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/
\ ^
:.:^\) ~:
NOUVEAU
DICTIONNAIRE
HISTORIQUE;
HISTOIRE ABRÉGÉE
De tous les H o MME s qui fe font fait un nom par des
Talens , des Vertus, des Forfaits, des Erreurs, &c.
Depuis le commencement du Monde jusqu'à nos Jours.
Et dans^ laquelle on expofe avec impartialité^ ce que les Écri-
vains les plus judicieux ont penfé fur le caraâère, les
mœurs & les Ouvrages des Hommes célèbres dans tous
les genres:
AVEC
Des Tables Chronologiques pour réduire enCorpsJHiJloire
les Articles répandus dans ce Di&ionnaire%
Par une Sociixi de Gens -de-Lettres.
Septième Édition, revue', corrigée, & conCdéra-
blement augmentée.
» ■ Il I. , I I .Ml ■ »
Mihi Galba f Otho, Vitclliusy ncc heneficio^ tue injuria cogniti»
Tacit. Hift. lib. I. §. i«
T G M E- V.
A Caen , chez G. LE R O Y , feul Imprimeur du Roi , ancien
Hôtel de la Monnoie , Graftde-rue Notre-Dame.
A Lyon , chez B R U Y S E T , Frères , Imprimeurs-Libraires.
Avec Approbation £• Privilège du Rêi» tyt^
N O U V E A U
DIGTI ONN AI RE
HISTORIQUE.
JEU
ÎEUNÈ, ( Jean le) naquît à Po-
Hgni en Franche - Comté < l'an
1592, d'un père confeiller au par-
lement de Dole. 11 renonça à un
canonicat d'Arbois ^ pour entrer
dans la congrégation naii&nte de
l'Oratoire. Le cardinal de BiiulU
Oit pour lui les bontés i qu'a un
père pour un enfant de grande ef-
pérance. LeP^ U Jeune it confacra
auzmifEons, pendant 60 ans que
^iurerent fes travaux apoftoliques.
11 perdit la vue en prêchant le Ca-
xeme à Rouen , à l'âge de 3 5 ans.
Cette infirmité ne le contrifla point,
juoiqu'il fût nanvellement vif &
wipétueux. Le P. /« /oot^ eut d'au-
tres infortunes^ U fut deux fois
taillé de la pierre , & on ne l'en-
tendit jamais laifTer échapper au-
cune parole d'impatience. Les plus
grands prélats avoient tant d'eiHme
pour fa vertii-,^ que le cardinal Bi"
fAilt fçrvit à table durant tovkt le
fomt V
cours d*uné miflîon. La Payeae^ év^
que de Limoges , l'engagea en 165 •
à demeurer dans fon diocefe. Le P*
U Jeune y paffa toute fa vie , & y
établit des Dames de la Charité dans
toutes les villes. Dans fe dernîerô
maladie qui fut longue , il reçut
ibuvent la vifite des évêques dô
Limoges & de Lombez. On lui avoit
permis de dire la mefTe, quoiqu'il
fût aveugle -, mais il ne voulut ja-
mais ufér de cette permifîîon , dan»
la crainte de commettre quelque
irrévérence en célébrant les faints
myfleres. Il mourut à Limoges le
17 Août lôyi , à 80 ans , en odeuo
de fainteté. Son humilité étoit ad-
mirable. Pluiieurs feigneurs de là
cour , étant venus à Rouen où il
prêchoit le Carême, le prièrent de
leur prêcher fon plus beau Sermon ^
maîis il fe contenta de leur faire une
inflru^^ion familière , touchant les
devoir ds» grands , & toudtiâoft
4
i J E V
roblîgatîon de veiller fur letifs fa-
milles & leurs domeftiques. Les
converfions que ce dire^eur, fd-
gement févere, opéroît, étoient
folidesôc perfévérantes* Sa réputa-
tion étoit 11 grande , qu'on venoit
de tort loin pour fe mettre fous fa
conduite, On a de lui des Sermons ,
ea dix gros volumes in-8.° , Tou-
loufe 1688. Ils furent traduits en
latin , & imprimas à May ence fous
ce titre : Johanms- JuNli DcUâa
Tajîorum , fivè Concîones , in-4.° Le
célèbre M^Jp/Ion puifa dans l'étude
de ce prédicateur , non cette fa-
cilité * cette onûion, cette chaleur
qui le caradtérifent : ( car ce font
des talens qu'on ne doit qu'à la na-
ture ; )^ mais il y trouva des maté-
riaux pour pluficûrs de {qs difcours.
C4 Scrmonaîrt , difoit-il y efi un ex-
cellent répettoiré. pour un Prédicateur ^
&j*en aï profité. Le P. le Jeune eft
iimple , touchant , iniinuant ; on
voit qu'il étoit né avec un génie
heureux & ime ame fenfible. Si
ion ftyle étoit moins furanné, j'o-
ierois le mettre à côté de quelques
orateurs de ce fiecle. Le recueil de
fes Sermons eft devenu peu com-
mun. On a encore de lui une Tra-»
duftion du Traité de la vérité de la
Religion , voU in-12 , imprimé est
Hollande.
JE\VEL,(Jean) Iveilus ^ écri-
Vain Anglois , fe fit Proteftant fur
la fin du règne de Henri VUIy &
fut exclus du collège d'Oxford fous
la reine Marie, Après la mort de
cette princelTe , il quitta l'Italie»
ioù il s 'étoit enfui , & retourna en
Angleterre. Il fut alors gratifié de
i'évêché de Salisbuiy. On affure
qu'il avoit beaucoup de mémoire ;
mais îts variations ne prouvent pas
qu'il eût autant de Jugement. Il
îaifla quelques écrits : I, Une Hif-
toire de fa réformation, II. Celle des
Tignis é Çharksliit. <(« Jac^ll^
JÊZABEL, fille d' Ithvbal rot âû
Sidon < & femme d'Jchab *Toi d'If*
raël. Ce fut elle qui porta le roi
fon époux, à abolir entièrement
dans fes états le culte du vrai Dieu ,
pour y fubftituer celui dtBaaC EUe,
le feul qui eût ofé réfifter à cet»
reine impie y fîit contraint de pren-
dre la fiiite , & de fc .retirer fur la
montagne d'Horeb. Le même roi ,
ayant envie de poffédcr la vigne
d'un, nommé Naboth , qui la lui re-
fufa-, Jéiahel fufcita de feux té-
moins , & le fit condamner à être
lapidé. Achab demeura en poffefiion
de la vigne -, mais Dieu , pçur -pu-
nir Jéyzbel éleva fur le trône de
Samarie Jéhu. Ce prince la fit jeter
du haut d'une fisnêtre , & les duens
dévorèrent tellement fon corps»
qu'ils ne laiflerent que le crâne,
les pieds » & l'extrémité des mains ,
l'an 884 avant h C.<« U efi parlé
dans l'Apocalypfe d'une Jâzabel g,
qui faifoit la prophéteflè, & fous
ce Ésiux titre prêchoit des erreurs.
Elle y eft menacée d'une maladie- .'
mortelle , fi elle ne fait pénitence
de Ces péchés y comme tous ceux;
qui participeront à fes erreurs. Il
eft afiTez OTicile de dire qui çtoit
cette Jé^abel : c' étoit apparemment
quelque princefie puifi*antequipro«^
tégeoit les Nicolaites.
JEZID I.e% y.e calife, ou fuccef-*
ieur de Mahomet , & le fécond de
là race des Ommiades , régna après-
la mort de fon père Moavîa , l'aa
680 ; mais il n'en imita pas le cou-
rage & les grands deffeins. Son uni-
que plaifir étoit de compofer de»
vers d'amour. La féconde année de
fon règne , les Arabes de Cufa élu-
rent pour calife Huffein , fécond
fils d'Ali, Jé\id leva une puifiante
armée , & fit tuer Hujfein en tra-
hifon , comme ils étoient près de
fe donner bataille dans la plaine de
Cazaballa, aux environs de Cu6u
Jéjtd (gcficutii çafuitçtQVite Ib.x^
J O À
&tô, k fit mourir une partie dé
la nobleâfe d'Arabie^ Ces exécutions
cmelles le rendirent odieujc à tous
les peuples. Après la mort de Hu/-
fcm » Abdallah > fils de Zobair, qui
étoit de la famille d'Ail , fouleva
tome la Periè contre Jc[Id , qu'il
peignit comme un homme plus ca-
pable d'être poète que d'être roi.
Le règne de ce lâche prince ne dura
que Q-ois ans & neuf mois : il mou-
rut Tan de J. C 683.
J O AB , fils de Sarvla fœur de
DityU^ fpere d'Ahifai ^d*A\aèl^
fax. attaché au fervice de David y &
commanda fes armées avec (uccès.
Là première occaflon où il fe fi-
gnala, fîit le combat de Gabaon ,
où il vainquit Abner , chef du parti
dlsbo/ah , qu'il tua enfuite en tra-^
fùTon. Il monta le premier fur les
murs de Jérufalem , & mérita par
û valeur d'être confervé dans Tem-
jploi général qu'il pofTédoit déjà*
21 marcha contre les Syriens qui
t'étoient révoltés contre David,
les mit en fuite , & s'étant rendu
•naître d'un quarder de la ville de
Kabbath fur les Ammonites , il fit
venir David , pour mi'il eût la
gloire de cette conquête. Joah fe
Égtiala dans toutes les guerres que
ce monarque eut à foutenir ; mais
il fe déshonora en afTaflinant Abner
& Àmafa, Il réconcilia Ab/a/on avec
David, & ne laiiTa pas de mer ce
prince rebelle dans une bataille^
Vers l'an ïoa^ ayant J, C. David ^
en conâdération de fes fervices ,
9i pn[ la crainte de ùl puifTance,
toléra fes attentats -, mais en mou^
Tant il commanda à fon fih Sa-
hmon de l'en punir. Ce jeune prince,
toiniflre de la vengeance de fon pè-
re , fit mer le coupable qui avoît
pris parti contre lui pour fervir
Adonîas y au pied de l'autel où il
s'étoit réfugié , croyant y trouver
un afile, l'an 1014 avant Jefus^
fhrift.
J O A %
1. JO ACHAS , roi dlfra» , fuc-
céda à fon père Jéhu l'an 856 avant
J. C , & régna 17 ans. Le Seigneur^
irrité de ce qu'il avoit adoré lei
Dieux étJlKigers , le livra à la fu-
reur d'A^aél & de Bénadad , rois dâ
Syrie , qui ravagèrent cruellement
fes états. Ce prince, dans cetta
extrémité , eut recours à Dieu , qui
l'écouta favorablement. Joas , fon
fils & fon fuccelTeur, rétablit let
affaires d'Iiraël, & remporta du-
rant fon règne pluiîeurs viâoiref
fur les Syriens.
II. JOACHAZ, fils de Jofias, roi
de Juda , fut élu roi après la mort
ie fon père, l'an 610 avant J. C.
Il avoit 13 ans lorfqu'il monta fut
le trône. U ne régna qu'environ 5
mois à Jéhifalem , & fe fignala pai?
fes impiétés. Néchao , roi d'E^ypte^
au retour de fon expédition con-
tre les Babyloniens, rendit la Ju^t
dée tributaire ; & pour £aire un
zùe de fouveraineté , fous prétexta
qvLQjoachai, avoit ofé fe faire dé*
clarer roi fans fa permiffion, an
préjudice de fon frère aîné , il donn^
le fce|>tre à celui-ci. Le roi dé-«
trôné mourut de chagrin en Egypte,
où il avoit été emmené.
I. JOACHIM ou EtiACiM, fil»
de Jofias & frère de Joacha\y fut
mis fur le trône de Juda 'patNéchaott
roi d'Egypte, l'an 610 avant J. C.
Il déchira & brûla les livres de /e-
rémie , - & traita 'avec cruauté le pro-
phète UrU. Il fut détrôné par Na-»
buchodonofor , & mis à mort par lefli
Chaldéens, qui jetterent fon corps
hors de Jérufalem , ik le laiiferent
fans fépulture , vers l'an 600 avant
Jefus-Chrifl.
IL JOACHIM , fils du précé-
dent, Voyei Jeghonlas : c'efl Ifi
même*
m. JOACHIM, (S.)fut, félon
une pieufe tradition , époux de5f«,
Anne , & père de la Su, Cierge, On
Xi% fait riea de fa vie , & l'Ecritur^
4 . J^ ^ ,
iainte 116 lait aucune mendôli 3e
5. Joachlm, Le feul livre ancien qui
en parle, cft traité d'apocryphe par
S, Jugujiln, Le B. Pierre Damien difoit
que c'étoit une curiofitc\ vaine &
fuperâue , de vouloir rechèrdier
quel étoit le père , quelle étoit la
mère de la <$«• VUrge -, ** mais per-
>♦ fonne n'aconte&é à fon père
a l'avantage d'être defcendu de Da»
5» vld , puifqu'ellc étoit du fang
>♦ royal par elle-même , auffi bien
»♦ que par S, lo/eph fon époux. Il
« s'appclioit Hélly félon ceux qui
*♦ prétendent que c'eft la généalo-
*♦ gie de la Ste. Vierge que 5. Luc a
»>• rapportée dans l'Evangile. 5. //-
« rôme s'étoit perfuadé qu'il fe nom-
M jnoit Cléophas , parce que la fœur
M delà Ste, Vierge eft appelée Ma-
M rie de:Clépphas\'comiaQétaÀtik
•y fille > félon lui *, au lieu que^d'au-
a» très ont cru que Cléophas étoit
>) le nom de fon mari. Mais dès le
^ temps de ce faînt Doreur , on
9* commençoit à recevoir une autre
«) opinion, qui donnoit le nom de
♦> Joachlm au père dela.Sw. V^rpy
r & celui d'Anne à fa mert , foit
ft que cela fut venu de quelque
*» tradition , comme femble l'infi*
>♦ nuer 6, Eplphane , foit que ces
>» noms étant plutôt appellati£s que
p propres , leur euffent été donnés
y> après coup par les Chrétiens ^
o) pour marquer la préparation dn
ï» Seigneur , par celui de Joachlm ,
f\ & la grâce par celui à! Anne, {Bail'
éet , vie des SS. au 20 Mars. ) L*é*
gllfe Grecque a fait la fête de Saint
Joachim dès le vii« fiecle -, mais
f\U n'a été introduite que fort tard
dans l'Eglife Latine. On prétend
que ce feit le pape Jules Lly qui
4'inftitua.
iV. JOACfflM , natif du bourg
de Celico , près de Cofenza , voya-
gea dans là Terre - Sainte. De re^
tour en Calabre , il prit Thabit de
Çll^aW ^îm» If |Q9n«ûere de Cor
>teo , dont il fut prieur Jc abîA
Joachim quitta fon abbaye avec la
permifîion du Pape Luce III, vers
1183 , & alla demeurer à Florê^
' où il fonda Une télebre abbaye dont
il fut le premier abbé. U eut fous
fa dépendance un grand nombre de
monafleres , qu'il gouverna avec
fageffe , & auxquels il donna de»
conflitutions approuvées par le papo
CéleJUn IIL L'abbé Joachim fit fleu-
rir dans fon ofdre la piété & la
régularité , & mourut en 1 202 , k
72 ans ^ laiffant un grand nombr»
d'Ouvrages , Venife, 1 5 1 6 , in-^olio»
dont quelques propofitions furcnc
condamnées dans la fuite au con-*
cile général de Latran en 121 5 , &
au concile d'Arles en 1260. Voici,.
(fuivantM, l'abbé Pluquet^ quelle»
étbiçnt fes erreurs, n Pierre LomharS
^ avoit dit qu'il y a iw« chofe im-^
» menfe, infinie , Jouyeralnement par-i-
» faite , gui efi le Père , le Fils & /#
*t Saînt'Efprltk Vàbhé Joachim pré-?,
»» tendoit que cette chofe fouve-%
>♦ raine, dans laquelle jP/<rreZo«iitfr4
w réunilToit les trois perfonnes de 1«^
>» Trinité , étoit un Etre fouveraiii
» & difUngué des trois perfonnes V
»» félon Pierre Lombard ^ &qu'ainfl
>» il feudroit , félon les principes
r» de ce théologien, admettre qua-
« tre Dieux. Pour éviter cette er-
M reur, l'abbé Joachlm reconnoiffoit
» que le Père , le Fils , & le Saint^
>» Efpritfaifoientunfeul Être , non
ï» parce qu'ils exifloient dans une
)> fubflance conunune -, mais parce
î» qu'ils étoient. tellement unis de
>♦ confentement & de volonté ,
>♦ qu'ils l'étoient aufîi étroitement
« que s'ils n'euflent été qu'un feul
>» être. C'eft ainfi qu'on dit que
» plufieurs hommes font un feul
>♦ peuple. L'abbé Joachlm tâchoLt
« de prouver fon fentiment par les
»» paièges dans lefquels J. C. dit.i
»» qu'il veut que/« dlfdples ntfaf-^
îï fent au'un , tQmmefon Pqt^ & Ij^
♦ w fùtu qu*un ; par le paCagè té
¥t S. Jcan^ qui réduit Vunité des
»• perfonnes a l'unité du témoigna-
•♦ ge. L'abbé Joachlm étoit donc
»» Trithéite ^ &ne reconnoiffoit que
*♦ de bouche, que le Père , le Fils &
>» le Saint-Efprit ne faifoient qu'une
V* eCence Sf. une fubdance . . . «<
L'abbé Joachlm errait non-feule-
ment fur* la Trinité', mais il étoit
outré fur la. pratique de la morale,,
^il trouva des difciples qui allè-
rent encore plus loin que leur maî-
tre* Ces enihoufiades , appelés Jo A-
CHIMISTES , pretendoient qu'il ne
felloit pas fe borner aux préceptes
de l'Evan^e ,. parce que le Nou-
Veau-Tefhunent étoit impartait. Ils
affuroient que la loi de JL C. feroit
IJiLvie d'une meilleure loi , qui fe-
.toit celle, de ^l'efprit & qui dure-
Toit étemeflement.' Ces rêveries,
fondées ûir une interprétation myf-
^eufet^de quelques paiTages de
i'EcritWe-Skidtê -;, f\irent dévelop-
pées d^ un livre intitulé : VEran-
^U éternel y attribué à *un fanatique
sommé JejIN de R^me^ Sf. condam-
tsé par le pape Mtxandre IF^ Les
X>uvrages les plus connus de l'abbé
Joackim , font les Commentaires fur
ifdu , fur JérémU & fur VApoea-
iypfe. On a encore de lui des Pro--
fiUtUs, qui de fôn vivant le firent
admirer parle? fots& méprifer par
les gens fenCés. On t'en tient au-
jourd'hui à ce. dernier fentiment.
X'abbé Joachlm étoit, ou bien im-
fcécille , ou bien préfon^tueux , de
Ce flatto" d'avoir les defe des chofes
dont Dieu s'eft réfervé la connoif-
Cance.. Dom Gervaife a. écrit iâ VU,
»745, 2 vol. in- 12,
JOACHIM, Voy, GlOACHINO.
V. JOACHÎM II, éleveur de
tBrandebourg , fils de Joachim /^ né
l'an 1505 , fuccéda à fon père en
,1532. Il embrafia la doûrine de
,lju}ur. en. 1 5 39. On ne fait pas les
ce changement; on fait feulement
que fes courtifans & Tévêque de
Brandebourg fuivirent fon exem-
ple. L'éleâeur Joachlm acquit par
ce changement les évêchés de Bran-
debourg, de Havelbcrg, & de Lé -
bus ,. qu'il incorpora à la Marche.
Il n'entra point dans l'union que
les Proteftans firent à Sraalkalde.;
& il maintint là tranquillité dans
fon éleâorat , tandis que les guer-
res de religion' défoloient la Saxe
& les pays voiÇns. L'empereur Fer^
dînand II lui vendit le -duché de
CrofTcn dans la Siléfie *, & fon beai>-
firere Sîfffmond-Augufte , roi de Po-
logne , lui accorda, en 1569, le
droit de fuccéder à Albert • Frédéric
de Brandebourg ,. duc de Pruffe , au
cas qu'il çioui^t ùitis .hériders. I^
règne de Joachlm fut doux & pai-
iible. On l'acGufa d'être libéral juf-
qu a la prodigalité , & d'avoir le
foible de Tafirologie. Il mourut en
1571 à. 67 ans, du poifon qu'ua
médecin Juif lui donna..
VI, JOACHIM, (George) fvt
fumommé Rhatlus , parce qu'il étoit
de là ^Valteline , appelée, en lat»
Rhaeîa. U enfeigna les mathémà-
. tiques & l'aftronomie à "Wittem-
bergl Dès qu'U fut inilruit de la
nouvelle hypothefe de Copemio ,
il l'alla voir , &, embrafla fon fyf-
tême. Ce^ fiit lui , qui , après la
mort de cet agronome , publia fes
ouvrages. Il mourut en 1 576 , a 61
ans. On a de lui les Epfiéméride^ ,
fclon les principes de Copernic ; &
plufieurs autres ouvrages fur la
phyfique^ la géométrie & l'ailrp^
nomie : ils ont eu du cours autres
fois.
JOACHIMUES ^Foy. JoAcnm^
nj» IV.
JOANNJTES : C'eft ainfi qu'oa^
appela les hommes généreux qui
refterent attachés à 5. Jean - Chry^t-
foftôme , dans le temps qu'il étoit
per(igçuté par l'impératrice. £«jffc'«44^
A il]
€ ÏO A
& qui le fuivirent dans fon é^l.
Voy^ l'article de ce Saint.
JOANNITZ, Voy. Calo-Jean.
JOAPHAR ou Abougiafar^
philofophe Arabe , contemporain
ti'Averrocs , eft le même , ftlonquel-
çues^uns , q}i*Avicenncs, Il compofà
dans le xii* fiecle le roman philo-
ifophique de Hai fis de Jochdhan ,
dans lequel il règne une fiétion in-
génieufe. L'auteur y montre, dans la
personne de fon héros, par quels
degrés on peut s'élever de la con-
uoifTance des chofes naturelles à
celle des fumaturelles. EdomM Po^
€ohey le fils, a donné ime bonne ver-
fion latine de cet ouvrage, fous le ti-
tre de Philofophus autodidacbis , ou le
Fhilofophcfans études^ Oxford 1671 ,
ln-4.0 Cet auteur eft appelé par
quelques-uns Jaaphar hm Tophail,
I. JOAS , fils d'Ochofias roi de
3uda, échappa, par les foins de
Jofabah îà tante , à la fureur d'^-
thalîe fa grand'mere , qui avoit fait
égorger tous les princes de la mai-
son royale. Il fut élevé dans le
temple fous les yeux du grand-
prêtre Joiada\^ mari de Jojabuh,
^<2uand le Jeune prince eut atteint
Ca 7* année , Joiada le fit reconnoî-
tre fecrétement pour roi par les
principaux officiers de la garde du
temple. AthalU, qui avoit ufurpé
la couronne , fut mife a mort Tan
S83 avant J. C. Joas » conduit par
le pontife Joiada , gouverna avec
CageiTe *, mais lorfque ce faim hom-
me fut mort , le jexme roi , féduit
par les flatteurs , adora les idoles.
ZacharU , fils de Joiada ^ le reprit
de fes impiétés *, mais Joas , ou-
bliant ce qu'il devoit à la mémoire
de fon bienTaiteur , fit lapider fon
fils dans le par.ii du temple. Dieu,
pour punir ce crime , rendit la fuite
de la vie de ce prince aufîi trifte que
le commencement avoit été heu-
reux. Il fufcita contre lui les Sy-
fiens , qui avec une petite poignée
j o A
de gens, défirent fon armée, 8c Té
traitèrent lui-même avec la der-
nière ignominie. Après être fortt
de leurs mains , accablé de cruelles
maladies ^ il n'eut pas même la con*
folation de mourir paifiblement;
trois de fes ferviteurs l'affaffinerent
dans fon Ut : ainfi fut vengé le (ang
du fils de Joidda qu'il avoit répan-
du. Ce prince régna 40 ans , & pé-
rit l'an 843 avant J. C.
II. JO AS , fils de Joaihai toi
d'Ifiraël , fuccéda à fon père dans
le royaume qu il avoit déjà gouver-
né deux ans avant lui. Il imita l'im-
piété de Jéroboam, Eiîjec étant tom-
bé malade de la maladie dont il
mourut , Juas vint le voir , & pa-
rut affligé de le perdre. L'homme
de Dieu , pour le récompenfer de
ce bon office , lui dit de prendre
des fieches & d'en frapper la terre«
Comme il ne frappa que trois fois .
le prophète lui dit que s'il fut aile
jufqu àla feptieme , il auroit entiè-
rement ruiné la Syrie. Joas gagni
contre ^^/latiâ^ trois batailles, com-
me EUjéc l'avoit prédit , & réunit .
au royaume d'Ifraël les villes que
les rois d' Affyrie en avoient démem*
brécs. Amafias , ( Voy. ce mot. ) roi
de Juda , lui ayant déclaré la guerre,
Joas le battit , prit Jérufalenfi , &
fit le roi lui-même prifonnier. Il
le laifTa libre , à condition qu'il lui
payeroit un tribut j & il revint
triomphant à Samarie , chargé d'uA
butin confidérable. Il y mourut en
paix , peu de temps après cette vic-
toire , & après uo régiie de 16 ans |
Tan 826 avant J. C.
I. JOATHAM , le plus jeune des
fils de Gédéon , échappa au carnage
qti'AbiméIcch\ fils naturel de Gédéon ^
fit de fes autres frères. Du haut
d'une montagne, il prédit aux Si-
chimites les maux qui les atten-
doient , pour avoir élu roi Abi-*
mélech l'an 1133 avant J. C. Il fe
fervit, pour leur readre liur itt^
7 O Â
gnsSmàe plus fenfihle , de Kngï-
nieux Apologue du figuier , de la
vigne , de Tolivier & du buiffon.
II. JOATHAM , fils & fuccef-
feur d'Oiias^ autrement A\arîas ^
759 ans avant J. C , prit le manie-
ment des affaires, à caufe de la lepre
qui féparoit fon père de la com-
pagnie des autres hommes. Il ne
voulut pas prendre le nom de roi ,
tant que fon père vécut. Il fut fort
aimé de fes fujets , pîeux , magnifi-
que , & bon guerrier; Il remporta
plufieurs viûoires , remit Jérufalem
dans fon ancien état^, impofa un
tribut aux Ammonites, & mourut
Tan 742 avant J. C. après un règne
de 16 ans.
JOB , célèbre patriarche , naquît
dans le pays de Hus , entre Tldu-
mée & l'Arabie, vers l'an 1709
avant J« C. C'étoit un homme juf-
te, qui élevoit fes enfans dans la
vertu, & of&oit des facrifices à
rÊtre-fuprême. Pour éprouver ce
iàint homme , Dieu permit que
tous fes biens lui fîiffent enlevés ,
& que fes enfans fiiiTent écrafés
fous les ruines d*une maifon , tan-
dis qu'ils étoient à table. Tous ces
€éaux arrivèrent dans le même mo-
ment, & Joh en reçut les nouvel-
les avec une patience admirable.
Dîai mt l'a donné 9 DUume l'aoté»
dit-il ; Il n*efi amvé que ce qui lut a
plu ; que fonfaînt nom folt héni l Le
Démon , à qui Dieu avoit permis
de tenter fon ferviteur , fiit au dé-
feipoir de la confiance que M op-
pofoit à fà malice. Il crut la vain-
cre , en. ^affligeant d'une lepre
épouvantable qui lui couvroit tout
le corps. Le faim homme fe vit
réduit à s'aiTeoir fur .un fumier ,
& à racler avec des morceaux de
pots caffés le pus qui fortuit de fes
plaies. Le Démon ne lui laifTa que
ia femme , pour augmenter fa dou-
leur & tendre un piège à fa vertu.
Elle vint iirfulter à fa piété , & trai"
JOB 7
ter la patience d'imbécillité ; mais
fon époux fe contenta de lui répon-
dre : Vous ave\ parlé comme une fem^
me înfcnfée ; puî/^ ue nous avons reçu
les biens de Ij. main de Dieu, pour-^
quoi n'en recevrlons-nous pas aujji les
maux ? Trois de fes amis , Ellphai,
Baldad & Sophar ^ vinrent auffi le
vifiter , & furent poiu* Job des con-
folateurs importuns. Ne diftinguant
pas les maux que Dieu envoie à
fes amis pour les éprouver , de ceux
dont il punit les méchans, ils le
foupçonnerent de les avoir méri-
tés. Job convaincu de fon inno*
cence , leur prouva que Dieu châ-
tioit quelquefois les juftes pour
les perfeâionner , ou pour quel-
qu'autre raifon inconnue aux hom-
mes. Le Seigneur prit enfin la dé-
fenfe de fon fi délie ferviteur, &
rendit à Job fes enfans , une par- '
faite fanté ,. & plus de biens & de
richeffes que Dieu ne lui en avoit
ôté. Il mourut vers l'an 1 5 00 avant
J. C. à m ans. Quelques-uns ont
douté de Texiftence de Job , &
ont prétendu que le livre qui porte
fon nom , étoit moins une hlttoiro
véritable , qu'une parabole-, mai»
ce fentiment eft contraire, i.® à
Eléchtel & à Table , qui parlent d»
ce faint homme comme d'un hom-
me véritable : 7..° à 5. Jacques , qu£
le propofe aux Chrétiens comme
un modèle de la patience avec la-
quelle ils doivent fouffrir les maux i
5.^ au torrent de toute la tradition
des Juifs & des Chrétiens. Dail-
leurs le nom de J»b eft marqua
dans cette hiftoire^ comme le non»
propre d'un homme. Sa qualité y
eft marquée ; il eft repréfenté com-
me le plus riche des Orientaux-
Son pays y eft défigné par fon nom z
Il y a t'oit un homme dans Le pays da
Hus , appelle Job ; cet homme étols
fimple & crMffiant Dieu, Le nombre
de fes enians & la quantité de fes
biens y font fpécîfiés. Les »oms &
A iv
« JOB
ïa patrie Je fes amis y font rappof *
tés-, & quoique la plupart de ces
noms puiflent avoir des fignifica-
tions myftiques, cela n'empêche
j)as que çc ne foient des noms
véritables & réels , puisqu'il en eft
«ie même de prefque tous les noms
hébreux. 11 ny ariendai^eurs dans
tqute fon hiftoire, qui puiffe prouver
que Job (bit une peifonne romaneC-
que. » Ce feroit donc , ( dit Dupln , )
t» une efpece ' de témérité , de s*é-
•> loigner du fehtiment commun des
IF» Pères & des Chrétiens fur la vé-
r> rite de cette hiftoire. Mais il faut
I» auffi reconnoître de bonne foi,
ff que ce n eft pas une fimple nar-
I» ration d'un fait. La manière dont
. w elle eft contée , le ftyle dont ellç
M eft écrite , les converfations de
* ft> Dicu& du Démon, la longueur
•* des difçours des amis, de Job ,
1^ font voir clairement que c'eft
it une narration que l'auteur a em-
»» bellie , ornée & amplifiée , pour
»» donner un exemple fenlible ôc
»♦ plus touchant d'ime patience
»> achevée , & des inftruûions plus
»» fortes & plus éten4ues fur les
f> femimens que l'homme doit avoir
t> dans la profpérité & dans lad-
»» verfité w. Quelques-uns attribuent
le livre de JoA à Moyfe, d'autres
fi lui-même , d'autres â Jfaïe , & il
eft difficile de décider cette queftion,
,ïl eft écrit en langue Hébraïque,
fnêlée de plufieurs expreftions Arar
fies , ce qui le rend quelquefois
pbfcur. Il eft en vers, ^ l'antir
quité ne nous offre point de poëfip
plus riche , plus relevée , plus tou-
ichante que celle-ci. On ne connoît
pas quelle eft la cadence" des vçrs-,
jnais l'on y remarque aifément le
<lyle poétique, & les expreffiot^s
f^obles & hardies, qui font Tame de
}a poéfie d' Homère .& de Vk^, •
^ JOBERT, (Louis) Jéfuite Pa-
fiiien , littérateur & prédicateur ,
faon da?)$ fa patrjç le 30 ç^obrç
ÎO D
17 19, i 71 ans, eft célébré psbr
fa Science d^s Médailles , réimprimée
en 1739 , en 2 vol. in-12 , par
les foins de M. de U BaJBe^ mort
en 1742 , qui l'a enrichie d'ua
grand nombre d'obfervations. Le
P. Joben a fait auflî quelques JUvr^
de piété.
JOCABED , femme &*Àmran , fiit
jnere à^Auron , de Moyfe & de MarU^
;_ JOCASTE, merc A'iEdîpe ôç
femme de Jmîiis , ayant époufé , fan?^
le favoir , fon fils (Edlpè après I9
mort de fon mari j elle en eut deux
'.fils Èteocle '& Polynice^ qui fe firent
une guerre* cruelle dans laquelle ils
s'égorgèrent mutuellement. Jocafl^
n'ayant pu foutenir le poids de fç*.
malheurs , fe tuu de défefpoir.
JOCONDE o(/ JUCONDE ; Fo/*
GlOCONDO.
JODELET, Vçyei Joffrin.
JODELLE, (Etienne) fieur de
Jumodln , nç à Paris en 1532 , fut
Tun deS poètes de laPIçyade, ima^
ginée par Ronfard, Sa Cldopâtre eft
la première de toutes les tragédies
Françoifes. Elle eft d'une fimpli'*
cité fort convenable à fon ancien,^
neté. Point d'avion , point de jeu j
grands & mauvais difçours par-tout.
Il y a toujours fur le théâtre ui^
chœur à l'antique , qui finit tous
les ades , & qui -eft ordinairement
fort embrouillé. La CUopâtre fut
jouée à Paris devant Henri 11 , à
l'hôtel de Rhçims , , & enfuite a\t
collège de Boncour, »♦ Toutes les fe^
>» nêtres , (dit pafqtder^ ) étoient
?♦ tapiftees d'une infinité de perfon-»
>♦ nages d'honnetp*. Les çntrepar-
»♦ Içurs fur la fcene étoient tous
>» hommes dç nom. Rémi BelUau &
>> Jean de la Pén^e , jouèrent les
j» principaux rôlets *<. Il eft un pa^
pctraordinaire , ( félon fontenelU , J
que des auteurs diftingués dans leur
temps , aient bien voulu fervir 9
repréfenter & à faire valoir , auy
yeux du roi & dç tpijt Paris , Xqm
JOE
*!?rage d'un autre. Quelle fable, par
rapport à nos mœurs ! Si les tragé-
dies , ( ajoute FontentUe , ) étoient
alors bien iimples , les poètes Té-
toientbien au/Il... Dîdonim-v'ii Cleo-
fâtrt & fut auffi applaudie , quoi-
qu'elle ne valût pas mieux. Il don-
na encore des Comidles , un peu
sioins mauvaifes quefes Tragédies,
Henri II Thonora de fes bienfaits ;
mais ce poëte , qui feifoit confiftcr
la philofophieàvivre dans les pl^-
firs & à dédaigner la grandeur , né-
gligea de faire fa Cour , & mourut
dans la mifere en Juillet 1573 , à
41 ans. Le Rtcuell de fes Poéfies fut
imprimé à Paris en 1574, in-4.0 ,
& à Lyon en 1597, in-12. On y
trouve: I. Deiec tragédies, CUopâtre
& Dldon. II. Eugfncy comédie. III ,
Des Sonnets , des Chanfons^ des OiUs^
îAesElégUsy &c. Quoique ces Poé-
fies françoifes aient été eftimées de
Con temps , il faut avoir aujourd'hui
1>eaucoup de patience pour les lire.
Il n'en eft pas de même de fes
Poéfies latines. Leflyleeneft pur,
plus coulant , &de meilleur goût.
Jodelle s'étoit rendu habile dans les
langues grecque & latine -, il avoit
Au goût pour les arts , & l'on af-
fure qu'il entendoit bien l'architec-
ture, la pdnture & la fculpmre.
JODOCE, Foyei II. JossE.
JOËL , fils de Phatucl , & le fe-
^eond des xii petits Prophètes,,
jwophétifa vers l'an 778 avant J. C.
Sa Prophétie , écrite d'un ftyle vé-
hément , expreffif & figuré , roule
iur la Captivité de Babylone , la Def-
fente du Saint-E/prlt fur les Apôtres ,
& le Jugement dernier,
JOFFRIN , ( Julien ) aûeur de
la troupe du Marais^ pafîa en 1634
à VHôul de Bourgogne. Il mourut
en 1660. C'eft lui qui jouoit Içs
rôles de Jode/a que Scdrron a tant
fait valoir.
L JOHNSON , (Benjamin) poëte
Anglpis , filç d'un jnaçon de AVeft*
J O H ^
nùnfler ,' cultiva les Mufes en ma-
niant la truelle. Ses talens lui fi-
rent des proteâieurs. Shahjpear ,
ayant eu occaiîon de le connoître,
lui donna fon amitié, & bientôt
après toute fon eitime. Le jeune
poëte faifoit humblement fa cour
aux comédiens , pour les engager i
jouer une de fes pièces -, la troupe
orgueilleufe refufoit : Shakefpear
voulut voir cet ouvrage ; il en fiit
û content , & le vanta à tant de
perfonnes , que non - feulement il
tut repréfenté, mais applaudi. Cefl
ainfi que MoUert encouragea l'il-
luflre Racine , en donnant au public
fes Frères ennemis, Behn John/on fut
le premier poëte comique de £1 na-
tion, qui mit un peu' de régularité
& de bienféance fur lé riiéâtre,
C'eû principalement dans la co-
médie qu'il réuffiffoit. Il étoit for-
cé dans la tragédie , & celles qui
nous, refient de lui fontaiTez peu
de chofe. Ses pièces manquent de
goût , d'élégance , • d'harmonie &
de corre£kion. ^Servile copifle des
anciens , il traduifît en mauvais vers
Anglois, les beaux morceaux do«
auteurs Crées & Ladns. Son gé-
nie flérile ne favoit les accom-
moder, ni à la manière de fo»
iiecle , ni au gpût de fa patrie. Ce
poëte mourut en 1637 , à 65 ans^
dans la pauvreté. Ayant Êiit de-
mander quelques fecours à CharU»-
I , ce prince lui envoya une gra-
tification modique. Je fms logé à-
Pétroit , dit-il à celui qui lui remit
la fomme ; maïs je vois, par P étendue
de cette faveur , que Pâme de Sa Ma^-
jejlé n\ft pas logée plus au large. On
ne mit que ces mots fur fon tom-
beau : O ! rare Ben Johnson ! Le
recueil de fes ouvrages parut à
Londres , 1 7 1 6 , en 6 vol, in-S», &
1756,7 V. in-S». Ilfautlediftin-
guér de Thomas Johnson , Anglois
comme le premier. Cétoit un bon
philçfophe ^ untrèsrboa littj^
*o J O H
leur. Il a donné pluileurs ouv^t'
ge^ dans cette partie, entr'autres
des Notes affcz cftimées fur quel-
ques Tragédies de Sopkocà, Il mou-
rut vers Tan 17^0.
II. JOHNSON, ( Samuel ) né
dans le comté de "Warvick en
^ 1649 , fîit condamné aune amende
de 500 marcs, & à la prifon juf-
qu au piiemcnt de cette fomme ,
pour avoir compofé un libelle fu-
rieux contre le duc d yorck , fous
le titre de yi/x/£;v l'Apostat -, mais
le roi Gu'Maumt cafla cette fenten-
ce, le fit élargir , & lui accorda de
fortes penfions. U faillit à être af-
faffiné en 1692 , & il n échappa aux
Coups des affalîins qu'à force de
prières. Ses Ouvrages ont été re-
cueillis en 2 vol. in-fol. , à Londres.
Ils roulent fur la politique & far la
jurifprudence Àngloife. Son Traité
.fur la grande Chartz , qu'on trouve
dans ce recueil , eft curieux.
JOHNSON, rc^qBEKN.
J O I A D A , grand - prêtre des
ïuifs , fit mourir la reine Athalle «
& donna le fceptre à Joas l'an 883
avant J. C II fiit inhuhié , en con-
fidcradon de fes fervices% dans le
ifépulchre des rois de Jérufalem«
Voy, h JoAS , roi de Juda.
JOIN VILLE, (Jean fire de)
lënéchal de Champagne , d'une des
plr*^ anciennes maifons de cette
province , étoit fils de Simon , fire
de JomvUle & de Vaucouleurs ; &
de Mçatrlx de Bourgogne , fille
^* Etienne ///comte de Bourgogne.
Il fut un des principaux feigneurs
de la cour de S, Louis , qui le fui-
virent dans toutes fes expéditions
militaires. Comme il ne favoit pas
moins fe fervir de la plume que
de l'épée, il écrivit la yie de ce
monarque. Nous avons un grand
«ombre d'éditions de cet ouvrage,
.entr'autres une excellente par les
ibins de Charles du Çan^c y qui la
I o r
pubRa atvec de favantes obfenrsM
tions en 1668. (Il faut confulter à
ce -fujet la Vljfcnadon du baron de
Blmard de lu Bajlle , fur la Vie de
5, Louis , écrite par JolnvUlc , dans
le tome xv des Mémoires de l'Aca-
démie des Infcrlptlons , page 692 -, &
l'addition du même à cette Dïffer-
tation , dans les mêmes Mémoires ,
pag, 736 & fiiiv. (On a recouvré
depuis quelques années un manuf-
crit de la Vie de 5. Louis , par le
fire de Jolnvllle ^ plus authentique
& plus exa6k que ceux qu'on a
connus jufqu'ici. Ce manufcrit cft à
la bibliothèque du roi. M. l'abbé
Salller l'a fait connoitre dans une
curieufe Dljfcnatlon qu'il lût à ce
fujet à l'académie des Belles-Let-
tres , le 12 Novembre 1748 -, &
on l'a fuivi dans l'édition de 1761.
Le roi 5. Louis fe fervoit du fire
de JolnvlUc pour rendre la juftice
à fa porte. Jolnvllle en parle lui-»
même dans la Vie de ce monarque»
>♦ Il avoit de coutume, dit - il , de
>♦ nous envoyer les fieurs de Ncfie ,
»♦ de Soljfons & mol , ouir les plaids
»> de la porte *, & puis il nous en-
>» voyoit quérir & demandoit com-
»♦ me tout fe portoit , & s'il y avoit
>♦ aucune affaire qu'on pût dépêcher
w fans lui ? & plufieurs fois , feloa
»♦ notre rapport, il envoyoit que*
» rir les phidoyans & les conte-
>t noit , les mettant en raifon Se
>» droiture. «On voit par cepafl^age
tiré de l'ancienne édition , que le
fi-ançois de THiftoire de Jolnvllle
n'eil pas le même que celui que
parloit ce feigneur. On l'a fans al-
tération dans la nouvelle édition de
1761» in-fol. derimprimcrieroyale,^
donnée par Mélot , garde de la bi-
bliothèque du roi. ( Foyei I. Me-»
VARV.) Jolnvllle mourut vers 1318^
âgé de près de 90 ans , avec la ré-
putation d'un coxutifkn aimable»
d'un militaire courageux , d'un fei-
gneur vertueux. Il avoit l'efpril
W, ITmineur gaie , l'ame noble ,'
les fentiinens élevés. V* Sorbon.
JOLY , (N....) né à Troyes en
Champagne, fc forma & oravailla
long-cemps fous l'illuibre Girardon,
Là Statue équeftre de Lojds XIV qui
décore la place du Peirou à Mont-
pellier , eft fon ouvrage. Il s'étoit
iixé en cette ville, où il jouiffoit
d'une -peniion de 3000 livres que
lui ^foient les Etats du Languedoc.
11 vivoit encore en 1740.
I. JOLY, (Claude) né à Paris
en 1607 , chanoine de la cathédrale
en 163 1 , fit deux voyages , l'un à
Munfter & l'autre à Rome. De re-.
tour à Paris , il fiit fait officisl &
grand-chantre. Il parvint jufqu'à
l'âge de 93 ans , fans avoir éprouvé
les infirmités de la vieillefTe, lorf-
qu'il tomba dans un trou fait dans
réglife de Notre-Dame pour la conf-
truâion du grand-autel. Il mourut
de cette chute le 15 janvier 1700,
q)rès avoir légué fa nombreufe
Hbliotheque à fon chapitre. Les
agrémens de fon caraâere , la
candeur de fes moeurs , fon exaûe
Jprobité , & fes autres vertus, le
firent long - temps regretter. Il dut
là longue vidlleffe à un régime
cxaâ, & à fon enjouement tem-
péré par la prudence. Ses principaux
ouvrages font : I. ^ Traité its rtJHtu^
tiens des Grands, 1680, in- 12. Ce
livre eft très-inftruûif, & fi quelques
grands le trouvent trop févere , les
gens fages en adopteront la morale.
IL Traite hîjiorîque des Ecoles Epîf"
f opales, 1678 , ijl-i2. III. Voyage
deMimfier en tVeJîphalle , 16 70, in-
12. IV. Recueil des Maximes vén^
uéles & importantes pour VinJUtutlon
du Roi , contre la faujfe & pernlcieufe
foUtiquedu Cardinal Ma\arln ^ 1652,
in-i2. Cet ouvrage, qui fut réim-
primé en 1663, avec deux Lettres
apologétiques de l'ouvrage même ,
<pii d'ailleurs efl plein de mauvaife
J O t \t
avec hardiefTe , fut brûlé par la main
du bourreau en 1665 . Il faut à la fin
la fentence du Chàtelet & la réponfe
de Joly ; elles fe trouvent toujours
dans l'édition de 1663. L'auteur fit
imprimer un autre livre relatif i
celui-ci ; il cR. intitulé : Codicille d'or^
C'efi un recueil de maximes pour
réducation d'un prince Chrétien,
tirées d'Era/me & d'autres auteurs.
V. De reformandis Horls Canonicis, ac
rite conjiituendis CUrlcorum munerîhus
Con/uàatlo, auB^SteUâ^ 1644- 167 5,
in-i2. Joly, qui s'efl caché dans cet
ouvrage fous le nom de Stella , y
recherche l'origine de l'ufage dere«
citer l'office divin ,en particulier.
Quoiqu'il n'eût jamais manqué à
cette obligadon fecrete , & qu'il
fût très-affidu à l'office public , ( dit
Niceron , ) il ne femblc pas faire un
crime aux ecdéfiafiîques , qui ayant
d'autres occupations indifpenfables,
omettroientde réciter leur bréviaire
en particulier. VI. Traditio antique,
EccUfiarum Francité circa AJfumptio^
nein MARiJE;S&\oms, i672,in-i2«
VII. De verhis Ufuardi AJfumptioni»
' B,M. Vitpnis, Senonis , 1669, in-'
12 , avec une Lettre apologétique
en latin, pour la défenfe de cet
ouvrage, Rouen 1670 , in-12. Joly
rapporte dans ces deux ouvrages
tout ce que les anciens & les mo«
demes ont écrit pour. & contre
l'AfTomption corporelle de la Vier-
ge. Prefque tous les livres de co
pieux chanoine font & curieux 6c
peu communs. Il avoit principa-
lement étudié les auteurs du moyen
& du bas âge, fur-tout les hifloriens
fii^nçois. Il fait un mélange agréa-
ble de l'érudition ecdéfiaftique &
de la profane., de l'hifloire & de la
théologie. Mais fon flyle eft ur
peu dur ; & , s'il efl fans afFe£lationi(
il efl auifi fans ornement,
IL JOLT, (Oaude) néà Burl
dans le diocne de Verdun , d'abord
Çi^é dç S^nt Nicola;$-des-ChcunQ^
XX J O L
âPans^ 6nfuite évêque de$aln^Paul-
de-Léon , & enfin d'Agen , mourut
en 1678, à 68 ans, après avoir
occupé avec diftin£hon les princi-
|iales chaires des provinces & de
la capitale. Les huit volumes in-8.0
^ PrÔMs & de Sermons qui nous
ïedent de lui , furent rédigés après
fkmort par Richard avocat. Us font
écrits avec plus de folidité que d'i-
magination. Le pieux évêque ne
îctoit fur le papier quefon exorde ,
Cott deffein & fes preuves , & s'a-
t>axidonnoit pour tout le refte aux
mouvemens de fon cœur. On a en-
tore de lui les Devoirs du Chrétien ,
în-i2, 17 19. Ce fut lui qui obtint
TArrêt célèbre du 14 Mars 1669,
qui règle la difcipHne du royaume
iiir l'approbation des Réguliers poui-
î'a^miniihration dufacremcnfcléPé-
Jiitence. . *-
HL JOLY , ( Gui ) confeiller du
Sroi au Giâtdet, fut nommé, en
«6y2, fyndicdes rentiers de l'hô-
tel-de-ville de Paris.ll fuivit long-
temps le cardinal de. /Ç«q, & lui fut
attaché dans fa faveiif. & dans fes
difgraces 5 mais ITiiimeur' bizarre ,
Youpçonneufe & inconilante'de ce
fameux intrigant , l'obligea' de le
quitter, 11 laiâa des Mémoires depuis
9648, jufqu'en i66y^ qui font àVeux
du cardinal , ce que le domefHque
tft au maître , pour nous fervir de
l'expreffion de l'auteur du Sîec/e de
JLouis XIV, Si l'on en excepte la
fin , ils ne font proprement qu'un
ebrégé de ceux de fon maître , qu'il
peint avec affez de vérité. Joly y
|>aroît plus fage dans fes difcours ,
plus prudent dans fa conduite , plus
3ixe dans fes principes, plus conAant
dans fes réfolutions. Ses Mémoires ,
qui forment 2 vol. inri2 , ont été
B-éunis avec ceux du cardinal de
îReti, On a encore de lui : I. Quel-
ques Traités , compofés par ordre
de la cour , pour la défenfe des droits
^ U Ràszc » contre Fkrn Stoûmanr^
? o E
célèbre Jurifconfulte. II. Les «rflW
ffies de la Paix , & les Négociations
faites à la cour par les amis de M.
le Prince , depuis fa retraite en
Guienne-, in-foUo^ 1652. III. Une
Suite de ces mêmes Intrigues ,1652-,
in-4<> , &c. &c.
IV. JOLY ^ ( Guillaume ) lieii^
tenant-général de la connétablie 6t
maréchauffée de France, mort en
1613 , eft auteur: 1. D'un Traité de
la Jujiice militaire de France , in- 8.?
II. De la Vie de Guy Coquille ^ célèbre
jurifconfulte.
V. JOLY, (François-Antoine >
cenfeur-royal , né à Paris en 1672^
mort dans cette ville en 1753 à 8i
"ans , débuta par quelques pièces dé
théâtre pour les comédiens Italiens
"& pour les François. La plus efti-
mée éft VÉeole des Amours, Il fe fit
connoître enfuite plus avantageufe*
ment par des éditions : de Molière ,
in-4°; de Corneille, in-12 Vfle itacinè,,
in-i2 ; & dçMôntfîeury , in-12. Il
a laiffé un ouvrage manufcrit conr
fidérable , intitulé : Le nouveau &
grandCérémonlalde i7an«,gros in^fol.
dépofé à la bibliothèque du roil
Joly étoit d'un cara£teredoux, mo*-
deâe & officieux.
VLJOLYdeFleurt, (Guit*
laume-Franç. )néàParis en 1675 ;
d'une ancienne famille de robe , fut
reçu avocat au parlement en 169 c »
devint avocat-général de la cour
des aides en 1700 , & ayocat-gé-
nérâl au parlement de Paris en 1 70 f .
Il fit briller dans ces différentes pla-
ces les [qualités du cœur & de l'efr-
•prit. Sq:& plaidoyers » fes harangues^
fes autres difcours publics , rcfpl-
roient par-tout une éloquence à Faf
fois brillante & naturelle. L'illuflre
Daguejfeau ayant été fait chancelier
de France en 17 17, Joly de Fleary
le remplaça dans fe charge de pro-
cureur - général. 11 falloit un tel
homme pour calmer les regrets des
bons citoyens, Le aauvcau i^iqqu/»
î OL
Ifcr-gênéral remplit tous les de-
voirs de fa place avec une adHvité
d'autant plus louable , que fa fanté
«oit très-délicate. Son zelc pour
le bien public le porU à faire mettre
çn ordre les Resjftres du Parltment,
11 tira de Vobfcurité plufieurs de ces
regifbres , enfévelis dans la pouiSere
des greffes. Il fut y découvrir mille
chofes curieufes & utiles , propres
à réclairciifement de notre Droit,
de la pratique judiciaire , & de di-
vers points d'hiftoire. C'eft à lui
pareillement que l'on doit le travail
qui eft commencé , dans le même
goût , fur les rouleaux du parle-
ment : pièces dont , avant lui , l'on
n'avoit proprement aucune con-
noiflânce. Il en a fait faire , fous
fes yeux , des extraits & &çs dc-
pouillemens. Il a auffi dirigé jufqu'à
îa mort les inventaires & les ex-
traits que l'on feit des pièces ren-
fermées dans le tréfor des Chartres.
Ses infirmités Tobligercnt en 1746
de fe démettre de fa charge de pro-
cureur-général, en feveur de fon
aîné , digne fils d'un tel père. Son
cabinet devint alors comme untri-
lîunal où fe rendoit le pauvre com-
me le riche , la veuve & l'orphelin.
La France le perdit le 12 Mars
1756, dans fa quatre-vingt-unième
année, laiffant trois fils: l'un procu-
reur-général, l'autre préfîdent à mor-
tier, & le troifieme confeiller-d'E-
tat. U avoit été employé en 17^2
à calmer les difFérens qui déchi-
roient alors l'Eglife de France. Il
refle de lui plufieurs manufcrits,
monumens de fes connoifiances ,
de la fagacité de fon génie , de la
précifion& de Télégance fmiplicité
de fon ftyle. On trouve daift ces
manufcrits : I. Des Mémoires qui
font tout autant de Traités fur les
madères qu'ib embrafifent. II. Des
Obfervatîons t des Remarques & des
J^?o/« fur les différentes parties de
4^9tr§ Droit public. lU. Les tomce
î O N 1}
vï« 6c f ii« du Journal des Audien-»
ces , offrent quelques extraits de fes
Plaidoyers, L'homme privé ne fut
pas moins eftimable dans ce céle-^
bre magiflrat , que l'homme public.
Son caraflere étoit doux & bienâi-*
fant , fon abord ouvert, fes mœitt»
pures. La vivacité de fes yeux an-
nonçoit celle de fon efprit , fani
domier de mauvaifes impreifions
fur les qualités de fon cœur.
VIL JOLY, VoycrCnonsf^ lu*
I& IL
VIII. JOLY, (Jean Pierre de)
avocat au parlement de Paris , ^
doyen du confeil de M. le duc d'O/^
léans , naquit à Milhau en Rouer-^
gue l'an 1697 , & mourut fubite^
ment à Paris tn 1774, à 77 ansr*
Citoyen vertueux , jurifconfqlt»
éclairé , philofophe vrai , mais fan»
affiche , & favant fans jamais s'en
donner l'air , il alaifTé une mémoire
chère & refpef^able. Nous avons d«
lui une traduction fi-ahçoife in-S.*
des Penfées de P Empereur Marc-'Au"
rele , & une édition très-exaûe dii
texte Greo de fes Penfées,
JON, (Du ) Voy, IL JuNiu*,
JONADAB, fils de Rechah , de^.
cendant de Jethro , beau - père rfe^
^oyfe y fe rendit recommandable
par la ûûnteté & Tauflérité de fa
vie. il prefcrivit i fes defcendans»
un genre de vie très- dur, & des;
privations pénibles auxquelles I:^
loi n'obHgeoit perfonne , mais que
tendoient d'elles-mêmes à une plus)
exaâe & plus parfidte obfervatioa
de la loi. Il leiu* défendit l'ufage^
du vin , des maifons , de l'agricul-^
ture ,& la propriété d'aucun fonds ;^
& il leur ordonna d'habiter fou^.
des tentes. Les difciples de }ona^
dab s'appelèrent Re'chabites , du non^
de fon père. Ils pratiquèrent la rè-
gle qu'il leur avoit donnée , durant
plus de 300 ans. La dernière an-
née du règne de Jo^ddm roi de Juda^
ffabuçhoionofQT étant venu a$ég(fii
*4 J O M
)érufalem , les Réchahues iarM
obligés de quitter la campagne &
de fe retirer dans la ville , fafls
toutefois abandonner leur coutume
de loger fous des tentée. Pendant
le iiege , Jérénùc reçut ordre d'aller
cherdier les difciples de Réchah,
de les feire entret dans le temple >
& de leur préfenter du vin à boire*
L'homme de Dieu exécuta cet or-
dre , & leur ayant offert à boire ,
ils répondirent qu'ils ne buvoient
point de vin , parce que leur père
Jonadab le leur avoit défendu. Le
prophète prit de là occafion de faire
aux Juifs de vifs reproches fur leur
endurciflement. Il oppofa leur faci-
lité à violer la loi de Dieu, à Texac- '
titude rigoureufe a^iec laquelle les
'Jtédiahues obfervoient les ordon-
nances des hommes. Les Réchabî-
us furent emmenés captifs après la
prife de Jérufalem par les Chal-
déens , & l'on croit qu'après le re-
tour de la captivité, ils furent em-
ployés au fervice du Temple ; qu'ils
y exercèrent les fondions de por-
tiers , & même de diantres , fous
les Lévites.
L J O N AS , fils àUmathl , V.e
des petits Prophètes , natif de Gé-
.thepher dans la tribu de Zabulon ,
vivoit fous Joas , Jéroboam II , rois
d'Ifi^aël , & du temps d'OJlaî , roi
de Juda. Dieu ordonna à ce pro-
phète d'aller à Ninive , capitale de
l'empire des Affyriens , pour pré-
dire à cette grande ville que Dieu
l'alloit détruire* Jonas , au lieu d'o-
béir, s'enfuit , & s'embarqua à Jop-
pé pour aller à Tharfe en Cilicie.
Le Seigneur ayant excité une gran-
' de tempête, les mariniers tirèrent
.au fort pour fàvoir celui qui étoit
caufe de ce malheur , & le fort tom-
ba Air Jon4s. On le }eta dans la
mer , afin que fa mort procurât le
falut aux autres-, & auffi-tôt l'orage
s'appaifa. Dieu prépara en même-
iPI^ m grand pQ.i^ç^ J^q^ rççs^
J O NT
^6it Jonat , qui demeura trois JotêST
& trois nuits dans le ventre àé
l'animal. Le poifTon le jeta alors
fur le bord de la mer , & le pro-«
phete ayant reçu un nouvel ordrô
d'aller à Ninive , obéit. Los habi-
tans , effrayés de fes menaces , firent
pénitence, ordonnèrent un jeûne
public , & le Seigneur leur par-
donna. Jonas fe retira à l'Orient de
la ville , à couvert d'un feuillage
qu'il fe fit , pour voir ce qui arri-
veroit. Voyant que Dieu avoit ré-
voqué fa fentence touchant la def-
truàion de Ninive , il appréhende!
de paffer pour un faux prophète , &
fe plaignit au Seigneur , qui lui de-
manda s'il croyoit que fa colère
fût bien jufie ^ Pour le défendre
encore plus contre l'ardeur du foleil«
il fit croître dans l'efpace d'une
feule nuit un lierre, ou plutôt ce
qu'on nomme F aima Chrîju , qui lui
donna beaucoup d'ombre. Mais dès
le lendemain, le Seigneur envoya
im ver qui piqua la racine de cette
plante , la fit fécher , & laifTa Jona»
expofé , comme auparavant , à lar
violence du foleiU Cet événement
fut fort fenlible au prophète , qui>
dans l'excès de fa douleur , fou-
haita de mourir. Alors Dieu, pour
l'inflruire, luit dit: que ♦* puifqu'il
»» étoit fâché de la perte d'un lierre ,
»♦ qui ne lui avoit rien coûtée
»* il me devoit pas être fîirpris de
>♦ voir fléchir fa colère envers une
y grande ville , dans laquelle il y
M avoit plus de 120,00a perfonnes
>♦ qui ne favoient pas difUnguee
» entre le bi^n & le mal «. Jonas re-
vint de Ninive dans la Judée , &
5. Eplphane raconte qu'il fe retira
avec ià mère près de la ville de
Sur , où il demeura jufqu'à fa mort «
arrivée vers l'an 761 avant J. C.
Les Prophéties de Jonas font en hé-
breu , & contiennent iv Chapitres.
Il y a des mythologiftes qui pré-»
ipdfiQt qu.ç l^ ^\ç i4ad^,i^^
Ibé Inventée fiir ITiiftoire de Jonas;
mais les gens fenlës n*adoptent pas
des idées û bizarres. Les favans
ont beaucoup difputé fur le poif-
foa qui engloutit Jonas, Ce n'étoit
point une Baleine ; car il n'y a point
de baleine dans la mer Méditerranée
où ce propheteiut jeté. D'ailleurs
le gofier des baleines eft trop étroit
pourqu*un honune y puiffc paffer.
Les ikvans croient que le poiiTon
dont il s*agirt étoit une efpece de
Re^mn t>u de LamU,
n. JONAS, évêque d'Orléans,
«ort en 841 , laiffa deux ouvra-
ges dtimés. Le premier^ indtulé:
Infituîîon des Laies , fiit traduit en
françois par Dom Af*^, 1582, in-
11. Le fécond a pour titre : Infime-
non eu Roi Chkètluk , traduit e|^
françois par Defmaréts , 166 1, in-8.0
L'un & l'autre fe trouvent en latin
dans le SpicUege de d'Acheri, 11 y
a encore de Jonas un Traité dis
Miracles dans la Bibliothèque des
Pères , & imprimé féparément,.
1645 , in-iô. Ce prélat fiit la ter-
reur des hérétiques de fon tertps ,
le modèle des évêques & l'orne-
ment de plufieurs conciles,
IIL JONAS, ( Jufte) théologien
Luthérien, né dans la Thuringe en
1493» mort le 9^ oâobre 1^55 à
62 ans y doyen de l'univerfité de
Wittemberg, laiffa :I. Un Traité en
faveur du Mariage des Prêtres, à Helm-
ûadt , 1631, in-fol. II. Un de la
Meffe privée, III. Des Notes fur les
Aûes des Apôtres , Ôc d'autres ou-
vrages , in-S.o II fut un des plus
ardens difciplesde Luther,
IV. JONAS , ( Jmagrlmus ) af-
troBome Iflandois , difciple de Ty-
dio-Brahé-, & coadjuteur de reve-
nue de Hole en Iflande , mourut en
1649 , à 95 ans , après avoir pu-
blié un grand nombre d'ouvrages.
Les principaux font : I. L'Hlfiolre
fr la Defcrlpùon de l'Iflanie , Amfler-
to>, iÉ43i W-i-^ avçfi U P^H^li
J Ô N îj
de cet ouvrage , cffimable pour
rénidition & les redierches. Cette
Hiftoire eft en latin. II. Idea veii
Ma^ftratûs , Hafniae , 1689 ^ in-8,'*
III. Rerum Iflandlcarum ûhri très,
Hambourg, 1630, in-4.0 IV. Lap^îû
de Gundebrand de Thorlac , en latin »
in-4.0 , &c. Il pi-étend que l'Iflando
n'a été habitée que vers l'an 8741
de J. C. Ôcqueparconféquentelle
n'eft point l'ancienne ThuU. Ce pré*
lat fe maria, à l'âge de 91 ans^
à une jeune fille.
L JONATHAS ^ fils de Saut, ed
célèbre par fa valeur , & par l'ami*
tié conftante qu'il eut pour Davlâ
contre les intérêts de fa maifon»
11 défit deux fois les Philiftins»
& eût été mis à mort par Saiil^
pour avoir mangé d'un rayon de;
miel , { contre l'édit de fon pere^
qu'il ignoroit , par lequel il étoie
défendu fous peine de la vie de man»»
ger avant le foleil couché),fi le peu*
pie ne s'y fût oppofé. La guerre s'é-*-
tant de nouveau allumée quelque
temps après entre les Hébreux & les.
Philiftins , Saûl & Jonathas fe csm^
perentfur le mont Gelboé,avec l'ar*
mée d'Ifraël. Us y furentforcés, leur*
troupes taillées en pièces, & Jonathas
tué Tan 1055 avant J. C. La nou-:
velle en ayant été portée à David, iî
compofaun Cantique f\mehrç^ où il
fait éclater toute fa tendreffe pour
fon ami. Il l'aima au-delà du tom«
beau , dans la perfonne de fon fils,,
que fouvent il faifoit affeoir à fai
table , quoique peu propre à y fi-^
gurer , étant tout contrefait. Jona--^
thas eft un modelé admirable de Iz
générofité & de l'amitié chrétienne.
La gloire de David effeçoit la fien*^
ne , & il n'en eft point jaloux.
Quoique héritier préfbmptif de la
couronne , il prend , aux dépens de
fes propres intérêts, ceux de Tint
nocent perfécuté.
II. JONATHAS , fils de Samaa^
a^Ygm 4s DwU ^ ^ ^ gloire de
«g ÏON
tuer un Géant de 9 pieds de hant ;
qui avoit fix doigts à chaque main
& à chaque pied.
m. JONATHAS, (qu'on nomme
auffi Jonathan ou Johannan )
fils de Joiada, & petit-fils à'Eliafib ,
fuccéda à Ton père dans la charge
de grand - (àcrificateur des Juifs ,
qu'il occupa pendant environ 40
ans. Ce pontife déshonora fa di-
gnité par une adion barbare & fa-
crilcge. Il avoit un frère nommé
Jzsus , qui prétendoit parvenir à
la fouveraine facrificature par la
proteâion de Bogofi, général d'^r-
taxcrcès. Jonathas en conçut de la
Jaloufie, Un jour que les deux frères
ie rencontrèrent dans le temple ^ la-
^fpute s'échaufi^ û fort , que Joaa-^
thas tua Jefiis dans le lieu faint.
IV. JONATHAS,furnommé
'iipphus , l'un des plus grands géné-
raux qu'aient eu les Juifs , étoit
£ls de Mazathias & frère de Judas
Machahéc. Il força Baehldi, géné^
rai des Syriens , qui faifoitla guerre
aux Juii£ , d'accepter la paix l'an
du monde 161 avant J« C. Laré^
putation de Jonathas ût recliercher
fon alliance par Akxao.dft. Balas &
Dcmetrlus Sour , qui fe difputoient
le royaume de Syrie. U embrafTa
les intérêts du premier , & prit
pofleffion de la fouveraine facrifi-
cature , en conféquence de la let-
tre de ce prince qui lui donnoit
cette dignité. Deux ans après,
Alexandre^ Balas ayant célébré à
Ptolémaïde fon mariage avec la
fille du roi d'Egypte, Jonathas y
fut invité , & parut avec une magni-
ficence royale. Dcmetrlus , qui fuc-
céda à Balas, le confirma dans la
grande ûcrificature -, mais fa bon-
ne volonté ne dura pas long-temps.
Jonathas lui ayant aidé. à foiunet-
treceux d'Antioche foulevés con-
tre lui, Dcmetrlus n'eut pas la re-
connoiiTance qu'il devoit pour un
Ç.jrajiji JfetyiW : U 1^ prit en ayèjr
Son , & lui fit tout le mal qu*il ptrér
Diodou Tryphon , ayant réfolu d'en-
lever la couronne au jeune Antlo*
thus , fils de Balas , fongea d*a-,
bord à fe défîiire de Jonathas, Il l'at*
tira à Ptolémaïde ^ le prit par tralii-^
fon , & le fit charger de chaînes '^
enfuite, après avoir tiré de Simon
une fomme confidérable pour la-
rançon de fon firere, ce perfide le
fit mourir l'an 144 avant J. C.
V. JONATHAS , Juif d'une naifr
fance obfcure, (e diflinguatpar ik
bravoure au fiege de Jérufalem. Il
fortit un jour de la ville pour dé-
fier les Romains & en appeler
quelqu'un en duel. Un nommé Pu-
dau courut à lui pour éprouver
fes forces ; mais comme il s^avan-
cpit précipitamment , il tomba. Jo^
nathas , profitant de ia chute, le
tua fans lui donner le temps de fe
relever , & le foula aux pieds , l'in-
fultant avec une cruauté impu- •
dente. Un autre Romain nomm^
Prifcus , outré de cette infolence ^
lui décocha une flèche dont il lema«
Jonathas tomba mort fur le corps dç
fon ennemi.
VI. JONATHAS, tîiTerand di»
bourg de Cyrene. Après la ruine
de Jéruùlem par Taus , fils de l'em"
pereur Fc/paficn , il gagna un grand
nombre de Juifs & les mena fur
une montagne , leur promettant
des miracles , s'ils le choiûiroien&
pour chef *, mais il fiit arrêté paj?
Catulle, gouverneur de Lydie. Co
féduÛeur dit qu'on l'avoit engagé
à cette révolte ,. & nomma FUAua
Jofephe riiiftorien entre Ces cora-»
plices. Mais ccxnme celui-ci étoit
innocent , on ne s'arrêta point aux
accufations du calomniateur , qiû
fut condamné à être brûlé vif.
JONCOUX , ( Françoife - Mar-'
guérite de (naquit en 1660 d'ua
gentilhomme Auvergnac, & mou*
rut en 1715 , après s'être difHn-
guéé p^ ^ piété ^ (jps talens , Se
f<2^
Jt)N
ton ditadièment aux religieufes de
Poit-royal. On lui doit la TraducUon
des Notes de Nico/e ( caché fous le
aom de ÏTtnJrock ) fur les Provins
doits* Cette verfion a été imprimée
ea4 vol. isi-12. Mlle de Joncoux
avoit appris le Latin , pour pouvoir
affifter avec plus de goût aux offi->-
ces de TEglife. Voye^ LoUAiL.
JONES, (Inigo) né à Londres
en 1572, mort en 1652, à 80 ans ^
excella dans l'architedure , & fut le
Palladio de l'Angleterre , où le vrai
goût & les règles de l'art étoient
prefqu'inconnus avant lui. Il fut fuc-
teffivement archite£^e des rois Jac
fues I &. Charles L Ceû fur fes
deffios qu'ont été conâruits la plu<-
part des beaux édiftcies qu'on voit
en Angleterre. On a de lui des
Nous curieufes fur VÀRCftiTEC'^
TURE de Palladio , inférées dans
une traduâion Angloife qui en a
été publiée en 1742.
JONGH 4 ( Du ) Toy. ïuNitJS.
JONIN, ( Gilbert) Jéfuite^ né
en 1596, mort en 1638-342 aAs,
fe difiingua par fon talent pour la
poéûe grecque & latine , & excella
fur-tout Mans le lyrique. Oh remar-
que dans fbs poéiiés , delà Vivacité,
de rélégance , de la fadlité , & quel-
quefois de la négligence. On ia de
lui : L Pes Odes & des Epodes ,
Lyon, 1630^ in-i6. IL DesElé^cs,
Lyon^ i^34,in-î2. III. D'autrds
FocJUs en grec & en latin , 6 vol.
ïn-8.0 & in-16, 1634 a 1637.
JONSIUS , ( Jean ) natif de Hol^
ftein , mort à la ileur de fon âge
en 1659 , eft auteur d'un TrauéeRi-
mé , des Écrivains de l'fufloire de la
Philofophie , en latin. Domtus , qiii
en donna une bonne édition en
171 6 , in-4.° Icne a continué cet
ouvrage jufqu'à fon temps.
JONSON , Voyei Johnson.
ÎONSTON , ( Jean ) namralifte
né à Sambter dans la grande Po-
logne en 1603 , parcourut tous les
Tome V%
pays de TEurope , & mourut dan*
fa terre de Ziebendorf en Silé£e
le"8 juin 1675 , à 72 ans. Ona dâ
lui plufieurs ouvrages , parmi lef*
quels on diftingue fes hiftoîres des
Poiffons , des Oi/eaux, des infectes,
des Quadrupèdes , àes Arbres, éc, en
cinq vol. in-fol. 1650, 1653 &
1662. Cette édition , qui eft la pre-i
miere y eft auffi rare que recherchée.
Ce livre eft en latin. On a encore
de lui un traité De Arboribus&Fruc*
tibus , à Francfort fur le Mein, 1662,
in-folio. C'eft , de toutes les pro-
duélions de cet infatigable natu-
ralifte, la meilleure &r la moins
commune. Tous fes Ouvrages ont
été réimprimés en 10 tomes in-foU
1755 a 1768.
11 ne faut pas le Confondre avec
Gtdllatme Jo N s TO n ,Ecof[oiSy mort
en 1609 , dont on a un Abrégé dô
VHiftùîre de Sléidan,
I. JORAM , roi dlfraël , aprèâ
fon frère Ochofias , l'an 896 avant
J. C. , étoit fils d*Achab, Il vainquit
les Moabités , félon la prédidioA
du prophète Èlifée , & fot dans la
fuite affiégé dans Samarie par Bena^
dad roi de Syrie. Ce fiege réduifit
cette ville à une fi grande famine »
que la tête d'un âne s'y vendoit 80
ficles. C'eft alors qu'arriva une hif*
toire tragique , dont il y a peu
d*exemplcs. Une femme , étant con-
venue avec une autre de manger
leurs enfans , & ayant d'abord four-
ni le fien , vint demander juftice à
Joram contre l'autre mère qi i refu*
foit de donner fon enfent. Ce prin-
ce, défefpéré d'un accident fi bar-
bare, tourna fa fureur contre £/t-
fée, & envoya des gens pour lui
couper la tête. Mais , fe repentant
bientôt d'un ordre auflî injufte , il
courut lui-même pour en empêcher
l'exécution ; & le prophète l'aflura
que le lendemain, à la même heure ,
la farine & l'orge fe donneroient
prefque pour rien. Cette prédi^o^
■.tf ion
s'accomplit en effet. Les Syrîcfts
ayant été frappée d'une frayeur
divine , prirent la fuite en tumulte ,
& laiflerent un très - riche butin
dans le camp. Tant de merveilles
ne convertirent point Joram , il
continua d'adorer les Dieux étran^
i;ers. Enfin, ayant été blefle dans une
bataille contre Aiaël , fucceffeur de
Benadjd , il fe fit conduire à Jezrael.
Il y fut percé de fieches d^s le
champ de Naboth , par hlm , général
de fon armée , qui fit jeter fon
corps aux chiens dans ce même
champ y l'an SS4 avant J. C. félon
la prédiction du prophète Elh,
IL JORAM, roi de Juda / fuc-
céda à fon pcre Jofaphat Tan 889
avant J. C. Loin d'imiter fa piété »
il ne fe fignala que par des aâions
d'idolâtrie & de fiureur. 11 époufa
Athalle fille é'Achab , qui caufa tous
les nicdheiurs dont fon règne fiit affli-
gé. A peine fiit-il fur le trône ^ qu'il
ife fouilla par le meurtre de £ss pro-
|>res frères , & des principaux de
ion royaume ,. que Jofaphat avoit le
plus aimés. Il imita toutes les abo^
minations des rois d'Iiîaël : il éleva
des autels aux idoles dans toutes les
villes de Judée ^ & excita fes ûijets
a leur facrifier . Dieu , irrité de îe&
impiétés , fouleva contre lui les
Iduméeas , qui , depuis les viûoi-
res de Judas , avoient toujours été
aiTujettis aux rois de Juda. La ville
de Lobna fe retira de (on obéiiTan-
ce , & ne voulut plus le reconnoître
pour fouveraio. Les Philiilins &
les Arabes firent une irruption dans
la Judée » où ils mirent tout à feu &
à fang. Jorum fiit lui-même attaqué
d'une horrible maladie, qui lui caufa
pendant deux aiis des tourmens in-
croyables , & qui le fit mourir l'an
$8 5 avant J. C, comme le prophète
EIU l'avoit prédit.
JORDAIN , général des Domi-
nicains , né à Borrentrick dans le
fiiocefe de Paderbora > gouverna
î ô K
fon Ordre avec fageffe, & y fit f!ai-i
rir la fcience & la* piété. Il péric
dans la mer, auprès deSatalie, eti
revenant de la Terre -fainte^ l'an
1257. Ceftlui qui introduifit l'ufa-
ge de chanter le S^lve Regîna après
Complies. On a de lui une Hîfioire
'de Poîiffne de fon. Ordre, que le P.
Echard a inférée dans fon HJflolra
det Ecrivains Domaucains, £Ue cft
telle qu'on devoît l'attendre d'un
homme zélé pour la gloire de fon
corps.
JORDAN, (Raimond)f'<>yet
Idiot.
JORDAN, (Charles. Etienne)
né à Berlin en 1700 d'une famille
originaire du Dauphiné ^ montra
de bonne heure beaucoup de goût
pour les lettre» & pour l'étude^
Après avoir exercé le miniftere , il
fut confeiller - privé du grand -di-^
re£koire François , curateur des uni<r
verfités , & vice-préôdent de Taca**^
demie desfciencesdèBerlin^où il
mourut en 1745 1 ^ 4T ^ns. Le rot
de PruiTe , qui refiimoit& qui l'ai-^
moit ,. lui fit ériger un maufolée de*
marbre, fur lequel on lit : Ci'^t
Jordan ^ Pami des mufts & du roû
Ce prind; dans un éloge académi-r
que qu'il lui confacra.,. en fiiit ua
portrait très-avantageux.^ yy Jordan ^
y> dit-il, étoitnéavccunefpritvif,.
>» pénétrant, & en même temps ca--
»♦ pable d'application : lii mémoire^
>♦ étoit vafte , & contenoit ,; comme
» dans un dépôt, le choix de ce que
>♦ les bons éaivains dans tous Ics^
>« fiedes ont produit déplus exquis..
M Son jugement étoit sûr ^ & fon-
>♦ imagination brillant» •, elle étoit
>* toujours arrêtée par le frein de la
vt raifon, fans écart dans fes faillies:^
f> fans féchereffe dans ik morale:
H retenu dans fes opinions , ouvert
>* dans fes difcours , plein d'urba-
» nité & de bienfaifance , chérifiant
v> la vérité & ne la déguifant jamais :
yt humailu , généreux , ferviable j
A ()6â dtoyên ^ iîdèlle à fes amis , à
*> {on maître & à fa patrie* m On
fie peut qu'avoir une grande idée
du coeur de Jordan^ en lifantce por*
trait 'y mais on en a une aâez mé"
dioae de fon efprit en lifant {e%
txivrages. Les principaux font : 1.
h'MJLirc d'un Voyage littéraire en
France , en Angleterre & en Hol*-
lande , femée d'anecdotes fatiri*
ques, in^ia. II. Un Recueil de lit*
térature^ de Philojuphie & d*Hlftoir9y
ia-ii , où Ton trouve quelques re-
marques favantes & plufieurs mi-
toudes. m* Une Vie de la Croie :
Voyez fon article^
L JORDANS, (Jacques) né à
Anvers en 1 594 , difciple deRubens,
cauik de la jalouiie à fon maître , par
ÛL manière forte , vraie & fuave. On
dit que Rabens , Craignant qu'il ne le
furpa£at, l'occupa longtemps à faire
en détrempe des cartons de tapif-
Ceries^ & qu'il afiFoiblit ainâ fon
I t'^nceau fier & vigoureux. Jotdans
excella dans les grands fu)ets &
dans les fujets piaifans. Il embraf^-
foit tous les genres de peintures ,
& réuffi£bit dans prefque tous. On
I remarque dans fes ouvragés une par-
I Édte intelligence du clair-obftur ,
\ beaucoup d'expreffion & die vérité i
ils inanquent quelquefois d'éléva*
tion & de nobleffe. Ses principaux
Tableaux font à Anvers & dans
quelques autres villes de Flandres.
Il mourut en 1678, à 84 ans. Il
ëtoit gendre du célèbre Van-^Oorti
n. JORDANS , (Luc ) peintre
furnommé Fa^Presto , à caufe de
ia célérité avec laquelle il travail-
loit , naquit à Naples en 1631.
Paul Vérone/eîut le modèle auquel
il s'attacha le plus. Le roi d'Efpagne
Charles II Tapela auprès de lui ,
pour embellir TEfcurial. Le roi &
la reine prenoient plaifif à le voir
peindre, & le firent toujours cou-
vrir en leur préfence. Jorâans avoir
^ humeur gaie, & des iailUes qui
antufeîent la coiu*. L'aifance & la
grâce avec laquelle il manioit Id •
pinceau , fe faifoit remarquer de toUfl
le monde. La reine lui parla un jour
de fa femme , & témoigna avoir en«
vie de la connoître^ Le peintre
auffi-tôt la repréfenta dans le ta*
bleau qui étoit devant lui, & fit
voir fon portrait à fa majeflé , qui
fut d'autant plus étonnée , qu'elle
ne fe doutoit point de fon inten««
tion. Cette princefTe détacha danft
l'inflant fon collier de perles ^ & le
donna à Jordans pour fon époule*
Le roi lui montra un jour un tableau
du Bujfah , dont il étoit fâché de
n'avoir pas le pendant : Luc peu de
jours après fit préfent d'un à fa ma-«
jefté y qu'on crut être de la main du
Baffan ; & Ton ne fut défabufé, que
quand il fît voir que le tableau étoic
de lui-même. Tel étoit le talent de
Jordans ,• il imitoit à fon gré tous lea
peintres célèbres. Le roi s'attachant
de plus en plus à ce favant artifle ,
le nomma chevalier. Apirès la mort
de Charles II , il revint dans fa pa-
trie, où il mourut en 170c. Ses
principaux ouvrages font à l'Efcu-
rial , à Madrid , à Florence & à
Rome. Ses Tableaux font en trop
grand nombre , pour que la plupart
ne foient pas incorreÔs -, mais il éft
a laiffé quelques-unsl de très - finis
& très^gracieux , & dans tous on
admire une grande célérité de pin«
ceau.
JORDI , V<yei Messew*
JORN ANDES, Goth d'origine,
fut fecrétdire des rois Goths en
Italie, fous l'empire de JuJHnîen^
ainfi il vivoit en $52 : voilà tout
tt qu'on fait de fa vie: On a de
luiMeux ouvrages , dont lun porte
pour titre :Z>e réus Gothlcis^ dans
la Bibliothèque des Pères. Il a été
traduit par l'abbé de Maupertuy, Il
eft fi conforme à VHtftolre des C^oths
par Cajpodore, qu'on croit que ce
n'en eft qu'un Abrégé. L'autre eflb
Bij
.10 J O s
Intitulé : De origine Mundi, de- rerunt
, & umporum fucc^Jfijnc , 1617, in-8*'
& dans la Bibliothèque des PP. On
trouve qu'en cet ouvrage Jomandès
a beaucoup pris de Florus fans le ci-
ter. Cet auteur eft d'ailleurs trop
partial , fur -tout dans les endroits
où il parle des Goths.
JORRY, (Faur de Saint) Voye^
Faur, n° IL
JOSABETH , femme du grand-
prêtre /o*Wa,fauva Joas du maifacre
que faifoit AthalU deç princes du
fang de David i Voy. i. JoAS.
JOSAPHAT, fils & fucceffeuf
^Afa. roi de Juda, Tan 914 avant
J. G. , fut un des plus pieux fou-
verains de ce royaume. 11 détruiiit
le culte des idoles , & envoya des
Lévites & des doâeurs dans toutes
les provinces de fon obéifîance,
pour inilruirele peuple de ce qui
jconcernoit la religion. La feule
chofe que l'Ecriture reproche à ce
prince pieux , c'eft d'avoir imt
époufer à fon fils Joram , AthalU,
qui fut la ruine de fa maifon , & d'a-
voir entrepris la guerre contre le?
Syriens avec ce même prince. Cette
guerre fiit malheureufe -, le roi d'If-
i-aël y fut tué. Jo/aphat, reconnoif-
fant la faute qu'il avpit faite cnfe-
. courant cette impie , la répara par de
nouvelles avions de piété. Les Am-
monites , les Moabites & les Arabes
J'étant venu attaquer , il s'adreifa
au Seigneur , qui lui accorda la vic-
toire fiir ces peuples d'une manière
miraculeufe. Les chantres du tem-
ple fe mirent à la tête de fes trou-
. pes , & commencèrent à chanter les
louanges du Seigneur. Leurs voix
, ayant répandu la terreur parmi les
infidelles , ils s'entre-tuerent , & ne
laiflerent à Jofaphat que la peine de
Recueillir leurs dépouilles. Ce prince
"continua le refte de fa vie à mar-
cher dans les voies du Seigneur,
làns s'en détourner , & il mourut
JTaii $S9 avant Jefus-Qurifl , après
j 0 s
'2j ans de règne. Ce pniice aVoSr
1 160,000 hommes propres à porter
les armes dans fes états, félon le
témoignage de l'Ecriture.
h JOSEPH, ûh de Jacoh & de
Rjichel, fi-ere utérin de Benjamin. Set
autres frères , envieux de la prédi-
dileâion que fon père avoir pour
lui , & de lafupériorité que lui pro-
mettoient quelques fonges, méditè-
rent fa perte. Un jour qu'il étoit allé
de la part de fon père vifiter fes frè-
res,-occupés au loin dans la cam-
pagne à faire paître les troupeaux»
ils réfolurent de le tuer. Mais , fur
les remontrances de Ruben, ils le. je-
tèrent dans une vieille citerne fans
eau , à ^elTcin de l'y laiffer mou-
rir de faim. A peine fut-il dans la
citerne , que Judas , voyant pafier
des marchands Madianites & limaëi^
lites , perfuada à fes frères de le
vendre à ces étrangers. Ils le leur
livrèrent pour 20 pièces d'argent;
& ayant trempé fes habits dans le
fang d'un chevreau , ils les envoyè-
rent tout déchirés & en£anglantés
à leur père , en lui faifànt dire
qu'une bête féroce Tavoit dévoré.
Les marchands qui avoient acheté
Jofeph , le menèrent en Egypte, &
le vendirent au général des armées
de Pharaon , nommé Putlphar. Bien-
tôt il gagna la confiance de fon
maître , qui le fit intendant de fes
autres domefiiques. La femme de
Putlphar conçut pour lui une pai^
fion violente. Cette femme volupr
tueufe l'ayant un jour voulu rete-
nir auprès d'elle dans fon appar-
tement, le jeune Ifraëlite prit le
parti de fe fauver en lui abandon-
nant fon manteau par lequel elle
l'arrêtoit. Outrée du mépris de /o-
feph > elle rapporta à fon mari que
l'Hébreu avoir voulu lui faire vio-
lence , & que , dans la réfifiance
qu'elle avoir faite , fon manteau
lui étoit refté entré les mains. Pu-
tlphar indigné fit mettrç Jofiph çg^
ÏOS
frifon. Le jeune Ifraëlite y expli-
qua les fonges de deux prifonniers
iîluftres , qui étoient avec lui. Pha-^
TOùn^vtStnm de ce fait^dans un temps
qu'il avoit eu un fonge effrayant ,
que les devins & les fages d'Egypte
ne pouvoient expliquer , fit fortir
iojepft de prifon. Cet illuiire op-
primé , alors âgé de 30 ans, lui pré-
dit une famine de 7 ans , précédée
d'une abondance de 7 autres années,
le roi, plein d'admiration pour /o-
feph , lui donna Tadminiflration de
ion royanrae , & le fit traverfer la
ville fur un chariot , précédé d'un
béraut , criant que tout lé monde eût à
féchtr le genou devant ce Mînlfirc* La
^mine ayant amené fes frères en
Egypte pour demander du blé , /o-
/^ feignit de les prendre pour des
copions. Il les renvoya enfuite,
avec ordre de lui amener Benjamin ,
& retint Sîméoa pour otage. Jacoh
rcfufa d'abord de laiffer aller Ben-
jamin ; mais^ la famine croifiant, il
fut contraint d'y confentâr.. Jvfeph
ayant reconnu fon jeune firere , fils
de Rachel comme lui, ne put retenir
fcs larmes^ Il fit préparer un grand
feftin pour tous fes fireres , qu'il fit
placer félon leur âge , & eut des at-
tentions particulières pour Benja-
min. Jofeph fe fit enfin connoître
à ibs frères , leur pardonna , ficles
renvoya , avec ordre d'amener
promptcment leur père enE^pte.
Jacoh eut la confolation de finir fes
jours auprès de fonfils, dans la terre
deGeffen , que le roi lui donna, /o-
/«pA y après avoir vécu 1 10 ans , &
avoir vu fês pedts^fils jufiqu'à la 3*'
génération, tomba malade. Il fit ve-
nir fes frères, leur prédit que Dieu
les feroit entrer dans la Terre - pro~
jnlfe , & leur fit jurer qu'ils y tranf-
porteroient fes os. Cell ce qu'exé-
cuta Moyife , loriqu'il tira les Ifraë-
Utes de l'Egypte ; & ce corps fut
donné en garde à la tribu d'Ephraïm,
§À Vonter^a près, de Sidiem ^ d<m^
j o s ir
le champ que Jacob avoît donné en
propre à Jofeph peu avant fa mort.
Ce patriarche mourut l'an 1635
avant J. C. , après avoir gouverné
l'Egypte pendant 80 ans. Il laifik
deux fils , Manafsès & Ephràim , de
fa femme Afeneth , fille de Putiphar
grand-prêtre d'Héliopolis. Tout le
monde connoît fon Hîfioire intéref^
faute, en profe poétique, par M,
Bltaubé,
II. JOSEPH, fils de Jacoh, pe-
tit-fils de Mathan , époux de la Ste.
Vierge , &pere putatif de }. C. , étoit
de la tribu de Juda & de la fa-
mille de David. On ne fait point
quel fiit le lieu de fa naifiance ;
mais on ne peut douter qu'il ne
fut établi à Nazareth , petite ville
de Galilée dans la tribu de Zabu•^
Ion. Il eft confiant par l'Evangile
même qu'il étoit artifan , puifquc
les Juifs parlant de Jésus-Christ
difent qu'il étoit FahrlfiUus, Il étoit
fiancé à la Vierge Marie, Le myf-
tere de l'incarnation du Fils de Dieu
ne fut pas d'abord révélé à J-ofeph* .
Ce faim homme , ayant remarqué,
la groflfefl'ede fon époufe , voulut
la renvoyer Secrètement -, mais
l'Ange du Seigneur lui apparut, &
lui révéla le myftere. Jofeph n'eut
jamais de commerce conjugal avec
la Ste, Vierge^ Il l'accompagna à Bé-
thléhem , lorfqu'elle mit au monde
le Fils de Dieu. Il s'enfiiit enfuite
en Egypte avec Jefus & Marié , &r
ne retourna à Nazareth qu'après
la monà*Iie'rode. L'Ecriture dit que
Jofeph alloittous les ans à Jérufa-
lem avec la Ste. Vierge pour y célé-
brer la fête de Pâques , & qu'il y
mena Jefus-Chrifl à l'âge de n ans.
Ell^ Jie rapporte rien de plus de fa
vie, ni de fk mort. On croit néan-
moiiis qu'il mourut avant J. C. *, cjar»
s*il eût été vivant au temps de la'
pafiîon , on penfe que le Fils de
Dieu , expirant fur la Croix , lui
eùt>reconuïiandé la Su^ Vierge f^:
Biii
Vi ï o s
mcrc, & non pas à 5. Jean, On
^ été long-temps dans l'Eglife fans
rendre un culte religieux à S, Jo^
fcph. Sa fête étoit établie en Orient
long-temps avant que de l'être en
Occident. On dit que les Carmes
font les premiers qui l'ont célé-
brée en Europe. Sixte. IV l'infUtua
pour Rome, Ôcplufieurséglifesont
4epuis fuivi cet exemple.
JOSEPH-BARSABAS, furnom-
mé le Julie , Voye^ Barsabas.
m. JOSEPH o« JosuÉ, fils de
Mode & de CUophas , étoit frère de
5. Jacques le Mineur , de 5. Simon &
de 5. Jude , & proche parent de /. C.
ielon la chair. L'Ecriture ne nous
apprend rien de plus /à ce fujet.
IV. JOSEPH d'Arimathie,
prit ce nom d'une petite ville de
Judée , fituée fur le Mont Ephraim ,
dans laquelle il naquit. Il vint de-
meurer à Jéruialem , où il acheta
des maifons. 5. Mathieu l'appelle
Biche ^ oT 5. Marc un noble Dé-
Kurion , c'eft-à-dire, confeiller ou fé-
fiateur. Cet office lui don^ioit en-
trée dans les plus célèbres affem-
l)lées de la ville -, & c'eft en cette
qualité qu'il fe trouva chez le grand»
prêtre C uphe , lorfque J. C. y fut
mené ; mais il ne voulut point con-
sentir à fa condamnation. L'Evan-
gile nous apprend que c'étoit un
Jiomme juile & vertueux, du nom-
bre de ceux qui attendoient le
royaume de Dieu. Il étoit même
difciple de J. C. -, mais il n'ofoit
ie déclarer ouvertement , par la
crainte des Juifs. Après la mort du
Sauveur , il alla hardiment trouver
jPi/ate , & lui demanda le corps de
/e/i^-CAri/2pourrenfévelir; il l'ob-
tint , & le mit dans un fépulcre neuf
qu'il avoit fait creufer dans le roc
d'une grotte de foajardin. L'Ecri-
ture ne dit plus rien de Jojeph 'd'A--
ritn4thle ; mais on croit qu'il fe joi-
gnit aux Difciples, & qu'après avoir
|>aâS k xdk de â vie (Uns la ks^.
veur des premiers Chrétiens , il
mourut à Jérufalem.
V. JOSEPH*, beau-frere d'JÏ/-
rode le Grand , par Salomé fa fœut
qu'il avoit époufée. Ce roi , en par^
tant pour aller fe juftifier auprès
d'Antdne , fur la mort A'AriJiobule
grand-facrificateur ., le chargea du
gouvernement de fes états pendanÉ
fon abfence. Il lui ordonna en même
temps , fous le fceau du fecret , de
faire mourir Manamne fa remme,
s'il ne pouvoit fe difculper. L'im-
prudent Jofeph découvrit fon fecret
à Mariamne, Celle-ci le reprocha à
Hirodty qui de dépit fit mourir' 7o-
feph , fans écouter fes juftifications.
VL 10S^H,ouplutôt JOSEPHE,
{Flavius ) né à Jérufalem , 1 an 37
de J. C. , de parens de la race fa-
cerdotale , montra de bonne-heure
beaucoup d'efprit & de pénétration*
Dès i'âge de i4ans , les pondfes le
confultoient. U fut l'ornement de la
fe£be des Pharifiens dans laquelle
il entra. Un voyage qu'il fit à Ro-»
me , perfe£tionna fes talens & aug-
menta fon crédit. Un comédien Juif,
que Néron aimoit , le fervit beau-
coup ~à la cour de ce prince. Cet
aâeur lui fit connoitre l'impératrice
Poppée , dont la protection lui fut
très-udle. De retour dans la Judée,
il eut le commandement des trou-
pes , & fe fignala au fiege de Jota-»
pat , qu'il foudnt pendant fept fe«
maines contre Vejpafien & Titus.
Vefpapm ayant féfolu d'employer
le bélier pour battre la place ( dit
D* Calmet),Jofephei pour diminuer
l'effet de cette machine , fit fulpen-
dre quantité de facs pleins de paille ,
& les fit tomber par des cordes à
l'endroit où le bélier devoit frap»
per; mais les Romains avec des
faux coupèrent ces cordes , & ren-
dirent inunie la précaution de /o-
fephe. Au point du jour il y eut uno
,brêche confidérable ; mais les affié^
gé« réparèrent le mur avec uae di«
10 s
Ggence iacroyable^ avant que ie9
Romains eurfent drelTé un pont,
pour aller de leurs machines fur les
murs de la place. Le jour même ,
Ve/pa/un fit donner un aâaut gé-
néral par trois endroits , & fit en-
velopper tout le tour de la place ,
afin que nul des afiiégés ne pût
échapper. Jofephe s'attacha princi-
palement à la défenfe de la brèche,
qui étoit l'endroit le plus dange-
reux; & après avoir foutenu avec
beaucoup de vigueur les efforts des
ennemis ^ voyant qu'il alloit fuc-
comber à la multitude des affié-
geans, il fit jeter fur euxplufieurs
chaudières d'huile boiûUante , ce
qm les obligea de fe féparer & de
fe redrer. Cependant Vefpafien fut
averti par un Juif transfuge , que les
afîîégés étoient accablés de fatigue,
&que l'heure la plus propre pour
livrer l'alTaUt feroit vers le point
I du jour, lorfque épuifés par la veillé
^ & les travaux de la nuit , ils pren-
éroient un peu de repos. VeJp::Jîen
profita de cet avis , éc uns £âire de
bruit, il fit avancer le tribun Domîtius
Sab'mus, & quelques foldats choifis,
qui tuèrent les fentinelles , & en-
trèrent dans la ville fans trouver la
moindre réfiftance ; ilsfiirentfuivis
par leurs camarades , & la ville
etoit prife long-temps avfmt que les
af&égés fufient éveillés. On tua
tout ce qu'on rencontra, fans diftin-
âion. La place fiit emportée le pre-
mier de Juillet de l'an 69 de J. C
après 47 jours de fiege. On y com-
pta 40 mille JuiÉs de tués , fans par-
ler de 1200 prifonniers. Jofephe s'é-
toit fauve dans une caverne creuféc
à côté d'un puits fort profond» où
il trouva quarante des fiens, qui
avoient des provifions pour plù-
fieurs jours. Il y demeuroit caché
tout le jour ; mais la nuit il fortoit ,
pourvoir s'il pouvoit trouver quel-
que moyen defe fauver. Le 3- jour
«ne i&amç Iç 4ççQuvnt; à yéfpam
J O s 15
fiai , qui lui fit propofer de fe ren-
dre ; mais Jofephe en fut empêché
par fes compagnons , qui lé mena-
cèrent de le tuer s'il y confeatoit.
Ces furieux , pour ne pas tomber
entre les mains dô leurs ennemis »
propoferent de fe donner la mort ;
& Jofephe ne réuffit qu'avec peine
à leur perfuader de ne pas tremper
leurs mains dans leur propre fang »
mais de recevoir la mort par la
main d'un autre. Ils tirèrent donc
au fort , pour favoir qui feroit
tué le premier par celui qui le fui-
voit. Jofephe «ut le bonheur de refter
avec un autre , à qui il perfuada de
fe rendre aux Romains, Vefpafun,
vouloit garder fon prifonnier pour
l'envoyer à l'Empereur Néron, Jofe^
phe l'ayant fu ,. demanda nne au-»
dience particulière, qui lui fut ac-
cordée. Vefpafien étant feul avec *
TitMs & deux de fes intimes amis »
Jofephe lui prédit qu'il feroit élevé
à Tempire après Néron oc après quel-
ques autres. Pour le convaincre de
la vérité de cette prédiéHon , il af-
fura qu'il avoit annoncé aux habi-
tans de Jotapat le jour précis au-
quel cette place devoit être prife 3
prédi£^ion qui avoit été fuivie de
l'effet , félon le témoignage des
prisonniers Juifs. (Quoique Vefpa*
fien ne fit pas alors grand fond fur
les promeffes de /o/îj^Ac, l'événement
les juftifia. Quelque temps après ,
il tint une affemblée à Béryte , où »
après avoir loué publiquement le
courage de fon captif , il fit brifcr
les chaînes dont il avoit été lié
jusqu'alors , 8e lui rendit l'honneur.
& la liberté. Jofephe ayant accom^
p2^né Titus au fiege de Jérufalem ,
eilaya plufieurs fois de faire ren-»
trer fes compatriotes en eux-mê»
mes ,. & les engagea à recourir à la
déitience des Romains. Les Juifs
ne répondirent à fes fèges remon-
trances que par des injuxes & des
awlé<iiftiQn5. Un jourraêmevCQjatf
B iv
me il leur parloit affez près des mu-
railles , il reçut un coup de pierre
qui lé fit tomber évanoui. Il feroit
tombé entre les mains de ces fu-
rieux , fi les Romains n'étoient ac-
courus pour l'emporter & le panfer.
Le péril qu'il avoit couru augmenta
l'eftime & l'afFeûion du général Ro-
main. Après la prife de Jérufalem ,
il obtint la liberté de plufieurs de
fes compatriotes , & Thus lui donna
les livres facrés qu'il lui avoit de-
mandés. Titus retournant en triom-
phateur à Rome, jnena Jojepke avec
lui , l'an 71 de J. C. Vefpafiai, alors
empereur , le logea dans la maifon
qu'il occupoit avant qu'il fût par-
venu à l'empire. Il le fit citoyen
Romain , lui afligna une penûon, &
lui donna des terres en Judée. Thus
ne lui marqua pas moins de bonté *,
6 ce fiit en reconnoiiTance des
Caveurs dont ces princes l'avoient
honoré, qu'il prit le nomdeF/^z-
-vius, qui étoit celui de la famille
de Vefpaficn, Dans le loifir où /o-
fephc fe trouva à Rome , il com-
pofa ou continua la plupart des ou-
vrages qui nous reftent de lui. I.
UHlfloîrc de la guerre des Jfulfi , en
7 livres. L'auteur l'écrivit d'abord
en fyriaque , & la traduifit en grec.
Cette Hiftoire plut tant à Tiius, qu'il
la figna de fa main , & la fit dépo-
fer dans une bibliothèque publique.
On ne peut nier que Jofephe n'ait
l'imagination belle , le flyle ani-
mé , l'expreflion noble ; il faitpein"
dre à l'efprit & remuer le cœur.
C'eft celui de tous les hifloriens
Grecs , qui approche le plus de Tue-
JJve ^ auffi S. Jérôme Tappeloit-il
Je Tue-^Uve de la Grèce. Mais, s'il
a les beautés de l'hiftorien Latin ,
il en a auffi les défauts. U efi long
dans fes harangues , & exagérateur
dans fes récits. II. Zes Antiquités
JudaiqMs , en vingt livres : ouvrage
écrit avec autant de noblefie que
|e précédent , mais dans lequel Tau-^
J O S
t^Uradéguifé, afïbibli ou anéanti
les miracles attefiés par l'Ecriture.
U corrompt par -tout ce qui pou-
voit blelTer les Gentils. Ilparoîtque
Jofephe étoit encore meilleur poli-
tique que bon Ifraëlite. L'intérêt le
dirigea dans fes écrits comme dans
fa conduite. U ne craignit pas d'ap-
pliquer les prophéties fur le Mef--
fie, à l'empereur Vefpafien , tout
païen qu'il étoit. IlL Deux Livres
contre Àpion , grammairien Alexan-
drin , un des plus grands adver-
faires des Juife. Cet ouvrage éft
précieux, par divers fragmens d'an-
ciens hifloriens que l'auteur nous
a confervés. IV. Un Dif cours fur
le martyre des Machahées , qui eft
un chef-d'œuvre d'éloquence : /o-
fephe eût pu être un des plus grand»
orateurs , comme il eft un des plus
grands hiftoriens. V. Un Traité de
fa Vie, La meilleure édition de fes
Ouvrages eft celle d'Amfterdam,
1726 , en z vol. in-fol. en g^ec &
en latin, par les foins du favant
H^verc mp. Il y en a une autre par
Hudfon , Oxford , l'yio , % vol. in-
fol. moins eftimée. Nous en avons
deux traduûions en notre langue ;
la V^ par Amiuldd*AndlUy ; la 2«
par le P. GilUt : celle - ci eft faite
avec plus d'exaûimde , Tautre efl
écrite avec plus de force : ( Voye^
leurs articles. )
Il ne fout pas confondre avec un
autre Juif Jofeph de PakJUne , dit le
comte Jofeph , chef de fa nation fous
Confiandn. Sa févérité à maintenir
les bonnes mœurs & la difcipline
lui ayant, fait beaucoup d'ennemis ,
&c lÂeu l'ayant touché par le bon
exemple des chrétiens & par des .
avertifTemens intérieurs , il reçut le
baptême. L'empereur ConfUntm le
fit comte , & lui donna la permif-
fion de bâtir des églifes à Tibérya-
de , à Diocéfarée & dans d'autres
villes de la Paleiline. Sa demeure
étQit à Scythopole où les Juifs Q^
jo s
fes Syriens fe réunirent pôur trou-
Wer fon repos. Il retira chez lui
S, Eufibc de Verceil , qui fut vifité
par 5. Eplphane , auquel le comte
hfepk raconta toute l'hiftoire de fa
coofervation : il avoit alors 70 ans.
On préfume qu'il mourut vers l'an
360. On lui donne le titre de Saint
dans plufieurs mart3rrologes.
Vil. JOSEPH Ben-Gorion,
•aGoRioNiDES, (c'eft-à-dire, fils
de Gorion , ) fameux hiilorien Juif,
^s les rabbins confondent mal-
a-propos avec le célèbre hiilorien
Jofcphe , vivoit vers la fin du ix*
£ecle , ou au commencement du x^.
Il nous reile de lui une Hlftoin des
Juifs, que GagnUr a traduite en
latin , Oxford, 1760^ in-4.0 II y en
a une édition hébraïque & latine ,
de Gotha, i707,in-4.° Onvoitpar
ce livre même , que V auteur étoit ,
ièlon toutes les apparences , un
3mf du Lainguedoc. Le premier écri-
yân.qui a cité cet ouvrage, eft
Saadlas'Gaony rabbin célèbre , qui
vivoit au milieu du x« fiecle.
Vm. JOSEPH I." , 1 5 « empereur
de la maifon à.' Autriche, fils aine
de l'empereur Léopold , naquit à
Vienne le 18 Juillet 1678 , cou-
ronné roi héréditaire de Hongrie
en 1687. Il fiit élu roi des Romains
en 1690 , & monta fur le trône
impérial après la mort de fon père
le j mai 1705. L'efprit du fils étoit
vif & plus entreprenant , plus éloi-
gné dies finefles & de la politique
Malienne , plus propre à brufquer
les événemens qu'à les attendre ,
confultant fes minières & agifiant
par lui-même. Ce prince foutint le
fyilêmequefon père avoit embrafié.
Il engagea le duc de Savoie, les An-
glois & les Hollandois dans fes in-
térêts contre la France , & voulut
faire reconnoître l'archiduc', roi
<l'£fpagne. H força CUmmt XI à lui
donner ce dtre , en déclarant dé-
peodaos de l'empire beaucoup de
j o s ij
fiefs qui relevoîent jufqu*alors des
papes, {Voyti Ba rre , n»» v.) Après
avoir rançonné le pape , il fit met-
tre en 1706, les électeurs de Ba-
vière & de Cologne au ban de
TEmpire , pour les punir d'avoir
pris le parti de la France. Il les dé-
pouilla de leur éleftorat •, il en don-
na les fiefe à fes parens & à fes
créatures -, il retint les enfans du
Bavarois , & leur ôta jufqu'à leur
nom. Le duc de la MirandoU lui
ayant donné quelque léger mécon-
tentement, il le dépouilla comme
les élefteurs de Bavière & de Co-
logne. Par {es armes ou par fes in- »
trigues , il devint maître paifible
en Italie. La conquête du royaume
de Naples & de Sicile lui fiit afiu-
rée. Tout ce qu'on avoit regardé
en Italie comme feudataire , fiit
traité comme fu)et. Il taxa la Tof-
cane à 1 50 mille pifioles -, Mantoue
à 40 mille ; Parme, Modene, Luc-
ques , Gênes , malgré leur liberté ,
furent comprifes dans fes impofi-
tions. Jofeph fut heureux par-tout.
