On  tire  parti  également ,  sur  les  bords 
de  l'Océan ,  et  notamment  sur  les  côtes  de  Normandie,  de 

J plusieurs  plantes  ,  telles  que  les  algues ,  les  goesmone ,  les 
ucus ,  &c. ,  en  se  servant  du  mâme  procédé  que  celui  qu'pA 
emploie  pour  la  combustion  des  différens  calis  ;  ces  cendres, 
^ui  portent  le  nom  génériaue  de  cendres  de  pareck,  con* 
tiennent  infiniment  moins  d'alcali  et  plus  de  sels  neutres ,  ce 
qui  les  i*end  par  conséquent  moins  propres  aux  usages  pour 
lesquels  on  recommande  l'emploi  de  la  soude  :  aussi  prend- 
pn  le  parti  de  ne  leur  faire  subir  aucune  préparation  pour  ke 
employer  à  l'engrais  des  terres. 

Cendres  de  gazon* 

Dans  les  recoins  négligés  des  chemins  et  de  mille  places 
gazonnées,  répandues  en  divers  lieux ,  on  peut  encore  trouver 
les  moyens  d'augmenter  la  source  des  cendres  :  voici  le  pro-* 
cédé  dont  on  se  sert  avec  succès  dans  les  pays  montagneux  , 
comme  la  Savoie ,  &c.;  il  mérite  d'autant  plus  de  confiance, 

3a'on  le  trouve  décrit  dans  le  Théâtre  d'Agriculture  d'Olivier 
e  Serres. 

Après  avoir  coupé  et  enlevé  les  gazons  aussi  minces  qu'il  est 
possiole,  avec  un  instrument  bien  tranchant,  on  les  kûase 
eécher  ;  et  pour  en  venir  à  bout  plus  promptement ,  les  uns 
les  retournent  plusieurs  fois  dessus,  dessous.,  au  soleil;  les 
autres  prétendent  qu'en  changeant  seulement  les  gazons  de 
jplace  de  temps  à  autre  sans  les  retourner^  ils  sèchent  plus 


464  _     C  E  N  .  . 

promplement  ;  une  fois  bien  séchés^  on  litilt  un  pelll  Fagot  aee 
a'environ  deux  ou  trois  pieds  de  long  et  d'un  pied  de  dis* 
mètre  ;  on  le  pose  à  terre ,  mais  soulevé  à  un  de  ses  bouts  par 
un  morceau  de  bois  qu'on  place  sur  des  gasons  mis  k  plat  les  uns 
Kir  les  aulres^  à  la  hauteur  d'environ  un  demi-pied  de  haut; 
Ôd  entoure  ce  fagot  de  gazons  posés  de  même  à  plat ,  puis  on 
continue  en  avançant  toujours  les  gazons  sur  les  fiigots^  et  on 
recommence  jusqu'à  ce  qu'ils  forment  un  tas  de  quatre  à  cinq 
pieds  (le  diamètre ,  posant  tou^urs  les  gazons  sur  les  joints 
dei  premiers,  comme  si  l'on  craignoit  que  le  feu  ne  trouTât 
qpelqu'istiue.  .11  en,  trouve  effectivement  autant  qu'il  est  uéce»« 
j^iire;  les  gazons  secs  joignent  mal ,  le  feu  resserré  se  fait  des 
roules,  il  s'anime  en  raison  de  la  difficulté  qu'il  a  éprouvée,  il 
a'iAsinue  avec  d'autant  plus  de  force  qu'il  devient  plus  violent f 
les  racines  dâs  gaasons,  en  brûlant,  lui  laissent  des  ix>utes  in- 
nombrables, et  il  se  f^dt  une  Ve}le  chaleur^  que  la  terre  rougit 
ordinairen^ent. 

Combien  de  terres  n'a-t-on  pas  améliorées  senaiblemeni pour 
avoir  brûlé  ainsi  k  leur  surÂice  des  bruyères,  des  fougères, 
des  senéls,  des  joncs  ^  et  pour  avoir  donné  en  même  temps  à 
la  pierre  calcaire  qui  se  trouve  dans  ces  fonds,  une  propriété 
analogue  à  celle  de  la  chaux?  Cette  pratique  offre  le  doubla 
avantage  de  fertiliser  puissamment  le  sol  et  de  le  purger  dea 
herbes. parasites.  On  a  toujours  renuuxiué  que  les  champs  où 
<m  brûler  sur  pied  les  chaumes  restés  après  la  moisson ,  les  an« 
ciens.  trèfles  et  les  vieilles  luzernes ,  produisent  des  récoltea 
plus  nettes  et  plus  abondantes  que  ceux  oà  l'on  n'avoit  paa 
employa  l'action  du  feu. 

» 
Cendres  grapeUes, 

Tous  les  produits  de  la  vigne  depuis  le  sarment  jusqu'à  la 
grappe,  et  depuis  la  grappe  jusqu'au  marc  de  vendange, 
sont  en  état  de  foiumir  beaucoup  de  cendrée  gra^eléea.  On 
donne  ce  nom  au  résultat  de  la  combustion  des  lies  deasé* 
ehées  et  des  menus:  tartres:  on, les  prépare  en  grand  dans  les 
pays  vignobles;  dans  d'autres,  jiu  contraire ,  ces  substances 
sont  vendues  en  nature  aux  teinturiers  et  aux  chapeliers.  U 

t^aroit  étonnant  que  dans  certaines  brûleries  on  laisse  perdre 
es  extraits  qui  se  trouvent  dans  les  chaudières  après  qu'on 
en  a  retiré  Peau-de-vie ,  lorsqu'il  seroit  possible ,  en  les  calcî* 


même  degré. 


C  E  N  465. 

Cendres  de  tourbe. 

Ces  cendres ,  semblables  à  celles  des  végétaux  dotit  elles 
sont  les  débriâ^  fournissent^  suivant  les  expériences  de  Ribau^ 
courte  dix  livres  par  quintal  de  tourbe ^  et  au  moyen  de  la 
lIxi%îation^  deux  onces  de  potasse  :  on  en  distingue  de  trois 
espèces. 

La  première ,  à  laquelle  on  donne  avec  raison  la  préfé- 
rence ,  provient  de  la  tourbe  la  plus  compacte  et  la  moins 
terreuse  ;  elle  est  pesante  ^  et  d'un  jaune  foncé  :•  on  la  retire  ^ 
des  fourneaux  des  chapeliers^  teinturieiv ,  brasseurs,  Slc,  qui 
font  usage  de  la  tourbe  sous  leurs  chaudières.  Sa  couleur 
foncée  est  due  au  fer  qu'elle  contient,  et  au  recuit  qu'elle  a 
éprouvé. 

La  seconde  espèce  est  d'un  jaune  moins  intense ,  plus  légère 
et  moins  recuite  que  la  précédente;  elle  appartient  à  une 
tourbe  moins  choisie. 

La  troisième  est  encore  plus  légère ,  presque  blanche;  c'est 
un  mélange  de  cendres  de  foyers,  produites  par  les  tourbes 
Jl^s- plus  communes  et  de  cendres  de  bois;  l)eaucoup  moins 
recherchée  que  les  deux  autres^  elle  est  aussi  inférieure  en 
prix. 

On  pourroit  former  une  quatrième  espèce  de  cendre  de 
tourbe,  en  distinguant,  celle  que  font  les  tourbiers  avec  les 
grumeaux  et  poussiers;  cette  dernière,  faite  avec  soin^  ne, 
difiere  en  rien  de  la  seconde.  La  couleur  et  la  pesanteur,  le. 
toucher  doux,  une  saveur  légèrement  saline,  sont  les  qualités 
auxquelles  il  faut  principalement  s'attacher  dans  le  choix  de 
la  cendre  de  tourbe.  On  juge  aisément  par  l'expérience ,  et 
avec  un  peu  d'attention,  si ,  pour  en  augmenter  le  poids ,  les 
marchands  de  tourbe  n'y  ont  pas  ajouté  du  sable. 

Les  cendres  de  tourbe  dont  on  a  reconnu  l'efficacité  sur  lesv 
prairies,  sont^  pour  celte  raison,  un  objet  de  commerce  dans, 
quelques  cantons.  On  en  ti-ansporle  dans  les  environs  d'Amiens 
à  sept  et  huit  lieues;  en  Hollande,  on  les  enlève  tous  les  matins 
avec  des  espèces  de  fourgons,  pour  les  vendre  au  loin,  jus- 
qu'en l'iandre  et  eu  Artois ,  sous  le  nom  de  cendres  de  mer. 
Il  seroit  à  désirer  que  par- tout  où  il  existe  des  tourhières,  on 
pût  en  profiter  poui*  suppléer  le  bois  dans  les  usines  et  les 
foyers,  il  en  résulteroit  en  même  temps  un  amendement 
assuré  poui*les  prairies  dont  l'étendre  intéresse  si  directement 
les  cultivateurs. 


IT.  •  «  g 


4C6  C  E  N 

Cendres  de  charbon  de  terre. 

Leur  naiare  est  un  peu  diflcrente  de  celles  Aoni  îl  a  éii 
question  jusqu'à  présent^  puisqu'elles  ne  contiennent  point 
d'aicali  fixe;  on  remarque  même  que  le  charbon  le  plus 
biltunineux  est  celui  qui  non -seulement  donne  le  moins  de 
cendres,  mais  qu'il  est  encore,  comme  les  matières  animales, 
fort  difficile  à  amener  à  cet  état.  Dans  le  voisinage  des  grandes 
villes  où  Von  se  cfaaufle  avec  ce  combustible ,  on  en  emploie 
cependant  la  cendre  comme  engrais;  sa  pix>priélé ,  principa- 
lement calcaire,  la  rend  utile  dans  les  terres  humides  et  glal* 
seu&es;  elle  les  pénètre,  les  ameublit ,  et  les  met  en  état  de 
profiter  davantage  des  autres  engi'ais  indispeuHables  qu'où 
leur  ajoute.  Cette  cendre  sert  peu  nans  les  arts;  elle  entre  seu- 
lement dans  la  composition  des  cimens ,  auxquels  elle  donne 
une  grande  solidité  ei  la  propriété  en  même  temps  d'être 
imperméables  à  l'eau. 

Cendres  de  houille. 

Ïa  houille,  qui  fournit  la  cendre  dont  il  s'agît,  nW  point 
celle  que  les  maréchaux  et  autres  ouvriers  substituent  au 
charbon  de  terre  dans  le  travail  de  la  forge ,  on  que  l'oa 
brûle  dans  les  foyers  de  plusieurs  parties  de  la  France,  mais 
d'une  autre  espèce  de  houille ,  désignée,  à  cause  de  ses  effets  » 
sous  les  noms  de  houille  d'engrais,  terre^tourhe y  cendrem 
rouges ,  8cc.  On  peut  la  regarder  comme  un  amas  immense 
de  tourbe  pyriteuse,  qui,  étant  amoncelée  à  l'air,  s'y  en- 
flamme bientôt,  en  laissant  pour  résidu  des  cendres  rouges, 
d'où  l'on  retire, au  moyen  de  la  lixi\4alion ,  des  sulfates  de  1er 
et  d'alumine.  Ces  cendres ,  dédaignées  autrefois ,  sont  de-> 
venues  aujourd'hui  l'objet  d'un  commerce  considérable  poor 
les  cantons  où  il  y  a  des  houillères  ouvertes.  On  assure  qu'il 
s'en  débite  par  année  seulement,  dans  la  Picardie,  plus  de 
trois  cent  mille  septiers,  qui  remontent  par  la  Seine  el  1« 
Marne  jusqu'à  Château-Thierry.  Les  qualités  que  doivent 
avoir  ces  cendres ,  sont  d'être  fort  rouges ,  légères,  fines,  «% 
d'une  saveur  styptique. 

Cendres  considérées  relaiivemeni  aux  arts. 

lies  cendres,  dans  lesquelles  les  différens  alcalis  abondetït  « 
peuvent  être  employées  avec  avantage  dans  le  blanchisse ^^ 
du  linge,  danslesverreries,  dans  les  savonneries,  dans  les  teis^, 
lures,  en  observant  d'en  régler  toujours  les  proportions 


CEN  4«7 

celles  de  potasse  ou  de  soude  qu'elles  contiennent  y  et  mii ,  4 
leur  dé&ut^  peuvent  servir  clans  une  quantité  infiniment 
moindre  ;  mais  il  convient  toujours  d'en  rejeter  les  cendres 
des  bois  fioités^  de  tourbe >  de  charbon  de  terre  et  de  houille, 
par  la  raison  qu'elles  ont  peu  ou  point  d'alcali. 

La  difficulté  de  se  procurer  de  bonnes  cendres  à  Paris , 

Sarce  que  la  majeure  partie  du  combustible  consiste  en  bois 
otté^  a  forcé  les  blanchisseuses  de  recourir  à  la  soude  pour 
en  faire  la  base  de  leurs  lessives;  mais,  comme  cette  cendro 
contient  en  même  temps  du  fer  ^  il  arrive  souvent  quelelingaf 
a  des  taches  de  rouille  indestructibles.  Peut-être  parviens 
droit-on  à  remédier  à  cet  inconvénient  ;,  en  employant  le  sel 
de  soude  lui-même  de  préférence  à  ces  cendres.  L'augmen- 
tation du  prix  que  nécessiteroit  l'extraction  du  sel  sur  lei 
lieux,  seroit  compensée  paf*  la  diminution  des  frais  de  trans- 
port. Plus  certain  alors  de  la  quantité  au'on  en  eraployeroit , 
on  ne  courroit  plus  les  risques  de  blancnir  trop  promptement 
le  linge  aux  dépens  du  tissu  de  la  toile ,  ou  de  manquer  tout- 
à-fait  la  lessive,  faute  de  n'en  avoir  pas  mis  suffisamment. 
Nous  touchons  heureusement  au  moment  d'avoir  en  Franco 
du  sel  de  soude  à  bon  compte;  on  annonce  que  bientôt  un 
procédé  particulier  le  retirera  en  grand  du  sel  mariui  auquel 
il  sert  de  base  ;  et  si  nous  pai«venons  à  nous  passer  encore  do 
l'étranger  pour  cet  objet  d'un  usage  aussi  journalier,  ce  sera 
un  nouveau  service  que  la  chimie  aura  rendu  aux  arts.  Mais , 
6n  ne  sauroit  trop  le  répéter,  rien  n'est  plus  utile  que  d*avoir 
des  règles  fixes  pour  composer  la  lessive.  Quand  elle  manque , 
on  en  accuse  une  multitude  de  causes,  plus  ou  moins  ridi- 
cules, qui  n'y  ont  aucune  part  :  trompé  souvent  par  ce  n^ot 
vague  au  sel  qu'on  a  donne  indistinctement  à  toutes  les  ma-» 
tières  qui  ont  une  sorte  d'énergie ,  les  ménagères  croient  que 
le  sel  qui  agit  dans  les  cendres  qu'elles  emploient  est  le  même 
que  celui  qui  sert. dans  la  cuisine  ;  or,  pour  donner  plus  de 
force  à  leur  lessive,  elles  y  jettent  quelques  poignées  de. sel 
marin,  lorsque  ce  se  roi  t  de  la  pota^ise,  des  cendres  graveléc^ 
ou  du  sel  de  soude  qu'il  faudrojit  employer.  ' 

Indépendamment  des  effets  généraux  qu'on  reconnoit  aux 
cendres  abondantes  en  alcali ,  on  leur  a  attribué  des  propriétés 
particulières.  On  prétend  que  les  cendres  de  hêtre  sont, re- 
cherchées par  les  verriers,  celles  de'  chêne  par  les  salpêtriers 
et  les  savonniers  ;  qu'enfin  l^^cendres  de  châûigniers  ne  valent 
jrien  pour  la  lessive,  parce  qa'elles  tachent  le  lin^e  pour  tou- 
jours. J'ignore  si  ces  observations  sont  fondées  sur  des  faits 
JiMn  avérés,  ou  si  ce  ne  sont  que  de  simples  assertions  ;  mais 
qu'il  y  a  de  positif,  c'est  que ,  comme  nous  l'avons  dé^à 


468  C  E  N 

Annoncé ,  la  méthode  dont  on  se  sert  pour  préparer  les 
cendres  contribue  à  augmenter  ou  à  diminuer  la  quantité  et 
la  force  de  Talcair qu'elles  contiennent ,  et  à  rendre ,  par  con- 
séquent, ce  sel  plus  ou  moins  e£Bcace  dans  le  blanchissage. 
Sans  doute ,  si  la  matière  combustible  a  brûlé  dans  un  grand 
oourant  d'air,  si  la  flamme  a  été  vive  et  soutenue,  ce  stl  sera 
moins  abondant  :  si ,  au  contraire,  le  feu  a  été  étoufié  et 
Tignition  sans  flamme  bien  apparente ,  le  produit  du  sel  aura 
presque  doublé. 

Il  existe  donc  des  diOférences  énormes  entre  la  cendre  des 
fourneaux  des  grands  ateliers  et  celle  des  petits  fourneaux; 
entre  la  cendre  des  foyers  des  gens  aisés  qui;  n'employant 
que  de  bons  bois,  laissent  aux  cendres  le  temps  de  se  perfec- 
tionner ,  et  celle  des  particuliers ,  qui ,  brûlant  du  bois  de 
toute  espèce ,  rendent  leur  cendre  encore  plus  remplie  de 
braise;  enfin,  celle  des  personnes  qui  jettent  dans  fa  che^ 
minée  les  balayures  de  leiu*  mai/ton  ;  aussi  le  prix  des  unes 
est-il  bien  diOerent  de  celui  des  autres  :  on  paie  dans  les  villea 
un  boisseau  de  cendres  du  poids  de  vingt  livres  depuis  40 
jusqu'à  100  sous  :  les  proportions  d'alcali  qu'elles  contiennent 
suivent  également  celte  diilérence. 

'Cendres  recuiieg. 

n  n'y  a  point  de  ménagère  un  peu  intelligente  qui,  ha- 
bituée à  se  servir  des  cendres  pour  la  lessive ,  ne  connoiase 
les  moyens  d'en  faii^  un  bon  choix,  et  de  leur  donner  en- 
core plus  d'activité ,  en  les  laissant  long-temps  dans  son  fbyer^ 
et  les  mettant  ensuite  à  l'abri  de  l'air  extérieur.  Elles  sa^'ent 
aussi  combien  il  est  important  d'en  séparer  exactement  la 
braise ,  parct*  que  l'alcali  ayant  la  propriété  de  dissoudre  I» 
charbon,  elles  ont  le  très-grand  inconvénient  de  communi- 
quer de  la  rousseur  au  linge  :  c'est  pour  le  prévenir  qu'on 
leur  fait  subir  celle  opération ,  quNon  exprime  par  cefidrem 
fecuites.  Pour  cet  eftèl ,  on  les  expose  sur  Taire  d'un  four 
extrêmement  échauft'é,  a£n  que  le  charbon  qu'elles  con^ 
liounent  encore  soit  tout-à-fait  consommé;  on  les  remue  de 
tetn'ips  en  temps,  et  on  diminue  le  feu  insensiblement.  Lios 
cetidres  concentrées  ainsi  par  ce  procédé  éprouvent  im  dëw 
chet  de  moitié  ou  environ  ;  mais  elles  acqmèrenl  de  la  foro» 
en  proportion  :  cVsl  à-peu-près  comme  si  on  avoit  ajouté 
pcu'dâ  chaux- dans  la  lessive  pour  Tanimer. 


G  E  N  469 

Cendres  lessivées  ou  charrées. 

Quelque  bien  lessivées  que  soient  les  cendres  ,  elles  retien- 
nent toujours  une  petite  portion  de  matière  saline;  et  la 
preuve  qu'on  peut  en  donner ,  c'est  qu'elles  se  vitrifient  par- 
faitement au  feu  ordinaire  des  verreries  sans  aucunes  addi- 
tions quelconques.  Si  ces  cendres,  qui  ont  servi  au  blanchi»^ 
juige  et  à  la  fabrique  du  saUn ,  sont  exposées  &  l'air  sous  de* 
l^angards  à  l'abri  de  la  pluie  ^  elles  reprennent  un  pea  d'é- 
nergie y  sur-lout  si  on  a  soin  de  les  remuer  et  de  les  arrossr 
de  temps  eu  temps  avec  de  l'eau  des  égoâts  et  celle  qui  a 
«ervi  aux  lessives.  Dans  cet  état^  elles  ont  plus  d'action.  ' 

Ce  n'est  pas  que  les  charrées  ,  au  sortir  de  la  lessive^  ne 
soient  portées  sur  les  terres  compactes  ;  mais  il  faut  convenir 
qu'elles  acquièrent  bien  plus  d  aptitude  à  exercer  la  faculté 
d'engrais  après  un  certain  temps  d'exposition  à  Fair^  et  au 
moyen  des  additions  dont  il  s'agit  ;  car^  épuisées  comme  elles 
le  sont  de  potasse^  on  ne  doit  point  espérer  de  les  rendre 
propres  à  aucun  autre  ujage^  à  moins  qu'on  ne  les  calcinev 
Il  ne  faut  point  négliger  cette  opération^  lorsqu'elle  peut  se 
pratiquer  sans  beaucoup  de  frais,  pour  animer  \^b  charrées  ; 
mais  les  cendres  qui  ont  perdu  leurs  sels  à  la  lessive ,  n'en 
j^prennent  point  étant  rebrûlées  ^  ainsi  qu'on  la  avancé  sans 
preuve;  elles  redeviennent  seulement. plus  propres  à  être 
répandues  sur  les  prairies. 

Cendres  considérées  relaUvement  à  l' agriculture. 

Si  toutes  les  cendres  ne  peuvent  être  indistinctement  em- 
ployées dans  les  arts,  il  n'y  en  a  aucunes  dont  l'agriculture 
ne  tire  profit^  quelle  qu'en  soit  lorigine.  I/expérience  a 
idémontré  leur  efiicacité  dans  les  terreins  où  Targile  domine  ; 
c'est  à  elles  qu'on  doit  la  fertilité  des  campagnes  situées  au 
pied  du  mont  £tna  et  du  Vésuve.  Il  convient  donc  d  -  les 
inscrire  au  rang  des  plus  puissans  engrais  pour  les  terres  fortes 
et  humides. 

Cependant ,  il  existe  plusieurs  cantons  en  France  où  » 
malgré  la  facilité  de  se  procurer  des  cendres ,  elles  ne  sont 
pas  autant  recherchées  qu'elles  mériteroient  de  l'être.  Celte 
sorte  d'indiflérence  ne  pourroit-elle  pas  venir  de  rincertituda 
où  Ton  est  sur  la  nature  du  sol  et  des  esjpèces  de  végétaux  qui 
réclament  le  secours  d'un  pareil  engrais  ?  Peut  -  être  aussi 
aura-t-on  eu  l'imprudence  d'en  metti-e  trop  à-la-fois,  d'où 
l'on  a  conclu  que  non-seulement  les  cendres  retard  oient  l'ac- 
croissement des  végétaux^  mais  qu'elles  l'empéchoient  abso-^ 


470  C  E  N 

lumeul.  peut-être  encore  la  quantité  en  aura  été  restreinte  de 
manière  à  n'obtenir  que  peu  ou  point  d'efi'et.  Mais,  sana 
]X>us8er  plus  loin  Texamen  des  causes  qui  ont  empêché  jus- 

3u'à  présent  par-tout  l'adoption  des  cendres  comme  engraia 
es  terres  fortes  et  humides  y  bornons-nous  à  indiquer  quel- 
ques règles  généralea^y  d'après  lesquelles  on  doit  se  déterminer 
aur  la  proportion  de  cendres  à  employer,  sur  la  saison  où  il 
tant  les  répandre,  et  enfin  relativement  à  leur  manière  d'agir 
sur  le  sol  et  sur  les  prairies. 

Quantité  de  cendres  à  répandre. 

Elle  est  relative  à  la  qualité  des  cendres  ,  k  celle  du  terrein 
et  des  productions.  Il  est  plus  prudent  de  la  fixer  par  des 
essais  dans  les  endrmts  où  l'usage  de  cet  engrais  est  une  non» 
veauté.  On  ne  peut  donc  étabhr ,  à  cet  égard,  que  des  géné- 
ralités. Ainsi  t  on  dira  :  i^.  qu'il  faut  trois  septien  envunon  , 
mesure  de  Paris ,  de  cendres  de  tourbe  pour  un  arpent  de 
terre  labourable  ou  de  prairie  ;  a^.  que  la  même  étendue  de 
terrein  n'exige  que  la  moitié  de  cendres  rouges  ou  houilJe 
d'engrais >  un  tiers  de  celles  de  bois  flotté,  et  un  quart  de 
celles  de  bois  neuf  ou  de  plantes. 

Saison  peur  répandre  les  cendres, 

■  La  saison  de  répandre  les  cendres  sur  les  terres  labourablea 
varie  suivant  leur  nature  et  celte  des  productions  qu'elles 
doivent  rapporter.  Si  c'est  une  terre  légère  qui  absorbe  son 
eau^  il  seroit  bon  ,  i^.  d'en  répandre  sur  le  pied  d'un  septier 
par  arpent  au  commencement  de  février  et  a^^nt  le  labour  ; 
3^.  une  pareille  quantité  après  que  les  grains  auront  étéseméa. 
Si  la  terre,  au  contraire,  est  compacte,  et  qu'elle  retienne 
l'eau  à  sa  surface,  on  pourra  employer  le  procédé  décrit, 
ayant  seulement  l'attention  d'augmenter  les  doses  suivant  le 
besoin ,  et  de  ne  faire  usage  des  cendres  que  dans  un  état 
très^ec.  On  observera  cependant ,  dans  le  premier  cas,  c'est- 
à-dire,  lorsque  le  terrein  est  sec,  d'attendre,  pour  jeter  lea 
cendres  qui  doivent  rester  à  la  surface  du  terrem ,  qu'il  fasse 
un  temps  de  bix>ui]lard ,  ou  qui  promette  une  pluie  pro« 
chaîne. 

Quant  à  la  manière  de  répandre  les  cendres,  elle  n*est  pas 
«ans  inconvénient  ;  mais  le  semeur  s  en  garantira  aisément  en 
ne  couvrant  le  visage  d'une  toile  tiès-fiue,  et  eu  semant  contre 
)e  vent.  Quelques  nersonnes  ont  conseillé  de  semer  sous  le 
viut,c*esl-à-dîre>  oe  jeter  leng  rais  du  côté  ou  le  veut|)ousse; 


C  E  N  47, 

tnaîs  Texpérience  n'a  pas  tardé  à  démontrer  que  la  première 
de  ces  pratiques  est  préférable. 

Manière  cPagir  des  cendres. 

L'efficacité  des  cendres ,  appliquées  ordinwement  ou  au 
sol  fatigué  pour  le  restaurer^  ou  aux  plantes  qui  languisseut 
pour  les  fortifier ,  n'est  plus  aujourd'hui  un  problème  ;  mais 
il  ne  paroit  pas  qu'on  soit  également  d'accord  sur  leur  véri- 
table manière  d'agir.  Je  désire  que  mes  observations ,  à  cet 
égard,  puissent  mettre  sur  la  voie  ceux  qui  sont  occupés  de 
l'examen  des  engrais  ;  matière  d'une  importance  majeure , 

Ïuisqu'elle  est  le  plus  puissant  agent  de  la  végétation ,  et  la 
ase  de  la  fécondité  de  nos  récoltes.  En  se  rappelant  les  par-* 
ties  constituantes  des  cendres ,  il  est  facile  a'expli<|uer  leur 
.manière  d'agir.  Elles  ont,  comme  tout  ce  qui  jouit  de  la  pro- 
priété fertilisante,  la  faculté  de  soutirer  de  l'immense  râer- 
Voii*  de  l'atmosphère  les  vapeurs  qui  y  circulent  ;  de  les  re- 
tenir^ de  les  conserver  avec  l'humidité  qui  résulte  de  la  pluie, 
de  la  neige ,  de  la  rosée ,  du  brouillard  ;  d'empêcher  que  cette 
humidité  ne  se  rassemble  en  masse ,  qu'elle  ne  se  perde ,  soit 
en  s'exhalant  dans  le  vague  de  l'air,  ou  en  se  filtrant  à  travers 
les  couches  inférieures,  et  laissant  les  racines  à  sec  \  de  la  dis* 
tribuer  uniformément,  et  de  la  transmettre ,  d'une  manière 
très<livisée ,  aux  orifices  des  conduits  destinés  à  la  porter  dans 
le  tissu  du  végétal,  pour  subir  ensuite  les  lois  de  l'appro- 
priation. 

Toutes  les  fois  que  les  cendres  contiennent  abondamment 
de  l'alcali  tixe,  il  n'est  pas  étonnant  qu'elles  n'aient  des  pro- 
priétés analogues  à  la  chaux,  et  que  toutes  les  plantes  aux- 
quelles on  les  applique  immédiatement ,  sans  précaution 
ni  mesure,  ne  jaunisisent,  ne  languissant  et  ne  meurent» 
comme  si  elles  avoient  été  brûlées  p:^r  un  coup  de  solçiL 
Il  est  vitii  que  ces  cendreà  lessivées  n'ont  plus  la  nic^me 
activité,  et  qu'il  est  possible  de  les  employer  avec  profusion 
«ans  courir  auciui  risque .  et  ihi^me  d'y  établir  la  végétation  ^ 
lorsqu'avant  d*élre  lessivées  elles  en  éloient  ragent, le  pluf 
destructeur.  Ou  sait  que  les  racines  bulbeuses  végètent  en-7 
core  avec  plus  de  succès  dans  les  cendres  lessivées  que.dann  le 
aable  mouillé. 

Effets  des  cendres  sur  les  terres. 

Les  engrais,  pris  en  général,  ont  deux  manières  d'agir  sur 
les  terres.  Mêlés  en  diflei^ntes  proportions,  ils  leur  donnent 
la  faculté  de  rendi-e  l'eau  perméable,  et  aux  racine»  de  suivra 


47a  ^  ^  ^  .      .  • 

lecoiirdentier.deleur  développement^  ou  bien  ils  procurent 

du  liant  et  de  la  soudure  aux  molécules  terreuses  trop  di- 
visées ,  et  empêchent  Teau  de  se  perdre  dans  les  couches  infé- 
rieures et  les  racines  de  se  dessécher.  Or,  les  cendrée  ^  par 
leur  sécheresse,  la  ténuité  de  leurs  parties,  la  propriété 
qu  elles  onl  de  s'emparer  de  Thumidité,  de  la  retenir  d'une 
uiauit  re  très-divi»ée ,  conviennent  aux  terres  compactes  et 
glaiseuses,  dont  elles  diminuent  la  viscocité,  en  s'insinuant  , 
dans  leur  texture  tenace,  à  la  manière  des  coins.  Ainsi,  cette 
humidité,  réduite  en  surface^  humecte  toujours  le  pied  de  la 
plante  sans  jamais  la  noyer.  Lorsque  les'  cendres  ont  produit 
un  eil'et  diilérent ,  c'est  qu'elles  étoient  trop  chargées  d'alcali  , 
qu'on  n*ea  a  point  borné  la  proportion ,  et  que  le  sol  sur 
lequel  on  les  a  répandues  n  avoil  point  assez  d'humidité  pour 
bhdur  leur  action;  car,  disséminées  sur  des  terres  froides» 
et  enterrées  par  la  charrue  avant  les  semailles,  elles  iiont» 
comme  la  chaux,  d'une  grande  utilité.  Nous  observerons 
même  qu'on  pourroitles  employer  dans  un  sol  léger  et  sa- 
blonneux ;  mais  ce  ne.seroit  qu'autant  qu'elles  se  trouveroient 
associées  avec  une  eerLaiue  quanlilé  d'argile,  comme  on 
niéle  souvent  la  chaux  avec  le  fumier  poiur  augmenter  reflet 
de  ce  dernier. 

Effets  des  cendres  sur  les  prairies. 

Les  heureux  effets  des  cendres ,  attestés  par  leur  utilité  sur 
les  prairies,  viennent  à  l'appui  de  nos  observations.  L'alcali 
et  la  terre  calcaire  qui  s'y  trouvent  contenus,  sont  dans  la 
juste  proportion  nécessaire  pour  détruire  les  mauvaises 
herbes  et' favoriser  l'accroissement  des  bonnes.  Mais  est-ce 
bien  h  la  causticité  que  ces  deux  substances  acquièrent  par 
la  calcination  ,  qu'on  peut  attribuer  un  pareil  effet  comme 
on  le  pï'élend  ?  C'est  ce  qui  ne  paroît  pas  vraisemblable.  Sî 
les  tendres  les  plus  riches  en  alcali  et  en  terre  calcaire  ap- 
prochant de  l'état  de  chaux,  pouvoîent,  dans  ce  cas,  avoir 
une  arlioii  corrosiVe,  iansdoutcellesrexcrreroientsur  tonte* 
les  plantes,  et  il  arriveroit  nécessairement  que,  ma'gré  la 
dillérence  de  leur  tissu ,  il  n'y  en  auroit  aucune  qui  ne  filt 

I)lns  ou  moins  att<iquée  et  détruite  :  or ,  cet  effet  n'a  point 
ieu. 

Les  oendrss  figissefit  d'abord  mécaniQiU!{ment))arla  ténnîlé 
de  leurs  parties,  qui  divisent  les  ferres  fortes  et  corrigent  leur 
défecluosité ;  ensuite,  comme  matière  déliquescente,  ayant 
la  faculté,  ainsi  qu'il  a  été  expliqué,  d'aturer  l'eau  et  l'air  d^ 
l'atmosphève ,  de  décomposer  ces  deux  fluides ,  et  de  donner 


C  E  N  .       .  47? 

auiC  résullats  dé  leur  décomposiLioii  les  formes  qu'ils  doivent 
avoir  pour  accomplir  le  voeu  de  la  nature  dans  la  végétation. 
Voilà ^  du  moins,  ce  qu'il  est  permis  de  conjecturer  d'après 
lexpérience^  qui  prouve  que  tous  les  sels  qui  se  résolvent  en 
eaUy  toutes  les  terres  calcaires  approchant  de  l'état  de  la  cliaux 
vive,  toutes  les  frites,  sont  très-utiles  comme  engrais. 

Ce  n'est  donc  point  par  un  effet  corrosif  que  les  cendres  , 
même  les  plus  caustiques,  agissent  sur  les  prairies  ;  elles  ne 
détruisent  les  plantes  parasites  que  parce  qu'elles  s'emparent 
avidement  de  l'humidité  qui  a  servi  a  leur  développement ,  et 
dont  la  surabondance  est  nécessaire  à  leur  constitution  phy- 
sique et  à  l'entretien  de  leur  existence.  Ces  plantes ,  naturelle^ 
ment  moUes,  pour  ainsi  dire  aquatiques,  ayant  les  racines 
presqu'à  la  surface,  sont  bientôt  mises  à  sec  par  ce  moyen  , 
se  flétrissent^  et  finissent  par  mourir  de  soif:  au  contraire» 
les  plantes  qui  forment  les  prairies  étant  d'un  tissu  plus  so-^ 
lide ,  fortifiées  par  l'âge  et  les  rigueurs  de  l'hiver,  ayant  une 
racine  plus  profonde,  ne  souffrent  aucune  altération  ;  débar« 
rasséesdes  mauvaises  herbes  qui  lesétouffoieutelpartageoient 
en  pure  perte  leur  subsistance,  elles  reçoivent  une  nourri- 
ture proportionnée  à  leurs  besoins  ,  s'échauffent ,  se  ra- 
niment ^  et  font  la  loi  aux  mousses,  aux  joncs,  aux  roseaux 
et  à  toutes  les  plantes  qui  rendent  les  foins  aigres  et  durs , 
d'où  il  résulte  un  fourrage  plus  fin  et  de  meilleure  qualité. 
C'est  ainsi  que  les  cendrée  paroissent  agir  dans  toutes  les 
circonstances,  où  leur  usage  est  recommandé ,  soit  pour  les 
.  prairies  naturelles  et  artificielles,  soit  pour  les  pièces  ae  grains 
oui  languissent  au  printemps,  et  annoncent  une  récolte  mé- 
diocre ,  sur-tout  dans  une  année  froide  et  humide ,  parce 
qu'alors  les  plantes  qui  les  composent  sont  dans  un  état  dci 
leucoplegmatie ,  c'est-à-dire,  gorgées  des  principes  qui  consti- 
tuent l'eau  et  d'eau  elle-même. 

Cette  courte  discussion  sur  la  manière  d'agir  des  cendrée, 
explique  i°.  pom*quoi  elles  sont  d'autant  plus  efiicaces, 
qu  elles  ont  été  conservées  dans  l'état  sec;  a?»  pourquoi  une 
aeule  mesure,  en  cet  état,  fait  plus  de  profit  que  deux  de 
cendres  qui  auroient  été  exposées  à  l'air;  3^.  enfin,  pourquoi 
les  cendres  lessivées,  étant  soumises  de  nouveau  à  la  caici- 
nation  ,  reprennent  leur  première  activité ,  et  ne  contiennent 
point  pour  cela  de  la  potasse.  Mais,  sans  insister  davantage 
sur  les  conjectures  que  je  viens  de  hasarder  relativement  à 
la  taanière  d'agir  des  cendres,  toujours  est-il  certain  que 
l'expérience  et  les  observations  des  meilleurs  cultivateurs  Leur 
assignent  le  caractère  d'un  excellent  amendement  ;  et  que  si 
cites  sont  employées  en  saison  et  en  proportion  9onvenabl^s  j 


474        _  C  E  N       ^ 

elles  fertiUaent  les  terres  froides  et  hninides^  favoriaenl  d^iim 
manière  très-marquée  la  végétation  languissante,  détruisent , 
«nr  les  prairies  et  sur  les  grains,  la  mousse  et  les  autres  plantes 
parasites  qui  en  tapissoient  la  sur&ce  ;  moins ,  il  est  vrai ,  par 
leur  âcrete  que  par  Tabsorptiou  brusquée  et  presque  totale  de 
la  surabondance  de  l'humidité  qui  les  a  fait  naiire ,  et  sert  à 
1  entretien  de  leur  existence. 

Les  eendres  ont  encore  l'airantage  de  détruire  promptement 
le»  insectes  et  les  limaçons ,  qui  ne  se  plaisent  nullement  sur 
un  terrein  qui  en  est  parsemé.  On  connoit  aussi  leurs  effets 
aux  pieds  des  arbres  malades;  et  dans  le  jardinage,  elles 
st^rvent  à  la  composition  du  chaulage ,  si  efficace  pour  pré-> 
server  le  froment  de  la  carie.  (Par m.) 

CENDRES  BLEUES  NATIVES.  C'est  le  bleu  de  mon^ 
4agne  puluénUeni ,  qui  est  ordinairement  mêlé  d'argile  et  de 
terre  calcaire,  qui  diminuent  plus  ou  moins  l'intensité  de  sa 
eoulenr.  Elles  se  trouvent  dans  diUérentes  mines  de  cuivre, 
vt  sont  plutôt  recueiUies  pour  être  employées  en  peinture  que 

Sur  être  traitées  dans  les  fonderies  comme  mines  de  cuivre, 
ais,  en  général  ^  les  cendres  bleuee  du  commerce  sont  un 
produit  de  l'art  Le  célèbre  chimiste  Pelletier  avoit  reconnu 
que  les  cendres  bleues  que  nous  tirions  d'Angleterre ,  ne  sont 
autre  chose  qu'un  nitrate  de  cuivi^  précipité  par  la  chaux , 
qu'on  fait  sécher,  et  auquel  on  ajoute  ensuite  un  dixième 
ed^iron  de  chaux  vive  en  poudre  ;  et  par  l'effet  de  la  tritu- 
ration, ce  mélange,  qui  d'abord  étoit  verdàtre,  devient  d*un 
beau  bleu.  (Pat.) 

CENDRES  DU  LEVANT.  C'est  une  soude  qu'on  retire 
par  la  combustion  de  la  roquette  de  mer  et  autres  plantes  ma- 
rines, et  qu'on  nous  apporte  de  Syrie  par  la  voie  du  com- 
merce. (Pat.) 

CENDRES  ou  CHAUX  DES  MÉTAUX.  On  donnoil 
«nti-efois  ce  nom  aux  oxides  métalliques.  (Pat.) 

CENDRES  DES  VÉGÉTAUX.  Ce  sont  les  parties  ter- 
reuses et  salines  qui  restent  après  la  combustion  des  corps 
organisés.  Elles  contiennent  toujours  des  molécules  de  fer , 
de  manganèse,  et  quelquefois  des  parcelles  d'or.  (Pat.) 

CENDRES  et  SABLES  VOLCANIQUES.  Ce  sont  des 
matières  pulvérulentes  qui  s'élèvent  des  cratères  des  volcans 
avec  des  torrens  de  fumée,  soit  avant  Téruption  de  la  Uve  » 
soit  «près  que  cette  éruption  est  finie. 

Elles  forment  une  pluie  tellement  abondante ,  tellement 
épaisse ,  qu'elle  dérobe  la  clarté  du  jour  quelquefois  pendant 
des  semaines  entières. 

Cette  poussière  volcanique  est  d'abord  d'une  couleur  grÎM 


C  EN 478 

obscure >  tiranl  sur  le  noir^  qui  s'éclaircit  insensiblement  1 
et  quand ,  enfin ,  elle  paroit  sous  une  couleur  blanchâtre^  on 
peut  juger  que  le  paroxysme  du  volcan  tire  à  sa  fin.' 

L'abondance  des  cendres  est  quelquefois  pit>digieuse  :  dans 
Téruption  du  Vésuve  au  mois  de  juin  1794»  la  terre  en  fut 
couverte^  dit-on ,  de  quatorze  pouces  dans  un  espace  de  six 
lieues  de  circonférence. 

Les  éruptions  de  l'Etna  présentent  le  même  phénomène  : 
celle  du  mois  de  juillet  17^7  fournit  une  telle  quantité  de 
cendres  et  de  sables^  qu'à  la  dislance  de  quatre  lieues^  il  y  en 
avoit  un'e  couche  de  trois  pouces  d'épaisseur. 

Quelques  naturalistes  ont  prétendu  que  ces  matières  pul-*» 
vérulentes  provenoieut  des  débris  des  anciens  cônes  qui  &• 
précipitoient  dans  le  sein  du  volcan,  d'où  ils  éloient  rejelés 
par  des  courans  de  fluides  élastiques;  mais,  comme  lemâme 
phénomène  a  lieu  lors  même  que  le  cratère  n'a  pas  éprottvé 
cl'éboulement,  il  faut  nécessairement  y  chercher  une  autrt 
cause. 

Coâtme  il  arrive  fréquemment  que  pendant  l'éruption  de 
ces  matières  pulvérulentes  il  tombe  en  môme  temps  d'épou-^ 
vaiîtables  torrens  de  pluie  (  qui  ont,  à  ce  que  je  crois,  les 
uns  et  les  autres  la  même  origine,  et  qui  ne  sont  que  le  ré«- 
«ultat  de  diverses  combinaisons  des  fluides  volcaniques  )  ^ 
cette  eau  forme  avec  la  cendré  une  espèce  de  mortier  qui 
pfend  une  consistance  trèfr-solide,  et  qui  est  connu  sous  le 
nom  de  tuf  volcanique»  Quand  ce  mélange  sort  tout  formé 
du  cratère ,  on  lui  donne  le  nom  d'érupHon  boueuse ,  qui 
devient  également  un  tuf,  mais  moins  soUde  que  le  premier. 

Il  se  forme  quelquefois,  dans  l'atmosphère  des  combinaisons 
d'où  résulte  en  même  temps  la  formation  de  l'eau  et  d'une 
matière  argileuse  ,  et  la  pluie  qui  en  provient  est  appelée 
pluie  terreuse.  Celle  qu'on  vit  en  Sicile  le  ^4  avril  1 781 ,  en- 
duit d'une  couche  d  Wgiie  de  deux  ou  trois  lignes  d'épaisseuv 
tous  les  corps  qui  s'y  trouvé i«nt  exposés. 

U  n'est  pas  surprenant  qu'un  tel  phénomèoe  ait  lien  dans 
le  voisinage  des  volcans,  puisque,  même  dans  des  contrées  où 
il  n'en  existe  pas ,  le  céièb^*e  observateur  Humboldt  a  reconim 
que  souvent  les  gouttes  d'une  pluie  d'orage  contenoient  de  la 
torre  calcaire  ;  et  tout  concoiu-t  à  prouver  que  les  matières 
1<3rreu8es  des  éruptions  volcaniques,  sous  .quelque  forme 
qu'elles  se  présentent  >  n'étoient  nullement  préexistantes,  el 
qu'elles  sont  le  produit  instantané  d'une  véritable  opération 
chimique.    ' 

Quand  ces  matières  pulvérulentes  sont  composées  de  rudi^r 
an  eus  de  cristaux  mêlés  de  molécules  ft'rruginjeujts  ^  ccmimf 


476       ^  C  E  N      ^ 

cellefl  qui  confrent  les  cliamps  des  environs  du  Monteroêm, 
au  pied  de  TËtna ,  et  toute  Tue  de  Stromboli ,  eQes  rendent  Ik 
teiTe  stérile  pendant  un  ceitkin  nombre  d  années ,  jusqu'à  ce 
que  ces  molécules  cristallines  tombent  en6n  en  décompo- 
sition :  celles  y  au  contraire ,  qui  sont  sous  la  forme  d'une 
poussière  argileuse,  procurent  sur-le-champ  la  plus  grand# 
fécondité  aux  campagnes  qu'elles  ont  couvertes. 

Les  cendres  et  les  sables  ne  différent  point  essentieDement 
des  matières  volcaniques  d'un  volume  plus  considérable^ 
que  Dolomieu  désigne  sous  le  nom  de  saories  des  cratères  , 
qui  ont  graduellement  jusqu'à  la  grosseur  d'une  aveline  on 
même  d'une  noix.  Ce  sont  ces  petites  masses  de  scories,  tantôt 
blanches  et  tantôt  noires  (  suivant  Tépoque  de  leur  forma- 
tion ),  qu'on  nomme  à  Naples  rapillo  bianco  e  rapUlo  nero. 

F'oféz  AuoiTE,  Lave  j  Tuf  et  Vorc an.  (  Pat.) 

GENDRIËRE,  nom  qu'on  donne  à  la  tourbe  dans  quel- 
ques-uns de  nos  départemens.  (Pat.) 

CENDREETTE.  Ployez  Cin£:baire.  (S.) 

CENDRILLARD  (  Cuculus  dominicus  Latb. ,  pL  im- 
primées en  couleur  de  mon  Hisi,  des  oiseaux  de  VAmiriq, 
septent,  ordre.  Pies  ;  genre.  Coucou.  Foy.  ces  deux  mots.  ). 
L'on  trouve  ce  coucou  à  Saint-Domingue^  à  la  Louisiane  et 
à  Cajenne.  Il  a  dix  à  onze  pouces  de  long;  les  deux  mandi^ 
bules  du  bec  recourbées  en  bas,  et  d'un  gris  brun;  la  gros- 
seur du  mauvis;  le  dessus  du  corps,  les  couvertures  supé- 
rieures des  ailes  et  de  la  queue  du  même  gris  ;  le  dessus  de  la 
tête  gris  cendré  ;  les  pennes  des  ailes  rousses  ;  les  quatre  pennes 
intermédiaires  de  la  queue  pareilles  au  dos;  les  autres  noi- 
râtres, et  terminées  de  blanc  ;  toutes  sont  étagées  ;  le  desaoua 
du  corps  est  d'un  gris  roux ,  et  les  pieds  de  même  couleur 
que  le  bec.  (  ViEiiiii.) 

CENDRILLE.  nom  vulgaire  donné  à  la  mésange  bieue^ 
i  la  c/iarbonnière  et  à  la  siitelle.  Voyes  ces  mots.  (VistUL.) 

CENIE,  Cenia,  genre  de  plantes  à  fleurs  composées,  de 
la  syngénésie  polygamie  superflue  et  de  la  famille  des  Cohym- 
BiPEBSs,  établi  par  Jussieu,  à  l'imitation  d'Adanson,  pour 

S  lacer  le  coiula  turbinata  de  Linn. ,  qui  n'a  pas  les  caractères 
es  CoTULES.  Voyez  ce  mot. 

La  cénie  a  un  calice  turbiné ,  creux  sous  le  réceptacle  » 
octofide  à  son  limbe;  des  fleurons  quadrifides,  tétrandres  ^ 
hermaphrodites ,  et  des  demi-fleurons  très-courts ,  femelles 
fertiles.  Son  réceptacle  est  convexe  et  nu  ;  ses  semences  sont 
comprimées  ;  ses  feuilles  pinnatifides  ,  et  i«s  pédoncules  ter* 
minaux  unifloi^es.  Elto  est  annuelle  y  et  croit  naturellement 
•n  Afrique.  (B.) 


C  E  N  477 

.  ClÉNTAURÉB,  Centaurea  Linn.  {Syngénéaie  po^ 
iy garnie  frustranée)  y  ^^enre  de  plantes  de  la  famille  de» 
CiNAHOci;pHAZ«£s  y  qui  a  beaucoup  de  rapports  avec  lei 
Jacées  et  les  bluets  y  et  qui  comprend  des  herbes  vivaces  ou 
annuelles,  à  feuilles ,  tantôt  simples,  tantôt  ailées ,  et  à  Heurs 
composées  et  fiosculeuses.  Chaque  fleur  a  des  fleurons  her- 
mapiirodites  au  centre,  et  des  ileurons  femelles  et  stériles  à  la 
circonférence.  Les  uns  et  les  autres  sont  portés  par  un  récep:- 
tacle  garni  de  soies  roides  ;  et  le  calice  qui  les  entoure  e^it 
formé  d'écaillés  simples  et  entières,  qui  n  ont  ni  cils  ni  pi-« 
qnans,  et  qui  se  recouvrent  les  unes  les  autres.  Ses  semences 
sont  surmontées  d'aigrettes  ordinairement  courtes,  déniées 
ou  ciliées.  Voyez  pi.  7o3  des  lUustraiiona  de  JLamarck ,  09 
ces  carac  tères  son  t  figu  rés. 

Nous  avons  cru  devoir  rétablir  ,  à  l'exemple  de  Jussieu^ 
les  anciens  genres  de  Vaillant  et  de  Touruefort,  que  Linr 
hseus  avoit  réunis  £(u  genre  Centaurée,  beaucoup  trop  con- 
fus et  nombreux.  Nous  traitons,  à  leur  lettre ,  chacun  de  ces 
genres  avec  les  espèces  utiles  qu'ils  renferment.  [Voy,  en  con- 
séquence les  mots  Chaussetrafe  ,  Crocodix^ion  ,  Seridje^ 
iBiiUET ,  Jacée  et  Rapontique.  Les  véritables  centaurées  se 
trouvent  ainsi  réduites  à  un  petit  nombre  d'espèces  ;  les  plus 
intéressantes  sont  : 

La  Centaures  commune  ou  grande  Centaurée,  Cen-^ 
tatsrea  centaurium  Linn.  C'est  une  plante  d*un  beau  port , 
qjui  croit  sur  les  montagnes  élevées  de  l'Espagne  et  de  l'Italie. 
Sa  racine  est  vivace,  grosse^  noirâtre  en  dehors,  rougeâtre 
en  dedans,  et  remplie  de  suc.  £lle  pousse  des  tiges  de  quati-» 
«cinq  pieds,  cylindriques,  branchues  et  garnies  à  leurs  nœuds 
de  grandes  fouilles  ailées  et  à  folioles  oblongues  et  dentées. 
L'extrémité  de  chaque  rameau  porte  une  téie  ou  une  fleur 
comjposée  de  plusieurs  fleurons  d'un  pourpre  brun ,  évasés 
et  découpés  en  lanières.  Le  calice  qui  les  enveloppe  est  formé 
d'écaillés  ovales  et  convexes. 

La  racine  de  celte  plante  est  stomachique  ,  vulnéraire , 
apéritive  et  un  peu  astringente.  On  la  prescrit  à  la  dose  d'un 
gros  dans  les  décoctions  et  les  infusions  vulnéraires^  ou  i*é- 
dnile  en  poudre  ,  également  à  la  même  dose ,  infusée  dans 
du  vin  ou  dans  quelqu'aulre  liqueur  convenable.  On  l'or* 
donne  dans  les  obstructions  des  viscères ,  dans  le  crachement 
de  sang,  dans  les  hémorragies,  les  diarrhées  séreuses,  les 
dy.ssenteries  ,^  loi'squ'il  n'y  a  plus  d'irritation  ou  d'inflamma-< 
lion. 

La  Centaurée  musquée,  i^'Ambrette,  la  Fleur  nj^y 


47»  •         C  E  N 

GRAKi>*SEi6NErR ,  Cen^aurea  moschata  Lmii.  Cette  pkafe 
est  annuelle  et  originaire  de  la  Turquie^  où  elle  vienlspoula- 
nément  dans  les  terres  semées  en  blé.  £He  ménie  les  noms 
qu'elle  porte.  Sa  fleur  a  en  effet  une  odeur  douce  de  musc  , 
qui  flatte  agréablement  Todorat ,  sans  porter  à  la  tôte  :  quel- 
ques personnes  trouvent  que  cette  odeur  approche  de  celle  de 
rerlaines  fourmis  écrasées.  On  cultive  Vambrette  dans  ks  jai^- 
dins  y  non-seulement  à  cause  de  son  parfum ,  mais  pour  sa 
beauté.  Son  port,  quoique  simple,  est  élégant.  Ses  feuilles, 
lisses  ,  sessîles ,  et  d'un  vert  pâle ,  ont  à«-peu-près  la  forme 
d'une  lyre.  Les  fleurs ,  tantôt  blanches,  tantôt  d'un  pourpre 
plus  ou  moins  clair ,.  sont  grandes  el  agréables  à  voir;  dlles 
brillent  au  sommet  de  plusieurs  pédoncules  ou  rameaux  de 
toute  grandeur,  que  soutient  une  tige  de  deux  pieds,  ronde 
el  cannelée.  Cette  espèce  offre  des  variétés  à  fleurs  de  couleur 
de  chair ,  à  fleurs  frangées,  Glc.  On  la  muliiplie  en  semant  sa 
graine  en  automne  ou  au  printemps ,  selon  le  climat.  Dan«  les 
pays  tempérés  et  dans  une  bonne  exposition  ,  le  semis  f'iil  en 
automne  est  préférable.  U ambre  lie  soufire  la  transplanta- 
tion ,  et  fleurit  depuis  le  milieu  de  l'été  jusqu'aux  premiers 
froids. 

