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'Û.
V
TAVLOH INSTITUTION.
UEtiUEA TIIED
T 0 THE U N H' E R S I '!• V
HUBERT FINXH, M. A.
OF BALLIOL IVLLeVf.
4
I
•V
/
' -NOUVEAU
DICTIONNAIRE
D'HISTOIRE NATURELLE.
CAA-»CHA.
Noms des auteurs de cet Ouvrage dont les matières
ont été traitées comme il suit :
U Homme ,
leR QuadrupèdeBy
Us Oiseaux , les
Cétacés.
UArt vétérinaire,
l'Economie domes-
tique.
Les Poissons, les (
Reptiles , les Mol' )
hisques et les Vers. 1
SONNINI , Membre da Ja Société il'Agrienltvra do
Paria, éditanr et continaatanr de TUiatoira aa-
tvralla d« Bnffon.
VIREY, Antrar da THiat. natnrvlla du Gava Uonaia.
PARMENTIER,)
H tJ Z A R D I Méhnbraa de tlaalitnt Bational.
SONNINI , MamWa da la Société d'Aerienltnra da
Paria , aie. aie'
B09C y MfHtra da la Société d'Hialoi'ra aituralfla da
paria , da U Société Liaaéamia da Loadroa.
téSs Insectes.
Botanique et son
application aux
Arts y à VAgricul-'
ture,au Jardinage,
à l'Economie Ru^
raie et Domesti^
que.
{
OLIVIER , Mambra da riasUtat national.
L ATREILLE , Membre aaaocié da l' InaUtnt naUonal.
niAFTAL, ]
PARMENTJER, V Membreada l'Ioatitvt national.
CELS, j
TUOUJN , Membre da riniti lut national. Profetienr
et AdmlaiMrataar an /ardin de» Plantes.
DU TOUR, Membre de laSociété d'Agricnltma do
Sai nl-Domiv gae.
BOSC, Membre de U Société d'Hittotre Batnrallf do
Paria.
Minéralogie, Géo- f CHAPTAL, Membre de ria^tîtot national.
loffie,MéCéoroloffiê J PATRIN , Membre aMocié da i'Inalilal national et de
^ , I l'Académie des Sciences de Saint-Péteralioiirg ,
et Physique. I Antoar d'une Hiêtoire natnrelle de* Minéranx.
NOUVEAU
DICTIONNAIRE
r
D'HISTOIRE NATURELLE,
APPLIQUÉE AUX ARTS,
Principalement à l'Agriculture et à FEconomie rurale
et domestique :
» _ '
PAR UNE SOCIETE DE NATURALISTES
ET D'AGRICULTEURS:
Avec des figures tirées des trns R^es de la Natim.
TOME IV.
DB L'IMPRIMERIE DE CRAPELET.
A PARIS,
Chez DETER VILLE, Libraire, me du Battoir, n* 16.
AN XI — 180 3.
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AVI S AU RE Lrl E U R
Tout lèplabèrrient Oes FigUna des tom. ly; V, fT.
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B i4 570
B 16 Tome V Page 107
B 17 126
B 18 339
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B 21 385
B 33 4i2
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B 34 6o5
B a6 611
B 37. 56i
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NOUVEAU
DICTIONNAIRE
D'HISTOIRE NATURELLE.
C A B
IjAA-APIA, nom brasQien de la doratène du Brésil,
dont le sue pause pour éti-e l'anlidole de la monure dm
terpetu el de la blessure des flèches empoisonnées, foyez au
mot DORSTÙNE. (B.)
CAAIGOUARA , nom que les sauvages du Brésil don-
nenl, suivant Marcgrave, au pécari ou tajacu. Voyez Pi-
CABI. (S.)
CAAOPIA , pelit arbre du Brésil , figuré avec ses fruils
pag. 96 de X Histoire des plantes du Brésil, par Fison. C'est
le Millepertuis baccifère. ( f^oyes ce mot. } Les baies de
cet arbre sont d'un beau janne , et il découle de son tivinc
une réùne de même couleur, dont les nègres se servent pour
se puiser. On l'appelle Comme gutte n'AMiRiQuc. roytt
ce mot et le mot Millepertuis. (B.)
CAAPEBA , nom brasilien de Variitoloche anguicide
el de la baniaière anguleuse. C'est aussi celui de la PaREiRu
OPPiciNAi.E. Voyez ced mots. (B.)
CAjiJlABOA, petit arbrisseau du Brésil mentionné dan»
Pison , el qui paroît avoir quelques rapports avec les Cané-
FiciERs. ( Voyex ce mot.) Ses feuilles, en c
employées contre les ulcères, et son bois, en ti
maladies vénériennes. Toutes ses parties sont
C.'VBALLAIRE, Cahallaria , genre de pla
gamiedtoccie.dontlecaraclèi-econâisleenun
iL^nl, campanule, à cinq divisions profond)
corolle en roue, à tube très-court et à limb<
i C A B
parties ovales; cinq anthères sessiles^ insérées à la base deê
découpures de la corolle ; un ovaire supérieur^ presque rond»
à stigmate presqiDe seiuilê et pentagone ; uii dtripe globuleux,
monosperme , nuirqné de-points oblongs.
Les ileurs mâles sont sur d'autres pieds que les fleurs her-
maphrodites^ mais n'en diflerent que par l'avortement de
Fovaire.
Ce geni*e, dont les caractères sont figurés p).' 3o du Gênera
de la Flore du Pérou, contient huit espèces ; toutes sont des
«rbres ou des arbrisseaux de ce pays fort voisins des Argans
( Voyez ce mot. ) , et dont un a été mentionné par Jussieu saur
le nom générique de Makolii4^ ou Manoilul. Voyez ce
mot. (B.)
CAfiARE, nom que l'on donne à la HuIiOte du Brésil.
Voyez ce mot. (Vieill.)
CABARET (/W/i^*//a Umaria.Yar. Lath. pi. enl. n" 486,
fig. 3 de VHifit. nai. de Buffon; ordre , Passereaux; genre.
Pinson. Voyez ces deux mots. ). La longueur du cabaret est
de quatre pouces et demi; sa queue est fourchue , et ne dé-
passe les ailes que de huit lignes ; le dessus de la tête et le
croupion sont rouges; une bande roussâtre passe sur les yeux ;
le dessus du corps est varié de noir et de roux; le dessous est
de cette dernière teinte et tacheté de noirâti^e sous la gorge ;
le ventre est blanc ; les pie^ds sont bnins^ les ongles loH
allongés y et celui du doigt postérietu* est plus long que le
doigt; le bec jaunâtre^ et brun à son exti*émité. La femelle
diflêre du niâle en ce qu'elle n'a point de rouge sur le
croupion.
(c Cet oiseau, dit Montbeillard ^ est rare en France et eit
7> Allemagne; son vol est rapide; il voyage en petites troupes,
-» arrive en France à rautomne , et disparoit au printemps 3>^
Le chant du mâle est^ dit-on^ assez agréable. Il n'est pas
méfiant^ et donne facilenient dans les pièges qu'on lui tend«
On le nourrit en cf^ de chenevis et de millet. Il supporte
d'abord la captivité avec impatience; mais il devient ensuite
familier^ et même à un certain point. Dès sa première mue,
il jierd sa coulem* rouge, et elle ne i^vient plus, même dans
luie volière exposée en plein air.
Cette espèce , selon James Bolton ( Harmonia ruralis ^
First, part, page ^4. ), habite les buissons ^ se plait sur les
arbrisseaux, et y place son nid, dont le fond est un mélange
de mousse, de foin et de chaume; des petites racines en for»
ment le contour , et les plus douces et les plus petites en gar-
nissent l'ouverture. Ces racines^ quoiqu'entrelacées ensemble,
«ontsipeurapprochéesles unesdes autres, que Ton voit le jour
C A B S
à travers le nid ; enfin, quelques crins noirs sont épars dans
l'intérieur. Sa ponte est de cinq à six œufs y d'un bleu blan-*
châtre, tachetés de rouge, et marqués de zigzags bruns. Ces
zigzags , isolés sur la coque, sufiBsent pour distinguer ces œu£i
de ceux des autres linottes.
Il paroit, d'après cet auteur, c][ue Its cabarets nichent en
Angleterre, et que, pendant l'hiver, ib se rassemblent en
troupes et se mêlent avec les autres petits oiseaux.
Le caharet a une telle analogie dans la taille, les habitudes
et le plumage avec le sizerin, qu'il est très-difficile de ne pat
les confondre. Tous deux ont encore un caractère qui leur
est particulier, et les distingue très-bien des autres linottes^
c'est d'avoh' les plumes qui sont à la base de la mandibulo
supérieure retournées en devant, retombant sur les narines
et les couvrant. Mais cette espèce parott très-rare en France^
et le sizerin y est trè»-commun pendant certains hivers. Outre
cela , le sizerin a les couleurs de la gorge d'un beau ros9
tendre; enfin, les oiseleurs de Paris lui donnent le nom de
cabaret , et ne paroissent pas connoitre celui ides omitho|eH>
gistes. (ViEiLL.)
CABAR£T, nom vulgaire de I'Asarjst d'£urofs. Voyez.
ce mot (B.)
CABASSOU- Voyez Kabassou. (S.)
CABÉUAU ou CABILLAUD. C'est le nom que porte
la TQorixe y gadus morhua, sur les côles de France, et sous
lequel on la mange à Paris lorsqu'elle est fraîche. C'est par
erreur que quelques pêcheurs regardent le cabéliau comme
une espèce particulière de G a de. Voyez ce mot.
Quant au cabillaud salé, c'est encore la morue oixiinaire^
que les Hollandais pèchent au banc de Terre-Neuve, et pré-
parent difiéremmeut que les Français , c'est-àrdire , qu'ils
fendent dans toute leur longueur, et dont ib enlèvent toute
répine du dos. Voyez au mot MoauE.
CABESTAN ( L£ ). C'est le nom marchand d'une coquille
du genre des Harpes. Voyez ce mot. (B.) ;
CABI AI ( Cap,ia ) , dénomination imposée à une famille de
quadrupèdes dans la classe des Rongeurs. ( Voyez ce mot. )
On lui assigne pour caractères : le corps trapu, la tète grosse,
les oreilles rondes, la queue courte ou nuUe , les pieds courts;
point de clavicules; les dents moUaires sillonnées, ou à
couronne plate. (S.)
CABI AI ( Cavia)^ désignation d'un genre de quadrupèdes
dans la famille du même nom , et dans Tordre des Rongeurs.
f IVoyez ce mot. ). Aux caractèi*es généraux des cabiais ( Voy.
Cji^iai^ Famille.), ce genre joint les caractères particuliers
4 C A B
d'être sans queue ^ et d'avoir les denfs mollaires sillon-^
nées. (S.)
CABIAI ( Cbpîfl capyhara Linn. Voyez tom. 3i , pag. aSg ,
de rédilion de Bufibn , par Sonnini. ) , quadrupède du genre
de la famille du même nom. ( Voyez ci-deâsus. ) Le cahiai
i^ssemble beaucoup^ peau* la forme générale du corps , au
câchon cTinde ; mais il est beaucoup plus^grand. Sa longueur
est de deux pieds et demi ; sa tête est longue , applatie sur les
côtés ; le museau est épais ; la lèvre supérieure a une échan-
erure au-dessous du nez, et laisse les deux longues incisives
supérieures à découvert ; la bouche est petite ; les oreilles
coiu'tes; droites et nues. Les jambes sont courtes , et les pieds
gont longs. Il y a quatre doigts séparés à ceux de devant ^ et
ceux de derrière n'en ont que trois ^ réunis par une mem-
brane, n n'y a qu'un petit tubercule à l'endroit de la queue*
lie poil est rare , et de même qualité que les soies du cochon ^
mais plus fin ; celui du dessus de la tête , du corps et de la
face externe' des jambes , est noir sur la plus grande partie
de sa longueur depuis son origine ; il y a au-dessus du noir
une couleur fauve , et la pointe est noire. Le poil du tour
des yeux ^ du dessous de la téte^ et celui du corps et de la
face interne des jambes^ n'a qu'une couleur fauve. Les mous-
taches sont noires.
Le cahiai^ que l'on a mal-à-^propos confondu avec le eo^
chon, en diffère non-seulement par la conformation, ainsi
qu'on vient de le voir, mais encore autant parle naturel et
les moeurs ; il habite souvent dans l'eau , où il nage comme
une loutre, y cherche de même sa proie, et vient manger au
bord le poisson qu'il prend et qu'il saisit avec la gueule et les
ongles. 11 mange aussi du grain , des fruits et des cannes de
sucre. Ck>mme i^es pieds sont longs et plats, il se tient souvent
assis sur ceux de derrière. Son cri est plutôt un braiment ,
comme celui de l'âne , qu'un, grognement comme celui du
cochon. 11 ne marche oïdinairement que la nuit, et presque
toujours de compagnie, sans s'éloigner beaucoup des eaux ;
car, comme il court mal à cause de ses longs pieds et de ses
jambes courtes , il ne pourroit trouver son salut dans la fuite ;
et pour échapper à ceux qui le chassent , il se jette à l'eau, y
plonge, et va sortir au loin, ou bien il y demeure si long-
temps, qu'on perd l'espérance de le revoir. Sa chair est grasse
et tendre; mais elle a plutôt, comme celle de la loutre, le
goût d'un mauvais poisson que celui d'une bonne viande :
cependant, on a remarqué que la hure n*en étoit pas mau-
vaise. Le cahiai esX d'un naturel tranquille et doux ; il ne fait
ni mal ni querelle aux autres animaux; on l'apprivoise sany
C A B 5
peine ; û vient & la voix, et suit asses volontiers ceux qu'il
connoît et qui l'ont bien traité. La femelle a douse mamelles ,
ce qui fait présumer qu'elle produit beaucoup de petits. Ce-
pendant, M. de Ijaborde assure quelle n*en fait qu'un à
chaque portée , ce qui nous parait assez difficile à croire. Nous
ignorons le temps de la gestation , celui de l'accroissement ,
et par conséquent la durée de la vie de cet animal. 11 est
commun à la Guiane , au Brésil , aux Amazones et dans
toutes les terres basses de l'Amérique méridionale. Il parott
qu'il ponrroit fort bien supporter le fit>id de Thiver dans nos
climats. (Desm.)
CABIAYE. ( Fbyêz Cabiai. ) L'usage a prévalu d'écrire
de cette dernière manière le nom de ce quadrupède ; cepen-
dant , sa vraie prononciation est cabioje. (S.)
CABINET D'HISTOIRE NATURELLE. C'est un lien
clans lequel sont rassemblées les différentes p]x>duction» de
la nature , suivant l'ordre de leurs ressemblances et de leurs
affinités. On peut ainsi contempler d'un seul coup-d'œil^ la
série des êtres créés , et reconnoiti'e la marche de la nature
dans leur formation. Si l'on pouvoit toujours observer la na^
ture vivante sous ses yeux , il seroit superflu d'en rassembler
les ouvrages morts et dégradés dans nos habitations. Il y a
donc un grand avantage pour la science , de trouver sous
sa, main des objets rares , nés dans des climats éloignés , et de
pouvoir les examiner à loisir. Quel plus beau spéciale , d'ail<<»
leurs y que celui de la richesse et de la variété de la nature !
Quel tableau plus capable de nous pénétrer de sa toute-puis-
aance ^ et de nous émouvoir par la contemplation des œuvres
de la magnificence divine l Cependant si cet ensemble nous
ravit d'admiralion , qu'est-il auprès de la nature vivante en-
tourée de toute sa splendeur et de sa majesté 7 De cette nature
iBiiblime et hardie au milieu des rochers et des précipices , dans
les immenses forêts , sur l'Océan agité de tempêtes , soiu les
zones brûlantes et les pôles glaces , dans les entrailles des
volcans et les abîmes des mers^ dans la hauteur des cieux et
la profondeur de la terre 7 Combien nos collections sont
anéanties en présence de ces grandes mel'^'eiUes ! Les baleines
^ui fendent les plaines liquides de TOcéan ; les éléphans , les
rhinocéronj les hippopotames qui peuplent les tenres humides
(le la zone Torride ; les giraflbs^ les chameaux^ les gazelles^
Tautruche^qui parcourent les brûlans déserts de l'Afrique ;
Taigle , le vautoiir , le condor aux ailes puissantes, qui régnent
dans l'empire des airs; les crocodiles , Jes gi*ands serpens qui
pétrissant et sillonnent la fange des mai'ais ; les monstres ma-
rins qui s'entredévorent dans les gouffres profonds ^ et £•
4 C A B
d'être sans queue ^ et d'avoir les denfs mollaires sSIon-*
nées. (S.)
CABIAI ( Cat^ia capyhara Linii. Voyez tom. 3i , pag. aSg ,
deTédilion de BuHbn^ par Sonnini. )^ quadrupède du genrer
de la famille du même nom. ( Voyez ci-dessus. ) Le cabiai
i^essemble beaucoup, pour la forme générale du corps , au
cdchon (Tinde ; mais il est beaucoup plus* grand. Sa longueur
est de deux pieds et demi ; sa tête est longue , applatie sur les
côlés ; le museau est épais ; la lèvre supérieure a une échan-
crure au-dessous du nez , et laisse les deux longues incisives
fiupérieures à découvert ; la bouche est petite ; les oreilles
courtes , droites et nues. Les jambes sont courtes , et les pieds
sont longs. Il j a quatre doigts séparés à ceux de devant, et
ceux de deirière n'en ont que trois, réunis par une mem-
brane, n n'y a qu^un petit tubercule à l'endroit de la queue.
lie poil est rare , et de même qualité que les soies du cochon ,
mais plus fin ; celui du dessus de la tète , du corps et de la
face externe' de^ jambes , est noir sur la plus grande partie
de sa longueur depuis son origine ; il y a au-dessus du noir
une couleur fauve , et la pointe est noire. Le poil du tour
des yeux, du dessous de la tête, et celui du corps et de la
face interne des jambes^ n'a qu'une couleur fauve. Les mous-
taches sont noires.
Le cabiai , que Ton a mal-à-^propos confondu avec le eo~
ehon, en diffère non-seulement par la conformation, ainsi
qu'on \ieni de le voir , mais encore autant par le naturel et
les mœurs ; il habite souvent dans l'eau , où il nage comme
une loutre , y cherche de même sa proie, et vient manger au
hord le poisson qu'il prend et qu'il saisit avec la gueule et les
ongles, il mange aussi du grain, des fruits et des cannes de
sucre. Comme ses pieds sont longs et plats, il se tient souvent
assis sur ceux de derrière. Son cri est plutôt un braiment ,
comme celui de l'ane, qu'un grognement comme celui du
cochon. Il ne marche ordinairement que la nuit, et presque
toujours de compagnie, sans s'éloigner beaucoup àe& eaux ;
car, comme il court mal à cause de ses longs pieds et de ses
jambes courtes , il ne pourroit trouver son salut dans la fuite ;
et pour écliapper à ceux qui le chassent , il se jette à IVau, y
plonge , et va sortir au loin , ou bien il y demeure si long-
temps, qu'ion perd l'espérance de le revoir. Sa chair est gra&se
et tendre; main elle a plutôt, comme celle de la loutre, le
goût d'un mau^'ais poisson que celui d'une bonne viande :
cependant, on a remarqué que la hure n'en étoit pas mau*
vaiae. Le cabiai est d'un naturel tranquille et doux ; il ne fait
ni mal ni querelle aux autres animaux; on l'apprivoise saii«
C A B 5
peine ; fl vient à la voix^ et suit assess volontiers ceux qu'il
coimoît et qui l'ont bien traité. La femelle a douze mamelles ^
ce qui fait présumer qu'elle produit beaucoup de petits. Ce-
pendant , M. de Laborde assure qu'elle n'en fait qu'un à
chaque portée y ce qui nous paroît assez difficile à croire. Nous
ignorons le temps de la gestalion , celui de l'accroissement ,
et par conséquent la durée de la vie de cet animal. 11 est
commun à la Guiane^ au Brésil , aux Amazones et dans
toutes 1^ terres basses de l'Amérique mérîdionale. Il paroi t
qu'il pourroit fort bien supporter le fix>id de Thiver dans no»
climats. (Desm.)
CABIAYE. ( Foyêz Cabia.1. ) L'usage a prévalu d'écrii-e
de cette dernière manière le nom de ce quadrupède ; cepen-
dant y sa vraie prononciation est cabiaye. (S.)
CABINET D'HISTOIRE NATURELLE. C'est un lieu
dans lequel sont rassemblées les di0erentes pi*oduction» de
la nature , suivant l'ordre de leurs ressemblances et de leurs
affinités. On peut ainsi contempler d'un seul coup-d'œil^ la
série des êtres créés , et recotinoiti*e la marche de la nature
dans leur formation. Si l'on pouvoit toujours observer la na«
ture vivante sous ses yeux , il seroit superflu d'en rassembler
les ouvrages morts et dégradés dans nos habitations. Il y a
donc un grand avantage pour la science , de trouver sous
sa main des objets rares , nés dans des climatséloignés ^ et de
pouvoir les examiner à loisir. Quel plus beau spectale y d'ail-
leurs y que celui de la richesse et de la variété de la natui'e !
Quel tableau plus capable de nous pénétrer de sa toute-puis-
sance y et de nous émouvoir par la contemplation des œuvres
de la magnificence divine ! Cependant si cet ensemble nous
ravit d'admiration ^ qu'est-il auprès de la natiU'e vivante en-
tourée de toute sa splendeur et de sa majesté ? De cette nature
sublime et hardie au milieu des rochers et des précipices , dans
les immenses forêts , sar l'Océan agité de tempêtes , sous les
zones brûlantes et les pôles glaces , dans les entrailles des
volcans et les abîmes des mers , dans la hauteur des cieux et
la profondeur de la terre ? Combien nos collections sont
anéanties en présence de ces grandes mel*^'eilles ! Les baleines
qui fendent les plaines liquides de TOcéan ; les éléphans ^ les
rhinocéron, les hippopotames qui peuplent les teri'es humides
de la 2one Torride ; les giraDes , les chameaux ^ les gazelles ,
Tautruche^qui parcourent les brûlans déserts de l'Afrique y
l'aigle , le vautoior ^ le condor aux ailes puissantes^ qui i^nent
dans l'empire des airs; les crocodiles , les grands serpens qui
pétrissant et sillonnent la fange des marais ; les monstres ma-
xins qui s'entredévorent dans les gouffres profonds^ et yà
6 C A B
joaent an milieu clés tempêtes ; les mœnrs industrieuisès dm
insectes , la mystérieuse multiplication des vers , enfin la vie ,
le mouvement , les combats , les amours de tous ces animaux,
ne se voient que dans l'ample sein de la nature vivante. Nous
n'amassons que des cadavres immobiles dans nos cabinets;
ce lion n'agite point sa crinière ; je n'entends point son rugis-
sement horrible ; sa figure est déformée , son attitude con-
trainte ; (e n'y relit>uve rien de la vigueur et de la mâle fierté
de ce roi des animaux : ce n'est plus qu'mie peau bourrée ^
3ue rongent sourdement les insectes , et qui me préserite les
ébris de la destruction où je cherche la jeunesse et la vie.
Dans le règne végétal^ ces chênes oi^eilleux , ces grands
cèdres ^géans des forêts, ces peuples innombrables de plantes,
d'arbres de toute espèce , les placerons-nous dans nos cabi-
'aiets? Conserverons- nous la fi<aicheur et le brillant éclat des
fleurs , le charme de la verdure , l'élégance des formes dans
nos ti'istes herbiers, dans ces tombeaux de Flore , où les plan*
tes sont rangées et entourées de papiers comme les momies
d'£gypte dans leurs langes ? Qu'est -ce que ces petits échan-
tillons de minéraux , ces cristaux imperceptibles , auprès des
xnonts gigantesqties , des rochers sourcilleux qui se couron-
nent de neiges étemelles , des cavernes eth-ajantes de la
terre , où la nature prépare dans l'obscurité ses transforma-
tions , sème , prodigue toutes ses richesses , compose l'or , le
diamant , l'éméraude , et allume l'incendie des volcans?
C'est ainsi qu'en rétrécissant notre vue et nos idées dans
nos petites collections , nous perdons toutes les beautés de la
nature ; nous ne concevons plus rien de ses grands effets;
nous n'admirons plus ses étonnans contrastes ; sa haute ma-
jesté dégénère à nos yeux en un ridicule droguier rongé de
vers et couveil de poussière. Un petit caillou me représente-
ra-t-il la chaine immense des Alpes ? Reconnoîlrai-;e l'érup-
tion du Vésuve à une mince expérience de chimie dans un
laboratoire ? La feuille d^un palmier, applatie sous un papier,
me montrera-t-elle ces forêts vastes et impénétrables de la
jsone Torride? Non , ce n'est pas ainsi qu'il faut étudier l'jfîT/^-
toire naturelle dans son ensemble. C'est dans l'immensité de
la terre qu'il faut la |conlempler dans toute sa splendeur et
sa jeunesse. La passion démesurée des collections de miné-
raux , des herbiei*s , des insectes , des coquilles, dégénère en
extrême minutie , avilit les idées grandes et élevées que pré-
sente la nature, donne un prix imaginaire à des clioses sans
importance, et déprave le^ugqment , a force de l'occuper à
des inutilités.
Toutefois l'usage i^glé et sage des collections d'histoire na-
C A B T
ttonelle est utile pour connottre les diverses prodactions de la
terre ^ car il Ciat commencer par voir beaucoup^ el successif
vement pour se familiariser avec tous les ob^eU de la nature.
Mais il faut choisir de préférence les exemples vivans , qui
ont bien plus de pouvoir sur l'esprit et de vérité. Avant do
connoitre les insectes étrangers, les plantes rares , étudiez la
cheniQe qui ronge vos arbres , sactiez distinguer le persil
de la ciguë ; car c'est encore une manie bien ab&urde et
bien ridicule^ de vouloir connoitre les objets étrangers et rares^
avant d'avoir appris à distinguer les choses les plus commu-
nes et les plus nécessaires de nos propres contrées.
Ilseroit utile de former dans chaque pays une collection
complète des objets d'histoire naturelle qu'on y trouve , afia
d*en étudier les propriétés, et d'en rechercher les usages dans
la vie civile : on ne peut dire jusqu'à quel point les arl^ en
profiteroient L'on auroit en raccourci le tableau des res*
çources naturelles de la contrée , et des notices instructives ré-
pandroient des lumières dans toutes les classes d'hommes qui
viendroient admirer ces cabinets* Un Insecte brillant des In-:
des, un bel oiseau de la Chine ^ une plante curieuse de l'Ame*
xique , un minéral singulier de Sioérie , ne sont 4*Aucune
utilité réelle pour nous ; ils flattent la curiosilé de ceux qui
les admirent , la sotte vanité de quiconque les fait venir i
gi'ands frais, et l'orgueilleuse pédanterie de ceW qui en &it la
démonstration ; mais à quoi tout çèlasf rt-il? Je trouverois plus
de profit à connoitre qu'une mi^e de iourbe , une veine d^
fer se jpeuvent exploiter en tel lien c^e ce pays \ que la vigne
croit bien en tel autre ; que la culture de telle plante est avaor
tageuse dans ce canton , &c. Je verrois dans un seul salon
la statistique de toute une réaiop ; le laboureur , l^fulisan
în^e y viendroient connoitre 1^ 0[bjçtS:qui pourroient leur
servir, et y apprendroient à tirer un meilleur parti de leurs
productions. Ce cabinet seroit une sorte de répertoire des
arts , de l'agriculture , de l'in,4ustrie et du commerce d#
chaque pays. La vue seule de ces objets éveilleroit l'activité^
exciteroit le talent ^, et enseign^roit à tous les hommes une
foule de choses très-utiles. iRien de moins dispendieux au
reste que ces musées simples et rustiques , où la science po^
pulaire et sans pédanterie se mettroit à Ifi portée de tous les
Lommes.
Quand on veut former un muséum, on un cabinet, il faut
établir un ordre , et suivre l'arrangement le plus naturel qu'il
est possible , afin de reconnoîti*e , par des nuances succes-
sives , la marche de la nature. Il y a deux ordres de ^rps ,
les minéraux ou les matières inorganiques > et les corps yi-
8 _ C A B
van9 organisés , soit animaux , soit végétaux. Voilà une pre-
mière division ; la seconde séparera les animaux des plantes :
ensuite chacune de ces trois parties de la nature sera rangée
suivant les rapports mutuels des êtres qui la composent.
Les minéraux sont ou des corps inconibn»tibles , ce qui
comprend , i°. les pieiTes et terres ; 2**. les sels ; ou des sub-
stances (Combustibles , telles que 5"^. les métaux ; 4°. les bitu-
mes. Là première classe comprend les quartz , les grès , les
cristaux de roche , les agathes , calcédoines et cornalines ,
les cailloux , les jaspes , le feld-spalh , les hyacinthes , les to-
pazes , les émeraudes et les sapbii*s , les rubis , les tourmalines,
les schprls, &c. On range dans la seconde classe les argiles^ soit
ïn fusibles , soit en partie fusibles, comme le kaolin des Chi-
nois f dont on fait la porcelaine ; les schites et ardoises , les
laïcs el lés micas , le fripoli , les stéatites , les terres bolaires ,
les Serpentines , lesamiantfaes', les zéolithes et les spath-fluoi^.
La troisième classe est formée defs terres et pierres calcaires ,
des différentes sortes de marbres , des brèches , des luma-
chelles, des albâtres ; ensuite viennent les pierres mélangées^
comme les craies , les marnes, les terres à foulons et terres de
pipe , les trapp ou pierres de touche , Tophite , la pierre de
Florence , les marbres verds , le porphyre , les granits et les
brèches. )>ans la classe. des sels , il faut ranger le natron, le
horax ', lé nitre^les g3rpses , les vitriols ou sulfates métalliques,
l'alun yle*sel d'Epsom , le spath pesant qu sulfate de baryte et
la pierre de Bologne y le pnosphate calcaire et Tapatile^ tous
les spaths calcaires eh 'cnil'^ti? , ou ramcu'x comme le flo$
fhrri , et plusieurs ^trjficiitions , concrétions , jeux de la
nature, &c. . -".- '''■'^"- '
' Les substances métalliques dont , ou acidifiâbles , comme
Tarsenic, le wolfram ou tungstène ,1e molybdène et le chrome;
ou cassans , tels que le cobalt , le nikel , là btsthdih , le man-
ganèse , Fantimoinè élr le zinc ; ou coularis", coïhme le mer-
r.ure ; ou ductiles , tels que ^*étain , le plomb , le fer , le cui-
vre; l'argent, Tor et lé pbtine. Cette classe comprend encore
le<i diiférens mélanges des miileis et des métau*sç , soit dansIeUr
gangue , soit par l'action du'feù , soit par la minéralisation ^
tels sont les mines , les blendes , les calamines , les galènes ,
i'orpinrent , les pyrites cuivreuses et ferrugineuses, fiio.
On rangera dans la dernière classe le diamant , le soufre >
et les bitumes, tels que le charbon dé teri^ , le jais, l'asphalte;
le pétrole , le succin , et quelques autres substances de nature
ambiguë , qui paroissent avoir jadis appai*tenu aux végétaux!
et aux animaux. L'on poun*a placer ensuite les produits vol-
caniques , comme la pouzsobtnç ^ les acoriçs et les cendrav
C A B p
des volcans , les laves, les piérides- ponces , la pîerre obsi-
dienne, les basaltes simples ou articillés et à plusieurs pans.
On ne peut pas exposer le règne végétal dans un uinijéc
comm^ les autres branches de l'histoire natui^lle , mais on
foime un di-oguier : des racines , des tiges , des feuilles , dt.'»
fleurs , des gi*aines et des fruits , des écorces , des sucs et di s
gommes ou des résines sont placés dans des bocaux. Des
fucus sont encadrés sous verre , la racine du poly podium bo -
ramez Liinn. , ou l'agneau de Scythie, se place avec les racines
et fougères employées dans la médecine ou dans les aliniens
des nations sauvages. Les tiges , les feiïilles et les fruits de» pal-
miers , des lontai^s , des lataniers , des cocotiers, des dattiers ,
et la moelle du sagou doivent avoir leur rang , ainsi que 1rs
graines céréales du riz , du mil , du sorgho , du doiura et
du couz-couz des nègres. On place ensuite la canne à hucyg
et tous ses produits , le nard , le cyperua papyrus d'Egypte ,
Yeriopharum et sa laine , la masse d'eau, les joncs ,1e bambou ,
le maïs , les poivres blanc et noir , le bétel , les aroïdes , le ro-
seau aromatique , la colocasie ou chou d'Egj'pte ,les souchets,
les blés , &c. Plus loin seront Tellébore blanc , les ignames ,
la salse-pareille , le sang-dragon , les liliacées , les yuccas , la
nombreuse famille des aloes avec leurs sucs , la sciUe , les agave
et leur chanvre, ensuite les iris , le safran , les glayeuls , l'iris.
de Florence. Une auti^ classe offrira les ananas , les bananes,
le balisier , les amoraes et cardâmes , le curcuiua ou terre-
mérite , les galangas , le costus , le gingembre , les orchidées
et le salep , les opnris , les serapias et la vanille.
On rangera plus loin les aristoloches , le cabai*et , le garou ,'
le bois-denlelle ( daphne laggelto Linn. ) , les polygonées , la
rhubarbe , le rhapontic , les soudes et kali^ , la bette-rave et
son sucre , le salicor , lephytolacca , les àmaranlhes , les bel-
les-de-nnit ; l'arbre d'argent (/jro/^a argentea Linn. ), le cy-
clamen ou pain de poui-ceau , la grassette , \e poly gala senega
Linn. , les véroniques , l'arbre triste {nyctanthes sambac^
Linn.) , les catapas ( bignonia ) , et les lianes , la graine hui-
leuse du sésame , Ja spigèle vermifuge , les juscjuiame's , le'
tabac , la pomme épineuse , la belladone , l'alkékenge , les
ûifSbrens solariums , tels que les triste ^ macrocarpon et lyco -
perstcum ou la tomate , la mélongène , Vinaanum\ lefhrox ,*
le jutnctum, etc. On placera à la duite les pi mens , le cale bas-'
sieretaes calebasses, la noix vômique , lie bois de couleuvre,
le genipa , ej l'aHouai vénéneux. '
JDatis une autre casé seront pla'cés l'oU'saer et ses produits ,*
le frêne et sa manne , l'agnus castus , et le bois de giiitarre.
On trouvera ensuite les labiées, telles que' la raonarde, les sau-
15 C A B
Linn.) , le mftrier à papier , le bangue ou chanvre d'Asie.. Oit
ïi*oubliera point ensuite l'arbre à cire, ou le myrica cerifera
Lrnn. , le peuplier baumier ^les châtaigniers, le chêne ballote
et ses glands dont se nourrissent les Orientaux , le liège , le
liquida m bar ou copalme et le platane d'Orient. Dans les co-
nifères, sont les ifs , le bois de massue (casuarina) , les cyprès et
le ui^ noix , les thuyas , la sabine, le genévrier et sa résine , l'en^
cens , la sandaraque , les pins , les mélèzes , avec leui*s résines
et leui^s poix. Dans la famille des lauriers sera placée la ca-
nelle, l'avocatier, le camphre, le coulilawan, le malaba-
thnim , le raventsara , et le sassafras. On aura aussi la ban-«
dura, nepenthes disHUatoria Linn., qui porte de l'eau dans
des godets ; ainsi se termine le règne végétal.
Le règne animal nous offrira un tableau non moins intéres-
sant et aussi curieux. L'homme est le premier, et fait la plus
importante partie de l'histoire naturelle .des animaux. On le
verra dans quelques détails: son squelette , des crânes des di&
férens peuples de la terre , les caractères particuliers des âges,
du sexe et des climats seront remarqués. On y verra ensuite les
géans , les nains, les monstruosités naturelles , les foetus des em*
bryons de diverses époques de la grossesse ; une tête injectée ,
Un cerveau disséqué , les parties de la génération figurées en
cire colorée, une névrologie , iine angéiologie , une momie
d'Egypte; enfin , des concrétions et des calculs, ainsi que la
démonstration de l'œil et de l'oreille internes.
On rangera ensuite la famille des 5»/}^.9, l'orang-outang , les
gnenons , les sapajous , les macaques , le magot , les babouins ,
les alouattes : puis, les makis , les chauve-souris, teUes que le
vampire, le spectre, le spasme, les chats -volans, les héris-
sons , musaraignes , taupes , ours, blaireaux , coatis , la man-
gouste , la loutre , l'hermine , la zibeline et les mouffettes ou
pêtes puantes. Plus loin , nous trouverons le lion , le tigi'c , la
panthère, le léopai*^ , le lynx ; puis, le loup, le renard , le
chacal et les sanguinaires hyènes , qui seront suivies des ci-
vettes, des didelphes qui déposent leurs petits dans une poche
inguinale, du cayopoUn qui porte les siens sur son dos, du
Î)halanger volant, des kanguroos sauteurs, qui portent aussi
eurs petits dans une poche. La famiUe des rongeurs nous pré-
sentera les poiT<épics , les cabiais et agoutis, le castor si célèbre
par son industrie , les jolis écureuils , les marmottes , les rats-
taupes, les gerboises qui font de grands sauts, et les loirs en-
dormis. Nous voyons ensuite des fourmilliers , des tatous cui-
rassés , des pangolins écaiûeux , et le triste unau ou le pai'es-
seux. Dans la famille des ruminans, on obsei-verales chameaux^
là cigogne , l'animal du musc^ le renne des lapons^ l'élan , la
C A B ,5
èolossale girafiè^ les légères gazelles , le moulBon y les bniBes et
les bisons farouches. Une autre famille nous ofirira le beau
zèbre , puis , le sanglier d'Ethiopie , le babiroussa y dont les
dents canines sont roulées en spii*ale ^ le tapir , le rhinocéros à
une ou deux cornes^ l'intelligent éléphant , et le grossier hip-
popotame. Les lions et veaux marins , le lamantin, les vaches
marines se présentent à la suite ^ et précèdent les cétacés,
parmi lesquels règne la monstrueuse baleine , l'énoime cacha-
lot avec le blanc de baleine et rambi*e gris ; le narwhal et sa
longue dent. On ne peut avoir dans les cabinets que quelques
dépouilles de ces immenses animaux.
Plus loin s'offre une classe brillante ; celle des oiseaux. Les
perroquets, tels que les kakatoès^ les aras^ les perruches, les
loris , les amazones, sont sui\'îs des toucans au bec énorme ,
des pics , de l'ani , des beaux alcyons, du coucou indicateur ^
des charmans colibris et oiseaux -mouches, des caciques et
troupiales avec leurs nids curieux, des masnifiques oiseaux de
paradis , du mainate à voix humaine, et du merle moqueur ,
qui eat l'Orphée des bois américains. Ici se placeront les pie-
grièches, les vautours, les aigles, les griffons, le condor, les
faucons , les épei*viers et les milans : puis , les tristes oiseaux
de nuit, tels que les ducs, hiboux , chouettes, chat»-huants et
efindes. Ces familles seront suivies des nombreuses cohortes
de corbeaux, calaos, cotingas ; puis, des petits oiseaux, les
éloumeaux , les bouvreuils , les veuves , les mésanges, le remis
et son nid suspendu , les coqs de roche , le rossignol , l'hiron-
delle salangane et son nid , dont on prépare d'excellens con<*
«ommés sous le nom de nida d'alcyons.
A cette famille, succède celle des oiseaux gallinacés , teb
que le paon , les faisans , la peintade , les hoccos , les outardes ,
la gelinotte , les coqs de bruyère, l'autruche et le casoar : en-
suite se placent les oiseaux de rivage , comme le kamichi à
grande voix , l'agami apprivoisé , le flammant à hautes échasses,
les lierons , les grues et les cigognes, les ibis, les spatules ix>ses ,
le vanneau combattant , les courlis rouges , la poule sultane et
les jacanas. Nous trouverons plus loin les oiseaux nageurs ou
piilmipèdes , comme les pélicans avec leur sac sous le bec , les
frégates à longues ailes, les noddis stupides, les goélands si
voraccs , les pétrels qui vomissent une huile rance sur leurs
ennemis , la grosse albalrosse , les plongeons , la macreuse ,
l'eider qui foiunit l'édredon, le beau cygne , les guillemots ,
les pingouins à ailerons, à marche lente et boiteuse : enfin ^
les manchots qui ne quittent jamais l'empire des eaux.
IDes hordes d'affreux reptiles leur succèdent : on y voit les
pesantes tortues , le caret , la çaouanne, les lé^sards , comme lo
î
■4 . C A B
crococlille féroce , le gavial ^ le ca jman y les ignanes , le curieux
caméléon , le scinque et les dragons volans. Plus loin , sont les
venimeux serpens à sonnettes , les énormes boas , serpens de-
vins ou fétiches^ les vipères^ l'aspic^ le céraste , le serpent à
lunettes que les psylles savent cnarmer, les couleuvres lui-
santes y le serpeni. d'Esculape y les orvets timides y les amphis-
bènes ou douoles-marcheui^s : enfin , la famille immonde des
crapauds y du pipa, qui porte ses petits sur son dos » des têtards
ai se transforment en grenouilles, des rainettes qui changent
e couleur et qui grimpent sur les arbres.
Ici sont l'assemblées les cohortes aquatiques qui peuplent les
Hiers et les fleuves, des lamproies, des raies, la curieuse tor-
pille ou raie électrique-, des cliiens de mer vivipares , le re^
quin sanguinaire , le redoutable poisson-scie , le tiburon , la
roussette et sa peau couverte d'aspérités, le roi des harengs^
l'esturgeon , avec le caviar formé de ses œufs et la colle de
poisson ; l'hippocampe ou cheval marin , les coffres , le pois-»
âon-lune, et les diodons vénéneux , les hérissons de mer, les
diables de mer ou les hideuses baudroies , le crapaud marin
composent la première division. Elle est suivie parles congres,
les murènes, l'anguille électrique, l'éguille {atnmodyUa ta^
iobianua Linn. ) , le loup marin , dont les dents pétiifiées sont
appelées bufonites, comme les dents fossOes^de requin sont
appelées gloswpètres , le poisson empereur ou l'espadon , la
vive ou le dragon marin. Ensuite , on trouve les familles des
morues , cabeliaux et merlans, le perce-pierre vivipare, la
i*ascasse volante , le rouget, le poisson volant, la rémora ou lé
sncet. Après, viennent en ordre les poissons plats, la sole, le
turbot, la plie; puis , les thons et maquereaux, les perches, là
dorée, les belles bandoullières , les éclatantes dorades,' les
labres et les spares : enfin , les carpes , le poisson doré de la
Chine , l'ablette, le poisson-volant des Tropiques , le hareng,
l'alose , la sardine , les saumons, les truites, les brochets et le
mal ( silurus glanis ) , &c.
Dans les mollusques , nous trouverons les sèches , les poulpes
et les nautiles , le lièvre de mer, les patelles , les ormiers, les
nérites , les murex , les strombes et buccins : les sabots , comme
la scalata , la bouche d'argent, les toupies , les volutes, les por-i
celaines; et les cornets, tels que le drap d'or, le cedo nulli, la
couronne impériale, &c. Nous i-econnoîtrons ensuite les fa-
milles biifalpes , comme les pèlerines , la moule à perles , les
pinnes-marines , les venus , la conque , les arches , les dails qui
vivent dans des pierres : les pousse-pieds et balanistes achè-
vent cette classe.
On entre ensuite dans celle des insectes. D'abord se trou*
C A B i5
▼ent les cruBtacés ^ les légions de crabes^ le bemard-l'hermite,
le piiinothères , les langoustes ^ficc. On rencontre bientôt les
araignées , la fameuse tarentule et les scorpions ; puis , les de-
moiselles ou libellules, les termites rongeurs , les îiépli^mères..
D'autres familles offrent les abeilles, les guêpes solitaires (sphexj, ^
les mouches à scie , les ichneumons ; puis, des cer&-volans^
de ffos scarabées, des charançons , des richards , des taupins ,
des vers luisans , des cantharides^ des chrysomèles , des tour-
niquets , Sec. Plus loin, sont rangées des blatlM, des mantes^
des cigales, le fulgore porte-lanterne, les gallinsectes, telles
que la cochenille et le kermès ; enfin , les brillans papillons^
les sphynx, les papillons de nuit, les vers-à-soie, les chenille^
et leur transformation. Le reste des insectes est composé des
diptères, comme mouches, moustiques, taons, moucnes-arai*
gnées, oestres ; et des aptères, telles que les mittes,les puces, &c.
Dans les vers, on compte les aphrodites, les dentales, les
naïades , la furie infernale, les vers intestinaux, les tœnia ,
les hydatides et les dragonneaux.
La classe des zoophytea est composée des étoiles de mer , des
oursins : puis, des orties marines , des anémones de mer , des
polypes d'eau douce si remarquables par leturs facultés, de»
animalcules infusoires, dont les uns peuvent se ressusciter,
des anguilles microscopiques , &c. Ensuite , on place les coral»
Knes , les sertulaires , et les cératoph3rtes , tels que les gorgones ,
le corail et les pennatules phosphoriques. Immédiatement
après, se rangent les madrépores, les astroïtes , les millépores :
et enfin , les alcyons , les éponges et plusieurs pétrifications
animales.
Tel est Tordre d'un grand cabinet d'histoire naturelle. Il y
a de» productions empaillées, d'autres desséchées, les autres
-0ont conservées dans de l'esprit-de-vin ou de Tcau chargée
d'alun et de sel. On place dans les peaux bourrées , de l'ar-
aenic mêlé aux autres poudres , afin de faire péril* les insectes*
Les plantes sont rangées en herbiers , les fruits , les sucs , les
racines, &c. se placent dans des bocaux. Le goût suggère
plusieurs arrangemens locaux et des embellissemens qui doi-
vent être simples comme la nature. Quelque soin qu'on prenne
pour former un musée d'histoire naturelle, il ne peut pas être
complet, il n'en est même aucun en Europe qui contienne
tous les objets dont nous venons de faire l'enumération. Au
reste, ce qui manque aux uns peut se trouver dans les autres.
On |)eut consulter dilFérens mots de ce Dictionnaire, pour
connoîlre la marche qu'on doit tenir dans l'élude et le classe-
meut des objets d'histoire naturelle. Voyez Mutera vx ^ Y i-
j6 C a B
gétaux, Animaux, et les mots Nature, Histoire natu-
B£LLE. (V.)
GABION ARA: "BarrèTe- { Franc, êquinox.), dit que c'est
le nom du cabiai à la Guiane. Voyez Gabiai. (S.)
GAfiOGHE, poisson des rivières de Siam, dont on distin-
gue deux espèces , et dont la chair fraîche ou sèche est fort
estimée ; il est long d'un pied et demi. On ignore à quel genre
appartient ce poisson , qui est mentionné dans Y Histoire gé-^
nérale des voyages, (B.)
G ABOCHON , nom commun à plusieurs coquilles du genre
des Patelles. Lia patelle figurée pi. a , fig. K , de la Conchy^
liologie de Dargen ville , le |X>rte plus particulièi*ement. G'est
une Galyptree de Lamarck. Voyez aux mots Patelle et
Calyptrée. (B.)
*GABOMBë , Nectris , plante aquatique dont lesli^es sont
longues^ menues et rameuses; les feuilles de deux sortes ; les
inférieures , opposées et finement découpées ; les supérieures ,
alternes, or biculaires, ombiliquées, entières , et flottantes ; les
fleurs sont jaunes , axillaires , solitaires et pédonculées. Gha-
cune consiste en un calice de trois pièces ovales , pointues ;
en trois pétales plus courts ; en six étamines ; en deux ovaires
oblongs , qui se terminent chacun en un style court dont les
stigmates sont obtus.
Le fruit est composé de deux capsules dix>ites, ovales, poin-
tues , uniloculaires et polyspermes.
Gette plante croit à Gayenne. (B.)
GABOT , nom vulgaire du MuGBsur quelques côtes. G'est
aussi le nom du Gobie de Schlosser. Voyez ces mots. (B.)
GABOT£. On appelle ainsi quelquefois le Trigle uiron«
J>ELLE. Voyez au mot Triole. (B.)
GABOU ILLE , nom donné à Saint-Domingue, à I'Agavs
DU Mexique. Voyez ce mot. (B.)
GABRA MONTES, nom portugais du Gheyreuil. Voyez
au mot. (S.)
GABRE. Voyez au mot Neore. (S.)
GABRI , jeune chevreau qui n'a pas encore six mois. Voy.
Ghevre. (S.)
GABHILLET , EJwetiay genre de plantes à fleurs polypé-
lalées , de la pentandrie monogynie , et de la famille des Se*
BESTÉNiERS , dont le caractère est d'avoir un calice d'une
seule pièce à cinq divisions ; une corolle monopétale cam-^
Sanulée à cinq divisions souvent réfléchies ; cinq étamines ,
ont les filamens s'insèrent au tube de la coix>lle ; un ovaire
supérieur ^ ari*ondi^ chargé d'un style court^ dont le sUgmate
est échancré.
C A C 17
Le fruit est une baie arrondie , qui Contient quatre se-
mences convexes d'un côté , et anguleuses de Tauli^e.
Ces caractères sont figurés pi. 96 des lUiuitrations de Iia<-
marck.
' Les cahriUets sont au nombre de neuf espèces^ dont sept
appartiennent à TAmérique méridionale , et deux viennent
dans les Indes ; ce sont des arbres ou des arbrisseaux à fleurs
disposées en panicules terminales ou axiUaires. Les plus re-
marquables sont le Cabrillet A FEUILLES 0£ THYM, dont
les caractères sont d'avoir les feuilles ovales , oblongues , en-?
tières , glabi*es et les fleurs paniculées. Il croit à la Jamaïque ^
et dans le Mexique. On en mange les fruits. Le Cabrill£T
SAT'ARO, Ehrêtia bourreria Linn. , dont les caractères sont
d'avoir les feuilles ovales, entièi'es, lisses, les fleurs en corymbea
et calices glabres. Il croit aux Antilles. Ses fleurs sont odo-
rantes.
Le genre Carmone de CavaniUes se rapproche beaucoup
de celui-ci. Voyez au mot Carmone. (B.)
CABROUZILLO MONT£S. C'est en espagnol le Chs«
VREUiL. Voyez ce mot (S.)
CABURE, espèce de Seops du Brésil. Voyez Petit-duo,
(ViEILL.)
CABURËCBA. Cest le nom brasilien de l'arbre qui four*
oit le baume du Pérou. Voyez au mot Muiosferme. (fi.)
CACA HENRIETTE, nom que les Créoles de Cayenne
donnent au fruit^uMÉLASTOME succulent. A^o^. ce mot.(B.)
CACALIE, Cacalia , genre de plantes de la syngénésie po-
lygamie égale, et de la famille des Corymbiferes, dont le
caractère est d'avoir un calice cylindrique, simple , ou légèra->
ment caliculé à la base ; plusieurs fleui-ons tous bermapnro-
dites, réguliers , tubulés, quinquéfîdes, posés sur un récep-
tacle nu ; un fruit consistant en plusieurs semences oblongues^
couronnées d'une aigrette sessile, longue et velue.
Voyez pi. 673 des Illustrations de Lamarck, où ces carac-
tères sont figurés.
Ce genre , qui contient plus de trente espèces connues, se
èmse eu deux sections^ d'un aspect fort différent. L'une com-
prend les cacaliee dont la tige est frutescente ; l'autre celle
dont la tige est herbacée.
Presque toutes les espèces de la première division seroient
dans le cas d'être citées par leur singularité. Ce sont des plantes
qui s'élèvent au plus à la hauteur d'un homme , dont les tiges
sont solides^ non parce qu'elles sont formées de bois , mais parce
qu'elles ren ferment des fibres longitudinales de la nature de
celles àesyuques, des aloèê , «t autres plantes grasses. Leur^
AT. H
j8 C A C
feuilles aontfinéquemment charnues, et presque toujoui-s d'un
vert glauque. Plusieurs se cultivent dans les jardins de bota-
nique, mais y fleurissent rai^ment. Les plus communes dans
ces jardins^ sbnt :
La Cacalie antheuphobbe , dont les feuilles sont ovales ,
oblongues , planes , et ne naissent qu a Textrémilé des rameaux
et ce en petit nombre. On a cru pendant long- temps que son
suc éloit le contre-poison de V euphorbe d^ Afrique , pays d'où
elle vient. Voyez au mot Euphorbe.
La Cacalie a feuiljles de laurose, Cacalia kleinia
Linn. , dont le caractère est d'avoir les feuilles lancéolées ,
applaties, placées , en petit nombre , à l'extrémité des rameaux.
Mie vient des îles Canaries. C'est celle qui fleurit le plus sou-«
vent en Europe.
On peut voir dans la belle collection des plantes grasses de
Redouté, cette dernièreespèce^ et plusieurs autres de la même
division fort bien figurées.
Parmi les plantes de la seconde division , il faut noter :
La Cacalie porofh ylle , qui vient de l'Amérique y dont
les feuilles sont elliptiques et un peu dentelées.
La Cacalie a feuilles de laitron, dont les caractères
sont d'avoir les feuillesenlyreet dentées. Elle vient des Indes,
et son suc pas&e pour fébrifuge et anti-dyssentérique.
La Cacalie a feuilles de verge d'or ^ qui croit dans les
montagnes des parties méridionales de la France, et qui y est
constamment de ce genre, tandis que, lon^qu'on la cultive
dans les jardins y elle devient /iMsi/a^^, en prenant des fleurons
femelles à la circonférence. Voyez au mot Tussilage.
La Cacalie a fuilles d'abroche , venant de l'Amérique
septentrionale , mais commune dans les jardins, où elle se fait
remarquer par sa grandeur,
La Cacalie a feuilles de fetasite, qui se troiive dans
les montagnes du Puy-de-Dôme.
La Cacalie a fett illes d'alliaire ,qui vient des bords de
l'Isère^ et que Villars a décrite sous le nom de iuasilage odorant ,^
dans les actes de la Société d'Histoire naturelle de Parie.
La Cacalie coucuée , quia les tiges couchées , légère ment
frutescentes , les feuilles ovales, lancéolées, presque dentées
et charnues. Elle se trouve à la Chine et à laCoclunchine, et
est figurée dans Rumphius sous le nom de sonchus volubilis.
On en mange habituellement les feuilles en guise d'épinards,
et même crues en salade.
La Cacalie bulbeuse a les feuilles radicales en lyi*e , la
tige presque nue et pauciflore. On la ti*oiiye à la Chine et a
la Cochinchine. Sa racine est trcs-grosse et est regardée comme
Carier re^u^^ - ^ àiÀauAAiMt de fityemft^ " '
C A C '•9
^molliente et résolutive. On l'emploie en calaplamne dans les
douleurs des mamelles , les érysipcles, les ophlhalmies çt les
douleurs de la gorge.
J'ai découvert pTuMears espèces nouvelles de ce genre danf
rAmérique septentrionale. (B.)
CACALOTI, corbeau du Mexique, varié de noir et im
liknc ; c'est tout ce que Ton en sait ( Vikill.)
CACALOTOTOTL, nom mexicain deTAKi. frayez ce
mot. (S.)
CACAOYER , CACAO , pieobroma Linn. {polyadeU
phle pentandrie ) , arbre qui ci*oît naturellement sous la
zone torride , dans diverses conti'ées de l'Amérique , et parti**
culièrement dans la Guianè et au Mexique, sur la côte de
Csraque. Il appâtaient à la fami|le des Maly acées ; et les b(^
tanistes ont donné son non^ à un genre dont on ne connolt
que trois espèces ; savoir : le Cacaoyer sauvage , CacoQ
iyli^utria Aubl. , à feuilles ti*ès-entières , ^ à fruit sans côtesj
le CiCAOYER ANGULEUX , Cocoo Guionensi^ Aubl. , dont lea
feuilles sont dentées, et dont le fruit, cotonneux et roussâtre ,
comme celui- du précédent , offre ciiia côtes saillantes. On
trouve ces deux espèces dans les forêts de la Guiane. La troi*
nème, est le Cacaoyer cuiiTiVE, Tàeobroma cacao X^zin*
Cest le fruit de ce dei*nier qui donne ces amandes précieuses y
connues dans le commerce sous le nom de coomo , dont on
fait un si grand usage pour la préparation du chocolat^ au-
quel elles servent de base.
Le cacaoyer ou cacaotier cultipé , est un arbre d'une gran-
deur et d'une grosseur médiocre , plus ou moins élevé , selon
U nature du soL U a à -peu -près le port d'un cerisier de
ZDojenne taille. L'écorce de son tronc.est de couleur de canr
ndie plus ou moins foncée , suivant Tâge de l'arbre ; son boit
^^^ poreux et fort léger. Ses rameaux sont garnis de feuilles
^Wmes et pétiolées , très-entières , grandes , lisses , pendantes
^ veinées en dessous: elles se renouvellent sans cesse , de sorte
que i'arbre n'en paroîl iamais dépouillé. Il est aussi chargé
tn toat temps , mais partiruUèrement aux deux solstices, d'une
innde quantité de Ueurs petites et sans odeur , éparses et di»-
lWf8 en faisceaux sur le tronc et sur les branches. Ses Heurs
^^nl complètes^ Le calice est découpé çn cinq folioles ouvert
'^, lancéolées et caduques. X^ corolle est formée de cinq pé«-
^^'^excavés à la base, voûtés supérieurement, et surmontés
''acun d'une lanière très-étroite, qui se recourbe en avant ^
^^ termine par une lame élargie et aiguë. Les éiamines, au
^'"'nhre de dix, ont leurs filets réunis en tube vers le .bai ;
cuiq de ce« filetj sont longs et stériles ; les cinq autres , alternes
so C A C
mvec les premiers , sont courb et cachés dans la cavité des
pétales ; ils portent chacun une antlière à deux loges. Au-
dessus de l'ovaire , qui est supérieur et ovale ^ s'élève un style
couronné par cinq stigmates.
Le fruit du cacaoyer est une capsule coriace , ayant à-peu*
près la forme d'un concombre ; sa surface c&t raboteur ^ et
marquée de dix stries en cotes ; et son intérieur est divisé en
cinq loges , remplies d'une pulpe gélatineuse et acide , qui en-
veloppe des semences ou amandes attachées à un placenta com-
mun et central. Ces amandes sont un peu plus grosses qu'une
olive ^ charnues , un peu violettes, lisses, et au nombre de
TÎngt^nq à quarante dans chaque fruit. La peau qui les re-
couvre est très-amère; mais la pulpe, dont elles sont entou*
rées , mise dans la bouche , étanche ia soif et rafraîchit agréa-
blement. Le fruit, pai*venu à sa maturité , est tantôt d'un
rouge foncé, parsemé de petits points jaunes, tantôt simple-
ment jaune. / oy. ïa pL S36 deê lUustr, des genr. de Lam.
En Europe, le cacaoyer cultivé ne peut être qu\iti arbre
4]'agrément On est obligé de l'élever et de le tenir dans les
«erres les plus chaudes. 11 se multiphe de marcottes , et quelque-
fois de boutures. On n'a pas pu encore l'obtenir de semen-
ces , non plus que ses deux congénères , parce que ces arbres
ne portent point de fruits dans notre climat , et parce que leurs
graines , «qu'on tire des pays on ils croissent , ont perdu leur
propriété germinatrice lorsqu'elles aiment. Dans son pays
natal , le cacaoyer se cultive en grand.
Culture du Cacaoyer.
Le eaeao faisant un objet considérable de commerce dans
le nouveau continent , on apporte beaucoup de soin à la cul-
ture des roctio^ers.' Quand on veut en faire une plantation »
on choisit d'abord avec intelligence le sol et rex|K>silion qui
leur conviennent. Comme il ne leur faut ni trop ni tixip \te\x
d'air, et comme ils ci*aignent sur-tout les grands vents , on
les place toujours dans un lieu abrité par des arbres qui aient
une certaine hauteur. S*il ne ben trouve point autour du tcr->
rein qui leur est destiné , on en plante trois ou quatre rangs ^
en donnant la préférence à ceux qui croissent vite, qui gar-
nissent beaucoup, et dont le pix>dint utile puisse dédomma*»
ger le propriétaire d'une jiartie de ses frais. Le bananier réu-
nit ces avantages : d'ailleurs, n'étant pas très-élevé, il laisse
passer tout l'air dont ont besoin les cacaoyers , qu'on arrèto
communément à quatorse ou quinxe pieds; car plus ils sont
bas , plus leur fruit est facile à cueillir , et moins le vent a do
prise sur eus.
C ^ G 9»
Un sol riche ^ humide et profond , est celui qui conTienf 1&
mieux à ces arbres; comme ils ont un pivot qui s enfonce
beaucoup , ils ne peuvent réussir clans une terre dure et argi»
leuse. La meilleure est upe terre noire oii rougeàtre, alliée d'un
qaart ou d'un tiers de sable ^ avec quantité de gravier. Ils>y
produisent du fruit en assez grande abondance^ ^rois ant
après avoir été semés. Dans les terreins plus forts ei plus hu**
mides , ils deviennent grands et vigoureux • mais ils rappor-
tent moins. On est assez dans Tusage de défricher nn^ tercein
exprès , pour établir des cacaoyers. Sur les terres qui ne sonf
^ue reposées, il» durent peu , et ne donnent qu'un fruit «aé-:
diocre et en peliie quantité. .. «
On brûle d'abord les plantes, et les arbustes qui ont été ar-
rachés, ainsi que les arbres abattus; puis on laboure à la
houe, le plus profondément qu'il est possible, on ôte toutea
les racines qu'on rencontre , et on applanit la surface. Ensuite,
avec un cordeau divisé par noeuds , plus ou moins éloigi^és,
on dispose un quinconce de piquets^ Autour de chacun , et
avec les piquets même, on fait deux ou trois irmis rappro»
chés,dans lesquels on coule une amande,, le gros bout ea
bas, en la couvrant d'un peu de terre. On fait cette plantation
dans un temps pluvieux ou disposé à la pluie, et aussi^tôt quf
les amandes ont été récoUéea , ,car elles ne conservent pa»
leur germe ; on doit choisir les plus mûres et les plus saines*
Comme toutes pe lèvent pas, les surnuméraires qui ont bien
levé, servent dans la suite à regarnir les endroits vides.
C'est au bout de dix ou douze. moi^» qu'on £»it Je choix
des jeunea plantes qui doivent rester, en place, oi; être arra-^
chées» On conserve celles qui annoncc^nt ])ius de force ; et on*
retranche les plus foiblea, avec la jirécaulion de ne point
oQenser les racines dc^s individus dont on les sépare, ni le»
leurs même, au cas qu'on veuille. ^es. transplanter.- Selon
Miller, cette transplantation réufii^it rarement, et les coco^j^^r^
demandent, à être semés dans le. lieu même où ils doivent
rester. Cependant on en fait quelquerojÊs des pépinières pour
garnir les terreinsde)^ Ca.Ugués oa rempli» d'insectes. Le plant
qu'on y porte , auir«-tqut un peu fort, est moins endommagé
par ces animaux ;, que celui qui j seroit venu de graine.
Pour aiTêter les effet» de rmipétuosité du vent , oa ne se
contente pas d'entourer la plantation de trois ou qualre rangs
de bananiers, on en plante encore d'autres rangées dans l'iu-
térieur , de distance en dislance ; et comme les» jeunes caraoy<?r#
sont fort délicat^,. afin de les garantir aussi de la trop forte
impitession d'un soleil brillant, on met , entre chacun de lenis
ranga^ deuxrayons de manioc ;, celle plante ne s'éleiTint c^'k
»* CAO
beaaconp endommagées : maû il ne faut point penser k r«c-*
courcir les branches vigoureuses , ni faire de grandes plaies ;.
comme ces arbres sont remplis d'un suc laiteux et glulineux^
jl se feroit alors un épanchement qu'on auroit |>eine à arrêter,
et qui les affoibliroit considérablement.
Les cacaoyers ont pour ennemis les raveis, diverses sortes
de fourmis , et des espèces de sautei^elles nommées criquetJf,'
Lies criquets mangent les feuilles , et par préférence les
bourgeons , ce qui fait périr l'arbre , ou au moins le retarde
beaucoup. Jusqu'à présent on n'a connu d'autres moyens de
s'en garantir, que de les faire chercher soigneusement pour'
en détruire le plus qu'il est possible. Les fourmis blanches ,
nommées en quelques endroits j902ijr de bois, font un grand
dégât , et les fourmis rouges encore plus ; en une nuit , elles
ont quelquefois ravagé de Vastes plantations. Elles s'attachent
principalement aux jeunes arbi*es. On les détruit , en rem«-
plissant d'eau bouillante les fourmilières qu'on rencontre , ou
en jetant quelques pincées de suUimé corrosif dans leur nid ,
ou sur leur route.
La vente des amandes de cacao , pour faire le chocolat ,
forme une branche considérable de commerce en Amérique.
Ces amandes fournissent encoi*e une huile qui s'épaissit natu-
rellement , et qui reçoit alors le nom de beurre. Après les avoir
priées , on les jette dans une gi*ande quantité d'eau bouillante ;
Philile qui surnage , se recueille aisément , et on en obtient
encore en exprimant fortement le marc. Cette ^méthode suffit
en Amérique, où les amandes récentes abondent en huile ;
mais en Europe , oà elles arrivent sèches . on est obligé de les
tori*éfier avant de les piler; pour le reste, le procédé est le
même. Plus le cacao est gros et bien nourri , moins il éprouve
de déchet après avoir été rôti et mondé. Le bon cacao doit'
avoir la peau fort bi-une et assez unie ; et quand on l'a ôtée ,
l'amande doit se montrer pleine, lisse , de couleur de noisette,
fort obscure au-dehors, un peu plus rougeâtreen dedans,
d'nn goût un peu amer et astringent , sans sentir le verd ni 1q
moisi ; en un mot, sans odeur et sans être piqiiée des vers.
Propriétés du Cacao,
Le cacao est nourrissant , il fortifie restomao et la poitrine^,
répare promptement les forces épuisées ; il est salutaire aux
vieillards. Son huile est très-anodyne ; elle cpnvient dans les
rhumes de poitrine, et peut même être utile contre les poisons
corrosifs ; elle est très-propre à faire fluer doucement les
hémorroïdes. Elle ne contracte point d'odeur, sèche proxap-
CAO 35
tement, et passe pour un bon cosmétique : des frictions de
cette huile pourroîent, jusqu^à un certain point, conserver
aux muscles leur souj^esse , et garantir de rhumatismes les
personnes d'un âge avancé. (D.)
Observations sur la composition et les usages du Chocolat.
Parmi les substances dont la conquête du nouveau con-
tinent a enrichi l'ancien , il faut compter le cacao. C*est avec
ce fnitt , ou plutôt cette semence , que les Mexicains pré-
paroient , de temps immémorial , leur boisson favorite , le
chocolat ; elle consistoil dans du cacao grillé et broyé , qu'ils
délayoient dans l'eau : ils y ajonloient, pour ini donner de
la consistance , de la farine de maïs , et du piment pour
l'assaisonner; l'existence du sucre leu rétoit inconnue, puis-
que la canne, indigène des Indes au-delà du Gange , n'a été
apportée à Saint-Domingue qu'en 1 5o6 , par d'Eslîcaca , 0t
que c'est Balastro qui le premier en Amérique a soumis cette
plante au moulin.
Les Espagnols partagèrent l'enthousiasme des Mexicain*
sur les propriétés merveilleuses qu'ils altribuoient au eho^'
colat ; sa préparation , tout imparfaite qu'elle étoit alors «
devint bientôt entre leurs mains un objet de spéculation ; ïh
en firent un secret , et ils ont vendu long-temps, et vendent
encore aujourd'hui , aux autres nations pour du chocolat,
une pâte simple de cacao , grillé , mondé , broyé , et féduit
â l'aide du feu sous la' forme de rouleaux cylindriques.
La canne transportée dans nos colonies ayant rendu plus
commun en Europe l'usage du sucre, il devint bientôt Tas-
saisonnement , le condiment général ; les Espagnols neman*
quèrent pas de le faire entrer dans la pi*é]>aration du chocolat,
afin d'en corriger le désagrément pour quiconque n 'étoit pas
familier avec cette boisson ; mais ce n est que long - temps
après que les autres nations parvinrent à découvrir que le
cacao en étoit la base, le suci*e l'assaisonnement, la cannelle
et la vanille l'aromate ; chacun alors modifiant à son gré la
préparation du chocolat, et s'efibrçant de persuader qneie
meilleur procédé étoit en sa possession , les consommateurs
se partagèrent entre les dill'ei*entes fabriques des différens
pays , mais toirjoui's avec la propension de préférer celles qui'
se trouvoient les plus éloignées : de-là la réputation des cAo-
colats d'Italie, de Portugal et d'Espagne , qui , comparés à
ceux que l'on prépare à Paris et dans lesautres villes de France ,
n'ont aucune sufiériorité : eh ! pourquoi ces conli'ées auroient-
ellea sur nous un pareil avantage ? les objets qui concluent
ftft C A C
tambour sur un feu doux , jjout achever d'épuiser ITin-
midi lé qu'elle aiuroit pu encore retenir.
Le temps de procéder an grillage du cacao est le prin-
temps , avant Tanivée des gi'audes chaleurs ; et cehii pour
préparer ie chocolat est l'automne. En préparant le» gâteaux
de pâte à l'avance^ le cacao pi'end plus de corps et se décom*
pose moins.
Confection du Giocolat.
L'automne est également la saison la plus convenable ; car
quoique la chaleur que donne à sa pierre l«=t broyeur soit bien
supérieure à celle de l'abmosphère ^ néanmoins l'air un peu
frais sert à soutenir la matière , et s'oppose à la désunion du
beurre du cacao d'avec le pai'enchyme del'amande. Le temps
très-fl'oid ne permet pas d'administrer une cbaleur égale ,
antre inconvénient. Ainsi tout bien considéré , le printemps
et l'automne sont les saisons les plus favorables à la fabrication
du chocolat.
Sans doute le cacao caraque est le meilleur de tous ; mais
fli on l'emploie seul , il donne un chocolat noir , sec et peu
onctueux ; si c'est au contitiire le cacao des îles dont on se
sert 9 le chocolat sera très-gras , et aura moins de consistance;
ces diiféi'entes espèces de fruits ^ traitées chacune séparément^
ne peuvent donc offrir un bon résuli.at ; il faut les mêler
dans des quantités déterminées par le prix qu'on veut y
mettre et par le goût du consommateur ; .les proportions -les
plus convenables sont trois parties de cacao caraque et une
partie de cacao des îles ; du mélange de cette pâte ou prend
trois cinquièmes ^ auxquels on ajoute deux cinquièmes de
sucre blanc , sans cependant être trop rafliiié , car celui cris-
tallisé , dit candi ^ n y seroit pas propre.
Quand il n'entre dans la composition du chocolat pour
aromates que.de la cannelle , on l'appelle chocolat de santé;.
il porte le nom de chocolat à une demie ^ à une , deux et troia
vanilles, lorsque dans une livre , il y a une , deux ou trois
gousses de ce frm't.
Le chocolat ainsi composé est infiniment préférable à cette
pâte brute de cacao qui se prépare encoi*e aux Antilles^ et
que les Espagnols continuent de nous envoyer , sous le pré-
texté que dans cet étal il est plus commode , parce qu*on
peut , a l'instant du déjeûner > aJQuler le sucre et l'espèce a'aro-.
mate dans la propo* lion qu on désire ; mais la boisson qui en
résidte ne présente jamais une homogénéité parfaite ; on voit
toujours le beurre du cacao nager à la surface , tandis quB
quiind le sucre est mêlé au cacao siu: la ji^rre à broyer , i^
Ç A C S9
ft'opcre dans le mélange une combinaûon plus intime de tous
les principes^ un chocolat en un mot mieux fondu , plus
miscible à Teau, et par conséquent plus facile à digérer. D'ail-
leurs y quoique le caccu) ne contracte point de la ranciditi
nassi facilement que les fruits qui lui sont analogues , il est à
craindre qu'en éprouvant trop immédiatement Taction de
b chaleurnécessaire pour broyer l'amande, l'huile ou le beurrd
à nu qu'elle contient ne perde de son caractère de douceur
pour devenir acre et échauffante.
Des abus qui se commettent dans Us fabriques de Chocolat.
Il est malheureux sans doute que dans un cbmmerce d'où
Vamourde l'humanité^ ce sentiment si pur et si naturel , sem-
bieroit devoir baanir toute infidélité , tout intérêt sordide^ on
voye cependant les fraudes se multiplier , à mesure que les
objets passent en des mains différentes pour acquérir la pro-
priété de l'aliment ou du médicament ; je suis fâché que les
malversations de quelques particuliers faisant le commerce du
chocolat , forcent à indiquer ici des précautions dont , sans
contredit , n'ont pas besoin beaucoup d'hommes qui rem-
S lissent les devoirs de leur utile profession avec cette candeur
igné de l'âce d'or.
Baume 9 dans ses Élémens de Pharmacie, et Demachy,
dans son Art du distillateur liquorisie , ont dévoilé une
partie des abus qui se commettent dans ce genre de fabrica-
tion. Je m'estimerai heureux si , en ajoutant quelques ob-
servations à celles que ces chimistes ont déjà publiées , je
parvieÀs à conserver au chocolat la juste réputation . qu'il
mérite^ et qu'il n'a perdue dans l'opinion de quelques par-
ticuliers que par les vices de sa préparation ou l'addition de
matières étrangères à sa composition.
Dans le nombi'e des personnes qne j'ai entendu former
des plaintes contre le chocolat y je citerai une femme d'une
assez bonne constitution, à laquelle on l'avoit ordonné comme
médicament. Les mauvais efiëts qu'elle en éprouvoit me don-»
nèrent lieu de suspecter la fidéhté de son chocolat. J'en lis
Texamen , et j'y trouvai une matière farineuse en assez grande
abondance : or , cette matièra lui étoit précisément interdite
Sar son médecin. Je l'engageai à ne pas discontinuer l'usage
u chocolat , mais à s'en procurer chez lui autre fabiicant.
Bientôt le mal-aifte , les pesanteurs , les aigreurs qui la tour-
mentoient disparurent ^ et l'estomac se rétablit insensible-
ment. Ainsi , le moyen auquel elle devoit être redevable de
6a guérison^seroit peut-être devenu pour elle une.caus« de
dépériasement.
3o C Â G
J'ai cm devoir saisir cette occasion pour vérifier d'antres
chocolats achetés indiRei^minent chez plusieurs fabricaua ;
)'en ai trouvé de parlaitement préparés. J'en ai trouvé audsi
c|ui contenoient , les uns de la faiîne de froment ou de la ia*
rinede riz, lesautresdesfarinesde lentilles et de pois; enfin , do
la fécule de pomnie-de*ten*e. Ces substances, dira-t-on, sont
innocentes dans Téconomie animale : j'en conviens; mais^
dans les circonstances où le chocolat fait partie du régime ,
elles ne peuvent devenir oue très-préjudiciables k la santé.
D'ailleurs , pourquoi les y introduii*e ? Elles sont absolument
étrangères à sa compoidtion. Ces observations sont applicable»
i toutes ces additions préconisées dans des avis que des char-
latans en ce genre distribuent, et qui ont trouvé des appro-
bateurs; mais, en supposant ce qui n'est pas> qu'il soit né-
cessaire de rendre le chocolat plu» épais et plus substantiel ,
les mélanges dont il s'agit ne doivent se faire qu'au moment
de sa préparation , et pour ainsi dire sous les yeux du consom-
mateur. J'observerai encore que si on croit qu'il soit utile d'y
ajouter des matièi^s fiirineuses, il faut toujours les employer
dans l'état de fécule ou d'amidon, parce qu'alors elles sont
dépouillées de ma(ièi*es glutineuses ou extractives, et ne con-
tiennent plus que le principe alimentaire par excellence.
. La composition du chocolat doit être distinguée de sa pré-
paration. Celle-ci est le lot du consommateur; il peut y fair»
entrer à son gré tout ce qui lui plaira pour donner au breu-
vage un caractère plus savonneux ; il peut se servir de lait au
lieu d'eau pour augmenter son agrément ou sa vertu nutritive.
On a même remarqué oue beaucoup de personnes, qui ne
•auroîent faii*e usage du lait de toute espèce sans qu'il ne s'ai-
Ï risse sur-le-champ, viennent à bout de le digérer à l'aide
'un peu de chocolat ; il peut augmenter l'aromate et le di-
▼entner. Mais, encore une fois, lorsqu'il entre dans les vue»
du médecin de l'ordonner aux malades, c'est un médicament
aur les eOets duquel il ne peut plus compter, si sa composition
est arbitraire et variable.
11 y a encore d'autres fraudes plus nuisibles aux eHets salu-
taires du chocolat, que j'ai i*econnues dans mon examen.
Quelques fabvicnns se procurent, à vil prix , les résidus do
pâte ae cacao dont le beurre a été enlevé , et le remplacent
par des graisses animales, des jaunes d'œufs ; d'autres y ajou-
tent des amaudes grillées , de la gomme adragante , de la
gomme arabique, &c. Enfin , il y en a qui choisissent exprès
des cacaos acres, amers et nouvellement i^coltés, parce que
tfi qualités, qu'on a toujours à bon compte, sont en état do
C A C 5t
rapporter nne ploa grande quantité de sucre ^ ce qui diminue
d'autant le prix du chocolat.
Nous observerouA encore qu'avec les motifi les plus pun^
\e chocolat , sans rien contenir d'étranger^ peut être cféfeo-
tiieiuc, par la raison que les objets de sa composition auront
' été mal choisis , préparés sans soins , ou négligâ dans quelques
points. Tout Fart consiste à choisir le cacao , et à éviter les
deux extrêmes dans la torréfaction. S'il n'est pas suffisamment
gnM, il conserve un goût désagréable ; si on le grille jusqu'à
le briUer^ outre l'amertume qu'il contracte^ la boisson qu ou
en prépare est noirâtre^ et manque de ce moelleux qu'on
aime à y trouver. Enfin , si le germe n'est pas séparé des deux
lobes du fruit, son état dur et corné , bravant l'action du
broiement et de la cuisson , se retrouve au fond de la tasse de
chocolat^ jouissant de toute son intégrité. Sa présence suffi!
même pour annoncer que le premier travail de monder le
cacao grain à grain a été négligé , et que les autres opérations
subséquentes n'ont pas été mieux soignées.
Il ne suffit pas d'avoir indiqué les fraudes qu'on se permet
dans la fabrication du chocolat, et tous les défauts de négli-
gence et de choix dans la qualité des matières et dans la pré-
paration ; nous n'aurions rempli que la moitié de notre objet,
si nous ne mettions les consommateurs eux-mêmes à portée
de les distinguer, de manière à ne pas s'y méprendre.
Moyen» de reconnoitre oeajraudee.
Avec des organes exercés, on peut aisément juger de la
bonté du chocolat; il ne doit présenter dans sa cassure rien
de graveleux. En le goûtant, il doit se fondi*e dans la bouche,
et en se fondant, y laisser une espèce de fraîcheur; ne con-
tracter, enfiu, quand on le cuit dans l'eau ou dans le lait,
qu'une médiocre consistance.
Toutes les fois qu'un chocoku répand dans la bouche ui%
foût pâteux; qu'en le préparant, la liqueur exhale au premier
bouillon nne odeur de colle, et qu'après son entier refroidisr
sèment elle se convertit en une espèce de gelée, on doit être
Sdauré que le chocolat contient une matière farineuse d'autant
plus abondante , que les efiets énoncés seront plus marqués.
S'il dépose au -fond de la tasse des petits corps solides, un sé-
diment terreux et graveleux, c'est une preuve qu'on a oublié
de cribler le cacao , qu'il a été mal mondé , et qu on a employé
de la casaonnade plus ou moins commune au lieu de sucre*
L'odeur de fromage décèle la présence des graisses animales;
la i-ancidité , celle des semences émuliives ; «n£n p le goût amer
^a CAO
OU mariné , ou de moisi , annonce que le cacao employé étoît
trop verd y trop grillé y ou avarié.
Mais en développant les abus qui se commettent dans le^
àéh'iX au chocolat y je n'ai intention d'inculper qui que ce soit;
il existe de^ hommes que des senlimens honnêtes garantissent
de tous les piégés tendus à leur droitiu^.
Une autre observation^ c'est que la plupart des ouvriera
' auxquels on confie la fabricalion du chocolat , exij^ent une
grande siurveillance de la part du maître; ils peuvent com-
mettre des infidélités quand ils travaillent à la tache; ils
broient mal la pâte , et pour épargner lem*s bras et le temps ,
ils donnent un degré de Feu trop considérable^ qui nuit sin-
gulièrement à la qualité du chocolat.
Quoiqu'il nous arrive des îles des pains de pur cacao d'une
excellente qualité , le fabricant délicat et soigneux ne doit
jamais se permettre de les employer dans son commerce ,
tant est susceptible cette pâte de recevoir une foule d'ingré-
diens dont la présence est facile à inasquer; d'ailleurs , il n'a
aucune certitude des proportions ou s'y Iroux'ent les deux
espèces de cacao; et si l'une ou l'autre n'a voit pas le goi^l de
inoisi, que le grillage poussé un peu loin a la propriété de
faire disparoître', enfin il ne peut ni ne doit avoir de sécurité
que dans celui qu'il a fait préparer sous ses yeux.
On ne sauroit donc assez le répéter , le chocolat n'est pas
une préparation indifférente; ce ne sont pas des lumières,
mais de la probité et des soins qu'elle exige. Nous recomman-
dons aux fabricans en ce genre , quels qu'ils soient^ de laisser
aux consommateurs la faculté d'y ajouter ce qu'il leur plaira
quand ils voudront en augmenter l'efficacité ou l'agrément,
selon leurs idées et leurs vues ; et à ceux-ci de ne &en prendi^
souvent y relativement à sa mauvaise qualité, qu'à leur con-
fiance mal placée ou à leur économie mal entendue ; car ,
enfin , le chocolat a une valeur réelle, et cependant beaucoup
de pei*sonnes ne veulent le payer que 34 ou 5o sous, tandis
que d'autres, donnant dans un excès opposé , le paient beau-
'coup trop cher. £n voici la recette telle que la publie Baume
d^^s ses ÈUnuns <U Pharmacie :
C A C
55
COMPOSITION DU CHOCOLAT.
oiNOMlNATlOK.
Cacao Caraque..
Cacao dct ilet...
Sacre
Cannelle fine». . .
Girofles
Joorn.d'oufrier.
QUANTITis.
5 lif re«.
1
5
gr. xij.
3i
VAIiBUR.
2I. igs.
1 5
1 8
T
3
3- 10
TOTAL.
OBSERVATIONS.
i3 5
i i5
7
1 10
3
3 10
27 3
.
Déchet^ dcc. donae le chocolat à 2 lî?, 16 s.
Le chocolat de sanié revient donc à sk liv. 16 aoud. Si on
ajoute les frais de la pierre à broyer^ des rouleaux^ bassins ,
balances^ tamis ^ mortier^ moules^ combustible, Scc.^ cela
porte la valeur du chocolat à 3 liv. environ. L'addition d'une
vanille revient à celui qui le fabrique ^ à 3 liv. 1 5 sous ; il y
a ensuite les avances de fonds et les bénéfices, ce qui élève
la livre de chocolat à une vanille de 4 liv. à 4 liv. 5 sous^ L«
prix des ingrédiens varie quelquefois, et devient fort cher,
«or-tout en temps de guerre : alors le chocolat peut augmenter
de 10 à 90 sous.
Ces détails , dans lesquels nous venons d'entrer sur la
préparation du chocolat, tout minutieux qu'ils paroissent ,
•ont cependant indispensables; on en a même négligé quel-
ques-uns, dans la crainte d'être prolixe. Ils doivent suffire
pour faire juger des conditions nécessaires que doit réunir
celui qui le fabrique. Il faut, I^ qu'il soit exact, probe, et
doué d'organes perspicaces; 2^. qu'il possède des connois-
•ances pratiques sur la nature des matières premières; qu'il
ait y en un mot, les notions de là pharmacie, afin de ne né«
gliger aactin des moyens , soit physiques , soit chimiques ^
IV. c
S/» ^ C A C ^
j>our procéder à sa meilleure confection. N'omettons pas de
dire que l'aromate doit toujours élre ajouté vers la fin de la
préparation , et préalablement mêlé avec du sucre qu'on 9,
tnturé long-temps ensemble; que le chocolat demande encore
six mois^ à partir du moment de sa fabrication « avant d'en
faire usage ; qu'il faut toujours renvelop]>er dans un papier,
et le conserver dans un endroit sec et fix)id.
Il résulte de ce qui précède^ 1°. que le chocolat n'est plus
aujourd'hui ce qu'il eloit lorsque les Espagnols firent, au
commencement du seizième siècle, la conquête du Mexique;
ji°. qu'il n'existe aucune méthode particulière pour sa prépa-
ration ; 3^. que si les élémens qui le composent peuvent varier
dans les proportions , le procédé pour les amener à former
un tout partit doit être constant et invariable ; 4^* que sa
quahté dépend du choix des ingrédiens et des soins employés
à les approprier et à les combiner ; 5^. que l'incurie , la cupi-
dité et le charlatanisme le dénaturent , au point d'en faire une
boisson lourde » indigeste et échauffante ; 6^. que , pour se le
procurer ayant toutes les conditions qui caractérisent un cho-
colat de bonne qualité, il faut le prendre chez les personnes
honorées de la confiance , et consentir de le payer ce qu'il vaut
réellement ; 7**. qu'enfin tout individu qui se permet d'ad-
metti'e, dans la composition du chocolat, des matières qui
' n'en doivent pas faire partie , à moins que le consommateur
ne l'exige, préjudicie directement à la santé. En terminant,
avertissons le falsificateur qu'il a beau s'envelopper du voile
du mystère, et se placer dans d'obscurs ateliers pour intro-
duire dans le chocolat des matières à vil prix et les masquer,
il ne peut échapper à l'analyse chimique , qui décèle sur-le-
champ ses fraudes, et dénonce son art funeste et son nom à
l'animadversion publique. (Parm.)
CACAO SAUVAGE. C'est le Pachirier a cinq
FEUiiiLEs, poiu: les habitans de Cayenne. Voyez ce mot. (B.)
CACASTOL, Stumus mexicanua Lath.; ordi*e. Passe-
reaux; genre, Etourneaux. ( Foyes ces deux mots. ) Cet
étourneau est peu connu, il habite les cantons chauds et
tempérés du Mexique, et probablement d'auti^s contrées;
chant désagréable, chair d un mauvais goût; la grandeur de
Yétourneau de Fiance : tête petite, bec noir, iris jaune,
coi*ps varié de bleu et de noirâtre : c'est à quoi se borne tout
ce que l'on sait de cet oiseau. (Vieill.)
CACATIN DES GARIPOUS. C'est le Faoarier de i.a
Gui A NE. Voyez ce mot. (B.)
CACATOTOLL , CAXCAXTOTOLL. VÔy. Catotoi^
(Vieill.)
CAO 35
CACATOU , KAKATOU ou CACATUA. L'on écrit
plus communéineiit KAKATOES. Voy, ce mot. (S*)
CACHAXiON, calcédoine blanche. Voyez Calcédoine.
(Pat.)
CACHALOT , Phyaeter, Après la baleine^ il n'est point
d'animaux cétacés plus remarquables par la grandeur de leur
taille, que les cacA<t/0^«. Ils disputent même l'empire des ondes
à cette reine de l'Océan. En effet , les ccichatots sont plus cou-
rageur et mieux armés que les haleines ; ils marchent eu
troupes nombreuses, voyagent dans presque toutes les mers ,
poursuirent leur proie dans presque tous les parages^ 2>ortent
le ravage dans les bancs de poissons , et attaquent môme les
baleines avec fureur.
Il y a des cachalots aussi grands que les plus fortes baleines,
tek sont les cachalots à grosse tête et le microps, qui acquiè*
rent jusqu'à quatre-vingts pieds de longueur ou même plus ;
ils sont tous agiles et pleins de courage , tandis que les 6â*
leines sont timides, ne voyagent jamais en troupes , et sortent
rarement de leurs demeures accoutumées; au conti-aire , les
cachalots aonX vagabonds ; ib se trouvent sous le brûlant équa-
teor et sous les glaces des pôles ; ils ])ai*courent les vastes
plaines des mers en caravanes, et vont lever le tribut de leur
nourriture dans les divei^ses régions de TOccan. Leur gueule
rst armée de dents crochues et nombreuses , leur tê(e est d'une
grosseur énorme^ et forme près delà moitié de tout leur corps ;
ils n'ont qu'un évent au bout de leur museau , tandis que
les baleines en ont deux , et qu'elles ont des fanons en place
de dents.
Un caractère particulier à ces faux poissons^ est de receler
dans leur crâne, au-dessus de leur cerveau^ une très-grande
quantité d'une substance huileuse , logée dans des ceUules
séparées ; leur évent est toujours placé à l'extrémité de leur
museau ; dans l'intérieur , cet évent se àivïse en deux , pour
entrer dans la trachée-artère.
On distingue donc les cachalots des baleines , par leur tête
énorme , par un seul évent au bout du museau , et par des
dents crochues et pointues à la mâchoire inférieure seule^
ment. Il y a dans la mâchoire supérieure des cavités corres-
pondantes aux dents inférieures^ de petites dents 2)lates et
enfoncées dans la gencive. Quelques espèces sont poui'vues
d'une nageoire sur le dos; une simple émincnce la remplace
dansd'autresespèces. Les yeux àes^cachalot^ sont petits comme
dans tous les cétacés^ et le canal de l'oreille est pi*esque invisible*
Comme ils sont vivipares , ils ont les organes de la gêné-
mion conformés pour s'accoupler^ les mâles sont pottrVuK
56 . CAO
d'une verge ou d'un baknas , renfermé dans nn fourrc^m ;.
les femelles portent deux mamelles près de l'anus à la régioa
inguinale^ et placées dans deux sillons longitudinaux , ainsi
que les autres CiTACÉs. ( Voyez ce mot. ) Les ettchalots ont
le sang chaud et -respirent Tair par des poumons.
Les cackalois ne produisent point autant <l'ftVAiitage dans*
leur pèche que les baleines ; ils ne fournissent qu'une assez pe-
tite quantité d'huile, et leur gi*aisse est touie remplie de tendon»
et de filamens. Ils nagent d'ailleurs avec encore plus de rapidité
que les baleines , leur taille est plus eflBlée dans ses parties pos-
térieures , ils plongent beaucoup plus de temps , et leur»
osaemens sont plu» compactes et plu» durs ; car ce sont des
animaux carnivores auprès de la Baleine ; ils ont plus de vi-
gueur et de courage qu elle ; parce qu'ils sont mieux armés»
On les rencontre habituellement dans presque toutes les mers>
tandis que le« baleines sont confinées prè» des pôles, bien
qu'elles s'étendent quelquefois vers le midi^ par des excur-
sions passagères. Les coups de queue des cachalots sont moina
violens que ceux des baleines ; néanmoins, ils sont assea fort»
pour briser les naceHes des pécheurs imprudcns.
Cette grosse tète des cachaJols , qui compose près de la:
moitié de leur corps , n'est pas entièrement remplie de leur
cerveau \ celui-ci est même fort petit en comparaison de la
taille de ces animaux ; mai» tout l'espace qui existe entre la
cervelle et le crâne , est i*empli de cellules contenant une
huile très-limpide, qui se fige à l'air, et produit le blanc de
baleine, si mal-À-propos nommé sperme de baleine ( spemus
celi), car ce n'est pas une matière spermatique. Celte sub-
stance n'est pas seulement contenue dans l'huile de la tête de»
cachalots , mais encore dans toute la graisse de leur corps ,
quoiqu'elle y soit en raoindi'e quantité. En eifet, Thuile reti-
rée du lard de ces faux poissons , devient grenue, et dépose
une foule de cristaux en flocons , semblables à de la neige i
c'est du véritable blanc do baleine , comme ceiui de la tète ,
ui est seulement plus beau et plus considérable. Un cachaioi
e quatre-vingts piedi rend communément trente-six quin-^
taux d'huile et plusieurs tonnes de blanc de baleine. Ces ani*
maux sont fort difficiles à harponner , parce qu'ib sont sau-
vages, et que le harpon pénètre difficilement dans leur chair ^
excepté au-dessus des nageoires latérales. Les dents des ea-
chalots arrachées , ont la forme d'un concombre et la gros-
seur du poignet ; leur gueule est d'une largeur énorme , et
un bœuf y entreroittoutentier àson aise, a On a même trouvé^
D dit Anderson, dans l'estomac d'un de ces monsti-es, des aréle»
» et caix^astes à moitié digérées^ de poissons de sept pieds et
î
C A C ^ 5^
s> dzranfage de long y>. Leur estomac est fort large; car on a
vu un <:achalot blessé , revomir aisément un poisson entier
^ douze pieds de longueur qu'il avoit avalé d une seule fois.
Toutes les dents delà mâchoire inférieure des cachalots^ sont
•des canines ; il paroît que le nombi^ en est variable et aug-
mente à mesure que la mâchoire s'alonge ou que l'animal
grandît-, car on trouve dans des individus vingt-cinq dents^
chez d'autres trente y quarante et môme cinquante , au rap-
port des pécheurs* On pnéiend qu'il se rencontre aussi quel-
ques molaires au fond ae la mâchoire inférieure, et d'autres
À la snpérieiure^ qui sont plates et à peine visibles. Ces ani-
maux n'ont que seize côtes en tout ; les autres cétacés eu
ont un plus grand nombre.
La graiise des cachalots donne moins d'huile que celle des
baleines , quoique sa qualité ne soit point inférieure. Je dois
ajouter que l'huile de baleine ti^ on trouve dans le commerce »
ae se tire pas seulement des animaux cétacés , mais encore
4l'un grancf nombre de poissons : par exemple, les foies des
morues, des cabéliaux, des chiens de mer , laissent dégoutter
<l'eux-mémes beaucoup d'huile, et on les exprime pour en
obtenir encore davantage. Les nations maritimes du Nord ont
même appris a extraire de l'huile des harengs et de tous ]es
mîasons de mai^ , à l'aide de la chaleiur et de la pression. Ces
iiuiles s'appellent thran ; il y en a de claires qui se séparent
de la graisse non bouillie : mais le thran brun se tire [lar le
len, et il est moins bon. Ce mot thran , dérive des langues du
Nord , et signifie un liquide , qui dégoutte , une larme, un suin-
tement^ &c. Dans les cachaiote , il y a de petits vaisseaux qui
partant de la moelle épinière, &e rendent a toutes les parties
extérieures du corps , et y portent cette matière huileuse de
la tête , qui se fige en flocons à l'air , et qui compose le
blanc de baleine : voilà pourquoi Ton rencontre du blanc de
baleine dans les huiles de cachalots. ( Voyez encore la suite
de Tarlice Baleine. ) Il ne faut pas confondre cette ma-
tière avec le cerveau de ce cétaoé, comme font ordinairement
les pécheurs.
« Ayant ôté la peau du haut de la tète des cachalots, dit
9» Anderson {Hiet. du Gro'énl, p. i aS. et suiv.) , on trouve la
i> graîase de l'épaisseur d'une main ^ et au-dessous de celle-ci
3» une membrane {cartilage) épaisse et fort nerveuse qui sert
1» de crâne. Celle-ioi est suivie d'une seconde séparation d'une
9» texture pareille 4e gros nerfs (^tendons) , et épaisse jd'environ
j» quatre doigts, qui s'étend depuis le museau par toute la
9» tète jusqu'à la nuque, et qui la sé^re par le haut en deux
SB partiesL La première chambi*e qui est entre ces deux mem-
S8 CAO
» branes {lames cartilagifieuseê) , renferme le cerveau {hulU
"» concrescibie) le plus ])récieux.... dont on prépare le meil-
» Icfur blanc de baleine. Lch parois des cellules sont tbiinées
3> d'une matière qui ressemble à un gros crêpe, et un pécheur
>» a tiré sept pebts tonneaux de cette précieuse hiule. £lle
j) étoit fort claire et blanche , et étant versée sur Teau y elle
^ se coaguloit comme du fromage; mais quand on len ôloît,
-» elle redevenoit fluide.... Au-^ieasous de cette chambre , on
3> découvre l'autre , qui repose sur le palais de la gueule , et
» qui , selon la grosseur du poisson , a depuis quatre jusqu'à
y> sept pieds et demi de haut. £lle est de même remplie de
D cerveau spermatique (huile concresci-ble de hkuic de h€^
» leine ).... Il est distribué y comme le miel , dans une ruche ,
3» par petites cellules > dont les parois ressemblent à la pelli-
3) cule intérieure d'un œuf. A mesure qu'on 6te le cerveau
^ de cette chambre , elle se remplit de nouveau de sperme ,
3) qui y est conduit de tout le corps, et par une grosse %'eine
» {cavité de V épine dorsale) , et l'on en tire souvent jusqu'à
3> onze petits tonneaux.... Ce gros vaisseau a, proche de
3» la tète, la grosseur de la cuisse.... et s*étend le long de
D l'épine en se rétrécissant , &c. ». ConsuUe% la suite de l'article
Baleine sm* cet objet.
La chair des cachéUois est très-ferme , dure , entrelacée de
tendons, de ligamens et de fibres grossièi^s, dans lesquelles le
har|K>n a peine à mordre. Cette chair est rouge comme celle
de toutes les baleines. Leurs yeux sont fort petits, et leur cris*
luUiii n'est pas plus gros qu'une balle de fusil de chasse. Leur
lard n'a guère que six pouces d'épaisseiu*. Leur peau est
douce , veloutée , et d'une couleur grise ; leur langue foi*t
petite ; leur mâchoire inférieure plus étroite que la supé-
rieure , et placée en dessous du corps , de sorte qu'ils sont
obligés de se retou2*ner pour saisir leur proie. Il paroit que
les femelles ne ]>ortent qu'un ou deux petits à-la*fois. Parmi
les ti*ente-un cachalots échoués en mars de Tan 1 784 sur la
côte de Bretagne , au port d'Audierne , deux femelles en->
ceintes mirent bas sur le rivaee;'ce qui fut précédé de
bruyantes explosions. L'une produisit deux petits , l'autre , un
aeul ; ils faisoientdcs efforts ))our se remeUre à flot et s'élancer
dans la mer. Leur taille étoit de dix pieds et demi enrà'on,
et ils n'a voient encore aucune dent.
Comme les cachtUots sont mieux armés que les baleines, ib
ae nourriaseut aussi de plus gros ]x>issons. Ils donnent la
chasse aux veaux -marin s ou phoques, aux cycloptères, aux
daupliins et même aux baleines-à-bec , ^ui tremblent devant
CCS redoutables brigands. Le requin lui-même, ce monatrok
C A C Sq
féroce de l'Océan , est saisi de terreur à Taspect da grand
cachalot; dans son eSroi ^ il voadroit.se dérober à la lumière^
et cherche à s^enterrer sous le sable des mers pour se sous-
traire à la dent meurtrière de son ennemi. Il Cuit en vain ;
le cachalot l'arrête , le serre ; alors ce formidable déprédateur
s'^nce éperdu sur les rochers « et s'y précipite avec tant de
violence , qu'il se donne souvent la mort , et expie , sous la
dent cruelle ^ toutes les fui*eurs et la tyrannie qu'il exerça
dans l'empire des ondes. Le cadavre seul d'un cachalot ,
donne une telle frayeur au i*equin^ qu'il n'ose pas en dévorer
la chair comme les autres poissons. Âusai-lôt que les phoques*
appei'çoivent le cacJuUot microps, ils fuient avec précipita-
tion^ et grimpent sur les glaçons, ou gagent le rivage de toutesi
leurs forces ; mais , caché derrière la glace , le cachalot les
gaette, ou^ se réunissant à dauti*es^ ils assiègent le glaçon^
le renversent^ se saisissent de leur proie en mugissant de
fureur^ et étanchent leur haine dans son sang tout fu-
mant.
Dans toutes les mers , on rencontre des cachaiotê voya-
geurs, mais ils se tiennent plus fréquemment dans les mer»
polaires. Leur séjour ordinaire au nord, est vers le détroit de
Davis , les côtes de Finmarchie ; et au sud , vers la pénin-^
suie méridionale de l'Afrique. £n 1 670 , trois cents cacha^
iois échouèrent sur les grèves de Tile Tiréia , et cent deux
furent jetés sur le rivage près du port de Kairston, en 1690*
Trente-un demeurèrent à sec sur la côte occidentale d'An-
dieme en Basse-Bretagne > le 14 mars 1784 , à la suite d'une
tempête. £n échouant , ils poussoient des mugissemens af-
ireax , qu'on entendoit de trois quarts de lieue dans les terres»
Ils a'agitoient avec violence au milieu des vagues écumantes^
du bruit des flots, des cris épouvantables 1 du fracas de leur
queue battant l'onde, la faisant jaillir en brouillards, et la
lançant dans les airs avec sifflement par leurs évents. Deux
hommea qui apperçurent de loin cette scène d'horreur, s'en-
fuirent de terreur. Les monstres roulés par les flots sur le
sable, déchirés et sanglans, se débattant avec effort, labou-
roiBTki le sol et exhaloient leurs gémissemens. On fuit de
toutes parts, on cherche des asyles dans l'église voisine
(c*étoit un dimanche); enfin, on s'enhardit peu à peu; ou
examine de loin les énormes cadavres qui couvroient la rive.
Us étoient couchés pêle-mêle comme de vieux chênes abattus
dans les forêts par la main du temps. Le plus petit avoit au
moins trente^quatre pieds de longueur ; d'autres en avoient
qaarante^-cinq. Ils palpitèrent pendant plus de vingt-quatre
ikinxTc^ encore^ et l'un d*eux vécut plus de deux jours» el
40 C A' C'
"®mi. La rdlte on avoit appérçu, avec utirprûe^ une mnlti-*
*^de de pelits poissons se jeler tout effrayés sur la c6te^ etlé
même jour des troupes nombreuses de marsouins entrèrent
dans le port d'Audierne. Ils étoient peut-être poursuivis par
d'autres cachalotê , qui sont leurs implacables ennemis , et qui
les déchirent de leurs dents crochues. La iner est souvent un
théâtre de carnage et de déprédation. Le cachalot, ce fier
tartare des ondes , fait trembler la baleine et le requin.
L'Océan est teint du sang de ces infortunés habitans. Ses
grottes profondes recèlent des brigands^ comme celles de la
terre ; comme il n'existe presqu'aiicun végétal au fond de»
jners^ il faut que les poissons vivent de poissons^ et s'entre-
dé v'orent perpétuellement pour se conserver sans cesse.
En 1 723 ^ le a décembre , api^s une tempête siSvie d'une
marée extraordinaire^ dix-sept cachalots furent jetés singles
bancs de Rifzebutlel^près de Hambourg; ils étoient longs de
quarante à soixante-Kiix pieds. De loin , ils sembloient être
des bâtimens échoués. Ils étoient tous couchés et tournés
vers le nord. Huit hommes se tenoient de front sur la largeur
de chacun d'eux. Les mâles et les femelles étoient placés
près les uns des auti'es; il paroît qu'ils cherchoient à s'ac-
coupler.
Ce qui rend aussi les cachalots remarquables , c'est Vambre
gris quon i*enconlre fort souvent dans leurs intestins^ et
particulièrement dans le cachalot tmmpo. C'est une matière
onctueuse^ opaque , légère, d'une nuance cendrée et rem-
plie de paillettes ou de taches blanchâtres ; son parfum est
très-agréable. La chaleur ramollit cette substance , exalte son
odeur, et celleci se développe sur^tout lorsqu'on la mélange
à des poudres aromatiques. C'est un corps de nature rési-
neuse , qui nage sur l'eau , n'a point de saveur, s'il est pur;
se fond comme la cire, est en masses irrégiilières, paroît formé
de couches diverses , et recèle quelquefois des corps marins
dans son intérieur. £n le brisant, il s'écaille ; on en distingue
deux variétés principales , l'une marquée de jaune , l'autre
de noir. {Voyez l'article Ambre gris. ) Celte substance est
dissoluble dans l'esprit-de-vin , et dans l'éther en partie,
tandis que les bitumes ne s'y dissolvent point. Elle produit à
la distillation un acide , et un sel concret, avec une huile em-
pyreumatique. On l'emploie en médecine comme cordial et
antispasmodique ; on l'unit au musc , et il entre sur-tout dans
les parfums ; son odeur est douce et plus suave que celle du
musc ; cependant eDe agace quelquefois les nerfs des femmes
hystériques et irritables.
Kempfer avoit pensé, avec les Japonais^ que l'ambre gris
CAO 4*
éloit im excrémdut det baleines. Dudloy , cbuia les ThsiMae-^
ûom phUoêophiquea , 11^387, p. 967^ avoit aasuré qu'il ne atf
trouvoit que dans les cachalots (^sperma eeti whaîes), et le
crojoit formé dans une bourse ou vessie placée près de la
Terge des vieux mâles ; d'autres ont soupçonné qu'il se dé-*
posoîi dans la vessie uiinaire de ces animaux. Poncet , ÎA^
mery , Formey et Monconis ont pensé que l'ambre gris
n'était qu'un mélange de cire et de miel^ altéré par les eaux
de la mer et recuit par le soleSL D'autres ont regardé cette
sub^stance, tantôt comme des excrémens de phoques ou d'oi-
seaux^ tantôt comme un bitume suintant des rochers sous^ma-
rins , et desséché par le soleil , ficc. C'est principalement dans,
ks mers des tropiques et de la oone torride que se rencontrent
les massesCamore gris flottant sur les ondes ^ se détachant du
fond de l'Océan , s'amassant dans quelque anse et dérivant
sor les bords de quelques iles » comme les Maldives, les Phi-
lippines , le canal de Moasambique 9 les îles Lucaies, les Ber-
mudas , &c. Les oiseaux manns , les poissons , les cétacés
sont très-friands d'ambre gris , et le recherchent pour le dé-«
vorer.
Il est certain qu'on observe dans l'ambre gris des fragmens
de becs de sèches , et de poulpes {sepia octopodia) , ce qui an-
nonce que ces animaux ne sont pas étrangers k cette matière.
D'ailleurs plusieurs sèches et poulpes répandent un parfum
ambré^ et il paroit que celte odeur est naturelle à leur encre,
ou liqueur noire , comme on l'observe dans l'encre de la
Chine, qui en est composée. On prétend que les baleines,
et sur-tout les cachalots , se nourrissant de poulpes et de
sèches, peuvent former de l'ambre gris dans leurs intes-
tins, et le rejeter avec leurs excrémens ou par vomissement»
Il est certain qu'on en a trouvé dans l'estomac de plusieurs
cétacés, et que les Indiens, les insulaires qui ramassent cette
matière , la regardent, en général , comme un excrément de
baleine. Aumphius(C!a^iiis/<2'^m6oi>i«,Amst. 174>* P- 3^^»)
rapporte un grand nombre de témoignages qui continuent
la présence de l'ambre gris dans les cétacés. U reste main-
tenant à décider si l'ambre est réellement produit dans les in-
testins des cétacés , ou seulement s'il est avalé , tout formé,
par ces animaux. Quelquefois on trouve de l'ambre gris sur
les côtes du golfe de Gascogne ; il y est jeté par les tempêtes;
les animaux, qui en sout très^^friands, accourent pour le
manger ; ils le rendent ensuite dans leurs excrémens. Albert
Hiigo , et Fusée Aublet, botanistes , ont cru que l'ambre gris
étoit une résine d'arbre qui découloit dans la mer , mais cette
opinion est abandonnée. On trouve des masses d'ambre gris
*f . . c A ^
d'une grosseur prodigieuse; on en a vn.du poids de cent
qualre-vingt-deux livres , de deux cent vingt-cinq livret , et
m^me de plusieurs quintaux ; quoique celte matière soit asses
commune , elle demeure cependant très-chère. Celle de deux
cent vingt- cinq livres fut vendue 5aooo francs. En sor*
tant de la mer, elle répand une odeur désagréable et très-
forte , maû qui devient suave par la suite. On ne trouve
point d'ambre gris fossile , car quoiqu'on prétende en avoir
rencontré dan» une fouille en Russie ( Coliect, acad. part^
étrang. t. iv, pag. 297.) , rien n'est moins démontré.
jLe docteur Scnwediawer(PAi/t>ff. /ra/is. i.hxxjn, an. iySS,
part. i,n^ é3. et trad. franc, dans le Journal de Physiq. 4y8U,
octobre. ) regarde l'ambre gris comme une sorte de bezoard ,
on de matière particulière au cachalot , sur-tout au phyaeter
tnaeroeephaltu Linn. , qui donne aussi le meilleur blanc de
baleine. Depuis long -temps les pécheurs des Etats -U nia
d'Amérique savoient qu'en ouvrant cet animal^ on y trou-
voit fréquemment de 1 ambre gris^ et ils ne manquent jamais
d'en chercher lorsqu'ils prennent un cétacé de cette espèce»
Ayant appris qu'on trouvoit abondamment de l'ambre gris
sur les côtes de Madagascar , un pécheur de Boston proposa
d'y faire la pèche de ta baleine. Lorsqu'on harponne le ca-
chalot , il vomit souvent et rend ses excrémens ; il est inutile
de chercher de l'ambre gris dans ses entrailles; mais si l'ani-
mal est maladif, engourdi , alors il ne rejette rien , et Ion
peut espérer de rencontrer cette précieuse matière. C'est prin-
cipalement chez les individus maigres et malades qu'on la
trouve. EUe est placée dans une poche intestinale du coecum ,
et souvent entourée de matières fécales. Cet ambre gris est
plus mollasse que celui de la mer, mais l'air lui donne
bientôt de la solidité. Dans le ventre du cachalot , l'ambre
gris a presque l'odeur et la couleur des déjections de cet
animal; ensuite il les perd promptemeht par son exposition
à l'air et au soleil pour acquérir ce parfum suave qui le rend
si précieux. Un cachalot échoué près de Bayonne en 1 74 > j
donna plusieurs morceaux d'ambre gris , en forme de boules,
dont quelques-unes avoient un pied de diamètre. Ils pesoient
jusqu'à vingt livres. Ils étoient contenus dans une bourse
ovale , longue de quatre pieds , et posée vers la l'égion des tes-
ticules. Cell&ci étoit remplie d'une liqueur jaune d'une odeur
plus forte que les boules d'ambre qui surnageoient. Chaque
boule étoit formée de couches concentriques. 11 existe des
morceaux d'ambre gris d'un tel volume , qu'ils n'ont pas pa
é\ve contenus entièrement dans quelque cavité que ce soit
du coj'ps des cachalots.
C A C . . *^
Quoique beaucoup de probabilités semblent se réunir pour
annoncer que Tambue gi-is est produit par les cachalola, il est
possible que ces animaux l'avalent tout formé , de même aue
tes poiasous , les oiseaux et les quadrupèdes qui en sont toi<t
avides , ce qui annonce qu'il contient quelque matièi'e gé-
latineuse et nutritive. Selon ce piîncipe , l'ambre gris n'ap
partiendroit pas au règne minéral , qui n'offre aucune sub-
stance alimenlaire , k moins que celle-ci ne soit étrangère à
«a nature. L'analyse chimique de l'ambre giis paroît le l'ap-
porter incontestablement aux malièi*es animales. Tous les bi-
tumes sortent originairement des substances organisées , vé-
gétales ou animales 9 mais qui ont éprouvé de grandes et
profondes altéi'ations dans le sein delà terre ou des mers.
( Consultez l'article Ambre gris.)
Api^ ces détails sur les cachalots , nous allons en décrire
les espèces ^ qui sont au nombre de cinq : le grand et lepetii
cachalot , le trumpo , le nùcrops et le muiar.
Grand Cachalot , Physeter macrocéfphalus Linn. et
JBonnaf. {Cétologie , p. é9*pl, ri yf.u , etpL rit yf. «.)• C'est
le potpisch des Hollandais , le trold^hwal des Norwégiens;
il a en quelque sorte la figure d'une crosse de fusil. Sa tête
énorme comprend le tiers de sa taille , et paixiît tronquée vers
le museau. C est de sa cavité que s'extrait le blanc de baleine.
La mâchoire inférieure y plus courte y plus étroite que la su-
périeure y est placée en dessous. Ses dents inférieures , sail-
lantes de quelques pouces , sont pointues et un peu recour-
béfïâ , et sont reçues dans autant de cavités à leur mâchoire
supérieure. Entre ces cavités^ sont des molaires applaties et à
peine élevées d'une ligne hors de la gencive. Sa langue est
courte y carrée y rouge y et ressemble à une grosse masse de
chaire Les deux évents se réunissent à l'extérieur y et n'ont
qu'une seule sortie. On apperçoit à peine le canal extérieur
aes oreilles y placé derrière les yeux y qui sont fort petits. Sur
le dos , se trouve une bosse légère qui tient lieu de nageoires.
La verge du mâle est renfermée dans un fourreau ; la femelle
porte deux mamelles inguinales y longues de quatre à cinq
pouces y avec un mamelon de dix-huit lignes de longueur.
La queue est mince. Ces animaux ont le dos de couleur noi-
râtre ardoisée, et le ventre blanchâtre ; leur graisse n'a que
six pouces d'épaisseur ; leur chair est rouge comme celle du
cochon ; ils ont la vie très-dura , et on a peine à les tuer. Leiur
langue est , selon les marins y une chair délicieuse. Le cacha-
lot nage très-vite y et on le pêche dans toutes les mers. Il se
troirve au nord y et dans les mers du Sud où il abonde , sui^'anf
quelques pécheurs. Nous avons dit qu'il en échoua trente-un
44 C A C
«n 1784 sur les côtes de Bretagne ; Tnii d'eux ^ long de qua*
ranle-quatre pieds six pouces , avoit trente-quatre pieds tiuk
pouces de circonféi^ence ; sa gueule s'ouvroit de quatre pieds
comme celle d'un grand four. Cet animal acquiert plus de
«oixante pieds de longueur ; il mange des sèches , des veaux
marins , &c.
Pbtit Cachalot ^ Physeter catodon linn. et Bonnat
(jCétol. pL f4,),9e dislingue du précédent par sa taille plus p»>
tite qui ne surpasse guèn; vingt-quatre à (i^nte pieds , par la
fausse nageoire raboteuse de son dos , par Tavancementde sa
mâchoire in férieurequi dépasse la supérieure. Leurs dents sont
«moussées et font voir à leur sommet des couches concen triques;
.la racine de ses dents coniques est moins grosse que la partie
qui soi*t de la gencive. Leur museau arrondi porte un évent
placé très- près de la gueule y qui est petite : cet évent reé"
isemble à une narine. Vers la fin du 17* siècle , une centaine .
de ces animaux vinrent échouer dans une des iles Orcades-,
au port de Kairtson. Ils se trouvent dans les mers Glaciales.
Cachalot trumpo Physeter trumpo Bonnat. {Cêtol^p. #4
et 45,) , Cetus novœ Angtiœ de Brisson , Règn. anim, p, 36o,
n^ 3. Cette espèce est commune dans les parages des Bermu-
des et vers les côtes de la Nouvelle - Angleterre. Sa tête est
d'une taille énorme , relativement à son corps ; son museau
est ti'ès-prolongé , et sa mâchoire inférieure fort courte. La
tète fait exactement la moitié du corps ; elle a un museau
«pplati en avant , et l'évent est sur une bosse placée au-devant
du mufle. Près de la queue, sur le dos , est une bosse épaisse
d'un pied. Ses dents pointues sont grosses comme le poignet
et ressemblent aux dents d'une roue de moulin. Leur matière
est semblable à de l'ivoire. On en voit de la longueur de cin-
quante pieds , et de vingt-sept pieds de tour. Ils donnent dix
tonneaux d'excellent blanc de baleine , et fournissent prin-
cipalement de l'ambre gris , comme celui qui échoua vers
Bayonne en 1 74 1 . C'est un animal très-agile et plein de cou-
rage ; lorsqu'on le blesse , il se tourne sur son dos , et se dé-
fend avec sa gueule à toute outrance: sa couleur est d'un gris
noii^tre en dessus , et plus pâle en dessous du corps.
Cachalot mular, Physeter tursio^ Linn. , Physeter mip-
iffr Bonnat. {Cétol.p. /y.). Il ressemble beaucoup au eachtUot
microps j^ mais ses dents sont moins crochues et plus émous-
flées. Son dos porte une nageoire très - élevée , droite , aiguë ,
qui ressemble de loin à un mât de misaine d'un bâtiment. Son
évent est placé sur le front. Il y a deux soites de dents , les
plus grosses sont placées eu avant , et les plus petites dans le
fond ; les premières sont longues de huit pouces, les secondes
C A C 4S
denx. La mâchoire «npéiieure a quelques dente mAchelièreà.
A rextrémiié du dos on trouve trois Bosses. Ces anitnaus^
marchent en troupes, a Un capitaine de vaisseau ^ dit Andei^
3> son , m'a assuré qu'il avoil vu arriver un jour du côté du
p Groenland , une grande troupe de pareils poissons , à la
1» tête de laquelle il y en avoit un de plus de cent pieds de
3» long , qui sembloit en être le roi , et qui , k l'aspect da
3» vaisseau , avoit fait un ciî si terrible en soufflant Teau^que.
3» ce bruit avoit été comme àelui des cloches , et si pénétrant ^
» quçle vaisseau en avoit tremblé pendant quelque temps; qu'à
» ce signal toute la troupe s'étoit sauvée avec précipitation v»
Ces cachalot habitent les c6tes de Finmarcnie , et le Cap.
du Nord ; ils sont fort difficiles à harponner , et trè»-farou-.
ches. Leur chair remplie de tendons ^ ne donne que très-
peu d'huile. Une variété de ce cétacé e&t vcrdàtre ; ime autro
grise sur le dos^ et blanchâtre sm* le ventre. La première mco
«cquiert quarante pieds de longueur , les autres soixante^ et
produisent environ trente-six tonneaux de lard*
CACUAiiOT MicROPS , Phy&eUr micropa I^inn. et Bonnat
fCéioLp. i6,). C'est le cachalot à dents en faucille j des pê-
cheurs y le etaur^yming des Nor^végiens , le tikagueich des
Oroënlandais. C'est une des plus grandes espèces de ce genre,
car eUeparvientjusqu'à quatre-vingts ou même cent pieds de
kmgneur. On kd trouve vingt-deux dents crochues à la mâ-
choire inférieure ; d'autres observateurs prétendent en avoir
trouvé quarante -deux : elles sont rondes , un peu appla*
ties, renflées à leur milieu. Le museau est comme tronqué;
révent est placé vers sa partie moyenne. On observe sur le
dos une nageoire aiguë comme un pieu , et d'une longueur
médiocre. Les Groënlandais trouvent délicieuse la chaii* decet
aninnl ; mais on le harponne trè»-rarement , car il est farou-
che et nage avec beaucoup de rapidité. C'est le redoutable
ennemi des marsouins , des veaux marins, des bélugas , des
jubartes , et de quelques autres baleines, qu'il attaque avec la
plus grande vigueur. 11 n'est pas indigne de se mesurer avec
^es,si l'on considère sa taille et son courage. On le rencontre
dans les mers du Nord. Sa tête est, extrêmement massive , sa
mâchoii'e inférieure courte^ et sa peau très-lisse y de couleur
brunâtre. Il a des yeux fort petits , mais i>rillan8 et comme
doré^ Souvent il poursuit les dauphins jusques sur les côtes,
et échoue avec eux en voulant les atteindre. Sa langue est
courte y pointue ; il porte sur le dos une bosse assez élevée.
Le CAcuAiiOT CYLINDRIQUE de Bonnaterre(Cétolog»p« |6,
PhjMur cylindricus )^ me paroît être une variété du micropg^
Il eai trè»-diffîcile de déterminer exactement les esjpèces dam
46 CAO
la famiHe des cétacés ^ parce qa'ils n'ont presque jamais été
examinés par des naturalistes , mais seulement par desi pê-'
cheurs^quise soucient fort peu en général de tout ce qui ne
leur rapporte aucun avantage pécuniaire. Ce cachalot est le
pnttfiKch d' Andersen , ou le cachalot blanc de Rai. On le
S rend dans le déti*oit de Davis ; il n'a point de nageoire sur le
os, et ne produit guère que dix tonneaux d'une graisse si moUe^
que le harpon nV tient pi*esque point. Sa présence indique ,
a ce que prétendent les pêcheurs , l'arrivée des grosses ba-
leines. Il a une bosse su'r le dos. La taille de Cet animal est
d'environ cinquante pieds de longueur, et'li*ente-six de toUjt*.
Sa verge est longue de cinq pieds ^ et a dix-huit pptices de
circonférence à sa racine. Sa tête , extrêmement grosse , fait*
la moitié du corps , et contient beaucoup de blanc de baleine.
La figure de ce cachalot approche de ceDe d'un cylindre j
aa gueule renferme cinquante - une dents , selon Ander^^
son. (V.)
CACHIBOU. C'est le Galanga jaune. Voyez ce
mot. (B.)
CACUICAME. C'est le nom que porte au Biwl le tatou A
neuf bandes^ etqueBuilon a adoplé. Voyez Tatou. (S.)
CACHIME^TIER. Voyez au mot (JoaossoiaiEB. (B.)
C A C H I Y E ^ nom arabe d'un poisson du genre Moa-*
KYRE y qu'on pêche dans le Nil ; c'est lé inormyrusanguil^
loïdes Linn. Voyez au mot Mormyre. (B.)
CACHORRO DOMATO , nom que les Portugais du
Brésil ont donné au Sarigue. Voyez ce mot. (S.)
CACHOU, nom d'une substance végétale qui nous est
apportée des Indes toute préparée, et sur la nature de laqiielle
lessentimens ont été auti-efois partagés. On a cru long-temps
<|ue c'étoit le pcUmier arèque , qui fournissoit exclusivement la
matière dont on fait le cachou ; mais on sait aujourd'hui que
cette substance est une fécide que l'on retire du fruit d'un
arbre indien , nommé cat-che , lequel est une espèce d'AcA-
ciE , Mimosa catechu Linn. , et que celui de l'arec est plus
rare et de plus médiocre qualités Voyez aux mots Acacie et
Arec.
Le cachou nous est envoyé en morceaux gros comme un
œuf, de différentes couleurs et figures. Il est opaque, com-
munément d'un roux noirâtre à l'extérieur, quelquefois mar-
bré de gris intérieurement, sans odeur , d'un goAt astringent^
un peu amer d'abord , ensuite plus doux et d'une saveiu*
agréable d'iris ou de violette. Le pins pur se fond en entier
dans la bouche et dans l'eau; il s'enflamme et brûle dans le
G A C 47
feu. Les nations qui le vendent y mèlenl quelquefois au saLlà
ou d'autres matières étrangères pour en augmenter le poids.
£n Europe , et sur-tout en Fi*ance , on mêle le cavhou avec
du sucre > de l'ambre ou de la cannelle ; on fait une pâte de ce
tout > avec une dissolution de gomme adragaute y et l'on en
forme des pastilles. Ce cachou rend l'haleine agréable. Par son
astriction il arrête les vomissemens et les diarrhées. Un gro«
de cette substance^ jeté dans une pinte d'eau , lui donne una
couleur rougeâtre y une saveur douce un peu astringente « et
en forme une boisson dont on peut faire usage dans les dé-
voiemens et les fièvres bilieuses et ardentes. ( D. )
CAGOLIN ( édition de Sonnini de V Histoire natureiHe
de 3t^n,). Fernandez {Hist. avinm , cap. ^34.) indique cet
oiseau sous le nom de cacacolifij et le donne comme un colin
ou caille du Mexique. Il en a la taille , le chant , le plumage^
peint des mêmes couleurs , et se nourrit de même. (Viexi*!^)
CACOUGIËR; Sehouabœ^ arbrisseau grimpant^ dont le*
feuilles sont alternes et ovales; les fleurs rouges et en épis ter^
minaux. Les caractères de sa fructification sont d'avoir un
calice monophylle, caduc , à cinq dents ; cinq pétales ovales ,
pointus ; dix étamines saillantes ; im ovaire inférieur chai^
d'un style simple. ^
Le fruit est une sorte de baie ovale , pointue y à cinq angles,
jaune ^ à écorce presque ligneuse, qui contient une aemencm
oblongue. a
Le cacoucier croit dans la Guiane. Il a été figuré par Au-
Uet , pi. 1 79 > et par Lamarck ^ pi. 359 de ses Illustrations» (B^)
CAGTIER , MELON - GHARDON , GlERGE , EA7
QUETTE, Cactus Linn. (Icosandrie monogynie.), genre
déplantes, très-particulier, de la famille des GACTOïnJEs^dans
lequel la fleur offre un calice en tube et non penûstant, place
au-dessus de l'ovaire et composé de plusieurs folioles ecail-
leuses , souvent imbriquées ; la corolle est formée de pétales
nombreux , inégaux , disposés en rose et sur plusieurs rangs;
le nombre des étamines est indéfini ; elles sont insérées au
sommet du calice , et au milieu d'elles s'élève un style cou-
ronné par plusieurs stigmates. Le fruit est une baie charnue ^
ombiliquée , de forme ovoïde ou oblongue, à surface lisse cv
épineuse , et qui contient , dans une seule loge , plusieurs se-
mences rondes ou anguleuses, dispersées dans une palpe. Ces
caractères sont figurés dans YlUastr, des Genr. pi. 414.
Ce genre comprend un grand nombre d'espèces qui
croissent toutes dans les contrées chaudes de l'Amérique, au
Mexique , au Pérou , dans la Guiane , au Brésil , aux An-
Aillea. Ce sont des pliuites vivaces^ charnues, succulentes.
f
le
48 CAO
jnunies d'aiguilloiia en faûceaux et dépourvues de feoQIeie
elles viennent dana les lieux secs et arides , n*ont presque pas
besoin d'eau pour végéter , et semblent se nourrir de leur
propre substance. Leur forme bizarre et leur singulier port
es distinguent de toutes les autres plantes , et les font i^emar-
quer à la première vue. Les unes sont très-basses , arrondies
et ressemblent , en quelque sorte , à des melons qui seraient
épineux ; les autres ont des tiges à plusieurs angles , simples
ou composées , lesquelles s'élèvent droites ou en serpentant k
différentes hauteurs, et représentent ou des cierges, ou des
espèces de lustres , ou de gros serpens ; d autres , enfin , sont
composées d'articulations , ordinairement applalies des deux
côtés , plus ou moins lai'ges, qui naissent les unes des autres,
et qui ont a-peu-près la forme d'une raquette. En voyant des
cactiers, non dans nos serres, mais dans leur pays natal , où
ils sont forts et vigoureux , et où leur nombre et leurs figures
différentes forment un contraste frappant avec tous les arbres
ou arbrisseaux qui les entourent, on ne peut s'empêcher
d'admii*er la prodigieuse variété que la nature a mise dans
les productions végétales.
.
Cactiers nmns et globuleux, ou ayant la forme cTun melon.
Cette division comprend :
Le Cactier a mamelons , Cactus mamillaris Linn. 11
forme un sphéroïde de la grosseur du poing , sans côtes re-
marquables , mais hérissé de toutes parts de mamelons coni*
3ue8 y nombreux et cotonneux à leur sommet, qui est chargé
e petites épines divergentes. Les fleurs sont petites , blan-
châtres, et sortent entre les mamelons. Les fruits sont li&set
et d'un pourpre bleuâtre ; ils ont une saveur douce et sont
très-agréables k manger, sur-tout lorsqu'ils sont cuits.
IjeCACTiKKGijOMx:nvi.û,Cactusglomeratus Lam. Il a une
couleur glauque, une surface laineuse et des fleurs rouges. Sa
grosseur surpasse à peine celle d'un œuf de poule; mais plu-
sieurs viennent ensemble en groupe large et serré.
Le Cactier a côtes droites , ou le Melok épineux ,
(hctus melocactus Linn. Cette espèce forme une masse arran-
die , un peu plus grosse que la télé d'un homme , ayant qua«-
torse ou qumsse côtes droites , régulières et profondes. £11»
ressemble à un melon dont les côtes seroicnt munies sur le
dos d'une rangée de faisceaux d'épines droites , divergentes et
rouges à leur sommet. A la base de cliaque faisceau de pt«
quans, se ti*ouve comme un écusson d'un duvet cotonneux»
Les fleurs sont rouges et sortent du sommet de la plante.
C A C 49
Le Cactter couronné , Cactus coronaiua Iiani. Il est haut
d'un pied et fait presque ^a pain de sucre ; il a viugt cotes
obliques , couvertes chacune d'une rangée de faisceaux d'épi-
nes dirergen les et un peu courbées. Son sommet est cou-
ronné par une toque cotonneuse , blanchâtre épaisse , sil*
lonnée en dessus, et de laquelle il sort, de toutes parts , des
paquets de petites pointes rouges , roides comme les crins
a une brosse^ sans être piquantes.
Le Cactier rouoe^ Cactua nohilU Linn. Il est tout-à>fait
rouge k Textérieur ; aes côtes sont obliques ou en spirale , et
garnies de faisceaux de longues épines blanches et un peu
courbées.
CacHers droiU et qui ressemblent, en quelque sorte ^ à des
Cierges.
Dans cette section on trouve :
Le CACTtER A SEPT ANGLES , Ooctus kêptagonus Linn. »
hsut d'un à deux pieds , et de forme ovale ou oblongue»
Le Cactier quadranoulaire , Cactus tetragonus Linn.
Il s'élève à la hauteur de douise à quinze pieds. Le tranchant
de ses angles est muni de points cotonneux , d'où sortent de
petites épines divergentes. La profondeur de ses c6tes et leur
peu d'épaisseur, leur donnent l'apparence de quatre ailes.
Le Cactier pentagone. Cactus pentagonus Linn. Il est
àvoit y nn peu grêle et articulé ; les entre -nœuds sont longs
d'un pied. Ses angles sont munis de faisceaux d'épines , qui
nonik leur hase aucun duvet sensible.
Le Cactier de Surinam , Cactus hexagonus- Linn. Ce
ciei^e a plus communément huit angles que six; il n'est point
ramenx , s'^ève à une grande hauteur; sa fleur est blanche et
son irait d'un noir pourpré. Il croît à Surinam et dans les
Anf£Ue0, où on le nomme cierge épineux ."iled vient un grand
nombre ensemble , qui forment , en quelque sorte , une pe*
ûte forêt hérissée d'épines et d'un aspect tres^-singulier. Cette
plante ne fleurit pas communément dans nos serres ; mais
9iiand elle y fleurit , sa tige produit toujours plusieurs fleurs
qui paroissent en juillet et aoât, se succèdent rapidement , et
ne durent chacune qu'un seul|our; elles ont deux pouces ^t
demi de diamètre, et quarante -quafre pétales obtus. C'est
l'espèce de cierge la plus commune daAs les serres en Anglb*
l?rre : elle n'a îamais porté de fruit en" £nrope.
Le C A CTiER A côtes ondées , Cactus répandus Linn. Cett«
espèce est à huit côtes applaties , ondées, et garnies d'épinea
pliis longues que le duvet laineux qui se trouve k leur' base.
ijfm "'
<o CAO
' Son Tmit est janne en deliors^ avec des aspérités éparses^ d'un
blanc déneige à Tin teneur, et contient beaucoup de semences
noires : il mûrit en octobre , et peut se mangeh
Le Cactier cotoknisux. Cactus royehi Linn. It a des
cAtes peu profondes, nonibréuses, ordinairement neuf. Ses
épines sont longues et jaunâtres, ses fruits rouges, et non
épinéuk : le duvet qui nait à son sommet est d'un blanc
pâle.
Le Cactier laineIjx DECtTRAÇAO, Cactus lanuginottus
Linn. Il est droit, long ^ presqu'à neuf ahgles, dont le Iran-
' chant est émoussé. On voit, entre les épitles desdn sbhimet ,
un duvet laineux et jaunâtre, plus long que lesépines mêmes.
Ses- fleurs sont d'une couleiv herbacée ^ ses fruit^ rouges en
dehors, non épinenx, et de ta grosseur d'iine noix.
Le Cactier du Pérou , Cactus Peruvianus Linn. Voyem
CXEROE EPINEUX DU PÉROU. .
Le Cactier a. pjqtajuev franoé^^ Cactuf fimbriaius Linn .
Il en nait un grand nombre ensemble, et chaque individu a
une tige djroile,qui acquiert la grosseur du genou de Tl^imme ,
el s'élève à la .hauteur de dix-huit h vingt* quatre pied^. Ses
. côtes, au nombre de huit, neuf ou dix, ont leur crête garnie
d'épines eu faisceaijix^ blanches i assez loi«jties et Irès-aiguës.
Lç sommet de la tige , qui a presque ia forme d'un cône épi-
, n^x , portQ 'de belles fleurs, rpse^. Lie fruit est tenture ^ à-peu*
( V^^ S'^^ comme une orange^ et rouge tant au-debors qu'au-
dedans. S^.cbai^ a une sayeur acidulé fort agréable « et con*
lient beaucoup de semences très^nqires.
t X^ Cagtj^br FOcyooKE^ Çaclus pofy^ni4sJjapi, Sa tige
'.est droite, rameuse au sommet, Ixaute d enviix>n dix pieds,
..sujt six ou sept poHçes d^ diamètre, et munie de dix à douze
€;6^^ À çr^^.onduléç et ^pineus^. («'écorce en est épaisse et
grisâtre;;. eUi& |iacouvre un corps ligneux^ qui a la ,4urçté du
chôuQ. Lea, fleuri sont l^landbes, et les fruits d'un rouge bran ,
av^ des tubercules verruqueux.
. ' Jie Cactier cyjuindrique, Cactus t^lindrictts Juss. Cette
l^j^ce.est t|?ii^istinpte de toutes les autres; elle n'est ni com-
' jp^-unée comme les raquettes , ni anguleuse comme les cierges.
; l^lle ^ une tige ^épaisse, cylindrique , dépourvue de cotes, et
lin^ .écôrce creusée /de aUlonsi qui, en se croisiMit^ forment
. destrhpmbes ou dealosanges. On trouve au somifiet de chaque
rhombe un écusson cotonneux, d'où partent des épines en
, Jj^Cagti»^ a TBOia CÔTES ovjûiES, des environs de Caf-
ib^g|f^ç, Cgcft^fi pUajafa LinA« Celuî-ci s'élève à la hauteur
de huit à dix pieds; il porte un« fort belle ffew blanchâtre ,
C A C 5t
large de six ponces^ et qui s'épanouit le aoir. Son fruit a la
figure et le volume d'un œuf de poule ; il est luisftnt , d'un
rouge écarlate chaigé de quelques folioles, et il con lient une
pulpe blanche, douce , et bonne a manger. Ce cierge a une
variété qu'on trouve à Saint-Domingue, dont la tige est
presqu'aussi épaisse que le corps d'un homme , et rameuse à
son sommet.
Le Cactier FANicuiié, Caetus paniculatua Lavol. Par son
port et sa grandeur, il ressemble à la variété de l'espèce pré-
cédente ; mftis sa tige soutient à 9on sommet des' rameaux «
quatre côtes, articulés les uns sur les autres, et disposés em
nue panicule aiqple et diffuse. Ses fleurs ont leurs pétales
arrondis, blancs et marqués de petiteslignes rouges. Son fruit
est un peu plus gros qu'un œuf d'oie , jaunâtre k l'extérieur,
«t tuberculeux; il contient une chair très-blanche et acidulé.
Le Cactier J)IVE1Igsnt^ Cactus diinxricatua Linn. Son
tronc est un peu plus gros que la jambe de l'homme , haut
de trois ou quatre pieds , assez dur , à cannelures droites et
nombreuses, et affreusement hérissé d'épines très-aiguës; il
donne naissance à des rameaux , sur lesquels iï en vient
d'autres, et qui tous sont situés en divers sens. Ses fruits , un
peu i^us grosque le poing , sont d'un ^aune d'or , et garnis de
tubercules verruqueux et poinitus : leur pulpe est blanche et
douceâtre.
Oactiers rampons ougrimparu , et dont* les Uges^paù^enldëff
racines latérales.
Ce sont : Le Cactier a grandes Fl^EURs.ouJe Sj^r^^kt,
Cactus grandiflorus Linn.; très-belle espèce , dont les tiges
sont cylindriques, serpentantes , d'une couleur verdâire, et a
cinq ou six côtes peu saiUantes et épineuses. Ces tiges portent
latéralement de superbes fleurs blanches , qui out six a çept
pouces de diamètre, et qui, dans nos serres, paroissent en
juillet. Ëllel exhalent une odeur suave. Leur durée est fort
courte ; elles s'ouvrent au coucher du soleil, restent ouvertes
pendant tout le temps que cet astre poursuit son cours sous
le cercle de l'horizon, et se ferment à son retour pour ne plus
s'épanouir de nouveau. Ainsi , chaque fleur ne brille qu une
nuit ; mais, comme elles ne s'épanouissent pa^ loulçs à-la-fc^ ,
on peut en jouir pendant quelques joui*B. JLie fruit de ce
€€tctler est ovoïde, et de la grosseur d'une poire ordinaire ; il
est couvert de tubercules écailleux , charnu , d'un beau rouge
ou d'une couleur orangée. Sa pulpe a y ne saye\ir .acidu|o
fort agré^Jble. Quand il mûrit d^ns nos serres, il est un an
S2 Ç^ ^ .
cpâer à acquérir sa maturité parfaite^ ainsi que le Iruît dit
caclicr suivant.
Le Cactier queue de souris, Cactus fl^gelliformis Linn.
C'est une espèce fort jolie quand elle est en fleur. Sa racine
pousse des tiges cylindriques et à dix angles , longues de trois
'a cinq pieds , grosses comme le petit doigt, ai-ticulées et bc-
risséeji de petites épines foibies. Ses fleurs^ d'un rouge vif,
«ont plus pelHesque celles du vactier précédent; mais elles
sont plus éclatantes , beaucoup plus durables, et paroissent
•en grand nombre à-la-^fois : leur stigmate n'est presque point
divisé.
Le Cactier parasita. Cactus para8ilict$9 Linn. Il a des
liges grêles, cylindriques, striées, articulées, rameuses, et
rampantes ou pendantes du tronc des arbres. Il perd ses
épines en vieillissant. Ses fruits ressemblent assez bien à des
grosei/les:
Le Cactier triangulaire , Cactus trian^iaris Linn.
Dans les pays où croit ce cactier, on le cultive pour son fruit ,
•qui est le meilleur de tous ceux que produisent les plantes de
ce genre. Il a la forme et la grosseur d'un œuf d'oie-; sa cou-
leur est ronj^àtre -en dehors et en dedans; «a saveur acidulé
est très-agi*éable. Les fleurs de cette eaf^èce sont grandes et
blanches; ses tiges grimpent sur les arbres, auxquels elles
s'attachent par des racines qu'elles poussent latéralement.
CactUrs composés fP articulations qui naisseni des unes sur
les autres, et sont ordinairement àpplaties des deux côtés»
n y a : Le Cactier mokioforms. Cactus mûniliformis
Linn. De sa racine, qui est presque ligneuse, rameuse et
rougcâti^, naît d'abord un globe épineux gros comme une
noix verte; ce globule, bientôt après, donne naissance à deux
autres qui lui ressemblent , et ceux-ci en produisent d'autres
successivement; de manière que toute la piaule forme un
amas de globules diflVis , étalés au large sur la terre, et affi^eu-
sèment hérissés d'épines. Ses fleuri sont rouges, ainsi que les
fruits, dont la chair eM blanche., acidulé et agréable, et ren->
ferme des semences d'un jaune d'or.
^Le Cactier en raquette. Cactus opuntia Linn. , rul-
gairemènt , la raquette , le Jiffuier d*Inde , la cardasse. Ce
iactier croit non-seulement dans l'Amérique méridionale ,
'mais aussi dans quelque!» parties de l'ancien continent , sur la
côte de Barbarie , en Italie , en Espagne, et même en Suisse*
Il fournit an assez grand nombre de variétés, qui diileivijt
entr'clles pai' la grandeiur •( la forme des articulations, et par
C A C Si
la longueur et la couleur des épines. Les plus remarqua]>lcf
sont : La raquetU à feuilles ohlongues , celle à lfinguê& épines ,
la petite raquette à feuilles arrondies. L'espèce commune est
un arbrisseau , qui s élève jusqu'à six ou huit pieds de liau«
teor, et qui, dans sa vieillesse , est porté sur un tronc court ^
ligneux et grisâti'e.Ilest entièrement compoaé d'articulations
ovales, oblongues, comprimées, longues d'un pied plus ou
moins, épaisses d'un pouce , charnues , à bords arrondie »
Terles, fermes^ qui naissent toutes les unes sur les autres un
peu obliquement^ forment des ramifications, et'i*essemblent
en quelque sorte à des raquettes. On peut recarder comme les
Téiilables feuilles de la plante , ces petites folioles lancéolées ,
vertes, qui viennent sur les articulations naissantes , aux en-
droits ou les épines croissent par la suite. Les fleurs sont jau-
nâtres, à dix pétales ou environ ; leurs étamines, qui sont
nombi'euses, ont un mouvement particulier de contraction :
lorsqu'on les touche avant l'émission de la poussière fécon-
dante , les filets se couchent circulairement les uns sur les
autres. Le fruit a presque la forme d'une figue ; il est ordi-
nairement rougeàtre, et il contient une pulpe succulente ,
assez douce , et d'un rouge très-vif. Les parUes charnues de
cette plante sont regardées comme anodines et rafraîchis*
•antes.
Le Cactieb ▲ cochenilles , Cactus cochenitlifer Linn.
Cette plante croit dans plusieurs régions de l'Amérique mé-
ridionale et au Mexique. C'est sur elle, dit'Lamarck, que-
s'élèvent ces insectes si précieux pour la teinture , qu'on
nomme Cochenilles. ( F'oy, ce mot.) Elle a ses articulations
ovales, oblongues, comprimées, épaisses, et presqu'entière-
ment dépourvues d'épines. Ses fleurs sont petites et a 'un rouge*
de sang. Suivant Thierry de Ménonville, qui a observé les
cactUrs dans leur pays nafal, il est douteux que celuf-ci soit
la même plante que le cactier cultivé en grand au Mexique
pour l'éducation de la cochenille fine.
Le Cactier de Cuuaçao, Cactus curassavîcus Linn. Sea-
articulalions sont mediocrementapplaties sur lescôtés , presque
cylindrique», ventrues dans leur partie moyenne, et hérissées
d'épines blanches : elles forment de» ramifications lix>p foiblea
pour se soutenir droites sans^ appui.
Le Cactier cruciforme.. Cactus spinosissimus Mus;,.
Tulgairement la croix de Lorraine. Cette espèce est très-reraar-
qnaUe : elle s'élève à la hauteur de trois à cinq pieds sur uue
tige comprimée, non cannelée, ni anguleuse, trcs-épineuse
ai un peu fiaihle; vers son sommet naissent des arliculalloiu^
54 C A C
oblongiKs^ fifrt applaties, réticulées en leur superficie^!
d'épines , et disposéeti presqu'en manière de croix , c'est-à-
dire , formant les unes avec les autres des angles à-peu-près
droits. Les épines sont îaunâtres et d'une extrême ténuité ;
chaque faisceau en offre de deux sortes : les inférieures sont
longues y en petit nombre et divei^entes; les supérieures fort
petites^ et ramassées en paquet droit comme les poils d'an
pinceau.
Le Gactier ▲ feuilles de scolopendre , Cacina phyl^
lanthus Lihn. Dans ce cactier , les articulations sont asses
langues, ensiformes^ très-applaties,et bordées de grandes cré-
nelures; eUes ont une nervure assez gitisse et cylindrique qui
les traverse longttudinakment y et elles se i*amifîent» Les fleura
sont blanchâtres^ et viennent dans les crénelures des ramifi-
cations. Le fruit est d'un rouge vif^ à huit eôtes saillantes^ et
garni de quelques tubercules écailleux ; il contient une pulpo
molle et blancnâtre.
CaetUrê garnis de véritables feuiUeê^
On en compte deux espèces^ savoir :
Le Cactjubr a fruits feuilles ^ Cactus pereshia Liniu
On l'appelle aussi Cactier groseillier , parce que son fruit a
quelque ressemblance avec la groseille. C'est un arbrisseau
toujours vert , qui pousse de longs rameaux cylindriques ^
plians , sarmenteux , pleins de moelle , à écorce verte , et
muuis à leuHB nœuds de doubles aisuillons courbés en bas ;
sa tige est hérissée inlerieurement d'cpines longues , roides et
en faisceaux ; ses feuilles sont alternes ^ ovales , lancéolées ,
lisses., un peu succulentes, et de la grandeur de celles du
pourpier; ses fleurs^ blanches et très-odorantes, ont leurs
pétales intérieurs ovales, et les extérieurs presque capillaires ;
elles produisent des fruits arrondis , feuilles , d'un blanc
jaunâtre , gros comme une aveline, et d'une acidité ti^-
agréable.
Le Cactier a feuilles de ^ourfieb , Cactus portulaci»
folius Linn. C'est un petit arbre qui acquiert Tétendue de noa
pommiers ordinaires \ son tronc est de la grosseur de la cuisse ,
son bois pâle et solide, son écorce noirâtre; se? branches sont
-étalées 9 et garnies de faisceaux d'épines. Les jeunes rameaux
portent des feuilles alternes , fiiîies en foitne de coin , et qui
ont la grandeur et la consistance de cdles duponrpier : a^
l>as de chaque feuille est une épine solitaire et longue. Lea
fleurs, de couleur purpurine, viennent au sommet des ra->
meaux supérietun. Les unes aout stériles^ les muU^ fertiles.
CAO 55
Celle9rcî])rQ^uÎ9ent des fruits ronds^ gros cpmjsietme pomme
iiiéJiocre, verdâlres, ombîtic^uès, et remplis â'une jpulpe
blanchâlrç. \
Toiu lea cactiers , en général , exigent une ten.*e sablon-
neuse et mêlée de décombres. On les inuItiplLe ordinairement
par boutures, qui prennent racine avec unç.^xtr^mé facilité.
Il sulTit de couper par iporceaux plus ou 'moins longs une
tige de Tespèce qu'on veut propager; après avoir tenu cea
(rançons pendant quinze jours ou un mois dans un endroit
sec pour eh guérir les blessures, on les plante chacun dans
un pot séparé, et ils forment autant de pouvelles plantes. Qa
doit les plonger dans UTie couche de tan , les garantir sur-tout
4e la mpindre humidité, et né jamais les exposei* eu plein air,
exceplé dans les jours les plus chauds de l'été.
Toouiii a dernièrement observé que les fruits même des
cactiers , mis en terre avant leui' maturité, étoientsuscepitibles
de pou^r des l'acines et d^s tiges.
Caciiers moins connus , canhelis ou composés d'articulations
applaiiâs.
Le Cactier des tables, Cactus mensarum Th. de Mem
Jf) a un port (oti approchant de celui du cactisr polygone. Il
est aussi cannelé , mais moins gros, moins haut , moins difiPbs,
moins rameux et épineux , et d^un vei*t plus sombre. Ses
fleurs son t de couleur vive de cerise, et son fruit de la grosseur
d'un petit œuf, brun extérieurement, et pleini d'une pulpe
cmmûisie , d'un goût acide parfumé fort agréable. Thierry de
Ménonrille dtt qu'il n'y a pas de fruit plus délicieux dftns les
contréea de Gua'vaâa eC de'Théguacan, oà il vient naturelle-
ment, et où il est Irès-recHetf'ché par les naturels du pays.
Le Cactier oranoe , Cactàs auràntiiformis Th. de Mén,
n a le port di^ précédent. Sa fleur est blanche ; son fruit c^
d'un jaune d'or, de la grosseût et de la forme d'une orange,
et plein d'une pulpe blanche assess insipide, maistrès*fratchel
Cette espèce croît a Saint-Domingue, ou les colons l'appellent
torche l n6|xi qu^ils donnent à la {^tupart des cakHiers cierges.
Le CactÎeIi patte de tortue, Cactus testuduhiscrus Th.
Célui-^i est formé d'articulations plates , et armé d'épines
blanches (rèa-longues et trè^nombreùses. Il végète avec tant
de vigueur, qu'Une seule de ses articulations étant plantée,
parvient en trois ou quatre ans à la hauteur d*un arbre. Il a.
répidcrme tùbercule£ix, les fleurs de couleur aurore, et il
porte des fruits ronds, dun vert clair, gtoê comme une
pomme d'apis, çt dont la pulpe, d'iva blanc grisâtre > est
66 '• CAO . .
acide et peu agreaUe an goûL II croit spontanément dans Te»
lieux stériles de Saint-Domingue , notamment au môle Saint-
Nicolas et dans la plaine du Cul-de-Sac. Thierry a découvert
que la cochenille sylvesti^e habite sur cette plante en ces deux
endroits. ^
Le Cactier jaunb^ Cactus luteus Th. Cette espèce est une
des plus belles de celles à articulations compiiraées. £lle est
peu épineuse j et s'élève pramptement en arbre. Sa fieiii' a les
pétales ouverts; elle est janne, ainsi que le fruit, dont la pulpe
est d'une saveur assez agréable. Le même auteur a découvert
et éprotivé que ce cactier peut élre employé à l'éducation de
la cocheniUe sylvestre.
Le Cactier de Camf£che, Cactus campechianus Th» On
peut , suivant Thierry , élever le même insecte sur celui-ci ,
et y nourrir aussi une petite quantité de cochenille fine. C'est
avec des plantes de cette espèce , prises à Campéche même ,
que ce botaniste zélé a sauvé la cochenille qu'il a portée de
la Vera-Crux à Saint-Domingue. Ce cactier est peu épineux ;
il vient très-haut , et il produit dès fleurs et des fruits rouges.
La pulpe du fruit a sa même couleur , et une saveur peu
relevée. •
Le Cactier sylvestre^ Cactus sylvestrisTh, U ne s'élève
})as au-delà de vingt pieds. Ses articulations sont applaties ,
argesj réli'écies à leur base, et armées à leur surface de fais-
ceauxd'épines blanches très-poignantes. Ses fleurs sont rouges^
avec des pétales très-ouverts. Le fruit qui leur succède est groa
<:omme une noix , et de couleur de sang- Cette plante , dit
Thierry, croit dans les terres arides de l'intérieur du Mexique»
La cochenille sylvestre y fait sa demeui'e , et la préfère à toutea
les autres plantes non cultivées. £lle s'y trouve en teUe abon-
dance , qu'elle en fait périr continuellement quantité d'arti-
culations, qui tombent en pourriture avec les insectes qui les
<y>uvrent ; ce qui , suivant ce naturaliste, empêche cette espèce
de s'élever en arbre, comme L-s.tirois pL^cédentes.
Voyez au mot Cactier, Nouv. Éncycl. Diction, d'Agricuit»
la description du cactier splendide et Y Histoire de fintro-
ducfion de la cochenille à Saint-Domingue ^ par Thierry de
ISdén on ville. Voyez aussi le mol Cochenille. (D.)
CACTOÎDES , famille de jdantea qui ne comjprend qu'un
genre, le Cacte. L'exposé de son caractère est oans celui da
genre même. VoyezXemoi Cacte. (B.)
CACTONITE: Les anciens ont quelquefois donné ce nom
à k Cornaline. ( Pat.)
Ç ACUI£N , nom des grands salins dans plusieurs en-
droits de l'Amérique méridionale (Thevet ^pag. to3.), et dont
CAD 57
on Fait le nom sahi , que Ton applique au plas grand des «a-
goins. Voyez Sak.1. (S.)
CADAbA y genre de plantes de la gynandrie penUndrîe,
dont le caraclère est d'avoir un calice de qualn* feuilles ca-
duques ; quatre pétales à onglets Gli formes ; une production
tubuleuse , terminée par une languette plane, située entre la
division supérieure du calice et le récepiacle ; cinq étaniines
inégales 9 qui s'insèrent sur le pédicule du pbtil; un ovaire
supérieur cylindrique , porté sur un pédicule plus long que
les étamines , dépourvu de style , et terminé par un stiguiate
velu et obtus. Le fruit est une siliquepédiculëé , unîloculairc^à
deux valves , contenant plusieurs semences disposées sur trola
rangs dans une espèce de pulpe.
Ce genre se rapproche des Câpriers par ses fruits , et des
lMo8AMB£s par ses fleurs. 11 renferme quatre es|>èces^ dont une
croît dans Tlnde , et les autres en Arabie. La plus remarqua-
ble est le Caoaba farineux, dont les feuilles sont ovales ,
oUongues, fanneuses, et sont regardées comme anti- véné-
neuses ; et le Cadaba frutiqueux , qui est le cleome frulv-
coaa de Linnseus. Vabl a appelé ce genre stroemia, et l'a
placé dans la pentandrie. (B.)
CADAMB\ , nom donne par Sonnerat à la fleur de SL
TTiomé, ou le Guettabd de l'Inde. Voyez ce mot. (B.)
CADAVRE. Ce mot ne peut être employé en histoire na-
turelle que pour désigner le corps moil d un être organisé qui
est livré aux forces destructives de la nature brute. On dit le
cadavre d'un animal , et Ton pourroit dire , de même , le
cadavre d'un végétal , puisqu'il a joui de la vie , et qti'il est
organisé aussi bien que l'animal.
Aussi-tôt que la vie abandonne un être organisé , les forces
qui unissoient les élcmens divers dont il se composoit , sont
anéanties, et les forces de la nature brute prennent la place.
L'organe que la puissance vitale maintenoit dans un état con-
tinuel de perfection, se ramollit d'abord; ses fibres se relâ-
chent, perdent leur ton ou leur tension ; le.-, fluides s'épan-
chent, croupissent et fermentent , bientôt ils sont un levain
de désorganisation pour les parties solides. Ces membres si
beaux , si doux^ si polis d'une jeune vierge , deviennent froids,
niou.M , pâteux , livideis, violets ; bientôt ils s'ouvrent, ils lais-
sent écouler une sanie noirâtre et dégoûtante ; une odeur hor-
rible se répand à Tenlour du cadavre ; Tair la transporte au
loin ; rhumidité , la putréfaction achèvent de dissoudre le ca-
iLzvre ; les insectes accourent y vivre à ska dépens ; les vers y
trouvent un aliment qui \e^ engraisse, qui les porte rapide-n
lucnt à leur dernier état de transformation , de sorte que U
5? CAD,
mort sert à la vie > comme nous le dûona à l'anicle MoET.qp'il
est utile de consulter.
Pour lordinaire , la destruction des végétaux est bien moins
adreuse^iue c^le des animaux ; ils n'exhalent pas une fcliditç
aussi insupportable y et leur décomposition est beaucoup plus
lente. Car on peut admettre , qu'en général- les corps les plus
compliqués sont aussi les plus prompts à se dissoudi'e, parce
aue les elémens plus nombreux ont une plus grande quantité
'affinités diverses.
Les animaux donnent une odeur ammoniacale dans leur
destruction , ce qui la distingue de celle des végétaux qui ne
produisent qu'une odeur de gaz hydrogène carboné ; c'est
parce que les premiers contiennent dans leurs principes
coastilutift de 1 azote, tandis que les seconds en sont privés.
Les élémens des corps organisés ne se séparent pas entièrer
ment entr'eux, mai^ ils forment des composés bmaires , ter*
naires , ou même quaternaires. Dans les plantes, on ne trouve
d'elémens essentiels que le carbone^ , V hydrogène , Yoxigène , ra«
• rement de V azote , taudis que ce dernier principe est tres-abon-
dant chez les animaux. Voilà tout ce qu'on retire en dernièi'O
analyse chimique des corps organisés, car les petites portions
cie soufre, de ^'phosphore , de chaux , de fer, de muriates,
nitrates, phospnates, sulfates, &c., semblent bien moins essen->
lielles à 1 économie vivante. Au reste, ces produits sont telle-
ment changés par les agens chimiques, qu*il est totalement
impossible de les rappeler à leur état primitif d'organisation.
La vie ne peut s*imitcr ; elle est indépendante, et 1 empreinte
de Torganisation est un cachet divin qu'il n'est pas permis à
fhomme de renouveler lorsque la nature l'a détruit. ^V.)
CADELARl , Achyrantfies , genre de plautes de la pen-
tandrie monogynie , et de la famille des Amaranthoïdcs ,
dont le caractère est d'avoir un calice de cinq folioles poin-
tues , et munies en dehors de trois écailles caliciformes ; cincj
étamines situées entre des écailles frangées ; un ovaire supé-
rieur, surmonté d'un stigmate simple ou bifide.
Le fruit est une semence solitaire, globuleuse, renfermée
dans le calice, et dont les folioles, alors conniventcs, font
l'oilice d'une capsule.
Ce genre, qui est le même que le CvATHuiiK de Loureiro ^
et dont les caractères sont figurés pi. i68 des lUtis irai ions de
Jjaniarck, est com{x>sé d't^ne vingLiine d*es|)èce8 , dont les
unes ont les fouilles opposées » et les Ûeurs en épis terminaux,
ou en épis axillaires ; les autres les feuilles alternes.
Parmi les espèces dont les feuilles sont opposées et It^i
Qeurs eu éplâ terminaux, ^c trouve k Cadkx«aiu arguhtÈ ^
CAD 59
^ui croit naturellement en Sicile , et dont les feuilles sont ar-
gentées en dessous ; toutes les autres viennent de rindc y 4
deux ou trois près qui sont américaines. Ce sont , en général ,
des plantes vivaces peu briUanies, qui n'ont rien de remar-
quable, mais qui sont fréquemment employées en médecine
dans rinde et à la Chine. On les regarde comme astringentes ^
elons en aertconséquemment pour arrêter les cours de ventre^
les fleors blanches, guérir les ophtlialmies commençantes, les
inflammations des ulcères. Les fièvres lentes et les sueui:» noc<
tornee.
Lamarck a réuni à ce genre les Illécebives de Linnseu^
Vi^a ce mot (B.)
CADSIilJS. C'est le nom qu'on donne, au midi de I(i
France ^ à une lan^e qui attaque le blé renfermé dans les gre-
iiien,et en ronge la substance farineuse. L'abbé Rozier , dans
son Cours d^ Agriculture , nous donne une. description trèti^
détaillée de cette lan~e sans faire connoître à quel ^enre d'in -
jectes eHe appartient Ce n'est que dans les méniou^es publiés
par la ScM;iéte d'agriculture de Paris, trimestre du printemps
'7^7 f ^y^ l'on trouve quelques obseirations de M* Dorthe»,
sur pluneurs insectes nuisibles an blé et à la luzerne, et paru-
culierement sur la oadeUe , dont il a suivi le développement ;
il a reconnu que l'insecte parfait étoitle fenebrio mauriianicufi
de Lânnasus, mais c'est la ehevreite brune, , n^ 5 , de GeoU'roy,
el non point le ténébrion à ntrUa lisses de cet auteur.
Gomme l'histoire de cette larve est liée et appartient à celle de
J'imocte parfait , noils renvoyons au mot Taogossit£ , pour
tous lesdeiailsqui peuvent concerner et Tinsecte et la larve. (Q.)
CADIJS , (ktdia , arbuste dont les feuilles sont alterufo^ ,
pinnées , avec une impaire ; le«$folioles très-nombreuses, pe-
tites , oblongue» , sesâiles et glabres ; les fleurs penclaceç ,
graadea, d'abord blancties, ensuite roses, sortant deux ou
trois sur un pédoncide commun de l'aisselle des feuilles.
Chacune de ces flews est composée d'un calice de cinq di-*
visions , de cinq pétales piiesqn'en cœur et égaux , de dix éia-<
miaes^ et d'un ovaii*e supérieur , surmonté d'un style aimplu
ii stigmate capité.
Le fruit est un légume à plusieui's semeujces..
Cet arbuate , qui croit naturellement dans l'Arabie , forme
Un genre qui a été d'abord établi sous le nom ci-dessus > par
Forakal ^ et qui depuis a été décrit sous les noms de panliaiica
et de êpœndonoea; ce dernier est celui du célèbre Van-Spaen-
àowài 9 professeur d'iconographie au Muséum d'Hisloii't»
naturelle. U est cultivé au ^rdia du JSIuséuin d'Jtlijrtoire na-r
tiuïile. (B.)
6o , C JE S
CADITË , nom^ionné par quelques oryctographeirfinx irrt^^
culations d'ENCRiKES^ qu on ti*ouve fossales. Ce aont piînci*
paiement celles qui sont rondes qui s'appellent ainsi ^ les an»
guleusea ayant été prises long-temps pour des vertèbres de
poissons. Voyez au mol Encbine. ( B.)
CADMIE DES FOURNEAUX , ou TUTfflE- C'est un
oxide de zinc , mêlé de suie , qui s'attache , sous la form»
d'une croule dure et noirâtre , aux cheminées des founieaux
où. l'on fond en gi'and des matières qui contiennent ce métal.
La tuthie est employée en pharmacie , où on la fait entrer
dans les coilires desstcalifs pcfUr les yeux. On a quelquefois
confondu la cadmie avec la calamine y ou pierre ccHaminaire-,
qui est un minerai composé d'oxide de zinc, d'oxide de fer ^
et de parties terreuses. Voyez Zinc. (Pat.)
CADOREU , nom que porte , en Picardie, le Chaboon*
Kebet. Voy. ce mot. (Vieill.)
CADRAN ( édilion Sonnini de l'Histoire Fiat. deBuJbn,
ordre 9 Passereaux; genre, Gbive. foy. ces deux mots. )•
Tel est le nom que ce merle porte au fiengale ( dial bird);
taille de noire pie-grièche ; bec noir ; iris jaune ; tête , dessus et
dessons du corps , excepté les couvei*tures inférieures de la
queue , noirs ; celles-ci et le dessous des pennes blancs. Cett«
espèce se tix>uve aussi dans le midi de l'Afrique. ( ViEiiiii.)
CADRAN, Solarium, genre de coquilles établi par La-
marck , aux dépens des toupies de Linnaeus.
Ce genre a poiir caractère d'être en cône déprimé , ayant
dans sa base un ombilio ouvert , crénelé sur le bord interne
des tours de la spire , et l'ouverture presque quadrangulaîre. Il
est composé des coquilles qui ont des rapports de forme avec
la toupie escalier, trochus perspectipusi Lmn. , figuré dans la
Conchyliologie de Dargenville. Voy» au mot Toupj^e. (B.)
C^SIO, Cœsio, genre de poissons établi par Lacépède,
dans la division des 'THORACHiQUESy entre les Scombres el les
Cektrooasteres. ( Voy. ces mots. ) Il ofire pour caractèi^
une seule nageoire dorsale ; point de petites nageoires au*-
dessus ni au-dessous de la queue; les c6tés de la queue relevéa
lonsitudinalement en carène; une petite nageoire composée
de deux aiguillons et d'une membrane au-devant de la na-
geoire de 1 anus ; la nageoii*e dorsale f rès-prolongée vers celle
de la queue ; la lèvre supérieure ti^ès-extensible ; point d'aK-
gtiillons isolés au-devant de la nageoire du dos.
Ce genre renferme seulement deux espèces ; le Cjbsio
asuror , qui a l'opercule branchial recouvert d^écailles senir-
blahles à celles du dos , et placées les unes au-dessus des autres»
Il sa trouve dans la mer des Indes , où il a élé observé par
CAP 6»
Comraenon. L'or , Targent , le rouge , le bien céleste , la
noir y sont répaDcliia avec variété et magniiicenee 5ur cette
espèce : le dos est bleu ; une bande longitudinale jaune se voit
sur chacun de ses côtés ; le ventre est argenté ; une tacha
d'un noir très-pur est placée à la base de chaque nageoira
dorsale.
Ce poisson ^ qui est de la grandeur et de la forme d'un ma-
quereau ^ a la chair très-délicate.
Lie CjBAio FOUiiAiN , Cenirogaêier equula Linn. , a una
fossette calleuse et une bosse osseuse au-devant des nageoires
thoracines. Il le trouve dans la mer Rouge , et panaient rare*
ment à la longueur d'un pied. Sa télé est relevée par deux
saiUies qui convergent èur le front ; un ou deux aiguillons >
tournés vers la queue f sont placés au-dessus de chaque
ml (B.)
C^ESIOMORE , Cœsiomorua. C'est encore un genre nou»-
veau de poissons, établi par Lacépède.U a une seule nageoire
dorsale; point de petites nageoires au-dessus ni au-dessous da
la queue; point de carène latérale à la queue, ni de petite
nageoire au-devant de celle de l'anus ; des aiguillons isolés
au-devant de la nageoire du dos.
On compte aussi seulement deux espèces dans ce genre ,
toutes deux observées , décrites et dessinées par Commerson ,
dans son voyage autour du monde.
Lie CiBsioMORE BAiLi«ON a deux aiguillons isolés au-devant
de la nageoire dorsale ; le corps et la queue revêtus d'écaillés
assez grandes. Il est figuré vol. 3, pi. 3 de l'ouvrage de Lacé-
pède. Il a des dentn très-petites, et quatre taches rondes sur
la partie postérieure des tignes latérales.
Le CjBsiomobe bloch a cinq aiguillons isolés au-devanC
de la mâchoire dorsale ; le corps et la queue dénués d'ëcaiUes
facilement visibles. Il est figuré à côté du précédent. (B.)
CAFÉ, CAFÉYER, ou C AFBER , CÀFÉTERIE. On
donne le premier nom à la graine du fruit que porte un arbre
cultivé dans les régions des deux continens, placées entre les
• tropiques ; cette graine , connue par*tout , à cause de l'usage
qu'on en fait généralement , forme une branche de commerce
très-considérable. Caféyer ou cafier est le nom de l'arbre qui
la produit ( Foyez l'article suivant ) , lequel est aussi appelé
cafi dans quelques pays , et par plusieurs auteurs. Par le mot
cafiterie , on entend une grande plantation de caféyer9,
CAFÉYER ou CAFIER, Coffea Linn. {pentandrie mo^
nogynie), genre de plantes de la fiimille des RuBiAciKS, qui
comprend des arbres et des arbrisseaux exotiques, dont W *
feuillM sont simples et opposées , et dont les flews naiiseu^
6îs C A F
communément aux aûaeUes de» feiuDes^ et quelqueroîs au
•ommet des rameaux. Chaque fleur est composée d'un très^*
petit calice à quatre ou éinq dents , d'une corolle monopélale
en entonnoir à quatre ou cinq divisions , de quatre k cinq
étam ines , et d'un style ayant deux stigmates ; le frmt est une baie
ovoïde avec un ombilic , contenant ordinairement deux se^
menées 9 planes et sillonnées d'un côté ^ convexcis de l'autre.
Les feuilles des caféyers ont des points glanduleux & la base
de leurs nervures ; entre leurs pétioles , sur la face nue des
rameaux , se trouvent deux stipules opposées ^ qui ne manquent
jamais. I^m. liiuêtr. dés Oenr. pi. 160.
Dans le nombre d'espèces que renferme ce genre', il en
est une très-célèbre depuis deux ou trois siècles^ et qui fait la
richeise des pays où elle croît; c'est celle que les botanistes
appellent caféyer arabique , du nom de la contrée qu'iJi
soupçonnent être son pays naUl , ùu plutôt parce que c'est
l'Arabie qui a fotu*ni ks premiers individus d'où provien-
nent tous les caféyêTë de la même espèce , cultivés aujourd'hui
dans les deux mondes.
Le Gaf^ter arabiqob y Coffka arabica Linn. , est un
arbre ou arbrisseau toujours vert , qui croît assez vite , et qui
s'élève à la hauteur de qutnae à vingt-cinfj pieds sur un tronc
droit, dont le diamètre n'excède pas trois ou quatre pouces;
sa racine est pivotante , peu fibreuse et roussâtre ; son tronc
Îousse , d'espace en espace , vers sa partie supérieure , des
rancfaes opposées deux à deux , et situées de manière qu'une
paire croise l'autre ; elles sont souples , trèa-ouveries , presque
cylindriques, noueuses par intervalles, et couvertes , ainsi que
le tronc , d'une écorce fine et grisâtre, qui se gerce en se dessé-
chant ; f'^îderme est blanchâtre ; l'enveloppe cdlulaire d'un
vert léger; le bois asses dur; les branches inférieoi^s sont
ordinairement simples, et s'<élendent plus horisontalement
que les supérieures ; les unes et les autres sont chargées en tout
-temps de feuilles entières , sans dentelures ni crénelures ,
opposées, d'une ferme ovale alongée, lisses, et luisantes eu.
dessus , pâles en dessous, aiguës au sommet , rétrécies k la base,
emportées par de très-courts pétioles ; les feuiUes ressemblent
k celles du laurier commun , avec cette difiei«n ce qu'elles sont
moins sèches, moins épaisses, ordinairement plus larges et
plus pointues à leur extrémité ; à chaque nœud on voit deuic
courtes stipules intermédiaires , larges par le bas , et terminées
-en pointe.
De l'aisselle de la plupart des feuiUes , sortent de pelils
-groupes de (leurs au nombre de quatre ou cinq; chacune
• d'eUjMPost;aoo(eiuie.piir ui^ eourt'pédsQC4fe^«Uessont blao-
C A F f>->
rhes, formées A*ua seul pétale , et ont â-peii-pro8 la figure et
Je Folume de» fleurs du Jasmin cT Espagne ^ excepté que leurs
découpures sont plus étroites^ leur tube plus court , et qu'an
lien de n'avoir que deux étamînes comme \ea jasmins , elles
enreaferment cinq> saillantes, hors du tube^ et à sommets
linéaires et jaunâtres; au milieu des filameus s'élève un style
fourchu qui surmonte l'ovaire , et qui est aussi long que la
corolle. Ces fleurs passent fort vite, et ont une odeur douce
et agréable : elles sont remplacées par une espèce de baie, qui
a Tapparence d'uiie cerise, et qui, par cette raison , porte,
dans les Antilles, le nom de cerise du café; elle est plus ou
moins ronde ou ovale , et d'un rouge obscur dans sa parfaite
maturité; elle a un petit ombilic à son sommet, et elle ren-
ferme une pulpe glaireuse. et d'un goût douceâtre, laquelle
sert d'enveloppe à deux petites fèves ou craines , d'une nature
cornée ou cartdagiueiise , accolées l'une a l'autre , et entourées
chacune d'une membrane particulière et coriace : ce sont ces
graines qu'on appelle caje. Tout le monde en connoil la
forme et la couleur, qui oÔrent quelques légères différences,
suivant les variétés.
Histoire du Cafi,
Le caféyer, dit Raynal , Hist. philosaph. et potitiq. , &c. ,
vient oi^gfnairement de la Haute-Ethiopie, où il a été connu
de temps immémorial, et où il est (encore cultivé avec succès.
M. I/agrenée de Mésîères , un des agens les plus éclairés qne
la Fmnce ait jamais employés aux Indes , a possédé de -son
frofit , et en a fait souvent usage ; il l'a trouvé beaucoup plus
^1109 , nn peu pius long , mùihs vert , presqu'aussi parfumé
2ub celiii qu'on a côtnmeneé à cueillir dans l'Arabie vers ia
a du quinzième siècle.
Ce sohtlds Orieiitaux ^li ndusont transmis l'irsiige du cafi.
lies uns disent qu'on en doit la première expérience à la Vi-
gilance du supérieur d'Un hionaslère d'Arabie, qui, voulant
tirer ses moines du Âdmitieil qui les tenoit assoupis dans la
nuit aux; offices du choeur, leur en fît boire l'infusion , 'sàr
la reialion des effets que ce fruit causoit aux boucs qui en
croient mangé. D'autit^s prétendent qu'un moUach, nomtidé
Cliadely , fut le pretnier Arabe qui prit du café, dans la vue
de se délivrer d'un assoupissement continuel , qui ne lui per-
ipperçut oicntôt que celte boisson egayoït 1 espîil
tit dusipôit Iqs pÊiSkiitiUhirs 4e r^foltiàô. Cetix ixikm^ t^\ï
64 ^ C A F
n^avoient pas besoin de se leuir éveillés , l'adoptèrenL Dca
bords de la mer Rouge, cet usage passa à Médiiie, à la Mec-
que, et, par les }>élerins, dans tous les pays mahométans.
Enfin, on lit dans un manuscrit arabe , qui est à la Biblio-
thèque nationale , que le café , quoique originaire de rArabfo
Heureuse , étoit en usage en Afrique et dans la Perse , bien
long-temps avant que les Arabes en eussent fait une boisson.
Vers le milieu du quinzième siècle, le muphti à^Aden , ville
de l'Arabie , voyageant dans la Perse , y vil employer cette
liqueur , et à son retour il la fit connoître dans son pays.
D Aden , Tusage s'en répandit dans tous les lieux soumis à la
loi de Mahomet.
Dans plusieurs villes de ces contrées , on imagina d'établir
des maisons publiques, où se distribuoit le café. En Perse,
ces maisons devinrent , comme chez nous , un asyle hon-
nête pour des gens oisifs , et un lieu de délassement pour
les hommes occupés. Les politiques s'y entrelenoient de nou«
velles , les poètes y récitoient leurs vers, et les moUachs leurs
sermons. A Constantinople , les choses ne se passèrent pas
n tranquillement. On n y eut pas plutôt ouvert les cafës ,
c^u'ils furent fréquentés avec fureur. D'après les repi*ésenta-
tions du muphti , le gouvernement , sous Amurat Jii , fit
fermer ces lieux publics, et ne toléra l'usage de cette liqueur
que dans l'intérieur des familles. Un penchant décidé triom-
pha de cette sévérité. On continua de boire du café publi-
Ïuement; et les lieux où on le distribuoit se mulliphèrent.
*endant la guerre de Candie, et sous la minorité de Maho-
met IV , le grand visir Koproli les supprima de nouveau ;
mais cette précaution fut aussi inutile que les précédentes ;
elle n'eut d*auti*e effet , dit Ricault , que de diminuer le revenu
de l'état. Au commencement du seusième siècle , le cafi pro-
duisit pareillement des troubles au Giire. L'an i5fl3 ou q3o de
riiégire , Abdallah Ibrahim , cheik de la loi , prêcha naute^
ment contre cette boisson dans la mosquée de Haisananie.
Les têtes s'échaufierent, les partis en vinrent aux mains ; maie
le cheik £l-belet (le commandant de la ville) assembla toue
les docteurs , et après avoir entendu avec patience une Ion-
re discussion , Q fit senôr du café à tout le monde , et leva
séance sons proférer un seul mot. Cette mesure rétablit la
tranquillité. C'est ainsi que l'usage du cafi adopté universel-
lement dans rOrient , s'y est pei^tué malgré la violence dce
loix et l'austérité de la religion , qui s'étotent réunies pour le
proscrire. Les Turcs ont un intendant particulier, qu*ile
nomment kahveghi , c'est-À-dira officier du café , et dans
h <érail il y a plusieurs kaliyeghiê^ chacun d'eux préside JL
CAP 65
TÎngt on trente hattagis , qui sont des employés chargés de
préparer cette liqueur agréable.
Le cafi avoit commencé à être en crédit à Cbnstantinople,
#01» le règne de Soliman-le-Grand ,Tan 1 554» Ce fut envi-
ron on siècle après , qu'on l'adopta à Londres et à Pai-is ;
mais son inti-oduction en Angleterl-e éprouva, sous Charles n,
]es mêmes difficultés qu'elle avott épix>uvées en Turquie , sous
Amiirat et Mahomet. On trouva que les cafés devenoient
des assemblées trop considérables, et on les supprima (en
1676) comme des séminaires de sédition. On fut plus modéré
en France. L'établissement de ces lieux publics s'y fit, et s'y
maintint paisiblement £n i66g , Soliman-Aga, qui demeura
à Paris pendant un an , fit goûter du ccfé à un grand nombre
de personnes qui , après son départ, continuèrent à en faire
usage. La première salle de café publique, fut construite à la
foire S* Germain, par un Arménien, en 1673. Depuis, il
s'établit sur le quai de l'Ecole , où l'on voit encore une bou*
tique aa coin de la rue de la Monnote. La salle n'étoit fré-
quentée que par des chevaliers de Malte et par'des étrangers*
Ayant quitté Paçis pour aller k Londres , il eut plusieui^ suc-
cesseurs. Une tasse de café, k c«tte époque, se vendoit deux
sois six deniers. -Enfin un certain Etienne d'Alep construisit
le premier , à Paris, une salle décorée avec des glaces et des
tables de marbre; elle étoit dans Ut rue S. André«des-arcs >
vis-à-vis le pont S. Michel.
Un peuple naturellement vif et léger ^ dut adopter bien
vite l'usage d'une boisson qui é4oit si propre k entretenir sa
gaicé ordimûre. Elle fut d'abord un objet de fantaisie ou de
loxe ; et elle ne tarda pas à devenir un besoin , sur-tout pour
les riches. Le goût s'en répandit , de proche en proche, dans
toutes les conditions et dans tous les pays. Les habitans dû.
Nord s'y accoutomèrent ; ils préférèrent cette boisson à lem*s
liqueurs. Enfin toute l'Europe prit du café, B étoit impos-
sible qu'un goût devenu ai général , ne donnai point envie
aux Européens de posséder 1 arbre qui produisit cette graine
précieuse. Les puissances maritimes de cette partie du monde,
avoient des colonies placées entre les Tropiques ; elles songé*
rent à y transplanter le ctdéyer* H falloit 1 aller chercher dans
son pays natal, c'est-à-dire en Arabie; car c'étoit de cette
contjrée que venoit alors tout le café qui se débitoil dans le
comoaerce. Cette entreprise étoit réservée k une nation con-r
nue par son industrie. Les Hollandais furent les premiers qui
transportèrent cet arbre de Moka à Batavia, et de Batavia k
Amsterdam. Au commencement du dix-huitième siècle ,
les magistrats de celte dernière ville en envoyèrent un pied
s
C0 C A F
à LàOuis XIV. Ce pied , qui fut soigné au jardin de» plantes d#
Paris y a été le père de tous les caiéyers plantés depuis dans
toutes les îles françaises de TAmérique. Ce fut d'aoord à la
Mârlinique que parut le premier de ces ai*bres. Il y fut apporté,
par M. de Ciieux* Pendant la traversée , qui fut longue et
pénible, Teau douce étant devenue rare, ef ayant été mesurée
a cliaque passager, ce zélé citoyen partagea toujours sa por-
tion avec Tarbuste qui lui avoit été confié f il parvint ainsi à
le sauver. Arrivé à la Martinique , il le planta dans le lieu do
son jai'din le plus favorable à son accroissement , et le fit
garder à vue , jusqu'à ce qu'il eût fructifié. Il en distribua les
graines à divers nabilans de Tile , qui en étendirent prodi-»
gieusemen^ la culture. Quelques années après , des plants de
café furent transportés de la Martinique à Saint-Domingue^
à la Guadeloupe , et aux autres Oes adjacentes.
Dans le même temps à-peu-près , la culture du eaféyer
fut intit>dmte à Cayeune, par un Français , qui en apporta
des graines fraîches de la Guiane hollandaise. £n 1717 , la
compagnie française des Indes, établie à Paris , envoya aussi
des plants de café Moka, k Vue de Bourbon. Tous les caféyerk
cultivés aujourd'hui dans cette île descendent de ces plants ,
et donnent le café connu dans le commerce sous le nom de
café Bourbon. Cependant il en existe une espèce on une va*
riété indigène à ce pays. Du moins , le fait suivant consigné
dans les Mémoires de l'académie des sciences de Paris, an-
née. 1715, semble le prouver. Les habitans de l'île Bourbon ,
y est-il dit, ayant vu sur un navire français revenant de
Moka , des^raachesde eaféyer ordinati^ , chargées de feuii*
les et de fruits , reconnurent aussi-tôt qu'ils avoient dana
leurs montagnes des arbres entièrement semblables ; ils allè-
rent en chercher des branches , dont la comparaison a\'e6
' celles qui avoient été apportées, se trouva exacte , tant pour
la feuille que pour le fruit ; seulement le café de l'ile frit trouvé»
plus long , juus menu et plus vert ^ue celui d'Arabie. C'est
•ans doute cette différence, jointe a quelques autres très-lé->
gères , qui a décidé Lamarck k faire de ce eaféyer une espèce
particulière et diitincte du eaféyer arabique.
Cukure du Cafêyer.
»
Cet arbre croit et réussît très-bien dans tous les pays situés
entre les Tropiques ou dans leur voisinage. On le cultive avec
auccès en Arabie, & Batavia, aux !les de France et de Bour*
bon , dans les Guianes française et hollandaise , et dans tou^
les les Antilles. Mw l'Arabie est depuis long-temps en posae^-»
, C A F ' ^ 67
non. de fournir le meilleur café connu. L'abbé Raynal diU
qu'on en exporte chaque année de ce pays iâ^55o,ooo livres
pesant, dont environ 5^5oo,ooo livres son l achetées par les com-
pagnies européennes. C'est principalement dans le royaume
d'Vémen , vers les cantons a Aden et de Moka, que se trou-
vent les grandes plantations en cafêyera. Quoique ceUe por-
tion de l'Arabie Heureuse soit dans une température très-
chaude , les montagnes qu'elle i*enferme sont froides au som-
met. Le caféyer est ordinairement cultivé à mi-côte , et
lorsqu'on le trouve dans la plaine, on voit d'autres arbres
plantés à proximité , pour le garantir de lardeur du soleil i
parce que la chaleur excessive dessécheroit ses fruits avant la
récolte. Quand il est placé dans des lieux exposés au midi , ou
trop découverts , on l'abrite avec une espèce de peuplier. Le
pied du caféyer est ami de l'eau ; les Arabes ont coutume do
;eter des pierres dans les fosses qu'ils creusent pour le planter \
les soins qu'ils donnent ensuite à sa culture , consistent à dé?»
tourner l'eau des sources, et à la conduii*e au pied de ces
arbres. La récolte du fruit se fait à trois époques : la plus
grande a lieu en mai; on étend des pièces de toile sous les
cafèyers qu'on secoue ; le café mûr tombe facilement : on lo
jette dans des sacs ; il est transporté ailleurs , et rais à sécher
sur des nattes, afin que les baies puissent s'ouvrir parle mçyen
d'un cylindre en bois ou en pierre fort pesant, qu'on passe
par-dessus. Quand les grains sont dépouillés de leur enve-
loppe , et séparés en deux petites fèves , on les agite dans de
grands vans, pour les monder, et on les fait sécher de
nouveau.
' Telle est la méthode simple et facile que suivent les Arabes
dans la culture de cet arbre intéressant , et dans la récolte et
la préparation de son fruit. Le café de ce pays , connu sous
le nom de café Moka , surpasse , comme on sait , en qualité ^
toates les autres espèces de café que le commerce débite dans
les deux continens. Cette suj^riorité est-elle due.au climat et
au sol de l'Arabie? ou le cjféyer, transporté hors de cette
contrée, a-t-il dégénéré? C'est ce qu'il seroit intéressant je
rechercher. Nous croyons que la cupidité des Européens est
la principale cause de la médiocre qualité du café qu'ils récol-
tent dans leurs colonies , et sur-tout aux Antilles. On le re-
cueille trop tôt, et on le fait mal sébher, pour avoir un ^ain
plus gros et plus pesant ; de sorte qu'il perd nécessairement
en qualité , ce qu'il gagne en volume. Sa saveur ne peut être
aossi exaltée , ni sa sève aussi élaborée que dans le café d'Ara-',
tie. n a moins de dureté que ce dernier, moins de parfum;
ei il conserve toujouri ime certaine ' verdeur , qui le fait
C8 C A F
s'imprégner plus facilement des odeurs des corps phcés dafii
son voisinage.
Une autre cause de rinfériorilé du café d^ Amérique , est
l'indifférence des colons sur Je choix des Jieux où ils fout
leurs étabiissemens. Le cafêyer demande un sol plutôt sec
qu'humide, et une terre légère et rocailleuse plutôt que sub*
f tantielle et forte. Il veut être abriié des grands vents et des
ardeurs brûlantes du soleil ; mais les abris doivent être
ménagés de manière que le grand air puisse frapper libre-
ment ses branches, et que le soleil puisse proniptement mûrir
les fruits qui les couvrent. Si ces arbres sont plantés dans un
lieu étouTO, sur un sol marneux ou argileux, ou même dans
une terre trop légère, qui se dessèche promptement, et ne
conserve point à leurs pieds la fraîcheur dont ils ont besoin ,
alors ils produiront des fruits imparfaitement mûrs , ou à
moitié avorlés.Si, d'un autre côté , la terre où ils croissent est
trop riche ou trop fréquemment arrosée, leur croissance sera»
il est vrai , rapide et vigoureuse ;.niai3 leurs fruits , quoique
plus gros , auront été formés par un suc crud et mal préparé.
L'usage d'étêter les caféyert^Kim a prévalu généralement
dans presque toutes les Antilles , et même aux îles de France
et de Bourbon, peut contribuer aussi à diminuer la bonté
du fruit. Les branches forcées de prendre une direction laté-
rale , sont sujettes à se coucher et a s'entremêler; étant moins
élevées au-dessus de la terre , elles se trouvent plus souvent
et plus long-temps plongées dans les vapeurs qm s'en exha-
lent, et les fleurs ou fniits qu'elles portent, reçoivent plu»
diflBicilement les influences bien&iisanles de l'atmosphère 8u->
péneure et du soleil.
Si à toutes ces causes , on ajoute l'empressement des pro->
priétatres à enfermer leur café dans des sacs avant son en^
tière dessication , afin qu'il soit plutôt vendu , et le peu de
précautions prises par les capitames de navires ( en cbai^
géant cette çniine) pour en éloigner tout ce qui pourroit
lui communiquer une odeur étrangère et désagréable , on ne
sera plus étonné de voir répandus dans le commerce tant de
cq/ïfsdes tles^ médiocres on mauvais, ieiiquels se vendent
pourtant , parce qu'il 7 a peu de connoisseun de cette den-
rée , et encore moins de gourmets d'tme boisson devenue
cependant aujourd'hui si commune.
Malgré ce qui vient d'être dit , on ne peut disconvenir que
la diU'érence du sol ou du climat n'tnOue jusqu'à un cerlaii»
point sur la quahté Axicafé; elle dépend aussi de l'âge de»
aîrbres, quelle que soit la méthode de cultiue que l'on suive»
flar on ae suit pat la même par-tout; elle varie selon les peu-^
C A F 69
taies et les pays; el le^ cultivateurs du cafky» , dans les Dotixi-
Ifides y ne sont pas quelquefois d'accord entr'eux sur des
jioints très-essentiels* C'est après avoir lu et comparé tout ce
Su'ils ont écrit à ce sujet» et après avoir fait nous-mêmes
es observations sur celle culture à Saint-Domingue y que
nous présentons au lecteur l'extrait suivant > dans lequel il
trouvera y au lieu d'une méihode locale et particulière^ dei
principes généraux applicables dans tous les lieux où peufc
Icroitre ie'Caféyer.
Quoique cet arbre soit originaire des pays chauds de l'Asie
tst de l'Afrique , ce seroil une erreur d'imaginer qu'on ne
pouiToit pas le naturaliser dans les parties australes de r£tt<->
rope. M. Jean-Laurent Telli a réussi , il y a quelques années»
k faire prendre racine au caféyer dans le jardin botanique
de PUe, Cet arbre n'a pas benoin d'une grande chaleur en
hiver ; il suffît qu'elle soit entre treize et quinze degrés du
ihermomètre de Béaumun D*un seul individu qu'avoit dana
le principe M. Telli^ et qui chaque année a donné des fruits
parfaitement mûrs , il a obtenu successivement et en peu db
temps y jus(|u'à vingt plantes y qu'il a envoyées à diflerentea
villes d'IlaUe. Le» pays tempérés peuvent donc convenir aiisî
«u eaféyer. On a vu que dans sa terre natale il croît sur le
penchant des montagnes^ où le froid se fait quelquefois sentir
mi peu*
Si y pour former une cafèterie « on prend les jeunes plantes
qui naissent des fruits tombés y on aura des sujeta foibles, qni
languiront long- temps après leur transplantation; il vaut
mieux semer le wfé y soit k demeure , soit eu pépinière : en
semant k demeure , on s'épai^ne beaucoup d'embarras y la
cc^tène est plutôt établie , ei les oaféyers non transplantés
^^^niservent leurs pivots^ et résistent mieux auxomugans. Cette
méthode doit être adoptée de préférence dans les quartiers
pluvieux; elle consiste à planter des piquets en quinconce^ ou
disposés de toute autre manière.et espacés .convenablement.
On fait un ti^u k chaque piquet ^dans lequel on met plusieurs
graines. Quand lés plants ont environ douze à quinase pouce»
de hauteur , on n'en laisse qu'un dans chaque trou y et tou-
ionra le plus vigoureux.
Dans les endroits où il pleut rarement y une pépinièi*e est
îndispensaUe. On choisit pour rétablir un lieu assess décou^
vert et un sol d'une médiocre bonté , que l'on prépare par
piosîeur» labours^ sans le fumer. Le ten*ein est disposé en
planches ^ avec des rayons ouverts d'un demi -pouce de pro-
fondeur y et espacés de sept à huit. On y sème à trois ou
quatre pduces de distarwe fune de l'autre, non la baie du
70 C A F
café y mais la graine ou fève dépouillée de sa pulpe et reveine
de son enveloppe coriace. Les cerises résen^ées pour le semis,
doivent être fraîches ^ l'ouges et cependant très-mûres ; les
graines desséchées, ou qui ne sont pas récentes^ ne lèvent
Sas. Pour les rendre plus faciles à manier ^ on les couvre
'un peu de cendre avant de les semer. On doit les mettre en
terre immédiatement après la récolte ^ ou dans les premiers
quinze jours qui la suivent; jusqu'à ce moment ^ on les laissq
toujours dans la cendre ^ étendues dans un lieu couvert et
aéré.
La saison la plus favorable pour faire les semis ^ est celle
des équinoxes et des deux mois suivans, c'est-à-dire qu'on
doit les commencer à l'éqninoxe de septembre dans les
pays situés en-deçà de rétjualeur , comme la Metrtinîque
et Saint-Domingue ; et à l'éqninoxe de mars, dans les con-
trées placées aundelà de la ligne y comme les iles de France et
de Bourbon, Les jeunes plants n*auront alors à supporter
que la cJialeur du soleil d'hiver de ces climats, et seront déjà
assez forts lorsque celle de l'élé se fera sentir. En semant dans
une saison contraire, on les exposeroit à périr ilès leur nais-
sance. On ne doit point établir les semis près des haies; leur
ombrage arrête la végétation des jeunes co^s, et les vieilles
liaies dévorent la substance de la terre.
Il est convenable d'arroser la pépinière. Les cafés adultes
ou avancés en âge , peuvent résister à la chaleur ; ils se font
omhrage avec leurs feuilles, et leurs racines pénètrent en
avant dans la terre ; mais dans leur enfance , privés d*ombre
et de fraîcheur, et placés dans un sol meuble et plus per-
méable aux rayons du soleil, ils doivent être très-ailérés ; les
arroscmens du soir sont préférables dans les pays chauds à
ceux du matin et de la journée. On peut arroser à la main ,
par filtrat ion ou par irrigation : il ne faut pas que les plants
soient submergés; l'on ne doit pas non plus répeler cette opé-
ration tix>p souvent , car les cafée trop anx)sé8 ou élevés dans
un terrein trop humide, n'ont point, à la transplantation, la
v^eur des autres.
C'est dans l'hiver de ces pays qu'on transplante ordinaire-
ment les cafés ; ils ont alors moins de sève. On les enlève avec
leur motte de terre ou sans leur motte. Cette dernière mé-
thode est la plus suivie ; mais l'autre quoique plus longue »
est plus sûre et préférable; en l'employant , on peut se di^
penser de consulter la saison , pourvu que la transplantation
se fasse dans un temps pluvieux. On coupe ou l'on ne coupe
pas le pivot du jeune plant , suivant la nature du sol préparé
pour le recevoir : si ce sol a de la profondeur » le pivot doit
C A F 71
ttre conservé; Sans le cas contraire^ on le coupe en bec de
flûte , au moment même et dans le lieu de la transplan-
tation. S'il n'étpit'pas coupé ^ ne pouvant percer le tuf ou la
pierre qu'il rencontreroit , il se roideroit en vis , et seroit sujet
a être attaqué par les vers ; d'ailleurs , son retranclieuient fa-
vorise la pousse des racines latérales. La profondeur des trous,
la distance des planU entr'eux et leur disposition sur le. ter-
rein , sont également subordonnées^ non-seulement à sa qua-
Utc , mais encore à sa pente , plus ou moins grande ou nulle,
i son exposition et même aux variations de l'atmosphère aux-
quelles est sujet le lieu où est établie la caféterie. Il est clair qu'on
doit espacer davantage les cafés y et faire des trous plus larges
dans les quartiers humides et fréquemment arrosés , sur-tout
m le sol est plat , riche et profond. Dans les endroits secs ,
escarpés^ ou disposés en pente vi^'B ou douce , les plants doi-
vent être plus rapprochés^ et les trous avoir une largeur et «ine
profondeur relatives. On ne peut prescrire à cet égard au-
cune régie générale. II faut pourtant avoir soin de creuser
toujours des trous plutôt larges qu'étroits , dans les terreins
nouvellement défrichés, parce qu'ils sont remplis de petites
racines d'arbres qu'il importe d'enlever ; elles servent de pâ-
ture aux vers blancs qui attaquent ensuite celles du café , sur-
tout le pivot , et font périr l'arbre.
Le choix des plants est important. Ceux qu'on prend dans
sa pépinière y sont pi^férables aux 'plants pris chez ses voi-
sins ou sous les vieux cafés. On peut employer de petits plants
de cinq à six pouces , ou de plus forts. En général cerfx-ci
réussissent mieux , parce que t;onte transplantation étant une
crise pour le jeune arbre , cette crise est mieux soutenue par
le plant fort qui a douze a quinze pouces de hauteur. Cepen-
dant le succès des uns et des autres dépendra de la saison^ des
précautions employées en les transplantant , et du temps qui
a précédé et suivi la transplantation. Lorsqu'elle est achevée ,
on abrite les jeunes cafés avec des branchages garnis de
Vailles ; et après leur reprise , au bout de quinze ou vinct
jours , on] retire cet abri ; les feuilles sont laissées au pied du
plant, qu'elles maintiennent dans un état de fraîcheur ; elles
engraissent d'ailleurs la terre.
Soit qu'on élève le café degi*aine 6emée en place ^ soit qu'on
le transplante , on ne doit ctdtiver dans le même champ que
du maïs et des petits pois, en ramant ceux-ci, et pendant
les deux premières années seulement ; après ce temps il ne
fkut rien mettre entre les caféyers. Il est prudent de faire ,
chaque année, des semis pour les remplacemens. L^ coupa
de aoleil , les sécheresses, les groa vers^ les ouragans, dé-
^a ^ C A F
truiaent assez souvent les arbres les plus vigoureux dans les
caféteries les plus avancées ^ mais sur-tout oanA les premières
années de leur transplantation.
L'entretien des cafés jusau'au temps de la récolte n'est pas
difficile , il suffit de lessarcîer deux ou trois fois; on arrache
les herbes à la main ou avec un couteau fait exprès,. et au
lieu de les brûler on en fait des litâ assez épais dont on en-
toure les pieds de café ; ainsi entassées elles ne repoussent pas
de si-tôt , et elles étouffent celles de dessous. On laisse aussi sur
le sol de la caféterie les lîges sèches et les autres production a
des plantes herbacées qu'on y cultive : tout cela forme en peu
de temps un excellent leri'eau.
Dans les quartiers secs on doit retrancher toutes les bi'an-*
ches gourmandes à mesure qu'il en paroît. Dans les endroits
pluvieux il convient peut - être de les laisser , afin qu'elles
puissent servir d'écoulement^à la sève surabondante. Il faut
tailler dans le vif les branches mortes ou à deiui-rompues et
appliquer sur la plaie de la terre humectée. Quand un ou*
ragan renverse des cafés , pu doit se hâter de les i*elever et
les rechausser. C'est principalement pour les garantir de la
violence du vent , et aussi pour rendre la récolte plus facile ,
qu'on a coutume de les é téter dan^ leur jeunesse : cette opé-
ration contrarie cependant la natiuie ; car il est hors de doute
que l'arbre auquel on lais^roit prendre son c^croissement
donneroit des fruiU de meilleure qualité que l'arbre étété.
Comme on plante communément les c({fés en lig^ droite ,
il seroit peut-être avantageux d'en étêter. la moitié , el de
laisser l'autre moitié parvenijc à toute sa hauteur , de façon
qu'un arbre taillé se trouvai entre deux ai'bres non taillés et
vice versa ; disposés ainsi ils ne pourroient pas se nuire en
«'entrelaçant^ et les arbres livrés à eux-méme étant plus pré-
coces j pendant qu'on cueilleroit leurs fruits , ceux des arbres
taillés achèveroient de mûrir.
Lorsque les cafés sont fort vieux , qu'ils portent du bois
mort et donnent , peu de fruits , il faut les recéper le plus
Êrès de terre qu'on le pourra , et dans le moment o^ ib sont
\ moins en Bève^c'esl-Â-direàTun des deux solstices^ suivant
le pays ; on laboure la terre à leur pied , et on y met de l'en-
erais. Ces arbres entrent ordinairement en grand rapport à
la quatrième année , et fructifient pendant environ trente ,
ou quarante ans.
Récolte du Café.
Cette récolte se fait à la main^ et à deux ou ti'ois époques.
L'objet essentiel est de ne récolter le grain que lorsqu'il eal
C A F ^ 73
parfaitement mûr : sa maturité se reconnott à la couleur de
la cerise ; quand eUe est d'un rouge bien foncé , et qu'elle
commence à brunir , il est temps de la cueillir. On doit avoir
soin en la cueillant de ne point effeuiller les extrémités des
branches y et de ne {>as endommager les bourgeons qui s'y
trouvent et qui dmvent fleurir bientôt après ; il faut enlever
les conaes par chaque anneau séparén^ent y en tournant et
retournant la main droite sur elle-même y tandis que la main
gauche contiendra la branche. Ceci n'est applicaole qu'à la
grande récolte ; dans les autres on ne trouve des grains mûrs
que ça et là, et l'on est obligé de les cueillir un à un.
11 seroit à désirer, non-seulement pour la prompte dessi-
cation de la cerise et du grain y mais encore pour la santé
des noirs , que l'on pût toujoiuv récolter le café oans un temps
sec y après que la rosée est passée y et au moment où le soleil
darde ses rayons ai'ec plus de force. Malheureusement dans
la plupart des Antilles presque toutes les cajeleries sont éta*
blies dans les mornes^ où il pleut très-fréquemment ; on ne
veut pas attendre l'instant favorable , ou on ne le peut pas ; on
cueille la cerise encore tout humide ; les cultivateur char-
gés de ce soin sont exposés à la pluie ou à la rosée ; ils sont à
la vérité vêtus y mais 1 humidité échauffée par les babils est
plus funeste que celle qui est reçue à nu sur le corps ; de-là
naissent beaucoup d? maladies. Aussi , toutes choses égales
d'ailleurs y périt-il proportionnellenient plus de nègres dans
les établissemens en cafés que dans les auti'es , quoique le
conlraii'e dût arriver^ puisque dans nos fles, comme dans
tout pays y l'air de la montagne est ordinairement plus vif
et plus sain que celui des plaines et des borda delà mer.
Lorsque la cerise est cueillie y le premier soin doit être de
la dessécher y pour pouvoir séparer plus aisément la pulpe do
la ftve. On l'expose donc y pendant quelques jours, a l'air et
au soleil , sur des aires prépai'ées de différentes manières ;
celles qui sont pavées ou revêtues d'un bon cinMmt y aveo
une pente pour l'écoulement des eaux y remplissent mieux
le but qu'on se propose. Sur ces aires les cerises sont échauf-
&es à la. fois dans toutes leurs surfaces par la réverbération
des rayons du soleil ; on n'a pas besoin de les retourner anasi
souvent , et s'il survient quelque humidité , elle est çromp-
tement dissipée. 11 faut avoir attention de ne pas les laisser en
las ; elles fermentent -alors y le suc de la pulpe devient spiri-
tueux et volatil y et ^^nétrant juscju'à la fève a ti*avevs son en-
veloppe coriace , il lui coq^umquo un goût d'aigt*e et une
odeur désagréable.