Sa fortune le fit encore triompher
desmécontens de Hongrie. La Fran-
ce avoit fufcité contre lui le prince
Ragotikf , armé pour foutenir les
privilèges de fon pays : il fut battu ,
fes villes prifes , fon parti ruiné ,
& lui obligé de fe retirer en Tur-
quie. Au milieu de fes fuccès , /o-
feph fut «ttaqué de la petite-vérole,
& en mourut le 17 Avril 171 1 , à
33 ans. Sa mort fut le (alut de la
France, & rendit la paix à l'Eu-r
rope. Plufieurs hifioriens ont pënt
ce prince comme altier & orgueil-
leux, y» Cependant fa conduite lente
'» & généreufe à l'égard des Hon-
»♦ grois , ( dit M. de Mondgny ) ;
>* les témoignages de bonté dont
>» il combla les Bohémiens , lors de
»» leur foulévement -, TafifedHon qu'il
»» marqua toujours pour le corps
n Germanique , fon emprefiement
n à cQmbler de faveurs les talens
%6 J O S
4» Utiles ou le mérite difHngué }
n Taccueil qu'il faifoit aux iimples
n foldats qui avoient fignalé leur
n bravoure i enfin fon peu d atta-
» chement pour le vain cérémo-
»» niai de la cour ,' tout cela prouve
n au moins que fa fierté étoit plu*
n tôt un effet de £a vivacité natu-
M relie, qu'un trait carad^ërifiique
n de fon cœur On lui a rc-
H proche d'avoir gouverné l'Alle-
» magne avec un pouvoir abfolu ,
M & d'avoir difpofé à fon gré des
w lois & des fie£s de l'Empire. •»
Ce reproche , fait à prefque tous les
Empereurs Autrichiens , auroit été
mérité vraifemblablcment par tout
autre prince qui auroit étcà. leur
place. Il eft difficile d'avoir des oc-
cafions de s'agrandir, & de ne pas en
profiter. D'ailleurs , en maintenant
l'équilibre dans les états de l'Em-
pire , & en bornant l'ambition &
l'autorité de certains princes , ils
ont peut-être rendu fervice à l'hu-
manité , autant qu'en maintenant
les lois, l'ordre & la fubordination.
Jojeph laiiTa l'Empire dans l'état le
plus floriffant. Il avoit époufé GwV-
ielmlnt^Amélic , fille de Jean-Frédc"
fie , duc de Brunfwick-Lunebourg «
dont il eut en 1699 , Maru-Jofefkd ,
mariée au prince électoral en 1 7 1 9 ;
Léopold-Jojeph , qui ne vécut que
1 3 mois -, MarU'AmclU , époufe de
l'éledeur'de Bavière , connu de-
puis fous le no^n d'empereur Char"
Us VIL
IX. JOSEPH PS roi de Portugal,
de la famille de Bkagance , né en
1714 , monta fur le trône en 1750,
& mourut en 1777 , à 62 ans & 8
mois. Le tremblement de terre de
17^5 , qui engloutit une partie de
Lisbonne, la funefteconfpiiation de
1758, où ce prince fut attaqué
près d'une de fes maifons de plai-
fince , & fauve par le courage de
f>n cocher : ( Voy, AvEiRO.) l'exé-
CJtlcn qui en fut la fuite \ Tex-.
J O S
pulfion àt& Jéfuites & la confifc^
tioiï de leurs biens ; {Voy, Mala—
G RIDA. ) les difputcs avec la cour
de Rome , qui fiûvirent cet événe-
ment mémorable -, enfin la guerre j
avec TEfpagne en 1761 , font le» \
événemens les pUis remarquables
de ce règne , dont les Portugais fe
fouviendront long-temps.
X. JOSEPH ALBO , favant ,
Juif Efpagnol du xv« fiecle , natif ^
de Soria, fe trouva en 1411 à la
fameufe conférence qui fe tint en-
tre Jérôme de Samte-Foi^les Juifis. Il
mourut en 1430. On a de lui un
livre célèbre , intitulé en hébreu :
Sépher IkJiarîm , c'eft-à-dire , le Li-
vre des fondement de la Foi; Venife#
16 18, in-fol. Plufieurs favans ont
entrepris de le traduire en latin;
mais il n'en a encore paru aucune
verfion. Jofepk y prétend que la
croyance de La venue, du Mejpe n'eji
point nécejfaîre au falut ^ ni un dog»
me effentleU II avança , dit-on , cette
propofition pour raffermir la foi <
des Juifs , que Jérôme de Salnte-Fot
avoit ébranlée, en prouvant que
le Meflie étoit venu.
XI. JOSEPH MEIR , favatit rab-
bin, naquit l'an 1496 à Avignon #
d'un de ces Juifs chafiTés d'Efpagne
4 ans auparavant par le roi Fcrdl-^
nand. Il fut emmené depuis par fon
père en Italie , & mourut auprès de
Gênes en 1554. On a de lui un
ouvrage très-rare en hébreu , inti-
tulé ; Annales des- Rois de Fmntc &
de la M JJ on Ottomane.'VemCç^ IÇÇ4»
in-8.0 II eÛ divifé en deux parties ;
dans la V^ il rapporte les guerre*
que les François ont foutenues,
pour la conquête de la Terre-fain*
te , contre les Ottomans. 11 prend
de là occafion de faire l'hiftoire
àe ces deux peuples. Il commence
celle des François par Marcomlr »
Sunnon & Génébaldc. Avant de par-
ler des Ottoaans ^ il donne vwxer
ï o s
Héé âe Mahomet, dUbuheher & d*(7-
' wiar. Cette prem,^* partie finit à l'an
2520. Dans la 2* ITiiftoire des Ot-
lomans eft précédée de celle de Sa»
U£n , de Tamcrian , ^Ifmdil Sophi ,
& de plufieurs autres Orientaux.
Il parle en paiTant des princes de
l'Europe , & termine cette partie
à l'an 1555. ^o" %^^c > dit- on ,
eft £mple & convenable à lliif-
toire.
XIL JOSEPH DE Paris, cèle-
hrt Capucin , plus connu fous le
nom de Pcn Joseph , naquit àParis
le 4 novembre 1577, de Jean U
CUrc , feigneur du Tremblai , pré-
fident aux requêtes du Palais. Le
Jeune du Tremblai voyagea en Alle-
magne & en Italie , & fit une cam-
pagne fous le nom du Baron de
Mafiece. Au milieu des efpérançes
que fes talens donnoient à û famil-
le , il quitta le monde pour fe faire
Capucin en 1599. Après fon cours
de théologie , il fit des miffîons ,
entra en lice avec les hérétiques ,
en convertit quelques-uns, & ob-
tint les premiers emplois de fon
ordre. Le cardinal de Richelieu , inf-
truit de la fouplefle de fon génie ,
lui donna toute fa confiance , & le
chargea des af&ires les plus épineu-
fes. Renfermé dans fa cellide , il
pouvoit méditer plus profondément
^ur les projets qu'ils formoient tous
deux. Ce fut fur-tout lorfque le car-
dinal fit arrêter la reine Marie de
Médias , que le Capucin fut utile au
ininiflre. Cet homme, ditunhifto-
rien , étoit aufli fmgulier en fon
genre que /2icA«//€w même -, emhou-
fiafte & artificieux à la fois, dévot
& politique , voulant établir une
coifade conire les Turcs, fonder
des reli^eufes , faire des vers , né-
gocier dans toutes les cours , &
«'élever à la pourpre & au minif-
tere. ( Toy^î "Weimar , 6» *I. Ri-
CHER. Ce Capucin , admis dans Un
90»feilfecret, ne craignit poijatde
ï os
17
remontrer au roi , qu'il pouvoit &
qu'il devoit , fans fcrupule , met-
tre fa mère hors d'état de s'oppofef
à fon miniftre. Le P. Jofeph ne fe
fit pas plus d'honneur dans l'afïaire
du doÔeur* Ficher , duquel il ex-
torqua une rétradation , en partie
par intrigue , en partie par violen-
ce. Le rufé Capucin envoyoit en
même temps des miifionsen Angle-
terre, en Canada, en Turquie, ré*
formoit l'ordre de Fontevrault , &
établiflbit celui des religieufes Bé-
nédiftines du Calvaire: ( Voy. An-
toinette. ) Louis XIII It récom?-
penfa de fes fervices par le cha-
peau de cardinal *, mais il mourut
à Ruel , d'ime féconde attaque d'a-
poplexie, le 18 Décembre 1638,
à 61 ans, avant que de l'avoir re-
çu. Le pape avoit refufé pendant
long-temps de le nommer , fous pré-
texte qu'il ne vouloit pas remplir
de Francifcains le facré collège «
où il y en avoit déjà trois : mais,
réellement parce qu'il n'aimoit ni
Richelieu, ni £qs partifans , ni fes
créatures. Quoique le Pare Jo/eph
affeûât une grande modefiie, ( dit
M. de Buri , ) il ne regardoit pas le
chapeau avec indifférence , puifque
Chavigny mandoit au maréchal d'Ef^
trées , ambafladeur de France à Ro-
me : Ne manque^ pas de mettre dans
vos dépêches, que vous prejfe{ la pro**
motion ; cela eft nécejfaire pour fa'
tlsfaire le P, Jofeph. Il défignoit ce
Capucin dans fes lettres, tantôt par
le nom de Patelin qui marquoit fa
do,uceur apparente , & tantôt par
celui de Nero pour caraôérifer fa
rigueur inflexible. Nero , ( écriMl au
cardinal de la f^aletu) m*ajfure tou*
les jours qu'il efi votre ferviteur ^
mais je ne fais fi c*eji avec autant
de vérité que moi .... Ecrive^ à Pof
uVm , lui dit-il dans une autre let«^
tre , avec grande amitié. Les minifires
étoient forcés de faire des carefTes
à ce Capucin, qu'on ^ppeloit 1'^
x9 J O S
miaenfe grife , s'ils vouloient ne pas
déplaire à RlchdUu , qui dit en ver-
ÙEOt des larmes, lorTqu on lui ap-
prit {a mort : Je perds ma confola-
tiuu » mon unique Jecours , mon confi-
dent & mon ami. Le cardinal avoitété
le voir lorfqu'il agonifoit-, & tout
ce qu'il put £aire pour le rappeler
à la vie, fut de lui crier à pleine
tste : Courut ! Pere Joseph ^courage!
Brifach cjl a nous i mais ni les nou-
velles politiques , ni les prières des
courtifans , ne purent ranimer un
infhmt le moribond. Le parlement
CQ corps aflîfta à fes obfeques , &
tm évêque prononça ion oraifon
fimebre. L'abbé Richard a publié
deux Vies de cet homme iingulier ;
Tune fous le titre de VU du Pere
JoJ'eph, 2 vol. in-i2j l'autre phis
fidelle, intitulée: Le véruahle Pere
Jofeph, 1704, in-ii. Dans la i^e
il le peint comme un Saint, & dans
la féconde comme un homme de
coeur. 11 étoit l'un & l'autre, ou
du moins il tâchoit de 1 être , al-
liant toutes les finefTes d'un politi-
que avec les auftérités d'un reli-
gieux. Les courtifans trouvoient ce
mélange iingulier -, mais les per-
fonnes qui ont l'expérience du mon-
de , n'ignorent pas que tout s'allie
dans certaines têtes. C'eft la réfle-
xion de M. Anquetîl, qui a peint
le P. Jofeph dans fon Intrigue du
Cabinet Jlus Henri IV & Louis XIII ,
prjécifément comme nous l'avions
peint.
XIII. JOSEPH , ( Pierre de St- )
Feuillant, né en 1594 dans le dior
cefe d'Auch , d'une famille appelée
Comogére , mort en 1662 , à 68 ans,
publia plufieurs ouvrages de théo-
logie, contre les partifans de Jan-
fenlus ; mais il eft plus célèbre par
la quantité des volumes, que par
leur folidité.
JOSEPH , (Ange de St-) Car-
in^-déchaufle, Voy. ANGE,no HL
JO S
XIV. JOSEPH, ( lePere) fflomé"
apoftat, fe mit, vers 1678 , dans
le temps de la révolte de Hongrie ,
à la tête de fix mille bandits. Il prit
en main la caufe des Hongrois »
qu'il appeloit le Peuple de Dieu i
& fous le nom de JoJ'ué r il entra
dans les pays héréditaires de la J
maifon d'Autriche. Il avoit du cou- \
rage > de l'habileté, & ûir-tout une
haiîie implacable contre la religio»
catholique. Son fanatiûne paiTa à fa
troupe , qui exerça les plus horri-
bles brigandages. Semblables à ces
fameux fcélérats qui défolerentl* Al-
lemagne & la Bohême fous le re*^
gne de JVenc:flas ; fes foldats pil-
loient , brûloient , mafïacroient , .
violoient. Les églifes furent démo-
lies, les prêtres paiïes au fil de*
l'épée. Le chef de ces malheureux ^ ^
voulant , dans un accès de fiireur ^
faire un facrifice à Luther, égor-
gea, dit-on, de fa, main deux re*
Iigieufes , après les avoir abandonr-
nées à la brutalité du foldat. Il fe-
vantoit de détruire bientôt la fulic-
Romaine en Allemagne ; mais le Dieu
qu'il avoit abandonné , le frappa*
de mort fubite. Les complices de*
fes crimes fe voyant fans chef, re-
toiu'nerent dans leur pays, où la
plupart périrent malheureufement.
JOSEPH deCxjpertin ,(S.)
ainfï nommé du lieu defan'aif^&ncey
petite ville du diocefe de Nardo ^
dans le royaume de Naples , naquit
en 1603 de parens pauvres. Il entra
dans l'ordre des Francifcains con-
ventuels, fiit élevé aux ordres fa-
crés , & fe fanâifia par la pratique
de toutes les vertus propres à fon
état. Le procès de fa canonifation
fait mendon d'un grand nombre de
feveurs extraordinaires qu'il reçut
de Dieu. Il mourut en 1665 à Ofi-
mo , & fut canonifé en 1767. Paf»
trovîcchl , religieux à.t fon ordre »
a écrit fa VU en 175 3 ; il y a pei|^
de goût & de aitique*
j o s
JOSEPH DE LA Mere de Dieu,
Voy, Casalanzio,
JOSEPH, Voyc[ Abou-Joseph.
JOSEPIN ou Joseph IN , Voye^
Arpino.
JOSIAS , roi de Juda , fuccéda
à fon père Amon , l'an 641 avant
J. C , à l'âge de 8 ans. 11 renverfa
hi autels confacrés aux idoles , éta-
blit de vertueux magiArats pour
rendre la juitice , & fit réparer le
Temple. Ce fut alors <jue le Livre
ic la loi de Moyfc fiit trouvé par
ie grand-prêtre Hdàas, Sur la fin
de fon règne , Ncchao , roi d'Egyp-
te , allant faire la guerre aux Me-
des & aux Babyloniens, s'avança
jufqu'auprès de la ville de Magedo ,
qui étoit au royaume de Juda. /o-
P^ s'oppofa à fon paflage , & lui
livra bataille au pied du Mont-Car-
mel : il y fut bleffé dangereufe-
jnent, & mourut de fes blefi[ures
l'ani 610 avant J. C. Le peuple
donna à -fa mort les marques de la
plus vive douleur, Jérémk compofa
2in Cantique lugubre à fa louange.
Ce deuil étoit devenu fi célèbre,
iquc le prophète Zacharie le com-
pare à celui que l'on devoit ^e
â la mort du Mefile.
JOSLIN de ViERzy, évêque
de Soifibns ., mort en 11 5 2 , étoit
Un des principaux minifircs de Louis
VU , & un modèle de vertu. Il
laiffa une Expofitîon du Symbole 6»
de VGmifon Dominicale , qu'on
trouve dans la Colleiîio maxlma de
D. Manenne. Il fonda des abbayes ,
entr'autres Long -pont, afiifia au
concile de Troyes en 11 27 , & y
mérita l'eftimx: du pape Eugène JII^
& de toute la France.
^ LJOSSE, (S.) iUuftre folitaire,
ctoit fils de Juihaël, qui reprit le
titre de roi de Bretagne. Son firere
Judicaël , réfolu de quitter le trône
pour fe donner à Dieu , pria Joffe
àe fe cliarger du gouvernement de
jb annéef ^ de l'éducation de fes
J o s 19
en£ms *, mais celui - ci , également
détaché- des grandeurs mondaines^
fortit, déguifé en pèlerin , de la Bre«
tagne , & allafe cacher dans le Pon«
thieu , où il fit bâtir un monafierc,
en un lien appelé à préfent Ray^
Il y mourut faintement en 668, U
y a à Paris une paroiflc qui porte
fon nom , en mémoire du fejour
que ce Saint y avoit fait.
II. JOSSE ou JODOCE DE Lu-
xembourg, marquis de Moravie,
fut déclaré empereur après la mort
de Robert [en 1 410 -, mais fon règne
fut fi court , que les hiftoriens n'en
parlent prefque pas. Les uns pré-
tendent qu'il fut empoifonné ; d'au-
tres, qu'il mourut de vieilleiTe. Quoi
qu'il en foit, on n'a laiffc de ce
prince qu'une idée très-défiivanta-
geufe , foit pour les qualités de l'ef"
prit, foit pour celles de l'ame. Il tA
à préfumer que l'empire ne perdit
rien à fa mort , arrivée à Brin en
Moravie, le 8 janvier 141 1 , trois
mois huit jours après fon éleàion.
U étoit âgé de 60 ans , & ne laifla
point de poftérité. 11 étoit coufin
de Sigîfmond , roi de Hongrie , qui,
dans la même diète oix Jojjc fut
choifi, il avoit eu le fuftrage de trois
éleâeurs. Dès qu'il eut appris l'é-
le6)ion du marquis de Moravie , il
lui écrivit pour favoir s'il accep-
teroit l'empire, & s'il comptoic
aller à Francfort ? Joffelin lui ré-
pondit que c'étoit fon intention. Et
mqi, répliqua Sigl/'mond , je vais ett
Moravie, En effet , il alloit entrer en
armes dans cette province , Icrf-
qu'il apprit la mort de fon rival ,
auquel il fuccéda.
JOSSELIN , Voyei Noradin.
I. JOSSELIN, évêque de Soif-
fons , fut un des miniftres de Louis
VU , roi de France , dont il fe fit
aimer par fes vertus & fes lumiè-
res. U mourut en 1152. Il avoit
afiifiéau concile de Paris tenu con ^
tre Gilbert de la. P orée en x 142.
^0 y o s
IL JOSSELIN, médecin An-
glois dans le xvii.e £ecle {bus- le
«gne de Charles II , laiffa une Hîf*
toire naturelle des pjjfejjions AngloU
fes en Amérique. Il rapporte ce
qu'il y a de plus rare , avec les re-
mèdes dont fe fervent les habitans
du pays , pour guérir les maladies ,
les plaies & les ulcères.
I. JOSUÉ, ctoit fils de Ntm , de
la tribu d'Ephraïm. Dieu le choi-
fit , du vivant même de Moyfe,
|>our gouverner les Ifraëlites , & il
vainquit fous lui les Amalécites :
/ Voy, z, Mo TSE. ) Jofud fuccéda
fi ce divin légiflateur^ l'an 145 1 av*
J. C. Il envoya d'abord des efpions
pour examiner la ville de Jériclio.
T>QS qu'ils lui eurent fait le rap-
port , il paffa le Jourdain avec toute
ion armée. Dieu fufpendit le cours
«les eaux , & le fleuve demeiua à
fecdans une étendue d'environ deux
lieues. Peu de jours après ce mira**
de, Jofué fit circoncire tous les
mâles qui étoient nés pendant les
marches du défert. Il fit enfuite cé-
lébrer la Pâque , & vint afïîéger
Jéricho. Suivant l'ordre de Dieu ,
il fit feire fix fois le tour de la ville
par l'armée , en fix jours différens ;
les prêtres portant l'arche & fon-
slant de la trompette. Les murail-
les tombèrent d elles-même au j*^
jour. Haï fot prife & faccagée , &
les Gabaonites craignant le même
fort pour leur ville , fe fervirent
d'un fh^tagême pour faire alliance
avec Jofué, Adimibéfech , roi de Jé-
rufalem , irrité de cette alliance ,
s'étant ligué avec 4 autres rois , alla
attaquer Gabaon. Jofué fondit fur
Je^ cinq rois , qu'il mit en déroute.
Comme les ennemis fiiyoient dans
la defcente de Bethbron, le Sei-
gneur fit pleuvoir fur eux ime grêle
de groffes pierres , qui en tua un
graiid nombre. Alors Jofué com-
manda au foleil de s'arrêter , & cet
jKdre > founûs à ià voix , prolon*
gêafa demeure fur l'hoHzon dotai
heures entières. Jofué pourfuivan*
fes viftoires , prit prefque toutes
les villes des Chananéens en 6 ans^
Il diftribua les terres aux vaiiw
queurs , conformément à l'ordre de
Dieu -, & après avoir placé l'arche
d'alliance dans la ville de Silo , il
mourut à 1 10 ans , Tan 1424 avant
J. C. Il gouverna le peuple d'Mraël
pendant 27 ans. Nous avons fou»
fon nom un livre Canonique écrit
en hébreu. Plufieurs favans le lui
attribuent , mais fans en avoir au-*
cune preuve.
IL JOSUÉ , Voye^ les art. Jo^
SEPH , n°' III & XIV,
JOTAPIE^ , tyran , qui s'étante
foulevé dans la Syrie ^ éir la fia
du règne de l'empereur Phlâppe ^
fut défait fous Celui de Dece, vers
l'an 249. Sa tête fut portée à Rome.
L JOUBERT , (Laurent) fa-
vant médecin, profeffeur-royai &
chancelier de l'univerfité de Mont-»
pellier , naquit à Valence en Dàu-^
phiné Tan 1^29, & mourut del«
dyffenterîe à tombez le 29 oftobre
1582, à 5 3 ans , médecin ordinaire
du roi de France & du roi de Na-^
varre. Henri III , qui défiroit paf^
iionnément d'avoir des en£ins, l'a*
voit fait venir à la cour » efpérant
qu'il lever oit tous les obÔacles qui
rendoient fon mariage flérile -, mais^
les foins du médecin furent inutiles
au monarque. Il laSlTa un Traité,
contre les erreurs populaires^ ijyS»
in-8.0 II fit beaucoup de bruit, parce
que Joubert eut la hardiefle de dédier
à Marguerite , reine de Navarre^
femme de Henri IF y ce Traité , ou.
il découvroit , avec une liberté
licendeufe , les fecrets de la nature
& les parties du corps humain les
plus cachées. Il fentit lui-même Tin*
décence de fa dédicace ; & dans la
2* édit. de 1 5 79 , in-S^\ il dédia fon
Livre à Pibrac, Un Louis Bertravan ,
dgdleiu: en médecine » orna cett^
J o u
{didon d'une Epitre, où il t&che
île juiHâêr Joubcn le mieux qu'il
peut. BjTtkelemi Cabrol, chirurgien
Âe Montpellier T donna une II« par-
tte des Erreurs Populaires, qui fut
corrigée par Joubert , Paris , 1 5 So ,
in-S^' •, & Gafpard Bachot en ajouta
une III* touchant la Médecine & rér
fïïitic fanU , Lyon, in-S», 1626.
Ce livre, dont Tidéeétoit bonne,
pouvoit être mieux exécuté, & par
iinJam & par fes continuateurs. IL Un
TralUdu /2*/ , 1 5 79 »ia-8**, trois par-
lies, avec lacauîe morale du Bis de
Démocrûe, expliquée par HJppocrate.
U y a. des chofes curieuies dans ce
Traité *, mais les raifonnemens de
l'auteur ne font pas toujours con-
duans , ni fondés fur la bonne phy-
fique. in. Un Dialo^efur U Caco^
fraphk françolfe , à la fiiite du pré-
cédent. L'auteur y relevé les défauts
de l'oithographe ordinaire. IV. De
Balneis antiquorum, V, De Gymna-
fis & generlhus exercuatîonum apud
antlquûs cclebrutm , &c. La plupart de
fes écrits latins ont été recueillis en
2 vol. in-foi. à Lyon, 1581. Us
roulent» presque tous fur la mcde-
cine. On en trouve la liilc dans les
Notes de Tejper fur les Élogts de de
Thou , & dans le tome 3 5 de Nîceron,
Laur. fûubcrt laiiTa un iîls , nom-
jflé Ifaac JavBEtLT , qui a fait une
Apologie de l'Orthographe Françolfe ,
& qui a traduit quelques ouvrages
defon perc.
n. JOUBERT, ( Jofeph ) Jéfuite
de Lyon , connu feidement par un
Dtâlonnalre François'Latm , ia-4.?
U n'a guère été en ufage que dans
les collèges de provinces, où ies
confrères l'avoient mis en vogue.
Il n'eft pourtant pas mauvais pour
lijes écofiers *, mais il ne vaut pa&
celui du P. /e^7W2# L'auteur moU'
tut vers 1724.
HL JOUBERT, (François)
prêtre de Montpellier , né en 1689 ,
^pwrtle ^l Décembre 1763 , à 74
J o V 3t
ans, uûîtà des connolflânces étenr
dues , la iunplicité & la modeftie.
Il étoit. fils du fyndic des Etats de
Languedoc , & avoit lui-même exer-
cé cette charge avant que d'êtreélevé
aufacerdoce. Son attachement aux
difciples de Jan/enlus , le fit renfer*
mer à la Baftille pendant iix £emai'
nés. Il dl auteur d'un bon Ç^jb^
mentaire fur VApocalypft , imprime
en 1762, en deux vol. in-i 2 » fous
le titre d'Avignon. On a encore de
lui divers autres ouvrages , dont
quelques-uns roulent far les affaire»
du temps. Les principaux font : L
De la connoljfanu du temps par rap'»
port à la Religion , Ui-il. IL Xé:—
tre fur ^interprétation des Ecritures,
in-12, III. Expllcatlûtt de VHljîolm
de Jofeph, inrlX,lV. Eclalrcljfement
fur le Dlf cours de M , in- 12. V,
Traité du caruclere ejfentiil à tous les.
Prophaes , in-i2. VI. ExpllcatTom
des Prophéties de Jérémîe , E\échUl ^
Daniel, 5 voL in-l2, VIL Corn-*
mentaires fur Us XII petits Prophe^
tes, 6 vol. in-i2. VIIL Dijferta».
tions fur les effets phyjîques des Çon'*,
vulfions , in-i2.
JOVE, (Paul) hiftorien céle.
brc , né à Côme en Lombardie l'ai»
1483 , d'abord médecin , fut enfuite
élevé fur le fiege épifcopal de No-
céra. Il defira en vain d'être trans-
féré à Côme -, Paul III lui refufà
conftamment cet évêché. François /.
le traita avec plus de dtftinClion^
U lui écrivit des lettres flatteufes ,,
& lui accorda une penfion confi-
dérable. Cette pexrfion fut retran-
chée par le connétable de Mont"
morenci ,. fous le règne de Henri IK
Paul Jove s'en vengea , en déchi-
rant le connétable dans le xxxi«
livre de fon hiftoire. La haine otf
l'intérêt conduifoit toujours ù pliK
me. Il ne faifoit pas difficulté d'a-
vouer >» qu'il en avoit deux , 1 «««
>♦ d^or & Vautre de fer , pour trai-
91 ter les princes iuivant les faveurs
1* JOV
>♦ ou les dîfgraces qu*il en reC6*
>♦ voitit. Il paroît par fes Lettres
qu'il avoit l'ame extrêmement in-
téreffée. On n'a jî^nais quêté avec
autant d'effronterie & de lâchet^:
il demande à l'un des chevaux, à
l'autre des confitures. Cet hiflorien
mercenaire mourut à Florence le
1 1 odobre 1552,3 69 ans ,
confeiller de Corne de Médlcls, Con-
fidéré comme évêque , il ne brilla
guère par les vertus eccléfiaftiques ,
& quelques auteurs ont décrié fes
mœurs. On peut voir ce qu'en dit
Cardan dans le tom* 25 des Mé-
moires de Nîceron,„4 On a de lui :
I. Une Hlfiolre en XLv livres., qui
commence a l'an 1494 , & qui finit
en 1544 ', ( Florence, 1550 &
1552, 2 vol. in-fol, ) Il y en a
une vieille Traduction firançoife,
Lyon ,1552, in-fol. La variété &
l'abondance des matières le font lire
avec plaiiir. La fcene efl tour-à-tour
en Europe , en Afie , en Afrique.
Les principaux événemens de 50
années, décrits avec beaucoup d'or-
dre & de clarté , mais quelquefois
avec emphafe , forment un corps
d'hifloire qui pourroit être très-uti-
le , fi la fidélité de l'hiflorien éga-
loit la beauté de la matière. Pen-
fionnaire de Charles-Quînt , & pro-
tégé par les Médlcls , il ne parle de
ces princes qu'avec la plus baffe
flatterie. Paul Jovc , ( dit Bodîn , )
n'a pas voulu dire la vérité lorf-
qu'il l'a pu , fur les événemens
pafiés en Italie ; & il ne l'a pas pu
dire lorlqu'il l'a voulu , quand il
parle des affaires étrangères. Quoi-
que l'Hifloire de Paul Jove renfer-
me XLV livres , il y a une lacune
confîdérable depuis le 19^ jufqu'au
:24« inclufivement. Ces fix livres
dont nous n'avons plus que les
fommaires,, s'étendoient depuis la
inort de Léon X , jufqu'à la prif«
de Rome en 1527. /oytf pefditau
fac de cette ville ce qu'il avoit com-
J O V
pofé fur cette partie de rHîftoîrél
& il ne voulut pas la refeire, pajf
deux raifons : i<> Il craignoit la
reffentiment de ceux que la fidélité
hiitorique bleffe : 2° Il ne vouloit
pas exercer fa plume fur une ma*»
tiere injurieufe à l'Italie^ Paul Jovf^
à l'imitation de quelques anciens^ a
fait entrer diverfes harangues dans
fon Hifloire j mais il y a dans £ç%
difcours peu de précifion , & plus
de brillant que de naturel, du moins
dans quelques-uns. II. L&s Vies des
Hommes ilUifires. III. Lts Éloges de*
Grands^Hommes. On reproche à ce»
deux ouvrages , ainfi qu'à fa grande
Hijiolrc » un ftyle trop oratoire , uii
ton trop enflé ; mais ils font utiles
pour la connoiâance des faits &
dits des hommes célèbres* IV. VUs
des dou^e Vjsconti , fouveralns ds
Milan, V. Plufieurs autres Ouvrai
ges , dans lefquels on remarque de
Tefprit , mais peu de goût & peu de
juflelTe. On a recueilli toutes fes
Œuvres à Bâle en 6 vol. iiv-fol. ,
reliés ordinairement en trois. Ceô
l'édition la plus complète : elle eft
de l'an 1578...,
Son frère, Benoît JorB ', compo£a
plufieurs ouvrages , entr 'autres une
Hifioire des Suijfes ^ & fon petit-
neveu , Paul Jo y.E , mort en 1 5 8 2 ,
cultiva avec fuccès la poéfie Ita»
lienne*
JOVITA Rapicius , né dans î«
BtefTan , efV auteur d'un ouvrage di-
vifé en 5 livres fur le nombre ora-
toire. 11 parut à Venife l'an 1 5 J4,
dédié au cardinal Polus , de l'impri-
merie de PaulManuce, fils à' Aidé,
Quelques gens d'efprit & de lettres
regardoient le nombre oratoire
comme une chimère , dont l'objet
n'a rien de fixe , & varie au gré de
nos caprices. Rapicius montre qu il
y a un rhythme , une cadence pro-
pre à la profe comme aux vers ; il
donne d'excellemes leçons fur la
manière
J o u
hmeté de le répandte isns le ££^
àovtrs,
JOUENNE , (François) né 4
Êonneville ,diocefe de Coutances,
alla de bonne Iieure à Paris pour
tenter une fortune qu'il ne trou-
voit pas dans le fein de fa famille^
il s'appliqua à la librairie , & fe ren-
dit fort habile dans cette partie.
Ceft à lui qu'on doit Tinvendon
des Etrmnes mignonnes , qui paru-
rent potir la première fois en 1724.
Û a travaillé aui£ pluûeurs années
â la bibliothèque du toi « & eft mort
<n 1741.
JOUFFRÔI, JoFFREDI,Oli
Céoffroi ( Jean) naquit à
Luxeuil^ dans la Franche-Comté,
«tWfaxâille fi obicure qu'il ne la
connoirfoit pas lui-même. Il prit
l'habit de reli^eux dans l'abbaye
de Saint-Pierre deLuxéuîl^ &en de-
^ abbé. Cettfe place ne fit qu'ir-
liter fon ambition. U paiTa au fér-
oce de Philippe U Bon, duc de Bour-
gogne , & il avoit 60 ans qu'il n'é-
toit qu'aumônier du commun chez
ce prince. Lorfqiie le duc inftitua
laToifon d'or, il l'envoya à Rome
pour folliciter l'approbation de cet
ordre de chevalerie. U n'y trouva
aucune difficulté , le pape éîÉant bien
aife qu'on s'adreîïat à lui dans les
afiErires mêmes où l'on pouvoit s'en
paffer, Jouffrol eut à fon retour l'é-
▼èché d'Arras , & fut employé dans
diverfes négociadons. lut duc le fit
ton premier fecrétaire ; mais ce
frélat n'étant pas encore fatisfait
de û fortune , il s^attacha au dau-
pHn pendant qu'il étoit en Bra-
bant. Ce prince , devenu roi fous le
nom âé Louis XI, lui donna toute
fà confiance , & folHcita pour lui un
diapeau de cardinal. Pu II k pro-^
oit , à condition que le prélat en-
gi^croit le roi à fiipprimer la Prag-
manque^Sanâion. Jouffrol , foupi-
tant après la pourpre , obdnt de
(Cmoxiarque, à force d'intrigues ^
Tome y.
JO V 'if
de ^ttx ftxpofés , une déclaration
telle que le pape la fouhaitoit. Il
avoit fait au roi les plus belles pro->
méfies ; mais il les oublia d^ qu'il
eut le chapeau tant défiré. Loms
XI , reconnoiflant qu'il avoit été
trompé , difgracia l'évêque d'Arras«
Pour remédier aux maiix que .fa
déclaration pouvoit occafionaer en
("rance , il fit de nouvelles ordon-*
nances touchant les réferves & le»
expeâatives , qai étoient prefque
le feul avantage que l'abolidon da
la Pragmatique avoit procuré aif
fôuverain pondf« -, Ôcjufqu'au temps
du Concordat , la cour de Rome no
put avoir la (ads&£Hon qu'elle dé-
firoit Cependant Jouffroi recueillie
le fruit de fes artifices. Le pape
ajouta au chapeau de cardinal , Té-
vêché d'Alby -, mais il n'en jouit pas
long-temps, étant mort au prieuré
de Rulli , dioceie de Bourges « en
1473.
JOVTEN , (Flavius ClauHus Joi
riANUs ) fils du comte Varrenîen V
né à Singidon , ville de la Panno-^
nie , Tan 3 3 1 , fiit élu empereur patf,
les foldats de l'armée Romaine «
après la mort de Julien PApofiat ^^
en 3634 Ufefiifa d'abord la cou-f
ronne impériale , témoignant qu'if
ne Vouioit point commander a d«
foldats idolâtres -, mais, tous lui
ayant protefté qu'ils étoient Chré-»
dens , il reçut la pourpre. Les af-«
faires étoient en très-mauvais état f
il tâcha d'y mettre ordre , & com-*
mença par £dre la paix avec les
'Perfes. Quelques auteurs ont blâ-
mé, peut - être inconfidérément ^
cette démarche*, puifque , fans ce
traité de paix , il ne pouvoit ren-
rér fes troupes du pays où Julien
les avoit engagées. 11 eft vrai qu'il
parut facrifier fon intérêt pardcu-
lier à l'intérêt de l'état. Il craignoit
un concurrent dans Procope , gé-«
néral d*une armée de 40 mille hom«
mes. Cette çraM^te étoit fondée*
- G
H J O U
puisqu'il fe révolta deux ans après.
Dès que l'éleftion de Jovîcn eut été
confirmée par le fénat» il comman-
da de fermer les temples des Idoles ,
& défendit leurs facrifices. Il eut
fur-tout un foin extrême de rap-
peler les prélats exilés» & deté-
moigiier aux hérétiques qu'il ne
vouloit point fouifrir de difcolrdc.
Cependant il ne jouit pas long-temps
de Tautorité dont il fe fervoit fi
dignement. Il mourut à rage de 53
ans, dans un lieu appelé Dadafta-
tie , entre la Galatie & la Bithynie ,
en 364 , n'ayant tenu l'empire que
fept mois & 20 jours. On le trou-
va étouffé dans fon lit, par lava-
peur du charbon qu'on avoit al-
lumé dans fa chambre pour la fé-
cher. Jovlcn avoît été capitaine d'e
la garde Prétorienne , du temps de
Julien ; & ce fiit dans ce temps que
ce .prince voulut le £sdre renoncer
à la foi , ce qu'il refuù généreufe-
ciént. Son règne fîit trop court,
pour qu'on puiffe connoître s'il
atu-oit été glorieux v mais Toa ne
peut douter que Jovîen , étant bon
Chrétien , n'eût été bon prince. Il
avbit époufé Cariton, qui lui fur-
vécut plufieurs années , avec fon
fils le jeune Varromen , qui , n'ayant
point été créé Céfer , n'avoit au-
cun droit à Tempire. Il devint fuf^
pefit au gouvernement, & par une
barbarie politique, on lui fît crever
un œil. lï vivoit encore en 380.
L'abbé de U BletterU a écrit la VU
dt Jovîcn, en 2 vol. in-iî.
JOUI, Voy,. JOUY.
JOUIN , (Nicolas > né à Char-
tres » fiit banquier à Paris , & y
mourut le 21 Février 1757, 373
ans. On a de lui : I. Les Proc&s con-
tre les Jéjuites » ( Ambroife Gttys ,
&cO 1750» in-i2. II. Les Sarccla-
des. Satires en vers, en feveur
des difctples de Janfemus , dpnt les
premières ont un peu plus de fel
^46 les fuivaates » & dont los unes
J O V
& les autres font aiTcz groflîef^#
m. Le PortC'fiutllc du Diable , fuittf
du Philotanus ; le tout recueilli eu
1764, 2 vol. in-i2. IV, Procit
contre Us JéfuUcs , ou fuite des caiî-
fes célèbres , in- 12. Les éditeur»
du 4® volume de la France LUté'
raîre prétendent qu'il efl auteur du
Philotanus attribué à l'abbé de Gré*
court.
JOVIN, noble Gaulois, & ca-
pitaine plein de bravoure , ft^t dé*
claré empereur à Mayence l'an
411, dans le temps qu^on aflîégeoit
le tyran Conftantîn à Arles. Il dut
ce dangereux honneur à la brigue
de Goar » Alain » & de Gulndicaire,
chef des Bourguignons. Il afTocia
à cette dignité fon frère Séba/Hen i
mais ils ne jouirent pas long-temps
de la pourpre. L'an 413,. Ataulphe *
roi des Vifîgoths , qui fuivoit le
parti de Jovm , l'ayant délaiifé » cet
ufîirpateur fut tué dans le temp*
qu'on le conduifbit à Tempereiif
Honorîus , qui étoit alors à Raven-»
ne, & qui reçut auffî la tête de 5tfV
haftkn, Jovln avoit porté le nom
d'Augufle près de 2 ans. Né avec
un efprit léger & un cara^iere in*
confiant , il abandonna la vie tran-
quille & agréable que fcs richeffcs
& fa naiffance pouvoient lui foire
mener , pour prendrela pourpre ', Ôt
il n'éprouva depuis que des cha-»
grins & des malheurs.
JOVINIEN , moine de Milan;
infe£la plufieurs monaûcres de fes
erreurs, après être fortidu fîen^
où il avoit vécu très-auflérement,
ne mangeant qu'un peu de pain»
buvant de l'eau , marchant nu*
pieds, portant un habit noir &tra*
vaillant de fes mains. Il pafTa de
Milan à Rome , & porta plufieurs
vierges à fe marier, en leur in-
finuant que l'état du mariage étoit
auffi parfait que celui de la virgi» ,
nité , & qu* elles ne valoient pa*
mieux que Sara , Simonne » ôc les aii?
î o u
«^ fanmes de l'antiquité facrée.
Les erreurs qu'il foutint encore, fu-
rent : Que la Vierge Mam n'étoit
pas demeurée vierge après l'enfen-
tement : que la chair du Sauveur
n'étoit pas véritable , mais fantaf-
dque \ que les jeûnes & les autres
oeuvres de pénitence n'étoient d'au-
cun mérite ; qu'on pouvoit faire
bonne chère & manger de toutes
fortes de viandes , pourvu qu'on
isa. usât avec a£^ions de grâces. Ce
noineTe conduifoit fuivant ces
|)rincipes. 5. AugufHn & S, Jérùmz ^
qui combattirent fes impiétés & fes
télâchemens , lui reprochent fon
luxe , fa moUefîe , & fon goût pour
le fafte & les plaifirs. Jovlnl<m fut
condamné à Rome par le pape Sy*
'rtce,dL à Milan par 5. Ambrol/e,
dans un concile tenu en 390. Leâ
empereurs Théodofê & Honorîus
l'exilèrent ; le premier dans un dé^
Tert , & l'autre dans une ifle, où il
mourut comme il avoit vécu, vers
Tan 412.
JOUKDAN , Voyex GlORDANI.
JOURDAN , ( Raimond ) vicom-
te de Saint-Antoine dans le Quercy ,
parut à la cour de Raimond Bércn-
fer comte de Provence , & s'y fi-
goala par fes talens. Il fît pluiieurs
I pièces de vers pour Mahl/le deRU^
j dont il étoit devenu amoufeux.
I Cette illuftre & vermeufe dame pa-
roiffant infenfible à fes feux , il prit
I le parti dé s'éloigner , & fe croifa
! tontre Raimond , comte de Toulou-
fe. Le bruit ayant couru qu'il avoit
été tué dans cette expédition , Ma-
^liU en fut fi touchée , qu'elle en
mourut de douleur. Le vicomte,
de retour , lui fit dreffer une ftatue
coloflale de marbre dans l'abbaye
de Monf-Majour à Arles. Il prit en-
I fuite ITiabif de religieux , renonça
I à la poéfie, & mourut vers 1106.
j Avant fa retraite , il avoit fait un
traité de Lom Fontaumary de ias jDon-
^i^r Son entrée dans le doîare pa-
JOU 3«
hit d'autant plus méritoire « qu'à
avoit dans le monde la réputation
d'un homme qui favoit unir les
lauriers de Murs à cq\jx à! Apollon.
JOUSSE . ( Daniel ) confeiller att
préfidial d'Orléans , ià patrie , né
en 1704 , mort en 178 1, 377 ans,
fut un des plus célèbres jurifconful-
tej de France. Peu d'auteUrs ont été
plus cités de leur vivant , far-tout
dans les matière • criminelles Digne
émule & contemporain de Pothler,
aufii limple dans fes moeurs , bon
parent, ami fidclle, chrétien éclairé,
magiflrat intègre : ils ont fait tous
deux l'honneur de leur patrie. Les
principaux ouvrages de Jcujfe font :
I. Ccutume d* Orléans , ^drFomur^
avec les Notes de PothUr & dçs
Joujfe , 1 vol. in-l a. II. Commentalra
fur l'Ordonnance criminelle, in-4^,
& 1 vol. in-i 2. III, Commentaire fur
l'Ordonnance civile , in-4°, & 1 vol.
in- 12. IV. Commentaire fur VEdlt dis
mois d'Avril iC^j; , concernant la ju-
rididion eccléfiaftique, in-4** , & z
vol. in*i2. V. Traité de U Juridic-
tion des Préfidlaux , in-l2.VL Con^
mentalre fur P Ordonnance du Commer-^
ce, in-i2. VII. Traité des f^ncU^jns
& des droits des Comnùjf aires ^ in- 12,
VIII* Traité du Gouvernement fpirituel
& temporel des Paroijfes , in- 12. IX«
Traité de la Juridlcilon des Officiaux ,
in-i2.X. Traité de la Jufllce crlmi-^
nelle de France , 4 vol. in-4°. XL
Traité de PAdminlflfatlon de la Jufti^
ce , 2 vol. in-4®* XII. Commentaire
fur l'Ordonnance des Eaux & Foriti
du mots d'Août 166^ i in-i2. XIll. De
la JuridlBLn des Tréforiers de Fran"*
cci 2 vol. in- 12.
JOUVENCY, ( Jofeph) JéfuiÉô
Parifien, naquit en 164J. Il profefFa
les humanités à Caen, à la Flèche
& à Paris ^ avec un fuccès peu
commun. 11 mourut le 29 janvier
1719 , à 76 ans ♦ à Rome , où fes
fupérieurs l'avoient appelé pour y
continuer l'/^i/^''>< ^e la Socitti^
C i)
36 1 OV
L'hiftoricn , oubliant qu*il étoît
François , l'écrivit en Jéfuite Ita-
lien. Il eut la témérité de faire l'a-
pologie de fon confrère Guignard ,
pendu fous Henri IV , à l'occaiion
de l'attentat de /«<w ChâuL Jouvency
regardoit l'arrêt du parlement qui
condamna ce Jéfuite , comme un ju-
gement inique. Il loue fur-tout ce
Martyr de la vérité, ce Héros Chré"
mn , cet Imitateur de la charité de
J. C. , de n'avoir jamais voulu de-
mander pardon au roi & à la juf-
tice , lorfqu'il fit amende -honora-
ble. Les juges qui le condamnèrent
font à ies yeux des perfécutewrs ,
'^ il ne craint pas de comparer le
jNremier-préfident de HarUd à Pt-
late, & le Parlement aux Jvâ&.
X'ouvrage du Père Jouvency forme
Ja 5 *^ partie de VHîftoîre des Jéfuîus ,
depuis I J9I jufqu'en i6i6 , in-ibl.
imprimé à Rome en 1710. Il fiic
condamné par deux Arrits du par-
'âlement de Paris , l'un du ^^ Fé-
vrier, & l'autre du 2.4 Mars 171 3*
O dernier arrêt fupprime l'ouvra-
f;e, & contient la déclaration des
tfentimens des Jéfuites François,
touchant la fouverainetç du roi.
Toutes ces raifons font rechercher
<e livre, qui par-là eft devenu peu
commun & cher. L'ouvrage du P.
Jouvency méritoit certainement cette
-flétriffure , quoiqu'eftimable à plu-
ileurs égards. Il eâ écrit avec au-
tant de pureté que d'élégance. Le
ton en eft trop oratoire , & il y
a trop peu de drconfpe^ion dans
4e choix des miracles. Ses récits ont
çu perfuader quelques Jéfliites crédu-
les ; mais ils ont ùàt rire ceux',quine
4'étoient pas. En 171 3 on^prima à
Liège un RecutU , in-i 2 , ^ Pjsces
touchant cette Hyioîre, CerecueU n'eft
pas commun. ( Voye^ l'art. Mai-
caoT. )• On a encore du Père Jou*
yeney : h Des Harangim latines ,
prononcées en diverfes occafions ,
JKB % vol.iQ-i2. n. Un tfdixé ^*
Arte difcmdl & docendi , bon, maSé
fuperficiel ; réimprimé in-12, 1778 ,
à Paris , chez Barbotu III. Appen-^
dix de Dcis & Heroïbus po'eticis^
C'eft un excellent abrégé de My-
thologie. IV. "Des Notes , pleines de
clarté & deprécifion, fur Térenu^
Horace, les Métamorphofes d*0-.
vîàe , Perfe , Juvénal, Martial, & fur
quelques ouvrages de Océron, V»
Une verfion latine de la premier©
Phîâpplque de DémoJihaies,qae l'abbé
d*Oliva a inférée dans ù. traduc-
tion françoife des PhiUppîques & des
CatHinaires -, Paris , B^ou , 1771 »
in-12. On reconnoit dans tous ce»
écrits un homme qui s'eft nourrir
des bonnes produ£Hons des anciens.*
La pureté, l'él^ance» la facilité de
fon ftyle, la ridieffe de fcs expref«
fions , régalent prefque aux mei]^
leurs, écrivains de l'antiquité. U
feroit à fouhaiter qu'en faiiknt at-
tention aux mots , il en eût fait
un peu plus aux chofes. Ses oa^
vrages rcâifermeroient plus de penn
fées , & ils plairoient aux philofo-t
phes, autant qu'ils plaident aux lit»
térateurs.
JOUVENET, (Jean) peintre;
né à Rouen en 1644., mort à Paris
le 5 Avril 1717, à 73 ans, reçut
le pinceau de la main de fes peres^
Le tableau du Mai , qu'il fit à l'âge
de 19 ans , & dont le fujet eft la
Guéri/on du Paralytique , annonça
l'excellence de fes talens. le Brun
préfenta ce maître à l'académie , où
il fut reçu en 1675, On le nomma
depuis du-eâeur & re£^eur perpétuel.
On connoit les iv morceaux qu'il
compofa pour l'églife de Saint-Mar-
tin-des-Champs. Le roi voulut lesi
Yoir,& en fut fi fatis£ait, qu'il ordon-
na à Jouvena de les recommencer »
pour être exécutés en tapifTeries^
Jouvena peignit donc les mêmes
fujets ; mais en homme de génie ^
fans s'attacher £ervilement à fes pre»
m^^ id4«^ U fe(urpajr« lui^a^êniji
î ou
im ces derniers tableaux 1 qui
font aux Gobelins. Le czar PUrre I,
ayant vu les tapiiTeries qui étoient
exécutées d'après lui, en fut frap-
pé, & les choiiit pour la tenture
que le roi lui avoir offerte. Louu
XIV comioifToit le rare mérite de
I Jouvtna 'y il le chargea de peindre
I à frefqiie les xii Apôtres , au-def-
j Cous de la coupole de l'églife des
Invalides ; & lllluftre artifte l'exé-
cuta de la plus grande manière. Son
pinceau fiit auSi employé dans la
chq)elle de Verfailles. Un travail
txceffi£ altéra £à fahté > il eut une
' attaque d'apoplesde , & demeura
par^ydque du côté droit. Cepen-
dant il ddHnoit encore de la main
droite , mais avec beaucoup de dif-
ficulté. Enfin il s'habitua à fe fervir
de la main gauche. On voit plu-
fieurs magnifiques ouvrages qu'il
a exécutés de cette main ^ entre au-
tres , le tableau appelé le Magni-^
fcat , dans le choeur de Notre-Da-
«e de Paris. Ce peintre avoir une
imagination vive , beaucoup d'en-
jouement dans l'efprit , deâanchife
^ de droiture dans le caraâere. Sa
mémoire étoit des plus heureufes. K
peignit un jour fur le parquet, avec
de la craie blanche , un de £es anus
abfent depuis quelque temps -y la
reâanblance étoit frappante : on
fit enlever la feuille ^ parquet ,
qui devint un tableau d'autant plus
prédeux , que l'amitié Vavoit tra-^
ce. J€an Jouraut ne vit point l'Ita-
fie , ayant été arrêté par une ma-
ladie, loriqu'il étoit fur le point
de pardr. Cependant il £& forma «
par la feule étude de la nature , un
goût de deffîn ,. fier ^ nerveux, cor-
t^Gt & {avant. Il donnoit du relief
& du mouvement à fes figures ; ies
çxpreflions font vives , fes attitu-
des vraies , fes draj^eries bien je-
tées , £» figures heureufement con-
traftécs. Il réuffifibit fur-tout dans
]fs gnnd^ machines » il traitoi(.
J O Y 57
avk beaucoup de fuccès lUiftoîre «
.la Fable, l'Allégorie &J'Epifode. Il
a ^t encore des Portraits fort efti-
mes. Son pinceau ferme & vigou-
reux , la ridieiTe de fa compofition «
(a grande manière , charment &
étonnent le fpeâateur » fans le fé-
duire par le coloris , qu'il a peut-
être un peu trop négligé. Lorsqu'il
fe trouvoit de l'architeâure dan»
fes tableaux , il la Êdfoit peindra
par d'autre^ mains. On doit mettre
au rang de fes chef-d'œuvres, la
Defcenu de Croix qui eGt dans une
desialles de l'académie de peinture
à Paris : ce tableau réunit les plus
belles parues de l'art.... Toye^Du-
CHANGE.
J O U Y , ( Louis-François de )
avocat au parlement & du clergé
de France , né à Paris le i> Mai
1714 , mort dans la même ville le
6 Février 1771 , à 5^7 ans ,fe livra
pardculiérement aux matières ecclé-*
fiaftiques. U fut chargé des affaires
du clergé , & s'en acquitta avec
honneur. On a de lui : I. Principes,
fur Us droits & obligfuions des Gra*
ducs , in-l2. II. StÊppUment aux Lois
Civiles , dans leur ordre naturel, in*
folio. III. Arrêts de Réglenuru «-
cueillis & mis en ordre , 1752, in-4®,
IV. Conférences des Ordonnances Ec*
cléfiaffiques, 1755., in-4°. V. Après
ià mort on trouva chez lui , manuJV
crits : Principes & ufages concernant
ies Dixmes, 1776, in-12 , & /«
Coutume de Meaux ^ ouvrage qu'il
Rvoit déjà mis au jour , &. dont il
avoit préparé «ne nouvelle édi-^
tion, qu'on & propofe. de. dotmec
inceflbnment au public,
I. JOYEUSE, (Guillaume vi-
comte de ) étoit fils puîné de Jean,
de Joyeufe « gouverneur de Narbon--
ne , d'une famille illufire. On le
demna à l'églife , & il eût même
l'évêché d'Aleth du vivant de /ciwi-, ,
Paul y fon frère aine j mais comme
il a'étoit pas Ué par les ordres f^
C'iij
3» J O T
crés , il cmbraffa depuis la profef-
iion des armes , &/ fuccéda à fon
frère. 11 fervit utilement le roi Chaf
les IX dans le Languedoc , durant
les guerres civiles de la religion , &
fut t'ait maréchal de France par le
roi Hcnii IIL U mourut fort âgé en.
1592.
II. JOYEUSE, (Anne de) fils du
précédent , duc & pair , & amiral
<le France, premier gentilhomme
ée la chambre , & gouverneur de
>f ormandie , fut un des principaux
fevori:. du roi Henri III , qui lui m
ëpoufer Âlargiurhc de Ljrr une , fœur
puînée de la reine Loulj e fon cpoufe :
( Voy. Balthazarini. ) Ses noces
coûtèrent au roi plus de douze cents
mille écus. Quelques courtifans,
trouvant cette dépenfe exceflive,
prirent la liberté de le dire à ce
prince , qui répondit : Je ferai /âge
& bon ménager, quand j* aurai marié
-mes trois enfans, C'étoient le duc
de Joyeufe , le duc d'Epernon , & le
anarquis d'O. Joyeufe commanda en
1586 une armée dans la Guiejme
contre les Huguenots. Il y remporta
quelques avantages , & ne voulut
feire aucun quartier à un détache-
ïïient qu'il furprit au Mont Saint-
Eloi. Cettb barbarie fut punie bientôt
après par une autre barbarie -, car
ayant été vaincu à Coutras le 20
Odobre 1587, les Huguenots le
tuèrent de fang-froid , en criant le
Mont SJnt-Eloi l quoiqu'il offrit 100
mille écus pour racheter fa vie. Le
maréchal de Joyeufe, fi cruel les
«rmes à la main , étoit doux & gé-
néreux dans la fociété. Un jour
ayant fait attendre trop long-temps
les dQ\XK fecrétaires d'état dans l'an-
tichambre du roi , il leur en fit fes
«xcufes, en leur abandonnant un
xlon de 100 mille écus que le roi ve-
Jioit de lu\ faire. On prétend que ,
cfuelque temps avant fa mort , fa
laveur à la cour avoit bien dimi-
jûué, JiavlUa rapporte que le duc
J o Y
è^Epemon , qui afpiroit à pofTeder
feul les bonnes grâces de Henri III,
le defiervit auprès de ce prince , qui
dans un moment d'humeur lui dit
qu'iV ne pajfult à la cour que puur un
poltron y & qu'il feréit bien de Ji laver
de citte tache. Mais cette anecdote «
que quelques hifioriens conteftent ,
prouve feulement que le rôle de fa-
vori a fes épines comme les autres
profeflions.
m. JOYEUSE, (François de)
cardinal , titere du précédent , né
en 1562 , hit fucceffivement ar-
chevêque de Narbonne , de Tou-
loufe 5t de Rouen. U fut chargé
des affaires les plus difficiles SC
les plus importantes , par les rois
Henri III, Henri IF &C Louis XIII.
11 s'acquit tous les fuffrages , par
fa prujjence , par fa fagefTe ^ & par
fa capacité dans les affaires. U mou-»
rut à Avignon , doyen des cardi*
naux , le 27 août 161 5 ,353 ans,
après s'être illuftré par 4)lufieurs
fondations : 1. D'un Séminaire à
Rouen. U. D'une Matfon pour les
JéfuitesàPontoife. III. D'une autre
à Dieppe pour les PP. de l'Oratoire.
11 y a eu un troifieme Joyeuse
de Saint - Diiier , ( George ) firere
des deux précédens, fevori de Henri
ni, qui ayant affifté nu -pieds la
nuit du vendredi au famedi-faint,
à une proceffion des Flagellàhs avec
le roi, y contrafta une maladie dont
il mourut en 1^83.
IV. JOYEUSE du Bouchage,
(Henri de) né en 1567 de Gmllau*
me vicomte de /oyeij/ê , porta d'abord
les armes avec difHnftion , jufqu'enf
1 5 87. La perte de fa femme , &une
vifion qu'il crut avoir , le détermi-.
nerent à faire profeffion chez les
Cipucins , fous le nom de Frcrc
Ange, L'année d'après» les Pari-
fiens ayant réfolu de députer à Henri
III, pour le priei- de revenir habiter
la capitale, Frère Ange fe chargea de
la coxninilîion. Il partit procefEoa-r
J O Y
nellement à la tête des députés , qui
"chantoient des Pfeaumes & des Li-
tanies ; &, pour représenter A'o/re-
Sûgnatr montant au Calvaire , il f e .
mit fur la tête une Couronne d*éplnes
& une groffe Croix de bois fur les
épaules , & fe fit accompagner de
tous les perfonnagcs qu'on em-
ployoit ea ce temps-là pour rtpré-
ienter la Paflion du Sauveur. Tous
les autres députés étoient en habits
de pénitens. Le roi étoit à Vêpres ,
lorfque cette finguliere députation
arriva. U fut touché de compaffion
en voyant entrer dans l'églife le
FrercAnge, nu jufqu'à la ceinture»
que deux Capucins frappoient à
grands coups de difcipline. Cette
pieufe force ne produifit que de
mauvaifes plaifanteries... Frcre Ange
refia dans fon ordre jufqu'en 1592.
Le grand-prieur de Touloufe, fon
frère, s*étant noyé dans le Tarn
vers ce temps-là , les Ligueurs du
Languedoc l'obligèrent de fortir de
foH cloître pour fe mettre à leur
tête. ( Foy. IL Chat. ) Le guemer
Capucin combattit vaillamment pour
le parti de la Ligue jufqu'en 1596,
qu'il fit fon accommodement avec le
roi Henri IV > Ce prince l'honora du
bâton de maréchal de France -, mais
quelque temps après , s'étant trou-
vé avec lui à un balcon au-deffous
duquel beaucoup de peuple regar-
doit, il lui dit: Mon coufin , ces
gaiS'Ci me parolffent fjn alfes de yoir
«njemblc wi Roi apofiat & un Moine
déchitri. Cette pldfanterie le fit ren-
trer en lui-même, & il reprit tout
de fuite fon ancien habit. Le cloître
ne fot plus pour lui qu'un tombeau.
Livré aux jeûnes, aux veilles, &
« la plus rigoureufe pénitence , il
ne penfa plus au rôle qu'il avoit
joué fur le théâtre brillant & fragile
du monde , que pour répandre des
larmes ameres. Il mourut à Rivoli
près de Turin, le 27 feptembre 1 608,
* 41 aas. U avoit époiftfé la fçciu:
J O Z 39
du duc à*Epemon , qui ne lui donna
qu'une fille, Henriette- Catherine, h-
quelle époufa en 1599 le duc de
Montpenjier, & en 161 1 le duc d«
Guij'c. Elle mourut en 1656 , à 71
ans. M. de Caliieres a écrit la Vie
de Fr. Ange de Joyeufe : elle ell édi-
fiante , à quelques petitefles près.
V. JOYEUSE , ( Jean-Armand
marquis d« ) maréclial de France ,
étoit le fécond fils d'Antoine-Fran-
fois de Joyeufe , comte de Grand-
pré. Il fe diftingua par fa bravoure
en divers fieges & combats, depuis
1648 Jufqu'en 1697. Il commanda
l'aile gauche à la bataille de Ner-
Vinde, où il fut blefTé. Sa valeur fiit
récompenfée par le gouvernement
de Metz , Toul & Verdun, en 1710.
Il mourut à Paris le i*'^ Juillet 171 3,
à 79 ans , fans poflérité.
JOZABAD , fils de Sonur, fe U-
gua avec quelques autres pour fe
défaire de Joas , roi de Juda *, & ils
afTaiTmerentce prince l'an S45 avant
J. C.
JOZABETH, Voy. JOSABETII.
L JUAN d'Autriche , ( Don)
fils naturel de l'empereur Charles-*
Quint , qui déclara cefecrct en mou-
rant à Philippe U fon fils, naquit à
Ratisbonne en 1547. Sa mère fut
long - temps inconnue ; mais c'eft
témérairement qu'on a afiuré que
Charles l'avoit eu de fa propre fœur
Marie d'Autriche , gouvernante des
Pays-Bas. Il l'eut d'une dcmoifclle
Allemande nommée Barhe Blomberg,
dans le temps qu'il étoit veiif. Le
jeune prince fut élevé fecrétement
à la campagne par la* femme de
Louis Quixada , grand - maitre de. la
maifon de l'empereur. Après la mojrt
de Charles - Quint , Philippe II l'apr
pela à Valladolid où il étoit alors.
Don luan fe mit à genoux devant
ce prince , lorfqu'il lui fut préfenté
par Quixada,,. Save^-vcus bien y lui
dit Philippe «n le faifant relever &
e» (buiisuit y qu9/ efi votre pue l Vom
C iv
40 ÏU A
ius fils d'un homme îlluflrt, Charles-'
^lânt tfi votre père & le mien, 11 le
£t enfuite élever à fa cour, où il fe
diOingua de bonne heure par fa
politeffe & fa grandeur d'ame. Phi-
lippe II l'envoya en 1 5 70 contre les
Maures de Grenade , qu'il réduifit.
La haute réputation qu*il acquit dans
cette guerre » le fit dioifir pour gé-
néralii&me d'une flotte de près de
g 00 voiles, que l'Efpagne & l'Ita-
ie avoiem préparée contre les
Tur^s , vers legolphe de Lépante ,
proche de ces mêmes lieux où An-
toine & Auguflc combattirent autre-
fois pour l'empire du monde. ( Voy*
Maurolico. ) Les Chrétiens &
lesMufulmansen vinrent aux mains
3e 7 Oftobre 1 571 , avec un achar-
ïiement fans exemple. Don Juan par
la valeur força la viôoire à fe décla-
rer pour lui ', il s'empara de la capi-
tane ennemie ^ & obligea les Turcs
â prendre la fiùte. Les vainqueurs
yrirent 130 galères, en brûlèrent
ou coulèrent à fond 5 5 , tuèrent
a 5, 000 Turcs , parmi lefquels étoit
JîaU'Bacha, leur général , ( Voyc^
ce mot. ) firent 10,000 4)rifonniers ,
& délivrèrent 1 5 ,000 efclaves Giré-
tiens. Cette viâoire infigne, qui
lui fit appliquer ce mot heureux :
JuiT Homo missus a Deo,
CUI NOMEN ERAT' JOAIHf^S^
dont on avoitdéjà honoré un empe^
reur d'Orient, coûta j 0,000 hom-
mes aux E^agnols. Don /«^n donna
le combat malgré Don Lpuîs de
jfi.equefens ^ qu'on avoit chargé de
snodérer l'ardeur de ce prince In-
trépide, ïl vouloit aller droit à
Confiantinqple : c'étoit le feul parti
qu'il avoit à prendre -, fon confeil
s'y oppofa. Dans la conflernation où
lètoientlesMuflilmans , on pouvoit
non-feulement fe rendre maître de
la capitale de leur empire, m^is en«»
core diaiTer de la Thrace & de la
Grèce ces fiers ennemis des Chré-
mUDS^ J)QVk hm d'Auerîçhc fe fit
ï U À
tout d'un coup la plus grande rè*
putation dont jamais capitaine ait
joui. Chaque nation moderne , ( dit
un hiftorien ) ne compte que fes hé*
ros, & néglige ceux des autres jjeu-
pies : Don Tuan ,. comme vengeur
de la Chrétienté , étoit le héros
de toutes les nations. On le compa*
roit à l'empereur Charles-Qulnt fon
père , dont il avoit la figure , la va-
leur , l'aftivité jBc le génie , & par-
deifus lui l'humanité , la générofîtCy
qui fouvent achèvent & affurent les
conquêtes. 11 mérita fur-tout d'être
l'idole des peuples , lorfque deux
ans après il prit Tunis, comme
Charles^Qulnt , & fit comme lui un
roi Africain tributaire d'Efpagne.
Don Juan fe couvrit d'une nouvelle
gloire en x 5 76 , lorfqu'il eut été
nommé gouverneur des Pays- Bas
révoltés -, il fe rendit maître de Na*
mur , de diverfes places , & défît
entièrement les rebelles dans Iqs
plaines de Gemblours en 1578. Lçs
ennemis perdirent 6000 hommes
dans cette journée , qui , au rapport
de Ferreras , ne coûta la vie qu'à
deux foldats Efpagnols. Leur gé-
néral Goignes fut pris, avec l'ardlle-
rie, les bagages & les drapeaux ; le
vainqueur profita de la viéîoire , e»
foumettant rapidement Louvain »
Diefte, Nivelle, Philîppevillc, Lim-
bourg, Harlem. Une mort préma-
turée enleva ce héros au milieu de
fes conquêtes. II expira le fept Oc-
tobre de la même année, ( jour mar-
qué par fon triomphe de l'année
précédente,) à 32 ans , dans le»
convulfions qu'excita en lui,fuivant
les uns, la douleur d'avoir perdu
fon miniftre Efeovcdo , lâchement
afiaffiné-, & fuivant les autres , un
poifon lent que lui fit donner Phi-'
lippe U , jaloux de fa gloire, & dan»
la crainte qu'il n'époufôt EUiabeth ,
reine d*Anglctçrre. Ce font du moins
les mbtifs que lui ont attribués di-
Yçr$'hiftoriçB$. Mais on ùit çgo^
J U A
Ken le peuple croit facilement les
crimes , & combien les autres ai-
ment à répéter & à faire valoir les
bruits populaires , fur-tout lorfque
par leur atrocité ils peuvent exci-
ter quelque intérêt. D,on Juan laiffa
deux filles naturelles , qui mouru-
rent prefque toutes les deux dans
le même jour en Février |i63o^
II. JUAN d'Autriche,( Don)
fils naturel de Philippe IV, & de
Marie Caldtrona comédienne , né en
1629 , fut grand-prieur de Caflille,
& commanda en 1647 les armées
du roi d'Efo^ne en Italie, où ilré-
duifit la ville de Naples. U fe rendit
encore maître de Barcelone en 165 2.
l>on Juan commanda enfuke en
Flandres, & devint généraliflîme
des armées de terre & de mer contre
les Portugais. Cette dernière expé-
dition ne fut pas heureufe. Don
Juan fe fîattoit qu'il n'auroit qu'à fe
préfenter , & que le portugal fe
foumettroit. Il fe croyoit fi afluré
de le fubjuguer , qu'il fit afficher
dans Madrid l'état des troupes , de
Tartillerie , des munitions de toute
cfpece qu'il avoit préparées pour
cette conquête. Il trouva en 1663
la punition de fa vanité préfomp-
tucufe à Ëffa-emeros , où il fiit en-
ùerément défait. Don Jmn eut la
principale adminilbation des affai-
res à la cour du roi CharUs //, &
jnourut à Madrid en 1679 , à 50
ans. Mark Calderona , fa mère , avoit
d'abord été maîtrefTe du duc de Me-
^na , & ne cefTa point de voir fe-
crétement fon premier amant. Phi"
Uppesysnt étéinflruit de leurs en-
trevues, exila le duc, & envoya la
£alderona dans un cQUvcnt. Elle y
prit le voile des mains du nonce
Appflolique, qui îixt depuis pape
fous le nom A' Innocent X* Quoique
cette &mme ne fût pas belle y ellç
plaifoit infiniment, par fes grâces,
fon efprit & fa voix. Quelques au-
l^urs préteûi|ciit que fa rctr^te d^ns
J U B 41
un monaflere fut volontaire , &
qu'elle n'eut jamais d'autre inclina-
tion que celle que lui infpira PAi-
Uppe.,, Voy. la Fw de cette ^orite ,
Genève, 1686.
III. JUAN,(D. George) Ef-
pagnol, chevalier de Malte, com-
mandeur d'Aliaga , mort à Madrid
en 1773, fediffingua par fes con-
noifTances dans les mathématiques,
Choiû avec D. Antonio de Ulloa ,
capitaine de frégate , pour accom-
pagner les académiciens François ,
envoyés l'an 1735 au Pérou pour
déterminer la figure de la Terre ;
il publia en efpagnol à fon retour
fes Ohfervaùons ajironomiqucs fur
l'objet de ce voyage, dans un grand
ouvrage , dont la partie hiflorique ,
rédigée par D. Antonio de Uiloa . a
paru traduite en françois , à Amfler-
dam , 175 2 , en deux vol. in-4°. U
fut agrégé à l'académie des fcien^
ces de Paris , où il vint en 1745 ,
& à celle de Berlin en 175 ô. On
a de lui un Traité de méchanique appli»
que â la conJhvcUon & â la manoeuvre
des vaijfeaux , traduit par M. Lévéque ,
Nantes, 1783 , 2 vol. în-4^.
I. JUBA V , roi de Mauritanie
& de Numidie , fuccéda à fon père
Hiempfal, & fuivit le parti de Pom-
péc contre Jules - Céjar, Après la
mort de Pompée y il fut défait par
Céfar. Ce roi vaincu, fi fier avant la
bataille, fe vit réduit à demander la
vie à fes fujets. Il les pria de lefau-
ver -, mais aucune ville ne voulant
le recevoir , il fe fit donner la mort
à la fin d'un repas, par Perr«iw, com-
pagnon de fon malheur , l'an 42
avant J, C'
II. JUBA n , fils du précédent ;
fut mené à Rome, Ôcfervit à orner
le triomphe de Céfar, Il fut élevé à
la cour d'AuguJie, qui lui fit épou-
fer Cléopâtre la jeune , fille à' Antoine,
& de la fameufe Cléopâtre y & lui
donna, l'an 30 avant J. C, le royau-
me des dçux Mauritames & d'un^
42 J U B
partie do la Gétulie. 11 fe fîgnala par
les agrémens de fon caradtere & les
connoiflances de fon efprit. Cet
avantage le rendit plus illuftre ,
que celui que la couronne lui don-
noit. Juba , par la douceur de fon
règne, gagna le cœur de tous fes
fi.i)et$. 5eniioles à fes bienfaits , ils
lemirent au nombre de leurs Dieux,
Paujajilas parle d une ftatue que les
Athéniens lui avoient érigée. Il
ctoit bien jufte qu'une ville de tout
temps conf^crec aux Mufes , donnât
des marques publiques de fon efti-
me à un roi qui tenoit un rang il-
luftre parmi les favans. Suidas at-
trij>ue à ce prince plufieurs ouvra-
ges^ djnt aujourdhui il ne nous
reile que des fragmens. 11 avoir
écrit fur Vhiltoired Arabie, fur les
antiquités d'Aflyrie , fur les anti-
quités Romaii:ci , fur l'hiftoire des
Théâtres , fur celle de la peinture &
des Peintres , fur la nature & les
propriétés de différens Animaux ,
fur la Grammaire , & fur d autres
matières femblables.
JUBAL, fils de Lamech & d'A^-fa , &
frère de Jabei, inventa les inftrumens
de Mufique. [Genefe, c, iv , r. 2i. ]
JUBÉ, ( Jacques) né à Vanvres
près de Paris en 1674 > cultiva avec
fuccès les langues favantes , & fe
fit eftimer par fon érudition. Son
attachement aux Anti-Conftitution-
Riires remplit fa vie de foins & d'a-
mertumes, ir voyagea dans une
partie de l'Europe, & mourut à
Paris en 1745 , à 71 ans. On a de
Tabbé Jubé, les Journaux de fes Voya^
ges en manufcrit. L'auteur s'y atta-
che fur-tout à marquer l'état delà
religion dans les différentes con-
trées qu'il a parcourues.
JUCUNDUS & TYRANNUS ,
Soient deux gardes d'Hérode le
Grand, Ce roi de Judée les affec-
donnoit particulièrement , à caufe
et leur grandeur & de leur force
Çjoaraordinaire. Mais en ayant reçu
j u D
quelque mécontentement, il les élol^
gna. Alexandre ,. fils d*Hérod£ , leSL
reçut dans la compagnie de fes gar-
des ; & parce que c'étoient de très-
braves gens , il tâcha de fe les atta-
cher, hér^dc en étant informé , en
conçut dufoupçon, & leur fit don*
ner la queftion. Ils la fouffrirent
d'abord alTez conftamment -, mais enr
fin fuccombant à la violence de la
douleur , ils dépoferent qu'A/exa/i"'
dre les avoit follicités à tuer le roi ,,
lorfqu'ilircitàla çhaffe, quoiqu'il
n'y eût rien de plus faux. Cette
dépofition fut, en partie 5^ la caufe-
de la mort d* Alexandre ; & nous,
avons cru que cet exemple célèbre
des injuftices que la torture a occa-
fionnées , méritoit d'être cité.
I. JUDA, 4^ fils de Jacob & de
Ua, naquit Tan 1755 avant J. C*
Lorfque les fils de Jacob voulurent
mettre à mort Jofeph leur frère , il
leur confeilla plutôt de s'en défaire
en le vendant -, & cet avis lui fauva
la vie. Juda époufa la fille d'ua
Chananéen , nommé Sué , & il en:
eut trois fils , Her , Onaij. & Sél(U
Il eut aufii de Thamar^ ( Foy. ce
mot. ) femme de l'ainé de fes fils »
dont il jouit fans la connoitre ,
Phares & Zara. Lorfque Jacob bé-
nit fes enfans , il dit à Juda ; >» Le
»» fceptre ne forûra point de Juda »
>r ni le Ugffiatcur de fa poftérlté »
>» jufqu'â la venue de CELUI qui doit
ît être envoyé , & à qui les peuples^
n obéiront *,i. Cette prédi£lion s'ac^
complit en la perfonne dé Jésus-
Christ. Juda mourut l'an 163^
avant l'Ere vulgaire, âgé de 119
ans. Sa tribu tenoit le premier rang^
parmi les autres ; elle a été la plus
puiffante & la plus nombreufe. Au
fortir de l'Egypte, elle étoit compo-
fée de 74 mille 600 hommes , capa-
bles de porter les armes. Cette tribu
occupoit toute la partie méridio-
nale de la Palelline. La royauté
paffa de la tribu de Benjamin , doui;^
yuD
Jeoîcnt Sai'd & hhofah, dans la triba
et Juda , qui étoit celle de David
& des rois fes fucceffeurs. Les dix
tribus s'étant réparées , celle àeJuda
& celle de Benjamin demeurèrent
attachées à la maifon de David , &
fonnerent un royaume quife foutint
avec éclat contre la puiflànce des
rois àUfraèL Après la difperfion &
la deftruôion de ce dernier royau-
me, celui de Juda fubûfla, & fe
maintint même dans la captivité de
Babylone. Au retour, cette tribu
vécut félon fes lois , ayant fes
chefs -, les reftes des autres tribus
fe rangèrent fous fes étendards , &
ne firent plus qu'un peuple que l'on
nomma Juif. Les temps où devoit
s'accomplir la promeâe du MeJJîc
étant arrivés , la Puiffancc Ro-
maine , à qui rien ne réfiiloit , affu-
jettit ce peuple , lui ôta le droit de
fe choiûr un chef, & lui donna pour
roi Hérodt , étranger & Iduméen.
Ainfi cette tribu , après avoir con-
fervé le dépôt de la vraie reli-
gion , & l'exercice public du fa-
cerdoce & éss cérémonies de la
Loi dans le temple de Jérufalem ,
& avoir donné naifTance au Meffîe ,
fiit réduite au même état quç les
autres tribus, difperfée & démem-
brée comme elles.
^ n,JUDA-HAKKADOSCH,c'eft-
à-dire le Saint , rabbin célèbre par
fe fcience , par fes riéheffes & par
fes talens , Ait , félon les Juifs , ami
& précepteur de l'empereur Antonîn,
ïl recueillit , vers le milieu du II*
fiecle, les conftitutions & les tradi-
tions des magiftrats & des do£beurs
Juifs qui Tavoient précédé. Il en
compofà un livre , qu'il nomma
^fdma , & qu'il divifa en fix par-
ties. La i^® traite de l'agriculture
& des femences ; la 1 1^ , des jours
de Fêtes ; la ii i* , des mariages , &
de ce qui concerne les femmes ; la
ïv* , des dommages intérêts , & de
toutes fortes d'^âires ciriks î I4
J U D 45
V*, des facrificcs -, & Ist vi® , des
puretés & impuretés légales. Sur'
rhenufius a donné une bonne édi- ' ^
tion de ce livre en hébreu & en V
latin avec des Nous, 1698, 3 vol.
in-fol. U feroit à fouhaiter que U
Talmud, quieft un commentaire de
la Mifchna , & que l'on appelle la
Gémare , fut auiH traduit en latin.
m. JUDA-Chiug , célèbre rab-
bin, natif de Fez, & fumommé
le Prince des Grammjtriens Juifs ,
vivoit au xi*^ fiecle. On à de lui
divers ouvrages manufcrits en ara-
be , qui font très - eftimés : entre
ft^es , un Dictionnaire Arabe « qui
poùrroit être fort utile pour l'in-
telligence de l'Ecriture-fainte , s'il
étoit imprimé.
IV. JUDA, (Léon) fils A^Jean
Juda , prêtre de Germoren en Alfa-
ce , & d'une concubine , entra dans
l'ordre eccléûaflique , & embraiTa
depuis les erreurs de Zidngle, Eraf»
me lui ayant reproché fon lâche re-
niment, s'attira une réponfe très-
aigre de la part de cet apofht. Juda
s'acquit une grande réputation dans
fon parti, & mourut à Zurich en
1542 , à 60 .ans. Sa Veifion latine
de la Bible , eft celle qui eft jointe
aux Notes de Vatahle, On a de lui
d'autres ouvrages , qui prouvent
fon érudition.
JUDA , Voy, xxri. Léon de....
JUDAOLIUSi citoyen d'AfcoU,
fe diftingua par une belle a£Hon ,
tandis que Pompée affîégeoit fa pa-
trie. Il étoit à la tête d'une troupe
de rebelles : il réfolut de s'en fervir
pour donner du fecours à la ville
affiégée. Dans ce deffein , il aver-
tit fes compatriotes , que dès qu'ils
le verroient aux prifes avec les Ro-
mains, ib fifTent une fortie pour
le foutehir. Quelques bourgeoisr
d'Afcoli détournèrent les autres de
féconder Judàcillus , & lorfqu'il fd
préfenta devant la ville , aucun
dçs sffiégcs ne remua. Il ne laiiTa
44 J U D
pas de fe Êdre joor , l*épée k la
main « & d'arriver à la porte de la
• fvîDe y qui lui fîit ouverte. Dès
qu'il fut entré dans Afcoli , il fit
égorger ceux qui avoient empêché
qu'on ne fe îoignit à lui» Puis ayant
invité fes amis à im grand repas;
quand la bonne diere & le vin
l'eurent un peu échauffé , il ie fit
aq[>porter une couple pleine de poi-
Ton & Tavala ». pour n'être pas té-
moin de la prod^ation des tem-
ples de ÙL patrie & de la captivité
de fes compatriotes. U fe fit porter
enfuite dans un temple » où il avoit
/ hit préparer fon bûcher fiinebre :
il y mourut au milieu de fes amis ^
& fon corps fut réduit en cendres.
Bientôt après Afcoli fe rendit à
Pompa,
I. JUDAS y dit Machabée , fils
de Mathathîas , de la famille des
Aihionéens > fuccéda à fon père
dans la dignité de général dés Juifs
Fan 167 avant J. C» Mathathîas
le préféra à fes autres enÊtns , &
le chargea de combattre pour la
défenfe d'Iâ-aël. Judas ne trompa
point fes efpérances ; fécondé de
ies fiferes » il marcha contre Apol'
ionius > général des troupes du rai
de Syrie, le défit & le tua. Il tour-
na fes amies contre Séron , autre
capitaine^ qui avoit une nombreufe
armée, qu'il battit également, quoi-
ijue avec des troupes fort inférieu-
res en nombre. Antiockus ayant
appris ces deux viftoires , envoya
tuntre Judas trois généraux de ré-
putation y Ptoloméc , Nlcanor &
^orglas. L'armée prodigieufe qu'ils
firent marcher en Judée , épou-
vanta d'abord ceux qui accompa-
noient Judas ; mais fon courage
ayant ranimé celui de fes gens , il
tomba fur cette multitude , & la
aiffipa. Lyfias , régent du royaume,
pendant l'abfence ô.*Antlochus , dé-
fefpéré de ce que les ordres de fon
priiaccétoientfi mal exécutés, aut
J u o
qu'il feroit mieux par lui-même)
Il vint donc en Judée avec une ar-
mée nombreufe-, mais il ne fit qu'aug-
menter le triomphe de Judas » quir
l'obligea de retourner en Syrie. Le
vainqueur profita de cet intervalle
pour rétablir Jérui^lem *, il donna
fes premiers foins à la réparadon
du Temple , détruifit l'autel que
les idolâtres avoient profané , en
bâtit un autre, fit faire de nou»
veaux vafes , & l'an 165 avant
J. C. , trois ans aptes que ce Temple
eut été pro^é par Anthchus , il
en fit célébrer la Dédicace. Peu de
temps après cette cérémonie , Judas
défit encore Timothéc & Bacchldes-^^
deux capitaines Syriens , battit les
Iduméens , les Ammonites , tailla exz
pièces les nations qui afliégeoient
ceux deGalaad^ &revintchargé de
riches dépouilles. Antîockus Eupator^
qui avoit fuccédéà Eplphanes, irrité
des mauvais fuccès de fes généraux^
vint lui-même en Judée ^ & afiiégea
Bethfure. Judas marcha au fecours db
fes frères. Du premier choc , il tua
600 hommes des ennemis ; & ce fut
alors que fon irere EUaiar fut ac-
cablé fous le poids d'un éléphant;,
qu'il tua croyant feire périr le rot.
La petite armée de Judas ne pou»-^
vant tenir tête aux troupes innonv
brables du roi , ce général fe re-
tira à Jérufalem. Etipator l'y vint
aifîéger; mais , averti de quelques
mouvemens qui fe tramoient dans
fes états , il fit la paix avec le gé-
néral Hébreu , qu'il déclara chef 6c
prince du pays. Il retourna enfuite
en Syrie, où il fut tué par i><mcr
trîus qui régna en fa place. Le nou-
veau roi envoya Bacchides & Alch^
me , avec la meilleure partie des
troupes. Les deux généraux mar-
chèrent contre Judas, qui étoit à
Bethel avec 3000 hommes. Cette
petite armée fut faifie de frayeur
à la vue des troupes ennemies;
elle fe débanda, & il nereûaqu^
JUT>
Soo hommes au camp. Judas » hs3
perdre le cœur , exhorta cev petit
nombre à mourir courageufement ,
fondit fur l'aile droite , & fut tué
dans la mêlée l'an i6i avant Jefus-
Chrift. Simon & Jonathas, fes frè-
res , enlevèrent fon corps & le
firent porter à Modin, où il fut
enterré avec magnificence dans le
fépulcre de fes pères. Les Juifs
eurent à pleurer un héros & un
libérateur.
II. JUDAS EssfeEN , fe mêloît
€e prophétifer. Il prédit {^Anti-
^one, premier prince des Afmo-
néens , périroit dans la Tour de Stra-
ton. Cependant , le jour même qu'il
avoit affuré que le roi mourroit»
il parut douter du fuccès de fa pré-
di£Hon , parce qu'il favoit que ce
prince étoit à Jérufalem , éloigné
de la Tour de Straton d'environ
a 5 lieues. Il fut furpris, peu de
temps après , d'apprendre que le roi
Venoit d'être tué dans une cham-
1)re du palais , qu'on appeloit la
TuvT dt Straton : endroit qu'il avoit
nommé fans le connoître, trompé
par la reffemblance des noms. C'é-
toit un faim homme. Quelques
favans penfent que ce Judas eft le
même que l'auteur du //* Livre des
Machabées.
m. JUDAS , fils de Sarriphée .
s'étam joint à Mathias fils de Mdr-
pîotte , do£^eur de la Loi , perfuada
à fes difciples & à quelques autres
Juife , d'abattre Taigle d'or qu*/^/-
Tode le Grand avoit fait pofer fur
le plus haut du Temple en l'hon-
neur à'Augufte. Ce prince cruel le
condamna à être brûlé vif. Après
la mort à!Hérod€ , le peuple qui
simoit Judas , demanda à (pn fuc-
ceflêur Archtlaûs la pimition des
auteurs d'un fupplice fi inhumain ;
Se fur le refiis qui en fut £ait , il
s'alluma une fédition , qu'on neput
éteindre qus par !« iàng de 3000
JU D 4^
ly. JUDAS , chef de voleurs^
après la mort é!Hérode U Grande
affembla une troupe de déterminés
avec lefquels il pilla les tréCbrs dm
roi , & fe rendit afTex redoutable
pour pouvoir afpirer à la couronne.
( Jo/ephe, Antiq. L ij, c. /*. )
V. JUDAS IscARioTE » aiafi
appelé parce qu'il étoit d'une xill»
de ce nom dans la tribu d'Ephraïm «
fîit choiii par Jefus^Chrifi pour ètis
l'un des douze Apôtres *, mais it
répondit mal au choix & aux host»
tés de l'Honme-Dieu. Son avaries
lui fit œnfurer l'aûion de la Mag»
delaînt , qui répandoit des aromates
précieux fur les pieds du Sauveur V
& lui fit livrer aux Juifs le Fils d»
Dieu pour 50 deniers, U recon-
nut enfuite l'horreur de ùl trahi-
fon , rendit aux prêtres l'argent
qu'il avoit reçu d'eux , & fe pen<
dit de défefpoir. Les favans ne font
pas d'accord entre eux fur la valon;
des 30 deniers que reçut Judas, Les
hérétiques Corinthiens l'honxH
roient d'une manière pardodiere^
& fe feivoient d'un EvangUt qi»
portoit le nom de cet Apôtre infi^
délie.
VL JUDAS DE Gaulak , chef
d'une feâe parmi les )ui£5 , s'op-
pofa au dénombrement que fit Cy^
rinus dans la Judée, & excita une
révolte. Il prétendoit que les Jui£i
étant libres , ils ne dévoient recon»
noître aucime autre domination
que celle de Dieu, Ses feâateurs
aimoient mieux fouffrir toutes for-
tes de fupplices , que de doimer le
nom de Maitrt ou de Seigneur à
quelque homms que ce fût. Le
même Judas eft nommé le Galî^
Uen dans les Aâes des Apôtres ,
parce qu'il étoit de la ville de Ga-
mala dans la Gaulanite , petit pays
de Galilée.
JUDAS Ml JuDE , furnommé
Saifahas : Voye\ ce dernier mot.
46 ÏUD
JUDDE , (N.) Jéflûte , né àHôuèfl
CA 1661 , mort à Paris en 1735 , à
74 ans , fut un grand maître de la
vie fpirituelle. Il dirigea & il écrivit
avec un égal fuccès. La cotUcllon de
fes Œuvîts Spirieue/les a été publiée
en 1781 , 2 vol. in- 12 , par M.
l'abbé du Parc.
JUDE , (S.) Apôtre, nommé auflî
Lehhée, Tkadée, ou le Zélé, frère
de S. Jacques le Mineur , & parent
de J. C. félon la chair , fut appelé
à l'apoftolat par le Sauveur du
inonde. Dans la dernière Cène, il
lui dit ; Seipieàr , pourquoi vout ma-
nifefterei-'Vous à nous , & non pas au
monde ? Jefus lui répondit : Slquel-
qu^un m* aime , // gardera ma parole ;
O mon Pett P aimera ; & nous yien"
érens à hd , & nous ferons en lui notre
éUnuwe, Après avoir reçu le Saint-
Efprit avec les autres Apôtres , Jude
«lia prêcher l'Evangile dans la Mc-
fopotamie, l'Arabie , la Syrie , l'I-
dumée & la ■L3rbie. On prétend
qu'il reçut la couronne du martyre
dans la ville de Béryte , vers l'an
80 de J. C. Nous avons de lui une
£pttre , qui éft la dernière des m
Epîtres catholiques. 11 l'écrivit après
la prife de Jérufalem , principal e-
pient pour les Juifs convertis au
Chriitianifine. Il y attaque les Ni*
colaïtçs , les Simoniens , les Gnof-
tiques , & les autres hérétiques , qui
combattoient la néce/Uté des bon-
nes oeuvres. On avoit d'abord fait
quelque difficulté de mettre cette
Épître dans le canon des Ecritures ,
â cauTe de la citation du livre apo-
cryphe d'Enoch i mais elle y eft
reçue communément ^ dès avant la
lin du IV* fiecle. S, Jude^ pu citer
un livre célèbre & eftimé de fon
temps, pour faire impreffion fur les
çiprits, & donner plus d'horreur
des hérétiques contre lefquels il
écrivoit. Le faint Apôtre dépeint
ces impoftcurs avec des traits fort
vifs. Ceft avec raifonqu'Or/^enc dit
de cette lettre , »♦ qu'elle ne C(fH*
y> tient que très -peu de paroles,
>♦ mais qu'elles font pleines de Ist
« force & de la grâce du Ciel«<.
JUDEX, (Matriiieu) l'im des
principaux écrivains des Centuries
de Magdebourg , [publiées à Bâle «
1552 à 1574, 8 vol. in-fol. ] na-
quit à Tippoîfwalde en Mifnie l'an
1 5 28. Il enfeigna la théologie avec
réputation dans fon parti, & ne
laifla pas d'efîuyer beaucoup de cha-
grin dans fon miniflere. Il mourut
à Roftock le 15 Mai 1564. Cé-
toit un homme de probité , labo-'
rieux,& favant. On a de lui plu-
fieurs ouvrages , dont on peut voir
le catalogue dans le Diâionnaire
de Bayle.
I. JUDITH , Voy, HOLOPHERNE,
Nous nous contenterons de dire
qu'il eft difficile de fixer le temps
auquel cette hiftoire eft arrivée ,
& il eft prefque impoffible, qudr
que parti qu'on prenne , de fatis-»
faire à toutes les objeûions. L'in-
certitude du temps ne doit pas faire
recourir à la fuppofition gratuite
de Scallger & de Grotlus , qui pré-
tendent que le livre de Judith n'eil
qu'une parabole , compofée pour
confoîer les Juifs dans le temps
qu'Andochus Eplphanes vint en Ju^
dée. L'authenticité du livre de /«-
dlik a été fort conteftée-, mais tous
les doutes doivent être fixés par
l'autorité du concile de Trente , qur
l'a confirmé dans la pofteffion où
il étoit de pafler pour infpiré. 5,
Jérôme nous affure qu'il a été re-
connu comme tel par le concile de
Nicée. L'auteur , qui eft tout-à-fait
inconnu , a écrit fon ouvrage en
hébreu , & il fiit traduit en grec pa^
les Lxx. Quelques-uns veulent
que ce foit Judith elle-même.: d'au**
très , le grand-prêtre Eliacim , dont
il eft parlé dans ce livre ; niais tout
cela dft fans aucune -preuve. Nous
n'avons plus l'original de ce Uvre^ .
J U D
waîs feulement une vcriîon latme
Élite par S. Jérôme , fur le Qial-
daiijue. Ce Père dit dans fa pré-
fece , qu'il avoit rendu le fens fans
s'attacher à la lettre -, qu il avoit re-
tranché les variétés vicieufes des
divers exemplaires , & qu'il n'a-
voit mis dans ùl tradu£kion que ce
qui lui avoit paru le vrai fens de
l'origmal. Outre fa veriion , onea
a deux autres , l'une grecque , l'au-
tre fyriaque. Ces tradudions con-
tiennent des circonftances qu'on ne
lit point dans celle de S. Urùmc,
&dont quelques-unes femblent être
les différentes leçons rejetées par
<c Père.
U. JUDITH , fille de CW/w/*
Chauvt y avoit d'abord été mariée à
i.tidfht , & enfuite à Ethelredel, rois
Anglois. Celui-ci , las de la tyran-
nie qu'elle vouloit exercer fur lui»
la chafla de fon lit & de fon trône,
Revenue en France, elle fc fit en-
lever par Baudoin Bras de Fer, comte,
ou feion d'autres , grand Foreftier
de Flandres , qu'elle époufa. Charles
le Chauve fit fon gendre comte de
Flandres vers l'an 870 , & ce fut la
fouche de tous les autres princes
de ce nom. Judith étoit galante &
impérieufe-, fes époux n'étoientque
fes premiers efdaves... Onconnoît
une autre Judith ( de Bavière )
aïeule de celle-ci , & féconde femme
<ie l'empereur Louis I , dont elle
eut Charles U Chauve : (V, Lo VIS I.)
Ce mariage ne fut pas heureux pour
ce prince. JLouîs , dit Montefquleu ,
mêlant toutes les complaifances d'un
tieux mari avec toutes les foiblcffes
<l'un vieux roi , mit un défordre
^ns fa fiunille qui entraîna la chute
de la monarchie. Judith princefTe
ambitieufe & tendre , aima Btr^
nord ,cotate de Barcclonne , qu'elle
éleva aux premiers emplois , tan-
dis qu'elle indifpofoit Louis contre
fes enfans du premier lit. Ces prin-
ws fe révolteront & la firent enfer-
^-JU E 47
mer pour quelque temps dans un
monaftere. Elle fut rendue à foa
époux en S33 , & mourut à Tours
le 18 a-vrii 843.
JUELLUS, Foyei Jewel.
JUENIN, ( Gafpard ) prêo^
de l'Oratoire , né à Varenbon ea
Breffe, mort à Paris en 171 3 , â
63 ans, profefla long-temps la thco-
logie dans pluiîeurs maifons de fa
congrégation, & fur-tout au fémi-
naire de Saint-Magloire. Sa piété 9c
fon érudition le firent eiUmer. On a
de lui ; I. InJUtutîones Theolo^ca ad
ufum Seminariorium, en 7 vol. in-l 2*
On n^avoit pas encore vu de meil-
leure Théologie fcolaflique -, maii
l'auteur y ayant glifié avec beau-,
coup d'art quelques erreurs nouvel-
lement condamnées, fon ouvrage
fut profcrit à Rome & par quel-
ques évêques de France. IL Com^
mentarius hlflorlcus & dopnatlcus de
Sùcramentls, à Lyon, 1696, en 2.
vol. in-fol. , dont 1 auteur tira %
vol. in-i2, fous le titre de Théo»
rie pratique des Sacremens, IIL Un
Abrégé de fes Infiituil^^ns , à l'ufage
de ceux qui fe préparent aux exa-
mens qui précèdent les ordinations;
un vol, in-i z , en latin. IV. Théo»
logie Murale , 6 vol. in- 12. V. Casi
de confcience fur la vertu de jujiice 6^
d* équité, 4 voL in- 12. Ces deux
derniers ouvrages font pleins de
décifions appuyées fur 1 Ecriture 6c
fur les Pères, & écrits avec clarté
& avec méthode. On ne Taccufera
pas d'être au nombre des cafuiûes
relâchés , & on pourroit quelque-
fois lui reprocher un peu trop de
févcrité.
JUGURTHA , fils de Manaftabai
roi de Numidie , né avec les grâces •
de l'efprit&de la figure, fut élevé
à la coiu- de Mlclp/a fon oncle. Ce-
lui-ci ayant démêlé dans fon neveu
beaucoup d'ambitioa, lui donna le
commandement d'un détachement
qu'il envoyoit à Sclpion , qui faifoit
4» JU G
alors le fîege de Numance. Mïcïpfd
cfpéroit qu'il ne reviendroit pas de
cette expédition ; mais il fut trompé.
Jugunha , courageux fans être témé-
raire , fît éclater fa valeur , &
échappa à la mort. Son oncle la-
flopta dans fdn teflament, & le
nomma héritier avec fes deux fils ^
Adherhal & HUmpfal r efpérànt que
les bienfaits du père Tattacheroient
aux enfans. Il fe trompa encore*
Qu'étoit-ce que le tiers d'un royau-
«ne pour un ambitieux tel que fon
neveu ? L'ingrar, le perfide Jugurtha
fit mourir HlempfcU, livra la guerre
à Adherhal , Tobligea à s'enfermer
4ans Cirdie fa capitale , l'y réduifit
par la femine àfe rendre à compo-
îition , & le fit p^rir dans les plus
cruels tourmens , contre la foi du
nraité. Adherhal avoit eu recours aux
Romains: il étoit venu lui-même
ie plaindre au fenat ; mais l'or de
Jugunha lui en avoit fermé toutes
les avenues. Ce prince corrompit
les fénateurs & les généraux qu'on
envoya contre lui -, ce qui lui fit
dire : que Rome nattendoU pour fi
vendre qu'un acheteur, & qu'elle pétv-
Toit hientot , s'il s'en trouvoît un, . •
CacîUus MeuUus , plus généreux,
ne fe laiffa gagner ni par les pro-
mefTes , ni par les préfens. Il vain-
quit Jugunha , & le réduifit à quit-
ter fes états pour aller mendier du
fecours chez les Gérules & les
Maures. Marms & Sylla , qui con-
tinuèrent la guerre après Âfctellue »
la firent avec le même fîiccès. BoC"
ëhus , roi de Mauritanie » beau-pere
fie Jugunha , le livra à Sylla l'an
io6 avant' J. C. Le monarque cap-
tif, après avoir été donné en fpec-
tacle au peuple Romain » depuis la
porte triomphale jufqu'au Gapitole»
attaché au diar de triomphe de Ma-
nus , fut jeté dans un cachot , où
il mourut au bout de ûji jours,
d« faim & de maladie;
JU t
JUIGNÉ Eroissiniere, (D. j^
fîeur de Molière , gentilhomme Aa-
gevin & avocat en parlement ^ eu,
auteut d'un Dîcilonnalrc Thiolop."
qut , Hljlorîqne , Poétique , Cofmog^a-^ *1
phlqtk & Chronologique ;V2xis^ 1^44* ]
in-4** , Rouen , 166B , &c. L'auteur y
a beaucoup profité d'un ouvrage
du même genre de Charles Etienne ;
mais il y a ajouté tm grand nom-
bre d'articles nouveaux. >♦ Prefque
>* toutes les additions , faites félon
^ les connoiflances qu'il pouvoir
>♦ avoir , font tirées des ouvrages
r» de Magîn & de SéhaJUen Munfter g
rt qui font des auteurs peu eftimés
« pour avoir trop donné dans les
H fables. Ain& ce nouveau Di£Hon<r
»♦ naire eft peu utile potir les jeunes^
n gens qui ne favent pas faire la
>♦ différence de ce qui efl véritable
n d'avec ce qui ne Feft pas *«. C'efl
la cenfure que fit de ce livre Moreri ,
dans la pré£cice defonDiâionnairer
cenfure qui lui a été rendue au cen**
tuple» & fouventavecraifon. Quel-^
ques fautes qu'on trouvât dans le
livre de Ju^é , on ne ïaifTa pas
d'en voir paroître en moins de
trente ans une douzaine d'éditions*
Le défaut de critique, les erreurs
fans nombre, l'incorreâion & la
lâcheté du flyte, n'arrêtoient pas
les l9£{eurs auxquels une pareille
compilation manquoit.
JULES-CÉSAR. Voy, L CÉSAR.
I. JULES-CONSTANCE , père
de l'empereur Jullm , & fils de l'em-
pereur Confiance-^hlore , &de Theo"
dora fa féconde femme, étoit un
prince doux & modéré , qui vit fans
jaloufie le diadème fur la tête de
fon frère Conjtantm, Il fut le parti-
culier de ion fiede le plus illufh-e»
par fa naiiTance , par fès rlchefles «
par fon crédit , & l'un des premiers
fénateurs de Rome , qui firent pro-
feflion publique du Chriflianifme.
Il avoit été engagé dans le parti .
du ^ran ^ajunçe ;. mais Con/iantik
tiôwîcuxrerpeaa^ dâiis cégtatîd
homme, des talens fupérieurs , 5c
une vertu encore ûipérieure aux
talefls. Il le fit coaful,, préfet , &c.
Jules- Confiance périt l'an 337, dans
Icmaflacre que les fils de Conflaïutn
firent de l^r famille après la mort
de leur père.
n. JULES, (S. )(bldat Romain,
fervii long-temps avec valeur dans
les années des empereiu-s , 6c eut la
tête tranchée vers l'an 301 , par
ordre de Maxime , gouverneur de
h baâe Moefie.
[Papes,"]
m. JULES r% (S.) Romain 4
fuccelTeur du pape S» Marc le fix
Février 337, foutint avec zcle la
taufe de 5. Athanafi , envoya fes
légats au concile de Sardique en
347, & mourut le 12 Avril 352<,
On a de lui deux Lenres dans les
Œuvres de 5. Athanafe , & dans les
Epîtres des Papes de D. Cotijîant ,
qiii font , au jugement de TlUemont ,
deux des plus beaux monumens de
l'antiquité eccléfiallique. Les autres
ouvrages que l'on attribue à Saint
JuUs , font fuppofés.
IV. JULES II, ( Julien dé là
Hoyere ) né au bourg d' Albizale près
Savone , fiit élevé fucceflivement
for les fieges de Carpentras , d'Al-
kano , d'Oflié , de Boulogne , d'A-
vignon. Le pape 5ijifre /K , fon on-
cle, l'honora de la pourpre en 147 1 ,
& lui confia la conduite des trou-
ves eccléfiaftiqués contre leà peu-
ples révoltés en Ombrie. Le car-
dinal de la Rjvere , né avec un gé-
nie guerrier , dompta les rebelles*
Ses exploits & (es entreprifes lui
acquirent beaucoup de pouvoir dans
Rome. Après la mort d^Alexandtc VI,
îl empêcha que le cardinal é!Am^
hoîfe nç fût placé for le trône pon-
tifical, & y fit monter PU III y
qui mourut au bout de 11 jours ,
& auquel il fuccéda le i*' No-
Tembre 1503. L'argent, répandu»
Torm y.
ïtrL 49
pfopôs^ lui avoit àfluré la tiare,
même avant qu'on fut entré dans
le conclave. 11 fit mentir le pro-
verbe , que celui qui entn pape du con-
clave en fort cardinal. Le nouveau
pontife fe fit appeler Jules. Comme
il avoit les inclinations guerrières g
fes ennemis répandirent qu'il avoit
pris ce nom en mémoire de lufes
Cé/ar, Son premier foin fut de laire
rendre par le duc Cé/ar de Bor^a
les places qu'il avoit ufiupées. Ayant
enfuite conçu le deffein de taire
conftruire VEgllJe de Saint-Pierre ^ il
en pofa la première pierre en 1 5 06*
Cet édifice , un des plus beaux que
les hommes aient élevés à la Divi-
nité , fiit bâti fur le Vatican , à la
place de l'Eglifc conftruitepar Conf-
tantln. Des idées plus vaftes l'oc-
cupèrent bientôt. Jules II, qui,
co\nme fes prédéceffeurs , auroit
voulu chaffer tous les étrangers de
l'Italie, cherchoit à renvoyer les
François au-delà des Alpes -, mais
il vouloir auparavant que les Véni-
tiens lui remiffent les villes qu*^-
Icxandre VI avoit priies fur eux,
& dont ils s'étoient reflaifis après
la mort de ce pontite. Ces républi-
cains voulurent garder leurs con-
quêtes -, Jules II s'en vengea , en
liguant toute 1 Europe contre Ve-
nife/ Cette ligue , connue fous le
nom de Ligue de Cambrai , fut fignée
en 1508 , entre le pape, l'empe-
reur Maxtrmlim ( Voyez ce mot ) , le
roi de France Louis XII , & le roi
d'Aragon Ferdinand le Catholique,
Les Vénitiens , réduits à l'extré-
mité , excommuniés par le pontife
Romain, & battus par les autres
puiffances , demandèrent grâce , &
l'obtinrent à ^qs conditions affes
dures. Jules II leur donna l'abfo-»
lution le 15 Février 1510-, abfo-
lution qui leur coûta une partie de
la Romagne. Ce pontife n'ayant
plus befoin des François, qu il n ai-
xnoit pas d'ailleurs , parce qu'ib'
50 ^ U t
axroîent trayerfé ♦ fon éleôîon au
pondficat, fe ligua contre eux la
même année , avec les Suiffes , avec
le roi d'Aragon , & avec Henri VIII
roi d'Angleterre. U n'étoit pas de
l'intérêt des Anglois de faire la
guerre à la France ; ils y furent
entraînés par une galéaffe chargée
devînt p^s , de fromages èi dejam-
honsy que le pape envoya à Lon-
dres précifément à l'ouverture du
parlement. Le roi & les membres
des Communes & de la Qiambre-
haute , à qui l'on diflribua ces pré-
fens, forent fi charmés de l'atten-
tion gcnéreufe de Jules II, qu'ils
s*emprcfferent tous de fervir fon
reffentiment. Ce trait eft une nou-
velle preuve , que les motifs les
plus petits produifent fouvent les
plus grands événemens. Le pape,
ne trouvant aucun prétexte de rup-
ture ouverte avec Louis XII , fit
demander à ce prince quelques villes
fur lefquelles le faint Siège préten-
doit avoil" des droits : Louis les
refufa, & fut excommunié. La guerre
commença vers Bologne & vers le
ferrarois. Le pape affiégea la Mi-
randole en perfonne , pour doimer
de l'émulation à fes troupes. On vit
ce pontife feptuagénaire » le cafque
en tête & la cuirafiefur le dos , vifi-
ter les ouvrages , prefTer les tra-
vaux , & entrer en vainqueur par la
brèche le 20 Janvier 15 11. Sa for-
tune changea tout-à-coup. Trivulce ,
général des troupes Françoifes ,
s'empara de Bologne. L'armée pa-
pale & celle des Vénitiens forent
ixifes en déroute. Jules II, obligé
de fe retirer à Rome , eut le chagrin
de voir en paffant à Rimini les pla-
cards affichée pour intimer l'indic-
tion du concile général de Pife.
lA)uis XII, excommunié , cnavdit
appelé à cette affemblée, qui inquiéta
beaucoup le pape. Après dîverfes
JUC
citations , il fot déclaré fufpcîu pftâ
contumace , dans la huitième fe/îlon
tenue le 21 Avril 1 5 12. Ce fut alors
que Jules , ne gardant plu» aucune
mefure, mit le royaume de France
en interdit , & délia les fujets du
ferment de fidélité. Louis Jf// irrité
fit excommunier à fon tour Jules II,
^ fit battre des pièces de monnoie
qui portoient au revers : Perdàm
Babylonjs nomen ; je détruirai
jufqu'au nom de Bàhyloiu : d^arche •
qu'on ne fauroit louer , parce que
ji roi confondoit témérair^ent
l'Eglife & le pontife. U falloit mor-
tifier le pape, mais refpeder Rome
& le faint Siège. Jules oppofa au'
concile de Pife celui de Latran , dont
l'ouverture fe fit le 3: Mai i ji2 j
mais il n'en vit pas la fin. Une fiè-
vre lente ^ occafionnée (dit-on ) par
le dépit de n'avoir pas pu porter
les Vénitiens à s'accommoder avec
l'empereur , jointe au chagrin qm
lui cauiafon neveuleduc d^Urhin (*),
l'emporta le 21 Février 1 5 1 3 , à 70
ans. U pardonna en mourant aux
cardinaux du concile de Pife , avec
cfette reftri£tion, qu'ils ne pour-
roient afïifler à l'éle^on de foi»
fucceffeur. Comme Julien de la Ro^
vere^ dit-il , je pardonne aux cardinaux,
fchifmatiques i mais comme Pape, je.
juge qu'il faut que la: jufiîce fe fâffe.,^
Jules II a voit dans le caraôere»
(dit M. l'abbé Raynal, ) un fonds
d'inquiétude qui ne lui permettoit
pas d'être fans projets , & une cer-^
taine audace qui lui faifoit préférer
les plus hardis. S'il eut l'enthou*
fiafine propre à communiquer fes
palfiocs à d'autres PuifTances , ' iî
manqua de la probité qui rend les
alliances finceres , & de 1 efprit de
conciliation qui les rend durables»
Il étoit très-peu efclave de fa parole»
encore moins des traités. If dit un
jour aux ambalTadeurs de Madrid
(*) If avoit aflfailîné en pleine rue ..l'an z 5 1 x , Franc. Aledofi , card. dé Favitta
r
j u t
& àh Veniïè » que leurs maîtres nt
dévoient point être alarmés de la
Ipaix qu'il avoit£ûte avec la France.