LfaCsKTAVRis  ODORANTE,  le  Barbeau  iKWT.fCerUaurea 
amberboi  Lam.  Elle  a  plus  d'éclat  que  la  précédente ,  mais 
eUe  est  plus  délicate.  Elle  n'en  est  point  une  variété ,  comme 
le  pensent  quelques  auteurs  ;  c'est  une  espèce  très -distincte  ; 
Miller  Ta  cultivée  pendant  quarante  ans  ,  sans  qu'elle  ait^ 
lanuûs  souffert  la  moindre  altération.  Elle  est  annuelle.  Sa 
tige  est  haute  d'environ  deux  pieds.  Ses  feuiUes  inférieures 
sont  laigas ,  pétidées ,  dentées  et  presqu'en  spatule  ;  les  su- 
périeures sont  plus  petites  et  un  peu  en  lyre  à  leur  base.  Les 
Ileuiis  couix>nnent  les  rameaux  ;  eUe^  sont  grosses,  d'un  jaune 
éclatant ,  d'une  odeur  très-agréable ,  à  fleurons  stériles  phis 
grands  que  les  autres ,  et  à  écailles  calicinales  fort  hsses.  Cette 
plante  est  originaire  du  Levant.  On  la  cultive  dans  les  jardina, 
qu'eUe  orne  et  parfume.  Il  faut  la  semer  sur  une  couche 
chaude  au  printemps,  la  transplanter  bientôt  après  sur  une 
nonvelle  couche  de  la  môme  nature,  si  on  veut  hAter  sa  croiv-* 
sance ,  lui  donner  de  l'air  chaque  jour ,  et  l'arroser  peu ,  cor 
trop  d'humidité  la  fait  pourrir.  Quand  les  jeunes  pieds  sotit 
asses  forts,  on  les  enlève  et  on  les  place  séparément  dans  des 
pots  remplis  de  terre  légère  et  tenus  à  l'ombre  les  preaiie:^ 
jours.  On  conçoit  que  ces  soins  sont  inutiles  dans  les  paA  % 
chauds,  où ,  pour  muhipUer  celte  plante  «  il  suffit  d'en  semer 
la  graine  en  pleijie  cl  bonne  terre,  el  à  une  exposition  goo« 
veuable.  (D.) 


il  ' 


il-- 


1 


i.'- 


C  E  N  47, 

CENTAUHÉE  BLEUE.  C'eat  la  Toqvk  OALiRicuLjèK. 
Voyez  ce  mot.  (B.) 

CENTAURÉE  JAUNE.  C'ebt  la  Chlore.  Voyez  t» 
mot.  (B.) 

CENTAURÉE  (PETITE).  C'ert  la  Gentiane  cxntaub£B 
de  Linnteus  ^  qu'on  a  depuis  placée  dans  le  genre  des  Chi« 
BON  ES.  Voyez  au  mol  Chirone.  (B.) 

CENTENILLE ,  CenUmùuiwf.  C'est  une  petite  plante  d# 
la  léirandrie  monogynie  et  de  la  famille  de»  Prjoculacébs  ^ 
dont  le  caractère  est  d'avoir  une  lige  rameuse,  glabre  et 
feuillée  ;  des  feuilles  alternes  ,  ovales,,  pointues  ;  des  fleurs 
axillaires  ,  solitaires,  sessiles  ,  très- petites  et  blanchâtres. 

Chacune  de  ces  fleura  consiste  en  un  calice  pei-sistant  ; 
ouvert ,  etk  quatre  divisions  pointues  ;  en  une  corolle  mo:icw 
pétale  en  roue;  à  tube  court;  à  limbe  ouvert  et  quadrifide; 
en  quatre  étamines  ;  en  un  ovaire  supérieur  chargé  d*uii 
style  à  stigmate  simple. 

Le  fruit  est  une  capsule  globuleuse,  uniloculaire,  s'ou-^ 
vrant  en  travers ,  et  contenant  sept  ou  huit  semences  fort 
petites. 

La  centemlh  se  trouve  dans  les  lieux  humides  et  ombragés 
des  bois ,  sur  le  bord  des  mares ,  dans  le  nord  de  l'Europe. 
lUle  s'élève  au  plus  à  la  hauteur  de  deux  à  trois  pouces,  et 
quelquefois  elle  atteint  à  peine  trois  À  quatre  lignes.  Voyea 
pi.  85  des  Illustrations  de  Lamarck.  (B.) 

CENTINODE.  C'est  une  plante  du  genre.  RENOtuie  , 
J^olygonum  qviculare  Linn.  Voyez  au  mot  Renoues.  fB.) 

CENTIPEDE  ,  Centipeda,  nom  donné  par  Loureiro  au 
^enre  appelé  Granoei4Lb  par  les  autres  botanistes.  {Foyez  ce 
mot.  )  Il  est  établi  sur  Vcwtemisia  nUnima  de  Linnseos.  Voyez 
RU  mot  Armoise.  (B.) 

CENTRINE,  nom  spécifique  d'un  poisson  du  genr» 
Squale.  Voyez  ce  mot.  (B.) 

CENTRI8QUE ,  Centriscus ,  genre  de  poissons  de  la  di- 
vision des  Branchiosteoes  ,  dont  le  caractère  est  d'avoir  la 
museau  très-alongé  ;  les  mâchoires  sans  dents;  le  corps  trè»* 
comprimé  ;  les  nageoires  ventrales  réunies.  y 

On  compte  trois  espèces  de  centrisques  ;  savoir  :  le  Cen- 
•TRisQUE  BECASSE,  Centriscus  seolopcue,  dont  le  dos  est  garni 
de  petites  écailles.  Il  habite  la  Méditerranée ,  et  atteint  rare- 
ment un  demi-pied  de  long.  On  voit  sa  figurç  dans  Blocfa  , 
pL  ia3  ,  et  dans  VHist.  natur.  des  JPoissons ,  faisant  suite 
au  Buffbn,  édition  de  Déterville,  vol.  7  ,  page  a6o.  On  l'ap- 
pelle la  béeasse  on  le  soufflet,  à  raison  de  sa  forme.  Son 
corps  est  court  et  large,  cooquimé  des  deux  eûtes,  d'ua 


48o  C  £  N 

rouge  tendre.  La  iéte,  un  peu  pkuç  large  par  en  haut,  se  ter- 
mine en  un  cylindre  courbé  par  en  bas,  à  rexlrémilé  duquel 
est  la  bouche,  dont  Touvertui'e  est  fermée  par  la  mâchoire 
inférieure  comme  par  un  opercule.  L'ouverture  des  ouïes 
est  large ,  et  son  opercule  est  d'une  seule  pièce.  Les  nageoires 
ventrales  se  cachent  dans  une  fente  osseuse ,  et  sa  première 
dorsale  est  composée  de  quatre  rayons  aiguillonnés  ,  dont  le 
premier  eut  plus  long  et  dentelé  des  deux  côtés.  La  chair  du 
centriaque  bécasse  est  tendre ,  de  bon  goût  et  ai^  à  digérer; 
mais  cependant  on  en  fait  peu  de  cas  à  liaison  de  la  petitesse 
de  l'animal. 

Le  Centrisque  cuirassé  ,  Centriscus  sciUatus  Linn.  a 
une  cuirasse  placée  sur  le  dos,  et  aussi  longue  que  le  corps  et 
la  queue  réunis.  Il  habite  dans  la  mer  des  f  ndes  y  et  est  figuré 
pi.  1 93 ,  n**  I  de  Touvrage  de  Bloch  ;  son  museau  caX  très- 
alongé  ;  son  corps  est  applali  par  les  côtés  ;  sa  cuirasse  est 
demi-transparente  et  composée  de  pièces  écaiileuses  très- 
lisses  et  à  peine  distinguables  ;  le  dos  est  brun  doré  ;  ses  côtés 
jaunes  et  blancs ,  et  son  ventre  blanc ,  avec  des  bandes  rouges  ; 
ses  nageoires  sont  jaunes.  Il  atteint  à  peine  sept  à  huit  pouces 
de  longueur. 

Le  Centrisque  sumpit,  Csniriscus  uelUaris  Linn. ,  a  une 
cuirasse  placée  sur  le  dos ,  plus  courte  que  le  corps  et  la  queue 
réunis.  Il  habite  la  mer  des  Indes  ,  et  a  été  figuré  par  Pallas 
dans  ses  Spicilegia  Zootogica,  tab.  4<  n^  8.  Il  se  rapproche  du 
précédent.  (B.) 

C£NTROGASTÈA£ ,  Onirogasier,  genre  de  poissons 
de  la  division  des  Tuorachiqcjes  ,  établi  par  Houttu^-n 
dans  les  Mémoires  de  la  Société  d* Harlem  ^  auquel  Gmelin 
avoit  réuni  deux  espèces  rangées  parmi  les  Scombres  par 
Forskal^  et  dont  Lacépède  a  fait  deux  genres  nouveaux 
•ous  les  noms  de  C^sio  et  de  Cemtropode.  Voyes  ces  deux 
mots  y  ainsi  que  le  mot  Scombre. 

Le  caractère  des  centrogasières  repose  sur  quatre  aiguil- 
lons et  six  rayons  articulés  k  chaque  nageoire  thoracine.  Ott 
en  compte  deux  espèces;  savoir  : 

Le  Centroc^astèrs  brumatre»  qui  a  la  nageoire  dorade 
très-îongue  ;  cdle  de  la  queue  très-peu  fourchue  ;  la  couleor 
du  dessous  du  corps  brune. 

Le  CENTROGASTjfeRE  ARGENTE,  dont  la  nageotre  de  la 
queue  est  fourchue  et  la  couleur  argentée. 

Tous  deux  se  trouvent  dans  les  mers  du  Japon ,  et  ne  par^ 
viennent  pas  à  plus  d'un  pied  de  longueur.  (B.) 

C£NTROLOPHE,  Cenirolophus ,  genre  de  noissona  de 
la  divisioa  des  Thobachiques^  établi  par  Lacéj^èdc.  Il  ofin^ 


c  É  i^  .Ait 

hsi\  ië  ^iqtiart^  trèàroèpnrés  iés  ilhï  âék  autt^ ,  etcâcftéjr  éii' 
ptr^  SOU!»  Ik  peUii  ;  uiîé  seule  nageoire'  dorsalb  ;  Aés  vSir» 
chtîltés  gâmfieflfdedeiitii'trê^^jbtiles  ,  trw-fineSyégklër,  etuièii^ 
pSrt  jcaftéev  lë^  liftes  des  âutrear;  mohiB  d^  chkq  râyûiia  i^  bf 
s^éiÀ7>^and  bt*âtichiarhè« 

Waottvéta  genre  ire  éàntiént  qÙ'iinééàpébèapjWééG^ic'- 
tii!^PiiÉ  Matit\  k  rakoh  de  sa  c(SMistih  II  éat  Ègtàtë  dMÉ 
rôiiVi'agife  de  tâxtëpeâé ,  Vol. 4,  èL  fd.  ^ 

Gé  poÎ8k>ili  à  é1^  pébhé  sH^  lés  c6tes  dé"  l^raiiéé  ^  et  twrbfîf 
fort  rare.  (1  atteint  plus  d'un  pîéd  dô'lohgUédt  âdù  ntuMktf 
dttiftbùdt;  sa  iftâëE^rè^  inférieure  àVds  aVaÀcéë  uû^là  jiii^ 
ri^fore  ;  tM  êcdSSéï  mni  ^hùûkhdiidiÈsi,  tik^pémi  et  W^* 
fitei.  Sa'  Qxmé  est  fàth-chue.  (B.) 

OSNfTROl^TÉ ,  Cèntronotm,  ti^cé|>èdeé  étiibB  cé'gë^ 
^hÂkila  divMèh  dbtf  ùdisHonstHOKAèi^iQtrEi  pbbr  [flâcëi^  <{ti&^ 
qfàris  és^ëS'  d!it  g^ire  ^téx>àié€  qtii  s^éeartem  Oh  peu  déjf 
autres.  Foye%  au  mot  GASTÉRoarÂfi. 
•  KëÀT^/^crAJ^i^otiiVént  poàr  cat^ctèîrè  unësêtdé  Attàëbtrei 
dà^iè'tV^àlre  i-nj^ôfisau  nibinsfrcfaa^Uë  thâfàeine;  oe^joV*^ 

Îuans  isphSé  atr-dëtratif  de  là  nageoil^  dîr  doé  ;  ut1(^  timA 
iti^nMiduië  ^iii^èlia^uècâté'delàquëile^  un  du  déïU^'aii- 
XtittaÉ^-'àe^titA  ftb  h' nageoire  di(  Fafius. 

Onze  espèces  sont  réunies  s6u8  dé  iidtkVëa:A  gëlil€p&i'  LÀ- 
eépède,  safvoift 

*  qbttti-b  «igtiillda#  Au^i^miit  de>  la  kâps^Ai^  dtf  doa  i  ^^ 
rayons  à  la  membrane  des  branchies;  vingt  -  sept  l'a^j^ift  Ml 
nibia»  à  la'.nageotr»  dbryale^  Il  est  figuré  dma  le  Tràiié  Us 
fi4^k»ê  de.  OiAanseU  partie  féconde ,  9I.  4i  n  4 ,  et  pL  9  ^  â^  (^ 
al;  d^nft  £A«ch^tftbk  ^M.  IlaetroayeoAna  tontes lèa meiv ,  ah 
-f^rnftBA  ctirwnent  èun  d^mt-pied.  Uauit  les  raisseaux  el  lov 
i-equins,  dans  l'intention  de  profiter  des  matières  ccèrf^ovl^ 
paea  ^a'on jette  des'premiers^  ct4u  reste  des  victim^  iinii|o- 
lees  par  les  seconds  ;  de^là  1^  ^^^^  de  poisson  ^ordar^i 
âepilfote  ej  de  OQJuùtvf^urciy^il  porte  pan-tôut. 

I^.mat^ioû,  plu^  que  beaucoup  d^autre:^  hompaes  ,  sàm&gii 
le  merveilleux  9  et  i|i»  ont  dit  et  cru  que  ce  poisson  acçomna^ 


ÂôurHmi'é;  Lttcépèdè  éit*^  pëiil-^tfô  le  pi-emirf  qui! ait  ap- 
précié ce  conte  à  si  vàlétif  r&llé.^jVi  *le  ît  norlft;^^ 

èi  i 'f  vois' toiiioûra 
du  yaifseau 
XV.  ah 


precie  ce  conte  a  sa  valeur  reeue.  4  ai  eie  a  n 
^rvôf  dés  niilliécs  dé  éenhrondieé  pîtoïis.  èl  j 'in 
c^rrinfn^â'eixJéVei'  ilUie  nfqiUns  qui  Vp|»i^6âtHi 


48a  ^  C  E  N 

aue  je  montois^  la  totalité  de  leurs  conducteurs^  en  jetant 
ans  la  mer  de  la  pui*ée  de  pois  ou  d'haricots  ,  et  par-là  de 
mettre  ces  pauvres  requins  dans  la  position  de  mourir  do 
^aim.  Le  fait  qui  devroit  paroître  le  plus  diflicile  à  expli- 
€[uer,  c'est  pourquoi  les  requins  ne  mangent  pas  les  centra^ 
noies  ;  mais  lorsqu'on  a  vu  les  allures  des  uns  et  des  autres^ 
on  est  bientôt  convaincu  que  cea  derniers  ne  se  tiennent  jaamis 
Quk  une  dislance  raisonnable,  des  premiem ,  sur-tout  lors* 
qulls  sont  en  avant  ^  et  q.ue  la  vivacité  de  leurs  mouvemena , 
la  rapidité  de  leur  natation^  sont  trop  supérieures,  pour  qu'ils 
aient  quelque  chose'  à  en  craindre. 

Quoi  qu'il  en  soit ,  la  présence  dncenironoie  pHote  autour 
des  vaisi»eaux  et  des  requins  »  amu&e,  au  milieu  de  la  mer, 
roisiveté  des  passagers ,  et  on  aime  à  les  contempler  et  à  les 
prendre  à  la  li^ne  lorsqu'on  le  pc^ut.  On  dit  lor^«q^'on  le 
peut,  parce  qu'il  a  la  bouche  si  étroite  çt  si  alon^ée,  qu'il 
enlève  très-souvent  Tappat  de  l'hameçon  sans  être  arréljè  par 
lui.  Sa  chair  est  très-bonne. 

Le  corps  du  centronotê pilote  est  applati.^  Son  dos  est  brnn  , 
avec  des  bandes  plus  foncées.  Son  ventre  est  dore,  l'out  l'in^ 
teneur  de  sa  bouche  e^t  garni  de  très-petites  dents. 

Je  soupçonne  que  plusieurs  es^pèces  sont  confondues  dana 
les  auteurs  sous  ce  nom.  Celui  que  je  mentionne  a  été  prlls,  dé- 
crit et  dessiné  par  moi  «  sur  le  vivant. 

Le  CibMTBONOTE  acanthias,  Gasterosteuê,  acantidaê  ,  « 
^paatre  aiguillons  au-devant  d^  la  preqiière  nageoire  dor* 
yde,  et  tro^  rayons  à  la  membrane  dea.  Vranchi^s.  11  habita 
les  mera  du  Nord. 

Le  Cbntaonotb  ûv^b^os  ^^SccmAer  caltar  Bloch, 
pL  33tiy  n^  â  9  a  quatre  aiguillons  au-devant  4e  la  nageoire 
domale  ;  vin«t«un  rayons  à  c^tte  nageoire  ;  six  rayons  à  la 
membrane  des  branchiet.  On  le  trouve  sur  la-  o^e  ém 
GninéeL 

'  LeCBNTRONOTE  0LATC08  a  cihq  aiguillons  au-devant  de 
)a  nageoire  du  dos,  dont  le  premier  est  tourné  vers  le  musenû. 
Il  se  trouve  dans  la  Méditerranée ,  et  est  figuréUansKondclel. 
Son  do»  est  d'un  brun  obscur.  Sa  chair  estgraioe,  ferme  et  de 
bon  goût. 

Le  Centaonote  AncENri^  Gastcrosteus  occidentalié  ,  a 
sept  aiguillons  au-devant  de  la  nageoire  du  dos«  et  onze 
payons  à  cette  nagt^oire.  Il  vît  dans  les  mers  de  r^jnérique» 
et  est  figura  dans  Érown ,  tab.  ^b ,  n''  a. 

Lo  Centronote  ovale,  Gafiterqsteus  ov*atu8  Lînn. ^  qiti 
k  sept  fkijuiUoiis  au-devant  de  la  nageoire  du  do^  ;  viost 


C  E  N  ^  483 

Tajons  à  cette  nageoire;  six  rayons  à  la  membrane  des  bran* 
dues.  On  le  pêche  dans  les  mers  d'Asie. 

Le  Centaonote  i^yzan  ^  Gasterosteus  fyzan  linn. ,  a  sept 
aiguillons  au-devant  de  la  nageoire  du  dos  ;  vingt-un  rayons 
à  cette  nageoire  ;  huit  rayons  k  la  membrane  des  bi*anchie8. 
Il  vit  dans  les  mers  d'Arabie. 

LeC^ENTRONOTE  CAROLiNiN ,  GaaierosUus  carolinus  Linn . , 
qui  a  huit  aiguillons  au-devant  de  la  nageoire  du  dos  ;  vingt-six 
rayons  à  cette  nageoire ,  et  dont  ]a  ligne  latérale  est  droite. 
C'est  dans  les  mens  de  TAmérique  septentrionale  qu'on  le 
trouve. 

Le  Centronote  gardenien,  Gasterosteus  canadas  Linn., 
a  huit  aiguillons  au-devant  de  la  nageoire  du  dos  ;  trente-trois 
rayons  à  cette  nageoire  ;  point  d  ai^^uillons  au  -  devant  dô 
celle  de  l'anus  ;  deux  rayons  seulement  à  chacune  des  pecto- 
rales. On  le  trouve  dans  les  mers  de  l'Amérique  septentrio- 
nale. 

Le  Cektronote  vadioo  ,  Scomber  aculeaius  Linn. ,  a 
huit  aigmllons  au-devant  de  la  nageoii-e  du  dos  ;  plus  de 
deux  l'ayons  à  chacune  des  pectorales ,  et  la  ligne  latérale 
tortueuse.  On  le  trouve  dans  la  Méditerranée,  sur  le  bord  de 
laquelle  il  est  appelé  liche  etpelamide.  On  le  mange. 

Le  Centronote  neore  ,  Scomber  niger  filoch ,  tab.  357  , 
a  huit  aiguillons  au-Klevant  de  «la  nageoire  du  dos;  trente- 
trois  rayons  à  cette  nageoire  ;  douze  rayons  à  chaque  pecto- 
xale,  et  la  couleur  générale  noire.  On  lepéche  entre  F  Afrique 
et  l'Amérique.  (B.) 

CENTROPODE,  Centropodus.  Lacépède  a  donné  ce 
nom  à  un  poisson  que  Forskâl  avoît  réuni  aux  Centrooas- 
TiRES  de  Linnaeus  y  mais  que  le  natui^aliste  français  a  re« 
connu  devoir  former  un  genre  particulier. 

,  Ce  nouveau  genre  a  poui*  caractère  deux  nageoires  dor- 
sales; un  aiguillon  et  cinq  ou  àx  rayons  articulés^  trèv^petits,  ' 
à  chaque  nagedire  thorachique  %  point  de  piquans  isolés  au- 
devant  des  nageoires  du  dos ,  mais  les  rayons  de  la  première 
dorsale  à  peine  réunis  par  une  membrane  ;  point  de  carène 
latérale  à  la  queue. 

Le  Centropode  rhomboïbal  est  appelé  tabaé  sur  les 
bords  de  la  mer  Rouge  ^  mer  qu'il  habite ,  et  où  il  a  été  ob- 
servé par  ForskaL  Les  petites  écailles  dont  il  est  revêtu  p 
'brillent  comme  des  lames  d'argent.  (B.) 

CENTROFOME,  Centropomus.  Le  genre  appelé />^c?i^  , 
d'après  le  poisson  de  nos  rivières  qui  porte  ce  nom ,  a,  dans 
les  ouvrages  de  LinnsBus,  une  extension  beaucoup  tropcon- 
^idérable.  Ses  caractères  eont  vagues^-et  ses  espèces  fort  ëissem-* 


€  E  M 

biable&  dana Jeun  £Mriiifl&  et  daa»  leuiv  n&œura;  Il  n*ait  pm&t 
d*ichlhyologiste  qui  n'ailMiMi  lea  iaconvéïueiis  ma  sont  ksinle 
de.  Bon  orgfHiioation  vicieiiae  ^  et  qui  n'ait  deflîrr  que  les 
fixante  espèces,  qu'ôl  contient,  fussent  rangées  aiMia  oe  non» 
veiOix  noms  génériques.  Fq^as  au  mot  Pbrcke. 

Il  étoit  réservé  à  Lacépéde  d'opérer  cétie  amélioration  dans 
la  dinaoa..des  poissons  tlioràeh]qMes«et  il  l'a  fiiil  avec  la  sapé* 
noçilé  dfi  talentuu'on  loi  oaanolt  Dans  l'important  ôovrago 
qu'il  vient  de  publier.,  on  ^oiive  Ids  peroke»^ie  ÏJummn»  pla- 
(^ées-sous  six  gfsnres  ,  dont  celui  i^pelé  eentrxjpame  fait  partie  , 
et  est  un  des  plus  nombreux  en  espèces ,  puisou'il  en  con« 
tient  vingt,  dont  quelques-mies,  il  est  Trsi ,  arment  été  «eu- 
nies  aux,  Scràifju  par  FonkaletautrasnaloFaiislBs»  Foyas  aw 

mol  SC1£9JK. 

Les  caraclàrea  de  ce  nouveau  genve  sontftine'dedteinre  k 
une  ou  à  plusieurs  pièces  de  oliaque  operculoTpaîntd'atgtiiUos 
à  ces  pièces  ;  un  seul  barbillon  ou  point  de  barbillon  auxailU 
ohoices;  deux  nageoires  *doraales« 

Lacépéde  a  subdivisé  les  atnitfopmmm*  9w  de«^  seelsona^ 
dont'la  première  comprend  letespècea  dont*  kuageoîre  de  In 
i|uene  est  fourchue  ou  en  croi^tfmt  »  teh  que  : 

Le  Gentjiopome  sktanAT^  Peroa  Usdoperww  linii.  »  qui  ai 
quatorze  rayons  aiguiIloHnisxÀ«  h  première  nagBoifo-dbraale  ; 
vingt-lroîs  articula  à  La  seconde*;  qtialorae  ra^nrà  la  na- 
geoire de  l'anus;  la.  caudale  en  croissant;  hc  tèlo  aiongée  «t* 
dénuée  de  petites  écailles  ,  ainsi  que  les  operentee;  le  eorpa: 
et  Ta  queue  alongés;  deux  orifices  k  chaque  naime;  le  dam 
«vadér parles  tacnes'Ott  bandtas  oonrlés ,  iitégiJSëm et  fraoa- 
versaie»,  d'un  noir  mâle  de  Uau  et  de  rongeâtiv.  Har  tfonvo 
dam  lea  eaux  douces  du  nord<le  r£urope.  J  enaossède  un  in- 
dividu pris  dans  la  Seine.  On  le  coocioit  en*  FrasKie  soua  la 
uom à^ MMdte.ou iumdai*  U  est  figuré  dmM*fii0di*«.pi.  5i  » 
A^uckBVHiê^irsnatwrêlU  deê-poiMons,  faisanlautte  sn  Bt^/bn^ 
édition  de  DÂlerviUe ,  voL  4^  page  68^  etdanrplaHeun 
ouvrages. 

Ce  poisson  ressemble  au  brochet,  par  son  oorps  dongé, 
dents  redoutables  et  à  Ia  perche,  par  ses  écaittaadnres  éi 
raie*  noirâtres*  C'est  de*-lè  que  lui  vient  son  m>m  làlitt  de 
broohêUperche»  L'ouvertur6  de  sa  bouche  eSI  grande  ;  sa  mA< 
cbos^  siipérieure  avance  un  peu;  ses  dents  sent  inégalen^et 
au  nombre  d'environ- quarante;  ses  jeux  sont  ofascnn.  tt 
p^rvissU  à  une  grosseur  coaMidérablei  diols  *  le»  lacs  et  les 
grandesrivières  dont  In»  eaux^soiit  vives.  Ott>e»  péobe  en  AU»* 
magne  qui  ont  trois  à  quatre  pieds.de  long»  et  vingt  à 
ti*ettieUvfnsde>poids«  Qorotl  fort  vite  ». et  meoftpresqu'        - 


C  E  IS  48i 

ttl  qu'il  ^i  4ir6  Ko»  dé  Tean  ^.iur^lDiif)ox«qi|'fl  -fiiit  tdiaad. 
C'e»t  au  milî^u  4u  ^rmtettps  i^'il  dépose  <«on  frai  rar  las- 
piaules  riyeraiiia9*  Qn  a  liouYe  trois  cent  ^skiouante  milla 
Wfft  daua  nue  femeUe  de  Usb  tivras.  Cepenaaat  il  atest 
p^s  tràs-iH>i»iiiyo  r  {Mcœ  que  les  gros  mafioeat  les  petits  ^ 
el qqe 0es 4fHwei9  fliait  eacore  mangés  partesiroajbisylaa 
$Hur$M  et  les  pÎMauz»  aqpaaiîques.  Il  rît  de  patîts  poûeom^  et 
pnQGipaJeRMflit  d^«|i!Mrbna  ^  qui ,  cosune  iui  ^  aiment  a  sa 
t^air  ttu  fo«iidl  4è  i'eau.  fia  cfaair  est  blaBcfae,  agréable  au 
go0t ,  tendre  et  ie  fiicile  digestion  ;  aiisaî  est-"^  recherolié#' 
sur  toutes  1^  tablas  délicates.  On  ia  sale^la  sèche  on  la  fume 
d^flii  pbwiettiii^  parties  d^  l'Alleenagae  ^  ponip  iSeatoyer  asr 
loin. 

Ce  poiwop'  se  prand^  an-  filet-  «t  i  la^  figns-,  asît  Tolsnle  ». 
soit  de  fond^,  qa'on  amoice  avec  des  petits  poissons.  On  la^ 
pi«ndauiaià^Ia£>aène>iurtoiit  danale temps  du  frai^  époane 
où  il'e^t  pea  craintif,  ae  laisse  approdier  d'aussi  près  onon- 
le  TeiM ,  ^t  n^munftm^fipù  q«e]qnes  jpouoas  d'eau  an-oessea 
de  lui. 

Ld^pèdia  «qiparbi  i*  cette  euiece  y  eomme  variélé ,  la 
pêrehB  du  Foiga  ^dion^  par  Pallas  dana  le  pranner  veliiine 
de^qn^cyq^.  > 

Le  Centroposib  hdber  ySciœntr  &lvï'fUamna  Fofstai , 
a  huit  rayona  aigoiUonnés  à  la  première  nageoire  du  dos  ;  un 
rayon  aiguIUonné  et  quatoi*ae  rayons  arlicnlëa  à  k  secon^ig  ; 
XfiÀA  rayons  ai^iiUoimés  et  neuf  articolés  à  l'anale;  Tc^ier* 
culenn  peu  échraacrépar^dçrriàre  ;  les  dents  Hortos  et  rai  p6u^ 
éloignées  Tiine  d#  TanAre  ;  la  coulenr  générale  jaimâtre  \'Am 
raies  longitudinales  dorées  ;  une  taehe  noiiv  sur  eheque  côté.  > 
Il  se  trouipe  daoa  la*  mer  Bouse. 

I^e  CsKTHOBOiUE  8AFOA ,  ârûaBB  sif^^  FoTsIcàl',  ar  huit 
nayous  aifluiUosmés  i  la  première  nageoii*e  du  dos  ;  h  mâ- 
ehoire  iuwrieure  plus  avancée  que  U  supérieure  \  le  corps  et- 
bi  queue  alongés;  la  couleur  argentée  et  siun^taobes.  Il  se 
pèche  avec  le  précédenl;. 

Le  CsNTnofOHjB  àiA^sfiiBtm^ ^Petoa a&vnmèlMW.y^  Tnk* 
rayon  aiguiUonné  et  neuf  rayons  articulés  à  la  première  doiv- 
aaie;  unrayoyhaigatHonAéetTingb^rQis  articulés  à  la  seconde;, 
un  rayon  aiguillonné  et  sept  articulés  à  l'anale;  trots  rayona» 
à  la  membrane  dea  Wnchies;-  plusieurs  bandes  ohUques  et 
lirun<a.Il  est  figuré  dans  Catedby^yoL  2,  pl.ia,  n^  a,  et  se 
pèche  sur  ka  oôta»  de  la  Cardine.  On  Ta  appdé  ahUtie  ift 
ifiar  en  firançais.- 

Le  CsNTKoaoïfn  lovhjlr,  Perea  tbpharForâuA^  a  sepf 
vayons  aiguSlonnéaà  la  première  nageoii«  du  dos^. vingt-sept 


486  C  E  N  ^ 

à  la  seconde;  vingt-siit  à  la  nageoire  de  l'anns;  les  thora- 
chiques  réunies  par  une  membrane  ;  la  couleur  générale 
argentée.  Forskal  la  observé  dans  la  mer  Rouge. 

Le  CsNTROFOME  ARABIQUE  ,  Rtrca  onxbica  Forskal^  a  six 
rayons  aiguiQonnés  à  la  première  dorsale ,  un  rayon  aiguiU 
lonné  et  dix  rayons  articulés  à  la  seconde  ;  deux  rayons  aigoO.» 
lonnés ,  et  neuf  rayons  articulés  à  la  nageoire  de  l'anus  ;  les 
écailies  larges ,  dentelées  et  peu  attachées  â  la  peau  ;  l'entre- 
deux  des  yeux  creusé  par  un  sillon  qui  se  divise  en  deux  à 
chacune  de  ses  extrémités;  la  couleur  générale  argentée  ;seixe 
ou  dix-sept  raies  longitudinales  et  noires  de  chaque  côté  du 
corps ,  et  une  tache  noire  bordée  d'or  au  milieu  de  la  queue: 
c'est  encore  dans  la  mer  Rouge  qu'on  trouve  ce  poisson. 

Le Gentrofome  rayé,  Sciœna  lineata  Bloch  ,  tab.  5o4 ,  et 
JlUtoire  naturelle  des  PoMsonSf  faisant  suite  au  Buffon  ,èà\X. 
de  Délerville ,  vol.  4  ,  p.  55  ,  ae  ti*ouve  dans  la  Méditerranée. 
Il  a  huit  rayons  aigniUonnés  à  la  premièi-e  nageoire  du  dos; 
un  rayon  aiguillonné  et  douze  rayons  articulés  à  la  seconde  ; 
trois  rayons  aiguillonnés  et  dix  rayons  articulés  à  l'anaJe  ;  la 
mâchoire  inférieui*e  plus  avancée  que  la  supérieure  ;  un  seul 
orifice  à  chaque  narine  ;  le  bord  postérieur  de  l'opercule 
échancré  ;  la  couleur  générale  argentée  ;  le  dos  violet  ;  de» 
raies  longitudinales  jaunes. 

Le  Gentrofome  ix>up  y  Perça  punciaiaLÂnn.  ,  a  neuf 
rayons  aiguillonnés  à  la  première  nageoire  du  dos  ;  qualorse 
rayons  à  la  seconde  ;  trois  rayons  aiguillonnés  et  onze  rayons 
articulés  à  la  nageoire  de  l'anus  ;  la  caudale  en  croissant  ;  les 
deux  mâchoires  également  avancées  ;  les  dents  des  mâchoires 
courtes  et  pointues  ;  le  palais  et  les  environs  du  gosier  hérissés 
de  petites  dents  ;  deux  orifices  à  chaque  narine  ;  les  yeux  trèv- 
rapprochés  ;  plusieurs  pores  muqueux  à  la  mâchoii^  infé- 
rieure ;  les  écailles  ])etites  ;  la  couleur  générale  blanche  ;  le 
dos  brunâtre  ;  les  dorsales  et  l'anale  rougeâtres  ;  les  pecto- 
rales et  les  thoracines  )  au  nés  ;  la  caudale  noiràtiT.  11  est  fi- 
guré dans  Bloch ,  pi.  5oi  ^  et  dans  le  Buffon  de  DéterviUe» 
vol.  4. 5  pag.  3^  ,  sous  le  nom  de  aciène.  Il  se  trouve  dans 
rOcéan  et  la  Méditerranée ,  et  est  connu  sur  nos  côtes  sous 
les  noms  de  bar ,  louOine  ,  brigne ,  loup ,  dreligny  ,  loupatêon  , 
et  luAin  :  c'est  le  basse  des  Anglais. 

Ge  poisson  a  été  connu  des  Grecs  et  des  Romains ,  qui 
lestimoient  un  des  meilleurs  ^  et  qui  le  payoient  souvent  fort 
cher.  Il  acquiert  quelquefois  huit  à  dix  pieds  de  long  et  trente 
livres  de  poids.  Il  pivfrre  habiter  l'embouchure  des  rivière»  , 
qu'il  remonte  même  souvent  »  ù  la  pleine  mer.  Il  est  irà»- 
hardi  et  très-vorace,  de-là  lui  vient  son  nom  de  loup,  U  fraie 


C  E  I^        .  .   -  487 

^«nx  fois  par  an  à  ]['embouchure  des  rivières.  On  le  pécho. 
pendant  toute  Tannée ,  avec  différt  nies  sortes  de  filets  et  à  la 
ligne.  Sa  chair  est  salubre  ,  sur-tout  lorsqu'il  a  été  péché  dans 
les. rivières ,  car  celle  de  ceux  qu'on  prend  dans  la  mer  est 
quelquefois  si  gi'asse  qu'elle  devient  indigeste  et  s'altère  ai- 
sément. On  en  mange  beaucoup .  sur  toutes  les  côtes  de 
France. 

Le  Centrofomb  onze  hayons  y  Sciœnçi  undecknalU 
Bloch  ,  tab.  5o3  ,  et  Buffbn  de  Détenille  ,  vôL  4 ,  pag.  56  ,  a. 
huit  rayons  aiguillonnes  à  la  première  nageoire  du  dos  ;  ua 
rayon  aiguillonné  et  dix  rayons  articulés  à  la  seconde  ;, trois 
rayons  aiguillonnés  et  sept  rayons  articiilés  à  Tanale  ;  la  cau- 
dale en  croissant  ;  le  museau  alongé  ;  la  mâchoire  inférieure 
plus  avancée  que  la  supérieure  ;  un  seul  orifice  à  chaque  na-- 
rine  ;  de  petites  écailles  sur  une  partie  de  la  caudale  et  de  la 
seconde  nageoire  du  dos  j  la  ligne  latérale  noire  ;  la  couleur 
générale  rouge  :  il  se  trouve  sur  les  côtes  pierreuses  de  la  Ja-, 
maïque. 

Le  Centropome  vx.vmi'RViySciœnaplumerii^loch, 
tab.  3o6  ,  et  Buffbn  de  Délerville ,  vol.  4  ,  pag.  6 1 ,  a  neuf 
rayons  aiguillonnés  à  la  première  dorsale;  deux  rayons  aiguil- 
lonnés et  nuit  rayons  articulés  à  la  seconde  ;  deux  rayons  ai- 
guillonnés et  sept  articulés  à  Fanale  ;  la  caudale  en  croissant  ; 
deux  orifices  à  chaque  narine  ;  le  premier  rayon  aiguillonné 
de  la  nageoire  de  l'anus  très-gros  et  très-long  ;  la  couleur  gé- 
nérale blanche  ;  des  bandes  transversales  brunes  ;  des  raies 
longitudinales  jaunes  :  il  se  trouve  dans  la  mer  des  Antilles. 

Le  Centropome  mulet  a  neuf  rayons  aiguillonnés  à  la 
première  nageoire  du  dos  ;  treize  rayons  à  la  seconde  ;  treize 
rayons  à  la  nageoire  de  l'anus  ;  sept  rayons  à  la  membrane 
branchiale  ;  deux  orifices  à  chaque  narine  ;  la  mâchoire  in- 
férieure un  peu  plus  avancée  que  la  supérieure  ;  les  dents 
fines  et  très-serrées  ;  les  écailles  fortement  attachées  à  la  peau  ; 
la  ligne  latérale  droite  ^  le  dos  brun  ;  les  côtés  gris.  Il  habite 
hxxr  les  côtes  de  France.  Il  entre  par  troupes  si  nombreuses 
dans  la  Seine  ^  à  la  fin  du  printemps  y  qu'on  en  pi'^nd  quel- 
quefois quatre  à  cinq  cents  d'un  seul  coup  de  filet ,  d'après 
le  rapport  de  Noël  de  Rouen.  11  parvient  à  plus  de  dcu^ 
pieds  de  long.  Ses  mouvcmens  sont  très-vifs  ^  et  ses  sauts  mul- 
tipliés l'annoncent  de  loin  aux  pécheurs.  Sa  chair  est  excel- 
lente. Il  est  remarquable  que  ce  poisson  ait  échappé ,  jusqu'à 
Lacépède  ,  aux  recnercfaes  des  naturalistes. 

Le  Centropome  ambasse  a  sept  rayons  aiguillonnés  à  bi 
première  dorsale  ;  un  rayon  aiguillonné  et  onze  rayons  arti- 
culée à  la  seconde  ;  trois  rayons  aiguillonnés  et  neuf  rayon» 


488  ^  ^  ^ 

articulés^  filiale  ;  les  it93^  pretnièivB  jpiècenip  cbMifam  omr^ 
cule  dentelées  ;  la  mâchoire  supérieure  qn  j^  exlennjble  el' 
plus  courte  que  rinférieure  ;  les  deux  m^chou'e»  et  une  grande 
partie  du  palai»  hérisdées  de  li^ès  -  petites  dents;  la  Lingue 
dure  ;  les  Uganiena  du  rentre  très-lransparens  ^  le  nêritoin^ 
argenté  ;  la  partie  aupérîeure  de  ranimai  d^un  verd  Çnmâlre* 
tiée  trouve  dans  les  lacs  ou  grands  étangs  de  l'île  de  la  J{éu-* 
nion  ,  où  il  a  été  ob;iervé  par  Commerson  :  il  iKirvienl  rare- 
ttient  &  un  pied  de  long.  Les  babitaaseài  pochent  ^  grande» 
Quantités  qu'ils  préparent  commue  letANCHoi^  f^ù/et  ce 
ibot.* 

Le  Centropomé  jdk  boche  a  ]pieprrayoi]saigniQon9és& 
la  première  nageoire  du  dos  ;  un  rayon  aiguillonné  el  douce 
Ayons  articulés  à  la  seconde;  trois  rayons  Piguillonnéf  et  neuf 
rayon^  articulés  à  la  nageoire  de  jfanus  ;  la  dernière  pièce  de 
chaque  opercule  écliancrée  ;  la  couleur  générale  bleuâtre; 
tire^sque  toutes  lés  écailles  noire»  ou  uoii'àlreaaans  leur  centre 
et  à  leur  circonli^reDce.  Il  est  un  peu  plus  grand  que  le  pré- 
cédent, et  sa  chair  est  également  tre^-délicate  :  on  Ip  pécne  à* 
Fémbouchure  des  ri^îères  de  Tile  de  la  Béunion. 

Le-CsNTROPOM^  AiACRonoN  a  six  rayons  at£uilJonQés  i  h 
premicre  dorsale  :  nu  rayon  aiî^uillonné  et  dix  rayons  arti- 
culés à'  la  seconde  ;  deux  rayons  aiguillonnés  et  peuf  rayons 
erticiilés  à  l'anale  ;  le  museau  alongé  ;  Touverture  de  la  bpu- 


eiir  générale  blanchâtre  f)inît 
ou  neuf  raie»  longitudinales  brunes  de  chaque  côté  ;  la  pre» 
siière  nageoire  dorsale  noire  ^  1^  autres  nageoires  rouges  :  il 
se  trouve  avec  le  précédent. 

'  L^  Centropome  DORi;  est  d*une  couleur  de  cuivre  doré 
et  sans  lâches.  La  première  dorsale  el  la  base  de  la  caudale 
noiit»  ;  les  autres  nageoires  rouges.  Ce  poisson  ,  qi/on  trouve 
encore  avec  le  |)ré<  édent ,  est  tràs-beau  ,  et  sa  cnair  es{  trè»- 
aaréable  au  goÛL  Ses  écailles  sont  denti^'Iées  an  poipt  qu'on 
^ut  difficilement  le  toucher  sans  se  blesser. 

Les  centrxpt^m^H  de  la  seconde  division  ont  la  queue  arron» 
die,  ou 9 au  moins,  nullement  échancrée>  ç^  «ont: 

Le  CsNTAopoM^  ifi|.^HH  e  t  Pfrca  nitçiica  Lînp*  II  « 
l^uit  ni^  ODS  aisinilanncs  à  la  premiers  dorsalt  ;  un  rayoït 
aiguillonné  et  huit  rayotisarlicnléiià  la  seconde  ;  trois  'eyone 

X  lionnes  et  dix  rayons  articulés  ^  (aqal^;  la  couleur  gé^ 
.      le  brune.  Il  sç  trouva  dans  le  ^il  ^\  dan^  la  ruer  Cas- 
gieime.  U  est  figura  dans  le  Vogqgq  i/^Gvs^àkk  ep  i$i)>é]ric  « 


G  E  Px  4^ 

Sbniini ,  <jui  r»  égfJejoaexH  %uiié  ^isias ^p  Jçy^P^  Egypte^ 
&eoRroi  s'est  assure  par  la  comparaison  dex^epc^^liion^viclep 

h  HMHtQ-Ëg^ptp ,  ^ue  ç'elpil  rpellfimeott |çu^  IffA^^^^  ^q^ 
quelquç^  .com  m.enUteu rs  l'air^ieut  dit. 

Le  Centropome  «illé  ^  Perc^  pcelfa/lfi  lijOli.  ^  ^  dix 
i^pygn»  fij^uiUQ^n^  à  !•  ]v:eiBi0re  «i^geo^  d^i  do^;  lu^  r^^y^n 
ai|[uiLloiiÀ^  et  TJr>gtrflD^tiis  rvyfm^  9Tiici4é»  ^  ^^«CQpde  ;  j;ia 

ijyw  wfaiUoi^*,^  ^  #puf  r^oof  *ulicttlçs  i^  l'«i^^  ;  90©  *f- 

vnent  mangé.  J(l  ^^cguiert  ,f i\e]gue(bJ8  jusqu'à  trois  pieds  4a 
h^g*  JS»  <i!lwr  ^*  Ji^i-^légèpe  0  fwvowf^y^.  Un  ^n  p^seod 
beaucqpp  ,  peçdiinl  Jp^/é,  «Oila|^  ^I^L,«oi^  A  la  Hg»^ 

lie  Ç^-ijLOPpvE  JFA¥4  A  U^  na^ii^e  de  U  fm^  IW^- 
g^  ;  9epL  ou  fiuit  b^clef  tp:;a]^ver^^j4Qs^  biiunos  ;  la  coyleMr 
générale  d'un  brun  mêlé  de  blaiu:  ^  la  ^fuatel^rf  de^  9P0X^. 
cules  Irès-peu  roarqMée* 

Le  C^  Tnovotf  «  pjBiiciioiT  a  vingjL-sept  nifrona  à  la  •ee<M]d« 
oagecîiie  du  cip^  *  W  caudide  «irroffidie  ;  «naecu  d<Mm  B^^a 
obpqMeç  et  brujifs  dp  ctinqne  cftfté. 

Oêi  d#p]i^  def  niàii»?  letpeceft  ont  iHé  àbmsviêÊ  par  Oosn^ 
meraoQ ,  daiv  l»  «ter  d#»  Indei.  (B.) 

6£OA.Î^.  L'^Mi  dUi  que  cet  oiseau  des  îpèeê  suit  kê  pas- 
aans  >  et  aeniUe  votrfeir  imiter  leur  voix.  Tai|!e  un  pea  plus 
grosse  que  cellf  de  la  grit^  ;  plusii^  tacheté  de  )9une  :  il^ 
6St  tris-peu  connu.  (Vibilia) 

CÉPÉES*  On  appeUe  ainsi  tout  ce  qui  repousse  des  aou- 
cfaes  d'un  bois  tailus.  {1  n'est  permis  d'abattre  les  cépées  , 
qu'a  la  cognée  et  en  pied  de  \iiche ,  et  non  avec  la  serpe  ou 
la  scié.  Cet  abattis  se  nomme  réc^pé9.  Le  vrai  t^mps  pofur 
le  rècépage  est  I9  jSn  de  l'hiver.  On  doit  avertir  les  çai^eu» 
d'ébranler  les  racines  le  moins  qu'il  leur  sera  pq^ible.  Far 
1^  moyen  du  recépfige ,  les  jei^ne;^  arbines  poDl^ent  plusieurs 
jets  vigoureux  à  la  place  de  la  tige  coupée ,  et  forfoenl  9 
comme  on  dit  en  termes  de  forêts ,  des  rqchiee,  (D.) 

CÊPHALAPAÏ^THE ,  (kvhalactmthtf^  ,  g(»nfe  de  pgia- 
app^s  établi  pçr  Llirépie;de  dans  la  divi^H^n  dps  THQfLAcmqvwh 
pour  placer  une  espèce  du  genre  Ç^avwo#t^I£  de  Lit^naeiiSy 
iJa9t€msteu8  ^pinf^^ffa  ,  qui  ^  ^âs  pacactèf^e»  auffii^fip»  ppur 
«b  être  distipi^Mé. 

Gei3^  4^  pe  imui^emi  genre  «qnt  ^'avoir  le  d<Brrièie  de  la 


490         ^  C  E  P   ,     . 

tête  garni  de  cTiaqne  cÂté  de  deux  pîquans  dentelés  et 
longs  y  et  de  n'avoir  point  d'aiguillons  isolés  au-devant  de 
la  nageoire  du  dos. 

Le  CEPHAiiACANrHE  SFINABBLLE  habite  dans  la  mer  des 
Indes.  Il  est  figuré  sous  le  nom  de  pungitiua  puaiWis  dans  I9 
Munéum  d'Adolphe  Frédéric ,  tab.  3â  ^  n°  5.  Sa  tête  est  striée, 
et  son  corps  fort  petit.  (B.) 

CEPHALANTHE  ,  Cephalanthus ,  ^enre  de  plantes  à 
fleurs  monopétalées  de  la  tétrandrie  monogynîe  >  et  de  la  fa- 
mille des  RtTBiAC^Es  y  dont  le  caractère  est  d'avoir  les  fleurs 
portées  sur  un  réceptacle  commun  globuleux ,  pédoncule , 
et  chaque  fleur  composée  d'un  petit  calice  monophylle ,  sa- 
péneur  et  à  quatre  divisions  ;  d'une  corolle  monopctale ,  in- 
ïundibuliformel,  à  tube  long  ^  et  à  Umbe  à  quatre  découpures;, 
de  quatre  étamines  non  saillantes  ;  d'un  ovaire  inférieur  d'où 
a'élève  un  long  style  terminé  par  un  stigmate  en  tôte. 

Le  fruit  est  une  petite  capsule  oblongue  ,  en  massue,  pres- 
que tétragone  ^  buoculaire  ,  et  qui  contient  une  semence 
oblongue  dans  chaque  loge. 

Voyez  pi.  59  des  Illustrations  de  Lamarck. 

Ce  genre  ne  contient  que  trois  espèces ,  dont  deux  des  Indes 
orientales  peu  connues ,  et  une  de  l'Amérique  septentric^ 
nale  ,  qui  se  cultive  dans  les  jardins  des  curieux  y  même 
dans  le  climat  de  Paris,  quoiqu'elle  craigne  un  peu  les  gelées. 
C'est  en  Caroline  ,  où  elle  crc^t  naturellement ,  qu'on  peut 
admirer  la  beauté  de  cette  dernière.  Elle  forme  au  milieu 
des  mares ,  des  flasques  d'eau  y  qui  y  sont  très-communes , 
des  buissons  de  huit  à  dix  pieds  de  haut ,  qui  ,  pendant  la  flo- 
raison ,  forment  un  spectacle  foii  agréable  par  la  multitude 
de  têtes  de  fleurs  qui  s'y  développent  successivement.  Ce  ce^ 
phalanths ,  qui  est  le  cepfialanûius  occidentaUs  de  Lin  meus, 
le  bois  à  bouton  des  jardiniers  ,  a  les  feuilles  opposées  ou  ter- 
nées  :  les  têtes  des  fleurs  terminales  et  presque  rameuses,  (fi.) 

CEPH ALE  ,  nom  donné  ,  dans  les  papiUons  '  d'Europe 
d'Engramelle,  à  un  petit  papillon  du  joui*,  de  la  division  des 
Satyres.  (L.) 

CÉPHALOPHORE  ,  Cephalophora  ,  plante  rameuse  & 
feuilles  radicales  ,  ovales  ,  oblongues  ,  lésèremenl  pétiolécs  ; 
à  feuilles  caulinaires  alternes  ,  sessiles ,  bnéaires  y  rudes  au 
toucher,  et  glauques  ;  à  fleurs  terminales ,  jaunes,  portées  sur 
des  pédoncules  en  massues ,  laquelle  fortne'un  genre  dans  la 
ayngénésie  polygamie  égale. 

Ce  genre,  qui  est  figuré' pl«  699  des  Icônes  deCavanilles, 
a  pour  caractère  un  calice  commun  formé  par  deux  rangs  de 
fmioles  linéaires  aiguës  ;  un  réceptacle  globuleux^  alvéolé^  nu^ 


CEP  49t 

portant  des  fleurons  tubuleux  ^  hermaphrodiies  >  et  ensuite 
des  semences  solitaires ,  turbinées^  striées ,  tronquées  ^  termi- 
nées par  six  ou  sept  paillettes  diaphanes  et  subulées. 

Le  CiPHAiiOPHORE  GLAUQUE  croît  daus  le  Chili  :  il  se  rap-[ 
proche  des  Chrysocomes.  Voyez  ce  motl  (fi.) 

CEPHALOPODES  ,  nom  donné  par  Cuvier  à  une  des 
divisions  de  sa  classe  des  Mollusques.  Cette  division  com- 
prend les  animaux  dont  la  tête  est  couronnée  de  tentacules 
qui  tiennent  lieu  de  pied.  Elle  renferme  trois  genres  seule- 
ment ,  savoir  :  Sèche  ,  Argonaute  ,  et  Nautile  ,  encore 
même  les  deux  derniers  sont-ils  douteux.  Voyez  ces  mots  et 
le  mçt  Mollusque.  (B.) 

CÉPHALOTE  ,  espèce  de  Chauve -souris.  Voyez  co 
mot.  (S.) 

CËPHALOTES,  Cepnalota ,  ordre  des  Entomostr acjés  , 
qui  comprend  ceux  dont  le  corps  est  nu  ,  et  qui  ont  une  tête 
distincte.   Voyez  les  genres  Polyfhème  ,  Zoé  ,  et  Bran- 

CHIOFODE.  (L.) 

CÉPHÉLIS,  Cephelis ,  genre  de  plantes  introduit  par 
Swartz ,  mais  qui  ne  diffère  pas  des  Morinbes.  Voyez  ce 
mot./B.) 

CEPHUS ,  Ceplius ,  genre  d'insectes  de  Tordre  des  Hy- 
ménoptères ,  et  de  ma  famille  des  Tenthreoines.  Ses  ca- 
raclères  sont ,  antennes  ayant  beaucoup  plus  de  neuf  articles^ 
grossissant  un  peu  vers  leturs  extrémités  ;  point  de  lèvre  supé- 
lîeure  apparente  ;  mandibules  courtes ,  tronquées  et  tri- 
dentées. 

LinnaeusetM.  Fabriciusont  placé  les  insectes  qui  m'ont  servi 
à  rétablissement  de  ce  genre  avec  les  «»*<?x^  que  j'appelle  f<ro- 
cèréa  avec  Geoffroy;  Sirex pygmœue ,  tahidus ,  &c.  ;  leur  orga- 
nisation ,  leurs  habitudes  sont  trop  diiTérentes  pour  souffrir 
une  telle  réunion.  ' 

•  Les  céphua  ont  tous  les  caractères  des  insectes  de  la  fa- 
mille des  Tenthredines  y  soit  que  Ton  envisage  la  forme 
générale  du  corps ,  la  tarrière  des  femelles,  soit  que  Ton  con- 
sidère les  parties  de  la  bouche. 

Le  corps  des  céphus  est  fort  étroit  et  alongé  ;  leur  tête  est 
de  grandeur  moyenne  ;  leur  corcelel  est  rétréci  antérieure- 
ment ;  les  jambes  postérieures  ont  plusieurs  petites  épines  le 
long  des  côtés  ;  l'abdomen  est  comprimé  et  assez  mou. 