Lia méthode de sécher la cerise à l'étave est celle de toutes
^4. C A F
qui parott mériter la préférence ; elle est presque indispet»*
oable dans les endroits très-pluvieux ^ on n a point à craindre
de fermentation , le dessèchement est pluis sûr^ plus prorapt ,
plus complet^ sujet à moins de main-d'oeuvre et à moins d*in-
convéniens. L'étuve ne doit point être aussi vaste qu'on jjour-
roit le penser , parce que le café d'une plantation ne se ré-
colle pas tout à la fois.
Dans les Antilles on dépouille le café de sa pulpe pendant
qu'elle est rou^e par le moyen des moulins^ et on rejette la
pulpe comme inutile. Les Arabes^ au conti^ire ^ font sécher
la cerise , parce qu'ils emploient la pulpe desséchée en bois-
son théiforme , et qu'elle est un objet de commerce.
Quand cette pulpe est enlevée y on lave les fèves , on le»
Inet sécher au soleil ^ on leur enlève leur enveloppe coriace
en les pilant , et on les vanne ; ensuite on fait sécher de poa-
veau le café , soit à Tair libre, soit à l'étuve ou au four; 1 etuve
lui ôte toute sa verdeur sur-le-champ ; il est enfin mis dans
des sacs. Si , au lieu de dessécher le café mondé, on lenferme
bu sortir du pilon ou du moulin, il contracte alors une odeur
qui diminue de sa qualité. Les sacs doivent être élevés au-des-
6us de la terre ou du plancher , disposés les uns sur les autres
à angles droits , dans un lieu couvert et aéré , et Ton doit en
éloigner avec soin tous les corps dont les émanations pour-
roient communiquer au café une odeur étrangère et altérer
son parfum. Il est difficile de prendre cette dernière pré-
caution dans un navire ; c'est un grand inconvénient , et qui^
ajouté à tous les contre-temps et à toutes les négligences qui
ont accompagné la récolle de celle denrée, fait qu'on la tiY>uve
û rarement de bien bonne qualilé. Miller raconte a u'un vais-
seau venant des Indes chargé de café, ayant pris à bord plu-
sieurs sacs de poivre , toute la cai^aisoii de café fut absolument
perdue.
■jivantageê particuliers que les colonies européennes et leurs
métropoles peui^eni retirer de lacuUiaredu Cafèyerou Café,
La culture du café exige peu de fonds ; elle convient &
l'homme industrieux d*uue fortune médiocre , ou dont le
commerce n'a pas eu de succès. Avec un petit nombre de
bras il peut former un établissement quis'acroîtra peu à peu ,
et qui , en attendant , le fera vivre. Les^ravaux dans une
caféierie ne sont ni très-mullipliés ni pégpKi? les femmes et
les enfans peuvent en faire une gcande partie ç ainsi ce genre
de culture est favorable à la population. Le sol où le café
m plaît le plus ne peut guère être employé qu'à la culture dm
C A F 75
oeUe plante. C'est dans rintérieur des tles , dans les rallées ,
sur le penchant des petites montagnes , et qnelquefois à leur
sommet , que ae« trouvent les terres et les situations qui lui
conviennent. Tous ces cantons peuvent ^tre peuplés d'un
grand nombre de familles. En formant leun plantations , elles
éclairciront les forêts , mettront en valeur les terreins mon*
taeux , établiront des routes et des communications corn-*
modes ; il s'élèvera insensiblement des ^nllages , de petites
villes^ dont l'industrie sera vivifiée par les richesses des ports
de mer, et qui pourront servir de premiers entrepôts au café.
Cette denrée^ exportée en abondance *des colonies dans les
métropoles, fournira au commerce une grande quantité de
fret y et alimentera une marine marchande considérable : or
la marine est le nerf de toute puissance maritime. D'ailleurs
les familles blanches répandues en grand nombre dans les
établissemens coloniaux , consommeront les denrées et mar-
chandises de l'Europe , en proportion de l'accroi^isement de
leur fortune ; le succès de leurs travaux encouragera d'autres
Européens à venir s'établir dans le même pays ; et les colons
s y multipliant chaque jour davantage , y contiendront facile-
ment les noirs ^ et y maintiendront y sans secousse y l'ordi'e efr
Lft tranquillité.
Propriétés , usctge et préparation du Cajé.
Jje caje, regardé comme boisson , a eu ses détracteurs ^
ses partisans ; on à beaucoup écrit pour et contre. DansUOrient
il a été plusieurs fois l'objet de discussions ridicules et de dé*
fenses sévères , dont on s'est toujours moqué. En Europe plu-
sieurs médecins se sont élevés en diflérens temps contre l'usage
de cette liqueur, et ont préVendu qu'elle étoil contraire à la
santé y tandis que d'autres prônoient au contraire avec en-
thousiasme ses vertus salutaires. Au milieu de ces contradic-
tions l'habitude a prévalu , et le goût du café est aujourd'hui
/général dans les quatre parties du monde. Si celte boisson
cloit pernicieuse, seroit-elle devenue comme une espèce dm
beaoinpourun si grand nombre d'hommes? Non sans doute^
son excès seul est nuisible comme l'excès du vin.
Tje café contient une grande portion d'acide, un extrait
gommeux , résineux et astringent , beaucoup d'huile , du
sel fixe et du sel volatil ; le feu détruit son goût de crudité et
ia partie aqueuse de son mucilage ; il le dépouille de 9^^ pro*
pnéftés sahnes , et rend son huile empyreumatique , d'où lui
xïetxt cette odeur piquante qui réveÛle et fait plaisir \ car 1»
&« agit sur les hmles végétale9 de la méote manière que sur
76 C A F
les viandes qui ^ étant ftrilléef , acquièrent une odeur agréable
ti-èft-propre à exciter 1 appétit.
JLe café fortiûe restomac , aide à la digestion et tient
éveillé. Il dissipe la 4angueur et les soucis , fait éprouver 4
riiomme un sentiment de bien-être , et répand dans tous ses
membres une chaleur vivifiante et douce. 11 soulage sensible-
ment dans les migraines et les maux de tète ; la tête est la
partie sur laquelle il a le plus d'action : son usage ordinaire
est un moyen presque infaillible de prévenir l'apoplexie , la
paralysie et la plupart des maladies soporeuses. 11 arrête
aussi les mauvais effets de l'usage immodéré de l'opium. On
sait que les Turcs ont souvent recours à l'opium comme à
un cordial spécialement destiné à réveiller leur courage à la
guerre , ou leur tempérament dans le plaisir ; mais son action
est bientôt après smvie de lassitude on d'un abattement sin--
gulier des esprits. Pour recouvrer alors leurs forces^ ils
prennent du café. Les Persans disent que cette boisson a été
inventée par l'ange Gabriel pour rétablir la santé de Ma-
liomet. Tous les peuples qui la connoissent en font l'élofle et
leurs délices. Cette liqueur est très-recherchée des Ëaropeens.
Elle inspire une aimable gaieté à ceux qui se réunissent pour
en boire; elle fait naiti'o les bons mots» favorise les épanche-
mei^s de Familié , déride les fronts sévères , et peut réconcilier
quelquefois deux ennemis. Elle ne convient pourtant pas à
tout le monde. Les hommes d'un tempérament sec , ardent,
bilieux et sanguin » ceux qui sont très-sensibles et qui ont le
genre nerveux très-irritable , doivent s'en abstenir. Elle est
Sréjudiciable aux enfans , et aux femmes lorsqu'elles sont
isposées aux maladies inflammatoires ou convulsives. Maia
les sens qui ont un excès d'embonpoint y les tempéramena
pitmteux , les personnes sédentaires et phlegmaliques , peu-
Tent sans crainte faire un usage modère du café.
Les Orientaux prennent du cafk toute la journée , et jus-
qu'à trois ou quatre onces par jour; ils le font épais , et le
boivent chaud dans de petites tasses » sans lait ni sucre, maia
parfumé avec des clous de girofle , de la cannelle , des
grains de cumin ou de Tessence d'ambre. Les Persans rô-
tissent l'espèce de coque qui enveIop})e la semence , et ils
l'emploient avec la semence même, pour préparer rinfu*>
aion à leur manière ; la liqueur , selon eux , en est meilleure.
Les Turcs font, avec la pulpe de la cerise , une boissoti.
agréable , très^rafraîchissante ; cVst le café à la sultane. On
donne aussi ce nom a la décoction légère des graines non i^ô-»
ties , qui , prise avec un peu de sucre, est propre à fortifier
l'estomac et à rétal '*r rapj>étit. Enfin , quelques personnes^
C A F 7 »^
«pràs ayoir fait griller le café , au lieu de le moiidié en cet
état, yeraent de Teau boiûQante «ur le grain entier, et com-
poaent ainsi une boisson parfumée et saine, moins forte que
celle dont on fait communément usage. La fève du café tor-
réfiée , réduite en poudre et infusée à feau bouillante' , est la
préparation la plus généralement adoptée. Elle exige des
soins particuliers et beaucoup de petites précautions, sans
lesquelles la liqueur qui en résulte est acre ou amère, sans
parfum , et souvent plus nuisible que salutaire.
lie choix du grain est une chose importante. Il doit être
petit , parfaitement sec , difficile à casser sous la dent, d'une
couleur légèrement jatmâtre > parfumé , et sans odeur étran*
gcre quelconque. Vieux ou nouveau , peu importe , pourvu
qu'il ah été cueilli après son entière maturité , et qu'il ait
perdu toute son eau de végétation. Pourquoi pré(ere-t-on
communément le vieux café , et pourquoi dit-on qu'il est
meilleur ? c'est parce que la plupart de ceux qu'on nous ap««
porte des Indes Occidentales , ayant été récoltés verts , ont
besoin que le temps achève leur dessication. Loin que le ca(%
vieux soit préféraole, je pense, au contraire, avec Miller,
que le nouveau l'emporte en qualité ; il doit avoir , et il a
en effet plus de parfum , plus de goût , et contient une plus
grande quantité d'huile. On suppose qu'il soit venu dans un
sol plutôt sec qu'humide , et qu'à ait été récolté et séché à la
manière des Arabes. J'en ai fait plusieurs fois l'expérience à
Saint-Domingue. Le café de cette lie passe pour être de la
quatrième qualité. Ceux de Moka, de Bourbon et de la Mar^'
Hmque , sont plus estimés dans le commerce. Cependant j'ai
bu du café de Saint-Domingue £iit avec un grain récolté six
aemaines auparavant, qui étoit aussi bon, sinon meilleur,
que le café fait avec du Moka de deux ou trois ans. Je cueiUois,
a la vérité, moi-même la cerise au moment où elle étoit prêle
à tomber ; elle étoit^ussi-tôl dépouillée de sa ptdpe , et le grain
étoit séché au soleil très-promptement. Je letoiréfîois, quand
il ceasoil de diminuer de volume, et quand j'avois de la peine
à le briser entre les dents. D'ailleurs, j'employois, dans la
préparation des deux cafés, les mêmes soms et les mêmes
proportions.
AfMrès le chcHX du grain , une condition essentielle pour
prendre d'excellent café, c'est de mettre le moins d'inter-
valle possible entre sa torréfaction et son infusion. Les Arabes
préparent ainsi le leur. Mais jusqu'à quel degré, dans queU
vaiseeaux et de quelle manière doit-on le lorréfier et le faire
jofu^er ? Voilà ce qu'il importe de savoir et ce qu'il n'est pas
' ' pourtant de déterminer. On auroit obligation aui: clbi-
7» C A F
mules a'ik indiquoient un appareil peu coûteux , qvd, dalt*
lea deux opérations, retint la vapeur du café dans les vase».
Car les parties balsamiques les plus pures sont dissipées par le
procédé ordinaire , soit qu'on fasse usage de la poêle ou du
tambour, de la cafetière ou de la gi^ecquc (i).
Les vaisseaux de fer sont les plus propres à torréfier le
café , et préférables aux vaisseaux de terre vernissée ; l'usage
de ceux-ci peut devenir pernicieux , parce que rémail on
vernis de la terre s éclate par la chaleur, tombe et se niéle*
quelquefois au café. Ce grain, brillé dans un tambour ou mou-*
lin neuf, contracte dans les premiers temps une odeur désa-
gréable, qu*il ne prend plusquand le tambour a servi pendant
quelque temps. Cette manière de le rôtii* est moins fatigante que
la ton*éfaction à la poêle, et il est rôii plus également; cepen-
dant il ne peut jamais Tétre au poiut convenable , si l'on méie
ensemble plusieurs sortes de café , qui , variant en qualilé et
•iccilé, exigen t nécessairement difierensdegrés de chaleur. De-
puis le commencement de Topération jusqu'à la fin, on doit
entretenir dans le fourneau un feu égal et doux, et tourner sans
_ _ __» ._
(i) Henrion le jeane , ferblantier de Paris, rue de la Loi, vient
d'ioTcnter une cafetière pharmaco- chimique ^ trè:«propre à infuser
le café sans qu'il |>erde rirn de son principe ▼olatil et aromatique.
Cette cafetière , qui 1im a valu un brevet d invention du gouverne-
ment , contient , dans son intérieur^ une boite cylitidriq. e à jour,
laquelle renferme une grille à trois plans perpendiculaîies, entre
lesquels se place, par proportion , le café , afin d'en éviter le trop
Î;rand entassement. On le torréfie comme k l'ordinaire , et au lieu de
e moudre , ce qui en diminue la qualité , on se contente de le broyer.
\a cafetière est à double fond ; à ss superficie se trouvent deui ori-
fices ou l'origine de deux conduits. Dans l'un et l'autre , et lorsque le
cafc est dans la grille interne et bien couvert, on verse de l'eau bouil-
lante , d'abord par le conduit qui aboutit au corps inlérieur où lo
café est déposé» ensuite par celui qui donne dans l'intervalle compris
entre les aeuz corps. On rebouche les orifices pour empêcher l'éva-
poiation. Après vingt ou trente minutes d'infusion , on soutire la li-
queur par un robinet^ placé. au l>as de la cafetière. Le calé, ainsi fait,
offre une belle couleur dorée pi conserve le goût du fruit , et il a plus
de parfum et de mordant que le café ordinaire. Une livre de cette
graine concassée > donne trente tasses. La dose est d'une demi-onco
environ par tasse ; mais si l'on en ajoute une once sur un marc de sis
tasses, on aura, en le laissant infuser un peu plus long*temps, six
nouvelles tasses , qui ne céderont point en bonté aux précédentes.
Au reste , si dans la même cafetière , on avoit laissé refroidir une in-
fusion de café , il ne s'agiroit, pour lui restituer la plus grande cha-
leur, que de retirer l'eau du double fond qui fait l'office du baio^
marie, et de lui substituer de l'eau bouillante.
La cafetière pharmaco^chimique d'Henrion , peut être aussi em->
ployée & infuser toute autre graine , et toute racine ou substance vé-
gétale dont on a intérêt à ne pas laîsMc inntilement dissiper le*
.principes volatils.
CAP f}^
cesse la manivelle da tambour ; aussi-tAt que la premier»
odeur du café brûlé se fait sentir , on retire le tambour du
fourneau , et après en ayoir ouvert la porte , on examine si
la couleur du café approche de celle de la cannelle ou du
tabac mpé. C'est Tindice sûr du degré juste de torréfaction,
qu'il faut tâcher d'atteindre , sans pourtant le dépasser. Car
u le café n'est pas assez rôti , il perd de sa qualité , charge et
oppresse l'estomac ; s'il l'est trop , il devient acre, prend un
^oût de brûlé désagréable , échauffe et agit comme astrin-
gent. Quand il a acquis la couleur prescrite , on le retire,
bieu vite de dessus le feu , et , après avoir tourné le tanr-
bour à l'air pendant environ deux minutes, on verse le grain
sur un corps froid , tel que la pierre ou le marbre , afin d'ar-
rêter l'évaporation de ses principes ; et aussi-tôt qu'il est par-
faitement refroidi , on le met dans un vase quelconque , do
faïence , de grès ou de fer blanc , peu importe , pourvu
qu'on ait soin de fermer après le vase très - exactement.
Quelques personnes ont l'habitude de l'étouffer dans une
bervielte ou dans du papier. Cette pratique est mauvaise. Ce»
corps s'imprègnent de la partie huileuse du café, et on ne la
retrouve plus dans la boisson.
Le ea/i ne doit jamais être moulu non plus avant son entier
ivfroidissementi Sa substance ayant été rendue pâteuse par
faction du feu , l'est toujours un peu tant qu'elle conserve
un reste de chaleur ; et, dans cet état, elle embari'assei'oit la
noix du moulin et ne passeroit pas.
Il y a peu de matières végétales que la décoction ou Fin-
fiuibn dénaturent autant que le café. On doit donc apporter
beaucoup de précision et de soins à composer cette boisson.
Quand on est pi-essé , on peut faire usage de la grecque. Oix
met du café en poudre dans une chausse un peu claire , et
on verse paiMlessus une certaine quantité d'eau bouillante.
La liqueur tombe toute faite dans un vase préparé au-dessous.
Cette méthode est bonne. Mais, pour boire d'excellent café^
il vaut mieux employer la suivante. £Ue consiste à jeter la.
poudre daus une cafetière pleine d'eau qui bout. La propor-
iioa est de deux onces et demie de café pour deux livres
d'eau ou une pinte d'eau mesure de Paris. On remue le
ttièhnge avec une cuiller, et on retire aussi- tôt d'auprès du
feu la cafetière , qu'on laisse au moins deux heures sur les
cendres chaudes, hermétiquement couverte. Pendant le temps
de rinTusion , on agite de nouveau la liqueur à diverses re-
luises avec un moussoir ou bâton à chocolat , et on la laissé
2 h fin reposer pendant un quart-d'heure. ElUe est alors tirée
àdair» iJe café préparé ainsi ^ est parfait. Dans les grandes
«o CAP
maûons et chez les limonadiers, on le clarifie avec la colle dé
poisson ; c'est le moyen , sans doute , de le rendre très-
agréable à la rue, mais on lui ôte, par cette addition, une
grande partie de son parfum. Quand cette boisson est bien
faite , elle e.Ht limpide, claire, nullement chargée , ni rendue
trouble par les plus petites particules de ia substance du café;
et elle offre, dans la tasse, une couleur è-peu-près noire,
avec une bordure de couleur marron.
La meilleure manière de consen^er le café , est de le tenir
«uspendu dans un sac à couvert, et exposé dans un endroit
où il rè^ne un grand courant d'air. On appelle café mariné
celui qui a été mouillé par leau de la mer ; on en fuit peu de
cas , à cause de Tâcreté saline que la tori^faction lui ôte diffi-
cilement. Pour corriger, autant* qu'il est possible, sa mauvaise
qualité , il faut le jeter dans Teau bouillante , l'y laisser quel-
ques minutes , et faire sécher ensuite le grain, dans une étuve ,
ou a^ti gratid soleil.
Dans quelques pays on fait une espèce de café avec les ra-
cines de chicorée. Suivant M. Morescliini , les graines torré-
fiées du blé noir ou sarrasin , donnent aussi une sorte de café
très-savoureux et très-sain.
Outre le caféyer arabique , il y a encore dix-huit espèces de
caféyer connues des botanistes , savoir : celle qui e&t indigène
k Pile Bourbon , et dont nous avons parlé. Le caféyer mono'^
êperme de Saint - Dominsue , deux espèces naturelles à la
Guiane , quatre qui croissent dans les iles de la mer du
Sud , et dix autres trouvées dernièrement dans les forêts dea
Cordilières par les auteurs de la Nouvelle Flore du Pé^
rou. (D.^
CAFÉ FRANÇAIS. On donne ce nom au Chiche, avec
le fruit duquel on fait quelquefois une espèce de café. Voyez
au mot Chiche, (fi.)
CAFRË {Falco vuliurinuê Lath. fig. Iliet. nai. dee oie.
J^ Afrique , i)ar Levaillant, n^6.) , oiseau du genre des Fau-
cons et de 1 ordre des Oiseaux de proie. {Voyez ces mots.)
C'est un de ces êtres que les méthodes ne peuvent saisir ; il
tient &-la-foisdes aigles et des vautours; cependant il a plua
de rapports avec le» premiera ; et Le%'aillant , qui Ta décou-
vert , le regarde comme un aigle , quoique par son bec , si*s
•erres , et quelques habitudes , cet oiseau se rapproche beau-
coup des vautours. Sa taille égale celle du grand aigle; son bec
est même plus fort , mais ses serres sont plus toibles ; des
plumes revi^tciit ses pieds jusqu'aux doigts ; sien ailes , pliées ^
•'étendent fort an-delà du bout de la queue , dont la poiuto
est arrondie, uaée et élimce. Tout le plumage est d'un noUr
C A G 8i
mât, avec quelques reflets btninâtres sur les aSes ; le bec est
iauaàlre et sa membrane bleuâtre ; Tiris des yeux est d'un
brun marron ; les doigts sont d'un jaune terne et les ongles
noirs.
Le nom de cafre , que LevaOlant a imposé à cet oiseau de
proie , indique qu'on le trouve dans la Cafrerie y où il est
néanmoins as.$ez rare ; on ne le voit point en troui^es , mais
seulement par paires ; et avant de pouvoir s'enlever de terre
pour prendre son vol , il marche et saute quelque temps à la ,
manière des vautours ; son aire est placée siu* les rochers; les
charognes sont sa nourriture habituelle ; il attaque quelquefois
des agneaux pour les dévorer sur place ; car jamais il n'em-
porte de proie dans ses serres^ même quand il a des pe-
tite. (S,)
GAGAO. C'est ainsi que les Indiens nomment le calao den
Philippines. Voyez au mot CaLiAO. (S.)
CAGARELLË. On appelle de ce nom , dans quelques
ports de France , le Sparjb cagarelle. Voyez au mot
Sfare. (fi.)
CAGAROL. C'est ainsi qu'on appelle , sur les côtes de la
Méditerranée , les coquilles du genre Sabot ^ qui sont nacrées
en dedans. Voyez au mot Sabot. (B.)
CAGE {Anas hyhrida Lath. )y espèce d'OiE {Voyez ce
moU ) particulière aux îles de l'Archipel de Chiloè* , où les
naturels lui ont donné le nom de cage. L'abbé Molina , qui
la décrite dans son Histoire naturelle du Chili y lui a imposé
la dénomination spécifique A*oie hybride ^ a à cause , dit-il^
D de la difierence remarquable entre la couleur du plumage
Tk dans les deux sexes ». Le mâle est en effet tout blanc ; Ja
femelle , au contraire , est noire; plusieurs de ses plumes ont
seulement quelques filets blancs en bordure. Le bec et les
pieds du mâle sont jaunes ; ceux de la femelle sont rouges. -
Du reste , le cage est de la grosseur de notre oie domestique ;
maïs son cou est plus court , et les pennes de ses ailes et de
sa queue apnt plus longues ; la queue se termine en pointe ,
et le bec à demi-cylindrique , est garni à sa base par une
membrane rouge.
L'on ne voit point cette espèce , comme les autres du
même genre^ en troupes nombreuses et bruyantes. Les cagea
virent 0oiiiaii*es; mais leur solitude est pleine de chai mes ,
puisque loin du tumulte^ chaque couple isolé sait se suffire ,
taimer , et s'aimer sans cesse comme sans partage. Dans la
nombreuse tribu des oies, le cage et le kasarka sont les
ttvls qui préfèrent ainsi le calme et la douceur de la retraite
embellie par les charmes d'une union constante^ aux agitation^
IV. y
89 C A J
d'une société souvent tumultueuse. (Foyez TOiE Kasarka.)
Au temps de la ponte , les coffes se retirent sur le rivage , et la
femelle y dépose huit œu& blancs , dans une cavité qu'elle
creuse dans le sable. (S.) ^
CAGNOT. On donne vulgairement ce nom à deux pois-
sons du genre squale, le Squale glauque et le Squale
^iUATAUKE ,Squalus galeus Linn. F^ojez au mot Squale. (B.)
ÇAGUI , est le aagoin au Brésil , selon Marcgrave. F'oye»
Sagoin. (S.)
CAHOANE ou CAOUANE. On appeDe ainsi une es-
pèce de Tortue de mer. Voyez au mot Tortue. (B.)
CAHUITAHU. Les sauvages qui habitent les bords de
la rivière des Amazones , appellent ainsi le kanùchi,^ta' imi-
tation de son cri. F'oyez Kamichi. (S.)
CAI , ou SAI. {Voyez ce mot) C'est an singe d'Amérique^
de la famille des Sagoins. (V.)
CAICA ( Psittacus caïca Lath. 6g. pi. enl. de Buffon ,
n^ 744.) , oiseau du genre des Perroquets , et de l'ordiie des
Pies. {Voyez ces mots.) Buffbn en a fait avec le maipouri un
petit genre qui paroit faire la nuance pour la grandeur entre
hi tiùbu des Pafeoais et celle des PerrIches. ( Voyez ces mots,
et VHiat, nat. des Oiéecmx nar Buffon , voL 44 , page 3i de
mon édition.,) Cet oiseau a la tête enveloppée d'une grande
coiffe noii-e qui s'étend fort bas , et s'élargit en deux menton-
nières également noires \ le cou e&t d'un jaune mordoré ; une
tache oblongue de la même couleur se remarque sur l'aile ,
dont le bord est bleu d'azur ; le reste du plumage«est d'uu
vert brillant , avec quelques reflets bleuâtres au bout de la
queue ; le bec est nou*âtre y teinté de rouge , et les pieds sont
gris.
Le caica est tme des petites conquêtes ornithologiqnes qui
'appailieniient ; je l'apportai en France , et je fus même
partie de 1 Amériqi
Sar petites troupes , y rester pendant la belle saison des mois
e septembre et d'octobre , et en repartir sans que l'on sache
ni où ils vont^ ni de quel pays ils viennent. (S.)
CAJEPUT , nom d*une huile qu'on retire, par la distilla-
tion , des feuilles du Melaleuque a bois blaKc , dans les
Moluques; huile qui a une couleur verte , une odeur de té-
rébenthine, une saveur analogue à celle de la menthe poivrée ,
et qui y appliquée sur une dent gâtée , la ronge et la fait tom-
ber par morceaux sans douleur : elle est aussi carminativ^
C A ï 83
^ emméni^ogue. Celte huile est le meilleur moyen qu'on
puisse employer pour garantir les collections d'histoire nalu-*
relie , sur-^tout d'insectes^ de la voracité des animaux destnic-
lears. Il suffît de tenir des papillons pendant quelques mois
dans une botte qui en contient quelques gouttes, pour que les
dermestes et les ptines n'en approchent plus de jdusieura
années.
Thnnberg a publié une dissertation sur cette huile. TB.)
CAI6UA , espèce de Momordiqub du Pérou , dont on
mange le fruit, f^oyez le mot Momordiqujb. (B.)
CAILLE ( Perdix cotwrrdx Latham , pL enl. n^ 170 do
YHUi, natur. de Buffon , ordre des Gallinacxes , genro
de la Perdrix. Voyez ces deux mots. ). Cette espèce se trouve
dans toute l'Europe, une partie de l'Asie, et en Afriquel
L'on remarque quelques dissemblances dans le plumage du
mâle et de la femelle ; celle^i a la poitrine blanchâtre , par^
oemée de taches noires et presque rondes , et n'a point de noir
i la gorge (les jeunes sont de mâme privées de cette couleur^ ;
du reste elle ressemble au mâle , qui a le dessus de la tête vané
de noir et de roussâtre , avec trois bandes longitudinales ,
étroites et blanchâtres; l'une est sur le sommet de la tête ; les
deux autres sont sur les côtés, et passent au-dessus des jeux ;
le cou , le dos , le croupion et les scapulaures offrent un mé-
lange de jaunâtre , de noir , de roux et de gris ; le jaunâtre
tient le milieu de la plume , et les autres sont sur les bords et
k l'extrémité ; la poitrine est rousaâtre ; le ventre d'un blano
sale ; les couvertures des ailes sont d'un brun roux , et chaque
|dume a dans son milieu ime petite ligne longitudinale jau-
nâtre fies pennes des ailes sont d'un giîs brun, et à l'exté-
rieur , variées de bandes transversales roussâtres : ces mêmes
bandes se trouvent aussi sur la queue , dont le fond est noi-*
râlre ; bec cendré ; pieds , couleur de chair ; longueur, sepV
pouces six lignes.
I] existe certainement beaucoup de rapports entre les
eaiiUê et lez perdrix , aussi les appelle-tron perdrix nainês ,
petiie* perdrix. Comme celles-ci , les caillée sont des oiseaux
poivérateurs ; elles se nomrissent des mêmes alimens , cons-
tmisent leurs nids dans les mêmes endroits , mènent leurs
petits à-peu-près de la même manière ; les mâles, aussi que-
i^euTB y aussi disposés à se battre , sont peut - être encone
plus lascifii. Mais u y a entre eux des dissemblances qui ca-
raclériaent bien deux espèces séparées ; outre la taille , qui
e«a inférieure , elles ont un plumage différent ; les mâles ne
Ibnt entendre leur cri de colère qu'en se battant , et» lea
perdrix avant le combat. Elles ont les m»urs moins douces^
«4 CAI
le naturel plus rétif ^ ne se réunissent point par compftgnles;
I) mèi*e seule est attachée à ses petits , mais pour .peu do
temps ; elles ne se rassemblent qu'à leur clépai*t et à leur re^
tour , encore cette réunion n est p<»nt un acte social , ayant
toutes., à la même époque , le même bnt ; voyageant a-])eu«
près dans la même direction , elles se trouvent en même
temps dans les mêmes cantons^ sans cependant s être al trou-
pées comme les autres oiseaux : dans tout autre temps , elles
vivant isolément ; entin , le mi^le , un des oiseaux qui recher-
che la femelle avec le plus d'ardeur , n'en préfère aucune ;
XLXiè fois ses désirs satisfaits , toute société est vompue : il ne
la recherche , ou une auti*e 5 que lorsque ses désirs renais-
sent. Mais le temps que la nature a fixé pour ses jouissances
. e^^ passé, il les qmtte , les fuit ^ les repousse même à coup
de bec , et ne s'occupe nullement du soin de sa progéniture.
Cette antipathie pour ses semblables est tellement naluiielle
AUX cailles , que les jeunes , à peine adultes , se séparent ; et
si on les met dans un Heu fermé , ils se battent enire eux , ne
connoissent point de sexe , et finissent souvent par se détruire
les uns les autres. Pour empêcher cette destruction , Von pose
de bout des boltesde paille longue; lesphis tbifoles y trouvent leur
retraite contix; les plus forts ; et toutes \ la solitude qui leur est
nécessaiiie : d'api'ès ce tableau , l'amour seroit le seid lien qui
réunit les cailles ., et ce lien seroit sans consistance pendant
ime très-courte durée. Getie assertion paroît adoptée par la
I)lus grande partie des natiu^listes et des chasseurs ; d'autres
a rejettent Lottinger ( Mémoire eur le cotêcou d Europe ,
pag, iy,\ pense qu'i| est plus naturel de croire que les màles,
auxquels on donne* de pareilles mœurs , ne les ont que (Mirco
au'ils ne sont pas appariés ^ mais que ceux qui le sont , restent
iidèles à leur compagne ; et il cite des faits pour fortifier son
opinion, a Une personne, dit -il , avoit placé une caiUc fe-
» raelle,qui lui servoit d'appeau , a côté d'un mâle qui s'étoit
3» souvent (ait entendre* L'oiseau prisonnier fit de son mieux ,
9 mais ses invitations , quoique réitérées , n'eurent aucun
3> succès; le chasseur , étonné d'une indifférence à laquelle il
9 ne s'étoit pas attendu , en U'ouva bientôt la cause , en dé-
^ couvrant une femelle qui a^t>it son nid dans le voisina^ ,
m et qui couvoit. Les oiseleurs, ajoute-t-tl , qui prennent des
2) eailleê à l'appeau , ont souvent occasion de remarquer qu'il
^ j» est des mâles qui se tiennent constamment dans le même
3> canton , et qui résistent à tous les elTorts qu'ils font pour
» les attirer dans leurs filets* : ce qui étant , n'y a*t-il pas Ui-u
3& de ciwre, dit-il, que cesmàles ne sont insensiblesjque paree*
t qu'ils sont appai*iés»? Celle inseusibililé n'eslquappareulc^
C A I 85
mUtjn d'autres cIiaasetiFs ; ce sont , disent-ils ^des miles qui 06
•ont échappés après avoir élé pris.
Ce qui les disUngue encore des perdrix, qui , hors le temps-
des amours , se recherchent , et ne peuvent être long-temps
jéparées sans se rappeler sans cesse , c'est la qualité de la chair..
Celle des cailles est assez susceptible d'une charge de graisse
considérable , et est d'une texture différente. De plus , les per-
drix sont sédentaires ; au contraire , une des affections lea
plus fortes des autres^ c'est de voyager , de changer de cli-
mat deux fois dans l'année. Au moment où le voyage s'ef^
fectue , une caille tenue en captivité , n'ayant aucune com-
munication avec ses semblables y épi*ouve une inquiétude et
des agitations singiilière&^n'a pJuA de repos pendant la nuit,
s'azite de toute manière , s'élève dans sa cage avec une tello
violence contre le couvercle , qu'elle retombe étourdie , et '
«'y biîsera même la tête , si cette cage n'est couverte d'une
toile : c'est ainsi qu'elle passe les nuits à l'automne et dans le»
pi^niiers jours du printemps , et ce desii* lui dure euviix>n
trente jours^ Il se fait sentir non-seulement à celles que Ton
a prises adultes^ mais encore aux jeunes qui éprises à leur nais-<
aance , ne peuvent connoitre ni regretter une liberté dont
elles n'ont jamais joui. Quelle est la cause de ce désir inné de
changer de pays 7 Le motif ne peut être le même pour cel-
les-ci que pour les insectivores. , puisque vivant dea mèmeth
alimens que les perdrix » elles peuvent^ comme elles, trouver
de quoi satisfaire leurs besoins. Ce ne seroit donc que la.
crainte de l'excès des températures, puisqu'elles quittent les
contrées méridionales au printemps, et s'éloignent conslam-
ment des septentrionales, aux approches de Thiver ; cepen-
dant elles résistent au fj*oid , puisque le feu n'est, pas néces-
aaire dans une chambre pom*. les y consei'ver y quelque
rigoureux qu^ soit. Tout ce qu'on peut alléguer pour décî-
der ce qui peut donner lieu à celte- vie errante , n'est que
•pécieux : c'est eiicore un* de ces innombrables secrets que la
nature couvre d'un rideau impénétrable. Quoi qu'il en soit ^^
les cailles n'arrivent ni ne partent à la même époque du lieu
de leur naissance et de leur retraite hibernale. Elles i-evirn-
nent dans les parties méridionales de la France , en Italie,.
dès les premiers ^ours d'avril , et elles arrivent au mois do-
mai dans non provinces septentrionales et en Allemagne.. A
l'automne ,, elles quittent le Nord dès le mois d'août , et le
Midi en septembre ; cependant ces époques ne sont pas in-
variables , car l'on a remarqué que la chaleur ou le froid
avançoit ou retardoit dans le même «pays le départ ou l'ar-
rivée» JLieur passage sur les c6tcs d'£gyx>te , dit Sonninij^té-
s
«6 C A I
moin oculaire ^ se fait en septenïbre , où Ton peat en preh*
dre alors une grande quantité le long de la mer ; quelques-
unes restent dans le pays , puisqu'il en a tiré en novembi*e ,
et entendu chanter en janvier. Ce n'est donc pas le froid»
comme je Tai déjà dit , qui est la cause de leur émigration ,
puisque presque toutes quittent aussi l'Egypte. 11 faut qu'au
passage eues y soient très-nombreuses et à très-bon marché,
puisque les capitaines de naiire , qui sont très-économes, en
noui^'issent pendant ce temps leur équipasse. Enfin , dans
diverses îles de la MéditeiTanee , on les confît dans le vinai-
re , ou on les sale. ( Voyez les Woyageê en Egypte et en Grèce
e ce savant voyageur.)
Il est peu d'oiseaux voyageurs sur lesquels on ait fait tant
de oontes absurdes, et auxquels Ton ait contesté avec plua
d'opiniâti*eté les moyens de voyager qu'aux cailles, sur-tout
la faculté de ti'averser la mer, et ce, malgré les témoignages
incontestables de tous les marins et voyageurs qui se sont trou-
vés dans les parages que ces oiaeaux sont forcés de passer pour
aborder en Afrique, où ils restent l'hiver. Ce qu'il y a d'é-*
tonnant , c'est que les modernes seuls ont réroqué en doute
ce passage; tandis que les anciens , qui n'ignoroient pas plus
qu eux que cet oiseau avoît le corps loui'd , le vol court , pesant
et difficile , Fentreprenoit deux fois par an : ils savoient >
€x>mme eux , que la caille aime mieux courir que voler ; que
même l'ardeur excessive dont le mâle brûle pour les femelles,
ne peut le décider que rarement à se servir de ses ailes ; qu'ac-
courant k la voix qui l'appelle au plaisir, il fera souvent un
quart de lieue à travers les grains et les herbes les plus serrées ,
pour ven ir trouver sa compagne du moment ; que , plutôt que
de s'élever, il se laisse prendi*e k la main ; et que le chien sedl
le force de s'envoler. Dans le temps de ses amonrs, ce ne pent
être une aurcharge de graisse qui Pem|)éche de voler , car il
est alors maigre; mais à l'automne, cette abondance de graisse
en fait périr un grand nombre, si elles traversent une grande
étendue de mer, et si leur vol n'a pas pour aide un vent
favorable. Le vent du nord est celui aont elles profitent lora*
qu'elles quittent l'Europe pour gagner la côte d'Afrique ;
celui du sud , pour fuii* les grandes chaleurs de la Barbarie^»
et revenir jouir de la douce température de nos climats*;
enfin, le rumb de vent qui leur est fil^'orabIe pour l'un e|
l'autre passage , dépend de la situation du point de départ e|
de retour. Pour entrepi^ndi*e ces voyages, on Knir donne
pour chef, sans doute à chaque troujHs, un oi.seau d'utie
autre eô])ète , auquel on donne le nom de rot den caUUè { le
râle de ictre); maiscerolc paie dosa vÎQ un si beau titre ^ car lea
i
Y
le
C A I 87
cailies, auxquelles Ton accorde dans ce choix une grande
sagacité et un profond discernement , le destinent à être une
victime qui doit sauver leur tête de la voracité d'un certain
oiseau de proie qui , à leur arrivée , dévore la première qui
paroît à terre. Telle est une des fables innombrables et don*
nées comme des vérités dans l'histoire de ces oiseaux. Les
cailles changent de climat; mais ce qui est certain , c'est qu'il
en reste quelquefois 9 soit qu'elles n aient pas eu la force de
suivre les autres^ soit qu'elles soient blessées^ ou que, prove-
nant d'une poute tardive , elles soient Irop jeunes au temps
du départ. (Ses cailles cherchent alors les expositions qui loiu*
sont les plus favorables , et les cantons où elles puissent
trouver leur nourriture : toutes se tiennent , au printemps ,
dans les prés, les blés en herbes ( on les désigne à celte époque
ar le nom de cailles vertes ); en été, elles se retirent dans
es blés mûrs, et quand ib sont coupés , dans les chaumes ou
les broussailles. Les femelles , pour faire leur nid , creusent la
terre avec leurs ongles , et garnissent le trou d'herbes et de
feuilles ; elles le cachent autant qu'elles peuvent , pour en
dérober la connoissance aux mâles , qui casseroient les œufs ,
et à l'oiseau de proie, qui les mangeroit. La ponte est ordi«
nairement de douze à viugl œu£s , mouchetés de brun sur un
fond grisâtre ; l'incubation dure vingt-un jours. Les caille^
teaux naissent couverts de duvet , courent aussi-tôt qu'ils
sorteni de la coque, et se suffisent à eux-mêmes beaucoup
plutôt que \es perdrix. Ou peut les élever , sans le secours de
la mère au bout de huit jours ; ils prennent leur accroisse-
meut promptement, et il ne leur faut que trois mois pour être
en état de voyager. Le mâle est tellement ardent, qu'on en a
vu réitérer, dans un jour, jusqu'à douze fois a^ approches
avec plusieurs femelles indistinctement : il court à leur voix
avec une telle précipitation et une telle insouciance de lui-
même , qu'il vient les chercher jusque dans la main du
chasseur ; mais la femelle ne court point à la voix du mâle.
Il n'est pas certain que les cailles fassent deux couvées par
an , comme il est tres-douteux qu'à leur arrivée en Afrique
elles en recommencent une autre. Montbeillard assure qu'elles
font deux mues par an , l'une au printemps , et l'autre à
l'automne , et que ce n'est qu'après chaque mue qu'elles se
mettent en voyage , et ce , pendant la nuit. L'on a remarqué
que celles qui sont en cage , ne manifestent leur inquiétude
périodique qu'aux mêmes époques.
l'out le monde connoit le en sonore du mâle : Ton prétend
que lorsqu'il le fait entendre, il est toujours éloigné des fe-
melles ; et qu*au contraire, lorscju'il fait ouan ouan oucm, il
88 C A I
en est proche. J'ai cependant entendu souvent l'un et l'anfr»
en même temps ; maù le dernier précédoit le premier. Celui
de la femelle ne lui sert que pour rappeler le mâle ; quoiqu'il
soit foible au point que l'on ne l'entend qu'à une petite dis-
tance^ ceux-ci y accourent, dit-on^ de près d'une demi lieue:
elle en a encore un qui est tremblotant, cricri.
La caille ne produit point en captivité , la femelle n 'y fait point
de nid , et ne prend aucun soin des œufs qui lui échappent. £lte
se noiu'rit de blé, de millet, de chenevis, d'her Des vertes,
d'insectes et de toutes sor! es de graines; elle boit peu en liberté,
cependant elle boit assez fréquemment en captivité, lors*
qu'eUe a de l'eau à sa disposition. L'on sait que ces oiseaux se.
tiennent toujours à terre , et ne se perchent jamais. L'on
attribue la facilité qu'ils ont à s'engraisser, au long repos qu'ils
prennent pendant le jour, refitant quatre heures de suite dans
îa même place , couchés sur le côté et les jambes étendues.
Leur vie est courte ; cinq années en sont ordinair^nent le
terme.
Les mâles étant d'un caractère très-querelleur, l'on en a
profité pour les dresser à se battre à volonté les uns contre les
autres. Pour ce combat on prend deux cailles, k qui on
donne h manger largement ; on les met ensuite vis-à-vis l'une
de l'autre, chacune au bout opposé d'une longue table, et
l'on jelte entre deux quelques grains de millet : d'abord elles
se Inncent des regards menaçans, puis, partant comifie un
éclair, elles se joignent, s'attaquent à coups de bec, et ne
cessent de se battre, en dressant la tête et s'élevant sur leurs
ergots , jusqu'à ce que l'une cède à l'autre le champ de bataille;
mais il est à remarquer que ces oiseaux ne se battent ainsi que
contre ceux de leur es|)ece.
On sait que la caille est un de nos meilleurs gibiers , que sa
chair et sa graisse sont d'un goût exquis ; c'est pourquoi on a
cherche les moyens d*engraisser celles que l'on prend maigres.
L'on a , pour cela, des mues faites exprès, de six à douze
pouces, oi\ on leur donne en abondance du millet , du che-
nevis et du grain ; l'on change souvent leur eau, et Ton tient
toujours leur abreuvoir très propre. Pour jouir du chant de
ces oiseaux dans la saison oi\ orclinairement ils se taisent, on
les met en mue; pour cet effet, on en met quinze à vingt de
celles que Ton prend à If ur arrivée , dans une cage d'osier,
que Ton place nans une petite chambre retirée, ou dans un
grand coffre , selon la commodité que l'on a ; on leur 6te peu
a peu le jour, de manière qu'elles en soient privées totale-
ment dans l'espace de douze à quinze jours; vers les premiers
jours d'aoïU, on le leur rend a\'ec la même progression , dana
C A I ft,
le même espace de temps ; et afin de les exciter daranCage^ on
leur donne quelques petites cigales. (Vieill.)
Chasse de la CeùUe.
Au tramail ou halier. On prend les cailles avec un Blet^
que Ton nomme halier, et encore tramail y parce quVn
rétendant on en forme une espèce de baie ^ et qu'il est com posé
de trois nappes^ dont les deux extérieures s'appellent auméeê,
et celle du milieu simplement nappe ou U}ile. Lorsque celte es-
pèce de filet est destinée à la chasse deè cailles^ il ne doit pas avoir
moins de dix pieds de long sur dix pouces de hauteur ; il doit
être fait do soie d'un vert pâle ; les piquet» qui le tiennent
doivent être longs de quatorze ou quinze pouces , et attachés
au filet à deux pieds de distance les uns des autres. Pour y
attirer les' cailles dans le courant de mai , époque de leur
arrivée dans nos pavs , où elles portent alon le nom de cailles
vertes, on se sert a'un appeau: c'est une petite bourse de
cuir , large de deux doigts , longue de quatre p et en forme de
poire 9 au petit bout de laquelle on adapte un sifflet , fait de
l'os d'un jarret de chat , de lièvre , ou mieux encore^ du grand
os de l'aile d'un vieux héron. Cet os doit être long de troîa
doigts et fait en flûte , par le moyen d'un peu de cire molle
dont on bouche de même le bout extérieur » qu'on perce avec
une épingle pour lui donner un son plus clair; on lie ce
sifflet avec la bourse , par le moyen d'un gros fil de cordon-
nier^ ou de petite ficelle. Pour faire jouer ce sifflet et lui fairo
imiter le chant de la caille , on le tient dans la paume de la
main gauche ; et tenant un des doigts sur le haut du cuir, on
frappe dessus ce doigt avec le dos du pouce de la main droite,
et 1 on contrefait ainsi le chant de la femelle. Cette chasse se
fait an soleil levé , à neuf heures du matin , k midi , à trois
heures , et au coucher du soleil : on se promène autour des
campagnes couvertes de blés , et si-tôt qu'on (entend chanter
une cadle , on donne deux coups d'appeau ; si ce n'est point
une femelle, elle vole tout d'un coup a vingt pas de l'appe-
lant , principalement le matin et le soir, et aux autres heures
elle ne fait qu'y courir. On connoît par-là si c'est un mâle
seul ; car s'il est avec une femelle , encore qu'il chante et qu'il
entende l'appeau, il n'approche pas. Si le mâle est seul, on
approche à quinze pas de lui , et on plante le halier sur le haut
d'un sillon , en sorte que l'oiseau qui court au travers du blé,
se jette dans le filet sans l'appercevoir ; ensuite on va se cacher
dans le fond de la troisième ou quatrième raie en arrière,
vis-à-vis le milieu du filet, et là ou appelle la caille , chaque
90 C A I
jbis qu'elle a chanté ; alors elle se prend da^na le lialier. Mais s'il
arrivoit que la caille eût dépassé le halier, et qu'elle fût près
du chasseur^ il ne doit pas remuer^ afin de lui donner le
temps de s'écarter ; et lorsau'elle est assez loin pour ne plu^
entendre remuer, Q faut cnanger de place , et aller de l'autre
côté du filet pour répéter le manège de l'appel. Le meilleur
moyen pour attirer les cailles mâles dans le haUer , est de ae
servir d une femelle qui chanle, et qu'où nomme chanUreiiê,
Pour apprendre la caille à chanter utilement pour la chasse ,
le moyen est de l'enfermer dans une cage placée dans un lieu
•obscur, où , soir et matin, à la lumière, on lui donne à
manger du millet , et l'on continue ainsi jusqu'à ce qu'à l'aide
de l'appeau, on lui ait appris à chanter. Quand elle est ins-
truite , on la porte à la chasse, dans sa cage , et lorsqu'on en-
tend le mâle ctianter , on tend le /uUier , entre lequel et l'oiseau
on place la cage à deux ou trois enjambées du filet ; tandis que
la chanterelle fait son devoir, l'oiseleur se tient , sans remuer,
caché derrière le haiîer, dans lequel les mâles viennent se
prendre , croyant se rendre à la voix de la femelle* Voilà
pQur la chasse deseailles ueries à leur arrivée. Mais la manière
de s'y prendre en août et septembre est toute différente , et se
nomme bourrée, parce qu'on bourre le gibier pour le forcer
de se jeter dans le halier qu'on oppose a son passade : alors ,
et quand il ne reste plus que quelques sillons a moissonner ,
on tend les haliers en travers les sillons récoltés, près de ceux
qui ne le sont pas ; ensuite on se rend aux deux extrémités ,
qu'on traque à pas lents, en jetant de la terre à droite et à
gauche ; par cette manœuvre , on conduit au piège tout le
gibier qui se trouve dans le champ , et cela d'autant plus sûre-
ment , que les cailles sont alors trè»-grasses , et sont peu dis-
posées à voler*
jdu traîneau. Dans le mois de mai, pour la caille verte,
et dans les mois d'août et septembre^ pour prendre les cai/lss
graeees, on emploie , comme i)our les aJoustteHjle filet qu'oa
iioratne traîneau , et dont la forme et l'usage ont été décrit* à
l'article AIiOuettks. Voyez ce mot.
A la tiraeee. Depuis l'arrivée des cailles en mai , jusqu*^
leur départ en septembre , on les prend à la tireuse , grand
filet , long de quarante à cinquante pieds , dont les mailles , à
losanges, n'ont qu'un pouce et demi de larae. Pou9 faii*e cette
chasse , qui est plus pénible que la précéaente » mais qui eal
aussi plus récréative et plus profitable , il faut avoir un cbiexk
•d'arrêt di*essu pour cela. On se rend avec lui sur le terrein (et
les prés sont les endroits qui sont tout à-la-fois les plus coiu*
Biodcs et les plus agrcaLles ) : quand le chien est en arrêt > oia
C A I 91
déploie h iiriKMe ; deux chasseurs tieiiiieiit chacnn un deé
bouCs du coideau qui sert à la traîner; ils en couvi^nt le chien
et tout le terrein ou l'on pense qUe l'arrêt est formé.
On pi-end aussi des cailWa la tiroMs, sans chien y et pour
cela il faut être deux ; l'un tient la tirasse et l'autre l'appeau.
Quand on est sur le terrein y on écoute y et lorsqu'on a en-
tendu chanter la caille y on va doucement à elle ; on attend
qu'elle ait encore chanté , pour s'assurer mieux de l'endroit
où elle est; alors on déploie la tii*asse^ et l'on appelle^ avec
l'appeau 9 la caille^ qui va droit au filet, derrière lequel las
chasseurs ont eu le soin de se coucher de manière à n'être
pas apperçiw; et quand l'oiseau est ainsi attiré, on va à sa
rencontre avec Ja iiraasey qu'on jette sur le terrein qù eUe est
présumée se trouver , ce dont on s'assure en jetant le chapeau
anr le filet pour la faire partir : ti elle n'est pas dessous , on
traîne la tirtuae {^us loin , avec le même procédé , jusqu'à ce
qne Foiseau soit pris.
Une personne seule peut, avec un chien, se servir de la
iiratëe ; pour cela, on prend un bâton gros comme un manefaa
de fourche , et Imig de trois ou quatre pieds, £E:-rré en pointe
par un des bouAs , afin qu'il puisse facilement se ficher en
terre ef y tenir ferme ; à neuf pouces de la pointe ferrée , on
attache un des bouts de la corae du filet ; le filet plié sur le
bras canche, et le bâton à la main , on fait chasser le chien.
Aussi-tôt qu'il a formé son arrêt, on va à côté de lui à la dis-
tance de deux toises , on y pique le bâton ; alors on s'éloigne
du chien pai>devant , en laissant couler le filet à bas , en
l'étendant suivant sa forme carrée ; et lorsque le chasseur est
arrivé à l'autre extrémité de la corde, qu'il tire bien fort, il
ramène le filet en tndnant , jusque devant le nez du chien :
alors les cailles arrêtées sont sous le filet , et on les &it levet*
en frappant le haher avec le chapeau.
Une personne seule, avec un chien , peut se servir d'une
antre espèce de tirasse, plus commode et aussi profitable poiu*
la chasse aux caiUes grasses, qui tiennent davantage à l'aiTêl,
CSe filet est triangulaire ; à l'extrémité d'un des angles est stta^
elle un poids quelconque, à une autre extrémité est un bâton
terré , comme il est dit plus haut. Lorsque le chien a formé
mm arrêt , le chasseur s'avance à c6té de lui , à une distance
â-pea-prés égale à la moitié d'un des côtés du filet , il y plante
je béton» passe de l'autre côté du chien, et là, en tirant la
corde de la tirasse , il en place l'extrémité sous ses pieds , et l'y
lieot bien ferme ; alors il ;ette , dans la direction convenable,
la troisième extrémité du filet , au bout .de laquelle est le
poidj(^ et ctf qui se trouve dessous est pris. 11 renouvelle co
9« C A I
manège à tous les antres endroits du terrein oA son cbiVit
fait arrêt.
Au fusil. Lorsque le temps du passage des cailles , pour
retourner en Afrique , est arrivé , c'est-à-dire du quinze aoûl
eux premiers joun d'octobre, il se fait, aux environs de Man>
seille, une chasse très - agréable , pour laquelle on se sert
d'appeaux vivans* Ce sont de jeunes mâles de l'année , pii»
au filet lors de leur arrivée , et qui se conservent d'une année
à l'autre , dans des chambrea ou des volières , où ib sont
nouiTis avec la précaution de ne pas leur donner du millet,
qui les engraisse trop. Au mois d'avril , on les aveugle, en leur
5 assaut légèrement sur les yeux un fil de fer ix)uge ; au mois
e mai , on les plume en partie sur le dos , aux ailes et à la
<|neue, sans trop les déshabiller, }x>ur avancer leur mue,
parce que s'ils muoient dans le temps du passage , cela les
empécheroit de chanter; au commencement du mois d'août,
on les met en cage^ pour les y accoutumer ; et lorsque le temps.
de la chasse est arrivé , on place dans les vignes , de distance
en distance , des pieux de huit à dix pieds , auxquels on
attache transversalement^ de l'un à l'autre, deux rangs de
planches garnis de clous k crochets, pour y suspendre les
cages. Lorsqu'on a peu d*appeaux, on se contente de clouer
longitudinatement , sur chaque pieu , une planche d'envimn
Hrois pieds de longueur, et de huit à dix pouces de large, dana
laquelle on fiche trois clous pour recevoir autant de cages :
on multiplie les pieux et les cage.s à proportion de retendue
dea vignes. Les cages restent ainsi suspendues, tant que dure
la saison du passage, et elles sont gardées, pendant la nuit,
par un homme qui est aussi chargé de donner à manger aux
appeaux; mais loi'sque les vignes sont enÉormée^i de murs,
on se dispense de la garde de nuit. Les cailles appelantes , au
nombre ae trente, quarante, cinquante, et ju^^qu'à cent, sui-
vant que le ten^ein est plus ou moins grand , chantent dt»
l'aube du jour, etattii'ent autour des ca^es non-seulement les
cailles qui passent, mais encore celles qui se trouvent répan-
dues dans les environs. Deux heures après le lever du soleil ,
et quand la rosée est passée , le chasseur se rend sur les lieux
sans chien , et bat les vignes doucement et sans bruit , pour ne
pas elFaroucher les cailles qui sont autour des cages. Cette pre-
mière battue faite, on amène un chien qui les fait lever;
de cette manière, un seul chasseur peut tuer cinquante ou
soixante cailles dans une matinée , si la mer est calme; car hî
elle est agitée , la chasse n'est pas boun e : elle est bien abonda ii'e
lorsnu'on enferme un terrein, ainsi garni d'appeaux, avec
des nlets suspendus à des pieux disposés autour de Tencein le ^
. C A I gS
filets qu'on tend le matin , et dans lesquels les cailles se jettèdl
à ine»ui« qu'on bal les vignes , ce qui n'empêche pas d'en
tirer beaucoup au fusil. (8.)
La Caille BLANCHE. Celle couleur ne caractérise pas uno
race particulière , mais une de ces variétés qu'on i^nconlro
souvent dans les autres oiseaux ; Ton en conserve une autre
an Muséum d'hist. natur, , qui est d'un gris blanc.
La Caille srune de Madagascar ( Perdix griaea
Lath. }. Cette seconde espèce de caille de Madagascar ,
est de la taille de celle d'Europe. La tête est mélangée de
noir et de roux; la goi^e d'un gnsâtre terreux fort sale;
toutes les plumes de la partie inférieure du corps ont chacune
deux bandes noires ; celles du dessus sont d'un gris sale avec
des bandes noirâtres; les ailes sont brunes; le bec elles pieds
noirs; l'iris est jaune.
La Caille de Caybnne ( édition Sonnini de YHist nai,
deBuffon), L'émigration habituelle aux caillée, est étrangère
à celle-ci^ puisqu'eUe reste toute l'année à Cayenne. Le climat
cbaud qu'elle habile favorise ses pontes^ car elle fait plusieurs
couvées par an , et l'on trouve des jeunes dans toutes les sai-
sons , mais ces cailles ont une habitude qui les rapproche
beaucoup des perdrix; c'est de vivre en compagnie , et de se
rappeller entr'elles par un petit sifflement ; ellei habitent de
préférence les petits mornes sur les lisières des bois^ et se rencon-
trent par petites bandes dans le voisinage des habitations. Elles
portent sur la tête une huppe qui est roussàtre ainsi que la nu-
que; la gorge est £iuve ; les côtés du cou sont gris et noirs ; le
dos y le dessous du cou , les couvertures des ailes d'un gris rous*
sâtre et ondées de raies noires; ces deux couleurs couvrent le
croupion ; les pennes des ailes sont grises et roussâtres; celles
de la queue de celle dernière teinte et brunes ; les pieds jau-
nâtres.
La Caille de la Californie {Perdis Caiifornica Lath.}.
Cette caille , un peu plus grande que la nôtre , a siu* le som«-
met de la tête , une huppe composée de six plumes longues et
noirâtres ; que l'oiicau redresse à volonté ; le front est ferrugi-
neux ; le reste de la tête , le menton et la gorge sont d'un noir
foncé , et bordé sur celle-ci d'un cercle blanc jaunâtre qui
prend naissance derrière l'œil ; le ventre est d'un jaune-
ferrugineux^ mélangé de petits croissans noirs ; l'on voit sur
les flancs plusieurs plumes longues et noirâtres ; sur le milieu
de chaq ue il y a une raie jaune ; le brun-cendré qui domine suv
les parties supérieures du corps , les ailes et la queue , est varié
de taches d'un brun jaunâtre sur le cou , et descend sur lea
côiés de la poitrine où il prend un ton bleuâtre ; la queue eM
94 C A I
assez longue et arrondie à son extrémité ; les pieds sont pa-
reils au bec.
La femelle est privée de noir sur la t^le et a généralement
les couleurs plus claires. Espèce nouvelle.
La Caille de la Chine ou des Philippines. Fby. Fb atse.
La Caille de la c6te de Coeom andel [Perdix Coroman'^
delîca Lath.). Celte petite espèce , que Ton rencontre dans le
férriloire de Giiigi , a un tiers moins de grosseur que la caille
ordinaire. Sa tête est noire, avec sa partie antérieure roussâ->
tre; une raie jaunâtre part des coins de la bouche , passe snr
les yeux et se perd sur Vocciput. Les plumes du cou sont jau-
liâtres et bordées de noir ; le dessous du corps a une bando
longitudinale noire, en forme de zigzag; le dos, le croupion
et les petites couvertures des ailes , sont d'un roux châtain et
rayées longitudinalement de jaunâtre; les grandes pennes des
ailes sont brunes.
La femelle diffère par ses couleurs plus ternes et par la
S>rge, qui est blanche , avec une raie noire sur sa partie in*
rieui'e.'
La Caille a trois doigts de l'Andalousie ( Perdix
AndaluaicaljMih,), Une belle couleur rousse, tachetée irrégu-
lièrement de noir , domine sur le plumage de cette caille;
mais eUe est phis pâle sur Jes parties inférieures du corps et
se présente avec une nuance jaune sur la gorge et la poitrine;
les pennes des ailes sont noirâtres ; les pieds et le bec de cou-
leur de chair ; et les trois doigts en avant.
La Caille a trois doigts de Gibraltar {Perdis Gibral^
tarica Lath. ). Longueur, six pouces; bec noir ; les plumes de
la tète d'une couleur marron et frangées de blanc , celles du
dos de la même teinte, mais rayées de noir, les couverture»
des'ailes ferrugineuses , bordées de Uanc avec une tache noire
au milieu entourée d'un cercle blanc ; la goi^e rayée de noir
et de blanchâtre ; la poitrine blanche avec un croissant noir
sur chaque plume, et le milieu d'une coideur de rouille pâle;
le venti*e et les parties subséquentes de la même teinte, maia
inclinant au jaune ; les pennes des ailes et de la queue noirâ-
tres ; et ces dernières rayées d'un brun roux, de noir, et fran*
gées de blanc ; les trois doigts placés en avant.
La Caille a trois doigts de l'Ile de "Lvçov (Perdix
Lutonienêis ). Trois doigb , et tous trois en avant caractérisent
et distinguent facilement cette caille d'une autre qm' se trouvo
aussi dans la même île; celle-ci d'un tiers plus petite que !«
nôtre, a la tête, la gorge d'un noir mélangé de blanc ; le liaut
de la poitrine mordoré ; le ventre jaune ; le dos et les ailes
grises el bordées de jaunâtre ; le b^ «I let pieds d'un gris clair*.
C A I {,5.
La CaIIiLS a trois doigts de la Not7TELIiS-GAT.L£ DU
Sud {P^rdix varia La th.). Les terres australes oiil aussi leur
caille à trou doigta. Celie-ci se trouve dans les parties méri-
dionales de la NouYelle-Hollande« Ses habitudes et son genre
de vie sont les mêmes que ceux de la caille européenne ; sa
taille tient le milieu entre celle-ci et la perdrix ; elle a le bec
couleur de corne ; le plumage sur les parties supérieures du
corps analogue à celui de notre perdrix'^ avec des grandes ta-
ches noires y triangulaires ; le front et le tour des yeux mar-
qués de petits points blancs; le dessous du cou et la poitrine
d'an cendré pâle ; Ton remarque sur les oreilles une tache
bleuâtre, et plusieurs ronges et femiginenses sur les côtés du
cou ; le ventre y le bas-ventre et les cuisses sont d'un blanc
aie; les pennes noires; les pieds d'un jaune pâle^ et les trois
doigts en avant. On la trouve au mois de juin y dans la Nou-
velle Galle du Sud. Nouvelle espèce*
La GAiLiiB 13K liA BAIS b'Hudsok. Gette caille, une des
pins petites de cette espèce y n'a guère que quatre pouces et
demi de longueur ; son bec est noir, et la couleur générale
dn plumage d'un blanc jaunâtre obscur, marqué de taches
blanches , irrégnlières , sur le cou et les cuisses ; rayé de blanc
et de noir sur les ailes , le dos et la queue , d'une nuance plus
chire sur les parties inférieures du corps et sans taches ; les
pieds sont d'un brun noitrâtre. Cette nouvelle espèce est ti*è&-
nire.
La Caille i>e Java, f^oyez R£v£il-matik.
I«a Caille de la Louisiane. Voyez Colenigui.
La Caille de la Nouvelle GuiN££(/'€rc?xx novœ Guineœ
Lath.).^ Cet oiseau un tiers moins gros^que la caille d'Europe ,
a l'iris grisâtre ; les petites pennes des ailes frangées de jaunâ-
tre , les grandes noires et le reste du plumage d un bi*un plus
on moins foncé , mais plus éclatant sur la tête et le ventre ,
tirant au noirâtre sur les couvertures des ailes et sur le dos.
La Caille DE LA Nouvelle-Hollande {Perdix Auetra*
/<«Lath.). Celte caiUe a sept pouces de longueur, la couleur
générale du plumage rougeàtre, mélangé de zigzags et de
pents points noirs ; chaque plume marquée dans son milieu
d'une ligne blanche ; le dessous dn corps de couleur de buffle,
mélangé de même ; le menton d'une teinte uniforme et une
itrie sur le miUen de la tête ; les pieds sont bruns. Espèce
nouvelle^
La Caille de Madagascar. Voyez Turnix.
La Grande Caille de Madagascar, {Perdrix striata
lialh. pi. ooloriée 98 du Voyage aux Indes et à la Chine de
4lcirm#ra/.}. Cette ÇQiUe ^ dei»; lois la grandetur de celle d'Eu^
36 C A I
it>pe; les sourciia blancs; une ligne blanche au-dessus des yeiLX ;
la goi^e, la poitrine^ le ventre noirs; le dessus du corps d*un
brun fauve strié de blanc , et traversé de noir sur le dos et la
snque; une plaque de couleur ventre de biche sur la poitrine;
les peu nés primaires des ailes d'un brun terreux sale; les autres
soires , avec des bandes blanches'; et celles de la queue aveo
des lignes jaunâtres: le bec noir; les pieds rousNàtres.
La Pbtit£ Caille oe Mamlle ( Perdrix ManilUnêiM
Lalh. )• Cette petite caille , de la grosseur du moineau , se
trouve dans rile de Luçon. Elle a quatre pouces de longueur;
le bec , les pieds et les parties supérieures du corps noirs; la
Soi^e blancne ; la poitrine grise et tachetée de noir ; des raies
e même couleur sur les plumes jaunâtres du ventre ;leâ flancs
d'un roux vif, et des petites lignes grises sur les ailes.
La Caille du Mexique. Foyes Coyolcos.
La Grande Caille du Mexjque. Voy, le Grand-Colik.
La Caille huppi^ dv Mexique. Voyez Zonâ.c olin.
La Caille des Iles blAi^oviVRsiPerdrixfalklandiahaLih,
pL enl. n® 2sa de ÏHist. nat. deBuffon.). ijim caille qui se
trouve dans un pays séparé de notre continent par une grande
étendue de mer, ne peut être regardée comme une variété de
notre espèce , quoiqu'on lui trouve de l'analogie dans les cou-
leurs, et des rap|)orts dans la taille. Celle-ci qui habite des
lies qui sont à l'extrémité méridionale de l'Amérique, a le
bec couleur de plomb ; les plumes du dessus du corps , d'un
brun pâle , plus foncé sur les bords de la tige , avec quelques
lignes en demi-cercles ; les côtés de la léle bigarrés de blanc ;
le dessous du corps, y compris le haut de la poitrine, d'un
jaune brunâtre, mélangé de taches et de lignes brunes; le
reste de la poitrine, le ventre et les couvert uit;s inférieures de
la queue blancs ; les pennes des ailes noirâtres ; celles de la
quuue brunes, ainsi que les pieds.
La Caille nz Perse f Perdis Caspia Lalham. ). Le bec
de cet individu est d'un brun olive ; les narines , les pau-
pières et les tempes sont nues et jaunes ; cette teinte est celle
des ^ieds qui sont privés d'ergots ; le rete du plumage , à l'ex-
ception de l'extrémité des pennes des ailes, et d'une partie
de la queue qui sont blanches, est d'un gris-cendré tacheté de
brun ; sa taille légale celle de l'oie commune. Si cet oiseau ap-
^rtient réellement à la famille d'^s Cailles ou àcelle dca
Perdrix {easpian pariridge , dit Latham), c'est bien la plus
grande et la plus grosse de toutes celles qui sont connues.
La Grande Caille de Pologne. Voyez Chrokiel.
La CAILI4E VERTE ( Perdix viridiê Lath. ). I^e pays et loe
babitudas de cet individu étoient inconnus à Latham loiisqu'il
B.3.
3. (a/a^ à^^iti&^ aitu^tif^. Cà&ia^^i^r à /pioSm' &n^gu
C A I q«y
Fa décrit dâiis son General synopsis ofbirds; mais depuis , il
a vu plusieurs de ces oiseaux , soit vivaiis , soit moris, et il a
reconnu que aa perdrix i/er te étoit la femelle é^9on petit pigeon
huppé ( columha crUtata ) , ou le Koiiouii. bjb Malacca. do
Sonnerat. Voyez ce mot.
La Caille de Virginie {Perdue FirginianaJ^îb.). Cet
oiseau, décrit poui* la première fois par Catesby , uW autro
que la Perdrix de la Nou velle- Angleterre. Fo/ex co
mqt. (Vieill-)
CAILLE DE BENGALE. Foy. Brève db CeyjxAn. (S.)
CAILLEBOT. C'est un des noms vulgaires de FObizr.
foyez ce mot. (B.)
CAILLELAIT. Voyez an mot Gaillet. (B.)
CAILLETEAU , pelit de la Caille. Voyez ce mot. (S.)
CAILLETOT. Les pécheurs donnent ce nom aux petits
du Pleuronecte turbot. Foy. au mot Pleuronecte et au
mot TtTRBOT. Œ»)
CAILLEU TASSART , nom vulgaire d'un poisson du
Î^enré desCLtJ^is , dupéa tris^sa'\Ànn, , qu'on trouvé dan»
es mers de l'Inde et de l'Aménque/fTy. au mot Clupé. (B.)
CAILLOU D'ANGLETERRE, f^oj. PouDiNotrÉ. (Pit.)
CAILLOU D'ALENÇONF, I>E BRISTOL, DE
CAYENNE , DE MÉDOC , DU RHIN: Ce sorit des cris-
taux de- roche. Voyez Quartz. (Pat. ) . ,
CAILLOU DE ROC LIE, dénomination vicieuse qu'on a
quelquefois donnée- au horneâein, et m^ème au^pettro '^ silex
primitif. ( Pat. )
CAILLOU* On donne communétnent ce nom à toute
pierre arrondie et d'un volume médiocre ; mais il appartient
fins spécialemenAan ei^x onpierre àfuùl. Voyez SiLiix. (Pat.)
CAILLOU D'EGYPTE. Foye% Jaspe. (Pat.)
CAILLOU DE RENNES, f^^x BRiicHE/(PAT.)
CAILLOUX-CRISTAUX. Ce sont des cristauac de roche
roulés par les eaux , tels que les cailloux du Rhin. (Pat^)
CAIMIRI. C'est le Saïmiri de Bufibn , très-jolie espèce de
singe eagoin d'Amérique. (V.)
CAÎMITIER , Chrysophyllutn Linn. ( Pentandrie motio^
gynie.), genre de plantes de la famille dds HiLOSPERMis'.Son
cai*actère est d'avoir un petit calice , persistant et à cinq divi-
sioiAs; une coroUe monopélale en cloche ^ découpée égale-
ment en cinq parties ouvertes et arrolidies ; et piour fruit , une
^-oase baie globuleuse à dix loges y dont chacune renferme une
«emence comprimée et marquée d'une cicatrice latérale. Foy*
VIiîu.%iratiQn den Genres, pi. i ao. C% genre comprend de»
jv. o
ç)8 . ^.^^ ^
arbrcs ou arbrisseaux qui croissent entre les Tropiones^prin'
cipalement dans les Antilles. Quelques-uns ont la surface
inférieure de leurs feuilles couverte d un duvet tràs-^fin , qui
les œnd soyeuses, brillantes, et comme dorées. Tels sont les
deux suivans.
LeCAÏMifiERFOBCiFOBME, Chyêophyllum caintiolinn.
C'est un arbre du second ordre y très-garni de branches^ d'un
bel aspect, ayant une cime ample et étalée, avec des feuilles
alternes pétiolées, ovales, im peu pointues, très -^entières,
lisses en dessus et couvertes en dessous d'un duvet bronzé,
qui parott doré lorsque le soleil l'édaire. Ses fleurs sont petites,
solitaii'es sur chaque pédoncule, et disposées en faisceaux aux
aisselles des femlles. Son finit, communément rond, a la
grosseur d'une pomme moyenne ; il est, suivant les variétés,
oupourpre, ou violet, ou d'un rose foncé , nué de vert et de
jaune, et il contient cinq à dix noyaux bruns, environnés
d'une pulpe molle, laiteuse et gluante, d'un goût fade et
d'une odeur qui approche de ceue de la fleur de châtaignier :
quoique raédioci^ement bon, on le mange et on le sert quel-
quefois sur les tables. Ce ccûmitier crott k Saint-Domingue et
dans les îles voisines; son bois est blanc, tendre i et recouvert
d'une écorce roussâtre et crevassée. On l'emploie dans les ou-
vrages de charpente.
Le Caïmitier ouvairb, ChrytophyUumolivifarmeljaxa.
C'est VitcomoB de Nicolson. Le friiit de cette espèce est deux
fois gros comme une olive , et de la même forme ; sa couleur,
quand il est mûr, est d'un violet noirâtre; il a une saveur vi-
neuse asse» agréable , et il ne renferme qu'un seul no^-au. Ou
distingiSQ d'ailleurs ce caimitier du précèdent, par la couleur
jaunâtre de son bois, qui sert ausssi à bâtir , et parce qu'il eut
moins élevé ; à peine aurpasse-t-il en hauteur nos pommiers
ordinaires. On le trouve communément dans les bois k Saint-
Domingue; il fleurit vers le milieu d'octobre, et il donne des
fruits murs au commencement de juin.
ljeCàÏMiTinKVYRiroAMZ,ChryaophjttummacoucouAubl,,
s'élève très-haut ; son bois est blanc , dur et cassant; son écorct»
enlamée rend un suc laiteux , et ses feuilles sont lisses des deux
côtés. 11 porte , dans toute la longueur de ses branches , de»
fruits d'un jaune orangé et d'un soût plus agréable que ceux,
du caimiiier deâ AntiUes. Cet arbre croit dans la Guiane.
Le Caïmitier olajbrjb , Chrysophyllum glahrum Linn. ,
est un petit arbre qui a des feuilles un peu coriaces, lisses et.
luisantes des deux côtés, et des fruits bleus d'une saveur
i'eàlre que ks eofans et les noirs mangent quelquefois i
CAL jjcj
semence» sbnt moins conïprimées que ceUes des précédens. u
croit dans les bols de la Martinique.
On multiplie, dit Miller, ces arbres de bouture dansles Indes
Occideniales. £n Europe , ils ne peuvent être élevés et con-
servés que dans les serres les plus chaudes ; comme ib gacdênt
leurs feuilles toute l'année , ils y font un bel efi'et, sut^tout les
esjièces qui les ont satinées et dorées. Vojt^ dans Miller^ la
manière de les cultiver dans nos climats. (D.)
CAJOU. Voyez le mot Acajou. (B.)
CAIPON , nom vulgaire d'un arbre de Saint-Domingue ,
Jont lo caractère générique n'est pas connu. (B.)
CAITAIA , espèce de sapajou. Voyez Coaita. (V,)
CAJU-BESSI , arbre de l'Inde. Voyez Bjbssi. (B.)
CAKATOCA, ou CATACOU A. Voyez Ka^atobs- (S.)
CAKILE » Kakiie, ^enre de plantes à fleurs polypétalées»
de la tétradynamie oliculeuse , et de la famille des Cauci-*
Fiatt » qui a pour caractère , un calice de quatre folioles con-
niveales; une corolle ouverte, à quatre pétales arrondis ; six
étamines , dont deux plus courtes ; un ovaire supérieur^ sur-
monté d'un style filiforme à stigmate simple*
Lte fruit est une stlicule aubéreuse^ oblongue, aéuminéeii
à quatre angles obtus , bi-articulée , se séparant dans les arti-
culations ; à articulation supérieure tzèe^grandey profondément
échancréeàsa base, uniloculaire, monosperme; à articulation
inférieure petite , presque turbinée , tantôt solide , tantôt
Qnilooulaire , et alors stérile ou mono»perme.
Vojres pL 554 des IUu9tra4ions de Lamarck , où. ce genre
est figuré.
ijea cakiies faisoient partie des genres des Buniadks de
Lianasus^ mais ib enont été séparés , à raison de l'organisa-
ûon fart diflërente de leur siUcule. On en compte trou
lie Oajlilb UAAiTiMx, JBuniae cakile linn*, dont les
feuilles «ont pinnées , les découpures linéaires et un peu
dentées. On le trouve sur le bord de la mer ^ en Europe , et
an l'emploie contre le scorbut et la colique ; c'est le plus
commmi. Les deux autres sont le CAKiut d'£ovFTX , et celui
A rStriM^V,^» !)£ CAMJBUNE. (B.)
CAJLmABA , CalophyUum, genro de plantes de k polyan-*
àrw jtsojsogynie ^ et de la famille des GuttiIpj^bês » dont
le caractère est d'avoir un calice coloié ^ caduc et composé
'le qusttres folioles ; quatre pétales ovales , arrondis^ con«^
ûares , oaaverts , dont deux extérieurs aoni un peu phis
pcdta c|ue les autres ; un grand nombre d'çtamines ; tm ovaire
loo CAL
ffipérienr , globuleux ^ chargé d'un style , dont le stigmate
est épais et obtus.
Le froit est une noix sphérique 9 charnue , contenant un
noyau globuleux » dans lequel est une amande.
.Fioyez pi. 459 des lUus^aiiona de LamarcL , où ces carac-«
tères sont figurés.
Ce genre renferme trois espèces , qui sont de grands arbres
de l'Inde à feuilles luisantes ^ coriaces, remarquables par le
nombre et la finesse de leurs nervures latérales ; à fleurs asi-
laires ou terminales , portées trois par trois sur des pédon-
cules opposés. Ces espèces différent très-peu entr'elles.
Le Calaba a fruits ronds , Calophyllum inophyUiun
Linn. , laisse couler, lorsqu'on entame son écorce, une li*
queiu" visqueuse , jaunâtre, qui s'épaissit à l'air. C'est la résine
iacanutque, qu'on appelle aussi baume uert, qui est odorante ,
et qu'on dit vulnéraire, résolutive^ nervale et anôdyne.
Voyez au mot Baume vert.
Le Calaba a frvits £.ono8 , Calophyllum calaba Lfnn.,
donne des fruits rouges que les Indiens mangent, et avec les
amandes desquels ils font de Thuile à brûler. (B.)
CALABRIA , le grèbe huppé est décrit sous ce nom cata-
lan, par Adanson, dans le Supplément à l'Encyclopédie. Voy.
Gr£be. (S.)
CALABURE , Afuntîngia , genre de plantes de la po-«
lyandrie monogynie, et de la famille des Liliacébs, qui
est formé par un grand arbre dont les feuilles sont alternes,
ovales, pointues, dentées, inégales à leur base, couvertes
d'un duvet roux fin comme de la soie. Les fleurs sont axil->
laires , solitaires , et composées d'un calice à cinq ou six dé-
coupures pubescentes et caduques; d'une corolle de cinq ou
six pétales un peu onguiculés ; d'un erand nombre d'étamines ;
d'un ovaire supérieur , globuleux, dépourvu de style, et cou-
ronné par cinq ou six stigmates épais et persistans. Le fruit
est une baie globuleuse , un peu plus grosse qu'une cerise ,
jaunâtre , avec une teinte de rose , divisée intérieurement
en cinq ou six loges peu apparentes , par des cloisons mem-
braneuses, tràs-fines,et qui contiennent des semences nom-
breuses , nichées dnns une pulpe.
Cet arbre est commun à Saint-Domingue. Son bois sert
à faire des douves, et son écorce des cordes. (B.)
' CALAC, Carieaa , genre de plantes à fleurs monopétalées^
de la pentancirie monogynie , et de la famille de Apocinj&es ,
dont le caractère est d'avoir un calice fort petit , persistant , à
cinq divisions droites et pointues ;<Une corolle monopétale,
à tuDc cylindrique^ à cinq divisions; cinqétamines; un ovaire
CAL lat
tapérieur oblong , rarmonté d'un style fiUfbnne^ dont le
Migmaie est légèrement bifide.
Le fruit est une baie ovoïde , divûée en deux loges conte*
nant une à quatre semences , nichées dans une pulpe.-
Ce genre est figuré pi. 118 des Iliustrationa de liamarck.
II contient quatre à cuiq espèces , qui sont des arbrisseaux
épineux , à épines opposées , quelquefois florifères , et faisant
les fonctions de pédoncules; leurs feuilles sont entières, op-
posées; leurs fleurs portées sur des pédoncules axillaires ou
terminaux. Us croissent tous dans l'Inde ou en Ai*abie.
L'espèce la plus connue est le Calac a feuilles obtuses ,
Carissa carandas Linn. , dont les caractères sont d'avoir les
feuilles ovales et obtuses. Elle se trouve dans l'Inde. Ses firuils
sont acides , et on en fait de très-bonnes confitures.
n en est encore une autre espèce qui vient en Arabie y et
que Forskal a décrite sous le nom dicuituia. Ses fruits se man- '
gent également
Le genre Ahduine est le même que eelui-ci. (B.)
CALADION y Caladium , genre de plantes établi par
Venienat aux dépens des CtOUETs de Linnasus , c'est-à-dire
dans la gynandrie polyandrie ^ et dans la famille des
GÔUETS.
Ce genre ofire pour caractère une spathe ventrue , se re-
couvrant dans sa paitie inférieure; un chaton plus court que
la 'spathe , simple , droit , cylindrique , portant des fleurs
mâles dans sa partie supérieure , et des fleurs femelles dans
sa partie inférieure ; les premières formées d'anthères sessiles
disposées en spirales , creusées dans leur contour de douze
sillons remplis de poussière fécondante, en molécules agglu-
tinées , et terminées supérieurement par un plateau en forme
de losange, parsemé de points brillans, et crénelé à son
limbe ; les secondes composées d'o vailles nombreux , orbicu-
laires , concaves , à stigmate sessile , même ombiliqué , rem-
plis d'une liqueur visqueuse ; des glandes oblongues, obtuses,
relevées , disposées sur quatre rangs, remplissant l'espace qui
est entre les étamines et les ovaires.
Le fruit est semblable à celai des gouets. Voyez ce mot.
Ce genre diffère donc Ae^goueta par la situalion et la struc^
ture oe ses anthères , par la direction et la forme des glandes ^
par ses stigmates ombiliqués , et même par son pollen. Ven-
tenat lui rapporte les Gouets esculent , ovale , a feuilles
]>£ sagittaires , ARBORESCENT , et trois autres moins con-
nna. On doit lui donner pour type le Caladion bicolor , dont
ce botaniste a donné une superbe figure pi. 3o de ses Planfeif
du jardin de Ce,k. Cette belle plante est originaire du Bré^^ii,
soa C A li
et se &ît remarquer par aes larges feuilles , peltées , sagittées ^
d'un rouge cramoisi dans le muieu^l d'un vert foncé dans
leur contour. On la multiplie de drageons. (B.)
CALAF 4 nom arabe d*un arbuste que quelques vojageui^
ont appelé 9auU , et dont les Egyptiens distillent la fleur en
en tirant une eau cordiale , qu'ils app^ent macahalef, et
dont ils font usage pour réprimer le trop grand deair de l'acte
vénérien. On s en sert tant intérieurement qu'extérieurement
dans les fièvres ardentes et pestilentielles. Son odeur est si
agréable et si pénétrante , qu'elle su£Bt pour dissiper la dé-
faillance. Il est tris-probable que ce ciUaf est un Chalrf.
I^oyex ce mot (B.)
CALAGUALA, racine d'une plante du Pérou, dont
on fait usage en Espagne y comme apérilive et sudorifique.
On ignore a quel genre appartient cette plante. (B.)
CALAK , nom persan du Corbeau. Voyez ce mot. (S.)
CAL ALOU , nom d'une espèce de citrouille de la division
des PipoNS, qu'on mange habituellement dans les colonies
européennes de l'Amérique. Voyez au mot Coubob.
C'est aussi un mets propre aux mêmes contrées , que l'on
fait avec la Kjëthib escuijsnte et quelques autres mal-
vacées. (B.)
CALAMBAC. C'est une espèce d'AoALocHX. Voyez ce
mot (B.)
CALAMBOURG, bois odoriférant, qui est employé en
Chine à des ouvrages de tabletterie. Il diflère peu ^ a ce qu'il
paroît, de I'Agalochb. Voyez ce mot. (6.)
C ALAMENT « espèce de plante du genre Mélisse. Voyez
ce mot. (B.)
CALAMINE ou PIERRE CAL AMIN AIRE, minerai
composé pour lordinaire d'oxule de aine , d oxide de fer et
de parties terreuses» ce qui forme un mélange couleur de
rouule.On regarde aussi comme une calamine 1 oxide pur de
^fiinc 9 qui a une apparence \itreusc » et qui est d'une couleur
biancne ou cilrine. Celui-là est 8U.Hceptible de poli comme une
calcédoine, et il en a le coup-dWl et la demi-lrausparence.
Ce minerai est rare , et ne se trouve guère qu'en Angleterre,
dans le comté de Sommersel,et dans les mines de la Ilaourie,
à l'extrémité de rAsiesoplentrionalc. Cet oxide de sine cris*
tallise quelquefois eu lauies disposées les unes sur les autres ,
de manière qu'eUes se touchent immédiatement par une
extrémité, et qu'elles sont un peu écartées par l'autre comme
im éventail fermé. Voyez Zinc (Pat.)
CAL 103
CALAMITE, nom spécifique d'un Cravaub. V^eu tm
mot. (B.)
GAJLAMUS AROMATIQUE , nom donné à nluaieum
fubatance» végétales odorantes qui viennent de l'Inde. Parmi
elles , on peut citer la racine TAcorb odorant , le Rotang
TRAi et de Barbon karb. ( Voye» ces mots. ) Mais il y a peu
d'accord sur le nom des autres plantes qui fournissent les
autres espèces àecalamua connues dans les boutiques d'apo-
thicaires. (B.)
CALANDRE ( Alauda calandra Lath. , fig. pi. enlum.
de Buffon, n^ 365. ), espèce d' Alouette. ( Fcye» ce mot. )
Elle est plus grosse que V alouette commune , d'où on l'a encore
appelée groMe alouette. Sa longueur totale est de sept pouces
un quart , et son vol de treize pouces et demi ; ses ailes pliées
aboutissent à l'extrémilc de la queue , au lieu que celles de
Yaiouêtte commune ne sont pas à beaucoup près si longues.
Son bec est aussi ^ proportion gardée , plus court, plus épais
et plus fort. Du reste , la calandre est semblable à Valouette
commune par l'ensemble et les détails de conformation, ainsi
911e par le plumage. Toutes les pliunes du dessus du corps
ont une bordure grise sur un fond brun ; la goi^ et le v^nti'e
sont blancs; au-oessous de la gorge est un demi-collier noir ,
qui, dans quelques individus, devient une grande plaque
de la même couleur, qui couvre le baut de la poitrine ; quel-
ques mouchetures noires paroissent sur le blanc sale du
devant du cou et de la poitrine; les flancs sont d'un brun
rouseâtre, et les pennes des ailes brunes, bordées de blan-
châtre ; les deux paires les plus extérieures des pennes de la
queue sont bc«^ees de blanc, la troisième paire terminée de
môme, la paire intermédiaire gris-brun, tout le reste noi-
râtre ; le bec , les pieds et les ongles sont blanchâtres. Le mâle
est plus gros et plus noir autour du cou que la fem^e, dont
le rallier est fort étroit.
Aux rapports de conformation et de couleurs avec Valouette
commune, la calandre en joint d'aussi saillansdansles habitudes
et les moeurs. Sa voix est également agi^able , mais plus forte ;
elle a la même légèreté dans 6es mouvemens et ses amours ';
elle niche de même à terre sous une motte de gazon bien
fourni , et sa ponte est de quatre ou cinq œufe. Elle a le mém0
talent pour contrefaire parfaitement le ramage de plusieurs
oiseaux et le cri de quelques quadrupèdes ; mais son espèce
est moins nombreuse, et elle ne se trouve qu'au midi de la
France , et sur-tout en Provence , oi\ elle est commune^
et oi\ on rélève à cause de son chant. EHe l'est aii^i en
Italie, et, selon Cetli^ danaTile de Sardaigne, où elle passe
104 CAL
toMte Tannée. ( Uccellidi Sardegna, pag. 147. ) On ne roît
pas les calandres en troupes ; elles se tiennent seules pour
rordinaire. En automne , elles deviennent fort grasses^ et sont
alors un manger très-délicat. On les prend aux filets , que
Ton tend à portée des eaux où elles ont coutume d'aÛer
l>oire , ou aux collets et aux traîneaux, de même que les autres
alouettes.
Si Ton veut élever les calandres pour jouir de l'agrément
de leur chant et de la flexibilité de leur gosier imitateur , on
doit les avoir jeunes, au sortir du nid, ou du moins avant
leur première niue; les nounûr d'abord avec de la pâte
composée en parlie de cœur de mouton ; leur donner ensuite
des graines , de la mie de pain , et tenir dans leur cage du
plâtras pour qu'elles. s'aiguisent le bec, et du sable fin où
elles puissent se poudrer à leur aise ; enfin , leur lier les ailes
dans les commencemens, ou couvrir leur cage de toile, car
elles sont fort sauvages, et pourroient se tuer en cherchant à
s'élever ; mais lorsque ces oiseaux sont façonnés à l'esclavage ,
ils ne cesaent plus de répéter leur chant propre et celui dea
autres oiseaux, qu'ils retien uent faciiçn^ent.
La Calandre du Caf de Bonme-Espérancb. Foy. Cra-»
.TATEÏAUKE. .
La Cai^andre de Mqngoi«i£ {Alauda MongoUcaJj^Aï.),
Celte espèce est plus srande que la calandre ordinaire ; son
bec est épais, et l'ongle postérieur, à peine plus long que le
doigt , est en ligne droite, gros, et a trtois faces ; une couleur
rougeàtre, tirant sur ceUe de la rouille, couvre la iête et le
cou; sur le sommet de la télé, celle nuance est plus foncée ;
une bande blanche et circulaire l'entoure, et une tache de la
même couleur en marque le milieu ; une autre tache noire ,
divisée en deux pièces, se voit sur la gorge : le reste du plu«^
iinage ressemble à celui de la calandre commune,
M. Fallas a vu cet oiseau dans les terres salines et désertes
de la Mongolie, entre TOuon et l'Argoun ; son ramage est
fort agréable ; mais il ne le fait entendre qu'étant posé à terre.
Voyez les Voyagea de M, Pailas en Russie et au nord de
fAsie, tom. 4, in-i^^,, d^ l'édition française, pag. 5og, et
append, n® 19.
La Calandre de Sibérie {Alauda ccUandra Var.Lath.).
M. FaUas , qui le premier a décrit et observé cet oiseau , le
regarde comme une espèce distincte de toutes les autres
alouettes, ( Voyages en flussie el dans FAsie septentrionale ,
tom. 5, in^/i.^.y dç l'édition française, et append. n** 8.)
Gmelin a adopté la môme opinion ; mais M. Latham prétend
que cette aiou#t(? de Sibérie p ost qu'une variété de la vcUgndre^
C A L loS
Qaoi qu'il en soit, cet oiseau ne fréquente que les -régions
glacées du nord de l'Asie; on l'y rencontre communément
dans les campagnes exposées au soleil, et de préférence le
long des chemins de la Sibérie près de Tlrtich ; il vole seul »
et à peu d élévation , fait son nid dans l'herbe , et sa nourri-
ture de sauterelles et de vermisseaux. Son chant n'est pas
aussi agréable que celui de V alouette commune; son plumage
ne dioere pas beaucoup du plumage de la calandre, et ses
principales dissemblances se réduisent aux taches d'un jaune
pâle , mêlé de couleur de rouille , sur la gorge et les couver-
tures supérieures de la queue, au gris blanchâtre du dessous
du corps, au blanc qui règne sur presque toutes les pennes
moyennes de l'aile , au brun livide du bec , et au gris des
pieds. (S.)
CALANDRE. Ce nom est donné au cockevi8,en Pro-
Tence et dans l'Orléanois. F'oyex Cochevis. (S.)
CALANDRE , Calandra, nouveau genre d'insectes , éta-
bli par l'auteur de ÏEntomolagie Helvétique , et adopté par
Fabricius. Ce genre renferme plusieurs charansons à longue
trompe et à cuisses mutiques, tels que ceux du palmier, du
blé, du riz. Ployez Charansok. (O.)
CALANDRE. On a donné ce nom , dans quelques paya
méridionaux de la France , à la larve du charanson qui atta-
que le grain. Voyez Charamson. (O,)
CAL ANDBiNO , nom italien de la^ FARiiOUS£. Voyez ce
mot. (S.)
CAXjAO , Buceroa , genre de l'ordre des Pies. Voyez ce
rao\.
Caractères désignatifs des oiseaux de ce genre : bec den-
telé en scie ; front osseux , très-souvent une grande excrois- '
sance, ressemblant à un autre bec , sur la mandicule supé-
rieure ; narines petites , rondes , placées à la base du bec ;
langue petite, courte^ pieds marcheurs, c'est-à-dire troisdoigts
en avant, un en arrière, celui d u milieu joint au doigt extérieur
jusqu'à la troisième articulation, et à l'intérieur, jusqu'à la ^
première seulement. Latham.
Tje ÇAiiAO A B£c BiiANC (édit. de Sonninide YHUt. nat. de
Buffbn ). Ce ccdao à bec blanc , a une très-gi-ande analogie
arec le ccdao du Malabar. En comparant ces deux calaos,
il est difficile de ne pas les regarder comme oiseaux de U
même espèce ; la dissemblance la plus remarquable ne con-
date que dans la forme du casque ; mais l'on sait que sa con-
formation varie avec l'âge. L'on peut présumer qu il habite le
fiieme pays ou dans les contrées voisines.
I4Ç bec de ce calaq a quati*e pouces trois lignes , mesuré
io6 C A li
en ligne droite ; il est dentelé irrégalièrement sur ses bords ,
et il se termine en pointe mousse ; le casque en occupe les
deux tiers et s'étend sur le f>ont , auquel il est adhérent ; il a
une huppe pendante y composée de longues plumes effilées ;
la tète y le cou , le dos , le croupion et les couvertures des
ailes , les pennes ^ ainsi que celles de la queue y d'un noir à
reflets verdâtres; une large tache blanche à 1 extrémité de la plu*
part des pennes des ailes et de la queue; tout le dessous du
corps d'un beau blanc ; les pieds^les doigts et les ongles noirs.
Le CAii Ao A BEC ciSEiiE , Sonnerai. Ce voyageur véridique ,
cet observateur exacte auquel l'Histoire naturelle a de grandes
obligations , désigne ainsi , dans son F^oyage à la HouveUe-
Guinée , le Calao de i/ile Fana y. Voyez ce mot.
Le Calao a bec rouge du Sj^n^oal. Voyez Tocx.
LeCALAO A CASQUE CONCAVE (édition deSonnini de VHist.
nat, de Buffon.), La grandeur de ce calao est de trois pieds, dtï
sommet de la télé au bout de la queue; son bec a sept pouces
de long y est. plus gros et d'une conformation plus bizarre que
celui du calao rhinocéros ; le casque est long de plus de cinq
pouces , et haut de dix-huit lignes ; il est arrondi sur ses cotés ,
et très-relevé par-derrière , creusé en lai*ge gouttière, angu-
laire dans le milieu de sa longueur, se termine en pente douce,
est ouvert par-devant et presque entièrement creux ; la mandi-
bule supérieure est d'un rouge de cinabre à sa pointe , et d'un
;aune aocre sur le reste : cette couleur est celle du casque
et de Textrémité de la mandibule inférieure^ dont la teinte
îaune s'a£fbibliten s'approchant de la base, et sur laquelle on
remarque une tache noire ; une huppe composée de plumes
longues, déliées et d'un roux fauve, est couchée sur le derrière
de la tête, dont les côtés sont noirs ainsi que la gorge; le roux
fauve se rencontre encore sur une moitié du cou ; et l'autre
moitié, la poitrine, les scapulaires , le dos, les couvertures
supérieures de la queue et les ailes, sont d'un noir mat; un
blanc mêlé de fauve est répandu sur le ventre; les jambes ,
les couvertures inférieures et les pennes de la queue qui est
arrondie et plus courte que celle du calao rninocéroe ; les
pieds et les ongles sont nom. Cette espèce a été apportée de
Batavia.
Le jeune ou la femelle de ce calao y ne dtfiFère qu'en ce que
SCS jambes , le bas de son ventre , les couvertures inférieures
et les pennes de la queue ^ sont totalement noirs.
lie Catmo a casque en crojasamt ( édition Sonnini de
YHieL nat. de Buffon ). Le casque , dont les deux tiers du bec
de cet oiseau sont surmontés, })eut, dit Sonnini, se comparer
k un diadème en croissant ; le bec est très-grand , li*ès-forl ,
C A li 107
et a pris d un pied de long ; l'un et l'antre âont presque lola-
lemenl d'un janne de chamois ^ et rougeâtres dans quelques
individus; la taille de l'oiseau est celle du calao rhinocéros ;
mais sa queue est plus longue ; toutes les pai'ties supérieures
sont d'an noir changeant en brun ou en bleuâtre ; le bas-
rentre et les jambes sont d'un blanc teint de fauve ; la queue
qui est arrondie , a son milieu noir et le reste d'un blanc salo,;
les pieds sont d'un brun noirâtre. On dit que cet oiseau est
commun aux îles Moluques , qu'il se lient dans les grands
bois y qu'il est très- sauvage et qu'il vit de cadavres.
Le Calao a casque festonna ( HiaL nat, d*oiseaux de
VAmériqtAe et des Indes, par Levaillant. ). Le bec de ce calao
n'a que cinq pouces de long et deux d'épaisseur ; la longueur
du corps est d'environ trente pouces; les mandibules nuUer
ment oeatelées sur leurs bords ^ sont d'un blanc jaunâtre^
et d'un brun clair à leur base ; le casque s'élève au-dessus du
bec de cinq à six lignes y et est coupé transversalement de
plusieurs festons blancs et bruns ; une peau nue et ridée en-
veloppe lea yeux » couvre la base des mandibules et s'étend
mr la, gorge; lea plumes du derrière de la tête sont longues;
le plumage est d'un noir à reflets bleuâtres sur la tète, le cou ,
le dos et les ailes ; sur les épaules est une plaque carrée y d'un
brun rougeâlre ; la poitrine et les flancs^ le ventre et les jambes
iont d'un noir brunâtre , et les grandes pennes d'un noir
pnr; la queue est d'un blanc roussâtre. Ce calao a été ap-
porté de Batavia.
La femelle diffi^rc en ce qu'elle est plus petite, et n'a point
de plaque d'un brun rouge entre les deux épaules.
Le CAiiAO A CASQUE noiHi^Buceros gcUeatus Lath. Foy. le
bec pi. enl. n^933 de XHist. nat, de Buffon). L'on ne connoït dé
cet oiseau que le bec et la tête : cette tête annonce par sa grosseur
que l'oiaenu doit être l'un des plus grands et des plus forts de
ces congénères ; le bec , de six pouces de longueur y est pre»^
que droit , n'a point de courbure, et est sans dentdures, dit
Buffon; mais, selon £dwards, il est dentelé à son extrémité;
one espèce de casque haut de deux pouces, un peu comprimé
»ur les côtés , forme avec le bec une hauteur verticale de quatre
fonces, sur huit de circonférence , il s'élève du milieu de la
mandibule inférieure, et s'étend jusque sur Focciput. On ne
put guère juger de ses couleurs, puisqu'ellessonl flétries ; mais
^w«rd9 {pL jB^/,;7Mrr^tt0C.), dit qu'il est blanchâtre et cou-
^ar de vermillon p et que le bec est blanc sale vers la pointe ,
<rec quelques taches brunâtres répandues sur le rouge qui io
^nvre iasqu a la tête.
Le Cax# AO fii.ANC [Bucerosalbus Lath.). L'on ignore quelle
laÇ CAL
est la contrée qu'habite ce calao. Q aété pris en mer, près les.
IleA de l'Archipel des Larrons. L'on n a de son physique
qu'une description incomplète : grandeur d'une oie; bec trè»-
grand , courbe en faulx et noir; cou étroit et long d'un pied ;
tout le plumage d'un blanc de neige; pieds pareàs au bec.
Le Calao d'Abyssinie {Buceros Abyssinicus LAih. ]pl.
enl. , n** 779 de VHist, nat. de Buffon. ). Cette espèce a trois
ineds deux pouces de longueur; le bec long de neuf pouces ,
égèrement arqué, applati et comprimé par les côtés ; les deux
mandibules creusées intérieurement en gouttières, et finissant
en pointe mousse; la supérieure, surmontée à sa base d'une
excroissance cornée , de deux pouces et demi de diamètre
et de quinze b'gnes de l^rge a sa base, si mince qu'elle
cède au doigt; la hauteur de cette corne et du bec , pris en-
semble et verticalement, est de trois pouces huit lignes; il
y a sur les c6tés de la mandibule supérieure , près de l'orî-
i^ine , une plaque rougefttre ; les paupières sont garnies de
ougs cik, les yeux sont entourés, et la gorge et le devant du cou,
sont couverts d'une peau nue , d'un brun violet. Cet oiseau
est tout noir , excepte les grandes pennes des ailes qui sont
blanches; les moyennes et une partie des couvertures, d'un
brun tanné foncé. Cest ainsi que ce calao est décrit dans
Bufibn.
Bruce, qui l'a observé dans son pays natal, et k qui nous
devons la connoissance de ae^ mœurs et de ses habitudes , lui
donne près de trois pieds sept pouces de longueur; un plu-
mage fuligineux, quelques protubérances sur le cou, comme
celles du dindon mâle, d'un bleu clair, changeant en rouge
dans certains momens ; les yeux rougeâlres.
Cet oiseau se trouve en Abyssinie , communément dans les
champs où croît le iaff. Il mange les gros coléoptères verts ,
qui se trouvent en abondance sur cette plante. Sa chair a une
odeur fétide » ce qui fait croire qu'il se nourrit aussi de cha-
rognes. On le nomme dans la partie de l'est abba gamba , et
dans celle de l'ouest , erkooms ; enfin , sur les frontières da
Sennara et de Raas elfiel, on l'appelle l'oiseau du destin
( ieir el naciba ). Il niche sur les grands arbres les plus (oufi'us ,
et quand il peut , proche des églises ; son nid e»t couvert comme
celui de la pie , et quatre fois aussi large que celui de Vaigle ;
il l'appuie , l'afiermit contre le tronc , et ne le place pas à uno
grande hauteur ; l'entrée est toujours du côté de l'est. Il est ii
présumer que sa ponte est nombreuse , car on a vu des vieux
accompagnés de aix^huit jeunes qui , à terre, les sui voient pus
ë pas ; mais lorsqu'ils sont forts , m s'accoupkat deux à deux «
. C A ti iog
et cliaqtie couple se tient éloigné l'un de Tautre , soit qu'ib
volent , soit qu'ils soient à terre.
Lie Calao d'Afrique. Voyez Bbac.
Le GbandCalao d'Afrique. Voyez Calao d'Abyssinw*
Le Calao de Ceram ( Buceros plwatus Lath. ), grosseur
d'une corneille ; bec qui ressemble à la corne d'un bélier ,
Cou assez long et d'une couleur de safran; corps noir et queue
blanche *, jambes courtes et fortes ; pieds d'un pigeon. Telle
est la description succincte que Dampier fait de cet oiseau
( Voyage autour du Monde ). Il se nourrit , dit-il , de baies
sauvages, et se perche sur les grands arbres. Cet oiseau se
trouve à Ceram et à la Nouvelle-Guinée.
Selon Willulgby , le bec a cinq à six pouces de long , est
courbé en faulx, sans dentelures à ses bords , et surmonté par
un casque haut d'un pouce , avec sept à huit feuillets au-des-
sus du front.
Le Calao ds Giif oi ( Buceros Gengianus Lath. pi. colo^
nées, n** 1 32 du Voyage aux Ind, et à la Ch. par Sonnerat )-
Cet oiseau a deux pieds de longueur ; le bec trè»-long , court>é
en forme de faulx , terminé en pointe aiguë, déprimé sur les
éôlés , noir et blanc vers la pointe et les bords; une excrois-
sance de même substance que le bec , s'élève à Torigine de
la mandibule supérieure, et se recourbe aussi en arc. La
forme de cette excroissance l'a fait nommer par les Indiens
l*oiêeau à deux becs; à l'angle de la mandibule supérieure ,
naît une large bande longitudinale noire , qiû passe au-des >
aous de l'œil , et se termine un peu au-delà j un gris terreux
couvre la tête , le cou, le dos , les petites piumes des ailes,
et le noir les plus grandes y la poitrine et le ventre sont blancs);
les deux premières pennes de la queue sont les plus longues^
et d'un gris terreux roussâtre , terminées par une bande transe
versale noire \ cette couleur teint les latérales jusqu'au trois
quarts , ensuite c'est le brun ; enfin , elles sont terminées par
une bande transversale blanche ; pieds noirs.
Le Calao de la côte Jiz Coromandel. Voyez Second
Calao i^v Malabar.
Le Calao de la Nouvelle-Hollande ( Buceros oriett"
taiis Lath.). La Nouvelle-Hollande a aussi ses calaos : celui-
ci , plus petit qu'un geai, a le bec convexe , le casque plus
élevé sur le front , et creusé eti gouttière dans le milieu de sa
longueur ; une peau nue , ridée et de couleur cendrée au-
tour des yeux ; la cquleur générale du dessus du corps noi-
râtre, ainsi que les pennes des ailés et de la queue , les doigts
divisés à leur origine.
L^ CaL4P d;s l'Ile Panay ( Buceros PayanemU Lath.
110 CAL
pi. enl. îi** 780, le mâle ; n" 781 , la femelle ; de VHUL nat^
deBuffon.)y taille du corbeau d* Europe , mais plus alongee;
bec très-long , courbé en arc, dentelé sur les bords des deux
mandibules , déprimé sur les côtés , finissant en pointe aiguë
elsiUonné en travers dans les deux tiers de sa longueur; partie
convexe des sillons^ el partie lisse vera la pointe brune; cise-
lures couleur d'oi'pin \ cette excroissance de même substance
que le bec , s'clevanl àla base , applatie sur les côtés , tran-
cliante en dessus , coupée en angle droit en devant , 8*éten-
dant le long du bec el finissant vers la moitié j yeux entourés
d'une membrane brune et nue^ cils durs , courts et roides ;
iris blanchâtre ; tête^ cou, dos, ailes, d'un noir verdâtre , à
reflets bleuâtres , selon la direction de la lumière*, haut delà
poitrine d'un rouge brun clair , plus foncé sur le ventre , les
cuisses et le croupion *, queue d'un jaune roussâtre dans le»
deux tiers de sa longueur , et noire dans l'autre^ pieds de cou-
leur de plomb.
La femelle ne diflere du mâle qu'en ce qu'elle a la tête et
le cou blancs, avec une large tache triangulaire , et d'iui
vert noir à reflets, qui s'étend de la base de la mandibule infé-
rieure et derrière l'oeil jusqu'au milieu du cou en travers
sur les côtés.
Le Cai.ao db Malabar {Buceros Maiabaricut Lath. , pi.
enl. n^ 181 de VHisL nal. <ie Buffbn.). Ce calao de la grosseur
du cor&eaa, apresde trois pieds de longueur ; le bec long de huit
pouces, large de deux , arqué et pointu ; la protubérance cor-
uée appliquée et couchée sur le bec , a deux pouces trois lignes
de largeur et six pouces de longueur ; sa forme est ceUe d'un bec
tronqué, fermé a la pointe , dont la séparation est tracée vers le
milieu par une rainui*e trèsnsensible, et suivant toute la courbure
je ce faux bec, qui ne tient pointau crâne ; sa tranche en an'ièi*e,
ou sa coupe qui s'élève sur la tête, est une espèce d'occiput chaiv
nu, dénué de plumes et revêtu d'ime peau vive. Ce faux bec est
ci^ux et fléchit sous les doigts. Sa cavité est composée de cel-
lules osseuses , fort minces , en forme de rayons de miel , mais
in'égulières. Sa pointe » ji>|u'à trois pouces en anière, eftt
noire ; le reste est d'un blanc jaunâtre ainsi que le bec. Une
peau noire entoure la base et environne les yeux ; de longs
«ils arqués en a mère garnissent la paupière ; l'œil est d'un
brun rouge ; les plumes de la .tête et du cou sont longues ,
cflilces et d'un noir à reflets violets et verts. La poitrine , le
ventre et l'extrémité de la queue, excepté les quatre pennes in*
termédiaires , sont blancs ; le reste du plumage est pareil À la
tête. Cet oiseau est frugivore ; mais beaucoup plus Carnivore,
il a un cri sourd qui paroît exprimer ouçk, omk , et dont le
CAL ,,i
ston bref et sec n'edt qu'un coup de gosier enroué. II en a en-
core un autre pareil au gloussement de la poule d*Inde qui
conduit ses petits. Ce ccUao se tient dans les grands bois , se
perche sur les arbres les plus hauts, et de préférence sur
les branches sèches. D niche dans le creux des troncs ver-
moulus. Sa ponte est de quatre œu(s d'un blanc sale. Les petits
naissent nus.
Second Ca;<ao db Malabar ( Buceros Malabaricu9 Var.
Lath. pi. coloriées « n^ i â i , Voyage aux Indes et à la Chine ,
par Sonnerai. ). Ce calao a de grands rapports avec l'autre
calao du Malabar. Aussi Sonnerat, à qui l'on ne peut refuser,
bans injustice, des connoissances en ornithologie, le regarde
comme appartenant à la même r^ce. Latham est de la même
opinion.
La longueur de cet oiseau, suivant Sonnerat, est de deux
Eieds depub la pointe du bec jusqu'à l'extrémité de la queue ;
i bec est très-gros , presqu'aussi hirge à sa base que la tête, et
dentelé le long de ses bords ; à sa racine s'élève une sorte de
casque arrondi sur les côtés , s'élendant le long du bec jusques
vers la moitié de sa longueur, où il finit en s arrondissant ; il
est noir à sa naissance et une bande blanche le termine ; le
bec est de cette couleur; l'espace entre lui et les yeux est noir,
et dénué de plumes; parmi les pennes des ailes, ily en a deux
qui sont totalement blanches, et d'autres qui ne le sont qu';V
moitié ; celles de la queue le sont presque en entier, et les deux
latérales le sont totalement ; le ventre et les parties subsé-
quentes sont d'un blanc sale; le reste du plumage est noir,
ainsi que les pieds ; l'iris est d'un rouge brun*
Cette espèce se trouve aussi au Bengale, où les Anglais la
désigne par les dénominations de eherry deanieà ou bird of
knotpleage.
Le Cai«ao jdb ManiIiUI ( Buceros Manillenais Lath. pl«
enl. n^ 891 deVHisi, nai, de Buffon*). Le bec de ce calao est
aurmonté d'un léger feston proéminent, adhérent à la man-
dibule supérieure , et formant un simj^ renflement , il a
deux pouces et demi de longueur, .et il n'est point dentelé,
mais assez tranchant par les bords. Le plumage est noir ,
brun et rougeâtre ; un olanc jaunâtre onde de brun couvre
la tête et le cou ; une plaque noire teint les oreilles ; le dessua
da corps est d'un brun noirâtre avec des franges blanchâti^es,
filées dans les pennes de Taile ; le dessous d'un blanc sale; le
milieu de la queu^est traversé par une bande rousse d'environ
un pouce et demi de largeur. Grosseur un peu au-dessus de
celle du calao tock. Longueur , vingt pouces.
X«e Calao des Indbs. f^oyes CAiiAO juiiNOciROS*
lia CAL
Le Calao des Moluques ( Buceros hydrocùtax Latli. , pL
enl. n® 283 de VHUt. naL de Buffbn,), JL'excroissance qui
surmonte le bec de cet oiseau est assez solide et semblable à de
la corne ^ elle est applalie en devant et s'arrondit jusques pai*->
dessus la léte. Cette partie est blanchâtre j le reste et le bec
sont d'un cendré noii'àtre. Celui-ci a cinq pouces de lon-
gueur sur deux et demi d'épaisseur à son origine ; la grosseur
du corps de ce calao est un peu au-dessus de celle du coq y et
sa longueur de deux pieds quatre pouces ; les yeux sont grands
et noirs; cette coiUeur domine sur les côtés de la téte^ les ailes
et la gorge ; et cette partie de la gorge est entourée d'une
bande blanche ; un gris'- blanchâtre règne sur les pennes de
la queue ; le brun « le gris , le noirâtre et le fauve sont ré-
fandus sur le reste du plumage ; les pieds sont d'un gris-
run»
Cette espèce ne seroit pas camivore , si , comme le dit Bon**
tins , elle ne vit que de fruits et principalement de noix mus-
cades. Aussi sa chair est-elle délicate et a un fumet aroma-
tiquer Charles White , dans ses Recherches asiatiques (asiatic
researcfies) , ajoute que ce calao se nourrit aussi de noix vo-*
miques^ et que sa graisse est très-estiniée des Insulaires^ qui lui
donnent le nom de dhanéaa^
Le Calao des Philippines {Buceros bicornisJjHÛï. ). Le
l«>oc de ce calau a neuf pouces de longueur sur deux pouces
huit lignes d'épaisseur ; l'excroissance cornée , àx. pouces de
long sur trois pouces de largeur. Cette excroissance un peu
concave dans la partie supérieure , a deux angles qui se pro-
longent en avant en forme de double corne , et s'étend , en
s'arrondissant sur la. partie supérieure de la tête. Le tout est
de couleur rougeâti*e. Cet oiseau est de la grosseur du dindon
femelle; il a la tête, la gorge ^ le cou , le dessiu du corps ^ les
oouvertures supérieures des ailes et de la queue noirs, ainsi
que les pennes alaires et caudales ; une tache sur les pre-
mières ; les latérales de la queue et les parties inférieures du
eorps sont blancs ; pieds verdâtres. Cette espèce se trouve aux
Philippines, et Liiinseus dit qu'eUe habile aussi la Chine.
Les' ornithologistes donnent à ce calao une variété qui me
Îaroit trop dissemblable dans les couleurs et la forme de son
ec , pour ne pas constituer une espèce particulière. Quoi
qu'il en soit, cet oiseau, qu 'a fait connoître George Castel,'habile
aussi les iles Philippines. U a le bec long de six à sept pouces ,
un peu courbé, diaphane et de couleur de cinabre; les mandi-
bules égales , larges d'un pouce et demi dans le milieu ; la su-
périeure recouverte en dessus d'une espèce de casoue long de
six pouoes, et large de près de trois; la paupière bleue; l'ii'is
C A Ti 1,5
blanc ; les cîls noira et longs ; la tèle ]>elile , noire autour d.'S
yeux ; et »ur le reste, rousse ainsi que le cou ; le ventre noir;
le croupion et le dos d*ua cendré brun ; les pennes des ailes
d'une couleur fauve, les cuisses et les pieds jaunâtres ; la queue
blanche et longue de quinze à dix-huit pouces ; les doîgU
écailleux et rougeâtres; les ongles noirs.
Cette espèce ne fréquente point les eaux , mais habite les
endroits élevés et même les montagnes , où elle vil de figues ,
d amandes, de pistaches et autres fruits qu'elle avale tout en-
tiers. Les Gentils ont rangé cet oiseau parmi leurs dieux.
Le Calao gingala ( HUt, nat. d'ois. c^ Amérique et de
f Inde y par Levaillant. ). Cet oiseau s'éloigne des calaos par
la privation de toute excroissance sur le bec , et ne s'en rap-
proche que par sa courbure et ses dentelures, ainsi que par
les pieds; les mandibules n'ont que trois pouces de longueur,
et sont noirâtres et blanches ; les narines sont cachées eu
partie sous des poils roides; le dessus de la tête, la huppe , le
derrière du cou , le manteau et les couvertures de la queue
sont d'un brun noir nuancé de gris bleuâtre ; celte teinte est
celle des ailes ; tout le devant du cou jusqu'à la poitrine , est
d'an blanc légèrement nuancé de gris , qui prend une teinte
cendi^esur les parties subséquentes, et rougeâti-esur les cou-
vertures inférieures de la queue , dont les pennes sont poin-
tues , étagées , blanches et d'un gris bleuâtre. Cette espèce
habite Tile de Ceylan.
Le Calao gris ( Buceroa grise us Lalh. ). Ce calao a le bec
janne , une tache nÀire à sa base , dont le tour , ainsi que le
coin de l'œil, sont garnis de soies très-nombreuses; derrière
celui-ci est une peau bleue privée de plumes ; au-dessus du
bec est une espèce de casque tronqué par-derrière et s'abais-
sa nt progressivement vers la pointe; le dessus delà tête est
noir ; le reste , le cou , le dos , la poitrine sont gris ; les ailes
en partie grises , en partie noires , et TextrémUé des pennes
blanche; la queue longue, les deux jTcunes intermédiaires
noires , les autres blanches dans toute leur longueur. Celte
e&pèce se trouve à la Nouvel le- Hollande.
LiC Calao javan {Hist, nat, des oiseaux de V Amérique
et de l'Inde par Levaillant.). Cette espèce diffère des autres,
aîinsi que le calao gingala , en ce qu'elle n'a point le bec sur-
monte d'une protubérance. Elle a environ trente pouces ;
son bec est d'un brun clair à sa base et jaunâtre vers la
pointe. 11 a quatre pouces et demi de longueur, sur vingt
liâ^nes de hauteur et de largeur. Une peau nue , qui couvre
le dessous des yeux et le bas aes joues , forme sur la gorge une
poche profondément ridée ; le cou et la queue sont blanc« ;
JV. H
1 14 C A ti
le front y le deasna delà tété» les plûmes longues de l'occiput
sont d'un brun roux ; le dessus et le dessous du corps d un
noir à reflets verdâtres ; les pieds brunâtres et les ongles d'un
blanc jaune. Cet oiseau, envoyé de Batavia ^ oà on le nomme
jaar vogel y ^roit appartenir à un autre genre que celui des
ctilaos : car il n'a aucun des caractères qui distinruent ces
oiseaux , à l'exceplion des ongles , qui ont la coupe des leurs ;
son b«c est privé de toute excroissance , a absolument la même
forme, que celui du corbeau , et les mandibules ne sont ni
échancrées ni dentelées.
Le Calao jihinocéros (Suceros rhinocéros Latb. Voye$
le bec pi. enl. n^ 954 de VHisi, nai, de Buffon , et pi. 1 34 de
l'édition de Sonnini,), Ce caku) se Irouve dans les îles de Java »
de Sumatra , des Philippines , et dans divers autres pays de
F Inde. Sa grosseur est presque celle du dindon ; sa longueur,
depuis la pointe du bec jusqu'au bout de la queue « cle près
de quatre pieds ; le bec est long de dix pouces , le cou d en*
viron un pied. Il y a sur la paiiie supérieure du bec une
excroissance cornée qui prencl naissance à la base, s'étend
en avant et sa recourbe ensuite en forme de cornes. Cette
corne a huit pouces de longueur sur quatre de large à sa base ;
elle est divisée en deux parties par une ligne noire , qui
s^étend sur chacun de ses côtés suivant sa longueur (cette ligne
manque à la corne de certains individus ) ; ses couleurs sont
le jaune et le rouge ; la teinte du bec est blanchâtre ; Tins est
rouge ; le corps noir ; le croupion et le bas-ventre sont d'un
blanc sale ; les couvertures inférieures de la queue moitié
noires, moitié blanches ; les pennes de cette dernière couleur,
iteec une large bande noire dans leur milieu ; les pieds d'uu
gris foncé.
Le jeune, selon Marsden {Histoire de Sumatra), est
privé de l'excroissance qui est sur le bec ; Tins des yeux esi
blanchâtre ; en captivité on le nourrit , à Sumatra , de riz
cuit ou de viande tendre. Les habitans lui donnent le nunt
d'engang. Ces oiseaux se nourrissent dans l'clat sauvage , dit
Bontius {Hiet. nat, ind.) , de chair et de charogne -, ils suivent
ordinairement les chasseurs de sanglieci , de vaches sauvages
et de cerfs , pour manger la chair et les intestins de ces aui*
maux , quon veut bien leur abandonner. Ce calao vit aussi
de ruts et de souris *, c'est pourquoi les Indiens en élèvent«
Avant de manger un de ces animaux , il l'applatit, en le ser*
rant dans son bec afin de l'amollir , et l'avale tout entier en 1%
jetant en l'air , et le recevant dans son large gosier. Cet oiseau
iriste et sauvage , d'im caractère craintif et stupide , a latti-»
CAL n5
hide pesante / ne marche pas, luais saute pour s avancer
d'une place à une autre*
Le Cat.ao rouge ( Buceroa ruber Lalh.) ; telle est la dési-*
gaation d'un calao dont parle Latham, mais dont il ne con-
noit ni la taiUe^ hi le pays : de tous les calaos ^ c'est celui de
Ceram avec lequel il a, selon lui , le plus de rapport. Sa tél9
eiit couverte de plumes ; elle est un peu huppée et noire jus-
qu'aux yeux ; le reste du plumage est d'un beau rouge. L'on
remarque une bande transversale blanche sur le dos. Le beo
fort , un peu courbé vers le tiers de sa longueur, est noirâtre^
excepté à la base , où il est entouré de blanc ; c'est dans là di^
vision de ces couleurs que sent placées les narines ; les pîed«
sont noirs ; la queuç est cunéiforme et longue. Espèce not^
velle,
LeCAiiAO vsRT(Biic«ro« t^îrû/iA Lath.). L'on neconnoît pas
)e pays qu'habite ce calao. U aie bec d'un jaune pâle, et sur ia
mandibule supérieure une excrciasancequi est tronquée dana
sa partie postérieure; le jaune en couvre la moitié, le noir
.couvre l'autre et la base de la mandibule inférieure; cette
même couleur règne sur la té(e , le cou, le dos, les ailes et la
queue ; mais sur les ailes , elle jette des reflets verts ; les pennes
latérales de La queue et le ventre, sont blancs; l'on remarqua
au-dessous des reins un pinceau déplumas très-effilées. Les
pieds sont bleuâtres.
Le Calao vioI/'et {Hist. tuU. étoia. de V Amérique et deê
Indes par Levaillant.). Ce oàiao a des rapports avec celui à
hec blanc ; mais il a les couleurs plus vives. La léte , le. cou ,
le manteau, le dos et le croupion sont d^un noir v«rdAtre à
reflets verts, pourpres et violets ; les couvertures et les pennes
des ailes , celles de la queue et les quatre pennes intermédiaires
ont les mêmes nuances ; le dessous du corps est d'un blanc
pur. Le bec est courbé en faulx, échancrésnr ses tranches; le
casque s'élève de deux pouces au-dessus du bec , et s'étend
jusque passé la moitié de sa longueur ; il est plat sur les côtés
et sillonnés par deux rainures longitudinales ; le devant est
coupé en ligne droite et le deirière applati ; ses couleurs wo%
le noir, le jaune et le rouge , ainsi que celles des mandibules.
On le trouve à l'ile de Ceylan, et sur la côle de Coro«
mandel. -..v
Le Calao ns Waygiou (édition de Sonnini de VHist*
nat. de Bi^n.). Cette espèce se trouve dans Flte de \Yay->
giou , une des Moluques ; elle a deux pieds et demi de lon-
gueur; le bec est long de sept pouces et demi , et dentelé sur
aea bords; le casque qui le «urmonte est jaunâtre, applati et
iiG .CAL
cannelé ; le noir couvre le corp» et lea uilcs ; un roux asscs
brillant rè^nc suv le cou. La queue e«t blanche. (Vjkji.l.)
CALATTr. Foyez Tangaha bleu d'Amboink. (Vieill.)
CAliBOA, Calôoa, plante à lige grimpante, de huit 4 dix
pieds de long , à feuilJe:*allernes, |)élioléea, en coeur, glabres,
a cinq lobes aigu» et trèd- profonds; à ilctirs grandej», jaunes
en dehors cl rouges en dedans, disposées en corymbes sur de»
pédoncules comnnins axillaires.
Cette plante, qui est Cguree pi. 47G des Icônes plantarum
de Cavanillcs , forme , dans la peniandrie monogj-nie , un
genre qui présenle |>our caracttre, \x\i calice à cinq divi-
sions aiguës et persistantes; une corolle mono pétale, à tube
verilru et à limbe divisé en cinq parties lancéolées ; cinq éla-
mines trè.v-longues ; un o\'aire supérieur, ovale , à style re-
courbé , plus long que les ctamines et à stigmate globu-
leux. •
Le fruit est une capsule à quatre loges , à quati'e valves ,
auxquelles les cloisons sont parallèles , et contenant quatre
semences convexes et sillonnées d'un coté.
Le Cal BOA a fruilles de vione, croit dans la Floride,
ci seraj^proehe des Azal^i:». Voyez ce mol. (B.)
UALCABOTIX); c'est rENGOUJLEVEwr dans le Bolonais.
Voyez ce mot. (S.)
CALCAMAH'> espèce de Manchot. Voyez ce
mot. (VlEILL.)
CALCAIRJ^. En géologie, «ce mot peut être pris comme
substantif, et dans ce sens , il y a trois ordres de caicairee.
1^. Le cidcaire primitif, qui comprend tous les marbres
grenusoii salins qui ne contiennent jamais le moindre vestige
de corps organisés ^ et qui ont leurs couches très-incii nées et
t rès-irréguiiè res .
a°; Le calcaire ancien, que Warner appelle de iran&iitonc
il ne contient que très-peu de corps marins. Sis couches sont
tres-épaisses , à-peu-pres horizontales et i^gulières; son tissu
est compacte. t
3^. Le calcaire coquif/ier. Il abonde pli>s ou moins en
corps mitrios ; il en e«t qii(J(|uefois presqu entièrement coni-
poséy sur-tout dans les bancs sujK'riei»rs. Ses couche» sont
Leaucouy plus^iinees et plus multipliées que celles du^ra^o/'r^
ancien; du reste , il n'y a point de ligne de démarcation pré-
cise eiitre ces deux ordres, comme il y en a une très-pro-
noncée entr eux et le calcaire priniisif. (Pat.)
C^VLCANTllK, c V^t-ii-direyZéfMrs de cuiî^re; c'est le nom
gueles anciens donnoicnl au sulfate de cuivre y vulgaiivnient
appelé vitriol bleu ou vitriol de Chypre. Voyez Cuivre. (Pat.)
t. CoHff* Jf Ùj marne- pitrr^ .
^^ CAL 117
CALCEDOINE. C'est une pierre de là même nature que
le silex- ou pierre à fusil ; mais sa pâle esl pFus fine , sa couleur
plus agréable^ el sa dui'eté plus considérable^ de même que
•a densité.
La pesanteur spécifique de la calcédoine va de 21600 à
S700 : celle du silex n*esi pas lout-à-faii de a6oo;
Elle esl susceptible du plus beau poli y el Ton en fiât diffé-
rens bijoux.
La plupart des minéralogistes ré unissent- la calcédoine avec
tes agates, qui n'en sont en e(lët qu'une variété ; mais t'usa ge
paroît avoir consacré spécialement le nom de calcédoine , k
celle qui n'est que d'une seule couleur y ou y tout au plus y
de deux teintes peu diflerentcs l'une de l'autre; et Ton donne
le nom d'agates à celles qui sont mêlées de diverses couleurs,
et dont la pâte est rarement aussi fine > aussi homogène que
celle de la calcédoine,
La couleur de celle-ci est le plus ordinairement d'uïi blanc
ronssàtre , comme la gelée animale , dont elle a d'ailleurs le
eoup-d'oeil ; elle est aussi d'une teinte plus ou moins bleuâtre ;
et celle dont la couleur bleue est un peu nourrie , est décorée
du nom de calcédoine saphitine : elle est fort rare et très-
estimée.
Le nom de calcédoine est celui d'une ville de Bithynie
daus l'Asie mineure , de l'autre côté du Eosphore , vis-à-vi»
de Constantinople ; et comme cette pierre se trouvoit dan»
«on voisinage, les anciens la nommèrent lapis calcedonùis ,.
pierre de calcédoine.
Le gîte ordinaire de cette pierre , est dans les anciennes
laves dont elle remplit les soufflures, de même que les agates ,
les cornaline», les sardoiues , &c. qui ne sont que des variétés
de la même substance , et qui se trouvent quelquefois réu-
nies dans la même collirie volcanique.
Les contrées de l'Europe les plus riches en calcédoine ,
•ont l'Islande et les îles de Ferroë. C'est de-là qu'on avoit
tiré la belle coUecfion que rapporta de Daneniarck le prési-
dent Ogier, où l'on voyoit des boules de la grosseur de la tête,
et des stalactites de la plus grande beauté.
Dans l'Asie boréale , le*** anciennes coulées de lave , qui
sont si firéquentes aux environs dû fleuye Amour , en con^
tiennent une grande quantité ; mais elles Ronl d'un petit
volume : elles atteignent rarement la grosseur d\r poing ; il y
en a quelques«*une5 qui sont d'une assex jolie couleur bleue.
Celles-ci ne se présentent jamais qu'à la superficie du sol ; et
il paroit certain que cette couleur. est duc à l'aclion de Tal»-
mosphiwe y car j'ai fait fouiller dans bcaucom? d'endroils.
ii8 ^ CAL
sans jareaù en rencontrer une seule qui eât la moindre teinte
bleuâtre. Celles que je trouvois détachées avoient toujours
une teinte plus vive aessys que dessous ; et celles qui se tix>u*
voient encore engagées en partie dans la lave , n'avoienl da
colorée en bleu que la portion qui se montroit au-^leiiors.
On trouve dans ces collines volcaniques , des géodes de
eaicédoine , qui démontrent clairement que la matière pier-
reuse qui les contient est bien une lave, et non pas une amj^-«
daloloê ou mandelstein , comme semblent le croire quelques
naturalistes -, ce sont des géodes à moitié remplies d'une sub-
stance calcédonieuse , disposée par couches planes , parfaite-
jnent parallèles les unes aux autres , qui n'ont qu'un quart de
ligne d'épaisseur , et qui sont alternativement blanches et
bleues. Celles qui se trouvent encore dans leur site sont
blanches et grimes , et toutes présentent ces couches dans une
situation horizontale ; de sorte qu'il est évident que les ca-r
vités qu'elles occupent étoient vides , et qu'eUes ont été rem-
plies postérieurement. £t comme il n'existe^ à ce que je crois^
aucune espèce de roche qui offre des cavités sphéroïdes , si
ce n'est la lave, ce fait^ joint aux circonstances locales, ne
m'a laissé aucun doute sur l'origine volcanique de la pierre qui
contient les calcédoines de la Daourie. J'ai £ut figurer unç
de ces géodes dans mon HUt. nai, dès miner. t.n,p* #62.
Calcédoine avec du bitume.
Parmi les collines volcaniques de la Daourie , il y en a une
sur la rive droite de la Càilca^ l'une des branches du fleuve
Amour , qui est remarquable par une singularité que présen-
tent ses cîdcédoincs. Elles sont toutes en géodes, et n'ont ,
qu'une coque très-mince, qui est, contre l'ordinaire, ad hé*
rente aux parois de la cavité qui la renferme; mais comme la
lave est dans un état de décomposition , du moins dans quel-
ques-unes de acA parties , on peut les détacher assez aisément*
Elles sont de la grosseur du poing plus ou moins. Les unes
sont entièrement remplies de spatli calcaire, confusément
cristallisé et parfaitement blanc; d'autres «où il reste des ca-
vités, offrent des cristaux de spath calcaire de diverses for-
mes , accompagnés d'un bitume noir , d'une consistance
solide, mais qui se coupe facilement ; il est à-peu-près suns
odeur , et n'en donne que très-peu en brûlant.
Par-tout où le spath calcaire se trouve avec ce bitume, il
en est souillé, même dans rintérieur des cristaux, qui aoai
d*uii(^ couleur de fumée.
Quand la géodu ao trouve tapissée de cristaux de quari^ .»
CAL ii<l
le bitume n'y adliivQ nullement; et j'en ai des échahtfllons
qui présentent un phénomène aanez singnlier. Les parois de
k géode sont couverts de petits cristaux de quarts , sur les-
quels sont difTérens groupes de spath calcaire en crête de coq.
Les cristaux de quartz sont parfaitement nets^ et n'offrent
pas un atome de bitume : ceux de spath calcaire en sont au
contraire totalement revêtus , de sorte qu'en 1^ voyant , il
n'est penonne qui ne croie ^ au premier coup-d'oeil, que
c'est le bitume lui-même qui prena cette forme cristalline.
Ce seroit un problême curieux à résoudre que celui de sa-
voir d'où vient ce bitume , et comment il s'est introduit dans
ces géodes , qui n'en o£frent pas la moindre trace à l'extérieur^
et la lave elle-même n'en contient point du tout.
Le savant M. A. Pictet a observé le même phénomène
dans des espèces de ludua hehnoiuH des mines de fer^voisi*
nés de Carron en.£cosse.
Jl paroit «u snrplus que la calcédoine a quelque sorte de
rapports avec les hitumea , car les laves d'Auvergne offrent
très-fréquemment ce mélange ; et l'on voit se former à leur
surface « par une espèce de suintement ,• des mamelons de
calcédoine , entrem^és de mamelons de bitume : on diroit
Sue ce sont les mêmes élémens diversement modifiés qui pro^
uisent ces deux substances si différentes.
Ces calcédoinea d'Auvergne présentent quelquefois les plu»
jolis petits accidens : il se forme dans le foyer du suintement
des groupes de cristaux , moitié quartzeux , moitié calcédc^
nieux , c est-À-dire , qui ont la cristallisation ébauchée du
quartz et la demi-transparence laiteuse de la calcédoine. Ils
sont disposés en rayotis qui partent d'un centre commun en se
dilatant à leur extiémité , et qui forment ainsi des espèces de
petits soleils ; et ce qui ajoute encore à leur beauté , c'est qnils
sont parfois environnés de mamelons calcédonieux , applatis
et entassés les uns sur les autres, de manièi*e à représenter dea
nuages.
Calcédoine (Sillée,
Les calcédoineê de la Daourie présentent quelquefois urv
accident propre à iuléresser ceux qui aiment à suivre la mar«
cbe de la nature dans ses diverses productions. On voit sur
leur surface des espèces de mamelons d'un pouce plus oa
moins de diamètre , sur une ligne de relief, mais qui pénè-
trent de deux oi| trois lignes dans l'intérieur. Ils sont com—
posés d'un grand nombre de calottes emboîtées les unes dana^
les autres, et dont les bords présentent une teinle et une
itaracture cUfférente les unes des antres.. £t j'observe qu'il faut
lao CAL
écarter ici toute idée de dccoinposilion : il n'y en a pas le
moindre veslige. MaLi ce qu'il y a de plus remarquable ,
c'est qu'on voit sur là même pierre plusieurs de ces mamelons
qui sont parfaitement égaux entr eux pour la grandeur , le
nombre el la s'.ructui'e des couches qui les composent. Je
possède ep ce genre \\\\ échantillon bien intéi^essant. C'&it
une calcédoine bleuâtre, demi-transparente et parfaitement
saine y de la gros&eur d'un œuf , qui est en ):artie couverte
par quatre de ces mamelons, de àhi lignes de diamètre, lis
sont composés chacun de six assemblages de couches Ires-dis-
tincts le uns des autres y et qui sont si parfaitement semblables
dans les quatre mamelons, par leur structui'e et par la ma-
nière dont ils se succcdent , qu'il n'est aucun naturaliste qui
ne les prenne , au premier coup-d'œil , pour des vestiges do
corps organisés ; et Ton ne revient de cette idée , que par la
comparaison avec d'autres échantillons de la même nature ^
qui, par dillërenles circonstances, prouvent clairement que
jamais ces corps n'ont appartenu ni au règne animal, ni au
règne végétal.
Parmi ces échantillons , on en voit où la partie centi'ale de
tous les yeux ofl're une prunelle d'environ deux ou troi»
lignes de diamètre , qui fait plus de saillie que le reste, et où
1 on remarque une multitude de rayons qui partent exacte-
ment du centre et qui vont aboutir à la circonférence ; et
tout cela d'une manière si juste, que l'organisation propre-
ment dite ne pourroit pas faire mieux. £t ce qu'il y a encore
de remarquable , c'est que ces espèces de prunelles se déta-
chent et laissent une place vide, parfaitement n^tte , et sem-
blable à la cupule d'un gland ; ces globules qui se séparent
ainsi de leur mère, ont cinq à six lignes de cliamètre , et ils
sont au&si parfaitemeul sains , et tout aussi translucides que
la calcédoine d'où ils sortent.
J'avoue que je i^garde ces faits, ainsi que plusieurs au-
tres, tels que la forme \égé{s\eàuJlosferri, &c. &c. comme
de:) transitions qui lient ensemble le règne minéral avec les
règnes organisés.
Cachalon,
Nous avons adopté ce nom , que les Tartares de la Daou*
rie donnent à la calcédoine blanche opaque, qu'on rencontre
quelquefois sur les collines volcaniques de cette contrée. Plu-
sieurs naturalistes ont regardé cette substance comme une
calcédoine décomposée ; mais cette opinion paroit toul-à-fait
dénuée de fondement, car j'ai un gi-and nombre d'écban-
liilous où Ton voit des couches de calcédoine bleue > qui.
CAL 1»!
aîfernent d'une manière très-régulière avec des couches de
cachalon , el dont la diviiiion est parfaitement netle: ces deux
variéiés ne dillèrent absolument que par la couleur , et sont
parfaitement saines l'une et l'autre.
Ijb cac/ialon , quand il est sans mélange , est toujours dis-
S osé par couches planes et jamais en boules ; je ne l'ai pas
u moins observé ^ous celte forme , dans les collections faites
à Nertchinsk , quoiqu'elles fussent composées de nombreux
échantillons.
On ne le rencontre point en morceaux volumineux ; le
plus grand que j'aie vu avoil la forme d'une brique de six à
sept pouces de long sur un pouce d'épaisseur; mais les échan-
tillons d'un pareil volume sont infiniuient rares.
Je n'ai pas connoissance qu'on ait trouvé le cachalon im-
médiatement dans son gite natal , mais toujours parmi des
débris , à la surface du sol ; et comme il présente ordinaire-
ment quelques couches d'une teinte un peu dififérente , et qui
sont constamment planes et parallèles à sa surface , je pense
qu'il a fait partie d'un assemblage de couches horizontales qui
se rencontrent quelquefois dans la partie inférieure de cer-
taines géodes^ semblables à celle que j'ai fait figurer et dont
j'ai parlé plus haut.
Le cachalon présente quelquefois des indices évidens de
cristallisation , de même que la calcédoine ; j'en possède des
échantillons dont la surface es! couverte de portions de rhom-
boïdes en relief , dont les faces sont très -bien prononcées et
ont un poli parfait: on ne peut pas soupçonner que ce soient
des impressions , puisqu'on voit dans la tranche de la pierre
une contexture particulière vers la base des cristaux , et ceux-
ci sont d'une pâte plus blanche et plus fine que celle de leur
matrice.
U me semble d'ailleurs qu'en général c'est un peu légère-
ment qu'on suppose ces prétendues impressions ; car elles en-
traînent des conditions qui semblent bien difficiles a réunir.
U faut par exemple supposer^ i°. qu'il a d'abord existé une
matière quelconque cristallisée ( un spath calcaire si l'on veut),
qui a servi de type aux cristaux actuels ; a^. que ce spath cal-
caire a été revêtu d'une chemise très-solide ; 3®. que ce spath
calcaire a disparu très - complètement ^ on ne sait par quel
moyen; 4**. qu'il soit venu une matière calcédonieuse rem-
plir ce vide ; ô^. que le moule lui-même ait disparu pour lais*
sera découvert les cristaux moidés , &c , &c. Toutes ces sup-
positions , je l'avoue , m'étonnent , et je ne puis que difficile*
ntent m'arcoutumer à penser que la nature prenne tant de
«léioais pour arriver à son but.
a» G Â L
Comatin».
On donne le nom de cornaline k une calcédoine de cou-
leur rouge plus ou moins foncée ; on en trouve d'un beau
ronge de sang : ce sont les plus estimées. Il y en a de toutes
les nuances^ depuis le jaune de miel et l'orangé jusqu'au brun
rougeâtre.
La cornaline a les mêmes gites que la calcédoine blanche
ou bleuâtre^ et j'ai vu des échantillons de lave qui contenoieut
les unes et les autres.
Les plus belles cornalines viennent d'Arabie et d'autres con-
trées de l'Asie méridionale ; il est rare que celles d'£mx>p9
aient une pâte aussi fine et des couleurs aussi vives.
On trouve dans les collines calcaires des environs du Havi^^
des êiiex d'une pâle assez belle pour être mis au ran^ des cal^
cédoine8,etyentà rapporté des échantillons du poids de dix
à douse livres , qui présentent des couches alternatives de cor<-
naline et de calcédoine couleui* d'eau ; ces couches sont on-
dulées , très-nombreuses , et n'ont pas une ligne d'épaisseur.
Quand je reçus ces morceaux en 1 788 , la cornaline étoit d'une
belle couleur rouge : elle a depuis ce tempa-là pris une teinte
tin peu jaunâtre.
Sardoine,
II serait difficile de tracer une ligne de démarcation entt«
la cornaline et la sardoine , puisqu'on passe de l'une à l'autre
par nuances insensibles ; elle prend le nom de sardoine quand
elle est d'une belle couleur brune dorée. J'ai rapporté de
Paourie un échantillon de cette variété ^ oui est delà plus belle
pâte possible^ el qui est d'un volume rare; il pèse cinqâ six livres.
On donne le nom de sardonix aux cornalines et aux sar-
doines qui forment des couches accolées à des couches do
cachalon , de manièi*e à pouvoir en faire des camées, c'est-
à-dire des gravures en relief, où les figures soient d'une cou-
leur et le fond d'une autre, f^oyez Agate. (Pat.)
CALjDÉOLATRE , Calceolaria , genre de plantes à fleu»
monopélalres , delà diandrie monogynie , et de la famille des
Bhinantojdks, dont le caractère est d'avoir un calice mo-
nophvlle , pei*sistant et partagé en quatre découpures inégales ;
une coiTvUe monopélalo , irréguliere , labiée , ayant la lèvie
supérieure petite , globuleuse , resserrée et bifide , et l'infé-
ri^'ure fort ;;rande , enflée et ouverte parle haut ; deux éta-
mxxx^^ imérées dans la lèvre supérieuix* ; un ovaii'O supérieur»
O A L laJ
arrondi , sarmonté d'an Blyle trè»-coiirt ^ dont le stigmate e»t
obtuA.
Lie firait est une capsule arrondie, à deux loges, s'ouvrant
en quatre valves , et contenant beaucoup de semences.
Ce genre est figuré pi. i5 des lUuatrationa de Lamarck ; il
est composé d'environ cinquante-six espèces , toutes de lit
partie australe de l'Amérique méridionale , aanuelles ou bis*
annuelles , à feuilles presque toujours opposées, à pédoncules
axilliaires multiflores , ou à corymbes terminaux, la plupart
figurées dans la Flore du Pérou , et dans les Icônes planfariun
de CavaniUes.
Une seule de ces espèces est cultivée dans les jardins debo*
tanique ; c'est la CALcioLAiRS finnée , c'est-4-dire dont les
feuilles sont pinnées ; c'est une plante assez jolie , très-gueuse ,
qui croît naturellement au Pérou dans les lieux humides. Elle
est diurétique , sa tige est velue , fragile comme celle de la
plupart de ses congénères; une autre, la CAiiC£oi«Aiiis tri-<
FiDE, passe pour fébrifuge et antiseptique. (B.)
CAIX?£OLi£ , CcUceola , coquille bivalve , régulière « à
valves inégales , la plus grande en formé de demi^sandale ; là
Elus petite applatie , demi-orbiculaire , en forme d'opercule;
i charnière auneà trois petites dents. Cette coquille, qu'on a
trouvée fossile en Allemagne, et qui semble faire un passage
entre les coquilles bivalves et les univalves , par la formo
et la situation de sa petite valve , qui est semblaole à la porte
d'un four , est solide , épaisse , de la grosseur du pouce ; son
dos est applati ; son intérieur longitudinal et son oper-
cule €X)ncentriquement strié. Knorr l'a figurée plane. soG ,
fig. â et 6 du SuppUmetàt à son Tnùté dês péirificaiions , et
sa ^ure a été copiée pi. 8, fig. a et 3 de la partie des vers du
Buffbn^ édition de Deterville. Elle forme seule un genre dans
le Système des animaux sans vertèbres de Lamarck. (B.)
CALCHILE. Voyez Colcotar fossile. (Pat.)
CAlX^INiiIIiLE, nom qu'Adanson donne à une Venus
des mers du Sénégal ; c'est la venu^ dealhata de GmeUn. Voy^
au mot VÉNUS. (B.)
CALCULi, Calculus, c'est-à-dire, petite pierre. Ce mot
vient de calx , chaux. Comme les anciens se servoient de p«v
tits cailloux pour compter , on en a tiré le mot calcul; mais
il est spécialement employé ici pour désigner les concrétions
pierreuses qui se forment dans la vessie , les reins , la vési*
cnle du fiel , les bronches , les intestins , la glande pinéale ,
les articulations , et une foule d'autres lieux, soit dansl^omme,
soit dans les animaux. On les confond quelquefois aussi avev
lui BizoAKDé, ( Foye9 ce mot* ) Nous ne parloos ici uî da^
Î34 CAL
yeux d'écrevîsses, ni des perles, ni des autres coitcrelions
Irourées dans plusieurs animaux invertébrés , à un seul sys-
tème nerveux. Les principaux calculs sont la pierre de la
vessie et la gravelle.
La gravelle des reins est un assemblage de petites pieires
lisses^ arrondies y d'un rouge de brique etassez dures. C'est une
matière acide, concrète , peu dissoluble, qui se dépose dans-
le parenchyme des reins , et s'écoule par les uretères dans la
vessie, où elle devient fréquemment le noyau d'une pierre
plus grosse. Ces corps rougeàtres sont composés d'acide uri-
que ou acide liihique assez pur ou mêlé avec une nmtière gé-
latineuse animale, analogue à celle qu'on a trouvée dans l'u-
rine , et qu'on a nommée urée. Voyez Fourcroy , Syst. conn^
chim, t. lOy sec t. 8 , ord, 3.
Les calculs de lavessie sont communément formés par cou-
ches successives ; ils ont quelquefois pour noyau des corps
})articulier8 qui peuvent avoir été introduits dans la vessie ,
comme des épingles, des bouts desonde, des fétus de bois, &c.
Jamais les calctds n'ont la densité des véritables pierres, puis-
que les plus lourds sont à l'eau : : 1976 : 1000. Lorsque leur
surface est mamelonnée comme celle d'une mûre , on le»
nomme calculs muraux ; ils acquièrent souvent la dureté du
marbre , et l'on renconti^ même dans quelques-uns, de la si-
lice ou de la matière du cristal de roche et du caillou.
Les chimistes modernes', et sur-tout Fourciw et Vauque-
lin , ont trouvé dans les diflérens calculs de la ve&de 9Xk sub-
stances différentes, outre l'urée, ou la matière animale qui se
rencontre presque dans tous ; i**., l'acide urique ; a®, l'urate
d'ammoniaque ; b^. l'oxalate calcaire , ou la combinaison de
l'acide oxalique et de la chaux ; 4^. le phosphate de chaux ott
la terre des os ; 5^. le phosphate d'ammoniaque et de magné >
aie , ou la matière perlée de Kerkingrius ; G^. enfin la silice;
Ces matières sont rarement isolées , et on les trouve presque
toujours mélangées dans les différens calculs dont le chimiste
Fourôroy établit douze sortes que voici: 1°. Ceux composés
d'acide urique; 2?, ceux d'acide urique , combiné à l'ammo-
niaque ; 5°. ceux de l'acide de l'oseille ou acide oxalique et;
de chaux ; 4^. ceux d'acide urique , de phosphates calcaire
ctammoniaco-ma.^nésien en couches séparées; 5® idem mê-
lés intimement sans couche distinctes ; 6®. urate d'ammo-
niaque et les ])hosphates teiTCux, précédens, en couches dis-
tinctes ; 7°. idem mélangés intinicinent ; b**. les phosphates
terreux en couches minces , ou niclés ensemble ; 9*. oxalaie
de chaux et Vkcu\v urique en couches dislinctes; 10**. à^& coit-
ches séparées des pho^>p!lates calcaire et a-mmoniaco-magné-
CAL !'>.$
sien , arec l'oxala le calcaire ; ii^. l'urate d'ammoniaque ou
lacide uriqiie avec Toxalale de chaux el les pi-écédciis plios-
Î thaïes ; enfin , 12?. l'acide urique , Turale d'ammoniaque,
a silice et les phosphates lerreux.
Les calculs composés d acide oxalique combiné à la chaux
forment les concrétions nomméeapierreamûralen, car ils sont
communément très^ngulcux et raboteux à leur surface, qui
est couverte d'aspérités, de mammelons, et de proémineu-.
ces ; leur couleur brune appi'oche de celle de la suie, ils sont
fort durs, se décomposent diUicilement et contiennent beau^
coup de matière muqueuse animale qui retient leurs mole-*
cules. La présence de la silice dans les calculs e&t fort rare.
Ceux formés de phosphate calcaire et de phosphate ammo-
niaco-magnésien sont très-légers, poreux , friables, d'un blano
opaque et crayeux.
Toutes les urines contiennent de l'acide urique et des phos-
phates terreux , mais ces corps ne se déposent pas toujours
dans la vessie ou les reins; il paroit qu'il faut la présence d'une
matière animale gélatineuse qui soit le hen de ces molécule*
pierreuses. Les dissolutions^alcalincs , les lithontriptiques sa-
vonneux proposés contre les maladies calculeuses«, ne pcu<«
vent dissoudre que les calculs formés d'acide urique et d'u-
rate ammoniacal , mais sont insuâisans dans les antres cas.
Il y a des maladies calculeuses héréditaires, comme des
maladies arthritiques. On trouve même beaucoup d'analo-
gies entre ces deux genres d'affection ; les concrétions gout-^
teuses sont composées d'urate de soude avec une matière
animale gélatineuse. D'ailleurs les attaques de goutte sont sou-
tient suivie:» de la gravelle et de la pierre, et réciproquement.
LâCa calculs biliaires du bœuf sont composés de carbonate do
chaux et d'une matière gélatineuse animale. Les bézoards do
chèvres, de chevaux, démontons, appelés bézoards occi^
dentaux, sont un phosphate de chaux ou de magnésie etd'am-
inoniaque. Les calculs des poumons et des bronches, dant
l'homme , sont formés de phosphate calcaii'e.
Pendant les accès de goutte , l'urine des personnes arthri-.
tiques ne contient pas d'acide phosphorique , suivant Bertholet.
On observe une grande ressemblance entre la matière com-
posante des calculs biliaires et le blanc de baleine ; excepté
Sue les premiers sont coloré» en verddlre par l'humeur bi-.
euse. Il paroît que les calculs ou le gravier qui se trouve tou-
jours dans la glande pinéale des hommes adultes, suivant
Sœmmering, est composé de phosphate calcaire. Je ne pensa
pas qu'on veuill^i^ encore admettra aujourd'hui le siège de
126 . C A li
Tanie entre ces petites pierres du cerveau ; il me parott d'aiU
leurs ridicule de donner une place déterminée a Tanie^ qui
n'est point une substance coi*porelle ou matérielle.
Les concrétions calculeuses des animaux à un seul système
nerveux , ou invertébrés y sont communément comjjosées de
CfiAiE y ou de Carbonate de chaux > comme les yeux d'é-
Clovisses et les perles. Voye% ces articles. CoruuUet aussi le mot
Bi^OARP. (V.)
GALD£RON , cétacé non décrit, que Ton dit être un»
Baijsinb. yoyeM ce mot. ( S. )
CALDERUGIO^ nom italien du Chardonneret. Fojrea
ce mot. ( S. )
CAUSA , Calea , genre de plantes de la syngénésie poly--
garnie égale , dont le caractère est d'avoir un calice commun
imbriqué d'écaillés un peu lâches , renfermant , surun ré-
ceptacle commun chargé de paillettes, quantité de fleurous ,
tous hermaphit>dites , iufundibuliformes, réguliers , k limbe
quinquéfide. Le fruit conaiste en plusieurs semences oblon<»
gués , nues ou cluirgées d'une aigrette velue.
Ce genre est compoaé d'une dixaine d'espèces , presque tou*
tes de l'Amérique méridionale , dont une seule est cultivée
dans les jardins de botanique ; c'est la Cai^^a de la Caro««
liiNs , dont les fleura sont paniculées , les feuilles alternes ,
lancéolées , dentelées, sesailes. £Ue croît sur le bord des bois
humides , mais non marécageux, où je l'ai fréquemment ob*
nervée. Elle s'élève de trois ou quatre pieds.
Le Cal^a a balai a servi à Gœrtner pour établir son genre
SERGILI.S. ( F'oyet ce mot.)
Le geni^e caléa est figuré pL 669 des JUustraiions de La-*
marck. ( B. )
CALEBASSE D'HERBE , nom commun d'une espèce
de CouRor. , Cucurhlta lageruuria Linn. , dont les nègres en
Afrique et en Amérique font des meubles de ménage , surtout
des vases propres à conserver des liquides. 11 suffit pour trans-
former une de ces courges, dont l'écorce est unie et solide , en
bouteille , en sceau ou en assiette , de la vider de sa pulpe et
de la couper plus ou moins à son sommet. Ces vases se con-
servent souvent long - temps , quoiqu'employés journeUe<*
ment. ( B. )
CALEBASSE DU SÉNÉGAL , fruit du Baobab, royet
ce mot (B.)
CALEJMSSfER , CouU , arbre à calebasse , Crescentia
Linn. {didy nantie iingiospermiê) , genre de plantes de la
famille des SolanjLes, et qui comprend des arbres d'Amé-
rique , dont les fruits charnus soDt , par leur forme et leur
CAL t27
grosseur , «ases semblables à nos cnà^geê ou calebiuseê. Son
caractère est d'avoir un calice caduc, à deux divisions égales;
une corolle monopétale , irrégulière , dont le tube est ^'eutru ,
et le limbe découpé en six parties inégales , déniées et sinuées,
et une baie solide , à une loge renfermant plusieurs semences.
Voyez Liam. lUiMtr des genr. , pi. 647.
On connott trois espèces de ce genre. Le Calebaasibr ▲
FSUILLB8 LONGUBs , Crescentia cujete Linn. y qui a deux
variétés; le CaIiEBassier k feuilles larges, CreacerUia
cucurbiUna Linn. y et le Calebassier a fruit dur , Cujete
minima , Jructu dwro Plum. Le premier est un petit arbre ,
dont le ti*onc tortueux ^et épais se divise en plusieurs bran-^
ches , qui s'étendent horissontalement de tous côtés ; ellea
sont garnies à chaque nœud de feuilles entières , oblongues
et rassemblées en faisceaux. Les fleurs naissent sur les parties
latérales de ces branches, et quelquefois sur le tronc même ;
un pédoncule épais les soutient; elles sont solitaires, d'un
blanc sale et d'une odeur désagréable. Les fruits varient de
forme et de grosseur selon les individus : tantôt ovoïdes , tan*
tôt presque ronds^ ils ont depuis deux pouces jusqu'à un pied
de diamètre; ils sont recouverts d'une peau lisse et mince ,
d'un jaune^ verdàtre , et sous cette peau est une coque dure et
ligneuse , qui renferme une chair molle, jaunâtre, d'un
goiU piquant et désagréable.
On tire un grand parti de ces fruits, aux Antilles , à la
Nouvelle-Espagne , à la Guiane et dans tou» les lieux où croit
l'arbre qui les porte. Ils sont vidés et creusés pai* les natureb
du pays , qui en forment des hochets , des iustrumens et ]>lu-
sieurs ustensiles de ménage , tels que des seaux , des bouteilles ,
des assiettes , des verres , &c. Leur surface extérieure est polie
et peinte en compartimens de diverses couleurs , qu^ ces
hommes apprêtent avec le rocou , V indigo et la gomme d'aca*
jou. Ils regardent la pulpe qu'ils en tirent comme un boa
remède dans un grand nombre de maladies et d'accidens ;
ils l'emploient contre i'hydropisie , la diarrhée , et pour gut^
rir les brûlures et les maux de tète. Dans nos colonies on pré^'
pare, avec cette pulpe, un syrop renommé sur-tout, pour
son eiBcacité , dans les maux de poitrine : on en fait aussi
usage avec succès dans les fortes contusions et après les
chutes.
Le bois de ce calebassier est blanc , assez dur et susceptible
de poli ; on en fait communément des selles, des tabourets^
des sièges et d'autres meubles de cette &spèce.
Le Calebissier a feuilles larges s'élève moins haut
^ue le précédent ; il en difiere sur-tout par la forme et la dis-
19» CAL
position de ses feirilles qui ne sont point réunies en paqnefs,
cl par ses FriiiLs inolns ^\vos, dont ks cocjiics sont uiiucc» et
très- fragiles, il croît à Sainl-Doniingue et dans la tirre-fcruio
de rAmérique, aux environs de Canipéche. Son bois^ qui
réunit la blancheur à la dureté , pourroit être employé uti-
lement.
Le Calebassier a fruit dur ^ mis par quelques auteurs
an nombre des vq.riétésdu premier , doit être regardé comme
une véritable espèce , non-Aeulenjent |)arce que c'est un ar-
brisseau très-bas , mais à raison aussi de la petitesse relative de
ses feuilles et de son fruit sur-tout^ qui est a peine gros comme
un œuf; d'ailleurs ses feuilles , quoitjue venant en paquets,
sont constamment inégales en tr elles. 11 croit aussi à i>aint-
Domingue.
Ces arbres ne peuvent supporter l'air libre en Europe ; ils
doivent être toujours tenus en serre. On les muili])iitf de re-
jetons ou de graines fraîches; ils demandent une bonne terre
et de fréquens arrosemens.
. Le Cajlebassier a fleurs de jasmin , qu'on trouve dans
les îles de Bahama^ paroit appartenir à un autre geni« de
plantes. (D.)
CALEÇON ROUGE , nom que Ton donne à Saint-Do-
mingue au CouROucou a ventre rouge. Fojez ce
mot. (ViEILL.)
CALENDHOTE , nom que le mauvis porte dans les cam-*
pagnes des environs de jVlontbard ; il se trouve inal-à-propos
appliquée la litorne, dans les planches enluminées de Luilon,
n**. 490. Voyez Mauvis. (S.)
CALESAN , Calesjam, C'est un arbre du Malabar, dont
les feuilles sont ailées et les folioles ovales , eniièrc.s et glabres ;
les fleurs en grappes terminales^ composées d'un calice à
quatre divisions, quatre pétales ovales pointus, huit élauiines,
iin ovaire supérieur, chargé d'un style simple. Les fruits sont
des baies ovales-oblongues , un peu coujpjimées , mono-
spermes et vertes.
La poudre de l'écorce de cet arbre guéril le spasme et les
convulsions , calme les douleurs de la goutte , des ulcères , et
arrête la dyssenterie. (B.)
CALFAT ou GALl' AT ( Emberza calfat Lalh. ) , oii>eau
du genre des Bruants et de l'ordre des Pas^krkalx. ( F oyez
ces mots. ) Le calfat est plus petit que le moineau franc , d'un
cendré bleuâti*e sur toutes les parties supérieures , à Texcep»
tion de la tète qui est noire , ainsi que la gorge et une bor-
dure à la queue ; d'une couleur faneuse sur la poitrine et sur
le ventre ; et le bas-ventre blauc ; une baudç blanche située
G A Tj 129
•or les c6lés de la tête , depiùs le bec à l'occipat ; lés yeux sont
plaeés au milieu d'un espace dénué de plumes et couleur de
rose ; leur iris a la même couleur rose, ainsi que le bec et im
pieds. Cet oiseau a été décrit & Tlle de France par feu Com<^
menon. (S.)
CALIBÉ. r(ryez Calybé. (S.)
CALI-^CALIC {JLaniuit Mculagascariensia IjBiÙiwnA y pi.
enl. n^. 299 , maie et femelle , de tHist, naù, de Bt^jfbn y ordre
PiEs^ espèce du genre de laPiE-oRiècHE. Fby, ces deur mots.).
Cette pie-griècbe se trouve à Madagascar. Le mâle y porte
le nom de ccUi-ccUic , et la femelle celui de bruia. Sa 'grosseur
est à^peu-près celle du friquei , et sa longueur dé près de cinq
pouces. 'BQe a le dessus de la tète et du corps cendré, ài'ex'^
ception du croupion qui est roux ; il y a de chaque côté de la
tète y entre le bec et Tœil y une tache noire, au-dessus de la-
quelle est une ligne blanche qui s'étend au-dessus de l'oeil^
les joues blanchâtres ; la goi^e et le -dessous du cou noirs ; le
dessous du corps et les couvertures inférieures de la queue
d'un blanc nuancé de roux sur la poitrine et le ba»*verilre;
les petites couvertures des ailesrousses ; les pennes brunes ; leh
deux intermédiaires de la queue rousses à leur origine , et
d'un gri^broQ dans le reste de leur longueur ; les autres rous-
ses y et terminées de gris-brun ; le bec noir; les pieds de cou-
leur de plomb.
'La femelle difiere par des teintes plus iemes , et en ce que la
gorge, tout le dessons du corps sont aun blanc mêlé de rous-
sàtre , et que 'les petites couvertures «des ailes sont cendrées.
(VlBlIit..)
CALICATZU. Belon dit que dans l'île de Orète , c'est le
nom du Plonoison et du Petit Pingouin. Woyez ce^
mots. (S.)
CALICE, "EÉRIANTE, Oïlyx^Perianthiumy enveloppe
extérieure de la fleur , produite par l'épanouissement do
-rét^rce du pédoncule. Cette enveloppe est ordinairement
verte et quelquefois colorée. Voyez le mot pLrEun , eti'aipha^
bet qui se trouve à la suite de l'article Pilante. ÇD.)
CALiCÉRË , Calicera , plante annuelle, à tige fistulénse ,.
à feuilles radicales nombreuses , pinnalifides ou profondé-
ment dentées, lancéolées, très-longuement pétiolées, à feuilles
canlinaires plus courtes et peu nombreuses , à fleurs disposées
en tôle terminale, armée d'un grand nombre de cornes mol-
les , laquelle forme un genre dans la pentandi'îe mono^
gynie«
Ce genre offre pour caractère un calice commun poly-
pfayHe à foUoles Unéoirea; an calice partiel pentagone^ à cinq
i3o CAL
denU , devenant der cornes divergentes ; une coi-olle mon<v*
pétale j iiifundibuliforme ickiq denU ; cinq étamines trè«^
courtes, à an tlières rapprochées ; un ovaire supérieur , obloug ,
à style capillaire et à stigmate simple.
Le fruit est une semence solitaire oblongue , obtusément
pentagone , et recouverte pdr une saillie de la base du
calice.
La Cai*ic£re' HERBACEE cst figurée pi. 358 des IconttM
plantarum de Cavanilles, et elle se trouve au Chili. (B.)
CALICION, Çalicium , genre de plantes de la famille dei
Algues , établi par Achard. C'est le même que le Stemonitk
de Gmelin y la Taachie d'HolTman , FEmbole de fiatsch. Le^
cs[)èces qui le composent faisoient partie des Lichexs et des
Moisissure» de Linnœos. Voyez ces mots. (B.)
CALIG£ 9 Caligus , genre de crustacés de la division des
SESSiLiociiBft , qui otfre pour caractère un corps couvert de
deux grands boucliers; deux antennes ti^es-seusibles f une
4>ouclie peu distincte ; huit à dix pattes, dont les postérieure*
ont des appendices branchiales f deux yeux marginaux ; deux
filets ou tuyaux formant la queue.
Ce genre , quoîqu'en appat*ence voism de celui des Limo-
liBS I t^^en écarte beaucoup par la forme des organes et par les
mœurs des animaux qui le composent. Foy. au mot Lm uuu
£n efi'et , le corps des caliges est composé de deux pièce»
écaiUeuses , dont la première , plus grande , représente un seg«
ment de splière très-auplati , formé jjar un test coriace^ sem-
blable k celui des limmes, le reste est différent. La bouche est
une tix>mpe ou mieux un suçoir j plus ou moins long ; les yeux
«ont placés latéralement; les pattes varient en nombi*e^ depuis
quati^ jusqu'à dix. £lles sont toujours beaucoup plus courtes
que le test n'est large , et généralement la pi^mière paire est plu«
grande que les autres, et terminée par un ongle très-alongé^
tres-aigu , qui se repÛe, ou mieux qui est toujours replié ea
dedans, et les dernières le «ont par des filets charnus , ciliés. ,
qui sont de véritables branchies. Le nombre de ces filets varie
suivant les espèces, et ils prannent même des formes qui
•emblent indiquer qn'ih ont la faculté de servir a la natation
comme k la respiration. Le canal alimentaire traverse tout»
la première partie enti*e les pattes.
La seconcie pièce, que Mtdlcr appelle Yabdomen, varia
beaucoup dans sa forme , mais est de même nature que Ia
première ; dans l'une des espèces , elle représente un cai*i^
très-petit, attaché à la partie postérieure de la première pièce.
Dans une autre elle est ovale, presque aussi large et beaucou|v
]^us longue quela première pièce, mais quellequeaoit la formo
CAL i3i
Ae cette pièce , elle a toujours l'appendice variable que Mul-
1er a appelée la queue, et deux longs tuyaux cylindi'ique^ qut
])aroissent cartilagiueux, et que MuUer a appelés les ovaires ,
non })arce qu'on y a trouvé des» œu& , mais parce qu'ils ne se
monti'ent pas dans tous les individus, et qu'où soupçonne
qu'U n'y a que les femelles qui en soient pourvues.
On ne connoît encore que très-imparfaitement l'histoire
de ces animaux. Strom , qui est celui qui les a le plus étudiés^
rapporte qu'ils vivent , comme les Lernj^bs ( l'ayez ce mot.}^
cramponnas sous les écailles des poissons , à la faveur de leurs
pattes onguiculées , et que là , ils sucent , par le moyen de leur
trompe^ le sang dont ils se nourrissent. Ordinairement ils res-
tent très-long-temps, peut-être même toujours, fixés au même
endroit , mab lorsque par l'effet de leur volonté ou d'une cauae
étrangère, ils quittent leur place , ils savent fort bien courir sur
le corps du poisson, pour en chercher une autre, et même
nager pour trouver un nouveau poisson lorsqu'ils ont été forcés
de quitter le leur. 11 y a h'eu de croire cependant , que , dans cç
dernier cas, ib parviennent rarement à leur but : on en sent
les raisons.
On a lieu de soupçonner que plusieurs animaux impar-
faitement décrits dans les anciens ouvrages sur Thisloire na-
lurelle , «ont des caliges , mais on n'ose les réunir à ce genre.
£n conséquence, il faut le regarder comme composé seule-^
ment de deux espèces, qui encore diffèrent assez l'une de l'au^
tre, poiurque quelques personnes pensent qu'elles pouiToient
faii-e chacune un geni-e particulier.
La première est le Cai.ige court, figui^ par MuUer , pL
21 , fîg. 1 et a de ses Entomostracà, et qui a pour caractère
le test antérieur anx>ndi , et le postérieur carre et court. Il se
trouve sur divers poissons de mer, et principalement sur les
saumons et les merlans.
JLa seconde est le Calioë Ai<ONoé, dont le test antérieur est
arrondi , et le postérieur ovale alongé. Il est figuré à côté du
précédent , et se trouve sur les saumons et les squales. (Ë.)
CALIGNI, Lwanla. C'est un petit arbre dont les feuilles
sont alternes, ovales , vertes en dessus , tomenleuses-et blan-
ches en dessous ; les fleurs en épis terminaux et composées
d'un calice de deux folioles fort petites ; d'une corolle mono-
pétale lurbinée et à cinq dents; de cinq étaminefl;d'un ovaire
supérieur , arrondi , velu , chargé d'un #tyle courbe terminé par
un stigmate obtus.
Le fruit est une baie ovale, glabre , blanche , poîntillée de
rouge , qui contient , dans une chair blanche , uu xi^oyaii
osseux qui renferme une amande.
ï52 CAL
Cet arbre croit dazu les forêts de la Guîane. Ses baies sor»l
mangées avec plaisir par les habitans II est figuré pi. 45 des
Jetantes d'Aiiblet. Il a été appelé hedycuiea , par Schreber et
AVildenow. (B.)
CALIMA>i DE , nom spécifique d'un poisson du genr^
pLEURONECTE. Foye% au mot Pi.eubonecte. (B.)
CALIN p composition métallique dont la base est Tétain ,
et dont les Chinois, et autres })euples orientaux , font dea
boîtes à thé^et autres ustensiles. (Pat.)
CAIilNEË , genre de plantes établi par Aublet , et depuis
liuni au Tetraceae , et par suite aux Litsées. Voyez ces
mots« (B.)
CALISFERME , Calispermum , arbrisseau grimpant è
feuilles alternes y ovales^ lancéolées , crénelées^ clabres^à fleurs
Blanches, disposées en grappes presque terminales, qui forme ^
aelon Loureiro , un genre dans la pentandrîe monogynie.
Ce genre oHrepour cai^aclère un calice persistant, â cinq
divisions égales ; une corolle de cinq pétales ovales et concaves;
cinq étamines ; un ovaire supérieur , surmonté d'un style k
«tigmate épais.
Lie fruit est une baie presque ronde , à une loge et à plusiepra
•emences.
Le calispgrnu se trouve dans les forêts de la Cochinchine.
'CALLB,.Cai/0, ffenre de plantes de la gynandriepolyan*
^rie , et de la famille des Aroïoes, dont le caractère est d'à-
Voir les fleurs disposées sur un chaton cylindrique , et accom-
pagnées d'une spathe ^lane ou en cornet , colorée et persis-
tante; ces fleurs n^ont ni calice, ni corolle, et consistent en
plusieurs étamines, truitôt entremêlées avec les ovaires, tantôt
occupant la partie supérieure du chaton. Les anthères sont
aessiles , les ovaires arrondis , avec un style très- court à stig—
|nate aigu. Le fruit consiste en plusieui's baies qui renfeiment
chacune six à dousse semences oblongues , cylindriques et
obtuses aux deux bouts.
VoYfx pi. 739 des IlUisiration9 deijamarck, qù ce geare est
fijguré.
Il y a trois espèces de calles :
L'une, la CAr.LK d'Ethiopie, a les feuilles s^gittées et en
coeur,* la spathe en capuchqn , et les fleurs màlcs au sommet
du chaton. C'est une belle niante dont le spathe est d'un blanc
éclatant, et d'une odeur des plus suave. On U cultive dan^
b^ucoup de serres, ou elle fleurit au premier printemps.
L'autre , la Caljub des mabjub , est ^nçiigène à l'Europe ;
•es feuillet ioot en cœur , sa .ipatfaf f]»np , et |mb$ '.fleuty m^l^
, d AL i33
mêlées at^ lés'ffénnfetnelles^ Ëllé^e»t îhodbre^ On la' trouva
dand les mai^. Oh en recueille lès rarcînes dans Id hord'dô'
rËurope, et on les fait dessécher pour lés mander pendant
l'hiver , cuites avec de la viande ou du poisson.
La troisième vient du Levant , et est peu connue. (E.)
CALLICARPA , Callicarpa , genre de planles à fleurs
monopétalées , de la tétrandiie monofgrnie , et de la &millo
des Ptren AC££8 f dont le caractère est d avoir un calice mo*
nophylle, À quatre dents ; une corolle monopétale ^ à quatre
découpures obtuses ; quatre étamines*; un ovaire supérieur ,
charge d'un style dont le stigmate est en tête.
. Le fruit est ime petite baie globuleuse qui renferme quatre
semences oblongues^un peu comprimées et calleuses
Gegenre^ qui est figuré pi. 69 des lUualraiions de LamarckV
comprend une dixaine d'espèces , dont quatre sont d'Amé^^
riqne , et les autres des Indes. Ce sont des arbrisseaux tomen-
teux^ à fleurs axillaires , pre&que vertitillées ,, à pédoncules
dichotomes et mulliflores.
La seule espèce à citer ici , est le CaIiLICarfe d* Ameriqub 0
3ui croit dans la 'Caroline , et 'qu'on cultive da'ïis les jardins
'agrémens , quoiqu'elle craigne beaucoup le froid. Ses carac'-
tères sont d'avoir tes feuilles' dentelées et velues en dessous^
Cette espèce s'élève à six ou huit pieds ^ même dans son pay^r
natal où ses haies servent de nourriture aux jeunes dindons
sauvages , et autres oiseaux baccivores, ainsi que je l'ai fré-
quemment observé. On la multiplie de marcottesou de hou*
tares. (B.)
CALLICBRE^ CalUceruM, nortv^n genre dHniecies,q{û
doit appartenir à'ia première section de lV>rdre dea Co^iop*
TJKRfS.
Ce genre « fbrt voisin de celui dûs S^A's^st^iLiîf&', a* été éta-
bli par M. Gravenhorst y naturaliste aUemànd. Il en e^t' dlsV
ttngué par le dernier article de ses antennes , qui est très-*
long , cylindriqite , avec l'exlrémîté anx)ndie.
Le corps du callictre est grêle , filiforme, glabre; la tête est
orbiculaire , à-peu-près de la grandeur du Qorcelet , celui-ci
e$l presque orbiculaire, avec les angles obïus , et dé la largeur
des élytres ; les élytres sont presque cariées ; Tabdomen eslgros»
obtos y rebordé ; les pattes sont ae moyenne longueur ; les tarsea
sont composés de cinq articles.
La seule espèce connue de ce genre est le CAi.iiicBRE obs-
cur ; il est d'un noir brillant ; les antennes, la bouche et lea
pattes sont d'un roux testacé; les élytres sont obscures , avec
ie« bordd pAles. U se trouve sous les pierres à ]9ru««wicL (O.)
,34 CAL
CALLICTE f poisson qui habite les ruisseaux d'Améri-
que, et que Bloch a place dans son genre CataphractEt,
lormé aux dépens des silures de Linnœus. Voyez au mol Ca-
TAPH^ACTE. (B.)
GAL.LIDIE , Catlidium y 'genre d'insectes de la iroi&ième
section de l'ordre des CoLi;oFTi:R£6.
Ltescaliidies ont le corps alongé, le corcelet arxt>ndi, quel-
quefois globuleux , rarement épineux ; deux ailes cachées sous
des élytres plus ou moins convexos; lesantennes filiformes à-
ru-près de la longueur du corps^ composées de onze articles,
bouche tnunie de deux lèvres , dont l'inférieure cornée
et échancrée , de deux mandibules cornées , de deux mâ-
choires membraneus(\M et bifides, et de quatre anteiinules pi-es-
que en masse ; learyeux ovales, un peu éobancrés antérieure-
ment ; enfin , les tarses composés de quatre articles, dont le
dernier assez gi*and et bilobé.
Les cailtdies ressemblent aux cftpricornes; ils en diilerent
Î)ar les parues de la bouche , ainsi aue par les antennes qui
es distinguent aussi des saperdes, des lepturea et des aten^*
eores.
On trouve la plupart des callUliea dans les forêts , sur le
tronc à moitié pourri des arbres , dans les chantiers , où ou
les saisit souvent au moment qu'ils sorient du bois dans lequel
la larve s^est nourrie. Ils entrent aussii quelquefois dans les
appartcmens. Quatre es))èces fi^quenlent les fleurs, et s'y nour*
rissent de leur nectar.
Ces insectes font entendre un bruit occasionné parle frot-
tement du corcelet contre la base de l'écusson qui est cha-
grinée : ce bruit augmente à mesure qu'on les inquiète da-
vantage , et' que Us mouvemens de flexion et de relèvement
de la tète sont plus précifntés.
Les callidiea font souvent usage de leurs ailes : ik prennent
aisément leur essor, et leur vol est assez soutenu.
Les larves ressemblent à des vers mous et alongcs; leur
corps est composé de treize anneaux et de six pattes écail-
leuttcs, très-petites, que l'on distingue avec |)eine; leur bouche
est armée de deux fortes mâchoires , qui leur servent à ix>iiger
et réduire en poudre le bois dont elles font leur nourritures
Ce n'est aussi que dans les sillons qu'elles tracent dans le bois,
qu'on peut les trouver ; et tandis qu'elles avancent en ron-
geant , elles remplissent les vides qu'elles laissent , de leurs
excrémens, poussière môme du bois qui a servi d'alimeut,
uii i^eu liée , mais très- friable , et qui en conserve la couleur.
(>s lances restent dans leur premier étal environ deux ans.
Pendant ce temps, elles changent plusieurs fois de peau , ju^-
C A li i55
qo'i ce que parvenuea à leur entier accroistemenl » elles la
quittent pour paroitre sous la fprme de nymphe. Celle-ci dif-
fère de la larve ; son corps est plus court et plus ramassé ; se»
anneaux sont moins apparens , et l'on distingue les élytres à
travers l'enveloppe qui lescaclie : elles sont courtes et repliées
â-peu-près comme Taile du papillon l'est dans sa chrysalide.
On peut élever ces larves oans la farine , elles y vivent très-
bien , et s'y changent en nymphes ; mais il est rare qu'elles
ne périssent dans cet état. On n'obtient presque jamais l'iu-
secle parfait.
Parmi plus de quatre-vingt-dix espèces de callidieê, les
plus connues sont le Porte-faix *, il est noirâtre; le corcelet
est arrondi ^ légèrement déprimé^ avec deux taches noires,
luisantes , un peu élevées : le Bleuâtre est noirâtt^ , avec le
corejfel fauve , arrondi , légèrement tubercule , et les élytres
bleuâti^es : le Violet est noir ^ avec le corcelet arrondi , pu-
bescent ; il a les élytres violettes. (O.)
CALLIGON, OaUigonum , geni^e de plantes de la dodê-
candrie tétragynie, et de la famille des Polyookées, dont'
le caractère est d'avoir un calice à cinq divisions inégales ;
point de corolle ; douze étamines ; un ovaire supérieur ,
oblong , tei'miné par trois stigmates. Le fruit est une capsule
pyramidale ^ à quatre angles et à une semence.
Ce genre , figuré dans les Illustrations de Lamarck, pi. 4 1 o ^
renferme trois espèces^ qui sont des arbrisseaux de la Tur-
quie d'Asie, remarquables en ce qu'ils sont presque aphylles ,
que leurs rameaux sont souvent dichotomes , arliçiués^ ont
les articulations membraneuses^ monophylles ou nues et flo-
rifères ; les feuilles linéaires presque cylindriques.
Le Calligon polyoonide croît naturellemeiU sur le
mont Arai-at , d'où il a été apporté par Toumefort , qui Ta
figuré dans son Voyage au Levant, Ses caractères sont d'avoir
la capside couverte de poils qui se croisent.
Le Calligon de Pallas formoit un genre sous le nom de
Polios y qui l'a découvert près de la mer Caspienne; mais il a
été supprimé. Ses racines coupées donnent unegomrae claire^
qui a les propriétés de la gomme adraganle. Se& caractères
sont d'avoir les fruits avec des ailes membraneuses et frisées
ou dentées. (B.)
■ CALLIMUS , nom latin qu'on a conservé au noyau des
géodes ferrugineuses^ nommées astites ou pierres d'aigle, (Pat.)
CALLIOMORë^ C<dliomorus , genre de poissons de 1»
division des Jugulaires , établi par Lacépède aux dépens
des caUionymes de Linnaeus. Ce nouveau genre offre pour
caractère une tête plus grosse que le cQi*ps ) les ouvertures
i36 O A L
branchiales pkcées snr les côtés de ranimai; les nageoire»
jugulaires très-éloîgnées l'une de l'autre; le corps et la queue
garnis d'écaillés à peine visibles. Il ne renferme qu'une
espèce , le Cax^liomors indien , Platicephalun spathula pu-
Pelle Bloch , qui a sept rayons à la membrane des branchies,
deux aiguillons à la première pièce, et un aiguillon à la se-
conde de chaque opercule.
Le calliomore indien est d'un gris. plus ou moins livide et
sa mâchoire inférieure est un peu plus avancée que la supé*
rieure. Il est figuré dans Bloch et dans le Buffon de Déter-
viUe. (B.)
CALLIONYMEy Caliionymus , genre de poissons de la-
division des Jugulaires, dont le caractère consiste à avoir
une tète plus grosse que le corps; lésion vertu res branchiales
sur la nuque ; les nageoires jugulaires très^loignées Tune de
l'autre ; le corps et la queue garnis d'écaillés à peine visibles.
Ce genre étoit composé de sept espèces ; mais Liacépède en .
a ôté deux ; Tune , ainsi qu'on vient de le voir , pour former
celui qu'il a appelé Calliomore , et Tauti^e le Comophobe. .
n reste donc aujourd'hui composé de cinq espèces , que le
Naturaliste français a séparées en deux sections fort inégales.
La première comprend les caUionymes^ dont les yeux sont .
très-rapprochés l'un de l'autre , et on y trouve :
Le Callionyme lyre, qui a le premier rayon de la na- '
geuire dorsale de la longueur du corps et de la queue ; l'ou*
verture de la bouche très-grande ; la nageoire de la queue
arrondie. Il est figuré dans Bloch', pL i6i ; encore mieux
dans Lacépède , vol. J , pi. i o. Il lest encore dans plusieurs
autres auteurs. On le trouve dans la Méditerranée et autres
mers d'£urope, où il parvient à la longueur de trois pieds au
plus y et où il vit principalement dK>uRsiN8 et d'AsTÉRUS*
( Voyez ces mois. } Sa cnair est blanche et agréable au gOÛt.
•ton nom vient du rapport qu'on a trouvé ou cru trouver
entre les longueurs des sept rayons de sa première nageoire
dorsale et les cordes d'un instrument destiné à donner des
accords parfaits, tels que ceux delà lyre. On l'appeUe ïaçQn~
dière et lacer t sur uos côles.
La léle du callionyme lyre est blanche en desdus , applatie
en dessous , et plus large que le corps ; lea yeux n'ont point
de membrane clignotante ; l'ouverture de la bouche est très-
grande , les lèvj'es épaisses et les mAchoires héiissées de plu-
sieurs petites deuts ; l'oneixule branchial embrasse presque
toute la circonférence oc Tanimal ; l'ouverture de l'anus est
beaucoup plus près de la télc que de la nageoire de la queue.
L('s couleurs de ce poisson varient beaucoup; mais le bleu
CAL i3>7-
domine sar les n^geoine», le jaune stir les-oAtéB- du-do^v et' le
blanc sur le ventre^ ce qui lui fj^il une robe de» plus riches^
Le CAiiiiiofrywE draooksav a le» rayons de là première
nageoire du dos-beaucoup plus courts que le corps et là queue;
l!onverture delà bouehe tres^-grande; la nageqire de la queue
arrondie. Il se trouve dans les' mêmes mers que le précédent^
dont il seroit la fbmelle si on en veut croire Gmehn. On l'ap-
pelle doucet sur nos côtes. Il est âguré* dans Blbch , pi. 169 ,
dansla ZooUgie danoûeàeMtûitT , pi. âo^ et dans le Euifon ,-
édition de Déterville, vol. i , pag. i5g. S» couleurs sont beau**
coup moins^ briUantes que celles' du précédent y le brun y do-
mine.
£ie Callionymb flècrc a trois rayons à la membrane
â^ branchies*; l'ouverture de là bouche petite ; la nageoire
de la queue arrondie. Il est figuré dans les Spicilegia zoologica
de Pallas^ tàb. 4 ^ n*"' 4 et 5. Il habile lés mers d'Amb'oine.
r«e Callionyme japokois, dont le premier rayon de la
première mâchoire dorsale est terminé par deux filamens,
et dont la nageoire de la queue est fourchue. On le trouva
dans les mer» du Japon.
La seconde division des calltonymes, dansLacépède, ne
renferme qu'une espèce , dont les yeux sont très-rapprochés
l'un de l'autre^ c'est le Callionyme pointillé^ qm a l'ou-
verture de la bouche très^petiie ^ et la nageoire de la queue
arrondie. Il vil dans les mers d'Amboine^ et est figuré dans les
Spicilegia zoologica de Pallas , pi. 4i ^ n° i3. Sa grandeur est'
celle du doigt; et sa couleur le brun varié de gris et parsemé
de points blancs et brillans. La femelle est un peu différente ,.
soit par le rapport de ses partiesv, soit par seseouleurs. (B.)
CALLiSEj Calliêia. C'est une petite plante rampante^ qui-
a beaucoup de rapport avec lacommelines , on mieux , qui
n'en diffère que par l'absence du nectaire. SesfeuiUes sont
alternes 5 engalnéeîs à leur base^ ovules^ pointues^ rappro-
chées au sommet des rameaux*; ses- fieurs^sont petites, pres'*
que sesalesy et ordinairement trois* ensemble ; chacune de
ces fleurs consiste en un caliee de trois folioles linéaires , lan^
céolées ; en trois pétales lancéolés^ aussi longs* que le calice;
en trois étamines^ dont le? filamens sont élargis , et portent
chacun deux anthères adnéesaubord interne de leur lame ;
en un ovaire supérieur^ oblong, chargé d'un slylo que ter*
minent trois stigmates^frangés.
Le fruit est une capsule ovale, pointue, comprimée, bilo--
cnlaire , bivalve , et qui oontâent daHB chaque loge deuc
aemences arrondies.
i5» CAL
Cette plante setroare dans les lieux humides et ombragés, £
la Martmique et à Gayenne. (B.)
. CALLIST£^ Ccdliêta , genre de vers mollusques , établi
par Poli ydauâ son ouvrage sur les testacés des mers des Deux-
Sicîles. Son caractère consiste à avoir deux siphons glabres ,
lantàt réunii» dans toute leur longueur , tantôt séparés dans
leur partie supérieure ; les branchies écartées , ouvertes ,
cependant quelquefois réunies à leur extrémité 8U|)érieure ;
le bord du manteau ondulé et frangé dans qudques espèces
et disjoint; le pied lancéolé.
11 a pour type les animaux de toutes les mactres et des
venus chione , déflorée et galline. Voyez au mot Venus. (B.)
CALLISTE , CaUiata , plante parasite , vivace ^ à bulbe
linéaire y à tige épaisse, sillonnée ; a feuilles alternes, lancéo-
lées , très-entières , striées , épaisses , duies , engaînées ; à fleurs
blanches , rongées dans leur centre , éparses sur de longues
grappes simples latérales et recourbées , qui , selon Lou-
reiro , forme un genre dans la gynandrie monahdrie , mais
cpi'on peut également placer dans le genre An grec. Voyez
ce mot.
Ce genre offre pour caractère un calice nul et remplacé
par plusieun* écailles ovales, lancéolées, imbriquées avant la
floraison ; une corolle de cinq pétales ouverts , dont trois ses*
siles , ovales, oblonga , deux opposés , onguiculés , plus larges >
renflés à leur base ; un tube intérieur attaché à la base des
pétales y grand , divisé en deux lè^Tes , Tintérieure oblongue ,
charnue , bicorne à sa base , Fextérieure turbinée, très-en-
tière , velue , contournée en entonnoir ; une étamine attachée
à l'extrémité intérieure du tube , à anllière operculée et bilo-
bée ; un ovaire inférieur , filiforme , contourné , à style et
stigmates nuls , à moine ^u'on ne veuille prendre pour eux
un sillon qui va de i'étamine au germe.
Le fruit avorle presque toujours*
Lie callisie est une très-belle plante qu'on trouv^à la Co*
chinchine , sur le tronc des vieux arbres. (B.)
CALLITRIC , CalUtriche , génie de plantes à fleurs in-
complètes de la monandrie digynie , dont le caractère est
d'avoir un calice composé de deux folioles opposées et cour-
bées en croissant ; une étamine plus longue que le calice ;
un ovaire supérieur > arrondi, chargé de deux styles recour-
bés.
Le fruit est une capsule courte , tétragone , biloculaire , et
qui contient quatre semences.
Voye% pi. 5 des lUuêirationê de Lamarck , où est figura
.ce genre , qui contient trois espèces extrêmement peu dilliè^
CAL i3i^
rentes |ps unes des antres , toutes ayant les feuilles ovales,
opposées ; les fleurs solitaires et axiUaires , et toutes vivant au
milieu de l'eau ^ où surnage , en forme de rosette , rextrémilc
des tiges.
La première espèce , le Cai^litric printanier se dis-
tingue cependant bien de la dernière ^ le Cai^lptric d* au-
tomne , puisque l'un a les fleurs androgynes et l'antre les a
hermaphrodites : rinlermédiaire se distingue à ses feuilles,
qui sont légèrement échancrées.
Ces plantes couvrent quelquefois complètement les eaux ,
sur-tout celles des petites rivières qui coulent lentement* Les
bons agriculteurs ne les lais^nt pas perdre ; ils les arrachent
en automne avec dès râteaux à dents de fer ^ et les transpor-
tent sur leurs fumiers, dont elles augmentent la masse. (B.)
CALLITRICHE , CallUriche, genre de vers mollusques
établi par Poli , dans son histoire des teatacés des mers des
Deux'Siciles, Son caractère connste à avoir un seul siphon
en forme de trou ; un abdomen ovale , comprimé , saillant ;
point de pied , mais en place un muscle linguiforme com-
primé , pour filer le byssus qui est toujours rameux.
Ce genre est formé par les animaux des Moules, qui
sont figurés planch. Sa de l'ouvi^age précité. Voyez au mot
IdoviiS. (B.)
C ALLITRICEŒ). Ce mot grec , appliqué à une guenon ,
signifie hecui^poilj qualification qu'Homère donnoit à wt^
héros. Le beau Paris , le fougueux Achille et oient callitriches.
Idais les modernes ont donné cette dénomination au singe
vert. Le caUUriche de Bufibn (éd. Sonn. , t 36 , p. 5a , pi. 48.)»
et d'Audebert ( HisL des sing, fam. 4 , sect. 3 , fig. 4 et 5. ) »
est la simia caudala , imberbis, flauescens ^facie atrà ,caudâ
cinered, natibus caltfis, . . simia sabœa de Linnseus y Syst.
nat. éd. i3 , gen. a , sp. 18. Ce singe est facile à distinguer par
sa face d'un noir vif , par sa robe d'un vert assez pur sur
le dos, et d'un blanc éclatant sur le ventre , la poitrine et la
gorge. Au reste , il a des callosités aux fesses et des abajoues ;
sa queue longue a un petit floccon de poils à son extrémité.
11 nabite non-seulement la Mauritanie, mais encore le Séné-
gal et les îles du cap Verd. Silencieux et léger , il se lient au
sommet des grands arbres; il ne crie point et ne s'eflarouche
point lorsqu on tue un de ses compagnons à ses côtés : le
blessé lui-même ne fait aucun bruit. Cet animal est long de
quinze pouces , non compris la queue; sa femelle a un écou-
lement périodique de sang. Les oreilles , les pieds et les mains
sont noirs : il y a des variétés de couleur dans cette es«
pèce. (V.) . .
&40 CAL
CALLITKIX BES^ GRECS est le Gallitr^chx. I^oyét
ce mot. (S.)
CALUXÈNE, CalUxêfiè, genre de planles dé ITiexan-
drie monogynie , et de la famUie des. Asparagoïdes , qui
est figuré dans les Illustrations de Lamarck , pi. 344. Il a
pour caractère une corolle divisée en sis: parties égales^ dont
les trois alternes ont deux glandes à leur base ; six étàmihes ;
Xin germe supérieur à stigmate trigohe ; une' baie à trois loges^
qui renferment chacune troi^semences.
Ce genre ne contient qu'une espèce qui est un petit arbris-
seau des Terres magellaniqùes , dont les feuilles sont alternes,
(•essiles , elliptiques , aiguës , très-entières ; et les fleurs solitai-
res , terminales et pédonculées.
Ce genre a été appelé Enargee par Gasrtner et Wil-
denow. (B.)
CALMAR , Lolîgo, C'est le nom que Ton donne sur les
bords de la Méditerranée, à une espèce de sèche qui a servi
k Lamarck pour établir un genre auquel il a conservé la
même dénomination. Ce genre a pour caractère un corps
charnu, alongé, contenu dans un sac ailé inférieurement ,«et
renfermant , vers le dos , une lame mince , transparente et
cornée ; une bouche terminale entourée de dix bras garnis
de ventouses , et dont deux sont plus longs que les autres.
Ainsi donc il diilère dés sèches , parce qu'il n'a pas d'os
calcaire ; et des poulpes du même auteur, parce qu'il a deux*
bras surnuméraires plus gsands que les autres.
Malgré cela , le genre Seche de Linnseus est si naturel , et
les espèces qu'il l'enferme sont si peu nombreuses, que cette
séparation peut être encore évitée. F'oy.ez au mot Sèche. (B.) ,
CALMAR , nom spécifique d'une Coui^euviœ' d'Amé^'
rique. Voyez au mot Coujleutre. (B*).
CALODENDRON, Calodendmm, afb'ï^ éles^ ddnt les'
feuilles sont op|x>sées, pétiolées , ovales, rapprochées aux'ex«
trémités des rameaux , et les fleurs disposées en panieules*
terminales.
Ces dernières sont composées d'un calice monophylle, per*
sistant , velu en dehors el à cinq dents; d'une corolle de cinq'
pétales lancéolés , carinés et velus à l'extérieur ; de cinq prô- -
ductions pétalifoiines, linéaires , aussi longues que les- péta-
les, mais plus étroites , insérées sur le réceptacle entre les pé-
tales ; de cinq étamines , dont une est stérile ; d'un ovaire '
supérieur , hérissé, pédicule , en télé , ayant un style filiforme
qui s'insère latéralement et dont le stigmate est obtus.
Le fruit est une capsule hérissée , pediculéc , à cinq angles^
CAL ,4,
pbtua , i^ cino «îIIodb , à cinq val^eB et k cinq loges , qui
contiennent cnacune deux semences presque triangulaires.
Cet arbre croit en Afrique^ où il a été observé par Thun-
berg. n est figuré pi. 3 du Journal d' Histoire jHUurelle.
JLAmarck , auteur du mémoire auquel appartient cette fi>-
gm», observe que ce genre se rapproche si fort à^sfracsineiles ,
qu'il ny auroit pas d'inconvénient de l'y •réunir : c'est ausai
ce qu'a fait Valu. f^o>yeM au mot F«axinsli»e. (B.)
C ALQDION , Caiodium , genre de plantes établi par L#ou-
reiro d&QS la JFlore de la Cochinchine j mais qui ne aiSere de
celui appelé CAaaYTS par JLinnaaus , que parce que les ca-
raclènM de oe dernier aboient -été d abord mal exprimés,
/^a/es an mol Gassyte. (£•)
GALOPE , genre d'insectes qui doit être placé dans la se-
conde section de Tordre des GojL^oPTfiREs.
Ge genre parott appartenir à la famille des Cistèles ; il a
les antennes longues ^ en scie , les antennules antérieures
longues et en masse , les mâchoires courtes et bifides, avec
la division extérieure mince, à peine plus longue que l'autre ; ^
il difière des capricornes par le nombre des pièces des tarses.
lies ciUopes ont cinq articles aux quatre tarses antérieurs , et
quatre seulement aux postérieurs.
Get insecte nous est étranger , et nous ne connoissons pas
salanre ; mais nous croyons qu'elle vit dans la substance du
boia comme celle des capricornes , des leptures.
La seule espèce de calope connue, est le Serr aticorne ; il
est obscur , et a le corcelet cylindrique : il se trouve au nord
de l'Europe , dans les bois. (O.)
GALOR[QU£. Suivant un grand nombre de physiciens,
le calorique est la matière môine du feu; c'est un fluide très-
subtil et sans pesanteur, qui pénètre tous les corps sans excep*
tion , et qui peut se combiner plus ou moins avec eux. C'est
le dégagement de ce fluide qui c^use la sensation de Ja
chaleur. ,
Suivant ses divers degrés d'abondance et d'intensité , il
dilate les corf>s , il les £iit ensuite passer àl'état liquide , et entia
il les convertit e^'gaz; l'or lui-mémp est réduit en vapeun
par le calorique des rayons ralaires , rassemblés au foyer d'une
puissante lentille ou d un grand miroir connave.
Sans le calorique , il est probable qu'il n'existeroit aucun
fluifle ; toutes les mcdécules de la ipatîère obéiroioat à leur
attraction oiutuelle, etse rapprocheroient de manière à ne
Xonner que des corps solides , .comme nous le pouvons yoir
f^ i'ft^^fV^^ âa I'qau ,et jfi^u^ cUi mmnwe, qw çbyiennent
î4a CAL
des corps durs par la sonAtractioii d'une partie du caloriqtiâ
dont ils sont pénétrés.
Quand un corps passe de cet état solide à la fluidité , il
absorbe une quantité de ccdoriqtie souvent très-considérable.
L'expérience nous apprend que , pour faire fondre une livre
de glace qui est à l'a température de zéro, il faut une livre
d'eau à la température de soixante degrés, c'est-à-dire , qui ait
les trois quarts du calorique qui suffiroit pour la rendre bouil-
lante; et quand la glace est fondue, le mélange se trouve ré-
duit à la température de %éro; de sorte que Li glace, pout*
passer à l'état liquide , absorbe soixante degrés de calorique
qui se combinent avec l'eau. £t lorsque le calorique se trouve
dans un état de combinaison , il est tellement enchaîné, qu'il
n'a nulle influence ni sur les tiens, ni sur le tlienno mètre.
Quand un liquide passe à l'état de vapeurs , il absorbe éga»
lement une grande quantité de calorique : c'est par-là qu'on
explique le refixiidissement qu'éprouvent les corps sur les-
quels se fait Tévaporalion. Tout le monde conuoit l'expérience
triviale de faire rafraîchir une bouteille de vin en l'exposant
au soleil , enveloppée d'un linge mouillé. Plus l'évaporation
est prompte , et plus le refix>iai58ement est sensible ; l'eau se
convertit subitement en glace , dans un tube de verre sur
lequel on fait évaporer de l'éther.
Kumford , Scherer, et d'auti-es physiciens célèbres , pensent
que le calorique n'es^ point une substance proprement dite ;
ce n'est qu'une simple modification des corps , qui résulte
des vibrations imprimées aux molécules dont ils sont corn*
posés. Rumford a fait bouillir de l'eau par le seul frottement
rapide et violent de deux pièces de métal plongées dans cette
eau ; et il demande d'où émaneroit ce calorique , dont la
source paroit inépuisable , quoique rien n'annonce qu'il ail
été fourni à l'eau aux dépens des corps environnans.
Ce même physicien a uit diverses expériences qui semblent
prouver que les liquides ne sont nullement conducteurs du
calorique , et qu'ils ne s'échaufient que molécule à molécule ,
et par un déplacement successif; mais d'autres physiciens ont
fait des expériences qui paroissent prouver que les liquides
■ont seulement moins bons conducteurs du calorique que ks
corps solides^
Parmi les savatis qui considèrent le calorique comme un a
véritable substance , les uns le regardent comme une simple
modification du fluide lumineux ; d'autres disent que c'e.st
un fluide absolument distinct , et ils l'apportent en preuve de
cette opinion , lexemple d'une masse cfe fer ou autre corps
•umblable j qui peut se trouver éminemment pénétré de calo-
CAL 145
riqùe aaus être lamineux ; de même qu'uu corps très-lumi-
neux , tel que la lune et beaucoup de substances phosphore9-
centesy ne donne que de la lumière sans le moindre signe de
chaleui*.
Suivant le célèbre Herscliel y le calorique émane , ou y sui*
Tant son expression , rayonne du soieii y en même temps et
avec la môme rapidité que la lumière, et il est plus ou moi m»
mêlé avec les dîtlérens rayons lumineux. Les expériences
qu'il a faites sur le spectre solaire formé par le prisme , lui ont
prouvé que W faculté calorifique des diiFéreus rayons n'est
point du tout la même y et qu'elle est en raison inverse de leur
réfningibilité. Les rayons rouges , par conséquent y sont ceux
qui possèdent le plus éminemment cette faculté , et les rayons
violets , ceux qui en sont les moins pourvus ; elle est graduelle
dans les rayons intermédiaires.