Mon but ^ a)OUta-t-il , efi d'endormir
ttut Couronne > afin de la prendre au
éépourytu Sans la majefté de fon
fiége ^ Sa les diflcntions qui de Ton
temps partageoient l'Europe , fon
ambition & fa mauvaife foi rau^-
toient précipité dans les plus grands
oalhêurs. Le fublime de fa place
lui échappa; il ne vit pas ce que
voient il bien aujourd'hui fesfages
fucceâeurs : que le poniife Romain
eft le Père comman., & qu'il doit
être l'arbitre de la paix , & non le
lambeau de la guerre. Tout entier
smx armes & à la politique , il ne
chercha dans la puiâance fpirituelle ,
que le moyen d'accroître la tem-
porelle. Il n'eft pas vrai pourtant
qtt'i/ jeta un jour dans le T'ihre les clefs
tU S. Pierre , pouf né fe fervîr que de
Pépie de Sx Paul > Comme tant d'hif-
toriens Protefbns & Catholiques
l'afiurent^ d'après les témoignages
d'un mauvais, poëte fabrique. Ce
qui a pu donner lieu à cette anec^
éote» eft un trait hiftorique rapv
porté dans la VU de Mlchel^Ange,
le pepc l'avoit diargé de jeter en
fonte fa ftatue. L'arofte la modela
en terré. Ne fâchant que mettre
dans la main gauche du pontife ^ il
lui âk : Voulei-^vous > /àînt Père , que
je vous faffe tefùr un livre ? — Non,
< répondit le pape , ) une épie t je
la fais mieux marner, LéS papes n'ont
pas confervé tout te que Jules 11
leur avoir doimé. Parme & Plai-
ûnce détachés du Milanez , furent
joints par ce pape au domaine de
Rome, du confentement de l'em^
pereur, & ont été féparés depuis.
Si fon pontificat eût été moins
agité, & li les plaiiirs de la table
& de la chaiTe l'euffent moins
occupé ) il auroit été favorable aux
favans. Les Lettres , difoit-il , f^jnt
|k J^ai^mt £ifftr Iss Kotmers > de Pqt
foitrUs Nobles, & des dîamaris pouf
les Princes, U encouragea la pein-
ture » la ftulpmrc » l'architeaure ^
& de fon temps les beaux arts com-
mencèrent à fortir des décombres
de la barbarie GotWquè. Le pape
Jules II fut le premier qui laifla
Croître fa barbe , pour infpirer pat
cette fingularité un nouveau ref-
peft aux peuples. François /, Ckar»
les- Quint > & tous les autres roi»
fuivirent cet exemple , adopté à
rittftant par les courtifans , & en*
fuite par le peuple.
V. JULES III , (Jean-Marie du
Mont ) né dans le diocefe d'Àrezzo,
fe fit eftimer de bonne heure par
fes connoiflances en littérature &
en jurift)rudence. Il eut fucceffîve-
ment l'adminiftration de plufieurs
évêchés , l'archevêché de Siponte^
le chapeau de cardinal en 1536
&la tiare le 8 Février 1550. Il
avoir préfidé au concile de Trente
fous Pool III : il le fît rétablir dès
qu'il fut fouverain pontife , & le
fufpendit enfuite par une Bulle. Il
prit les armes avec l'empereur con^
tre Ociave Famefe duc de Parme ,
& ne fiit pas heureux dans cette
coyrte guerre. Ce pontife avoit dû
en partie la chaire pontificale au
cardinal Famefe, Ce fut pour lut
marquer fa reConnoifTance qu'il
avoir mis en pofféfïion OBav» ,
neveu de ce cardinal , du duché de
Parme , en répondant à ceux qui
lui rèprocKoieut l'aliénation de ce
petit état : quHl almerolt mieux être,
un pape pauvre avec la réputation d'un
gentilhomme , qu'un pape riche avec U
réputation d'avoir oublié les bienfaits
reçus & les promejfes faites. Mais
d'autres intérêts le firent changer
de fiaTçon de penfer. Jules III éta-
blit, en 1553 , une nombreufe
Congrégation de cardinaux & de pré-
lats , pour travailler à la réforme
de l^iife -, mais cette congrégation
n'eut aucun iuccès. Il mourut le ^^
^1 JV h
^ Mars 1556, danis i*a 6S® année Les
médecins lui ayant £aic dianger fon
régime de vie , pour le foulager
dans la goutte qui le toiumentoit
beaucoup, la iievre le faiiit & le
conduifit au tombeau. »» D'autres
M difent , qu'étant preffé par fon
>» frère Baudouin , de lui céder la
M ville de Camériuo , à quoi les
w cardinaux ne vouloient pas con-
>i fentir, il feignit d'être malade
» pour ne pas tenir le confiftoire ,
>» & d'ufer de régime comme s'il
9» l'eût été réellement -, ce qui ren-
»> dit fa maladie ferieufe , & lui
91 caufa, la mort. Trois chofes , entre
»> autres , ont pu ternir fon pon-
>♦ tiiîcat : la malhcureufe expédi-
w tion de Parme , la diiiolution du
M concile de Trente» & le traité
w de Pafîav. Panvlni prétend qu'a-
» vant fon élévation > il avoit agi
« avec tant de févérité dans^toutes
y> les affaires , que les cardinaux ne
« le mirent qu'avec peine, fur le
w trône de Saint-Pierre, & qu'on le
y> vit depuis changer de conduite
»» éc s'abandonner au luxe & aux
yt plaiiirs. Ce jugement eft contre-
»♦ dit par d'autres auteurs , qui pré-
ïi tendent au contraire , qu'autant
»♦ il avoit été ami des plaifirs , au-
M tant pamt-il modéré , modcfte &
yt applitfué au gouvernement, quand
»» il tut devenu pape : ce qui fit dire
»> à Charles-Qulnt , qu'il s'étoit éga-
« lement trompé dans ce qu'il avoit
w prédit au fujet de deux papes :
ï» Qu'il croyoit CUmitit VII VLn. pon-
M tife d'un efprit paifible , ferme &
r, confia :t , & qu'il s'eft trouvé
ts d*un efprit inquiet , brouillon &
>y variable : au contraire , qu'il s*é-
« toit imaginé que hUs III négli-
« geroit toutes les affaires pour ne
» penfcr qu'à fe divertir -, & que
» cependant on n'avoit jamais vu
M de pape plus diligent, n'ayant
V» autres plaiiirs que ceux qu'il trou-
ât voit dans les affaires «<. [ FjtSRi,
J u t
ti? 88.] Cependant il fut peu refpeâ:é
de fa cour , ( dit le P. JBenkr , ) parce
qu'il n avoit pas aiTcz de gravité
d^ns les manières ; peu regretté de
fes fujets , parce qu'il les accabla
d'impôts. L'ambaffadeur dc^Francc
à Rome marquoit au connétable de
Montmorenci: Le Pate cl été pleuré
par le peuple , tout au.fi quil eftaccau»
tumé de f are à Carême ' prenant. Ce
fîit du refte (ajoute le P. BcnUr)
un pontife zélé pour TEglife , un
prince qui ne manquoitnide talens»
ni de vues. Trop d'affeâion pour
fa £unille , trop peu de dignité dans
fa conduite , firent douter fi les dé*
^uts ne l'emportoient pas dans lui
fur les vertus. Quelques hifloriens
lui ont reproché d'avoir élevé au
cardinalat im jeune* aventurier , fon
domeftique , qui n'avoit d'autre ta-
lent que celui de divertir le finge
du pape ', ce qyi le fît appeler par
les malins U Cardinal S Imla, Quand ^
les autres cardinaux fe plaignirent
au pontife de là promotion de cet
homme de néant , Jules répondit :
Je ne fats pas auffi moi-même quel
mérite vous m*avie\ trouvé , pour me
foin Chef de VEgOfe. Mais la vie
déréglée de Sîmia dut faire repentir
JuUs d'avoir élevé un tel homme.
JULES-PAUL, ( Jultus Paulus >
jurifconfulte célèbre qui fiorifToit
vers l'an 193 de JrC. , fut con-
feiller d état avec Ulplai & Papmîen»
Les Padouans , voulant honorer le
fameux médecin Apon , firent choix
de Julius-Paulus avec Tite-Live pour
accompagner le bufle de leur coa-»
citoyen ûir la porte du fénat : ce qiâ
fuppofc une grande eftinle pour ce
jurifconfulte. On a de lui quelques
ouvrages de Droit , entre autres les
Rtctpt^t Stntmùet , dont Sichard a
donné une bonne édition. '
JULES -POLLUX^ gr»iunai- ^
rlen,de Naucrateen Egypte» vers l'an
180 de J. C. » devint profeiTeurd^
JUL
ifcÂDnque à Atlienes. On a de lui
en Onomajiicûn , ou Dittionnaire
Grec , Venife , 1 5 oz , & Florence ,
1520, in^ol. La meilleure édition
€Ô celle d'Amfterdam, 1706 , in-fol.
1 vol. en grec & en latin, avec des
Notes de Jangerman & de divei^
autres {avans.
JULES, Foyei les JULIUS.
3Vl£S AFRICAIN,r.AFRiCAiir.
JULES-ROMAIN , Foyei
BOMAIN, n** VII.
JULLA DOMNA, F. vi. Jutifi.
JULLÀRD , ( GuiUaume) prévôt
de la cathédrale de Touloufe , ne-
veu de la célèbre Madame de Mon-
ébnviile, infticutrice des FiitSs de
rEnfance , dé&ndit la mémoire de
ÙL ta.ite contre RehtmUt , auteur
d'une Hifiolre (atirique de cette
cof^régatîon. Il publia deux bro-
chures à ce iUjet : 1. L'innocetSteji^-^
fie* n Li Mmfon^e confondu. L'abbé
JnUard mourut eni737 , ^ 70 anse,,
après avoir £m condsnner au feu ^
par le parlement de Touloufe , roù-
vrage de fon advcrfaire. Voy, Mon*
IkOKTiLLE ( Jeanne de ).
I. JULIE , ( Ste. ) vicîçc & mar-
tjnre , de Carthage. Cette ville ayant
été prife & faccagée en 439 par
Genfetic > roi des Vandales , Julk mt
vendue à un marchand Païen , &
neniée eo Syrie. Quelques années
après ., ce marchand s'étanc embar-
-qué avec elle potur tranfporter des
marchandises en Provence , le vaif-
feaa s'arrêta au Cap-Corfe , pour
y célébrer une fête en l'honneur
des.£auires divinités. Sulk , qui n'y
prenok aucune part , fot citée^ de-
vant le gouverneur Fllîx , comme
Qirédenne, & elle reçut la cou-
ronne du martyre* .
n. JULIE , fille de afar & de
Cotnélh , paffoit pour la plus belle
& la plus vertucufe femme de
Rome. Son peie la maria d'abord
avec Cornélius Cxpun ; mais il ren-
gagea enûiite àfeire divorce, pour
y u L 5,
lui faire époufer Pompé:, Céfar vou-
loit fe l'attacher par ce lien. JuiU
fut le nœ«d de l'amitié- de ces
deux grands hommes -, mais étant
morte en couches Tan ^3 avant
J. C. , on vit bientôt naître ces
querelles funeftes qui finirent par
la ruine de la république. Pompée
avoit aimé tendrement Jfilîe. Tout
entier à fon amour , il oublia , tant
qu'elle vécut ^ le^ armes & les affai-
res y pQur les chaftes plsûfirs de l'hy-
men..'. Il ne faut pas la confondre
avec Julie, époufe de Marc-An-
tome le Crérlque , & mère de Afarc-
Antoîne le Triumvir. Celle-ci mon-
tra, pendant les fanglantes exécu-
tions du triumvirat , autant de nô-
bleffe d'ame, que fon fils fit pa-
roître de baffeffe & de cruauté.
Marc-Anteîne avoit laiffé mettre {iir
la îiile des prôfcrits, Lucîus Céfar ,
ïtm oncle. Julie , fceur du profcrit ,
ïc cacha dans ft^maifon. Un cen-
turion ayant des foldats à fa tôte
veut en forcer l'entrée. Julis fe pré-
fente à la porte , fie étendant fes bras
pour empêcher les alfafîins d'en-
trer : Fous n* tuerci point , leur dit-
elle, Voncle de votre Général, que
vous n^ayei tué aiçaravant aile qui
Itd a donné la vie. Ces mots arrê-
tèrent ces furieux. Alors hlle fe
rendit à la place où Marc-Antoine,
fon fils , étoit affis fur fon tribunal
avec fes deux collègues. /& vienf,
( lui dit- elle ) me dénoncer comme
recelant Lucius Céiàr. Ordonne^ qu*on
me faffe mourir , pulfque la peine de
mort cft aujji prononcée contre ceux
qui f auvent les Profcrits, Ces paroles
ayant défarmé Aàtoine , L, Céfar
jouit dune entière fureté. Nous
ignorons Tannée de la mort de
cette femme généreufe.
m. JULIE, fille unique d'^//?<î^
reçut une éducation digne de fa
naiffance. Son père ne détournoit
les yeux des affaires du gouver-
nement , que pour les fixer fur £^
Diij
^4 J U t
fille. Elle le méritoit , par fa beauté,
par Tes grâces, par la légèreté &
la délicatefTe de fon efprit. £lie
cpoufa Marcdhis. Son rang lui fit
des courtifans > & fa figiure des ado**
rateurs. Loin de les dédaigner , elle
. s'abandonna avec eux aux plaifirs
de la débauche la plus effrénée.
Devenue veuve, elle époufa Agrippa,
& ne fut pas plus fage. Son mari
étoit vieux -, elle s'en indemnifa en
. fe livrant à tous les jeunes gens de
Rome. ( Voy. il, Gracchus , ^
Ovide.) «Cétoit affez, fuivant
9) ce monflre d'impudicité , qu'elle
»> fut fldelle à fon époux tant qu'elle
>» n'étoit pas enceinte-, & qu'elle
yt ne lui donnât point d'en^int
M étranger... M. Après la mort d'^-
^ppa, AuffijU la fit depuis époufer
\ Tibère , qui ne voulant être ni
témoin , ni dénonciateur des débau^
ches de fa femme, quitta la cour.
Sa lubricité augmenta tous les )our!s;
«llepoufla l'impudence jufqu'à faire
mettre fur la Âatue de Mars autant
^e couronnes qu'elle s'étoit prof-
dtuée de fois en unemx\t,Augu/h ,
inihuit de fes excès , l'exila dans
l'ifle Pandataire fur la côte de
Campanie, après avoir fait défenfe
à tout homme libre ou efclave
d'aller la voir fans une permiffîon
«xprefle. Tibère , devenu empereur,
l'y laiiïa mourir de faim , Tan 14**
de J. C. ( & non pas 41 ans avant
J. C. ainii que le difent les deux
petits DtcUonnamHlftonqii&s,) Julie
fa fille, femme àtLepidas, futauifi
exilée pour fes débauches.
IV. JULIE , fille de l'empereur
Titus , fut mariée a Sabinm fon cou*-
iin germain. Sa beauté étoit parfaite,
^on cœur tendre , & fon tempé-
rament voluptueux. PonùtierK, fpn
frère , en devint amoureux , & elle
répondit à fa paflîon. Ce prince
étant parvenu à l'empire , fit afTaf-
iiner Sabinusy pour jouir de fon
^^ufe avec moios de contraiiuei^
J ui;
& répudia en même tempïfa feittnNI
Domitla, Julie s' étant retirée dans
le palai* impérial , devint publw
quement fa concubine. Mais ayant
voulu fe feire avortei^ , pour cacher
le fruit de fes amours , le breuvage
que DomitUn lui fit donner, agit
d'une manière fi violente, qu'elle
en mourut l'an 80 dev J. C. , quoi-
qu'elle fut, dit-on, accoutumée à
ce crime. Domlùen la plaça^au rang
des Divinités ; il en^loit de teiks
à ce tyran..,. Voye^ Sabine.
V» JULIE, furnommée LiriLLi^
( Jtdia Junior) 3** ,fllle de Germama»
& à'Agr'ppine , liée dans l'ifle de
Lesbos l'an 17 de J. C. fut mariée
à. l'âge de 16 ans au fénateur Afar-
cus'Vinutius. Elle jopit d'abord d'une
• grande faveur fous l'empereur C^/î-
^la fon frère , qui ayant été , dit-on^
fon premier corrupteur , l'ayoit li-
vrée enfuite aux compagnons de fes
débau^s. Mais ce prince s'étant
imaginé qu'elle étoit entrée dans une
confpiration contre lui , l'exila dan^
1 ifle.de Ponce. Rappelée à Rome
par Claude fon oncle , l'an 41 , elle
ne jouit pas long-temps ^es délice?
de cette capitale. Meffaline, jaloufe
de fon crédit , la fit exiler de nco^
veau , fous prétexte d'adultère , &
maflacrer peu de temps après par
un de fes fatellites. Elle n'avoitpas
encore 24 ans. Ses mœurs étoient
très-corrompues ; & l'on prétend
que le philofophe Séneque hxt un de
fes nombreux amans , & qu'il fut
relégué dans l'ifle de Corfe pour
l'avoir féduite.
yi. JULIE DoMNE , femme de
l'empereur Sepdme Sévère , naquit à
Emefle dans la Phénicie. Son père
étoit prêtre du Soleil. La nature lui
accorda la beauté, Tefprit, l'imao
ginadon , le difcernemqnt. Elle
augmenta ces rares avantagea par
l'étude des belles-lettres , de l'hif^
toire , de la philofophie , de 1«
géométrie I & de quelques fcietic»^
1 V L
^*elle cultiva pendant to^te fa vie.
Ses lumières la rendirent extrême-
ment chère aux favans. JulU vint
à Rome pour parvenir à la fortune *,
die la trouva ^ en époufant Sep^
thneSévere , vingt ans avant fon
élévation à Tempire. Les conTeils
qu elle donnoit à Ton époux , &
^'il fuivoit prefque toujours , con-
tribuèrent à lui mériter la haute
réputation qu'il avoit parmi les
troupes, quand l'armée d'Ulyrie le
proclama empereur l'an 193. /«/îe,
qui s'étoit livrée depuis (on m»-iage
à la galanterie, continua , après'
être montée fur le trône, à fuivre
foa penchant à la volupté *, elle fe
plongea même dans lesplus grands
défordres, fans que 5/ve/v ofàt l'en
reprendre , quoiqu'il fut d un carac-
tère Êu-ouche & violent , & qu'il
condamnât , par des édits rigoureux,
les crimes qu'il toléroit dans, fa
femme. On prétend que cette prin*
ceffe , après avoir déshonoré publi-
quement fon- époux, ajouta la bar-
barie aux aiïronts dont elle 1 avoit
couvert , & qu'elle entra dans une
conjuration formeerontre lui. Quoi
qu'il en (bit de ce fait , Julie parut
rentrer en elle-même ; & ,. pour
tSàcex en quelque Êiçon les taches
de fa vie , elle s'attaclia plus que
jamais ai» fciences. £lle ne pavoif-
£bit plus dans tous les lieux qu elle
fréquentoit , qu'environnée de fa-
vans , qui ne la regardoient qu'a-
vec admiratioif. La poftérité lui
doit la vie à'Apùlionms de Thlàne,
qu'elle fit écrire par Fhlloflraie^
Après la mort de Septlme Sévère ,
cette impératrice employa tous fes
icMns à maintenir en bonne imel-
ligence {e& deux fils Caracalla &
éàa » qui régnoient eniemble *, mais
elle ne put y réufiir , & elle vit
aflaffiner dans fes bras Géta quelle
aimoit tendrement. Caracalla^ fon
meurtrier , la blefiamême à la main,
fomme elle embiailQit Oéia pour
ticher de lui fanver la vie. Quel-
que touchée qu'elle fût de cette
mort , le défir de gouverner lui fit
prendre le parti de la diifimula-
tion ; & elle ne pleura point fon
fils. Caracalla lui laifiâ ime ombre
d'autorité , quoiqu'il ne la conful-
tât guère fur l'adminifiration.
Après la mort de ce prince , elle
afpiroit à s'emparer de l'empire-,
mais Macrîn , qui comioifibit foa
ambition, la fittfortir d'Antioche.
Son défefpoir fut extrême. Elle
avoit un cancer , qu'elle irrita , & fe
laifia périr de faim Tan 217. Ses
déréglemens lui attirèrent une ré^
partie bien vive de la part d une
dame Bretonne , qu'elle ratUoit fur
le peu de pudeur des femmes de
fon pays. Vous autres Romaines , ( lui
dit cette Dame , ) vous n*ave^ rien à
nous reprocher à cet égard: Nous rece-
vons/ans honte la compagnie d'hom-
mes eflimahles par leur courage , c^ ^
d^avolr des enfans qui Uierrej^mtbleru ;
mais , vous , ceji furtivement que vous
vous laijfc[ corrompre par éfs pbif
lâches & les plus méprtfahlcs des
hommes ^.. Quelques hiftoriens ont
prétendu que /a/tc n'étoit que belle-
mère de Caricalla ; & , d'après
cette idée qui eft fauffe, ils ont
adopté le conte de fon mariage
inceftueux avec ce prince; Spartlen ^
qui le raJ)porte , xlit que Caracalla
ayant vu Julie toute découverte ,
dit : Je le voudrois bien , fi cela m'étolt
permis; qu'elle répondit: Cela vous
efi' permis , fi vous le voidc\ , & que
CaracaîU l'époufa bientôt après.
Mais ce fait eft Ésiux , puifque i>ion
& Hérodlen) qui n'ont point épar-
gpic Caracalla , n'auroient pas man-
que de lur reprocher ce crime.
JULIE^ Voy: Drusile, n*> IL..
GONZAGUE,li°^V... 6» SOEMIAS.
L JULIEN,. (S.) V^ évêquedtf
Mans & V Apôtre du Maine fur la
fin du iii^ fiecle , doit être diftin-
gué de S. Jviat-»» marty rifé, dit^m^i
Div
k6 J U t
i Brioude en Auvergne , fous
Diocléùcn, Quoiqu'on ne puilTe con-
tefter à S. Julien la gloire d'avoir
prêché 1 Evangile dans le Maine, on
n'a aucun monument, ni du temps,
auquel il a vécu> ni des aftions
qui fignalerent fon épifcopat.
II. JULIEN, (Saint-) illuftrc
archevêque de Tolède , mort en
690 , laifla : I, Un Traité Ci^ntre Us
Juifs , dans le livre intitulé : Tcf^
tamenîum xiJ Proplucarum , Hage-
jxoae, 1531, in'8°. II. Prunc/ùca
fututi f&cuU , dans la bibliothèque
des PP. m. Hîjîorla Wamba, dans
les Hiftoriens de France de Du^
£hefne, IV. D'autrcs Ecrits favans
& folides. Il avoit l'efprit aifé ,
fécond, (^réable , & les moeurs
€iouces & pures.
JULIEN , ( Dldlus Siveru^ JhUa^
nus)P'oyei DidiekJvuen.
JULIEN, ( Aurc/lus Jullanus )
yoy. I. Maxime, au conirrtencem,
m. JULIEN, dit \A?o^TAT,
fameux empereur Romain , fils de
JuUs C^a/ianc. [ircre du Grand Cunf-
tantln , ] & de lafillne fa deioieme
femme , naquit à Conftantinoplc le
é Novembre 331. Il penfa p^ir
avec fon trere Gaïlus , dans l'horri-
î)le mallacre que les fils de C^i?/-
tantîn firent de fa familjle : maflacre
dans lequel fon père & fes plus
proches parens furent enveloppés.
^ Eufehc de Nicomédie ^ chargé de
l'iîducation de Julun & de Gallus ,
leur donna un gouverneur nommé
Mardonlus , qui leur infpira de la
gravité , de la modeftie & du mé*
pris pour les plaifirs des fensi Ces
deux jeunes princes entrèrent dans
Je clergé , & firent l'oîfice de lec-
teurs , mais avec des fentimens bien
* difFéren^ fur la religion. Ga/ius
avoit beaucoup d/pictv, & JulLn
avoit en fecret du penchant pour
le culte des faux Dieux. Ses dif-
pofitions éclatèrent , lorfqu'il fut
^yoyé à Athçnçs à Tâge 4ç ^ d{i$«
J U L
Il s'y appliqua à l'adrologie, à 1s
magie, &. à toutes les vaines illu-
ûons du Paganifme. Il s attacha fur-
tout au phUofophe Maxime , qui
flattoit fon ambition en lui promet»
tant rtmpire. C eft principalement
à cette curiofité facrilegc de con-
npitre l'avenir , & au ééûr de domi-
ner , que l'on doit attribuer l'apof-
tafie de ce prince. Confiance le fît
Céfar r-an 35 5. U eut le conmian- '
dément général des troupes dans le»
Gaules , & fe fignala dans cet emploi
par fa prudence & fon courage. Il
remporta une vidkoire fur fçpt rois
Allemands auprès de Strasbourg,
vainquit plufieurs fois les Barbares,
& les chaila des Gaules en très-peu
de temps. Confiance , auquel il étoit
devenu fufpeà par tant de fuccès ,
lui envoya demander , pour l'afFoi-
blir „ une partie confidérable de
fes troupes , fous prétexte de la
guerre contre les Perfes. [ Voye(^
Ursi} I E. ] Mais les foldats de Juâen.
fe mutinèrent , & le déclarèrent
empereur malgré fa réfiftance. Il
étoit alors à Paris , où il avoit îait
bâtir un palais , dont on voit encore
les reftes. L'empereur d^Jiance ^
indigné contre lui, fongeoit aux
moyens de le foumettre, lotfqu*iI
mourut le 3 de Novembre 36 1.
JulUn alla auâi-tôt en Orient , où il
fut reconnu empereiu*, comme il
l'avoit été en Occident. Le luxe , U
molleiTe , une foule de maux défo-
loient l'empire*, Julien y reipédia
avec zèle. Sa maifon fut réformée ,
& les courtifans devinrent modefles.
Un jour que l'empereui avoit dcman-
dé un barbier , il s'en préfenta im
fiiperbement vêtu. Le prince le
renvoya , en lui difant : Cejî uahar;*
hier que jz Àcmandt^ drnon un Séna^
teur. Son prédécefièur avoit près de
mille de ces baigneiurs ; Julien n'ea
garda qu'un : Ceji encore trop ^ difoit«
il , pour un homme qtd la'Jfe croître fy
h^rkt* Le pal^ rcz^feriAok autui)
j ut
ieciufiniers fjue de barbiers. Un
jour qu'il en vit pafîer un magni-
âquement habillé , ayant fait paroi-
tre le ficn vêtu fuivant fon état , il
demanda à ceux de fa fuite: Qui
ia dsux était officier de cmfint? —
V^ U vôtre , répondirent les cour-
tsfans. Alors JuUen congédia le clii-
£nier faftueux & tous fcs camara-
des, en leur difant : Vous perdriez
tous y\ts taîens à munf^vice* IlchafTa
auffi les eunuc[ues , dont il déclara
s'avoir aucun befôin , puifqu'il n'a-
voit plus de femme. Il avoit perdu
fon époufe Héime , toevac de Conf-
iance , avant que d'être proclamé
empereur, & êdelle à la mémoire
d'une époufe qu'il aimoit, il ne
voulut pas fe remarier. Les Curiofi ,
officiers <}ui , fous prétexte -d'inf or-
mer l'empereur de chofes utiles ,
étoientdes efpions dangereux & le
fléau de la fociété > furent fuppri-
jnés. Ce retrancliement de tant de
«barges inutiles tourna au profit du
peuple : il lui remit la cinquième
partie ^es impôts. Il ne rcgardoit
Je fouveraiii pouvoir que comme
vn moyen de plus , de faire du
bica aux hommes. Voici ce qu'il
£crivoit étant empereur. >♦ Qu'on
» me montre un homme qui fc foit
^ appauvri par fes aimiônes ; les
M miennes m'ont toujours enrichi ,
» malgré mon peu d'économie. J*en
» ai fait fouvent l'épreuve , lorf»
«• que i'étois particulier. Donnons
•» donc à tout le monde , plus libé-
*» ralement aux gens de bien ; mais
«♦ fans refiifer le néceffaire à per-
« fonne, pas même à notre cnne-
* mi : car ce n'eft pas aux mœurs
» ni au cara^ere , c'eft à l'homme
w que nous donnons... m. Ceux qui
Vétoient déclarés contre lui, quand
il étoit iimpie particulier, n'eurent
qu'à fe louer de ion indulgence ,
lorfqu'il fiit ceint du diadème impé-
«aL Julien avoit témoi^é publi-
9ivaK$it {on mécomeatement h un
J u L ^f
magîûrat , nommé nuUajJms. Diffé*
rens particuliers qui plaidoient con-
tre ce magiih-at, proAterent de la
con jonâure. Ils abordèrent l'cmpe*
reur en lui difant: Tha/ajpus, i'cn»
nemi de votre piété, ncus a enlevé vos
biens ; il a commis mille violences»
L'empereur , craignant qu'on ne n
voulut abufer de la difgrace d*ua
malheureux , répondit aux accufà-
leurs : J'ayau: que votre enntmi ejt
aujji le mien ; mais c*eft préàfémaiÈ
ce qtd doitfujfcndrc vos pcurfuîtes con*
tre àd ,jufqit*à ce qu*U m*^it farisfaii :
je mérite bien la préfîr.nce, Enmême
temps, il défendit au préfet de les
écouter, jufqu'à ce qu'il eût rendu
fes bonnes grâces à T^ccufé ; & il
les lui rendit bientôt après...i Pen*
dant fon.féjour à Antioche, étant
fort! de fon palais pour aller facri-
fier à Jupiter fur le Mont-Cafixus , -
un homme vint lui embraffer les
genoux , &le fupplier humblement
de lui accorder la vie. U demanda
qui c'étoit ? C'eft , lui répondit-on ^
Thés>doti , ci-devant chef du confeil
d^HierapUi & quelqu'un ajouta mé-
chamment : En rccondu'j'ant Confkn-
ce y qui fe préparoit à vous atcajuer,
il le ccmpllmentolt par avance fur la' /
victoire, & le canjurJt , avec dei
gémîjftmens & des larmes , d^envoyer
promptemeru à Hîéraple la tite de ce
rebelle , de cet ingrat ; c*cft ainfi
qu'il vous appelùit. — Je favois tcut
cela il y a long-temps , dit Tempe—
reur ; puis adrcffant la parole à
Théodote qui n'attendoit que fon arrêt
de noort : Retourne^ che^ vous fans
rien craindre, Vom vive^ fous un Prin"
ce qui , fmvant la maxime d'un grand
Philofcphe , cherche de tout fon cetuT
à diminuer le nombre de fes ennemis ,
€r à augmenter ceâU dj fes amis, —
Julien méprifa toujours les déla-
teurs, comme des âmes viles, qui*
couvroient leurs inimitiés perfon- '
nelles du prétexte du bien général.
Va de ces nûférabies é^ac vçnu lui
déno
îS JU L
noncer un de fes concitoyens
comme prétendant à l'empire , il ne
iît^.pas attention à cette accufation
ridicule. Le délateur continuant de
€c préfenter à Ton audience , pour
intenter les mêmes accuiàtions,
l'empereur lui demanda : QuclU efi
0 II condition du coupable que vous dé"
' nonce^ ? — C'cfi , dit-il r «» «^A«
"éour^eois* — Quelle preuve ave\-vous
€ontK lui ? ajouta le prince en fou-
îiant. — Ilfe fait faire un habit de
foU couleur de pourpre^,* Juâm n'en
▼oulut pas écouter davantage -, &
comme le délateur infiftoit , il dit
au grand tréforier : Faîtes donner à
€e dangereux babillard une chauffure
£ouleur de pourpre , afin qu*il la porte
"^ celui qu'il accufe, pour affordr fon
kablt.,,. Les philofophes , au lieu
4e perfeflionner un naturel fi hcu-
féux» le corrompirent. Ils lin per-
fuaderent d'anéantir le Chriftianif-
xne , & de foire revivre l'Idolâtrie.
Julien , trop fuperllitieux ou trop
Sicile , ordonna par un Edit gêné-
rai d'ouvrir les temples du Paga-
ziifine. Il fit lui-même les fon£bions
fie fouverain pontife, avec toutes
les cérémonies Païennes , s'efFor-
çant d'effacer le caraftere de fon
baptême avec le fang des facrifices.
Sachant que le peuple fe gagne par
Tes images extérieures , il rétablit
tomes les idoles détruites. Il fit
peindre à coté de lui dans tous ies
portraits Julter qui lui donnoit la
couronné & la pourpre , Mars &
Mercure qui l'honoroient du don
de la valeur & de l'éloquence. En
mêlant ainfî fon image avec celles
des faux dieux , il favoit que le
peuple obligé d'honorer l'une ( &
les Chrétiens même ne pouvoient
s'en difpenfer) rendoit des hom-
mages aux autres. , Il affigna des
revenus aux prêtres des idoles -,
dépouilla les églifes de tou^ leurs
biens, pour en faire des largeffes
aux foidats ^ ou les réunir à fon
ru t
domaine -, révoqua: tous les privi-
lèges que les empereurs Clirétien»
avoient accordés à rEglife,& àtst
les penfions que Confiant'm avoit
données pour nourrir les clercs ,
les veuves & les vjerges. Plus adroit
que fes prédéceflkirs , il ne crut
pas d'abord devoir employer la
violence pour abplir le Chriftianif-
me : il favpit qu'elle avoit donné
a l'Eglife une plus grande fécon-
dité. Il affeéla même beaucoup de
douceur envers les Chrétiens , 8r
rappela tous ceux qui avoient été
exilés fous Confiance k csLvSe de 1»
religion. Son but étoit de les per*
vertir par les careffes, les avanta-
ges temporels & les vexations colo-
rées de quelque prétexte étranger.
S'il enlevoit les richefîes des l^li-
{e& y c'était, difoit-il , pour faire pra*-
tiquer aux Chrétiens la pauvreté Evan-^
géiique : il leur défendit de plaider ,
de fe défendre en juflice , & d'ex»-u
cer les charges publiques. Il fir
plus, il ne voulmpas qu'ils enfei»
gnaffent les belles-lettres » fâchant
les grands avantages qu'ils tiroient
des livres profanes pour combattre
le Paganifme & l'irréligion. Quoi-
qu'il témoignât en toutes occafion»
un mépris fouverain pour les Chré*
tiens , qu'il appeloit toujours Gali'-
léens , cependant il fentoit l'avan-
tage que leur donnoient la pureté
de leiu-s mœurs & l'éclat de leurs^
vertus -, il ne ceffoit de propofer
leurs exemples aux prêtres des
Païens. Tel fut le caraûere de 1»
perfécution de Julien i la douceur
apparente, & la dérifion de l'Evan-
gile. Il en vint néanmoins à tolérer<
ouvertement les moyens violens ^
quand il vit que les autres étoient^
inutiles. U donna les charges publi-
ques aux plus cruels ennemis des
Chrétiens , & les viUes furent rem-
plies de troubles & de féditions. Il
y eut un grand nombre de martyrs,
dans la plupart des> provihces.. Oa
ï u t
Sitinême qu*il fit mqurir à Chai-
cédoioe les deux ambailadeurs de
Perfe , Manuel^ IfmaU, parce qu'ils
étoient Chrétiens. Maris, évêque
de cette ville , qui étoit aveugle ,
lui ayant reproché publiquement
fcs impiétés, Julien, lui répondit
en fouriant , j» que fon Galiléen ne
»» le guériroit pas de la perte de
»» fa vue. — h loue le Sdgnettr ,
( répondit Maris , ) d*étre aveugle
pour n'avoir pas les yeux fomllés par
la vue d*un Apofiat td que tou., Julien
ne répliqua point , & afFeâa un air
de clémence & de modération :
V^oyei II. BONOSE... I. CeSAIRE...
Delphidius.. & l'article fuivant. ]
Il voulut convaincre de faux la
prédiâion de Notre -Seigneur fur
le Temple de Jérufalem , & entre-
prit de le faire rebâtir par les Juifs ,
environ 300 ans après fa démoli-
^on par Tuus ; mais toiis leurs
efforts ne fervirent qu'à vérifier la
parole de Jesvs^Christ, Les Jui&,
qui s'étoient lafiemblés de tous
côtés à Jinifàlem y en ayant creufé
les fonderaens , il en fortit des
tourbillons de flammes , qui con-
sumèrent les ouvriers 6c l'ouvrage
commencé. Les maçons s'opiniâ-
trerent , 'à diverfes reprifes , à conf-
triiire les fondemens du Temple ;
mais tous ceux qui oferent y tra-
vailler, périrent par les flammes.
Cefait eft copflaté par Ammlen Mar^
cellln , auteur Païen très-eftimé , &
par un grand nombre de témoins
authentiques. Le même hiftorien fe
moque de fa fuperftition , qui lui
fit dépeupler le monde de boeufs,
par le grand nombre de facrifices
qu'il oèit; & Eutrope, qui le com-
pare à Marc - Aurde , dit pourtant
qu'il étoit nlmius Rdiglonis ChrlJHa-
n^ îiifeHator,.,, L'empereur Julîen
réfolu d'éteindre le Chriflianifine ,
vouloit auparavant terminer la
fuerre contre les Perfes. Ce prince
ps xefpirbit quç la gloire de venger
J U L ' ^9
l'empire Romain des pertes que ces
peuples lui faifoicnt fouffrir depuis
60 ans. Ses premières armes fiirent
heureufes. Il prit plufieurs villes
aux ennemis , & s'avança jufqu'»
Ctéfiphon. Il fit paffer le Tigre à
fon armée au-deifus de cette ville ^
& , par une extravagance que le
fuccès même ne pourroit cxcufer ,
il fit brûler £a flotte & toutes fes
provifions. Il voulut pénétrer dans
le coeur de l'AiTyrie ; mais , au bout
de quelques jours de marche , ne
trouvant ni grains ni fourrages ^
parce que les Perfes avoient fait
par-tout le plus grand dégât , il fiit
contraint de revenir fur fes pas &
de fe rapprocher du Tigre. Dans
l'impoflîbilité de le repaffer , faute
de bateaux , il prit pour modèle de
fa reti-aite celle des Dix-mille, &
réfolut de gagner cpmme «ux lé
pays des Carduques , appelé defoa
temps la Carduenne, Supérieur dan*
tous les petits combats aux lieu-
tenans de Sapor , roi dé Perfe , il
avançoit toujours , lorfque , le 16
Juin 363 , il fut blefl« dangereu-
fement. Comme il levoit les bras
pour animer fes troupes en criant :
Tout a nous ! il fut frappé dun
dard. Théodoru dit, qu'il prit alors:
dans fa main du fang de fa bleiTure «
& qu'il s écria , en le jetant contre
le Ciel : Tu as vaincu, Galiléen!
Quoi qu'il en foit de ce bruit popu-
laire & aflfez peu vraifemblable »-
Julien parut regretter peu la vie. Je
me foumets , dit-il , avec joie aux dé^
crets éternels , convaincu que celui qui
tft attaché à H vie , quand il faut
mourir , eji plus lâche que celui qui
voudroit mourir quaudil faut vivre. Ma
^ie a été couru , mais mes jours ont
été pleins, La mort , qui eft un mal
pour les médians ,; eft un bien pour
Phomme vertueux ; c'eft une detu qu^un
.Sage doit payer fans murmure. J'ai été
Particulier & Empereur î& dans ma
fU privée & fur U trùne , j* n*ai ric4
6o J U L-
fait, je pitt/Cf, dont j*aU lieu de nie
npentlr, 11 employa fes derniers
anomcns à s'entretenir de la nobleiTe
des âmes avec le philofophe Maxi-'
juc, ai expira la nuit fuivante , à
5i ans. On lui fit cette Epiiaphe :
» a gît Julien , qui perdit la vie
••fur le bord du Tigre; il 6it un
*• excellent Roi & un vaillant Guer-
9» ricr ♦<. Ayant toujours {u fe dé-
fendre de 1 amorce des plailirs ; il
^oit fauvent , après un Poëte
Crée , que U Ch JkU efi en fait des
maurs , ce qui la tête eft dans une hdU
Statue , & que VliCx^ntkwicefufft pour .
déparer U plus belle vie. Dans la
guerre qu il fit contre les Perfes y
il s'abiliiit , à l'exemple ^Alexandre
le Grand , de voir àçs vietges cap-
i^ves dont on lui avait vanté les
charmes. Dans cette même expé-
dition ^ ayant apperçu à la fuite de
llarmée plusieurs chameaux chargés
«le vins exquis » il défendit aux
chameliers de pafïer outre. Enipor-
Ée^ , leur dit - il , ces fources empU-
Janni&s de volupté ^ de débauche: un
Jhidàt ne doit pas boire de vin saline
l'a pris fur rennemi , & moi-même je
ysux vUre en foldat. 11 n'y a guère
de princes dont les auteurs aient
parlé plus diverfement , parce qu'il»
l'ont regardé fous éiïiérens points
de vue , 6c qu'il étoit lui-même un
amas de contradiûions. // y avSit
M. lut y (dit Fleury, ) un tel mélange
/ de bonnes & di m:.uvafes qualités ,
fu'U étoit facile de le louer ou de le
hlamcr , fans altérer la vérité* D'un
^6té , favant , libéral , tempérant ,
fobre , vigilant , jufte , clément »
humain. D un autre côté , léger »
inconilant, bizarre, donnant dans
le fanatifme & les fuperfàtions les
^us extravagantes, courant après
la gîcire , voulant être tout à la
fois PJaton , Marc-Aurele &" Alexan^
dre, eiiimant , par un .goût faux ^
ce qui pouvoit le fingularifer , dé-
hhum des calamnies contre U
j u E
famille de C^nflamîn, & refufaiit
fouvent aux Chrétiens de répondre
à leurs requêtes. On peut dire
qu'il étoir plutôt iîngulier que grande
& qu'il avoir tout le>ridicule de*
philofophes , fans avoir toutes le*
qualités qui font les grands pria»
CCS. Jurun avoit une taille médio-
cre, le corps bien formé » agile
& vigoureux ; des épaules larges ,
qui fe hauffoient & fe baiiToient
tour à tour -, la tête toujours et»
mouvement \ la démarche peu a£u-
rée-, les fourcils & les yeux par»
faitemect beaux ; le regard plein de
iùi , mais qui masquoit de rinqaié-r
tude & de la légèreté ; l'air rail»
leur -, une barbe iiériffée en pointe i
Il parloit & rioit. avec excès. Il
nous relie de lui pluiieursZ>(/ct>«ri^
ou Haranpas , des Jxures , une 5a»
tire des Céfars ; un Traité intitulé :
Mifopogon, qui eft une. Saûre de*
habi^ans d'Antioche , & quelques
autres pièces qui on& été publiées
en grec & en latin par le P. Pêtau
en 1630, in-4**. E^échlel Spanhdm
en donna en 1696 une belle édi»
tion , in-foL M. Tabbé de la Blet'
teiie en à traduit une pattie avec
autant de fidélité que d'elég^ce ,
dans fa Fie de Jovkn , en 2 val. in»
12. 11 a*y â perfonne qui ne con»
noiflcScqui n'admire la Satire déi.
Céfars , à quelques, plailànteriefc
près , qui font un peu froides. Uià
jugement critique de ceux qui ont
été aflis fur le premier trône- du
monde , parum philofophe aaflere:
qui y a été afiis hii -mêjïie , a de
qiioi plaire ; mais cotte cenfure efî-
elle digne d'un fage ï Non » fans
doute. Son Mifopogojt cil plein d'efr
prit & de vanité. U déps'ime étran*
gement les habitans d' Annoche > 6c
ne s'épargne pas les louanges. Les
connoiffeurs ont jugé » parlesdifFé*
rens ouvrages qui nous retient dc^
Julien , que cet empereur avoit "uix
beau génis , un efprit vif ^ aift. t
fiécofid ; mais ils lui reproclicnt de
s'être trop abandonné au goût de
Coq fiecle, où la déclaitiation te»
, «oit lieu d'éloquence, les antithe*»
ies de penifcs^ & les jeux de mots
deplaifantenes. ( Foy^l Li^a nius.)
Nous devons une partie de cet arti-
cle à l'excellente Hîjloîrc de Jnuin
par M. l'abbé de U Blcturît, Cette
Hifloire , réimprimée à Paris en
ï746,in-ii, eft la feule dans
laquelle on puifle apprendre ce .
qui regarde la conduite , le carac-
tère & les écrits de cet empereur.
Ajoutez-y ce qu'en dit M. Thomas
<l3ns le xx^ chapitre de fon EJfal
fur les Eloges, »» Que penfer donc de
^ JuHen »♦ ? ( demande cet éloquent
^ fage académicien. ) >» Qu'il fut
** beaucoup plus philofophe dans
^ fon gouyeo3ement& fa conduite,
*» que dans fes idées -, que fon ima-
*» gination fut extrême , & que
^ cène imagination égara fouvent
^ fes lumières-, qu'ayant renoncé
»♦ à croire une révélation générale
" & unique T^ il cherchoit à clia-
** que inâant une foule de petites
'♦ révélations de détail ; que fixé
»* far la morale par £es principes ,
^ il avoit fur tout le refte l'inquié-
^ mde d'un homme qui -manque
>* d'un point d'appui -, qu'il porta,
« faasy penfer , dans le Paganifrae
** même , ime teinte de l'aufléricé
^ Chrétienne où il avoit été élevé;
>» qu*il fut Chrétien par les moeurs ,
»♦ Platonicien par les idées , fuper^
V titieux par l'imagination , Païen
^ par le culte, grand fur ïe trône
»♦ & à la tête des armées , foible
^ & petit dans fes temples & fes
« myîleres^ Qu'il eut en un mot
»* le courage d'a^, de penfer, de
^ gouverner & de combattre -, mais
>• qu'il lui manqua le courage d'i-
M gnorer. Que malgré fes défauts ,
y ( car il en eut plufieurs) les Païens
>♦ durent l'admirer, les Cirétiens
9, durent le plaindre^ &c. m
J UL ^1
ÏV. JULIEN , oncle maternel de
Fempercur Jull.n , comte d'Orient,
haïiToit les Chrttiens autant que
fon neveu -, mais il cachoit beau-
coup moins fa haine. Altéré de leur
fang , il faifilToit toutes les occa-
fions de leur faire fubir le dernier
fupplice.'Il fit fermer toutes les églî-
fes d'Antioche. N'ayant jamais pn
obliger le prêtre Théodorct , éco^
nome d'une églife Catholique , à
renier J. C. , il le condamna à per-
dre la tête. Le même jour il fe ren-
dit à Téglife principale , profana les
vafes facrés , & donna un foufRet
à un évêquequi vouloit l'en cn^
pêcher. Qu*on croU maintenant , dit
ce Ikcrilcge, qvt Dieu fe mile des
affa'res des Chrétiens ! L'empereur
ayant appris la mort du prêtre Théo»
dorct, la lui reprocha avec chaleur*
Efi-ce ainfi , lui dit - il , que vont
entrei dans mes vues ? Tandis qt» je
travaille à ramener les GaUIé^ns par
la raîfon , vous faites des Mar'yrsfouM
mjn règne , &fous mes yeux / Ils vont
me flétrir, comme ils ont fUtji leurs
plus odieux perfécuteiirs. Je vous défends
d*6tar la vie à pcrf^^nne peur caufk de
R&llgièn , & vous charge de faire favoir
aux autres ma volonié. Ces reproches
furent Un coup de foudre pour le
comte , qui mourut peu de tempt
après , dans une aflfreufe alternative
de fureur contre les Chrétiens, &
de ces remords infrudhieux pro-*
duits par la crainte & le défefpoir.
V, JULIEN, gouverneur de
la province de Vénétie en Italie ;
prit le titre d'empereur après la
mo^ de Numénîm en a84. Commô
il avoit de la bravoure , il fe main*
tint pendant quelque temps en Ita-
lie contre les troupes de l'empereur
Ct^in. Mais les deux concurrens à
l'empire s'étam rencontrés dans les
plaines deVérone , JuRen fut vaincu.
Les uns dîfent qu'il périt dans la
bataille ; d'autres , qu'il fe tua lui-
même après. Il n'avoit porté lai
6i J U t
pourpre impériale qu^environ cinq
à fix mois..
VI. JULIEN d'Eclane, évêqire
de cette ville , çtoit fils de Mémo^
rius , évêque de Capoue. U fe dis-
tingua par fon éloquence , & par
les grâces de fon efpnt & de fon
ftyle. Ses talens lui gagnèrent le
cœur de S. Au^iJUn ; mais ils fe
brouillèrent , lorfqu'il refufa de
foufcrire aux anadiêmes lancés en
418 contre les Pélagiens dans le
concile général d'Afrique, Julien fe
joignit à 17 autres évêques de fa
£e£te pour faire une confeffion de
foi y dans laquelle ils prétendoient
fe jufHfier. te pape, fans y avoir
égard , le condamna avec fes com-
plices. Ces fanadques en appelè-
rent à un concile général ; mais 5.
Auffifkn , un des plus ardens adver-
faires du Pélagianifine , démontra
que cet appel étôit illufoire. JuUetf. ,
mourut en 450, après avoir été
chaiTé de fon églife , anathématifé
par les papes , & profcrit par les
empereurs. On a de lui quelques
Ouvrages, 1668, in-S**.
JULIEN, (St-) Voy. St-Julien.
JULIENNE , prieure du monaf-
tere du Mont - Cornillon , près de
Liège, naquit en 1193, & mou-
rut en 12^8, à 65 ans, en odeur
de faimete. Une vifion qu'elle eut ,
donna lieu à l'inftitution de la Féu
eu Saint Sacrement , qui, célébrée
d'abord dans quelque» églifes par-
ticulières , le î\xt enfuite dans l'é-
glife univerfelle. ( V, Urbain iv.>
JULIUS CANUS, illuftre Ro-
main , a rendu fon nom célèbre
par fa confiance. L'empereur Calî-
^ula , irrité fans fujet contre lui ,
4'avertit de fe préparer à la mort.
Je vous fids bien obligé , Céfar /
répondit cet homtme intrépide , ians
paroitre ému. On le conduilit en
prifon , & lorfqu'on vint le pren-
dre pour le mener au lupplice,
pjà Iç trouva )ou|ait aux échecs.
JUN
Son Jeu étoit plus beau que telu}
de fon compagnon *, & afin quti
celui-ci ne fe glorifiât pas après ùk
mort de ravoir gagné « il pria le
centurion d'être té^itoin de l'avan<*
tagé qu'il avoit fur lui. Il fe levi
enfuite, & fuivit Texécuteur avec
une fermeté qui furprit & toucha
tous les fpeûateurs, ( Voyef{ Séneque,
De tranquilL anlmi, cap. 14.)
JULIUS, 6cc. K.Barcochbbas..;
I. Ce^se... Capitolin... Firmi-
cus... Grecinus... les dern. Ju-
les... Obsequens.. Africain..*
IL Sabinvs...'
JUNCKER,(Chriftian ) né
àDrefdeen 1668, fe rendit habile
dans là fcience des médailles. II
fut fucceffivement reâéiir à Schleu-
fingen, à Eyfenach & à Altem-
bourg, où il mourut le 19 Juin
17 14 à 46 aais, avec le titre d'hifr
toriographe de la maifon A^SaxE"
Ernest , & de membre de la fo-
ciété royale de Berlin. La mort
fubite de fa femme , qu'il chériiToît
tendrement , accéléra la iienne. C'é-
toit un favant , ennemi de la pé-
danterie & du charlatanifine. Il a
ÙLÎt un grand nombre de Traduc
tlùns allemandes d'Auteurs anciens ,
& plufieurs Editions d'Auteurs claf^
fiques , avec des notes , dans le
goût des éditions de MlnelUus, On
a encore de. lui : I. Schediafma de
Diarîis eruâitorum, IL Centurîa Fenu"
narum eruditione & fcrîpds lUu/h-ium,
m. Thc^trum Latinitatls univerfk
Rehero'Junckerlanum, IV. Unete em^
ditioms univerfz & Hijloria Philofc-
phica, V. Vita Jjahtrl ex mimpùs,
VI. Vita hidolphi , &c. Sa pauvreté
l'obligeoit de travailler un peu à
la hâte , & fes ouvrages fe fentent
de cette précipitation.
JUNCTES , ( Les ) Voy. Juntes.
JUNCTIN, qu'on appeloit
Gîunttno en italien, mathématicien
Florentin, avoit été d'abord Car-
me \ il apoftitÊçi enfuitOr Apr^
ÏU N
èroÎT mené une vie erranïe, llcen-
denfe & inquiète, il paiTa en Fran-
ce, où il abjura la religion Catho-
lique. S'étant établi à Lyon , il
y fut long-temps corredeur d'Im-
primerie chez les JunSâs, Il donna
enfuîre dans la Banque , fit le com-
merce du papier, & prêta à inté-
rêt. Il amaila par ce moyen 60
mille écus , dont on ne trouva ce-
pendant rien après fa mort. U
avoit fait un legs de mille écus aux
/«o5m ; mab cette marque d'amitié
ne leur fervit de rien , par l'enlè-
vement fiirtif de tout ce qu*il avoit
amaffé. On prétend qu'il fut acca-
hléea 1590, fous les ruines de fa
bibliothèque, quoiqu'il eût lu dans
les afbes qu'il mourroit d'un autre
genre de mort. Il avoit environ
68 ans. On a de lui : L Des Com-
mentaires latins fur la Sphère de
Sacrobofco, 1577 & 1578 , 2 VoU
in-4**. IL Spéculum Afirolagùe , Lugd.
1581 il vol. in-folio. IIL Un Trahi
eà&ançois fur la 0:>metequi parut
en 1577 , in-8**. IV. Un autre fur
la réformation du Calendrier par
GrtgoînXin, en latin, in-8^. Il
étoit rentré dans l'Eglife Catholi-
que , fans être plus réglé. Ses mœurs
fiu-enttrès-corrompues, &fon efprit
fe refïentit de cette corruption.
L JUNGERMAN, ( Godefroi )
fils d un profefTeur en droit de
Leipfick, efl connu par une Edî-
non de PoUux ; par une autre , fort
recherchée , d'une ancienne verfion
grecque des 7 livres De /a Guerre des
Gaules de /. Céfar, Francfort, 1606,
1 vol, in-4® ; & par une traduéiion
hdne des Pafiorales de'Longus , avec
des notes, Hanoviae, 1605 , in-8°.
On a auifi de lui des Lettres impri-
mées. Il mourut à Hanau , le 16
Août 16 10.
n. JUNGERMAN, (Louis) frère
du précédent, cultiva avec faccès
lliiftoire naturelle , & s'appliqua
|>articuliérenient à la l^otamque. II
j u N et
mourut à Altorf en 1653. C'eft à
lui qu'on atnribue Hortus Eyfiaten*
fis, ( f^oy, Besler.) Catalûgus planta»
rwn qme àrca Altaifinum nafcuntur^
Altorf, 1646. in-8®. Cormcopla Flurm
Gleffmfis , Gieffe , 1623 , in-4°.
JUNIE , ( Junla Ca.'yîna ) diffé-
rente de JiTNiA Silana , autre dame
Romaine , fameufe par fes galante-
ries, defcendoit de l'empereur Au-
gufie en droite ligne. EUe joignoit
à l'éclat de fa naiffance , une rare
beauté, mais qui n'étoit pas rele-
vée par la fagcffe. Son intimité
avec Silanus fon frère , où il entroit
peut-être plus d'indifcrétion que
de crime , l'expofa à des foupçons
odieux. Que l'incefte fût vrai ou
fuppofé , , l'empereur Claude exila
Junu de Rome ; elle fut rappelée
par Néron, & vécut jufqu'au règne
de Fe/pafien.,, Racine , dans fa tra-
gédie dcBrltannicus^ la peinte biea
autrement que les écrivains anciens.
Comme Brltannîcus étoit un prince
vertueux, le poëte a fuppofé quefoa
amante avoit les mêmes qualités,
& a fait de Junîe une veflalc digne
du cœur de fon héros.
JUNIEN, (S.) célèbre folitaire,
natif de Briou en Poitou, fonda
un monaftére à Maire , dont il fut
le premier abbé. H mourut le 1 31
Août 587, le même jour que Sre.
Radegonde , avec laquelle il avoit
été en commerce de lettres & de
myflicité. En 1 5 69s la crainte qu'inf^
piroient les calviniftes fît enfouir
fes reliques avec des vafes facréf
dans un lieu qu'on n'a pu encore
découvrir. Foyei les Vies des Saints
de Baîllet, 13 Août.
JUNILIUS , évêque d'Afrique
au VI® fiecle. On a de lui 2 livres
De la loi divine , en forme de dia-
logues, dans la Bibliothèque des
Pères. C'eft une efpece d'intrpduc-
don à l'étude de l'Ecriture-fainte»
I. JUNIUS, (Adrien) dv Jongh,
né à iiorn en Hollande le i®' Juillet
€4 î tr N
' 1511, s'appîioua de bonne hèitté
à la littérature oc à la médecine, &
parcourut l'Allemagne & l'Angle-
terre pour fe perieéfionner. Appelé
çn Danemarck pour être précepteur
du prince royal , il ne put s'ac-
commoder , ni du climat, ni du
génie de la nation* Il revint en Hol-*
lande en 1 5 64 , & mourut à Armui-
den près de Middelbourg îe 16 Juin
1575 9 ^c regret d'avoir vu piller
, fa bibliothèque par les Efpagnols. Il
laifTa:!. Des Commentaires -^^vl con-*
nus fur divers auteurs Latins. II*
Un Poème en vers profaiques , in-
titulé : La. Phlllpplde , Londres, 1554,
in-4** , fur le mariage de Philippe II
roi d'Efpagne. III. Quelques Tra-
ducilJtis d'ouvrages grecs ; mais elles
font peu fidelles -, & dans la feule
verûon ^Eunaptus il a fait plus de
600 feutes. IV^ Six livres A'AnU
madvcrforum , que Gruter â inférés
dans fon Trésor critique. Ils rou-
• lent fur divers points de critique.
» L auteur- y fait paroître , ( dit
• »> Mceron , ) une connoiffance pro-
M fonde de l'antiquité Grecque &
w Romaine , une^critique également
5t fine & judicieufe , de la politeffe
w dans le ftyle, jointe à toute la
^ candeur & à toute la modeftie
>* d'un écrivain qui travaille fîncé-
»» rement à découvrir la vérité »«.
Ces fix livres imprimés féparément
à Roterdam en 1708, in-8°, font
'fuivis d'un Traité de Cvmâ , curieux
/ ^ rempli d'érudiaon. Thlers en. a
feit ufage dans fon Hlfioln des Per-
ruques, V. Phalil ex fimgorum génère
Defcr'ptlo , Leyde , 1601 , in-4° ;
DoKlrccht, 1652, in-S**, On trouvé
dans cette édition des Lettres de
Junitts , mais il n'y a pas de figures.
VI. Notjunc/ator omnium reram, 1567,
in-8^. Cet ouvrage eft curieux &
recherché. Le cdoix des termes en
huit langues ,. n'y eft pas moins une
preuve d'érudition de 1 auteur , que
ée fa patience infatigable, Ce n'dt
jjas qii'ott n*7 trouve des fautes y Û ,
même de^ fautes grofiieres ^ msâi
c'eftunfort inévitable dans des ou-»
vrages fi étendus & fi yariés. Colc*
mies rapporte au fiijet de ce livre
une anecdote ^ qui cfi apparemment
un côme. Il dit que /. Sambuc étant
allé en Hollande exprès pour voir
Junlus , apprit chez lui qu'il buvoit
avec des charretiers ; ce qui lui
donna tant de mépris pour lui^
qu'il s'en retourna fons le voir*
Junlus l'ayant appris, s'exculà fur
ce qu'il ne s'étoit trouvé avec ces
fortes de gens, que pour appren-*
dre d'eux quelques termes de leur
métier , qu'il vouloit mettre dans
fon NomencUtor, ( Voye\ le tome
XV I® des Mémoires de Nlceron , qui
donne un catalogue détaillé de fe»
/ïombreux écrits. ) On ne peut nier
qu'il n'eût us grand fonds de litté-*
rature.
II. JUîÛUS , otf DU JoN , ( Fratt-r
çois) né à Bourges en 1^45 , Va
rendit habile dans le droit, dans
les langues & dans la théologie «
& fitt miniôre dans les Pays-Bas.. Il
fiit choifi en 1597 pour enfeigner
la théologie à Leyde , où il mou«
rut le 13 oâobre en 1602, à 57
ans. Il avoir naturellement une mé-
moire fort étendue , à la<juelle il
avcit confié beaucoup de chofes«
On a de lui : I. Une Verfion latine
du texte hébreu de la Bible , qu'il
fit avec Emmanuel TremeUm, Elle a
fbuvent été imprimce en difFéren-'
tes formes : celle qui a plus de no-
tes , eft d'Herborn, 1643 , en 4 vol.
in-fol. II. Des Commentaires fur un©
grande partie de l'Ecriture fainte ,
&c. publiés à Genève, 1607 , en j.
vol. in-fol. Cefavantiï*avoit d'au-
tres plaifn^ que ceux du travail. II
peut pafiêr, (ditZ)ap//ï, ) pour uft
bon grammairien -& un médiocre
théologien. Il n'étoit pas Calvinifie
rigide. Quoiqu'il crût, fuivant le
préjugé vulgaire de ià fe£le , que
VEglifç
f
ÏUN
nfiSé Romaine étok MÊfttnM Bâ»
^Imica 4 il prétendoit» ( dit Nîcen>n^)
t» qu'on pouvoir s'y ûmrer ; que
M c*étoit un corps vivant , mais
M plein d'ulceies ; que c'étoit une
M proftituéet mais qui ne laifToit
« pas d'être Tépoufe de Jefus-
91 Clirift , parce qu'il ne Tavoit pas
m répudiée M. Ce femiment» quoi-
qa'cxprimé d*une manière ofFen-
fiutte pour la véritable Eglife «
déplut aux théologiens de Goieve.
m. JUNIUS , ( François ) fils du
précédent , né à Heidelberg en
1589, prit d'abord le pard des
armes; mais, après la trêve con-
clue en 1609 , il fe livra tout entier
à rémde. Il pafla en Angleterre en
1610, & demeura pendant 30 ans
fiiez le comte «f^rraie/» U mourut
i Windfor , chez Ifaûc Fojfms {on.
neveu , en 1678 « à 88 ans , laiflani
ies manufcrits à runiveriioé d'Ox»
iord. U <e fit extrêmement eftimer ,
non-iêulement par fa profonde
érudition « mais encore par la pureté
de lès moeurs* Ainfique fon père ,
il n'avoit aucune paffion que celle
4e l'étude*, &, ce qui eft bien peu
commun , cette paffion n'altéra pas
& ianté. U ne fongeoit ni aux
iuens , ni aux dignités de la tetre«
On mit dans fon Epitaphe : Smê
^Krela eut injuria , Aùtfis téuuùm &
fki vMimt, Sa philofophie fervit
â conlerver £6n enjouement , qui
raccompagna îufqu'à fa dernière
^eillefle; & il reçut toujours avec
«fiabilité ceux qui le vi£toient ,
quoiquH craignît d'être détourné
de fon travail. U aimoit tellement les
langues Septentrionales , qu'ayant
fil qu'il y avoit en Frife quelques
villages où l'ancienne langue des
Saxons s'étoit cotifervée , il y alla
demeurer deux ans« On a de lui :
I. Un Traité Dt PUb^a Vtumm. H
y peu de choies dans les auteurs
Crées H. Latins , fur la peinture
]fc fur les peintres , qui aient édbappé
JUN €x
tus fecherches laborieufes de Tau*
teur. La meilleure édition eft dtt
Roterdam , en 1694, in^ol. II.L'£jr*
plUadon dt Panàenne l^araphrafû
Gothique des Xt EvcaiffUs , «Corrigée
fur de bons manufcrits « & éclaircie
par des notes de Thomas Maréchal^
1665 , in-4^. m. Un Commentai*
fur la Contards dis ir EvanpUs^
par Taûm , manufcrit. IV. Un
Glo£aîrt en cinq langues , dans
lequel il explique l'origine des
langues Septentrionales. Ce dernier
ouvrage a été donné au public à
Oxford , en 1645 , in-fol. , par M^
Edouard Lyt , favant Anglois. Junha
étoit auiïi «rès- verfé dans les langue»
Orientales f ainfi que dans toutes
les connoiiTances qui conilituenc
le profond érudit,
JUNON f foeur & femme de
Juj^ittr , & la DéeiTe des royaumes
& des richeiTes , étoit fille da
Saturne & de RJiée, Elle échappa à
la cruauté de Saturne^' qui voulott
dévorer tous fes enfans. Elle époufji
enfuite Jt^Uer , & en eut lUthye^
Mena & Hébé. Elle devint €\ jaloufe «
qu'elle l'épioit continuellement «
ne cefiànt de perfécuter fes concu-^
bines , & même les enàns qu'il en
avoit eus. Elle fi^cita une infinité
de traverfes à Europe , Siméli^ lo^
Latom^ & aux autres amantes dc^
JupUcr, Après la défaite des Dieux,
auxquels elle s'étoit jointe dans^
leur révolte , Juj^ la fufpendic
en l'air ; & par le moyen d'una
paire de mules d'aimant , que Vulcaia
inventapourfe venger de ce qu'elle
l'avoit mis au monde tout con-
tredit , il lui attacla fous les piedç
deux enclumes , après lui avoir lié
les mains derrière le dos avec ime
chaîne d'or. Les IHeux ne purent
jamais la délier , & folliciterenc
Vulcam de le ^re , avec promeâe
de lui donner Vénus en mariage.
Junon joignoit à là jaloitiie, un
orgueil infupport^le. Elle QtpU{
£
jamais pardonner à Paris de ne lui
avoir pas adjugé la pomme d'or
lur le mont Ida , lorfqu'elle dirputa
de la beauté avec Vénus & P allas :
elle fe déclara , de ce moment ,
l'ennemie irréconciliable du nom
Troyen. Junon , toujours attentive
«ux démarches de Jupiter , ayant
appris qu'il avoit mis au monde
P allas fans fa participation , &
qu'il l'avoitfaitfortir de fon cerveau,
donna , toute feule auffi , la naif-
fance à Mars, Cette déeffe préiidoit
aux mariages & aux accouche-
mens. Quand les dames Romaines
ne pouvoient avoir d'enfans , elles
alloient dans fon temple , où s'étant
dépouillées de leurs vêtemens &
couchées contre terre , elles rece-
voient plufieurs coups de fouet ,
avec des lanières de peau de bouc ,
par un prêtre Lupercal : aufli repré-
îente-t-on limon tenant un fouet
d'une main , & de l'autre un fceptre ,
avec cette infcription , Junoni
Luc IN JE, Les poètes lui ont donné
diverfes épithetes dans leurs ou-
vrages. Us l'appellent Lucina ,
Oplgena , Juga , Dondduca , Clnxla ,
UnxU , FluonU, £lle fut nosmiée
LuciNA, (à Luu)^ de la lumière,
parce qu'elle aidoit les femmes à
mettre les enfans au monde , & à
leur faire voir la lumière. On la
nommoit , pour la même raifon ,
ppiGENÀ & OfiSTETRix , parce
qu'elle foulageoit les femmes dans
leurs couches : {Voyei Galanthis),
Elle étoit appelée Juga , parce
qu'elle préfidoit au joug du mariage ,
& par conféquent à l'union du
^nari & de la femme. £Ue avoit ,
fous cette qualité , iin autel dans
une des rues de Rome., qui fut
nommée vUus Jugarius , la rue des
Jougs. On la nommoit DoMi-
DUCA, parce qu'elle conduifoitla
mariée dans la maifon de fon époux :
Unxia, à caufe de l'ondkion que
faifoit.la aôuveUe mcu:iée au j^for
JUK
bage de la porte de fon marîeny»
entrant : Cinxia , parce qu'elle
aidoit au mari à délier la ceinture
que la mariée portoit Enfin , os
la nommoit Fluonia , parce
qu'elle arrêtoit les pertes de fang
aux femmes dans leurs accouche^
mens. En un mot , Jwton fervoit
aux femmes comme d'Ange gardien ,
de même que le dieu Genius aux
hommes -, car les anciens croyoicnt
que les génies des hommes étoient
mâles &ceux des femmes femelles.
Aufli les femmes juroient par Jmon ,
& les hommes par Jupiter. Jt/Noir
étoit honorée d'un culte particulier
à Argos , à Cartilage , &c. Les*
poètes la repréfentent fur un char
traîné par des paons, avec un de
ces oifeaux auprès d'elle.
JUNTES , célèbres imprimeurs
d'Italie dans les xv* &xvi'^ fiecles.
Philippe commença à imprimer à
Gênes, en 1497 , & mourut vers
1 5 19. Il eut pour frère , ou couiia »
Bernard , qui exerça la même pro-r
feflion ayec autant de célébrité.
Les éditions Grecques de Phiâppe
Junte , font infiniment eftimées. Les
Œuvres i'Uomcrt , in-8® ,1519, font
le dernier livre qu'il imprima. Le
Florllegium diyerforum Epigrammatum ,
ih-8^ , fut imprimé par fes héri-
tiers. Voy, JuNCTiN.
JUPITER , le plus grand des
Dieux du Paganifme, étoit fils de
Saturne & de Rhée. cette déeflc
s'étant apperçue que fon mari dé-
Yoroit fes enfans à mefure qu'cUe
les mettoit au monde , & craignant
pour Jupaer & pour /«»•« , elle leur
fubftitua un caillou , que Saturne
dévora. Juplur fut élevé au fon des
inflrumens des Corybantes , &
nourri fecrétement du lait de la
chèvre Amalthée , laquelle , en ré-
compenfe de ce fervice , fût chan-
gée en confleilation. Jupiter donna
dt bonne heure des marques de fa
puiiTaoçe *, iJi attaqua Titm , délivra^
ï u P
fcn pérê » & le remit fur le trôné.
Saturne ayant appris du De/Hn que
/«pîKr ctoit ûé pour commander à
tout l'univers , chercha tous les
moyens pour perdre fon fils, qui
le chaffa du ciel , & le contraignit
d'aller fe cacher dans le Latium.
/apifer s'étant emparé du trône defott
père , fc vit maître en peu de temps
du ciel & de la terre. Ce fut alors
qu'il époufa Jurion fa fœur , & qu'il
partagea la fucceffion de fon pej*e
stvec fes frères. Il fe réferva le
ciel , donna Tempire des eaux à
Neptunt , & celui des enfers à Pluton.
Junon, Pallas & les autres Dieux,
voulurent, bientôt après , fefouf-
traire à fa domination -, mais il les
défit , & les contraignit de fe fauver
en Egypte, où ils prirent diverfes
^rmes. 11 les pourfuivit fous la
figure d'un bélier , & fît enfin la
paix avec eux. Lprfqu'il fe croyoit
-tranqu(î}le , les Géans , enfans de
Tt^fl» , voulant rentrer dans leurs
droits, entafferent plufieurs mon-
'tagnes les unes fur les autres , pour
'cfcaladerle ciel & pour l'cnchafTer.
Jupiter quis'étoit déjà rendu maître
du tonnerre , les foudroie , & les
"écrafe fous ces mêmes montagnes.
Après cette viftoire , il ne fongea
plus qu'à s'abandonner à fes plaifirs-,
il eut une infinité de concubines.
11 fe métamorphofoit de toutes les
toaniefes pour les tromper. U fe
cacha fous la forme d'une pluie
'd*or, pour furprendrc Danaé en-
fermée dans une tour d'airain.
'Amoureux d'Europe , fille à'Jgenor ,
îl fe métamorphofa en taureau -, &
cette princeffe s'étant mife fur fon
^os , il prit la fuite , paffa la mer
à la nage & l'enleva. 11 prit la
"figure d\in cygne pour tromper
Léduy femme de Tyndart , qui ac-
toucha de deux œufs , d'où for-
tirem Caft(>r & Pollux , Hélène &
•Clyumnefire, Enfin il fe transforma
jiaa aigle pour tsaXçv&Gsmm^^
. J u P éh
de Tros , & le porta au cîel , où il
^e fit verfer le ne£lar par lui à la
place d'Héhé, Voilà les idées que
les Païens avoient de la divinité
principale qu'ils adoroient. Ils re-
gardoient Jupiter comme le maître
abfolu de tout , & le repréfentoient
toujours la foudre à la main ,
porté fur un aigle , oifeau qii'îl
prenoit fous fa proteàion. Le chêne
lui étoit confacré , parce qu'à
l'exemple de Saturne , il apprit aujc
hommes à ft nourrir de gland. On
lui éleva des temples fuperbes par
tout l''univers-, & on lui donna
des fumoms, fuivant les lieux où
il avoit des autels. Voici ceux
qu'on trouve le plus communément
dans les auteurs Latins. Jupiter Ca-
pitolinus , à caufe du temple que
Tarquin le Superbe lui fit bâtir fur
la montagne de ce nom. Jupiter
Feretrlus ; Romulus lui donna ce
nom en reconnoifTance des forces
qu'il lui avoit infpirées pour tueî*
Acron roi des Céciniens, dont if
lui confacra les dépouilles appelée^
Opîmes , dans un temple qu'il érigea
en fon honneur. Juplur Stator ,
parce que Romulus , dans» une
bataille où les Sabins avoient le
deifus , promit de lui dédiw uià
temple, s'il arrêtoit la déroute de
fes troupes qui fuyoient. Jupiter
Hofpitaâs^ parce qu'il étoit le pro-
teneur des droits facrés de Thofpi-
talité. Jupiter Latlalls , parce qu'il
étoit adoré fous ce nom par les
peuples du Latium , parmi lefquelS
les Romains tenoient le premier
rang. Jupiter Lapis , parce que ceu3iç
qui faifoient ferment par Jupiter ,
tenoient une pierre à la main.
Jupiter Tonans , parce qu'il ' étoit
maître du tonnerre. Les Egyptiens
le nommoient Jt^lter Ammon. [Voyi
Ammok] & l'adoroient fous la
figure d'un bélier -, mais fon prin-
cipal furnom étôit Olympîm , parce
qu'il dcmcuroit , dit-on , avec toute
69 JVR
fa COUT i fur le ibmxnet du^motît
Olympe. [ Voy. Phidias ]. On
prétend que Varron avoit compté
jufqu^ 300 Jupucrs , dont les au-
teurs de l'antiquité t & fur-tout les
poètes , ont réuni tous les traits
pour n*en faire qu'un feul , auquel
on a attribué ^ comme à Hercule ,
les aâloAs de tous les autres. En
ilyle €atmilier ou burlefque , les
poètes François te nomment ibu'
vent Jupln»
JURET , (François) natif de Dijon,
Chanoine de Langres » mort le ii
Décembre 1616 ,373 ans , cultiva
rétude & les belles - lettres avec
beaucoup d'aiTiduité. On a de luf :
I. Quelques pièces de Poific qu'on
trouve dans DeUeUt Poitarum Gai*
forum. II. Des Notes fur Synunaque ^
Paris , 1604 , in-4» -, & fur Yves de
4^hartres , 161O , tn-8% Elles font
f emplies d'éruditioiv
JURIEU , ( Ptcrrfe ) fib d'tm Mî-
nlÂre de Mer , dans le Diocefe de
Slois , & neveu des fameux Biva
êc du Moulin , naquit le 24 Décem*
hrt 1637 , & fuccéda à fon père
dans fon miniftere. Sa réputation
le fit choî£r pour profeiTer la
Théologie & l'Hébreu à Sedan.
L' Académie de cette ville ayant
4té ôtée aux Calvinifles en 1681 ^
il fe retira à Rouen , 81 de là à
Eoterdam , où il obtint une chaire
de Théologie. Jurleu^ homme d'un
aele ardent & emporté » s'y fignah
par fes extravagaaces. Il fc mêla de
préfages , demîrades, deprophéties.
La révocation de VÉdà de Nantes
avoit affoibli le Calvinkine ea
France. Les reftes de ce parti , dif-
perfés dans les différentes provinces,
& ob%és defe cacher « ne voy oient
aucune reflburœ humaine qui pût
les remettre en état de forcer Louis
XIV à leur accorder les privilèges
& la l&erté de confcience dont ils
avoient joui fous fes prédécefTeurs.
y faUoit, (dit M. l'Abbé Pluquu) ,
J U R
pour foucenir la foi de ces reflàl
difperfés , des (ecours extraordi«
naires, des prodiges : ils édaterent
de toutes parts parmi les Réformés ,
pendant les quatre premières années
qui fuivirent la révocation de FEdie
de Nantes. On entendit dans les
airs , aux environs des lieux où il y
avoit eu autrefois des Temples , des
voix fi parfaitement femblables aux
chants des Pfeaumes , tels que le»
Proteftans les chantent, qu'on ne pue
les prendre pour autre chofc-Cetto
mélodie étoit céleile , & ces voix
angéliques chantoient les Pfèaume»
félon la verfîon de Clément Marot
& de Théodore de Be^e, Ces vois
furent entendues dans le Béam .
dans les Ccvennes, à Vaffy ,&c.
Des Minifbes fugitif furent efcortéa
par cette divine piâlmodie , & mémo
la trompette ne les abandonha
qu'après avoir franchi les frontières
du royaume , & être arrivés e»
pai|rs de fureté. Jwieu lafTembla avec
îbm les témoignages de ces mer*
veilles » & en conclut que Dlem
s*étant fait des bouches au milieu de^
airs , cUfi un reproche îndtreB que Is
Providence fait aum Proteftans du
Franu » de s'être tus trop facilementm
Il ofa prédbre (dans fon Aceom^
pliffement des Prophéties^ 1686, 2 voU
in- 12.) qu'en 1689, leCalvînifme
feroit rétabli en France. Il fe dé-
chaîna contre tontes tes Puiflaaces
de l'Europe oppofées au Protef-
tandûne, &fiffrapper des médailles
qui éternifent fa démence & fa
haine contre Rome & contre ùt
patrie. >« Nous irons bientôt porter »
>» (difoit-il)r la vérité jufque fur
>♦ le trône du menfonge , & le relé-
>* vement de ce que Ton vienr>
>9 d'abattre fe fera d'une manière &
w glorieufe, que ce fera letoime-
f* ment de toute la terre ««. Ce ré-
tabliflitment glorieux des Réformés^
devoit , lelon Jurieu , ie faire fiuis
•âfu£oa de fang » ou avec peu 4^
ftng répandu ; ce ne devoît pal
même être « ni par la force des
armes , ni par des Miniflres répan*
dus dans U France , mais par Tef-
fiifion de TeTprit de Dieu. Des Mi-
nières Proceftans adoptèrent les
idées de Junem , les portèrent dans
les Cévennes » où elles produifirent,
^idque temps après , une guerre
civile. Ccft avec ce fougueux in-
iènfé , ^e Bayk , <ïui avoit été
d'abord Ûé avec lui , eut de grands
démêlés auxquels on afligne di-
^erfes caufes. La véritable Ait, fans
doute , la jaloufie qu'infpira à Junat
le fuccès de la critique de VHlfloîn
du Calvini/wte de Maimb^wg , qu'il
avoit cenfurée en même temps que
£(iylc, L'Abbé fOlÎYet a prétendu
trouver le principe de la haine de
Jarîai ^ dans les liaifons de Bayle
avec Madame Jurîat, Cette femme ,
de beaucoup d'efprit & de mérite ,
connut ( dit-il) Bt^à à Sedan, &
l'aima. Son amant vouloit fe û%er
en France , mais lorfque/Hnett paiTa
en Ho^ande , Tamour l'emporta fur
la patrie , & il alla joindre (a mai-
<r^e. Ils y continuèrent leurs
liaifons * fans même en feire trop
de myftore. Tout Roterdam s'en
tntretenoit *, Jtaieu feul n'en favoit
tiea. On étoit étonné qu'un homme
qui voyoit tant de diofes dans
TApocalypfe , ne vît pas ce qui fe
paflbit chez lui. Il ouvrit enfin les
yeux. Un cavalier , en pareil cas,
(dit le même Académiden ) tire
l'épée , un homme de robe intente
ttn procès, imPoctefeitùnefatire,
Jwieu fit des livres. Ce procès
occupa longtemps la Hollandç.
mais cequ'il ya de fixr ^ c'eftque
Madame JurUit n'étok point une
fenune galame, & que ce roman»
wnagijié par quelque (aifeur d'anec-
dotes , n'auroit pas dû être adopté
par iB> homme d'dprit tel que l'Abbé
^Oljvet. [Foyei Bayle]. La con-
«ttttion 8c la chaleur avec laquelle
_ÏUR »9
JuAea icnvit jufqu'à la fin de Cee
jours , épuiferent fon efprii. Il s'ima-
ginoit que les coliques dont il
étoit tourmenté ^ venoient des
combats que fe livroient des cava«
lîèrs qu'il croyoit avoir dans le
ventre. Il tomba dans l'enfance , ft
il efi fort douteux fi ce qu'il faàfoh
dans cet état de langueur , ne valoic
pas autant que ce qu'il avoit j^t
dans la force de l'âge. II mourut
à Roterdam , le ii Janvier 171 3 »
à 76 ans. Les Catholiques & les
Protefhns , du moins ceux qui font
capables d'équité , fe réunificnf
aujourd'hui dans le jugement qu'on
doit porter de fes écrits & de fa
perfonne. Us conviennent qu'il
avoit beaucoup de feu &de véhé*
mence , qu'il étoit capable d'en im-
pofer aux foibles par fon imagi*
nadon -, mais ils avouent en mêm«
temps que fon zèle alloit jufqu'à
la fureur & au délire, & qu'il étoit
plus digne de prêcher à des fré-
nétiques qu'à des hommes rai«
fonnables. Ses principaux ouvrages
font : I. Un Tralti de la Dévotion^
II. Un Ecrit fur la nécejfaé du Bap*
témc, III. Une Apologie de la Morale
des Préundus'SUformés , ( contre lo
livre de M. Amauld ^ intitulé : l»
Renverfement de la Morale par le^
Calvîniftes) ; la Haye, 1685 , 2 voL
in- 8® j IV. Préfavatîf contre le ekan»'
gcment de Reli^on ^ in-ix, oppofé
au livre de VExpofition de la Fol
Catholique de Bojfuet. V. Des Lettres
contre tfiifioîre du Calvînifme dt
Maîmhourg y 4 vol. în-ii , & a voL
in-4®. VI, D'autres Lettres de con*
troverfe , entre autres celles qu£
font indtulées : Les derniers efforts
d£ ^Innocence affilée. VII. Traité do
ka pmffanu de VEgà£e , QuevilU ,
1677, ift-ia...,, U vraifyJUmeds
PEgnjfe , 1686 , in.8<>.-.. UnîU de
PE^fe, i68a,in-8Ml y prétend
qu'elle eft compofëe de toutes les
f^ciités Chrétiennes qui 01^ retentt
E iij
7Ô ru R
les fondémens de la Foi -, ort y
trouve unt RépÛque à NicoU , qui
avoit réfuté cet Ouvrage. VIII. Une
f£lJioire des Dogmes & des Cultes de
ta Religion des Juifs , Amilerdam ,
1704 , in-ii , livre médiocre.
IX. VEfprit de M. AmauLd , 1684,
% vol. in-ii, ouvrage rempli d'in-
ve£Hves & de calomnies , & qui
fouleva tous les honnêtes gens ,
même eI^ Hollande & dans les
pays Proteftans. X. Traité hijiorique
d'un Protefiant fur la Théologie myf-
tique ^ à roccaûon des démêlés de
Fénélon avec Bojfua , &c. 1699 ,
tn-S^ , peu commun. XI. Janua ca-
iorum referata , 1692 , in-4^. XII. La
ReUffxin du Latimdinaire , Roterdam ,
1686 , in-8^ Xm. La politique du
Clergé de France , 1681 , 2 vol.
În-i2 , ( Voye\ Tart. Oatès ).
XIV. préjugés léfftimes contre le
Papifmey 1685 , in-4^ XV. Des
Lettres Pafiorales , 3 vol. in- 12 ,
où il fouiHoit le feu de la difcorde
entre les nouveaux dtholiques &
les Proteftans , &c. &c. Voye^
♦Jacquel©t.
JURIN , ( Jacques ) fccrétaire de
la fociété royale de Londres , &
préildent des Médecins de cette
ville, mort en 1750 dans un âge
affe^^vancé , cultiva avec un fuccès
çgal la médecine & les mathé-
matiques. Il contribua beaucoup à
rendre les obfervations météoro-
logiques plus exaâes & plus com-
munes -, & fervit infiniment à répan-
dre l'excellente méthode de l'ino-
culation , par les écrits qu'il publia
fur cette matière. Il eut de vio-
lentes difputes avec Mkhelloti, fur
le mouvement des eaux courantes -,
avec Rohins , fur la vifipn diftinâe ;
avec Keill & Senac , fur le mouve-
ment du cœur-, & avec les parti-
fans de Leiltniti , fur les forces
vives. Jurin étoit très-zélé pour la
philofophie de Newton , la feule
qui reâe , tandis Que tous les wmn
fyilêmes philofophiques oilt paUS
comme les modes.
I. JUSSIEU , ( Antoine de) fc-
crétaire du roi , dofteur des fecultés
de Médecine de Paris &dc Mont-
pellier. , profeiTeur de botanique
au jardin-royal , naquit à Lyon en
1686. La paflion d'herborifer fiit
très-vive en lui dès fa jeuneffe , &
lui mérita une place à l'académie
des fciences en 1712. Il parcou-
rut une partie des provinces d«
France , les ifles d'Hieres , la vallée
de Nice , les montagnes d'Efpagne ,
& il rapporta de fcs favantes courfes.
une nombreufe colleâion de plantes.
Devenu fédentaire à Paris , il en-
richit les volumes de l'académie ,.-
d'un grand nombre de Mémoires : fur
le Caféi fur le KaU d'Alicante ; fur
le Cachou \ fur le Macer des anciens ,
ou Simarouha des modernes *, fur
l'altération de Veau de la Seine ;
arrivée en 173 1 -, fur les Mines de
Mercure d'Almaden ; fur le TasL%m^
ûqjdç Recueil de Plantes & d* Animaux
peints fur vélin , qu'on conferve
à la bibliothèque du roi-, fur une
Fille qui n'avoit point de langue
& qui parloit cependant très-bien ;
fur les Cornes d*Ammon ; fur les
Pétrifierons animales; fur les pierres
appelées Pierres de Tonnerre, Ceft
lui qui a feit VAppendix de Tour-
nefort , & qui a rédigé l'ouvrage
du Père Barrdi&r fur les Plantes qui
croiffent en France , en Èfpagne &
en Italie , 17 14 , in-fol. On a
imprimé fon Difcoursy«r le probes
de la Botanique y 1718 , in-4°. Afes
occupations littéraires , il joignoit
la pratique de la médecine , & il
voyoit fur-tout les pauvres de pré-
férence. Il y en avoit tous les jours
chez lui un nombre confidérable ;
il les aidoit non-feulement de £ès
foins, mais de fon argent : car il
avoit acquis une fortune confidé-
rable , dont fon frère Bernard fut le
ftulhértfi^t 4n^« mpurut d'uac
JV $
^ÊfyKt d*apoplexie , le il Avril
1758, âgé deyzans.
II. JUSSIEU , ( Bernard de )
frère du précédent , né à Lyon , le
17 Août 1699 , fe difHngua , comme
hn , dans la pratique de la médecine y
& par fes connoiÛ'ances dans la bo-
tanique. Ses talens lui procurèrent
la chaire de, démon^teur des
plantes au Jardin du roi , & une
place ^ l'académie des fciences de
Paris : il Rit auffi membre de plu-
fieurs autres célèbres (bciété&tle
l'Europe littéraire. On a dit qu'il
avoit peu écrit , mais qu'il avoit
parlé, & que d'autres avoiènt écrit
d'après lui. On lui doit l'édidon
de Vaiftolrc des Planus qui naifTent
aux environs de Paris , par Tour-
nefon, 1725 , 2 vol. in- 12. Juffîeù
fitt appelé par Louis XV , pour
iormer l'arrangement d'un jardin
des plantes à Trianon. Il eut de
firéqueos entretiens avec le mo-
narque y qui goûtoit également Ton
iàvoir , (a âmplicité & ù candeur ;
Hiais il ne retira de cette efpéce
de commerce ,( dit M. de Con-
iorcet) , >♦ que le plaiûr toujours
« piquant , même pour un philo-
V îbphe , d'avoir vu de près un
» homme de qui dépend le fort de
>t vingt millions d'hommes. Il ne
w demanda rien , & on ne lui
M donna rien , pas même le rcm-
>» bourfement des dépenfes que Tes
« fréquens voyages lui avoient.
»» cauiees. Cependant le roi ne
>» l'avoir pas. oublié .'-il ceiTa au
» bout de quelques années de le
5» mander à Trianon où fa préfence
M n'étoit plus utUe -, mais il parloir
>» fouvent de lui avec intérêt. Un
»» tel homme devoit en effet laiffer
>♦ des traces profondes , fur-tout
** dans l'efprit d'un roi condamné
» à ne voir prefque jamais que des
» courtiûms. La mode^ÏQ de Jujfleu
w étoit extrême : fouvent il répondit
^ aux ijuçiHoitf qu'oii lui pro;-
JUS jt
» pofoit , Je ne fais plis ; & cette
t% réponfe embarrafToit quelquefois
jy les confultans , honteux alors
n de s'être crus plus favans qua
» lui. Il haïfToit la charlatanerie »
*i & pardonnoit aux dis^latans. Une
n gaieté douce , & des plaisanteries
»♦ fans fiel que fa bonhommie ren-
n doit piquantes , affaifonnoient
»i les converfations qu'il avoit fur
)» ce fujet avec fes amis -, c'étoit
>v alors qu'il fsifoit à certaines
» opinions une guerre innocente ,
n & où jamais le nom de leurs
yy auteurs n'étoit prononcé «c
Jujfieu rapporta dans un de fes
voyages,, le cèdre du Liban qui
manquoit au Jardin du roi, & il
eut. le plaiiir de voir les deux pieds
de cet arbre qu'il avoit apportés
d'Angleterre dans fon chapeau »
croître fous- fes yeux , & élever
leurs cimes au defliis des plus grands
arbres. Le célèbre Unné étant venu
en France , dffiAa. à une de fes her-
borifadons. Les élevés de JuJJicit
voulant éprouver la fagacité de leur
maître, lui préfentoient fouvent
des plantes qu'ils avoient mutilée»
exprès, pour déguifer leurs carac-
tères, & JuJJieu ne manquoit jamais ^
de reconnoitre l'artifice, nommoit
la plante, le lieu où ellecroiflbit
naturellement , les carafteres qu'on
avoit ou effacés ou déguifés. Cette*
fois les élevés de hijpeu voulurent
tenter la même plaifanterie avec
Unné, «11 n'y a qu'un Dieu, ou
»» votre maître , ( dît-il» ) qui puiffe
» vous répondre : -<^«f Deus , aut-
)) Domînus DE JussiEU «. Cet
excellent botanifie fitt enlevé à
l'académie & à fes élevés le 6
Novembre 1 777 , dans fa 79^ année. •
I. JUSTE , ou JusT , ( S. ) né de
parens nobles du Vivarais , pieux
& favant évêque de Lyon , quitta ,
ce fiege à l'occafion d'un fréné-
tique qui fiit mis en pièces par le
peuple» . Ce malheur lui fut û fea* -
Eiy
Û
ij% JUS
£ble » qu*3 fe redra dans les déTerts
^'Egypte , où il vécut en Saint
jufqu'à ÙL mort , arrivée vers la fin
du iv^ fiecle. Il avoit affiAé « étant
iévêque , à deux Conciles , Tun tenu
à Valence en 374 , & l'autre à
Aquilée, en 381. Ami de S. Am-
iroifc, S.JufU fut, comme lui, un
pa^ur fidelle, le foutten de la
vérité contre l'héréfie Arienne , &
Texaâ obfervateur de la di^pline.
II y a eu d'autres Saints de ce
som : S. JufU de Beauvais ^ dont la
lilte fe célèbre le i% Oûobre -,
S. Jt{ft» de Camorbery , honoré le
là Novembre ; & une martyre
célèbre du iv® fiede,. placée dans
le martyrologe au 19^ Juillet. Elle
fcella l'Evangile de fba fan^ , à
Séville en Efpagne, avec Ste. Bufnt.
L'une & l'autre vendoient de la
vaifTelle de terre , & le refiis qu'elles
en firent pour les ûicrifices » fiut
caufe de leur mort.
IL JUSTE , Evcque d'Urgel ,
«nort en 540 , auteur d'un petit
Commentaire fur U Cantique des Cati"
tiques^ inféré dans la Bibliothèque
des Pères ; & un archevêque de To-
lède dans le vu** ûede^ célèbre
{par fon favoir & fa piété.
JUSTÉ-LIPSE, Voyei Lipse.
JUSTEL» (Chnflophc)Parifien,
îconfeiller & fecrétaire du roi , né
len i$8o, mort dans fa patrie en
il 649 , étoit l'homme de fon temps
le plus verfé dans l'hifloire du
moyen âge. Il poflédoit parÊôte-
ment celle de l'Eglife & des con«
ciles. 'Cefl fur les recueils de ce
jlavant homme » que Jùnrl JuJUlîon
£ls, non moins favant que fon
père , mort a Londres en 1693 ,
& Guillaume VoU ^ publièrent la
£iblitheca Juris canomci veteris , en
a vol. in-foL Paris , 166 1 ^ C'efl une
colleéHon , très-bien £dte , de pièces
fort rares fur le droit canon ancien.
On y trouve plufieurs canons grecs
fc laûnii {kés de manufccits is^
1VS
connus îufques à lui. Juffel étcSt
en commerce de lettres avec tout
ce que l'Europe avoit de plus
favant , & il en étoit refpeâé. Om
a de lui : L Le Code des Canonm
de l'Eglife taîverfelle , i6xS ^ ou-
vrs^e juftement eftimé. p. UHîp'
toiregénéalop^ue de la Maifon d'Auverm
gne , in^oL pleine de recherches. On
y trouve diverfes pièces curieufes ,
très-utiles pour la connoiâance de
l'HiUoire de France. >
L JUSTIN , ( Saint) phUofophe
Platonicien» de Naploufe en P^-
lefHne > fut éonverd à la foi de
Jefus-Chrifl , par les perfécutions
qu'il voyoit fouf&ir aux Chrétiens*
Quoiqu'il eût embrafTé le Chrtfiia-
nifine » il garda l'habit de philo-
fophe, nommé en latin Pallîum.
Cétoit une efpece de manteau. Jcrw
tulUen remarque que non-feulement
les philofophes portoient cet habit ^
mais tous les gens de lettres. Plu*
fieurs Chrétiens le prirent , no&
comme philofophe, mais comme
Êiifant profeffion d'une vie plus .
auflere. La perfécution s'étant
allumée fous Antonin , fuccelTeur
^Adrien , Jufiin compofa une Apo^
lo^ pour les Chrétiens. U en préfentai
dans la fuite une autre à l'empereus
Mart'AMrele, dans laquelle il fou-,
tînt l'innocence & là faimeté de
la religion Chrétienne , contre
Crefcent philofophe Cynique » &
contre quelques autres calom-
niateurs, n fit honneur au Chriilia*
nsûne , par fa fcience « par l'inté-
grité de fes mœurs, & confirma
ù. doârine par fa confiance &par
la pureté de fa foi. U fut martyrifé
l'an 167. Ce philofophe Chrétiei^
efl mis avec raifon au rang des plu^
illufbes doôeurs de l'Eglife , à
laquelle il foumit fa raifon & cottt
facra ia plume. Il étoit extrême-
ment verfé dans les différentes
erreurs de la philofophie Pïiïenne «
fie dans les yéritiisdelaChKélâieniw^
'
7US
B combottoit Tune par rautrc H
tcfutoit les parôfàns de lldolâtrie
par les écrits des philofophes , &
les Jm6 par ceux des prophètes.
Cornait d'ëxpofer le vrai, il ne le
para point du fard de Tëloquence»
Sofi fiyle eft fimple, dénué d'or-
nemens , 6c chargé de citations. La
médiode qu'il emploie dans fa pre-
miers v^po/io^, eà excellente. Uy
prouve la religion Chrétienne par
les moeurs admirables de ceux qui
la profeflbient, par l'accomplifTe-
nem tout récent des prophéties ,
& par rexpofidonfimple & naïve
de ce qni fe paflbit dans les afliem«
blées ée^ premiers Chrétiens. Il dit
que M le Qir^ianifine a ezifté même
M avant lefiis-Chrift , parce que
» Jefos-ChrifteftleVerbedeDieu,
« & la raîfon fouveraine dont tout
»> le genre humain participe % & que
M ceux qui ont vécu fuivant la
M ndfon ^ font Chrétiens «*. Ainfi ,
félon lui, le philofophe Socrau
rétoit. Outre ces deux Apoloff£s ,
il nous refte de lui : I. Un Dialogue
ancU MfTryphon, II. Deux Trmtis
adrefiés aux Gentils, m. Un Traité
delà Monarchie, ou de PUmU de
Vieiu On lui amibue encore d'autre»
ouvrages. Les meilleures éditions
de S. Jufin^ font : celles de Roh^
£aeB2My enx55i&i57i , en grec*»
cefle de Comme/m , 1593 , en grec
&en latin; celle de More/, en 1656 ^
& c&fin celle de Dom PnuUnt
Morand ^ £ivant Bénédiâin , en
1742 , în-foL La Lettre à DUpuu ,
qu'on trouve parmi les oeuvres de
S. Jtifin , n'eft pas de lui , mais
d'un auteur plus aacieo* Ceft un
cccellent noroeau,
^ n. JUSrrm I*' . empereur d'O-
nent , naquit en 450 , à Bédériane
dans les campagnes de la Thrace,
^apcre étoitim pauvre labouieur.
Le as manquant de pain , ^enrôla
dans la miHce , & quoiqu'il ne fût
Vi lut fli écrire > 0 parvint de
JUS ^f
grade en grade , par fa valeur &
par fa pnidence , )ufqu'au trône
impérial. 11 y monta l'an p8 , &
en parut digne. Son premier foin
fut d'examiner les lois. Il confirma
celles qui lui parurentjuftes , annulla
les autres « accorda au peuple plu<
fieurs immunités , retrancha beau-
coup d'impôts , fit des heureux , &
Alt l'être. U fe déclara pour le
concile de Chalcédoine, rappela
tous ceux qui avoient été exilés
pour la foi , demanda un Formulaire
au, pape Hornàfias , & le fit iigner
dans un concile tenu à Confiant!^
nople \ mais le zde de cet empereur
devint fimefte à l'Eglife , dans le
temps même qu'il vouloit la Êiîre
triompher : car , en perfécutant les
Ariens avec trop de chakur pour
réprimer leur audace , il aigrit par
cette conduite « Théodorîc roi de»
Oftrogoihs, contre les Catholique»
d'Occident. U mourut le i Août
c 27 , à 77 ans , après avoir nommé
Jufiinien , fils de fa ibeur , pour lui
fuccéder. L'année précédente , fa
vieillefie avoit été affligée par un
horrible tremblement de terre , qid
engloutit prefque toute la ville
d'Antioche. Cette calamité fut fi
fenfible à l'empereur , qu'il fe
revêtit d'un fac par efprit de pé-
nitence , & s'enferma dans fon
palab , pour ne s'occuper qu'à
gémir , & à fléchir celui qui élevé
& renverCe à fon gré les villes &
les empires.
m. JUSTIN II , U Terne , neveu
8c ûiccefieur de jifiînUn en 565 ,
étoit fils de VigUamîa fœur de cet
empereur. La 2* année de fon
règne fut marquée par un forfait ;
il fit étrangler Jm/Ai fon parent ,
petit-neveu du dernier empereur ,
& qui pouvoit avoir quelque droit
à l'empire. U eut la bafie cruauté
de fe élire apporter fa tête , & de
la fouler aux pieds. Incapable de
ponor le (çffxrc » efprit iK)ible ,
*J4- J-U S- _
cara£l«e voluptueux »' lâché &.
cruel, prince fans politique & fans
valeur ^ il fe laiffa gouverner par
So]^hu fon époufe. Cette princeffe
s^ant raillé Tans ménagement l'eu-
nuque Narscs gouverneur en Italie ,
celui-ci appela les Lombards , qui
«îes-lors commencèrent à y régner.
Les Perfes » d*un autre côté , rava-
gèrent TAfie , & /m/Zmi n'oppofa à
leurs conquêtes que de vaincs bra-
vades. 11 mourut le 5 Oôobre
178, après avoir régné près de
I \ ans. II étoit fujet , depuis quatre
ans , à des accès de frénéfie qui
ne lui laiiToient que peu d'inter-
valles de raifon»
IV, JUSTIN ^hifïorien Latin du
'<3euxieme fiecle » félon l'opinion
la plus probable , abrégea la grande
Mtftolre de Trogue-Pompée y & par
cet Abrégé y fit perdre , dit- on,
l'original. Son ouvrage , inftrudtif
& curieux ^ eft écrit avec agrément ,
& même avec pureté » à quelques
mots près qui fe reffcntent de la
décadence de la langue Latine. On
lui a reproché un peu de mono-
tonie. Sa narration d'ailleurs , eft
nette ; fes réflexions fages , quoique
communes; fes peintures quelquefois
très-vives. On trouve chez lui
jrîufieurs morceaux de la plus grande
beauté , des parallèles ingénieux ^
d'es defcriptions bien faites , des
harangues éloquentes -, feulemem il
aime un peu trop l'antithefe. On le
blâme auflî de rapporter quelques
traits minutieux, & quelques faits
abfurdes -, mais c'eft le défaut d'un
grand nombre d'hiiloriens de l'an-
tiquité. Certains Maîtres héfitent de
le mettre entre les mains Aes enfans ,
tout cftimable qu'il cfl: ^ parce que
fes çxpreffions ne font pas toujours
modeftes. Les meilleures éditions
de Jujiln , font : celle de Paris , en
1677 , in-4®, par le P. Camcl
Jéluite; cçile de Jacques Bongars i
d'Çxford „ ea 1705 , in-8^ , par
rv s
Thomas Héam ; de Leyde, 171P
& 1760 , in-S"* i & de Paris che^
Barbou , 1 770 , in- 1 2 , fur plufieurs
manufcrits de la bibliothèque da
roi. Il y en a une à'E/iévir , 1640 »
in-i2. La première eft de 1470 »
in-folio. M. l'abbé Paul^ quis'eft
exercé avc^fuccès fur Paurculus >
a publié en 1774 une bonne tra-
duéHon de JuJUn en z vol. in- 12 ,
qui a éclipfé celle de FavUr,
JUSTINE , ( Flavia Justina )
née dans la Sicile , de Jujie gouî.
verneur de la Marche d'Ancone ^
fût mariée >iu tyran Magnence , mort
l'an 355. Sa beauté & fon efprit
charmèrent VaUntînlm I , qui l'é-
poufa en 368. Elle fut mère de
quatre enfans , Valcminlen II, Jufia »
Galla & Grata, Son fils fut élevé
à l'empire en 375 , quoique il
n'eût que cinq ans. L'empereur
GratUn confirma cette cle6kion , &
après la mort de ce prince , elle
eut , en 383 , la régence des états
de fon fils y c'eft-à-dire d'une
partie de l'empire d'Occident. Son
penchant pour l'Arianifme la rendit
ennemie des evêques ortliodoxes.
Elle fe .préparoit à chafier S. Am»
brolfe de Milan, lorfque le tyraa
Maxime la chafla elle - même de
cette ville en 387. Obligée d'aban-
donner l'Italie , elle fe retira à
Theffalonique , où elle mourut
Tannée fuivante , dans le temps
que Théodofc fon gendre , vainqudu:
de Maxime , ailoit rétablir VaUri"
ttnlen dans l'empire d'Occident.
I. JUSTINIANÏ, (S. Laurent)
néàVenifeen 1381 , premier gêné-
rai des chanoines, de Saint - George
In Alga , en 1424 , donna à; cette
congrégation d'excellens réglemens.
Le pape Eugène IV le nomma évê-
que & premier patriarche de Venife,
en 145 1.5. Laurent Jujîtmanîmounxt
le 8 Janvier 1455 » ^ 74 ^^* »
après avoir gouverné fon diôcefe
gvec fagelTç. Il fut le module 4e^
3f U s
Ih^ques ; îl ne voulut nrtapîfTetie,
ai vaiiTelle d'argent. Quand on lui
lepréfentoit qu'il pouvoit accorder
quelque chofe de plus à fa dignité
& à fa naiâance , il répondoit qa'U
avoit dans Us pauvres une famille
nombreufe à nourrir. Un defes pauvres
rayant prié de contribuer à la dot
de fa fille , il lui répondit : Si je
vous donne peu , ce ne fera pas ajfe\
pour vous. Si je vous donne beaucoup ,
il faudra que > pour enfichir un feul ,
je prive une foule d'indigens de leur
néceffaîre, 11 mourut pénitent, comme
il avoitvécu. llrefiifa dans fa der-
nière maladie tout autre lit que la
paillafTe fur laquelle il couchoit
ordinairement -, & comme il vit
qu'on lui préparoit un lit de plume «
il dit: C^eftfurun bois dur , & non
fur un Ut de plume , que Jefus-Chrifi
a été couché fur la croix Pourquoi
pleurè^i^ous ? dit-il à ceux quil'en-
touroient. ' Ç^eft aujourd'hui un jour de
joie , & non de larmes. On a de lui
plufieurs OurKAGis de piété ^ re-
cueillis à Breffe , 1506 , 2 vol.
în-fol. , & à Venife ,1755, in4bl.
La famille Juftiniani en Italie , qu'on
écrit auffi , & même plus exaâe-
ment , GiujUani , a produit grand
aombre de perfonnes illuib-es.