CipHus  FYCMEE  ,  Cephus  pygmœus.  Son  corps  est  noir  ; 
l'abdomen  a  deux  points  et  trois  bandes  d'un  jaune  citron. 

On  trouve  assez  communément  cet  insecte,  au  printemps | 
dans  les  champs ,  sur  les  tiges  de  blé ,  &c. 

On  ne  counoît  pas  sa  manière  de  vivre.  (L.) 


49f  ,  C  E  P  ^ 

.  CÉPOIiE  f  Cêpùln  ,  gexuie  de  poînoiif  de  la  divisiov  Jë^ 
ToAACHiQUEs ,  dont  le  carrière  çojumi/dk  avoir  la  aageoiiiQ 
anale  trèap-loogue,  pluâ  d'un  fayon  à  chaque  na^eioire  tnora-^ 
cine  ;  le  corps  et  la  queue  trà»-i4ongé8  etcompriméi^B  forme 
de  lame  ;  le  ventre  Vpeur|>r«9  4^  la  longueur  de  la  tâftç  ;  im 
écailles  tràs-petiles^ 

On  distingue  troia  espèces  de  çépoUf  >  loutfs  trais  Babilan^ 
la  Méditerranée  ,  et  toutes  ti*ois  remarquabks  par  lew  grandio 
longueur  et  lei^r  peu  de  largeur i^ 

Le  CipoiiS  TM»iA  a  le  museau  H^fi^arrondi  et  la  OTgeoîni 
ie  la  queue  pointue.  On  le  connoit  aui*  les  côtes  d^  France 
sous  le  nom  de  apase  ,  à^  flamme  ,  de  lame ,  à^ipéê  ,  eavarigQj, 
Jreggia  ,  V^tfa,  r^ban>  et  bandelette  »  tous  noms  qi|i  indiquent 
sa  forme.  11  atteint  deux  à  trois  pieds  de  long ,  sur  trois  i  Qua^ 
tre  lignes  de  large.  Q  e»i  figuie  da«s  filoch ,  [4.-  1 70  ,  aasiB- 
V Histoire  naturelle  dee  poissons  ,  £»jsaiit  suite  au  fit^om  ji 
édition  de  DéterviUè ,  vpL  a ,  pag.-  35 ,  et  daiis  plusieuiaaiUraa 
ouvrages. 

La  tête  daeépole  tœnia  est  aasea  large  ;  son  miueaii  arrondi  ; 
aa  mâchoire  supérieure  garnie  d  une  rangée  et  sa  mâohoîro 
inférieure  de  deux  rang&s  de  dents  aiguës  ;  Touverture  bfian-» 
chiale  est  ^sseje  grande ,  et  sop  opeixule  d'ui»e  aevle  pièee». 

iprim* 
point 
ventre  blanc.  Les  nageoires  ,sont  roMges.. 

Ce  poisson  jouit  au  plus  haut  degré  de  la  faculté  de  m 
Ses  ondulations  sont  a*une  vivacité  ^as!ùrèm/^ ,  et  produi.. . 
nn  effet  fort  agréable ,  à  raison  de  cette  vivacité  même  ,  unie 
au  brillant  de  ses  couleurs*  On  le  prend  à  l'hameçon  amorcé' 
avec  des  crustacés  ou* de  petites  coquilles,  animaux  aAix  dé- 
pens desquels  il  vit  principalement.  Sa  chair  est  peu  estimée.. 
On  l'emploie  presque  uniquement  à  servir  4'appAt  poi^r  \m 
pèche  des  gros  poissons. 

Le  CipoiiE  sERPENTiFOEMB,  Offola  n^heeœnê  Lfnnr.,  »  le 
nuseau  pointu.  On  le  connoit  sur  nos  c6les  aous  les  noms  d» 
eerpeni  difi  mer  ,  aerpeat  ronge ,  eerpeut  ro^geâtre.  U  a  lea 
laiêmea  mœurs  que  le  précédenL 

Le  CiroiiB  TaACUYFTjàRE  a  las  nageoires  rudes  et  ganM«a 
de  quelques  rayons  aiguillonnés ,  et  une  ligna  lalérale  formée 
par  une  saillie  d'écailTes  plus  grandes  qqe  les  auiras»  (B.) 

CEPPA ,  nom  que  porte  le  bruant  fon  au^  environs  du 
lac  Majeur.  F'oj^ezptiVANT*  (S.) 

CËPPHUS ,  de  Turner ,  M  U  moufittê  ri§êm*  Tqr^  «^ 
mot  Mouette.  (S.) 


t  E  K  4c^S 

'  CBPS.  Cèst  le  BoiLtr  i5scui.eî«t  dans  quelques  pïiys.  Vo^. 
mvL  mol;  Bb&et.  Fùfet  AuéA  an  mot  S£P9v  Geilre  de  Sau- 
UrtN-  (B.) 

CÉlUiMA^  Cèraja  ,  arbrisseau  parasité  à  racine  fibreuse^ 
ramputite ,  à  lige  simple ,  applatit,  siilônhéé ,  ^abre  et  jaune  ; 
1  feidHoff  petite»^  peu  ilômbreUSes ,  ofblbtigues ,  érnarginéès , 
planei ,  épaisse» ,  engainantes  ^  à  fleurs  pMeS,  pi^esqùè  termi- 
Bbliv,  tfotttadre^y  dVoite»  et  pédotit^tilée^  ^  qui  forme  ^  seloor 
LiOUi^ô^  un  genre  dans  la  f^a^ndrie  mohandrie^  mais 
4faL*&tk  pétif  égafeinftnf  placer  dans  le  genre  Ai^orec.  Vo^ei^ 
ce  mot 

'  Ge  genre  orfrt^  pour  caftrtîtèïe  une  spatAe  ebtjrtè ,  déchirée^ 
niiiflore'él  peifsistante  ;  un  calice  moYiophylle^  fùbuleux^  à  cin^ 
dents  inégales  et  droites  ;  une  corolle  monopelalè^  corni-* 
ferme-,  dent  une  paftie  est  en  ttibè  alongé  y  Tautrè  plus 
courte  ,  élargie,  à  cinq  divisions ,  dont  trois  sont  coniques  , 
él  les  deux  latérales  linéaires;  ûû  tuBé  petit  divisé  inégale* 
ment  y  fenfârmé"  daiYS  Ik  corolle  ;  une  étamine  filiforme , 
courte,  éfaatiqtte,  attachée  au  calice  \  un  ovaire  situé  entre  le 
calice  et  la  corolle  linéaire,  courbô,  à  six  sillons >  i  styld^' 
court,  ef  âr^gmafe  ped  apparent. 
'  Leèotaii^tfvbrtént  toujours. 

Le  eèrafa  t,td&.  à^la  Cochinchhie  et  à  là  Chine ,  dam  lès 
ftntevdMs  rochers  et  sur  les  vieu:t  arbres.  Oh  lé  vante  contre 
répilepsie,  les  maladies  de  nerfs  et  ta  foiblesse  des  mepibres. 
Srrarts  croit  qu^îlfkit  peut-être'  partie  de  son  genre  Dendbo- 
DioN.  Vtsféz  ce  mot.  (B.)  ' 

CÉRAI8TE ,  Ch-astîam ,  genre  de  plaiitës  dé  la  dScandrie' 
pentagynio  et' de  la  famille  des  CAifttorHVixÉBs ,  dont  1» 
cHractèi^e  est  d'àVoir  un  caUcè  de  cih'q^  folioles  lancéolées  et 
persistantes;  cinq  pétalear  detûi•^Ute^t& ,  obtiis  et  Bifides;  dijt 
étamine»,  moins^  lôn^guear  que  là  cCVôllé;  un  ovaire  supérieur  ,. 
chargé  de  cinq  Étylèa'  à  stigmates  obttls.  Le  fruit  est  uné^  cap« 
anle  arrondie  ouoblotfgue,  imiloèutâire,  polyspèrme-,  ^i 
A^uvire  à  son  sdmuiet. 

Kaye»  pi.  3g  a  Aes  ZUmUratiKmê  de  Lamarcl^ ,  où  ces  carac- 
tères sont  figÉMs. 

Ce  genre  est  formé  par  une  vingtaine  de  plantes ,  indigne» 
à-VEurope,  la  plupart  vîvaces ,  toute»  ayant  les  f^iûUes  op- 
posées et  les  fleurs  pédonculées  et  terminales.  Onrles  Mffài^ 
vulgairement  ortitU-de-^ouHa. 

'  On  les  divise  en  cêraUtéè  àôàpèulés  ohtongUë$,fX  cétaiêU^. 
iteapêuh6  artbndiea. 

Lesr  e^pèdûT  les  plttt  cdlïniitinè»  i^  Ja  première  ditmojf . 
aoiit: 


494  G  El  H. 

JLe  CÈRJLisTE  TtJLGAiRE ,  dont  les  feuilles  sont  ovales  , 
très-velues ,  et  les  pétales  de  la  longueur  du  calice.  11  se  troura 
f  rèd-abondamment  dans  les  lieux  incultes  et  sablonneux ,  sur 
le  bord  des  champs  et  des  chemins  ;  il  est  rivace.  Lamarck 
hii  réunit  comme  variété  les  céraùtea  visqueux  et  demi'-dé^ 
sandre  de  Linnseus,  que  leurs  noms  seuls  caractérisent  assea 
pour  faire  voir  en  quoi  ils  diffèrent  de  Tespèce  principale. 

Le  Cbraiste  des  champs  ,  dont  les  feuiÛes  sont  lancéolées, 
linéaires^  aiguës  y  pubescentes ,  et  la  corolle  plus  grande  que 
le  calice.  Il  est  commun  sur  le  bord  des  champs  dana  presque 
tbute  l'Europe. 

Le  CjÊiLiisTE  DES  Alpes»  qui  a  ses  feuilles  lancéolées,  la 
tige  dichotome ,  presque  toujours  tri£Ioi*e ,  et  qui  se  trouve 
dans  les  Alpes. 

Parmi  les  céraisâe»  à  capsules  presque  rondes  ,  il  faul 
citer  : 

'  Le  Cjsraiste  ra^mpant  ,  dont  le  caractère  est  d'avoir  les 
feuilles  lancéolées ,  et  les  pédoncules  rameux*  On  le  trouve 
sur  le  bord  des  chemins ,  dans  les  pâturages,  sur  des  monta- 
gnes de  la  zone  moyenne  de  r£urope. 

Le  CiRAisTE  aquatique  ,  qu'on  reconnoit  à  ses  feuilles 
en  cœur  et  sessiles ,  à  ses  fleurs  solitaires  et  à  ses  fruits  pen— 
dans.  Il  est  fréquent  sur  le  bord  des  fossés ,  des  marais ,  le  long 
des  rivières ,  &c.  CTest  la  pins  grande  espèce  de  ce  genre.  Llie 
atteint  quelquefois  plus  de  trois  pieds  de  haut. 
'  La  plupart  des  céraistea  fleurissent  de  très-bonne  heure 
RU  printemps  ;  et  quoiqu'en  général  petits  et  sans  odeur,  ila 
embellissent  les  gazons  à  celte  époque  de  Tannée.  (B.) 
'  CJÊRAMB  YCINS  (LES) ,  Cerambycini ,  famille  d'insectes 
de  Tordre  des  Coleoptkbes,  établie  pai*  Latreille,  et  qui 
appartient  ù  la  troisième  section.  £ile  renferme  les  genres 
Prione,  Spondyl£,Lami£>  Saperde,  Capricorne,  CaLi^ 
ijinrE,  Mor.oRQUE,  Necydale.  Voyez  ces  mots.  (O.) 

CÉRAMBYK.  Voyez  Capricorne.  (O.) 

CÉRANTHE,  Cerant/ius,  nom  donné  par  Gmelin  a  un 
genre  de  plante^.qui  ne  peut  pas  être  séparé  des  Chionan- 
THES.  (  Voyez  ce  mot.  )  Il  a  pour  type  le  chionanthue  incras^ 
$cUus.  (B.) 

*  CERASTE  ,  noni  spécifique  d*une  vipère  d'Egypte.  Vby, 
au  mot  Vipère.  (B.) 
"t^EKAS^l^  ,Cerasié>8 y  genre  de  vers  mollusques  testacés, 
établi  par  Poli^  dans  son  ouvrage  sur  les  coquilles  des  mers 
des  Deux-Sicilcs.  Son  caractère  consiste  à  avoir  deux  siphons 
courts^  ou  même  seulement  deux  trous ,  dont  Tinférieur  est 
plus  grand  et  susceptible  d'être  fermé  par  une  valvule  peu^ 


C  E  R        ^         ^  495 

dante  ;  le  limbe  intériefir  des  branchies' à  moitié  réani  ;  le 
limbe  postérieur  du  manteau  denté  et  sans  cirres  ;  le  pied  en 
&UX ,  subulé  et  très-long. 

Il  a  pour  type  l'animal  des  bucardea ,  qui  est  figuré  avec 
tous  les  détails  anatomique^  désirables  ,  pL  26 ,  n°  ô  et  sui* 
TSns  de  l'ouvrage  .précité.  Voyez  au  mot  Bucari>£.  (B.) 
'  CÉRATINË ,  Ceratina ,  genre  d'insectes  de  l'ordre  de* 
Hym£NOPT£R£s  et  de  ma  famille  des  Afiairss.  J'en  ai 
pris  les  caractères  de  VhyUe  à  lèvre  blanche  de  M.  Fa* 
^rîbius. 

'  Les  cércUines  que  ^'avois  d'abord  nommées  claidcères ,  ont 
de  très-grands  rapports  avec  les  abeilles  coupeuse»*  (Voy.  Mk* 
CACHiLK.)  Elles  diffèrent  de  ceDes-ci  :  1  ^.parleurs  antennes, 
SoQt  le  premier  article  est  fort  long^  cylindrique^  et  dont 
les  autres  forment  une  espèce  de  massue,  oblôngue  ;  2,^,  en  ce 
que  leur  corps  est  presque  entièrement  glabre  ,  et  que  lem'f 
ailes  supérieures  ont  ti^pis  cellules  sousr-mai^nales  au  lieu  de 
Seiix.  Le  premier  article  de  leurs  tarses  postérieurs  n'est  pa» 

rpre  à  recevoir  la  matière  qui  sert  de  base.fi  la  cire,  et  que 
abeilles  y  applîqiieat  en  forme  de  pelolte.  Bien  xùème 
ri^àiuionce  daiis  les  cérati'nes  la  faculté  de  pouvoir  faire  quel* 
que  ï-écolle  de  cette  n^tjirej  s'éloignant  ^noore  ici  des  abeille» 
cpupéuses ,  dont  le  dessous  du  ventre  est  soyeux  et  sert  de 
brosse  qui  ramasse  la  poussière  fécondante  des  ûeurs. 
""  V^BATiNE  A  liEVRK  'Rhhf^G^J^  f  Ceràtioa  albifabrie,  £11» 
&t  petite ,  oblôngue ,  d W  noir  bleuâtre  j,  ^yec  une  petite, 
ifaclie  blanche  9. carrée.,  au  milieu  de  la  partie  aniérieui^  de, 
là  tête,  au-dessus*  dç  là  kvreçufMérieure.     '.  ^  ,  . 
"^'ïiè  célèbre  botaniste  Desfqntainéà  a  x^pppcXé  cette  espèc«( 
de  Barbarje.  f^  l'ai  tvoui^ée^  m,ais  fort  rare|»^nt/  au  midi  do 
li  iVance.XL.)' *     '*'•'.• 

*  CERiiTOÇAlCPi;  iÇeratooarp^s.  C'est  une  petite  planle 
&bnbique ,  dont  les  tiges  soit  rameuses.^  velues;  les  feuille» 
.alternes.^. linéaire ^^  ^%1fW^^  ^^  velues  ^  et  les  fleui-s  axH-^ 
lairès.  *■   '  '        V'^^^^i      '',;,..  -     '■  ■  \ 

**  l!iéê' mâles  ont  pn.çali^çç  profondément  divisé  en  deurpar-^ 
lies ,  et' en  une  étâmitié  dont  le  filament  est  plus  long  que  lui.> 
Ijes  femelles  ont  ùiî  calice  de  deux  folioles  persistantes  ^ 
ad  nées  à  Tovaire  qu^elles  renferment.  Cet  ovaire  est  supé- 
rieur ,  ovale  ,  comprimé  et  chargé  de  deux  stylés  courts  à 
Âtigmafes  simples.. 

.  JLe  fruit  est  une  ^mence  comprimée  p  munie  de  deux 
cornes  '  droites  et  pointues  >  produites  par  les  deux  valve» 
ëalicinalés. 

.    Cette  ptMte  çro jt  .dsjas  les  lieoj;  sablojumE;^  4^  1a  Ti^r^oj^ 


49^  C  B  R  j 

â^iU^ èéëëh  Tàtistrié:  Étieélt  Hgtitéé^  jA:  f 41  éeé  ttïfu^ 

CÉRATOPÉT ALE ,  Ceratopei^hM ,  rfAùVeaù  genre  de 
lÉ-NcH^n^Ue-ffoIlàk^dë  A^tïi  et  fi^Vé'  ^t  Èf^tiûi  ^  (a«i.  $  cb 
iotrpi'ethiek'  cahier  deSrpiàtil^ir  dé  c&^Va.  Ses  caractères  soiit 
d'avoii^  oh  câltee  à^éfnq  divii&ibifé  sta>niûi(erés  et  persislanies  ; 
éîiMi  [liâtes  {^{nh^rtiMb  ;  dii  étaminèb  db)if  les  tfmbèp^  oel 
iMi  é]^t>ort:  vit  6^hv(cë  supéMé^ùr  tËrftriné  pài^  ûli  seul  stylé; 
nné  câi^siH^  It  àeùhc  togèé  reitfefmA^  dit^'s  Ve  tond  du  caCca^ 

Le  ceratopétaU,  est  un  grand  arbre  dont  les  feuille»  sont 
o^o^j^,  iphif)J&eê,  tehiéèlt  ;  les  folioles  èéssifes,  lancéofêb. 
d«nteléfètf,  téhvêëtf  él  ^ftrés:  Leë  fléfuys  sont  disposées  eu 
painéuiéè' téritrfti^s*:  les  câlibeâ  stfnt  jautléâ,  A^c  Ite'urs  dïvi» 
gîon^  itmgéàti^èè,  ef  léspëtkles  pMnés. 

é&i^té^  rni*  paiHf  ntac.  (B^.) 

OBJ^ATOPHYTES^  tldtil  Cdlhtiiiih  Sàtiriè  pair  lés  éo» 
évèhà  liiÉtiti^à&tes  autf  prodtit^trAiï^  pôlypéuîiâs ,  qui  sont  ac<- 
Aiellethefif éotànoe^soitt l^nôm^deGrOttûdf^B,  d'ANtiPATÈ^ 

PEN^A-rbLÉ  ,  CoRALfKK  ,  f  CyièirtAxAfi  ,  SeaTDI/AlRE  .  Ç»- 

£ViiiiKs  ,  Fi*tJSTilE  et  CkLLi^otrfi.  A^(cye*  ees  roots,  (B  ) 

CÉftATOSANTHE ,  (kraeàtHhVhëé  ,  genre  de  plantés  t 
liMitsmdndpéUdéeè,déla'm6iioécîes5'n]géu6.';ij,(f(  delà  raitiîH# 
des  CucûRBYTiicÉeé^  qtri  à  été  étâlMinrût  dépens  des  AW- 
dvitiES  /  7W^^«Qr/i/A»^  Ciimr. ,  dont  il  f\e  dittci^  que  paiioo 
4«ie  lès  dKcôtiptires  ititérièfu^e^  du  ôâllôé  ^^ottl  liiUAica  à  leur 
AnkittlM^  dé  dëuf  i^6liltes  l'otllé&d  éil  déiiàH,  ér^uéce  fruii  est 
à  q)]ati*e  loges  contenvtlt  pltisieUiii  sèitiélices  lît^rolidièii  et  com* 
^fiiéés.  /^yirtrte  dldl  AnôuiStè. 

'  lies  téi^atosùrMn  reflftri^ellf  fili'p^ttt  ndiiiKK  de  pTantea  j 
qui  croissent  dans  les  pays  les  plus  chauds^  àùût  ïéa  ràcihea 
étk^  iiibêteàêéà^lkêfbtlam  pÀmiéà,  klés'p«ttdji&&ièb'à  aôuj; 
dtti  à  pluarfèiirs  fJfMrtJ  (B.) 

*  OÈRAni'GISfÈRME,CeMiâ9pwihûM',f}ijA^6t^ 
delà  famille  des  Al«ou£8>qui  consiste,  selon .Micbeli,  qui  l^s^ 
tigWéè^  ph  5B/fI^.  1  désotl  Gêmfà,  éil'  ^liiMeUi^  verruea 
oNMrapeéèbj  ^tbittuâirek  et  dislihctéà^  qnl  ri&issèrit  sur  les  écdrcea 
déH'tftèfresi  Oeâ  ftstYtle^sbiH  chargée^  dVn^  tk>tissière  fugace  » 
et  Oli»  db  pètiM  eorités  dvéôlaiftîs  de^ft^uëBes  ^rlelit  dés  c 
iAiiletN!»lteligaai/e6th-béèretl  cr6iâ^<itqai  resséilibténtà'de 
tites  cornes^  et  que  l,oa  prend  pour  de  petites  seuienciv. 

Okté^  pkiritë^st  foHTT^fct.  Ped  de  bounistes  l'ont  i^ue  ,  ci 
lAurteûrs  Mxt^pOèkôh'^il'tflle  d^|^rtietlt  dU  gëdtfe  Sj^Hkaoc  a4u*& 
pg  à  celui  desVARioLAfRXs.  F'pye*  ces  mots.  (B.| 

.  OHRXTOtrKfeliBB^  a^att^'ittma ,  g^enre  do  piatiles  Stà1>li 


C  E  R  4()7 

lar  Jussieu  dans  la  décandrie  monogynie ,  et  dans  la  famiild 
Jes  CAMFANVLACÉEtt.  Il  oflre  pour  caractère  un  calice  tur- 
biné à  dix  divisions  ;  une  coroUe  coriace,  tu  buleuse/cylin*> 
drique  ,  k  cinq  divisions  ;  dix  étamines  à  anthères  très*longues 
et  fourchues;  un  ovaire  inférieur;  une  capsule  à  cinq  loges  et 
à  pliisieuiv  semences^ 

Ce  genre  ne  contient  qu'uneespèce  qui  vient  du  Pérou.  (BJ) 
CÉRAUNf  AS.  Les  anciens  donnoient  ce  nom  à  la  pyrite 
martiale  glol>uleuse  ou  êuljurt  de  fer  radié ^  qu'ils  regardoient^ 
et  que  dans  des  temps  plus  modernes  quelques  personnes  ont 
encore  regardée  comme  une  pierre  de  foudre ,  attendu  quo 
c'est  une  substance  métallique  qui  a  la  propriété  de  faire  feu 
sous  le  briquet.  Voyet  Gi^obe-db^peu.  (Pat») 

CËRCAIRË  y  Cercaria  ,  genre  de  la  classe  des  Vsas  et  de 
la  famille  des.ANiMALcu]:4£s  I^'FosoIR£s ,  dont  les  caraictères 
sont  :  transparent  et  pourvu  d'une  queue. 

Ce  genre  est  voisin  des  Himatofes  ,  des  TaigodKs  et  des 
liEUCOFHREs  ;  mais  il  s'en  écarte *par  le  défaut  absolu  de  poils; 
il  ne  diffère  des  JBuRSAiRBs.quepar  la  pt*ésence  de  la  queue«- 
f^oyez  ces  diflérens  mots, 

Jje8  cercaires  ont  eh  général  un  mouvement  circulaire  très- 
rapide  dans  Teau  des  infusions  où  elles  se  trouvent  ;  mais 
cependant  quelqjies -^  unes  Tont  lent  et  vacilla toii^e.  On  en 
Gonnoît  une  vingtaine  qui  sont  figurées  pi.  i8y  19  et  :io  d»' 
l'ouvrage  de  MuUer ,  sur  les  animaux  infusoires  ,  et  pi.  8  ^  9 
et  10  de  la  partie  des  vers  de  V Encyclopédie,  Une  nouveDe 
espèce  qui  vient  d'Amérique,  est  également  figurée  pi.  3  a,  fig.  a 
de  la  partie  des  ^«r^du  Suffbn,  de  l'édition  de  Déterville. 

C'est  dans  les  eaux  croupissantes  des  marais  qu'il   faut 

chercher  les  eercaires.  On  n'en  trouve  qu'un  petit  nombre 

d'espèces  dans  la  mer  et  dans  les  infusions  végétales  ou  ani- 

zaales.  Parmi  celles  de  ces  dernières  ,  il  faut  noter  la  Cer- 

GAiRB  TBSTARB,  qu'on  trouve  dans  la  semence  humaine 

putrétiée  et  qu'on  a  prise  souvent  pour  les  animalcules  de  la 

génération ,  et  la  Cercaire  tenace,  qu'on  rencontre  dans  Fin- 

fusion  du  tartre  des  dents.  F'oyexsm  mot  Animalcijl.e.  (B.) 

C£RC£AUX.  C'est  en  terme  de  fauconnerie,  les  pramièreu 

pennes  deTaile  des  oiseaux  de  tfoL  Leséperviers  ont  troiâ  cer-' 

ceaux  f  et  les  autres  oiseaux  de  proie  n'en  ont  qu'un.  (S.) 

C£RC£LiL£  et  CERCËRELLE.  Cest  la  sarceUe  dans 
JBelon.  Voyez  Sarcelle.  (S.) 

CJBRC£R£LL£  ou  QU£RC£R£LL<£.  Envieux  français, 
«'est  la  Cresserelle.  (S.) 
^^ilt         CERC£RIS  ,  Cerceris  ,  genre  d*insectes  de  l'ordre  des  Ht- 
Ai  j^i»rofT  JuiBS  a  et  de  ma  Êunille  des  Phxlamtsvbs.  Je  l'ai  ainsi 


49»  *^  E  ï^  . . 

caractérisé  :  antennes  peu  amincies  au  troisième  article,  ren-* 

fiées  ensuite  inseiisiblement ,  atteignant  la  moitié  de  la  lon- 
gueur du  corceiel  ;  mandibules  avec  un  ou  deux  avancemens 
AU  côté  interne  ;  extrémités  supérieures  des  mâchoires  demi- 
membi^neuses  :  les  yeux  des  eercms  sont  écbancrés,  et  leur 
sommet  est  éloigné  des  petits  yeux  lisses;  le  dessus  de  leur  tête 
forme  un  carré  transversal,  leur  abdoniien  est  oblong  ,  avec 
les  Anneaux  souvent  étranglés ,  comme  articulés.  Le  premier 
tfst  arrondi ,  et  forme  une  espèce  de  nœud. 

Je  mets  dans  ce  genre,  les  philanUs  du  sable ,  rufipède, 
orné  do  M,  Fabricius. 

Les  habitudes  de  ces  insectes  sont  très-curieuses.  Les  mères 
nourrissent  leurs  petits  avec  des  cadavres  iïandrènea,  qu'elles 
en  Fouissent  à  la  manière  des  tpkex.  (L.) 
.  CËRCËVOLO  et  C£RC£DULA ,  noms  de  k  Sabcelli 
en  Italie.  Foyez  ce  mot.  (S.) 

CERCIO ,  oiseau  des  Indes,  très^peu  connu.  On  lui  donne 
la  taille  de  Vétourneau  et  un  pluuu^^e  de  diverses  couleurs.  Il 
remue  sans  cessek  queue^etcsst , dit-on ,  très-babillard.  (Vixil.) 

CERCIFI  ou  SERCII 1.  Foyez  an  mot  Saimfis.  (B.) 

CERCLE  ou  ANNEAU  MAGIQUE^  nom  qui  a  été 
donné  par  la  superstition ,  à  des  U'aces  circulaires  qu'on  ob  - 
serve  quek)ueibis  dans  les  prairies,  où  Therbe  pArott  dessé- 
^ée.  La  cause  de  .ce  petit  phénomène  n'est  pas  bien  connue* 

(Pat.) 

CERCODEE,  Cercodea.  GW  une  plante  de  roctandrie 
tétragynie ,  et  de  la  famille  desâAXiFJi ao^ks  ,  qui  a  été  décrite 
parForster,  Jacquin  et  autres, sous  le  nom  d*haioragis ,  et 
qtd  vient  de  la  NouveUe-'Zélande. 

Ses  caractères  sont  d'avoir  un  petit  calice  aopérieur  peraia- 
tant  à  quati-e  dents;  une  corolle  de  quatre  pétales  lancéolés» 
caducs  ;  huit  étamines  ;  im  ovaire  inférieur,  petit ,  ovale  ,  un 
peu  tétragone ,  ayant  quatre  stigmates  di*oits  courts  et  blan- 
châtres. 

Le  fruit  est  une  capsule  dure  ou  petite  noix  ovale  eoniqne  , 
&  quatre  angles,  raboteuse ,  divisée  intériem^ment  en  quatre 
loges  qui  contiennent  quelques  semences  fort  petites. 

Cette  plante  a  une  tigesoua-ligneuse ,  tétragone  ;  les  feuillea 
opposées ,  ovales ,  pointues ,  en  scie  ;  les  fleurs  en  verticiilcs 
axiUairee*  Elle  est  figurée  pi.  3jl9  des  lUuêtraiicni  de  Xja-> 
marck.  (B.) 

CERCOPIS,  Grrco/>û, genre  d'insectes, éuhli  par  M.  Fabri- 
cius,  de  l'ordre  des  UiMiPTiRss ,  et  de  la  famille  des  Cica- 

AAIRBS. 

Caractères  :  antennes  fort  courtes,  inaéréet  à*pea-prèa  datia 


C  E  R  4fj9 

le  milien  de  Iti  ligne  qui  sépare  transTei*8aletnent  les  yeux  > 

Sresque  iininédîatemeiit  sous  le  bord  supérieur  du  museau, 
e  trois  pièces;  la  première  fort  courte;  la  seconde  cylin-^ 
driqûe,  la  plus  longue;  la  dernière  plus  courte  et  un  peu  plus 
menue  y  conique ,  terminée  par  une  soie  courte  et  de  la  même 
gro&*)eur  à  sa  base. 

ïjescercopis  ont  le  corps  court  ;  leur  tête  forme  un  museau  plat 
en  dessus ,  avancé  un  peu  en  pointe  au  milieu  ;  leurs  petits  yeux 
lisses  sont  au  nombre  de  deux,  situés  sur  la  partie  supérieure 
de  la  tête ,  et  assez  rapprochés  ;  leur  front  est  très-convexc , 
arrondi ,  et  Fon  observe  entre  lui  et  chaque  œil,  un  enfonce- 
itient  longitudinal  ;  leur  corcelet  n'a  qu'un  seul  segment  d'ap- 
parent; son  bord  postérieur  est  formé  de  deux  lignes  couver-^ 
gentes,  et  dont  l'angle  de  réunion  est  échancré  à  angle  aigu; 
l3ur  écusson  est  fort  petit  ;  leurs  él vires  sont  courtes  ,  avec  la 
côte  très  -  arquée  ;  les  pattes  postérieures  sont  propres  pour 
sauter,  et  ordinairement  fort  épineuses. 

Nous  remaiiquerons  principalement  dans  ce  genre  la  Csr- 
'  copis  SANGUINOLENTE ,  CercopU  songuinolenta  Fab. ,  et  la^ 
Cercopis  ÉctTMEtTSE ,  C^sroopitf  spumorta.  La  première  frappe 
par  ses  couleurs,  et  la  seconde  mérite  notre  attention  par  se« 
moeurs. 

CEitcopis  SANGUINOLENTE.  Cette  espèce  est  la  cigale  à 
tacîies  rougis  de-Geoffroi.  Elle  est  d'un  oeau  noir,  relevé  par 
des  taches  d'un  rouge  de  sang.  Ses*  élytres  nous  offrent  uno 
bande  et  deux  points  de  cette  dernière  couleur.  Elle  est  de 
tontes  les  espèces  indigènes  la  plus  grande.  On  la  trouve  assez 
communément  dans  la  forêt  de  Saint-Germain-en-Laie,  mais 
rarement  dans  d'autres  lieux  des  environs  de  Paris. 

Cercopis  ]Écum£US£.  Geoffroi  la  nomme  cigale  écumeuêe* 

Elle  peut  avoir  quatre  lignes  de  longueur;  le  corps  est  d'un 

bran  plus  ou  moins  foncé  ;  quelquefois  verdâtre ,  finement 

^         pt>nctué.i  On  voit  près  du  bord  extérieur  de  chacune  de  ses 

elytres  deux  taches  blanchâtres  ,  transverses. 

On  rencontre  très  -  communément  cet  insecte  en  état  par- 
fait, mais  il  n'est  pas  aussi  facile  de  découvrir  sa  lan*e ,  lors- 
qu'on ne  connott  pas  sa  singulière  manière  de  vivre.  Ella 
rend  par  IVinus des  nulles  écumeuses,  dont  elle  se  recouvre, 
et  qui  ressemblent  en  totalité,  à  une  écume  sativaire,  une  sorte 
y-      de  crachat.  Le  corps  de  l'animal  est  très-tendre,  el  cette  ma- 
tière, formée  de  bulles  d'air  et  de  sucs  de  plantes ,  lui  sert  sans 
v^x    '  cloute ,  soit  à  le  défendre  d'une  action  trop  forte  du  calorique, 
,^f     aoît  à  le  dérober  aux  regards  de  ses  ennemis,  des ichneumons 
sur-tout  Ces  plaques  écumeuses  sont  très-communes  sur  les 
^     plantes ,  notammen tsur  les  luxernest Quelques  auteurs  leur  ont  - 


5oi>  C  E  R. 

donné  le  nom  d'écumes  printanières ,  de  crachat  de  coucoum 
Swammerdam ,  Poupart ,  Frisch ,  Roesel  et  Degéer  ont  «uc- 
ce^ivement  étudié  ce  singulier  animal.  Poupart,  entraîné  par 
les  erreurs  du  temps ,  en  a  fait  une  sauterelle.  (L.) 

CERCOPITHÈQUES.  Des  naturalistes  anciens  et  mo- 
dernes ont  employé  ce  mot  pour  désigner  des  singes  à  longue 
queue.  On  Ta  sur-tout  appliqué  aux  guenons,  ou  aux  singes 
ae  Fancien  continent  qui  ont  les. plus  grandes  queues.  Ce- 
pendant ,  les  sapajous  et  les  sagouins ,  famille  de  singes  du 
!Nouveau*Monae,  ont  aussi  de  fort  longues  queues,  et  mé- 
ritent par  conséquent  le  titre  de  cercopithèques,  Aw  reste,  ces. 
caractères  des  singes ,  fondés  sur  la  longueur  de  la  queue,  no 
sont  rien  moins  qu'exacts,  parce  qu'on  sait  que  plusieun  in« 
dxvidus  d'une  même  espèce,  ont  des  queues  de  oiverses  lon- 
gueurs ;  car  il  y  a  des  singes  qui  s'amusent  à  en  ronger  eux- 
mêmes  l'extrémité.  Ce  n'est  donc  pas  une  partie  fort  essen- 
tielle à  l'animal ,  puisqu'il  peut  en  détruire  ainsi  une  portion 
sans  beaucoup  de  douleur,  car  sans  cette  condition,  il  ne 
rongeroit  pas  ainsi  l'extrémité  de  ae»  vertèbres.  Cet  appendice 
est  tout  au  plus  essentiel  dans  les  sapajous ,.  chez  lesquels  il  sert 
d'une  cinquième  main  pour  s'accrocher  aux  branche»  des 
arbres.  (  Voyez  les  articles  des  Gujbmons  et  des  SAPàious.)  Le 
mot  ceroopitkèque ,yie"lxi  des  mots  grecs  kerioê ,  queue,  et/>î- 
thécos ,  singe.  Ce  sont  les  tebai  d'Aristote.  (V.^ 

CERDANE,  Cerdana,  grand  arbre  â  feuilles  alternes,  pé- 
iiolées,  oblongues,  aifuës,  entières,  planes  et  luisantes,  i 
fleurs  blanches ,  veinëes  de  roux  et  à  neun  disposées  en  pa- 
nicules  terminales  extrêmement  ramifiées ,  qui  forme  un  genre 
dans  la  pentandrie  monogjnie. 

Ce  genre  offre  pour  caractère  un  calice  tubuleux  à  dix  stries 
eb  à  cinq  dents  ;  une  corolle  infundibuliforme ,  à  tube  de  I* 
longueur  du  calice,  à  limbe  divisé  en  cinq  parties  oblongues 
et  ouvertes  ;  cinq  étamines  hérissées  à  leur  base^  un  ovaire  au- 
périeur  à  style  bifide  et  à  deux  stigmates  également  bifides;  un 
drupe  obh>ng, strié,  couvert  2>ar  le*calice  et  la  corolle  qui 
persistent ,  à  quatre  loges ,  contenant  chacune  une  semeoo» 
flolilaire  et  ovale. 

*  LtfL  cerdane  Be  trouve  dans  les  terreina  arides  du  Pérou,  el 
est  figurée  pi.  1 84  de  la  Flore  de  ce  pays. 

Lorsqu'on  coupe  cet  arbre ,  il  exhale  un  odeur  très-letide  , 
qu'on  peut  comparer  à  celle  de  l'urine  du  renard.  Ensuite  , 
cette  oaeur  se  clianee  en  une  autre,  très-semblable  à  celle  de 
l'ail.  Enfin,  lorsqu'il  est  sec,  son  odeur  est  tiiè»4igréableet  trè»- 
pénétrante.  On  emploie  alors  son  écorcc  et  ses  feuilles  dans  lee 
pié^Muations  des  alimens* 


C  El  H  5oi 

TJne  fourmi  aime  tant  aea  feuilles^  qu'il  est  très-difficile  d^en 
trouver  une  entière.  (B.) 

G£R£BR[ST£^  nom  donné  par  les  anciens oryctographes 
À  des  Madrépores  fossiles  y  qui  ressemblent  par  leur  forme 
à  une  cervelle  d'homme.  Ce  sont  ceux  qui  sont  compris  au- 
jourd'hui sous  le  nom  générique  de  Méandrinb.  Foyez  ce 
mot  ,et  celui  de  Madrépore.  (B.)         ^ 

CEKÈOFSIS  (  Cereopsia ,  ordre  Echassiers.  Fbyes  ce 
mot.  Nouvciftu  genre.  ).  Caractères  :  bec  couit ,  convexe, 
incliné  vers  sa  pointe;  tête  couverte  en  entier  d'une  peau  nue, 
ridée  y  ou  cire ,  sous  laquelle  sont  cachées  les  narines  ;  celles-ci 
placées  à  la  base  du  bec  ;  éperon  obtus  au  pli  de  l'aile  ;  queue 
composée  de  seize  pennes;  bas  de  la  jambe  nu;  tanes  robustes; 
doigts  divisés;  l'extérieur  réuni  par  une  membrane  à  l'inter- 
médiaire, depuis  la  base  jusqu'au  miUeu  ;.  trois  en  avant  et  un 
en  arrière,  celui-ci  très-pelit.  Latham.    • 

Le  Ceréofsis  db  IiA  Nouveli<e-Hollandb  (  Cereopsîé 
NovcB^HoUandiœ  Lath«).  Une  peau  ridée ,  de  couleur  jaune, 
couvre  La  tête  de  cet  oiseau ,  depuis  la  base  du  bec  jusqu'au-delà 
des  yeux  ;  un  gris  cendré  domine  sur  tout  son  plumage ,  maitf 
il  incline  au  brun  sur  les  parties  supérieures,  et  il  est  clair  sur 
le  cou  et  les  parties  inféneui'es;  les  couvertures  et  plusieurs 
pennes  secondaires  des  aîles  ont  près  de  leur  bout  une  tache 
noirâtre  ;  toutes  les  pennes  et  celles  de  la  queue  sont  d'un 
brun  obscur  vers  le  bout  ;  celle-  ci  est  arrondie  à  son  extré- 
mité ;  sur  le  pli  de  l'aile  l'on  remarque  un  éperon  obtus  ;  les 
penpes  secondaires  sont  presque  aussi  longues  que  les  pri- 
maires ;  une  belle  couleur  orangée  couvre  la  partie  nue  de 
la  jambe ,  et  les  tarses  presque  en  entier  ;  le  bas  du  pied  ea 
devant ,  les  doigts  el  les  ongles  sont  noirs;  grosseur  d*une  petite 
oie  ;  longueur ,  trois  pieds  ;  partie  nue  de  la  jambe ,  i-peu-près 
un  pouce  trois  quarts  ;  tarses,  six  pouces  et  demi  ;  doigt  du  mi« 
lieu ,  trois  pouces  et  demi;  doigt  postérieur ,  très-petit;  bec  noir, 
huit  lignes,  et  à  prendre  des  coins  de  la  bouche  jusqu'à  son 
extrémité ,  un  pouce  un  quart.  Espèce  nouvelle,  (  Vieill.) 

C£RF  (  Cervus),  genre  do  quadrupèdes  de  la  seconde 
section  de  Tordre  des  Ru  m  in  ans  (  F'oyez  ce  mot.  ) ,  caracté- 
risé ainsi  qu'il  suit  :  huit  incisives  à  la  mâchoire  inférieure; 
des  cornes  à  la  tête ,  solides ,  rameuses  et  annuellement  ca- 
duques dans  les  mâles  ;  des  larmiers  ;  corps  à  poil  ras,  queue 
courte  ,  pieds  élevés.  Ce  genre  ,  assez  nombreux  en  espèces  , 
renferme  notamment ,  l'Axis ,  le  Cerf  ,  le  Chevreuil  ,  le 
Daim  ,  I'Elak  ,  le  Rei^ne  ,  &c. 

Les  bois  ou  les  cornes  des  quadrupèdes  du  genre  des 
eerfa,  sont  d'une  nature  bien  différente  de  celle  des  cornes 


i 


Sod  G  E  R 

des  autres  rominans.  Ces  cornes ,  dans  les  hœufs,  les  chkvtes^ 
les  gazelles ,  sont  creases  en  dedans ,  au  lieu  que  le  bois  des 
eerjâ  est  solide  dans  toute  son  épaisseur.  La  substance  de  ces 
cornes  est  la  même  que  celle  des  ongles ,  des  ergots ,  des 
écailles  ;  celle  du  bois  des  cerfs,  au  contraire ,  ressemble  fdua 
au  bois  qu'à  toute  autre  substance.  Toutes  ces  cornes  creuses 
sont  revêtues  en  dedans  d'un  périoste^  et  contiennent  dans 
leur  cavité  un  os  qui  les  soutient  et  leur  sert  de  noyau  ;  elles 
ne  tombent  jamais ,  et  elles  croissent  pendant  toute  la  vie  de 
l'animal ,  en  sorte  qu*on  peut  juger  son  âge  par  les  nœuds  ou 
cercles  annuels  de  ses  cornes.  Au  lieu  de  croître  comme  le 
1>ois  des  cerfs,  par  leur  extrémité  supérieure ,  elles  croissent , 
au  contraire 9  comme  les  ongles ^  les  plumes^  les  cheveux,  par 
leur  extrémité  inférieure.  (  Desm.  ) 

CERF  (  Cervus  elaphus  Linn.  Voyez  tom.  24  ,  pag.  68 , 
1.  4  ,  5  et  6  de  V Histoire  naturelle  des  Quctdrupèdes  de 
uffbn  y  édition  de  Sonnini.  ) ,  quadrupède  du  genre  du 
même  nom  et  de  la  seconde  section  de  l'ordre  des  Ruminans^ 
(  Voyez  ces  mots.  )  Le  cerfesi,  sans  contredit,  le  plus  bel  ani- 
mal de  nos  forêts.  Sa  forme  éléganle  et  légère ,  sa  taille  ausû 
pvelte  que  bien  prise ,  ses  membres  flexibles  et  nerveux ,  sa 
tète  parée  plutôt  qu'armée  d'un  bois  vivant  qui  se  renouvelle 
tous  les  ans>  sa  grandeur,  sa  légèreté,  sa  force,  le  distinguent 
assez  des  autres  habitans  des  bois. 

Le  pelage  le  plus  ordinaire  pour  le  cerf  est  le  fauve  ;  cepen^ 
dant  il  se  trouve  un  assez  grand -nombre  de  cerfs  bruns ,  et 
d'autres  qui  sont  roux  ;  les  cerfs  blancs  sont  bien  plus  rares , 
cl  semblent  être  des  cerfs  devenus  domestiques ,  mais  très-an-« 
efennement ,  car  Aristote  et  Pline  parlent  des  cerfs  blancs  »  et 
*!!  paroît  qu'ils  n'étoient  pas  alors  ]>lus  communs  qu'ils  ne  le 
sont  aujourd'hui.  La  couleur  du  poil  du  cerf  semble  dépendra 
en  partie  de  l'âge  de  l'animal,  fjefaon  ou  jeune  cerf  de  six 
mois,  porte  la  livrée  comme  le  Marcassin.  {Foye* Cocbov.) 
Son  pelage  est  parsemé  de  taches  blanches  sur  un  fond  mêlé 
de  fauve  et  de  brun.  \jGs  jeunes  cerfs  (  ou  cerfs  de  deux  ik  cinq 
ans  )  ont  ordinairement  le  pelage  d'un  fauve  clair  et  délayé. 
Ceux  qui  sont  d'un  âge  plus  avancé  l'ont ,  le  plus  souvent  ^ 
d'un  roux  vif  ou  d'un  brun  roussâtre.  Il  existe  une  variété  de 
l'espèce  du  cerf[  le  cerf  des  Ardennes  )  dont  le  poil  est  tout 
poir. 

On  donne  le  nom  de  larmiers  k,  deux  fentes  qui  sont  au-* 
dessous  des  yeux  du  cerf;  il  en  sort  une  liqueur  jaune  ^  qu'oa 
nomme  larmes  de  cerf  a. 

lia  femelle  du  cerf  que  l'on  appelle  du  nom  d^  biche  ^  esl 


C  E  R  5o5 

Elus  petite  (jue  la  mâle  ;  elle  ne  porte 'point  de  bois  ;  son  pcH 
ige  est  moins  sujet  à  varier  ;  il  est  ordmaii^ment  fauve. 
Ijefaon  mâle  ne  porte  ce  nom  que  jusqu'à  six  mois  envi-^ 
ron  ;  vers  les  mois  d'octobre  et  de  novembre ,  il  quitte  la  livré» 
et  prend  celui  de  hère  ;  c'est  alors  qu'il  paroit  sur  le  test  (  l'os 
frontal  )  deux  élévations  que  l'on  nomme  bosftes ,.  et  qui 

Srennent  par  la  suite  le  nom  de  pivots.  Ces  élévations  se  pro- 
»ngent ,  lorsque  le  cer/*a  un  an  accompli ,  mai^ces  prolon^ 
cemens  ne  sont  pas  de  la  nature  des  bosses  ou  de  leurs  basea^ 
ils  sont  sanguins  et  presque  cartilagineux  ;  cejpendanl  ils  s'os- 
sifient entièrement  et  progressivement  depuis  la  base  jusqu'à 
l'extrémité  ;  ils  ont  huit  à  dix  pouces  de  longueur  y  sont 
•impies,  sans  ramifications  ou  andouiUers,  et  portent  le  nom 
de  dagues.  Ils  sont  recouverts  d'une  peau  velue  jusqu'à  ce 
qu'ils  aient  acquis  une  consistance  parfaite.  Le  ci??/' fait  tom- 
ber cette  peau  en  se  frottant  contre  les  arbres  ;  il  prend  alors 
le  nom  de  dague t,  et  le  porte  environ  un  an. 

Vers  le  mois  de  mai  suivant ,  lorsque  le  cerf  entre  dans  sa 
troisième  année ,  ces  deux  dagues  se  détachent  du  pivot  ou 
de  l'os  qui  leur  sert  de.  base ,  et  tombent  ;  ensuite  le  c^j^ pousse 
sa  seconde  tête  (  en  termes  de  chasse  on  donne  le  nom  de 
^éte  aux  deux  bois  du  cerf,  et  la  tête^  qui  les  porte ,  s'appelle^ 
massacre  )  ;  elle  est  ornée  de  trois  ou  quatre  branches  qu'on 
nomme  andouiUers,  et  ce  qui  la  distingue  le  plus  de  la- pre- 
mière y  OU  des  dagues ,  c'est  que  le  sommet  du  pivot  est  en* 
touré  d'une  espèce  de  bourrelet  qui  a  reçu  le  nom  de  meule, 
et  qui  se  retrouve  dans  toutes- les  têtes  d'un  àjEe  plus  avancé. 
C'est  donc  à  sa  troisième  année  que  1^  verf  pousse  sa  sconde 
tête;  il  en  prend  le  nom ,  et  ainsi ^^d'année  en  année,  jus^ii  k 
U  cinquième  qu'il  a  sa  quatrième  tête.  A  six  ans  on  le  désigne 
par  le  nom  de  dix  cors  jeuvéement;  à  sept,  il  reçoit  celui  d^ 
dix  cors  ;  enfin  ,  passé ,<?A/t  âge  ,  il  pi'end  celui  de  i^ieux  cerf. 

La  tête,  ou  le  boite  du  cerf,  est  composée  des  meulos  ou 
couronnes  qui  pi^nt  sur  le  jnifot  ;  il  en  sort  la  maîtresse 
branche,  que  Von  nomme  marrain  ou  merrain;  elle  est  accom- 
pagnée auDR^  de  la  meule  du  premier  andouiUer,  qui  sort  en 
avant ,  et^dont  la  pointe  est  reconi4>ée  en  remontant  ;  c'est  le 
plus  Icing  des  andouillers  ;  au  -  dessus  et  tout  près  est  le  sur^ 
and^uiiler,  beaucoup  plus  court;  le  troisième  andouilleram 
n^mme  chevillure  j  il  est  ordinairement  beaucoup  plus  long 
•que  le  précédent  Quelquefois  il  y  a  le  long  du  marrain  un 
quatrième  andouiller  que  l'on  nomme  trochure.  Uetnpau^ 
mure  termine  le  marrain  ;  on  la  nomme  ainsi ,  parce  qu'elle 
ressemble ,  imparfaitement  à  la  vérité ,  à  la  paume  de  la  maia^ 
de  laquelle  il  sort  plusieura  doigts  -,  les  andouillers  de  ïempatù^ 


6o4  C  E  R 

mure  varient  en  nombre ,  depuis  deox  jasqû'à  bait ,  et  quel- 
quefois plus,  mais  cela  est  très-rare.  Lies  secondes  têtes  n'ont 
ordinairement  que  deux  andouillers  dans  la  longueur  du 
marrain.  Il  arrive  assez  souvent  que  les  deux  empanmures 
ne  sont  pas  également  garnies. 

C^est  au  printemps  que  les  cerfs  mettent  bcKj  la  tète  se  dé- 
tache d'elle-même  ,  ou  par  un  petit  effort  qu'ils  font  en  s'ac- 
-crochant  à  'quelque  branche  ;  il  est  i*are  que  les  deux  côtés 
tombent  précisément  en  même  temps ,  et  souvent  il  y  a  un 
^ur  ou  deux  d'intervalle  entre  la  chute  de  chacun  des  côtés 
de  la  tête.  Les  vieux  cerfs  sont  ceux  qui  mettent  bas  les  pre- 
miers ,  vers  le  commencement  de  février  ;  les  ceifè  de  dis 
cors  ne  mettent  bas  que  vers  la  fin  du  même  mois  ou  dans  le 
'  courant  de  mars  ;  ceux  de  dix  cors  jeunement ,  dans  le  cou- 
rant d'avril  ;  les  jeunes  cerfs ,  en  mai  ;  et  les  dagueU  ,  au  com- 
mencement de  juin  ;  mais  il  y  a  sur  tout  cela  beaucoup  de  va- 
riétés ,  et  ro(i  voit  quelquefois  de  vieux  cerfs  mettre  bas  plus 
lard  que  d'autres  qui  sont  plus  jeunes.  Au  reste ,  la  mue  oe  U 
tite  des  cerfs  avance  lorsque  l'hiver  est  doux ,  et  retarde  lorsK 
i|u'il  est  rade  et  de  longue  durée. 

Pendant 'l'hiver  les  cerfs  se  rassemblent  en  troupes  où 

hordes ,  et  se  tiennent  serrés  les  uns  conti*e  les  autres  dans  lei 

endroits  les  plus  fourrés.  A  la  fin  de  cette  saison ,  ils  gagnent  le 

bord  des  forêts  et  sortent  dans  les  blés.  C'est  alors  qu'ilt 

mettent  bas.  Dès  qu'ils  se  sont  débarrassés  de  leur  tête  ^  ib  se 

âépamit  les  uns  des  autres  ^  et  il  n'y  a'plus  que  les  jeunes^qui 

demeuaent  assemble  ;  ils  ne  se  tiennent  pas  dans  les  forts , 

mai^is  gagnent  les  beau.x  pays ,  les  buissons  »  les  taillis  clairs , 

où  ils  demeurent  tout  Tété*  jjour  y  refaire  leur  tête  ;  et ,  dau* 

cette  saison ,  ils  mardient  la  \téte  basse ,  crainte  de  la  froisser 

contre  les  branches^  car  elle  es^  sensible  tant  qu'elle. n'a  pax 

pris  son  entier  accroissement  La  têt^  des  vie^x  cerfs  n'est  eu* 

core  qu'à  moitié  refaite  vers  le  commeJiicement  de  juin  ,  et 

n'est  tout-à-fait  alongée  et  endurcie  que  versile  milieuV'août 

Celle  des  jeu  nés  cerfs ,  tombant  plus  tard ,  repocisse  et  se  wfait 

aussi  plus  tard  ;  mais ,  dès  qu'elle  est  entièrement^  alongée  ,  er 

qu'elle  a  pris  de  la  solidité ,  les  cerfs  la  frottent^  «9«ntr«  ^js 

arbres  pour  la  dépouiller  de  la  peau  dont  elle  est  revêtue  ;  ei  . 

comme  ik  continuent  à  la  frotter  plusieurs  jours  de  suite  ^  on 

prétend  qu'elle  se  teint  de  la  couleur  de  la  sève  du  bcMs  aaqu<.  ^ 

ils  touchent  ;  qu'elle  devient  rousse  contre  les  hêtres  et  les 

bouleaux  >  brune  contre  les  chênes  y  et  noirâtre  contre  les 

charmes  et  les  trembles.  Au  reste  >  la  couleur  du  bois  cocnme 

la  couleur  du  poil ,  semble  dépendre,  en  général ,  de  l'âge  ei 

de  la  nature  de  l'animal  \  les  jeunes  cerfs  ont  le  boia  plua  blau-^ 


C  E  R       ^  5o5 

châtre  et  moins  teint  que  les  rieux.  A  Tintérieur ,  le  bois  de 
tous  les  cerfs  est  à-peu-près  également  Uanc  ;  mais  ces  bois 
difîèrent  beaucoup  les  uns  des  autres  y  en  solidité  et  par  leur 
texture  plus  ou  moins  serrée  ;  il  y  en  a  qui  sont  fort  spon- 
gieux ,  et  où  même  il  se  trouve  des  cavités  assez  grandes  ;  celte 
différence  dans  la  texture  suffit  pour  qu'ils  puissent  se  colorer 
différemment ,  et  il  n'est  p^s  nécessaire  d*avoir  recours  à  la 
sève  des  arbres  pour  produire  cet  effet ,  puisque  nous  voyons 
tous  les  jours  l'ivoire  le  plus  blanc ,  jaunir  ou  brunir  à  Tair , 
quoiqu'il  soit  d'une  nature  bien  plus  compacte  et  moins  po- 
reuse que  celle  dli  bois  du  cerf. 