La faculté calorifique des rayons rouges est à celle des rayons
verts, comme 55 à 36; et à celle des rayons violets, comme
55 à 16.
n a fait de plus une observation très-remarquable ; c'est
^e dans cette expérience , la plus gra.nde faculté calorifique
ne s'est point manifestée dans les limites du spectre solaire,
mais à la dislance d'un demi-pouce;en dehors du rsLjon rouge;
c'est là que le thermomètre est monté de 9 degrés. A la dis-
tance d'un pouce, il mon toit a j degi-és ^, et à la distance
d'un pouce et demi , il montoit à 3 degrés ^, Dans la partie
opposée du spectre solaire, c'est-4-dire du côté du rayon
violet y le thermomètre , placé dans la dernière teinte visible
de ce rayon , ne monta que d'un degré ^ ; mais hors de la
limite de ce rayon, il ne donna pas le moindre signe de
dilatation.
Il paroîtroit donc, d'après ces expériences, qu'il émane
du soleil une gr.*nde quantité de rayons qui sont purement
calorifiques sans être visibles ; que parmi ces rayons , il y eu
a qui ont les divers degrés de réfraueibilité des rayons lumi-
neux , et d'autres qui sont moins re&augibles que les rayons
rouges eux-mêmes ; et il paroit que ces rayons invisibles sont
les plus nombreux ou les plus énergiques, puisqu'ils pro-
duisent le plus grand eÛet sui' le thermomètre.
Herscbel, d'api*ès difierentes considérations, pense néan-
moins que les rayons lumineux ne sont point essentiellement
diflérens des rayons calorifiques ; il croit inutile d'admettre
deux causes quand une seule paroit suffisante. La chaleur
rayonnante lui parpît être composée de lumière invisible,
e'e^t-à-dire de rayon» venant du soleil avec un momerUum
144 C A Li
ou iin« -modificalion qui ies.-rend incapables d'affiNstet
notee vue.
J^aiM-leoeors de «ee ebservfitioiM'Sur.le disque du soleil ,
il a reconnu que les verres colorés en rouge interceptent -fbit
.bi«n la Ijimiàre ^«inais quiib transmettent à Teeii une chaleur
intolérable.; les verras de couleur .verte sont ceux • qui vinns^
4nettent le moins da chaleur.
U. me semble qu'on .pouvroit fairerune application avanta-
.geuse de cette observation .pom*. les serres chaudes et des oran^
,geries : 1 inieation est d'y rassembler ^.autant qu'on peut , le
'Calorique avec .le .moins de dépense possible ; et Icursqu'on
«emploie , suivant J'usage , des verres d'une couleiir verdàtre ,
on VA dii'eotesaent .contre son but,. puisque les verres de cette
. couleur inteircepteiUiles'rayofu.oo/ori^iiaff ; il faudroit donc
employer au vitrage des serres chaudes /des verres coloréaeu
rpugey qui transmettent si bien les sayons de cette espèce.
Ùerschel a fait aussi des expériences qui confirment celles
que le savant M. A. Pictet a voit déjà consignées dans son
Traité du feu ^ qui parut en 1790, et qui prouvent rjue le
calorique est susceptible d'être rédéchi et réfracté de la mên^c
manière et suivant les marnes loix que Ja lumière , et que le
yroz^est également susceptible d'être réfléchi. Ce dernier fciit
*a confirmé le comte de Rumfort dans son opinion , que la
lumière n'est jpas plus une émanation que le froid lui-même.
IjCs rayons directs du ^eil ont très-peu d'énei'gie calori-
fique; ce n est que parles diflérentes réflexions qu ils épix>u-
*vent , et par une sorte de frottement qu!ils l'acquièrent à un
certain point. ÇTest pour cela que , niéme au solstice d'été , ils
a'ont pas la force de fondre la neige sur les hautes montagnes,
attendu qu'ils sont dispersés dans un air Libre et fort rare ,
où rien ne les infléchit ; mais lorsque , par quelque circons*
<^tance particuëère , ils s'y trouvent rassemblés et accwnnlés
dans un même espace » ils ont autant d'énergie que dans la
plaine ; c'est ce que ptt>uve l'exjiérience que Saussure a firitto
sur le-Cramont, le 16 juillet 1774 , à une élévation de mille
quatre cent deux toises. Il exposa an soleil, depuis deux heures
jusqu'à ti*ois, une boite doublée de liège noirci , et dont l'on*
Terture étoit fermée par trois glaces , placées à quelque dis-»
tance l'une de l'autre ; le thermomètre contenu dans cette
boite , monta jusqu'à 70 degrés , ce qui est , peu s'^^n faut , la
température de l'eau bouillante ; quoiqu'en plein air, la chà*
leur ne fût que de cinq degrés.
Le même observateur est parvenu , au moyen d'un appareil
€ort ingénieux , à reconnaître qu'il faut six mois entiers pour
^ue le cidorique des rayons solaires pénètse dans Técoi^ce àm
C A L 1^5
h terre jasqii'à la profondeur de trente pieds ^ de sorte que le
phis grand degré de chaleur s'y manifeste au solstice d'hiver;
et comme la progression du l'efroidissement est la même , son
maximum aiTÎve au solstice d'été. La variation de Tun à
l'autre n'est pas à la vérité fort considérable^ elle n'est que
d'un degi*é et j ; mais elle a été observée constamment la
même pendant trois années consécutives. Au solstice d'hiver
le thermomètre y marquoit 8.96, et au solstice d'été 7.75.
Cette expérience a été faite aux environs de Grenève , dans
un sol tout composé d'argile , qui est un fort mauvais con-
ducteur du calorique ; et l'on sent aisément que l'eilet doit
varier beaucoup, suivant la nature du sol, et sur-tout à des
latitudes qui seroientfort différentes les unes des autres. Il est
infiniment probable^ par exemple , qu'entre les tropiques le
calorique solaire pénètre plus avant dans la terre, et a'y .sou-
tient à un degré plus égal que dans les autres zones , puisque
le refiroidissement de la superficie n'a lieu dans aucune
saison.
Ce qu'il y a de certain, c'est que dans les contrées boréales,
telles que la Sibérie, le calorique solaire ne pénètre jamais
le sol avec asseie d'énergie pour fondre la glace au-dessous de
deux ou trois pieds tout au plus de la superficie. Les racines
des arbres ne pénètrent jamais au-delà oe cette profondeur;
et il y a une infinité d'endroits, même dans les plaines, où le
dégel ne s'étend pas au-delà d'un pied : c'est ce que j'ai eu
l'occasion d'observer difiérentes fois dans les fosses qu'on
faisoit pour enterrer les morts; et dès qu'une fois les corps y
•ont déposés, on est sûr qu'ils s'y conservei*ont aussi long-
temps que la température de ces contrées n'éprouvera pas d^
changement
On en a la preuve dans le rhinocéros qui étoit enseveli
dans le sable à trè»-peu de profondeur , sur les bords dit-
Fïhui, qui se jette dans la Lena à 64 degrés de latitude, où
il gisoit probablement depuis une longue série de siècles. Il
fut découvert par des chasseurs de zibelines , au mois de dé-
cembre 1771 , et il étoit si bien conservé, que les cils de ses
paupières n'étoient pas même tombés , ainsi qu'on peut le
voir à sa tête, qui est conservée avec un de ses pieds, dans le
Muséum de l'académie de Pétersbourg , où ces restes furent
envoyés après avoir été soigneusement desséchés.
Dans ces régions glacées , ni \e calorique solaire, rnlàfeu
central^ s'il existe) , n'ont assez d'efficacité pour fondre la glace ,
à quelque profondeur que l'on pénètre. C'est ce qui m'a été
attesté par tous les mineurs, et ce que j'ai moi-même observé
dans plusieurs circonstances , et notamment dans un nou-
IV. *.
146 CAL
veau puits que Ton creusoit sur un filon de la mine à'Ildi^
ion en Daourie. Pour observer la structure des roches , j'y
descendis au mois de juin 1 785 , et je vis qu'à la profondeur
de quarante pieds , où Ton étoit alors , les fissures étoient
remplies de glace.
Mais ce qu'il y a de remarquable , c'est qu'une fois les ex-
cavations faites , quelque profondes que soient les mines , et
dans quelque saison que ce soit ^ la tempéra tui-e s'y soutient
k plusieurs degrés au-dessus du zéro. Il n'y a rien de cons-
tant à cet égard : certaines mines n'ont qu'une chaleur de 6
k 6 degrés , tandis que d'autres mines cle la même contrée
et d'une profondeur à-peu-près égale , jouissent d'une tem-
pérature de 1 ô à 16. C'est ce qui me fait penser que la tempé-
rature douce qu'on éprouve aans ces souterrains métallifères ,
est principalement due à Tinfluence actuelle de l'air atmo-
sphérique , don t l'oxigène , en se combinant avec quelq ues sub*
stances minérales , occasionne ce dégagement de calorique.
Il peut se faire aussi que pendant l'été , le calorique de
l'atmosphère pénètre dans les souteiTains par les ouvertures
extérieures , et s'y accumule jusqu'à un certain point , de ma-
nière à s'y rendre sensible pendant une partie de l'hiver ,
plus ou moins long-temps suivant les circonstances locales.
C'est ce que me sembleroit prouver ce que j'ai vu dans une
caverne qu'on trouve sur la rive gauche de la Chilca y près
de la fonderie de Meiichinsk en Daourie^ à5ii degrés de
latitude.
■
L'entrée de cette caverne est ime espèce de puits , presque
vertical , de dix à douze toises de profondeur. J'y descendis
le 1*"" mars ( 1 784) : on étoit encore en plein hiver , et la tem-
pérât ui*e habituelle de l'atmosphère étoil de âo à a5 degrés R.
au-dessous de zéro. Car c'est une observation faite depuis
loDg-temps , oue dans toute la Sibérie , et sur-tout dans sa
partie orientale ^ appelée Daourie , le climat est aussi rude
que dans les pays a*£urope qui se trouvent à une latitude
plus élevée de 10 degrés. Néanmoins la température de la
Si-otte me parut être seulement de 3 à 4 degrés au-dessous
e la congélation. J'y vis dans plusieurs endroits des stalac-
tites très-volumineuses de glace solide , qui sont formées par
les eaux qui s'infiltrent pendant l'été. Mais ce qui m'a voit
Srincipalement attiré dans cette caverne , c'étoit la curiosité
e voir les congélations de la voûte , qu'on m 'a voit dit être de la
plus gi*ande beauté, et que je trouvai en effet d'un éclat ébloui»-
•ant : c'étoient de longs festons d'une glace presque aussi lé->
gère que des bulles de savon 9 formes d'un a&serablage d«i
tubes nexaèdrcs qui s epanouissoienlàleur exli^milé , et pr^
C A C i^ff
leDtoient des pyramides creuses. Celte glace légère et papi«
racée éloit produile par les vapeurs qui s'éievoient du fond,
de la groUe au cooimencemenl de l'hiver , où. la température
éloit, me dit-ou , sea^dblemeiit plus chaude que dans le mo-
ment où je iu'y trouvois. J'ai rapporté ces diiféren tes obser-
vations dan -> un des mémoires que j'ai publiés sur la Sibérie*
(Voyez Joam, de Phys, mars lygi , p, 23a et q36.) (Pat.)
CALOSOME , Caîosoma, nouveau genre d'insectes établi
Kr Fabricitts , qui doit appartenir à la première secLiou do
rdre des Coleopterks.
Ije» ccUoaomea , long^temps confondus avec les carabes^
sont d'assez grands insectes, ornés souvent des couleurs mé-'
talliques les plus brillantes. Leur corps est oblong, déprimé ;
la tête est grande , ovale ; les yeux sont globuleux , proémi-
nens ; les mandibules et les antennules sont saillantes ; les an-
tennes sont se lacées , un peu plus longues que le corcelet i
elles sont insérées en avant des yeux ; le corcelet est plane ^
9^5 bords sont arrondis : il est Ironqué posté rieuremenl , moins
large que la base des élytres. L'écusson est très-petil , el mémo
n'existe pas dans quelques espèces ; les élylres sont dures:
leur bord externe embrasse à peine l'abdomen. Le:» pattes
sont fortes , propres à la coui-se; on remarque un trochanler
à la base des cuisses de la dernière paire de pattes ; les cuiâsea.
sont comprimées; les jambes sont un peu arquées en dedans;,
celles des pattes antérieures sont munies de quelques épines.
Tous les tarses sont composés de cinq articles.
Ces insectes forment un genre composé de dix espèces^
presque toutes étrangères à notre pa^s. Nous en podsédons
cependant deux , le CiLOSOMK inquisiteur el le Cal.osom£
SYCOPHANTE. Réaumur a donné l'histoire de la larve de co
dernier , qui vit dans le nid des chenilUa processionaires ^
et en est l'ennemi le plus redoutable : la chenille ^ qu'elle
attaque et perce par le ventre y a beau se donner des mouve-
mens, s'agiter y se tourmenter , marcher ^ elle ne l'abandonne
pas jusqu'à ce quVlle l'ail entièrement mangée. La plus grosse
chenille ne sumt pas pour la nourrir un jour ; elle en tue et
elle en mange plusieurs dans la même journée; et lorsque la
gloutonnerie Ta mise hors d'état de se pouvoir remuer, elle
e^frt attaquée }xir d'autres larves de son espèce » encore jeunes
et assez petites y qui lui percent le ventre et la mangent , quoi-
que les chenilles ne lui manquent pas.
Dans lelat parfait y le caloaome sj cophante est d'un noir
bleuâtre^ luLiant;se8 élytres sont striée», et marquées de trois
rangées de petits points enfoncés : elles sont d'une belle cou-
leur verte-, avec des reflets cuivreux sur les côtés.
2
14» CAL.
Le calosome inquisiteur ( caioêoma inquiêitor ) est vert
bronzé en deasouA ; bronzé en dessus , ses élytres sont mar-
quées de trois rangées de petits points enfoncés.
Ces deux insectes , décrits par Geoffroi , le premier sous le
nom de bupreste carré couleur d'or , et le second sous celui
de bupreste c€arré couleur de brome antique j se trouvent
aux environs de Paris. Ils se tiennent ordinairement sur les
arbres et principalement sur les cbénes, où ils donnent chasse
aux difierens insectes dont ils se nourrissent : il paroît qu'ils
attaquent principalement les chenilles. (O.)
CALOUASSËouCOLOUASSE^ nom vulgaire que
porte en Solo^e la PiE-ORiicHE orise. F'oy, ce mot. (Vieii^l.)
CALP 9 pierre argileuse ou plutôt marneuse , de couleur
noire, qui forme des carrières considérables près de LMcan,
Ceu connu par ses eaux minérales hépatiques , à quelques
milles à l'ouest de Dublin : on ne la trouve pas ailleurs.
C'est le célèbre minéraloaiste Kinvan qui lui a donné le
nom de calp , et qui Ta placée dans le genre argileux, parce
qu'elle possède les caractères distinctifs de cette terre plus
que ceux d'aucune autre ; car , quoiqu'elle fasse eflferves-
cence avec les acides , et qu'elle raye le verre , elle ne sau-*
roit être placée ni dans le genre calcaire, ni dans le genre
àilieeux : elle ne donne pas dé chaux lorsqu'on la calcine , et
elle ne fait pas de feu au briquet ; tandis que d'autre part elle
exhale,lorsqu'onrhumecteavecrha]ieine>rodeur particulière
à la terre ai^euse.
Relativement à cette dernière propriété , le savant M. A*
Piclet observe que l'odeur terreuse ne paroît point appartenir
k l'aivile pure , et l'on n'a pas fait asses d'attention à ce phé*
nomene.
Ijo calp a beaucoup plus de densité que les pierres cal-
caires ordinaires ; sa pesanteur spécifique approche beau-
coup de ceBe du marbre ; elle est de deux miUe six cent qua-
tre-vinfft; celle des pierres calcaires des environs de Paris,
est de deux mille , plus ou moins; celle du marbre de Carrare
est de deux mille sept cents«
Suivant l'analyse faite par Kirwan , le calp contient :
Carbonate de chaux 68
Silice i8
Alumine j S
Oxidc de fer a
Carbone et bitimie 3
Eau.. • 1 5
^ lOO
C A L 14g
Les cÎFconstancefl géologîquea de cette pierre sont aasas
remarquables : sous la terre végétale est un ut mince de gra-
vier calcaire, ensuite , et jasqu à une profondeur assez cons^
dérable , sont des couches de pierre calcaire d'une couleur
foncée , séparées les unes des autres par des bancs de schiste
iu*gileuz.
« A mesure que la carrière devient plus profonde , on re~
marque que la pierre calcaire se rapproche davantage de la
nature du dalp ; elle y arrive enfin par une transition lente
et à peine perceptible ». {BibL britan. n^ lAty.) (Vât^
CALQUIN y grand oiseau de proie du Chib^ dont Tabbé
Molina a donné une trop courte description , et qui lui a
paru différer de YiizquauUatMi du Mexique et de Yurulaiê^
rana du Brésil ( Hist, nat, du Chili , traduct. française ,
page ai5,) , c'èst^-à-dire de Y aigle couronné d^ Amérique ^ ou
de la Harpte. ( Voyez ce mol. ) L'envergure de celte espèce
d'aigle est d'environ dix pieds et demi ; un panache bleu dé-
core sa tête ; du noir bleuâtre teint les plumes de son cou eC
dé son dos ^ aussi bien que ses ailes ; sa poitrine^ blanche ^ est
picotée de brun y et des raies brunes et noires traversent aller-
natxvement les pennes de sa queue. (S.)
CALUMET. C'est une pipe des sauvages américains, dont
le tuyau est fort long , et qm est couverte de diflerens orne-
mens, de figures d'hommes, ou peinte de plusieurs couleurs.
Il y a le calumet de paix et le calumet de guerre ; celui-ci est
rouge , l'autre est orné de plumes blanches. £n signe de ré-
conciliation , les chefs des nations ennemies fument dans le
même ealumet de paix. Ce calumet est une sauvegarde pour
celui qui se présente dans l'armée ennemie comme parlemen-
taire.
Lorsqu'on traite de la paix , des députés apportent cette
£ipe en cadence , chanlenl l'hymne du calumet , et agitent
ss plumes blanches, qui sont le symbole des alliances. Rien
n'est plus sacré que cette réconciliation des peuples sauvages.
Lorsqu'ils entonnent léchant de la paix, et que les guerriers
lument ensemble, on laisse dormir la hache de la guerre, e(
lesenfansse reposent tranquillement sur le sein de leurs mèi*es.
Le père fume son calumet sur le berceau de son fils , et se
réjouit en le voyant agiter dans ses foibles mains les armes
qn'fl prendra quelque )our pour la défense de la patrie , ou
saisir le calumet de paix qm réconciliera les héros. (V.)
CALUM£T, nom quon donne, à Saint-Domingue, à
une plante, de la tige de laqpelle les nègres se servent
pour faire des tuyaux de pipe. C'est un PxNic. Kojen o^
mot (B.)
i5o CAL
CAXiYBE {Paradisêa chalybealjsiûi. pi. lo dj9 oiseaux
de paradis , tom. a de VHist. des oiseaux dorés ou à reflets
mttiîlUques, Ordre Pies, genre Paradis. Voyez ces deux
inot ). Ce bel oiseau de paradis ^ qui se trouve à la ^iouvelle-
Guinée , a près de douze pouces de longueur, le bec noir ;
le tour des mandibules el le fronl d'un noir de velours ; la
té!e verte ; le cou d'un vert plus clair; les plumes de la gorge,
de la poitrine et du dos, à reflets bleus, violets et verts ; les
ailes et la queue de couleur d'acier bronzé ; les pieds noi-
râtre.s. (Vieill.)
CAL VCANT , CaÎYcanthus , genre de plantes de l'ico-
sandrie polvg^nie , et de la famille des Rosacées , dont le ca«
ractère est d'avoir un calice turbiné , écailleux , se terminant
en plusieurs folioles linéaires , lancéolées , uu peu pubes-
contes et colorées; plusieurs pétales ligules portés sur le ca-
lice; \infii étamines plus couiies que les pétales, et insérées
sur le calice ; plusieurs ovaires supérieurs , situés au fond di|
calice, se terminant en style en alêne.
Le fruit est com {>osé de plusieurs femences , munies chacune
d'une queue ou pointe pailiculière , et enfermée dans le ca-
lice , qui s'est cpai^si et «i pi*is la forme d'une baie ovale.
Ce genre conipi-end \vv\s opt'ces d'arbrisseaux , dont deux
sont confondus jions le miu de Calycant de 1 loride. Tous
deux ont lv\«i feuiLt*s ojipostées , ovales, lancéolées, dépour-
vuesi de slipnles, mais Tune \çs a velues et plus grandes, 1 autre
glabres el plus j)elites. Ijen Ueurs de la première sont égale-
ment plus grandes , d'un rouge de sang plus foncé, et, de
plus, ré|>andent une odeur forte, que fautre n'a pas. Je
les ai observées en Caroline. Ou les cultive toutes deux en
} rriiice , où elles passent fort bien l'hiver en pleine terre , et
où elles Ûeurifisent tous les ans , mais sans porter de fruit.
Ou a indiqué {es fleurs et l'extrémité des rameaux de la
Sremière de ces es^ièces , comme fournissant par l'infusion
ans i'eau-de-vie une liqueur de table fort agréable.
Ses graines passent en Amérique pour être un poison pour
les chiens et les renards.
La troisième espèce est le Cai-ycawt du Japon , Calycan-*
thus precox Linn. C'est un arbrisseau bien plus petit que les
précédens, dont les fleurs sont jaunâtres et a'une suavité peu
commune. £Ues paroissent ^vant les feuilles et de ti*ès-bonne
heure. On le cultive dans quelques orangeries.
Les c^lycants sont figurés pi. ^.\5 des lUustralions de La-
xnarck. (B.)
CALYCANTHÊMES,famiUe de plantes dont la fructifi-
cation est composée d'un calice libre , tubuleux ou urcéolé et
CAL ï5t
persistant ; d'une corolle formée de pétales en nombre dé«
terminé , insérés au sommet du calice , et alternes , avec ses
divisions, quelquefois nulle; d'étamines en nombre égal à
celui des pétales , quelquefois en nombre double , attachées
au milieu du calice ; d'anthères petites , s'ouvrant en deux
loges par des sOlons latéraux ; d'un ovaire simple, libre ; d'un
style unique ; d'un stigmate souvent capité; d'une capsule en*
tDurée ou recouverte parle calice, uni ou mnltiloculaire, po-
Ijsperme ; à semences à périsperme nul, à embryon droit ,
à radicule inférieure , insérée sur un placenta central.
Les plantes de cette famille sont en général herbacées et an-
nuelles , rarement frutescentes. Elles ont une tige souvent cy-
lindrique , droite et garnie de rameaux tétragones, alternes,
ou opposés. Les feuilles , qui sortent de boutons coniques, et
nu», sont simples , opposée ou alternes , sessiles ou presque
^essiles. Lies fleurs , presque toujours hermaphrodites , sou*
vent dépourvues de corcàle, résident dans les aisselles des
feuilles ou sont placées au sommet des tiges et des ra-
meaux.
Dans cette famille , qui est la septième de la quatomèiîie
classe du Tableau du Règne végétal, par Ventenat , et dont les
caractères sont figurés pL so,n*^ 5 du même ouvrage, ouvrage
dont on a emprunté l'expression caractéristique ci-dessus , il
se trouve onze gem'es sous deux divisions, savoir, ceux à
fleurs pétalées , Pemfhis , Gimore , Henné , Salicairs ,
Acisanthëre , PARsoNst£ , CuFU££ , et ceux à fleurs sou-
vent apétales , Isnardte , Ammanis , OtAUCB et Pe-
PLTDE. F'oyez, ces mots. (B.)
CALiYCQPTÈRE, Garfycop^rw, genre de plantes
de la décandne monogynie , flguré par Lamarck , pi. 357
de «es Illustra iiorui , mais dont le caractère n'a paA encore été
publié par ce naturaliste. (B.)
GALYDëRME , Ckilydermos , nom que les auteurs de la
Flore du Pérou ont donné à un genre qu'ils ont ètphM ayec
la Beli^adonb physsalouoe de linnœus. {Voy. au tti^BKi.-
LADONE.) C'est le même que celui appelé Ni€andjib par
Adanson. Voye% ce mot (B.)
CAL YPLECTE , Calypleùtua , arbre du Pérou , qui
constitue dana l'icosandrie monogynie un geni^, dont le
caractère offre nn calice campanule , coriace ^ caduc , à dix
à douze pb's , à dix à dousedent»; dix à dowee pétales adnéa
aux plis du calice ; une trentaine d'étamines insérées au ca«
lice; un ovaire supérieur , globuleux, strié , surmonté d'un
fltyl« à stigmate simple ; une cJâpsUe globuleuse , iutiloculaire ,
i5s CAL
atriée longiiudinalement dans sa partie supérieare , se fen-
danr irrégiilièrement , et contenant pltuieun semences ap-
platies et membraneuses en lem*s bords.
Ce ^« nre est figuré pi. 1 3 du Gênera de la Flore du Pérou.
Il se i*approche du Lafgensie de Vandelii. (fi.)
CALVPFRANTE, Calyptranthes , genre établi par
Swartz poi/r placer quelques plantes jusqu'à lui confondues
avec les myrtes ou les Jambosierê. Jl est le même , suivant
Lamarck , que Veucàlypte de THéritier ; maïs il a cepen-
dant des caractères qui semblent plus que suffisans pour l'en
distinguer^ tels que le germe inférieur et le fruit. Il renferme
six espèces , savoir , les CAi<YrTRANT£8 suzyoie et chytra-
cuiaE j qui étoient des myrtes , et qui viennent de la Ja-
maïque. Les Calyptrantes a fbuilles de giroflier et
jAMhOJjMiB , qui étoient des Jambosiers , et viennent de
riude ; leurs fruits se mangent cruds , mais ils sont acerbes,
et il n'y a que les pauvres ou les enfiins qui les reclierchent.
£nfîn» les Calyptkantes de G uinée et a feuilles roiobs,
qui sont nouveaux. Foyez aux mots Myrte , Jamdosier ,
et Eucalypte. JB.)
CAL YPTRÉ£ , Calyptrœa^gsnre de coquilles conoïdes »
à sommet vertical , entier et en pointe p dont la cavité inté-
rieure est munie d'une languette en cornet, tantôt isolée,
tantôt s'épanouissant, d'un côté, en une lame décurrente en
api raie.
Ce genre faisoit partie des Patei^ubs de Linnœusy dont
Lamarck l'a séparé , en lui donnant pour tjpe la Patsli«b
CABOCHON , vulgairement appelée le bonnei de Neptune (^pa-^
tella equêstris Linn. ) , figuré par Dargenville pi. s. fig. K.
Voyez au mot Patelle. (B.)
CAL YTRIPLEX , Caiytriplx , plante herbacée du Pé-
rou , oui forme un genre dans la didynamie angiospermie.
Bile offre pour caractère un calice triple , persistant > Texte-»
rieui:* de deux folioles subulées ; l'intermédiaire à trois divi-
sions o^^es et aiguës ; l'intérieur de deux folioles lancéolées ;
une corolle irrégulière , à tube court , a limbe divisé en cinq
parties presque rondes , dont les deux suj>érieures sont plus
larges; quatre étamines; un ovaire supérieur^ comprimé ,
k style fiUfi>itnQ ', décliné , de la longueur des étamines et i
stigmate en léte ; une capsule ovale, biloculaire, bivalve, con-*
tenant plusieurs semences petites , sillonnées et striées , alla*
chées à un x^eptacle adné aux valves.
Ces cara«lài!es sont figurés.pl. 19 du Gênera de la Flore dm
Pérou, (B.)
CALI XHYMÉNFm C7/i.TAv?ntfma, genre dephnte»
C A M i55
établi par Ortega dans ses Décades botantqueê. II offre pour
caractère un caÙce à cinq divisions ; une corolle campanulée
à limbe à cinq divisions plissées ; trois élamines ; un ovaire
aupénenr surmonté d'un style courbé , à stigmate en tête.
xjà fruit est un drupe ovale , monosperme^ renfermé dans
le calice.
Ce genre contient quatre espèces , toutes originaires du
Pérou , et figurées pi. 7Ô de la Flore de ce paya. Ce sont
des plantes herbacées , à tiges articulées, à feuiLies opposées^
pétiolées , ovales, entières , qui ont les plus grands rapports
avec les nictages , et auquel doit être réuni le niciage via^
queux de Cavanilles, qu'on a déjà établi en titre de geni^
sous les noms de Vitmane et Oxybafhe. Voyez ces
mots. (B.)
CAA4AA 9 nom du bubale chez les Hottentots. Voyez
BCJBAJLE. (S.)
CAMAGNOC y espèce de manioc qu'on cultive à Cayenne ,
et clont on peut manger la racine , immédiatement bouillie ou
rôlie , sans aucun danger. On ignore si cette plante est une
variété du manioc ordinaire, ou si c'est une plante différente.
Voyez à l'article Medicinier. (B.)
CAMAIL {Tangara menalopie Lath. pi. enl. n^ 7i4 , fig. 9
de VHist. nat. de Buffon; ordre , Passereaux ; genre, Tan-
gaka. Voyez ces deux mots.). Ce tangara, fort rare, se
trouve à la Guiane dans les lieux découverts. Il a le devant
et le derrière de la tête , la gorge et le haut de la poitrine
noirs; le reste du plumage cendré , un peu plus clair sur le
ventre , plus foncé sur les ailes et la queue, excepté sur le
bord extérieur des pennes; le bec blanc à la base de sa partie
supérieure , et noir au bout et en dessous ; la queue un peu
étagée , et sept pouces de longueur. ( ViziLii.)
CAMARA , Lantana , genre de plantes à fleurs mono*
pétalées , de la didynamie angiospermie , et de la famille des
Pyrénacees , dont le caractère est d'avoir un calice quadri-
denté, court; une corolle monopétale un peu irréguuère, à
tube cylindrique plus long que le calice , un peu coui'bé , à
limbe plane , partagé en quatre divisions inégales ; quatre
étamines , dont deux plus grandes, et insérées au milieu dû
tube; un ovaire supérieur , oblong , chargé d'un style, dont
le stigmate est courbé en crochet.
Le fruit est composé de baies globuleuses qui contiennent
chacune un noyau à deux loges. Ces baies sont sessiles et ra«-
majuées plusieurs ensemble en tête ovoïde et pédonculée.
YoyesE lUuetrationa de Lamark , pi. 540.
Ce genre renferme dix à douze espèces , qui , k une près ,*
i5| C A M
sont toutes des ai^brisseaux dont les liges sont carrées, les ra*^
meaux quelquefois épineux , les fleurs rapprochées en paqueta
ombeiliformes , axiUaires et pédoncules , munies chacune
d'une bradée. Toutes sont d'Amérique, et la plupart ont leurs
feuilles odorantes.
Les plus communes dans les jardins sont :
Le Camara a i^euilles be mélisse , Lantana camara
linn. , dont les caractères sont d'avoir les feuilles op|K>sées , la
tige rameuse , sans épines, et les fleurs en tète ronde. Cet arbris-
seau a les fleurs jaunes , mais elles deviennent rouges après la
iScondation. On se sert en Amérique de ses feuilles, qui sont
frèft-odorantes , pour composer les bains aromatiques.
' Le Camaba piquant , Lantana aculeaUt Linn. , dont les
feuilles sont opposées , presque en cœur , les rameaux cou-
verts d'épines crochues et les fleurs en tête alongée. Cet ar-
l)usle a les fleurs semblables , et sei*t aux mêmes usages que le
précédent. Il croit dans les mêmes pays. On l'appelle Isi sauge
ile monta frne k Saint-Domingue.
11 y a encore le Camara a feuilles obtuses , Lantana
involucrata Linn. , qu'on appelle mont-joli à Cayenne , où
3 croît naturellement , et le Camar\ trifolié. Celui-ci est
herbacé^ même annuel; ses feuilles sont ternées, ses baies
ronges et bonnes à manger. 11 croît dans l'Amérique méri-
dionale. (B.)
CAMARIA , nom que l'on donne à I'HironsbIiLB acu-
tipenne de Cay£»ne. Voye% ce mol. ( Vibill.)
CAM ARIN£ , Empetrum , genre de plantes de k dioé-
cie triandrie , et de la famille des Éicornes , dont le caractère
^ d'avoir les fleurs quelquefoishennaphroditessouventdioï-
ques , et composées d'un calice di^dsé en trois pai*ties ; d'une
corolle de trois pétales oblongs; de ti'ois étami nés ; d'un ovaire
supérieur , un peu applati en dessus , surmonté d'un style
terminé par un stigmate à neuf divisions.
Le fruit est une petite baie globuleuse qui contient trois à
'neuf semences.
Voyez pi. 8o3 des Illustrations de Lamarck.
Ce genre est composé de tix>is espèces , qui sont des sous-
arbris9eaux à feuilles ramassées, alternes, presque verticillées^
petites, à fleurs presque sessiles, axi lia ires ou terminales. L'es-
pèce la plus commuae croît dans les montagnes élevées de
L'Europe. £n France elle est connue sous le nom de Bruyère
A fruits noirs. La seconde a les fruits blancs , et se trouve
en Portugal. La troisième vient de l'Amérique méridionale ;
^e a les touilles pinnées. ( B. )
C Â M i55
CAM AX y Càmax , nom donné par Wildenoy ^auRov-
rouRi£R d'Aublel. Vojez ce mot. ÇB.)
CAMfiING , arbre des Moluquos , dont on ne çonnott
pas le genre , et dontrécorce passe pour ua bon remède con«>
tre la dyssenterie. (B.)
CAMBOGË, Cambogîa, C'est un arbre de l'Inde, qui four-
nit la gomme gutte. Il formoit un genre particulier sous ce
nom. Gserlner ayant prouvé que ce genre devoit être réuni
avec celui du Mangoustan , on 1 y trouvera décrit comme
espèce. (B.)
CAMBROUZE , sorle de roseau qui devient gros comme
le bras , et qui s'élève beaucoup sur le bord des rivières delà
Guiane , ou il est commun. On l'emploie aux même? usages
que le bambou. Voyez au mot Roseau. (B.)
CAM-CHAIN , espèce d'orange qui croît dfins le Ton-
quin , et qu'on regarde comme une des meilleures qui soient
connues. (B^
CAME y Chôma , genre de coquilles bivalves , dont le ca--
ractère est d'avoir lesvalves inégales , adhérentes aux rochers ;
une charnière composée d'une seule dent oblique , épaisse ,
crénelée ou raboteuse, et articulée dans une cavité de la valve
opposée.
Ce genre, suivant les caractères ci^dessus, ne contient
qu'une petite partie des coquilles qui entroient dans celui de
liinnaeus. Bruguière , et après lui L^mardc , en ayant formé
?uatre nouvcaqx à ses dépens , savoir , Ca&ditb » Tridacne ,
socARDE et IIiFpOFE. ( royez ces mots. ) Il contient encore
bien^moina des coquilles appelé^s cames par Dargen ville et
auli*es conchyliologistes français.
D après ce qui vient d'être dit , lorsqu'on trouvera le mot
Came dans un ancien auteur , il faut en étendre la significa-
tion , l'appliquer à des bucardes , à des maetrea y à des venue
et des donacee , &c. Il est difiELcii^ de fixer le point où il fauH
dra s'arrêter , parce que chaque autem* a varié dans son ac-
ception ; ainsi GeofTroi l'applique aux cyclades , Lister aux
teilines , &c. Voyez tous ces mots.
Les came/i proprement dites vivent ordinairement à une
tite profondeur dans la mer. On les y trouve toujours at-
ichées aux rochers ou aux coraux , ou groupées ensemble
d'une manière très-variée. Elles offrent rarement des cou-
feurs brillantes ; leurs valves s'entr'ouvrent fort peu, et diilerent
)>eaucoup dans la même espèce , à raison de la gêne qu'elles
éprouvent souvent dans leur croissance.
L'animal de la Came oRYFHoïns a été figuré par Adanson ,
pi. i5^ fig. 1 de YHUtoire des coquiUagee du SénégaL Ije
iac
i56 C A M
manteaa est fort épais / relevé eu son contour d'un nom-
bre infini de petits tubercules jaunes ^ disposés sur cinq rang»
et fort serrés. Il est percé de trois ouvertures , dont l'une laisse
passer le pied de Tanimal , et les deux autres , qui sont sur le
dos y sont Vun la bouche et l'autre l'anus ; le pied , qui a la forme
d'une hache en croissant , est une fois moins long que la
coquille , et porte ^ dans son milieu , un petit lobe charnu de
forme carrée. '
Les parties intérieures de cet animal sont assez semblables
à celles de Yhuitrejmais au lien d'un seul muscle d'attache anx
battans de la coquille , on en voit deux dont les impression*
sont très-marquées.
Poli , dans son ouvrage sur les testacés des mers des Deux-
Siciles, appelle cet animal Psylofe ( Voye* ce mot ) > et le
figure 9 avec des détails anatomiques , pi. ai, n® 20 du même
ouvrage. Il est ovipare , et ses œufs sont enveloppés d'une
membrane terminée en queue. On le regarde comme un
excellent manger.
Personne n'a encore observé la manière dont les camen
se propagent ; mais il est très-probable que vivant fixées et
réunies en société , comme les huttres , elles jouissent du
même mode de génération. Voytz au mot Huître.
On mange par-tout les cames comme les huttrea.
On en trouve fréquemment de fossiles en France et ailleurs.
Le nombre des cames est peu considérable^ on en compte
à peine une douzaine d'espèces^ parmi lesquelles il faut i-e*
marquer :
La Came FEUiLiiXTÉs , dont le caractère est d'éti-e cou-
verte de feuillets lâches j tuiles , déchiquetés , les bords lé-
gèrement plissés. Elle est figurée dans Dargenville, pi. 17 ^
ng. F ^ et se trouve dans la Méditerranée , et dans toutes lei
mers entre les Tropiques.
La Came gryphoïde , dont le caractère est d'être cou-
verte de feuillets seirés , tuiles, plissés , ou épineux ; le dedans
et le bord des valves légèrement striés. Elle est figurée dans
Adanson à la planche citée plus haut. Elle se trouve dans
toutes les mers entre les Tropiques et dans la Méditerranée. (B.^
CAMÉAN , petit arbre mentionné dans Rumphius , qui
paroît avoir quelques rapports avec le Croton ; mais dont
on ne connoît les parties de la fructification que d'une ma«
nière fort incomplète. Voyez au mot Croton. (B.)
CAMEE ( Voyez Agate. ). On appelle en général camée
toute gravure sur pierres fines , composées de deux couches
de couleur différente, dont l'une sert à former les figures «
•t l'autre le fond. (Fat.)
•
•
B.6.
4. ji\4ia* tontérie ■ v- Boa brodé .
C A M ^ i57
C A MELEE, Cneorum, petit arbrisseau toujours vert
^u'on trouve dans les lieux pierreux des pairie» méridioiialea
de l'Europe. Ses feuilles sont alternes ^sess»iles, alongéea, en->
tièreset un peu épaisses. Ses fleurs sont petites, jaunes , ter-
minales ou axillaires , solitaires ou réunies deux ou trois en-
aenible ; chacone de ces fleurs consiste en un caUce'à trois
dents ; en trois pétales oblong*» ; en trois élamines, en un ovaire
«npérieur , globuleux , trigone , surmonté d'un style court ,
dont le stigmate est Irifide.
. Le fruit est formé par trpis coques dures réunies , et reii«
fermant chacune deux à trois semences.
Lie suc de cet arbrisseau est acre , drastique et caustique ;
on L'emploie aussi quelquefois comme détersif; mais son usage
est très-dangereux.
Voyez ph 27 des Illustrations de Lamarck, où ce genre est
figiuré. (B.)
CAMELEON, Cameleo , genre de reptiles de la famille
4e8 LjÉzabos , qui ollre pour caractère un corps comprimé ,
tubercule , sans écailles ; une queue prenante ; quatre pattes;
cinq doigts réunis trois par trois et deux par deux ; une langue
vermiforme , terminée par un tubercule spongieux ; des mâ-
choires sans dents et sé^mrées ; deux yeux , grands ; recou-
verts , et n'ayant qu'une petite ouverture ; point de trou au-^
ditif externe.
Cegenre avoit été confondu par Linnteus avec lesLéz a ads,
mais il en a été retiré par Alexandre Brongniard. Voyez aux
mots LisAiin , HARFijOLOOis et Sacriek.
Une espèce de ce genre est connue de toute antiquité , et.'
a été long*temps célèbre, à raison de ladculté qu'on lui sup-
posoit de se nourrir d'air, et, de changer de couleur sek>n
les objefo dont elle s'approchoit. Aujourd'hui Tobeervalion a
£ût justice des fables dont elle a été lobjet ; maislecaifs^/^o/i^
dans le lainage oratoire et dans celui de la poésie, n'en est
r\ moins encore l'emblème de ces hypocrites , qui prennent
manière de penser et d'agir des hommes puissans , et qui
en changent toutes les fois que cela est nécessaire aux fins d»
leur vile ambition»
Ce n'est que dans les parties les plus chaudes de l'Afrique
et de l'Asie qu'on a trouvé les caméléons y il est très-probable
qu'il n y eu a pas en Amérique, quoique Séba en mentionne
comme venant de cette partie du monde. Le premier de ces
pays paroit être principalement cdui que leur a destiné la
nature, puisque de quatre espèces que l'on connoit, trois s'y
rencontrent.
La tête du caméléon est triangulaire ^applatie sur les côtés;
i58 C A M
ta bouche est très-fendne ; les os des mâchoires sont déniés ,
mais ils ne sont point garnis de dents comme ceux des autres
lézards ; les yeux sont gros ou très-saillans^ ils se meuvent
indépendamment Tun de l'autre^ et sont recouverts par une
membrane chasrinée, quien suit tous les mouvemeas ; cette
membrane est divisée par une fente horizontale ^ au travers
de laquelle on apperçoitune prunelle vive , brillante, comme
bordée d'or ; aussi le caméléon ;ouit-il du sens de la vue au
plus haut degré , et la membrane dont il vient d'être question
sert à la préserver de la trop grande vivacité de la lumière ;
la gorge a un gonflement comme dans les iguajies y mais ce*
Eîndant moins marqué \ son corps est couvert d'une peau
che et granulée ; ses pattes sont fort longues, et n'annoncent
pas un animal rampant ; aussi se tient -^ il presque conti-
nuellement sur les branches des arbres ; les cinq doigts de
chacun de 9d% pieds sont également longs , garnis d'ongles
crochus, et réunis, pardes peaux , en deux paquets, avec cette
diflérence qu'aux pieds de devant c'est le paquet extérieur
qui n'a que deux doigts, et qu'aux pieds de aerrière c'est l'in-
térieur. \}vi<t telle ciiApOfifilion dans ces parties donne à ces ani-
maux une trèA-grau(Je faciliié pour saisir les branches des ar-
bres et s'y tenir perchés à la manière des oiseaux ; leur queue
longue et douée d'une ansez grande force prenante , leur sert
encore à s'y fixer plus solide ment.
La démarche des caméléons est fort lente ; on les voit
quelquefois des ^ours entiers sur la même branche ; ce n'est
qu'avec une sorte de circonspection , après avoir tâtonné ,
s être fixés fortement avec la queue, qu'ils se hasardent à faire
Juelques pas. Cette lenteur de mouvement , et leur dénuement
'armes défensives et offensives , les rendent victimes de tous
les ennemis qui veulent les attaquer, aussi s'en fait-il annuelle-
ipenl une immense destruction , et l'espèce serofl bientôt
anéantie si sa fécondité n'étoit pas aussi grande.
C'est d'insectes, et principaiemeut de mouches, que vivent
les cam^/^on«; ils les saisissent avec vivacité ,au moyen de leur
langue longue et gluante, etles broient entre leurs mâchoires.
Ils peuvent rester , comme les auti^es reptiles , des mois sans
manger, c'est ce qui avoit fait croire qu'ils rivoient d'air; mais
enfin ils succombent au besdhi. Leur }x)n te est de neuf à douze
œufs , c}ue la femelle dépose dans le sable, où iU éclûsent par
le seul ctlet de la chaleur.
On ignore la durée de la vie des caméléons ; mais on peut
présumer que peu d'individus arrivent natunllement au
terme fixé par la nature , puisque , comme on vit-nt de le
dire , ils ne peuvent ^ que par un grand hasard , échapper
C A M i59
aux nombreux animaux qui leur font la guerre , et qu'un
caméléon apperçu est un caméléon per^u. Dans les pays un
peu froids , comme dans la Basse-Egypte , sur les côtes do
Barbarie , ils se cachent pendant l'hiver dans les trous ^ sous
des tas de pierres, où ils restent dans un état de parfiûte im-
mobilité , mais sans être endormis.
Les Indiens et les Africains regardent les caméléons comme
des animaux utiles, et les voyent avec plaisir, autour de leurs
maisons , détruire les insectes qui les tourmentent ; ils ne lui
fout jamais de mal , et se plaisent môme à le caresser. Le ca*
méléon de son côté est fort doux , on peut le prendre dans
la main , lui mettre môme le doigt dans la bouche, sans crain-
dre qu'il cherche à mordre. Les uns disent qu'il ne peut pous-
ser de véritables cns ; les autres qu'il fait entendre un petil
sifflement lorsqu'on lo surprend et qu'on le saisit
«c Mais, dit Lacépède , soit que le caméléon grimpe le long
des arbres , soit que, caché sous les feuilles, il y attende paisible-
ment les insectes dont il se nourrit , soit enfin qu'il marche sur
la terre , il paroit toujours assez laid ; il n'oifre ni propor»
tionsagréables, ni légèreté danssa démarche ; ce n'est qu avec
circonspection qu'il se remue : s'il ne peut pas embrasser les
branches sur lesquelles il veut grimper , il s'assure à chaque
pas qu'il fait, que ses ongles sont bien entrés dans les fentes de
l'écorce ; s'il est à terre , il tâtonne , il ne lève un pied que
lorsqu'il est sâr du point de gravité des trois autres : par toutes
ces précautions il donne à sa démarche une sorte de gravité
pour ainsi dire ridicule 2>.
Le caméléon n'arrèteroit donc pas les regards de ceux qui
ne cherchent à remarquer que les objets les plus saillans du
règne animal , si la faculté de présenter , suivant ses diiférens
états, des couleurs plus ou mmns variées , comme on l'a déjà
dit , ne l'avoient depuis long-temps rendu célèbre.
Ces couleurs , en effet , changent avec autant de fréquence
que de rapidité ; mais il n'est pas vrai , on le répète, qu'elles
soient déterminées par celles des objets environnans ; leurs
nuances dépendent de la volonté de l'animal, de l'état de son
a me , de sa bonne ou mauvaise santé, et sont subordonnées
d'ailleurs au climat , à Page et au sexe.
On croyoit , du temps de Pline, qu'aucun animal n'étoit
aussi timiile que le caméléon; et en effet , n'ayant , comme on
Ta vu, aucun moyen de défense, et ne pouvant sauver sa vie
par la fuite , il doit souvent éprouver des craintes , des agita-
tions intérieures plus ou moins considérables. Son épiderme
est transparent ; sa peau est jaune, et son sang d'un bleu violet
fort vif. il en résulte que, lorsque la passion, ou uneimpres-
i6o C A M
aîon quelconque fait passer plus de sang du coour à sa surftca
^t aux extrémités^ le mélange du bleu^ du violet et du jaune
produit plus ou moins de nuances diffîrentes. Aussi^ dansTélat
naturel , lorsqu'il est libre , et qu'il n'éprouve aucune inquié-
tude ^ sa couleur est d'un beau vert, à quelques parties près, qui
offrent une nuance de brun roug^tre ou de blanc gris. Est-il
en colère? sa couleur passe au vert-bleu foncé , au vert-jaune ,
et au gris plus ou moms noir. Est-il malade? il devient gris-
jaune et jaune feuille -morte : telle est celle de presque tous
les caméléons qu'on apporte à Paris ou dans les autres pays
froids, et qui ne tardent pas à mourir. En général^ les cou-
leurs des caméléons sont d'autant plus vives et plus variables ,
qu'il fait plus chaud , que le soleil Drille dun plus grand éclat.
Elles s'anbiblisseut toutes pendant la nuit. Ces observations
ont été faites nouvellement par d'Opson ville et Golberiy , et je
les ai vérifiées, un très-granci nombre de fois , sur un animal de
la même ffimille , mais d'un genre différent : l'Iou ane rouok
OOBOE , Lacerta buUaris Linn. {Foyex ce mot.) , qui est égale-
ment d'un vert clair dans «on état naturel lorsqu'il fait chaud ^
et qui change à volonté et fort rapidement au vert-noir , au
vert-jaune , au gris et au brun , selon qu'il est plus ou moins
affecté par la présence des objets étrangers qui peuvent agir sur
lui. Lforsqu'il fait froid ( c*est en Caroline qu'u a été observé,
et il y gèle quelquefois ) , il est d'un gris nuancé de brun dans
quelques parties , et il n'a plus la faculté de varier ses teintes,
parce que son sang ne peut plus venir à la surface de sa pean,
modifier le jaune qui ta colore. Il est positivement, pendant
l'hiver , comme les caméléons que j'ai vus à Paris.
lie caméléon jouit d'une autre propriété qui mérite un
examen particulier. Il peut enfler à volonté les différentes
parties de son corps, et leur donner , nar-là , un volume plus
considérable. Il est probable que e'est-là, avec sa couleur sem-
blable aux feuilles , les foibles moyens de difiérence que la na-
ture lui a donnés pour ne pas paroitre entièrement marâtre k
son égard.
« C'est, dit encore Lacépède, par des mouvemens lents
et irréguliers , et non pas par des oscillations progressives, que
le caméléon se gonfle. Il se remplit d'air au point de doubler
son diamètre. Son enflure s'étend jusques dans les pattes et
dans la queue. Il demeui*e dans cet élat quelquefois pendant
deux heures, se désenflant un peu de temps en temps. Sa dila»
tation est toujours plus soudame que sa couipression. H est
S lus que prabable qu'elle a lieu par l'introduction de l'air
es poumons entre l'épiderme et la penu , muis il n'y a pas
d'observations positives siur cet objet digne , sans doute, des
C A M. jgi
cfaci*cli^ dès Toyageun. On est certain, du moins, que ce*
«nimaux peuvent aussi considérablement gonfler leurs pou-
mons , car ceux qui les ont disséqués sont fort discordans suif
le volume de cet oi^ne : lès uns le disent très-petit et les
autres très-gros ». '
On connoit aujourd'hui six espèces de caméiéowt , savoir :
LeCAM£L£ON COMMUN. C'est le plus grand deieus. Il est
très-reconnoissable à sa iéte chai^ de gixM tuberouks, à aoa
casque très-tranché, dont l'arête postérieure €Sl tiAs-fOrto et à
un enfoncement derrière chaque oeil. Le dos et I« carène in-
férieure du corps ont une crête formée par <^ dénis fines
et serrées. Il esl figuré dans Séba, pi. 8», n? i du premier
volume, et ni. 3 de VffisL nai. dtts quadrupèdes wparêê^
par Lacépède. '
I^ CAMijLBON DU SfiNioAL, qui est plus petit que le pré^
cèdent, dont 1^ casque est ellipsoïde, et applati en deJinis^
et dont le dos et la carène sont garnis de dents moins pro^
noncées. '^
Le CAMii.ioN nu Cap de BoN^K-Espin^K cb , dont lo
casque est presque plan en dessus, qui a une ligne de pïm
cros tubercules derrière chaque œU , dont les dents du dm et
de la carène du col sont écartées et ne se prolongent pas soua
le ventre et sous la queue.
Le CAMiLÉoN FovBOHU , dout le museau est avancé et ler^
miné par deux probngemens comprimés , dont le dessus d«
la tête est applaU, dentelé dans son contour ainsi que le com-
mencement de l'arête du dos. Il se rapproche du reste pour
la forme et la grandeur du caméléon commun. Il a été uguré
par Brongniard, à qui Riche Fa envoyé de Java , n® 36 du
Bulletin dee Sciences ^eï par Latreille, dans son JÏm*. nai.
des Repiiies , faisant suite au Buffbn, édition de Déterville.
Le CAMiLioN d' Afrique est noir ; son casque et la ca-
fène de son dos sont garnis de dents courtes et blanches. Il
est figuré dans Séba, pi. 85, u*» 4 du tome premiâr , et dans
VHist. nat. des repiiies , faisant suite au J!hM>n, édition do
Déterville.
Le CAMitéoN NAIN a le casque plat , oblong, à bords den-
telés et plissés sur le derrière. Il a au plus six pouces de long. Il
se trouve au Cap de Bonne-Espérancè , et est figuré dans Séba.
pi. 85, fig. 5 du lom. i«% et dans Daadin , pi. 55. (B.)
CAMÉLÉON-MINÉRAL. On a donné ce nom à l'oxide
de manganèse combiné avec k potasse, parce qu*il paroit
rouge dans l'eau froide, et vert dans l'eau chaude. Ce phéno-
mène'pro^e à combien peu de chose tiennent les couleurs s
i6s ^ C A M
auBai, éeroit*3. bien difficile d'en donner une e<plJcat»Ai pn^
cifle. Peul-étre» suivant un célèbre cbimiste , Taflote qu'il re-
^rde comme le principe alk^Ufiant, en ae dégageant de la
polaase, est-il en partie la cau9e de cea flingulières modifica*
fions. (Pat.)
CAMÉUSOPAIID, dùiatîncaaMZfo-jN^^ nom de la
OiiUFi-JB. ^c^êM ce mot (S.)
CAMELINE CULTIVÉE, MyagrumaaHvttm Un., {iêtra*
éymamiâMlieiêieuêe), plante annuelle d'Eui'ope, de la famille
deiCRiroirjfcRBS > cultivée en^landre pour sa graine^ dont on
retire par expression traelnule bonne a brâler. Elle n'est pas
xare aux environs de Paris ; elle croit naturellement dans les
4Mgi$êf les orgeê et les aPoineê.SB, tige est droite , cylindrique
et rameuse vers son sommet ; ses rameaux sont lisses et rem-
plis d'une moelle spongieuse ; ses feuilles un peu velues ,
vertes^ moUes et pointues , embrassent la tige par leur base y où
eUes ont deuï petites oreillettes ; leurs bords sont légèrement
dentelé^ Se» fleurs , portées par des j)édoncule8 d'un pouce
de longueur , forment des épis clairs oo lâches aux extré*
mités ae8 branohesé Elles sont composées d'un calice peu ou-
vertet à quatrefolioles ; de quatre pétales jaunâtres et en croix ;
deaiic^mmesy deuxcourteset quatre longues^ avec de» an-
thères simples ; d*un germe supérieur et ovale; et d'un slyle
conique ou en alêne, penistant et tenniné par un stigmate
Qbtu». lies piUcides.dela plante sont petites^ ovoïdes ou ea
fi^rme de poire» jplus lai^gea dan^ leur partie supérieure , bor*
déeaet couronnéesau sommet , par le style de la fleur ; chaque
silfcule est à. deux loges et remerue <Ux A douse petites se-
9»ences ovoïdes et rouges^ CD,)
Cette pUnteohange de nom , seloii le canton où on la cultive»
Dans les pays eirconvoisins de Calais /on l'appelle camomen,
dans la Picardie ycamoinsâf^^. et don^ d'antres^ msoum étjilU^
9f»a^n0, Elle s!apperçoit dan» tous les lins, parmi lesquels sn
grune se mâle. Les cnbivateum,, & la vérité , ne se plaignent
]2as du dommage c|u'elle lenr oanse , IMu^ce qu'on peut la rouir
et la Hier avec le lin : cependant, il faut l'avouer, si la graine
de cameiine s'y trouvoit dans une certaine quantité , il» ne
mauqueroieut pas de chercher et de trouver les moyens d»
»*en débarrasser 4 Vu que tk filasse lui est inférieure.
Ban» les oampames de» environs de Béthune, on cnltive
beaucoup de cameUne / die est destinée à remplacer le lin ,
le colsa , les paxots ou œillets que Tintempérie des saison» a
détruits, tantôt jMur. des «dées inattendues, tantôt par l'ardeur
du soleil ou par des sécnereaaM prolongée» ; «doiv le» culli*»
C À M . ,63
▼atears remplacent ces plantes par la cameline. Elle ne trompe
jamais leur attente , parce que pouvant être semée beaucoup
plas tard , et n'exigeant que trois mois au plus pour parcourir
tous les périodes de sa végétation , elle n'est pas exposée aux
mêmes inconvéniens. Ce sont là de ces avantages qu'on ne
sauroit assez apprécier dans les cantons où les gelées tardives
Anéantissent en un instant toutes les ressources de leurs habi-
tans.
Dans les environs de Mont-Didier , on ne sème presque tort-
jours la cameline que sur les parties des pièces de froment oà
ce grain a manqué. Oir est encore à temps de profiter de la
ressoui'ce qu'oflFire cette plante , pour tirer parti de ces places
vides dans le courant d avril.
La cctmeline se cultive comme le Un , mais elle n'exige pas
une aussi bonne terre. Après lui avoir donné deux labours
avec un hersase , on sème à la volée la graine , qu'on mêfe
avec du sable ^ à cause de sa ténuitél Une mesure qui en con-
tient environ deux livres suffit pour couvrir un arpent de
cent perches à vingt-deux pieds la perche ; les pieds doivent
'se trouver espacés à environ six pouces les uns des autres,
afin de multiplier davantage la graine.
Si la cameline est semée drue , elle étouffe toutes les autres
plantes. Si elle est semée clair ^ il faut enlever les pieds afin
qu'elle n'en soit pas incommodée.
Trois mois après l'ensemencement, la graine de la came-'
Une est mare , mais , pour la récolter, il ne faut pas attendre
que Içs capsules soient parfaitement sèches , il suffit qu'elles
commencent à jaunir ; autrement on seroit exposé à en perdre
beaucoup. Cette graine est jaune, un peu oblongue , et exhale
à sa maturité une odeur d'ail, qu'elle perd par sa dessication;
elle ne conserve pas sa vertu germinative aussi long-temps que
celle de beaucoup d'autres plantes, et ne réussit qu étant semée
un an après sa récolte.
Des usages économiques de la Cameline,
Lorsque la graine est vannée, on l'envoie au moulin pour
en tirer l'huile par la pression ; cette huile est bonne à brûler,
et a moins d'ooeur que celle de colsa ; celte dernière pai-oît
cependant plus estimée, car sa graine to vend i3 fr. lorsque
la même mesure de cameline ne vaut que ii fr. ; l'huile qu'on
en extrait suit à-peu-près les mêmes proportions : à la vérité il
semble que depuis quelque temps elle est plus recherchée à
cause vraisemblablement de ses usages plus multipliés. Plu-
sieurs fabriquans nous Ont assuré qu'elle éioit employée aux
t&^ € A M
vaiweaux^ à la peinture^ et sur-tout à Téclaîrage^ parce au 'elle
a Tavanlage de donner moins de fumée que les autres nuilea
dont on se sert dans les parties du nord de la France y pour le
même ob)et; on l'emploie encore dans la confection du savon ,
en hiver , de préférence aux autres huiles; car dans les tempa
chauds elle n a pas le même desré d'utilité , mais c'est mal-a«
propos^ que dans quelques enoroits on appelle cette huile ,
nuite de camomiiU, au lieu de cameline; la camomille est une
plante fort différente , dont on ne tire pas d'huile. Voyez au
mot Camomjjule.
Quand la tige de cetie plante est baJltue, dépouillée de sa
graine et séchée, on la conservé en tas, ^u'on appelle moie ,
ou s'en sert pour se chauffer; elle est aussi employée a la cou*
verture des maisons des habitans de la campagne.
Quoique dans les pays où le lin vient mal ,1a cameline pour-
jroit fournil* une filaÏMe utile , c'estspécialement pour son pro-
duit huileux qu'elle est cultivée, et au'on peut se fiatter d'en
retirer un grand profit; la matière filamenteuse est si abon*
damment répandue dans la nature, qu'il n'y a pas d'arbres ,
d'arbrisseaux , ou déplantes qui ne la contiennent , soit dana
l'écorce , soit dans les feuilles , soit enfin dans le fruit ; oa
peut donc se dispenser de songer k celte dernière ressouixe
dans la culture ae la cameline.
Cependant , auand on considère que l'huile de la cameline ,
3uoique, dans le commerce, son prix soit inférieur à cdui
es autres huiles , appartient à une plante qui en donne une
ti-ès-grande quantité , qu'elle peut se semer dans des terres
aècfaes et légères sur lesquelles le lin ne réussiroit point , qu'elle
supplée les récoltes avortées , et en fournit deux dans un cas
urgent à cause de l'extrême promptitude de sa végétation , et
du peu qu'elle exige du sol , on a droit d*étre étonné , forma-
lisé même , que la cameline , qui réunit tant d'avantages, soit
encore dédaignée dans les cndi*oits et dans les circonstances
où elle pourroit remplacer le coUa, la navette , VœilleUe.
Mais supposons que l'iiuile de la cameline ne soit propre
3u'àlalani[)e, et que ce soit par fraude qu'on en alongerhuile
e colsa pour dégraisser les laines , ne seroit-il pas possible
que la chimie parvint à la rendre moins grossière? Lendormy,
médecin à l'hôpital militaire d'Amiens, k qui les objets d'è«
conomie ne sont point étrangers, a obtenu quelques résultats
qui lui font croire que ai , avant l'extraction , on faisoit digérer
la graine dans une lessive alkaline, on pourroit parvenir à
l'améliorer*
Les hivers rigoureux des années précédentes ayant détruit
xvx graud nombre de noyers et beaucoup d'olivien , on a
C A M iGS
eherché à réparer cette pei*te , en^ introJuûant dkns les can-
tons du inidi àfi la France des plantes annuelles , telles que le
papot, la navette ; mais la camelîne, dont l'huile est de^inéeà
brûler on à défijraisser les laines^ ou à fabriquer des savons,,
doit élre adoptée dans tous les endroits où les gelées tardivea-
détniisenl ces dernières plantes.
Au lieu d'aller chercher dans les plantes sauvages le filament
ouThuile qu'on peut en. retirer et qui ne sont jamais que des
ressources précaunes , pourquoi ne pas accorder plus a exten-*
sibn à celles pour lesquelles le sol de la France est si favorable ?
Cultivons plus de Un , de chanvre , de navette , de pavots
et decameiine , alors nous ne serons pas obligés de tiver de
Iltranger pour des sommes exorbitantes ^ de £i graine et de
Huile de lui , du lin et du chanvre en masses , filés ou ouvra-
gés, que peuvent fournir nos fabiiques nationales» Les végé-
taux propres à fournir de Thuile ont bien trouvé quelquea
écrivains, et dans ce nomhre nous dntingpons Rozier ; mais
il est honteux que nous ne possédions pas encore de traité
complet à cet égard , quand on en » tant composé pour des
plantes dont les avantages sont au moins problématiques.; il
reste cependant beaucoup de recherches, à faire, pour per-
fectionner Teurs produits, doubler le prix des huiles , et les.
rendre en même temps d'un usage pl\^ général et plus éco-
nomique. Nous saisirons l'occasion:, au mot Ouvier, pour
présejiter quelques vues sur celte branche de L'industrie agri^
cole , et du commerce nationall (Pabm.).
CAMELU , Càmeilia , arbrisseau toufours-vert, que Foi^
cultive dans les JMrdins.de la Chine et du Japon, à raison de
la beauté de ses fleurs. Ses feuilles sont alternes, ovales, poin-
tues, dentées, coriaces et luisantes. Ses fleurs sont grandes,,
d'un rougf? vif,, sessiles^ solitaires ,. et réunies trois à- quatre
ensemble au sommet des rameaux.
Chacune de ces fleursoonsîste en un calice imimqué , com-
posé de plusieurs éoaîlies avrondies^ concaves , caduques ; en
MX pétalesovales, obtus, beaneonp tdws grands que le calice,
etcobérens àleur base; eh un grand nombre d'étamine» dont
les filamens sont réunis inférieurement ; en un ovaire stipé»
rieur , oblong > surmonté d'un style simple , dont le stig-
mate est aigiu
lie fruit est une capstde hirbinée, à trois ou cinq côtes aiTon-
dîes, divisé intérienrement en un pareil nombre de Ibges qui
contiennent chacune un ou deux noyaux.
On cultive cet arbuste dans quelques jardins de botani-
«IW , nau il deinande l'orangei^.
i66 C A M
n double facflement , et c'est principalement dans cet état
qu'on le voit représenté sur les papiers et tapisseries chinoises»
Ses feuilles sont ovales , oblongues , un peu dentées ; ses
fleurs en nombre de deux ou trois sur le même pédoncule , et
le drupe a quatre loges. On tire de ses amandes une huile fort
estimée pour graisser les cheveux , et faire des préparations
médicales .• attendu qu'elle est odorante et ne rancit pas faci-
lement.
Il est figuré dans les Illustrations de Lamarck, pi. 694.
On cultive à laCochinchine^ une plante que Loureiro a
appelée cameline^ quoiqu'elle s'éloigne de celle-ci par ses ca*
ractéres. (B.)
CAMERIER , Cameraria , genre de plantes à fleurs poly-
pétalées , de la pentandrie monogynie , et de la famille des
Apocinées, don lie caractère est d'avoir un calice monophylle
à cinq dents ; une corolle monopétale , infundibuliforme , à
tobe cylindrique^ à limbe plane ; à cinq divisions tournées
obliquement ; cinq étamines très-petites dont les filamens sont
munis d'un ap|>endice à leur base et les anthères conniven-
lés; un oVaire supérieur , à deux lobes, surmonté d'un style>
dont le stigmate est bifide. ""
Le fruit est composé de deux follicules, oUongs ^ compri-
més , lancéolés , ayant deux lobes opposés à leur base, écartés
horizontalement l'un de l'autre. Ces follicules sontunivalves
et renferment plusieurs semences ovales, applaties, terminées
chacune par une aile 'membraneuse et imbnquée.
Ce genre , qui est figuré pi. lyS des Illustrations de La-
mfàrak , enferme quatre espèces. Ce sont des arbres ou des
arbrisseaux à rameaux dichotomes , à feuilles opposées , à
fieurs axîliaires ou terminales. Trois croissent à la Guiane ,
et une dans l'île de Ceyian.
L'un des plumiers, est le Camehier a larges feuix^lbs ,
dont les feuilles sont ovales, aiguës des deux côtés, et trans\'er-
salement striées; il vient de Oayenne. L'autre est le Cambrieh
A FLEURS JAUNES , dont Ics feuilles sont ovales , oblongues ,
aiguës, les fleurs grandes et très-odorantes ; il. vient du même
pays. Le camerier de Ceyian ressemble si fort au premier,
qu'il avoit été d'abord confondu avec hii par Linnteus. (B.)
• CAMERINE, Camerina^ genre de coquilles dont on ne
connoît encore que des espèces fossiles, vulgairement connues
sous le nom de numismales ou de pierres lenticulaires. Ses
caractères sont d'avoir une seule valve, sans spire extérieure,
et rintérieur divisé en un grand nombre de cloisons impep-
forées.
Ainsi les camérines ressemblent à une lentille > et ne
C A M 167
laissent rdt ancime oi^gBsîsatton à rextêrienr; Pour biea
les obsenrer , il faat diviser la coquille parallèlement , et
alors on remarque dans Tintérieur une spire , tournant
sur un plan horizontal^ et se terminflnt.y sur le tranchant
de la lentille , en une ouverture qu'où ne peut voir ,
quand elle est entière, qu'avec beaucoup de dif&cullé, pàrco
quelle est bouchée , et qu'on ne sait l!endroit où il faut la
chercher. Les tours de cette spire sont coupés transversale-
ment par de petites cloisons imperforées , très-rapprochées ,
•ans aucune trace de siphon. Les surfiices convexies , qui la
recouvrent > sont composées de lames appliquées les unes sur
les autres , qui se réunissent au centre. Le moyen le plus
simple d'opérer celte séparation , est de mettre au feu la ra-
mérine , et do la jeter tre»«haude dans de l'eau froide : alors
un petit coup > sur la tranclie ,.la, sépare en deux parties égales»
La petitesse de la dernière loge de cette coquille , la seule
que l'animal ait pu habiter , ainsi que la structure des hunes
qui recourrent la sph^e 'des deux c6tés , oût fait penser , à
Bruguière> que l'animal devoit s'étendre à l'extérieur, reeou*
vrir la coquille on tout et en partie. Ses conjecture, à cet
égard y sont très -ingénieuses, et màxiïidni d'être lues dans
V Encyclopédie méthodique.
Les anciens, qiii avoient été frappés de la forme organisé*
'de ces fossiles , ont publié sur' sa nature des opinions fort
Inzarxes qui ne méritent pas Jétre rapportées. La plus grande
|Mirlie des naturalistes ne doutent pas s^ourd'hui que ce ne
aoit de vraies coquilles fossiles, qui ne difi^retit des nautiles
que parce que la spire tourtie entièrement dans l'ihlérieur,
et que les cloisons ne sont point perforées. Lam'arck a , dam
ces derniers tenaps, prétendu que c'étoient des pofypiérs f
mais cette ofnnion ne soutient pas ma exadfen approfondi»
Il les appelle des nummuUtes, avec quelques anciens natu-*
ralistes*
Les cmmérines se rencontrent dans beaucoup de pays , et
dans quelques-uns avec une telle abondance, que des mon-*
lagnes entières en sont formées. Ordinairement, dans ce
dernier cas, elles sont a^vtiné^ entr'elles, et alors leur
union «st si forte, que leur masse est taillée pour la bâtisse
comme les pierres calcaires ordinaires. Les fameuses pyra-
mides d'£g3rpteen sont cotistmites, ainsi que beaucoup de
maisons des environs de SoisBons.
Dans un mémoire sur les csotnérines j dennèrement lu i la
société philoïuatique de Paris, on en compte six espèces. Les
deux plus communes sont la Gamérin b lisse et ia ÔAMiaiNS
SKT1I1SM4LE. liCs Caractères de la première soal d^ttri IbdA^
i68 C A M ^
culaire et liflae ; die êé trouve dans la Picardie /etc. Les ea-'
ractères de la seconde sont d'être applatie et . unie : on la
trouve dans les environs de Soissons. (B.)
CAMÉRISIËR. C'est le nom vulgaire d'une espèce dû
chèvrefeuiUe^ le Lonieera chamaeceraëus Linn. , que Tour^
neforl avoit fait entrer^ avec plusieurs autres plantes^ dana
un genre particulier par lui nommé xytoaieoiu Jussien et
Ventenal ont rétabli ce genre sous le luénie nom ktin et souâ
le nom français de camérisiêr. Il renferme tous les chèt^»*
fêuiUes bifiorea^ qid forment une division dans linncus, et
a pour caractère un ca\jce a cinq dents » muni de bractées
rapprocbées, et même adnées Tune à l'autre; une corollo
înî'undibuliforrae ou campanulée> à limbe régulier ou irré-
gulier ; cinq étamines saillantes ; un ovaire inférieur k style
court et stigmate un peu épais. Le fruit est composé de deux
baies j tantôt connées à leur base, à une ou trois loges poly-
«permesy tantôt réunies en une seule, marquée au sommet de
deux ombilics. Les espèces de ce genre sont au nombre dç
iiuit, et toutes des arbrisseaux à tiges droites et à fleurs axil-
laires. F'oyet au mot Chèvrefeuille. (B.)
CAMICHI. /^ay« Kamichj. (S.)
CAMIRION. C'est le nom que Gaertner a donné angenr»
Alvritiî de Forster. Voyez ce mot. (B.)
CAMOMILLE j jinthemis Linn. ( ayngénésie polygamie
auperfiué(^),^nTe de pl«iite9 de la famille desCoRYUAiriBBa
pu RAjpiéfis j et qui a des rapports avec les anacycles. 8a fleur
pose sur un jréceplacle garni de paillettes; le càUce commun
est hémisphérique et imbriqué, avec des écailles linéaires et
presqu'égfiles; les fleurons nermapfarodiles et à cinq dents,
placés fliU cei^ira^ sont, entoum de demi-fleurons femeUes et
fertiles, beaucoup plusjongs que le calice, et ordinairement
découpés en trois parties à leui;. extrémité ; chaque fleuron
tenfern^e cinq étamines coui:tes, dont les anthèi'es sont réu-
XMçs^ .et'un style ayant deux stigmates ; les demi-fleurons ont
un g^irme oblong et deux styles réfléchis ; les semences sont
iiuesyoblongues, et souvent couronnées d'une petite mem«
brana Voyt% la pi. 683 des lUustraiions de LamajTk.
To.utes les espèces de ce genre, au nombre de dix-sept k
ving^^.i^ctucjleraent connues, sont des herbes annuelles ou
vivaces, qui ont les feuilles aïlernes , et prescjue toujours ti^èa-r
découpées. Nous ne décrirons que celles dont on fait usage en
médecine ou dans les arts ; ce sont les suivantes :
La Camoa^illk odorante ou romaini:., la Camomilui
DEs^u Tiq^uES , Anthemùi nobilië Linn. Llle est la plu» inté*
C A M 169
ff«nante âe tentés , tant par son odeur agréable , qhe par se»
propriétés médicinales. Ses tiges- foibles, et presque couchées»
sont garnies de feuilles d'un verd clair. , éti*oites , légèrement
^relues, et à découpures courtes et aiguës. Ses ileurs ont leur
calice et leur pédoncule un peu blanchâtres ; elles doublent
dans la variété que l'on cultive. On trouve cette plante dans
les pâturages secs en Italie , en Espagne^ en I^rance. £Ue est
invaceet se multiplie aisément par tes i*acines que ses branche»
poussent. Ses fleurs , prises en iufusion, sont fébrifuges , sto*
machiques , anodynes et carminatives , et toute la plante,
appliquée en catajNasme ou en fomentation^ est très-résolutive.
On en relire une huiie d'un bleu de saphir, qui aies mêmes
propiiétés que les fleurs.
ha Camouxllb puante, ou la Maroutte, Anthemù
eoiula Linn. Elle est annuetÛe, et croit dans les terreins in-
cultes et dans les champs de FEurone. On la distingue des
autres à son odeur forte et désagréable, à ses semences nues,
et à son réceptacle conique, garni de paiflettes extrêmement
fines. On a ooservé que les crapauds aiment à se cacher soua
cette plante. Elle est résolutive , véi'mifuge et anti-hystériques
L'herbe et les fleurs sont employées en décoction pour les
lavemens et les bains de vapeur.
La Camomille pyrjëthre, Anthémis pyrethrum Linn»
Sa i*acine est vivace et longue ; ses tiges sont inclinées, simples
et uniflores; ses feuilles ailées et à folioles découpées; sgs fleurs
ffi^ndes , belles , solitaii*es et terminales , ayant leurs demi-
fleurons blancs en dessm et pourprés en dessous. On la trouve
dans le Levant, l'Italie, 1 Allemagne, et aux environs de
Montpellier, selon Sauvages. Dans le nord de la France, eUe
exige une chaleur ai*tificielle pendant l'hiver, et ne peut être
cultivée que dans les jardins cfe botanique ou par les amateurs.
La racine de cette plante est sans odeur ; mais sa saveur est
piquante et poivrée. Si on la mâche, elle fait couler une quan- '
tite considérable de salive ; prise en poudre par le nez , elle '
fiût éternuer , et excite l'écoulement d'une grande abondance .
de sérosités. On s'en sert dans les maux <Te dents, dans les*
calharres, les fluxions de la bouche et la paralysie de la
langue. On en fait rarement usage à l'intérieur, si ce n'est en
Invement dans les maladies soporeuses. Elle entre dans les
compositions des poudres steiiiutatmresetdè quelques vi«
lia Camomille bés teinturiers, ou l'dliL de bcuf^*
jinihemia àincioria Linn. Elle croit en Italie et dans le midi
de la France, auprès de la mer, dans les pftlurages secs* et
montueux. Sa forme est élégante^ et eUemériie d'être cultivée
tfjo C A M
comme plante d^ornement. Elle a ime vacine vivace , une
tige Fameuse i et des feuilles deux ou trois fois ailées , à den«
tdures fines et aiguës^ blanches et cotonneuses en dessous,
imitant celles de la ianaiêie. Ses fleurs naissent en corymbea
terminaux^ portées par des pédoncules nus et blanchâtres;
elles se succèdent depuis le milieu de l'été jusqu'à la fin de
l'automne, et produisent un très-bel effet pai* le mélange rarié
«le leurs couleurs. Les unes sont blanches, d'autres couleur
de soufre, d'autres jaunes : ces dernières, dit Miller , sont
sujettes à varier de semence. Cette espèce n'est employée en
médecine qu'à l'extérieur. £Ue passe pour vulnéraire et dé-
teivive. Ses fleurs donnent une teinture jaune et brillante très-
estimée dans le nord. On multiplie cette camor^Ule par ses
graines, qu'on sème au printemps dans un terrein orcUnaîre.
Quand les jeunes plantes qui en proviennent sont assez fortes,
on les transplante dans vn endroit découvert , laissant enti*e
elles et les autres espèces une distance au moins de trois
pieds. (D.)
Obaervationa but la culture, la réooUe et la conterpation deê
fleurs de Catthomille romaine.
Un membre correspondant de la société d'agriculture de
Paris , Bescroisilles , cultive en grand cette plante aux portes
de la ville de Dieppe. J'ai vu tous les soins qu'il donne a cette
culture avec d'autant plus d'intérêt, que la f\iàUTàe camomille
ne laisse pas que d'être d'une assez grande consommalioa
dans l'usage médical , et que les procédés employés à sa
dessication et à sa conservation m ont paru mériter d'être
connus.
Cette plante vivaoe , basse , traînante , originaire des pays
chauds f aime les terres un peu fortes et l'aspect du sweîl ;
elle se muliipUe par marcottes enracinées au printemps , ce
qui a lieu en partageant le jdant de l'année précédente. On
place une seule marcotte à un pied et demi de distance au
cordeau , et on choisit pour la plantation un temps un pea
iuimide; et pour éviter les d^âts des ouvriers lors de la
récolte , il faut avoir la précaution de tenir chaque sentier
éloigné au moins de trois pieds l'un de l'autre , parce que la
plante peut occuper un pied d'étendue. ,
Les principaux soins que demande cette culture , sont
des mclages, qu'il laut répéter jusqu'à ce due la plante soit
parvenue à étouffer l'accroisiciment des heroes parasites. Oa
pool, au dernier sardage, butter l^èrement chaque pied
gnefon relève : par ce moyen «lea wiinm traînent poist
C A M 171
à terre. Cette plante produit aâses ordinairement un eiiet
agréable à la vue dans Ie« petites plates-bandes, lorsqu'elle s'y
trouve placée avec art.
En plantant la eamomUle de bonne heure , c'est-à-di^e ;
au commencement de mars , la récolte peut s'en faire dès les
premiers jours de |uin, et se continuer jusques dans le moié
de septembre. On remarque que les premières fleurs sont
semi-aouUes, c'est-à-dire, composées en grande partie de
fleurons jaunes ; mais, à mesure qu'on ap]^roche du fermer
de la récolte , elles finissent par être tout^^-fait doubles , %m<*
blables, en (quelque sorte, à cette fleur appelée vuigaii^ment
par les iardmiers-fleuristes bouion^*argeni , qui n*est autre
chose qu'une renoncule double à fleurs, blanches, c'est-à-dire,
qu'on n'apperçoit plus de IQeurons jaunes. Cette difiérence
ne pomrroitr-elle pas être attribuée à ce que la plante étant
déjà dépouîHée aune grande partie de ses fleurs, la sève
nourricière se trouve portée par surabondance à cdles qui
se développent ensuite ? Ijes étamines alors se conveilissent
en pétales.
On recherche beaucoup , dans le commerce , les fleurs de
camomille romaine tout-a-fait doubles , à cause de leur plus
grande blancheur ; mais, s'il est permis de le dii*e, c'est un
luxe médical qu'on ne peut guère obtenir qu'au préjudice'
de leur vertu ; car, si on les distille chacune séparément , on
observe qu'elles donnent beaucoup moins d'huile essentielle
que les jaunâtres ou semi-doubles : on sait que sa couleur est
a'un beau bleu.
Le vrai moment de cueiUir la camomille romaine est assez
difficile à saisir ; l'état de son épanouissement influe beaucoup
sur la blancheur des fleurs. On a observé cependant qu'il valoit-
mieux quelquefois les rentrer aux trois quarts ouvertes , que
de les laisser trop long-temps sur pied , sur-tout quand on
craint un <H*age. Alors on est force d'augmenter le nombre
des ouvriers; car, pour en obtenir un millier pesant dans
l'espace d^un jour^ il faut le concours de plus de cinquante
personnes. Mais c'est sur-tout le point de maturité qii il faul
trouver, pour éviter qu'elles ne perdent de leur couleur, et
ne roussissent à l'ardeui- du soleil; on remarque même^à celles.
qtd sont restées trop long-temps sur pied, que les pétalea
inférieurs commencent à devenir grisdtres, et que ce dcfaujt
gagne jusqu'au sommet quand on les fait séclier trop len-«
tement
Il importe d'étendreles fleurs de oam^nM/^ aussi-tôt qu'elles
sont cueillies; car^ lorsqu'on les laisse Amoncelées en tas, elles
^71 C A M
s'échffnfient conudéniblements et ne tardent pas à perdre de
leur blancheur.
La inélliode que suit Descroiaffles^ pour dessécher la fleur'
de camomille, consiste 4 l'exposer à l'ardenr du soleil sur de»
châssis revêtus en toile , et à fa surface desquels on a collé du
papier gris , et à faire en sorte que le» couches soient très-
minces, afin de multiplier les surraces.
Quand la dessicalion est complète, il fiiut s'ocenper de leur
conservation. Le mieux serok peut-éire de comprimer les
fleurs dans des tonneaux > garnis intérieurement de papier
bien coUé , qu'il faut placer dans un lien sec , frais et obsrur ;
car la lumière les colore, quoiqu'elles soient parfiiitemenL
séchées , et elles se moisissent facilement dans les endroits un
peu humides. *
Les droguistes de Paris et des autres villes de Fnmce tirent
encore aujourd'hui une grande partie* des fleurs de camo-
mille qu'ils débitent, de la Suisse et d'Italie: nous leur assurons-
qu'elle n'est pas comparable , pour l'odeur et la coideur, k
celle que cultive Descroiidlles. Il mérite d'être encoui^agé par-
le commerce, puisque, par sa culture, il fait vivre beaucoup
de femmes et a'enfans, et que la plante qui en est Tobiet »
une efficacité reconnue. On en prend l'infusion eomme du
thé, lorsqu'il s'agit de rétablir l'apnétit dépravé par des hu-
mera pitiiîteiises, de calmer les coliques venteuses^ ou celles
qui sun'iennent après Taccouchement.
I7n des avantages de la culture de la camomille en plein
champ, est de n'être pas attaquée par les moutons et par les
autres bestiaux, vraisemblablement k cause de la forte odeur
et de l'excessive amertume de toute la plante. (Farm.)
CAMPAGNOL, nom d'un genre de quadrupèdes,, dans-
la cinquième famille de Tordre des Ronoeurs. ( Foyez ce
mot. ) L'on assigne à ce genre , pour caractères , d'avoir les.
dents molaires sillonnées, et la queue fournie de poib courts
et non comprimée. (S.)
CAMPAGNOL (Mus arvalis Linn., fig. dans YAiat. nat,
de Bujffbn. ) , quadrupède du genre qui porte son nom.
T'oyez cî-dessus.
Voici une de ces espèces ennemies déclarées et des plus
redoutables de l'homme, puisqu'elle l'attaque sans cesse et
avec de funestes succès dans ses subsistances. Par-tout où le
laboureur a dirigé vers un but utile la fécondité de la terre ,
le campagnol profite de ses travaux , et s'en approprie les
fruits ; mais il ne se contente pas des droits de propriétaii*e
qu'il s'arroge, car après avoir dévorf et quelquefois anéanti
■les moissons^ souvent il en détruit jusqu'à l'espérance pour
C A M 475
Tavemr. Dès que les blés sont mûn, les campagnols arriireut
de tous côtés , coupent les tiges pour en ronger Pépi , u'aban-
donnentpasles cbamps tant qu'il reste une tige sur pied, mois-
sonnent avec le cultivateur , enlèvent au glaneur une portion
des trop foibles re^souraes de la misère , et quand le sol dé-
pouillé ne présente plus que les tuyaux dessécnés du chaume,
CCS petits animaux voraces courent se jeter sur les champs
nouvellement ensemencés, et y consomment d'avance la
récolte de l'année suivante. Us préfèrent le blé à toute autre
nourriture ; cependant ils se répandent dans les prés comme
dans les champs , et y détruisent les racines des herbes et des
plantes ; ils gagnenl aussi les jardins et les vei^ers , où ils re-
cherchent les noix , les noisettes et les autres fruits : à l'appro-
che de l'hiver, ils se retirent dans les bois , auxquels ils ne sont
pas moins nuisibles , par la multitude de glands et de faines
qu'ils dévorent. Enfin dans les temps de aisette ils se déchi-
rent et se mansent les uns les autres.
A une grande activité dévastatrice et à beaucoup d'agilité ,
les campagnolê joignent let désastreux avantage du erand
nombre ; ui ont tout ce qui assure les succès des brigands ; ils
se pradquent des repaires souterrains , où ils se réfugient ait
mouidre danger et où il est difficile de les atteindre. Dans
certaines années leur multiplication est prodigieuse ; ils 6on«
vrent en peu de temps une vaste étendue de terrein , et leurs
déprédations causent la ruine de tout un canton, et y amè-
nent la désolation et la disette. C'est ce qui est arrivé ces an-
nées dernières ; une énorme quantité de campagnols s'est
montrée sur plusieurs points de la France; à l'Ouest, par
exemple, ils occupèrent en quelques mois un espace de
quarante lieues carrées. Deux années auparavant , le sol de
la France fut jonché presqu'en ender d'araignées. L'on n'a
pas assez observé la marche à-peu-près périodique de ces
débordemens de matière vivante. Quelle .cause doit-on leur
assigner? on l'isnore absolument ; car ce n'est pas une expli-
cation bien satisfaisante que de dire, comme on le répète
tous les jours , que les circonstances en telle ou telle année se
sont rencontrées favorables à la propagation subite et éton-
nante de quelques animaux. De pareilles explications, qui ,
si elles étoient de quelque justesse , devanceroient le fait aa
lien de le suivre , n'ont rien que de vague et de très-incer*
tain ; et il faut en convenir , elles laissent le champ libre aux
pailûans de la génération spontanée.
D est vrai que les campagnols produisent deux fois par
an dans nos climats , au pnntemps et en été , et que leurs
portées ordinaires soat <^ ^^ï ou w, qu«)quel6is m sept ou
174 C A M
huit» et même de douze petits y ainsi qae M. Pallas Ta observé
( GUr, pag. 78^ n^. 14. )• Mais outre que chaque année ils
engendrent dans la même proportion , une pareille fécondité
ne suffiroit pas pour former les myriades de ces animaux, dont
ia terre , à quelques époques , se trouve tout-à-coup infestée;
L'on ne doit pas , ce me semble , ajouter une foi entière aux
rapports de quelques cultivateurs ^ qui , justement efli-ayés des
ravages des campagnols , ont attribué à ces animaux une
portée par mois , au point , disent-ils , que les femelles de-
viennent pleines tout en alaitant encore leurs petits. L'obser-
vation repousse des conjectures fort excusables ; il paroit
même que plus au nord fl n'y a par an qu'une seule portée ,
et qu'elle a Heu au mois d'avril ; quelquefois les femelles met-
tent bas des moles en même temps que des petits vivans.
Les trous des campagnols , qui leur servent à -la - foi*
de demeiu^ et de magasm , ne sont ni fort spacieux , ni pro-
fondément enfoncés sous terre , mais ib se divisent presque
toujours en deux ou trois loges: ces petits animaux y habitent
plusieurs ensemble. Les galeries occupées par divei^ses fa-
milles ou petites colonies ^ ne sont pas contiguës , il reste tou-
jours entrelles un espace plus ou moins grand. K les faabitans
de ces loges sou terrâmes les abandonnent ou périssent^ d'au-
tres ne viennent pas s'y établir , et ils préfèrent de travailler
5 lus loin sur de nouveaux frais; tous ne creusent guère an-
elà d'un demi- pied ou d'un pied , mais souvent les femelles ,
avant de mettre bas^ prolongent l'excavation jusqu'à deux
pieds de profondeur, par une tranchée k peine large d'un
Îoucé , et qui , après plusieurs sinuosités , aboutit à un cul-
e-sac de la largeur au poing , mollement garni d'herbes
découpées : c'est sur cette couche douillette que les petits sont
déposés.
On voit des campagnols dans toute r£urope ; le froid ne
les empêche pas d'habiter dans les campagnes incultes, au
nord de la Russie , où ils vivent de graines sauvages , et éta-
blissent leur demeure autour des tas de foin , sur les bords
escarpés des torrens et des ruisseaux, et dans tous les lieux bien
fournis d'herbes. Ils remontent même jusqu'en Sibérie , le
long de rirtirch, et dans les contrées septentrionales , arro-
sées par rOby , près de Beresof , aussi-bien qu'aux environs
de la mer Caspienne. ( Pallas, Glir. loco ciiaùo. ) Erxleben dit
qu'ils se trouvent également au nord de l'Amérique {Sjrst.
règn, animal , pag. 397.). Ce sont des animaux voyageurs;
et f on a remarqué que des rivières et des canaux larges et
profonds ne les arrêtent pas dans leur marche.
Le campagnol a un peu plus de trois pouces, depuis \%
C A M 170
"bout du nez jusqu'à Tongine de la qaeiie;'il est renurquaUe
par la grosseur de sa tête; son museau est obtus; ses denta
incisives sqnt très-jaunes ; celles de la mâchoire supérieure
■ont un peu plus longues que celles d'en-bas, et marquées dan»
leur milieu par une raie à peine apparente; ses oreilles sont
petites et presqu'entièrement cachées par le poil ; ses yeux
sont saillans et sa queue est cdui'te , tronquée , à demi-cou-
verte de poil , avec une sorte de petite toufie à son extrémité:
^e varie de longueur dans les difféi^ens individus^ et quel-
ques-uns ne Tout pas plus grande que de deux tiers de pouce.
Un mélange de brun , de couleur de rouille et de noir^
teint le dessus de la tête et du corps ; le dessous est d'un cendré
très -foncé. Ce quadrupède est tourmenté par de petits in*-
sectes parasites.
Après avoir signalé le campagnol comme un des fléaux
de 1 agriculture , je vais indiquer quelques moyens de s'ea
débarrasser. M. PaUas a entendu dire que les feuilles d'aulnç
répandues sur les champs et enterrées a la charrue faisoient
fuir ces animaux ; c'est un essai aussi simple que facile , qui
inérite d'être répété. L'on a epaa\é dans ces derniers temps de
semer , sur les champs de blé, ae l'avoine macérée dans une
dissolution d'arsenic ; ce moyen dangereux a fait périr à la
vérité un grand nombre de campagnols, mais il a empoisonné
aussi beaucoup de lièvres et de perdrix , qui , portés au mar-
ché, ont pu occasionner des accidens. Un procédé au moins
aussi sûr et exempt de tout inconvénient, consiste à pratiquer
dans les campagnes , soit avec une bêche à fer étroit et tran-
chant y soit avec ime espèce de tarrière , de petites fosses, dont
ks parois soient coupées net , afin que les campagnols ne puis-
sent s'accrocher pour sortir du trou quand ils y sont tombés,
ce qui ne manque guère d'arriver. On détruit encore beau-
coup de ces animaux lorsqu'on donne aux terres le second
labour ; des enfans suivent la charrue , poursuivent les cam^
pagnols à mesure qu'ils sortent de leur trous ; un seul enfant
en a tué de cette manière jusqu'à troii cents en un jour.
{Foyez les Renseignemens sur les rat^ages exercés par les
campagnols dans la Vendée , par Cavoleau, insérés dans les
AimaUs éTagricuUure , tome lo, quatrième cahier.)
Le garou ( daphne thymelea Lmn. } , regardé comme un
poison pour plusieurs animaux, s'emploie avec succès pour
fidre périr les campagnols. On le pile dans un mortier pour
en extraire le suc , dans lequel on fait tremper pendant quel-
ques jours des grains de blé ; on les distribue sur des mor-
ceaux de tuile que l'on place çà et là dans les champs ; le»
grains sont bientôt manges par les campagnols, qui ne tardent
,76 C A M
]Kis à mourir. A défaut de garou , on se sert du suc de lhyfi-«
maie. ( Observaiion de Gérard , ibid, )
Mais y pour élever une barrière qui s'oppose avec succès k
la multiplication des campagnols, il faut que l'homme renonce
a ses vues irréfléchies de destmction ; il faut appeler à notre
secours lesennemisquela nature a formés contre uneespèceex-
G«wivement malfaisante, les ménager, et se reposer sur eux du
loin de la maintenir en asses petit nombre , pour que ses dé-
gâts soient peu sensibles. Toutes les espèces d'oiseaux de proie
«e jettent sur les campagnols et las mulots; mais une guerre
vive et imprudente a rendu ces oiseaux fort rares ; ils sont
néanmoins les protecteurs de nos moissons , auxquelles ils ne
louchent jamais ; et si on continue de les tuer , il n'est paa
douteux que la quantité de petits animaux nuisibles ne s'ac-
croisse de jour en jour , et que , par une conséquence nécessaire,
nos ressources alimentau'es diminuent. Dans l'immensité
des êtres et des substances que la nature a placés sur notre
clobe , elle a établi un sage équilibre , qui les retient dans de
justes bornes : en rompant cet équilibre , l'homme s'est en-
touré de désordres et de maux qui, chaque jour, deviennent
plus difficiles à réparer. (S.)
CAMPAGNOLO^ nom italien du Campagnol. Foy0€
ce mot. (S.)
CAMPAGNOL VOLANT {FespertUio hUpidus Linn.),
quadrupède du genre des Noctilioms , de la famille des
Chauve-souris et de l'ordre des Carnassiers. ( Voye% cet
mots. ) C'est Daubenton ^ui , le premier , a décrit cette cAauve*
souris du Sénégal , et qui lui a imponé le nom de campagnol
volant. {^Mémoires de l* académie des sciencss , année 1 749. )
Elle est singulière par la forme de sa tête et de son museau ;
celui-ci est alongé , tandis que le front est très-enfoncé. U n'y
a point de cloison cartilagineuse entre les narinea, qui sont
ilarées chacune au-devant d'une gouttière ouverte d'un booft
l'autre par le dessus , avec le bord interne fort petit , et
l'externe terminé à son extrémité postérieure par un petit
oreillon. Les bords externes des deux gouttières se réunissant
au-dessus de la lèvre supérieure , forment l'extrémité d*ua
ffrand sillon qui s'étend depuis la lèvre le long du chanfreia
jusqu'au front , od il y a une fosse large , profonde et garnie
de longs poils sur ses bords. Les oreilles sont longues et étroi*-
tes;la queue est à-peu-près de la longueur du corps. Le oom-
pagrtol iHdant est d'un roux brun eu dessus, et d'un blano
jaunâtre en dessous. (S.)
CAMPAN, mwbre veiné de blanc, de vert et de rooge.
l
C A M ijff
qui tire ton nom d'une grande vallée des Hautes-Pyrénées
où on le trouve. Voyez Marbre. (Pat.)
CAMPANE JAUNE , nom jardinier d'une f)lante da
genre des Narcisses. C'est le narcUaus pseudo nareiêsua do
Linn. (Voyex au mot Narcisse.) On a préconisé Texlrait de
cette plante , il y a quelques années, pour la guénsoa des
convulsions. (B.)
CAMPANETTE. Voyez au mot Bvlbocodb. (B.)
CAMPANULACEES, Campanulaceœ Jussîeu, fanniie da
plantes dont la fructification est composée d'un calice infé*
rieur, divisé à son limbe ; d'une corolle insérée au sommet du
calice , ordinairement régulière, à limbe divisé , souvent ra^f^
cescente; communément cinq étamines insérées un peu aa^
dessous des divisions de la corolle , presque toujours alternes et
égales en nombre avec ces divisions , à nlamens souvent élar-
gis, squamiformes , connivens autour du style , à antlières dis-
tinctes ou quelquefois réunies ; d'un ovaire simple , inférieur
au calice dans toute son étendue ou quelquefois seulement
dans sa partie inférieure , glanduleux à son sommet ; d'un style
unique , et à stigmate simple ou di^asé ; d'une capsule très-sou-
vent triloculaire, quelquefois divisée en deux ou cinq ou six
loges , presque toujours polyspermes , et s'ouvrant sur les côtés ;
de semences attachées à l'angle intérieur des loges , à péris-
penne charnu , à embryon droite à ^cotylédons semi-cylin-
driques , à radicule inférieure.
Les plantes de cette famille , en général herbacées et vi-
Taces par leurs racines , rarement frutescentes et su£Prutes-
centes , contiennent un suc laiteux. Leurs tiges cylindriques
et rameuses , portent des feuilles simples , ordinairement al-
ternes , quelquefois sinuées , plus souvent garnies de dents
terminées , selon l'observation d'Adanson , par un petit tu-
hercule blanchâtre. Les fleurs distinctes, ou , plus rarepient,
agrégées dans un calice commun, affectent différeutes dis-
positions.
Dans cette famille , qui est la quatrième de la neuvième
classe du Tableau du règne végétal ^ par Yentenat, et dont
les caractères sont figurés pi. 12 , foU^a du même ouvrage ,
duquel on a emprunté l'expression ci - dessus , il se trouve
dix genres sous deux divisions ; savoir : ceux dont les anthè-
res sont distinctes, Michaijxis , Canarims , CamfanvXiB,
TRACMiki.E , Ro£i«i^, Rafoncclb, Sivoi.A et GouniNE ; et
ceux dont les anthères sont réunies, LosiiiiB etJASiONs^
Voyez ces mots. (B). •>
CAMPANULE , Campanula Linn. ( PefOondrie mono^
gynie. ) , genre de plantes de la iGuniUe des CAXPANujuàciBs,
IV. M
178 C A M
qui offre des rapports avec la canurine et les roeUes, Ses carac-
t^^res sont un calice d'une feuille, ayant cinq découpures pro-
icmdes et aiguës , ou dix découpures , dont cinq réfléchies ;
«une GoroUe monopétale , en cloche à cinq divisions et mar*
oescente ; cinq élamines , dont les filets , dilatés à la base ,
portent des anthèœs plus longues qireux , droites et linéaires ;
un long style posé sur un ovaire inférieur au calice , et cou-
ronné par un stigmate épais , divisé en trois et quelquefois en
cinq parties. Le fruit est une capsule de difle t'entes formes ,
4elon les espèces^ ayant communément trois loges ( rai<ement
4;inq ) , dont chacune est percée à sa base d'un trou par où
Réchappent 9 dans leur maturité , les semences nombreuses
qu'elle renfei*me. Voyez Liam. Illustr, des Genr, pi. i a3.
'■' Ce genre comprend un grand nombre d'espèces, dont la
plupart sont des herbes , et quelques - unes des sous - arbris-
seaux. Toutes ont les feuilles simples et alternes , et les fleurs
munies de bractées. Les espèces utiles ou qui servent à l'or-
tiement àes jardins , sont :
La Campanule raiponce, Campanula rapunculwt Linn.
Elle est bisannuelle, et se trouve en France , en Angleterre, en
Suisse , dans les pi^és, dans les vignes et le long des haies et
des fossés. Elle a des tiges grêles , cannelées et hautes de deux
pieds ; ses feuiUes , radicales, souit lancéolées, ovales; les supé-
rieures sont étroites, pointues, adhérentes par leur base et
légèrement dentelées à leurs bords ; ses fleurs bleues , rai^e-
ment blanches, naissent eji panicule serrée au sommet des
figes. Toïite la plante est laiteuse. On la cultive dans les jardins
1 potagers. Sa racine est blanche, tendre et rafraichissanle ; on
a mange en salade, au printemps, avec les jeunes feuilles.
On sème la graine de cette campanule au mois de juin , dans
une tcri^ bien labourjée et ameublie ; on i^couvre la semence
avec du terreay fin > et on arrose souvent ; l'ombre est l'expo-
sition qui lui convient le mieux.
La Caji pANUiiE A FEUILLES DE picHERy Companula per^
éicifolia ^inn. Elle croit dans nos bois ; les chèvres et les che-
vaux la mangent. Sa radne contient abondamment le prin-
cipe wuqueux nutritif; les feuilles, radicales , sont ovales,
oblongues ; celles de la tige sont éircMtes, lancéolées, légère-
n^ent dentelées , sesdles et distantes. Cette espèce est vivace ;
eue oSre quatre variétés à fieun» simples , doubles , blanches
pu bleues^On nexoiltiveque la vanétéà fleurs doubles, qu'on
appeUe cam/MZiii^/e des Jardins. On la multiplie en séparant
les^AÎlletons qui se forment aux pieds. £Ue ne craint point la
4<b1^ «. QA lie aoii l'arnAser que d«afl les grandes séchei^osses ; il
C \ M t^^
Ini Faut une l>onne terre, et le plein air est rexposlllon yu»
lui Cal la pins naturelle ; elle fleurit au milieu de l'été.
lia Campanule pyramidale, Campanuia pyrami^
daUn Linn. C'est une des plus belles espèces. £Ue cix>il natu-
reUement dans la Carniole, et elle est employée comme orne-
ment dans les jardins , sur les terrasses, &c. Elle pousse plu*
sieura tiges très-di'oites ^ effilées , simjdes , lisses , hautes d^
quatre ou cinq pieds , et feuillées dans toute leur longueur
(les tiges vigoureuses poussent des rameaux latéraux); les
feuilles radicales sont en cœur et dentées ; les supéric^ures ,
lancéolées. Les fleurs bleues, quelquefois blanches, viennent
plusieurs ensemble par bouquets latéraux et terminaux, sur
^,^ pédoncules courts, et forment^ dans la partie supérieure
de chaque tige , un long épi pyramidal a'un aspect très-
agréable.
Cette campanule est bisannuelle. On doit en semer la graine'^
qui est très-nne, à la fin de Tété, dans une terre douce et lé-«
gère , el avoir soin de ne pas couvrir la semence. Au prin-
temps on relève les jeunes pieds , on les met ou en pleine
terre , ou dans des pots exposés au grand soleil , el on
n'épargne pas les arrosemens ; ils s'élèveront à une grande
liauleur , et se couvriront de fleurs en août \ pour leur en
fiiire produire davantage et plus long-temps^ on met quel-
quefois les pois dans une temne d'eau ; la plante alors n'a pas
besoin d'être arrosée.
La Campanule OANTELis> ou Gant de Notre-Dame ,
Campanula trackelium Lann. On la trouve en Europe, dans
1rs bois el le long des haies. Elle a une grosse racine blanche
et fibreuse , une tige angulaire et des feuilles péliolées. Ses
fleura bleues , violettes ou blanches , ont des calices velus et
sont portées par de courts pédoncules divisés en trois parties.
(Jt'ile espèce est vivace et peu employée en médecine. £lle est
pourtant vulnéraire et asttîhgente , et sa décoction forme un
bon gargarisme dans les inflammations de la bouche et de la
gorge. Ses jeunes racines peuvent se manger en salade , ait
printemps, comme celles de la raiponce. Elle a une variété à
ileuTB doubles, qu'on cultive dans les jardins et qu'on multi^
plie en divisant ses racines en automne; cette opération doit
étf^e renouvelée tous les ans.
Lia Campanule centianoïde , Campanula gentianoldeè
Ijinn. Elle est Lu^se dans toutes ses parties, a des tiges foibles et
peu droites , et des feuilles ovales , lancéolées , dentées en scie
et presque sessiles. Ses fleurs sont grandes, soUlairessur chaque
rameau et d'un bleu magnifique , comme celles de Ia gentiane
{f automne ; la corolle est très-évasée, et le style, moins long
é8o C A M
qu'elle ^ a un stigmate divisé en cinq parties. Le pa ja natal de
celle campanule est la Sibérie ; elle est vivace , et mérite , par
la beaaté de bcb fleurs^ d'être cultivée dans les jardins.
LaCAMPANUiiEcoNOLOMÉRiB^ Cktmpanula glome--
rata Linn. Celle-ci est remarquable par la disposition de ses
fleurs réunies en tète ou en épi terminal; e|les sont bleues ou
blanches ; la tige qui les porte est ordinairement simple , légè-
rement anguleuse et garnie de feuilles ovales , pointues , qui
l'embrassent à demi ; les feuilles radicales ont au contraire de
longs pétioles. Cette espèce, qui est vivace , croit dans les lieux
secs et montueux de l'Europe. Mie a deux variétés , l'une à
fleurs éparses, l'autre à feuilles luisantes.
La Campanule miroir de Venus , Campanula specu^
him Linn. Jolie espèce annuelle, et à tige basse, rameuse et
diffuse. £lle crott dans les champs parmi les blés , est nutri-
tive , et se mange en salade. Ses feuilles sont oblongues et cré*
nelées, ses fleurs en roue et d'un pourpre violet; la corolle,
dont le limbe est découpé jusqu'à moitié en cinq parties , se
ferme ordinairement le soir, et forme alors un pentagone à
angles tranchans. Les capsules sont prismatiques.
On la sème en place au mois de mars , soit en bordure , soit .
dans un petit cari'é; elle donne ses fleura en août. £lle aime
le soleil, et demande une terre meuble et un arrosement
ordinaire.
Cette espèce, avec un certain nombre d'autres, qui ne sont
pas mentionnées ici , ont été séparées de ce genre pour en for-
mer un particulier, qui a été appelé Licouzic par Durande^
et Prismatocarfe par l'Héritier. Voyez ce dernier mot.
La Campanule a grosses fleurs , ou la Violette ma*
bine , Campanula meducia Linn. Sa tige est cylindrique ,
haute de deux pieds et garnie de feuilles oblongues, sessile*
et rudes au toucher. Ses fleurs sont droites , ordinairement
hleues ou purpurines, quelquefois blanche». Les capsules on|
cinq loses. On trouve cette campanule dans les bois et \en lieux
arides de la Provence, de l'Italie et de l'Allemagne. £lle es^t
bisannueUe et cultivée dans les jardins. On en sème la graine
au printemps ; on repique la jeune plante dans un endroit
aéparé du parterre , et au printemps suivant on la place où 1 oa
veut qu'elle fleurisse. ( D. )
CAMP£CH£ , BOIS DE CAMPÊCHE , Hœmatoxyîon
eampechianum Linn. , arbre épineux toujours vert , de la fa-
mille des Liou mineuses , originaire de la haU de Campéche .
d'où il a tiré son nom. On le trouve aussi à la Jamaïque et k
^aint-Doiningue, où il a été apporté du continent de I'Amm^
C A M 181
rîqtie. Il ne faut pas le confondre avec leBRJssiLLKT Dk fbb-
NAMBouc ( Voyez ce mot. )> quoiqu'il ait avec lui beaucoup
de rapporte. Son bois, propre a la teinture, forme une bran-
che considérable de commerce dans une partie des posses-
sions espagnoles du Nouveau-Monde. Cet arbre croit rapi-
dement , et s'élève à trente ou quarante pieds avec une tiga
% côtes y assez droite , mais dont le diamètre n'est pas propor-
tionné à son élévation. Son écoi'ce est d'un brun gris , son^
aubier d'un blanc jaunâtre , et le cœur du bois rouge, il pousse
de tous côtés des branches irrégulières , courbées et arméesr
d'épines , axillaires , solitaires et droites. Les feuilles ailées sans
impaire, et composées de quatre à huit folioles ^en forme de
coeur, sont tantôt seules , tantôt en faisceaux, et toujours al-
ternes. Les fleurs petites et jaunâtres , offrent au sommet des
branches des grappes simples et érigées. Ces fleurs ont cha-
cune un calice persistant, découpé en cinq segmens ovales
d'un pourpre violet; une corolle à cinq pétales égaux à peine
plus grands que le calice ; dix étamines dont les filamens li-
1>re8 et un peu velus portent de petites anthères ovales ; uu
Mylepresqu'aussilong queles étamines, avec un stigmate épais
et comme échancré. Le fruit est une gousse membraneuse ^
très- plate, amincie aux deux extrémités; elle renferme deux
ou trois semences oblongiies et en forme de rein. Ces carac-
tères sont figurés dans Vlllustr. des Genres , pi. 340.
Le bois de campêche , dépouiQé de son aubier , est trans-
porté en Europe , où il est très -recherché pour les teintures ;
^par sa simple infusion dans l'eau , il donne une couleur d'un
très-beau noir , laquelle, mêlée avec des gommes, peut tenir
lieu d'encre pour écrire. Par la décoction , il fournit une cou^
leur rouge foncée , et même pourprée , dont on varie les tein-
tes en y mettant plus ou moins d'eau. Les Espagnols, chez les-
quels on va chercher ce bois dans le golfe du Mexique , sont
Irès-jaloux d'en faire seuls le commerce ; ils empêchent , au-
tant qu'ils peuvent , lès autres nations, les Angfois sur- tout ,
de venir le couper en fraude ; ils ont eu souvent avec ces
derniers des dtflérends graves à ce sujet. Aujourd'hui le cam^
pêche croit en abondance à la Jamaïque et u Saint-Domingue;
il est comme naturel a ces îles. Cependant on ne le cultive pas
communément dans nos colonies , pour tirer parti de son
bois , mais pour dore les habitations ; il est très-propre à
cet usage , et forme des haies aussi défensives que le citro-
nier , d'un vert gai , et aisées à tailler ; mais il faut les tailler
trois ou quatre fois dans l'année, autrement les branches s'é-
leveroient bien tôt à une hauteur considérable, etprodiiiroient
graines qui ittfecteroientle voisinage déjeunes plants. CV^sl
j8a C A M
riticonrénient do ces haies, auprès desqn^lIeiT rien ne croît R
faut des soins suivis et fréauens pour empêcher le campeche
de s emparer des terres qui le touchent ; quand il s'y est une
fois établi , on a 4>eaucoup de peine à le détruire, tant il croit
avec facilité et promptement.
Les curieux , pour se procurer cet arbre en Eurc^ , ont
recoura aux couches et aux serres chaudes. ÉleTe ainsi de
ff raines qu'on apporte souvent de l'Amérique , ii vient d*a-
Dord assoz vite , et se garnit très-bien de feuilles ; mais dans
la suite il a de la peine à les conserver, et il fait très- peu de
progrès. Rarement atteint-il la hauteur d'un grand arbris*
seau. (D.)
CAMPHRE , Camphora. Les chimistes , d'après un assex
grand nombre d'observations, regardent le camp Are comme
un principe immédiat des végétaux. C'est une su bstanceblan*
che , transparente , concrète , légère , friable , très-volatile p
d'une odeur aromatique très-forte , d'une saveur acre légè-
rement amère , laissant un sentiment de fraîcheur dans la
bouche ; insoluble dans l'eau , soluble dans l'espril-de-vin ,
les jaunes d'oeufs , les huiles, les graisses , les acides miné-
raux et la bile ; peu soluhle dans le vin et le vinaigre; liqué-
fiable par le moyen du feu ; surnageant l'eau , et brûlant à sm
surface ; inflammable euBn au plus haut degré , et à la ma-
nière des huiles essentielles, et cependant diilèrente des huile»
et des résines par plusieurs propriétés qui lui sont particu-
lières.
La grande combustibilité du camphre le rend pi*o|M«àétre
employé dans la matière des feux d'artifice. On soupçonne
qu'il étoit un des principaux ingrédiens du Jeu grégeois. On
le mêle dans quelques compositions de vernis , particulière-
ment dans celui qui est destiné à imiter le vieux laque. Ou
dit que , dans les cours des princes Orientaux ,on le brûle avec
de la cire pour éclairer pendant la nuit ; après sa combustion»
il ne laisse aucun résidu charbonneux ; «ss émanations soni
irès-mullipliées , et s'étejidênt à une grande distance; on le
sent de très-loin , et il est si volatil , qu'il s'évapore entière-
ment à lair , lequel s en impi*ègne Ucîlement. Si l'on jette
du camphre , dit iiomare, dans un bassin sur de l'eau-de-vie,
qu'on les fasse bouillir jusqu'à leur entière évaporation dans
quelque lieu éti*oit et bien fermé , et qu'on y entre ensuite
avec un flambeau allumé , tout cet air renfermé prend sur le
champ , et paroit comme un éclair , sans incommoder le*
spectateurs , ni endommager le bâtiment.
Ije camphre de forme dans plusieurs végétaux différens. On
|)e.it tn i-etii*vr du ihjtu , du romarin, de Caurotme, de la i:»*
C A M ,85
mMjie cmnneiUêr^ àe beaucoup de UAiêeê ^ Je qnelqncf ittu^
mers , et d'un grand nombre d'autres plantes aromatiques^
Mais la plus grande partie de celui qui se débite dans le com-.
merce , pro\ient d'une espèce de Jaurier qu'on appelle lais^
rier camphrier, (Fc^ez'-en la description à l'article La vbi£B.)
11 est retiré de cet arbre par la sublimation , et apporté en
Europe, ou, comme aux Indes ,. on en fait usage d^ns la
médecine et dans les arts»
Cette substance si singulièi-e est dispersée sur tontes les par-
ties de Tarbre. Kœmpfer dil que dans les provinces de Saison
ma et de Gotéo , les paysans coupent la racine et le boi* dn.
eamphrier par petits morceaux ; ils les font bouillir aveo de
l'eau^ dans un pot de fer fait en vessie, sur lequel ilb placent
une sorte de grand chapiteau argileux , pointu et rempli de
chaume ou de nalte : le camphre se sublime comme de 1a
suie blanche; ils le détachent en secouant le chapiteau, et ils.
en font des masses friables , grenelées , jaunâtres ou bises ^
comme de la cassonade , remplies d'impuretés*.
A la Chine , selon un auteur célèbre de ce pays ( Leiirem
édifiantes , ton» 9s. ) , l'arbre dont on retire le camphre , m
nomme uhang, et le campJire iehang-^mw. Cette matièvan'en
découle ni naturellement ni par incision. Voici comment
on lobtient On prend des branches nouvelles de eel arbre ,
on les coupe par petits morceaux , et on les fait tremper du-
rant trois fours dans de l'eau de puits. Lorsqu'elles ont été ma-^
céréesde la sorte , on les jette dans une marmite où en le»
fiiit bouillir ; et pendant ce tems , on les remue sans cesse avec
un bâton de bois de saule. Quand le suc de ces petits mor-
ceaux de l'arbre s'attache en quantité au bâton , sous la forme^
de gelée blanche, on passe le tout , ayant soin de rejeter le
marc et les immondices. Alors ce suc est versé dans un bassin
de terre neuf et vernissé. On Vy laisse toute une nuit ; le
lendemain on le trouve coagulé > et formant une espèce de.
masse.
Pour purifier cette production , on se sert d'un bassin de.
cuivre rouge ,au fond duquel on met de la teri'e de vieille mu-^
raille réduite en poudre très-fine. Sur cette couche de terre
on en répand une de camphre ; Ton arrange ainsi par ordre,
couche sur couche jusqu'à quatre, et sur la dernière qui doi|
être de terre , on place une couverture faîte avec les feuillesi
de la plante po-ho, c'est-à-dii'e, du poulioû. Le bassin de cui^
vre étant ainsi garni,, on le couvre d'un autre, et on les lutte
tous deux ensemble par leurs bords avec une terre jaune. JL/iw^
férieur est mis sur un feu qui doit être égal et réglé , ni iro|>
Soi't, ai trop foib|e.. On. entretient ce fea pendant un lemp#
i86 C A M
de sucre, incorporé avec un sirop , ou en iolution dans nn
jaune d'œuf.
Dans les épizoolies , soit putrides , soit inflammaloires , on
peut donner le camphre aux animaux , à la dose de quinze k
vingt-cinq ^aîns , uni à pareille dose de nilre , et incorporé
dans du miel, mais non pas, ainsi qu'il a été dit, dans le
commencement de Tinflammation. Dans tous les cas ou lou
administre le camphre aux animaux , s'ib ont l'estomac rempli
d'ali mens , ils en éprouvent de mauvais eSets. La dose , pour
le cheval , est depuis une demi-drachme jusqu'à une drachme,
rrce qu'il agit moins sur lui que sur le bœuf et sur la brebis,
facilite l'éruption de la clavelée : les maréchaux l'admi-
nistrent ordinairement & trop forte dose. Le ctvnphre est
très-propre à conserver les élofies de laine , les fourrures et
pelleteries; son odeur chasse les teignes et autres insectes qui
s'y attachent oi*dinairement pendant l'été. ( D.)
CAMPHRÉE , Camphoroema , genre de plantes à fleur»
incomplètes , de la létrandrie monogynie, et de la famille des
Chénopodées , dont le caractère est d'avoir un calice ur -
céolé , persistant , divisé en quatre découpures pointues , dont
deux opposées sont un peu plus grandes que les autres ;
quatre étamines , dont les filamens sont saillans hors du tube ;
un ovaire supérieur, chargé d'un style bifide k stigmate»
aigus.
Le fruit est une capsule environnée par le calice , et con*
tenant une semence ovale, un peu appiatie et luisante.
Ce genre est figuré pi. 86 des lUusttationn de Lamarck , et
renferme cinq espèces. La plupart sont de petites plantes fru^
tescentes , à tiges rameuses, étalées sur la terre ^ à feuille^i
linéaires très-serrées , à fleurs axillaires. La plus connue est
la Camfhku db Montpellier, qui est velue dans toutci
aes parties, et dont les feuiUes ont une odeur aromatique qui
approche un peu du camphre , mais qui ne se développe quu
lorsqu'on les fit>tle entre les doigts. Elle passe pour vulné-
raire, incisive, diurétique , sudoriiîque , emménagogue, 8(.c.
Elle croit dans les lieux sablonneux des parties méridionales
de r£urope.
La Camphrés d'Arabie, Camphoroemapieranthue Linn. ,
est une plante annuelle à pédoncules eusiformes et k bractérs
en crête. £Ue a été établie en titre de genre par l'Héritier ,
Siirpes, pi. 65, sous le nom de Loi'irHCA, et ensuite sou»
celui de Ptérantiie. f^oyêz ces mois. (U.)
CAMPHUR. A en croire d'uiuiennes relations, le eam^'
phiir seroit un quadni|)ède d'Arabie , esjitVe d'âne sauvage,
poruiU uue coruc âur le front; mai^ comme l'obn-rvaiioa
C A N i«7
a prouvé qoe les anciennes relalions ne méritoîent niiilê
croyance k cet égard , il auit que le camphut est un aniuiai
iabuleux. (S.)
CAMPOM ANÈS£ , Campomanenia , arbre du Pérou ^
intermédiaire entre les Myrtes et les Goyaviers, qui
paroit congénère avec le Dj-xasperme de Forster. Il forme ,
selon la Flore du Pérou , un genre dans Ticosandrie mono*
gynie , auquel on a donné pour caractère un calice per«i»*
tant, à cinq divisions ovales ; cinq pétales ovales et concaves ;
un grand nombre d'étamines insérées au calice; un ovairo
inférieur surmonté d'un style incliné à stigmate pelté et om-
biliqué ; une baie globuleuse, comprimée , unilooulaire ,
couronnée par le calice , et renfermant une douzaine de se-
mences réniformes , aUachées à un réceptacle charnu, yofcz
le^nera de la Flore du Pérou, où ces caractères sont re-
présentés, (fi.)
CAMPSIS , Campsiê Loun?iro a donné ce nom au genro
appelé Incarvii^le par Lamarck. Foy. ce mof. ( B.)
CAMPULOTE , nom donné , par Guettard , aux tuyaux
marins dont les spires sont régulières : ce sont quelques espèces
du genre VeAmicuLaire. Voyez ce mot. (B.)
CAMP YLE , Campylua , arbrisseau grimpant à rameaux
presque nuls, à feuilles en cœur , aiguës , très-entières, velues,
pétiolées, quelquefois alternes, à fleurs d*im blanc rongeât re,
disposées sur Qts grappes terminales , longues , flexueuses et
garnies de bractées à to*ois lobes.
Cet arbre, qu'on trouve à la Chine, sur les montagnes
sèches, forme, dans la penlandrie monogynie , un genre qui
offre pour caractèi*e un calice tubuleax, velu, tuberculeux,
divisé en cinq parties inégales ; une corolle monopétale , tu-*
buleuse, bilabiee , la lèvre supérieure en alêne , et Tinférieure
ovale ; cinq étamines inégales ; un ovaire supérieur surmonté
d'un style à stigmate à cinq lobes.
Le fruit est une capsule presque ronde, à cinq loges poly-"
spermes. (B.)
CAM US , nom vulgaire d'un poisson du genre PolynèmS ,
Polynemus decadact lu^. Voyez au mot Polynbme. (B.)
CAM USA, nom italien du Chamois. Foy. ce mot. (S.)
CAN ou QUAN, nom vulgaire que l'on donne, dans lu
Brie, an Mauvui. Foy. ce mot. ( Yiejll.)
CANAD£, nom spécifique d'un poisson , du genre G as-»
TÉROsTiE de Linnadus, qu'on trouve en Caroline. » oyez au
mot GA8TéROSTi.E. (fi.)
CANAL DE MER. foy. Détroit. (Pat.)
iSS C A N .
CANAMÈLLE , Saccharum Linn. ( TViandriê digynie) ,
^enre de plantes à un seul cotylédon ^ qui appartient à Tutile
familie des Graminées^ et qui a de grands rapports avec les
rfistaux. Il comprend sept à nuit espèces, parmi lesquelles se
trouve celle quon cultive en Afrique, eu Asie et dans les
deux Indes , sous le nom de Canne a sucre. ( Voy. ce mot. )
C'est la GANAMELiiE OFFicufKiéïk, Saccharum officinale Liun»
IL^ autres espèces n'olTrent rien d'intéressant.
: Le caractèi*e du genre est d'avoir les fleurs chargées exté-
rieurement d'un duvet farineux ou soyeux trèfr-remarquable,
ce qui les distingue de celles des roseaux ^ dont le duvet est
^nlerietir ; elles sont disposées en panicule ou en épi. La bâle
calicinale , qui quelquefois n'existe pas , est composée de
deux parties , et ne contient qu'une fleur : chaque fleur est
formée d'une bâle à deux valves lancéolées , droites et con-
caves , surmontées d'une arête ou sans arête ; de trois étamines
dont les filets capillaires ont à-peu-près la longueur de la bâle
florale , et portent des anthères oblongues ; et d'un ovaire
supérieur chargé de deux styles que couronnent des stigmates .
simples et plumeux. Le fruit est une semence oblongue , à
pointe aiguë , et enveloppée par les valves. Ces caractères sont
figuix^s dans la pi. 40 des Illustrations de Lâmarck. ( D.)
CANANG , Uvaria, genre de plantes à fl^eors polypélalées,
de la polyandrie polygyhie, et de la famiHe des Glypto-
SPERMES, dont le caractère est d'avoir un calice petit, per-
sistant , et profondément divisé en trois découpures ovales ,
pointues; six ])étales lancéolés, sessiles, plus longs que le
ealice'; un grand nombre d'étamines dont les anthères sont
oblongues , et recouvrent en grande partie le pistil ; beaucoup
d'ovaires supérieurs, serrés et ramassés en un corps ovale,
dépourvus de style, et terminés chacun par un stigmate simple.
Le fruit consiste de siic a quinze capsules , ou espèces de baies
ovales ou oblongues, pédiculées, uniloculaires , ne i-en fer-
mant qu'une à six semences , attachées à un placenta latéral ;
les ^)éaicules de ces capsules naissent d'un point commun ,
qui , auparavant , éloit le centre de la fleur.
. Ce genre est figuré pi. 49 5 dL<ôs Illustrations de Lamarck :
il contientune douzaine d'espèces, qui, à deux près , "^ricnnent
des Indes ou des lies qui en font partie , et qui, la plupart , sont
intéressantes sous plusieurs rapports.
La première est le Can ano odorant , dont les feuilles sont
ovales, oblongues, aiguës, très-entières ; les pétale? lancéolés,
linéaires ,• aigus, planes, et très-longs. Elle est figurée dans
Bumpliius, amb. 3 , tab. 65. C'est un grand arbre que l'on
cultive dans les. villages, près des maisons^ aux Moluques et » '
G A N i8g
h Chine , à cause de Todeur agréable qne répandent an loia
»es fleurs. Les Indiens en mettent dans leurs appariemens et
dans leurs pommades.
La seconde est le CAnako aromatique , Uuaria arotna^
tica Lamarck , qui a été confondue avec Vupcwia zeylanica
Liinn. Elle vient dans l'Amérique méridionale y et ses fruiti»
4ont employés comme épicerie y sous les noms de maniguette
et àe poivre <V Ethiopie ; ses caractères sont d'avoir les feuilles
ovales^ oblongues y aiguës , très-entières, unies et les pélales
oblongs y concaves , coriaces. Wildenow l'a placée dans \%
genre Urjkne. Voyez ce mot.
La troisième , le Canang sarmenteux y Uparia zeylanica,
dont les feuilles sont lancéolées , ovales^ aiguës, très-entières ;
les pétales courts et arrondis. C'est un arbrisseau sarmenteux,
qui s'appuie sur d'autres arbres , qui croit dans les Indes , et
dont les fruits ont un goût d'abricot. Son écorce et ses feuilles
sont aromatiques.
La quatrième , le Canang a i«onoues feuili«E8 , que Ton
cultive à Pondichéry à raison de son ombre , et que Sonnerat
a figuré pi. i3i de son F'oyage aux Indes, sous le nom
d'arbre de mâture,
La cinquième , le Canang a trois pétales , qui vient
desMoluques, a les semences aromatiques^ et Lusse couler
une gomme également odorante.
Les autres sont moins remarquables*
Les genres Porcele et Guattkre delà. Flore du Pérou ,
9à distinguent à peine de celui-cL Voyea ces mots. (B.)
CANARD , dénomination donnée vulgairement au chien
barbet , parce qu'il va à l'eau comme les canards : dans lé
même langage vulgaire, la femelle du chien canard s'appelle
caniche. Voyez Chien. (S.)
CANARD , AntiSy genre d'oiseaux de l'ordre des Palmi-
pèdes. {Voyez ce mot.) Caractères : £ec lamelleux, dentelé,
convexe et obtus ; narines ovales ; langue ciliée et obtuse ;
Ïieds palmés ; les trois doigts antérieurs unis par des mem-
ranes entières , et celui de derrière dégagé. (M. Lalbam. )
Ce genre est très-nombreux en espèces , principalement dans
les Uvres d'ornithologie méthodique, où les cygnes et les oies
•ont joints aux canards proprement dits. Le bec de ceux-ci
est lar^, applati en dessous , convexe «n dessus , plus large
qu'épais, et terminé par un onglet plus dur que le reste,
au heu que les oies ont le bec plus épais que large. Le^ir
4}ueue est très-courte, et leurs jambes, plus courtes que le
corps , sont avancées vers son milieu et hors de l'abdomen.
De cette position des jambes résulte la difficulté de marcher
igo C A N
«I d ^ garder l'équilibre sur ferre; maÎB dans l'eau^ ces oiseaux
oui les mouvemens très-faciles.
Nous nous contenterons, dans cet article, de donner la
description et l'hbloire des canards proprement dits , et nous
renvoyons aux articles du Cyone et de rOi£ celles de ces
oiseaux , généralement distingués des vrais canards,
LeCANARDDBBAHAMA. /^o/^£ Marec et Mareca.
Le Canard dk la baie d'Hudson. Voyez Canard ▲
TETE GRISE.
Le Canard DE Barbarie , dénomination appliquée assez
Sénéralement au canard musqué , qui est cepenolant oi iginaire
es climats chauds du nouveau continent. Voyez Canard
JtVSQVÉ.
Le Canard barboteux. Fo^r^s Canard domestique. (S.)
Le Canard a »ec courbe {Anas recuruirosira L^ath.). Cet
oiseau , un peu plus grand que le canard saui^age , et remar-
quable par son bec retroussé , est presque tout noir; cette cou-
leur jette des reflets de vert obscur sur la tête , le cou et le
croupion ; les cinq pi^emières pennes des ailes sont blanches,
et cette même teinte forme une tache ovale sur la gorge ; Tins
est fauve. (Vieill)
Le Canard a bec étroit, dénomination donnée par
quelques-uns au Fou. Voyez ce mot. (S.)
Le Canard a bec membraneux {Anas membranacea
liath.). Des dissemblances^ soit dans la forme du cor^is ou du
1>ec , soit dans la singulière disposition des couleurs ou dans
la conformation et la longueur des plumes , caractérisent la
phis grande partie des oiseaux des terres au&trales. Parmi let
palmipèdes , Von distingue le Canard chevelu, remarquable
par les longues plumes eflBlées qui couvrent l'occiput et la
nuque; le Canard caroncule (Voyez ces deux mots. ),
qui porte une membrane pendante au-dessous de la mandi*
bule inférieure , et celui-ci , dont le bec long et augmentant
de largeur depuis sa base jusqu'à son extrémité , est en partie
mou et membraneux; consistance qui caractérise aussi le bec
d'un autre canard habitant de la même contrée, mais qui
diffère dans ses couleurs. {Voyez Canard oris bleu.) La
trinte des mandibules est noire , et celle de Tiris bleue ; le
dessus Ap la tête , une grande tache qui entoure les yeux ,
et le dessus du cou sont noii'âtres ; le dos et lesaih^s d^m brun
Crrugineux ; deux stries de cette même couleur pansent sur les
calés de la lête , une au-dessus et l'autre au-dessous des yeux ;
quelques pennes des ailes , la partie infi^ri ure du croupion ,
et la queue ont des taches trcs-pàles ; les côtés , le devant du
cop •! tdut le dessiu du corps sont d'un blanc sale varié tran»«
C A N ,9T
versalement et bigarré d'un gris qui denent noirâtre sur les
côlés du bas-ventre et s^ur la partie des flancs que cachent les
ailes. Grosseiu* du canard commun ; longueur de dix- huit à
dix-neuf pouces.
Cette espèce 9 que les naturels de la NouvelleOalle du Sud
désignent par le nom de fF'ongi,8'y trouve rarement. Espèce
nouvelle.
Le Canard a bec tache de rouge {jinas poekilaryncha
Lalfa.). Quoique ce canard soit commun à Vile de Ce^lan et
dans les Indes Orientales, les ornithologistes anglais, qui nous
Tout fait connoitre , ne donnent ni sa longueur ni sa gros-
seur. Son bec est alongé y noir en plus grande partie , blano
à sa pointe , et a une tache rouge de chaque côié de sa base ;
une raie noire part du bec, traverse les yeux et Vétend sur les
côtés de la tête ; les ;oues , et une partie du devant du cou sont
d'un cendré blanchâtre ; le bas-ventre est noir , ainsi que lea
grandes pennes des ailes , et le reste du plumage^ excepté les
secondaires , qui sont blanches , et le miroir , qui est d'un
vert luisant , bordé de noir et de blanc. Les pieds sont d'un
jaune roux.
Le Canarb branchu ou d'Its. Fbyez le beau Canard
jiuppi.
Le Canard du BRisiL^ ou Canard de Bahama. Foyeg
Marec.
Le Canard brun (^nas minuta Lath. pi. enl. n^ 1007 de
ÏHi9t. nat. de Buffon. ). Ce canard a une si grande analogie
avec la sarcelle brune et blanche, que Lalham regarde l'un et
1 autre comme le même oiseau. Celui-ci est d'une taille
moyenne > entre le canard sauuage et la sarcelle. Il a le
dessus du corps d'un brun noirâtre ; le cou et la poitrine d'un
brun ronssâtre nué de gris blanc ; le ventre , une tache sur
les ailes et une autre entre le bec et l'œil de couleur
blaitche.
On a trouvé , sur les bords de la mer Caspiène, un canard
qui ne difière de celui-ci que par le croupion^ qui est totale-
ment blanc.
Le Canard brun de New^York {Anas obscura Lath.)
a deux pieds environ de longueur , des raies longitudinales
noirâtres sur le cou ; les plumes du dessous du corps légère^
ment bordées de jaune; le miroir bleu , bordé de noir ; les
grandes pennes des ailes et de la queue noirâtres , avec un
iLséi^ blanc à l'extrémité de leurs barbes; le reste du plumage
brun; les pieds d'un brun jaunâtre ^ et la queue étagée.
Ce canard s^ trouve, pendant l'hiver, aux environs deNew«
YorL
lijfl C A N
Le Canard CARONCULE {Lobated duch.jA. 255. nat. mise)
Ce canard de la Nouvelle-Hollande se dislingue de tous les
autres par une grande membrane arrondie et d'une coulcmr
très-sombre , qui part de la base de la mandibule inierieure
et pend sur la gorge. Sa taille est celle du canard sauvage /
son bec estgrand, courbé à son extrémité^ et d'un noir fondé ;
cette couleur s'étend sur presque tput son plumage et est mé-
langée de lignes nombreuses , longitudinales , transversales ,
vermiculées^ et de très-petites taches plus ou moins pâles et
blanchâti*es ; le menton , le dessous ou cou et le ventre ont
des taches irrégulières » noires^ sur un fond blanc ; la queue
est pointue à son extrémité^ et les pieds sont de couleur A%
plomb. Espèce nouvelle.
Le Canard chbvslu (Anasjubuta Lath.). Sur les bords
de la rivière d'Hawsbury , dans la Nouvelle-Galle du sud»
et souvent sur les arbres des forêts voisines^ Ton voit un
conorc^ remarquable par des plumes longues, effilées, qui,
naissant à l'occiput et sur la nuque , ombragent une partie
du cou ; un point noir-velouté et placé à leur extrémité, se dé-
tache avec a'autant plus d'éclat , que leur couleur dominante
est d'un roux sale; mais, ce qui complète la beauté de ce pal-
mipède, c'est le joli mélange de teintes qui parent la poitrine ;
chaque plume , d'un brun roussâtre , terminée par un gris
argentin , a sur ses bords deux petites taches noii%tres ; cette
distribution olTre un accord si parfait , que cette parûe pa-
roit en même temps ondulée de gris , de brun , et tachetée
de noir ; une couleur de chocolat couvre la léte et le cou ; un
brunâtre cendré règne sur le haut du dos, les couvertures
des ailes , et les scapulaires dont le bord extérieur est noir,
ainsi que le croupion ; le milieu du ventre , les parties subsé»
queutes et les pennes de la queue, les côtés de la poitrine et
les flancs sont gris et variés de petites lignes transversales et
vermiculées ; enfin , un vert bronsé , bordé d'un bknc de
neige en dessus et en dessous , caractérise le miroir qui dis-
tingue les canards. Grosseur du vingeon; longueur, vingt
pouces et demi ; bec noir , pins court que ne l'ont ordi^
nairement les canards ; pieds bruns.
La femelle diffère en ce que le bas-ventre est bknc, et que
le miroir est plus petit et même peu visible.
M. Latham désigne un antre mâle, dont les couleurs ont
51 us d*éc1at , et dont les plumes de la nuque ont plus d'éten-
ue. La léte et le cou sont d'un beau roux; la partie inférieure
de la poitrine et le milieu du ventre sont d un joli gris» et
chaque plume est terminée par un croissant brun; quatre 4
C A N ^ ^ lg3- :
cinq grandes taches noires , et d'une forme irrégniière , sont
éparses sur le dos ; les pieds sont noirs. Espèce nouvelle.
lie Canard a collier de Terre-Neuve {Arias histrion
nica Lath. pL enl. n^ 798^ le mAle\ n® 799 , la femelle ^ de
VHist, nai, de Buffbn,). Ce joli palmipède , à-^u-près de la '
grosseur du canard domestique, se trouve non-seuleuienl dans
le nord de TAmérique , mais encore au Kamtsclmtka , sur
nos côtes ^ près du lac Baikal , en Sibérie , et au Groenland^
où il fi'équente pendant Télé les lieux ombragés et les rivières ; -
en hiver les glaces le forcent de s'en éloigner ; il se retire •
alors sur les côtes et même gagne la haute mer. L'on assure
que c'est un gibier préférable au canard sauvage. Le mâle a
le dessus de la tête » le cou noirs; une tache blanche sur les
oreilles et une autre entre le bec et l'œil ; une petite bande
au-dessus de ce dernier , de même couleur , qui prend une
nuance roussâtre en approchant de Tocciput ; les côtés de la:
tête d'un bleu pourpre ; de chaque côté du cou une bande
longitudinale blanche ; un ruban de même couleur > et liséré
d'un noir de velours , traverse la poitrine ; un second passe
au-dessus de l'origine des ailes ; le des d'un brun noirâtre;
le croupion et les couvertures de la queue d'un noir bleu très-
foncé ; la poitiîne gris de fer ; le ventre gris brun ; les flancs
d'un roux vif; leti pennes des ailes et de la queue brunes ; le
miroir d'un bleu pourpré ; le«bec noirâtre; les pieds de cou-
leur de plomb et les ongles gris.
La femelle est privée de cette belle parure ; le gris domine
sur tout son plumage , et prend un ton noirâtre sur la tête ^
et presque blanc sur le devant du cou et la poitrine ; enfin ,
cette dernière couleur est pure sur le ventre. Latham assure
que cette femelle est le canard décrit sous le nom de Canard
XRUN 9 et LA Sarcelle brune et blanche, f^o^ei ces deux
mots.
Le Canard a crête rouoe (édition de Sonnini de VHist»
7uU. de Buffbn. )• Ce canard, de la nouvelle Zéiande , niais
qui n'y est pas commun , se trouve au fond de la haie Dusiy^
Une crête rouge s'élève sur sa tête ; un gris noir très^luisant
domine sur le dos ; et une couleur de suie grisâtre foncée sur
le ventre ; le bec, les pieds sont couleur de plomb, el l'iris est
doré. (ViEiLL.)
Le Canard du détroit de Maoellan* Des navigateurs
ont désigné par cette dénomination ^ le Mareo. Voyez ce
mot
Le Canard domestique est de la même espèce que le Ca*
» ARD JsAUVAOE. {^Koyez ce mot. ) La domesticité a prodi^t
plusieurs variétés dans eette porûon captive de lespèce*
IV. V
194 . . C A N
f^oyez aussi Tarticle Camaao , Economie furaU et domu*
tique, (S.)
Le Canard i>ominicain du Cap db Bokne-Esperanck
{jinas dominicana Lath.). C'est à un savant voyageur et na*
Uiraliate éclairi que nous devons la connoissance de ce ca-
nard. Sonnerat; qui Fa observé au Cap de Bonne-Espérance,
le décrit ainsi. Cet oiseau est de la taille du canard sauvage ;
le masque et la gorge sont blancs ; à Tangle supérieur du beo
il nait une bande longitudinale noire , qui étant coupée par
l'oeil y se termine en angle aigu un peu au-delà ; le derrière
de la léte , le cou et la poitrine sont noirst; le dos et les petites
plumes des ailes sont d'un gris cendré foncé , traversées par
deux bandes d'un gris cendré très^lair ; les grandes plumes
des ailes et de la queue sont noires ; le ventre et les couver-
tures de la queue en dessous d'un gris clair ; le bec et les
pieds noirs. (Visill.)
lie Canaud ▲ DUVET , dénomination donnée par quel-
ques-uns k rStDER. FbyeK ce mol. (S.)
Le Canaed a face BiiANtHE ( jàruMS viduata Lalh. , pi.
?nl. 9 n** Ho8 de VHiet» na^, de Buffbn. ). On rencontre en
Espagne el sur la côte de Barbarie cette belle espèce qui est
plus grande el plus grosse que le canard sauvage. Son be«
et ses yeux sont noirs ; le front , les joues , le menton d'uo
blanc pur ; cette couleur couvre aussi le derrière de la iôte,
dont le sommet est noir , et est celle du collier qui entoure le
cou ; le dos et ta poitrine sont d'un ferrugineux brillant , et
chamarrés d'ondes , de festons noirâtres et roux ; les ailes et la
queue sont noiràtres ; le ventre est brun et tacheté de noii* ;
ks pieds sont bleuâtres. Les Espagnols donnent le nom de
vindiia à cette espèce « dont le en est perçant, et qui est trè»*
commune sur les lacs des environs de Carthagène. (Vibili<.)
Le Canard franc. Les colons de la Guiane française ap*
pellent sànsi le Canard musqué. Fbyex ce mol.
Le .Canard français. Les faabitans de la Louisiane ap*
Sellent ainsi le canard sauvage qui se trouve dans cette partie
e l'Amérique , et qu'ils ont reconnu pour être le même que
celui de France. Foy. Canard. (S.)
Le Canard de Gkoroik ( jénas Georgica Lath. )• On
trouve dans l'Amérique septentrionale, sur les lacs elles ri-
vières de la Géorgie , cette espèce de canard qui passe pour
un fort bon gibier. Sa longueur est d'un peu -plus de dix—
huit pouces ; le bec un peu recourbé en haut , est noir à esk
pointe , et jaune dans le reste ; une teinte cendrée , variée de
rougeâtre , est répandue sur son plumage ; la grande larho
•ies ailes est verte et bordée de blanc ; les pennes des ailes e l
C A N ^ ,c^
de la queue sont noirâtres; et iet» pieds d'un cendré ver*
dâlre.
Le Canard des glaces. Voyez Canard a juonoue quEus
DE Terre-Neuve.
Le Canard gloussant (^/ia« ^ibciton^ Latli,). Le cri de
ce canard imite le gloussement de la poule : il so trouve dans
Ja partie orientale de la Sibérie ^ sur le lac Baïkiil , et se voit
fluelquefois en Angleterre. Il a dix-huit à dix*neuf pouces
06 longueur ; le bec de couleur de plomb ; l'iris brun ; ^e
dessus de la tète de la même t^nie , à reflets verls ; une
tache ronde et de couleur de rouille entre le bec et l'œil ; un
petit croissant d'un vert foyeux changeant en violet sur les
côtés du la tête , derrière les oreilles ; les plumes de rocciput
assez longues ])our former une petite huppe ; la gorge d un
beau pourpre foncé ; une raie longitudinale d'un vert bril-
lant sur le cou , et qui s'étend un peu sur la tête ; la poitrine
d'un brun ferrugineux , brillant , tacheté de noir ; le ventre
noirâtre et piqueté ; le dessus du cou et du corps d'un brun
fouce.ondoye.de noir; les couvertures des ailes d'une cou-
leur cendrée ; les plus petites striées de jaunâtre ; les pennes
primaires pareille^ aux grandes « e.t inclinant au brun ; les
secondaires d'un beau vert ombré denoir, et bordées de blanc;
les couvertui*es dje la queue d'un vert changeant ; les pennés
intermédiaires de la que vie noires, les autres brunes bordées
de blanc ; les pieds pejtils et jaunes j les fnembranes noi-
râtres.
Le Canard orisblbu^ v^nos malacorhincoa Latham.). Ce
palmipède de la Nouyelle-Zélande a le même cri que le cch-
nord siffleur , et porte dans cette île , où il paroît au mois
d'avril , le nom de. à^-is^ego. Sa gi'osseur est celle du vingeon ,
et sa longueur d'eili^^ron dix-«sept pouces. Il a le bec de cou-
leur cendrée/ mais membraneuXs et noir à son extrémité *, le
dessus de la jléie d'un Oendré vei^âtre ; le plumage en gé-
néral d'un bleu pâle ; une tache bla^c^e sj^r les ailes ; la
poitrine mélangée de ferrugineux ; les pieds d'une coulei^*
de plomb sombre. Ce canardent remarquable en ce que son
bec est d'une ;Hub8tance molle , ^e manière qu'il ne peut
vivre qu'en suçant. les vers qu'il cherche dans la vase.
lue Canard c^rjs d'Eoyfte {Anas damiatica Lé&th.). laa,
grosseur de ce cantard , que Sonnini a vu sm* les lagunes voi-
«aines d'Aboukir, est à-peu-près celle de notre canard sauuage.
Son plumage est généralement gris , mais il prend une teinte
noirâtre sur le cou , les plumes scapulaires et la queue. On
remarque une espèce de croiâsant qui embrasse la nuqu<»:
les pennes des ailes et de la queue sont d'un vert noirâtre.
i9« C A N
Cette espèce est commune dans les lacs et les mûrts de la
partie septentrionale de l'Egypte : les habitans lui font la
chasse avec des filets.
Le PETIT Canard a grosse tjête (jénas bucephala Lath«)
est d'une taille moyenne entre le canard commun et la «ar-
celle ; sa longueur est d'environ quinze pouces ; une touffe
de plumes longues , effilées , d'un vert orillant et à reflets
Meus et violets , couvre la tête que cette touffe grossit beau-^
coup par son épaisseur ^ dont lui est venu le nom de canard
à tête de buffle ; les joues sont blanches ; le dos , le cou et le»
couvertures supérieures de la tête noirs ; le cou , le dessous
du corps et les scapulaires blancs ; une large bande de cette
même couleur s'étend longitudinalement sur les ailes ^ qui
•ont noires ; les pennfes de la queue sont grises ; les pieds rou*
ges ; et le bec est couleur de plomb.
La femelle est totalement brune , selon Brisson y et c'est,
«don Latham , le canard décrit sous le nom de Sarcelle
DE LA Caroline. {Foyez ce mot.) Cette espèce se trouve pen-
dant l'hiver , non-seulement a la Caroline, mais à New-York
et à la Louisiane.
Le Canard d'hiver. F^oyeE petit Canard a grosse
tAtE. (VlElLL.)
Le Canard de Hongrie. En Lorraine Ton connott, sous
ce nom , le Garrot. Koyem ce mot.
Le Canard huppe , moreton , ou molleton de Sa*
LERNE est le canard si fleur ou Vingeon. Voyez ce mot. fS.)
Le BEAU Canard huppé {^Anas eponea Lalh. ^ pl.enl.
n^ 980 et 981 ^ mâle et femelle, de VHiat. nai. de Buffbn,).
Cette espèce , par la richesse de son plumage et le goût exquis
de sa cnaii* , doit tenir une des premières places parmi les
plus beaux et les plus précieux palmipèdes. Un faisceau de
S lûmes longues, soyeuses, variées de blanc , de vert brillant et
epourpreyélèventsurlatétedumâle^etformentunesnperbe
aigrette qui en arrière se balance sm* le cou : tm viblet bronxé
domine sur le front et les joues ; la mandibule inftrieure est
entourée d'un blanc pur , qui se présente sous l'œil comme
une petite échancrure , et s^étend longittidînalemenC au--
dessus ; un joli roux moucheté de blanc , couvre le bas dfi
cou et la poitrine , et est coupé sur les épaules* par deux ban-
des noires et blanches ; un brun éclatant , à reflets veris do^
rés^ règne sur les ailes , le dos, le croupion et les couverturessi-
périeures de la queue , dont quelques plumes, longues, efliléee
et d'un beauroux, tombent sur les côtes; celles des flancs d'un
joli gris, sont lisérées, vermiculées de petites li:«nes noirâtres ^
etterminéespardeux rubans, l'un d'un noir veiouté^etrairir».
C A N ^ 197
â'un blanc de neige ; le ventre est de cette dernière couleur ; les
pennes des ailes sont brunes , quelques-une^ ont des petites
taches blanches à leur extrémité , d'autres ont leur côté in-
térieur vert doré : la plupart ont T^xtérieur blanc, et reflètent
en bleu et en violât. Le miroir ofire la réunion des teintes
les plus brillantes ; le brun et le vert cuivreux sont répandus
sur la queue y qui est étagée et composée de seize pennes ; le
rouge est pur sur les paupières et l'iris , tacheté dé noir siur
le bec , et tirant à Torangé sur les pieds , dont les membranes
sont d'un brun léger ; les ongles sont noirs ; grosseur du vinr
If^oTi; longueur de dix-huit pouces.
La femellie , plus petite ^ et dont la robe ne présente que
des couleurs simples et modestes , est privée de ce bouquet
de plumes qui pare si pompeusement la tête du mâle. Une
couleur brune domine sur presque tout son plumage ; le
blanchâtre sur la gorge ; un mélange de bleu et de vert sur
les couvertures , les pennes des ailes et de la queue ; et
un blanc sale sur le ventre ; enfin , cette teinte se présente
sur la poitrine en taches triangulaires confusément distii-
buées.
Cette espèce se trouve dans l'Amérique septentrionale,
depuis le Canada , peut-être plus au nord , jusqu'au Me-
xique '; mais à l'époque des grands froids , elle quitte les con-
trées glaciales. Les cantons qu'elle fréquente le plus souvent»
sont les bois, les taillis où serpentent de petites rivières ; elle
se perche quelquefois sur les branches qui les ombragent,
d'où lui est venu le nom de canard hranehu ; et elle place
son nid dans des creux d'arbres: sa ponte est de huit à douxo
oeu&.
Ce canard , qui à la beauté joint une chair savoureuse >
lorsqu'il se nourrit de graines , de gland et de faines, est d'un
caractère sauvage et méfiant. Néanmoins , pris trè^-jeune,
il s'apprivoise volontiers ; on l'acclimate aisément en France,
et l'on peut , avec quelques soins , se procurer des généra*
tions domestiques, et par-là augmenter le nombre de nos vo-
lailles les plus précieuses. Poui; cela , il faut le tenir dans un
lieu où les chiens et les chats ne puissent l'inquiéter \ il ne faut
pas qu'une curiosité, toujours déplacée lorsque des oiseaux
couvent , trouble la femelle pendant l'incubation , ce qui
souvent lui fait abandonner ses œufs. £n captivité, elle aime
à couver dans une petite loge posée sur le bord d'une eau cou-
rante ou stagnante, ombragée d arbres; l'entrée doit être pla-
cée de manière qu'elle puisse en sortir ou s'y retirer , sans
quitter, cet élément. Il seroit encore .mieux , pour la m^eUre à
l'abri de tout «ccident , de former , au nulieu d'un bamo. ^
ïc)g C A N
lin petit flot ou seroit un arbre, au pied duquel on placeroit
la petite cabane. Cette position a des attraits pour ces aiseaux,
qui nfi se plaisent que dans les bois. Avec ces précautions
on peut être sûr de réussir ; mais il est très -prudent de leur
couper les pennes d'une aile , aans quoi on s'expose à les
perdi*e.
Le Canard huppé db la teiiiie des États ( jinas cris-^
tata Lath.). Cet habitant de l'extrémité de l'Amérique mé-
ridionale , a la grosseur du canard sauvage , mais il est beau-
coup plus alongé , car il a vingt-cinq pouces de longueur ;
une huppe pare sa tête ; un jaune paille mélangé de taches
de couleur de rouille est répandu sur la gorge et le devant
du cou ; le miroir des ailes est mi-parti< de bleu et de blanc ;
le bec , les ailes et la queue sont noirs ; l'iris est rouge; et tout
le reste du corps gris cendré. (Vieill.)
Le Canard d Inde , c'est le canard musqué , apporté de
l'Amérique ou de llnde occidentale. Foyez Canard mus-
qué. (S.)
Le Canard d'Islande (^/las/^/andfVa Lath.). Les Islan;
dais donnent à ce palmipède le nom de hra-fas-aund» La têto
est ornée d'une huppe ; le dessous du corps est blanc , et le restç
du plumage noir ; les pieds sont couleur de safran. (Vieill.)
Le Canard JBNSEN DE la Louisiane. Voyez Vingeon.
Le Canard a large szc de M. Saleme est le Petit Mo-
HiLLOK. Voyez ce mot.
Le Canard a large bec et pieds jaunes. Dénomination
que M. Saleme a donnée dans son ornithologie au Soucuet.
Voyez ce mot. (S.)
Le Canard à longue queue. Voyez Pilxt.
Le Canard a longue queue de Terre-Nb'ute ( jtna9
giacialis Lath. , pi. enl. n** 1008 de VHisi. nai. de Buffon. \
L'on trouve ce canard non-seulement a Terre-Neuve , maia
«n Canada et a New-York pendant l'hiver , l'on assure même
que dans les hivers rigoureux il s'avance en Europe jusqu'au
nord de l'Angleterre ; il se tient pendant Tété sur les côtes
du Groenland et de la baie d'Hudson , où il niche au mois
de juin ; sa ponte est de cinq œufs de la grosseur et de la même
forme de ceux d'une jeune poule , et d'un blanc bleuâtre ;
non vol est rapide , sinueux et balancé , de sorte qu'il pré-
fiente obliquement et alternativement tantôt le dos et tantôt le
ventre ; son cri semble exprimer a-ei-nWiiEr; son duvet le dis-
pute en beauté, en finesse et en élasticité à celui de Veider.
La faille de cet oiseau est inférieure à celle du canard sau^
^*^S^, nluis il jtaroît phtslong, pat ce quelesdvitx brins de
C A N 199
m queue augmentent sa dimenâon totale ; 3 a la téte^ le coq
justju'au haut de la poitrine , et le do9 blancs , avec une
bande d'un fauve orangé , qui part des yeux et descend le
long des côtés du cou ; le ventre et les scapulaires de la même
couleur que la tète , le reste du plumage noir ; l'iris rouge ;
le bec et les pieds d'un rouge noirâtre.
La femelle a le sommet de la tête et les côtés du cou eu
partie noii'àtres ; un collier et le bas-ventre blancs , le dos et
le croupion noirs , et rayés transversalement de gris ; le bec
noir , entouré d'une bande blanchâtre ; les pennes de la
Ïueue étagées , mais privées des deux longs brins qu'a celle
u tnâle. (ViEiLL.)
Lêû Canard de Madagascar. C'est , dans Albin, tome 3,
pi. 99 > le même oiseau que notre canard privé. (S.)
I^ Cavard du Maraonon. Voyez Canard a fac£
BLANCHB. (ViEILIi.)
1j^ Canard du Mexique* Brisson désigne ainsi le Sou-
CHET. V6ye% ce mot. (S.)
liO Canard de Miquelon. Voyez Canard a longue
QUEUE DE Terre-Neuve.
liC Canard moine ( jinae monacha Lafh. ). L'on ne con-
noît pas le pays qu'habite ce canard ;û a des rapports avec
le musqué; maïs il est un peu plus grand; sa tête est blan-
che, et tachetée de noir ; celte dernière couleur couvre la poi-
trine ; ime grande tache verte et violette pare les ailes , dont
les pennes et celles de la queue sont blanches et terminées de
brun , le reste du plumage est varié de fioii* et de blanc ; le
bec est jaunâtre et sa pointe noire. ( Vieïll.)
Le Canard de montagne. Voyez Eider.
Le Canard des montagnes du Kamtschatha est le CanarI)
A coLJLiER DE Terre-Neuve, ^o/ex l'article de cet oiseau.
Le Canard de Moscovie. Albin a mal-à-propos appliqué
cette dénomination au Carnad musqué. Voyez ce mot.
Le Canard mulard , nom donné aux Canards qui pix>-
viennent du mélange de la race musquée et de la i*àce domes^
tique. Voyez l'article Canard , économie rurale et domestique.
Le Canard musqué ( Anas moschata La(h. , fîg. pi. enlum.
de VHistoire naturelle de Bujgon , n^ g8g. ). L'épithète de
musqué a été donnée à ce canctrd parce qu'u exhale une assez
forte odeur de musc , due à une humeur qui filtre de glandes
lycées près du croupion. Pour ôter k la chair cette saveur
musquée , il faut , dès qu'un oiseau de cette espèce est tué , lui
enlever le croupion et lui couper la tête ; c'est alors Un fort
bon mets , et aussi succulent que le caHatd sauvage.
Cet oiseau est beaucoup plus grand que notre cahard com^
âoo C A N
mun ; sa longueur totale est de plus de deux pieds , et son
.enver^ui-e en a près de trois ; une large plaque de peau nue
d'un rouge fort vif et semé de papilles, couvre la plus grande
partie des joues , s'étend jusqu'en arrière des yeux ^ et s enfle
sui* la racine du bec en une caroncule rouge , que Belon
compare à une cerise ; ce tubercule manque à la femelle ,
ainsi que le bouquet de plumes étroites et un peu contournées
qui pend derrière la tête du mâle ; elle est aussi moins grande ;
tous deux sont bas sur jambes , ont les ongles courts , et celui
du doigt intérieur crochu ; tous deux y depuis que leur espèce ,
ou plutôt une portion de leur espèce , a été élevée dans nos
basse-cours^ ont subi toutes les variétés de plumage que pro-
duit une longue domesticité. c< Tantôt, dit Belon, le mâle est
3> blanc , tantôt la femelle blanche; tantôttous deux sont noirs,
3> tantôt de di veines couleurs ; par quoi Ton ne peut écrire bon*
s> nement de leur couleur , smon en tant qu'ils sont sembla-
a> blés à une can» ; mais sont plus communément noirs et
n mêlés de diverses couleurs ». (^Nai, des oiseaux ,psige 176. )
Dans l'état de liberté le mâle est entièrement d'un noir brun ,
lustré de vert sur le dos , et coupé d'une large tache blanche
aur les ailes ; son bec , ses pieds, ses doigts et leurs membram^s
sont rouges ; mais il y a des bandes noirâtres sui' le bec ; le
plumage de la femelle est d'un brun noirâtre , et joue à l'œil
de beaucoup moins de reflets que celui du mâle.
Quoique l'on appelle communément cette espèce canard
de Barbitrie ou de Guinée , il paroît qu'elle n'est sauvage qu'au
midi de l'Amérique. Marcgrave l'a observée au Brésil ; elle est
aussi naturelle à la Guiane. Ces oiseaux se perchent sur les
grands arbresqui bordent les rivières et les marécages , comme
les oiseaux ten^estres ; ils y établissent leur nid , et dès que les
canetons sont éclos, la mère les prend l'un après l'autre avec
le bec et les jette à l'eau : la ponte a lieu deux ou trois fois dans
l'année , et chacune est de douze à dix-huit œufs , tout-à-fait
ronds, et d un blanc vcrdâtre ; la mur commence en sep-
tembre , et elle est quelquefois si complète que les canard» ,
se trouvant presque entièrement dénués de plumes y ne peiji-
vent plus voler , et se laissent prendre vivans par les Indiens.
Ces oiseaux sont aussi farouches que nos canards sauvages ,
et ce n'est que par surprise que 1 on peut les tii*er.
Le canard musqué peuple les basse-cours de nos colonie» ;
on Ta depuis long -temps apporté dans les nôtres, où il est
d'un bon rapport par sa fécondité , sa grosseur et la facilité
avec laquelle il s'engraisse ; mais il est de plus grande dé-
pense que toutes les autres volailles, et si l'on veut en retirer
un parti avantageux > il faut le nourrir largement. Scaliger
C A N ^ SOI
«t Olivier de Serres ont dit que ce atnard èioii muet ; peut-
être que nouvellement transporté dans nos climats il avoit
perdu la voix , comme nos chiens la perdirent en Amérique;
mais il est certain qu'il fait entendre un cri grave et fort bas»
à moins qu'il ne soil en colère. ( Voyez la description de Toiv
gane de sa voix dans ma noie delà page 3 70, vol. 61 de mon
édition de VHist. nat, de Buffon, ) Plus gros que nos canards ^
celai-ci est aussi plus lourd et plus lent dans sa mai*che ; le
mâle est très-ardent en amour ^ et il se distingue entre les
oiseaux de son genre par le grand appareil de ses organes pour
la génération, a L'on s'émerveiUera , dit £elon , d'entendre
» que tel oiseau ait si grand membre génital , qu'il est de la
D grosseur d'un gros doigt , et long de quatre à cinq , et rouge
3> comme sang ». ( Nature des oiseaux, ) Toutes les femelles
lui conviennent ; il s'apparie avec la cane commune , et de
cette luiion pi*oviennent des mélis qui n'engendrent pas
entr'eux , mais qui se mêlent et produisent avec l'espèce com-
mune ; les individus qui résultent de ces mélanges ^ se re-
produisent ensemble et avec les canards domestiques. C'est en
croisant ainsi les deux espèces , que l'on obtient de belles et
utiles variétés.
Voyez l'article du Ganarp domestique. (S.)
Le Canard nu Niii( AncLs Nllotica Latham. ). Sonnini
soupçonne que ce canard n'est autre que Voie d'Egypte.
( Voyez tom. 5q , pag. 578 de son édition de VHist, nat, de
Buffon. ) Ce palmipède a la callosité du bord du bec et la ca-
roncule de sa base de couleur pourpre ; l'iris jaune ; le des-
sus de la tête, le cou blancs et tachetés de gris; une raie
blanche qui s'étend derrière les yeux ; le dos blanchâtre ; le
dessous du corps grisâtre et rayé de noir ; les flancs rayés de
gris ; la queue arrondie.
Cette espèce se prive aisément , et les Egyptiens la nour-
rissent dans leurs basse-cours. ( Vieill. )
Le Canard noir de M. Saleme^ est la double macreuse , et
le petit canard noir du même auteur, est la Macreuse*
^o^tfs ce mot et celui de Double macreuse.
Le Canard noir et blanc Cest, dans Edwards, la Sar-
celle BLANCHE ET NOIRE. VoyCZ CC mOt.
Le GRAND Canard noir et blanc C'est TEidsr^ dans
£)dwai*ds. Voyez ce mot.
Le Canard du Nord. Voyez Macreuse a bec rouge.
C'est aussi, suivant quelques-uns, le Macareux, f^ojres ce
mot.
Le Canard du Nord , appelé le Marchand. Voyez Ma-
creuse A long BSCé
S09 C A N
Le Canakd paills-bn-^ueus. Dénomination mployét
par quelques-uns pour désigner le Filet. Voyez ce mot (S.)
Le Canard fie ( Anas lahradoria Lath.). Cette espèce ,
qui n'habite pendant l'été que les terres glacées du Labrador ,
les fuit IorM|ue Ferlrème rigueur du froid les rend inhabi*
tables. A celte époque , elle se retire dans l'état de New- York ,
le Connecticut et la Nouvelle-Angleterre. £lle voyage en
troupes, et visite aussi les côtes occioentales du Cap Fear. Sa
grosseui* est celle du canard sauvage ; et sa longueur d'un
pied et demi environ ; elle a une bande noire qui descend
du sommet de la tête à la nuque ; une teinte roussalre sur la
tète et le eou, un collier noir et un ruban delà même cou-
leur sur la poitrine ; le dos , les ailes et le ventre bruns ; les
Slumesscapulaires blanches , ainsi que les pennes moyennes
es ailesj le bec noirâtre > avec un cerle orangé qui entoure sa
base ; les pieds jaunes, et les membranes brunes.
La femelle est variée de brun sur les parties supérieures ,
et blanchâtre sm* les inférieures ; une tache blanche se fait
remarquer sur les ailes ; les pieds sont noirs.
Le Canard presque brun ( Anaa fusceseens Lath. ). Ce
canard, que l'on trouve à Terre-Neuve , a quiiuEe pouces de
longueur ; le bec bleuâtre et noir à son extrémité*, la tête et le
cou d'un brun très-pâle; les plumes du dos, du croupion, de la
poitrine , de la même teinte , et bordées de jaunâtre ; les
ailes cendrées; et le miroir bleu, avec une bordure blanche.
Un observateur très*éclairé , Bosc , un des collaborateurs
de ce Dictionnaire, a rapporté de la Caroline du Sud , un
canard qui est peu différent du précédent , et qui lui parott ,
s'il n'appartient pas à la même espèce , être d'une race très-
voisine. Ce canard iviche k la Caroline. Son genre de vie est
i-peu-près semblable à celui de La sarcelle, llaquinsepoucea
de longueur; le bec d'un brun verdâtre , et très-courbe k son
extrémité; l'iris jaune; les paupières blanchâtres; le dessus de La
tète d'un brun cuivré; lescotésgri^une tache blanche au-des-
aous des yeux et près des oreilles; une brune en avant ; les plu-
mes de l'occiput longues; le cou brun en dessus,mi>partie bUmc,
mi-partie gris en dessous; la poitrine brune; et le milieu do
chaque plume, vers l'extrémité, d'un blanc ferrugineux ; le
▼entre gris , et chaque plume brune dans son mihen ; le dos
d*un brun verdâtre; le croupion et la queue bruns, et l'ex-
trémité des pennes blanchâtres ; les ailes pareilles au dos; les
six premières pennes vertftsàleurextrémité, et bordéesâl'ex*
térieur d'un blanc argenté; les secondaires terminées de cette
dernière couleur, et vertes k lextérieur, tontes sont cendrées
«n dessous , et les couvertures inférieures blanches et brunaa»
C A N uoS
Le Cak ARD BOT AL ( Auas regia LAth. ) ae troure an Chili :
il est beaucoup plus gros que le canard domestique ; Une
aorte de crête rouge et membraneuse qui s'élève sur sa tète ,
lui a fait donner la dénomination qui distingue ce canard /
un beau collier blanc entoure le cou; un ricne bleu couvre
tont le dessus du corps ; le dessous est brun. (Vieill.)
Le Ganaro 8Ai;vAGE ( AnoB hoachaa Latli. fig. du mâle et
de la femelle^ pL enl. de BuflTon ^ n^ 776 et 777. ). Dans cette
espèce, comme dans toutes celles du même genre , le mâle est
toujours plus grand que la femelle ; sa longueur totale est ordi-
nairement de vingt-un pouces^ et celle de son bec de deux
ponces et demi : il se distingue par une petite boucle de plumes
rele^'ées sur le croupion ; et, comme dit Belon, revirées contre-
mont ; il est aussi paré des plus belles couleurs , tandis que la
robe de la femelle est unie et de. peu d'apparence.
Un riche vert d emeraude , à reflets aacier poli brille sur
la tète et la moitié du cou du mâle ; au-dessous est un petit col-
lier blanc ; le reste du cou sur le devant et les côtés, est d'un
beau brun pourpré , ainsi que la poitrine ; le dessus du cou
est rayé de noirâtre sur un fond gris, de même que le dos,
les- flancs et le dessous du corps ; le croupion est d'un noir
changeant en vert foncé ; les ailes sont grises, avec une large
bande d'un bel azur éclatant ^ bordée en haut et en ba^ d'une
bande étroite, de gros bleu velouté et brillant, laquelle est
encore surmontée par une autre de couleur blanche. Les
Sennes de la queue , au nombre de vingt , sont grises > bor*
ées extérieurement , et terminées de blanc , excepté les quatre
du miheu , qui sont recourbées en demi-cercle et de la même
couleur que le croupion ; le bec est d'un vert jaunâtre, et
l'iris des yeux de couleur bnme ; la partie nue des jambes ,
les pieds et les doigts sont orangés, et les ongles de devant
noirâtres ; celui du doigt postérieur est rougeâtre. Le plu-
mage de la femelle est varié de brun et de giîs-roussâtre :
die a sur l'aile deux bandes transversales, mais celle qui, sur
le mâle , est d'un azur brillant , approche du violet sur la
femelle ; son bec est rougeâtre^ avec des taches noires à la
mandibule supérieure.
n y a quelques variétés dans- l'espèce du canard sauvage 9
1^. Le grand canard sauvage , que les AUemands appellent
grosse ente , grosse wild^nte, &c. et les Catalans aneh cnli
vert ; cette race i^ssemble entièrement à la race commune y
li ce nW qu'elle est un peu plus grande, et que les plumes
de son dos ont la couleur de la suie. a^. Le grand canard
sauvage gris, en allemand schmael endte^schmU endte et sch-^
lic/ien. Il est d'une contour cendrée, et son bec , srs pieds ^
io4 , C A N
068 doigts, aiun bien que leurs membranes sont noirs. 3®. Le
petit canard sauvage , désigné par Scfawenckfeld , et qui pa-
roîtétre la petite sarcelle. {Voyez Sarcelle. ) 4°. Le canard
sauvage noir {anas nigra Linn., éd. Gmel. var. N. ) , n'a de
noir que la tête et le cou : du reste , il ressemble au canard
commun, ô^. "Le grand can<Mrd sauvage tac/ieté, en allemand,
rosa endte, mertz endte et grosse tvilde entité, ne diflere du
canard commun, qu'en ce que son dos e^ tacheté de jaunAlre
sur un fond noir. 6^. Le canard sauvage à large collier. Cette
▼ariété, observée par Picot Lapeyrouse , est remarquable par
aon large collier blanc au bas du cou ; le ventre a la même
couleur. 7^. Le canard sauvage brun , autre variété vue par
Picot Lapeyrouse ; elle est d'un fauve brun, uniforme et sans
taches. 8°. Le Journal des savans, du 16 novembre .1684 y
lait mention d'un canard à quatre ailes ; mais cette appa-
rence de quatre ailes n'étoit due qu'à un accident individuel ^
par lequel une partie des pennes des ailes , qui, ordinaire-
ment sont couchées le long du corps , s'en écartoient un peu.
L'espèce du canard sauvage est a présent partagée en deux
tribus distinctes : Tune qui a conservé sa Liberté, et l'autre
que l'homme a rendue captive , qui se propage dans nos
basseK;ours,ety formeune des plus utiles et des plus nombreuses
familles de nos volailles. La portion de l'espèce restée libre,
a tous les caractères de l'indépendance : elle se répand siur
une grande partie du globe; ne séjourne pas long-temps dans
les mêmes contrées ; ne fait que passer et repasser en hiver
dans nos pays , et va en grand nombre s'enfoncer dans les
régions du Nord , pour y nicher sur les terres les plus éloi-
gnées de l'empire de l'homme. Ce sont des oiseaux très-dé-
fians ; leur vol est élevé, et on les reconnoit aux li^es incli-
nées , aux trianffles réguliers tracés par la disposiUon de leur
troupe ; ils ne s abattent jamais sans avoir fait pliuieurs cir-
convolutions sur le lieu qu'ils ont choisi , comme pour le re-
connoitre , et s'assurer s*d ne récèle aucun ennemi ; ils ne
s'abaissent qu'avec précaution, et lorsqu'ils nagent, c'est tou-
jours loin des rivages. Us se reposent sur l'eau , et on les y voit
souvent la tête cachée sous une aile , dans l'attitude d*un oi-
seau qui dort ; mais il y a toujours quelaues-uns de la bande
qui veillent à la sûreté commune, et donnent Talarme ôva
qu'il y a péril; aussi, sont -ils fort diiiiciles à surprendre,
et la chasse aux canards est une de celles qui exigent le plus
de finesse, de ruses, de peines, et souvent de patience. Les
canards, de même que tous les oiseaux nageurs, eu sortant
de l'eau , s'enlèvent verticalement ; et comme ils sont fort
pesans, ils font beaucoij^ de bniit de leurs ailes au momeui
C A N ftoS
qn^fls partent, et le siffiemeni de leur vol les décèle pendant
]a nuit, car leurs allures sont plus de nuit que de |our. Ils
quittent les eaux une demi-heure avant le coucher du soleil,
et c'est ordinairement dans Tobscuiîté qu'ils voyagrnt et qu'ils
paissent. Ceux que l'on voit pendant le jour ont élé forcés de
prendre leur essor par les chasseurs ou par les oiseaux da
proie. Leurs voyages se font en troupes nombreuses , et ils
vivent presque toujours en société ; ils se nourrissent de petita
poissons, de grenouilles, d'insectes aquatiques, et de graines
des plantes marécageuses. Pendant les gelées, ils vont à la iisièro
des bois ramasser les glands qu'il aiment beaucoup : ils se jet-
tent aussi sur les champs de blé. Quand les eaux stagnantes
commencent à se cou^Tir de glace , ils se rabattent sur les ri-
vières encore coulantes, ou près des sources. Les hivers les
plus rudes ne les incommodent point , et ils vont dans les
contrées les plus âpres , chercher un climat froid , dès qqa
le nôtre commence à s'adoucir ; ils se portent jusque dans les
régions les plus septentrionales de r£urope et de l'Asie, en La«
ponie> en Sibérie , au Siptzbera;, au Groenland, &c. et loua
les voyageurs qui y ont pénétre, s'accordent à dire que ces
oiseaux s'y rassemblent en nombre prodigieux , et qu'ils y
couvrent tous les lacs et toutes les rivières : cependant, leur
départ de nos pays n'est pas général, et il en reste quelques-
uns qui passent l'hiver en France, et même dans des contiéei
plus tempérées.
Jjes canarda sauvage» ne font qu'une couvée par an; la pa~
riade a lieu dès la fin de février ou le commencement de man r
elle dure environ trois semaines , et nos chasseurs prétendent
que l'époque de la ponte, est celle de la floraison de Yhépa-^
tique. Alors , ces oiseaux cessent de vivi^e en troupes ; ils se
séparent : les mâles recherchent les femelJes, se les disputent
même par des combats ; les couples s'isolent et se tiennent
cacbés dans les joncs et les roseaux pendant la plus granda
partie de la journée , et h'en sortent que la nuit. Avec un na-
turel vorace , les canards ont aussi beaucoup d*ardeur pour
l'acte de la génération , et les femelles, à cet égard , ne le cè-
dent point aux mâles. Tout le monde conuoit la forme sin-
gulière de la verge du mâle ; elle est tournée en spirale, et
dans certains momens , elle paroît longue et pendante , ce qui
a fait imaginer à des gens de la campagne, que l'oiseau , ayant
avalé une petite couleuvre , on la lui voit ainsi pendante viva
au bas du ventre.
Cest ordinaii*ement dans une touffe de joncs , épaisse et
isolée au milieu d'un étang , qile la femelle fait sa ponte» en
pliant et coupant lies joncs et les arrangeant en forme da Qid«
ttof> C A N
Cependant y eDe préfère souvent des bruyères atae2 éloignées
des eaux y des meules de paille dans les champs > des chênes
tronqués dans les forêts. Quelquefois même la carte s'empare
de vieux nids abandonnés par les pies et les corneilles, sur
des arbres très-élevés. Quelque paîrt qu'elle fasse son nid ,
elle en garnit l'intérieur du duvet qu'elle s'arrache sous le
ventre. On y trouve ordinairement seize œufs fort obtus,
sphéroïdes, à coquille dure et blanchâtre; et suivant la re*
marque de Belon , à moyeu rouge , au lieu d'être jaune , comme
dans les œufs des oiseaux terrestres. L'incubation dure trente
jours, et la femelle s'en charge seule : lorsqu'elle quitte ses
œufs pour chercher sa pâtui'e , elle a soin de les couvrir
avec le même duvet dont elle a feit une couche épaisse au
fond du nid ; et quand elle retourne après qudques instana
d'absence^ vers l'objet de ses espérances et de ses soUicitudes ,
elle n'en approche qu'avec précaution^ elle se rabat cent pas
plus loin , et ne s'y rend que par des allures tortueuses qui
indiquent sa défiance : mais quand une fois eUe s'est remise à
couver, elle quitte difficilement, et le bruit ui l'approche de
l'homme ne la font pas enlever. Lets soins du mâle , pendant
cette longue et constante incubation , se bornent à rester aux
aguets près du nid , à suivre sa femelle dans ses courses que
le besoin commande , et à la défendre des persécutiona des
autres mâles.
Tous les petits naissent dans la même journée, et dèsie len-
demain la mère descend du nid, les appelle à l'eau. Mais si le
nid est trop élevé ou loin de l'eau, lé père et la mère les pren-
nent k leur bec et les transportent l'un après l'autre sur Veau.
Ce fait, rapporté par Belon {Naturn das oiseaux, -n^Lge 160),
a été vérifié par a'excellens observateurs. Une fois sortis au
nid , les petits n'y rentrent plus; le soir , la mère les rallie danb
les roseaux et les réchauffe sous ses ailes. Tout le jom* , ib na«-
{[ent avec beaucoup de facilité, et guettent h la surface de
'eau et sur les herbes , les moucherons et autres insectes dont
ils font leur première nourriture. Jjeê canetons sont long-
temps couverts d'un duvet jaunâtre ; leurs plumes , et sur^tout
les pennes de leurs ailes , ne poussent que fort tard , et ce n'est
guèi*e qu'à trois mois qu'ils commencent à pouvoir voler. Dans
cet état, on les nomme halUbrans, Du reste, ils acquièrent < n
six mois tout leur accroissement et toutes leurs couleurs, bi
l'on prend des haUebrans , on ne parvient à les apprivoiser
qu'en leur brûlant le bout des ailes qui sont long - temps k
revenir^ et en les mettant avec beaucoup de canetons domes-
tiques.
Ces oiseaux sont sujets à une mue presque subite j dans hi-
C A N .207
quelle ils perdent quelquefois toutes les pennes des aile« eu
une seule nuit. £ile arrive aux mâles après la panade, et aux
femelles après la nichée^ ce qui paroh indiquer que cette mue
si prompte est l'eSèt de l'épuisement.
La voix du canarc^ est bruyante et rauque , et cette réson-
nance est due à la conformation de la trachée-artère, qui,
avant sa bifurcation pour arriver aux poumons , se dilate en
une sorte de vase osseux et cartilagineux. L'on a remarqué
que cette partie évasée de la trachée-artère^ est plus alongée
dans le canard privé que dans le ea^^xrd sauvage. Les Latins
avoient le verbe tetrinire pour exprimer le cri du canard :
nous n'en avons point dans notre langue , si ce n'est celui de
kankan, qui est l'expression même de ce cri. Les femelles
font bien plus de bruit ; leur voix est jJus forte , plus suscep^
lible d'inflexions , et eUes sont plua loquaces que les mâles^
dont la voix est beaucoup plus foible , monotone et enrouée.
On retrouve l'espèce du canard sauvage dans les régions du
Nord du nouveau continent , où elle suit le même ordre de
voyage que dans l'ancien. Mais les canarda qui peuplent les
bords des rivières^ les lacs et les savanes noyées de l'Amérique
méridionale , n'appartiennent pas à cette espèce. Ce sont des
espèces distinctes que nous décrivons dans cet article.
De toutes les propriétés que les anciens attribuoient aux
dilTéï^ntes parties du canard sauvage, û n'y a de bien constaté
qne l'excellence de sa chair ^ plus fine , plus succulente, et de
meilleur goût que celle du canard domestique, Cest un mets
recherché pour les meilleures tables : et les pâtés de canards
d'Amiens sont en grande i*éputation chez les goiumands.
Aussi a-t-on imaginé une fouie de moyens pour prendre les
canards sauvages ; û n'y a point de pays, point de canton
même qui soit fréquenté par ces oiseaux , ou l'on n'emploie
![uelque méthode particulière pour les attraper ou les tuer. Il
audroit un volume pour rapporter toutes ces méthodes , et
nous nous bornerons à indiquer celles qui sont les plus simple^
et en même temps les plus sûres. Nous ferons précéder celte
notice des chasses, aux canards , par quelques détails que le»
chasseurs ni les gourmets ne doivent point ignorer.
Pour distinguer les jeunes canards des vieux , on examinera
les pattes que les vieux ont plps lisses et d'un rouge plus vif;
ou bien on leur arrachera une penne de l'aile, dont le bout
est mou et sanguinolent si le canard est jeune. La différence
entre le canard sauvage et le canard privé j eai très^ensible: le
Emier a les formes et les contours plus élégans; les écailles
pieds plus fines j égales et lustrées ; les membranes des doigts
5io8 C A N
plus minces ; les ongles plus aigus et plus luisans , et les jambes
plus déliées. On le reconnoît aussi aisément lorsqu'on le sert sur
nos tables y à son estomac toujours aiTondi , tandis que cette
partie forme un angle sensible dans le c<uuxrd domestique ,
quoique celui-oi soit surchargé de beaucoup plus de graisse
que le sauvage.
Chaase aux Caruurds,
9
A la glanée. De toutes les chasses aux canards, la plus sim-
ple et en même temps la moins dispendieuse , et l'une des plus
productives , est celle qu'on nomme glanée. Il faut pour cette
chasse, avoir des tuiles plates , les plus gi*andes de celles qui
servent à couvrir les toits : on en perce le milieu d'un trou, à tra-
vers lequel on passe quatre fils de fer de moyenne grosseur, et
longs d'un pied ; on les tord et on en courbe les quatre extré-
mités, à chacune desquelles on attache solidement un collet
de six ou huit crins ; on garnit de terre glaise le dessus de la
tuile , et on y sème du blé cuit dans de l'eau commune; on ré-
pand aussi du blé à l'entour du piège pour servir d'amorce*
Cette chasse se fait à la sourdine , de manière qu'un canard se
prend à côté de son voisin , sans l'appercevoir et sans se dou-
ter du piège , qui se place sur le bord d une rivière , d'un étang ,
d'un marais ou dans des prés inondés , en sorte que la tuile
soit recouverte de quatre pouces d'eau au moins , étant indif-
férent que les collets surnagent horizontalement ou entre
deux eaux. Les canards s'y prennent également , en plongeant
pour manger le grain cuit qui sert d'appât, etsans qu'ils pui»*
aent s'en débarrasser. Pour empêcher qu'en se prenant le
canard ne déplace le piège , on en attache plusieurs après un
même coi'deau , qu'on passe par-dessous , a travers l'anneau
qu'on a formé avec les nls de fer qui tiennent les collets : dans
ce cas on place les pièges à une certaine distance les uns des
autres, et on y prend différentes espèces d'oiseaux nageurs.
A lapines. Aux mêmes endroits où l'on place le piège aoe
l'on vient de décrire , on .peut tendre une sorte de pince qu on
nomme d'Elvaski, du nom de son inventeur* Cet instrument
ressemble en grand a celui dont les fumeurs allemands se
servent pour prendi^ les charbons ardens dont ils allument
leurs pipes. La pince en se détendant par le moyen d'un
ressort , attrape le canard par les pattes ou par le cou.
AufusiL En été , lorsqu'il y a dans un étang une couvre
de halUbrans, ou de très-jeunes ccmards sauvages y ei qu'ils
commencent à voler k l'entour de cet étang , on est sûr de les
rencontrer j dès le grand matin et vers midi, barbotant sur
C A N sîog
les bords y d^ns les grandes herbes , où ils se laissent approcher
de très'près pour les tirer. On peut encore les chasser sur l'é-*
tang, à toute heure du jour, en se plaçant dans un bateau , ce
qui réussit sur-tout dans l^s petits étangs où il est aisé de tuer
jusqu'au dernier^ parce qu'ils s'écartent moins, et qu'on ne ieê
perd pas de vue; cela est encore plus facile, si Ton a tué la
mère : alors on prend une cane domestique , qu'avec une
ficelle on attache par un pîed^ à un piquet fixé sur les bords
de l'étang , de manière qu'elle ait la liberté de se promener
un peu dans Feau ; on se tient un peu à l'écart , là cane se met
à caneter, et dès que les hallebrans l'entendent » ils s'en ap-»
prochent aussi-tôt, la prenant pour leur mère ; alors on les
tue a coups de fusil. Si l'on veut les avoir sans les tirer, on
jette sur l'eau , aux environs de l'endroit où est la cane , des
hameçons garnis de mou de veau, de glands , de petits pois-
sons , de grenouilles et même de petits morceaux de chau* ou
de vers; cesliameçons sont attachés à des ficelles retenues par
des piquets plantés au bord de l'eau^
n n'est presque point d'étang, qui, dès le commencement
de l'automne, ne soit hanté par quelques bandes de canard»
coupages : lorsque ces étangs ne sont que d'une médiocre
étendue, deux chasseurs placés d'un celé et de l'autre^ en
jetant des pierres dans les joncs , font partir le gibier qu'ila
tirent , et dont ils tuent une certaine quantité , sur-tout si l'é-i
tang n'a que peu de largeur et qu'il se resserre vers la queue ;
mais le plus sur est de se faire conduire en bateau sur l'étang >
de pénétrer entre les joncs et sans bruit , de cette manière les
ccmtztds se laissent ordinaii-ement approcher d'assez près poui*
pouvoir les tuer au vol ,, ceux qui échappent reviennent quel-
ques momens après se rabatti-e sur l'étang, et avec les mêmes
précautions on réussit à en tuer encore. Au reste , l'on lie
doit pas précipiter le coup de fusil dès qu'on le juge possible , 1er
canard^ ne s'éloigne pas, en s'enlevant, autant qu un oiseau qui
file droit , et on a tout autant de temps pour ajuster un canard
qui part à soixante pas de distance , qu'une perdrix qui par*
tiroit à trente.
ji l-affUe. En hiver, et sur-tout dans les temps de gelée , les
canards circulent et sont en mouvehient plus que dans tout
autre temps, alors on les attend à la brune au bord' des petits
étangs, et on les tire au vol ou à leur chute. Lorsque les étangs
elles rivicres sont pris par la glace, on se meta l'aflûtprè*
des sources ou des fontaines qui ne sont pas gelées.
A la hutte. La chasse à la nutte , est celle qui détruit le plus
de canards. La hutte est une petite cabane très-basse, propre
à contenir une ou deux personnes seulement^ t>n la cocstru^
IV. o
•lo C A" N
dans un marais, arec des branches de sanlerecoaTenes de
teiTe et pkquées de gason. On l'établit près d'un endroit où
le terrein se creuse et fait Isl jatte, et où Ton conduit l'eau de
quelque fossé voisin ; cda forme une petite mare de cinquante
& soixante pas de diamètre , à l'extrémité de laquelle est la
hutte qui doit être avancée de quelque pas dans 1 eau, et sur
un sciasses exhaussé pour qu'on puisse y être à sec. Le hutteur
est muni de deux ou trois appelons, un canard et deux ou
trois canes domestiques qu'on place dans l'eau à quelques dis-
tance du bord , et qui sont attachés par la patte, avec des ficelles
de deux ou trois pieds de longueur, à des piquets qui n'excè»
dent point la surface de l'eau. Le hutteur a des bottes pour cette
opération, ainsi que pour gagner sa hutte ; il est accompagné
d un chien barbet pourallercnercher lescanardsqn'on atuâ.11
«ttend que les canards et autres oiseaux d'eau qui sont attirés
par la voix des appelans, viennent descendre dans la mare
où il les tue à coups de fusil par les meurtrières pratiquées à
la hutte. A défaut d'appelans vivans, on peut figurer des ca«
aards, soit ea bois peint , soit en terre. Cette chasse dure depuis
le commencement de novembre jusqu'à la fin de mars» et ne se
faitquela nuit , excepté dans les premiers joursde gelée oudedi-
^el. Elle se pratique aussi sur les bords des rivières, danslesen-
droits où les eaux sont dormantes , et au lieu de hutte on peut
•e placer dans les creux que présentent quelquefois les bordi
escarpés d'une rivière ; et de-Ià avec des fusils de gros calibre,
on peut tuer douie à quinze canards d'un seul coup.
Une autre chasse qui ressemble beaucoup k celle qtd vient
d'être décrite , est ceue qui se pratiaue dans des mares à un«
lienç ou deux de la mer, et dont l'étendue est d'environ un
demi-arpent ; à six ou huit pieds du bord est un petite ile , soit
naturelle , soit faite par une jetée , couverte d'un massif de ro*
•eaux et de jeunes plants de saules ou d'osier: au milieu de oetto
ile est une petite cabane recouverte en chaume et très-basse.
Pour faire descendre dans la mare ,les canardi et autres oiseaux
d'eau , le chasseur attache sur le bord un ou deux canaida
i drivés , et il a en outre dans sa cabane un canard mâle qu'il
âche en l'air dès qu'il apperçoit une volée de canarde sai^
pagee, le canard privé va se joindre 1 ceux-ci, les amèno
dans la mare , et u a l'instinct particulier de s'en séparer dès
^u'il est à l'eau , afin de n'être pas tué avec eux. A la chute du
jour, et le matin avant qu'il paroisse , voilà le temps le plus fa«*
vorable pour cette chasse.
Outre ces différentes manières de tirer le canard à l'affût ,
il en est ulubieurs autres que les locaUtés indiquent et qu'oa
peut facilement imaginer d'après les pi-incij)es indiqués dan«
C A N „i
les différeales chaases que je viena de meltre loiu les yeux
da lecleur.
jéu réverbère et aa flambeau» C'est ainsi que pendant la nuit^
sur une rivière dont le cours est lent^ un chasseur placé sur un.
bateau qu'il laisse aller au fil de l'eau, et en devant duquel est uno
perche posée horÛBontalement, au bout de laquelle est attaché»
une terrine remplie de suif, avec trois mécnes allumées, on
attire les canarda des bords de la rivière au Ueu qui est éclairé,
et on les tue avec de longs fusils nommés canardières , et qui
Sortent fort loin; on obtient le même avantage, lorsque do
eux chasseiu^ qui suivent, pendant la nuit , les bords d'une
rivière hantée «par les canarde sauvages, l'un d'eux porte un
chaudron bien écuré, dans lequel est placée la terrine.
jiux filets. Sur les bords de la mer , loi^ue les canards en
sortent versla nuit, ou lorsqu'ils v reviennent à l'aube du jom\
non-seulement les chasseurs cacnés dans des huttesles tuent au
vol , mais ils leur font, ainsi qu'aux autres oiseaux nageurs^ une
guerre qui est encote plus sure et plus productive : elle consist»
à tendre à marée basse et à deux cents pas du rivage, des fileta
à trois mailles qu'on place verticalement à l'aide de perches
plus élevées que le niveau de l'eau; lorsque ces oiseaux sont
chassés par les hautes marées ou par des vents forcés, ils
donnent dans ces filets et s'y prennent.
^ux filets d'alouettes. Dans les marais , dans les étangs dont
les bords sont peu profonds et dans les prairies inondées par
le débordement des rivières, on prend beaucoup de canarde^
avec des filets à alouettes, qu'on tend de la même manière
que pour la chasse au miroir , qu'on trouvera décrite au mot
AiiOUSTTS. La difiérence que nécessite le local , c'est qu'on so
sert de barres de fer pour monter et fij^er les nappes au fond du
marais , de l'étang ou de la prairie noyée , sur laquelle on tend ;
et que si la monture des nappes est en bois, on les garnit do
balles de plomb pour les faire tenir à fond; en observant en-
core de placer les nappes dans un endroit couvert de deux
pieds d'eau , et au lieu d'avoir un miroir et ime alouette pour
appeau, il faut avoir plusieurs canes privées, que le chasseur
attache entre la rive et les nappes qu d fait jouer de la hutt»
qu'ilaétabliesur les bords, et cela par le même procédé et dans
les mêmes circonstances que pour la chasse au miroir. Pour
assurer davantage le succès de cette chasse, on a dans la huttai
quelques canards mâles privés , que le chasseur lâche lorsqu'il
apperçoit une volée de sauvages ; les privés les joignent » lea
appeaux femelles les rappellent , les mâles privés se ren&nt à
liax voix , et sont suivis par les sauvages, et lorsque ceux««i
ais C A N
traversent les^mitftf ou nappes , le tendeur les fait Joner, et
on en prend souvent plus d'une douzaine à la ibis. Si les ap->
peaux sont des femelles sauvages, cela n'en va que mieux*
Cette chasse ne se fait que pendant la nuit au clair de la lune
et avant l'aube du jour^ les vents de nord et nord-ouest sont
les plus favorables ; tout chasseur intelligent reconnoîtra les
dlifereuces que le local exige, entre la manièi^ de monter
les nappes aux alouettes et celles aux canards*
u^ la nasse ou grand piège, La plus grande et la plus pro-
ductive des chasses , est celle qui se pratique sur le bel étang
4'ArmiuviUien| et qui peutêtre faite sur d'autres étangs qui pi^*
sentent la même facdite. Sur un des côtés de cet étang qu'om-
bragent des roseaux^ et que borde un petit hois, leau forme
une anse enfoncée dans le bocage et comme un petit pori om-
bragé où règne toujours le calme ; de ce port ^ on a dérivé
des canaux qui pénètrent dans l'intérieur du bois , non pas
en ligne droite , mais en arc sinueux ; ces canaux , nommés
cornes , assez larges et profonds à leur embouchure dans
l'aiLsc , vont en se rétrécissant et en diminuant de largeur et
de profondeur j^ mesure qu'ils s'enfoncent dans le bois^ où ils
finissent par un prolongement en pointe et tout-à-fait à sec.
Le canal , à-peu-près à la moitié de la longueur , est re-
couvert d'tin filet en berceau, d'abord assez large et élevé ,
mais qui se resserre et s'abaisse à mesure que le canal se i^lrécit,
et finit k la pointe en une nasse profonde et qui se ferme en
poche. Tel est le gt*and pî^e où des troupes nombreuses de
canards , mêlés de rougets , de garois et de sarcelles viennent
s'abattre sur l'étang dès le milieu d'octobre ; mais pour le»
attirer vers l'anse et les fatales cornes , voici comme on s'y
prend : an centre du bocage et des canaux on bâtit uno
petite maison où loge un garde qu'on nomme le eanardier^
cet homme va , trois ibis par joui-, répandre le grain dont il
nourrit, pendant toute Tannée , plus de cent canards demi-
imvés , demi-sauvages , et qui , nageant tout le jour dana
'étang, ne manquent pas à l'heure accoutumée, et au coup
de siHlêt,d^arriTer à grand vol , en s'abattont aor l'anse >pour
enfiler les canaux ou leur pâture les attend. Ce sont ces oi-
seatix , que le canardier appelle iraitrss , qui , dans la saison ,
se mêlant sur l'étang aux troupes des sauvages, les amènent
dans Taiise , et les attirent ensmtfe daim les cornes , tandis que ^
caché derrière \ine suite de claies de ix)seaux,le canardier va
{'étant dn grain devant eux pour les amener jusque soua
'erhbôiidhuré dn berceau de mets ; alon , se montrant dans
les intcHralles des claies , disposées obliquement > et qui ju»*
qu'alors le cttcik>ienl aux canards arrivam , il offraiia eeu«
C A N 2t5
qui sont avancés sans le berceau de filets ^ el qui se jettent
dans le ciil-de^sac , d'où ils vont péle-méle s'enfoncer dans
la nasse : on en prend ainsi însqu'à soixante à-la-fois , et par
milliers dans le cours d'une saison. Il est rare que les deini-
priyés entrent dans la nasse $ ils sont faits à ce jeu , et retour*-
nent sur Tétang recommencer leur manœuvre , et engager
iuie nouvelle capture.
Foyex encens l'artidLe Canaab« Economie rurcde et domeê'
tique,
LeCAKABD SAUVAGE DuBrÉSIL. FoytfzGANARD MUSQUi.
Le Canard sauvage de Saint-Domingue. Voyez Ca«
KARD MUSQUE.
lie Canard sauvage a tâte roussatre , dans l'Ornitho-
logie de Saleme , c'est le Mobii^IiON. Foyex ce mot. (S.)
Le Canard siffleur. Foyez Vingeon.
Le Canard sifflant a bec mou. Voyez Canard gris-
SLSU.
Le Canard siFFLEUR DU Cap de BoNN£-EsF£RANC£(^/za#
capensis Lath. ). Sa taille est la même que celle du Vingeon,
Un bleu^ mêlé de cendré'et pointillé d'une teinte plus sombre,
couvre la tête ; les plumes du dos sont d'un brun rougeâtre ,
et bordées de jaunâlre ; une teinte tendre^ verte et oleue,
indique le miroir des ailes ; le cendré est répandu sur le reste
du plumage ^ le bec et les pieds sont rouges et les ongles
noirs.
Le Canard siffleur a queue noire ( ^nas meUmura
Lalh. ). Cet oiseau que Scopoli a indiqué le premier , mais
sans faire connoîtt^ le pays qu'il habite^ a beaucoup de
I apport au F'ingeon, Il n'est pas tout-à-fait aussi gros que le
canard saupoge y le dessus de la tête et le dos sont roux ;
le cou et le corps cendi'és, le croupion est varié de taches
t>lanches sur un fond noir ; les pennes et les ailes sont de
celte dernière couleur^ le bec et les pieds d'un rouge de
brique. (Vieill.)
Le Canard spatule. Voyez Souchet. (S.)
Le Canard de Steli-br ( jinaa diepar Lath, Muê, carL
faec, 1 g iom. y , 8^ Sparm. ). Le nom que porte ce canard est
celui du savant voyageur qui y le premier^ l'a fait connoîlre.
C'est dans les écueils et dans les rochers inaccessibles du
Kamtschatka , que Steller l'a découv.ert. Cette espèce y place
son nid , et ne s'éloigne jamais des eaux de la mer pour en-
trer dans les fleuves ; eUe fréquente aussi les côtes les plus
septentrionales de l'Amérique ; sa taille , son port et sa dé-
marche , sont cens du petit morillon y elle a 6ur le derrière
».4 C A N
de la tôte une sorte de petite huppe ; deux tacliei d'un rert
d'émeraude , l'une transversale sur la nuque , l'autre plus
lai^e , qui va d'un œil à l'autre en passant sur le front; les
yeux entourés de petites plumes soyeuses et noires ; le bec de
cette couleur. Tins brun clair, le devant du cou , la gorge , le
dos , pareils au bec , mais à reflets violets ; un collier encore
plus éclatant ; la poitrine légèrement teinte de roussâtre \ le
teste du corps blanc ; les grandes pennes des ailes d'un brun •
brillant \ les moyennes d'un riche mélange de noir , de bleu
et de blanc \ les petites d'un noir violet à l'extérieur , et blan-
ches à l'intérieur : ces pennes sont ]M>intues et recourbées à
leur extrémité ; la queue est brune , courte et terminée en
pointe; les pieds sont noirs; longueur, quinse pouces et demi.
La femelle de ce superbe et rare canard n'est variée que
de brun et de fauve rougeâtre ; son plumage a de la ressem-
blance avec celui de la béccuse ; elle n'a de remarquable que
deux taches blanches sur les couvertures des ailes , dont lef
pennes sont droites et noirâtres. C'est à cette femelle que doit
éti'e rapporté le canard ferrugineux de Gmelin et de Latham.
( anaejerruginea),
LieUANAAD A t£t£ COULEUR DE pAKNELLB(^mis carjo^
pkyllaia La th. ). Cette espèce qui se trouve dans plusieurs
parties de l'Inde, s'apprivoise facilement , se réunit rare-
ment en troupes, et vit presaue toujours par paires. Sa taille
est celle du canard siffleur à bec noir , et sa longueur de dix-
neuf pouces ; le miroir peu brillant , qui occupe trois ou
quatre pennes de l'aile , est d'un rouge pâle ou couleur de
rouille ;le bec de près de deux pouces et demi de long , un peu
courbé à son extrémité , est , ainsi que la tête et la moitié du
cou, d'une teinte vive de cannelle ; un brun de chocolat couvre
l'autre partie du cou et le reste du corps ; les couvertures des
ailes sont longues et recourbées ; les pieds d'un gris bleuâtre ,
et l'iris rouge. La femelle diflere très-peu du mâle.
Le Canard a tête grise ( Anaa spectahilis Latfa. ) est
beaucoup plus gros que le canard domentique , et a près de
deux pieds de longueur; le dessus de la tête d'un cendré
bleuâtre ; les côtés , au-dessous des yeux , d'un vert pâle ; trois
petites bandes longitudinales noires sm* le front , et qui
a'avancent en pointe sur le haut du bec , et deux autres qui
s'étendent en arrière sous ses angles ; le tour des yeux delà
même couleur; le cou» la gorge et la poitrine blancs; le
ventre d'un brun noirâtre ; le dos, les scapulaires et le crou-
pion de celte même teinte et k reflets pourprés; les couver^
tures du dessus et du dessous de la queue d^ noir brillant ;
de chaque cAlé, an-dessus du croupion , une grande tache
C A N 1,9
bkncbe; le» pennes des ailes branes; les cenvertures d'un
pourpre luisant^ et chaque plume terminée par un point
Diane ; la queue d'un brun foncé et étagée ; le bec rouge ;
un tubercule musculeux qui surmonte le bec à sa base ; les
pieds d'un rouge sale.
La femelle n a sur le bec qu'un renflement peu apparent;
les yeux entourés de blanc ; le j^umage tacheté de bnm , do
noir et de rougeâtre; les pennes de la queue et l'extrémité do
c^es des ailes cendrées , avec une bande blanche qui les tra-
verse en dessus; les pieds noirs. Les jeunes mâles ont à*peu«
près les mêmes couleurs que la femelle.