IL JUSTINLxNl , ( Bernard )
neveudu précédent , mort en 1489 ,
à 81 ans , fiit élevé aux charges
les plus importantes de Venife. Il
cultiva les lettres avec fuccès , &
laiâa divers écrits. Le plus confi-
dérable eft une Hiftoire de Venife ,
depuis fon origine jufqu'en S09,
in-foL, à Venife, 1492 & 1504-,
elle eft en italien. Il écrivit dans
la même langue en 1475 * ^~4^ »
la Vie de fon oncle 5. Laurent ;
c'eft un panégyrique , mais c'eft
celui d'un Saint.
m. JUSTINUNI, ( Auguftin)
cvêque de Nebbio en Corfe , naquit
à Gênes en 1470 , d'une maifon
i^HÛre , fe fit Dominici(in à Paris »
JUS 75
en 148$ , 6c s'y acquit un nom par
fon habileté dans les langues Orien-
tales. Il fut nommé,en 1 5 14 , évêque
de Nebbio , par le pape Léon X^
Il affifta au 5® concile de Latran /
fit fleurir la fcience & la piété dans
fon diocefe , & périt dans la mer
en paiTant de Gênes à Nebbio ,
Tan 1536, à 66 ans , avec 1«
vaiffeau qui le portoit. Son prin-
cipal ouvrage eft un Pfeauticr en
Hébreu , en Grec , en Arabe & en
Chaldéen , avec des Vcrfions latines ^
& de courtes Notes ; à Gênes ,
1516 , in-fol. C'eft le premier
Pfeautier qui ait paru en diverfes
langues. L'auteur le fit imprimer
à fes dépens. On en tira 2000
exemplaires fur du papier, & 59
fur du parchemin ou du vélin ,
pour les princps. Il efpéroit en
retirer une fomme confidérable
pour le foulagement des pauvres;
mais peu de perfonnes achetèrent
ce livre , quoique tous les favans
en parlaflent avec éloge. Le titre
de cet ouvrage eftimable , eft :
Pfaluiium Hebraum , Gracum , Ara*
bicum & Chaldaum , cum tribus La^
tlnis interpretationibus & glojfîs. On a
encore de lui , des Armaîes de Gênes ,
en Italien: ouvrage pollhume , pu-u
blié in-fol. , 1 5 37. Il revit le traité
de Porcheui^ intitulé : Victoria ad-
versus Impios Jud^os , qui fut imprimé
à Paris, in-fol. , en 1520 , fur
papier & fur vélin. Cette dernière
édition eft recherchée des ciuieux ^
& peu commune.
IV. JUSTINUNI, (Fabio)nc
à Gênes , en 1568 , de Léonard
Taranchetti , qui fut adopté dans la
famille Juftiniani , pour n'avoir pas
voulu tremper dans la conjuration
de Fief que , mourut l'an 1627. Il
entra dans la congrégation de l'O-
ratoire de Rome , & fut , en 16 16 ,
nommé évêque d'Ajaccio , où il
mourut le 3 Janvier 1627 , à 59 .
ans. On a de lui : L Index uni'*
T^.
lus
'Mlhvx y îa-fol. IL Tobias esepàmatus ,
«6zo , 'm4oh
V. JUSTINIANI» (le Marquis
.Vincent) de la Emilie iUuilre de
^ Lautsttt Juflûiiatu^ fit graver par
MaiMuHn » M4llan & autres , ia
^ALEMUJL , Rome y 1642 , 2 vol.
mrM* Il €it a été tiré , depuis
1750^ des épreuves , qm font bien
iÉÊri^ures aux anciennes.
VL JUSTINIANI , ( rAbbé Ber-
Wbd) de la famUle du précédent ,
éomasai ea Italien VOrîpne des Orirts
àCBaitu , Venife,, 1692» 2 voU
»&>!. , dont a été ^traite VHîf-^
•ittz du Ordres Militaires ^ Amilerd. ,
X7ZI y, 4. "voL tn-S^ y à laquelle on
foinr ofdtaairement VHlftoîre des
4h&^ B£â§teux » AmAenL 1716 >
4 voî. »-8°» Ces deux ouvrages
4Banqii«nt de craque & d'exaâi-
«aie 2 plufieui^ égards , & font
ofilcz mal écrits» Les figures en font
yreique tout le prix.
J. JUSUNDEN V' , neveu de
JSgjËa: PAndea. , naquit à Taurefium ,
pexît: vin^^e de la Dardanie , en
4S3; » deS^bhatkuiS &: de Btglealjfe ,
feus de /i^n. II fut élevé par
ThiQfhtle^ qui lui donna le goût
«fcs- fèiences.. L'élévation de fon
«ode prodiâfic la iienne. U lui
îfiiccéda te x Août 527. L'hiftoire
IdL rqpTochc de s'être ouvert le
chemin au trône par l'aâaffinat
véâmtécVUaiUn » ^vori de hfim ,
^ çii auroîtpuêtrefon fuccefTeur.
llemittre Grec , foible refte de la
poîilaace Romaine , ne faifoit que
Sst^tnn Juftlmen le foutint , en
«lendît les bornes , & lui rendît
ifEiélqiie chofe de fon ancien éclat. Il
SBta la tête de fes troupes le vaillant
Béllfmt^ ( Voy, fon article ) qui
itlêva le courage des légions , &
fit rendre compte aux Barbares de
xz qu'ils avoicnt enlevé aux Ro-
mains^ Le? Perfes forent vaincus
ta 528, 542 & 545 , les Vaft^
JUS
dales exterminés , & leur roî GlSmé
fait prifonnier , l'Afrique recon-
quife. La conquête de la Sicile &
des autres ides de lltalîe y fulvit
celle de l'Afrique. Lltalie 6tt atta»
quée à fon tour par les eroupes^
de Jufilnun y & devine le théâtre
d'une guerre longue & cruelle*
Rome fut prife & reprife pluficursT
fois. Mais malgré la valeur des tcois
derniers rois des Ofbrogodis , qui
périrent les armes à la main en fc
dépendant contre BéUfaire & Narsks ,
l'Italie & Rome paffcrcnt fous I9
puiiTance de Ju/Kmèn. Ce prince s'oc*
cupa en même temps d'étouffer lesr
diâenfiofis inteftînes qui déchîroicnt
l'empire. Les Bleus & les Verts ,
deux ferions puifTantes f furent
réprimés. ( Voye^ Hypace ). Aprè&
avoir rétabli la tranquillité au
dedans & au dehors, il mit de l'ordre
dans les lois qui étoient depuis
long-temps dans une confuiîon ex*
trême. Il chargea dix htrîfconfukes ^
choifis parmi les plus habiles de
l'empire » de faire un nouveau
Codt, tiré de îts coniHtutions , Se
de celles de fes prédéceffeiffs. Ce
Code fut divifé en xii livres , êc
les matières féparées les unes des
autres , ious les titres qui leur étoient
propres, Terrc^on , auteur de VHtf»
toire de la Jurlfprudenee Romaîae ^
remarque que Tnhonîen , le chef
des juriiconfultes rédaôeurs de cet
ouvrage » iliivit un mauvais ordre
dans la difbibution^ des matières»
Il détaille ^ par exemple , les for*
malités de la procédure, avant que
d'avoir parlé des aûions & des
autres chofes qui doivent les pré*
céder. Ce Code fut fuivi : I. dn
Dîgefte ou Us PandeStes ; recueil
d'anciennes dédiions répandues
dans plus de 2000 livres. Il fut
imprimé à Florence en 1^3»
in-fol , qui fe partage en 2. ou 5
Vol. Il faut qu'il y ait à la fin S
feuillets non chiffrés , cotés tecc^
sv s
^ a encore Téditioii que M;
PûtUer en a donnée à Paris y 174S ^
3 voL in-foL , qui eft eftimée.
É Des Infituus^ qui comprennent
en 17 livres « d'une manière claire
h. précife , le germe de toutes les
lois & les élémens de la jurifpru-*
^flce. m. Du Coât dts NovdUs ,
àos lequel on cecueilUc les lois
&tes depuis la publication de fes
Rentes coUeÛions. Les meil-
leures éditions de ces ouvrages ,
réunis fous le dtre de Cor^ Jwîs
Cnâs , font : i. Celle d'Elicvir^
1^64 , a voL in-8® , plu» belle
que la réimpreffion de 168 1 ;
II. Celle avec les grandes Glofes
kyjndcx de Daoy^y Lyon , 1627,
4 vol. in-foL ni. Celle avec les
noies de Godefroy , Paris , Vitré ,
1618 , a vol- in-fol, ir. d*Amfter-
«fam , El^évlr , 1663 , î vol. in-fol...
laSânUn attentif à tout , fortifia les
places « embellit les villes , en bâtit
k aouvelles , & rétablit la paix
àasTËgliTe. Ilélevaauilun^and
nombre de baûUques , & fur-tout
celle de SaîntcSophUà Confbuitino-
pie , qui paffe pour un chef-d'œuvre
^'ardute^re. L'autel &it fait d or
& d'argent fondu , avec une quan-
tité prodigieufe de différentes pierres
précienfes. Ju/Bnùn cont^hiplant
cette magnifique eglife, le jour de
la dédicace , s'écria : «< Gloire à
** Dieu ! Je vous ai valnat^ Salomon 4<.
Mais fon malheut, comme celui
iu roi de Judée , fut de vieillir fur
le trône. Sur la fin de (es jours ^
ce ne fut plus le même homme.
Il devint avare , méfiant , cruel -,
il accabla le peuple d'impôts ,
ajouu foi à toutes les accufaûons ,
Voulut connoitre de l'affaire des
TrêU ChapUru , perfécuta les papes
Anaela , SUvert & Fl§^ , & mourut
d'apopleûe le 14 Novembre ^65,
à 84 ans , après en avoir régné
38. Il ne fut pleuré de perfonne ,
fm même des cout;ti£aas. $a femme
JUS 77
Théodore y qu'il avoit pnfe for 1»
théâtre, où elle s'étoit lowg^umfm
proitituéey'& qui coi)fervaibiisls
pourpre tous les vices d^«ac coiv-
tiikne, le gouverna jufqu'À ià saaaitm
IL JUSTINIEN il . de Jmm .
furnommé Shmotmete j9U fe jIA^
*oi^ , ^toit fils aîné de Coiifin:im
Pogonat & é!Anafiape. Bécbné Jbn
gufte à 12 ans , il manta iOmt Hb
trône après fon père , «a ^é^ ^ â
16 ans. 11 reprit quelques ;piw3ncEB
fur les Sanafins , & concUa «v«c
eux une paix afCez avanta^ufe. Ses
exactions ^ fes cruautés & it» dé-
bauches, ternirent la gloire de Jc&
armes. Il ordonna à l^eunuqni
Eûennt , qu'il «vok fait {gouvemeor
deConÂantinople, deâûremaffiicinr
dans une feule nuit tont le pecçsfl»
de la ville , à commencer pw Hé
patriarche. Cet ordre barbare k^kol
tranfpiré , le patrîce lionct ibnlena
le peuple , & et détronerce notnvca»
Néron^ On Un coupa le aez,3c<iMi
Voivoya en exil dans la Cher-
fonnefe , en .695 . Léotue fut ^oaffidk
déclaré empereur ; anais I%i»-
Abfimare le chaiTa en ù^^ Ceâûrci
régna -environ fept ans, au bcnt
dcfqueli Trekellûu, roi des Bulgares,
ayant rétabli Ju^nlen en 701 , UaoM
& Téert'Ahfinutrt fîirent pusis et
mort. Jufiràen^ peu reconiwififeBt
'à l'égard de fes libérateurs , roMpô:
bientôt la paix avec les BulgareB
qui , après lui avoir tué beaucoup
de monde, robligexent de «Tenfinr
honteufement è Confimitifioplcu
L'adverfîté adoucit le cara^are ; efle
le rendit plus crueL Ayant einrojé
une flotte contre la Chetf(M«i£&9
il ordonna de rmner le pays 8c de
maffacrer les habitans « qui avoient,
dans le temps de fes malhenrs 9
tâché de le Csiire périr. Cette flotte
ayant été difperfée par les tempêtes,
il en arma une autre , avec ordre
d'égorger, fans diflinâion d'âge
ni de fexe , tous les habitans de
7? JUY ^
CherToime , capitale du pays. L'hif-
toire ajoute , en parlant de cette
cruelle expédition , que JufUnîm
ne fe mouchoit jamais qu'il n'en-
voyât au fupplice quelqu'un des
partifans de Léonce, Le fang de
tant de viâimes cria vengeance.
Philipplquc Sardanes fut proclamé
empereur par les Chazares. Jufiinkn
fe mit en marche pour le combattre*,
mais le nouveau fouverain étoit
déjà, en pofTeffion de Conûanti-
nople. Bardanes fit partir auffi-tôt le
général Elle , dont JuJBnien avoit
&it tuer les entos , pour' aller à
la pourfuite de ce prince. Elle le
joignit dans les plaines de Damatris,
& après avoir déterminé fes foldats
à l'abandonner,, il lui fit, trancher
la tête au milieu de fon camp , en
Décembre 711. Sa tâte fiit envoyée
à Conftantinople pour y être ex-
pofee. ;Cc. prince étoit alors âgé
ée 41 âfi&^ont il avoit régné 16 ;
c'eft-à-dire% dix avant fon banniffe-
ment & fix depuis fon retour. En
lui fut éteinte la famille d'HéracUus,
Ju/HrUen fut .le fléau de fes fujets
& ITiorreur du genre humain. Le
peuple , fous fon règne , fut accablé
d'impôts , & livré à des minifbes
lâches & avares , qui ne fongeoient
qu'à inventer des calomnies contre
les particuliers , pour les faire périr
& envahir leur patrimoine.
JUTURNE, fille de Daunus, &
fœur de Turnus , roi des Rutules
en Italie. Juplur , dont elle fut
aimée , lui accorda l'immortalité ,
& la fit nymphe du fleuve Numicus.
Elle rendit de grands fervices à fon
frère dans la guerre qu'il fit à
Enée fon rival ; mais voyant qu'il
ctoitfur le point de périr, elle alla
fe cacher pour toujours dans les
eaux du fleuve.
JUVARA, (Philippe) célèbre
architeâe Sicilien , a laifle à Turin ,
& dans fes environs , un grand
nombre de monumens de fon habi-
ïuv
letc. En 1734 , le vieux PalaisS
ro3ràl de Madrid fut incendié , par
je ne fais quel accident. Le roi
Philippe y voulant en avoir un
autre , & ayant ouï-dire que Juvara.
paflbit pour le meilleur architefte
de fon fiecle , le demanda au roi
de Sardaigne, au fervice duquel il
étoit depuis plufieurs années. A
l'arrivée de Juvara à Madrid , on
lui ordonna de defliner un plan -,
tandis qu'il étoit occupé à cet
ouvrage , EUiabeth Farnefe 2** femme
du roi , pour qui tous fes défirs
étoient des lois , fe mit en tête
d'entreprendre une guerre , par le
moyen de laquelle elle efpéroit
procurer un établifTement en Italie ,
à fon 2*^ fils D. Curlos, Amâ, au
lieu de dépenfer en bâtiihenss^
fuivant l'intention du roi , lés/
millions qu'il y avoit deftinés , elle
jugea à propos de s'en fervir pour
fubvenir aux Érais de cette guerre.
Juvara étoit bien loin de deviner
l'intention de la reine -, il n'étoit
pas afTez politique pour cela. Il fe
hâta de finir fon modèle , qu'il ne
douta pas un inftant qu'on ne mit
à exécution , fur-tout la reine
foUicitant d'y mettre la dernière
main. Ce modèle ne fut pas plutôt
prêt & préfenté au roi , que Paùno ,
alors premier minillre, & initié
dans les fecrets de la reine , fe prêta
à {es vues •, il représenta au roi
>» que Juvara avoit donné Un plan
»» trop reflerré ; que le palais qu'il
» prétendoit conflruire ne con-
» venoit point pour l'habitatioa
>» d'un roi d'Efpagne -, qu'il falloit *
w qu'il en fît un autre , plus digne-
)) de la grandeur du monarque
>» auquel il étoit deftiné. « Philippe
fiit la dupe de ces repréfentations ,
fur-tout quand elles fe trouvèrent,
appuyées par la reine. Juvara lui-
même ne fiit nullement mécontent,'
lorfqu'il fut que l'intention de Leurs
Majeflés , étoit qu'il ût tout ce qui
J U V
}ui leroîf poffible , & qu'il pèfts&t
iun plan propre à déployer toute
la profondeur de Tes connoiiTances
en architedure , & ^ proportionné
aux richeiïes du monarque. Dans
l'efpace de trois ans , Juvara pro-
tluifit un fécond modèle, fi magni-
fique , qu'il ne crut pas qu'on pût
fonner la moindre difficulté contre
tn pareil édifice , relativement à
fon étendue & à fa fplendeur. Il
tut la faâsfaâion momentanée de
«entendre beaucoup louer par
toiite la cour , pour la richeffe de
fe idées. Mais lorfqu'il fit voir
l'immenfité ^es dépenfes qu'exi-
jeroit cet ouvrage , dont l'état
montoit à plus de 500 millions, la
tàne & fon confident ne manquè-
rent pas d'objefter que les finances
4I11 roi ne pourroient jamais fournir
aux frais d'une pareille entreprife.
ia conféquence , on ordonna au
pauvre archite£ke de penfer à un
f plan , également éloigné & de
k periteffe du i", & du trop d'é-
tendue du i^ Faire des remon-
trances contre cette décifion , auroit
été une abûirdité ; mais tandis qu'il
étoit occupé à ce qu'on exigeoit
de lui , la guerre , à laquelle on
& préparoit depuis long-temps ,
fiit déclarée ^ les Éfpagnols fe virent
obl^és d'envoyer la meilleure
partie de leurs piftoles en Italie.
iuvara & fes pbûis furent oubliés :
à peine lui étoit-il permis , lorfqu'il
paroiilK>it à la cour, de parler de
bâtiment. Patlno , particulièrement ,
fcifoit ndtre un fi grand nombre
de difficultés, toutes les fois qu'il
efoit montrer quelques-uns de fes
deifins au roi , que cet artifte mourut
'•à la fin, de ch^in, fans doute,
à la grande fatisfaâbion du rufé
miniftre , qui l'avoit long-temps
leurré pour lui faire étaler toute
la profondeur de fon génie dans
fon 1* plan. Quelque temps après
la mon dehytir^ > Iç roi qui pei^oit
lUV 79
férîeufemem à faire conftruire «ii
palais , s'informa fi cetartifie n'avoic
pas laifTé après lui quelqu'un de
fes difciples, capable de profiter
des idées de fon maître , & de la
exécuter > Il s'en trouvoit deux à
la cour du roi de Sardaigne.
Saccheui , paflant pour le plus
habile <, fiit envoyé en Efpagnc ,
où il fit le modèle du palais aâuel-
Icment exiftant. Il fut approuvé ,
la guerre touchant alors à fa fia.
L'impatient monarque voulut ,
malgré les difEérentes objedttons .,
de fes miniftres, que Touvrage fe
commençât-, mais la continuation
de la guerre fut caufe qu'on y tra-
vailla fi lentement , qu'il fembloit
qu'on craignoit qu'il ne finit. Ce-
pendant , dès que la paix fut fignce»
la reine même pouffa l'ouvrage
avec tant d'ardeur , que Sacchctu
eut la fatisfaûion de le voir >avancet
avec rapidité. Cette anec lote feroît
vraifemblablement demeurée enfé-
velie dans un étemel oubli , fi le
roi régnant ( Dom Carlos) ne l'avok
pas révélée lui icme dans un mo-
ment de bonne humeur , à quel-
ques-uns des courtijàns de fa fuite ,
la première fois qu'il fut voir ce
palais à fon retour de Naples.
Elle eftaffez finguliere, & efl: pro-
pre à donner une idée del'éténdue
de la politique de la reine ^ de la
rufe d'un miniftre , & de la: fim-
plicité d'un artifte célèbre, t Article
fourni & extrait du Voyage de
/Londres à Gênes ].
JUVENAL , {Deciushnlus) poète
Latin , d'Aquin en Italie , paffa à
Rome , où il commença par faite
des déclamations, & finit perdes
fatires. Il s'éleva contre la paffion
de Néron pour les fpeétacles , &
fur-toût contre un afteur nommé
Paris , bouffon & favori de cet em-
pereur. Le dédamateur fatirique
refta impuni fous le règne de Néron;
msis f<9u» celui de Domlj^ , PéH^
«o ÎVV
«ot le aidit de le £aîre eiîler ; U
Bit eavoyé , à Tàge de quatre-vingts
ans Y dans la Pentapoie , iur les
£rontieres de l'Egypte & de la Libye.
On prétexta qu'on y avoit bef^ÎA
4le lui pour commander la cavii-
lerie. Le poëte guerrier eut beau-
coup à foufErir de l'emploi dont
on Taroit revêtu par dériûon ; mais,
quoique oâogénaire , il furvécut à
Con perfécuteur. Il revint à Rome
oprts fa mort , & il y vivoit encore
Ibas Nova & (bus Trajan, Il mourut,
ta ce qu'on croit, l'anizSdeJ.C
Nous avons deluixvi Satires, Ce
font des harangues emportées, /u-
venal , mi&ndirope furieux y mé-
difoit uns ménagement de tous
ceux qui avoient le malkeur de
lui déplaire : eh! qui ne lui dé-
plaifoit pas? Le dépit, comme il
le dit lui-même , lui tint lieu de
%éme:Fadi ùuSgnado vafum. Son
ftyle eft fort , âpre , véhément -,
mais il manque d'élégance, de pu-
reté , de naturel , & fur-tout de
décence. Il s'emporte contre le
vice , & il met les victeux tout
nus « pour leur £ùre mieux fentir
le fouet de la fatire. Quelques
fa vans , chargés de grec & de latin,
mais entièrement dénués de goût »
l'ont mis à côté é!Horéct -, mais
^iclle différence entre l'emporte-
ment du Cenfeur impitoyable du
iiecle de DomùUn , & la déHcatefle ,
l'enjouement, la finefle du Sati-
rique de la cour à*Augu/îc ! t^Jupenal^
>* ( dit l'auteur de V Année littéraire ,
^ année 1779, n.® ix.) n'a qu'un
>» ton & qu'une manière •, il ne
'y> connoSt ni la variété, ni la
w grâce. Toujours guindé , tot^ours
>f en^hatique & dédamateur , U
H fatigue par fes hjrperboles con-
)> tinuelles&fon étalage derhéteur»
S) Son flyle rajnde , harmonieux ,
»* plein de chaleur & de force, eft
» d'une monotonie afTommante. Il
^ efl prefquc toujours recherchée
y V v
M outré dans fes expreffiotis ; fe
9» fes penféesi font fouvent étraa-
f> glées par une préciûon dure qui
n dégénère en obiburité. Horace ,
» au contraire , e& toujours aifé »
«• naturel, agr^le, & pour plaire
M il fe replie en cent £2çons Sffàr
n rentes ', il fait
CofM Toîx lé^er*
Fafler da gnne au doux , du platikac au
férere.
9* Sondylepur , élégant, facile ^
n n*of&e aucune trace d'afFeâatioft
>• & de recherche. Ses Satires ne
M font pas des déclamations ëlo-
» quentes -, ce font des dialogues
M ingénieux^ des fcenes charmantes,
'> où chaque interlocuteur eft peint
>» avec une findSe& une variété ad-
• mirables. Ce n'eft point un pé-
M dant tnfte & farouche , élevé
M dans les cris de l'école -, un fom-
j* bre mifânthrope , qui rebute par
» une morale chagrine & iâuvage ,
» Qc Êdi ha'ir la verm , même ea
» la prêchant : c'efl im philofophe
M aimable , un coiutifan poli » qui
n fait embellir la nôfon , & adoucir
» l'auftérité de la fageàe. Juvenal
M efl un maître dur & ievere^ qui
» gourmande iès lefteurs ; Horat€
»» efl un ami tendre , indulgent &
9 facile , qui converie familière-
V* ment avec les ûens. Les inveâi-
w ves ameres » les r^rodies (an-
M glans de Juvenal , irritem; les .
n victeux uns les réformer ;. les
» traits plaifans , les peintures co-
M miques d* Horace ,. corrigent les
»^ hommes en les amu^t u. Les
meilleures éditions de JuveiuU font :
I. du Louvre, i644,in-fol. II. Ctam
MOUS VArUruM , AmÀerdam > 1684^
in-S"*. m. Ad ufum Delphinî^ 16S4 »
in-4MV.De Cafauboriy
169 j , in-4** ,,efHmée. V»De Paris,
1747, in-ii , fort-belle. VI. De
Basherv» ,1761 ,in-4^ , magnifique.
Enfin , celle de Sanâhy y 1763 1^
In-S^ » fig. dont les exemplaires en
gtand
fTùà papier font préférés. Latrâ*
duftion de ce poëte par le P.
Tmeron étoit la meilleure , avant
celle qu'en a publiée M. Dujfaulx ,
i Paris, 1770, in- 8**.
JUVENCUS , ( Ciûus Vtcàus
A^^mJmtis) l'un des premiers poètes
Oirétiens , naquit en Efpagne d'une
famille iltuftre, Il mit en vers latins
kVicdiJisvs'CHRisTy en 4 livres,
vers 329. Ce poëme eft eftimable,
«oins par la beauté des vers & la
pureté du latin / que par l'exac-
titude fcrupulêufe avec laquelle il
afliivi le texte des Evangéliftes.
On le trouve dans la Bibliothèque
des PP. , & dams le Corpus Poet, de
hialuaire.
JUVENEL DES Ursins, Foyei
Uksins , n'^ 1 6» n.
JUVENEL DE CarlencAs (Fé-
lix de ) naquit à Pézenas , au mois
de Septembre 1679. Après avoir
fait fi^ études chez les PP. de l'O-
ratoire de fa ville , il fit un voyage
à Paris-, où il demeura une année *,
il revint chez lui , & s'y maria.
L'hymen l'ayant fixé à Pézenas ,
il ne s'y occupa qu'à remplir les
devoirs de bon citoyen & de père
de Camille , & à fuivre fon atAait
pour l'étude de THiftoire, Il n'avoit
d'abofd d^autre vue que fa propre
inflruâion -, il peiifa enfuite à
celle de fon fils. II- écrivit en fa
faveur les Principes dt l*hl/lolre, C'eft
un voJ. in-ii , donné au public en
1733 , à Paris , chez Banh&lcml
Alix Carlmcas fît enfuite des
EjIfaXs fur £Hlfijirt des Sciences , dis
Belles» Lettres & des Arts > il y en a
eu 4 éditions a Lyon , chez les
frères Dupùùn, La i'* efl de l'année
1740 , en un vol. în-12 -, la a^ en
1744, 2 vol.-, la 3^ en 1749, 4
vol. ; & la 4*" en 1757 , 4 vol.
in-8°. Cet ouvrage , catalogue alTez
imparfait des richeffes littéraires
des différens fiecles , a eu beaucoup
de fuccès. Il a été traduit en alle-
mand & en anglois. Il auroit vrai-
feipblablement étéfuivideplufieurs
ai!Éies , fi de grandes infirmités,
jointes à un âge fort avancé , n'y
avoicnt été un obflade. L'auteur
mourut à Pézenas, le 1 1 Avril 1760^
âgé de 80 ans. Il étoit de l'aca-
démie des belles-lettres de Mar-
feille. La modeftie , la douceur ,
la politeffe , la complaifance , und
probité à toute épreuve , un par-
fait défintéreffement, une fincere ap-
plication à remplir tous fes devoirs y
formoient fon caraâere.
Tome y*
Bi
K
KaBEL , To^'qVANDER-KABEt.
KAHLER, { Wigand oa Jean )
théologien Luthérien, né à "Wol-
mar dans le Landgraviat de Heffe-
Caffel, en 1649, fut profeffeuren
poéfie,en mathématiques & en théo-
logie, à Rinteln , & membre de
la fociété de Gottingen. Il mourut
en I7i9» Oi^ ^ ^c lui un grand
' ftombre de Dljfertatlons fur des ma-
tières de théologie & de philofo-
phie , réunies en a vol. in- 12 ,
Rinteln, 1710 & 171 1.
KAIN , ( Henri-Louis le) célè-
bre adeurde la comédie FrançoM,
lié à Paris en 1729 , a été faufle-
fnent appelé le Serrurier ; car il ne
l'a jamais été. Son premier métier
létoit de travailler en acier les
inftrumcns propres aux opérations
de chirurgie. Un tapiffier le fit
Connoitre à Voltaîrt , qui ayant dé-
mêlé fcs talens pour la fcene tra-
gique , à travers une figure peu
agréable & un organe peu fonore ,
- V Iç tira de fa boutique , le prit pliez
Vo lui , & après lui avoir donné des
leçons fréquentes , le fit recevoir
a la comédie françoifc. »» Baron
r> (difoit-il) ctoit plein de no-
*♦ bleffe , de . gtçcè & de finefîe;
jh Beaubourg étoit un énergiunene ;
>» Ju Frefne n'avoit qu'une belle
?» vois: ôc un beau vifage -, le Kam
9» feula été vérit^îement tragique w.
Ce poète ne vit poiirtant jamais
^ iur le théâtre François , celuhgK^^^^
- âppeloit fon p-and akcur ,' ion
\CanUht foîi enfant ekérl, l:e (fCain
■ \ lae put y monter que quelques jqurs
^^ après "le départ ie l'auteur de la
Henrlàdc , pour la Pruffe , & , au
moment où Voltaire ,. âgé de 84 ans ,
ir^ntroit à Paris, apr^s une^abfence
de 27 ans ; on lui annonça qud
le Kaln venoit de dcfcendre au
tombeau Cet aûeur débuta en
1750 , par le rôle de Bnuus, Soi»
début , qui dura 17 mois , fut auiS
pénible que brillant. On ne l'ap-
peloitque le Convulfionnaîre. Tout
le monde difoit du mal du nouvel
afteur , & tout le monde couroit
le voir. Ce ne fut qu'après avoir
joué à la cour le rôle à'Orofmane »
qu'il put obtenir fon ordre de ré-
ception : il en fiit redevable aux
fufirages de Louis XV, On avoit
tâché de prévenir ce prince contre
lui -, mais , après la repréfentation ,
il parut étonné qu'on parlât fi mal
d'un aûeur qui l'avoir ému. // m'a
fait fleurer , dit le roi , moi qui ne
pleure guère i & il fiit reçu fur ce
mot. Le. Kaln avoit en effet de
grands talens. Le feu fombre 6c
terrible de fes regards , le grand
caraftere imprimé fur fon front , la
confraftioin de tous fes mufclcs , le
tremblement de fes lèvres , le ren-
verfement de tous fes traits , toufi
en lui feivoit à peindre les diffé-
rens accens du défefpoir , de la
douleur , de la fenfibilité , & à
marquer les différentes attitudes de
la grandeur , de la menace , de la
fierté. Des études confiantes &
réfléchies Tavoient conduit à la
perfe(flion de fon art , auquel il
confacroit fon temps , fes foins ,
fes dépenfes. Il eft le premier qui
ait eu de véritables habits de cof-
tume , & il les defiînoit lui-même
avec TexaéHtude d'un homme qui
connoiflbit l'hiftoire & les moeurs
des peuples. Cet afteur ne con-
tribua pas peu , par fon jeu pathé-
tique , au grand fuccès d«s 7>a^
K A I
'£is iû gfand-homme qui l'avoît
formé, & fur-tout à celui 6* Adé-
laïde du Gmfclln , qu'il remit au
Aéâtreen 1750. Lt Katn portoit
dans la fociété beaucoup de fira-
plicité. Sa converfation étoit fage ,
& nourrie de difcuffions utiles ,
même fur des objets étrangers à
la fcenc tragique. Un fens droit
caradérifoit fon efprit. Il avoit
quelquefois de la gaieté : mais on
appercevoit plus ïouvent en lui
Cette mélancolie, principe & aliment
des paiEons qu'il éprouvoit comme
il favoit les peindre. Quelques
critiques lui ont cependant reproché
de s'être fait une manière trop pé-
fiiblement énergique , d'avoir cir-
, confcrit le nombre de £qs rôles
dans uû cercle trop étroit » de
n'être pas toujours entré dans l'efprit
de fes perfonnages : on fait , par
exemple, qu'il rendoit tout le rôle
de Nîcomede avec lïne ironie con-
tinue, qui n'étoit rien moins que
diéâtrale , &c. &c. &c. Il mourut
â Paris d'une fièvre inflanunatoire ,
le 8 Février Î778 , à 39 ans.
Voltaire connoiiTant raviliffement
©ù étoit parmi nous l'état de co-
médien , lui avoit d'abord confeillé
de jouer la comédie pour fon
plaifîr, mais de n'en Jamais faire
fon état. Le Kaln fe repentit plus
d'une fois de n*avoir pas profité
[ de ce confeil. Indépendamment
. des tracafferies que la jaloufie fuf-
clte au talent , il effuya des chofes
défagréables dans la fociété- Un
officier s'exhala un jour devant lui
^ reproches infultans , fur la for-
tune & lé luxe des comédiens ,
tandis que les militaires fe retiroient
ïvec une chétive penfion. E!i !
«mpte^vous pour rUn , ( lui dit le
Kain ) , le droit que vous àroye^ avoir
& me dire tn face tout ce que je viens
d^entmdre ? Il parut , peu de jours
après fa mort , une petite brochure
*n^^, intitulée : La rcçonnoiffance
K A L ?j
ée te Katn envers M» de VoUaîrefon
bienfaiteur, C'eft un morceau de ta-
pifferie , dont il n'y a de bon que
le canevas.... Cet article eft tiré ,
en partie , de V Eloge de le Kaln
par M^de la Harpe,
KALIL, Foyei Patrona.
K ALT£YSEN , ( Henri ) Domi-
nicain, né dans un château près
de Coblens , au diocefe dé. Trêves ,
de parens nobles , parut avec éclat
au concile de Bâle. 11 y réfuta
avec force les hérétiques de Bohêmet
en 1453. Il devint enfuite arche-
vêque de Drontheim en Norwege,
& de Céfarée. Ce prélat fe retira fur
la fin^ de fes jours , dans le couvent
des Frères Prêcheurs à Coblens , oitt
il mourut le z Octobre 1465. Il
nous refte de lui un Dtfcours qu'it
prononça au concile de Bâle , fur
la manière de prêcher la parole de Dieu»
C'étoit un des hommes les plus
laborieux de fon ordre,
K AM*HI , empereur de la Chine ^
petit-fils du prince Tartare qui la
conquit en 1644 , monta fur le
trône en 1661 , & mourut en 1722 »
à 71 ans. Son goût pour les arts
6c les fciences des Européens , l'en-
gagea à fouf&ir les mifiionnaires
dans fes états. Ce prince avoit tout
l'orgueil & tout le fafte des Afiati-
ques. Sa vanité alloit , dit-on ,
jufqu'à ne pouvoir fouffrir que ,
dans les Cartes géographiques, on
ne mît pas fon empire au .centre
du monde. La plupart de celles
qu'on a dreffées fous fou irégne »
au moins deptus qu'il »ut -Eait con-
noître fon ambition fur ce point ,
font conformes à fes défirs. Lo
Père Matthieu Ricci , Jéfuité , fut
obligé de s'y conformer comme
les autres , & de renverfer l'ordre
qu'il devoit fuiw , pour plaire à
cet empereur , dans la Carte ChU
nolfe du Tnonde^jéiil drcffa à Pekin^^ .
La curiofité de Kam-Hl n'avoit
point de bornes : il vouloit favQJjç
'S4 K A N _
Jusqu'aux chofes qu'il luî cîbftvô-
noit d'ignorer. Un jour il voulut
s'enivrer , pour connoître par lui-
onême l'effet flu vin.
K A N D LER ,( Jean-Joachim)
commiflaire de la chambre de la
cour électorale de Saxe, né en 1706
à Selingftadt en Saxe, mort en 1 776,
fut le maître des modèles de la fa-
tbrique de porcelaine de Meiffen. Il
excella dans de genre. On a de lui
im grand nombre d'ouvrages exé-
cutés par lui ou fur fes deffeins , &
cnne peut rien trouver déplus élé-
gant & de plus moelleux. Tels font
T Apôtre 5. Paul, de grandeur na-
turelle -, S, Xaxîer mourant ; la Fla^
jtcUationduSauvcur;^ les X 11 Apôtres;
un CarrlUon tout de porcelaine -,
divers Crucifix , (yc. Il fit en 1 7 5 o un
chef-d'œuvre : c'étoit un Cadre avec
des guirlandes de fleurs, & diver-
ses autres figures hifioriées , en re-
lief, pour entourer un trumeau de
\ glace de la manufaôure de Drefde ,
avec la TahU à confole qui devoir
être placée delTous. Le roi Âugu/h
«voit deftiné ce préfcnt à Louis XV^
L'artifle en fut le porteur , & il
reçut les éloges & les récoAipenfes
qu'il méritoit. A l'exception de ce
petit voyage en France, KandUr
n'étoit jamais forti de fon pays. Il
n'avoit point vu ces fameufes gale-
ries de ftatues , dont l'Italie fe glo-
rifie. Son maître fiit un Allemand.
Il atteignit cependant à la perfe^on
de fon art -, il dut tout à £bn génie,
KANOLD, (Jean) médecin de
Breilaw , mort en 1729 , à 49 ans,
iaifTa des Mémoires en allemand ,
fur la Nature & fur Us Ans , très-
curieux.
KAPEL, Voye:^ Capel.
KAPNTON, Voye;{^ Reukliic.
I. KARA-MEMMET, bâcha
Turc, fignala fon courage aux fie-
gcs de Candie, de Kaminicck & de
vienne, & fe difHngua au com-
bat donné à Çhoczin. Apres avoi^
t
K A R
été pouivii du igouvememênt ^
Bude en 1684, il y fitune vïgou^
reufe réfiflance contre les Impé-
riaux -, mais il mourut pendant le
fiege , d'uti éclat de canon , qu'il
reçut en donnant des ordres fur les ^
remparts. Il avoit, peu de temps
auparavant , fait tuer 40 efclaves
Chrétiens , en préfence d'un officier»,
qui rétoit allé fommcr de fe ren*
dre de la part du prince Chat-Us de
Lorraine : adion horrible > qui ternit
toute fa gloire.
II. KARA-MUSTAPHA, neveu
du grand-vifir Coprogll, Son oncle le
fit é'ever parmi les Icoglans , ou
jeunes gens du férail. Il fe fit ai-
mer des eunuques , & , en moins de
dix ans ^ il fut mis au nombre de&
officiers de la chambre du tréfor-
Un jour la fultane Validé y étant
allée avec l'empereur Mahomet IV »
fut charmée de l'air & de la bonne
mine du jeune Muflapha, en fit fon
amant & lui accorda {es bonnes
grâces. Ce fut par la proteâion de
cette princeiTe qu'il fut élevé , de
dignités en dignités , juiqu'à Içi place
de grand-vizir. Le fultan ajouta à
ces honneurs , celui de lui faire
époufer fa fàlle. Son mmiflerie au-»
roit été auflî heureux que brillant ^ . !
s'il fût moins entré dans les intri>
gués du férail. Amoureux de la
TprmceSe Bafch'Carî , fœur de Ma-
homet , il mit tout en oeuvre pour
la pofféder ; mais inutilement. La
fuîtane Validé, indignée des mépris
de Mu/iapha , qu'elle feule avoit '
élevé , fit avorter tous les deffeins |
de ce miniflre. Muftapha , pour fe
venger, fit ôter à la fultane Va^UU
la part qu'elle avoit au gouverne- i
ment de l'empu-e. Il n'en fallut pas
davantage pour l'expofer à l'indi-
gnation de cette princefTe. Elle
appuya auprès du grand-feigneur j
les murmures qu'excitoient & fa
mauvaiie conduite dans la guerre
dç Hongrie , & fa lâcheté an ûegc
K A R
4fe Vienne , qu'il levahontcufement
tn 1683 , après y avoir fait périr
les meilleures troupes de l'empire
Ottoman. Elle Te fervit enfin de la
perte de Gran ou Strigonic , pour
animer les JaniiTaires à la révolte ,
& pour obliger par ce moyen le
grand-feigneur de le facrifier à la
haine publique. M^h^met eut d'a-
bord de la peine à y confeûtir ;
mais fe voyant contraint-, il lui
envoya fon arrêt dé mort par deux
igas des JaniiTaires , qui l'étrangle*
leat à Belgrade le 25 Décembre
1683, Voyei Fromaget.
KARIB-SCHAH, defcendoitdes
attciens rois des Kî/eh , peuple de
îa province de Kilan, dans le royau-
me de Perfc. Né avec de l'ambition
& du courage , il voulut ôterla pof-
fcffion de cette province à Schak^
Sophî , roi de Perfe , fucceffeur de
Schah-Abbas , qui l'avoit conquife
en 1600. Il leva une armée de 14
mille hommes « & prit d'abord la
ville de Refcht. Il occupa enfuite
toutes les avenues de Kilan ; mais
le roi de Perfe envoya contre lui
wie armée de 40,000 hommes , qui
défirent entièrement la fienne, &
ic faifirent de fa perfonne : il fut
mené à Casbin , où étoit le Sophl ,
lequel ordonna qu'on lui fit une
entrée magnifique par dérifion , &
qu'il fut accompagné de 500cour-
jiûnes, qui lui firent effuyer mille
indignités dans cette ridicule céré-
monie. Lorfqu'il eut été condamné
a mort, on commença fon exéai-
fton par un fupplice aàez extraordi-
naire. Il fut ferré aux pieds & aux
vaàns conune un cheval ; & après
qu'on l'eut lailTé languir ainfi pen-
dant trois jours, il fut attaché au haut
d'une perche dans le Meidan au
grand marché , & tué à coups de
£eches. Le roi tira le premier coup.
KARMATIENS, Voyc^ Abud-
BAHEN.
KAUT| Éîttneux hérédque An^-
KEC 8<
baptîfle , qui s'éleva à AVormes vers
l'an 1530, & qui penfa plonger It
Palatinat dans de nouvelle, guer-
res civiles. 11 prêcha avec lemêm*
efprit que le fanatique Munccr. tl
annonça qu'il falloit exterminerles
princes , 6c qu'il avoit reçu pour
cela rinfpiration infaillible du Très-
haut. L*éle£^eur le fit avertir de
contenir fon zèle. Kaut n'en devint
que plus infolent. Il ofa même dé-
clarer au prince, qu'il oppoferoit
à {t& armes le glaive de la parole*
La ville de W^ormes étoit tellement
attachée alors à ce faux prophète ^
que le prince crut plus prudent ilè
ne pas le traiter à la rigueur. On
le fit obferver, & l'on garda les
avenues de la ville , pour empêcher
les Anabaptiites étrangers de s'y
introduire. Enfin , pour dernière
précaution , on oppofa au ^nati-
que deux prédicateurs Luthériecs*
La faâion naiifante étant devenue
la plus foible à "Wormeç , ne fiit
plus en état de défendre fon paf-
-teur ; nfeis elle le fuivit dans fon
exil. On vit une troupe de perfon-
nes des deux fexes courir à la cam-
pagne après l'apôtre de la fédition.
La prifon feule & les fupplices dé-
livrèrent le Paladnat d'une pcfte
qui recoramençoit à l'infefler,
KAYE, Foye^CAÏus, n** m.
KEATING , . ( GeofFroi) doûeur
& prêtre ïrlandoîs , natif deTippe-
rari, mort vers 1650 , efl auteur
d'une Hifioîrc dts Poètes de fa na-
tion , traduite d'irlaiidois en an-
glois , & imprimée magnifiquement
à Londres en 1738, in-folio, avec
les Généalo^cs des principales famil-
les d'Irlande,
KECKERMANN , ( Barthelemî )
profeffeur d'hébreu à Heidelberg,
& de philofophie à Dantzick fa pa-
trie s, mourut dans cette ville en
1609, à 36 ans. On a de lui plu-
fieurs ouvrages recueillis à Genève ,
16 14, 2 vOl, in-folio , quînefoii
F iij
^
^6 K E I
que des compilations. Les plus con-
nus font deux Traités fur la Rhé-
thorique ; le i*^^^ publié d'abord en
1600 , fous le utre de Rhctorlca,
EccUfiaJHcit lihri duo i & le a*' en
1606 , fous le titre àeSyfiema Rhc-
thoriue. Ces deux produâions font
affez méthodiques -, mais les réfle-
xions qu'elles renfemïent ne font
ni neuves , ni profondes.
K£ILL, ( Jean) profeffeur d'af-
tronomie à Oxford , membre de la
fociété royale de Londres , & dé-
chif&eur fous là reine Anne , na-
quit en ËcoiTe , & mourut en 172 1,
à 50 ans. C'étoit un philofophe
modéré , ami de la retraite & de la
paix. Cet habile homme laiffa plu-
fieurs ouvrages d'aftronomie , de
Î>hyfique & de médecine , tous éga-
ement eitimés des connoifieurs. Le
plus connu dk fon ImroduBion à la
Phyfiquc &à VAJironomu, en latin,
Leyde , 1739 , in-4*^. M. U MonUr
le fils, célèbre aftronome, a tra-
duit en Érançois la partie aftrono-
mique de cet ouvrage eftimable,
Paris, 1746 , in-4°.., Jacques Keill
fon frère, excellent médecin , mort
à Northampton en 17 19 , à 46 ans ,
cft auteur de pluficurs Ecrits fur
<bn art , qui ont été recherchés
V<iyei JuRiN & Leibnitz.
/. KEITH , ( George ) fiameux
Quaker , né en Ecoffe d'une femille
obfcure , nioit l'étenuté des peines
de l'enfer , enfeignoit la métempfy-
cofe , & plusieurs autres opinions
extravagantes. Celle des deux Chrîjis,
( l'un terreftre & corporel , fils de
Marie , né dans le temps ; Tsutre fpï-
rituel , célefte ^ éternel , réfidant
dans tous les hommes depuis la
conflitution du monde , ) lui caufa
^e longues & fâcheufes affaires. Il
parcourut rAUemagne, la H9llan-
de , l'Amérique ^femam par-tout fes
rêveries , qu'il mêloit avec les vé-
rités les plus augufles. Cet infenfé
^t pMcurs (ois çoxidpmé > f^fis
K E I
vouloir fe foumettre. De retour éi
Europe, en 1694, il parut au fy-
node général de la fefte des Trem-
bleurs , tenu à Londres la même
année , & y fiit condamné malgré
fon enthoufiafme &fon babil ; mais
comme l'opiniâtreté eft le propre
de l'héréfîe , & fur-tout du fanacbC-
me , il mourut dans fes erreurs.
//. KEîTH , ( Jacques ) feld-marc-
chal des armées du roi de Pruffe »
étoit fils cadet de George Keith ^
^omte-maréchal d'Ecoife , & deAfa-
rle Drummond, fille du LordFertA^
grand-chancelier d'Ecoffe fous le
règne de Jacques IL II naquit ea
1698, à Freterreffa, dans le She-
ri£sdon de Kincardin. Ayant pris
parti pour le Prétendant avec foa
fi-ere aîné , & les entreprifes de
ce prince n'ayant pas été heureu-
fes en 171 5 , il pafla avec fon frère
en Efpagne. Il y fut officier dan»
les brigades Irlandoifes , pendant
dix ans. Il alla enfuite en Mofco-»
vie , où la Czarine le fit brigadier-
général ^'Ôc peu de temps après lieu-
tenant-général. Il fignala fon cou-
rage dans toutes les batailles qui fe
donnèrent entre les Turcs & les RuiV
fes fous le règne de cette princefie»
& à la prife d'Ockzakow , il fut
le premier qui monta à la brèche ^
& fut blefTé au talon. Dans la guerre
entre les Rufles & les Suédois, il
fervît en Finlande en qualité de
lieutenant-général. Ce fut lui qui
décida ie gain de la bataille de Wil-
manftrand , & qui chafia les Sué-
dois des ifleç d'Aland , dans la mes
Baltique. A la paix conclue à Abc»
en 1743 ^ il fut envoyé , par l'im-
pératrice , ambaffadeur à la coui; de
Stockholm , où il fe diftingua par
fa magnificence. De retour à Péters-
bourg , l'impératrice l'honora du
bâton de maréchal; mais, fes appoin-
temens étant trop modiques ^ il fe
rendit auprès du roi dePrufle, ja-
Iqxgs. de ûx^ les taleas auprès d^
K E t
SiiL Ce prince lui alTura une forte
penfion , & le mit dans fa confiance
la plus intime. Il parcourut avec
lui la plus grande partie de l'AUe-
ma^e , de la Pologne , de la Hon-
grie. La guerre s étant déclarée en
1756 , Kûth entra en Saxe en qualité
de feld-maréchal de l'armée Fruf-
iienne. Ce fut lui qui affura la belle
letraite de cette armée après la levée
do fiege d'Olmutz en 1758. Il fut
tué cette même année, lorfque le
comte de Daun furprit & attaqua le
camp des Pruffiens à Hockirchem.
le général Kdth étoit homme de
tête & homme de main. Il avoit
médité beaucoup fur l'art militaire.
Il poffédoit d'ailleiurs d'autres qua-
Tués, qui lui méritèrent l'eûime
des honnêtes gens. Mylord Mare-
€kal, fon frère , écrivit à Mad®
Gevfiin : »» Mon frère m'a laiffé un
« bel héritage ! U venoit de mettre
»♦ à contribution toute la Boliême ,
M à la tête d'une grande armée*»
« & je lui ai trouvé 70 ducats *<.
I. KELLER , ( Jacques ) CclU-
nus ^ Jéfuite Allemand , né à Sec-
kinghen en 156S, mort à Munich
le 23 février 163 1 , à 63 ans, pro-
fcfia avec diftin£fcion les belles-
lettres » la philofophie , la théolo-
gie, fut confeffeur du prince & de la
princefTe de Bavière, & fe fignala dans
.les conférences de controverfes..
On a.de lui divers ouvrages contre
les Luthériens & contre les* puif-
ûnces ennemies de l'Allemagne. Il
s'y déguife fouvent fous les noms
de Fabius Hercînianus , d'Aurimomius,
de Didacus Tamlasy &c. Son ouvrage
contre la France , intitulé : Myfletià
folîûca , 1625 , in-4** , fut brûlé par
fentence du Châtelet , cenfuré en
Sorbonne , & condamné par le
. clergé de France. On attribue kKel-
Ur le Coma Tumais , pour répondre
au Chant de la Toururtlie , de Gravina,
IVoye^ I. Estampes.]
IL KELLER » (leaû-Balthafàr)
K E M 87
excellent ouvrier dans l'art de fon-
dre en bronze , natif de Zurich ,
jeta en fonte la Statue équellre de
Louis XI f^, que l'on voit à Paris "
dans la place de Li^uis le Orand^
Cette ftatue ^ haute de io pieds ,
& d'unfeul jet, fut terminée le i^*
Décembre 1692. ïi fiit fait infpec-
teur de la fonderie de Tarfenal ,
& mourut en 170I. Jean - Jacques
Keller , fon frère , étoit auili très-,
habile dans le même art. '
KEMNITIUS, Foy, Chemnitz;
KEMPIS , ( Thomas a) né au
village de ce nom , diocefc de Colo-
gne , en 1 380 , entra en 1 399 dans
le monaftere des chanoines régu-
liers du Mont Sainte-Agnès près de
Zvol , où fon frère étoit prieur. Ses ,
aôions & fes paroles portoient à la
vertu. Doux avec fes confrères ,
humble & fournis avec fes fupé-
fieurs , charitable & compatiffanc
envers tous , il fut le modèle de
cette piété aimable qui change en
paradis l'enfer de ce monde, ion
occupation principale étoit de co-
pier des ouvrages de piété & d'en
compofer. Ceux que nous avons
de lui , refpirent une onftion , une
fimplicité , qu'il eft plus facile dm
fendr que de peindre. Les meil-
leures éditions que nous en ayons »
font celles de Sommalius Jéfuite i
à Anvers, 1600 & 161 5 , 3 vol.
in-8°. La plus grande partie de ces
excellentes productions , a été tra-
duite en françois par l'abbé de i?«/-
àgarde , fous le titre de Suite d^ *
r Imitation de J, C. in-24 -, & par lo
Père VaUme , Dodbrinaire -, fous ce-*
lui èl Elévations à /. C, fur fa vie &
fcsmyfteres^ in-ix. Thomas -< Kem^
pis mourut faintement le 25 Juillet
1471 , à 91 ans. On lui attribue
affez généralement le livre de 1*/-
UITATXON de J,C.i & cet ouvrage
qui ne prêche que la douceur & la
concorde , a été un fujet de que-
Xiàle entre les Bénédidins de Sain&*>
F iv
ê8 K E M
Maur & les chanoines réguliers de
Sainte^enevieve. Foye^its articles
Naudé (Gabriel) , &D. Quatre-
MAIRE. L'auteur de ce ^chef-d'œu-
vre d'onâion & de piété prit au-
tant de foin de fe cacher , que les
autres écrivains s'en donnent pour
être connus. Il pratiqua lui-même
le confeil qu'il donne à tous le^
vrais Chrétiens : Ama nzsciri, Soà
ouvrage , admirable malgré la né-
gligence duftyle, touche beaucoup
plus que les réflexions pétillantes
de Sétuqut , & les froides confola-
tions de Boëce, Il charme à la fois
le du-étien & le philofophe. Il a
été traduit dans toutes les langues ,
& par-tout il a été infiniment goûté.
On rapporte qu'un roi de Maroc
Tavoit dans fa bibliothèque , &
qu'il le lifoit avec complaifàince.
La première édition latine eil de
1492 , in-i2 , gothique. H en exif^
toit alors une vieille traduâion
fi-ançoife fous le titre de VlntemtlU
0or^lation, dont le françois paroit
auài ancien que Thomas a Kcmpis:
c'eft ce qui a fait douter fi ce li-
vre avoit d'abord été compofé en
latin, ou en âançois. L'abbé Xen-
fUt a tiré, de cette ancienne tra-
duâion , un chapitre qui n'étoit pas
dans les verfions latines. Ce livre
de VInumdU confolation a été impri-
mé plufieurs fois dans le xv^* fie-
cle, in-8MVl. l'abbé r«//^»t publia
une jolie édition de V Imitation chez
Barbou en 1 7 5 8 , in- 1 2 , purgée d'un
frand nombre de fautes. Celle d'£/-
\evîr , in-i2 , à Leyde , fans date ,
avec deux figures au fedntifpice,
cfl encore plus recherchée & beau-
coup plus chère. Il y en a eu aufli
une édition au Louvre , in - fol.
1640 , en gros caraûere , dont l'im-
pref&on efl très-bellei mais elle n'eft
pas d'un ufage commode, & elle
ne peut fervir que pour les grandes
bibliothèques. ÙabhéDeshilIons, en
adonné une édidon GoGtc à Ma*-
KEN
heîm, 1780, in-8**. ; mais l'édkeur
a négligé de divifer les chapitres par
verfets ; ce qui en diminue beau-
coup le mérite. Une des plus belles
éditions , parmi les difFérentesVer-
fions françoifes qu'on en a £cdtes, eft
celle de la tradut'tion de de Beiâl ,
( Sacy ) in-8** , 1663 , avec figures.
Ceux qui défireront une hiftoire
détaillée des conteflations furve-
nues , au fujet de Vlmîtatîon , en-
tre les Bénédiftins &les Gcnové-
fains , peuvent confulter la Relation
airieufe que Dom Vincent Thmlâer
en a donnée , à la tête du tome i^*^
des Œuvres poflhumes des PP. Aftf-
hlllon & Rmnart,,. Voyt^ G O N N E-
LiEU, Corneille (Pierre),
ôcFronteauI
KEN , ( Thomas ) évêque de Bath
en Angleterre , infbuifitfon clergé,
fonda des écoles , fecourut les pau-
vres, & laifla plufieurs ouvrages
de piété eflimés par les Anglicans..
Il étoit né à Barktamfléad dans la
province de Hertford en 1647, &'
il mourut à Longe-Léate le 29 Mars
171 1 , âgé de 64 ans. Quelqu'un
l'ayant accufé auprès du roi fur
certaines propofkions d'unfermon
qu'il avoit prêché à "Wittehal, ce
prince l'envoya chercher pour fe
laver de ce reproche ; l'évêque de
Bath lui dit , fans s'ébranler : Si
Votre Majefté n* avoit pas négligé f on
devoir , & qu'elle eût ajjifié au fer"
mon , mes ennemis n'aurolent pas eu
occafion de m*accufer. Il juftiâa en-
fuite ce qu'il avoit dit dans fon fer-
mon , & le roi ne s'offenfa point
-de fa liberté. On rapporte que ce
prélat avoit un goût très-vif pour
la mufique & la poéfie , qu'il dor-
moit peu , & qu'il chantoit tous les
jours un hymne aux accords de fon
luth , avant de s'habiller.
L KENNETT, (White) évêque
de Péterboroug , fonda une biblio-
thèque d'antiquités & dliifloire
dans fa ville épifcopate , prêcha fc
KEN
iintk avec fuccès. Les ouvrages
Vj^ refteat de lui , prefque tous en
aogiois , décèlent un homme fa-
taBit& un bon littérateur. Ce pré-
lat mourut en lyzS.
II. KENNET , ( Bafile ) frère
du précédent , autant diftîngué par
fa fcience que par la pureté de fes
moeurs, mort en 171 4, laifla plu-
lîears ouvrages en anglois , parmi
lefquels on difHngue les FUs des Poè-
tes Grecs , les Antiquités Romaines ,
des Sermons en 5 vol. -, &^une ver-
fiondu Traiié des Lus dé Pujfmdorff,
KEPPEL, Voy. Alb£MARL£.
L KEPPLER, ( Jean ) célèbre
aftronome , naquit à ^éX le 27
Décembre 1 5 7 1 , d'une famille illuf-
trc , qui efTuya bien des infortu-
nes. Ces intbrtunes retardèrent {çs
études -, mais dès qu'il put les con-
tinuer fans interruption , il alla au-
delà de ce qu*on auroit dû efpérer
d'un jetuie homme. Dès l'âge de
20 ans , il profeffa la philofophie -,
& s'étant attaché enfuite à la théo-
logie, il fit quelques dîfcours au
P€uple , qui annonçoient les plus
grands talens pour le miniftere. Sa
paflîon pour l'aftronomie le dégoûta
de toute autre occupation. Il fe vit
bientôt en état de remplir la chaire
des m^ématiques à Gratz. Un
Calendrier qu'il fit poiu- les grands
deStirie , auxquels il devoit fa chai-
re, lui fit un nom diftingué. Tycho-
Braké l'appela auprès de lui en
Bohême l'an 1600 ; & , pour qu'il
fc rendît plus vite à fon invitation,
il le fit nommer mathématicien de
l'empereur. Depuis, ces deux grands
hommes ne fe quittèrent plus. Si
Tychû'Brahé fiit d'un grand fecours
par fes lumières à Kepp/er , celui-ci
ae lui fut pas moins utile par les
fiennes. La mort lui ayant enlevé
cet illuftre ami , ce généreux bien-
feiteur , en 1601 , Kepp/er confacra
fes regrets dans une élégie tou-
chante. L'empereur i?oia^A< //, qui
R E P §9
fe pîqiioit d'être aftronome , & mê-
me aftrologue , fuppléa très-foible-
ment à ce que la mort de Tyçko^
Braké lui faifoit perdre : » Je fuis
» obligé, ( dit Kepplcr dans une de
fes lettres , ) »» pour ne pas désho-
»♦ norer fà facrée Majefté impéria-
a» le , de faire & de vendre à fa
M cour des Almanachs à prédif^ion ,
w les feuls ouvrages qu'on y acliete
>♦ & qu'on y life. Les empe-
reurs MathJas & Fer£nand II Ift
traitèrent avec plus de générofité.
Ils lui continuèrent le titre de Ma"
thémadden Impérial, & lui accordè-
rent différentes gratifications. Il
obtint en 1629 une chaire de ma-
thématiques dans l'univerfîté de
Roftock ; mais il n'eut pas le temps
de l'occuper. S'étant rendu l'année
fuivante à la diète de Ratisbonne
pour fe faire payer d'une fomme
que l'empereur lui avoit promife,
il tomba malade dans cette ville,
& y mourut le 1 5 Novembre 1630» ^
à 59 ans. ^1 avoit été marié deux
fois , & il laiffa des ei^ans de fes
deux époufes. [ Voyt^ l'article fui-
vant. ]Les études profondes qu'il
avoit faites, ne l'avoient rendu ni
dur, ni indifférent. Il pleura amè-
rement fa première femme , & fiit
tendrement attaché à la féconde»
Comme tous les hommes fenfibles >
il eut des chagrins dont il fiit très-
touché. Sa mère lui en donna en
1620 de fort cuifans. Cette femme
acariâtre & cauflîque avoit infulté
gravement une amie , à laquelle elle
avoit reproché des débauches réel-
les , mais cachées. Elle fiit attaquée
en juftice comme calomniatrice.
Ce procès , auffi difpendieux que
défagréable , ne finifibit point.
La mère de Keppler, fe livrant à
l'emportement de fon caraé^ere,
reprocha, en termes injurieux, au
juge de fon affaire ) fa lenteur à la
finir. Ces outrages avancèrent le
procès *, car ce nia^ilrat la fit arrê-
^1 k: E R
blanccs , Rejettent beaucoup it Jour
fur les difficultés hiftoriques , chro-
nologiques & géographiques de
rEaiture-Sainte. III. De Situ Para-
étfi tcncfirls , Louvain , 1 7 3 1 , in-i 2.
Il place le paradis terreftre un peu
au-deffus de la Babylonie , prend
px)ur' le Phifon le bras occidental
de l'Euphrate jufqu'à fon embou-
chure, & pour le Gdion le bras
oriental du même fleuve , depuis
la ville de Cippara , où il fe mêle
à un bras du Tigre jufqu'à l'em-
bouchure du même Tigre , près de
la ville & rifle de Charax : ccfyf-
tême différent de celui de Huet ,
eft peut-être auffi probable. Kerk-
herdere à feit précéder ce traité du
Conatus novus de Ctpha reprchenfo ,
où il foutient que ce Ccphas eft
différent de Saint Pierre. On trouve
encore dans ce volume ime Differ-
tatîon fur le nombre des années que
le Sauveur a inftruit le peuple , &
une autre intitulée : De Cepha ur
eorrepto, JV. Grcmmatica laùna ,
Louvain, 1706, in-12 , de 117
pages , où il y a plus d'érudition
que dans la plupart des grammaires ,
même volumineufes. V. Un grand
nombre de Poéfies latines.
KERVILLARS , ( Jean - M;:rin
de ) Jcfiiite , né à Vannes en 1668 ,
mort en 1745 , à Paris, à 77 ans,
où il profeffoit la philoibphie ,
avoit du goût & de la littér .ture.
^ Nous avons de lui une affcz bonne
traduction des Faftes & Elégies
A'Ovlde, 3 vol. in-ii. , 1724 ,
1726 , I741, Il avoit travaillé
quelque temps aux ^Umoîrcs de
Trévoux.
• KESLER , ( André ) théologien
Lutfiérien , penfionné par Jean Ca-
fimlr duc de Saxe , naquit à Cobourg
en 159c , & mourut -en 1643 ,
avec la réputation d'un bon pré-
dicateur, & d'un affez bon con-
troverfifte. Il lailïa une Philofophte
en 3 vol* in-S** , dont on Reparle
K E Y
plus , 00 des Commentaires fur H
Bible , in-4°.
KETT , ( Guillaume ) cheîd'une
rébellion fous Edouard y Ixoi d'An-
gleterre , étoit fils d'un tanneur , &
tanneur lui-même. Son efprit s'éle-
va au-deffus de fa naiffance : il étoit
délié , fouple , rufé , plein de har-
dieffe & de courage. S'étant mis à
la tête du peuple de Nortfolck , il
s'empara de la ville de Norvick^
mais le duc de ÎTarwîck ayant eu
ordre de marcher contre lui , le prit
& le fit pendre à un chêne , avec
dix des principaux complices de
cette révolte.
KETTLEWELL , ( Jean ) diéo-
logien Anglican , né dans la pro-
vince d'Yorck , mort de confomp-
tion en 1695 , eft connu dans fon
pays par plusieurs ouvrages, dont
le plus célèbre eft intitulé : Les Me»
fûtes de Pohéljfance Chrétienne, Les
Anglois , républicains , ne trouvent
pas ces meîures tout- à-fait exac-
tes. L'auteur étoit zélé Royalifte.
Il avoit dédié fon livre à d^mpton ,
évêque de Londres , partifan dé
l'autorité royale comme lui -, mais
ce prélat ayant changé de fenti-
ment , & s'étant mis à la tête d'un
régiment de gentilshommes con-
tre leur prince , Kettkwell fit ôter
la dédicace.
KEULEK, Voy. Van-Keulen.
KEYSLER , ( Jean-George ) né
à Thornau en 1689 , voyagea en
France , en Angleterre , en Suiflc \
en Italie, en Hollande, en Aîle^
magne , en Hongrie , & fé fit efti-
mer par fon érudition. Il fut trouvé
mort dans fon lit en 1743 , à 54
ans , dans une terre appartenante à
M. de Botnfioifft premier miiiiftre
du roi d' Angleterre , dans l'éleflo-
rat d'Hanovre. Il avoit accompagné
les petits-fils de ce feigneur dans
leurs voyages. La fociété de Lon-
dres fe î'affocia en 17 18. Son prin-
cipal ouvrage fui publie en X73.djt
K ID
à Hanovre , fous le titre é^AntU
çmusfcUBA Septentrionales & Cel-
ûoi, in-8**. On y voit une pro-
fonde connoiiTance des antiquités.
KHUNRAT, Voy. Kunbaht.
KIDDER, (Richard) né à Suf-.
fo^ , d'abord miniilre à Londres «
doyen de Péterboroug , enfuite
évêque de Bath & de ^els , fiit
ccrafé dans fon lit avec fa femme ,
par la chute d'une cheminée qu'une
grande tempête renverfa le 26 No-
vembre 1703. Ce prélat étoit pro-
fondément verfé dans la littéra-
tnre Hébraïque & Rabbinique. On
lui doit : I. Un lavant Commentaire
fur le Pentateuque , avec quelques
, Lettres contre Jean le Clerc, en 2
vol. in-8*^, II. Une Démonftratlon
4e la venue du Mejfze , en 3 vol, in-S*',
ni. Des Ouvrages de Controvcrfe. IV.
Des Uvres de Morale» V. J^^ Ser-
Jttons.
KIEN , Voyei Lanuza.
LKILIAN, (Corneille) né dans
le Brabant , mort dans un ige avan-
cé en 1607, fut pendant 50 ans
correâeur de l'imprimerie de P/<w-
t^n, qui dut une partie de fa gloire
â fon attention fcrupuleufe. Nous
avons de lui : I. Une Apologie des
Correâeurs d'imprimerie, contre
les Auteurs. II. Etymolo^con lingua.
Jeutonicfit , Antuerpiae , I' 5 99 , in-8**,
m. Quelques Vers latins,
IL KILIAN, ( Luc ) graveur
Allemand , floriiToit vers la fin du
XTi* fiede. Il mania le burin avec
(beaucoup d'intelligence , & réuiHt
principalement dans les Portraits.
Sa famille a produit plufieurs per-
fonnes également habiles dans la
jnême profefHon.
KIMCHI, (David) rabbin Ef-
pagnol , mort vers 1140 , fut nom-
mé en IZ3Z arbitre de la querelle
Çurvenue entre les Synagogues d'Ef-
yagne& de France au fujet des li-
yre^ de MaJmonldts, C'eft celui de
I9US les Grammairiens lyiiU , qui y
X IN
avec Juâa Chlug , a été le plus iui«
vi , même parmi les Chrétiens , lef-
quels n'ont prefque compofé leurs
Dictionnaires & leurs verfions de
la Bible , que fur les livres de ce
favant rabbin. On eftime particu-
lièrement fa méthode , la netteté &
l'énergie de /on ftyle : les Juifs mo-»
dernes le préférèrent auffi à tous les
Grammairiens^ Il s'eft illuftré par
divers ouvrages, I.UneGraminaire
hébraïque, intitulée Mlchlvl, c'eft*
à-dire, PerfèHlon , Vei^ife, 1545 ,
in-8° v Leyde , 1631 , in-12, «C'eft
cette Grammaire qui a fervi de
modèle à toutes les Grammaires
hébraïques. II. Un livre dç4 Rad-
nes hébraïques, 1555 » in-8*' ou in-
fol. fans date. UI. DlcUonarUim Tal-
mudlcum , Venife , 1 5 06 , in-fol. IV.
Des Commentaires fur les Pfeaumes ,
fur les Prophètes , & fur la plupart
des autres livres de l'ancien Tef-
tament , imprimés , au moins la plus
confidérable partie , dans les gran-
des Bibles de Venife & de Balle.
L'on n'y a pourtant point lais fes
Commentaires fur les Pfeaumes,
qui fe trouvent imprimés féparé*
ment en Allemagne. Dom Janvier,
Bénédi£bin de Saint-Maur,eûa donné
une vcrfion latine en 1669 , in-4*^.
Ces Comme;itaires , ainfi que tous
les autres de cet illuftre rabbin,
font ce que les Juifs ont produit
de meilleur & de plus raifonnable
fur l'Ecriture. Génébrard à traduit
fes Argumens contre les Chrétien» ,
1566, in-8^
KING, Tcy^ï Ching/
L KING, (Jean) né à Warn-
hali^ en Angleterre , devint chape-»
lain de la reine EU^aheth , prédica-.
teur du roi Jacques , doyen de l'é-
glife de Quiû à Oxford, enfin
évêque de Londrçs. Il mourut eq
16x1 , univerfellement regretté »
pour fon favoir , fon zèle & fa
charité. On a de lui pluiieurs ou»
vrages , parmi lefquels on didii^ue
f 4 K I N
Jes Cùmnaitairzs tav Jonâr, & ùs
Sermons.
n. KING , (Henri) fils du pré-
cèdent, mort le i*^*^ o6\obre 1669,
évêquc de Chicheftcr , laiffa diffé-
rens ouvrages en anglois & en lanin ,
en profe & ^ n vers. Les meilleurs
font des Sermons ; une Expltcatlon
et POraifon Dominicale , & une Tra-
éucUon des Pfeaumes.
m. KING, ( Guillaume) né à
Antraim en 1650 , d'une ancienne
famille d'EcofTe , prit des leçons
^ philofophie & d'hiftoire fous le
femeux DoâwtL Parker , archevêque
de Toam , ( fiege qui a été trans-
féré à Gftllovai) infb-uit de fon
iaYoir& de la pureté de £^ mœurs ,
lui procura divers emplois , & en-
fin le doyenné de Dublin en i6S8.
King , peu fcivorable au paru du
roi Jacques , manifeila trop ouver-
tement fon attachement aux inté-
rêts de Guillaume, Il fut mis en pri-
fon -, mais quand le gendre eut dé-
trôné le beau- père, il fut nommé
à révêché de Derby , 6e cnfuite à
l'archevêché de Dublin. Il ne man-
qua à ce prélat que d'être Catho<
lique. Quoique engagé dans les
erreurs du ProteÔantifme, il eut tou-
tes les vertus que notre religion
înfpirc , la charité , la bienfaifance,
la douceur , la modération , le dé-
fmtéreiïement. Il mourut en 1729 ,
à 79 ans , fans avoir jamais voulu
fe marier. Ses ouvrages font : I.
"L'Etat des Proteflans d'Irlande fous U
règne du roi Jacques ; ouvrage vanté
par le fameux G, Bumee, mais dont
M. I^flle a f^t la réfutation, IL
Difcoursfur les- inventions des Hontties
dans U culte de Dieu , fouvent réim-
primer IIL Un traité de V Origine
du mal, en latin , tradiût en anglois
par Edmond I^aw , 1731, in-4** , &
1711, 2 vol. in-8°. Le traducteur
a chargé fa verfion de longues notes,
dans lefquelles il prétend réfuter les
49bjeitipns que Bayle & Le^niti
K IN
avoîeilt faites contre ce traîfie. IW
Des Ecrits Polémiques. V. Des Ser»
mons, &c.
IV. KING , ( Guillaume ) jurif^
confulte Anglois , étoit d'une illuf-
tre famille. La reine Anne le fit
fon fecrétaire , & il accompagna le
comte de Pembrock en Irlande, IX
auroit pu s'enrichir par les emplois
importans qu'il exerça dans ce pays ^
mais il aima mieux retourner en
Angleterre, pour cultiver les fcien-
ces & la littérature. L'étude n'aiFoi-
blit point fa gaieté naturelle. Il
aimoit à dire & à entendre de bons
mots , & paffoit pour un excellent
juge & pour un homme très-pieux.
11 mourut en 171 2, & fut enterré
à l'abbaye de "Weftminfter. On a
de lui un grand nombre à! Ecrits em.
anglois , remplis de faillies; Ses
Réflexions fur le livre de M. Afo-
lefworth toudiant le Danemarck,
furent fort goûtées : elles ont été
traduites en françois,
V. KING , ( Pierre ) né à Excef-
ter dans le Dévonshire Tan 1659 ,
fut le difciple & l'ami du célèbre
laoehe , qui lui laifla la moitié de ÙL
bibliothèque. Ses progrès dans l'é-
tude des lois, &fon mérite, rele-
vèrent à plufieurs dignités , & enfin
à celle de çrand-chancelier d'An-
gleterre. 11 mourut paralytique en
1734, à 77 ans , à Ockam , après
avoir publié deux ouvrages eftr-
més dans fon pays : l. Recherches
fur la conJBcution , la dlfclpUne & Pu-*
nité du cuàe de la primitive Egllfepen'
dant les trois premiers fiecUs , in-8®,
IL Hlfioirc du Symbole des Apôtres ,
avec des Réflexions critiques fur fet
dlfférens articles.
KIPPING, (Henri) Klpplnglùs;
littérateur Luthérien , né à Roftock,
mourut en 1678 , fous-redenr du
collège de Bremen. II eu conm*
par plufieurs ouvrages. Les prindij,
paux font: 1. Un Supplément à l'Hif^
toire de Jean .Pappus, IJ, Un Traii^
I
J
KIR
éfhûqmèsRijmaiMs^ Leyde, ïyi^»
in-S", en latin. 111. Un autre fur
Uiouvra^is de la Création, Franc-
fort, 1676 , in-4°. IV. Plufieurs
Dijertâdons ou Ex^rcitadons fur Tan-
den & le nouveau TeHament , &c.
KIRCH, Fbyc^KiRKE.
KIRCH , ( Chrill-Fried ) aftro-
aome de la fociété royale des fcien-
ces de Berlin, correfpondant de
l'académie de Paris, acquit de la
réputation aux obfervatoires de
Bamzig & de Berlin , & mourut
ém cette dernière ville le 9 Mcets
1740 , à 46 ans. Godefroi Kîrch ,
fon père , & Marie- Marguerite
WtnekUmann , ù mère , s'étoient
^un nom par leurs obfervations
célefies. Cette famille entrctenoit
oa commerce d'érudition allrono-
nique dans toutes les parties de
l'Europe. Les ouvrages qui nous
leftent djelle en ce genre , font
tr»-dHmables.
L KIRCHER , ( Athanafe) Jé-
iîttte de Fulde, bon nuathématiden
& profond érudit , profeflbit à
"Wirtzbourg dansja Franconie , lorf-
^c les Suédois troublèrent par
leurs armes le repos dont il jouif-
foit II fe retira, en France , y eut
des démêlés avec le P. Malgnan :
[Voyez ce mot, ] pafla à Avignon,
& de là â Rome , où il mourut en
1680 , à 79 ans. 11 ne cefla d'écrire,
Çï'cn cefljmt de vivre. Les princi-
paux fruits de fa plimie laborieufe
& féconde , font : 1. Pralajîones
«wpKtM«,Roma5, 1654 , in-fol. IL
^rs magna lucîs & umbra , in-folio,
Roms, 1646 , 2 vol. III. Prîmîtla,
CnomonUa CatoptUa , in-4*^. IV,
Mkfir^a unîver/aâs, 165 G , in-fol.
a VolV. OheUfcusPamphiûus, 165O ,
m-fol. VI. Obe/l/cus jEgypttacus ,
Urfolio. VIL (Edlpus jEgyptiacus , à
Rome, 1652 & i6n , 4 vol. in-
CoLCeft une explication d'un grand
Dombre dliiéroglyphes ; mais er-
llicatioa ^lle qu'on peut Tatten-
KIR 97
dre d'un favant , qui avoît une »*
çon de voir • toute particulière. Ce
livre eft rare, VIII. her extadaam
calejèc , fivè Mundl oplficUan quQ CaH
fiderumque namra , vires & finciurm
exponuntur ^ à Rome, -1656, in-4**. Il
donna , Tannée d'après , her extad*
cum terreftre , in-4° , dans lequel fl
décrit la fbuûure du globe terrc^
tre. IX. Mundus fubterraneus , 1 67S ,
in-folio, 2 vol. X, China îliujtratd,
à Amilerdam , 1667 , in^ol. Strv-»
rivs en porte ce jugement :» Kîr*
cheri China ejl vera aoHorls pkantafia i
fie autem judU.Jur » eà qitod Patru
'Jefulta , nuper rcduces , facU plcra*
que in il/o libro împrohent »«. Ce livre
a été traduit en françois par ^Al^
quU y 1670 , in-»folio , fous ce titre 5
La Chine ^f'Athan. Kircher, lUafirèê.
de plufieurs monumens tant facris qmt.
profanes^ & de quantité de ncherchet
de la nature & de Part , avec un Die
tionnaire Chinois & François, XI*
Arca No'è , in-fol. XII. Turns Babel ^
in-folio, Amilerdam 1679, Cetio
produdHon , peu commune & vrai*
ment finguliere , traite de la conf-
truâion de la Tour de Babel & de
la difperfion des peuples. XIII. Pho*
nurgla nova , de prodlglofis fonorum
effecilhus , & fermocinatlone per maclilnaa
J'ono antmat.:s , 1673 , in-fol, XIV*
Ars ma^na fc'tndl , 1669 , in-folio^
ouvrage plus fubtil qu'utile , pleia
de combinaifons pénibles & de fpé-
culations techniques, moins pro-
pres à faire des favans qu'à dégoû-
ter des fciences. XV. Polypaphla ,
feu Artlficum llnguantm , quo cum om-
nlbus totlus mundi popuHs poterlt qtd»
correfpondere, 1663 , in-folio. XVI.
Scnainlum Phyfico'Medlcum conUi^^fcL
bas, Leipzig, 1 67 1 , avec une Pré-
face de Langius, C'eft un traité fur
la pefle fort utile & bien écrit.
XVII. Mundus magnes , în-4^ , où
l'on voit l'idée de l'attraôion uni«^
verfelle.XVIII. Maff,a Catoptrlca, o\i
l'on trouvées miroirs d'Archidnede
I
b6 K I R
éc de M. de BuflFon. Cen'eil point
la feule idée qu'il ait fournie aux
phyliciens modernes j & il a mis
9 iiit la voie de beaucoup d'expénen-
ces faites depuis lui. Son malheur
^ ^coit de mêler à des opinions
vraies les préjuges de fon fieclc ,
ou des fendmens ûnguliers que fon
imagination lui fuggéroit. XIX.
Iatwm , id eft Nova 6» paralàla
Latli y tàm vetcrls , titm novl , Dcf-
çrlptîo , 1671 , in -fol. : ouvrage
favant , & qui a coûté beaucoup
de recherches y mais plus curieux
qu'exaû. Tous les livres du Père
Kireher, pleins d'une érudition pro-
fonde , font remarquables par les
fingularités qu*il y «ntaffe. Il étoit
un peu vifionnaire, ^lUch. Simon
le compare à PoJhL II étoit con-
tent , pourvu qu'il trouvât des cho-
ses qu'on n'avoit pas remarquées
avant lui. Peu lui importoit qu elles
ne fuiTr-'t pas toujours d'une utilité
inarquée , ni relatives à fon fujet.
Tout ce qui portoit l'empreinte de
l'antiquité , étoit divin à fes yeux.
Cette manie ^xpoÙL à quelques
tours plaifans. On dit que des jeu-
nes gens ayant deflein de fe diver-
tir à fes dépens , firent graver fur
une pierre informe plufieurs gra-
vures de fantaiiie, & enterrèrent
cette pierre dans un endroit où ils
iavoient qu'on devoit bâtir dans
peu. On fouilla effeâivement dans
ce lieu quelque temps après , &on
trouva la pierre, qu'on porta au
Père Klrckcr, comme une chofe
merveilleiife. L'érudit , ravi de joie,
travailla alors avec ardeur à l'ex-
plication des caraé^eres qu'elle con-
tçnoit , & parvint enfin , après bien
de l'application, à leur donner le
plus Jipau fens du monde. Mmcken
raco9 du même Jéfuite une hif*
tpire qui n^eft pas moins amufante.
Un des amis de ce Père lui préfenta
une feuille de papier de la Chine,
fur lequel il avQÎt infcrit des ç»r
raâeres , qui parurent d'abord tout*:
à-fait inconnus au P. Kircher, Après
bien des veilles inudles & des pei- ^
nés perdues > un jour ce même ami '
vint faire l'aveu de fon impoflure
au bon Père ; & ayant auflî - tôt
préfenté ce papier myûérieux au
miroir , le favant Jéfuite y recon*
nut facilement des caraâeres Lom*
bards, qui ne l'avoient fi fort em*
barrafïe, que parce qulls étoieat
écrits à l'envers., .11 laifTa un riché^
cabinet de machines & d'antiquités ,
décrit par le Père Philippe Bonanrù »
Rome , 1709 , in-folio. M. Bauara
a doimé en 1774 une nouvelle det ^
cription des pièces relatives à l'hif-
toire Naturelle.
II. KIRCHER, ( Jean) théolo-
gien , publia en 1646 , en latin , les
Motifs de fa converfion du Luthéra-
nifme a la religion Cadiolique. Les
Luthériens ont fait diverfes répon*
fes à cet ouvrage de /. Klrcher.
m. KIRCHER , ( Conrad ) thco^
logien Luthérien d'Ausbourg , s'efl
rendu célèbre par fa Concordance
Grecque de l'Ancien Tcflament qu'il
fit imprimer à Francfort en 1607 ,
en 2 vol. in-4®. Cet ouvrage peut
fervir de Dictionnaire Hébreu. L'au-
teur met d'abord les noms hébreux ,
& enfuite l'interprétadon que ïès ^
Septante leur ont donnée , & cite
les endroits de l'Ecriture où ils £e
trouvent difieremment interprétés.
Le principal défaut de cette Ccn^' j
cordance , fuivant Ladvocat , eft \
d'y avoir fuivi l'édition de Mcala.
de Henarès , au lieu de fuivre celle
de Rome qui eft la m&lleure. La |
Concordance de Trommus n'a pas Êdt
Oublier celle de Klrcher»
LKIRCHMAN^C Jean) reù&ir dt
l'univerûté de Lubeck ùi patrie y
exerça cet emploi avec beaucoup
de diflinÛion jufqu'à fa mort arri-
vée le 2jo mars 1643 , à 68 ans.
Ses principaux écrits font : I. Dt
fifflgrihs ^«Hmorum ,Leydc y 1672»
in-iz;
K IR
ht-n : traké ikvœt , qui lui acquit
ioe grande réputadon , & lui pro-
cura un riche mariage.. II. De annu»
Ss Sècr faigu/aris , àLubeck, 1613,
in-S° , & Lcyde lé'^i , in-ii î ou-
▼rage plus curieux qu'utile.
II. KIRCHMAN , ( N. ) profef-
feur de phyiique à Pétèrsbourg , eft
éffirtmi célèbre par fes expériences
ht la matière, éteârique , & par le
genre de mort qui termina fe» jours
k 6 août 175 3. 11 avoit dre^ un
eonduâeur pour A>utirer la foudre *,
un globe de feu en fortit au mo-
ment cpi'il en approcha & lui brûla
b tète. Depuis cette époque quel-
qoes phyéciens ont penié que les
conduâeurs a'étoiempas toujours
«n préfervaiif contre le feu du ciel.
Un poëte latia a êât à Kirckman
cette épitaphe , imitée de ^irg^le , an
^* livre de t*£&éîde.
Vî£ & ctudcUs danum Salmont^
paoéu,
J}ùm fiammas jovîs & fonîtus non
curât Qlymfi
Dimens , qid lùmbos ac îrrièabîU
,fulmen
Ign^fcru JUls firroquc idcejjit atuto,
At Pour ommpotens denfa inter nubîU
ulmn
C^ntorfie (mon ilU levés de culmine
tecU
$cînâUas ) n^^tumque immani turhtne
volv'u.
\ KIRCHMAYER , ( George^af-
^ard) profefieur à Wittemberg, &
membre des fodétés royales de
Londres & de Vienne , naquit à
Uffeiaheim en Franconie , Tan
1635 , & mourut en lyop, à6y
I ans, après avoir publié pluiieurs
I ouvrages d'érudition & de phyfi-
que. Les principaux font : I. Des
Commintalrcs fur ComeHus Nepos >
TacUc , & d>atres livres claflîques.
H. Des OraJ/ons & des Pièces de Pvé^
fie m. De cordlloy b(Ufamo& fnç'
Tome K*
K I k 97
t^ro , 1661 , in-4**. IV. i>c tribu*
Us , 1692, in-4^ V. Six Dtffer-
tations fous le titre de Hexas Mf»
pttationuai Zoolog^urum, Elles rou- *
lent fur le balilic , la licorne » U \i.
phénix , le béemoth 6c 1 araignée.
VI, Patholûffu vêtus & nota, VII.
PhîL/ophia metallica, VIII. Infiitw
ùones metailîca , &c.
KIRCHMAYER, Voye^ Nao-
GEORGE.
KIRCHMEYER , ( Jean - Sigif-
mond ) théologien Proteflant , né
à Allendorf en Hefle l'an 1674 ,
profefTeur de philofophie & de
théologie à Marpurg , mourut e»
1749 , à 75 ans. On a de lui : L
Pluiieurs Dljfertaàons Académiques.
11. Un Traité en laùn centre les
Enthoufiafles , pour prouver que l'u-
nique principe de la Foi eft la pa-
role de Dieu. Les ProteAan^ en font
cas ; mais fes principes pourroient
fervir à juiliiîer les SocilR^s , %&
prcfque toiis les hérétiques. '
KIRKë y colonel d'un régiment
Anglois , fe fignala^ fous le règne
de Jacques II, çt»Hes cruautés fans
exemple. Il fut employé à pourfui-
vre les rebelles qui avoient pris
part en i6d^ à la conjuration du
duc de Monmcuth i & il s'en acquitta
avec la barbarie d'un foldat de for-
tune , qui avoit vécu long-temps
chez les Maurei. En entrant dans
une ville , il fit conduire au gibet
19 habitans. Enfuite , fe faifant un
jeu de fa cruauté, il en fît exécu-
ter plufieurs autres , pendant qu'il
buvoit avec fes compagnons à la
fanté du roi & de la reine. Il ob-
s ferva que dans leurs agonies leurs
paroles étoient tremblantes -, & s'é-
criant auiïi-tôt qu'// fallult de la mw
fiqm p\yur leur danje y il donna ordre
en effet, que les tamboulP& ks
trompettes fe fiffent entendre. Il
hii tonrfja dans l'efprit de fùre
pendre trois fois un même hi^mme , pcir
s infirme t difoit-il , par cette bizari C
G
98 KIR
expérience; & chaque £ois il lui de*
manda s'il ne fe repentoit pas de
fon crime } Mais cemiférable s'obf-
dnant à procéder que * malgré ce
qu'il avôit fouffert > il étoit tou-
jours dirpoCé à s'engager dans la
même caufe, XtrA<le fit étrangler...
On conte de lui un trait plus hor-
rible encore. Une jeune fille deman-
da la vie de fon frère, en fe jetant
aux pieds de Klrkc » armée de tou-
tes les grâces de la beauté & de
l'innocence en pleurs. Le t^'ran,
fentam enflammer fes défu-s , pro-
mit ce qu'elle demandoit ; mais il
y mit des conditions bien dures.
Cette tendre fœur fe rendit à la
nécef&té cruelle qu'on lui impofoit.
Le tigre , après avoir paiTé la nuit
avec elle , lui fit voir le lendemain
par une fenêtre fon frère , le cher
objet pour qui fa verm avoit été
iacrifiée , pendant à un gibet qu'il
avoit fait dreffer fecrétement. La
rage & le défefpoir s'emparèrent
d'elle à l'inilant , & la privèrent
pour jamais de fes fens« On ne (ait
en quelle année ce monffaré temuna
ÛL déteôable vie.... Foyei Dain.
L KIRSTENIUS, (Pierre) mé-
decin, né à Breflaw en 1577 > eut
la direâion des collèges de cette
ville , après avoir acquis de vailes
connoifîances par l'émde des lan-
gues favantes & par des vo3rages
dans toutes les parties de L'Europe.
Son emploi lui dérobant trop de
temps, il fe dévoua entièrement à
la médecine, & fe retira en PrufTe
avec fa famille. Le chancelier Oxai"
fiem l'y ayant connu, l'emmena en
Suéde y & lui procura la chaire de
profefleur en médecine dans liuii-
verfité d'Upfal. Il y monrut le 5
Avril 1640 , à 63 ans. Son appli-
cation avoit accéléré la vieillefle ,
& il étoit déjà fort caffé quand il
fe rendit en Suéde. Son Épitaphe
porte qu il savoit 26 lahcves :
fiçU peut être *, mais il ne les con- -
Kl s
noifToit pas certainement comme ia|
langue maternelle. On a de lui un
grand nombre d'ouvrages : I. Traité
dt Vufa^ & de l'abus de la Médecine ,
en latin, Francfort, 1610 , in-8^«.
IL Les JK Evan^eûfies tirés d*un an^
cien manufcrit Arabe, Francfort, 1 609,
in-foL ni. Notes fur PEvan^ de
S. Matthieu , confronté fur les textes^
Arabe , Syriaque , Egyptien , Grec 6*
L:itin , BredsLw , 1612 , in-fol.
II. KIRSTENIUS , ( George )
habile médecin & favant natura-
lise , né à Stetin en 161 3 , fit loag-«
temps & avec applaudiSement des
exercices publics fur la phyfique »
la médecine , la botanique , l'ana-
tomie « &c. On fait cas de fes Excr-
dtadones FhytopUloloput, , à Stetin ,
165 1 , tii-4^, U mourut en 1660,
à 47 ans.
KISK.A DE ClECHAVOiriECXy
(Jean) chevalier Polonois, à ce
qu'on croit, ou plutôt de Lithua-
nie , fut difciple du Êuneux Caf-^
talion g k la mémoire dtiqnel il fit
drefferim monument après fa mort.
Parvenu à l'âge de figurer dans l'ad-
miniflration , il fut préûdent géné-
ral dans la Sama^tîe, châtelain ou
capitaine dans Wilna » & gouver-
neur de Breffici. Il devint fi riche
& ô puifiant , dit Sandûts , qu'oA
le ùk feigneur de 70 villes ou
bourgs & de 400 villages» Avec
fes richefies & l'autorité que lui
donnoiem fes emplois , il protégea
les Sodniens en toute occafion &
contre tous leurs ennemis *, il leu*
bâdt & fonda plufieurs Eglifes , &
mourut fans enfans en i59.x> laif-
iantle prince de RadiivU héritier
de tous fes biens & de fon affec*
tion pour la fef^eSocinienne. Quel-
que zélé qu'il fut pour elle, la crainte
qu'on ne le fit paiTer après fa mort
pour Socinien , l'engagea à faire une
profeffion de foi contraire, qu'il
figna peu de temps avant de mou^
rir» On a quelques Lettres de ce (kff^
K L A
Ipuor, adrefiiées aux Eglifes Soc>*
aieiifles ,' dans lefqu^les il les in-
vite à tenir ua fynode pour régler
les différens qui étoient entre elles
au fujet de r«leâion des magiflracs
& del'ufagedes armes. Vcy, Ziska.
KLAUSWITZ , ( Benoît-Goth-
lieb) né à Leipzig en 1692, pro-
fefieur de théologie à Hall , mou-
lut en 1749 , à 57 ans. Il a donné :
L Pluûeurs JXJfenations Académiques,
n. Des Explications de divers paûa-
ges de la Bible, m. Un Traité en
allemand , efHmé , fur la Ral/on ôc
VEcniurt'fdinu , & fur l'ufage que
nous devons faire de ces deux gran*
des lumières.
KLEÏST, (Ewald-Çhrérien de)
fié à Zeblid en Poméranie l'an 161 5 ^
fevoit dans les années du roi de
Prufle y en qualité de major du ré-
giment de Hauâien, loifqu'il mou-
rut des bleiïures qu'il avoit reçues
à la fanglante bataille de Kimers-
dorf entre les Ruâès & les Pruflîens,
au^ mois d'Août 17 59, à 44 ans.
Ce poète guerrier étoit bien fait &
de haute taille -, il avoit l'air martial ,
nuis uns rudelTe* Bon , humain ,
compatiflant , généreux , on le vit ,
dans la diredÛon qu'il eut de l'hô-
pital de Leipzig , s'occuper avec
ardeur du plus petit beToin du der-
nier des malheureux entaiTés par
milliers dans cet aûle de la mifere
humaine. Il cultiva l'amitié au mi-
lieu des occupations militaires & du
tumulte des camps. Ami du cèle-
Ire M. Gejfner ^ poète Allemand, il
marcha ûir les mêmes traces. Il a
domié aux aâéurs de fes Idylles ,
les mêmes ientimens de vertu & de
bien£û&nce qui diitinguent les ber-
gers de M. Gejf/ur *, mais il ne s'eft
pas borné à des bergers : il a intro-
iuit dans l'Eglogue , des jardiniers
le des pêcheurs , à l'exemple de San-
naiar , de Grotlus &de Théùcnu lui-
même. KLdft avoit aufli compofé
4cs Traités df merile^ ^ &'«&(
t
KNË
pas encore été publiés. De fes '
flexions fur l'art de la guerre il
•forma un Roman militaire , intitulé
Cîjjides » de imprimé au commence-
ment de 1759.' Quand le guerrier
parle dans cet ouvrage, c'eflavec
une ûmplicité héroïque -, mais quand
le poète prend la parole , il vous
tranfporte au milieu des combats.
Il joignoit à une connoifTance pro-
fonde ds fon métier ^ des notions
de toutes les fciences , & il parloit
avec facilité l'Allemand, le Latin ,
le François , le Polonois & 1q
Danois.
KLING , Voye^ Cling.
KLINGSTET, peintre, natif de
Riga en Livonie , mort à Paris le
26 Février 1734, âgé de 77 ans.
Il s'étoit defliné à la profeiHon des
armes , fans négliger les talens qu'il
avoit pour la peinture j fon godt
& fa bravoure furent également
connus. Ce peintre a donné dans
des fujets extrêmement libres. On
ne peut point dire qu'il ait eu , dans
un haut degré , la correâion du def-
fin & le génie de l'invention ; ce-
pendant on voit pluiîeurs morceaux
de fa compofition aflîez eflimables»
Ses ouvrages font, pour l'ordinaire,
à l'encre de la Chine. Il a excellé
dans la Miniature : il donnoit beau-
coup de relief & de caraâere à fes
figures.
KLOPPENBURG ,• ( Jean) Voy.
Clofpenburg.
KLOTZrUS , ( Etienne ) théo-
logien Luthérien, néàLippiladt en
i6o6 , gouverna , en qualité de fut-
intendant général , les Ëglifes des
duchés deSlefwick& de Holflein»
& eut beaucoup de crédk auprès de
Frédirlc III , roi de Danemarck. Il
mourut à Flensbourg en 1668 , à
62 ans. On a de lui plufieurs ou-
yrages de théologie & demétaphy*
fioue , peu connus.
KNELLER, ( GodcR-oi ) exceî-
Ifia;peiatrç dans le PonruU « va(^
ïoo K N Ô
à Lubeck en 1648. Après s'être
Appliqué quelque temps aux tableaux
d'Hiftoire , il fc livra tout entier
au Portrait , & paffa en Angleterre ,
où il fut comblé de biens & d'hon-
aeiïrs. 11 y devint premier peintre
de Charles II , fut créé chevalier
par le roi Guillaume III, & enfin
nommé baronnet. Il mourut à Lon-
dres vers 1717, âgé d'environ 6^
ans. Sa touche eft ferme , fans être
dure. On a gravé d'après cemaître^
KNORRIUS A RUSENROTH»
( Chriftian ) favant Allemand du
XVII* fiecle, connu principalement
par un ouvrage qu'on lui attribue »
& qui a pour titre : Kabala denu"
éata. L'auteur a approfondi , ôcTon
peut dire , épuifé la matière qu'il
traite. Parmi les rêveries , les fo-
lies & les chimères qu'il difcute »
on y trouve d'excellentes recher-
.ches f\ir la philofophie des Hé-
breux , & fur-tout des Rabbins. Cet
touvrage eft en 3 vol. in-4^. Les 2
premiers furent imprimés à Sultz-
bach en 1677 j le 3*^ à Francfort en
1684 : ce dernier volume eft peu
commun. Knvrùus mourut en 1689,
à 53 ans.
KNOT, (Edouard) Jéfoite An-
glois , natif de Northumberland ,
auteur d'un livre fttr la Hiérarchie ,
cenfuré par le clergé de France &
par la Sorbonne. Ce livre intitulé :
Modefles & cewtes difatUîons de quel-
iqucs propofidons du Docteur KelÛf'
J'on y par Nicolas Smith , in- II, An-
vers, 163 1 , fit du bruit parmi les
théologiens , & eft aujourd'hui par-
faitement ignoré. Knot mourut le
14 Janvier 1656, dans un âge affei
avance. On a de lui quelques
Ecrits de Controverfe,
KNOX ou Cnox, (Jean) fa-
meux miniflre Ecoflbis , fut un des
apôtres du Calvinifme & du PSres-
bytéranifme en EcofTe. Il avoit étu-
dié d'abord à Paris fous Jean M::jor,
4o^Nr -ûc Sorbonae j ^ enfuii& 4
KNU
Genève fous Ci/vm. I>e retour en
Angleterre, le roi Edouard yi "vou*
lut lui donner un évêché ; mais il
le refiifa , en difant que VBpifcopaê
était contraire à l'Evan^le* Il paftfa eft
Ecofîe l'an 1.5 f 9 , & y répandit iè»
erreurs par le fer & par le feu. Lz
reine Marie Stuartay^at voulu s'op-
pofer à fes fureurs , il fouleva fei
difciples contre elle , & prêcha le
Ré^cide. 11 mourut en 1572 , à 57
ans. Sponde « Thtvet » & la plupart
des écrivains Catholiques , ont dér
peint Knox comme un ânatique en»-
porté *, màVi.BayU & Bumu n'e»
parlent pas de même , & Bc^e fum
tout l'a fort exalté. Cette diveriiié
de fentimens fur Knox , fait juger
que s'il avoit de grands dé£iuts , il
poffédoit auffi des qualités. On a
de lui des Ouvrages de Contfovtrfe^
marqués au coin de l'enthouiiaûnef.
&une Hijèoire de la Réformation de
CE^life d*EcoJfe , Londres, 1 644 , i*»
fol. Ses écrits font très-rares.
L KNUTZEN, (Mathias) étott
né à Oldenfworth dans le Duchef^
wich. Après avoir fait fes études
à Konigsberg en Pruffe , il s'aviâ.
de courir le monde â: de s'ériger
en nouvel apôtre de YAtii^fma. Bn
1674 , il répandit dans- divers ei^
diroits de l'Allemagne, & fur-tout
à lene en Saxe & à Altdorff » ime
Lettre latine,. & deux Dialogues BÏlt-
mands, qui contenoiem lesprinâ-'
pes d'une nouvelle fe£le qu'il vou»
loit établir , fous le nom de la fieâc
des Con/ciencieux i c*eft-à-dire , des
gens qui ne fcroient profeffion de
fuivre en toutes chofes que les lois
de la confcience & delà raifon. Ce
chef des Confciencîeux nioit Texîf-
tence de Dieu , Timmortalité de
l'ame, & par conféquent l'autorité
de l'Ecriture^inte : comme fi y ces
vérités étant ôtées , il pouvoit refter
dans l'homme quelque confcience
& quelque principe de vertu ! Cet
A4tée i^.vaote d'avoir fait un ^?3fli
K K U
liôiiilire'de difciple^ Il en avoit,
ét4l ^ 700 , tant bourgeois qu'é*
tudians ^ dans la feuUe ville d'Ieoe.
/a» Muféots^ ifavant profeiTeur ea
«héolo^e dans runiveriité de cette
ville, réfuta cette calomnie dans un
jlivre allemand, publié en 1675 ,
contre cet infenfé & contre fa pré-
lendue ie^lke , qui ce fubiîAoit que
idans fbn imagination. Sçi DLU^
^us , imprknés en allemand , font
l^leias de blidpb^mes & d impem-
f^eoces. On peut voir fa Lettre toute
entière, en £rançois & en latin,
■daos les Entretiens fur diytrs fujets
^hifioire , de littérature , de religion ^
de critique, par la Croie, in^ia.'U
la date de Rame , quoiqu'il foit sûr
qu'il ne fortit jamais d'Allemagne.
£es hiftoriens ne nous apprennent
(pas quelle (at la An de ce £inatique.
U. KNUTZEN, (Martin). né à
Komgsbeig en 171 5, y fut pro-
fefîeur en philofophxe & biblio-
ihécare. Il mourut en 17 51,435
ans. On a de lui un grand nombre
d'ouvrées. Les uns font en alle-
mand , & les autres en latin. Les
principaux de ceux-«i font : L Sy/^
tenuL caujarum effidentium. II. EU-
•ffunta Philofophdarationa&s , methodo
Jniitktmfltlco demonfirata. lU. Thâore-
J^ta de parahoUs infiaitis y &c. Cel^i
.«le {es livres allemands, qui lui a
Eût le plus d'honneur , eft une Dé"
fmfe de la Reâ^n Chréùmne , in-4°.
KOBAD,' Voy, Cabade.
KQDDE, {Jean, Jdrîen & GU-
itrt Vander-) trois frères , de Leyde,
^ui donnèrent naiflance à la fed^e
des Prophètes en 1619, lojfqu'ilfiit
Aéfîeadu aux R&nomrans d'avoir
<ies minières. Les Koddes s'ima^-
'î^ent qu'en effet on pouvoit bien
s'en paiTcr. Ils déclamèrent xonnre
les Pafteurs, travaillèrent à fe faire
«ies aiUiérens , & formèrent des
affemblées dans une maifon parti-
culicre , après s'être féparés des
Bcotonirans, Ce$ aileml)lles fusent
K O E 101
blefttot honorées du don des mira«
clés. Un des chefs de ces fanatiques ,
Jean Kodde , fe vanta d'avoir vu
le Saint-Efprit comme les Apôtres^
& il ajoutoit, "pour faire croire cp
prodige, que, quand il defcenriit
fur lui / la maijfon tjrembla. L^
aâTemblées de ces enthoufiafles
étoient curieufes à voir. Un d'en-
tre eux lifoit quelques chapitres du
Nouveau Teftament -, après quoi^
le leôeur ou quelqu'autre faifoît
la prière. On demandoit enfuite Û
quelqu'un avoit quelque., chofe à
dire pour l'édi^cation du peuple ?
Alors un de TaiTemblée fe levoit ,
lifoit un texte de la Bible fur le-
quel on avoit médité auparavant ;
'& prenant le ton de Prophète , fai*
fort fur ce texte un diïcours qui
duroitquelquefois j>lus d'une heure.
<On laiâbit ainû parler un 2^, un
3*, & même un 4® Prophète, s'il
s'en préfentoit autant qui vouluffeçt
parler. Les féances duroient quel*
quefois depuis le foir jufqu'au le-
.ver du foleil. Après k mort des
Koddes, un boulanger de Rinsbnig
gouverna cette milice de fous, Ih
rejetèrent toutes les confeffions de
foi, introduifcnt le baptême p^
immerfiOn, &.fouîiment qu'aucun
Qirétien ne devoit être magiflrat ,
ni faire la guerre.
KOEBERGER (Wenceflas-)
peintre Flamand , difdple de Af.tr-
,tln de Vos , p^rfeûionna en Italie
fes talcns pour la peinture & l'ar-
chitcdure. Il embellit plusieurs égli-
fes d'Anvers par fes tableaux , &
. dirigea le bâtiment .de l'églife de
Notre-Dame, de Montaigu , fur le
modèle de celle de Saint-Pierre de .
Rome. Bon phyficien comme bon .
architefte , il trouva le moyen de
deffécher pluûeurs marais du côté
de Dunkerque , & il en fit des ter*
res propres au labourage & au pâtu-
rage. Cet habile homme mourut à 70
ans , vers le milieu du xy 11^ fiecle*
G iij
1
lôî K O E
KOEC , Voy. CoEcn.
• KOEMPFERo«CoEMPSER,
ifEngelbert) médecin & voyageur
rélebre , né le 1 5 Septembre 1651a
Leingow en "Weftphalie d'un mi-
xiiftre , pafla en Suéde , après s'être
adonné pendant quelques années à
l'étude de la médecine , de la phy-
fique & de l'hiftoire naturelle. On
le follicita vivement de s'arrêter
dans ce royaume *, mais fa paffion
extrême pour les voyages lui fit
préférer à tous les emplois qu'on
lui offrit , la place de fecrétaire
d'ambaiîade , à la (uite de Fahriee ,
^e la cour de Suéde envoyoitau
roi de Perfe. Il partit de Stoddiolm
l'an 1683 , s'arrêta deux mois à
Moskou , & pafTa deux ans à If-
pahan , capitale de* Perfe. Fabrice
voulut l'engager à revenir avec lui
en Europe -, mais fon goût pour les
voyages augmentant avec les con-
noiifances qu'il acquéroit , il fe mit
fur la flotte de la compagnie Hol-
landoife des Indes Orientales , en
qualité de chirurgien en chef. Koëmp*
ftr fut à portée de fatisfeire fa
curiofité ; U pouffa fes courfes juf-
qu'au royaume de Siam & au Japon.
Ce pays, fermé aux étrangers , n'é-
toit connu qu'imparfaitement -, l'ha-
bile voyageur remarqua tout , & ,
grâces à fes foins , l'on vit difparoi-
tre dans la géographie un vide
qu'on défefpéroit de pouvoir jamais
remplir. De retour en Europe en
1693 , il fe fit recevoir doÛeur de
la faculté de Leyde , & revint dans
fa patrie. La compofition de divers
ouvrages , la pratique de la méde-
- cine , & l'emploi particulier de
médecin du comte de U Uppe , fon
fouverain , l'occupèrent jufqii'à fa
mort , arrivée le 2 novembre 1716,
à 66 ans. Parmi les ouvrages dont
ce favan obfervateur a enrichi la
littérature , on diftingue : I. Amani-
* tates exodca , in-4° , 1 71 1 , avec un
çr9nà nombre de figures. Cet ou*
K o E
vragé entre dans ufi détail curî^ise
& fatisfaifant fur l'hiftoire civile &
naturelle de la Perfe, & des autres
pa^s Orientaux que l'auteur avoit
parcourus & examinés avec toute
l'attention d'un voyageur ^hilo€€>^
phe. II. Heiharmm ultri'^angtûcumm
m. Hîflolre naturelle , eccUfiaJKque^
civile de Pempîre du Japon, en alle-«
mand , traduite en anglots par Sekat»
ck^er ,* & en françois fur cette ver-
fion, en 1729, en 2 vol. in-fioL
avec quantité de figures , & en ^
vol. in-i2 avec les cartes feulement.