"Lesperlures  sont  des  inégalités  perlées  qui  sont  le  long  du 
marrain  et  des  andouillers;  leapierrureê  sont  les  mêmes  iné* 
galités  sur  les  meules.  Les  sillons  qui  les  séparent  les  unes  des 
autres  sont  formés  par  les  vaisseaux  sanguins  qui  ont  nourri  la 
téee.  La  peau  qui  enveloppe  le  refaii  couvre  et  contient  tous 
ces  vaisseaux  sur  la  supemcie  du  marrain  ;  comme  il  n'est 
d'abord  formé  que  de  substance  molle,  ces  vaisseaux  y  restent 
empreints  ,  et  le  sillonnent  selon  le  cours  qu'ils  ont  eu  ;  ils  se 
divisent  à  Tinfîni  et  se  croisent  dans  tous  les  sens  ;  quelques- 
uns  des  plus  gros  parlent  de  la  meule  et  se  prolongent  le  long 
du  marrain  et  des  anâouillers ,  jusqu'à  Vempat^mure  où  ils  se 
ramifient.  Lorsque  la  production  oe  la  eé£e  est  presque  com- 
plète y  les  pierrures  de  la  meule,  entre  lesquelles  passent  les 
principaux  vaisseaux  sanguins,  prennent  de  l'accroissement , 
resserrent  peu  à  peu  ces  vaisseaux,  et,  continuant  à  croître, 
finissent  par  les  oblitérer  totalement.  Leur  extrémité  qui 
porte  la  nourriture  à  la  tête ,  ne  recevant  plus  de  substance  » 
se  flétrit  et  la  peau  se  dessèche.  Le  cerf  éprouve  probable- 
ment alors  des  démangeaisons  qui  l'engagent  à  la  dépouiller  , 
et  il  y  a  apparence  qu  il  tix>uve  ,  pendant  quelque  temps,  un 
certain  plaisir  à  se  frotter  contre  les  arbres. 

Peu  de  temps  après  aue  Jes  cerfs  ont  bruni  leur  têts  (  c'est- 
à-dire  qu'ils  ont  dépouillé  leurs  bois  de  ces  peaux  devenues 
inutiles  )  ,  ils  commencent  à  ressentir  les  impressions  du  rut  ; 
les  vieux  sont  les  plus  avancés.  Dès  le  milieu  de  septembre,  ûs 
quittent  les  buissons  ,  reviennent  dans  les  forts ,  et  commen- 
cent à  chercher  les  Ifétes  (  les  biches  )  ;  ils  raient  d'une  voix 
forte  ;  le  cou  et  la  gorge  leur  enflent  ;  ils  se  tourmentent ,  ils 
traversent  en  pleili  joiu*  les  guéretA  et  les  plaines ,  ils  donnent 
de  la  tête  contre  les  arbres  et  les  cépées ,  enfin  ils  paroissent 
transportés ,  furieux ,  et  courent  de  pays  en  pays  jusqu'à  ce 
qu'ils  aient  trouvé  des  biches ,  qu'il  ne  sufiit  pas  de  rencontrer^ 
mais  qu'il  faut  encore  poursuivre^  contraindre,  assnfetdr, 
car  elles  les  évitent  d'abord  ;  diles  fuient  et  ue  les  attendent 


5o6  ^       ^  C  E  R 

qu'après  avoir  été  long-temps  fatiguées  de  leur  poumoiCe. 
CTest  aussi  par  les  plus  vieilles  que  commence  le  rut  ;  les 
jeunes  biches  n'entrent  en  chaleur  que  plus  tard  ;  et  lorsque 
deux,  cerfs  se  trouvent  auprès  de  la  même  ,  il  faut  encore 
combattre  avant  que  de  jouir  ;  s^ils  sont  d'égale  force ,  ils  se 
menjicent^  ils  gratlent  la  terre  >  ils  raient  d'un  cri  terrible ,  et 
se  précipitant  1  un  sur  l'autre ,  ils  se  batlent  à  outrance ,  et  se 
donnent  des  coups  de  tête  et  d'andoidllers  si  fort,  que  sou* 
vent  ils  se  blessent  à  mort.  Le  combat  ne  finit  que  par  la  dé* 
faite  ou  la  fuite  de  l'un  des  deux ,  et  alors  le  vainqueur  ne 
perd  pas  un  instant  pour  jouir  de  sa  victoire  et  de  ses  désirs  , 
A  moins  qu'un  autre  ne  survienne  encore ,  auquel  cas  il  part 
pour  l'attaquer  et  le  faire  fuir  comme  le  premier.  lies  plus 
vieux  cerfs  sont  toujoura  les  muitres ,  parce  qu'ils  sont  plus 
fiers  et  plus  hardis  que  les  jeunes ,  qui  n'osent  approcher 
d'eux  ni  de  la  biche ,  et  qui  sont  obligés  d'attendre  qu'ils  Faient 
quittée  pour  l'avoir  à  leur  tour  ;  quel(|uefois  cependant  ila 
sautent  sur  la  biche  pendant  que  les  vieux  combattent ,  el 
après  avoir  joui  fort  a  la  hâte ,  ils  fuient  promptement.  Lges 
bic/ies  préfèrent  les  vieux  cerfs ,  non  pas  parce  qu'ils  sont 
plus  courageux ,  mais  parce  qu'ils  sont  beaucoup  plus  chaud» 
et  plus  ardens  que  les  jeunes  ;  ils  sont  aussi  plus  mconstans, 
ils  ont  souvent  plusieurs  biches  à-la-fois ,  et  lorsqu'ils  n'en  ont 
qu'une ,  ils  ne  s  y  attachent  pas;  ils  ne  la  gardent  que  Quelques 
jours ,  après  quoi  ils  s'en  séparent  et  vont  en  chercner  une 
autre  auprès  de  laquelle  ik  demeurent  encore  moins ,  et 
passent  ainsi  à  plusieurs  jusqu'à  ce  qu'ils  soient  tout -à -fait 
épuisés. 

Cette  fureur  amoureuse  ne  dure  que  trois  semaines;  pen- 
dant ce  temps  «  ils  ne  mangent  que  très-peu ,  ne  dorment  ^i 
ne  reposent  ;  nuit  et  jour  m  sont  sur  pied  ,  et  ne  font  que 
marcher ,  courir ,  combattre  et  jouir  :  aussi  sortent-ib  de  là  si 
.défaits^  si  fatigués,  si  maigres,  qu'il  leur  faut  du  temps  pour 
se  remettre  et  reprendre  des  forces.  Ils  se  retirent  ordinaire- 
ment alors  sur  le  bord  des  forets,  le  long  des  meilleurs  ga** 
gnages ,  ou  ils  peuvent  trouver  une  nourriture  abondante  , 
et  ils  y  demeurent  jusqu'à  ce  qu'ils  soient  rétablis. 

Le  rut  pour  les  vieux  cerfs  commence  vers  le  milieu  Au 
mois  d'août  et  finit  vers  la  fin  de  septembre.  Pour  les  cetfs  de 
dix  cors  et  de  dix  cors  jeunement ,  il  commence  vers  le  7  aep- 
teuibié  et  finit  ver«  le  a  octobre  \  pour  les  jeunes  cerfs,  c*€r«l 
depuis  le  a5  septembre  jusqu'au  17  octobre  ,  et  dans  les  dix 
derniers  joura  du  même  mois,  il  n'y  a  plus  que  les  dague4» 
qui  sont  en  rut ,  parce  qn'iU  y  sont  entrés  le»  derniers  de  tous  ; 
les  plus  jeunes  buAes  soûl  de  même  les  demièrea  en  chaleur* 


C  E  R  ,  5o7 

Le  rut  est  donc  entièrement  fini  vers  le  commencement  de 
novembre  ^  et  les  cerfs  ^  dans  ce  temps  de  foiblease ,  sont  faciles 
à  forcer.  Dans  les  années  abondantes  en  gland ,  ils  se  réta- 
blissent en  peu  de  temps  »  par  la  bonne  nourrilura^-et  I'qu 
remarque  souvent  un  second  rut  au  commencement  de  no- 
vembre j  mais  qui  dm^  beaucoup  moins  que  le  premier. 

Dans  les  climats  plus  cbauds  que  celui  de  la  France ,  comme 
les  saisons  sont  plus  avancées  ^  le  rut  est  aussi  plus  précoce.  En 
Grèce,  par  exemple ,  il  paroit,  par  ce  qu'en  dit  Arislote, 
qu'il  commence  dans  le  milieu  du  mois  aaoût ,  et  qu'il  finit 
vers  les  premiers  jours  d'octobre. 

Les  biche^^  portent  huit  mois  et  quelques  jours  ;  elles  ne 
produisent  ordinairement  qu'un  petit ,  très-rarement  deux  ; 
elles  mettent  bas  vers  le  commencement  de  Juin  ;  elles  ont 
grand  soin  de  dérober  leur^àon  à  la  poursuite  des  chiens  ; 
elles  se  présentent  et  se  font  chasser  elles-mêmes  pour  les  éloi- 
gner, après  quoi  elles  viennent  le  r^'oindre.  Toutes  les  lichen 
ne  sont  pas  fécondes  ;  il  y  en  a  qu'on  appelle  brèhaignea ,qm 
ne  portent  jamais^  ces  biches  sont  plus  gro^es  et  prennent 
beaucoup  plus  de  venaison  que  les  autres  ;  aussi  «ont-elles  les 
premières  en  chalem*.  On  prétend  aussi  qu'il  se  trouve  quel- 
quefois AcB  biches  qui  ont  un  bois  comme  le  cerf. 

Le  cerfeai  en  état  d'engendrer  à  dix-huit  mois,  car  on  a 
vu  des  daguete  couvrir  des  biches,  et  l'on  s'est  assuré  que  ces 
accouplemens sont  productifs.  Dans  l'homme^  la  baroe»  le 
J>oil  9  le  gonflement  des  mamelles,  l'épanouissement  de»  par- 
ties de  la  génération,  précèdent  la  puberté.  Dans  les  animaux 
eu  général ,  et  dans  le  cerf  en  particulier ,  la  surabondance 
de  nourriture ,  qui  prodmt  tous  ces  effets  dans  l'homme ,  se 
marque  par  des  eÔets  encore  plus  sensibles  ;  elle  produit  la 
tête ,  le  gonflement  des  daintiers  ou  testicules ,  l'endure  du 
cou  et  de  la  gor^e  ,  le  rut ,  &c.  £t  comme  le  c^r^croit  fort 
vite  dans  le  premier  âge ,  il  ne  se  passe  qu'un  an  depuis  sa 
naissance  jusqu'au  temps  où  cette  surabondance  commence 
à  se  marquer  au-dehors  par  la  production  du  bois  ;  et  à  me- 
sure que  ce  bois  prend  de  la  consistance ,  l'animal  achève  de 
se  charger  de  venaison ,  qui  est  une  graisse  abondante  pro- 
duite aussi  par  le  superflu  de  la  nourriture ,  qui  dès-lora  com- 
mence à  se  déterminer  vers  les  parties  de  la  génération ,  et  à 
exciter  le  cerfk  cette  ardeur  du  rut  qui  le  rend  furieuX'  Et  ce 
qui  prouve  évidemment  que  la  production  du  bois  et  celle  do 
la  liq^ueur  séminale ,  dépendent  de  la  même  cause ,  c'est 
que  SI  l'on  détruit  la  source  de  la  liqueur  séminale  ,  en  sup- 
primant, par  la  castration ,  les  organes  nécessaires  pour  celte 
^^cvcUqu  ^  ou  supprime  eu  même  temps  la  production  du 


5o8  ^  E  R 

bois  ;  car  ai  Ton  fait  cette  opération  daiui  le  temps  quSl  a  mi» 
bas  sa  iéie ,  il  ne  s'en  forme  pas  une  nouvelle  ;  et  ^  si  on  ne  h. 
fait ,  au  contraire,  que  dans  le  temps  qu'il  a  rejfait  sa  tête  ,  elle 
ne  tombe  plus  ;  Tanimal  ^  en  un  mot ,  reste  pour  toute  sa  vie 
dans  rétat  où  il  étoit  lorsqu'il  a  subi  la  castration  ;  et  comme 
il  n'éprouve  plus  les  ardeurs 'du  rut ,  les  signes  qui  l'accom- 
pagnent disparoissent  aussi  ;  il  n'y  a  plus  d'enflure  au  cou  ni 
à  la  gorge  ,  et  il  devient  d'un  nafuix^l  plus  doux  et  plus  tran- 
quille. Les  cerfo  coupés  ne  laissent  pas  de  devenir  gras ,  mais 
leur  graisse  ne  s'exalte  ni  ne  s'échaufle  pas  comme  la  venaison 
des  cerfs  entiers  ,  qui ,  lorsqu'ils  sont  en  rut^  ont  une  odeur  si 
forte ,  qu'elle  infecte  de  loin  ;  lem*  chair  même  en  est  si  fort 
imbue  et  pénétrée ,  qu'on  ne  peut  ni  la  manger  ni  la  sentir^ 
et  qu'elle  se  corrompt  promptement  ;  au  lieu  que  celle  du  eerf 
coupé  ae  conserve  fraîche^  et  peut  se  manger  en  tous  les 
temps. 

La  disette  et  le  manque  de  tranquillité  retardent  l'accrois- 
aement  du  bois,  et  en  diminuent  le  voliune, très-considéra- 
blement. Les  cerfs  qui  habitent  les  pays  abondant  >  où  ils 
viandent  (  mangent  )  a  leur  aise ,  où  ils  ne  sont  troublés  ni  i)ar 
les  chiens  ni  par  les  hommes ,  ont  toujours  la  tête  belle , 
haute  y  et  bien  ouverte  ;  ceux ,  au  contraire  ^  qui  habitent  un 
pays  où  ils  n'ont  ni  repos  ni  nourriture  suflSsante  ;  ceux  qui 
06  portent  mal ,  qui  ont  été  blessés  ou  qui  ont  seulement  été 
inquiétés  ou  courus ,  prennent  rarement  une  bêUe  têie  et  une 
bonne  venaison  ;  ils  n'entrent  en  rut  que  plus  tard ,  il  leur 
faut  plus  de  temps  pour  refaire  leur  tiu ,  et  ils  ne  la  mettent 
bas  qu'après  les  autres.  On  a  ramarqué  que  les  cerfs  coupés  et 
les  biches  mangent  moins  que  les  cerfs  entiers  ;  en  effet ,  ces 
animaux  ,  n'ayant  point  de  bois  à  refaire  ,  n'ont  pas  besoin 
d'une  aussi  grande  quantité  de  nourriture. 

Toute  la  vie  du  cerfwe  passe ,  comme  on  le  voit ,  dans  des 
alternatives  de  plénitude  et  d'inanition  ,  d'embonpoint  et  de 
maigreur ,  de  santé ,  et  pour  ainsi  dire  de  maladie ,  sans  que 
ces  oppositions  si  marquées ,  et  cet  état ,  toujours  excessif, 
altèrent  sa  constitution  ;  il  vit  aussi  long-temps  que  les  autrca 
animaux  ^ui  ne  sont  pas  sujets  à  ces  vicissitudes.  Comme  il  «st 
cinq  ou  six  ans  &  croître ,  il  vit  trente -cinq  ou  quarante 
ans. 

Le  ce^h  l'oeil  bon ,  l'odorat  exquis  et  l'oreille  excellente. 
Lorw|u'il  veut  écouter ,  il  lève  la  tète ,  dresse  les  oreilles  ,  et 
alors  d  entend  de  fort  loin.  Lorsqu'il  sort  d'un  petit  taiOia  ou 
de  quelqu'autre  endroit  à  demi-découvert ,  il  s'ai*r^te  pour 
regarder  de  tous  côtés ,  et  cherche  ensuite  le  dessous  du  vent 
pour  sentir  s'il  n'y  a  pas  quelqu'iia  qui  puisse  l'inquiéter.  U  est 


C  El  R  5o9r 

d'un  naturel  asses  «impie  ;  «t  cependant  il  est  curieux  et  rusé. 
Lorsqu'on  le  siffle  ou  qu'on  l'appelle  de  loin ,  il  s'arrête  tout 
court ,  regarde  fixement ,  et  avec  une  espèce  d'admiration ,  le» 
voitures ,  le  bétail ,  les  hommes  ;  et ,  s'ils  n'ont  ni  armes ,  ni 
chiens  ^  il  continue  à  marcher  d'assm^ance^  et  passe  son  ciie-- 
min  fièrement  et  sans  fuir.  U  paroît  aussi  écouter  avec  autant 
de  tranquillité  que  de  plaisir^  le  chalumeau  ou  le  flageolet  des 
bergers  ;  et  les  veneurs  se  sei'vent  quelquefois  de  cet  artifice 
pour  le  rassurer.  £n  général ,  il  cramt  beaucoup  moins 
l'homme  que  les  chiens  ,  et  ne  prend  de  la  défiance  et  de  la 
ruse  f  qu'a  mesure  et  qu'autant  qu'il  aura  été  inquiété  ;  il 
mange  lentement ,  il  cnoisit  sa  nourriture  -,  et  lorsqu'il  a 
viande,  il  cherche  à  se  reposer  pour  ruminer  à  loisir  ;  mais  il 
paroit  que  la  rumination  ne  se  fait  pas  avec  autant  de  faci*- 
nié  que  dans  le  bœuf;  ce  n'est ,  pour  ainsi  dire  ,  que  par  se- 
cousses que  le  cer/*peut  faire  remonter  l'herbe  contenue  dans 
son  premier  estomac.  Cela  vient  de  la  longueur  et  de  la 
direction  du  chemin  qu'il  faut  que  l'aliment  parcoure.  Le 
bœuf  a  le  cou  droit  et  court  y  le  cerf  l'a  long  et  arqué  ;  il  fimt 
donc  beaucoup  plus  d'effort  pour  faire  remonter  l'aliment ,  et 
cet  effort  se  fait  par  une  espèce  de  hoquet^  dont  le  mouvement 
se  marque  au-dehors  ,  et  dure  pendant  tout  le  temps  de  la 
rumination.  Il  a  la  voix  d'autant  plus  forte ,  plus  gi^osse  et  plus 
tremblante ,  qu'il  est  plus  âgé  :  la  biche  a  la  voix  plusfoible  et 
plus  courte  ;  elle  ne  rait  pas  d'amour  ^  mais  de  crainte.  Le  cerf 
rait  d'ime  manière  effroyable  dans  le  temps  du  rut  -,  il  esl 
alors  si  transporté  ^  qu'il  ne  s'inquiète  ni  ne  s'effraie  de  rien  ; 
oh  peut  donc  le  surprendre  aisément  ;  et ,  comme  il  est  sur- 
chargé de  venaison  ^  il  ite  tient  pas  long^temps  devant  lea 
chiens  ;  mais  il  est  dangereux  aux  abois  ;  il  se  jette  sur  eux 
avec  une  espèce  de  fureur.  Il  ne  boit  guère  en  hiver,  et  encore  i 
moins  au  printemps;  l'herbe  tendre  et  chargée  de  rosée,  lui 
suffit  ;  mais  dans  les  chaleurs  de  l'été ,  il  va  boire  aux  mis- 
seaux  ,  aux  mares ,  aux  fontaines  ;  et ,  dans  le  temps  du  rut , 
il.  es|  si  fort  échauffé  ,  qu'il  cherche  l'eau  par-tout  ;  non-* 
seulement  pour  appaiser  sa  soif  brûlante,  mais  pour  se  bai-<- 
gner  et  se  rafraichir  le  corps.  Il  nage  parfaitement  bien ,  et 

tslus  légèrement  alors  que  dans  tout  autre  temps,  à  cause  de 
a  venaison  dont  le  volume  est  plus  léger  qu'un  pai*eil  volume 
d'eau.  On  en  a  vu  traverser  de  très-grandes  rivièi'es;  on 
prétend  même ,  qu'attirés  par  l'odeur  des  bicffea ,  les  cerfs  se 
jettent  à  la  mer  dans  le  temps  du  rut ,  et  passent  d'une  île 
À  une  autre ,  à  des  distances  de  plusieurs  keues.  Us  sautent 
encore  plus  légèrement  qu'ils  ne  nagent  ;  car  lorsqu'ils  sont 
poursuivis,  ils  franchissent  aisément  Uile  haie^  et  même  un 


6io  C  E  R 

palis  d'une  toise  cle  hatUenr.  Leur  nourrihire  est  différente , 
suivant  les  diverses  saisons  ;  en  antomfie  y  après  le  ritt ,  ils 
cherchent  les  boutons  des  arbustes  verts ,  les  ileurs  drs 
bruyères ,  les  feuilles  des  ronces ,  &c.  En  hiver ,  lorsqti'il 
neige ^  ils  pèlent  les  arbres,  et  se  nourrissent  d'écorce,  de 
mousse,  &c.  ;  et,  lorsqu'il  fait  un  tettips  doux,  ils  vont 
tnander  dans  les  blÀ  ;  au  commencement  du  printemps , 
ils  cherchent  les  chatons  des  trembles ,  des  marsaules ,  des 
coudrierà ,  les  fleurs  et  lès  boutons  du  cornouiller ,  &c.  ;  en 
été,  ils  ont  de  quoi  choisir,  mais  ils  préfèrent  les  seigles  à  tous 
les  autres  grains ,  et  la  bourgène  à  tous  les  autres  bois.  La  chair 
dn  faon  est  bonne  k  manger  ;  celle  de  la  biche  et  du  daguet 
n'est  pas  absolument  mauvaise  ;  mais  celle  des  cerfs  a  toujours 
un  goût  désagréable  et  fort.  Ce  que  cet  animal  a  de  plus  utile, 
c'est  son  bois  et  sa  peau  ;  on  la  prépare ,  et  elle  fait  un  cuir 
souple  et  très-durable.  Le  bois  s'emploie  par  les  couteliers , 
les  tourbisseurs ,  &c.  et  l'on  eil  tire,  par  la  chimie ,  de  TalcaU- 
volatil,  dont  on  a  fait  un  grand  usage  eh  médecine,  sous  le 
nom  à^esprii  de  corne  de  cerf, 

■  La  taille  de  ces  animaux  est  fort  diflifrente ,  selon  les  lieux 
qu'ils  habitent  ;  les  cerfs  de  plaines ,  de  vallées  on  de  collines 
abondantes  en  grains,  ont  le  corps  beaucoup  plus  grand  et  les 
jambes  plus  hautes  que  les  cerfs  des  montagnes  sèches ,  arides 
et  pierreuses  ;  <;eux-ci  ont  le  corps  bas ,  court  et  (rapu  ;  ils  ne 

{léuvent  courir  aussi  vile,  mais  ils  ront  plus  long^-temps  que 
es  premiers  ;  ils  sont  plus  médians ,  ils  ont  le  pofl  plus  long 
sut  le  massacre  (la  tête);  leu»  bois  sont  Ordinairement  bas 
et  noirs.  Ces  petits  e^//^  trapus  n'habitent  guère  les  futaies, 
et  se  tiennent  pi*esque  toujours  dans  les  tafflis,  où  ils  peuvent 
jJus  aisément  se  soustraire  à  la  poursuite  des  chiens  ;  leur  f>#- 
wtaison  est  plus  fine,  et  leur  cnair  est  de  meilleur  goât  que 
celle  des  cerfk  de  plaine.  Le  cerf  de  Corse  (  Hisi,  nat.  des 
Quad,  de  Buffbn ,  édit.  de  Sonmni ,  tom.  214 ,  pag.  1 16 ,  pi.  6.) 
paroît  être  le  plus  petit  de  tous  ces  cerfi  de  montagnes;  il  n*a 
guère  que  la  moitié  de  la  hauteur  des  cerfs  ordinaires  ;  il  a  le 
pelage  brun ,  le  corps  trapu ,  les  jambes  courtes. 

Il  y  a ,  en  Allemagne ,  une  autre  race  de  cerfs  ,  qui  est  coih 
ntie  dans  le  pays  sous  le  nom  de  brandhirtt ,  et  de  nos  clias- 
senrs  sous  celui  de  cerf  des  Ardennes;  c'est  le  cervus  hipp€t€s-' 
phus  de  Linn«iTs.  Il  est  phis  grand  que  le  cerf  commun  ;  il 
en  diflère  non-setdement  parle  pelage ,  qu'il  a  d'une  couleur 
plus  foncée  et  presque  noire,  mais  encore  par  un  long  po3 
qnll  porte  siir  les  épaules  et  sur  le  cou.  Cette  variété  de  Pc»- 
pèce  du  cerf,  c^  I  hippsiaphe  d'Aristote ,  et  le  tragstaphs 


C  E  R  5ii 

On  a  pensé  qu'on  pourroil  rendre  domestiques  les  cerfs  de 
nos  bois^  en  les  traitant  comme  les  Lapons  traitent  leurs 
rennes ,  avec  soin  et  douceur.  Buifon  cite  ^  à  ce  sujet ,  un 
exemple  qu'on  poun*oil  rfuivre.  a  Autrefois,  dit-il ,  il  n'y 
»  avoit  pomt  de  cerfs  à  l'Ile-de-France  ;  ce  sont  les  Porlu- 
})  gais  qui  en  ont  peuplé  cette  île.  Ils  sont  petits  et  ont  le 
)>poil  plus  gris  que  ceux  d'Europe,  desquels,  néanmoins, 
)>ils  tirent  leur  origine.  Lorsque  les  Français  s'établirent 
3)  dans  l'île ,  ils  trouvèrent  une  grande  quantité  de  ces  cerfs; 
»  ils  en  ont  détruit  une  partie ,  et  le  reste  s'est  réfugié  dans 
D  les  endroits  les  moins  fréquenté»  de  Tile.  On  est  parvenu 
»  à  les  rendre  domestiques ,  et  quelques  habitans  en  ont 
D  des  troupeaux». 

L'on  est  aussi  parvenu  à  faire  des  attelages  de  cerfs.  Val- 
mont  de  Bomare  rapporte  qu'il  a  vu,  en  Allemagne,  un 
attelage  composé  de  six  de  ces  animaux ,  dociles  au  mors  et 
actifs  au  coup  de  fouet.  Il  y  avoit  aussi  en  1 770,  dans  la  ma- 
gnifique écurie  de  Chantilly,  deux  cerfs  qui  se  laissoient  atte- 
ler à  un  petit  chariot  qu'ils  tiroient ,  chargé  de  deux  per- 
sonnes. (Desm.) 

Chasse  du  Cerf 

La  chasse  du  cerf  se  fiiit  de  deux  manières,  aux  chiens  cot^ 
rans  et  aux  pièges. 

La  plus  belle  chasse  aux  chiens  courans  est  sans  contredit 
celle  au  cerf)  elle  est  aussi  la  plus  savante  et  la  plus  difficile; 
elle  demande  des  connoissances  très-étendues  et  très-variées, 
qui  ne  peuvent  s'acquérir  que  par  une  longue  expérience;  elle 
exige  enfin  un  appareil  d^hommes ,  de  chevaux  et  de  chiena 
dressés. 

Pourchasser  le  cerf\\  faut  d'abord  savoir  le  Juger,  c'est-à- 
dire  connoître ,  sans  l'avoir  vu  ,  son  âge  et  son  sexe.  On  Juge 
le  cerf  par  le  pied  et  les  allures  ;  "pur  les  foulées  et  le»  portées; 
par  les  manceuvres  nocturnes ,  et  enfin  par  les  fumées.  Ces 
connoissances ,  que  rexpériénce  seule  rend  exactes ,  se  com- 
posent encore  d'observation^  relatives  aux  saisons  ,  à  la  na- 
ture de  l'animal ,  au  canton  dans  lequel  il  est  né  et  à  celui 
dans  lequel  il  habite  ;  mais  ce  qu'il  faut  savoir  d'abord ,  pour 
parvenu*  à  ces  connoissances ,  c'est  que  les  traces  ou  voies  du 
cerf ,  en  laissant  voir  Timpression  des  différentes  parties  du 

£ied  et  de  la  jambe  de  l'animal ,  àéchleni  ses  pinces  ,  qui  sont 
»  deux  bouts  ou  extrémités  extérieures  du  pied  ;  son  talon 
ou  éponge  ,qai  en  est  le  haut,  et  doit  être  a  quatre  doigts 
é»  Fergol  ou  os  ^  et  enfin  cet  ergot ,  près  duquel  k  talon  at 


5ts  C  E  R 

xapprocbe  à  mesure  que  le  cerf  vieillit.  Mais  celte  impreanoa 
du  pied  et  de  la  jambe  du  cerf  est  plus  ou  moins  forte  ,  suir* 
Tant  que  le  terrein  qui  la  reçoit  est  caillouteux  ou  fangeux  > 
dans  le  premier  cas  elle  est  très  -  légère ,  dans  le  second  elle 
est  ti'ès-ppononcée^  et  elle  l'est  d'autant  plus  que  la  bêle  est 
plus  grosse  ;  ainsi ,  indépendamment  des  autres  indices  qui 
marquent  la  diflérence  du  pied  de  la  jeune  béte  de  ceux  de 
la  vieille ,  l'impression  du  pied  du  faon  et  du  daguêt  eal  bien 
moins  profonde  que  celle  du  cerf  dix  cors  ou  du  vieux  cerf 
A  cet  égard  il  faut  encore  observer  que  les  cerf»  qui  habitent 
les  pays  de  plaines  bien  cultivées,  c'est-à-dire  les  bois  entourés 
de  champs  fertiles ,  parce  qu'ils  ont  le  corsage  plus  grand  , 
ont  ordinairement  le  pied  plus  fort  que  les  c^fe  qui  habitent 
les  grandes  forêts  ;  ceux  qui  habitent  sur  un  sol  pierreux , 
ont  les  côtés  y  les  pinces  et  le  talon  plus  usés  que  ceux  qui  mar^ 
chenl  sur  un  lerrein  doux  :  dans  un  pays  marécageux  ,  le 
pied  se  conserve ,  la  corne  se  renfle ,  les  c6tés  ne  s'usent  pas 
et  restent  tranchuns;  on  appelle  ces  oieiA pieds-de-gondole, 
parce  que  les  côtés  rentrent  vei*s  la  sole.  Les  bichee  et  les  da^ 
guata ,  plus  foi  blés  et  plus  timides  ,  ayant  la  marche  moins 
assurée,  laissent  plus  ap|)ercevoir  les  talons  et  les  pinces  écar«> 
tées ,  tandis  que  le  cerf  dix  cora,  ayant  la  marche  plus  grave 
et  plus  hardie  ,  sur -tout  s'il  n'a  pas  encore  été  lancé  ,  pèse 
plus  sur  les  pinces ,  qui  sont  moins  écartées  et  rondes  ;  ses 
pieds  de  derrière,  toujours  plus  petits  que  ceux  de  devant  ^ 
ae  {dacent ,  quand  il  marche  d'assurance  ,  de  manière  que 
les  pinces  touchent  les  talons  des  pieds  de  devant ,  sur-tout 

3uand  il  est  gras,  autrement  dit ,  en  terme  de  vénerie ,  chargé 
e  venaison  ;  souvent  même  les  pieds  de  den*ièi«  se  placent 
dans  la  trace  des  pieds  de  devant ,  ce  que  ne  fidt  pas  la  biche , 
qui  se  méjuge  dans  ses  allures  ,  les  ayant  tantôt  grandes,  tan- 
tôt petites  9  et  toujours  droites,  en  sorte  que  les  pieds  sont  tou- 
jours en  ligne  di'oite,  à  moins  qu'elle  ne  soit  pleine  ou  qu'dle 
n'ait  du  lait  ;  si ,  à  une  de  ses  allures ,  elle  met  le  pied  de 
derrière  dans  celui  de  devant ,  elle  le  met  ensuite  à  côté  ou 
devant ,  ou  le  couvre  en  entier.  Les  jeunes  cerje  vont  sou- 
vent comme  les  biches  ,  les  pinces  de  devant  écartées  ,  mais 
celles  des  pieds  de  derrière  sont  toujom^  fermées ,  et  ils  dit- 
ierent  en  cela  des  biches ,  qui  ont  les  pinces  des  ouatre  pieds 
écartées  ;  ils  se  méjugent  aussi  d'une  manière  dinérente  »  en 
ce  qu'ils  portent  les  pieds  de  derrière  k  côté,  en  dedans  ou  en 
dehors  de  ceux  de  devant  ;  mais  les  traces  des  uns  et  dt^ 
autres  sont  nulles  pour  le  chasseur  lorsqu'il  a  neigé  ou  qa*il 
a  plû  par-dessus  ,  et  encore  en  temps  de  sécheresse ,  lorsque 
la  terre  est  fine  comme  de  la  cendre  ,  ou  enfip  sur  ua  terrein      1 


C  E  R  6i5 

dur  et  pierreux.  Dans  ces  circonstances  >  lorsqu'il  s*agit  de 
auêler  un  cerf  pour  le  détourner ,  c'est-à-dire  lorsque  la  veille 
d'un  jour  fixé  pour  la  chasse  on  veut  s'assurer  du  lieu  où  le 
cerf  repose ,  ou  bien  lorsqu'après  l'avoir  détourné  il  s'agit  de 
le  lancer  ou  de  le  courre ,  ou  enfin  quand  on  en  recherche 
la  voie ,  après  qu'il  a  donné  le  chanse  aux  chiens ,  à  défaut 
des  indices  par  lé  pied,  il  ^aut  chercher  et  reçonnoîtro  celles 
que  donnen  t^les  foulées  et  portées, 

Ijes  foulées  sont  les  empreintes  que  le  pied  du  cerf  laisse 
sur  l'herbe  ou  sur  les  feuilles.  Lorsque  le  veneur  a  besoin  de 
ces  indices,  il  doit  les  chercher  en  se  traînant  sur  les  genoux 
et  sur  les  mains  le  long  du  chemin  que  l'animal  est  soup- 
çonné .avoir  suivi  dans  le  bois  ;  là  la  terre  ombragée  conserve 
plus  d'humidité  et  de  fi'aicheur  ^  et  l'herbe  >  la  mousse  et  les 
feuilles  tombées,  conservent  assez  l'empreinte  du  pied  du  cerf 
pour  en  montrer  la  forme  et  faire  connoitre  son  âge ,  que  dé-* 
cèle  le  |>lus  ou  le  moins  de  profondeur  de  la  trace.  iLa  foulée 
^ut  encore  servir  à  indiquer  de  quel  cdté  l'animal  avoit  la 
iè^e  touinée  dans  sa  marche  ;  Q.n  met  le  doigt  dans  l'empreinte^ 
et  la  partie  la  plus  profonde  ,  en  indiquant  l'impression  des 
pinces  ,  fait  juger  de  quel  côté  le  cerf  dirige  sespasi 

Ifis  portées  senties  branches  que  le  cerf  touche  et  ploie  avec 
sa  tête  ,  dans  la  coulée  par  laquelle  il  se  remhâche ,  c'est-à« 
dire  dans  le  chemin  étroit  qu'il  suit  pour  se  rendre  dans  l'en  « 
droit  du  bois  où  il  se  repose  :  cet  indice  est  moins  sûr  que  les 

S' récédens ,  et  doit  seulement  y  suppléer.  Un  plus  sûr  se  tire 
es  fumées  ou  fientes.  Le  valet  de  limier ,  charge  de  découvrir 
un  cerf,  doit  y  faire  attention  ,  et  s'attacher  à  les  connoitre , 
pour  juger  l'âge  et  le  sexe  de  l'animal  auquel  elles  appar* 
tiennent  ;  il  faut  donc  qu'il  sache  que  pendant  l'hiver  le  cerf 
ne  jette  que  de  petites  fumées,  dures  et  sèches,  dont  on  ne 
peut  tirer  aucunes  connoissances ,  aussi  n'est  -  ce  qu'en  mai 

Jiu'elles  fournissent  des  indices  ;  alors  les  cerfi  jettent  leurs 
umées  en  bouzards ,  c'est-à-dire  molles  et  amassées  comme 
les  fientes  de  vaches  ;  dans  le  mois  de  juin ,  quoiqu'encore 
amassées,  elles  sont  moins  molles  et  commencent  à  se  déta- 
cher, on  les  nomme  pour  lors  fumées  en  platectu  ;  ek  juillet 
elles  sont  en  troches  ou  demi" formées  ;  au  mois  d'août ,  et 
même  dès  la  fin  de  juillet,  elles  sontyôrm^M;  ak»v  encore  elles 
sont  jaunes  et  s'appelleuty^/it^es  dorées.  Les  gros  c»r/tf,  quand 
ils  sont  gras ,  jettent  leurs  fumées  en  chapelet ,  ainsi  appelés 

Earce  que  ,  quoique  bien  formées  ,  elles  se  tiennent  par  un 
let  glaireux.  Les  oiches,  dans  le  temps  qu'elles  mettent  bas  ^ 
jettent  aussi  des  glaires  avec  leurs  fumées ,  mais  elles  sont 
mêlées  de  sang.  Lorsquelesfuméessont  formées, on  distingue 
ir.  tX 


6i4  C  E  R 

celles  des  gros  cerfs  ,  parce  qu'elles  sont  mieux  moulées  et 
plus  lourdes  que  celles  des  jeunes  cer& ,  en  plus  grande  quan* 
tité  ,  et  semées  de  distance  en  distance.  Lorsque  les  fumées 
sont  en  bouzards ,  celles  des  gros  cerfs  sont  larges  et  épaisses. 
Un  jeune  cerf  jette  beaucoup  de  fumées  à  la  (ois  ,  elles  sont 
l|ègères ,  mal  moulées ,  unies  et  non  ridées  ;  les  aiguillons  ou 
pointes  en  sont  menus  et  alongés ,  au  lieu  q  ue  ceux  des  fu- 
mées du  gros  cerf  sont  gros  et  courts  ;  les  fumées  du  jeune 
cerf  sont  .souvent  entées  ,  c'est-à-dire  enchâssées  deux  à  deux 
Tune  dans  l'autre  ;  un  cerf  dix  cors  ne  jette  jamais  de  fumées 
entées  y  mais  quelquefois  de  grumelées,  c'est-à-dire  de  petites 
comme  des  noyaux  de  cerise  mêlées  avec  de  grosses.  Quand 
les  fumées  sont  tou tes  petites ,  passé  le  te^ps  des  bouzards,  ces 
aortes  de  fumées  annoncent  un  très- vieux  cerf.  Une  biche 
échauifée  jette  quelquefois  de  grumelures,  mais  elles  sont  iné- 
gales et  légères.  Si  un  veneur  trouve  des  fumées  formées  et  ri- 
dées dans  le  temps  qu'elles  doivent  être  en  bouxards ,  il  doit 
juger  qu'elles  viennent  d'une  biche  échauffée  qui  va  mettre 
bas ,  et  y  en  y  faisant  attention  ,  il  verra  que  ees  fumées  sont 
aiguillbnné^  par  les  deux  bouts  ,  ce  qui  n'est  pas  k  celles  des 
cerfs ,  qui  ne  le  sont  que  par  un  bout ,  et  qu'enfin  eDes  sont 
moins  bien  moulées  et  plus  légères  que  celles  même  des  plua 
jeunes  cerfs.  Pour  bien  juger  les  fumées  il  faut  encore  fair» 
attention  à  l'espèce  de  nourriture  que  le  cerf  aiu^  prise  la 
nuit  :  un  cerf  qui  vient  de  se  nourrir  d'herbes  fraîches  jettf» 
des  fumées  presque  liquides ,  et  qu'à  peine  on  peut  lever , 
tandis  qu'un  autre  cerf  du  même  âge ,  qui  dans  la  même  nuit 
aura  mangé  du  blé  ou  autre  grain  mûr ,  jettera  des  fumées 
foraiées  et  dorées ,  et  qu'un  autre  cerf  enfin ,  qui  aura  passé 
k  nuit  à  brouter  dans  les  taillis  ou  en  pleine  forêt ,  jettera  des 
fumées  dures  et  noires.  Une  dernière  observation  à  faire  sur 
les  fumées ,  c*est  que  si  le  veneur  est  dans  le  doute  qu'cUei 
soient  vieilles  ou  fiaiches ,  ce  qui  en  change  la  forme  suivant 
qu'elles  se  trouvent  à  lombi^e  ou  exposées  au  soleil  ou  à  la 
pluie  ^  il  doit  les  casser  ;  si  elles  sont  vieilles  elles  sentent  l'ai- 
gre ou  elles  sont  remplies  de  petits  insectes  qui  s'en  nour- 
rissent 

Quant  aux  indices  que  iburnissent  les  manœu^'res  de  nuit 
des  cerfs  ,  ils  sont  foibles ,  et  tout  ce  qu'on  peut  observer  da 
plua  clair  à  ce  sujet ,  c'est  que  les  gros  cerb  se  rendent  aux 
gagnées  ,  c'est-à-dire  dans  les  champs  de  blé  ou  d'autres 
grains  dont  ils  se  nourrissent,  toujours  par  le  plus  court  che- 
min ;  ainsi ,  si  dans  un  ciiamp  on  trouve  das  pieds  ou  des  fu- 
méesde  cerf ,  on  peut  croire  qu'il  «est  rembûché ,  c'est-à-dira 
qu'il  est  rentré  dans  le  bois  par  la  coulée  ou  petit  chemin  la 


C  E  R  5i5 

plus  près  du  champ ,  dans  lequel  ou  près  duquel  on  a  apperçu 
aes  pieds  ou  ses  fumées ,  et  ce  qull  y  a  de  bien  certain  ^  c'est 
qu'il  va  seul  aux  gagnages  et  jamais  avec  des  biches  ou  do 
jeunes  cerfs. 

Telles  sont  les  différentes  connoissances  que  doit  avoir  un 
veneur  pour  juger  le  c^r/ qu'il  veut  chasser  ;  maintenant  il 
faut  indiquer  celles  qui  sont  nécessaires  pour  s'assurer  de  l'en- 
droit où  il  se  repose ,  et  ou  on  est  à-peu-pràs  sûivde  le  retrou- 
Ver  pour  le  lancer  au  moment  de  la  chasse  ;  c'est  ce  qui  s'ap- 
pelle détourner  le  cerf.  Le  moyen  d'y  réussir  est  d'abord  de 
bien  reconnoilre  le  remhûchement y  c'esl-à-dire  l'endroit 
par  où  il  est  rentré  dans  le  bois  après  avoir  viande ,  autrc- 
menl  dit  avoir  pâturé  ;  comme  en  rentrant  dans  le  bois  le 
cerf,  avant  de  chercher  un  lieu  de  repos  pour  y  digérer  son 
viandis ,  c'esL-à^ire  la  nourriture  qu*il  vient  de  prendre  ^  a 
quelquefois  besoin  de  se  re-ssuier ,  ce  qui  arrive  dans  les  temps 
humides  ,  il  s'arrête  sur  la  lisière  du  bois ,  dans  une  clairière, 
et  ne  s'enfonce  que  lorsqu'il  a  séché  son  pelage ,  son  poil  ; 
si  dans  le  moment  qu'il  est  au  resaui  on  cherchoit  à  le  détour- 
ner, ou  ne  feroit  que  l'inquiéter^  sans  espérance  qu'il  s'arrête 
dans  le  canton  où  il  s'est  rem  bûché  ;  il  faut  donc  ,  suivant  le 
temps  et  la  saison  ,  lui  donner  le  temps  de  se  ressuier  au  sor- 
tir du  gagnage,  et  c'est  seulement  après  avoir  reconnu  son 
remhûchement ,  que  le  veneur  fait  entrer  son  limier  dans  le 
bois  ;  alors,  après  avoir  jugé  à-peu-près  par  la  voie  que  le 
chien  a  suivie  l'endroit  où  le  cerf  se  repose ,  il  s'en  assure  en 
faisant  avec  son  chien  une  sorte  d'enceinte  ,  qu'il  marque  en 
brisant  des  branches  à  partir  du  remhûchement  jusqu'à  ce 
u'il  soit  vevenu  au  même  point,  sans  avoir  rencontré  la  voie 
u  même  cerf ,  qu'il  a  reconnue  par  le  pied  ,  les  fumées  et 
autres  indices.  Cela  fait,  il  rend  compte  de  ses  opérations  et 
des  reconnoissances  qu'il  a  faites  ,  et  comme,  si  rien  depuis . 
ce  moment  n'est  venu  inquiéter  le  cerf ,  on  est  sûr  qu'il  re- 
viendra le  lendemain  au  même  endroit ,  on  en  fixe  la  chasse 
à  ce  jour. 

Cette  chasse  est  un  art  qui ,  outre  les  connoissances  dont  on 
Tient  d'indiquer  seulement  les  principales ,  en  suppose  une 
infinité  d'autres  ,  qui  s'acquièrent  par  l'expérience  ,  et  dont 
cet  ouvrage  ne  permet  pas  les  détails ,  que  l'on  trouve  d'ail- 
leurs dans  difFérens  livres  de  vénerie  ;  on  doit  se  borner 
ici  à  dire  qu'à  l'aide  de  limiers  on  commence  par  lancer  le 
cerf  détourné  de  la  vieille,  et  qu'à  l'aide  d'une  meute  de  bons 
chiens  courans  dressés  pour  cette  chasse ,  et  divisés  par  meutes 
#11  bandes  destinées  à  se  relayer,  on  parvient  à  lasser  le  eerf 


l 


5i6  C  E  R 

0ur  la  Toia  duquel  on  les  lâche  et  on  lea  ramène  lortqn^iti 
prennent  le  change  ,  soit  parce  qu'ils  rencontrent  la  voio 
d'une  autre  béte ,  soit  parce  que  le  cerf  lancé  a  la  ruse ,  lora* 
qu'il  commence  à  se  fatiguer  ^  de  se  faire  remplacer  dans  la 
voie  par  un  jeune  cerf|  et  s'en  écarte  pour  tromper  les  chiens; 
mais  lorsque  les  veneurs  qui  ont  detonmé  le  ûerf  Mat  bien 
instruits  et  qu'ils  cgnnoissent  bien  la  voie ,  ils  y  ramènent  le» 
chiens  ,  qui  >  relayés  à  propos ,  forcent  le  cerf  lancé  ,  et  1« 
font  enfin  tomber  de  lassitude  ;  il  est  alors  aux  aboie ,  et  dana 
cet  état  on  le  lue  à  coups  de  fusil ^  ce  qui  est  plus  sûr  que  d'al- 
ler lui  couper  le  jarret ,  comme  cda  se  praliquoit  autrefoia  , 
au  risque  de  faire  tuer  ou  estropier  des  chiens ,  et  même  dea 
hommes.  Celte  chasse  axise  non-seulement  des  relais  de  chiena 
courans,  maisencore  de  chevaux  ;  caries  maitres  de  la  chasse  , 
les  veneurs  elles  piqueurs^  qui  doivent  être  toujours  près  dea 
chiens  pour  les  conduire ,  les  exciter  et  les  remettre  sur  ]m 
voie  y  ne  pourroient  suivre  à  pied ,  et  s'ils  n'avoient  même  dea 
jchevaux  de  rechange  lorsque  la  chasse  est  de  longue  durée. 

Lorsque  le  cerf  est  mort  on  en  fait  la  curée  ,  qui  non-^ea* 
lement  est  la  récompense  des  chiens ,  mais  sert  encore  â  les 
encourager  et  à  leur  donner  le  goût  de  la  béte  ;  avant  cela 
on  permet  aux  chiens  de  fouler  le  cerf,  qu'on  a  couché  sur 
le  (K>s ,  en  les  empêchant  cependant  d'y  mordis  i  ensuite  on 
lui  coupe  l&adairUisrs  ou  testicules ,  qui,  si  on  ne  les  coupoil 
pas  8ur-le->cnamp  ,  donneroient  à  la  chair  de  l'animal  un 
goût  de  sauvage^  insupportable  même  aux  chiens;  après  cda 
jon  dépouille  le  cerf  de  sa  peau ,  qu'on  lève  en  une  seiue  pièce, 
à  laquelle  on  fait  tenir  la  tête ,  qu'on  détache  dii  corps  a  l'en- 
droit du  premier  nœud  de  la  gorge  :  cette  dépouille  se  nomme 
la  nappe  ;  quand  elle  est  levée  on  découpe  le  cerf ,  on  en  dé-> 
tache  les  filets  du  dedans  ,  ceux  qu'on  nomme  lea  grande 
fikte ,  et  les  autres  parties  les  plus  délicates  de  l'animal ,  qui 
ae  distribuent  aux  différentes  personnes  >  qui  y  ont  un  dit>it 
déterminé  par  leur  rang  et  leur  emploi ,  suivant  les  uaagea 
du  lieu.  La  pièce  d'honneur  est  le  pied  droit  de  devant ,  qu'oa 
a  présenté  au  maître  de  la  chasse  aussi-tôt  que  l'animal  a  étémia 
&  mort.  Quand  il  est  dépecé  et  qu'on  a  enlevé  lea  meilleurs 
morceaux ,  on  recouvre  le  reste  de  la  nappe  du  cerf,  don€ 
on  a  placé  la  tête  dans  un  état  naturel ,  le  nez  en  terre  et  le 
hais  en  haut  ;  pendant  la  promenade  qu'on  fait  faire  aux 
chiens  autour  de  la  curée ,  deux  valets  remuent  la  tète  du 
cerf  qu'ils  tiennent  par  les  bois,  et  à  un  signal  donné  par  I» 
maître ,  on  enlève  avec  prestesse  la  nappe  oui  couvroit  le& 
morceaux  découpés  \  aux  cris  d'eillafy  les  chiens  se  précis 
pilent  sur  leur  proie  et  la  dévorent ,  pendant  qu'on  les  ^ai«a 


C  E  R  Si  17 

par  des  fanfares.  Aa  bruit  de  certaines  fanfares  on  fait  faire 
aux  chiens  plusieurs  fois  le  tour  de  ranimai.' 

La  curée  ainsi  faite^  on  remène  l'équipage ,  et  pour  délasser 
les  cliiens ,  on  a  eu  le  soin  de  mettre  de  la  paille  fraîche  et  des 
bac^uels  d'eau  au  chenil.  Ainsi  se  termine  la  cliasse  du  cerf, 
qui ,  d'après  Tattirail  qu'elle  exige ,  ne  convient  qu'à  un  prince. 
Quant  aux  simples  particuliers  qui  veulent  tuer  un  cerf  ^  ils 
n'ont  que  la  ressource  de  Vttffilt  ou  des  piégea ,  et  cette  sorte 
de  chasse  sans  appareil  n'est  pas  sans  agrément. 

Pièges  que  Von  tend  aux  Cerfs. 

On  choisit  un  arbre  haut  de  dix  à  douze  pieds ,  et  dont  ik 
tige  n'ait  que  la  grosseur  d'une  perche  ;  on  l'ebranche  jusqu'à 
la  cime  du  côté  par  où  l'on  suppose  que  le  c&//'doitpasser  ^  et 
on  y  attache  un  collet  de  corde  ;  on  cnerche  ensuite  vis-à-vis 
un  arbre ,  près  duquel  on  attache  uu  piquet  auquel  on  fait  un 
crochet  à  la  hauteur  de  quatre  ou  cmq  pieds ,  après  cela  on 
tire  par  la  corde  du  collet  Parbre  auquel  il  est  attaché ,  on  lui 
ikit  iaire  l'arc  et  on  l'arréle  ^tans  la  coche  du  piquet  ;  le  collet 
dmt  être  mis  à  la  hauteur  de  l'animal ,  de  manière  qu'il  y 
mette  la  tête  quand  il  voudra  passer.  Si  le  piège  réussit ,  l'ar- 
bre par  son  élasticité  sortira  de  la  coche  avec  violence ,  en- 
lèvera le  cerf  et  Tétran^era. 

On  peut  imaginer  différentes  sortes  de  pièges  pour  prendre 
le  cerf,  et  quelques-uns  de  ceux  que  l'on  tend  au  loup  peu- 
vent convenir  ;  mais  il  n'y  a  point  de  meilleur  moyen  pour 
l'y  attirer  qu'une  voie  douce ,  et  les  sons  de  laMte  et  de  là 
muzette.  (S.)  / 

CERF  DES  ARDENNES ,  variété  de  l'espèce  du  Cjehf  , 
désignée  par  Aristote  et  les  autres  auteiu^  grecs  sous  le  nom 
d'Hippélapbe ,  et  par  Pline  sous  celui  de  Tragélaphe.  Voyez 
Cerf.  (Desm.) 