Cette espèce habite pendant l'été le nord de la baie dllud^
•on y et pendant l'hiver elle s'avance jusqu'à New-Yorck. On
la trouve au Kamtschatka , en Sibérie ^ en Ncnrège ; et le, ello
ae nourrit de coquillages qu'elle va chercher au fond des eaux^ .
et qu'elle n'avale que lorsqu'elle a regagné la surface. Ses
œu&sont blanchâtres; son duvet est aussi fin et aussi moelleux
que celui de Veider , et sa chair très-savoureuse. On fait la
chasse à ces oiseaux avec des traits adaptés pour tuer plu*
sieurs autres espèces d'oiseaux d'eau : on les surprend au mo*
ment où ils plongent pour attraper leur proie ^ efl^yés des
cris des chasseurs , ils n'osent pas prendre leur vol et se rèfo«
S lent sous l'eau; mais ne pouvant s'y tenir long-temps^ et
écélant le Ueu où ils sont par les bulles d'air qu'ils laissent
échapper , ils sont frappés au moment où ik montrent leur,
tète à la surface de Teau. (Yieill.)
Le GRAND Ôanarb A téte ROUSSE. G'cst , daus Vor/diha^
hgie^e Saleme, le canard aiffleur ouVinoeon. Voyez co
mot. (S.)
Le Canard TARii a calotte noire ( jifuu JamaicenM
Ijath.) ne parott à la Jamaïque qu'en octobre et novembre»
Sa taille est celle du petit canard à grosse tête; il a près do
quinze pouces de longueur; son bec est laige et un peu re-
courbé en haut à son bout^ la mandibule supérieui*e est
bleuâtre sur son arête , orangée sur ses côtés et autour dea
narines; l'inférieure est de cette dernière couleur^ l'iris
est d'un brun clair ; une calotte noire couvre le dessus de la
tète , et une teinte brune domine sur le dos , les ailes et la
queue ; la gorge est blanche et tachetée de noir ; sur tout lo
reste du plumage il y a des raies couleur de rouille et de sa«
firan, agréablement variées ; la queue est cunéiforme. ( Vieill.^
Le Canard aux yeux d'or. M. Saleme a désigné ainsi
le Garrot. Fby. ce mot. (S.)
CANARD ( Economie rurale et domestique. ). Nous nou«
bomerouB i présenter ici les qualités les plus essentielles dec
^i6 C A N
canards , et à indiquer aux culûvateiirt qui desirerbieiil s'oc*
cuper de leur éducation , les moyens d'en tirer tous les
avantages qu'on peut en obtenir. Mais avant d'entrer dans
ces détails , qa'il nous soit permis de commencer rarticle par
une réflexion générale^ que vraisemblablement ont déjà &ite
iïlusîeurs bonnes fermières, auxquelles le gouvernement de
a basse -cour est naturellement dévolu.
fl n'est pas douteux que le canard, devenu domestique ,
ne soit d'une assez grande ressource pour les habitans des
campagnes ; il vit et se multiplie au milieu de nos habitations ,
exige peu de soins, même dans son premier âge ; pourvu qu'il
«it a sa disposition une rivière , un étang, un filet d'eau , une
maj^e, un bourbier, peu lui importe ; l'humidité est son élé-
inent ; il ne sauroit profiter que dans des lieux frais et aqua*
tiques ; inutilement on s'obstmeroit à vouloir élever des ca^
nards dans des endroits secs et arides , leur chair ne seroit ni
aussi tendre ni aussi savoureuse ; dans ce cas , il vaut mieux
leur préférer d'autres oiseaux auxquels les localités convien-
nent davantage , pour les vues qu'on doit se proposer.
Des Espèces ou Vctriétés de Canards.
Dans le très-grand nombre des variétés de canards dont
les naturalistes ont donné la description , il n'en existe com-
munément que deux ou trois au plus dans nos basses-cours ,
savoir , le canard commun ou harboteux ; le canard musqué
ou de Barbarie ; enfin le canard métis, qui résulte de l'ac-
couplement du canard <^Inde et de la cane commune.
Canard sauvage.
Le canard sauvage a fourni le canard domestique , auquel
il se mêle volontiers ; il vit en troupe sur les étangs voisina
ieê lieux habités, et la troupe ne descend qu'après avoir reçu
le signal de sécurité de ceux qui vont en avant comme édai"
reurs y il a l'ouïe , l'odorat tres-fins ; on le prend à l'ham»-
con , aux lacs tendus dans les grands joncs. Le chasseur pru-
dent , placé en opposition de la lune et du vent , peut en »uv^
preudre un grand nombre. Sa chair est plus estimée que
celle du canard domestique. Souvent la cane sauvage fait sa
ponte sur la crête d'un arbre ; descend ses petits en les por-
tant avec son bec dans l'eau voisine ; les habitans du Nord
attachent près des grandes eaux de petits caissons aux arbres ,
et y mettent un ou deux œufs de cane pour attirer les pon-*
denses ; 3s les visitent à la ponte» et en retirent les nouveaux
œufs par le fond qui est à bascule.
G A N 417
Canard musqué.
Les iftaturalûtes connoîssoient dès le seizième siècle ie con
nord musqué , ainsi appelé à cause de l'odeur de musc qu'il
répand ; on le nomme encore canard cTIfui^ , de Guinée y de
Barbarie ; mais cette espèce n'est pas assez proj^agée : étant
Elus grosse, plus belle ^ plus propre et plus paisible et ausû
onneque le canard domestique ^ elle devroit être multipliée
de préférenceà toute autre.M.Schrenk de Géra , en liante-
Bavière , en a suivi réducation avec le plus grand soin ^ et il
a consigné le résultat de son expérience et de ses observa-
tions dans un mémoire particulier dont nous allons ofi'rir un
court extrait.
Gomme ce canard est encore assez sauvage , il s'avance
dans Veau aussi loin qu'il peut , et conséquemment , quand
il est sm* des ruisseaux un peii considérables y il lui «st diffi-
cile de retrouver le chemin de la ferme.- Les étangs et les vi-
viers, sur- tout lorsqu'ils sont clos de murs ou placés dans le
coin d'un jardin , lui conviennent le mieux ; il se platt aussi
dans les mares ou gués destinés à abreuver les chevaux ; mais
il faut que , de loin ou de près , il pnisse appercevoir d'autres
objets propres à le distraire^ ne fût-ce que des bâtimens,
parce ou'il ne s'apprivoise pas aussi facilement que le canard
ordinaire.
"Loi nourriture qu'il trouve dans l'eau ou sur la terre, lui
est insuffisante; c'est pourquoi nos économes placent, sur le
bord des eaux qu'il fi'équente, des augets pleins d'avoine
renflée par IVau qu'on a versée dessus , et de mies de pain
trempées qui lui réussissent à merveille. Il convient aussi de
hii procurer une quantité suffisante de vase et de lavures;
il se ^ette dessus avec avidité , même quand il a une autre
nourriture en abondance. £n observant ces règles, il est
inutile de lier les ailes à cet oiseau ; on peut être sûr qu'il ne
volera pas plus loin , tant qu'il trouvera autoiur de lui ce qui
lui est nécessaire. Mais , dans aucun cas, il ne faut arracher ses
plumes ou éjointer ses ailes , parce que cette opération , qui ne
se fiiit ordinairement que sur les plumes les plus essentielles,
a l'influence la plus funeste sur la santé de l'animal.
Canard barhoteux.
Comme tous les canards barhoteux proviennent originaire-
ment d'oeufs de canard sauvage , et que tous s'accbututnent
facilement à la do;nesticité , il paroîtroit plus naturel de dis*
iûiguer les canqrds en grande , moyenne et petite espèce.
„8 C A N
La première est plus belle dans la Normandie que dans tout
autre canton de fa France.
Dans la Picardie , au contraire , et dans d'autres canlons
limitrophes , on préfère Tespèce moyenne > plus connue sous
le nom de canard harboteux , parce qu'en ettet il paroît avoir
encore plus de disposition que les autres espèces a se vautrer
dans les lieux bourbeux , dans les ruisseaux , au bord des
étangs et des marais , où il trempe le bec pour y trouver ,
aa nourriture. Cette espèce est plus féconde^ plus vivace>
exige moins de soins ^ et n'a pas le défaut de déserter la ferme
pendant plusieurs jours de suite , ni de devenir par consé-
quent la proie des renards , des fouines et autres animaux
destructeurs.
Au reste, si les cxtnwrds dits harhoUux ne se mêlent qu*avec
leur espèce , ceux de Barbarie yen revanche , s'accommodent
très-bien des canes ordinaire^ d'où résultent , par cet accou-
Îlement , des métis , mulets ou bâtards qui forment toutee
» variétés supérieures en grosseur et en saveur , que nous
▼oyons dans les fermes des diflférens cantons de la France.
Canards mulard:
Cest ainsi que dans plusieurs parties méridionales de la
France, on nomme les canar<& qui proviennent du canard
d^lnde avec la cane ordinaire ; leur plumage est d'un vert
très-foncé, et leur grosseur moyenne entre celle du canard
d'Inde et du canard commun; mais ils n'ont pas ces excroia*
sances qui distinguent les pre/niers , et ils perdent presqu'en-
tièremeut cette odeur qui les caractérise. Plusieurs observa-
teurs prétendent que le mâle de celte espèce étant très-chaud »
il falloit bien se garder de ne lui donner qu'une cane , sans
3uoi on courroit tes risques de n'avoir que des œufs clairs et
e nul rapport ; mais ces canards étant le produit d'animaux
d'espèce ciîHerente, ils sont rarement féconds. A peine»
suivant la remarque de Puymaurîn , sur cent oeufs obtient-on
vingt individus vivans ; mais si ces canards métis se régé*
nèrcnt difficOement entr'eux , ils peuvent , en s'appartant
avec les canes ordinaires , fournir une excellente postérité i
c'est ce qu Olivier de Serres a très-bien exprimé dans soa
Théâtre d^ agriculture , par deux paragraphes que noua
rapportons Utléralement , dans la crainte d'en altérer Jm
texte.
ce TJne troisième espèce de canes sort par raccooplemeal
» du canard d*Indê avec la cane commune; recommandaUa
> en ce que , pour la fertilité de la femelle , eifiicil^aslao»*
C A N 919
9 ment des petits mii sortent de ces oeufs, l'on en peut auoir
3» abondamment.. $e8te cttne tient du masle la grosseur d«
j) corps , la bonté de la chair et le silence : et de la femelle
.S) les fertilités des œufs qui s'augmentent par ce mariage^ pon-
^> dans les femelles plusieurs fois l'année. Mais œufs qui ne sont
9 bons qu'à manger^ ne pouuans esclorre^ pour le nieslange
3» des semences , parlant stériles en génération ( comme les
y> mulets) en eux défaillant leur race.
D Pour en conseruer l'engeance ^ se faut soigner de tenir ,
s> suflBsant nombre de canards dinde au troupeau des canes
3D communes : comme pour cinq ou six femelles , vn masle
p (ceux-cj ne pouuant foui*nir à tant de femelles que les
9 autres) afin d auoir abondance des œufs que demandés ,
» lesquels couuer ainsi que dit est , par des poules communes»
9 satisferont à Tostre intention. A la charge toutesfois , qu'autre
3) masle que d'Inde n'y ail au troupeau des canes communes ,
» pour le danger de gaster tout. £t à ce que cela se puisse
» commodément faire, sera bon loger en lieu séparé , cette
3> bande ainsi assortie ; par le moyen de laquelle, sans destoux^
3B bier, cette race bastarde se maintiendra. Dont tirerez plai*
s> santé vlilité, par les chairs et œub qu'elle vous fournira en
» abondance ».
De la Cane.
Elle est dans toutes les variétés de canards, moins volumi-
neuse que le mâle ; son cri est plus aigu et plus perçant , et
ses couleurs ne sont ni si belles ni si vives. Une autre marque
la distingue encore ^ c'est un assemblage de quelques pliuues
de la queue , placées en rond et retroussées vers son extré-
mité supérieure.
Un seul canard su£St à huit et dix canes, H en faut moins à
un canard d'Inde, et ses petits sont d'une éducation plus dif-
ficile, sans cependant être moins voraces. Elles commencent
leur ponte vers la fin de février, et la continuent jusqu'au
mois de mai, lorsqu'elles ont une nourriture suffisante et
sont logées dans un endroit qui leur plaise. Alors il faut les
veiller de près , car elles déposent par- tout leurs œufs où elles
se trouvent , dans les lieux les plus ombragés, les plus écartés,
quelquefois dans l'eau. Souvent même , api'ès les avoir dé-
robés k l'œil vigilant de la ménagère , elles les couvent furti-
vement , et amènent un beau jour à la ferme leur nais-
sante famille pour demander à manger, sans qu'on en ait
aucun soin , aucun emban*as. Il est prudent^ à l'approche
du printemps , de leur donner à manger trois ou quatre fois
le jour , mais peu A-la-fois, et toujours dans les lieux où loii
sm G A N
éeaire qu'elles pondent ^ en disposant lenn nids od eOes ont
pondu une seule fois. ^*
n y a eu long-temps , sous mes fenêtres^ une petite basse*
conr où les canards^ les poules et les pigeons vivoient^ pour
ainsi dire » en commun et sous le même toit; j'ai vu une cane
monter dans le pondoir pour y déposer son œuf, comme si
le poulaillier étoit son habitation. Elle paroh moins timide
que les autres pondeuses.
J}e8 (Eufê de Cane,
La ctme ordinaire pourroit pondre de suite cinquante i
aoixante œufs , depuis lé mois de mars jusqu'en mai , si la
couvaison ne venoit pas interrompre la poule. Aussi nour^
rissans que ceux de la poule commune, ils ont seulement
Jin peu plus de grosseur, et la coque paroi t plus lisse et moins
épaisse. Leur couleur est asses ordinairement verdàtre à Tex*-
4meur ; il s'en trouve d'un blanc terne : le jaune est gros et
«ssez foncé. Cuits à la coque , le blano ne devient pas laiteux ;
il acquiert une consistanoe décolle, a une couleur d'an blanc
E aie , et un goût un peu sauvageon ; mais bouillis ou en orne*
itte, ils sont fort délicats.
Dans la Picardie, les fraimes de campagne sont fort em-
pressées de. rechercher ces œufs, avec lesquels elles préparent
leurs gâteaux. Ck)mme il s'établit parmi elles une sorte d'ému-
lation pour faire briller, dans les grandes solemnités, leur
talent en fait de pàtisseiie , il n'est pas rare , aux approches
d'une fête religieuse , de les voir courir i trois ou quatre
lieues pour se procurer des œufs de canes, qu'elles emploient
de préférence, parce qu'ils donnent un meilleur goût, une
plus belle couleur, et n'exigent point autant de beurre. A la
vérité, si , au lieu de levure , elles ne se servoîent que de levain
de pâte ordinaire, leurs gâteaux seroienl plus délicats et no
sécheroient pas si promptement : nous ajouterions même que
quelques jaunes a'œufs de cane , brouillés avec des œufs de
poule ordinaire, rendroient les omelettes plus délicates , s'il
n'étoit pas plus économique de les réserver pour la couvai-
son, et de les consommer ensuite sous forme de canards.
Des (Êufê de Cane êaupoge.
Lorsqu'on a la possibilité de se procurer desœnfii de cane
sauvaflo^ il est facile de les faire édore en les confiant à uno
cane domestique, ou mieux à une poule. On trouve les nida
dans les joncs « près des étangs, des rivières, sur-tout dauA
C A N nûi
les endroits solitaires , dans les bruyères qui avoisinent le*
pièces d eau fréquentées par ces oiseaux. Rien ensuite ne
«'apprivoise plus aisément que les petits qui en proviennent ;
ils s'accoutument au milieu des autres canetons privés, dès
qu'on a eu soin de leur couper la partie extérieure d'une des
deux ailes. Sans cette précaution, ilss'envuleroient avec les ca-
nards sauvages qui séjournent hahitu^ement dans certains
'éloigner
affections.
lia ti*è8«grande facilité d'avoir, dans certains cantons, des
«eufii de canes sauvages , a fait songer à Gouffier de proposer
aasx éoonomes un renouvellement , tous les quinze à vingt
ans , de la race primitive de nos canards par une rééducation
domestique de canards sauvages. Ib réussissent au moins aussi
bien que nos canards ordinaires; ils sont infiniment meil-
leurs, et ib coûtent moins à nourrir', pai*ce quêtant , par
l#ur nature, plus portés que nos canarda domestiques à.
cfaerclier leur pâture, ib vont toute la journée et dans tous
les temps de l'année le long des pièces d'eau, où ib en .
trouvent d'analogue à leur goû| et à leur tempérament.
IjCs individus de la première génération sont, à la vérité ,
un peu plus petits que nos canards domestiques ; mab à la
seconde, et sur-tout a la trobième, ib deviennent au moins
aussi gros ; ils ont la délicatesse des canards sauvages , et toute
la bonté et la graisse de nos barhoteux.
Cùmwison de» Canes,
JLa cane n'est pas naturellement dbposée à couver ; c'est
pour l'y inviter que, vers la fin de la ponte, on laisse ordi- .
naireoient deux autres œub dans chaque nid, ayant soin
d'enlever, tous les matins, les plus anciens, afin qu'ib ne
sment pas .gâtés. On lui en donne depuis huit jusqu'à douae^
aAon qu'elle est plus en état de les embrasser, en prenant
garde sur-tout de les asperger d'eau froide, comme quelque»
auteurs le conseillent assez mal-à-propos. Cette précaution
est au moins superflue, si elle n'est pas nuisible. Pom* bien
fiûie^ il faut, autant que l'on peut, que ce soit toujours ses.
propnea œuËi> ou du moiin« qu'ils dominent dans le nombre ;
car il semble qu'elle ne couve les œufs d'une autre cane
qu'avec peine, et par complaisance pour les siens.
lier aeul. temps: oÀ la cane demande quelques soins, c'est
locsqu'elle convsi; alQE&, comme elle ne peut aller chercher
sas C A N
sa pÂture, il faut avoir rattetiLion de la mettre devant elle ;
mais aussi, quelle qu'en soit la quantité, elle s'en contente;
on a même remarqué que trop bien nourrie, elle couve mal :
il faut la rationner.
Là couvaison dure un mois , et les premières couvées sont
ordinairement les meilleures, pai*ce que les chaleurs de Féié
contribuent beaucoup à leur développement : le froid em-
pêche toujours les dernières couvées de se fortifier et de
donner des canards aussi vigoureux.
On l'eproche à la cane de laisser refroidir ses œufs quand
elle couve. Cependant, Réaumur dit avoir eu une cane de
l'espèce la plu& commune, qui paroissoit encore plus inquiète
de ce refroidissement auquel les œufs alloient être exposés pen«*
dant qu'elle prendroit de la nourriture , que les poules ne
paroisiyoient Télre pour les leur ; elle ne quittoit son nid
qu'une fois par jour, vers les huit à neuf heui*es du malin ;
et avant de les abandonner, elle les couvix>it d'une couche de
paille, qu'elle tiroit du corps du nid pour les mettre à l'abri
des impressions de l'air. Cette couche , épaisse de plus d'nn.
pouce, cachoit si bien les œu&, qu'il etoit impossible de
slmaginer qu'ils s'y trouvoient.
Il s'en faut, à la ^'érité, qtie toutes les canes de la même
espèce donnent des preuves aune aussi grande prévoyance
Sour la conservation de la chaleur de leurs œufs , que celle
ont il s'agit. Il arrive souvent qu'elles les laissent nTroidir.
D'ailleurs , à peine les canetons sont-ils nés , que la mère les
mène à l'eau , où ils barbotent et mangent d abord ^ et il
en périt beaucoup si le temps est froid.
Toutes ces raisons, et tant d'autres trop longues à détailler
dans un ouvrage destiné à offrir une ^nde variété d'objets,
déterminent ordinairement les fermières à faire couver les
œufs de cane par des poules ou par des poules-d'Inde : plus
douces et plus assidues que les canes , ces mères empruntées
affectionnent très-bien leurs petits, dont la surveillance exige
une certaine attention , parce que , ne pouvant être accom-
pagnées dans les endroits aquatiques , pour lesquels ils mon-
tren t , dès en naissant , la plus grande propension , ils suivent
la poule sm* terre , et s'endurcissent un peu auparavant de
s'exposer à Teau sans aucun guide.
Il est probable que sî on pouvoit réunir une quantité cen*
sidérable d'œufsde cane pour en foimer une grande convée,
l'art (le faire éclore artificiellement les poulets , appliqué au
canards, ne fiU suivi d'une réussite plus compieie , vu que
ces derniers oiseaux sont moins difficiles i élever ^ueJee
potileLs. U sulfiroit de les tenii* enfermés lûie douaame d«
C A N aaS
ioxm âsoïB cet endroit appelé Ir poussinière; et 6Ù 0 faudrait
leur laiuer quelques baquets d'eau pour barboter. Au bout
de ce temps ^ on pourroit les mettre en liberté, et ils vien-
drolent à merveille , pourvu qu'ils eussent dans l'enclos ou
on les lâcheroit une mare , un }>etit ruisseau.
On dit et on répète que la cane refuse de couver ica œu&,
lorsqu'elle a été elle-même couvée par une mère d'emprunt ;
mais c'est un préjugé. L'instinct de la nature triomphe de
tout. Jamais je n'ai apperçu aucune répugnance à l'incuba-^
tion des canes ^ quoique couvées originairement par des
gaUines ou par des poules-d'Inde. Dès que les petits sont
eclosy ils se traînent machinalement à la première mare voi-
sine. Damboumey, dont toute la vie a été consacrée à dea
objets d'utilité publique, croit avoir remarqué que, jusqu'à
ce qu'ils soient à-peu-près croisés , une couvée ne se mêle
ni sur l'eau ^ ni sur la terre ; chacune s'isole > mais sans sq.
battre ni paroltre se haïr.
Déê Canetons,
Us sont trente-nn jours à éclore, soit qu'on laisse & la cane
le soin de couver ses œufs, soit qu'on les ait confiés à la poule
ou klàpoule'^PInde, Il est possible d'en élever beaucoup et à
pen de frais, parce qu'ils vont chercher une partie de leur
nourriture presqu'au sortir de la coquille.
liCs canetons peuvent se passer de la mère aussi-tôt qu'ils sont
nés. Licnr nourriture, dans les premiers jours, est du pain
lémietié, imbibé de lait, d'eau , d'un peu de vin ou de cidre.
Quelques jours après, on leur prépare ime pâte £ute aveo
une pincée de feuilles d'ortie» tendres, cuites, hachées bien
menuet, et d'un tiers de farine de blé de Turquie , de sar-
FBBÎn ou d'orge : on y ajoute les œufs de rebut préalablement
coils.
Dès qu'ils ont acquis un peu de force , on leur jette beau-
coup d'nerbes potagères , crues et hachées , mêlées avec un
pen de son détrempé dans l'eau ; l'orge , le gland écrasé , le^
pommes de terre cuites et divisées par morceaux ; de petits
poissons , quand on en trouve, conviennent également à ces *
oîseam: , qui se jettent sur les difiérentes substances qu'ils
lencontrent , et montrent , dès leur plus tendre enfance, une
voracité qu'ils conservent toute leur vie.
JLet canards sont si vivaces, qu'un œuf cassé par curiosité
ou par accident , deux ou trois jours avant le terme de la
couvaison , peut encore donner un caneton , si on le recou-
vre adroitement avec une autre coquille : j'ai vu fiure souvent
ces raccommodages avec succès^
ii!i4 C A N
Pour fortifier les petits avant d'aller à f eau , îl faut les (enir
enfermés sous une mue ou auge à poulet y pendant huit à dix*
jours y et avoir soin d'y mettre un peu d'eau , ce qui est facile
quand ils ont eu pour couveuse la poule ou la poule-d'Inde :'
alors ils s'endurcissent sur la terre : en leur laissant la liberté/
un penchant naturel les entraîne bientôt vers l'eau ; ils s'y
plongent. Les poules ne pouvant les suivre ^ témoignent , par
des cris et des gémissemens qu'ik ne compi^nnent point,
leur inquiétude et leur alarme sur la famille adop(ive,«tat
que Rosset a si bien rendu dans son Po'éme de l'Agriculture,
Mais il faut insensiblement les accoutumer à revenir le soir
à la maison , pour prévenir les accidens qui pourroient leur
arriver s'ils en restoient éloignés.
On doit prendre encore quelques précautions avant de
laisser aller les canetons avec les vieux canards , dans la'
crainte que ceux-ci ne les maltraitent , et leur donner à
manger comme aux autres volailles, toujours dans^le même'
endroit et aux mêmes heures, afin qu'ils s'y trouvent régu*
lièrement et ne s'écartent point. Il est nécessaire de les tenir
enfermés sous les toits qui leur sont destinés , et de placer ces
toits, autant que le local le permet, à portée de la mai*e ou de'
la foose de la basse-cour.
Nourriture des Canards.
On peut les abandonner une partie del'année à eux* mêmes,
lisse nourrissent de grains répandus dans la basse -cour.
Avec ces oiseaux il n'y a rien de perdu : lescriblures et ba-'
layures de greniers , les farineux fermentes sous forme de
jMun , les résidus des brasseries et des bouiUeries , les herba-
ges, les racines potagères , les fruits, tout leur est propre ,
pourvu que ce qu'on leur donne soit un peu humide. 11 ann ve'
même que quand ils sont à portée de l'eau , ils y trempent
eux-mêmes leurs alimens. Aussi aiment-ils de prédilection
la pomme de terre cuite , et Ta-t-on substituée dans quelques
endroits, avec profit , au maïs et à l'orge. C'est à cause de cet
attrait pour l'humidité , qu'ils se plaisent dans les prairies et
dans les pâturages qu'on pourroit facilement couvrir des*
espèces de plantes que les canards recherchent e% aiment le'
plus.
Mais ilparott que tout ce qui approche du chamage est fort
de leui* goût , et concourt singulièrement à accélérer leur
croissance. La grande et belle espèce ne réussit si bien dans '
los environs de Kouen , sur les bords de la Seine , que par la '
faculté qu'on a de la nourrir avec des \txs de terre qui'ou
C A N aaS
prend dans les prairies , et dont on leur distribue , trois fois
par jour , une portion dans les ioils où on les enferme sépa-
rément : c'est ce cjui forme ces canetons hâtifs , gi*ands , gras^
blancs , qu'on voit, au mois de juin , dans les marchés.
Les canards sont si |(loutons , qn'iïs se mettent souvent en
besogne pour avaler un poisson 6u une grenouille entière,
qtd les échauffe souvent , s'ils ne les rejettent pas prompte-
ment. Extrêmement friands de viande , ils la mangent avec
avidité , quelque corrompue. Les limaces , les araignées, les
crapauds , les tripailles , les insectes , toutes ces substances, en
un mot , conviennent à leur appétit carnassier. Aus^ii sont-
ils les oiseaux de la basse-cour , qui pourroient rendi*e le plus ,
de service dans un jardin , en détruisant une foule d'insectes
qui y font ordinairement un tort irréparable, si leur voracité
n'exposoit pas à d'autres inconvéniens qui doivent balancer
cet avantage , et y faire renoncer.
Ennemie dés Canards.
Le plus redoutable , c'est le renard » aux incursioiis doq<uel
Xthcanarda sont les plus exposés, parce qu'ils s éloignent asses
ordinairement de l^iabitation ; ou ne sauroit trop lui faii«
la chasse pour en délivrer la contrée , et il faut envoyer con-
duire les canards à l'eau le matin et les ramener le soir.
n faut prendre garde aussi que les eaux où les canards ont
la liberté d'aller , ne contiennent pas de sang-saes , qui occa-
«ionnent la perle des canetons , en s'atiacbant à leurs pattes.
On parvient à détruire ces sang-4ues , au moyen de tanche»
et autres poissons qui en font leur pâture.
On ne saui'oit trop s'empresser non plus de détruire dans
tous les endroits où les canards peuvent aUer, ainsi que les
«utres volailles , la jusquiame ; ces animaux ne manquent
pas de manger de cette plante vénéneuse pour la jjlliipart
des animaux , qui leur cause bientôt la mort.
Engrais des Canards*
I/i grosseur du canard varie infiniment. II y en a qui ^
dans le cercle de huit à neuf semaines , à partir de leur nais-
sance , pèsent jusqu'4 sept à huit livres , tandis que d'autres
du même âge et de la même espèce , n'acquièrent point la
moitié de c« poids. On sait qu'il n'est pas nécessaire de les
chaponner pour les engraisser.
Quoique cet oiseau chérisse sa liberté aU-dessus de tout
autre bien , et qu'on ait remarqué qu'il pouvoit aisément s'en-
C;raisser sans étrttsjrenfermé^ l'expérience a cependant prouvé
rr. S
fla6 C A N
qu'on y parvient plutôt en le mettant aous une mue, en lui
administrant une quantité suffisante de grains , ou de son
gras , et un peu d'eau pour seulement mouiller son bec : au*
trement il pourroil se noyer.
£n Angleterre , on engraisse les canards au moyen de la
dréche moulue et pétrie avec du lait ou de Teau. Dans la
Basse-Normandie , où Ton en fait commerce , parce que le
terrein y est très-frais , on prépare une pâte avec de la farine
de sarrasin , et on en forme des gobes , avec lesquelles on lea
gorge trois fois par jour pendant huit à dix joui's , après quoi
ib sont bons à vendre un prix qui dédommage des soins et
des frais , sur-tout si on saisit l'à-propos pour s'en défaire.
Dans le Languedoc, quand les canai*ds sont asses gras, on le»
enferme de huit en dix dans un endroit obscur. Tous les ma<-
tins et tous les soirs une servante leur croise les ailes, et , les
plaçant entre ses genoux, elle leur ouvre le bec avec la main
gauche , et avec la di*oiteleur remplit le jabot de maïs bouilli.
Dans cette opération , plusieurs canards périssent suffoqués,
mais ils n'en sont pas moins bons , pourvu qu'on ait soin de
les saigner au moment. Ces malheureux animaux passent
ainsi quinze jours dans un état d'oppression et d'étoimement
qui leur fait grossir le foie , les tient toujours haletans , et
presque sans respiration , et leur donne enfin cette maladie
appelée la cachexie hépatique. Quand la queue du canard
fait l'éventail et ne se réunit plus , on connoft qu'il est asses
gras : alors on le fait baigner , après quoi on le tue.
J'ai ouvert , dit Puymaurin , deux canards , dont l'un
n'avoit pas été ainsi gorgé. Le foie du premier étoit de gran-
deur naturelle , la peau également épaisse , et les poumons
parfaitement sains ; mais celui qui avoit été gorgé avoit un
ibie énorme , qui , recouvrant toute la partie inférieure dn
ventre , s*étendoit jusqu'à Tan us. (Les canards sont ordinai-
rement sullbqués , quand , par la pression du foie , l'anus
s'ouvre , et le foie paroit à son orifice.) Les poumons étoicnt
gorgés de sang, la peau du ventre qui recouvroit le foie»
étoit de l'épaisseur d'une pièce de six sous. Les canards , sura-
bondamment nourris de cette manière , semblent des boules
de graisse.
Saiaieon des Canards,
Deux jours après qu'on a tué les canards engraissés, on les
fend par la jMirlie inférieure , et on enlève à-la-fois les cuisses ,
les ailes , et la chair qui recouvre le croupion et resloniac.
On met le tout avec le cou et le bout du croupion dans uii
•aloir', et on les lai&se couverts de sel pendant quinze jour»;
■ C A N . «37
«près quoi on les coupe en quatre quartiers , et on leis fnet dans
des pots. On a soin auparavant de les piquer de clous de gi-;-
roâe , et d'y jeter quelques épices. On a mis précédemment
dans la saumure quelques feuilles de laurier d'Espagne et un
peu de nilre , pour donner à la viande une belle couleur
rouge.
Commerce des Canards,
n n'y a presque point de nation qui ne fasse un commerce
de canards. Les Chinois sur-tout sont ingénieux pour les éle-
ver. Beaucoup ne vivent absolument que de ce commerce.
Les uns achètent les œufs , et les vendent ; les autres les font
éclore dans des fourneaux , et trafiquent leurs couvées. 11 y
en a enfin qui s'appliquent uniquement à élever les canetons.
Quelques Anglais , a l'imitation de ces peuples , se sont aussi
attachés à perfectionner cette éducation. Leur méthode con-
siste à entretenir un petit nombre de vieilles canes > et à don-
ner les œufs à couver à une poule pendant huit à dix jours
seulement ; après quoi ils les enterrent dans du fumier de che-
val , ayant soin de les retourner sens-dcssus-dessous, de douze
en douze heures^ jusqu'à ce qu'ils soient éclos.
C'est ordinairement depuis le mois de novembre jusqu'en
février > qu'on les apporte à Paris ^ plumés et effilés , pour les
mieux conserver. Le canard de Rouen payoit aux entrées le
double de ce qu'on exigeoit pour le canard barbotier. Cette
difiérence ne venoit pas seulement de son volume , qui est en
effet plus considérable , mais encore relativement à la qua-
lité de sa chair plus estimée ; le premier se rapproche de la
volaille ferme engraissée y et le second tire sur le gibier aqua-
tique et sauvageon.
Les canards de la grande espèce sont plus beaux dans la
Normandie que dans tout autre canton delà France. Les An-
glais viennent souvent en acheter de vivans dans les environs
de Rouen, pour enrichir leur basse-cour, et perfectionner
leurs espèces dégénérées ou abâtardies : ils les mettent dans des
parcs clos , poiu* procurer à l'opulence les plaisirs d'une chasse
excessive.
Les canards alors sont un commerce pour les capitaines ca-
boteurs de cette nation, qui , en passant jpour retourner che^
eux , les revendent aux riches propriétaires, assex sages pour
résider sur leurs domaines. Le profit des exportateurs dépend
de la brièveté et du beau temps de leur trajet , qui préviens
nent plus ou moins la mortalité de leurs passagers.
Le canard d'Inde^ ou ds Guinée, est un assez médiocre
»rt C À lï
tnanger , à c«u0e cle la forte odeur de musc qu'il répand. Il
ftiut lui supprimer , lorsqu'il est tué , le cit)upion , qui est lo
foyer où réside cette odeur. Les mélifs la perdent presqu'en-*
tièrement. Peut-être est-ce celte odeur qui empêche que les
«anards domestiques mâles ne s'appaiîent point avec les canes
musquées.
Le canard saui^ajge ou domestique , au contraire , est un.
excellent manger; mais il faut qu'il soit jeune ^ et plutôt
élouilé que saigné. Les cultivateurs qui en élèvent pour lea
vendre , sont forcés de les saigner avant de les exposer au
marc lié , parce qu'ayant la peau rouge , on croiroil qu'il»
Bontmort» nalurellement. Dans plusieurs cantons de la Fran-
ce , il est le mels le plus ordinaire des gens aii>és, et par con-
séquent l'objet d'un commerce d'autant plus lucratif , qu^il
s'accouimode de tout, qu'il n'est pas susceptible de maladies ,
et que s'il mue comme les autres oiseaux de la t>asse-cour ,
cette crise pério<lique lui est moins funeste ; elle ne dure quel-
quefois qu'une nuit. Chez le mâle, c'est après la pariade , et
chez la femelle après la couvée ; ce qui jxiroîtroit indiquer
que la mue est Tell et de l'épuisement, du moins pour ces oi-
seaux. La cane aime les plimies au point que , si Ton n'y
prend garde , elle en enlève des paquets aux poules. J'ai vu
des poules ordinaires, dont le croupion étort déplumé par ce
manège, il faut avoir soin d'empéoher qu'elle n'en approche*
Dee plumes de Canarde.
Les canarde offrent encore un autre bénéfice dans letirs
plumes , si on a eu soin , aux mois de mai et de septembre ,
de les enlever sous le ventre, les ailes , et autour du cou , peor^
dant qu'ils vivent et avant la mue. Ces plumes demandent à
être séchées au four, lorsque le pain en est ôté , et cela à diffé-
rentes reprises , à cause de leur nature huileuse , analogue k
celle de la plume de tous les oiseaux aquatiques.
Mais si les œufs et la chair du canard sont infiniment meil-
Jeurs que ceux d'oie , sa plume a en récompense une qua-
lité bien inférieure : cependant elle est assez élastique, et ne
laisse pas encore de se vendre certain pri^. Dans la Nor-*
mandie , on en fait des oreillera , des matelas et des travcr-*
AÎns , en la mêlant a celle d'oie : Védredon , et par corrup-
tion Vaigledon , si connu dans le commerce à cause dô l'a-
vantage précieux qu'il réunit d'être fort chaud , et d'avoir
une très-grande légèreté , provient du duvet recueilli sur le
maie des canards d 'Islande du même genre qt^e l'oie , et qiâ n 'en
difiere que par qudquea nuafices du phunagé. F'oy. IIideA.
C A N „,
Au reste ^ les œufs> k chair ^ les plumes et la fiente dea ca«
liiards sont un assez bon revenu de la basse- cour , poui* iixer
raUenlion des fermiers dans les cantons où les prairies jointes
& rhumidité du sol peuvent favoriser l'éducation de ces oi<»
^eaux , et devenir une branche essentielle d'indu^iie agri-#
cole pour leurs habitans.
Cancwdière.
C'est le Uea destiné aux canards ^ dans les endroits où ilt
nrivent en liberté ; on leur construit sur le bord de Teau deéf
toits pour les retirer; alors il fuul renoncer au poisson^ à
xnoins qu*on n'y entretienne que de grosses pièces y mais U
canardière est destinée plus spécialement encore à un lieu
couvert et préparé dans un étang ou un marais pour prendre
des canards sauvages ; sa description , et les différentes mé-
thodes employées pour procéder à cette chasse , ou plutôt k
celtepéche, setrouventdans Varon et dans Columelle. F^oyea
aussi l'article de la Chasse aux canards sau^agks. (Parm.)
CANARD DE PRÉ DE FRANCE. ro;ye% Pjetite Ou-
7ARDE. (S.)
CANARDEAU. Voyez Axbrand. (S.)
CANARDIERE ; c'est un terme de chasse , un lieu cou-*-
vert et préparé dana un étang pour prendre les canarda saw^
^agês. C'est aussi le nom d'un grand fusil , avec lequel on
peut tirer de lojn les canarda , qui sont très-diiïiciles à ap«*
procher ; la portée de ce fusil , à charge ordinaire > est de ceni
cinquante pas. ($.)
CANARI. Foyea Serin. (Vieill.)
CANARI , Canarium , arbi*e de la dioécie pentandrie ^
dont le^ feuilles sont altemea » ailées avec une impaire , et les
fleurs blanches , disposées^ en panicules terminales ^ chaqii^
fleur a un calice de deux ou de cinq folioles ovales , concaves »
))er8istantes ; trois pétales oblongs ; les mâles ont cinq étar
mines y et les femelles un ovaire supérieur y ovale , dépourvu
de style , et chargé d'un stigmate en tête trigone ; le fruit est
une espèce de noix ovale , acuminée y entourée à sa base
d'une membrane crénelée, qui renferme un noyau ovale ^
trigone y pointu , à trois loges et à trois semences.
Cet arbre , dont le fruit est figuré pi. 81 a des Illustration^
de Lamarck , croit dans les Indes et ih» ^ui en dépendent.
X^s habitans tirent de son fruit une partie de leur nourri-
ture y soit en le mangeant , ou soit en exprimant une buil&
^ui sert àTassaisonuemen^de Jiçur^autre^ alimeus» Les vit^u^
a5o • C A N
pieds donnent une résine blanche^ dont on fait des espèce*
de chandelles Le bois est (rùs-bon à brûler.
• Loureiro a établi ce même genre sous le nom de Pimêle ,
et outi'e cette espèce , qu'il appelle Pimèle blanche , il eu
décrit deux autres ^ que Ton trouve à la Cochinchine et pays
voisins.
Le PiMELE ou Canari noir , qui a les feuilles pinnées,
unies, les grappes de fleurs latérales, et les noix biloculaires:
on tire de son drupe une huile non moins agréable que celle
de Tolive , mais plus pesante sur l'estomac.
Le PiMKLE ou Canari oléifIre , a les feuilles pinnéet
par quatre folioles de chaque côté , les pédoncules latéraux
poliÛores , et les noix uniloculaires. 11 est figuré dans Rura-
iihius, vol. 1 , pi. 54. Ses drupes se mangent comme ceux de
a première des espèces , et on en tire ime huile comestible.
11 découle des entailles faites à son écorce ime résine huileuse,
jaunàlre, odorante , semblable au copale, vulnéraire et ré-^
fiolutive comme elle, et dont on se sert pour vernir les meu-
bles de bois , soit seule , soit unie à la résine liquide de TAvaiE ,
c'est-à-dire au vernis de la Chine. ( Voyez le mot Auoie. )
Lar substance qu'on emploie dans l'Inde sous le nom de Da^
mar ou Dammar , pour calfater les vaisseaux , est composée
de cette résine mêlée avec de l'écorce de bambou réduite en
poudre, et un peu de chaux : celte substance est préférable à
toutes les autres connues pour cet objet , soit relativement à
sa durée , soit relativement à sa ténacité , et elle n'a point
d'odeur comme la poix d'Europe.
Le bois de canari oléifère est très-beau , et s'emploie à faire
des tables et autres meubles; mais il est de peu de durée.
CANARI MAKAQUE^est à Ca^enneleQuAXEJLÉ. Voy.
ce mol. (B.)
CANARI DE MONTANYA. C'est en Catalogne le Cini.
Voyez ce mol. (S.)
CANARI SAUVAGE, nom qu'on donne à la Pbndu-
1.ÏNE. Voyez ce mot. (Vieill..)
CANARINE , Canarina. C'est une plante dont la racine
est tubéreuse , la tige herbacée , noueuse et foible , les rameaux
opposés , les feuilles opposées ou ternées, pedolées , hastées ,
inégalement dentées, glabres , molles et glauques en dessous ;
les fleurs d'Un rouge jaunâti-e , solitaires , axillaires et pen-
dantes.
Chacune de ces fleurs est composée d^in calice à six di«
visions lancéolées , lisses et persistantes; d'une corolle mono*
pétale , campanulée , et à si\ découpures ovales pointues ; de
AÏx étamines^ dont les filamens sont élargis à leur baae ; d'uA
Ç A N iSi
fraire iiiterienr y duquel s'^ève, dans la fleur , un slyle pres-
qu'aussi long que la corolle , ayant un stigmate en massue , k
SIX divisions^ et cotonneux. Le fruit est une capsule obtuse ,
sexangnlaire , et divisée, intérieurement^ en six loges qui con-
tiennent des semences petites et nombreuses.
Cette plante est figurée pi. 269 de lUuairationaàe'Là^TnBvcYi
elle est originaire des Canaries. On ta cultive au Jardin des
plantes de Paris. (B.)
CANC AME , gomme i^ine d'Afrique , qui paroit être un
mélange de plusieurs espèces de gommes et de résines, opéré
fiar des insectes ou des oiseaux. Ce n'est que par hasard que
on trouve des masses de cette substance ; aussi est-elle très-
chère. On l'emploie, comme l'encens, contre le mal de
dent. (B.)
CANCELLAIRE , Cancellaria , genre de testacés uni-
tal ves établi par Lamarck , dont l'expression caractéristique est
d'avoir une coquille ovale ou subturriculée , à bord droit ,
éiilonné intérieurement; à base de l'ouverture presqu'entière
et un peu en canal , avec quelques plis comprimés ou trauchansi
sur la columeDe.
Ce genre a pour type la ifoluta cancellaria de Linnaeus ,
coquille des côtes d'Afrique , qui est figurée dans Adanson ,
pi. 8 , fig. 16 , sous le nom de hUet ^ et dans Lister^ Conc/i, ^
tàb. 85o , fig. 5a. Foyez au mot Volute. (B.)
CANCER ; constellation qui forme le quatrième signe du
zodiaque ; elle est composée de 3a étoiles remarquables. Le>
soleil entre dans ce signe au solstice d'été , c'est-à-dire le
21 juin : le tropique qui est au nord de la ligne passe par ca
^gne, qui lui a donne son nom. (Pat.)
CANCERILLE. C'est un nom vulgaire de la LAURÉoiiB.
GENTILLE, Daphm mezereunk- , Linneeus^ Voyez au mot
Lauréole. (B. )
C ANCHE , Aira, genre de plantes de k triandrie digynie,.
et de la famille des Graminées > dont les caractères sont
d'avoir la baie calicinale composée de deux valves qui ren^
ferment deux fleurs, consistant chacune en une bâle k deux
valves ; en trois ét&mines ; en un ovaire supérieur chargé de-
deux styles , dont les stigmates sont pubescens. Le fruit est
une semence presque ovale, couverte ou enveloppée dans la
bâle floréale , qui lui est adhérente.
Ce genre est figuré pi. 44 des Illustrations de Liamarck ,et
renferme quinze à vingt espèces , dont les ^ne3 ont les fleura
sans barbes , et les. autres en sont pourvues ; aucune ne peut
entrer dans la formation d'une prairie^ à raison de la petitess»"
aSa , C A N
de letm feuillet ; mais pliuieur» «ont recherchées par let
animaux palurans.
Les espèces les plus communes sont ; /
La Canche aquatjqu£ ^ que Ton trouve dans les marais^
sur le bord des fossés , et qui fournit un fourrage très-savou-
reux , et par conséquent très-recherché des bestiaux ; mais
rare et court. Ses caractèi^es sont d'avoir la panicule ouverte^
les fleurs sans barbes , unies , aussi longues que le calice > et
les feuilles plates.
La Canch£ élevée , dont les caractères soi^t d'avoir le»
feuilles planes , striées , rudes , la panicule écartée , avec
une très -courte aréle. ^lese trouve dans les prés couverts
et les bois , et s'élève jusqu'à hauteur d'homme : elle est rara
«t vîvace.
La Canche flexueuse , et sa variété , la canche des mon^
tagnes , que l'on trouve dans les bois secs , sur les montagnes
arides. Ses caractères sont d'avoir les feuilles sétacées , le
chaumç presque nu y la panicule écartée , les pédonculet
tortueux. C'est un très - joli gazon que les moulons recher-
chent ; mais que les autres bestiaux trouvent trop dur : ella
est vivace.
La Casche BLANCHATRE, quI a les feuilles sétacées , et la
hase de la panicule renfermée dans une gaine. Elle se trouva
dans les lieux sablonneux. On en fait, dans quelques jardins,
des bordures fort agréables à la vue : elle est vivace.
La Canche «illetée, Aira caryophylUa Linn. , dont
les feuilles sont sétacées , la panicule écartée , et les fleurs
pourvues d'une barbe. On la troute dans les lieux secs , sur
le bord des hoîa : elle est annuelle.
La Canche précoce a les feuilles sétacées , la gatne angu-
leuse , les fleurs en épis paniculés , et la base des baies garnie
d'une baHie. Elle se trouve daiis les lieux sablonneux et hu-
mides des bois : elle est annuelle. C'est une des pi^mièrea
plantes qui fleurisse au printeàips. (B.)
C ANCOINE , nom vulgaire de la Litornb. Foy» ce»
mot. (Vieill.)
CANCRE ; mot aujourd'hui synonyme deCRABB«( Fb/.ce
mot.) Il désignoit autrefois généralement tèusles crustacés ,
Î)lus ou moins applutis y plus ou moins approchant de la
orme ronde , et clont la queue est courte et cachée entiè-
rement sous le ventre ^ enfin lescoiaori^acAiur» de Lin meus.
Voyet au mot Crustacé. (JB.)
CANCRE CAVALIER , c'est I'Octfodr ciRATOPH-
TAi«ME {Voyt% ce mot.) , qui court aussi vile qu'un homaiD
à cheval, (fi.)
, C A N a55
jCANCRE MiJUBRE. C'est le Gbapss pjbint. Foyez ca
mol. (fi.)
CANCHE OURSE. Cest le Maja ours de la Méditei**
ranée. Voye% ce mot. (B.)
CANCRE A PIEDS LARGE. C'est la Fortune de Ron-
delet. Vçycz^Q mot
CAWCRE pE RIVIÈRE. C'est le Crab;e fi.uviatii*k*
Voyez ce mot. (B.)
CAMBRE SQUINADE. C'est le Majà squinabe. Voy^
ce mot. (B.)
- CANCRELAT. C'est la Blatte b'Amérique. Vàye% ce
mot. (B.)
CANCRITES. On appelle ainsi les crustacés fossilea. Voy.
au mot Crustacé. (B.)
CANDIDE , nom français donné au papillon qu'Espeic
apppUé phiççny^ne, ( Pap- (T Europe 4'.-pf^<wielle,) (L.)
CAKfiCHUUNE > ConifhlUa, geure déplantes orypto--
£mes, de la famille des Foug£R£s^ établi par Mirb^aux.
p?iis d^s Act^^^kQvvfi de Limueus^ Son caractère consiste
à avoîi: la frttctificatipn disposée régulièrement en peints , efe
tes follicules Jk»gées dans de petites fossettes.
J^ plupart des canfùfUines ont la sur&ce inférieure de
leuis» feuilW euAièremeKit garnie d'écailles ou de poik ^ ,ce
qui les avoit fait prendre pour des acrostiques par Linnseus;
91^ 0n les eiuiminant avec attention , ou voit que ces écailles
neccavueot les yrai^s parties de la fructification , disposées
como^e dlupâ ilen pofypqde^ , mais nichéos dans des fçMscÉtea
particulières. On connoît quatre espèces de ce genre > qui
sont lfi$ AoibQSTUÎUISS HéTÉHOYBlhhZ > XAsrcioLBB et tio-
LYiymjEOïoB de liinnffius^ et juomoue v»fix.x«B de Burmant
toQtef ^i^les des lnd»s , rares dans les herbiers^ et sur lesa^>
qutàm on n'« Aucfm senaeign^ment. f^oyex au mot AoBOfr*.
TJQUE. (B.)
GANE, fetnelle du Canard, f^oytf* ce mot. (S.)
CANE (GROSSE) DE GUINÉE, toy^z Cai^aru
MUSQUE. (S.) •
CAifS: J^ COLUER BLANa Bdpa ^ appplé ainsi Ip
Gravant. Ployez ce mot. (S.)
£|ANE A OOIililER , dépominatîon de la btmache dans
V Ornithologie de Saleme. Voyez Bsrnache. (S.)
OAN£ A TJ^E RjOUSâE de Bèibn'fit «d'Albin , est k
BIillouinI Koyezçemoi.^.^.
r
3i54 C A N-
CANE BLANCHE. M. Salerne ait qn'ea Sologne^ c'est
le nom de la Piette. Voyez ce mot, (S.)
CANE DU CAIRE. Voyez Canar» musqué, (S.)
CANE DE GUINÉE , dénomination impropre du ra«
Tuard musqué , qui ne vient pas de Guinée , mais de FAmé-
rique. Voyez Canard musqué. (S).
CANE DE LIBYE , Voyez Canard MUSQui. (S.)
' CANE DE MER , l'une des dénominations que Belon a
données au Cratant. Voyez ce mot. (S.)
CANE DE MER A COLLIER. C'est un des noms du
^rauant dans Belon. Voyez Gravant. (S.)
CANEFICIER. C'est Tarbre qui produit la casse du com-
merce^ le caêsiafistula de Linnœus. (B.)
CANEFICIER BATARD. C'est la Casse' bmîapsui-aire.
Voyez au mot Casse. (B.)
CANELUDE ou CANELADE. Lorsque les fauconniers
veulent que leurs oiseaux soient plus chauds et plus ardens
au vo] du héron , ils Jeur donnent la caneiude , c'est-à-dire,
une curée composée de cannelle, de sucre et de moelle de
héron. (S.)
CANEPETIÊRE, nom vulgaire de la peiiie outarde ; c&
nom vient , selon toute vraisemblance , de quelque rapport
que* la petite outarde présente par sa figure et son vol avec le
canard , et aussi de ce qu elle se plaît parmi les pierresv On
l'appelle encora canepétrace , et en Berri , canepéirate, Yoye»
Outarde. (S.)
CANEPHORE^ Canephora , genre de plantes à fleur»
conjointes^ de la pentandrie monogynie , dont on doit l'éfa»
blissement À Jussieu, et qu'on trouve figurée pi. i5i dealliu^
trations de Lamarck.
n a pour caractère un calice commun tubuleux y denté et
multiflore ; un calice particulier de cinq à six divisions; une
corolle monopétale du même nombre de divisions; cinq et»--
mines très-courtes; un ovaii'e inférieur , terminé par ui%*
style bifide ; un fruit à deux semences.
Deux espèces sont réunies sou» ce genre. L'une , la Cake-
PHORE AXXLLAIRE , a les feuiUes ovales , et les fleurs solitaires
et axillaii*es; l'autre ^ la Cànephorb en tâte, a les feuille^
lancéolées et les fleurs terminales i*éunies plusieurs dans un
involucre. Toutes deux ont les feuilles opposées , et viennent
de Madagascar. (B.)
CANETON et CANETTE , petiU du Cakahd. Fbyec
ce mot (S.) ,
CANEVAROLA. C'est , dans Aldrovande , Ufau99UȈ
tête noire. Voyes Fauvette. (S*)
C A N a35
CANEVAROLE , nom vulgaire de la Fauvette sabil-»
LARDE. Voyez ce mol. (Vieill.)
CANJALAT, r/Z»/iw?»Rumphiu8, Amb. S^tab. 139. C'est
une plante d'Amboine^ dont les racines sont composées de
tiibérosîtés nombreuses^ cylindriques, noires^ succulentes ef
d'un goût amer et désagréable. Ses tiges sont cylindriques^
glabres^ sarmenteuses^ et grimpent sur les arbres; ses feuilles
sont opposées , pétiolées y cordiformes ; ses fleurs axiUaires
solitaires , et composées d'un calice de quatre pièces , d'une
corolle de quatre pétales étroits y épais et plus courts que le
calice , de beaucoup d'étamines y et d'un ovaire supérieur ^
chargé de plusieurs styles. ^^ fruits sont des capsules ovaf«
les-coniques , comprimées et polyspermes.
Cette plante croît à Amboine , dans les lieux humides. On
confit 9/d& racines^ et on les mange en prenant le thé. (B.)
CANIARD. Selon appelle ainsi le Goéland varie. Voy.
ce mol. (S.)
CANIBELLO ^ nom italien de la CaessereIle. Voyez
ce mot. (S.)
CANIC A ^espèce d'épicerie en usage dans l'île de Cuba.
On ignore quel genre de plante la produit. Peut-être est-ce
le myrte-piment , si employé pour le même objet à la Ja-
maïque. (B.)
CANICHE. Voyez Canard , chien. (S.)
CANICULE , éloile qui fait partie de la constellation du
grand^chien. C'est la plus belle de toutes les étoiles fixes ^ et
on la désigne plus ordinairement sous le nom de slrius. Les
jours caniculaires commencent dans le temps 011 le soleil se
lève avec cette étoile : un préjugé populaire les a fait regarder
«iomme dangereux pour la santé , probablement à cause de
la grande chaleur qui rèsne à cette époque. (Pat.)
CANIDAS , CANIDE et CANIDE JOUVE, noms sous
lesquels les sauvages de quelques contrées de l'Amérique mé*
ridionale connoissent 1' Ara bleu. Voyez ce mot. (S.)
CANIFICIER. Voyez Caneficier. (S.)
C ANILLEE. C'est un des noms vulgaires de la Lenticule*
yoyez ce mot. (B.)
• CANI VET. Voyez Canidas et Ara bleu. (S.)
CANNA ( Antilope orcas Linn. ). C'est le même animal
que le Coudous. Voyez ce mot. (S.)
CANNABINE , Dastica , plante de la dioécie dodécan-
drie , qui a l'aspect du clianvre> ou dont les feuilles sont al*-
9Ô6 ^ C A N ^
ternes, afléea avec uoe impaire > composées de neuf à onae £>-
Ixoles lancéolées ,aiguës et déniées. Le» fleurs sont pedtes^jaunà*
tre$i^ disposées aux son? mités des tises , et munies a une bractée.
Lés mâles ont un calice de cinq à six folioles linéaires ^
jKiintnes , inégales , et environ quinze étamines.
Les femelles ont un calice supérieur , Irès-petit , pendslant
et à deux dents; un Q^^aire inférieur^ oblong, chargé de trois
styles fourclius, dont les stigmates sont longs et velus.
Le finit est une capsule oblongue^ triangulaii^e , unilocu-
laire , à trois petites cornes , s'ouvrant par trois valves et con-
tenant des semences menues et nombreuses.
Cette plante est figurée pi. 8â3 des Illustration^ de La«-
marck. fille croit dans l'île ae Candie , et est vivace. Sa saveur
est amère.
- Il y a «ne seconde espèce de ce genre , qu'on dit venir
de Penfiilvanie.,(B.)
. CANNAN-GOLÏ. P'oye* Anooli. (S.)
CANNE A SUCRE , ou CANAMELLE OFFICINALE ^
fiacchfiirum ofieinale LÎnn. , plante de la famille des Grami-
ifûis, dont on retire celle substance végétale si agréable et
d'un usage si géaétfil , connue sous le nom de sucre. De toutes
le9 plantes da la même famille, c'est, après le liz et le fro-^
p^ent , la plus intéressante et la plus utile ; elle est , par cette
raison , cultivée dans les quatre parties du monde , et elle
enrichit les pavs ait sa cuilfire est établie en grand.
La racine oe la canne à sucre est gcnouillée , fibreuse ,
j^lcine de suc, et oblique ; elle pousse plusieurs tiges, hautes
de huit à douze pieds, articulées , lisses , luisantes, du dia-
mètre d'un pouce ou d'un pouce et demi^et garnies de noeuds
écartés les uns des autres de trois à qqatre pouces. Il y a com-
munément de quarante à soixante nœuds snr une tige, quel-
<]uefois davantage : chacun d'eux présente au-dedans une
cloison qui sépare les articulations ; au-debors il oifi^ à /»
suriaee, i*. de petits points disposés circulairement en quin-^
concesur deux ou trob rangs, lesquels^ en se développant
dans la terre, forment des racines ; 2^. un lK>uton nlus gros
qu'une lentille et terminé en pointe , qui renferme le germe
d'i^ne canpe nouvelle. De tous u^ noeuds partent des Quilles
2* ui tombent à mesure que la canne mûrit ; elles s'élèvent
[temativement sur de.ux plans opposés , et présentent dans
leur expansion luie espèce d'éventail. Elles sont composées de
âeux sections ; la section Inférieure , longue à-pcu-près d'ua
pied , embrasse la tige par un tour el demi ; fa supérieun^ ,
qui a de trois k quatre pieds de longueur, s'élève droite , e|
fiicmfl,a¥ecl'aze deUcaiiBe,tta angle d'autant moins aoga^
B. 8.
i. CaUèat^ùr dùimériaue/ ■ 3 ■ ùume^ à' Jka-e/
•C A î^ ^ aÎT
que le nœud àfoii elfe jiSLti est plus près du terme de son
accroissemenl parfait: sa plus grande largeur est de deux
pouces ; elle va , en diminuant toujours , se terminer en poinlo
alongée ; ses bords sont rudes ^ et ses surfaces lisses et striées^
avec une côte ou nervure moyenne longitudinale.
Lorsque la canné fleurit , elle pousse à son sommet un ^t
sans noeuds^ de quatre à cinq pieds de hauteur ^ qu'on appelle
, flèche; ce jet porte une panicule ample, longue d'environ
deux pieds 9 à ramifications grêles et nombreuses , et garnio
d'un grand nombre de très-petites fleurs soyeuses et Usin-
châtres. ( Voyez Canam£LL£. ) La tige de la canne , dans ssi
maturité , est lourde^ cassante, et d^une couleur jaunâtre, ou
violette , ou quelquefois blanchâtre , selon la variété ; elle es(
remplie d'une moelle fibreuse , spongieuse et blanchâtre , qui
contient un suc doux très-abondant. Ce suc est élaboré sépa-
rément dans chaque entre-nœud , dont les fonctions parti-
culières sont à cet égard indépendantes de celles des entre-
Aœuds voisins , et qui , par conséquent , peut être regardé
comme une espèce de fruit isolé. Ce suc exprimé , porte vul-
gairement le nom de vin de canne: c'est de cette liqueur qu'on-
extrait le sucre.
L Hi STornjB de la Canne à sucre.
La canàB est , dit-on , originaire des Indes orientales. Led
Chinois , dès la plus haute antiquité , ont connu l'art de lai
cultiver et d'en extraire le sucre , art qui a précédé cette plante
en Ënrope de près de deux mille ans. Les anciens Egyptiens,'
les Phéniciens , les Juifs , les Grecs et les Latins ne l'ont point
connue. Elle fut transportée en Arabie à la fin du treizième
siècle , et cultivée d'abord dans l'Arabie Heureuse ; de-là elle
passa en Nubie ^ en Egypte et en Ethiopie, où l'on fit du
ancre en abondance. Vers la fin du siècle suivant, on la port»
en Syrie , en Chypi-e , en Sicile : lé sucre qu'on en tii-a etoit,-
comme celui d'Artibie et d'Egypte, gras et noir. Dom Henri ,
régent de Portugal , ayant fait la découverte de Madère en
1490, y fit transporter des cannes de Sicile, où on les avoit
introduites depuis peu. Elles y furent cultivées avec succès,
ainsi qu'aux Canaries , et bientôt le sucre qu'elles y produi-
airent , fut préféré dans le commerce à tous les sucres de ce
temps -là. Les Portugais portèrent la canne k l'île Saint-
Thomas aussi-tôt que cette île leur fut connue, et en iSso il
y avoit plus de soixante manufactures à sucre. On essaya aussi
«le planter ce roééan en Provence, mais il ne put y réusrir a
«ause de la température de l'hiver. Il prospéra cependant en
.258 C A N
Espagne , où on le cultive encore dans quelques parties méri-
dionales de ce royaume.
Après la découverte de l'Amérique y celte belle plante fut
transportée à Saint-Domingue ^ vraisemblablement des ' Sles
Canaries, et vers l'an i5o6 ; c'est au moins ce qu'assurent les
plus anciens auteurs espagnols qui ont parlé du Nouveau-
Monde : il n'est pas pi-ouvé cependant qu'elle ne soit pas na-*
turelle à ce continent. Dans le siècle dernier , on en a trouvé
dans l'île à'Oiahiti , située dans la mer du Sud. D'où y avoient«
elles été apportées ? Il est vraisemblable que plusieurs espèces
ou plusieurs variétés de cannes croissent naturellement dans
divers pays , sans y avoir été introduites. On en voit à Mada-»
gascar , où les insulaires ignorent la manière d'en obtenir le
sucre ^ aux côtes de Coromandel et de Malabar^ à Ceylan .
que la partie de l'Asie située au-<lelà du Gange ^ est, exclu-»
•ivement à tout autre , le lieu natal de la canne à sucre.
Dans presque tous les pays dont nous venons de parler ,
elle se propage de graine. Rumphius en cite trois espèces cul-
tivées aux Moluques : la première , celle dont on se sert com-
munément, est olanche, avec des noeuds espacés de cinq
doigts, presque toujours jaunâtres ou blanchâtres en dehors ;
son écorce est mince ; elle rend beaucoup de jus et de sucre.
loL seconde est rougeâtre, a ses nœuds plus rapprochés, une
écorce dure , et produit moins de sucre , mais plus doux. Dans
la troisième espèce , la tige n'a que la grosseur du pouce ;
récorce est mince , les cannelures sont vertes, les nœuds très-
espaces ; celle-ci a une saveur très-douce , et donne une
grande quantité de sucre : les Javans la cultivent beaucoup.
Toutes les trois mûrissent vers le neuvième ou dixième mois.
A Java, on emploie la méthode des boutures, comme dans
nos colonies ; ailleurs , où l'on consomme moins de sucre ou
de cannes , on eufouit les vieux rejetons dans des sillons parai-*
lèles. A la Cochinchine , il y a dans les champs plusieurs
espèce de cannes , qui y viennent et s'y multiplient d'elles*
mêmes: les ha bilans n'en cultivent que deux espèces plus
productives que les autres. Outi*e la canne violette de Bata\ia,
on en connoit une autre du même pays, qui est verte , plus
grosse et plus touffue. Celle d*Otahili présente une nuance
blanchâtre , ou d'un jaune moins foncé que celui des cannes
des Antilles.
On voit que celte plante varie beaucoup , comme toutes
«elles qui sont soumises à la culture ; cependant l'espèce qu'où
, C A N u3a
cultive à Saint-Domingue depuis près de trois siècles, n'y a
subi , pendant ce temp , aucune altération ; elle n'a ni dégé-
néré , ni été perfectionnée ; elle n'y est jamais Tenue de
semences répandues par Thomme ou par la nature , puisque
les fleurs qu'elle y porle quelquefois sont stériles; mais elle sa
reproduit de bouture , et se multiplie ainsi avec une mer-
veilleuse fécondité. C'est de cette ile que sont sortis les pre-
miers plants qui ont servi à propager les cannes à êucre dans
toutes les Antilles. Cette plante aime de préférence la fempé-
ralui*e de la zone torride ; cependant sa culture peut s'étendre
dans les zones tempérées, jusqu'au quarantième degré d%
latitude à-peu-près.
II. NAïasAifcs et développement de la Canne à eucre*
Pour cultiver avantageusement la canne, et pour en retirer
le plus de sucre possible , il importe de connoitre la manière
dont son serme se développe et donne naissance aux difle-
rens nœuds; l'influence de l'air et de l'eau dans ces dévelop-
pemens et dans la végétation entière de la plante; les sucs
propres qu'eUe renferme, et les modifications successives
qu'ils éprouvent pour arriver à l'état de sel essentiel ; l'action
enfin des feuiUes tant dans la végétation que dans l'élaboration
des sucs, et comment eUes indiquent, par leur verdeur ou
sécheresse , la croissance de chaque entre-nœud ou son degré
de maturation ^i).
Une même souche ou plançon de canne , produit ordi-
nairement plusieurs tiges : on distingue la souche prwzithe
(i) Quoique j'aie cultivé la canne à sucre sur mes propres biens
Seadant plusieurs années , et que j'aie suivi avec beaucoup de soin et
'attention tout ce qui a rapport , non-seulement à sa culture , mais
k la fabrication même du sucre, j'ai cru devoir, dans cet article,
joindre à mes propres observations^ les expériences et observations
intéressantes de Dutrône > consi innées dans son Précis sur la canne à
sucre , I vol. in-S^. C'est le meilieur ouvrage qui ait été fait sur cette
plante ; j'y ai puisé beaucoup de choses , et j'en ai particulièrement
«xtrait ce paragraphe tout entier , ainsi que le suivant , et les para*
graphes 8, i3. i4 et 18. Obligé de me resserrer, je n'ai pas toujours
employé le même ordre d'idées et les mêmes expressions que Du-
trône ; mais je n'ai rien omis de tout ce qu'il dit d'intéressant sur
l'économie végétale de la canne , sur ses sucs , sur la manière d'ea
extraire le sel essentiel^ &o. Ce naturaliste condamne, avec raison,
la mét|iode suivie jusqu'à ce jour pour fabriquer le sucre } il en pro-
pose une nouvelle dont il a fait lui-même un heureux essai à Saint*
bomingue. Je la fais connoitre avec assez de détail pour qu'on puisse
monter une sucrerie d'après les principes de cette méthode , «ans
aroir recours à d'autre livre qu'à ce Dictionaaire.
B40 C A lï
et la souche secondaire. Lorftju'nn plan^n est mis en iètve,
les deux à trois boulons dont A est pourvu , sont d'^abonl
pénétrés par l'eau qui les enfle : les petites feuilles qui les re*
couvrent s'étendent : les points radicaux s'alongent et donnent
des moines. Ce sont ces trois parties qui forment la souche
primiHt^; elles travaillent au développement de la j^ntule,
auquel cette souche paroit uniquement destinée. Le bouton
est doué de toutes les conditions nécessaires à ce développe*
ment ; car Dutrône a mis en terre des boutons tenant à une
petite portion d'écorce seulement , ils se sont bien développés^
et ont donné des cannes; ce qui paroît démontrer que , dans
cette espèce de germination , la plantnle ne tire rien que de
la souche primitive. Les premiers nœuds ^ cannes (i) de la
plantule produits par celte souche , donnent des racines et
des feuilles avec lesquelles ces nœuds forment la souche se-
eondaite , qui doit sendr à Taccroissement le plus étendu de
la plante. Quand les circonstances favorisent beaucoup sa
végétation , le boulon que présente le premier de ces derniers
noeuds 9 fournit d*auti*es nœuds radicaux , formant une se-
conde filiation sur la première^ et souvent cette seconde
filiation en produit une troisième de la même manière.
Du centre du dernier nœud radical , sort le germe dn
premier nœud-canne qui se monlreau-dehors.Ce germe ren*
ferme le principe de la vie de la canne et de la génération
des nœuds ; le premier nœud-canne , en se formant , devient
la matrice du second ; celui - ci d'un troisième , et ainsi de
«uite. Le plus voisin de la racine panaient ordinairement dans
cinq on six mois, au terme de son accroissement. Pendant
ce temps il est suivi de quinze à vingt nœuds ; et chacun de
ceux-ci arrive , à son tour, au même terme indiqué toujours
par le dessèchement comnlet de sa feuille. Après six on sept
mois, lorsque les feuilles des trois ou quatre premiers nœud»-
cannes qui paroissent hors de terre , sont desséchés, la canne
présente douze k quinze feuilles vertes disposées en éventail.
Alors, considérée dans son état naturel , elle a acquis tout son
accroissement; car si elle se trouve à Tépoque de sa floraison,
elle fleurit , et sa sève est employée , pt*esque toute entière ,
an développement des parties de sa fruclifîration. A cette-
époque les nœuds-cannes qui se forment , pn*srntent bien
deux parties , c'e8t-à-<lire le nœud proprement dit et l'entre*
nœud: mais on ne voit sur le premier, ni boulons, ni ces
points dont il a été parlé , et qui sont les clémcns des racines,
■ ■ I
(i) Far nœud^canne on doit enteodce l'eatre-noeud joint tu uceud
Iprapremsat dit.
C A N ^ a4t
La nalure cesse en ce moment de s'occtiper de Tindlvidu ,
.pour ne «onser qu'à l'espèce. Les feuilles des derniers noeuds
placés immedialement au-dessous de la flèche , ainsi que les
nœuds d'où elleà partent , se dessèchent en mémo temps que
la flèche^ et tombent avec elles; cependant , quoique le prin-
cipe de la généralion des nœuds setjrQUve anéanti, les nœud»*
<;annes pourvus de boutons qui n'ont point encore atteint le
dernier terme de leur croissance , n'en sont pa5 moins pleins
de vie ; leurs feuilles conservent leur direction et leur ver-
dure : ce qui démontre , entr'elles eit la souche , un mouve-
ment particulier , dont les bénéfices se rapportent au nueud
de chaque feuille.
Si la canne , arrivée au terme naturel de son développer
ment , ne se trouve pas à l'époque de la Qoraisoji » ou si à
cette époque la culture l'éloigné trop de son état naturel , elle
ne fleunt pas ; alors le principe de vie pa.s9e à la formation
de nouveaux nœuds.
La feuille est la partie de la canne la preraièf^e formée. £9.
paroissant à Tair libre , au moment pu le nœud d'Qii elle part
se développe , elle annonce que ses fonçtiontï «ont néci^âsdires
au développement et à l'accroissement de ce nœud« et Texpé-
riencele prouve ; car si on enlève à une canne ses feuilLea^
m>n-seulement les nœuds où elles étoient insérées, cessent de
se développer, mais la canne même périt. CVest dans la feuille
du nœud- canne que le suc aqueux reçoit le premier mou-t
veinent qui doit le conduire à l'état muqueux hepl>boé. ^•
On peut compter quatre temps dans les révolutions que
subit le nœud-canne depuis l'instant de sa génération jusqu'à
celui de sa maturité. Le premier temps est marqué par sa gé*
nération même qui dure huit à- dix jours ; il se montre alors
sous la forme d'un petit cône. Au second temps , il se.déve*
loppe, et dans ce développement son suc est modifié à divers
degrés. Le troisième temps est celui de son accroissement ,
pendant lequel le sac reçoit un degré d'élaboration de plus.'
Enfin sa maturation embrasse le dernier temps : il a cess^
alors de croître. A 1 époque de sa formation , toutes ses par-«
lies sont ébauchées par le mouvement qui vivifie la plante
entière. Mais après cette époque , presque abandonné a luf-
'même , c'est de ses propres forces qu n semble subir les ré-
volutions^ et convertir le corps muqueux en sel essentiel ^
après lui avoir fait éprouver diverses modifications que nous
allons suivre. Ainsi il y a deux fluides principaux circulant
dans la canne, et par conséquent deux mouvemens indépen*-
dans , en quelque sorte , l'un de l'autre , savoir : le mouve-
ment de la sève qui se porte dans to«ite la plante dont eUe ea<*
IV. Q
C A N 5143
1a canné , ce 0)ic , en Mf d^omposant , fournit toujours ua
acide et une moiassure atxmdauiie. Dans sa seconde modifi-
cation y le suc muqueiix acquiert une couleur citrine et am-
brée , une saveur douce , et le parCîun des pommes reinettes.
lia décoalxK)sition sponl^née dç ce suc est ou acide ou api<*
ritueuse: elle présente uiie ligueur analogue au cidre. Modifié
une troisième fois , sa partie colorante prend ujql caractère
résineux, qui change son odeur de pommes en Todeur balsa-
mique propre à la caajie. Sa saveur douce devient douce-
«ucrée : ce suc , dans ce nouvel état , a la plus grande analo«
gie avec le miel , et porte le nom de suc muqueux sucré. Sa
décomposition est comme celle du suc muqueux doux , c'est-
à-dire acide ou spiritueuse^et eUe laisse appercevoir les mêmes
Erincipes. Enfin , dans sa quatrième et dernière modification,
i suc nuiqueux sucré est tout-à-fait dépouillé de sa couleur
ciuine et de son odeur balsamique , et sa saveur suci'ée
est beaucoup plus développée. Cet état est celui qui cons-
titue le suc muqueux , sel essentiel , l'enfermé dans les cel-
lules que forme la substance médullatre du nœud - canne.
CkMXime chaque cellule est entièrement isolée , et ^u'il iiy «a
aucune çomnabunication entr'elles , ce suc ne s'échappe que
par expression. Celle particularité rapj^ixx^ encore le nœud*
canne de la condition des fruits muqueux doux et sucrés ;
comme eux il peut être enta,aié «t gâté diHis une de sea
parties, sans que les autires éprouvant aucune altération.
La canne consomnae beaucoup d'eau de végétation dans
râabonttion de aes sucs ; sa souche est pourvue d'une très-
grande quantité de xacines ^ et ses vaisseaux séveux sont
trè»-nombreux.
liO suc savonneux «xtractif , dont il nous reste k parler ,
s*élabore dans le système des viaisseaux propres. JLa sève , dit
Dutrône , «portée dans les vaisseaux propres des feuilles et do
récoroe , préseiute dans la «uitâère glutineuse, {Voyez la noto
Srécédente.) , une base aux principes que ces organes tii*ent
e l'air , de la lumière «t de l'eau. Ce sont ces principes qui
rendent cette matière colorée ^ odorante , çapîde et dissoluble.
Plusieurs &its .prouvent que la base du suc savonneux ex^
tractif est une matière ^utiueuse. La couleur de l'écorce de
la canne tient en partie à .ce «uc qu'on enlève aisément par
l'eau ; elle tient encore , dans une plus grande proporlioii , à
une matièi'e résineuse qui n'eA soluble que dans l'alcohol. La
aubstaoce médullaire , quoique blanche , contient aussi une
petite quantité de suc savonneux, que l'eau bouiUante.dis^
.août. Enfin , Talcobol , comme l'eau , tient en dissolution to
maxi aavonueux de l'écorcç et de la moelle. Les acides ne pa-i
:3
roissent avoir aucune prise sur lui r ils semblent au confmtnr
le fixer davantage à la parlie solide de la canne. Les aikalis le
dégagent dans une proportion d autant plus grande , qu'ils
sont plus caustiques , et qu'ils sont aidés d'un plus fort degré
de chaleur. La substance médullaire , apt'ès a^oir été dépouil-
lée du suc savonneux par les aikalis, porte une (orte couleur
cilrine résineuse. Le suc savonneux passe dans Ptxpression
de la canne, à la faveur du suc séveux <pu sert a 1 étendre.
En parlant bienlôt des moyens employé.N pour l'extrac-
tion du sucre, nous analyserons le suc exprimé de la canna
coupée à sa maturité, il faut auparavant faire connoitre sa
culture.
IV. Cu LTi/R^ de la Canne à suce.
Tontes les terres ne conviennent pas à ItLcanrte. Dans celles
qui sont grasses, humides , basses et nouvellement défrichées,
die vient très-belle, mais elle ne produit qu'un suc aqueux ,
peu sucré , de mauvaise qualité , difficile à cuire et à purifier.
Dans un sol sans fond , elle est presque toujours avortée et
donne peu de sucre. Les terres fortes ne sont pas non plus
favorables à sa végétation. Elle demande une terre substan-
tielle médioct-ement légère, un peu limonneuse , très-di^ôsée^
ou facile à diviser. Les meilleures terres à suc i*e ont un coup-
d'œil gris , et ne présentent ordinairement aucun mélange
de sable, de gravier, ni d'aiple. Quelquefois une htuix?use
exposition et l'abondance des pluies compensent la médiocrité
du sol. Ainsi les établissenicns situés dans des lieux élevés ou
au pied des montagnes , et dont le terrein n*est tout au plus
que passable , peuvent pourtant prospérer , jxirce qu'ils &ont
arrosés souvent: Ceux qui se trouvent placés dans les plaines ,
et sur -tout dans le voisinage de la mer , ont moins besoin
d'eau , parce que le sol y est communément meilleur, et a plus
de fond. Dans tous les pays , et aux Antilles plus qu ailleurs ,
les plaines s'enrichissent de la terre et des débris des monta-
gnes. La plupart des rivières de ces iles sont de vrais torrens
qui , ayant un lit étroit , grossissent très-fréquemment et cou-
vrent leurs bords d'un limon productif qui convient très-
bien à la canne. C'est vraisemblablement ainsi que se sont
formés , avec le temps , les lerreins bas et plats , ou ce ^^égétal
précietix e»t communément cultivé.
L'art des engrais est peu connu dans les colonies ; et l'art
d'alf orner les objets de culture ne l'est pas du tout , ou plutôt
on ne peut pas l'y mettre en pratique. Il seroit , pour l'ordi-
naire , désavantageux au colon de faire succéder une culture
i une *autre , ou do fairw marcher ensemble deux culturcn
C A N 24S
«liiTérentes (1). Cependant , danâ quelques cantons de Saînf-
Domingue^ on cultive à-la-fois sur le même bien le cotonnier
et V indigo. Cette dernière plante est semée en longues et lar-
ges platles-bandes qu'on enloure d'allées de cotonniers. La
blancheur éblouissante des fruits de cet arbrisseau contraste
agréablement avec la verdure gaie de l'indigo. Mais la canne
ne souffre aucun mélange , et les travaux d'une sucrerie sont
trop multipliés et trop dispendieux j pour pei*mettre qu'on s'y
occupe à faire autre chose que du sucre. Que le sol soit
mauvais , médiocre ou excellent , ces travaux et les dépenses
qu'ils entraînent sont les mêmes : d'où résulte la nécessité de
n'établir ces sortes de plantations que sur un bon fonds , si
l'on ne veut pas que les produits soient au-dessous des frais. Il
n'est point de biens plus productifs, quand le sol est bon;
il n'en est pas de plus ruineux , lorsqu'il est mauvais. Dans
les terreins médiocres , le propriétaire d'une sucrerie peut
vivre et entretenir sa famille , mais il ne s'enrichit jamais : il
tirera cependant un plus grand parti de sa terre ^ s'il sait faire
un usage bien entendu des engi*ais ( u).
Lorsqu'on en coupe des cannes , leurs pailles ou feuilles
sèches restent ordinairement sur le cliamp; elles pourrissent,
et forment bientôt un engrais naturel excellent. Quelquefois
on les enterre, d'autres fois on les brûle; leurs cendres^
mêlées à celles des vieilles souches, sont très-propres à diviser
et fertiliser un terrein gras et argileux. Le fumier convient
mieux aox terres légères. Il n'est point d'établissement agri-
cole qui puisse en fournir autant qu'une sucrerie, parce que son
exploitation exige un grand nombre de mulets et de boeufs,
sans compter les chevaux employés au service du mailre, et
les mouions qu'on pourroit, comme en Europe, faire par-
quer successivement dans les terreins destinés à être plantés.
Cest la nature du sol, ce sont les saisons et le chmat qui
doivent déterminer l'espèce de préparation à donner alors à
la terre ^ ainsi que l'époque et le mode de plantation. Mal*
(1) Nous parlons des grandes cultures , c'est-à-dire de la culture
des plantes les p'us utiles» et qui donnent un riche produit « telles qu»
la canne , le coton , ckc
(t) J'ai vu à Saint-Domingue un terrein où l'herbe croîssoît à peine ,
produire au bout de quelque» antiées de très-belles cannes. Il f'aisoit
partie d'une grande habitation fort médiocre qui appartenoit à un
colon trt*s-8ctif. Ce colon venoit «ourent en France , emportant tou-
jours avec lui plusiems caisses des différentes terres» de son habita-^
tîon , qu'il soumettoit à l'analyse des chimistes de Paris, et qu'il ren-
doit ensuite productives^ en employant les engrais qui lui avoient ét4
iodîqaés*
54r> C A N
heureoâement , on suit dans chaque pays les méthodes reçues ,
bonnes ou mauvaises. Dans nos colonies, k charrue est pea
connue ; on y travaille et dispose le terrein avec la houe ;
lout s'y fait à force de bras. 11 faut espérer que le besoin de
rétablir pr€HnpteBsent les cultures dans ces contrées , y io*
troduira les instrumens aratoires de l'ancien continent. On
y gagneroit beaucoup. Ce seroit pourtant une erreur de
•penser que la charrue peut être, avec profit , mise en usage
par-tout sous la vone torride comme en Europe. Dans ces
orûlans climats, une terre trop ameublie est exposée À perdre
plutôt les »els et les principes qui la fécondent On ne doit
donc y ouvrir son sein qu'à propos, et ne pas le tenir ouvert
trop long-temps. Il faut suivre, a cet égara, un juste milieu ,
et consulter les saisons et les localités.
La canne se multiplie de bouture dans toute l'Amérique.
On distingue deux parties dans sa tige quand on la coupe ,
savoir : une inférieure , et dans laquelle le suci^ est tout
formé , qui est presque dépouillée de feuilles , et qui présente
quelquefois jusqu'à quarante et même cinquante articula-
tions; et une partie supérieure beaucoup moins longue, qu'on
nomme téâe de canne. Celle-ci est garnie d'un petit nombre
de feuilles vertes, et formée d'en Ire-noeuds plus rapprochéa
Ïue les inférieurs, et qui sont à di^^ers degrés a'accroissement
E'est dans ces têtes qu'on prend les boutures; on en coupe
les feuilles, et on en forme un plançon de la longueur à-peu*
£rès d'un pied. Cette partie étant plus tendre que le cor|M de
canne, est plutôt pénétrée par la pluie ou par l'humidilé
de l'atmosphère, et elle pousse plus aisément des racines.
Dans quelques pays, comme à la Grenade, où les sucreriea
n'ont pas ordinairement une grande étendue, on laisse loua
les ans croître, jusqu'en octobre et novembre, les rejetona
des cannes coupées en janvier et féii*ier, pour en faire du
plant. A Saint-Domingue, on emploie le plant à l'instant
même de la récolte.
Après avoir nettoyé le lerreîn destiné à la plantation , on le
parfage en carrés égaux. Chaque carré , appelé pUce de
canne, a ordinairement deux cents pas d'étendue sur tontea
les faces ,. et le pas est de trois pieds et demi. On laisse enfr'enx
une allée de dix-huit à vingt pieds de large, qu'on nomme
divUion, et tirée au cordeau. Elle est communément plantée
en poitf ou patates, qui servent à la nourriture des nouns. Par
ce moyen , il n*y a pas de surface perdue. On aligne ensnite
les trons deslinéa à recevoir le plant de cannf. Ptoin* cet effet,
on pose près de terre une ligne, le long de laquelle on fait ,
avec la houe , un trou ou marque ; on l'épète cette opirmtioa
C A N su^j
4cn« toute I» largeur de la piièce de canne. Les marques
•doivent être parallèles eatr^eUes ou disposées en quinconce ,
«et distante» les unes de^ autres deileux , trois ou quatre pieds ,
«uivant la nature du sol. C'est aussi la qualité du terrem qui
détermine la largeur et la profondeurdeslrous. Ils ne peuvent
pa9 avoir moins de sept à dix pouces de pi'ofondeur^ et de
quinze à dix-huit pouces carrés. On les fouiUe de façon qu'ils
se terminent en plan incliné. Les boutures y sont coucbees à
plat au nombre de deux*ou trois , et recouvertes avec la
moitié de la terre qu'on a tirée : on réserve l'autre paur
«hausser les jeunes plants à la premièi'e sai^laison. Lia fosse
est alors dans la disposition la plus favorable pour recevoir
et consei*ver l'eau , soit de pluie ^ soit d'aiTosage, et l'état de
division où est la terre permet ^aisément aux racines de La
pénétrer et de s'étendre.
Lm jeunes otames commencent à se montrer au bout de
trois semaines ou un mois. Rien ne contribue plus à favoriser
]0ur accroissement que les sarclaisons ; deux ou trois suffisent
•ordinairement. On remplit alors de terre les trons , et on
rhamse les pieds des cannes. Si les chenilles s'y mettent , il
faut difféi'er de sarcler , parce que cet insecte naroit pi^férer
l^ autres herbes ^ dont la substance est moins dure.
Tous les plants ne i^ussissent pas. On doit remplacer ceuac
qui manquent, et ceux qui sont pourris ou desséchés ; on
appelle cela recourir. Quand les cannes ont cinq ou six mois ,
il est convenable d'extirper les bourgeons qui poussent 4 leur
pied. Ces bourgeons ne pouvant pai-venir aussi-tôt que les
premiers jets, à la même grandeur et à la même maturité ,
ne donnent, lors de la réc(dte , qu'un suc imparfait, capable
d'altérer celui des bonnes tiges. Il est aussi très-utile d'épailler
les cannes ; elles croissent alors plus grosses et sont plus mûi^es »
parce qu'elles reçoivent mieux les impressions de lair. De-là
Tient que les h'sières des pièces de canne sont toujours plua
1>elles que l'intérieur. Une habitante de Saint-Domingue »
Eiidée sans doute par ce principe, avoit imaginé de planter
s siennes en carrés trefr4ong8 et fort étroits. De cette ma-
nière , toutes les touffes et pi'esque toutes les tiges étoieni
également bien aërées et de la plus belle venue. Sur une sur-
face é^ale à celle employée à la même culture par ses voisins,
elle fiusoit un tiers de revenu de plus ; elle avoit, en outre ,
£lus de divisions , c'est-^-dire , plus de terrein disponible pour
i nourriture des cultivateurs. Ilseroit pourtant desavantageux
d'éclaircir ou d'épailler les cannes dans un kà léger ou sa-
Uonneiix , sur -tout l'été , parce que les chaleurs de cette
a^iîaon dessécheroient trop Ibur racine, et mèmid la terre.'
5148 C A N
C'est pour prévenir cet inconvénient que , dans les terreina
de cette nature^ on a soin de planter les cannes près à près^ •
afin qu'elles pui^nt se garantir mutuellement des effels de la
sécheresse.
Les cannes -rejetons ( Foy. le paragraphe II) , toutes choses
égales, ne viennent jamais aussi hautes ni aussi helles que les
cannes plantées ; mais elles donnent en proportion plus de
sucre , qui est en même temps plus heau et meilleur. L'ex-
traction du sucre des cannes plantées demande plus de
0oin.
Dans les mau^'aises terres^ les cannas sont petites et minces;
elles portent aux iles le nom de rotins. Dans les tenues vierges ,
elles viennent d'une hauteur et d'une grosseur extraordi-
naires, mais mûrissent difficilement; on n^en peut iioint
extraire de sucre^ ou celui qu'on en extrait ne graine point^et
garde la consistance de sirop. Pour tirer parti de ces cannes,
il faut les couper trois ou quatre fois tous les huit on dix mois ,
et -quand elles sont sèches, les brûler on les abandonner en
verl aux animaux. Par ce moyen , on dompte la terre, et ou
diminue la vigueur de la canne , dont le quatrième ou cin-
quième rejeton peut donner du sucre pa&sable. Dans de
semblables terres, les oannes sont quelquefois productives
pendant vingt à vingt-cinq ans, sans qu'on ait besoin de les
replanter. J'ai vu chez moi des pièces de canne produii'e ,
à leur dix-huitième rejeton , de vingt à trente milliers de
iucre.
On appeUe aux Antilles cannes créoles, celles qui reje-
tonn^nt , c'est-à-dire , qui poussent des bourgeons à leurs
nœuds le long des tiges. Elles ne sont bonnes à rien. Cet acci-
dent a pour cause une trop grande humidité et une sui^abon-
dance de sève.
L'époque de la plantation des cannes n'est pas aisée a dé-
terminer. l'Jlc ne doit pas éti*e la même par-tout , à raison de
]a variété des climats, des saùons, des sites, des tcrreins. La
canne étant un roseau, ne peut se passer d eau pour crottre.
C'est sur-tout dans les premiers six mois de sa croissance
qu'elle en a besoin. 11 est donc raisonnable de planter à la
Teille des pluies modérées. Les boutures se pénètrent d'eau
par degrés, et donnent promptement des plantes qui se for-
tifient asses , lors âeè grandes pluies , pour résister à la sé-
cheresse et jpour couvrir la teiTe. Voilà la règle générale ;
c'est au cultivateur à en faire Tapplicalion. Que la canne soit
arrosée par les eaux pluviales ou par celles des rivières, par
submersion ou par infiltration , ]ieu importe, pourvu qu'elle
le soit à propos et znodéi^meut. Dans les terreins légers ;i*
, . CAN 249
itahirellemenl secs on disposés en pente ^ il lui faut beaucoup
d'eau. Elle s'en passe plus aisément dans un sol plat^ substan-
tiel et frais.
Toutes les fois qu'on plante des canneR à Saint-Domingue ,
on est assez dans l'usage de semer en même temps du maïs
sur le même terrein. Ce grain étant récolté au bout de quatre
mois , ne nuit point à la croissance des cannes; au contraire ,
leur enfance est protégée par l'ombre légèi*e des tiges et des
feuilles du blé de Turquie.
y. RÉCOLTE dé la Canne à Sucre.
La récolte des cannes ne se fait pas en même temps dans
les diyers élaUissemens des Européens en Amérique. Elle est
nécessairement subordonnée à l'époque des plantations^ qui
varie beaucoup, ainsi qu'il a été dit au paragraphe précédent.
Si, dans la culture de la canne, on a voit pour objet de re-
cueillir ses graines, il faudroit faire sa récolte au temps de sa
maturité absolue; mais, comme le seul but qu'on se propose
est l'extraction d'un sel précieux, on doit, pour couper ce
roseau, choisir le moment où le sucre y est le plus abondant,
et où il a acquis sa perfection. Ce moment, suivant M. de
Caseaux, est celui où les vingt-deux nœuds inférieurs de la
tige sont dépouillés de leurs feuilles. Cette règle est trop gé-
nérale. J'ai fait couper souvent des cannes, crues sur le même
soi , qui avoient un plus petit ou un plus grand nombre de
tels nœuds, et qui ont donné également de très-beau sucre
et en même quantité. Tant de causes concourent à la crois-
sance de la canne et k l'élaboration de son suc , qu'il faudroit
pouvoir les combiner toutes pour déterminer , d'une ma-
nière invariable, l'époque précise où il est plus avantageux
de la couper. Tout ce qu'on peut dire à cet égard de certain ,
c'est que les nœuds de ce beau graminée, ne mûrissant point
à-la-fois, mais successivement , comme les fruits d'un même
arbre, laissent toujours au cultivateur une latitude de deux
ou trois mois pour la récolte ; avantage inappréciable dans
un étabb'ssement où les travaux sont si multipliés, et où il
est essentiel d'en savoir faire une juste distribution, afin
qu'aucun ne soit omis ou perdu. Car voilà ce qui importe lo
plus. Le colon n'est pas toujours le maître de couper ses
cannes au point juste de maturité convenable pour eu ex-
traire le plus de sucre ; il en est souvent empêché par d'antres
tra^-aux que nécessitent la saison nu les circonstances. Mais
si, pour avoir hâté ou difieré sa récolte, il éprouve quelque
perte , cette perle est ordinairement compensée. Une coupe
a5o • C A N
anticipée donne plna de vigueur aux rejetons ^ et npprocli^
répoque où ils doivent être coupés à leur tour ; une coup*
tardive a laissé au propriétaire le temps d'assurer les planta*
tions commencées^ soil en cannes , soit en vivres.
A la Grenade et dans la partie du nord de Saint-Domingue^,
ou récolte k toutes les époques dp Tannée, mais particulière-
ment pendant les quatre mois de la plus belle saison , savoir :
février, mars, avrd ti mai. Il en résulte un grand avantage
pour les noirs et pour le propriétaire. Les premiers ont plua
de repos, et le second peut vaquer plus facilement aux autres
travaux de Thabitation dans les intervalles que laissent les
roulaisons ( i ). Chaque année , on coupe ordinairement les
trois quarts de tous les carreaux cultivés en cannes ; souvent
on en coupe les quatre cinquièmes, et quelquefois la totalité.
Cela dépend des saisons, du point de maturité de la canne,
«t sur-tout de l'ordre qui a été suivi dans les travaux.
Les cannes qui viennent de plants, ne sont bonnes k cou-
per qu'à quatorse ou quinse mois ; les cannes-reietons peu<>
vent être coupées k onseet douse mois; aussi , sur les habita-
tions où Ton est obligé de replanter souvent , c'est-^-dire
après le premier ou deuxième rejeton , on a tous les ans
( toutes choses égales d'ailleurs ) moins de pièces de cannes à
récolter. Sur un établissement où on les laisseroit toujours re-
pousser de leurs souches , il est clair qu'on les couperoit néces-
sairement toutes dans la même année.
Un de mes voisins à Saint-Domingue , pour gagner un an
sur cinq , avoit imaginé de ne jamais replanter ses cannes ,
ou du moins que très-rarement. Il faisoit recourir les caiw
reaux qui eii avoient besoin , c'est-à-dire qu'aussi -t6t la
coupe nnie , il gamissoit de plants les chamores ou vides ,
après avoir fait labourer ou fumer la place. Par cette mé*'
tliode , il évitoit les travaux des granaes plantations , qui
sont considérables, qui faliguent beaucoup les nègres, et
dont le succès d'ailleurs n'est pas toujours assuré. Le temps
qu'il gagnoilétoit consacré à planter ou à sarcler des vivres fa).
Ses noirs en étoient mieux nourris; et comme il coupoit
toutes ses cannes dans l'année , il faisoit , disoit-il , en quatr»
ans le revenu , ou à-peu-près , qu'il n'eût fait qu'en dnq[ ,
en suivant la méthode ordinaire. Heureusement pour lui ,
son habitation étoit située dans un quartier asses souvent
arrosé par les eaux du ciel. Sans cet avantage , sa pratiquo
(i) Voyez au parag. 17 » ce qu'on entend par roulaison.
(a) C'eat le nom général qu'on donne , dans nos colonies y aux lé-
gamea , rscinea et traita deaiiaéa à nourrir lea nègrea.
C A N a5t
eAt été manraiie > parce que les rejeioDs atiiment néoeasairei-
jneot étoaffé les jeanes cannes. On doit encore observer que
lorsque ceUe»«i réussisaenl^ elles donnent des produits plue
abondans.
Je pense que pour hâter, accroitre et aàsurer les revenus
d'une sucrerie, il seroit peut-être avantageux d'avoir des pé~
.pinières de cannes. On pourroit aussi les multiplier quelque
fois de drageons enracinés. Il seroit à désirer que quelqu'un
.essayât ce» méthodes dans une possession bornée,
VI. Expression de la Carme à sucre*
Les cannes coupées sont réunies en paquets , et portées an
moulin. Le moulin est formé principalement de trois groa
rouleaux appelés tambours , faits d'un bois très^dur et com-
pacte y bien uni et poli , dans lequel on enfonce trois cylindres
de fer creux , de la hauteur de quinze à dix-huit pouces , et
d'un pouce environ d'épaisseur. Ces rouleaux sont élevés
sur un plan horizontal , nommé table, rangés perpendicu-
lairement sur la même ligne , et presque contigus. Celui du
milieu mû sur son axe par une puissance quelconque, com-
munique aux deux autres le mouvement qui lui est imprimé.
•Ils présentent ensemble deux faces opposées. Vis-à-vis de cha-
que face est une négresse. L'une d'elles engage d'abord les
cannes entre le rouleau du milieu et l'un des deux autres, à
droite ou à gauche. Ces cannes prises , tirées et comprimées
fortement dans toute leur longueur , sont reçues par la se-
conde négi*esse , qui les engage à son tour entre le même
rouleau central et l'autre rouleau latéral , afin qu'elles soient
exprimées de nouveau. Après avoir subi deux expressions,
la canne reparoit sur la première face entièrement applatie ,
toute désorganisée y et privée de Bits sucs , qui dans l'une et
l'auti^ expression tombent sur la table, se confondent dans
la gouttière pratiquée à une des extrémités , et coulent dans
les réservoirs nommés bassins à vin de canne, Qes bassins sont
ordinairement au nombre de deux , et placés au-dehors ou
an-dedans de ta sucrerie (i); quand ils sont en dehors, ou
les couvre d'un appentis.
Ce sont communément les négresses qui font le service du
moulin. Depuis trente ans environ , on a imaginé d'adapter
à Tune des deux faces une machine appelée doubleuse, qui
(0 La sucrerie est le bâtîmeot dans leqnel se fait le travail du
iracre. On donne auasî ce nom à toute babitation établie en cannes,
pour la distingner des établiasemcns appelés indigoterie^ eaféter
rie, &c.
(AN
o.Jef"». «qwe
.,^1 (OUI «o '"V
k
C A N j,53
VIL Disposition des bâtimens, fourneaux, et rhaudièreê
néoessairee pour extraire le sucre du Jus de la Canne,
C'est dans la sucrerie que se fait le premier travail du sucre*
Pour retirer celte substance du jus cle la canne, on a bf^soin
de feu ^ de chaud ièresel de fourneaux. Autrefois on employoit
quatre , cinq , six ou sept chaudières de cuivre de di/léreniet
grandeurs , montées les unes près des autres dans la mém»
direction , chacune sur un foyer particulier. Dans la pre-
mière , on séparoit les écumes à l'aide de la chaleur ; dan«
la seconde , on enlevoit les matières grasses à la faveur des
alcalis ; dans la troisième , on évaporoit le vesou jusqu'à con<«
aîatance de sirop ; la quatrième servoil à cuire ce même vesou ;
les autres ^toient un supplément à la troisième et quatrième»
Le pix>duit de chaque chaudière, dont la contenance alloil
fouiours en diminuant, passoit en entier de la première dans
la seconde, de celle-ci dans la troisième, &c. On iiltroil le
liquide en le pa5sant d'une chaudière dans une autre : ce
filtre étoit de toile ou de laine.
Depuis 1 735, on a établi , à l'exemple des Anglais , loutet
les chaudières sur un seul foyer ; et 1 on a substitué à celles
de carrre , des chaudièi^es de fer fondu, que les Hollandais
oni introduite» les premiers dans le Nouveau-Monde (i).
Maintenant dans les sucreries bien montées , il J a deux la-
boraf cires appelés équipages» Chacun d'eux est composé de
pJusîi^Tirs chaudières ( ôrdinaîremenl dnq ) piskcéeê sur la
même ligne, presque conligu'i^ les une^ aux autres, et en-»
cbijsées dans la voàte du fourneau , de manière que les deux
tiers de la chaudière reçoivent Taction du feu. Le fourneau
est commun à toutes les chaudière». Il consiste â»nê an ca**
nal , dont l'ouverture est en dehors de la sucrerie , pratiqué
d^WÈS la muiaiOe , presque rly-k-vis âe la dernv:re cliau'Jière,
eC qui se termine par une chc-mînce placée un peu au -dessus
de 2a première. On observe dp f<iire l'ouverture de la cbe«
miiK^ qui couimnni ifie au canal , auMÎ large que celle de
rentrée , et ce'le-ci doit être eu face du veut Ce canal e»t
fju^ ardinairtcrinent de deux f;LL'ds et d^rroî, et haut de trois
piedi soos la halterîe: il est m ..iiis liaut sojs les autres cbac«'-
cfii^v^s . ea rat»oa proportionnelle de leur profondeur. Ootr»
ce ÊManeaUyfl V en a danj le m43ie ba:imenl deux autres,
doot l'un pt»l£ des cbaudiênes â cuire ks «ops , et Taulre
^-1
t»B«o«fs ée fhaadlrwa àe caifie.
^5a C A N ^ ^
sert à engager les eannea une seconde foû , et qui économi»
XI ne ou deux négreues. Un jeune nègre veille à ce que les
débrû de la canne , tonibanl sur la table , ne s'opposent point
à récoulement du suc exprimé, et ne forment point d*en^-
gemenl dans la gouttière. On la^^e deux fois par jour les rou-
leaux et la table , pour empêcher que le jus de canne qui s'y
colle, en s'aigrissant , ne communique sa qualité à celui qu'on
exprime.
Les puissances qui mettent les moulins en mouvement,
sont les animaux , l'air ou l'eau. On pourroit employer la
|>ompe à feu.
Un moulin à bêles est mû par deux attelages de mulets ,
appliqués à deux leviei*s , lesquels sont fixés l'un sur lautre ,
k Taxe du rouleau centrai. Chaque attelage est formé de deux,
ou plus communément de trois niuiets, qu'on relaye toutes
les deux heures , temps <^u'on appelle quart. On ne doit les
faire travailler qu'une fois dans les vingt-quatre heures, ai
l'on veut qu'ils soient toujours vigoureux et bien poiians. Il
faut avoir par conséquent cinquante à soixante mulets , des-
tinés seulement au moulin qui , dans une grande habitation ,
va nuit et jour tant qu'il y a des cannes à récolter. On a en
oulre dix-huit à vingt mulets et sept à huit paires de bœulà,
pour les charrois de toute espèce.
Les moulins à eau sont plus commodes et moins dis))en-
dieux; leur mouvement est plus uniforme et n'est jamais in-
terrompu. La puissance qui leur est appliquée étant pluj
forte y les cannes sont mieux comprimées et plus également
D'ailleurs le ser\'ice de ces moulins se lait plus rondement :
on ne perd pas de temps à relayer, et on ne craint pas la
mortalité des animaux.
Il estétonnant que dans les Antilles, où les venls sont cons-
tans et réglés , on n'ait pas généralement adopté l'usage des
moulins à vent. J'en ai vu deux à Saint-Domingue, Il y en a
plusieurs à la Guadeloupe et dans quelques îles anglaises : ils
seroient moins coûteux à établir que les moulins à eau , et
conviendroient sur-tout aux établissemens situés loin des
rivières.
Les moulins sont ordinairement couverts et renfermés
dans des batimens qu'on appelle cases à moulins,
La canne exprimée deux fois , prend le nom de bagasse.
On la lie par gros paquets et on la porte sous des hangnrda
qu'on nomme cases à bagasse. On en forme quelquefois de
grandes piles a l'air libre. Quand elle est desséchée , on rem-
ploie à chauffer les fourneaux de la sucrerie*
C A N a53
VII. Disposition des hâiimenê. fourneaux , et rhcuidières
nécessaires pour exiraire le sucre du Jus de la Canne,
C'est dans la sucrerie que se fait le premier travail du sucre.
Pour retirer celte substance du jus cie la canne, on a besoin
de feu, de chaudières el de fourneaux. Autrefois on employoit
quatre , cinq , six ou sept chaudières de cuivre de diflérentes
grandeurs , montées les unes pi^s des autres dans la même
direction , chacune sur un foyer particulier. Dans la pre-
mière y on séparoit les écumes à l'aide de la chaleur ; dans
la seconde, on enlevoit les matières grasses à la faveur des
alcalis ; dans la troisième , on évaporoit le vesou jusqu'à con-
sistance de sirop ; la quatrième servoit à cuire ce même vesou ;
les autres ^toient un supplément à la troisième et quatrième.
Le pit>duil de chaque chaudière, dont la contenance alloil
toujours en diminuant, passoit en entier de la première dans
la seconde, de celle-ci dans la troisième, &c. On filtroit le
liquide en le passant d'une chaudière dans une autre : ca
filtre étoit de toile ou de laine. >
Depuis 1 726 9 on a établi , à l'exemple des Anglais , toutes
les chaudières sur un seul foyer ; et Ton a substitué à celles
de cuivre, des chaudièi*es de fer fondu, que les Hollandais
ont introduites les premiers dans le Nouveau-Monde (1).
Maintenant dans les sucreries bien montées , il y a deux la-
boratoires appelés équipages. Chacun d'eux est compof;é de
pluâitt'.irs chaudières ( ordinairement cinq ) placées sur la
même ligne, presque conliguiis les unes aux autres, et en-
châssées dans la voûte du fourneau , de manière que les deux
tiers de la chaudièi*e reçoivent l'action du feu. Le fourneau
est commun à toutes les chaudières. Il consiste dans un ca-
nal , dont l'ouverture est en dehors de la sucrerie , pratiqué
dans la muraille , presque vis-à-vis de la dernière chaudière,
et qui se termine par une cheminée placée un peu au-dessus
de la première. On observe de faire l'ouverture de la che-
minée qui communique au canal , aussi large que celle dç
l'entrée , et celle-ci doit être en face du veut. Ce canal est
large ordinairement de deux pieds et demi , et haut de trois
pieds sous la batterie : il est moins haut sous les autres chau-
dières , en raison proportionnelle de leur profondeur. Outr^
ce fourneau, il y en a dans le même bâtiment deux autres,
dont l'un porte des chaudières à cuire les sirops , et l'autre
(1) Lss il,pgUis se leiTent toujours de chaudières de çuirre.
i54 C A N ,
une seule furmontée d'un glacis très-élevé , pour les clarifi-
caUons.
Les cinq chandières qui composent un équipage ont cha-
cune un nom particulier. La pi*emière , c'est4-dire la plus
TCHSÎne du bassin se nomme grande , parce qu'elle est d une
plus gi*ande capacité que les autres ; la seconde est appelée
propre , parce que dans celle dbaudière le suc doit éire départ
et amené au plus liaut degré de propreté; on nomme la troi*
aième le flambeau, parce que le suc de canne défà écfaaufie ,
Ïirésente des signes qui indiquent le d^gré et la proportioa
e lessive ^u'on doit employer ; la quairième le eir^p , k cause
de la consistance qu'y prend le veaou ( j ) ; enfin « la cinquième
est la AaMsrse^ ainsi nommée, parce que la dernière action
du ieu que reçoit le vesou«etrop dans œtte chaudière , ooca^
•ionne quelquefois un boursoufflemenl considérable , qu'on
arrête en battant fortement la matière avec une écumoire.
Ces cbaiidîères sont soutenues entr'elles par de la maçonaerie
qui s'élève au-dessus de leurs bords, en suivant leur évese^
ment, et forme un glacis plus ou moins haui , qui augmente
d'autant leur contenance.
Près de la batterie « «1 y a deux chaudières nommées rafrat'^
chisAoirs.QasLnd le vesou-sirop est cuit, au point convenable^
on le transvase successivement dans l'un et l'autre de ces ra-
fraîchîssoirs.
A la surface du bord de l'équipage , entre chaque chau*
dière , est un petit bassin d'un pied de diamètre , et de deux
à trois pouces de profondeur, où l'on verse les écumes qui
sont portées par une gouttière dans l^ grande; pi*ès de celW-
ci y et hors de la ligne du laboraloliT , se trouve une autre
chaudière peur recevoir les grosses écumes.
La disposition du fourneau principal, procure à la batterie
un feu vif, qui perd insensiblement de sa force en montant
le canal pour sortir par la cheminée. Ainsi , les chaudières
bouillent suivant les proportions qui conviennent pour l'éva-
pomtion lenle et graduée, nécessaire à la fabrique du sucre.
La galerie des fourneaux est en dehors du bâtiment ; son
•ervice est entièrement séparé de celui de Tintérieurde 1%
ouverte presque de tous côtés , et couverte par un appentis
qui garantit le chauffage et les chauffeurs.
(i) On donne ce nom su tnc dépuré de U canne , lorsque les fécttlss
qu'il cpetenoit ea ont été léparéis. Voye:t le paragr. suiraou
C A N s55
Les Yuaseaul: mi vases dans lesqneb on met le sucre à
cristalliser y sont des grands canots de bois ou des c^nes de
terre cuite , placés dans la sucrerie. Ijes canots ont huit à
dix pieds de longueur^ sur cinq à six de lai^ur ^ et un pied
«le profondeur; les cônes appelés ^/ïv/fieis, ont environ^eux
pieds de hauteur, avec une base de ti^eixe à quatorze pouces
de diamètre; leur sommet est percé d'un trou qui a un pouce
d'ouverture.
Avant de dire comment on obtient le sucre par l'applîca»-
tîon de la chalear au suc exprimé de la canne, il est uéces*
aaire d'analyser ce suc y et d'en faire connoître les principes.
VIII. AsALY9E du suc exprimé de la Cmnne.
Les sucs de la canne , diassés par la pression du moulin ,
rompent les vaisseaux qui les couienoient » et en emportent
des débris auxquels ils restent plusou moins intimement unis.
Ces sucs forment un tout homogène , connu sous le nom de
/U8 de canne, de v</» de canne , ou de eue exprimé. Le jus de
canne est un fluide opaque , d'un gris terne olivâtre , d'Uhe
saveur douce et suci^ ; il a l'odeur balsamique de la canne ;
il est doux au toucher, et légèrement poisseux ; et il est formé
de deux parties, l'une solide, l'autre fluide, plusou moins
unies entr'elles , suivant les circonstances.
Oe sont les fécules qui composent k partie solide conte->
nne dans le suc exprimé. Elles sont de deux sortes : l'une
.grossière , qui provient de Técorce , et qui porte , avec une
portion du suc savonneux, une matière v^rte résineuse très-
abondante ; l'autre, d'une finesse extrême , dans laqudle se
trouve aussi une petite portion da suc savonneux, qui queA*>
4)nefois y adhère fortement PlnsieuFs agens , tels que l'air ,
4a chaleur, les alcalis , &o. décomposent le suc exprimé en sé-
parant les fécules de la partie fluide.
Lorsque ce suc est exposé à l'air en très-grande surfoce ,
les fécules se séparent et se précipitent au fond da vase. La
partie fluide qui surnage, a une couleur citrine très-fbible,
due au suc savonneux qui a passé dansrexpression ; car dans
cette décomposition , le suc savonneux tenant aux fécules ,
n'en a point été séparé. La partie fluide décantée , prend le
nom de suc dépuré on de vesau. L'eau, que contient le vesou
bissé à l'air et au soleil, s'évaipore d'une manière constante et
graduée. L^b molécules du sel essentiel suivent , en se rappro-
-àxaxstfhi marche lentedeTévaporationla plus favorable pour
leur union cristalline et régulière. Le sucre se présente alors
la forme de cristaux , couverts d'une légère teinte ci-
a56 C A N
trine , dont le suc savonneux vernit leur surface. J'ai souveuf
observé de pareils ciîstaux sur la table même du moulin qui
sert à broyer les cannes ; leur formation étoit Teflet de la
seule évaporation libre et spontanée de l'eau qui les tenoit en
diss^ulion. Ce moyen d'exlraii*e le sel essentiel du suc expri-
mé , est le plus naturel et le plus simple. Mais , étant impra-
ticable en grand , on doit , comme le dit très-bien Dutrône ,
faire en sorte de s'en rapprocher le plus possible, dans le choix
. de tous ceux qu'on peut employer.
La chaleur décompose le suc de canne ( comme presque
tous les sucs exprimés } au simple degré du bain-maric. Mais
son action , portée même à la plus forte ébullilion , suffit ra-
rement pour séparer en entier la fécule de la seconde sorte ,
souvent même elle favoiise son union à la partie fluide , et
la rend plus intime. C'est alors qu'on est obligé d'avoir re-
cours aux alcalis. £n séparant les fécules , et les réunissant
■ sous la forme de gros flocons, lu chaleur en enlève tout le suc
savonneux qu'elle en peut dissoudre. La présence de ce suc ,
mêlé au vesou , met celui ^ci dans une circonstance moins fa-
vorable , pour l'extraction du sel essenliel qtie n'est le vesou
qui a été soumis à la seule action de l'air.
Les fécules et le vesou qui ont éprouvé l'action de l'air et
de la chaleur seulement, conservent l'odeui* balsamique de
la camie.
Les alcalis sont , de tous les agens , ceux dont l'action sur
le suc de canne est plus forte et plus marquée. Ils le décom»-
3X>sent à l'instant , en séparant les deux sortes de fécules
sous la forme de très-gros flocons qui se précipitent , si leur
action se passe à froid ; ils enlèvent à ces fécules tout leur suc
savonneux , auquel ils se combinent. Si la séparation des fé-
cules a Ueu par la réunion de la chaleur et des alcalis, elle s'o^
• père d'autant mieux que la partie colorante résineuse qu'elles
portent, est plus abondante. Et lorsque la fécule de lasL'condo
.sorte en est pnvée , ou qu'elle n'en a qu'une ])ctile quantité ,
elle peut alora être ténue , plus divisée par la chaleur , et morne
.dissoute par les alcalis. Ainsi les alcalis, €*n dépouillant les
.fécules de tout leur suc savonneux , et en les dissolvant même
.dans certaines circonstances, doivent nuire, sous ce rapport^
i la cribtallisation du sel essentiel.
L action de l'alcohol sur les fécules dans le jus de cann»
n'est point sensible ; il suspend seulement pour quelque»
heures leur décomposition spontanée. Les acides semblent
*di\'iser davantage les fécules , et favoriser leur union à la par^
^tt fluide.
Lorsque le suc exprimé de cannes fraîches est abaadonn»
C A N aÔ7
1 lui-même en grande masse , les fécules se décomposent les
premières , et déterminent la fermentation acide. Celles de la
première sorte se séparent ; une partie se précipite, lautre
surnage ; celles de la seconde sorte , sont tenues plus divi-
sées dans ce premier moment par l'acide qui se développe,
Î mis elles se précipitent. Dans cette décomposition spontanée,
'acide > en divisant les fécules, les tient plus unies a la partie
fluide , et leur séparation par la chaleur et les alcalis en est
plus difficile.
Si , après avoir enlevé au jus de canne par la chaleur et les
alcalis , les fécules de la première soile et une partie de celles
de la seconde , on l'abandonne a lui-même , il passe alors à
la fermentation spiritueuse. La portion de fécule restée imie à
la partie fluide se décompose, et bientôt s'en sépare complè-
tement. La partie fluide traitée après ce premier mouve-
ment , donne un sel essentiel de qualité bien supérieure à ce-
lui qu'on eût obtenu.
Le jus de canne , dépouillé de fécules , présente les sucs sé-
veux , muqueux et savonneux , réunis en diverses propor-
tions , formant ensemble un fluide homogène, clair , trans-
Îarent , d'une couleur citrine ambrée, qu'on appelle yesou.
i'eau que ce fluide contient , doit y éire considérée sous deux
états difiérens. Daiis le premier état , elle est en rapport avec
les sucs muqueux et savonneux qu'elle tient en dissolution ,
et eUe prend avec ces sucs le nom de pesou - sirop. Dans
le second , elle est surabondante à l'eau de dissolution , dans
une proportion plus ou moins grande; et cette surabon-
dance , quelle qu elle soit , donne à l'ensemble le nom de
vesou. Sous ce dernier rapport , l'eau varie de soii^ante à qua-
tre-vingt-cinq livres par quintal de vesou.
Le sue muqueux , dont la quantité proportionnelle varie
.en raison inverse de celle de l'eau , varie aussi dans sa quali-
té, en ce qu'il est plus ou moins éloigné de l'étal qui le cons-
titue sel essentiel. Le vesou de bonne qualité , est celui dont le
«uc muqueux est tout entier dans l'état de sel essentiel. Cela
de qualité médiocre contient une quantité plus ou moin
grande du même sue , privé de quelques-unes des conditions
nécessaires à sa constitution de sel essentiel , état qui a été dé-
signé sous le nom de suc muqueux sucré ( Voyez le par^gr.
III. ) : enfin le vesou de mauvaisequalité porte encore une por-
tion de corps muqueux doux. Dans ce troisième vesou , le
corps muqueux ne peut, sans se décomposer, souffrir un
d^ré de chaleur au-dessus du terme de 84 , échelle de Réau*
TOUT ; le corps muqueux dans l'état sucré , se décompose à
86 ou &7 degrés , tandis que le coi-ps muqueux sel essentiel
IV. JBL
Ii58 C A lî
peut supporter 5 dans le suc de canne de bonne qualité , une
chaleur de plus de loo degrés. On voit combien la présence
du corps muqueux doux et sucré peut nuire à l'extraction du
sucre , en s'opposant tant à la cuite qu'à la cristallisation.
Le suc savonneux extractif est plus ou moins abondant ,
suivant la constitution de la canne. C'est à lui que le vesou
doit sa couleur, qui varie du citrin léger au brun foncé,
selon que la chaleur et les alcalis y en dépouillant les fécules
de ce suc qu'elles contenoieut , en ajoutent davantage à celui
^ui a passé dans l'expression. Les alcalis , en se combinant au
suc savonneux , donnent à sa couleur d'autant plus d'inten-
sité , qu'ils sont plus purs; et en détruisant Fodeur balsamique
de la canne, ils donnent aussi au vesou une odeur de lessive.
Les acides minéraux et le vinaigre radical avivent la couleur
citrine du vesou, et la changent en couleur jaune ambrée,
suivant leur degré de concentration. Les acides végétaux ^
tels que la crème de tartre, le sel d'oseille , l'acide citrique,
aflbiblissent sa couleur , et la détruisent en partie. L'acide
oxalique ( acide saccharin ) la détruit entièrement. Alors la
base ae ce suc , privé du principe colorant qui la tenoit en
dissolution , parott sous forme solide, blanche et insoluble à
tous les menstrues. On doit penser que le suc savonneux
ayant pour base une matière solide, dissoute par un principe
colorant , sera d'autant plus nuisible k l'extraction du sel
essentiel, que ce suc se trouvera en plus grande proportion
dans le pesou.
IX. Travaiz. Géyinjz du tue e^tprimé pour en retirer
le micre.
Tous les vaisseaux étant propres , les fourneaux nettoyés
et approvisionnés de chauffage , dès qu'un bassin est rempli
de suc exprimé , on le fait couler dans la grande chaudière ,
qu'on chaîne à un point déterminé. On met alon dans le suc
qu'elle contient delà chaux vive en substance, dont la pro-
portion doit être relative à son degré de pweté el k l'état des
eannee qui ont fom*ni le suc. Cet état dépend de lear Age, de
la qualité du sol où. elles ont cru, et de la saison où on les
récolte. La charge de cette ^on^, ainsi lessivée,- est trans-
vasée dans les chaudières suivantes, et partagée entre le eirt^
et le flambeau. Chargée de nouveau au même point , on y
Jette la quantité convenable de chaux, et on la transvase en
entier dans la propre» Enfin , remplie une troisième fois à sa
mesure, et ayant reçu la chaux nécessaire, on la laisse en
cetélat^etTon commence k chauffer, la batierie étant ploiae
-C A N aSg
fi'etii. lies matéiianx employé» aii chauEBige aont la baga^iié^
et les pailles des cannes , nommées ouaouaia.
Le êirop et \e flambeau sont, après la balierU, celles de9
chaudières qal s^écluniiTent le plus et le plus promptement.
Les matières féculenies du suc exprimé se séparent et se pre*
sentent à la surface sous la forme aéciwtejt , qu'on enlève. Le
sac enLi« en ébullition; tou*es les écumes étant enlevées, on
vide la batterie^ et on la charge avec moitié du produit de
b chaudière sirop. Alors, s'il e&t nécessaire, on ajoute aux
chaudières sirop , flambeau et batterie , un peu de chaux
vive ou d'eau de chaux, ou de dissolution d'alcali. La propre
etla grande s'échauffent successivement ; on en 6te les ^umes
à mesure. L'évaporation étant très-rapide dans la batterie ,
4m la charge du surplus du produit du sirop; on passe celui
dayZ^un^ottdansle sirop, et on transvase moitié w Ui propre
dans le flambeau , ayant soin, pendant le cours du travail ,
d'ajouter, dans ces deux dernières, la chaux ou les dissolu-
tions alcalines, lorsqu'il en est besoin.
La batterie reçoit partiellement la charge de deux, trois
ou quatre grandes , plus ou moins , suivant le degré de ri-
chesse et la qualité qu'a le suc exprimé après avoir passé dans
les autres chaudières, et après y avoir été lessivé et ecuraé.
Quand on a rassemblé dans la batterie la quantité suffisante
de pesou, on continue l'action du feu pour opérer la cuite,
qu'on porte à 94 ou 97 degrés du thermomètre de Réaumur , si
le sucre ne doit pas être terré , ou à 90 ou 93 , s'il doit être terré.
Le produit' de la batterie cuit au point convenable , on
suspend le feu , et on transvase la liqueur en entier dans le
premier rafitdchissoir. On remplit de nouveau la batterie
avec le produit du sirop ; le feu reprend , et on continue le
même travail sor le suc exprimé, à mesure qu'il arrive du
moulin.
Le vesou de la batterie reçu dans le rafraîchissoir , est
nommé euile ou batterie; il est transvasé aussi -tôt dans le se*
cond mfraîchissmr , où on le laisse jusqu'à ce qu'on ail obtenu
une secx>nde batterie. Celle-ci reçoit un degré de cuite un peu
plus fort que la' première à laquelle on la réunit tout de suite*
Ijeur réunion se nomme empli ; on le mêle bien. Si le degré
de cuite a été donné avec «l'intention de laisser le sucre dans
un état brut, ce qu'on appelle cuite en brut^ on porte l'empli
dans un bac où Û cristallise aussi- tôt , et on charge le bac de
quatre ou cinq emplis successifs ; si on veut terrer le sucre, ce
qu'on appelle cuite en blanc, le degré de cuite étant moins
fort , l'empli est partagé entre les cônes rangés dans la sucre-
rie^ qu on charge à trois ou quatre reprises.
ft6o C A N ^^
Le sucre tiré de la batterie est la matière de tontes les pré*
parations qu'on fait pour avoir les diH^érentes espèces de sucre
depuis le brut jusqu'au royal. Comme on l'obtient directe-
ment du jus de canne^ on l'appelle par cette raison^ sucre dé
<:anne, par opposition à celui qu'on retire des sirops en les
cuisant, et aux autres sucres qui ont reçu plusieurs prépara-
tions et cristallisations, tels que les raffinés.
Le sucre de canne est brut ou terré.
X. D ir SuoRB dé Canne brui»
Le sucre de canne brut est le produit du pin de canne après
qu'il a été lessivé , cuit et cristallisé. C'est un sel essentiel (i)
qu'on obtient sous une forme concrète et solide. Il devient
blanc quand on le purifie. Cette substance, ainsi que l'amidon,
est homogène dans tous les végétaux , et forme un de leun
principes immédiats. Il n'y a qu'une espèce de sucre , soit
qu'on le retire de la canne, soit aautres plantes , arbres, fruits
ou légumes qui en contiennent, tels que l'érable, le raisin,
la betterave. Les difiGérens sucres ne difièrent entre eux^ que
par le plus ou le moins de pureté.
£n cénéral il faut plusieurs purifications des sels, pour les
avoir dans leur plus grande pureté et blancheur; mais comme
ces purifications prennent au temps et occasionnent une di-
minution sur la matière , il eat essentiel de tirer le meilleur
parti de la première façon ou cristallisation du sucre.
Dé la lessive. £lle a pour ohyei d'enlever au via de canne
toutes les parties solides, grasses et visqueuses qui s'opposent a
la cristallisation du sucre. On y parvient en employant la chaux
t>u tout autre corps de nature alcaline. La chaux agît oommo
absorbant ;elle se combine avec les parties étrangères au sucre,
et les rassemble sous la forme d'écumes avec lesquelles elle (ait
une espèce de savon.
Autrefois on lessivoit beaucoup avec de différentes cendrea»
On a renoncé à cette méthode, parce que la eendre grisoit lo
sucre. La soude a le même inconvénient* Cependant , il eal
probable que si l'on employoit de l'alcali fixe végétal , ou de
l'alcali minéral bien purs, ik n'altéreroient pas la blancheur
du sucre. La cherté de ces sels suifit seule pour les exclure ; et
l'on doit s'en tenir à la chaux , tant par son bas prix et la faci-
liié dese la procm*er, que parce qu'elle lessive très*>biea le
(i) C«tte substanee prut conierverle nom de sel essentiel lUaa Tart
du sucrier s elle le perd en psMant dsut Tart du rafiiueur et daiu le
commerce» où elle prend le nom de sucre , a?ec dWerseê épîthètea qui
désiguent ton état éC «a qualité.
€ A N 2&k
.'aacre. La plus vive est la meilleui-e : il en- faulnne pliu grande^
quantité , à proportion de ce qu'elle est plus éteinte.
Un pin de canne qui n'est pas assez lessivé est celui qui n'a
pas assez reçu de cbaux ^ il en résulte un sucre gras : c'est le
plus grand défaut qu'il puisse avoir. Un vin de canne trop
lessive y est au contraire celui qui a reçu ti*op de chaux ; il en-
provient un sucre gris : c'sst le plus grand vice après le sucre
gras. La précision de la lessive est Ufie des principales partie»
du travail du sucre ; mais ce point capital est difficile à saisir.
Le vin de canne varie non-seulement à raison du sol et da
l'ancienneté de la culture, mais encore à raison des saisons,
de la pluie ou de la sécheresse et de Tàge des cannes. Il y a des
vins de cannes terreux. Outre qu'ib contiennent peu desucrç,
celui qui en prévient est presque toujours gris , par la quantité
de parties terreuses qu'ils tiennent en dissolution et qui entrent
dans la combinaison des cristaux; le sirop en est amer. Les
cannes qui croissent dans des terres grasses et argileuses don-
nent ces vins de canne qui demandent à être très-peu lessivés^
Il y a des vins de canne visqueux : ils produisent peu de
sucre , et d'une crislallisation difficile, par l'obstacle qu'y ap-
porte l'abondance du mucilage. .Ce sont des cannes venues
dans de mauvaises terres, ou des terres neuves trop vigou-
reuses qui donnent un pareil vin. Leur sirop est d'une dou-
ceur fade et mielleuse. Il y a des vins de canne aqueux : ils-
aont plats au^oût; le sucre n'y est pas abondant, mais assez
bon. L'excès d'eau rend l'évaporation très-longue. Ceux-ci
sortent de cannes venues dans aes terres humides, ou ont pour
cause des saisons trop pluvieuses.
Le meilleur vin de canne est celui qui contient le plus abon»
damment de sucre. Il est agréable au goût» Son sirop a une
douceur fine et relevée : c'est le plus facue de tous à traiter. Les
terres de rapport, profondes, légères et anciennement culti-
vées, ont l'avantage de le produire.
Les cannes , dont le point de maturité est passé, donnent
un vin de canne fermenté. Celles qui ont beaucoup soufi'ert
de la sécheresse , qui ont été entamées par les rats ou piquées.
Sar les insectes, sont sujettes au même .défaut. Il n'y a point
'âge déterminé pour la coupe des cannes; il faut les prendre*
quand elles sont mûres. Voyez le paragraphe V.
Comme il est impossiHe de conuoitre la quantité de parties
étrangères au sucre que contient chaque espèce de vin db-
muine^ on ne peut, par la seule inspection, appi*écier la lessive
ou la quantité de chaux qu'il demande. On la met donc né->
cessairement la première fois à tâtons, .par approximation*.
Alovs on doit risquer plutôt moins de chaux que plus , i^jx^r
862 C À N _
qu'il est facile d'en ajouter^ difRcile de diminuer tes efiets. 11^
a beaucoup de marques sur la lessive y quelquefois bonnes ^ quel-
quefois défectueuses. Il est nécessaire de les connoître toutes»
et^ dans certains cas^ il faut en comparer plusieui-s ensemble.
Voici les six indications les plus généralement suivies y dont
deux sont tirées du vin de canne ^ deux des écumes , et deux
du sucre.
Premièi*e indication. Couleur du ùin de canne. En généra] ,
un vin de canne d'une couleur louche y d'un jaune pale on
irop légèrement ombré, manque de lessive, tandis que celui
qui est noir ou d'un vert noirâtre en a ordinairement trop.
Cette indication n'est pas toujours sûre, parce que la couleur
est un accident des corps, qu'elle varie nécessairement dans
le vin de canne, suivant le plus ou moins d'eau, de terre,
d'huile , de mucilage qu'il contient. £Ue varie encore dans le
même vin de canne , à raison de l'évaporation et de Técumagb
d'une chaudière à l'autre. Enfin , le rapport d'une couleur
présente a une couleur passée , n'est qu'une affaire de mé-
moire , et dès-lors sujet à tromper.
Seconde indication. Bouillon de pin de canne» <Q°and ce
houiUon est sec , menu et vif, il prouve que le vin de canne
ne manque pas dé chaux. Un bouillon gros , lourd et lent,
annonce au contraire qu'il en manque : mais un vin de canne
peut être trop lessivé avec un bouillon sec , et un vin de canne
très-aqueux ou très-àbondant en mucilage, aura nécessaire-
ment un plus gros bouillon, quoique bien lessivé , qu'un bon
vin de canne.
Troisième indication. Couleur dee éeumea. Elle varie comme
celle du vin de canne. En général , elle prouve un défaut de
lessive , lorsq^i'èUe est blanche , et un excès quand elle est
trop foncée ou noire.
Quatrième indication. Cordon que lee écumee forment au
bord de la chaudière. Il arrive communément que les écumêa
poussées en haut par l'action du feu , s'amassent et s'atta-
chent au tour des chaudières dans le llambeau et le sirop : c'est
ce qu'on appelle le cardon. Il n'existe pas quand la lessive est
très-t'oible. Il est au contraire abondant quand elle est forte.
Mais plus le vin de canne contient d'écumes, plus le cordon
indique assez bien qu'il y a assee de chauTt, mais non p«ift
3u'il y en a trop. Ainsi il est très-possible , et même asaes or*
inaire, de lessiver trop sur cette seule remarque.
Cinquième indication. Sucre dégouiianide i'écumoire* On
croit communément que le sucre qui se détache avec facilité
et netteté de l'écumoire et qui est cassant, est luses lessivé, et
^u'il manque de chaux quand il est mou et filant ; niait
eette preuve est plaspropre à connoitre hr corps de sucre que
la lessive ; car un sucre abondant en mucilage^ quoique bienb
lessivé 4 sera, toujours filant , et celui abondant en parties sar«
lines cassera bien , quoique foible de.lessive.
Sixième indication. Fleurs blanchâtres danikh rafraîchis^-
êoir et sur le mouperon. Il est ordinaire que le bon sucre biei»
lessivé forme promplement et abondamment des fleur» dan»
lerafraichissoir et sur le mouveron.Le sucre gras au contraire
en forme difficilement. Mais quand cette remarque indique^
roit avec certitude un sucre bien ou pial lessivé^ elle ne pour-
iroit servir que pour le sucre fait et non pour celui à faire.
On peut voir, d'après ce détail, que les. indications ordi-
naires sur la lessive sont séparément peu sûres, souvent trom-
peuses ; qu'elles annoncent plutôt le trop ou le trop peu , que 1»
juste point. Cependant , quand elles se réunissent toutes , c'est-
à-dire, quana les écumes ne sont ni trop blanches ni trop
noires , que la couleur du vin de canne n'est ni trop pâle ni
trop loucne , que le bouillon est sec , que les écumes marquent^
un cordon, que le sucre se détache bien de l'écumoire, qu'il
myupe avec netteté et qu'il laisse des fleurs abondantes sur le
mouveron, alors, on peut être à-peu-près cer^nquele suer»
ne pèche pas par la lessive.
Le moyen le plus prompt et le plus sâr de trouver le juste
degré de lessive > est d'observer la manière dont les écume»
ae détachent du vin de canne, et la facilité plus ou moins»
grande avec laquelle s'opère cette séparation. Quand elle psi
parfaite , les écumes sont alors épaisses et gluantes ; elles s'atta-
chent à l'écumoire dans la grande et la propre ; elles s'échap-
pent avec rapidité du bouillon qu'on entrevoit bouillant et
transparent. Dans le flambeau et le sirop , le vin de canne se»
gonfle aisément, les écumes s'élèvent demême et se réunissent
en flocons sépai*és.
Quand le vin de canne manque de lessive , il est terne et
trouble dans )a propre, le flambeau et le sirop , parce que les
écumes t^en réparent difficilement : et celles-ci sont d'une cou->
leur claire , rares, peu épaisses , et s'échappent à travers l'écu-»
moire. Si 1^ vin de canne est trop lessivé, on s'apperçoit dan»
le flambeau et le sirop , qu'il s'élève et se gonfle difficilement ,
et que les écumes qui surnagent sont chargées de couleur.
Slles ont également peu d'épaisseur , et passent facilement à
travers l'écumoire , comme lorsque le vin de canne nesX pa»
aMe2lessivé(mai»par un défaut contraire), partrop de pesan-*
teur, due à l'excès de chaux dont elles sont chargées, et qui
les fait se précipiter dans le vesou qu'elles rendent trouble.
Ou remédie au défaut de lessive, par une addition de chaigi^
a64 fJ A N
Mais lorsque cette substance se trouve arec excès dan* le
sou ^ il est impossible de la retirer. Il faut alors recourir k def
corps ou à des ingrédiens qui en diminuent l'effet , soit ea
ajoutant du vin de canne , soit (ce qui est plus ordinaire et
préférable) en passant de Teau dans las chaudières. Li'eau
afibiblit d'un côlé la chaux , et de l'autre facilite Técumage.
On ne peut plus corriger la lessive dans la batterie , parce que
la matière a pris alors ti^op d'épaissiasement. C'est dans lea
premières chaudières qu'il faut tâcher de la perfectionner.
Quoique l'écumage soit une partie purement mécanique et
qui n'exige que les bras du nègre, on doit pourtant j veiller.
Anciennement, pour plus de commodité , on écumoit d'une
chaudière dans l'autre ; mais cette Eaçon étoit vicieuse , ea
ce qu'elle augmentoit les écumes des premières chaudières ,
et qu'il falloit touiours les extraire du vin de canne. Aujour-
d'hui on écume chaque chaudière dans des bailles.
Les grosses ou premières écumes se donnent ordinairement
aux animaux. Celles de la propre , du sirop et du flambeau
80 mettent dans des barriques à déposer. Après sept à huk
heures , temps sui&sant pour éclaircirle vin de canne qu'elles
oonliennent , on les soutire et on les passe dans la grande ou
la propice , suivant leur netteté ; par ce moyen , l'écumage a
lieu sans aucune perte de matière. Les écumes de la batterie
étant abondantes en sucre , on les passe sans inconvénient
dans les autres chaudières.
J}e la Cuite. La cuite est le degré d'épaississementdu vesou ,
convenable pour opérer la cristallisation du sucre. Il est im-
possible de déterminer au juste quel doit être cet épaississe-
ment II dépend de la qualité de la matière , qui contient plus
ou moins de p?irties saunes.
On juge de la cuiie par un fil que l'on fait former à une
goutte de matière entre deux doigts ; en général , plus il se
retire lentement , plus il y a d'épaisainement ou de cuite.
On cuit communément à deux batteries ( Voyez le paragr.
précédent.). Mais quand la matière est maigre et le sucre dif-
licile à faire, il faut cuire à trois, quatre ou cinq batteries,
suivant l'exigence des' cas ; la première doit être plus foible »
la seconde plus forte , ainaides autre» graduellement, à raîaoa
du nombre des batteriea
Le fil qui sert^'épreuve , se diversifie , non-seulement vaSt^
▼ant le degré d'épaississement, mais encore suivant la quan-
tité de la matière , la quantité de lessive, et le degré de cuaud
ou de froid.
Si le sucre est gras ou sans corps, le fil est gitM, mou et
filant. Quand on laisse trop refroidîir la goutte de matière , le
C A N ^ a65
fil'ae ipend plus ferme ^ toutes choaes égules , et fait croire la
cuite plus forte ; ce qui trompe souvent les gens peu attentifs.
Il faut donc éviter le vent en prenant la preuve^ former son
fil le plus promptement possible, le rapprocher de la qualité
de la matière. y et le combmer sur le nombre des batteries. Le
plus ou le moins de feu qui se trouve sous les chaudières, au
imoment où on prend la preuve, l'espèce de chauffage même
|)eut influer sur le degré d'épaississement ou de cuite quç
cette preuve présente. Pour éviter toute incertitude à cet
égard , on fait cesseï* le feu et retirer le chauffage avant de
tirer la batterie.
On manque la cuite en cuisant trop ou trop peu. Si la
puile est beaucoup trop foible , on peut repasser la batterie
dans le vesou : on peut encore , dans ce cas , diminuer le vo-
lume de la batterie, en ôtant un ou deux corbins (i) de sucre.
Enfin on peut alors tirer Y empli à ti*ois batteries, et suppléer ,
j>ar les deux dernières, au défaut de la première. Si la cuite
est trop forte, on la diminue en n^êlant dans la batterie tirée
un peu de vesou<^sirop.
Dû la CrUtallisation. La crislallisaiion est Tarrangement
régulier des parties constituantes de certains corps. Ce mot
est principalement affecté aux sels, qui, par leur transpa-
rence , leur blancheur et le coup-d'œil, ressemblent assez au
cristal.
Le sucre est un des seb dont la cristallisation s'opère par
refroidissement insensible. Le suc de canne a cela de parti-
culier, qu'il contient beaucoup plus départies grasses, vis-
queuses et mucilagineuses , que le suc des plantes dont on
extrait d'autres seb. C'est ce mucikge surabondant qui forme
le principal obstacle à la ciîstallisation du sucre. Cependant
le mucilage est une partie constituante du sucre , et le fluide
où s'opère la crbtalUsation ; mab , quand il est trop abon-
dant, il y nuit, autant qu'il la favorise, lorsqu'il se trouve
dana une juste proporliou. C'est encore ce mucdage surabon-
dant, après qu'on en a séparé toutes les parties saccharines le
plus qu'il est possible, qui forme ce qu'on appelle le sirop
amer , lequel est d'autant plus propre au tafia\;À), qu'il con-
tient moins d'eau et de sucre.
La cristallisation a lieu naturellement de la manière la plus
parfaite , quand rien ne s'y oppose , par la tendance que les
(i) Ustensile de cuivre, qui sert à transporter le sucre de la batterie
^ene les rafralchissoirs et dans les formes.
(3) Nom donné dans les colonies françtbes & l'eau«de*Tie de sucre.
*^y€t ie> |iara£. xvu de cet acticle.
aB6 ' C A N
parliea similaires de la matière ont les nues vers les autres. Lur
véritable crislallisation du sucre est le candi.
Il résulte' de ces principes, i®. aue dans les manufacture»
OÙ le sucre ae fabrique en grand , u est impossible d'obtenir
«ne cristallisation parfaite (i) > et que celle qui ae rapproche.
4n candi est la meilleure.
â^. Que si répaississement du vesou est trop grand' ou Ia«
cuite trop forte, la crûtUllisation devient trop rapide ; les par*
ties salines étant , dans ce cas, trop subitement rapprochées,
t'accrochent indistinctement par toutes les faces ou points de
contact dont elles sont stuceptibles , et leur arrangement de-
vient très-irrégulier. C'est une masse saline qu'on obtient alors
au lieu de cristaux. U en i^ulte un autre mconrénient hé
mucilage étant trop épaissi , et se trouvant interposé entre leâ
parties salines , ne peut être séparé facilement par le ûernige (a),
soit par le défaut de iluidité, soit par le vice des couloirs;
ce qui s'oppose à la blancheur naturelle du sucre, dont les
cristaux sont ternis par ce mucilage.
3®. Que par un effet contraire au précédent, lorsque la
matière n'est pas suffisamment épaissie ou que la cmte est
trop foible , les parties salines étant trop divisées, trop éloi-
gnées les unes des autres , se réunissent avec difficulté. Une
certaine quantité de ces parties reste mêlée intimement avec
le mucilage en état de dissolution , d'où résulte une mauvaise
cristallisation , c'est-à-dire des cristaux petits, mous, plus su&*
ceptibles de prendre l'humidité, de se décomposer et tomber
en poussière. Dans ce cas, le mucilage ayant une grande
fluidité , s'échappe aisément. Le sucre est facile à blanchir
aous le terrage ; mais faute de solidité (ou de corps) celte blan-
cheur est terne.
4^. Que c'est dans les rafraichissoira que commence la cris-
tallisation , et que c'est dans les formes qu'elle s'achève.
5®. Que le degré de refroidissement apporte une différence
nécessaire dans la cristallisation ; qu'il faut dès-lors conserver
le plus de chaleur qu'il est possible aux rafraîchissoirs et aux
fermes , et garantir , pour cet effet , les uns et les autres da
vent.
6^t Enfin qu'un froid trop subit , épaississant le mucilaga
ou sirop , suppose au rapprochement des parties salines. Ce
n'est plus une cristallisation , mais une véritable congélation,
(i) On verra bientôt qa^en suivant U néthode è9 Datrône^ ^
obtient une cristalliMtion «uui par£iit« qu'il est po«uble.
(a) Foygi dans le parsgr. tulTant ce ^us c'ett ^ue Urrag*^
C A N 2(?7
"Voilà pourquoi un rafraichissoir froid produit plus de grain ,
mais bien moins cristallisé qu'un rafraîchisspir échauffé.
Le sucre qiii a cristallisé ou dans les canots ou dans lec
formes , est encore brut. Soit qu'on veuille le vendre en
cet état , soit qu'on se propose de le terrer , il est essentiel de
le purger auparavant, c'est->à-dire de lui enlever son sirop.
On donne le nom de purgeries, aux bàtimens destinés à ce
travail ; ils doivent être adjaèeas à la sucrerie. Celui où Ton
purge le sucre brut , a communément de soixante à quatre*
vingts pieds de long , sur vingt à vingt-qualre de large. Dana
toute son étendue est une espèce de réservoir appelé bcusin à
mêlasse (i) , creusé à six pieds de profondeur au-dessous du
aol , et recouvert par un plancher formé de grosses pièces de
bois rangées parallèlement à deux ou troispouces de dislance.
On place debout , sur ce plancher , des barriques , dont le
fond est percé de trois à quatre trous d'un pouce à-peu-près
d'ouverture, et on y poi*ie le sucre des canots, quand il est
cristallisé et refroidi à un certain degré. LêC sirop qui s'en
sépare s'échappe par les trous et les fentes des barriques, et
tombe dans le bassin à mêlasse. Après avoir subi cette dépu-
ration , qui n'est jamais complète , le sucre brut est mis dans
le commerce.
xi. Da Sucre de Canne terré.
On donne ce nom au sucre qu W a retire immédiatement
du jus de la canne , et qui , après avoir été purgé , a encore
été terré , puis séché à l'eluve , opérations qm ont pour objet
de le purifier entièrement , et de le blanchir.
Les purgeries où l'on terre le sucre , sont composées ordi*
nairement d'un corps principal de bâtiment et de deux ailes ,
ayant ensemble deux cent cinquante à trois cents pieds de
longueur et quelquefois davantage. £Ues sont presque toutes
construites en pierre. Leur intérieur est divisé en comparti*
mens , nommés cabanes , par le moyen de traverses mobiles,
§ lacées à des distances égales. Après quinze ou dix-huit heUrés
e refroidissement , le sucre qui a cristallisé dans des formes ,
est porté dans ces cabanes. Chaque forme , dont on a soin de
déboucher en ce moment le trou qui se trouve à sou sommet,
est implantée dans àeB pots d'une grandeur proportionnée à
la sienne. Le sirop se sépare du sucre et s'écoule dans lés
(i) On appelle mêlasse ^ les sirops provenant du sacre bmt mis dails
•iss baniqaei de la purgeris.
568 €! A N
pots ; on en substitue d'autres sous les formes, et on rang0
celles-ci avec ordre , pour recevoir le terrage.
Du Terrage. iSon objet est d'enlever ^ à la faveur de l'ean ,
ia portion de sirop qui reste à la surface des petits cristaux de
«ucre y réunis et agrégés en une masse conique , nommée
pain. Pour cet effet , ou unit bien la base du pain en tassant
nn peu le sucre y puis on verse dessus une terre argileuse
délayée dans Teau à connstance de bouillie. Cette terre fait
fonction d'épongé ; emportée par son propre poids y l'eau di»-
sout le sirop, qui, devenu plus fluide , est entraîné vers la
partie inférieure de la forme , et découle dans le pot sur lequel
eUe est placée. Toute terre ai^euse peut étY*e employée au
terrage , pourvu qu'elle soit bien battue et bien délayée.
Quand la première terre dont on a couvert la base du
-pain est desséchée , on l'enlève et on la remplace par une
seconde , qui , devenue sèche , est remplacée à son tour par
une troisième. Celle-ci est pareillement enlevée après sa des-
aication. On laisse alors le pain dans sa forme pendant vingt
jours , afin que le sirop s'écoule entièrement ; aprà ce temps
on retire le sucre des formes, et on l'expose au soleil pendant
quelques heures sur de fortes toiles bien sèches, ou sur un plan
horizontal fait en maçonnerie , appelé ^acis; il est mis dans
cet état k l'étuve.
De VÈtuve. C'est un bâtiment adossé aux purgeries, très-
élevé , et ressemblant à-peu-pi^ à une tour carrée ; il est com->
posé en dedans de plusieurs étages , formés chacun de quel-
ques planches légèrement espacées entr'elles, et sur lesquella»
on dispose les pains de sucre ; l'air intérieur est échaufie par
un énorme poêle, dont le foyer est en dehors , et dont le feu
est rarement bien gradué. Il doit être modéi*é dans le com-^
mencement. Au haut de l'étuve est une fenêtre en forme
de trappe qu'on laisse ouverte cinq à six jours. Après ce
temps on la ferme , et on chauffe alors fortement: il faut en*
viron trois semaines pour sécher le sucre ; le feu doit être
entretenu également ; s*il est trop fort , le sucre roussit , et
l'éluvée est impfirfaile. On nomme étuvèe la quantité de pains
mis dans l'étuve ; elle en contient communément 5 à 700 ,
' c'estrà-dire âo à 3o milliers de sucre, car cliaque pain , quand
il est sec , pesé environ 40 livres.
I>a Triage et de la Pilaûon. C'est le jour oi\ l'on retire le
sucre de l'étuve et où on le pile , que le propriétaire jouit
enfin du fruit de ses travaux. Les nègres sucriers se rassemblent
dans la purgerîe , ils dressent une grande table , ou bien iU
. étendent des cuira de bœuf, sur lesquels le sucre est jeté à
mesure qu'on le trie. Ce triage est indiqué par le ra£Bneur^
C A N ,69
auquel chaque pain est présenté l'un après l'autre ; on les
coupe sous ses yeux avec une serpe y en deux portions , dont
on fait deux qualités , connuei^ dans le commerce par les noms
de sucre blanc et de sucre commun ; ce dernier doit former
tout au plus un quart ou un tiers de l'étuvée , s'il y en a davan-
tage, le sucre a été mal fait ou mal séché.
Comme on ne peut point exporter des colonies de sucre
en pain , on est obligé de le piler; cette opération se fait dans
de grands canots d'un bois très-dur^ d'où le sucre est mis en
barriques y où on le tasse à grands coups de pilon.
XIL F'icss de la méthode suivie jusqu'à ce jour dans te
« travail du suere^
La préférence donnée aux chaudières de fer sur celles de
euivre» et leur disposition sur un seul foyer j présentent, il est
vrai, une grande économie de chauffage; mais elles rendent
la fabrication du sucre très-défeclueuse.
Les chaudières de fer sont sujettes à se fendre ; leur frac-
ture arrête le travail ; alors il y a non seulement perle de temps,
mais encore perte de chaudières et de maténaux ; car le fer
fondu une fois brisé n'est plus bon à rien et n'a aucune valeur.
Pour remettre l'équipage en état , il faut le démonter et dé-
nie^ en partie le fourneau , qui souffre souvent de cette ré-
paration , sur-tout quand elle se fait à la hâte , comme cela
arrive presque toujours. La chaudière neuve demande un
nouveau glacis , qui apporte de nouvelles saletés.
La forme elliptique des chaudières de fer contribue à alté-
rer le sucre ; plongeant presque tout entières dans le feu , qu'on
n'arrête que rarement , le vesou qui se trouve au-dessous du
point où elles sont scellées , reçoit un degré de chaleur qu'il
ne peut supporter et se décompose ; il est noirci par les
croûtes charbonneuses qui se forment dans la batterie.
Il est difficile , en employant ces chaudières , d'établir une
niarche constante dans le travail qu'on se propose; 1^. la
^ande est ordinairement chargée de 1 ,5oo à 2,000 livres de
auc ; comme elle se trouve éloignée du foyer propi'ement dit,
le suc qu'elle contient ne peut entrer en ébulhtion , et c'est
inutilement qu'il reçoit l'action de la chaleur pendant en^àron
une heure ; â^ quand on le transvase dans la propre , les fé-
cules qui s'étoient déjà réunies en flocons se divisent de nou-
veau , et la défécation devient plus difficile ; 3®. à peine le ve^
aou de Impropre est-il dépouillé d*une partie de ses fécules^
qu'il faut en passer une portion dans le flambeau , lequel
*ii 'étant pas vidé en entier , reçoit avec cdm qu'il contient un
'a7« C A N
Il est donc démontré que si, par nn travail bien enlen Jii
et bien ordonné , Ton parvenoit à prirer le suc exprîmé de
toute matière solide , le sel essentiel qu'on en retire^oit seroit
aisément dépouillé de tout sirop dans le terrage , et rendu
parfaitement pur ; or c'est à la plus grande pureté possible
que doivent tendre toutes les opérations qui constituent Fart
au sucrier. C'est aussi vers ce but qu'ont été dirigés tous les
moyens proposés et établis par Dutrône : nous allons en
faire une courte exposition. ^
XIIL Exposition des nouveaux moyens tT extraire U ssl
essentiel de la canne à sucre j employés par Dutrône,
Le suc exprimé étant formé de parties solides et fluides^
unies entr'elles et étendues dans une très-grande proportion
d'eau , le premier but dans le travail de ce suc , est la sépa-
ration et l'enlèvement des parties solides ou fécules ; c'est ce
qu'on nomme défécation. Ces matières enlevées , restent l'eau ,
le sut muqueux et le suc savonneux extractif ^ qui forment
'ensemble le vesou. Voyez le paragr. VIII.
L'enlèvement dans le vesou de l'eau surabondante à celle
qui est en rapport avec les matières solubles , est l'objet d'un
beaux de Saint-Domingue, parce que« dans cette partie «les sucreries
•ont beaucoup mieux tenues , et que les raffineurs Teillent au travail
•rec plus de soin.
Les sucres bruts de la partie du Port-au-Prince , sont les plus beaux
de la colonie , et les plus estimés dans le commerce et dans les raifi-
nerf es , particulièrement ceux de la plaine du Cul-de^êac et des yases»
Leur supériorité est due à ce que , dans ces plaines , les cannes sont
> par&itemeut bonnes , et leur suc exprimé de la meilleure qualité pos-
sible } mais les sucreries y sont en ||énéral si malpropres , et le traTaii
y est conduit avec si peu de soin > que rhahitant ne )oait pas des avan-
tages que lui offrent les circonstances locales les plus Favorables.
J'ai vu (c'est Dutrône qui parle ) dans In plaine du Cul^e^ste,
un habitant vendie son sucre terré moins cher que son sucre brut. Oo
n'en sera pas étonné , quand on saura que la portion de mêlasse qns
'recouvre le sucre brut, masque, en le colomnt, toutes les m atièrea
féculentes et terreuses qu'on n'apperçoit point du tout , et dont U
^«véaoBco n'influe nullement sur le prix , qu'on éraloe toujours d'eprèe
la couleur, la dureté, U aéchereaae , &o. du sucre. Mais lorsque » par
.le terrage , la mêlasse a été enlevée , alors toutes les saletéa paroiasent
À découvert , et c'est sur le degré d'altération oue cause leur pré*
•ence qu'on règle le pris du sucre terré. La diS'érence de ce prix
avec celui du sucre brut ne paie pas toujours les frais de déchet oana
le terrage , ni la main-d'ceuvre ; auasi beaucoup dliabîtans , persuadée
qu'il est impossible que leurs sucres puissent jamais devenir Maure,
ont renoncé à le terrer, et fabriquent tout en brutâ tel e%t l'eiet
des préjugea et de l'ignoi ance, DvTaèjia.
C A N a.3
Becond travail. On appelle éuaporation Taclion de la chaleur
sur celte eau.
Les fécules et Teau surabondante çnlevées, reste l'eau qui '
tient en dissolulion les parties salines. On donne le nom de
cuite à l'opération par laquelle on rapproche ces parties , en
enlevant une certaine portion de l'eau dans laquelle elles sont
dissoutes.
Ainsi le travail du suc exprimé se réduit à trois opérations
principales et successives : savoir s la défécation du suc êxr,
primé , Yévaporation du Afésou, et la cuite du peeou-^irop,
J)e la Défécation et de t Evaporation. Pour séparer les fé-«'
cules , on emploie la chaleur et les alcalis ; pour les enlever/
ainsi que les matières terreuses ^ on se sert de l'écumoire^ du
filtre ou du repos.
lia chaleur , dans sa première action ^ sépare les premières
fécules et les élève à la surface du fluide ^ d'où elles sont en-«
levées avec Técumoire. Celles de la seconde sorte exigent uno
forte ébuilition. Quelquefois la chaleur seule opère la sépa-
ration complète des secondes fécules ; quoique les flocons
qu'elles forment ne soient pas toujours assez volumineux pour^
pouvoir être écumes , il suffit qu'elles soient bien séparées ,
parce qu'alors elles n'échappent pas au filtre et au repos. On
est dispensé dans ces circonstances de se servir de chaux et
d'alcalis ; on ne doit les employer que lorsque les fécules ré^
■istent à la chaleur y et pour aider son action. U faut toujours
préférer la chaux , parce qu'elle n'enlève aux fécules qu'une
petite portion dé suc savonneux ; quand son action est'trop
Ibible , ce qui est rare , on la seconde de l'action de la potasse
on de la soude.
L'écumoire est insuffisante pour enlever les fécules , et elle
ne peut rien sur les matières tenseuses ; il est donc indi^pen-'
Ifable de filtrer et de laisser déposer le vesou avant de le cuire.
Voici comment est disposé le laboratoire (i) où se font len
opérations qu'exige le tra^^il du suc exprimé. Il présent^
trois ou quatre chaudières de cuivre , placées sur la même
ligne , et dont la contenance doit être de quatre à cinq mil-
liers. La première y belle qui reçoit le suc de canne ^ est nom-*
mée première chaudière à déféquer ; la deuxième , seconde
chaudière à déféquer; la troisième, chaudière à époporer; la
• (i)^l>aa9 le travail actuel on filtre le veioa en le passant du sirop
dans la batterie ; mais , dans cette filtration ^ on n'enlève que des ma->
tièrea solides extrêmement grossières^ parce que les filtres dont^on sa
sert y sont ou un tamis de laiton , ou un caneras. Aussi cette filtra-*
tlon est-elle à-peu -près nulle. ruTftÔHS.
IV. »
^fj4 C A N ^
quati-ième^ chaudière à cuire. Ces chandièr^ sont (ris-nipiw
Srochées et scellées dans une matçonnerie.NEntre chacune
'elles, et sur le bord du laboratoire, se trouvent de petits bas«
fins où les écumes , enlevées avec l'écumoire , ^sont reçues et
portées par des goultières dans la première à déféquer. Entre
celle-ci el le mur est un bassin qui reçoit les pi*emières fécules»
Ces bassins et goultières sont faits en plomb laminé , et soudés
k une garniture de cuivre qui recouvre toute k surlace de»
paroifl du laboratoire, lequel ofire la plus grande propreté.
Deux bassins destinés à iiltrer et à laisser déposer le ye&oi|
évaporé à un degré déterminé , se trouvent à peu de distance
du laboratoire, ils doivent être assei grands pour contenir
tout le suc exprimé ( amené à Téfat de vesou^ portant 34 k
a6 degrés à Fai'éomètre) que peut fournir le moulin en ^îngt*
quatre heures. Us doivent être faits en maçonneiie , doublés
en plomb et recouverts de plusieurs caisses dont le fond soit
formé d*une claie d'osier. Sur ce fond , ou dis|>o6e plusieurs
filtres L'un sur Tautre, d'abord une laine, puu une toile et
un tamis de laiton. Deux canaux en plomb établissent uno
communication entre ces bassins et le laboratoire. L'un porte
le vesouévapoi'é, dans un chaudron placé au pied de cnaque
"bassin , d'où un nègre le verse sur. les filtres ; l'autre , dont
l'ouverture au ibnd du bassin est fermée par une soupape >
rapporte le vesou fiUré et décauté à la chaudière à cuire.
Les deux bassinn qui reçoivent immédiatement le suc de
canne venant du moulin, sont placés en dehors de la suci-erie.
ils doivent contenir chacun 5ooo livres au moius de suc. On
les remplit à une mesure fixe toujours égale ; on fait passer
celle charge dans la première chaudière à déféquer ; on pèse
avec une balance hydrostatique (1) la quantité de chaux né-
cessaire à la séparation des fécules; on l'étei^d ; on agite 1»
charge avec une cuiller pendant une minute ou deux ; pui»
on la transvase en entier» dans la chaudière a cuire. Après-
avoir rempli toutes les chaudières d'une charge ainsi lessivée >
on commence à chauffer..
Les chaudières reçoivent un desré de chaleur relatif à leur
proximilé du foyer proprement dit. Le sue de la chaudière à
ouii^ est.le premier dont les fécules se séparent L'action de
la chaleur se porte successivemeut sur les cîmiulières suivantes..
Les premières et secondes Seules sont enlevées» Tant qu»
(1) Elle a été inventée par un An&laîa , et introduite à Saînt-Bo-
mjngue en 1787 ou 88. Elle sert à faire cnnnoitre la quantité de fé-
rules qui existent dans le suc efprimé^ st le rippoft de la chauXnâr
cessait e pour 1« réparer.
Ç A N 5^5
l'èvaporation se fait , on écame toujours , et on ajoute . à
chaque charge, si cela est nécessaire^ soit de la chaux en sub-
stance, soitime lessive de chaux ou d'alcali.
Ijorsque le vesou de la chaudière à cuire porte 2a à 34 de-
grés de l'aréomètre, on suspend le feu, et on fait passer ce ve-
jsou dans le chaudron placé au pied du bassin à décanter,
qu'on veut remplir. La chaudière à cuire est remplie de nou-
veau avec la charge entière de la chaudière à évaporer; celle-
ci est remplie avec la charge de la chaudière précédente ; il
en est de même des deux autres. A mesure que le vesou ar-
rive dans le chaudron , il est versé sur les filtres. On continue
ainsi jusqu'à ce que le bassin à décanter soit rempli. On doit
disposer la marche du travail de telle manière que le premier
bassin à décanter se trouve plein vers les six ou huit heures
du soir. Alors le vesou évaporé toujours au même degré , est
porté de la même manière dans le second bassin, par le ca-
nal qui lui répond. On poursuit ce travail pendant la nuit.
Vers les cinq ou six heures du matin , on éteint le feu ; on
vide la chaudière à cuire , et après l'avoir bien lavée , on y fait
passer le vesou qui a été filtré dans le bassin et qui a déposé ,
pendant huit ou dix heures de repos , les matières féculentes
eC terreuses qui , par leur extrême finesse , ont pu échapper
aux filtres.
La chaudière à cuire , chargée d'une quantité de vesou
convenable pour faire une cuite , on s'assure si la dcfécatioa
eat bien faite (1) ; on remédie au défaut ou à l'excès de lessive ;
on cuit cette charge, et successivement tout le 'produit du
bassin à décanter.
Pendant celle opération , on continue d'écumer et d'éva-
porer dans lès trois chaudières précédentes ; et, à mesure que
le vesou de la chaudière à évaporer, arrive au point d'évapo-
lation déterminé , on le fait couler de celte chaudière dans le
second bassin à décanter , jusqu'au moment où tout le pro-
duit du premier se trouve cuit, ce qui doit arriver sur les six
ou huit heures du soir. A ce moment on |)asse la charge de la
chaudière à évaporer dans celle à cuire , qui* alors sert à' éva-
porer. On remplit de nouveau le premier bassin. Le second
est abandonné au repos pendant la nuit, et le matin à cinq
heures , on procède à la cuite du vesou de ce bassin , ainsi
de chaux filtrée. Si , après une ou deux minutes , on n'apperçoit au-
can corps solide nager dans la liqueur , et que le Tesou soie de bonne
qualité I on peut être assuré que U défécation est complète^ •
■7S . . ^ A '^ .
qu'on a fait la Teille pour celui du premier. Une fois ce tAvail
établi ^ on le continue en suivant toujours lalternative.
Les avantages qu'il présente sont évidens. i^. Chaaue charge
passe, sans être confondue, d'une chaudière dans 1 autre, ou
elle reçoit successivement le degré de chaleur qui convient k
ïa marche de la défécation et de Té^^aporation. a®. On peut i-é*
gler la lessive sur chaque charge , et suivre les signes que pré-
sentent les écumes et les bulles de vesou en ébuUition. 3^. Dana
la fîltration et la décantation , toutes les matières solides qui
ont échappé à l'écuinoire , sont enlevées avec lé plus grand
auccès. 4 . ^ défécation et Tévaporation commencent pres->
qu'en même temps, et vont ensemble jusqu'aux bassins a dé-
canter. 5**. Avec les chaudières de cuivre , on est le maître de
graduer l'action de la chaleur et de régler l'évaporation jus-
qu'au degré convenable (i). La marche des cnaudières de
fer , bien loin d'avoir aucun'^de ces avantages , a Ioua les vices
opposés. ,
Delà Cuiu. Quand on commence à cuire le vesou, il est dé-
pouillé de toutes les matières solides , et on est à temps de re-
médier à l'excès ou au défaut de lessive. On cuit d'ailleurs en
somme et pendant le iour ; ainsi le raffineur peut donner ses
soins à toutes les cuites , sans être obligé de passer une partie
de la nuit dans la sucrerie.
Le but (}u'on doit se proposer , en cuisant le vesou-sirop ,
est d'en cxtraLi*e , dans le meilleur état possible, la plus grande
quantité de sel essentiel. La cu/te n'est autre chose que l'action
de la chaleur sur l'eau de dissolution du sucre. Les rafineurs
d'Amérique et d'Europe n'en ont jamais eu qu'une idée très-
imparfaite. Pour «'assurer du degré de cuite , ils se bornent à
des épœuves particulières et vagues qui marquent la routine
de l'art. Il con^-ient cependant, et il est bien plus sûr, de ré-
elcr cette opération sur les principes de la chimie. C'est ce que
fait Dutrône.
(c II faut , dit-il , à une température de a a degrés, trois par-
ités d'eau et cinq de sucre , pour satisfaire l'affinité réciproque
de ces deux étrei , dont le produit fluide au point de saturation ,
(i) On A*assare de ce degré , au moyen d'un aréomètre formé d'une
boule do cuivre de deuv k trois poucei de diamètre , portant un tuba
de six à huit pouces de hauteur. On charge cet aréomètre avec du
Ïlomb en crainâ« de manière qu'au degré 74 de l'aréomètre da
lanmé , la boule « plongée dans le fluide, se trouve couverte in^qu'è
)a naitsance du tube. Voyez dans l'ouvrage de Dutrône. pag. 91 » U
table qu'il donne pour coonoître k chaque instant la rapiaicé de l'éva-
poration. Cette table doit servir à tu régler la nurche 1 tn suÎTaat Ua
divers degrés aveo l'tréomètrf*
C A N 277
est nommé Btrop. L'action de la chaleur appliquée à ce
fluide , doit nécessairement commencer et finir à un degré du
tiiermomètre toujours fixe. L'expérience a prouvé que le pre-
mier terme de celte action commen^oit à 85 degrés, thermo-
mètre de Réaumur , et que le dernier fînissoit à 1 10. On peut
donc établir entre ces deux termes , réchelle suivante , qui , à
chaque degré j annonce par la somme du sucre passé à l'état
«olicle après la cuite , la proportion d'eau que la chaleur a en-
levée dans cette opération. Or, si on porte sur un quintal de
sucre dissous et mis dans l'état de sirop par 60 livres d'eau ^
l'action de la chaleur à un degré déterminé ( 88 livres , par
exemple) '^ ,on obtient une somme de sucre déterminée , qui ^
une fois connue ( bâ livres ) , fait nécessairement connoitre la
proportion d'eau ( 3i hvres 3 onces 2 gros ) qui a été enlevée ,
ei celle ( 38 livres 1 a onces 6 gros ) qui reste encore combinée
dans l'état de sirop, k l'autre portion de sucre .( 48 livres).
Voyez la taUe qui suit.
» Quoiqu'il se trouve dans l'eau de dissolution que porte le
vesou-sirop, des matières solubles qui ne sont pas sel essen-
tiel , l'eau néanmoins est unie à ce sel dans une proportion
relative. et déterminée. Le thermomètre doit donc être em-
ployé pour en fixer la cuite , dont le produit solide est toujours
relatif à la proportion d'eau que la chaleur a enlevée à chaque
degré de cet instrument.
» L'usage du thermomètre dans la cuite , bien loin d'exclui*e
la preuve du doigt, qui est très commode , sert au conti*aire à
l'éclairer et à en rendre la pratique moins, équivoque. Il
<lonne au ralEneur des termes fixes et de rapport sur lesquels
il peut se régler avec ràreté d.
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C A N
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C A N S79
XTV. MéxMODR jiovrjSLJLM propcêée et mîse en usagfi
par Dutrône ^ pour la purgatiodi et la crUtalUéation du
sucre.
<c Loi'Mu'on laisse , dit-il , au sucre qu'on fait cristalliser
«ne grande proporlion d eau , il forme de très-gros cristaux
bien réguliers; dans cet état, il porte le nom de sucre candi.
On sait que les sels sont d'autant plus purs et plus parfaits ,
que la forme sous laquelle ils se présentent approche davan-
tage de celle que la nature leur a assignée. Le sucre candi est
donc dans Tetat le plus parfait qu'on puisse desii^r , et le»
moyens qu'il convient d'employer pour exti-aire le sel essenti^
de la canne , doivent donc être fondés sur ce principe de
chimie , cristalliaer à grande eau , établi pour tous les sels qui
cristallisent par refroidissement. C'est d'après ce principe
qu*on doit établir la cuite du vesou sirop , et donner aux
vases dai\s lesquels on fait cristalliser le sucre , la forme et la
contenance les plus favorables pour sa cristallisation et sa
purgalion ».
Dutrône propose , pour cet effet , de substitua* aux cônes
de terre cuite des caisses de bois, faites avec des planches d'un
pouce d'épaisseur , et doublées en plomb lamine très-mince ;
elles doivent avoir cinq pieds de long sur trois de large ; leur
fond est composé de deux plans inclinés de six pouces, dont
la réunion forme une gouttière percée de douze à quinze
trous d'un pouce de diamètre , pour l'écoulement des sirops :
leur profondeur est de neuf pouces sur les côtés ; elle va en
•augmentant vers la gouttière , où elle, a quinze pouces. Ce
chimiste s'est an-été à cette dimension , parce que l'expérience
lui a démonti-é que la somme de matière qui réunissoit le
plus grand nombre de circonstances favorables pour la cri»-
lallisation du sucre > étoit de quinze à seize pieds cubes.
Ces vaisseaux , appelés cristaUiêoire^caiases , sont destinés
a recevoir , les uns le vesou-sirop ou sucre de canne , les autres
les premiers, seconds on troisièmes sirops cuits. Ils sont établis
«ur des traverses fixes, à huit ou dix pouces du sol, et au-
dessus de gouttières qui se terminent à des bassins. Chaque
espèce de cristaUisoir a sa gouttière et son bassin particitliers;
de cette manière les produits en sucre et les sirops ne se con-
fondent point
ce On nxe la cuite du vesounârop au thermomètre ; le degré
qui convient pour obtenir, dans la plus grande proportion ,
le sel essentiel cristallisé en caisses sous la forme la plus belle
el la plus régulière^ est 87 x ^ 88. Lorsqu'on s'est assuré de ce
rfo . C A N
degré , on ételht le feu ; on vide le produit de la chandière à
cuire dans le rafraîchùaoir, qni fait partie du laboratoire;
de-là on le porte tout de suite dans une caisse ^ dont on a eu
soin de boucher les trous avec des cbevilles de bois, garnies
de paille de maïs.
» Les caisses font fonction de second rafiraicbissoir; on les
emplit de deux cuites qu'on mêle ensembles Au bout de vingt-
quatre heures, on imprime à la masse, fluide encore , un léger
inouvement avec un mouveron (i) ,en ayant soin d élever vers
la surface le sel essentiel , qui s'est déjà déposé au fond. Après
celte opération , la cristallisation a lieu simultanément dans
toute l'étendue de la caisse ; en cinq ou six heures , elle de-
vient générale et égale. Quatre à cinq jours après , la masse
totale étaut refroidie , on tire les chevilles ; alors la purgation
se fait très-promptement : elle est complète au bout de six à
huit jours.
» Le sel essentiel bien purgé de son sirop, est légèrement
humide; maîs^ pour peu qu'il soit exposé a l'air, U devient
parfaitement sec. Dans cet état , il peut être mis en barrique,
où on doit le piler fortement comme les sucres terrés.
» £n cuisant le vesou-sirop à quatre-vingt-huit degrés , on
obtient moitié et même plus de la quantité de sel essentiel
qu'il porte ; et si la défécation et la cnstallisation ont été bien
entendues, ce sel est alors dans le plus haut degré de pureté
et de beauté qu'il puisse acquérir en brut ».
Si on vent terrer le sel essentiel provenant du vesou-sirop,
purifié de la manière que nous venons d'exposer ^ on se sert
«Ion, pour le mettre à cristalliser, ou des caisses décrites ci-
dessus » ou de formes. Lorsqu'on se sert de caisses, il faut
augmenter le degré de cuite et le porter de 88 à 90. Si l'on
fait usage de formes, on les dispose comme dans la méthode
ordinaire ; mais elles ne peuvent être employées' que lorsque
le vesou-sirop est de bonne qualité , attendu le degré de cuito
que leur contenance et leur forme conique exigent , degré
qu'il faut élever de 90 à 99, et que les vesou-sirops de mé-
diocre et de mauvaise qualité ne peuvent supporter. Dans ce
cas , il faut nécessairement avoir recouiv aux caisses, ainsi que
pour la cristallisation du sel essentiel qu'on veut extraire de
toutes sortes de sirops.
« On procède , dans la purgation des pains de sucre , dans
la préparation qu'il convient de leur donner pour le teiTage >
et dans cette dernière opération, de la manière qui a été dé-
rrile paragr. Xi.
(i) SptHil« dt bois.
C A N aff,
y> On doit observer ici que le vesou ayant été complètement
dépouillé de toute matièi*e solide » il ne se présente dans la
cristallisation , la purgation , le terrage et Tétuvage du sel
essentiel, aucunes dimcullés (1)9 et qu'après avoir subi ces
diverses opérations , ce sel est parfaitement pur, et aussi blanc
qu'on puisse le désirer ».
XV. CjtNNEg A avens du Tonquin et de la Cochinchine,
d'Egypie, de Baiavia et d*OtahitL
"Nous avons dit que la canne à sucre étoit originaire de la
presqu'ile au-delà du Gange. On cultive ce roseau à la Chine
et dans toutes les provinces méridionales du Tonquin et de la
Cocbinchine. Le sucre candi ne s y vend aux Européens que
quatre sous la livre , c'est-à-dire que les naturels du paya
l'achètent à meilleur marché. Le peuple mange beaucoup de
ces cannes ; et il est surprenant que l'usage de ce fruit , qui
est nuisible à bt santé dans nos colonies, ne cause , à la Cochin-
chine, aucune maladie.
On trouve et on cultive au Tonquin deux sortes de cannée;
l'une, très-grosse et très-haute , qui a les nœuds fort éloignés,
une couleur toujours verte et une grande abondance de sucre ;
l'autre plus mince , plus petite , et dont les nœuds sont plus
serrés. Lorsque celle-ci mûrit , elle prend une couleur jaune ;
elle contient moins d'eau que la première , mais elle est plu^
chargée de sel.
Les Tonquinois multiplient la canne de boutures , qui sont
enfoncées à dix-huit pouces en terre , et plantées en échi-*
quier à six pieds de distance les unes des autres. On choisit ,
pour cette opération , la fin de la saison des pluies. Douze ou
quinze mois après la plantation , on coupe les cannes ; et
quand leur »uc est exprimé , on la fait bouillir quelques
heures , pour faire évaporer une partie de son eau ; puis on
le transporte au marché le plus voisin, pour le vendre en.
cet état. Ici unissent l'industrie et les profits du cultivateur
tonquinois. ,
Des marchands achètent ce sucre on plutôt ce jus sucré*
fi) Datrôue a fait construire, pour étuver le sucre extrait et terr^
flelen sa méthode/ une étuve imitant à-peuprès une serre chaude- Le
aucre y rrçoît Tactioù (tu soleil ; ce qui dispense de le mettre sur le
S lacis. Cette étuve est échauffée pendant le jour par le soleil ; pen-
ant la nuit, nn très-petit feu sumt pour la soutenir k la température
convenable , qui est de 36 à 4o degrés- Cette manière d'étuver e&t pltia
vupédittve, moins dispendieuse , et donne ait sucre un œil plus brit**
lant et plus blanc
a8, C A N
Ils le font cuire de nouveau, et jettent dans les chaudières
quelques madères alcalines, telles que la cendre des feuilles
ae musa, et de la chaux de coquillage. Ces ingrédiens oeca-
fiionnent une écume considérable , que le raffineur enlève*
L'action des alcalis hâte la séparation du sel d'avec Teau*
Enfin , À force d'ébullitions, on réduit le suc de la canne en
consistance de sirop ; et dès que ce sirop commence à perler,
on le décante dans un grand vaisseau de terre ; on le laisse se
rafraîchir environ une heiu'e; bientôt il se couvre dune
petite croûte molle, de couleur jaunâtre; on le vide alors dans
un vase conique , et quand il a pris consistance de sel , on le
terre pour le blanchir et le purifier.
On voit par oet exposé ( /isex les Lettrée édifiantee , &c. ) ,
que la méthode des Tonquinois, dans la culture de la canne
et dans l'extraction du sucre , a beaucoup de rapport avec
celle que nous suivons dans les Antilles.
£n £gypte , cette culture est assez considérable. On j plante
la canne , appelée par les Egyptiens kaesabmae , non-seule-
ment pour l'usage du pays , mais encore pour exporter le
sucre raffiné dans la Turquie , et quelquefois en Moscovadb
( Vo^ez ce mot. ) , à Livourne et Venise. Tout ce qu'on en
cultive aux environs des villes, se mange, les cannes encore
vertes; les marcliésen sont remplis depuis novembre jusqu'en
mars ;: on y en trouve même pendant toute l'année^ Les
pauvres gens font un usage général du sirop , dans lequel ils
trempent leur pain , comme les gens riches trempent le leur
dans le mieL Dans la Haute-Egypte, les habitans coupent les
cannes par morceaux de trois pouces de longueur, et après
les avoir fendu», ils les font macérer dans l'eau , ce qui leur
prodUre une boisson agréable.
Les plantations des cannes se renouvellent tous les ans dans
cette contrée. Elles exigent des levées et des fossés. Le sol qui
y est le plus propre à ce roseau , est à-peu-près noir , et formé
par les dépôts cfu Nil. On plante les cannes à la mi-mara ,
après trois labours. Leurs som miles choisies, sont étendues»
dans des rigoles faites avec la charrue , peu profondes et peu
distantes les unes des autres. Chaque n»ua pousse sa tige ,
qui s'élève, dans le Saïdy^ de neuf 4 dix pieds, tandis qu'aux
environs du Caire à peine les cannes parviennent -elles à six
ineds. Dans le Saïdy, où s'en fait la plus |p:ande culture, on
es récolte ordinairement à la fin de févner.
Il a été parlé , au commencement de cet article , des deux
espèces de cannes qui croissent à Batavia , dont l'une ( la rouge
ou vioUue) préfère les terres vieilles et un peu sèches , et lautni
( la verte ) se plaît dans les terre îiis neufâ et humides.
C A N ^ 2?5
ce Dans ce pays , cli( l'auteur d'un mémoire inséré par extrait
j> dans la Feuille clu Cultivateur , tome 7 , un propriétaire
]> riche divise en ffénéral ses plantations en trois cents arpens;
9 sur chaque dinsion il fait construire des bâtimens soUdes.
2> Il loue ensuite chacune de ces divisions à des Chinois qui les
3» habitent sous le titre de fermiers , et les sous-afferment à des
9» personnes libres, par parties de cinquante arpens , sous la
2) condition de les planter en cannes à sucre , et sous la rede-
» yance de tant par chaque pécule (1) de sucre de produit.
» Le principal fermier fait ensuite venir, pour la récolte,
D des ouvriers des villages qui avoisinent sa ferme. Aux uns
y» il confie la coupe des cannes et leur transport au moulin ;
j> les autres sont chai*gés de faire bouillir le jus qui en pro-
D vient ; les troisièmes Tenduisent d'argile pour le purifier, &c.
>i Ces difierens ouvriers sont payés à tant par pécule. Chaque
» fermier ne fait que les dépenses indispensables. La récolte
p finie, les ouvriers qui y ont été employés, s'en retournent
7> chez eux pour sept mois , et il ne reste sur le terrein que
9 les sou»-fermiers ou planteurs , qui le préparent pour la
» récolte prochaine. L ouvrage ainsi divisé , est mieux fiiit
» et à meilleur marché. Le sucre terré n'est vendu que douze
9 livres la pécule , un peu plus de sept liards la livre. Le prix
3> commun d'une journée est de 18 à ao sous.
Tfi II n'y a aucune distillation sur les plantations à sucre ; les
» écumes et les mêlasses sont vendues au marché, où un dis*
s tiUateuf peut acheter le produit pour la distillation de cent
D plantations ou de trente mille arpens. Le rhum vaut à Ba<-
j> tavia 4 sous le gallon (3).
39 Tandis qu'aux Antilles la houe est presque le seul uslen«*
p sile connu pour cultiver la canne à sucre y on se sert à Ba-*
» tavia, avec un grand succès, d'une charrue légère , traînée
2> par un seul buffle , après laquelle on fait passer un cylindre.
]> Une personne, avec deux paniers suspendus à chacun des
9 bouts d'un bâton porté sur l'épaule d'une autre personne,
9 fait tomber alternativement de chaque panier un plançon
9 de canne dans des trous faits exprès, et à la même distance
11 que se trouvent les denx paniers : la même personne pousse
» avec son pied de la terre pour couvi*ir le plant.
30 On prend autant de soin a Batavia à réduire la canne en
]> sucre qu'à la cultiver. L'évaporation étant en proportion
9 de la surface des vases, les bouilloires ont la plus grande
» surface possible. Le jus des cannes est d'abord tempéré et
— - — - I ,1
(i) La pi^rulé pèse cent trento-troîs livres et demie.
(a) Le gallon contient quatre pintes de Paris.
7> bouilli k consûtance de sirop ; il est versé ensuite dans des
y> cuves et arrosé avec de Teau^ pour précîpiler les mauvaises
3> parties. Après six heures de repos , on le rai t couler par trois
3» trous faits à différentes hauteurs ; d'abord par le premier
2> trou , dans une bouilloire de cuivre placée sur le feu , où le
)» suc est encore tempéré une fois^ et réduit en sucre avec un
3D feu modéré. Il se met en grain ; l'ouvrier ^ au moyen d'une
V épreuve , juge quand il est suffisamment bouilli, lies cuves
D dont il a été fait mention^ sont toutes placées à la gauche
j) des bouilloires en cuivre. Après y avoir fait couler tout ce
9) «|ui est clair par le premier trou, on passe le reste. Ce qui
3> se trouve clan* , tiré par le second trou , est jeté dans la bouil-
» loire; le reste, on les lies, tiré par le troisième trou , est
j> destiné à la distillation : on enduit ensuite le sucre d'argile ,
» dans l'Orient comme dans l'Occident x».
Par ce qui vient d'être dit sur le mode de culture de la
canne en usage à Batavia, on voit combien la culture de la
même plante est encore imparfaite dans nos colonies. Il est
évident que la houe est un instrument trop léger pour ouvrir
facilement une terre endurcie et desséchée pai* le soleil ,
qu'elle emploie un trop grand nombre d'ouvriers , qu'elle les
fatigue , et que l'inégahté de leur forcp et leur plus ou moins
de bonne volonté , jointes k l'imperfection de l'instrument ,
doivent amener souvent de mauvais résultats. Il seroit donc
essentiel, pour k prospérité des plantations aux Indes Occi-
dentales, qu'on y préférât la charrue à la houe ; qu'on donnât
plus de travail aux animaux, et beaucoup moins aux hommes:
que des machines suppléassent quelquefois à ceux-ci : qu'on
employât une pljis grande partie des terreins en pâturages oa
•n prairies artificielles : qu'on établît, pai^tout ot\ il seroit
possible , de petits canaux , soit pour transport , soit pour
irrigation ; qu'on adoptât , pour les arrosemens des cannes ou
d'autres plantes , la nouvelle découverte de Montgolfier et
Argan , qui , dans un courant d'eau quelconque, peut donner
les moyens d'en enlever, à trente-trois pieds de hauteur, an
moins la cinquième partie. Il y auroit encore beaucoup
d'autres changemens et beaucoup d'améliorations à intro*
c(|Uire dans les étabUssemens agricoles de ces heureuses con*
trées; mais on ne peut en faire mention dans cet article^
déjà trop long pour un dictionnaire.
C'est Cossigny qui , le premier, a multiplié sur sa terre, à
rile de France , Wcanns de JBatavia , dont il avolt reçu dea
plants dès 1 78a. U en a fait passer dans nos iles de l'Amé-
rique , notamment à la Guadeloupe. Martin , botaniste à
Cayenne, a propage aussi ^ dans cette dcrnicrr coloniq^ 1»
C A N «85
tanne ronge et verte de Batavia. La ronge ou violetle , selon
Moreau de Saint-Méry ( i®** vol. des Mémoires de la société
iTagriciUi. de Paris, ), donne un sixième de sucre de plus y
et mûrit trois mois plutôt que celle de Saint-Domingue ; mais
le sucre en est médiocre , et garde une teinte^ violette. Le
contraire est affirmé par d'autres, qui prétendent que le
sucre de la même canne n'a point cette teinte foncée^ quand
il est bien fabriqué et la canne bien cultivée.
Une espèce particulière de canne à sucre , très-belle et plu»
hâtive que la nôtre , a été trouvée à Otahiti ( i ) , où elle croît
spontanément. Y est-elle indigène^ ou y a-t-elle été apportée
ou continent ou des îles de l'Amérique ? c'est cequ'on ignore. -
Les Anglais Font transportée à Antigoa , une des petites An-
tilles. £lle s'y est naturalisée avec un grand succès. De ce pays ,
elle a été envoyée par ordre du gouvernement britannique
dans d'autres colonies anglaises , notamment à la Jamaïque.
Cette espèce, dit-on, réussit dans des terres médiocres, et
dans des temps contraires à la canne de nos îles; elle est mûre
souvent à neuf mois, toujours à un an. Outre sa précocité ,
on vante encore beaucoup sa bonne constitution et ses pro -
duits. S'il faut ejn croire Lachenaie, elle a des fibres plus
ligneuses que la canne des Antilles, elle pèse beaucoup plus,
donne un cinquième de vin de canne de plus , et à quantité •
de jus égale, fournit un sixième de sucre de plus; de manière
que son produit est au produit de l'autre comme <io est à 3o ,
et un peu plus. Son grand avantage, selon le même natura-
liste , est de donner quatre récoltes , quand la canne des An-
tilles n'en donne que trois : mais elle épuise plus la terre. Elle '
a moins de parties extractives, moins de fécule et moins de
principe colorant ; et son gluten , qui n'est qu'en petite pro-
portion, rend le sucre plus facile à faire et plus beau. De sa
cristallisation plus régulière résultent de grands vides entre les
cristaux , d'où il a une légèreté spécifique plus grande. Ainsi,'
il porte plus d'encombrement, et donne, par conséquent,
plus de fret. lies procédés pour l'extraire sont les mêmes que
ceux déjà connus.
La canne d'Otahiti n'existe encore que dans une de nosco*
lonies , la Guadeloupe ( 3 ) , et se trouve pourtant dans toutes
les îles anglaises, et même à la Trinité, île ci-devant espa-
gnole , où un Français l'a introduite. Elle a été cultivée à la
Martinique : si l'éloge qu'on en fait est mérité et appuyé pai^'
(i) Ile aîtti^e an milieu de la mer du Sud.
(3) Il est possible qu'on ait oé^ligé de Ty cultlrer pendant4a r^
volution.
3
s86 C A N
dea expériences suivies^ son inlroduction, en ce moment;
dans nie de Saint-Domingue , seroit un bienfait pour cette
colonie. On peut en dire autant de la canne de Batavia.
XVI. AcciDBNs ST M^L^DiBs ouxqueU les Cannes sont
sujstUs. Ennemis qu'elles ont à redouter.
La canne à sucre, pour végéter convenablement et d'un*
manière qui soit profitable à celui qui la cultive, exige un
certain ordre de saisons, et un état de Tair tellement modifié^
u'elle puisse éprouver alternativement la chaleur et Thumi-
ilé dont elle a besoin aux diverses époques de sa croissance.
Une sécheresse trop loiig-temps prolongée l'épuisé ou s'op-
pose à son développement. J'ai vu souvent des cannes de huit
à dix mois auxq uelles on n'en auroit pas donné cinq, tant
l'ardeur du soleil les avoit desséchées et tenues rabougries.
Li'excès d'humidité est également contraire à ce roseau; il
détruit sa texluve, et nuit a l'élaboration et concentration de
fif» sucs. Quelques intervalles de pluie entre de plus grands
intervalles de chaleur, voilà ce am rend cette plante vigou-*
reuse, et en même temps remplie de sucre. Quelquefois de
fortes pluies, qui succèdent à une longue sécheresse, dèeu^
crent pour ainsi dire les cannes ^ la sève , trouvant les vais-
seaux oblitérés , ne peut plus le» enfiler. Dans un terrein
argileux et plat, les grandes ploies, dont l'eau séjourne^
noyent les racines et les pourrissent.
La canne redoute les vents , le feu , la rouille , et plusieurs
sortes d'animaux.
Les vents violens qui régnent à certaines époques de l'an-
née , et particulièrement vers novembre et décembi^ , r^i •
versent aux Antilles beaucoup de cannes. Abattues et posant
sur un sol humide , elles pourrissent ou sont la proie de»
rais.
Le feu du ciel tombe quelquefois sur ces plantes ; mais il y
est mis plus souvent par Timprudence des noirs. On l'arréle
alors en lui faisant une part, et en coupant toutes les cannes
qui entourent de plus près celles qui brûlent £n passant au
moulin les cannes brûlées oui louchoient à leur maturité ,
on en relire encore un peu ae mauvais sucre ou du sirop.
La rouille est une maladie qui attaque les feuilles des
cannes, comme celles de beaucoup d'autres plantes; elles y
sont plus sujettes dans les terres grasses et humides , et dana
les années pluvieuses. On peut prévenir une partie de ses
effets (rn préparant la terre convenablement, en la diviaant >
en y mêlant du sable , des cendi^es ou du fumier non con^
C A N 587
•ominé^ et «or -tout en procurant de récoulement aux
eaux.
Les pucerons ralentissent la Tégélation de la canne , en
dévorant les feuilles; mais aux Antilles, ils tiennent rare--
ment contre les vents impétueux de la fin de Tannée.
• Il se forme ^ dans Tiniérieur des cannes , des ven qui dimi-
nuent Tabondance du sucre , et en altèrent la qualité. Celles
qui ont été plantées en octobre et novembre , lorsqu'elles
contiennent de ces vers, se gangrènent après la chute de la
flèche. Suivant M! deCaseaux, le préservatif seroit de planter
en mai et jaiu. Mais un ver particulier, ennemi des cannes
plantées à cette dernière époque, exige aussi la vigilance du
colon; c'est le i/er brûlant, ce £n se promenant, dit Pouppé
3» Desportes, le long d'une pièce qui commence à pousser ,
S) on voit quelques Uges sèches; si on les tii*e, elles viennent
3) à la main, et on troave quelquefois à l'extrémité un petit
3> ver , quelquefois on n'y trouve rien ; l'insecte , ou est resté
3» dans le planta ou bien, devenu papillon, il s'est échappé. On
3» doit ordinairement cet accident au peu d'attention qu'on a
» de choisir le plant. Les cannes, comme les fruits, sont su-
» jettes à être piquées. Si le plant qu'on met en terre est ver-
» moiilu , il n est pas surprenant que le ver en détruise peu
y> à peu l'intérieur en grandissant , s'y fraie un chemin vers
y> la partie la plus tendre, qui est celle de l'œilleton, et qu*y
V trouvant une issue quand il a subi ses métamorphoses , il
y> sorte par cet endroit aux dépens de la tige qui en seroit
3) pro venue ». ( Traité des Plantes usuelles (jfe Saint'-Do^
mingue. ) Cest sur-tout quand le liiois d'août est sec et coupé
par de petits grains de pluie , que ce ver parof t. On peut
5 ré venir ou diminuer le dégât qu'il fait, en saupoudrant
'un peu de chaux vive ou la plante ou la terre dont on la
chausse, soit au premier, soit au second sarclage.
Les rats aiment beaucoup la canne. Quelquefois ils se
içultiplient tellement au milieu de ses touifes nombreuses ,
qu'ils portent un grand préjudice au colon. Une canne par-
venue à sa maturité, et rongée par le bas, est une canne
perdue. Il n'y a qu'un seul moyen de détruire ces animaux ,
et il ne peut être mis en usage qu'après deux , trois ou quatre
récoltes , c'est-à-dire , lorsqu'on se propose- de replanter.
Alorson brâle les pailles de la pièce de cannes que l'on coupe ;
mais, avant d'y mettre la serpe, il faut prendre quelquoB me-
sures d'avance. On doit avoir attention d'entamer la pièce
par les quatre coins ou angles, et avancer en proportion
égale jusqu'au milieu, ou on laisse un bouquet asses coiuidé-
rable pour servir de retraite et de nouiTiture aux rats. On
388 C A N
met ensuite le feu aux quatre coins et autour de la piec«
dans un temps calme : de cette manière , ils sont surpris ejt
brûlés.
De tous les ennemis de la canne à sucre, il n'en est point
qui y dans ceilains temps ^ se soient montrés plns^redoutables
que les fourmis. Elles ont été , il y a une vingtaine d'années,
un fléau terrible pour la Martinique; ni les vents, ni les
pluies ne pouvoienl arrêter leurs ravages. Ces inseclei ne
s'altachoient pas au tronc de la canne, mais ils creusoient
sous la souche comme pour s'y loger ; ils dépouilloient ses
principales racines de la terre qui les environne; la plante ,
suspendue , se desséchoit, et cédoit, si on vouloit Tarracher ,
à des efforts peu considérables. On ne .«lauroit se faire une
idée du nombre incalculable et prodigieux de fom*mis qui
couvroient alors le sol de la Martinique. Quatre ans après
leui- introduction , on n'auroit pas trouvé dans cette île un
pie^ carré de superficie sur lequel on n'en eût compté plus
de cent , indépendamment de celles qui travaiUoient sous
terre. Elles se portôient par-tout, et traversoient même les
ruisseaux et les petites rivières sur des ponts volans de foui'mis
mortes. On a tenté alors inutilement tous les moyens possibles
pour les détruire. Iu&b pièces de cannes fourmillées éloient
brûlées après la récolte, et labourées en tous sens; mais ces
insectes, plus forts que les cultivateurs, mettoient en défaut
toute leur industrie. On promit une somme de deux millions
à celui qui réussirait à en purger la colonie, et personne, ni
en Amérique, ni en Europe, ne mérita cette récompense.
Enfin , toutes les {plantations de la Martinique éloient me-
nacées d'une ruine totale , si la nature ne fût venue au secours
de l'homme. Heureusement une branche d'ouragan fit dis-
paraître entièrement et tout-à«coup ces fourmis, on ne sait
comment.
XVII. Produits de la Canne à sucre.
Les produits de la canne sont immenses et d'une srande
ricbesne. Sa culture a pour objet principal, rextraclion du
sucre qui est plus abondant dans cette plante que dans touto
autre. F'oyez au mot Sucms, l'analyse de cette substance vé<*
gétale , ainsi que ses propriétés et se^ divers usages.
Indépendamment du sucre, les cannes fournissent à-peu«
près un douzième de sirop.
On dislingue les^os sirops, les sirops fins, les sirops &d~
't€urds et les sirops amers.
Lie gros sirop est celui qui sort immédiatement du sucre de
cannts avant le tcrrage. Celui qui s écoule après les terrago sa
C A N 28»
nomme sirop fin. On appelle sirops bâtards, ceux qui pro*
viennent des sirops mêmes , c'est-à-dire , du sucre qii*on a
formé des sirops^ après qu'on l'a couvert de terre. £nfin , les
sirops caners sont ceux qui résultent de la cuite et purifîca- ' «^ jjj
tion des gi*os sirops ; ils sont vendus ou portés à la rhum*
mené , pour y fermenter et être distillés comme les mêlasses.
On cuit les autres sirops pour en faire du sucre. Celui qu'on
obtient des sirops bâtards porte le nom de vergeoise.
On retire du sucre , ou plutôt des sirops amers et des mê-
lasses^ une espèce d'eau-de-vie appelée Mi^n» chez les Anglais^
et tafia dans nos colonies. Cette liqueur ,est très-recherchée
el très-répandue daus le commerce. Lès bâtimens particuliers
destinés à sa distillation se nomment rhummeries ou guildives^
On étend les sirops dans l'eau, en telle proportion, qu'ils
portent onze à douze degrés à l'aréomètre. Dans cet état , ils.
prennent le nom de râpes. Quand ils ont fermenté^ on les
met dans un alambic pour être distillés. Le produit qu'on en
obtient est du rhum et du tafia , suivant la qualité du siro^uet i
les circonstances qui ont accompagné la fermentation et la ' "^
distillation des râpes. On trouvera dans ceJ^clionnawe , au
mot RfiuM , plus de détails sur sa préparatiffià , avec un ex» •*
posé succinct des procédés employés par les Anglais de la
Jamaïque, pour composer cette liqueut, dont on fait dans^i^ ^
toute l'Europe , et sur-tout en Angleterre , une si grande con*
sommation.
On peut encore obtenir une autre sorte d'éau - de - vie ^^
avec le suc même de la canne, ou en composer un vin très-
agréable. Voyez le paragraphe suivant.
Le propriétaire d'une sucrerie trouve dans la canne beau-
coup de ressources , pour la facile exploitation de son bien.
Elle donne à-la-fois le plant qui sert à la multiplier , la paille f
ou le fumier qui fertilise la terre où elle croît > et du chaufiage
pour les fourneaux de la sucrerie et pour l'étuve. Avec ses
sommités desséchées , on couvre les cases des nègres, et quel-
quefois celle du maître. Quand les têtes à cannes sont vertes,
on les donne aux mulets et aux boeufs, qui en sont très-
friands. On les nourrit aussi pendant la roulaison (1) , avec
de la bagasse hachée que l'on trempe dans les écumes retirées
des chaudières, ou dans du mauvais sirop. Quoique ces ani-
Bianx soient alors surchargés de travail, ils engraissent pour-
(1) On donne 1q nom de roulaison à Tensemble de tous les tnrauz
qo'eziisent tant la récolte et l'expression de la canne, que la £ft6rics-
tion do sucre. Ces traraus se font tout en même temps.
ï
ago C A N
tanl à vue d*oe3, tant cette nouiiîture est saine et subslan**
tielle.
On a souvent calculé quel pouvolt être le produit net en
argent d'un établissement planté en carmes^ auquel il ue
manque ni bras^ ni ustensiles , ni bâtimens. Suivant Raynal,
sur une sucrerie ainsi établie et placée dans un bon sol^ deux
liommes peuvent exploiter un can*é de cannes , c'est-à-dire ,
environ |trois arpens. (c Ce carré , dit-il , doit donner com*
a> n^unément soixante quintaux de sucre brut. Le prix moyen
» du quintal , rendu en Europe , sera de 20 livres tournois,
» déduction de tous frais. Vodà donc un revenu de 600 liv.
» pour le travail de chaque homme. 1 20 livres auxquelles on
» joindra le prix des sirops et des tafias^ suffiront aux dépenses
)> d'exploitation. Le produit net d'un arpent et demi sera donc
3» de 480 Hyres. On trouveroit difficilement une culture plut
» avantageuse ».
Le calcul de Raynal approche beaucoup de la vérité. Une
)iiJl||tation établie en sucrerie et dans un bon fonds, doit pro-
diiire^nnée commune, de huit à dix pour cent Ainsi, celle,
|>ar épnnple, qui, avec tous ses accessoires, est estimée i5 i
1 ,600^000 livi\, argent des cobnies, donnera à ses propriétaires
5o|000 écus de rente, qui représentent 100,000 uv. tournois.
Les habitations dont le sol est médiocre rendent beaucoup
pioins.
XYIII. yiS BT x^u-DM-ris gu*on peut retirer du eue
même de la Canne.
Des cannée, dit Dutrône , coupées et abandonnées k eU
mêmes pendant huit à dix jours , prennent après ce temps,
T fl%» une odeur de pomme foiie. Si on les exprime, la fermenta-
^ f tion spiritueuse, qui est déjà très-avancée, se continue dans
leur suc exprimé, et on en retire un \4n parfaitement ana-
logue au cidre.
Si la canne est abandonnée quelques jours de plus, Todenr
et la saveur de pommes disparoissent , ou au moins diminuent
considérablement Le suc qu'elle donne alors est très-vineux ;
la fermentation spiritueuse s'achève bientôt, et on obtient un
. vin très-analogue au vin blanc de raisin.
Ck)mme les noeuds de la canne à sucre ne mûiissent que
successivement, il est à propos de la partager en plusieurs
^ tronçons , et de les mettre à fermenter séparément.
Le moût de canne mis dans des tonneaux continue à fei^
menter comme les sucs des poires , pommes , &c. Les matière*
féculentes se sépai'ent; une partie se précipite, l'autre est
1
C A N ^t
chaasée au-dehors , sous la forme d'une écume mouaseuiîe.
Une portion du suc est aussi rejetéjb ^ et il se fait un vide qu'il
faut remplir une ou deux fois par jour ^ soit avec de Teau su-
crée y soit avec du sable bien lavé.
Après plusieurs jours ^ la fermentation étant arrivée au
point convenable^ on pei*ce le tonneau à quatre ou cinq
pouces au-dessus du fond ; et si le vin est clair , il convient de
le soutirer dans un vaisseau propi^ qu'il faut remplir en en-
tier. S'il est un peu ti*ouble , ce qui arrive quand la matière fé-
culente et très-abondante , il faut le coller et le soutii^r après
vingt-quatre heures de repos.