Koëmpfir voit en favant , il ^crit
de même : il efl un peu fec , &
quelquefois minutieux -, mais il efl
fi efKmable à tant d'autres égards ^
il entre dans des détails fi curieux ,
il les rend avec tant d'cxa^tude
& de vérité , qu'il mérite bien qu'on
lui pardonne quelque chofci IV.
Le ReauU de tous fes autres Voya-^
ges, à Londres, I736 , en 2 vol.
in-fol. avec figures. On y trouve
des defcriptions plus exaâes que
toutes celles qui avoient paru avant
lui de la cour & de l'empire de
Perfe , &des autres contrées Orien-
tales.
I. KOENIG, (Daniel) SuHTede
nation , mort à Roterdam en 1727,
à 22 ans , des coups qu'il reçut à
Franeker. La populace l'entendant
parler François , le prit pour un
efpion de la France , & l'eût mis
en pièces, fi le fénat académique
ne l'avoit arraché à cette tourbe
mutinée : les blefTures qu'il reçut ,
le mirent au tombeau quelques mois
après. On lui doit la TraduBîon la-
tine des Tables que le do£^eur Ar*
buthnot mit au jour fur les Mon-
noies des anciens , 1727 , in-4*.
Cet ouvrage ne fut publié qu'ea
1756, in-4**, par Reiti profeâeur
à Utrecht , qui l'orna d'une pré-
face curieufe & utile.
II. KOENIG , ( Samuel ) fi-ere do
précédeiït , (e fit connoitrçdebosnt
K OE
fleure par Tes talens pour les mt-
diéinatiques. Il demeura deux ans
an château de Cirey , avec Tilluf*
tre siarquife du Chânlet^ qui eut
beaucoup à fe louer de fès leçons^
Il obtint enfuite une chaire de phi-
lofophie & d<e. droi$ uaturel à Frane^
ker , d'où il pafîa à la Haye pour
être bibliothécaire du prince Sta-
diouder y & de Madame la princc^Te
^"Orange, L'académie de Berlin fè
^affoda , & le rejeta enfiiite de Ton
mn. On fait à quelle occafion :
i^oenig dii]^ta- à Maupemâs Ol dé-'
«ouverte du Pnndpe untverfel de la.
nobidrt aBion. Il écrivit contre lui ,.
&cita , en le réâitant , un fragment
d'une Lettre de Lubnit^t dans la-
quelle ce phiiofophe diibit avoir
remarqué que , dans les modiiicar
tiofls du mouvement, l'aûion de-
vient ordinairement un^ maximum. «
ou un minimum, ^aiçemds fit fbm*
ner fon adverfaire par racadémie
de Berlin , de produire l'originaî
de cette Lettre ; l'original- ne fe
trouvant plus^, le phiiofophe Suiffe
^ condanné par l'académie. Toute
l'Europe a été iniïruitedes fuites de
cette querelle. Kotmlg en appela
au public; & fon >(p/?e/, écrit avec
cette chaleur de ilyle que donne le
f eflêntiment , mit^ufieursperl^n-
«e$ de fon côté. On a de lui d'au-
fres ouvrages; Il mourut en 1757 ,,
Tcgjvdé comme i^i des meilleurs
madiématiciens de ce fiede. Voici
comme le caraâérife PoUmn dans,
«ne Lettre à. HelvetUis ; »♦ Koenig:
^ n'a de ^imagination en aucun fêns,
» mâs il eft cequ*on appelle grand
^ métaphyûcien. Il &ic à point-
* nommé de quoi la matière eil
»♦ composée , & il jUre , d'après
^Làhttit{.^ qu'il eft démontré que
»• l'étendue eft compofée de mor
** nades non-étendues , & k ma-
» tiere in^énétrable compose de
st petites monades pénétrables. Il
^ CI9it qucjcfaaqiie inoa9dc ^ un
K O E loj
w miroir de fon univers. Quand on
vi crois tout cela , on mérite de
M croire aux miracles de Saint P^-
» ns. D'ailleurs il eft très-bon géo-
»♦ mètre, &, ce qui vaut mieux,
>t très-bon garçon «<•
KOERTHEN , (Jeanne) femme
étHenrtB/oUk , née à Amfterdam en
1650 , morte en 171 J , à 65 ans ,
donna , dès fes premières années ,
des marques fenhbles de fon goût
pour les bjeaux-arts. Elle réuffiffoit
à jeter en cire des ftatues & des
ihiits , à écrire , à chanter, à gra-
ver fur le verre , à peindre en dé-
trempe.; mais elle excelloit princi-
palement dans la Ditoupurt^ Tout
ce €[ue le graveur exprime avec le
burin , elle le rendoit avec fés ci--
féaux. Elle exécutoit àts payfs^es ^
des marines, y. des animaux., des
fleurs £îc des portraits d'une refTem-
blance pai^Mte. Ses ouvrages font
d'un goût de defSn trèss:orreéV ; on
ne peut mieux les comparer qu'à
la manière de graver de Afe/Z^/i. Ea.
les collant fur. du papier noir , le
vide de la coupe repréfentoit leS;
traits comme du burin ou de la
plume.. C'eft peut-êtrç là l'origine-
dé ces portraits groffiércment. dé-
coupés , dont la folie a fuccédé:
parmt nous à celle des Pantins. Les .
talens de «Madame iCo^r^en lui ac-
quirentun nom dans PEurope : plu--,
fleurs Têtes couronnéçs employè-
rent fOn art , & lui firent ou des
préfens ott des vifites. Pkfre le Gmnd
fe fit im ptaiûr de l'aller voir, &
de payer à fes- ouvrages . lé tribut
de louai^es qu'ib méritoient.
L KONIG , ( George -Mathias)
né à Altdorf 'en- 1616 , mort dans
cette ville fe 29 août 16,99 , à 84
ans , fut profefTeur en poëfie & e».
langues Latine & Grecque, & biblio-
thécaire de l'unirerfité de fa patrie.
La plupart des fevans ne le con--
noiftent guère que par fa BihUo^^
thicd vems^nova^ gros tn-fel.pu.-^
104 K O N
blié en 1678. Cet ouvrage mëritoit
d'être plus foigné. Ce qu il dit des
auteurs , eft ou fuperfîciel ou ine-
xact , & a été relevé en grande par-
tie par le favam hm Mi>iLrus, Il y
a une négligence extrême dans les
4ates , aixifi que dans tout le reâe.
Il attribue aux écrivains des ou-/
vrages qu ils n'ont pas faits , & ne
parle pas de ceux qu'ils ont faits.
Son père Geor^ Konig, natif d'Am-
bert, mort en 1654^^ à 64 ans > fut
profefleur de théologie à Altdorf ,
& a laiiTé un Traité d,s cas dà Conf-
cUnce^ in-4*^i 1675 , & d'autres li-
vres théologiques.
II. KOKIG, ( Emmanuel) célè-
bre médecin , profefTeur de phyfi-
que & de médecine à Baie fa pa-
trie , mourut dans cette ville en
1731 , à 73 ans , après avoir publié
pluûeurs ouvrages fur fon art , qui
décèlent une vaûe leChire. Le plus
connu efl fon lUgnum itûruraU , |s-
iutjU &fpedaU , à Bâle, 1763 , in-4'*,
qui fut fuivi du lUgnum vcguabiU .
Bâle , 1708 , in-4°.
KOORÉE, Toy. LolJCoor.
KOORNHERT, Foyq Corne-
HERT.
KOPHTUS, ou Cheospes, au
Chemmi , roi d'Egypte , fit bâdr , .
fuivant la plus commune opinion ,
les ^meufes Pyrûtnidu d^Egyptt , qui
ont pafle pour l'une des merveil-
les du monde. Il y occupa , dit-
ojx , 360 mille ouvriers , qui- tra-
vaillèrent pendant 23 années. PUiu
dit qu'il y hxt dépeoJfé 1800 talens y
feulement en raves & enjoignons ,
les Egyptiens étant grands man-
geurs de ces légumes. Ces Pyrami-
des font au nombre de trois ^ une
grande, & deux un peu inférieures,
£lles ibnt à deux milles du grand
Caire , & diihuues de 200 pas T^ine
de l'autre. On dit que les deux
moindres furent bâties parj'^n Aes.
Pharaons , pour dépofer les corps de
Iq reine fon époufe & à^ I9 pi^in*
K O R
cefle fa fille. Aurefte, ee ibnt des
conjeûures que nous donnons d'a-
près raille autres écrivains : l-hif-
toire n'a pas la vue aiTez perçante
pour plonger dans les ténèbres
épaifTies de plus de trente ûedes
accumulés.
KORNMi^NN, (Henri) jurif-
confulxe Allemand , publia divers
livres au commencemem du xvii*
Ûecle. Titnplum natura , feu De ml* t
raculis quatuor Eîcmentjrum , Dçunmr
ftadt , 1611 , in-8°, IL De mîraculis
vlvorum, Kirchkeim, 1614, in-8®.
m. D<i mîraculis mortuurtffn , 16 10 «
in-8®. Ces trois ouvrages , fur-tout
les deux derniers, font curieux &
difficiles â trouver. IV. De Vhr^"
nitatû jure, 1617, in-8°. V. lênta
amorls , i6io , in-8®. . Quoique ce
livre & le précédent foient fuper-
£ciels, il y a des chofes recher-
chées.
L ICORTHOLT , ( Chriftian >
né en 1633 à Burg dans l'iile de
Femeren , profefTeur de Grec à
Roûock en 1662 » devint vice-chan-
celier perpémel & profeiTeur de
diéologie dans Tuniverfué nouvel-
lement fondée à Kiell. Il remplit
ces deux emplois avec autant d ha-
bileté que d'application. Cefàvant
mourut en 1694 , à 61 ans , avec
la réputadon d'un honune auîfi boa
citoyen qu'érudit profond. On a de
lui : L Traciatm de calumnlls Paganc-^
rum in veteres Chrtfilanos , à Kiell ,
1698 , in-4° : 5>uvrage curieux. &
intéreilant pour ceux qui aiment la.
religion. IL Traciatus de ofif^t &
natura Chrljilanlfmi ex mente Gwti"^
lium , Kiell, 16 j^ , ii>'4° : livre non
moins curieux que -le précédent. III.
Tractatus de perfuutiçmbus E^çU^
primitive ^ vaerum^ue Martyrum cm*
elatihus, Kiell, 1689'^ in-4*'. IV.
Traelatus de ReUg^ne ^hnlcd » M^-
hummedand & /udfued .,ith^° , Kiell t
1^65. V^ De X:ujasTO cni^fix9 i
K OT
JCîdî, léyS , ïïir4?. VI. Di trimai
Jmpofionbus magnis liber , Edojrdo
Herbert ; Thonut Hobbe ^ & BmtdiBa
SfMnofae oppofims ; dont la meilleure
é^on eft celle de 170 1 , in-4^, par
Ifsîoms éeSihaftkn , fils de l'auteur.
Vîl. Pluûeurs Traites de contro-
verfc , où les invcdives contre îe
pape ne font pas épargnées. Les
tittes Teuls prouvent l'extrême po-
litdïe de Tauteur. Le Papi/me plus
noir que U charbon ; le Béel\ébub
lUmain ; le Pape fchlfmatique : tel
eft le frontifpice de quelques-uns
de {es livres. Kurtholt eft moins
cftimable dans les ouvrages de
isifonnement, que dans ceux d'éru-
dition.
U. KORTHOLT , (Chriftian)
petit-iils du précédent , travailla
avec Tuccès au Journal 4e Wp^tg^
jufqu'en 1756 , &mourut à la ileur
de fon âge, en 1751 , profeffeur
de théologie à Gottingen. Il étoit
auffi favant que fon grand-pere.
On lui doit : I. Une édition des
leures latines de Làbniix^ * en 4 vol. ,
des Lettres fntnçoifes du même , en
un êul vol. & d un Reeueil de di-
verfes Pièces philosophiques , ma-
^lémaciques & faiflonques de ce
pbilorophe. II. De- Ecclefiis fubuT"
bicariis. III. J?e eatkufiafino Mtéanu-
mdîs. IV. De favantes Dijfertations,
y. Des Sermons , &c.
KORKOU & KOUROM , Voy.
GCHAK-GVIR.
KOTTER , ( Çhriftophe ) cor-
soyeiir de Sprotaw en Siléfie, fa-
Qieux -dans le parti Proteftant par
Ses vivons chimériques & abfurdes.
Ce fut vers Tan 1620 qu'il les mit
«u iour. £n 1625 Omtnius ayant
fait tosnoiflance ^vec ce ibu , fe
rendit pronmlgaceur do fes prophé-
ties. Comme eUses annonçotent 4e
grands malheurs à la maifon d'Au-
triche , & de grands avantages à
fes ennemb, on le mit au piloiià
Bseûaw) 4n ^627^ & on k bannit
K O u roç
éfifuite des états de l'empereuri
Cette petite correétion ne le cor-
rigea pas -, un fanatique peut-il
changer? U pafla dans la Luface,
& y prophëtifa iufqu'à fa mort ^
arrivée en 1647 , à 61 ans. Ccum-.
nius publia les délires decevifio^n*
naire , & ceux de Drahitha & dé
ChriJHne Poniatovia , deux autres
êinatiques. comme lui , fous le titre
impertinent de Lux in tenebris , à
Amâerdam , 1665. L'édition de
1657 eft beaucoup moins ample.
KOUC,( Pierre) Vvy. ICoECK.
KOULl-KAN , < Thamas ) roi
de Perfe, appelé auiS Schah-Njt*
z>XA, naquit à Calot , dans la.pro*
visce de Khorafan , une des plus
Orientales de la Perfe , & fu|ettô
aux incurfioas des Tartres Uf-
becks. Le père de Nadir , chef
d'une branche de la tribu des
Afschards , étoit gouverneur de la
fortereffe que les Afschards- avoient
bàcie contre les Tartares. Depuit
bien des années, ce gouvernement
avoit été -héréditaire dans cette
fiaunille. Cettedignitérevenoitdonc
à Nadir f après la mort de fon père ^
qui le laifia mineur. Son oncle
s'empara du gouvernement, fous ic
pcétexteif^écieux d'en prendre ibin
iufqu'à La majorité de fon nev«a»
Nadir y né avec une ame élevée &
un eiprit' indépendant , ne voulut
pas vivre fous un onde -fi ii^uile\
il s'expatria. £tant allé en pèlerinage
à Mufchade dans le Khorafan , le
jB^Meg le jprtt à fon fervicepour
ibus-naître .des cérémonies. Le
gainnemetir^ fut û fatisfait de fa
conduite, ^qu'illui donna une com^ ■
pagaie de cavalerie. Sa bravoutv
St. {Jon habileté relevèrent en peu
cd'anoées à un grade fupérieur ; il
ént fiait Min>Bafchi , ou comman^
•dam de mille chevaux. Il* demeura
dans ce pofle Jufqu'à l'âge de )z
ai» , fe âtfant »mer de tous ceuK
wrtc qui il fe £uailiatifoit , &
io6 K O U
cachant avec foîn l'ambitioti , fk
paiHon dominante. Il nç put s'em^
pêcher de la laiiTer transpirer en
Z720. Les Tartares Usbecks firent
une irruption dans le KhoraÊm ,
avec un corps de 10^000 hommes;
LeScgfaheg n'aroitfur pied qu'en-
ynroa 4000 chevaux & 1000 ùat-
laffiiB. Dans un con&il de guerre ,
où tous les officiers feifoientfentir
au gouverneur qu'il y auroit de
l'imprudence de fe rirquer avec des
forc^ û' inégales , Nadir s'oflfrit
pour cette expédition , en répon-
«lant du fuccès. Le gouverneur ,
dtarmé de cette propoôtion , le fit
général des troupes. Nadir part ^
rencontre l'ennemi , le bat , & tue
de ùi main le général des Tartares.
Cette viâioire donna un grand
hiAre à la gloire de Nadir, Le
gouverneur le reçut comme un
honane diiHngué > & l'aiTura qu'il
avoxt écrit en coiv pour lui ob-
tenir la . lieutenanee - générale du
Xhorafan. Mais le foihlé Hujfdn
iê laifla pi'évenir contre Nadir ,
par éss officiers jaloux de fes
îuccès*, & l'emploi fut donné à un
autre , parent du gouverneur. Nadir
piqué y ût des reproches au Beglaheg',
Sc'ûpouSa rinfolence û loin, que
ceieigneur, qucûque naturellement
doux y fe vit obligé de le caffer ,
après lui avoir fait donner la baf"
tonna<k fous la plante des pieds ^
îufqu'àce<que les ongles des orteils
lui ôifTent tombés. Cet af&ont
obligea Nadir à prendre la fuite ;
il fe joignit à deux voleurs de
grand, chemin , enrôla des bandits ,
2c fe vit dans peu à la tête de
500 hommes bien momés. Avec
ce corps , il ravagea tout le pays ,
& brûla les maifons de tous ceux
qui refiifoient de contribuer. Les
Aghwans sétoiem rendus maî-K
très d'I^ahan , fous la conduite
<de Magfimuâ ou Ma^tmoud , qui
yenoit d'envahir la Perfe. Les Turcs
K o u
& les Moscovites s'étoient , «Tcai'
autre côté, jetés fur divers, ceats^
de la Perfe -, de forte que Schah-^
Thomas , léginme fiiccelTeur de
Hujfûn , n'avoit {^us que deux oir
trois provinces. Un des généraux
de foaarmée \ dont il étoit mécon-
tent, fe retire fiecrétemem auprès de
Nadir avec 1500 hommes. L'oncler
de Nadir y appréhendant alors qu'it
ne vînt le débrouiller da gouverne-
ment à main armée , lui écrivir
qu'il obtiendrok , s'il vouloît , le^
pardon de tout ce qu'il avoit hit ^
& qu'il pourroit entrer au fervice-
du roi. Il accepta cette- ofire , Re-
parut , ^ans différer > pour Csdot ^
avec le général fugitif, & ceii&
hommes d'élite. Il ^t ]»en reça ^-
mais la nuit fuivante il fit inveftir^
la place par f 00 hommes ,. & étant-
monté dans la^ chambre de Ibnc^
oncle , il le tua ,. en L717. Schah-^
Thamas , ayant befoîn de monde »
fit dire à Nadir qu'il lui pardon-^
neroit encore cette feute, s'ilvenoi^
le joindre » & qu'il Icl feroit Mio-^
Bafchi. Nadir ^ ravi de cette pro-.
pofition , fe rendit auprès du mo-^
narque , s'excufa , & promit beau-
coup de fidélité. Après s'être iignalé
en diverfbs rencomres contre lest
Turcs , il fut fait lieutenant-général.
Il ûit m^e il bien s'infinuer dan»
l'efprit du roi ^ & rendre fufpeéè
le général de fes troupes, que, ce
dernier ayant eu la. tête tranchée^
Nadir fut fait général au commen-*.
cernent de l'an 1729. Alors il' dé^
ploya toute l'étendue de fes talens.
Le roi fe repofa ûa lui de toute»
les affaires militaires. Dans le moi»
d Août de cettQ année , Thomas
apprit q}i*4fihrt^\, fiiccefTecir de
Magkmuii\t s'avançoit avec 30,000
hommes vers le Khorafân ; Nadif
marcha contre lui : la bataille fo
doima , & jifchruff y syant/jperàm
1 1,000 hommes , fe retira àlfpahaii
avec envixoaie ti^ers de £op. uméfi^
KOU
Ce fut alors que Thomas fit à fon
gtnéral le plus grand honneur qu'un
roi de P«rfe puiffe faire. Il lui or-
tionna de porter fon nom , de forte
qu'il fut nommé Thamas-Kv u om
KoVLi , PEfclave de Thamas^tny
ajoutant le mot Kan , qui fignifie
Seigneur. L'efclave voulut bientôt
être le maître ; K&uR^Kan excita
une révolte contre Thomas^ le fit
enfermer dans une prifon obfcurc;
& ayant tiré du férail un fils de
ce prince qui étoit encore au ber-
ceau , il le plaça flir le trône.
KouB^Kan fut le premier qui lui
prêta ferment de fidélité, 8c tous
les autres officiers fuivirent fon
exemple. Quand on eut remis ce
roi ênhtit dans le berceau , il fit
trois ou quatre cris. KouU-Kan
|oua alors Une plaifante comédie.
U demanda aux aififtans s'ils en-
tendoient ce que vouloit le nou-
veau roi ? & quelques uns d'entre
eux ne fâchant que répondre , il
leur dit : Je vais vous t'apprendrei
J'ai reçu de Dieu le don d* entendre le
engage des enfans^ ht Prînte nous
rtdemande les provinces que les Turcs
ont envahies Oui , mon Prince >
( clouta- t-il , en touchant la tête
de !'en£int , ) nous irons bientôt tirer
ra^fon du Sultan Mahmoud , & , s'il
piaù à Dieu , nous vous ferons manger
des raifins de Scutari , & peu^étre de
ConflanùnopU ,. KOULI - Kan ,
déclaré régent pendant la minorité
du jeune prince, alla faire la guerre
aux ennemis de Tempire. Il gagna
plttfïeurs batailles , dont la p^us mé-
morable fut celle d'Erivan , livrée
le 28 Mai 173 c. Les Turcs per-
dirent, dans cette journée , plus de
^o mille hommes , & le général
qui les commandoit. La conquête
de plufieuts provinces fut le fruit
de tant de fUccès. La couronne de
Perfefiit alors déférée au vainqueur
par tous les grands de l'empire.
> S partit au mois de Décembre ,
KOU 107
aveè une armée de plus deSo,ooo
hommes , ayant laiffé fon fils Be^m-
Kuil-'Mtrla pour commander dans
Ifpahan , pendant fon abfènce , &
il prit Kandahar après un fiege de
18 mois. Quelques mintfires de
Mahommed'-Schah , empereur du
Mogol ou de rindoftan , écrivirent
à KouÛ-Kan^ pour l'inviter à s'cf»-
parerd'un empire, dont le monttr-
que indolent & voluptueux n*étok
pas digne. Dès que le toi dePerfè
eut pris fes furetés , il ne fe refiiû
pas à cette conquête , fi conforme
à fon inclinadon.'Après avoir pris
les villes de Ghorbundet & de
Choznav^ , il tira droit à Cabol ,
capitale de la province du même
nom , & frontière de Tlndofbn ;
KouU-Kan la prit , & il y trouva
d'immenfes richefies. Il écrivît au
grand-Mogol , »♦ que tout ce qu'il
>♦ venoit de faire , étoit pour le
»♦ foutien de la religion de Tcm-
M pereur ♦«. Mahommed ne réponrHt
à cette lettre qu'enlevant des troupes.
KouFt-Kan envoya un Jecond am-^
baffadeur pour demander environ
100 millions de notre monnoîe ,
avec quatre provinces. L'empereur
trop nonchalant , & trahi par fes
miniftres , ne fit aucune diligence.
Pendant ces tergiverfations , lePer-
fan fe rendoit devant Pishor , dont il
s'empara , après avoir défait un
corps de 7000 hommes campés
devant cette place, au mois de No-
vembre .1738. Le 19 Janvier fai-
vant , il fe vit maître de Lahor.
Enfin , l'armée du grand-Mogol
s'ébranla , & le monarque partit
de Delhi le 18 Janvier, Koull-Kan
alla au-devant de lui. Son armée
étoit d'environ 16,000 hommes à
cheval. Il- alla camper à une petite
diftance de l'armée ennemie. Le
combat fe donna , & le Perfan rem-
' porta une viftoire complète , quoi-
qu'il n'eût fait agir qu'une partie de
fes troupes, La confternation & U
K>g ,K O U
«erreur fe répaodirent dans te camp
de r«mpereur. On tint un conieil ,
& on fit £ûre des proportions
d-'accoflunoderaent à Kouli - Kan ,
qiû exigea qu'avant toutes chofes
le grand-Mogol vint s'entretenir
avec lui dans fon camp. L'empe-
«eur fit ce qu'on demandoit de lui ^
& après que le roi de Perfe l'eut
^t aiTeoir à côté de lui dans le
iaême fiege , il lui parla en maître
& le traita en (ujet* Il ordonna
cnfiiite à un détachemeitt de cavar
ierie de s'emparer de toute Tar-
tillene du grand-Mogol , de d'en-
lever tous les tréfors , les joyaux ,
6 toutes les armes & les munitions
ide l'empereur & des émirs^ Les deuK
monarques fe rendirent enfjuite à
Delhi , capitale de l'empire, & ils
y arrivèrent avec leurs troupes, le
7 Mars 1759. Le vainqueur enferma
2e v^ncu dans une pnfon konora-
I»Ie, & fe fit proclamer empereur des
Iodes* Tout fe pafla d'abord ^avoc
Iteaucoup de tranquillité ; mais une
taxe que l'on mit Air le blé , caufa
na grand tumulte , & quelques-uns
des gens du roi de Perfe fiirent
.filés. Le lendemain ïi , le tumulte
ê3£ plus grand encore. KouG-Kan
monta à cheval , & en^^oya un gros
détachement de fes troupes pour
«ppaifer le tumulte , avec permiffioïi
^ Éaire main-baffe fiir. les fédi-
lieiBE , après avoir employé la
douceur & les.nienacos. Le roi de
Ferfe s'étant rendu dans une mof*
quée , y fut attaqué à coups- de
pierres ; on tira même fur lui. Ce
jnrince, fe livrant alors à toute fa
fureur, ordonna im mafiacre géné-
ral. Il le fitceffer enfin : mais ayant
àxBtè depuÎA 8 heures du matin
,}ufqu'à trois heures après midi , il
y eut im fi grand carnage , que l'on
compte qu'il y périt au moins
110,000 habttans. Pour fe délivrer
4'un hôte fi formidable , il s'agiffoit
4te lui payer lfi9 &tinoies ^ lui
KOU
avoient été promifes : KouSs^Keof
eut , pour fa part , des richefles
immenfes en bijoux , en diamans..
Il emporta beaucoup plusdetréfor^
de Delhi , que les Ëfpagnols n'ea
prirent à la conquête du Mexique.
Ces tréfors , amalTés par un bri-
gandage de plufieurs fiecles , fiirent
enlevés par un autre brigandage»
Le palais feul de l'empereur iea«-
fermoir des tréfors inefiimables. La
falle du trône étoit revêtue de
lames^d'or ',des diamansenomoîeat
le platicmd. Douze colotmes d'or
vasSMy garnies de perles & de
pierres précieufes, formoient trois-
cdtés du trône , dont le <dais fur-
tout étoit digne d'attention *, il re-
préfentoit la figure d'un paon qui ^
étendant fa queue & fes ailes, cou-
vroit le monarque de fon ombre»
-Les diamans ^ les rubis, les'éme»
raudes , toutes les pierreries dont
ce' prodige de l'art étoit compofé ^
repr^emoient au naturel les cou*
leuKsdecet oifeau brillant. On £ak
monter le dommage que cauCa
cette irruption .des Perfes , à ixf
millions de livres fierlings. Un
Dervis, touché des malheurs de £a
pcltrie , ofa prcfenter à KouB-Kart
U' requête fui vante. »» Si tu es Dieu ,
»» agis en Dieu ; fi tu ts Prophète ^^
vt eondiùs-nous dans la voie du/alut i
*y fi tu es Roi , rends les pétales keu-
>» reux , &nc Iss détruis pas,,. K.ouU"
w Kan répondit : Je ne fuis pas
n Dieu , pour agir en Dieu ; ni Pro-
y> phete pour montrer le chemin du
»♦ falot ; ni Roi , pour rendre lespett^
» pies heureux. Je fats Cejluï que
»r Dieu envoie contre les Nations fur
»♦ lefquelUs il veut faire tomher fa
vt vengeance «t. Le monarque. Perfan ,
qui étoit en droit de tout exiger
de Mohammed , finit par lui deman-
der en mariage une princefie de fon
fang pour fon fils, avec lacefiion
de toutes lesprovincesfituées au-delà
de U tiviere d'Ateck ^ de celle de
KOXI
Tlodus , du côté de la Pei^
Mahommed conientit à ce démem-
brement, par un aûe figné de fa
fliain. Kouh'Kan fe contenta de la
ceffion de ces bdles provinces qui
étotent contiguës à fon royaume
de Perfe , & les préféra fagement
à Ats conquêtes plus vailes , qu'il
eût cet^ervées difficilement. 11
laifla le nom d'empereur à Mahcm-'
nted-, mais il donna le gouverne-
ment à un vice-roi. Comblé de
gloire & de richeifes , il ne longea
plus qu'à retourna: en Perfe. Il y
arriva après une marche pénible ,
qui fut travetfée par pluiîeurs obf-
tades que fa valeur & fa fortune
furraonterent. Ses autres exploits
font peu connus. {Foy«î Maho-
met , n** Vï. ) 11 ftit maffacré le
S Juin 1747 > par Makomed ^ go^A"
vemeur de Tawus , de concert avec
Àû KauII^Kan , neveu de Tkamas ,
qui fe fit proclamer roi de Perfe.
^ Les afli^ins ( dit un hidorien
M Perfan ) firent une balle de
»» pamne de cette tête que l'univers
m peu de temps auparavant n'étoit
^ pas capable de contenir. ^ Ses
trob fils & 16 autres princes du
façg royal , fur^Rt égorgés le même
Jour. Àii^ mourut ce prince, auffi
brave C[d*Alexandn , auffi ambitieux ,
mais bien moins généreux & bien
moins himiûn. IFoy. Bovgain*
TILLE. ] Ses conquêtes ne furent
marquées que par des ravages.
Point de villes réparées ou bâties -,
point de grands établiffcmens.' H
ne fut enfm qu'un illuflre icélérat.
11 aimoit à l'excès les femmes , fans
négliger les affaires. Pendant la
guerre, ilvivoil comme unfimple
foldat -, dans la paix il n'étoit pas
moins frugal. Sa taïHe étoit de
6 pieds , fa conôitution fort ro-
birfle -, & fa voix extrêmement
fort». Quant à fa religion , il n'en
eut aucune. Son premier aâe d'au-
-torité « en montfmt fur le trône ^
K O U 109
fitt de s^emparer de la plus grande
partie des biens des mintfbres de ^
la religion. U demanda peu de
temps après , une traduâion en
langue perûine , de la Bible & de
l'Alcoran. Les millionnaires Euro-
péens , les Rabbins & les Mollas
travaillèrent à ces ouvrages. Lod^
qu'ils furent achevés , les traduc-
teurs lui en firent la leéhire d'une
partie. U plai&ntafiir lesmyfieres
de la religion Qu'étieni^e , fe mo^
qua de celle des- Juifs , tourna Ma^
homet & Ali en ridicule. Ënfuite il
fit enfermer les traduâions des li-
vres facrés des Chrétiens & des
Mufulmans dans une eafiette , difanc
qu'il donneroit bientôt aux hom->
mes une religion beaucoup meil-
leure. Mais les af&ires de Per&
ne permirent pas heureufement à
ce defpotè d'exécuter un projet qut
auroit été une fource de cruauics
& d'erreurs nouvelles. Ce prophète
guerrier Y ennemi de la contradic-
tion , auroit fans doute fait recevoir
les rêveries à coups de fabre. Un
des chefs des minîfires de la veti*-
gion de Perfe ^ lui ayant voulu
représenter qu'il n'appartenoit pas
au prince d'innover en madère de
dogme , KonÛ'-Kan ne lui répondit
qu'en le faifant étrangler. La crainte '
qu'il in^iroit étoit telle , qu'à fou y
retour des Indes , au milieu même
de la marche , il ofa commander
à fes foldacs de remettre dans Ion
tréfor tout ce qu'ils avoient pillé
dans cette expédition *, &fes foldats
obéirent. Il fe contenta de Êûre
difiribuer à chacun d'eux » cinq
cens roupies 9 &imefomme un peu
plus forte aux officiers , qui reçurent
îans fe plaindre cette foible récom-
p^ife de leurs travaux & de leurs
fetigues. Foyei lextrait hâfiorique
qui efi à la fin de NadÎTy tragédie,
par M. Dtéiffon , repréfentée en
1780. On a une Hifttired^ThamaS'-
KouU^Km^ traduite d'un manufcri^
Tto K R A
Pcfûn y par M. WîUlams^ Jones \
membre du collège d'Osbbrd ,
KRACHENINNIKOW , né en
1713 » &it du nombre des jeunes
élevés attachés aux profiefleurs de
Tacadémie de Saint-Pétersbourg.
Cette compagnie ayant envoyé
qoeiques-uns de fes membres au
Kamtchatka par ordre de l'impéra-
trice « en 17^3, pour donner une
relation de ce pay» , le jeune
Krachénuimkûw fuivit le pro&âeur
dlûAoire naturelle. Il en revint en
1743 , avec un grand nombre d'ob*
iervations. L'académie le nomma
adjoint en 1745 , & profefleur de
botanique & d hifloire naturelle en
1753. Il mourut en 1755 *, il avoir
éoé chargé par fa compagnie de*
dieÛcr la Relation des découvenes
des académiciens , & de la combi-
ner avec celle de M. SulUn qui
ëtoit mort &l 1745. C'eft cet ou-
vrage, écrit avec beaucoup de fin*
cérité & d'ezaéibitude , dont la tra-
dufbon forme le 2** vol. du Voyage
de Sthiiîe de l'abbé a\Apj^ à'Auu>^
roche , à Paris , 1768, 2 tom. en
3 vol. in-4° avec figures » magnir
£quement exécuté,
KRANS. Voye{ Causius.
KRANTZ, Voyei Fjscset.
KRANTZ ou C&ANTS , (Albert)
doyen de l'églife de Hambourg »
fa patrie y fut employé dans di-
verfes négociations , & s'en acquitta
avec autant d'intelligence que de
zèle. Il étoit l'arbitre des difSérens ,
la reflburce des pauvres , fiç l'e-
xemple de ion chapitre. Cethonune
cftimable, parvenu à la vieiUeâfe,
mourut le 7 Décembre 1517 ,
laifTam pli^urs ouvrages. Les
-plus connus font : I. Chronica ng^
norum AqvUomùruai Danitt , Succue ,
NorwegUt ; ArgentoratL , 154^ »
in-fol. réimprimée à Francfort dans
le même format , par les foins de
K R A
SaxotdM gmtU vetuftâ orlgfne^ > 9
Francfort, in-fol. , en i J75, 1 580— »
1581. m. WandaUa , iive Hlfioria
de Vandalorum origine i Cologne »
1 600 , in-fol. réimprimée avec plus
de foin, en 1619 , à Fsancfort,
in-fol. , par WecheL IV. hUtr*,folis .
five HiftorU EecUfiafiica de Saxonla,
1575—90 & i6i7 » à Francfort,
in-fol. £ile ne r^^arde que THif*
toire de 'Weflphalie & de Jutland.
Tous les ouvrages de cet auteur
offrent beaucoup de recherches ^
mais il fe perd dans les origines
des peuples , ainû que ceux qui
avant lui s'étoient mêlés de dé-
brouiller ce chaos. Krant^ , plus
(avant que cridque , a beaucoup
de penchant pour les Êibies , &
pour les Êibles les moins vraifcm-
blables. Il eft d'ailleurs accufé dé
plagiat. On dit dans fon Epitaphe
qu'/7 ctoU trts-éloquent ; cela ne paroit
guère par (es livres* ^oy«^-en la
lifte détaillée dans le 38^ vol. des
Mémoires du P. Nlceron. '
KRAUSEN , ( Ulric ) habUe gra-
veur Allemand , dont nous avons
l'ancien & le nouveau Tefiament
très-élégammem exécutés entaille-
douce. La déliccjteiïie des figures
&it rechercher le recueil qu'on ea
fit à Ausbourg ^ en 2 vol. in-fol. ,
1705. Les Epitres & Evangiles font
gravées féparément» i vol. in^foL.,
1706. L'explication étant en alle-
mand ,> cet ouvrée ne peut êtr^
recherché d'un François qu'àcaufe
de la besoité des gravures.
KRETZCHMER, (Pierre) né
dans le Brandebourg, vers 1700»
coafcdller des domaines du roi de
Prufie, mort en 1764, à 65 ans,
fe diitingjaa par fa patience labo-
rieufe^ & fa fagacité en fiait d'é-
conomie & d'agriculture. Il fit un
grand nombre d'expériences fur ces
matières *, une des plus curieuies e(t
celle qull développa dans un Af<-
mo^.^ ^ fujet del4 multiplication
K R O
teraordlnaîre d'un ^ain d'ôrge.
Ce fixt en marcottant les tiges d'une
toufiSe d'herbe produite par ce grain
iemé au printemps, & tranfplantées
ailleurs , qu'elles produifîrem d'au-
tres touiSes -, & alnû de fuite, par
le même procédé , ce graîa d'orgt
produtjit j^jfqu'à 1)000 ipis^ Cette cul-
lure demande trop de bras pour
être d'une utilité générale. Ce même
auteur avoit tenté d introduire en
Pniile le labourage à deux char-
rues ; il le propofa dans un autre
Mémow, L'idée n'étoit pas neuve :
OUvler de Seris en parle dans fon
Thèatxe d'Jffiaiùure i mais cette
idée eA une de celles qui font plus
avantageiifes dans la théorie que
dsns la pratique.
L KROMAYER, (Jean) né en
2576 , à Dolben en MiTnie , fut
Biiniftreà Eiileben, prédicateur de
la duchefle douairière de Saxe , &
enfin furintcndant à 'W^eimar , où
il mourut en 1643 , à 67 ans. On
a de lui : I. Harmonia Evangtllfta-'
nm, IL H'tfijntt EccUfiaftlcA corn-
pauEkm.1ÏL Une Paraphrafc e^mée
fur JérémU & fur les Lamentations :
die (é trouve dans la Bible de
IL KROMATËR , < Jérôme ) ne-
veu du précédent, né à Zeitieni6io,
mon en 1670 , à 60 ans , à Leipzig ,
cù il étoit profefTeur en hiûoire ,
en éloquence & en théologie , eut
une pUÎme laborieufe & féconde.
Entre les nombreux ouvrages , nous
citerons feulement : I. Theologia Po^
fidvo-Polemka, IL HifiorU Ecclefiaf^
tica, m. PolymathlA Theolog, Ôcc.
KROUST, (Jean-Marie) Jéfuite ,
fut profefleur de théologie plu-
fieurs années à Strasbourg , puis
confeiTeur de mefdames de France ,
& travailla quelque temps aux Jour»
1UMX de Trévoux, On a de lui un
ouyiage «n ladn , en 4 vol. iii-S'* ,
intitulé Jnj&tMÙs* Cknconan , Aus*
kour^; , 1767. Ce font des médi-
K R O iir
tstîoiis pour tous les jours de
l'année, très-propres à former les
prêtres à la fainteté de leur é^',
& au minifiere de la chaire. Il m
encore donné un vol. in-S^ coo-
tenant une RetraUe de huit jours «
à l'ufage des ecdéfudtiques *, réim-
primée à Frtbourg en Brifgaw ,
Z765. On trouve dans ccsr livres
le lainage onâueux de 1 Ecrinne
& des Pères. Il ne feut pas juger
de ce Jéfuite par ce qu'en dit Vsdt^bpt
qui avoit eu à fe plaindre de ha ,
ou plutôt, qui étoit mécontent da
zele qu'il montra contre ies opî«
nions erronées*
KRUG£R, (Jean-Oiriden) né
à Berlin de parens pauvres , mon
à Hambourg , en 1750 , âgé de
28 ans , iâi diitingué fur la fcens
comme aâeur & comme poeie. U
eft à préfumer qu'il auroit con-
tribué à illuflrer le théâtre Alle-
mand, û les travaux qu'exigeoient
de lui fa qualité d'aâeur & fou
état de médiocrité , ne l'cuffaoi
obligé à entreprendre des traduc-
tions , & fi la mort ne l'eût fui:pris
à la fleur de fon âge , ainfi que
Schlegel & Cronegh , autres auteurs
dramatiques du même pays. Outre
la Traditaion allemande du Théden
de Marivau»^ on lui doit un recueil
de Poifies , imprimé à Leipzig :
les ouvrages qu'il contient font des
Poéûes diverfes , des Prologues , &
fur-tout des Comédies , dont lek
principales font : l'Epoux aveugle^
les Candidats , & le ZHic AùckeL
KUHLMAN ,( Quirinus) naquit
à Breflaw en Siléûe avec un efpric
fage & pénétrant. Une maladie dé-
rangea ies organes à l'âge de iS
ans , & il fîit un des plus grands
vifionnaires de fon pays & de fon
fiecle. Il fe crut infpiré de Dieu ;
il s'imagina être dans un globe de
lumière qui ne le quittoit jamais ;
il ne voulut recevoir aucune leçon ,
parce que , difoit-il , h Saint-E/prk '
II» KIT If
étottfon makn. Cet infortuné , qu^l
aoroit £illu eniiermer, fut brûlé
l'an 16S9 , en Mofcovie pour quel-
ifues prédiéhons fédttieués. H avoit
parcouru auparavant l'Angleterre,
la France , l' Allemagne , rOri<:nt ;
& malgré la facilité de TeTprit hu-
main à adopter toutes les extrava-
gances , il ne fit pas beancoup de
profélytes. On a de ce vifionnaire
quelques écrits pleins de rêveries
les plus abfurdes. Il en préparoit
un , qu'il devoit intituler : La CUf
àt /'Eternité & du Temps ; c'étoit
la fuite d'un ouvrage qu'il avoit
publié en 1674 à Leyde , fous le
titre de Prodromus Qmnquamu mira*
huit.
KUHNIUS, (Joachim)profef-
feur de Grec & d'Hébreu dans Tu-
niverfité de Strasbourg , né àGrips-
valde, mort en 1697 à 50 ans,
kifla des Notes fur PoUux , Paufa-
mas , Elîen , Diogenc'Laiérce , & d'au-
tres écrits dans lefquels on remar-
que un grand fonds d'érudition. Le
plus connu efl intitulé : Qu^e/Uones
Pkllofophica ex facrls VeterU 6» Novi
Teftamend alufqiu Scrlptorlbus , 3 vol.
in-4° , Strasbourg , 1698.
KULCZINSKI, ( Ignace ) abbé
de Grodno , né à Wiodimirs en
Pologne l'an 1707 , entra de bonne
heure dans l'ordre de Salnt-Bafik,^ &
fut envoyé à Rome en qualité de
procureur-général de cet ordre. Il
mourut dans fon abbaye de Grodno
^n 1747 , à 40 ans , après s'être
acquis une grande réputation par
fon Spécimen Ecclejlz RutherUca. On
a encore de lui , en manufcrit :
Opus de vuls SanSorum ordinif Dlvi
Bafilu magnl , 2 vol. in-fol.
KULPiaUS , ( Jean -George)
Nj^ofeiTeur >en droit à Gieilen , puis
à Strasbourg, aflîÂa au Congrès
de Ryfwick en qualité d'envoyé du
duc de VT^ittembcrg , & mourut en
7698. Le plus efHmé de fes ouvra-
ges dk un Commaucûrc va-j^^, fur
K UN
Groàust fous le titre de CoUe^wà
Grijtianum : il eft favant.
KUNADUS , (André) théolo-
gien Luthérien , né à Dobelen es
Mifnie Tan 1602 , fut profefleiu- de
diéologie à "Wittemberg , & minif-
tre général à Grimma. Il mourut en
1662 , à 66 ans. On a de lui : ï.
Une ExplUatlon de l'Epîtreaux Ga*
lates. II. Un Abrégé des lieux - com*
muns de théologie. III. Des Dijfer*
tatlons fw la tentation au Déferi j —
Sur U Confcjfion de S. Pierre; —
Sur ceux qui nffuf durent au temps dé
la Prjjion , in-4® , &c.
KUNCKEL, (Jean) né dans le
duché de Slefwick en 1650, fut
chimifte de Télefteur' de Saxe ,
de celui de Brandebourg , & de
Charles XI roi de Suéde. Ce mo-
narque récompenfa fon mérite , par
des lettres de noblelfe, & par le
titre de confeiller métallique. Kunc"
kel mourut en 1702 , à 68 ans ,
après avoir fait plufieurs découver-
tes , entre autres celle du Ph^/pkcre
d^uîne. On lui doit encore plu-
fieurs nouvelles opérations fur l'art
de la verrerie ; une manière de
mouler des figures en bois ; une
petite curiofité chimique , qui con-
fiée à marbrer un globe de verre
de difféifentes couleurs •, & un pro-
cédé ingénieux pour faire une plante
de métal. Parmi le grand nombre
d ouvrages qu'il a publiés en alle-
mand & en latin , on diitingue fes
Ohfervatlon&s Chymlctt , Londres ,
1678 , in- 12 -, & fon Artd^ la Ver"
r:rle ," traduit en françois par M. le
baron d'Oll>ach , & imprime à Paris
en 1752, in-4'*. Les chimiftes qui
Tavoient précédé, avoient cultivé
la chimie pour augmenter les lu-
mières de la médeciiie : Kunchl en
fitufege pour perteûiontîer les arts.
C'étoit un ardfte qui avoit peu de
théorie, mais qui portoit dans la
pratique une fagacité & ime intel-
ligence qui lui tenoient lieu de £1-
^ voin
KUN
toîr. Il s'attacha ûir-tout à fuivre
le travail de Néri fur la vitrification *,
&fes découvertes donnèrent beau-
coup d'étendue à cette partie impor-
cmte de la chimie. Une de fes ex-
périences paroît démontrer contre
M dt Buffbn , que l'or n'eft pas
vitrifiable ; Kunckel en a tenu dans
un feu de verrexie pendant plus d'un
mois, fans qu'il ait diminué d'un
grain, ni reçu la moindre altéra-
tion. Au refte , fes ouvrages bril-
lent plus par le détail de fes expé-
riences , que par le ftyle. 11 écrit
comme un artiile greffier , fans art
& uns méthode.
KUNRAHT , (Henri) chimifte de
la feâe de Paracdfc , fît beaucoup
parler de lui au commencement du
XVII* fiede, & fut^ dit-on, pro-
feffcur en médecine à Leipzig. Mol-
Urm prétend que Kunrakt ctoit un
adepte qmpoffédoit l^ pierre phîlo-
/opÂiz/efll nous apprend lui-même,
» qu'il avoit obtenu de Dieu le don
« de difcemer le bien & le mal dans
M laclûmie w. U mourut à Drefde
«n 1607. On a de lui plufieurs ou-
vrages d'une obfcurité impénétra-
ble, qui ne fervent qu'à montrer
le ànatifine ou la charlatanerie de
leur auteur ; & que s'il avoit obtenu
de Dieu le don du difcerneméht ,
il n'avoit pas reçu celui de la raifon
& du bon fens. Les curieux recher-
chent fon Amphîtheatrum Sapientùe
tttemA , ChrîfiianO'caialijUcum , Di-'
vliuhma^cum ; Hanovis , 1619 , in-
6>1. On y mit un nouveau titre en
1653. Ce livre fut cenfuré par la
^cidté de théologie de Paris. .
KUSTER, (Ludolphe) né à
Blomberg dans le comté de Lippe
en 1670 , du premier magiftrat de
cette ville, fe diftingua de bonne
heure par l'étendue de fa mémoire.
Après avoir achevé l'éducation des
fnfans du comte de Schwerln , pre-
nûer miniibre du roi de Pruffe , il
voyagea en Angleterre & en France.
Tqtiu V.
KUS 113
De retour à Berlin, le monarque
Pruffien le fit fon bibliothécaire \
mais le féjour de cette ville lui
étant défagréable , il fe retira en Hol-
lande. Réduit à une extrême mifere ,
il fe rendit à Paris , où l'abbé JBlgaon^
fon ancien ami , Tinvitoit de venir.
Les follicitations de fon proteûeur,
jointes aux réflexions qu'il avoit
faites fur la néceiTité de reconnoitre
une Eglife dont l'autorité infaillibU
mît fin aux controverfes , l'enga-
gèrent à fe feire Catholique. La cé-
rémonie de fon abjuration fe fit
le 25 Juillet 171 3. Kufier jouit alors
de la faveur & des diftinâions que
pouvoit cfpérer un fàvant & un nou-
veau converti. L'abbé Blgnon le
préfenta à Louis XlTy qui le gra-
tifia d'uile peniion de 2000 liv.
L'académie des belles-lettres lui ou-
vrit fes portes , en qualité d'afTocié
furnuméraire -, difliné^ion qu'elle
n'avoit faite à perfonne avant lui.
Ce favant mourut peu de temps
après, le 12 odtobre 1716 , à 46
ans. On ne peut nier que Kufier ne
fût unabyme d'érudition ; mais font
mérite fe bornoit là. Il étoit de
ces érudits enthoufiafles pour le
genre qu'ils ont embraffé > & qui
traitent toutes les autres fciences
de vaines ou de frivoles. Un livre
de philofophie le faifoit fuir -, & ilf
croyoit bonnement qu'un homme
qui compiloit , étoit fort au-defTus
' d'un homme qui penfoit. Ayant
trouvé im rw/Vphilofophique dans
la boutique d'un libraire ji il le re-
jeta en difant : >» ^Ce n'eft qu'imt
»» livre de raifonnement : Non fie
n îmr ad afira «. U étoit d'ailleurs
d'un naturel doux & paifible; mais
comme il n'avoit pas lu dans le
grand livre du monde, fes manières
étoient un peu rebutantes. Ses ou-
vrages les plus eftimés font , I. une
Edition de Suidas , à Cambridge , en
grec & en latin , en 1705 , formant
3 vol. in-foL Cet ouvrage deman^
H
114 KUS
doit une prodigieufe le£^iirc : Tau-
teur n'épargna rien pour le rendre
parfait en fon genre. C'eft auffi la
meilleure édition que nous ayons
du Lexicographe Grec. L'univerfité
de Cambridge récompenfaréditcur ,
en le mettant au nombre de fes
doâeurs. La littérature Gfecque
ctoit ce que Kufta^ poffédo'it le
mieux. Il regardoit VHlfiolre & la
Chronologie des mots grecs , (c'étoient
fes expreifions ordinaires) ,' comme
tout ce qu'il y avoit de plus folide
pour un favant. IL Blbllotheca no-
vorum JJhrorum , 5 vol. in-S® : Jour-
nal afTez médiocre, du moins aux
?'cux de nos littérateurs François*
1 commença en Avril 1697, &
^nit avec Tannée 1699. L'auteur
s'étoit aflbcié » pour ce travail ,
Henri Sikc. IIL Hljîoria critlca Homeriy
1696 , in-8° , curieufe. 11 fe cadia ,
dans ce livre & dans le précédent ,
fous le nom de Neocorous^ quifignifie
en grec , Sacriilain. Kuftcr a la même
fignification en allemand. IV. Jam"
fUcus jdc vitd Pithagora , à Amfler-
KYR
dam , en 1707 , in-4**. V. NovuÎH
Tcftamentum^ en grec, I710 , Amf-
terdam , in-fol. avec les variantes
de Mil! y augmentées & rangées dans
un ordre méthodique. VI. Une belle
édidon à* Arîfiophne en grec & en
latin, 1710 , in-fol. Voye^l. Aris-
TOPHANI.
KYRLE, (Jean ) homme bien-
foifant d'Angleterre , dont le nom
mérite de paffer à la poftérité. H
étoit né à RofF, périt bourg de la
province d'Héréford , & il mourut
en 1724 , à 90 ans. Avec un re-
venu de 500 guinées au plus, il
fit plus, que beaucoup de princes r
il défricha des terres , pratiqua des
chemins fevorables au commerce,
bâtit un Temple , nourrit les pau-
vres de fon canton , entretint une
maiibn de charité , dota àes filles ,
mit des orphelins en apprentifïage,
foulage^ & p;uérit des malades , &
appaifa les dmérens de Us voifins;
C'eft le célèbre Pope qui a fait con-
noître fes vertus dans fon Epîm
morale fur lUmplçi tkt nçhcgcu.
sBsa
Laab
\Ri Voye{ Làer«
LABADIE, (Jean) fils d'un foU
éat dé la citadelle de Bourg - en -
Gnienne 4 naquit en 1610. Les Jé-
fuites de Bordeaux, trompés par
ù piété apparente & charmés de
fon efprit ^ le revêtirent de leur
habit, qu'il garda pendant 15 ans*
Quoique dès-lors fon eTprit don-
nât dans les rêveries de la plus
folle myfticit« , il fut fi bien fe
déguifer , que , lorfqu'il voulut quit-i'
ter la fociéf é , lés fupérieurs & les
inférieurs mirent toUt en ufage poW
le retenir. Labadie ne tarda pas de
fe feire connoître. Quelques mois
avant de ibrtir des Jéfuites , il s'a-
vifa de vouloir mener la vie de
S, Jeati'BapuJh , dont il Croyoit
wroit Teiprit. II ne voulut plus
manger que des herbes , & ne s'af*
foibUt pas peu la tête par cette abf-
tinence* Après avoir parcouru plu-
fieurs villes de Guienne , il fut em-»
ployé dans le dioCefe d'Amiens.
On lé croypît im Saint ; mais un
commerce crimind avec une dé-
vote , & des liaifons plus que fuf-
peftes avec des Bernardines, dé-
couvrirent en lui un fcélérat hy-
pocrite. L'évêque d'Amiens , [ Cau-
martin] alloîtle faire arrêter, lorf-
qu'il prit la fuite. 11 demeura quel-
que temps enfuite à Bâïas , il paiTa
de là à Touloufe ^ & par-tout il
fe fit connoître comme «n homme
qui fe fervoit de la religion pour
fatisfaire fes pénchans. Nommé di-
teûeur d'un couvent de Religieufes,
il y introduifit le dérèglement avec
la fiauffe fpiritualité. Tout ce que
l'on a reproché de plus horrible aux
difciples du Quiétifte Mollnos , il le
fcifoit pratiquer à ces bonnes filles ,
lôs excitant lui-même par Tes ZC'*
tions & par fes paroles. L archevê*
que de Touloufe , informé de ces
défor^dres , difperfa les relîgieufes
corrompues < & pourfuivit le cor-
rupteur. Ce fourbe alla fe cacher
dans un hermitage de Carmes prèa
de Bazas , s'y fit appeler Jean de
L C. , parla en prophète , & y fe-<
ma fon enthoufiafme & fes détef-
tablcs pratiques. Ses principales er-
i*curs étoient les fuivantes: I. »♦ Dieu
» peut & veut tromper lés hom-
»i mes, & les induit efïeÔivemenfl
»♦ en erreur. 11. L'Ecriture-Sainte
>» n'eft point nécefïaire pour con»*
« duire les hommes dans la voie du
*> falut; ni. Lç Baptême ne doit
« être conféré qu'à un certain âge g
»» par'ce que ce facrement marquç
M qu'on ell mort au monde & re^
»♦ fufcité à Dieu. IV. La nouVellei
1» Alliance n'admet que des hom-
n mes fpirituels ^ & nous met dans
M une liberté fi parfeite , que nous
>♦ n'avons plus befoin ni de la loi ^
>« ni de fes cérémonies, V. 11 eft
w indifférent d'obferver, ou non,
« le jour du repos ; il foffit que ce
»» )otir-là on travaille dévotement.
» VI. Il exific deux Eglifes : Tune
>» ou le Chriftianifme a dégénéré ,
>4 6e: l'autre compofée des régéné-p
» rés qui ont renoncé -sm monde,
>♦ VU. Jefuf'Chrlfin'eA point réelle*
M ment préfent dans l*EucharilHe*
»* VIII. La vie contemplative eft ua
»» état de grâce, une union divine
n pendant cette vie , & le comble
î» de la perfeâion >». Labadie , con-r
traint de prendre la fuite , fe fit CaU
vinifte à Montauban en i6yo , &
y exerça le minifiere pendant 8 ans^
Quoiqu'il choquât dans ce pofte le|
T T ••
îi6 L A B
perTonnes fages par fes fennons fa-
tiriques , il ne latiTa pas de fe fou-
fenir par le crédit des dévotes qu il
■voit enchantées , les unes par l'ef-
prit , les autres par la chair. Leurs
pieufes cabales n'empêchèrent pas
pourtant qu' 1 ne fiit chaffé quel-
que temps après. Il pafla à Genève ,
«l'où il fut encore expulfé , & de
là à Middelbourg. Lbadie s'acquit
beaucoup d autorité dans cette ville*
à la faveur du ton myftique qu'il
prenoit , & de la févérité de mœurs
qu'il affeâoit. >» On regardoit , ( dit
» Nictron ) comme autant de Mon-'
H daXns vendus au ficcU préfcnt , ceux
»* qui le taxoient d'hypocrifie , &
>» comme autant de Saintes celles
w qui le fuivoient. Mademoifelle
w ScHUKMAN y cette fille fi fameufe
y* dans la république des lettres ,
♦* crut choifir la meilleure part en fe
y* rangeant fous fa diredîion. Elle
»» devint un dits chefs les plus ar-
» dens de la feâe. Ce fut elle qui
«» entraîna la princefle Palatine EU-
w \ahah , qui reçut les difciples er-
»♦ rans & fugitifede Labadîe. Cette
•» princefïe regardoit comme un
>♦ grand honneur de recueillir ce
** qu'elle appeloit la vérluhle Eglifc ,
«♦ & fe trouvoit heureufe de s'être
t> détrompée d'un Chrlftlanîfme maf-
*• que qu'elle avoit fuivi jufque-
» làl Le nombre des fedlateurs
•» de Lah'adU augmenta confldéra-
»» l)lement , & feroit devenu très-
« grand fans la dcfertion de quel-
*» ques-uns de fes difciples , qui ,
v> publiant ÏHîfiolre de fa vie privée
1» & de fa manière d*enfJgner , n'ou-
w blierent pas d'inftruire le public
■» des familiarités qu'il prenoit avec
*» fes dévotes, fous prétexte de
>• les unir plus p-îrticuliérement à
rt Dieu. Il envoyoit, de fa retraite,
•» des Apôtres dans les grandes villes
?» de Hollande -, mais le fuccès ne
»♦ fut pns a^Tez grand pour le dif-
f peofer de chçrçheç un lieu où il
L A B
» pAt vivre fans craindre la famin<i;
♦» Il palTa à Erfort , d'où la guçxic
» le chafTa , & l'obligea de fe retirer
>♦ à Altena dans le Holflein. Ce fut
>« en ce lieu qu'attaqué d'une colique
M violente , il mourut en 1674.,
>« entre les bras de MademoifeÛîe
>» Schurman» qui comme une corn-
M pagne fidelle l'avoit fuivi par-
>t tout. Il étoit alors âgé de 64 ans «<.
Il avoit été dcpofé, peu de temps
auparavant, danslef)'node de Dor-
drecht. Les ouvrages de ce fanatique
font en afTez grand nombre *, mais
nous avons fait affez connoitre fes
rêveries , pour nous difpenfer d'en
doaner une longue lifle, auflî feti-
gante pour le lefteur , qu'humi-
liante pour l'efprit humain. Les
curieux peuvent la voir dans le
XViii*^ volume àos Mémoires du
P. Nlceron, Il intituloit fes livres
finguliérement : Le Hérault du gr nd
Roi Jésus , Amflerdam , 1667 ,
in-i 2 ; Le véritable Exorclfme , ou
r Unique moyen de chujfer le Dîahlc
diim^nde Chrétien, Amfterdam» 1667,
in-i2 : Le Chunt^Royal du Rut J. C.»
Àmfterdam , 1 670, in-i 2 : Les Saintes
Dec. dis y Amfterdam, 1671 ,in-8** :
V Empire du Salnt-EfprUy Amflerdara,
1671 , in-12: Traité du Soi y ou
le Renoncement à Soi-meme , ÔCc. &c^
Il avoit compofé à Montauban ,
1656, in-24, ^ Pratique des deux
Oralfons mentale & vocale. Il VOU7
loit introduire cette pratique parmi
les Proteftans -, mais fon entreprifê
téméraire fur Mademoifelle de Ca.*
longes y dont il ofa toucher le fcin ^
tandis qu'il croyoit l'avoir plongée
dans la plus profonde méditation 9
renverfa fes projets. Les difciples de
ce dévot libertin s'appelèrent Là--
BADisTEs, On afTure qu'il y en a
encore dans le pays de Clcves, mais
qu'ils y diminuent tous les jours»
LASAN , fils de Ba^huel & petit-
fils de Ndchor » fut père de Lia &
de R^hel ^ qu'il donna Tune & V^
L A B
'tf« en mnriage kJacôh , pour le ré-
«ompenfer de 14 ans de fervices
^'il lui avoift rendus. Conune Xtf-
han vit que fes biens fruûifioient
fous les mains de Jacoh , il voulut
le garder encore plus long-temps
car avarice *, mais J.cob quitta fon
beau-pere ikns lui rien dire. Celui-
ci courut après lui dtirant 7 jours ,
dans le deflêin de le maltraiter,
& de ramener enfuite fes biens ,
fes iils & fes filles. Mais Dieu lui
apparut en fonge, & lui défendit
de feire aucun mal à JacU. L'ayant
atteint fur la montagne de Galaad,
ils offrirent enfemble des facrifices
& fe réconcilièrent. Liban rede-
manda feulement à fon gendre les
idoles qu'il l'accufa de lui avoir
dérobées. Jacob , qui n'avoit aucune
connoiiïance de ce vol , lui permit
de fouiller tout fon bagage. Rache/,
affifedeffus^ s'excufa de fe lever,
feignant d être incommodée. Ils fe
féparerent , contens les uns des
autres, l'an 1739 avant J. C
. LABAT, (Jean-Baptifte) Domi-
nicain Parificn , d'abord profeffeur
de jriûlofophie à Nanci , fut envoyé
«n Amérique l'an 1693. Il y gou-
verna iagement la cure de Macou-
ba, revint en Europe en 1705 , &
parcourut le Portugal & 1 Efpagne.
Après avoir demeuré plufieurs an-
nées en Italie y il mourut à Paris le
^Janvier 1738,37 5 ans. On a de lui:
I. Nouysau Voyage aux IJUs de VAmé^
li^ui , contenant PHlJLlre naturelle de
« fays , P origine , les mœurs , la Re-
H^Ln & le gouvernement des Habitans
anciens & modernes; Us Guzrres &
Us événemens fingulùrs qui yf^nt ar**
rivés pendunt le lungféjour que P Auteur
y a fait ; U Commerce^ Us manufac-
tures qui y fon: établks , & le moyen
de les augmenter ; avec une Defcrip^
iion exacte & curleufe de toutes ces
IJUs , ornée de figures -, Paris , 1741 ,
3 vol. in-i2. »» Ce livre agréable &
» Mruétxfcft écrit, (dit Tabbé dm
L A B IÎ7
Fontaines , ) » avec une liberté qui
»♦ réjouit le Icftcur. On y trouve
>) des chofes utiles , femées dtf
»♦ traits hiftoriques affez plaifans^
>♦ Ce n'eft peut-être pas un bon
M livre de Voyage •, mais c'eft ua
>» bon livre de Colonie, Tout ce qui
>♦ concerne lès nôtres , y cft traité
»» avec étendue. On y fouhaiteroit
>» feulement un peu plus d*exa^*
>« tude dans certains endroits u. II.
Voyages en Efpagne & en Italie , $
vol. in- 12 y écrits avec autant de
gaieté que le précédent ; mais nou*
avons fur l'Italie des ouvrages beau-
coup meilleurs. Ses plaifanteries ne
font pas toujours de bon aloi. U
cenfure le ton fatirique de Mijfon ,
& il l'imite quelquefois. ELI. Now
yelle Relation de PAfnque Occidin'*
tic, 5 vol. în-ii-, compofee fur
les Mémoires qu'on lui âvoit four*
nis , & par conféquent moins cer-
taine que la Relation de fon voyage
en Amérique. IV. Voyages du Che*
valler des Marchais en Guinée , Ifles
voifities y & à Cayenne , avec des Cartes
& des figures , 4 Vol. in-ii. On y
donne une idée très -étendue du
commerce de ces pays. V. Relation
hijlorique de l'Ethiopie Occidentale ^
5 vol. in- 12. Cette Relation, tra-
duite de 1 italien du Capucin Cat^ant,
eft augmentée de plufieurs Relations
Portugaifes des meilleurs auteurs ,
6 enrichie de notes , de cartes géo-
graphiques & de 1 gurcs. VII. Afe-
moires du Chevalier d'Arvieux , £n-
vçyé du Roi de France à la Forte ,
6 vol. in- 1-2, 1735. Le P. Labat
a recueilli & mis en ordre les Mé-
moires de ce voyageur fur l'Afie,
la Syrie , la Palei&ne, l'Egypte,
la Barbarie. Le ftyle de tous les
ouvrages de ce Dominicain é^ ea
général aiTez coulant, maisunpea
dif&s.
LABARRË , LABAtJME , Voit
à la Lettre B.
LABB£ , ( Philippe) Jéfuite, né à
Hiij
ziS L A B
Bourges ea 1607 , profefia les hu-
manités, la philofophie ôclathéo-
iogie avec beaucoup de réputation.
Il mourut à Paris , le 25 Mars
1667 , à 60 ans , avec la réputa-
tion d'un (avant profond , & d'un
homme doux & poli. Le P. Commlrc
lui fit cette £pitaphe :
X^abbeus hîcfitus 0, : vîtam, mortS"
que rcqidris ?
Vka lÀhros IIG fcrîhere , morfque
fiâu
4) rùmîùm felîx ! qui Patrtan antlqua
TUraHans
Concilia, acceJjfU coneUiis Supcrûm,
ïl avoit une mémoire prodigieufe ,
une érudition fort variée , & une
ardeur inùtigable pour le travail.
Toutes les années de fa vie furent
marquées par des ouvrages , ou
plutôt par des recueils de ce qu'il
avoit ramafle dans les livres des
autres , ou de ce qu'il avoit déterré
dans les bibliothèques. >♦ Le Père
» Lahhcy ( dit Figneul' MarvllU) ,
>» étoit un fort bon homme. Quoi-
»> que affez inférieur aux écrivains
♦♦ de fon temps , il ne laiffoit pas
>♦ de bienfervir en fécond. On a
>♦ vu un grand nombced'ouvTc^es^
vt Je ne dirai pas, tout-à-Êiit de lui ,
»> mais de toutes fortes de perfohnes
»♦ fous fon nom. Les autres en-
>» fentoient, & lui» comme parrain,
» nommoit l'enfant , & lui donnoit
>» un béguin & des langes. Auflî
»» a-t-il été accufé d'être un peu
»» pirate ; mais il faut de ces gens-
»♦ là dans la république des lettres,
»♦ auffi-bien que fur la mer. Ce
»» n'étoit pas par néeeffité que le
>♦ P. Lahbt détruifoit les favans ,
I* mais par amufement *, comme ,
^ à peu près 5. AugufBn , étant
w écolier ,, déroboit les poires de
♦t fes voifins, feulement pour fe
t» donner le plaifir de dérober chez
m «utrui ce qu'il n'imroit pas voulu
L A B
>» ramafler dans fâ maifon «, U eft
vrai que la plupart des ouvrages
que le P. Lahhc a donnés au public ,
ne lui ont coûté que la peine de '
raiTembler les matériaux & de les
mettre en corps. Cependant Ces re-
cherdies ont été quelquefois utiles *
en ce qu elles ont fourni le moyen
de faire mieux , & ont abrégé le tra-
vail de ceux qui font venus après
lui. Ses principales compilations
font : I. De Byiantîna HlfiorUt Scrîp»
toiihus , 1648 , in-folio ; notice aÛèz
inexade & fort feche des écrivains
de l'Hiftoire Byzantine. U. Nova
BîbUotfuca manufcriptorum , 1657 «
a vol. in-fol. -, compilation de plu-
fleurs morceaux curieux qui n'a-
voient pas encore été imprimés ,
& de quelques autres qui ne dévoient
janais l'être. IIL Bibliotheca Bî*^
bliothecarum , 1664, 1672 & 1686 ,
in-fol. , & à Genève , 1 680 , in-4** ,
avec la Bibliotheca nummaria , & un
Auctuanum ^ imprimé en 1705. IV,
Concordla Chronclogica » 1670 , en 5
vol. in-fol. Les 4 premiers volumes
de cet ouvrage, fort embrouillé,
peu utile , mais bien imprimé , font
duP. iflWej&le 5^eûduP. BrUu
Cependant il y a des choies qu'on
chercheroit inutilement ailleurs :
telle dk VArîadne Chronologica , qui
€& au i^' volume. Cet ouvrée ne
s'étant pas vendu , Cramoîfi en en-
voya une partie à la beurriere ,
c'eft ce qui le rend rare aujourd'hui.
V, JU ChroBologue François , en 6
vol. in-ii, 1666 , aiTez exaû , mais
écrit avec peu d'agrément. Y\,Abré^
Royal de V Alliance Chronolo^ue de
PHlJiolre f ocrée & profane , avec le
lignage d'Outremer y 1 vol. in-4^ f
165 1. Cet Abrégé Royal efl fort
confiis ; mais on y trouve des ex-
traits 8c des pièces qu'on ne pourroit
découvrir ailleurs. VIL Concordla
facTA & prophana Chronologfa , ah
orbe condito ad annum Ckrifil iC^S ,
ia-l2. VlIIf Méthode dfl^ pour ^?
L A B
jpmért îa ChronologUfdcrce & profane^
in-i2 *, en vers artificiels , fi mal
conftruits , que cette méthode aifée
deviendroit fort difficile pour un
homme qui auroit Tombredu goût.
IX. Plufieurs Ecrits fur Vmfiolrtdt
frâncc , la plupart enfévelis dans la
pouifiere : La Cltf d'or de l*Hlfioîrt
de France Les Mélanges curieux
Us Eloges hîjiorîques , ,&c. X. Pha-^
rts GalRct aruiqua ^ 1668 , in- II.
L'auteur , fous ce titre emphatique ,
avoit cru cacher les larcins ^u'il
avoit faits dans les écrits du favant
Nîc, Sanfon^ qu'il cenfiiroit vive-
jnent après l'avoir volé. Le Géo-
graphe répondit avee la même vi-
vacité au Jéfuite , dévoila fes pla«
giats , & montra, dans les deux feu-
les premières lettres del'Alphabeth ,
, un millier de fautes. XL Plufieurs
autres ouvrages fur la Géographie^
aullî inexads que le précédent.
( Voyei Cluvie;k ). XIL Beaucoup
A'Ecrîu fur la Grammaire & Jn
Poéfie Grecque. Le plus célèbre eft
connu fous le titre ^EtyttioLogU
de plufieurs mots François^ 1661 ,
in-i2. Ce livre eft contre le /^^a
des Racines Grecques de MM' de Pçrt"
Royal. L'auteur avoit cueilli les
plus belles fleurs de ce parterre ,.
& après fe les être appropriées affez
mal-adroitement , il inve^iivoit
contre les écrivains qu'il avoit dé-
trouffés. Lancdot , dans une 2* édi-
tion , découvrit les plagiats » &
vengea fon ouvrage. Le Jéfuite
lahhe n'a voit volé les Janféniftes »
que parce qu'il avoit vu le poifon
des cinq propofitions dans les
Racines Grecques, C'étOit Un crime
que la charité lui avoit fait com-.
mettre. Il vouloit que le public
jouît de ce qu'il y avoit de bon
dans le livre de fes adverfaires y
fans courir le rifque de fé laiiTer
corrompre par ce qu'il y avoit de
mauvais. XIII. BihlLtkeca anû-Jan"
fcnian^ , in-4** , & piufiçurs awres
L A B 119
écrits contre MM. de Port-RoyaL
C'étoit un nain qui combattoit con-
tre desgéans ^ du moins par rapport
au ftyle & à l'éloquence. Un auteur
Janfénifte prétend que ce Jéfuite ,
tout ennemi qu'il étoit de ces illuftres
Solitaires , avouoit»» qu'avant eux,
» les théolo^ens perdoient leur
>» temps à fe forger des efpaces va-
»♦ gués fur des riens , au lieu de
M remonter aux fources ♦* Mais
il eft peu vraifemblable qu'il ait
fait un tel aveu. XIV. Nodtla dl^
g/ùtatum omnium Imperll Romani ,
i65i,in-i2, ouvrage utile. XV.
De Scrlptorihus Ecclefiafticls dlJJ'ertatlo ,
en 2 vol. in-8°. Ceft une petite
bibliothèque des écrivains ecclé*
fiaftiques » trop abrégée , & qui
manque d'exaâitude. XVL Une
Edition de Glycasy grecque & latine,
au Louvre » 1660. XVII. Conci-
Uorum CofleBlo maxlma , ij vol*
in-fol. , 1672 , avec des notes. Les
Il premiers vol. de cette collec-
tion , font du P. Làhbe , les deux
autres du P. Cojfart, On y a joint
un iS® vol. , c'eft le plus rare. II
eft fous le titre de Apparams altzr »
parce que le 17^ tome eft auffi un
Apparat -, cependant ce 18* vol.
n'dl autre chofe que le Traité des
Condles de Jacohatiks, La diverfité
de génie de Lahbc & de CoJ/an n'a
pas peu contribué à laiffer gliffer
dans cette édition le grand nombre de
fautes dont elle fourmille. Elle eft
d'ailleurs recherchée, parce qu'il
n'y en a pas de meilleure. Le Jéfuite
Hardouln s' étoifr chargé d'en donner
une nouvelle ; mais (m' peut voir
dans fon article comment il l'exé-
cuta. Nicolas Colettl en a donné,
une plus ample» Venife» 1728—
1732 , 23. vol. in-fol. , auxquels
on joint le fupplément par Manfi ,
Lucques , 1748 , in-fol. XVIII.
Ejifin ce favant & infatigable com-
pilateur publia , en 1659 , ua
TabhoM 44s Jéfn'tss illuîres tef ^l
110 L A B
RépubBqm des Lettres , fuivant Tordre
chronologique de leur mort : ouvra-
ge fec , & qui ne peut avoir d'utilité
que par rapport aux dates. En 1662 ,
il mit encore au jour une Biblio-
graphie des ouvrages que les iavans
de la Société avoient publiés en
France dans le courant de 166 1 ,
& au commencement de 1662. Cette
Gazette littéraire eft exécutée fur
le modèle de la Bibliographie pé-
riodique que le P. LouU Jacob y
Carme , enfantoit tous, les ^ns à
Paris. Le flyle du P. Labbe , fur-tout
en françois . eft fort mauflâde.
L LABBE , ( Louife Charly ,
dite) fumommée ia Belle Cordlere^
parce qu'elle avoit époufé à Lyon
fa patrie , un riche négociant en
câbles & en cordes. Son époux ,
Ennemond Perrln , étant mort en
1^65 , fahs en&ns , la fit fon
héridere univerfelle. Son goût
pour les lettres & pour ceux qui
les cultivoient , étoit extrême. Son
cabinet étoit rempli de livres Ita-
liens, François & Efpagnols. Elle
^dfoit des vers dans ces trois lan-
gues. D'ailleiu-s, elle favoit chanter
ic jouer du luth , & manioit fort
bien un cheval -, ce qui prouve
qu'elle avoit eu de l'éducation.
M Mais toutes les belles qualités ,
« ( dit Nlccron ) que Ton admiroit
>♦ en elle , étoient gâtées par un li-
» bertinagequi,quoique plus raffiné
M que celui des Xai-r & des Phyné ;
^ n'en étoit pas moins condam-
>♦ nable. Elle feifoit le métier de
w courtifane, quoique elle neref-
»* femblât pas en tout à ces mal-
y» heureufes viôimes de ï'impudi-
M cité. Si d'un côté elle étoit de
» leur humeur , en ce qu'elle vou-
^ loit être payée des faveurs qu'elle
^ accordoit , elle avoit , d'un autre ,
M des égards pour les gens de
»♦ lettres, qu'elle recevoitquelque-
9) fois gratis. Démoflhenes eût été
M bien aife que la courtifanê LaU
L A B
M eût refTemblé à celle<i ; il n'au-^
>t roit pas Êiit le voyage de Co*
»» rinthe inutilement w. Au>refte,
Lbidfe s'excufoit , comme toutes les
femmes galantes , en difant que
l'amour étoit fon feul défaut. VoicL
comme elle s'en explique dans una
EU^ adreilée aux Dames de Lyon :
Quand vous verrt[ , 6 Dames Lyonoifes^
Ces miens écrits pleins d*amouTtufes
noifes, •
Ne veuille:^ point condamner ma fim^
pUjfc»
Et jeune erreur de ma folle jeuruffe ,
Si c*efi erreur. Mais qui , deffous les
deux f
Se peut vanter de n'être vicieux ?
L'un n*efl content de fa forte de vie»
Et toujours poru à fes volfins envie.
L'un , forcenant de voir la paix en terre p <
Par tous moyens , tdehe y mettre la
guerre.
L'autre , croyant pauvreté être vice ,
A autre Dieu qu'OR ne fait facrifice*
L'autre fa foi parjure \ il emploira
A décevoir quelqu'un qui U croira.
L'un , en mentant y de fa langue léi^ardd
Mille brocards fur l'un & l'autre darde»
Je nef lus point fous ces Planètes née»
Qui m'eujfcnt pu tant faire infortunécm
Oncques ne fia mon edl marri de voir
Che^ mon voifin mieux que che\^ moi
pleuvoir.
One ne mis noife ou dîfcord entre amis ,
A faire gain jamais ne me fournis,
Met^ir, tromper & abufer autrui ,
Tant m'a déplu , que médire de lui.
Mais fi en moi rien y a d'imparfait ^
Qu'on blâme amour ; c'efi lui feul qui
Pa fait.
Ses (EuFREs furent imprimées à
Lyon , fa patrie , en 15^5 ; &
réimprimées dans la même ville en
1762, in-i2, avec la Vie de cette
Mufe û aimable. La meilleure pièce
de ce recueil eft intitulée : Débats
de FoÛe & d'Amour , dialogue en
profe. Ces deux divûvités , qui
. i; À B
flerroîent être fort urnes ^ fe dis-
putent le pas à la porte du palais
de hpiter qui avoit invité tous les
Dieux à un feftin. Telle cft la fic-
tion de Lomft Labbé, Ses ouvrages
font pleins de feu , d'efprit & de
délicatefîe pour le temps auquel
elle écrivoit. Elle étoit née en
1526 ou 1517 , & elle mourut en
1566.
n. LABBÉ , ( Marin ) né au
village de Luc , près de Caen , fut
Miné , en 167S, à la miffion de
la Codiinchine. Rappelé en 1697 ,
il fut nommé évêque de Tilopolis
par le pape Innocent XIL II remplit
pendant 15 ans les devoirs de
vicaire a^oflolique d^ns la Co-
chinchine où il étoit retourné , &
où il eut beaucoup à fouffrir de la
part des Gentils & des Chrétiens
fchifmariques. Il mourut en 1723,
O^n a de lui une eaccellente ûttre.
au pape Clément XI ^ fur le culte
cies Chinois *, & un Mémoire fur une
perfécudon , &c.
m. LABBÉ^Pierre-Paul) Bénédic-
tin de Saint-Maur , né à RoiiTy , au
Diocefe de Paris , mort le 14 Mai
'778 , âgé d'environ 50 ans , com-
po& , pour V Ecole militaire , un vol.
in-i2, intitulé : Ufiéroïfme , ou
PHifloire miliioire des plus illuflrts
Capitaines ^Vms^ 1766.
LABDA , fille d'un certain Am^
phlon de Corimhe, de la famille
des Baâriades , fe voyant méprifée
de fes compagnes parce qu'elle
étoit boiteufe , époufa Cation dont
elle eut un fils qui , dans la fuite ,
fiit appelé Cypfcle. Les Corinthiens
avertis , par deux oracles différens ,
qu'un fils de Labda régneroit un
jour dans leur ville , firent un dé-
cret par lequel on envpya dix dé-
putés pour enlever le petit Cypfele ,
& le faire mourir. Lorfque la mère
baignée de larmes , eut mis fon fils
entre les mains du chef de la dépu-
tation , Teo^ fourit fi agrésble^
t A B ïii
inei^àfon meurtrier, que n'ayant
pas le courage de le mer , il le
donna à celui qui le fuivoit , celui-ci
au troiûeme , & enfin il pafTa dans»
les mains de tous l'un après l'autre ,
jufqu'au di^eme , qui le rendit à
la mère. Les députés fonis de la
maifon , fe reprochèrent leur foi-
blefTe , & accuferent , fur-tout , leur
chef, de n'avoir point exécuté fa
commiflion. Labda qui entendit les
reproches qu'ils fe faifoiem mu-
tuellement, craignant qu'ils ne ren-
traiTent , cacha fon fils fous un vafe
à mefurer le blé , que 'les Grecs
appellent Cypfe/t , d'où il avoit tiré
fon nom.
LABDACE , fils de Phénice»
vint à Thebes dans un âge déjà
avancé , & y régna quelques années.
Son fils Laius , père d'Orefle , loi
fuccéda. C'efl de ce Labdacc , que
les Thébains ont été appelés Lab^
dacides*
L LABELLE , Voy, Belle.
//. LABELLE , ( Pierre-Franc. )
prêtre de la congrégatidn de l'Ora-
toire , mort le 14 Janvier 1760,
âgé de 64 ans , efl auteur du Nécro-
loge dis Apptlans & Oppùfans à U
Bulle Unigenitus , en 2 vol.
in- 12. Le titre de cet ouvrage
fuffit pour faire connoître fes fen-
timens & le caraûere de fon zèle.
I. LABÉON ( g. Fabius Labeo , )
conful Romain , l'an 183 avant
J. C. , fut homme de guerre &
homme de lettres. Il remporta une
viûoire navale fiu- les Candiots,
& aida , dit-on , Tértncc dans fes
Comédies, Il fut plus illuflre pour
fon courage que pour fa bonne foi.
Antîochus & les Kolitains ciu-ent à
s'en plaindre.
II. LABÉON ( Caius Antiftius
Labeo ,) tribun du peuple, l'an 14S
avant J. C. , voulut fe venger du
cenfeur Metellus qui l'avoit rayé .
de la lifle des fënateurs. Il le con*
damna , fans forme de procès , à
m , L A B
être précipité du roc Tarpeïen; &*
il auroit faU exëcatcr fon Jrrêt
fiir le champs fans un autre tribun
^ furvint & forma Ton oppofîtion »
z la prière des parens de Metellus,
CeU une chofe inconcevable , que
ce pouvoir despotique des tribuns »
au milieu d une ville û ialoufe de
là liberté -, Tabus qu'ils' en firent
peut être regardé comme une des
Iprxncipales caufes des troubles , &
enfin de la ruine totale de la répu-
blique. Non-£eulement Laheo de-
meura impuni , mais il reprit Ta
place au fcnat en vertu d'une nou-
velle loi » par laquelle il fit ftatuer
» que les tr ibuns. auroient voix déli-
>» bérative dans cette compagnie « -,
êç pour que fon triomphe n'eût
rien à déùrer , il prononça la con-
fifcation des biens de Metellus , &
les lit vendre en plein marché à
fon de trompe.
IIL LABÉON (Ântljîîus Laheo , )
lavant jurifconfulte , refufa le con-
fuJat qa!Augu/k lui of&it. Il paiToit
£x mois de Tannée à converfer
avec les favans , & les fix autres
qiois à compofer. Il laifla plufieurs
ouvrages qui font perdus. Horau
le traite avec mépris , fans doute
pour &ire fa cour à Auffjfte qui ne
i'aimoit point , parce que Labéon
parloit avec tant de hardiefTe &
d'opiniâtreté, que fouvcnt il réfiftoit
en fece à l'empereur. Son père
avoît été un des complices de TafTaf-
finat de JuUs-Céfary & s etoit £ût
doimer la mort après la perte de
la bataille de PhUippes ,31 ans
avant J. C.
LABERIUS y(Declmus ) chevalier
Romain , excella dans les Mimes,
Cétoient de petites comédies fati-
diques , pour lefquelles fon hifmeur
cauiUque lui donnoit beaucoup de
talent. A Rome , un homme de
naiiTanccqui compofoit des poéfies
pour le théâtre , ne fe dégradoit
point i mais il ne pouvoil les re-
LA B
présenter lui-même fans fe dêsKd»^
norer. Malgré cette opinion établie
depuis long-temps , Jules - Céfar
preffa vivement Laherlus démonter
fur le théâtre pour y jouer une de
fes pièces. Le poète s*en défendit
en vain-, il fallut céder. Dans le
prologue de cette pièce ^ Laherlus
exhala fa douleur d'une manière
fort refpeûueufe pour Céfar ^ & en
même temps fort touchante ; c'efl
un des plus beaux morceaux de
l'antiquité , fuivant RJlîm, Mais
dans le cours de fa pièce » il lança
contre lui divefs traits fatiriques ,
tels que celui-ci: Necejfe eft muàos
ùmeat , quem muUl t'ment,^. Céfar Vot
punit , en donnant la préférence à
Puhi. Syrus , rival de Laherlus, Ce*
pendant, lorfquela pièce fut finie»
il lui donna un anneau , comme
pour le rétablir dans la noblefîe
qu'il avoit perdue ^ & lui permit
de defcendre du théâtre. Laherlus
alla chercher une place au quartier
des chevaliers *, mais chacun jugeant
qu'il s'étoit rendu indigne de ce
rang, ils firent en forte qu'il n'y
en trouvât plus aucune. Clceron le
voyant dans l'embarras , le railla »
en difant : Recepljfem te , nlfi angujlc
federem^,,, Laherlus lui réponctit z
Mlrutn fi angufiè fcdes , qui foies
duabus fellls fedirc* Il lui reprochoif
ainfi de n'avoir été ami ni de Céfar
ni de Pompée , quoiqu'il afFe^ât de
le paroîtré de tous les deux. Lahe^
rlus mourut à Pouzole, dix mois
après Julcs-'Céfar » 44 ans avant
J. C II avoit coutume de dire :
Benefclum dando acccplt » qui digno
dédit. On trouve quelques fragment
de lui dans le Corpus Ppctarum de
Malttaire.
LA BERTHONIE , ( Hyacinthe }
Dominicain, mort en 1774 , ftit
également célèbre^ comme direfteur»
& comme prédicateur. Ses (Euvres
pour la dcfnfe de la religion Chré^
tienne , contre Us incrédules , fureOt
L A fi
aÉpnméesen 1777, en 3 vol. în-ii.
I.es preuves de la religion y font
expùCées avec autant de lumière
cpie de folidité. On a encore de
Jui, Jm RtLm^n dt la malaâU & d€
la mort de M. Bouptar de l'Académie ,
in- 12, 17S6. Les difficultés & les
doutes des incrédules font très-
bien dJicutés dans cette brochure,
<[iii peut fervir de fupplément à
l'ouvrage précédent
LABIGNE, royqBiGNE.
1. LABOUREUR, (Jean le) né
à Montmorency près de Paris , en
1613 , fît gémir la prefle dèsTâge
de 19 ans. Il étoit à la cour en
1644 , en qualité de gentil-
homme fervant , lorfqull fut choifi
pour accompagner le maréchal de
Guébrlant dans fon ambaâade en
Pologne. De retour en France , il
embraiTa l'état eccléiiaftique , obtint
le prieuré de Juvigné , la place
d'aumônier du roi , & fiit îsàx com-
mandeur de l'ordre de Saint-Michel.
Ce favant , mort en 1675 > à 53
ans , eft connu par pluiieurs ou-
vrages. I. Hiftolre du Maréchal de
Gutbrîant ,i(>^6^\n'ÎQ\, ,plusexa£^e
qu'élégante. II. Hîftoire & Relation
d'un Voyage de la Reine de Pologne ,
«648 , in-4® , curieufe , quoique
diffîife. III. Une bonne édition des
Mémoires de Michel de Caftelnau , Bru-
xelles, 173 1 , 3 vol. in-fol., avec
Ats commentaires hifioriqucs , très-
utiles pour l'intelligence de plu-
^èurs points de notre Hihoire.
•♦ Ces Mémoires, (dit M. Anquail)
y* font écrits avec la fimplicité que
♦♦ demandent les ouvrages de ce
y genre. Cafiebiau , gentilhomme
^ d'un mérite diftingué , h<xi offi-
« cier, bon négociateur, dit tout
t ce qui s'cft paffé fous fes yeux
»♦ pendant l'efpace de dix ans , depuis
>i la mort 6! Henri II ^ en Juillet
** ^559 » jusqu'en Août 1570. Ils
« ojît été commentés & confidé-
^ dérsblement enrichis de Lettres,
* L A B iij
» Inftru^tions , Aâes , Mémoires ,
't &c par Jean le Laboureur , hifto-
M riographe de France. Le Labourear
>t étoit un homme très-laborieux
w & très-favant. Son travail fur
r* Caftelnau eft devenu moins pré-
M cieux pour la partie des anec-
>♦ dotes , parce que , depuis fa mort»
>♦ arrivée en 1675 , on a imprimé
M beaucoup de Mémoires originaux
n qu'il avoit inférés dans fes notes,
r* en tout ou en partie j mais il fera
n toujours recherché avec avidité ,
>9 & lu avec fruit par ceux qui ai-
n ment la juftefTe & la vérité. Le
>f Laboureur penfe librement; il dit
n tout ce qu'il fait , fans mena-
>f gement; il faifit & marque tous
V* les traits cara£^ériftiques des pcr-
n fonnes qu'il veut peindre. Sa ma»
)f niere eft fiere , mais fans rudefle \
M fon ftyle eft mâle oc nerveux \
n enfin il attache jufque dans les
vt diflertations & les généalogies «<.
Nous foufcrivons aux éloges que
M. Anqutdl diontit à le La^^oureur;
mais quant à fon ftyle , il eft fouvcnt
lourd & embarraflfé. IV. Hiftdre
du Roi Charles VI ^ traduite du latin
en françois f«r un manufcrit tiré
de la bibliothèque du préftdem de
Thou , en 2 vol. in-foI. 1663 ; die
eft| eftimée des favans, V. Trakéde
l'onpne des Armoiries , 1684 , in-4^.
On y trouve des chofes curicufes
& recherchées. VI. Hificire de la
Pairie y en manufcrit dans la biblio-
thèque du roi. Il laifta d'autres ma*
nufcrits ; M. Cleramhault , qu'il avoit
initié dans les recherches généalo-
giques , hérita d'ime partie de fes
dépouilles littéraires. Le plat Poëme
de Charlemagne, in-S° , 1664 , n'eft
point de lui ; mais de fon frero
Louis ^ mort en 1679 , qui inonda
le Pamaffe dans le dernier iîeclo
dé fes productions inftpides.
II. LABOUREUR, ( D. Claudç
le ) oncle des précédées , mort ea
1675 , à 5 3 ans , étoit prévôt d«
n4 L A B
rabbayedeline-Barbe. II fat obligé
de religner ce bénéfice , pour le
fouûraire au reiîentiment du cha>
pitre de Lyon , dont il avoit parlé
d une manière peu mefurée, en pré»
Içntantà 1 archevêque fes Notes &
fes correûions fur le Bréviaire de
te diocefe, 1643 ,. in-S®. On a
«Je iui Lis MaJ'ures de rifle-Bo/^e , a '
voh i«k-4° y i68i i ouvrage pleia
d'éradttion.
LABOURLIE, Voy, Bovrlie.
LABOURLOTTE, (Oaude) 1 un
écs plus braves capitaines de Ton
fiecle , ne fut redevable de fa for-
nme qu'à fon courage ^ car il étoit
de û. balle condition, qu'on difpute
encore s'il étoit Lorrain ou Franc-
Comtois. On dit qu'il avoit été
barbier du comte Charles de Mans-
fdd , &: qu'il lui rendit un fervice
; ^nalé en le délivrant d'une mau-
vaife femme. L'hiflorien de farchi-
duc Âlhert le nie -, mais Grotlus le
St poûtivement. U palTa par tous
les degrés de la milice , jufqu'à celui
décommandant des troupes'W'allones
au fervice du roi d Efpagne. Ce hé-
ros avoit plus de bonheur que de .
conduite -, jamais il ne s'engageoit
plus volontiers à une entreprife ,
que lorfqu'elle étoit fort périlleufe.
II fut blelTé en diverfes occaûons ,
& enfin tué d'un coup de moufquet
]e 24 Juillet 1600 , pendant qu'il
faifoit travaillera un retranchement
entre Bruges & le fort Ifabelle. Il
avoit eu beaucoup de part aux ac-
tions barbares que les troupes de
l'amirante de CaÔille commirent fur
les terres de l'Empire en 1598.
LABRE, ( Benoit -Jofeph) né à
Saint-Sulpice d'Amiette , village du
diocefe de Boulogne-fur-mer , le
2.6 Mars , 1748 , montra , dès fa
première jeunefle , la piété la plus
tendre. Il fut reçu novice à l'abbaye
de Sept-fonts -, mais fa fanté déli-
cate l'obligea de quitter ce monaf-
tcre, après l'avoir édifié pendant
I A B
dk mois. Entraîné' par fon goAt
pour les pèlerinages de dévotion , il
quitta entièrement la France, & alla
vifiter les foints lieux de Lorette & '
de Rome. S étant fixé dans cette
capitale du monde chrétien, il l'edi*
fia par fa modeftie , par fon déta*
chement des feux biens & par fon
afHduité dans les Eglifes. Il vécut
en pauvre , ne demandant rien ,
prenant ce qu'on lui donnok , 6s
difbribuant aux autres neceffîteux
tout ce qui étoit au-delà du plus
étroit néccfTaire, Après fa mort ^
arrivée le 16^ Avril 1783 , fon
tombeau attira un caocouxs infini
d'étrangers & de Romains , témoins
de Ces vertus. Les guérifons mira*
culeufes , opérées par fon inter^
cefîîon , font efpéter qu'il fera
bientôt infcrit dans le catalogue des
Saints. On travaille aûuellemen^
à la béatification de ce ferviteur de
Dieu. Le P. May cul ^ Capucin , fecré*
taire général de fon ordre , la peint
au naturel dans les vers fuivans»
Ils préfcntent en peu de mots toute
la vie de ce célèbre pénitent,
Tcttt ocaipéde Dieu «, ce morul vertueux,
Mépnfd les faux biens , Us. Vulas hott-^
neuts du monde, %
Humble ,. pauvre , inconnu , dans unô
paix profonde.
En châtiant fon corps > il fut ravir Im
deux*
Un prélat. Romain ayant prié un
hoHune de lettres de £aire quatre
vers pour mettre au bas de fon
portrait , il a compoie les fuivans :
Dans un fiecle pervers Dieu fit naîtr$
cejujie;
Ses Vils haillons cacholent un Alexis
nouveau.
Les princes & le peuple honorent fon
tombeau ,
Et le jour de fa mort fut un trlçmph^
augufie.
LAC
. lACAKRY, (GiUes) Jéfuîtê,
né au diocefe de Caib-es en 1605 ,
profeâa avec Tuccès les humanités ,
ia philofophie , la théologie mo-
rale , l'écriture-rdinte » fît des mé-
fions , obtint les emplois de ùl
fodété , & mourut à Glermont en
Auvergne , l'an 1684 , à 79 ans.
Malgré la multitude & la variété
de fes occupations , il trouva le
temps de compofer un grand aom-
bre d'ouvrages très-util^ , fur-tout
pour ceux qui s'appliquent à notre
hiftoire. Les principaux font : I. Hlf"
toria Galliaritm fub Prttfc^ pra*oru
Ga/ûarum > in-4^ : morceau afTez
bien fait & plein d'érudition. llMif'
toria Coloniarum à Gallis m ixttras
mùotus nûff non , 1677 , in-4° :
ouvrage eftimé , écrit avec autant
de favoir que de difcernement,
m. EpUomc hlfi^fùt Rggum Fronda ,
167 1, in-4® : petit abrégé de notre
Hiftoire » tire du Dochina tem-
forwn de Pet au. IV. De Rt^ibus
Fronda & Ugc SaUca , in-4®. V. Cor^
acUl Taciu liber de Germanla , in^4^,
1649 , avec de favantcs notes,
que D'uhmar a fuivies dans ledition
qu'il a donnée du même ouvrage
en 1716 , in-8° , à Francfort fur
l'Oder. VI. Hîftoria Romana , depuis
Céfar jufqu'à Confimùn ^ appuyée
fur les médailles & les autres mo-
numens de l'antiquité. Cet ouvrage >
publié en 1671 , in-4° , contient
des inibuâions utiles en faveur
des perfonnes peu verfées dans la
coanoiâànce des médailles, & of&e
de favantes difcuIEons fur plufieurs
£Dts. VIL Une bonne édition de
Vdlcius Fauradus , avec des notes.
Vni. mjiorià Chrîfllana Jmperato-
non, Confulum & Prafeciorumi Nod-
da Magyiratmm & Praylnclarum Im-
péril u nu/que , cum nodsy in-4°, 1 66 j ,
On voit dans tous ces ouvragés
un homme profondément verfé
dans les matières les plus épineufes
le les plus recherch^^ d« llodiioire »
I A C itç
€c tui lavant dans qui Téruditioa
n'a pas éteint le goût
LACERDA, ^o^'. Cerda.
LACHANIUS , feigneur Gaulois,
père de Rutlâm Ntanaduatu , s'ac-
quit beaucoup de gloire dans les
charges de quefteur , de piéfet du
prétoire & de gouverneur de Tof-,
cane. Il étott né à Touloufe , ou«
félon D. /6Vtf , â Poitiers. Les peu-
ples, charmés de fa bonté, de fou
équité , 6ç fur-tout de f on attendon
à les foulager , lui firent ériger
plufieurs ftatues en diffcrens en-
droits de l'empire. U mourut vêts
la fin du IV* fiecle.
LACHESIS , Voy. P ARRIVES.
LACOMBE , Voyei Combe &
IL. GuvoN.
LA COUR , ( le P.) Voy. Covju
LA CROIX , Voy. Croix-dtj^
MAINE...'. Nicole..,. Pétiç,-. ^
BuSiEMBAiiM.
LACTANCE , ( Ludus CaSug
Fîrmlémus) orateur & défenfeur de
l'EgUfe. On ne connoit ni fou
pays , ni fa famille. Son éloquence
lui acquit une fi grande réputation »
^e DlocUtîcn le fit venir à Nico-
médie où il tenoit fon fiege, &
l'engagea à y enfeigner la liiéto-
rique latine -, mais il eut peu de
difciples , parce qu'on y parlent
plus grec que latin. Là , il vit com-
mencer l'an .303 de J. C. cette
terrible perfécution contre les Oiré-
tiens , & s'il n'étoit pas lui->mème
Chrétien alors , ( ce qu'on ne peut
décider, parce qu'on n'a rien de
certain fur fa converfion^ ).foa
humanité y du, moins , le rendit fea-
fible aux maiix qu'il voyoitfouffitîr
aux Chrétiens. Sa vertu & fon
mérite le rendirent fi célèbre , qtie
Conftandn lui confia l'éducation de
fon fils Crlfpe, LaHancexCext fax. que
plus modefte. U vécut dans la pau-
vreté & dans la folitude, au milieu
de l'abondance & du tumulte de
la cour..U ne reçut les préfens de
ïi^ LAC
remperaxr , que pour les diftribuër
aux pauvres. Ce grand homme mou-
rut en 325. Le ftyle de CUéron
avoit été le modèle du fien *, même
pureté f même clarté > même no-
blefle , même élégance : c*eil ce
qui le ât appeler U Cicèron Chr4^
tkft ; mais il a un ton déclamateur
que CUéron n avoit point. Parmi
les ouvrages dont il a enrichi la
poâérité y les plus célèbres font :
I. Les InjUtitUons Divines ^tn 7 livres.
L*auteiu* y élevé le Chriftianifinc
fur les ruines de l'idolâtrie ; mais
il réfute beaucoup plus heureuiè-
ment les chimères du Pagaltiime,
qu'il n'établit les vérités Ue la reli-
gion Chrédenne. Il traite la théo-
logie d'une manière trop philofo-
pluque; il n'approfondit pas aâez
les myiieres , & il s'égare dès (|u'il
▼eut en chercher les raifons. En
général» fon ouvrage, dontlabbé
Maupertms a traduit en françois le
r' livre » eft plutôt celui d'un
rhéteur , que celui d'un théolo-
gien, n. Un Trahi de U mort des
Perféeutanrs , publié pour la pre-
mière fois par Baù^e , d'après un
manufait de la bibliothèque de
Colbertj & réimprimé à Utrecht^
în-8®,en i693.[^oy.I.FoucAULT.]
Le but de l'auteur eft de prouver
que les Empereurs qui ont perfe-
cuté les Qu-étiens , ont tous péri
miferablement. IIL Un livre de
V Ouvrage de Dtèu^ où ri prouve la
Providence par l'excellence de fon
principal ouvrage , par l'harmonie
. qui eft dans toutes les parties du
corps de l'homme , & par les fu-
blimes qualités de fon ame. IV. Un
livre de U coltre de j9ia<...... L'édi-
tion h. plus corre6le de toutes ces
. différence productions eft celle de
Defmareues , Paris , 1748 , en 2 vol.
ln-4^ , par les foins de l'abbé Le/iglet.
Les meilleures , après celles-là ,
font celles de Leipzig, par JTarchîus ,
«a 171 j ». îîi-4*i des Varlonm ,
LAD
Icyde, 1660» in-S^ Laprqmert
édition de LacUnce fe ^t au mo«
naftere de Sublac, 146^ , in^oL
LACYiœ , philofophe Grec;
ttctif de Cyrêne , difciple ^AruJU-
laus , & fon fuccefleur dans Taca*
demie , fut aimé & M.mi&*Aualns
roi de Pergame , qui lui donna un
jardin où il philofophoit. Ceprineef
aurott voulu le poiféder à fa cour ;
mais le philofophe lui répondit
toujours , que le portrait des rois n*
devMt être regardé que de loin, Le^
principes de Lacydc étoient : n Qu'il
>v Êilloit toujours fufpendre fon ju-»
» gement , & ne ha&rder jamais
M aucune déciûon «. Lorique fe»
domeftiques l'avoient volé & qu'il
s'en pla^oity ils ne manquoienr
pas à lui dire : Ne décide^ rien , fuf"
pende^ votre jugement. Fatigué de fe
voir battre £iixs cefteavec fies pro-*
près armes , il leur répliqua ua
jour : Mes enfans , nous^parlans d*ttn&
façon dans técoU , & nous vivons
d*tme autre mamere à la nuâfon».^
Lacyde iuivoit ce principe à ht
lettre. Tout philoA>i^ qu'il éfoit,
il fit de magnifiques funérailles à'
une oie qu'il avoit beaucoup diérie;
enfin , il mourut d'un excès de
vin, l'an 212 avant J. C.
LADAS , coureur ^Altxandrt ,.
qui étoit d'une fi grande légèreté r
qu'on n'appercevoit point l'em*
prânte de fes pieds fur le fable..
Il mérita qu'on lui érigeât une flatw
dans le temple de Vénus à Argos^
I. LADISLAS I^', roi deHon-
gric après- Gdfky en 1077 , étoit
né en Pologne, où fon père Btlal
s'étoit retiré pour éviter les vio-
lences dur roi fUrri^ Après diver&s^
révolutions , il monta fiir le trône»
& y fit édater le coursée dont A
Srvoit' donné de bonne heure des-
preuves. Il founût les Bohémiens^
battit les Hunè , les chafTa de 1»
Hongrie, vainquit les RuiTes , les
Bulgare^ ) Içs Tartares , agrandf
LAD
foft royaume des conquêtes fiôtas
far eux , & y ajouta la Dalmatie
& la Croatie, où il avoit été ap-
pelé pour délivrer fa foeur des mal-
traitemens de Zuoalmlr fon cruel
époux. Ce héros avoit toutes les
vertus d'un Saint. Après fa mort,
arrivée le 30 Juillet 109 |f » CéUftÎM
III le canoi^fa.
IL LADISLAS iV . grand-duc
de Lidiuanie , appelé au trône de
Hongrie en 1440 , après la mort
à'Jâert d'Auijîche , poffédoit déjà
celui de Pologne depuis l'efpace de
6 ans , fous le nom de LadlJUs VL
Amurat H porta (es armes en Hon-
I fric ; mais ayant été battu par
I Hwùaàt^ général de LaSflas , & fe
I l^oyant preifé de retourner en Afie ,
I «1 conclut la paix la plus folen-
\ nclk que les Chrétiens & les Mu-
fulmans eurent jamais contraâée.
Le prince Turc & le roi La£fias
la Jurèrent tous deux , Tun fur
l'Akoran, & Tann-e fur TEvangile.
' A peine étoit-elle fignée , que le
cardinal Julkn Céfannî , légat en
i Allemagne ^ engagea LatRflas à la
rompre. Ce prince foiblc & im-
prudent , cédant à fes follicîtations ,
livra bataille à Amurat , près de
, Vames, le 11 Novembre 1444; il
fiit battu & pereé de coups. Sa
tête coupée par un Janiffaire , fot
portée en triomphe de rang en rang ,
dans l'armée Turque. Amurat vain-
ipicnr fit enterrer le roi vaincu fur
le champ de bataille , avec une
pompe militaire. On dit qu'il éleva
une colonne fur fon tombeau ,
& que , loin d'infuleer à fa mé-
moire , il louoît fon courage &
déploroit fon inforttme. Cet échec
caûfe en partie la ruine de la Hon-
j;rie & celle de l'empire Grec , en
ouvrant une nouvelle porte aux
conquérans Ottomans ^oye^
OlESNIKJ.
in. LADISLAS ou LANCEtoT ,
TOI de Naples , furnommé /e FiSh^
LAD 127
$îeust UU libéral , fut Tun & Tautre^
mais ces belles qualités furent terniei
par une ambition fans bornes 3c
par une cruauté inouie. Il fe difoit
comte de Provence & roi de Hon-
grie. Il iè fît donner cette deriùef«
couronne i Javaiin , en 140} ,
durant la prifon du roi Si^/moÂâ^
^ui bientôt après le contraignit de
retourner à Naples. Il avoit fu&-
cédé à fon père Charles de Dmt^
dans le royaume de Naples , ««
1386 ; mais les Napolitains ayattc
appelé LlvXs U , duc d'Anjon ,
ces diverfes prétentions caufereift
des guerres fanglantes. Le pape
han XXIII étoit pour le prince
d'Anjou , à qui il avoit donné 1 in-
veftiture de Naples. U fit prêcher
une croifade contre Lancelot , qoi
filt battu à Roquefeche fur les horét
du Garigliau , le 19 Mai 141L,
Après cette défeite, dont levâa-
queur ne fut pas profiter , letm
XXIII reconnut Lanctlèt ^ ibft
epnemif pour roi , (au préjudice
de LovXs d'Anjou , fon vengeur ^"J
à condition qu'on lui livreroit le
Vénitien Corarîe, fon concimPeflt
aufaint-Siege. Lancslot^ après avoir
tout promis , laifTa échaper Corado ,
s'empara de Home , & combattit
contre le pape fon bienfaiteur , &
contre les Florentins , qu'il força
d'acheter la paix , en 1415, Ses
armes viftorieufes lui promettoîent
de plus grands fuccès , lotfqu'ï
mourut à Naples ^ le 16 Août I4i4'9
à l'âge de 38 ans ,. dans les dou-
leurs les plus aiguës. La fille €uti
médecin , dont il étoit paffionnê-
ment amoureux , l'empoifonna avec
une compofition que fon père lut
avoît préparée , îbit pour plaire
aux Florentins , foit pour fe venger
de ce qu'il avoit féduit fa fille.