CERF-COCHON  (  Cerpus  por<:iam  ?  lânomiSi  iF<yw 
tome  J4  y  page  1  iiS ,  pi-  7  ^  de  YHistoire  naiureiU  des  fua^ 
drupèdes  de  Buffon ,  édition  de  Sonnini  )  >  quadrupède  da 
genre  Czkf  ^  et  de  la  seconde  famille  de  Xwm  dea  Rum-* 
KA29S.  (  Voyez  ces  mots.  )  lie  cerf-  coohon  est  uft  animal  dm 
Cap  de  Bonne-Espérance ,  dont  la  robe  est  semée  dto  taobes 
blanches ,  comme  celle  de  l'Axis  (  Voyem  oe  mol.  )  ;  il  n'a 
guère  <}ue  trois  pieds  et  demi  de  long  ;  ses  jambes  sont  eourtea 
et  groiues ,  et  c'est  ce  qui  lui  a  Ëiit  donner  le  nom  qu'il  porte; 
ses  pieds  et  ses  sabots  sont  très-petits  ;  son  pelage  est  fauve^eBmé 
de  tacbeablanches  ;  il  a  l'œil  noir  et  bien  ouvert  ^  avec  de  gruads 
poils  noirs  à  la  partie  supérieure  ;.  les  naaeaiAX  noiiv  »  un* 


5i8  ^         C  E  R 

bandé  noirâtre  âes  nazeaux  aux  coins  de  la  bouche  ;  k  té(e 
cl*un  blanc  roussâtre ,  mêlé  de  grisâtre ,  brune  sur  le  chan- 
frein  et  à  côté  des  yeux  ;  les  oreilles  fort  larges ,  garnies 
de  poils  blancs  en  deaans,  et  d'un  poil  raz  gris  mêlé  de  faute 
en  dehors.  Le  bois  de  ce  cerf  n'a  guère  qu'un  pied  de  lon- 
gueur ;  le  dessus  du  dos  est  plus  brun  que  le  reste  du  corps  ; 
ia  queue  est  fauve  en  dessus  et  blanche  en  dessous; les  jambes 
sont  d'un  brun  noirâtre.  ^ 

Cet  animal  peu  connu  n'est  peut-être  qu'une  simple  va- 
riété de  l'espèce  du  cerf.  (Desm .; 

CERF  DE  CORSE  n'est  qu'une  variété  de  l'espèce  du 
Cerf-.  Foyax  ce  mot.  (Desm.) 

CERF  DU  GANGE.  Foyez  Axjs.  (S.) 

CERF  {  PETIT  ).  Les  voyageurs  donnent  ce  nom  aux  pe- 
tits quadrupèdes  qui  composent  le  genre  des  Chjsvrotau^s. 
Voyez  ce  mol.  (Desm.) 

CERF-VOLANT.  Voyez  Li  cane.  (O.) 

CERFEUIL ,  ChœrophyUum  Linn.  (Pentandrié  digynie), 
genre  de  plantes  de  la  fanjiJie  c^«s  OMBEi.j.iFiR£S,  qui  com- 
prend des  herbes  annuelles  ou  vivaces^  dont  les  feuilles  sont 
deux  ou  trois  fois  ailées^  et  dont  les  semences  sont  grêles  et 
teiTtiinées  par  une  pointe  plus  ou  moins  longue.  Dans  ce 
genre  l'involucre  est  nul  ou  presque  nul ,  et  l'involucelle  est 
composé  d'un  petit  nombre  de  folioles  (  ordinairement  cinq  ) 
ovoïdes  y  membraneuses  et  aiguës;  les  ileurs  ont  cinq  pétales 
échancrés  un  peu  inécaux^  cinq  étamines  avec  des  anthères 
arrondies ,  un  germe  inférieur  et  deux  slyles  persistans ,  rë— 
fléchis  et  à  stigmates  obtus  :  les  fleurs  placées  dans  le  centre  des 
petites  ombelles^  sont  sujettes  à  avorter.  Lé  fruit  estaloogé 
en  bec  d'oiseau  ^  lisse  ou  strié ^  quelquefois  velu,  et  composé 
de  deux  semences  oblongues,  appliquées  l'une  contre  Tautre. 
'Voyez  la  pi.  soi  de  Y  Illustration  des  Genres  de  Lamarck. 

Les  espèces  de  co  genre  ^  dont  les  fruiis  sont  velus ,  ont  det 
rapports  avec  les  atkamantes ,  les  cancalides  et  les  carottes  ; 
elles  en  sont  distinguées  par  l'absence  de  l'involucre  et  par 
les  poils  marnes  de  leurs  fruits ,  qui  sont  mous  et  sans  roideur. 

L'espace  la  plus  cohnue  et  la  plus  utile  ,  est  le  Cbrfsuil 
coLTi  vï; .  Scandix  cenfolium  Lmn.  C'est  une  plante  an- 
nuelle dont  la  racine  est  blanche  ,  oblongue  et  fibreuse.  Ses 
tiges  s'élèvent  à  la  hauteur  d'une  coudée  ;  elles  sont  c\Iin-> 
driques ,  noueuses ,  lisses ,  cannelées ,  fistuleuses  et  branchuea ; 
ses  feuilles ,  deux  ou  trois  fois  ailées,  ont  des  folioles  découpées 
et  obtuses  y  quelquefois  un  peu  velues^  et  ressemblant  aux  fo« 
lioles  du  persil ;\v3  ombelles  sont  presque  sessiles,  et  placées 
latéralement  au  haut  des  rameaux;  leurs  rayons^  en  petit 


C  E  R  ff,3 

nombre ,  soulîennent  de  petitea  fleurs  blanches ,  qui  sont 
suivies  de  semences  oblougues ,  lisses  et  noirâtres  dans  leur 
maturité  ;  l'involucelle  est  composée  de  trois  à  cinq  folioles 
tournées  du  même  côté. 

Cette  plante,  qui  vient  spontanément  dans  les  contrées 
méridionales  de  la  France  et  de  TEui-ope^  est  cultivée  dans 
tous  les  jardins  potage»  à  cause  detson  utilité.  Ses  feuilles  soiU 
tendres,  et  ont  une  saveur  et  une  odeui*  légèrement  aroma- 
tiques et  agréables;  on  les  mange  comme  assaisonnement 
dans  les  salades,  et  on  les  fait  entrer  aussi  dans  les  bouillons  , 
qu'elles  rendent  agréables  au  goût  et  à  Teslomac.  Le  cerfeuil 
est  incisif,  rafraîchissant,  diurétique  et  apéritif;  il  purifie  le 
sang  ,  et  convient  dans  le  scorbut  et  les  maladies  de  la  peau. 
Sa  culture  est  facile  ;  il  aime  le  demi-soleil  et  une  terre  asses 
substantielle.  On  peut  le  semer  toute  Tannée,  excepté  dans  les 
derniers  mois  du  printemps  et  dans  le  cours  de  l'été;  il  mon- 
teroit  alors  trop  tôt  en  graine.  Pour  en  avoir  toujours  de  frais, 
il  est  bon  d'en  semer  tous  les  huit  jours.  Les  lapins  mangent 
cette  plante  avec  avidité. 

Le  C£RF£uiL  ODORANT,  OU  MUSQUE,  Scaudix  odoraUt 
Linn.,  est  une  espèce  vivace  dont  les  racines  et  les  semences 
ont  à-peu-près  le  parfum  et  le  goût  de  Vanis,  Ses  tiges  sont 
hautes  de  trois  à  quatre  pieds ,  épaisses,  creuses  et  cannelées; 
ses  feuilles  ressemblent  un  peu  à  celles  delsijbugère  ;  elles  sont 
grandes,  larges , étendues ,  trois  fois  ailées,  légèrement  velues, 
et  presque  toujoin*s  marquées  de  taches  blanches  ;  les  fleurs 
ont  la  couleur  des  taches,  et  les  semences  offrent  une  surface 
lisse,  avec  de  profondes  cannelures. 

On  trouve  cette  plante  en  Italie ,  sur  les  Alpes  et  dans  les 
montagnes  de  la  Suisse  ;  elle  est  cultivée  dans  les  jardins  :  toutes 
ses  parties  répandent  une  odeur  agréable.  Ses  graines,  vertes 
et  hachées,  sont  bonnes  à  manger  dans  les  salades,  ainsi  que 
ÈGs  jeunes  feuilles.  Dans  quelques  pays,  on  fait  entrer  celles-ci 
dans  les  potages.  Les  Kamtscliadales ,  chez  lesqueb  ce  cerfeuil 
croit  aussi ,  s  en  nourrissent  habituellement ,  et  en  préparent 
ime  liqueur.  11  se  multiplie  de  lui-même  par  .«es  graines.  On. 
doit  les  semer  aussi-tôt  qu'elles  sont  mûres  ;  elles  sont  un  ou 
deux  mois  à  lever  ;  quelquefois  elles  ne  lèvent  qu'au  prin- 
temps. Comme  cette  plante  est  vivace ,  il  vaut  mieux  éclater 
son  pied  et  en  tirer  des  rejetons.  Elle  réussit  dans  tous  les 
sols  et  à  toutes  les  expositions  ;  mais  placée  dans  un  terrein 
sec ,  elle  y  conserve  mieux  son  odeur  aromatique  :  on  en  fait 
quelquefois  usage  en  médecine. 

Les  autres  espèces  de  cerfeuil  qui  offrent  quelqu'utilité, 
sont  le  GebfeuiXi  sauvage  ,  Oiœrojphyllum  sylvestre  Linn.  > 


520  C  JS  JR. 

qui  croît  en  Europe  dans  les  prés  humides  >  les  vergen,  les 
haies  et  les  endroits  cultivés.  Il  ressemble  à  la  ciguë  par  son 
port  et  sur-tout  par  ses  feuilles ,  qui  ont  les  folioles  aiguës  :  sa 
tige  est  striée ,  rameuse  et  enflée  à  chaque  nœud.  Il  est  vivace, 
fleurit  au  premier  printemps ,  et  porte  des  fleurs  blanches  : 
on  les  emploie  dans  le  Nord  poiu*  teindre  les  laines  en  jaune  ; 
les  tiges  teignent  en  vert.  * 

.  ^  Quoique  cette  plante  ait  une  odeur  presque  fétide  y  et  un 
goût  acre  et  un  peu  amer^  elle  n'en  plait  pas  moins  aux 
abeilles  et  à  plusieurs  autres  insectes  ;  les  ânes  en  sont  aussi 
très-friands  y  ce  qui  lui  allait  donner  le  nom  de  persil  tf  due. 
Les  chevaux  et  les  vaches  la  mangent  d'abord  avec  répu- 
gnance; mais  ils  s'y  accoutument  bientôt^  et  se  trouvent  très- 
bien  de  cette  nourriture.  M.  Reynier  dit  qu'une  prairie  qui 
contenoit  plus  des  deux  tiers  de  cerfeuil  sauvage ,  a  nourri 
sous  ses  yeux ,  pendant  plusieurs  années ,  des  vaches  qui  n'en 
ont  point  été  incommodées;  il  conseille  d'en  culliver  une 

.  certaine  quantité  comme  fourrage.  Cette  plante ,  ajoute-t-il , 
oflre  plusieurs  avantages;  eUe  crott  avant  toutes  les  autres^  « 
de  grandes  feuilles^  repousse  avec  force  dès  qu'elle  a  été 
fauchée ,  et  peut  àtre  coupée  deux  fois  avant  la  saison  dea 
trèfles. 

Le  CERPEUiii  nÉRissi  ^  ou  a  fruits  courts  ,  ScandsM 
anthriscus  Linn.  y  est  annuel  et  indigène,  aussi  de  l'Europe. 
11  croit  dans  les  endroits  sablonneux ,  pousse  de  bonne  heure 
au  printemps ,  et  pourroit  peut-être,  ainsi  que  le  précédent, 
être  donné  au  bétail  en  attendait  les  autres  fourrages  vcrds. 
Il  a  une  tige  lisse ,  des  folioles  découpées  et  Iégèi*ement  velues, 
des  ombelles  latérales ,  de  courts  pédoncules ,  des  fleurs 
blanches ,  presque  régulières ,  et  des  semences  ovales  et 
hérissées. 

Le  CERFEûiTi  AIGUILLE,  Scondix  pecfen  Linn.,  vulgai- 
rement aiguille  de  F'énus,  peigne  de  F'inus  ,  se  trouve  com« 
munément  dans  les  blés  et  dans  les  champs  des  parties 
tempérées  de  l'Europe.  Il  est  remarquable  par  les  longues 
cernes  qtd  terminent  ses  fruits,  et  qui  ressemblent  à  des 
aiguilles  ou  des  dents  de  peicne,  sa  racine  est  faite  en  fuseau  « 
et  périt  chaque  année.  Tessier  regarde  cette  espèce  comme 
un  excellent  fourrage.  (D.) 

CÉRIE,  Cerinj  genre  d'insectes  de  l'ordre  âea  Dipt£res. 
M.  Fabricius  en  est  le  créateur;  mais  il  auroit  bien  fait  de  ne 
pas  le  désigner  sous  un  nom  déjà  employé  par  Scopolî ,  et  il 
auroit  pu  mieux  en  asseoir  les  caractères  ,  puisqirà  IVxcep* 
tion  de  ceux  qu'il  a  pris  des  antennes,  les  antres  sont  taux, 
l^scénee  appartiennent  à  ma  fiimille  des  SYBriiics.  (  f^ojr^ 


G  El  R  5a  t 

ce  mot.  )  mies  ont^  comme  les  mulhns  de  M.  Fabricius^  lea 
antennes  sensiblement  plus  longues  que  la  tête  ;  mais  elles  s'ea 
éloignent^  ainsi  que  les  autres  ^yrphies,  par  les  caractères 
suivans  :  Soie  ou  style  des  antennes  apical  ;  corps  alongé  ; 
balanciers  découverts ,  alongés  ;  abdomen  cylindrique  ,  con* 
vexe,  alongé,  courbe  à  Textrémite. 

On  prendroit,  au  premier  cour^d'œil,  ces  insectes  pour 
des  guêpes  ;  leur  forme  alongée ,  leur  couleur  ivoire  divisée^ 

Isar  des  bandes  jaunes ,  Técartement  des  ailes,  tQU(  (ait  hésiter 
a  main  du  naturaliste  qui  veut  les  saisir. 

M.  Fabricius  en  décnt  deux  eauèces,  la  CéniE  CLAVicofi^fX. 
et  la  CÉRiE  abdominale;  cette  aernière  nous  paroit  être  un. 
sjrphe  ou  du  moins  d'un  genre  différent:  noi^s  pç^soçis  qu'il 
faut  rapporter  aux  cériea  Tiusecte  que  le  même  auteur  i^^mmci 
sj^rp/uis  conopseus»  Ici  le^  autennes  sont  libres  à  leur  base^ 
là  elles  sont  réunies,  et  leur  premier  article  est  commu^. 

On  trouve  les.  céries  sur  les  fleurs  >  mais  rarement;  le  prQ- 
fesaeur  Desfontaines  avoU  recueilli  l'espèce  appelée  Cjlavi- 
coRNE  dans  la  Barbarie. 

Cet  infecte  a  près  de  six  lignes  de  longueur:  il  est  noir  ;  afijx 
front  est  jaune  avec  une  ligne  noire  au  milieu  ;  le  devant  det 
la  têle  est  un  peu  avancé  en  bec ,  de  même  que  dans  les  «/r-* 
phe^i  le  verlex  a  une  ligue  jaune;  le  corcelet  a  un  point  4. 
chaque  angle  humerai  ;  une  p<etile  Ij^ne  transverse  sous  chaquo 
aile,  terminée  par  un  point,  et  une  raie  à  l'écusson,  jaunes; 
l'abdomen  est  cylindrique,  avec  trois  anneaux  jac^nes;  les 
ailes  out  l£^  moitié  de  leur  côte  noire;  les  pattes  sont  jauges j^ 
avec  les  cuisses  auuelées  à,^  noirâti;'e.  (J[i.) 

CÉRIGON  ou  CÉRIGNON.  MaiYée,  dans  son  Histoire 
des  Indes  y  liv.  a,  pf^e  ^6,  appelle  aipsi  le  Sakxgue.  Voyez 
ce  mot.  (S.)  .  . 

CÉRION^,  Çerium^  plante  annuelle,  baute  dç  cinq  k  six. 
pieds,  à  feuilles  alternes ,  pétiolées ,  larges ,  lancéolées ,  presque^ 
entièi*es;  à  fleurs  blanches  ^  pédonculées^  disposées  en  épis, 
longs,  très-simple^ ,  droits >  terminaux,  accompagnées  do. 
bractée  filiformes,  qqi,  selon  Loureirç,  forme  w;a  genrQ 
dans  la  pentandrie  monogynie. 

Ce  genre  offre  pour  caractère  un  calice  persistant  >  divine, 
en  cinq  parties  si^bulées  et  droites  ;  une  corolle  monppétalo 
campanulée,  à  cinq  divisions  arrondie^;  cinq  ét^n^in^i  Mxi 
ovaire  sMpérieHr  à  style  subulé  et  à  stigmate  épais. 

Le  fruit  est  une  petite  baie  globuleux,  contenant  un  S^SQod 
nombre  de  loges  monosperipes. 

Le  cérion  croît  dans  les  lieux  cultivés  de  la  Cochiuchine  ;  il 
aç  rapprocha  du  geui^  BAVKS«£itS.  Fayez  eo  mol.  (^.) 


5JJ  .  .  C  E  R 

CERIQUE  i  nom  commun  qu'on  donne  en  Amérique  à 
cevlàixi»  crustacés.  Il  paroît  par  les  figures  de  Marcgrave^  que 
les  uns  son  t  des  Pohtu  m£s  ,  et  les  autres  des  Oc  yfodes.  Voyez 
ces  mots.  (  B.) 

CERISAIE,  nom  donné  à  un /lieu  planlé  en  Cerisiebs. 
Voyez  ce  mot.  (D.) 

CERISIER^  Cerasus  Juss.  Prunus  cerasns  Linn.  (  Icosan^ 
drie  mônogynie  ) ,  genre  de  plantes  de  la  famille  des  Rosacées  , 
qui  se  rapproche  beaucoup  du  prunier,  et  qui  comprend  dev 
arbres  de  moyenne  grandeur  »  dont  les  fleurs  sont  composées 
d'un  calice  en  cloche,  caduc  et  découpé  en  cinq  parties; 
d'une  corolle  à  cinq  pétales  ;  de  vingt  à  trente  étammes ,  et 
d'un  style  couronné  par  un  stigmate  orbiculaire.  Le  fruit  est 
un  drupe  charnu ,  arrondi ,  glabre ,  légèrement  sillonné  d'un 
côté ,  renfermant  un  noyau  lisse ,  prescfue  rond ,  et  marqué 
latéralement  d'un  angle  plus  ou  moins  saillant.  Voyez  la 
pi.  43a,  fîg.  a  de  Vlllustr.  des  Genres  de  Lamarck. 

Selon  Linnasus ,  le  cerisier  est  une  espèce  dtsprunier;  selon 
Tournefort ,  c'est  un  genre  particulier.  Lamarck  a  snivi  lAn-- 
nseus  ;  Miller ,  Jussieu ,  Rozier  et  Ventenat  ont  suivi  Tourne- 
fort.  Sous  le  genre  prunier ,  Linnteus  a  réuni  plusieurs  espèces 
de  cerisiers ,  savoir ,  le  cerasus  Padus ,  cerasus  Fîrginiana , 
cerasus  Canadensis,  cerasus  Lusitanica,  cerasus  Lcuiro-cét- 
rasus ,  cerasus  Mahaleb ,  cerasus  Avium,  lesquels  il  appelle 
prunus  Padus,  prunus  Virginiana ,  &c. ,  et  qui ,  réunis  a  son 
prunus  cerasus ,  font ,  dans  son  8}'slême ,  nuit  espèces  de 
pruniers,  que  la  plupart  des  autres  botanistes ,  et  que  les  cul- 
tivateurs et  jardiniers  sur-tout^  regardent  comme  nuit  espèces 
du  genre  Cerisieii. 

Cerisier  cultivé  ,  Cerasus  satipa  Tourn.  C'est  un  arbre 
assez  élevé ,  d'un  port  et  d'une  forme  agréables.  Sa  tige  eA 
droite  et  rev^»tue  d'une  écorce  grise  k  l'extérieur ,  rougeâlre 
en  dedans ,  et  qui  se  détache  par  bandes  longitudinales  ;  elle 
est  souvent  chargée  de  gomme.  Son  bois  est  médiocrement 
dur.  Ses  feuilles  alternes  et  pétiolées ,  ont  une  forme  ovale 
alongée^  et  des  bords  dentés  eu  scie.  Les  fleurs  ;  qui  sont  trè»- 
printanières,  naissent  soUtaires  ou  par  petits  bouquets,  sur 
un  seul  pédoncule.  Le  fruit  est  couvert  d'une  peau  fine,  lui- 
aante  et  fraîche  à  l'œil  ;  sa  chair  est  un  composé  de  petites 
cellules  qui  contiennent  un  suc  doux  et  acide,  suivant  Vespèce. 
Dans  certaines ,  la  chair  tient  au  noyau  ;  dans  d'autres  ,  ello 
s'en  sépare ,  et  quelques-uns  de  ces  noyaux  tiennent  an  pé- 
doncule. Le  noyau  est  une  substance  dure  et  blanchâtre, 
contenant  une  amande. 
Les  cerisiers  ont  les  trois  espèces  de  boutons.  Ceux  i  bois 


C  F*  R.  JB'iS 

sont  placés  à  l'exfréihilé  des  branches^  plus  pointus  que  les 
Buivans;  ceux  à  feuilles  sont  implantés  le  long  des  jeunes 
branches,  ils  sont  plus  gros  et  moins  pointus  que  les  premiers, 
et  il  en  sort  un  petit  faisceau  composé  de  huit  à  dix  feuilles  ; 
c'est  le  berceau  dans  lequel  sont  préparés  et  nourris  les  bou- 
tons à  fleurs  et  k  fruits  qui  paroitronl  Tannée  suivante;  les 
boutons  à  fruits  sont  plus  gros  et  plus  ronds  que  les  deux 
premiers. 

Tout  le  monde  9  dit  Rozier ,  répète  après  les  anciens  que 
r£ui*ope  doit  le  cerisier  à  LucuHus ,  qui  le  transporta  de 
Cerasunte  à  Rome ,  après  avoir  vaincu  Klithridate.  Son  nom 
lui  vient^il  de  cette  Ville  ?  ou  celte  ville  éloit-elle  ainsi  nommée  , 
parce  qu'il  croissoit  dans  ses  environs  un  grand  nombre  de 
cerisiers  ?  C'est  ce  qu'il  est  assez  peu  intéressant  de  savoir  ; 
mais  il  seroit  peut-être  utile  de  rechercher  si  le  cerisier  ne 
pouvoit  pas  être  connu  dans  les  Gaules  avant  le  retour  de 
LucuUus.  Peut-être  n'apporta-t  il  que  des  greffes  ou  des 
arbres  de  Cerasunte,  dont  la  qualité  du  fruit  étoit  supérieure 
à  celle  des  cerisiers  sauvages  qui  ne  fîxoienl  pas  l'attention 
des  Romains;  ou  peut-être  ces  cerisiers  saupages  n'exisLoient 
pas  en  Italie ,  parce  que  cet  arbre  aime  les  pays  froids.  Pline 
dit  qu'on  n'a  pas  pu  le  naturaliser  en  Egypte ,  sans  doute, 
à  cau.se  de  la  chaleur  du  climat.  Nous  sommes  portés  à 
croire  que  le  type  de  presque  toutes  les  espèces  de  cerisiers 
aujourd'hui  connues ,  existoit  dans  les  Gaules. 

L'abricotier,  le  pêcher,  le  lilas,  sont  originaires  d'Asie; 
le  marronnier  d'inde  et  l'acacia  ont  aussi  une  origine  étran-» 
gère.  Ces  arbres  sont  maintenant  acclimatés  et  multipliés  en 
Europe  et  en  France  :  peut-être  pourroit-on  trouver  un  mar^ 
ronnier  d'inde  levé  au  milieu  des  forêts  de  Marly  ou  de  Sainl- 
Germain ,  ou  un  acacia  dans  celles  du  midi  de  la  France. 
Mais  si  l'on  pénètre  au  fond  de  ces  immenses  forêts  qui 'sont 
restées  de  l'ancienne  Gaule  et  éloignées  de  toute  habitation  , 
comme  celles  de  Compiègne,  d'Orléans ,  ^;c. ,  on  n'y  trou- 
vera ni  pêchers^  ni  lilas^  ni  marronniers  d'inde^  &c.  Cependant 
c'est  dana  ces  mêmes  forêts  qn'on  trouve  en  abondance  le 
cerisier  des  bois  ou  merisier,  qui  est  un  arbre  égal  eu  hauteur 
aux  autres  grands  arbres  forestiers ,  et  que  nous  croyons  être 
le  type  des  cerisiers  à  fruits  doux,  nomméa  guignes  à  Paris. 

Outre  ce  merisier  à  fruit  doux ,  très-sucré,  très-vineux, 
on  rencontre  dans  les  forêts  un  cerisier  moins  fort ,  moins 
élevé  que  le  merisier,  dont  le  fruit  a  plus  de  consistance  et  se 
trouve  moins  coloré  ;  nous  le  regardons  comme  le  type  (le» 
cerisiers  nommés  bigarreaux. 

Il  existe  encore  une  autre  espèce  de  merise  à  fruit  acide. 


5a4^  C  E  R 

approchant  de  celui  nommé  griotie  dans  quelques  parties  âm 
la  France  ,  et  appelé  cerise  à  Paris  ;  ce  doit  élre  le  type  des 
cerisiers  à  fruit  acide.  Voilà  donc  l'origine  des  trois  grandes 
divisions  des  cerisiers  indigènes  à  nos  cfimals;  il  est  vraisem* 
blable  que  la  culture  a  fait  le  reste.  Ces  différentes  espèces 
secondaires  de  merisiers  se  perpétuent  de  noyau.  Nous  allons 
faire  connoitre  au  lecteur  les  plus  inléiessantes^  en  suivanl 
Rozier ,  dont  cet  article  est  en  partie  extrait 

Divisions  clés  différentes  espèces  df  Cerisiers 

Le^auteurs  ont  divisé  en  deux  classes  la  famille  des  Cmi- 
siERS.  Ils  ont  rangé  dans  la  première  les  fruits  en  cœur ,  et 
dans  la  deuxième  les  cerisiers  à  fruits  ronds.  Ne  seroit-il  pas 
plus  naturel  de  diviser  les  cerisiers  d'après  la  manière  d'être 
de  leur  fruit?  La  première  classe  conliendroit  les  fruits  dont 
la  chair  est  tendre ,  fondante ,  et  dont  le  suc  est  doux  j  la 
deuxième  ceux  dont  la  chair  est  ferme ,  cassante  et  le  suc 
doux  ;  la  troisième  enfin  comprendroit  les  fruits  à  suc  acide. 
Avant  de  décrire  les  espèces ,  il  convient  de  donner  une  idée 
claire  du  mot  cerisier ,  afin  d'éviter  toute  confusion.  Par  le 
mot  cerise ,  on  désigne  à  Paris  et  dans  les  pays  votûns  ,  la 
cerise  acide  ;  et  l'on  nomme  guigne,  bigarre€iUy  les  cerises 
douces.  Dans  les  autres  pays  de  la  France ,  au  contraire ,  on 
appelle  griotte  la  cerise  acide ,  et  la  cerise  douce ,  cerise  pro- 
prement dite. 

vnxMiiaB  oKiAssb. 

Des  Cerisiers  à  fruits  en  cœur, 

J.  !•■".  Merisiers. 

Mbrisibr  a  tetit  fruit  (C'est  vraisemblablement  le  typt 
des  bigarreautiers,  ) ,  Cerasus  sylvestris  ma^rfructu  cordaùè 
minimo.  subdulci  aut  infulso  Duh.  On  l'appelle  aussi  Iq grasèd 
csrisier  des  bois.  Cet  avbre  s'élève  beaucoup  dans  les  torèU , 
et  se  multiplie  de  lui-mépie  par  ses  noyaux  U  est  trèa-utiltt 
pour  les  pépiniéristes^  C'est  sur  ce  merisier  qu'ils  graflbai 
toutes  les  espèces  de  ceiî^ier^  et  ils  ont  de  beaux  sujeta^  Qiftel- 

3ues-uus  enlèvent  ces  pieds  dans  les.  forets,  les  traosplantout 
ans  leurs  jardins ,  et  les  y  grefïent  D'autres  grefleni  IrMrs 
sujets  dans  les  bois;  et  lorsque  la  greffe  a  bien  repris  «  ils  trans» 
plantent  et  vendent  l'arbre.  Son  fruit  est  rouge  ou  noir  »  014 
un  peu  blanc,  mais  coloré  et  veiné  de  rouge.  Sa  cliair  est 
sèche,  et  a  une  saveur  qui  n'est  pasagi*éable.  Le  uoyau occupa 
presque  tout  le  (ruit ,  et  il  est  adhérent  à  la  cliair. 


C  E  R  flsS 

Merisier  a  gros  frvit  noir^  Cerams  sylvestria  major 
fructu  cordato  nigro  suhdulci  Duh.  ;  variété  du  premier ,  selon 
Duhamel  \  Rosier  n'est  pas  de  cet  avis.  Son  tronc  et  aes  bran« 
ches .  sont  moins  forts ,  moins  grands  que  ceux  du  premier 
merisier.  Les  bourgeons  diffèrent  aussi  des  bourgeons  du  pré- 
cédent par  leur  couleur  plus  brune  ;  ils  sont  moins  forts.  De 
ces  boutons,  il  sort  trois  ou  quatre  fleurs.  Son  fruit  est  comme 
une  petite  cerise  noire  à  longue  queue;  on  l'appelle  merise  $ 
il  a  la  peau  fine , luisante ,  la  chair  tendre,  d'un  rouge  foncé  , 
très-vmeuse ,  douce  et  sucrée ,  adhérente  au  noyau  ;  c'est 
ay^c  le  fruit  de  cet  arbre  qu'on  prépare  le  ratafia  de  cerise  ; 
il  est  au  moins  la  base  de  beaucoup  de  ratafias.  Il  y  a  aussi 
une  variété  de  merisier  k  fleur  double ,  qui  fleurit  en  mai. 

5.  n.  Guigniers. 

n  y  en  a  plusieurs  variétés  qui  forment  l'espèce  appelé«| 
GuiONiSR  (  Ceroêuê  eylpêsiris  Juliana  Mus.).  Les  fruits  com- 
munément d'un  rouge  foncé  sont  plus  moUs  j  plus  succulens 
aue  les  bigarreaux ,  et  ne  chargent  pas  tant  l'estoliiac  ;  mais 
s  sont  moins  sains  que  les  oerièen,  et  se  corrompent  facile- 
ment. Voici  ces  variétés  : 

Gtdgnier  à  fruit  noir,  arbre  moins  élevé  que  le  merisier  , 
ayant  des  branches  plus  toufiues ,  plus  chargées  de  feuilles. 
Son  fruit  mûrit  en  mai  ou  juin ,  selon  le  climat  :  il  a  la  peau 
fine ,  brune  y  tirant  sur  le  noir,  la  chair  et  le  suc  d'un  rouge 
foncé  9  et  le  noyau  adhérent. 

Guignier  à  gros  Jruil  noir  luisant ,  de  même  grandeur  et 
de  même  forme  que  le  précédent  :  bourgeons  jaunâtres,  ar- 
rondis et  comme  cannelés  à  leur  extrémité  ;  boutons  longs  et 
peu  pointus.  Il  mûrit ^à  la  fin  de  juin ,  et  son  fruit  est  sans 
contredit  préférable  aux  fruits  de  tous  les  autres  guigniers; 
il  a  la  peau  noire ,  polie  et  luisante ,  la  chair  rouge  et  tendre , 
sans  être  molle ,  une  eau  abondante ,  d'un  goût  relevé  et 
agréable ,  et  le  noyau  un  peu  teint  de  rouge.  On  cultive  cette 
variété  aux  enviix>ns  de  Lyon ,  sur-tout  au  village  de  l^ire  ; 
aon  fruit  j  est  délicieux.  Mais  il  cède  encore  en  qualité  à  une 
antre  variété  de  cerisier,  également  à  gros  fruit  noir  et  luisant^ 
mais  à  courte  queue. 

Guignier  à  gros  fruit  blanc.  XL  mûrit  quinze  jours  après  le 
premier.  La  couleur  de  son  fruit  est  d'un  blanc  de  cire  d'un 
côté ,  lavé  de  ronge  de  l'autre  ;  sa  chair  ferme  ;  son  eau  blan- 
che et  plus  agréable  que  celle  du  pi*emier»  Le  noyau  est  très- 
blanc  et  adhérent  à  la  chair. 


5a6  G  E  R 

§»  III.  BigarreautierSn 

Le  BiGAKRGAUTiÊR ,  Cerasus  ajluestrU  higarella  Mus. 
a  les  feuilles  plus  grandes  que  celles  du  cerisier  ordinaire.  Ses 
fruits  sont  gros,  oblongs  ;  leur  chair  est  blanche  ou  rouge. 
Ce  fruit  es(  de  diflicile  digestion  et  sujet  à  être  piqué  des  vers. 
Le  bois  des  bigarreautiers  est  assez  semblable  à  celui  du  xneri- 
êier  y  et  est  plus  dur  que  celui  du  cerisier, 

Bigarreautier  à  gros  fruit  rouge.  Arbre  à-peu-pres  de  la 
même  grandeur  que  les  guigniers  ;  bois  plus  gros;  branches 
moins  nombreuses;  feuilles  plus  pendantes;  fruit  mûrissant 
plus  tard  que  les  guignes  ,  en  juillet  et  août  :  il  est  gros ,  con- 
vexe d'un  côté  .  applali  de  Tautre ,  et  di>isé  par  une  racine 
assez  profonde.  Sa  peau  est  polie  ^  brillante ,  d'un  rouge  foncé 
du  côté  du  soleil  «  et  d'un  rouge  vif  du  côté  de  l'ombre;  sa 
chair  ferme ,  cassante  ,  succulente  ,  parsemée  de  fibres  blan- 
ches; sou  eau  un  peu  rougeâtre,  bien  parfumée  et  exccttente; 
le  no}  au  est  ovale  et  jaunâtre. 

Bigarreautier  à  gros  fruit  blanc.  Il  diilere  du  précédait  par 
la  couieur  du  fruit  d'un  rouge  ti'è»-clair  du  colédusolt^iJ^  et  d'un 
blanc  de  cire  du  côté  de  l'ombre  ;  par  sa  chair  moins  ferme 
et  plus  succulente;  enfin  par  l'écorce  de  sts  bourgeons ,  qui  est 
cendrée  ,  tandis  que  celle  du  précédent  est  d'un  brun  clair. 

Bigarreautier  à  petit  fruit  hâtif  La  maturité  de  son  fruit 
concourt  avec  celle  des  guignes.  La  peau  de  ce  fruits  marquée 
d'une  simple  ligne ^  est  d'un  rouge  tendre  du  côté  du  soleil, 
et  d'im  blanc  de  cire  du  côté  de  l'ombre,  mais  légèrement 
rose;  sa  chair  blanche,  moins  dure  que  celle  des  autres  bi» 
garreaux,  cassante,  beaucoup  plus  ferme  que  celle  des^itt«> 
gnes ,  sou  eau  d*im  goût  relevé ,  et  son  noyau  blanc. 

SECONDE      CLASSE. 

Des  Cerisiers  à  fruit  rond. 

Le  port  du  cerisier  suffit  seul  pour  le  distinguer  du  guignUr 
ou  du  bigarreautier ,  il  ne  s  élève  jamais  autant  ;  ses  t)ranclies 
sont  plus  multipliées ,  plus  chiffonnes  et  moins  fortes  ;  a^ 
fèuiUes  plus  fermes  sur  leurs  queut*s ,  moins  grandes  ,  d'un 
vert  plus  foncé  ;  atB  fleurs  plus  petites ,  mais  plus  ouvertt-»  -, 
ses  fruits  ronds ,  fondans  ,  acides,  ayant  une  |)eau  qui  se  sé- 
pare aisément  de  la  chair.  Us  sont  ou  rouges  ou  noirs.  Voici 
les  diilérentes  sortes  de  cerisiers. 

*  Cerisier  nain  PRicocE  ou  Griottier  ,  Cerasus  puwnila 
frucio  rotundo  minimo  addo  prœcociori  Duh.  Sa  hauteur  en 


C  E  R  ^  «J7 

plein  vent  est  de  six  à  huit  pieds.  La  flexibilité  et  la  longueur 
de  ses  branches  le  rendent  propre  à  lespaher.  S'il  ne  mûris- 
soit  pas  aussi  promplement  ^  il  ne  mériteroit  pas  la  peine  d'être 
caltivé.  Son  iruit  mûrit  dans  le  courant  de  mai.  On  le  greffe, 
sur  des  drageons  de  cerisier  à  fruit  rond,  ou  sur  le  cerisier  de 
Sainte-Lucie, 

Cerisier  ou  Griottier  hatif,  Cerasus  satiuafructu  ro* 
tundo  medio  acido  prœcoci  Duh.  Il  est  plus  grand  que  le  pré- 
cédent ,  moins  que  les  gwgniers  ou  bigarreautiers ,  et  chargé 
de  branches  qui  se  tiennent  mal.  On  le  greffe  sur  le  mûrier  , 
pour  lui  donner  un  pied  plus  élevé.  Son  fruit  mûrit  à  la  fin. 
de  mai  ou  au  commencement  de  juin  ;  il  est  plus  applati  vers  la 
queue  qu'à  son  autre  extrémité  ;  sa  chair  est  presque  blanche^ 
son  eau  douce  ^  agré<iblement  acide  ^  le  noyau  arrondi-  et  uck 
peu  pointu  à  son  exti*émité  supérieure. 

Cerisier  commun  ou  Griottier  à  fruit  rond^  CeriMus 
vulgarisfructu  rotundo  Duh.  Toutes  les  espèces  (jardinières) 
de  cerisier  portent  ce  nom  ;  elles  varient  beaucoup  par  la 
grandeur  de  l'arhre ,  par  la  disposition  des  branches,  par  la 
qualité  du  fruit  et  le  temps  de  sa  n^aturité  ;  c'est ,  selon  Rozier  , 
le  griottier  le  plus  approché  de  son  état  primitif.  Il  a  ,  par 
cette  raison ,  un  grand  avantage;  comme  il  végète  dans  son 
pays  natal ,  il  est  plus  robuste  et  craint  moins  le  froid  que  le» 
autres.  Il  faut  des  circonstances  bien  extraordinaires,  pour, 
qu'il  ne  se  charge  pas  chaque  année  d'une  grande  quantité, 
de  fruits. 

La  culture  ou  le  hasard  ont  procuré  deux  jolies  variétés  da 
cet  arbre.  C'est  le  cerisier  ou  griottier  à  fleur  double ,  et  celui 
àfl^ur  semi-^uhle ,  qui  tous  deux  produisent  un  effet  char- 
mant dans  les  bosquets  d'été.  Cependant  ces  fleurs  sont 
moins  belles  que  celles  du  merisier  à  flsur  double  ou  aemi-' 
double. 

Cerisier  ou  Griottier  a  la  feuille  ;  on  le  ti*ouve  dans 
les  bois.  Son  caractère  particulier  est  d'avoir  une  feuille  alongée 
adhérente  à  la  queue  qui  soutient  lo fruits  et  cette  queue  est. 
longue.  Le  port  de  l'arbre  est  semblable  à  celui  des  autres 
griottiers.  Son  fruit  est  dans  son  état  sauvage;  il  est  très-acide , 
même  âpre  et  très--petit ,  et  il  sert  plus  à  la  nourriture  des 
oiseaux  qu'à  celle  des  hommes. 

Cerisier  ou  Griottier  a  trochet  ,  Cerasus  satism  mul" 
tifera  fructu  rotundo  medio  sature  rubro  Duh.  Sa  fleur  re»* 
semble  à  celle  du  cerisier  hâtifs  sa  taille^  ses  feuilles  et  se^ 
bourgeons  tiennent  le  milieu  entre  le  cerisier  précoce  et  le 
cerisier  hâtif.  Ses  fruits  sont  de  médiocre  gi*osseur^  la  peau 
d'un  rouge  foncé  dans  sa  pleine  malurilo^  la  chair  délicate , 


ia  C  E  R 

un  peu  fortement  acide.  Les  fruits  sont  si  nombreux  sur  liii  ' 
Inranches  fluetles  »  qu'elles  succombent  sous  le  poids. 

Cbrisibr  ou  Griottier  a  bouquet  ,  Cerasuê  satipafructu 
rotundû  acido  unopedicuioplureaferensDnh.  C'est  une  espèce 
ou  variété  singulière  par  la  forme  de  seé  fleurs  et  la  manière 
dont  ses  fruits  se  groupent  ensemble.  Ses  fleurs  ont  cinq  à 
sept  pétales,  uii  grand  nombre  d'élamines,  et  depuis  un  jus» 
qu'à  douze  pistils.  Si  elles  fructifioient  toutes ,  cet  arbre  ofi*rî- 
roit  un  coup-d'œil  bien  particulier  ;  mais  la  majeure  partie 
avoi'te,  et  les  bouquets  sont  seulement  composés  de  deux  à 
cinq  fruits  ;  ils  mûrissent  ati  mois  de  juin. 

Cerisier  ou  Griottier  pe  la  Toussaint  ou  tardif  , 
Ceraauê  sativa  œstaU  continua  florens  ac  frugeacenê  Doh. 
li  est  de  la  même  hauteur  que  le  précédent,  et  lui  ressemble 

Sar  la  disposition  et  la  forme  de  ses  branches.  I^es  premières 
eurs  paroissent  en  juin ,  et  fl  en  produit  tout  l'été.  Il  a  à-Ia- 
fois  f  comme  l'oratiger ,  des  boutons  de  fleurs ,  des  fleurs 
épanouies,  des  fruits  qui  nouent,  d'autres  qui  commencent 
à  rougir ,  et  d'autres  qui  sont  mtVrs.  Quand  on  n'a  pas  le  soin 
de  dégarnir  cet  arbre  de  la  prodigieuse  quantité  de  ses  bran- 
ches chifibnnes ,  les  fleurs  des  branches  de  l'intérieiur  avor- 
tent ;  la  partie  de  la  branche  qui  a  donné  du  fruit  se  dessèclie 
pendant  l'hiver  et  périt.  Si  cet  arbre  ne  produisoit  pas  du 
fruit  dans  une  saison  si  reculée ,  fl  ne  vaudroit  pas  la  peine 
d'être  cultivé. 

Cerisier  ou  Griottier  de  Montmorency,  gros  Go-> 
BST ,  GOBET  A  COURTS  QUEUE,  Cerosus  sativajructu  rotundo 
moforê  acuie  et  spiendide  rubro ,  brevi  pediculo  Duh.  C*est 
un  arbre  médiocrement  grand,  ayant  des  bourgeons  très- 
fluets  ,  des  boutons  petits,  arrondis ,  couverts  [d'écaillés  bru- 
nes. Son  fruit  mûrit  en  juillet.  Il  est  gros ,  fort  applati  &  ses 
deux  extrémités;  la  queue  courte,  grosse,  implantée  dans 
une  cavité  évasée;  la  peau  d'un  beau  rouge  vif,  peu  foncé; 
la  chair  délicate,  d'un  blanc  un  peu  jaunâtre,  leau  abon- 
dante »  agréable ,  peu  acide ,  le  noyau  blanc,  petit. 

n  y  a  un  autre  cerisier  de  Montmorency  dont  la  fleur  est 
plus  grande  que  celle  du  précédent ,  le  fruit  moins  gros  , 
moins  comprimé,  pins  arrondi,  d'un  rouge  plus  foncé,  ci 
plus  hâtif  d  environ  quinze  jours. 

Cerisier  de  Hollande  ,  Ceraaus  sativa  paucîferajructu 
rotundo  magno,  pulckre  rubro  y  euauiësimo.  Duh.  C'est  le  plus 
grand  de  tous  les  cerisiers^griottiers.  Il  a  les  branches  moins 
nombreuses  et  plus  nourries  que  celles  des  autres  arbres  de 
cette  famille  ;  les  bourgeons  forts,  d'un  rouge  brun  du  côté 
du  soleil  ^d'im  vert  jaunâtre  du  côté  de  l'ombre^  recouverts  tt 


C  E  R  529 

comme  marbrés  de  grâ  clair  ;  les  boutons  gros,  longs,  ras* 
semblés  ;  de  chaque  bouton  il  pend  depuis  deux  jusqu'à  qua<« 
tre  fruits.  Les  fleurs  sont  sujettes  à  couler.  Le  fruit  mûrit  en 
juin  ;  il  est  gros ,  presque  rond  ;  sa  queue  est  bien  nourrie ,  sa 
peau  d'un  beau  rouge ,  sa  chair  fine,  d'un  blanc  un  peU 
i-ougeâtre  ^  ainsi  que  le  noyau,  son  eau  douce,  très-*agréable, 
et  légèrement  teinte. 

Cerisier  a  fruit  ambre  ,  a  fruit  blanc  ,  Cerasus  saùiva 
fnwtu  rotundo  nuigno  ,partim  rubeiio ,  partim  succino  colora. 
Doh.  Ce  cerisier  soutient  bien  ses  branches ,  quoique  fort 
longues.  Ses  bourgeons  sont  forts,  ses  feuilles  grandes,  ses 
fleurs  nombreuses,  peu' ouvertes.  Son  fruit  est  la  meilleure 
de  toutes  les  cerises;  il  est  peu  abondant,  gros,  arrondi  par 
la  tête  ^sa  queue  assez  longue ,  fine,  de  couleur  d'ambre  que 
la  maturité  lave  en  quelques  endroits  de  rouge  fort  léger;  son 
eau  très-abondante  ,  douce  ,  sucrée ,  sans  fadeur.  Il  mûrit 
vers  la  mi-juillet. 

Griottier  ,  Ceraeus  satina  fructu  rotundo  magno  nigr»  , 
êuaviseimo  Duh.  Cet  arbre  est  moins  grand  que  le  précédent; 
il  soutient  bien  son  bois,  plus  gros  et  moins  nombreux  ;  il  a 
de  gros  bourgeons ,  courts,  d'un  rouge  brun  peu  foncé  du 
côté  du  soleil ,  verts  du  côté  de  l'ombre  ;  des  boutons  gros  par 
la  base ,  terminés  en  pointe  et  très-rapprochés;  de  chacun  il 
sort  deux  ou  trois  fruits ,  de  manière  que  les  fruits  environ- 
nent la  branche.  Ils  mûrissent  au  commencement  de  juillet. 

Griottier  de  Portugais,  Ceraeus  sativafructu  rotunda 
fitaximo,  e  ruhro  nigricante  sapidissimo  Duh.  Sa  hauteur 
est  médiocre.  Ses  bourgeons  sont  gros ,  courts  et  bien  garnis 
de  feuilles  ;  ses  boutons  souvent  doubles  ou  triples  ;  il  sort  de 
chacun  deux  ou  trois  fruits  qui  mûrissent  en  août.  Ces  fruits 
sont  gros ,  applatis  par  les  extrémités ,  et  un  peu  par  un  côté  ; 
Us  ont  une  queue  grosse,  sur-tout  à  son  insertion  dans  le  fruit  ^ 
une  peau  cassante,  d'un  beau  rouge  brun  tirant  sur  le  noir, 
une  chair  ferme ,  d'un  rouge  foncé ,  s'éclaircissant  vers  le 
noyau ,  une  eau  abondante  légèrement  amère  et  excellente  ; 
le  noyau  est  petit  et  pointu  à  son  sommet  On  appelle  aussi 
cette  cerise  royale  archiduc  ,roycde  de  Hollande, 

Griottier  d'Allemagne  ,  Griotte  de  chaux  ,  orossx 
Cerise  de  M.  le  comte  de  SAivT'MjLxrKE ,  Cerasus  saHifa, 
jructu  subrotundo ,  jnagno ,  e  rubro  nigricante  acido  Duh.  Cet 
arbre  se  soutient  mail.  Il  a  un  bois  menu,  alongé,  des  bour- 
geons fluets  d'un  brun  rougeâtre ,  des  boutons  lon^s ,  bien 
nourris  et  obtus.  Il  sort  trois  ou  quatre  fleurs  de  chaque  bou- 
ton; le  fruit  mûrit  au  milieu  de  juiHet;  il  est  alongé,  plus 
xenûè  vers  la  queuequ'i  l'autre  extrémité  ;  a  une  queue  mince^ 

IV,  i- 1 


.53o,  ^      C  E  R 

longue^  implantée  dans  un  enfoncement  peu  creusé ,  une 
peau  d'un  rouge  brun  foncé  et  presque  noir ,  une  chair  d*un 
rouge  foncé ,  et  une  eau  abondante ,  trop  acide.  Le  noyau  e^ 
un  peu  teint  en  rouge,  et  terminé  en  pointe. 

Dans  les  provinces  du  Poitou  et  |de  rAngoumois  ,  et  dans 
les  pays  circonroisins ,  on  cultive  un  cerisier  ou  griotiier  de 
VB.rv^  ^norarak  guindouhier  ,ei  dont  le  fruit  s'appelle  ^fn- 
^ux.  Il  a  une  queue  forte  et  courte ,  est  très-gros ,  très- 
charnu ,  très-coloré  ,  et  rempli  d'une  eau  abondante,  excel-. 
leule  et  bien  parfumée.  Il  devroit  être  plus  multiplié. 

Royale  chery-duke  y  Ceraswi  satipa  muUifera  ,  fruciu 
rotundoy  magno,è  rubro  subnigricante ^  suavissimo  Duii.  Son 
fruit  est  ^ros  ,  un  peu  comprimé  par  les  deux  extrémités  ;  la 
queue  médiocrement  grosse,  toute  verte  ;  la  peau  d'un  beau 
rouge  brun  >  tirant  sui*  le  noir  dans  l'extrême  matiu-ité  du 
fruit  ;  la  chah*  rouge  et  vn  peu  ferme  ^  l'eau  très-douce  ;  le 
noyau  surmonté  de  quelques  proéminences  du  côté  de  la 

3ueue,  et  pointu  à  l'autre  extrémité.  Cet  arbre  s'épuise  à  pit>« 
uire  des  fruits  ;  il  est  d'une  grandeur  au-dessus  de  la 
moyenne  ;  a  des  bourgeons  cow*ts,  des  boutons  jpetits  ,  longs  , 
pointus  ;  d'un  même  bouton, il  sort  de  deux  à  cmq  fleurs  qui 
nouent  facilement  :  aussi  la  branche  est  -  elle  envuronnèe  de 
fruits  par  groupes  ;  ils  mûrissent  au  commencement  de 
juillet. 

On  compte  plusieurs  variétés  de  ce  cerisier.  Les  plus  esti- 
mées sont  le  may^uke  ou  royale  hûtipe  qui  mûrit  au  com* 
mencement  de  juin  et  souvent  en  mai  ;  la  royale  tardive  dont 
le  fruit  mûrit  en  septembre  ;  il  est  b^u ,  mais  trop  acide  ;  la 
holman'e  date,  très-bonne  cerise. 

Ceaise-ouigne  ,  Ceraaua  satiua  multifera ,  fruciu  eubcor^ 
dato ,  magna ,  è  rubro  nigricante ,  euavisaimo  DuL.  Cet  arbre 
est  plus  grand  que  le  cherry^duke.  Ses  bourgeons  sont  gros  , 
forts ,  de  longueur  médiocre  ;  ses  boutons  groupés  en  grand 
nombre  à  l'extrémité  des  branches  à  fruit ,  donnant  chacun 
de  trois  à  cinq  fleurs.  C'est  une  variété  perfectionnée  du  pré- 
cédent. Son  Kuit  mûrit  à  la  fln  de  juin  ;  il  est  gros ,  applali 
sur  les.côtés,  sans  rainure  ;  la  queue  menue  ,  inipianiée  dans 
une  cavité  lar^e  et  profonde  ;  la  peau  d'un  rouge  brun  foncé 
et  presque  noir  dans  sa  maturité.  ;  La  chair  un  peu  molle ,  co- 
lorée comme  la  peau  ,  s'éclaircissaul  au^^tès  du  noyau  ;  l'eau 
douce  y  d'un  goût  agréable  et  rouge  ;  le  noyau  est  ovale  , 
niongé  et  pointu  à  son  extrémité. 


C  E  R  53i 

Culture  du  Cerisier, 

Tout  sol  de  nahire  calcaire  et  légère  convient  au  cerisier  j 
il  réussit  moins' bien  dans  les  fonds  argileux,  ou  dont  le  grain 
de  terre  est  trop  compacte ,  ainsi  que  dans  les  endroits  hu^ 
mides.  Dans  ces  derniers  terreins  sur-tout ,  la  fleur  est  sujette 
a  couler  ,  et  la  meilleure  espèce  de  cerise  y  a  peu  de  goût.  Il 
ne  se  plait  pas  dans  les  expositions  trop  chaudes  ;  on  ne  doit 
y  planter  que  ceux  de  primeur.  Il  aime  les  pays  de  montai 
gnes  y  les  lieux  élevés  ;  il  y  est  plus  tardif  >  il  est  vrai ,  mais 
son  fi-uit  est  beaucoup- plus  parfumé. 

La  majeure  partie  des  cerisiers  se  multiplie  et  se  reproduit 
de  noyau  ;  la  greffe  cependant  est  préférable  et  plus  expédi- 
tive  :  elle  est  aussi  plus  sûre  pour  avoir  la  qualité  de  fruit 
qu'on  désire.  Le  merisier  est ,  de  fous  les  arbres  de  cette  fa- 
mille 9  celui  qui  est  le  plus  propre  à  recevoir  la  greffe  ;  ses 
pieds  sont  droits  ,  forts  et  vigoureux ,  et  il  ne  pousse  point 
de  rejetons  de  ses  racines  :  c'est  le  meilleur  arbre  pour  les 
hautes  tiges.  Après  lui  viennent  les  cerisiers  à  fruit  rond. 
Ceux-ci  ont  la  faculté  de  se  reproduire  de  drageons  ;  et  si 
l'on  veut  les  multiplier  ,  il  suffit  de  couper  le  tronc  de  l'arbre 
entre  deux  terres»  ou  de  l'éclater  à  la  naissance  des  racines.  Si 
on  les  greffe  ,  ils  poussent  beaucoup  de  drageons.  Le  cerisier 
de  Sainte-Lucie  ou  maîialeb  ,  est  encore  très-bon  pour  rece- 
voir la  greffe  de  tous  les  cerisiers  ;  il  réussit  assez  bien  , 
même  dans  les  plus  mauvais  terreins ,  et  ti*ès-bien  dans  les 
terreins  passables.  Toutes  les  manières  de  greffer  sont  bonnes 
pour  le  cerisier  ;  les  plus  sûres  sont  Técusson  à  la  pousse  des 
jeunes  sujets  (il  reprend  mieux  sur  le  merisier  à  fruit  rouge 
que  sur  celui  à  fruit  noir) ,  et  la  greffe  en  fente ,  lorsque  le 
pied  est  fort ,  ou  lorsqu'on  veut  changer  la  tête  de  l'arbre. 
On  greffe  aussi  les  cerisiers  sur  leur  espèce  l^vée  de  noyaux, 
de  drageons.  Les  cerisiers  venus  de  noyau  peuvent  donner 
des  variétés  intéressantes. 