Le vin seroit alors trop doux pour en faire usage comme
boisson ordinaire. Aussi, convient-il de l'abandonner à lui-
même pendant quelque temps, comme le viif et le cidre. Si
on le met tout de suite en bouteille , il mousse et pétille comme
le vin de Champagne. Sa couleur est plus ou moins ambrée «
Buivant l'état et la qualité des cannes.
Les meilleures cannes pour donner du sucre , sont les diail^
leures pour donner du vm de bonne qualité. ■^'
L'état du moût de canne est tel , que la fermentation ëé con*
tinue et s'achève avec succès même dans les plus petits vases.
£n y ajoutant du suc d'ananas , ou d'orange , ou d'abricot, &c^
on obtient un vin qui a la saveur et le parfum du fruit que
l'on a employé; on peut le rougir avec la raquette.
Le suc de canne de qualité médiocre , soumis à la distilla-
tion, donne une eau-cie-vie (i). Dix pintes de vin de canne
donnent quatre pintes -d'eau-de-vie, portant dix> sept degrés à
l'aréomètre deBaunié. L'eau-de-vie de canne est très-agréable,
et le dispute au meilleur rhum.
£n considérant la canne à sucre , ,pai* rapport aux produits
spiritueux qu'on en peut retirer, elle oifre au cultivateur, des
avantages plus certains et plus grands qu'aucune autre deni^
coloniale.
Un carreau de terre qui présente une surface de trois mille
quatre cents toises , peut produire deux à trois cabroutées de
cannes, pesant mille livres chacune. La canne sucrée donne
ordinairement moitié de son poids en suc exprimé. £n sup-
posant un cinquième de perte dans la confection du vin pour
le coulage et pour la he, il résulterait quatre cents livres
d'une liqueur , cidre ou vin , produit d une cabroutée de
cannes. Trois cents cabroutées donneroient donc cent vingt
(i) Il ne faut pas confondre lVau-de-vî« dont îl est ici Question, a?ec
celle dont on ▼ient de parler au paragraphe précédent , laquelle se T(y
tire des sirops amers, et non immédiatement du suc de la canne.
2
[
«9.» . . ^ ^ N .
xnille livres de vin . ou soixante mille jpintes^ mesure de Paris,
dont le produit distillé donneroit vingl-quatre mille pintes
d'eau-de-vie. Mais en réduisant ce produit à moitié , et n'es-
timant Teau-der^e que dix sols la pinte^ un carreau de terre
jNroduiroit au moins 6000 livres en argent.
Le coton , ï indigo , le café, la canne, exploitée pour faire
du sucre , ne donnent jamais dans les circonstances les plus
heui*euses , par carreau de terre , un produit de 6000 liv. en
argent
La confection et la distillation du vin de canne ne deman-
dent pas plus de peine ni de soin que la fermentation et la
distillation des mêlasses. Toutes les opérations peuvent se faire
successivement. Un petit moulin et un alambic sufBsent. La
culture des cannes nécessaii'es à cet établissement n'exige ni
de grandes dépenses , ni beaucoup de bras» On peut la com-
mencer avec dix nègres. (D.)
CANNE BAMBOCHE. C'est la même chose que le
BikMBOu. Woyez ce mot. (B.)
CANNE CONGO. On appelle ainsi le Costus à Cajenne.
Voye% ce mot. (B«)
CANNE ÉPINEUSE. C'est une espèce de Rot a no.
y oyez ce mot. (B.)
CANNE D'INDE. C'est le Balisibr. Voyez ce mot. (B.)
CANNE A MAIN. C'est une espèce du genre Rotang.
Voyez ce mot. (B.)
CANNE MARONNE, plante de Saint-Domingue , qui
croit sur le bord des rivières, et qui passe pour un poison
violent. C'est le Gouet vénkneux. Voyez ce mot. (B.)
CANNEfiERG. C'est un des noms vulgaires de I'Aiaeli^s
Z>KS MI4RAIS, Vaocinium oxycocoe Linn. Voyez ce mot. (B.)
CANNELLE, (Xnnamomum, seconde écorce d'une es«
pèce delaurier, connu sous le nom de Cannellier , on Lau-
rier CANNELL1ER. Voyes ces mots. (D.)
CANNELLE BLANCHE. C'est l'écorce du Drym»
AROMATIQUE , OU du Drymis PONCTUÉ. C'est aussi celle da
.WlNTERIAN CANNELLE. Fo/tfS CCS mOtS. (B.)
CANNELLE DE LA CHINE. Cest, selon Bnmare, une
espèce de cannelle, qui croît sur les montagnes de la Chine ,
et qui est assez bonne et assez abondante pour qu'on n'ait
pas besoin , dans ce pays^ de celle de Ceylan. EUe est plus
épaisse , et moins odoriférante que celle-ci, et d'une couleur
grise. (D.)
CANNELLE GIROFLÉE. C'est le Ratblaka. Vcyêz
ce mot. (B.)
C A N 293
CANNELLE MATTil, nom donné à l'écorce des vieux
troncs de canneliiers; celle écorce est rejelée comme Irès- in-
férieure à la jGne cannelle.^ (D.)
CANNELLE POIVBÉE. C'est le Drtmis aromatique.
yoyes ce mot. (B.)
CANNELLE SAUVAGE. C'est le nom oue porte aux
Indes occidentales un véritable eannellier, dont récorce pour*
roit acquérir la bonté de celle de Ceylau , si cet arbre y éloit
cultivé. (D.)
CANNELLÏER, LAURIER CANNELLIER , vulgai-
rement le CANNSiiLiER de CsYiiAK y Laurus cinnamomiun
Linn. C'est le nom d'un arbre aromatique^ appartenant au
genre Laurier ( Voyez ce mol.) , qui cit^t naturellement dans
l'ile de Ceylan , et dont la secon(ïe écorce , si recherchée pour
la médecine 9 et pour la préparation de divers mets, porte,
dans le commerce , le nom de cannelle.
Cet arbre très-rameux, a un port élégant et s'élève à dix-
huit ou vingt pieds; quelquefois son tronc acquiert jusqu'à
un pied et demi de diamètre. L'écorce extérieure qui le recou-
vre , ainsi que celle des branches , est d'abord verte; elle rou-
git avec le temps ^ et devient ensuite d'un brun grisâtre. Ses
feuilles sont ovales-oblongues , presqu'opposées, et assez sem-
blables à celles du laurier commun ; elles en difierent par leur
odeur et leur saveur de cannelle , qui est très-agréable. Leur
surface supérieure est verte et luisante ; l'inférieure est blan-
châtre et terne : on y remarque trois (et quelquefois cinq)
nervures longitudinales , qui parlent en divergeant de la bas»
de chaque femUe , et disparoissent un peu avant d'avoir atteint
son sommet.
Le canneUier porte des fleurs dioïques^ disposées en bou-
quets à l'extrémité des rameaux. Les mâles et tes femelles ont
un semblable calice ^ découpé en six parties^ et qui leur tient
lieu de corolle ; on comple dans les mâles neuf étamines. Ces
fleui-s sont petites, nombreuses, jauuâtiH^s intérieurement ,
blanchâtres et un peu veloutées en dehors. Elles exhalent une
odeur admirable , et qui se fait sentir en mer a une grande
distance du rivage , lorsque les vents soufflent de terre. Le fruit
qui leur succède est un drupe ovale , long de quatre, à cinq
lignes^ et d'un brun bleuâtre dans sa maturité; il contient
tine pulpe verte et onctueuse , qui recouvre un noyau dans
lequel on trouve une amande de couleur purpurine. Le can-
neUier fleurit en février ou en mars, et conserve sa verdure
toute Tannée.
Il y a aux Indes, selon Leblond , dix espèces de canneliiers^
dont quatre seulement fournissent la cannelle du comm6rcei
7> ai
j> a<
394 C A N
li est défendu d'exploiter leâ autres , parce qu'elles sont mau*
vaises. Cela n empêche pas que la bonne n'en soit quelquefoi»
falsifiée, li faut élre connoisseur pour se garantir de cette
fraude.
xc Les Hollandais ( Encyclop, mélh, botanique , t,3.) sont
1» presque parvenus à taire seuls le commerce de la cannelle ,
3> ainsi que celui du giroOe , en conquérant sur les Portugais y
» d*un côté , les îles Moluques> qui produisent seules le girolle
» {Foye% Giroflier.)^ et de l'autre, File de Ceylan, seule
»' féconde en cannelle. Les Hollandais, pour se rendie
» maîtres exclusivement du commerce de celte ccorce pu-
» cieuse, après avoir chassé les Portugais de Ceylan , conqui-
se rent encore sur eux le royaume de Cochin , sur la côte de
3» Malabar, pour leur enlever Je commerce d une cannelle
Iiii croissoit dans ce pays , et qu'ils vendoient sous le nom
e cannelle portugaise , cannelle sauvage, ou cannelle griee^
» La première chose qu'ils firent après celte conquête, fut
3» d'arracher cette cannelle sauvage.
» Toute la cannelle dont les lloUandais fournissent les deux
1» hémisphères , se récolte dans un espace d'envii*on qua—
3» toraee lieues , le long des bords de la mer , à Ceylan. Cet
3> endroit qui porte le nom de Champ de la cannelle ^ est de-
i> puis Négambo jusqu a Gallières. Ils ne laissent croître
9 qu'une certaine quantité de cannelliers, et ont grand soin
3» ae faire arracher de temps en temps une partie de ceux qui
D viennent sans culture , ou même qui seroient cultivés aîl«>
» leurs que dans certains districts de Tile, counoissant, par
9 une expérience de plus de cent vingt ans, la quantité de
» cannelle qu'il leur faut pour le commerce, et ])ei*suadés qu'ils
» n'en débiteroient pas davantage , quand même ils la don-
» neroient à meilleur marché. 4Dn estime que ce qu'ils ea
3» apportent en Europe , va à six cent mille livres par an ,
3» et qu*ils en débitent à-peu-près autant dans les Indes. 11
3> s'en consomme aussi une grande quantité en Amérique ,
)> pai*ticulièrement au Pérou , pour le chocolat , dont les £spa«
D gnols ne peuvent se passer. Mais ce commerce des épi-
-» ceries fines , que les Hollandais font seuls depuis long-^
30 temps , va bientôt cesser d'être exclusif, car les arbres oui
» les produisent , sont maintenant dans nos pos^eBsions des
D Deux-indes.Ou cultive , depuis quelques années, le cannelé
y» lier à l'ile de France, à Cayenne , et dans les Anlilleay.
Jkiénte ouurage cité ci-^sêue»
C est, dit Aublet, aux soins de M. le commandeur de
Godheu , et aux ordres de M. son frère, directeur de la
compagnie des Indes , et commandant gi^néral de nos et**
C A N -295
bUaaeinens dans cette partie , qu'on doit les arbres de la vraie
cannelle. Ces messieurs employèrent une somme considérable
pour cet objet y et M. Porche , commandant à Mahé , chai*gé
de cette mission 9 procura , par Carical , plusieurs baies de
cannellier , tirées de Ceylan même. Une partie de ces baies
fut cultivée dans le jardin de Pondichéry, par M. Bordier,
médecin. Les autres furent mises dans une caisse confiée à
M. de là liOude , capitaine de vaisseau ^ qui me la remit k
VUe de France ( c'est toujours Aublet qui parle ). Cette caisse
conlenoit cinq baies de cannellier dont le germe sortoit hoi^
de terre. Je fis transporter ces jeunes plants au jardin d u Réduit,
et c'est par les soins que j'en pris , qu'ils fleurirent ^ et don^-
nèrent des baies en abondance cinq années après.
De rile-de-France on a transporté le cannellier aux Indes
Occidentales. Cet arbre intéressant est cultivé à Cayenne avec
le plus grand succès^ et l'espèce de cannelle qu'il donne est
une des meilleures. On la distingue aisément de la Cannelle
BLANCHE [Voyez ce mot.) , qui croît dans plusieurs contrées
de TAmérique , dont la couleur est d'un blanc mat, et dont
l'odeur et la saveur tiennent du girofle et du gingembre. On
ne la confondra pas non plus avec la cannelle giroflée ou
bois de crave , qu'on trouve au Pai*a et dans quelques paities
de la Guiane.
Dans l'Inde , la récolte de la cannelle se fait deux fois par
an ; la grande récolte a lieu d'avril en août^ pendant la mous-
son pluvieuse ; et la petite , de novembre en janvier ou fé-
vrier dans la mousson sèche : voici la manière dont on re-
cueille la cannelle.
On choisit les arbres ; on coupe les branches de trois ans;
on emporte l'écorce extérieure , en la raclant avec une ser-
pette dont la courbure , la pointe et le dos sont tranchans *
on fend avec la pointe la deuxième écorcc d'un bout à l'autre
de la branche , et avec le dos du même outil on la détache
peu-à-peu : on ramasse toutes ces écorces ; les plus petites sont
mises dans les plus grandes ; elles sont exposées au soleil , où
elles *8e roulent d'eUes-mémes de jdus en plus en séchant.
Après la récolte de la cannelle , l'arbre reste nu pendant
deux ou trois ans. Au bout de ce temps , il se trouve revêtu
d'une écorce nouvelle qu'on peut alors enlever.
Li'âge des arbres^ leur exposition^ 9 leur culture , les diverses
parties de l'arbre dont on retire la cannelle , en font distin-
guer trois sortes , lafine , la moyenne, et la, grossière» La fine
est menue , un peu pliante , de l'épaisseur d'une carte à
jouer , d*une couleur tirant sui* le jaune tant soit peu rem-
bruni , d'un goût doux et agréable , mais pas plus iort ni plus
a^e C A N
piquanl que ce qa'on en peut éprouver sur la langue sans cuis-
6on, ne laissant après l'épreuve aucun arrière-goût désagréable.
Plus la cannelle s'éloigne de ces qualités^ moins elle est esd*
mée ; ainsi , lorsqu'elle est dure ou très-oassante, de Tépais-
seur d'un écu ou plus épaisse^ brune ou noirâtre, chaude ou
très - piquante , elle est de moyenne qualité ; enfin , à elle
laisse dans la bouche un goût astringent ou mucilagineux ,
elle est grossière.
On ne trie point la cannelle k Cayenne comme dans l'Inde;
elle y est recueiUie sans choix pendant toute l'année. Cepen-
dant l'écorce d'un arbre dépouillé à la fin de l'été , sera moins
chargée de parties aromatiques , qu'à l'époque de la floraison
ou dans le temps de la sève. Dans ce pays, le cannellier fleurit
régulièrement deux fois par an ; sa végétation y est rapide.
Au lieu de trois ans nécessaires , dans l'Inde , aux jeunes
pousses pour qu'eUes arrivent à leur maturité , deux ans suf-
roient peut-être à Cayenne.
M. Poiviie , qui a été en Cochinchine , nous apprend qu'il
s'y ti'ouve , quoiqu'en petite quantité , une cannelle supérieure
à celle de Ceylan , et que les Chinois payent trois ou quatre
fois plus cher.
Les cannelUers qui croissent dans les vallées ou dans un
sable léger , peuvent être écorcés plutôt que ceux qui sont
Slantés dans des lieux humides ou ombragés. Ces derniera
onnenl moins promptement la cannelle , ou en donnent
une moins parfaite, moins aromatique, et qui contient moins
d'huile essentielle.
L'écorce de la racine de cet ai-bre a une odeur de cam-
phi'e , qui est plus sensible , lorsque le cannellier a crû à
l'abri d'autres arbres, ou dans un sol marécageux ; car lors-
qu'il végète dans un terrein sablonneux et découvert , rin<*
tluence du soleil rend alors le camphre si volatil , que se mê-
lant facilement avec les sues de l'arbre , et se répandant
pstr&itement entre ses branches et dans les feuiQes, il ne se
laisse plus distinguer.
Quand la cannelle est sèche , on la dépose dans des maga-
sins , où elle continue à sécher , en paquets d'environ trente
livres , qu'on couvre avec des nattes. Avant de la charger , on
la trie ; on la coupe de trois à quatre pieds de longueur ; on en
fait des balles d'environ quatre - vingt - cinq livres oui ne
comptent que pour quatre-Wngts livres , à cause du aéchel
qu'elles éprouvent dans la traversée. Chaque balle est liée
avec des cordes , et couverte d'une étoffe de laine mise en
double, et cousue très- étroitement , pour préserver la can-
nelle de moisissure. £a cet état , les balles sont mises à bord
C A N 397
dans le lieu le plus sec. On jette du poiirre en quantité sur
chaque lit de balles , pour remplir les vides ; par sa qualité
chaude et sèche , il attire Thumidité qui reste dans la can-
nelle , et lui donne plus d'énergie.
Au défaut de poivre et d'étoffes de laine , on pourroit à
Cayenne y dit Le Blond , faire usage de caisses garnies de
Sapier gi*is en dedans , et dont les joints en dehors le seroient
e bandes de toiles collées. On les rempliroit de cannelle, en
interposant entre les couches , des feuilles du cannelier sé-
chées et grossièrement pilées : les caisses bien fermées par
un couvercle cloué , seraient emballées comme à l'ordinaii^e.
Le cannellier \4ent par -tout , plus ou moins bien , même
de bouture ; il eat propre aux avenues , peut être planté dans
les terreins inutiles, s'iJs sont un peu Immides, et n'exige que
quelques soins. On doit planter ces arbres à deux ou trois pieds
les uns des autres; ils se servent ainsi mutuellement d'om-
braee. Au bout de deux ou trois ans , ils n'ont poussé qu'une
ou deux tiges longues de huit à dix pieds , dont on obtient
aisément l'écorce : c'est la meilleure cannelle. On les coupe
à environ deux pieds de terre ; ils fournissent bientôt des re-
jetons , qu'on peut également couper quand ils sont parvenu!
i une croissance convenable. Les ti*oncs acquièrent peu-à-
peu la forme d'un saide étêté,et on en recueille les branches.
Il faut de même éclaircir les cannelliers à mesure qu'ils gran-
dissent.
Cet arbore , dit Le Blond , est si vivace , sur-tout dans les
bonnes tenues un peu humides , que si on en coiupe le tronc
presqu'à i-as terre , il pousse beaucoup de rejetons qui sont
bons à prendi*e au bout d'un an en\âron ; Fécorce en est plu4
abreuvée de sève , la cannelle de meilleure qualité. Le ca/i-
nellier, qu'on laisse croître isolé ejt à plein vent, pousse , comme
tout autre arbre, des branches qui se ramifient de proche eu
proche et dans tous les nen^ ; l'écorce en est épaisse , coriace,
blanchâti^, et difficile à exploiter : c'est la cannelle la moiju
estimée de toutes.
Utilité du Cannellier ; propriétés et usages de la Cannelle ( 1 ).
Toutes les parties du cannellier sont utiles ; son écorce , sa
racine, son tronc , ses branches , ses feuilles , ses fleurs et ses
fruits; on en retire des eaux distillées , des sels volatils , du
camphre , du suif ou de la cire , des huiles précieuses ; on eu
(i) Cette section est extraite presqaVntièrement <le la Noupellc
encyclopédie. Voyez le mot LAvmsa * tes. 3 de la Botanique^
59» C A N
compose des ûrops , des Uqueurs , des esseiuces odoriféranfet ;
en un mot , le canneDier peut être regardé , à tous ces éeards,
comme un des arbres les plus précieux que Ton connoisse.
Son écorce récente ( la plus épaisse , celle qui passe pour
grossière dans le commerce) donne une huile appelée essence
de cannelle, que les HoUandais font à Ceylan et k Batavia , et
portent toute préparée de l'Inde. Une livre d'écorce fraîche
peut en produira pour quarante ou cinquante francs. Comme
cette hune est très-chère , et vaut jusqu'à soixante-dix livres
Tonce , on la falsifie quelquefois , en y mêlant de l'huile de
girolle , ou mieux encore de l'huile ae ben : l'excellence de
son parfum la fait employer dans les mélanges d'aromates ,
qu'on nomme poâJt'pourris, Les Indiens en oignent leurs bou-
gies pour parfumer leiu^ apparteraens. Lorsque cette huile
est pure^ elle va au fond de 1 eau ; elle demancie k être gardée
dans un flacon hermétiquement bouché. Par son âcreté caus-
tique, elle est propre à calmer les douleurs des dents, en des-
séchant et brûlant le nerf.
On retire aussi, par la distillation , de l'écorce de la racine ,
une huile et un sel volatil ou camphre. Cette huile est limpide,
jaunâtre , subrile; eDe se dissipe aisément à l'air ; elle est d'un
goût fort y\(; son odeur tient le milieu entre celle du cam-
phre et de la èanneUe. Aux Indes , on l'emploie extérieure-
ment dans les paralysies et les rhumatismes ; et en y ajoutant
du sucra , on la donne intérieurament pour exciter les sueurs
et les urines , fortifier l'estomac , chasser les venta , et dissiper
les catharres.
Le camphra du cannellier est très-blanc , et surpasse , par
la douceur de son parfum , le camphra ordinaire ; il est très-
volatil , s'enflamme promptement, et ne laisse , après sa com-
bustion y aucun i^sidu. Lés Indiens le regardent comme le
mciQeur dont on puisse faire usage en médecine ; on le garde
avec soin , et on le destine pour les rois du p§ys , qui le pren-
nent comme un cordial d'une efficacité peu commune.
Les vieux troncs du cannellier fournissent des nœuds rési-
neux , ayant l'odeur du bois de rose : ils peuvent être em-
ployés dans l'ébénisterie.
Des feuilles du même arbre , on distille une huile particu-
lière qui a un peu l'odeur du girofle , et dont les propriétés
aont presque les mêmes que celles de l'huile retii^ de l'écorce»
Elle est pesante , d'abord ti*ouble « et devient , avec le temps,
transparente et jaunâtre. £Ue paaso dans le pays pour uu
correctif des puipitifs violens : on fait usage des feuilles dans
les bains aromatiques.
L'eau distillée des fleurs a une odeur des plua agréable:»;
C A N >99
elle eài bonne conlre les vapeurs ;.elle ranime les esprits,
adourit la mauvaise haleine ^ et donne du parfum el de 1 agré-
ment à dilférenies sortes de mets : on prépare encore avec
ces fleurs une conserve d'un très-bon goût.
Les fruits du cannellier donnent deux sortes de substances;
on en lire , par la disliUalion y une huile essentielle^ semblable
à rhuiie de senièvre , qui seroit mêlée avec un peu de can--
nelle et de clou de gi roue ; et par la décoction^ une certaine
graisse épaisse , d'une odeur pénétrante , ressemblante au
suif par sa couleur , sa consistance , et qu'on met en pain
comme du savon. La compagnie deslt.des Orientales hollan-
daise nous l'apporte sous le nom de cire de cannelle , parce
que le ix>î de Candie , province du Mogolistan ^ en fait faire
ses bougie.' et ses flambeaux , qui rendent une odeur agréable,
et sont résen'és pour son usage et celui de sa cour. Cette
même substance sert d'un remède intérieur et extérieur cheai
les Indiens y soit pour les contusions , les luxations , les frac-
tures , soit dans les onguens nervins, le# emplâtres i^solutifsi
céphaliques.
De toutes les parties du cannellier , no.us n'employont
guère en Europe que son écorce , l'eau spirîtueuse^ et Thuilo
essentielle qu'on en retire par la distillation.
On prépare l'eau spiritueuse , en faisant macérer , pen-
dant vingt-quatre heures , une livre de cannelle concassée ,
dans trois livres d'eau de mélisse distillée , et trois livres de
vin blanc. On distille la liqueur à un feu violent dans Falam-
bic avec un réfrigérant : on conserve pour l'usage les trois
livres d'eau qui passent les premières. Cette eau est trouble ,
blanchâtre , laiteuse , à cause des parties huileuses de la can-
nelle qui y sont incor[>orées , et qui lui donnent beaucoup
de force.
Les propriétés de l'huile essentielle de cannelle sont très-^
actives. Quand elle est pure , elle est caustique ; adoucie par
le sucre , eUe est d^un goût délicieux : on la prescrit encore
depuis une goutte jusqu'à six dans un œuf ou quelques li-
queurs convenables.
Voici ce qu'on lit , dans la Pharmacopée de Lyon , par
Vitet, sur les propriétés de la cannelle : (c II est peu de ma-
D ladies de foi blesse , dit ce médecin , pour lesquelles la ca/i-
» nelle h'ail été teritée et célébrée. Elle échauJl'e beaucoup ,
S) réveille puissamment les forces vitales et musculaires, cons-
70 tipe et diminue l'expectoration et le cours des urines ; rare*
79 ment elle augmente la transpiration insensible , mais elle
j!> fortifie l'eslomac et les intestins afibiblis par des humeurs
■» séreuses ou pituiteuses. XUle est, pour l'ordinaire , nuisibl*
5oo C A N
1» dans les maladies convulsives et inflammatoires. L'eau dis-
7> tillée de canneUe flatte l'odorat ^échauffe peu ; à haute dose
» elle réveille à peine le» forces vitales : la plus légère infusion
9 de cannelle est plus efficace. L'eau spintueuse accroît snr^
D lo-cfaamp les forces vitales ; Fesprit^ie-vin agit plus alors
» i^ue les parties ai*omatiques de la cannelle. L'huile essen-
3) tielle convient dans toutes les maladies où il s'agit d'aug-
3) menter la sensibilité et le mouvement de quelque partie foi-
9 ble ; mais il faut bien se garder d'en faire un usage déplacé :
1» on doit toujours la mj^er avec deux ou trois parties de
3» graisse ou d'huile». (D.)
CANONNIER. royez Bombardier. (S.)
CANOT, nom vulgaire du Hisou. Foy, ce mot. (Vibill.)
CANOTS DES SAUVAGES ou PIROGUES. Ce sont les
barques , les chaloupes des nations barbares qui n'ont point
encore appris à construire des vaisseaux de haut bord. Il leur
faut peut*être plus d'intrépidité pour s'abandonner sur de
frêles embarcations aux values et aux tempêtes , qu'aux Eu-
ropéens, parce que les bâtunens de ceax-<i sont moins sujets
k faire naufrage.
Illi robur et «s triplez
Cirrl pectus erat, qui fragilem truci
Commisit peUgo rutem
Frimiu.
* HoRAT» Od. iir , i. /.
Les eanoiê des saupagêê sont faits ordinairement d'une
•eule pièce. C'est un tronc d'arbre aminci aux deux bouts et
creusé dans son milieu avec des haches de pierres , ou par le
feu. Trois ou quatre hommes se tiennent dedans et rament
avec des pagaies, <ou branches d'arbre applaties en palettes.
La plupart de ces pirogues sont légères et servent pour traver-
ser des fleuves. Lorsqu'il se rencontre ime cataracte, une
chute d'eau , l'Indien tire son canot à terre , le chai*ge sur son
dos, le porte au-delà de la cataracte, et le remet à flots pour
suivre son chemin. Quelquefois les canots sont formés d'écorce
d'arbi'es jointes ensemble , ou de planches grossièrement réu-
nies. Comme toutes ces pirogues ne sont jamais lestées ni asscs
creuses , elles chavirent très-souvent , mais les sauvages ne s'en
inquiètent pas beaucoup ; ils nagent comme des ])oissons ,
retournent phlegmaliquement leur barque , et continuent
leur voyage sans s'émouvoir. Ils ont la précaution d'attacher
Mu fond de leur barque les objets qui pourroient se peixlre
loi^sque leur pirogue fait capot Les insulaires de la mer du
Sud construiseat des pirogues très-élroiteDy légrres et peu pro»
\
C A N 3oi
fondes , avec un Mton qui sert de mât , et une Toile ti-iangu«>
laire faite d'écorces d'arbre entrelacées^ ou de nattes de jonc.
£n outre ^ il y a un banc de rameurs qui se servent de la pa-
saie ou palette avec beaucoup de dextérité. Ces sauvages feu*
dent Tonde sur leur fragile pirogue avec une extrême rapidité.
En peu de jours ils parcourent de très-srandes étendues : mais
ne pouvant pas se diriger par la boussole qu'ils ne connoisâenk
SIS, ils sont contraints de côtoyer les rivages. Rien n'est plus
k[uent que ce cabotage dans les Archipels des Iles Mola*
ques, des Maldives, des Philippines^ et dans les îles de Jb
Méditerranée.
Les canota des Groenlandais sont très-singuliers ; ils sont
formés d'une carcasse intérieure de baguettes de bois ; celles-
ci sont couvertes de peaux de chiens marins et de phoques ,
bien cousues et graissées^ de manière que Teau ne passe point
au travers. Ces canots ressemblent à de grosses outres de cuir ,
pointues aux deux extrémités, et ouvertes dans leur milieu
d'un large trou dans lequel se place le Groënlandais , une
rame légère à la main. Dans son canot , il vogue avec une
étonnante légèreté sur les ondes, sans crainte d'en être ja-*
mais submergé. C'est dans cette petite pirogue qu'il s'avance
avec intrépidité vers Ténorme baleine , pour l'harponner, la
percer de sa lance, et déi)écer son lard en lambeaux. 11 sait
éviter avec adresse la furie de ce vaste animal , et s'échapper
entre les glaces, qui menacent d'écraser son frêle bâtiment.
Lies Nègres de Guinée construisent aussi des canots avec
les troncs des arbres , et y mettent des voiles de nattes de
SIC ; mais ces pirogues ne sont pas aussi légères que celles des
alais. Ceux-ci en construisent pour exercer leurs pira-
teries et leurs violences dans tous les rivages des Indes.
Xieurs bâtimens sont si légers, et exécutent si facilement tous
leurs mouvemens , qu'on a beaucop de peine à les atteindre.
On montre dans les cabinets d'Histoire naturelle , des mo«
dèles de canots des diilérêns peuples , pour constater l'état de
leur industrie sociale. Beaucoup de ces pirogues sont peintes
et sculptées avec un grand soin , mais sans goût. Ces premien
essais de l'habileté humaine intéressent, lorsqu'on les com-
pare à nos grands vaisseaux de guerre , et nous montrent les
nuances diverses par lesquelles passe l'esprit en se perfection^
liant. Lie sauvage américain fait des canots moins parfaits que
ceux des Nègres; et ceux-ci construisent les leurs moins ha-
bilement que les Malais et les autres peuples maritimes des
Indes. £nhn les vaisseaux des nations européennes surpassent
pour la grandeur , k figure et la perfection tous les bâti-
Son C A N
auens des autres peuples de la terre. Voyez la suHe du mot
Homme. (V.)
CANSCHV, est un gros arbre' du Japon, dont on fait du
])apier. On ignore si c*est la Bhoubsonnetie , Morus pa'-
pyrifera Ldnn. Foyen aux mots Broussokketie et Msu-
lUBR. (fi.)
CANSCORË , Canscora Rhéed , mat. lo , lat. 5a. C'est
une plante dont la tige est menue, anguleuse, presque pa-
niculée et feuiilée; les feuilles opposées, sessiles, ovales,
pointues et glabres; les fleurs réunies en petit nombre au
sommet de chaque rameau , et ayant à leur base une bractée
arrondie et pertbliée.
Chaque fleur consiste en un calice monophylle , oblong ,
ventru aux deux bouts, anguleux et à deux petits lobes eu
son limbe , en quatre pétales inégaux , onguiculés, veinés, à
lames obtuses , et dont deux sont plus grands que les autres ;
en quatre étamines inégales; en un ovaire supérieur, coni-
que , chargé d'un style simple que termine un stigmate en
tête applatie.
Le fruit est une capsule ovale -conique, en^âronnée par
le caUce, et qui contient des semences menues, et noirâtres.
Cette plante croit au Malabar, dans les lieux sablon-
neux. (B.)
CANSJÉRE , Cansjere, genre de plantes établi aux dépens
des L AURÉOLES de Linnseus. Il ofi're pour caractère un calice
inférieur urcéolé, quadrifide ; une corolle nulle; huit ^-
mines ; un ovaire environné dé quati*e écailles ; une baie pi*
siforme monosperme. Voyez au mot Laureole. (B.j
CANTÉ , nom vidgaire d'un poisson, du Spare sparail*
l<ON. Voyez au mot Spare. (B.)
CANTHARIDË , genra d'insectes de la seconde section
de l'ordre des Coi^éopteres.
Les caniharidea ont le corps alongé , presque rond ou cy-
lindrique ; deux ailes recouvertes par des étuis durs , mais
flexibles ; les antennes filiformes , de la longueur de la moitié
du corps, et composées de onze articles ; la tète inclinée; la
bouche pourvue d'une lèvre supérieure , de deux mandi-
bules simples , arquées , de deux mâchoires bifides , et de
quatre ant^nnules filiformes ; cinq artii-les aux tarses des
quatre pattes antérieures, el quatre aux pattes postérieures.
Ce genre est distingué de ceux du mèloë , du mylahre et de
la cèrocome, par les antennes; et de celui de Yoetiemère j par
les tarses.
Les larves des caniharides ont leur corps mou , d'un Uanc
jaunâtre, composé de treize anneaux; la tête arrondie^ un
C A N 3oS
pen applatie , munie de deux antennes courtes , filiformes ;
fa bouche pourvue de deux mâchoires assez solides^ et de
quatre antennules ; six pattes courtes , écailleuses.
Ces larves vivent dans la terre ^ et se nourrissent de diverses
racines. Parvenues à toute leur croissance , elles se changent
en nymphe dans la terre, et elles n'en sortent que sous la
forme a insecte parfait
La cantharide est un des insectes le plus anciennement et
le plus universellement connu. Les médecins, qui ont été les
premiers physiciens et les premiers observateurs de la nature,
en ont iail mention dans des temps très-reculés; mais ils ne
Font considéré que sous le rapport qui leur couvenoit, et
comme fournissant à la médecine un de ses plus puissans
agens. Le naturaliste , qui cherche moins à connoitre dans
les cantharidea les vertus médicinales dont on peut faii-e
usage après leur mort « que les habitudes qui leur sont pro-
pres pendant la vie , est encore loin d'avoir acquis à cet
égard des connoissances certaines , étendues et satisfaisantes.
La seule espèce qu'on a cru douée de propriétés utiles y a fait
oublier toutes les autres qui composent le genre entier; et
tout ce que nous savons en général sur ces insectes, c'est qu'ils
vivent dans nos climats, sur les plantes , dévorent les feuilles
de certains arbres , craignent le froid , et paroissent vers la fin
du printemps , pour dispai-oitre an commencement de l'au*
tomne. Nous ne pouvons dès-lors que présenter quelques
notions sur la cantharide , spécialement appropriée aux vé-
aicatoires.
Baglivi ne parott pas fondé, lorsqu'il avance que l'usage des
cantharides a été introduit en médecine^par les Arabes , puis-
qu'il est assez prouvé que cet usage n étoit pas inconnu à
Hippocrate même ; mais il faut dire aussi que les caniharidea
des anciens et celles des Chinois , ne sont pas les mêmes que
celles des Européens. Les Chinois emploient la mylabre de la
chicorée ; et il paroit , par ce' qu'a ait Dioscoride , que les
cantharidês des anciens étoient les mêmes que celles dont les
Chinois se servent encore aujourd'hui.
<K Les cantharides les plus efficaces , dit Dioscoride , sont
celles de plusieurs couleui*s> qui ont des bandes jaunes , trans-
verses, avec le corps ^alongé , gros et gras; celles d'une seule
couleur sont sans force». Celte description ne convient point
à notre espèce qui est d'une belle couleur verte ; elle convient
très-bien au contraire au mylabre de la chicorée , très-com->
mun dans le pays qu'habitoit Dioscoride , et dans tout
l'Orient.
On a peut-être trop négligé de faire des expérience* sur les
3o4 , C A N ^ ^
insectes , relali veinent à leur utilité dans la médecine et dans
les arls ; leur petitesse sans doute les a trop fait mépriser. Il
ii*est pas douteux cependant qu'il n'y en ait un grand nom ^
bre dont les vertus soient égales à celles de la cantharide ; e|
Slusieurs autres^ moins acres ^ moins caustiques^ pourroient,
ans divers cas, être pris intérieurement avec moins de
danger et plus de succès. Nous pouvons assurer que toutes les
espèces qm tiennent au genre de cantfiaride , jouissent à-peu-
près des mêmes vertus que l'espèce la plus connue ; et par
conséquent , dans tous les pays où on les trouve , on pourroit
en faire le même usage. Parmi les insectes pris dans d'autres
genres , qui pourroient fournir des particules caustiques et
irritantes, et qu'on pouiToit substituer jusqu'à un certain
point à la cantharide, nous pouvons ranger les mèloës , les
my labres , lès carabes, les ténébrions, les cicindèles , les «co-
rites, les coccinèles , &c. La dépouille de la plupart des che-
nilles produit une poussière qui, dispersée par les vents,
soulève des pustules sur le visage qui la reçoit. Le même effet
est occasionné par le poil et la lame de quelques phalènes »
lorsqu'on les touche. Mérian a trouvé à Surinam des espèces
de larves de lépidoptères , qu'on ne pouvoit toucher sans
iiessentir soudain une inflammation.
Parmi plus de vingt espaces à&cantharides, après la Vssi-
CATorRE, qui est d'un vert doré, à antennes noires, les plus
connues sont la Douteuse; elle est noire , à tête rougeâtre,
a corcelet et él3rtres sans taches ; et la Syrienne , d'un vert
bleuâtre foncé, à corcelet rougeâtre, arrondi. (O.)
NoTB sur la manière de recueillir les cantharides , et de
procéder à leur conservation.
Cest dans le courant de juin que les mouches «an^Aoriflbs
se réunissent pour préluder à leur accouplement 11 faut donc
savoir saisir cet instant pour en faire la récolte , particulière*
ment le soir au coucher du soleil , ou le matin à son lever.
Cet insecte se trouve presque par toute l'Europe, mais
plus communément dans les contrées chaudes : il varie pro-
digieusement pour la grandeur. La nature l'a superbe-
ment habillé : tout son corps est d'un beau vert luisant ,
azuré, mêlé de couleur d'or, à l'exception de ses antennes
qui sont noires.
Les cantharides usitées en médecine ont environ neuf
lignes de longueur, sur deux ou trois de largeur ; elles se jet-
tent sur les flânes , les chèvrefeuilles , les lilas, les rosiers , les
peupliers, les noyers, les troènes^ les ormeaux, dont elles
C A N io6
dévorent les feuilles ; et souvent , lorsque cette pâture leur
manque , elles attaquent les blés , les prairies , et leur causent
de grands dommages. L'intérêt de lagriculture réclamei^it
donc leiir destruction , si l^art de guérir ne trouyoit dans ces
insectes une de ces ressources les plus^mportanles que rien
jusqu'à présent n'a pu remplacer.
De leur recolle.
CommeleBcantharidee-paroiasent en troupes et par essaims j
qu'elles sont précédées par une odeur fétide^ approchant celle *
de la souris , il e6t facile de les 4écouvrir et de les ramasser ,
moyennant quelques précatitions qu'il est prudent de ne ja-
mais négliger.
Il y a deux manières de procéder à la récolte dese^n^^--
rideê; la plus simple consiste à disposer sous l'arbre chargé
de cet insecte un ou plusieurs draps stir lesquels on les fait
tomber en secouant les branches; on les rassemble ensuite
BUT un tamis de crin à la vapeur du vinaigre qui les fait mou-^
rir, ou bien on les réunit dfans ime loiie claire qu'on trempe
à diverses reprises dans un vase rempli de vinaigre > confié
avec de 1 eau : c'est la méthode de récolter la plus générale-^
ment adoptée.
La seconde méthode de récolter les cantharides , est plus
embarrassante et plus dispendieuse que la première :on étend
des toiles sous les arbres , et tout autour on met du vinaigre
en évaporatiou.^ en le faisant bouillir dans des temnes placées
«ur des réchauds ; on secoue les arbres pour faire tomber les
canùharides\ on les ramasse aussi-tôt^ et on les enferme promp-<
tement pendant vingt *-qualre heures dans des vaisseaux de
lïois , de teri'e ou de ver^-e , qu'on a expi*ès disposés pour cela«
Il convient ensuite de s'occuper des moyens de les sécher«
De leur dessication.
Four parvenir à la dessication des canthhtidea ^ oti les ex"
pose au soleil 9 ou mieux dans un grenier bien aéré , sur des
claies recouvertes de toile ou de papier ; on les remue avec un
petit bâton ou avec les mains garnies de gants; car, sans cette
Précaution I les ouvriers pourroient être exposés à des ardeur»
*urine , à. éprouver des douleurs aiguës autour du col de la
vessie/ à des ophtalmies et à des démangeaisons considérableAt
Quand les canihariden ont acquis le degré de dessication cou'
Venable , elles deviennent si légères, que cinquante pèsent k
2>eine un gros.
jv. ir
So8 CAO
et lescorymbes triflore8.Ses feuilles ont les mémefl qualités qu6
celles du précédent ; mais leur décoction est» de plus, lem-
ployée en tisane ou en lavemens , regardée comme propre à
guérir les ardeurs de sang, les dyssenteries et les fièvres.
La QuAMocuTE A FLBUKS HouoEs est Congénère de ce
genre , seloii quelques botanistes. Voyez au mot Quamo«-
CLITE. (B.)
CANUT ( Tringa canutus Lath., pi. 276, Glan. d'Ed-
wards. Ordre , ëchassiers ; genre , Vanneau. Voyez ces
deux mots. ). Cet oiseau de rivage se trouve dans le nord de
r£urope; cependant, on le voit quelquefois en Angleterre
au commencement de Tbiver : alora ces oiseaux sont en
troupes, et se tiennent sur les bords de la mer, où ils se-
jom*nent deux ou trois mois; ensuite ils disparoissent. On les
recontre encore sur les lîves du lac fiaikal , et même à la baie
d'Hudson, d'où il s'avance jusqu'à New-York, et peut-être
encore plus au Sud.
Willulgby dit que si on les nourrit de pain trempé de
lait , ils deviennent très-gras et d'un goût exquis.
Le canut a le bec d'un cendré obscur, l'iris noisette, uue
tache d'un brun obscur entre le bec et l'œil, un trait blauc au*
dessus de celui-ci ; la tète , le deftsus du cou, le dos , les ailes et la
queue d'un cendré qui se rembrunit sur certains individus ;
les grandes couvertures des ailes terminées. de blanc, ce qui
forme une barre blanche transversale sur chaque aile. Cette
couleur borde aussi à l'extérieur les pennes secondaii-es et la
tige des primaires ; elle est mélangée de cendré foncé sur le
croupion et les couvertures de la queue, ce qui donne lieu à
des taches dé la forme d'un croissant; enfin , elle couvre tout
le dessous du corps , et est tachetée de brun sur la gorge et la
poitrine; pieds d'un cendré bleuâtre; longueur d'environ
neuf pouces. (Vieill.)
CAOLIN. {Voyez Kaolin.) C'est une argile à porce-
laine. (Pat.)
CAOUANNE, nom spécifique d'une Tortue. Fcyeu au
mot Tortue. (B.)
CAOUT-CliOUC. C'est le nom de la résine élastique
qu'on retire de THev^ de Cayenne. Voyez au mot HEvi.
On retire encore du caoutchouc àe I'Urcéole élastique,
J liante de Tlude nouvellement connue, et il est en quelque
açon sii)}érieur à celui de l'HEvi.. Voyez au mot URci.oL£«
Ij^ Jaquier a feujlles entières et le Figuier liisam
en fournissent aussi , mais d'une qualité inférieure : c*esi
plutôt de la glu. Voyez au mots Jaquier et Figl ieb. (li.)
CAOUTCllOUC-MINÉKAL, bitume élasUque qu'
oa
CAP 3oj
trouve dans les mines de plomb du Dei'byshire. Voyez Bi-
tumes. (Pat.)
CAP , pointe de lerre fort avancée dans la mer, ordinai-
rement terminée par une montagne qui a résisté à l'action
des flots qui ont échancré les côtes voisines. Les capB les plus
connus des quatre parties du Monde, sont : le Cap^Nord ,
qui est la teiTe la plus septentrionale de THurope dans la
Laponie Danoise ; le Cap ae Bonne-Espérance , à l'extrémité
méridionale de l'Afrique ; le cap Comorin , dans les Indes ;
et le cap de Horn, à l'extrémité méridionale de la Terre-de-
Feu. Quand on parle de l'histoire ancienne, on donne aux
caps le nom de promontoires ; quand la terre avancée dans la
mer est basse, on la nomme pointe; quand elle est fort étroite
et un peu courbée , on lui donne le nom de bec, "En Amé-
rique , les petits caps sont appelés mornes, (Pat.)
CAP. On donne ce nom , dans le Nord , aux nœuds on
loupes qui se forment fréquemment sur le bouleau. Voyez au ^
mot Boui4£AU.(B.)
CAP ARAROCH. Voy, Chouette-Epervier. (Vieill.)
CAPELA^ ou CAPLAN, nom spécifique d'un poisson
du genre des Gades, Gadus minutas Linn., qu'on pêche
abondamment dans la Méditerranée. Voy, au mot Gade. (B.)
CAPELLA, nom du Vanneau en latin moderne. Voyez
ce mot. (S.)
CAPELLINA, nom latin du cochevis; en italien, c'est
eipellata. Voyez Cochevis. (S.)
"CAPERONNIER, nom d'une variété jardinière dans le
genre des Fraisiers. Voyez le mot Fraise. (B.)
CAPILLAIRE. On donne vulgairement ce nom à diverses
sortes de fougères, considérées relativement à leurs propriétés
médicinales. Ce sont la plupart des espèces d'AoïANTES ,
genre qui comprend le capillaire de Montpellier et celui du
Canada; plusieurs Dorapilles , telles que la doradille noire ^
la saupe^ffie, \epolytric ^ le ceterach, le polypode blanc , &c.
Voyez ces différens mots. (B.)
CAPILLINE , Trichia , genre de plantes de la cryptogamie
et delà famille des Champignons, dont le caractère est d'a-
voir le péricarpe turbiné ou cylindrique, d'une consistance
m:ollasse, et d'une blancheur de lait , devenant insensiblement
opaque , et se prolongeant en une petite colonne formée à
rintérieur d'un réseau filandreux, et à l'extérieur de fibres^
chevelues , enlacées les unes dans les autres , d'abord très-»
rapprochées sous la forme d'une enveloppe membraneuse ,
ensuite lâches et disposées en forme de treillage. Lessemencet
5ia CAP
«'échappent par toutes les petites ouvertures qui se frouvenl
à la surface au péricarpe.
Voyez pL 890 des Iliustraiions de Lamarck, et pi. 477
et 5oa des Champignons de Bulliard , où ce genre est
figuré.
On compte six espèces de capillinea , qui toutes viennent
sur le bois mort. Elles ont, dans leur adolescence > beaucoup
de rapports avec les réticiUaires et les moUissurea ; mais elles
en difi'erent , dans leur vieillesse , par leur forme cylindrique
et par leur réseau chevelu > qui est persistant.
La Cafilline axif£B£ est ferrugineuse , et a ses pédi-
cules noirs. Elle est d'abord ovale ^ et finit par être cylin-
drique.
La Capilline typhoïde est d'un brun rougeâtre et sea
pédicules sont plus gros & leur base. Elle est cylindrique k
tout âge.
La Capilline cendhée et la Capillike rouge portent
dans leurs noms leur principal caractère.
Les deux autres sont très-petites ; ce sont les Capilunes
liEUCOPODE et PENCHÉE. (B.)
CAPINERA, ou CAPONERA. C'est, en italien, la
fauvptte à tête noire. Voye* Fauvette. (S.)
CAPITAINE DE L'ORÉNOQUE. Voyez Grena-
din .( Vieill. )
CAPI VARD de Froger et de Yancienne Encyclopédie /
c'est le Cariai. Voyez ce mot. (S.)
CAP-MORE ( Oriolus textor Lath. , pi. enl. n" 375 et
376 » de VHiat nat. de Buffon^ Pies , espèce du genre Loriot.
Voyez ces deux mots. ). Cet oiseau , comme la plupart de ceux
qui habitent sous le climat ardent de l'Afrique , porte un
habit dont les couleurs varient d'une saison à l'autre. Au
printemps , sa tête est recouverte d'une espèce de capuchon
d'un brun mordoré , qui est remplacé dans l'arrière-saison
par une couleur jaune. Cette dernière teinte, plus ou moins
orangée^ règne sur le dos> ainsi que sur la partie inférieure
du corps , et borde les couvertures* des ailes^ les pepnes et
celles de la queue ^ dont la couleur principale est noirâtre. Il
paroit que le jeune est deux ans à pai-venir à ce changement-
Pendant ce temps, un jaune foible domine sur presque tout
son plumage ; il prend un ton brun-olivâtre sur la t^le, dei^
rière le cou et sur le dos. Grosseur, un peu au-dessous do
Yéiourneau; bec couleur de corne ; iris orangé ; pieds rou-
geâtres.
Cet oiseau se trouve au Sénégal , et dans le royaume do
Congo et Cacongo. Soji chant est singulier et fort gai. Ceux
CAP 3„
^*on a vtra vivans en France annonçoient des dispositions à
nicher^ quoiqu'ils n'y fussent pas excités par la pi*ésence de
leur femelle. Us ont construit des nids avec des brins d'herbes
ou de joncs ^ qu'ils entrelaçoient dans le grillage de leur cage.
11 est très-probable qu'avec quelques soins ^ et en leur pro-
curant une chaleur convenable, l'on parviendroit à les faire
multiplier. (Vieill.)
C APNIE , Capnia , genre de plantes de la cryptogamie ^
Jdi delà famille des Algues^ qui a été fait aux dépens des
liicHENS de Linnseus. Il comprend les fycAen pofyphjllut ,
^eusiusypolyrhizus, et autres dont les expansions sont presque
cartilagineuses, otnbiliquées^ d'une couleur obscure, et adhé-
rentes aux rochers par le centre de leur surface inférieure.
i^oyez au mol Lichen. (B.)
CAPNOIDE y Capnoïdes , genre de plantes établi par
Tourneforty et qui comprend quelques espèces du genre
FuMETERE de Linnasus. Gasrtner l'a renouvelé sous la con-
ûdération que la capsule , dans ces esjpèces, est bivalve, et
les semences attachées à un réceptacle intervalvulaire. Voyez
au mot FUMETÈRE. (B.)
CAP-NOIR ( Certhia eucullatay jd. 60 des Grimpereaux^
4. 3 de mon HisL des Oiseaux dorés et à reflets métalliques^
Ordre, Passereaux; genre, Grimpereau. Voyez ces deux
mots. ). Ce bel oiseau, de la Nouvelle-Hollande, a la télé
couverte d'un capuchon noir , qui descend en forme de ban-
delette sur les côtés du cou; celui-ci et le menton d'un jaune
xlair ; une bande transversale d'un brun roussâtre sur la
gorge ; la poiti'ine et les parties subséquentes d'une couleur
âe souci ; les couvertures des ailes , le dos et le croupion d'ua
gris bleuâtre ; les pennes des ailes et de la queue noii^. Lon-
l^ur totale , cinq pieds ti*ois quarts. (Vieili<.)
CAPNOPH YLLE , Capnophyllum , plante d'Afrique,
que Unnseus avoit placée parmi lesconium, sous le nom de
Conium Africanum, mais dont Gsertner a cru convenable de
faii'e un genre particulier. Ses caractères sont une ombelle à
peu de rayons ; les l'ayons latéraux des ombelles partielles ,
stériles, et ceux du centre très-petits, fertiles; les involucres
universelles et partielles de trois feuilles; les corolles irrégu*
lièrcs; les fruits sessiles et tuberculeux.
Cette plante a les feuiHes composées, planes; les pédoncules
opposés et glabres. Elle est annuelle, et répand la même odeur
que le Céleri. Voyez ce mot. (B.)
C APPA , quadrupède si mal décrit par Nieremberg ,
^u'ii n'est pas possible de le recocmoitre. Cet auteur dit que
3.» CAP
le cappa est plus grand qu'un âne^ noir^ relu, féroce^ et
fuiirste auK chiens; il dévore tout ce qu'il rencontre, et
comme le loup , il se jette sur les li^oupeaux. La forme de set
pieds est singulière ; son ongle semblable à un talon y son
front large et rond , et sa figure hideuse à voir. ( Hist, exoi.
lib. 9 , cap. 7. ) Nieremberg soupçonne que le cappa est le
même animal que le tapir ; l'abbé Ray, dans sa Zoologie
unit^erseUe , présume la même chose : mais le iapir n'est ni
velu, ni féroce, ni carnassier. (S.)
CAPPARIDÉES, Çapparides Jussteu, famille de plantes
dont la fruotiBcaltoh est composée d'un calice polyphylle ou
monophyUe divisé; d'une corolle formée de quatre à cinq
pétales , souvent alternes avec les folioles ou divisions du ca->
lice; d'étami nés rarement en nombre déterminé, plus sou-
vent en nombre indéterminé; d'un ovaire simple, ordinal--
rement stipité ; à stipe quelquefois staminifêre , et glanduleux à
sa base; à style nul ou très-court; à stigmate simple. Le fruit
est siliqueux ou bacciforme, uniloculaire, polysperme ; à
semences souvent réniformes, nichées dans la pulpe du fruit,
ou portées sur des placenta latéraux ; à périsperme nul ; à
embryon semi-circulaire ; à radicule courbée sur les lobes ,
qui sont presque cylindriques, et appliqués l'un contro
l'autre.
Les plantes de cette famille ont leur tige rarement her«
bacée, presque toujours frutescente ou arborescente, s'ékvant
le plus souvent dans une direction droite. Les feuilles sortent
de boutons coniques nus et dépourvus d'écaillés , et sont
alternes , simples , entières, rarement ternées et digitées. On
trouve quelquefois à leur base deux stipules , ou deux épinea,
ou deux glandes. Les fleurs, remarquables par leur ovair»
alipité, souvent grandes, affectent diflérentes dispositions.
Dans celte famille, qui est la huitième delà treizième classe
du Tableau du Règne végétal, par Ventenat, et dont les
caractères sont figurés pi, i5, n^ 3 , du même ouvrage , de
ui on a emprunté l'expression caractéristique qu'on vient
e lire, il i\y a que six genres ; savoir , MozAMB£,CAPRf£R ,
Tapier , Mabouya , RiLs^DA et Parn assie ; encore ces deux
derniers ne lui con^îennent-ils pas complètement. (B.)
CAPRAj dans Gesuer, est le nom du Vanneau. Fb/«s
ce mot. (S«)
CAPRA DE MATTO. C'est, disent d'anciens voyageurs,
le nom que les Portugais donnent à une espèce de clUétn do la
Côte-d'Or. (S.)
CAPRA IR£ , Capraria, genre de plantes a fleurs mono-
p6t<ilé«9 de la didynaoïie angiospermie , et de la famillq dei
I
CAP 3iS
JPersonneeb^ dont le caractère est d'avoir un calice oblong,
partagé en cinq découpiires droites , linéaires et persistantes ;
en une corolle monopetale cainpaniilée ^ plus grande que la
calice , et dont le limbe est à cinq divisions oblongues et
Sresque égales; en quatre étamines non-saillantes hors de la
eur^ et dont les filamens sont tantôt égaux , tantôt inégaux
-deux par deux ; un ovaire supérieur, conique , chargé d'un
style qui est terminé par un stigmate en télé échancrée.
Le fruit est une capsule oblongue , conique , marqué d'un
sillon longitudinal de chaque côté^ s'ouvrant en deux valves,
et divisé intérieurement en deux loges par une cloison oppoi^
$ée aux valves ; chaque loge contient beaucoup de semences
très- menues.
Voyez ph 534 des Illustrations de Lamarck.
Ce genre comprend six à huit espèces , dont plnsleurs no
lui appartiennent pas d'une manière bien positive.
L'espèce la plus certaine et la plus commune est la Ca-
PRA1R12 BiFiiORE , qui croît naturellement aux A ntilles et dans
pi*esque toute l'Amérique méridionale^ et dont on fait usage
de la feuille en guise de thé: on l'appelle le thé du Mexique.
C'est un petit arbrisseau à feuilles alternes^ cunéiformes,
dentées, rarement ciliées; à fleurs blanches, solitaires^ et
disposées deux par deux dans les aisselles des feuilles. On le
cultive dans les jardins de botanique.
Ruiz et Pavon ont donné y dans la Flore du Pérou , le nom
de XuARÈsE à un genre établi sur un arbuste qui avoit été
confondu partons les botanistes avec la Cafraire biflore;
c'est la capraire du Pérou de Feuille. Voyez au mot Xua-
RESE. (B»)
CAPRES. On donne ce nom aux boutons à fleurs du
C.\FRi£R ^ qu'on confit dans le vinaigre. Voyez au mot
Câprier. (B.)
CAPRICORNE , variété Au Bouquetin. ( Voyez ce mot. )
Cequadrupède,qui fut donné au commencement du siècle
dernier à la ménagerie de Versailles , sous le nom de capri^
corne , ressembloit beaucoup au bouquetin , et n'en difléroil
que par ses cornes , plus courtes et recourbées vers la pointe ,
comme celles du chamois , comprimées et annelées , à une
seule arête 9 sans face antérieure^ et ayant des rugosités sans
tubercules. BufFon soupçonne que le capricorne forme une
i*ace intermédiaire entre le bouquetin et le bouc domes'^
tique. (S.)
CAPRICORNE, genre d'insectes de la troisième section
de l'ordre des Coléoptères.
Les capricornes fout remarquaUes par la longueur de
Â
5i4 CAP
leurs antennes sétacées , par leurs yens figurés en crcnssuit ,
par le corcelet souvent épineux ou tubercule , par les tarses
composés de quatre articles , dont le quatrième est large et
bilobé : ils ont la bouche composée de deux lèvres , dont
l'inférieure membraneuse et bifide , de deux mandibules
arquées et cornées» de deux mâchoires membraneuses et
bifides , et de quatre antennules filiformes.
Ces insectes , nommés par les anciens capricorni , cérame'
hyces , font partie d'une famille très -nombreuse^ facile à
reconnoitre par la figure et la position des antennes^ et par
le nombre des pièces qui composent les tarses.
Lies capricornes sont distingués des priones et des Bcperdes
par le corcelet ; des siencores , des lepluree et des donacieM
parles antennes ; des callidiea par les antennes et les- yeux.
lies capricornes ont dû être distingués depuis long-temnt
par les belles proportions et les couleurs variées que pré-
sentent la plupart des espèces» et sur-tout par la longueur
des antennes qui caractérise le genre ; leur corps est alongé :
les antennes différent , par leur longueur , dansl'espèce même;
les mâles les ont ordinairement beaucoup plus longues que
les femelles ; leur marche n'est ni lente ni précipitée , et ils
font souvent usage de leurs ailes. Dès qu'ils se sentent saisis»
ils cherchent à se défendre» et font entendre un son aigu
assez fort » en frottant leur corcelet contre la base de l'écusson.
On rencontre ordinairement les capricornes dans les bois et
eur le tronc des arbres ; on les voit rarement sur les fleurs.
Us se nouriîssent du bois ou des sucs qui découlent des
arbres. La femelle se sert d'une espèce de queue ou tanière »
qu'elle a au bout de l'abdomen » pour percer le bois et pour
y introduii'e et y déposer ses œufs.
Les larves ont le corps alongé , asses mou » composé de
treize anneaux bien distincts ; leur léfe est écailleuse » asses
dure ; la bouche est pourvue de deux fortes mâchoires » par
le moyen desquelles ces larves rongent la substance du bois »
dont elles font leur nourritui^e. Elles changent planeurs fois
de peau » restent deux ou trois années dans leur premier état »
ae changent ensuite en une nymphe de la troisième espèce ,
«t l'insecte parfait en sort au bout de quelque temps.
Parmi plus de quatre-vingts espèces de capricornes, les
£lus connus sont le Charpentier ; il est d'un gris cendi^ ;
) corcelet est épineux et marqué de quatre points jaunes : il
ae trouve communément en Suède et dans tous les pays élevés
de la France.
Le Hjbios est noir avec les élytres brunes^ 8ttr>tout vers leur
'rter
f
f
f
f
^
CAP 5i5
extrémité; le corcdet est épineux et raboteux : fl «a trouve
dans presque toute l'Europe.
Le RosAiiiK se fait remarquer par ses antennes bleues
avec le bout de chaque article très-noir et vehi ; ses élyti'es ,
qui sont bleues > ont une large bande vers le milieu , une
jurande tache vers la base^ et une petite vers rextrémité , d'un
beau noir de velours.
Le Capjucorne musqxt^ , qu'on trouve assez communé-
ment sur le saule, répand une odeur très-suave, semblable
à celle de la. rose , odeur qui se fait plus fortement sentir dans
le temps de l'accouplement. Le corps de celui-ci est d'une
belle couleur verte, quelquefois bleuâtre ou cuivreuse. (O.)
CAPRICORNE , constellation qui forme le dixième signe
du Zodiaque, où le soleil entre au sobtice d'hiver, c'est-à-
dire le 21 ^e décembre. Ce signe a donné son nom au tro-i
pique austral, qui passe par son premier point (Pat;)
CAPRIER , Capparis Linn. ( Polyandrie monogynie. )^
genre de plantes de la famille des Caprifoliacées , qui com-*
prend près de trante espèces , toutes étrangères à r£uix>pe , à
l'exception d'une seule, qui est le Cafrisb commui<, cultivé
dans le midi de ]a France. Les câpriers sont des ai:bres ou
des arbrisseaux qu'on peut diviser naturellement en deux
sections : tous ont leurs feuilles simples et alternes; mais dans
les uns les feuilles sont garnies à leur base de .deux épines, et
ceux-là ont un fruit qui ressemble à une. baie; dans les autres ,
les feuilles sont ordinairement nues ou munies de deux
glandçs , et le fruk de ceux^i imite une silique*
Les caractères du genre sont : un calice à quatre folioles
ovales, concaves et caduques; une corpUe à quatre pétales
ouverts et plus grands que le calice; un grand nombre d'éta^
mines communément plus longues que les pélales , et ua
ovaire supérieur soutenu par un pivot et chargé d'un stig-t
mate obtins et sessile : cet ovaire devient une espèce de capsule
ou de siUque , cylindrique ou ovale , à une loge , et remplie
d'une pulpe dans laquelle sont nichées beaucoup de semencea
réniformes. Voyez la pL 446 des lUustrat, de Lamarck,
Les espèces les plus remarquables sont :
Le Cafrisk ordinaire, Capparie apinosa Linn. C'est un
petit arbrisseau qui crott en Barl^irie et au midi de l'Europe^
dans les lieux pierreux , dans les crevasses de» rochers et les
fentes des vieilles murailles. H vient en touffe lâche et diffuse ,
et a des tiges ou des sarmens nombreux , garnis de feuilles
entières, lisses , un peu charnues, et d'une forme ovale ar|?Qn-«
[y die; au bas de. leur pétiole, on voit deux épines courtes Ql
5i6 CAP
erochnea^ et de chacune de leurs aisselles s'élèvent des pédon-
cules portant une seule fleur large et très-ouverte , qui y par
la blancheur de sa corolle et la teinte pourprée de ses eta-
mines nombreuses^ offre un aspect trè»-agreable. Les fruits
qui lui succèdent ont la forme d'une poire.
Il se fait dans la Provence ^ en Barbarie, et aux environs
de la ville de Tunis^ un commerce important en càpreê; c'est .
le bouton de la fleur du câprier. Cet arbuste n'est point ori-
ginaire de ces pays , mais de TAsie ; aussi n'y vient-il que par
le moyen de la culture. La câpre de Tunis est très-inférieur»
à celle de Provence^ et Ion en fait moins de cas dans lo
commei*ce. C'est sur-tout entre Marseille et Toulon qu'on
▼oit beaucoup de câpriers ; des champs entiers en sont cou-
verts, el on les y cu|live en grand.
On les plante en quinconce , à envii'on dix pieds de dis-
tance les uns des autres; et comme ils multiplient beaucoup ,
et que la motte grossit continuellement par des œilletons qui
s'appliquent toujours aux rejetons précédens , on s'en procure
les plants en dégarnissant les mères. Les plantations réus-
siasent toujours, les câpriers craignant peu la sécheresse et la
chaleur ; miûs ils redoutent un froid trop fort , et sur-tout
l'ombre. Au printemps, un labour leur suffit; en automne ,
pour les abriter , on coupe les montans à environ six pouces
de terre, et on couvre toute la plante avec la terre qui est
entre les pieds : on les laisse tout l'hiver sous cet abri.
Le printemps suivant, on découvre les vieux ;ets jusqu'au-
près du collet des plantes , qui bientôt en repoussent de nou-
velles. Les câpriers ne tardent pas à fleiuîr au commencement
de l'été , et ils continuent à porter des fleiws tant que les fraî-
cheurs des nuits ne resserrent pas leur sève.
Les femmes et les enfans vont tous les matins recueillir les
boutons; on n'y manque point, parce que la grosseur de la
câpre en diminue la valeur. Quelques précautions qu'on
apporte dans la cueillette , il y a toujours des boutons qui
échappent et qui fleurissent ; on les laisse venir en graine ; et
quand les capsules , encore vertes , sont grosses comme une
olive , on les cueille et on les confit : elles forment un meta
agi*éable , et c'est ce qu'on appelle le cornic/ion dé câpre.
A mesure qu'on apporte ces récoltes journalîèi^es , on les
jette dans des tonneaux remplis de vinaigi*e, où l'on ajoute
uu peu dé sel; alors des mains des cultivateurs elles passent
dans celles des saleura commerçans , qui préparent les olives,
les anchois, les sardines et autres poissonsou provisions. Ceux*
ci , au moyen de plusieurs grands cribles , laits d'une plaque
^ ouivre rouge un peu creuse, et percée de trous de diverses
CAP 5,7
grandeurs 5 en séparent les différentes qualités^ et les rangent
sous des numéros parliculiers : ils en renouvellent le vi->
naigre , et les remettent en tonneaux pour être traasporlés*
Cette petite branche de commerce est très-lucrative.
Dans les pays tempérés de la France , il faut planter les
câpriers au pied des murailles exposées au midi , les rabattro
avant les froids , les butter abondamment , et les couvrir de
manière à pouvoir être garantis de la trop grande humidité ;
comme elle pénètre facilement , l'hiver , dans les lieux salpé*
tres^ on doit éviter de les y placer; Un n'aiment point non
plus une terre forte , neuve ou grasse , mais une terre sablon*
neuse^ légère, qui soit fraîche ou arrosée de temps en temps ^
et qui , sur-tout , ne soit pas chargée de substances putrides ,
telles que les eaux de fumier , le ten*eau, les immondices , &c.
En choisissant bien le sol et l'exposition , on peut , même dans
ces pays y les conserver quinze ou ^dngt ans : ils ne rapporte^
ront jamais autant que dans les pays chauds ; mais si on les
laisse fleurir en liberté, ils feront l'ornement des jardins, et
l'on en pourra recueillir les cornichons,
JLes câpres confites excitent l'appétit et rafraichissent; le
vinaigre qui a servi à leur macération , appliqué extérieure-
ment ,est un bon résolutif. £lles doivent avoir une belle cou-
leur verte. Quelques marchands , pour la leur donner, se
servent de cuivi'e : cet usage est très^dangereux.
Ije Câprier de AJaLiABar, Capparis baducca Linn. C'est
un arbrisseau toujours vert et non épineux, à feuilles ovales
lancéolées et glabres , qui croît au Malabar dans les lieux sa-
blonneux , et qui fleurit dans le mois de janvier. Les Indien a
le cultivent à cause de la beauté de ses fleurs , qui naissent
jusqu'à trois ensemble aux aisselles supérieures des rameaux ;
leurs étamines sont bleuâtres, et de la longueur de 1^
corolle.
Le Câprier a grosses siliques, Capparis amplissima
Iiam. Cette espèce , que Linnaeus confoqd avec la pi'écé-
dente, en diffère pourtant beaucoup. Elle s'élève en arbre,
avec une tige quelquefois très-grosse, et recouverte d'une
écorce épaisse, noirâtre et ridée; ses feuilles sont glabres,
ovales et veinées; ses fleurs soUtaires sur leur pédoncule , et
dont les nombreuses étamines sont blanches ainsi que la co-
rolle, forment comme autant d'aigrettes aux aisselles des
feuilles supérieures. Le fruit est ovoïde , et de la grosseur d'un
œuf d oie. Ce câprier se trouve à Saint-Domingue.
Le Câprier a siliques rouges, Capparis cynophallo^
phora Linn. , vulgairement le pois mabouia , ou la fève du
diable des Caraïbes. Q croit aux AotiUes, et s'élève beaucoup
Si8 CAP
tuoins que le précédent : ses feuilles sont ovales , ôbtiuesj
persistautes , et munies de glandes au point de leur insertion
sur la tige ; ses fleurs naissent trois ou quatre ensemble à l'ex^
trémité des rameaux y sur de courts pédoncules ; elles sont
blanches, gi*andes, fort belles et d'une odeur agi^ble. Ses
fi-uits f longs d'environ six pouces , s ouvi*ent en deux valves
dans leur longueur, et d'un seul côté; ils contiennent une
chair d'un rouge très- vif, dans laquelle sont nichées des se^
menées foi*t blanches, qui brillent sur ce fond comme autant
de perles.
Le Câprier i^ùisant, Cappcuris breynia Linn. Des feuilles
ovales lancéolées, luisantes en dessus , ponctuées et un peu
rudes en dessous ; des pédoncules supportant plusieurs fleur»
blanches et très-odorantes ; des fruits cylindriques, noueux
et un peu écailleux. Tels sont les caractères spécifiques de ce
câprier , arbrisseau d'un port élégant , qui croit aux Antilies
et dans le continent voisin , près de la nier.
LeCAPRiRR A BsrxES FLEURS, Capparis pulchêrrimaJacq.
Ce câprier y qu'on trouve sur les pentes des montagnes des
environs de Carthagène , s'élève depuis trois jusqu'à douxe
pieds, suivant les heux et la natui^ du tiol. Ses feuilles sont
obtuses et très^longues ; ses fleurs viennent en grappe à Tex-
trémité des rameaux; elles sont d'un jaune blanchâtre, fort
belles , et elles exhalent une odeur très-suave. (D.)
CAPRIFICATION. Opération pratiquée anciennement,
et encore aujourd'hui au Levant , dans la vue de hâter oa
faciliter la maturité des figues. £Ue consiste h placer sur un
figuier, qui ne produit pas de figues^'/leurs , ou figuee^pre^
mièreêj quelques-unes de celles-ci, enfilées par un fil. Le»
insectes qui en sortent chargés de poussière fécondante , s'in»
troduisent par l'csil dans Tintérieur des secondes figues, fé-
condent par ce moyeu toutes les graines , et provoquent la
maturité du fruit. Ces premières ligues , comme on sait , pa-
roissent un mois avant les autres. Les secondes mûrissent suc-
cessivement depuis le mois d'août jusqu*en octobre et même
plus tai^.
Cette opération, dont quelques auteurs anciens et quelque»
modernes ont parlé avec admiration, ne m'a paru autre cliose,
dans un long séjour que j'ai fait aux iles de l'Archipel , qu'un
tribut que l'nqmme payoit à l'ignorance et aux préjuges. En
efiet , dans beauc;oup de contrées du Levant , on ne connoit
point la caprification : on ne s'en sert point en France , en
Jtalie , en £s]>agne ; on la néglige depuis peu dans quelaues
iles de rAi*chipeI où on la pratiquoit autivlbis ; et cependant
on obtient par-tout des figues tre»-bonn€s à manger. Si cette
CAP 3i^
opération étoit nécessaire , aoit que la fécondation dât s'opérer
on Ta cru communément ^ on sent bien que ces premières-
figues en fleur 9 ne pourroient féconder en même temps celles
qui sont parvenues à une certaine grosseur^ et celles qui pa*
loissent a peine , ou ne paroissent pas encore , et qui ne mû-
rissent que deux mois après les autres.
Laissons tout le merveilleux de la caprification , et conve*
nons^ d'après l'observation , qu'elle doit être inutile , puisque
chaque figue contient quelques fleurs mâles vers son œil, ca-
pables de féconder toutes les fleurs femelles de l'intérieur, et,
que d'ailleurs ce fruit peut croître, mûrir et devenir excellent
à manger, lors même que les graines ne sont pas fécondées.
Bernard a donné sur cette matière, des mémoires aussi in-«
téressans qu'instructifs. Il a observé que les figues que l'on
cultive au midi de la France, ne sont jamais attaquées par des
cynipa , tandis qu'on les tiouve constammenttdans les graines
des figues sauvages. Lorsque les figues sont assez grosses pour
que les fleurs femelles soiont bien sensibles , des cynips pénè-
trent dans l'intérieur par l'œil , et vont sur chaque semence
déposer les germes qui doivent reproduire ces insectes. Un
mois suiSt pour que les larves pai*viennent à leur dernière
métamorphose. Le cynips sort de chaque graine par une ou-
verture qui suit constamment la direction du pistil. On trou-
vera à l'art. Cykifs la description de cet insecte. (O.)
CAFRIFIGUIER. On donne ce premier nom , dans le
Levant , au figuier sauvage , dont les fruits servent à la Cafbi-'
FiCATioN. F^oyes ce mol , et le mot Figuier. (B.)
• CAPRÏFOLIACÉES, Capri/o//a Jussieu, femille de plantes
dont la fructification est composée d'un calice mono^^hylle ,
presque toujours divisé à son limbe , rarement entier , sou-
Tent caliculé à sa base ou muni de deux bractées ; d'une co-
rolle ordinairement monopétale, régulière ou irrégulière,
quelquefois fermée de plusieurs pièces dilatées ou reunies à
leur base; d'étamines en nombre déterminé , le plus souvent
simples , toujours épipétales et alternes avec les divisions de
la corolle dans les f|eurs monopétales ; épîgynes et alternes ,
avec les parties de la corolle, ou insérées sur la corolle et
opposées à ses parties dans les fleurs polypétales ; à anthères
droites, biloculaires; d'un ovaire simple , inférieur, à style
souvent unique , quelquefois nul , à stigmate simple, rarement
triple.
Sao CAP
Le fruit est une baie ou une capaule k une on plufieiirf .
loges , renfermant Une ou plusieurs semences à embryon placé
dans une petite cavité , située au sommet d'un perisperme
charnu , et à radicule supérieure.
Les plantes de cette famille ont les tiges arborescentes ou
frutescentes 4 rarement herbacées , presque toujours droites ,
quelquefois rampantes , quelquefois volubles. Les feuilles , qui
sortent de boutons coniques , sont le plus souvent opposées ,
communément simples et toujours dépourvues de stipules ; le
pétiole , qui les porte , est très-court , quelquefois même il est
nul , et alors elles se réunissent à leur base pour ne former ,
en appai-ence^ qu'une seule feuille entilée par la tige. Lea
fleurs , ordinairement hermaphrodites et rarement diclines
ou stéiiles , affectent diflérentes dispositions.
Dans cette famille , qui est la troisième de la onzième classe
du Tableau du règne pégétal , par Yentenat , et dont les ca-
ractères sont figurés pi. iS^n^ a du même ouvrage , de qui on
a emprunté l'expression caractéristique ci-dessus , on compte
treize geni'es divisés en quatre sec lions ; savoir :
Ceux qui ont le calice caliculé ou muni de bractées, le
style unique et la corolle monopétale : la Linnée, laTRiosTKj
la Symphoricarpe , la Dierville^ le Gamérisier et leCnis-
VREFCUIIiLE.'
Ceux qui ont le calice caliculé ou muni de bractées , le
style unique et la corolle presque monopétale : le Lorai^te ,
le Gui , le Palétuvier.
Ceux qui ont le calice muni de bractées, le st^le nul , troia
stigmates et la corolle monopétale ; la Viorne , le Sureau.
Ceux qui ont le caUce simple , le style unique et la corolle
polypétale : le Lierre. (B.)
CAPROS f Caproe , genre de poissons de la division dee
TuoRACHiQUEs , établie par Lacépede aux dépens des Zées de
Linnsus. Son caractère consiste k avoir le corps et la queue
très-compiimés et très-hauts; point de denta aux mâchoires;
deux nageoires dorsales ; les écailles très-petites ; point d'ai*
guiUons au-devant de la première ni de la seconde dorsale ,
ni de l'anale.
La seule espèce qui compose ce genre est appelée Capros
SANGLIER, c'est le Zeubuper deLinnaeus, le Sanglier deKon-*
delet. 11 a neuf rayons à la première nageoire du dos ; vingt-
trois à la beconde; trois rayons aiguillonués et dix-sept rayon*
articulés à la nageoin; de Tanus; la caudale sans échancrure*
On la II ouve dans la Méditerranée. Sa «hair est dui'e et ré-
pand quelquefois une mauvaise odeur. On l'a appelé sanglier p
parce qu'il a le museau avancé, et une lèvi^ supérieure aua-
^C A P 5ji
cepûble d'applatûsement commo les cochons : de plus , »es
écailles sont striées et frangées sui* leurs bords, ce qui leur
donne un peu l'apparence d'être couvertes de soies ^ sembla-
Lies à celles du même animal. Voyez au mot Cochon. (B.)
CAPS£, Capsa , nouveau genre de coquilles bivalves, établi
par Lamai'ck pour placer quelques espèces des genres Tel-
lins et Venus de Linn. , qui ne conviennent point parfaite^
ment aux caractères de ces genres. Celui que Lamarck indique
comme devant appartenir aux capaes , sont : coquille Irans-
verse ; deux dents cardinales sur une valve, et une dent bifide et
intrante sur la valve opposée. Il donne pour type de compa-
raison, la Venus deflorata Linn. , qm est figurée pi. oi «
fig. 3 et 4 de Y Encyclopédie par ordre de matières , section
des Vers; et dans Gualtieri, Test, tab.86, fig. B. C. Voyez aus
mots TEiiiiiNE et Vénus. (B.)
CAFSËLLE , Capselta , genre de plantes établi par Venr
tenat, à l'imitation de Tournefort , pour placer quelques es-
pèces du genre Thlasfi de Linnseus, dont les siliques pré-
sentent des difiérences lorsqu'on les compare à celles des
autres. Dans ce nouveau genre entre la plante, si commune,
appelée vulgairement bourse à pasteur, et dont on sait que la
capsule ou silicule est triangulaire et sans l'ebords , tandis que
dans les véritables thlaspis, elle est ronde et entourée d'un
rebord. Voyez au molTHiiASPi. (B.)
CAPSUL AIRE , Capsularia, genre de vers intestins, établi
par Groèze. Il a pour caractèi'e d'être mince , rond , aminci à sa
partie antérieure , obtus à ses extrémités , et renfermé dans
une vésicule capsulaire.
II comprend deux espèces, dont l'une fait partie des cu^
calions du Systema naturœ , édition de Gmelin. C'est le
cucuUanus scUaris qui se trouve dans le foie des poissons d'eau
douce. L'autre, des ascarides du même ouvrage. C'est V ascaris
halecis qui se trouve dans les vésicules séminales du hareng.
Voyez aux mots Cucullan et Ascaride.
U paroît que ce genre peut difficilement être séparé * des
dragonaux ou des filaires, par aea caractères physiques ; mais
son genre de vie l'en éloigne beaucoup , parce qu'il se trouve
toujours dans une capsule et roulé en spirale, tandis que les
espèces des genres cités plus haut sont libres , soit dans les in-
testins , soit entre les tég umens. (B.)
CAPSULAIRE , nom donné par Cuvier , dans les tableaux
ui font suite à ses leçons d*analomie comparée , à un gepre
e vers polypes intermédiaire entre les Tubul aires et les Ser*
TULAiREs. n est probable que ce genre est le même que celui
appelé Cellaire par Lamarck. V(^ez ce mot. (B.)
iV. X
ï
3sw t: A p
CAPSULE 9 Capsula , péricarpe aec et crenx , s'ouvrant
d'une manièi'e déterminée en une > ou plusieurs parties ap-
pelées i^aiues ou. Jtaitans, Voj.'les mots Fjleur, Pxricabpk
eiValphabei, à la suite de larticle Plante. (D.)
CAPUCHON. NOIR ( Merops^cryaopteriiëy Lath-, ordre
Pies , genre du Gubfiek; Voyez ces deux mots. ). Ç^ guêpier
se trouve à la Nouvelle-Galles du Sud ^ où il ^estxonnu sous
le nom de gtào gtémr^uck. Ce nom est commun à un autre
oiseau du même pays , queje ferai connottre sous le nom de
goruck. Il vit ^e mouches^ d'insectes , et suce le miel de dif-
ierentes espèces de plantes de la famille de celles que les An-
glais nomment baakàia ; son plumage est généralement brun ^
mais plus pâle sur la tige des plumes , plus foncé sur les
pennes des ailes, dontles quatre ou cina des plus extérieures
ont dans le milieu une taclie orangée ; la queue est élagée^
et toutes les pennes ^ excepté les deux intermédiaires, sont
terminées de blanc , la langue est terminée par des soies ^
le bec et les pieds sont noirs ; longueur d'environ douae
pouces. Espèce nouvelle, (Vieill.)
CAPUCIN. Nom vu^aire du sajou brun , à cause de sa
couleur* Voyez Sajou. (S.)
CAPUCIN (LE) , nom donné par les marchands à une
coquille du genre Càtiz, qui vient des mers d'Afrique, /^o/.
CONE. (B.)
CAPUCINE , Tr^poÊolum Linn. ( Xhtandrie moncgynU, ) ,
genre de plantes très-beau , très-remarquable , qui n'appar-
tient encore à aucune famille. Il a des rapports avec les ^ero-
niums , les violettes et le9 balsamines. Ses caractères sont , un
calice coloré , d'une seule pièce , à cinq divisions profondes,
lancéolées , et dont les trois supérieures se terminent en un
éperon alongé ; une corolle invgulière formée de cinq pétales
larges et arrondis, deux supérieurs nus et rétrécis simplement
k leur base, trois inférieurs ciliés et portés sur un ongle! étniit
et oblong ; huit étamines inégales, plus courtes que les pétales ,
et ayant leurs filamens inclinés ; un ovaire su|>érieur à trois
lobes; un style étigé de la longueur desélamincs, et couronna
par un stigmate à trois pointes.
Le fruit est formé par tixns capsules charnues, réunies,
convexes et sillonnées en dehors, angulaires en dedans et
attachées à la base du style , qui persiste ; chacune d'elles ren-
ferme une semence de la même forme. Voyez la planche S77
des Illustrations de Laniarck.
Les espèces de ce genre , dont on ne connoft jusqu'à pré-
sent qu'on très-petit nombre , sont des herbes exotiques, qui
ontlestigesfoibleset grimpantes, les feuilles alternes, simples.
CAP 3a3
et commnniinent en rendaclie y et les fleurs axillaîres, A
l'exception d'une seule espèce trouvée aux environs de Bue^ v
noB-Ayren , par Commerson ( la capucine à cinqfeuiUes ) ,
toutes les autres sont originaires du Pérou ^ et maintenant très-
communes dans nos jardins. Cependant on eu cultive plus
particulièrement deux , savoir : la Grande Capucine ou le
Grand Cresson d'Inde , Tropœolum majus Linn. , et la Pe-
tite Capucine ou le Petit Cresson d'Inde , Tyopœolum
minus Linn. La première n'est connue en Europe que dé-
puis 1684 ; la seconde y avolt été apportée dès i58o. Elles sont
annuelles dans notre climat et vivaces, dit- on ^ dans leur
pays nataL Elles difierent principalement par la grandeur
respective de leurs parties. Toutes deux ont des tiges cylin-
driques et grimpantes^ et des feuilles anx>ndies en bouclier et
ombiliquées^ c'est-è-dire attachées soi pétiole parleur centre ;
mais les feuilles sont plus petites dans la seconde espèce , qui
d'ailleurs s'élève moins. La fleur de la grande capucine est
d'un jaune orangé ou d'un ponceau éclatant , et ses deux pé-
tales supérieurs sont marques à leur base de lignes noii^àtres.
ToL petite capucine a ses fleurs d'un jaune pâle , et les trois pé-
tales inférieurs plus petits que les deux autres , et tachés de
rouge. Celte dinérence dans la forme ou dans la couleur de
leurs fleurs est constante ^ et suffit pour [es distinguer. Dans
l'une et l'autre espèce la surface supérieure des feuilles est
lisse et verte ^ et la surface inférieure pàle^ et quelquefois pu-
bescente. Ces feuilles , grandes ou jpetites , ont la singubèra
propriété de rester sèches après avoir été arrosées.
liJEi capucine est une des plus belles plantes qui nous soit
venue de l'Amérique. La forme singulière de ses fleurs, leur
grandeur et leur éclat , frappent et étonnent l'œil en le flat-
tant agréablement ; elles se succèdent dans nos climats pen-
dant tout l'été ^ et même jusqu'à l'en&ée de l'hiver. Dans les
pays chauds cette plante demeure verte et fleurit toute l'année.
En lui donnant un appui y dont ses tiges foibles et lourdes ont
besoin y on peut la faire monter à une assez grande hauteur,
et en orner les murs des jardins y les berceaux , les terrasses
ainsi que les cours et les fenêtres des maisons. U y a une ca-
pncine à fleurs doubles y qui est fort recherchée des curieux ;
c'est une variété de l'une des deux espèces dont nous venons
de parler , elle se maintient plus droite , est moins grim-
1>ante, conserve plus facilement ou plus long-temps ses tiges ,
orsqu'onla tient en serre chaude dans les temps convenables,
et peut se propager facilement de bouture. Les espèces an-
nuelles se multiplient d'eUes- mêmes par leurs graines , qui
tombent encore un peu vertes , achèvent de mûrir sur la
2
5a4 C A P
terre , -et germent «u printemps. C'est dans celte saison qu'où
âoit les semer y ou en place ou dans de petits pots, pour,
pouvoir les transplanter plus aisément. Elles aiment le soleil
et L'eau , et demandent une bonne terre.
lies fleurs de capucine ont l'odeur , le goût et les propriétés
du cresson 5 aussi les mange-t-K)n en salade. On confit au vi-
naigre les j eunes boutons et même les j eunes fruits ; ils tiennent
alors lieu de câpres ^ et ils sont plus parfumés. On jette ces
boutons dans du bon vinaigre , ils doivent y tremper ; à me-
sure que le nombre en augmente , on ajoute de nouveau vi-
naigre. Il suffit de couvrir avec une toile ou avec uneplancbo
les vases destinés à cette préparation ; le vinaigre , par sa
communication avec l'air , devient de plus en plus acide et
fort ^ et les câpres^capucine» en acquièrent plus de saveun
On peut^ si l'on veut , y mêler un peu de ^1 ou de poivre.
La grande capucine ofire un phénomène bien singulier ,
qui a été observé pour la première fois par la fille de Lin--
uasus. Dans les jours chauds de l'été , vers le crépuscule du
soir , il sort de 9idA fleurs une lumière vive comme l'éclair^ et
trop vit nous y oblige. C'est sur-tout dans le mois de juillet
Sueces petits éclairs sont le plus fréquens. Ce phénomène est
igné de fixer l'attention des naturalistes pliysiciens ; il de-
manderoit à être observé de nouveau et d une manière sui*
vie^ pour savoir s'il est l'efiet des principes conslituans de la
plante , dans quelque sol qu'elle se trouve , ou s'il faut l'at-
tribuer à la nature du terrem, ou à d'autres circonstances qui
nous sont inconnues.
On trouve dans quelques jardins la Capucine i^AcuriJ^s ,
Tropctolum perigrinum Linn. C'est une fort jolie espèce, qu'on
reconnoît aisément à son feuillage et à la forme élégante de
ses fleurs ; elles sont un peu petites et d'un jaune orangé; l'épe-
ron du cahce est plus long que ia corolle ; et les pétales sont
finement découpes en leurs bords. Cette capucine est grim-
Sanle aussi , et a ses feuilles médiocrement ombliquées et
écoupées profondément en trois ou cinq segmens un peu
dentés.
La Capucins bâtarde , Tropceolum hibridumlAnn, , est
selon Liniueus une variété obtenue de l'espèce à grande*
feuilles. Elle a le poi*t des autres capucines; mais les pétale*
de sa fleur varient et sont difficiles à déterminer^ et ses feuillet
au lieu d'être ombiliquées , sont en coin élargi , et à cinq lobes
très-entiers. (D.)
~ C APURE , Capura, C'est un arbre dont les rameaux sont
C A K 5a5
opposés ;le8'feuinè8 opposées^ oyales^entièi^ea; les fleurs pui^
parines et disposées en faisceaux axillaii*es.
- Chaque fleur est dépourvue de calice, et a une corolle mo«*
nopétaîe y tubuleuse ^ cylindrique , à limbe à/six découpures
orrondies , dont trois y extérieures et alternes ^ sont plus étroites;
«lie a de plus six étamines y a les anthères presque scssiles ,
et dont trois sont plus élevées que les autres : un- ovaire su-
périeur y arrondi y trigone , tronqué y chargé d'un style très-
court, ayant un stigmate un peu alongé^IiefFuilest unebaie.
Cetasbre croît dans riiuk. (B.)
CAPYfiARA,nom brasilîen du Cabiai. /^sjf.cemot. (S.)
C AQ U £ PI N !•£ , genre de plante» adopté par Gmelin y
d'après Sonnerat y qui l'avoit établi dans son Voyage à la
'Nouvelle^Guinée sous le nom de ^reririas^C'est la gardène thur^
hergique. Voyez au mot Garbene. (B-.)
GARA , liseron^ d'Afrique dont les nègres mangent la ra-
cine. On ignoreà quelle espèce cette plante doit étro rapportée.
Peut-être est-ce tout simplement le liseron paiaie..Yoyez au
mot Ll5£RON. (B,)
CARABACIUM^ nonr donné à un. bois aromatique de
yinde y qu'on regarde comme un excellent remède contre lo
scorbut. On ignore par quel arbre il.est fourni. (B.)
CARABE ^enre d'insectes de la pxemière section de l'ordre
des CoLÉOPTERESà
Les caro^^s ont le corps alongé; le corcelet ordinairement
en €œur; les élyti^es convexes, distincte^ du corcelet; les
antennes filiformes ^-de la longueur environ de la moitié du
corps; la bouche munie de* deux lèvres , de deux nuuidi-
bnlesyffrand^^arquéesy. dentées; de deux mâchoii^es cornées,
et de SIX antennules ; une appendice à la base des cuisses
postérieures y aivec les tarses filiformes, composés* de- cinq
articles.
Linnasus désigne ce geni^esous le nom decarabus, du mot
scora^^aiM, légèrement changé. GeoiTrôi lui a voit restitué celui
de bupreetis, que les anciens lui avoient donné y et qui est tiré
•de la qualité malfaisante que l'on attribuoità ces insectes ; le
mot bupreatisy signifiant en grec faire crever les bœufs. Mais
le mot oara67«s a prévalu, et l'autre a été assigné aux richards
du même autetu'.
Le genre des carabes est fiicile à reconnoître. Indépendam-
ment des caractères génériques qu'ofirent les antennes et les
tarses , ces insectes ont une forme particulière qui les dislingue.
'Us difierent des ténébrions paries antenn&s et les tarses ; des
^eicindèles, par la tête, les yeux, le corcelet ,.les pattes et les
tarses-^ des scarites, par les antennes etles pattes antérieiures»
33S CAR
Ija plupart ieê earabea sont aptères , qvtoique les élytrm
soient séparées l'une de l'autre , et qu'elles puissent s'ourrir
ou s'écarter du corps ; on ne tiT)uve au-dessous qu'un moi»
gnon d aile y c'est-a-dire , une petite pièce mince , étroite,
membraneuse , garnie de nervures , phis ou moins longues ,
mais toujuars trop courtes pour pouvoir servir au vol. Plusieurs
espèces ont des ailes.., dont elles font rarement usage.
Les larves des ctxrabe^ vivent dans la terre, dans le boia
pourri ; elles sont difficiles à rencontrer , et conséquemment
peu connues. Ce sont des vers mous, dont le corps alongé
a six pattes écaillenses , et une bouche armée de deux forlea
mâchoires ou pinces, qui leur sei'vent à saisir les larves et le»
insectes dont ils se nourrissent.
Les carabes sont très-agiles, on les rencontre très-firéquem-
ment dans les champs et dans les jardins, courant avec beau-
coup de vitesse , et se cachant le pins souvent dans la terre et
sous les pierres. La plupart , parmi les grandes espèces sur-tout ,.
évitent la lumière, et ne sortent que la nuit. Ils sont ti^ès-vo-
races; ils se nourrissent de larves, de chenilles, et souvent
d'insecles pai*fails , dont ils se saisissent avec leurs grandes et
fortes mâchoires : ils ne s'épargnent pas même entr'eux, car
souvent Os se dévorent impitoyablement les uns les autres.
Les carabes i^pandent «ne odeur lre»-forte et très-désa*
gréable, qui approche de celle du tabac , et de quelques plantes
vénéneuses. Lorsqu'on les prend, on voit sortir de la bouche
ou de l'anus, une liqueur d'un vert noirâtra, trè»-âcre, et
très-caustique, et dont l'odeur est plus forte et plua péné*
franleque celle que répand leur corps.
Les anciens avoient regardé ces insectes comme un poison
Kur les bœufs qui en avaloient quelques-uns , mêles avec
erbe dont ils se nourrissent dans les champs et dans les
prés ;. ils les croyoient capables d'enOammer les intestins de
ces animaux , par leur causticité. C'est à cause de cette qua-
lité malfaisante, qu'ils leur avoient donné le nom de bupreste
Hippocrate, Pline, et les anciens médecins, attribuoieni
k ces msectes une vertu peu inférieure à etVLeAeAOMthandes,
ils en faisoicnt usage dans divenes maladies, dans l'hydropi*-
nie, dans les Ijmpanites, et sur-tout dans quelques maladies
auxquelles les femmes sont particulièrement sujettes. Us les
faisoienl prendre intérieurement à très-petite dose, et ils les
employoient quelquefois en pessaires, mêlés avec des sub-
stances aromatiques.
Comme ce genre vient d'être divisé en plusieurs par quel-
ques auteurs étrangers, nous croyons devoir renvoyer a ch»->
cun d'eux ce qu'il y a de particulier à dire» On peut cia coor*
e A K 527
•équence eoiùailterlea mots Cychrcs, Calosohb, 6ai,e-
BM'£ , BhaCHINLIS , AnTHIE , ManTIGOBB-, ScaKITE , liES-
TEVE el Odacanthk. Malgré cea i-eU'anch«men.«, il reste pliu
dedeux cents mra&e* connus , qui se trouvent pour Ia-pIu|Mirl
en France ;les plus reui 01*4 fiables 011 les plus coantia, sonl :
Le Cahabe coriace , qui est a^tt:ref noir , dont te corcelct
elles élytreS'Sont rugveux.Cetttie plus^groit-de csux.qu'on
trouve en. France.
IieCA.HABKDORé; il estaptère,noirendeesoiu, d'un vert
doré en deanu , ses élytres préwnleat de larges sillons lisse».
he L£UcopHTAi.Hs.e*tailé, noir, son corcelet«st.cannelé ;-
•es élytres scot striées.
Le VuuMiRE est ailé, d'tm.QoirbroiuéjMswiteniiei et
■es pattes sont noires..
Le Carabe PRA)tfti,quiest ailé,Doir,quiala téteetlecor^
celet dorés, dont les élytres sont ferruginetises,avec une grand» -
tache dorée.
Parmi les espèces étrangères, celui qui jnérite le plusnotra-
in te n lion,, est le Savonier, que j'ai décrit dans mon Ento-
mologie, et fig. pi. 3, fig. a6;ile»t noir avec le bord du corcelet
et des élyti-esÂùives, les antennes et les pieds pâles. Les nègres
du Sénégal, suivant la remarque de Geoffroy- Villeneuve, s0
servent de cetânsecte pour la composition d'uo. sftvon Doir
qui a les mêmes propriétés que les nôtres. (O.)
CAAABIQ:UES>(LES), Caraiici, Famille de l'ordre des
Coi.KopT£REs , établie par Lalreiile , et qui appartient k Ut-
première section. £1Ib se divise en C^IiÉriorades , qui eux->
mêmes se subdivisent en :
ÉtAPasifiM} ilseompreonsnt les genres ËLAPaB» et Bem-
BIDIOK.-
GRAFinn-ÉsiDEB ; les genres Aktria et Grafhittère.
Bombardiers; lés genres Brachinus,Odacantmk et AoBA.
LoNOiPALFES i les genres Galérits et Dryptb.
BARBt;s; les genres Eooonofhork, Loricèhe, NIbrue
et Omophron.
Mkta LLiQVJut ; les genres CVchre , PkNAoéE , Cauwoms
«t Carabe.
Melancklènes; les genres LiriNE elHÀRPALE.
Fo»aovEURs;its renferment deiutgenres.CuviNE et Sca-
UTBS. (O.)
"■"•""" "' " 1. 4 , Ub. 55. Cest un bel arbro
s et des feuilles ailées, dont les
)deur déw^réable et une saveur
petites , viennent en panicnles
rorle.
Sa8 CAR
Elles ccftinsient en un calice petit et à cinq divisions poin-
tues; en cinq pétales lancéolés; en dix éiamînes de la lon-
gueur des pétales; en un ovaire supérieur, chargé d'un style
menu , blanchâtre , ayant un stigmate en tête. Les fruits sont
des baies rondes et monospermes.
Cet arbre croît dans l'Inde. Il fleurit deux fois l'iinnée. On
retire de ses graines une huile par expression.
Quelques botanistes pensent que c'est l'AzEnERACK ailjé.
yoyex ce mot. (B.)
OARACAL {Feliê caracalïAnn. , Syat, nat. , éd. 1 5. Voyes.
t. 26 y p. 357 , pi. 16 de redit, de Buffbn , par Sonnini.) , qua-
drupède du genre Chat , de la famille du même nom y et de
l'ordre àe» Carn assieds , sous-ordre des Carni\ ores. ( Voy,
ces mots.) Le caracal se rapproche beaucoup du lyn^ç , par la
grandeur et la forme du cqy\^ , par l'air de la tête ; et encore
S lus par l'existence d'un long pinceau de poil noir à la pointe
es oreilles ; cependant lecarcrca/ n'est point moucheté comme
le lynx; il a le poil plus rude et plus court, la queue beau-
coup plus longue et d'une couleur uniforme, le museau plus
alonge , la mine beaucoup moins douce , et le naturel plus
féroce. Le lynx n'habite que dans les pays froids et tempéi^ ;
le ccwacal ne se trouve que dans les climats les phis chauds ;
ces disconvenances du naturel et du climat, indiquent sufli->
samment que ces deux animaux sont d'espèces diflérentes.
Le c^rrcrca/ est commun en Barbarie, en Arabie et dans
tous les pays qu'habitent le lion , la panthère et l'once. Gomme
eux il vit de proie : mais étant plus petit et bien plus foible ,
il a plus de peine à se procurer sa subsistance ; û n'a ^ur
ainsi dire , que ce que lea autres lui laissent , et souvent il est
forcé de se contenter de leurs restes. Il s'éloigne de la pan-*
thère, parce qu'elle exerce ses cruauté» lors même qu'eDe
est pleinement rassasiée ; mais il suit le lion , qui , dès qu'il
est repu ^ne fait de mal à personne ; le caraco/ profite des dé-
bris de sa table , quelquefois même il l'accompanie d'asses
près , parce que grimpant légèrement sur les arbres , il ne
craint pas la colère du lion qui ne pourroitry suivre, comme
fiiit la panthère. C'est par toutes ces raisons , que l'on a dit du
caracal , qu'il étoit le guide ou le potavoyeur du Uon ; que
celui-ci, clont l'odorat n'est pas fin, s*en servoit pour éventer
de loin les autres animaux , dont il partageoit ensuite avec lui
la dépouille.
Ce quadrupède carnassier ne s'apprivoise oue trè»-diflBri-
lement ; cependant lorsqu'il est pns )eune et élevé avec soin ,
on peut le dresser à la citasse , qu'il aime naturellement , et
i laquelle il réussit trè»-bien , pouvu qu'on ait Tattention de
CAR 5j9
ne le jamais lâclier que contre des animaux qui lui soient iit-
férieurs et qui ne puissent lui résister ; autrement il se rebute
et refuse le service dès qu'il y a du danger : on s'en sert aux
Indes pour prendre les lièvres^ les lapins ^ et même les grands
oiseaux ^ qu'il sui^irend et saisit avec ime adresse singulière.
(Desm.)
CARACARA {Falco hrasiliensU Lath.) y oiseau du genre
des Faucons , et de Tordre des Oiseaux de proie. ( Voye%
ces mots.) Les Indiens du Brésil nomment coracara un oiseau
de proie ^ dont Marcgrave donne une assez courte indication.
( Hist, nat. Bras. pag. 311. ) Il a la grandeur d'un milan , la
queue longue de neuf pouces ; les ^es de quatorze , qui ne
s'étendent pas , dans leur état de repos , jusqu'à l'extrémité
de la queue ; la tête et les serres d'un épervier ; le plumage
roux et pointillé de jaune et de blanc ; la queue variée de
brun et de blanchâtre ; le bec et les ongles noirs ; enfin , les
yeux et les pieds jaunes. Quelques individus ont le venti'e et
la poitrine blanchâtres. Marcgrave dit que le carticara est
un grand ennemi des poules. Les Portugais l'appellent ga^
vicn. (S.)
CARACARA. Le Père Dutertre a parlé de Vagand sous
cette dénomination àecaracara (^Hisi, des Antillea, tom. 2.),
et tout ce qu'il en dit doit être rapporté à 1' Agami. Voyez ce
mot. (S.)
CAR ACCA ( Falco cristatua Lath. ) , oiseau du genre des
Faucons , et de l'ordre des Oiseaux de proie. ( Voyez ces
mots.) Dillon a vu et dessiné un oiseau vivant de cette espèce
dans la ménagerie du roi d'Espagne à Buen-Retiro. ( Voyage
en Espagne , pag. 80, et pi. 3.) Sou bec est fortement courbé
en dessus y et presque droit en dessous ; il poite une huppe
courte sur le derrière de la tête ; son ventre est blanc ^ et sa
queue est traversée par quatre bandes cendrées ; le reste de
son plumage est noir. Cet oiseau est de la grandeur d'un coq.
d'Inde y et paroit se rapprocher beaucoup de la famille des
aigles.
L'on doit rapporter à cet oiseau de proie celui que Jacquin
a observé dans les montagnes de la Nouvelle-Grenade , et
qu'il présente mal-à-propos comme une espèce de vautour,
{^Beyir. zur gesch, der uoeg. pag. 1 5 , n*^ 1 1 . ) M. Latham en a
fait une variété de Vaigle huppé du Brésil, décrite par Bris-
son ; mais il n'est guère possible de se méprendre? sur l'iden-
tité d* ces deux oiseaux. {Voyez mon article du caraccadans
le vol. 38 de mon édition de VHistoîre naturelle de Buffon.)'
Au reste le caracca, au rapport de Jacquin « a tant de force
musculaire^ qu'il fend la tête à un homme d'un seul coup de
55o C A K ^
bec : en le prenant jeune on parvient aiséaaent £ Tappri^-^
Toiser. (S )
CARACO ( Mus caraeo Linii,., éd.. i3. Vayer^ tom. 3d,.
]>ag. ai 7 de l'édition de BuRbn , par Sonnini. ) , quadrupède
du genre des Rats, de la famille du même nom ^.etdelor-
dre det Rongeurs. {Voyez ces mots.) Le caraao ou charavho-
a ordinairement six pouces de longueur depuis le 1;k>uI du
museau jusqu'à l'origine de la queue , longue de qjialre pou*
ces et demi.. Son poil est brun cendré sur le dos, et*.cendré'
blanchâtre sous le venlre : ses pieds sont d'un blanc sale.
Cette grande espèce de rat est commune dans les provinces
orientales de la Sibérie ; il aime le voisinage des eanx ; il y
creuse son terrier , et y nage avec beaucoup de facilité : aussi
les doigts de a^ pieds sont-ils unis par des rudimens de mem-
branes qui les rendent presqu'a demi palmés. Dana les can-
tons cultivés et habités , le caraeo , de même qœ le i*at
commun , fréquente les maisons et y fait de gnuids dé-
gâls. (Desm.)
CaRACOLY, alliage métallique composé, dit-on , d'or,,
d'argent et de cuivre , dont on £iit des bracelets el. autres
oiiiemens pour les Caraïbes. (Pat.)
CARACTÈRES DÈS MINÉRAUX. Voyez MiwiaA-
XooiE. (Pat.)
CARACURA ,nom d'un petit oiseau maritime, qu^Henry
Ruysch dit se tix>uver au Brésil , et désigne par un plumage
gris cendré , des yeux rougeâtres , et la voix forte pour sa-
taille. (ViEiLL.)
CARAGAN , Caragana Lara. ( diadelphie décandrie,^ ^
genre de plantes de la famille des Légumineusbs ,.et qui a
beaucoup de i-apport avec le rohinia , dont il diUère par son
calice à cinq dents , par son stigmate non velu , sa» gouast
enilée et presque cylindrique, ses semences à-jpeu-près ron->
des et non comprimées, enfin par ses feuilles ailées, sans im-
paire, et dont une pointe épineuse termine le pétiole com*-
mun. Ce genre est figuré dans les lilustr. de Lamarck,
pL 607 ; il comprend de petits arbres et des arbrisseaux le
plus souvent épineux , qui croi>sent presque tous dans le
nord de r£urope , et qu'on peut cultiver en France en pl«iji«
terre.
L'espèce la plus élevée est le Caraoan AaBORRSCKNT p
jRohima caragana Liiin. , vulgaii*ement firbre aux poU. Ses
feuilles sont en faij>ccaux , et composées d'environ cinq pairea
lie folioles elliptiques ; acs stipules deviennent épineuaes au
bout de deux ans ; ses fleurs jaunes sont soutenues par des
pédoncules simples ^ réunis trois à six ensemble pai'mi ka
CAR 33i
feuilles : elles h'ont point d'odeur ; mais .comme elles sont en
grand nombre , et qu'elles paroissent en mai , cet arbre mé-
rite de figurer dans les bosquets du printemps : IL est origi-
naire de Sibérie. On le multiplie par ses gi^aines , qu'il faut
•emer en automne et à l'ombre ; il se propage aussi de plant»
enracinés. Sa croissance est rapide : û peut former en peu
de temps la haie la plus épaisse et la plus durable. Use plaît
dans un sol sablonneux et léger , veut êli^ exposé au nord,
et ne craint pas les froids les plus violens. Dans un mauvais
terrein sans abri, où l'on essaieroil inutilement de faire venir
d'autres arbres , celui-ci réussit fort bien. On lait , dans son
Says natal , de bonnes cordes avec son écorce , et une espèce
e teinture avec les feuilles , qui sont en même temps un ex-
cellent fourrage pour les bestiaux. Ses semences se mangent :
ce sont des espèces de pois fort oléagineux , plus nourrissant
aue les nôtres , et qui cuisent , dilron , et se digèrent plus
facilement. JI est étonnant qu'un arbre aussi utile soit né-
gligé. Ceux qui le cultivent doivent , loi'squ'il est petit et
tendre , en éloigner soigneusement le bétail et les cochons^
Ces derniers animaux sont friands de sa racine , qui a un
goût d'orge. La taupe est le plus moi'tel ennemi de cet
arbre.
Jje Caragan FiROCfi, Caraganaferox Lam. , est un petit
arbi-isseau qui ne pai*oît s'élever qu'à la hauteur de titiis à cinq
pieds. Il est horriblement hérissé d'épines , et li^ès-propre à
faire des haies. Il croît aussi dans la Sibérie. Ses feuilles sont
ailées sans impaire , et ont huit ou dix folioles terminées en
une petite pointe. Les stipules et les pétioles sont également
épineux.
Le Caragan argenté ^ Robinia holodendron Linn. , qu'on
trouve dans le même pays , le long de la rivière Iriisch, peut
être employé , comme le précédent , à clore les possessions ;
il a beaucoup d'épines , mais le duvet court , blanchâtre et ar-
genté dont il est couvert, en fait un joli arbrisseau. Seê feuilles
aont composées de deux , quati*e ou six folioles oblongues ,
ondées , élargies vers leur sommet , et terminées par une
pointe épineuse. Les pédoncules sont axillaires , et portent
chacun trois fleurs rougeàtres ou d'un rose pâle. (D.)
CAR AGATE, Tillandsia , genre de plantes de l'hexan-
drie monogynie , et de la famille des Brom £LoïD£s , dont le
caractère est d'avoir un calice à trois divisions droites et
pointues ; une corolle monopétale plus ou moins profonde^
ment trifide et plus grande que le calice ; six étamines dont
lea anthères sont sagiltées ; un ovaire supérieur oblong.
533 CAR
chargé d'an style aiuaî long que lesétamines^i stigmate tri<*
fide et obtU5.
Le fruil est une capsule oblongue , triloculaire ^ et qui con-
tient piiisieuFs semences munies d'aigrettes.
Voyez pi. 294 4^^ lUuatration» de Lamarck , où ce genre
est figuré.
Les caragates renferment quinze À seize espèces , la plu-
part parasites , et toutes propres à TAmérique méridio-
nale. Leur aspect varie beaucoup : les unes ont des feuilles
radicales alongées , du milieu desquelles s'élève une hampe
plus ou moins grande ; les autres ont des feuilles cylindn-'
ques 9 pendantes , des aisselle» desquelles naissent des fieiurs
Aolitaires.
Les espèces de ce genre sont peu connues en. Europe ,
aucune n étant suscepuble d'y dtre cultivée. Une de celles que
l'on doit citer dans la première division , est la Caraoatk ▲
"iBPi TRONQUÉ, TiUanasia lingulala Linn. , dont le caractère
est d'avoir les feuilles liiigulées, lancéolées , très-entières; les
épis simj^s , feuilles , tronqué> au sommet. C'est une trè»-
belle plante dont les fleurs sont grandes, d'un jaune d'or,
et qu'on trouve sur le» troncs d'arbre dans les Antilles, où on
l'appelle Vanaruzs des bois.
Une autre, encore phis digne de remarque ,est la Caraoate
PANicuLJfiE, dont les feuilles sont arondinacées , très-longues,
chargées de poussière, et le hampe central de la hauteur
d'un homme. Ce hampe est composé d'une grande quantité
de rameaux alternes qui sortent de raisseUe d'une petita
feuille amplexicaule, et qui suppoiient des épis lâches com-
posés de fleurs dont le calice est panaché de vert et de pour-
pre , et la corolle violette , parsemée de points pourpres.
Cette belle plante se 1i*ouve à Saint-Domingue sur les vieux
arbres : elle est figurée pi. 937 des plantes cP Amérique de
Surmann.
Parmi celles à feuilles cylindriques^ la CIragate musci*
FORME , Tillandsia usneoldes Lmn. , est seule dans le cas
d'élre citée. Ses ti^es sopt filiformes , rameuses, diversement
entrelacées , garnies à leurs articulations de feuilles en alt^ne ,
chargées d'un duvet poudi'eux et grisàti^ : elles ressemblent
k une mousse , à un lichen filamenteux ou à une barbe qui
pend aux branches des arbres : aussi l'appelle-t-on ta Barde
espagnole dans les colonies françaises de l'Amérique , oA
elle se trouve 'ti*es-abondamment. Les chênes , les érables, les
liquidambars , les noyt'i^ , et quelques autres espèces d'arbres
de la Caroline en sont quelquefois couverte , au point qu'on
ne peut pas voir leiu*» branches , ainsi que je l'ai ^marqué
CAR 335
Jaiis le IMiya ; mais eUe ne croit point sur les pins , les cy-
près^ les gordons, &c. Sa Heur ne subsiste que quelques heu-
res. Lorsqu'on met cette plante pendant quelques jours dans
une eau croupissante ou dans la teri*e y la partie poudreuse
qui la recouvre se poiuTit, et il l'esté des iilamens bruns y sem-
blables à du crin, qu'on emploie aux mêmes usages, c'est*
à-dii« à faire des matelas , à rembourrer les selles des che-
vaux, et auti^s usages économiques. Presque toujours la plus
Srande partie de ce qui est sur un arbre est composée de li-
res mortes qui subsistent extrêmement long-temps avant de
Ae détruire. \jà% vaches mangent de cette plante ^ lorsqu'elles
n'en ont pas d'autres qui leur plaisent davantage. (B.)
GARAGNE y nom d'une résine produite par un grand
arbre d'Amérique , qu'on appelle Varhre de la folie. £lle
entre dans la composition du faux vernis, de la Chine, efc
de quelques oUguens. On n'est pas certain du genre de cet
arbre , que Miircgrave représente comme un palmier , et
qu'Hernandès appelle curhor insania caragna nuncupata. (B.)
CAR AGNE. C'est le sarigue , selon De Laët. ( Hist. du
Notiv. Monde y page 485.) Voyez Sarigue. (S.)
' CARAICHE , nom vulgaire des plantes du genre Laiche.
Voyez ce mot. (6.)
CARAINAL. Voyez Guêpier. (Vieill.)
CARAIPÉ , Caraipa , genre de plantes qu'Aublet a fait
connoître y et qui comprend des arbres à feuilles simples et
alternes , dont les fleurs viennent en bouquets ou en petite»
grappes aux extrémités des branches.
Ses caractères sont d'avoir un calice profondément divisé
en cinq découpures arrondies et velues ; une corolle encore
inconnue ; beaucoup d'étamines attachées au réceptacle du
pistil ; un ovaire supérieiu* dont le style et le stigmate ne sont
point connus.
Le fruit est une capsule ovale conique, pointue , un peu
courbée à son sommet, qui s'ouvre en trois valves persistantes^
qui contient trois loges a une seule semence angiUeuse à l'in-
térieur, et arrondie en dehors. Chaque semence est attachée
à un placenta à trois ailes.
Aublet cite et figure pi. a 23 et 224 de ses Plantée de la
Guiane , quatre espèces de ce genre, peu difierentes les unea
des autres, et qui ne présentent rien de remarquable. Le bois
de la première , la Caraip£ a petites feuilles , estrouge^
dur , compacte , et sert à faire des meubles. (B.)
GABAMASSON. On donne ce nom à l'embouchure da
la Seine au Cotts ftCORpioi<r. Voyez ce mot. (B.)
554 CAR
CARAMBASSE. C'est une espèce de Millbt. Voyem cm
mot. (B.)
CARAMBOLIER , jiverrhoa , genre de plantes à fleurs
polypétalées, de la décandrie penlagynie ^ et de la famille des
T£B> BiNTACSEs, dont le caractère est d'atoirun calicedecûu|
feuilles orales ou lancéolées , droites et'penûtantes ; cinq pé-
tales oblongs , onguiculés , plus grands que le calice ; dix éta*
mines alternativement grandes et petites ; un ovaire supé**
lieur , légèrement pentagone , chargé de cinq styles courts ,
astigmates simples.
Le fniit est une espèce de baie charnue, oblongueou airon*
die , à cinq angles ou à cinq côtes , et divisée intérieurement
en cinq loges qui contiennent une ou plusieurs semences.
^oyes pi. d8ô des lUuêtraUonê de Lamarck , od ce genrs
est figuré.
Les caramboUerê sont des arbres de moyenne grandeur ,
originaires des Indes orientales , dont les feujlles sont alter-
nes 9 ailées avec une impaire , les folioles alternes sur plu-
sieurs rancs ; les fleurs disposées en grappes paniculées , nais-
sent sur le tronc ou à la base des rameaux , ou dans les
aisselles des feuilles. On en compte trois ou quatre espèces,
savoir:
Le Car AM bolier axiixairb , Aperrhoa carambola Lînn. ,
dont le caractère est d'avoir les fleurs axillaires» et le fruit
ovale y à angles aigus. Cet arbre est cultivé dans les jardins; il
fructifle deux ou trois fois Tannée. Ses baies sont de la gros-
seur d'un œuf de poule, se mangent crues, ont un goût agréa-
ble, et excitent Tappétit. On les ordonne pour les fièvres bi-
lieuses , pour les dyssenteries. On les coniit au sucre. Il fournit
plusieurs variétés.
Le Carambolibr cTt.iNDRiQi7B, ^^errAoa hilimbi Linn. ,
a ses fleurs sur la tige ; ses fruits sont alongés et obtusément
anguleux.
Celui-ci est plus petit que le précédent dans toutes ses pai^-
ties. Ses fruits ne se mangent pas crus , parce qu'ils sont
trop acides, mais on les fait cuire avec la viande et le poisson,
auxquels ils communiquent un goût relevé et agréable. On
en fait un sirop qui est très-rafraichissant. On les confit au
sucre , au vinaigre et au sel pour les adoucir.
Le Carambolier a fbuits RovDs,y^perrhoaacida Linn. ,
dont les fleura se trouvent sur les branches , et dont le fruit
•st rond , légèrement sillonné , et à peine plus gi*os que la
cerise. Les fleurs de celui-ci ont une odeur agréable et une
saveur légèrement acide. L'acidité de ses fruits est plus agi^a-
blc que celle des fruits du précédent; on les mange avec dé-*
CAR sis
Hce y et on en fait d'excellentes confitures , dont le goût
scient de Y épine vlnette. La racine de ce carambolier rena un
sue laileux et acre lorsqu'on l'en lame.
Uy « encore une espèce de carambolier qui est cultivée «
•mais qu'on J^e co'nnoiL qu'imparfaitement. C'est le pomum
draoonum de Rumphius. (B.)
CARANCRÔS. Foyez Uhuïu. (S.)
CARANDCER, Caranda, genre de plantes de la famille
âes Pajlmiërs , établi par Gaertner , mais dont on ne connoit
encore qu'imparfaitement l'inflorescence. Le calice est tri-
fide et coriace ; la corolle nulle ; le fruit supérieur , nu et
pédicellé. Ce genre est rapporté par Gserlner à la plante fi«
gurée par Rumphius , Amb. 6 , pi. 25. (B.)
CARANGUE. Cestun poisson delà Martinique qui en-
tre de nuit dans les rivières. Sa chair est très-délicate. Il atteint
jusqu'à quatre pieds de longX)n ignore à quelgenre.il appar-
tient. «'B.)
CARANX, CaranXy genre de poissons établi par Lacé-
pède y dans la division des Thor aciques , et auquel il donne
pour caractère deux nageoires dorsales ; point de petites na-
geoires au-dessus ni au-aessous de la queue ; les côtés de la
queue relevés longitudinalement en carène ; une petite na-
geoire composée de deux aiguillons et d'une membrane au-
devant de la nageoire de l'anus.
Les espèces qui composent ce genre faisoient partie des
Sgombres de Lii^naeus. Elles ont de très-grands rapports de
forme et de moeurs avec eux ; mais elles en diffèrent essentiel-
lement par le défaut de petites nageoires au-dessus et au-dea-
0OUS de la queue ^ caractère bien suffisant pour lefl en séparer.
Ployez au mot Scombre.
Lacépède a mentionné quatorze espèces de caranx> qu'il a
avisées en deux sections.
La première renferme les caraTur qui n'ont point d'aiguil-»
fon isolé entre tes deux nageoires dorsales; savoir:
Le Caranx trachure y Scomber trachurus Liiin. , qui a
trente-quatre rayons à la seconde nageoire du dos ; trente
rayons a la nageoire de l'anus; la ligne latérale garnie de pe-
tites plaqués, dont chacune est armée d'un aiguillon. Il se
trouve dans presque-toutes les mers y sur-tout celles des pays
chauds y et se voit figuré dans Bloch , pL 56 , dans l^Hiat.
nat, des poissons , faisant suite au Buffon , édition de Déter--
ville, voL 4* pag* iBB, n** 3 , et dans plusieurs autres ou-
vrages. Il est connu en France sous les noms desaurel, sieu^
relj sieursl ^ gascon^ gaseaaet , c/ùcJkarou et maquereau
hâuird.
556 , CAR
Ce pQÎs3on est mentionné dans Atbénée et autres anciens.
Sa grandeur varie beaucoup ; car dans la Baltique il atteint
rarement un pied , et dans la Méditerranée il en a souvent
plus de trois. 11 peut faii^e^ en frappant avec sa queue^ comme
on l'a dit ^ latéralement hérissée d'épines , des blessures fort
dangereuses.
Le corps du caranx trachure est alongé et comprimé ; sa
léte grosse et un peu inclinée : sa mâchoire inférieure plus
longue et l'élevée ; ses dents petites et ses yeux pourvus d une
membrane ; sa couleur est d'un vert bleu en dessus et blanche
en dessous ; on voit une tache noire sur l'opercule des ouïes ,
et sur le dos une fossette destinée à recevoir la première na-
geoire ; la nageoire de la queue est en croissant.
Il arrive au printemps sur les rivages pour déposer son
frai , et c'est à cette époque qu'on en prend de grandes quan-
lités au filet et à la ligne. Dans le Nord on estime sa chair,
qnoiqu 'inférieure k celle du maquereau qu'on pêche en même
temps que lui; mais à Rome on l'abandonne à la plus pauvre
classe au peuple.
Le Caranx amie, Scomber amia Linn.^ a trente-quatre
rayons à la seconde nageoire du dos , le dernier rayon de
celte nageoire très-long , et vingt-quatre rayons à la nageoire
de l'anus. On i^ore son pays natal. Les figures rapportées à
eetle espèce par quelques naturalistes, ne lui appartiennent
pas , d'après ta remarque de Lacépède.
Le Caranx queue iaune y Scômber c/iryêurue Linn. , a
vingt-six rayons à la seconde nageoire dorsale ; trente à celle
de Tanus ; des dents très-petites ou nulles. Il se trouve dana
les mers de la Caroline.
Le Caranx glauque, Scomber glaucus Linn., a vingt-
flix rayons k la seconde nageoire dorsale , le second rayon de
cette nageoire très-long ; vingt-cinq rayons à la nageoire de
Tan us. 11 se trouve dans la Grande-Mer et dans la Méditer-
ranée. Il est connu sur nos côtes méridionales sous les noms
de derbio, de biche , de cabrole et de damo. lia été mentionné
par Aristote. Son dos est de couleur glauque , et son ventre
blanc. On voit souvent une tache à l'origine de la seconde
nageoire dortale et à celle de la queue ; sa chair est blanche,
gnisse et de bon goût.
Le Caranx blanc , Scomber albwt Linn. , a vingt-cinq
rayons à la seconde nageoire du dos ; vingt rayons k celle de
Fanusjla queue non carénée latéralement; la couleur gé-
nérale blanche ; les côtés de la queue et la nageoire caudale
jaunes. Il se trou^'e dans la mer Rouge.
Le Caranx QU£U£RouoB,iSco/n^Ay>po« Linn. ^avingt-*
CAR S37
jeux rayons à la seconde nageoire du dos ; quarante à celle
de l'anus ; une tache noire sur la partie supérieure de ch>«que
opercule. Il a été trouvé dans la baie de Charleston et à Otahiti.
Le Caranx filamenteux a vingt-deux rayons à la se-
conde nageoire du dos; dix -huit à celle de l'anus; des fila-
mens à toutes les deux. Il se trouve dans les mers d'Asie.
Le Caranx Daubenton a vingt-deux rayons à la seconde
nageoire du dos , quatorze à celle de Ta nus ; les deux mâ^
choires également avancées; la ligne latérale rude ^ tortueuse
et dorée. 11 habite les mers d'Amérique.
Le Caranx très-beau^ Scomber apeciosua Linn., a vingt
rayons à la seconde nageoire doi*sale; dix-sept rayons à celle
de l'anus ; un grand nombe de bandes transversales et noii'es
sur un fond de couleur d'or. I^ est figuré dans Lacépède,
pL 1 du troisième volume. Il se trouve dans la mer Rouge et
dans celle des Indes.
La seconde division des caranx, renferme ceux qui ont uu
ou plusieurs rayons isolés eutre les deux nageoires dorsales ,
tels que:
Le Caranx caranoue a ti^ois aiguillons garnis d'une petite
membrane , et })lacés entre les deux nageoires dorsales ; \ts
pectorales alongées jusqu'à la seconde nageoire du dos. Il se
trouve autour de la Martinique.
. Le Caranx ferdau, Scombef- ferdau FowVal, a vingt-
neuf rayons à la seconde nageoire dorsale ; vingt'-quaire à
celle de l'anus : la couleur générale argentée avec des taches
dorées; cinq bandes transversale» brunes; un seul aiguiUon
isolé entre les deux nageoii^s du dos.
LeCARAKx OAEZZ, ScomberfiUyo^guttatuaVoTsksX, a vingts
huit rayons à la seconde nageoire dorsale , vingt-cinq à celle
de l'anue; une membrane luisante sur la nuque ; la couleur
ginérale.bkoàtre ; des taches dorées; un seul aiguillon isolé
entre les deux nageoires dorsales.
Le Caranx SANSCJN^ Scomber *aànêun Forskal/a vingt-
deux rayons k la seconde nageoire du dos; seize à celle de
Tanus; les carènes latérales de la queue très-relevées; ht cou-
leur blanche ; un aeul aiguillon isolé entre les nageoires du dos.
Le Caranx corab , Scomber ignobilM. Forskal , a vingt
rayons à la seconde nageoiiv dorsale; dix-sept à celle de l'anus;
la couleur générale ai'gentée , le dos bleuâtre ; un seul aiguil-
lon isolé entre les deux nageoires dti dos.
Toutes ces espèces habitent la mer Rouge. (£.)
. C AR ANXOMORE, Caranxomor^. C'est encore un genre
de poissons établi par Lacépède, aux dépens des Scombrei
Me Lionseus. Celui-ci présente pour caractère une seule na-
IV. X
I
538 CAR
Seoire donude ; point de pelitea nageoires au-deanis ni au-»
eaaous.de la queue ; les côtés de la queue relevés longîtudi-
nalement en carène ; la lèvre supérieure très*peu extensible
çu i^on extensible ; poiui d'aiguillons isolés au-devant de la
ipageoii^ du dos. Foyezle$ uu>t& Caranx> Taacuinot&, et
SCOMBRS.
Lacépède rapporte deux espèces k ce geni^ ; savoir : le
Caaanxomojie rijUAGiQUE^ Scçmiber pelasgfcu9 Linn. , qm «
quarante rayons à la nageoire du dos , et qui est figuré dans
le Muséum d'Adolphe !• nèdéric , pL 3 , n*' 5. On le trouva
djKns la haute mer.
1/e Car ANxoMoaK plu mkrisn » dont les pectorales sont une
ibis pbzs longues que les tboraciques et domi la dorsale > ainsi
ue l'anale sont en forme dp .^vdx. Il est figuré dans Touvraga
s La^épède , vol. 3, pi. u^ C'ei>l à Fluiniierqu'oa en doit la con-
noi^sance. 11 parvient à un» grandeur considérable, (Bk)
^CARAVA, Persoonia>^ genre de plantes imparfaitement
connu, qui comprend dei^x aj^bres, un de la Guiane, el
fauli^e des Moluques , dont les feuilles sont alternes el ailrea
sans impaire , et dont les Heurs produisent de grosses capsules
qi^drivaLvei^^ remplies d'amaj^des in^gulièi^es et angttkuM».
^es babitans de la Guiane ^^Kt^X une huile des amandes de
la première espèce , et les ^^ur^^^éens emploiefii son treoe
pour faire des mats de navire. Ûie est figurée dans AuUet ,
l'iare de la Guiane , pi. 387 , el dans ks lUuetratioÊU de
liama,rck , pi. 3q 1 . Wildenow Ta placée dansloclandrie mo^
j^ogynie , et lui donne pour caractère un calice divisé en quatre
parties , quatre pétales ; un necJaire cylindtique â Imit dents ^
portant les anthères et la capsnle mentionnée plushauC (B.)
CAR4PACJL. On donne vulg^*emett)t.Qe nom au lest dea
ToRTUfs. VojfêMce mot. (B.)
CAK APAT* C'est un des uonM de pays du Bjcin« Fefss
ce mot. (B.)
CARAFE f nom spépifi^ue d'un poisson du genre Gym-
KOTR, qui se pèche dans les fleuves et les lacs de rAménqno
n^éridionale. F'oyen^xk moi Gym^notr. (B.)
CARAPiCUl::, Carafncha,C^ im peiit arbrisseau, dont
les feuilles sont opposées, avales, euliè4*es, à péiiolea unis
par deux Gitipules o|ino^es et inlermé'Jiaires; dont les fleurs
naissent à TeAirémite des rameaux » et sont dispo^ot8 en lèle
enveloppée par quatte écailles, dont deux plus.graudes ^ et
terminées nar une appendice.
Chaque fleur coltsi^te en un calice monophylie ijrès-petit,
à cinq dents; en une corolle monopctale, infundibuliferaie»
•upérueure , dont le limbe est 4 cinq découpures aîgaës ; ta
CAR' S3ç>
cinq étamini» ; en uii ovaire inférieur^ ayant un slyle long
et bifide.
L/e fruit ert une capsule anguleuse^ biloculaire, qui s'ouvre
en deux parties, et contient une semence obiongue dons cha*
que loge.
Cet arbrisseau cr<^ dans les forêts de l'Amérique méridio-
nale, et est figuré pi. 64 des plantes de la Guiane, par An -
blet. Il a été depuis réuni aux Tafooonbs. Voyez ce mol. (B.)
CAAAR A. C'est sous ce nom que les naturels de la Gmacne
connoiss^it VAsutnga. Voyet ce mot. ( S. )
CARASSIN , nom spécifique d'un poisson du genre Cy-
HUK , quibabite les étangset les petits lacs de fEurope. Kùye^
au mot Cyprin.
On appelle Carettsin de mer, le Sf are oarudse de Lac^-*
pède , qtii avoit été placé par Bloch parmi les luxons, Voyeé
au mot Sfare. (B.)
CARATAS. On donne ce nom ,danB les colonies françaisef
de l'Amérique, à plusieurs plantes (desgenres Car aoatb, An a*
NAS, AoAVE et Draoonibr, dont les feuilleiB sont longues et
épineuses. Koyez ces mots , et sur-4?0Ut le pi*emier. (B.)
CARBONATE , combinaison de l'acide carbonique aveo
une base saline , terreuse ou métallique. Le nattan est tih?
carbonate de soude ; le epauh calcaire, on carbonate de oliaux ;
le bleu de montagne, ou carbonate de cuivre. (Pat.)
CARBONE. Dans la noirvelle notoenclatui*e chimique^
c'est le charbon pur , ou la base deVocide ùorbonique.
L'un des phénomènes les plus singuliers qu'il présente i
o'est qu'il fbrmeà lui seul toute la matière du diamant, Cefta
pierre si transparente, si dure, Â brtUante, n'est, suivant letf
expériences modernes, qu'un charbon pur: elle en offre
le^ propriétés chimiques.
Le carbone est regardé comme un principe simple : au
moina n'a<^t-on pu juscfu'ici le décomposer par aucun moyen. .
On pense que le charbon existe tout formé dans les ani*-
maux et les végétaux ; mais, indépendamment de plu-«
sieurs autres raisons , il pareil difficile de concevoir que dea
matières très- blanches , telles que l'amidon , le bois de
saule, 6ic., contiennent plus du tiers de leur poids en char-
bon , tandis que le plus fort microscope n'y sauroit faire dé-
couvrir la plus petite molécule noire. D'ailleurs, on voit ces
matières passer graduellement et par nuances insensibles, du
blanc au roux, au brun, et enfin au noir de charbon. Il sem-
bleroit donc que celui-ci ee formé gradueHement; et je trouv#
infiniment pi*obable l'opinion ûe Buffi>n , qui considère le
chai'bon comme la matière même du feu combinée aveo les
540 CAR
parties les plus fixes des corps combustibles^ et même de qnel^*
quea substances purement terreuses.
Un fait assez curieux me semble venir à l'appui de cette
opinion. Désirant savoir si Je sulfate de baryte , que j'ai rap-
Eorlé de la mine d'argent de Zméofen Sibéiie, contenoit de
L strontiane , je priai Vauquelin de vouloir bien en faire
Fanalyse^ dont il a rendu compte (/ourn. des Mines , n^ 5%,
pag' 3^9* )• 11 II 'y trouva point de strontiane; mais voici ce
qm arriva : après avoir débarrassé la baryte de l'acide sulfu-
rique par le moyen .du charbon ; après l'avoir fondue et
ensuite dissoute dans l'acide muriatique, et filtrée , il resta sur
kfiUi^une matière terreuse , assez abondante (qui fut ensuite
reconnue pour être de la silice ).
Ce résidu qui pe:>oit deux gros quarante-quatre grains^ fut
édulcoré avec beaucoup d'eau bouillante, a II étoit aloK»^ dil
» Vauquelin y parfaitement blanc et insipide \ mais en le fai-
9 sant rougir dans un creuset d'argile neuf^ il prit une cou*
S) leur noire comme du charbon; la siirface supérieure seule,
«• ^ui avoit le contact de l'air ^ étoit blanche »•
Ce &it panit fort singulier à Vauquelin , qui me dit en
riant : il y avoit sûi'emcnt du c/iarbon blanc dans celte terre ^
et c'est le feu qvii Ta i*endu noir.
. Il soumit celte matière à différentes épreuves , et il ajoute
dans son qiémoire : a D*après ces expériences^ il est évident
:p que celle matière est de la silice noircie par une petite quan-
D tité de carbone ; mais on ne remarque pas^sans étonnement,
:p que ce carbone, mêlé à la silice dans la proportion d'en-
» viron six pour cent, ns se soit pas mantfesié par sa cou^
» leur noire avant d'avoir été rougi dans un creuset i».
Vauquelin propose^ à la vérité , une explication de ce phé-
nomène , en supposant que dans le cours des expériences ,
il sesoitybrm^ un composé amUogue à une substance végétale,
qui étoit d*abord sans couleur , et qui a été ensuite décom-
posée par le feu , à la manière des corps organiques ; mais il
convient que ce n'est q\x*une pure hypothèse ; et il promet de
se livrer à de nouvelles recherches à ce sujet. (Pat.)
CARBONE. Foyez les mots Engrais et VÉoixAUX. (T.)
CARBURE DE FER ou PLOMB AGINR r.FEH.(PAT.)
CARCAJOU , nom du glouton au Canada et dans les
autres parties de l'Amérique septentrionale. Voyez Glouton.
Li'on a donné ce même nom de carcajou , dans pluaieura
livres de voyages , au Coucou au. f^oyez ce mot. (S.)
CARCAPULI. C'est le nom indien de l'arbre qui pro»
duit la gomme gutts. Voyez aux mots Camboos et Ma^—
COUSTAN. (B.)
CAR 5.^1
CARCHARIAS y mot latin qui sertde nom spécifique en
cette langue, au Squ aIjB lamie ou Requin. f7>y. ces mots. (B.)
CARDAIRE. C'est la même chose que le chardon , espèce
de raie épineuse. Voyez au mot Raie. (B.)
CARDAUNE , nom vulgaire que Ion donne , dans le
Périgord , au Chardonneret. Voyez ce mot. (Vieii-l.)
CARDAMINE. Voyez au mol Cresson. (B.)
CARDAMOME» Cardamomujn , nom donné à Vamome
à grappes et à son fruit {Amomum cardamomum , A, granum
paradlsi Linn. ). Ses graines entrent dans le commerce , et on
en fait usage en médecine.
Les auteurs de l'ancienne Encyclopédie et Bomare dis-
tinguent trois ou quatre espèces de cardamome , savoir : le
'Cardamome proprement dii, le grand y le moyen et le petiù
ou commun. Ils en font une description confuse , et ils ne
disent point à quelles plantes ils appartiennent Peut-être ne
sont-ce que des variétés d'une même espèce, et qui croissent
dans divers pays de l'Inde.
Celai dont il s'agit ici, le véritable Cardamome , a une ra-
cine noueuse et traçante , dea fleurs blanchâtres, et des feuilles
d'un goût piquant , aromalique et uti peu amer lorsqu'eÛes
sont fraîches. Ses fruits sont disposés en grappes comme le
raisin; ce sont autant de capsules, presque rondes , mar--
quées dans leur hauteur de quelques nervures parallèles et
partagées intérieiu'ement en trois loges, qui renferment des
semences anguleuses, roussâlres, blanches en dedans , d'une
saveur chaude et mordicante. Ces semences font un objet de
commerce assez considérable sur la côte de Malabar , où elles
0ont connues sous le nom de graines de paradis, EUes ont un
goût très-agréable , et à-peu-près les mêmes propriétés que
le poivre. Aussi les Indiens les emploient-ils comme assai-
sonnement. Quand on les écrase dans la bouche , elles y pro-
dubent une sensation de fraîcheur qui plaît. Elles sont échau€-.
fautes, cordiales et stomachiques.
Le ORANO Cardamome de Madagascar {Sonnerae^
Voyage aux Ind, , tom. d) , est la même plante que le Lon^'
gouze de Flaccourt, et Vamome de Madagascar de Lamarck.
Ses capsuTes charnues et rougeâlres sont remplies de semences
ovales et luisantes , qu'environne uiie pulpe blanche et d'un
goût aigrelet.
Les caractères génériques et spécifiques des amomes , sont
décrits au mot Amome ; et -aa mot Gingembre , on trouvera
une notice sur la manière dont ces plantes sont cultivées dans
Jbur pays nataL (D.)
342 CAR
CARDASSE , nom qu'on donne dan» Ie$ colonies firan-
çaûes à la raquette. Voyez au mot Cagti£&. (B.)
CARDÈR£^ DipsacuM , genre de plantes à fleun monopé-
talées, de la tétrandrie monogynie , et de la famille desDiPSA-
C££S, dont le caractère consiste à avoir les fleurs réunies en
tête , sur un réceptacle hérissé de paillettes longues et piquantes,
et entourées d'un calice commun de plusieurs folioles. Chaque
fleurette consiste en un calice propre fort petit ; en une corolle
monopétale, tubuleuse, à quatre découpures inégales; quatre
étamines saillantes; un ovaire inférieur, surmonté d'im style
à stigmate simple ; une semence nue, tétragone, couronnée
par le calice.
Ce genre» qui est figuré pi. 56 des//&s/!ra£îoi»«âeLianiarck,
renferme quatre à cinq plantes d'Europe , à feuilles opposées »
légèrement épineuses , et à fleurs solitaires portées sur do
longs pédoncules terminaux ou axillaires.
Les plus importantes à connoitre , sont la CABniHB n£s
BOIS, qui a les feuilles sesailes, dentées, et les paillettes droites^
plante bisannuelle, très-commune dans les bois un peu hu«
mides, sur le bord des chemins , et qui s'élève à trois ou quatre
.pieds ; et la CabdIrs a foui^k , qui a été long-temps regar-
dée comme une variété de la précédente , mais dont les pail-
lettes sont conslamment recourbées en hameçon. On cuhive
cette dernière pour l'usage des drapiers, qui l'emploient à pei-
gner leurs étoffes après qu'elles ont été foulées ; c^ pourquoi
on l'appelle vulgairement chardon à foulon, £lle bit l'objet
d'un commerce important pour quelques cantons. ( B. )
Du Chardon à foulon.
C'est communément en octobre que se bit le semis dooAor-
don dans une terre bien meuble , profondément défoncée et
fortement fumée. Il faut qu'A soit un peu clair, de manière
xiu'il y ait un pied et demi de distance entre chaque jdante :
par ce moyen, elle a la facilité d'étendre, de multipher ses bran-
ches , conséquemment ses têtes. Pour tirer parti du terrein laissé
entre les rangées, il faut semer des navels, dont la récolte taX
avantageuse pour les chardons, parce qu'on détruit en même
temps les mauvaises herbes.
Quelquefois on sème le chardon à foulon avec le seigle oa
le froment d'hiver , souvent avec les mars, ou 'bien avec la
gaude , le carvi , les navels , les panais et les carottes ; mais ,
comme l'observe Tessier , ces cultures mixtes de plantas, qui
exigent des soins particuliers , ne procurent jamais l'éco-
nomie Qu'on en attend ; on doit donc préférer de semer seul
le charaon à foulon.
CAR 54S
Dès qtie la gnîne ft giâpmé et ane-b^nte a pris une cer<-
laine coasiatimce^ on arrache les pieds stimtmiéttûres JeH
ipoins bien vernis , sans cependiint déc^an88elr oa attaquer
les racines de ceux qui doivent rester en place; S ne serait
pas prudent d'exécuter rigoureusement ce sarclage ; il con-
vient de le répéter à la fin de Thiver ^ et alor» de laisser seule»
ment les pieds qvà doivent produire. Les plantes arrachées k
cette époque , serviront à remplacer celles qui auront péri par
une cause quelconque. On le répète^ ce èhardon ne craint
point le froid le plus rigoureux oe la France^ s'il n'est pas
planté dans un sol qui retienne Fetfn.
Il est important de sarcler souvent ; la plante profite de ce
petit travau , et sa substance n'ettt pas dévorée par les mau-
vaises herbes. Dès que se& feuilles sont assez gramies , le sar-
clage devient inutile ; elles étouffent tes planteft qui naissent à
leur pied.
Dans les pays méridionaux^ si on petit , lorsque le besoin
l'exige , arroser les plantations , on sera assuré d'avioir uno
récolte abondante.
La récolte des tètes de chardon esit longue , parce qu^elles
ne mûrissent pas toutes en même temps; Tépoque de cette
récolte est indiquée par la chute des fleurs qui se détachent de
leur calice. Ainsi, tous les deux jours, il faut parcourir la
chardonnière , couper là tige qui soutient la pomme, à la
longueur d'un pied , ranger dans la main et par paquet
ces tiges coupées , et mettre cinquante tiges au paduet ; lier
chaque poignée avec de l'osier, les exposer sur-le-champ au
soleil , suivant quelques-uns ; et si ah craint la piuie , les por*
ter sous des hangars. On suspend ces paquets , et on les attache
les téte9 en bas à des cordes, afin qu'un libre courant d'air
les dessèche plus vite. Loi*sque la dessicatton est complète,
les paquets sont secoués sur àea planchers bien nets, afin d'ea
recueillir la graine ; mais ces procédés ne sont pas sahs défauts.
1^. Lorsque la pomme est desséchée par le soleil , elle jau-
nit , elle rougit , et les piquans ou crochets deviennent trop
roides. s?. Cette graine n'est jamais bien mûre, et il faut en
semer le double en pure perte ; il vaut mieux laisser sur pied
le nombre des tiges proportionné à la quantité de semence
dont on a besoin , et de temps à auti« parcourir la cfaatdon-
nière ; secouer sur un paillasson ou sur tel auti^ réceptacle
les pommes *qiii paroissent mûres , et on sera assuré de n avoir
que des graines bien nourries.
Lorsque tous les paquets sont complètement desséchés , il
faut les porter dans un heu où l'on ne craigne pas les effets de
rhumidité, et les mettre en monce^x, SBu qu'ils tiennent
544 CAR
moins de place. Les pommes de chardon les pins estimées ,
Boni celle» dont la forme eal parfaitement cylindrique , alon-
gée, et dont les crochels sont fins et roides; elles ont plus ou
moimi ces qualités , selon le terrein où on les a récoltées. On
peut d avance annoncer qu'elles sont bonnes ^ si en rompant
la tige ou les pommes m^me , on tix>uve Tintérieur plein.
Pour ramasser la gi*aine de chardon, il suffit d'en secouer
légèrement les têtes lor8qu*eUes sont sèches ; la meilleure se
détache facilement des calices ; on la tixiuve même ordinai-»
rement dans les graines , sous les paquets de tètes.
Le chardon employé une année aj^rès sa récolte , est d'un
meilleur service ; les grosses et les meilleures tètes sont réser-
vées pour les bonnetiers 9 les moyennes A les plus petites pour
la draperie.
Nous avons déjà observé que les abeilles recherchoient
l)eaucoup les fleurs du chardon à foulon; elles y trouvent
dans un petit espace une abondante récolte. On a remarqué
que ces insectes alloient boire de l'eau , qui s'amasse et se
conserve dans les articulations des feuilles fermées et creuses
du chardon , ce qui est pour eux une grande ressource en
été. Ils ne sont point ex |K>sés è s'y noyer, comme dans les
ruisseaux» les mares ou les rivières , et même dans les vases
remplis d*eau (ju on place auprès des ruches. Que de motifs
pour engager à élever des abeilles dans les cantons où l'on
cultive Je chardon à foulon , ou d'imiter les bons économes
qui en plantent exprès quelques pieds dans les environs de
leurs ruches ! (Farm.)
CARDES. On donne ce nom aux côtes ou pétioles com-
muns des feuilles d'une espèce d'ARTiCHAUT, et aux pétioles
et à la principale nervure des feuilles de Bette. Voyez ces
mots et celui de Poiri^e. {}i>)
CA RDI AQU£ , nom d'une espèce du genre Agripauiie.
Voyez ce mot. (B.)
CARDIJS A, nom du Chardonneret en Catalogne. Voy.
ce mot. (S.)
CARDINAL AMÉRICAIN, f^b^es Rouob-cap.
Le Caroinajl a collier. Voyez Soari^atte.
Le Cardinal. CAR LSONiEN ( Loxia carUoni Var^ Lath. ,
Tab. 4i , farcie, a. Mus. Carie. Ordre, Passereaux ; genre,
Gros-Bec. Ployez ces deux mots. )• Celte es|)èce se trouve
dans quelques îles de TOréan austral. £lle a des couleurs
analogues a celles du cardinal huppé. La seule diflerenctt
remaix^uable qui existe entre ces deux espèces, consiste dans
la huppe dont celui-ci e:>t privé. La taille et toutes les pro«*
portiQns du corps sont les mêmes.
CAR 5^5
- Le Cardinai* bb Madagascar. Fbyez FovDr.
Le Cardinal D£ Sibérie ( Loxia Sibirica Lath. ). Cette
trèf» -belle espèce ne se rencontre que dans la Sibérie^ ou elle
habite le voisinage des torrens et des ruisi^aux .. au milieu des
bosquets les plus épais et les plus ombragés. Elle .se nourrit
de diverses graines , telles que celles de l'armoise bleue et de
V finnoise à feuilles entières. Pendant Thiver^ ces oiseaux se
l^unissent en petites bandes, et se retirent dan^ des lieux
plus t^npérés^ tels que les parties méridionales de la Sibérie.
La nature a acco. de à cet oiseau un brillant plumage ; mais,
avare de 'ses dons , elle lui a refusé ce ramage mélodieux qui
distingue^ parmi les beaux oiseaux , le cardinal huppé. Le
chant.de celui de Sibérie est enroué^ glapissant , et n'est
composé que de cris rauques.
Sa taille est celle de la linotte; mais il paroît plus gros,
parce qu'il est plus fourni de plumes. Son bec est pareil à
celui du bouvreuil ;.mais il a plus de longueur. La oase est
entourée d'un rouge pourpre ; le dessus de la tête et le dos
sont d'un vermillon l'once. D'autres ont ces parties d'une
teinte rose^ tachetée de brun comme les linottes; le dessous
du corps offre la m^me teinte^ mais plus pâle, et sans la
moindre tache. Les plumes, autour de la tête, ont l'extrémité
d'un blanc lustré. £!ette couleur règne à la base, sur le bord
extérieur des pennes alaires, et sur les petites couvertures des
ailes qui sont terminées de noir; ce qui donne lieu à deux
raies qui les traversent obliquement. La queue, plus longue
que le corps, est presque carrée à son extrémité ; les deux
pennes latérales sont blanches, et les autres noires, avec uu
liséré blanchâtre.
La femelle et les jennes ont les couleurs de la linotte , avea
des nuai\ces rouges sur le ventre et le ci*oupion.
Le Cardinal db Viroinie a bec jaune (^ Loxia Virgi^
nica Lath. )• Cet oiseau, peu connu des auteurs qui l'ont dé-
crit, a été rapporté de la Caroline du Sud par Bosc. C'est
d'après les observations que cet exact et zélé naturaliste a
bien voulu me communiquer, que j'entrerai dans quelques
détails sur le genre de vie de ce cardinaL
Cette espèce rare paroit dans la Caroline au mois de mai >
à l'époque de la maturité des baies de divers paccinium, dont
elle se nourrit. Ou cet oiseau change de plumage dans di-
verses saisons, ou les teintes n'ont pas la même distribution
sur tous les individus de la même espèce; car, sur les uns ,
le rouge domine ; sur d'autres, c'est l'olivâtre.
• Sa longueur est d'environ six pouces ; il a le bec alongé ,
un peu recourbé, et d'un jaune sale; les yeux bruns; la tête
5i6 CAR
d'un rouge sangniii^ mélangé d'olivâtre sur roceipat, les
cuisses et le croupion ; ce rouge est très-vif sur le cou et le dos ,
et foncé sur les pennes de la queue, dont les latérales sont
olivâtres ; enfin , il couvre quelques-unes des couvertures su-»
périeures des ailes , qui en dessons sont ^unes, ainsi qu'une
tache fort largç qui est sur le ventre.
Le Cardinal dominicain. Voyez Paboahk.
Le CARDINAIi DOMINICAIN HUPPÉ. Vcy, PaROARE HTTFPi.
Le Cardinai< du Canada. Foyn Tangara du Canada.
Le Cardinal du Cap. Voyez Foudi.
Le PETIT Cardinal du Vol^a ( Loxia eryikrina, ). Ce
second cardinal de Sibérie , peu méfiant , et dont le chant
est désagréable, se trouve aussi dans les forêts épaisses et soli-
taires près des rives du Volga et de la Samara , où il est connu
sous le nom de moineau rouge* Sa grosseur est celle du ver dur ;
mais sa tête est plus petite. Il a près de cinq pouces de lon-
gueur ; le bec d une couleur de corne bnme ; une tache grise
entre celui-ci et l'œil ; la tète, le cou et la gorge rouges; le
dessus du corps cendré , avec des )ets rougeâtres ; les couvei^-
iures des ailes brunes , et bordées de rougeAtre ; les penneê
et celles de la queue brunes Ksérées de jaune; lea pieds pa-*
reils au bec , et la queue fourchue.
La femelJe a le dessus du corps d'un cendré yaunâtre ; les
côtés de la tête et le menton blancs ; quelques marques d'^un
brun obscur sur le cou ; la queue noirâtre, et bordée de
gris.
Le Cardinal nuppi ( Loxia eardinaiis Lath. , pi. en!.
n^ io3 de VHiet. nat. de Buffon, ). Ce groe^-hec réunit , ce qui
se rencontre rarement dans les oiseaux chanteurs, une voix
éclatante et un très-joli plumage. Sa tête, parée d'une huppe
qu'il peut remuer k volonté, et qu'il remue souvent, est ,
ainsi que la plus grande partie de son plumage, d'un beau
rouge ; cette teinte devient plus foncée sur les ailes et la queue,
dont la partie'extérieure est brune ; elle est pâle sur le oec et
les pieds ; une bande étroite noire entoure les mandibules ,
et s'étend un peu sur le menton. Les couleurs de lu femelle
sont moins vives : im brun rougeâtre plus clair et plus pâle
dessous le corps, est sa couleur dominante. Les jeunes ont
une huppe peu apparente, et leurs couleurs àont beaucoup
plus ternes que celles de la femelle.
Cette espèce n'habite que les parties tempérées de l'Amé-
rique septentrionale. Elle s'avance, pendant l'été, jusqu'à la
Pensylvanie, et se retire pendant l'iiiver dans la Louisiane
et les Florides. Elle préfère les bois marécageux ; c'estJà oue
le mâle, perché à la cime 4u magnolia, déploie toute 1 etenau#
CAR ^ 347
de sa vDix> et tire de Bon gosier lesMïnsTeriée.el mélodieux
qui lui ont mérité , daiM sou pays natid , le nom de rossignol:
mais ces sons« qui sont très«fort0>et inéme perçaus, n'ont
pas dans un appartement le içéme agrément.
Ce cardinal B^ nourrit de graines et de maïs : l'on dit aussi
qu'il est grand destructeur d'abeilles. En ^olière> il vit de
millet et ds chenevis; mais cette derniei^ graine, dont il est
lrè9>friand, abrège ses jours. La volière dans laquelle on le
lient en captivité doit être grande, au moins une fois plus
longue que haute; car cet oiseau^ naturellement vif, aun
caractère inquiet, ^ presque toujours en mouvement , et
saule continuellement d'un bâton à l'auti^ » mais horizonta-
lement, et rarement, à moins qu'il n'y soît forcé, de bas en
haut et de haut en bas. Il seroit facile de l'acclimater en £u^
rope, et Ton pourroit même réussir 4 Ip faire multiplîer en
captivité.
Le Cardin Ali :^upps d'Afrique (jLoxîaeris/alaLath.).
La huppe, la poitrine et le csoupion de cetoiseau sont rouges;
le dessus du corps est blanchitre; la queue est cendrée ; les
deux pennes intermédiaires de la queue sont plus longnes
lie le^ autres; les pieds sont rouges. Ix>ngueur, un peu plue
e sept pouces. On le trouve dans TËthiopia
Jjc Cardinal rouRPRi. Voyez Brc d'arosnt.
Le Cardin Ali tach^tb. Voyen Scarlatte. ( Vieill.)
CARDINAL, nom donné dans les papillons d'Europe,
a un papillon voisin du tabac d'£spagne ; c est le P. pandiora
d'£sper. (L.)
CARDINAL (LE), espèce de coquille du genre CAnK^
ainsi appelé par les marchands à cause de sa couleur rouge.
Elle est figurée par Favanne^ pi. 16 , fig. a^ et vient de Saint--
Domingue. Voyez le mot Cône. (B.)
CARDINALE 4 nom de deux espèces de plantes du genre
LoBELiB. Voyez ce mot (B.)
CARDINALE. Voyez Pyrochre. (O.)
CARDIT£, Çardita , nom im|H>sé par Bruguière^
à un nouveau genre de coquilles bivalves , qu'il a pris
dans celui des Cames de Linnaeus. Il ofire pour caractère,
une coquille inéquilatérale, libn», dont lacuamière a deux
dents, une à la base de la valve gauche, l'autre longitudinale
et parallèle à sa face antérieure ; caractères que Lamarck a en-
core circonscrila en établissant son ginre Isooardb aux dé-*
pens de celui-ci. Voyez au mot IsocaRDE.
Les cardiUe n^ont point une forme irrégulière , et ne sont
jamais fixées par leurs valves comme las crimes, mais qnel-
ques-iines d'Qutir'elIes s'uttAcheat aiup rochers pai* un byssus^
3
34» CAR
ce qui les rapproche des Moules, ^oyez ce mot. Poli , dan«
'aon ouvrage sur les testacés des mers des deux Siciles , donne la
figure^ accompagnée de détails]anatomiques^ des animaux qTii
les habitent , et les appelle Glosse et Lihnee. Voyez ces mots.
Il y a trois ou quatre espèces de Cardites dans la Méditer-
ranée, et une dans la mer du Nord ; le reste appartient aux
pays chauds de l'Amérique et de Flnde. On en trouve asses
fréquemment de fossiles.
Les plus remarquables des cardites sont :
La Caruite c«ttr , qui est figurée dans Favanne, pi. 55,
fig. G, et dans VHist. nat, des vers, faisant suite au Buffon, édi-
tion de Délerville , pi. 21 , fig. 4, et avec son animal , qui est
une Glosse ( Voyez ce mot.) , pi. 16, n** 34 — 36 , et pi. a3,
ti°* 1 et a de l'ouvrage de Poli , cité plus haut. C'est un Iso-
carde de Lamarck. Ses caractères sont d'être en forme de
cœur , presque globuleuse y lisse , et d'avoir les sommets écartés
et courbés en arrière en forme de spirale. Elle se trouve dans
la Méditerranée , et fossile en divers lieux.
La Gardite jeson y Càrdita caliculaia , dont le caractère
est d'être oblongue , comprimée sur le derrièi^e ; les côtés
garnis d'écaillés tuilées^ les bords peu sensiblement plissés.
Voyez Adanson , pi. 1 5 , fig. 8 ; le Buffbn de Oéterville , et
l'ouvrage de Poli précité ^ pi. aS, n"* 7, 8, 9 et 10, où son
animal^ qui est une Limnee, est figuré et anatomisé. Elle se
trouve dans la Méditerranée , sui* les côtes d'Afrique , et fos-
sile près de Tours.
La Ca EDITE ARCTIQUE est ovalo , marquée de stries tran»»
verses blanches , et a deux carènes garnies d'écailles tuilées sur
chaque valve. £lle est figurée dans Lister , Conch. tab. 4516 ^
^g. 267. Elle se trouve dans la mer du Nord , sur les côtes
d'Angleterre et de France.
La Gabditb aiar, Cardita antiquaia, qui est presque en
cœur ^épaisse , ventrue , sillonnée longitudinalement avec des
écailles alternes, brunes, striée transversalement, recourbée
i sa pointe, dentée en ses bords. Elle est figurée pi. 1 6 , n** a
de l'ouvi'age d' Adanson, et avec son animal et des détaila
anatomiques , pi. 33 , n^ i a et 1 3 de celui de Poli. Cet animal ,
qui est une LiMKÉE, renferme dans son manteau ime humeur
qui excite des nausées à ceux qui veulent le manger. Voyez
au mot LiMN^E. (B.)
CARDITES, nom qu'on donne aux cœurs fossiles. (Pat.)
CARDON. C'est la plus grande et la plus volumineuse de
nos plantes potagères , qu'on croit n'être qu'une variété de
TArti chaut. ( Voyez ce mot. ) Les jardiniers en distin*
guent deux espèces : les cardons ds Tours ^\^ cardons dEsr^
CAR 34g
pagne ; l'une et l'autre se multiplient de graines^ se cultivent
de la même manièi*e et demandent unfond^gras et humide.
Maû) malgré la bonne qualité du terrein et. tous les soins qu'on
peut prendre de la végétation de cette plante^ on ne sauroit
éviter dans la première saison qu'il n'en monte quelques pieds^
et rai^ement ceux qui flem*issent ainsi donnent-ils des graines
franches.
'Comme c'est seulement pour la tige et pour la racine qu'on
cultive cette plante , on la semé tous les ans à diverses époques,
afin d'en prolonger la jouissance dans les différentes saisons.
Pour en avoir de très-bonne heure, on met la graine en mars
sous cloche^ et quand le plant a de bonnes feuilles , on le re-
Eique sui* du terreau et sous cloche ; si on veut l'avancer , on
i repique une seconde fois en pleine terre avec une cloche
sur chaque plant , jusqu'à ce qu'il ait bien repris : on obtient
par ce moyen , des cardons bons à manger dès le commen-
cement de maL
Ce qui reste du plant levé sur couche, se repique en pleine
terre , vers avril , afin d'avoir des cardons qm succèdent aux
pi-emiers. Chaque pied étant planté , on sarcle et on arrose
fi-équemment pour développer et accélérer. A la fin d'avril
on fait un troisième semis de cardons : on répand la graine sur
des planches bien préparées, en ne laissant que les pieds les
plus vigoureux y et les distribuant à une distance convenable ;
car Duhamel a observé que des cardons d'Espagne plantés à
six pieds les uns des autres acquièrent un volume énorme.
Lorsque la plante a atteint toute sa croissance, quelle que soit
l'époque ou elle ait été semée, il faut arrêter sa végétation
par un procédé qu'on nomme ordinairemant blanchir les
cardons , et dont il va être question.
Les pieds destinés à porter semence ne doivent pas subir
l'opération du blanchiment ; il faut les entourer avec de la li-
tière légère ou du chaume de pois, pour les préserver des
fortes gelées , et avoir soin de les découvrir quand le danger
du froid est passé. £n un mot, pour recueillir la graine de
cardons , il faut employer les mêmes précautions que pour
celle des artichauts, la prendre de préférence sur les vieux
pieds , et la mettre dans un lieu sec et aéré. Le même pied
peut servir à produire de la graine pendant plusieurs années.
On prétend que la graine des cardons de Tours recueillie dans
les parties méridionales de la France, dégénère sensiblement.
Cependant, il est bien certain que cette plante ne se perfec-^
tionne pas au Nord.
55o CAR
de blanjûhir les CardotUé
Lonqu^on prive les plantes en yégétation de Ilnfluence Je
la lumière et de l'accès de l'air atmosphérique, on alToiblil
tellement leur constitution physique, qu'elles deviennent plus
susceptibles de l'action du froid et de l'humidité : leur cou-
leur et leur tissu, leur saveur changent, c'est ce qu'on nomipe
étloiement, La chaleur et llimnidité qu*on enti^tient dans
leur intérieur , déterminent nécessairement l'augmentation
delà matière nraqneuse aux dépens de la substance lésineusô
et fibreuse ; c'est ce qui arrive à nos céleris et à nos chicorées,
lorsqu'on les enterre^ à nos laitues, quand on les lie sur pied :
elles prennent tm blanc jaunâtre, perdent de leur âcreté et
de leur caractère filandreuic. Ce n'est donc que par ce pro-
cédé qu'on parvient à rendre les tiges de caraon sèches , ca.s-
santés, et propres à deveior tm mets fort recherché par lej
amateurs.
On conseille diverses nfétiiodes pour blanchir le cardon :
les uns ont proposé d'environner la plante après qu^eile est
liée, avec nne caisse semblable à une ruche à ipid: d'autres ^
de l'environner avec du marc de raisin ; mais c'est beaucoup
trop multiplier la main - d'œuvre et la dépense pour une
plante qui ne fournit à l'homme qu'un mets de luxe et rieii
aux animaux. Tenons-nons-en à deux pratiquas, l'une bonne
pour îe Midi , et la seconde pour I^ Nord. jLa principale at-
tention consiste à ne lier les feuilles que par uh temps sec > et à
les butter dans les mêmes circonstances. Elle est incnspensablé
dans toutes les méthodes qpi ont pour objet de blanchir les'
plantes.
Quand il sagit pendant Télé de blanchir les cardons, rien
n'est plus facile : il n'est question que de rassembler les feuilles
du cardon avec un lien de foin ou de paille , et de butter au-
tour. On les entoure d'une grande litière secouée , en né
laissant à l'air que Textrémité des feuilles : on leur donne en-
suite quelque mouillure par-dessus , en versant l'eau dans lé
cœur de la plante au milieu de l'empaillage. Dans l'espace de
tfois semaines ou un mois , selon la saison , les cardonê sont
en état d'être coupés; alors on ôte toute la paille que Ton fait
iiécher pour en garnir d'autres.
Si l'on veut avoir continuellement , et sans interruption ,
des cardoru , il ne faut lier et couvrir de ten*e que peu de
plantes à-ia-fois, renouveler cette opération tous les quinxe
jours , et proportionner leur nombre a la consox&matiMi qu'on'
en fait.
CAR 35t
Les 9artbm8 dettîaéa pour Thiver, ne aont empaillés qu'à
fur et mesure de la consommation. On commence par les plus
forts pieds. Quand la gelée approche, on lie ce qui reste sans
l'empailler , eton le butte un peu. La saison étant plus rigou-
reuse, on les enlève en motte, et on les enterre dans du sable
frais; ils y blanchissent. On les couvre seulement de paillas-
sons , de feuilles.
Quand on n'a pas de serre , c'estr-àrdire d'endroit i l'abri
de la gelée et de l'humidité, on peut faire dans un terrein.
très-sec , des tranchées profondes de trois pieda, larges de
cinq et de long^ur proportionnée anx planta de cardons,
A on bout de la tranchée , on fait un chevet , c'est*à-dire ,
on tapisse , on couvre pe bout de la tranchée de deux oit
trois pouce» de longue paiUe ; on jette sur le bord de la
tranchée du côté du nord, du levant et du couchant, toute»
les terres qui sortent de la fouîUe. On les plombe bien , et on
les dispose en talus qui éloignent de la tranchée les pluies et les
neiges. Le. long de la tranchée, du cô4érdu midi,on plante des
échalas ou de grandes fourchettes , pour soutenir une per*
che sur laquelle ou attache un nombre suffisant d'échalas ,
pour portei'une couverture grossière de paille ou de fougère ,
ou de cosse de pois, et des paillassons par-dessus. Cette con-
verlure, plus inclinée du côté du niircl que du côté du midi,
ipira appliquée par son extrémité, sur les terres qui bordent
1^ tranchée. Du côlé du midi , on ménagera quelques on-*
vertures pour in^oduire l'air et le soleil quand il est pos-
sible , et afin de pouvoir descendre dans la tranchée et y soi-*
gner les cardons. Ces couvertures se bouchent avec de doubles
paillassons pendant les nuits et les temps rudes. On dispose ^
comme ci-devant, les cardons entre les chevets de pailla,
suivant ht longueur de la tranchée du côté du nord , ou biei^
comme dan:» une serre. Dans les. pays tempérés, ces grandes
précautions sont assea inutiles. La méthode suivante suffit.
r Dès le mois de novembre, et même plutôt^ on peut Uer
iina cer4aine quantité de pieds de ccurdons, et tous les huit ou
quinze jours , suiviant le besoin , en lier de nouveau , et le faire
blanchir à la maiiière du céleri, c'est-à**dirB , relever la terre
autour des pieds dont les feuilles sont Uées, et ne laisser qu0
1m sommités i découvert.
Dans d'autres, on fait une fosse an pied de la pilante ; on
dégarnit ses racines d'un côté ; on la couche dans la fosse ,
rompre la racine ; on recouvre lateiTe sur sept à huit
pouces de liauteur , et on laisse sortir quelques bouts des feuilles
j^mir l'indiquer. Si la terre* est sèche , et qu'on la mette à l'abxi
55îx . ^ A ^
des plnîes par de la paille longue qui en repousse lès eanx^ lei
cardons se conserveront pendant plusieurs mois.
Usages économiques des Cardons*
(7est la feuille , on pour mieux dire ^ la c6le et la racine de
cardon , qui sont l'objet de la culture de cette plante : on les
mange au gras et au maigre^ et souvent au jus dans les cotre-
inets : on en sert aussi sous la %dande rôtie. Mais la classe peu
aisée fait rarement usage des cardons , parce que la prépara-»
tion qu'ils exigent pour devenir alimentaire , est trop coûteuse,
et que d'ailleurs il faut une sorte de tact pour en obtenir un
mets passable ,qui ne doit l'avantage deparoilre sur nos tables,
qu'à l'art de les accommoder. Aussi , nos Lucullus modernes
etoient-ils dans l'usage, avant d'engagier À leur service un cui-
sinier, d'essayer son talent par l'apprêt d'un plat de cardons;
et quand le ragoût réunissoit toutes les conditions , le can-
didat étoit admis au nombre de leurs officiers de bouche.
La médecine, qui a cherché à mettre à contribution toulesles
productions de la nature pour soulager l'espèce humaine n'a
découvert dans les cardons aucune propriété capable d'en-
richir le domaine de la pharmacie. Mais dans les fabriques
de fromage, l'économie domestique tire parti de leurs flem
pour coaguler le lait comme la présure : an les déiaclie des*
pommes ou fruits ; on les fait sécher à l'ombre; on en met
une pincée plus ou moins forte selon la quantité de lait. La
ileur d'artichaut sauvage , qu'on nomme la chardonnetêe , est
douée de la même vertu. (Par m.)
- CARELET, espèce de poisson du genre Fleuron £ct£,
qu'on pèche communément sur nos côtes, et dont la chair
est très-bonne , quoique moins estimée que celle de plusieun
autres du même genre. Voyez au mot Fleuron £ctjî.
JLa tête du careUt est 'petite et large ; sa mâchoire inférieure
est plus avancée, et est armée , ainsi que la supérieure , de plu-
sieurs rangées de petites dents pointues , dont les antérieures
sont les plus grandes ; s»ê deux yeux sont à gauche ; son corps,
du même côté , est brun , marbré de brun foncé et de jaune.
L'autre côté est jaune. Tous deux sont couverts d'écaîUeaob-
longues et molles.
Ce poisson se tient au fond de la mer a moitié enfoncé dans
le sable, ou dans la vase, et y attend les petits poissons, les
pinistacés et les coquillages , dont il fait sa nourriture. 11 par-*
vient a une grandeur considérable , mais jamais autant qu«
\e pleuronecte Jletan , ainsi il faut croire que c'est ce dernier
^u'on prit sous X)omitieO| et qu on a cité Goaiwe u« oankê
CAR * 555
de dix à dotiTse toises de long. Au reste ^ ces deux poissous
peuvent difficilement se confondre^ car celui dont il est ici
question est aussi large ^ ou mieux aussi long que haut , et au
contraire, le flétan est beaucoup plus long que haut. Voyez
au mot Pl£uronbcte.
On prend le car«/^^principalement à la ligne de fond y amor*
cée de crustacés ou de morceaux de poissons. On le prend
aussi à la fouëne , lorsque la mer est calme et qu'on peut Tap-
percevoir au fond. Il remonte quelquefois les rivières.
On a trouvé son empreinte fossile dans la canîère d'CSnin-
gen 9 près le lac de Constance en Suisse.
Dans le Nord, où il est encore plus commun que sur nos
c6tes , on sale , on fume , on marine tout ce que la popula-
tion du pays ne peut pas employer frais , et on le vend , très-
souvent sous lu nom àe flétan. Voy. au mot Pjlburonsote.
£n France, on n'en mang&point ainsi préparés, maison,
^n prend beaucoup, que Ton consomme frais.On eu voil à Paris
une partie de Tannée, que Ton sert sur les tables , soit frits ,
soit cuits au court-bouillon. Ordinairement le prix n'est pas
assez élevé pour être hors de la portée de la classe ouviîere.
C'est le turbot , c'est la sole des pauvres de cette ville.
On appelle ce poisson barbue et rhomboïde dans quelques
ports de mer. C'est le pleuronectes rhotnbus de Linnseus. (B.)
CARENE, Carina, nom donné au pétale inféneur d'une
corolle papillonacée. {Voyez le mot Fleur.J Une feuille est
aussi appelée en carène , lorsqu'elle est relevée longitudinale-
ment , dans le milieu de sa surface inférieure, par une saillie
anguleuse et^ tranchante. (D.)
CARENE, nom d'un poisson du genre Silure. Voyez c9
mol.(B.)
CARET, nom spécifique d'une Tortue de mer. Voyez
ce mot. (B.)
CARGOOS, nom vulgaire que l'on donne au Grèbe
BUPPE. Foyez ce mot. (Vieill.)
CARIACOU ( Fig. pi. ao , vol. 5i de mon édition de
YHist. naturelle de Buffon,) C'est ainsi que l'on nomme à la
Guiane une race de CiiEVREUiii. {Voy. ce mot.) Elle ne fré-
quente que les grandes forêts de l'intérieur des terres ; sa taille
est petite , et son pelage d'un gris blanchâtre ; ses bois sont
droits et pointus. La femelle fait plusieurs portées par an ,
car l'on trouve des petits cariaeoue dans tous les temps de
Tannée , même pendant les plus fortes chaleurs de l'été. Ce
sont de animaux sveltes, agiles, aussi jolis qu'innocens, doux
et même caressans , lorsqu'on les a apprivoisés > ce qui n'est
pas difficile; mais ils portent aux yeux des hommes un puis-
JV, SB
554 CAR
iaiit motif cle proscription ; ou les chasae avec ardeur ^ parce
qu'ils soûl le meilleur gibier de T Amérique méridionale , et
que leur chaii* est aussi savoureuse que leur naturel est bon et
aimable. (S.)
CARfAMA {PalamedeacrisUiiaLtSLth.fGg. dansTornitho^
logie de Willugby^pl. 5i.) , oiseau du genre des Kamjchis,
ef de l'ordre desÉcHASSfîs. ( Foyez cesmots.^ Ce nom cariama
est ^ en langage du Brésil y celui d'un grand et bel oiseau de
cette conirée du midi de l'Amérique ^ qui fréquente les maré-
cages y et s'y nourrit de poissons et de reptiles. Il surpasse la
héron en grandeur; il porte le cou élevé et la télé haute; son
bec court et crochu est surmonté k la racine par une aigrette
<ie plumes droites ; les doigts qui terminent ses longs pieds sont
unis par une portion de membrane jusqu'à leur première ai^
f iculation ; le doigt du milieu est le plus long de tous , et celui
de derrière, fort courte est placé si haut aii'il ne peut appuyer
ik terre. Tout le plumage est gris ^ varié de brun et de roussâ-
tre ; le bec^ les jHeds et les yeux sont jaune».
Le cri de cet oiseau ressemble à celui du coq-d' Inde, mais
il est plus fort et se faitentendre de loin ; sa chair est délicate ,
selon Pison , qui dit que de son temps l'on commençoît à
rendre le cariama domestique. {Hisi, ruU, etmédic, ind,, pag.
8i.)(S-)
CARIAROU^ plante sarmenteuse du Brésil, des feuilles
de laquelle on tire une fécule propre à teindre en cramoisi.
Barrère l'appelle conuohulus tinctoriusfructu viligineo, (B.)
CARIBOU {Cervua caribou Linn., var. cervi tarandi, fig.
pL 76, vol. 3ode mon édition de VHùt. naturelle de Buffbn^*
Bufibn avoit pensé que le caribou de l'Amérique est le
même quadrupède que le renne de Laponie ; il paroit néan-
moins que quelques dissemblances distinguent ces deux ani-
maux, qui n'en sont pas moins des races ou de simples Vft-
riélés de la même espèce, yoyez Rbnnk. (S.)
CARICOIDE , nom donné par Guettard , à quelques Ma**
j>R£PORES fossiles, de figure spherique, et ayant une cavité cir-
colaire à leur partie supérieure. Us rentrent dans ce qu'on a
appelé fiffêê jùêêile, Voyes au mot MAintipoRS et au mol
FlOUB HB MER. (B.)
CARIE. C'est , en agriculture , le nom de deux maladies
qui attaquent , Tune les arbres, l'autre certaines plantes her-
bacées, et particulièrement le Froment. {FbyeM ce moi et
l'article BiJL.) La c€u^ie des arbres est cette espèce de moiaia-
sure du bois , qui le rend mon et d'une consistance peu dilfé-
a^nttf de celle de la moelle ordinaire ; pour arrêter les suilea
CAR 355
de celle maladie ^ îl faut couper jusquet dans le vif la partie
cariée , et recouvrir soigneusement la plaie. (D.)
ÇARIGUEou ÇARIGUYA^ nom brasilien du Sabious.
Voy€% ce mot. (S.)
CAHIGUIEBEJU. Voye% Saricoviennb. (S.)
CARILLON NEUR {Turdus cûmpan^Ua Lalh. ,fig. pi.
enlum. de Buffon, n^ 700 , fig. s.) ^ oiseau du genre des Gai*
TK8 , et de l'ordre des Passereaux. {Koyez ces mots.) Il fait
partie de la section desfourmiUierâ, oiseaux fort singuliers ,
répandus dans les fbréls tranquilles el solitaires de la Guiane,
et famille assez nombreuse que j'ai fait connoître le prèmiçr.
Voyez FouRMii.LiERs^ oiseaux. Les hautes et antiques futaies
qui croissent sous l'équateur , retentissent de sons €|ui frap-
pent d'étonnement quiconque s'égare dans ces sombres dé-
serts ; la voix de plusieures espèces de fourmilière forme les
})lus remarquables de ces bruits éclatans. L'un siffle comme
'homme y et module la game et des airs harmonieux comme
le musicien {Fb/ez Araoa.); l'autre sonne le tocsin (Foyet
Béfroi.) ; et les carillonneura , réunis en petites troupes et
sautillant sur les branches des arbrisseaux, forment entr'eux
le carillon de trois cloches de ton difiérent; leur voix est très-
forte , si on la compare à leur petite taille ^ et ils continuent
leur singulier caxdUon pendant des heures entières sans in-
terruption.
Lia longueur totale du carillonneur est de quatre pouces et
demi ; il est d'un blanc tacheté de noir sur la tête « la gorgç ^
le cou el la poitrine , gris brun &ur le dos, brun roux sur le
renti^ et les couvertures de la queue , brun sur les ailes et la
aueue^ enfin , noirâtre sur le bec et les pieds \ un trait noir
e chaque côté de la télé passe au-dessus de l'œil y et un lisci é
roussâtre règne sur le bord extérieur de toutes lès pennes. (S.)
CARÏNAfRE, Carinaria, coquille uni valve, très-mince,
en cône y applatie sur les côtés, à sommel en spirale involute
et très- petit, et à dos garni d'une carènç dentée; à ouverlui*6
ovale oblongue , rétrecie vers l'angle de la carène. ,
Cette coquille avoit été placée parpii les patelles par Lin-
naeus, sous le nom depateila orislata; Dargen^^lle, Favànne
et autres en ont fait un Argonaute , et LamarcX un genre
nouveau. EUe a été figurée par Dargçn ville, Appendix , pi. 1 ,
fig. B ; et par Favanne, pi. 7 , fig. C % C'est une des plus rares
qui existent dans les cabinets, ce qui est dû sans doute à son
extrême fragilité , qui permet difficilement de l'apporter en-
tière des îles de la mer du Sud , où on la trouve : elle est aussi
transparente que du verre. On en voit une fort belle au ca-
l>inet du Muséum d'Histoire naturelle de Paris, qui provient
tatUttOi. a
Vm
CARtSD£.ï
CARCHRA , 1^ '^ww ■* ** ■ Iki**T». ieytm ce
^ 4e l'AmiiMii . pu
•-iiBK,Carii,pM>w.raB«Brtadfw&wdfedt»THnrga,
, ^" 1^^ ^,...^ arAr A-t^«-itnsT-nMMa.SMc»rM:-
ï -^a,^ Knne* ik h HiaiwcaùMi , fomuit uiie espèce
II. ^ ,^_, avïiK*», jwacifc. de v longBtar , point
mil ^^_^g^i^if-<i\f»ar±.Hii^oirw mjtaniU dt* ùiMCte» ,
xi' ^^ ,^ ^.- ^ Bu^ua . Âliï. dr Sooaini.
( ^ .—y [ni'une leulf opêcr de ce genn ; je I'm tnm-
jm 1 ,^- -=s d'une cl»uTie-«»iii» , d'où je l'w DominM
cul, _ iiiw» irr-'i'*""' pr^«<aio»"«.
■t'I" ■^^»- - Jpére ï^w ^ d">» ligne» tle longnenr : le
Fnii ^^ .^^^^revêlu d'une pewiMKm ferme, comma
Ça . ■_ ;^T jniiKU» nomme ncùuu. (L.)
9"' ,» -; ^ ,,,i que l'on ■ppelle, depai* qudqu«
';**■':■'• . -,-« rh^ devenu fort à U mode, tioo nés
lartn-i, ^^^^aMnmecduid'»rieq»ûn. rôle dan»
Mt-'It .' ^""^ . .—^ Itdieiine.t'eat ■cquii en tinnc»
'^"'*' *J' Il^^^oot r«t donner k nom de cel
CAR , . - . . SS?-
' La râce du doguin on carlin , fonmit de trâs-jolis diiena ,
mais qui n'ont pas t'inteUigence ni les autres qualités aimablea
- de plusieun autres races ; et cette diSérence est produite par
des ot^uies moins délicats et moins sensibles ; 1 odorat qui ,
pour les chiens, est le premier de tous, n'a presque point
d'inlensilé dans le (&>^uin,icaase delà déformadon du siège
de cet organo. Voytt Qaist*. (S.)
■ CARLINE , Carlina, genre de plantes de la ^ngénésie
polygamie égale , et de la famille des CYNARocÉPHALEa, dout
le caractère est d'avoir un calice commun, court, ventru ,
imbriqué, composé d'éoaillcs lâches, pointues, dont les inté-
Heures sont fort longues , lancéolées , linéaires , colorées , aca-
rieusea et ouvertes ; des fleurons nombreux, tous hermaphro-
dites, tabulés, quinquéfîdes, réguliers, posés sur un réceptacle
chargé de paillettes mullilides , et entourés par le calice
commun. Le fruit consiste en plusieurs semences un peu
cylindriques , couronnées d'une aigrette plumeuse ou ra-
meuse , et environnées par le calice commun de la fleur.
^o/«pI. 663 des/Z^A^tfMiM de Lunarck, où ces carac-
tères sont figurés.
Les earlintê sont an nombre d'une douzaine d'espèces,
propres aux hautes montagnes ou aux parties méridionales d»
l'Europe et à l'Afrique : ^uaieurs sont très-élégantes, et deux
■ont escul entes.
Ces dernières sont la Carijnb chardocsse de ViUars, 1«
Carlina achantifolia , figuré par AUioni, Flora Pedtnwt^-
tana , pi. 5i , et autres ; et la Carline sans tigk, Carlina
acauiit Linn. , plantes extrêmement voisines , et qui croissent
sur les hautes montaenea de l'intérieur de la France. On le*
appelle c/iardoutue» dans les Basses- Alpes , et loque* dans les
Cévennes. Par-tout où elles se trouvent, les habitans en
mangent les réceptacles, comme ceux des artichauta, aux-
quels ils ne sont point inférieurs en bon goût , et qu'ib sur-
passent très-souvent en grosseur. On les sèche pour l'hiver;
mais ces plantes, dont la nature est prodigue dans les lieux
qui leur conviennent , ne souffrent que difficilement la cul-
ture ; et inutilement on a tenté plusieurs fois de les introduire
dans les jardins même de leur climat. Leurs caractères M>nt
d'avoir la Ûeui- solitaire , preaqi
radicales, profondément sinuw
a'éralent sur la terre en rosette ,
quefois un espace de deux it Ir
ivcines , qui sont bisannoelles,
paaseoi pour diurétiques , sudor
Après ces deux espèoea, il i
358 CAR
vux«GATitx>qui (K)ft daiui le cas d'être citée. Elle a la tige,
multiflorey en coiymbet les fleurs terminales, les rayons du
calice blanc. Elle se trouve abondamment dans les lieux
montueux , sablonneux et arides de presque toute l'Europe.
Les cinq à six auti-es, européennes , ne se trouvent que dans
les parties les plus chaudes et les plus sèches des parties méri-
dionales de la France. (B.)
CARLO. D'anciens voyageurs disent que c'est un oiseau
de Tile de Ceykn^ aussi gros qu'un cygne , à tête prodigieu*
aement grosse > à crête de coq y k jambes courtes , a plumage
noiV et oreilles blanches , à cri de canard , et qui ne se pose
jamais à terre. Il y a plus que de Texagéralion dans cette des*
criplion ,■ et le carlo peut passer pour un oiseau imagi^
naire. ( S.)
CARLUDOVIQUE , Carludouiea , genre de plantes de la
monoécie polyandrie, et de la famille des Palmiebs, qui
oHro pour caractère une spathe universelle de quatre folioles
lancéolées, concaves, striées, s'enveloppant les unes sur les
autres, cadtiques, et terminées par quatre à cinq pointes; une
spalhe commune , cubique , à quatre fleurs ; une spathe propre ,
ovale, couronnée de plusieurs dénis arrondies; pK>int de
corolle; un grand nombre detamines très-courtes, insérée*
au réceptacle dans les fleurs noales; un ovaire cubique, creusé
supérieurement de deux sillons en croix , portant quatre styles
écartés, filifi^rmes, très-longs^, portant chacun un stigmate
semblable à une anthère, dans les fleurs femelles.
Le fruit est une baie cubique, uniloculaire et poljsperme»
renfermant un grand nombre de semences, petites, obfongues
et planes.
Dans ce genre, dont les caractères sont figurés pi. Si du
Gênera de la /Yor# du Pérou , les fleurs mâles sent méléee
avec les femelles sur le même spadix.
On compte cinq espèces de cardudoviquee , toutes propre»
au Pérou. (B.)
CARMANTINE , Justicia Linn. ( Dy€Ouirit! monogynie.) ,
genre de plantes de la famille des Aca^^thoïdes , renfermant
tui grand nombre d'espèces , qui sont toutes ou des herbes oit
des arbrisseaux étrangers. Dans les carmaniineSf le calice eal
petit, et découpé proiFondément en cinq parties; la corolle^
qui est raonopelale, a deux lèvres très-distinctes ; une supé-
r.eui'e, échancrée; une inférieure, réfléchie et à trois divî*
sions; les étamioes, au nombre de deux, sont attachées à la
corolte sous la lèvre supérieure, et chacune d'elles porta one
anthère droite à deux loges, réunies ou distantes; Tovaire est
•upévifur; ie s^k a^ce^ et 1^ stig^naie simple» Le fruit est
CAR 559
ime capsule oblongne^ à deux .valves, s'oorrant avec élasd^
cité ; cette capsule a deux cellules , séparées par une cloison
opposée aux valves, et chaque cellule contient plusieurs se*
menées rondes et comprimées. Fayex Lam. Illustraâiona dett
genr. pi. 1 a.
Toutes les carmaniinês ont la corolle kbiée et les feuilles
simples et opposées. Les unes ont la tige ligneuse , les auti'es
l'ont herbacée ; dans plusieurs les anthères sont à loges réunies ,
dans d'autres elles sont à loges séparées. Ces quatre caractères
ont donné lieu à quatre divisions des ncnnbreuses espèces de
ce genre , qui en comprend environ cinquante-quatre. Parmi
celles dont la tige est ligneuse, et dont les loges des anlhèi-e»
•ont réunies, les plus intéressantes à décrire sont :
La Carmantjne en arbre , vulgairement le Noter ]>r
Ce Y LAN, le Noyer des Indes, JusHeia adathoda Linn^
C'est l'espèce la plus élevée de ce geru^e ; elle >i un beau port
et un aspect agréable , quand ^Ue est en fleur: elle s'élève à la
hauteur de huit à douze pieds , sur une tige grosse comme le
bras, avec des rameaux miressés et des feuilles larges, ovalea
et lancéolées, qui ont Tapparence de celles du noyer commun;
les fleurs sont grarAies, blanches , et disposées vers le sommet
des rameaux en épis courts, munis de bractées ovales et per->
distantes ; les lèvres de la corolle sont courbées, et rinférieur»
est veinée de pourpre à sa base.
Cet arbre croît dans Ule de Ceylan ; il est «ultivé depuia.
long-temps en Europe , dans les jardins. Ses fleurs paroissent
& la &n de Tété ; quelquefois les boutons ne sotlent qu'à 1 ap«
proche du froid , et ne s'ouvrent pas ; en général il fleurit
oiflicilement : il lui faut un gi*and soleil , une terre légère et
aubstantielle , et continuellement de l'eau. On doit l'éiever
dans un grand pot ou dans une caisse, afin de le mettre dana
l'orangerie aussi-tôt que les froids commencent, car il craint
les moindres gelées : cependant il passe très-bien l'hiver dans
une bonne serre , sans le secours d'une chaleiH' arti&cielJe. On
peut le multiplier , vers le milieu de Tété , de marcoifes ou de
boutures, qui prennent aisément racine; on le traite après
comme les orangers : fl conserve ses feuilles «n hiver.
La Carmantine a cnocn'Er p.Justicia eeholium Linn.
C'est un petit arbrisseau qui a des rameaux anguleux et des
feuilles ovales lancéolées; les épis de fleurs munis de bractées
ciliées, oflrent quatre cotés, et ressemblent à un cône; la
corolle est d'abord bleuâtre , et devient presqw'entièremeni
blanche en se développant ; ea lèvre supérieure est étroite^
bifiirquée et i:ecourbée en crochet. Cette espèce croît au Ma-
labar et à Cejlan; elle se multipUè par seénences et par bou^
56o CAR
tures. Sa racine en décoction est bonne confre la goutte, et
mêlée à celle de ses feuilles, elle est réputée salutaire dans les
douleurs néphrétiques.
La Carmaktinz tachke, Justicia picùa Linn. , est un
arbrisseau de cinq ou six pieds, qui croit dans les Indes
orientales, dans les Moluques et à la Chine , où on le cultive
comme ornement dans les jardins. Il est remarquable par ses
feuilles ovales pointues , tachées de blanc jaunâtre , ou de
rouge brun , et par ses beaux épis de fleurs purpurines^ dont
la corolle est renflée à son orifice.
La Carm ANTiNE A FLBUR8 ROuoEs , JuêUcia pulcHerrima
Linn. /. Coccinea Aubl, et Mua. C'est une ti*ès-beUe espèce,
qui a des fleurs grandes, d'un l'ouge éclatant; elles sont pro-
duites au sommet des rameaux , sur des épis droits à quatre
côtés, et munis de bractées ciliées ; les feuilles sont pétiolées,
ovales, pointues aux deux bouts, et longues dé huit à dix
pouces. Cet arbrisseau croît dans l'Amérique méridionale , à
Cayenne , à Carthagène : il poussa de la même racine plusieurs
tiges droites, peu rameuses, de six pieds de hauteur.
Parmi les carmantines à tige ligneuse , dont les anthères
aont à loges séparées , on distingue les deux suivantes:
La Carmantinx a i>eux fi^eurs , Justicia hiflora Lam.
Dans cette espèce, qui croit en Arabie, les rameaux sont
opposés et cyhndi'iques , les feuilles ovales et obtuses ; chaque
Sédoncule ne porte que deux fleurs , et les fleurs ont un
ouble calice ; elles sont d'un jaune rougeàtre. On applique
les feuilles de cet arbrisseau sur les tumeurs enflammées , pour
en calmer les douleurs.
La Carmantinx odorants , Justicia odora Lam. C'est
un arbrisseau d'un asjsect agréable, et qui ressemble un
peu au précédent. 11 a des rameaux articulés et munis de
chaque côté d'un sillon qui va d'un nœud à Tautre ;ses feuilles
•ont ovales , oblongues et obtuses; 9iss fleurs ^âennent solitaires
aux aisselles des feuilles , leur couleur est jaune; elles n'ont
point de pétiole, et sont velues en dehors. Cette plante croit
en Arabie, dans les bois. Son odeur appix>che de celle de la
Jlouvê ; mais elle n'est bien sensible que lorsque la planta
commence à se faner . Les paysans arabes s'en parent les jours
de fStes , et en font des couronnes de fleurs dont ils s'orneni
la tête.
Dans les espèces & tige herbacée , et dont les anthères ont
les loges réunies , nous n'en trouvons qu'une qui ofire quel*
qu'ulililé ; c'est la Carm an tins rou rprur , Justicia purpur^a
liinn. Elle a une tige rampante , articulée , et qui nous&e de
petites racines k ses uceuos ; ses feuiUes sont ovales , tivs-
CAR SGi
entières 9 lisses et pointaes; les fleurs, dont la corolle egt
purpurine ainsi que les étamines , naissent en épis au sommet
des rameaux et d'un seul côté. Cette plante cri^t à la Cbine
el dans les Moluques. Rnmplie fait mention d'une variété
dont les nœuds de la tige et les nervures des feuilles sont
rougeâlres : on a'en sert pour teindre eh rouge.
La Carmantine pectorale , Juaticia pectoralU Jacq. »
est aussi une herbe , mais elle a des antlières à loges distantes.
Sa racine périt tous les ans ; sa tige est noueuse et menue ; ses
feuilles sout lancéolées , lisses et entières ; et ses fleurs petites ,
rougeâtres et à caliee simple , sont disposées en épis grêles et
paniculés. Cette plante croît à Saint-Domingue et à la Marli-
nique : elle est vulnéraire et résolutive^ et on en fait un sirop
très-agréable, vanté, avec raison, pour les maladies de la.
poitrine.
Pour les détails de la culture des Carrriantines dans l'Inde
et dans nos climats, voyez Miller et la Nouu. Encyclop. DicL
d'jigriciUture, Ruys et Pavon ont découvert, dans le Pérou,
plusieurs espèces nouvelles de Carmantines. Voyez la Flore
du Pérou y publiée récemment par ces botanistes (D.)
La Caemantine teignante a les feuilles lancéolées ,
presque ternées , pubescentes ; les flem's ramassées en tête et
axillaires. Elle croît dans la Cochinchine , où on emploie ses
feuilles à teindre en vert. (B.)
CARMONE , Carmona , arbrisseau à feuilles alternes fas-
ciculées sur des tubercules , ovales , oblongues , tantôt en-
tières, tantôt Iridenlées, velues en dessous, ponctuées de blanc
en dessus , très-peu pétiolées ; à fleurs rouges , disposées en
grappes axillaires et très-velues.
Cet arbrisseau forme , dans la pentandrie digynie, un genre
dont les caractères consistent en un calice persistant à cinq
divisions aiguës ; une corolle monopétale à tube court et a
limbe divise en cinq parties aiguës; cinq étamines; un ovaire
supérieur , globuleux , surmonté de deux styles à stigmates
simples.
Le fruit est un drupe globuleux, contenant une noix à six
loges et à six semences.
Le carmone hètérophylle est figuré pi. 438 des Jconesplan^
tarum de CavaniUes , et se trouve aux îles Mariannes. Il se
rapproche beaucoup des Cabri llets , d'après Tobservatiou
de Ventenat. Voyez au mot Cijbrillet. (B.)
CARNASSIERS. Ordre de quadrupèdes qni n'ont pas le
pouce séparé des autres doigts. Cet ordre se divise en quatre
sotts^rdxes ^ et ceux*ci en plusieurs familles. (S.)
564 CAR
pour soutenir Texifitence des êtres ? nVst-ce pas pour les re<»
produire ? n'esl-ce pas pour le seul besoin des espèces 7 la na-
ture va-t-elle au-delà ? iue*t-elie pour le plaisir de tuer? Ele-
vons donc nos pensées à de plus hautes contemplations ;
voyons le but réel que la naiure se propose. £Ue ne s'mquièle
point des individus , mais seulement des espèces ; eUe n'a
point d'acception ni de prédilection injuste. Si le foible ani-
mal a ses ennemis , croyez-vous que le lion féroce n'ait pas
aussi les siens dans les âpres rochers de la Guinée ? Le mou-
cheron , tout faible qu'il est , ose bien attaquer ce roi des
animaux , le harceler , le piquer , sans qu'il puisse détruire
cet importun insecte. Et l'homme , qu'il faut mettre au pre-
mier rang des animaux déprédateurs ^n*est-il pas la vile proie
d'un ciron , d'une puce? N'a-t>il pas des ennemis plus cruels
encore ? Ne s'entr*égorge-t-il pas dans ses grandes et san-
glantes querelles ? Il y a donc une guerre éterndle entre tous
les êtres vivans de la nature , et les plus foibles ne sont pas
5 lus malheureux que les plus forts. La somme des biens et
es maux est à-peu-près égale pour Tinsecte et pour l'aigle ,
pour le ver et pour le lion ; chacun mange pour être mangé
k son tour , et l'on ne meurt qu'une seule fois, f^oyez Far-
ticle Armks.
Après avoir fiiit remarquer ta nécessité des espèces carn^
vores ; après avoir montre que la nature n'est ni cruelle ni
injuste , il nous reste à examiner les animaux carnivores en
#ux-mémes. Nous ne nous occuperons pas à décrire les armes
Su'ils emploient pour vaincre leur proie , nous en avons parié
ans l'article Armes des Animaux.
Premièrement il faut reconnoître que tout être organisé esl
foimé relativement au genre de vie auquel il est destiné.
Tous ses parties concourent au même but ^ car il n'y a peut-
être pas une fibre dans un animal qui n*ait pour objet la nu-
trition et la génération , quoique la manière en soit bien dif-
férente dans les diverses espèces. Prenons pour exemples
de ccffnivores , dans les quatre classes d'animaux k vertèbres
et à sang rouge » un lion , un aigle , un crocodile , un requin ;
tout, dans ces êti*es , respire la férocité ; tout représente la
force , l'agilité , le courage > l'instinct âpre et sanguinaire ; la
nature a tout diisposé en eux pour le» faire vivre de chair ; ils
sont tous armés avec avantage ; ils ont tous l'appétit du sang;
leurs intestins , leurs os , leurs muscles , monU«nt évidem-
ment leur destination ; de sorte qu'on pourroit deviner leur
caractère , leurs appétits, leur genre de vie , à leur seule con*
formation ; qu'on me montre une dent d'un animal quel—
conque, et je dirai comment il vit* Tout esl coordooné dans
C A H 565
la nature ; quand on tient un fait , il se lie tonfonr» à qneU
qu'autre ; c'est un anneau attaché à une longue chaîne.
Dans tous lescarnitH}rê8 on remarque deux faîls généraux:
le premier est la force de tous les organes extérieurs ; et le so-
cond lafoiblesse des parties internes. Voyez un lion , un aigle ;
qu'y a-t-il de plus musculeux , de plus robuste , de plus ao«
tif 7 Mais examinez ses organes intérieurs de nutrition , ses
intestins , son e&tomac , vous les verrez foibles à proportion,
de la force extérieure de l'individu.
£n eifet tous les carnitfores n'ont qu'on seul estomac , d'uno
capacité médiocre , d'une texture membraneuse , déhcate ,
et des intestins fort courts ; au lieu que dans les espèces her-
bivores , l'estomac est krge, quelquefois multiple ou muscu-
leux , les intestins sont amples et fort longs ; ces animaux ont
même un appendice intestinal , une sorte de sac appelé cœcum,
près de l'estomac , pour lui servir en quelque sorte de sup-
Slément ; les carnivores n'ont jamais qu un estomac simple et
'une médioci*e capacité. La longueur des intestins est méoM
un caractère remarquable des animaux herbivores ; le bdeufy
par exemple , a des intestins grêles de la longueur de cent
quatorze pieds, et les gros sont longs de trente-quatre pieds;
les grêles ont cinquante-six pieds dans le cheval ; les intestins
du lapin font onze fois sa longueur , et ceux du lamantia
£ lus de vingt fois ; ceux du castor ont huit aunes ou vingt*
uit pieds ; mais dans les carnivores ils sont fort courts ; ceux
du tigre et du loup ne font que trois fois leur longueur totale ;
ils n'ont ^ue cinq pieds dans la panthère. Il en est de même
chez les oiseaux ; 1 aigle a des intestins longs de deux aunes
et demie seulement ; les serpens en ont aussi de fcnrt courts;
mais chez les poijisons très -carnivores celte brièveté est en-»
core plus remarquable ; dans le requin l'intestin est tout
di-oit et n a guère plus d'un pied » son intérieur est garni d'une
valvule spirale, comme la vis d'Archimède. Ces proportion^
4ans la longueur des intestins se font aussi appercevour parmi
les autres classes d'animaux , les mollusques , les crustacés ,
les insectes , les vers et les zoophytes. L'homme , qui est om-
nivore, a des intestins qui font six fois sa longueur , pour
l'ordinaii*e. On rematxiue d'une manière frappante combien '
la longueur des intestms dépend de la nature des alimens ;
car dans le têtard de la gt*enouille ils sont fort longs , parce
que cet animal vit de plantes aquatiques ; mais lorsqu'il se
transforme en grenouille, son système intestinal se raccourcit
parce qu'il doit vivre désormais de vers et d'insectes.
Or , plus les organes internes d'un animal sont foibles ,
plus la force vitale se porte sur les parties extérieures, comme
566 CAR
•n le voit érîdemment ches les carnivores. Dans les licrLi*
▼ores la raison est contraire. Ne fi&ut*il pas en eflét que les
premiers puissent atteindre et subjuguer leur proie vivante
par l'agilité et la force ? Ne faut*il pas que les seconds aient
des intestins amples pour recevoir une grande masse de subs-
tances végétales, qui sont bien moins nutritives que la chair?
N 'est-ilpas nécessaire que les matières animales sortent promp-
tement du corps pour éviter une putré&ction dangereuse à
rindividu 7 Au contraire ne faut*il pas que les substances vé-
gétales séjom*nent pluslong-tem ps dans les in testins , pour four-
nir tous leurs principes alimentaires mêlés dans une grande
masse de matières? On voit donc que les animaux n*onlpas
la volonté de choisir la nature de leurs alimens , mais qu'ils
sont forcés à la vie soit v^étale, soitaniipale, selon leur con-
formation ; c'est à tort qu'on accuse le loup , le tigre d'élro
cruels, ib ne veulent que vivre suivant leurs besoins.
Tous les carnwcrea ont non-seulement des muscles plus ro-
bustes que les herbivores, mais leurs sens sont encore plus
délicats; leur vue est plus )>erçanle, comme dans l'aigle;
leur odorat plus exercé , comme dans le loup ; leur ouïe plus
fine , leur goût plus sensible, leur instinct plus étendu , leurs
sensations plus exactes, leuryi«^«/iten^ plus vif: c'est ce qu'on
peconnoit dans leurs chasses, leuiv finesses » leura embûches,
leurs guerres , et toutes leurs habitudes extérieures.