IV. LADISLAS I*' , roi de Po-
logne , furnommé Herman , fils de
CafimÎT I ^ fax. élu l'an 108 1 .après
BoUfioT II,àklc Cruel & I4 Hardi ^
'ii% L A ï>
fon firere. Il fe contenta du nom
de prince & d'héritier de Pologne ,
& mérita des éloges par fon amour
pour la paix. U fut pourtant obligé
.de prendre les armes contre les ha-
bitans de Prufîe & de Poméranie ,
qu'il défit en trois batailles. Ce fut
de fon temps que les Ruffes fecoue-
rent le Joug de la Pologne. Il mou-
rut le 16 Juillet 1102 , après vingt
ans d'im règne auffi tranquille qu il
auroit été glorieux , s'il avoit eu
le courage de faire par lui-même
le bien de fes états , & s'il n'avoit
pas confié fon pouvoir à un &vori
qui en abufa.
V. LADISLAS II , roi de Po-
logne , fuccéda à fon père Bo/aflas
III y en II 39. Il fît la guerre à fes
frères fous de vains prétextes , &
fut chafTé de fes états , après avoir
été vaincu dans plufieurs batailles.
Bokflus ly, le Frî/é, monta fur le
trône à fa place en 1146, & lui
donna la Siléiie à la prière de Fré-
dcrlc-B^rberouffe, Ladiflas mourut à
Oldembourg en 11 59.
VI. LADI5LAS III , roi de Po-
logne en 1296, fUrQommé IOÀ10-
tuk , c'efl-à-dire , d*uM coudée , à
caufe de la petitefTe de fa taille,
pilla fes peuplés , & s'empara des
biens du clergé. Ces violences ty-
ranniques portèrent fes fujets à lui
6ter la couronne, & à la donner
â Wincefias roi de Bohême. Après
la mort ds ce prince , Ladiflas , re-
tiré à Rome, fitfoUiciter puif&m-
ment par fes partifans iîîcrets, &
obtint de nouveau le fceptre. Ses
malheurs eh avoient fait , d'un ty-
ran , un bon prince. U gouverna
avec autant de douceur que de fa-
gelTe; il étendit les bornes de fes
LAD
prirent Dantzig pour leur rëcoxilS
penfe, & firent d'autres entrepnfes
fur la Pologne. Ladiflas marcha
contre eux , & en défit 20,000 dans
une fanglante bataille. Il mourut
peu de temps après , le 10 Mars
1333, 3vec une grande réputation
de bravoure & de prudence. Il ne
regretta, au lit de la mort, que
d'avoir ménagé les chevaliers Teu-
toniques , ces oppreiTeurs dome^
tiques qui déchiroient fon royaume*
U recommanda à fon fils de ne les
pas épargner. U laifTa ^Hedwigciatk
époufe , Cafimlr le Grand , & Eafa-^
beth , mariée à -Charles , roi de Hon-
grie. Il avoit inftitué eni 325 Tordre
de chevalerie de V Algie blanc , lors
du mariageTde fon fils Cafimîr avec
Anne , fille du grand -duc de Lir^
thuanie.
VII. LADISLAS V , dit Jagellon ,
grand-duc de Lithuanie, obtint la
couronne de Pologne en 1 386 , par
fon mariage avec tiedwîge^ fille de
Loïâs roi de Hongrie. Cette prin-
ceiTe avoit été élue reine de Po-
logne , à condition qu'elle pren*
droit pour époux , celui que les
états du royaume lui choiiiroient^
Ladiflas étoit Païen; mais il fe fit
bapdfer pour époufer la reine. Il
unit la Lithuanie à la Pologne ,
battit en diverfes occaûons les che-
valiers Teutoniques , & refufa le
trône de Bohême que les Huffites
lui offrirent. Ce roi fage mourut le
.31 Mai 1434, à 80 ans, après un
fegne de 48. La probité , la can-
deur , la modération, U bieniâi-
fance étoient, félon M. la Combe ^
les principales qualités qui çarac-
térifoient ce prince. Il ne faifoit la
guerre que pour avoir la paix -, il
états , & fe fit craindre & refpec- préféroit la voie des négociations
ter par fes ennemis. La Poméranie " '" '' ^ ^ ' "*
s'étant révoltée* Ladiflas la rédui-
fit par fes armes , jointes à celles
des chevaliers Teutoniques. Ces re-
Mgieux guerriers deauader«nt &
à la force des armes. Cependant il
eût pu fe faire un grand nom dans
les combats, où fon coiuage &
fon habileté le rendoient redou-
Ablç, U ^cçucUIqû $c réçompenfoit
avec
t A 0
0itc,fK>h]efîe les t^eos; il prévè^
wàtti^tx^iitCé II confacroit pre^
.ip^ .tant . foA temps à rendre la
jbiftice rie premier devoîràçs rois*
On TaccuTa d'être diffimulé , de
Afoiquer de confiance , & d'apporter
trop de tefiteur dans fes entreprifes *,
tnais fes foibleiTesne dégénérèrent
jamais en vices. Il contribua bean-
coap à la converfion des Samogites,
peuple qui habite une province .de
la Uibuanie. K Olesniki* .
VUL LADISLAS yii:rQide
Pologne y. ûlik du précèdent, eft hs
tnême que Ladtfias IV , grand^duc
de Litlmaaîe & roi dte» Hongrie r:
Fcy€{ fon fffticle ô-devaèt^. n*' U*
IX. LADISLAS-SiQiSMOlfP
Vil, Toi de Pologne & de Suéde,
monta fur le trôoeiiprès Sigl/mon^
lllùm psK^^ en 1631^ AvtafitCon
avènement à la couronne «.il s'é-
tôit fignalé contre Ofnuin « /ultaft
desTvB-cs^ wxqatl ilartrolt'jUépljlto
de 150,000 homtnes en.;diyerfe6
«eooontres* LèniofUrcp2ie'fbtt^la
réputation que Icf généiïd«*étoit aa-
•qiufe. Il défit les-Bstâesi^es non-
ttaigait à'.£aire la>pai3C à iVia^as
tepoûffii les Turcs, Su mourait tefs
pôftéritë pn 164S V à 'i^ am.vIl:étoit
nataddten^nt bravé , biefiÊltfan^&
générAixv>n»is>il 41e fut jEas âffias
^lîiBipiè^pOQr préférer le biéit*^^
ikéaàés^^vâoà aux ififiéDêt!3-par«'
ticuliers 'de- la noblefle iBplonôiib.
'Sooxtsjuâfcei centre lesV Cofiquéfi
fimleva jcè'peafdep'la pKis-xftrme
iKfifHerQ de Véékt, <&- l'et^pigeèiiat^
tme ^guerre qu^tt né vîtipeani finiti.
- X:ii A DiS-L AS 4 fils a&Kpd'fi.
lumte Ihapào , éponfii v'.Àivpéfa
avant la' morc^de. ion père , ' la^lle
de LkSflas^/^vtsàvMs de.^>aàâW»»
Inev '&^£f cade de xettd^'allnttîce'^f
Êutt at^KT \mu princdre ^iî^ifma-
tique^f fal cxeoàuniitnié patolrtaatd:^
nal -Jd^ Mùnafôfi ;^légatbd(?iatni>
«i^^î£ai5lii:<étoit> rhériiier pfi».
iMttpKàf'detig €win)fti0^ de Servies
Tome Fm
* A 0 .Î10
ion père « en, y renonçant^ avoit
réfervé le droit des en%is. Milu-*
.un fon onple y. voulant pofieder ce
trône , fit enfigçn^ tadlflas après
la mort de fon père, & le tint en
prifon jufqu^à ia.fienne , arrivée en
142 1. LadlJUs, devenu alors roid«
Servie ^ refufa, l'apanage à Conjlinr
tin fon frère, qui n'ayant pu l'ob-
tenir de gré^ le lui demanda à 1^
tête d'une armée. Il fut vaincu 8c
fait prifonnier : kodiflas pouiïa I9
cruauté Jufqu'à le iabre pendre, &
enfuite écart^er. Cette barbarie , à
laquelle on ne peut penfer façs
jiorreur ^ lui attira la haine desi
peuples , qui oâirirent la couronna
■k EtUnnt.t iiifi naturel de MUutin^
2»nni alors 4 Ç^n^antinople. La*
dtjlof ^ abandonné de tout le monde «
iùrtpris à Sin^)c> & jeté dans une
prifon d'où, il ne foixit4>lusr
/, LApVOCAT/< Louis Fran-
çois )■ né À Pa«is en 1644 , mourut
(t^os la .ffl&ne ville doyen de ia
chambre d^n-^otmptes., le s Février
r735 , à 91 -sn^ Sonr principal ou*
yî8gç;.eft .ilitimlé t Erûntîms fat
m n^ftvsm ^^yfième. à^ Mpt^U 6» <^
Jthyfi^uc ^oa La ruharche- de ia Vi^
imr^ft Jeliffi Us lumU^s naturelles ^
ifk^iiv Di^ dit ^ ^e-,^ -xçt ou^
»#,.yrage efthlenéctiif, Irréflexions
«« en. JûnK foljdes ,. & les jr^ifonne*
H^.mens juftes-^ bien fuivis w* II
fk'jenefi pas^ moi^ ignoré ,- parce
qUe cette nKaiere a 'été.. traitée dc^
fi(& avec plus de- prçfondeur*
.' '/i.; I^DVOCAT , Clèan-^Bapr»).
fl/é ea 1709^ dwii&délégué.de Vau>
couleurs dans le ^ocefe de Toul ,
fut doâeur^. bîbfioithécaite &;pro-
fôfièUr de- la chaire Id-'Qrléansrei^
^orbonne. ;Aprês aVoir feît fes étu-
iii^ de phsioâyphift daon les Jéfui>>
tes dé Pont^à^Moixâbn , qui vous*
lurent en vainf^raetaaher à leur fo^
lâé^, il .allcfrèimlier pn Sorbonnei,
Il fiit admis 'en «734 à l'hofpits*.
•lité « &L.k:àtrÙKûixç^ en 17.36 , étaztt
^ï)D 11 A ô
déjà en licence. Rappdé dans fon
dioceie, il occupa la cure de Domp^
Remî^ lieu célèbre par la naiflance
de la PucdU d*OrtUns, Mais la Sor-
bonne l'enviant i la province ^ le
nomma en 1740 a une de fes chai-
res royales , & lui donna le titre
de bibliothécaire 60^1741. M. le
duc à! Orléans , prince auffi religieux
que favant , ayant fondé en Sor-
bonne une chaire pouï lHébreu en
175 1 , en confia l'exercice à l'abbé
Ladvocat qui remplit cet emploi
avec fuccès Jufqu'à fa mort , arri^
vée à Pariîs le 19 Décembre 1765 ^
dans la 57* année de fon âge. Ce
favant avoit un cœur digne de foa
•efprit-, une noble franchife animok
tous fes fentimens. Il n'omoit m
ce qu'il écrivoit, ni cè-qu'ildifoit;
-«nais on fentoit dans toutes iesL ac*-
dons cette humamté- Ôr cette doui-
ceur, qui eft là vraie fource de
la politeiTe. Nous srvons de lui t
I. Dictionnaire Gébgrdpfuqûc portatifs
in-S° , plusieurs fois réimprimé. Cet
•ouvrage , publié foiis le nom de
M. Vo/giaty Si donné comme une
traduéHon de l^Anglois , eft un {life»
•bon Abrégé' du Dictionnaire Géo^
^aphique de ia^ Màrûnlert, «Nx>ia$
^vons fous les yeux Toriginal An*
glois , avec lequel il n'a prefque
aucun rapport' ',. mais M. La^ocat
voulut acà-éditer fon ouvrage, en
le préfentant au public comme une
-produftion de l'Angleterw.' Up
homme de lettres prépare un Dkr
tionnaire Géographique en 4 vol. in-8**,
^ nous conduirons d'avance au
libraire qui vend celiû de Lad¥ocar^
4e dire & même d'éàrire que l'ou*
▼rage annoncé n'eft qne la cc^ié dii
ûen. Cela ne laifTera pas de faire
^[uelque • efEet auprès de ceux qui
«ce compareront pas les^deux livres.
3lais ceux qui voudront hiear&ué
>ce parallèle^ verront qu'on peui
^e à -peu «près '^niffî exaâ qUè
Hibki MyQ€Ui y <c «tipenda» don*
1 AO
-ntt des détails plus inflruâi& , pfiH
variés & plus agréables. II. DiSion^
naifÉ HifioHque porîaâf^ en 1. VOU
in*8^; dontilyaeuatiffîplufieufs
éditions & contreferions. L'auteur
s'étoit {gxTi des DiW4>nnàirts qui
avoient précédé le fien ; & cede^
nier nous a été quelquefois utile.
-M. Ladvotat fe défend aâcz mal-àe
propos d*être rabbréviateur de Mi^
rirU II n'y a qu'à comparer & pre-
mière édition avec ce gros Dii^
'^foUfiaire, pour voir qu'il n^a pas
puifé dans d'autres fouies. On y
^ouve , à la vérité , quelques ar«
tic) es ajoutés \ mais ces additiots
•it'emipèdient point que le total de
'l'ouvrage* ne foit un abrégé ni^^
-& pdrdaL Nous ne Êûfbns que ré^
péter ce quepenfoit dé ce' Lexique
feu M. l'abbé Gotiju^ & ce qull
nousavoitécrit. M.Dnux éaRidkr^
i&pftifietirs autres ûvans'trèfrVerfés
dans i'Iliftotre polidque & Ëttératie,
«h ontpenfé & parlé comme l'abbé
Gmiet* Le dernier volume , -. de l'édi*
'don de 1760, efl feitavec plus de
fcôn qne le prcsiier ^ parce que l'au-
teur profita, pour ce dernier vo*
.lumey':'du IHSîonnairfM/hnqut ^
Terittqveét M. Barrai ^ tfai veook
:de pàroître. S'il avoit pu ittfoodre
:tam l|£^vrage , f&tcndre les 616
•plus^ inféréfisn» par ktSiélaiige dci
anecdotes', papr les ^ngemens crir'
£tpies» par Télegance de la di^on^,
ion livré ik feroit lire^vec plus de
4ylaiâr*: Rarement dsaôérife-t-'il Id
fprands.'-^écrivHÔis. Ses éloges font
peu réfléchis & trop Vagues. Si
•littttcatnre, dit on cridque , eft très-
ifiiperftciçlle ; fi l'on entend « parce
mot /la connoiflancetaiibnnée des
«dttfni'oéuvresd'Adienes.fiidèRoniék
4e-fiaris &de,^Londxes. Alu refle il
avtfît des conaoiiTançes r profondes»
aLd'auttSest égards. Cet hoaune de
-lettres». >doux & hoUmête^ a.en des
•continuateuts de fon.Diâloiin«rf
Mtf» <^posist ^u» pé» iMrfLt^
lèces. Us ont publia ea 1777 une
nouvelle édition en 3 vol. in-8** ,
augmentée d'un grand nombre d'ar-
ticles imdh y féchement & plate-
fflent écrits, & furchargée d'injures
groifieres contre ceux qui ont fait ,
depuis Ladvocat , des DlcHonnaîres
hifioriques. Le principal éditeur , qui
eft très-reconnoiiïant , ne s'eil per-
mis à la vérité ces critiques que par
excb de zcle pour la mémoire de
ion auteur : c'efl du moins ce qu'il
a dit. Mais les perfonnes juftes &
éclairées n'ont vu dans fes fatires
qne la rage impuiâante & intéref-
fée d'un homme qui , depuis l'appa-
ntion du Nouveau DîMîonnairt hifio'-
toTÙpu , n'a pas aflez vendu fon
livre. 11 a beau , dans des Supplé-
nieas annuels ., renouveler'périodi-'
quement îes cenfures & fes com-
plaintes : cela ne fera pas revivre
iâ fedie nomendamre. On a penfé
frès-juilement que ces Supplémens ,
offerts gTAtls au public , étoient les
inutiles requêtes d'un mourant à
un médecin qui l'a abandonné. • •*
ISLGrammain HébroiqueyinS^y 1755*
L'auteur l'avoit compofce pour fes
élevés ; elle réunit la clarté & lamé-
Aode néceflaires, IV. Trachtus de
Conduis In guun » Caen , 1769 , in-
11. V. Diffatatîan fur U Pftaumt
UCYii , Escurgat Deus. VI. Lsttre
fw Pautorlté des Textes originaux de
PEautare'famte , Caen , 1766 , in-8°.
VII. Jugement fur quelques nouvelles
Tradxâions de V Ecriture-fuiatc d'après
U Texu Hébreu. Ces quatre derniers
•uvrages font pofUiumes, & font
oppofés au fyûême de l'Abbé de
rtlUfroy.
LiELIEN, {Ulpitts Cornélius Itt^
ûanas) eftun de ces généraux qui
prirent le titre d'empereur dans les
Gaules fur la fin du règne de Gallien,
Il fiit proclamé Augufte par fes fol-
dats à Mayence Tan a66. Il étoit
d'un âge avancé *, mais il avoit de la
valeur Ôc de la politique. Laûen n«
L A E 131
régva que pendant quelques mois.
Pofihume le Jeune ayant afpiré comme
lui au trône des Céfars , raflèmbla
fes légions , le vainquit près de
Mayence au commencement de l'an
2.67 ; & l'ufurpateur perdit dans la
même journée l'empire & la vie. On
l'a confondu mal-à-propos avec le
tyran Lotûea , qui prit la pourpre
après lui -, & avec Pomponius jEâanus^
qui fe révolta fous DîocUtîen,
LiELIUS , {Caiut) conful Ro-
main l'an 140 avant J. C. , étoit l'in-
time ami de Sclpion l'Africain k
Jeune^ Il fignala fa valeur en £f-
pagne , dans la guerre contre Vi-
riathus général des Espagnols. U ne
fe diilingua pas moins par fon goût
pour l'éloquence &pour k poéfie ,
& par la protection qu'il accorda à
ceux qui les cultivoient. On croit
qu'il.eut part aux Comédies de Térence,
It po(^ le plus châtié qu'ait eu le
théâtre de l'ancienne Rome. Son
éloquence éclata plusieurs fois dans
le fénat pour la veuve & pour l'or-
phelin. Ce grand homme étoit mo-
dèle. N'ayant pas pu venir à bout
de gagner une caufe , il confeilla à
fes parties d'avoir recours à Galba ,
fon émule , & il fut le premier à le
féliciter , lorfqu'il fut qu'il l'avoit
g^;née. Sàplon & lui fe retiroient
à la campagne y où > loin du tumulte
& desfoliesdelaville , ils s'amu-
foient comme des enfans à amaifer
des coquillages Ôc de petits cailloiflT,
& fe livroient à mille jeux inno-
cens. Il y a eu un autre Lalius ,
conful Romain 190 ans avant J. C.
Il accompagna , le premier , SeîpUm
V Africain, en Efpagne & en Afrique ,
Sa eue part aux viâoires remportées
fur Jfdrubal & fur Syphax,
LAER ou Laar , (Pierre de)
-fumommé Bambochz , peintre né
en 161 3 à Laar , village proche de
Naarden en Hollanfle , mourut à
'Harlem l'an 1675 , à 6i ans. Le
furnoin de Bamboche lui fut donné ,
131 L A E
à cauf^e de la Singulière cotifcrmatîoA
de fa figure. Cet artiile étoit né
peintre : daiis fa plus tendre enfancCf
on le trouvoit continuellement oc-
cupé à defliner ce qu'il voyoit. Sa
mémoire lui rcpréfentoit fidelle-
ment les objets qu'il n avoit vus
qu'une feule fois & depuis long-
temps. Il étoit (d'une grande gaieté,
rempli de faillies, & tiroit parti
de fa difformité pour réjouir fes
amis , U PvuJJin , Claude le Lorrain ,
Sandrarty &c. C étoit un vrai farceur;
mais étant parvenu à 1 âge de 60 ans,-
fa fanté s'affoiblit , & de la joie la
plus vive il pail'a à la mélancolie
. la plus noire. Ce peintre fut furprls
avec quatre autres > mangeant de la
viande en Carême, par ua ccdé-
fîaftique , qui les réprimanda plu-*
ûeurs fois & les menaça de l'Inqui-
iition. Enfin cet homme zélé les
outra; â J^amboçhc , aidé des autres
qui étoîent af ce lui , noya le prêtre.
Les remords que ce crÎQie lui caufa ,
joints à quelques petites difgraces
qu'il eut à eiTuyer, hâtèrent fa mort ;
mais il n'eft pas vrai qu'il fe préci-
pita dans un puits. Ce peintre ne
s'cft exercé que fur de petits fujets.
Ce font des Foires , des Jeux d^enfans ,
des ChaJ^s , des Pay/agcs ; mais . il
y a dans fes tableaux beaucoup, de
force, d'efprit & de grâce. Le roi
& le duc d'Orléans en poUedeot
plufieurs.
• LAERCE,Fa^^DlOGENE-LAER-.
CE, n° IV.
I. LAET , ( Jean de) direûcur de
la Çcmpfiffiic des Indes , favant dans
1 hifloire & dans la géogeairi^ ,
naquit à Anvers , & y mourut en
1649. On a de lui : I, Novus Orbls ,
à Leyde, in-ft)l, 1633. Ceft une
defcription du Nouveau Monde en
18 livres. Quoiqu'elle fok quelque-
fois inexafte , elle a beaucoup fervi
aux géographes. Làet traduâit lui-
même cet ouvrage cnfrançois. Cette
yeriion fîdelle, mais plate, parut
L AB
en 1640 , ia-foUo , à L^de , {btii. t
le titre d'Hifi(flreÂu Ncwt^fluÎApnde^,
Ih.ReJpubUca Belgarum , in-24 , aiTez
exaâe. III. GaiUa^ in^24, moins
efUmée que la précédente. IV. Dé
Régis HlJ'panla ngnis ^ oplbus , in-8^,
V. Hijlorla naturslis BrafitU G, Pi"
fonis , in-fol. avec figures , à Leyde >
1648. W,TurcleiImperiiJhtttis/ïi\'14»
VII. P^rfia , feu A;gni PerJUiftatus ,
in-24. Tous ces petits ouvrages ^
imprimés chez£/(/Wr, contiennent,
une defcription fuccinte des difté-
rcns pays dont le royaume que le.
géographe parcourt efl. £ompofé«
On y parle des qualités du climat «
des produdtions du terroir ; du
génie , de la religion , éts moeurs
des peuples *, du gouvernement civil
& politique ; de la puiflance & des
richefîc» de l'état* Ce plan, qui
eA aiTez bon , a été miîeux exécuté
par les géographes qui font venus
après LaiBt, Mais^ quoique ces petits
livres ne foient guère au-dçfTus du
médiocre , on les recherche comme
s'ils étoient excellens , grâces au
00m & à la réputadon de l'impri-
meur^ Un ouvrage plus confidé-
rable , imprimé aui& diez E/^évir
en 1649, in-folio, l'occupa fur la
un de fes jours v c'eâ 1 édition de
Vitruye , avec les notes de Phîiandre,
de Barbara , de Saumai/e , accompa-
gnée de plufieurs Traités de divers
auteurs fiur la même matière. Ce
recueil eft eflimé.
IL LAET, Voy^ Rollwinch.
L iE T A , dame Romaine , fille
d'Albin grand-pontife , époufa ,. fur
la fin du iv^ ûecle , Torax fils de
Sainte Poule, Albin fut fi touché de
la verm de fon geùdre & de la £a-
gefTe de fa fille', qu'il renonça au
Pagaxûfme & embrafia la religion
Chrétienne. Lxta. fiit'^ere d'une
fille , nommée PauU , comme ion
aïeule ; c'efi à cette occafion que
5. Jérôme lui adrefla une Epitrt qvl
comxnence ainii : Apofiolm Faui^
t AT
fa^s ai Corînthîos ^ ficc. dans la*
^elle il lui donne des inftruâions
pour l'éducation de cette enâmt.
L^TUS» capitaine de la garde
prétorienne de Tempereur Commode^
dans le fécond fiecle y empêcha que
' ce prince barbare ne fit brûler la
ville de Rome ^ comme il l'avoit
réfolu. Commode ayant voulu le
faire mourir avec quelques autres ,.
cdui-ci le prévint , & de concert
avec eux , il lui fit donner du poifbn
I Tan 193^ JUuus éleva à l'empire
Ptrtmax ; & trois mois après il le
I fitmaflacrer , parce qu'il rétabliiloit
trop févérement la difcipline mili-
j taiïe,^ & que ,, par l'innocence & la
[ droiture de fes mœurs , il lui repro-
choit tacitement fa diflolution. DU
dur- Julien lepiinit de mort peu de
temps après.
LjETUS Pomponius, Voyei
POMPONIUS > n°. lîl.
LiEVINUS TORRENTITJS,.
Voy, TORRENTIUS^
LiEVIXIS , ancien poète Latin,
dont il ne nous refte feulement que
éiiux vers dans Au/ugele , 6i Jîx dans
Apulée, On croit qu'il viyoit ayant
Ctcéron,
LAFARE» ( Charles-AuguHe^
marquis de ) né au château de Val-
gorge dans le Vivarais , en 1644,
(tit capitaine des gardes de Mon-
teur , 8( de fbn fils y depuis régent
du royaume. H plut à ce prince ,
par r^jouement de fon imagina-
tion, la délicatefTe de fbn e^rit,
& les agrémens de fon caraûere.
Son talent pour la poclie ne fe dé-
veloppa , fuivantTauteur du Siècle de
Louis XIV y qu'à l'âge de près de 60
ans. Ce fiit pour Madame de Caylus
qu'il fîtfcs premiers vers , & peut-
ctre les plus délicats qu'on ait de lui:
M*ahandonnitnt un jour â la trt/kffe ,
Sans efpéronce ^ mime fans défirs ,
" Je n^rettols les fenfih/ts plalfirt
Dont la di»iceur cTéf hanta majstmâfi,&g.
L A F 13Î
Ses autres Poéûes refpirent cette,
liberté , cette négligence aimable»
cet air riant & £acile , cette fîneiTe
d'un courtifan ingénieux & délicat ,
que l'art tenteroit en vain d'imiter.
Mais elles on' aufli les dé&uts de la
nature livrée à elle-même*, le flyle
en efl incorref^ & fans précifion.
C'eft V Amour, c'eft B.'cehus , plutôt
qa* Apollon, qui infpiroient le mar-
quis de Lafare, Les fiuits de fa mufe
fe trouvent à la fuite des Poéfies de
l'abbé de Chaulicu^ fon ami , [ édition
de Saint'-Marc], Ces deux hommes
étoient faits l'un pour Tautre, mêmes
inclinations , même ardeur pour les
plaifirs , même ùiçon de penfer ^
même génie. Il y avoit une parfaite
fympaâiie dans tous leurs goûts &
même dans leurs défauts. Le marquis
de Jjtfarc mourut en 1 7 1^ , à 6.8 ans.
»» Lafare n'efl plus , écrivoit l'abbc
y* de Chaullaz à madame de Bouillon,.
>»^ J'aivu mettre le comble aux amer»^
» tûmes de ma vie , pa» la mort du
'» plus tendre & du plus fidelle ami
>♦ qui fut jamais. Pendant 40 ans
»> la raifbn n'a ceiTé d'approuver &
M de cimenter une union qu'un pen--
»♦ chant aveugle avoit commencée"*
Outre {t& Poéfies , on a de lui des^
Mémoires & des Réflexions fur les
principaux événemens du règne de
Loms XIFy in-ï2. Us font écrits
avec beaucoup de fmcérité & de
liberté-, mais cette liberté efl quel-
quefois poufTée trop loin. Le mar--
cpiis de Lafarty qui dans le commerce
de la vie étoit de la plus grande in-
dulgence,, n'a prefque Êit qu'une,
l&tire. Il étoit mécontent du gou-
vernement', il pafToit fa vie dans^
une fociété qui fe faiibit un mérite-
de condanner la cour : >* Cette fo«
>♦ ciété ( dit l'auteur déjà cité ) fit „
y*^ d'un homme très - aimable , ua.
M hiitorien quelquefois très-injufte*«^
À ce jugement, joignons celui qu'^f-
tzthuriy évêque deRochefter, por-
toit dfetiMfi^ptf'^^*: lAf<srt^^\ Le OUK
liii
IJ4 L A F
ft en efl aifé & naturel , & ily a un
n air de vérité dans tout ce que
>* Tauoeur dit. Mais ce n'eH pas
>* pourtant , £elon moi , une main
>• de maître. U narre, non en homme
H qui poiTede les règles de la bonne
M compofition , mais en agréable
M convive. Je dis de fon ftylc , ce
»» qu'il dit lui-même de fa figure :
f» Ma figure tCcfi pas fort déplaifanu ,
)t quoique je ne fois pas du nombre des
» gms bien fahs. Quoiqu'il ne foit
ft pas un écrivain du premier^ ni
1» même du fécond ordre, il eft pour-
>t tant amufant.... J'ai de la peine à
M lui pailer ce qu'il dit des belles
M jambes du chevalier de Rohan, On
» auroit plutôt attendu une pareille
ji remarque de la part d'une dame
n galante ; & cela Eût voir que le
M marquis étoit trop attentif à de
n pareilles bagatelles. Il le fent lui-
91 même , car il s'excufe dans ce qui
vt fuit; mais cette excufe prouve
>« feulement combien fon penchant
M à cet égard étoit puif&mt en lui ,
»» puifqu'U avoit afTez de lumières
%^ pour appercevoir la faute , &
vt que malgré cela il ne laiâbit pas
M de la commettre ««. On a encore
de lui les paroles d'un opéra in-
titulé, Panthée , que le duc é* Orléans
mit en partie en muûque.
LAFFICHARD , (Thomas) né
à Ponflon en 1698, diocefe de Saint-
Paul-de-Léon , & mort à Paris le
20 Août 1753 ,355 ans, adonné
un grand nombre de pièces aux
François , aux Italiens & à l' Opéra-
comique. Celles qui font imprimées,
font recueillies en un vol. in-8**.
Elles eurent un fuccès paflàger. Voy.
la France Ûttéraîre^ 1669 , tom. 2«
I. LA FIT AU, (Jofeph-Fran-
çois) né à Bordeaux , entra de bonne
: heure dans la Compagnie de Jésus,
où fon goût pour les belles-lettres
& pour rhifloire le tirade la foule,
U fe fit connoître dans la république
.des lettres par quelques ouvrages.
1. £er Mcturs des Sauvants Aûiiit^
coins, comparées auâ! maurs des pre»
nùers temps , imprimées à Paris en
1723 , en 2 vol. in-4** , & 4 vol.
in- 12. C'eftun livre très-eflimable.
L'auteur avoit été miffionnaire
parmi les Iroquois \ auffi. n avons-
nous rien d'aiiffi exaâ fur ce fujet.
Son Parallèle des anciens peuples
avec les Américains efi fort ingé-
nieux , & fuppofe une grande con-
noiflance de l'anâquité. II. Hljioirc
des découvertes des Portugais dans U
Nouveau Monde ,1733,2 vol. in-4**,
& 1734 , 4 vol. in-i2 : exaûe &
affez bien écrite. III. Remarques fur
le Gin-Seing, Paris, if^S , invi2.
L'auteur mourut vers 1740.
n. LAFITAU, (Pierre-Franc.)
né à Bordeaux en 1685 , jl'un comr-
tier de vin , dut fa fortune à fon
efprit. Admis fort jeune chez les
Jéfuites, il s'y diftingua par fon ta-
lent pour la diaire. Ayant été en-
voyé à Rome pour entrer dans ks
négociations au fu)et des querelles
fufcitées en France pour la bulle
Unigenitus , il plut par fes bons mots
à Clément IX , qui ne pouvoir fe
pafTer de liii. Sa converfarion vive
& aiféc, fon efprit fécond «n fail-
lies , amufoient ce pontife , & L^^*
tau en profita pour obtenir quelque
dignité. U fortit de fon ordre * &
fiit nommé à l'évêché de Sifleron.
Les commencemens de fonépifco-
pat lui firent moins d'honneur que
la fin *, s'étant peu-à-peu détaché
du monde \ il fut l'exemple de fon
clergé : il donna des miflions» il
afTembla un fynode , il fonda un
féminaire. Après avoir pafTé les
dernières années de fa vie dans
' l'exercice des vertus épifcopales ,
il mourut au château de Lurs le
5 Avril 1764, dan* fk 79* année.
L'évêque de Sifleron s'étoit tou-
jours montré ennemi ardent du
Janfénifme ; mais la vidllefTe le
ramena à une façon de pttifer plu«
X A F
iiouce & plus pacifique. On a de liu
pluficurs ouvrages : I. Hîftoin de ta
ÇonJUtudon Unig£nitus, en 1 vol.
îa-ii, dans laquelle il y a plus de
légèreté dansleflyle, que de mo-
dération dans les portraits qu'il trace
des ennemis de cette Coniftitution.
IL Hifioîre de Clément XI j en 2 vol.
in- II. Il£iit]£édre àfon héros des
miracles. [Koy. Dupin]. III. Des
Samons^ en 4 vol. in-12, qui ne
répondirent point à l'attente du
public Ce prélat avoitplus de gefte
& de repréfentation , que d'élo-
quence. Il cite rarement l'Ecriture
& les Pères ; il manque de preuves ,
& il bâtit toutes nos grandes vérités
fur des toiles d'araignée. Les dif-
€ours qui ne demandent pas une
connoiflânce profonde des myileres,
font les meilleurs : tel eft , par
exemple • fon Sermon fur le Jeu ;
niais lorfqu'il prononçoit les autres,
il étoit dijBkile de n'être pas touché
par les grâces de fa figure , de fa
voix & de fon aâion. IV. Retraite
àc quelques jours ^ in- il. V. Avis de
din^n^ in- II. VI. Confirencespour
les Mlffions , in-ii. VII. Lettres
Spîntuelles , in- il. Tous ces ouvra-
Iges font fort fuperfîcîels ; on n'y
trouve ordinairement que de petites
phrafes fans penfées. VIII. La Vie
^ les Myjlires de la Sainte Vierge^
2 vol. in. 1 2 : ouvrage àîGté par une
dévotion peu éclairée & pleine de
ÊiuiTes traditions. Lafitau avoit le
génie porté aux petites pratiques,
& il mettoit fouvent du ridicule
dans celles qu'il introduifoit en fon
diocefe. Il fonda un ordre de reU-
gieufes, qu'il fît appeler la Paren-
ule. Il parut quelquefois avoir un
goût de dévotion , qui tenoit plus
d'un moine Portugais , que d'un
4vêque François-, c'eft ainfi du moins
que l'a peint l'auteur des Nouvelles
iccléfia/Bques , & fon témoignage
n'eft détruit , ni par les pradudions
à% c« prélat , ni par ceux qui l'ont
L A G 13».
vu dans •les derniers temps de fi
vie. L'auteur de cet article efl de ce
nombre \ & quoiqu'il eût plus à fe
louer de lui , qu'à s'en plaindre »
il a dû le peindre tel qu'il étoit,
parce qu'on ne doit aux morts que
la juflice & la vérité : un article
hiflorique n'eft point une oraifon
funèbre.
LAFONT , LAFOSSE, Voy. à
la lettre F.
LAGALLA, (Jules-Céfar) na-
quit en 1576 d'un père iurifcon-
fuite, à P»iulla, petite ville de U
Bafilicate au royaume de Naples.
Après avoir fait fes premières étu-*
des dans fa patrie , il fut envoyé k
Naples à l'âge de 1 1 ans , pour y
étudier la philofophie. Son cours
étant achevé , il s'appliqua à la mé-
decine , & fit tant de progrès dans
cette fcience, qu'après avoir été
reçu doâeur gratuitement , par une
diftindHon que le collège des mé-
decins de Naples voulut lut accor-
der , il fut nommé à Tage de 18 ans
médecin des galères du pape. A 19
il fe fit recevoir doâeur en philo-
fophie & en médecine dans l'uni-
vâ^té de Rome *, & à 21 ans , il fut
îugé digne» par Clément VUI^ de
la chaire de logique du collège Ro-
main , qu'il occupa avec une grande
réputation jufqu'à fa mort , arrivée
en 1623 , à 47 ans. Les travaux de
cette place lui laiflbient peu de
temps pour pratiquer la médecine ;
auffi eft-il plus connu comme phi-
lofophe, que comme médecin. Il
paroît cependant qu'on n'avoit pas
une mince opinion de fes talens
-dans l'art de guérir , puifque Siff./*
mond III , roi de Pologne & de
Suéde , voulut l'avoir auprès de
lui en qualité de médecin *, ce que
fa mauvaife fanté ne lui permît pas
d'accepter. Ce favant étoit doue
d'une mémoire admirable , & ce
don de la nature lui fut plus utile
qu'à tout autre , fon écriture étant
I iy
%3^ 1 A G
Indéchiffrable, & vu ^qu'il n*écrl-
voit qu'avec la plus grande répu-
gnance. AufH eft-il refté peu d'ou-
vrages de lui. Léo AUatîus^ qui a
donné fa Vlc^y cite un Traité in-
titulé : Dîfputatîo di Cotlo animato^
Jieidelberg , .1721.
LAGARDÏE, Vcyei GàRdie,
LAGERLOOF wLagerloef ,
î[ Pierre) LaurîfuUus , habile Sué-
dois , né dans la province de Ver-
meland , le 4 Novembre 1648 ,
devint profefTeur d'éloquence à
XJpfal , éc fut choiû par le roi de
^uede pour écrire l'hiftoire ancienne
8c moderne des royaumes du Nord*
Il mourut le 7 Janvier 1699 , à
5 1 ans. On a de lui : !• De Ortho^
f^aphiâ Succand, IL De commerças
Romanomm, 111. De Dnùdièus, IV,
De GothîcA Gentis fedihus , Upfal ,
1691 » in-8^. V. Des Difcours &
des Harangues , &c. Son latin étoit
irès-goûté dan^ le Nord*^
LAGNEAU, (N...) connu feule-
ment par fa manie pour la pierre
philofophale, qui lui fît perdre le
jugement & fa fortune , & qui l'en-
^gea à traduire & à augmenter le
livre infenfé de Bafîle VaUntm ,
intitulé : Les dou^e Clefs de la Philo/o'
jpAitf. La traduâion de Lagneau fat
imprimée à Paris en 1660, in-8**,
I-es fous comme lui la recherchent.
Cet auteur mourut fur la fin du
,xvii** fiecle.
j LAGNY , (Thomas Fantet , fîeur
de) célèbre mathématicien , né à
Lyon en 1660 , fut deftiné par fes
parens au barreau •, mais la phyfique
& la géométrie l'emportèrent fur
la jurisprudence. Connu de bonne,
heure à Paris , il fut.çhargé de l'édu-
cation du duc de NvalLks, L'acadé-
mie des fcienccs lui ouvrit fes portes
en 1695 , & quelque temps après
J^uU XIV lui donna la chaire d'hy-
drographie à Rochefort. Son mérite .
1^ fit rappçlçr à Paris 16 ans après ,
; . L-^ A G
8e lui obtint une place de penfibn-
naire de l'académie , celle de fous-
bibliothécaire du roi pour les livres
de philofophie & de mathémadques»
.& une peniion de 1000 liv. dont le
duc à! Orléans le gratifia. Il mourut
le 12 Avril 1734, à 64 ans, re-
gretté des gens de lettres dont il
étoit l'ami & l'appui, & des pauvres
dont il étoit le père. Dans les der*
niers momens , où iX ne connôif-
foit plus aucun de ceux qui étoient \
autour de fon lit, un mathémati-
cien s'avifa de lui demander : Quel
étoit le quarré de dcu^e } il répondit
dans rinilant , & apparemment fans
favoirce qu'il répondoit: Centqua^,
rante-quatre. Ce géomètre n'avoit
point cette humeur férieufe ou
îombre qui feit aimer Tétude , &
que l'étude elle-même produit. Mal-
gré fon grand travail , il avoit tou*
jours aiïez de gaieté; mais cette
gaieté étoit celle d'un homme de
cabinet La tranquillité de fa vie fut
indépendante , non-feulementd'unç
plus grande ou moindre fortune,
mais encore des événemens litté-
raires , fi fenfibles à ceux qui n'ont
point d'autres événemens qui oc<
cupent. Les ouvrages les plus con-
nus de cet illufire mathématicien
font : L Méthodes nouvelles & abri»
gées pour l'extraction & l'approxîma*
tion des racines , Paris , 1691 &
1697 , in-4**. IL Elémens d'Arîth"
métlque & d^ Algèbre , Paris , 1697 ^
in- 12. On les lit peu; parce que
d'autres plus parfaits ont pris leur
place. UI. La Cubature de la Sphère ^
1702 , la Rochelle , in-i2, IV. Ana^
ly/e générale , ou Méthode pour ré*
foudre les Problèmes , publiée à Paris
par Rlckcr en 1733 , in-4**. V. Plu-
fieurs écrits importans , dans let
Mémoires de l'académie des iciences.
Ils décèlent tous im grand géo-
mètre. ; -
. LAGUILLE , (Louis) Jéfuite , ni
à Aucun en x6]fS , m<>rc àPom«à;
1 A C
Mouflon en 1742 « à S4 ans , fe fît
cftimer par fes vertus & £es talens.
Ils'étoit trouvé au Conph de Bade
en 1714 -, & le zcle pour la paix ,
qu'il avoir ێdt paroitre dans cette
aflfemblée, lui valut une penfîon.
On a dé lui pluiieurs ouvrages. Le
principal cft une Hlftolre d^Alfact
ancUane& moderne, depuis CéÙLrjuf"
fi*en rjzj , à Stras|30urg , en 2 vol,
in-foL 8r en 8 vol. in-8** , 1727.
Cette hifloire commence par une
notice utile de l'ancienne Alface,
& finit par pluiieurs titres qui lui
fervent de preuves , & defquels on
peut tirer de grandes lumicres.
LAGUNA, (André) médecin,
né à Sé^ovie en 1499 , pafla une
grande partie de fa vie à la cour
de l'empereur Qiarles-Quint^ qui
avoit une grande confiance en lui.
Il fe rendit à Metz l'an 1540 , pro-
digua tous fes foins à fes habitans
durant une épidémie peftilentielle ,
I & s'acquit par-là leur eftime &leur
reconnoiffance, dont il profita adroi-
I tement, pour refferrer les nœuds
qui les attachoient à Téglifè ro-
maine & à leur fouverain. Il fe ren-
! dit de là à Rome où Léon X Itû
donna des marques d'une grande
eftime , parcourut enfuite TAlle-
magne , les Pays-Bas , & alla esifin
finir fes jours dans fa patrie en i ç 60,
à 61 ans. Ce médecin étoit aufiiun
bon critique. On a de lui : L Ana-
tomlca methodus , Paris , 16 3 5 , in-8®.
II. EpUome GaUnî operum , adjecUs
vUâ Galcni 6» Ubel/o de pondcrlhus
^ nwifurîs , Lyon , 1643 y in-fol.
ni. Annotatîones în Dîofcondem y
Lyon , 1554, in -12. IV. Une
Verfion efpagnole des ouvrages de
IXofcoride, Valence, 1636, in-
fo!. &c.
LaGUS , (Daniel) Ludiérien,
profeffeur de théologie à Gripf-
waîd, mourut en 1678. On a de
lui : 1. Theoria meteorolo^ca. IL Af»
irt>fophif mathcmatieo -^ phy/iea, III^
L À f ïî^
Stdckolcgia,,, "Pfycholopa,** Archolo^
gfa : ce font trois traités différens.
IV. Examen trîum ConfiJJianum refàr» *
tnatarum , MarchUcx , Lîpfienfis &
Thonmenfis, V. Des Commentaires fur
les Epîtres aux GaUtts , aux Ephi-
fiens & aux FfdUppîms : ils font plus
favans que méthodiques.
LAHIRE, Voye^niVilL.
LAÏMAN , ou L AYM AN , ( Paul )
Jéfiiite, natif de Deux-Ponts, en-
feigna la philofophie » le droit
canon & la théologie en divers
collèges d'Allemagne , & mourut à
Confbn<^ le 13 novembre 1635 »
à 60 ans. On a de lui une Théclogi^
morale en latin , in-fol.. , dont toutes
les décifions ne font pas exàCtçs ;
& d'autres ouvrages , cnfévelis en
France dans les grandes bibliothè-
ques , mais dont les théologiens &
canonises Efpagnols & Italiens font
encore ufage y ou du moins ils lo
confultent quelquefois.
LAINE, Foyei Laisné.
1. LAINEZ , (Jacques ) Efpa-
gnol , l'un de& premiers compa-
gnons de 5. Ignace , contribua beau*
coup à rétabliflement de fa Société,
& lui fuccéda dans le généralat en
15 5 8. Il aflifta au concile de Trente,
comme tliéologien de PaulIII , de
Jules III, de Pu IV, II' s'y fignala
par fon {avoir , par fon cfprit , &
fur-tout par fon zèle pour les pré»
tentions ultramontaines. Dans la.
xxiii^ fefïioft tenue le 15 Juillet
I563 , il foutint : Que la Hiérarchie
était renfermée dans la pcrfonne du
Pape ; que les Eviques n*avolent dA.
juridiction & de pouvoir , qu^amant
qulls les tenoîsnt de lui ; que /. C*
n'avûit donné fa mljfion qu'à S. Pierre,
de qui les autres Apôtres avoient reçu la
leur i que le tribunal du Pape fur U terre
efi le mime que celui de /. C. dans le
Clily fi» qu^ll à la mime étendue ^ &c,,
Laine^ vint en France à la fuite du
(Ordinal 4i ^man , légat de Pk IV |
138 LAI
6c y )oua un peifoxmage ^ngulîer.
Il parut au colloque de PoiiH pour
difputer contre Èc[e, Ses premiers
traits s'adreiTerent à la reine Cathe-
tint de Médias, U eut la hardieiTe
éc lui dire que ce n'étoit pas à une
femme d'ordonner des conférences
ic religion , & qu'elle ufurpoit le
droit du pape. U difputa pourtant
dans une aflemblée qu'il réprou-
voit ', & parmi beaucoup de bonnes
chofes , il laiiTa échapper bien des
puérilités. De retour à Rome, il
reàifa la pourpre, & mourut le
19 Janvier 1565 , à 53 ans. Quel-
ques auteurs ont prétendu qu'on
avoit jeté les yeux fur lui dans le
conclave de 1559 , pour remplir
le trône pontifical. On a de lui quel-
ques ouvrages de théologie & de
morale. Théophile Rayttaud le fait
auteur dés Déclarations fur les Conf"
^ mutions dès Jéfmtes -, & pluiieurs écri-
vains lui attribuent, peut-être fans
autres preuves que des foupçons,
les Conflitutions mêmes : ces Conf-
tUuùons qui n*ont pas été écrites par
une induftrie humaine , mais qui ont
'tily cefembltt In/plréis par la Dlvl-
lùtéi c'eft le jugement qu'en porte
le Père Alégambe en bon Jéfuite. Les
bornes de cet ouvrage ne nous per-
mettent pas de donner une analyfe
détaillée de ces Conftitutions , û
long-temps enféveîies dans l'oubli ,
6c aujourd'hui trop fameufes. On fe
contentera, de dire que S. Ignace ^
nourri dans Topinion du pouvoir
abfolu du pape fur le fpirituel &
le temporel , crut qu'il falloit éri-
ger la Société en monarchie. Ses
vues étoient pures -, mais celles de
Lalne[ l'étoient beaucoup moins.
On doit le regarder comme le vrai
fondateur , & peut-être comme le
deftruâeur de la Société. Sa pre-
mière démarche fut défaire déclarer
U Généralat perpétuel i quoique Paul
iV fentit la dangereufe conféquence
LAI
de cette perpémité. La féconde fbt
de faire accorder au général : I. Les
droits de pafTer toutes fortes de con-
trats fans délibération commune. II.
De donner l'autorité & l'authen-
ticité aux commentaires & aux dé*
clarations fur les ConiHtunons. III.
Le pouvoir d'en faire de nouvelles ,
de changer & d'interpréter les an-,
ciennes. IV. Celui d'avoir des pri-
ions. Eyifin Laînei fe fit prefque tout
déférer, dans la première congré-
gation qui fut tenue après la mort
A'ignau, Ainfi fut fubftituée à la
droiture & à la fimplicité évangé-
lique , une politique qui parut plut
humaine que chrétienne. On fait'
combien les Jéfuîtes furmonterent
d'obftacles pour s'établir en France.
Chaffés de ce royavune en '1594 ,
ils y rentrèrent dix ans après , mal-
gré les remontrances du Parlement
de Paris. Henri IV répondit lui-
même à ces repréfentations , avec
cette éloquence vive , franche &
naïve, qu'on n'a fait que délayer
dans les longues apologies des Je-
fuites. >♦ J'ai obfervé , ( dit ce mo-
narque aux députés du parlement) ,
j'ai obfervé que , »» quand j'ai com-
>\ mencé à parler de rétablir les Jé-
>t fuites , deux fortes de perfonnes
»♦ s'y font oppofécs-, ceux de la
>i religion prétendue , & les ecdé-
y> iiaiHques mal vivans. On leur
»» reproche qu'ils attirent à eux les
. >♦ beaux-efprits , & c'efl de quoi je
n les eftime. Quand je fais des
Vf troupes , je veux qu'on choififfe
»» les meilleiu-s foldats , & défirerois
n de tout mon cœur que nul n'entrât
« dans vos compagnies^ qui n*en fût
» bien digne -, que par-tout la vertu
M fut la marque & la diftihâioa
»♦ des honneurs. Ils entrent, dit-
»♦ "on, comme ils peuvent dans les
»• villes -, & fuis moi-même entré
»♦ dans mon royaume comme j'ai
M pu. Chaut ne les a point accu?;
L A I
« fés (r) ; & quand même un Jë-
^ fuite auroit éàt ce coup , duquel
» je ne veux plus me fouvenir ,
M faudroît-il que tous lés Jéfuites
" en pâtîffent , & que tous les Apô-
« très fiiiTent chaffés pour un Judjs ?
»» Il ne faut plus leur reprocher la
'» Ligue : c'étoit l'injure du temps ;
»* ils croyoient bien feire , & ils
>» ont été trompés comme plufieurs
»» autres. On dit que le roi d'Ef-
»» pagne s'en fert -, je dis auffi que
M je veux m'en fervir. La France
v> n'eft pas de pire condition que
M TEfps^ne. Puifque tout le monde
M les juge utiles , je les tiens utiles
T» à mon état \ & s'ils y ont été
>* par tolérance , • je veux qu'ils y
»> foient par arrêt «. Tout ce que
4it Henri IV en faveur des Jéfuites ,
étoit vrai ; mais le parlement leur
feifoit des reproches dont ce prince
ne parle point. Il les accufoit d'avoir
des amis ardens dans toutes les
cours ; d'y dominer par leurs con-
feffeurs ; d'y être quelquefois les ef-
pions d'une cour étrangère. Comme
c'cft par l'or qu'on gouverne les
hommes, dès-lors quelques mem-
bres de la fociété joignirent dans
leurs midions lointaines, d'abord
infpirées par le zèle , le commerce
à l'apoftolat. Ils acquirent des ri-
cheffes coniidérables & un crédit (2)
non moins Singulier , & abuferent
quelquefois de l'un &) de l'autre.
Ils voulurent maîtrifer les efprits -,
& perfécutant ceux qui ne pen-
foient pas comme eux , ils fe firent
LAI 159
des ennemis implacables^ qcd finirent
par les rendre odieux ou fufpe^
à tous les princes. Fajca.1, Arnauld^
Nlco/e , tâdierent de les couvrir de
ridicule & d'ignominie. Louis XIV,
en leur prodiguant fa confiance âc
quelquefois fon autorité , ne fit
qu'aigrir leurs ennemis. [Voy, les
art. II. Chaise ; III. Tellier ;
I. MON]>OK VILLE. ] Sous Louis
XV , ils fe firent beaucoup de mal '
à eux-mêmes en voulant en faire
aux autres. Ayant perpétué desdif-
putes que la fagefiie du gouverne-
ment vouloit éteindre, & la fuite
de ces querelles ayant £iit exiler
beaucoup de particuliers , & troublé
la tranquillité des corps , on faifi«,
la première occafion» qui fe pré-
fenta pour anéantir un ordre tou-
jours prêt , à la vérité , à combattre
les hétérodoxes ; mats confondant
quelquefois la dodrine cadiolique
avec fes opinions particulières , &
trop jaloux de fon crédit pour qu'il
ne cherchât point! à nuire à ceux
qui le lui envioient. Le roi de
Portugal Jofeph /, foupçonnant que
ceux qu'il accufoit d'avoir attenté
à fa vie , avoient £ût part de leur
defiein aux Jéfuites , les chafia d«
its états en 1^59. [Voy. Mala-
G RIDA.] Cette di%racefttt l'époque
d'une foule à' Ecrits , que leurs ad-
verfaires publièrent en France. Les
magifirats ne tardèrent pas d'exa-
miner le régime de cette finguliert
Société , à l'occafion d'un événe-
ment qui parut d'abord de peu d'im-
(0 L'Auteur de YHifioire ie Paris y cité par Tabbé ittfcÎM , rapporte qu*à l'occa-
fion de l'attentat de Châtel^ Henri IV dit: Falloit4l donc qu» Us Jéfuites fujptnt
convaincus par ma bouche I propos qui ne «'accorde point arec ce qu'il dit
tôneUement ; foit que dans le premier mouvement il ait parlé fur les Jéfuites ,
conme penfoit alors la plus grande partie du public ; foit qu'il eût oublié , dix ans
après , ce qu'il aroit ' d'abord été porté de croire , d'après le cri général de Paris
& de prefque tous les magiftrats du parlement.
(1) le P. d*Avrigni dit , fous Tannée i6s7 » que fi les Jéfuites étoient par-tout
comme ils étoient i. Venife , c'eil-à-dire , fans crédit , ils n'en feroient pas plus
BtaU Arec fon crédit , U Société verrait tomber f»s envieux 9 é Heutôt elle n'éturoit ^
flus d^ennemis.
'tAO LAI
portance , mais dont les fuites furent
très-conlidérables. Le. P. ia Valette ,
prétet des misions delà Martinique,
avoit tiré une lettre-derchange fur le
. P. de Sacy ^ Jéfuite de la maifon pro-
fe£e y fon correfpondant à Paris»
La lettre futproteftée, & Saey affi-
gpé pardeTant les confuls, qui le
condsonnerent à l'acquitter. Il en
appela au parlement. Les porteurs ,
qui étoient de riches marchands de
Marfeille , publièrent alors des Aie-
moires bien raifonnés & bien écrits ,
&tBs lefquels ils-tâcherent de prou-
ver c{ue Us léj ultcs n * étant que les Agens
iu. Générait qui étoît maître <& touUs
Mars pojjejporis » la Soàéié entière ré-
fondoît de leur dette, IX feUut donc
examiner les ConJUtuiions des Je-
fiixtes. Le parlement les trouva in-
compatibles avec ce qu un François
doit à fon roi , & un citoyen à fa
patrie. 11 prononça la diffolunoo de
la Société dans fon reiTort^ & fut
bientôt imité par les autres parle-
mens, Louis XV ^ cédant aux re-
montrances de ces compagnies &
au défir d'un grand nombre de ies
lujets , fupprima les Jéiltites , en
1763 , dans tout fon royaume.
Anéantis ea France, ils le furent
bientôt dans les autres parties du
'inonde Chrétien, Le roi d'Efpagne
les chaiTa en 1767 , avec toutes les
marques d'une indignation dont il
cachoit les motifs. Le roi deNaples,
le duc de Parme , & le grand-maître
de Malte , imitèrent cet exemple en
1768. Ënân le pape Clément XW ^
rendant juftice aux talens & aux
vertus de plufieurs membres -, mais
ifentant combien ce corps étoit dan-
gereux, par l'influence que quel-
ques-uns defes membres cherchoient
à avoir dans les coups , par le com-
merce qu'ils faifoient , par les que-
relles théologiques qu'ils excitoient
ou qu'ils entretenoient , le Supprima
entièrement en Ï773 » & porta le
éernier coup à ce col^fTe. Woy* les
X A I
art. AUBENTON -, BUSEMBAUM ^
JouvENcr ; Oldecorn y In-
CHOFFER ; II. NORBERT -, & H.
Tournon].
II. LAI NEZ, (Alexandre) de
la même famille que le précédent ^
fié à Chimay dans le Hainaut , ei^
1650, fe diûingua de bonne heure
par fes talens pour la poéfie & par
ion goût pour les plaifirs. Après
avoir parcouru la Grèce» TAfie-
mineure , l'Egypte , la Sicile , TI-
tajie , la Suiffe , il revint dans fa«
patrie dépourvu de tout. Il y avoit
environ deux ans qu'il y menoit.
une vie obfcure , mais gaie , lorCque^
Tabbé Fautrter^ intendant du Hai-
naut , fut chargé par Louvois ^ mi-^
nifhe de la guerre , de faire la;
recherche de quelques auteurs de
libelles qui paffoient fur les âron^
tieres de Flandres. jLa/n<^ fut foup->.
çonné d'être un de ces auteurs , &
l'abbé Fautrier defcendii chez lui ^
accompagné de 50 hommes » pour
vifiter {^ papiers •, mais , au lieut
de libelles , û ne trouva que des-
vers aimables & des relations de fes
voyages. L'intendant, charmé de ce-
qu'il vit , embraffa Lalnei^ & l'invita
delefuivre-, mais ce poëte voulut
s'en défendre , difant « qu'il n'avoit
»♦ que la robe-de-chambre qu!il por-
>» toit t<. Fautrier infifla y & Laîne^ le
fuivit. Ce poète Epicurien avoit uti;
efprit plein d'enjouement, il faifoir
les délices des meilleures tables ,. où.
il étoît tous les jours retenu , pour
fes propos ingéniexix , fes faillies ^
& fes vers qu'il faifoit fouvent fur
le champ. Il étoit gros mangeur , &
il fe remettoit quelquefois à table*
après avoir bien dîné , en diiànt que-
fon eftomac n'avolt pas de mémoire^
On le vit toujours très-attentif à
conferver fa liberté., Perfonne ne
favoit où il logeoit -, il refufa même
de très-bonnes places , pour n'être
point gêné. Content d'êtie applaudi
à cable le verre à la main > il o&
LAI
toiilut îaipals coaôer à perfonne
les fruits de fa xnufe. La plupart des
^v^plicàs qui nous reftent de lui ^
recueillies en 175 3 , in-8°, ne font
prefque que des im-promptu. On y
remarque une imagination vive «
libre , riante , finguliere ; le fel de
la faillie fe fait fentur dans quelques^
unes *, le pinceau de la volupté a
crayonné les autres -, msds elles man-
quent , prefque-xoutes , de liaifon
dans les idées & de correétion dans
leflyle. Les feuls vers délicats qu'on
ait de Lamti y font ceux qu'il fit pour
madame de JVltfYe/:
U undre Apelle m jour , dans ces
jeux fi vantés t &i*
encore ne foutîendroient - ils pas
Tonl d'une critique févere. Ce n'eft
pas que nous penfions qu'ils ont été
puifés dans VAnoJk , comme on
l'a dit : le poëte Italien n'a pas plus
fourni la penfee- qui les termine »
que vingt autres écrivains qui l'ont
eue après lui. Il eft naturel que deux
bommesqui ont à-peu-prèslemême
génie & qui travaillent fur le même
fujet, fe rencontrent dans leurs idées.
Si JuvauU fût venu après Boiltau , le
ûtirique Latin aurait en£inté plu-
£eurs des faillies du iatirique Fran-
çois. Lcùnei mourut à Paris , le iS
Avril 1710, à 60 ans. Il paiToit
pour déifie. On afliire, qu'après
avoir reçu les facremens dans fa der-
nière maladie , fbn confefTeur fit
emporter la caffette de fes papiers
pendant la nuit. Le moribond s'étant
révelUé , cria au voleur , fit venir
un commifTaire, dreiTafk plainte,
fit rapporter la cafiette par le ^tre
même, à qui il parla avec vivacité, &
à l'infiantfe fit tranfporter dans une
chaife fiur la paroifTe de Saint-Roch ,
où il mourut le lendemain. Il avoif
imaginé follement de fe faite mener
dans la plaine de Montmartre , &
4*7 xDOurtr y pour Vfiîr encore ufufM
L A I i4r
Uvêr h fokll. Sa vie v.ohiptucufe
l'avoit conduit à ces fentimens.Toua
fes écrits nen font qu'un fidelle &
fouvent trop dangereux tableau. Le
choix qu'il avoit fait de Pétronû
pour le traduire en profe & en vers ,
marque auffi fon penchant : cette
traduâion n'a point été imprimée.
Il favoit au refte parÉsiitement le
Grec, le Latin, l'Italien & l'Efpa-.
gnol , & poffédoit tous les bona
auteurs qui ont écrit en ces langues^
C'étoit auffi un excellent géographe j
& il efl une preuve que Ton peu»
être en même temps homme d'érudi-
tion & homme de plaîfir , & , poue
nous fervir d'une de fes penfées ,
partager fa vie entre Bacchus &
Apollon : Cl/M Phœbo Baeehus dividit
hnpetîum. Il fe piquoit auffi de phi-
lofophie, &lefeul plaifîr de voir
Baylt , lui fit faire le voyage d#
Hollande. Voy, Mon noie.
LAIRESSE,(Gérard)peintre
& graveur, né à Liège en 1640^
moimit à Amfterdam en 171 1,371
.ans. Il avoit l'efprit cultivé-, la
poéfie & la muiique firent touMi-'
tour fon amufement , & la peinture
fon occupadoii. Son père fiit foa
maître dans le deffin : Lalr&ff& réuf«
fiflbit , dès l'âge de 1 5 ans , à pein^
dre le portrait. Il gagnoit de l'argent
avec beaucoup de £icilité , & le
dépenfoit de même. L'araourfitletf*
plaifirs & les tourmens de fa jeu-*
nelTe ; il penfa être tué par une de
fes fflaitrelTes , qu'il avoit aban-
donnée. Pour ne plus être le jouet
de l'inconftance , il fe maria. Ce
peintre entendoit par&itement le
poétique de la peinture ; fes idées
font belles & élevées -, il inventoit
facilement , & excelloit dans les
grandes compofitions -, fes tableaux
font , la plupart , ornés de belle»
fabriques. On lui reproche d'avoir
£ait des figures trop courtes 8c peu
gtacieufes. Il a laiffé beaucoup d'e/^
tàiJépes' pavées à l'eau-forte. On î
14^ LAI
gravé d'apf es ce maître. Ldregt îxA
père de trois fils , dont deux furent
fes élevés dans fon art. Il avoitauffî
trois frères peintres : Emtfi & Jean ,
qui s'attachèrent à peindre des ani»
maux, & Jacques qui repréfentoit
fort bien les fleurs. Ce dernier a
compofé , en flamand , un ouvrage
fiir la Peinture pratique,
LAIRVELS, (Servais) né à
Soignies en Hainaut, l'an 1560 ,
général & réformateur de Vordre
de Prémontré , fit approuver fa ré-
forme par Louis XIII , qui lui per-
mit de l'introduire dans les monaf-
teres de fon toyaume , & par les
papes Paul V & Grégoire XV. Ce
faint homme mourut à l'abbaye de
Sainte-Marie-aux-Bois,le iS oâobre
16 3 1 , à 7 1 ans , après avoir public
quelques ouvrages de piété , écrits
d'une' manière diffufe. I. Statuts de
la Réforme de l'ordre de Prémontré.
U. Cdtéc^fme des novices', 111. L'op"
dque des réguliers de l'ordj-e des Au-
guflins , &c. 11 étoit doûeur de
Sorbonne.
LAIS , fameufe courtifane , née
à Hyccara, ville de Sicile , fut tranf-
portée dans la Grèce , lorfque NI-
dos , général des Athéniens , rava-
gea fa patrie. Corinthe fut le pre-
mier théâtre de fa lubricité. Prin-
ce , grands orateurs , philofophes ,
tout courut à elle , ou pour admirer
fes charmes ^ ou pour en jouir. Le.
célèbre Démoflhme fit exprès le
voyage de Corinthe -, mais Lais lui
ayant demandé environ 4000 livres
<fe notre nK>nnoie , il s'enretourna ,.
en difknt : Je n'acheté pas Ji cher un
repentir. Comme elle mettoit fes
faveurs à un très-haut prix , peu de
gens pouvpiénty prétendre j c'eâ
ce qui donna lieu au proverbe rap-
porté par Horace : Non licet omnibus
^dire Corînthum, Il n'eft pas permis
k tout le monde d'aller à Corinthe.
Les attraits de cette courtifane
p eurent aucun j^ouyoif.fujr lec08i«
E A r
dH philofophe XéHocrau. N'ayiAt
pu l'attirer chez elle , cette beauté
alla chez lui *, mais la philofophie
l'emporta fur la coquetterie. ^ Z^>
avoit un goût décidé pour les phi-
lofophes. Le dégoûtant cynique
Diogene lui plut , & en obtint tout
ce qu'U voulut. Arîftlpp& , autre phi-
lofophe, mais beaucoup plus ai-
mable que le cynique , dépenfk avec
elle une partie de fon patrimoine ,
& en fut moins aimé que Diogene^
Comme onTenrailloit, il répondit i
Je nepenfepas que L vin & les polffons
m'aiment ; cependant je m'en nourris'
avec beaucoup de plalfir. Cette réponfc
vaut moins , que celle qu'il fit à un
autre de fes amis qui lui reprochoit
ce commerce : Je pojfede Lais , maïs
elle ne me pojfede pas. Cette femme
badinoit quelquefois fur la foiblefTe
de ces gens qui prenoient le nom
de fages : Je ne fais ce qu'on entend ,
difoit-elle , par l'auftérlté des philo^
fophes ; mais avec ce beau nom , Usné
font pas moins fouvent à ma porte que
les autres Athéniens, Capricieufe dans
fes goûts , Lais ne facrifia pas tou«
jours à un vil intérêL Le fculpteur.
Myron s'étant préfenté chez elle , &
en ayant été mal accueilli , crut qu'il
devoit s'en prendre à fes cheveux
blancs : il les teignit en brun , &
ne fut pas mieux reçu. Imbédlle que
vous êtes , lui dit ht coiuiifàne , vous
venei me demander une chofe qu'hier je
refiifai à votre père I Après avoir cor-
rompu une partie de la jeunefle de
Corindie , LaUs paiTa en ThefTalie
pour y voir un )cime homme dont
elle étoit amonreufe. On prétend
que quelques femmes , jaloufes de
& beauté , rafTafiinerem dans un
tenple de Vénus , vers l'an 340 avant
l'ère chrétienne. La Grèce lui éleva
des monumens. Il y eut encore une
autre Laïssaiûi fameufe que la pré-
cédente » que Paufanias Ait être 611a
de Damafandre,
- LA 1
tJUSNÉ ou Laikas , ( Vincent)
prêtre de TOratoire de France , né
â Lucques en 1633 , profeiTa avec
di&nâion > Se fît des Conférmces fur
l'Ëcrmire-ûiinte, à Avignon, à Paris
& à Aix. Elles furent fi applaudies «
que dans cette dernière ville on fut
obligé de dreflêr des écha&uds dans
réglife. Sa fanté avoit été toujours
fort délicate ; on l'avoit envoyé à
Aix pour la rétablir. Il y mourut
■le 2S Mars 1677, à 45 ans. On a
de liii : I. Les Oraifofis fmehrcs dU
chancelier Ségder & du maréchal de
Choîfiàl. Les louanges y font mefii-
rées » & les endroits délicats maniés
avec adreiTe. Son éloquence eft à la
fois fleurie & chrétienne. Le père
Laï/né auroit été mis à côté des plus
«élebres orateurs de fa congréga-
tion , û des infirmités ne Tavoient
•bligé de quitter la carrière brillante
•& pénible de la chaire. II. Des Confé-
rences fur /e ConcUedeTre/uc, imprinu
à Lyon. W. T>çs Conférmces munuf*
crites en 4 vol. in-fol, fur l'Ecriture-
faiace. Un ma^ârat d'Aix les con*
fervedan» fa bibliothèque.
LAITH ou Leith , étoit un chau"
.dronnier , qui éleva trois enfans ,
nommés Jacoh ., Amrau & AU, Le
père & les eni^ns, s'ennuyant de
leur mener , voulurent porter les
armes. Lekh fe mit donc en -cam-
pagne avec fes trois enfans « & ayant
yamafi!e quelques gens de foitune ,
dont il fcfit le chef, il devint rap/-
taîne de voleurs. Il voloit pourtant
ktt galant homme , car il ne dépouil-
loit jamais entièrement ceux . qui
tomboient entre fes mains , fe con-
tentant de-partageravec eux ce qu'ils
Soient. I! fiit connu & eftimé pour
fa bravoure & pour celle de (fes en-
bns , ^axDarhan \ quirégnoit alors
dans le Ségeftan. Ce prince l'attira
à fa cour , & découvrant tous les
)ours en lui d'excellentes qualités «
il l'avança jufqu'aux premières char-
jet df l'état : de fortç que fjMy
t À L 145
ftnifTantglorieùfeihent fa vie , laifTa
en mourant à fon fils Jacoh l'efpé-
rance & les moyens de parvenir à
quelque chofe de plus grand. En
effet ce fut ce même Jacoh qui fond^
la Dynaflie des Soffarldcs,
LAIUS , fils de Lahdacus^ roi d«
Thebes , & époux dejocafte : Voye^
(Sdxpe.
L LALANDE, (Jacques de)
confeiller & profeflTcuren droit à
Orléans , naquit dans cette ville en
i6ii,&ymourutlej février 1703,
à 8i ans. Ilfut aufii regretté pour fon
(avoir , que j^our fon zèle & fon
inclination bienfaifante , qui liô.
jnériterent le titre de père du peuple^
Lorique Philippe V paffa par Or-
léans , pour aller prendre pofTefiiom
de la couronne d'Efpagne , Lalande
le complimenta à la tête de TUni-
verfité. L'orateur n'avoit aucun de
ces dehors capables d'en impofee.
11 étoit d'une petite taille, & d'une
figure fort commune. On ne voyoit
rien de noble & d'élevé dans fon
air , ni dans fes manières ; & , pour
furcroît de malheur, en récitant
fon difcours , fa mémoire fîit in-
fidelle. Cependant, au travers de
ces apparences rebutantes , fon nom
parla pour lui. On engagea le roi
d'Efpagne , fort jeune alors , à lui
envoyer un gentilhomme , pour le
prier de le venir voir , & de lui
apporter fes ouvrages. Le.vidllard
tcnoit fa Coutume fous fon manteau.
Le roi la feuilleta , lui dit bien de»
chofes obligeantes , lui parla d'un
autre ouvrage auquel il travsdlloit«
& lui fit promettre qu'auffi-tôt qu'il
feroit imprimé , il hii çn enverroit
par la pofte un exemplaire à Ma-
drid, On a de lui : I. Un excellent
Commentaire fur la Coutume d'Or«
léans^ in-folio , 1677 , & réimpri-
mé en 1704 , en 2 vol. La i'*^ édi-
tion efi la meilleure. II. Traké du,
jBan ^de l*arrUri'Ban , in-4^, 1^74 «
«44 ^ A L^
lU. PiuQeurs autres Ouvra^ ^
Droit , en latin.
IL LALANDE , (.Michel-Ri-
chard de ) muûcien François , né à
Paris en 1657 ,, mourut à Verfail-
les le 8 Janvier 1716 , à 68 ans.
Lalande fut placé enfdnt-de-chœur.
à Saim-Germain-rAiixcrrois , par
ion père & fa tnere dont il. étoit
le 15*^ enfant. Dès fa plus tendre
jeuneiTe , il marqua fa pa£Bon pour
la muiique -, il y palToit même les
nuits. Sa voix étoit très-belle ; il
s'étoit appris à jouer de pluûeurs
fortes d'inftrumens , dont il faifif-
foit tout d'un coup l'intelligence.
A l'âge de puberté, ayant perdu ,
comme il arrive fouvent , la voix*,
il s'appliqua au violon , & alla £e
•préfenterà £a//y pour jouer à l'o-
péra ; mais Lu/ly l'ayant reâifé , le
jeune Lalande , de retour chez lui\
brifa fon inftrument , & y renonça
.pour toujours. Depuis il s'attacha
à J* orgue & au davecin, & fe fît
bientôt défirer dans plufieurs pa-
roiiTes. £nôn lé duc de NoailUs le
choiiit pour enfeigner la muiique
à Mil* de Noaièies , fk fille. Ce
feignem- i qui ne laiffa jamais édiap-
per l'occaûon de rendre témoi-
gnage au mérite, ayant trouvé le
moment favorable de parler des
lalens de LalamU à Louis XIV , le
fit avec tant de zèle , que le roi
choifit ce muficien pour montrer à
jouer du clavecin aux deux jeunes
princefiès fes filles, Mll^de-SA)^.
.^à^Nanus, Lalande eut ^ déplus^
J'avantage de compofer de petites
fiwfiques Françoifes par l'ordre , &
quelquefois même en préfence de
fa majeflé. Ce célèbre muficien plut
fi fort à Louis XTT, qu'il fitt com-
blé de fes bienfaits. 11 obtint , fue-
<effivement , les dëu'x charges de
maltre-de-mufique de la Chambre;
les deux de compofiteur ; «elle de fur-
imehdant de la nlufique -, 8c le^ quatre
)fhqrgçs de maître de la Chapelle»
L AL
I^s motus qu'il a fait exéâittf '
devant Uuîs XIF & Louis XV,
toujours av^c beaucoup de fuccès
& d'applaudi0ement , ont été re-
cueillis en 2 vol. in-fol. On ad-
mire fur-tout le Cantaïc , le Dixk ,
le Mijèrert,
L LALANE , (Pierre ) parifien ;
fils d'un garde - rôle du confeil-
privé, n'eut d'autre paflion que la
littérature & la poéfie. On ne coiw
noit guère cependant de lui quo
trois pièces en vers fi^uiçois ; la
1'^ , en élances champêtres à fou
ami Ménage , efi la meilleure : les
2. autres , ^i font des Stances &
une efpece d'Egloguc ^ rouleift fur la
mort d« fa foune Morit CUulU^
des Roches , qui étoit trè54>elle , ^
qui mourut après cinq ans de mjf-
riage. Elles fè trouvant toutes trois
dans ItTwTLiydu RuueUdês plut
belles pièces des poètes François , p»
JMll^ d*Jmoii L'amour a fouvent
infptré des poètes , & leur a diÛé*
des vers fort paflionnéspour leurs
mdtrefies v mais on n'en a gtiere
vu faire de leurs femmes le ^ct
de leurs poéfies , & pleurer leur
mort en vers. Ceux dcl<i/tf««mët^
quent plutôt un homme ienfible v
qu'un bon poète. Il mourut Vers
1 66 z , Sts poéfies ont été recueillies
en 1759 , in^ 12 ^ avec celles de
Montplatfir, MiUjCGE'ïoiût cêJÊtt
épitaphe :
Conjups eregtae, trîJU quitrlJîiQr Orphée
Fleb'illbus ceclale funera aceiha mp^
dis ^ .
Proh dolor l lU^, t&ner tenerorum /çr^"^
tor amorum , ,
Condltur hoc.tumulo mormone X^*
nius. ,, ,
plus qjii* Orphie adoTant tirie époufe
plus belle.
Plus qu'Orphée accabtè de ïà perte
cruelle ,
Celui qtii , (ur un lifth inondé'de fei
• pleurs , * ' ■ . - • • ' j.
Modiilst
L À L
Modula Tes vives douleurs l
Le chantre fortuné des amours les
plus tendres >
Sous ce marbre où ma main a gravé
Tes malheurs ,
Lfllanc^ hélâs! n'ed plus qu'im
peu de cendres.
//. L AL ANE » ( Noël de) fa^
ineux doreur de Sorbonne , du
colkge de Navarre , & abbé de No**
tre-Dame de Y alcroiiTant , naquit
i Plus de. parens nobles. U fut le
chef des députés à Rome pour l'af*
Élire de Janfinm , à la défenfe du*
quel il travailla toute fa vie. On
lui attribue plus de 40 ouvrages
difFérens fur ces matières , dont on
a parlé trop long-temps. Les prin-
cipaux font : I. D't Imûo pîa volunta*
««, 1650, in-ii. n. La Grau vie
toiieufc , in-4° , fous le nom de jBmk*
&» : la plus ample édition eil de
1666. IIL Conformité de Janfénius
tfwc Us Thomljks , fur le fujtt dts
GaqPropofitions. lY ^yindlcUfancU
Thonuz clrca Grailam fufficlentcm y
contre le P. NUoUi^ Cordelier , avec
Amauld & Nicole»,,, Lalanc mourut
, en 1673 j à 5 5 ans , avec la répu-
I tadon d'un homme pieux &iavaa^
LALAURE , (Claude-Nicolas)
avocat au parlement de Paris fa
patrie, né le 21 Janvier 1711 , mort
le 10 Septembre 1781^ exerça fa
pro£e(Gon avec autant d'honnêteté
que d'intégrité. Nous avons de lui
I. Traité des fervltudes réelles à Vufag/t
de tous les parlemens du royaume^ 1661 ,
in -4°. IL Nouvelle édition du
Ricudl ^Arrêts de Bardet , 1773 ,
1 vol. in-fol. avec dès notes favan-
tes & inftru^ves.
L LALLEMANT» (Louis) Jé-
fuite, né à Châlons- fur -Marne,
mort reûeur à Bourges le 5 avril
1635 , cft auteur d'un Recueil de
. Maximes qu'on trouve à la fin de
fa Vie , publiée en 1694 , ia^ii , par
I9 P. CJuimpion,
xomc V.
L A t ï4f
IL LALLEMANT , (Jacques-
Philippe, Jéfuite,néàSaint-Valfry-
fur-Somme , mourut à Paris dans
un âge avancé* Il étoit un des plus
zélés défenfeurs de la Conftitution
l/nigenltus , & il fe donna pour cette
difpute facrée , tous les mouvemens
qu'on fe donne dans une querelle
profane, il étoit du confeil du Père
ùllisr , & membre de ce que les
Janféniftes appeloient la cabale des
Normands. On a de lui : L Là
véritable Efprit des dlfàp/es de S*
Augu/iin , 1705 & 1707 , 4 V0I4
in-i2 : tableau vrai a certains égards,
quoique peint par I9 paillon. II. Une
Paraphrafe des Pfeauaies , en profe «
à Paris» 1710 , in-12 > & qui met
dans un aâfez beau \p\it ces fublimes
cantiques. »» Elle eft , ( dit FléchUr , )
)* non- feulement pure dans les ex«
» preifions , mais eacore exaâe â(
>* fidelle dans les fens, & dans Tap*
v> plicationdu texte. L'auteur , pouf
?♦ la rendre plus utile , a cru qu'il
»♦ devoit la rendre plus intelligible-
>* Il a cherché un milieu entre la
>» paraphrafe trop libre & la ver-
>♦ fion trop reflerrée : il lie ce qui
?« femMoit être détaché *, il éclair-
'» cit ce quiparoit obfcur , il donne
» quelque goût à ce qui eût été
;* trop fec. Ces additions, courtes
» & judicieufes ^ ne défigurent &
'♦ n'aiterentrien. Il exprime le fens
>» & les fentimens ; il joint l'efprit
» à la lettre , l'onÔion à l'intelli-
>» gence» Ce qu'il ajoute à Torigi-
>t nal , ne change rien à ce qu'il y
>♦ trouve ; & ce qu'il y met du fien ,
M il femble qu'il l'ait pris dans l'ef-
>♦ prit & dans le coeur du Roi-Pro-
» phete »«. I Ijl. Un Nouveau Tejia-
ment , 12 vol. in-12 , qu'il oppofa
à celui de Quefnel , & qui eut moins
de fuccès. Ce n'eil pas que fa dic-
tion ne foit correÛe & élégante^
mais Quefnel a plus d'énergie & uq^
ton plus pénétrant. Les notes que
le P. LalUniant a mifes à la fin dç
K
t4^ L A L
chaque chapitre, font très -utiles
pour l'uitelligence du fens littéral,
IV. Pluûeurs ouvrages fur les que-
relles du temps. Nous nous dif-
penfpns d'en donner la liile : tout
ce qui refpire Tefprit de parti , ne
mérite que Toubli.
III. LALLEMANT, (Kerre)
dianoine-rqgulier de Sainte- Gène*
Yieve , natif de Rheims , n'embrailk
cet état qu'à Tâge de 33 ans. La
chaire , la dire£Hon & les œuvres
^e piété remplirent le cours de fa
▼ie. Il la termina par une mort fain-
te , le l8 Février 1673 , à 51 ans,
après avoir été chancelier de l'uni-
yerfité. Nous avons de lui : I. Le
Teflament fpîrhn&l , in - 12, 1 1. Les
f oints défirs de la Mon , in-12. III. La
mort des Jufks , in - II. Ces trois
ouvrages font entre les mains de
toutes les perfonnes pieufes. IV.
Abrégé de la vie de faînte Geneviève ,
in -8®; ^le manque de critique.
V. Eloge funèbre de Pompone de Bel-'
lièvre , in-4**.
/. LALLI, (Jean-Baptifte) Lal-^
iîus , fut employé par le duc de
Parme & par le pape au gouverne-
ment de diffiérentes villes , &m(}u-
tut à Norlîa dans l'Ombrie , fa pa-
trie > en 1637 f à 64 8ns. On a de
lui plufieurspoëmes Italiens. I. Do-
tnlyxmo mo/ckelda , in-12. II. // mal
Francefe, in-12. III. La Gieru/alemme
éêfolata^ in-12. IV, L' Enéide tra--
yeJHta , in-12. V. Un vol. de Poé-
fies dîverfes , 1638 , in-12. LaUl
itoit jurifconfulte & politique :
comme il ne fit des vers que pour
fe diftraire ile fes occupations , il
cultiva la poéfie burlefque. Sa pa-
rodie de VEnélde vaut mieux que
celle de Scarron, En général , les
plaifanteries y font lûen amenées ,
& la verfification en eft coulante.
Leftyle eft à la vérité très-négligé -,
mais l'auteur ne mit que peu de
temps & peu de foins à cet oyx-
$Tage» Dans (es autres poéfies lé-
L A L
gères, s*il a la même négligence ^xisê
au/n la même gaieté & le même
naturel. Son poëme fur la deilruc-
tion de Jén^alem , eft d'une diétio»
plus élevée, & prouve que Lalll
aixroit pu être un poëte au-defTus du
médiocre , fi des travaux plus im*
portans lui avoient permis de fe
confacrer tout entier aux Mufes.
//. LALLI y ( Thomas - Arthur
comte de) lieutenant-général des
armées , grand-croix de l'ordre mi*
litairede Saint-Louis» étoit ungentil-
honmie Irlandois , donc les ancêtres
fuivirent la fortune de Jacques II ^
roi d'Angleterre » lorsqu'il chercliâ
un afile en France. Il fe diftingua
de bonne heure par des a£Hons de
valeur. Il fe f^;a^a fur-tout à la
bataille de Fontenoi fous les yeux
de Louis XV y qui le fit brigadier
fur le champ de bataille. L'année
fuivante , 1746, LaM donna un
plan de defcenie en Angleterre -, &
fi le prince Edouard vl eût point
été batm à Culoden , on devoit lui
confier , fous le commandement de
M. le Maréchal de Riehelieu , une
partie de l'armée de débarquement
Lorfque les Anglois eurent allumé
■la guerre en 1755 , fa bravoure fit
juger qu'il feroit propre à rétablir
nos a^res dans les Indes orien-
tales. Il fut nommé , en Décembre
1756 , gouverneur des pofieifions
f rançoifes , dans cette partie du
monde , quoiqu'il ne joignit pas
à fon courage la prudence , la mo-
dération & le défintérefiement né-
cefiaires dans des pays éloignés &
dans des temps difficiles. Il partit
du port de l'Orient le 2 Mai, &
arriva àPondichery le 28 Avril 17^8.
Il s'empara d'abord de Gondelour
& de Saint-David-, mais il échoua
devant Madrafs ; & « après la perte .
d'une bataille , il fut obligé de fe
retirer fous Pondichery , que les
An^ois bloquèrent 6c prirent le
16 Janvier 1761, Sa |;arn}foa Àt
"t A L
Ente prifbnnicre de guerre v . & ^
place rafée. Alors tout fe réunit
j contre le gouverneur de Pondi*
dieiy : les haKtans de la ville, les
I officiers de fes troupes , les em-
; ployés de la compagnie des Iodes,
ïl avoir indifpofé tous les cfprits
par fon hiuneur violente & hau-
taine , & par les propos les plus
outrageans. On l'accufa même hau^
tement d'avoir vendu Pondicher^
mix ennemis de la France. Mais H
eft probable 'que s'il eût été d'in-
telligence avec les Anglois , il feroit
- Tefté parmi eux. Les Anglois ,
d'ailleïirs , ( dit Voltaire ) ne font
pas abfurdes i & c eût été l'être ,
que d'acheter une place ailamée,
qu'ils étoienc' fûrs de prendre ,
étant maîtres dé la terre & de la
mer. On peut ajoutei* , que Lalti
étant Jacobite, ctpit pénétré de la
haine la phis forte pour la nation
Angloife ; & tju'il avoit écrit , eij
arrivant d^ns l'Inde, à M. de-^w/p:
y> Ma politique efl dans ces cinq
M mots : Plus et Anglais dans 'Upé'
>♦ nînfulc «i. "Quoi qUll en foit , leS
vainqueurs le firent conduire à Ma-
drafs le iS Janvier, pour lefoufl-
traire à la colère des officiers Fran-
çois. Arrive en Angleterre le 13
Septembre, fuivant, il obtint le n
Oûobre la permifîîon de revenir
en France. Le cpnful de Pondi-
chery , & le cri général , l'accufoient
de concufîion , & d'avoir abufé du
pouvoir que le roi lui avoit con-
I fié: il fut renfermé à la BafUlle,
en Novembre 1762". Lui-même
avoit offert de s'y rendre, ïl avoit
écrit à M. le duc de Choîfeul ;
Papporte ici ma tète & mon înno^
eence ; j'attends vas ordres. Le parle-
ment fut chargé de lui faire fon
procès , & il Sit condamné , le 6
Mai 1766 , à être décapité , comme
duement atteint d'avoir tr*ahl les intérêts
du BfOi^ de l'Etat & de- la compd^îi
4^ Indes ,'d* abus d'autorité , vexa-
L A L 147
tions ^ txaSUons, L'arrêt fut exécuté ,
& ce lieutenant-général finit fa vie
far un éçhafaud , à l'âge de 68 ans ,
vi£time de fon ambidon , qui lui
fit défurer d'aller aux Indes pour
mériter le bâton de maréchal de
de France , & qui ne lui procura
qu'une mort malheureufe. Mais» en
vertu d'un arrêt du confeil du 21
Avril 1777 , obtenu par M. le
comte die LalS. fils , le confeil ^ fur
le- rapport de M. Lambert , maî-
tre-des-requêtes , & confeiller-d'état,
& après 32 féances des commif**
fairés, acaÔe, le 2j Mai 1778,
Tarrêt du parlenlent , prononcé
contre le comte (fe LaUi père. Le
fond de Tafifeire avoit été renvoyé
au pterlement de Dijon qui , au lieu
deVéhëbiliter la mémoire du comté
tie Lalliy & confirmé le- 23 Août
17% v; le* jugement du Parlement
de Paris. Cepehdatat, ce, général a
été nneux 'défendu après fa mort
qu'il ne s'étoit défendu lui-mê-
me. Dans fb ■ prifon , il n'avoit
eu d*aut?es fecours que fa plume.
On lui avoit permis d'écrire , &
il s-étdit fervi de cette permiffioit
pour fon malheur. Ses Mtmoîits
irriterenfr fes anciens ennemis &
lui en firent de nouveaux. Se
rendant à lui-même le témoignage
qu'il avoit toujours feit rigoureu-
fement fon devoir , il fe livra par
écrit aux mêmes emportemens qu'il
avoit eus fouvent dans fes difcours.
11 étoit difficile que , parmi la mul-
titude d'adverfaîres qu'il avoit , tous
fuffent afTez généreux pour oublier
fes fautes & pour ne fe fouvenir
que de {es màlhèiiris.
I. LALLOUETTJ7 , ( Ambroife)
chanoine de Sainte - Opportune à
Paris , fa patrie , mort dans cette
ville, le 9 Mai 1724 , à 71 ans,
s'appliqua avfec fuccès à la direéHon
& aux miffioils , pour la réunion
des Proteflans' à J'Eglife Romaine.
On lui doit : I. Des Traités fur
Kij
148 L A L
la Priftnte rétlU , fur la Communlûn
faits une cfpecc , réunis en un . vol.
in-I2. II. PHyiûire des Traduâiont
Françoîjes de l*Ecriture^famu ^ 1691 ,
ia-i2. L'auteur parle des diange-
niens que les Proteftans y ont £aits
en différens temps., & entre dans
des détails curieux , mais quelqucr
fois inexa£^s. III. La VU d'Antoi-
nette de GoNpi , Supérieure généraie
du Calvaire^ in- 11. IV. La VU du
.Cardinal L£ Cauus , Eveque de Grer
nobU , in-i 1. V. VHlftoire & V Abrégé
des Ouvrages Latins ^ Italiens GFrunçois
pour & contre la ConUdU & l'Opéra ,
in^ii. Il n'eft pas fur que ce recueil
curieux foit de lui j mais on le lui
attribue aiTez communément. .
IL LALL(>UETT£,,<Jean.
François ) muûcien Français , dif-
ciple de Ldâ y mort i Paris en
J7z8 , à 75 ans , obtint fucceffî-
vement la place de Màio-e de mu-
iîque de l'églife de Saint-Çqrmaiiir
l'Auxerrois, &de celle de Notre-
Dame. Il ^compofé plufieurs Afo-
tets ,à grand chœur ^ qui ont été.fprt
applaudis *, mais on n'a gravé de fes
ouvrages que quelques Motets pour
Ifs principales fêtes de Tannée , à
une, deux & trois voix , avec la
ibaiTe continue. Son Miftrere fur-
tout eft très-eftimé.
. LAMARE, royqMARE.
LAMBECIÙS , ( Pierre ) né à
Hambourg en 1628, fit des pro-
grès il rapides dans la littérature ,
qu'à l'âge de 19 ans, il publia fes
favantes. Remarques fur AulugcUc,
Des voyages dans les différentes
contrées de l'Europe, répandirent
fon nom , & augmentèrent fes con-
noiffances. De retour à Hambourg ,
il fut nommé en ^652 profeffeur
d'Hifloire , & en 1664 reôeur du
collège. Deux ans après il épou-
fa une femme riche , mais vieille ,
acariâtre & avare. Ne pouvant plus
vivre avec cette furie, il pafïa
à Rome , & y fiit bien accueilli. Le
L AM
pape Alexandre VIL & la téoé
Chrlftine lui' firent un fort heureux.
Il oublia aifément fa patrie , où
l'envie, après avoir critiqué fes
études & fes ouvrages , l'avoit ac-
cufé d'être hérétique & même adiée.
Il devint enfuite bibliothécaire de
l'empereur , & mourut dans ce pofie
à Vienne en 1680, à 52 ans. Les
ouvrées qui honorent fa mémoi-
re, font : L Origines Uamburgmfu
ab anno $o$,adannumtz^x^ 2 voL
in-4° , 1652 & i66i ;•& 2 vol. in-
fol. 1706 & 17 10 : ouvrage chargé
d'érudition. Il y a de la fidélité & ,
de l'exaâitude, à l'exception de
quelques endroits où .fon amour
pour la patrie l'a induit en erreur.
II, Anîmadverjwnes ad. Godini Orlgl'
nés Confiantinopollta/ii^ » très - ik-
vantes j Paris, 1655 , in-fol. III.
Commentarîorum de Èlblîotheca CÀ"
farea-Vindobonenfi Ubrl rill , en 8 .
vol. in-foL L'auteur n'eil pas tou<
jours exa<^ dans cet ouvrage ,
plein de beaucoup de chofes inu-
tiles, ^ d'autres qui font curieu-
ies & iingulieres. Il iaiit joindre
à cet ouvrage , le fupplément de
Daniel Nejfdms , 1690 , 2 vol.
in-fol. IV. Prûdromus Hljlorla âuc^
rarue , & Itcr CcUcnfe : ouvrage pof-
thume, publié à Leipzig en 17 10,
in-fol. par le favant Jean - Albert
Fahrlclus, Lamhccius vouloit donner
une hiftoire littéraire complète»
mais ce qu'il en a fait , efl la par-
tie la plus flérile. Il ne s'étend
que depuis Adam^ jufqu'au xiii*
ûecle avant J. C. : il s'eft conten-
té de donner^ le projet du rcfle
de l'ouvrage.^ Stmve doutoit que
Lamhecius fût en état de compofer
une bonne hifloire littéraire, quoi-
qu'il fût favant & laborieux-, mais
fon flyle étoit difïus : il accabloit
fon lefteur par Îq% digreiîions, &
il avoit plus d'efprit que de juge-
ment & de goûî. Quant à fon her
CelUnfe^ qu'on avoit imprimé féps^
L A m;
rément, 8c.qu*on a joint daos cette'
édition, cèft un Journal du pélé-
linagc que l'empereur Leopold fit
en 1665 au monaftcre de Marien-
Kell dans la haute Stirie, Le rédac-
teur y a raâiemblé des obrerva*
tions propres à enrichir lliiftoire
littéraire.
I. LAMBERT, empereur,©» roi
I d'Italie , étoit fils de Gtd duc de
I Spolete , auquel il fuccéda en S94.
Deux ans après il s'accommoda
avec Béraiger^ fon compétiteur,
6 mourut peu de temps après
d'une chute de cheval qu'il fit à
la chaiTe. D'autres hifloriens difent
çi'il fiit tué à la chàâb', par Hu-
gues comte de Mila09..Mais nous
préférons avec M. 'tiardlon , le
premier récit. Ce prince avoit don*
aé de belles efpérançes.
n. LAMBERT ^ CSaint) évêque de
Maefirtcht ù patrie, fùtchaâede
ion fiege après la mort de Chllderic
par le barbare Ebroîn^ qui mourut.
7 ans après. Lambert , rétabli fur le
trône' épifcopal , convertit un grand
nombre d'infidelles, adoucit leur fé-
rocité, & fut tué le 17 Septembre
709 ( félon les BoUandiftes , ) par
Dodort , qui fe vengea fur lui d'un,
meurtre commis par deux neveux
du ûint évêque. Son martyre ar-
riva à Liège , qui n'étoit qu'un pe-
ât \'illage , & qui devint par cet
événement une ville confidérable ,
la dévotion des fidelles y ayant
itdré beaucoup de peuples.... Il y
a eu deux autres faints de ce nom ,
l'un archevêque de Lyon , mort
«n 688 ; l'autre évêque de Vence-
en H14.
m. LAMBERT de Schawem-
30URG , ou , (elpn d'autres , j''^/-
<hajBfcmbovrg^ célèbre Bénédi^in de
l'abbaye d'Hirchfelden en 1058 ,:
entreprit le voyage de Jérufalem.
De retour en Europe , il compofa
une Chronique depuis Adam jufqu'en
IPTJk Cette Chronique n'dl qu*ua
L A M 149
îrituvaU abrégé jufqu'à l*an loçoj
mais depuis 1050 jufqu'en 1077 ,
c'eft une hiftoire d'Allemagne »
d'une jufte étendue. Ce monument
ftit imprimé à Bâle en 1669 , in^fol.
avec celui de Conrad de Liechte-
nav , & dans le premier volume
des Ecrivains d* Allemagne de Pîfio»
rius. Un moine d'Erfurt en a donne
\xnç Continuation jufqu'à l'an 1472,
aifez bonne , mais conflife. Cette
Continuadon fe trouve aufli dans
le Recueil de Plfiorlus,
ly, LAMBERT, évêque d'Ams.
né à Guines, fe diftingua telle-
ment par la prédication pendant
qu'il étoit chanoine de Lille, que
les Artéfiens défirant féparer leur
églife de celle de Cambrai, à la-
quelle elle étoit unie depuis yo©
ans, l'élurent pour évêque en 1092.
C/rhain II confirma cette éleÛion ;
& facra le nouvel évêque à Rome »
malgré les oppofitions des Cam-
braifiens. Lambert aiUfia à quelques
çoncikis , & mourut en 1115. Il
fiit enterré dans fa cathédrale , »où
on lui mit une épuh.:phc y qui an-
nonce : >♦ Que la Ste Vierge étoit
apparue à Lambert & à deux Jon-
gleurs , & qu'elle avoit donné à
l'évêque un cierge qui avoit la
vertu de guérir du mal des Ardens ,
fi fort commun en France «. On a
dans le Mlfcellanea de Balu^e un
Recueil de chorus ^ de lettres qui
concernent l'évêché d'Arras., attri-
buées à Lamheit,
V. LAMBERT,( François) Cor-*
délier d'Avignon fa patrie, né en
1487 , quitta fon couvent pouc.
prêcher le luthéraniCne , & fur-
tout pour avoir une femme. Luther
en fit fon apôtre dans la Suifie &.
en Allemagne, & lui procwa la
place de premier profeffeur de théo-
logie à Marpurg. Il y mourut de la,
p^e en 1538-, à 51 ans, avec la,
réputation d'un homme zélé pour
lafcâft ^pi'il avoit embraffée* It,
1^0 L A M
alï«ftoit un air dévot, & déchîrôît
impitoyablement les catholiques ,
pour fe faire valoir auprès des lu-
thériens. On a de lui : 1. Deux Ecrits,
l'un pour juftilîer fon apoftafie,
& l'autre pour décrier fon ordre ;
1513 , in-8®. Le i^'^a été réimpri-
mé avec plufîeurs de fes Latres , 6»
de fes Que/ilons théologiques, dans
les AmœnUatcs lliterarla de Sclhom*
II. Des Commentaires fur S, Luc , fur
le Mariage , fur le Cantique des Can^
tiques , fur les petits Prophètes , & ftir
XApocalypfe , in-8°. lll. Un Trahi
de U vocation , in-8°. IV. Un autre
Traké renfermant plufieiu^ difcuf-
fions théologiques, fous le titre
affez jufte de Farrago , in-8®. Ce
moine apoilat fe déguifa long-temps
fous le nom de Johannes Serranus ,
/ean de Serres, Ses écrits font auffi
remplis d'emportement que vides
de raifon.
VI. LAMBERT, furnommé h
Bègue à caufe de la difficulté de fa
prononciation , mourut l'an 1 177 ,
à fon retour de Rome , où Raoul
ivêque de Liège l'avoit envoyé.
Ce fiit lui qui inftitua les Béguines
des Pays-bas -, établiffement fort ré-
pandu dans ces provinces , & qui eft
de la plus grande utilité à la re-
ligion & à la fociété. Il affure des
moyens de vertu & de fubfiftancc
à une multitude de filles , fans leur
ôter la liberté de rentrer dans le
' fiecle. Plufieurs auteurs attribuent
l'inftitution des Béguines à Ste Bègue ^
mais ce fentiment eft moins fondé.
Vn. LAMBERT, (Anne -Thé-
rcfe de Marguenat de CourcdUs ,
marquife de) naquit à Paris d'un
maître-des-comptes. Elle perdit fon
père à l'âge de trois ans. Sa mère
cpoufa en fécondes noces le facile
& ingénieux -PjcA<iw7K)/ï< , qui fe fît
un devoir & un amufement de cul-
tiver les heureufes difpofitions qu'il
/ découvrit dans fa belle-fille. Cette
aimable enfant s'accoutuma dçs-
L A M'
lofs à faire de petits eaàraîts de
fes leûures. Elle formas peu-à-peu
un tréfor littéraire , propre à afiai-
fonner fes plaiiirs & à la confoler
dans fes peines. Après ^a mort de
fon mari, Henri Lamhert^ marquis
de Saim-Bris , qu'elle avoit époufé
en 1666, & qu'elle perdit en 1686:
elle efTuya de longs & cruels pro-
cès , où il s'agiflbit de toute (k for-
tune. Elle les conduifit & les ter-
mina avec toute la capacité d'une
perfonne qui n'auroit point eu d'au-
tre talent. Libre enfin & maitrefTe-
d'un bien confidérable qu'elle avoit
prefque conquis, elle établit dans
Pari« une ma^n où il étoit hono-
rable d'êa* KflÇu : c'étoit la feule ,
à un petit no'rfibre d'exceptions près ,
qui fe fût préfcrvée de la maladie
épidémique du jeu, & où l'on fe
raïTemblât pour parler- raifonnable-
ment. Aufli les gens frivoles lan-
çoient, quand ils pouvoient, quel-
ques traits malins contre la maifon
de madame de Lambert , qui , très-
délicate fiur les difcours & fur l'o-
pinion du public , craignoit quel-
quefois de donner trop à fon goût.
Elle avoit le foin de fe rafîurer,
en faifant réflexion que dans cette
même maifon, fi accufée d'efprit,
elle y faifoit une dépenfe très-noble ,
& y recevoit beaucoup plus de gens
du monde & de condition , que de ^
gens illufh-es dans les lettres. Les
qualités de l'ame furpafToient encore
en elle les qualités de l'efprit. Elle
étoit née courageufe, peu fufcep-
tible d'aucune crainte, fi ce n'étoit
fur la gloire •, incapable d'être arrê-
tée par les obflacles dans une en-
treprife nécefTaire ou vertueufe.
M Elle n'étoit pas feulement ardente,
>♦ ( dit Fontenelle^ ) à fervir fes amis ,
>» fans attendre leurs prières, ni
ï> l'expoiition humiliante de leurs
>♦ befoins -, mais une bonne a£Hon
M à faire, même en faveur desper-
yt fonnes indififérentçs , la tentoit
L A M
t» toujours vtvement, & il falloit
n que les circonitances fuiTent bien
» contraires * û elle n'y fuccomboit
r> pas. Quelques mauvais fuccès de
y* Tes généroûtés ne Tavoient point
rt corrigée^ & elle étoit toujours
w également prête à hafarder de
i> £ure le bien. £lle ait fort iniîr-
}* me pendant tout le cours de fa
^ vie. Ses dernières années furent
>t accablées de foui&ances, pour
» lefquelles Ton courage naturel
M n'eût pas Tuffi fans le fecours de
^y toute ÙL religion ««^ Cette dame
tlluib-e mourut le 1 2 Juillet 1 7 3 3 1
à 86 ans. Ses ouvrages ont été
réunis en deux vol. in- 11. Les
principaux font : L Les Avis d*unc
mère à /on fils, & à^unt nuit à fa
flU. Ce ne font point des leçons
feches , qui fentent l'autorité d'une
mère; ce font des préceptes don-
nés par une amie^ & qui partent
du cœur. C'eft une philofophie
aimable , qui feme de âeurs la route
dans laquelle elle veut Êiire marcher
fes diidples; qui s'attache moins
aux frivoles définitions des vertus,
qu'à les infpirer en les faifànt con*
noitre par leurs agrémens. Tout
ce qu'elle prefcrit, porte l'emprein-
te d'une ame noble & délicate, qui
poiTede fans fefte & fans effort les
qualités qu'elle exige dans les au-
tres. On fent par-tout cette chaleur
du coeur , qui £sule donne le prix
aux produÛions de l'efprit. II. Nou^
ytlUs Réflexions fur les femmes , ou
Métaphyfyae d'amour : elles font plei-
nes d'imagination , de fineffe & d'a-
grément. III. Traité de PAmUié. L'in-
génieufe auteur peint les avantages ,
ïfcs charmes , les devoirs de cette
vertu, avec autant de vérité que
de délicateffe. IV. Traité de la FieiU
lejfcy non moins eitimé que celui
de l'Amitié. V. La Femme hermke ,
petit roman extrêmement touchant.
VI. Des morceaux détachés de Mo-
rale ou de littéFature, Ceft par-tout
;- A M ICI
le mêmeefprit, le même goût, U
même nuance. Il y a quelquefoh »
mais rarement , du précieux ; il eft
difficile de n'y pas tomber, quand
on a de la finefle dans l'efprit , de
la délicateffe dans le cœur , &
qu'on afïeâe de pouffer loin ces
qualités.
Vin. LAMBERT , HoUandois ,
capitaine de vaifTeau, s'eft rendu
célèbre dans le xvii^ fiede par une
adtion des plus hardies qui fe foient
paiTées fur mer. £n 1624, les états
de Hollande ayant arméiS vaiâfeaux
contre les Algériens, en donnè-
rent le commandement à ce brave
homme, qui s'empara d'abord de
I vaiiTeaux corfaires, & mit i2y
pirates à la chaîne. Après cette pre-
mière expédition , il alla mouiller
devant Alger avec fon efcadre de
iîx vaifTeaux j & étant à portée du
canon de cette ville, il fit arbo-
rer l'étendard rouge en figne de
guerre. Cette hardieffe furpritceux
d'Alger *, mais le capitaine Lambert
voyant qu'on différoit trop long-
temps à lui rendre les efdaves qu'il
avoit demandés , fit lier dos-à-dos
une partie des Turés & des Maures
qu'il avoit dans fes Vcûffeaux, les
fit jeter à la mer , & fit pendre
les autres aux antennes , à la vue des
Algériens , qui regardoient en fré-»
mifiant cette fanglante exécution.
II fit &ire enfuite une décharge
contre la ville j & ayant levé l'an-
cre, fit voile poiu: s'en retourner.
Sur la route il eut une féconde ren-
contre de deux vaifTeaux d'Alger ;
s'en étant encore rendu maître , il
revint avec fa proie devant cette
ville , & contraignit enfin ces cOr-
faires de rendre tous les efdaves
HoUandois qu'ils avoient en leur
puifiance , en échange de ceux qu'il
tenoit dans fes vaifieaux. Comblé
de gloire , & accompagné de fes
compatriotes qu'il avoit drés d'ef-
clavage, il aborda hcUfeufemooC
Kiy
ICI L A M
en Hollande , où fa valeur reçut
les applaudiiTemens qui lui étoient
dus.
IX. LAMBERT, (Jofcph) fils
d'un maitre*des-comptes , naquit à
Paris. en 1654 , prit le bonnet de
doâeur de j^orbonne , . & obtint
le prieuré de Palaifeau près Paris.
L églife de Sain^And^é-des-Arcs , fa
paroilTe , retentit long^temps de fa
voix douce 6c éloquente. Il eut
le bonheur de convertir plufieurs
calviniiles 6c plufieurs pécheurs
endurcis. Sa charité pour les pau-
vres alloit, jufqu'à l'hcroifme Ils
perdirent le plus tendre des pères,
le plus fage confolateur 6c le plus
généreux prote^eur , lorfque la
mort le leur enleva le 91 Janvier
7722 , à 6S ans. Ce fut à la requi*
ihion de ce faint homme, que la
Sorbonne fit une déclaration qui
rend nulles les thefes de ceux qui
s'y feroient nommés titulaires de
plufieurs bénéfices. On a de lui :
I. V Année Evangéllqut , ou Homélks ,
en 7 vol. in- 12. Son éloquence eft
véritablement chrétienne , fimple
& touchante. Tous fes ouvrages
font marques au même coin , de
l'on ne peut trop les recommander
à ceux qui font obligés par état à
infiruire le peuple. Si le fiyle en
efi négligé , on doit faire attention
qu'il écrivoit pour Tinflruâion des
gens de la campagne , 8c non pour
les courtifans. II. Des Conférences
en 2 vol. in-i2 , fous le titre de
Dlfcours fur la vie Ecelgfiaflique,
m. Epitrcs & Evangiles de l*année ,
avec des réflexions, chez Muguet ^
en I713 , inri2. IV. Les Ordina-
tions des Saints^ in-l2. V. La Ma-
nière de hlen Infindrc les pauvres , in-12.