Le  cerisier  a  conservé  malgré  nos  soins  son  piîncipe  sau- 
vage. Il  veut  pousser  à  sa  fantaisie  ;  si  la  serpette  du  jardi- 
nier cherche  à  le  contraindre  ,  il  dépérit  et  meurt  prompte- 
inent.  Il  faut  l'abandonner  à  la  nature.  Il  ne  pousse  point 
trop  en  bois,  et  se  trouve  bien  chargé  de  fruits  ,  sila  saison 
a  été  favorable.  Les  branches  mortes  sont  bientôt  cassées  par 
le  vent  ;  celles  qui  sont  chargées  de  gomme  périssent  d*elles- 
mêmes. 

Le  merisier  réussit  très  -  bien  à  la  transplantation  ;  son 
écorce  extérieure  est  d'une  couleur  brune  cendrée ,  et  iin^ 


5Sit  C  E  R 

térieure  est  verdâtre.  Cet  arbre  est  à  son  point  de  perfection 
àTftge  de  quarante  ans. 

£n  général  le  cerisier  à  fruit  en  cœur  se  greffe  et  p3nraimde 
bien.  Ceux  à  fruits  ronds  se  chargent  de  trop  de  branches^ 
mais  ils  se  débarrassent  eux-mêmes  des  superflues. 

'  Usages  et  propriétés  du  Cerisier  et  du  Merisier. 

Le  bois  du  cerisier  est  blanchâtre  à  la  circonférence ,  et 
rougeâtre  dans  le  coeur.  Si  cette  couleur  se  soutenoit,  ce  seroit 
un  arbre  précieux  pour  l'ébénisterie  :  on  la  lui  rend  pourtant 
en  le  trempant  dans  la  chaux.  Le  merisier  a  son  bois  plus 
serré  y  plus  dur  que  les  cerisiers  à  fruit  en  cœur  et  à  fruit 
rond.  Ce  bois  est  recherché  par  les  tourneurs  t  par  les  ébé- 
nistes ,  et  sur -tout  par  les  luthiers  ,  qui  prélenoent  qu'il  est 
sonore.  Dans  quelques  cantons  de  la  France ,  on  fait  avec  les 
branches  de  merisier  de  ti*ès-bons  échalas  pour  les  vignes  , 
siur'^tout  si  on  a  eu  soin  de  les  écorcer ,  des  cerceaux  de  ton- 
neaux^ si  elles  sont  assez  droites  et  assez  longues  ;  et  dans  d'au- 
tres endroits  les  grandes  branches  unies  au  tronc ,  et  fendue» 
dans  des  proportions  convenables ,  servent  à  faire  des  cer~ 
ceaux  pour  les  cuves. 

a  Le  merisier  y  dit  M.  Hell ,  est  très-commun  dans  les  fo- 
rêts d'une  partie  de  la  Suisse  ,  des  villes  forestières  et  du 
Suntgau.  L  utilité  de  cet  arbre  le  fait  mettre^  dans  ces  con- 
trées ,  au  ranff  des  premiers  arbres  forestiers.  Il  vient  dans 
presque  tous  les  terreins  ;  il  s'élève  parmi  les  sapins  ,  les 
chênes  >  les  hêtres  et  les  trembles ,  à  une  grande  hauteur  ;  il 
fournit  un  très-bon  bois  de  charpente.  Pour  les  combles  et 
l'intérieur  des  maisons ,  il  vaut  le  châtaignier ,  et  est  m?éfé- 
rable  au  tremble  et  à  tous  les  SLUires  peupliers.  Pour  brûler,  il 
vaut  le  hêtre  ;  mais  il  ne  sert  ni  au  charronnage ,  m'  aux 
charpentes  exposées  à  la  pluie.  Les  merises  fournissent  nna 
nourriture  agi'éable  et  saine  aux  habilans  de  la  campsgne  ^ 
q^ui  en  fout  beaucoup  sécher,  pour  les  manger,  en  forme  do 
soupe ,  cuites  avec  du  pain  ,  pendant  l'hiver  et  le  printemps. 
Us  en  font  sur-tout  des  compotes  et  de  la  tisanne  pour  les 
malades.  Ce  fruit  offre  beaucoup  de  variétés  par  la  grosseur  » 
la  forme ,  la  saveur ,  le  goût ,  le  port  et  la  couleur,  il  y  a  des 
blanches,  il  yen  a  de  jaunes,  de  rouges,  de  noires,  et  de  toutts 
Buances  intermédiaires.  Les  plus  communes  sont  les  notices 
•t  les  routes)).  FeuilL  du  cultiu,,  introd,  pag.  a3 1 . 

Le  fruit  du  cerisier  se  mange  crud  ,  cuit,  confit  an  sucre  ^ 
à  Teau-de-vie  ;  il  se  conserve  sec  ;  on  en  fait  du  ratafia.  £1ïï\ 
faisant  fermenter  le' jus  de  cerises' et  leurs  noyaux  concassés  , 
et  en  y  ajoutant  du  sucre ,  on  obtient  une  liqueur  fort  agrat^ 


C  E  R  635 

ble  y  qu'on  appelle  uin  dé  cerise.  On  tire  à  Talambic  nne  eau- 
de-vie  de  censetf  fermentées ,  qui  est  U^s-violenfe^  Celle  qu'on 
nomme  dans  la  Lorraine- Allemande  hirscheiV'Vasser  est  faite 
avec  lesmerisea.  C'est  une  liqueur  spirilueuse qu'on  obtient  par 
la  distillation  des  différentes  espèces  de  cerises  sauvages.  Celte 
liqueur  forme  une  branche  de  commerce  assez  considérable 
dans  les  montagnes  de  l'Alsace  et  de  la  Franche--Comté^  mais 
principalepaent  dans  les  cantons  de  Baie  et  de  Berne.  Le  kirs-' 
ehefh'Vasser  se  fait  ou  avec  la  merise  noire  à  suc  doux ,  ou 
avec  la.  cerise  et  griotte  à  fruit  rouge  et  acide.  La  ligueur  faite 
avec  le  fruit  du  merisier  est  beaucoup  plus  délicate  que  celle 
tirée  de  la  cerise  acide.  Souvent  on  'mêle  les  deux  fruits  en- 
semble »  et  l'on  a  torl  ;  on  a  plus  tort  encore  lorsqu'on  y 
mêle  les  prunelles  et  les  sorbes ,  alors  la  liqueur  est  mauvaise 
et  nuisible.  Voici  ^  selon  M.  Hell  ,  la  manière  dont  on  pré- 
pare le  kirscTien'passer  avec  la  merise» 

Lor^ue  le  fruit  est  parvenu  à  sa  maturité ,  on  le  cueiQe 
sans  la  queue  ;  on  le  met  dans  des  tonneaux  défoncés  de  l'un 
des  fonds  ;  on  l'écrase  avec  des  pilons  ,  et  on  le  couvre.  Dèa 
que  la  fermentation  commence  ,  on  enfonce  le  marc  qui 
surnage ,  deux  ou  trois  fois  par  jour.  Le  moment  où  la  distil- 
lation peut  avoir  lieu  ,  est  indiqué  par  la  cessation  des  mou- 
vemens  et  par  la  chute  du  marc.  Alors  on  bouche  les  ton- 
neaux pour  empêcher  la .  fermentation  acéteuse  de  s'établir. 
La  distillation  se  fait  à  l'ordinaire ,  mais  avec  une  attention 
suivie ,  pour  que  le  marc  ne  s'attache  pas  au  fond  de  l'alam- 
bic ,  et  que  le  kirschen-vasser  ne  prenne  pas  un  goût  empyreu- 
ma  tique.  Four  le  faire  sentir  le  noyau ,  on  concasse  les  noyaux 
après  la  fermentation  ^  et  on  les  distille  avec  la  liqueur.  Lea 
merises  noires ,  les  plus  petites  et  les  plus  suci^es  ,  donnent  le 
meilleur  ktrschen^passer.  Presque  tout  le  marasquin  du  com- 
merce est  fait  avec  le  kirschen-^asser  ,  auquel  on  mêle  une 
quantité  proportionnée  d'eau  et  de  sucre.  Le  marasquin  le 
plus  estimé  est  celui  de  Zara.  Les  Vénitiens  en  font  de  très- 
bon. 

On  peut  composer  le  kirsçhen-vasser  avec  toutes  sortes  de 
cerises  ,  et  cette  branche  d'industrie  pourroitêtre  introduite 
dans  tous  les  pays  et  cantons  où  ce  fruit  est  très-abondant. 
Voici  le  procédé  que  conseille  Cadel-Devaux:  ce  Prenez,  dit-il, 
des  cerises  mûres  de  toutes  les  espèces  indistinctement  ;  ôtez 
la  queue ,  écrasez-les  ^  séparez  les  noyaux  ,  emplissez  ,  aux 
trois  quarts  environ ,  un  tonneiu  ,  et  laissez  fermenter.  La 
fermentation  terminée ,  concassez  seulement  la  moitié  de  vos 
noyaux^  jetez  le  surplus  ;  distillez  kfeu  nu,  suc,  marc,  noyaux, 
le  tout  mêlé.  Si  vous  distillez^  de  préférence ,  au  bain-marit^ 


Sxt  _     C  E  II 

vous  obtiendrez  un  kîrâcLen-vaaser  de  telle  force ,  qii'fl  fan! 
jiéceasairemênt  railbiblir  avec  de  l'eau,  pour  le  mettre  au  de- 
gré qui  puisse  le  rendre  potable;  il  est  alors  infiniment  agréa- 
ble ,  n'ayant  ni  ce  goût ,  ni  cette  odeur  de  feu,  qu'a  presque 
toujours  celui  que  nous  (irons  de  l'étranger ,  et  qu'il  ne  perd 
qu'avec  le  temps.  On  obtiendra  une  bien  plus  grande  quan- 
tité de  hirschen-vcuser ,  en  ajoutant  cinq  à  six  livres  de  m΀4 
commun  ,  par  cent  livres  posant  de  cerises  :  on  délaie  le  miel 
dans  le  suc  de  cerises». 

<c  Depuis  quelques  années  >  dit  M.  Hell  y  à  l'endroit  cité  ci- 
dessus  ,  on  distille  aussi  les  petites  cerises  des  bois  ou  merises , 
fans  le»  faire  fermenter.  Elles  donnent  alors  une  liqueur  aussi 
utile  qu'agréable  »et  qui  ne  contient  rien  de  spiritueux  :  ce 
n'est  que  la  partie  pblegmatiquc  ,  balsamique  et  aromatique 
de  la  cerise.  Quoiqu'on  la  qualifie  à* eau  de  cerises  douces  ,el]e 
n'est  cependant  pas  sucrée,  et  on  la  boiroit  pour  de  l'eau 
commune  ,  si  elle  n'avoil  pas  l'odeur  du  fruit.  Il  paroil  que 
ce  nom  ne  lui  a  été  donné  que  pour  la  distinguer  de  Teau  de 
«cerises  spiiîlueuse.  Elle  ne  se  conserve  que  pendant  deux  ou 
trois  ans  ;  encore  faut-il  avoir  soin  de  la  tenir  bien  bouchée, 
dans  tin  (endroit  frais  et  sec ,  qui  soit  à  l'abii  de  la  gelée ,  et  où 
la  lumière  ne  pénètre  pas.  Cette  liqueur  est  excellente  pour 
la  poitrine  ;  elle  guérit  les  toux  très- violentes ,  et  les  coqui»- 
luclies  des  enfans;  on  la  leur  donne  aussi  dès  leur  naissance 
pour  leur  procurer  du  sommeil  :  c'est  le  calmant  et  le  somni* 
iere  le  plus  innocent.  On  la  prend  un  peu  tiède ,  chauHée  au 
bain -marie,  après  y  avoir  fait  dissoudre  du  sucre  candi,  qu'on 
5^  met  en  poudre  seulement  un  peu  avant  d'en  faire  usage.  La 
dose  pour  les  enfans  nouveaux  nés  est  d'une  cuillerée  à  cafê; 
les  adultes  en  prennent  une  demi-tasse  ou  une  tasse.  Plu- 
sieurs personnes  en  mettent  dans  les  émulsioiis  ,  dans  Tor- 
geat ,  dans  les  glaces  ,  les  crèmes  ou  fromages  à  la  crénie.  On 
ne  l'ajoute  aux  entremets  qui  sont  préparés  par  la  cuission  , 
qu'après  qu'ils  sont  refroidis  ,  pour  que  la  partie  balsamique 
et  odorante  ne  s'éva|K>re  pas.  Elle  est  trc»-agréable  avec  le 
thé  ,  et  sur-lout  le  thé  au  lait  r* 

On  mange  beaucoup  de  cerises  à  Peau^de^vie  ,  mais  elles 
sont  rarement  bonnes.  La  meilleure  manière  delesprépai^r, 
est  celle  qui  suit  :  elle  a  été  publiée  dans  la  Feuille  du  CuUi^ 
vaieur  ,  j>ar  Cadet  -  Devaux.  On  prend  huit  livres  de  «vri- 
ses  communes  très-mûres  ;  après  les  avoir  écrasées  it  la  main  , 
et  en  avoir  concassé  les  noyaux  ,  sans  briser  l'amande ,  on  y 
ajoute  deux  livres  de  sucre.  On  fait  bouillira  petits  bouillons, 
jiisTju'à  ce  que  le  jus  ait  la  consistance  de  sirop;  cette  compote 
est  versée  toute  bouillante  dans  quatre  pinte»  d'eau-de-vic , 


Ç  E  R  55S 

avec  quatre  onces  d'œillets  à  ratafia  épluchai  ^  ou  huit  clous* 
de  giioûe  pulvérisés  ;  on  bouche^  avec  un  bouchon  de  liège ^ 
le  bocal ,  et  on  laisse  infuser  le  tout  pendant  quinze  ;oui*8  ou 
ti'ois  semaines  ,  jusqu'au  moment  ou  la  cerise  de  Montmo* 
rency  est  arrivée  a  sa  maturité.  Alors  on  passe  l'infusion  en 
exprimant  le  marc  f  on  la  filtre  à  travers  la  chausse  ,  .et  on  a* 
une  liqueur  limpide  et  chargée  de  toute  la>  saveur  ^  l'odeur 
et  la  couleur  de  la  cerise ,  de  son^  noyau ,  et  de  Toeillet.  Cette 
infusion  forme  seule  un  excellent  ratafia.  On  coupe  la  queue* 
des  cerises  ;  on  les  pique ,  à  l'on  veut ,  de  deux  ou  trois  coups 
d'aiguille ,  et  on  les  met  dans  l'infusion^  exposée  pendant- 
quinze  jours  ou  un  mois  au  soleil.. 

La  cerise  verte  ou  sèche  est  astringente.  Quand  elle  est  bien- 
mûre ,  elle  est  rafraicliissante >  nourrissante  et  laxative.  Ses- 
queues  et  ses  feuilles  ont  la  même  propriété.  La  cerise  acide  ou 
griotie  tempère  la  soif;  son  suc  étendu  dans  beaucoup  d'eau ,. 
édulcoré  avec  suffisante  quantité  de  sucre  ,  convient  dans  les 
fièvres  où  il  y  a  ardeur  et  tendance  vers  la  putridité.  Le  ceri^ 
sier  à  fruit  doux  ou  le  guignier  cause  des  vents  dans  les  pre- 
mières voies.  Les. noyaux  et  les  amandes  concassés  et  infusés 
dans  le  vin  bknc  pendant  la  nuit  y  environ  deux  douzaines 
dans  trois  ou  quatre  onces  de  vin^  sont  trè»-apériltfs.> 

Cbrisibr  mahajleb  ou  Bois  de  Sainte-Lucie  >  Cercuua^ 
mahaleù  Mus^.yJ'runus  mahcdeb  Linn.  C'est  un  arbre  qui  a 
à-peu-près  le  port  du  cerisier  ;  mais  son  bois  esi  dur,  coloré^ 
en  brun^  veine  et  odorant.  Ses  feuilles  sont  alternes  ^simples» 
entières^  ovales  ^.dentées,  terminées  en  pointe  >  et  portées  sur 
des  pétioles;  elle» ont  des  glandes  à  leur  base.  Les  fleurs  sont 
plus  petites  que  celles  du  cen'sier ,  odorifei^ntes  et  disposées 
encorymbe  au  sommet  des  tiges ;ie  fruit  est  petit,  noir,  d'ux^ 
goût  désagréable  et  amer. 

Cet  arbre  croît  dans  les  bois  de  l'Europe  fem  péréê ,  etpar^^ 
iiculièrement  dans  les  Vosges,  près  du  village  de  Sainte* 
Lucie,  d'où  il  a  tiré  son  nom.  Il  mériteroit  qu'on  donnât 
plus  d'attention  à  sa  culture.  Il  devient  d'une  gi*ande  res* 
source  pour  retenir  les  terres  des  coteaux  trop  inclinés ,  et 
met  en  bon  rapport  les  terreins.  que  l'abondance  de  la  craie  ,, 
du  plâtre ,  ou  oe  l'argile ,  et  même  du  sablé,  rend  stériles  ^ 
eii  les  divisant  par  ses  racines,  et  en  les  recouvrant  de  se» 
feuilles,  qui  sont  en  grand  nombi*e.  Ses  racines*  pénètrent  et 
soulèvent  une  partie  du  sol  ,.ei  donnent  aux  eaux  pluviales» 
la  facilité  d'imoibf'r  ces  lerjpes  compactes  et  dures ,  sur  le9-*< 
quelles  le  débris  de  ses  feuilles  forme  une  couche  végétale.  Oiv 
peut  en  juger  parle  parti  qu'on  en  a  tiré  à  Maleskerbes ,  où  il» 
tn  a  été  fait  des  plantaUons  et  des  semis  considéxables.  On  y 


538  C  E  R 

aussi  le  nom  de  laurier  éU  Pf»rtugal;  il  ae  multiplie  conmr» 
le  Laurier -cerise  ou  le  laurier  commun,  par  boutures ,  par 
marcottes  ou  par  semencetK  On  le  marcotte  en  automne. 
Mais  quand  on  veut  qu'il  parvienne  à  une  certaine  hau- 
teur^ Û'faut  rélever  de  baies,  qui  se  sèment  dans  le  même 
temps. 
.    Le  laurien^srise  est  encore  une  espèce  de  cerisier,  Voyes 

La  C7RI£R-C£RIS£» 

On  trouve  et  Ton  cukive  aux  Antilles  un  petit  arbre  qu'on 
appelle  cerisier.  Il  n'appartient  point  à  ce  genre»  C'est  le 
jnoureiUerkfeuiïïe&de  grenadier,  malpighiapmnicifbliaLànn^ 
Voyez  l'article  Mouii£fii£iER.  (D.) 

Le  C£Risi£R  SFH£ROCARF£  a  les  f^iilles  toufovrs  Terlet , 
luisantes,  très-enlières  el  lancéolées  ;  les  Ûenrs  disposées  en 
jappes  aicillaires  ,,  et  les  fruits  ronds.  Il  est  propre  aux  Iles 
deCuba>de  la  Jamaïque  et  à'ia  Floride.  JeraiculUvéenquan* 
tité  à  la  Caroline.  C'est  un  superbe  arbre ,  qui  s'élève  à  trente  à 
quarante  pieds ,  dont  le  tronc  est  garni  de  nombreux*  ra- 
meaux depuis  le  pied  jusqu'au  sommet  ;  dont  les  fleurs  durent 
long-temps»  et  sont  légèrement  odorantes f  dont  les  fmîu 
noirs  et  oe  la  grosseur  d'une  balle  de  fusil  de  chasse ,  sub^ 
Wtent  d'une  année  à  l'autre ,  et  jouent  fort  bien  avec  le  irert 
tendre  et  brillant  àss>  feuilles.  Je  n'en  connois  pas  de  plut 
propre  à  faire  des  allées  de  jardins ,  k  garnir  m  bosquets 
d^hiver  ^  d'autant  plus  qu'il  fait  toujours  la  pyramide  >  comme 
le  peuplier  d! Italie  ;  mais  il  est  douteux  qu'il  subsiste  en  pleine 
ten*e  dans  le  climat  de  Paris.  Son  bois  est  dur ,  rougeâtre,  el 
est  susceptible  d'un  beau  poli*  (B.) 

CERISIER  FAUX  DE  LA  CHINE.  Cest  le  Lrrsé. 
Voyez  ce  mot.  (B.) 

CERISIER  DES  HOTTENTOTS.  C'est  la  Cassine  a 
yjSCjLLES  CONCAVES.  Voyez  au  mot  Cassine.  (B.) 

CERISIER  DE  SAINT-DOMINGUE.  C'est  le  Pli^b 

nouGE.  Voyez  ce  mot.  (B.J 

CERISIN  9  nom  vulgaire  du  Tarin.  Voyez  oe 
mot^ViEiiâii.) 

CERITE  ^  Cerithicum ,  genre  de  coquille»  nnivfthres  , 
dont  le  caractère  est  d'être  turriculée  ;  d'avoir  rouvertnre 
terminée  à  sa  base  par  un  canal  étroit ,  court ,  brusquement 
jecQurbé ,  ou  subitement  tronqué ,  mais  jamais  échaacré. 

Ce  genre ,  établi  par  Adansou ,  et  fixé  par  Bruguière, 
comprend  les  rochers ,  les  sirombes  et  les  toupies  à  ferme  tur- 
riculée de  LiunsBus.  Il  difiére  des  vis  par  le  dé&ut  d'échan- 
crure  à  la  base  du  canal.  U  se  divise  en  trob^ecliona;  aavoir  , 


^         C    E    R  .        .         5^r) 

icftnal  irès'-rêcourbê,  à  btjrds  du  canal  légèrement  recourbés  , 
et  à  canal  droit  et  très-court. 

Toutes  les  cérites ,  à  une  espèce  près^  la  Gjkrite  fluvia- 
TiLE,  qui  n'a  même  qu'en  partie  le»  caractères  du  genre, 
sont  àe&  coquilles  marines  et  operculées.  Elles  se  trouvent  or- 
dinairement sur  les  côtes  vaseuses  ou  sablonneuses^  et  c'est 
peut-être  à  cette  circonstance^  comme  le  remarque  Bruguière, 
que  l'on  doit  la  conservation  des  espèces  fossiles  que  l'on  ren- 
contre presque  par-tout.  £n  effet ,  on  trouve  que  dans  les 
pierres  calcaires  de  seconde  formation  ,  dans  celles  qui  ne 
sont  uniquement  formées  que  de  détritus  de  coquilles ,  les 
cérites  se  sont  mieux  conservées  qu'aucune  autre.  On  voit 
souvent  des  bancs  entiers  de  plusieurs  lieues  de  large  et  de 
plusieurs  toises  d'épaisseur  ,  en  être  presque  entièrement 
composés.  C'est  probablement  la  plus  commune  des  pétrifica» 
tions  existaiites  en  France  ;  mais  celle  fréquence  ne  les  rend 
pas  plus  faciles  à  étn^er ,  car  il  est  presuu 'impossible  de 
trouver  une  ouverture  entière  sur  des  millions  d'individus 
qu'on  examine.  Les  carrières  d'Issi  «  près  Paris ,  qui  en  sont 
entièrement  formées ,  n'en  ont  pu  fournir  une  seide  suscep- 
tible d'être  décrite  depuis  qu'on  les  y  i-ccberche.  Il  en  est 
presque  de  même  dans  ceUe  dt4  pays  à  couches  tei*tiaires, 
dans  celles  qu'on  trouve  disséminées  dans  les  sables  ou  les  ar- 
giles. De  toutes  les  coquilles  de  Grignon,  par  exemple  ,  les 
cérites  sont  celles  qu'on  a  le  plus  de  peine  a  rencontrer  en- 
tières i  leur  lèvre  droite  est"  presque  toujours  cassée,  tandis 
que  des  coquilles  bien  plus  délicates  y  telles  que  des  anomies , 
des  calyptrées  et  autres ,  sont  restées  fréquemment  intactes. 
Cependant  on  en  trouve  quelques-un  es  à  Cou  rtagn  on  ^  et  un 
^rand  nombre  dans  un  banc  sablonneux^  que  GilletLau- 
mont  a  découvert  au-dessous  d'EcQuen  ^  près  Paris. 

L'animal  qui  liabile  les  cérites  a  une  tête  cylindrique  y  tron- 
quée en  dessous  et  ornée ^  sur  les  côtés,  de  petites  franges  sem- 
blables à  une  crête.  De  son  origine  parlent  de  longues  cornes, 
«u  milieu  extérieur  desquelles  sont  placés  les  yeux.  La  bouche 
est  une  petite  fente  placée  en  dessous.  Le  manteau  est  épais, 
et  son  extrémité  supérieure  se  replie  en  un  luyau  cylindrique 
assez  court ,  couronné  de  six  petites  languettes  triangu laitues. 
Le  pied  est  petit ,  presque  rond  et  strié. 

Ces  animaux  sont  trop  petits ,  même  dans  les  plus  grandes 
espèces ,  pour  être  recherchées  pour  la  nourriture.  En  con- 
séquence ,  on  n'en  tire  aucune  utilité. 

Les  cérites  décrites  par  firuguière  montent  &  quarante- 
cinq  espèces ,  presque  toutes  ou  de  la  Méditerranée  et  des 
zners  entre  les  ti-opiques,  ou  fossiles.  On  peut  citer  comme 


$49  ^  ?.  ^ 

exemple  de  la  première  divisioii ,  le  C^rits  obsjluqitx  ; 

qui  est  commun  dans  les  colleclions^  et  qui  est  figui^  dam 
Dargenville,  pi.  1 1  »  fig.  F.  Il  vient  de  la  mer  des  Antilles. 
Ses  caractères  sont  d'être  varié  de  brun  ,  d'avoir  les  tourm 
de  spire  garnis  de  quatre  côtes  granuleuses ,  et  la  columelle 
marquée  d'un  pli. 

Pour  exemple  delà  seconde  divisiony  leCÉRiTB  gommier  ^ 
dont  le  caractère  est  d'être  brun  ,  strié  transversalement  ; 
d'avoir  la  moitié  inférieure  des  tours  de  la  spire  marquée  de 
plis  longitudinaux  terminés  par  une  pointe ,  et  ayant  leur 
bord  supérieur  crénelé.  Celm-ci  se  trouve  dans  la  Méditer- 
ranée ,  sur  la  côte  d'Afrique ,  et  fossile  en  Italie.  Il  a  été 
figuré  par  Adanson,  pL  lo^  fig.  3  de  son  Histoire  des  coquilles 
du  Sénégal, 

Il  faut  aussi  citer  le  CiaiTS  télescope  ,  qni  est  également 
commun  dans  les  collections ,  et  qui  vient  de  la  mer  des 
Indes,  n  est  conique  y  brun  ;  les  tourf  de  la  spii^  sont  garnis 
de  sillons  transverses ^  et  la  columelle  est  marquée  d*un  plL 
Voyez  sa  figure  ^  pi.  1 1,  fig. B de  la  Conchiliologie  de  Dargen* 
ville. 

Dans  la  troisième  division ,  on  remarque  le  C&bite  fl.v-. 
viATiLE ,  qui  est  très-alongé ,  noir,  dont  les  tours  de  la  spire 
sont  lisses,  contigus,  et  qui  a  l'extrémité  supérieure  de  la 
lèvre  droite  échancrée.  Il  est  figuré  dans  Favanne,  pi.  6i  » 
fig.  H.  1 1 .  Il  vit  dans  les  marais  des  Gi'andes-Indes  ,  et  Ikit  le 
passage  entre  les  cérites  et  les  vis. 

Le  ÇifUTE  RATissoiAE  est  brun.  Il  a  les  tours  de  la  spire 
garnis  de  qunlre  à  cinq  côtes  tuberculeuses;  les  tuberculea» de 
la  seconde  côte ,  du  côté  de  la  spire  ,  plus  gros  que  ceux  des 
autres.  H  se  trouve  à  l'embouchure  des  rivières  d'Afrique,  et 
est  figuré  avec  son  animal  dans  Adanson  ,  à  la  planche  citée 
plus  haut. 

Le  CéRiTE  FERVÈSE  ,  dont  l'ouverture  de  la  coquille  est 
tournée  à  gauche  ,  dont  les  tours  de  spire  sont  partagés  en 
quatre  zones,  les  deux  du  milieu  formés  de  points  enfoncés , 
et  ceux  des  bords  de  points  élevés.  Il  se  trouve  dans  la  Médi- 
terranée. (B.) 

CÉROCOME,  genre  d'insectes  de  la  seconde  section  de 
Tordre  des  Coléoptères. 

Les  cérocomes  sont  remarquables  par  les  antennes  ,  dont 
les  articles  sont  dilatés ,  inégaux  ,  irréguliers  dans  les  mâles , 
moniliformes  et  arrondis  dans  les  femelles.  Semblables  aux 
cantharides^  elles  ont  la  télé  inclinée,  les  élytres  molk-s; 
cinq  articles  aux  tarses  des  quatre  pattes  antérieures,  et  quatre 
aux  tarses  postérieurs  ;  les  uns  et  les  autres  terminés  j^ar 


C  E  R  .  641 

deux  paires  de  crocHets;  elles  ont  la  bouche  composée  d'une 
Itvre  supérieure  très-courte  ;  de  deux  mandibules  cornées  , 
courtes, arquées;  de  deux  mâchoires  alongées  ,  cylindriques; 
d'une  lèvre  inférieure  avancée ,  bifide^  membraneuse,  et  de 
quatre  antennules  filiformes ,  avec  le  second  ei  le  troisième 
article  des  antérieures  renflés,  presque  vésiculeux  dans  les 
mâles. 

Les  cérocomea  ont  quelques  rapports  avec  les  my labres  ; 
mais  elles  en  difierent  par  les  antennes ,  composées  de  neuf 
articles  dans  celles  des  ^melles^et  dans  les  mâles,  d'une  forme 
particulière ,  qui  ne  permet  pas  de  les  confondre  avec  aucun 
autre  genre. 

Ces  insectes  présentent  des  couleurs  très  -  brillantes ,  et 

I propres  à  les  faire  distinguer.  Ib  fréquentent  les  fleurs ,  su* 
esquelles  on  les  trouve  pendant  un^  grande  partie  de  Tété'. 
Us  volent  avec  beaucoup  d'agilité;  maison  les  saisit  facilement 
lorsqu'ils  ont  la  tète  enfoncée  dans  le  calice  des  fleurs,  pour 
en  extraire  le  suc  mielleux.  Les  habitudes  des  larves  nous  sont 
encore  entièrement  inconnues  ;  nous  présumons  qu'elles 
vivent  dans  la  terre  comme  les  larves  des  cantharides  ,  et 
qu  elles  se  nourrissent  des  racines  des  plantes. 

parmi  quatre  espèces  décrites ,  la  plus  connue  est  la  Ci- 
RocoME  DE  Schiffer  ;  elle  est  verte ,  avec  les  antennes  et 
les  pattes  jaunes.  (O.) 

CÉROPALÈS,  Ceropales ,  ^enre  d'insectes  de  l'ordre  des 
HYMÉNOPTiRES  et  de  ma  famille  des  Mellinioees.  Ses  ca« 
tères  sont  :  antennes  insérées  vers  le  milieu  de  l'entre-deux 
des  yeux ,  d'une  grosseur  movenne  ;  premier  article  plus 
grand  que  le  troisième  qui  est  aïongé  et  bien  plus  long  que  le 
second;  mandibules  unidentées  au  côté  interne  ;  palpes  maxil* 
laires  fort  longs;  langue  à  divisions  latérales  très-sensibles. 

Les  céropalès  ont  la  tête  comprimée  ,  assez  épaisse  vue  en 
dessus ,  de  la  largeur  du  corcelet ,  ou  plus  étroite ,  avec  le  bord 
antérieur  un  peu  renflé ,  et  les  yeux  entiers  ;  le  corcelet  rond  ou 
presque  globuleux  ;  l'abdomen  ovale ,  rétréci  assez  sensible- 
ment à  sa  base;  les  tarses  ont ,  entre  les  crochets,  une  pelotte 
assez  grosse. 

Je  place  dans  ce  genre  la  meiline  à  cinq  baifdes,ilf .  &^inottut 
de  M.  Fabricius.  Cet  insecte  est  noir,  avec  l'écusson  ,  et  cinq 
bandes  continues  sur  Tabdomen,  jaunes.  Je  l'ai  trouvé  assez 
souvent  sur  les  fleurs,  et  notamment  celles  de  carotte,  dans  le 
Midi  de  la  France.  (L.) 

CEROPEGË,  ùropegia ,  genre  de  plantes  de  la  pen-^ 
tandrie  digy  nie ,  et  de  la  famille  des  Apocinees  ,  dont  le  carac- 
tère est  d'avoir  un  calice  très-petit,  persistant,  à  cini^  dents 


Sja  C  E  R 

pointnes;  une  corolle  monojpétale ,  tubuleuse,  renflée  a  la 

base ^  à  cinq  divisions  à  son  limbe;  cinq  élamines;  un  ovaire 

supérieur  dont  le  style>  à  peine  apparent,  soutient  deux  slig  - 

mates. 

Le  fruit  est  composé  de  deux  follicules  longs ,  droits ,  pointus^ 
nniloculaires ,  qm  s'ouvrent  d'un  côté  longiiudinalement ,  et 
renferment  des  semences  couronnées  d'une  aigrette  plumeuse. 

Voyez  pi.  179  des  lUustraùiona  deJLamarck. 

Ce  genre  contient  huit  espèces ,  dont  six  de  Tlnde  et  deux 
du  Cap  de  Bonne-Espérance.  Ce  sont  des  plantes  volubles  ,  à 
feuilles  opposées,  à  fleurs  disposées  en  ombelles  axillaires  ou 
terminales ,  dont  aucune  n*est  coldvée  dans  les  Jardins  dXu- 
rope.  (B.) 

CÉROPLATE ,  Ceroplatus ,  genre  d'insectes  de  Tordre  des 
DiPT£R£8 ,  établi  par  Bosc  dans  les  ^ctea  de  la  soriété  dHU^ 
ioire  naturelle  de  Paria.  1  Fasc.  pag.  42,  tab.  7  ,  fig.  5. 

Les  cémplates  sont  de  ma  famille  des  Tipulaires  ,  et  on 
les  distinguera  aux  caractères  suivans  :  antennes  très-com- 
primées plus  larges  au  milieu  ;  de  quatorze  articles;  extrémité 
atteignant  au  moins  la  moitié  de  la  longueur  du  corcelet; 
trompe  très-courte  ;  palpes  d'un  seul  article. 
'  Ces  diptères  ont  le  port  oi*dinaire  des  tipules;  leur  abdo- 
men est  en  fuseau.  Ils  sont  fort  rares  et  se  trouvent  dans  les 
bois.  Leurs  larves  vivent  dans  les  bolets. 

On  n'en  connoissoit  d'abord  qu'une  espèce;  mais  celui  même 
qui  l'avoit  ti*ouvée  et  décrite^  en  a  observé  une  seconde  dans 
la  Caroline.  La  première ,  ou  le  céroplate  tipuloide,  est  des 
environs  de  Paris.  Sa  tête  est  petite  »  arrondie  ,  jaunâtre , 
avec  deux  petites  élévations  jaunes  et  en  forme  de  cornes  aous 
lea  antennes  ;  les  antennes  sont  épaisses  et  noirâtres  î  le  cor- 
celet  est  bossu,  jaui^âtre^  rayé  de  noirâtre;  l'abdomen  est 
comprimé^  jaune ^  avec  les  bords  des  anneaux  noirs;  le»  afles 
sont  blancbes ,  avec  un  point  près  du  milieu  de  la  côte ,  et  une 
tache  noirâtre. 

Le  céroplate  tipuloïde,  ayant  été  figuré  dans  les  jtctee  de 
la  société  d'flist.  rtat.  de  Paris,  nous  repi^ésentons  ici  la  se- 
conde espèce  de  ce  genre ,  découverte  par  Bosc  en  Amérique  , 
et  qu'il  nomme  Charbonnéb  ,  Carbonarius»  Afin  de  rendis 
même  cet  article  plus  intéressant  et  plus  complet ,  nous  don- 
nerons textuellement  les  observations  récentes  de  cet  hab3« 
natiu*aliste.  Tous  les  savans  connoissent  son  extrême  complai- 
sance à  communiquer  les  fruits  de  se»  recherches  ;  je  réunis 
les  sentiment  de  ma  gratitude  À  la  leur. 

a  J'ai  établi  dans  les  Actes  de  la  société  d^lHist.  nat.  sous  \m 
ïï^m.  de  ksroplatus,  un  nouveau  genre  d'insectes,  voisin  des 


CÉR  543 

lipides ,  mai»  qui  en  est  très-distingué  par  la  longueur,  la 
largeur  et  sur*- tout  Tapplalissement  de  ses  anteunes.  Je  re* 
gardois  alors  comme  absolument  inconnue  aux  naturalistes  ,* 
Tespèce  unique  qui  la  formoit.  Mais  ma  mémoire  m'avoit  mal- 
servi sur  ce  point;  car  Réaumur  a  fait  graver  une  de  ses  an- 
iannes^tom.  4>  pi*  9>  fig*  10,  pour  exemple,  disant  seulement 
qu'elle  appartenoit  à  une  tipule qui  vivoit  oans l'agaric  du  chêne, 

La  disparition  des  agarics,  ou  mieux  des  bolets  de  chêne, 
^ux  environs  de  Paris  «  depuis  qu'on  a  abattu  les  futaies,  et 
que  les  botanistes  et  les  entomologistes  se  sont^multipliés ,  a 
rendu  plus  rares  les  occasions  de  trouver  les  larves  du  kero^ 
platiês  que  j'ai  décrit  et  figuré  :  aussi  ne  l'a-t-on  pas  observé 
depuis  Réaumur  ^  et  l'exemplaire  de  l'insecte  parfait  que  je 
possède ,  est-il  le  seul  qui  se  voye  dans  les  collections ,  aujour- 
d'hui si  nombreuses ,  dans  la  capitale.  Il  a  été  rapporté  de 
Viller»-Coterets,  forêt  de  haute-*futaie  encore  peu  fréquentée 
des  naturalistes,  et  qui  mérite  cependant  de  devenir  l'objet  de 
leurs  coursea. 

Pour  mettre  sur  la  voie  de  la  recherche  et  de  l'observation  , 
je  crois  devoir  communiquer  aujourd'hui  à  la  société  {p/dio^ 
mathîque  )  la  description  et  l'histoire  d'une  espèce  améri- 
caine du  même  genre ,  dont  j'ai  été  dans  le  cas  de  suivre  lea 
moeurs  pendant  mon  séjour  en  Caroline.  Elle  est  trop  sem* 
blable  k  celle  déjà  connue ,  pour  croire  que  sa  manière  de 
vivre  soit  fort  diiiérente. 

<c  CÉROFLATE  CHARBONN£ ,  Geroploius  corbonanus  y  tète 
d'un  brun  noir ,  ayant  deux  petites  taches  derrière  les  an- 
tennes et  les  palpes  blanchâtres;  front  armé  de  deux  tuber- 
cules; antennes  d'un  brun  noir  ;  les  quatre  derniers  articles 
blancs  ;  corcelet  d'un  beau  noir ,  un  peu  velu  ,  blanchâtre 
sous  les  ailes;  balanciers  d'un  beau  noir;  abdomen  de  la  même 
couleur,  avec  les  bords  des  anneaux  cendrés ,  principalement 
sur  les  côtés;  ailes  transparentes,  tachetées  de  brun  sur  les. 
bords ,  et  ayant  une  tache  plas  grande  et  pins  foncée  vers 
l'extrémité  extérieure  ;  pattes  brunes;  la  base  blanchâtre. 

3>  La  larve  de  cet  insecte  est  ver miforme,  blanche^  glutineuse, 
avec  la  tête  noire,  des  anneaux  prononcés,  et  des  pattes  en 
mamelons.  Elle  se  nourrit  aux  dépens  de  la  substance  in-' 
férieure  d'un  bolet  fort  vmsin  de  Vunico/or  de  BulKard.  Cette- 
larve  qui  vit  en  familles,  quelquefois  assez  nombreuses ,  se 
ti'oùve  dans  le  mois  de  juin ,  et  parvient,  lorsqu'elle  a  acquis 
teûte  sa  grandeur,  c'est-à-dire  ver»  la  fin  du  mois  d'août,  à  deux 
ponces  et  demi  de  longueur,  sur  trois  lignes  de  diamètre.  Dans 
tons  les  temps  de  sa  croissance,  mais  sur-tout  dans  les  dernier^i 
inois^ces  larvesfilent  unréseauen commun,  lâche,  d'un  bftunc 


544  C  E  R 

brillant,  et  entre  les  mailles  duquel  elles  se  sauvent  et  se  ca-« 
chent  lorsqu'eUes  soht  inquiétées,  de  même  que  la  chenille 
de  la  iieigne  du  ilisatn.  Elles  sont  si  minces  et  si  délicates ,  qu'il 
,est  presqu'impossible  de  les  prendre  avec  les  doigts,  sans  les 
écraser.  Exposées  au  soleil  quelques  minutes,  ou  mises  quelque 
temps  dans  un  lieu  sec,  elles  périssent.  Aussi  ,n'iiabitent-elle9 

Sue  les  bolets  qui  croissent  sur  des  arbres  et  des  troncs  ,  placés 
ans  les  lieux  numides  et  ombragés. 

»  A  l'époque  de  leur  transformation  ^  les  larves  se  filent,  le» 
unes  près  des  autres,  une  coque  un  peu  plus  serrée  que  le  ré- 
seau, mais  cependimt  encore  assez  lâche  pour  laisser  voir  la 
nymphe.  L'insecte  parfait  sort  de  cette  coque  au  bout  d'une 
quinzaine  de  jours.  J'ai  nourri  beaucoup  de  ces  larves  chez 
moi ,  mais  peu  ont  réussi,  faute  probablement  d'humidité  suf- 
fisante ».  (L.) 

CEROSTOME ,  Ceroatoma ,  genre  d'insectes  de  l'ordre  des 
liipiDOFTERES,  de  ma  famille  des  RouitEasBS,  et  qne  j'ai 
établi  sur  Yypaolopke ,  que  Fabricius  a  nommé  darsctiUM» 

Les  cérostomes  ont  leurs  ailes  très-alongées ,  étroites  et  mon- 
lées  sur  le  corps  ;  quatre  palpes  distincts  ,  dont  les  supérieurs 
droits,  les  intérieurs  lonss  et  recourbés,  avec  le  second  ar- 
ticle pénicilliforme  ;  le  dernier  conique,  alongé ,  et  presque 
nu*  Ils  sont  pourvus  d'une  trompe. 

Leurs  palpes  forment  une  saillie  au-devant  de  la  tète  ^  assez 
remarquable.  C'est  pour  cela  que  î'ai  donné  à  ces  insectes  le 
nom  de  cérostomef  qui  signifie  bouche  cornue. 

Le  Cjêrostome  dos-m  aaqu£  a  les  ailes  supérieures  cendrées» 
mélangées  de  noirâtre,  avec  une  tache  sur  le  dos,  commune, 
blanche ,  et  a3rant  deux  taches  poires. 

Je  l'ai  trouvé  fréquemment  àur  les  arbres  des  Champs-Ely- 
es ,  dans  l'été.  (L.) 

CERQUE,  Céircus.  Nouveau  genre  d'insectes  qui  doit  ap» 
partenir  à  la  troisième  section  de  l'ordre  des  Col£OPT£&bs. 

Latreflle,  en  établissant  ce  genre,  y  a  placé  le  dsrmesiê 
pédiculaire.  Illiger ,  d'après  Herbst ,  a  i*éuni  ce  même  insecte 
au  sphericUum  puUcarium  et  au  demustea  urtieœ  de  Fabri* 
cius ,  pour  en  former  le  genre  CATiaÀTlss  ;  mais  ces  deux 
dernières  espèces  présentent  des  difi'érences  très  -  marquées 
avec  le  dermeste  pèdiculaire.  Latreille  a  cru  devoir  en  faire 
un  genre  particulier ,  sous  le  nom  de  Paotbïns,  Proteùm». 
yhyex  cet  article. 

Les  cerquea  sont  de  très-petits  insectes,  très-voisins  des  i»» 
tiduUê.  Leur  corps  est  ovale  ou  oblong ,  légèrement  rebordé; 
la  tête  est  petite ,  ovale ,  enfoncée  dans  le  corcdet  ;  les  an- 
tennes sont  terminées  en  masse  perfoUéei  Im  aatconiUes  sont 


C  E  R  S45 

fnironnet,  presque  égales  ;  les  mâchoires  sont  à  un  seul  lobe  j  le 
corcelet  est  presque  arrondi ,  un  peu  rebordé ,  non  échancri 
antérieurement;  les  élytres  sont  coriaces ,  légèrement  voûtées, 
un  peu  rebordées /plus  courtes  que  Tabdomen;  l'écussou  est 
assez  grand ,  arrondi  ;  les  pattes  sont  de  médio jre  longueur  ; 
tous  les  tarses  sont  composés  de  quatre  articles  velus  ou  garnis 
de  houppes  en  dessous  ;  le  pénultième  est  élargi  dans  plusieurs. 

Les  deux  premiersarticteé  des  antennes  du  mâle  sont  grandi^ 
comprimés. 

Nous  ne  possédons,  aux  environs  de  Paris ^  qu^une seuls 
espèce  assez  rare  de  ce  genre;  c'es^e  C£Rqve  p^oicubAUus  :  ses 
élytres  sont  courtes^  pointillées,  d*un  fauve  roussâtre,  avec  I9 
tour  de  l'écusson  noirâtre  ;  la  poitrine  et  les  yeux  sont  noirs; 
les  pattes  sont  fauves.  Ce  joli  insecte  se  trouve  sur  les  fleurs. 
On  Ignore  tout  ce  qui  concerne  sa  manière  de  vivre  et  aea  iné«. 
tamorphoses.  (O.) 

GËRVANTËSE,  Cêrt^aniesia,  arbri&teau  du  Pérou,  qui 
forme ,  dans  la  pentandrie  monogynie,  un  genre  dont  les  ca*- 
ractèressont  d'avoir  un  calice  campanule  divuéen*cinq  parties; 
point  de  coroHe  ;  cinq  écailles  insérées  au  milieu  du  calice  ; 
un  ovaire  supérieur  surmonté  d'un  stigmate  sessile  ;  une  noix 
ovale  y  uniloculaire,  entourée  par  le  caUce  qui  a  cru ,  et  est  de* 
venu  charnu. 

Ces  carartères  sont  figurés  pi.  7  du  Gênera  de  la  Flt^ê  dm 
Pérou,  mais  Cavanilies  les  a  attaqués  >  con^me  mal  énoncés , 
dans  ses  leomes  planiarum,  ouvrage  où  il  figure  planche  475; 
une  autre  espèce  de  ce  genre ,  qui  est  ausA  un  arbrisseau  dli 
Pérou  à  feuUles  alternes,  pétidées ,  oUongues,  couvertes  dn 
poils  ferrugineux,  dont  les  fleurs  sont  blanchâtres,  petites^ 
et  disposées  en  panicules  terminales  ou  axillaires.  (B.) 

CERVEAU,  Cerebrum.  On  donne  ce  nom  k  une  massD 
molle  ,  pulpeuse,  renfermée  dans  la  cavité  osseuse  de  la  tête, 
et  qui  envoie  des  prolongemens  médullaires  dans  toutes  les 
parties  du  corps  des  animaux.  Ainsi  toutes  les  espèces  qui  ont 
un  crâne,  sont  nécessairement  pourvues  d'un  cerveau  qui 
est  contenu  dans  son  intérieur.  Tels  sont,  l'homme,  les  qu»« 
drupèdes  vivipares,  les  cétacés  ,.les  oiseaux,  les  quadrupèdes 
ovipares ,  les  serpens  et  les  poissons  ;  o'est-À-dire ,  tous  ^es 
animaux  doués  a  un  squelette  articulé  et  d'une  colonne  ver- 
tébrale. Les  animaux  sans. ver lèbi^es  n'ont  pas  un  véritable 
cerveau,  comme  nous  allons  le  montrer ,  mais  seulement  ua 
ou  plusieurs  ganglions  qui  en  tiennent  lieu. 

Pour  bien  saisir  cette  différence  très -importante,  il  font 

considérer  que  tout  animal  vei*tébré  a  deux  espèces  de  sys- 

'  têmes  nerveux ,  par  la  raison  qu'il  a  deux  ordres  principaux  d« 

IV.  Mm' 


546  \  C  E  R^     ^   ^ 

tbkicfions  vitales;  c'est-à-dire^  une  vie  générale  et  une  vie  par« 
Meulière.  Or,  la  vie  générale  est  commune  à  toules  les  espècef 
d'animaux;  elle  consiste  dans  la  nutrition,  rassimilation,  la  res- 
piration, la  circulation  et  les  sécrétions  ;  elle  ne  peut  être  sus- 
pendue sans  que  l'animal  ne  périsse.  £Ue  est  fondamentale  et 
Isrimitive;  elle  agit  seule  pendant  le  sommeil  qui  suspend  tous 
es  actes  de  la  seconde  vie.  Celle-ci  n'appartient  qu'aux  seuls 
animaux  vertébrés;  elle  consiste  dans  un  cerveau  avec  les  nerfs 
qui  en  émanent,  et  qui  sont  soumis  à  la  volonté  réfléchie.  Celle 
seconde  vie  est  sujette  à  des  intermittences  d'action  qa*on  ap- 
pelle sommeil,  tandis  que  la  vie  primitive  ne  cesse  jamais  sans 
que  la  mort  n'arrive  aussi-tôU  Voyez  l'article  Vie. 
}  Chacune  de  ces  vies  est  gouvernée  par  un  système  nerveux 

[  qui  lui  est  propre.  H  y  a  donc  un  sytême  nerveuxcomm  un  à 

tous  les  animaux ,  et  un  autre  système  nerveux  particulier  aux 
espèces  douées  d'une  seconde  vie ,  aux  animaux  vertébrés. 

lie  système  nerveux  général  de  tous  les  animaux,  est  celui 
qu'on  nomxae  grand  sympathique  y  intercostal ,  ou  trispàmch" 
nique  dans  l'honmie;  et  on  a  reconnu  qu'il  n'émanoit  pas  du 
cerveau,  mais  qu'il  formoitun  système  a  part,  distinct  eC  qui 
existoit  par  lui-même.  C'est  un  assemblage  assez  nombreux 
de  filets  nerveux ,  dont  les  diverses  branches  se  réunissent  ou 
«'entrecroisent  en  plusieurs  sens,  forment  àeaplexus  ou  entre- 
lacemens  j  et  sont  pourvus  de  ganglions,  c'est-à-dire ,  de  ren« 
flemens  ou  noeuds  qui  sont  autant  de  petits  cerveaux.  Ce  sys- 
tème nerveux,  placé  dans  les  cavités  intestinales,  préaide  à 
toutes  les  fonctions  de  la  vie  intérieure;  telles  que  la  nutrition, 
'  l'assimilation ,  la  circulation ,  la  respiration  et  les  sécrétions  ;  il 
a  quelques  communications  avec  les  ner£>  du  cerveau  ou  de 
ia  seconde  vie. 

Or ,  les  animaux  sans  vertèbres,  tels  que  les  moUu^ues,  les 
crustacés ,  les  insectes ,  les  vers  et  les  soophytes ,  n'ayant 
qu'une  seul»  vie ,  sont  seulement,  pourvus  au  système  ner- 
veux général  qui  remplit  toutes  leurs  fonctions  et  qui  tient 
aussi  beu  du  système  nerveux  de  la  vie  particulière.  Ils  n*ont 
donc  pas  ce  dernier ,  et  sontpar  conséquent  privés  du  c«nnean 
qui  en  est  le  centre. 

Cependant,  ne  trouve-t-on  pas  un  corps  analogue  au  cer- 
veau dans  les  vers ,  les  insectes ,  les  crustacés  et  les  moUos- 
qoes  ?  Examinons  cet  objet. 

Aucun  zoophyte,  aucun  animal  radiaire,  ou  formé  en 

rayons ,  comme  les  orties  de  mer  ( médusa),  les  actinies ,  les 

*  onrsiBS,  &c. ,  n'a  de  ganglion ,  ou  corps  nerveux  auquel  on 

puisse  accorder  le  nom  de  csryeau,  car  ces  animaux  sont 

privés  de  tèttf.  Dans  les  vers  et  les  insectes,  on  trouve  un« 


C  Ê  R  647 

t?le  qui  conrient  l'orifice  extérieur  de  Toesopliage  de  ranimaL 
C'est  dans  la  partie  supérieure  de  leur  télé  qu'on  ahserce  un 
ganglion  simple  ou  double ,  qui  produit  deux  branches.  Celles' 
ci  embrassent  Tœsophage  et  se  réunissent  en  dessous  pour  se 
rendre  dans  le  ventre  de  l'animal  en  un  cordon  nerveux  , 
offrant  d'espace  en  espace  des  noeuds  on  ganglions,  desquels 
sortent  des  ramifications  nerveuses  qui  se  distribuent  à  toutes 
les  parties.  Ainsi  y  loin  que  ces  animaux  soient  doués  d'une 
moelle  nerveuse  vertébrale  y  ils  n'ont  que  ces  nerfs  et  ces  gan-« 
glions,  dans  la  cavité  du  ventre  au-^dessous  des  intestins  ,  ce 
qui  présente  une  grande  ressemblance  avec  les  nerfs  grands  sjm« 
pathiques  des  animaux  à  vertèbres.  Le  ganglion  de  la  tête  des 
vers 9  des  insectes,  des  crustacés  et  des  mollusques  n'est  dono 
pas  lin  cerveau ,  mais  une  véritable  production  du  nerf  grand 
jympathiqne,  et  qui  en  a  toutes  les  fonctions.  Mais  on  n'y 
rencontre  rien  qui  l'Cssemble  à  la  vraie  cervelle  des  animaux 
vertébrés,  et  il  n'y  a  point  de  moelle  dorsale  et  épinière 
comme  ches  ces  derniers.  C'est  par  cette  raison  que  les  ani- 
maux sans  vertèbres,  les  vers  ,  les  mollusques ,  &c. ,  ne  meu^^ 
rent  pas  aussi-tôt  qu'on  leui^  tranche  la  tête  ;  puisque  le  gan- 
glion qu'elle  contient  n'est  point  un  organe  central  de  vie  ;  au 
contraire,  plusieurs  espèces  de  vers,  de  limaçons,  &c.,  re- 
produisent une  nouvelle  tête  en  place  de  celle  qu'on  a  re^ 
tranchée,  sans  que  les  fonctious  de  la  vie  intérieure  en  soient 
arrêtées. 