Il semble donc que les facultés vitales des herbivores soient
toutes internes , celles des carnivoreê toutes externes ; que plus
les organes extérieurs sont forts, plus les oraanes intérieurs
sont foibles , et réciproquement : c'est à cette foiblesse interne
de la vie qu'il faut attribuer la difficile digestion des carnivo-
res , car les herbivores peuvent manger presque sans relâche ;
ils digèrent k mesure qu'ils avalent , mais les camii^oreê bien
repus , refusent de manger , et peuvejfit ainsi demeurer plu*
sieurs jours sans autres alimens. On a vu des loupa , des
chats , des fouines , demeurer huit et même quinsejours sans
prendre de nourriture ; nn cheval , im bœuf, meurent au
bout de deux ou trois jours , parce que leurs alimens aont
d'ailleurs peu nourissans , tandiH que la chair alimente beau-
coup plus. C*est même à cause de cette nourriture de chair ,
que les oarneuêierê sont si robustes et si vigoureux , maïs un
animal herbivore est plutôt fati^^ué qu'eux. On voit des oi-
seaux de proie, des aigles , des faucons , des oiseaux frégates
voler pendant plusieurs journées , et faire dans les airs plu-
sieurs centaines de lieues. Un cheval seroit bientôt mort , s'il
éloit forcé de courir pendant quelques jours sans so reposer.
Le lion , le tigre foui des bono» à plusieurs toises de distance ,
CAR 5St
te. qui montre la prodlgieiue fermelé de leurs miucles, de
leurs tendons et de leurs os. D'un coup de dent , ils brisent
répine du dos d'un taureau , ils déchirent l'éléphant , et
cette grosse masse herbivore ne peut se défendre éontre un
médiocre camitfore agile et robuste.
I/homme est conformé comme les singes , pour être fru**
givoi*e , ou plutôt omnivore. Les chauve-souris sont insec*
tivores ; et les hérissons , les musam^nes y Jes taupes , sont
vermivores. Les ours , blaireaux , Lmkajous , mangoustes ,
martes , vivent de malières plus ou moins animales. , mais il
faut des animaux vivans, et du sang au lion , au tigre , à la
laiithère , 8cc. Les loups , hyènes , chacals aiment les charo*'
^gaes. Les autres quadrupèdes vivipares sont herbivores quoi-
que plusieurs espèces de rongeurs ne dédaignent pas la chair.
Parmi les oiseaux , tous les rapaces , et la plupart des palmi-
pèdes veulent des nourritures animales ; les oiseaux à bec
fin , les grimpeurs et les oiseaux de rivage , recherchent les
vers et les insectes ^ il en est de même pour la plupart des rep-
tiles. Les poissons vivent presque tous les uns cfes autres ; la
mer est un champ de perpétuel carnage. Quelques* mollus-
ques dévorent des vers et des insectes , comme les crustacés.
Plusieiu*s coléoptèi-es détruisent beaucoup de charognes, tels
sont les sylphes , nicrophores , carabes , dermestes , &c. Lea
araignées 9 libellules , hemérobes, &c. font la guerre aux au-
tres insectes , et tous les aptères sont parasites. Il n'y a pas
jusqu'aux zoophytcs qui ne dévorent les vers , les insectes , les
débris des animaux, de sorte qu'il y a plus d'un tiers du rè-
gne animal , en entier , qui vit sur sa propre substance. Lea
plantes parasites sont , pour ainsi dire, les herbivores du règne
végétal , car elles vivent de destructions végétales , comme ks
moisissures , des champignons , et même le gui , l'oroban-
che , êcc. On peut voir à Tarlicle Alimeks , ce que nous di-,
aons sur la matière nutritive en général, et combien elle in-
flue sur tous les êtres. (V.)
CARNIVORES , divbion ou sous-ordre de quadrupèdes ,
dans l'ordre des Carnassiers. ( Foyez ce moL) Lescami-.
vores n'ont aucun des pouces séparé , et leui^s pieds n'ap-
puient que sur les doigts. Cette division comprend trois fa -
milles : les Martes , les Chiens et les Chats. Foyez .ces
mots. (S.)
CAROCHUPA. C'est le Sarigue , suivant quelque»-nns.
y oyez ce mot. ( S.)
CAROLINE, nom'spécifique de poissons du genre Ar-
0CNTINB et du genre Taiolr. Voytz ces mots.* (B.)
56» \ CAR
CAROLINÉE, Cbro/i/i^a, genre de pkntes appelé Pa^
CHJHE par Aublet Voyez ce mot (fi.)
CAKONCULË ( Sùumua carunculatua Lath. ordre Pa».
8EREAUX ; genre Etourmeau. Voyez ces deux mots* ). Cet
élourneau a une petite caroncule de couleur orangée ^ qui
pend à chaque coin de la bouche , près de la base de la man«
dibule inférieure du bec ; le dos et les couvertures supérieu*
res des ailes d'un brun rougeâti*e; le reste du plumage, le
bec et les ongles noirs ; les ])enne8 de la queue sont tei*minées
en pointe.
La femelle est entièrement d'un brun rougeâlre ; les ca-
roncules sont ti*ès-peu apparentes; longueur neufpouces et de*
mi environ , grosseur de Yéùourneau,
Cette espèce se trouve à la Nouvelle-Zélande. (Vieili..)
CARONDI , nom que les Indiens donnent généralement
a toutes les espèces de Perroquets. Voyez ce mot. (S.)
CAROTTE, Daucus JÀxin.{ PentandrU digynie ) , genre
de plantes de la famille des Ombellifkres , dont le carac-
tère est d'avoir des fleurs disposées en ombelles doubles, qui
sont planes pendant la floraison , et qui se contractent , et
deviennent concaves à mesure que le u'uit approche de sa
maturité. La grande et les petites ombelles sont garnies d'un
involucre et d'involuceUes découpés en lanières étroites.
Chaque fleur est composée d'im calice entier , de cinq pé-
tales courbés en coeur et dont les extérieurs sont plus grands,
de cinq étamines à anthères simples , et d'un ovaire inférieur
surmonté de deux courts styles. Les fleurs du centre et de la
circonférence sont sujettes à avorter. Le fruit consiste en deux
semences, planes d'un côté , convexes de l'autre, et toujours
hérissées de poils un peu roides. On trouve ces caractères
figurée dans illiust. des Genr. de Lamarck , pi. 19a.
Les carottes sont des herbes qui ont beaucoup de rapporta
avec les caucalides et les ammis. Elles diflèrent des pre-
mières par leur involucre dont les folioles sont profondément
découpées ; et leurs semences hérissées empêchent qu'on ne
les confonde avec les ammis. Leurs feuilles sont composées j
et à découpures plus ou moins fines.
Les espèces connues de ce geni'e sont en petit nombre. La
plus intéressante de toutes est la Carotte commune, Dau^
eus carota Linn. , qui comprend la cmrotte sauuage , et celle
que l'on cultive ; la racine de la carotte sauvage «rst plus grêle
et plus dure ; d'ailleurs elle ressemble entièrement à Tautr^.
La carotte commune a une tige velue , rameuse , légère-
ment cannelée , et qui s'élève ordinairement à trois pieds.
Les découpures de ses feuiUes sont étroites, linéaires et ai-
CAR .3Ô4j
gtiës. Ses fleurs sont blanches et quelquefois rougeâtres» Cette
}>lanle est cultivée depuis long-temps dans les jardins ; elle
oflreà rhomme un aliment sain , et qui parfume et assaieonne
les auti'es. El]e n'est pas moins bonne pour les animaujc. Ce-
pendant on n^en sème la graine dans les campagnes que de-
puis quelques années^ à Timitation des Anglais. C'est au aèle
de la société établie à Londres pour l'encouragement des arts ,
qu'on doit la culture en grand de cette plante ; comme ell»
piv^ote beaucoup , elle n'épuise point la superficie du terrein ,
et ne peut nuire, par conséquent, au blé ni aux autres graini
qui sont semés après elle. On la sème même , avec avantage,
parmi Us grains du printemps. £Ile est d'une grande ressource
pour la conservation des bestiaux . auxquels elle fournit une
nourriture abondante et substantielle. Les bœufs , les mou-»
tons , les chevaux et les porcs mangent cette racine avec plai-^
sir ; elle les engraisse, les maintient en santé , et les rétablit
promptement après la maladie. Le lait de vache en est au^
mente et rendu meilleur, ainsi que le beurre* Enfin elle peut
être ajoutée ou substituée en tout temps aux autres fourrages.
£t comme cette plante est à l'abri des ouragans et de la
grêle ; comme on la garantit aisément de la gelée, dans la
terre ou hoi*s de terre : qu'elle est peu sujette à manquer ^
levant facilement : qu'on peut la semer et la récolter dans
Slusieurs saisons, la replanter même au printemps pour avoir
e la graine , après l'avoir gardée l'hiver dans du sable ;
comme elle n'est point dévorée par les chenilles , ainsi que
les navets , et qu'elle craint peu les autres insectes, à l'excep-
tion du ver de hanneton et de la courtillière qui l'attaquent
quelquefois , mais dont on a des moyens de la défendre ; par
tous ces avantages, elle mérite l'attention et les soins de tout
cultivateur bon économe.
On compte trois espèces jardinières de caroiie, distinguées
par la couleur de leur racine , savoir : la carotté rouge ou
couleur d'orange ,\à blanche et Îb. jaune, La première est pré-
férée en Angleterre , la seconde en Italie , et la troisième ea
France. Celle-ci passe pourtant pour la meOleure ; elle cuit
mieux , et elle est plus tendre et plus délicate. La blanche
craint moins l'humidité que les deux autres. Il y a aussi une
Eetite carotte jaune , pâle, hâtive , et une petite rouge plus
âtive.
De toutes les plantes qu'on cultive pour leurs racines , il
n'en est point qui exige un sol plus profond. Il doit être
léger j gras , un peu sablonneux et un peu humide , ou plu-
tôt ce qu'on appelle frais, afin que la carotte le pénètre et
1 écarte aisément , et afin que l'eau des pluies ne séjourne pas
IV. A a
$70 CAR
Bur lesiticlnes. On doit rendre tel celui qui seroit trop coii>-
pacte ou trop serré. On peut employer pour cela le sable sec,
et encore mieux le terreau bien consommé. Le fumier m»
trop tard ^ ou trop de fumier, nuit à cette plante ; elle four-
che alors , pousse des racines latérales , est' sujette à devenir
galleuse , à pourrir ou à être mangée des vers ; elle est en
un mot moins saine et se conserve moins. On doit donc fu-
mer la teiTe destinée aux carottes deux ans ou au moins un
an avant de les semer. Elle doit avoir été préparée par trois
labours , faits , le premier en automne , le second après les
grandes gelées ou pluies , et le troisième au milieu de mars.
Celui-ci doit être superficiel ; mais les deux précédens Uiès-
1)rofonds. Le second!^labour peut être supprimé, si la terre est
égère et meuble , et après le dernier il ne faut pas manquer
de passer le râteau ou la herse sur le terrein , pour l'unir ^ et
pour nemer également
Dans le midi de la France, on peut semer les carottes i%
mars en septembre , juin et juillet exceptés. Dans le nord , on
aème communément en automne et après l'hiver. Si on sème
au printemps , il ne faut pas attendre qu'il soit trop avancé.
Les plantes monteroient en graines y avant que leurs racines
fussent parvenues à une grosseur médiocre : cela arrive sou-
vent dans les pays chauos ; car la carotte n'est bisannuelle ,
qu'autant mx'elle ne fleurit pas dans la même année. Pour
garantir de la gelée les semis faits en automne , on les couvre
de paille longue.
Ses graines ay«nt des poils qui les unissent ensemble , on
lesméle a^ec deux tiers de sable fin ; et après les avoir frottées
dans les mains , on les sème , {Mir un temps calme , à la volée
ou en rayons séparés. Quelques personnes y mêlent plusieurs
autres espèces de semences, comme des porreaux, des oignonéy
des panais, des raves, 8cc. Cette pratione est mauvaise. Si
une de ces espèces réussit pleinement , éDe détruit les autres ;
les earottea , pour avoir de Tair , poussent plutôt par le haut
que par la racine. Au lieu que chaque espèce semée séparé-
ment , devient plus belle ; et la récolte finie , le terrein se
trouve libre. Rozier parle de les transplanter quand elles
ont acquis la grosseur d'un tuyau de plume à écrire. Nous
crd^ons cette méthode Ticieuse et contraire à ses principes ;
lepivot étant déplacé , fourchera ou poussera moins proton-
dément, n vaut mieux les éclaircir, et cela est indispensable.
Cette opérUion ne se fait pas dans un même temps , mais à
deux ou trois reprises , et chaque fois on laisse entre les ca-
rottea une plus grande distance , en observant de n'en jamais
Liisser deux ensemble. On swicle , ou bine , on arrose^ si cehi
CAR 371
«9t nécessaire ; et ce cjui est arraché , est mis à profit pour la
table ou pour les anunaux. On donne encore à ceux-ci le»
feuilles qu'on coupe vers la fin d'août ^ pour faii*e pousser da-
vantage hsL racine.
£n novembre , les carottes sont à leur perfection ; on peut
commencer à en faire usage. Dans nos départemens méridio-
naux , il est inutile de les arracher avant l'hiver ; de petiti
•oins^ pendant la courte durée du froid, leur suffisent. Maia
dans le nord de la France , il seix>it imprudent de les laisser
dans la terre après le commencement de décembre ; les ge-
lées qui doivent suivre , les n^ges et la grande humidité le»
alléreroient ; et, d'ailleurs, souvent il ne seroit pas £icile dç
les arracher. Il vaut mieux les enlever à cette époque , et
les serrer, après avoir coupé la fane, dans un lieu où u ne doiv^
pas geler. Elles seront enterrées dans le sable ou rangées par ta^
séparés , recouvertes d'un peu de paille ou de chaume. C'est Im
moment de choisir les pieds les plus sains , pour les replanter
après l'hiver , et se procurer de bonne sraine. On les con-
serve aussi en creusant près de son habitation des fosses de
sept à huit pieds de profondeur , dans un terrein sec : col
en garnit le fond et les côtés de paille on de fougère sèche s
on tait alternativement un lit de carottes et un lit de paille,
jusqu'à trois ou quatre pieds au-dessous du niveau du sol; et
on comble le trou avec la terre qu'on a ôtée, en la pilant bien^
Par ee moyen on en garde toute l'année, qui sont excellentes
Les cctrottes , pour être bien belles , ne doivent avoir poussé
qu'une seule racine. Si le terrein est favorable , elles acquer-
ront une longueur et une grosseur considérable : on en a vu
qui avoient aeux pieds de long , sur un diamètre de près d^
cinq pouces vers le collet
Quand on en recueille les graines, il fiint choisir de préfet
rence ceUesdel'ombeUe principale, et sur cette ombelle, ceUes
de la circonférence. Elles sont encore bonnes à semer an bout
de deux ans ; mais la nouvelle graine est meilleure. Un culti-
vateur anglais , M. Walford , est dans l'usage de semer dee
carottes toutes les fois qu'il fait une plantation de pins ou
d'arbres qui se dépouillent En arrachant les carottes , oa
fait, selon lui, moins de tort aux petites racines des arbres
qu'en labourant autour d'eux ; et le vide qu'elles' laissent se
remplissant de la terre la plus meuble , les racines encore
Cendres des jeunes arbres poussent avec plus de facilité. La
récolte des carottes suffit quelquefois, dit-il, pour payer la
dépense de la plantation.
La raaine de carotte étant cuite* a une douceur agréable.
a
?,>7« CAR
On eti retire, comme de la betterave et' des cliertne , un véri*
table sucre. Bêchée et réduite en poudre , elle est utile aux
voyageurs^ et peut ôtre employée sous cotte forme dans les
potages el dans les ragoûts. Ses semences sont aromatiques ,
carminatives et diurétiques; leur infusion, dans le vin blanc ,
provoque les règles et les urines, est utile dans les affections
hystériques , et convient dans le calcul. Qn vante sur-tout,
Ïour cette dernière maladie , leur infusion dans la petite
ière. £Ues sont an nombre des quatre semences chaudes
mineures. M. Homby , de la viMe d'York en Angleterre, a
fait avec des racines de carotte une eau-de-vie d'un bout goût
et très-limpide. Voyez son procédé dans la /VuiV^ du cultiva-
teur , Introd, pag, Qsp.
Il y a encore la Carotte ne Mauritakie, Daucus Meut^
ritanicwt Linn. , qui croît aussi en Espagne et dans les envi-
rons de Perpignan. Elle a des feuilles deux ou trois fois ailées
et à folioles ovales , dentées et très-glabres. Son involucre est
moins long que les rayons de l'ombelle; et le réceptacle com-
mun de ces rayons est épais , dilaté et comme hémisphérique,
lia Carotte cOMMipiRE, Daucwt gummifer Lam. , qu'on
trouve dans les lieux pierreux et maritimes de l'Europe aus-
trale, et qui est remarquable par ses involucelles qui sont sîm-»
pies , larges , membraneux , verts dans leur milieu , et blancs
aur leurs bords. De la tige et des rameaux de cette plante , il
découle un suc visqueux gommo - résineux , d'une odeur
agréable. La Carotte maritime, Daucus maritimue Lom.,
et à feuilles luisantes des environs de Montpellier. La Carottx
POLYGAME, Daucus pofygamus Gouan, ainsi nommée, jparoe
que les fleurs de la circonférence des ombelles n'ont point de
style. Ses semences sont hérissées de poils plus nombreux et plus
longs que ceux de la carotte ordinaii'e sauvage. Elle vient en
Espagne. La Carotte hjêrissée , Daucus murieatus Linn. ,
des côtes de la Barbarie , dont les graines sont garnies de
pointes longues et ix>ugeâtres. La Carotte d'Eot pts ,^inms
copticum Linn., qui a une tige lisse, des feuilles glabres, k
découpures linéaires , très-menues^ et des fleurs régulières.
La Carotte a cureobntb , Daucus pisnaga Linn. , dont
les semences sont unies, et les rayons des ombelles réunis à
leur base. EUe se trouve dans les parties méridionales de
l'Europe et en Barbarie. Dans ce dernier pays, on vend dans
•les marchés ses ombelles desséchées, dont les rayons, employés
à nettoyer les dents , laissent une odeur agréable dans la
bouche. (D.)
CAROTTE (LA). C'est le nom que quelques marchand»
donnent à une coqmile du genre Côme , qui a été figurée par
C A R\ 575
Favanne , pi. 1 5 , fig. O , et qui nous vient d'Aiiïérique^
Foyez au mot C6n£. (B.)
CAROUBIER , CAROUGE , Ceraionià sîliqua Lin». ,
(pofygamie iriœcie, ) , arbre de moyenne gi'andepr ^ toujours
verd , et de la famille des LiouMiNEusEs. Il forme seul un.
genre. Sa fleur , qui manque de corolle , a un Irès-pelit ca-
Kce à cinq divisions , et cinq élamihes distinctiça ( quelquefois
six ou sept) beaucoup plus longues que le calice ;. elles sont
portées par un disque cbarnu , au centre duquel se trouve
rovaire. Son fruit est une gran de « gousse > longue,, applatie^
un peu coriace , et divisée intérieurement en plusieurs logesi
par des cloisons transversales; chaque, loge est remplie, d'une
pulpe succulente^ et contient une semence luisante et dure*
iLamarck , Illuatr, des genr, pi. Si 9.) Cet arbre a un tronc ra-
}oteux y des branches tortueuses y uiue cime étalée comme
celle du pommier , et des feuilles ailées sans impaire , com-
posées de quatre ^ six ou huit folioles , lissas , fermes et presque
l'ondes. Les fleui*s , tantôt nnisexuelles , tantôt hermaphro-
dites « naissent à la partie nue dès branches ou aiix aissdyiea
des feuilles ^ et forment de petites grappes rouges.
Le earoubUsr croît dans le midi de la France , dans le
royaume de Naples^ en Espagne^ ^n Egypte et dans le Le-
vant. Ses gousses renferment une pulpe noirâtre et mielleuse.
C'est un fruit désagréable au goût lorsqu'il est verd ; maia
mûr j il est passablement bon ; il est regardé comme bécbique>
et on le fait entrer dans quelques préparations pharmaceuti-*
ques; il contient les mêmes principes, et il a les mêmes pro-
Jmétés médicinales que la casse , mais à un degré moins
brt.
Les fruits des caroubisr» , rapporte Olivier dans son Woyage
^n Grèce y servent de nourriture aux pauvres^ aux enfans el
a^x bestiaux. Sa pulpe y qui a la consistance d*un sirop noi-
râtre et une saveur mielleuse, mêlée avec la racine de régisse ,
le raisin sec et divers autres fruits y sert à faire les sorbetji
dont les Musulmans font un usage journalier. On emploie
aussi cette même pulpe pour confire les aulresfraits^ mais elle
a une vertu laxative y et cause quelquefois des tranchées.
On dit que les caroubiers diminuent chaque année sur les
cbicB françaises de la Méditerranée oû ils étoient très-com-
muns autrefois y et où ils sont connus sous le nom dp carouge ;
mais ils sont encore abondans en Espagne y en Italie , et sur-
tout dans l'ile de Crète. La cause de cette diminution vient
de ce qu'il n'y a plus que les enfans et les plus pauvres lia-
bilans des campagnes qui mangent des earoubea ^ et quti
*7* G A R
rarbre> quoûjue vivant dans les pluamanTais tei^ina^ parmi
fes rochers , tient la place d'un arbre plus productif, ou nuit
aux autres piaules herbacées qu'on cultive dans ses environs.
• On trouve dans le second vol. des Plantes d'Espagne , par
Cavanilles , une très-élégante dissertation sur cet arbre et sur
Ési culture.
' Les feuilles du caroubier peuvent servir à la préparation
AeB cuirs y en manière de tan ; et son bois est aussi dur et
aussi utile que celui du chêne verd , et s'emploie dans les
ouvrages de marqueterie.-
• Cet arhre est propre à figurer dans les bosquets d'hiver,
Inais il est délicat, et ne peut être cultivé avec succès que dans
les bons abris du midi de la France ; il est difficile à élever
en pleine terre dans le nord. Cependant , en le plaçant dans
une situation chaude , et en le couvrant dans les hivers ri-
goureux , il seroit peut-être possible de l'y acclimater. On le
multiplie de marcottes et de semences qu'on élève sur couche.
H demande à être peu arrosé. (D.)
C A R O U G E ( Oriolus hanana Lath. pi. enl. n° 87 de
YHUt. nat de Buffbn. Pies ; espèce du geni'c Loriot. Vcye%
ces deux mots. ). Les carouges se distinguent des troupialea
par moins de grosseur et un bec moins fort. Celui-ci a sept
pouces de longueur ; la tète , le cou et la poitrine d'un brun
vougeâtre ; le bec , les pieds , le àos , les grandes couvertures,
les pennes des ailes et de la queue d'un beau noir ; les petites
couvertures des ailes , les supérieures de la queue et le crou-
pion orangés.
La femelle a les couleurs plus ternes. Cette espèce y que
l'on trouve à la Martinique , construit un nid tout-à-fait sin-
gulier. Elle le compose de petits fibres de feuilles entrelacées
les unes dans les autres , et lui donne la forme de la tranche
d'un globe creux coupé en quatre parties égales. Elle sait fi-
xer ce nid sous uoe feuille de bananier , de manière que
celle-ci lui sert d'abri et en fait eUe-même partie. Plu-
sieurs habitans de la Martinique m'ont assuré que ce carougê
a une qualité qui doit lui m4nter une protection spéciale dans
un pays ou la morsure du serpenta wnneUe est souvent moi^
telle et toujours très -dangereuse. Ennemi de ce reptDe , ce
n'est point en l'attaquant^ qu'un aussi petit oiseau peut coopé-
rer à sa destruction , mais par un en qu'il ne fait entenare
que lorsqu'il découvre cet animal. Alors, voit-il un homme?
u s'approche de lui , et redouble ses cris , voltige en avant de
hrancnes en branches , ou d'arbres en arbres, et le conduit
ainsi jusqu'au repaire du serpent ; là il s'airète » se pose sur
Tarbre ou la branche la plus voisine ^ en répétant continael**
CAR 57Ï
lemeut son cri indicateur ^ et il ne s'éloigiie qocL lorsque la
reptile a dispani.
Le Garouge du Mexique. Voyez petit Cul jaune de
Cayenne.
Le Carouoe olive de la Louisiane ( Oriolua capensiê
I^alh. , pi. enl. n^ 607 ^ fig. 2 de YHiai, nat. de Buffbn, )«
C'est par eireur que cet individu est indiqué par Brisson
et dans les planches enluminées, pour un oiseau d'AFrique^
car il ne se Irouve que dans FAmérique septentrionale. L oU*^
vatre domine sur le dessus du corps ; u est fondu avec du
gi*is sur la tête » avec du brun sur les parties subséquentes ,
avec du jaune sur les flancs et les duisses: cette dernière teinte
couvre le dessous du corps y et prend un ton orangé sur la
gorge. Je regarde cet oiseau comme la vraie femelle au Bal»
TIMORE BATARD. VoyeZ CC mot. (ViBILL.)
CAROUGE. Voyez au mot Caroubier. (B.)
CAROUGE A MIEL. C'est le Févier a trois épines.
Voyez ce mot. (B.)
_ •
CAROUSSE, nom vulgaire d'un poisson du genre des
SciicNEs y que Sohnini a figuré pi. 3 de son Voyage en
Egypte, C'est la perche-loup d'Artédi , la sciène - loup do
Blocfa. Voyez ce dernier mot. (B.)
CAROXYLON. C'est une plante dont la tige est droite^
arborescente , unie et très-rameuse ; les feuilles très - petites >
très-nombreuses , imbriquées , sessiles , ovales^ obtuses^ pres-
que globuleuses , velues y et placées sur les plus petits des ra-
meaux. Chaque fleur consiste en un calice divisé en cina
parties crépues y membraueuses , ouvertes^ et jaunâtres y garni
en dehors de deux bractées presque orbictdaires et carénées
surleiu* dos , et en dedans de cinq écailles jaunâtres; en cinq
ëtamines ; en un ovaire supérieur y conique y chargé d'ua
style simple , el ayant deux stigmates roulés en dehors.
Le fruit est une semence ronde y déprimée y en spirale ^
enveloppée d'une membrane trè»-inince et des écailles inté-
rieures du calice qui subsistent.
Celte plante croit sur les bords de la mer au Cap dé Bonne-
Espérance y et a beaucoup de rapport avec les soudes : auss^
l'a-t-on réunie à ce genre. C'est la Soude sans feuili^es»
(^ Voyez ce mot. ) Les Africains font du savon avec sa céndi'e
et, de la graisse de mouton. (B.)
CARPAIS, genre d'insectes aptères que j'ai établi dans
mon Précis des caractères génériques des insectes , et qui ap-
ipartenoit à ma classe des Acéphales y et que je range aujour-
d'hui dans zaon ordie des Ch£Lodoj(tes de ma sous -classe
376 CAR
des aeère8. Ce mot de carpais étant trop dur , ]e Ta! cRangé
en celui de Gamase ^ Gamaaus, Voyez ce inot.(L.)
CABPE , espèce de poissons du genre Cyprin , projire
aux eaux douces des parties méridionales et tempérées de
TEurope , et qui présente pour l'homme des avantages écono*
miques tels , qu'Os ne peuvent être mis en comparaison avec
ceux d'aucun autre poisson. Je dis qu'elle est propre aux
parties méridionales et tempérées de l'Europe , quoiqu'on la
trouve aussi abondamment dans les parties septentrionales >
parce que lesdocumens historiques prouvent qu elle n'y exis<
toit pas autrefois. En effet , on sait d une manière indnbilabie
2 ne Pierre Maschal la porta en 1Ô14 en Angleterre , Pierre
^xe en i56o en Danemarck , qu elle a également été intro-
duite quelques années après en Hollande et en Suède.
La carpe est , de tous les poissons , sans exception , celui
qui est le moins délicat ^ qui se prête le plus facilement à tous
les chanf^mens de situation , dont la inulliplication est la
plus rapide ^ et la croissance la plus accélérée , qualités qui
ont permis de la rendre pour amsi dire domestique , ci qui
ont dû lui faire donner la préférence sur ceux même qui ont
la chaii* plus délicate.
La télé (te la carpe est grosse et applatie en dessus ; ses lèvre^
aont épaisses , jaunes , susceptibles a'alonjgement » «t garnies
en dessus de quatre barbillons dont les supérieurs sont très-^
courts ; ses mâchoires ont cinq larges dents ^ et on sent do
Îrandes aspérités à l'enti'ée du gosier lorsau'on y iixlroduit le
oigt ; mB yeux sont noirs avec un cercle jaune ; ses ouïea
couvertes d*un opercule cannelé et d'une membrane sou-
tenue par ti'ois rayons ; son corps est un ovale alongé , épais »
couvert d'écaillés grandes , aiTondies , et striées longiluaina-*
lement ; son dos est d*un bleu vei'dàtre ainsi que la tète ; sou
ventre blanchâtre , et d(;s côtés jamiâtres variés de bleu on do
noir ; ses nageoires sont de médioci*e grandeur ; celle du do$
est bleue et composée d'environ vingt-quatre rayons^ dont 1^
troisième est dentelé ; celle de l'anus est d'un brun rouge, et a
neuf rayons , dont lé troisième est également dentelé ; celle
de la queue est fourchue et violette : les autres sont aussi vio-
lettes.
Mais ces couleurs sont sujettes â varier selon l'âge et le lieo
de l'habitation des caipes : elles sont en général pïua foncéea
dans la j[eunesse , et^ aevierincnt pn^sque blanches dans la
vieillesse , comme ceux qui sont allés à Fontainebleau et 4
Chantilly , avant la révolution , ont pu s'en assurer. Danslea
^ux vaseuses elles pn^nnent des teintes plus obscures* U seroil
C A R .377
gnperfln d'entrer dans le détail de toutes les nuances dont
elles sont susceptibles.
C'est dans les eaux qui coulent lentement , que les carpes
ae plaisent le plus , et que leur chair acquiert toute la finesse
de goût qui lui est propre. (Test encore dans de telles eaux, lors-
qu'elles y trouvent une nourriture abon daii le, qu'elles pai^
Tiennent à la grosseur la plus considérable. £n France , il
n'est pas rare d'en voir de douze ou quinze livres; mais il pa-
roît que c'est dans l'Allemagne que se pèchent les plus mons-
trueuses. Valmont de Bomare en cite une présentée sur la table
du prince de Conti , dans un de aea voyages à Offenbourg ,
qui avoit près de quatre pieds de longuet qui pesoit quarante-
cinq livres; la plus gigantesque est celle indiquée dansBloch »
comme péchée à Bischofshause , près de Francfort - sur-
J'Oder 'y elle étoit dé deux aunes et demie de Prusse de long
ànr une de large , et pesoit soixante-dix livres. De telles carpes
supposent une grande vieillesse , mais il est difficile de fixer
leur âge. Les données d'après lesquelles on peut pai*tir sont
incertaines. Cependant on en a vu , en Lusace , qui avoient
deux cents ans d'âge ; à Pontchartrain , qui avoient cent cin-
quante ; à Fontainebleau et k Chantilly , auxquelles on don-
noit près d'un siècle ; mais toutes , excepté peut-être les pre-
mières , étoient renfermées dans de très-petits bassins , et
n'avoient pas touîours une nourriture abondante : aussi
étoient-elles loin de la grosseur de celles mentionnées plus
haut.' On trouvera au mot Poisson les calculs les plus pro-
bables sur la durée de la vie des carpes : on y trouvera aussi
quelques données sur leur organisation générale : on y ren-
voie le lecteur.
La nourriture des carpes se fonde sur les larves d'insectes, les
versâtes petits coquillages, le frai de poisson , les graines et les
jeunes pousses des plantes. Quelques naturalistes ont prétendu
qu'elles vivoient de limon ;sans doute elles en avalent souvent,
mais on ne peut pas croire qu'il seiTe à les substanter. D'autres
ont nié qu elles vécussent de végétaux , mais il suffît de jeter
une feuiUe de laitue dans un vnder où il y en a de gi*osseâ ,
pour s'assurer qu'ils ont eu tort Bloch assure , d'après des
observations positives , qu'eDes recherchent de préférence les
feuilles et les graines de ndiade , et qu'elles grossissent plus
vite et enffraissent davantage dans les étangs où il y en a beau-
coup, {rcyes au mot Naïade et au mot Étano.) Elles recher*
cbent aussi les insectes parfaits , car on les voit souvent sauter
hors 4o Teau pour prendre ceux qui en rasent, en volant, la
•urface ;et les meilleurs appâts qu'on puisse employer pour les
prendre à la ligne ^ sont des grillons ^t^ls que le gryilus biguC"
S78 CAR
tuliMy acheta campeatriSy &c. et des glo8aate8>tek que lesioii^
hlx salicia , cJirysorhœa , &c. Ce poisson Fait en manseaat un
bruit particulier^ qui se (ait entendi*e à une certaine distance^
et qui est produit^ soit par le clioc de ses mâchoires , soit par
le cloquement de l'eau dans la commissure de ses lèvres.
Comme les autres espèces de son genre, il peut rester long-
temps sans manger, ou du moins en ne mangeant que les
matières extractives , animales et végétales qui se trouvent
dissoutes dans toutes les eaux ; mais lorsqu'il a abondamment
de la nourriture , il mange avec tant de gloutonnerie^ qu'il ea
périt souvent : aussi lorsqu'on en conserve daiis des viviers, on
doit leur ménager la nourriture. Les objets qu'il convient de
lui donner dans ce cas , sont les restes de la table , les rela-
vures de la cuisine , les éplucbures de salade , de pommes da
terre , les feccs des purées de pois , de Iiaricots,ae lentilles;
de l'orge cuit ; les fruits pourris , &c. Dans les étangs d'une
certaine grandeur , ilTaut joindre à ces objets d'autres articles
de nourriture , dont le principal peut être tiré d'une fosse
creusée sur le bord même de 1 étans , fosse dans laquelle on
auroit entassé du fumier , sm*-tout de celui de brebis , mêlé
avec quelques lambeaux de matières animales. Cette com*-
position donne lieu à la naissance d'une pix>digieuse quan*
tité de larves de mouches , larves qui sont extrêmement du
goût des poissons , et qu'on jette il pelletées dans l'eau. Foxex
au mot Étang.
Pendant l'hiver , les carpes s'enfoncent dans la boue , et
passent plusieurs mois sans manger , i*éunies en grand nom-*
bre les unes à coté des autres.
On dit les carpes en état de reproduire leur espèce dès leur
troisième année. On est certain que le nombre de leurs œufs
augmente avec lem* âge : leur fécondité est prodigieuse. Une
femelle d'une livre a fourni à Bloch 237,000 œufs; une autre
d'une livre et demie en a donné 842,144 à Petit ; une troi-
sième , qui pesoit neuf livres , a donné au même Moch
6'2 1 ,600 œufs. Mais il s'en faut de beaucoup que . tons ces
œufs deviennent des. carpes , et que ces carpes arrivent k
l'âge adulte. Une très-gi^ande partie du frai est mangé par les
Ïoissous , plusieurs causes empêchent une autre d'eclore.
les petits qui anîvent à bien, sont , les premières années da
leur vie , exposés à de nombreux dangers , de sorte que fort
r'U atteignent l'âge de trois ans , époque où ils commencent
n'avoir plus à craindre que les gros brochets et les loutres»
Cependant^ dans les étangs où il n'y a que des carpes, et oÀ
une surveillance active les garantit de leurs enneiris , eUes se
propagent en tel nombre , quelles ne trouvent plus assez d«»
CAR 579
nounilure , qu'elles restent toujours très-petites , ou meurent
defaim.Dansce cas il faut y circonscrire le nombre des mères,
ou y introduire des brochets , des truites , des perches , et
autres poissons propres à diminuer celui des petits. Voyez au
mot Etang.
On a dit que la carpe étoit le poisson d'eau douce qui
croissoit le plus rapidement, et ce fait n'est révoqué en doute
par aucun pêcheur, par aucun propriétaire d'étang; mais,
cependant, on manque de données qui le constatent d'un ef
manière directe. Il est yrai. que les expériences à faire pour
remplir ce but , si aisées en apparence, ne seroient pas fa-
ciles dans la pratique; elles ne pourroient, d'ailleurs, pro-
duire de résultats certains que lorsqu'elles auroient été ré-
Sétées un grand nombre de fois dans des lieux et des temps
ifférens. Tout ce qu'on peut conclure des observations jus-
qu'à présent faites sur ce sujet, c'est que les carpes croissent
d'autant plus l'apidement, qu'elles sont mieux nourries, et
que le chmat est plus chaud. On sait, cependant, qu'une
carpe, de moyenne qualité, pèse trois livres au bout de six ans ,
et que la même en pesé six à huit au bout de dix ans.
Lors du fi*ai , c'est-à-dire au milieu du printemps , les
carpe» cherchent les endroits couverts d'herbes. Ordmaire-
ment, plusieurs mâles suivent la même femelle. Celles qui
habitent les rivières cherchent à entrer dans les étangs qui y
communiquent , pour y déposer ieursœnfs. Lorsqu'en voula nt
exécuter ce que leur instinct leur indique, elles trouvent un
obstacle, tel qu'une grille , un batardeau, elles sautent par-
dessus, eût-il quatre à six pieds de haut. Pour exécuter ce
saut, elles se mettent sur le côté , courbent la tête et la queue
au même instant, de manière que leur corps forme un cercle
presque parfait; ensuite, s'étendant avec une prodigieuse
vivacité, elles frappent l'eau du milieu de leur corps. Cette
manière de sauter , rapportée par Bloch , est différente de
ceUe des saumons, qui certainement, dans le même cas^
sautent par élancement, et la tête en avant. Voyez au mot
Saumon.
Quand on possède plusieurs étangs, et qu'on désire en
tirer tout le ^rti possible, on en consacre un au frai des
earpeêy et c'est dans celui-là qu'on prend tous les ans l'alevin
2u'on destine à peuplbrles autres. I^s avantages de cette mé-
iode sont nombreux. Voyez au-mot Étano.
. Dans les lacs et dans les rivières, on pêche les carpes avec
la seine et autres grands filets , ou à la nasse et à la ligne
amorcée d'un gros ver, de quelqu'ihsecle ou d'un pois cuit.
£n général, on SQ les prend pas aisémejit; car, lorsqu'ellen
S8o .CAR.
voient le filet , elles se mettent la tête dans la boue, et le
laissent passer par-dessiu leur corps» ou bien sautent par-
dessus. J'en ai vu une très-grosse , dans un canal de -trois à
quatre toises de large» braver les efforts des pécheurs pendant
1 plusieurs années^ quoiqu'on y traînât la seine pi'esque toutes
es semaines. Dans quelques cantons» on a des filets disposés
de manière que celles qui sautent sont immanquablement
prises.
On peut» sans inconvénient» mettre les carpes ainsi prises
dans ats ré/^eivoirs trcs-éti^oits » pourvu que Teau » qui les
alimente » soit un peu courante. Elles s'y nourrissent à la main
fort aisément» comme on l'a déjà dit. On peut les trans-
porter au loin sur des charrettes» dans des tonneaux dont on
a soin de renouveler Teau une ou deux fois par jour» selon
la chaleur de la saison. On peut encore» pendant l'hiver»
leur faire faire des routes fort longues, en les envelop]}ant
dans des herbes fraiches ou dans des linges mouillés. On dit
même» qu'en Hollande» on les garde dans des caves» suspen-
dues dans un filet» en partie plein de mousse humide» et
3u'on les y engraisse avec de la mie de pain trempée dans
u lait. Mais la manière la plus sûra et la plus économique de
faire voyager et garder les carpes, c'est de les mettre dans des
bateaux construits exprès pour cet objet, et dont Le milieu
est percé de trous* On en amène ainsi à Paiis de plus de cent
lieues» et on les y consente des* années entières » avec fort peu
de dépense» au milieu même de la rivière.
Toutes les carpea qui ont été prises dans un étang vaseux
doivent éli^ mises» pendant quelque temps, dans une eau
pure ou courante» |K>ur perdi*e le goût de marais qu'indu-
bitablement elles ont plus ou moins. Lies mêmes sont encore
exposées à deux maladies» qui sont connues sous les noms
de petite vérole et de mousse, La première consiste dans des
pustules qui se manifestent entre les écailles ; et la seconde ,
dans des petites excroissances sur leur tête et leur dos , qui
ressemblent à de la mousse. Ces maladies sont rarement mor-
telles; mais elles allèrent la qualité delà chair, et elles exigent
un séjour de quelque temps dans une eau limpide pom* être
guéries.
La chair de la carpe est un bon aliment » qui se digère
aisément, et convient à tous les tempéramens; mais cepen-
dant on la permet rarement aux convalescens , et on la dé-*
fend AUX goutteux » de qui on croit qu*elle accélère les accès.
£lle est en général d'autant ]>lus moUe, ^ue les carpes ont
vécu dans une eau plus ti'anquille. A Paris» on estime par-
tic ulièix'meut les car|)cs de Seine^ de Rhiu > et celles de l'étang
CAR 58i
de CatnièreS; près Ae Boulogne-sup-Mer. CeHes qn'on y con--
somme ^ en si grande quantité, et qui s'y vendent si bon
marché, y arrivent des étangs de la Bresse, du Fores, de la
Sologne, et de quelques autres Aïoins éloignés parla Loire
et la Seine. Elles ont le temps de se dégorger pendant leur
long voyage : aussi sont-elles passablement bonnes, quoique
nées, pour la plupart, dans des étangs fangeux.
L'art du cuisinier s'exerce beaucoup sur ce poisson, mais
cependant n'en varie pas beaucoup Tassaisonnement.
Lorsque la ccurpe est grosse , et vient de bon lieii , on Tap-
])réte constamment au bleu. Pour cela, après l'avoir vidée et
avée, sans l'écailler, on jette dessus du vinaigre bouDlant
pour la rendre bleue, et on la fait cuire dans un vase appelé
poissonnière , dans lequel on a mis d'un côté du beurre , du
sel, du poivre, du girofle, des tranches d'oignon et de ca*
rotte ; de l'autre^ un gros bouquet, ficelé, de pei^sil , de ci-
boule , ail , thym , laurier et basuic, le tout noyé dans du vin
blanc ou dans du vin mêlé d'eau. Il faut avoir attention que
la cuisson ne se prolonge pas asses pour qu'il ne soit plus
possible de retirer la cai*pe sans la briser, parce qu'on la sert
entière sur une serviette garnie de persil. Ainsi préparée ; elle
compte pour un plat de rôti.
On mange aussi la carpe cuite sur le gril , après l'avoir vidée
et écaillée, avec un ragoût de farce, ou une sauce aux câpres-,
ou une sauce piquante. On la fait frire ; on en compose des
fricassées analogues à celle qu'on appelleyrico^s^e de poule f;
on la fait entrer dans des pâtés froids ou chauds, &c.
Mais la manière la plus générale, et certainement la meil-
leure de la manger, est celle qui est connue sous le nom de
maielotte ou de meurette.
Pour cela, après l'avoir vidée, écaillée et bien lavée, on
la coupe en morceaux, qu'on met dans une casserole avec
d'autres poissons, tels que brochet, angtdQe, barbillon, écre-
vîsses, &c. On fait, dans une autre casserole , un petit roux
avec du beurre et de la farine ; on y fait cuire de petits
oignons ; on y ajoute du beurre^ du vin blanc ou rouse, et
du bouillon de bœuf. Lorsque letoutest suffisamment chaud ,
on le verse dans la casserole où est le poisson ; on y ajoute du
sel , du poivre , des fines herbes , quelouefois des aromates, et
on le fuit bouillir pendant une demi-heure. Les laitances et
les GBufii ne se mettent que peu de temps avant d'ôter la cas-*
serole du feu , et les croûtes de pain qu'au moment de servir.
Les œufs de carpes se préparent comme le caviar ( f^oyeM
au mot Esturgeon. ), et se conservent de même pendant
plus d'une année. C'est un très-bon manger^ mais cependant
58a CAR
bien moins recherché que ce qu'on appelle leurs laiieM on
laitances^ qui sont regardées comme un mets très^délicat, et
qu'on paie en conséquence fort cher 'dans les grandes villes.
Ces iaites, qui ne sont autres que la senlenoe du mâie^ four*
Hissent, dit-on , une nourriture si substantielle^ qu'on a vu
des éliques guéris par leur usage.
Les langues et les palais de carpes sont encore fort eîilimés
des gourmels , et ordinairement les marchandes ont soin
d'enlever les premières , qu'elles débitent pour les vendre
séparément : on les accommode ordinairement à la êotscê
blanche.
On a beaucoup écrit sur les carpes , soit sous les rapports
scientifiques , soit sous les rapports économiques. Gomme*
c'est le poisson le plus commun , c'est sur elles quW a fait la
Idupart des expériences physiques et physiologiques que
'envie de perfectionner nos connoissances a fait tenter corn*
parativement sur toutes les classes du règne animal. On trouve
dans les Jlf^moirss de l'Académie, année i'j55, des observa-
tions anatomiques de Duvemy l'afné et de Petit le médecin,
dont le résultat sera consigné au mot Poisson : on y renvoie
le lectem*.
On a imaginé, en Angleterre, de châtrer les carpes mâles
ou femeUes , pour les rendre plus grasses et plus délicates.
Cette opération réussit très-bien ; mais elle est si barbare ,
qu'on n'ose la conseiller. L'époque la plus favorable pour la
mre est celle qui précède le &ai , c'est-à^-dire , lorsque les
ovaires sont remplis. La méthode de procéder consiste à
fendre le ventre de la carpe depuis les nageoires ventrales
jusqu'à l'anus, à écailer l'ouverture de manière à pouvoir
couper les ovaii*es sans blesser les intestins ni l'artère^ et ea«
suite À recoudre le Ventre.
Bloch a observé des carpes hermaphrodites , c'est-à-dire ,
aui avoient des laites dans un de leurs ovaires, et des œufs
ans l'autre ; mais ce fait|doit être rare. Voye%, au mot Poisson.
Le même naturaliste a décrit comme espèce , sous le nom
de reine des carpes , un poisson qui difiere principalement
de celui-ci , parce qu'il a deux ou trois rangées de larges
écailles de chaque coté, et le reste du corps nu. D'autres ,
parmi lesquels je me ranjje , pensent que ce n'est qu'un*
simple variété qui se multiplie dans les étangs d'Allemagne»
yaye» au mot Reine des carpes et au mot Cyprin. (B.)
CARPE D£ ^4ER. On donne ce nom au Labre vibi^ub
sur les côtes occidentales de la France. Voye^ au mot La»
bre. (B.)
CARPEAU. On donne ce nom , à Lyon, à une variété de
.CAR * ^ 583
la carpe y dont la chair est beaucoup plus délicate que celle
des carpes ordinaires. Il a été constaté^ par Latourette^ que ce
Soisson n'est qu'une carpe ravie, privée, dans sa jeunesse ^
e la faculté de se reproduire , par une espèce de castration
accidentelle. Il diffère de la carpe par son corps plus court,
Îiar sa tête plus obtuse , plus large , les lèvres et le dos plu»
pais, et le ventre plus applali , sur-tout près de Fanus.
On ne trouve, dit-on , des carpeaux que dans le RhAne,
dans la Saône , et dans les étangs de la Bresse et de la Dombe.
Ils se vendent à Lyon un écu la livre; et quand ils sont gros,
ils n'ont point de prix. Il est probable que cette espèce d«
castration naturelle a également lieu dans les autres rivières
de France , mais qu'on n'y a pas fait attention. Voyez à la fin
de l'article Cabpjb.
CARPËAU. On donne aussi ce nom à un poisson du
genre Salmone, ScUmo cyprindides Linn. , qu'on trouve en
Amérique. Koye% au mot Salmone. (B.)
CARPION , nom spécifique d'un autre poisson du même
Senre, Salmo carpio linn., qu'on pêche dans le Danube et
[ans quelques lacs d'Italie. Voyez au mot Salmone. (B.)
CARPëSIE, Carpesium, genre de plantes de la syngé-
nésie polygamie superflue, et de la famille des Corymbi^
FÂREs , dont le caractère est d'avoir un calice commun im-
briqué d'écaillés dont les extérieui-es sont réfléchies ; un
grand nombre de fleurons hermaphrodites, infundibuli-
formes, quinquéfides, placés dans son disque, et de fleurons
femeUes , semblables , placés à la circonférence ; un récep-
tacle nu.
Le fruit consiste en plusieurs petites semences ovoïdes et
nues.
Voyez pi. 6g6 des Illustrations de Lamarck, où ce genre ;
qui ne contient que deux espèces, est figuré.
La première de ces espèces a les fleurs terminales et re-
courbées; c'est pourquoi on l'appelle la Carf^sie penchée.
Elle ressemble à une conise. On la trouve dans les lieux hu-
mides de l'Italie , de la Suisse et des parties méridionales de
la France. La seconde vient de la Chine : elle a ses fleui's à
Faisselle des feuilles. (B.)
CARPHALE , Carphalea, arbrisseau de Madagascar, à
feuilles linéaires, lancéolées , opposées, à fleurs en corymbe
glomérulé , qui a servi à Lamarck pour établir un geni'e nou-
veau dans la tétrandrie monogynie.
Ce genre a pour caractère un calice supérieur, télraphylle ,
A folioles ovales , scarieuses et persistantes ; une corolle infun-
dibuUfonx^e, à tube long , grêle et ventru supérieurement ,
\
s
584 , P '^ ^ .
velu dans l'inlérieur et à limbe quadrifide ; quatre étaminofl
Irèft-courtes; un ovaire inférieur, à sLyle surmonlé d'un stigmate
liifide ; une capsule couronnée par le calice , biloculaire, bi-
valve , polysperme^ à cloisons opposées aux valves^ et qui se
partagent en deux.
Voyez pi. 59 des Illustrations de Lamarck ^ où ce genre est
figuré. (B.)
C AHPOBALS AME , espèce d'arbre du genre Balsamibil
{Voyez ce mot.) ^ qu'on croit être le même que le Balsamibr
DE 1.A Mecquk. Ses fruits se trouvent dans les boutiques , sous
le nom de carpobcUsamum. (B.)
CAKPODET 9 Carpodetua , nom d'une plante découverte
ar Forster dans les îles de la mer du Sud , et dont il a pu-
lié le caractère générique seulement.
Ce caractère consiste en un calice turbiné faisant corps
avec l'ovaire^ et dont le bord est à cinq dents en alêne et ca-
duques ; en cinq pétales ovales, pointus et très-petits ; en cinq
étamines à filamens courts; en un ovaire inférieur, chargé
d'un style plus long que les étamines, et à stigmate en tête.
Le fruit est une baie sèche , globuleuse, entourée d'un re-
bord annulaire , et divisée intérieurement en cinq loges qui
renferment plusieurs semences.
On croit que c'est la même plante que le Ceaïiotbk d'Asie.
Voyez ce mot. (B.)
CAB POLITES , fruits pétrifiés. Les carpoliies les plus re-
marquables sont 1^ noix converties en sQex , et dont la co-
quille et le 2este étoient l'estés dans leur état naturel. Elles
furent trouvées dans un pufts des salines de Lona-le-Saunier.
Voyez Fossiles et Pj^thification. (Pat.)
CARREAUX , nom vulgaire de I'Hirgndellb de ri-
vage , dansl'Orléanois. Voyez ce mot. ^Yieill.)
CARRELET , nom vulgaii*e d'un poisson du genre Pusu*
RONECTS, PUwronecUê rhombus, qu'on pêche sur les côtes de
France , et dont on mange beaucoup à Paris, Voyez au mot
Plburonecte. (B.)
CARRIÈRES, excavations faites dans des montagnes, et
quelquefois sous le sol des plaines ,pour en extraire les pierre»
qui servent aux constructions. Presque toutes les carrièrem
•ont étabUes sur des couches horizontales de pierre calcaire
ou de grès. 11 est assez rare qu'on emploie d autres pierras
dans la maçonnerie, excepté dans les contrées volcanisée» ^
oi\ les laves et les tu& sont exploités en carrière , comme lo
pipérino des environs de Rome, qui est un tuf; le/>i|psrrao
de Naplesqui est une lave ; hi pierre de Volute en Auvergo» ,
qui est aussi une lave , et quelquefois un basalte^ kc.
CAR 585
Dans les paya Sont le sol est tout primitif; on a des carrières
de granits, de gneiss , de schistes > &c. ; mais comme ces ma*,
tériaux ne piiësentent que des formes irrégulières et qu'ib
sont difficiles à travailler, on n'en fait que des constructions
asses grossières, et on ne les emploie que par nécessité. Il y a peu
de pays qui sment aussi bien pourvus d'escellentes carrières
de difiérenies espèces de matériaux , que les environs de
Paris. (Pat.)
CARTE GÉOGRAPfflQUE , nom marchand d'une
coquille du genre des Porcelaines. C'est le cyprcea mapptt
de JLinnaeus. Foysz aU mot Porcei^aine. (B.)
CARTE GÉOGRAPHIQUE BRUNE, nom donné au
papilio levana de Linnasus. (L.)
CARTE GÉOGRAPHIQUE FAUVE, nom donné au
papilio prorsa de Linnaeus. (L.)
CARTHAGÉNE , nom marchand d'une coquille dtx
genre PoaceiiAine, qui vient des côtes de l'Amérique , otk
est bâtie cette ville. Voye% au mot Poac£I<ain£. (B.)
CARTHAME , Carihamus Linn. ( SyTtgénéëie po^gamie-»
égale, } , genre de plantes de la fiimille des Cyn abocéphales ,
qui a des rapports avec les carlines et les chardons. Les fleurons
sont tous hermaphrodites , régulien , divisés au sommet en
cinq segmens et posés sur un réceptacle soyeux ; le calice
commun est formé d'écaiUes tenninées en pointe , qui se
|*ecouvrent les unes les autres , et dont les extérieures ont
encore des épîpes latérales. Une aigrette couronne le plus
souvent les semenoes qui sont ovales et anguleuses* (Lam.
JUust, des Genr. pi. 66 1 . ) Ce genre comprend plusieurs es-
pèces, qui sont d^ herbes plus ou moins épineuses , ayant
des feuilles alternes. I^ plus utile de toutes est la suivante.
Caath^ms officinal , ou Safran bâtard , Carihamus
tincioriushinn. C'est une plante annuelle, originaire d'Egjrpte,
qui peut servir a orner les jardins, et qu'on cultive en grand
pour la teinture , dans qelques parties de l'Europe et dans le
Levant. Elle est glabre dans toutes ses parties. Sa tige est droite
et ferme, lisse , blanchâtre , et haute de deux pieds et demi
on trois pieds ; elle se divise vers son sommet en plusieurs ra-
meaux garnis de feuilles simples > entières , ovales , pointues
et bordées de quelques dents épineuses. Chaque rameau porte
une fleur terminale assez grosse, dont les fleurons découpés
en cinq lanières , sont d'un beau rouge de safran foncé. A
<:es fleurs nommées dans le commerce so/^i» bâtard ou eafran
d' Allemagne , eaframan, succèdent de petites graines blan-
ches , luisantes > obloogues » quadrangulaires > et dont l'ai^
jv. 3 b
5K6 CAR
grette est lombfe; aonsune coaue asses finie ^ eOes ccfh^
•tiennent une amande hnileiise « aunefiaveur d'abord douce,
.et ensuite acre. Ces gnsnes^ bonnes pour la TokiUe, sont
connues sous le nom degrainêê à perroquet ^ -pttrce que les
peri'oqueis en sont tres^friands , et s en engraissent sans être
Sni^és ; car elles sont pm^atives pour les hoBMnes. Cepen^
ant elles purgent foiblementet avec lenteua k cause de leur
viscosité ; aussi , quand on en fait usage , les eiNnbine-l'on
avec des ratuAdes plus aotifi. La fleur dn earihame a les
mêmes pronriélés médicinales que celles du ee^ram, maïs
beaucoup plus foibles.
Cette fleur est principatement employée en teinture, pour
donner aux étbnes de soie les couleurs rose^ cerise et pon*
ceau ; mais ces couleurs sont peu solides, et lea étoffes temtes
avec le eafranum^ ne sont jamais d'un bon teint On prépare
avec les étamines un beau rouge qui sert aux peintres et auii
femmes, «ppelé rouge-végétal^ pBriniUon d^Eepngmê ou laqu^
de cartkame. La même planta , bouillie dans î'ain y sert à
mettre en couleur les parquets d'apipartemeDs*
Il ikudroit encourager en Pmnce k culture du earikame,
pour n'être point tributaire à cet égard de TéttMiger. Voici
comment cette plante est ouMvée en AUenu^ne , oà on r6«-
4:olf e une grande quantité de Ma flecurs , et M sas eemenoeà
mûrissent constamnseRt bien. Cimime elle aimeiin scdmeuMe
et léger, on laisse en yachère» pendant un an au moins, le ter-^
rein qui lui est destiné pâ«r pontoir rameuUir et détruire
les mauvaises herbes. Api^ IWoir laboufé et hené quatre
fois dans cet espace de temps, on fait un ctnqHÎènve et der*
nier labour é k fin de mar»; on trace aveo WfSé petite chamiu-
des sillons étroits , sur lesquek on répand k seaenee fort
claire ; elle est couvrrte avec un^ herse, dont les dente ont la
longueur de k moitié du petit doigt; et on passé k rouleau»
Les jeunes plantes paroissent communénsent en moine
d'un mois ; dés qu'on peut ke distinguer, on nettoie le ter^
rein avec k houe ,. et on ks éekircit en même tsmps, en arra»
chant les plus foibks. Il suffit de laisser d'abord entr'elles ua
intervalk de trois ou quatre pouces. Au l>ont de six semaine»
on renouveile ce travail , en édaircissant davantage ; et un
mois et demi après le socond houage, on en \ùât un troi-
sième. Les plantes doivent se froviver alors espacées d'un
pied. Elles n'^igent phis aucun soin jusqu'au temps de k
récolte , qui commence au milieu de jaiUef. Les fleurs se
succèdent pendant prés de deux mois» 'On doit les cueilli»
a mesure qu'elles paroissent et s'ouvrent : le trop grand éiw*
nouisseinent nuità k beauté de kcoukur ; on-iesiait sécaor
C A R ^ 3«7
A i'ombfe , et on les Ûeni après à l'àbri de l'hilmidité , en-
fermées dans des sacs oti oans des caisses. Il &ut r^eter dans
le commerce le aafrànum qui olGre une couleur l^ne et pea
nette ; c'est un indice que la fleur a été cueillie dams un tempe
de pluie , ou mal desséchée , et que la partie cotomnte est atta-
quée. Les marchands de mauvaise foi mêlent ciss fleurs aVeo
cslles da Téritabie ittrfran, parce que le prix des premières
^t de beaucoup inférieur à cdiui des secondes; mais en les
examinant séparément avec attention^ on reconuottra aisé<*
menl la fraude.
Quand on cultive le carthame pour en atoir la^ graine > os.
doit se garder d'en couper les iteurettes , les graines idona
avorteroient infailliblement. Cette plante ne souffre pas aisé*
ment la transplantation ; ainsi, les curieux qui voudront en
décorer leurs jardins, feront bien de la semer toujours & la
-place où eUe doit rester.
En Egypte , où l'on cultive en ^rand le carthame y Aepxm
long-temps , on le sème à la tnain quinze à Vingt jours après
le premier labour, sur la terre où il y avoit Tannée pre^
dente des fèves et d'autres plantes légumineuses. Il est exempt
de pluie et d'orage pendant le teinps de sa floraison* Irhniio
qu'on en retire est employée dans la cuisine; Les Européens
achètent à -peu-près les sept huitièmes de la récolte de sa
fleur ^ qui s élèvent, année commune, de seise à dix-huit
mille quintaux ; l'excédent se colisomme dans le pays et dans
le reste de la Turquie.
De tous lés procédés connus pour extraire la teinture da
earthtmt^fle plus simple est celui qu'on pratique dans ce pays ^
où le chimiste Bertholet l'a recueilli* Il l'a inséré dans lés
mémoires du oi-devant Institut du Caire. Le voici tel ^ti'il
est décrit:
. « Il y a dails la fleur du carthame deux substances colo*-
rentes très-distniotes ; Tune jaune , qui est dissoluble dans
l'eau ; l'antre rouge , qui se dissout dans les alcalis. On né
fait point usage de la première dans la teinture; on Tenlève
en mettant le carthame dans un sac , qu'on place dans un
courant d^eau , jusqu'à ce qu'en l'exprimant , ii ne donne
plus de couleur. Le teinturier (dont fierlholeta examiné le
procédé ) , s'est servi d'eau de puils pour dépouiller le eor-*
ihame de la substance jaune qu'ti fiiul séparer aabord de celle
qui doit teindre en rouge. Après une macération qui a duré
vingt-quatre heures, ii a exprimé le carthame ,etu Ta remis
dans une sectmde eau pour vingt-quatre heures ', puis, ex-*
primé. Dana oet état, le carthmte a été mêlé, avec un cin-
^piiéine de son poids> d'une oendre peu abondante eç soude ,
2
im CAR
qui eflè achetée deé Arabes, et il a été porté Boni la meule vfei^
ticale d'un moulin. Après plusieurs tours de. meule , le cttr'^
thame a été recueilli pour élre employé. Le teinturier a fait
filtrer à tra^rs -ce cor^^ifM une médiocre quantité d'eau du
Nil, de sorte* que ]e liquide qui a été filtré, étoit trés-K;harffé de
anftMtance colorante, u aséparé la dernière portion quia nllrév
etraemployéelapreméfe en y m^nt un peu de suc de oiiron»
Jjo coton étoit imprégné d'une foible couleur : alors le pre-
mier liquide a été mêlé, avec .une quantité considérable de
•uc de citron, dans une chaudière placée sur un fourneau ^
jet lit teinture s'est faite dans un bain chauffé entre trente et
cinquante degrés,JBient6t le coton a pris une couleur satinée
•et tras-belle; au sorlir du bain , il a été passé dans une eau
lendue. acidulée par le suc de citixm , puis séché ».
Les. différences. de oe procédé avec celui qu'on snit en
Europe , sont : i ^. qu'on se sert d'une eau un peu alcaline pour
.exlKaire la partie. jaune, a^ qu'on incorpora, au moyen d'une
.meule, l'alcali dans le omrtluMmê , au lieu de le mêler simple-
«nent; 3^. qu'on donne uirpen de chaleur an bain, au lien
qu'en £nrope> cette opération se fait à froid.
Le colon teint par le earikame ne supporte pas l'action du
aavon , parce aue la partie colorante est soluble dans les
alcalis. 11 {irena donc une teinl^ TÎolette qui se délaye dans
l'eau. On peut cependant luiTaire^subirun léger savonnage,
en le passant immédiatement apeèa dans une eau acidnlée par
le )us du citron; par-là , il ne repi*end pas sa première cou-
leur, mais une nuance lilas qui e^t encore agréable.
La couleur du carthamê ne supporte pas long^temps l'action
.du soleil ; mais elle s'aflUUit -sans changer de ton. On peut
donc iQi rendre sa pvBmitfffeiinteaâté par une seconde tein-
ture ; mais pour que cette opération réussisse, il faut com-
mencer par tenir 1 étoffs en bda dans l'eau alcaline de cor-
thamê , et n'y ajouter du me de citron qu'après l'avoir ainsi
impr^née de substance colorante. Laxoulenr du carthame
est si fugace» qu'il n'est guère possible d'en profiter pour la
peinture.
AfirèB cette espèce , les «nlres n'oHrent rien aux arts ou à
Phomme» quisoitd'un gmnd intérêt. On distingue pourtant le
Caath ABUiLA.iNBUX,CiirMai»iM /a/ia/<is i«inn.,ainsi nommé,
Crcequesa tige est lanugineuse, suiMout entre les bractées oà
poils ressemblent à de la toile d.'araignée. C'est le chardon
bénit deê Parisiens. 11 croît dans les lieux incultes , en l* rance,
et dans plusieurs contrées de l'Europe tempérée et australe»
«Miller dit qu'en Italie et en Espagne , les femmes se servent
deses t%es ponr iaire des quenouijîee. Cette planteest
CAR 5%
et 'ûBuet povâr ftbrifiige et sudorifique* Le CA^TRAmte ta-'
vm, Carduue marianus Linn.^ vulgairement appelé chardon
marie, dont les feuilles sont vertes el parseméfss de tachés lai-
teuses y ou de reines blanches qui les font paroitre agréaBle»
ment panachées. On le trouve sur le bord des ehemins dans
presque tous les pays de l'Europe. Sa racine et ses semences
sont diuiétiques et pectorales. Le Carthame en coaymbe ^
Carthamuêcorymhosiu Linn. , d'un aspect remarquable par les
nombreuses épines dont il est hérissé de tous côtés; ses feullleâr
sont d'un vert foncé ^ ses fleurs^ d'un bleu clair ^ et sa racine
vivace. Il croît en Espace ^ dans la Fouille , la Thrace et aux
Dardanelles. On le cultive au Jardin des Plantes de Paris.- Le
Carthame GRiLiié^ Atractyliê canceilaUi Linn. , qui vient
aux environs de Montpellier et dans nie de Candie , dont les
fleurs sont d'un bleu pourpre , et dont le calice offre uner
espèce de grillage/ dans lequel les mouches sont quelquefois
retenues. En£n le Carthame GOMMiriRE , Airactylia gum»
mifera, Lfnn. Cette espèce se trouve dans les îles de TAr-*
chipel ; ses fleurs sont purpurines ; sa racine qui est vivace m
une odeur agréable ; elle est remplie d'un suc laiteux et vis-»
queux qui épaissi à l'air^ se change en une sorte dégomme. (D.^
' CARTILAGE. C'est un corps blanchâtre^ ti^s-élastiqne ,
dur, et demi-transparent^ qui se rencontre aux extrémités ar-
ticulées des os ^ au nez , aux oreilles , aux fieiusses cotes , à la
trachée-artèi^, au larynx et à quelques autres parties. La
matière qui le compose est d'une nature gélatineuse qui peut
se conserver long-temps sans se putréâer. Comme les carli»
lagea résistent facilement aux chocs par leur souplesse, et
comme leur surface est extrêmement pohe , la natui^ les a
placés dans toutes les articulations mobiles des os> afin que leur
action réciproque s'exei*ce mieux par une sorte de glissement.
Doux k l'extérieur, les oariiiages sont tapissés d'une mem-*
brane serrée et forte qui ressemble au périoste des os , et t[ui
sécrète la. liqueur synoviale. On ne trouve aucun vaisseau
sanguin dans ces substances.
. Dans le foetus et la plus tendre enfance, les os ne sont en-
core que des cartilages mous et foibles; peu à peu la terre de»
os , ou le phosphate calcaire s'y dépose , et les durcit & mesure
que l'animal vieillit. Dans la /eunesse , le système cartilagineux
domine ; c'est le contraire chez les vieillards.
Les poissons semblent demeurer dans une jeunesse per-
pétuelle , car leurs- os sont toujours dans un état cartilagineux,
sur-tout ceux des poissons chondroptérygienê ; aussi ces ani-
maux jouissent d'une vie très-longue, et s'accitïissent pendant
b plus, grande partie de leur existence. Les reptiles pat des os
5go CAR
, plus caiiilaginenz €jm, cens ctot mmvpL et dm ^najnipiMct^
C'est pour cette raison qu^ilsçroiasentavec beaucoup de fiicQité.
C^ qm eompose la base des os^ est un earli/<aE^ ; car si vous
mettes treinper un os dans de Teau forte (acide nUrique) affoi-
)>Iie d*eau^ tous l'en retirerez dans un état de mollesse et do
llexibiliké très^analogue k pelle des autres substances cartil»*
penses. La matière qui le durcissoit est un sel terreux » coni->
posé d'acide pbosphorique et de chaux, qui s'accomnle aveo
4'aulant plus d'abondance que l'animal est plus vieux, do
sorte qu'if devient cassant à la fin. C'est ce qu'on observe dans
ks vieillards, cbes lesquekles os se fracturent avec beaucoup
de facilité , tandis que l'enfance , é exposée aux chutes et aux
coups , offre, bien moins de cas semblables.
Il existe en effet une gradation successive de durcissement
4ans tous les corps vivans , depuis lemr naissance jusqu'à leur
yieillesse. Le corps est d'abora gélatineux ; il devient ensuile
pâteux; puis,membraneuX| tendineux, cartilagineux, et enfin*
oafeux. La fibre se dispose en membranes , ensuite en aponé*
vroses , puis en tendons » enfin en cartilage, dont l'ossification
est la dernière nuanco. On trouve en eflRet des portions tendî-^
neuses des muscles qui acquièrent la dureté du cartilage ; et
enfin celle d'un véritable os, comme on l'observe dans les
tarses ou jambes des oiseaux. Les teiidons de leurs doigts de-
viennent de véritables 09 dans leur longueur. U en est souvent
de même du gros tronc de l'artère aorte , à sa courbure près
du cœur. Ses fibres se serrent en tendons, reçoivent les qua-
lités d'un cartilage y et prennent ensuite une nature osseuse.
( Foye% AoRT£. ) Les os sesamoïdes qui se forment dans diflRé-
rens endroits du corps , commencent toujours par l'état ten*
diueux ; puis , cartilagineux. Lorsque la corne des cerfs €st
jeune et nouvelle, on lui trouve toutes les qualités du cartilage.
Les maladies qui attaquent les articulations et les cartilages,
ont toutes un caractère de lenteur qui les fait ranger parmi
les affections chroniques , semblables à celles des os. Comme
les cartilages reçoivent des vaisseaux qui charrient un fluide
blanc et non du sang, ils entrent rarement en inflammation*
Dans la jaunisse, ils sont colorés par la bile.
De toutes les parties du corps des animaux, il n'en est point
d'élastiques a ^n degré aussi éminent que les caiiilages ; c'est
pourquoi la nature les a placés aux articulations et a tous les
organes qui ont besoin de repousser les chocs qu'ils reçoivent.
. 11 paroit que cette Qualité élastique dépend de la gélatine. Les
cartilages ne s'étenaent et ne se contractent pas sensiblement ;
leur osûHcation commence toujours parleur milieu et dans leur
portion la plus épaisse. Coinmunément les cartilages sont ap-»
CAR Bgi
|>liqn&i 4iir les 99 en manière dé croàissa dans lei cêvîlés ard-
çuldirea* Les cRrtUnges placés eptre les vertèbres, sont d'une
nature tendineuse. Ils peuvent s*applatir et s'alonger. D^Ià
rieM ^ue l'homme est un peu plus grand le matin que le
soir^ parce que les parties supérieures du corps pesant sur ces
d^rtilages > les affaissent et les applatisaent; mais ils repren-p
nent leur épaisseur lorsqu'on demeure couché. Après une
longue ipaladie qui force i garder le lit , on est plus grand
que dans la pleine janté , par cette même cause.
U se trouve des cas de maladies qui> diminuant la quantité
du phosphate calcaire dans les os, les font retourner à l'état
cartilagineux ^ et les rendent si mous qu'ils se déformée t Tel
paroit être le rachitisme. Cbn#»/^z l'article Oa et le mot Sqve^
XJ£TT£« (V.)
CARTILAGINEUX , ( Poissons ) nom d'une division des
poissons qui renferme ceux qui sont privés d'arêtes. On les
subdivise en CARTiJLAOïKfiux bbancuiostjèobs et Cartila-
gineux CHONnKOFTJBRioiSNS. Foyes ces mots.
Ijotcarêikiginêièx avoient été séparés des poissons par Lin^
nsMis, sous la considération qu'ils ne respirent pa» par des
ouïe3 ou branchies comme les autres. Il les avoit placés parmi
Iséamphihieê sous la dénomination d'amphilda nantea. Au-
jourd'hui <m est généralement d'accord qu'ils doivent fiiire
partie des poissons. Vof^.mk mot Boiason et au mot Ichtio^
JUOGUB. (B). .
CAR U DE*. On. appelle ainsi un poinon dn genre des
Labbss y Labrus rupeatris Linn. , qu'on pèche dans les mei^
du Nord. FeyeM au mot Labrx. (B.)
CARVI, Carum^ genre de plantes à fleurs polypétalées ,
delà pentandrie digynie^ ei de k &mitle desOMBSi«i.iFKRBS , ^
dont le caractère eêt d'avoir les involucres univeiisels mono»
pfayUes, et les partiels nuls; une corolle de cinq pétales re«
levés en carène , échancrés , presqu'égaux ; cinq étamines ;
lin ovaire supérieur à deux styles ; deux semences réunies ,
planes d'un cêté , convexri de l'autre « et marquées de cinq
nervures.
Ce genre est composé de deax espèces , qui ont été réunies
avec les SbsxIiIs (Foyem ce mot.) par Lamarck. La plus oom-
.mune se trouve aans les parties méridionales de la France.
C'est une jdanle bisannuelle , dont les feuilles sont découpées
ti^menues^ les fleurs blanches , et sujettes à avorter dans le
centre de l'ombelle. Les graines sont odorantes^ et entrent
dans la composition de plusieurs liqueurs. On en retire, par
la distillation y une hnile essentielle. Ce g graines font partie
d^ quatre grandes semeuces ehaudes. (fi ^)
Sga CAR
CARVIFEUILLE , Cartnfo&um. ViU«n a donné ce Qom
k un genre qu'il a étabU avec le Sèlis ▲ nviuuBB n£ CAavi.
Voyez att mot Sjslin. (B.)
CARYOCAR^ Caryacar. Cest un gnnd arbro de l'Amé-
rique méridionale , dont les feuilles sont opposées , temées ,
les folioles lancéolées^ dentées , et qui porte des flevm à calice
et à corolle de couleur pourpre.
Chaque fleur consiste en un calice coloré « caduc , partagé
en cinq découpures obtuses et concaves ; en cinq pétales
grands et ovales; en un grand nombre d'étamines; en un
ovaire supérieur^ globuleux , chargé le plus souvent de quatre
styles 5 dont les stigmates sont obtus.
Le fruit est une grosse noix sphérique^ charnue, qui
contient auatre noyaux ovales-triangulau-es , à surface réti-
culée ^ qui ont une saveur d'amande, sont bons à manger ^
el servent à faire de l'huile.
Ce genre a été réuni aux Pakba d' Aublet ( Foy. ce mot. ) f
dont Gaertner et Schréber ont changé le nom en celui de
Rhizobolb. Il est figuré pi. 486 des lUuttrationê de La^
marck. CavaniUes lui a consacré un long article dans le qua-
trième volume de ses Icônes pkmUwum, (B,)
CARYOLOBE , Caryolobiê, genre de niantes éubti par
Gsertner, sur la considération du fruit seulement. Ce genre
approche beaucoup du Raisikur. Foye» ce mot (B.)
CARYOFHYLLATE, CaryophyUata. Les anciens bo-
tanistes appeloient k Bbiioitb de ce nom* Voyez au mot
Benoîte. (B.)
CARYOPHYLLÉES» famille de plantes dont la fmcti-
Ration est composée d'un calice monophylle, tubulenx ou
divisé , presque toujours persistant ; d'une coroUe rarement
nulle , plus souvent formée de pétales onguiculés, alternes
avec les découpures du calice, et en même nombre qu'elles;
d'étamines en nombre déterminé, quelquefois en nombre
.moindre oue celui des pétales, plus souvent en nombre égal,
et alors alternes, avec les pétales, ou en nombre double de
ces mêmes pétales, une moitié des étamines étant hypogyne,
.et l'autre moitié alterne épipétale; d'un ovaire simple, à style
.multiple, rarement unique, à stigmates en nombre ég*i k
.celui des styles; d'un fruit cajpsulaire, presque touiours po*
lyspemie, uni ou multilocuhure ; de semences insérées k un
placenta central, ou attachées chacune au fond de la capsule
par un petit cordon ombilical; à périsperme Anneux, oen<-
U*al, c'est-à-dire , entouré par l'embryon, qui est courbé et
roulé ^ spirale, et à radicule inférieure.
Les plantes de cette bmille feont^ en général, l^erbacéesd
CAR . ^1/
miginakes d'Earope. Leurs tiges ^ ordinairement cylindri-
quet^ ne s'élèvent tout au plus qu'à trois où quatre pieds de
£auieur. Elles sont garnies de rameaux axillaires, opposés,
et comme articulés à chaque nœud. Les fleurs, opposées et
connées à leur base, et rarement verticillées, sont constam-
ment simples et entières, ordinairement dépourvues de sti-
riles. Les fleurs, presque toujours hermaphrodites, sujettes
doubler par la culture , naissent communément dans les
aisselles des feuilles : quelquefois elles résident au sommet des
tiges et des rameaux.
Dans cette famille, qui est la vingt-unième de la treizième
classe du Tableau du règne végétal, par Ventepat, et dont
les caractères sont figurés pi. 18, n^ 3, du même ouvrage,
ouvrage dont on a tiré l'expression caractéristique ci-dessus,
on compte trente-un genres sous six divisions : .
i^. Genres dont le calice est divisé , qui ont troia étamines,
un style unique, ou plus souvent triple. Ortece, L8fi<in-
GI£ , HoLOStIe , POLYCARPE , MoJLUGIl^E , MiNUART et
QuÉRIE.
s^. Genres dont le calice est divisé, qui ont quatre étamines
et deux ou quatre styles. Bufonie et Sagine.
3^. Genres dont le calice est divisé, qui ont cinq ou hfiit
étamines , et un ou quatre styles. MoRGEiiiz^E , Hagee ,
PhaRNACE, M<mHINGEet£LATtKE.
* 4^. Genres dont le calice est divisé, qui ont dix étamines^
et trois ou cinq styles. Sparooute, Ceraiste, Cherlerie,
Sabline et Steljlaire.
3®. Geni'es dont le calice est tubuleux, qui ont dix éta-
mines, dont cinq alternes hypogpiea, et cinq alternes ordi^
nairemcnt épipétales , à deux, trois ou cinq styles. Gyp«o-
fhyle , Saponaire , (Billet , Silène , Carvillst ,
Ltchnibe, Agrosteme et Githage.
6^. Genres dont le calice est tubuleux, les étamines au-
dessous de dix, et qui ont deux ou trois styles. Vellèze et
Drypis.
Les genres du Lin et de la FRANK^NiEont aussi beaucoup
d'affinités avec les CaryophyUéeê ; mais ils ne leur con-
viennent pas par tous leurs caractères comme ceux précités.
Il est bon d'observer que le nom de cauryophyllceus avoît
été donné à VceiUet par ToumeforI , et que c'est de ce cenre
a ne la famille prend le sien , et non du genre caryoïphyiiœiu
e Linnseiis , le giroflier , avec qui elle n'a aucun rapport. TB.)
CARYOPHYLLYE, Carjophyllea , genre de polypier»
établi par Lamarck aux dépens des Madrépores de Lin-
jisBus. Son. caractère est d'être pierreux,- fixé ^ simple, ou
394 CAR
fascicule ^ ott Fameux ; d'avoir les tî^ oa lés rameaux tu^
binés ou cylindracés^ striés longiludinalement k rextérieur^
et terminés chacun par une éioue lamelleuse> plus ou moins
concave.
. Ce genre se divise en deux sections :
. Les caryophyllies à iiges simpUs UoUes ou fûuigiouUeê ,
dont le type est le Madbbpobs ooblbt y Maàrepora eyaiimë
linn.^ uguré pi. a8^ fig. 7 , de Touvrage d'EUis, édition de'
5olander> et dans la partie des vers du Buffbn, édition de
Deterville, pL aS, fig. 3.
' lies caryophylUea à HgBs ramêuêes et dendroldes , dont le
type est le MADRÉroBS HAMEVx^MadreporarameaLânn.,
figuré dans les mêmes ouvrages, pi. 38 et 2i3, fig. 4 et 5.
F^oyê% l'article MADBipoBB, ou se trouve décrit l'animal
de cette dernière espèce. (B.)
• CARYOPH YLLOÏ DES , nom donné par les orycto-
graphes aux espèces fossiles du genre précédent On les trouve
généralement dans les terreîns ai'gîleux de seconde forma-
tion , avec les Ammonitbs. (B.)
CARYOTE, Caryota, genre de plantes de la famille des
Fai«mixbs , dont le caractère est d'avoir une spalhe poly-
phylle , un spadix rameux , couvert de fleurs sesaues, les unea
Khâles, et les autres femelles.
Chaque fleur mâle consiste en un calice entier, en trois
pétales oblongs et concaves^ et en un grand nombre d'éta*
mines.
Chaque fleur femelle a le calice et la coroUe de la fleur
mâle, et, à la place des étamines, un ovaira supérieur, ovale ,
pointu, légèrement trigone vers son sommet, se terminant
en un style très-court, dont le stigmate est simple.
Le fruit est une baie arrondie , rouge dans sa maturité ,
uniloculaire,qui contient deux semences dures, de substance
marbrée , applaties d'un c6té , et arrondies de l'autre.
Foyez pi. 897 des lUuatroUoiu de Lamarck, où ces carac-
tères sont figurés.
Le caryotê a un tronc droite cylindrique , de deux pieds do
diamètre, rempli de moelle, couronné par une cime com-
posée de queli}ues feuille» deux fois ailées, et k pinnules op-
posées , garnies dans toute leur longueur de deux nmgs 00
folioles, a bord supérieur tixinqué obliquement, et commo
rongé et denté. Eues sont minces, finement striées et lui^
santés. Le pétiole commun est creusé eu gouttière, et embraaso
le tronc par sa base.
Ce palmier croit dana 1^ Indes et dans les Moluqnea.
B.n.
CAS ^ i^
fruits, 4(m teni de la graienr d'une pstîte -prune, ont leur
pulpe extérieure ci caustique , qu'elle cause des démangeai-
sons tràs-cuisantes à la bouche. On peut faire, avec sa moelle,
une &rine semblable à celle du sagotf; mais on n'y a re^cours
que dans les temps de disette, cette moelle n'ayant pas une
sayeur aussi agréable que celle du Sagou. ( Voye^ ce mot )
lia partie ligneuse se fend àiaément , et on en fait des planches
et des solives propres à la construction des maisons, (fi.)
CASARCA; T'oyez OiE kasarka. (S.)
CASCADE. Woye% au mot Catakacte. (S.)
CASCARA. Voyez au mot Quinquina. (B.)
CASCARILLE. C'est Técoroe d'u9 arbre du ^i^ Cro*
TON, qu'on emploie en médecine contre la dyssenterie, contra
lés fièvres putndes , &c. ,^ et qui donne une teinture noire u>*
lide , même sur la toile. Voyez vsx mot Crotok. (B.)
. C A ^ C,9 1 y £ , nom arabe d'un poisson du genre Mor-«
MYB£ , Mor^»yru^migiiiUçMkz\Àxai» , qii'cm pèche dans le
I>ïil. Voyez au mot Mormyrs. (B.)
CASCARIE, Caecaria , nom donné par Jacquin à
un genre que Lamarck a décrit sous le nom d Anavjnous.
Voyez ce mol. (B.)
- CASOAR , Casuariiêe, genre d'oiseaux de Tordre des Av-
TRtrcHKrt. ( Voyez ce mot ; Caractères : bec déprimé , droit
et à-peu-près conique ; ouvertures des narines ovales ; ailes
très- courtes et inutiles pour te vol ; baë des jambes dénué
de plumes ; trois doigts atix pieds , tous en devant ; poinfe
de quene.
L'on ne connôit que deâx espèces de ce genre ; ce sont :
' Ije Casoar profrbmsnt bit CStruthio èmeu Lath. , ^,
pi. âS , vol. 40 de mon .édition de YHiet, nat. de Buffbn,).
Qisean qui , de même que l'oif/ri^cA^ , le drorUè , &c. , n'a guère
de ToiseaU que le nom ; il ne peut s'élevçr dans les airs , et
ses ailes, tout atissi inutiles pour le vol, sont encore plus pe*
tites que celles de l' Autru^hb. {Voyez ce mot.) Elles ne con-
sistent qu'en cinq tiges ou tuyaux de plumes , rouges à leur
extrémité , creux dan^ toute leur longueur , sans barbes, Jui-
sans , un peu courbés , et dont celui du miKéù a environ
douze )x>uce8 de long, et trois lignes de diamètre; If» latéraux
vont en décroissant ae part et d'autre comme les doigts de la
main et à-peu-près dans le même ordre. Le ccLsoar n'a point
de queue ; il a seulement les plumes du croupion pendantes
et longues de quatorze pouces. Voilà' déjà' des détails de con««
formation fort singuliers pour un oiseau : ceu^ qui suivent ne
le s<lttl pas moins. Une espèce de casque conique , brun par
$96 CAS
dèmni^ et jaune chns ttmt k rette , B*iXhe «or le frôtit» ef
a'étend depuis la baae du bec jusqu'au milieu du Bommet de
la tâte, et quelquefois au-delà : c'est à-pea-près un cône tron-
qué qui a trois pouces de liaut , un ponce de diamèlre à sa
base , et trois lignes à son sommet ; il est formé par le renfle»
menï des aa du crâne , et recouvert par des couches concen-
triques d'une substance analogue à la corne. La tête est près*
que nue^ et la peau qui la revêt , et sur laquelle sont des -poih
noirs et clair-semés , est bleuâtre sur les côtés , d'un violet ar-
doisé sous la gorge , et rouge par-derrière en plusieun places ,
mais principalement vers le milieu ; et ces places rouges sont
un peu plus relevées que le reste , par des espèces de rides ou
de hachures obliques dont le cou est sillonné. Les trous des
oreilles sont fort grands , découverts et environnés de petits
Jioils noirs ; un rang de poils semblables se dessine en sourcil
au-<lessus de la paupière snpérieture. L'œil est fort petit ^ et
aon iris a la couleur de la topase. Sur le devant du cou , au-*
dessus de l'endroit où il commence k être garni de plumes,
il y a deux barbillons charnus , mi-partis de rouge et de bleu ,
arrondis par le bout, longs d'un pouce et demi> etlargies de neuf
lignes. A la partie intérieure du sternum est une cdllosilé nue
et décolorée comme à l'autruche. Les plumes les plus courte»
sont au bas du cou ; ensuite elles augmentent en longueur jos-
3u'au croupion » mais ces plumes ne ressemblent pouit à cdlea
es autres oiseaux ; la plupart sont doubles , c'est-à-dire que
qhaque tuyau donne ordinairement naissance à deux tiges
plus ou moins longues^ souvent inégales entr'elles , applaties,
noires , luisantes , et divisées par noeuds en dessous , dont
chacun produit une barbe ou filet : les barbes sont d&unies
et sans adhérence entr'elles ; depuis leur origine jusqu'au mi-
lieu de la tige , elles sont courtes^ souples, branchues, et d'un
S ris tanné ; au-delà elles deviennent plus longues > plus
ures et noires ; et comme ces dernières recouvrent les au»
très , et sont les seules qui paroissent , le caswir , vu de quel-
que distance , semble être un animal velu , et du même poil
que l'ours ou le sanglier. Les pieds sont très-gros et courts»
proportion gardée avec la taille de l'oiseau , presque aussi gros
que l'autruche ; leur couleur , de même que ce)le du bec , est
noirâtre , et les ongles très- durs sont noirs au-dehoni , et
blancs en dedans.
A l'intérieur , le eaaoar a la langue dentelée et fort courte,
les intestins aussi courts que ceux des animaux carnassiers ,
un cœoum double , une vésicule de fiel , &c. Les parties de la
génération du mâle sont assez semblables à celles de Vauiruc^*
Ia femeUe pond des çeofs plus étroits et plus alongès que ceux
' CAS Sgr
de VmtinuAe, et d'nh cendré verdâtre semé d'ane multituae
de petits luliercules de coulear verte.
Cet animal , d'une nature équivoque y qui n'est proprement
ai oiseau ni quadrupède ^ et qui reunit les estomacs des gra-»
jiivores avec le» intestins des carnassiers y court fort vite ; mais
comme il est plus massif et plus lourd que Vimtruche , sqn
allure est biaarre , et sa démarclie de mauvaise grâce. L'on a
•prétendu mal-à-propos qu'il avaloit tout ce qu'on lui présen-
toit y même les matières les plus dures et les plus nuisibles^ et
c'est parce qu'il a des rapports communs avec Y autruche ,
qu'on a voulu lui prêter encore celui d'une grande force dans
les organes de la digestion ; c'est aussi par la même raison
que presque tous les contes débités an sujet de Vautrucke ont
été appliqués au caaoar. Ce grand <Nseau compose le fond de
aa nourriture de fruits, de racines, de plantes, et il les
•mange fort goulûment ; en un mot son régime est purement
végétal. Son naturel est néanmoins farouche et méchant , et
il leconserve même dans l'état de domesticité : il frappe éga^-
lemeut de son bec et de son pied , et les coups de cette der-
nière partie sont bien plus rudes et plus dangereux que les
atteintes de son bec. L on voit dans les basseKK>ur8 de Bata-
via quelques caaoarê qui, quoiqu'ils y soient nounâs depuis
long-temps , et ayant 1 air apprivoisé , laissent quelquefois ap-
j)ercevoir leur naturel féroce, et attaquent à coups de bec les
personnes qqi s'avancent trop près d'eux. {J^oyage du lori
Maoartney en C/ûne , tom. i de la traduction française,
•pag. 326.) Le casottr de la ménagerie du jardin des Plantes à
Paris , ne paroh pas méchant ; mais il vit depuis long-temps
«n captivité , dans des climats tellement opposés à celui doht
il e9t originaii*e , que l'on doit le regarder comme un indi-
^dn dégenM , et que l'on ne peut nèn en conclure au sujet
da naturel et de» habitudes de l'espèce.
Le pays natal de celle espèce est la partie orientale de
l'Asie , comprise sous la sone torride. On la trouve aussi aux
îles Moluques , à Banda ,.à Java et à Sumatra. Par-tout elle
est rare , parce qu'habitant les contrées de la terre les plus
anciennement peuplées, elle a été en butte à des moyens de
destruction plus multipliés , tandis que Vauiruche, au milieu
def désert nrûlans de l'Afrique , est beaucoup plus diffici-^
lement inquiétée. Suivant Labillardière , quoique les caaoarê
forment à Amboine des oiseaux de basse-cour , il n'est pas
fiicile de s'en procurer , parce qu'ils ne sont pas nombreux
à Amboine , et qu'on les y apporte des fies voisines. Ces oi-
seaux supportent difficilement les voyages de mer. (F'ofagê à
la rtchtrcfiê de Lagérouê» , iem* i ^ pag, 536*)
S98 CAS
AipE Indes mèm^ > Toa n'aère guère les êàMoarw qu'àcanse
de leur beauté et de leurs «ttributs singulien ; du rasleilsscml
fr-peu-près inutiles , leur chair étant dVire^ noire et peu siu:-
culente* Swammerdam trouvoit les piqnans de leurs ailes
£>rt commodes pour souffler des parties trià-délicates^ comme
les trachées des insectes, &c« €tc.
Le Casoar de i.a. NouVBLiiE-HotiLAKUf ( dnmarùu
Nopœ-HoUahdiœ Lath. , fig. dans cet onrrage. )• Dans le
nombre des oiseaux curieux que l'on décotme à la NouveU»
Hollande, une espèce de eo«oor se fiut distinguer par sa haute
stature et par des caracièles particuliers. Plus grand que le
casoar des Indes > il n'a guère moins de sept pieds de loog ;
il est plus éleré sur ses ïambes , et son cou est plus ahm^;
mais ce qui le sépare plus distinctement du MiMiir asiatique.,
c'est que sa tète n'est point chargée d'un casque osseux , m
le devant de son cou accompagné de deoK caroncules chaf^
nues ; aes ailes sont encore plus courtes et à peine apparentes;
elles n'ont pas de pîqnans ^ et elles sont revêtues de phun^
jem blables à cdles du corps.
Toutes ces j^mes sont soyeuses et ont leur eKtrémité re*
courbée : elles s'étendent jusques près de la gorge; et la peau»
à-peu-près nue du haut du cou , est d'une oouwnr Ueoâtre,
mais sans rides ni hachures. Sur la tété êont des plumes doîi^
semées, assez semblables à des poils 1 et variées dé gris et de
brun , aussi bien que celles du bas du cou et de toolca
les parties supérieures. Les plumes du dessèus du corps ont
une leinle blanchâtre. Le bec , dont la ferme se rapproche
de celui de l'autruche , est tout noir ; et les pieds , qui sont
bruns , ont des dentelures saillantes le loàg dé leo^ fiîce pee^
térieure.
Le foie de cet animal est si petit ^ qu'il n'eocède pas la g^os^
seur du foie d'un merle ; la vésicuie du fiel est bfge , et le
dinol intestinal a près de six aunes de long.
Ce casoar est plus l^er à la cpune que le lévrier le nlus
vite ; il a , comme oehii de l'Inde r 1® naturel très-fiunouche ,
et se nourrit également de végétaux. Doiu des terres peu he*
bitées , et sur^tou l encore peu fréquentées par les hommes ci**
vilisés, et par conséquent destructeurs/ l'espèce du eoêoar Je
ia NoupêÛe-HoUande est asses nombreuse ; c'est même «un
gibier qui , sans être dâieat , n'est point mauvais à manger,
et auquel les Anglais de Bo4any-Bay trouvent un goèt ap-
prochant de la viande du bœuf. (S.) •
CASOAR A BEC ROU6E D'AUTRUCHE, ^cysa
AUTRUCHK HE MAOBIiLAN. (S.)
Calque , Oassidea , genre de ooquSles uuiralves qui •
CAS $99
jét& établi par Broguière aux dépens du genre Buccin de
liinnœiu , maïs qui avoit été indiqué avant lui par Klein ,
Gualtiéri , DargenviUe , et antres.
Le nom dfe oe genre indiaue la forme des espèces qui le
composent. Ce sent des coquilles bombées^ à ouverture pluii
longue que large , terminée à sa base par un canal courte re-
courbé vers le dos de la coquille , et à columeUe plîssée mfé-
rieurement
Jj^fctuquM diffiàrent des buccins , par la forme de leur oih
verture qui est oblougue et presoue toujours dentée , par Tap^
platissement de leur lèvre gaucne^qui fut une saiUie coiisi-
aérable sur ce oÀté de leur coquille > et priilcipalement par
le canal tourné à gaucbe, qui termine leur base , et enfin pat
leur lèvre droite garnie en dehors d'un bourrelet épais/
. Tout ce qu'on sait des animaux qm habitent les casques , se
réduit à la figure que Ton voit dans la Zoomorphose de Dar-
genviUe y pi. 3 1 y fig. H , figure qui n'a pas d'e^q^ation.
Les casçiêss vivent ordinaîrenient dans la mer , à quelque
distance des rivages , sur les fonds sablonneux ôû ils ont la
faculté de s'enfoncer en totalité* Nulle part ils ne sont très*
abondans ;la plupart^ et presque tolis^ fournissent de la pour^
pre« Dans queues endroits on les mange : la chair d«
casquë bésoùrd a naturallement une odeur a ail.
Daudin a encoi^ subdivisé ce genre par la considération
des épines qui se voient , dans quelques espèces ^ à la lèvre
droite* Ce caractère est bon, mais le genre n'est pas asses nom-
breux pour em'ger cette nouvelle division ; car on n'en trouve
que vingt-deux espèces dans V Encyclopédie ^ et il est probable
3ue Bniguière en a peu laissé échapper à sa per^icaoité
ans les collections de Paris et dans les auteurs.
Les espèces les plus saillantes ou les plus communes de ce
^nre sont :
Le Casque BAUi>nifiii,qui est ovale^luisant, et a le bas de la
lèvre droite garni de dents épineuses. U est figuré dans Dar-
genviUe -y pl. I <i > fig. H, et se trouve dans la Méditerranée.-
Le Casqv^ SAeuAON , qui est évale > gaimi de stries trans^
verses , et dont la lèvre gauche est ridée. Il est figuré dans
Adanson , pi. Sg , ^g. G. On le trouve dans la Méditerranée
et ftur la côte d'Afrique.
Le Casque pav^ , qui* a pour caractère d'être ovale ^ lisse »
marqué de tachess carrées , disposées sur j^usieurs 'rangs; la
3ç>ii*e safllanle , garnie de stries treillisées , et qui est n^ré
ans DargenviUe ^ pi. 1 5 ^ fig. I. On le trouve dans la Méditei<-
ranée.
. Le Casque rcuBSRcirj[.Birx , qui ^Mfe ovale > transparaît^
^op CAS
bouplé , garni de stries transrenes , et de quatre à cinq c6tô
tuberculeuses , Qt dont les tours de la spire sont convexes et
légèrement carénés. Il est fieuré dans Dargen ville , pL 1 7 ,
fig. P. 9 et dans le Buffon , édition de DélerviUe^ partie des
vere, pi. 56 ^ fig. 3.
Le Ca5QU£ tybrjbnien est ovale , transparent, marqué
décotes transverses ; les deux du haut sailhntes, tubercu<»
leuses ou piissées ; l'ouverture dentée de chaque oôté. Voyez
Tavanne y pi. 36 , fig. 1 et a. Il se trouve dans la Méditer-
ranée , et fournit de la pourpre. Voyez le mot Buccin. (B.)
CASQUE MILITAIRE. On donne ce nom à I'Orchids
■MiUTAiRE 9 à raison de la forme de sa fleur. Voyez au mot
Ohgihii>£. (B.)
CASQUE NOIR ( Turdua atricapUlua Lath. Ordre,
PASSfiREAUX , genre de la Grive* Voyez ces deux mots.).
Ce merle, que Brisson dit se trouver au Cap de Bonne-Es-
pérance ,. a dans son plumage de grands rapports avec le
%runetet le. merle à cul Jaune du Sénégal. Le casque noir est
moins gros que le mauvis ; sa longueur est de neuf pouces ;
la tète f le dessus du cou sont noirs ; le dos , le croupion et les
ailes bruns ; le dessous du corps est roussàtre ; les flancs sont
rayés de petites lignes brunes ; les gi'andes pennes des aiks
ont une tacBe blanche vers leur drigine ; les pennes de la
queue sont étagées , noirâtres et terminées de blanc , à l'excep-
tion des deux intermédiaires; les pieds sont bruns. (Visiia..)
CASQUÉ , espèce de Silure d'Amérique , SÙurue ga»
leaiua Linn. Voyez au mot Silurs. (B.)
CASQUES. On appelle ainsi en Amérique, selon le Père
Liabat , des chiens que les chasseurs ont laissés dans les bois»
et qui sont devenus sauvages , y ont multiplié > et marchent
toujours en meute. On ne peut croire , ajoute cet auteur , le
dommage que ces chiens causent dans les troupeaux. Lors-
qu'ils sont petits , on les apprivoise aisément; ils ont, pour
1 ordinaire la tête plate et longue , le museau alongé , le corps
mince et maigre , et la physionomie farouche. ( Nouu. voyagee
aux ilee de l'Amérique , tome 6, page 199*) Voyez à l'article
Chxen. (s.)
CASSARE , nom de la buée , en vieux français. Voyet^
Buse. (S.)
CASSA VE , nom de la fécule qu'on retire de la i-adne
du Mamoc , Croton manhiotlÀnn, Voyezau motCROiON. (B.)
CASSE, CoHëia linn. { JDécandrie monogynie, ), genre
de plantes de la famille des Légumineuses , et qui a des rap*
ports avec les poincilladee et les brésillete, 11 renferme uo
4rès-gund noiobre d'espèces^ toulM es^otiques et dea pays
CAS 401
cTiauds y parmi lesquelles on compte quelques arbres 9 plu«>
«ieurs herbes et beaucoup plus d'arbustes ou d'arbrisseaux.
Son caractère est d'avoir un calice formé de cinq folioles,
concaves , colorées et caduques : une corolle à cinq pétales
également concaves^ ouverts ^ arrondis, et dont les inférieurs
sont écartés , et un peu plus grands que les autres : dix éta-
mines distinctes inégales , trois supérieures Irès-couries , sou«>
vent stériles 9 quatre latérales moyennes , et Irais inférieures
et abaissées fort grandes : un germe su])érieur long , à-»peu«
près cylindrique , et terminé par un style court et recourbé
vers le haut Voyez Lamaix;k^ Illu^tr, des Genr, pL 33ii.
Dans toutes les cassêê , les feuilles sont alternes et ailées
sans impaire ; les fleurs , ordinairement jaunes y sont dispo-
sées sur des grappes axillaires ; et le fruit est une gousse , va-
riant de forme et de srosseur^ garnie intérieurement de cloi-
sons transversales qm renferment les semences. Dans quel-^
ques espèces ce fnut est sec, membraneux , applati , large ou
étroit , et plus ou moins long ; dans les autres il est ligneux,
presque cylindrique; il s'ouvre à peine, et contient souvent
une pulpe dont la graine est entourée. Quoique cette difié-
rence dans les fruits du même genre semble le partager en
deux sections bien naturelles , cependant , c'est sur le nom-
bre des folioles des feuilles que Lamarck a établi la division
des quarante-huit espèces qu'il a décrites. Notre objet et no-
tre intention n'étant pas de parler de toutes , .nous nous con-
tenterons de faire connoître a nos lecteurs celles qui sont ou
utiles ou les plus belles.
On doit mettre au pi*emier rang la Casse des boutiques ,
ou Casse solutite , vulgairement le Caneficier , Cassiafia*-
tu la Linn. C'est un grand arbre , d'un beau port , et d'un
aspect agn^ble , qui croît naturellement en Egypte et dans
les Indes Orientales , d'où il a été , dit-on , transporté en
Amérique , sur-tout aux Antilles, au Brésil et au Mexique, où
il se ti*ouve main tenant comme naturalisé. Il s'élève k la hau-
teur de quarante ou cinquante pieds. Son tronc , dont l'écorce
est unie et d'un gris cendré , se partage en plusieurs branches .
?;arnies de feuilles pétiolées et composées de dix à douxefo-
ioles lancéolées , lisses , marquées de nei*vures saillantes , et
longues de trois à cinq pouces , sur deux de largeur. Les
fleurs sont grandes , d un jaune foncé , . et à pétales veinés ;
elles ont chacune un pédoncule particulier , assez long , et
un caUceuni , trois fois plus court que la corolle. Réunies en
grand nombre sur de belles grappes un peu lâches , elles
offrent un coujp-d'œil charmant. Les fruits pendent en gousses .
eu bâtons cylindriques , droits et longs a'un pied et demi
' IT. • co
éoa CAS
environ ^ mr un ponce d'épaisseur ; une cooue ligneuse et
tnincC;, d'un noirchàUtn^ forme leur écorce. Dans leur ma-
turité , pour peu qu'ils soient agités par le veut , ils se heur-
tent les uns contre les autres , et tombent. Si on les frappe
légèrement avec un petit marteau , ils se divisent à Teiidroit
des sutures , en deux parties longitudinales , et leur intérieur
offre un grand nombre de loges et de cloii»ons transversales
et parallèles ; dans chaque loge se trouvent une ou deux se-
mences en cœur , dures et plates , enveloppées d'une pulpe
ûoelleuseï noire et un peu sucrée.
C'est cette pulpe dont on fait un si grand usage en méde-
cine f sous le nom de ciuêe. Le principe mucilagineux sucré
qu'elle renferme , la rend très-propre à évacuer les humeurs
sans occasionner d'irritation. C est un purgatif très-doux et
tin des meilleur laxati& ou'on connoiase. On la confit quel-
quefois avec du sucre ou du sirop de violette^ et on l'aroma-
tise avec l'eau de Qeur d'orange. On a trouvé aussi le moyea
de confire les bâtons ou gousses de casse encore jeunes ^
tendres et verts.
Lia Casse LAMcioL^E ou Séné d'Alexandrie , Cassia
senna Linn. , est eiicoi^ une espèce ti^s-utile, et même d'ua
usage plus général en médecine que l'espèce précédente. Tout
le monde connoiCle séné : ce sont de petites feuilles sèchei
en forme de lance , d'un vert tirant sur le jaune , d'une
odeur de drogue , mais qui n'est pa^ désagréable , d*un goût
un peu acre , amer , qui excite des nausées , et qu on emploie
ordinairement pour purger. Ces feuilles qui nous viennent du
Levant en balles , se recueillent sur une plante qui |)orie le
même nom , et qui n'a pas encore été bien décrite parles bo-
tanistes. Elle croit en Arabie et en £g\pte. Ses fruits , appelés
jhUiculcs de séné , sont (dit Geo0icQi,3fat méd,) des goiisses j
membraneuses y oblongues » recourbées^ lisses, applalies,
d'un vert roussâtre ou jaunâtre , qui contiennent des graines
presque semblables à celles du raisin , applaties , pâles ou
noirâtres. La tige de cette plante s'élève à deux ou trois pieds ^
^e est dure , et comme ligneuse ; les ramoaux sont plian»,
et les feuilles alternes et composées de cinq paires de îblioles
lancéolées et pointues ; le pétiole est glanduleux j tes Ueura
sont jaunes.
La Casse d'Italie ou Sénjê d'Italie, Coss/a senna Linn. ^
n'est pas la même espèce que la dernière , quoique Linnsus
les ait confondues. Elle en diflcre sur-tout parla forme de ses
folioles, qui sont obtuses ou elliptiques et plus larges, et par
leur pétiole commun , qui n'est point glanduleux. Se» fleui-s
font auaii d'un jaune plus briUaut; cetie pkutene s elèv e qu a
CAS ♦oî
ttn pied et demi ; èUe est annuelle et orjgînftire des Ii:ide0
Orientales ; c'est parce qu'on la cultive en Italie^ dans les
champs^ qu'on lui a donne le nom de ce pays^ d'où ses feuilles
el ses loAicules nous sont apportées. Elles ont une vertu pur-
{^ativei mais beaucoup moins efficace que celles de iV^pèc*
Ci-dessus. Ce ^né est pourtant le plus répandu dans le com->
tnerce ; c'est celui dont on fait communément usace parmi
nous , en médecine; mais il ne vaut pas le séné d''Jb«gypte ou
d'Alexandrie.
ce Dans les deux espèces , les {euilles et les gousses ou folli-
cules ont une saveur amère nauséabonde , et uYie odeur forte,
lorsqu'elles sont fraîchement recueillies. Leur vertu purga-
tive réside principalement dans leur principe huîleux-étliere*
volatil y et dans leur partie résineuse fixe. Ce premier pi-in**
cipe pvrge doucement et avec sûreté , el le second est sujet à
Bxciter des trancliées taaet vives. Ce :t pourquoi on doit se
contenter de faire infuser les feuilles, et ne point les faire
bouillir y à moins qu'on ne veuille les donner en lavement. .
lia partie gommeuse qu'elles contiennent pousse plutôt les
urines qu'elles ne lâchent le ventre , et tous ces principes réu*
nis sont assez fortement sndorifiques, sur-tout lorsqu'on fait
prendre ces feuilles en poudi'e. On les prescrit ordinairement
en infusion , en y^élant une décoction de pruneaux > et en
y faisant entrer quelques substances aromatiques , comme
l'anis et le citron , et quelque sel alkalin végétal , soit pour en
adoucir l'âcreté ou en faciliter l'action , aoit pour en corriger
la saveur désagréable. On ne doit point s'en ser^ôr dans les
maladies convnlsives ou de la poitrine , ni dans celles où il y
a quelque disposition inflammatoire j>. Mili. Dict, des Jcwd.
'NoUts.
Puisqu'une des deux 'plantes qui produisent le séné est
cultivée avec succès en Italie, pourquoi ne la cultiveroit-on
pas aussi dans le midi de la Frahce , où la chaleur est forte et
soutenue ? ce seroit introduire une nouvelle branche de com*
merce. Les feuilles et follicules de ce séné seroient sans doute
inférieures en Hjualilé à celles qui viennent d'Egypte , mais
elles pourroient au moins être employées utilement pur la
médecine vétérinaire qui en fait une si grande consommation.
Nous joignons en conséquence ici la méthode qui peut être
sui^nle par ceux qui seront tentés d'essayer cette culture.
On sèmera la graine de séné sur une couche sourde , dans
un lieu bien abrité, et au plus tard à la fin de février; il
faudra semer clair. Chaque soir et chaque jour un peu froid
fa couche sera couverte de paillassons , qu'on ôtera lé lende*
main ^ si le temps le permet Lorsque les jeunes plantes seront
4()4 CAS
assez fortes pour être transplantées, on les enlèvera de la
couche, sans les arracher , ayant soin de o'eidever que ce
Qu'on peut planter dans une matinée. £Ues sepont mises dans
un panier couvert , et tenues à l'abri du haie et du soleil
jusqu'au moment de la transplantation. Le lerrein destine à
les recevoir doit avoir été préparé d'avance , soit à la bêche,
soit à la charrue. Par le premier travail , un seul labour suf-
fira; et il faut aue lé second soit tel, que la terre se trouve
après bien ameubUe et entièrement émiettée. Les plantes, une
fois mises en place, n'exigeront plus aucun^soin^ sinon d'être
débarrassées des mauvaises herbes.
Outre les trois espèces de ccuê^ décrites ci-dessus, il y en a
encore quelques autres utiles , ou qu'on peut élever comme
plan le» d'ornement. Ce sont les suivantes.
La Cass£ BiCAPsuiiAiRE , Cosêia bicapsularis Linn. C'est
le caneficier bâtard , arbrisseau de six à huit pieds , remar-
quable par ses gousses longues , cylindriques , et divisées dans
leur longueur en deux loges , qui forment comme deux tubes
réimis ; ses Ûeurs sont jaunes ; il croît dans l'Amérique méri-
dionale. La Casse a fsuillbs j^chanchées d£s Antix.les,
Cassia emarginata Linn. Ses feuilles sont purgatives , et peu-
vent être employées comme celles du séné; la pulpe de son
fruit a la même saveur <et les mêmes vertus que celles de la
casse des boutiques. La Cass^ dk la Chine , Cassia Chinera
sis Linn. , plante d'ornement , cultivée depuis peu au ;ardin
des plantes ae Paris; ses fleiurs sont grandes, d'un beau jaune,
et reimies deux ou trois ensemble sur des pédoncules courts
et solitaires aux aisselles des feuilles supérieures. La Casss
PUANTE, Cassia oocidentalis Linn. Celte espèce croit aux
Antilles, où il y en a trois variétés. On trouve la première dans
les savanes et dans les haies , et la seconde le long des riva-
g^'s; la troisième est entièrement velue; toutes les trois sont
fétides dans toutes leurs parties , ce qui leur a fait donner le
nom de poispuaiU. Leurs feuilles sont résolutives et très-pur-
gatives ; on les fait entrer aussi dans les cataplasmes. La Cassk
A GOUSSES FIXATES , Cossia planisUiqua Linn. C'est un arbre
qui parvient à la hauteur d'un noyer médiocre. On le trouve
à la Guadeloupe. Ses gousses sont longues, étroites, plates,
un peu arquées et comme articulées; les loges ti'ansv^rsales
paraissent à l'extérieur : il a des fleurs jaunes et des feuilles
d'un vert obscur. La Casse a gousses ailées , Cassia aiata
Linn. On fait avec les fleurs un onguent qu'on dit très* bon'
contre les dartres , d'oi\ lui vient le nom de dartrier , d*/i^rbe
à dartres , qu'on lui a donné aux AnliUe^ , od cette plante
se trouve. Ses gousses ont dans toute leur longueur deux ailes
CAS 40^
liiemBraneusea. La Casse du Maryland, Cassia MhfylaTv^
dica Linn. Cette plante a une racine vivace qui dure plu-
aieurs années; placée dans un lieu sec et chatid^.elle peut
subsister en pleihe terre ; on en sème la graine au printemps^
et rautomne suivant on peut la transplanter à demeure. Ses
fleurs ont une belle couleur jaune ^ avec des anthères brunes j
et les articulations de ses fruitii offrent à Textérieur dès poils
rous^tres La Ca9ss de Siah , Caasiœ Siamea Lam. Cette^
belle espèce croît aux environs de Sîam. Cest un* arbre qu'on
appelle siamois à l'He de Bourbon ^ où il est cultivé pour la
beauté de ses fleurs. Elles viennent en corymbes au sommet"
des rameaux, sur des pédonTsules axillaires aux feuilles supé-
rieures. La Casse a gousse» étroites , Cassia angustidli^
qua Linn. Ce joli arbrisseau, qui croit à Saint-Domingue , «
le port d'un baguenaudier , mais ses fleurs grandes et" belles
lui donnent un aspect plus agréable ; elles sont jaunes et dis*«
posées en grappe composée et terminide rses feuilles ont dix*
paires de petites folioles. La Casse de Java , Cassia Japanica^
Linn. , et la Casse du^ BRisii< , Cassia JBrasiUana Linn. Ce
sont deux espèces différentes que Linnseus a mal-à-propos*
confondues ; la première est un ai*bre élevé , à cime étroite ,
et la seconde un arbre pl^ grand et foil beau , qui étend se»
branches au large de tous c6tés. Dans la casse de Java j les
rameaux sontg^bres , les pétioles glanduleux, les fleurs rou-
ges ou jaunâtres, et les cloisons transversales des fruits ne
contiennent point de pulpe succulente. Dans celle du Brésil,
au contraire, ou voit un duvet finsiu* l'écoroe des branches,
on n^'apperçoit aucune glande sur les pétioles; les fleurs ont'
leurs pétales de couletu* de efaair, et les firuils très^-longs , très-
larges et un peu comprimés, contiennent une pulpe gluante,,
brune ou noirâtre, pareille à celle de la casse dés boutiques-,
maisamère et désagréable. Cette pulpe est aussi purgative ;
mais comme elle donne ordinairement des tranchées , on ne
Femploie guère que dans la médecine vétérinaire; ce qui &•
£iit donner, en Amériqne, à cette espèce , le nom- de casse-
de chevai\ on easse- purgative du Brésil*
Voyez dans Miller la mamère d'^ver en Europe et de*
cultiver artificiellement la plupart des casses. (D.)
' CASSË-ALATGUË , dénomination vulgaire du Câsse^
VOIX en Amérique.. Voyez ce mot. (S*)
CASSE AROMATIQUE. C'est le nom que les ancléna-
donnoient à la Cannei^le. (h.)
CASSE EN BOIS. C'est le Lav rier - casse. Voyez ai»
asot: Laurier. (B.)
C ASSE^LUNETTE. C'est le Bjuvet. On a donné ce noar
4^)S C A 3 ^ ^
a cette planta^ parce qu'on a cru et qu on croît encoio, dont
les caœpagoea> qu'elle est spécifique conti-e la foiUease de*
yeux. Voy^z au mot Bi^uxt el au mot Ckmtaurks , dont
elle est uue espèce. (B.)
ÇASS£-MOTT£ , nom vulgaire du Mottsux. Voyez ce
mot. (ViEiLL.)
CASSE-NOISETTE {Pipra manacus La(h.| jpl. enlun.»
A^ 3o2 et 3oJ^ fig. \ deT^iW. naturelle de BuÂn. Ordre ,
Passsrsavx ; genre « Manaiun. Vnyez ces deux mots.).
Comme le cri de cet oiseau imite exactement le l^ruiL que fait
le petit outil qui sert à casser les noix , on lui en a donné le
l[ioni. Ce manahin se trouve à La Guiane dans les lisières dea
grands bois^ se tient plus ordinairement à terre, se pose quelr.
qnefoia sur les ^rancnes les plus basses « vit en petite famille ^
mais ne se mêle paa avec les autre» manakins ; il est trèa-vif ^
très-2(gile| et sautille continuellement f se nourrit dlnsecles,
at fait souvent la chasse aux fourmis. Il a le bec , le dessus de
la lête , le dos , les ailes et la queue noirs ; le reste du cov]ia
Uanc y les pieda jaunes ; longueur , quatre poueet troia
lignes. (ViEfX«L.)
CASSE-NOISETTE , CASS£;NCUX » noma yulgpùi^ que
porte la Sittellb en Normandie. Voyez ce mot. (VueiLii.)
CASSE-NOIX ( CorvuB caryoeatexiee Lath. , pi. enlum» ^
A^. 5o de VMùi, natn de BuJJbn, Ordre, Pi^s ; genre, CoA->
SRAV. Voyez ces deux mois. ). Cet oiseau , peu défiant e%
peu rasé, habite de préférence les haute» monlagnea. L'on
prétend qu'il est plus babillard ^ue la pié; qu'ainsi il vit,
au besoin, de tontes sortes de proie, et cache ce qull n*a pu
consommer ; mais sa nourriture habituelle sont les noisetlea
qu'il casse ou perce, lesgjanda, lea baies sauvages, le» pignonc
qu'il épluche assea adroitement , et même les inaecteK Lee
paya montagneux étant ceux oà le caese-noix se pkJt » on le
trouve communément en Auvergne , en Savoie, en Lorraine^
en Suisse , dana le Bevgamasqne , en Autriche , sur les monta»
gnes couvertes de sapins, mais très-raremeni en Angleterre ;
enfin cette espèce étend ses courses jusqu'en Russie , en Si*
bérie y au Kamtaohatkey et même dana le nord de l'Amérique,
selon Latliam.
Quoique les caeee-^noix ne soient point dea oiseaux de pas-»
sage , ils sont quelquefoia erratiques. Dan» certaines années ^
ils fe réupiisent en troupiss très-nombreuses , quittent leurs
montagnes , se répandent âmn lea plaines ', et tonjouni de
préférence dans les lieux od ib trouvent dea sapins. Leur
passage ou leur voyage se fait en automne ; ils mettent orài^
nairement entira chaque paasage ua intervalle de six à neuf
CAS- 407
années^ A cette époque , ili sont qiielqùefoù fellelAéitt afimbli^
par le défaut de nourriture ^ qu'ils se laissent approcher e^
iuer à coups de bâtou, et même prendre à la main, il en est
ainsi des See-^croiséê , dans leur émigration > s'ils se tronvent
dans un pays où il y a peu de .napins. Ces voyages sont sou-«^
▼ent occasionnés par une disette de nourriture dans leur
pays natal. 11 suffit alors de leur présenter des appâts , et 9b
donneront en foule dans tous les piégea qu'on leur tendra '..
l'on prétend qu'ils causent un grand préjudice aux forêts , en
perçant les gros arbres à la manière deëpiea; ce qui leur occ*-
pionne une guerre continuelle de la part des propriétaires; et
c'est une des raisons qui les empêche de se perpétuer dahs ces*^
bous pays , et les force à se réfug^ter dans les foréis eacârpéeé.. ^
Ces oiseaux ayant les pennes de la queue usées peu* le bout ,
l'on suppose qu'il» grimpent comme les pioft ; slls n'ont pas.
cette habitude , il paroit certain que , comme eux , ils tiichent
dans des trous d'arbres. Leur cri jTessemble à celui de lajpre. Oh-
peut les élever lorsqu'ib sont pris jeunes ; mais pku âgés, Sii
refirent toute espèce de nourriture, et meurent bienièt. La
ponte est de cinq ou six œufs 9 d*une couleur jaunâtre , e%
parsemés de petites tacbie noirâtrés*^
Klein dislingue deux variétés dans l'espèee du Cft^se-itoit ;:
Tmte plutf petite , dont le bec est plus menu , plus aiToitdi ,
et dont les mandibfdes sont in^gales^^ la supérieure étant pliàV
longue que l'inftrieare ; de pluis elle a la langue^ divisée pro^
ibndément , trè»-contter et coïnihè perdue dans ler gosier ;.
Tautre a le bec anguleux et fopC , hi langtie k>ngue et feu^hue
cootme drvertfes espèces de /x^ 9 > son plumage eéi thoucheié ;
e'esl sans doute l'espèce k pli«s eoYtimnne. MuHét fait ifteir-
tien d'une tn^sième qui est rotisëé.
Le cmsse-tïoiix a un pTuYnâge rémài*qrtiftbïe' pai^ àeé môucfiè—
inres blanches et triangufeires , fépandues sur un tond brun.
qtii est la ôOT^eur dominailte dé tout son corps. Ces mouche^
tures sont plus petites sur lai partie supérieui^ , et plus làrgéa
twt lA pottrtriie'; marivràn n'eri voit au'cuft vestige sur le som—
met de la tête ; les ailes et la' queue sont d'un noir brillant , et
le blanc borde qu^elques peùrles alaires vers leur extrémité ;.-
ptenà 1h ferme d'une très-petite tache blanche vers la poinle-
de six à sept autres , et termine celles de la queue. L'iris est noî*
ietle ; le bec et les pieds sont noirs ; les narines rondes , et cou^
vertes par de petites plumes blanchâtres , étroites , fiexibles et
dirigées en avant. Grosseur un peu inférieure à celle de là
piê; longiTetkr , près de tj^izé pouces. (ViiiiiL.)
CASSE-NOIX^ CASSÊ-NOYAUX^ CASSE-
4Q» , " . ^ ^ ^ .
KOCNON , dénominatidhs vulgaires da Gros -bec en
Champagne.- Voyez ce mot. (S.)
CASSENOLÉSw C'est le nom vulgaire de la Noix de sa^e
de France , de celle qui se développe sur les feuilles du chêne.
Voyez au mot Chànb et au mot Cinips. (B.)
CASS£-PI£RR£ , nom vulgaire donné à 1* Saxifragk.
Voyez ce mot. (B.)
CASSE - TÊTE , instrument de guerre des nations san->
yages, fait ordinairement de quelques pierres dures et tenace»,
telles que les coméennes , les traps , tes basaltes , les serpen-
.lines dures , les jade's , &c. (Pat.)
CASSICAN ( Coracioê tforia Lath. , pi. enl. n* 6s8 do
YHiët. nat. dé Bpffm , ordre , Pus ; genre , Roli^ier. Voyez
«ces deux mois. ). (Jet oiseau j dont on ignore le pays natal » a
le corpft mince et alongé; treize pouces environ de longueur ;
Je bec bleuâtre ; la tète^ le cou , le haut de la poitnne , le dos ,
les grandes pennes des ailes y la queueetles pieds noirs; lecrou-^^
pion , les couvertures supérieures de la queue , le dessous du
corps > les moyennes pennes alaires et le bout des caudales
blancs. (Viëill.)
CASSIDE^ genre d'insectes de la troisième section de
Tordre des Coléoptères.
Les caesides , vulgairement nommées tortue» y scarabée»^
tortues 9 sont des insectes plats en dessous , convexes en des-
sus ^ dont le contour du corps est presque circulaire , souvent
ovale^et quelquefois approcnant de la figure triangulaire ;ce-
pendant leur corps ^ proprement dit, est alongé, et beaucoup
plus petit et plus étroit qu'il neparott; lecorcelet et lesélytres,
dans lesquels il est comme encadré, le débordent considéra*
blement par les côtés , et ont fait donner au genre le nom de
Cassioa , qui signifie casque; elles ont les antennes presque
filiformes , à peine plus grosses vers l'extrémité , et tres-rap«
)>rochéc5 à leur base ; la bouche composée de deux lèvres >
de deux mandibules larges , tranchantes^ tridentées, de deux
mâchoires simples , et de quatre antennules pi^esque fili-
formes ; quatre articles aux tarses.
Les cassides sont très- aisées i reconnoilre ; elles difierent
des boucliers et des coccinelles par les tarses ; des érotyles , par
le corcelet et les élvtres , et par les antennes. Elles vivent sur
les plantes dont elles font leur nourriture , el rarement les
voit-on courir , plus rai*ement encore font -elles usage de
leurs ailes. Elles composent un genre bien digne d'attirer lea
regards des amateurs. La plupart des espèces sont enrichies
de belles rouleura dorées ou argentées , qui disparoi&sont, it
est vrai, lorsque Finsecle est mort el conservé dans les cabi^
CAS , 4og^'
nets , mais que l'on pent faire reparoilre par le moyen de leaa
chaude, dans laquelle on met ramollir la casaide pendant en-
viron un quart-d'heure. A côté de l'insecte parfait , sur le»
mêmes plantes , on trouve souvent la larve , qui mérite do,
fixer l'attention des Naturalistes.
Les. larves des cassides ont le corps mou , large , court ,
àpplati , bordé sur les cotés d'appendices branchues et épi-
neuses , avec six patles écailleuses ; la tête petite et écailleusej^
garnie de dents , avec trois petits tubercules et quatre pointi^
noirs de chaque côté. ,
. Ce qui doit sur-tout nous aiTêter, c'est la forme singulière
de la queue , qui se recourbe en dessus du corps , se termina
en une espèce de fourche , et qui est environ de la longueur,
de là moitié du corps ; les deux branches ou foui*chons dont
elle est composée sont en filets coniques , qui se terminent en,
Î>ointe assez fine ; elles ont des espèces d'épines courtes depuis
eur origine jusqu'à une certaine distance de leur étendue ^
mais seulement du côté extérieur ; entre les deux fourchons.
â l'extrémité d'un mamelon plus ou moins recourbé et èlevS
au gré de l'insecte , on voit lanus , qui a la formé d'un tuyau
cylindrique , et qui est placé de manière que les excrémena
qui en sortent glissent sur la fourche inclinée et disposée
pour les recevoir ; quand il s'eii aknoncèle trop, près de l'ori-
gine de ces petits fourchons , le mamelon où est l'anus peut
les poussek* et les faire aller plus loin ; peut-être que les an*'
neaux et les épines qui les bordent aident encore à faire aller
les excrémens plus avant ; peu à peu ils s^accumulenl , se
collent les uns contre les autres , et alors poussés insensible-
ment par-delà les pointes des fourchons , ils forment une
masse ou un toit capable de couvrir tout l'insecte. Tels sont'
les moyens, aussi simples que dignes de remarque , ménagé»
r la nature pom* mettre le corps mou de ces larves à l'abri
es impi^essions qui pourroient leur nuire : le plus souvent ce»
toit est immédiatement au-dessus du corps ; il le touche sana
le charger ; quelquefois il est presque perpendiculaire au plan,
du corps ; souvent il est placé un peu au-dessus et presque
parallèle ; toutes les dili'érentes positions de cette espèce de
parasol sont variées , comme le sont celles de la queue four-
chue qui le soutient : celte ouverture, quoiqu'assez bien ci-,
mentée par elle-même , est encore fortifiée par la dépouille
de l'insecte , qui lui sert quelquefois de base.
Avant de se métamorphoser , la larve doit changer plu-
sieurs fois de peau ; la dépouille qu'elle abandonne est incom-
plète , les fourchons même doivent se dépouiller , et c'est ce
qu'il y a de plus long , et peut - être de plus difficile dans
dci
♦la CAS
fbute ropéntlion dn dépouillefment. CTest 8ar h (eoîDe ménm
où cette larve a véca qu'elle doit sabir ga métamorphose ^ 8an$
former ni coques ni enveloppe d aucune espèce ; pour s'y
préparer elle cesse de tenir la queue élevée , elle la porte alori^
étendue en arrière et dans une même ligne avec le corps.
Far le frottement contre la feailleelle quitte avec la peau leâ
fourchons , et fait tomber cette couverture dont elle ne doit
plus avoir besoin. Elle se fise ensuite contre la f^orlle par leà
deux anneaux àtx corps qui suivent celui û& est attadiée la
dernière paife de panes ; ainsi fi:;ée elle reste tuinqniile pen-
dant deux ou trois jours , et quitte ensuite sa peau , pour pa-^
i^oitre sous la forme de nrympbe , qui doit rester engagée par
I9 derrière dans la peaa y alors réduite en pelotons , seul sou»
tien qu'dle puisse avioir , et qu'dle doit aassi conserver. La
nymphe a aussi une queue fourchue ; mais les filets sont plus
déliés et moina longs qœ ceux de la larve » et ils n'ont ni
poils ni épines.
Celte nymphe , moins longue que Ta larve ^ est de figure
évale et applatie ; elle a un ample coix^elet , à-peu-^prà de
forme senti -lunaire 9 dont le contour est bordé d'un rang
d'épiAes courtes et simples^ ou sans poils ; le ventre est borde
des deux cotés, d'appendices ou de lames plates , en forme de
feuilles , pointues au bout , garnies d'épines ou d'espèces de
poiLi ; de chaque côté du dos on voit quatre petits tuyaux ,
qui sont les stigmates. En regardant la nymphe en dessous ,
on y apt^erçoit presque toutes les parties de l'insecte parfait ,
qui sort au bout de quinze jours , par la rupture faite à là
paitie antérieure de la peau de dessus.
Lf'insecte parfait dépose sur les feuilles se» ofeuft , qui sont
rangés les uns auprès des autres , et forn^nt des plaques sou->
renl couverte» d'excrémens. (O.)
CASSiDtJLË, CaBsidultts^ genre fait par Lamarck avt
dépeuH des Oursins de Linnseus. Ses caractères sont d'avoir
une coquille irrégulière, elliptique , ou su bcordiforme, garnie
de très*-petites épines et de plusieurs rangées de pores, qui
forment en dessus de» ambulacres bornés disposés en éloue;
W boncbe subcentrsde , et l'anus au-dessus du bord.
Ce genre est composé d'un petit nombi'e d'espèces, doni
une seule n'est pas fossile ; c'est la Cassidule dks Îles Ca-
raïbes, figurée dans V Encyclopédie , partie des Fers , pi. 143 ,
n°* 8,9, 1 o ; et dans la partie des F^ers du Buffbn , édition d#
DétenriBe, pi. i4,n** i et z. Voy, au motO^ïtsiN. (B.)
CASSIS. C'est le robinia pseudo acacia Linn. Voy. au mol
ACAC1£ BE9 JABDINI2RS et aU mOt ftOBiNIE. (B.)
C A » 4ii^
C ASSIER« V«yn an mot Casss. ( B.)
CASSrNE; Caséine, gpnre de plantes Je la peniandri^
Irigynîe , et de le famille de» RHAMNOÏoxë « dont le caractère
est d'avoir un calice petit, perastant, à cinq diriaûmA; «m^
coitAle divisée )«8cpi'à sa base en cinq parties kacéolées; cinc|
^tamin^ ; tm ovaire sapérieur ovafe conique > chaîné de troîa
stigmale» outerts^ Le fruit est une baie arrondie ou obluaé*
ment trigoae , trilocukire > qui contient trois semences.
Vojtê» pi. i3o des lUuêtration» de Lamarek f où ce gOAro
est figure.
Le nombie deseM>èces de emnimêê a beaucoup varié , parce
qu'on leur a véuni des CBLASTRJBe et des Houx » genreaaveo
qui eUes ont beaucoup de rapports. La plua importante dei
erreurs commises à leur n^, est celle qui a rapport à Vapor*
lachine, ou la cassine ^ qui a do&né son nom ait genr^, et
qui fait réellement partie des houx. C'est un arbuste des par«
ties méridioBales de l'Amérique septentrionale, dont les sau*
vageS faisoient , par mfusîon , une liqueur enivrante , et que
les babitans actuels de la Caroline emploient encore en formft
de tbé ; c'est le ihé des jUpaiufihee, ( Voyez au mol Houx. )
Le genre caeaine reste composé dans \Vildenow, mi parolt
en avoir le mieux débrouSie ]es espèces, seulement oe quatre
plantes , toutes du Cap de Bonne-Espérance. Ce sont dea
arbrisseaux & feuilles opposées ou alternes , et à fleuir» axil>«
laires 9 que l'on cullive clans lea jardins de botanique > moîa
qui y ont touîonm une apparei^ce souffrante. La plus com^
mune est celle qui porte wirlicttlierement le nom de CjiisaiMa
i>u Cap » et dont les feuiliea sont ovales , rétuse» et créneléeek
Une autre a'apprile, en françaia, \d petit oeriswr des Hoêdentote^
t'est la Ca8»ine a FseiLi^as concavbs de Lamarek, dontlea
caraclèi*es sont d'avoir les feuiHeaalfernes, presque pétioléeSf
ovale» > arrondies » très^eniière», et concavee en dessua.'
On appelle aussi de ce nom le Hoc/x gaas^n , et la Viobkk
LUISANTE ,q»'on emploie en Amériqneen guise doTaé. V<yet
c'es rabffl. ( B.)
CASSiPOURIER , LêgTfotie, arbre de moyenne grandetn^
dont le» feuilles sont (^posées, ovales , pointue» , glabres ; ka
fleurs fleasilea, asdUatres, blanehe»| et rassemblées enire demi
bractée» stipidair»» et opposée».
Ses fleurs s<mt composée» d^'nn calice monorJiyHe k q«âtr^
à cinq dents ; de cini| pétale! plus grand» que le calice , fifie^
ment laciniés- et frangé», et attaché» au fiônd du calice pav
un onglet étroit ; de dix-buit étamines ; d'un ovaire supéneni*,
b^èfr^tat , surmonté d'un style long et ^'elu , termine par ma
atigmale obtus* Le frutt est une capiile i troî» lo^s»
4ift CAS
Cet arbre cix>it à Ift Guiane , dans Ub beax aqnatiquer..
Voyez lUtuttratisns dès Genre», pi. 406.
S^v^arUs a depuis peu augmenlé ce genre d'une espèce^ V^*^
# trouvée à la Jamaïque. Voyez son PnooROMEr (fi.)
LE GASSIQUË D£ LA LOUISIANE ( Oriolua ieucoce^
phaiua Lath. pi. eni. n^646 de Vliiei. natwr. de Buffon,).
Cet oiseau est une variété accidentelle de Ut pie de la Jamaïque ,
de fiufibn ( gracula quUcala Lath. ). Le blanc se mêlant ai»
noir à reflels violets et verts, qui couvre totalement 4e quiscaie,
ou le remplaçant sur diverses parties du corps ^ f<H*me le flih»
mage de cet oiseau ; si ce mélange a lieu sur un jeune ou une
femelle , un brun noirâtre remplace le noir; enfin ^ la distn*
bution de la teinte blanclie n'étant plus la même sur d'antrer
individus^ il en est résulté de nouvelles variétés, décrites dany
divers ornithologistes comme telles , ou comme espèces. Fbj-,
QuiflCALB.
Le Cassiqve jaune i>u BREsifi. F'ojsz Y avov^
Le Cassiqub Hurri ( Oriolan crUiatus Lath. pi. enl. n? 844
de VHisL naL de Buffon, Passereaux , espèce du genre
Loriot. Voye% ces deux mots. ). Ce cassique porte , à Cayenue ,
le nom de aU-jaune dee -peUétuviere, parce qu'il en mange
les fruits; il vit aussi d'inéecles. Sa chair exhale une odeur
insupportable de castareun^ , quelles que soient les substance»
dont il se nourrit. ( Edition de Sonnini de YHisi. juU. df
Bt^on, ) Sa longueur est d'environ dix-huift pouces ; il a sur
le sommet de la tête quelques plumes plus longue» que le»
autre» , qu'il redresse à volonté ;le noir couvi^ toute la partie
antérieure de son corps , et le marron la partie postérieure^
à l'exception des deux pennes interraéduiires de la queue ^
qui sont noires, et ks autres qui sont jaunes; le bec est do
cette dernicire couleur; Tiris est d'un bleu céleste.
La femelle ne difiere que par des teintes moins décidées..
Cette espèce se tix>uve aussi au Brésil.
Le Camsique rouge du Brésil. V'oye% Jupuba.
Le CASiUQi'K vkrt ( Oriolae crietatus Var. Lath. pi. enL
n* 3s8 de VHisL nat. de Buffon. ). Le nom que donnent le»
habitans de Cayennc a cette espèce, est celui de gros cul'jaune;^
quoiqu'elle fréquente les* cantons humides, elle ne ae tient
as, comme le cassique huppé ^ au bord des eaux, mais sur
es arbres fort élevés. La chair de cet oiseau n'a point l'odeur
de casiwéum , et eUe est bonne à manger. La grosseur de ce
cassique est celle de la corbine ; il a sur le sommet de la télé
deux plumes, longues de deux à trois pouces, et olivâtres;
aon bec rouge est fort large à la base, et forme sur le fron^
une protubérance qui se prolonge jusqu'au tiors du sommet
i
\
CAS 4i3
de la tête; toutela partie antérieui^e, dessus et dessous le corps^
el les couvertures des ailes sont vertes; la partie postérieure est
de couleur marron ; les pennes des ailes sont noires; celles dé
la queue en partie de cette teinte et en pailie jaunes; lespieda
noirs; longueur^ quatorze pouces environ. (Yieill.)
CASSIS, nom vulgaire du Gros£ILJli£a a fauits noirs.
Voyez au mot GAOsEiiiiaER. ( £.)
CASSITËy Cassila, genre de plantes de lennéandrie mo-
nogynie , dont les caractères sont d'avoir un calice mono-
pfaylle, persistant > et à six divisions ovaJes-poiiitues, dont trois
sur un rang inférieur , sont pétaUformes ; neuf étamines ayant
leurs filamens comprimés et insérés sur plusit^urs rangs, et
leurs anthères fixées au-Klessous dé leur sommet ; neuf corpa
glanduleux et jaunâtres , dont six sont attachés à la base des
trois étamines intérieures, et les trois autres alternes avec les
mêmes étamines;. un ovaire supérieur, ovale, chargé d'un
style épais, dont le stigmate est légèrement trifide.
Le fruit est une baie globuleuse , monosperme , couronnée
par le calice, dont la base s'est accrue , épaissie et a formé une
enveloppe, charnue qui renferme la semence.
Foyez pi. 3â3 des Illustrations de Lamarck.
Ce genre , qui est le même que ceux appelés VotulslIi a par
Forskal , et Calodion par Loureii'o { Voyez ces mots. ) , ren«
ferme deux espèces , qui sont des plantes parasites fort sem-»
blables à la cuscute , presque dépourvues de feuîUes , et qui
croissent sur les arbres de l'Inde. L'une s'appelle la Cassits
FILIFORME, parce que sa tige est mince; l'autre la Cassits
coRNicuiiEE, parce que 9i&s rameaux sont gros et épineux.
Gsrtner a fait son genre Rhifsalis avec la Cassitb poi<y-
SPERME d'Aiton. Voyez ces mots. (B.)
CASSONADE , nom qu'on donne communément au sucra
en poudre , parce que le premier qui fut apporté dans cet état
en Europe, par les Portugais du Brésil, étoit livré dans des
caisses appelées casses, ( D.)
CASSOWARE. Voyez Casoar. (S.)
CASSUMUNl AR / ou CASMINAR, Rysagon. C'est,
une racine que les Anglais nous apportent des Indes orien-
tales, dont ils vanten* beaucoup les propriétés. Elle est tubé-
reuse, articulée , grisàire au-dei-ors , jaunâtre en dedans , d'na
goût un peu acre, amer, aromatique, et d'une odeur agréable.
£ile affermit les nerfs , fortifie l'estomac , et sert , dit-on , de
correctif au quinquina. Elle appartient à une espèce d'AM-
MOME, mais on ignore à laquelle. Au reste, elle est extrême-
ment i-ai-e en Europe, Ce n'est guèi-e qu'à Londres qu'on peut
«e la procurer. Voy^ aux moti Ammome et Qi^oembre. (D«} ,
^r* CAS
CASSURE. C'est un cai*actère extérieur des minéraux ,
qui peut aider à un certain point à les faire connoître; mais
comcne on ne distingue que cinq espèces de cas&ures, et qu'il
existe plus de trois cents espèces de minéraux , ce caractèra
ne peut pas élre d'un très-^grand sec<!fU!*8, d'autant plus qu'il
arrive fréquemment que divers échantillons du même minéral
pt^utent plusieurs sortes de cassures, suivant les circon^
tances qui ont présidé à leur agré^tion. La cassure peut
néanmoins donner quelqu'idée du tissu ou contexture inté-
rieure d'un minéral. Les difKrentes espèces de cassures sont:
1^. La cassure compacte ; c'est celle qui présente une sur-
face non*interrompue. On la sous-divise en écaiUeuee , unie,
tùTtchoide, inégaie ou grenue, terreuse et crochue; cetle der-
nière est propre aux ligules métalliques.
* %\ La cassure fibreuse. On y distingue lea fibres en grosses ,
minces ou capillaires , droites ou courbes, parallèles , diuer^
gentes on entrelacées.
3^. La cassure rayonnée, c*e8t-4-dire à fibres applaties^ plus
Iiirges par une extrémité que par l'autre. On désigne ces
rayons par les mêmes épitbetes que les fibres.
4^. La cassure iameÛeuse ; elle présente des surfaces lisses ,
et n'appartient qu'à des substances criiilallisées, au moins con-
flisément. Les lames sont ou grandes , ou petites et écaiileuses ,
ou très-petites et grenues ; eDes sont ou planes ou courbes , et
celles-ci sont ou sphériques , ou ondulées , ou flori formes ,
c'est-à-dire convergentes en un seul point , comme les pétales
d'une fleur , ou indéterminées. Le clivage des lames est ou
simple , ou double , ou triple , &c.
5^. La Cassure sdiisteuse : elle diffère de la cassure lamel'
ieuse , en ce que les feuillets qu'elle présente sont plus épais
que les lames , et ne peuvent se sous-diviser ; les feuillets sont
ou plant , ou courbes , ou ondulés. Cette cassure est propre
lur-tout aux ix>ches feuilletées. ( Brochant, tom. i. p. 109. )
(Pat.)
CASTAGNEUX IPodiceps mino*, Lath. , pL enL n^ijoS
de VHist, nat. de Buffbn. Oi'dre^ PinÀatip£D£s ; genre du
GaéBE, Voyez ces deux mots. j« Ce grèbe, un des plus petits
des oiseaux navigateurs , se rapproche du pétrel par le auvet
qtii le couvre au lien de plumes, et tire son nom de ctMsta^
Steux^ du brun chÀtain qu'il a sur le dos. Il est privé de la
culte de se tenir et de marcher sur la terre ; la disposition
de ses pieds, traînans et jetés en arrière , ne lui permet que
de nager. Il plonge avec beaucoup de facilité, et s'envole
«ffflBciiement ; mais, une fois élevé , son vol est asses soutenu.
Cbue espèce est répciiduit dauj» toutes les parties Je l'Europe ,
CAS 4i5
e1 se tronve aussi dans le nord de TAmérique. Elle préfère
habiter les rivières pendant Thiver^ époque où elle est fort
grasse.; mais on la voit aussi sur la mer, où elle vil de petits
poissons, ainsi que dans les eaux douces. Elle place son nicl
au milieu des joncs el des roseaux, de manière qu'il porte sur
la surface de l'eau.
. Ijongoeur , neuf pouces ; grosseur d'un petit paulei; beo
brun en dessus, et rougeàtre en dessous ; iris noisette ; dessua
de la tête et du corps d'un brun brillant» tirant sur le fauve ;
bas du croupion blanc ; oôtés ide la tête et du oou d'un grit
&uve ; gorge d'un blanc un peu fauve; poitrine et ventra
d'un blanc argenté ( dans cjuelques individu», le devant du
corps est gris et le dos noirâtre); flancs mélan^ de gris ,
de fauve et de brun ; couvertures et pennes des ailes brunes^;
quelques-unes des pennes sont blanches à leur origine du
côté intérieur ; deux petits pinceaux de dnvét , qui aiortenl
chacun d'un tubercule « et qui sont placés au-dessus du
croupion , tiennent lieu de queue ; les pieds sont verdâtres ,
et tiennent au derrière du corps par une membrane qui dé-
borde lorsque les jambes s'étendent, et qui est attachée fort
près de l'articulation du tarse ; lea membiiinas des doigts sont
d'un brun rougeàtre.
Le Castagnsux a bbo cercle (Podicepê CaroUnensiM
Lath. ). Ce casia^neux , que l'on trouve dans le nord d«
l'Amérique, depuis le Canada jusqu'à la Caroline, a les mêmes
habitudes que celui d'Europe. 11 a un peu jAus de grosseur et
un peu plus de longueur; mais ce qui le distingue plus par-
ticulîèrement , c'est un cercle noir qui entoure le bec. IjO
hrun domine sur la tète, le dessus du corps, les couverture»
et les pennes des ailes; il est foncé sur les premières parties ,
et plus clair sur les autres, sur les côtés de la tète, la parti*
inférieure du cou et la poitrine ; la gorge est noire ; le ventra
et les parties subséquentes sont d'un blanc sale ; les yeux sont
entourés d'un cercle blanc; le bec, brun à sa base, est oli-
vâtre sur le reste de sa longueur; les pieds sont gris. La f<^
melle ne dillere qu'en ce que son bec it'est point cerclé.
Le Castaoneux des îles Hébrides {Podiceps Hwbredicus
Lath. ). Taille un peu au-dessus de celle du castagneux ;
menton noir; devant du cou ferrugineux; derrière du cou
mélangé de biom ; ventre varié de cendré et de gris argenté»
Cet oiseau se trouve dans l'ile Tircé , l'une des Hébrides.
Le Castaoneux des Phiuu^pinbs ( Podiceps minor Far.
Lath. , pi. enl. n^ 94Ô de VHisi. naL de Bujfbn. ). Cet oiseau ^
un peu plus grand que le Castaumbux. n'KunorB ( Voye^ et)
4i6 CAS
mol.), n'en diffère que par deux grands traits de couleur
rousse qui couvrent les joues et les côlés du cou^ et par une
teinte pourprée sur son manteau.
Lie Ca5ta6N£UX de Saint-Domingue ( Podiceps domi-
hzcus Laih. ). Ce grèbe est moins gros que le nôtre , et n'a que
sept pouces dix lignes de longueur. Le dessus du corps est
noirâtre ; le dessous d'un grû» blanc argenté , parsemé de
petites taches brunes ( sur quelques individus » toutes les par->
ties inférieures sont brunes ; sur d'autres , le ventre beul est
blanc ) ; les sept premièi^es pennes des ailes sont d'un gris
blanc à leur origine , et d'un gris brun vers leur extrémité ;
les qualité suivantes entièrement d'un cendré blanchâtre; bec
noir, et pieds bruns.
Cette espèce se trouve aussi à la Jamaïque et à la Guiane.
(VlEILI..)
CASTAGNOLE. nom spécifique d'un poisson du genre
des SpARiis , qui habite TOcéan. FoyeMikU motSPARB. (J3.)
G ASTAR , ou CAJbTAAR , nom persan de I'HyIns.
Voyez ce mot (S.)
CASTÉLIE, Gstffe/àx 9 plante annuelle à tige tétragone,
glabre ; à feuilles opposées , pétiolées , ovales y cunéiformes ^
les supérieures dentées, les inférieures crénelées; à fleurs
rougealres y disposées en grappes terminales , accompagnées
de bractées lancéolées et sessiles , laquelle forme un genre
dans la didynamie gymnospermie.
Ce genre y qui est figuré pi. Ô8^ des Icônes de Cavanilles,
offre pour caractère un calice tubuleux , persistant , à cinq
sillons et à cinq dents; une corolle monopétaie» bilabiée, a
tube courbé, plus long que le calice , à lèvre supérieure re-
levée et bifide^ à lèvre inférieure trifide, et à lobes obtus;
quatre étamines, dont deux plus courtes; un ovaire supérieur
ovale, surmonté d'un style courbé k son sommet, et terminé
par un stigmate transversalement ovale.
Le fruit est composé de deux noix renfermées au fond du
calice qui s'est accru; chacune de ces noix est biloculaire,
et formée de deux enveloppes , dont l'intérieure est très-
mince et ruusse. Une seule semence oblongue et cylindrique
•e trouve dans chaque loge.
La casUlie croît au Brésil. (B.)
CASTIGLIGNE, Casiiglionia, arbrisseau du Pérou qui
forme un genre dans la polygamie monoécie , et qui présente
pour caractère un calice persistant de cinq folioles oblougues ,
dont les trois extérieui'es sont plus grandes ; cinq pétales
oblongs, velus en dedans; cinq écailles entourant le germe ;
dix étamines : un ovaire supérieur^ trigone^ i s^le divisé en
B.ia.
C A vS 4,>y
trou parties et à trois stigmalos hiûtlcs ; une capsnle trigone
k alx. silloas^ à trois loges et à trois valves^ renfermant une
seule semeace. ^
Les Qeurs mâles sont dans les mêmes grappes que les fleurs
femelles y et n'en diilerent que par l'uvortemoat de l'ovaire.
Ces caractères sont figurés pi. ij du Gênera de la Flore d»
Pérou. {B,)
CASTUaLiÈJE , Caetiiieja , genre de plantes de la didy^
namie angiospermie et de la famille des Rjiinanthoïdes ^
dont le caractère est d'avoir un calice lùonophylle, tubuleux
et coloré; une corolle monopétale ^ labiée^ ayant sa lèvre
supérieure plus longue, canaliculée, soutenue par le calice ,.
et rinférûsure fbrm^ par deux très-petites glandes tubùleuses
et trifides; quatre étamines^ dont deux plus grandes, et
toutes à deux anthères; un ovaire supérieur, oblong, chargé
d'un style filiforme , dont le stigmate est obtus.
Le fruit est une capsule ovale -oblon^e^ et à cloisons
opposées aux faces applaties, £lle conUent des semences
nombreuses et très-applaties. '
Koyez Lamarck , Illuetradons , pi. 5 1 g.
Ce genre renferme deux espèces , que Smiih a de nouveau
décrites et figurées dans ses leoms, et qui viennent de l'Amé^^
rique méridionale. L'une est la CA»TiJLLii£ a FEUii^iiEs dI'>-
visÉBs, et l'autre la Castillkje a feuilles entières. Ce
9onl dés plantes légèrement frutescentes, dont les feuilles sont
akernes . et les fleurs en épi terminal. (J3.)
CASTINE, mot corrompu de l'aHemand kalketein , qui
veut dire pierre calcaire. C'est un mélange de difierentes
terres qu'on ajoute au minerai de fer qu'on jette sur le haut
fourneau pour en faciliter la fonte. On* varie ce mélange sui-
vant la nature du minerai. Quand la terre calcaire y do-
miné, on ajoute- pour caetine de la terre argileuse, qu'on
nomme herbue ; quand, au contraire, le minerai est argi-
leux , la castine est composée de pierre calcaii*e et de cail-
loux quartzeux, suivant les proportions qu'indique l'expé-
rience. (Pat.)
CASTOR ( Castor Fiber. Linn. Foyez tom. 26; pag. gs ,
pi. 5 , fig. I de l'édition de Buffon , par Sonnini. ) , quadru-
pède du genre Castor , de la famille des Rats , et de l'ordre
dbs Rongeurs. ( Voyez ces moti. ) Le castor, cet animal dont
on a' tant parlé, sur lequel les voyageurs et les écrivains ont
débité tant de contes plus ou moins absurdes et merveilleux ,
ïe castor est plutôt remarquable par les singularités de aà
conformation extérieure, que par la supériorité apparente
de ses qualités intérieures. Il est le seul parmi les quaarupèdc*s
IV. DCl
4,8 CAS
qui ait la queue plate ^ ovale et couverte d'écaillés , de laquelle
il fie sert qomme d'un gouvernail pour fie diriger dans Teau ;
le seul qui ait des nageoires aux pieds de derrière^ el en même
iemps les doigts séparés dami ceux de devant , qu'il emploie
comme des mains pour porter à sa bouche ; le seul qui ,
reâsem.blant aux animaux terrestres par les parties antérieures
de son corps, paroisse en même temps tenir des animaux
aquatiques par les parties postérieures. Il fait la nuance des
quadrupèdes aux poissons , comme hi c/iaut^e-êourU fait celle
des quadrupèdes aux oiseaux ; mais ces singularités seroient
plutôt des défauts que des perfections , si l'animal ne savoit
tirer de celle conlormation , qui nous paroSt bixarre , des
avantages uniques, et qui le rendent supérieur à tous les
autres.
Le castor est long de deux k trois pieds ; son pelage fin est
ordinairement d'un gris roux uniforme ; rarement il est d'un
beau blanc ou d'un noir foncé ; sa télé est de forme arrondie ,
comme celle de la plupart des rongeurs ; ses oreilles sont
couries et rondes. Il a cinq doigts à chaque pied ; ceux de
derrière sont réunis par une membrane ; le second doigt a
un ongle double et oolique. Il a vingt dents comme le loir y
savoir, deux longues incisives de couleur jaunâtre au-devant
de chacune des mâchoires, et quatre molaires à couronne
plaie de chaque côté.
Les castors commencent par s'assembler au mois de juin
ou de juillet pour se réunir en société ; ils arrivent en nombre
et de plusieui*s côtés , et forment bientôt une troupe de deux
ou ti'ois cents. Le lieu du rendez-vous est ordinairement le
lieu de l'établissement, et c'est toujours au bord des eaux. Si
ce sont des eaux plates, et qui se soutiennent à la même hau-
teur , comme dans un lac , ils se dispensent d'y construire
une digue; mais dans les eaux courantes, et qui sont sujettet
à hau»ser ou à baisser, comme sur les ruisseaux , les rivièi'es ,
ilfl établisi»ent une chaussée , et par cette retenue , ils forment
ime espèce d'étang ou de pièce d'eau qui se luttent toujours
à la même hauteur; la chaussée traverse la rivière comme
une écluse, et va d'un bord à l'autre : elle a souvent quatre-
vingts ou cent pieds de longueur sur dix ou douze d'épaiiseur
à sa ba^e. Cette construction paroît énorme pour des animaux
de cette taille, et suppose , en eSet, un travail immense; mais
la sohdilé avec laquelle 1 ouvrage est construit étonne encore
plus que sa grandeui*. L'endroit de la rivière où ils éublisaent
cette digue est ordinairement peu profond. S*il se trouve sur
le bord un gros arbre qui puisse tomber dans l'eau, ils com*
siencent par l'abattre pour en faire la pièce principale de
CAS /ji(l
leuF conâlruction. Cet arbre e:>t :»ouyent plus eros que le corps
d'un homme ; ils le scient et le rongent au pied ; et sans autre '
instrument que leurs quatre dents incisives , ils le coupent en
assez peu de temps ^ et le font tomber du côté qu'il leui* plaît,
c'est-ÀHJire^ en travers sur la rivière; ensuite ils coupent les
branches de la cime de cet arbre tombé, pour le mettre de
niveau et le faire.porter par-tout également. Ces opérations
se font en commun : plusieurs castors rongent ensemble le
pied de Tarbre pour l'abattre ; plusieurs aussi vont ensemble
pour en couper les branches lorsqu'il est abattu ; d'autres
parcourent en même temps les bords de la rivière, et coupent
de moindres arbres, les uns gros comme la |ambe, les autres
comme la cuisse ; ib. les dépècent et les scient à une certaine
hauteur pour en faire des pieux; ils amènent ces pièces de
bois, d'abord par terre jusqu'au bord de la rivière, et ensuite
par eau jusquau lieu .de leur construction; ils en font une
espèce de pilotis serré , qu'ils enfoncent encore en entrelaçant
des branches entre les pieux. Cette opération suppose bien
des difficultés vaincues; car, pour dresser ces pieux et les
mettre dans une situation à-peu-près perpendiculaire., il fau(
qu'avec les dents ils élèvent le gros bout contre le bord de Uf.
rivière, ou contre l'arbre qui la traverse ; que d'autres plon-
gent en même temps jusqu'au fond de l'eau pour y creuser,
avec les pieds dé devant, un trou (}ans lequel ils font entrer
la pointe du pieu, afin qu'il puisse se tenir âebout. A. mesure
3ué les uns plantent ainsi les pieux, les autres vont chercher
e la terre , qu'ils gâchent avec leurs pieds et battent avec leur
queue ; ils la portent dans leur gueule et avec leurs pattes de
aevant, et ils en transportent une si .grande quantité^ qu'ils
en remplissent tous les intervalles de leur pilotis. Ce pilotis est
composé de plusieurs rangs de pieux tous égaux en nauteur^
et tous plantes les uns contre les autres; il s'étend d'un bord
à l'autre de la rivière ; il est rempli et maçonné par-tout ; les
pieux sont plantés verticalement du côté de la chute de l'eau ;
tout l'ouvrage est, au contraire, en talus du côté ^ui en sou-
tient la charge ; en sorte que la chaussée qui a dix ou douze
pieds de largeur à la base, se réduit à deux ou trois pieds
d'épaisseur au sommet. Elle a donc non -seulement toute
rétendue, toute la soHdité nécessaire, mais encore la forme
la plus convenable pour retenir l'eau, l'empêcher de passer^
en soutenir le poids, et en rompre les e£Po^. Au haut de la
chaussée , c'est-à-dire , dans la partie où elle a le moins
d'épaisseur , ils pratiquent deux ou trois ouv/Bf turcs en pente,
qui sont autant de décharges de superficie qui s'élargissent
ou se rétrécÎBSeutV^^Pix que la rivière vient à hausser qu k
4iO C A S^
baiser; et lonqae, par des iriondalîons trop grancles bn trop
«ubites» il se fait quelques brècbes à leur digue, ils savent le»
réparer , et traviullent de nouveau dès que les eaux spnt
baissées.
Les castors , après avoir ainsi travaillé ensemble à élever
le grand édifice public , se réunissent par petites tribus , com-
posées de deux y quatre , six, quelquefois dix-hiiit , vingt, et
même, dit-on , jusqu'à trente individus , presque toujours en
nombre pair , autant de femelles que de mâles , et com*
mencent à s'occuper de la construction de leurs habitations^
Ce sont des cabanes, ou plutôt des espèces de maisonnettes,
battes dans Teau sur un pilotis plein , tout près du bord de
leur étang , avec deux issues , Tune pour aller à terre , l'autre
t>our se jeter à l'eau. La forme de cet édifice est presque tou-
jours ovale ou ronde ; il y en a de plus grands et de plus pe-«
lits , depuis quatre à cinq jusqu'à nuit ou dix pieds de dia-*
mètre ; il s'en trouve aussi quelquefois qui ont deux ou trois
étages ; les murailles ont jusqu'à deux pieds d'épaisseur ; eDes
•ont élevées à-ptomb sur Je pilotis plein , qui sert en même
temps de Ibnaement et de plancher à la maison. Lorsqu'elle
n'a qu'un étage , lesr murailles ne s'élèvent droites qu'à quel-
ques pieds de hauteur , tfu-dessns de laquelle dles prennent
la courbui^e d'une voûte en anse de panier , cette voûte ter-
mine l'édifice et lui sert de couvert ; il est maçonné avec so-
Kdilé , et enduit avec propreté en dehors et en dedans ; il est
impénétrable à l'eau des pluieiB, et résiste aux vents les plus
idipétueux ; les parois en sont revêtues d'une espèce de stuc si
bien gâché et si proprement appliqué , qu'il semble que la main
de l'homme y ait passé ; aussi la queue leur sert-elle de truelle
. pour appliquer ce mortier , qu'ils gâchent avec leurs pieds,
ik mettent en œuvre difierentes espèces de matériaux , des
bois^ des pierres et des terres sablonneuses, qui ne sont point
mjeltes à se délayer par l'eau ; les bois qu'ils emploient sont
presque tous légers et tendres, ce sont des aulnes , des pcu->
pUers , des saules , qui naturellement croissent au bord des
eaux , et qui Sont plus faciles à écoiver , à couper , à voitu-
Ter , que df:B arbres dont le bois seroit plus pesant et plus
dur. Lor8<||n'ils attaquent un arbre, ils ne l'abandonnent pas
qu'il ne soit abattu , dépecé , transporté ; ils le coupent tou-
jours à un pied ou à un pied et demi de hauteur de terre ; iU
travaillent assis , et outre l'avantage de celte situation com->
mode, ils ont 1c plaisir de ronger continuellement de Técorce
et du hoir, dont le goût leur esX foi^ agréable , car ils prr«
lei^nt l'écorre fraîche et le bois tendre à la plujpart des ali-
ticens ordinaires; ils en (ont une ani^e provision potxr se
C A « 421
nourrir pendant l'hiver ; ils n'aiment pas le bois flec* C*^%
dansVèau , et près de leurs habitations , qu'ils établissent leui*
magasin ; chaque cabane a le sien 5 proportionné au nombrç
de ses habitans , qui tous y ont un droit commun , et ne vont
jamais j)iller leurs voisins. On a vu des bourgades composées
de vingt ou de vingt -cinq cabanes , contenant en tout dewc
cent cmquante à trois cents castors; ces grands établissemena
sont rares , et cette espèce de république est ordinairement
moins nombreuse , eUe n'est le plus souvent composée que
de cent à cent cinquante de ces anima.ux , partagés en dix à
douze tribus , dont chacune a son quartier , son magasin , soii
habitation séparée ; ils ne souffrent pas que des étrangers
"viennent s'étaolir dans leurs enceintes. Quelque nombreuse
que soit cette.société , la paix s'y maintient sans altération ; le
travail commun a resserré leur union ; les commodités qu'ilf
se sont procurées , Tabondance des vivres qu'ils amasjient et
consomment ensemble » sentent à l'entretenir ; des appétits
modérés , des goûts simples , de l'aversion pour la chair et le
sang , leur ôtent jusqu'à l'idée de i*apine et de guerre ; ils
jouissent de tous les biens que l'homme ne sait que désirer^
Amis entr'eux , s'ils ont quelques ennemis au-dehors , ilf
savent les éviter^ ils s'avertissent en frappaht avec leur queue
un coup sur l'eau , qui retentît au loin clans toutes les voûtes
des habitations; chacun prend son parti , ou de plonger dans
le lac , ou de se receler dans lews murs ^ qui ne craignent
que le feu du ciel ou le fer de l'homme ; cçs asyles sont nonr
seulement très^ûrs , mais encore très-propres et très-comr
modes ; le plancher est jonché de verdure , des rameaux d^
buis et de sapin leur servent de tapis , sur lequel ils ne font
jai ne souffrent jamais aucune ordure ; Jia fenêtre qui re*
garde sur l'eau leur sert de balcon poUr se tenir au frais et
prendre le bain pendant la plus grande partie du jour ; ilp
s'y tiennent debout , la tête et les parties antérieures du
corps élevées, et toutes les parties postérieures ploi^ées dans
l'eau ; cette fenêtre est percée avec précautipn ^ l'ouverture en
est assez élevée pour ne pouvoir jamais être fermée pa^ les
glaces , qui , dans le climat de nos casjtors , ont quelquefois
deux ou trois pieds d'épaisseur ; ils en abaissent alors la ta-
blette , coupent en pente les pieux sur lesquels elle est ap-
puyée, et se font une issue j.usqu'à l'eau sous la glace. Cet élé-
ment liquide leur est si nécessaire, x>u plutôt leur fait tant de
plaisir , qu'ils semblent ne pouvoir s'en passer. Us voat quel-
quefois assez l(»n sous la glace ; c'est alors qu'on les prend
aisément , en attaquant d'un côté la cabane , et les attendant
en même temps a un trou qu'on pratique dans k g^oe k
4)S3 CAS
quelque distance , et on ils sont obligés d*amVer pour respi-
rer. L'habitude au'ilsont de tenir continuellement la queue
et toutes les parties postérieures du corps dans l'eau , paroit
avoir changé la nature de leur chair ; celle des parties an té-'
rieures juqu*aux reins , a la qualité , le goût , la consistance de
la chair des animaux de la terre et de l'air; celle des cuisses
et de la queue a l'odenr ,• la saveur , et toutes les qualités de
celle du poisson ; cette queUe, longue d'un pied , épaisse d'un
pouce, et large de cinq on 'six, est même nnc extrémité , nne
vraie portion de poisson attachée au corps d'un quadrupède ;
elle est entièrement recouverte d'écailles , et d'une peati toute
semblable à celle d'un gros poisson : on peut enlever ces
écaOles en jea raclant au couteau, et lorsqu'elles sont tombées,
1 on voit encore leur empreinte sur la peau , comme dans
tous nos poissons.
' Les castors , après avoir employé les mois de Juillet et d'aoi^ t
là construire leur digne et leurs cabanes , font leur provision
d'écorce et de bois dans le mors de septembre'; ensuite ils
jouissent de leurs travaux , ils goûtent les douceurs du reiws
et les plaisirs de f amour. Chaque couple ne se forme point
«u hasard , ne se joint pas par pure nécessité de la nature ,
inais s'unit par choix et s assortit par goût, lis passent ensemble
l'jRitomnc et l'hiver ; contens l'im de l'autre, ils lie se quittent
l^ère ; à l'aise dans leur domicile ils n'en sortent que pour
faire des promenades agréables et utiles; ils en rapportent des
iécoi*ces fraîches , qu'ils préfèrent à celles qui sont sèches ou
trop imbibées d'eau. Les femelles portent, dit-on, quatre raoL<«;
elles mettent bas sur la fin de l'hiver , et produisent ordinai-
rement deux ou trois petits. Les mâles les quittent à-t>eu-prcs
dans ce temps , ils vont à la campagne jouir des douceurs
et des fruits du printemps , ils reviennent de temp» en temps
à la cabane; mais ils n'y séjournent plus ; les irières y de-
meurent occupées à alaiter , à soigner ^ à élever leurs petits ,
qui sont en état de les suivre au bout de quelques semaines.
Elles vont à leur tour se promener , et passent ainsi Tété sur
les eaux et dans les bois. Ils ne se réunissent qu'en automne ,*
a moins que les inondations n'aient renverse leur digues ou
détniit leurs cabanes , car alors ils se réunisBent de bonne
heure pour en réparer les brèches.
11 y a des lieux qii'ils habitent de préférence, où l'on a vu
qu*Après avoir détruit plusieurs fois leui-s travaux , ils ve-
lioieiit tous les étés pour les récdifier , jusqu'à ce qu*enfin ,
fatigués de cette persérution et alfoiblispur la perle de plu-
sieurs d'entr*eux, ils ont pris le parti de changer de demeure
et de se retirer au loin dans les solitudes les plus profonde. .
CAS 4aS
C'est.prindlpaleiiieiit en hirer que les cbauenrA les cherchent,
^rce que leur fourrure n'eut parfaitement bonne que dan»
cette sauon ; et , loraqu'aprè» avoir ruiné letira étabKsaemens ,
il arrive qu'ik en prennent un grand nombre , la société
trop rédmle ne se rétablit point ; le petit nombre de ceux
qui ont échappé à la* mort ou à la captivité se disperse; ils de-
viennent fuyards ; leur génie , flétri par la crainte , ne s'épa-
nouit plus ; ils s'enfouissent eux et leurs tatens dans un terrier ,
où y rabaissés à la condition de» autres animaux , ils mènent!
une vie timide ^ ne s'occupent plus que des besoins pressans^
n'exercent que leurs facultés individuelles ^ et perdent sans
retour les qualités sociales que nous^ venons d'admirer.
Outre les castors qui sont en société^on rencontre par-ion t
dans le même climat des au tors solitaires^ lesquels rejetés,
.dit-on, de lasociélé par leurs défauts, ne participent à aucun
de ses avantages, n'ont ni maison , ni magasin , et demeurent
comniele blaireau dans un boyau sous terre; l'on a même
appelé ces castors solitaires , castors terriers ; ils habitent
comme les autres assez volontiers au bord des eaux , ou quel-
ques-uns même) creusent une fosse de quelques pieds de pro-
fondeur, pour- former un petit étang qui arrive jusqu'à 1 ou-
verture, de leur terrier, qui s'étend quelquefois à plus décent
pieds en longueur , et va toujours en s'élevant , afin qu'ils
aient la faciÙlé de se retirer en haut , à mesure que l'eau
s'élève dans les yiondations ; mais il s'en trouve aussi, de ces
castors solitaires , qui habitent assez loin des eaux, dans les
terres. Tous nos hihvres d'£uix>pe sont des castors terriers et
solitaires , dont la foiurrure n'est pas à beaucoup près aussi
beUeque celle des ca^/or« qui vivent en société. Tous différent
par la couleur suivant le climat qu'ils habitent; dans les con-
trées du Nord les plus reculées ils sont tout noirs , et ce sont
les plus beaux ; parmi ces castors noirs il s'en trouve qydque-
fois de toui blancs , ou de blancs tachetés de gris et mêlés
de .roux sur le chignon et sur la croupe ; à mesure qu'on
a'éloigne du Nord la couleur s'éclaircit et se mè\e ; ils sont
coulenr de marron dans la partie septentrionale du Canada,
châtains vers la partie méridionale , et jaune ou couleur de
paille chez les Illinois. On trouve des ccutors en Amérique
depuis le 3o® degré de latitude nord jusqu'au 60^ et au-delà.
Us sont très-communs vers le Nord, et toujours en moindre
nombre à mesure qu'on avance vers le Midi. C'est la même
chose dans l'ancien continent ; on n'en trouve en quantité
que dans les contrées les plus septentrionales ; et ils sont ii'ès^
rares en France, en Espagne , en Italie et en Grèce. Lies an-
ciens les connoissoient ; il étoit défendu de les tuer , dan» lu
à
424 CAS
religion des mages; Us'éioient communs «nr les rives du Pont-
Ëuxin ; on a même appelé le castor , canU Ponticus, mai»
apparemment que ces animaux n'étoient pas assez tranquilles
sur les bords de celte mer , qui. en effet sonl fréquentes par
les hommes de temps immémorial , puisqu aucun des anciens
ne parle de leur société ni de leurs ti'avaux.
On peut apprivoiser aisément le castor , et lui appren-
dre à ptk^her du poisson et le rapporter à son maître ; ce-
pendant il paroit inférieur au chien par les qualités relatives
qui pourroient le rapprocher de l'homme ; il ne semble fait
ni pour servir ni pour commander, ni même pour commer- .
cer avec une autre espèce que la sienne : son sens, renfermé
dans lui-même , ne se manifeste en entier qu'avec ses sem-
blables ; seul ^ il a peu d'industrie personnelle , encore moins
de ruses , pas même assez de défiance pour éviter des pièges
grossiers : loin d'attaquer les autres animaux , il ne sait pas
même se bien défendis; il préfère la fuite au combat, quoi^
qu'il morde cruellement et avec acharnement , lorsqu'il se
trouve saisi par la main du chasseur. Si Ton considère donc
cet animal dans l'état de nature , ou plutôt dans son état de
solitude et de dispersion, il ne paroitra pas , pour les qualités
intérieures , au-dessus des autres animaux ; il n a pas plus
d'esprit que le chien , de sens que l'éléphant^ de finesse que
le renard , tac,
La fourrure du castor est plus belle et plus fournie que
celle de la loutre : elle est composée de deux sortes de poils ;
l'un est plus court, mais très-^ouBu, fin comme le davet,
impénétrable à l'eau, revêt immédiatement la peau; l'autre
plus long , plus ferme, plus lustré» mais plus rare, recouvre ce
premier vêtt*ment, lui sert pour ainsi dire de surtout, le dé-
fend des ordures, de la poussière , de la fange ; ce second
.poil n'a que peu de valeur; oe n'est que le premier que l'on
emploie dans nos manufactures. Lies fourrures les plus noires
sont ordinairement les plus fournies , et par conséquent les
Ïlus estimées ; celles des castors terriers sont fort inférieures
celles des castors cabanes. Les castors sont sujets k la mue
pendant l'élé , comme tous les animaux quadrupèdes : ausai
la fourrure de ceux qui ont été pris dans cette saison n'a que
peu de valeur. La fourrure des castors blancs est estimée à
cause de sa rareté, et les parfaitement noirs sont presque
aussi tares que les blancs.
Niais indépendamment de la fourrure , qui est ce que le
castor fournit de plus précieux , il donne encore une matière
dont on a fait im grand usage en médecine , comme étant
anti-sp^smodique, stimulante, résolutive. Cette matière, qne
CAS 428
Ton a appelée rtfAlôT^um^ est contenue dans deux grosses vé-
sicules , que les anciens avoient prises pour les testicules de
i'animftl , mais qui cependant se trouvent dans les deux sexes ;
elle est résineuse, extractive et gélatineuse, d*une odeur et
d'une saveui' forte et désagréable. Les sauvages tirent , dil-on ,
de la queue du castor, taie huile dont ils se servent comme
de topique poilr diifi^rensmaux. La chair du castor a toujours
tin goût amer assez désagréable ; leurs dents sont très-dures
et si tranchantes , qu'elles servent de couteau aux sauvages ,
pour couper, creuser et polir le bois. Ils s'habillent de peaux
de castors , et les portent en hiver , le poil contre la chair :
ce sont ces fourrures imbibées de sueur, que l'on appelle cas*
tors gras , et dont on ne se sert que pour les ouvrages les plus
grossiers.
Les peaux de castors forment une grande branche du com-
merce des Européens dans le nord de l'Amérique septentrio-
nale. On les distingue en trois sortes : les castors gras dont
nous venons de parler, les castors neufs et les castors secs.
Les castors neufs sont les peaux des castors qui ont été tués
pendant l'hiver et avant la mue ; elles sorit très-belles , et
ne sont employées que comme fourrures. Les castors secs
proviennent de la chasse d'été , durant le temps de la mue.
Ces peaux qui ont perdu une partie de leurs poils , ne servent
qu'au feutrage , et sont employées par les chapeliers. On fait
aussi des draps avec le poil de castor , mêlé avec de la laine
de Ségovie; mais ces araps, par leurs qualités, sont in ani-
ment au-dessous des draps ordinaires ; ils ne gardent pas bien
la teinture , et deviennent secs et diu*s comme le feutre. '
Parmi les versions fabuleuses des anciens écrivains et des
voyageurs sur l'histoire du castor , auquel ils prêtent des
idées de police et un code de gouvernement, nous ne citerons
3 ne celle-ci , pour donner une idée de Tabsurdité qui règne
ans toutes les autres : Ils ont prétendu que quand les castors
étoient poursuivis , ils ne manquoient pas de s'arracher les
testicules (c'est-à-dire les poches qui renferment le casto^
reum ) potur satisfaire à la cupidité du chasseur ; et qu'ils se
montroient ainsi mutilés , pour trouver grâce à leurs yeux.
(Desm.)
CASTOR. Aldrovande désigne ainsi le Harle. Fojez ce
mot (S.)
CASTOR. Plante sarmenteuse de Saint-Domingue , qu'on
appelle aussi liane à bouton. On ne sait pas à quel genre
appartient cette plante. (B.)
CASTOR DE MER. Voyez Loutre. (S.)
CASTOR ET POLLUX , noms donnés par Esper à âeu:c
426 CAS
j[)apilIons ^ui appartiennent à la divimon des Satyilss de
M, Fabricuis. (L.)
CASTOR £T i'OLLUX , météore que Ton nomme aiusi
T^v Saint-Ei^me, Foyex ce mot. (S.)
CASTOREUM. Voyez Castoi^ (Dbsm.)
CASI'RATION. L'on désigne communément soua ce
nom ranipuialion d'un ou des deux testicules \ elle n'est exi-
gible que dans les cas de contusions graves^ de carcinomes du
testicule , de sarcocèle ou hydro-sarcocèle , d'ulcères fon-
4^eux y &c. Un fluide épanché dans la tunique vaginale à
la suite d'un coup , le froissement^ le déc^rement au lesti<^
'cule ou des vaisseaux qui en dépendent y un abcès » forcent
.encore à pratiquer celte opération, il est nécessaire de s'in-
former exactement de lelat du cordon spermatique avant
d'y procécKr; alors on fend les tégumens^ on met a nii le
cordon que l'on coupe près du testicule ; on enlève ce der-
nier y ou arrête le i»ang par la compression ou la ligature , ou
même le froissement. {Voyez Sabatliier , Médec. opérait.
lom. I , pag. 3?.8-33b.)
Telle est la castration opérée dans nos pays sur les faom*
mes y lorsque des accidens l'exigent; mais lorsqu'elle est com-
mandée par la tyrannie de l'amour ou l'espoir d'un vil gain »
dans les climats méridionaux ^ alin d'avoir des eunuques et
des virtuoses caatrati, on s'y prend d'une autre manière.
Les anciens admettoient trois genres de castration. La pre-
mière étoit celle par froissement. Dès la plus tendre jeunesse»
on plongcoit les enfans qu'on vouloit rendre eunuques , dans
im bain émollient^ chaud , et on froissoit, on comprimoit
leurs délicates parties sexuelles. Ainsi les vaisseaux détruits,
la circulation dérangée dans ces organes, les laissoient sans
accroissement et sans vie. Cette méthode étoit la plus douce et
. la moins dangereuse. On appeloit tladiaion tlibiai cette aorte
d*eu nuque.
La castration des animaux domestiques ^ tels que les pou-
lins et les veaux , s'opère à-peu-prèa suivant les mêmes prin-
cipes. (Columella , re rustic. p. 484 , 8°.) C'eat ce qu'on ap-
pelle bistoitrner. On comprime fortement , on tord, en disant
faire deqx tours aux testicules^ les cordons qui les soutiennent.
Celte prii tique ne s'exécute que dans le jeune âge- On détruit
ainsi ces vaisseaux qui ne peuvent plus apporter de nourri-
ture aux organes sécréteurs de la semence.
En général la castration , dans le jeune âge , n'est pas dan-
gereuse , parce que les organes sexuela n'ont point encore
acquis un surcroit de vie et formé des sympathies étendues
avec tout le reste de 1 économie vivante. Il n'en est pas de
CAS - 43*7'
même lorsque l'époque de la puberté est arrivée. Les grandes
connexions des organes du sexe avec les parties les plus essen*
tîelles de la vie ^ rendent leur amputation périlleuse.
Une seconde manière de castration , est l'amputation dea
testicules, telle que nous l'avons décrite «u commencement
de éet article. C'est la plus usitée dans les pays ou Ton fait de»
eunuques. C'est aussi la méthode employée ];)our les chanteurs
ilalii?ns ; ils acquièrent une vkàx. argentine et éclatante à n'a
prix bien cher> puisqu'elle leur coûte leur qualité d^horame.*
C'est à l'avarice; ou peut-être à la pauvreté des pères qu'il
faut attribuer cette coupable opération. Mais en. donnant à»
eés hommes une voix douce et agréable , leur donpe-i^-on,:
aussi le talent de la musique , rend-on leur oreille plus jnsAt^
plus délicate ? QueHe folie d'invmoier d'abord un étre.aisai
cupidité ! de le vouer au n^alheur avant de salroir.si ïtUÈi&n
tirera un profiteur ! ;- «^
' 'Cette seconde 9or\e de •caêtiuuion peut s'opérec, soit pao
l'instrument tranchant, le bistouri, soit^par la ligatune^diti
cordon spermatique,^ qu'on serre progreAsivçmenJi^ jusqp'à
son entière division. (Foyex Anl. Nuck, Expér. et Opér^ifL^
chirurg. , -p* 129. Lecleiv; , CJiirurgie complète , t. i, p. Z02 ,
édit. de Paris , 1703.) CeUe métliode se pratique aussi sur le»
animaux, suivant Robert Boyle {de Utilit, p/iilos. experirru
pag. 396.). Les Holtentots châtrent leui^s veaux , en .liant
leurs testicules qu'ils écrasent en outre entre deux pierres.
• On pratique sur les poulets la castration par l'extirpation:
des testicules qu'on va. chercher jusqu'auprès de leurs reins.
La castration des femelles d'animaux s'opère en retranchant
les ovaires, et:quelqiiefois même la matrice. On ne pratique^
cette opération que sur les truies , pour l'ordinaire. Un autour
asslire ^u'un de ces c/idtreurs d'animaux, irrité .çon^fp.^
fille qui s'abandonnoit aux hommes sans retenue ^ résolut ^
dans un violent chagrin, de pratiquer la castration, ^t^ elle-,
mém^ , comme il la praliqnoit sur 'les truies* L'opéf^lioi^
réussit y et la fille fut guérie pour toujours de son libertinage.^
en perdant la fiiculté d'engendrer et le désir de la jjouissance.,
Ce remède , contre les mauvaises mœurs,, est tjrop violent;
pour être u^ité dans nos villes. U seroit nuisible à Ja popAi-
lation. ^/,
Dans la seconde espèce de ccifitralion des hommes , le^ cor-
don spermsftique n'étant pas toujours détruit entièrement, il se
sécrète un peu de semence; et ^es eunuques faits de cè(te ma-
nière ne sont pas toujours entièrcmeht impuissans. ï\ est vrai
qu'ils^ n'engendrent plus, an moins en général , mais ils sont
d^pables d'érection et de copulation. Plusieurs même se mfLn
4^8 .^ \'^
rient , quoiqu'ils ne pniaaent éprourer que des jonifBamM^
désespérantes, puîs^u elles sob t imparfaites, et qu'elles ne rem*
S lissent pas l'intention de la nature. Juvénal rejnxKhoit aui;
Lomaines leurs excès avec ces eunuques. ^Sat. vi.)
Les Turcs ayant considéré cette raculte dans leurs eunu**
Îues , ont pris un parli plus sûr pour leurs femmes ; celui de
lire retrancha toutes les parties extérieures de k génération*
(Aumst. Gislen. fiusbequius , Episi, itin, Ikircic. pag. 1 37,
et Aldrovandi , Quadrup. Solidipedib. pag. 6:1 , o(.c. ) Le»
Grecs du moyen âge nommoient carsamaiion , cette espèce
d'eunuques. L'historien Luitprand {Hiêi. L. ti^ eu 3.)
assure qu'on en amenoit beaucoup en Espagne de son
temps, et qu'ils s'y vendoieni très- chèrement; car ceux
qui réchappent dune pareille opération , spnt en petit
nombre ; et elle est en effet très-dangereuse à tout âge , et
aur-itout après celui de la puberté. Les empei'eurs Hadrien »
Constantin et Justînien prohibèrent ceUe barbare coutume,
90US la peine du talion.
"Ltinfibulation n'est pas une véritable eaairation , car elle ne
détruit pas les orsanes sexuels , mais empêche leur fonction
générative. Elle s opère dans l'homme en attachant un an-
neau bien fermé et solide au prépuce des jeunes gens qu'on
veut empêcher de s'énerver. Cet anneau s'6te pour le ma-
riage. On perce en deux endroits l'extrémité du prépuoe et
on y passe l'anneau , de même que dans le lobe de 1 oreiDe»
On boucle aussi les femmes , en quelques pays chauds , par
un anneau passé dans les grandes lèvM du vagin. En Italie
et en Espagne , les jaloux font mettre à leurs femmes une
ceinture de virginité dont ils ont seuls la clef. Aux Indes
orientales , on coud presqu'entièrement l'orifioe du vagin des
jeunes filles, de -sorte que les lèvres contractent une adh^
rence qu'on est obligé de diviser au temps du mariage. Juges
des moèun des peuples qui ont besoin de tous ces moyens pour
être chastes f Ils ne croient point à la vertu des femmes , pure
qu'ils savent combien, dans leurs ardens climats, h nature
commande avec force. Un peu de chaleur dans l'atmoapbèra
change bien les idées des hommes.
{GfMuiieM les articles EvtruQVS, Sbxbs» GiN^mx*
TION , &C. (V.)
CASUEL , dénomination donnée p»r quelques-uns aq^
Caso^r. Fo^s ce mot. (S.)
CATACLYSME. FoyeM DiLvos. (Pat.)
CATACOUA , KAKATOUA. C'est le KakatoJm, bdln
•spèce de |>erroquet« ConêuUn l'article des &AXAToif (V«) .
C A T «99
■ CATACRA. C'est la cri et le nom d'un biseau de rivagc|
du golfe du Mexique ; il est , dit-on ^ gros comme anfai^
'^an : il a les jambes plus hautes , et le plumage d'un gris ar-
doisé. (ViïiLi..)
CATALEPTIQUE, C'est le DitàcociPHALE he Vmoi^
NIE. Voyez ce mot. (B.)
' CATALPA. C'est une esjièce du genre des Bionojnss.
Jussieu et Ventenat en ont fait un genre nouveau qui a pour
caractères un calice divisé en deux parties; une corc^e cam*
panulée ^ à tube venlru , à limbe à quatre lobes inégaux i^
ondulés sur leurs bords ; deux étamines fertiles , et trois iila-
mens stériles ; un ovaire supérieur à stigmate bilamellé. Le
fruit est une* capsule en forme de silique > alongée , cylindri-
que , bivalve , à semences munies , à leur sommet et à leur
base ^ d'une ajle membraneuse aigrettée sur ses bords. Voyem
au mot BiGNONE. (B.)
CATAPHRACTE , Caiaphractua , genre de poissons d»
la division des Abdominaux , établi par Bloch, pour placer
quelques espèces du genre SiLvas, qui s'écartent du carao-
1ère de ces aemiers. Voye* au mot Silure.
Le caractère de ce nouveau genre consiste dans le corpi^
"cuimssé, ei l'ouverture de la bouche en avant.
On compte quatre espèces qui s'y réunissent , savoir :
Le Cataphracte c6tk, Siktrua cosiatua Linn. , qui a la
nageoire postérieure du dos charnue , un seul rang d'ecaillea
de chaque cdté , et la queue fourchue. 11 se trouve dans le^
mers du Brésil et de l'Inde. Il est figuré dans Gronovius*^
dans Bloch , et dans l'Histoire naturelle des poiaêonê , faisant
suite au Buff>n , édition de Déterville. Sf| chair est peu re-^
'cherchée.
La tète du cataphracte côte est large et couverte ^n haut
d'une enveloppe osseuse > couverte de tubercules luisans, qui
«'étendent jusqu'à la moitié de la m^eoûre donale^ l'ouver»
ture de sa bouche est petite ; sa mâcnoire supérieure avance
et est héiissée d'aspérités ainsi que l'inférieure. Ses lèvres sont
garnies de six barbillons , dont les deux de la supérieure
#ont plus longs. L'ouverture de ses ouïes est petite , son opem
cule est simple ^ et sa membrane est à cinq rayons. Le corps est
comprimé ^ et montre , de chaque côté , environ trente-quatre
larges écailles , dont chacune est armée d'un crochet courbé
en arrière. Le premier rayon des nageoires dorsales et abdo-
minales est aiguillonné et profondément dentelé on ses deux
bords ; la nageoire caudale est profondément échancrée ;
l'anus est plus près de la queue que de la tête.
Le Çatapuractr caiaict^ « Sikurug ooflicAfê Linn. ,
45o C A T
qui a la nageoire dorsale postérieure a un seul rayon , deux
rangs d 'écailles de chaque côté , et quatre barbillons. IJ est
figuré dans Bloch et dans le BulTon de Déterville. Il habito
les rivièreÀ de l'Inde et de l'Amérique : sa chair est estimée.
Le CjLtATHRACTE PONCTUÉ a la télé comprimée , deux
rangs de grandes écailles de chaque côté , et des points rou-
ges sur un fond jaune. Il habite les rivières de Surinam. U est
'figuré dans Bloch et dans le Bulibn de Déterville. (B.)
CATAPHRACTE , nom spécifique d'un poisson placé
.parmi les Cottes^ par Linnseus , et parmi les Ajsfibofhores,
par Lacépède : c'est rAspiDOPHORjs AAMi de ce dernier.
Voyez ce mot. (B.)
C A T A P P A , Catappa , genre de plantes établi par
'Gaertner, pour placer le Bad A M JER BENJOIN , dont le fruit
'diftère un peu des autres Badamiers. Voyez ce mot.
Le catappa a pour caractère un calice à cinq divisions
^caduques ; point de corolle -, dix étamines ; un ovaire infé*
rieur à style simple ; un drupe sec ^ non couronné^ com-
primé y uniloculaire et monosperme.
Yenlenal pense que ce genre ne doit. pas être séparé des
•BabamieRs. (B.)
CATAPUCE. C'est TEusuorbe saule. Voyez ce
mot. (B.)
CATARACTE. On donne ce nom aux chutes que font
brusquement les grandes rîvières. Les plus fameuses calorocfe*
sont celles du Nil dans les montagnes d'Abyssinie , où il tombe,
•dit-on , de deux cents pieds de haut ; et la cataracte ou s(uU du
Niagara y entre le lac Erié et le lac Ontario en Canada. Cette
rivière de Niagara , qui est regardée comme la partie supé-
rieure du fleuve Saint-Laurent , fait là une chute subite de
cent quarante à cent cinquante pieds perpendiculaires,
d'après l'estimation du jésuite Charlevoix qui l'a observée
avec soin ^ et qui a rectifié les exagérations de Lahontan et
du Père Hennepin , qui lui don noient environ six cents
pieds. Bufibn dit , d'après les mêmes exagérateurs ^ que «a
largeur ent de plus a un quarê de lieue ; mais Charlevoix
«{dont il rapporte lui-même le passage) , après avoir déterminé
9HX hautenr, ajoute : Quanta sa figure, elle eut en fer à cheval,
et elle a environ quatre cents pas de circonférence* Ainsi la
corde de cette courbe , qui représente la largeur de la rivière,
M'ro\\ à peine de deux cent soixante-dix pas , ce qui est fort
loin d'un quart de lieue.
Qîiund les -rivières ne tombent pas brusquement , mais
fiuVIli\s on\ seulement un cours très^accéléré , on donne à cet
:>ortês d'açcidens le simple nom de chu^ ; comme la chut»
C A T 43i
du Rhin à travers les rochers qui sont sous lechâteati de Lau^^
fen,k une lieue au-dessous de Schafibuse , et qui empêche'
toute espèce de bateau de remonter jusqu'à cette ville.
Quand les rivières sont peu considérables , quelle que soit
la forme de leur chule , comme elle est toujours plun btlle.
qu'effrayante , on lui donne le nom de casccuie. Ainsi le Té-»
véronne fait à Tivoli Tune des plus belles cascades que l'oo!
<x>nnoisse.
Presque tous les pajs de montagnes présentent de ces sorte»
de chutes^ qui sont plus ou moins intéressantes, suivant les
circonstances où on les voit : quand , par exemple , elles mynï
éclairées d'un beau soleil, elles offrent de brillans arcs-eu-
ciel , et d'autres superbes accidens de lumière^
Causé des CcUcaracies.
C'est ordinairement dans les chaînes de montagnes/>ri/i»i/iV#c'
que se trouvent les cataractes : cet accident tientà leur btruciure
et à la nature des roches qui les composent. Les couches de ces.
montagnes, par leur situation presque verticale et leurcontex-r.
ture grenue et confusément cnstallûiée , sont incomparable-
inent plus sujettes a la destruction que lescoucfaes hon;fiontalea
des montagnes secondaires. Mais cette destruction n'est pas
toujours imiforme, et la direction variée des couches primitif
ves donne lieu à des éboulemens dans de certains endroits plu-
tôt que dans d'autres. Il n'est point rare d e voir , sui'-tout vers les
flancs des chaînes , deux montagnes voisines dont les cuu«.
cbes se rencontrent presque à angles droits : celle qui est la
Elus voisine du centre , a pour l'ordinaire ses couches parai-
des à la crêle générale de la chaîne , de sorte que les eaux
qui en descendent , ont peu de prise sur les couches qui se
présentent en travers ; mais lorsqu'à la suite de celles-ci , les
eaux en trouvent d'autres qui sont parallèles à leurs cours ,
dles enfilent leurs interstices, elles les pénètrent^ eUes les ron-
gent ; bientôt il se forme des éboulemens ; les roches se bri-
dent , leurs débris sont entraînés ; la destruction fait des
progrès ; et enfin il se creuse un abime où se précipite le
torrent. (Pat.)
CATARACTE , nom appliqué au Manchot dAUTEun ^
et au Guillemot. Ployez ces mots. (Viejll.)
CATARACTES. Aristote a parlé , sous ce nom , d'un
oiseau marin, qui tombe sur Teau comme un traita pour y
saisir sa proie. L'on pense généralement que cet oiseau est le
GoELAM) BRVM. Fojiti ce xnot. (S.)
45a C A T
CATECHU. C'est le Cachou. Voyez au mot Acacis 4
Cachou. (B.)
GATERÊTES. Herbst et Illiger ont donné ce nom à on
^enre (f insectes > dans lequel ib font entrer le spheridiam
puJkccwiwn y le dermeatea urHcœ , etle-dermeslespedicula-'
riuê de Fabricius. Latreille ayant fait le genre Protbine,
des deux premiers de ces insectes , et le genre Cerqujs dU
troisième , nous renvoyons à ces articles. (O.)
CATESfiÉE> Caiesbcoa. C'est un arbrisseau épineux de
kl iétrandrie monogynie , et de la famille des Rubiacées «
dont les feuilles sont opposées , petites , ovales , et sortant pav
bouquets sur le vieux bois ; les épines également opposées ^
droites ot ouvertes ; les fleurs jaunâtres , très-longues , petk^
dantes , et solitaires dans les aisselles des feuilles supérieures. <
Chacune de ces fleurs consiste en un calice très-petit , su-
périeur, persistant, à quatre dents pointues ; en une corolle
monp pétale , infundibuliforme , à tube long , grêle vers sa
base , et divisé en quatre parties à son sommet ; quatre éta-
mines égales ; un ovaire inférieur , arrondi , chargé d'un
style filiforme de la longueur de la coroUe , et à stigmate
Ample.
lie fruit est une baie ovale , couronnée , uniloculaire , et
qui contient j^usieurs petites semences angulaires.
Cet arbrisseau croit aans l'île de la Providence. Son fruit,
qui e5t de la grosseur d*un œuf de poule , est d'une agréable
acidité , et a une bonne odeur.
Il y a encore une autre espèce de catêshèe qui vient à la
Jamaïque , et qui est figurée dans Sloane, a, tab. 207 ; celle-ci
a la fleur plus petite , et forme le genre Scolosanthx de
Vahl. Voyez ce mot. (B.)
CATHA , nrbre de l'Ai^bie , dont les feuilles sont la plu*
part opposées , ovales , lancéolées , dentées ; les fleurs blan-
ches et disposées par bouquets axfllaires sur des pédoncules
i ramifications opposées et fourchues.
Chacune de ces fleurs consiste en un calice monophyUe
ayant son bord velu et à cinq den(s ; en cinq pétales ovales
et deux ou trois fois plus grands que le calice ; en cinq éta-
mines , et en outre en un anneau cyatiforme placé entre les
étamines et l'ovaire ; en un ovaire supérieur , globuleux ,
chaîné d'un style court.
Le fruit est une capsule oblongue , cylindrique , Iriloco*
laire , qui contient une semence dans chaque loge.
Les Arabes cultivent cet arbre dans leurs jardins ; ils en
vantent beaucoup les propriétés contit) la peste et «aftrea
)adies : ils eu mangent les feuilles toutes vertes.
C A T 45$
* LamarCk pense > avec fondement^ que ce gebre doit éU'e
fondu dans celui des CeïjASTKEs , dont il ne diiifère pas suffi-
«aminent. Voyez ce mot. (B.)
CATH£TUS , Cathetuê , arbrisseau à feuilles fasciculées ,
petites^ ovalesy entières, planes , glabres, à fleurs axillaires> so-
litaires et très-petites , qui , selon Loureiro , forme un genre
dans la dioécie monandrie.
Ce genre offre pour caractère , dans les fleurs mâles , un
calice de six folioles presque rondes , concaves, dont les trois
extérieures sont plus petites ; point de corolle ; six glande
bilobées ; une étamine à filament court surmonté de trois
anthères ovales ; dans les fleurs femelles , un calice divisé eu
six parties , arrondies*, concaves ; point de corolle ; un ovaire
supérieur surmonté d'un style épais à stigmate trifide.
Le fruit est une capsule comprimée , arrondie , à six lobe^,
à trois loges, contenant chacune deux semences anguleuses»
Le camelut se trouve dans les montagnes de. la Cochin'-
chine. (B.)
GATIMBION , Catimbium , genre établi par Jossieu dans
la monandrie monôgynie , et dans la famille des DRYMva-
BHisESS. Il ne difiere que fort peu des G l o b a. Foyet ce
mot. (B.)
CATIN6U£, Caiinga Aublet, tab. sio3,fig. i et 9 ,
arbres de la Guiane , dont on ne connoit pas encore tous les
caractères de la fructification. Leurs rameaux sont garnis de
feuilles la plupart opposées , ovales , oblongues , entières , par-
semées de pomts transparens ; leurs fruits sont des noix glo-
buleuses dont le brou est épais et parsemé de vésicules rem^
plies d'une huile essentielle aromatique ou musquée. Ce hràu
renferme une coque mince et dure qui recouvre une amande
roussâtre et veinée. Ces arbres croissent sur le bord des rivières,
et ne paroissent diflérer que par la forme de leurs fruits, ronde
dans l'une des espèces , et longue dans l'autre, (fi.)
CAT-MARIN , nom vulgaire du Plongeon. Fbyeg ce
mol. (ViEILL.)
CATOPS , Catopê , nouveau genre d'insectes de la pre-
mière section de l'ordre des CoLÉoPTiREs , établi par l'auteur
de Y Entomologie helvétique , et adopté par Fabricius.
Ces insectes ayant été observés par Latreille , avant les au^
tettrs dont nous venons de parler , et ayant reçu de lui le nom
générique de CaoïtivE , nous croyons devoir renvoyer à cet
article. (O.)
. CATOTOL ( FringiUa cacatototl Lath. , ordre , Fasse-
BEAUX, genre^ Pinson. {Vofei ces deux mots.) Au Mexique
IV. E e
4»4 C A U
on appelle aûiû , ou platùt caeatoioti un petit oiaeaa de la
taille de notre iarin. Toute la partie supérieure de son corps
est variée de noirâtre et de fauve ; toute la partie inférieui^
Test de blanchâtre , et ses pieds sont cendres. Son chant est
foii agréable. 11 se lient dans les plaines^ et vit de la graiite
d» l'arbre que les Mexicains appellent hoauhtti. (Vieill.)
C ATRAC A. f oyez Katraca. (S.)
CATT£ROLLES. Quelques chasseurs appellent ainsi les
«Ueux souterrains dans lesquels les lapines font leurs petite.
VoyëM.LiJLViH. (S.)
CATTICHÈ. C'est ainsi qu'on appelle les trous pratiquéf ^
eoit au bord des rivières et des étangs , soit au fond des eaux ,
par lesIiOUTRXS. Woyz ce mol. (S.)
CATURE , Caiurus, C'est uo arbrisseau dont les femllea
iont ahemes ^ presque en cœur , dentées et velues sur leurs
nervures^ dont les flaun sont dioïques , en épis ajôUaires , et
-tMs-pedtes.
Chaque fleur mâle consiste en un calice tubuleux ^m&i
iin trois parties et eiai froîa éiemiaei.
Chaque fleur fenell^ t^ un calipe d'uoe à Ijbqîs fclîolet ov«-
ks., et un ovaire v^ , aupérieur ^ qui aouiieat ttoiê stylos
longs , pinnés , multiiides et colorés.
]^ fruit est une capauile obromk , composée de trois co-*
^uçs réunies qui ce^l^erment cl^acuMC une semence.
Cet arbrisseau crqji^ daM 1^ Inà^ et d^n^ les. 4^ qui e^
d^ndient.
fii y a dans IyiLDO||B|UAet dj9#is L^marck une au^ mpeœd^
cOi^ure, dont lapquin % fait un genre p^xlippUier ^us le ooip
4e BoBHBiiiRii. ITo/e» ce mot.(ii.)
CAVALAM , nom dooné pf|r Rb^de «j^ ggiu^.^fanciii^
ip linjiœus, f^cjez au mot TojjiGciiu. (fi.)
CAVALE , Vôn dit plus ocdinaireuieot Jx^^^mui^T , i^mell^
dans l'espèce du Cmbval. f^ojtex ce mqt. ($,)
CAYAJNILLLSK , Çai^uiillenia , nom dopné .pi|r Rjuis
et t^avon au genre appelé PouRRiiTiJK par Wilaenoor. f^PX'
ce mot (B.)
GAÙCALIBE f Càuealiê, genre de pliâtes de la pentan*
àrib digynie , et de la fiimille des Ombellifkrbs , dont le
caractère est d'avoir Tombelie univarseHe peu nombreuse , et
les ombelles parlîelies portent dés flpurs , dont les extérieures
sont irrégulièros et fertiles , tandis que celles du centre sont
£lus petites ^ presque régulières , et ordinairament alérilea.
A collerette univeraellç et les collerettes pfirtielles sont coin*
posées de folioles simples ^ut Y^jp^ml eu iV9]|ibre ^ ei
•qutnt même quelquefoiSi . .
, C A U 43^
Chaque fleur oonsûte en cinq pétâtes cordiformes , dont
les extérieurs sont presque bindes et ibrt grands ; en cinq
étamines ; en un ovaire inférieur chargé de deux styles.
Le ^nit est ovale , oblpn^ ^ hérissé de pointes roides qui
sont éparses ou disposées par rangées^ et est composé (]le deu^:
aemences appliquées Tund contre l'autre.