VI, ( Hifloîres ehoifies de l'ancien & du
nouveau Teftiiment : recueil utile aux
Catéchifies , chez Lotln ^ in- 12.
VII. Le Chrétkn inflrtiit des Myfleres
4e ta Religion & des vérités de la
L A M
fandUcrcs pour tous les Dîmanche#
6c principales Fêtes de l'année , en -
faveur dis Pauvres , & particulièrement
des gens de la Campagne, in-i2. IX«
Deux Lettres fur la pluralité des
Bénéfices , contre l'abbé Bolleau^
X. InfiruBions fur Us Commande^
mens de Dieu , en faveur des pauvres
& des gens de la Campagne , en 2 voU
in-i2. XI. InJèruêUons fur le Symbole ^
2 vol. in-12.
X. LAMBERT , (Michel) mo*
ficien François , né en z6io à Vi*
vone , petite ville du Poitou , mort
à Paris en 1696 , à 86 ans , excelloit
à jouer du luth , 6c marioit , avec
beaucoup d'art & de goût, les accens
de fa voix aux fons de l'inibument.
Il fut pourvu d'une charge de maître
de mÛQque de la chamiM-e du roi«
Les perfonnes de la première di^
tinâion apprenoient de lui le bon
goût du chant , 6c s'afTembloienc
même dans fa maifon , où ce mufi*
cien tenoit , en quelque forte , une
académie. LamberteA regardé comme
le premier en France, qui ait Eût
fentir les vraies beautés de la mu-
fique vocale , les grâces Ôc la juf-
teflê de l'expreifion. Il fut aufS ^e
valoir la légèreté de la voix, 6c
les agrémcns d'un organe flexible»
en doublant la plupart de (es airs , 6e
les ornant de pafiagesvifis 6cbrillans«
Lambert a fait quelques petits Motets ^
& a mis en mufique des Leçons ds
Ténèbres, On a encore de lui un Re*
cucil contenant plufieurs Mrs à une,
deux , trois 6c quatre parties , avec
la bajffe continue.
XL LAMBERT , (Jean) général
des troupes d'Angleterre fous la
tyrannie de Cromwell , . fignala h
valeur dans différentes occafîons.
Il n eut pas prccifément les vertus
qui font un grand homme*, il eut
les qualités moins honorables, mais
plus rares , d'un chef de parti. Spn
efprit , fans être fort étendu , étoit
proprç à fQnnçr 6c à entrgjmi: doc
1
L A M
feâions -, foti cœur , ùlus être droit ,
'ctoit généreux *, il eut l'ambmon
d'afpirer à tout. Cromwcll ayant cafTé
le l^lement l'an 165 3 , établit un
Confeil dont Lambert fut le chef.
LorTqu'il fut déclaré tVotcôeur de
la République , Lambert empêcha
qu'il ne fût déclaré Roi. Cromwcll le
regarda dès-lors comme fon rival ,
& lui ôta le généralat. Après la mort
duProteûeur, arrivée en 1658,
Lambert , qui ne pouvoit trouver
ion élévation que dans les malheurs,
fe ligua avec le chevalier Van€ con-
tre le nouveau Proteûeur , Richard
CromweU^ ûls d' OâvUr, Il s'oppoia
enfuite de toute fa force au réta-
falifiement de la Monarchie *, fes in-
trigues furent inutiles. Son armée
ayant été dé£ûte , il fiit pris par le
général Monck , qui le fit mettre dans
j la tour de Londres avec Fane fon
; complice. Convaincu d'avoir ap-
I puyé les pernicieux deffeins d'Oli-
vier Cromwcll , & de s'être oppofé
au rétabliffement du roi Charles 11^
il fut condamné à mort l'an 1661.
L'arrêt ne fut point exécuté , parce
■ que le roi , par une bonté peu com-
mune , en modéra la rigueur , & fe
contenta de reléguer Lambert dans
i'iile de Jerfey , où il paffa le refte
de fa vie.
Xn. LAMBERT , {Qaude-Fran-
çois ) né à Dole , eut la cure de
Saineau , dans le diocefe de Rouen ,
qu'il abdiqua enfuite. 11 vint à Paris
& s'y mit aux gages des libraires ,
pour lefquels il compila divers ou-
vrages qui lui coûtoient peu , &
qui ne valoient pas ce qu'ils lui
coûtoient. Les principaux font :
I. Le Nouveau-TéUmaque , ou Mé-
moires & Aventures du Comte <fc*** &
it fon fils , 3 vol. in-i2. IL La New
vellc Maiîanne , 3 vol. in- 12. III.
Mémoires & Aventures d*une Femme
de Qualité^ 3 vol. in- 12. On voit
que , dans ces divers romans , il a
cteché à perfuader qu'il copioit
t A M içj
de bons modèles ; mais céiane pa-
H^oît que dans le titre , & c'eft à ce
titre qu'ils ont dû tout leur fuccès.
Ils font dénués d'imagination &
d'élégance. ÏVMInfortméeSiciliauu^
in-12. V. Recueil d^Obfervadons fur
tous Us Peuples du Monde^ 4 voL in-i 2.
VI. Hifloire générale de tous Us Peuples
du Monde , 1 4 vol. in-12 , qui le re-
lient en 1 5 . Il a réuni dans ce livre ce
qui fe trouve répandu dans les diffé-
rens voyageurs; mais il manque
d'exaâimde dans les £ûts , & de
grâce dans la narration. VTI. Wf^
toire Littéraire de Louis XIV » 3 vol.
in-4^ , qui lui valut une peidion :
c'étoit l'obtenir à bon marché ; ça
ce n'eft qu'une compilation , indi-
gène &mal écrite, da Mémoirts ék
Niceron, des Eloges des différentes
académies , des Jugemens des Jour-
nalifles. L'auteur l'a ornée cepen-
dant de Difcours préliminaires fut
les progrès de chaque fcience fous
le règne illufbe de Louis le Grand ;
mais ces difcours , vides de philo-
fophie , ne font plans que de phra-
fes emphatiques. On voit un homme
fans idées ôc fans flyle , qui n*a fu
ni connoître , ni rendre les choies
dont il parle. VIII. Hifioire de
Henri II , 2 vol. in-12. IX. Biblio*
theque de Phyfique^ 7 vol. in-12. X.
Mémoires de Pa/carilla , in-i2« mau-
vais roman , &c. L'abbé Lambert
mourut à Paris le 14 Avril 1765.
Il eut le malheur de furvivre à fes
livres.
Xm. LAMBERT, (N...) l'un des
plus habiles madiémaddens du
xviii*^ fiecle, naquit à Mulhaufen
en Alface , vers l'an 1728 , & mou-
rut à Berlin , (de confomption , le
25 Septembre 1777 , à 49 ans »
penfionnaire de l'académie de cette
ville, & confeiller fupérieur au
département des bâtimens. Sa phy-
iionomie étoit naïve, douce, &dé-
celoit un efprit pénétrant. Le fien
étoit caraûérifc par Tuniverfalité »
fç4 L A NT
la daite & l'originalité des idée$«
Cette originalité feremarquoit dans-
fa conduite & dans Ton extérieur ,
.qu*ii négligeoit beaucoup. Il étoit
fu;et à des préventions dont il re-
venoit difficilement. Outre les ex-
f^ellentes pièces qu'il inféra dans
les Mémoires de Berlin, de Bàle,
de Munich , on a de lui un grand
nombre d'ouvrages. Les principaux
font : L Un Traité fur Us proprUtés
les plus remarquables de la rautt de la
Jjaâûere, la Haie , 1759. IL Une
Per/'pecBve^ Zurich , 1758. III. Une
Pkotomctrîe , Ausbourg , 1760. IV*
Un Traité furies Orbites des Comètes^
Ausbourg > 1 76 1 . V. Des Opufcules
mathématiques , &c.
• LAMBERTINI. Toye^ Be-
MOIT XIV.
LAMBIN, (Dcnys) c^ebre
commentateur , né à Montreuil-Tur-
mer en Picardie , voyagea en Italie
avec le cardinal de Toumon , &
obtint par Ton crédit la place de
proSeiTeur en langue Grecque au
coHege-royal de Paris. Il l'occupa
avec <tiflin£kion )ufqu'à fa mort ,
occafionnée en 1572 parla nou-
velle du meurtre de fon ami Ramus ,
égorgé pendant le ma{rai:re de la
Sa^ia-BarthclemlJX avoit alors 5 6 ans*
On a de lui pluûeurs ouvrages «
dans lesquels on trouve une éru-
dition Tsfte y mab quelquefois ac-
cablante. Le foin qu'il a de rap-
porter les diverfes leçons avec la
plus fcmpuleufe exaéHtude, en-
floya bien des favans , & fit naître
le mot de Lambiner, Lamhln a
donné des Commentaires fur Lucrèce y
if6j,in-4^... fur Clcéron ^ 178J ,
2 volâmes; fur Plaute^ 15SS; &
far Horaa, 1605 : tous trois in-
ioL Son tra\'ail fur Horace a été
applaudi ; mais il a été moins heu-
feux dans les corrections qu*il a
fiâtes aux Œuvres de l'orateur Latin*
Il change le texte de Cicércn à fon
gré, iknsêtre acutorifé par les an*
L A M I
ciens manufcrits. Il bt& les mots
des éditions qui fe trouvent entre
les mains de tout le monde , pour
en fubftituer de nouveaux , qu'il
n'a pris qu'en fa bizaree imagina-
tion. Toutes les fois qu'il ajoute
ces mots : Invltls & repugnantUnts
omnibus llbris , on peut afiurer qu'il
fe trompe. Lambin , au mérite de
l'érudition , joignoit la bonté du
caraâere. Il avoit été très-lié avec
Muret , auquel il avoit hk part de
fes interprétations de pluûeurspafo
fages diÂciles d* Horace. Muret les
employa dans fes diverfes leçons,
fans en £aâxe honneur à fon amL
Ce procédé les bfouilla ; mais ils fe
réconcilièrent enfuite. Lasubin parla
toujours avec honneur de Muret ^
tandis que celui-ci , naturellement
bilieux & vindicatif, fé répandit en
injures, même après leur réconci-
liation. Le fils de Lambin , qui ne
dégénéra point du favoir de fon
père , fut précepteur à'Jmaulà
d'AndlUy,
LAMBRUN, (Marguerite) mé-
rite autant par fon courage d'oc-
cuper une place dans lliiftoire du
XVI*' iîecle , que pluiieurs dames
Romaines dans celle des ptemien
temps de la république. Cétoit une
Ecofliéiife de hùâte de MarieStuart,
Après la mort tragique de cette in-
fortunée princeffe , le mari de Mar-
guerite Lambfun ne put furvivre à
la perte de fa maîtrefTe. Il en mou-
rut de douleur , & fa femme prit
aufTi-tôt la réfolution de venger la
mort de l'un & de l'autre. Pour
exécuter plus tellement fon projet,
elle sliabilla en homme , prit le
nom d'Antoine Sparch , & fe rendit
à la cour de la reine EUfaheth» Elle
portoit toujours fur elle deux pif-
tolets, l'un pour tuer cette prin-
ceffe , l'autre pour fe tuer elle-
même. Un jour qu'elle perçoit la
foule à deffein de s'approcher de la
reine qui fe promenoît dans fes
L A M
jstnims, elle laifl^ tomber un dé
fes piftolets. Les gardes qui s'en
apperçurent, fe faifirent d'elle : on
alloit la traîner en prifon ; mais la
reine qui la prenoit pour un homme,
"Toulut l'interroger elle-même, &
lui demanda fon nom , fa patrie &
Êi qualité. Madame , lui répondit-
elle avec intrépidité , je fids femme ,
inique je pone ut habit : je m*appelU
Marguerite Larabrun. Paî été plu-
f^uTs années au fervlce de la Hûne
Marie mx maîtrejfe , aue vous ave\ fi
uijttfkmtnt fait mourir ; & par fa mort
fous ave\ été caufe de celle de mon
mari, qui n'a pu furvivre à cette prin-
t^jfe. Ègilement attachée à l'une & à
L'autre , j'avois réfobt , au péril de
ma vie y de venger loir mort par la
rotre. Il efi vrai que j'ai été fort corn-'
battue, &j*atfai£ tous Us efforu pof-
fhle>fur moi-même pour me détourner
d'un fi pernicieux deffein ; mais je ne
rai pu. Quoique la reine eût grand
fujet d'être émue d'un tel difcours ,
elle ne laiâa pas de l'écouter froi-
dement , & de lui répondre tran-
quillement : Vous ave^ donc cru faire
votre devoir ; & rendre à P amour que
vous avei pour votre maùrejfe & pour
votre mari, ce qu'il demandoit? Mais
çuel penfe^^'vous que doit être aujour"
d'hui mon devoir envers vous ? Mar-
guerite répliqua avec fermeté ; Je
dirai franchement à Votri Majefté
m^n fenùment , pourvu qu'elle ait la
honte de me dire auparavant fi elle
demande cela en qualité de Reine, ou
en qualité de Juge,,, Elisabeth lui ré-
pondit que c'étoit en qualité de
reine. Votre Majefté doit donc m'ac-
corder ma grâce , lui répliqua cette
femme. Quelle ajfurance me donnerez'
vous , lui dit la reine , que vous n'en
éhttfereipas , & que vous n'entreprendre^^
pas une féconde fois une a^ion fem-
blable dans quelque autre occafion ? — >
Madame , repartit Marguerite Lam-
brun, la grâce que l'on veut donner
avec tant de précaution , n'eft plus une
LAM 1^5
grâce ; &' mnfi Votre Majefté peut apt
contre moi comme Juge. La reine s'éf
tant tournée vers quelques per*
fonnes de fon confeil qui étoient
préfentes , leur dit : Il y a ^o ans
que je fuis Reine; mais je ne me fou»
viens pas dl^ avoir trouvé taie perfonne
qui m'ait donné une pareille leçon»
Ainfi elle voulut lui donner la grâce
entière & fans condition , quoique le
préiident de fon confeil dît tout ce
qu'il put pour la porter à faire punir
cette femme. Elle pria lareine d'avoir
la généroiité de la faire conduire
sûrement hors du royaimfe , & on
la tranfporta fur les côtes de France.
L LAMECH , de la race de Caïn ,
fils de Matht/falaélf père de Jabel^
de Jubal , de Tuhalcaïn & de No'ema ,
eft célèbre dans l'Ecriture par la po-
lygamie , dont on croit qu'il ufa le
premier dans le monde. Il époufa
Ada & Selh, Un jour Lamech dit à
fes femmes : Ecoutei-moi, femmes de
Lamech \ j'ai tué un homme pour ma
hlejfure , & un jeune homme pour ma
meurtriffure. On tirera vengeance jfoîs
du meurtre de Caïn , 6» yo fois du meur-
tre de Lamech.... Ces paroles ren-
ferment une obfcurité impénétrable.
On a fait de vains efforts pour les
expliquer -, mais on n'a donné que
des conjeéhires, auxquelles nous
préférons un filence refpedhieux.
IL LAMECH, fils de MjrAi//tf-
lem , père de Noé , qu*il eut à l'âge
de 182 ans ; après la naiffance de
fon fils, il en vécut encore 575.
Ainfi tout le temps de fa vie fiit de
777 ans. Il mourut la 5 *^ année avant
le Déluge , 245 3 avant J. C.
LAMET, Voyei DeLAMET.
LAMETRIEt, Vcyei Mettrie.
I. LAMI, (Bernard) prêtre de
rOratoire , né au Mans en 1645
d'une famille noble , profefTa les
humanités & la philofophie dans
divers collèges de fa congrégation ,
& dans tous avec fuccès. Son zèle
ppur les opinions de Defcartes fou-
f56 L AM
leva contre lui de ridicules part-
fins des rêves à^Arlftote, Onlepcr-
ÊtaaXà à Saumur & à Angers ^ où il
cnièigna fucceffivement la philofo-
fhie. La frénéiie des feâateurs de
f aBcicnne vint au point , qu'ils
demandèrent une lettrc-de-cachet
contre lui. Le favant Oratorien fiu
frivé de fa chaire & relégué à
Saiatt-Martin - de - Miféré y diocefe
et Grenoble. Le cardinal U Camus ^
évêque de cette ville, l'ailocia au
gouvernement de fon diocefe, &
Ini confia la place de profefTeur en
rfiéalogjé dans fon féminaire. Laml
îoigmt 1 £criture-fainte à la théo-
logie, & dès4ovs il prépara les
viatériaux des ouvrages qu'il a pUr
btiés fur cette madère. Celui qui a
£dït le plus de bruit eft fa Concordé
4&S Evang^/ijies , dans laquelle il
xvança trois fentimens finguliers ,
çii l'engagèrent dans de longues
cooteâations. U y foutenoit : Pre-
mièrement , que 5* Jean - Bapùfo
avoit été mis deux fois en prifon ,
£cL i^* fois par l'ordre des Prêtres
& des Phariliens i la x^ par celui
étHérode, Secondement , il pré-
tendoit que Jesvs - Christ ne
mai^ea pas l'Agneau Pafcal dans
la dernière Cène, & que le véritable
Agneau Pafcal fut mis en croix
pendant que les Juifs immoloient
ie Typique ou le figuratif. Troîfié-
mement , les deux MarUf & la
Péchereffe, étoient, félon lui, la
même perfonne. Buluau , Tillemont ,
Mauduh , Wîtajfc , Daniel , Pîednu ,
attaquèrent ces opinions , fur-tout
celle de la Pâque *, & Laml perdit
beaucoup de temps & de papier à
leur répondre. Que tout cela foit
ou ne foit pas , en faut-il moins
regarder les dogmes & les préceptes
évangéliques comme le plus bel
ouvrage de la Divinité ? Que de
mamens perdus , qu'on pourroit
mieux employer ! Après avoir ,
pendant pluiieurs années , contri-
L A M
biié a rinftruûion & à l'édlficado^
du diocefe de Grenoble , il alla
demeurer à Rouen, où il mourut
le 29 Janvier 171 5 , âgé de 75 ans^
11 avoit toujours joui d'une bonne
ianté , malgré fes travaux & fes
fatigues. Mais im chagrin vif &:
>uile caufa (à dernière maladie. Vît
jeune homme y que la levure d&
fes livres avoit arraché àl'héréfie,.
& étoit mis fous fa direéHon , &
avoit ,. eik fiiivant fes avis ,. déjà
fait des progrès fupéricurs éotns ta
piété & dans les fciences. 11 efpéroit^
des heureufes dii^ofittons de ce
profélyte , les plus grandes chofes „
iorfqu'il apprit quel'infidelles'étoit
replongé dans fes premières erreurs»
Cette nouvelle lui caufa une trif-
teiTe profonde ; fa fanté en fut vio-
lemment dérangée , & un vomiiTe-
ment de fangqui furvint l'emporta*
Le P. Laml avoit des moeiu-s pures.
& aufteres : mais la vivacité de foa
efprit le jetoit quelquefois dans
des ûngularités, & dans l'opimâ*
treté qui en eft la fuite. C'étoit
d'ailleurs un homme très-ellimable,
ami de la retraite , fimple , modefle ,
qui parloit aifément , & fur toutes
fortes de matières. On lui doit :
I. Elément de Géométrie & de Matké*
matiques , 2 vol. in- II, IL Traité
de PerfpeHive , 1700 , in-8®. III,
Traité de l'Equilibre^ 16S7 , in-12.
IV, Traité de la Grandeur en général ^
in-ia, Paris, 171 5. U le compofa
dans fon voyage qu'il fit à pied
de Grenoble à Paris. Tous ces
difFérens Traités fiirent bien reçus
dans le temps, pour l'ordre » la
clarté & la netteté qui y régnent i
mais à préfent ils ne font prefque
d'aucun ufage. V. Entretiens far les
Sciences^ & fur la manière d* étudier^
1706 , in-ii ; ouvrage utile , dans
lequel l'auteur indique les écrivains
qu'on peut confulter \ mais il en
cite un trop grand nombre , & c^
ne font pas toujours les meiUeursb
L A M
XI &udtoît ({ue qudque habile bi-
bliographe revit ce livre , & y
ajoutât la lifte ^s boimes produc-
tions qui ont paru depuis la mort
de l'auteur. •• Ses réflexions font
^ quelquefois allez fuperôôelles ,
tt félon BayU \ mais c'eft , dit-il ,
r une aiar^ue du jugement de
r* l'auteur : -car il ne £iut pas qu'un
-M livre qui doit fervir à tous ceux
9* qxii . étudient ^ foit cempli de
^ profondeurs & d'^{fa:a6lions. Ce
*> qu'il y a de louable, c'efb qu'il
«♦ ne peré .point de vue la &i prin-
^ cipade de nos a^ons , qui âft de
t» rapporter Août à Dieu , & que
M fon deflein dk de former des
y> lavans qui aient de la piété , &
1) qui ne fe prqpofent dans leurs
« émdes que la gloire de Dieu &
•• l'utilité de l'Eglife ♦<, VI. Dé"
monftraûon de la. Jalnteté & dû I4
Mie de la Morale ChrétUnne^^îiànq
vol. in-ii , 1706 à 1716. Cet
ouvrage diiFuseft -chargé d'inutilités.
JLa force des preuves eu diminuée
par l'abondance des paroles. Le P.
Zami avoit reconnu lui-même xe
•dé&ut , & U trayailloit à rendre
fon livre plus court , & par con*
féquent \plus fort , lorfque la mort
le furprit. Vil. IntroducUon à l'Ecris
tuTù-foMU , in-4** , Lyon , 1709 ,
traduite de VAppartuus BlbJicus ,
qu'il avoit d^à dpnné en 1696 ,
àid. , in-8^. Il y en a un Abrégé
in-i2. L'abbé de JBellegardetxaiàm&t
cet ouvrage fous le titre d'Apparat
de la Bible , in-8^« Maiscette vcriion
se phit point au P. Laml ^ ^ il
adopta celle de l'abbé Êoyer , dia-
noine de Montbrifon ; c'eft celle
que nous avons indiquée. Ce livre
remplit fon titre , & l'on gagne
beaucoup i le lire avant que d'é-
tucUer les Livres ûints. Les der-
nières éditions de cet ouvrage ,
2inû que de tous ceux du P. Laml^
ibnt les meilleures , parce que fa
.Tivadté ou fon inconilance ^atu-
L A M 157
rdle^ It dégoûtant d'une trop lott«
gue application à la mème<ha&,
ne lui permettoit pas de limer fies
produôtons. VIII. De TaUmacaU
faderis « de fancia Clntate Jerufalem
& de TempU ejus , in-foi. auvra\0B
favant. IX. Harmonla fivk Concordlm
EyaagslUa ^ Lyon , 1699 , deux vdL
in-4^; nous en avons déjà.pariléu
X. h* Art de parler ^ avec ési jRé-
fiexiqntfar l'Art Poéti^ , lyij ,
in-ii : ce n'efl pas la tneilletae
produdion du P. Lanù , ni ii
meilleure Rhétorique que ixnb
ayons. Elle efl divifée en a par-
ties ; l'une en iv liv. regarde VAa
de parUr ou la Grammaire ^ 4bbb
laquelle il fait entrer beaucoup ^
chofes étrangères à fon fu^:;ratane
roule fur VArt de ^crfuader ^ qu^
traite d'une manière aijei fiqia*-
ficielle. Dans £ts R^xions fur ùi
Poétique ,t les matières font peu a|K
profond^es ; & l'on y fent plus 3e
raifonneur aride, que Thommede
goût. Lorfque l'auteur préfeon
VArt déparier au cardinal le Camus ^
ce prélat lui dit : Voilà fans doute
un excellent Art \ mais qui nous daa^
nera I'Art Jf£ sE TAiRi? Leâyle
de cet écrivain eil allez net & a&x
^cile ; mais il n'eft pas toujours pur,
IL LAMI , { Dom-François ) nç
à Montyreau , vill^e du dioce&
de Chartres , , de parens nobki ,
porta d'abord les armes , qu*il quitu
enfuite pour entrer dans la conj;i«-
gation de Saint-Maur. 11 y fitpro-
fefTion en 1659 « à vingt-trois ans,
& mourut à Saint-Denys le 4 Avril
1711 , à 75. Il fut infiniment
regretté , tant par les lumières de
fon efprit y que pour la bonté de
fon cœur , la candeur de fon ca*
raâere , & la pureté de fes mœurs.
Il étoit fur-tout animé d'une charité
compatifïante , qui verfoit dans les
cœurs des infortunés les fentimens
les plus tendres de confolation.
Son amitié £ncere & généreuie
ïçS l AU
l'attachoît encore plus intimement
a fes amis , lorsqu'ils étoient aban*
donnés : il s'expofoit à tout pour
prendre leurs intérêts » & les fe-
coiu-ir de fes eonfeils & de Ton
argent. Madame la comteffe de
Durctt ^ fa fœur , fecondoit fon
caraftere bienfeifant par fes libé-
.ralîtés. n (îonna en faveur des
pauvres jufqu'à fes beaux inftru-
mens de phyiîque , avec lefquels il
avoir fait d'utiles expériences. Ce
philofophe Chrétien étoit parfai-
tement détaché de la terre. On l'a
vu traverfer des appartemens ma-
gnifiques dans les palais des piinces ,
fans faire la moindre attention aux
obiets brillans qui les embellif-
foient. Lorfqu'on lui témoignoit
fa fuprife d'une telle indifférence ,
il difoit que »♦ toutes ces belles
y* chofes qui nous éblouiflent ,
v> n'étoient tout au plus que des
V* modifications différentes de la
5» matière , qui ne méritent pas de
>» fixer n6« efprits v. Les ouvrages
dont il a enrichi le public , por-
tent l'empreinte de ffes différen-
tes qualités. Les principaux font :
ï. Un Traité , efHmé , De la connoîf-
fanct de Soi- mime , 6 vol. in - 1 1.
dont la plus ample édition eft celle
de 1700. IL Nouvel Athélfme ren-
verfé ^ in-i2, contre Spînofa, Les
argumens de cet impie ( dit M. Mi-
chault) y font rapportés avec beau-
coup de méthode , & d'une ma-
nière capable d'éblouir ceux-mêmes
qui fe flattent de juftefTe d'efprit;
au lieu que les réponfes font va-
gues, & ne confident la plupart
qu'en des exclamations, des raille-
ries, qui ne peuvent tout au plus
faire imprefîîon que fur des génies
fuperficiels. Ainfi, le contre-poifon
n'étant pas afTez puiffant, cet ou-
vrage doit être mis au nombre des
livres dangereux , quoique infpiré
par l'amour de la vérité. Nous
parlons de la première édition ,
L^ A M
Paris, 1696, in-ï2. Danslafeco»'
de , faite à Bruxelles r 171 1 , in-ii;
on a ajouté une réfutation de Spi'
no/a par Pension & BoulainvillUrs ^
quia été réimprimée en 173 1. IIÏ.
L'Incrédule amené à la Reâgion par la
Riifon ; ou Entretiens fur V accord de
U Ral/on &dcla Foi ; à Paris , 1710;
in- 12 : livre eftimé & peu commun,
11 eft écrit avec force & folidité, &
l'auteur a l'art de rendre fenfibles
à l'efprit , des matières très-abflrai-
tes. IV. De U connolffunce & de Ua--
mour de Dieu , in - 12. : ouvrage
poftliume. V. Lettres phll^fophiques
fur divers fujets , in-I'2. VI. Lettres
théologiques & morales fur quelqusi
fujets importans , Paris ,* 1708 , in-12.
VII. Les gémlffemens de l'Ame fous
la tyrannie du Corps, in-12. Vlli.
Les premiers Elémens i ou Entrée aux
connolffances folides , fuiv|es d'un
EJfai de Logique en forme de dia-
logue , Paris, 1706 , in-12. L'auteur
de cet ouvrage , qui eft clair & pré-
cis , r^ette l'art éts fyllogifmes
comme inutile. Il fuit ordinaircr
me6t dans cet ouvrage, les idées
de Def cartes & de MaUebranche , &
il les développe avec ordre & net-
teté. IX. Réfutadon du Syftême de la
Grau wiiverfelle de Nicole, X. Un
petitTraité dePhyfîquefort curieux,
fous ce titre : Conjeciures fur 4^vers
effets du Tonnerre^ 1689, in- 12, XI,
La Rhétorique de Collège trahie par fon
Apologîfie , in-12 , contré le fameux
Gibert. Ce titre annonce un ouvra-
ge afTez vif. Le P. Laml ne mefu-
roit pas toujours fes expreffioiis.
Lé fujet de la querelle étoit de û-
voir fi la connoiffanu du mouyenwtt
des efprits animaux dans chaque paf-
fion^ eft d'un grand poids à l* Orateur
pour exciter celles qu'il l'eut dans U
âlfeours. Le profefTeur Powchot
avoit foutenu l'affirmative ; le Bé-
nédiéHn la foutint avec lui . contre
leprofeffeur de rhétorique. On dif-
puta longtemps & vivement > après
L A M
bicode Tencre répandue , on vit que
lien n'étoitéclairci, & que perfon*
ae ne s'étoit entendu. Chacun fe
flatta d'avoir pour foi la vérité «
& demeura dans fon opinion. Celle
du P. Lami paroiflbit pourtant la
plus raifonnable. Cet auteur avoit
beaucoup médité fur le cœur hu-
aiain ; il connoiflbit aflez bien quel*
ques pardes de cet abyme -, mais il
ne put en fonder toutes les {mto-
fondeurs. Il eft , de tous les Béné-
diâins de Saint-Maur , celui qui a le
mieux écrit en François *, ce n'étoit
pas cependant un écrivain fubâme^
I comme dit Moréri-, & fon ftyle,
quelquefois foible & fouvent difliis ,
n'eft pas exempt d'afFeôation. L'un
des talens du Père Lami étoit de
kiUer dans la difpuitc. Il avoit le
tare avantage de parler avec fe-
cilité & avec abondance. Madame
la princcffe de Guife , ducheiTe d'A-
lençon, le mena à la Trappe, où
elle le mit aux 'prifes avec le fa-
meux réformateur de cette abbaye,
^ fujet des études monafiiques.
Malgré <bn attachement & fon e(H-
me pour Tabbé <ie Ranci ^ elle ne
put s'empêcher de donner le prix
de laviâoire au Père Lamî,.. Voye^
-Maisthe , n® m.
Th. lami , ( Jean ) théologien
4u grand-Ak: de Tofcane, pro-
fefleur d'hiiloire eccléfiafUque dans
l'univerfité de Florence, & garde
de la bibliothèque Bîcardi , mourut
à Florence le 6 Janvier 1774, à 74
ans. Il efl connu dans le monde
ûvant par dîfférens^ ouvrages, dont
quelques-uns firent naître fous fes
pas des épines. I. De nHâ Chrifia--
noramcircaTrmltatemStntcntid', Flo-
rence , 1737, in-4** : ce Traité four-
nit aux JâTuites, qu'il n'aimoit ni
ne âattoit,roccaâon de former con-
tre l'auteur des accufadons qu'il
repoufla dans l'ouvrage fuivant.
n. De erudiiione Apoftolorum , vol.
in-g«, 1758. JJI. Ceû Lâmî qui
L A M ÏÇ9
préfida â l'édition des Œmyres de
Meurfius ; Florence , 1741 , 11 voL
in-fol. IV. Il travailla auffi pendant
pluûeurs années au journal connu
fous le nom de NouveUu Ikténùna
dt Florence. Ce favant étoit propre
à ces fortes d'ouvrages : ùl mé*
moire étoit meublée d'anecdotes
piquantes, & fon porte-feuille en*
richi d'écrits rares , dont il publia
même une ColUBion paroculicre.
Ce fut lui qui, montrant à des
gentilshommes Suédois rancien
palais de Médicis , qu'une rue iëpare
du collège de la fodété, leur dit:
f^ûici le berceau des Lettres \ pàîs fe
tournant vers le collège: Et «
voici ( a]outa-t-il ) le tomieaa^,,^
Lami avoit dans fa converfation &
dans fes écrits un fon de fmgola*
rite, qui s'étendoit jufque fur fou
genre de vie.
LAMI A, nom d'une ilhiftie £k-
mille Romaine , de laquelle dcfcen*
doit ^lîus Lamîa , qui eft loué dans
Horace. Il y a eu un autre Lacmà
JE.IÎUS Lami A , qui fut exilé pour
avoir embrafTé avec trop de chalear
le parti de Cicéron contre Pifim. Il
fut édile , puis préteur après la moir
de Céfar. On croit que c'eft loi qui
ayant pafTé pour mort, fut mis fur
le bûcher , & recouvra le fenoment
par l'aéHon du feu.
/. LAMIE, fille de Neptm^ née
en Afrique , 'étoit d'une beauté ra-s
vii&nte. Jupiter eaût fa maîtreffelà
plus chérie-, Junon irritée Stjaloufe
fit périr tous fes enfans. Ce malheur
rendit Lamie û furieufe , qu'elle dé-
voroit tous ceux qu'elle rencon-
troit, & elle fut changée en chienne.
C'eft fans doute cette fable qui a
donné lieu à celle des Lamles,
IL LAMIE , fameufe courtifane »
fîUe d'un Athénien , de joueufe de
Mte , devint maîtreàe de Ptolomét I
roi d'Egypte. Elle fut prife dans la
bataille navale que Demurius Po&or^
€ete gagna fur ce prince, auprès de
rf ^o L A M
llfle de Chypre. Le vûnc[ueur Vta.^
ma autant que le vaincu ; quoique
^lefiit déjà d'un âge aiTez avancé.
JjgmU étoit féconde en bons mots
& en reparties agréables , & joi-^
gnoÎK les grâces de TeTprit à celles
de la figure. Les Athéniens & les
Xhébaîns lui élevèrent un ten^le
Ibos le nom de Vzifus Lamie.
Voyez Pbiur^uc ftw DemetrUu,
L LAMOIGNON, ( Charles de)
d'une ancienne Êunille du Niver^
BOts , qui remonte iufqu'au xiii*^
fiecle, mourut en 1573, maître-
des-tequêtes. Il fut viiité pluûeurs
fois dans ù. dernière maladie par le
roi : fa fagefie & Ton intégrité lui
avoient mérité cette diftinéHon. Son
£]s PUrrt de Lamoîffion , mort en
1 5 84 confeiller d'état , étoit un bon
poète latin. Chrétien ^ (on autre fils ,
fiit père du fuivant.
II. LAMOIGNON ,( Guillaume
de) marquis de BafvllU^ étoit pe-
tit-fils du précédent. Il fut reçu
confeiller au parlement de Paris en
1635 , maître-des-requêtes en 1644,
& fe difiingua dans ces deux places
par fes lumières & par fa probité.
Son mérite lui procura la charge de
premier-préûdent du parlement de
Paris , en 165 8. Le cardinal Mayuîn
lui dit, quelques mois ayant de le
faire nommer : SI Le Roi avait cjnnu
un plus homme de hun & un plus dlpie
fujet , // ne vous ûurou pas diolfi :
paroles que Louis XIV répéta de-
puis au cardinal de NoallUs , en
lui donnant l'archevêché de Paris.
On a voit offert au Roi une fomrae
confidérable pour cette place -, mils
quelque hefola quUn ait h Roi, ( dit
Mazârin , ) Il vaudrait mieux qu*il
donnât cet argent pour avoir un bon
premhr-préfidmt y que de le recevoir.
Le préadent de Lamolgnon méritoit
qu'on eût de lui les idées qu'en
avoit le cardinal. Il remplit tous
les devoirs de fa place avec autant
de fa^efTe que de zcle -, il fouônt
L A M
les droits de fa compagnie ; 21 éle^
va ùt voix pour le peuple ; il dé-
sarma la chicane par fes arrêts v
enfin il crut que fa famé & fa vîc
étoient au Public , & non pas à bâi
c etoiem les expreffi^ns dont il fe
fervoit On £iit la part qu'il eut
à la malheureufe affaire du furinten"
dant fouquet. Il fiit mis d'abord à
la tête d'une diambre de juâice
pour faire de procès à ce minifire »
contre lequel Louis XIV étoit ex-
trêmement irrité. Plus le roi mettoii
de chaleur dans cette affaire , plus
lamolffion fentit qu'il devoit y
mettre de modération. Il fit domieff
à Foaquet un confeil , & un conTeil
libre -j c'eft-à-dire , qui n'étoit gêné
par l'a/Eftance d'aucun témoin.
Colben , le plus ardent -perfécuteur
de Fouquet^ voulut fonder les dif-
pofitions du premier^préfident , à
l'égard de ce mimfire. Un Juge ,
( répondit Lamoignan> , ) ne dit fati
avis qu^une fois , & que fwr les fleurs»
de-lis. Il n'en &Uut pas davantage
pour rendre Colhert ennemi du pre-
miâr-préûdent. Il engagea louIrX/i^
à donner à Lamolgnon des marques
de mécomentement , auxquelles ce
magffirat fiit fenfihle comme il le
devoit. Il rapporta au roi les pro-
vifion» de fa charge , & profita
de la con}onâMre pour lui diiv
de ces vérités , dont la foixe eft
& grande dans la bouche d'un
homme vertueux qui {& facrine. Le
roi n'accepta pas ce facrifice : û
répara « par ces mots obUgeans
qu'il favoit fi bien dire de lui-même^
les termes d animadverfion qu'on
lui avoir fuggérés -, & le jour-même,
il envoya le Teliler dire au premier-
jM-éfident qu'il feroit plaifir au roi
de bien vivre avec Colben , &
d'oublier ce qui s'étoit paffé entre
eux. Fouquet apprenant que Lamol»
gnon y auquel il avoit doimé des
fujets de plainte dans le -temps de
(a faveur , étoit préfident de la
chambre
LA M
IfiamBre dp iuûice , jugea , en 6ou^
tifan & en miniffa-e , du motif
qu'avoient eu des coumfans & des
miniflres pour faii-e ce choix ; mais
il jugea aufll qu'ils s'étoient trom-
pés , en croyant un vrai ma^îArat
capable de reffentiment j il le fit
prier d'oublier fes torts. La réponfe
de Lamoîgnon fut : Je me fouvlens
fiulcmnt qull fut mon amï > & que
je fuis fort Juge. Cependant il fe
déchargea infcnfiblement de la com*
mifHon de juger un homme qu'il
croyoit au moins coupable de pé-
tillât , mais contre lequel on mon-
troitun acharnement, qui pouvoit
rendre fon jugement fufpeft au
public. Il fe retira (ans éclat ^ fans
feire de fa retraite un événement ,
alléguant feulement l'incompatibi-
lité des heures du palais & de la
chambre de juflice. Ce tCeft point
nol , difoit-il , qm quitte la Chambr t ,
t'cfi la Chambre qui nu quitte. Il n'en
fiit que plus attaché aux devoirs
de fa place-, & il fiit parmi les pre-
taièrs-préfidens , ce que à'AgùeJJeau
fot enfuite parmi les chanceliers.
Ses harangues , fes réponfes , fes
ànêtés , étoient tou; autant d'écrits
folides & limiineux. Son ame éga*
loit fon génie. Simple dans fes
mœurs, auftere dans fa conduite «
il étoit le plus doux des hommes »
quand la veuve & Torphelin étoient
à (çs pieds. N'ajoutons pas , ( difoit-
il, en parlant des plaideurs,) au
malheur qu'ils ont éi avoir des procès ,
uhâ d'itre niai reçus de leurs Juges t
Nous fommts établis pour examiner
loirs droits ^ & non pas pour éprouver
leur patience. Il faVoit cependant
Élire refpedcr fa personne , & le
corps dont il étoit le chef. Saïntot ,
ttaître des cérémonies , ayant ,
dans un lit-de-juftice , falué les
prélats avant le parlement , LamoU
pion lui dit : Sointot , 'la Cour ne
nçoit point yos civilités. Le Roi ré-
pondit au premier - préfident ; Jî
Terni Ké
I A M ïi?i
Rappelle Monsieur Sajstot. — .
SIRE, ( répliqua le magiftrat , )
yotre bonté vous difpenfe quelquefois
déparier en maître; maïs votre Far*'
lemcnt doit tx^ujows vous faire parlet
en roii Semblable à Cicei^n , & aux
grands magiflrats de rQncienne
Rome , il fe délaflbit par Ups char-*,
mes de la littérature , des travaux
de fa place. Les Boikau , les Racine ^
les Bourdaloae , compo/oient fa
petite cour. La France, les lettres
& les gens de bien le perdirent le
10 Décembre 1677, à 60 ans. Se»
Arrêtes , réimprimés en 1781 j in-4**^
fur plufieurs matières importantes
du Droit François , parurent pout
la première fois à Paris ^ en 1701 ^
in-4°^II laiffa deux fils, lepréfi--
dent de LamoignotL^xfoi fuit *, & l'in-
tendant de Languedoc » ( BaJ ville )
le meilleur modèle des intendans^
iS*il n'avoit été un peu dur & def»
potiquej dont la branche eft éteinte
depuis quelques anpées par la morc
de M. de MontevrauU,
III. LAMOIGNON , ( Chrétien^
François de } fils aine du précédent ,
naquit à Paris en 1644. Il reçut
du ciel , avec un efprit grand «
étendu, &cile, folide , propre à
tout , un air noble, une voix forte
& agréable *, une éloquence natu-
relle , à laquelle l'art eut peu de
chofe à ajouter ; une mémoire pro-
digieufe , un cœur jufte , & un ca»-
raàere ferme. Son père cultiva fes
heureufes difpofitionsi Reçu con-
feiller en 1666 , fa compagnie le
chargea des commifiions le^ plus
importantes. Il devint enfuite maitre<
des-requêtes , & enfin avocat-géné-
ral : place qu'il remplit pendant
25 ans , & dans laquelle il parut
tout ce qu'il étoit. Aux ouvertures
du parlement , & dans les occafions
où il s'agiflbit de venger l'hon-^
nêteté publique , il fe montroit ce
que Cicéron étoit à Rome , parlant
pour li§arlHf > ou contre Caûlina^
tel t À M
On propofkà la Cour de récom*
penfer Ton mérite par une penfion
de 6000 livres -, on fut enfuite ûx
mois Tans en parler. X«wj XIV s'en
fouvint , & (Ut un îour à Lamol-
pion : Vous ne mtparlc^pas de, votre
jfcnfion ?— SiKE , répondit l'avocat-
%énéralJ*Attendsqueje l'aie méritée,^-'
A ce compu , répliqua le roi , /«
youtdoîs des arrérages -, & la penfion
lîit accordée fur-le-champ , avec les
intérêts , à compter du jour où elle
avoit été propofée. Au commence-
ment de 1690 , le roi lui donna
l'agrément d'une charge de préfi-
ident-à-mortier \ mais l'amour du
travail le retint encore 8 ans entiers
dans le parquet , & il ne profita
de la grâce du prince , que lorfque
la Tante & les inûances de fa
Emilie ne loi permirent plus de
ims un repos honorable. Les lettres
y gagnèrent. L'académie des inf-
criptions lui ouvrit fes portes en
1704, & le roi le nomma préfi-
tdent de cette compagnie , l'année
d'après. Ceravantma^ifhratdifcutoit
Une difficulté littéraire , avec prefque
flutant de £cicilité qu'un point de
juiifprudence. U mourut le 7 Août
•1709, à 65 ans» C'eft lui qui fit
abolir l'épreuve , aufîî ridicule
€[u'infeme , du Congés, Louis XIV
tefpedoit fa vertu -, & il lui en
donna des preuves dans plufieurs
«Dccafions. Des perfonnes coniidé-
râbles lui confièrent un dépôt im-
portant de papiars. Là Cour en fut
inlh-uite. Un fecrétaire^d'état om-
brageux , écrivît à Lamolgnon que
le roi vouloit iàvoir ce que con-
tenoit le dépôt. Le généreux ma-
gifbat répondit : Je n'ai pas de
iiépot y ^ fi 7'^» avols un , l'honneur
èxlgeroU que ma réponfe fut la même,
ijtmolgnon mandé à la cour , parut
devant Louis XlV en préfence du
fecrétaire-d'état ',1 I fupplia le roi
de vouloir bien l'entendre en par-
«LcoUer, U lié «lYOua pour Iq^s
L A M
qu*il aroît un dépôt de p^îert J
& l'afTura qu'il ne s'en feroit jamais
chargé , û ces papiers eufTent con-
tenu quelque chofe de contraire i
fon fervice & au bien de l'état.
>♦ Votre Majefté » ajouta-t-il , me
» refuferoit fon elHme » fî j'étois
n capable d'en dire davantage *<.
Aujfi^ dit le roi, vous voye^queje
n'en demande pas davantage , je fuis
€ontent. Le fecrétaire - d'état rentra
dans ce moment » & dit au roi :
n Sire , je ne doute pas que M,
* n de Lamolgnon n'ait rendu compte.
>• à Votre-Majefté des papiers qui
>* font entre fes mains «<. Vous me
faîtes-là , dit le roi , une belle prc
pofitUn , d'obliger un homme dfhon"
neur de manquer à fa parole ? Puis
fe tournant vers Lamolgnon : Mon-
fleur, dit-il , ne vous deffaîfif[e\ de
ces papiers que par la loi qui vous
a été împofée par U dépôt. On n'a
imprimé qu'un de fes ouvrages,
tel qu'il eft fort! de fa plume :
c'efl une Lutre fur la mort du P.
Bowrdalouêy Jéfuite , qu'on trouve
à la fin du tom. 3^ du Carême de ce
grand orateur. Il donna le jour au
chancelier de Lamolgnon , père de
M. de Lamolgnon de Malesherhes ,
qui a occupé des places fupérieures ,
& qui efl encore au-deiTus de ces
places par fon noble défintérefle-
ment , fes vertus patriotiques &
fon génie.
LAMOUR , ( Jean ) Thii des
plus habiles ferruriers de ce fiecîe ,
naquit à^anci en 1695 , & mourut
en 177.... Il termina fes plus beaux
ouvrages fous les yeux du roi Sta-
niilas. Il fe fit fur-tout connoître
par des grilles en fer qui décorent
difFérehs édifices à Nancî , dont il
fît graver les defïins dans un ou-
vrage de format grand atlas.
LAMPE , ( Frédéric - Adolphe )
reÔeur , miniilre & profeffeur de
théologie à Brème , mort d'une
hémorragie dans cette ville > le S
tAU
Décembre 1729 , à 46 ans , lal^a
plufieurs ouvrages parmi lefquels
on diftingue fon traité De Cymbalis
rermwi, Utrecht, 1703 , in-i2.Son
. Bftolre f ocrée & EccUfiaJB^ , in-4° ,
Utrecht, 1711 ; &fon Commentaire
fur rEvangUe de 5. Jean , en trois
gros vol. in-4° , plein de favames
minuties , font d'un mérite fori
inférieur. On a encore de lui un
Abrcgé de la Théologie naturtlU , in-8°.
Il travailla avec Théodore de Hafe
à un Journal intitulé BibUothîca
Hifiêrko'Philologico-Theologica ; &
donna une édition de Hifl. Ecclejûe
nfomata in Hungaiia & Tranfilva-
m , de Paul Ember , avec des fup-
plémens, Utrecht, 1728, in-8**.
LAMPETIE ou Lamfetuse ,
iille ^Apollon & de Netaa, Son
père l'avoit chargée du foin des
troupeaux qu'il avoit en Sicile.
Les compagnons ^Ulyffe en ayant
! tué quelques bœu& , Apollon porta
' fcs plaintes à Jupiter , qui les fit
tous périr.... Il y eut une, autre
Lampetie , fceur de Phaèton ,
^uelle fot métamorphofée en
peuplier.
I. LAMPRIDE .{A^Ms Lampn-
£as) hiftorien latin du iv^fiecle,
«voit compofé les Vies de plufieurs
empereurs -, mais il ne nous refte
que celles de Commode , de Diadu-
»«c fils deMacrin, d'Héfiogabale ,
^^'Alexandre-Sévere, On les trouve
^S les Hiftoruz Augu/ix Scrlptores ,
Leyde, 1671 , 2 vol.' in-8<>. Cet
«uteur offre des chofes curieufes ,
fflàs fon fVyle eu. mauvais ; il ne
Êitni choûr les feits , ni les arran-
ger.
' n. LAMPRIDE , ( Benoît) céle-
^îc poëte , natif de Crémone ,
peigna les langues grecque & la-
tine avec réputation à Rome , où
" ^on X le protégea. Après la mort
<le ce pontife , il fe retira à Padoue ,
& fut enfuite précepteur du fils de
^ridfrle M G(^\ag^\ duç de Jj^an-
L A N 165
toue. On a de- lui des Epîgrammu ^
des Odes , & d'autres Pièces de vers ,
en latin, à Venife , 1550, in-8**.
Il mourut en 1540. Lampride tzcYoL
d'imiter Pindare dans fes Odes -, mais
il n'eût pas affez de force pour
fuivre le vol de ce poète.
LAMPUGNANI , ( Jean-André)
domeilique de GaléasSforce duc de
Milan « fiit l'un des trois conjurés
qui afTafHnerent ce prince dans l'é-
glife de Saint-Etienne , le 26 Décem-
bre 1476. Il ne fe porta à cette
perfidie que par un mécontentement
qu'il prétendoit avoir reçu du duc ,
qui avoit refiifé de lui rendre juf-
tice au fujet d'un bénéfice dont
Tévêque de Côme l'avoit dépouillé.
Lampugnani, affifté de fes deux com-
plices , Charles Vifcomî & Jérôme
Olgiati , porta les deux premier»
coups au duc, feignant d'avoir des
lettres à lui préfentcr , & fut auffi-
tôt percé lui-même de plufieurs
coups. Il ne laifTa pas de fuir; mais
étant tombé de foiblefije dans l'en-
droit de l'églife où les femmes
étoient afTcmblées , il y fut achevé
par un Maure. Ses complices fiirent
pris & punis par les plus cruels
fupplices. On admira la fermeté
d' Olgiati ; car , voyant que le bour-
reau détoumoit la tête en le tour-
mentant : Prends courage , ( lui-dit-il ,)
O ne crains point de me regarder; les
peines ' que tu crois nu faire fouffrit
font toute ma confolation , quand jt
me rappelle que, fi je les endure , c*eji
pour avoir tué le Tyran & rendu la
liberté à ma patrie, C*e(t le hien public
que foi eu en \ue : le Tyran efl mon ;
je ne mefoudeplus de mourir mj-même.
Il montra jufqu'au dernier foupir
le même courage.
LAMY , yoye(LKUi' Cf Ami.
LANA , ( François de ) Jéfuite ,
né à BrefTç en 1637 , mort en 16....
enfeigna avec fuccès la philofophie
& les mathématiques. On trouve
des çhoiçs relatives à la navi^atioa
Lij
1^4 , L A N
aérienne dans fon Recueil de nou-
velles inventions , publié à Brefle
en 1670 , in-fol. fous le titre de
Frodomo aWartc maifira : ouvrage
qui reparut dans la même ville en
1684 , fous le titre de Ma^fterïum
natum & anis , 3 vol. in-foL avec
figures.
I. LANCELOT » ( Jean - Paul )
jurifconfulte célèbre de Péroufe »
mort dans fa patrie en 1591 , à
80 ans , compofa divers ouvrages ^
entre autres celui des InJHtutes du
Droit Canon en latin , à l'imitation
ëe celles que Tempereur JuJUnlcn
avoit fait dreffer pour fervir d'in-
trodudBon au Droit Civil. D dit
clans la préface de cet ouvrage ,
qu'il y avoit travaillé par ordre du
papeFtftt//K, & que ces ïnfHtutes
furent approuvées par des corn-
miiTaires députés pour les exami-
ner. Nous en avons diverfes édi-
tions » avec des notes. La meil-
leure eft celle de Doujatj Paris,
168 ç , % vol. in-li. M. Durand dt
Maillant , favant canôniile y en a
lionne une traduction françoife
avec des remarques intéreffantes ,
en la vol. in-ix, 1770 , à Lyon
chez Bruyftt. On 3 encore de Lan--
€elot un Corps du Droit Canon y
in-4^.
IL LANCELOT, (Dora Qau-
de) né à Paris en 161 6 , montra
de bonne heure les qualités du cœur
& les talens de lefprit , qui forment
l'homme de mérite. Il fut employé r
par les Solitaires de Port-Royal ,
dans une école qu'ils avoient éta-
blie à Paris. Il y cnfeigna les hu-
manités &les mathématiques avec
beaucoup de fuccès. Il fut enfuite
chargé de l'éducation des princes
de Contî, Cette éducation lui ayant
été ôtée après la mort de la prin-
cefle leur mère, il prit l'habit de
S. Benoir dans l'abbaye dé Saint-
Cyran. Quelques- troubles s'étant
^evés dans cemonaftete, il en fut
LAN
une des viC^imes : on l'exila à (Jumîi*
perlay en Baffe - Bretagne , où if
mourut le 1 5 Avril 1695 , à 97 ans,
confumé par le travail & les auûé-
rites. ,Nous avons puifé cet arricle
dans les différens Mémoires fur Port"
RoyaLLc détail daas lequel on y
entre fur fes vertus , ne s'accorde
guère avec ce qu'en difoit le comte
de Brienrte en 1685 , dans un ou-
vrage plus fatirique que vrai. Claude
LanceLOT , né en téiC y tfi bien le
plus entêté Janfénifte & le plus pédant
que j*aie jamais vu. Son père étois
mouleur de bots â Paris. Il fut Précep"
teur de Mjfeigneurs les Princes de
Conti, d* auprès def quels le Roi le
ckajfa luî-mém:, après la mort de la
Prihcejfe leur mère ; ce qaî l'obligea de
fe retirer dans P Abbaye de Saint-^Cy-
ran , où il avoit déjà reçu le fous-
diaconat, Deptàs fon retour dans cette
Abbaye , U y faifoit la cuîfine , ^
très-mal ; ce qu*il continua jufquù la
mort du dernier Abbé de Saint-Cyran.,*
Sqs principaux ouvrages font : L
Nouvelle Méthode pour apprendre la
Langue Latine ^ in-8° , chez Vitré ^
1664, & réimprimé depuis chez/«^
Petit en 1667 , in - 8° , avec des
correûions & des augmentations ,
&en 1761 yin- 8®. Lancelot eft le
premier qui fe foit affranchi de la
coutume , auflî ridicule que peu ju-
dicieufe, de donner à des en&ns les
règles du Latin en latin même. Oa
peut regarder fon ouvrage comme
un excellent extrait de ce que Valle ,
ScaUger , Sclopplus , & Au"-tout Sanc"
tins y ont écrit fur la langue Latine.^
On y trouve des remarques aulfi
favarttes que curieufes fur les noms?
Romains , fur les Sefterces , fur la
manière de prononcer & d'écrire-
des anciens , &c. II. Nouvelle Mé-
thode pour apprendre la Langue Grec*
que , auflî eftimahie que fa Méthode
Latine , & plus eftimée par cer-
tains critiques. Elle vit le jour ea
1656» in-8**» cliez Vitré, &a «4
LAN .
tSmprîmée en 1754. III. DtsAhré^
^és de ces deux excellens ouvra-
ges. On prétend que Li^uu XIV Ç^
fervit de la Méthode Latine, Si l'on
compare ces livres à ceux des au^-
très grammairiens qui l'avoient pré-
cédé , il faut avouer que perfonne
n'avoit trouvé want.Lancelot l'art
defemer des fleurs dans les champs
arides de la Grammaire. Les vers
Ê^nçois de ces deux ouvrages font
de Sacy , qui les faifoit en fe pro-
menant après les travaux de la di-
reâion. IV. Le Jardin des Racines
Grecques^ in - 8** , 1657. [Foye^
Labbe. ] Tout n'eft pas également
jufte dans cet excellent ou\Tage ,
fur-tout dans la partie des mots
François qui ont quelque rapport
avec ceux de la langue Grecque.
Mais il ne dit rien de lui-même , &
il ne fe rend pas toujours garant
de ce que difent les autres. V. Une
Grammaire Italienne , in-i 2. VI. Une
Grammaire Efpagnole , in-i2. Elles
font moins étendues & moins efti-
mées que fes Grammaires Grecque
& Latine. VII. Grammaire générale
^ raifonnée , in-i 2 , réimprimée en
1756 , par les foins de Duclos ,
lècrétaire de l'Académie Françoife.
Cet ouvrage, fait fur le plan &
fur les idées du doâeur Arnauld »
eft digne de ce grand-homme. Il a
été traduit en pluûeurs langues ^
preuve de reflune qu'en font les
étrangers. On y fent autant le phi-
lofophe que le grammairien : [ Voy.
l'article d'ARNAUD , n^ iv.] VIII.
DdcHus Eplgrammatum , 1659 , en 2
vol. in-i2 , avec une Préface par
Nicole, IX. Mémoires pour Jervlr à
la Vu de Saint Cyran , en 2 parties
in-i2 , pleins de partialité & de
préjugés , fuivant Ladvocat-, vrais
& fans partialité , fuivant l'abbé
Barrai ; ce qu'il y a de fur , c'cft que
LanceLot étoit l'enthoufiafte de fon
héros, & que le propre de l'en-
liiouiiaûnc dl d'exagérer. X.i?//er.
LAN igç
tation fur Phémlne de vin & la livre
dipaln de Saint Benoit , in- 12. Cette
queftion, trop embarraffée pour être
pleinement éclaircie , ùit e^ammée
par le favant Mahlllon , qui réfuta
modeftement l'opinion de l'auteur.
Il vouloit réduire les BénédiéUns
à 12 onces de vin par jour *, Ma»
hlllun leur en donuoit jufqu'à 18»
D. de Vert & Pelletier de Rouen»
entrèrent enfuite dans cette difcuf-
fion. [Koytf( l'article de ce dernier. ]
Bien des perfonnes , dit Alceron ,
trouveront que cette queftion , fort
inutile d'elle - même , ne méritoit
pas que tant de favans. employaflent
leur érudition à la difcuter. XI. Les
Dljfcrtatlvns y le$ Obftrvatlcns & I2
Chrcnolo^e facrée, qui enrichiffent
la. Bible de Vitré , Paris , 1662 ,
in-folio. Sa ChronoLgle , courte . &
exafle, contient un abrégé très-
clair de l'Hifloire-fainte. Il l'a tirée
en partie des Annales àHJjferlus, Se$
Tables des monnoies & des mefu-
res des anciens , font un autre orne-
ment delà Bible de VMy qui n'eft
pas à négliger. Cet imprimeur donna
une autre Bible in-4°, en .1666»
où l'on trouve des tables chrono-
logiques facrées , qui font l'abrégé
de celles qui accompagnent l'édition
in-folio.
LANCELOT, Voye^ m. La*
DISLAS , & PoF£LINI£R£.
LANCJEAN, (Rémi) peintre,
natif de Bruxelles , mort en 167 1 ,
fut le meilleur des élevés de Van^
dyck. Il forma fa manière fur celle
de fon maître , & il a affez bien
faili fon coloris -, mais il n'a pu
atteindre à la même fineiî'e de def-
iln. On voit peu de tableaux de
chevalet de Lancjean, Ses prin-
cipaux ouvrages font des fujets de
dévotion, peints en grand.
LANCISI, (Jean-Marie) né à
Rome en 1654, mourut dans cette
ville le 21 Janvier 1720 , à 65
ans y profeffcur d'anatomie au col*
L iij
i66 LAN
lege de la Sapience, médecm &
camérier fecret à! Innocent XI & de
CUmau XL 11 exerça fes emplois
avec beaucoup de fuccès* 11 étoit
bon obfervateur , & il ne fe pref-
foit point d'accabler fes malades
de remèdes , lorfque la nanire lui
paroiflbit devoir agir. 11 laiila une
nombreufe bibliothèque , qu'il don-
na à l'hôpital du Saint - Efprit , à
condition ' qu'elle feroit publique.
•La plupart de fes Ouvrages ont été
imprimés à Genève en 1718 , deux
Yol. in-4° , réimprimés en latin en
1739 , in-fol. On y trouve difFé-
rens Traités curieux : fur les morts
fubites , fur les mauvais effets des
. vapeurs de marais , fur le ver fo-
litaire, fur les maladies épidémi-
ques des beftiaux , fwr la manière
dont les médecins doivent étudier.
On a encore de lui une édition de
la Metallothcca Vaticana de Michel
Mercatl , Rome, 1717 , avec un Jp-
paidlx' de 1719 , qui manque à plu-
sieurs exemplaires.
L ANCRE, ( Pierre de ) eft au-
teur du Tableau de Vînconftunce des
mauvais Ang^s & Démons , à Paris y
171 3 , in-4**. Il y faut une figure
du fabbat pour qu'un bibliomane
acheté cher cette rapfodie.
LANCRET , ( Nicolas ) peintre
Parifien , né en 1690 , mourut en
1743 , dans fa 54^ année, aimé &
cftimé. Il eut Wauiau pour maître ;
nais il ne faifit ni la fineife de fon
pinceau, ni la délicateffe de fon
deflin. lancret e& k fTatteau , ce q}ie
JUcher dH à la Fontaine, Il a fait
pourtant plufieurs chofes agréables
8c d'une compofition riante. On a-
gravé plus de 80 fujets d'après fts
tableaux.
L ANDA , ( Catherine ) dame de
Flaifance , écrivit en 1526 une Let-
tre latine à Bembo , qui fe trouve
- avec celles de cet habile homme.
Elle étoit fœur du comte AuguJUn
ftando , & femme du comte Jean
LAN
Fermo TrivuUlo, Elle fut célèbre pw
fa beauté auffi - bien que par fa
fcience.
LANDAIS, ( Pierre ) fils d'ua
tailleur d'habits de Vitré en Bre-
tagne , entra en qualité de garçon »
l'an 1475 , au fervice du tailleur
de François II duc de Bretagne. Ce
fut par ce canal qu'il eut entrée dan?
la cKambre du duc , & qu'il fe fit
aimer de ce prince , qui lui fit con-
fidence de fes plus grands fecrets.
Ainfi Landais , après avoir paiTé par
les charges de valet 6c de maître de
la garde-robe du duc , parvint à
celle de grand-tréforier , qui étoit
la première charge de Bretagne. Mais
s'étant laiffé aveugler par fa bonne
fortune , il abufa de fon pouvoir ,
opprima les innocens , perfécuta
les barons , trahit l'état & s'enrichit
par mille vexations. Ses crimes irri-
tèrent tellement lc& barons & le
peuple, que le duc , pour avoir la
paix , fiit contraint de livrer Lan-
dais au chancelier Chrlfdan , qui le
condamna à être pendu *, èc il le
fut en 148 y.
LANDE , Foyei Lalande.
LANDEAU, Voy, Elshainler,
LANDES , Voy, Deslandes.
LANDINI, (ChriftopHe) litté-
rateur Vénitien , affez habile pour
fon temps , viyoit au xv® fîecle-
Ses. ouvrages font cependant plus
recherchés pour le temps auquel
ils ont été imprimés, <jue pour
leur bonté réelle. Il a traduit l'Hif-
toire naturelle de Pline. Sa Verfion,
qui n'eft pas toujours exafte , fut
imprimée par Jenjfon à Venife en
1476 , in-fol. En 1482 on imprima
à Florence , in-fol. , fes Commentai-
res latins fur Horace. Ils ont été
réimprimés plufieurs fois depuis;
mais la première édition efl la plus
recherchée. On lui doit aufli des
Notes fur le Dante , qui ont été
jointes à celles de Vellmello furie
même auteur par Sanforino» &c
LAN
lANDO , ( Ortenfio ) médedtt
Nilanois du XYi* fiecle^ auteur
de plufieurs ouvrées , fe plaifoit
à les publier ibus des noms fiip-
pofés. On a de lui : I. Un Dialo-
gue intitulé Fortîana. QuttJHones ,
où il examine les mœurs & l'eTprit
des divers peuples d'Italie , & où
il prend le nom de PhllaUthes PoU-
tkopunfis y Lovaniî ,1550, in«8°. II.
Deux autres Dialogues , l'un inti-
tulé CicERO ftU^atus , & l'autre
CxcERo revocatus , qui ont été fauT-
Tement attribués au cardinal Jiéan-'
drt. Ils parurent à Lyon , où Lando
étoit alors, en 1534 , in-8®. IIL
Plufieurs de fes Opufcules ont été
réimprimés à Vemfe , en 1554,
fous ce titre : Varu componimmti
d*0nenfi4> Lando , clôt dialoghl , no-
vtlU , favoU ; c'eft un vol. in-8°.
LANDON , papie après Anaftafi
///en 914^ mourut à Rome après
6 mois de pontificat , le 16 Avril
915. Soumis aveuglément aux vo-
lontés de la femeufe Theodora , mère
de Marofie , il ordonna ardievêque
de Ravenne le diacre Jean , un des
Êivoris de cette femme impérieufe.
La mort enleva ce Êintôme de pon-
tife peu de temps après , & lui épar-
gna le fpeâacle des mépris qu'il
mcritoit pour cette vile aâion ; mais
elle ne le mit pas à couvert de ceux
de la poftérité.
/. LANDRI ^ maîre-du-pal^s de
Clçtairt , fut le défendre pendant
û jeuneiTe contre Chlldeben, Les
ramées étoient en présence : £<w-
drî fit avancer vers le camp de C/u7-
àthtn quelques troupes, avec des
tamées qu'elles plantèrent; de forte
que les gens de Childebcn s'imagi-
notent être auprès d'un bois-taillis.
Mais , au point du jour , les fol-
dats de Landri forôrent de ces feuil-
lages , & attaqueremû bioifquement
ceux de ChUdtben , qu'ils les mirent
en 6iite l'an 593. Landd paâbit
fom l'anunt de Fréieffmdc mère de
LAN 1^7
ChtaXrt i mais fi fon courage fit par-
donner ies galanteries , il ne lui
fit point pardonner l'aiTafiinat de
Chilperic , dont il fut accufé. Qj Voy^
Frédeoonde. ]
//. LANDRI, (S.) évêqiiede
Paris , fignala fa charité durant la
grande ùmine qui afiîégea cett«
ville l'an 65 1. Ce fut lui qui fond»
vers le même temps l'Hôpital qui
dans la fiiite a pris le nom à' Hôtel"
JDUu. Après fa mort-, fa précieufe
dépouille fut dépofée dans l'églife
de Saint-Germain-rAuxerrois , qui
alors étoit fous l'invocation de S.
Vincent.
I. LANFRANC , fils d'un con^
feiller du fénat dePavie, paiTaen
France après s'être diftingué par
fon efprit en Italie. Il profefTa d'a-
bord à Avranches avec difiin^on ^
mais ayant été pris par des voleurs
qui le laifierent attaché à un arbre »
en allant d' Avranches à Rouen ^ il
quitta le monde , & fe confacra à
Dieu dans le monafiere du Bec »
dont il devint prieur. Il çA célèbre
par le zèle avec lequel il combattit
les erreurs de' Bérenger au concile
de Rome, en 1059, & dans plu-
fieurs autres conciles. Gul/laume ^
duc de Normandie , le tira de fon
monaflere , pour le mettre à la tête
de l'abbaye de Saint - Etienne de
Caen , <|u'il venoit de fonder. Ce
prince étant monté enfuite fur le
trône d'Angleterre , appela Lanfranc^
& lui donna Tarchevêché de Can-
torbery en 1070, Il mourut le 8
Mai 1089, illuftré par fes vertus ,
& par fon zele pour le maintien
de la difcipline, des droits defoiv
égliie & des immunités eccléfiafii*
ques. Il fîit regardé à la fois comme
un homme d'état habile, & comme
un prélat favant. Ses Ouvrages ont
été recueillis par Dotad'Aekerlyen
1648, in-^ol. On y trouve : I. Son
Êimeux TraUc du corps & du fang
d0 Nafrç'Sàpicuf « contre Biwiger^
L iv
t6S LAN
II. Des Commentaires fur S, Paul,
III. Des Notes fur CajUn. IV. Des
Lettres,
IL LANFRANC, médecm deMi-
lan , profeiTa en cette ville la mé-
decine & la chirurgie. Cependant il
y eiTuya de grandes perfccutions ,
dont il ne dit point le fujet : il fut
même arrêté & mis en prifon -, mais
le vicomte Matthieu lui permit de
fe tranfporter où il jugeroit à pro-
pos ; & ayant choiû la France , le
vicomte l'y fit conduire. 11 fut
appelé en divers lieux du royaume ,
& demeura quelque temps à Lyon.
L'an 1195 il fut appelé à Paris par
plufieurs feignetirs & maîtres en mé-
decine-, mais particulièrement par
maitre Jean de Pajfavant & par les
bacheliers en médecine, pour lire
publiquement la chirurgie & démon-
trer les opérations de cet art. La
chirurgie étoit entièrement aban-
donnée aux barbiers. Il fit naître
une claffe mitoyenne entre les mé-
decins & les barbiers, qui joignoient
la pratique des opérations manuelles
à la fcience médicaïe , comme fai-
foit Lanfranc : c'éfl ce' qui a donné
lieu au Collège des Chirurgiens de
Saint' Corne à Paris , qui a commencé
du temps de 5. Louis, On a de lui :
Chirurgla magna & parva , Venife,
1490 , in-fol. & plufieurs fois de-
puis , dans l'édition de Lyon 1553,
on y trouve Gui de Chauliac^ &
au^es anciens chirurgiens.
m. LANFRANC , ( Jean ) pein-
tre., né à Parme en 15Ô1 , mort à
Bqme en 1647 à 66 ans , fiit d abord
page du comte Scottl; mais étant
né avec beaucoup de difpofitions
& de goût pour le deiBn , il en ^-i
foit fon amufement. Le comte s*en
apperçut, & le mena lui-même
dans l'école à'Auguftln Carrache, &
depuis dans celle d'Annlbal Carra"
die. Les progrès rapides que Lan^
franc foifoit dans la peinture , lui
|ïc<2uireat bientôt un grand nom ,
LAN
& lui méritèrent la dignité de chè^
valier. Ce peintrfe avoit une imagi-
nation vaâe , qui exigeoit de grands
fujets. Il ne réuiMbit que médio-
crement aux tableaux de chevalet.
LANG, (Jean-Michel) né à £zel«
vangen dans le duché de Sultzbach ea
1664, obtint la chaire de théologie
à Altorf. Mais s'y étant attiré des
ennemis , il quitta cette place & alla
demeurer à Prentzlow, où il mourut
le 20 Juin 173 1 , à 67 ans. On s
de lui : I. Philolo^a Barharo^Grétca »
Notimbergae , 1708 , in-4**. II. Dlf--
fcrtaùcnes Botanîco - Theolo^œ , Al-
torfia, 1705 , in-4**. III. Plufieurs
Traités ladns fur le Mahométifine'
& l'Alcoran : De fahuûs Mohammc
dlcls, 1697 , in-4°. Ces livres fi^nt
peu connus en France ; ceux qui
les connoiiTent en font cas.
LANGALERIE , ( Philippe de
Gentils ,. marquis de ) premier baron
de Saintonge , d'une famille diftin-
guée de cette province , fe confacra
aux armes dès fa jeunefie, fit 32
campagnes au fervtce de Firance ,
donna dans chacune de grandes
preuves de valeur, & parvint au
grade de lieutenant-général en 1 704,
Des mécontentemens , occafionnés
par les perfécutions du minifire
Chamîllan^ fon ennemi , l'obligè-
rent de paiTer au fervice^'de l'em^
pereur en 1706. Il obtint l'emploi
de général de la cavalerie \ mais il
ne le garda pas loi^-temps. Soit
inconfiance, (bit mécontentement,
il quitta l'empereur , pafia en Po-
logne , où il fiit £ût général de la
cavalerie. Lithuanienne, & ne fut
pas plus tranquille. Il fe retira à
Francfort , laiUant un pays où le roi
Augufle n'étoit pas afiez abfolu pouift
tenir tout ce qu'il lui avoit promis*
Après diverfes courfes , à Franc-
fort , à Berlin , à Hambourg , à
Brème , &c. , il trouva une dpece
d'établiffement à Caffel , par la pro-
te^on du prince héréditaire 4ft
LAN
Heiïe. Le Landgrave étant mùtt ,
iMpalerîe partit pour la Hollande ,
où il fe lia très - étroitement avec
i'Âga Turc , ambaiTadeur à la Haye ,
qui couclut un traité avec lui au
nom du grand-Seignéur. On n'en
a jamais bien Tu les articles ; mais
en général on croit qu'il s'agifibit
ë'une defcente en Italie , dont le
marquis devoit commander les trou-
pes. Il paflbit à Hambourg pour
^e préparer des vaifTeaux, lorfque
l'empereur le fît arrêter à Stade en
1716. On le conduifit à Vienne ,
QÙ il mourut de chagrin le 20 Juin
1717, à 61 ans. Voici comme le
peignoit le duc , depuis marédial
de NoaU/es , dans une lettre à Lou^
yow , du 8 Juillet 1690 ', »» Ceft un
^ homme enivré de lui-même , qui
»» veut le commandement en chef.
" 11 n'eft pas permis de n'être pas ,
»» de fon avis , fans s'expoier à fes
>♦ emportemens. Il fe croit engagé
** à fe jufHfier à tout le monde ,
» des mauvaifes démarches que je
^ fais , parce qu'il prétend que tout
M roule fur lui , & que je ne dois
« rien Ésiire que ce qu'il me pro-
^ pofe ; & il le dit ainii m. Cette
jaloufie du pouvoir, jointe à fon
efprit bizarre & inconfidéré , furent
la fource de toutes fes fautes. Il a
paru en 1753 des Mémoires duMar-
fus de Langalerie , Hlftoire écrite
fOr lui-même dans /a ptîfon à Vienne ^
in-ii , à la Haye. Cette prétendue
hiftoire eft un roman qu'on a voulu
débiter à la âveur d'un nom connu :
Itt noms , les ^ts , les dates , tout
en démontre la ÊniiTeté. On pré-
tend que le marquis de Langalerie\
avoit fait le projet impie de raf-
fembler dans les ides de TArchipel
les reftes infortunés de la nadon
Hébraïque.
LANGBAINE, (Gérard) né à Bar-
lon-Kirke en Angleterre , mort le
10 Février 1657 à 50 ans , fiit
pcde dss archives de Vutdyçrôxç
LAN 1^9
d^Ozford. On a de lui plufieurs
écrits , dans lefquels l'érudition eft
femée à pleines mains. Les plus
connus font : I. Une Edition de Lon^
çn en grec & en latin , avec des
notes. II. . Fmdtrîs Scoticl examen ,
en anglois , 1644 , in-4*'. III. Une
TraduHion angloiiê de l'Examen du.
Conci/e de Trenu , par Chemnlt^»
I. LANGE , ( Jofeph ) Langks ;
profeiTeur en grec à Fribourg dans
le Brifgaw , vers 1610 , fiit d'abord
Proteftant , enfuite Catholique , & il
publia au commencement du fiede
dernier la compilation intitulée :
Polyanthea , 1659 , 2 vol. in-fol. Ce
recueil a été long-temps le mafque
dont des auteurs , ou des prédica*
teurs peu inilruits fe font fervis
pour cacher leur ignorance. On y
trouve des paffages fur toutes for-
tes de matières. On a encore de lui r
FloTiUffttm , in-8** , & ElementaU
Matkematictan , in-S^.
II. LANGE , ( Paul ) Bénédiôîa
Allemand , natif de Z\rickau ea
Mifnie , parcourut en 15 15 tous les
couvens d'Allemagne, afin de re-
chercher des monumcns. Il eft au-
teur d'une Chronique des Evê^ues de
Zeiti en Saxe , depuis 968 ji^qu en
1515; , imprimée dans le 1" tome
des Ecrivains d'Allemagne. Il y loue
Luther, Carloftad & Mélanchton , &
y déclame contre le clergé : c'eft
ce qui Ta rendue û précieufe aux
Proteflans. Ils l'ont citée & la ci-
tent encore avec beaucoup de com-
plaifance ; comme fi les vices des
miniffa-es d'une religion pouvoient
retomber fur la religion même !
ra. LANGE, (Jean) né à Lee-
wenberg en Siléfie Tan 148 c , mort
à Heidelberg en 1565 à 80 ans,
exerça la médecine en cette ville
avec difiindHon , 6c fut médecin de
quatre éiefteurs Palatins. On a de
lui r EpîftoUrum Mcdicina/ium ' opus
mlfcellaneum, 1589 , in-8° -, recueil
rj^pU 4'uac x^C érudition , $C
ï7ô LAN
dont la Itàure eft utile à totLi àttO.
qm Tculent apprendre THiftoire de
fe nature.... Ueft différent de Chrif-
ïïùfkc-Jtan. Lange » autre médecin ^
^ dôntks Ouvtages ont paru i Leip»
zig y 1704 , en trois tomes in-folio ,
& qui n'en eft pas plus connu mal-
gré la grofleur de îes volumes.
. ly. LANGE, (Charles-Nicolas)
habile naturaliile Suifle, a donné en
latin : I. Hlftorla lapîdum fipiratorum
HeLvctU , Venetiis , 1708 , in-4°. II.
^rlgo €orumdcm^ Lucernas , 1706,
in-4^.. III. Methoius tcJUcea marina
dijirihvendl , Lucernx, i722,in-4**.
Ces ouvrages, & fur-tout le "pre-
mier,, font recherchés par les na-
turalifleSb
V. LANGE , (Rodolphe) gentil-
ftonanc de ^eftphalie & prévôt
d£L la cathédrale de Munfi^er , fut en-
voyé par fon évêque & par fon cha-
fitre vers le pape Sixu IV ^ pour
une affaire importante , & s'acquitta
ttès-bien de fa commiffion. A fon
retour , il fit établir un collège à
Muniler* Lange fut y par cetétablif-
ïément & par fes écrits , le princi-
pal refiaurateur des lettres en Aile*
snagne. On a de lui plufieurs Poë-
xnues latins , ( fur U dernier fiege- de
JéfufaUm i fur la Ste. Vùrge; fur 5.
Paul, ) que Ton ne croit pas avoir
été imprimés. Malttairé en indique
cependant une édition de Munfter,
i486 , in-4°. Lange mourut en 1 5 19,
à S I ans » pleuré de fes concitoyens ,
«Font il ^avoit été le bien^teur &
la. lumière.
VI. LANGE , (François ) avocat
au parlement de Paris , natif de
' Reims , nnort à Paris le 1 1 Novem-
I>re 1684^4 74 ans, s'eil fait un
■nom par le livre intitulé ; Le Pra-
ai (ùen François , 2 vol. in-4° , 175 y.
L ANGEAC , ( Jean de ) né d'une
ancienne maifon à Langeac, ville
•te la baffe Auvergne , acheva fes
études à Paris, & embraffa l'état
ecdéiiaûique, La quantité de béné-
LAN
fîcds qu'il pofféda eil étonnante r
on le voit fucceffîvement précen*
teur de l'Hôtel-Dieu de Langeac 4
curé de G>utange , conte de Briou-
de , doyen du chapitre de langeac ^
archidiacre de Retz, chevecier de
l'églife du Puy , comte de Lyon>
prévôt de Brioude , abbé de Saint*
Gildas-des-Bois , de Saint -Lo, de
Charli , d'Eu , de Pébrac *, & exifîi»
évêque d'Avranches , & enfuite de
Limoges» Dans l'Etat on le voit
paroître fous les qualités de pro^^
tonotaire du faint-Siege , de con-
feiller au grand-con£eil : François 1 ^
qui l'aimoit y le fit fon aumônier eo .
1^16, maître des requêtes en i $ iS ^
ambaffadeur en Portugal , en Po-
logne , en Hongrie » en SuiiTe ^
en Eco^e , à Venife , à Ferrare , ci»
Angleterre v & enfin à Rome. Cette
- multimde d'emplois, accumulés fur
la même tête', indique un homme
important & d'un talent peu cora*
mun. Ce fîit à fa recommandation
que Robert Cenalîs luf fuccéda es-
l'évêché d'Avranches. Dans tous
les lieux où il fe trouva , il ne fut
occupé que du bien public. Sa mé*
moire fubfifle encore à Limoges «
où on rappelle le bon. Evêque. II
foutint vigoureufement les droits
du roi dans tous les pays où il fiit
envoyé , & défendit avec la même
force à Rome les libertés de TEglife
Gallicane, Il aimoit & protégeoit
les lettres, Etienne DoUt lui dédi»
fon Traité De Legads , imprimé à
Lyon en 1^41 in-S**. Ce digne pré-
lat mourut la même année à Paris »
très-regretté. -
LANGEVIN , ( Eléonor ) doc-
teur de Sorbonne , natif de Caren- -
tan , mort en 1707 , efl auteur d'un
livre intitulé : L'InfalUibilîté de L^E^-
gUfe touchant la foi & Us mcturs »
contre Mafius , profefTeur de Copen*
bague; Paris, 1701 , 2Vol.in-i2,
Peut-être étoit-il de la âanille de
RaoulLdflfM^riify chaaoiftçdt
LAN
Biyetix, qui coxnpofa en 1169 le
funcux Gutulaire de cette Eglife ,
£ connu fous le nom de fon au-
teur. C'eft une compilation des fta-
tuts, ufages & cérémonies qui fe
pratiquoient de fon temps dans cette
cathédrale, à qui elle fert encore
de loi. Ce manufcrit précieux fut
préfcrvé, par le plus grand bon-
heur , des horribles ravages des
Protdftans en 1562.
LANGEY, Voye;^ IL Bellay.
LANGIUS ou Langue , ( Char-
les ) ne, félon quelques-uns, à Gand,
& félon d'autres , à Bruxelles , fut
chanoine de l'églife de Liège , où il
mourut dans uri âge peu avancé , le
29 Juillet 1573. Il fut étroitement
lié avec Ju/k-Up/e & plufieurs au-
tres favans de ion temps. Langlju
étoit très-verfé dans le grec & le
latin , bon poëte , & l'un des plus
judicieux critiques de fon fiecle ;
tous ceux qui en ont parlé , con-.
viennent qu'il réuniiToit en lui une
érudition extraordinaire ôc une piété
très-exemplaire. Nous avons de lui
des Commentaires fur les Offices de
Cicéron , fur les Comédies de Plante,
& plufieurs Pièces de vers.
LANGIUS, royei Lavge.
LANGLADE , Voye^ IL SERRE.
1. L ANGLE ( Jean-Maximi-
lien de) miniftre Prote(lant,^néà
Evreux, mourut en 1674, âgé de
84 ans. Il a laifle 2 vol. de Ser-
mons y & une Dijfcrtatîon pour la dé-
fenfe de Charles I, roi d'Angleterre.
IL LANGLE , ( Pierre de) né à
Evreux en 1644 , doûeur de Sor-
bonne en 1670 , fut choiiî , à la fol-
Hcitation du grand ^Sc^/^uât fon ami,
pour "précepteur du comte de Tou-
loufe. Louis XIV le récompenfa en
1698 de fes foins auprès de fon
élevé, par l'évêché de Boulogne.
Ce diocefe prit fous lui une face
nouvelle ; il y fit fleurir la fcience &
là vertu , & l'inftruifit par îes le-
f oQs %i fçs exemples. Le Mande-
LAN ijt
ment qu'il publia en 171 7 , aufujet
de fon appel de la Bulle C/nigenitus,
caufa fa difgrace à la cour , & excita
des troubles dans fon diocefe. Les
habitans de Calais fe fouleverent;
ceux de Quern^ en Artois le re-
çurent, dans une vifite, à coups
de pierres & à coups de bâton. Ca
prélat fut inflexible *, il s'oppofa
avec l'évêque de Montpellier Col-»
bert, à l'accommodement de 1720.
Cette démarche irrita le régent, qui
l'exila dans fon diocefe. Il y mourut •
le 12 Avril 1724, à"^o ans. Dont
Af<;/?//iuf, Bénédiftin de la congié- •
gation de Saint-Maur , fit les quatre
vers fuivans en l'honneur de ce
Êimeux évêqûe de Boulogne :
Si ptuas , fi Religlo , fi régula yeri
Non périt , Memàm vives , venerande
Sacerdos :
Hos clneres , hac ojfa fihl Deus^m^ ■
timus ho/pes, ■ *
Confecrat , & Chrlfti fefyat jungendéi ■
trlumpko,
I. LANGLOIS, (Martin) bour-
geois de Paris , mérite une plaça
dans les faites de la patrie , par fa
fidélité à fon roi pendant le fiege
de Paris que faifoit Henri IV y &
par le fervice fignalé qui en fut la -
fuite. Il réuniffoit l'office municipal
d'échevin de la ville & celui de •
prévôt des marchands. Il employa
tout fon crédit pour faire triompher
la caufe du fôuverain légitime , fans
ménager aucunement ceux du parti
oppofé en qui réfidoit le pouvoir. \
On en voit une preuve non équi-
voque dans l'entretien très-orageux
qu'il eut avec une des têtes les plus
fanatiques qui ait fermenté du temps
de la Ligue, Ecoutons l^lerre de l'E-
tolle.... [ Le Mercredi 19 Janvier
1 5 94 , le cardinal PelLevé ayant ren-
contré au Louvre le prévôt £j»-
glols , lui dit : On ne vous voit pas
f cuvent à la Mejfs des Etftts, » 6* ro«f
17» LAN
j daie\ vtnlr, m Je vais , répondit
» Languis, à lameiTe de ma paroif-
>»&♦>♦■ — Vous ne faites pas votre
^harg^y. répliqua le cardinal, — »»Je
» penfe , repartit Lan^Lls , faire ma
» charge auffi bien & mieux que
» ne £aites la vôtre, m — Ne me n-
^^mmoiffe^vous donc pas pour être votre
srçkevéque > lui demanda le cardinal
transporté de colère ? — »» Mais que
w vous ayez , répondit Langlolsy
t» kk éieàion de l'un des deux ar*-
» chevêches de Sens ou de Reims ,
>* aloes je voits reconnoîtrai pour
*» tel y & non plutôt «. — // vous
fwt éUpoftr > reprit le cardinal : ^z^-
hîea vous eonnoit^on trop^ & chacun
/att le lieu d*ou vous vene^. — «On
» m« connoît bien »voiremem pour
>» Homme de bien y dit Langloîs ; &
» pour le regard du lieu , je veux
» bien queùchiez que je fuis d'aufR
» bonne maifon & meilleure que
m vous n'êtes. Quant à me dépo-
y* £er, il n'eft pas en votre puif-
•♦ fence» ni d'homme qui vive ; il
♦• n'y a que le peuple qui m'a élu
9^ qui me puiffe dépofer. Au refte ,
w Je n'ai que fciire de vous , & ne
» vous connois & refpefte , que
>» pour la couronne que vous avez
w fur la tête. Je fais que vous avez
w force évêchés -, mais^on ne voit*
V» pas que vous vous en acquittiez
9* comme il faut... i(. Et ainfî fe
départirent.] Deux mois après , Lan-
glots redoubla de zèle & d'efforts
pour faire entrer Henri IV dans Pa-
ïiç , & ce fut par fes foins bien con-
certés avec Brijfac , gouverneur de
cette capitale , & de quelques autres
bons citoyens , que le père des
Bourbons & des François fit fon en-
ttée fecrete & triomphante dans
Paris, la nuit du 21 au 22 Mars
1594 , fans prefque répandre de
fang : il n'y eut qu'un corps - de -
garde Efpagnol & 3 bourgeois de
tués; ce qui affligea beaucoup le
roi. Il répéta Couvent depuis , qu'f/
LAN
eât voulu racheter pour beaucoup la vie
de ces trois Citoyens ^pour avoir lafatis-^
faction de faire dire à la pojiérlté qu*ll
avoit pris Paris fans verfer une goutte
de fang*,., /^e«ri récompenia dans la
fuite le brave & fidelle Lang/ois par*
une charge de maître des requêtes v
& fon nom parviendra à la pofté-
rité , uni à celui de Brijfac, Langlois
même , comme homme obfcur ea
comparaifon de ce dernier , dit un
écrivain , paroit avoir fervi Henrt
d'une manière plus déiintérefîee &
plus noble.
//. LANGLOIS ^(Jean-Baptifîe,
ou /(î/o/i</'<Mtfr«, Etienne) Jéfuite^
né à Nevers en 1665 , & mort ea
1706 à 43 ans, publia divers écrits»
oubliés aujourd'hui » contre ledi»
tion de S. Jugufiin , donnée par les:
Bénédidïins de Saint-Maur... [ Voye^
Massuet. ] Nous avons de lui na
ouvrage plus cfîimable par les re-
cherches que par le flyle. C*eft foa
hijtoirt des Croifades contre les Alhv^
geoisy à Paris, 1703» in-i2. teut*
être exagere-t-il un peu trop , lor{^
qu'il parle des vices & des erreurs
des Albigeois.
L LANGUET, (Hubert) né I
Vitteaux en Bourgogne l'an 15x8,
étudia en Italie , & pafla de là ea
Allemagne pour voir Mélanchthon^
Cet homme célèbre lui infpira lea
erreurs de Luther, Après la mort
de Mélanckthon ^ Languet fe retira
auprès à'AuguJh , électeur de Saxe ^
qui lui coniia les négociations les
plus importantes. Envoyé en France
en 1570, il fit une harangue élo«
guente & hardie à Charles IX , aa
nom des princes proteftans d'Al*
lemagne -, ( elle fe trouve dans les
mémoires de Charles IX ) Si Iq
jour du maffacre horrible de la 5iwr.r*
Batthélemi , il ne craignit pas d'expo-
fer fa vie y pour fauver celles de
DupleJpS'Mornai & d* André Wéchcl ^
fes amiis. Les différens furvenus
en Saxe entre les Luthériens ôc log
LAN
Zulngllensfurl'Euchariftle, l'obli-
gèrent de demander fon congé au
duc de Saxe , dont il étoit un des
premiers miniftres. II mourut à An-
vers le 30 Septembre iç8i, 363
I ans , au {ervice du prince d* Orange ,
I qui faiToit de lui un grand cas.
j « Longuet fut, ( fuivant la penfée de
♦» DupUgis'Momal , ) ce que bien des
^ gens tâchent de paroitre *, & il
•* vécut de la façon que Us gens
^ de bien veulent mourir, u Ses
voyages lui avoicnt appris à
connoître le inonde & à le mé-
prifer. Il le quitta fans regret, panz
f«, dit-il dans fes derniers mo-
mens, loin de devenir mû/leur, il em-
pÎToit toujours, Conune il n'ambi-
ëonna jamais les richeiTes , il ne
laifla à fes héritiers qu'environ mille
livres avec quelque vaifTelle d'ar-
gent, des médailles & fa biblio-
Aeque. Il n'avoit jamais voulu fe
marier, de peur qu'iuie femme n^
troublât les plaifirs du cabinet-, il
ctoit cependant bien fait pour la
rendre heureufe. Sa douceur lui ga-
gnoit tous les coeurs. Sa convér-
lation étoit très-agréable, & il l'af-
faifonnoit dufel d'une raillerie fine
& délicate. Mais il étoit ii ennemi
du menfonge, qu'il Tévitoit même
en badinant. Quand il parloit fur
les intérêts des princes &fur l'hif-
toire des hommes illuAres, on
voyoit bien que c'étoient des ma-
tières qu'il avoit étudiées à fond.
Sa mémoire ne bronchoit jamais , ni
fur les feits , ni fur les noms , ni
fur les dates. L'étude qu'il avoit
^te des hommes dans le monde
^dansThiftoire, lui donnoit beau-
coup de facilité pour pénétrer leurs
deffeins fie pour prévoir les évé-
nemens. On a de lui plufieurs ou-
vrages j les principaux font : I. Des
Rtcudls de Lettres en latin , à l'é-
leâeur de Saxe , publiées i Hall ,
in -4®, en 1699; à Camerarïus ^
^e & EU , imprimées en x68^ ,
LAN xji
à Francfort, in-ii; an dieralier
Ph. Sidndj nvifes fous {^efle -tm
1646, ift-l2. IL V'mdlcUe contrm
Tyrarmos ^ publiées fous le noa
de Stepharuis Junhu Brmus^ '(79«
in-8° -, traduites en françois # 1 y 81 ,
in-8^ C'eft la produOioa d'un té^
publicain qui ne ménage rien^ flt
^ui penfefur les monarques , commç
on parloit dans le fénat de Rome'
après l'expulilon des T»qwu. O»
doit interdire la leéhu-e^le ce Hrre«
fur-tout dans les états monarcls*
ques, aux caraâeres r^vêches &
aux têtes chaudes. III. Unt relaâam
de l'expédition de l'éleé^eur JU^
gfifie , contre Guillaume Grwnhacb îBC
autres révoltés de Saxe, ^rec
VHîJhîre de ce que fît l'emper^vr
contre ce prince ; l'çéi, in-4°, ÏV*
On lui attribue V Apologie duprTna^
d'Orafige contre le roi d* Ef pagne ^
15 81, in-4^.^ Sa Vie a été écme
par la Mare , confeiller au ^acle-
mcût de Dijon ; HaU , tjoo ^
in- 12.
IL LANGUrr, (Jeaa-Baptifle-'
Jofeph ) arrière - petit - neveu da
précédent, naquit à Dijon en 1675^
du procureur-général auparlemenc
dé cette ville. Il prit le bonnet de
dodleur de Sorbonne en «703, 4SC
obtint la cure de Saint-Sulpice em
1 7 14. L'églife de fa paroiâe n'étois
guère digne de la capitale h <om
vouloit la rétablir , & on avoit iléj'à
confhruit le choeur-, mais le Tcflc
étoit imparfait. L'Abbé Langueticon^
çut le Tafle déffein «d'ilever ina
Temple capaible de contenir ies
nombreux paroiffiens. Il entreprit
ce grand ouvrage , n'ayant d'autre!
fonds qu'une fomme de 100. écQs«
Il employa cet argent à acheter
des pierres, -qu'il étala dans le*
rues pour annoncer fon defTein an
public. Les fecourff liu vinreor
aufli-tôt de toutes parts; & le éxc
d' Orléans j régent du royaiane, luî
accorda une loterie* Ce priace
i7« L A K
freine de traits édifîans « nutîs où
Ton trouve trop de pucrilitès &
d'indccences :j£SUS-CKaiSTy
convoie avec cette religieufe , dans
le ûjle de Baruyer; & ce qui met
le comble à l'abfurdité , il ùit des
vers pour elle. Si l'archevêque de
Sens eft le véritable auteur de ce
pieux roman , que faut*il penfer de
lui> & s'il ne left pas , & qu'il l'ait
adopté fans en îentir l'extrava-*
gancc, qu'en faudroit-il penfer
auffî , £i, Ton ne favoit que l'efprit
le plus fa^e iè laifTe féduire quel-
qndbis par l'enthoufiaûne d'une
dévotion trop ardente? II. Une
TraJu^on àts P/eaumes ^ inrii. III«
Vne Réfitaûon^ in-i2, peu folide
& peu judiciéufe, de l'excellent
Traité de Càutdc dt Vert , tréforier
de Cluny , fiv les cérémonies de
l'Eglife. IV. Dsts Livres dt PUtd^
qui n'ont pas aûez d'onâion. V.
I>es Remarques fur le ùrneux Traité
du Jéfuite Pîchon , touchant la fré^
qiients Communion. VL Plufieurs
Vifcours^ dans les recueils de l'Aca-
démie Françoife. Ils prouvent qu'il
«toit très-capable de compofer lui-
même fes ouvrées. Son ftyle eft
un peu diffus, mais clair, naturel,
élégant, & afiez noble.
LANNOY, (Charles de ) d'une
des plus illulhres maifons de Flan-
dres, fut chevalier de la Toifon-
d'or en 1 5 16 , gouverneur de Tour-
nai en 15 II» & vice-roi de Na-
ples pour l'empereur CharUs^Qmnt
en 1522. U eut le commandement
général des armées de ce prince ,
après la mort de Profptr Colonne, en
1523. Il s'immbrtaliîa à la journée
de Pavie , en 152c : journée à ja-
mais célèbre par les malheurs de
François L On fait que ce prince ,
après avoir fait tout ce qu'on pou-
voit attendre de l'homme du mon-
de le plus intrépide y fiit forcé de fe
rendre ; mais il ne voulut fe rendre
igu'au Vice-roi. Monjwdc Lannoy,
LAN
(lui dît-Il en italien « ) voila Pipii j
d*un Roij qui mérite d'être loué^puif»
qu^ avant que.de la rendre, il s'en efi
fcTvi pour répandre le fang de plufieurs
des vôtres , & qu*il n'eftpas prtfonnler
par lâcheté , mais par un revers de
fortune,,, Lannoy fe mita genoux,
reçut avec rdpe£^ les armes du
prince, lui baifa la main, & lui
préfentant une autre épée : Je prie ,
dît-il^ Votre Majefié d*agréer que Je
lui donne la mienne ^ qui a épargné U " \
fang de plufieurs des vôtres. Il ne eon* I
vient pas qu'un Officier de V Empereur \
voie un Roi défarmé ^ quoique prifon-* '
nkr. Le généreux Lannoy traita
toujours François I en roi. Crai-
gnant que fes troupes n'entrepriiTent
de fe faiiîr de la perfonne de c6
prii^ce pour s'aflTurer de leur paye-
ment , il le fît mener dans le châ-»
teau dePizzighitone. Enfuitè, pour
l'eng^er à pafTer en Efpagne , il
le flatta de l'efpérance qu'il pour-
roit s'aboucher avec l'empereur,
& qu'ils s'accorderoient facilement
enfemble ; lui promettant qu'au
cas qu'ils ne puâent convenir , il
le rameneroit en Italie. Le traité
ayant été fait entre Charles- Quint
& François /j^^ce fut Lannoy qui
Conduifît le roi près de Fontara-
bie , fur le bord de la rivière dô
BidafToa, qui fépare la France de
l'Efpagne. L'Empereur Charles-QuInt
lui donna la principauté de Sulmo-
ne, le comté d'Aft, & celui delà
Roche en Ardenncs. II. mourut à
Gayette en 1 5 27 , d'une fièvre ar-
dente qui l'emporta en 4 jours*
Lannoy étoit un général réfléchi «
mefuré , capable de décider la vic-
toire par fes talens militaires au-
tant que par fon courage. Propre
au cabinet comme à un champ de
bataille , il favoit traiter une né-
gociation & ménager une affaire....
On connoît encore de cette famille
diflinguée Raoul de Lan s 01^ qui fer-
vit avec diflin^on fous Louis XL
LAN
Ce hrave guerrier étoit monte i
l'haut , à travers le^er & la flam-
me , au ilege du QueTnoy . Lcms XI ,
qui fut témoin de fon ardeur , lui
paila au cou une çhauie d'or de cinq
cents ccus , en lui difant : Par la
Piqub-'DUu^ mon ami ^ vous €te$ ux>p
furUux ui CQtnhats ; il faut vous en-
chaîntr : ou je ne veux point vous per^
ire , &jc éUfirc dèmefervlrdt vous plus
i*unefois. Les deTcçndaos de £<umoi
cm porté long-temps une chaîne
autour de leurs armes, en mémoire
de cette aâioa. ->
LANGUE, roy<^NouE.
LANSBERGU£ ou Landsber-
GHE (Philippe) mathématicien ,
né à Gand en 1561 « fut pendant
quelque temps mimftre à Anvers.
Cette ville étant rentrée fous Tobéif-
ûnce de Philippe II» le 17 Août
içSj , il fe vit obligé de chercher
un aûle dans les Provinces-Unies.
11 y fut miniilre à Ter-Gocs , en Zc-
lande « & iê retira fur la fin de fes
jours à Middelbourg , où il mourut
en 1631 , à 71 ans. On a de lui :
L Une Chronoioffc facréc , Middel-
bourg , 1645 , in-4°. IL Progymnaf-
mata Jftronom* njUtutct , 1619 , in-
4°. IIL Commçntarîus in motutn terrx ,
dans le précédent. Il s'y déclare
pour le fyftême de Copernic. IV.
Tabula motuum CaUfium ptrpetate ,
Middelbourg, 1633, in -fol. On
dit qu'il travailla quarame ans à ces
Tables. V. Litroéucîio in quadranum
tum afironomicum tum gcometriatm ,
&cMididelbpurg, 1633 , in-folio.
VI. Uorolopoff'aphia nova , &c. Tous
ces ouvrages ont été réunis^ à Mid-
delbouxg « 1633 , in-fol. Son fils,
Jacques Landsbkrghe, s'appliqua
auffî aux mathématiques ^ & publia
une Apolope des ouvrages de fon
père *, Middelbourg * 1633, in-4®' ;
& mourut en Hollande en 16 ^7. U
ne Ênit pas le confondre avec un
autre Jacques Lakdsberghe ,
connu, par une J^efaiption di in
Tome V.
LAN 177
itUle dt Hulft , La Haye , 1687 , in-
jS'^ ; ni avec N.. Landsberghe ,
habile ingénieur HoUandois , qui
publia La nouvelle manière defortffiir
Us places^ La' Haye, 171a , in-4**.
Cet ouvrage efl curieux par k nou-
veauté du fyftême que Tauteur y
propofe , & par la critique qu'il y
fait des places qui paroifient les
mieux fortifiées.
LANSBERG , ( Jean ) natif d'une
ville de ce nom , en Bavière, fefit
Chartreux à Cologne , mourut en
1539 , av^c le fumom de Jufie^ ëc
laifia un grand nombre d'ouvrages
afcétiques , qui refpirent une piété
tendre. Us ont été recueillis à Co-
logne en 1693 , en 5 vol. in-4°. S^
Entretiens de Jefus^krifi avec PAmû
fidelle 4 ont été traduits en fi-ançois.
L'auteur étoit un homme zélé , qui
travailla avec ardeur à faire rentrer
dans le fein de Téglife , ceux que les
erreurs de Luther en avoient fine
fortir.
LANSIUS, (Thomas) jurifcon-
fuite Allemand t né en 1577 , à Ber-
gen dans la Haute-Autriche , voya-
«gea beaucoup , acquit une grande
coxmoiifance des moeurs & des lois
des différentes nations , & devint
^rofefieur de )urifprudence à Tu-
binge. On a de lui : Orationes , feu
ConfuUado de prîncipam inter Provins
cla^ Eurcpa , Amfterdam , 1636 , in-
8°. Lanfius mourut oûogéaaireen
1657-
LANSPERGE, (Jean) Voyt^
Lansberg,
LANUZA , ( Jérôme-Baptifte de
Sellan de ) fumommé le Dominique
de fon fiecle , naquit à Ixar , dans U
diocefe de Sarragofie en 1553 , fe
fit Dominicain , & devint provin-
cial de fon ordre. Il exerçoit cet
emploi avec beaucoup de diftinc-
«ion r lorfqu'il préfenta une requête
à Philippe III , contre le filence que
les papes avoient f^ement impofé
finies nyttiççsdeld^race, Ceô^
M
• 178 LAN
- requête peut Êiire honneur au zde
4e l'auteur pour la doârine de Saint
Thomas ; mais elle n*en fait pas à
ûi modération. Les pontifes avoient
ordonné le filence , comme on tire
le bois du fieu qu'on veut éteindre.
Si ce fdence n'étoit pas obfervé,
il ùlloit faire punir les rebelles ;
.mais il ne falloit pas s'en prendre
k ceux qui l'avoient impoTé. Ce
: pieux Dominicâiniut élevé en 1616
îurle fiege de Balbaftro , &'en 162:2
. fur celui d' Albarazin. Il mourut dans
cette dernière ville , le 1 5 Décembre
1625 , à 72 ans, après une vie
«emplie par les devoirs d'un évêque
. & par les exercices d'un religieux*
.P^ri%w///faifoit'tant de cas de fa
■ vertu , qu'il le fit prier , à fon avè-
nement au trône , de hii indiquer
les eccléûaftiques & les religieux
qu'il jugeroit dignes des premières
dignités de l'églife. On a de lui :
,1, Défi Traités Evangéllques ^ écrits
amplement & folidement. II. Des
.éiomelUs , en 3 vol. traduites de
-l'efpagnol en latin affez fidellement
par Ouefime de Kia. ^ à Mayence y
'1649 y 4vx>), in-4° -, Ôcenfrançois
par louis Amadton. avec peu d'exac-
:Âtude,
LANZONI , ( Jofq>h ) médecin
& profeffeur àFerrare , membre de
l'académie des Cunsux de la Nature^
naquit à Ferrare^i6^3 , ôcmon-
•Ica dès J'enfance un attrait vif pour
l'étude. La réputation qu'il acquit
dans l'exercice de lamédecine, lui
mérita la confiance de plufieurs pet-
fonnès illuftres. Tout le temps que
fa profefiion n'abforboit point , il
X'employoït à la littérature, ou à
l'étude de l'antiquité. S'il s'agitoit
jen Italie. quelque quefiron difficile
rfur des matières de philofophic &
jde médecine , c'étoit presque toii-
jours. lulqui en ét«it Tarbitre» Plùr-
fieurs académies. d'Italie Qc éiran^
gères fe l'a^cterent. 11 a été le
L A O
de Ferrarc. 11 avoi^ du goût & it
l'inclination pour la poéûe , & Vott
afiiire qu'il réuifiâoit à mai^er les
langues de ViipU & du Taffe^ If
mourut en 1730;, dans 1367® année
de Ton âge. En-iTjS » on. a donné
à Laofanne le Atoteî/defes Ouvrages
manufcrits& imprimés , ^^vol» in-4^
en latin.
LAOGOON , fils de Fdam te
d*Hécuhe ^ & gr»id-prêtre é'Apoldan ,
s'oppofa aux Troyecis^, lorfqu'il»
voulurent f»re eatstt le Cheval dt
bois dans la ville -, mais ils s'obfiine-
rem à ne pas le croire. Il ofa alors^
poiir les convaincre de la réalité de
iès frayeurs , décocher une flèche
dan&.les flancs de cette vafle machi-
ne , qui rendit à l'inflant un foa
terrible , comme d'armes & de fol-
éats renfermés -, mais les Dieux irri-
tés contre Troie , bouchèrent les
oreilles de Tes concitoyens à fes
infiances , & le punirent mên^e de
fa témérité. Il fortit à Tinflant de
la mer deux énormes ^erpens , qui
vinrent attaqi^er fesenfans an pied
d'un autel *, il courut à leur fecours ^
& fut étouffé comme eux dans les
nœuds que ces monflres faifoient
avec leur corps.
LAODAMIË, fille de ^e^&vo-
.pkon , fiit aimée de Jupuer , & en
, eut Sarpedon. Diane' la nta à coups
de flèches , parce qu'elle avait mii
ÛL beauté au-deflus de Celle de la
décfle.« Il y eut une autre Laod a-
MiE* fille d'M^, «c^fename de
Frotéfilas. Celle-ci aima û tendre-
ment fon mari ^ qu'ayant appris qu'il
avoit été tué au ficçe de Troie , &
.ne pouvant lui iUrvivre, demanda
-aux Dieux pour toute grâce /dé
< voir au moins l'ombre de fon cher
Pwt^ilas, Ce qui 'lui ayant été ac-
. cordé , elle expira en l'embsaflàm.
: L JLAOraŒ, fille de /'»Mitt&
à^HéaJu , &femmed'^/&dofl. EUe
,e& connue par Sa paflton.efiErénét
«pour Atamas,^ canipagn0adi;-i2«0-
, L Â O
^i Mn £ege de Troie.... Il y éoLt
trois autres La.odic£s -, Tune fem-
me de Phronée ; une autre , fille de
Cnyrt -, la troifieme , fille d*Agamem-
BOR& de Clyumnefin^ qu'on offrit
en mariage à AchllU,
II. LAODICE, fœur & femme
êtMtthridatey roi de Pont, & mère
de Drlpeflhc , s'imaginant que ce
|)rinceétoit mort , s'cd>andonna aux
I plaiûrs & lui devint infidelle. Il
avoit quitté fecrétement fa cour ,
pour reconnoître les lieux où il
' devoit un jour iÉaire la guerre, &
n'avoit donné aucune de fes nou-
velles depuis fon départ. A fon re-
tour , Laodics craignant fes repro-
ches , voulut Tempoifonnef j mais
fon deflein Payant été découvert,
Mthrîdatc là fit mourir. £lle avoit
époufé en premières noces Arîa-
Tithe j roi de Cappadoce. Voye^ ce
mot,n** VI 6» VII... I. Bérénice^
é'MiTHRIDATE.