Il  n'en  est  pas  de  même  dans  l'homme,  et  ches  tous  les  ani- 
maux à  moelle  épinière  ;  on  y  trouve  un  véritable  eenfeau  qui 
est  le  centre  de  la  vie  extérieure,  de  cette  vie  qui  établit  dea 
liens  de  communication  avec  tous  les  corps  ^ui  nous  entourent 
et  qui  est  le  réservoir  commun  de  toutes  les  impressions  reçues 
par  l'animal. 

Chez  les  animaux  sans  moelle  épinière ,  c'est-à-dire ,  les 
mollusques  nus  ou  testacés,  les  crustacés,  les  insectes,  vers  et 
xoophytes,  le  seul  instinct  les  dirige  sans  la  moindre  opération 
de  l'esprit,  et  on  en  trouve  la  preuve  lorsqu'on  reconnoît  que 
toutes  leurs  actions  sont  toujours  les  mêmes  sans  être  plus  ou 
moins  parfaites.  Aussi ,  ces  animaux  ne  sont  point  capables 
d*in0truction,  soit  de  la  part  desliommes,  soit  delà  part  de  leurs 
semblables,  car  l'instruction  dépend  de  la  mémoire  et  du  ju- 
gement ■;  opérations  qui  exigent  le  secours  d'un  cerveau*  On 
peut  bien  enseigner  quelque  action  à  an  poisson ,  À  un  rep- 
tile ,  à  un  oiseau ,  à^n  quadrupède;  mais  qui  peni  se  lairet 
obéir  d'un  ver,  d'un  asooptiyte,  d'un  mollusque  ^  d'un  insecte? 
Ces  derniers  êtres  n'écoutent  que  leur  instinct ,  car ,  privés  de 
cervette^  ik  ne  peavemt  point  communiquer  avec  nons^  par 

il 


54S  C  E  R 

la  moindre  idée  conveauey  ce  qui  est  po«iUe  cLes  tet  ani- 
maux pourvus  de  moelle  épinière  et  d'uu  cerveau. 

L4n8liBct  est  donc  le  résultat  de  la  vie  intérieure  ou  dct 
nerfs  grands  sympathiques  ;  mais  le  sensorium  commune  ,  où 
s'qpère  le  laisonnement^a  son  foyer  dans  la  cervelle.  (  Vc^eM 
Iss  mots  Sens  ,  Instinct.  )  L'instinct  exécute  ses  opâiatioui 
«ans  qn'on  en  ait  la  conscience ,  parce  qu'il  n'émane  poinUlu 
«erveaa ,  tandis  que  celui-ci  opère  exclusivement  les  actes 
dont  on  a  la  volonté  et  la  conscience ,  par  conséquent  ^  il  est 
le  centre  des  connoissances  d'acquisition ,  et  le  réservoir  dans 
lequel  les  sens  vont  décharger  leurs  impressions.  Les  sens  des 
«nimaux  vertébvés  et  prives  de  cervelle ,  sont  pour  ainsi  dixe 
^oars  et  isolés  \  leurs  sensations  sont  bornées  àrorganefirappé, 
«lies  n'aboutissent  point  à  un  foyer  commun  de  vitalité.  Ces 
«aimauxae  dirigent  seulement  par  l'impulsion  de  l'instinct. 

Après  ces  considérations  générales  «  examinons  le  cerveau 
des  animaux  a  vertèbres. 

Dansla  boîte  osseusede  la  tâte  des  .animaux à  sang  roageetà 
aqueiette  articulé^ se  irouventune masse  pulpeuse, principale- 
ment formée  de  dieux  lobes  latéraux,  ou  hémisphères.  La  pulpe 
du  cerveau  est  composée  de  deux  matières  ;  la  corticale ,  qui  eit 
grisâtre,  et  qui  enveloppe  la  médullaire  plus  blanche.  La  pre- 
jtuièye  est  d'autant  plus  abondante,  que  le  cerveau  est  plus  gros 
proportionnellement  à  l'animaL  Le  nevrilème  ou  les  mem* 
Di-anes  qui  enveloppent  les, nerfs  envoyés  dans  le  corps,  se 
■trouvent  anssi  dans  le  eerveau. 

Au-dessous  des  lobes  du  cerveau,  derrière  eux,  «e  trouva 
le  cervelet  qui*  communique  avec  le  cerveau  et  la  moelle  épi- 
nière ,  car  il  sert  d'intermédiaire.  Une  membrane  fine  en- 
toui'e  la  masse  entière  du  cerveau,  et  pénètre  dans  tous  ses 
sillons,  c'est  la  pie~mère;  une  autre  membrane  plus  épaisse 
tapisse  intérieurement  les  os  du  crâne ,  on  la  nomme  durt' 
mère.  Les  deux  hémisphères  du  cerveau  coïncidait  a  leor 
base  par  le  corps  calleux.  Entre  les  tubercules  quadriiameauXt 
se  trouve  la  glande  pinéale ,  qu'on  a  supposé  être  le  siège  de 
«l'ame ,  comme  si  ce  qui  n'a  pas  de  corps  pouvoit  être  contenu 
dans  un  organe  à  l'exclusion  des  autres. 

U  sort  immédiatement  ,du  cerveau  un  gros  prolongement 
«qui  descend  le  long  du  dos,  et  qu'on  nomme  moelle  épùuire , 

Kix:e  qu'elle  s'insinue  dans  les  cavités  des  vertèbres  ou  de 
pine  dorsale. £n  outre,  dix  paires  de  ner£i  émanent  de  la 
moelle  oérébrale.  La  première  paire  se  rend  aux  narines  pour 
l'odomt ,  la  seconde  aux  yeux,  les  troisième,  qualrieme  et 
sixième  aux  muscles  des  yeux,  la  oinquième ,  tràe-étendue  et 
tix's->«oasidérable,. porte  le  aentiment  et  la  force  laolrîoe  à 


e  E  R  B4<i 

Hveraes  parties  de  la  face  et  d^  la  télé.  La  sepcftme  m  distribua 
à  l'oreille;  la  huitième  paire ^  coBÛëérée  par  quek|aes>analo- 
mistes  comra&  des  branches  de  la  précédente ,  a&  rawtfifl 
dans  les  muscles  de  la  face  ;  la  neuvième  pénètre  dan»  la  gorgt^ 
9t  la  poitrine  ;  enfin ,  la  dernière  se  rend  k  la  langue  el  ferme 
l'organe  du  goût.  La  tnoeUe  épinière  distribue  trente  auirt*^ 
paires  de  nerfs  au- reste*  dii- corps.  G:>7Bst//^iarrarftîcleNB»PS. 

Il  n*y  a  rien  de  semblaUedans  tous  les  anioMiux  sans  w^^ 
tèbres ,  et  ila  sont  entièrement  privés  de  ce»  evgaitea 

Le  cerveau  des^  q.uadrupèdes^  viripares  ressemble  asse»  à 
eelui  de  Thomme ,  mais  sts  proportions  felafeiveraest  au  corp» 
sont  plus  petites  ;.  ce  qui  a  fait*  dire  depuis  long-lemps  tfué 
rhomme  avoit  le  plus  grand  cerveau  de  tous  les  êtres  aaimésv 
Au  reste,  les  petits  animaux  ont  un^eerveau  proportionnelle- 
ment plus  grand  qae  les  grosses  espèces  ;  par  exemple ,  la  cer- 
velle d'un  rat  est-^  de  son  corps^  celni  cfe^Ia  souns  ~-,  celui 
du  mulot -jT- ,  celui  d'un,  moineau-^ ,  celui  d'un  sei'in  ~  ; 
tandis  que  ches  l'éléphant  ^  dont  on  a  tant  vanté  l'intelligence , 
le  cerveau  n'eab  que  y^  de  son  poids.  Cette  proportion  varie 
auivant  les  âges  et-  Tétat  de  l'inaivîdu  ;  car  quoique  le  corp» 
soit  maigre  ou  gras^  le  cervean  reste  toujours  à-pen-prè»  dans 
le  même  état.  Aussi  dans  lliomme  la  cervelle  est  tantôt  —- , 
-^ ,  -j^ ,  ou  même  -xf  de  son  corps»  Dans  le  gibbon,  grand 
ainge  voisin*  de  l'homme  ,  il  forme  -^.  Il'est  -^r  dans  le  sos- 
miri ,  sorte  de  sapajou  .-Dans  le  chien ,  cette  proportion  varie 
depuis -^ jusqu'à  -^ ,  suivant  les, races.  Dans  le  bœuf,  le 
cervean  n'est  que  j^  du  corps.  Dans  le  cheval  -^ ,  et  che» 
l'àne  777  seulement  ;1L  est  assez  étonnant  qu'il  ait  plus  de  cer^ 
Telle  que  le-  cheval ,  car  il  est  plus  bête.  La  proportion  du 
cervelet  au  cerveau  dans  l'homme  est  :.:  i  :  g  ;  dans  le  mi- 
mtri  ::  I  :  14.;  dans  le  chien  :ri  :  8;: dans  la  souri»::  1  :  a; 
chez  le  bœuf::  1:9;  dans  le  cheval  :  :  1:7*  Dans  tous  les 
animaux  à  cerveau  la  proportion  de  cet  organe  ftvec  la  masse 
de  la  moelle  alongée  et  des  nerfs  qui  en  sortent^  détermine 
assez  exactement  le  degré  d'inteUigence  de*  chacun  d'eux». 
Ainsi ,  plus  la  masse*  du.  cerveau  Temportera'sur  celle  de  la 
moeUe  alongée  et  des  nerfs^  plus  l'animal  sera  intelligent;  exk 
eftet,  rhomme  qui  a  le  cerveau  fert  gros  k  proportion  des  nerf» 
qui  en  sortent ,  annonce  que  sa  force  d^ntendement  doit  être 
plus  étendue ,  et  ses  sensations  brutales  et  physiques  moins 
impérieuses  ;  tandis^  que  dans  les  bêtes  chez  lesquelles  on- 
observe  de  gros  nerfii' ,  et  un  petit  cerveau ,  les  ap|)Ctils  sen- 
suels et  grossiers  remplacent  la  pensée  et  le  jugement  :  aussi 
chez  eux  le  museau >  la  gueule  s'avancent ,  et  le  front,  le  cer- 
ceau ae  reculent^  comme  s*ils  mettoient  l'appétit^  le  plaisir  de 


S5o  C  E  R 

manger  et  àe  boire  avant  la  pensée  ;  comme  t'îb  reponasoienC 
celle-ci  derrière  leurs  aena  brutaux.  Ainsi  ^  plua  le  miueau  sg 

Srolonge^  plus  le  cerveau  se  recule,  se  rapetisse ,  et  plus  Im^ 
ividu  est  stupide.  Vojfez  le  mot  Caane. 
Dan9  les  oiseaux,  le  cervelet  n'a  qu'un  seul  lobe;  ils  n'ont 
ni  c6rp9  calleux  9  ni  voûte ,  ni  cloison. transparente,  ni 
tubercules   mamiUaires.  Le  cerveau   des  reptues  est   dé<- 

Sourvu  de  toute  circonvolution.  L«e  nombre  do  celle-ci  est 
'autant  plus  grand  que  l'animal  est  plus  intelligent  :  aussi 
rjiomme  en  a  plus  que  toutes  les  autres  espèces,  ije  cerveaix 
des  poissons  est  alongé  comme  un  double  chapelet  dont  les 
éminences  forment  les  difiérens  nœuds  ou  tubercules.  Les 
bémispbères  sont  très-petits  ,  car  iL  décroissent  en  grosseur  à 
mesure  qu'on  descend  Téchelle  de  perfection  des  êtres.  Le 
cerveau  des  chiens  de  mer  est  7^  du  poids  de  ces  animaux^ 
il  est  ainsi  extrêmement  petit  en  comparaison  de  leur  corps, 
et  il  ne  remplit  jumais  enùèrement  la  cavité  de  leur  crâne.  On 
n'y  trouve  plus  larbre  de  vie,  de  même  que  dans  celui  Jea 
reptiles.  A  mesure  que  l'appendice  du  corps  cannelé  formant 
la  voûte  des  hémisphères  du  cervecui  est  plus  volumineux  ,  U 
paroit  que  l'animal  a  plus  d'intelligence ,  buivant  les  recber^ 
ches  de  Cuvier.  11  s'en  faut  bien ,  ce|)eiidant ,  que  nous  con-* 
noissions  tout  ce  qui  a  rapport  avec  ce  mer\'eilleux  organe  par 
lequel  nous  entrons  en  communication  avec  tout  l'univen, 
et  nous  sortons  du  rang  de  la  brute.  Au  reste,  les  difiéreua 
états  de  la  cervelle  dépendent  souvent  du  tempérament  du 
corps.  Voilà  peut*être  la  cause  de  la  dillérence  des  esprits;  car 
on  observe .  a  ans  la  force  de  l'eatendement,  des  moditicationa 
qui  dépendent  de  nos  tempéramens  et  de  nos  campIexions« 
Ployez  Sens  et  Nerfs.  (V.) 

CERVEAU  DE  MER  ou  DE  NEPTUNE ,  dénomina- 
tion vulgaire  d'une  espèce  de  MAnRi.PonK.  /^tjjf.ce  mot.  (S.) 

CÉRUMli^N  DES  OREILLES.  C'est  une  matière  de  na- 
ture gras«e,.  concrète,  butireuse,  d*une  grande  amertume  « 
qui  est  sécrétée  par  les  glandes  qui  garnissent  le  méat  auditifs 
Celles-ci  sont  nombreuses,  peutes,  et  leur  sécrétion  e&t  lente» 
quoique  continuelle.  En  été ,  cUes  sécrèteut  plus  de  cette  ma^ 
tière  que  dans  le  temps  froid  de  l'hiver.  Cette  sécrétion  est 
aussi  plus  abondante  ctiez  les  personnes  qui  se  curent  souvent 
le» oreilles,  que  chez  celles  qui  négligent  ce  soin  de  pro^uvlc. 
Quelquefois  l'amas  du  cérumen  dans  les  oreilles  est  si  conaidci*a« 
blc,  qu'il  obstrue  entièrement  le  méat  auditif,  de  sorte  qu'il  pro« 
4uit  une'  surdité  accidentelle ,  qu  ou  fait  ce^iAer  en  curant  cettt» 
matière.  Mais  elle  peut  se  dessécher  et  durcir  au  point  d*ètro 

tvè9*iacommode^  et  même  de  causer  une  inflammation  et  uii« 


C  E  R  65i 

otalgie.  Pour  amollir  ce  cérumen  durci  ^  Ton  est  obligé  d'avoir 
recours  à  des  injections  d'huile  tiède.  Il  ne  faut  pas  se  curev 
trop  souvent  les  oreilles^  car  l'on  fait  augmenter  beaucoup  la 
sécrétion  de  cérumen .  parce  qu'on  irrite  les  glandes  qui  l'ex- 
crètent ;  et  lorsque  le  froid  l'arrête ,  on  est  exposé  à  de  violen** 
tes  fluxions  et  a  des  otalgies  très-douloureuses.  Chez  le»  ani- 
maux qui  ne  peuvent  pas  se  curer  les  oreilles^  le  cérumen  n# 
s'amasse  pas  en  abondance. 

Le  dedans  du  méat  auditif  est  fort  sensible ,  et  un  léger  at* 
touchement  cause  une  sorte  de  frémissement  que  quelque* 
personnes  ne  trouvent  pas  désagréable.  On  assure  que  les 
Chinois  mettent  au  nombre  de  leurs  jouissances  les  plus  sen- 
suelles ,  le  chatouillement  qu'ils  se  procurent  dans  l'oreille  en. 
y  promenant  un  pinceau  garni  de  poils  fins.  Sans  doute  lea 
glandes  en  sont  irritées ,  et  la  sécrétion  du  cérumen  doit  être 
abondante  chez  eux. 

n  paroit  que  cette  matière  est  formée  d'une  huile  grasse  , 
combinée  à  une  résine  un  peu  odorante ,  acre ,  amère  et 
jaune  ;  car  tels  sont  les  principes  que  l'art  chimique  y  a. 
trouvés. 

Les  usages  de  cette  substance  marquent  assez  la  prévoyance 
de  la  nature  ;  car  elle  fait  fuir  les  insectes ,  de  sorte  qu'ils  ne 
s'avancent  jamais  vers  le  canal  auditif.  Les  poux,  les  puces  et 
les  autres  insectes  qui  peuvent  se  trouver  sur  les  animaux  et 
sur  l'homme ,  ont  de  l'anliphatle  pour  cette  matière  grasse  ; 
et  si  l'on  pouvoit  en  amasser  assez  pour  en  frotter  les  parties 
du  corps  qu'on  voudroit  mettre  à  l'abri  de  ces  insectes,  ce 
seroit  un  très-bon  moyen. 

En  outre,  cette  matière  grasse  peut  arrêter,  comme  de  la 
glu,  les  fétus,  paille  et  autres  corps  étiangers  qui  se  seroient 
glissés  dans  Toreille  et  qui  auroient  blessé  la  membrane  du 
tympan.  Le  cérumen  des  oreilles  ne  se  sécrète  au  reste  que 
vers  l'entrée  du  méat  auditif,  et  point  du  tout  dans  son  inté« 
rieur ,  où  il  seroit  plus  nuisible  que  nécessaire.  (V^) 

CÉRUSE  NATIVE ,,  carbonate  de  plomb  terreux  de  cou- 
leur blanche.  Voyez,  PiiOMB.  (Pat.) 

CERVUS ,  nom  latin  du  Cerf.  Voyez,  ce  mot.  (Dasm.) 

CERYLON,  Cerylon^  nom  donné,  par  Latreille  à  uu 
nouveau  genre  d*insectes  ,  qu'il  place  dans  la  famille  des 
Xylophaoes  ,  et  dans  lequel  il  fait  en\yet\elyctueterébran& 
de  Fab. ,  qui  est  un  ips  de  mon  entomologie.  Voici  les  carac- 
tères de  ce  nouveau  genre.  Antennes  raoniliformes,  renflées 
vers  leur  extrémité;  dixième  article  formant  un  boulon  qui 
'  paroit  recevoir  le  onaème.  Quatre  ai-ticles  aux  taraefl ,  les 


Ï6,  CES 

frcôs  jpretuieri  égaux  et  simples;  corps  alcrngé^  corcdet  dé* 
}>rimé.  Voye%  Lycte.  (O.) 

CëSTREAU  ,  Oestrum ,  genre  déplantes  de  la  pentandrîe 
monogynie ,  ei  de  la  famille  des  Soi^anéu  ,  dont  le  cai-ac- 
tère  est  d'aroir  un  calice  moiiophylJe,tiibuleiix, très-court  et 
à  cinq  dents  pea  profondes  ;  une  corolle  monopétale  infun- 
dibuliforme  ,  à  tube  très  -  long  et  à  limbe  partagé  en  cinq 
découpures  ;  cin<|  élamines,  quelquefois  mnnîes  aune  petite 
dent  vers  leur  milieu  ou  leur  base  ;  un  ovaire  supérieur,  ar^ 
rondi ,  surmonté  d'un  style  à  stigmate  épais.  Le  fruit  est  une 
baie  ovale  ou  obronde^  biloculaii^  et  polysperme,  sa  cloison 
épaisse  dans  le  milieu  et  très-amincie  sur  les  côtés. 

f7^tf»p].  1 1  a  des  liluatr,  de  Lamarck,  où  ce  genre  est  figaré. 

Les  eeetraux  sont  des  arbrisseaux  dont  les  feuillessont  sim- 
ples et  alternes,  et  dont  les  fleurs  sont  disposées  en  bouquet* 
terunnaux  ou  en  corymbes  axiUaires,  et  qui ^ presque  tous, 
sont  originaires  de  rÀmériqne  méridionale.  On  en  compte 
une  douzaine  d'espèces*  Les  plus  remarquables  sont  : 

Le  Cestrau  NOCTUBNEy  dont  les  filamenssont  dentés,  le» 
pédoncules  légèrement  rameux  et  égaux  aux  feniOes  en  Ion-> 
gueur.  Il  vient  de  l'Amérique  méridionale.  Ses  fleurs  ne  sen- 
tent rien  le  jour  ;  mais  elles  répandent  le  soir  une  odeur  agrès- 
blé  ,  même  trop  forte  pour  certaines  personnes.  On  l'appelle 
vulgairement  le  galant  de  nuii^ 

Le  CESTRAU  A  OR£iL>i^.TTE,  C'est  Vhediunda  du  Pérou, 
plante  qui  est  regardée  comme  propre  à  empécber  les  mala- 
dies pestilentielles,  et  qui  répand  aussi  ime  odeur  agréable  la 
nuit  et  désagréable  le  jour.  Ses  caractères  sont  d  avoir  les 
filamens  sans  dents ^  les  stipules  amplexicanles  et  en  croissant, 
les  feuilles  ovales,  et  les  fleurs  en  panicules  terminales.  Il  vient 
fort  bien  en  pleine  terre  à  Paris.  L'Héritier  en  a  donné  nne 
fort  belle  figure  dans  ses  Stirpes,  Il  en  est  de  même  du  Ces- 
trau parqui,  qui  se  rapproche  beaucoup  du  précédent,  mai* 
dont  les  stipules  sont  linéaires;  et  du  Cestrau  a  feuilli^ 
DE  LAURIER ,  qui  fe  rapproche  du  premier,  mais  dont  les 
pédoncules  sont  plus  courts  que  les  feuilles.  Ils  viennent  ftmia 
deux  de  l'Amérique  méi'idionale* 

Xjeparqui  est  regardé  au  Pérou  comme  propre  à  guérir  les 
fièvres  malignes ,  quoique  les  boeufs  qui  en  mangent  enflent 
et  meurent  souvent. 

Le  Cestrau  vénéneux,  qui  a  ses  feuilles  lancéolées, 
oblongues ,  coriaces ,  et  aez  fleurs  sessiles.  Celui-ci  est  naturel 
au  Cap  de  Bonne-£spérance ,  où  ses  fruits,  an  r.ipport  de 
Burmann  ,  écrasés  et  mêlés  avec  de  la  viande^  servent  à  em- 
poisonner les  bêtes  féroces. 


CET  563 

Le  ÔÈSTB  Alt  A  FiiBtJliS  BLANCHES ,  Ceêtrufn  diurnum  Linn. 
Celte  espèce  a  leéi  filamens  dentéa;  les  découpures  de  la  corolle 

Sresquerondesy  réfléchit^â,  et  les  feuilles  lancéolées.  £lle  croît 
cins  le  Chili  et  le  Mexique,  et  répand  pendant  le  joui  une 
odeur  agréable,  mais  foible.  On  l'appelle  \e  galant  de  jour, 

Ruiz  et  Pavon  ont  figuré  neuf  espèces  de  cesiraux  dans  la 
Flore  du  Pérou.  (B.) 

CETACES  ,  Aninialia  cetaeea.  L'Océan  renferme  dans 
son  sein  des  familles  d'animaux  non  moins  extraordinaires 
que  ceux  qui  peuplent  les  continens.  Il  nourrit  les  extrêmes 
de  grosseur  et  de  petitesse  dans  les  productions  virantes  et 
âensibles  ;  il  alimente  la  baleine  gigantesque  y  et  l'animalcule 
inicroscopique  :  on  y  rencontre  tous  lès  excès  réunis.  Les 
animaux  les  plus  difformes ,  les  monstres  les  plus  formida- 
bles y  les  espèces  les  plus  bizarres  appartiennent  à  l'empire 
deâ  eaux  y  dont  l'inconstance  naturelle  semble  avoir  établi 
son  influence  sur  les  corps  organisés  qu'elles  recèlent  dans 
leurs  entrailles.  £t  pour  nous  borner  à  la  famille  des  cétacés, 
qu'y  a-t-il  de  plus  étrange  que  ces  masses  vivantes  et  infor^ 
mes  qui  ne  sont  ni  de  vrais  poissons  ni  de  véritables  quadru- 
pèdes? qui  respirent  Tair  au  milieu  des  eaux,  qui  alaitent 
leurs  petits  à  la  manière  des  quadrupèdes  ,  et  qui  sont  inter- 
médiaires entre  l'air  et  l'eau ,  sans  être  en  eflet  amphibies? 
Enfin  si  nous  considérons  leur  stature  démesurée ,  leur  nala* 
tion  rapide ,  leur  instinct  sociable ,  leurs  habitudes  plutôt 
innocentes  que  cruelles ,  avec  la  force  de  nuire ,  nous  serons 
sur|)ris  de  ces  discordances  et  des  contrastes  que  nous  pré- 
sente ici  la  nature. 

£n  effet  l'animal  cétacé  examiné  dans  ses  parties  inlc- 
rieures  y  a  tous  les  caractères  des  animaux  à  double  système 
nerveux  ou  vertébrés  et  à  sang  chaud.  Sa  circulation  est  dou- 
ble comme  dans  Thomme  et  les  quadrupèdes  vivipares  ;  son 
cœur  a  deux  ventricules  et  deux  oreillettes  ;  sa  respiration  se 
fait  par  des  poumons  et  non  point  par  des  branchies  comme 
cheis  les  vrais  poissons.  Le  mâle  et  la  femelle  ont  un  véritable 
accouplement  ;  celle-ci  met  bas  des  petits  vivans  qu'elle  alaite 
de  ses  mamelles  y  ainsi  que  les  véritables  quadrupèdes.  La 
forme  de  leurs  principaux  organes ,  tels  que  le  cerveau  y  les 
parties  génitales  y  l'estomac  y  le  foie ,  le  cœur  y  les  poumons  y 
ressemble  beaucoup  à  celle  des  autres  mammifères  ;  car  ils 
appartiennent  essentiellement  à  la  même  classe.  Leur  peau, 
lissie  y  sans  écailles  et  sans  poils  y  est  enduite  d'une  humeur 
grasse  et  glutineuse.  Leur  queue  est  toujours  applatie  ho- 
rizontalement y  et  non  pas  verticalement  comme  chez  les 
poissons.  Toutes  les  espèces  ont  des  yeux  exti*êmement  petits 


554  CET 

relativement  à  leur  taille  ;  la  forme  de  leur  corps  est  en  gé- 
néral cylindrique  ou  elliptique.  Des  évents ,  c'est-à-dire  un 
ou  deux  trous  placéd  8ur  le  museau ,  servent  de  conduits  pour 
l'entrée  et  la  sortie  de  l'air  du  corps  de  l'animal  :  ce  sont  des 
narines  placées  verticalement  pour  la  facilité  de  la  respiration 
de  ces  monstrueux  animaux.  Comme  ils  rejetenl  l'eau  par 
jets  hauts  de  plusieurs  pieds  en  soufflant  dans  ces  narines  , 
ils  ont  été  nommés  poissons  souffleurs  ;  c'est  ce  que  signifie  le 
mot  tçfiall'fisch ,  poisson-à-source  ,  ou  bien  à  jet  d'eau ,  nom 
appliqué  à  la  baleine ,  et  qui  convient  aussi  aux  autres  céta-* 
'  ces  :  leur  principal  caractère  est  d  avoir  des  évents.  Lior»- 
qu'on  n'apperçoit  qu'un  orifice  extérieur^  c'est  que  les  deux 
cavités  des  évents  sont  réunies.  La  baleine  a  seule  deux 
évent  séparés  ;  dans  les  autres  cé/ac^s^  ils  se  réuni:i8ent.Tous 
ont  une  tête  plus  ou  moins  ap2)latie  et  prolongée  en  mu-> 
•eau.  Leur  gueule ,  épouvantable  par  son  étendue,  est  tantôt 
armée  de  dents  coniques^  comme  dans  les  dauphins  et  les  ca- 
chalots^ tantôt  garnie  de  fanons,  comme  dans  les  baleines  >  ou 
d'énormes  défenses,  ainsi  que  chez  les  narwhals.  Les  réluctê 
ont  les  organes  de  la  manducation  assez  foi  blés;  les  nniscJes 
qui  meuvent  leurs  mâchoires  sont  peu  robustes  ;  et  quoique 
animaux  voraces  ,   ils  ne  sont  ni  sanguinaires  ni  féroces. 
Leur  estomac  est  très-vaste ,  partagé  en  diverses  chambres 
au  nombre  de  cinq  dans  la  baleine  à  bec  ,  le  marsouin  et 
l'épaulard  ;  de  sept  dans  le  nésarnak  ,  ce  qui  annonce  qu'ils 
«K>nt  peu  carnivores  {F^oyez  les  articles  Carnivore  et  Herbi- 
vore. )  y  car  ils  se  rapprochent  beaucoup  de  la  faniîDe  des 
quadrupèdes  ruminans.  Cependant  leurs  intestins  sont  plus 
courts  que  ceux  des  mammifères  frugivores.  Ils  tiennent  donc 
une  sorte  de  milieu  entre  l'état  de  Carnivore  et  d'herbivore  j 
ils  se  nourrissent  en  effet  de  zoopliytes ,  tels  que  les  actinies» 
les  méduses  ;  ou  de  crustacés ,  de  mollusques ,  et  de  petits 
poissons  ,  qui  fournissciit  un  alimenl  peu  animalisé  et  peu 
substantiel  y  puisque  nous  les  regardons  comme  du  maigre, 
et  que  la  religion  permet  ce  genre  de  nourriture  animale  dans 
les  temps  de  jeûne.  Il  est  étonnant  que  des  matières  si  pi'U 
nourrissantes  puissent  substanter  ces  grands  colosses  de  vie , 
et  leur  fournir  cette  graisse  si  abondante  dont  ils  sont  comme 
encroûtés.  Nous  en  détaillerons  plus  loin  les. causes  ;  il  suf- 
fit de  dire  ici  que  ces  mêmes  alimens  animaux  se  présentent 
en  si  grande  abondance  aux  cétacés ,  et  leur  estomac  est  si  atn— 
pie  ,  qn*ils  en  font  une  consommation   prodigieuse.  Rica 
n'égale  d'ailleurs  l'excessive  multiplication  de  ces  substances 
alimentaires  vivantes  qui  encombreroient  bientôt  les  mers 
laircs  j  sans  la  dcstiuclion  qu'en  font  les  cétacés*  Ces  aniin 


CET  565 

n'ont  besoin  que  d'ouTrir  la  gueule  pour  que  leur  nonrritui^ 
»'y  précipite  eu  torrena. 

On  connoit  quatre  genres  principaux  de  cèUxcés ,  i®.  celui 
des  haleines  proprement  dites  ,  qui  se  distinguent  par  des  la- 
mes de  corne  à  la  p^ce  des  dents ,  el  attachées  à  la  mâchoire 
nupérieure.  Le  sommet  de  leur  tête  a  deux  évents.  On  nomme 
fanons  ou  baleine  ces  lames  de  corne  posées  transversalement. 
II  y  a  huit  espèces  de  baleines ,  celle  du  Groenland,  le  nord  ca-^ 
per,  le  gibbar,  la  baleine  tampon^  la  baleine  à  bosses ,  la  jubart^^^ 
le  rorqual ,  et  la  baleine  à  bec;  a^.  le  genre  de^  caclialots^  dont 
la  tête  fait  le  tiers  de  la  grosseur  du  corps  :  elle  n'a  qu'un  évent 
Il  y  a  des  dents  à  la  mâchoire  d'en  bas  ,  et  quel<]|ues  petites 
dents  applaties  a  celle  de  dessus.  On  en  compte  six  espècea^ 
le  grand  cachalot ,  le  petit  cachalot ,  le  cachalot  trumpo  ,  le 
cachalot  cylindrique ,  le  microps  ,  et  le  mular  ;  3°.  les  narà-* 
sixils,  qui  ont  une  ou  deux  dents  placées  hoiizontalement  au 
deyant  de  la  mâchoire  supérieure ,  et  un  évent  sur  lu  tète.  Q 
n'y  a  que  deux  espèces  ,  le  vrai  narwhal  et  Vanamak  ;  4**.  le 
genre  des  dauphirhs ,  qui  a  des  dents  aux  deux  mâchoires ,  et 
un  évent  sur  le  front ,  comprend  les  plus  petites  espèces  de 
cétacés  ;  on  en  connoît  dix  ;  le  dauphin  ordinaire ,  Je  mar^ 
souin,  le  nésarnak  ou  V  or  que  yVépaulard  ventru,  Vépée  da 
mer  ,  le  béluga  ,  le  dauphin  à  deux  dents  ,  le  buta-kopf,  et 
lejerès.  Consultez  chacun  de  ces  articles  >  et  sur-tout  le  mot 
Baleine. 

Les  organes  des  sens  sont  très*obtus  dans  les  cétacés ,  et  a 
cet  égard  ils  sont  bien  inférieurs  aux  quadrupèdes  vivipare* 
et  aux  oûteaux.  Les  yeux  de  la  plus  grosse  baleine  ne  surpas-» 
aent  guère  ceux  du  bœuf.  Hunter  ^qui  les  a  examinés  (PAiToj. 
trans.  yectr.  17E7.  ) ,  assure  qu'ib  diflerenl  peu  de  ceux  dea 
quadrupèdes  >  et  ont  plusieurs  rapports  avec  ceux  des  pois- 
sons par  leurs  hunfeurs  et  leur  structui*e  ^  ce  qui  étoit  néces- 
saire puisqu'ils  habitent  le  même  âément  qu'eux.  Les  évents 
ou  narines  de  ces  animaux  paroissent  privés  de  l'odorat  ;  ces 
évents  sont  ainsi  nommés  parce  que  l'animal  en  fait  jaillir^ 
souvent  à  une  hauteur  considérable  ,  l'eau  qui  entre  dans  sa 

fueule.  Chez  les  narwhals  ,  les  cachalots  et  les  dauphins  ,  les 
vents  se  réunissent  ensemble  et  ne  forment  qu'un  seul  ori- 
fice à  l'extérieur  ;  les  baleines  eu  ont  deux.  On  trouVe  à  Te?:- 
trémité  du  museau  des  dauphins  deux  pelits  trous  qui  servent, 
dit-on  ,  à  recevoir  les  sensations  de  l'odorat  ;  cependant  ils 
n'ont  point  de  nerfii  olfactifs  proprement  dits  :  peut-^tre  quo 
des  rameaux  de  la  cinquième  paire  en  remplissent  les  fonc- 
tions. L'oreille  des  cétacés  n'a  point  de  conque  extérieure  , 
mais  eUe  est  confoimée  en  dedans  du  crâne  comme  dana 


556  CET 

riiomrae  et  tes  quadrapèdes.  La  langue  de  ces  animaux  aqua- 
tiques est  petile  et  spongieuse.  Leur  toucher  paroit  élre  bien 
obtus ,  à  Ton  fait  attention  que  leur  cuir  épais  est  garni  en 
dessous  d'une  large  couche  ,  ou  d'un  matelas  de  graisse  et 
d*huile.  Les  femelles  ont  deux  mamelles  placées  près  du  Tagin 
dans  un  sQlon  longitudinal.  On  troure  chez  les  mâles  une 
verge  fort  grande  qui  est  entourée  d^ln  fourreau  ;  leurs  tesf  i« 
cules  sont  renfermés  dans  le  bas-ventre.  Les  parties  génitales 
des  femelles  ressemblent  à  celles  de  la  vache  ou  de  la  jument. 
Voyez  Bonnaterre ,  pi.  de  VJEne/clopédie  méthodique  ,  Glo^ 
'logie ,  planche  4  ,  fig^  s. 

Le  cerveau  des  dauphins  varie  beaucoup  en  proportion 
relative  à  leur  corps  ;  tantôt  il  n'en  fait  qu'un  los*,  tantôt 
c'est  un  56^;  dans  le  marsouin  ,  il  forme  un  q3*  :  ces  diffé- 
rences très-considérables  empêchent  d'établir  des  règles  fixes 
à  cet  égard.  Il  paroit  toutefois  que  la  cervelle  est  peu  abon- 
dante chez  tous  les  cétacés  ,  quoique  leur  crâne  ail  un^* 
grande  capacité.  Mais  comme  il  y  auroit  nn  espace  vide  entre 
les  parois  du  crâne  et  celles  du  cerveau  de  ces  snvcasux  ,  la 
nature  l'a  rempli  d'une  matière  huileuse  concrescîble  â  J'air  : 
on  la'nomme  alors  afanc  de  baleine ,  ou  plus  improprement 
sperme  de  haleine ,  ôar  elle  n'a  aucun  rapport  avec  la  se- 
mence de  ces  animaux.  Les  cachalots  qui  ont  une  tète  mons- 
trueuse ,  et  qui  fait  quelquefois  la  moitié  ou  le  tiers  de  rani- 
mai, l'ont  presque  entièrement  remplie  de  cette  huile  cou - 
crescible.  Le  cerveau  d'une  assez  forte  baleine  à  bec  n^.* 
pesoit  que  quatre  livres  dix  onces  poids  d'Angleterre  :  la 
taille  de  cet  animal  étoit  de  dix-sept  pieds. 

Avec  un  petit  cerveau  nageant  dans  l'huile ,  avec  des  nerfj 
enveIop|)és  de  graisse  ,  il  n'est  pas  probable  que  les  céiactt 
jouissent  d'une  grande  sensibilité  et  d'une  intelligence  un 
peu  étendue  ;  ils  doivent  être ,  au  conliture»  fort  slupidcs  , 
a 'un  caractère  grossier  et  sauvage.  C'est  en  effet  ce  qu  on  n^ 
marque  ;  il  est  rare  en  effet  de  trouver  beaucoup  d'instinct  » 
de  sensibilité  et  d'intelligence  dans  les  gros  animaux.  Ces  co- 
losses animés  tiont  tous  matériels ,  et  en  général  les  petites  es- 
pèces ont  plus  de  vivacité  et  d'instinct  que  les  autres.  Corn- 
pai^ez  un  écureuil ,  un  sapajou ,  un  castor  à  un  rhinocéros  , 
un  hippopotame,  nn  chameau ,  vous  verrez  une  extrême  dif- 
férence dans  rétendue  de  leur  esprit  ou  de  leur  entendement. 
Parmi  les  oiseaux  ,  combien  un  rossignol ,  une  mésange,  un 
serin  ,  une  perruche  ,  &c.  ,  ne  sont-ils  pas  supérieuna  une 
autruche,  une  oie,  un  dindon  ,  &c.  ?  Dans  les  msectes  mènit>, 
une  fourmi ,  une  abeille  ,  une  mouche  •  ac^mblent  bien  pins 
spiritueUes  qu'un  lom'd  scai'abée ,  ou  un  hanneton  étoui  du 


CET  "557 

On  me  dtera  peut-être  Téléphant  comme  fine  exception  ;  je 
conviens  qu'il  est  intelligent ,  mais  il  doit  cet  avantage  à  sa 
trompe  ,  qui  est  un  sens  particulier ,  une  extension  ae  son 
tact  et  de  son  odorat  ;  sil  en  étoitprivé^ilseroit  aussislu- 
pîde ,  aussi  imbécille ,  aussigrosaier  que  le  rhinocéros  :  tout  son 
esprit  est  dans  sa  trompe ,  et  non  pas  dansle  reste  de  son  corpi% 

On  observe  d'ailleurs  que  lesajoimaux  qui  vivent  habituel*- 
lemeot  dans  les  eaux  ont  en  général  moîos  de  facultés  mora* 
les  que  tous  les  autres.  Quelqu'éloge  qu'on  ait  fait  du  dau- 
phin ,  }e  ne  trouve  dans  ses  habitudes  et  sa  constitution  ,  que 
la  confirmation  de  la  stupidité  des  cétacés  ;  nous  ne  sommes 
plus  au  temps  d'Arion ,  et  nos  dauphins  ne  transportent  point 
aujourd'hm  sur  leur  dos  les  hommes  qui  font  naufrage.  Sé- 
parons la  mythologie  de  l'histoire  de  la  natujre.  Sans  doute 
les  céàacéa  ne  sont  pas  féroces ,  leurs  habitudes  sont  paisibles 
comme  celles  de  tous  les  animaux  ^ras  ,  à  fihres  molles  ,  et 
pourvus  d'un  large  estomac;  mais  cette  même  conformation 
contribue  à  leur  stupidité.  Ce  n'est  pas  seulement  parmi  les 
hommes  qu'on  remarque  une  insensibiUté  ,  une  paa*esse  d'in- 
teliigence ,  un  esprit  bouché ,  un  poeur  étroit  dans  les  individus 
mous  f  massifs  et  vomœs ,  comme  sont  les  imbécilles ,  les  cré- 
tins 9  quelques  habitans  du  Nord  et  des  pays  humides ,  &c.^ 
mais  il  en  est  de  même  parmi  les  animaux  ,  comme  les  co- 
dions ,  les  cétacés,  les  oiseaux  d'eau  ,  tels  que  les  oies ,  les  ca- 
nards ,  les  goélands ,  et  tous  les  poissons.  Rien ,  en  effet  ^  .n'ap- 
porte plus  d'obstacle  à  l'esprit  que  cette  habitude  grossière  de 
manger  avec  excès  ;  et  l'homme  le  plus  intelligent  est  pres- 
aue  hors  d'état  de  réfléchir  ajprès  un  grand  repas  j  tandis  que 
1  esprit  est  bien  plus  libre  à  jeun.  Aussi  les  animaux  qui  ont 
de  vastes  estomacs  et  qui  mangent  beaucoup  à-lk-fois,  sont 
louixls^  mous ,  stupides  et  gras  pour  l'ordinaii^  1  comme  les 
ruminans  ,  les  herbivores ,  les  cétacés  ,  les  espèces  vomces. 
MaJA  ceux  qui  mangent  i^us  rarement ,  et  dont  l'estomac  est 
plus  petit  9  sont  vifs,  inteÛigens,  et  maigres  ,  comme  les  qua- 
drupèdes carnivores  9  les  rongeurs ,  les  aingesN,  les  petits  oi- 
seaux insecthrores  ,  &c.  Quand  on  occupe  beaucoup  les  for-» 
C9S  du  corps  à  une  fonction  ,  elles  se  trouvent  plus  foibles 
dans  les  autres.  Ainsi  ceux  qui  excellent  dans  un  genre ,  sont 
au-dessous  des  autres  dans  un  genre  différent.  Le  cétacé  vit 
tout  entier  dans  son  estomac  >  ce  qui  diminue  la  vie  des  autres 
parties  de  son  corps  ;  il  semble  né  seulement  pour  former  de 
la  graisse  ou  de  l'huiJe  ,  et  rien  n'y  seroit  plus  contraire  qu^ 
des  facultés  morales  étendues  ;  car  on  .voit  toujours  les  êtres 
les  plus  spirituels  et  les  plus  passionnés ,  maigres  et  délicats* 

Ce  ^ui  favorise  encore  l'abondance  de  cette  huile  dont  tout 


558  CET 

le  Corps  des  céiacit  est  plus  on  moins  imliibé ,  c'est  Tétendua 
de  leur  tifl»u  cellulaire  ,  la  grande  quantité  de  leur  sang  et 
rhumidité  de  leurs  chairs ,  toutes  choses  favorables  à  la  pro* 
duclion  de  la  graisse.  (  F'ofet  l'article  Graisse  ,  dans  lequel 
^ous  traitons  de  cet  objet.)  Toujours  plongés  dans  l'eau ,  il 
est  naturel  que  les  eétacês  soient  d'une  constitution  humide» 
et'  remplie  abondamment  d'un  sang  aqueux.  Une  baleine 
blessée  rougit  les  ondes  du  sang  de  sa  plaie ,  dont  elle  sent  à 
peine  la  douleur  au  travers  de  son  lard  épais.  Aussi  les  céta^ 
ces  ne  poussent  presque  jamais  de  cris  de  douleur  ou  de  plax* 
sir  y  quoiqu'ils  ne  soient  pas  muets.  On  les  croiroit  insensibles, 
ear  souvent  on  leur  enlevé  de  larges  lambeaux  de  chair  avec 
le  harpon  qu'on  leur  lance  ^  sans  qu'ils  paroissent  en  être  af- 
fectés. Leur  sang  est  chaud  comme  celm  des  animaux  terres- 
tres. L'aorte  ou  l'artère  du  cœur  du  grand  cachalot  a  un  pied 
de  diamètre ,  et  chaque  contraction  du  cœur  y  pousse  envi- 
ron cent  livres  de  sang  ^  ce  qui  peut  faire  cinq  milliers  par 
minute.  Quel  fleuve  oe  sang  auprès  de  celui  d'une  souris  ! 
Cependant  ces  vastes  animaux  n'ont  pas  un  sang  plus  chaud 
que  les  plus  petites  espèces  de  quadrupèdes,  parce  que  la  cha« 
leur  des  corps  vivans  parott  dépendre  beaucoup  de  la  Resfi- 
BATioN.  (  Kof,  cet  article.  )  Les  poumons  des  cètacét  ont  des 
cellules  qui  se  communiquent  entr'elles ,  de  sorte  qu'en  souf- 
flant dans  une  seule  bronche  «  tous  les  poumons  se  gonflent , 
ce  qui  n'arrive  point  aux  autres  mammifères.  Les  célaoèê  ont 
d'ailleurs  un  diaphragme  robuste  posé  obliquement ,  et  des 
muscles  intercostaux  très-forts  pour  étendre  dans  l'inspira- 
tion ,  la  cavité  de  leur  poitrine  comprimée  par  le  fluide  dans 
lequel  ils  nagent  Ils  peuvent  souvent  plonger  pendant  un 

3uart-d'heure ,  sur-tout  lorsqu'on  les  poursuit  sous  les  glaces 
es  mers  du  Nord.  Ces  animaux  respirent  moins  que  les 
mammifères  terrestres  ;  leur  sang  reste  plus  chargé  de  molé- 
cules d'hydrogène  et  de  carbone  (Cb7t^ii/!fes  l'article  Respira- 
tion.)» matières  qui  forment  de  la  graisse  ou  de  l'huile  quand 
elles  se  séparent  du  sang  dans  le  système  veineux  du  bas» 
rentre  et  sur-tout  dans  le  foie.  Aussi  les  cétacés  ont-ib  un 
foie  trcs-considérable  et  très-huileux  ;  ce  viscère  grossît  en 
général  dans  tous  les  animaux  qui  sont  gras  »  ou  plutôt  il  est 
une  cause  de  leur  engraissement.  Les  poissons  nutleux  ont 
de  même  un  foie  très-gras. 

Le  lard  des  baleines  est  'contenu  entre  les  mailles  de  leor 

tissu  cellulaire  ,  il  est  très-huileux  et  très-rance  ;  .Q  exhale 

quelquefois  des  vapeurs  inflammables  lorsqu'on  l'extrait  du 

corps  de  l'animal. 

Le  corps  des  cétacés  est  soMout  remarquable  ^par  le  df* 


G  E  T  ^       _  55<| 

flbut  de  pattes  de  derrière,  car  lei  nageoires  de  leur  poitrin* 
*ont  dé  véritables  pattes* de  devant ,  mais  formées  pour  la  na- 
fation.  Dans  l'intérieur  de  ces  nageoires,  on  trouve  une  omo* 
plate  y  un  humérus ,  un  rudius  et  un  cubitus  très-courts  ;  en- 
suite tous  les  os  du  carpe  ,  du  métacarpe  {os  delà  main  ) ,  et 
cinq  doigts  avec  leurs  phalanges  ;  mais  toute  cette  conforma^ 
tion  est  très-raccourcie  et  couverte  de  muscles  et  d'une  peau 
épaisse.  Au  lieu  des  os  du  bassin  ,  on  ne  rencontre  que  deux 
petits  os  placés  à  l'origine  de  la  queue  qui  est  horizontalement 
applâlie  et  divisée  en  deux  lobes  latéraux.  Plusieurs  espèces 
portent  encore  une  nageoire  sur  le  dos.  Tous  les  cétacés  na- 
gent avec  beaucoup  d'agilité  ;  le  dauphin  est  sur-tout  remar- 
quable par  l'extrême  vivacité  avec  laquelle  il  fend  les  ondes  : 
il  glisse  plutôt  qu'il  nage.  Souvent  ces  animaux  bondissent  et 
se  jouent  sur  les  vagues  :  ils  pai*oissent  gais.  Les  tempêtes  ne 
les  effraient  pas;  on  les  rencontre  presque  toujours  attroupés, 
et  ils  suivent  les  vaisseaux  dans  de  longs  trajets.  La  couleur 
de  la  peau  des  cétacés  est  noirâtre  en  général  ;  elle  s'éclaircit 
Biir  le  ventre ,  où  la  peau  est  moins  épaisse.  On  prétend  qu« 
le  lait  des  femelles  est  gras  et  nourrissant  ;  celui  du  nésarnak 
a  le  goût  du  lait  de  la  vache  auquel  on  auroit  ajouté  de  la 
crème.  (Bonnaterre,  ^/irjc/b/>.  m^M.  Cétolog.  inirod,  p.  xviij.) 
Il  paroit  que  les  petits  des  cétacés  tettent  pendant  long-temp8« 
Les  mères  sont  fort  attachées  à  leurs  petits  et  ne  les  quittent 

{)as.  Ces  animaux  aiment  à  vivre  en  troupes ,  car  il  est  rare  de 
es  rencontrer  seuls.  Il  paroît  que  les  mâles  ne  prennent  qu'une 
femelle  et  sont  plutôt  monogames  que  polygames.  Leur  ac- 
couplement se  fait  sur  le  côté ,  en  rapprochant  leur  ventre  ; 
ce  qui  est  commun  à  tous  les  animaux  aquatiques  qui  s'accou- 
plent^ parce  que  la  forme  elliptique  de  leur  corps  ne  leur  per* 
met  pomt  de  s'unir  à  la  manière  des  quadrupèdes.  Les  fe- 
melles des  plus  grandes  espèces  ne  portent  pas  leurs  petits  dans 
leur  sein  plus  de  dix  mois  ;  ce  qui  est  probablement  un  term^ 
suffisant  pour  tous  les  animaux ,  car  on  a  vérifié  depuis  peu  que 
la  femelle  de  l'éléphant  ne  portoit  guère  que  ce  même  temps, 
et  non  pendant  deux  ans ,  comme  on  lesupposoit.  Il  n'y  a ,  en 
effet,  d'autre  différence  entre  la  conformation  d'un  petit  et 
d'un  grand  foetus  que  leur  masse,  mais  toutes  les  proportions 
étant  les  mêmes ,  les  dilRcultés  sont  égales.  Les  temps  peuvent 
donc  être  égaux  dans  la  vache  et  dans  la  beleine,  qui  portent 
toutei  deux  leurs  foetus  pendant  dix  mois.  Au  reste,  les  cétacés 
produisent  un  ou  deux  petits  à  chaque  portée,  et  leur  accroisse- 
ment paroit  être  assez  rapide  à  cause  de  la  mollesse  de  leur  cons- 
titution ;  ce  qui  est  commun  à  tous  les  animaux  pourvus  d'un 
scïuiblable  tempérament.  Quoique  tous  les  quAdrupèdes  vivi^ 


56o  C  E  T    ^ 

parés  dontraccroiMementest  rapide, aient  aneyieatiezcoortr, 
c*ettt-àdire  six  à  sepl  fois  aussi  longue 'que  le  temps  de  la  cn>L'' 
sauce,  on  pense  que  les  cétacés  vÎFent  pendant  un  temps  trèî- 
long.  8i  une  carpe  vit  deux  cents  ans  ^  une  l>aleine  pourra  biea 
en  vivre  mille ,  a  dit  fiufTon.  Cependant  les  animaux  ne  vivent 
pas  en  proportion  de  leur  masse,  car  un  oiseau  vit  peut-être 
quati'e  ou  cinq  fois  plus  qu'un  quadi*upède  très-gros  :  on  a  vu 
dea  perroquets  vivre  cent  ans  ou  même  davantage  ,  ce  qui  ert 
plus  que  Fhomme ,  pour  l'ordinaire ,  et  peut-être  plus  que  Télè- 
phaiiU  Pline  et  Albert-le*6rand  prétendent  que  les  dauphins 
vivent  au  moins  cent  trente  ans.  Comme  les  cétacés  ont  les  os 
pluscartilagineux  et  plus  spongieuxque  ceux  desquadrupèdes, 
comme  leur  chair  est  plus  molle,  plus  extensible,  leurs  or- 
ganes deviennent  moins  promptement  rigides  et  inactifs  ,  et 
peuvent  conserver  plus  long-temps  leuxB  propriétés  xitalo. 

La  plupart  des  oélacés,  les  grandes  espèces  sur  -  tout,  pa-* 
roîflsent  préférer  les  mera  polaires  du  Nord  et  du  Sud,  aux 
tner»  des  Tropiques,  où  la  chaleur  fondant  leur  graisse  hui- 
leuse pourroit  leur  causer  des  congestions  et  des  maladies  fu- 
nestes. LjBs  animaux  gras  recherchent  communément  lespaja 
ftxuds  ;  toutefois  les  petites  espèces  de  cétacés  se  trouvent  dans 
toutes  les  mors.  Ces  animaux  sont  ^n  général  aasex  abondans. 
On  prétend  que  les  seuls  Hollandais  ont  péché  ,  depuis  1669 
jusqu'en  1780,  plus  de  cinquante-cinq  mJiUe  baleines  aur  les 
côtes  de  Spits^berg  et  c^e  Groenland ,  et  il  en  faut  peut-être 
compter  encore  deux  fois  autant  pour  cdles  que  les  autres  na- 
tions européennes  ont  harponnées  et  détruites. 

JL'bonune  n'est  pas  le  seul  ennemi  des  cétacés  ,  qvwûqu'il 
joit  le  plus  redoutable  et  l'un  des  plus  petits.  Les  requins»  ks 
poitsona-scie ,  l'espadon ,  l'ours  blanc ,  les  phoques,  cx>mbat- 
lent  coAtr'eux  avec  fureur.  Flusienrs  espèces  de  cétacés  m 
battent  encore  entr'elles  :  ainsi  le  narwhal  perce  de  sa  longue 
dent  la  baleine  franche.  De^  poissons ,  tel  que  l'épée  de  mer  » 
les  blessent  profondément  ;  le  poisson-scie  déchure  les  nord- 
caper ,  &c.  Les  céUtcés  portent  à  leur  tour  le  ravage  «"t  la 
guerre  dans  les  bancs  de  harengs,  de  morues,  qu'ils  englou- 
tissent par  milliers  ;  les  cachalots  attaquent  les  phoques ,  les 
dauphins  font  leur  proie  de  saumons  marins.et  même  de  re- 
quins. Le  dauphin  épaulard  est  sur-tout  très-vorace  et  très- 
courageux  ;  il  n'épargne  pas  les  poissons  et  combat  hardiment 
les  plus  fières  baleines. 