Koyez pi. 19a des lUustraiiona de Lamarck , la figujre (]lçs
parfies de la fnictification de ce genre. ■
Les caucalides , qu'on appeUe girouiUea dai^s qjuelque^
cantons de la France , sont fa pliipart des planfes annîiell^
d'Europe. Elles ont varié en nombre , selon que lés Bplânislés
y ont réuni ou en ont écarté Quelques plantes des genres vbH>
sins, sur-tout du Tordylion. (?^oy. ce mot.) Elles sont en cp
moment fixées à treize espèces , dont les plus communes sont :
La Caucalibf. a grande flecr , dont le caractère est
d'avoir les involucres partielles (te cinq feuilles , dont, une
est deux fois plus grande que Içs autres. "On là trouvé dans les
champs de blé : elle passe pour àpéritiye. tiorsque seà grâineA
restent dans le blé^'eÛes rendent le pam brun , amer et, ip^
sain. Il est difficile de l'en séparer.
La Caucalide âpre , Tordytium antriscMia LinQ. y qui n
ses involucres pblyphylles^ ses sénience^ ovales , ses feuilles
finement décomposées, et leur foliole dii mlUeu linéaire ^lan-
céolée. Elle se trouve dans toute l'Europe', dans les lieux in-
cultes , le long des* chemins. "*' " • '"
La Ca.ucalid£ nodip^lore , Tortfyliu^ nodosum Lian.,
dont les ombelles sont slmplëR , presque' sessOés , âxillaires ,
et les feuilles plusieurs fois décomposées.' EUfe se trouve* dana
les lieux arideisV sur le bord 'des chemins. Ses'îi^es sont éta^-
lées sur la terre , et souvent cachées par lès plantes les blùs
^tites. ' . •' ' .
La Caucalide a liAROSs feuilles , doilt l'ombelle uni-
Terselle est trifide , les partielles à cinq ^«emences ', et' les
feuilles pinnées et dentées : oii la trouve ' d'ans les champs
dé blé. . . . , .
Parmi les autres , il y en a une d'Orient , une du Japon,
et plusieurs propres à rAfiriqué. Voyei la Flore odânHau^
deDesfonUinfes.^1) ^' Y-.' • ^m
C AUCj^pI^' X^ anciens donnoie;^t ce nom à ime espèo»
d'AM YRis'. T'oyez ce mot. (J.)
C AUCANTiiE , Caucanihue , arbnssea^u de l'Arabi^^
mentionna par Porskal. Ses feuilles tp^it ramasséies aux son^
mets .des rameaux , opposées > orjbiçulaires , ei;itière8. $4li
fleurs sont Uc^ch^ et ais|»osé<^^ en çofjmja^ tecvûU^iUI*' \
456 C A V
Chaque fleur consiste en un calice petit , monoplylle,
campanule et quinquéfide ; en cinq pétales six fois plus
grands que le calice , ciliés et crépiu d'un c6bé ; en dix éta-
mines ; en un ovaire supérieur , ovale , velu , chargé de trois
«tyles à stigmates tronqués.
Le fruit n'est pas connu : on le dit de la grosseur d'un œuf
de pigeon. (B.)
CAUDEC {Muscicapa audax Lath.^pl. enl. n^ 453 ,fig. %
de VHisL ncU.de Buffon, Passereaux ^ espèce du genre du
GoBE-MOUCHE. Voyez ce% deux mots.). Ce gobe-mouche k
l'audace et le courage du tyran. Sa nourriture favorite sont
les mouches aquatiques ; c'est pourquoi on le trouve le long
des criques ^ sur les branches basses des arbres , surtout des
Îalétuviers. Son bec est fort crochu et a treize lignes de long,
leux couleurs dominent sur son plumage , le gris noir et le
blanc. Celui-ci est mêlé de quelques lignes roussâtres sur les
ailes ; le premier règne sur le dos , le second couvre le de^-
BOUS du corps avec des taches noii*âtrcs longiludinales , et
forme deux lignes blanches oui passent , l'une sur l'œil , et
l'autre au-dessous. Une tache d un jaune orangé est sur le som-
met de la tête et est à demi couverte par des plumes noirâtre»;
les pennes de la queue sont noires et bordées de roux : Ion*
gueur totale , huit pouces.
La femelle est privée de la tache jaune qui est sur la tétera
mâle. (ViEiLii.)
CAUDIMANE. Quelques naturalistes désignent par cette
dénomination , les animaux qui ont la queue flexible,
musculeuse et prenante , tels que les sapajous , les sari^
gueSfiLc, (S.)
CAVËE. C'est , en terme de chasse > l'endroit d'une Ibrél,
creux et entouré de montagnes. (S.)
CAV£QUI , nom vulgaire du Mimusofs ▲ Fsuii«i«cft
FOIN TUES. FoysE ce mot. (B.)
CAVERNES , grandes excavations irréguhères formées
dans les montagnes par les mains de la nature. Celles qui aont
l'ouvrage des hommes , et qui pour l'ordinaire oflrent plu»«
de régularité , telles aue les travaux des minet et des carrières ,
portent simplement le nom de souterrains.
Ce n'est guère que daQ3' dés montagnes calcaires , acii ae*
condaires, soit primitives /quW rencontre des cai^em^s z la
«ituation horisontaîé des couches secondaires qui les fait soth»
porter mutuellement, et l'extrême solidité des marbre» prt->
«ailifs donnent aux voûtes des excavations formées par Ica
taux , la faculté de se soutenir pédant une longo» •viile ém
V
C A V 45t
•iècles ;' au lieu que dans les autres roches > les élémens hétéro*
gènes de leur pâle , ou leur tûsu feuilleté^, les rendent sujette*
à une prompte décomposition ; et la situation verticale de
leurs couches , opère des éboulemens dès que leur baseest
sappée par les courans souterrains ; de sorte qu'on voit rare-
ment des cauernes considérables dans les montagnes graniti*
ques ou .schisteuses. >
La plupart des cavernes sont l'ouvrage dès eaux qui se 8on(
frayé un passage par quelque fissure , étroite d'abord , et
qu'elles ont élargie successivement.
D'autres paroissent dues à la décomposition spontanée de
la roche., car une foule d'obsei'vations prouvent que les gran-
des masses pierreuses sont sujettes à une sorte de cane lo--
cale , qui s'étend de proche en proche comme dau8>leftcorpa
oiganisés.
Quelques-unes enfin paroissent avoir été creusées par une
action violente et loug-temps continuée des. eaux y amid que
l'ai testent les profonds sillons arrondis qui subsistent sur leurs
parois. Celles-ci peuvent , par les circonstances qui les accom-
pagnent , jeter un grand jour sur certains faits géologique^
qui me paroissent avoir été jusqu'ici totalement méeonnu«
ou négligés.
L'un des phis importans , et qui fournit une explication
naturelle de beaucoup d'autres , c'est )a grande élévation
qu'eurent jadis les montagnes , à laquelle je ne vois pas qu'au-
cun géologue ait fait attention , et que la nature nous atteste
néanmoins par une foule de témoins irrécusables. On a bien
senti qu'ils révéloient de grandes vérités y mais à force d'eft-
prit , on a quelquefois interprété leurs déposiliona d'une
façon bien extraordinaii-e.
Les observations que le célèbre Saussure a faites sur les car
vernes du mont Salève , sont bien instructives , et prouvent
incontestablement la grande élévation primordiale des moJk^
tagnes.
L*one de ces excavations se trouve près du sommet du
grand Salève > qui est élevé de cinq cent douze toiles au<-
dessus du lac Léman ; et les circonstances qu'elle présente-^
démonti'enl que le sommet actuel fut jadis suriqonie de beau-
coup, |)ar d'autres montagnes qui s'étendoient graduellement
jusqu'au soumet des Alpes , qui deVoient être alors d'une
hauteur au moins double ou triple de celle qui leur reste ; et
que c'est de-là que descendoient des torrens qui faisoieut
des chutes et des cascades sur les rochei:s qui forment aujour-«
d'iiuile sommet du mont Saiève : c'est sur quoi les excava»
lions décrites par Saussure ne laisseront nul doute..
4$» C A V
' Près dnbord le plus élevé de cette montagne y il ensfe une
espèce de puits d'une grandeur énorme : il a cent soixante
pieds de profondeur , et] plus de trois cents pieds de circou*
lérencè. Vers le fond , il est ouvert par une échancrure en
forme de portail , de quarante à cinquante pieds de haut ,
qu'on voit du bas de la montagne , et qu'on nomme le trou
de Brifaut , parce qu'à ceUe distance , il lie paroît que le ré-
duit d'iin chien.
. lies parois de ce puits êont ôannelées du haut en bas par de
larges et profonds sillons arrondis , qui sont évidemment des
érosioiis formées par uUe énorme masse d'eau qui est tombée
-verticalement d'une grande élévation sur ces rochers , où elle
ft creusé cet abîme par l'effet de sa chute continuée pendant
une longue suite de siècles; car Saussure hous apprend que le
mont Sa lève est formé de grandes assises à~peu^près horison--
•taies d'une pierre calcaire blanche sur laquelle les injures
'tfe l'air ne font que peu d'impression ; et l'on sent facilement
•combien il a fallu de temps pour former une aussi prodi-
-giâUse excavation , dans une roche qui s'y oppoàoit, non*
^aeulement par la solidité de son tissu ^ mais encore par U
^tuation horizonbtle de ses couches épaisses qu'il fidloil per-
cer les unes après les autres.
Ces érosions verticales et toutes les autres circonstances ,
prouvent dune manière si évidente, qu'elles sont rouvrage
d'une eau tombant de fort haut , que malgré la difficulté de*
irendre raison dé ce fait , ce savant observateur n'a pu le ré-
voquer en doute ; mais pour l'expliquer ^ il a recours a l'hy-
-pothèse d'une grande catastrophe.
' Il suppose que l'Océan qui couvroit les plus hautes monta-
gnes . ht tout-à-coup une débâcle , et se précipita dans d**
'grandes caveiTies creusées dans Tinté rieur de la terre ; que
dans celte retraite subite il forma divers courans très*put5>
aans ; et que c'est un de ces courans qiii a aiHonné le ptiits
dont il s'agit. ( $• aSi .)
Itfais sans chercher à dikculer Ici cette hypothèse ^ il su Sri
de remarquer que cette excavation , avec ses larges et pro-
•fonds sillons arrondis, ne sauroit être l'effet d'une calastro-
-phe subite ; et qu'il n'y a que la main lente du temps qui soit
capable d'impnmer des traces de cetle nature.
C'est donc bien évidemment la chute habituelle d'un tor-
yeM ordinaire qui , à force de temps , a produit cette grande'
exravafidn ; et ce torrent n'a pu venir que d'une suite de
'montagnes trè»-élevées au-dessus du sommet actuel du rnoiil
"Salève. Voyez Mon ta unes.
On y trouve encore d'autres cavernes dont la stradnr»
C A V 45»
pronTe avec la tlemière évidence qu'elles sont l'effet da tni«
vaîl des eaux loag-lemps continué.
. Celle que Saussure appelle la Caverne d'Orjolmt, du nom
desonpnipriétaire, est située à quelque distance au couchan^^et
un peu plus bas que le puits précédent* Saussure > et Orjobet
qui lui servoit de guide, y pénétrèrent par sa pturtie inférieure^
car elle est> de même que le puits, ouverte 'par le haut et par
le bas. a Nous entrâmes, dit-il , dans le rocher par nne grands
9 ouverture qui n'est pas encore qelle de la -caverne, mais une
3» avenue bien singulière qui conduit à son ento^. C'est une
^ espèce de grande cheminée éclairée ^à el là par des ouver-
» tures irrégulîèi*ement ovales> que les eaux ont creusées dan»
9 l'épaisseur du rocher. On monte par celte espère de canal ^
9 jusqu'à la hauteur pet:pendiculaire d'environ quatre-^îngt-
9 dix pieds; et là^ on se trouve à l'entrée de la caverne qui
9 est située au haut de cette cheminée , et éclairée par un
9 grand jour qui s'ouvre vis-à-yis de la porte.
3» Cette porte est double. . . On entre par la gauche qui e^
2> d'un accès plus facile, d'environ quinze pieds, sur sept à
î> huit de hauteur; mais en avançant, elle s'élargit et s'exhausse
3> à-peu*près du double. Le sol de cette galène. . . s'élève en
9 s'avançant vers le fond. Environ à soixante-dix pieds de l'en-
9 trée, la caverne se rétrécit considérablen^ent, au point de
2> se changer en un canal étroit et tortii^ux danslequel on ne
9 pénètre qu'avec difficulté; et enfin, à dix ou douze pieda
9 plus loin , on ne peut plus y. passer, quoiqu'il se prolonge
9 encore plus avant ». (^. a3â. )
D'après cette description , il est aisé de voir que ces divers
•ipbranchemens de cau^mes ne sauroient être l'effet d'une
opération subite. 11 paroit qu'il y avoit deux courans qui ont
contribué à les former : l'un qui tomboit de haut, et venoit
frapper contre un rocher placé vis^à-vis , qui le renvoyoit
contre celui où est aujourd'hui la .grande ouverture placée
devant la porte de la caverne ; et ses eaux , que leur poids et
leur impulsion iaisoient continuellement agir de haut en bas,
ont creusé peu à peu le grand tuyiiu de cheminée , et sont
â^nfin sorties par son ouverture inférieure.
L'autre courant qui a formé dans l'intérieur de la monn
tagne la galerie inclinée que Saussure appelle proprement la
saveme, étoit beaucoup moins considérable ;cétoit unepor-
.tion du courant supérieur qui s'infiltroit dans la roche avanlt
.«d'arriver à la cataracte, et qui venoit par une route souter^
raine , se joindre aux eaux du torrent , vis-à-vis le haut de ht
^cheminée, où elles se précipitoient en commun.. .
« . Jl .est encore k propos d'observer^ que pour arriver à cistle
440 > C A V
Caverne par le.hameau du coin, comme le fit Saussure^ il faat
gravir une montée très-rapide d'une heure et un quart ; *»t
qu'en montant Ton voit de grands ix>chei*8 dont les faces tail-
lées à pic sont sillonnées vers leur base d'excavations consîdé^
râbles qui indiquent manifestement l'action d'un grand cou**
sant ; et ce sont probablement les mêmes eaux qui avoieni
creusé les cavernes situées au-dessus/
En général 9 la structure des cavernes prouve que si ellear
sont dues principalement à l'action immédiate des eaux, il est
arrivé souvent que la décomposition spontanée de la roclie y
est entrée pour beaucoup dans leur formation ; car pour l'or-
dinaire , elles offrent une suite d'étranglemens et d'évaseniens
alternatifs : après des couloirs trè»étroils ou l'on peut à peine
passer en rampant , il n'est pas rare de tix>uver des excava-
tions de plusieurs centaines de pieds en tous sens. £t il seroit
bien difficile de concevoir que l'action purement mécanique
des eaux eût produit cet effet sur des bancs calcaires ordinai-»
remenl 1rè»-solides.
Mais dès qu'une fois la décomposition s'établit sur un point,
elle fait des progrès autour d'elle , d'une* manière assez ra-
pide , même sur les pierres les plus dures et les plus saines.
Cette décomposition a quelquefois lieu sans le concours de»
eaux 9 par l'effet d'une modification particulière de la pierre
calcaii^^ qui se convertit en matière saline. Il y en a des
exemples multipliées, et il suffit de citer les nitrières natureBea
de la Molfetàa dans la Fouille, près de Barri.
Lies couches calcaires de cette contrée sont sujettes à pré->
senter ce qu'on appelle , en langue du pays , un pulo : c'est un
enfoncement plus ou moins considéra oie en forme d'enlon-^
noir. "Le pulo cie la Molfetta a , suivant Fortis, six cents palmes
napolilaines de tour et cent vingt-sept de pix>fondeur. Il se
forme une foule de grottes dans l'épaisseur des couches , et ces
grottes sont tapissées d'un nitre parfait , à base de potasse^, qui
ae renouvelle a mesui^ qu'on le recueille , et les cavernes s'a-
grandissent proportionnellement. Celles dont l'ouverture e»t
)a plus étroite , et où un enfant peut à peine s'introduire la
lampe à la main, sont celles où s'opère le plus rapidement 1a
conversion de la pierre ^calcaire en excellent nitre. £t cette
métamorphose est d'au tant 'moins extraordinaire, que les ex*
périences de l'habile chimiste Desormes faites au commence*
ment de Tannée i8oo, ont prouvé entre antres choses, que
la terre calcaire renferme les mêmes élémens que la potasse et
l'acide nitrique.
Les pulo de la Fouille ne sont pas les seuls exemples de
cette decompositiou de la pierre calcaire ; Doloiaieu Ta ké^
CAV 44».
fuemment observa sur les muraiUee de Maltbe^ et soi^fout
en Egypte.
C'est probablement à des décompositions de cette nature /
qu'est due l'une des plus grandes et des plus intéressantes ca-
vernes que l'on connoiâse : c'est celle de la petite île d'Anli^^
paros dans rArchipel, que Tournefort a si bien décrite^ el
qui est si remarquable par les formes merveilleuses des stalac-
tites et des stalagmites qu'elle renferme , et dont l'observation
a confirmé de plus en plus l'opinion de ce profond natura-*
liste sur la végétation de ces suostancfts pierreuses. Il faudroit
en effet , pour contester cette vérité , vouloir fermer les yeux à
l'évidence. ( VoycigB de Tournefort, lom. i , pag. 188. )
Je remarquerai , à l'occasion de cette fameuse grotte, que
dans un ouvrage d'histoire naturelle fort répandu, où l'on
donne en abrégé la description de Tournefort , le rédacteur
a cru devoir l'embelltr encore, en ajoutant qu'elle e§t remplie
d'un grand nombre de coquilles fousUee. C'est une erreur qu'il
importe de relever , car le marbre d'Antiparos , dans lequel
cette caverne est creusée, enX primitif , conséquemment il ne
sauroit offrir le moindre vestige de corps marins; aassiToitr-
pefort ne dit-^il pas un seul mot des prétendues coquilles ïoa^
siles ; et il étoit observateur trop exact , pour les omettre si
•lies eussent existé.
Parmi les diverses instructions que fournit l'observation des
cavernes , on ne doit pas omettre les preuves qu'elles donnent
de la diminution graduelle de l'Océan , bien différente de la
débâcle soudaine qu'admettoit Saussure ; et il est remarquable
que c'est lui-même qui rapporte ces preuves de la diminution
graduelle.
Ce sont des excavations qu'on observe sur la côte de Gènes ;
entre Monaco et Vintimille ; elles sont formées dans un ro-
cher calcaire aussi dur que le marbre et parfaitement sain.
Elles commencent au niveau actuel de la mer, et l'on en voit
en si grand nombre, que Saussure se lassa de les compter. Elles
ee trouvent sur tous les points du rocher jusqu'à une hauteur
dé deux cents pieds. Ce sont des enfoncemens circulaires qui ont
jusqu'à vingt-cinq et même cinquante pieds de diamètre, sur
une profondeur proportionnée , et qui va jusqu'à cent pieds.
Et comme Saussure a pensé que ces excavations étoient dues
à l'action des flots, (c il faut , dit-il , que la mer ait été dans cet
9 endroit de deux cents pieds plus haute , ou le rocher de deux
» cents pieds plus bas qu'aujourd'hui ». (f . i383. )
Or , comme il y a mille preuves que la mer a climinué , et
qu'il n'existe pas un jseul fait qui autorise à penser que les
l'Qçhers s'élèvent de deux cents pieds , il doit rester pour cons-
i»nlj d'après Saussure lui-même, que la côte de Gènes porte
^43 C A V
la preuve de h dimiiiution graduelle de rOcéan, au moioa
gnelativement aux demie» deux cenla pieds de aon abaissa
ment.
L'objet qui a le plus contribué à donner de la célébrité aux
grotles el aux cavetnea , ce sont les Stalactitbs et les Sta-
2«A OMITES qu'elles produisent. {Foyez ces mois.) Les plus fa-
meuses en ce genre , après celle d'Antiparos^ sont les grdtles
^'Orselleit en FrancheA^mté, de ia BtUme en Dauphiné près
du Rlidae à sept lieues de Ljon ; celle de Pi>oh'Holê oans
leDerbyshire^&c. &C4
. Il y a d'autres eayemêa qui sont connues <par les ossemena
d'animaux qu'elles renferment y et qui souvent s'y trouvent
incrustés du mêmç albâtre qui forme les stalactites de ce9
grottes. Tell^sont les cavernes de Baumank six lieues à l'est dé
Goskr > dans le pays deBilinsMrick. Cdle deGailenreuth, dans
le pays de Baréith. Il pah)ît que ces eat^êmes , dans le temps
OÙ elles se trouvoient au niveau de la mer , servoient de re*
traite aux veaux<>marins et autres amphibies qui vencnent j
mourir ou peut-être y dévorer leur proie.
Celles de la montagne de Gibraltar contiennent des os de
auadmpèdes mêlés de coquilles de limaçons terrestres, ce qui
»dt juger que ces os et ces coquilles ont pénétré dans ces ca-^
•vernes par les fissures de la roche ; et ils peuvent n'être pas
trèsHinciens , qiioiqu'ib se trouvent empétés dans une ma-
tière pierreuse, attendu que ces dépêls stalactiques se fixrment
en peu de temps.
Quelques ctsp^/t0s n'ont de remarquable que leur étendue:
tel est le labyrihllie de Koungour ^ sur les frontières de la Si-
bérîe. Il est dans les collines cypseuites qu'arrose la Sylva. Les
anfractuositésde ses souterrams ont élé formées par de petits
ruiâseaux que produit la fonte des neiges , et tfoi s'infiltrent k
ti*averB les fissures multipliées du gypse. Je l'ai visité en 1 786
avec une peine infinie. On ne peut y pénétrer qu'en se cou-
chant sur le ventre ; et quoique ce fût au mois de juillet , il
fallut rompre les stalactites de glace qui en fermaient l'entrée»
n en sortoit un vent ei froid qu'il étoit insupportable. A une
toise seulement de l'entrée , le thermomètre qui étoit à quatone
degrés de chaleur en plein air , descendit k cmq au-dessous de
séro.U est vrai que dans l'intérieur même du labyrinthe, il
remonta d*un degré. Je ne vis de totu côtés qu'un mélangb
de glace et de décombres. A mesure que les gouUes d'eau tom»
bent de la Voûte, elles se congèlent. Il faut que dans Taulomne
la glacé y fonde, sans quoi tout en seroit rempli ; et les gêna
du pays m'ont dit , en efiet, ou'aux approches de Thiver il
sortoit une épaisse fomée par 1 entvée de ooLSOUlerrain. Fitym
CAI.OfiJQUX.
.C A 'Ù 4^5
' 3e ne parlerai pas ici oes catfemes qa'on dit exister sous lt«
Volcans , et d'où l'on suppose que sont sorties des montagnt ii
de dix mille pieds d'élévation et de soixante lieues de circon-
lërence ; telle que l'Etna qui &st entièrement composé de ma-
tières volcaniques.' Consultez rarticle Lave , où je fais voir
combien l'existence de ces cav^/'/z^^ eàt dénuée de vraisenl^
Wance. (Pat.)
CAVIA;» dénomination brasilienne^ que des naturalistes
ont appUqiiéè à plusieurs qûadiupedës , d'espèces et mèiqe
,de genres différens. (S,)
CAVIA COBAYA. C'est, suivant Pison/le hombrast-
'lien du eçchon d'Inde ( HUt. naU pag. \o% ),Cobaya , selon la
itémoignage de M. d'Azara , ( Hisi. nai» des quadrupèdeê dià
JParoffuay , tome 2 de la traduction française , page 69 ) , fi-
.grille ce maitre ; et comme ce surnom n'est guère fait pour
{u^ animal aussi petit que le cochon d'Inde » ISA, d'AsEara con-
jecture que~rinventeur.de ce nom aura entendu do6a aperea^^
nom de Vaperea , qu'il aura cru qu'on prononçoit le nom de
Fanimal , lorsqu'on le lui indiquoit » et qu'il aura écrit cavia
cobaya, au lieu de coba aperea. Quoi qu'il en soit dé cette con*
jecture^il e.st certain que I'Aperea est un animal différent du
Cochon b'Indbw Voy, ces deux mots. (S.)
C A VI AL. C'est la même chose qtie le caviar y c'est-à-dire,
des œufs d'esturgeon , salés et mannes pour être envoyés au
loin. Voyez Esturgeon. (B.)
CÀVIIiliONE , Tiom spécifique d'ttn poisson du genre
Trigle. Voyez c^e'dernîer mot. (B.)
CAUMOUN, espèce' de palmier du genre Avoir a , qui
'croît k Cayenne et dont on emploie les fruits pour feire une
liqueur agréable et Une huile bonhe à hi'anger. Le chou de
*ce palmier est fort i-eclierôhé. Voy, au mot AVoira. (B.)
CAUNGA. C'est î'AWEfc de l'Inde. Voyez te mot. (b.)
CAURALE ('Aàllus heltas luaih. , pL enl. jo? 783 de
YHist, nat,deBuWbn^ ôrdfe,Éc'HASSi£R8,geilre, Raï^e. Voy^
ces deux mots.). Dés teintes moelleuses et douces^ riches quoi«
que sonpibres , sont sans doute lès ni otîfs qui ont décidé les
créoles de Cayenne, a d6nner à éet oiséàu, le hdtti de paon desL
* palétuviers ou petiLpaon des roses; dirTôn assure qu'il ne-
', relève ni n'étale les perlnes de sa qtiéuè cèihme fait Xepaon^
* On le trouve, itiais assez rarement, dans Tintérienr des terréa.
*de la Guiane, où il se tient sur te bord des rivières. Là, il
vit solitaire , et se décèle par un sifflement lent et plaintif que le
^chasseur sait imiter pour le faire approcher. Sa longueur esÇ
* d'un pied trois pouces ; son bèc , long de nngt-sept lignes ,
'^^st hoir en dessus'et d'Un blanc de corne en dessoua; un^
444 C A Y
coiOe noire 'couyre.ln tête, avec des lignes blanches dessus et
dessous roeil. Le brun , le roux, le fauve et le gi*is-blanc, dis*
tribués en tâches , en ondes , en zones et en zig-zags , sont les
ieinles de son plumage : celte distribution de couleurs est sur-
tout remarquable sur les ailes et la queue, dont les pennes sont
longues et larges. ( Yieill.)
CAUKIS. C'est le nom indien d'une petite coquille du
genre Porcslaine , qui sert de jnonnoie dans une partie de
l'Afrique. Cest le cypraca moneta de Linn. Voyez au mot
Porcelaine. (B.)
CAU VETTE , nom vulgdre du Choucas /en Savoie el en
Normandie. Voye% ce mot (Vieill.)
CA WK ou K£ V£L y minéral composé de baryte y dé
ierre calcnira et de spath fluor. Celte matière y qui n'a que la
dureté de la craie y et qui en a toute l'apparence^ à la pesan-
teur près y sert le plus souvent de gangue au minerai de plomb
du Derbysbire. On l'emploie dans les manufactores de cuivre
de Birmingham ; mais, on tient secret l'usage qu'on en fait On
prétend que le cawh donne de la ductilité au régule d'anti-
moine > et rend son grain plu» serré. (Pat.)
CAXCAXTOTOTL. Foyéx Cacastol. (S.)
C AY. Voyez Say. (S.)
C AYES y nom qu'on donne dans quelques parages y aux
jrocLes qui se trouvent dans la mer à si peu de profondeur qu»
les navii'es peuvent y loucher. (Pat.)
C A YÈU. Voyez Mou le., (S.)
C AYjBU ou CAIEU y petit bulbe ou bouton placé sur une
racine bulbeuse ou tubéreuse, et desliné à la reproduction da
là plante. Voyez Bulbe et Bouton. (D.)
C4. YMAN , nom que Ton donne dans les colonies £ran«
çaises à une espèce de Crocodile. Voyez ce mot. (B.)
CAYMAN. Ou donne aussi ce nom à un poision du
genre Esoce , Esox osseus Linn. y qui se trouve dans les ri-
vièi^s saumaches de l'Amérique septentrionale y parce qu*ii
a par sa tète et la dureté de ses écailles, quelques rapporte
fivec le Cbocodile Caybian. Voyez au mot ÉsocE. (B.j
CAYMIRI. royez Saïmiri. (S.)
CAYO, nom espagnol du Geai. Voyez ce mot. (S.)
CAYOPOLLIN (DidelphU cayojpoUin Linn., éd. i5»
Voyez tom. aS^ pag. 73 ^ pi. 3 , de l'édition de Buffon y par
Sonnini.), quadrupède du eeure Sarigue, de Tordre des
Carnassiers et du sous-ordre des Pédi mânes. ( Voyez ce*
mots. ) Le cayopolUn a beaucoup de rapports avec la mar^
7TU)se,]e sarigue, le phalanger[, vi tous les autres quadrupôdea
carnassiers du sous-ordie des PiniMANES. 11 est plus grand ,
^ a le museau plus long et la queue plus longue ^ue k mar^
C A Y 445
mose f qui est l'espèce dont il se rapproclie le plus. Ses yeux
sont simplement bordés de noirâtre , et n'ont point de bande
tout autour^ comme dans la marmose. Le dessus et les côtés
du corps sont moins gris et plus fauves ; la partie inférieure
est d'un jaunâtre très-pâle ; la queue est velue à sa base , re-
vêtue ensuite d'écaillés ^ et eQe est tachetée de noirâtre ; la
bouche est très-fendue ; la mâchoire supérieure a deux dents
molaires de moins que celle du sarigue et de la marmose.
L'organisation interne de ces animaux est a-peu-près la même.
Voyez Sarioue^ Didblfhe^ Mahmosc^ &c.
Le cayopollln ressemble beaucoup à ces animaux par la
conformation des parties intérieures et extérieures ^ par les
os surnuméraires du bassin , par la forme des pieds , par la
naissance prématurée , la longue et continuelle adhérence
des petits aux mamelles , et enfin par les autres habitudes de
nature ; ils sont tous du Nouveau-Monde et du même climat ;
on ne les trouve point dans les pays froids de l'Amérique ; ils
sont naturels aux contrées méridionales de ce continent , et
peuvent vivre dans les régions tempérées. Au reste ^ ce sont
des animaux très-laids; leur gueule fendue comme celle d'un
brochet , leurs oreilles de chauve-souris , leur queue de cou-
leuvre et leurs pieds de singe , présentent une forme bizarre ,
qui devient encore plus désagréable par la mauvaise odeur
qu'ils exhalent , et par la lenteur et la stupidité dont toutes
leurs actions et tous leurs mouvemens paroissont accom-
pagnés.
Liephilandre de Surinam ne paroit être qu'une simple va-
riété de l'espèce du cayopollin; voici la aescription qu'en
donne Séba : a Cet animal^ dit-il^ a les yeux très<-brillans et
environnés d'un cercle de poile brun foncé ; le corps couvert
d'un poil doux ^ ou plutôt d'une espèce de laine d'un jaune
roux ou rouge clair sur le dos ; le front, le ventre et les pieds
0ont d'un ^aune blanchâtre ; les oreilles sont nues et asse2
roides ; il y a de longs poils en forme de moustaches sur la
lèvre supérieure et aussi au-dessus des yeux ; ses dents sont
comme celles du loir ^ pointues et piquantes ^ sur sa queue
qui est nue et d'une couleur pâle > il y a dans le mâle des
taches d'un rouge obscur , qm ne se remarquent pas sur la
queue de la femeUe; les pieds ressemblent aux mains d'un
singe; ceux de devant ont les quatre doigts et le pouce garais
d'ongles courts et obtus ; au lieu que des cinq doigts des pieds
de derrière , il n'y a que le pouce qui ait un ongle plat et
obtus , les quatre autres sont armés de petits ongles aigus. Les
petits de ces animaux ont un grognement assez semblable a
celui d'un petit cochon de lait. Les mamelles de la mère
•etublent à celles de la marmose 9.
446 G E B \
Ces philandrês , qui , d'après la description de Séba, jfit
leur comparaison avec le cayopoUin , paroisse ni évidem*
ment appartenir à la n^éme espèce , produisent ordinairement
cinq ou si?c petits. II3 ont la queue prenante et irès-Iongue
Conjhie celle des sapajous ; les petits montent sur le dos dp
leur mère ^ et s'y tiennent en accrochant l^eur queue à U
sienne. Dans cetie situation , qui leur est faniijière, elle les
porîe et transporte avec autajgit de si\rçté que de légèreté. Le
phUandre de Surinam^ e$t le didelphis aoraigera de Liin*
useus. (Desm.)
CAYOU-OUASl^U y nom quç porte le âyoïk, dans, les
terre» du Maragnou. f^oye:^ Sajou. (S.)
CÉANOTË, Ceanothu9 , genre de plantes de I^ peutan^
djîe monogynie^ et de 1^ fkmille des Rha^noiues, dout \p
caractère'est d'avoir un calice monophylle , turbiné , persisr
tant y à cinq divisions ; cinq pétales creu^s en cuiUeron et
attachés au calice ; cinq étamines ; im ovaire supérieur trir
gone 9 surajouté d'un style divisé en trois stigmates obtus. Le
fruit est une capsule ou une baie sèche , légèrement trigone »
tiilocuikire ^ qui contient une semence ovato dans chaque
loge.
t^oyez pi. 1 39 des Illustrations de Lamarck.
Ce genre renferme cinq à six espèces > toutes élfai^gc''^ f
r£urope. La plus côijumunç est la C£anqtjb n'v^iiiij^iQUfi ,
qui vient fort pien ety pleine ten'e dans nos jardins» pour\'a
qu^on la couvre pendant les fortes gelées ^ et qui, par T^é-
g^^ce et la <][urée de sa floraison , mérite d'ltX9 empl^oyée
]x>ur la décoration des bosquets d'été et d'automne. Çea ca-
ractères sont d'avoir des feuilles en cœur, acuminées et ^
trois nervures ; les |leu;:s blanches, légèrement purpi;uiuea#
dispçs^es en paniçvles axillaires et along/èes. Çettç pjantç a ~
tige ujn pçu U'ut^ente et de àeux à trou pieds de naut. T^
croit en Caroline , 4^ns les ]jieux les plus arides , et ip;*me
i^appes blanches d'une trè^-grande éteijidue , dans certain^
cantons ou elle domine.
Il y en a dans lé çiême pfiys une autre espèce que R^c^au^
j a le preinier découverte , et a ue Lézermes a appeUe C^Ay ot4|
jf ^B^o^eHYX^Lis , à raison de la petitesse de ses t«i:^Ùles.
La Céajiçte p*Asue vient de Ceylan. ]EIlle a les feuilles
aigiiçp , veinées , c( les panicu^ca des iUeurs axillaires.
X^a CÉAXfUTE n'AFRivit'E a les feuilles lancéolées, obtuses.^
veinées , en réseau , et les paiiici4<es des fleurs term^aW
Elle vient du Cap de Bonne-Espérance. O*)
CÉBAL , Charleton (Exercit. pag. ao.) déaigiie ainsi U
marte zibeline. Voyez ZIibelims. (S.)
CÉBATIiE , C^balha , pkuLe d'^rabj^ que For^kal a
^ ^ '^ 441^
fiit connaître. Ses tiges «ont ligneuses et s'entortillent autour
des objets qu'elles rencontrent ; ses feuilles sont alternes^ pé-
iiolées , ovales et veineuses ; ses fleurs dioïques et axiUaires.
Chacune de ces fleurs a un calice de six folioles alternative»-
ment grandes et petites ; un& coroUe de six pétales ^ ovales ,
5 lus courts que le calice. Les mâles opt six élamines insérées
ans une cavité qui est à la base de chaque pétale, et les fe«>.
melles un ovaire trigone, chargé de trois styles courts, dont
les stigmates sont obtus et échanci'ét.
Les fruits sont des baies rouges composées de trois coques
'comprimées, réunies par leur côté intérieur, et un peu plus
grosses qu'une lentille.
Le» Arabes mangent les baies de c^lte jjante , quoiqu'elle
aient un goût acre , et ik en préparent une boisson enivrante
ainsi qu'une liqueur dtsliUée très-spiritueuse.
Vanl a- réuni celte plante unx ménUpermes , sous le nom
de MÉNispBRMB COMJBSTII3LB. Voyez ce^mot. (B.)
C£BIP1R A , arbue du Brésil dont Fécorce amère et a»-
tringente entre dans les bains et les fomentations ordonnées
dans les maladies des reins. Cet arbre est figuré page loo des
Planées du Brésil d0 Marcgrave; mais on ignore à quel genre
il a|>partient. (B.)
CÉBRION , Cebrio, genre d'insectes de la première sécttoQ
de l'ordre des Gb^epTstiEs. Les cabrions, confondus avec les
CM/^/?«parFabricius etRoasi, ressemblent beaucoup plus aux
Éoupins; mais ils en dilE^rent par les antennes longues, près*
quesélacées,légèrenient en scie; par les mandibules et lei
mâchohres simples, et par les anlennulès filiformes. Le nombtv
des pièces des tarses doit suffire pour ne pas les confondre aved
ies ciëtèlee. Jh ont le corps oblçmg, le corcelet trapézoïdal ,
avec les angles postérieurs treMaitians, les palpei fiinormes et
les tarses composes de cinq pièces. Ils habitent^ talie, le midi
de la France ; leur conleui* est d'utt bran fauve^ ^ peu pluà
claire à l'abdomen et à la poitriae. Les larves né sont pas côn*
fraes. (O.)
€ËBRIONATC» (LES) , &*ri^naie4^, famille d'insectes
de Tordre d^s CoijâoPTÈivjBs , étabh^ par Latreffle ,' et qui ap*
partientà la première section. Elle renferme les genres Das-
€{ILL| ., ilLorà et GisBioN. Fo^es ces mots. (G.)
CÈÉVS. On donne ce nom aux singes a queue de Fancien
continent. Ce sont les guenons que les anaens nommoient
ainsi, en grec kébos ; on en a &it le mot c^phus, pour dé»!*
gner la ^enon moustac de. Buflfon. ('^^^ Moustac.) Cet
animal vient de Guinée. Les singes e^&ii«' sçBt derÇsKCOPZ-
iTHjBQUES. Q>nsidte% ce mot. (Y.)
e£CiLI£* Fij^dê au mot Coiciu. (^)
4/>8 , CED
CÉCILIE , Coiûilia , genre de Cousons établi par Lacépèdè
xlaiis la division des Apodes , pour placer le muraena coeca
de Linnaegs, qui n'a ])as complètement les caracières des
Autres Murènes. VoyeM ce mot.
Le caractère de ce nouveau genre est d*étre totalement
privé de nageoires et d'y«ux , et aavoir Touverture des bran-
chies sous le coL
La seule espèce qull renferme , la CiciLiB branderienns^
a le corps anguiliforme ; le museau très- pointu ; les denta
aiguës ; huit pcrtits U'ous sur le devant de la tête , sept sur le
sommet, et sept sur l'occiput.- £Ue vit dans la Méditerra-
née , sur les côtes d'Alger , où Brander l'a observée.
Lacépède observe qu'on doit comparer ce poisson^veo
les Gastrobranches , qui sont de la division des Cartila-
gineux, et aveugles. On ajoute qu'on doit encore plus le
comparer avec les Sphagébranches et les Synbranches^
genres dont ce naturaliste n'a pas parlé , et qui n'en difi%rent
que parce que les espèces qm les composent ont des yeux.
Voyez ces mots. (B.)
CÉDO JSULLI. Cest le nom marchand d'une des plus
belles espèce de cônes , qui nous vient de l'Amérique méri-
dionale , et qui a été figurée par Dargenville, Supp. pi. i ^fig. H.
Voyez CÔNE.
Il pareil qu'on a aussi donné ce nom à une coquille bivalve^
d'un genre voisin des Cames. (B.)
CÉDRAT , nom donné à une espèce de Citron. Voyet,
ce mot. (B.)
CÈDR£ DE BUSACCO. C'est le Ctprâs veuilles
GLAUQUES. Voyez an mot Cyfres. (B.)
CÈDRE ROUGE ET BLANC. A Cayenne, c'est llci*
QUiER CÈDRE. Voyez ce mot. (B.)
CÈDRE DU LIBAN , Pinus cédrue Linn. , arbre rétt-
nenx , très - anciennement connu » qui croit naturellemeni
dans une plaine élevée , située entre les plus hauts sommets da
znont Liban , et qu'on ne trouve , dit Miller , dans aucun
.autre lieu du monde. U appartient à la famille des Conifères ;
mais les auteurs ne sont point d'accord sur le genre auquel
on doit le rapporter; Tournefort l'a réuni aux iiMMM«,Justîeo
aux genéuriere , et Linnœus aux Pins. Voy, ce dernier mol .
Cet arbre , que sa rareté , sa beauté et l'incorruptibilité de
•on bois ont rendu célèbre^ a le port le plus noble et le plus
majestueux. Sa tige ne s'élève pas a une très-grande hauteur ,
mais elle pousse de grosses et superbes branches « qui s'éten-
dent latéi'alement fort au loin , et qui, se distribuant en nom»
breux rameaux toujours verts , forment, par leur disposition
horisoatalo | çomine «utant de tapis réguliers , uiû# et on-
^ C E D 44»
jioyans ; 'k lenr extrémité eUes tombent vers la terre en pa-
naches , et environnent ainsi Tarbre d'une ombre très-épaisse» 1
Les feuiHes qtd les garnissent ont une teinte rembrutiie ; elles
iont petites et persistantes , courtes , aiguës , disposées en
fiusceaux , se recouvrant les unes les autres ; les fruits pré-*
sentent de petits cônes arrondis «t droits , dont la pointe est
lonjours dirigée vers le ciel ; ils contiennent des semences
oblongues; chacune d'elles est nichée dans une espèce d'étui
ou de noyau anguleux.
Beaucoup de voyageurs ont vu sur les lieux les cèdres du
Liban et en ont parlé; mais il en est peu qui se soient attachét
à les bien faire connoître. Rawolf dit dans s^ voyages qu'il
n'y avoit en 1674 , sur ces montagnes , que vingt-six de ces
arbres sur pied , et qu'il n'en a point trouvé de jeunes qui
pussent les remplacer. Dii temps de Maundrell , o'est-à-dira
plus de cent ans après , ce nombre était réduit à seize ; mais
ce dernier voyagent^ assure en avoir vu parmi les gros plu-
sieurs petits de moindre taiOe ; dans le nombre des premiers
il en a mesiiré un qui avoit trente-six pieds et demi de circon*
lérence , et dont les branches couvroienl un espace de cent
onze pieds de diamètre ; il se divisoit à quinze on vingt pieds
au-dessus de la terre en cinq branches , dont chacune étoit
égale à un grand arbre. Suivant Pôcocke ces fameux cèdres
occupent l'encognure d'un vallon exposé au nord - est , et
forment un bois d'environ un mille de circonférence , com-
posé de gros arbres et de plus jeunes. II est étonnant qu'ils ne
se soient pas plus multiphés dans ce pays , et qu'on n'en ait
point trouvé ailleurs^ puisqu'ils réussissent très-bien en Eu-
rope ', oà ils sont maintenant comme naturalisés : on en voit
beaucoup en Angleterre « et ils commencent à devenir assez
communs en France. Celui qui est au Muséum d'histoire na-
turelle , et qui s'élève si majestueusement au milieu des arbres
verts qui couvrent la butte , fut apporté d'Angleterre par Ber-
nard de Jussieu j et planté en 1 734 ^ il a aujourd'hui ( 34 juin
1 Soj ) soixante-huit ans ; j'ai mesuré la circonférence de sa
tige À quatre pieds et demi au-dessus de terre , elle est de sept
pieds dix pouces , et son diamètre par conséquent de deux
pieds sept pouces quatre lignes ; ainsi ce bel arbre a cru chaque
année en épaisseur de cinq lignes et demie ou environ.
Le cèdre se phiît dans les terreins pierreux , sablonneux et
msûgreB ; sa croissance^ ainsi qu'on vient de le voir , est assez
rapide ; son bois est le meilleur qui existe pour la charpente ;
il devToit donc être plus multiplié. On pourroit en couviirles
coteaux arides ou les petites montagnes , et le placer dans des
bosquets d'hiver , où il produiroit uii effet superbe. U réussit
pf
45o € E D
également dans les climatii de température difl&rente ^ cnA
}>armi les neiges , et supporte , quand il est adulte^ les Croids
es plus rigoureux ; dans sa première jeunesse il a besoin
d'être garanti contre les fortes gelées. Une grande partie des
jeunes cèdres qui étaient en France ont péri ^ dit M. de Fe-
uille y à la suite de Thiver désastreux de 1789.
Cet arbre vit plusieurs siècles. On ne le multiplie que da
«es graines , qu'on relire des cônes qu'il produit; on les sème
dans des pots , qu'on met à l'abri du soleil et des .pluies ; car^
il faut que la terre soit peu humectée \ on les sépare ensui'^
f>ur n en mettre qu'un dans chaque pot , qu'on place aussi
l'ombre ; ils sont gardés dans fa serre en hiver pendant
trois ans , après ce temps on peut les confier à Ifi pleine terre*
Ija culture du cèdre est en général la même que celle du Mé*
X.£S£. ( Voye% ce mot. ) Miller dit que và^ fruits réussissent
mieux dans les hivers durs que dans les plus doux^ et il assure
Sue plusieurs de ces arbres^ plantés en Angleterre , y donnent
es semences qui produisent à leurs pieds des plantesen abon-
dance et sans aucuns -soins.
Le bois de cèdre est rougeâtre , odoriférant et incorrup<»
tible ; son odeur approche beaucoup de celle du pin ; il ne
paroit pas contenir beaucoup de résine. On rapporte que
les charpentes des temples d'Ephèse et de Jérusalem étoient
construites avec ce bois. On Ut aussi dans l'histoire, qu'on
trouva dans le temple d'Apollon à Utique des débris de chai>
Sente faite du même bois , qui avoit près de deux mille anj^
I. de Feuille révoque ces faits en aoute , parce qu'il pré-
tend que le tronc du cèdre ne s'élëvant pas à plus de vmgt
Sieds y n'a pu servir à des édifices d'une dimension aussi éten-
ue ; il croit encore moins que la statue de Diane ait éti
sculptée sur ce bois , qui est mou , d'un grain înésal et sujet
& se fendre. H est plus léger que le sapin. Quand on remploie,
au lieu de l'attacher avec des clous y dont il se retire ordinai-
rement y il faut l'assujettir avec des broches du même bois.
Suivant le rapport des voyageurs il découle naturellement
du tronc et des branches de cet arbre une substance résineuae*
Voyez l'article Ri;8iKX.
On donne improprement le nom de cèdr?. & plusieurs ar-
bres ou arbrisseaux qui appartiennent à des genres diflerens;
tels sont le cèdre de Virgiiùe ou cèdre rouge , juniperu» Fli^
giniana Liinn. ; le cèare de Bermude , Juniper us BermM^
diana Liinu.; le cèdre de Lycïe ^juniperue P/iœnicea Ijinn.;
le cèdre acajou ft est le cedrel odorant y cedrela odorata Linn. ^
le cèdre mahogoni ou le mahogon , ewietnia mahogoni Lin 11. ^
c'est l'arbre qui donne le beau bois d'acajou ^ le cèdre biamc^
O B H ^ 45i.
9HpreêêU8 thuyûideê Unn. ; Ip cèdre de ta Jamaïque^ theo^
broma guazuma Linn.; le cèdre de Busaccb, cupresaus pen*
dula y Linn. ; -enfin il y a uii,e espèce àHciquier , icica altiê"
eima Aubl. , qui porte le nom de cèdre rouge ou d'iciquier'»
cèdre. Voyez dans ce Dictionnaire les mots GEjNàvaisa^
CrDKRL , MaHOGON , ICIQUIER et CYPRÂa. (D.)
C£DR£L , Cedretta. C'est un très-grand et très-bel arbra
quia beaucoup de rapports avec le Mahooon. U a les feuilles
alternes, ailées^ sans impaire, et composées de folioles ovales^
lakicèolées et entières. Ses fleurs sont disposées y en grand
nombre , sur des grappes nombreuses et paniculées.
Chaque fleur consiste en un calice très-petit et monbphylle ;
en cinq pétales ovales , oblongs , obtus et droits ; en cinq éta»
mines ; en un ovaire supérieur , globuleux , porté sur un ré-
ceptacle un peu élevé dans la fleur , et à cinq angles ; en un
style alongé et terminé par un stigmate obtus. Le fruit est
une capsule ligneuse ^ ovale , à cinq loges , qui souvre en cinq
valves , et a, dans son milieu, un placenta ligneux , libre et &
cinq angles , auxquels sont attachées plusieurs semences ,
munie» latéialement d'une aile membraneuse.
Cet arbre croit dans l'Amérique méridionale ; il répand,
dans les temps chauds une odeur désagréable , et quand oa
rincise , une gommelransparente. On l'emploie dans la cons-
truction des maisons et dans la fabrication des bateaux » des
armoires et autres meubles. Son bois est tendre , léger , aro-
matique et amer ; il n'est point attaqué par les insectes. C'est
le cédrel odorant y le cèdre acajou ou V acajou à planches de
SairU-Domingue,
Loureiro a décrit , dans sa Flore de la Cochinchine , sous
le nom deCK])R£i^ romarin, un arbrisseau qui paroitse rap^
procher beaucoup plus des Itébs , au dire de Wildenow ,
que de l'arbre dont il vient d*étre question.
Ses feuilles et ses fleurs sont odorantes , et passent pour ce-
phaliques , nervines et diurétiques ; on les emploie contre les
catarrhes et les douleurs rhumatismales. On en tire, par la
distillation avec lesprit-de-vin , une liqueur qui ne le cède pas
k Teau-de-vie de lavande, et à feu nu, une huile essentielle
extrêmement suave. (B.)
G£DR[ A , résine qui découle du CkoRE. Foyez ce mot et
celui de RÉSINE. (S.)
C Ë D R I N , nom que Selon donne au Cini. Foyei ce
mot. (S.)
CÉHOILOTL ,nom mexicain du pigeon brun de la Nou^
velle^Eapagne. Yoyez Fjoson* C^O
a
CEIBAy arbre du Sénégal da genre Fbomageb. Voyez
ce mot. (B.)
CEINTURE. CommerFon dbaerve dans les Cabinets d'his-
toire naturelle ,• et dans les niagasiti&de curiosités , dos cein-^
tares de quelques sauvages de l'Amérique ou des îles des
Indes , on a cru nécessaire d'en dire quelque chose ici. La
plupart des hommes qui. marchent nus gardent un senti-
ment de pudeur qui les oblige à cacher leurs parties sexuelles;
les nègres se^servent'dfune^o^n^./ c-'estun morceau d étoffe
grossière ou nie linge , dont iJs entourent leurs hanches. Go
mot pagne est poitugais , et dérive de j)annus^ un «drap. Il
parolt qu'avant l'arrivée des Européen&^n Amérique , et avant
la traite des noirs , les hommes sauvages .du Nouveau-!Monde
et de la brûlante Afrique marohoient entièrement nus ; on
assure même que les peuplades américaines qui sont tr軫
éloignées des établisse mens européens , .et qui n'ont aucune
communication avec eux ^suivent-encore cette coutume de
rester nus comme ils sortent -du sein de leur mère , k la ma-
nière des animaux. Ils sont si simnles^si remplis d'innocence^
qu'ils ne se. doutent pas même des lois de la pudeur ; on ne
rougit que quand onconnoft déjà le mal ; l'enfant ne craint
pas de ae découvrir ^ pai«ce qu'il est dauit l'âge derinnocence^
ees sauvages sont de même des jneuplesenfans; à mesure qu'oa
se couvre davantage^ on a des mœurs moins chaatea. Une
Chinoise » une Mahométane, toute femme aai.itîque , est d'au*
tant plus cachée , plus serrée , qu'elle seroit plus facile en
amour. L'habitude de la nudité rend les aeites indiiférens;
c'est le mystère des appas qui les rend plus séducteurs*, voyes
les nations les plus corrompues , ce sont celles qui ont le {àaa
Srand soin de cacher leur nudité et de conserver une grande
écence extérieure ; les peuple» simples , au contraire , ne
cherchent point à se couvrir avec soin ,ilsp<N*tent dansleoie
regards toute l'honnêteté de leur cœur.
Xies efiineurêê des sauvages sont quelquefoisuu tissu d'herbea »
de fibres , d'écorces ; on y attache aussi des plumes ornées dea
plus briUantes couleurs. Lies insulaires de la mer du Sud , lea
Américains recherchent sur- tout pour cet emploi les plumea
des aras , des perroquets loris , des toucans , des flammans et
aotrea oiseaux éclatans. Les Caraïbes lissent des ceiniurts dm
paix , pour donner en gage d'amitié ; ils les ornent d'un ou
plusieurs rangs de coquiMes appelées pucelages ou cauns ,
crprœa moneta de Linn. ; ils ciessnient aussi des hommea,
des caractères d'écriture , des fleurs et des animaux sur leurs
csiniures. Il y en a pour les jours de fôte , pour les temps de
guerre , pour les époques du mariage , les funéimiUes , &c. ;
c E r ^ 455:.
comme la làngne dé ces peuples est imparfaite , ils témoignent
leurs sentimenspar divers attributs^ et par le genre d'orne^ -
mens de cette espèce d'habillement.
Chess les peuples pasteurs ^ et ceuxa demi^-civilisis , la vie
étant activa et exigeant beaucoup de mouvement) les hommes
se ceignent pour maintenir la capacité du bas-ventre ; sans^
cette précaution les hernies ou descentes devîendroient plus
communes-:^ par les efforts continuels. qu'ils- sont obligés dé-
faire dans tous leurs travaux. De même nous voyons que le»^
hommes de peine , les crocheteurs<> lés meâiiiers, les ma-
çons ^'&c.^ portent des ceintures pour pipévenir tout accident;.
oependant>iorsque la ceinture est trop senée , elle oblige , dana <
les grands «éforts , leà viscères à réagir ^vec violence oonti% -
les parois du~bas*venlre>^.Ge qui produit de» hernies ingui-*--
nales.
Chez lès lancîéns la ceinture étoit une partie nécessaire du;
vêlement ; elle portoit l'argent, comïnele témoigne le pro--
verbe : Bonne renommée vaut mieux qwe ceinture dorée,
n y a voit aussi un autre geure.de ceinture , qui ressembloit
à celle de Vénus y à cette ceinture des Grâces , dont la puissance
sur les cœurséloit inévitable ; c'étoit la ceinture de la jeune
vierge qui passoit dans les bras d'un époux ; détacher la cein-
ture j sottfere zonam , étoit consommer* le mariage. Il est dilT'
dans l'Ëcriture sainte ; que les prostituées se tenoient dans les-
carrefours y ayant leurs ceintures prèles à être détachées. La
ceinture des vierges* romaines étoit ae laine blanche , et noué»
d'un nœud'singulier, qu'on appeloit nœud d'Hercule ; c'étoit
une allusion *à la fidélité et à la pudeur que l'épouse doit con-
server sans cesse j et à l'amour constant qjtie l'époux* doit té-
moigner pour edle.
Les maris jaloux ont imaginé d*aiiitres ceintures dé idrgiL
ml^^qui sont plutôt les liens d'une odieuse et flétrissante cap-
tivité. C'est une zone qui entoure les hanches et qui sup»
rrte une autre ceinture passant sur les parties naturelles de
femme, de sorte que toute union>«exuelle«st impossible':
on laisse de petites ouvertures poui* la^sortiédeexcrétions na»
turelles. On vok, en>> Italie , en Espagne*, de» maris offrir ,
le lendemain de leurs noces , cette ignomineuse ceinture à
leurs épouses; c'est insulter à leur vertu et à leur honneur;
c'est tyranniser et avilir son épouse , et la croire incapable de
garder la..fidélité* Quoique, le mari garde seul la clef de cette
ceinture , et qail soit le geôlier , le cerbère vigilant de sa
femme , celle-ci cherche souvent à le tromper , cequ elle n'eût
peut-être pas fait si elle fût demeurée libre \ car la contrainte*
engendre ledesirderindépendance, nitimurin uetitum sem^
454 C E L
per; l'amour Mit foirer des clefs ou les soustraire aux Argiu;
une femme dont on méprûe la vertu , peut se rendre mé-
j)rûab]e en effet par désir de vengeance. Maris imprudens ,
soyez plus confian» en vos femmes ; tout votre art sera inu-
tile contre celle qui voudra vous tromper ; s'il est dans votife
destinée d'avoir une épouse infidèle y faites qu'elle rousisse
élernellement de sa faute , en reconnoissanl que vous eties
digne d un plus fidèle amour, et qu'elle devoit plus de cons-
tance à votre tendresse et à votre estime pour elle. (V.)
CEINTURE D* ARGENT, nom d'un çoisson du genre
Tbichiure, Trichiurua lepiurus Linn., qui habite les men
de la Chine et du Brésil. Fbjn au mot Tbichiubs. (B.)
CELA. Dans Unnasus c'est la mésange noire ; dans iEIiea
c'est le PiXiiCAN. Foy. ce mot ainsi que celui de M£sanok.(S.)
GÉLASTRE , Celastrus , eenre de plantes de la pentandrie
monogynie y et de la famille des Rhamnoïoes , dont le carac-*
tère est d'avoir un cab'ce très-petit, à cinq lobes; une coroUe
de cinq pétales onguiculés et ouverts; cinq' étamines; un
ovaire supérieur, ovale, conique, chargé d'un style court à
«tigmate obtus et trifide ; cet ovaire est à demi-enfoncé dans
lin disque charnu qui recouvre la base des pétales.
Le fruit est une capsule charnue , ovale, obtuse, trîgone,
à trois loces , qui contiennent^ chacune, quelques semences
munies a'une tunique propre.
Ce genre réunit trente à trente-deux espèces , qui sont des
arbres ou des arbrisseaux k feuilles alternes , à fleurs dispoaées
en bouquets axillaires , la plupart incomplètement connus ,
mais que l'Héritier avoit commencé de fixer dans son Ssr»
tum Anglicwn , où plusieurs sont figurés. On les partage ea
auatre sections, savoir, ceux qui ont et ceux qui n'ont p^s
d'épines, et dans ces deux divisions, ceux qui ont on n'ont
pas les feuilles dentées. C'est le Cap de Bonne-Espérance qui
en fournit le plus, et après lui, l'Amérique : aucune ne croit
naturellement en Europe.
Les plus communes de ces espèces sont;
Le Cii^ASTRE GRIMPANT, vulgairement appelé le homrreau
des arbres par les habitans du Canada^ où u se trouve. Cest
un arbrisseau sarmenteux , sans épines, qui s'élève consi€lé«>
rablement par le secours des arbres voisins , autour desquels
ÎL s'entortille , et qu'il serre si fortement, qu'il les fiât ordmai-
rement mourir. Ses caractères sont d'avou* les feuilles oblo^
gués , aiguës , dentelées , et la tige grimpante , non épine
On le cultive dans les jardins de quelques cnrieux.
C E L 455
Le CiLâSTRB TAVXCvhi, Celasirus pyracaniku» Linn.,
clont les épines sont nues^ les rameaux cylin^ques et les
feuilles aiguës. Il vienX en Afrique , mais n'en fleurit pas moins
tous les ans daa^ le Jardin des Plantes de Paris.
Le CiLASTRB OfDULé » dont les caractères sont d'être sana
épines, et d'avoir les feuilles presque opposées* lancéolées,
ondulées ; la capsule bivalve et polysperme. Il croît à Madar
* gascar et à File Bourbon , où on l'appelle bois de merle.
Le CÉLASTRE COMESTIBLE y (Jui est saus épines , et dont les
feuilles sont elliptiques, dentelées, et les bouquets de fleurs
axiUaires et dichotomes« Il vient naturellement dans l'Arabie
Heureuse , et on en mange les fruits , au rapport de Forskal ,
qui l'appelle Cébathe. Voyez ce mot. (B.)
CELÉOS. AIdrovande indique, sous la dénomination
de célèos , le Coureur. Voyez ce mot. (S.)
CÉLERI, ACH£> PERSIL DES MARAIS, Jpium
graveoiene linn. ; j^pium dulce , céleri ^italorum Tourna ,
plante bisannuelle de la famille des Ombellifères, et appai>*
tenant au genre Persil. ( Voy. ce mol. ) Dans son élat sau**
vage, elle porte le nom d'aehe, et croit dans les terreins
humides et marécageux. Les Italiens sont les premiers qui
l'ont tirée des marais pour la transformer en plante potagère*
La culture lui a fait perdre sa saveur désagréaole et son odeur
forte ( I )• Cette plante a une racine pivotante et fibreuse, rousse
en dehors et blanche en dedans : elle s'élève ordinairement à la
hauteur de deux pieds , avec des tiges noueuses et profondé-
ment cannelées ; ses feuilles inférieures sont pétiolées et oppo*
sées, les supérieures sont sessiles, en forme de coin , et placées
alternativement ; ses fleurs viennent aux aisselles des feuilles ^
et quelquefois au sommet des rameaux. On distingue quatro
espèces jardinières de c^i^rî, savoir;
Le céleri long ou tendre , ou grand céleri ^ dont les cales
■ont charnues , creuses , cylindriques , siQonaées à l'extérieur >
(i) Miller prétend que Vache est nne eipèce trèa-dîftidcte du
eêUri ouitiTé. «Après avoir cultivé, dît-îl, vache dans des îardins
3» pendant quarante ans , pour essayer si , au moyen de l'art » il étoît
A possible de lui procurer la même saveur qu'au céleri , Je n'ai janaîa
» pu le faire changer en rien ; tout ce que fa culture peut opérer, est
9 de le porter à une grosseur plus considérable , et de le blanchir en
» lecourrant de terre; mais il ne croit îamaîs à la même hauteur»
»et sa tige est moins droite que celle du céleri. Il pousse pi usieun
V rejetons près de la racine; et quand il est blancni^ il conserro
» son goût acre , qu'aucune culture ne peot lui ôter : ainsi {e ne puis
9 douter qu'il ne soit nne espèce paifaitcmeat diftiasts de celle du
9 céleri s« Diçtionn* dee Jaraimen*
4S6 C E L
et crenaéeA d'uB fort «Slon du c6té opposé»' Cette ^Bfict m
{produit deux vaiîéléi^ ; la première est panachée de l'ose 4
a partie charnue de sa racine ; la seconde esl le céleri plein,
^ ainsi nommé., parce qne son caractère essenlie]: est d'avoir U
jcôte pleine intérieurement , en quoi il difiere de lontca leS'
eftpèces de céleri ; il est aussi plus tendre ^e les autres, el
d'un goût plus délicat ; maia il est fort sujet a dégénérer.
Le céleri eburt ^ ou céleri dur, ou petit céleri. Ses fëville»
sont plus courtes que celles des précedens, et sa' racine plus
dure, n est moins agréable au goût; mais il a l'avantage paiw
dessus tous les autres, d'être plus hâtif et moins sensiole à la
gelée.
Le céleri hranchu, ou fourchu. Son nom lui vient de sa
forme ; il a un pivot gros et court, duquel pai*tent plusieurs-
autres pivots plus petit»', qui forment chacun une plante de
céleri. Son odeur est forte, et soiv goût doux et parfumé.
Le céleri à groeee racine ^ ou céleri^rave, on^céleri-'mapet^
Deux caractères essentiels le distinguent des autres f ses feuilles ,
mu lieu d'être droites, sont couchées sur terre boriaontalement
et circutairement, et sa racine a la forme quelquefois d'uae
grosse rave, et quelquefois d'un gros navet. Il est tris-déticaty
très-parfumé , sur^tout après qu'il a été euit D demande à
être moins arrosé que les précedens, mais il exige une lerr»
bien meuble ; c'est de ce point que dépend la srosseur de sa
racine. Cette eepèce a jmduit une sous-varieté veinée de
yooge.
On peut semer te céleri depuis Te mois de janvier fusqn'i la
fin de juin ; cela dépend du climat et des fiujultés du culti-
vateur. Les premiers semis exigent toujours plus de soins, è
cause des gelées, que les derniers ; on les fait communément
sous cloche et sur couche. Le céleri aime , dans sa citnssance ,
une terfe légère, bien engraissée, fratche et fréquemment
arrosée ; lorsqu'il est devenu un peu fort , on le transplante
dans des planches bien labourées ; quand on veut le fidre^
Blanchir, on Tempaille fusqu'à l'exlrémité des feuilles, oo
bien on le butte avec de la terre. Sa graine mûrit en sep-
lembre, et peut se conserver pendant trois ou quatre ans ;
mais la nouvelle est toujours préférable»
La racine de céleri est une des cinq racines apéritives m»-
îeures ; les autres sont celles de persil, d'cupergCy definouil
et de petit Aoftv : on plate sa graine parmi les quati^ semence»
chaudes. Cette plante est plus employée dans les cuisines au 'en
médecine , on la mange sur-tout en salade. On connt se»
sommités fleuries, et avec ses ti^es on fait une conserve trè»^
bonne pour les maux de poîtnœ et leê coliques vente
C E I> 407
A» senrance» fenmiiseni pou. d'bude -eaBeo^eOle t resprît-de-*
▼in en sépare un principe aromatique vif. Sa racine, dit
rvitet , est un urinau^ plus actif que celle du persil ; elle est
utile dans Tembarras des uretères par des matières pituiteuses^
^ns la colique néphrétique par de» graviers et sans inflam-
jmation , dans l'inteippérie froide du foie et de la rate , dansa
)u jaunisse par Tobstruction de» vaisseaux biliaires. On l'em-
ploie sèche » depuis demi-once jusqu'à une Mice^en macé-
,«t>on au bain.-marie dans kuit onœ. d'eau,
U faut se défier de Vetcàe, ou du céleri saUinxge^^ cueilli
dans les marais; lodetur nauséabonde de sa racine rend çeUe
plante suspecte ; plusieurs personnes en ont éprouvé de mau-
.vais efièts. Cependant les chèvres , les moutons et quelquefina
les vaches le mangent ; mais les chevaux n'y touchent pas.
Les anciens courou noient à'ache vert ceux qui se signar
ioient aux jeux Néméens. (D.)
C£L£RIN. Les pAcheurs appellent ainsi un poisson da
■genre CLVPi, qui ressemble beancoup à la sartUne , tasÔB
qui est plus gros. Il n'est pas bien certam qu'il soit autre que
la sardine même. Voyê% au mot CLui^iÉ»
On trouve dans les lacs des Alpes française» des poissons
qu'on nomme aussi célerins ; et qui sans donte appartien*-
nent au genre cyprin, mais on n'en connoît pas Tespèce»
^ortf» au mot Cyprin. (B.)
CELLEPORE9 CeUepora , genre de polypiers dont le
caractère est d'être presque membraneux, lapidescent> à
expansions crustacées ou subfoliacées et très-fragiles , ayant
leur surface extérieure munie de cellules urcéolées, presque
turbinées , saillantes et labiées à leur ouverture»
Ce genre est fort voisin de celui des mâlepores et de celui
des fiustres, mais il est composé d*espèces qui sont moina
J>ierreuses que les premières , et leurs cellules sont plus sail-
anies que^ans les secondes r du reste, ce qu'on sait sur ces
.deux genres leur convient ; ainsi on ne peut que renvoyer le
lecteur aux articles qui les concernent.
On connoit sept à huit espècel) de cellépcree , qui toutes se
•trouvent dans les mers d'Europe , attachées aux varecs et
#utres objets qui gissent dans les eaux* La plus commune est
la CEiâUÈPORE PONCJB , dout le caractère est d'ètte diohotome ,
droite , un peu applatie , rude au toucher , fragile ; d'avoir les
cellules globuleuses avec une épine au bord de leur ouverture.
Cette Ps^e est figurée pi. 27 , ug. F et 3o, fig.D de ÏEssaiêur
les Corallinee , par £ilis ; et ^. 3o, fig. S de la partie des Kere
du JSuffbup édition de Séterville. (B.)
4SR C E L
CELLULAIRE , Ceîlaria j genre de polrpien dont le
caractère est d'avoir des liges grêles , articulées , rameuses,
cornées^ lapidescen tes , et dont la superficie est garnie decellule»
lériales et polypifêres.
Ce genre est intermédiaire entre les escares et les êertularreit;
il comprend une vingtaine d'espèces, dont la plupart rea*
'semblent à des plantes. Leur base est composée ae tubidures
horizontales; leurs tiges sont souvent branchues, et ont des
articulations tantôt cornées , tantôt pierreuses. Il se divise ea
cellulaires à articulations couvertes de cellules dans tous les
sens , et à articulations garnies de cellules sur une seule face.
Ces ceUnles renferment dans leur cavité des pdypes dont la
tête, qui en sort quelquefois , est garnie de bras radiés sem-
blables à ceux des hydres^ et percée, au centre, d'un trou qui
est la bouche.
Les espèces de racines qui attachent lesce/Z/iibire^aux corps
solides, sont ordinairement grisâtres et flexibles pendant
qu'elles sont dans Feau , et touionrs remplies , dans leur iuté*
rieur, d'une humeur mueilagineuse , à qui Pallas a donné le
nom de moelle animée. Ces tubes sont en très-grand nombre
«ur quelques espèees , et peuvent être comparés aux radicule»
du Ucopode ou du Uerre.
La structure et l'organisation des eellulairee ne sont pas
uniformes dans toutes les espèces ; les liges des unes sont comr-
primées et composées, dans toute leur longueur, d'un double
rang de cellules alternes, qui sont posées de manière que
toutes leurs ouvertures sont tournées d'un même côté ; les
tiges des autres sont articulées , et leurs articulations con-
sistent en des cellules simples^ attachées les unes aux autres
par leurs extrémités.
Les cellulaires sont toutes marines ; on les trouve ordi-
nairement attachées aux coquillages , aux rochers , aux
varecs,&c.
L'espèce la plus commune de la première division, est le
Cellulaire salicob, dont le caractère est d'avoir une tige
articulée, dichotome, à articulations presque cylindriques ,
parsemées dé cellules rhomboïdales. Elle est figurée pi. e3 ,
fig. A du Traité des CoralUnea d'Ellis ; et pi. a8 , fig. 6 de
la partie des Fers du Buffbn, édition de Déterville. Elle se
trouve dans les mers d'Europe et d'Asie.
Les espèces les plus communes de la seconde division , sont
les CSLLULAIBES PLUMBUSES, NÉRITINBS et ATICULAIRBS,
qui sont figurées dans Ellis, pi. i8, 19 et so,fig. A a. (B.)
CELLULE. Cest le nom qu'on donne aux loges que se
construisent to guêpes et les abeiUes. Quoique Ton a<
C E L 45t,
plus particulièrement le nom A'alçéole aulc cellules des
abeillea , nous devons néanmoins les compi*endre dans Ib
même article , puisque la même dénomination générale leur
appartient. Les cellules des abeilles sont^ comme celles des
fuêpes , de figure hexagone » mais leur fond a une forme
eaucoup plus recherchée ; au lieu d'être plat , il est pyra-
midal, et composé de trois losanges égaux et semblables «
dont les proportions sont telles, qu'elles réunissent ces deux
conditions très-remarquables; la première, de donner à la
cellule l«i plus grande capacité; la secoude , d'exiger le moins
de matière peur sa construction : c'est cette figure pyramidale
qui permet aux fonds des cellules des deux faces opposées du
gâteau , de s'ajustei* les uns contre les autres , de manière qu'ils
ne laissent entr'eux aucun vide. Il en est de mèm^* du corps,
des cellules : la figure hexagone leur permet aussi de s'appfi-
quer immédiatement les unes aux autres, sans qu'il reste
eutr*elles aucun intervalle. L'architecture des abeilles sur-
passe encore celle des guêpes dans l'ordonnance des gâteaux:
ils n'ont , chez celles-ci , qu'un seul rang de cellules ; chaque
gâteau porte un double rang de cellules chez celles-là. Les
cellules des a.beines à miel sont horizontales, et celles des
guêpes varient dans les difiérentes espèces ; elles sont horizon*
' taies dans le plus petit nombre, et perpendiculaii^es dans le
plus grand nombre. La position des cellules des abeilles soli^
taires varie beaucoup j et elles ont ordinairement une forme
cylindrique.
La matière qui sert à la construction des cellules, n'est
pas la même pour toutes les abeilles et les guêpes. On connoit
la cire employée par les abeilles à miel : les abeilles-bourdons
se servent d'une cire très-grossière ; quelques-unes emploient
d'autres substances , telles que les feuiUes de difi'erentos
plantes , l'argile , une terre délayée , &c. Fresque toutes les
fiêpes construisent leurs cellules avec une matière semblable
cdle du gros papier gris ou du carton. Voyez Abeilub,
Guêpe. (O.)
CÉLONITE , Cetonitês , genre d'insectes de Tordre des
HymÎnoptâres, et de ma famille des Masarides. C'est na
démembrement du genre Masaris de M. Fabricius. L'es-
pèce qu'il a nommée apiforme m'a servi de i3rpe ; elle diffèrsi
essentiellement de sa vespiforme parses antennes plus courtes
nue le corcelet , à articles très-courts , serrés et presque pas
oistincis, et terminées en massue globuleuse; sa lèvre supé-
rieure est grande ; ses mandibules sont simplement uni-
dentées.
jfifr C E FF
Le corps dès eéîbnites est d'aillencs- proportiôniiéllênicnff
jplus- court que celui des masarea^-
Otk trouve la oéloniU apifhrme 9xxx environs de Mo)iN
pellier; elle se met en demi-boule , se tient accrochée aux*
plantes avec les àileS' rejetées sur les côtés , pendantes et
seri*ées contre le corps. Je tienàces^bservations-deChabrier,.
naturaliste de cette ville. (L.)
C£LSIEy.C^/Ma, genre de* plante» dé la didynamie an-
giospersiie, et de la famille des Solanj&es , dont le caractère
est d'avoir un calice divisé profondément en cinqi parties;
une corolle mono|)éiale en tou»y à- cinq di vidons inégales ;
quatre étami nés -inégales , à filamens inclinés et barbus ; un
ovaire supérieur chargé d'un style de la longueur des éta-
mines et dont le stigmate est obtus.
Le fruit est une capsule arix>ndie , applatiê en &8sa» avec
une pointe> environnée à sa base par le calice , et partagée in-
térieurement en deux loges ^ qui contiennent des semences
petites et nombreuses.
Foyez pi. 53â des ///iM/m^/KrdeLamarck, ou cegenre
est figuré.
Les celaiea sont au nombre de quatre à cinq espèces, crtii
croissent naturellement dans la Tuirquie d'Asie et les contrées
adjacentes. Elles ne diUèrent des Molànes ( Voyez ce mot. ),
que par le nombre de leui*s-étamines; aussi sont-elles bisan-
nuelles comme elles. Les plu» communes dans les jardins de
Botanique, sont la Celsie nu Levant, â feuilles bipinnées,
etlaCEj[«8H5 A itONOS PÉDONCULES^ Celsiçt' mxturu9.\ÀùX!k. y
dont lés feuilles radicalessont'pinnées en lyre. (B.)
G£MAS. Belon prétend que cernas^ ou plutôt kèmaa, est
le nom grec du Cita moi s. Foyet ce mot. (S.)
CENCHRIS, nom spécifique d*un serpent d'Amérique,
du genre des Boa. Voyez ce mot. (B.)
CENCHRITES. Foyez Aj«mites. (Pat.)
CENCCX, nom spécifique d'une couleuvre d'Aménque.
F'oy, au mot Couleuvre. (B.)
CENCONTLATOTLI. Fernandez fait mention da nio-
fUéUTBOXiÈ cette dénomination mexicaine. Voy, Moqueur. (&)
CENDREE. Les chasseurs appellent cendré» un trèe-^ietit
plomb, propre à tirer les petits oiseaux; l'on s'en sert aussi
pour les bécassines, (S.)
CENDRÉE DE TOURNA Y , poussière des foursi chaux
des environs de cette ville : c'est un mélange de chaux et de
oendre de houille ; on l'emploie aux mêmes usages que là
pouaaolane. (Pat.)
e E N 4g,
CEfiTDRES. On a désigné assez malrii-propos sonale nom
.généngue de cendres ^ les substances înétalliqaes qui^ ayant
perdapar raciion du feu leurx:ohérence^ leur continuité et leur
éclat, sont réduites à ^état d'oxidç ; c est ainsi que les potiers
d'étain^par exemple, appellent cendres d'étain , cendres dm
j}lomb^ les oxides de ces mélaux; mais ils n'ont, avec les
cendres, soit des végétaux, soit de» animaux , soit des miné-
rfiux , d'autre ressemblance que l'état pulvérulent et la coulenr
grise.
Le Bom de cendrée ne convient, à proprement parler»
qu'au résidu des corps organisés , après leur combustion à
l'air libre. Les propnétés qui les caractérisent , sont d'étra
inodores dans 1 état sec ^ d'exhaler une odeur de lessive dans
l'état iMimide ; d'augmenter de poids dans l'atmosphètre ;
d'absorber l'eau avec avidité , et de la perdre avec la même
promptitude ; d'imprimer sur la langue une saveur acre; de
lépandoe dans la bouche une odeur nrineuse; d'ofirir , étant
agitées avec^uelques gouttes d'huile , une espèce d'état savons
neux; de ne contenir aucune matière charbonneuse ; enfin ,
de se rapprocher le plus de cette nuance , vulgairement
nommée couUur cenwrée* Tels sont les caractères les plus
E^néraax d'après lesquek on peut recohnoitre que le corpa
nileux aX «xtractif a été parfaitement détruit, et que les
i^ndres sont bien conditionnées ; mais il paroit difficile »
pour ne pas dire impossible , d'amener au même degré do
bonté les cendres de toutes les matières combustibles , d'oik
-on les retire , et de tous les foyers où elles se préparent. C'est
à la chimie spécialement qu'il appartient d'indiquer la nature
<les parties constituantes aes ctndres, les* procédés emf>loyé8
«n grand pour les appliquer aux arts et métiers : cette science
a déjà fait connoitre que la slaise , le sable , des sek neutres à
différentes bases , du fer , des alcalis , et de la terre calcaim
convertie en chaux, en forment les jprincipales ; mais c'est
^ujoursà raison de la quantité d'alcah qui s'y trouve, qu'elles
ont plus ou moins de valeur*
. Le sel qu'on retire de la lessiye dçs cendres, des bois, éva*
porée jusqu'à siccité, s'appelle salin; on nomme potasse C9
même sel, blanchi pai* la calcination; et soude, les cendres
^des plantes recueiUies dans le voisinage.de la mer.
Tous les végétaux ne produisent pas une égale quantité d#
cendres , les plantes herbacées en fournissent le plus.
Toutes les plantes ne contiennent pas une égale quantité
de salin , les arbustes en produisent plus que les ai*bres, les
fraiUes plus^ue Les branches, les branches plus que le tronc.
46» CBN
Cendres de hoU.
Ta plus grande quantité de potasse qn\>n tronve dank lé
commerce , provient des cendres de bois qu'on bi'ûle sur
place , dans les forêts du nord de FËutope et de l'Amérique ;
elles contiennent en général depuis cmq jusqu'à dousse à
quinze livres de scUin par quintal ; mais on a remarqué qu'un
arbre qui a végété au nord et dans un terrein hume{^té^ en
fournit moins que le même individu placé dans un terrein
aec et au midi. Le bois d'orme en donne plus que le chêne,
et ce dernier davantage que le charme et le trembla ; l'âge et
Fétat de l'arbre, la saison où il a été coupé, le procédé em*
ployé à sa combustion , en font souvent varier la proportion ;
d'oH il suit que souvent deux à trois mesures de cendres n'en
valent pad une , quoique provenant du même végétal , rela-
tivement à la quantité de potasse qu'on en retire , car c*eat
toujours de cette quantité que résulte le prix qu'on met aux
cendrée. Elles sont réputées de bonne qualité, quand elles
en produisent dix livres par quintal; les cendrâ des bois
flottes en contiennent d'autant moins , qu'ils ont séjourné
pins long-temps sur l'eau. Les bois résineux sont générale-
ment les moins riches en potasse ; mais c'est une erreur de
croire que les bois poonis fournissent peu de salin , Vexpè--
rience a démontré qu'ils en donnent le double, ce qui oifte
une ressource pour les iabriques, attendu le prix modique
eu se trouve ce bois généralement rebuté.
Cendres déplantes.
Ce sont celles qui abondent le plus en potasse, puisque
vingt livres de cendres d'orme ne donnent que deux livres
d'alcali ; tandis que la même quantité de cendres des tiges de
tournesol en produit le double ; celles de blé de Turquie
jusqu'à dan bvrea, et les côtes ou nervures de tabac , qu'on
rejette dans les fabriques , huit livres ; la dépouille ou le sque-
lette des plantes légumineuses et potagères, la fougère, le
bruyère , les chardons , les branches mortea, sont é^ilement
fort riches en potasse. «
D'après ces exemples incontestables, il parottroit qu'on
des meilleui's moyens de se procurer , en abondance et par-
tout, des cendres bien chargées de poioâse , ce seroit de feire
sécher, avant qu'elles aieut porte des graines â maturité ^
toutes les herbes qu'on sarcle dans les cliamps , dans les jar-
dina, que les bestiaux refusent de manger, de les réduire en
fiQuàres vers la fiji de l'été ^ comme ceh se pratique dane k%
CBN 46S
•nvkons de Paris , par lea blanchiaaenges» Parmi cespUnteB^
il en existe qui se trouvent réduites à rien dès qu'elles sont
pourries , tandis que d'autres ne parviennent a cet élat que
très-difficilement 9 à cause de leur texture dure el ligneuse ;
en les jetant d'ailleurs sur le fumier, leurs semences ^ qui
bravent les effets de la putréfaction , infestent les terres^ en y
llépandant avec l'engrais le germe des mauvaises herbes.
Cendrée de soude,
EDes sont le produit de la combustion à Tair libre du eaii,
tl de plusieurs autres plantes maritimes qu'on brûle sur les
bords de la Méditerranée, dans des fosses pratiquées exprès,
et auxquelles la chaleur nécessaire, pour les réduire en
cendres , a fait subir une demi-^fusion , d'où résultent ces
masses dures et pesantes , connues dans le commerce sous le
nom de soude; l'alcali qu'elles contiennent diffère de celui
des bois, des plantes et des lies de vin, en ce qu'au lieu de s9
résoudre en eau , il s'efHeusit à l'air, cristallise plus aisément
et a moins de causticité. On tire parti également , sur les bords
de l'Océan , et notamment sur les côtes de Normandie, de
J plusieurs plantes , telles que les algues , les goesmone , les
ucus , &c. , en se servant du mâme procédé que celui qu'pA
emploie pour la combustion des différens calis ; ces cendres,
^ui portent le nom génériaue de cendres de pareck, con*
tiennent infiniment moins d'alcali et plus de sels neutres , ce
qui les i*end par conséquent moins propres aux usages pour
lesquels on recommande l'emploi de la soude : aussi prend-
pn le parti de ne leur faire subir aucune préparation pour ke
employer à l'engrais des terres.
Cendres de gazon*
Dans les recoins négligés des chemins et de mille places
gazonnées, répandues en divers lieux , on peut encore trouver
les moyens d'augmenter la source des cendres : voici le pro-*
cédé dont on se sert avec succès dans les pays montagneux ,
comme la Savoie , &c.; il mérite d'autant plus de confiance,
3a'on le trouve décrit dans le Théâtre d'Agriculture d'Olivier
e Serres.
Après avoir coupé et enlevé les gazons aussi minces qu'il est
possiole, avec un instrument bien tranchant, on les kûase
eécher ; et pour en venir à bout plus promptement , les uns
les retournent plusieurs fois dessus, dessous., au soleil; les
autres prétendent qu'en changeant seulement les gazons de
jplace de temps à autre sans les retourner^ ils sèchent plus
464 _ C E N . .
promplement ; une fois bien séchés^ on litilt un pelll Fagot aee
a'environ deux ou trois pieds de long et d'un pied de dis*
mètre ; on le pose à terre , mais soulevé à un de ses bouts par
un morceau de bois qu'on place sur des gasons mis k plat les uns
Kir les aulres^ à la hauteur d'environ un demi-pied de haut;
Ôd entoure ce fagot de gazons posés de même à plat , puis on
continue en avançant toujours les gazons sur les fiigots^ et on
recommence jusqu'à ce qu'ils forment un tas de quatre à cinq
pieds (le diamètre , posant tou^urs les gazons sur les joints
dei premiers, comme si l'on craignoit que le feu ne trouTât
qpelqu'istiue. .11 en, trouve effectivement autant qu'il est uéce»«
j^iire; les gazons secs joignent mal , le feu resserré se fait des
roules, il s'anime en raison de la difficulté qu'il a éprouvée, il
a'iAsinue avec d'autant plus de force qu'il devient plus violent f
les racines dâs gaasons, en brûlant, lui laissent des ix>utes in-
nombrables, et il se f^dt une Ve}le chaleur^ que la terre rougit
ordinairen^ent.
Combien de terres n'a-t-on pas améliorées senaiblemeni pour
avoir brûlé ainsi k leur surÂice des bruyères, des fougères,
des senéls, des joncs ^ et pour avoir donné en même temps à
la pierre calcaire qui se trouve dans ces fonds, une propriété
analogue à celle de la chaux? Cette pratique offre le doubla
avantage de fertiliser puissamment le sol et de le purger dea
herbes. parasites. On a toujours renuuxiué que les champs où
<m brûler sur pied les chaumes restés après la moisson , les an«
ciens. trèfles et les vieilles luzernes , produisent des récoltea
plus nettes et plus abondantes que ceux oà l'on n'avoit paa
employa l'action du feu.
»
Cendres grapeUes,
Tous les produits de la vigne depuis le sarment jusqu'à la
grappe, et depuis la grappe jusqu'au marc de vendange,
sont en état de foiumir beaucoup de cendrée gra^eléea. On
donne ce nom au résultat de la combustion des lies deasé*
ehées et des menus: tartres: on, les prépare en grand dans les
pays vignobles; dans d'autres, jiu contraire , ces substances
sont vendues en nature aux teinturiers et aux chapeliers. U
t^aroit étonnant que dans certaines brûleries on laisse perdre
es extraits qui se trouvent dans les chaudières après qu'on
en a retiré Peau-de-vie , lorsqu'il seroit possible , en les calcî*
même degré.
C E N 465.
Cendres de tourbe.
Ces cendres , semblables à celles des végétaux dotit elles
sont les débriâ^ fournissent^ suivant les expériences de Ribau^
courte dix livres par quintal de tourbe ^ et au moyen de la
lIxi%îation^ deux onces de potasse : on en distingue de trois
espèces.
La première , à laquelle on donne avec raison la préfé-
rence , provient de la tourbe la plus compacte et la moins
terreuse ; elle est pesante ^ et d'un jaune foncé :• on la retire ^
des fourneaux des chapeliers^ teinturieiv , brasseurs, Slc, qui
font usage de la tourbe sous leurs chaudières. Sa couleur
foncée est due au fer qu'elle contient, et au recuit qu'elle a
éprouvé.
La seconde espèce est d'un jaune moins intense , plus légère
et moins recuite que la précédente; elle appartient à une
tourbe moins choisie.
La troisième est encore plus légère , presque blanche; c'est
un mélange de cendres de foyers, produites par les tourbes
Jl^s- plus communes et de cendres de bois; l)eaucoup moins
recherchée que les deux autres^ elle est aussi inférieure en
prix.
On pourroit former une quatrième espèce de cendre de
tourbe, en distinguant, celle que font les tourbiers avec les
grumeaux et poussiers; cette dernière, faite avec soin^ ne,
difiere en rien de la seconde. La couleur et la pesanteur, le.
toucher doux, une saveur légèrement saline, sont les qualités
auxquelles il faut principalement s'attacher dans le choix de
la cendre de tourbe. On juge aisément par l'expérience , et
avec un peu d'attention, si , pour en augmenter le poids , les
marchands de tourbe n'y ont pas ajouté du sable.
Les cendres de tourbe dont on a reconnu l'efficacité sur lesv
prairies, sont^ pour celte raison, un objet de commerce dans,
quelques cantons. On en ti-ansporle dans les environs d'Amiens
à sept et huit lieues; en Hollande, on les enlève tous les matins
avec des espèces de fourgons, pour les vendre au loin, jus-
qu'en l'iandre et eu Artois , sous le nom de cendres de mer.
Il seroit à désirer que par- tout où il existe des tourhières, on
pût en profiter poui* suppléer le bois dans les usines et les
foyers, il en résulteroit en même temps un amendement
assuré poui*les prairies dont l'étendre intéresse si directement
les cultivateurs.
IT. • « g
4C6 C E N
Cendres de charbon de terre.
Leur naiare est un peu diflcrente de celles Aoni îl a éii
question jusqu'à présent^ puisqu'elles ne contiennent point
d'aicali fixe; on remarque même que le charbon le plus
biltunineux est celui qui non -seulement donne le moins de
cendres, mais qu'il est encore, comme les matières animales,
fort difficile à amener à cet état. Dans le voisinage des grandes
villes où Von se cfaaufle avec ce combustible , on en emploie
cependant la cendre comme engrais; sa pix>priélé , principa-
lement calcaire, la rend utile dans les terres humides et glal*
seu&es; elle les pénètre, les ameublit , et les met en état de
profiter davantage des autres engi'ais indispeuHables qu'où
leur ajoute. Cette cendre sert peu nans les arts; elle entre seu-
lement dans la composition des cimens , auxquels elle donne
une grande solidité ei la propriété en même temps d'être
imperméables à l'eau.
Cendres de houille.
Ïa houille, qui fournit la cendre dont il s'agît, nW point
celle que les maréchaux et autres ouvriers substituent au
charbon de terre dans le travail de la forge , on que l'oa
brûle dans les foyers de plusieurs parties de la France, mais
d'une autre espèce de houille , désignée, à cause de ses effets »
sous les noms de houille d'engrais, terre^tourhe y cendrem
rouges , 8cc. On peut la regarder comme un amas immense
de tourbe pyriteuse, qui, étant amoncelée à l'air, s'y en-
flamme bientôt, en laissant pour résidu des cendres rouges,
d'où l'on retire, au moyen de la lixi\4alion , des sulfates de 1er
et d'alumine. Ces cendres , dédaignées autrefois , sont de->
venues aujourd'hui l'objet d'un commerce considérable poor
les cantons où il y a des houillères ouvertes. On assure qu'il
s'en débite par année seulement, dans la Picardie, plus de
trois cent mille septiers, qui remontent par la Seine el 1«
Marne jusqu'à Château-Thierry. Les qualités que doivent
avoir ces cendres , sont d'être fort rouges , légères, fines, «%
d'une saveur styptique.
Cendres considérées relaiivemeni aux arts.
lies cendres, dans lesquelles les différens alcalis abondetït «
peuvent être employées avec avantage dans le blanchisse ^^
du linge, danslesverreries, dans les savonneries, dans les teis^,
lures, en observant d'en régler toujours les proportions
CEN 4«7
celles de potasse ou de soude qu'elles contiennent y et mii , 4
leur dé&ut^ peuvent servir clans une quantité infiniment
moindre ; mais il convient toujours d'en rejeter les cendres
des bois fioités^ de tourbe > de charbon de terre et de houille,
par la raison qu'elles ont peu ou point d'alcali.
La difficulté de se procurer de bonnes cendres à Paris ,
Sarce que la majeure partie du combustible consiste en bois
otté^ a forcé les blanchisseuses de recourir à la soude pour
en faire la base de leurs lessives; mais, comme cette cendro
contient en même temps du fer ^ il arrive souvent quelelingaf
a des taches de rouille indestructibles. Peut-être parviens
droit-on à remédier à cet inconvénient ;, en employant le sel
de soude lui-même de préférence à ces cendres. L'augmen-
tation du prix que nécessiteroit l'extraction du sel sur lei
lieux, seroit compensée paf* la diminution des frais de trans-
port. Plus certain alors de la quantité au'on en eraployeroit ,
on ne courroit plus les risques de blancnir trop promptement
le linge aux dépens du tissu de la toile , ou de manquer tout-
à-fait la lessive, faute de n'en avoir pas mis suffisamment.
Nous touchons heureusement au moment d'avoir en Franco
du sel de soude à bon compte; on annonce que bientôt un
procédé particulier le retirera en grand du sel mariui auquel
il sert de base ; et si nous pai«venons à nous passer encore do
l'étranger pour cet objet d'un usage aussi journalier, ce sera
un nouveau service que la chimie aura rendu aux arts. Mais ,
6n ne sauroit trop le répéter, rien n'est plus utile que d*avoir
des règles fixes pour composer la lessive. Quand elle manque ,
on en accuse une multitude de causes, plus ou moins ridi-
cules, qui n'y ont aucune part : trompé souvent par ce n^ot
vague au sel qu'on a donne indistinctement à toutes les ma-»
tières qui ont une sorte d'énergie , les ménagères croient que
le sel qui agit dans les cendres qu'elles emploient est le même
que celui qui sert. dans la cuisine ; or, pour donner plus de
force à leur lessive, elles y jettent quelques poignées de. sel
marin, lorsque ce se roi t de la pota^ise, des cendres graveléc^
ou du sel de soude qu'il faudrojit employer. '
Indépendamment des effets généraux qu'on reconnoit aux
cendres abondantes en alcali , on leur a attribué des propriétés
particulières. On prétend que les cendres de hêtre sont, re-
cherchées par les verriers, celles de' chêne par les salpêtriers
et les savonniers ; qu'enfin l^^cendres de châûigniers ne valent
jrien pour la lessive, parce qa'elles tachent le lin^e pour tou-
jours. J'ignore si ces observations sont fondées sur des faits
JiMn avérés, ou si ce ne sont que de simples assertions ; mais
qu'il y a de positif, c'est que , comme nous l'avons dé^à
468 C E N
Annoncé , la méthode dont on se sert pour préparer les
cendres contribue à augmenter ou à diminuer la quantité et
la force de Talcair qu'elles contiennent , et à rendre , par con-
séquent, ce sel plus ou moins e£Bcace dans le blanchissage.
Sans doute , si la matière combustible a brûlé dans un grand
oourant d'air, si la flamme a été vive et soutenue, ce stl sera
moins abondant : si , au contraire, le feu a été étoufié et
Tignition sans flamme bien apparente , le produit du sel aura
presque doublé.
Il existe donc des diOférences énormes entre la cendre des
fourneaux des grands ateliers et celle des petits fourneaux;
entre la cendre des foyers des gens aisés qui; n'employant
que de bons bois, laissent aux cendres le temps de se perfec-
tionner , et celle des particuliers , qui , brûlant du bois de
toute espèce , rendent leur cendre encore plus remplie de
braise; enfin, celle des personnes qui jettent dans fa che^
minée les balayures de leiu* mai/ton ; aussi le prix des unes
est-il bien diOerent de celui des autres : on paie dans les villea
un boisseau de cendres du poids de vingt livres depuis 40
jusqu'à 100 sous : les proportions d'alcali qu'elles contiennent
suivent également celte diilérence.
'Cendres recuiieg.
n n'y a point de ménagère un peu intelligente qui, ha-
bituée à se servir des cendres pour la lessive , ne connoiase
les moyens d'en faii^ un bon choix, et de leur donner en-
core plus d'activité , en les laissant long-temps dans son fbyer^
et les mettant ensuite à l'abri de l'air extérieur. Elles sa^'ent
aussi combien il est important d'en séparer exactement la
braise , parct* que l'alcali ayant la propriété de dissoudre I»
charbon, elles ont le très-grand inconvénient de communi-
quer de la rousseur au linge : c'est pour le prévenir qu'on
leur fait subir celle opération , quNon exprime par cefidrem
fecuites. Pour cet eftèl , on les expose sur Taire d'un four
extrêmement échauft'é, a£n que le charbon qu'elles con^
liounent encore soit tout-à-fait consommé; on les remue de
tetn'ips en temps, et on diminue le feu insensiblement. Lios
cetidres concentrées ainsi par ce procédé éprouvent im dëw
chet de moitié ou environ ; mais elles acqmèrenl de la foro»
en proportion : cVsl à-peu-près comme si on avoit ajouté
pcu'dâ chaux- dans la lessive pour Tanimer.
G E N 469
Cendres lessivées ou charrées.
Quelque bien lessivées que soient les cendres , elles retien-
nent toujours une petite portion de matière saline; et la
preuve qu'on peut en donner , c'est qu'elles se vitrifient par-
faitement au feu ordinaire des verreries sans aucunes addi-
tions quelconques. Si ces cendres, qui ont servi au blanchi»^
juige et à la fabrique du saUn , sont exposées & l'air sous de*
l^angards à l'abri de la pluie ^ elles reprennent un pea d'é-
nergie y sur-lout si on a soin de les remuer et de les arrossr
de temps eu temps avec de l'eau des égoâts et celle qui a
«ervi aux lessives. Dans cet état^ elles ont plus d'action. '
Ce n'est pas que les charrées , au sortir de la lessive^ ne
soient portées sur les terres compactes ; mais il faut convenir
qu'elles acquièrent bien plus d aptitude à exercer la faculté
d'engrais après un certain temps d'exposition à Fair^ et au
moyen des additions dont il s'agit ; car^ épuisées comme elles
le sont de potasse^ on ne doit point espérer de les rendre
propres à aucun autre ujage^ à moins qu'on ne les calcinev
Il ne faut point négliger cette opération^ lorsqu'elle peut se
pratiquer sans beaucoup de frais, pour animer \^b charrées ;
mais les cendres qui ont perdu leurs sels à la lessive , n'en
j^prennent point étant rebrûlées ^ ainsi qu'on la avancé sans
preuve; elles redeviennent seulement. plus propres à être
répandues sur les prairies.
Cendres considérées relaUvement à l' agriculture.
Si toutes les cendres ne peuvent être indistinctement em-
ployées dans les arts, il n'y en a aucunes dont l'agriculture
ne tire profit^ quelle qu'en soit lorigine. I/expérience a
idémontré leur efiicacité dans les terreins où Targile domine ;
c'est à elles qu'on doit la fertilité des campagnes situées au
pied du mont £tna et du Vésuve. Il convient donc d - les
inscrire au rang des plus puissans engrais pour les terres fortes
et humides.
Cependant , il existe plusieurs cantons en France où »
malgré la facilité de se procurer des cendres , elles ne sont
pas autant recherchées qu'elles mériteroient de l'être. Celte
sorte d'indiflérence ne pourroit-elle pas venir de rincertituda
où Ton est sur la nature du sol et des esjpèces de végétaux qui
réclament le secours d'un pareil engrais ? Peut - être aussi
aura-t-on eu l'imprudence d'en metti-e trop à-la-fois, d'où
l'on a conclu que non-seulement les cendres retard oient l'ac-
croissement des végétaux^ mais qu'elles l'empéchoient abso-^
470 C E N
lumeul. peut-être encore la quantité en aura été restreinte de
manière à n'obtenir que peu ou point d'efi'et. Mais, sana
]X>us8er plus loin Texamen des causes qui ont empêché jus-
3u'à présent par-tout l'adoption des cendres comme engraia
es terres fortes et humides y bornons-nous à indiquer quel-
ques règles généralea^y d'après lesquelles on doit se déterminer
aur la proportion de cendres à employer, sur la saison où il
tant les répandre, et enfin relativement à leur manière d'agir
sur le sol et sur les prairies.
Quantité de cendres à répandre.
Elle est relative à la qualité des cendres , k celle du terrein
et des productions. Il est plus prudent de la fixer par des
essais dans les endrmts où l'usage de cet engrais est une non»
veauté. On ne peut donc étabhr , à cet égard, que des géné-
ralités. Ainsi t on dira : i^. qu'il faut trois septien envunon ,
mesure de Paris , de cendres de tourbe pour un arpent de
terre labourable ou de prairie ; a^. que la même étendue de
terrein n'exige que la moitié de cendres rouges ou houilJe
d'engrais > un tiers de celles de bois flotté, et un quart de
celles de bois neuf ou de plantes.
Saison peur répandre les cendres,
■ La saison de répandre les cendres sur les terres labourablea
varie suivant leur nature et celte des productions qu'elles
doivent rapporter. Si c'est une terre légère qui absorbe son
eau^ il seroit bon , i^. d'en répandre sur le pied d'un septier
par arpent au commencement de février et a^^nt le labour ;
3^. une pareille quantité après que les grains auront étéseméa.
Si la terre, au contraire, est compacte, et qu'elle retienne
l'eau à sa surface, on pourra employer le procédé décrit,
ayant seulement l'attention d'augmenter les doses suivant le
besoin , et de ne faire usage des cendres que dans un état
très^ec. On observera cependant , dans le premier cas, c'est-
à-dire, lorsque le terrein est sec, d'attendre, pour jeter lea
cendres qui doivent rester à la surface du terrem , qu'il fasse
un temps de bix>ui]lard , ou qui promette une pluie pro«
chaîne.
Quant à la manière de répandre les cendres, elle n*est pas
«ans inconvénient ; mais le semeur s en garantira aisément en
ne couvrant le visage d'une toile tiès-fiue, et eu semant contre
)e vent. Quelques nersonnes ont conseillé de semer sous le
viut,c*esl-à-dîre> oe jeter leng rais du côté ou le veut|)ousse;
C E N 47,
tnaîs Texpérience n'a pas tardé à démontrer que la première
de ces pratiques est préférable.
Manière cPagir des cendres.
L'efficacité des cendres , appliquées ordinwement ou au
sol fatigué pour le restaurer^ ou aux plantes qui languisseut
pour les fortifier , n'est plus aujourd'hui un problème ; mais
il ne paroit pas qu'on soit également d'accord sur leur véri-
table manière d'agir. Je désire que mes observations , à cet
égard, puissent mettre sur la voie ceux qui sont occupés de
l'examen des engrais ; matière d'une importance majeure ,
Ïuisqu'elle est le plus puissant agent de la végétation , et la
ase de la fécondité de nos récoltes. En se rappelant les par-*
ties constituantes des cendres , il est facile a'expli<|uer leur
.manière d'agir. Elles ont, comme tout ce qui jouit de la pro-
priété fertilisante, la faculté de soutirer de l'immense râer-
Voii* de l'atmosphère les vapeurs qui y circulent ; de les re-
tenir^ de les conserver avec l'humidité qui résulte de la pluie,
de la neige , de la rosée , du brouillard ; d'empêcher que cette
humidité ne se rassemble en masse , qu'elle ne se perde , soit
en s'exhalant dans le vague de l'air, ou en se filtrant à travers
les couches inférieures, et laissant les racines à sec \ de la dis*
tribuer uniformément, et de la transmettre , d'une manière
très<livisée , aux orifices des conduits destinés à la porter dans
le tissu du végétal, pour subir ensuite les lois de l'appro-
priation.
Toutes les fois que les cendres contiennent abondamment
de l'alcali tixe, il n'est pas étonnant qu'elles n'aient des pro-
priétés analogues à la chaux, et que toutes les plantes aux-
quelles on les applique immédiatement , sans précaution
ni mesure, ne jaunisisent, ne languissant et ne meurent»
comme si elles avoient été brûlées p:^r un coup de solçiL
Il est vitii que ces cendreà lessivées n'ont plus la nic^me
activité, et qu'il est possible de les employer avec profusion
«ans courir auciui risque . et ihi^me d'y établir la végétation ^
lorsqu'avant d*élre lessivées elles en éloient ragent, le pluf
destructeur. Ou sait que les racines bulbeuses végètent en-7
core avec plus de succès dans les cendres lessivées que.dann le
aable mouillé.
Effets des cendres sur les terres.
Les engrais, pris en général, ont deux manières d'agir sur
les terres. Mêlés en diflei^ntes proportions, ils leur donnent
la faculté de rendi-e l'eau perméable, et aux racine» de suivra
47a ^ ^ ^ . . •
lecoiirdentier.deleur développement^ ou bien ils procurent
du liant et de la soudure aux molécules terreuses trop di-
visées , et empêchent Teau de se perdre dans les couches infé-
rieures et les racines de se dessécher. Or, les cendrée ^ par
leur sécheresse, la ténuité de leurs parties, la propriété
qu elles onl de s'emparer de Thumidité, de la retenir d'une
uiauit re très-divi»ée , conviennent aux terres compactes et
glaiseuses, dont elles diminuent la viscocité, en s'insinuant ,
dans leur texture tenace, à la manière des coins. Ainsi, cette
humidité, réduite en surface^ humecte toujours le pied de la
plante sans jamais la noyer. Lorsque les' cendres ont produit
un eil'et diilérent , c'est qu'elles étoient trop chargées d'alcali ,
qu'on n*ea a point borné la proportion , et que le sol sur
lequel on les a répandues n avoil point assez d'humidité pour
bhdur leur action; car, disséminées sur des terres froides»
et enterrées par la charrue avant les semailles, elles iiont»
comme la chaux, d'une grande utilité. Nous observerons
même qu'on pourroitles employer dans un sol léger et sa-
blonneux ; mais ce ne.seroit qu'autant qu'elles se trouveroient
associées avec une eerLaiue quanlilé d'argile, comme on
niéle souvent la chaux avec le fumier poiur augmenter reflet
de ce dernier.
Effets des cendres sur les prairies.
Les heureux effets des cendres , attestés par leur utilité sur
les prairies, viennent à l'appui de nos observations. L'alcali
et la terre calcaire qui s'y trouvent contenus, sont dans la
juste proportion nécessaire pour détruire les mauvaises
herbes et' favoriser l'accroissement des bonnes. Mais est-ce
bien h la causticité que ces deux substances acquièrent par
la calcination , qu'on peut attribuer un pareil effet comme
on le pï'élend ? C'est ce qui ne paroît pas vraisemblable. Sî
les tendres les plus riches en alcali et en terre calcaire ap-
prochant de l'état de chaux, pouvoîent, dans ce cas, avoir
une arlioii corrosiVe, iansdoutcellesrexcrreroientsur tonte*
les plantes, et il arriveroit nécessairement que, ma'gré la
dillérence de leur tissu , il n'y en auroit aucune qui ne filt
I)lns ou moins att<iquée et détruite : or , cet effet n'a point
ieu.
Les oendrss figissefit d'abord mécaniQiU!{ment))arla ténnîlé
de leurs parties, qui divisent les ferres fortes et corrigent leur
défecluosité ; ensuite, comme matière déliquescente, ayant
la faculté, ainsi qu'il a été expliqué, d'aturer l'eau et l'air d^
l'atmosphève , de décomposer ces deux fluides , et de donner
C E N . . 47?
auiC résullats dé leur décomposiLioii les formes qu'ils doivent
avoir pour accomplir le voeu de la nature dans la végétation.
Voilà ^ du moins, ce qu'il est permis de conjecturer d'après
lexpérience^ qui prouve que tous les sels qui se résolvent en
eaUy toutes les terres calcaires approchant de l'état de la cliaux
vive, toutes les frites, sont très-utiles comme engrais.
Ce n'est donc point par un effet corrosif que les cendres ,
même les plus caustiques, agissent sur les prairies ; elles ne
détruisent les plantes parasites que parce qu'elles s'emparent
avidement de l'humidité qui a servi a leur développement , et
dont la surabondance est nécessaire à leur constitution phy-
sique et à l'entretien de leur existence. Ces plantes , naturelle^
ment moUes, pour ainsi dire aquatiques, ayant les racines
presqu'à la surface, sont bientôt mises à sec par ce moyen ,
se flétrissent^ et finissent par mourir de soif: au contraire»
les plantes qui forment les prairies étant d'un tissu plus so-^
lide , fortifiées par l'âge et les rigueurs de l'hiver, ayant une
racine plus profonde, ne souffrent aucune altération ; débar«
rasséesdes mauvaises herbes qui lesétouffoieutelpartageoient
en pure perte leur subsistance, elles reçoivent une nourri-
ture proportionnée à leurs besoins , s'échauffent , se ra-
niment ^ et font la loi aux mousses, aux joncs, aux roseaux
et à toutes les plantes qui rendent les foins aigres et durs ,
d'où il résulte un fourrage plus fin et de meilleure qualité.
C'est ainsi que les cendrée paroissent agir dans toutes les
circonstances, où leur usage est recommandé , soit pour les
. prairies naturelles et artificielles, soit pour les pièces ae grains
oui languissent au printemps, et annoncent une récolte mé-
diocre , sur-tout dans une année froide et humide , parce
qu'alors les plantes qui les composent sont dans un état dci
leucoplegmatie , c'est-à-dire, gorgées des principes qui consti-
tuent l'eau et d'eau elle-même.
Cette courte discussion sur la manière d'agir des cendrée,
explique i°. pom*quoi elles sont d'autant plus efiicaces,
qu elles ont été conservées dans l'état sec; a?» pourquoi une
aeule mesure, en cet état, fait plus de profit que deux de
cendres qui auroient été exposées à l'air; 3^. enfin, pourquoi
les cendres lessivées, étant soumises de nouveau à la caici-
nation , reprennent leur première activité , et ne contiennent
point pour cela de la potasse. Mais, sans insister davantage
sur les conjectures que je viens de hasarder relativement à
la taanière d'agir des cendres, toujours est-il certain que
l'expérience et les observations des meilleurs cultivateurs Leur
assignent le caractère d'un excellent amendement ; et que si
cites sont employées en saison et en proportion 9onvenabl^s j
474 _ C E N ^
elles fertiUaent les terres froides et hninides^ favoriaenl d^iim
manière très-marquée la végétation languissante, détruisent ,
«nr les prairies et sur les grains, la mousse et les autres plantes
parasites qui en tapissoient la sur&ce ; moins , il est vrai , par
leur âcrete que par Tabsorptiou brusquée et presque totale de
la surabondance de l'humidité qui les a fait naiire , et sert à
1 entretien de leur existence.
Les eendres ont encore l'airantage de détruire promptement
le» insectes et les limaçons , qui ne se plaisent nullement sur
un terrein qui en est parsemé. On connoit aussi leurs effets
aux pieds des arbres malades; et dans le jardinage, elles
st^rvent à la composition du chaulage , si efficace pour pré->
server le froment de la carie. (Par m.)
CENDRES BLEUES NATIVES. C'est le bleu de mon^
4agne puluénUeni , qui est ordinairement mêlé d'argile et de
terre calcaire, qui diminuent plus ou moins l'intensité de sa
eoulenr. Elles se trouvent dans diUérentes mines de cuivre,
vt sont plutôt recueiUies pour être employées en peinture que
Sur être traitées dans les fonderies comme mines de cuivre,
ais, en général ^ les cendres bleuee du commerce sont un
produit de l'art Le célèbre chimiste Pelletier avoit reconnu
que les cendres bleues que nous tirions d'Angleterre , ne sont
autre chose qu'un nitrate de cuivi^ précipité par la chaux ,
qu'on fait sécher, et auquel on ajoute ensuite un dixième
ed^iron de chaux vive en poudre ; et par l'effet de la tritu-
ration, ce mélange, qui d'abord étoit verdàtre, devient d*un
beau bleu. (Pat.)
CENDRES DU LEVANT. C'est une soude qu'on retire
par la combustion de la roquette de mer et autres plantes ma-
rines, et qu'on nous apporte de Syrie par la voie du com-
merce. (Pat.)
CENDRES ou CHAUX DES MÉTAUX. On donnoil
«nti-efois ce nom aux oxides métalliques. (Pat.)
CENDRES DES VÉGÉTAUX. Ce sont les parties ter-
reuses et salines qui restent après la combustion des corps
organisés. Elles contiennent toujours des molécules de fer ,
de manganèse, et quelquefois des parcelles d'or. (Pat.)
CENDRES et SABLES VOLCANIQUES. Ce sont des
matières pulvérulentes qui s'élèvent des cratères des volcans
avec des torrens de fumée, soit avant Téruption de la Uve »
soit «près que cette éruption est finie.
Elles forment une pluie tellement abondante , tellement
épaisse , qu'elle dérobe la clarté du jour quelquefois pendant
des semaines entières.
Cette poussière volcanique est d'abord d'une couleur grÎM
C EN 478
obscure > tiranl sur le noir^ qui s'éclaircit insensiblement 1
et quand , enfin , elle paroit sous une couleur blanchâtre^ on
peut juger que le paroxysme du volcan tire à sa fin.'
L'abondance des cendres est quelquefois pit>digieuse : dans
Téruption du Vésuve au mois de juin 1794» la terre en fut
couverte^ dit-on , de quatorze pouces dans un espace de six
lieues de circonférence.
Les éruptions de l'Etna présentent le même phénomène :
celle du mois de juillet 17^7 fournit une telle quantité de
cendres et de sables^ qu'à la dislance de quatre lieues^ il y en
avoit un'e couche de trois pouces d'épaisseur.
Quelques naturalistes ont prétendu que ces matières pul-*»
vérulentes provenoieut des débris des anciens cônes qui &•
précipitoient dans le sein du volcan, d'où ils éloient rejelés
par des courans de fluides élastiques; mais, comme lemâme
phénomène a lieu lors même que le cratère n'a pas éprottvé
cl'éboulement, il faut nécessairement y chercher une autrt
cause.
Coâtme il arrive fréquemment que pendant l'éruption de
ces matières pulvérulentes il tombe en môme temps d'épou-^
vaiîtables torrens de pluie ( qui ont, à ce que je crois, les
uns et les autres la même origine, et qui ne sont que le ré«-
«ultat de diverses combinaisons des fluides volcaniques ) ^
cette eau forme avec la cendré une espèce de mortier qui
pfend une consistance trèfr-solide, et qui est connu sous le
nom de tuf volcanique» Quand ce mélange sort tout formé
du cratère , on lui donne le nom d'érupHon boueuse , qui
devient également un tuf, mais moins soUde que le premier.
Il se forme quelquefois, dans l'atmosphère des combinaisons
d'où résulte en même temps la formation de l'eau et d'une
matière argileuse , et la pluie qui en provient est appelée
pluie terreuse. Celle qu'on vit en Sicile le ^4 avril 1 781 , en-
duit d'une couche d Wgiie de deux ou trois lignes d'épaisseuv
tous les corps qui s'y trouvé i«nt exposés.
U n'est pas surprenant qu'un tel phénomèoe ait lien dans
le voisinage des volcans, puisque, même dans des contrées où
il n'en existe pas , le céièb^*e observateur Humboldt a reconim
que souvent les gouttes d'une pluie d'orage contenoient de la
torre calcaire ; et tout concoiu-t à prouver que les matières
1<3rreu8es des éruptions volcaniques, sous .quelque forme
qu'elles se présentent > n'étoient nullement préexistantes, el
qu'elles sont le produit instantané d'une véritable opération
chimique. '
Quand ces matières pulvérulentes sont composées de rudi^r
an eus de cristaux mêlés de molécules ft'rruginjeujts ^ ccmimf
476 ^ C E N ^
cellefl qui confrent les cliamps des environs du Monteroêm,
au pied de TËtna , et toute Tue de Stromboli , eQes rendent Ik
teiTe stérile pendant un ceitkin nombre d années , jusqu'à ce
que ces molécules cristallines tombent en6n en décompo-
sition : celles y au contraire , qui sont sous la forme d'une
poussière argileuse, procurent sur-le-champ la plus grand#
fécondité aux campagnes qu'elles ont couvertes.
Les cendres et les sables ne différent point essentieDement
des matières volcaniques d'un volume plus considérable^
que Dolomieu désigne sous le nom de saories des cratères ,
qui ont graduellement jusqu'à la grosseur d'une aveline on
même d'une noix. Ce sont ces petites masses de scories, tantôt
blanches et tantôt noires ( suivant Tépoque de leur forma-
tion ), qu'on nomme à Naples rapillo bianco e rapUlo nero.
F'oféz AuoiTE, Lave j Tuf et Vorc an. ( Pat.)
GENDRIËRE, nom qu'on donne à la tourbe dans quel-
ques-uns de nos départemens. (Pat.)
CENDREETTE. Ployez Cin£:baire. (S.)
CENDRILLARD ( Cuculus dominicus Latb. , pL im-
primées en couleur de mon Hisi, des oiseaux de VAmiriq,
septent, ordre. Pies ; genre. Coucou. Foy. ces deux mots. ).
L'on trouve ce coucou à Saint-Domingue^ à la Louisiane et
à Cajenne. Il a dix à onze pouces de long; les deux mandi^
bules du bec recourbées en bas, et d'un gris brun; la gros-
seur du mauvis; le dessus du corps, les couvertures supé-
rieures des ailes et de la queue du même gris ; le dessus de la
tête gris cendré ; les pennes des ailes rousses ; les quatre pennes
intermédiaires de la queue pareilles au dos; les autres noi-
râtres, et terminées de blanc ; toutes sont étagées ; le desaoua
du corps est d'un gris roux , et les pieds de même couleur
que le bec. ( ViEiiiii.)
CENDRILLE. nom vulgaire donné à la mésange bieue^
i la c/iarbonnière et à la siitelle. Voyes ces mots. (VistUL.)
CENIE, Cenia, genre de plantes à fleurs composées, de
la syngénésie polygamie superflue et de la famille des Cohym-
BiPEBSs, établi par Jussieu, à l'imitation d'Adanson, pour
S lacer le coiula turbinata de Linn. , qui n'a pas les caractères
es CoTULES. Voyez ce mot.
La cénie a un calice turbiné , creux sous le réceptacle »
octofide à son limbe; des fleurons quadrifides, tétrandres ^
hermaphrodites , et des demi-fleurons très-courts , femelles
fertiles. Son réceptacle est convexe et nu ; ses semences sont
comprimées ; ses feuilles pinnatifides , et i«s pédoncules ter*
minaux unifloi^es. Elto est annuelle y et croit naturellement
•n Afrique. (B.)
C E N 477
. ClÉNTAURÉB, Centaurea Linn. {Syngénéaie po^
iy garnie frustranée) y ^^enre de plantes de la famille de»
CiNAHOci;pHAZ«£s y qui a beaucoup de rapports avec lei
Jacées et les bluets y et qui comprend des herbes vivaces ou
annuelles, à feuilles , tantôt simples, tantôt ailées , et à Heurs
composées et fiosculeuses. Chaque fleur a des fleurons her-
mapiirodites au centre, et des ileurons femelles et stériles à la
circonférence. Les uns et les autres sont portés par un récep:-
tacle garni de soies roides ; et le calice qui les entoure e^it
formé d'écaillés simples et entières, qui n ont ni cils ni pi-«
qnans, et qui se recouvrent les unes les autres. Ses semences
sont surmontées d'aigrettes ordinairement courtes, déniées
ou ciliées. Voyez pi. 7o3 des lUustraiiona de JLamarck , 09
ces carac tères son t figu rés.
Nous avons cru devoir rétablir , à l'exemple de Jussieu^
les anciens genres de Vaillant et de Touruefort, que Linr
hseus avoit réunis £(u genre Centaurée, beaucoup trop con-
fus et nombreux. Nous traitons, à leur lettre , chacun de ces
genres avec les espèces utiles qu'ils renferment. [Voy, en con-
séquence les mots Chaussetrafe , Crocodix^ion , Seridje^
iBiiUET , Jacée et Rapontique. Les véritables centaurées se
trouvent ainsi réduites à un petit nombre d'espèces ; les plus
intéressantes sont :
La Centaures commune ou grande Centaurée, Cen-^
tatsrea centaurium Linn. C'est une plante d*un beau port ,
qjui croit sur les montagnes élevées de l'Espagne et de l'Italie.
Sa racine est vivace, grosse^ noirâtre en dehors, rougeâtre
en dedans, et remplie de suc. £lle pousse des tiges de quati-»
«cinq pieds, cylindriques, branchues et garnies à leurs nœuds
de grandes fouilles ailées et à folioles oblongues et dentées.
L'extrémité de chaque rameau porte une téie ou une fleur
comjposée de plusieurs fleurons d'un pourpre brun , évasés
et découpés en lanières. Le calice qui les enveloppe est formé
d'écaillés ovales et convexes.
La racine de celte plante est stomachique , vulnéraire ,
apéritive et un peu astringente. On la prescrit à la dose d'un
gros dans les décoctions et les infusions vulnéraires^ ou i*é-
dnile en poudre , également à la même dose , infusée dans
du vin ou dans quelqu'aulre liqueur convenable. On l'or*
donne dans les obstructions des viscères , dans le crachement
de sang, dans les hémorragies, les diarrhées séreuses, les
dy.ssenteries ,^ loi'squ'il n'y a plus d'irritation ou d'inflamma-<
lion.
La Centaurée musquée, i^'Ambrette, la Fleur nj^y
47» • C E N
GRAKi>*SEi6NErR , Cen^aurea moschata Lmii. Cette pkafe
est annuelle et originaire de la Turquie^ où elle vienlspoula-
nément dans les terres semées en blé. £He ménie les noms
qu'elle porte. Sa fleur a en effet une odeur douce de musc ,
qui flatte agréablement Todorat , sans porter à la tôte : quel-
ques personnes trouvent que cette odeur approche de celle de
rerlaines fourmis écrasées. On cultive Vambrette dans ks jai^-
dins y non-seulement à cause de son parfum , mais pour sa
beauté. Son port, quoique simple, est élégant. Ses feuilles,
lisses , sessîles , et d'un vert pâle , ont à«-peu-près la forme
d'une lyre. Les fleurs , tantôt blanches, tantôt d'un pourpre
plus ou moins clair ,. sont grandes el agréables à voir; dlles
brillent au sommet de plusieurs pédoncules ou rameaux de
toute grandeur, que soutient une tige de deux pieds, ronde
el cannelée. Cette espèce offre des variétés à fleurs de couleur
de chair , à fleurs frangées, Glc. On la muliiplie en semant sa
graine en automne ou au printemps , selon le climat. Dan« les
pays tempérés et dans une bonne exposition , le semis f'iil en
automne est préférable. U ambre lie soufire la transplanta-
tion , et fleurit depuis le milieu de l'été jusqu'aux premiers
froids.
LfaCsKTAVRis ODORANTE, le Barbeau iKWT.fCerUaurea
amberboi Lam. Elle a plus d'éclat que la précédente , mais
eUe est plus délicate. Elle n'en est point une variété , comme
le pensent quelques auteurs ; c'est une espèce très -distincte ;
Miller Ta cultivée pendant quarante ans , sans qu'elle ait^
lanuûs souffert la moindre altération. Elle est annuelle. Sa
tige est haute d'environ deux pieds. Ses feuiUes inférieures
sont laigas , pétidées , dentées et presqu'en spatule ; les su-
périeures sont plus petites et un peu en lyre à leur base. Les
Ileuiis couix>nnent les rameaux ; eUe^ sont grosses, d'un jaune
éclatant , d'une odeur très-agréable , à fleurons stériles phis
grands que les autres , et à écailles calicinales fort hsses. Cette
plante est originaire du Levant. On la cultive dans les jardina,
qu'eUe orne et parfume. Il faut la semer sur une couche
chaude au printemps, la transplanter bientôt après sur une
nonvelle couche de la môme nature, si on veut hAter sa croiv-*
sance , lui donner de l'air chaque jour , et l'arroser peu , cor
trop d'humidité la fait pourrir. Quand les jeunes pieds sotit
asses forts, on les enlève et on les place séparément dans des
pots remplis de terre légère et tenus à l'ombre les preaiie:^
jours. On conçoit que ces soins sont inutiles dans les paA %
chauds, où , pour muhipUer celte plante « il suffit d'en semer
la graine en pleijie cl bonne terre, el à une exposition goo«
veuable. (D.)
il '
il--
1
i.'-
C E N 47,
CENTAUHÉE BLEUE. C'eat la Toqvk OALiRicuLjèK.
Voyez ce mot. (B.)
CENTAURÉE JAUNE. C'ebt la Chlore. Voyez t»
mot. (B.)
CENTAURÉE (PETITE). C'ert la Gentiane cxntaub£B
de Linnteus ^ qu'on a depuis placée dans le genre des Chi«
BON ES. Voyez au mol Chirone. (B.)
CENTENILLE , CenUmùuiwf. C'est une petite plante d#
la léirandrie monogynie et de la famille de» Prjoculacébs ^
dont le caractère est d'avoir une lige rameuse, glabre et
feuillée ; des feuilles alternes , ovales,, pointues ; des fleurs
axillaires , solitaires, sessiles , très- petites et blanchâtres.
Chacune de ces fleura consiste en un calice pei-sistant ;
ouvert , etk quatre divisions pointues ; en une corolle mo:icw
pétale en roue; à tube court; à limbe ouvert et quadrifide;
en quatre étamines ; en un ovaire supérieur chargé d*uii
style à stigmate simple.
Le fruit est une capsule globuleuse, uniloculaire, s'ou-^
vrant en travers , et contenant sept ou huit semences fort
petites.
La centemlh se trouve dans les lieux humides et ombragés
des bois , sur le bord des mares , dans le nord de l'Europe.
lUle s'élève au plus à la hauteur de deux à trois pouces, et
quelquefois elle atteint à peine trois À quatre lignes. Voyea
pi. 85 des Illustrations de Lamarck. (B.)
CENTINODE. C'est une plante du genre. RENOtuie ,
J^olygonum qviculare Linn. Voyez au mot Renoues. fB.)
CENTIPEDE , Centipeda, nom donné par Loureiro au
^enre appelé Granoei4Lb par les autres botanistes. {Foyez ce
mot. ) Il est établi sur Vcwtemisia nUnima de Linnseos. Voyez
RU mot Armoise. (B.)
CENTRINE, nom spécifique d'un poisson du genr»
Squale. Voyez ce mot. (B.)
CENTRI8QUE , Centriscus , genre de poissons de la di-
vision des Branchiosteoes , dont le caractère est d'avoir la
museau très-alongé ; les mâchoires sans dents; le corps trè»*
comprimé ; les nageoires ventrales réunies. y
On compte trois espèces de centrisques ; savoir : le Cen-
•TRisQUE BECASSE, Centriscus seolopcue, dont le dos est garni
de petites écailles. Il habite la Méditerranée , et atteint rare-
ment un demi-pied de long. On voit sa figurç dans Blocfa ,
pL ia3 , et dans VHist. natur. des JPoissons , faisant suite
au Buffbn, édition de Déterville, vol. 7 , page a6o. On l'ap-
pelle la béeasse on le soufflet, à raison de sa forme. Son
corps est court et large, cooquimé des deux eûtes, d'ua
48o C £ N
rouge tendre. La iéte, un peu pkuç large par en haut, se ter-
mine en un cylindre courbé par en bas, à rexlrémilé duquel
est la bouche, dont Touvertui'e est fermée par la mâchoire
inférieure comme par un opercule. L'ouverture des ouïes
est large , et son opercule est d'une seule pièce. Les nageoires
ventrales se cachent dans une fente osseuse , et sa première
dorsale est composée de quatre rayons aiguillonnés , dont le
premier eut plus long et dentelé des deux côtés. La chair du
centriaque bécasse est tendre , de bon goût et ai^ à digérer;
mais cependant on en fait peu de cas à liaison de la petitesse
de l'animal.
Le Centrisque cuirassé , Centriscus sciUatus Linn. a
une cuirasse placée sur le dos, et aussi longue que le corps et
la queue réunis. Il habite dans la mer des f ndes y et est figuré
pi. 1 93 , n** I de Touvrage de Bloch ; son museau caX très-
alongé ; son corps est applali par les côtés ; sa cuirasse est
demi-transparente et composée de pièces écaiileuses très-
lisses et à peine distinguables ; le dos est brun doré ; ses côtés
jaunes et blancs , et son ventre blanc , avec des bandes rouges ;
ses nageoires sont jaunes. Il atteint à peine sept à huit pouces
de longueur.
Le Centrisque sumpit, Csniriscus uelUaris Linn. , a une
cuirasse placée sur le dos , plus courte que le corps et la queue
réunis. Il habite la mer des Indes , et a été figuré par Pallas
dans ses Spicilegia Zootogica, tab. 4< n^ 8. Il se rapproche du
précédent. (B.)
C£NTROGASTÈA£ , Onirogasier, genre de poissons
de la division des Tuorachiqcjes , établi par Houttu^-n
dans les Mémoires de la Société d* Harlem ^ auquel Gmelin
avoit réuni deux espèces rangées parmi les Scombres par
Forskal^ et dont Lacépède a fait deux genres nouveaux
•ous les noms de C^sio et de Cemtropode. Voyes ces deux
mots y ainsi que le mot Scombre.
Le caractère des centrogasières repose sur quatre aiguil-
lons et six rayons articulés k chaque nageoire thoracine. Ott
en compte deux espèces; savoir :
Le Centroc^astèrs brumatre» qui a la nageoire dorade
très-îongue ; cdle de la queue très-peu fourchue ; la couleor
du dessous du corps brune.
Le CENTROGASTjfeRE ARGENTE, dont la nageotre de la
queue est fourchue et la couleur argentée.
Tous deux se trouvent dans les mers du Japon , et ne par^
viennent pas à plus d'un pied de longueur. (B.)
C£NTROLOPHE, Cenirolophus , genre de noissona de
la divisioa des Thobachiques^ établi par Lacéj^èdc. Il ofin^
c É i^ .Ait
hsi\ ië ^iqtiart^ trèàroèpnrés iés ilhï âék autt^ , etcâcftéjr éii'
ptr^ SOU!» Ik peUii ; uiîé seule nageoire' dorsalb ; Aés vSir»
chtîltés gâmfieflfdedeiitii'trê^^jbtiles , trw-fineSyégklër, etuièii^
pSrt jcaftéev lë^ liftes des âutrear; mohiB d^ chkq râyûiia i^ bf
s^éiÀ7>^and bt*âtichiarhè«
Waottvéta genre ire éàntiént qÙ'iinééàpébèapjWééG^ic'-
tii!^PiiÉ Matit\ k rakoh de sa c(SMistih II éat Ègtàtë dMÉ
rôiiVi'agife de tâxtëpeâé , Vol. 4, èL fd. ^
Gé poÎ8k>ili à é1^ pébhé sH^ lés c6tes dé" l^raiiéé ^ et twrbfîf
fort rare. (1 atteint plus d'un pîéd dô'lohgUédt âdù ntuMktf
dttiftbùdt; sa iftâëE^rè^ inférieure àVds aVaÀcéë uû^là jiii^
ri^fore ; tM êcdSSéï mni ^hùûkhdiidiÈsi, tik^pémi et W^*
fitei. Sa' Qxmé est fàth-chue. (B.)
OSNfTROl^TÉ , Cèntronotm, ti^cé|>èdeé étiibB cé'gë^
^hÂkila divMèh dbtf ùdisHonstHOKAèi^iQtrEi pbbr [flâcëi^ <{ti&^
qfàris és^ëS' d!it g^ire ^téx>àié€ qtii s^éeartem Oh peu déjf
autres. Foye% au mot GASTÉRoarÂfi.
• KëÀT^/^crAJ^i^otiiVént poàr cat^ctèîrè unësêtdé Attàëbtrei
dà^iè'tV^àlre i-nj^ôfisau nibinsfrcfaa^Uë thâfàeine; oe^joV*^
Îuans isphSé atr-dëtratif de là nageoil^ dîr doé ; ut1(^ timA
iti^nMiduië ^iii^èlia^uècâté'delàquëile^ un du déïU^'aii-
XtittaÉ^-'àe^titA ftb h' nageoire di( Fafius.
Onze espèces sont réunies s6u8 dé iidtkVëa:A gëlil€p&i' LÀ-
eépède, safvoift
* qbttti-b «igtiillda# Au^i^miit de> la kâps^Ai^ dtf doa i ^^
rayons à la membrane des branchies; vingt - sept l'a^j^ift Ml
nibia» à la'.nageotr» dbryale^ Il est figuré dma le Tràiié Us
fi4^k»ê de. OiAanseU partie féconde , 9I. 4i n 4 , et pL 9 ^ â^ (^
al; d^nft £A«ch^tftbk ^M. IlaetroayeoAna tontes lèa meiv , ah
-f^rnftBA ctirwnent èun d^mt-pied. Uauit les raisseaux el lov
i-equins, dans l'intention de profiter des matières ccèrf^ovl^
paea ^a'on jette des'premiers^ ct4u reste des victim^ iinii|o-
lees par les seconds ; de^là 1^ ^^^^ de poisson ^ordar^i
âepilfote ej de OQJuùtvf^urciy^il porte pan-tôut.
I^.mat^ioû, plu^ que beaucoup d^autre:^ hompaes , sàm&gii
le merveilleux 9 et i|i» ont dit et cru que ce poisson acçomna^
ÂôurHmi'é; Lttcépèdè éit*^ pëiil-^tfô le pi-emirf qui! ait ap-
précié ce conte à si vàlétif r&llé.^jVi *le ît norlft;^^
èi i 'f vois' toiiioûra
du yaifseau
XV. ah
precie ce conte a sa valeur reeue. 4 ai eie a n
^rvôf dés niilliécs dé éenhrondieé pîtoïis. èl j 'in
c^rrinfn^â'eixJéVei' ilUie nfqiUns qui Vp|»i^6âtHi
48a ^ C E N
aue je montois^ la totalité de leurs conducteurs^ en jetant
ans la mer de la pui*ée de pois ou d'haricots , et par-là de
mettre ces pauvres requins dans la position de mourir do
^aim. Le fait qui devroit paroître le plus diflicile à expli-
€[uer, c'est pourquoi les requins ne mangent pas les centra^
noies ; mais lorsqu'on a vu les allures des uns et des autres^
on est bientôt convaincu que cea derniers ne se tiennent jaamis
Quk une dislance raisonnable, des premiem , sur-tout lors*
qulls sont en avant ^ et q.ue la vivacité de leurs mouvemena ,
la rapidité de leur natation^ sont trop supérieures, pour qu'ils
aient quelque chose' à en craindre.
Quoi qu'il en soit , la présence dncenironoie pHote autour
des vaisi»eaux et des requins » amu&e, au milieu de la mer,
roisiveté des passagers , et on aime à les contempler et à les
prendre à la li^ne lorsqu'on le pc^ut. On dit lor^«q^'on le
peut, parce qu'il a la bouche si étroite çt si alon^ée, qu'il
enlève très-souvent Tappat de l'hameçon sans être arréljè par
lui. Sa chair est très-bonne.
Le corps du centronotê pilote est applati.^ Son dos est brnn ,
avec des bandes plus foncées. Son ventre est dore, l'out l'in^
teneur de sa bouche e^t garni de très-petites dents.
Je soupçonne que plusieurs es^pèces sont confondues dana
les auteurs sous ce nom. Celui que je mentionne a été prlls, dé-
crit et dessiné par moi « sur le vivant.
Le CibMTBONOTE acanthias, Gasterosteuê, acantidaê , «
^paatre aiguillons au-devant d^ la preqiière nageoire dor*
yde, et tro^ rayons à la membrane dea. Vranchi^s. 11 habita
les mera du Nord.
Le Cbntaonotb ûv^b^os ^^SccmAer caltar Bloch,
pL 33tiy n^ â 9 a quatre aiguillons au-devant 4e la nageoire
domale ; vin«t«un rayons à c^tte nageoire ; six rayons à la
membrane des branchiet. On le trouve sur la- o^e ém
GninéeL
' LeCBNTRONOTE 0LATC08 a cihq aiguillons au-devant de
)a nageoire du dos, dont le premier est tourné vers le musenû.
Il se trouve dans la Méditerranée , et est figuréUansKondclel.
Son do» est d'un brun obscur. Sa chair estgraioe, ferme et de
bon goût.
Le Centaonote AncENri^ Gastcrosteus occidentalié , a
sept aiguillons au-devant de la nageoire du dos« et onze
payons à cette nagt^oire. Il vît dans les mers de r^jnérique»
et est figura dans Érown , tab. ^b , n'' a.
Lo Centronote ovale, Gafiterqsteus ov*atu8 Lînn. ^ qiti
k sept fkijuiUoiis au-devant de la nageoire du do^ ; viost
C E N ^ 483
Tajons à cette nageoire; six rayons à la membrane des bran*
dues. On le pêche dans les mers d'Asie.
Le Centaonote i^yzan ^ Gasterosteus fyzan linn. , a sept
aiguillons au-devant de la nageoire du dos ; vingt-un rayons
à cette nageoire ; huit rayons k la membrane des bi*anchie8.
Il vit dans les mers d'Arabie.
LeC^ENTRONOTE CAROLiNiN , GaaierosUus carolinus Linn . ,
qui a huit aiguillons au-devant de la nageoire du dos ; vingt-six
rayons à cette nageoire , et dont ]a ligne latérale est droite.
C'est dans les mens de TAmérique septentrionale qu'on le
trouve.
Le Centronote gardenien, Gasterosteus canadas Linn.,
a huit aiguillons au-devant de la nageoire du dos ; trente-trois
rayons à cette nageoire ; point d ai^^uillons au - devant dô
celle de l'anus ; deux rayons seulement à chacune des pecto-
rales. On le trouve dans les mers de l'Amérique septentrio-
nale.
Le Cektronote vadioo , Scomber aculeaius Linn. , a
huit aigmllons au-devant de la nageoii-e du dos ; plus de
deux l'ayons à chacune des pectorales , et la ligne latérale
tortueuse. On le trouve dans la Méditerranée, sur le bord de
laquelle il est appelé liche etpelamide. On le mange.
Le Centronote neore , Scomber niger filoch , tab. 357 ,
a huit aiguillons au-Klevant de «la nageoire du dos; trente-
trois rayons à cette nageoire ; douze rayons à chaque pecto-
xale, et la couleur générale noire. On lepéche entre F Afrique
et l'Amérique. (B.)
CENTROPODE, Centropodus. Lacépède a donné ce
nom à un poisson que Forskâl avoît réuni aux Centrooas-
TiRES de Linnaeus y mais que le natui^aliste français a re«
connu devoir former un genre particulier.
, Ce nouveau genre a poui* caractère deux nageoires dor-
sales; un aiguillon et cinq ou àx rayons articulés^ trèv^petits, '
à chaque nagedire thorachique % point de piquans isolés au-
devant des nageoires du dos , mais les rayons de la première
dorsale à peine réunis par une membrane ; point de carène
latérale à la queue.
Le Centropode rhomboïbal est appelé tabaé sur les
bords de la mer Rouge ^ mer qu'il habite , et où il a été ob-
servé par ForskaL Les petites écailles dont il est revêtu p
'brillent comme des lames d'argent. (B.)
CENTROFOME, Centropomus. Le genre appelé />^c?i^ ,
d'après le poisson de nos rivières qui porte ce nom , a, dans
les ouvrages de LinnsBus, une extension beaucoup tropcon-
^idérable. Ses caractères eont vagues^-et ses espèces fort ëissem-*
€ E M
biable& dana Jeun £Mriiifl& et daa» leuiv n&œura; Il n*ait pm&t
d*ichlhyologiste qui n'ailMiMi lea iaconvéïueiis ma sont ksinle
de. Bon orgfHiioation vicieiiae ^ et qui n'ait deflîrr que les
fixante espèces, qu'ôl contient, fussent rangées aiMia oe non»
veiOix noms génériques. Fq^as au mot Pbrcke.
Il étoit réservé à Lacépéde d'opérer cétie amélioration dans
la dinaoa..des poissons tlioràeh]qMes«et il l'a fiiil avec la sapé*
noçilé dfi talentuu'on loi oaanolt Dans l'important ôovrago
qu'il vient de publier., on ^oiive Ids peroke»^ie ÏJummn» pla-
(^ées-sous six gfsnres , dont celui i^pelé eentrxjpame fait partie ,
et est un des plus nombreux en espèces , puisou'il en con«
tient vingt, dont quelques-mies, il est Trsi , arment été «eu-
nies aux, Scràifju par FonkaletautrasnaloFaiislBs» Foyas aw
mol SC1£9JK.
Les caraclàrea de ce nouveau genve sontftine'dedteinre k
une ou à plusieurs pièces de oliaque operculoTpaîntd'atgtiiUos
à ces pièces ; un seul barbillon ou point de barbillon auxailU
ohoices; deux nageoires *doraales«
Lacépéde a subdivisé les atnitfopmmm* 9w de«^ seelsona^
dont'la première comprend letespècea dont* kuageoîre de In
i|uene est fourchue ou en croi^tfmt » teh que :
Le Gentjiopome sktanAT^ Peroa Usdoperww linii. » qui ai
quatorze rayons aiguiIloHnisxÀ« h première nagBoifo-dbraale ;
vingt-lroîs articula à La seconde*; qtialorae ra^nrà la na-
geoire de l'anus; la. caudale en croissant; hc tèlo aiongée «t*
dénuée de petites écailles , ainsi que les operentee; le eorpa:
et Ta queue alongés; deux orifices k chaque naime; le dam
«vadér parles tacnes'Ott bandtas oonrlés , iitégiJSëm et fraoa-
versaie», d'un noir mâle de Uau et de rongeâtiv. Har tfonvo
dam lea eaux douces du nord<le r£urope. J enaossède un in-
dividu pris dans la Seine. On le coocioit en* FrasKie soua la
uom à^ MMdte.ou iumdai* U est figuré dmM*fii0di*«.pi. 5i »
A^uckBVHiê^irsnatwrêlU deê-poiMons, faisanlautte sn Bt^/bn^
édition de DÂlerviUe , voL 4^ page 68^ etdanrplaHeun
ouvrages.
Ce poisson ressemble au brochet, par son oorps dongé,
dents redoutables et à Ia perche, par ses écaittaadnres éi
raie* noirâtres* C'est de*-lè que lui vient son m>m làlitt de
broohêUperche» L'ouvertur6 de sa bouche eSI grande ; sa mA<
cbos^ siipérieure avance un peu; ses dents sent inégalen^et
au nombre d'environ- quarante; ses jeux sont ofascnn. tt
p^rvissU à une grosseur coaMidérablei diols * le» lacs et les
grandesrivières dont In» eaux^soiit vives. Ott>e» péobe en AU»*
magne qui ont trois à quatre pieds.de long» et vingt à
ti*ettieUvfnsde>poids« Qorotl fort vite ». et meoftpresqu' -
C E IS 48i
ttl qu'il ^i 4ir6 Ko» dé Tean ^.iur^lDiif)ox«qi|'fl -fiiit tdiaad.
C'e»t au milî^u 4u ^rmtettps i^'il dépose <«on frai rar las-
piaules riyeraiiia9* Qn a liouYe trois cent ^skiouante milla
Wfft daua nue femeUe de Usb tivras. Cepenaaat il atest
p^s tràs-iH>i»iiiyo r {Mcœ que les gros mafioeat les petits ^
el qqe 0es 4fHwei9 fliait eacore mangés partesiroajbisylaa
$Hur$M et les pÎMauz» aqpaaiîques. Il rît de patîts poûeom^ et
pnQGipaJeRMflit d^«|i!Mrbna ^ qui , cosune iui ^ aiment a sa
t^air ttu fo«iidl 4è i'eau. fia cfaair est blaBcfae, agréable au
go0t , tendre et ie fiicile digestion ; aiisaî est-"^ recherolié#'
sur toutes 1^ tablas délicates. On ia sale^la sèche on la fume
d^flii pbwiettiii^ parties d^ l'Alleenagae ^ ponip iSeatoyer asr
loin.
Ce poiwop' se prand^ an- filet- «t i la^ figns-, asît Tolsnle ».
soit de fond^, qa'on amoice avec des petits poissons. On la^
pi«ndauiaià^Ia£>aène>iurtoiit danale temps du frai^ époane
où il'e^t pea craintif, ae laisse approdier d'aussi près onon-
le TeiM , ^t n^munftm^fipù q«e]qnes jpouoas d'eau an-oessea
de lui.
Ld^pèdia «qiparbi i* cette euiece y eomme variélé , la
pêrehB du Foiga ^dion^ par Pallas dana le pranner veliiine
de^qn^cyq^. >
Le Centroposib hdber ySciœntr &lvï'fUamna Fofstai ,
a huit rayona aigoiUonnés à la première nageoire du dos ; un
rayon aiguIUonné et quatoi*ae rayons arlicnlëa à k secon^ig ;
XfiÀA rayons ai^iiUoimés et neuf articolés à l'anale; Tc^ier*
culenn peu échraacrépar^dçrriàre ; les dents Hortos et rai p6u^
éloignées Tiine d# TanAre ; la coulenr générale jaimâtre \'Am
raies longitudinales dorées ; une taehe noiiv sur eheque côté. >
Il se trouipe daoa la* mer Bouse.
I^e CsKTHOBOiUE 8AFOA , ârûaBB sif^^ FoTsIcàl', ar huit
nayous aifluiUosmés i la première nageoii*e du dos ; h mâ-
ehoire iuwrieure plus avancée que U supérieure \ le corps et-
bi queue alongés; la couleur argentée et siun^taobes. Il se
pèche avec le précédenl;.
Le CsNTnofOHjB àiA^sfiiBtm^ ^Petoa a&vnmèlMW.y^ Tnk*
rayon aiguiUonné et neuf rayons articulés à la première doiv-
aaie; unrayoyhaigatHonAéetTingb^rQis articulés à la seconde;,
un rayon aiguillonné et sept articulés à l'anale; trots rayona»
à la membrane dea Wnchies;- plusieurs bandes ohUques et
lirun<a.Il est figuré dans Catedby^yoL 2, pl.ia, n^ a, et se
pèche sur ka oôta» de la Cardine. On Ta appdé ahUtie ift
ifiar en firançais.-
Le CsNTKoaoïfn lovhjlr, Perea tbpharForâuA^ a sepf
vayons aiguSlonnéaà la première nageoii« du dos^. vingt-sept
486 C E N ^
à la seconde; vingt-siit à la nageoire de l'anns; les thora-
chiques réunies par une membrane ; la couleur générale
argentée. Forskal la observé dans la mer Rouge.
Le CsNTROFOME ARABIQUE , Rtrca onxbica Forskal^ a six
rayons aiguiQonnés à la première dorsale , un rayon aiguiU
lonné et dix rayons articulés à la seconde ; deux rayons aigoO.»
lonnés , et neuf rayons articulés à la nageoire de l'anus ; les
écailies larges , dentelées et peu attachées â la peau ; l'entre-
deux des yeux creusé par un sillon qui se divise en deux à
chacune de ses extrémités; la couleur générale argentée ;seixe
ou dix-sept raies longitudinales et noires de chaque côté du
corps , et une tache noire bordée d'or au milieu de la queue:
c'est encore dans la mer Rouge qu'on trouve ce poisson.
Le Gentrofome rayé, Sciœna lineata Bloch , tab. 5o4 , et
JlUtoire naturelle des PoMsonSf faisant suite au Buffon ,èà\X.
de Délerville , vol. 4 , p. 55 , ae ti*ouve dans la Méditerranée.
Il a huit rayons aigniUonnés à la premièi-e nageoire du dos;
un rayon aiguillonné et douze rayons articulés à la seconde ;
trois rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à l'anaJe ; la
mâchoire inférieui*e plus avancée que la supérieure ; un seul
orifice à chaque narine ; le bord postérieur de l'opercule
échancré ; la couleur générale argentée ; le dos violet ; de»
raies longitudinales jaunes.
Le Gentrofome ix>up y Perça punciaiaLÂnn. , a neuf
rayons aiguillonnés à la première nageoire du dos ; qualorse
rayons à la seconde ; trois rayons aiguillonnés et onze rayons
articulés à la nageoire de l'anus ; la caudale en croissant ; les
deux mâchoires également avancées ; les dents des mâchoires
courtes et pointues ; le palais et les environs du gosier hérissés
de petites dents ; deux orifices à chaque narine ; les yeux trèv-
rapprochés ; plusieurs pores muqueux à la mâchoii^ infé-
rieure ; les écailles ])etites ; la couleur générale blanche ; le
dos brunâtre ; les dorsales et l'anale rougeâtres ; les pecto-
rales et les thoracines ) au nés ; la caudale noiràtiT. 11 est fi-
guré dans Bloch , pi. 5oi ^ et dans le Buffon de DéterviUe»
vol. 4. 5 pag. 3^ , sous le nom de aciène. Il se trouve dans
rOcéan et la Méditerranée , et est connu sur nos côtes sous
les noms de bar , louOine , brigne , loup , dreligny , loupatêon ,
et luAin : c'est le basse des Anglais.
Ge poisson a été connu des Grecs et des Romains , qui
lestimoient un des meilleurs ^ et qui le payoient souvent fort
cher. Il acquiert quelquefois huit à dix pieds de long et trente
livres de poids. Il pivfrre habiter l'embouchure des rivière» ,
qu'il remonte même souvent » ù la pleine mer. Il est irà»-
hardi et très-vorace, de-là lui vient son nom de loup, U fraie
C E I^ . . - 487
^«nx fois par an à ]['embouchure des rivières. On le pécho.
pendant toute Tannée , avec différt nies sortes de filets et à la
ligne. Sa chair est salubre , sur-tout lorsqu'il a été péché dans
les. rivières , car celle de ceux qu'on prend dans la mer est
quelquefois si gi'asse qu'elle devient indigeste et s'altère ai-
sément. On en mange beaucoup . sur toutes les côtes de
France.
Le Centrofomb onze hayons y Sciœnçi undecknalU
Bloch , tab. 5o3 , et Buffbn de Détenille , vôL 4 , pag. 56 , a.
huit rayons aiguillonnes à la première nageoire du dos ; ua
rayon aiguillonné et dix rayons articulés à la seconde ;, trois
rayons aiguillonnés et sept rayons articiilés à Tanale ; la cau-
dale en croissant ; le museau alongé ; la mâchoire inférieure
plus avancée que la supérieure ; un seul orifice à chaque na--
rine ; de petites écailles sur une partie de la caudale et de la
seconde nageoire du dos j la ligne latérale noire ; la couleur
générale rouge : il se trouve sur les côtes pierreuses de la Ja-,
maïque.
Le Centropome vx.vmi'RViySciœnaplumerii^loch,
tab. 3o6 , et Buffbn de Délerville , vol. 4 , pag. 6 1 , a neuf
rayons aiguillonnés à la première dorsale; deux rayons aiguil-
lonnés et nuit rayons articulés à la seconde ; deux rayons ai-
guillonnés et sept articulés à Fanale ; la caudale en croissant ;
deux orifices à chaque narine ; le premier rayon aiguillonné
de la nageoire de l'anus très-gros et très-long ; la couleur gé-
nérale blanche ; des bandes transversales brunes ; des raies
longitudinales jaunes : il se trouve dans la mer des Antilles.
Le Centropome mulet a neuf rayons aiguillonnés à la
première nageoire du dos ; treize rayons à la seconde ; treize
rayons à la nageoire de l'anus ; sept rayons à la membrane
branchiale ; deux orifices à chaque narine ; la mâchoire in-
férieure un peu plus avancée que la supérieure ; les dents
fines et très-serrées ; les écailles fortement attachées à la peau ;
la ligne latérale droite ^ le dos brun ; les côtés gris. Il habite
hxxr les côtes de France. Il entre par troupes si nombreuses
dans la Seine ^ à la fin du printemps y qu'on en pi'^nd quel-
quefois quatre à cinq cents d'un seul coup de filet , d'après
le rapport de Noël de Rouen. 11 parvient à plus de dcu^
pieds de long. Ses mouvcmens sont très-vifs ^ et ses sauts mul-
tipliés l'annoncent de loin aux pécheurs. Sa chair est excel-
lente. Il est remarquable que ce poisson ait échappé , jusqu'à
Lacépède , aux recnercfaes des naturalistes.
Le Centropome ambasse a sept rayons aiguillonnés à bi
première dorsale ; un rayon aiguillonné et onze rayons arti-
culée à la seconde ; trois rayons aiguillonnés et neuf rayon»
488 ^ ^ ^
articulés^ filiale ; les it93^ pretnièivB jpiècenip cbMifam omr^
cule dentelées ; la mâchoire supérieure qn j^ exlennjble el'
plus courte que rinférieure ; les deux m^chou'e» et une grande
partie du palai» hérisdées de li^ès - petites dents; la Lingue
dure ; les Uganiena du rentre très-lransparens ^ le nêritoin^
argenté ; la partie aupérîeure de ranimai d^un verd Çnmâlre*
tiée trouve dans les lacs ou grands étangs de l'île de la J{éu-*
nion , où il a été ob;iervé par Commerson : il iKirvienl rare-
ttient & un pied de long. Les babitaaseài pochent ^ grande»
Quantités qu'ils préparent commue letANCHoi^ f^ù/et ce
ibot.*
Le Centropomé jdk boche a ]pieprrayoi]saigniQon9és&
la première nageoire du dos ; un rayon aiguillonné el douce
Ayons articulés à la seconde; trois rayons Piguillonnéf et neuf
rayon^ articulés à la nageoire de jfanus ; la dernière pièce de
chaque opercule écliancrée ; la couleur générale bleuâtre;
tire^sque toutes lés écailles noire» ou uoii'àlreaaans leur centre
et à leur circonli^reDce. Il est un peu plus grand que le pré-
cédent, et sa chair est également tre^-délicate : on Ip pécne à*
Fémbouchure des ri^îères de Tile de la Béunion.
Le-CsNTROPOM^ AiACRonoN a six rayons at£uilJonQés i h
premicre dorsale : nu rayon aiî^uillonné et dix rayons arti-
culés à' la seconde ; deux rayons aiguillonnés et peuf rayons
erticiilés à l'anale ; le museau alongé ; Touverture de la bpu-
eiir générale blanchâtre f)inît
ou neuf raie» longitudinales brunes de chaque côté ; la pre»
siière nageoire dorsale noire ^ 1^ autres nageoires rouges : il
se trouve avec le précédent.
' L^ Centropome DORi; est d*une couleur de cuivre doré
et sans lâches. La première dorsale el la base de la caudale
noiit» ; les autres nageoires rouges. Ce poisson , qi/on trouve
encore avec le |)ré< édent , est tràs-beau , et sa cnair es{ trè»-
aaréable au goÛL Ses écailles sont denti^'Iées an poipt qu'on
^ut difficilement le toucher sans se blesser.
Les centrxpt^m^H de la seconde division ont la queue arron»
die, ou 9 au moins, nullement échancrée> ç^ «ont:
Le CsNTAopoM^ ifi|.^HH e t Pfrca nitçiica Lînp* II «
l^uit ni^ ODS aisinilanncs à la premiers dorsalt ; un rayoït
aiguillonné et huit rayotisarlicnléiià la seconde ; trois 'eyone
X lionnes et dix rayons articulés ^ (aqal^; la couleur gé^
. le brune. Il sç trouva dans le ^il ^\ dan^ la ruer Cas-
gieime. U est figura dans le Vogqgq i/^Gvs^àkk ep i$i)>é]ric «
G E Px 4^
Sbniini , <jui r» égfJejoaexH %uiié ^isias ^p Jçy^P^ Egypte^
&eoRroi s'est assure par la comparaison dex^epc^^liion^viclep
h HMHtQ-Ëg^ptp , ^ue ç'elpil rpellfimeott |çu^ IffA^^^^ ^q^
quelquç^ .com m.enUteu rs l'air^ieut dit.
Le Centropome «illé ^ Perc^ pcelfa/lfi lijOli. ^ ^ dix
i^pygn» fij^uiUQ^n^ à !• ]v:eiBi0re «i^geo^ d^i do^; lu^ r^^y^n
ai|[uiLloiiÀ^ et TJr>gtrflD^tiis rvyfm^ 9Tiici4é» ^ ^^«CQpde ; j;ia
ijyw wfaiUoi^*,^ ^ #puf r^oof *ulicttlçs i^ l'«i^^ ; 90© *f-
vnent mangé. J(l ^^cguiert ,f i\e]gue(bJ8 jusqu'à trois pieds 4a
h^g* JS» <i!lwr ^* Ji^i-^légèpe 0 fwvowf^y^. Un ^n p^seod
beaucqpp , peçdiinl Jp^/é, «Oila|^ ^I^L,«oi^ A la Hg»^
lie Ç^-ijLOPpvE JFA¥4 A U^ na^ii^e de U fm^ IW^-
g^ ; 9epL ou fiuit b^clef tp:;a]^ver^^j4Qs^ biiunos ; la coyleMr
générale d'un brun mêlé de blaiu: ^ la ^fuatel^rf de^ 9P0X^.
cules Irès-peu roarqMée*
Le C^ Tnovotf « pjBiiciioiT a vingjL-sept nifrona à la •ee<M]d«
oagecîiie du cip^ * W caudide «irroffidie ; «naecu d<Mm B^^a
obpqMeç et brujifs dp ctinqne cftfté.
Oêi d#p]i^ def niàii»? letpeceft ont iHé àbmsviêÊ par Oosn^
meraoQ , daiv l» «ter d#» Indei. (B.)
6£OA.Î^. L'^Mi dUi que cet oiseau des îpèeê suit kê pas-
aans > et aeniUe votrfeir imiter leur voix. Tai|!e un pea plus
grosse que cellf de la grit^ ; plusii^ tacheté de )9une : il^
6St tris-peu connu. (Vibilia)
CÉPÉES* On appeUe ainsi tout ce qui repousse des aou-
cfaes d'un bois tailus. {1 n'est permis d'abattre les cépées ,
qu'a la cognée et en pied de \iiche , et non avec la serpe ou
la scié. Cet abattis se nomme réc^pé9. Le vrai t^mps pofur
le rècépage est I9 jSn de l'hiver. On doit avertir les çai^eu»
d'ébranler les racines le moins qu'il leur sera pq^ible. Far
1^ moyen du recépfige , les jei^ne;^ arbines poDl^ent plusieurs
jets vigoureux à la place de la tige coupée , et forfoenl 9
comme on dit en termes de forêts , des rqchiee, (D.)
CÊPHALAPAÏ^THE , (kvhalactmthtf^ , g(»nfe de pgia-
app^s établi pçr Llirépie;de dans la divi^H^n dps THQfLAcmqvwh
pour placer une espèce du genre Ç^avwo#t^I£ de Lit^naeiiSy
iJa9t€msteu8 ^pinf^^ffa , qui ^ ^âs pacactèf^e» auffii^fip» ppur
«b être distipi^Mé.
Gei3^ 4^ pe imui^emi genre «qnt ^'avoir le d<Brrièie de la
490 ^ C E P , .
tête garni de cTiaqne cÂté de deux pîquans dentelés et
longs y et de n'avoir point d'aiguillons isolés au-devant de
la nageoire du dos.
Le CEPHAiiACANrHE SFINABBLLE habite dans la mer des
Indes. Il est figuré sous le nom de pungitiua puaiWis dans I9
Munéum d'Adolphe Frédéric , tab. 3â ^ n° 5. Sa tête est striée,
et son corps fort petit. (B.)
CEPHALANTHE , Cephalanthus , ^enre de plantes à
fleurs monopétalées de la tétrandrie monogynîe > et de la fa-
mille des RtTBiAC^Es y dont le caractère est d'avoir les fleurs
portées sur un réceptacle commun globuleux , pédoncule ,
et chaque fleur composée d'un petit calice monophylle , sa-
péneur et à quatre divisions ; d'une corolle monopctale , in-
ïundibuliformel, à tube long ^ et à Umbe à quatre découpures;,
de quatre étamines non saillantes ; d'un ovaire inférieur d'où
a'élève un long style terminé par un stigmate en tôte.
Le fruit est une petite capsule oblongue , en massue, pres-
que tétragone ^ buoculaire , et qui contient une semence
oblongue dans chaque loge.
Voyez pi. 59 des Illustrations de Lamarck.
Ce genre ne contient que trois espèces , dont deux des Indes
orientales peu connues , et une de l'Amérique septentric^
nale , qui se cultive dans les jardins des curieux y même
dans le climat de Paris, quoiqu'elle craigne un peu les gelées.
C'est en Caroline , où elle crc^t naturellement , qu'on peut
admirer la beauté de cette dernière. Elle forme au milieu
des mares , des flasques d'eau y qui y sont très-communes ,
des buissons de huit à dix pieds de haut , qui , pendant la flo-
raison , forment un spectacle foii agréable par la multitude
de têtes de fleurs qui s'y développent successivement. Ce ce^
phalanths , qui est le cepfialanûius occidentaUs de Lin meus,
le bois à bouton des jardiniers , a les feuilles opposées ou ter-
nées : les têtes des fleurs terminales et presque rameuses, (fi.)
CEPH ALE , nom donné , dans les papiUons ' d'Europe
d'Engramelle, à un petit papillon du joui*, de la division des
Satyres. (L.)
CÉPHALOPHORE , Cephalophora , plante rameuse &
feuilles radicales , ovales , oblongues , lésèremenl pétiolécs ;
à feuilles caulinaires alternes , sessiles , bnéaires y rudes au
toucher, et glauques ; à fleurs terminales , jaunes, portées sur
des pédoncules en massues , laquelle fortne'un genre dans la
ayngénésie polygamie égale.
Ce genre, qui est figuré' pl« 699 des Icônes deCavanilles,
a pour caractère un calice commun formé par deux rangs de
fmioles linéaires aiguës ; un réceptacle globuleux^ alvéolé^ nu^
CEP 49t
portant des fleurons tubuleux ^ hermaphrodiies > et ensuite
des semences solitaires , turbinées^ striées , tronquées ^ termi-
nées par six ou sept paillettes diaphanes et subulées.
Le CiPHAiiOPHORE GLAUQUE croît daus le Chili : il se rap-[
proche des Chrysocomes. Voyez ce motl (fi.)
CEPHALOPODES , nom donné par Cuvier à une des
divisions de sa classe des Mollusques. Cette division com-
prend les animaux dont la tête est couronnée de tentacules
qui tiennent lieu de pied. Elle renferme trois genres seule-
ment , savoir : Sèche , Argonaute , et Nautile , encore
même les deux derniers sont-ils douteux. Voyez ces mots et
le mçt Mollusque. (B.)
CÉPHALOTE , espèce de Chauve -souris. Voyez co
mot. (S.)
CËPHALOTES, Cepnalota , ordre des Entomostr acjés ,
qui comprend ceux dont le corps est nu , et qui ont une tête
distincte. Voyez les genres Polyfhème , Zoé , et Bran-
CHIOFODE. (L.)
CÉPHÉLIS, Cephelis , genre de plantes introduit par
Swartz , mais qui ne diffère pas des Morinbes. Voyez ce
mot./B.)
CEPHUS , Ceplius , genre d'insectes de Tordre des Hy-
ménoptères , et de ma famille des Tenthreoines. Ses ca-
raclères sont , antennes ayant beaucoup plus de neuf articles^
grossissant un peu vers leturs extrémités ; point de lèvre supé-
lîeure apparente ; mandibules courtes , tronquées et tri-
dentées.
LinnaeusetM. Fabriciusont placé les insectes qui m'ont servi
à rétablissement de ce genre avec les «»*<?x^ que j'appelle f<ro-
cèréa avec Geoffroy; Sirex pygmœue , tahidus , &c. ; leur orga-
nisation , leurs habitudes sont trop diiTérentes pour souffrir
une telle réunion. '
• Les céphua ont tous les caractères des insectes de la fa-
mille des Tenthredines y soit que Ton envisage la forme
générale du corps , la tarrière des femelles, soit que Ton con-
sidère les parties de la bouche.
Le corps des céphus est fort étroit et alongé ; leur tête est
de grandeur moyenne ; leur corcelel est rétréci antérieure-
ment ; les jambes postérieures ont plusieurs petites épines le
long des côtés ; l'abdomen est comprimé et assez mou.
CipHus FYCMEE , Cephus pygmœus. Son corps est noir ;
l'abdomen a deux points et trois bandes d'un jaune citron.
On trouve assez communément cet insecte, au printemps |
dans les champs , sur les tiges de blé , &c.
On ne counoît pas sa manière de vivre. (L.)
49f , C E P ^
. CÉPOIiE f Cêpùln , gexuie de poînoiif de la divisiov Jë^
ToAACHiQUEs , dont le carrière çojumi/dk avoir la aageoiiiQ
anale trèap-loogue, pluâ d'un fayon à chaque na^eioire tnora-^
cine ; le corps et la queue trà»-i4ongé8 etcompriméi^B forme
de lame ; le ventre Vpeur|>r«9 4^ la longueur de la tâftç ; im
écailles tràs-petiles^
On distingue troia espèces de çépoUf > loutfs trais Babilan^
la Méditerranée , et toutes ti*ois remarquabks par lew grandio
longueur et lei^r peu de largeur i^
Le CipoiiS TM»iA a le museau H^fi^arrondi et la OTgeoîni
ie la queue pointue. On le connoit aui* les côtes d^ France
sous le nom de apase , à^ flamme , de lame , à^ipéê , eavarigQj,
Jreggia , V^tfa, r^ban> et bandelette » tous noms qi|i indiquent
sa forme. 11 atteint deux à trois pieds de long , sur trois i Qua^
tre lignes de large. Q e»i figuie da«s filoch , [4.- 1 70 , aasiB-
V Histoire naturelle dee poissons , £»jsaiit suite au fit^om ji
édition de DéterviUè , vpL a , pag.- 35 , et daiis plusieuiaaiUraa
ouvrages.
La tête daeépole tœnia est aasea large ; son miueaii arrondi ;
aa mâchoire supérieure garnie d une rangée et sa mâohoîro
inférieure de deux rang&s de dents aiguës ; Touverture bfian-»
chiale est ^sseje grande , et sop opeixule d'ui»e aevle pièee».
iprim*
point
ventre blanc. Les nageoires ,sont roMges..
Ce poisson jouit au plus haut degré de la faculté de m
Ses ondulations sont a*une vivacité ^as!ùrèm/^ , et produi.. .
nn effet fort agréable , à raison de cette vivacité même , unie
au brillant de ses couleurs* On le prend à l'hameçon amorcé'
avec des crustacés ou* de petites coquilles, animaux aAix dé-
pens desquels il vit principalement. Sa chair est peu estimée..
On l'emploie presque uniquement à servir 4'appAt poi^r \m
pèche des gros poissons.
Le CipoiiE sERPENTiFOEMB, Offola n^heeœnê Lfnnr., » le
nuseau pointu. On le connoit sur nos c6les aous les noms d»
eerpeni difi mer , aerpeat ronge , eerpeut ro^geâtre. U a lea
laiêmea mœurs que le précédenL
Le CiroiiB TaACUYFTjàRE a las nageoires rudes et ganM«a
de quelques rayons aiguillonnés , et une ligna lalérale formée
par une saillie d'écailTes plus grandes qqe les auiras» (B.)
CEPPA , nom que porte le bruant fon au^ environs du
lac Majeur. F'oj^ezptiVANT* (S.)
CËPPHUS , de Turner , M U moufittê ri§êm* Tqr^ «^
mot Mouette. (S.)
t E K 4c^S
' CBPS. Cèst le BoiLtr i5scui.eî«t dans quelques pïiys. Vo^.
mvL mol; Bb&et. Fùfet AuéA an mot S£P9v Geilre de Sau-
UrtN- (B.)
CÉlUiMA^ Cèraja , arbrisseau parasité à racine fibreuse^
ramputite , à lige simple , applatit, siilônhéé , ^abre et jaune ;
1 feidHoff petite»^ peu ilômbreUSes , ofblbtigues , érnarginéès ,
planei , épaisse» , engainantes ^ à fleurs pMeS, pi^esqùè termi-
Bbliv, tfotttadre^y dVoite» et pédotit^tilée^ ^ qui forme ^ seloor
LiOUi^ô^ un genre dans la f^a^ndrie mohandrie^ mais
4faL*&tk pétif égafeinftnf placer dans le genre Ai^orec. Vo^ei^
ce mot
' Ge genre orfrt^ pour caftrtîtèïe une spatAe ebtjrtè , déchirée^
niiiflore'él peifsistante ; un calice moYiophylle^ fùbuleux^ à cin^
dents inégales et droites ; une corolle monopelalè^ corni-*
ferme-, dent une paftie est en ttibè alongé y Tautrè plus
courte , élargie, à cinq divisions , dont trois sont coniques ,
él les deux latérales linéaires; ûû tuBé petit divisé inégale*
ment y fenfârmé" daiYS Ik corolle ; une étamine filiforme ,
courte, éfaatiqtte, attachée au calice \ un ovaire situé entre le
calice et la corolle linéaire, courbô, à six sillons > i styld^'
court, ef âr^gmafe ped apparent.
' Leèotaii^tfvbrtént toujours.
Le eèrafa t,td&. à^la Cochinchhie et à là Chine , dam lès
ftntevdMs rochers et sur les vieu:t arbres. Oh lé vante contre
répilepsie, les maladies de nerfs et ta foiblesse des mepibres.
Srrarts croit qu^îlfkit peut-être' partie de son genre Dendbo-
DioN. Vtsféz ce mot. (B.) '
CÉRAI8TE , Ch-astîam , genre de plaiitës dé la dScandrie'
pentagynio et' de la famille des CAifttorHVixÉBs , dont 1»
cHractèi^e est d'àVoir un caUcè de cih'q^ folioles lancéolées et
persistantes; cinq pétalear detûi•^Ute^t& , obtiis et Bifides; dijt
étamine», moins^ lôn^guear que là cCVôllé; un ovaire supérieur ,.
chargé de cinq Étylèa' à stigmates obttls. Le fruit est uné^ cap«
anle arrondie ouoblotfgue, imiloèutâire, polyspèrme-, ^i
A^uvire à son sdmuiet.
Kaye» pi. 3g a Aes ZUmUratiKmê de Lamarcl^ , où ces carac-
tères sont figÉMs.
Ce genre est formé par une vingtaine de plantes , indigne»
à-VEurope, la plupart vîvaces , toute» ayant les f^iûUes op-
posées et les fleurs pédonculées et terminales. Onrles Mffài^
vulgairement ortitU-de-^ouHa.
' On les divise en cêraUtéè àôàpèulés ohtongUë$,fX cétaiêU^.
iteapêuh6 artbndiea.
Lesr e^pèdûT les plttt cdlïniitinè» i^ Ja première ditmojf .
aoiit:
494 G El H.
JLe CÈRJLisTE TtJLGAiRE , dont les feuilles sont ovales ,
très-velues , et les pétales de la longueur du calice. 11 se troura
f rèd-abondamment dans les lieux incultes et sablonneux , sur
le bord des champs et des chemins ; il est rivace. Lamarck
hii réunit comme variété les céraùtea visqueux et demi'-dé^
sandre de Linnseus, que leurs noms seuls caractérisent assea
pour faire voir en quoi ils diffèrent de Tespèce principale.
Le Cbraiste des champs , dont les feuiÛes sont lancéolées,
linéaires^ aiguës y pubescentes , et la corolle plus grande que
le calice. Il est commun sur le bord des champs dana presque
tbute l'Europe.
Le CjÊiLiisTE DES Alpes» qui a ses feuilles lancéolées, la
tige dichotome , presque toujours tri£Ioi*e , et qui se trouve
dans les Alpes.
Parmi les céraisâe» à capsules presque rondes , il faul
citer :
' Le Cjsraiste ra^mpant , dont le caractère est d'avoir les
feuilles lancéolées , et les pédoncules rameux* On le trouve
sur le bord des chemins , dans les pâturages, sur des monta-
gnes de la zone moyenne de r£urope.
Le CiRAisTE aquatique , qu'on reconnoit à ses feuilles
en cœur et sessiles , à ses fleurs solitaires et à ses fruits pen—
dans. Il est fréquent sur le bord des fossés , des marais , le long
des rivières , &c. CTest la pins grande espèce de ce genre. Llie
atteint quelquefois plus de trois pieds de haut.
' La plupart des céraistea fleurissent de très-bonne heure
RU printemps ; et quoiqu'en général petits et sans odeur, ila
embellissent les gazons à celte époque de Tannée. (B.)
' CJÊRAMB YCINS (LES) , Cerambycini , famille d'insectes
de Tordre des Coleoptkbes, établie pai* Latreille, et qui
appartient ù la troisième section. £ile renferme les genres
Prione, Spondyl£,Lami£> Saperde, Capricorne, CaLi^
ijinrE, Mor.oRQUE, Necydale. Voyez ces mots. (O.)
CÉRAMBYK. Voyez Capricorne. (O.)
CÉRANTHE, Cerant/ius, nom donné par Gmelin a un
genre de plante^.qui ne peut pas être séparé des Chionan-
THES. ( Voyez ce mot. ) Il a pour type le chionanthue incras^
$cUus. (B.)
* CERASTE , noni spécifique d*une vipère d'Egypte. Vby,
au mot Vipère. (B.)
"t^EKAS^l^ ,Cerasié>8 y genre de vers mollusques testacés,
établi par Poli^ dans son ouvrage sur les coquilles des mers
des Deux-Sicilcs. Son caractère consiste à avoir deux siphons
courts^ ou même seulement deux trous , dont Tinférieur est
plus grand et susceptible d'être fermé par une valvule peu^
C E R ^ ^ 495
dante ; le limbe intériefir des branchies' à moitié réani ; le
limbe postérieur du manteau denté et sans cirres ; le pied en
&UX , subulé et très-long.
Il a pour type l'animal des bucardea , qui est figuré avec
tous les détails anatomique^ désirables , pL 26 , n° ô et sui*
TSns de l'ouvrage .précité. Voyez au mot Bucari>£. (B.)
' CÉRATINË , Ceratina , genre d'insectes de l'ordre de*
Hym£NOPT£R£s et de ma famille des Afiairss. J'en ai
pris les caractères de VhyUe à lèvre blanche de M. Fa*
^rîbius.
' Les cércUines que ^'avois d'abord nommées claidcères , ont
de très-grands rapports avec les abeilles coupeuse»* (Voy. Mk*
CACHiLK.) Elles diffèrent de ceDes-ci : 1 ^.parleurs antennes,
SoQt le premier article est fort long^ cylindrique^ et dont
les autres forment une espèce de massue, oblôngue ; 2,^, en ce
que leur corps est presque entièrement glabre , et que lem'f
ailes supérieures ont ti^pis cellules sousr-mai^nales au lieu de
Seiix. Le premier article de leurs tarses postérieurs n'est pa»
rpre à recevoir la matière qui sert de base.fi la cire, et que
abeilles y applîqiieat en forme de pelolte. Bien xùème
ri^àiuionce daiis les cérati'nes la faculté de pouvoir faire quel*
que ï-écolle de cette n^tjirej s'éloignant ^noore ici des abeille»
cpupéuses , dont le dessous du ventre est soyeux et sert de
brosse qui ramasse la poussière fécondante des ûeurs.
"" V^BATiNE A liEVRK 'Rhhf^G^J^ f Ceràtioa albifabrie, £11»
&t petite , oblôngue , d W noir bleuâtre j, ^yec une petite,
ifaclie blanche 9. carrée., au milieu de la partie aniérieui^ de,
là tête, au-dessus* dç là kvreçufMérieure. '. ^ , .
"^'ïiè célèbre botaniste Desfqntainéà a x^pppcXé cette espèc«(
de Barbarje. f^ l'ai tvoui^ée^ m,ais fort rare|»^nt/ au midi do
li iVance.XL.)' * '*'•'.•
* CERiiTOÇAlCPi; iÇeratooarp^s. C'est une petite planle
&bnbique , dont les tiges soit rameuses.^ velues; les feuille»
.alternes.^. linéaire ^^ ^%1fW^^ ^^ velues ^ et les fleui-s axH-^
lairès. *■ ' ' V'^^^^i '',;,.. - '■ ■ \
** l!iéê' mâles ont pn.çali^çç profondément divisé en deurpar-^
lies , et' en une étâmitié dont le filament est plus long que lui.>
Ijes femelles ont ùiî calice de deux folioles persistantes ^
ad nées à Tovaire qu^elles renferment. Cet ovaire est supé-
rieur , ovale , comprimé et chargé de deux stylés courts à
Âtigmafes simples..
. JLe fruit est une ^mence comprimée p munie de deux
cornes ' droites et pointues > produites par les deux valve»
ëalicinalés.
. Cette ptMte çro jt .dsjas les lieoj; sablojumE;^ 4^ 1a Ti^r^oj^
49^ C B R j
â^iU^ èéëëh Tàtistrié: Étieélt Hgtitéé^ jA: f 41 éeé ttïfu^
CÉRATOPÉT ALE , Ceratopei^hM , rfAùVeaù genre de
lÉ-NcH^n^Ue-ffoIlàk^dë A^tïi et fi^Vé' ^t Èf^tiûi ^ (a«i. $ cb
iotrpi'ethiek' cahier deSrpiàtil^ir dé c&^Va. Ses caractères soiit
d'avoii^ oh câltee à^éfnq divii&ibifé sta>niûi(erés et persislanies ;
éîiMi [liâtes {^{nh^rtiMb ; dii étaminèb db)if les tfmbèp^ oel
iMi é]^t>ort: vit 6^hv(cë supéMé^ùr tËrftriné pài^ ûli seul stylé;
nné câi^siH^ It àeùhc togèé reitfefmA^ dit^'s Ve tond du caCca^
Le ceratopétaU, est un grand arbre dont les feuille» sont
o^o^j^, iphif)J&eê, tehiéèlt ; les folioles èéssifes, lancéofêb.
d«nteléfètf, téhvêëtf él ^ftrés: Leë fléfuys sont disposées eu
painéuiéè' téritrfti^s*: les câlibeâ stfnt jautléâ, A^c Ite'urs dïvi»
gîon^ itmgéàti^èè, ef léspëtkles pMnés.
é&i^té^ rni* paiHf ntac. (B^.)
OBJ^ATOPHYTES^ tldtil Cdlhtiiiih Sàtiriè pair lés éo»
évèhà liiÉtiti^à&tes autf prodtit^trAiï^ pôlypéuîiâs , qui sont ac<-
Aiellethefif éotànoe^soitt l^nôm^deGrOttûdf^B, d'ANtiPATÈ^
PEN^A-rbLÉ , CoRALfKK , f CyièirtAxAfi , SeaTDI/AlRE . Ç»-
£ViiiiKs , Fi*tJSTilE et CkLLi^otrfi. A^(cye* ees roots, (B )
CÉftATOSANTHE , (kraeàtHhVhëé , genre de plantés t
liMitsmdndpéUdéeè,déla'm6iioécîes5'n]géu6.';ij,(f( delà raitiîH#
des CucûRBYTiicÉeé^ qtri à été étâlMinrût dépens des AW-
dvitiES / 7W^^«Qr/i/A»^ Ciimr. , dont il f\e dittci^ que paiioo
4«ie lès dKcôtiptires ititérièfu^e^ du ôâllôé ^^ottl liiUAica à leur
AnkittlM^ dé dëuf i^6liltes l'otllé&d éil déiiàH, ér^uéce fruii est
à q)]ati*e loges contenvtlt pltisieUiii sèitiélices lît^rolidièii et com*
^fiiéés. /^yirtrte dldl AnôuiStè.
' lies téi^atosùrMn reflftri^ellf fili'p^ttt ndiiiKK de pTantea j
qui croissent dans les pays les plus chauds^ àùût ïéa ràcihea
étk^ iiibêteàêéà^lkêfbtlam pÀmiéà, klés'p«ttdji&&ièb'à aôuj;
dtti à pluarfèiirs fJfMrtJ (B.)
* OÈRAni'GISfÈRME,CeMiâ9pwihûM',f}ijA^6t^
delà famille des Al«ou£8>qui consiste, selon .Micbeli, qui l^s^
tigWéè^ ph 5B/fI^. 1 désotl Gêmfà, éil' ^liiMeUi^ verruea
oNMrapeéèbj ^tbittuâirek et dislihctéà^ qnl ri&issèrit sur les écdrcea
déH'tftèfresi Oeâ ftstYtle^sbiH chargée^ dVn^ tk>tissière fugace »
et Oli» db pètiM eorités dvéôlaiftîs de^ft^uëBes ^rlelit dés c
iAiiletN!»lteligaai/e6th-béèretl cr6iâ^<itqai resséilibténtà'de
tites cornes^ et que l,oa prend pour de petites seuienciv.
Okté^ pkiritë^st foHTT^fct. Ped de bounistes l'ont i^ue , ci
lAurteûrs Mxt^pOèkôh'^il'tflle d^|^rtietlt dU gëdtfe Sj^Hkaoc a4u*&
pg à celui desVARioLAfRXs. F'pye* ces mots. (B.|
. OHRXTOtrKfeliBB^ a^att^'ittma , g^enre do piatiles Stà1>li
C E R 4()7
lar Jussieu dans la décandrie monogynie , et dans la famiild
Jes CAMFANVLACÉEtt. Il oflre pour caractère un calice tur-
biné à dix divisions ; une coroUe coriace, tu buleuse/cylin*>
drique , k cinq divisions ; dix étamines à anthères très*longues
et fourchues; un ovaire inférieur; une capsule à cinq loges et
à pliisieuiv semences^
Ce genre ne contient qu'uneespèce qui vient du Pérou. (BJ)
CÉRAUNf AS. Les anciens donnoient ce nom à la pyrite
martiale glol>uleuse ou êuljurt de fer radié ^ qu'ils regardoient^
et que dans des temps plus modernes quelques personnes ont
encore regardée comme une pierre de foudre , attendu quo
c'est une substance métallique qui a la propriété de faire feu
sous le briquet. Voyet Gi^obe-db^peu. (Pat»)
CËRCAIRË y Cercaria , genre de la classe des Vsas et de
la famille des.ANiMALcu]:4£s I^'FosoIR£s , dont les caraictères
sont : transparent et pourvu d'une queue.
Ce genre est voisin des Himatofes , des TaigodKs et des
liEUCOFHREs ; mais il s'en écarte *par le défaut absolu de poils;
il ne diffère des JBuRSAiRBs.quepar la pt*ésence de la queue«-
f^oyez ces diflérens mots,
Jje8 cercaires ont eh général un mouvement circulaire très-
rapide dans Teau des infusions où elles se trouvent ; mais
cependant quelqjies -^ unes Tont lent et vacilla toii^e. On en
Gonnoît une vingtaine qui sont figurées pi. i8y 19 et :io d»'
l'ouvrage de MuUer , sur les animaux infusoires , et pi. 8 ^ 9
et 10 de la partie des vers de V Encyclopédie, Une nouveDe
espèce qui vient d'Amérique, est également figurée pi. 3 a, fig. a
de la partie des ^«r^du Suffbn, de l'édition de Déterville.
C'est dans les eaux croupissantes des marais qu'il faut
chercher les eercaires. On n'en trouve qu'un petit nombre
d'espèces dans la mer et dans les infusions végétales ou ani-
zaales. Parmi celles de ces dernières , il faut noter la Cer-
GAiRB TBSTARB, qu'on trouve dans la semence humaine
putrétiée et qu'on a prise souvent pour les animalcules de la
génération , et la Cercaire tenace, qu'on rencontre dans Fin-
fusion du tartre des dents. F'oyexsm mot Animalcijl.e. (B.)
C£RC£AUX. C'est en terme de fauconnerie, les pramièreu
pennes deTaile des oiseaux de tfoL Leséperviers ont troiâ cer-'
ceaux f et les autres oiseaux de proie n'en ont qu'un. (S.)
C£RC£LiL£ et CERCËRELLE. Cest la sarceUe dans
JBelon. Voyez Sarcelle. (S.)
CJBRC£R£LL£ ou QU£RC£R£LL<£. Envieux français,
«'est la Cresserelle. (S.)
^^ilt CERC£RIS , Cerceris , genre d*insectes de l'ordre des Ht-
Ai j^i»rofT JuiBS a et de ma Êunille des Phxlamtsvbs. Je l'ai ainsi
49» *^ E ï^ . .
caractérisé : antennes peu amincies au troisième article, ren-*
fiées ensuite inseiisiblement , atteignant la moitié de la lon-
gueur du corceiel ; mandibules avec un ou deux avancemens
AU côté interne ; extrémités supérieures des mâchoires demi-
membi^neuses : les yeux des eercms sont écbancrés, et leur
sommet est éloigné des petits yeux lisses; le dessus de leur tête
forme un carré transversal, leur abdoniien est oblong , avec
les Anneaux souvent étranglés , comme articulés. Le premier
tfst arrondi , et forme une espèce de nœud.
Je mets dans ce genre, les philanUs du sable , rufipède,
orné do M, Fabricius.
Les habitudes de ces insectes sont très-curieuses. Les mères
nourrissent leurs petits avec des cadavres iïandrènea, qu'elles
en Fouissent à la manière des tpkex. (L.)
. CËRCËVOLO et C£RC£DULA , noms de k Sabcelli
en Italie. Foyez ce mot. (S.)
CERCIO , oiseau des Indes, très^peu connu. On lui donne
la taille de Vétourneau et un pluuu^^e de diverses couleurs. Il
remue sans cessek queue^etcsst , dit-on , très-babillard. (Vixil.)
CERCIFI ou SERCII 1. Foyez an mot Saimfis. (B.)
CERCLE ou ANNEAU MAGIQUE^ nom qui a été
donné par la superstition , à des U'aces circulaires qu'on ob -
serve quek)ueibis dans les prairies, où Therbe pArott dessé-
^ée. La cause de .ce petit phénomène n'est pas bien connue*
(Pat.)
CERCODEE, Cercodea. GW une plante de roctandrie
tétragynie , et de la famille desâAXiFJi ao^ks , qui a été décrite
parForster, Jacquin et autres, sous le nom d*haioragis , et
qtd vient de la NouveUe-'Zélande.
Ses caractères sont d'avoir un petit calice aopérieur peraia-
tant à quati-e dents; une corolle de quatre pétales lancéolés»
caducs ; huit étamines ; im ovaire inférieur, petit , ovale , un
peu tétragone , ayant quatre stigmates di*oits courts et blan-
châtres.
Le fruit est une capsule dure ou petite noix ovale eoniqne ,
& quatre angles, raboteuse , divisée intériem^ment en quatre
loges qui contiennent quelques semences fort petites.
Cette plante a une tigesoua-ligneuse , tétragone ; les feuillea
opposées , ovales , pointues , en scie ; les fleurs en verticiilcs
axiUairee* Elle est figurée pi. 3jl9 des lUuêtraiicni de Xja->
marck. (B.)
CERCOPIS, Grrco/>û, genre d'insectes, éuhli par M. Fabri-
cius, de l'ordre des UiMiPTiRss , et de la famille des Cica-
AAIRBS.
Caractères : antennes fort courtes, inaéréet à*pea-prèa datia
C E R 4fj9
le milien de Iti ligne qui sépare transTei*8aletnent les yeux >
Sresque iininédîatemeiit sous le bord supérieur du museau,
e trois pièces; la première fort courte; la seconde cylin-^
driqûe, la plus longue; la dernière plus courte et un peu plus
menue y conique , terminée par une soie courte et de la même
gro&*)eur à sa base.
ïjescercopis ont le corps court ; leur tête forme un museau plat
en dessus , avancé un peu en pointe au milieu ; leurs petits yeux
lisses sont au nombre de deux, situés sur la partie supérieure
de la tête , et assez rapprochés ; leur front est très-convexc ,
arrondi , et Fon observe entre lui et chaque œil, un enfonce-
itient longitudinal ; leur corcelet n'a qu'un seul segment d'ap-
parent; son bord postérieur est formé de deux lignes couver-^
gentes, et dont l'angle de réunion est échancré à angle aigu;
l3ur écusson est fort petit ; leurs él vires sont courtes , avec la
côte très - arquée ; les pattes postérieures sont propres pour
sauter, et ordinairement fort épineuses.
Nous remaiiquerons principalement dans ce genre la Csr-
' copis SANGUINOLENTE , CercopU songuinolenta Fab. , et la^
Cercopis ÉctTMEtTSE , C^sroopitf spumorta. La première frappe
par ses couleurs, et la seconde mérite notre attention par se«
moeurs.
CEitcopis SANGUINOLENTE. Cette espèce est la cigale à
tacîies rougis de-Geoffroi. Elle est d'un oeau noir, relevé par
des taches d'un rouge de sang. Ses* élytres nous offrent uno
bande et deux points de cette dernière couleur. Elle est de
tontes les espèces indigènes la plus grande. On la trouve assez
communément dans la forêt de Saint-Germain-en-Laie, mais
rarement dans d'autres lieux des environs de Paris.
Cercopis ]Écum£US£. Geoffroi la nomme cigale écumeuêe*
Elle peut avoir quatre lignes de longueur; le corps est d'un
bran plus ou moins foncé ; quelquefois verdâtre , finement
^ pt>nctué.i On voit près du bord extérieur de chacune de ses
elytres deux taches blanchâtres , transverses.
On rencontre très - communément cet insecte en état par-
fait, mais il n'est pas aussi facile de découvrir sa lan*e , lors-
qu'on ne connott pas sa singulière manière de vivre. Ella
rend par IVinus des nulles écumeuses, dont elle se recouvre,
et qui ressemblent en totalité, à une écume sativaire, une sorte
y- de crachat. Le corps de l'animal est très-tendre, el cette ma-
tière, formée de bulles d'air et de sucs de plantes , lui sert sans
v^x ' cloute , soit à le défendre d'une action trop forte du calorique,
,^f aoît à le dérober aux regards de ses ennemis, des ichneumons
sur-tout Ces plaques écumeuses sont très-communes sur les
^ plantes , notammen tsur les luxernest Quelques auteurs leur ont -
5oi> C E R.
donné le nom d'écumes printanières , de crachat de coucoum
Swammerdam , Poupart , Frisch , Roesel et Degéer ont «uc-
ce^ivement étudié ce singulier animal. Poupart, entraîné par
les erreurs du temps , en a fait une sauterelle. (L.)
CERCOPITHÈQUES. Des naturalistes anciens et mo-
dernes ont employé ce mot pour désigner des singes à longue
queue. On Ta sur-tout appliqué aux guenons, ou aux singes
ae Fancien continent qui ont les. plus grandes queues. Ce-
pendant , les sapajous et les sagouins , famille de singes du
!Nouveau*Monae, ont aussi de fort longues queues, et mé-
ritent par conséquent le titre de cercopithèques, Aw reste, ces.
caractères des singes , fondés sur la longueur de la queue, no
sont rien moins qu'exacts, parce qu'on sait que plusieun in«
dxvidus d'une même espèce, ont des queues de oiverses lon-
gueurs ; car il y a des singes qui s'amusent à en ronger eux-
mêmes l'extrémité. Ce n'est donc pas une partie fort essen-
tielle à l'animal , puisqu'il peut en détruire ainsi une portion
sans beaucoup de douleur, car sans cette condition, il ne
rongeroit pas ainsi l'extrémité de ae» vertèbres. Cet appendice
est tout au plus essentiel dans les sapajous ,. chez lesquels il sert
d'une cinquième main pour s'accrocher aux branche» des
arbres. ( Voyez les articles des Gujbmons et des SAPàious.) Le
mot ceroopitkèque ,yie"lxi des mots grecs kerioê , queue, et/>î-
thécos , singe. Ce sont les tebai d'Aristote. (V.^
CERDANE, Cerdana, grand arbre â feuilles alternes, pé-
iiolées, oblongues, aifuës, entières, planes et luisantes, i
fleurs blanches , veinëes de roux et à neun disposées en pa-
nicules terminales extrêmement ramifiées , qui forme un genre
dans la pentandrie monogjnie.
Ce genre offre pour caractère un calice tubuleux à dix stries
eb à cinq dents ; une corolle infundibuliforme , à tube de I*
longueur du calice, à limbe divisé en cinq parties oblongues
et ouvertes ; cinq étamines hérissées à leur base^ un ovaire au-
périeur à style bifide et à deux stigmates également bifides; un
drupe obh>ng, strié, couvert 2>ar le*calice et la corolle qui
persistent , à quatre loges , contenant chacune une semeoo»
flolilaire et ovale.
* LtfL cerdane Be trouve dans les terreina arides du Pérou, el
est figurée pi. 1 84 de la Flore de ce pays.
Lorsqu'on coupe cet arbre , il exhale un odeur très-letide ,
qu'on peut comparer à celle de l'urine du renard. Ensuite ,
cette oaeur se clianee en une autre, très-semblable à celle de
l'ail. Enfin, lorsqu'il est sec, son odeur est tiiè»4igréableet trè»-
pénétrante. On emploie alors son écorcc et ses feuilles dans lee
pié^Muations des alimens*
C El H 5oi
TJne fourmi aime tant aea feuilles^ qu'il est très-difficile d^en
trouver une entière. (B.)
G£R£BR[ST£^ nom donné par les anciens oryctographes
À des Madrépores fossiles y qui ressemblent par leur forme
à une cervelle d'homme. Ce sont ceux qui sont compris au-
jourd'hui sous le nom générique de Méandrinb. Foyez ce
mot ,et celui de Madrépore. (B.) ^
CEKÈOFSIS ( Cereopsia , ordre Echassiers. Fbyes ce
mot. Nouvciftu genre. ). Caractères : bec couit , convexe,
incliné vers sa pointe; tête couverte en entier d'une peau nue,
ridée y ou cire , sous laquelle sont cachées les narines ; celles-ci
placées à la base du bec ; éperon obtus au pli de l'aile ; queue
composée de seize pennes; bas de la jambe nu; tanes robustes;
doigts divisés; l'extérieur réuni par une membrane à l'inter-
médiaire, depuis la base jusqu'au miUeu ;. trois en avant et un
en arrière, celui-ci très-pelit. Latham. •
Le Ceréofsis db IiA Nouveli<e-Hollandb ( Cereopsîé
NovcB^HoUandiœ Lath«). Une peau ridée , de couleur jaune,
couvre La tête de cet oiseau , depuis la base du bec jusqu'au-delà
des yeux ; un gris cendré domine sur tout son plumage , maitf
il incline au brun sur les parties supérieures, et il est clair sur
le cou et les parties inféneui'es; les couvertures et plusieurs
pennes secondaires des aîles ont près de leur bout une tache
noirâtre ; toutes les pennes et celles de la queue sont d'un
brun obscur vers le bout ; celle- ci est arrondie à son extré-
mité ; sur le pli de l'aile l'on remarque un éperon obtus ; les
penpes secondaires sont presque aussi longues que les pri-
maires ; une belle couleur orangée couvre la partie nue de
la jambe , et les tarses presque en entier ; le bas du pied ea
devant , les doigts el les ongles sont noirs; grosseur d*une petite
oie ; longueur , trois pieds ; partie nue de la jambe , i-peu-près
un pouce trois quarts ; tarses, six pouces et demi ; doigt du mi«
lieu , trois pouces et demi; doigt postérieur , très-petit; bec noir,
huit lignes, et à prendre des coins de la bouche jusqu'à son
extrémité , un pouce un quart. Espèce nouvelle, ( Vieill.)
C£RF ( Cervus), genre do quadrupèdes de la seconde
section de Tordre des Ru m in ans ( F'oyez ce mot. ) , caracté-
risé ainsi qu'il suit : huit incisives à la mâchoire inférieure;
des cornes à la tête , solides , rameuses et annuellement ca-
duques dans les mâles ; des larmiers ; corps à poil ras, queue
courte , pieds élevés. Ce genre , assez nombreux en espèces ,
renferme notamment , l'Axis , le Cerf , le Chevreuil , le
Daim , I'Elak , le Rei^ne , &c.
Les bois ou les cornes des quadrupèdes du genre des
eerfa, sont d'une nature bien différente de celle des cornes
i
Sod G E R
des autres rominans. Ces cornes , dans les hœufs, les chkvtes^
les gazelles , sont creases en dedans , au lieu que le bois des
eerjâ est solide dans toute son épaisseur. La substance de ces
cornes est la même que celle des ongles , des ergots , des
écailles ; celle du bois des cerfs, au contraire , ressemble fdua
au bois qu'à toute autre substance. Toutes ces cornes creuses
sont revêtues en dedans d'un périoste^ et contiennent dans
leur cavité un os qui les soutient et leur sert de noyau ; elles
ne tombent jamais , et elles croissent pendant toute la vie de
l'animal , en sorte qu*on peut juger son âge par les nœuds ou
cercles annuels de ses cornes. Au lieu de croître comme le
1>ois des cerfs, par leur extrémité supérieure , elles croissent ,
au contraire 9 comme les ongles ^ les plumes^ les cheveux, par
leur extrémité inférieure. ( Desm. )
CERF ( Cervus elaphus Linn. Voyez tom. 24 , pag. 68 ,
1. 4 , 5 et 6 de V Histoire naturelle des Quctdrupèdes de
uffbn y édition de Sonnini. ) , quadrupède du genre du
même nom et de la seconde section de l'ordre des Ruminans^
( Voyez ces mots. ) Le cerfesi, sans contredit, le plus bel ani-
mal de nos forêts. Sa forme éléganle et légère , sa taille ausû
pvelte que bien prise , ses membres flexibles et nerveux , sa
tète parée plutôt qu'armée d'un bois vivant qui se renouvelle
tous les ans> sa grandeur, sa légèreté, sa force, le distinguent
assez des autres habitans des bois.
Le pelage le plus ordinaire pour le cerf est le fauve ; cepen^
dant il se trouve un assez grand -nombre de cerfs bruns , et
d'autres qui sont roux ; les cerfs blancs sont bien plus rares ,
cl semblent être des cerfs devenus domestiques , mais très-an-«
efennement , car Aristote et Pline parlent des cerfs blancs » et
*!! paroît qu'ils n'étoient pas alors ]>lus communs qu'ils ne le
sont aujourd'hui. La couleur du poil du cerf semble dépendra
en partie de l'âge de l'animal, fjefaon ou jeune cerf de six
mois, porte la livrée comme le Marcassin. {Foye* Cocbov.)
Son pelage est parsemé de taches blanches sur un fond mêlé
de fauve et de brun. \jGs jeunes cerfs ( ou cerfs de deux ik cinq
ans ) ont ordinairement le pelage d'un fauve clair et délayé.
Ceux qui sont d'un âge plus avancé l'ont , le plus souvent ^
d'un roux vif ou d'un brun roussâtre. Il existe une variété de
l'espèce du cerf[ le cerf des Ardennes ) dont le poil est tout
poir.
On donne le nom de larmiers k, deux fentes qui sont au-*
dessous des yeux du cerf; il en sort une liqueur jaune ^ qu'oa
nomme larmes de cerf a.
lia femelle du cerf que l'on appelle du nom d^ biche ^ esl
C E R 5o5
Elus petite (jue la mâle ; elle ne porte 'point de bois ; son pcH
ige est moins sujet à varier ; il est ordmaii^ment fauve.
Ijefaon mâle ne porte ce nom que jusqu'à six mois envi-^
ron ; vers les mois d'octobre et de novembre , il quitte la livré»
et prend celui de hère ; c'est alors qu'il paroit sur le test ( l'os
frontal ) deux élévations que l'on nomme bosftes ,. et qui
Srennent par la suite le nom de pivots. Ces élévations se pro-
»ngent , lorsque le cer/*a un an accompli , mai^ces prolon^
cemens ne sont pas de la nature des bosses ou de leurs basea^
ils sont sanguins et presque cartilagineux ; cejpendanl ils s'os-
sifient entièrement et progressivement depuis la base jusqu'à
l'extrémité ; ils ont huit à dix pouces de longueur y sont
•impies, sans ramifications ou andouiUers, et portent le nom
de dagues. Ils sont recouverts d'une peau velue jusqu'à ce
qu'ils aient acquis une consistance parfaite. Le ci??/' fait tom-
ber cette peau en se frottant contre les arbres ; il prend alors
le nom de dague t, et le porte environ un an.
Vers le mois de mai suivant , lorsque le cerf entre dans sa
troisième année , ces deux dagues se détachent du pivot ou
de l'os qui leur sert de. base , et tombent ; ensuite le c^j^ pousse
sa seconde tête ( en termes de chasse on donne le nom de
^éte aux deux bois du cerf, et la tête^ qui les porte , s'appelle^
massacre ) ; elle est ornée de trois ou quatre branches qu'on
nomme andouiUers, et ce qui la distingue le plus de la- pre-
mière y OU des dagues , c'est que le sommet du pivot est en*
touré d'une espèce de bourrelet qui a reçu le nom de meule,
et qui se retrouve dans toutes- les têtes d'un àjEe plus avancé.
C'est donc à sa troisième année que 1^ verf pousse sa sconde
tête; il en prend le nom , et ainsi ^^d'année en année, jus^ii k
U cinquième qu'il a sa quatrième tête. A six ans on le désigne
par le nom de dix cors jeuvéement; à sept, il reçoit celui d^
dix cors ; enfin , passé ,<?A/t âge , il pi'end celui de i^ieux cerf.