La  taille  des  cétacés  varie  extrêmement ,  car  il  y  a  des  eipècea 
de  dauphinsqui  n'ont  guère  que  sept  à  huit  pieds  de  longueur;» 
tandis  que  les  baleines  ont  quelquefois  cent  pieds  et  plus  ;  mais 
celles-ci  sont  duveuues  |rès-rares,  parce  qu  on  en  a  oètruil  un 


CET     ^  66i 

trè»*grand  nombre  depuis  quelques  scîècles  ;  peut>è(re  même 
on  doulera  un  jour  qu'il  en  ail  existé  de  cette  taille  y  et  nous 
msseroiis  pour  des  exagérateurs.  Les  anciens  paroissent  avoir 
beaucoup  exagéré  cependant  la  taille  des  baleines^  car  Plino 
assure  que  quelques-unes  ont  neuf  cents  pieds  et  plus^  ce  qUi 
eat  contre  toute  vraisemblance. 

Les  cétacés  voyagent  quelquefois  de  parages  en  parages*  Oa 
trouve  souvent  de  l'ambre  gris  dans  Festômac  dea cachalots, 
et  on  prétend  même  qu^y  est  formé.  (F'oyez  l'article  A  mbrs- 
GRIS.)  Le  blanc  de  baleine  est  fluide  dans  la  tête  de  Tanimaji 
dont  on  le  retire  ;  mais  il  se  concrète  à  Tair  par  l'action  de 
Toxigène  qui  lui  enlève-  une  narlie  de  son  hydrogène  et  qui 
s'unit  à  son  carbone.  L'huile  de  baleine  peut  déposer  aussi  du 
blanc  dé  baleine ,  en  l'exposant  à  l'air.  Nous  traiterons  dans 
les  articles  baleine  »  Qaçhaht,  &c,  de  la  pêche  de  ces  animaux 
et  de  leurs  habitudes  particulières.  La  chair  des  cétacés  est 
désagréable  au  goàt ,  et  on  n'en  peut  manger  qu'avec  répu- 
gnance y  excepté  celle  des  jeunes,  ou  de  quelques  parties  du 
corps  privées  de  graiase  rance  et  iétide.  Les  fanons  de  baleine 
s'emploient  daxis  les  arts;  c'est  ce  qu'on  nomme  de  la  ba^ 
ieine»  Les  huilea.de  baleines  servent  dans  une  foule  d'qsagea 
de  la  vie  humaine ,  sur  -  tout  pour  brûler.  Le  hknc  de  ba- 
leine est  usité  en  médecine,  qws  on  en  fait  plus  commu- 
nément de  la  belle  bougie.  Qui  peaseroii  que  ces  monstres 
épouvantables  deviendroieftt  la.  proie  de  l'homme ,  et  que  de 
foibles  enfans  se  joueixûeni»  ^vec  la  matière  des  £inons  qui 
garnit  la  gueule  énorme  d'un  céiacè?  La  force  est  donc  infé- 
rieure à  rinteiligence  et  à  l'adresse  ?  La  main  de  l'homme  est 
donc  un  instrument  plus  terrible  que  cette  puissance  dérne- 
•urée  des  monstres  de  l'Océan?  Dix  doigts  et  un  cerveau,  voila 
ce  qui  tient  et  maitnse  la  tem,  l'air  et  les  mers,  voilà  ce  qui 
a  conquis  a  l'hcmune  le  sceptre  du  monde.  CansuUê*  notre 
article  JSuuubjnh.  (V.) 

Des  Bakmiiea  des  Cétacés. 

On  trouve  toujours  dans  l'intérieur  de  la  bouche  et  dans 
les  intestins  des  cétacés,  une  grande  quantité  de  vers  intesti- 
naux ,  et  sur  leur  peau  ou  dans  la  substance  même  de  leur 
lard,  plusieurs  autres  espèces  de  vers  ou  de  mollusques,  tous 
plu^  remarquables  les  uns  que  les  autres.  La  plupart  ont  été 
mentionnés  à  leur  genre;  mais  il  faut  noter  ici  le  Bai^anits 
x>xaiTiLL,  ainsi  ^ommé  de  «a  forme,  approchant  d'un  dé  à 
coudre»  qui  ne  se  trouve  dans  le  dernier  cas  >^ue  parce  que 
«on  artiçj!»  étoit  ifnpçimé  lorsqu'on  en  a  eu  connaissance. 

IT.  Nn 


66îi  C  E  T  ^ 

On  peat  voir  au  mot  Bai^akite  la  amgniiere  oon  formation 
de  ces  coquillages  et  le  mode  de  son  accroisKment,  d'après 
la  théorie  de  Braguière  y  théorie  appuyée  par  la  découverte 
que  j'ai  faite  du  Bai<anit£  des  mabrépores  ;  ici  celte  théorie 
est  encore  confirmée ,  mais  d'une  manière  négatÎFe. 

£n  effet,  les  balaniie*  qui  vivent  sur  les  corps  solides ,  ont 
des  coquilles  de  trois  ou  six  valves  articulées»  sans  compter 
celles  de  l'opercule  ;  ceux  qui  vivent  dans  les  corps  durs,  leU 
que  le  balanite  des  madrépores ,  les  ont  de  deux  valves ,  dont 
une  est  conique ,  et  l'autre  presque  plate  ;  dans  le  balanite  di^ 
gital,e\\e  n'est  composée  que  d'une  pièce ,  et  n  a  pas  besoin 
d'en  avoir  davantage,  puisque  l'animal  qui  la  forme  est  des* 
tiné  à  vivre  dans  un  corps  mou. 

Voici  ce  que  j'ai  remarqué  sur  plusieurs  exemplaires,  prit 
dans  le  lard  d'un  marsouin ,  et  rapportés  d'Angleterre  par 
Dnfresne. 

La  coquille  est  un  cône  tronqué  de  trois  on  quatre  lignes 
de  diamètre,  sur  lequel  on  remarque,  extérieurement,  dea 
boiu*reletB  circulaires  qui  indiquent  les  accroissemens  annuels , 
faits'probablement  sous  la  peau  dn  eétacé  ;  celle  peau  reconrrv 
sans  donte ,  en  partie,  les  quatre  valves  de  Tcqiercule  ,ou  mwax 
dans  laquelle  1  animal  conserve  un  trou  proportionné  k  la 
grosseur  de  ses  letitaciiles ,  pour  pouvoir  communiquer  avec 
l'eau ,  et  absorber  les  animalcules  marins  nécessaires  a  sa 
nourriture  :  ainsi  cette  peau  fiiit  l'office  4®  1*  seconde  valre 
observée  dans  le  balanite  des  madrépareM, 

Il  est  probable  que  ce  balanite  a  une  seule  valve,a  commencé 
par  un  point  ;  mais  à  mesure  qu'il  grandit ,  les  parties  infe* 
rieures  de  sa  coquille  sont  brisées  par  Teflet  de  l'accroîasement 
du  eétacé  y  aussi  les  exemplaires  que  j'ai  vus  étoient«»ils  ton» 
tronqués,  comme  je  l'ai  déjà  observé,  et  la  Ironcatuie  éloil- 
elle  Arrmée  par  une  simple  membrane.  I«eur  longueur  iw 
surpassoit  pas  sept  à  huit  lignes,  épaisseur  ordinaire  du  lard 
des  marsouins  siu*  lesquels  ils  avoient  été  trouvés. 

Il  eût  sans  donte  été  k  désirer  que  j'eusse  des  observations 
j)1us  précises  sur  cet  intéressant  coquiUagie  ;  mais  ce  qu'on 
vient  de  lire  mettra  suffisamment  sur  la  voie  ceux  qui  senmt 
k  portée  de  le  voir  vivant.  (  B.) 

CETÉRACH,  espèce  dfs  fougère  du  genre  Dorauii^ijs  , 
Asplenium  ceterach  Lânn.  royet  au  mot  DoRAnii.i.s.  (B.) 

CÉTOINE ,  genre  d'insectes  de  la  première  section  ide 
Tordre  des  Coi^ÉopTàREs. 

Les  cétoines  ont  le  corps  un  peu  déprimé;  deux  «ilea 
membraneuses ,  cachées  sous  des  él3rtres  de  ibrrae  preaque 
«arrée;  lea  antennes  courtes^  en  masse  tripbjUe,  c< 


CET  665 

it  dix  arliclea;  la  tête  inclinée,  étroite^  reboi'dée;  les  man- 
dibules membraneuses ,  à  peine  apparentes,  sans  lèvre  supé« 
rieure  ;  quatre  anlennules  inégales,  presque  filiformes  ;  les 
jambes  dentées,  et  cinq  articles  aux  tarses  de  toutes  les 
paltes. 

Le  pnncipal  caractère  qui  distingue  les  cétoines  des  scara* 
bées,  avec  lesquels  elles  ont  été  confondues,  consiste  dans  la 
forme  du  chaperon  et  dans  l'absence  à? peu-près  des  mandi- 
bules ;  les  mandibules  très<-peu  apparentes  et  Tabseace  de 
la  lèvre  supérieure ,  suflSsent  aussi  pour  les  distinguer  des 
hannetons* 

Ce  genre  néanmoins  ayant  présenté  des  variétés  assez  sen- 
sibles ,  a  donné  lieu  à  trois  divisions  ;  la  première  comprend 
les  cétoines  à  mandibules  membraneuses,  avec  une  pièce 
triangulaire  à  la  base  des  élytres  ;  la  seconde ,  celles  à  mandi- 
bules membraneuses  sans  pièce  tiôangulaire  ;  la  troisième, 
celles  à  mandibules  cornées  sans  pièce  triangulaire. 

un  trouve  lescétoines ,  pendant  l'été ,  sur  les  fleurs  en  om- 
belle, sur  les  fienn  composées,  sur  les  saules,  les  peupliers, 
les  buissons  fleuris,  les  naies,  &c.  On  ne  doit  pas  les  con- 
fondre avec  les  hannetons,  les  plus  malfaiaans  de  tous  les 
insectes ,  destructettrs  des  racines  de  tous  les  végétaux ,  et  des 
feuiUes  de  tous  les  arbres.  Les  cétoines  ne  font  pt^squ'aucun 
tort  aux  plantes  dans  leur  état  de  larve,  et  elles  fréquentent;.' 
les  fleurs,  sous  leur  dernière  forme,  sans  leur  nuire;  elles 
se  contentent  uniquement  de  la  liqueur  miellée  répandue 
au  fond  de  la  corolle,  et  n'attaquent  jamais  ni. les  fleurs  ni 
les  feuilles. 

Les  larves  des  cétoines  vivent  dans  la  terre  grasse  et  hu- 
mide ,  dans  le  terreau ,  dans  les  terres  argileuses ,  dans  ceUes 
qui  se  trouvent  au  voisinage  d'une  rivière ,  d'un  lac  ^  d'un 
étang  ;  elles  se  nourrissent  de  terre  grasse ,  d'argile ,  de  débris 
des  végétaux ,  et  quelquefois  aussi  de  racines.  Elles  restent 
ordinairement  trois  ou  quatre  années  dans  cet  état  de  larve  ; 
semblables  à  celles  des  hannetons ,  elles  s'enfoncent,  à  ta  fin 
de  l'automne ,  à  la  profondeur  de  deux  ou  trois  pieds ,  pour 
se  mettre  à  l'abri  du  firoid',  sepratiquent  une  loge  dans  laquelle 
elles  passent  l'hiver,  sans  prendre  aucune  nourriture ,  et  efles 
n'en  sortent  qu'au  retour  de  la  belle  saison.  Elk^s  ont  le  corps 
mou ,  asses  gros,  un  peu  renflé ,  composé  de  douze  anneaux 
peu  distincts ,  avec  neuf  stigmates  oe  chaque  côté ,  et  au- 
dessous  des  stigmates ,  un  rebord  ou  espèce  de  bourrelet  un 
|)eu  ridé  ;  la  tête  petite ,  plus  large  que  longue  ,>  assez.i[ure  , 
munie  de  deux  antennes  courtes,  filiformes,  articulées,  com-» 
posées  de  cinq  articles  aases  diitiacts  ;  la  bouche  pourvue  de 

2 


564  C  E  T    .  ^ 

deux  mandibules  cornées^  dures ,  arquées ,  mullidentéei  y  de 
deux  mâchoilres  membraneuses^  de  deux  lèvres  et  de  quatre 
barbillons  articulés  \  fax  pattes  assee  courtes,  écailkuses.  £iles 
juuent  ou  cliangeni  de  peau  une  fois  chaque  année. 

On  peut  facilement  élever  ces  larves  dans  une  terre  grasie  » 
un  peu  humide^  sans  leur  donner  même  aucune  sorte  de 
nourriture  ,  pourvu  toutefois  qu'on  entretienne  avec  soin 
l'humidité  de  la  terre  ;  elles  se  plaisent  davantage  dans  le  ter* 
reau ,  dans  une  terre  cbargée  de  débris  de  végétaux.  Lors- 
qu'elles ont  pris  tout  lem^  acca-oissement ,  à  la  fin  de  la  troistème 
ou  quatrième  année,  elles  construisent  une  coNque  ovale  avec 
des  grains  de  sable ,  de  terre  délayée,  de  débris  de  végétaux , 
et  quelquefois  aussi  avec  leurs  excrémens  :  cette  coque  est  trè»- 
aolide ,  quoiqu'asses  mince  ;  l'extérieiur  est  in^al  et  raboteux , 
mais  les  parois  internes  sont  lisses  et  très-unies.  Dès  que 
la  coque  est  construite ,  la  krve  se  raccourcit  peu  à  peu  j  son 
corps  se  gonfle ,  et  elle  quitte  sa  peau  de  larve  pour  se  changer 
en  nymphe.  Le  temps  de  la  dernière  métamorphoae  étant 
venu ,  l'insecte  quitte  sa  peau  de  n3rmphe,'perce  la  coque, 
sort  peu  à  peu  de  terre,  et  prend  son  essor  sur  les  fleurs. 

Les  larves  des  espèces  placées  dans  la«econde  divison ,  no 
différent  des  premières  que  par  leur  mamère  de  vivre.  On  les 
trouve  dans  le  bois  mort ,  d[ans  la  racine  des  arbres^  qu'dles 
percent  et  rongent.  Leurs  mandibules  seulement  sont  pfais 
fortes  et  plus  tranchantes  que  celles  des  autres  eéioines. 

Nous  ne  oonnoissons  pas  la  larve  des  espèces  de  la  troisième 
division  ;  mais  nous  ne  doutons  pas  qu'elles  ne  vivent  dans  la 
terre ,  et  qu'eUes  ne  ressemblent  à  celle  des  hannetons^ 

Parmi  plus  de  cent  vingt  espèces  de  céioine$y  les  plus  re- 
marquables et  les  plus  connues  sont  : 

La  Goliath  ;  sa  iéte  est  armée  k  sa  partie  antérieure  de 
deux  cornes  divergentes,  un  peu  recourbées ,  réunies  à  leur 
base  \  de  chaque  côté  de  la  tète ,  au-dessus  de  l'insertion  des 
antennes,  s'élève  une  autre  corne,  lar^e,  courte,  en  forme 
d'oreille  \  le  corcelet  est  d'un  brun  noirâtre,  avec  les  bords 
latéraux ,  et  cinq  raies  longitudinales  d'un  blanc  sale  ;  les 
ély très  sont  brunes  avec  un  peu  de  Uaao  à  leur  base.  Elle  se 
trouve  k  Sierra-Léon* 

La  PoLYPHÈME  a  ses  âytres  vertes ,  tachées  de  jaune  ;  aa 
tête  est  armée  de  trois  cornes,  dont  une  antérieiu^,  lon^pie, 
recourbée,  noire  et  bifide  à  l'extrémité,  avec  les  diviuonB 
arq^uées  ;  les  deux  cornes  latérales  sont  plus  courtes ,  simples , 
noures ,  presque  droites,  et  terminées  en  pointe.  Elle  se  trouve 
dans  l'Afrique  éauinoxiale. 

La  DoBis  est  a'un  vert  doré  en  deisus ,  d'un  vert  cuivreiuK 


C  E  Y  665 

en  dessous;  les  élytres  ont  des  limes  courtes^  traiitfrerses» 
ondées.  Elle  se  trouve  dans  tonte  1  Europe. 

La  MoRio  est  d'un  noir  mat  en  dessus  >  d'un  noir  luisant 
en  dessous.  Elle  se  trouve  au  midi  de  la  France,  en  Italie^  suri 
les  fleurs  ^  et  plus  particnliàrement  sur  le  tronc  des  saules.  (Oc) 

CËVADILLE,  graine  qu'on  emploie  pour  faire  motuîr 
les  Poux  (  Voyê%  ce  mot.  )^  et  quelquefois  qu'on  applique  sur 
les  parties  attaquées  de  gangrené.  On  croit  que  cette  graine 
n'est  autre  que  celle  de  la  Daufminelle  staphisaiore  , 
Delphinium  ataphUagria  linn.  ;  mais  comme  il  en  vient  du 
Sénégal  et  du  Mexique  «  il  y  a  lied  de  croire  que  plusieura 
graines  qui  ont  les  mêmes  propriétés,  ont  été  confondues  soua 
le  même  nom.  (B.) 

CEUILLER.  Voye%  Savacou.  Belon  a  donné  la  mémo 
dénomination  à  la  spatule,  mais  improprement,  puisque  les 
deux  pièces  du  bec  de  cet  oiseau  sont  de  larges  palettes,  et 
ne  ressemblent  en  rien  à  une  cuiller,  Voyez  Spatule.  (  S.) 

CEYLANITE  (  Lametherie.  )  —  PjLÉONAftTX  (  Haiiy  ), 

SCHORL  KOIR  OCTAEDRE  (  de  Bom  ). 

Lametherie  a  donné  le  nom  de  cevlanUe  à  cette  substance, 
parce  qu'elle  paroît  avoir  été  observa ,  pour  la  première  fois  , 
par  Rome  Delisle,  parmi  des  tourmalines  de  Geylan  :  il  la 
regardoit  comme  une  espèce  de  schoii  ou  de  grenat. 

Sa  couleur  est  d'un  brun  noirâtre  ^  et  sa  forme  la  plua 
simple,  un  octaèdre  régulier;  maia  ses  troncatures  se  multi- 
plient quelquefois  à  un  tel  point,  qu'elle  a  jusqu'à  quarante- 
quatre  facettes. 

Elle  est  plus  dure  que  la  tourmaline,  et  ne  s'électrise  point 
par  la  chaleur.  \ 

Sa  pesanteur  spécifique  est  de  5,766. 

Elle  est  infusible  au  chalumeau.  Suivant  l'analyse  faite  par 
Descotils,  elle  contient: 

Silice a 

Alumine 68 

Magnésie i  a 

Oxide  de  fer 16 

Perte.  ^. a 

lOO 

n  paroît  certain  que  la  ûeylanite  est  un  produit  volcanique 
qui  vient  du  Pic-d' Adam ,  ancien  volcan  situé  vers  le  centre 
de  File  lie  Ceylan ,  puisque  la  même  substance  se  trouve 
parmi  les  éjoctioiis  de  différent  volcans  d'Europe.  Plusieurs 
naturalistes  en  ont  observé  dans  les  produits  du  Vésuve. 
(  Ureialak,  t.  1 ,  p.  i65.  ) 


566  ^  C  H  A 

Nos  anciens  volcans  d'Auvergne  en  contiehnent  égale* 
ment.  Le  naturaliste  Launoy  en  a  rapporté  d'Auvergne  de» 
échantillons^  dont  quelques-uns  avoient  passé  dans  le  cabinet 
de  mademoittelle  de  Raab.  De  Bom  les  décrit  ainsi  :  a  Schorf 
3>  cristallisé  ^  opaque ,  octaèdre  ^  noir ^  à  deux  pyramides  tétrae- 
-»  dres  jointes  base  à  base ,  de  l'Auvergne  ,  en  France. 

»  Ce  sont  de  très-petits  schorls  dont  la  cristallisation  est 
x>  parfaite ,  semés  sur  le  quartz  gras  transparent  d.  (  CataL  , 
tome  1 9  page  16 1.) 

Xie  même  auteur  en  cite  d'autres  qui  viennent  des  mon- 
tagnes voisines  de  Pucbau  en  Bohême  (  contrée  qui  présente 
de  toutes  parts  des  traces  indubitables  d'anciens  volcans).  II 
les  décrit  en  ces  termes  : 

ce  Schorl  cristallisé  ,  noir,  opaque,  solitaire ,  octaèdre ^  k 
j>  deux  pyramides  tétraèdes  jointes  base  k  base. 

y)  Le  bord  d'un  des  angles  opposés  dans  chaque  pyramide 
»  est  tronqué ,  de  même  que  deux  angles  solides  opposés  ;  ce  qui 
30  fait  de  ce  cristal  un  polyèdre  de  douze  plans  )>.  (ibicL) (Pxt,) 

C£  YX  ,  Ceyx  ,  ce  nom  a  été  donne  génériqnement  par 
le  professeur  Duméril  à  des  insectes  rangés  jusqu'ici  avec  les 
mouches  proprement  diies^muscapetronella,  com&îmUa LÀnn .  ; 
nous  laissons  encore  ces  insectes  dans  le  même  genre  musca , 
et  nous  en  formons ,  ainsi  que  de  quelques  autres ,  noire  di- 
vision des  mouches  iongipèdes. 

Ces  diptères  ont  leurs  balanciers  découverts,  la  tête  tout-à- 
fait  ronde ,  séparée  du  corcelet  par  un  cou  ;  le  corps  fort 
alongé  ;  l'abdomen  long ,  souvent  presque  cylindrique  ,  avec 
les  pattes  souvent  fort  longues. 

Je  partage  cette  famille  des  mouches  longipèdeM  en  deux  ; 
les  unes  ont  leurs  pattes  postérieures  de  la  longueur  du  corps 
au  plus,  et  les  autres  les  ont  plus  longues  ;  les  ceyx  de  Dumé- 
ril appartiennent  k  cette  première  subdivision  ;  j'y  mets  le 
mulion  ichneumonifonne  de  M.  Fabricius  ;  mais  celui-ci  est 
aisé  à  distinguer  des  ceyx  par  la  longueur  de  ses  antennes.  (L.) 

CHAA  ou  TCHA  ,  thé  du  Japon ,  à  feuiDes  trce-petites, 
et  que  ,  dans  le  commerce,  on  appelle  fleur  de  ihé.  Voyes 
THi;.(S.) 

CH  ABIN ,  l'on  appelle  ainsi ,  dans  quelques-unes  de  nos 
iles  de  l'Amérique ,  l'animal  produit  par  l'accouplement  dn 
bouc  avec  la  brebis  ;  ce  mulet  a  les  formes  de  la  mère  et  le 
poil  du  père.  On  le  dit  fécond  ;  cependant  l'on  ne  connoh 

Ïoint  encore  de  race  intermédiaire  entre  la  chèvre  et  la  bre- 
is,  ce  qui  ne  manqueroitpas  d'arriver  si ,  comme  on  le  pré- 
tend ,  le  chabin  avoit  la  puissance  d'engendrer  et  de  se  mul- 
tiplier. (S.) 


I 
I 


C  H  A  5C7 

CIIABQT  ^  nom  vulgaire  d'un  poisson  du  ^enre  Cotte  , 
CoituM  gobio  y  qu'on  U'ouve  dans  toutea  les  ririères ,  et  dans 
la  plupart  des  ruisseaux  de  TËurope  et  de  l'Asie  septen- 
^ouale ,  et  qui  est  très  -  remarquable  par  la  grosseur  de  sa 
tête.  Ou  le  connoit  aussi  sous  le  nom  de  meunier  y  d'âne  ou 
de  téld  cTâne*  Voyez  au  mot  Cotte.  (B.) 

CHABUISSëAU.  Les  pécheurs  de  la  Rochelle  donnent 
ce  nom  à  un  petit  poisson  qui  a  une  ligne  bleue  assez  large 
de  chaque  côte  du  corps.  On  ignore  à  quel  genre  il  appar^ 
tient.  On  donne  aussi  ce  nom  à  une  espèce  de  cyprin ,  le 
Çyprinua  jeaea  linn.  Voyez  au  mot  Cyfain.  (B.) 

CHACAL  (  Cania  mesomelaa  Linn.  Voyez  tome  33  , 
page  167  y  pi.  1 7,  de  V Histoire  naturelle  des  quadrupèdes  de 
Bufbn  y  édition  de  SonninL  )  ,  quadrupède  du  genre  et  de 
la  famille  des  Chiens  ,  et  de  Tordre  des  Carnassiers  ,  sous- 
ordre  des  Carnivores.  C'est  une  espèce  très -voisine  de 
TAdive  (  Voyez  ce  mot.  )  i  mais  qui  cependant  doit  en  être 
distinguée. 

Le  chacal,  qui  semble  tenir  le  milieu  entre  l'espèce  du  loup 
et  celle  du  chien ,  et  qui  ordinairement  est  d'une  plus  haute 
taille  que  Vadive  ,  })aroit  varier  de  grandeur  et  de  couleur  , 
selon  la  dilléi*ence  des  climats  qu'il  habite.  Les  écrits  dea 
voyageurs  nouÀ  apprennent  qu'il  y  en  a  par-tout  de  grands 
et  de  petits  \  qu'en  Arménie  ,  en  Cilicie ,  en  Perse  et  dans 
tout  le  Levant ,  où  cette  eapèce  est  très  -  nombreuse ,  très-in- 
commode et  très  -  nuisible ,  ils  sont  communément  grands 
comme  nos  renards  ;  qu'ils  ont  seulement  les  jambes  plus 
courtes  ,  et  qu'ils  sont  rei^arquables  par  la  couleur  de  leur 
poil ,  qui  est  d'un  jaune  vif  et  brillant  ;  c'est  pour  cela  que 
plusieurs  auteurs  ont  appelé  le  chacal  loup  doré,  £n  Barbarie, 
aux  Indes  orientales»  au  Cap  de  Bonne-Espérance,  et  dans  les 
autres  pi*ovinces  de  l'Afrique  et  de  l'Asie ,  cette  espèce  pa- 
roit  avoir  subi  plusieurs  variétés  ;  ils  sont  plus  grands  oans 
ces  pays  plus  chauds ,  et  leur  poil  est  plutôt  d'un  brun  roux 
que  d'un  beau  jaune  »  et  il  y  en  a  de  différentes  couleurs.  Celui 
que  les  colons  du  Cap  nomment  chacal  gris  est  haut  de  dix- 
nuit  pouces  ;  les  poils  dont  il  est  couvert  sont  mélangés  de 
gris  clair  et  de  noir;  le  bout  de  la  queue  est  tout-à-fait  noir. 

Le  cltacal,  avec  la  férocité  du  loup  ,  a  un  peu  de  la  fa- 
miliarité du  chien  ;  sa  voix  est  un  hurlement  mêlé  d'aboie- 
mens  et  de  géinissemens  ;  il  est  plus  criard  que  le  chien ,  plus 
vorace  que  le  loup  ;  il  ne  va  jamais  seul ,  mais  toujours  par 
.troupe  oe  vingt,  trente  ou  quarante  ;  ils  se  rassemblent  chaque 
loir  pour  faire  la  guen*e  et  la  cliasso;  ils  vivent  de  petits  ani- 


us  C  H  A 

maux  9  et  se  font  redouter  des  plus  puîsaans  par  le  nombre  ; 
ils  attaaueiit  tonte  espèce  de  bétail  ou  de  volaîUes  presqo'a 
la  vue  des  hommes;  ils  entrent  insolemment  et  sans  marquer 
de  craintes  dans  les  bergeries,  les  étables,  les  écuries  ;  et  Ion- 

Ïa'ils  n  y  trouvent  pas  autre  chose ,  ils  dévorent  le  cuir  de» 
amois ,  des  bottes ,  des  souliers  ,  H  emportent  les  lanièrei 
qu'ils  n't>nt  pas  le  temps  d'avaler  ;  faute  de  pnûe vivante,  ib 
déterrent  les  cadavres  des  animaux  et  des  nommes.;  on  est 
obligé  de  battre  k  terre  snr  les  sépultures ,  et  d'j  mêler  de 
grosses  épines ,  pour  les  empêcher  de  la  ^«tler  et  fouir  ,  car 
une  épaisseur  de  que^ues  pieds  de  terre  ne  suffit  pas  pour 
les  rebuter  ,  ils  travaillent  plusieurs  ensemble  ;  ils  accom- 
pagnent de  cris  lugubres  cette  exhumation  ,  et  lorsqu'ils  sont 
ime fois  accoutumés  aux  cadfivres  humains,  ils  ne  cessent  de 
•courir  les  cimetières ,  de  suivre  les  armées ,  de  s'attacher  aux 
caravanes.  Tous  les  voyageurs  se  plaignent  des  cris  ,  des  vols 
et  des  excès  du  chacal,  ^ui  réumt  Timpudence  du  chien  à 
la  bassesse  du  loup ,  et  qui , participant  de  la  nature  des  deux, 
;iemble  n'être  au'un  ocfieux  composé  de  l'un  et  de  7  aolre. 

Le  chacal,  d'après  les  savantes  recherches  deBulïbn  ,  pa- 
x^ojt  être  le  même  animal  que  le  thos  d'Arislolè.  Ce  quadxu^ 
pède  porte  dans  le  Levant  le  nom  de  jackal ,  en  Perse  celui 
de  jacard ,  en  Barbarie  celui  de  dèeb  ,  au  Bengale  celui  de 
/aqus  parel ,  &c«  (Desm.) 

t^HACAL  GRIS.  C'est  le  nom  donné  à  une  variété  de 
ji'espèce  du  cJiacal ,  qui  habite  leji  environs  du  Cap  de  Bonne-    < 
Espérance.  Voyez  Chacal.  (Dssm.) 

CHACAMEL.  Foyez  Rancanca.  (S.) 

CHA  -  CH A.  C'est  un  des  noms  vulgaires  de  la  Utarm 
dans  quelques  parties  de  la  France.  Voyez  Litouke.  (S.) 

CHACHALACAMELT.  Voyez  Chacamei..  (S.) 

CHACHA  VOTOTOLT  ,  oiseau  du  Mexique ,  d'une 
taille  un  peu  au-dessus  de  celle  du  chardonneret  ;  il  a  vu 
petit  bec  noir  ;  le  dos  varié  de  bleu  ,  de  noir  ,  de  cendré  \  le 
ventre  jaune  ;  les  pieds  bruns.  (Vieili<.) 

CHACRELLE.  C'est  la  même  chose  que  la  Cascabiujs  , 
c'est  *  à  -  dire  le  croton  cascatiUa  de  Linn.  Voye%  an  mot 
CaoTON.  (B.) 

CHAD  ARE ,  Chadara ,  geni*e  de  plantes  établi  par  Forskal; 
mais  qui  ne  paroît  pas  suffisamment  distingué  des  Orkv- 

VIBRS.  C'est  le  GrEUVIER  a  FEtnCLES  DE  BEUFJLIEB.  VoyCS 

ce  mot  (BJ 

CHADASCH.  C'est  le  notn  arabe  de  l'arbre  qui  porte  k 
myrrhe.  Voyez  au  mol  Balsamier.  (B.) 


C  H  A  569 

*   CHADDtBIR  (  Merops  œgypHuê  vat.  Latb. ,  ordre  Pies  , 
^erire  du  Guêpier.  Voyez  ces  deux  mots.  )  ;  lel  est  le  nom 

Sue  les  Egyptiens  donnent  à  ce  guêpier ,  qui  a  le  bec  presque 
roit  et  noir  ;  la  langue  échancrée  de  chaque  côté  vers  sa 
pointe  qui  n'est  point  divisée  ;  un  Irait  noir  sur  les  côtés  dé  , 
la  télé  ;  la  gorge  jaune  ;  le  reste  du  plumage  vert  ;  la  queue 
égale  à  son  extrémité  ;  les  pieds  couleur  de  chair.  Cet  oiseau 
paroit  sédentaire  en  Egypte;  il  y  fait  sa  ponte.  (ViisiiiL.) 

CHADEC^  nom  qu'on  donne  y  à  Saint-Domingue,  au  eî* 
fronier  de  la  Barbade,  Voyez  an  mot  CrntONmi.  ÇB.) 

CHAETANTHÈRE ,  Chaetanthera ,  plantes  herbacées 
du  Pérou ,  qui  forment  un  genre  dans  la  syngénésîe  polyga» 
mie  superflue. 

Le  caractère  de  ce  genre  consiste  en  un  calice  commun 
polyphylle^  à  folioles  extérieures ,  lancéolées,  ciliées  ;  inter- 
médiak^s  linéaires  et  ciliées  au  sommet;  intérieures  li-  . 
néaires^  scarieuses  >  sphacellées  et  terminées  par  une  soie;  un 
réceptacle  nu  y  portant  dans  son  disque  des  fleurons  herma- 
phrodites ,  et  à  sa  circonférence  des  demi-fleurons  femelles 
fertiles  ;  des  semences  ovales  surmontées  d'une  aigrette  velue. 

Ce  genre ,  dont  les  caractères  sont  figurés  pi.  5i3  du  Gênera 
de  la  Flore  du  Pérou ,  contient  deux  espèces.  (B.) 

CHAETOCRATER,  Chastocrater ,  arbre  du  Pérou ,  qui 
forme  un  genre  dans  la  décandrie  monogynie.  Il  offre  pour 
caractère  un  calice  campanule,  divisé  en  cinq  parties  ovales; 
point  de  corolle  ;  un  tune  évasé  entourant  le  germe  et  cou- 
ronné par  dix  soies  ;  dix  étamines  alternativement  grandes 
et  petites ,  insérées  sur  le  bord  du  tube  ;  un  ovaire  supérieur, 
trigone  f  à  style  court  et  à  trois  stigmates  capités  ;  une  capsule 
unilocidaire. 

Cet  arbre  croit  au  Pérou  ,  et  les  parties  de  sa  fructification 
lont  figurées  pi.  55  du  Gênera  de  ta  Flore  de  ce  pap.  (B.) 

CHAFOUIN.  JJ Histoire  générale  dee  Voyagee  fait  men- 
tion ,  sous  le  nom  de  chafouin ,  d'un  quadrupède  d'Amérique ,, 
qui  paroît  être  le  Conepate.  Fbyez  ce  mot.  (S.) 

CHAGRIN  ,  préparation  de  la  peau  du  chepal ,  de  YAne 
ou  du  mulet ,  qui  se  fait  en  Turquie  et  en  Perse.  On  ne  se 
sert  pour  le  chagrin  que  de  la  peau  du  derrière  de  l'animal; 
après  qu'eUe  est  tannée  et  devenue  souple  et  maniable ,  on 
l'étend  sur  un  châssis  au  soleil  ;  on  en  contre  le  côté  du  poil 
avec  la  graine  noire  d'une  espèce  d'arroche ,  et  non  pas  avec 
la  graine  de  moutarde  ,  comme  on  le  pense  assez  générale- 
ment ;  cette  graine,  pressée  par  les  pieds  des  otrvriers,  se  fixé 
dans  le  cuir,  et  ne  s'en  détache  plus  lorsqu'il  est  sec.  Le  cha-» 
grin  est  le  sagri  des  Turcs.  (S.) 


i^ù  c  H  A 

CHAHA ,  nom  que  porte  aux  Indes  une  Tariété  du  tikiù^ 
ou  râle  ies  Philippines.  M.  Latham  a  décrit  cet  oiseau  d  aprè» 
une  figure  peinte  dans  Tlnde  ,  et  Ton  sait  que  l'exactitude 
nécessaire  au  naturaliste  n'est  pas  une  qualité  des  peinttires 
indiennes.  Le  chaha  ctoit  représenté  avec  du  brun  sur  le 
corps ,  du  cendré  pâle  en  dessous ,  des  lignes  blaiïches  sur 
le  dos  et  les  ailes  ,  d'autres  noirâtres  sur  le  fond  blanc  du 
ventre ,  du  rouge  au  bec  et  du  verdàtre  aux  pieds.  Ces  cou* 
leurs  différent  trop  peu  de  celles  du  titlin  pour  ne  pas  le  re- 

Sarder  comme  étant  de  la  même  espèce  que  le  c^Aa.  11  y  « 
es  individus  qui  n'ont  ni  raies  m  taches  au  ventre.  Foyem 
TixiiiN.  (S.) 

CHA-HUANT.  Foyez  Chat-huant.  (S.) 

CHAINUK ,  nom  tarfare  -  calmouk  de  la  vache  de  Tar^ 
tarie.  Voyez  à  l'article  Taureau.  (S.) 

CHAIR  ;  éù'e  bien  à  la  chair  ;  expression  usitée  en  faucon- 
nerie ,  pour  signifier  qu'un  oiseau  de  vol  chasse  avec  ar* 
deur.  (S.) 

CHAIR  FOSSILE.  Foyez  Asbeste.  (Pat.) 

CHAIX7AS ,  Chalcaa ,  genre  de  plantes  établi  par  Linn. , 
et  qu'on  a  reconnu  être  le  même  que  le  Muerai,  autre  genro 
établi  parle  même  naturaliste.  Voyez  au  mot  Murrai.  (B.) 
•  CHALCIDË  >  Chalcidee ,  genre  de  reptiles  delà  famille  des 
Lézards  >  qui  offre  pour  caractère  un  corps  fort  alongé , 
presque  cylindrique ,  rampant  ;  quatre  pattes  à  peine  appa* 
rentes ,  très  -  courtes  ,  à  trois  ou  cinq  doigts  ;  une  langue 
courte  >  échancréc  à  son  extrémité. 

Ce  genre  faisoit  partie  des  Lesi^rds  de  Linnaeus ,  et  eu  a 
élé  séparé  par  Bix>ngniard  dans  son  excellent  travail  sur  les 
caractères  aes  animaux  de  cette  famille  ;  il  lie  les  autres  LÉ- 
BARDs  aux  Bipèdes  ,  et  par  Tintermédiaii^e  de  ceux-ci  aux 
jSerfens.  Foyez  ces  mots. 

£n  effet ,  on  prendroit  au  uremier  conp-d'œil ,  dit  Latreille  , 
les  espèces  de  ce  genre  pour  des  serpens  ;  leur  corps  est  mena , 
fort  alongé  ^  et  se  roule  sur  lui-même  ;  U  est  couvert  d'écaillea 
qui  approchent  de  la  forme  quadrangulaire;  mais  qui  varient 
aans  doute  suivant  les  espèces  ;  leurs  deux  pattes  antérieures 
sont  situées  près  de  la  tête ,  et  les  deux  postérieures  près  de 
l'anus  9  ce  qui  met  une  grande  distance  entr  elles  ;  ces  pattes 
sont  très-petites ,  h,  peine  touchent-elles  la  teire  ;  le  nombre 
de  leurs  aoigU  varie  selon  les  espèces  ;  sa  tête  ne  difiere 
nas  sensiblement  >  par  la  forme  générale^  de  celle  des  lésards; 
les  yeux  sont  en  général  fort  petits  \  leur  trou  auditif  nul  oq 
peu  ouvert;  leurs  dents  sont  extrêmement  petites  et  leur  laa^ 


B.4' 


ttan^i^it'  eommtirt:  5.    C-oecUe    titane. 

S .    CAaicùie'  j-ep^r  .  7 .    Ftfttre    Ariraiaui 

^ .    ChaiaJf-  peniaiiaeéule' , 


C  H  A  571 

gue  médiocrement  longue  ;  leur  queœ  est  presque  aussi  lon- 
gue que  le  corps  et  finit  en  pointe  aiguë. 

JjdècheUeidea  ont  plus  de  rapports  avec  les  Anguis  qu'arec 
aucun  autre  genre  de  serpens  y  soit  par  leurs  caractères  phy- 
siques soit  par  leurs  mœurs  ;  leur  queue  se  casse  très-faci- 
lement. Ils  vivent  d'insectes  et  d'autres  petits  animaux.  Ils  ne 
sont  point  venimeux.  Ib  se  cachent  sous  les  pierres  »  dans  les 
fentes  des  rochers ,  sous  les  écorces  d*arbres  ,  8cc.  y  et  s'en- 
foncent dans  la  terre  pendant  l'hiver.  Us  sont  vivipares  à  la 
manière  deb  vipères,  c'est-à-dire  que  les  œufs  restent  dans 
le  ventre  ,  et  que  les  petits  y  éclosent  au  nombre  de  dix  à 
douze. 

Daudin ,  auquel  on  doit  un  travail  très-approf<Hidi  sur  la 
famille  des  Lézards  ,  dans  son  Histoire  naturelle  des  reptiles  g 
faisant  suite  tLuBuffhn,  édition  de  Sonnini ,  adonné  le  même 
•nom  à  un  genre  qu'il  a  formé  avec  une  espèce  de  celui-ci , 
une  nouveUe,  et  le  bipède  de  Latreille  (  Foyes  au  mot  Bi- 
pède ) ,  de  sorte  qu'il  entre  dans  le  genre  de  Daudin  des  es- 
pèces à  quatre  pieds  et  à  deux  pieds ,  ce  qui  paroit  devoir  être 
repoussé  de  toute  bonne  méthode  Erpétolooique.  (  Voyez 
ce  mot  )  Il  appelle  seps  toutes  les  autr^  espèces  de  chalcides 
de  LatreiUe ,  qui  ont  les  écailles  verticillées ,  et  indique  pour 
le  caractère  générique  de  son  nouveau  genre  ^  davou-les 
•écailles  imbriquées. 

lies  principales  espèces  de  chalcides ,  selon  Latreille ,  sont  :^ 

Le  Ch  ALciDE  SEPS,  qui  est  strié ,  gris  sur  le  dos ,  avec  deux  li- 
gnes plus  claires  bordées  de  noir ,  dont  l'abdomen  est  blan- 
châtre, avec  un  rebord  aigu  et  recourbé  ;  il  a ,  d'après  l'observ»* 
tion  positive  de  Lacépède ,  trois  doigts  à  toutes  les  pattes  ;  sa 
longueur  varie  entre  six  et  douze  pouces.  Il  se  trouvedansles 
parties  méridionales  de  l'Europe  et  sur  les  côtes  de  Barbarie. 

Sauvage  rapporte  qu'une  poule  ayant  avalé  un  de  ces  rep- 
tiles sans  le  blesser,  il  le  vit  s'échapper  un  instant  après  par 
l'anus  ;  la  même  poule  le  reprit  de  nouveau ,  et  il  sortit  de 
même  ;  ce  ne  fut  qu'à  la  troisième  fois  qu'il  fut  tué  et  avalé 
par  morceaux. 

On  croit  qu'ils  causent  souvent  en  Italie  les  enflures  du 
ventre  aux  boeufs  et  aux  chevaux ,  qui  en  mangent  en  pais- 
sant ;  mais  ce  fiiit  n'est  pas  constaté. 

Cet  animal  a  été  figuré  par  Columna  ,  ecph.  1  /  tab.  56  , 
dans  VHisioire  naturelle  des  quadrupèdes  ovipcares  de  Lacé- 
pède ,  et  dans  Y  Histoire  naturelle  des  reptiles ,  faisant  suite 
au  Buffon ,  édition  de  Deterville.  C'est  le  type  du  genre  Seps 
de  Daudin.  Voyez  ce  mot. 

Le  Chalcide  jaunatks  ,  est  annulé  ^  strié  >  et  n'a  qu« 


573      .  C  H  A 

trois  doigts  à  chaque  pied  ;  sa  couleur  est  celle  de  raindn  ;  sa 
queue  est  plus  longue  que  le  corps.  On  ^ore  quelle  est  sa 

Btrie.  Il  est  figuré  dans  Daudîn  ,  vol.  4 ,  pi.  58  ^  et  dtns 
listoire  naturelle  des  quadrupèdes  ovipares  par  Lacépède» 
qui  le  premier  la  fait  oonnoitre  sous  le  nom  de  chaiàdt.  \ 

C'est  le  typé  du  genre  ChaIiCIDX  du  premier  de  ces  auteurs. 

Le  CHAiiCinx  fentabactyub  ,  est  le  iaoeria  chalcides  de 
Linnseus>que  Lacépède  regarde  comme  le  même  queleditol- 
cide  seps ,  quoique  les  cinq  doigts  dont  il  est  pourvu  semblent  » 

indiquer  une  espèce  bien  distincte.  Il  se  trouve  dans  le  midi  H 

de  r£urope  et  sur  les  côtes  de  Barbarie. 

Le  Chajlcid£  serpentin  est  strié ,  bai  en  dessus ,  cendré 
en  dessous  ;  il  a  cinq  doigts  à  chaque  pied ,  et  sa  longueur  est 
de  cinq  à  sir  pouces.  Ses  écailles  sont  imbriquées  d'une  ma- 
nière plus  saillante  que  dans  les  autres  espèces.  Il  est  naturel 
À  rSle  de  Java  y  et  a  été  figuré  dans  le  second  vol.  du  Naiur^ 
Jorcker^fl*  3  ^  par  Bloch^  qui  Ta  fait  le  premier  connoltre. 

Le  Chalcidb  anovin  a  le  corps  très- long  »  vertîcillé  et 
strié  ;  les  -pieds  écaiUeux  ,  subulés  et  dépourvus  de  doigts.  Il 
est  figuré  dans  Séba ,  tome  a ,  pi.  68  ,  ng.  7  et  8. 12  se  trouve 
dans  les  eaux  fangeuses  au  Gap  de  Bonne  -  Espérance.  Il  est 
très-douteux  que  ce  soit  un  vrai  chalcide  ;  il  a  besoin  d'être 
de  nouveau  examiné  par  un  naturaliste  éclairé.  (B.) 

GHALGIS  ,  Chalds,  genre  d'insectes  de  Tordre  des  Hr^ 
MÉNOFTiuiBS ,  et  dont  les  caractères  sont  :  antennes  courtes^ 
brisées ,  un  peu  plus  grosses  par  le  bout,  d'une  dixaine  d'aiv 
ticles  p  le  premier  fort  long  et  cylindrique;  mandibules  lai^» 
tronquées,  bidentées;  quatre  antennules  courtes;  les  anté^ 
Heures  un  peu  plus  longues  ,  de  quatre  articles ,  dont  le  pé- 
millième  courl;les postérieures  de  trois;  lèvre  inférieure  1^^ 
rement  échancrée  ;  ventre  petit ,  ovalaire  ou  conique  ,  atta- 
ché au  corcdet  par  un  pédicule  ;  tarrière  cachée  dans  l'abdo- 
men ;  cuisses  postérieures  renflées;  tête  comprimée  ;  corcelel 
renflé  ;  pattes  de  longueur  moyenne  ;  cuisses  poslérienrea 
romorimées,  renflées,  souvent  dentées  à  leur  bord  inférieur; 
jambes  postérieures  arquées,  avec  un  sillon  profond  «dans 
lequel  sont  reçues  les  denleliirea  de  la  cuisse ,  quand  celle-ci 
est  rapprochée  de  la  jambe. 

On  trouve  ces  insectes  en  été  sur  les  fleurs;  ils  sont  trè^ 
vift ,  leurs  larves  ne  sont  pas  bien  connues. 

On  en  a  décrit  environ  douae  espèces ,  desquelles  on  na 
trouve  que  cinq  ou  six  en  Europe;  la  plus  commune  est  I0 
c/ialcis  nain. 

GhaIjCis  nain  ,  Chalcis  minuta  Fab.  H  a  environ  deax 
lignes  et  demie  de  long  ;  les  antennes  noires,  de  la  longueur 


C  H  A  575 

ie  la  télé  ;  la  tête  d*un  noir  mat  ;  le  coi^celet  noir  ^  clidgriné , 
terminé  postérieurement  par  deux  petites  pointes  courtes , 
avec  un  point  jaune  à  la  naissance  des  ailes;  l'abdomen 
ovale ,  d'un  noir  luisant;  les  deux  premières  paires  de  pattes 
jaunes  ,  avec  une  tache  noire  à  la  base  des  cuisses ,  et  une 
sur  le  milieu  des  jambes  ;  les  postérieures  noires.,  arec  une 
tache  jaune  à  Textrémité  des  cuisses ,  à  la  base  et  à  l'exiré- 
mité  des  jambes. 

On  le  trouve  en  Europe;  il  est  très-commun  aux  environs 
de  Paris. 

Chalcm  clatifede  ,  Chalcis  daidpeM  Fab.  Il  a  environ 
trois  lignes  de  long  ;  les  antennes  noires  ;  la  tête  et  le  corcelet 
d'un  noir  mat  chagriné  ;  celui-ci  bidenté  postérieurement  ; 
l'abdomen  court,  un  peu  comprimé  ,  d'un  noir  luisant  ;  les 
quatre  pattes  antérieures  d'un  jaune  fauve  y  avec  une  grande 
tache  brune  à  la  base  des  cuisses  et  sur  le  milieu  des  jambes  ; 
les  cuisses  postérieures  d'un  rouge  fauve ,  avec  une  tache 
noire  à  l'extrémité;  les  jambes  noires^  arquées;  les  tarses 
fauves. 

On  le  trouve  en  Allemagne  ;  il  est  rare  en  Fkunoe.  (L.) 

CHALCITE ,  Foyêz  Colcotar  fossile.  (Pat.) 

CHALéEF  ,  Elœagnusy  genre  de  plantes  de  la  tétrandrie 
monogynie  et  de  la  £imiUe  des  ELjSAONOïnEs,  dont  les  ca- 
ractères sont  d'avoir  un  calice  supérieur^  monophyUe,  à  cin^ 
divisions^  coloré  intérieurement  et  caduc  ;  quatre  étamines 
foit  petites;  un  ovaire  inférieur^  arrondi,  chargé  d'un  style 
à  stigmate  simple. 

Lé  fruit  est  une  espèce  de  noix  ovale ,  obtuse ,  glabre , 
marquée  d'un  point  à  son  sommet,  et  qui  contient  un  noyau 
oblong. 

Voyet  pi.  73  des  Illustrations  de  Lamarck. 

Les  ehalêfs  sont  des  arbrisseaux  à  feuilles  simples  »  alternés, 
souvent  cotoneuses  et  à  fleurs  axillaires.  On  en  compte  dix 
espèces,  dont  six  du  Japon ,  trois  de  la  Turquie  et  une  de 
Ceylan. 

Le  ChaL£f  a  feuilles  étroites  ,  c'est-à-dire  celui  qui  a 
les  feuilles  lancéolées ,  est  seul  bien  connu.  C'est  un  grand 
arbrisseauque  l'on  cultive  dans  les  jardins,  à  cause  de  l'agré- 
ment de  ses  feuilles  blanchâtres,  qui  contrastent  avec  le  vert 
des  autres  arbustes ,  et  qui  subsistent  jusqu'aux  plus  fortes 
gelées^  et  encore  plus  à  cause  de  l'odeur  suave  de  ses  fleurs , 
odeur  très-forte ,  çl  telle  qu'un  seul  uied  de  chalef  suffit  pour 
embaumer  un  jardin  de  médiocre  étendue.  ^ 

On  le  multiplie  principalement  par  drageons  et  par  mar- 
cottes, car  il  donne  rarement  des  graines  aans  le  climat  de 


574  C  H  A 

Varia.  Il  est  >  au  reste ,  trèa-robusie ,  et  rapporte  tcnites  aoitot 
d'expoûtions ,  quoiqu'il  se  plaise  mieux  au  midi  qu'à  aucune 
autre. 

L'odeur  des  fleura  du  chaiefne  se  fait  sentir  que  le  soir  ; 
et  elle  se  transforme  en  odeur  nauséabonde  lontque  la  fructi^ 
fication  est  accomplie.  Cet  arbuste  a  cela  de  commun  avec  les 
oestraux  et  quelques  autres  plantes.  On  l'appelle  vulgaire* 
ment  oUtner  de  Bohême  ,  parce  que  c'est  dans  ce  pays 
qu'il  croit  naturellement,  avec  le  plus  d'abondance ,  en  Eu- 
rope. 

Olivier  rapporte  qu'on  en  mange  généralement  les  fhnt» 
en  Turquie  et  en  Perse.  (B.) 

CHALEUR,  ^oy^s  Calorique.  (Pat.) 

CHALEUR ,  situation  d'un  animal  qui  en  recherche  un 
autre  de  son  espèce  ,mais  d'un  autre  sexe;  c^tte  expression 
ne  s'emploie  ordinairement  qu'à  l'égard  des  animaux  domes- 
tiques, disposés  à  l'accouplement;  pour  les  nnimany  saa- 
rages ,  on  dit  qu'ils  sont  en  rui.  (S.) 

CHALOUPE  CANELÉ£,nom  donné  par  les  marchands 
à  une  coquille  du  genre  Aaoonautes.  C'est  l'espèce  la  pina 
commune.  Voyes  Argonaute.  (B.) 

CHAM./ECERASUS,  nom  d'une  espèce  de  Ceeisieb. 
Voyez  ce  mot.  (B.) 

CH  AMiEDRYS.  C'est  le  nom  spécifique  d'une  espèce  de 
Germ ANDREE,  Teucrium  chamœdrya  Lmn.  Voyez  au  mot 
Germandree.  (B.) 

CHAM^MELE,  Chamœmeleum,  nom  que  donnoient 
les  anciens  botanistes  au  genre  de  la  CamomUiI^x.  Foyez  ce 
mot.  (B.) 

CHAMiENERION,  nom  ancien  de  I'Épuuobs  a  Ans. 
Voy.  ce  mot  (B.) 

CHAMjERODENDROS.  C*est  le  rhododendron  pond- 
eum  de  Linn. ,  celui  qui  donne  un  miel  purgatif.  Voyez  aa 
mot  RosAGE.  (B.) 

CHAMARAIS,  arbre  des  Indes,  dont  le  fioiit  est  en  grappe 
et  aigrelet.  Il  contient  un  noyau  qui  renferme  une  amanae. 
Ce  fruit  se  mange ,  vert  ou  mûr ,  confit  avec  du  sel,  pour 
exciter  rapi)étit  On  en  met  aussi  dans  les  sauces. 

Les  feuilles  s'emploient  en  décoction  contre  les  fièvres ,  les 
racines  contre  l'aslnme.  Ces  remèdes  purgent  violemment  ][Hur 
haut  et  par  bas. 

On  ignore  a  quel  genre  ^appartient  cet  aibre.  (B.) 


G  H  A  575 

CH AMAROCH  »  nom  de  paya  du  Carambouba  axil* 
IiAiRB.  F^oyex  au  mot  Carambolieb.  (B.) 

CHAMARRAS.  C'est  un  nom  vulgaire  de  la  6£rman-« 
DHÉE  d'eau  ,  Teucrium  scorcUum  Linn.  IB,) 

CHAMBRE.  £n  langage  de  veneiie.^  la  chambre  est  Ten^ 
droit  de  la  forêt  où  le  cerf  se  repose  pendant  le  jour. 

On  appelle  axiasichambre  une  espèce  de  piège  c^ut  l'on  tend 
aux  loups,  frayez  ce  mot.  (S.) 


VIN     DV     TOMC      QVATRXÈMB, 


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