La tête, ou le boite du cerf, est composée des meulos ou
couronnes qui pi^nt sur le jnifot ; il en sort la maîtresse
branche, que Von nomme marrain ou merrain; elle est accom-
pagnée auDR^ de la meule du premier andouiUer, qui sort en
avant , et^dont la pointe est reconi4>ée en remontant ; c'est le
plus Icing des andouillers ; au - dessus et tout près est le sur^
and^uiiler, beaucoup plus court; le troisième andouilleram
n^mme chevillure j il est ordinairement beaucoup plus long
•que le précédent Quelquefois il y a le long du marrain un
quatrième andouiller que l'on nomme trochure. Uetnpau^
mure termine le marrain ; on la nomme ainsi , parce qu'elle
ressemble , imparfaitement à la vérité , à la paume de la maia^
de laquelle il sort plusieura doigts -, les andouillers de ïempatù^
6o4 C E R
mure varient en nombre , depuis deox jasqû'à bait , et quel-
quefois plus, mais cela est très-rare. Lies secondes têtes n'ont
ordinairement que deux andouillers dans la longueur du
marrain. Il arrive assez souvent que les deux empanmures
ne sont pas également garnies.
C^est au printemps que les cerfs mettent bcKj la tète se dé-
tache d'elle-même , ou par un petit effort qu'ils font en s'ac-
-crochant à 'quelque branche ; il est i*are que les deux côtés
tombent précisément en même temps , et souvent il y a un
^ur ou deux d'intervalle entre la chute de chacun des côtés
de la tête. Les vieux cerfs sont ceux qui mettent bas les pre-
miers , vers le commencement de février ; les ceifè de dis
cors ne mettent bas que vers la fin du même mois ou dans le
' courant de mars ; ceux de dix cors jeunement , dans le cou-
rant d'avril ; les jeunes cerfs , en mai ; et les dagueU , au com-
mencement de juin ; mais il y a sur tout cela beaucoup de va-
riétés , et ro(i voit quelquefois de vieux cerfs mettre bas plus
lard que d'autres qui sont plus jeunes. Au reste , la mue oe U
tite des cerfs avance lorsque l'hiver est doux , et retarde lorsK
i|u'il est rade et de longue durée.
Pendant 'l'hiver les cerfs se rassemblent en troupes où
hordes , et se tiennent serrés les uns conti*e les autres dans lei
endroits les plus fourrés. A la fin de cette saison , ils gagnent le
bord des forêts et sortent dans les blés. C'est alors qu'ilt
mettent bas. Dès qu'ils se sont débarrassés de leur tête ^ ib se
âépamit les uns des autres ^ et il n'y a'plus que les jeunes^qui
demeuaent assemble ; ils ne se tiennent pas dans les forts ,
mai^is gagnent les beau.x pays , les buissons » les taillis clairs ,
où ils demeurent tout Tété* jjour y refaire leur tête ; et , dau*
cette saison , ils mardient la \téte basse , crainte de la froisser
contre les branches^ car elle es^ sensible tant qu'elle. n'a pax
pris son entier accroissement La têt^ des vie^x cerfs n'est eu*
core qu'à moitié refaite vers le commeJiicement de juin , et
n'est tout-à-fait alongée et endurcie que versile milieuV'août
Celle des jeu nés cerfs , tombant plus tard , repocisse et se wfait
aussi plus tard ; mais , dès qu'elle est entièrement^ alongée , er
qu'elle a pris de la solidité , les cerfs la frottent^ «9«ntr« ^js
arbres pour la dépouiller de la peau dont elle est revêtue ; ei .
comme ik continuent à la frotter plusieurs jours de suite ^ on
prétend qu'elle se teint de la couleur de la sève du bcMs aaqu<. ^
ils touchent ; qu'elle devient rousse contre les hêtres et les
bouleaux > brune contre les chênes y et noirâtre contre les
charmes et les trembles. Au reste > la couleur du bois cocnme
la couleur du poil , semble dépendre, en général , de l'âge ei
de la nature de l'animal \ les jeunes cerfs ont le boia plua blau-^
C E R ^ 5o5
châtre et moins teint que les rieux. A Tintérieur , le bois de
tous les cerfs est à-peu-près également Uanc ; mais ces bois
difîèrent beaucoup les uns des autres y en solidité et par leur
texture plus ou moins serrée ; il y en a qui sont fort spon-
gieux , et où même il se trouve des cavités assez grandes ; celte
différence dans la texture suffit pour qu'ils puissent se colorer
différemment , et il n'est p^s nécessaire d*avoir recours à la
sève des arbres pour produire cet effet , puisque nous voyons
tous les jours l'ivoire le plus blanc , jaunir ou brunir à Tair ,
quoiqu'il soit d'une nature bien plus compacte et moins po-
reuse que celle dli bois du cerf.
"Lesperlures sont des inégalités perlées qui sont le long du
marrain et des andouillers; leapierrureê sont les mêmes iné*
galités sur les meules. Les sillons qui les séparent les unes des
autres sont formés par les vaisseaux sanguins qui ont nourri la
téee. La peau qui enveloppe le refaii couvre et contient tous
ces vaisseaux sur la supemcie du marrain ; comme il n'est
d'abord formé que de substance molle, ces vaisseaux y restent
empreints , et le sillonnent selon le cours qu'ils ont eu ; ils se
divisent à Tinfîni et se croisent dans tous les sens ; quelques-
uns des plus gros parlent de la meule et se prolongent le long
du marrain et des anâouillers , jusqu'à Vempat^mure où ils se
ramifient. Lorsque la production oe la eé£e est presque com-
plète y les pierrures de la meule, entre lesquelles passent les
principaux vaisseaux sanguins, prennent de l'accroissement ,
resserrent peu à peu ces vaisseaux, et, continuant à croître,
finissent par les oblitérer totalement. Leur extrémité qui
porte la nourriture à la tête , ne recevant plus de substance »
se flétrit et la peau se dessèche. Le cerf éprouve probable-
ment alors des démangeaisons qui l'engagent à la dépouiller ,
et il y a apparence qu il tix>uve , pendant quelque temps, un
certain plaisir à se frotter contre les arbres.
Peu de temps après aue Jes cerfs ont bruni leur têts ( c'est-
à-dire qu'ils ont dépouillé leurs bois de ces peaux devenues
inutiles ) , ils commencent à ressentir les impressions du rut ;
les vieux sont les plus avancés. Dès le milieu de septembre, ûs
quittent les buissons , reviennent dans les forts , et commen-
cent à chercher les Ifétes ( les biches ) ; ils raient d'une voix
forte ; le cou et la gorge leur enflent ; ils se tourmentent , ils
traversent en pleili joiu* les guéretA et les plaines , ils donnent
de la tête contre les arbres et les cépées , enfin ils paroissent
transportés , furieux , et courent de pays en pays jusqu'à ce
qu'ils aient trouvé des biches , qu'il ne sufiit pas de rencontrer^
mais qu'il faut encore poursuivre^ contraindre, assnfetdr,
car elles les évitent d'abord ; diles fuient et ue les attendent
5o6 ^ ^ C E R
qu'après avoir été long-temps fatiguées de leur poumoiCe.
CTest aussi par les plus vieilles que commence le rut ; les
jeunes biches n'entrent en chaleur que plus tard ; et lorsque
deux, cerfs se trouvent auprès de la même , il faut encore
combattre avant que de jouir ; s^ils sont d'égale force , ils se
menjicent^ ils gratlent la terre > ils raient d'un cri terrible , et
se précipitant 1 un sur l'autre , ils se batlent à outrance , et se
donnent des coups de tête et d'andoidllers si fort, que sou*
vent ils se blessent à mort. Le combat ne finit que par la dé*
faite ou la fuite de l'un des deux , et alors le vainqueur ne
perd pas un instant pour jouir de sa victoire et de ses désirs ,
A moins qu'un autre ne survienne encore , auquel cas il part
pour l'attaquer et le faire fuir comme le premier. lies plus
vieux cerfs sont toujoura les muitres , parce qu'ils sont plus
fiers et plus hardis que les jeunes , qui n'osent approcher
d'eux ni de la biche , et qui sont obligés d'attendre qu'ils Faient
quittée pour l'avoir à leur tour ; quel(|uefois cependant ila
sautent sur la biche pendant que les vieux combattent , el
après avoir joui fort a la hâte , ils fuient promptement. Lges
bic/ies préfèrent les vieux cerfs , non pas parce qu'ils sont
plus courageux , mais parce qu'ils sont beaucoup plus chaud»
et plus ardens que les jeunes ; ils sont aussi plus mconstans,
ils ont souvent plusieurs biches à-la-fois , et lorsqu'ils n'en ont
qu'une , ils ne s y attachent pas; ils ne la gardent que Quelques
jours , après quoi ils s'en séparent et vont en chercner une
autre auprès de laquelle ik demeurent encore moins , et
passent ainsi à plusieurs jusqu'à ce qu'ils soient tout -à -fait
épuisés.
Cette fureur amoureuse ne dure que trois semaines; pen-
dant ce temps « ils ne mangent que très-peu , ne dorment ^i
ne reposent ; nuit et jour m sont sur pied , et ne font que
marcher , courir , combattre et jouir : aussi sortent-ib de là si
.défaits^ si fatigués, si maigres, qu'il leur faut du temps pour
se remettre et reprendre des forces. Ils se retirent ordinaire-
ment alors sur le bord des forets, le long des meilleurs ga**
gnages , ou ils peuvent trouver une nourriture abondante ,
et ils y demeurent jusqu'à ce qu'ils soient rétablis.
Le rut pour les vieux cerfs commence vers le milieu Au
mois d'août et finit vers la fin de septembre. Pour les cetfs de
dix cors et de dix cors jeunement , il commence vers le 7 aep-
teuibié et finit ver« le a octobre \ pour les jeunes cerfs, c*€r«l
depuis le a5 septembre jusqu'au 17 octobre , et dans les dix
derniers joura du même mois, il n'y a plus que les dague4»
qui sont en rut , parce qn'iU y sont entrés le» derniers de tous ;
les plus jeunes buAes soûl de même les demièrea en chaleur*
C E R , 5o7
Le rut est donc entièrement fini vers le commencement de
novembre ^ et les cerfs ^ dans ce temps de foiblease , sont faciles
à forcer. Dans les années abondantes en gland , ils se réta-
blissent en peu de temps » par la bonne nourrilura^-et I'qu
remarque souvent un second rut au commencement de no-
vembre j mais qui dm^ beaucoup moins que le premier.
Dans les climats plus cbauds que celui de la France , comme
les saisons sont plus avancées ^ le rut est aussi plus précoce. En
Grèce, par exemple , il paroit, par ce qu'en dit Arislote,
qu'il commence dans le milieu du mois aaoût , et qu'il finit
vers les premiers jours d'octobre.
Les biche^^ portent huit mois et quelques jours ; elles ne
produisent ordinairement qu'un petit , très-rarement deux ;
elles mettent bas vers le commencement de Juin ; elles ont
grand soin de dérober leur^àon à la poursuite des chiens ;
elles se présentent et se font chasser elles-mêmes pour les éloi-
gner, après quoi elles viennent le r^'oindre. Toutes les lichen
ne sont pas fécondes ; il y en a qu'on appelle brèhaignea ,qm
ne portent jamais^ ces biches sont plus gro^es et prennent
beaucoup plus de venaison que les autres ; aussi «ont-elles les
premières en chalem*. On prétend aussi qu'il se trouve quel-
quefois AcB biches qui ont un bois comme le cerf.
Le cerfeai en état d'engendrer à dix-huit mois, car on a
vu des daguete couvrir des biches, et l'on s'est assuré que ces
accouplemens sont productifs. Dans l'homme^ la baroe» le
J>oil 9 le gonflement des mamelles, l'épanouissement de» par-
ties de la génération, précèdent la puberté. Dans les animaux
eu général , et dans le cerf en particulier , la surabondance
de nourriture , qui prodmt tous ces effets dans l'homme , se
marque par des eÔets encore plus sensibles ; elle produit la
tête , le gonflement des daintiers ou testicules , l'endure du
cou et de la gor^e , le rut , &c. £t comme le c^r^croit fort
vite dans le premier âge , il ne se passe qu'un an depuis sa
naissance jusqu'au temps où cette surabondance commence
à se marquer au-dehors par la production du bois ; et à me-
sure que ce bois prend de la consistance , l'animal achève de
se charger de venaison , qui est une graisse abondante pro-
duite aussi par le superflu de la nourriture , qui dès-lora com-
mence à se déterminer vers les parties de la génération , et à
exciter le cerfk cette ardeur du rut qui le rend furieuX' Et ce
qui prouve évidemment que la production du bois et celle do
la liq^ueur séminale , dépendent de la même cause , c'est
que SI l'on détruit la source de la liqueur séminale , en sup-
primant, par la castration , les organes nécessaires pour celte
^^cvcUqu ^ ou supprime eu même temps la production du
5o8 ^ E R
bois ; car ai Ton fait cette opération daiui le temps quSl a mi»
bas sa iéie , il ne s'en forme pas une nouvelle ; et ^ si on ne h.
fait , au contraire, que dans le temps qu'il a rejfait sa tête , elle
ne tombe plus ; Tanimal ^ en un mot , reste pour toute sa vie
dans rétat où il étoit lorsqu'il a subi la castration ; et comme
il n'éprouve plus les ardeurs 'du rut , les signes qui l'accom-
pagnent disparoissent aussi ; il n'y a plus d'enflure au cou ni
à la gorge , et il devient d'un nafuix^l plus doux et plus tran-
quille. Les cerfo coupés ne laissent pas de devenir gras , mais
leur graisse ne s'exalte ni ne s'échaufle pas comme la venaison
des cerfs entiers , qui , lorsqu'ils sont en rut^ ont une odeur si
forte , qu'elle infecte de loin ; lem* chair même en est si fort
imbue et pénétrée , qu'on ne peut ni la manger ni la sentir^
et qu'elle se corrompt promptement ; au lieu que celle du eerf
coupé ae conserve fraîche^ et peut se manger en tous les
temps.
La disette et le manque de tranquillité retardent l'accrois-
aement du bois, et en diminuent le voliune, très-considéra-
blement. Les cerfs qui habitent les pays abondant > où ils
viandent ( mangent ) a leur aise , où ils ne sont troublés ni i)ar
les chiens ni par les hommes , ont toujours la tête belle ,
haute y et bien ouverte ; ceux , au contraire ^ qui habitent un
pays où ils n'ont ni repos ni nourriture suflSsante ; ceux qui
06 portent mal , qui ont été blessés ou qui ont seulement été
inquiétés ou courus , prennent rarement une bêUe têie et une
bonne venaison ; ils n'entrent en rut que plus tard , il leur
faut plus de temps pour refaire leur tiu , et ils ne la mettent
bas qu'après les autres. On a ramarqué que les cerfs coupés et
les biches mangent moins que les cerfs entiers ; en effet , ces
animaux , n'ayant point de bois à refaire , n'ont pas besoin
d'une aussi grande quantité de nourriture.
Toute la vie du cerfwe passe , comme on le voit , dans des
alternatives de plénitude et d'inanition , d'embonpoint et de
maigreur , de santé , et pour ainsi dire de maladie , sans que
ces oppositions si marquées , et cet état , toujours excessif,
altèrent sa constitution ; il vit aussi long-temps que les autrca
animaux ^ui ne sont pas sujets à ces vicissitudes. Comme il «st
cinq ou six ans & croître , il vit trente -cinq ou quarante
ans.
Le ce^h l'oeil bon , l'odorat exquis et l'oreille excellente.
Lorw|u'il veut écouter , il lève la tète , dresse les oreilles , et
alors d entend de fort loin. Lorsqu'il sort d'un petit taiOia ou
de quelqu'autre endroit à demi-découvert , il s'ai*r^te pour
regarder de tous côtés , et cherche ensuite le dessous du vent
pour sentir s'il n'y a pas quelqu'iia qui puisse l'inquiéter. U est
C El R 5o9r
d'un naturel asses «impie ; «t cependant il est curieux et rusé.
Lorsqu'on le siffle ou qu'on l'appelle de loin , il s'arrête tout
court , regarde fixement , et avec une espèce d'admiration , le»
voitures , le bétail , les hommes ; et , s'ils n'ont ni armes , ni
chiens ^ il continue à marcher d'assm^ance^ et passe son ciie--
min fièrement et sans fuir. U paroît aussi écouter avec autant
de tranquillité que de plaisir^ le chalumeau ou le flageolet des
bergers ; et les veneurs se sei'vent quelquefois de cet artifice
pour le rassurer. £n général , il cramt beaucoup moins
l'homme que les chiens , et ne prend de la défiance et de la
ruse f qu'a mesure et qu'autant qu'il aura été inquiété ; il
mange lentement , il cnoisit sa nourriture -, et lorsqu'il a
viande, il cherche à se reposer pour ruminer à loisir ; mais il
paroit que la rumination ne se fait pas avec autant de faci*-
nié que dans le bœuf; ce n'est , pour ainsi dire , que par se-
cousses que le cer/*peut faire remonter l'herbe contenue dans
son premier estomac. Cela vient de la longueur et de la
direction du chemin qu'il faut que l'aliment parcoure. Le
bœuf a le cou droit et court y le cerf l'a long et arqué ; il fimt
donc beaucoup plus d'effort pour faire remonter l'aliment , et
cet effort se fait par une espèce de hoquet^ dont le mouvement
se marque au-dehors , et dure pendant tout le temps de la
rumination. Il a la voix d'autant plus forte , plus gi^osse et plus
tremblante , qu'il est plus âgé : la biche a la voix plusfoible et
plus courte ; elle ne rait pas d'amour ^ mais de crainte. Le cerf
rait d'ime manière effroyable dans le temps du rut -, il esl
alors si transporté ^ qu'il ne s'inquiète ni ne s'effraie de rien ;
oh peut donc le surprendre aisément ; et , comme il est sur-
chargé de venaison ^ il ite tient pas long^temps devant lea
chiens ; mais il est dangereux aux abois ; il se jette sur eux
avec une espèce de fureur. Il ne boit guère en hiver, et encore i
moins au printemps; l'herbe tendre et chargée de rosée, lui
suffit ; mais dans les chaleurs de l'été , il va boire aux mis-
seaux , aux mares , aux fontaines ; et , dans le temps du rut ,
il. es| si fort échauffé , qu'il cherche l'eau par-tout ; non-*
seulement pour appaiser sa soif brûlante, mais pour se bai-<-
gner et se rafraichir le corps. Il nage parfaitement bien , et
tslus légèrement alors que dans tout autre temps, à cause de
a venaison dont le volume est plus léger qu'un pai*eil volume
d'eau. On en a vu traverser de très-grandes rivièi'es; on
prétend même , qu'attirés par l'odeur des bicffea , les cerfs se
jettent à la mer dans le temps du rut , et passent d'une île
À une autre , à des distances de plusieurs keues. Us sautent
encore plus légèrement qu'ils ne nagent ; car lorsqu'ils sont
poursuivis, ils franchissent aisément Uile haie^ et même un
6io C E R
palis d'une toise cle hatUenr. Leur nourrihire est différente ,
suivant les diverses saisons ; en antomfie y après le ritt , ils
cherchent les boutons des arbustes verts , les ileurs drs
bruyères , les feuilles des ronces , &c. En hiver , lorsqti'il
neige ^ ils pèlent les arbres, et se nourrissent d'écorce, de
mousse, &c. ; et, lorsqu'il fait un tettips doux, ils vont
tnander dans les blÀ ; au commencement du printemps ,
ils cherchent les chatons des trembles , des marsaules , des
coudrierà , les fleurs et lès boutons du cornouiller , &c. ; en
été, ils ont de quoi choisir, mais ils préfèrent les seigles à tous
les autres grains , et la bourgène à tous les autres bois. La chair
dn faon est bonne k manger ; celle de la biche et du daguet
n'est pas absolument mauvaise ; mais celle des cerfs a toujours
un goût désagréable et fort. Ce que cet animal a de plus utile,
c'est son bois et sa peau ; on la prépare , et elle fait un cuir
souple et très-durable. Le bois s'emploie par les couteliers ,
les tourbisseurs , &c. et l'on eil tire, par la chimie , de TalcaU-
volatil, dont on a fait un grand usage eh médecine, sous le
nom à^esprii de corne de cerf,
■ La taille de ces animaux est fort diflifrente , selon les lieux
qu'ils habitent ; les cerfs de plaines , de vallées on de collines
abondantes en grains, ont le corps beaucoup plus grand et les
jambes plus hautes que les cerfs des montagnes sèches , arides
et pierreuses ; <;eux-ci ont le corps bas , court et (rapu ; ils ne
{léuvent courir aussi vile, mais ils ront plus long^-temps que
es premiers ; ils sont plus médians , ils ont le pofl plus long
sut le massacre (la tête); leu» bois sont Ordinairement bas
et noirs. Ces petits e^//^ trapus n'habitent guère les futaies,
et se tiennent pi*esque toujours dans les tafflis, où ils peuvent
jJus aisément se soustraire à la poursuite des chiens ; leur f>#-
wtaison est plus fine, et leur cnair est de meilleur goât que
celle des cerfk de plaine. Le cerf de Corse ( Hisi, nat. des
Quad, de Buffbn , édit. de Sonmni , tom. 214 , pag. 1 16 , pi. 6.)
paroît être le plus petit de tous ces cerfi de montagnes; il n*a
guère que la moitié de la hauteur des cerfs ordinaires ; il a le
pelage brun , le corps trapu , les jambes courtes.
Il y a , en Allemagne , une autre race de cerfs , qui est coih
ntie dans le pays sous le nom de brandhirtt , et de nos clias-
senrs sous celui de cerf des Ardennes; c'est le cervus hipp€t€s-'
phus de Linn«iTs. Il est phis grand que le cerf commun ; il
en diflère non-setdement parle pelage , qu'il a d'une couleur
plus foncée et presque noire, mais encore par un long po3
qnll porte siir les épaules et sur le cou. Cette variété de Pc»-
pèce du cerf, c^ I hippsiaphe d'Aristote , et le tragstaphs
C E R 5ii
On a pensé qu'on pourroil rendre domestiques les cerfs de
nos bois^ en les traitant comme les Lapons traitent leurs
rennes , avec soin et douceur. Buifon cite ^ à ce sujet , un
exemple qu'on poun*oil rfuivre. a Autrefois, dit-il , il n'y
» avoit pomt de cerfs à l'Ile-de-France ; ce sont les Porlu-
}) gais qui en ont peuplé cette île. Ils sont petits et ont le
)>poil plus gris que ceux d'Europe, desquels, néanmoins,
)>ils tirent leur origine. Lorsque les Français s'établirent
3) dans l'île , ils trouvèrent une grande quantité de ces cerfs;
» ils en ont détruit une partie , et le reste s'est réfugié dans
D les endroits les moins fréquenté» de Tile. On est parvenu
» à les rendre domestiques , et quelques habitans en ont
D des troupeaux».
L'on est aussi parvenu à faire des attelages de cerfs. Val-
mont de Bomare rapporte qu'il a vu, en Allemagne, un
attelage composé de six de ces animaux , dociles au mors et
actifs au coup de fouet. Il y avoit aussi en 1 770, dans la ma-
gnifique écurie de Chantilly, deux cerfs qui se laissoient atte-
ler à un petit chariot qu'ils tiroient , chargé de deux per-
sonnes. (Desm.)
Chasse du Cerf
La chasse du cerf se fiiit de deux manières, aux chiens cot^
rans et aux pièges.
La plus belle chasse aux chiens courans est sans contredit
celle au cerf) elle est aussi la plus savante et la plus difficile;
elle demande des connoissances très-étendues et très-variées,
qui ne peuvent s'acquérir que par une longue expérience; elle
exige enfin un appareil d^hommes , de chevaux et de chiena
dressés.
Pourchasser le cerf\\ faut d'abord savoir le Juger, c'est-à-
dire connoître , sans l'avoir vu , son âge et son sexe. On Juge
le cerf par le pied et les allures ; "pur les foulées et le» portées;
par les manceuvres nocturnes , et enfin par les fumées. Ces
connoissances , que rexpériénce seule rend exactes , se com-
posent encore d'observation^ relatives aux saisons , à la na-
ture de l'animal , au canton dans lequel il est né et à celui
dans lequel il habite ; mais ce qu'il faut savoir d'abord , pour
parvenu* à ces connoissances , c'est que les traces ou voies du
cerf , en laissant voir Timpression des différentes parties du
£ied et de la jambe de l'animal , àéchleni ses pinces , qui sont
» deux bouts ou extrémités extérieures du pied ; son talon
ou éponge ,qai en est le haut, et doit être a quatre doigts
é» Fergol ou os ^ et enfin cet ergot , près duquel k talon at
5ts C E R
xapprocbe à mesure que le cerf vieillit. Mais celte impreanoa
du pied et de la jambe du cerf est plus ou moins forte , suir*
Tant que le terrein qui la reçoit est caillouteux ou fangeux >
dans le premier cas elle est très - légère , dans le second elle
est ti'ès-ppononcée^ et elle l'est d'autant plus que la bêle est
plus grosse ; ainsi , indépendamment des autres indices qui
marquent la diflérence du pied de la jeune béte de ceux de
la vieille , l'impression du pied du faon et du daguêt eal bien
moins profonde que celle du cerf dix cors ou du vieux cerf
A cet égard il faut encore observer que les cerf» qui habitent
les pays de plaines bien cultivées, c'est-à-dire les bois entourés
de champs fertiles , parce qu'ils ont le corsage plus grand ,
ont ordinairement le pied plus fort que les c^fe qui habitent
les grandes forêts ; ceux qui habitent sur un sol pierreux ,
ont les côtés y les pinces et le talon plus usés que ceux qui mar^
chenl sur un lerrein doux : dans un pays marécageux , le
pied se conserve , la corne se renfle , les c6tés ne s'usent pas
et restent tranchuns; on appelle ces oieiA pieds-de-gondole,
parce que les côtés rentrent vei*s la sole. Les bichee et les da^
guata , plus foi blés et plus timides , ayant la marche moins
assurée, laissent plus ap|)ercevoir les talons et les pinces écar«>
tées , tandis que le cerf dix cora, ayant la marche plus grave
et plus hardie , sur -tout s'il n'a pas encore été lancé , pèse
plus sur les pinces , qui sont moins écartées et rondes ; ses
pieds de derrière, toujours plus petits que ceux de devant ^
ae {dacent , quand il marche d'assurance , de manière que
les pinces touchent les talons des pieds de devant , sur-tout
3uand il est gras, autrement dit , en terme de vénerie , chargé
e venaison ; souvent même les pieds de den*ièi« se placent
dans la trace des pieds de devant , ce que ne fidt pas la biche ,
qui se méjuge dans ses allures , les ayant tantôt grandes, tan-
tôt petites 9 et toujours droites, en sorte que les pieds sont tou-
jours en ligne di'oite, à moins qu'elle ne soit pleine ou qu'dle
n'ait du lait ; si , à une de ses allures , elle met le pied de
derrière dans celui de devant , elle le met ensuite à côté ou
devant , ou le couvre en entier. Les jeunes cerje vont sou-
vent comme les biches , les pinces de devant écartées , mais
celles des pieds de derrière sont toujom^ fermées , et ils dit-
ierent en cela des biches , qui ont les pinces des ouatre pieds
écartées ; ils se méjugent aussi d'une manière dinérente » en
ce qu'ils portent les pieds de derrière k côté, en dedans ou en
dehors de ceux de devant ; mais les traces des uns et dt^
autres sont nulles pour le chasseur lorsqu'il a neigé ou qa*il
a plû par-dessus , et encore en temps de sécheresse , lorsque
la terre est fine comme de la cendre , ou enfip sur ua terrein 1
C E R 6i5
dur et pierreux. Dans ces circonstances > lorsqu'il s*agit de
auêler un cerf pour le détourner , c'est-à-dire lorsque la veille
d'un jour fixé pour la chasse on veut s'assurer du lieu où le
cerf repose , ou bien lorsqu'après l'avoir détourné il s'agit de
le lancer ou de le courre , ou enfin quand on en recherche
la voie , après qu'il a donné le chanse aux chiens , à défaut
des indices par lé pied, il ^aut chercher et reçonnoîtro celles
que donnen t^les foulées et portées,
Ijes foulées sont les empreintes que le pied du cerf laisse
sur l'herbe ou sur les feuilles. Lorsque le veneur a besoin de
ces indices, il doit les chercher en se traînant sur les genoux
et sur les mains le long du chemin que l'animal est soup-
çonné .avoir suivi dans le bois ; là la terre ombragée conserve
plus d'humidité et de fi'aicheur ^ et l'herbe > la mousse et les
feuilles tombées, conservent assez l'empreinte du pied du cerf
pour en montrer la forme et faire connoitre son âge , que dé-*
cèle le |>lus ou le moins de profondeur de la trace. iLa foulée
^ut encore servir à indiquer de quel cdté l'animal avoit la
iè^e touinée dans sa marche ; Q.n met le doigt dans l'empreinte^
et la partie la plus profonde , en indiquant l'impression des
pinces , fait juger de quel côté le cerf dirige sespasi
Ifis portées senties branches que le cerf touche et ploie avec
sa tête , dans la coulée par laquelle il se remhâche , c'est-à«
dire dans le chemin étroit qu'il suit pour se rendre dans l'en «
droit du bois où il se repose : cet indice est moins sûr que les
S' récédens , et doit seulement y suppléer. Un plus sûr se tire
es fumées ou fientes. Le valet de limier , charge de découvrir
un cerf, doit y faire attention , et s'attacher à les connoitre ,
pour juger l'âge et le sexe de l'animal auquel elles appar*
tiennent ; il faut donc qu'il sache que pendant l'hiver le cerf
ne jette que de petites fumées, dures et sèches, dont on ne
peut tirer aucunes connoissances , aussi n'est - ce qu'en mai
Jiu'elles fournissent des indices ; alors les cerfi jettent leurs
umées en bouzards , c'est-à-dire molles et amassées comme
les fientes de vaches ; dans le mois de juin , quoiqu'encore
amassées, elles sont moins molles et commencent à se déta-
cher, on les nomme pour lors fumées en platectu ; ek juillet
elles sont en troches ou demi" formées ; au mois d'août , et
même dès la fin de juillet, elles sontyôrm^M; ak»v encore elles
sont jaunes et s'appelleuty^/it^es dorées. Les gros c»r/tf, quand
ils sont gras , jettent leurs fumées en chapelet , ainsi appelés
Earce que , quoique bien formées , elles se tiennent par un
let glaireux. Les oiches, dans le temps qu'elles mettent bas ^
jettent aussi des glaires avec leurs fumées , mais elles sont
mêlées de sang. Lorsquelesfuméessont formées, on distingue
ir. tX
6i4 C E R
celles des gros cerfs , parce qu'elles sont mieux moulées et
plus lourdes que celles des jeunes cer& , en plus grande quan*
tité , et semées de distance en distance. Lorsque les fumées
sont en bouzards , celles des gros cerfs sont larges et épaisses.
Un jeune cerf jette beaucoup de fumées à la (ois , elles sont
l|ègères , mal moulées , unies et non ridées ; les aiguillons ou
pointes en sont menus et alongés , au lieu q ue ceux des fu-
mées du gros cerf sont gros et courts ; les fumées du jeune
cerf sont .souvent entées , c'est-à-dire enchâssées deux à deux
Tune dans l'autre ; un cerf dix cors ne jette jamais de fumées
entées y mais quelquefois de grumelées, c'est-à-dire de petites
comme des noyaux de cerise mêlées avec de grosses. Quand
les fumées sont tou tes petites , passé le te^ps des bouzards, ces
aortes de fumées annoncent un très- vieux cerf. Une biche
échauifée jette quelquefois de grumelures, mais elles sont iné-
gales et légères. Si un veneur trouve des fumées formées et ri-
dées dans le temps qu'elles doivent être en bouxards , il doit
juger qu'elles viennent d'une biche échauffée qui va mettre
bas , et y en y faisant attention , il verra que ees fumées sont
aiguillbnné^ par les deux bouts , ce qui n'est pas k celles des
cerfs , qui ne le sont que par un bout , et qu'enfin eDes sont
moins bien moulées et plus légères que celles même des plua
jeunes cerfs. Pour bien juger les fumées il faut encore fair»
attention à l'espèce de nourriture que le cerf aiu^ prise la
nuit : un cerf qui vient de se nourrir d'herbes fraîches jettf»
des fumées presque liquides , et qu'à peine on peut lever ,
tandis qu'un autre cerf du même âge , qui dans la même nuit
aura mangé du blé ou autre grain mûr , jettera des fumées
foraiées et dorées , et qu'un autre cerf enfin , qui aura passé
k nuit à brouter dans les taillis ou en pleine forêt , jettera des
fumées dures et noires. Une dernière observation à faire sur
les fumées , c*est que si le veneur est dans le doute qu'cUei
soient vieilles ou fiaiches , ce qui en change la forme suivant
qu'elles se trouvent à lombi^e ou exposées au soleil ou à la
pluie ^ il doit les casser ; si elles sont vieilles elles sentent l'ai-
gre ou elles sont remplies de petits insectes qui s'en nour-
rissent
Quant aux indices que iburnissent les manœu^'res de nuit
des cerfs , ils sont foibles , et tout ce qu'on peut observer da
plua clair à ce sujet , c'est que les gros cerb se rendent aux
gagnées , c'est-à-dire dans les champs de blé ou d'autres
grains dont ils se nourrissent, toujours par le plus court che-
min ; ainsi , si dans un ciiamp on trouve das pieds ou des fu-
méesde cerf , on peut croire qu'il «est rembûché , c'est-à-dira
qu'il est rentré dans le bois par la coulée ou petit chemin la
C E R 5i5
plus près du champ , dans lequel ou près duquel on a apperçu
aes pieds ou ses fumées , et ce qull y a de bien certain ^ c'est
qu'il va seul aux gagnages et jamais avec des biches ou do
jeunes cerfs.
Telles sont les différentes connoissances que doit avoir un
veneur pour juger le c^r/ qu'il veut chasser ; maintenant il
faut indiquer celles qui sont nécessaires pour s'assurer de l'en-
droit où il se repose , et ou on est à-peu-pràs sûivde le retrou-
Ver pour le lancer au moment de la chasse ; c'est ce qui s'ap-
pelle détourner le cerf. Le moyen d'y réussir est d'abord de
bien reconnoilre le remhûchement y c'esl-à-dire l'endroit
par où il est rentré dans le bois après avoir viande , autrc-
menl dit avoir pâturé ; comme en rentrant dans le bois le
cerf, avant de chercher un lieu de repos pour y digérer son
viandis , c'esL-à^ire la nourriture qu*il vient de prendre ^ a
quelquefois besoin de se re-ssuier , ce qui arrive dans les temps
humides , il s'arrête sur la lisière du bois , dans une clairière,
et ne s'enfonce que lorsqu'il a séché son pelage , son poil ;
si dans le moment qu'il est au resaui on cherchoit à le détour-
ner, ou ne feroit que l'inquiéter^ sans espérance qu'il s'arrête
dans le canton où il s'est rem bûché ; il faut donc , suivant le
temps et la saison , lui donner le temps de se ressuier au sor-
tir du gagnage, et c'est seulement après avoir reconnu son
remhûchement , que le veneur fait entrer son limier dans le
bois ; alors, après avoir jugé à-peu-près par la voie que le
chien a suivie l'endroit où le cerf se repose , il s'en assure en
faisant avec son chien une sorte d'enceinte , qu'il marque en
brisant des branches à partir du remhûchement jusqu'à ce
u'il soit vevenu au même point, sans avoir rencontré la voie
u même cerf , qu'il a reconnue par le pied , les fumées et
autres indices. Cela fait, il rend compte de ses opérations et
des reconnoissances qu'il a faites , et comme, si rien depuis .
ce moment n'est venu inquiéter le cerf , on est sûr qu'il re-
viendra le lendemain au même endroit , on en fixe la chasse
à ce jour.
Cette chasse est un art qui , outre les connoissances dont on
Tient d'indiquer seulement les principales , en suppose une
infinité d'autres , qui s'acquièrent par l'expérience , et dont
cet ouvrage ne permet pas les détails , que l'on trouve d'ail-
leurs dans difFérens livres de vénerie ; on doit se borner
ici à dire qu'à l'aide de limiers on commence par lancer le
cerf détourné de la vieille, et qu'à l'aide d'une meute de bons
chiens courans dressés pour cette chasse , et divisés par meutes
#11 bandes destinées à se relayer, on parvient à lasser le eerf
l
5i6 C E R
0ur la Toia duquel on les lâche et on lea ramène lortqn^iti
prennent le change , soit parce qu'ils rencontrent la voio
d'une autre béte , soit parce que le cerf lancé a la ruse , lora*
qu'il commence à se fatiguer ^ de se faire remplacer dans la
voie par un jeune cerf| et s'en écarte pour tromper les chiens;
mais lorsque les veneurs qui ont detonmé le ûerf Mat bien
instruits et qu'ils cgnnoissent bien la voie , ils y ramènent le»
chiens , qui > relayés à propos , forcent le cerf lancé , et 1«
font enfin tomber de lassitude ; il est alors aux aboie , et dana
cet état on le lue à coups de fusil ^ ce qui est plus sûr que d'al-
ler lui couper le jarret , comme cda se praliquoit autrefoia ,
au risque de faire tuer ou estropier des chiens , et même dea
hommes. Celte chasse axise non-seulement des relais de chiena
courans, maisencore de chevaux ; caries maitres de la chasse ,
les veneurs elles piqueurs^ qui doivent être toujours près dea
chiens pour les conduire , les exciter et les remettre sur ]m
voie y ne pourroient suivre à pied , et s'ils n'avoient même dea
jchevaux de rechange lorsque la chasse est de longue durée.
Lorsque le cerf est mort on en fait la curée , qui non-^ea*
lement est la récompense des chiens , mais sert encore â les
encourager et à leur donner le goût de la béte ; avant cela
on permet aux chiens de fouler le cerf, qu'on a couché sur
le (K>s , en les empêchant cependant d'y mordis i ensuite on
lui coupe l&adairUisrs ou testicules , qui, si on ne les coupoil
pas 8ur-le->cnamp , donneroient à la chair de l'animal un
goût de sauvage^ insupportable même aux chiens; après cda
jon dépouille le cerf de sa peau , qu'on lève en une seiue pièce,
à laquelle on fait tenir la tête , qu'on détache dii corps a l'en-
droit du premier nœud de la gorge : cette dépouille se nomme
la nappe ; quand elle est levée on découpe le cerf , on en dé->
tache les filets du dedans , ceux qu'on nomme lea grande
fikte , et les autres parties les plus délicates de l'animal , qui
ae distribuent aux différentes personnes > qui y ont un dit>it
déterminé par leur rang et leur emploi , suivant les uaagea
du lieu. La pièce d'honneur est le pied droit de devant , qu'oa
a présenté au maître de la chasse aussi-tôt que l'animal a étémia
& mort. Quand il est dépecé et qu'on a enlevé lea meilleurs
morceaux , on recouvre le reste de la nappe du cerf, don€
on a placé la tête dans un état naturel , le nez en terre et le
hais en haut ; pendant la promenade qu'on fait faire aux
chiens autour de la curée , deux valets remuent la tète du
cerf qu'ils tiennent par les bois, et à un signal donné par I»
maître , on enlève avec prestesse la nappe oui couvroit le&
morceaux découpés \ aux cris d'eillafy les chiens se précis
pilent sur leur proie et la dévorent , pendant qu'on les ^ai«a
C E R Si 17
par des fanfares. Aa bruit de certaines fanfares on fait faire
aux chiens plusieurs fois le tour de ranimai.'
La curée ainsi faite^ on remène l'équipage , et pour délasser
les cliiens , on a eu le soin de mettre de la paille fraîche et des
bac^uels d'eau au chenil. Ainsi se termine la cliasse du cerf,
qui , d'après Tattirail qu'elle exige , ne convient qu'à un prince.
Quant aux simples particuliers qui veulent tuer un cerf ^ ils
n'ont que la ressource de Vttffilt ou des piégea , et cette sorte
de chasse sans appareil n'est pas sans agrément.
Pièges que Von tend aux Cerfs.
On choisit un arbre haut de dix à douze pieds , et dont ik
tige n'ait que la grosseur d'une perche ; on l'ebranche jusqu'à
la cime du côté par où l'on suppose que le c&//'doitpasser ^ et
on y attache un collet de corde ; on cnerche ensuite vis-à-vis
un arbre , près duquel on attache uu piquet auquel on fait un
crochet à la hauteur de quatre ou cmq pieds , après cela on
tire par la corde du collet Parbre auquel il est attaché , on lui
ikit iaire l'arc et on l'arréle ^tans la coche du piquet ; le collet
dmt être mis à la hauteur de l'animal , de manière qu'il y
mette la tête quand il voudra passer. Si le piège réussit , l'ar-
bre par son élasticité sortira de la coche avec violence , en-
lèvera le cerf et Tétran^era.
On peut imaginer différentes sortes de pièges pour prendre
le cerf, et quelques-uns de ceux que l'on tend au loup peu-
vent convenir ; mais il n'y a point de meilleur moyen pour
l'y attirer qu'une voie douce , et les sons de laMte et de là
muzette. (S.) /
CERF DES ARDENNES , variété de l'espèce du Cjehf ,
désignée par Aristote et les autres auteiu^ grecs sous le nom
d'Hippélapbe , et par Pline sous celui de Tragélaphe. Voyez
Cerf. (Desm.)
CERF-COCHON ( Cerpus por<:iam ? lânomiSi iF<yw
tome J4 y page 1 iiS , pi- 7 ^ de YHistoire naiureiU des fua^
drupèdes de Buffon , édition de Sonnini ) > quadrupède da
genre Czkf ^ et de la seconde famille de Xwm dea Rum-*
KA29S. ( Voyez ces mots. ) lie cerf- coohon est uft animal dm
Cap de Bonne-Espérance , dont la robe est semée dto taobes
blanches , comme celle de l'Axis ( Voyem oe mol. ) ; il n'a
guère <}ue trois pieds et demi de long ; ses jambes sont eourtea
et groiues , et c'est ce qui lui a Ëiit donner le nom qu'il porte;
ses pieds et ses sabots sont très-petits ; son pelage est fauve^eBmé
de tacbeablanches ; il a l'œil noir et bien ouvert ^ avec de gruads
poils noirs à la partie supérieure ;. les naaeaiAX noiiv » un*
5i8 ^ C E R
bandé noirâtre âes nazeaux aux coins de la bouche ; k té(e
cl*un blanc roussâtre , mêlé de grisâtre , brune sur le chan-
frein et à côté des yeux ; les oreilles fort larges , garnies
de poils blancs en deaans, et d'un poil raz gris mêlé de faute
en dehors. Le bois de ce cerf n'a guère qu'un pied de lon-
gueur ; le dessus du dos est plus brun que le reste du corps ;
ia queue est fauve en dessus et blanche en dessous; les jambes
sont d'un brun noirâtre. ^
Cet animal peu connu n'est peut-être qu'une simple va-
riété de l'espèce du cerf. (Desm .;
CERF DE CORSE n'est qu'une variété de l'espèce du
Cerf-. Foyax ce mot. (Desm.)
CERF DU GANGE. Foyez Axjs. (S.)
CERF { PETIT ). Les voyageurs donnent ce nom aux pe-
tits quadrupèdes qui composent le genre des Chjsvrotau^s.
Voyez ce mol. (Desm.)
CERF-VOLANT. Voyez Li cane. (O.)
CERFEUIL , ChœrophyUum Linn. (Pentandrié digynie),
genre de plantes de la fanjiJie c^«s OMBEi.j.iFiR£S, qui com-
prend des herbes annuelles ou vivaces^ dont les feuilles sont
deux ou trois fois ailées^ et dont les semences sont grêles et
teiTtiinées par une pointe plus ou moins longue. Dans ce
genre l'involucre est nul ou presque nul , et l'involucelle est
composé d'un petit nombre de folioles ( ordinairement cinq )
ovoïdes y membraneuses et aiguës; les ileurs ont cinq pétales
échancrés un peu inécaux^ cinq étamines avec des anthères
arrondies , un germe inférieur et deux slyles persistans , rë—
fléchis et à stigmates obtus : les fleurs placées dans le centre des
petites ombelles^ sont sujettes à avorter. Lé fruit estaloogé
en bec d'oiseau ^ lisse ou strié ^ quelquefois velu, et composé
de deux semences oblongues, appliquées l'une contre Tautre.
'Voyez la pi. soi de Y Illustration des Genres de Lamarck.
Les espèces de co genre ^ dont les fruiis sont velus , ont det
rapports avec les atkamantes , les cancalides et les carottes ;
elles en sont distinguées par l'absence de l'involucre et par
les poils marnes de leurs fruits , qui sont mous et sans roideur.
L'espace la plus cohnue et la plus utile , est le Cbrfsuil
coLTi vï; . Scandix cenfolium Lmn. C'est une plante an-
nuelle dont la racine est blanche , oblongue et fibreuse. Ses
tiges s'élèvent à la hauteur d'une coudée ; elles sont c\Iin->
driques , noueuses , lisses , cannelées , fistuleuses et branchuea ;
ses feuilles , deux ou trois fois ailées, ont des folioles découpées
et obtuses y quelquefois un peu velues^ et ressemblant aux fo«
lioles du persil ;\v3 ombelles sont presque sessiles, et placées
latéralement au haut des rameaux; leurs rayons^ en petit
C E R ff,3
nombre , soulîennent de petitea fleurs blanches , qui sont
suivies de semences oblougues , lisses et noirâtres dans leur
maturité ; l'involucelle est composée de trois à cinq folioles
tournées du même côté.
Cette plante, qui vient spontanément dans les contrées
méridionales de la France et de TEui-ope^ est cultivée dans
tous les jardins potage» à cause detson utilité. Ses feuilles soiU
tendres, et ont une saveur et une odeui* légèrement aroma-
tiques et agréables; on les mange comme assaisonnement
dans les salades, et on les fait entrer aussi dans les bouillons ,
qu'elles rendent agréables au goût et à Teslomac. Le cerfeuil
est incisif, rafraîchissant, diurétique et apéritif; il purifie le
sang , et convient dans le scorbut et les maladies de la peau.
Sa culture est facile ; il aime le demi-soleil et une terre asses
substantielle. On peut le semer toute Tannée, excepté dans les
derniers mois du printemps et dans le cours de l'été; il mon-
teroit alors trop tôt en graine. Pour en avoir toujours de frais,
il est bon d'en semer tous les huit jours. Les lapins mangent
cette plante avec avidité.
Le C£RF£uiL ODORANT, OU MUSQUE, Scaudix odoraUt
Linn., est une espèce vivace dont les racines et les semences
ont à-peu-près le parfum et le goût de Vanis, Ses tiges sont
hautes de trois à quatre pieds , épaisses, creuses et cannelées;
ses feuilles ressemblent un peu à celles delsijbugère ; elles sont
grandes, larges , étendues , trois fois ailées, légèrement velues,
et presque toujoin*s marquées de taches blanches ; les fleurs
ont la couleur des taches, et les semences offrent une surface
lisse, avec de profondes cannelures.
On trouve cette plante en Italie , sur les Alpes et dans les
montagnes de la Suisse ; elle est cultivée dans les jardins : toutes
ses parties répandent une odeur agréable. Ses graines, vertes
et hachées, sont bonnes à manger dans les salades, ainsi que
ÈGs jeunes feuilles. Dans quelques pays, on fait entrer celles-ci
dans les potages. Les Kamtscliadales , chez lesqueb ce cerfeuil
croit aussi , s en nourrissent habituellement , et en préparent
ime liqueur. 11 se multiplie de lui-même par .«es graines. On.
doit les semer aussi-tôt qu'elles sont mûres ; elles sont un ou
deux mois à lever ; quelquefois elles ne lèvent qu'au prin-
temps. Comme cette plante est vivace , il vaut mieux éclater
son pied et en tirer des rejetons. Elle réussit dans tous les
sols et à toutes les expositions ; mais placée dans un terrein
sec , elle y conserve mieux son odeur aromatique : on en fait
quelquefois usage en médecine.
Les autres espèces de cerfeuil qui offrent quelqu'utilité,
sont le GebfeuiXi sauvage , Oiœrojphyllum sylvestre Linn. >
520 C JS JR.
qui croît en Europe dans les prés humides > les vergen, les
haies et les endroits cultivés. Il ressemble à la ciguë par son
port et sur-tout par ses feuilles , qui ont les folioles aiguës : sa
tige est striée , rameuse et enflée à chaque nœud. Il est vivace,
fleurit au premier printemps , et porte des fleurs blanches :
on les emploie dans le Nord poiu* teindre les laines en jaune ;
les tiges teignent en vert. *
. ^ Quoique cette plante ait une odeur presque fétide y et un
goût acre et un peu amer^ elle n'en plait pas moins aux
abeilles et à plusieurs autres insectes ; les ânes en sont aussi
très-friands y ce qui lui allait donner le nom de persil tf due.
Les chevaux et les vaches la mangent d'abord avec répu-
gnance; mais ils s'y accoutument bientôt^ et se trouvent très-
bien de cette nourriture. M. Reynier dit qu'une prairie qui
contenoit plus des deux tiers de cerfeuil sauvage , a nourri
sous ses yeux , pendant plusieurs années , des vaches qui n'en
ont point été incommodées; il conseille d'en culliver une
. certaine quantité comme fourrage. Cette plante , ajoute-t-il ,
oflre plusieurs avantages; eUe crott avant toutes les autres^ «
de grandes feuilles^ repousse avec force dès qu'elle a été
fauchée , et peut àtre coupée deux fois avant la saison dea
trèfles.
Le CERPEUiii nÉRissi ^ ou a fruits courts , ScandsM
anthriscus Linn. y est annuel et indigène, aussi de l'Europe.
11 croit dans les endroits sablonneux , pousse de bonne heure
au printemps , et pourroit peut-être, ainsi que le précédent,
être donné au bétail en attendait les autres fourrages vcrds.
Il a une tige lisse , des folioles découpées et Iégèi*ement velues,
des ombelles latérales , de courts pédoncules , des fleurs
blanches , presque régulières , et des semences ovales et
hérissées.
Le CERFEûiTi AIGUILLE, Scondix pecfen Linn., vulgai-
rement aiguille de F'énus, peigne de F'inus , se trouve com«
munément dans les blés et dans les champs des parties
tempérées de l'Europe. Il est remarquable par les longues
cernes qtd terminent ses fruits, et qui ressemblent à des
aiguilles ou des dents de peicne, sa racine est faite en fuseau «
et périt chaque année. Tessier regarde cette espèce comme
un excellent fourrage. (D.)
CÉRIE, Cerinj genre d'insectes de l'ordre âea Dipt£res.
M. Fabricius en est le créateur; mais il auroit bien fait de ne
pas le désigner sous un nom déjà employé par Scopolî , et il
auroit pu mieux en asseoir les caractères , puisqirà IVxcep*
tion de ceux qu'il a pris des antennes, les antres sont taux,
l^scénee appartiennent à ma fiimille des SYBriiics. ( f^ojr^
G El R 5a t
ce mot. ) mies ont^ comme les mulhns de M. Fabricius^ lea
antennes sensiblement plus longues que la tête ; mais elles s'ea
éloignent^ ainsi que les autres ^yrphies, par les caractères
suivans : Soie ou style des antennes apical ; corps alongé ;
balanciers découverts , alongés ; abdomen cylindrique , con*
vexe, alongé, courbe à Textrémite.
On prendroit, au premier cour^d'œil, ces insectes pour
des guêpes ; leur forme alongée , leur couleur ivoire divisée^
Isar des bandes jaunes , Técartement des ailes, tQU( (ait hésiter
a main du naturaliste qui veut les saisir.
M. Fabricius en décnt deux eauèces, la CéniE CLAVicofi^fX.
et la CÉRiE abdominale; cette aernière nous paroit être un.
sjrphe ou du moins d'un genre différent: noi^s pç^soçis qu'il
faut rapporter aux cériea Tiusecte que le même auteur i^^mmci
sj^rp/uis conopseus» Ici le^ autennes sont libres à leur base^
là elles sont réunies, et leur premier article est commu^.
On trouve les. céries sur les fleurs > mais rarement; le prQ-
fesaeur Desfontaines avoU recueilli l'espèce appelée Cjlavi-
coRNE dans la Barbarie.
Cet infecte a près de six lignes de longueur: il est noir ; afijx
front est jaune avec une ligne noire au milieu ; le devant det
la têle est un peu avancé en bec , de même que dans les «/r-*
phe^i le verlex a une ligue jaune; le corcelet a un point 4.
chaque angle humerai ; une p<etile Ij^ne transverse sous chaquo
aile, terminée par un point, et une raie à l'écusson, jaunes;
l'abdomen est cylindrique, avec trois anneaux jac^nes; les
ailes out l£^ moitié de leur côte noire; les pattes sont jauges j^
avec les cuisses auuelées à,^ noirâti;'e. (J[i.)
CÉRIGON ou CÉRIGNON. MaiYée, dans son Histoire
des Indes y liv. a, pf^e ^6, appelle aipsi le Sakxgue. Voyez
ce mot. (S.) . .
CÉRION^, Çerium^ plante annuelle, baute dç cinq k six.
pieds, à feuilles alternes , pétiolées , larges , lancéolées , presque^
entièi*es; à fleurs blanches ^ pédonculées^ disposées en épis,
longs, très-simple^ , droits > terminaux, accompagnées do.
bractée filiformes, qqi, selon Loureirç, forme w;a genrQ
dans la pentandrie monogynie.
Ce genre offre pour caractère un calice persistant > divine,
en cinq parties si^bulées et droites ; une corolle monppétalo
campanulée, à cinq divisions arrondie^; cinq ét^n^in^i Mxi
ovaire sMpérieHr à style subulé et à stigmate épais.
Le fruit est une petite baie globuleux, contenant un S^SQod
nombre de loges monosperipes.
Le cérion croît dans les lieux cultivés de la Cochiuchine ; il
aç rapprocha du geui^ BAVKS«£itS. Fayez eo mol. (^.)
5JJ . . C E R
CERIQUE i nom commun qu'on donne en Amérique à
cevlàixi» crustacés. Il paroît par les figures de Marcgrave^ que
les uns son t des Pohtu m£s , et les autres des Oc yfodes. Voyez
ces mots. ( B.)
CERISAIE, nom donné à un /lieu planlé en Cerisiebs.
Voyez ce mot. (D.)
CERISIER^ Cerasus Juss. Prunus cerasns Linn. ( Icosan^
drie mônogynie ) , genre de plantes de la famille des Rosacées ,
qui se rapproche beaucoup du prunier, et qui comprend dev
arbres de moyenne grandeur » dont les fleurs sont composées
d'un calice en cloche, caduc et découpé en cinq parties;
d'une corolle à cinq pétales ; de vingt à trente étammes , et
d'un style couronné par un stigmate orbiculaire. Le fruit est
un drupe charnu , arrondi , glabre , légèrement sillonné d'un
côté , renfermant un noyau lisse , prescfue rond , et marqué
latéralement d'un angle plus ou moins saillant. Voyez la
pi. 43a, fîg. a de Vlllustr. des Genres de Lamarck.
Selon Linnasus , le cerisier est une espèce dtsprunier; selon
Tournefort , c'est un genre particulier. Lamarck a snivi lAn--
nseus ; Miller , Jussieu , Rozier et Ventenat ont suivi Tourne-
fort. Sous le genre prunier , Linnteus a réuni plusieurs espèces
de cerisiers , savoir , le cerasus Padus , cerasus Fîrginiana ,
cerasus Canadensis, cerasus Lusitanica, cerasus Lcuiro-cét-
rasus , cerasus Mahaleb , cerasus Avium, lesquels il appelle
prunus Padus, prunus Virginiana , &c. , et qui , réunis a son
prunus cerasus , font , dans son 8}'slême , nuit espèces de
pruniers, que la plupart des autres botanistes , et que les cul-
tivateurs et jardiniers sur-tout^ regardent comme nuit espèces
du genre Cerisieii.
Cerisier cultivé , Cerasus satipa Tourn. C'est un arbre
assez élevé , d'un port et d'une forme agréables. Sa tige eA
droite et rev^»tue d'une écorce grise k l'extérieur , rougeâlre
en dedans , et qui se détache par bandes longitudinales ; elle
est souvent chargée de gomme. Son bois est médiocrement
dur. Ses feuilles alternes et pétiolées , ont une forme ovale
alongée^ et des bords dentés eu scie. Les fleurs ; qui sont trè»-
printanières, naissent soUtaires ou par petits bouquets, sur
un seul pédoncule. Le fruit est couvert d'une peau fine, lui-
aante et fraîche à l'œil ; sa chair est un composé de petites
cellules qui contiennent un suc doux et acide, suivant Vespèce.
Dans certaines , la chair tient au noyau ; dans d'autres , ello
s'en sépare , et quelques-uns de ces noyaux tiennent an pé-
doncule. Le noyau est une substance dure et blanchâtre,
contenant une amande.
Les cerisiers ont les trois espèces de boutons. Ceux i bois
C F* R. JB'iS
sont placés à l'exfréihilé des branches^ plus pointus que les
Buivans; ceux à feuilles sont implantés le long des jeunes
branches, ils sont plus gros et moins pointus que les premiers,
et il en sort un petit faisceau composé de huit à dix feuilles ;
c'est le berceau dans lequel sont préparés et nourris les bou-
tons à fleurs et k fruits qui paroitronl Tannée suivante; les
boutons à fruits sont plus gros et plus ronds que les deux
premiers.
Tout le monde 9 dit Rozier , répète après les anciens que
r£ui*ope doit le cerisier à LucuHus , qui le transporta de
Cerasunte à Rome , après avoir vaincu Klithridate. Son nom
lui vient^il de cette Ville ? ou celte ville éloit-elle ainsi nommée ,
parce qu'il croissoit dans ses environs un grand nombre de
cerisiers ? C'est ce qu'il est assez peu intéressant de savoir ;
mais il seroit peut-être utile de rechercher si le cerisier ne
pouvoit pas être connu dans les Gaules avant le retour de
LucuUus. Peut-être n'apporta-t il que des greffes ou des
arbres de Cerasunte, dont la qualité du fruit étoit supérieure
à celle des cerisiers sauvages qui ne fîxoienl pas l'attention
des Romains; ou peut-être ces cerisiers saupages n'exisLoient
pas en Italie , parce que cet arbre aime les pays froids. Pline
dit qu'on n'a pas pu le naturaliser en Egypte , sans doute,
à cau.se de la chaleur du climat. Nous sommes portés à
croire que le type de presque toutes les espèces de cerisiers
aujourd'hui connues , existoit dans les Gaules.
L'abricotier, le pêcher, le lilas, sont originaires d'Asie;
le marronnier d'inde et l'acacia ont aussi une origine étran-»
gère. Ces arbres sont maintenant acclimatés et multipliés en
Europe et en France : peut-être pourroit-on trouver un mar^
ronnier d'inde levé au milieu des forêts de Marly ou de Sainl-
Germain , ou un acacia dans celles du midi de la France.
Mais si l'on pénètre au fond de ces immenses forêts qui 'sont
restées de l'ancienne Gaule et éloignées de toute habitation ,
comme celles de Compiègne, d'Orléans , ^;c. , on n'y trou-
vera ni pêchers^ ni lilas^ ni marronniers d'inde^ &c. Cependant
c'est dana ces mêmes forêts qn'on trouve en abondance le
cerisier des bois ou merisier, qui est un arbre égal eu hauteur
aux autres grands arbres forestiers , et que nous croyons être
le type des cerisiers à fruits doux, nomméa guignes à Paris.
Outre ce merisier à fruit doux , très-sucré, très-vineux,
on rencontre dans les forêts un cerisier moins fort , moins
élevé que le merisier, dont le fruit a plus de consistance et se
trouve moins coloré ; nous le regardons comme le type (le»
cerisiers nommés bigarreaux.
Il existe encore une autre espèce de merise à fruit acide.
5a4^ C E R
approchant de celui nommé griotie dans quelques parties âm
la France , et appelé cerise à Paris ; ce doit élre le type des
cerisiers à fruit acide. Voilà donc l'origine des trois grandes
divisions des cerisiers indigènes à nos cfimals; il est vraisem*
blable que la culture a fait le reste. Ces différentes espèces
secondaires de merisiers se perpétuent de noyau. Nous allons
faire connoitre au lecteur les plus inléiessantes^ en suivanl
Rozier , dont cet article est en partie extrait
Divisions clés différentes espèces df Cerisiers
Le^auteurs ont divisé en deux classes la famille des Cmi-
siERS. Ils ont rangé dans la première les fruits en cœur , et
dans la deuxième les cerisiers à fruits ronds. Ne seroit-il pas
plus naturel de diviser les cerisiers d'après la manière d'être
de leur fruit? La première classe conliendroit les fruits dont
la chair est tendre , fondante , et dont le suc est doux j la
deuxième ceux dont la chair est ferme , cassante et le suc
doux ; la troisième enfin comprendroit les fruits à suc acide.
Avant de décrire les espèces , il convient de donner une idée
claire du mot cerisier , afin d'éviter toute confusion. Par le
mot cerise , on désigne à Paris et dans les pays votûns , la
cerise acide ; et l'on nomme guigne, bigarre€iUy les cerises
douces. Dans les autres pays de la France , au contraire , on
appelle griotte la cerise acide , et la cerise douce , cerise pro-
prement dite.
vnxMiiaB oKiAssb.
Des Cerisiers à fruits en cœur,
J. !•■". Merisiers.
Mbrisibr a tetit fruit (C'est vraisemblablement le typt
des bigarreautiers, ) , Cerasus sylvestris ma^rfructu cordaùè
minimo. subdulci aut infulso Duh. On l'appelle aussi Iq grasèd
csrisier des bois. Cet avbre s'élève beaucoup dans les torèU ,
et se multiplie de lui-mépie par ses noyaux U est trèa-utiltt
pour les pépiniéristes^ C'est sur ce merisier qu'ils graflbai
toutes les espèces de ceiî^ier^ et ils ont de beaux sujeta^ Qiftel-
3ues-uus enlèvent ces pieds dans les. forets, les traosplantout
ans leurs jardins , et les y grefïent D'autres grefleni IrMrs
sujets dans les bois; et lorsque la greffe a bien repris « ils trans»
plantent et vendent l'arbre. Son fruit est rouge ou noir » 014
un peu blanc, mais coloré et veiné de rouge. Sa cliair est
sèche, et a une saveur qui n'est pasagi*éable. Le uoyau occupa
presque tout le (ruit , et il est adhérent à la cliair.
C E R flsS
Merisier a gros frvit noir^ Cerams sylvestria major
fructu cordato nigro suhdulci Duh. ; variété du premier , selon
Duhamel \ Rosier n'est pas de cet avis. Son tronc et aes bran«
ches . sont moins forts , moins grands que ceux du premier
merisier. Les bourgeons diffèrent aussi des bourgeons du pré-
cédent par leur couleur plus brune ; ils sont moins forts. De
ces boutons, il sort trois ou quatre fleurs. Son fruit est comme
une petite cerise noire à longue queue; on l'appelle merise $
il a la peau fine , luisante , la chair tendre, d'un rouge foncé ,
très-vmeuse , douce et sucrée , adhérente au noyau ; c'est
ay^c le fruit de cet arbre qu'on prépare le ratafia de cerise ;
il est au moins la base de beaucoup de ratafias. Il y a aussi
une variété de merisier k fleur double , qui fleurit en mai.
5. n. Guigniers.
n y en a plusieurs variétés qui forment l'espèce appelé«|
GuiONiSR ( Ceroêuê eylpêsiris Juliana Mus.). Les fruits com-
munément d'un rouge foncé sont plus moUs j plus succulens
aue les bigarreaux , et ne chargent pas tant l'estoliiac ; mais
s sont moins sains que les oerièen, et se corrompent facile-
ment. Voici ces variétés :
Gtdgnier à fruit noir, arbre moins élevé que le merisier ,
ayant des branches plus toufiues , plus chargées de feuilles.
Son fruit mûrit en mai ou juin , selon le climat : il a la peau
fine , brune y tirant sur le noir, la chair et le suc d'un rouge
foncé 9 et le noyau adhérent.
Guignier à gros Jruil noir luisant , de même grandeur et
de même forme que le précédent : bourgeons jaunâtres, ar-
rondis et comme cannelés à leur extrémité ; boutons longs et
peu pointus. Il mûrit ^à la fin de juin , et son fruit est sans
contredit préférable aux fruits de tous les autres guigniers;
il a la peau noire , polie et luisante , la chair rouge et tendre ,
sans être molle , une eau abondante , d'un goût relevé et
agréable , et le noyau un peu teint de rouge. On cultive cette
variété aux enviix>ns de Lyon , sur-tout au village de l^ire ;
aon fruit j est délicieux. Mais il cède encore en qualité à une
antre variété de cerisier, également à gros fruit noir et luisant^
mais à courte queue.
Guignier à gros fruit blanc. XL mûrit quinze jours après le
premier. La couleur de son fruit est d'un blanc de cire d'un
côté , lavé de ronge de l'autre ; sa chair ferme ; son eau blan-
che et plus agréable que celle du pi*emier» Le noyau est très-
blanc et adhérent à la chair.
5a6 G E R
§» III. BigarreautierSn
Le BiGAKRGAUTiÊR , Cerasus ajluestrU higarella Mus.
a les feuilles plus grandes que celles du cerisier ordinaire. Ses
fruits sont gros, oblongs ; leur chair est blanche ou rouge.
Ce fruit es( de diflicile digestion et sujet à être piqué des vers.
Le bois des bigarreautiers est assez semblable à celui du xneri-
êier y et est plus dur que celui du cerisier,
Bigarreautier à gros fruit rouge. Arbre à-peu-pres de la
même grandeur que les guigniers ; bois plus gros; branches
moins nombreuses; feuilles plus pendantes; fruit mûrissant
plus tard que les guignes , en juillet et août : il est gros , con-
vexe d'un côté . applali de Tautre , et di>isé par une racine
assez profonde. Sa peau est polie ^ brillante , d'un rouge foncé
du côté du soleil « et d'un rouge vif du côté de l'ombre; sa
chair ferme , cassante , succulente , parsemée de fibres blan-
ches; sou eau un peu rougeâtre, bien parfumée et exccttente;
le no} au est ovale et jaunâtre.
Bigarreautier à gros fruit blanc. Il diilere du précédait par
la couieur du fruit d'un rouge ti'è»-clair du colédusolt^iJ^ et d'un
blanc de cire du côté de l'ombre ; par sa chair moins ferme
et plus succulente; enfin par l'écorce de sts bourgeons , qui est
cendrée , tandis que celle du précédent est d'un brun clair.
Bigarreautier à petit fruit hâtif La maturité de son fruit
concourt avec celle des guignes. La peau de ce fruits marquée
d'une simple ligne ^ est d'un rouge tendre du côté du soleil,
et d'im blanc de cire du côté de l'ombre, mais légèrement
rose; sa chair blanche, moins dure que celle des autres bi»
garreaux, cassante, beaucoup plus ferme que celle des^itt«>
gnes , sou eau d*im goût relevé , et son noyau blanc.
SECONDE CLASSE.
Des Cerisiers à fruit rond.
Le port du cerisier suffit seul pour le distinguer du guignUr
ou du bigarreautier , il ne s élève jamais autant ; ses t)ranclies
sont plus multipliées , plus chiffonnes et moins fortes ; a^
fèuiUes plus fermes sur leurs queut*s , moins grandes , d'un
vert plus foncé ; atB fleurs plus petites , mais plus ouvertt-» -,
ses fruits ronds , fondans , acides, ayant une |)eau qui se sé-
pare aisément de la chair. Us sont ou rouges ou noirs. Voici
les diilérentes sortes de cerisiers.
* Cerisier nain PRicocE ou Griottier , Cerasus puwnila
frucio rotundo minimo addo prœcociori Duh. Sa hauteur en
C E R ^ «J7
plein vent est de six à huit pieds. La flexibilité et la longueur
de ses branches le rendent propre à lespaher. S'il ne mûris-
soit pas aussi promplement ^ il ne mériteroit pas la peine d'être
caltivé. Son iruit mûrit dans le courant de mai. On le greffe,
sur des drageons de cerisier à fruit rond, ou sur le cerisier de
Sainte-Lucie,
Cerisier ou Griottier hatif, Cerasus satiuafructu ro*
tundo medio acido prœcoci Duh. Il est plus grand que le pré-
cédent , moins que les gwgniers ou bigarreautiers , et chargé
de branches qui se tiennent mal. On le greffe sur le mûrier ,
pour lui donner un pied plus élevé. Son fruit mûrit à la fin.
de mai ou au commencement de juin ; il est plus applati vers la
queue qu'à son autre extrémité ; sa chair est presque blanche^
son eau douce ^ agré<iblement acide ^ le noyau arrondi- et uck
peu pointu à son exti*émité supérieure.
Cerisier commun ou Griottier à fruit rond^ CeriMus
vulgarisfructu rotundo Duh. Toutes les espèces (jardinières)
de cerisier portent ce nom ; elles varient beaucoup par la
grandeur de l'arhre , par la disposition des branches, par la
qualité du fruit et le temps de sa n^aturité ; c'est , selon Rozier ,
le griottier le plus approché de son état primitif. Il a , par
cette raison , un grand avantage; comme il végète dans son
pays natal , il est plus robuste et craint moins le froid que le»
autres. Il faut des circonstances bien extraordinaires, pour,
qu'il ne se charge pas chaque année d'une grande quantité,
de fruits.
La culture ou le hasard ont procuré deux jolies variétés da
cet arbre. C'est le cerisier ou griottier à fleur double , et celui
àfl^ur semi-^uhle , qui tous deux produisent un effet char-
mant dans les bosquets d'été. Cependant ces fleurs sont
moins belles que celles du merisier à flsur double ou aemi-'
double.
Cerisier ou Griottier a la feuille ; on le ti*ouve dans
les bois. Son caractère particulier est d'avoir une feuille alongée
adhérente à la queue qui soutient lo fruits et cette queue est.
longue. Le port de l'arbre est semblable à celui des autres
griottiers. Son fruit est dans son état sauvage; il est très-acide ,
même âpre et très--petit , et il sert plus à la nourriture des
oiseaux qu'à celle des hommes.
Cerisier ou Griottier a trochet , Cerasus satism mul"
tifera fructu rotundo medio sature rubro Duh. Sa fleur re»*
semble à celle du cerisier hâtifs sa taille^ ses feuilles et se^
bourgeons tiennent le milieu entre le cerisier précoce et le
cerisier hâtif. Ses fruits sont de médiocre gi*osseur^ la peau
d'un rouge foncé dans sa pleine malurilo^ la chair délicate ,
ia C E R
un peu fortement acide. Les fruits sont si nombreux sur liii '
Inranches fluetles » qu'elles succombent sous le poids.
Cbrisibr ou Griottier a bouquet , Cerasuê satipafructu
rotundû acido unopedicuioplureaferensDnh. C'est une espèce
ou variété singulière par la forme de seé fleurs et la manière
dont ses fruits se groupent ensemble. Ses fleurs ont cinq à
sept pétales, uii grand nombre d'élamines, et depuis un jus»
qu'à douze pistils. Si elles fructifioient toutes , cet arbre ofi*rî-
roit un coup-d'œil bien particulier ; mais la majeure partie
avoi'te, et les bouquets sont seulement composés de deux à
cinq fruits ; ils mûrissent ati mois de juin.
Cerisier ou Griottier pe la Toussaint ou tardif ,
Ceraauê sativa œstaU continua florens ac frugeacenê Doh.
li est de la même hauteur que le précédent, et lui ressemble
Sar la disposition et la forme de ses branches. I^es premières
eurs paroissent en juin , et fl en produit tout l'été. Il a à-Ia-
fois f comme l'oratiger , des boutons de fleurs , des fleurs
épanouies, des fruits qui nouent, d'autres qui commencent
à rougir , et d'autres qui sont mtVrs. Quand on n'a pas le soin
de dégarnir cet arbre de la prodigieuse quantité de ses bran-
ches chifibnnes , les fleurs des branches de l'intérieiur avor-
tent ; la partie de la branche qui a donné du fruit se dessèclie
pendant l'hiver et périt. Si cet arbre ne produisoit pas du
fruit dans une saison si reculée , fl ne vaudroit pas la peine
d'être cultivé.
Cerisier ou Griottier de Montmorency, gros Go->
BST , GOBET A COURTS QUEUE, Cerosus sativajructu rotundo
moforê acuie et spiendide rubro , brevi pediculo Duh. C*est
un arbre médiocrement grand, ayant des bourgeons très-
fluets , des boutons petits, arrondis , couverts [d'écaillés bru-
nes. Son fruit mûrit en juillet. Il est gros , fort applati & ses
deux extrémités; la queue courte, grosse, implantée dans
une cavité évasée; la peau d'un beau rouge vif, peu foncé;
la chair délicate, d'un blanc un peu jaunâtre, leau abon-
dante » agréable , peu acide , le noyau blanc, petit.
n y a un autre cerisier de Montmorency dont la fleur est
plus grande que celle du précédent , le fruit moins gros ,
moins comprimé, pins arrondi, d'un rouge plus foncé, ci
plus hâtif d environ quinze jours.
Cerisier de Hollande , Ceraaus sativa paucîferajructu
rotundo magno, pulckre rubro y euauiësimo. Duh. C'est le plus
grand de tous les cerisiers^griottiers. Il a les branches moins
nombreuses et plus nourries que celles des autres arbres de
cette famille ; les bourgeons forts, d'un rouge brun du côté
du soleil ^d'im vert jaunâtre du côté de l'ombre^ recouverts tt
C E R 529
comme marbrés de grâ clair ; les boutons gros, longs, ras*
semblés ; de chaque bouton il pend depuis deux jusqu'à qua<«
tre fruits. Les fleurs sont sujettes à couler. Le fruit mûrit en
juin ; il est gros , presque rond ; sa queue est bien nourrie , sa
peau d'un beau rouge , sa chair fine, d'un blanc un peU
i-ougeâtre ^ ainsi que le noyau, son eau douce, très-*agréable,
et légèrement teinte.
Cerisier a fruit ambre , a fruit blanc , Cerasus saùiva
fnwtu rotundo nuigno ,partim rubeiio , partim succino colora.
Doh. Ce cerisier soutient bien ses branches , quoique fort
longues. Ses bourgeons sont forts, ses feuilles grandes, ses
fleurs nombreuses, peu' ouvertes. Son fruit est la meilleure
de toutes les cerises; il est peu abondant, gros, arrondi par
la tête ^sa queue assez longue , fine, de couleur d'ambre que
la maturité lave en quelques endroits de rouge fort léger; son
eau très-abondante , douce , sucrée , sans fadeur. Il mûrit
vers la mi-juillet.
Griottier , Ceraeus satina fructu rotundo magno nigr» ,
êuaviseimo Duh. Cet arbre est moins grand que le précédent;
il soutient bien son bois, plus gros et moins nombreux ; il a
de gros bourgeons , courts, d'un rouge brun peu foncé du
côté du soleil , verts du côté de l'ombre ; des boutons gros par
la base , terminés en pointe et très-rapprochés; de chacun il
sort deux ou trois fruits , de manière que les fruits environ-
nent la branche. Ils mûrissent au commencement de juillet.
Griottier de Portugais, Ceraeus sativafructu rotunda
fitaximo, e ruhro nigricante sapidissimo Duh. Sa hauteur
est médiocre. Ses bourgeons sont gros , courts et bien garnis
de feuilles ; ses boutons souvent doubles ou triples ; il sort de
chacun deux ou trois fruits qui mûrissent en août. Ces fruits
sont gros , applatis par les extrémités , et un peu par un côté ;
Us ont une queue grosse, sur-tout à son insertion dans le fruit ^
une peau cassante, d'un beau rouge brun tirant sur le noir,
une chair ferme , d'un rouge foncé , s'éclaircissant vers le
noyau , une eau abondante légèrement amère et excellente ;
le noyau est petit et pointu à son sommet On appelle aussi
cette cerise royale archiduc ,roycde de Hollande,
Griottier d'Allemagne , Griotte de chaux , orossx
Cerise de M. le comte de SAivT'MjLxrKE , Cerasus saHifa,
jructu subrotundo , jnagno , e rubro nigricante acido Duh. Cet
arbre se soutient mail. Il a un bois menu, alongé, des bour-
geons fluets d'un brun rougeâtre , des boutons lon^s , bien
nourris et obtus. Il sort trois ou quatre fleurs de chaque bou-
ton; le fruit mûrit au milieu de juiHet; il est alongé, plus
xenûè vers la queuequ'i l'autre extrémité ; a une queue mince^
IV, i- 1
.53o, ^ C E R
longue^ implantée dans un enfoncement peu creusé , une
peau d'un rouge brun foncé et presque noir , une chair d*un
rouge foncé , et une eau abondante , trop acide. Le noyau e^
un peu teint en rouge, et terminé en pointe.
Dans les provinces du Poitou et |de rAngoumois , et dans
les pays circonroisins , on cultive un cerisier ou griotiier de
VB.rv^ ^norarak guindouhier ,ei dont le fruit s'appelle ^fn-
^ux. Il a une queue forte et courte , est très-gros , très-
charnu , très-coloré , et rempli d'une eau abondante, excel-.
leule et bien parfumée. Il devroit être plus multiplié.
Royale chery-duke y Ceraswi satipa muUifera , fruciu
rotundoy magno,è rubro subnigricante ^ suavissimo Duii. Son
fruit est ^ros , un peu comprimé par les deux extrémités ; la
queue médiocrement grosse, toute verte ; la peau d'un beau
rouge brun > tirant sui* le noir dans l'extrême matiu-ité du
fruit ; la chah* rouge et vn peu ferme ^ l'eau très-douce ; le
noyau surmonté de quelques proéminences du côté de la
3ueue, et pointu à l'autre extrémité. Cet arbre s'épuise à pit>«
uire des fruits ; il est d'une grandeur au-dessus de la
moyenne ; a des bourgeons cow*ts, des boutons jpetits , longs ,
pointus ; d'un même bouton, il sort de deux à cmq fleurs qui
nouent facilement : aussi la branche est - elle envuronnèe de
fruits par groupes ; ils mûrissent au commencement de
juillet.
On compte plusieurs variétés de ce cerisier. Les plus esti-
mées sont le may^uke ou royale hûtipe qui mûrit au com*
mencement de juin et souvent en mai ; la royale tardive dont
le fruit mûrit en septembre ; il est b^u , mais trop acide ; la
holman'e date, très-bonne cerise.
Ceaise-ouigne , Ceraaua satiua multifera , fruciu eubcor^
dato , magna , è rubro nigricante , euavisaimo DuL. Cet arbre
est plus grand que le cherry^duke. Ses bourgeons sont gros ,
forts , de longueur médiocre ; ses boutons groupés en grand
nombre à l'extrémité des branches à fruit , donnant chacun
de trois à cinq fleurs. C'est une variété perfectionnée du pré-
cédent. Son Kuit mûrit à la fln de juin ; il est gros , applali
sur les.côtés, sans rainure ; la queue menue , inipianiée dans
une cavité lar^e et profonde ; la peau d'un rouge brun foncé
et presque noir dans sa maturité. ; La chair un peu molle , co-
lorée comme la peau , s'éclaircissaul au^^tès du noyau ; l'eau
douce y d'un goût agréable et rouge ; le noyau est ovale ,
niongé et pointu à son extrémité.
C E R 53i
Culture du Cerisier,
Tout sol de nahire calcaire et légère convient au cerisier j
il réussit moins' bien dans les fonds argileux, ou dont le grain
de terre est trop compacte , ainsi que dans les endroits hu^
mides. Dans ces derniers terreins sur-tout , la fleur est sujette
a couler , et la meilleure espèce de cerise y a peu de goût. Il
ne se plait pas dans les expositions trop chaudes ; on ne doit
y planter que ceux de primeur. Il aime les pays de montai
gnes y les lieux élevés ; il y est plus tardif > il est vrai , mais
son fi-uit est beaucoup- plus parfumé.
La majeure partie des cerisiers se multiplie et se reproduit
de noyau ; la greffe cependant est préférable et plus expédi-
tive : elle est aussi plus sûre pour avoir la qualité de fruit
qu'on désire. Le merisier est , de fous les arbres de cette fa-
mille 9 celui qui est le plus propre à recevoir la greffe ; ses
pieds sont droits , forts et vigoureux , et il ne pousse point
de rejetons de ses racines : c'est le meilleur arbre pour les
hautes tiges. Après lui viennent les cerisiers à fruit rond.
Ceux-ci ont la faculté de se reproduire de drageons ; et si
l'on veut les multiplier , il suffit de couper le tronc de l'arbre
entre deux terres» ou de l'éclater à la naissance des racines. Si
on les greffe , ils poussent beaucoup de drageons. Le cerisier
de Sainte-Lucie ou maîialeb , est encore très-bon pour rece-
voir la greffe de tous les cerisiers ; il réussit assez bien ,
même dans les plus mauvais terreins , et ti*ès-bien dans les
terreins passables. Toutes les manières de greffer sont bonnes
pour le cerisier ; les plus sûres sont Técusson à la pousse des
jeunes sujets (il reprend mieux sur le merisier à fruit rouge
que sur celui à fruit noir) , et la greffe en fente , lorsque le
pied est fort , ou lorsqu'on veut changer la tête de l'arbre.
On greffe aussi les cerisiers sur leur espèce l^vée de noyaux,
de drageons. Les cerisiers venus de noyau peuvent donner
des variétés intéressantes.
Le cerisier a conservé malgré nos soins son piîncipe sau-
vage. Il veut pousser à sa fantaisie ; si la serpette du jardi-
nier cherche à le contraindre , il dépérit et meurt prompte-
inent. Il faut l'abandonner à la nature. Il ne pousse point
trop en bois, et se trouve bien chargé de fruits , sila saison
a été favorable. Les branches mortes sont bientôt cassées par
le vent ; celles qui sont chargées de gomme périssent d*elles-
mêmes.
Le merisier réussit très - bien à la transplantation ; son
écorce extérieure est d'une couleur brune cendrée , et iin^
5Sit C E R
térieure est verdâtre. Cet arbre est à son point de perfection
àTftge de quarante ans.
£n général le cerisier à fruit en cœur se greffe et p3nraimde
bien. Ceux à fruits ronds se chargent de trop de branches^
mais ils se débarrassent eux-mêmes des superflues.
' Usages et propriétés du Cerisier et du Merisier.
Le bois du cerisier est blanchâtre à la circonférence , et
rougeâtre dans le coeur. Si cette couleur se soutenoit, ce seroit
un arbre précieux pour l'ébénisterie : on la lui rend pourtant
en le trempant dans la chaux. Le merisier a son bois plus
serré y plus dur que les cerisiers à fruit en cœur et à fruit
rond. Ce bois est recherché par les tourneurs t par les ébé-
nistes , et sur -tout par les luthiers , qui prélenoent qu'il est
sonore. Dans quelques cantons de la France , on fait avec les
branches de merisier de ti*ès-bons échalas pour les vignes ,
siur'^tout si on a eu soin de les écorcer , des cerceaux de ton-
neaux^ si elles sont assez droites et assez longues ; et dans d'au-
tres endroits les grandes branches unies au tronc , et fendue»
dans des proportions convenables , servent à faire des cer~
ceaux pour les cuves.
a Le merisier y dit M. Hell , est très-commun dans les fo-
rêts d'une partie de la Suisse , des villes forestières et du
Suntgau. L utilité de cet arbre le fait mettre^ dans ces con-
trées , au ranff des premiers arbres forestiers. Il vient dans
presque tous les terreins ; il s'élève parmi les sapins , les
chênes > les hêtres et les trembles , à une grande hauteur ; il
fournit un très-bon bois de charpente. Pour les combles et
l'intérieur des maisons , il vaut le châtaignier , et est m?éfé-
rable au tremble et à tous les SLUires peupliers. Pour brûler, il
vaut le hêtre ; mais il ne sert ni au charronnage , m' aux
charpentes exposées à la pluie. Les merises fournissent nna
nourriture agi'éable et saine aux habilans de la campsgne ^
q^ui en fout beaucoup sécher, pour les manger, en forme do
soupe , cuites avec du pain , pendant l'hiver et le printemps.
Us en font sur-tout des compotes et de la tisanne pour les
malades. Ce fruit offre beaucoup de variétés par la grosseur »
la forme , la saveur , le goût , le port et la couleur, il y a des
blanches, il yen a de jaunes, de rouges, de noires, et de toutts
Buances intermédiaires. Les plus communes sont les notices
•t les routes)). FeuilL du cultiu,, introd, pag. a3 1 .
Le fruit du cerisier se mange crud , cuit, confit an sucre ^
à Teau-de-vie ; il se conserve sec ; on en fait du ratafia. £1ïï\
faisant fermenter le' jus de cerises' et leurs noyaux concassés ,
et en y ajoutant du sucre , on obtient une liqueur fort agrat^
C E R 635
ble y qu'on appelle uin dé cerise. On tire à Talambic nne eau-
de-vie de censetf fermentées , qui est U^s-violenfe^ Celle qu'on
nomme dans la Lorraine- Allemande hirscheiV'Vasser est faite
avec lesmerisea. C'est une liqueur spirilueuse qu'on obtient par
la distillation des différentes espèces de cerises sauvages. Celte
liqueur forme une branche de commerce assez considérable
dans les montagnes de l'Alsace et de la Franche--Comté^ mais
principalepaent dans les cantons de Baie et de Berne. Le kirs-'
ehefh'Vasser se fait ou avec la merise noire à suc doux , ou
avec la. cerise et griotte à fruit rouge et acide. La ligueur faite
avec le fruit du merisier est beaucoup plus délicate que celle
tirée de la cerise acide. Souvent on 'mêle les deux fruits en-
semble » et l'on a torl ; on a plus tort encore lorsqu'on y
mêle les prunelles et les sorbes , alors la liqueur est mauvaise
et nuisible. Voici ^ selon M. Hell , la manière dont on pré-
pare le kirscTien'passer avec la merise»
Lor^ue le fruit est parvenu à sa maturité , on le cueiQe
sans la queue ; on le met dans des tonneaux défoncés de l'un
des fonds ; on l'écrase avec des pilons , et on le couvre. Dèa
que la fermentation commence , on enfonce le marc qui
surnage , deux ou trois fois par jour. Le moment où la distil-
lation peut avoir lieu , est indiqué par la cessation des mou-
vemens et par la chute du marc. Alors on bouche les ton-
neaux pour empêcher la . fermentation acéteuse de s'établir.
La distillation se fait à l'ordinaire , mais avec une attention
suivie , pour que le marc ne s'attache pas au fond de l'alam-
bic , et que le kirschen-vasser ne prenne pas un goût empyreu-
ma tique. Four le faire sentir le noyau , on concasse les noyaux
après la fermentation ^ et on les distille avec la liqueur. Lea
merises noires , les plus petites et les plus suci^es , donnent le
meilleur ktrschen^passer. Presque tout le marasquin du com-
merce est fait avec le kirschen-^asser , auquel on mêle une
quantité proportionnée d'eau et de sucre. Le marasquin le
plus estimé est celui de Zara. Les Vénitiens en font de très-
bon.
On peut composer le kirsçhen-vasser avec toutes sortes de
cerises , et cette branche d'industrie pourroitêtre introduite
dans tous les pays et cantons où ce fruit est très-abondant.
Voici le procédé que conseille Cadel-Devaux: ce Prenez, dit-il,
des cerises mûres de toutes les espèces indistinctement ; ôtez
la queue , écrasez-les ^ séparez les noyaux , emplissez , aux
trois quarts environ , un tonneiu , et laissez fermenter. La
fermentation terminée , concassez seulement la moitié de vos
noyaux^ jetez le surplus ; distillez kfeu nu, suc, marc, noyaux,
le tout mêlé. Si vous distillez^ de préférence , au bain-marit^
Sxt _ C E II
vous obtiendrez un kîrâcLen-vaaser de telle force , qii'fl fan!
jiéceasairemênt railbiblir avec de l'eau, pour le mettre au de-
gré qui puisse le rendre potable; il est alors infiniment agréa-
ble , n'ayant ni ce goût , ni cette odeur de feu, qu'a presque
toujours celui que nous (irons de l'étranger , et qu'il ne perd
qu'avec le temps. On obtiendra une bien plus grande quan-
tité de hirschen-vcuser , en ajoutant cinq à six livres de m΀4
commun , par cent livres posant de cerises : on délaie le miel
dans le suc de cerises».
<c Depuis quelques années > dit M. Hell y à l'endroit cité ci-
dessus , on distille aussi les petites cerises des bois ou merises ,
fans le» faire fermenter. Elles donnent alors une liqueur aussi
utile qu'agréable »et qui ne contient rien de spiritueux : ce
n'est que la partie pblegmatiquc , balsamique et aromatique
de la cerise. Quoiqu'on la qualifie à* eau de cerises douces ,el]e
n'est cependant pas sucrée, et on la boiroit pour de l'eau
commune , si elle n'avoil pas l'odeur du fruit. Il paroil que
ce nom ne lui a été donné que pour la distinguer de Teau de
«cerises spiiîlueuse. Elle ne se conserve que pendant deux ou
trois ans ; encore faut-il avoir soin de la tenir bien bouchée,
dans tin (endroit frais et sec , qui soit à l'abii de la gelée , et où
la lumière ne pénètre pas. Cette liqueur est excellente pour
la poitrine ; elle guérit les toux très- violentes , et les coqui»-
luclies des enfans; on la leur donne aussi dès leur naissance
pour leur procurer du sommeil : c'est le calmant et le somni*
iere le plus innocent. On la prend un peu tiède , chauHée au
bain -marie, après y avoir fait dissoudre du sucre candi, qu'on
5^ met en poudre seulement un peu avant d'en faire usage. La
dose pour les enfans nouveaux nés est d'une cuillerée à cafê;
les adultes en prennent une demi-tasse ou une tasse. Plu-
sieurs personnes en mettent dans les émulsioiis , dans Tor-
geat , dans les glaces , les crèmes ou fromages à la crénie. On
ne l'ajoute aux entremets qui sont préparés par la cuission ,
qu'après qu'ils sont refroidis , pour que la partie balsamique
et odorante ne s'éva|K>re pas. Elle est trc»-agréable avec le
thé , et sur-lout le thé au lait r*
On mange beaucoup de cerises à Peau^de^vie , mais elles
sont rarement bonnes. La meilleure manière delesprépai^r,
est celle qui suit : elle a été publiée dans la Feuille du CuUi^
vaieur , j>ar Cadet - Devaux. On prend huit livres de «vri-
ses communes très-mûres ; après les avoir écrasées it la main ,
et en avoir concassé les noyaux , sans briser l'amande , on y
ajoute deux livres de sucre. On fait bouillira petits bouillons,
jiisTju'à ce que le jus ait la consistance de sirop; cette compote
est versée toute bouillante dans quatre pinte» d'eau-de-vic ,
Ç E R 55S
avec quatre onces d'œillets à ratafia épluchai ^ ou huit clous*
de giioûe pulvérisés ; on bouche^ avec un bouchon de liège ^
le bocal , et on laisse infuser le tout pendant quinze ;oui*8 ou
ti'ois semaines , jusqu'au moment ou la cerise de Montmo*
rency est arrivée a sa maturité. Alors on passe l'infusion en
exprimant le marc f on la filtre à travers la chausse , .et on a*
une liqueur limpide et chargée de toute la> saveur ^ l'odeur
et la couleur de la cerise , de son^ noyau , et de Toeillet. Cette
infusion forme seule un excellent ratafia. On coupe la queue*
des cerises ; on les pique , à l'on veut , de deux ou trois coups
d'aiguille , et on les met dans l'infusion^ exposée pendant-
quinze jours ou un mois au soleil..
La cerise verte ou sèche est astringente. Quand elle est bien-
mûre , elle est rafraicliissante > nourrissante et laxative. Ses-
queues et ses feuilles ont la même propriété. La cerise acide ou
griotie tempère la soif; son suc étendu dans beaucoup d'eau ,.
édulcoré avec suffisante quantité de sucre , convient dans les
fièvres où il y a ardeur et tendance vers la putridité. Le ceri^
sier à fruit doux ou le guignier cause des vents dans les pre-
mières voies. Les. noyaux et les amandes concassés et infusés
dans le vin bknc pendant la nuit y environ deux douzaines
dans trois ou quatre onces de vin^ sont trè»-apériltfs.>
Cbrisibr mahajleb ou Bois de Sainte-Lucie > Cercuua^
mahaleù Mus^.yJ'runus mahcdeb Linn. C'est un arbre qui a
à-peu-près le port du cerisier ; mais son bois esi dur, coloré^
en brun^ veine et odorant. Ses feuilles sont alternes ^simples»
entières^ ovales ^.dentées, terminées en pointe > et portées sur
des pétioles; elle» ont des glandes à leur base. Les fleurs sont
plus petites que celles du cen'sier , odorifei^ntes et disposées
encorymbe au sommet des tiges ;ie fruit est petit, noir, d'ux^
goût désagréable et amer.
Cet arbre croît dans les bois de l'Europe fem péréê , etpar^^
iiculièrement dans les Vosges, près du village de Sainte*
Lucie, d'où il a tiré son nom. Il mériteroit qu'on donnât
plus d'attention à sa culture. Il devient d'une gi*ande res*
source pour retenir les terres des coteaux trop inclinés , et
met en bon rapport les terreins. que l'abondance de la craie ,,
du plâtre , ou oe l'argile , et même du sablé, rend stériles ^
eii les divisant par ses racines, et en les recouvrant de se»
feuilles, qui sont en grand nombi*e. Ses racines* pénètrent et
soulèvent une partie du sol ,.ei donnent aux eaux pluviales»
la facilité d'imoibf'r ces lerjpes compactes et dures , sur le9-*<
quelles le débris de ses feuilles forme une couche végétale. Oiv
peut en juger parle parti qu'on en a tiré à Maleskerbes , où il»
tn a été fait des plantaUons et des semis considéxables. On y
538 C E R
aussi le nom de laurier éU Pf»rtugal; il ae multiplie conmr»
le Laurier -cerise ou le laurier commun, par boutures , par
marcottes ou par semencetK On le marcotte en automne.
Mais quand on veut qu'il parvienne à une certaine hau-
teur^ Û'faut rélever de baies, qui se sèment dans le même
temps.
. Le laurien^srise est encore une espèce de cerisier, Voyes
La C7RI£R-C£RIS£»
On trouve et Ton cukive aux Antilles un petit arbre qu'on
appelle cerisier. Il n'appartient point à ce genre» C'est le
jnoureiUerkfeuiïïe&de grenadier, malpighiapmnicifbliaLànn^
Voyez l'article Mouii£fii£iER. (D.)
Le C£Risi£R SFH£ROCARF£ a les f^iilles toufovrs Terlet ,
luisantes, très-enlières el lancéolées ; les Ûenrs disposées en
jappes aicillaires ,, et les fruits ronds. Il est propre aux Iles
deCuba>de la Jamaïque et à'ia Floride. JeraiculUvéenquan*
tité à la Caroline. C'est un superbe arbre , qui s'élève à trente à
quarante pieds , dont le tronc est garni de nombreux* ra-
meaux depuis le pied jusqu'au sommet ; dont les fleurs durent
long-temps» et sont légèrement odorantes f dont les fmîu
noirs et oe la grosseur d'une balle de fusil de chasse , sub^
Wtent d'une année à l'autre , et jouent fort bien avec le irert
tendre et brillant àss> feuilles. Je n'en connois pas de plut
propre à faire des allées de jardins , k garnir m bosquets
d^hiver ^ d'autant plus qu'il fait toujours la pyramide > comme
le peuplier d! Italie ; mais il est douteux qu'il subsiste en pleine
ten*e dans le climat de Paris. Son bois est dur , rougeâtre, el
est susceptible d'un beau poli* (B.)
CERISIER FAUX DE LA CHINE. Cest le Lrrsé.
Voyez ce mot. (B.)
CERISIER DES HOTTENTOTS. C'est la Cassine a
yjSCjLLES CONCAVES. Voyez au mot Cassine. (B.)
CERISIER DE SAINT-DOMINGUE. C'est le Pli^b
nouGE. Voyez ce mot. (B.J
CERISIN 9 nom vulgaire du Tarin. Voyez oe
mot^ViEiiâii.)
CERITE ^ Cerithicum , genre de coquille» nnivfthres ,
dont le caractère est d'être turriculée ; d'avoir rouvertnre
terminée à sa base par un canal étroit , court , brusquement
jecQurbé , ou subitement tronqué , mais jamais échaacré.
Ce genre , établi par Adansou , et fixé par Bruguière,
comprend les rochers , les sirombes et les toupies à ferme tur-
riculée de LiunsBus. Il difiére des vis par le dé&ut d'échan-
crure à la base du canal. U se divise en trob^ecliona; aavoir ,
^ C E R . . 5^r)
icftnal irès'-rêcourbê, à btjrds du canal légèrement recourbés ,
et à canal droit et très-court.
Toutes les cérites , à une espèce près^ la Gjkrite fluvia-
TiLE, qui n'a même qu'en partie le» caractères du genre,
sont àe& coquilles marines et operculées. Elles se trouvent or-
dinairement sur les côtes vaseuses ou sablonneuses^ et c'est
peut-être à cette circonstance^ comme le remarque Bruguière,
que l'on doit la conservation des espèces fossiles que l'on ren-
contre presque par-tout. £n effet , on trouve que dans les
pierres calcaires de seconde formation , dans celles qui ne
sont uniquement formées que de détritus de coquilles , les
cérites se sont mieux conservées qu'aucune autre. On voit
souvent des bancs entiers de plusieurs lieues de large et de
plusieurs toises d'épaisseur , en être presque entièrement
composés. C'est probablement la plus commune des pétrifica»
tions existaiites en France ; mais celle fréquence ne les rend
pas plus faciles à étn^er , car il est presuu 'impossible de
trouver une ouverture entière sur des millions d'individus
qu'on examine. Les carrières d'Issi « près Paris , qui en sont
entièrement formées , n'en ont pu fournir une seide suscep-
tible d'être décrite depuis qu'on les y i-ccberche. Il en est
presque de même dans ceUe dt4 pays à couches tei*tiaires,
dans celles qu'on trouve disséminées dans les sables ou les ar-
giles. De toutes les coquilles de Grignon, par exemple , les
cérites sont celles qu'on a le plus de peine a rencontrer en-
tières i leur lèvre droite est" presque toujours cassée, tandis
que des coquilles bien plus délicates y telles que des anomies ,
des calyptrées et autres , sont restées fréquemment intactes.
Cependant on en trouve quelques-un es à Cou rtagn on ^ et un
^rand nombre dans un banc sablonneux^ que GilletLau-
mont a découvert au-dessous d'EcQuen ^ près Paris.
L'animal qui liabile les cérites a une tête cylindrique y tron-
quée en dessous et ornée ^ sur les côtés, de petites franges sem-
blables à une crête. De son origine parlent de longues cornes,
«u milieu extérieur desquelles sont placés les yeux. La bouche
est une petite fente placée en dessous. Le manteau est épais,
et son extrémité supérieure se replie en un luyau cylindrique
assez court , couronné de six petites languettes triangu laitues.
Le pied est petit , presque rond et strié.
Ces animaux sont trop petits , même dans les plus grandes
espèces , pour être recherchées pour la nourriture. En con-
séquence , on n'en tire aucune utilité.
Les cérites décrites par firuguière montent & quarante-
cinq espèces , presque toutes ou de la Méditerranée et des
zners entre les ti-opiques, ou fossiles. On peut citer comme
$49 ^ ?. ^
exemple de la première divisioii , le C^rits obsjluqitx ;
qui est commun dans les colleclions^ et qui est figui^ dam
Dargenville, pi. 1 1 » fig. F. Il vient de la mer des Antilles.
Ses caractères sont d'être varié de brun , d'avoir les tourm
de spire garnis de quatre côtes granuleuses , et la columelle
marquée d'un pli.
Pour exemple delà seconde divisiony leCÉRiTB gommier ^
dont le caractère est d'être brun , strié transversalement ;
d'avoir la moitié inférieure des tours de la spire marquée de
plis longitudinaux terminés par une pointe , et ayant leur
bord supérieur crénelé. Celm-ci se trouve dans la Méditer-
ranée , sur la côte d'Afrique , et fossile en Italie. Il a été
figuré par Adanson, pL lo^ fig. 3 de son Histoire des coquilles
du Sénégal,
Il faut aussi citer le CiaiTS télescope , qni est également
commun dans les collections , et qui vient de la mer des
Indes, n est conique y brun ; les tourf de la spii^ sont garnis
de sillons transverses ^ et la columelle est marquée d*un plL
Voyez sa figure ^ pi. 1 1, fig. B de la Conchiliologie de Dargen*
ville.
Dans la troisième division , on remarque le C&bite fl.v-.
viATiLE , qui est très-alongé , noir, dont les tours de la spire
sont lisses, contigus, et qui a l'extrémité supérieure de la
lèvre droite échancrée. Il est figuré dans Favanne, pi. 6i »
fig. H. 1 1 . Il vit dans les marais des Gi'andes-Indes , et Ikit le
passage entre les cérites et les vis.
Le ÇifUTE RATissoiAE est brun. Il a les tours de la spire
garnis de qunlre à cinq côtes tuberculeuses; les tuberculea» de
la seconde côte , du côté de la spire , plus gros que ceux des
autres. H se trouve à l'embouchure des rivières d'Afrique, et
est figuré avec son animal dans Adanson , à la planche citée
plus haut.
Le CéRiTE FERVÈSE , dont l'ouverture de la coquille est
tournée à gauche , dont les tours de spire sont partagés en
quatre zones, les deux du milieu formés de points enfoncés ,
et ceux des bords de points élevés. Il se trouve dans la Médi-
terranée. (B.)
CÉROCOME, genre d'insectes de la seconde section de
Tordre des Coléoptères.
Les cérocomes sont remarquables par les antennes , dont
les articles sont dilatés , inégaux , irréguliers dans les mâles ,
moniliformes et arrondis dans les femelles. Semblables aux
cantharides^ elles ont la télé inclinée, les élytres molk-s;
cinq articles aux tarses des quatre pattes antérieures, et quatre
aux tarses postérieurs ; les uns et les autres terminés j^ar
C E R . 641
deux paires de crocHets; elles ont la bouche composée d'une
Itvre supérieure très-courte ; de deux mandibules cornées ,
courtes, arquées; de deux mâchoires alongées , cylindriques;
d'une lèvre inférieure avancée , bifide^ membraneuse, et de
quatre antennules filiformes , avec le second ei le troisième
article des antérieures renflés, presque vésiculeux dans les
mâles.
Les cérocomea ont quelques rapports avec les my labres ;
mais elles en difierent par les antennes , composées de neuf
articles dans celles des ^melles^et dans les mâles, d'une forme
particulière , qui ne permet pas de les confondre avec aucun
autre genre.
Ces insectes présentent des couleurs très - brillantes , et
I propres à les faire distinguer. Ib fréquentent les fleurs , su*
esquelles on les trouve pendant un^ grande partie de Tété'.
Us volent avec beaucoup d'agilité; maison les saisit facilement
lorsqu'ils ont la tète enfoncée dans le calice des fleurs, pour
en extraire le suc mielleux. Les habitudes des larves nous sont
encore entièrement inconnues ; nous présumons qu'elles
vivent dans la terre comme les larves des cantharides , et
qu elles se nourrissent des racines des plantes.
parmi quatre espèces décrites , la plus connue est la Ci-
RocoME DE Schiffer ; elle est verte , avec les antennes et
les pattes jaunes. (O.)
CÉROPALÈS, Ceropales , ^enre d'insectes de l'ordre des
HYMÉNOPTiRES et de ma famille des Mellinioees. Ses ca«
tères sont : antennes insérées vers le milieu de l'entre-deux
des yeux , d'une grosseur movenne ; premier article plus
grand que le troisième qui est aïongé et bien plus long que le
second; mandibules unidentées au côté interne ; palpes maxil*
laires fort longs; langue à divisions latérales très-sensibles.
Les céropalès ont la tête comprimée , assez épaisse vue en
dessus , de la largeur du corcelet , ou plus étroite , avec le bord
antérieur un peu renflé , et les yeux entiers ; le corcelet rond ou
presque globuleux ; l'abdomen ovale , rétréci assez sensible-
ment à sa base; les tarses ont , entre les crochets, une pelotte
assez grosse.
Je place dans ce genre la meiline à cinq baifdes,ilf . &^inottut
de M. Fabricius. Cet insecte est noir, avec l'écusson , et cinq
bandes continues sur Tabdomen, jaunes. Je l'ai trouvé assez
souvent sur les fleurs, et notamment celles de carotte, dans le
Midi de la France. (L.)
CEROPEGË, ùropegia , genre de plantes de la pen-^
tandrie digy nie , et de la famille des Apocinees , dont le carac-
tère est d'avoir un calice très-petit, persistant, à cini^ dents
Sja C E R
pointnes; une corolle monojpétale , tubuleuse, renflée a la
base ^ à cinq divisions à son limbe; cinq élamines; un ovaire
supérieur dont le style> à peine apparent, soutient deux slig -
mates.
Le fruit est composé de deux follicules longs , droits , pointus^
nniloculaires , qm s'ouvrent d'un côté longiiudinalement , et
renferment des semences couronnées d'une aigrette plumeuse.
Voyez pi. 179 des lUustraùiona deJLamarck.
Ce genre contient huit espèces , dont six de Tlnde et deux
du Cap de Bonne-Espérance. Ce sont des plantes volubles , à
feuilles opposées, à fleurs disposées en ombelles axillaires ou
terminales , dont aucune n*est coldvée dans les Jardins dXu-
rope. (B.)
CÉROPLATE , Ceroplatus , genre d'insectes de Tordre des
DiPT£R£8 , établi par Bosc dans les ^ctea de la soriété dHU^
ioire naturelle de Paria. 1 Fasc. pag. 42, tab. 7 , fig. 5.
Les cémplates sont de ma famille des Tipulaires , et on
les distinguera aux caractères suivans : antennes très-com-
primées plus larges au milieu ; de quatorze articles; extrémité
atteignant au moins la moitié de la longueur du corcelet;
trompe très-courte ; palpes d'un seul article.
' Ces diptères ont le port oi*dinaire des tipules; leur abdo-
men est en fuseau. Ils sont fort rares et se trouvent dans les
bois. Leurs larves vivent dans les bolets.
On n'en connoissoit d'abord qu'une espèce; mais celui même
qui l'avoit ti*ouvée et décrite^ en a observé une seconde dans
la Caroline. La première , ou le céroplate tipuloide, est des
environs de Paris. Sa tête est petite » arrondie , jaunâtre ,
avec deux petites élévations jaunes et en forme de cornes aous
lea antennes ; les antennes sont épaisses et noirâtres î le cor-
celet est bossu, jaui^âtre^ rayé de noirâtre; l'abdomen est
comprimé^ jaune ^ avec les bords des anneaux noirs; le» afles
sont blancbes , avec un point près du milieu de la côte , et une
tache noirâtre.
Le céroplate tipuloïde, ayant été figuré dans les jtctee de
la société d'flist. rtat. de Paris, nous repi^ésentons ici la se-
conde espèce de ce genre , découverte par Bosc en Amérique ,
et qu'il nomme Charbonnéb , Carbonarius» Afin de rendis
même cet article plus intéressant et plus complet , nous don-
nerons textuellement les observations récentes de cet hab3«
natiu*aliste. Tous les savans connoissent son extrême complai-
sance à communiquer les fruits de se» recherches ; je réunis
les sentiment de ma gratitude À la leur.
a J'ai établi dans les Actes de la société d^lHist. nat. sous \m
ïï^m. de ksroplatus, un nouveau genre d'insectes, voisin des
CÉR 543
lipides , mai» qui en est très-distingué par la longueur, la
largeur et sur*- tout Tapplalissement de ses anteunes. Je re*
gardois alors comme absolument inconnue aux naturalistes ,*
Tespèce unique qui la formoit. Mais ma mémoire m'avoit mal-
servi sur ce point; car Réaumur a fait graver une de ses an-
iannes^tom. 4> pi* 9> fig* 10, pour exemple, disant seulement
qu'elle appartenoit à une tipule qui vivoit oans l'agaric du chêne,
La disparition des agarics, ou mieux des bolets de chêne,
^ux environs de Paris « depuis qu'on a abattu les futaies, et
que les botanistes et les entomologistes se sont^multipliés , a
rendu plus rares les occasions de trouver les larves du kero^
platiês que j'ai décrit et figuré : aussi ne l'a-t-on pas observé
depuis Réaumur ^ et l'exemplaire de l'insecte parfait que je
possède , est-il le seul qui se voye dans les collections , aujour-
d'hui si nombreuses , dans la capitale. Il a été rapporté de
Viller»-Coterets, forêt de haute-*futaie encore peu fréquentée
des naturalistes, et qui mérite cependant de devenir l'objet de
leurs coursea.
Pour mettre sur la voie de la recherche et de l'observation ,
je crois devoir communiquer aujourd'hui à la société {p/dio^
mathîque ) la description et l'histoire d'une espèce améri-
caine du même genre , dont j'ai été dans le cas de suivre lea
moeurs pendant mon séjour en Caroline. Elle est trop sem*
blable k celle déjà connue , pour croire que sa manière de
vivre soit fort diiiérente.
<c CÉROFLATE CHARBONN£ , Geroploius corbonanus y tète
d'un brun noir , ayant deux petites taches derrière les an-
tennes et les palpes blanchâtres; front armé de deux tuber-
cules; antennes d'un brun noir ; les quatre derniers articles
blancs ; corcelet d'un beau noir , un peu velu , blanchâtre
sous les ailes; balanciers d'un beau noir; abdomen de la même
couleur, avec les bords des anneaux cendrés , principalement
sur les côtés; ailes transparentes, tachetées de brun sur les.
bords , et ayant une tache plas grande et pins foncée vers
l'extrémité extérieure ; pattes brunes; la base blanchâtre.
3> La larve de cet insecte est ver miforme, blanche^ glutineuse,
avec la tête noire, des anneaux prononcés, et des pattes en
mamelons. Elle se nourrit aux dépens de la substance in-'
férieure d'un bolet fort vmsin de Vunico/or de BulKard. Cette-
larve qui vit en familles, quelquefois assez nombreuses , se
ti'oùve dans le mois de juin , et parvient, lorsqu'elle a acquis
teûte sa grandeur, c'est-à-dire ver» la fin du mois d'août, à deux
ponces et demi de longueur, sur trois lignes de diamètre. Dans
tons les temps de sa croissance, mais sur-tout dans les dernier^i
inois^ces larvesfilent unréseauen commun, lâche, d'un bftunc
544 C E R
brillant, et entre les mailles duquel elles se sauvent et se ca-«
chent lorsqu'eUes soht inquiétées, de même que la chenille
de la iieigne du ilisatn. Elles sont si minces et si délicates , qu'il
,est presqu'impossible de les prendre avec les doigts, sans les
écraser. Exposées au soleil quelques minutes, ou mises quelque
temps dans un lieu sec, elles périssent. Aussi ,n'iiabitent-elle9
Sue les bolets qui croissent sur des arbres et des troncs , placés
ans les lieux numides et ombragés.
» A l'époque de leur transformation ^ les larves se filent, le»
unes près des autres, une coque un peu plus serrée que le ré-
seau, mais cependimt encore assez lâche pour laisser voir la
nymphe. L'insecte parfait sort de cette coque au bout d'une
quinzaine de jours. J'ai nourri beaucoup de ces larves chez
moi , mais peu ont réussi, faute probablement d'humidité suf-
fisante ». (L.)
CEROSTOME , Ceroatoma , genre d'insectes de l'ordre des
liipiDOFTERES, de ma famille des RouitEasBS, et qne j'ai
établi sur Yypaolopke , que Fabricius a nommé darsctiUM»
Les cérostomes ont leurs ailes très-alongées , étroites et mon-
lées sur le corps ; quatre palpes distincts , dont les supérieurs
droits, les intérieurs lonss et recourbés, avec le second ar-
ticle pénicilliforme ; le dernier conique, alongé , et presque
nu* Ils sont pourvus d'une trompe.
Leurs palpes forment une saillie au-devant de la tète ^ assez
remarquable. C'est pour cela que î'ai donné à ces insectes le
nom de cérostomef qui signifie bouche cornue.
Le Cjêrostome dos-m aaqu£ a les ailes supérieures cendrées»
mélangées de noirâtre, avec une tache sur le dos, commune,
blanche , et a3rant deux taches poires.
Je l'ai trouvé fréquemment àur les arbres des Champs-Ely-
es , dans l'été. (L.)
CERQUE, Céircus. Nouveau genre d'insectes qui doit ap»
partenir à la troisième section de l'ordre des Col£OPT£&bs.
Latreflle, en établissant ce genre, y a placé le dsrmesiê
pédiculaire. Illiger , d'après Herbst , a i*éuni ce même insecte
au sphericUum puUcarium et au demustea urtieœ de Fabri*
cius , pour en former le genre CATiaÀTlss ; mais ces deux
dernières espèces présentent des difi'érences très - marquées
avec le dermeste pèdiculaire. Latreille a cru devoir en faire
un genre particulier , sous le nom de Paotbïns, Proteùm».
yhyex cet article.
Les cerquea sont de très-petits insectes, très-voisins des i»»
tiduUê. Leur corps est ovale ou oblong , légèrement rebordé;
la tête est petite , ovale , enfoncée dans le corcdet ; les an-
tennes sont terminées en masse perfoUéei Im aatconiUes sont
C E R S45
fnironnet, presque égales ; les mâchoires sont à un seul lobe j le
corcelet est presque arrondi , un peu rebordé , non échancri
antérieurement; les élytres sont coriaces , légèrement voûtées,
un peu rebordées /plus courtes que Tabdomen; l'écussou est
assez grand , arrondi ; les pattes sont de médio jre longueur ;
tous les tarses sont composés de quatre articles velus ou garnis
de houppes en dessous ; le pénultième est élargi dans plusieurs.
Les deux premiersarticteé des antennes du mâle sont grandi^
comprimés.
Nous ne possédons, aux environs de Paris ^ qu^une seuls
espèce assez rare de ce genre; c'es^e C£Rqve p^oicubAUus : ses
élytres sont courtes^ pointillées, d*un fauve roussâtre, avec I9
tour de l'écusson noirâtre ; la poitrine et les yeux sont noirs;
les pattes sont fauves. Ce joli insecte se trouve sur les fleurs.
On Ignore tout ce qui concerne sa manière de vivre et aea iné«.
tamorphoses. (O.)
GËRVANTËSE, Cêrt^aniesia, arbri&teau du Pérou, qui
forme , dans la pentandrie monogynie, un genre dont les ca*-
ractèressont d'avoir un calice campanule divuéen*cinq parties;
point de coroHe ; cinq écailles insérées au milieu du calice ;
un ovaire supérieur surmonté d'un stigmate sessile ; une noix
ovale y uniloculaire, entourée par le caUce qui a cru , et est de*
venu charnu.
Ces carartères sont figurés pi. 7 du Gênera de la Flt^ê dm
Pérou, mais Cavanilies les a attaqués > con^me mal énoncés ,
dans ses leomes planiarum, ouvrage où il figure planche 475;
une autre espèce de ce genre , qui est ausA un arbrisseau dli
Pérou à feuUles alternes, pétidées , oUongues, couvertes dn
poils ferrugineux, dont les fleurs sont blanchâtres, petites^
et disposées en panicules terminales ou axillaires. (B.)
CERVEAU, Cerebrum. On donne ce nom k une massD
molle , pulpeuse, renfermée dans la cavité osseuse de la tête,
et qui envoie des prolongemens médullaires dans toutes les
parties du corps des animaux. Ainsi toutes les espèces qui ont
un crâne, sont nécessairement pourvues d'un cerveau qui
est contenu dans son intérieur. Tels sont, l'homme, les qu»«
drupèdes vivipares, les cétacés ,.les oiseaux, les quadrupèdes
ovipares , les serpens et les poissons ; o'est-À-dire , tous ^es
animaux doués a un squelette articulé et d'une colonne ver-
tébrale. Les animaux sans. ver lèbi^es n'ont pas un véritable
cerveau, comme nous allons le montrer , mais seulement ua
ou plusieurs ganglions qui en tiennent lieu.
Pour bien saisir cette différence très -importante, il font
considérer que tout animal vei*tébré a deux espèces de sys-
' têmes nerveux , par la raison qu'il a deux ordres principaux d«
IV. Mm'
546 \ C E R^ ^ ^
tbkicfions vitales; c'est-à-dire^ une vie générale et une vie par«
Meulière. Or, la vie générale est commune à toules les espècef
d'animaux; elle consiste dans la nutrition, rassimilation, la res-
piration, la circulation et les sécrétions ; elle ne peut être sus-
pendue sans que l'animal ne périsse. £Ue est fondamentale et
Isrimitive; elle agit seule pendant le sommeil qui suspend tous
es actes de la seconde vie. Celle-ci n'appartient qu'aux seuls
animaux vertébrés; elle consiste dans un cerveau avec les nerfs
qui en émanent, et qui sont soumis à la volonté réfléchie. Celle
seconde vie est sujette à des intermittences d'action qa*on ap-
pelle sommeil, tandis que la vie primitive ne cesse jamais sans
que la mort n'arrive aussi-tôU Voyez l'article Vie.
} Chacune de ces vies est gouvernée par un système nerveux
[ qui lui est propre. H y a donc un sytême nerveuxcomm un à
tous les animaux , et un autre système nerveux particulier aux
espèces douées d'une seconde vie , aux animaux vertébrés.
lie système nerveux général de tous les animaux, est celui
qu'on nomxae grand sympathique y intercostal , ou trispàmch"
nique dans l'honmie; et on a reconnu qu'il n'émanoit pas du
cerveau, mais qu'il formoitun système a part, distinct eC qui
existoit par lui-même. C'est un assemblage assez nombreux
de filets nerveux , dont les diverses branches se réunissent ou
«'entrecroisent en plusieurs sens, forment àeaplexus ou entre-
lacemens j et sont pourvus de ganglions, c'est-à-dire , de ren«
flemens ou noeuds qui sont autant de petits cerveaux. Ce sys-
tème nerveux, placé dans les cavités intestinales, préaide à
toutes les fonctions de la vie intérieure; telles que la nutrition,
' l'assimilation , la circulation , la respiration et les sécrétions ; il
a quelques communications avec les ner£> du cerveau ou de
ia seconde vie.
Or , les animaux sans vertèbres, tels que les moUu^ues, les
crustacés , les insectes , les vers et les soophytes , n'ayant
qu'une seul» vie , sont seulement, pourvus au système ner-
veux général qui remplit toutes leurs fonctions et qui tient
aussi beu du système nerveux de la vie particulière. Ils n*ont
donc pas ce dernier , et sontpar conséquent privés du c«nnean
qui en est le centre.
Cependant, ne trouve-t-on pas un corps analogue au cer-
veau dans les vers , les insectes , les crustacés et les moUos-
qoes ? Examinons cet objet.
Aucun zoophyte, aucun animal radiaire, ou formé en
rayons , comme les orties de mer ( médusa), les actinies , les
* onrsiBS, &c. , n'a de ganglion , ou corps nerveux auquel on
puisse accorder le nom de csryeau, car ces animaux sont
privés de tèttf. Dans les vers et les insectes, on trouve un«
C Ê R 647
t?le qui conrient l'orifice extérieur de Toesopliage de ranimaL
C'est dans la partie supérieure de leur télé qu'on ahserce un
ganglion simple ou double , qui produit deux branches. Celles'
ci embrassent Tœsophage et se réunissent en dessous pour se
rendre dans le ventre de l'animal en un cordon nerveux ,
offrant d'espace en espace des noeuds on ganglions, desquels
sortent des ramifications nerveuses qui se distribuent à toutes
les parties. Ainsi y loin que ces animaux soient doués d'une
moelle nerveuse vertébrale y ils n'ont que ces nerfs et ces gan-«
glions, dans la cavité du ventre au-^dessous des intestins , ce
qui présente une grande ressemblance avec les nerfs grands sjm«
pathiques des animaux à vertèbres. Le ganglion de la tête des
vers 9 des insectes, des crustacés et des mollusques n'est dono
pas lin cerveau , mais une véritable production du nerf grand
jympathiqne, et qui en a toutes les fonctions. Mais on n'y
rencontre rien qui l'Cssemble à la vraie cervelle des animaux
vertébrés, et il n'y a point de moelle dorsale et épinière
comme ches ces derniers. C'est par cette raison que les ani-
maux sans vertèbres, les vers , les mollusques , &c. , ne meu^^
rent pas aussi-tôt qu'on leui^ tranche la tête ; puisque le gan-
glion qu'elle contient n'est point un organe central de vie ; au
contraire, plusieurs espèces de vers, de limaçons, &c., re-
produisent une nouvelle tête en place de celle qu'on a re^
tranchée, sans que les fonctious de la vie intérieure en soient
arrêtées.
Il n'en est pas de même dans l'homme, et ches tous les ani-
maux à moelle épinière ; on y trouve un véritable eenfeau qui
est le centre de la vie extérieure, de cette vie qui établit dea
liens de communication avec tous les corps ^ui nous entourent
et qui est le réservoir commun de toutes les impressions reçues
par l'animal.
Chez les animaux sans moelle épinière , c'est-à-dire , les
mollusques nus ou testacés, les crustacés, les insectes, vers et
xoophytes, le seul instinct les dirige sans la moindre opération
de l'esprit, et on en trouve la preuve lorsqu'on reconnoît que
toutes leurs actions sont toujours les mêmes sans être plus ou
moins parfaites. Aussi , ces animaux ne sont point capables
d*in0truction, soit de la part desliommes, soit delà part de leurs
semblables, car l'instruction dépend de la mémoire et du ju-
gement ■; opérations qui exigent le secours d'un cerveau* On
peut bien enseigner quelque action à an poisson , À un rep-
tile , à un oiseau , à^n quadrupède; mais qui peni se lairet
obéir d'un ver, d'un asooptiyte, d'un mollusque ^ d'un insecte?
Ces derniers êtres n'écoutent que leur instinct , car , privés de
cervette^ ik ne peavemt point communiquer avec nons^ par
il
54S C E R
la moindre idée conveauey ce qui est po«iUe cLes tet ani-
maux pourvus de moelle épinière et d'uu cerveau.
L4n8liBct est donc le résultat de la vie intérieure ou dct
nerfs grands sympathiques ; mais le sensorium commune , où
s'qpère le laisonnement^a son foyer dans la cervelle. ( Vc^eM
Iss mots Sens , Instinct. ) L'instinct exécute ses opâiatioui
«ans qn'on en ait la conscience , parce qu'il n'émane poinUlu
«erveaa , tandis que celui-ci opère exclusivement les actes
dont on a la volonté et la conscience , par conséquent ^ il est
le centre des connoissances d'acquisition , et le réservoir dans
lequel les sens vont décharger leurs impressions. Les sens des
«nimaux vertébvés et prives de cervelle , sont pour ainsi dixe
^oars et isolés \ leurs sensations sont bornées àrorganefirappé,
«lies n'aboutissent point à un foyer commun de vitalité. Ces
«aimauxae dirigent seulement par l'impulsion de l'instinct.
Après ces considérations générales « examinons le cerveau
des animaux a vertèbres.
Dansla boîte osseusede la tâte des .animaux à sang roageetà
aqueiette articulé^ se irouventune masse pulpeuse, principale-
ment formée de dieux lobes latéraux, ou hémisphères. La pulpe
du cerveau est composée de deux matières ; la corticale , qui eit
grisâtre, et qui enveloppe la médullaire plus blanche. La pre-
jtuièye est d'autant plus abondante, que le cerveau est plus gros
proportionnellement à l'animaL Le nevrilème ou les mem*
Di-anes qui enveloppent les, nerfs envoyés dans le corps, se
■trouvent anssi dans le eerveau.
Au-dessous des lobes du cerveau, derrière eux, «e trouva
le cervelet qui* communique avec le cerveau et la moelle épi-
nière , car il sert d'intermédiaire. Une membrane fine en-
toui'e la masse entière du cerveau, et pénètre dans tous ses
sillons, c'est la pie~mère; une autre membrane plus épaisse
tapisse intérieurement les os du crâne , on la nomme durt'
mère. Les deux hémisphères du cerveau coïncidait a leor
base par le corps calleux. Entre les tubercules quadriiameauXt
se trouve la glande pinéale , qu'on a supposé être le siège de
«l'ame , comme si ce qui n'a pas de corps pouvoit être contenu
dans un organe à l'exclusion des autres.
U sort immédiatement ,du cerveau un gros prolongement
«qui descend le long du dos, et qu'on nomme moelle épùuire ,
Kix:e qu'elle s'insinue dans les cavités des vertèbres ou de
pine dorsale. £n outre, dix paires de ner£i émanent de la
moelle oérébrale. La première paire se rend aux narines pour
l'odomt , la seconde aux yeux, les troisième, qualrieme et
sixième aux muscles des yeux, la oinquième , tràe-étendue et
tix's->«oasidérable,. porte le aentiment et la force laolrîoe à
e E R B4<i
Hveraes parties de la face et d^ la télé. La sepcftme m distribua
à l'oreille; la huitième paire ^ coBÛëérée par quek|aes>analo-
mistes comra& des branches de la précédente , a& rawtfifl
dans les muscles de la face ; la neuvième pénètre dan» la gorgt^
9t la poitrine ; enfin , la dernière se rend k la langue el ferme
l'organe du goût. La tnoeUe épinière distribue trente auirt*^
paires de nerfs au- reste* dii- corps. G:>7Bst//^iarrarftîcleNB»PS.
Il n*y a rien de semblaUedans tous les anioMiux sans w^^
tèbres , et ila sont entièrement privés de ce» evgaitea
Le cerveau des^ q.uadrupèdes^ viripares ressemble asse» à
eelui de Thomme , mais sts proportions felafeiveraest au corp»
sont plus petites ;. ce qui a fait* dire depuis long-lemps tfué
rhomme avoit le plus grand cerveau de tous les êtres aaimésv
Au reste, les petits animaux ont un^eerveau proportionnelle-
ment plus grand qae les grosses espèces ; par exemple , la cer-
velle d'un rat est-^ de son corps^ celni cfe^Ia souns ~-, celui
du mulot -jT- , celui d'un, moineau-^ , celui d'un sei'in ~ ;
tandis que ches l'éléphant ^ dont on a tant vanté l'intelligence ,
le cerveau n'eab que y^ de son poids. Cette proportion varie
auivant les âges et- Tétat de l'inaivîdu ; car quoique le corp»
soit maigre ou gras^ le cervean reste toujours à-pen-prè» dans
le même état. Aussi dans lliomme la cervelle est tantôt —- ,
-^ , -j^ , ou même -xf de son corps» Dans le gibbon, grand
ainge voisin* de l'homme , il forme -^. Il'est -^r dans le sos-
miri , sorte de sapajou .-Dans le chien , cette proportion varie
depuis -^ jusqu'à -^ , suivant les, races. Dans le bœuf, le
cervean n'est que j^ du corps. Dans le cheval -^ , et che»
l'àne 777 seulement ;1L est assez étonnant qu'il ait plus de cer^
Telle que le- cheval , car il est plus bête. La proportion du
cervelet au cerveau dans l'homme est :.: i : g ; dans le mi-
mtri :: I : 14.; dans le chien :ri : 8;: dans la souri»:: 1 : a;
chez le bœuf:: 1:9; dans le cheval : : 1:7* Dans tous les
animaux à cerveau la proportion de cet organe ftvec la masse
de la moelle alongée et des nerfs qui en sortent^ détermine
assez exactement le degré d'inteUigence de* chacun d'eux».
Ainsi , plus la masse* du. cerveau Temportera'sur celle de la
moeUe alongée et des nerfs^ plus l'animal sera intelligent; exk
eftet, rhomme qui a le cerveau fert gros k proportion des nerf»
qui en sortent , annonce que sa force d^ntendement doit être
plus étendue , et ses sensations brutales et physiques moins
impérieuses ; tandis^ que dans les bêtes chez lesquelles on-
observe de gros nerfii' , et un petit cerveau , les ap|)Ctils sen-
suels et grossiers remplacent la pensée et le jugement : aussi
chez eux le museau > la gueule s'avancent , et le front, le cer-
ceau ae reculent^ comme s*ils mettoient l'appétit^ le plaisir de
S5o C E R
manger et àe boire avant la pensée ; comme t'îb reponasoienC
celle-ci derrière leurs aena brutaux. Ainsi ^ plua le miueau sg
Srolonge^ plus le cerveau se recule, se rapetisse , et plus Im^
ividu est stupide. Vojfez le mot Caane.
Dan9 les oiseaux, le cervelet n'a qu'un seul lobe; ils n'ont
ni c6rp9 calleux 9 ni voûte , ni cloison. transparente, ni
tubercules mamiUaires. Le cerveau des reptues est dé<-
Sourvu de toute circonvolution. L«e nombre do celle-ci est
'autant plus grand que l'animal est plus intelligent : aussi
rjiomme en a plus que toutes les autres espèces, ije cerveaix
des poissons est alongé comme un double chapelet dont les
éminences forment les difiérens nœuds ou tubercules. Les
bémispbères sont très-petits , car iL décroissent en grosseur à
mesure qu'on descend Téchelle de perfection des êtres. Le
cerveau des chiens de mer est 7^ du poids de ces animaux^
il est ainsi extrêmement petit en comparaison de leur corps,
et il ne remplit jumais enùèrement la cavité de leur crâne. On
n'y trouve plus larbre de vie, de même que dans celui Jea
reptiles. A mesure que l'appendice du corps cannelé formant
la voûte des hémisphères du cervecui est plus volumineux , U
paroit que l'animal a plus d'intelligence , buivant les recber^
ches de Cuvier. 11 s'en faut bien , ce|)eiidant , que nous con-*
noissions tout ce qui a rapport avec ce mer\'eilleux organe par
lequel nous entrons en communication avec tout l'univen,
et nous sortons du rang de la brute. Au reste, les difiéreua
états de la cervelle dépendent souvent du tempérament du
corps. Voilà peut*être la cause de la dillérence des esprits; car
on observe . a ans la force de l'eatendement, des moditicationa
qui dépendent de nos tempéramens et de nos campIexions«
Ployez Sens et Nerfs. (V.)
CERVEAU DE MER ou DE NEPTUNE , dénomina-
tion vulgaire d'une espèce de MAnRi.PonK. /^tjjf.ce mot. (S.)
CÉRUMli^N DES OREILLES. C'est une matière de na-
ture gras«e,. concrète, butireuse, d*une grande amertume «
qui est sécrétée par les glandes qui garnissent le méat auditifs
Celles-ci sont nombreuses, peutes, et leur sécrétion e&t lente»
quoique continuelle. En été , cUes sécrèteut plus de cette ma^
tière que dans le temps froid de l'hiver. Cette sécrétion est
aussi plus abondante ctiez les personnes qui se curent souvent
le» oreilles, que chez celles qui négligent ce soin de pro^uvlc.
Quelquefois l'amas du cérumen dans les oreilles est si conaidci*a«
blc, qu'il obstrue entièrement le méat auditif, de sorte qu'il pro«
4uit une' surdité accidentelle , qu ou fait ce^iAer en curant cettt»
matière. Mais elle peut se dessécher et durcir au point d*ètro
tvè9*iacommode^ et même de causer une inflammation et uii«
C E R 65i
otalgie. Pour amollir ce cérumen durci ^ Ton est obligé d'avoir
recours à des injections d'huile tiède. Il ne faut pas se curev
trop souvent les oreilles^ car l'on fait augmenter beaucoup la
sécrétion de cérumen . parce qu'on irrite les glandes qui l'ex-
crètent ; et lorsque le froid l'arrête , on est exposé à de violen**
tes fluxions et a des otalgies très-douloureuses. Chez le» ani-
maux qui ne peuvent pas se curer les oreilles^ le cérumen n#
s'amasse pas en abondance.
Le dedans du méat auditif est fort sensible , et un léger at*
touchement cause une sorte de frémissement que quelque*
personnes ne trouvent pas désagréable. On assure que les
Chinois mettent au nombre de leurs jouissances les plus sen-
suelles , le chatouillement qu'ils se procurent dans l'oreille en.
y promenant un pinceau garni de poils fins. Sans doute lea
glandes en sont irritées , et la sécrétion du cérumen doit être
abondante chez eux.
n paroit que cette matière est formée d'une huile grasse ,
combinée à une résine un peu odorante , acre , amère et
jaune ; car tels sont les principes que l'art chimique y a.
trouvés.
Les usages de cette substance marquent assez la prévoyance
de la nature ; car elle fait fuir les insectes , de sorte qu'ils ne
s'avancent jamais vers le canal auditif. Les poux, les puces et
les autres insectes qui peuvent se trouver sur les animaux et
sur l'homme , ont de l'anliphatle pour cette matière grasse ;
et si l'on pouvoit en amasser assez pour en frotter les parties
du corps qu'on voudroit mettre à l'abri de ces insectes, ce
seroit un très-bon moyen.
En outre, cette matière grasse peut arrêter, comme de la
glu, les fétus, paille et autres corps étiangers qui se seroient
glissés dans Toreille et qui auroient blessé la membrane du
tympan. Le cérumen des oreilles ne se sécrète au reste que
vers l'entrée du méat auditif, et point du tout dans son inté«
rieur , où il seroit plus nuisible que nécessaire. (V^)
CÉRUSE NATIVE ,, carbonate de plomb terreux de cou-
leur blanche. Voyez, PiiOMB. (Pat.)
CERVUS , nom latin du Cerf. Voyez, ce mot. (Dasm.)
CERYLON, Cerylon^ nom donné, par Latreille à uu
nouveau genre d*insectes , qu'il place dans la famille des
Xylophaoes , et dans lequel il fait en\yet\elyctueterébran&
de Fab. , qui est un ips de mon entomologie. Voici les carac-
tères de ce nouveau genre. Antennes raoniliformes, renflées
vers leur extrémité; dixième article formant un boulon qui
' paroit recevoir le onaème. Quatre ai-ticles aux taraefl , les
Ï6, CES
frcôs jpretuieri égaux et simples; corps alcrngé^ corcdet dé*
}>rimé. Voye% Lycte. (O.)
CëSTREAU , Oestrum , genre déplantes de la pentandrîe
monogynie , ei de la famille des Soi^anéu , dont le cai-ac-
tère est d'aroir un calice moiiophylJe,tiibuleiix, très-court et
à cinq dents pea profondes ; une corolle monopétale infun-
dibuliforme , à tube très - long et à limbe partagé en cinq
découpures ; cin<| élamines, quelquefois mnnîes aune petite
dent vers leur milieu ou leur base ; un ovaire supérieur, ar^
rondi , surmonté d'un style à stigmate épais. Le fruit est une
baie ovale ou obronde^ biloculaii^ et polysperme, sa cloison
épaisse dans le milieu et très-amincie sur les côtés.
f7^tf»p]. 1 1 a des liluatr, de Lamarck, où ce genre est figaré.
Les eeetraux sont des arbrisseaux dont les feuillessont sim-
ples et alternes, et dont les fleurs sont disposées en bouquet*
terunnaux ou en corymbes axiUaires, et qui ^ presque tous,
sont originaires de rÀmériqne méridionale. On en compte
une douzaine d'espèces* Les plus remarquables sont :
Le Cestrau NOCTUBNEy dont les filamenssont dentés, le»
pédoncules légèrement rameux et égaux aux feniOes en Ion->
gueur. Il vient de l'Amérique méridionale. Ses fleurs ne sen-
tent rien le jour ; mais elles répandent le soir une odeur agrès-
blé , même trop forte pour certaines personnes. On l'appelle
vulgairement le galant de nuii^
Le CESTRAU A OR£iL>i^.TTE, C'est Vhediunda du Pérou,
plante qui est regardée comme propre à empécber les mala-
dies pestilentielles, et qui répand aussi ime odeur agréable la
nuit et désagréable le jour. Ses caractères sont d avoir les
filamens sans dents ^ les stipules amplexicanles et en croissant,
les feuilles ovales, et les fleurs en panicules terminales. Il vient
fort bien en pleine terre à Paris. L'Héritier en a donné nne
fort belle figure dans ses Stirpes, Il en est de même du Ces-
trau parqui, qui se rapproche beaucoup du précédent, mai*
dont les stipules sont linéaires; et du Cestrau a feuilli^
DE LAURIER , qui fe rapproche du premier, mais dont les
pédoncules sont plus courts que les feuilles. Ils viennent ftmia
deux de l'Amérique méi'idionale*
Xjeparqui est regardé au Pérou comme propre à guérir les
fièvres malignes , quoique les boeufs qui en mangent enflent
et meurent souvent.
Le Cestrau vénéneux, qui a ses feuilles lancéolées,
oblongues , coriaces , et aez fleurs sessiles. Celui-ci est naturel
au Cap de Bonne-£spérance , où ses fruits, an r.ipport de
Burmann , écrasés et mêlés avec de la viande^ servent à em-
poisonner les bêtes féroces.
CET 563
Le ÔÈSTB Alt A FiiBtJliS BLANCHES , Ceêtrufn diurnum Linn.
Celte espèce a leéi filamens dentéa; les découpures de la corolle
Sresquerondesy réfléchit^â, et les feuilles lancéolées. £lle croît
cins le Chili et le Mexique, et répand pendant le joui une
odeur agréable, mais foible. On l'appelle \e galant de jour,
Ruiz et Pavon ont figuré neuf espèces de cesiraux dans la
Flore du Pérou. (B.)
CETACES , Aninialia cetaeea. L'Océan renferme dans
son sein des familles d'animaux non moins extraordinaires
que ceux qui peuplent les continens. Il nourrit les extrêmes
de grosseur et de petitesse dans les productions virantes et
âensibles ; il alimente la baleine gigantesque y et l'animalcule
inicroscopique : on y rencontre tous lès excès réunis. Les
animaux les plus difformes , les monstres les plus formida-
bles y les espèces les plus bizarres appartiennent à l'empire
deâ eaux y dont l'inconstance naturelle semble avoir établi
son influence sur les corps organisés qu'elles recèlent dans
leurs entrailles. £t pour nous borner à la famille des cétacés,
qu'y a-t-il de plus étrange que ces masses vivantes et infor^
mes qui ne sont ni de vrais poissons ni de véritables quadru-
pèdes? qui respirent Tair au milieu des eaux, qui alaitent
leurs petits à la manière des quadrupèdes , et qui sont inter-
médiaires entre l'air et l'eau , sans être en eflet amphibies?
Enfin si nous considérons leur stature démesurée , leur nala*
tion rapide , leur instinct sociable , leurs habitudes plutôt
innocentes que cruelles , avec la force de nuire , nous serons
sur|)ris de ces discordances et des contrastes que nous pré-
sente ici la nature.
£n effet l'animal cétacé examiné dans ses parties inlc-
rieures y a tous les caractères des animaux à double système
nerveux ou vertébrés et à sang chaud. Sa circulation est dou-
ble comme dans Thomme et les quadrupèdes vivipares ; son
cœur a deux ventricules et deux oreillettes ; sa respiration se
fait par des poumons et non point par des branchies comme
cheis les vrais poissons. Le mâle et la femelle ont un véritable
accouplement ; celle-ci met bas des petits vivans qu'elle alaite
de ses mamelles y ainsi que les véritables quadrupèdes. La
forme de leurs principaux organes , tels que le cerveau y les
parties génitales y l'estomac y le foie , le cœur y les poumons y
ressemble beaucoup à celle des autres mammifères ; car ils
appartiennent essentiellement à la même classe. Leur peau,
lissie y sans écailles et sans poils y est enduite d'une humeur
grasse et glutineuse. Leur queue est toujours applatie ho-
rizontalement y et non pas verticalement comme chez les
poissons. Toutes les espèces ont des yeux exti*êmement petits
554 CET
relativement à leur taille ; la forme de leur corps est en gé-
néral cylindrique ou elliptique. Des évents , c'est-à-dire un
ou deux trous placéd 8ur le museau , servent de conduits pour
l'entrée et la sortie de l'air du corps de l'animal : ce sont des
narines placées verticalement pour la facilité de la respiration
de ces monstrueux animaux. Comme ils rejetenl l'eau par
jets hauts de plusieurs pieds en soufflant dans ces narines ,
ils ont été nommés poissons souffleurs ; c'est ce que signifie le
mot tçfiall'fisch , poisson-à-source , ou bien à jet d'eau , nom
appliqué à la baleine , et qui convient aussi aux autres céta-*
' ces : leur principal caractère est d avoir des évents. Lior»-
qu'on n'apperçoit qu'un orifice extérieur^ c'est que les deux
cavités des évents sont réunies. La baleine a seule deux
évent séparés ; dans les autres cé/ac^s^ ils se réuni:i8ent.Tous
ont une tête plus ou moins ap2)latie et prolongée en mu->
•eau. Leur gueule , épouvantable par son étendue, est tantôt
armée de dents coniques^ comme dans les dauphins et les ca-
chalots^ tantôt garnie de fanons, comme dans les baleines > ou
d'énormes défenses, ainsi que chez les narwhals. Les réluctê
ont les organes de la manducation assez foi blés; les nniscJes
qui meuvent leurs mâchoires sont peu robustes ; et quoique
animaux voraces , ils ne sont ni sanguinaires ni féroces.
Leur estomac est très-vaste , partagé en diverses chambres
au nombre de cinq dans la baleine à bec , le marsouin et
l'épaulard ; de sept dans le nésarnak , ce qui annonce qu'ils
«K>nt peu carnivores {F^oyez les articles Carnivore et Herbi-
vore. ) y car ils se rapprochent beaucoup de la faniîDe des
quadrupèdes ruminans. Cependant leurs intestins sont plus
courts que ceux des mammifères frugivores. Ils tiennent donc
une sorte de milieu entre l'état de Carnivore et d'herbivore j
ils se nourrissent en effet de zoopliytes , tels que les actinies»
les méduses ; ou de crustacés , de mollusques , et de petits
poissons , qui fournissciit un alimenl peu animalisé et peu
substantiel y puisque nous les regardons comme du maigre,
et que la religion permet ce genre de nourriture animale dans
les temps de jeûne. Il est étonnant que des matières si pi'U
nourrissantes puissent substanter ces grands colosses de vie ,
et leur fournir cette graisse si abondante dont ils sont comme
encroûtés. Nous en détaillerons plus loin les. causes ; il suf-
fit de dire ici que ces mêmes alimens animaux se présentent
en si grande abondance aux cétacés , et leur estomac est si atn—
pie , qn*ils en font une consommation prodigieuse. Rica
n'égale d'ailleurs l'excessive multiplication de ces substances
alimentaires vivantes qui encombreroient bientôt les mers
laircs j sans la dcstiuclion qu'en font les cétacés* Ces aniin
CET 565
n'ont besoin que d'ouTrir la gueule pour que leur nonrritui^
»'y précipite eu torrena.
On connoit quatre genres principaux de cèUxcés , i®. celui
des haleines proprement dites , qui se distinguent par des la-
mes de corne à la p^ce des dents , el attachées à la mâchoire
nupérieure. Le sommet de leur tête a deux évents. On nomme
fanons ou baleine ces lames de corne posées transversalement.
II y a huit espèces de baleines , celle du Groenland, le nord ca-^
per, le gibbar, la baleine tampon^ la baleine à bosses , la jubart^^^
le rorqual , et la baleine à bec; a^. le genre de^ caclialots^ dont
la tête fait le tiers de la grosseur du corps : elle n'a qu'un évent
Il y a des dents à la mâchoire d'en bas , et quel<]|ues petites
dents applaties a celle de dessus. On en compte six espècea^
le grand cachalot , le petit cachalot , le cachalot trumpo , le
cachalot cylindrique , le microps , et le mular ; 3°. les narà-*
sixils, qui ont une ou deux dents placées hoiizontalement au
deyant de la mâchoire supérieure , et un évent sur lu tète. Q
n'y a que deux espèces , le vrai narwhal et Vanamak ; 4**. le
genre des dauphirhs , qui a des dents aux deux mâchoires , et
un évent sur le front , comprend les plus petites espèces de
cétacés ; on en connoît dix ; le dauphin ordinaire , Je mar^
souin, le nésarnak ou V or que yVépaulard ventru, Vépée da
mer , le béluga , le dauphin à deux dents , le buta-kopf, et
lejerès. Consultez chacun de ces articles > et sur-tout le mot
Baleine.
Les organes des sens sont très*obtus dans les cétacés , et a
cet égard ils sont bien inférieurs aux quadrupèdes vivipare*
et aux oûteaux. Les yeux de la plus grosse baleine ne surpas-»
aent guère ceux du bœuf. Hunter ^qui les a examinés (PAiToj.
trans. yectr. 17E7. ) , assure qu'ib diflerenl peu de ceux dea
quadrupèdes > et ont plusieurs rapports avec ceux des pois-
sons par leurs hunfeurs et leur structui*e ^ ce qui étoit néces-
saire puisqu'ils habitent le même âément qu'eux. Les évents
ou narines de ces animaux paroissent privés de l'odorat ; ces
évents sont ainsi nommés parce que l'animal en fait jaillir^
souvent à une hauteur considérable , l'eau qui entre dans sa
fueule. Chez les narwhals , les cachalots et les dauphins , les
vents se réunissent ensemble et ne forment qu'un seul ori-
fice à l'extérieur ; les baleines eu ont deux. On trouVe à Te?:-
trémité du museau des dauphins deux pelits trous qui servent,
dit-on , à recevoir les sensations de l'odorat ; cependant ils
n'ont point de nerfii olfactifs proprement dits : peut-^tre quo
des rameaux de la cinquième paire en remplissent les fonc-
tions. L'oreille des cétacés n'a point de conque extérieure ,
mais eUe est confoimée en dedans du crâne comme dana
556 CET
riiomrae et tes quadrapèdes. La langue de ces animaux aqua-
tiques est petile et spongieuse. Leur toucher paroit élre bien
obtus , à Ton fait attention que leur cuir épais est garni en
dessous d'une large couche , ou d'un matelas de graisse et
d*huile. Les femelles ont deux mamelles placées près du Tagin
dans un sQlon longitudinal. On troure chez les mâles une
verge fort grande qui est entourée d^ln fourreau ; leurs tesf i«
cules sont renfermés dans le bas-ventre. Les parties génitales
des femelles ressemblent à celles de la vache ou de la jument.
Voyez Bonnaterre , pi. de VJEne/clopédie méthodique , Glo^
'logie , planche 4 , fig^ s.
Le cerveau des dauphins varie beaucoup en proportion
relative à leur corps ; tantôt il n'en fait qu'un los*, tantôt
c'est un 56^; dans le marsouin , il forme un q3* : ces diffé-
rences très-considérables empêchent d'établir des règles fixes
à cet égard. Il paroit toutefois que la cervelle est peu abon-
dante chez tous les cétacés , quoique leur crâne ail un^*
grande capacité. Mais comme il y auroit nn espace vide entre
les parois du crâne et celles du cerveau de ces snvcasux , la
nature l'a rempli d'une matière huileuse concrescîble â J'air :
on la'nomme alors afanc de baleine , ou plus improprement
sperme de haleine , ôar elle n'a aucun rapport avec la se-
mence de ces animaux. Les cachalots qui ont une tète mons-
trueuse , et qui fait quelquefois la moitié ou le tiers de rani-
mai, l'ont presque entièrement remplie de cette huile cou -
crescible. Le cerveau d'une assez forte baleine à bec n^.*
pesoit que quatre livres dix onces poids d'Angleterre : la
taille de cet animal étoit de dix-sept pieds.
Avec un petit cerveau nageant dans l'huile , avec des nerfj
enveIop|)és de graisse , il n'est pas probable que les céiactt
jouissent d'une grande sensibilité et d'une intelligence un
peu étendue ; ils doivent être , au conliture» fort slupidcs ,
a 'un caractère grossier et sauvage. C'est en effet ce qu on n^
marque ; il est rare en effet de trouver beaucoup d'instinct »
de sensibilité et d'intelligence dans les gros animaux. Ces co-
losses animés tiont tous matériels , et en général les petites es-
pèces ont plus de vivacité et d'instinct que les autres. Corn-
pai^ez un écureuil , un sapajou , un castor à un rhinocéros ,
un hippopotame, nn chameau , vous verrez une extrême dif-
férence dans rétendue de leur esprit ou de leur entendement.
Parmi les oiseaux , combien un rossignol , une mésange, un
serin , une perruche , &c. , ne sont-ils pas supérieuna une
autruche, une oie, un dindon , &c. ? Dans les msectes mènit>,
une fourmi , une abeille , une mouche • ac^mblent bien pins
spiritueUes qu'un lom'd scai'abée , ou un hanneton étoui du
CET "557
On me dtera peut-être Téléphant comme fine exception ; je
conviens qu'il est intelligent , mais il doit cet avantage à sa
trompe , qui est un sens particulier , une extension ae son
tact et de son odorat ; sil en étoitprivé^ilseroit aussislu-
pîde , aussi imbécille , aussigrosaier que le rhinocéros : tout son
esprit est dans sa trompe , et non pas dansle reste de son corpi%
On observe d'ailleurs que lesajoimaux qui vivent habituel*-
lemeot dans les eaux ont en général moîos de facultés mora*
les que tous les autres. Quelqu'éloge qu'on ait fait du dau-
phin , }e ne trouve dans ses habitudes et sa constitution , que
la confirmation de la stupidité des cétacés ; nous ne sommes
plus au temps d'Arion , et nos dauphins ne transportent point
aujourd'hm sur leur dos les hommes qui font naufrage. Sé-
parons la mythologie de l'histoire de la natujre. Sans doute
les céàacéa ne sont pas féroces , leurs habitudes sont paisibles
comme celles de tous les animaux ^ras , à fihres molles , et
pourvus d'un large estomac; mais cette même conformation
contribue à leur stupidité. Ce n'est pas seulement parmi les
hommes qu'on remarque une insensibiUté , une paa*esse d'in-
teliigence , un esprit bouché , un poeur étroit dans les individus
mous f massifs et vomœs , comme sont les imbécilles , les cré-
tins 9 quelques habitans du Nord et des pays humides , &c.^
mais il en est de même parmi les animaux , comme les co-
dions , les cétacés, les oiseaux d'eau , tels que les oies , les ca-
nards , les goélands , et tous les poissons. Rien , en effet ^ .n'ap-
porte plus d'obstacle à l'esprit que cette habitude grossière de
manger avec excès ; et l'homme le plus intelligent est pres-
aue hors d'état de réfléchir ajprès un grand repas j tandis que
1 esprit est bien plus libre à jeun. Aussi les animaux qui ont
de vastes estomacs et qui mangent beaucoup à-lk-fois, sont
louixls^ mous , stupides et gras pour l'ordinaii^ 1 comme les
ruminans , les herbivores , les cétacés , les espèces vomces.
MaJA ceux qui mangent i^us rarement , et dont l'estomac est
plus petit 9 sont vifs, inteÛigens, et maigres , comme les qua-
drupèdes carnivores 9 les rongeurs , les aingesN, les petits oi-
seaux insecthrores , &c. Quand on occupe beaucoup les for-»
C9S du corps à une fonction , elles se trouvent plus foibles
dans les autres. Ainsi ceux qui excellent dans un genre , sont
au-dessous des autres dans un genre différent. Le cétacé vit
tout entier dans son estomac > ce qui diminue la vie des autres
parties de son corps ; il semble né seulement pour former de
la graisse ou de l'huiJe , et rien n'y seroit plus contraire qu^
des facultés morales étendues ; car on .voit toujours les êtres
les plus spirituels et les plus passionnés , maigres et délicats*
Ce ^ui favorise encore l'abondance de cette huile dont tout
558 CET
le Corps des céiacit est plus on moins imliibé , c'est Tétendua
de leur tifl»u cellulaire , la grande quantité de leur sang et
rhumidité de leurs chairs , toutes choses favorables à la pro*
duclion de la graisse. ( F'ofet l'article Graisse , dans lequel
^ous traitons de cet objet.) Toujours plongés dans l'eau , il
est naturel que les eétacês soient d'une constitution humide»
et' remplie abondamment d'un sang aqueux. Une baleine
blessée rougit les ondes du sang de sa plaie , dont elle sent à
peine la douleur au travers de son lard épais. Aussi les céta^
ces ne poussent presque jamais de cris de douleur ou de plax*
sir y quoiqu'ils ne soient pas muets. On les croiroit insensibles,
ear souvent on leur enlevé de larges lambeaux de chair avec
le harpon qu'on leur lance ^ sans qu'ils paroissent en être af-
fectés. Leur sang est chaud comme celm des animaux terres-
tres. L'aorte ou l'artère du cœur du grand cachalot a un pied
de diamètre , et chaque contraction du cœur y pousse envi-
ron cent livres de sang ^ ce qui peut faire cinq milliers par
minute. Quel fleuve oe sang auprès de celui d'une souris !
Cependant ces vastes animaux n'ont pas un sang plus chaud
que les plus petites espèces de quadrupèdes, parce que la cha«
leur des corps vivans parott dépendre beaucoup de la Resfi-
BATioN. ( Kof, cet article. ) Les poumons des cètacét ont des
cellules qui se communiquent entr'elles , de sorte qu'en souf-
flant dans une seule bronche « tous les poumons se gonflent ,
ce qui n'arrive point aux autres mammifères. Les célaoèê ont
d'ailleurs un diaphragme robuste posé obliquement , et des
muscles intercostaux très-forts pour étendre dans l'inspira-
tion , la cavité de leur poitrine comprimée par le fluide dans
lequel ils nagent Ils peuvent souvent plonger pendant un
3uart-d'heure , sur-tout lorsqu'on les poursuit sous les glaces
es mers du Nord. Ces animaux respirent moins que les
mammifères terrestres ; leur sang reste plus chargé de molé-
cules d'hydrogène et de carbone (Cb7t^ii/!fes l'article Respira-
tion.)» matières qui forment de la graisse ou de l'huile quand
elles se séparent du sang dans le système veineux du bas»
rentre et sur-tout dans le foie. Aussi les cétacés ont-ib un
foie trcs-considérable et très-huileux ; ce viscère grossît en
général dans tous les animaux qui sont gras » ou plutôt il est
une cause de leur engraissement. Les poissons nutleux ont
de même un foie très-gras.
Le lard des baleines est 'contenu entre les mailles de leor
tissu cellulaire , il est très-huileux et très-rance ; .Q exhale
quelquefois des vapeurs inflammables lorsqu'on l'extrait du
corps de l'animal.
Le corps des cétacés est soMout remarquable ^par le df*
G E T ^ _ 55<|
flbut de pattes de derrière, car lei nageoires de leur poitrin*
*ont dé véritables pattes* de devant , mais formées pour la na-
fation. Dans l'intérieur de ces nageoires, on trouve une omo*
plate y un humérus , un rudius et un cubitus très-courts ; en-
suite tous les os du carpe , du métacarpe {os delà main ) , et
cinq doigts avec leurs phalanges ; mais toute cette conforma^
tion est très-raccourcie et couverte de muscles et d'une peau
épaisse. Au lieu des os du bassin , on ne rencontre que deux
petits os placés à l'origine de la queue qui est horizontalement
applâlie et divisée en deux lobes latéraux. Plusieurs espèces
portent encore une nageoire sur le dos. Tous les cétacés na-
gent avec beaucoup d'agilité ; le dauphin est sur-tout remar-
quable par l'extrême vivacité avec laquelle il fend les ondes :
il glisse plutôt qu'il nage. Souvent ces animaux bondissent et
se jouent sur les vagues : ils pai*oissent gais. Les tempêtes ne
les effraient pas; on les rencontre presque toujours attroupés,
et ils suivent les vaisseaux dans de longs trajets. La couleur
de la peau des cétacés est noirâtre en général ; elle s'éclaircit
Biir le ventre , où la peau est moins épaisse. On prétend qu«
le lait des femelles est gras et nourrissant ; celui du nésarnak
a le goût du lait de la vache auquel on auroit ajouté de la
crème. (Bonnaterre, ^/irjc/b/>. m^M. Cétolog. inirod, p. xviij.)
Il paroit que les petits des cétacés tettent pendant long-temp8«
Les mères sont fort attachées à leurs petits et ne les quittent
{)as. Ces animaux aiment à vivre en troupes , car il est rare de
es rencontrer seuls. Il paroît que les mâles ne prennent qu'une
femelle et sont plutôt monogames que polygames. Leur ac-
couplement se fait sur le côté , en rapprochant leur ventre ;
ce qui est commun à tous les animaux aquatiques qui s'accou-
plent^ parce que la forme elliptique de leur corps ne leur per*
met pomt de s'unir à la manière des quadrupèdes. Les fe-
melles des plus grandes espèces ne portent pas leurs petits dans
leur sein plus de dix mois ; ce qui est probablement un term^
suffisant pour tous les animaux , car on a vérifié depuis peu que
la femelle de l'éléphant ne portoit guère que ce même temps,
et non pendant deux ans , comme on lesupposoit. Il n'y a , en
effet, d'autre différence entre la conformation d'un petit et
d'un grand foetus que leur masse, mais toutes les proportions
étant les mêmes , les dilRcultés sont égales. Les temps peuvent
donc être égaux dans la vache et dans la beleine, qui portent
toutei deux leurs foetus pendant dix mois. Au reste, les cétacés
produisent un ou deux petits à chaque portée, et leur accroisse-
ment paroit être assez rapide à cause de la mollesse de leur cons-
titution ; ce qui est commun à tous les animaux pourvus d'un
scïuiblable tempérament. Quoique tous les quAdrupèdes vivi^
56o C E T ^
parés dontraccroiMementest rapide, aient aneyieatiezcoortr,
c*ettt-àdire six à sepl fois aussi longue 'que le temps de la cn>L''
sauce, on pense que les cétacés vÎFent pendant un temps trèî-
long. 8i une carpe vit deux cents ans ^ une l>aleine pourra biea
en vivre mille , a dit fiufTon. Cependant les animaux ne vivent
pas en proportion de leur masse, car un oiseau vit peut-être
quati'e ou cinq fois plus qu'un quadi*upède très-gros : on a vu
dea perroquets vivre cent ans ou même davantage , ce qui ert
plus que Fhomme , pour l'ordinaire , et peut-être plus que Télè-
phaiiU Pline et Albert-le*6rand prétendent que les dauphins
vivent au moins cent trente ans. Comme les cétacés ont les os
pluscartilagineux et plus spongieuxque ceux desquadrupèdes,
comme leur chair est plus molle, plus extensible, leurs or-
ganes deviennent moins promptement rigides et inactifs , et
peuvent conserver plus long-temps leuxB propriétés xitalo.
La plupart des oélacés, les grandes espèces sur - tout, pa-*
roîflsent préférer les mera polaires du Nord et du Sud, aux
tner» des Tropiques, où la chaleur fondant leur graisse hui-
leuse pourroit leur causer des congestions et des maladies fu-
nestes. LjBs animaux gras recherchent communément lespaja
ftxuds ; toutefois les petites espèces de cétacés se trouvent dans
toutes les mors. Ces animaux sont ^n général aasex abondans.
On prétend que les seuls Hollandais ont péché , depuis 1669
jusqu'en 1780, plus de cinquante-cinq mJiUe baleines aur les
côtes de Spits^berg et c^e Groenland , et il en faut peut-être
compter encore deux fois autant pour cdles que les autres na-
tions européennes ont harponnées et détruites.
JL'bonune n'est pas le seul ennemi des cétacés , qvwûqu'il
joit le plus redoutable et l'un des plus petits. Les requins» ks
poitsona-scie , l'espadon , l'ours blanc , les phoques, cx>mbat-
lent coAtr'eux avec fureur. Flusienrs espèces de cétacés m
battent encore entr'elles : ainsi le narwhal perce de sa longue
dent la baleine franche. De^ poissons , tel que l'épée de mer »
les blessent profondément ; le poisson-scie déchure les nord-
caper , &c. Les céUtcés portent à leur tour le ravage «"t la
guerre dans les bancs de harengs, de morues, qu'ils englou-
tissent par milliers ; les cachalots attaquent les phoques , les
dauphins font leur proie de saumons marins.et même de re-
quins. Le dauphin épaulard est sur-tout très-vorace et très-
courageux ; il n'épargne pas les poissons et combat hardiment
les plus fières baleines.
La taille des cétacés varie extrêmement , car il y a des eipècea
de dauphinsqui n'ont guère que sept à huit pieds de longueur;»
tandis que les baleines ont quelquefois cent pieds et plus ; mais
celles-ci sont duveuues |rès-rares, parce qu on en a oètruil un
CET ^ 66i
trè»*grand nombre depuis quelques scîècles ; peut>è(re même
on doulera un jour qu'il en ail existé de cette taille y et nous
msseroiis pour des exagérateurs. Les anciens paroissent avoir
beaucoup exagéré cependant la taille des baleines^ car Plino
assure que quelques-unes ont neuf cents pieds et plus^ ce qUi
eat contre toute vraisemblance.
Les cétacés voyagent quelquefois de parages en parages* Oa
trouve souvent de l'ambre gris dans Festômac dea cachalots,
et on prétend même qu^y est formé. (F'oyez l'article A mbrs-
GRIS.) Le blanc de baleine est fluide dans la tête de Tanimaji
dont on le retire ; mais il se concrète à Tair par l'action de
Toxigène qui lui enlève- une narlie de son hydrogène et qui
s'unit à son carbone. L'huile de baleine peut déposer aussi du
blanc dé baleine , en l'exposant à l'air. Nous traiterons dans
les articles baleine » Qaçhaht, &c, de la pêche de ces animaux
et de leurs habitudes particulières. La chair des cétacés est
désagréable au goàt , et on n'en peut manger qu'avec répu-
gnance y excepté celle des jeunes, ou de quelques parties du
corps privées de graiase rance et iétide. Les fanons de baleine
s'emploient daxis les arts; c'est ce qu'on nomme de la ba^
ieine» Les huilea.de baleines servent dans une foule d'qsagea
de la vie humaine , sur - tout pour brûler. Le hknc de ba-
leine est usité en médecine, qws on en fait plus commu-
nément de la belle bougie. Qui peaseroii que ces monstres
épouvantables deviendroieftt la. proie de l'homme , et que de
foibles enfans se joueixûeni» ^vec la matière des £inons qui
garnit la gueule énorme d'un céiacè? La force est donc infé-
rieure à rinteiligence et à l'adresse ? La main de l'homme est
donc un instrument plus terrible que cette puissance dérne-
•urée des monstres de l'Océan? Dix doigts et un cerveau, voila
ce qui tient et maitnse la tem, l'air et les mers, voilà ce qui
a conquis a l'hcmune le sceptre du monde. CansuUê* notre
article JSuuubjnh. (V.)
Des Bakmiiea des Cétacés.
On trouve toujours dans l'intérieur de la bouche et dans
les intestins des cétacés, une grande quantité de vers intesti-
naux , et sur leur peau ou dans la substance même de leur
lard, plusieurs autres espèces de vers ou de mollusques, tous
plu^ remarquables les uns que les autres. La plupart ont été
mentionnés à leur genre; mais il faut noter ici le Bai^anits
x>xaiTiLL, ainsi ^ommé de «a forme, approchant d'un dé à
coudre» qui ne se trouve dans le dernier cas >^ue parce que
«on artiçj!» étoit ifnpçimé lorsqu'on en a eu connaissance.
IT. Nn
66îi C E T ^
On peat voir au mot Bai^akite la amgniiere oon formation
de ces coquillages et le mode de son accroisKment, d'après
la théorie de Braguière y théorie appuyée par la découverte
que j'ai faite du Bai<anit£ des mabrépores ; ici celte théorie
est encore confirmée , mais d'une manière négatÎFe.
£n effet, les balaniie* qui vivent sur les corps solides , ont
des coquilles de trois ou six valves articulées» sans compter
celles de l'opercule ; ceux qui vivent dans les corps durs, leU
que le balanite des madrépores , les ont de deux valves , dont
une est conique , et l'autre presque plate ; dans le balanite di^
gital,e\\e n'est composée que d'une pièce , et n a pas besoin
d'en avoir davantage, puisque l'animal qui la forme est des*
tiné à vivre dans un corps mou.
Voici ce que j'ai remarqué sur plusieurs exemplaires, prit
dans le lard d'un marsouin , et rapportés d'Angleterre par
Dnfresne.
La coquille est un cône tronqué de trois on quatre lignes
de diamètre, sur lequel on remarque, extérieurement, dea
boiu*reletB circulaires qui indiquent les accroissemens annuels ,
faits'probablement sous la peau dn eétacé ; celle peau reconrrv
sans donte , en partie, les quatre valves de Tcqiercule ,ou mwax
dans laquelle 1 animal conserve un trou proportionné k la
grosseur de ses letitaciiles , pour pouvoir communiquer avec
l'eau , et absorber les animalcules marins nécessaires a sa
nourriture : ainsi cette peau fiiit l'office 4® 1* seconde valre
observée dans le balanite des madrépareM,
Il est probable que ce balanite a une seule valve,a commencé
par un point ; mais à mesure qu'il grandit , les parties infe*
rieures de sa coquille sont brisées par Teflet de l'accroîasement
du eétacé y aussi les exemplaires que j'ai vus étoient«»ils ton»
tronqués, comme je l'ai déjà observé, et la Ironcatuie éloil-
elle Arrmée par une simple membrane. I«eur longueur iw
surpassoit pas sept à huit lignes, épaisseur ordinaire du lard
des marsouins siu* lesquels ils avoient été trouvés.
Il eût sans donte été k désirer que j'eusse des observations
j)1us précises sur cet intéressant coquiUagie ; mais ce qu'on
vient de lire mettra suffisamment sur la voie ceux qui senmt
k portée de le voir vivant. ( B.)
CETÉRACH, espèce dfs fougère du genre Dorauii^ijs ,
Asplenium ceterach Lânn. royet au mot DoRAnii.i.s. (B.)
CÉTOINE , genre d'insectes de la première section ide
Tordre des Coi^ÉopTàREs.
Les cétoines ont le corps un peu déprimé; deux «ilea
membraneuses , cachées sous des él3rtres de ibrrae preaque
«arrée; lea antennes courtes^ en masse tripbjUe, c<
CET 665
it dix arliclea; la tête inclinée, étroite^ reboi'dée; les man-
dibules membraneuses , à peine apparentes, sans lèvre supé«
rieure ; quatre anlennules inégales, presque filiformes ; les
jambes dentées, et cinq articles aux tarses de toutes les
paltes.
Le pnncipal caractère qui distingue les cétoines des scara*
bées, avec lesquels elles ont été confondues, consiste dans la
forme du chaperon et dans l'absence à? peu-près des mandi-
bules ; les mandibules très<-peu apparentes et Tabseace de
la lèvre supérieure , suflSsent aussi pour les distinguer des
hannetons*
Ce genre néanmoins ayant présenté des variétés assez sen-
sibles , a donné lieu à trois divisions ; la première comprend
les cétoines à mandibules membraneuses, avec une pièce
triangulaire à la base des élytres ; la seconde , celles à mandi-
bules membraneuses sans pièce tiôangulaire ; la troisième,
celles à mandibules cornées sans pièce triangulaire.
un trouve lescétoines , pendant l'été , sur les fleurs en om-
belle, sur les fienn composées, sur les saules, les peupliers,
les buissons fleuris, les naies, &c. On ne doit pas les con-
fondre avec les hannetons, les plus malfaiaans de tous les
insectes , destructettrs des racines de tous les végétaux , et des
feuiUes de tous les arbres. Les cétoines ne font pt^squ'aucun
tort aux plantes dans leur état de larve, et elles fréquentent;.'
les fleurs, sous leur dernière forme, sans leur nuire; elles
se contentent uniquement de la liqueur miellée répandue
au fond de la corolle, et n'attaquent jamais ni. les fleurs ni
les feuilles.
Les larves des cétoines vivent dans la terre grasse et hu-
mide , dans le terreau , dans les terres argileuses , dans ceUes
qui se trouvent au voisinage d'une rivière , d'un lac ^ d'un
étang ; elles se nourrissent de terre grasse , d'argile , de débris
des végétaux , et quelquefois aussi de racines. Elles restent
ordinairement trois ou quatre années dans cet état de larve ;
semblables à celles des hannetons , elles s'enfoncent, à ta fin
de l'automne , à la profondeur de deux ou trois pieds , pour
se mettre à l'abri du firoid', sepratiquent une loge dans laquelle
elles passent l'hiver, sans prendre aucune nourriture , et efles
n'en sortent qu'au retour de la belle saison. Elk^s ont le corps
mou , asses gros, un peu renflé , composé de douze anneaux
peu distincts , avec neuf stigmates oe chaque côté , et au-
dessous des stigmates , un rebord ou espèce de bourrelet un
|)eu ridé ; la tête petite , plus large que longue ,> assez.i[ure ,
munie de deux antennes courtes, filiformes, articulées, com-»
posées de cinq articles aases diitiacts ; la bouche pourvue de
2
564 C E T . ^
deux mandibules cornées^ dures , arquées , mullidentéei y de
deux mâchoilres membraneuses^ de deux lèvres et de quatre
barbillons articulés \ fax pattes assee courtes, écailkuses. £iles
juuent ou cliangeni de peau une fois chaque année.
On peut facilement élever ces larves dans une terre grasie »
un peu humide^ sans leur donner même aucune sorte de
nourriture , pourvu toutefois qu'on entretienne avec soin
l'humidité de la terre ; elles se plaisent davantage dans le ter*
reau , dans une terre cbargée de débris de végétaux. Lors-
qu'elles ont pris tout lem^ acca-oissement , à la fin de la troistème
ou quatrième année, elles construisent une coNque ovale avec
des grains de sable , de terre délayée, de débris de végétaux ,
et quelquefois aussi avec leurs excrémens : cette coque est trè»-
aolide , quoiqu'asses mince ; l'extérieiur est in^al et raboteux ,
mais les parois internes sont lisses et très-unies. Dès que
la coque est construite , la krve se raccourcit peu à peu j son
corps se gonfle , et elle quitte sa peau de larve pour se changer
en nymphe. Le temps de la dernière métamorphoae étant
venu , l'insecte quitte sa peau de n3rmphe,'perce la coque,
sort peu à peu de terre, et prend son essor sur les fleurs.
Les larves des espèces placées dans la«econde divison , no
différent des premières que par leur mamère de vivre. On les
trouve dans le bois mort , d[ans la racine des arbres^ qu'dles
percent et rongent. Leurs mandibules seulement sont pfais
fortes et plus tranchantes que celles des autres eéioines.
Nous ne oonnoissons pas la larve des espèces de la troisième
division ; mais nous ne doutons pas qu'elles ne vivent dans la
terre , et qu'eUes ne ressemblent à celle des hannetons^
Parmi plus de cent vingt espèces de céioine$y les plus re-
marquables et les plus connues sont :
La Goliath ; sa iéte est armée k sa partie antérieure de
deux cornes divergentes, un peu recourbées , réunies à leur
base \ de chaque côté de la tète , au-dessus de l'insertion des
antennes, s'élève une autre corne, lar^e, courte, en forme
d'oreille \ le corcelet est d'un brun noirâtre, avec les bords
latéraux , et cinq raies longitudinales d'un blanc sale ; les
ély très sont brunes avec un peu de Uaao à leur base. Elle se
trouve k Sierra-Léon*
La PoLYPHÈME a ses âytres vertes , tachées de jaune ; aa
tête est armée de trois cornes, dont une antérieiu^, lon^pie,
recourbée, noire et bifide à l'extrémité, avec les diviuonB
arq^uées ; les deux cornes latérales sont plus courtes , simples ,
noures , presque droites, et terminées en pointe. Elle se trouve
dans l'Afrique éauinoxiale.
La DoBis est a'un vert doré en deisus , d'un vert cuivreiuK
C E Y 665
en dessous; les élytres ont des limes courtes^ traiitfrerses»
ondées. Elle se trouve dans tonte 1 Europe.
La MoRio est d'un noir mat en dessus > d'un noir luisant
en dessous. Elle se trouve au midi de la France, en Italie^ suri
les fleurs ^ et plus particnliàrement sur le tronc des saules. (Oc)
CËVADILLE, graine qu'on emploie pour faire motuîr
les Poux ( Voyê% ce mot. )^ et quelquefois qu'on applique sur
les parties attaquées de gangrené. On croit que cette graine
n'est autre que celle de la Daufminelle staphisaiore ,
Delphinium ataphUagria linn. ; mais comme il en vient du
Sénégal et du Mexique « il y a lied de croire que plusieura
graines qui ont les mêmes propriétés, ont été confondues soua
le même nom. (B.)
CEUILLER. Voye% Savacou. Belon a donné la mémo
dénomination à la spatule, mais improprement, puisque les
deux pièces du bec de cet oiseau sont de larges palettes, et
ne ressemblent en rien à une cuiller, Voyez Spatule. ( S.)
CEYLANITE ( Lametherie. ) — PjLÉONAftTX ( Haiiy ),
SCHORL KOIR OCTAEDRE ( de Bom ).
Lametherie a donné le nom de cevlanUe à cette substance,
parce qu'elle paroît avoir été observa , pour la première fois ,
par Rome Delisle, parmi des tourmalines de Geylan : il la
regardoit comme une espèce de schoii ou de grenat.
Sa couleur est d'un brun noirâtre ^ et sa forme la plua
simple, un octaèdre régulier; maia ses troncatures se multi-
plient quelquefois à un tel point, qu'elle a jusqu'à quarante-
quatre facettes.
Elle est plus dure que la tourmaline, et ne s'électrise point
par la chaleur. \
Sa pesanteur spécifique est de 5,766.
Elle est infusible au chalumeau. Suivant l'analyse faite par
Descotils, elle contient:
Silice a
Alumine 68
Magnésie i a
Oxide de fer 16
Perte. ^. a
lOO
n paroît certain que la ûeylanite est un produit volcanique
qui vient du Pic-d' Adam , ancien volcan situé vers le centre
de File lie Ceylan , puisque la même substance se trouve
parmi les éjoctioiis de différent volcans d'Europe. Plusieurs
naturalistes en ont observé dans les produits du Vésuve.
( Ureialak, t. 1 , p. i65. )
566 ^ C H A
Nos anciens volcans d'Auvergne en contiehnent égale*
ment. Le naturaliste Launoy en a rapporté d'Auvergne de»
échantillons^ dont quelques-uns avoient passé dans le cabinet
de mademoittelle de Raab. De Bom les décrit ainsi : a Schorf
3> cristallisé ^ opaque , octaèdre ^ noir ^ à deux pyramides tétrae-
-» dres jointes base à base , de l'Auvergne , en France.
» Ce sont de très-petits schorls dont la cristallisation est
x> parfaite , semés sur le quartz gras transparent d. ( CataL ,
tome 1 9 page 16 1.)
Xie même auteur en cite d'autres qui viennent des mon-
tagnes voisines de Pucbau en Bohême ( contrée qui présente
de toutes parts des traces indubitables d'anciens volcans). II
les décrit en ces termes :
ce Schorl cristallisé , noir, opaque, solitaire , octaèdre ^ k
j> deux pyramides tétraèdes jointes base k base.
y) Le bord d'un des angles opposés dans chaque pyramide
» est tronqué , de même que deux angles solides opposés ; ce qui
30 fait de ce cristal un polyèdre de douze plans )>. (ibicL) (Pxt,)
C£ YX , Ceyx , ce nom a été donne génériqnement par
le professeur Duméril à des insectes rangés jusqu'ici avec les
mouches proprement diies^muscapetronella, com&îmUa LÀnn . ;
nous laissons encore ces insectes dans le même genre musca ,
et nous en formons , ainsi que de quelques autres , noire di-
vision des mouches iongipèdes.
Ces diptères ont leurs balanciers découverts, la tête tout-à-
fait ronde , séparée du corcelet par un cou ; le corps fort
alongé ; l'abdomen long , souvent presque cylindrique , avec
les pattes souvent fort longues.
Je partage cette famille des mouches longipèdeM en deux ;
les unes ont leurs pattes postérieures de la longueur du corps
au plus, et les autres les ont plus longues ; les ceyx de Dumé-
ril appartiennent k cette première subdivision ; j'y mets le
mulion ichneumonifonne de M. Fabricius ; mais celui-ci est
aisé à distinguer des ceyx par la longueur de ses antennes. (L.)
CHAA ou TCHA , thé du Japon , à feuiDes trce-petites,
et que , dans le commerce, on appelle fleur de ihé. Voyes
THi;.(S.)
CH ABIN , l'on appelle ainsi , dans quelques-unes de nos
iles de l'Amérique , l'animal produit par l'accouplement dn
bouc avec la brebis ; ce mulet a les formes de la mère et le
poil du père. On le dit fécond ; cependant l'on ne connoh
Ïoint encore de race intermédiaire entre la chèvre et la bre-
is, ce qui ne manqueroitpas d'arriver si , comme on le pré-
tend , le chabin avoit la puissance d'engendrer et de se mul-
tiplier. (S.)
I
I
C H A 5C7
CIIABQT ^ nom vulgaire d'un poisson du ^enre Cotte ,
CoituM gobio y qu'on U'ouve dans toutea les ririères , et dans
la plupart des ruisseaux de TËurope et de l'Asie septen-
^ouale , et qui est très - remarquable par la grosseur de sa
tête. Ou le connoit aussi sous le nom de meunier y d'âne ou
de téld cTâne* Voyez au mot Cotte. (B.)
CHABUISSëAU. Les pécheurs de la Rochelle donnent
ce nom à un petit poisson qui a une ligne bleue assez large
de chaque côte du corps. On ignore à quel genre il appar^
tient. On donne aussi ce nom à une espèce de cyprin , le
Çyprinua jeaea linn. Voyez au mot Cyfain. (B.)
CHACAL ( Cania mesomelaa Linn. Voyez tome 33 ,
page 167 y pi. 1 7, de V Histoire naturelle des quadrupèdes de
Bufbn y édition de SonninL ) , quadrupède du genre et de
la famille des Chiens , et de Tordre des Carnassiers , sous-
ordre des Carnivores. C'est une espèce très -voisine de
TAdive ( Voyez ce mot. ) i mais qui cependant doit en être
distinguée.
Le chacal, qui semble tenir le milieu entre l'espèce du loup
et celle du chien , et qui ordinairement est d'une plus haute
taille que Vadive , })aroit varier de grandeur et de couleur ,
selon la dilléi*ence des climats qu'il habite. Les écrits dea
voyageurs nouÀ apprennent qu'il y en a par-tout de grands
et de petits \ qu'en Arménie , en Cilicie , en Perse et dans
tout le Levant , où cette eapèce est très - nombreuse , très-in-
commode et très - nuisible , ils sont communément grands
comme nos renards ; qu'ils ont seulement les jambes plus
courtes , et qu'ils sont rei^arquables par la couleur de leur
poil , qui est d'un jaune vif et brillant ; c'est pour cela que
plusieurs auteurs ont appelé le chacal loup doré, £n Barbarie,
aux Indes orientales» au Cap de Bonne-Espérance, et dans les
autres pi*ovinces de l'Afrique et de l'Asie , cette espèce pa-
roit avoir subi plusieurs variétés ; ils sont plus grands oans
ces pays plus chauds , et leur poil est plutôt d'un brun roux
que d'un beau jaune » et il y en a de différentes couleurs. Celui
que les colons du Cap nomment chacal gris est haut de dix-
nuit pouces ; les poils dont il est couvert sont mélangés de
gris clair et de noir; le bout de la queue est tout-à-fait noir.
Le cltacal, avec la férocité du loup , a un peu de la fa-
miliarité du chien ; sa voix est un hurlement mêlé d'aboie-
mens et de géinissemens ; il est plus criard que le chien , plus
vorace que le loup ; il ne va jamais seul , mais toujours par
.troupe oe vingt, trente ou quarante ; ils se rassemblent chaque
loir pour faire la guen*e et la cliasso; ils vivent de petits ani-
us C H A
maux 9 et se font redouter des plus puîsaans par le nombre ;
ils attaaueiit tonte espèce de bétail ou de volaîUes presqo'a
la vue des hommes; ils entrent insolemment et sans marquer
de craintes dans les bergeries, les étables, les écuries ; et Ion-
Ïa'ils n y trouvent pas autre chose , ils dévorent le cuir de»
amois , des bottes , des souliers , H emportent les lanièrei
qu'ils n't>nt pas le temps d'avaler ; faute de pnûe vivante, ib
déterrent les cadavres des animaux et des nommes.; on est
obligé de battre k terre snr les sépultures , et d'j mêler de
grosses épines , pour les empêcher de la ^«tler et fouir , car
une épaisseur de que^ues pieds de terre ne suffit pas pour
les rebuter , ils travaillent plusieurs ensemble ; ils accom-
pagnent de cris lugubres cette exhumation , et lorsqu'ils sont
ime fois accoutumés aux cadfivres humains, ils ne cessent de
•courir les cimetières , de suivre les armées , de s'attacher aux
caravanes. Tous les voyageurs se plaignent des cris , des vols
et des excès du chacal, ^ui réumt Timpudence du chien à
la bassesse du loup , et qui , participant de la nature des deux,
;iemble n'être au'un ocfieux composé de l'un et de 7 aolre.
Le chacal, d'après les savantes recherches deBulïbn , pa-
x^ojt être le même animal que le thos d'Arislolè. Ce quadxu^
pède porte dans le Levant le nom de jackal , en Perse celui
de jacard , en Barbarie celui de dèeb , au Bengale celui de
/aqus parel , &c« (Desm.)
t^HACAL GRIS. C'est le nom donné à une variété de
ji'espèce du cJiacal , qui habite leji environs du Cap de Bonne- <
Espérance. Voyez Chacal. (Dssm.)
CHACAMEL. Foyez Rancanca. (S.)
CHA - CH A. C'est un des noms vulgaires de la Utarm
dans quelques parties de la France. Voyez Litouke. (S.)
CHACHALACAMELT. Voyez Chacamei.. (S.)
CHACHA VOTOTOLT , oiseau du Mexique , d'une
taille un peu au-dessus de celle du chardonneret ; il a vu
petit bec noir ; le dos varié de bleu , de noir , de cendré \ le
ventre jaune ; les pieds bruns. (Vieili<.)
CHACRELLE. C'est la même chose que la Cascabiujs ,
c'est * à - dire le croton cascatiUa de Linn. Voye% an mot
CaoTON. (B.)
CHAD ARE , Chadara , geni*e de plantes établi par Forskal;
mais qui ne paroît pas suffisamment distingué des Orkv-
VIBRS. C'est le GrEUVIER a FEtnCLES DE BEUFJLIEB. VoyCS
ce mot (BJ
CHADASCH. C'est le notn arabe de l'arbre qui porte k
myrrhe. Voyez au mol Balsamier. (B.)
C H A 569
* CHADDtBIR ( Merops œgypHuê vat. Latb. , ordre Pies ,
^erire du Guêpier. Voyez ces deux mots. ) ; lel est le nom
Sue les Egyptiens donnent à ce guêpier , qui a le bec presque
roit et noir ; la langue échancrée de chaque côté vers sa
pointe qui n'est point divisée ; un Irait noir sur les côtés dé ,
la télé ; la gorge jaune ; le reste du plumage vert ; la queue
égale à son extrémité ; les pieds couleur de chair. Cet oiseau
paroit sédentaire en Egypte; il y fait sa ponte. (ViisiiiL.)
CHADEC^ nom qu'on donne y à Saint-Domingue, au eî*
fronier de la Barbade, Voyez an mot CrntONmi. ÇB.)
CHAETANTHÈRE , Chaetanthera , plantes herbacées
du Pérou , qui forment un genre dans la syngénésîe polyga»
mie superflue.
Le caractère de ce genre consiste en un calice commun
polyphylle^ à folioles extérieures , lancéolées, ciliées ; inter-
médiak^s linéaires et ciliées au sommet; intérieures li- .
néaires^ scarieuses > sphacellées et terminées par une soie; un
réceptacle nu y portant dans son disque des fleurons herma-
phrodites , et à sa circonférence des demi-fleurons femelles
fertiles ; des semences ovales surmontées d'une aigrette velue.
Ce genre , dont les caractères sont figurés pi. 5i3 du Gênera
de la Flore du Pérou , contient deux espèces. (B.)
CHAETOCRATER, Chastocrater , arbre du Pérou , qui
forme un genre dans la décandrie monogynie. Il offre pour
caractère un calice campanule, divisé en cinq parties ovales;
point de corolle ; un tune évasé entourant le germe et cou-
ronné par dix soies ; dix étamines alternativement grandes
et petites , insérées sur le bord du tube ; un ovaire supérieur,
trigone f à style court et à trois stigmates capités ; une capsule
unilocidaire.
Cet arbre croit au Pérou , et les parties de sa fructification
lont figurées pi. 55 du Gênera de ta Flore de ce pap. (B.)
CHAFOUIN. JJ Histoire générale dee Voyagee fait men-
tion , sous le nom de chafouin , d'un quadrupède d'Amérique ,,
qui paroît être le Conepate. Fbyez ce mot. (S.)
CHAGRIN , préparation de la peau du chepal , de YAne
ou du mulet , qui se fait en Turquie et en Perse. On ne se
sert pour le chagrin que de la peau du derrière de l'animal;
après qu'eUe est tannée et devenue souple et maniable , on
l'étend sur un châssis au soleil ; on en contre le côté du poil
avec la graine noire d'une espèce d'arroche , et non pas avec
la graine de moutarde , comme on le pense assez générale-
ment ; cette graine, pressée par les pieds des otrvriers, se fixé
dans le cuir, et ne s'en détache plus lorsqu'il est sec. Le cha-»
grin est le sagri des Turcs. (S.)
i^ù c H A
CHAHA , nom que porte aux Indes une Tariété du tikiù^
ou râle ies Philippines. M. Latham a décrit cet oiseau d aprè»
une figure peinte dans Tlnde , et Ton sait que l'exactitude
nécessaire au naturaliste n'est pas une qualité des peinttires
indiennes. Le chaha ctoit représenté avec du brun sur le
corps , du cendré pâle en dessous , des lignes blaiïches sur
le dos et les ailes , d'autres noirâtres sur le fond blanc du
ventre , du rouge au bec et du verdàtre aux pieds. Ces cou*
leurs différent trop peu de celles du titlin pour ne pas le re-
Sarder comme étant de la même espèce que le c^Aa. 11 y «
es individus qui n'ont ni raies m taches au ventre. Foyem
TixiiiN. (S.)
CHA-HUANT. Foyez Chat-huant. (S.)
CHAINUK , nom tarfare - calmouk de la vache de Tar^
tarie. Voyez à l'article Taureau. (S.)
CHAIR ; éù'e bien à la chair ; expression usitée en faucon-
nerie , pour signifier qu'un oiseau de vol chasse avec ar*
deur. (S.)
CHAIR FOSSILE. Foyez Asbeste. (Pat.)
CHAIX7AS , Chalcaa , genre de plantes établi par Linn. ,
et qu'on a reconnu être le même que le Muerai, autre genro
établi parle même naturaliste. Voyez au mot Murrai. (B.)
• CHALCIDË > Chalcidee , genre de reptiles delà famille des
Lézards > qui offre pour caractère un corps fort alongé ,
presque cylindrique , rampant ; quatre pattes à peine appa*
rentes , très - courtes , à trois ou cinq doigts ; une langue
courte > échancréc à son extrémité.
Ce genre faisoit partie des Lesi^rds de Linnaeus , et eu a
élé séparé par Bix>ngniard dans son excellent travail sur les
caractères aes animaux de cette famille ; il lie les autres LÉ-
BARDs aux Bipèdes , et par Tintermédiaii^e de ceux-ci aux
jSerfens. Foyez ces mots.
£n effet , on prendroit au uremier conp-d'œil , dit Latreille ,
les espèces de ce genre pour des serpens ; leur corps est mena ,
fort alongé ^ et se roule sur lui-même ; U est couvert d'écaillea
qui approchent de la forme quadrangulaire; mais qui varient
aans doute suivant les espèces ; leurs deux pattes antérieures
sont situées près de la tête , et les deux postérieures près de
l'anus 9 ce qui met une grande distance entr elles ; ces pattes
sont très-petites , h, peine touchent-elles la teire ; le nombre
de leurs aoigU varie selon les espèces ; sa tête ne difiere
nas sensiblement > par la forme générale^ de celle des lésards;
les yeux sont en général fort petits \ leur trou auditif nul oq
peu ouvert; leurs dents sont extrêmement petites et leur laa^
B.4'
ttan^i^it' eommtirt: 5. C-oecUe titane.
S . CAaicùie' j-ep^r . 7 . Ftfttre Ariraiaui
^ . ChaiaJf- peniaiiaeéule' ,
C H A 571
gue médiocrement longue ; leur queœ est presque aussi lon-
gue que le corps et finit en pointe aiguë.
JjdècheUeidea ont plus de rapports avec les Anguis qu'arec
aucun autre genre de serpens y soit par leurs caractères phy-
siques soit par leurs mœurs ; leur queue se casse très-faci-
lement. Ils vivent d'insectes et d'autres petits animaux. Ils ne
sont point venimeux. Ib se cachent sous les pierres » dans les
fentes des rochers , sous les écorces d*arbres , 8cc. y et s'en-
foncent dans la terre pendant l'hiver. Us sont vivipares à la
manière deb vipères, c'est-à-dire que les œufs restent dans
le ventre , et que les petits y éclosent au nombre de dix à
douze.
Daudin , auquel on doit un travail très-approf<Hidi sur la
famille des Lézards , dans son Histoire naturelle des reptiles g
faisant suite tLuBuffhn, édition de Sonnini , adonné le même
•nom à un genre qu'il a formé avec une espèce de celui-ci ,
une nouveUe, et le bipède de Latreille ( Foyes au mot Bi-
pède ) , de sorte qu'il entre dans le genre de Daudin des es-
pèces à quatre pieds et à deux pieds , ce qui paroit devoir être
repoussé de toute bonne méthode Erpétolooique. ( Voyez
ce mot ) Il appelle seps toutes les autr^ espèces de chalcides
de LatreiUe , qui ont les écailles verticillées , et indique pour
le caractère générique de son nouveau genre ^ davou-les
•écailles imbriquées.
lies principales espèces de chalcides , selon Latreille , sont :^
Le Ch ALciDE SEPS, qui est strié , gris sur le dos , avec deux li-
gnes plus claires bordées de noir , dont l'abdomen est blan-
châtre, avec un rebord aigu et recourbé ; il a , d'après l'observ»*
tion positive de Lacépède , trois doigts à toutes les pattes ; sa
longueur varie entre six et douze pouces. Il se trouvedansles
parties méridionales de l'Europe et sur les côtes de Barbarie.
Sauvage rapporte qu'une poule ayant avalé un de ces rep-
tiles sans le blesser, il le vit s'échapper un instant après par
l'anus ; la même poule le reprit de nouveau , et il sortit de
même ; ce ne fut qu'à la troisième fois qu'il fut tué et avalé
par morceaux.
On croit qu'ils causent souvent en Italie les enflures du
ventre aux boeufs et aux chevaux , qui en mangent en pais-
sant ; mais ce fiiit n'est pas constaté.
Cet animal a été figuré par Columna , ecph. 1 / tab. 56 ,
dans VHisioire naturelle des quadrupèdes ovipcares de Lacé-
pède , et dans Y Histoire naturelle des reptiles , faisant suite
au Buffon , édition de Deterville. C'est le type du genre Seps
de Daudin. Voyez ce mot.
Le Chalcide jaunatks , est annulé ^ strié > et n'a qu«
573 . C H A
trois doigts à chaque pied ; sa couleur est celle de raindn ; sa
queue est plus longue que le corps. On ^ore quelle est sa
Btrie. Il est figuré dans Daudîn , vol. 4 , pi. 58 ^ et dtns
listoire naturelle des quadrupèdes ovipares par Lacépède»
qui le premier la fait oonnoitre sous le nom de chaiàdt. \
C'est le typé du genre ChaIiCIDX du premier de ces auteurs.
Le CHAiiCinx fentabactyub , est le iaoeria chalcides de
Linnseus>que Lacépède regarde comme le même queleditol-
cide seps , quoique les cinq doigts dont il est pourvu semblent »
indiquer une espèce bien distincte. Il se trouve dans le midi H
de r£urope et sur les côtes de Barbarie.
Le Chajlcid£ serpentin est strié , bai en dessus , cendré
en dessous ; il a cinq doigts à chaque pied , et sa longueur est
de cinq à sir pouces. Ses écailles sont imbriquées d'une ma-
nière plus saillante que dans les autres espèces. Il est naturel
À rSle de Java y et a été figuré dans le second vol. du Naiur^
Jorcker^fl* 3 ^ par Bloch^ qui Ta fait le premier connoltre.
Le Chalcidb anovin a le corps très- long » vertîcillé et
strié ; les -pieds écaiUeux , subulés et dépourvus de doigts. Il
est figuré dans Séba , tome a , pi. 68 , ng. 7 et 8. 12 se trouve
dans les eaux fangeuses au Gap de Bonne - Espérance. Il est
très-douteux que ce soit un vrai chalcide ; il a besoin d'être
de nouveau examiné par un naturaliste éclairé. (B.)
GHALGIS , Chalds, genre d'insectes de Tordre des Hr^
MÉNOFTiuiBS , et dont les caractères sont : antennes courtes^
brisées , un peu plus grosses par le bout, d'une dixaine d'aiv
ticles p le premier fort long et cylindrique; mandibules lai^»
tronquées, bidentées; quatre antennules courtes; les anté^
Heures un peu plus longues , de quatre articles , dont le pé-
millième courl;les postérieures de trois; lèvre inférieure 1^^
rement échancrée ; ventre petit , ovalaire ou conique , atta-
ché au corcdet par un pédicule ; tarrière cachée dans l'abdo-
men ; cuisses postérieures renflées; tête comprimée ; corcelel
renflé ; pattes de longueur moyenne ; cuisses poslérienrea
romorimées, renflées, souvent dentées à leur bord inférieur;
jambes postérieures arquées, avec un sillon profond «dans
lequel sont reçues les denleliirea de la cuisse , quand celle-ci
est rapprochée de la jambe.
On trouve ces insectes en été sur les fleurs; ils sont trè^
vift , leurs larves ne sont pas bien connues.
On en a décrit environ douae espèces , desquelles on na
trouve que cinq ou six en Europe; la plus commune est I0
c/ialcis nain.
GhaIjCis nain , Chalcis minuta Fab. H a environ deax
lignes et demie de long ; les antennes noires, de la longueur
C H A 575
ie la télé ; la tête d*un noir mat ; le coi^celet noir ^ clidgriné ,
terminé postérieurement par deux petites pointes courtes ,
avec un point jaune à la naissance des ailes; l'abdomen
ovale , d'un noir luisant; les deux premières paires de pattes
jaunes , avec une tache noire à la base des cuisses , et une
sur le milieu des jambes ; les postérieures noires., arec une
tache jaune à Textrémité des cuisses , à la base et à l'exiré-
mité des jambes.
On le trouve en Europe; il est très-commun aux environs
de Paris.
Chalcm clatifede , Chalcis daidpeM Fab. Il a environ
trois lignes de long ; les antennes noires ; la tête et le corcelet
d'un noir mat chagriné ; celui-ci bidenté postérieurement ;
l'abdomen court, un peu comprimé , d'un noir luisant ; les
quatre pattes antérieures d'un jaune fauve y avec une grande
tache brune à la base des cuisses et sur le milieu des jambes ;
les cuisses postérieures d'un rouge fauve , avec une tache
noire à l'extrémité; les jambes noires^ arquées; les tarses
fauves.
On le trouve en Allemagne ; il est rare en Fkunoe. (L.)
CHALCITE , Foyêz Colcotar fossile. (Pat.)
CHALéEF , Elœagnusy genre de plantes de la tétrandrie
monogynie et de la £imiUe des ELjSAONOïnEs, dont les ca-
ractères sont d'avoir un calice supérieur^ monophyUe, à cin^
divisions^ coloré intérieurement et caduc ; quatre étamines
foit petites; un ovaire inférieur^ arrondi, chargé d'un style
à stigmate simple.
Lé fruit est une espèce de noix ovale , obtuse , glabre ,
marquée d'un point à son sommet, et qui contient un noyau
oblong.
Voyet pi. 73 des Illustrations de Lamarck.
Les ehalêfs sont des arbrisseaux à feuilles simples » alternés,
souvent cotoneuses et à fleurs axillaires. On en compte dix
espèces, dont six du Japon , trois de la Turquie et une de
Ceylan.
Le ChaL£f a feuilles étroites , c'est-à-dire celui qui a
les feuilles lancéolées , est seul bien connu. C'est un grand
arbrisseauque l'on cultive dans les jardins, à cause de l'agré-
ment de ses feuilles blanchâtres, qui contrastent avec le vert
des autres arbustes , et qui subsistent jusqu'aux plus fortes
gelées^ et encore plus à cause de l'odeur suave de ses fleurs ,
odeur très-forte , çl telle qu'un seul uied de chalef suffit pour
embaumer un jardin de médiocre étendue. ^
On le multiplie principalement par drageons et par mar-
cottes, car il donne rarement des graines aans le climat de
574 C H A
Varia. Il est > au reste , trèa-robusie , et rapporte tcnites aoitot
d'expoûtions , quoiqu'il se plaise mieux au midi qu'à aucune
autre.
L'odeur des fleura du chaiefne se fait sentir que le soir ;
et elle se transforme en odeur nauséabonde lontque la fructi^
fication est accomplie. Cet arbuste a cela de commun avec les
oestraux et quelques autres plantes. On l'appelle vulgaire*
ment oUtner de Bohême , parce que c'est dans ce pays
qu'il croit naturellement, avec le plus d'abondance , en Eu-
rope.
Olivier rapporte qu'on en mange généralement les fhnt»
en Turquie et en Perse. (B.)
CHALEUR, ^oy^s Calorique. (Pat.)
CHALEUR , situation d'un animal qui en recherche un
autre de son espèce ,mais d'un autre sexe; c^tte expression
ne s'emploie ordinairement qu'à l'égard des animaux domes-
tiques, disposés à l'accouplement; pour les nnimany saa-
rages , on dit qu'ils sont en rui. (S.)
CHALOUPE CANELÉ£,nom donné par les marchands
à une coquille du genre Aaoonautes. C'est l'espèce la pina
commune. Voyes Argonaute. (B.)
CHAM./ECERASUS, nom d'une espèce de Ceeisieb.
Voyez ce mot. (B.)
CH AMiEDRYS. C'est le nom spécifique d'une espèce de
Germ ANDREE, Teucrium chamœdrya Lmn. Voyez au mot
Germandree. (B.)
CHAM^MELE, Chamœmeleum, nom que donnoient
les anciens botanistes au genre de la CamomUiI^x. Foyez ce
mot. (B.)
CHAMiENERION, nom ancien de I'Épuuobs a Ans.
Voy. ce mot (B.)
CHAMjERODENDROS. C*est le rhododendron pond-
eum de Linn. , celui qui donne un miel purgatif. Voyez aa
mot RosAGE. (B.)
CHAMARAIS, arbre des Indes, dont le fioiit est en grappe
et aigrelet. Il contient un noyau qui renferme une amanae.
Ce fruit se mange , vert ou mûr , confit avec du sel, pour
exciter rapi)étit On en met aussi dans les sauces.
Les feuilles s'emploient en décoction contre les fièvres , les
racines contre l'aslnme. Ces remèdes purgent violemment ][Hur
haut et par bas.
On ignore a quel genre ^appartient cet aibre. (B.)
G H A 575
CH AMAROCH » nom de paya du Carambouba axil*
IiAiRB. F^oyex au mot Carambolieb. (B.)
CHAMARRAS. C'est un nom vulgaire de la 6£rman-«
DHÉE d'eau , Teucrium scorcUum Linn. IB,)
CHAMBRE. £n langage de veneiie.^ la chambre est Ten^
droit de la forêt où le cerf se repose pendant le jour.
On appelle axiasichambre une espèce de piège c^ut l'on tend
aux loups, frayez ce mot. (S.)
VIN DV TOMC QVATRXÈMB,
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