LAODICÉE , Voy. ÀNTIOCHUS,
n*» n.
LAODOCUS , fils A'Antenor ^
étoit un jeune Troyen d'une grandç
valeur. P allas cachée fous fa figure,
engagea Pandarus à tirer une fléché
à Ménélas , pour rompre les conven-
tions Élites avec les Grecs.... Il y
eut un autse Laûdocus, fils
d'Apollon»
LAOMEDON, roi de Phrygie ,
fils àHùis & père de Prlam , ayant
formé le projet de bâtir les murailles
de Troie , Neptune & Apollon *dé-
guifés en maçons , vinrent s'bflErir
pour cette' entfeprife moyennant
une fomme d'argent dont ils con-
vinrent avec lui. L'ouvrage étant
fini , il ne voulut plus tenir fa
parole. Pour l'en punir , Apollon
affligea le pays d'une grande pefte»
& Neptune eavoya un monfire
aprè$ une inondation terrible. Les
Troyens confulterem l'oracle , qui
répondit que , pour être délivrés de
4«8r$ ïs&ox t"tt;fallolt répafer l'iiU
t 'À t>. 179
jure Ëute aux dieux , en expount
au monfire , H^onc , fille de JLaàmi'
don, Hercuù vint délivrer cette in-
fortunée , à condition qu'il l'épou-
feroit -, mais ce prince, fans honneur
& fans foi , reftifa, encore de lui
donner fa fille , ^mme il Tavoit
promis. Hercule indigné , ruina fa
ville , le tua , & donna Héfione
à Télamon , qui l'emmena dans la
Thraice.
LAON, (le cardinal de) Foyt^
III. MONTAIGU.
LAPARELLI, (Françoi*) na^
quità Cortone, le 5 Avril 1 5 21. Som
application aux fcîences militaires
& mécaniques le fit efiimer de
Came J , grand-duc de Tofcane. Il
obtint fous PU IV une compagnie
de 200 hommes , avec' laquelle il
fiit chargé de garder Civita-Vec-
chia , dont il fortifia les murs &
le port. Michel-Ange Buonarotù lui
confia enfuitç l'exécution de fes
deffins poiu: l'églife de Saint-Pierre.
Soliman IJ ^ en 1565 , ayant réfolu
de chafîer de Malte , avec 240 voi-
les , les chevaliers de Jérufalem ^
le pape y envoya François Lapa^
relR, Il donna le projet d'une nou-
velle ville , laquelle porta le nom
dé la Valette » parce que Jean Pa^
nfot de la V^àtte étoit alors grand-
maître de Malte. Dans la fuite , les
Turcs ayant formé des entreprifes.
fur rifle de Chypre , .LaparelU offdt
fes fervices aux Vénitiens j &
étant arrivé à Candie . où toute la
' flotte Chrétienne s'étoit réunie , il
y mourut de b pelle i le 26 Oâobrc
1570 , à 50 ans. '
LAPIERRE, Toy. Mallerot î
<• xvi. Pierre ( Corneille de la%
LAPORTE, VoyeifoKTE.
LAPPO^ VoyeiÇiQTriJno.
LARA , Naïade du fiepve Almon^
Jupiter n'ayah£ pw ïédiUre Juturne ,
fœur de Tumus , parce que Lara Iç
. traverfoit toujours > ordonna à Mer'
airède la côndiiire"dans les enfers»
MiJ
«go i A R
Celui-ci en foft épris , &elleaccoii-
cH^ de deux' jumeaux | qui furent
les dieux Lares, [Voyei ce mot.] C'eil
la même que Lanmde,
LARAZE, Voyci 1. Ponce.
LARCHANT, (Nicolas de Gri-
mouville dç^4>rincipal du collège
de Bayeux , (a patrie, mort en 1 7 3 6 ,
cultivoit avec (Uccès la poéfie la- .
tine. On a de lui-, en vers latins,
la Traduction du fameux po«me ,
intkulé PhUotanus,
LARDEAU , ( Jacques ) marin
François , qui a bien mérité de Ta
patrie : Voyei Henri IV , n** xn ,
-vers le commenument,
LARDNER, (N...) célèbre théo-
logien Anglois , naquit à Hawkuxil
dans le comté de Kent, l'an 1724 ,
& mourut pauvre le 24 Juillet 1768,
à 44 ans. Sa vie offre un exemple
de plus , de l'indigence où fé trou-
vent fouvent les gens - de - lettres.
Kous avons de lui des ouvrages
bons dans leur genre. Le premier
eft intitulé : La crcdlblUU de IHlf-
toîre de l'Evan^lc , en huit volumes
îh-il , publiés en 175c , 17^6,
1757. Le fécond a pour titre : Le
témoignage des anciens Juifs & Païens
en faveur de la Religion Chrétienne. Il
eft en 4 volumes qui ont paru en
1763, 1765 , 1766 & 1767. Outre
ces deux ouvrages, il a encore
■ donné au public VEJfal fur le rédt
de Moyfé , concernant la création &
la chute de l'homme, publié en 1 7 5 i :
ouvrage fyftémadque où l'on ne
'trouve rien ou prefque rien qui
explique les véritables difficultés de
laGende;
LARES ,- Dieux* domeftiques' ,
*fils de Mercure & de la Nymphe
' Lara ou Muta : quelques auteurs
difent de la* Déeffe Manie. Les an-
ciens regardoiént les Dieux Lares
• comqie les gardiènîf & les protec-,
* teurs des familles & des maifons ;
' c'eft.pout cela qu'ils étoienthcré-
diiaires, Le$ pOëtiss les .prenaeot
t A R
foi^v^nt pour les maifbiis..fflêmés;
& les confondent avec les Dieux
Pénates. On diftinguoit plufieurs
fortes dé Lares, On appeloît Lares
famUiares , ceux qui protégoient les
familles : Lares praftltes , ceux dont
la vigilance s'étendoit à mettre en
sûreté tout ce qu'il y avoit dans la
iraaifon -, c'étoient ceuxrci que l'on
couronnoit de fieyrs , & «jUe l'on
couvroit de la peau d'un chien;
fouvent aufn on mcttoit. près d'eux
un petit chien pour lignifier qu'ils
étoient les fidelles gardiens de la
maifon : Lares parvi , ceux qui ha-
bitoient la campagne & en proté-
geoient les habitans : Lares puhlîcl ,
étoient ceux qui veilloient à la
confervation des villes & de l'état
dont ils étoient les proteûeurs.
tomme les Dieux Lares^ paffoient
âufii pour être fils de la déefie
MdnUy les fous s'adrefToient parti-
culièrement à eux pour être guéris.
On faifoit des facrifices aux Laret
'dans lès maifons ^ dans les carte-
fours & dans les places publiques.
On leur offroit les prémices des
fieurs , des fruits , & on leur im-
taoloit ordinairement un cochon.
LARGE, (le) Voyei Lignac.
L ARGENTIER, méd€cift,r<>y.
Argentier. ."
^ LARGILLIERE, (Nicolas de)
excellent peintre dan> le Portrait ,
naquit à Paris en Î656. 11 paià
en Angleterre, où l'on employa
fon pinceau. Le roi prenoit plaifîr
"à. le voir travailler , étonné de
fon habileté qui étoit au-deiTus de
fa jeuneffe. Enfin , l'amour de la
^patrie follicita LargUUsire de revenir
en France, au fein de fà famille.
Le célèbre le Brun lui accorda foa
eftirae & fon amitié , & le fixa en
France , malgré les infiances de la
cour d'Angleterre , qui lui offroit
des places non moins honorables
qù'avantagcufcs. L'académie le reçut
(9:^ç peintre d'H^oice ^,i| r^u^fii
TAR
îoit en effet très-bien dais 'ce
genreimaisroccaficm le fit tra'^^aUlér
principalement au pferait. A Tâvé-
iiemem<ie Jacques II à la coitfttfahe^
«ï'ADgleterre , LarplUere fut mànëé
nommément pouiS^trje les Ponraks-
tlu roi & de 'la reiiie V il fe furpaiftf
lui-même. La fortune vint (e pré-
fenter alors dans fori éclat au peintre
pour le retemr à la cour Ai^leifc ♦*
mais il ne fe laiiTa point tenteir , &
revint encore en France. Il mourut
à Paris en 1746 î à 90 ans, îaifiant
iegrands biens^ Ce maître peignoir ,-
pour l'ordinaire , de pratique ;
cepen<lant fo'n - defîîn eu correà ^
& la nature parfaitement faîde. Sa*
touche eft Ubre-, favante & légère-,
fon pinceau moelleux ; fa compo-
fition rkJhe & îngénieufe. U donnoit-
une reflemblafice parfaite à fe^-
^j fes mains font admirables <
&fe$ draperies d'un ^graiïd j^oût;
Rivttl du-^Énncyx ^gàud , dans la
partie q^'il avoit embraffée^* il ftjt;
toujours foii ami» Aux talens-de
l'illuftre ârtiftc , il jo%n^itfles^
^^ernis, de rhonnête-hommé & les
qualités du bon citoyen. Un 4e fes'
fi* iffiort en ^742 , a laiflcqu^qucs-
Pwu de théâtre, - - '
ïAROQÛE, Fbye^ Roque.'
LARREY , ( ïfeac de) né à Lîntot;
près Bolbec , dans.le pâyi dû Caux ,"
<te patèns Calvimiflès ,-eo 1638 ,
aerça pendant quelque femp^ avec
fttccès la profeffion d'at^ocaft dans
fï patrie. Les -rigueurs qu'pn em-
ployoit en France contre ceux de
U religion , l'obligèrent de paffer
en Hollande , où fon mérite fut
récompenfé par le titre d'hiterib-
grâphe des Etats-gén^aiix. L'él^
tsur de Brandebourg l'appela en-
fuite à Berlin ,'&. Ty^xa par une
P«ftfion. Il y: moimit le 17 Mars
J719 » * 80 atts\, ayant joui d'une
f^ phjs vigourettfe que ne le
PwwJfeteôit foft^^extérieur. Cétcàf
^ homme d'iMOiprbbité exa^«^^
ïélé pour fa religion -, mais îa vifa-
cicé de fon efprit rcndoit fon hu-^
meur un peu i<9égale « & le portoit
quelquefois aux extrémités oppo-
fées. Ami des gens dé bien , il fe
déclaroit ouvertement contre ceux
qu'il ne croy oit pas tels. Aidé
d'une mémoire excelleme , il s'y
fioit trop , ôcnefaifoit pas d'extrait»
de fes lefturès ;; de là les inexac- '
tkudes qui fourmillent dans quel-
ques-uns de fes écrits. Les plus
connus font : I. Une Hlfijire d*An'^
gieterre^ Roterdam , en 4vol. in^fol.»
1697 à 1713 ,iclipfée par celle de
Rapîn Toyras , ^ul Ta été à fon
tour par celle de Atone. Cet ouvrage,
qu'on ne lit plus aujourd'hui , eue
un grand fuccès' dans fa naiffance.
Lamodération avec laquelle l'auteur <
parle des . qUereUes de religion , •
( modération <jm' ne fe foutint point
dans le dernier volume ) & la beauté
des portraits , Servirent- à iaire re-
chercher ce Ùvre. -D'ailleurs , on
n^'^ôit rien on françois d'auffî
complet fur l'Hiftoire d'Angleterre-
On a reconnu d^is que Lamy
avoit manqué dçf fecours , & qu'il
a'tfvoît pas aiTez foigné ^on ftyle.
lU//^iH iU Louis- XIV ^ 1718 , •
3-voî.in-4*'.& 9'V0l.in-ii:mau- :
yaifo compilation 4» Gazettes in-
' fideltes , '^fans agréaient dans le •
flylé y d^ûfens «xaaîtude dans les
faits^ les dates 6c les noms propres.
* Les trois derniers voUimes font de
lâManmUre, £1^ roulant rendre
cette diftoire agréable à la^fance ,
il déplut aux Anglois 5c aux. Hol-
landois , qui le traitèrent de pané-
' gytifte de Zottîï .3fi^ & de préva-
ricateur de fa religion. Il fut mo-
' déré , & on le\ trtmVà' partial »
• parce ^e dans fes autres ouvrages
-■ il 4roir pris le ton d'un- réfugié
'. m^Ntomenti On remaiîiqua des di#é-
' renées effenticnes «ntre Larr^ écri-
vait la yie de Louis XIF , & Lamy
écrivant les vies de Chai-lcs 11^
M iij
'1
iSi' Ir A. R
Jacftusllti GtùUaumc UL I^aplume.
des hiftorieos , au moins du plus.
grand nombj^', ^(Ipr^que tpujou»
à vendf Q , conun^ I4 mufe de cer«
tains poëtes. .III. /{t/^oi/v d'A.Ur-.
GVsTE , in-S** f. 1690^ le premier
ouvrage hiftorique de Lanty , & ua
des plus redierchés. Il- eâ écrit
d'un flylc ferme &. avec vérité.
Comme les faits, qii'il rapporte
étoient fort connus , & par-là moins
piquans , il les a entre -mêlés de-
réflexions politiques; & de def-*.
criptions ' des ij^e^l^les & des
mœurs de .L'aiicienne Rome. Ces
ornement. réndeQt.fop livre plus
ii^ibuâif & plus agréable. ( Il a:
été réimprimé ay^c l'exceUente)
Hifioire des TrUim$^ir4ts , .^sr Cîtri de
la Guette, ) IV. V.Hénùen de Gmetme , .
ou ^ê^ffc 4'£léoiiore , fitU^dt,
Guillaume demkr Due'\ de GuiemU' ^
femme de Louis. VU roi de Fr4n» ,
in-i2 , 1692.; liiDroe^u dlùAoire
curieux, rempli .<d'inci'den6. qui
amufent le. le^îeut^&.. écrit- d'unn.
fhrle vif & uR peu romaneique* .
Xon y voit que cette pvincefie*
^ répudiée épouià ûQi prince du feng :
«l'Angleterre , dcpub Hatrl II ^ &.
que ce fiv par ce mariag&.c^ les^
monarques Angioi» drvi]ireQtmaî-.<r
tpes de la Gnieâne. Y. Hlfl^edes,
Sept Sapts , < tnr% ^pol. i«-8° , frfi^. ■:
Ceft un ouvri|[e . comgÉpié m»v-
quement pour amufer les:oHifisy&
qû ne parvient pas toi^eoirs à îba .
hwt\ ^pioique écrit pafTablement. U*
ya peu'dë finefTe dans la manière
dont les événemens font amenés'
& liés ; .& il faut être «i garde '
contre le mélange que l'auteur y
£ixt du vrai & du vraiTemblable' ,
ppur rendre fon Ime plus inté- ..
rei&nt. Lamy parût atÂffi- fur «la-
fcene en qualité de comrovô^^ a
Il donna, tn-i^o^i unemauvaifià'.i
IRiponfe à l'Xvv iww Méfi^ » ré«8fc .
primée à Roudn ^ in-i2\ ijij^ ^ /
^7n^ . - .:--.-: ;
L ^R
I. LARi^OQV£ , ( Matthieu de)
né à I^ac pr^ d'Agen en 16 19»
de parens Ca^iniâes, prêcha à
Chareitton.. avtc applaudiiTement*
La dttchefle de U Trimouille l'ayant
entendu , le chôiût pour fon lai*
miilre à Vio-é ^f n Bretagne. Après
avoir £ervi cette églife pendant 27
ans, il alla exercer le n^iniflere à
Rouen, & mourut le ^3I Janvier
1684 à 65 ans. C'étoit-un grand
& rigide obfêrvateur de la morale*
U ne fe contentoit pas de k pra*
tiquer } il tonnoit en chaire contre
ceux qui s'en éloignoient. Tous les
acôdens de la vie le trouvèrent
terme & inébranlable Ses princi-
paux ouvrages font : L Une Hiftotre
de^ rEuchariJUy ,( Elievir) 1669 ,
ifl-4^ , & 1671 , in-8® ; ^eine <le
recherches curieufes 5 mais--c*eû,
d'ailleurs, l'un des «crits lis pi«s
fgiblçs ^^e les Proteftaa^ aient
publiés» cpntre ce my/lere.>.II. Rî*'
po^ft. AU' D^re de Mi fe-M«mft , Di
la- Cfmmunlon, fùuf les dêOtc effùts^
^6$3,.i»-ï2. IlI..UaTfiw«/iirAt
l^alu^. iVsDeux favantes:X>;/«rt»^
/M»{kx,iatine$ fur.PAvAÎv ^JUk^m. V<
Phifieurs autres Ecms-ÀetÇpmroverft^
eflimés dans fon pani>v . \
IL-I»ARROQt;Ë, { Dafiiel dé )
ftbs.ilii précédent , fté ^ Vitré » auiS
(^vam " q»e iofv percfj, nais éai-
v^ain moins. foÙiie » quloà ^France
apfès la révocation de Tédit de Nan-
tes^. paiSi. à Londres , de- là à Co-
pefihague , enfuite/ à . Âmi):erdam «
& enfin revint à Paris pour em-
braifer la religion Catliolique. Va
Ecrit fatirique contre Louis XIV ^
( àl'occafiotn de la ^irie de 169 3 , )
auqud il avojt eu :p9iU le fît en-
fermer aM Qiâtektj d'où il iîit
transféré au . château de jS^umur.
EtQAt ibrti <cipq ^^sr après -de û
pnfoiï , il obtint un 'po£ie dans le
buxfeav' des afifiûres étrangères -, &
unin.fi^énûon de 4P00: livtea <lans
i9«t«^p» d^ 1% Rég«Qise<? Il tm>urut
L A S
le f Septembre 1731, à ^o anftt
regardé cpmpie un homme poli &
aia^éajvain ^ez mçdiocre. . On a de
laï : I. FÀtf <^« i'impqfteur Mahomet ,.
ti-adi^ce de ^anglois du faytnt
Prldsaux ^ish-ix, U. Deux mauvais^
Eomans fadriques : l'un fous, le
titre de Vérhablçs^ motifs ^ de la con^
yo^n de Rancé^ abbé de la Trap«
pe, 1685 , in-ia; l'autre fous celui
4e yU deMeierM VHlfiorUny in-io.
L'auteur étoit jeune, dit. l'abbé
à'OIivet^ lorfqu'U fit ce dernier ou-
vrée; mai^ Vétoit-il lorfqu'il i«
publia en ^7_>6^ III. TraduBion ik
ilHlfitHre Romaine d'Mchard^ retou*
chée & publiée par l'abbé dot Fon-
taines: [ Voyei ce. mot. ] iV.. Avis
aux RLjuph y in- Il ,, 1690. On crut
dans «oute la . Hollande que Baylt
étoit l'auteur de ce livre , qucnquip
ce fut Z«im»^«e > fuivant Talsbé d'O^
ZtVtt, U fit , . dit-oi% , cet ouvrage
pQur^eiîgag^,i'<B$ &eres perfécutés
à garder le filencc contre les per-
fécuteurîî $c à n^ pas. mettre d'obda-
clés par leurs dédauiations à leur
iietotu- en France^ Cet ^^vic , judv»
cieux àplufieurs'égsfd$,'d^lut aux
ckux partis. V. - Il travailla aux
pendant tme-^maladie da-MayU^ .:
LASCA.,J^p^«(Qrazzini. : »
I. LASCARIS» (XhéadoKe)
d'une anci^^ne famille Grecque,
pa{|à danslaNatolie, aprè&la.pfife
de Conôantinople par leS'.Lstfias:^
& siy ût r^çonnoitre defpotew L'eni/9
pire Gsr^c étoit déchiré èe. toutes
parts-, il profia de l'état de foi*
bleffe où il étoit , pour fe.feire dé*
clarer empereur à Nicée en iao6.
Il foutint une guerre opiniâtre cof^
tre l'empereur Henri , & combat
9veç ipyancage les François établis
dans V Orient* Mais ayantj ép^wfe
Mark ^.fillg de Robert de Cotutenal^
il vécut pendant quelque ;:emps. en
paix. Il avoit auffi tourné fes ar-
ènes cQotre le Sul^n dljcpngi %m
CAS? r8t
tteît -venu afliéger Antioché fur le;
Méandre i ilattaqttafon armée, &
l)|i ôta la yid^oire {k. là vie« Apre»
avoir donné diverfes preuves d$
valeur, il mourut en 1211 dans f«h
46 '^ année. Cétoit un grand prince.,
qui retarda par fon courjage ôc fa»
ptïidence la chuce de l'empiré d'Or
rient... Jean Dhcos Fouace , fon fuc-r
ceiTeUr & fon gendre i eut un fils ^^
npmmé a^^ Thdodqrt L4$ç^fiJs^^
Ce dernia: régn^ à Nicée depuis.
1235 jufqi*;ep:j.^59.« C'eprince com-f
battit avec fuccès le roi des Bul*v
gjare», &.fe fitaaindre des. peu-
ples qui r^e&vironnoient. J^es acctsr
fréquens d'épilepf^^ le ietereq; dan^
«ne maladie.de langueur. Comme
fe dfrniçrs momens: approchoient^
il fe revêtit, fuivant l'ufage du,
temps, d'an .haî«ï".d« moine, &
iBOurutàgéde 36 ans. Ses talens^
militaires , fa gé^roûté , ,1a. prQi
léâi^n qu'il ^ccordaaux favansy
êaïQtit balantés par. l'ii^pétuofit^
dç fon caraûere. Il devint foup-f
çonneux .& gruel , .fia^-ïÇut enver§
le» feigneurs de. fa. cour» U. avoit
^oufé Hélène, fille d'.<^ian roi^ç
Bulg^e , laquelle, lui donna un fil^
nommé J^an JLds CARIS % Voy, Jean ,
P^ ni, ,
, IL LASCARIS , (• An4ré-:Jean )
dit i^>rii4^«n£,. de. la ;9»ème famille
que le. précédent, pailà en Italie
l'an JL45 3 , après la prife de Conf-
tantinopje, La Grèce étpit devenu^
la .proie .des Ottomans & le féjous
4e la barb^ie.:La mai/bn de Laureni
4e MédlcUy l'afiie des gens-de^
lettres , fut celui de i^carls, Qj
fcâ^eur FloreKtm , occupé alors à
former fa vaûe tiiblipthçque, l'en^
iVoya deux ibis à Conifantinéple
|ipu!r,<her4*er dçs manufcrits Grecs*
A fon retour, Louis XII l'appela
4 Paris , ^l'envoya à Venife com*
me ambafiadeur *, fonâion à laquelle
il étoit moins prçpre, qu'à celle
.de bibliothécaire*. . Quelqi^ temp»
M iy
184 t A s
«près, le cardiflitd de MéJUb ajmt
cté élevé au pontificat fous le nom ^
de Léon X; LafcarU ^ fon ancien'
ami, pafla à Rome, & obtint <ie
ce pontife la direâion d'un collège
des Grecs» Il mourut de la goutte
^ 1535 « 3S^ d'environ 90 ans.
On imprima à Bàle en 1537, &
« Paris , 1 1^ 44 , in'4° , quelques Epi-
grammes de Laf&trîs en grec & en
latin : car il poiTédoit parfaitement
ces- deux langues» Son ftyle a de
la vivacité & de Tharmonie. Une
fies grandes obligations qu'on lui a ,
c'eft d'avoir apporté en Europe la.
plupart des beaux manuscrits Grecs
^e nous y vt>yons. C'eft par
fon confeil & celui de Budî , que
la bibliothèque de François I fiir
drefTée.
m. LA5CARIS, ( Conflantîn)
iquitta Conibntinople fa patrie* en
,14c 5 , lorfque les Turcs s'en fii-
rent rendus maîtres , & fe réfugia
en Italie , où fe^ talens reçurem
l'accueil qu'ils méritoient. Il enfei-
gna les belles-lettres à Milan, en-
fitite à N^les , & enfin à Meffine.'
De fon école fortirent Bembo &
^'autres hommes illullres. Il laiilâ
ia bibliothèque au fénat de Mef-
&ie, qui l'avoit honoré du droit
^e bourgeoifie en 1465 , & qui lui
£t élever tm tombeau de marbre*
On a de lui une Grammaire Grecque^
en grec feulement , Milan , 1476 ,
în-4**. C'eft la première produ£tion
jgrecque'de l'imprimerie; elle a été
réimprimée avec quelques autres
Traités de Grammaire y à Venii^ ,
5537, in^4^
LAS-CASAS, ( Barthelemi de )
Voyei Casas.
LASCENE ou Lasena , ( Pierre )
«vocat de Naples , originaire' de
Normandie , habile dans les belles-
lettres & dans la Jurifpf udence , mou-
TÎit à Rome le 10 Août 1^36 , à 46
ans. On a de lui : ï. Nepenthes Hù'-
nuri, feu Ve ahoUndo iuSu^ Lugd,
LAS
t6l4, ttl-8°. IL Cleomhroms, ûvë
Dt Us qui in aquîs pereunt , Rom» ,
1637 , in-S**. III. DdCanùco G'mna"
fio i^apoletano , Napoli , i688,ia-4».
LASCUS, ou Lasco, (}ean)
jniniftre Proteftant d'une Camille
illuftre de Pologne, travailla d'a-
bocd en Angleterre. Banni de ce
pays par la reine Marie , il fe ré&tgia
a Francfort fur le Mein., où il
mounu en I j 60 , après avoir eflîiyé
beaucoup de perfécutions de la part
des Luthériens. Ses principaux ou-
vrages font : L Trdîatus de Sacra-
mentis , Londini , I ç 5 2 , in-8°. * IL
Forma Minîjhm in peregrinortun Ec-^
eUfiâ inftltutâ Londini anno fj^Oy-per
Edwardum.f^I, in-S'', -
LA-SERRE, Koy«^ Serre.
LASNE, ( Michel ) ^effinateur &
^vcur, natif de C&ai, mort ea
1667 , âgé de 72 ans , a donné quel-
ques planches au burin , d après Ra^
phaëly Paul Veronefe^ Jo/epin^ Ru'm
bens, Anmhdl' Carraeke ^ Vouet^ le
Brun , & d'autres. Il a aUffi fait beau-
coup de morceaux de génie, dans
lèfquels on admire fon talent pour
exprimer les paflîons. Ce maître
avoit-un ' caraâere gai , qui lui ûv
couler , au feiri de l'amitié & de la
joie, une vie douce' &. agréable^
Cétoit le vin qui échauifoit pour
l'ordinaire fa veine.
LASIUS, /^oy^'Lifitius.
LASSENIUS , (Jean) né l'an 1636
à Waldan en Poméranie , voyagea ,
avec un jeune feigneur deDanàg«
en Hollande, en France, en An-»
gleterre, en Ecofie & en Irlande,
Ces voyages ne furent pas infruc-
rueux. Il vifita les bibliothèques ,
& les favans les plus diftingués
de ce pays , avec lèfquels il forma
^es liaifons. Etant à Nuremberg ,
fl fe fit des ennemi* , en publiant
4in ouvrage imimlé: Ctjfficum' hells
'Turcici contre deux Jéfuites , le*
PP. Ottcn d'Ausbourg & Neukaufe/t
d0 Râtisbonne < & contre le dosent
LAS"
^b;^. On Tcnleva iecrétemetft, 8c
x>n Vtaknùa dans une prilon en
Hongrie , oùnl eut beaucoup à fouf-
fnr. Ayant obtenu fa liberté / il fut
nominé padeur de divferfes'églifes
Luthériennes en Allemagne, puis
profeâeur de théologie à Copen-
hague, où il mourut en 1692, à
j6 ans. U a laiflé un grand nom-
bre d'ouvrages en allemand.
I. LASSUS ou La9Vs; poète
Dithyrambique, né à Hermione
dans le Péloponefe l'im foo avant
Jcfus-Chriil , l'un des fept Sages de
la Grèce après la mort de JP/rtau-
dire, (ut fort applaudi de fon temps ,
& n'eft connu aujourd'lnii ^e par
fil réponfe à un homme qni lui de-
mandoit: Ce qui étoiv U fiu»^ capa-
hie de ttndre U vUfàp?,,, Vexpé-.
rience,
II. LASSUS , ( Orknd) célèbre
muficien du xvi® fiede , né à Ber-
gtt en if%o & mort à Mutôch en
X594, à 74 ans, étoit le premier
homme de Ton art , dans un temps
où la muiique n'étoitpas ceàu'eUe
ell aujourd'hui. 11 fit briller les ta-
kns dans les cours de Ft«noe , d'An-
gleterre, de Bavière, &c. On a de
lui un grand nombre de pièces de
mufique fur des fujets iâcrés & pro-
fanes : Thêotrum mttfiiaan ; Patroa-
lium Mufarum ; Motetarum â* Madrî'
pdtum iibrly JJher Mijjarum , 8cc. Ses
contemporains le vantèrent comme
la merveille de fon iiecle , & le mi-
Knt au-deiTus &* Orphée 8c é*jfmphhn.
Un mauvais poëte die de lui :
Hic ilze Orlàndus, lassvm
oui recreat orbem.
Un autre rimeur lui fit cette fin-
guliere Epitaphe :
Etant enfant , j'at ehanié ie deffus ;
Adoltfceni , j*aI fuît U <»ntre^taîlle ;
HomMi parfait, j* ai réfùnné la taille:
Hais maintenant je ftâs mis au haf*
■ fu,.
tfit, Ptjf-int , }«« Pefpiitfitk Urfasi
ITA S iSv
: LASTIC,' ( Jean de) grand-raai- '
tre de~iy>rdre de Sain^Jeahdè Jéru-
falem, étoit grand -pneur d'Au-
vtKrgne> lorsqu'il fut élu à lUiodes-
quoique abfent. Ce fiit le 6 Novem-
bre 1437^ On donne le nom de ^
Grand'Maîtrâ â tous fes prédécef- '
fears ^ mais il efl confhnt que ce
fut La/iic qui porta le premier ce
titre dans l'ordre. Il étoit d'une
famille diflinguée d'Auvergne, &
il- s'étoit fignalé de bonne heure
par fa valeur & fa prudence. Le
Soudan d'Egypte fe difpofoit à
faire le fiege de, Rhodes , lorfqu'il *
fiit élevé au magifbre. JU/fcV, crai-
gnant l'exécution de ce projet, ^
fit une ligue avec l'empereur de
Conftaminople contre les Infidel-
les , & fortifia foutes les places de '
l'ifle. Au commencement d'Août *
1444, le Soudan parut à la vue '
de Rhodes , avec une flotte com-
poféé de dix-huit mille combattans.
Mais après pluiieurs aiTauts foute-
nus courageufement par le grand**
maître & fes chevaliers , les Bar-
bares forent contraints de lever le
fiege. Qiielqtte temps après , Là^c
fy avec Amuréb un traité de paix ,
qn'U renouvda en 1450 avec Af^- *
homtt U, Ce dernier prince fidgnit
d'abord de vouloir bien vivre avec
les Latins &• les Grecs; mais coiHmt, '
la conquête de Conflantinople étoit
lé grand objet de fon ambition ,
il affîégea cette capitale de l'empire
en I4f 3 , & s'en rendit maître.
Sept mois après la prife de cette
ville , Mahomet envoya une amhaf-
fdde à Rhodes , pour demander à *
l'ordre un tribut annuel de deux
mille écus. Le grand-maître, in-
digné d'une telle demande , répon- '
dit, qU'7 ne fouffnroit jamais que
fes Chevaliers fuffent tributaires d*un
En^erèitr Turc, Le Sultan ayant me-
nacé , fi l'on reftifoit ce qu'il de- ■
mandoit , -de porter £ss armes vie-
torieufes dans Rhodes , Lafiic tra-
m LA'T?
va^lla. avec ardeur à meffte cette
iÛc en état de défenfe; Il vft^pra
le (ecoiirs des princes Chrétiens ,
&; fu£>tout de CharUs yjl^ ^oi de
France. Mais, tandis qu^U»'oociip<Mt >
avec tant de zèle a éire triompher
Iqxl ordre, il fut attaq^ié d'une ma-
ladie qui termina fes j(Hu:s ea 145 4.
Il mourut accablé id'annéest Après
avoir tenu le gouvernai ( dit Tabbé
de Fenot ) dans de$ temps difficile»
^ o^geux , avec autant de fa-
gei& que de fermeté.... De la même
famille étoit Louis de Las tiç , grand*
prieur d'Auvergne » qui acquit beau«
coup de gloire en France dans le^
guerres contre les CalviniAes. LorP
que Malte fut afiîégée par les Turcs '
en 1565 , fous lemagiûere- étJtim •
4ç la , VaUuc , il ^ut dçput^ au
vice-roi de Sicile^ pour feUiciter
des troupes. Ce gouverneur j hom-
me, fier & hautain , fe plaignit de
ce que les chevaliers ne le trai-
tQient.pas ^Exc€lUfUA,.laJilclvÀ.xé-
pondit : Pourvu que - nous arrivions'-
à ,MiUtt- ajfei à temps po^r/^ifpurir la
RiU^ÎQU » je vous truiterai 4iv<€ plaijïr
^'Excellence, <f'Alteffe^. è M»e , fi
vous voulci, de Majefté.1» Le vice- ,
rçi fburit à, cette réponfei.& après
bien des obôacles & des irréfolu-^
49f^» m^^ ^^M<{ vainquit) il ame-
lut un recours conâdérable. La mai-
ion. de LafilCy l'une des. plus diiHn-
guées. parmi la première nobleiTe
d'Auvergne , a produit d'ai^tres pet-
fonnes illuflres , qui ont fait hon-
neur à l'églife & à la patrie , foit
«lans le clergé , foit dans l'état mi-
litaire.
LATAILLE , Voy^x Taille.
. LATERANUS , f Flauùus ) fiit
4éilgné conful l'an 65 de L C.
Avant de prendre ppiToffion de fon
confulat , il fut tué par ordre de
IÇéron, pour être.entrçdaîis ,1a con-
juration de Pi/on contre- ce prince.
^aphrodite , affranchi de Néron,,
tâcha, vaJneAiemdf t^tt ^ ^^
r AT
ranvf. quelques circouflatrces Aif Î0
c^njuraiion. Ce fénateur ne révéla
rien „ jSk fe- contenta de dire à cet.
e^lave \,Si jai quelque cho/e à dire *
js le dîtai À -¥otm Maître* On le con- .
duiiât au Tupplice , (ans lui avoir,
donné Jeiemps d'embfafler fes en*
fans ; .& .ce ^t en ces derniers mo- .
mfôis q«e fa confbince parut dansx
toute fon ^étendue. Quoique letri-^
bq^ qui a^Xok lui trancher. 1» tête
fùtiui-méihede fa confpifation ^ il
ne daignarPisi^if^ire le v&oindre
reproche» &le premier coup^ qu'il
en reçut nlayant fait que le bleffer .
il fecoua Ic^ement la tête , & li-
tendit eofuittf.avec autant de fer-
meté <{u'aiipaniyacit. C'eilde PAiw-
tius' ^Lauratmx ,;que le célèbre paiim
diç latScan a tiré fon nom i car c'é-
toit autrefois la maifon qu'habi-
toient ceux de* cette famille» Les
auteuDS eetntemporains lamettoient-
au nombre des plus magnifiques de
Rome. ^. . . . .
LAXHBEB), ( Jean ) Cordeliep
Anglots du ;3$y^ iiccle , dont on ji
de» iCommentaires cflimés fur les»
Efentâpes^ fut JérémU., & fur \t$
ji^M des ApâtrcK ■
I. LATINUS , rpi des Laurentina
Aborigènes- dans l'ancien Latium,
évbiti fils de Faune & de Marica ^
& commença à régner vers l'azt
123 9, avant J. C. Il eut é*^mat9
fbeur de Daunus roi des Rutules ^
une fille appelée Lavinie , que l'o-
racle lui ordonna de marier à uo
prince étranger. Il la donna en effet
à Enée , qui étoit forti de Troie
pour s'établir en. Italie. Tumus rot
des Rutules , à qui la princeiTe avoit
été prbmiie j'en fut fi irrité , qu'il
déclara la 'guerre au prince Troycn
& au rpi Laûnus, Cette guerre fiùt
le fujet des iix derniers livres de.
l'Enéide. La vi^oire s'ctant déda^
rée pour fnéc , il bâtit une vill«
du nom de Lavinie fille de J^nu^
Sttdhçnxfpvi^ ^ue }e roi d^- A^<>:
L A t ^
ngenes ayant été tué dans une fe«
coade bataille contré les Rutules ,
£aée les vainquit à.fon tour , &
le$.fubjuga entièrement. Lorfqu'il'
fut paifible poffeffeuf du royaume,
il changea le nom des Aborigènes
«m celui de Latins. Pic/fyx d*HaIy-
carnaffe rapporte la même <;hoie fur
l'origine de ces peuples , excepté
qu'il dit ^ que le roi de la nation
donna le nom de X4atîns auxAbo-
r%enes. •
IL LATINUS Pacatus DtŒ^
PANivs , orateur Latin , né à Dré^
pane dans TAquitatne , dont nous
avons un Panégyrique de Théodofe
U Grand , prononcé devant ce prin-
ce en 389 , après la déËùte duL tyran'
Maxme, Il y en a une écUdon dé
^651,- in-ft'* -, & on letfc'ouve dans
les Paneg, veteres , 1677 , inr*4V
. Cet orateur n'étoit pas fans mé-
rite, n SU n'a point , dit Thomas ,
^» cet agrément que donnent le goût
' >» & la pureté du ftylè j il a fou-
I K vent de ' Hm&gînation. & de la
)> force. Son éloquence.en générât
«% ne nienque nr de précifion , ni
^ de r£q>idicé. Au rdle ; tlans fà
I »' manière d'écrire il reffemble plus
^i^Séne<pte & 3:>PHne, x[U?ir'C/«w
\ foff.* Quelquefois même it a des
>*- tourt & «un pQVL de la.' manière
« de Tacite, Ses e?£iw«ffioiis ont alors
^^qadque cho& de hardi , de va-
«>-gae îc de profond qui ne déplaît
HL LATINUS-LATimUS , où
LàTiNO-LATiNi, commt l'appelle
le P. Niceran , vit le jour à Viter-.
been 15 13- Il fut employé à la
correÛiôn du Décret de Graûen^
i &mourut à Rome en 1593 /après
avoir publié des ternaires '>&; des i
corrreftions fur Teradlim" -^ fur
pkilietiGS autces écrivains,» & unei -
fayantc compilation fous^ le titre
' ^Ç Bîblloihua facru &frofana:, Ce
recueil d*obfovationsv de correc-'
ti^ns ^ de vartastt^ , de conjeâures , 1 .
t A T V«7
fut nnpnttèà Rome en 1.^67, paf
les foins de Dominique Macri^ qvA.
l'eivlchic de la Vie de l'AtiieUf;
On a ztaxBè cehn-^ , ùni$ trop dé
raift>h , é'àvoir Supprimé l& piéeet
des anciens' qui ne s'accOrdoiént
pas avec"' fes* fentimens. Certains
anteurs Pr'ètcftans qui le traitent
d&^Cùhupàarde l^amiqulté , avoienè
leurs* raifiïïtt poMr lui Éfftiû& i^
thre LaxSnta avoir été fecrétaifâ
ëe phifieùrs. iiaitàxtmùi,' Jt^t-l^fi
Y^péHérPfàblJitmts finex , & omni
titttrarum génère injiruptijfmuti QUoî^
qtfil eùtime âmé trè*-délicate ,' if
la ménagea fi bien, quil poM'a-â
carrière jfufqu'à 80 ans. Il étoit tt'ès-
wsadHé atac intérêts de k eouy é4
Rome, il: mourut dans cette ville
lirat J3nvi€r 1593 , à '80 ans.
h LATOMUS , ( Jacques ) ù^ '
vanr théologien fcol^qne y Àé à
Cambron dans le^ Hainma:, étoit
dôé^eur d^rLouvam & chanoine
de Sâinv«Pierre de la ttiètKè vffîe:
Il écrivit contre LtoHer , & fiw Turf
des mevlièitr» icontroverMes de foft
tem]^$.'It"ni)onr« en 1^44. Te\xi
hà OiFVï^^ ftirtUt re<nielàis âî
d«ifnéff'afr 'pnblte en 1550, in-folî
//; LATOMUS, ( Barthêtanî')
profeffetir en langue & en éloquent
ce Latinb, natif . d'Arlon , dan^ lé
duch^ du l^uxembourg , profeffsr
r^oquence ^u* collège royal d^
Paris & moufuc à' Cobleftts vefst
^566, à 80' an$. On a de lui des
Notes-Ùxt Ûhèrôft, fur Tiftnce^ &c...-
(dans l'édittMi de Jean'Opbrin\'
Bàîe, iyif3S in-fol. ) & quelques
Trâàés de Càfttfovirfe contre les Vrb-
tcôans y iw-àf*., •
LATONB., fille de Cm 8t de
Umbir Comtme J^upiur l'annoit , /«-
ne» par Jà^oufie «la fit poùrfuiVre-
par- te-ierpenr Py*ftdn ; & pendant'
toute fa^gW)lfeflfe, -cette infortunée*
erfJT As cdisé & d'autre. Deï payfans '
luir^ant: refuféde Feau pouriétan- .
ch«r' 'ûk..^if , M rayant accablé* \
'j88 LÀT
«l'injures, ils furent méfafaiorplKV-
tés en grenouilles. Enfin, Neptunt
par pitié fit paroitre l'i^e de Délos
au milieu des eaux » ou elle alla fe
réfiigier , & y accoucha -^AppUon êc
de Diéfu,
LATOUCHE, roye{ TÔUCM.
L ATT AIGNANT, (Gabriel-
Charles de ) chanoine éé Reims,
étoit d'une Camille de fobe de Pa«
ris. Il cultiva la littérature « dont
il ne prit que la fleur , & s'attacha
à la poéfie légère. Il éiîToit lés dé-»
lices' d'un repas , par ûi Êicilité à
compofer & à chanter des couplets ,
^{uelquefois iolis, d'autre fois mé-
fliocres, mats toujours agréables
pour les perfonnes qui en étoiest
l'occaâon ou fe fujet. On aiecttciUi
Tes Poéfies en 4 vol. in^-iiy & oii
a donné après fa mort fes Chanfons -
L A V
ûetdma : Ego fluvlus Dots terrât 't
Ego gliia.,. Il a faitauili quelques
Traités depoliôque, qui ne valent
pas mieux que fes Traités Géolo-
giques, yoyt^ LaUX).
LAVAGNE^ Voy.TizsQpiE^
L LAVAL , ( Gilles de ) felgneur
de Retz , marcdial de France, d'une
nurïfon de Bretagne , féconde en
hommes illuftres , fe fignala 'par
ibn courage fous 0uiries VI &ûnis
ChapUt VIL II contribua beaucoup
à chafler \ti Anglois de la France.
Les fervi^es. qu'il rendit à fa patrie
l'auroient immortalifé , s'il ne' les-
avoit pas ternis p^ des meurtres ,
des impiétés: & des débauches effré-
nées. S'étant rendu coupable envers
Jean VI ^ duc de Bretagne, il fut
condamné le 23 Décembre 1440 ^
aprèft un» longue procédure , à être"
& £is autres (Eurrcs pofthumes, St^S^ûlé vi£ dans la prairie de Nantes,
l'on excepte une vingtaine de Ma^^ U^ Italien , complice de fés abo-
drigaux ou de Chanfojis^ les opuf-
^es poétiques de l'abbé lAUtaipta^
€ont en général lâches ^^fbible^;
quelques-wis même font avilis par
tme bigarrure bizarre de tenue» nd-
blés & bas , & par une £umliarité
fouvent triviale : mais on ne peut
lui reprocher, comme à tant d'au-
tres verûÂcateurs de -nos jours ,
l!afféterie du {l3ile , le néologifme ,
& le jargon précieux €c maniéré.
LIabbé M Lattaignant^ touchant^à
la vieilleâe , fe retira dti monde de
bonne grâce. Il mourut le 10
Janvier 1779 , chez.. les. Perei de
la Doârine Chrétienne.
, LAU^ ( Théodore - Louis ) fa-
meux Spitioûfle du xviii^ fiecle,
confeiller du duc de Cuitlandet s'eft.
m^lheureufement 6ail coiinoitre par
un' Traita imprimé. àbJjrascfort en»
1717 , fous ce titre : Médltatlorus
Phl/ù/ophic^ df Dêo ^ffomh'fhomne.
Ce livre fiit profcrit ; ce qui l'a ^
rendu fort rare. Lau y dit ( para-
graphe IV ) : Deus efi mtttaia firfi-
P^iS$9:mfWhi moéifieatÀt» I>ciu
ihinations, fubit le même châti-
ment. Le -duc ,' témoin <de cette
exécution, permit qu'on étranglât
Laval auparavant , & qû^on enfé-
velit fon' corps. Le maréchal^ jqui-
S'étoit armé d'abord d'une fermeté
audacieuTe , changea de ton , donna -
les matquies du rq>endr le plus tou-
chant , & finit en chrétien réftgné j-
déclarant for le bûcher , que/k maù-' ■
valfe éducation avoit été la fourcc de *
fes dehordâmens, C'étoitun' homme •
d'une prodigaUté extrême : il coq--
fuma çh folles dépenfes 200^000 -
écus d'ôr comptant, dont if hérita
à 20 ans ; & plus de 30,000 liv. tic
rente, qui en valoiem dans ce temps->
là* 300,000 de celui-ci. Quehme
part qu'il allât , il avoit à fa fmte
un férail ^ des comédiens , une mu-
flque , "dcsinfirumens ^ des devins , ^
des magicàehs ; \ine ' compagnie de
cuiâniers «t. des meutes. de chiens <
de toutes- efpecesr, & plus de.deux :
cents cheVaux de^maîn. Afe^cTitîdit >
qa*U''entretmotf''nks^ fardcrs ■ & dis
tn^antaiTi four trqurtr deê^itéfçn^
L A V
6^ corrompoU de faaus garçons & dt
jama jUlis y qu'il tuoit après , poitr en
avoir Ic/ang^ afin de faire f es charmes»
Dételles abominationsferoijent biea
peu croyables , fi'on ne favoit dans
^jucls çxcès jette la perveriité du
cœur huAain. On peut aflurer ce»
pendant que le fccret de trouver de
l'argent par le^noyen.desforciers,
a toujours été uneioiblereiTource.
IL LAVAL, (André de) fieigncur
de Lohéac & de R«tz , deuxième
fils de Jean de M.ontfort , feigneur de
Kergolay , ^à' Anne de Laval ^ dont
il prit le nom & les armes , rendit
des fetvices ûgnalés au roi CharUs
VII y qui le fit amiral ,puis maréchal
de France. U fut (ufpendu de £i
charge au commencement du règne
de Louis XI i mais ce prince leréta*
blitpeu de temps après > & lui donna
le collier de l'ordre de Saint-Michel
en 1469. U mourut en 14JB6 ,375
ans , £ins laiiTer de poilérité » & plu»
riche en. réputation qu'en biens.
Envoyé en 1455 contre Jean comte
d'Armagnac « qui étoit excommu-
nié pour avoir époufé publique-
jnent (a propre foeur , il l'avoit
poufle û vivement , qu'en une feule
campagne il l'eût dépouillé de fes
états.
m. LAVAL , (Urbain de) mar-
quis de Sablé & deBois^Daiiphin,
maréchal de France , &^ouvernear
d'Anjou » , (é ûgnala en divers fieges
& combats. 11 fuivit le parti de la
Ligue , fut bleiTé & fait prifonnier
à la bataille d'Ivri, en 1590. 11 fit
«nfuice fon accommodement avec
Henri IV, Ce prince lui donna- le
bâton de maréchal de France , & le
£t chevalier de fes ordres &. gou-
verneur d'ABJou* ^A crédit aug*
memafous le règne fuivant. Lon*
que le . pribce de ConM & beaucoup
d'autrea mécontens fe furent umi
pour empêcher le mariage de L^ds
XIII avec rinfançe d'£fpagn$) U
jreine Marû de Hiàkk. * & le wu-
L A V fS^
ifXkS^étAfKTt fon confident « firenir
commander à Bois^Vauphin l'armée
qu'ils mirent fur pied pour com-
bato^ celle des mudns. Celle - ci
étoit foible i die manquoit de pro-
vifions -, il y avoit dil à douze che6.
Celle du roi étoit nombreufe » elle
avoit tout en abondance-, Bôis^Dait*
phtn en étoit le feul général. Ces
avantages^e fbentqu augmenter iâ
home : car les mécontens prirent
des places fous fes yeux , & psifreren#
1 Oyfr , l'Aifne , la Marne, la Seine,
TYone & la Loire , fans qu'il les en
empêchât II eut beau dure *» qu'il
>« avoit un ordre fecret de ne rien
M hafarder u -, il fut blâmé de tout
le monde , & accufé même à la cour «
par les ims de timidité , & par les
autres d'intelligence avec les rebel-
les. Depuis il ne commanda plus.
Dans la fuite n*j^yimt pu acquérir
l'eftime & la confiance , ni ducoiv*-
nétable de Luynes , ni du cardinal de
Richelieu , qui gouvernèrent Tun
après l'autre , il fe retira dans une
terre , où il mourut tratiquillemeni
le Z7 Mars 1 629 , dans un âge afles
avancé.
IV. LAVAL. Mqntigny;
(François de) premier évêque de
Québec , étoit fils de Hugms da
Laval y feigneur de Montigni. Il fut
d'abord archidiacred'Ëvreux , & en*
fuite nommé au fiege nouvdlement
érigé à Québec , qu il alla remplir
en 1673. Il y fondaunféminaire»
s'y fit eitimer de tout le monde par*
fa vertu & par fon éminente piété «
& y mourut le 6 Mai 1708 , à 86.
ans , après s'être démis de fon évê«i
ché. L'abbé de la Tour , doyen du
chapitre de Moatauban, a écrit fa
VU, ia-i2. ^
V. LA VAt,( Antoine de )rieut:
deBelaiTy maitredes eaux & forêts
du Bourbonnois , puis capitaine des .
châteaux de Beaumanoir-lès-Mou«
lins , étoit .iavam dans les langues*^
l'hiAo^ & U4iéalo^. 11 « laâO'é
ë^o L A 19[
im grapd nombre d'ouvfslgte. le
plus conûdérable eft: D^ffdns.dc
PrQfiJJwns nobles & publiqttgs , çon^
fcnant entrç auae$ , VHÎfioirc dfi la
Mai/on de Bourbon , Paris , x6o]; < in-
4®. Il mourut en 163 1 , à 80 ans.
11 étf)it très-lié avec û Camille de
Ret\ ,. qui lui donna des preuves de
fon eftinte & de £a bienveillance.
Plusieurs gens -de -lettres fe fai-
ibient honneur de fon amitié &: de
^ fociété.
LAVARDIN, roya^BEAUMA-
âîOJR ', Cota -, H}£.Df;B£RT ; £>
ÂIascaron.
> LAYÂTER , (Louis) i»ntrover*
glie, Proteftant , né à Kibourg dans
le canton de Zurich en 1,5^^7 ^njort
çh^anoine & pafteur de cette dernière
ville, le 17 Juillet 1 5 86 , à '5 9 ans,
aJaiiTç une Hijioin Sacrammtaîit ^
<ie^ Commentaires ^ des Homéiks.
Ces divers ouvrages font lus par
les gens de ion parti* .Mais, fon
Jraité curieux DeSpeHri^ , ( Genève,
1580 , in - ?^ V & tçyde , 1687 ,
if>-iz ) eft recherdxé de tout le
monde. TeiJJier donne de grands
éloges à cet auteur. On voyoiten
lui, ii*£-i7, une gravité &une.févé-
xîté mêlée d'une douceur. & d'une
r'e^é qui lui gagnoient les jMeurs,
étoit bon ami , officieux , géné-
reux ^ fîncere & doux , quoique mi-
niihre & controverfifle.
LAVAU, roy^^FLONCEt.
LA VA U R , ( Guillaume: de )
avocat au parlement de Paris, mort
le 8 Avril 1730, à Saint -Ceré,
dans le Quercy , fe patrie , âgé de
7.6 ans , fut l'oracle de fon pays par
fes connoilTances. JX* joignoit à un
coeur bofi & généiou:!^ , une mé-?
moire prodigieufe &une v^elittéi
sature. On a d^ l\Jr\ L UHîfioln
fecrete àe Néron , ou. le .Ffifin it,
Trima^clan^y tradui; avec des remar-
qij^hiftoriques, in-i2>^ 1726.. II.
Conférence de lu Jfqklfi'A'i^Ç liHlfidre
Saints ,^7J9 9 iWl^fVicà.isùWSi'^ll*
L A U
L'auteur ^jétend prouver que le$
grandes £ables , le culte & les myf-
teres<lu paganifme , ne font que des
altérations des uiages ^ hifioires &
des traditions des anciens Hébreux :
fyfiême qui n'a pas été adopté par
tous les divans. Il y a de rérudition
dans ce Hvre ; mais les conjeéhires
n'y font pas toujours heureufes.
Hu£t avoit eu la même idée avant
l'auteur -, . il n'ed pas difficile de
s'aj^rcevoir qu'il a profité de fs
Démonftratîon Evangélique^
LAUBANIE , ( Yrier de Magon-
thiertle)né en 1641 dans le Li*
mouftn , parvint par fes fervices au
grade de lieutenant-général , Zx.s'esi
rendit digne par les preuves de cou-
rage qu'il donna dans quantité d'oc-
eafions. Etant forti de Brifach à la
tête de 2000 hommes , il furpritla
ville & le château de Neubourg , y
fit 400 ptifonniers , força les enne-
mis de décamper, & occafionna la
bataille<de Fredelingen, où ils furent
battus. Nommé gouverneur de Lan-
dau , en 1704 , il y fut affiégé par
deux armées , commandée^ par le
prince Louis de Bade & le prince
Eugaie\ foutenues par l'armée d'obr
ibrvation de .milord Marleborough .
il défendit la place durant 69 jours
avéô iine valeiA: opiniâtre. Les gé<*
néraux ennemis envoyèrent un
trompette pour le fommer de 4è
rendre. // eft fi glorieux , répondit
Laubanie > de réfijier « des princes qui
ont tant de valeur & de capacité ,. que
je défirt d! avoir < encore quelque temps
cette gloih. Je v^ux mériter U même
e^me qu'a obtenue d^eux M* de Melac
dans U umps- da j^remier fiep, — Il y
a. vrçlment' di' la gloire à vaincre de
pareils ennemis , dit -l'un des géné-
raux*, ►feff apprenant cette réponfë.
iMihame^ quoique devenu aveugle
le "Il O^ofere par l'éclat d'unb
bombe^ qui creva à ies pieds , ne
le rendit que le 25 Novembre, &
obtint Ua- plus* hot;K>rable eapitult^
•1. A U
,1tofl. J^ &t £ait grand <« croix «te
foidne de Saint-Louis , &ie retira a
ito. Le duc àe. Bourgogne avoit
^beaucoi^ d'efiâine ppur ce brave
officier; Il le préfenta un- jour à
lomXiy , le tenaat par la main ;
& il adreââ ces .paroles au roi :
Sise , yoUà un pauvre- aveugle ^l
âurokbefoind'unkatan:* Louis JT/^
se répondit rien. Lauhame fiit û
faiâ de ce filence , qu'il tomba ma-
^iade& mourut peu de temps après
«Q 1706, àé'f ans.
' UUHëSPINë, V4>yei AvBES-
. FINE.
LAU^USSEL, ( Ignace deO Je-
•fcite / né à Verdun en 1665 ^ pro-
Ha av«c diitinâion dans fon or-
dre, fut provincial de la province
^Champagne , & enfuite préfet des
'études du prince Xouû tUsÀfiuricsi
& lorsque ce prince & fut marié , il
devint confeffeur delà princeilie. Il
mourut au Port-Sainte-Marie en
Efpagne , le 9 Oûobre 1.730, à
'67 ans , après avoir publié quel-
^[ues ouvrages. Les plus connus
font ; L X<2 rie du Père Chartes de
lorraine^ Jéfiiite , 1753 , in -12.
.n. Traité des abus de la Cnùqm.^en
màfre de Re/lgUfn , 1710 , x vol.
in- II. Son but étoît dç venger la
-religion, descoup^impAÛjOTatisque
lui portent les incrédules^ les hé-
réù^es. L'entrq>rile. étoit très-
louable^ mais eue auroit pu être
exécutée phis heureuièmeat. L'au-
teur a compilé dans fon livre, ce
-^ia été dit de plus impie, déplus
'ibindalenx &de phis indécent fur
nos myfteres, fans y répondre le
plusiouvent que par des exclamar
-dons ou de foibles rai^nans. Il .âl-
loit un Bojfuet , un Pa/cal pour un
patél ouvrage v& Lu^raffelxiaiVQit
ai leurs talens , niieurlogique»
LAUO , < Guillaumede ) Als d'un
Jboittgeois deRéading .en Angle-
■tene, fiit Ulnftre parrfes talcns &
(Par £aL.cos&mu» daQsfesmialbeufs.
TL A tJ 191
II prlr le boimet de doreur à
Oxford , & parvint par fon méritle ,
après avob^ rempli divers fieget ,
à l'ardievôché de Contorbery^ Son
4uxackemei(t à Charles J , fi glorieux
pour fa mémoire , lui ait fonefte.
Les eiMiemis de ce prince ârent
mettre l'archevêque à la Tour de
Londres. Il fut accufépar le parle-
ment d'avoir voulu introduire U
religion Catholique , d'avoir entre-
pris de réunir l'-églife Rom»ne avec
l'Ai^licanê. Laud démontra la fai^
ieté de toutes «es imputations ;
m^'Ckarles ayant été emiéremiefac
défait, & le$Kditieux n'ayant plus
rien à draindre , on fit couper la
tète à cettlluftre prélat, le 10 Janvier
1644 j il avoit alors 71 ans. -Il
.foufïrit la mort avec l'intrépidité
d 'Un martyr. Il fit fur 1 echafaud un
long diicours , où il iniinua qu'd
mour<ttt four n'avoir pas voulu abati"
• donner lé tempkde Dieu 6* adorer les
veaux de Jnoàoàtn ; iffaifoitallufioit
- au fchifme des Presbytériens. La^â
avoit beaucoup d'esprit , & îl Ta-
voit perfeâiônnéparTétude. Éga-
• lement propre aux affiures 6c- au
cabinet , il pafla pour bon théolo-
gien : mais il ne ^utint pas fa ré-
putation de<bon politique. Il s'ex-
pliqua fouvent fur fes ennemis
d'une mamere aigre & dure. La
droiture de ÇoA cœur & la pureté
-de ies imenôons lui perfuaderent
qu'il pouvoit parler impunément
, contre le vice triomphant: il fe
trompa , & fournît aux parlemen-
taires qui n'étoiem pas d'htimèur
• de pardonner à leurs ennemis ua
-moyen de le perdre. Il eut même
beaocof^ de peine à obtenir qu'on
ife contentât de lui trancher la tête.
•On voul^ le^foumeeiFô'à'unrup-
pltce plus ■ infime. Cependant après
£aL mort , on permit à que^ues-uns
de^fesi amis' de' pendre fon corps
pour rentecrer a leur gré* On a de
cet ..iiiibi$u9é 'préltt uacxJpôlû^
•191 L A U
de l'EgUfs AngUumt CoiXtK FIfcker ,
Londres, 1639, wrioUo, ff^arthon
publia en 1695, in-folio, UFie
et cet archevêque. Elleeftcurieufe
& recherchée. On. y trouve Thif-
toire du procès de Landy com-
poféepar lui-même dans la Tour de
Londres avec beaucoup* de vérité.
Foyei Lau.
LAUDUN, ^©^<x Delauduh.
LAUGIëR^ (Marc- Antoine)
né à Manolque en Provence , le 2$
Juillet 17 1 3 , entra de bosne heure
chez les JéTuites. U fe confacra à
la chaire , & prèchaà la cour avec
applaudiiTement. Ayant (pistté la
Compagnie de Jefus pour quelques
mécontentemens qu'on lui donna,
il fe tourna du côté des beaux-
arts. Son EJfai fur PArckiuSun ,
175 y , in-8° , dont il y a eu deux
édttions, prouva qu'il étoit né pour
eux. Il y a fans doute quelques
réflexions hasardées dans cet ou«
vrage ; mais on y trouve encore
plus de vues )uAes & d'idées fai-
nes. Ucft d'ailleurs bien écrit. Son
Hlfioire. dt U Répukiique de Venife ,
qu'il publia enfuite en 12 volumes
in-i2 , 1758 & années fuivanies ;
& celle de la Paix de Be^ade^ en
2 vol. in- 12, 1768 , luiaflîirent
un rang parmi nos hiftoriens... 11
réunit dans l'une & dans l'autre ,
à quelques endroits près, le carac-
tère de la vérité au méritede l'exac-
timde. Le Ayle auroit pu être plus
foiçné dans certains, morceaux ,
. noms oratoires dansd^autres; mais
en général il a de l'él^nce & de
la clarté -, fon hiftoire de Venife a
été traduite en Italien , & accom-
pagnée de nombreufes notes où les
. étrangers apprendront beaucoup
mieux à connoitre le fingulier gou-
vernement de Venife I que dans
i'Hiftoire inexaâe à^Amcht dt la
HouJfaU, On a encore de> lui : I.
Paraphrafe du Miferere , traduits de
^4^> i«^X}« IL V^^^i» à la Mit
LAU
du Sud , tràdmt de l'anglois, 17^^^
m^j^ & in-i2. III. Apaloffc de U
Mufique Françoi/e , 1754* in-8^«
L'abbé Lau^ mourut k 7 Avril
1769 , dansfa 51^ année > d'une
fluxion de poitrine. Ses mœurs
étoient douces, & fon c<nnmetce
agréable. U avoit des connoi^^eès -,
& fes ouvrages lui coûtoiem peu
de travail.
LAVIGNE, Foyq Vigne.
LA VINIË » fille de Latinus , rot
du Latium , étoit promiiè à Turaus ,
roi des Rutules -, mais elle ^ouia
Enée , & en eut un fils pofihume »
nommé Sylvîus , parce qu'elle l'en-
fanta dans un bots , où elle s*étoic
retirée par la crainte qu'elle avoit
A*Afeaffu , fils &*Enée.
LAVIROTTE, ( Louis- Anne)
médecin , né à Nolay, diooeied'Au-
tun , mort le 3 Mars 1759 , dans
la 34^ année de fon âge , étoit bon
f>hyficien &. observateur habile. B a
traduit de l'anglois : L OhfervamMs
fur Us Crîfcs par U pouls , de Hihdb >
in- 12. 11^ Differtatiott fur La traaf'
piration , in? 12. III. — /«r la chaleut^
in-^2i IV. Découvertes pkUofophi'
quesdi^^Ntmon , ^ptar Maclaurîa^ 1/49»
in-4^. V. Méthode pour pomper U
mauvais air des valffeau», I740 »
ia-S^. VL. Obferrations tnUrofioj^"
que» de Nudham ,1750, in-»^. VII.
Il a donné , de fon propre Êcmds,
des Obfarations fur une Hydropàoiie
fpcmanée , fmvU de U ra§e ^ iii-i2«
L LAUNAY, (Pierre de) écri-
vain de la religion Prétendue-ré-
formée , né à Blois en 1 573 , quina
une charge des finances , le titie
de fecrétaire du roi , & toutes les
prétentions d« fortune , potir fe
livrer à Tétude des livres iàcrés.
Les proteftans de France avoient
en lui une confiance: extrême, il
fiit député à tous les fynodes de fa
province , & à prefqpie tous les
îynodes nadonaux qui fe tinrent
de fba temps , & xoouait ea.1662»
L AU
 $9 tfi$, très-regretté de ceux de
fa communion. On a de lui : L Des
Parapkrujes fur toutes Us Epitres de
' S.Pauli{}xrDanUl,V£cciéJiaJk,Us
Proverhes & VApocalypJe. II. Des
Rmarçues fur U Bible , ou Expli^
ùitwn des mots , des phrafes 0 des. figures
£.fficUts de laf..aue'Ecrlture, Genève ,
1667, in-4®. Ces deux ouvrages
fonttîiHmés des Calviaiftes.
U. LAUNAY, (François de) né
à Angers en 161 2 ^ reçu avocat à
Paris en 1638 , fuivit le barreau ,
pl^da, écrivit & confulta avec un
fuccès égal , jufqu'en i68cJ. U ob-
îint ceae année la chaire de Droit
François : chaire qu'il remplit le
premier. U fit Touverrare de fcs
leçons par un Dif cours dans lequel
il prouva »« que le Droit Romain
j >» n'eft pas le Droit conmiun de
! M France «. Ducange , Bigot » Co-
I tdCer ^ Ménage & pluiieurs autres
favans , fe faifoient un plaifir de
I converfcr avec kii. Ils trouvoient
dans fes entretiens un fonds iné-
poifable des maximes les plus cer-
taines de la jurifprudence ancienne
& moderne. Ses mœurs relevoient
beaucoup fon favoir -, elles étoient
douces & pures , fa piété folide ,
û charité bien^iiânte. Il ne favoit
rienrefufer -, mais en fecourant les
niférables . fur^toutceux qui men-
dioient plutôt par pareffe que par
befoin, il leur difoit : Vous pourrie^
hlm travailler pour g-^gner votre ^ie j
ji me levé à cinq heures du matin pour
ptpwr U mienne. Cet homme eftiiiia-
ble mourut le 9 Juillet 1693 , à 81
ans. On a de lui : I. Un favant
Commentaire fur Us infilaues coutu-
lùeres 4' Antoine Loyfel , 1688 , in-
8^ U. Un Traité du ^ roU de ch.Jfe,
1681 , in-i2. III* Des Remari^ues fur
Pînftuutivn du Droit Romain & du
X>Ti,it Françoif , in-4® , 1686.
LAUNAY, (MU* DE) Voyci
Staal.
h LAUNOY, (Matthieu d«) prc-
Tomc f^
tre delaFërté-Alais , au diocefe dé
Sens , fe fit protefhuiten 1560, 8(1 '
exerça le minifiere à Sedan , où il
fe maria. Une fcene fcandaleufe.
qu'il donna dans cette ville, l'obli*
gea de fuir. Il redevint catholique «
& fiit pourvu d*un canonicot à
Soifions, C'étoit un homme ar-.
dent , toujours emporté , ou par
les pldifirs , ou par la fureur de ca-
baler. De proteÂant fanatique , il
devint ligueur furieux. 11 fe mit à
la tête de la faâion des Sd^e , &
fut le promoteur de la mort, de
riiluftre préfident Brijfon. Le duc
de Mayenne ayant fait pourfuivrd
les meurtriers de ce magiftrat , Lau-^
noy pafla en Flandre^, & y finit ,.
à ce qu'on croit, fon^abominable
vie. On a de lui de mauvais Ecrits
juft'ficatîfs & de c^mr^v^rfe , dans
lefquels il calomnie les minières,
Calviniiles , comme il avoit calom-
nié les p: êtres Catholiques dans le
temps qu'il étoit Proteftant»
II. LAUNOY.j (Jean de) né au
Vaidefis , à deux lieues de Valogne,
le 21 Décembre 1603 , vint de
bonne heure à Paris , & y prit \(^
bonnet de doûeur en théologie en
1636. Un voyage qu'il fit, à Rome
augmenta fon érudition , & lui pro-^
cura 1 amitié & 1 efiime d*Holfienius
& à'AUatîus, De retour à Paris , il fe
renferma dans fon cabinet , recueils >
lant les paiTages des Itères & des
auteurs facrés & profanes fur tou-
tes fortes de matières. Les C^nfé-^.
rmces qu'il tint chez lui tous les
lundis , fiirent une éfpece d'école
> académique , où les favans même
trouvoient à s'inflruire. Elles rou-
loient fur )a difcipline de l'églife t
& fur les droits de celle de France.
On y attaquoit avec force les pré-
tentions ultramontaines -, on y dif-
cutoit les fables des Légendes. L'a- n
poftolat de à>,D.nis VArévpagite ça
France , le voyage de la^arc & de
la Magddeine en Jrrovence > la réfux*
N .
t94 L A U'
feâîon du chanoine qnî produîfit
la converfion de S. Bruno i l'ori-
gine des Cannes , la vifion de 5/-
mon Stock au fujet du Tcapulaire >
te une foule d'autres traditions , fu-
rent pro(crites à ce tribunal. Ceâ.
ce qui fit fumommer Lamoy le Di-
MicHEUR D£ Saints, AuÈlecuré
de Saint-Roch difoit : Je /tdfins tou-
jours de profondes révérences, de patr
fu*il ne m*6te mon S, Rock, Le (Mré-
ûdent de Lamoignon le pria un )our
de ne pas Êiire de mal à S, ton ,
patron d'un de Tes villages. Comment
Aùferois^e du mal, répondit le doc-
leur } Je n*ai pas Phonneur de U con-
noitn.,. Il difoit qu'*//ic ch^Jfok point
du paradis as Saints que Dieu y avait
placés , mais bien ceux que Cignorance
/uperfdueufe des peuples y av^^ît fait
ffiS^, U avoit raye de fon calen-
drier 5ec. Catherjhs, martyre -, &^
le jour de (a fête , il affeâoit de dire
tee mefTe de requiem. Rien ne pou-
Toit corrompre l'auflere critique
de ce fage do^bcur. Non-feulement
il ne rechercha pas les bénéfices ,
xnais il rtSuÙL même ceui^ qu'on
llii of&it Je me trouvtrois bien de
VEffife , mais l'Eglife ne fe trouve-
Toit pas bien de mot^ difoit-il à ceux
^\}x vouloient lui infpirer de Tam-
Ijition. Il vécut toujours pauvre-
anent & fimplement , ennemi de ce
commerce de fourberies qu'on ap-
pelle cérémonial , attaché au vrai,
hi fe plaifant à le dire. Il aima mieux
& faire exclure de la Sorbonne ,.
^ue de foufcrire à la cenfurc du
dodear Amauld , quoiqu'il ne pen-
fât pasr comme lui fur les matières
de la Grâce. Il fit plus : il écrivit
contre le formulaire de l'afTemblée
«hi Clergé de 1656. La république
des lettres lui efl redevable de plu-
£curs ouvrages- L'abbé Granet en a
donné une bonne édition en 1631 ,
«n 10 volumes in-fôlio , enrichie *
de la Vie de l'auteur , & depUifieurs
df (es écrits qui a'aroieot point
L AU
eiicoré vu le jour. Cet habHie ai^
tique n'éait ni avec pureté , ni avec
élégance ; fonflyle efl dur & forcé.
U s'exprime d'une manière toute
particulière , & donne des tours
finguliers à des chofes très<om-
munes. Ses citations font fréquent
tes ^ extraordinairement longues ,
& d'autant plus accablantes , qu'il
ne craim pas de les répéter. Serrai*
fonnemens ne font pas toujours
juiles , &tl femble qu^quefois avoir
eu d'autres vues que celles qu'il fe
propofe dans fon ouvrage.^ U avoit
l'humeur* un peu caultique , & fa
phyfionomie qui étoit mauvaife ,
ï'annonçoit afTez. Ménage lui ayant
reproché d'avoir choqué cenSains
religieux qui l'attaquoientvivement
dans leurs écrits , Launoy lui répon»
dit malideûfément : Je crains plus^
leur canif que leur plume. Les reli-
gieux lui avoient été cependant
utiles , & il avoit beaucoup pro-
fité des entretiens du favant Jé-
fuite Sirmond,. Gul-Patm prétend
même qu'un des amis de Launoy lui
avoit dit ^ »» qu'il avoit été long-
'v temps penâonnaire des Jéfuites ^
» qui fe fervoient de lui pour ap»
n prouver leurs livres-, mais qu*en-
>« fin ils favoient cafTé aux gages ,
>» pour n'avoir point voulu don-
n ner quelque approbation à une
!♦ nouvelle do^ne qu'ils vou-
n loient publier «(. ^«y/e doute avec
raifoft que Launoy air été penfion-
naire des Jéfuites^ Ce critique
éprouva , fur fes vieux jours ,
qu'il avoir des ennemis redoutables.
On lui défendit de tenir des afTem-
blées dans 6 chambre. Quoique
on ne s'y entretînt que de fciences ,
on lui fit dire que le roi fouhaitoir
que ces Semblées cefTaâent. It
mourut le 10 Mars 1678 ^ âgç de
74 ans , dans l'hôtel: du a^nal
d^Eftrées , qui fe faifoit un pîaifîr
de le loger. Il fut enterré aux Mr-
nimes de la Piace-royale^ Le prp^
L À U t A U ïûÇ
ma préfident de la cour des Aides ; ^gialena Méjpâenfi advena , où il
Je Camus ^ lui fît Êdre TEpitaphe terrafla (on adverfaire. VI. i>r
fuivante :
D. O. M.
Su jâcet Joéuines Launo'ius « Conf^
tantUnJu «
Parifimfis Theologus ;
Çid ventatïs affenor perpeimu , .
Juritm EccUfiét & Rtps acerrimus
yindex^
Vltam utnoxUun exept i
Opes ne^lexh.
Et fuanùJwnamque ut reliSurus fatis
kéAuît.
Milita fcripfii nuUâ fpc \ raUlQ
timoré i
Ofdmam ftmam moMÎmamque
Apudprohas aàeptus ^ €tCm
Les Minimes craignant que l'éloge
de Vtntaûs ajfenor perpeams , ne
choquât ceux dont Launoy avoit
attaqué les foufTes tradidons , s'ex-
cuferent de la ^e graver fur Ton
tombeau ; & , pour colorer cette
cxcuTe , ils prétendirent avoir reçu
des défeniès de leur général & de
la cour Ses principaux ou-
vrages font : L De varia Anflo-'
telis fvriuna in Acaâemîa Parîfina :
[ Voy. AriSTOTE. ] H. De duohus
'Dîonyjus, in. hiftoiia Gymnaju
Navarre , pleine de favantes re*
cherches. XV. Inqulfiùo in Chartam
immunitatis Sanâi Germani à PratU :
ouvrage très-abondant en citations.
V. De commenùdo La\ari , hfiagda»
lente y Manfue & Maximini in Pro-
vinciam appulfu : pièce viâorieufe ,
qui plut à tous les bons critiques ,
ezcqjté aux Dominicains & aux
Provençaux. Le Pcre Guefnay Jé-
finte , tâcha de réfuter iMtnoy dans
fon livre intitulé : Magdalena Maffia
ouBontaU negantls argumenti : Ètunoy
s'y montre en plufièurs endroits
bon logicien ; mai& il donne peut*
être trop d'autorité à cet argument.
VIL De vetmhus Parifienfium Bafi^
ûds : favant & curieux. VIU. Judim
cium de auHore ûbrorum p£ Ihita»
TJONM ChrisTU IX.' De fieqittnû
Confijjiomi & EuchanJK^ ufu, X. D€
cura Ecclefia pro Sanciis & SanBo»
rum rcUquus : ouvrage judicieux.
XL De cura EçcUJU pro miftns &
paupenhus ; féconde édition , 1663 ,
in-8**. »♦ Launoy , ( dit Niceron ) en
»« publiant en 1649 ^^ Diâertadoa
« De veteri cihorum delcclu , ajouta à
>• la fin un petit écrit de fix pages »
y> où il montre que , fuivant la
» doârine des Pères , il eft mieux
y* de doimer aux pauvres qu'ausqr
n églifes. Il augmenta depuis cet
>« écrit , & le mit dans Tétat où
»» il eft dans cette édition. M. Thiârs »
M dans fa réponfe à M. ^ Launoyt^
w fur Vargument négatifs a prétendu
M qu'il avoir pillé l'ouvrage intitulé s
M L* Aumône Chrétienne , Paris , 165 1 ^
M in-i2« 2 vol. -, mais tout cepil-»
M lage fe réduit à dix pafTages des
y* Pères & des conciles, dont ZtfiMoy
» s'oft fervi ««. XII. De veteri ciko*
rum deleHu in jejuniit : qui mérite ic
même éloge que le précédent*
L'auteur y montre qu'on pourroit ^
abfolument parlant , jeûner avec
de la viande *, il le fit au iUjet dif
fiegede Paris. XUI. Defcholis celo-
hnorihus à Carolo Magno exfirucUs s
on y trouve des chofes recherchées,
XIV. De Sacramento VnSlonis E»
tréma, XV. Romande EccUfia. Trt^
ditio drca Simonium *, la matière y
eft épuifée. XVI. De v:ro auâon.
Eenfis advena , Lyon , 1643 ; mais fidti Profijfionis quA Pelag^o , Auguf»
il règne dans cette réponfe , ( dit tîno & Hieronymo trihuifolet. XVIU
Nieeron ) plus de prévention que Des Lettres , imprimées féparément
de bonne critique. Launoy répliqua à Cambridp , 1689 ,in-fol. XVIII,
&^ ^ Plfi^^^ Pîfjuifit^fnis de Flufieurs écrits fur la vem^^^ Jjr^^
>9(5 L A U
dltlon de PEgUfe touchant la GMce ,
éc fur divers points de critique hif-
torique , Ôcc. On prétend dans le
Longueruana , qu'il n'étoit pas par-
cfan de la Théologie fcoiaftique.
On ajoute qu'il avoit copipofé un
£crit^o\x il vouloic prouver qu elle
avoit apporté de* changemen» dans
la Théologie. Cet Ecrit , qui auroit
peut-être tait tort à fa mé noire ,
fut brûlé après fa mort. Refte à
favoir fi cette apecdote eft vraie....
P^oy, DiOCRE -, & I. GrANET ,
à la fin.
111. LAUNOY, orfèvre, Foye[
Ballik. I
LAUR ATI , ( Piétro ) peintre ,
natif de Sienne , difciple de Glotto »
floriflbit dans le xiv*" ficelé. Cet
artifie a travaillé à Sienne , & à
Arezzo -, il réufliffoit principalement
dans le jet des draperies , & à faire
ientir fous l'étoffe le nu de fes fi-
gures. 11 a aufil excellé dans les
parties qui regardent la pcrfpe£tive.
LAURE , ( La Belle) dame , &
non demoifelle , comme le difent
tous les diûionnaircs , d'après le
P. Nlceron , eft plus connue fous
ce noifi , qjé fous celui de Lau.e
DE NovES , qui étoit celui de fa
famille. Elle naquit à Avignon ,
ou dans un village circonvoifin ,
en î 308 , à'Audlfru de Novcs ; &
fur mariée à Hugues dt Sade , feigneur
de Saumane. Son efprit , fa vertu ,
fa beauté & ^ts gr?.ces lui foumec-
toient tous Ifcs cœurs. Ses traits
tétoient fins & réguliers , fes yeux
l)rillans , fon regard tendre , fa
phyfionomie douce , fon maintien
modefte , fa démarche noble , fa
Voix touchante. Les figures qui
Yious reftent d'elle ne font pas fi
"belles que ce portrait ; mais nous
la peignons d après Pétrarque. Ce
poète , Tetiré à Avignon , la vit
•pour la première fois en 1327. 11
xonçut une fi violente pafiîon pour
•elle, qu*il l'aima vingt ans pen-
L A u
dant fa vie , & conferva îon. ampuf
dix ans après fa mort. Ce poète
lui confacra fa mufe , & fit à fa
louange 318 Sonnets & 88 Chanfons ,
auxquels elle doit fon immorta-
lité. La plupart refpirent la poéfie
la plus aimable & les femimens les
plus tendres. Lattre étoit , dit-on ,
du nombre des dames qui compo^
foient la Cour d'Amottr. Cette couf
étoit une afiemblée de femmes de
la première qualité ,qui aetr.aitoient
que de matières de galanterie , &
qui dccidoient gravement fur ces
bagatelles. Laure mouiut de la pefie
à Avignon en 134.8, à 3Sans;.&
fut enterrée aux Cordeliers. On a
débité beaucoup de fables fur cette
dame vertueufe. Flettry ( dans fon
Hifioire Ëcdéfiafùque ) raconte que
le pape Benoit XII voulut per-
fuader à Pétrartjue d'époufer Laure ,
lui promettant difpenfe pour garder
fes bénéfices. Le poète l'ayant re-
hife fous le frivole prétexte qu'il
ne pourroit plus la chanter , L^ure
fe maria à un autre. T^Uara , con-
tinuateur de l'Hiftoire de France »
qui a adopté ce conte, fait dire à
Pétrarque qu'il ne vouloir point de
ce mariage , de peur que l'hymen
n'éteignît fon ardeur poétique. Ces
fables & beaucoup d'autres ont été
puifécs dans des auteurs Italiens ,
qui n'ont jamais bien connu Laure,
Cette dame illuftre étoit aufiî ver-
tueufe que belle. Quelques légers
foupirs , quelques regards gracieux
& quelques paroles honnêtes , fiirent
les feuls aiguillons dont elle fé
fervit pour ranimer la verve du
poète , quand elle la voyoit fe
ralentir. Nous avons dit que P<-
érar^us conferva lon^ - temps fon
fouvenir. On le prouve par la
note que l'on trouve dans fon Vîr-^
p/e, où après avoir parlé de l'ori-
gine de fon amour & de la mort
de fon amante , il ajoute : »♦ J'aime
M à croire que fon ame » comme
L A U
« SftiKjttf le dit éeSeipton rAfricsîn ,
w eft retournée au ciel d'où elle
»» ctoît dcfcendue. Je goûte une
** douceur mêlée d'amertume à me
">♦ rappeler toutes ces circonftances;
»♦ & je les écris fur le livre que
^ j*ai le plus fouvent (bus les yeux ,
->♦ pour me pénétrer de cette vérité,
» que rien ne doit plus m'être
« cher dans cette courte vie , &
>♦ qu'il eft temps de m'arracher à
'»♦ Babylone , puifque la mort a
»♦ rompu le nœud le plus puiffant
»♦ deceuxqiiimecaptivoient encore.
^ Avec le (ecours du Tout-puiffant,
*»♦ il me fera facile d'agir en con-
»♦ féquence de cette réflexion , fi
♦♦ mon efprit , déformais plus mâle
« & plus CQurageux , arrête forte-
■»» ment ia penfée fur les vains
* foucis , les efpérances frivoles ,
w & les «ccidens imprévus dont
>» il fat fi long-temps le foible
•»» jouet «.
François /, pafiânt à Avignon.,
•ordonna de rétablir le tombeau de
Lattre 'y mâs cet ordre ne fut pas
«xécuté. Ce prince l'honora d'une
Epitaphe en vers françois. Elle ne
vaut pas celle que liii fit fon amant
en vers italiens :
Qui TÏpofan quel cajh e ftULcl offa
Di quell* aima gcntlU e fola in terra
Ajpro t dur Sajfo ! hor bon uco htU
fottera
EP vero honor y la fama e heltà
fcoffa
Moru ha dcl verdc Lauro fvelta , e
fnwffa
Fréfca radtce , e U premio di tnia
gusrra,
Dl quattro lufiri e pîti ; ( s*ancor
non erra
Jli^ penjur trifto ) eP chhtde ht poca
foffa.
FeUce planta in' horgo d*Avlffiont
'Nacqoc e mori : e qui con ella giace
La pcnna ^ eP fil , Pinchiofiro e la
ragume,
V dcliçuti mmhri « o vîva fac^
t A u 197
Ch*aneor ml atoggl t fimg^l in ci-
nucchlont
Clafcum pregkî il Slgnor tracera ht
pdd.
Nous avons confulté pour cet ar-
ticle les favans Mémoires de P«-
trarque , publiés à Avignon par M«
l'abbé de Sade , en 3 vol. in-4*' ,
1764 & années fuivantes. ^oye^
auffi l'article de Pétrarque.
LAUREA, Voyi Lauria.
/. LAURENS , ( André du) natif
d'Arles, difciple de Louis Dura,
devint profeffeur de médecine à
Montpellier, & premier médecin
du roi Henri IV. On a de lui , en-
tre autres, un bon Traité d*j4natomie^
en latin, in-fol. , qui à été traduit
en françois par Héftot.»^ Du Laurent
mourut en 1609 , & eut le bonhour
de n'être pas témoin du farfiait hor-
rible de l'année fuivante.
IL LAURENS, ( Honoré du )
frère du précédent , & avocat-gé-
néral au parlement de Provfence ,
fe didingua dans le parti de la Li-
gue. Devenu veuf, il embraffa l'é-
tat eccléfiafiique , & JRenri ly lui
donna l'archevêché d'Embrun. U
gouverna fon diocefe avec fageffe ,
& mourut à Paris en 1612. On a
de lui : I. Un Traité Cvar VHenôticon^
ou Ee^t de Henri III ^o\ir réunir les
• Proteftans à . l'églife Catholique ,
1588, in-S**. L'auteur y raifonn»
favamment fur la néceffité d'une
feule religion. IL La Conférence de
Surêne , entre les députés des Etats-
gcnéraux , & ceux du roi de Na-
varre, 1593, in-8\ Cette relation
eft /peu fidelle, & fe fent des pré-
jugés de l'auteur.
LAURENS , Voytx^ Lorens.
L LAURENT, ( Saint ) diacre
de l'églife Romaine fous le pape
'Sixte II j adminiftroit en cette qua-
lité les biens de l'églife. L'empc-
ÎÉ^ur Valéiîm ayant allumé le feu
de la perfécution par un édit cruel\
Shu fut mis en croix , & du hadt
Ni4
1^9 t A 0
de fon pbgt il promit à Laurent ;
impatient de le fuivrey qu'il rece-
vroit dans trois jours la couronne
du martyre. On l'arrêta bientôt
après, & le préfet de Rome lui
demanda, au nom de l'empereur,
les tréfors qui lui avoiem été
'confiés. Laurent ayant obtenu un
délai de trois jours , pendant le-
quel il raflembla tous les pauvres
Chrétiens, il les préfenta au préfet:
yoUà , lui dlt-îl , les Tréfors de /»£-
gllfe. Ce barbare , outré de dépit ,
le fit étendre fur un gril ardent,
après l'avoir fait déchirer à coups
de ^Miet. Le héros Chrétien , tran-
quille fur les flammes , dit à fon
tyran : Pai été ajfe[ longtemps fur
ee côté ; fàUes^mol retourner fur Poutre ,
afin, que je fois rSti fur tous les deux.
Le préfet , d'autant plus furieux que
Laurent étoit plus intrépide , le fit
retourner : M^^q hatdment^ dit le
généreux martyr à cet homme de
tfang, 6» fojfq fi la chair des Chré-
tiens efi mdllmre rôtie que erue. H
jwia enfuite pour fes perfécuteurs ,
^ur fes bourreaux, poiu la ville
de Rome, & expira le lo Août
258. Sa mort fit Beaucoup de Chré-
tiens. Pluûeurs Païens , touchés de
fa confiance , ne tardèrent pas d'em-
brafTer la religion qu'il leur avoir
inipirée.
n. LAURENT, évêque de No-
vare dans le vi^ fiecle , s'illuflra
par fes vertus & par fon zèle. On
trouve quelques-unes de fes Home-
Hes dans la bibliothèque des PP.
IlL LAURENT, (Saint) moine
& prêtre de Rome , envoyé par 5.
Grégoire le Grand y avec 5, Augiif-
tin y pour converdr les Anglois,
en baptifà un grand nombre. Il fuc-
céda à S. Jupif&n dans l'archevêché
de Cantorbery , & termina {çs tra-
vaux apofloliqi^es en 619....
1} ne Êiut pas le confondre avec
5. LàvtitST , ifCi du fang royal
■ d'Irlande, qui ait abbé de GHa-
L A U
dale , plus archevêque de Dublin : Il
mourut dans la ville d'Eu en Nor-
mandie, l'an II 81.
IV. LAURENT de U Résurrec-
tion ^ ( le Frère) convers de l'oiv
dre des Carmes déchauiTés, né à
Hérémini en , Lorraine , monrut à
Paris en 169 1 , à So ans. FéneUn^
archevêque de Cambrai , qui avoir
été fort lié avec lui y le peint com-
me un homme greffier par nature &
délicat par grâce ^ gai dans fes plus
grandes maladies, & en tout &
par-tout un homme de Dieu. On
a publié fa Vie à Chàlons en 1694,
fous le titre de Aîeturt & Entretiens
du Frère Laurent^
Y. LAURENT, ( Jacques ) fils
d'un tréibrier de l'extraordinaire
des guerres, porta long-uemps l'ha-
bit ecdéfîaiiique , qu'il quitta dans
un âge aflez avancé. U Ait fecrétaire
du duc de RichtlUu , pete du célè-
bre maréchal vainqueur de MahoiL
Lauraa culdvoit la poéfie*, mais
il eft moins connu par fes vers
qui font très-médiocres, que par
la traduction de VNlfioinde Tempire
Ottoman àtSagred^ , en 6 vol. in-il»
à Paris, 1724. Le traduâeur, après
avoir poufîe fa carrière jufcpi'à S5
ans , fijt brûlé dans l'incendie de â
maifon, arrivé le 6 Mars 1726.
VI. LAURENT, (Pierre-Jofeph)
habile mécanicien , né en Flandres
en 1715 , mort en 177.., fe ûps^
par des prodiges ' de mécanique ,
& par toutes les vertus de l'excel-
lent citoyen. Le cardinal de Poli"
gnac ayant vu une petite machine
qu'il fit , âgé feulement de 8 ans ,
prédit que cet enfant ieroit un jour
un grand homme dans cette bran-
che importante de la phyiîque, &
il ne fe trompa point. Laurent fit
exécuter , à 21 ans , dans les pro*
vinces de Flandres & de Hainault ,
des defléchemens jufqu'alor&recon-
nus impraticables. Chargj^ de la di-
reâion des canaux des généralità
4e Valoidcmies &de Lille , i\ cra-
vâlla à faciliter la navigation de la
Scarpe, & confbuifit fur les autres
xivieres des édufes plus commo-
des. Valenctennes lui e& redeva-
ble d'une machine ingénieuTe pour
les fortiiicattoiis & pour fa détenfe.
le chariot qui amena de Paris , en
1757, avec la plus grande facilité,
la Satue de Loms XV ^ Ait encore
iffl des fruits de fon induibie. 11
inventa auffi ia machine connue fouk
Je nom de pana PuUs , dont on fe
Servit en Bretagne pour purger à la
lois les mines de toutes leurs eaux
incommodes, & en extraire les mé-
fiux. La jonâion de l'Efcaut & de
la Somme préfentoient des difficul-
tés infurmontables : Laannt conçut
Je projet de les vaincre» en formant
un canal fouterrain de trob lieues
d'éten4uè» dont le niveau devoit
rejoindre TEfcaut à ipiarante-srinq
pieds au-defliis de^fa fource, & la
âomme à quinze pieds au-defîbus de
fon lit. On travaille aâuellement à
l'exécution de ce grand ouvrage , que
Voltaire^ écrivant à fon inventeur ,
appeloit avec raifon un Ckef-d'auvre
inott'» Les div^s phénomènes de
mécanique, qu'a opérés cet excel-
lent artiÂe , ont été célébrés dans
Une belle Épitre en vers par M. De-
£lle^ de l'académie françoife*, elle
iè trouve dans le Trefor du Pamaffet,
Tome III. page 50.
LAURENT DE MEDICIS , Voy.
Alexandre, a?, xv.
LAURENT JusTiNiEN, (Saint)
foy. JûSTINIANI , n° L
LAURENT d'Upsal, Fcyex.
l'art. GoTH.
, LAURENT EcHARD, Toy^ H.
ECHARD.
LAURENT DE BRINEœS , ( k
bienheureux) général des Capucins,
né à Brindes dans le royaume de
Naples le 22 Juillet 1559, mort
^ Lisbonne le 22 Juillet 16 19, à
éo 9DSf s-ilhiAra par f«s vertus &
L U U 199
par fon zèle. Les pdpa, Tempe*
reiir , le roi d'Efpagne l'employé*
rent dans divetfes négociations ; &
il les remplit avec beaucoup d'in-
telligence & de fagefie. U converdt
en Italie un grand nombre de Juifs ^
en Allemagne plufieurs hérétiques ^
& Alt regardé comme un nouveau
S. Bernard, Pie VI l'a béatifié en
1783. Sa rZf, publiée à Paris eit
1787 , eft écîite avec fidélité 9
avec élégance, & nourrie de réfle-
xions intéreiTantes propres à aire
aimer la religion.
LAURENTIA, royti AcCA.
LAURENTiEN , ( Laurent ) pro-
fefleur en médecine à Florence &
à Pife dans le xv^ iiecle , traduififc
en latin le Traité de GàllUn fur Ut.
fevrts ,• & commenta les Prorn^fticÈ
d'Hippocnue , Lyon ,1550, in-i2i
Séi bonnes qualités étoient obfcur»
des par une noire mélancolie , qui
le rendolt infupportable à lui-même;
Un Jour il eut envie d'avoir une
maifoh en propre, il en acheta
une , & donna la 3^ partie du prix,
à condition que û dans fix mois il
ne payoit le refle, l'argent qu'il
avoit avancé reôerdit au premier
poflefTeur de la maifon. Faute d'a-
voir bien pris fes mefures, il né
put trouver la fomme promife à là
fin des fix mois -, ce qui le rendit Û
chagrin , que , manquant de con-^
fiance pour fes amis qui lui aUroieni
fourni cet argent, il fe précipita
dans un puits;
LAURENTIO, (Nicolas Gahri^
BO , dit ) Foyei Gabrino.
LAURÉS, (Antoine de) né à
Gignac dans le diocefe de Mont-
pellier , mort le 1 3 Janvier 1779 ^
cultiva la poéfie de bonne heure»
& remporta quatre prix à l'acadé-
mie des Jeux Floraux , & trois à
l'académie françoife. Son Ode fur
ie Jeu , refiera comme un ouvrage
bien penfé & bien écrit, & l'on
en fait par cœur quelques âançjsi
Niy
aoo l- A U
veriiflées avec autant de noblefie
que de prédfion & d'énergie. On
9 encore de lui uoe tradudion ou
plytot une imitation en vers de la
FharfiU de Lucjin, 17 7 h itt-8°, dans
)aque le il a taché de faire difpa-
roitre les tccHes&de rapprocher les
vraie > bciutés de ce poèmes mais
en voulant le décharger de fon
embonpoint il Ta un peu défTéché:
& il eil fouvent difficile de recon-
Boitre l'original dans le traducteur.
Il y a cependant des morceaux bien
verfifîés, & quelques-uns de fon
invention qui ne déparent point
le poëme htin. Le chevalier de
Laurés avoit de la littérature &
même de la pliilofopliic , mais faris
prétention i & il n employa ni le
jnanege, ni l'intrigue pour faire
valoir fes tajens & décrier ceux
de Tes rivaux. Nous n avons pas
parlé de quelques tragédies de cet
auteur. La poéÂe dramatique n'étoit
pas fa partie brillante.
LAURI , ( Philippe ) peintre, né
à Rome en 1623 , mort dans cette
ville en 1694, à 71 ans , a excellé
à peindre en petit des fujets de
Métamorphofùs , des Bacchanales , &
lies morceaux d'HîJiolre, Sa touche
eft légère , fes compofitions. gra-
cieufes , fon deflin correâ ; mais
ion coloris , rarement dans le ton
convenable , eft tantôt foible , &
tantôt outré. Il a feit quelques ?->•
fages^ où Von remarque beaucoup
de fraîcheur & de goût. Lawi
îvdit plus d'une forte de talent -,
Il étoit favant dans la perfpeftive ,
dans la fable , dans l'hiftoire , & s'a-
inufoit quelquei:ois avec les Mufes,
Un caraûere gai , une imagination
pétillante, un efprit de faillie 6(
de Uberté , rendoient fa çonver-
fitian très - amufante..,,.. V^yci
Geléç.
. LAURI A , rFraiîçoîS-Laurent de)
iJroit ce nom de la ville de Lauria
dao? kroyaumç deN?plçs , pw U
L A U
étok né : car fon nom de Ênùlle
étoit BrancM, Il fe fît Cordelicr,
& de dignités en dignités parviu
à la pourpre Romaine en 1 687 , fous
Innocent XL L'illuffare Francifcaia
auroit pu fe flatter d'avoir la tiare,
il les Ëfpagnols, avec lefquels il
étoit brouillé , ne lui euûent Eût
donner lexcluiion dans le conclave
où AUxandn VUl Mt élu : il eut I
quinze voix dans un fautin. Ce |
favant cardinal mourut à Rome le
30; Novembre 1693 , à 82 ans,
laiiTant pluûeurs ouvrages de théo*
logie. Le plus eflimé de tous eâ:
-fon Traité en latin de la Prédefima-
tion Ode U Réprobation , in'.-4** , pu-
blié à Rome en 1688, & à Rouen
en 170 ç. 5. Auffifiln eft fon guide
dans ce traité v il ne parle que d'a«
près lui , & n'en parle que mieux.
LAURIERE , ( Eufcbe-Jacob de)
avocat au parlement de Paris , fa
patrie « naquit en 1659. Il fuivit
le barreau pendant quelque temps »
mais fon goût pour les travaux da
cabinet l'obligea de l'abandonner.
Il fouilla toutes les parties de la
jurifprudence ancienne & moderne;
il débrouilla le chaos de l'andenne
procédure -, il porta la lumière dans
la nuit obfcure des Coutumes par-
ticulières de diverfes provinces de
la France , & , par des recherchcf
épinçufes , il fe rendit l'oracle de
la jurifprudence. On avoit recours
à lui comme à une reffource aflii-
rée , & quelquefois unique pour les
quefHons qui ne font pas renfer-
mées dan? le cercle des rffeires cou*
rantes. Le^ fiv^ns. les plus diftin-
gués de fon temps fe firent un hon*
neur & un plaifir d'être lié avec
lui. Lauriers fiit aiTocié aux émde<
dn jeune Digmjfeau^ depuis chan-
celier de France. Cet habile homme
mourut à Paris le 9 Janvier 1728,
à 69 ans. Ses travaux continuels
avoieni beaucoup aftbibli fon tem»
pçrauuça^ Vingt aa$ avw fy tHQit^
L A U
il hâ furvint une groâe loupe,
^ adhéroit à la gencive du côté
^ droit. Dansées dix dernières années
I de fa vie, elle groâit fi confidéra-
! blement, qu'à peine pouvoit <- il
I pieadre des alimens folides. Elle
lui attiroit des âuxions prefque con-
I ttnucUes ; & après avoir rempli fa
' vie de douleurs, elle fut la caufe
ëe fa mort. On a de lui : I. D^
VoTl^Uududruhd*Amorttjfcmentii6()%^
in-ia : l'auteur y traite auffi du
DrMdis Frjncs'FUfs ^ quieft fondé
fur les mêmes principes , & il veut
prouver que les rentes conûitu«^es
îb&t fujetes au droit d'amortiâe-
ment. IL Tcxu dis Cout.mu de la
Privâté de Paris » réimprimé avec
beaucoup de notes nouvelles , Paris ,
^777» 3 vol. in*i2. IlL hiblîothc*
fM des Coutumes , in-4^ , avec Bcp-
K-ycT' Cet ouvrage , qui n'eft pro-
prement que le plan d'im bâtiment
imxBenfe , que ces deux (avans archi-
teftes n'ont pas fini , renferme la
Pré&ced'un nouveau CoutumUrgi-
néral , & une Differtation profonde
fur l'origine du Droit François. IV.
GLffaiie du Droit François , in-4®,
•1704. Ce Diâionnaire de tous les
vieux mots des ordonnances de
nos rois & des autres titres anciens,
avoit été donné d'abord par Ra-
p^c.u ; L urlcrc le mit dans un meil-
leur ordre, U étoit d autant plus
capable de ce genre de travail , qu'il
itoit fort verfé dans la iechire de
nos poëtes & de nos vieux roman-
ciers. V. Infikutes Coutumi^rcs de
hfifd , avec de favantes notes ,
1710, a vol. in-ia. VI. Le i^'
& le 2* tomes du Rccudl curieux
& immenfe des Ordonnances de nos
Piiî^y qui t'orme aujourd'hui 1 1 vol.
in-folio : [ Voye^ Secousse. ) VII .
lîûhU Chnmvlo^que des Ordonnances^
in-4° , avec deux de Ces confrères:
VIII. Une édition des Ordonnances
compilées par Aéron & Cirdrd ,
47» , 2 vol. in»£61. . . •' -
L A V lofi
LAURIFOLIUS, f^É^e^LAOER-
tOOF.
L LAURO, (Vincent) né à
,Tropea en Calabre , cultiva de bon-
ne heure la médecine, & joignit à
cette fcience une grande capacité
pour les afi aires. Pie V qui con«
noifloit tout le mérite de ce favant,
lui conféra 1 evéché de Mondovi
en Piémont. Sous le pontificat de
Grégoire XJII y Lauru iLt envoyé
nonce en Pologne. 11 remplit cette
tionciature fucccfTivement auprès de
Slgljmond'Augufie y de Henri de Va^
lois y duc d'Anjou , & 6!Etknne Bat"
tort. Au. perfuafion, Jean IJI, roi
de Suéde , reçut dans fa cour le Jé-
fuite Antoine Poffevîn , qui ramena
Sipj'mond, fils de ce prince, à la
religion Catholique. Grégoire XIII^
en reconnoifiance des fervices de
Ldur^ , le décora de la pourpre Ro*
maine en 15 S 5. Dans cinq concla- .
ves confécutifs , Lawo eut un grand
nombre de voix pour être placé fur
la diaire de S. Pierre. Il mourut en
159a, à 70 ans, avec la gloire de
n'avoii: dû fon élévadon qu'à foa
mérite.
IL LAURO , ( Jean-Baptifle ) né
à Peroufc en 1 5 8 1 , devint camerier
d'Urbain VIII ^ dianoine de Sainte-
Marie , fecrétaire du confiftoire, &c.
^& mourut âgé de 4$ ans en 1629.
On a de lui : L Èpijiola^ 1624 ,
in-8^. IL Poemati , 1623 , in- 12.
LAUTREC, Kc^re^ Foix n^ m.
L LAW , ( Jean ) EcofTois » na-
quit en 168S à Edimbourg , d'un ^
coutelier , ou , félon d'autres , d'un
orfèvre. 11 fc donnoit cependant .
pour gentilhomme. U étoit grande
bien fait , d'une figure agréable 8c
noble, de beaucoup d'efprit , d'une
politeffe difiinguée. Ayant féduit à
Londres la filie d un lord , il tua
le firere de fa maîtrcffe , & fût con-
damné à être pendu. Obligé de fuir
"de la Grande-Bretagne , il pafla en
HpU^nde, & de làe9 Iialie, U avoit
j.0% L A V
depuis long-temps rédigé le plan
d'une compagnie, qui payeroit en
billets les dettes d'un état, & qui
fe rembourferoit par les profits. Ce
fyftême étoic une imitation de la
banque d'Angleterre, & de Ta com-
. pagnie des Indes. Il propofa cet
établiiTementau duc de Savoie , de-
puis i*"^ roi d€ Sardaigne, ( Victor-
Amédu ) qui répondit qu'<7 ii'étou
pas ajfc^ puljptnt pour fe ruiner. Il le
viat proposer au contrôleur géné-
ral de France , Des Marits , en 1 709
ou 1710 ; mais c'étoit dans le temps
d'une guerre malheureufe , où toute
là confiance étoit perdue , & la ba£e
de ce fyftême étoit la confiance.
Enfin il trouva tout favorable fous
la régence du duc d^OrUetns : deux
niilliars de dettes à écdndre , un
prince & un peuple amoureux des
.nouveautés. Il établit d'abord luie
banque en fon propre nom l'an
1716 5 elle devint bientôt un bu-
jreau général des recettes du royau-
me. On y joignit une compagnie
du Miiliffipi : compagnie dont on
faiToit efpéi-er de grands avanta-
ges. Le public , féduit par Tiquât
du gain, s'emprefTa d'acheter avec
^eur des avions de cette compa- '
gnie & de cette banque réunies.
Les richeiTes , auparavant refTerrées
par la défiance , circulèrent avec
proton ', les billets doubloicnt,
quadruploient ces richeiTes. La
France fiit très-richç en effet par
Je crédit. La banque fiit déclarée
banque du roi en 171$ ; elle fe
chargea du commerce du Sénégal ,
des fermes générales du royaume ,
& acquit 1 ancien privilège de la
compagnie des Indes. Cette ban-
<{ue étant établie fur de û vafles
ibndemens , fes actions augmentè-
rent vingt fois au-delà de leur
première valeur. En i7i9elle$va-
îoient 86 fois tout l'argent qui pou-
voit circuler dans le royaume. Le
. gouveraement reoiboûrfa en papier
L A V
tous les rentiers de l'état, & et fin
l'époque de la fubveriion des for-
tunes les mieux éta]|lies. Ce fiit
alors ( en 1710 } qu'on donna la
place de contrôleur des finances
à law. On le vit en peu de temps
d'EcofTois devemr Françob par la
naturaiiiktion -, de Protefhnt , Ca-
tholique ; d'aventurier , feigneur
des plus belles terres *, & de ban-
quier, miniâre d'état. Le déTordre
étoit au comble; Le parlemdit de
Paris s'oppofa , autant qu'il le put»
à ces innovadons , &/ il fut eâûlé
à Pontoile. Enfin dans la même an<
née , 'Law , chargé de Texécradon
publique , fiit obligé de ^itter le
pays qu'il avott voulu enrichir , &
qu'il avoit bouleverfë. Il fe retii?
d'abord dans une de fes terres en
Brie ; mais , ne s'y trouvant pas en
fureté , il parcourut une partie de
l'Allemagne , & defceodit en Italie
par le Tirol. Après avoir entrepris
quelques autres courfesen HoUan-
de , en Angleterre , en Danemarck,
il ife fixa enfin à Venife , où tl
mourut l'an 1729 , l'efprit plein de
projets imaginaires & de calculs
immenfes. Un anonyme lui a Eut
cette épitaphe :
et ^t te£ Ecùffoîs célèbre ,
Ce calculateur fans égal ^
Çtd par les règles de l'al^ehre
A mis la France à Phâpttal,
Le jeu avoit commencé fa: fortune «
& cette paffîon fèrvità la démiire.
Quoique fon état ne fîit guère au-
deâus de l'indigence , il joua juf-
qu'à fa mort. Lorfque le préfident
de Montefquîeu pafTa à Venife, il
n'oublia pas de voir ce trop célèbre
Ecoffois. Un jour la converfadoo
roula fur fon âmeux fyflême.
Pourquoi , ■( lui demanda Monuf--
quîeu , ) n'ave^ous pas ejfayé de
corrompre le Parlement de Paris ,
comme le mimftere Aîiglois fait à
Pétard du Farloatat de JUndrv?**»^
L A W
fluûle dxffirmu^ f répondît I^ir ) /
Lt Sénat Angloîs ne faU confifier la
Siméfi/à fdrt tout et qu'il veut ; le
FrottfoU M met la fienne qu*â fmt
tcut ce qu*tl doit. Ainfi PimérU petit
tn^er Pun à vouloir ce qu'il ne doit
pas faire i il e/i rare quil poru l'amtre
à fore ce qu'il ru doit pas vouloir» U
eut un en£int de & femme , ou
plutôt Cà maitreffe :'elle étoit aufll
' hautaine que belle. Elle avoit ob-
tenu une penûon qui fut iupprimée
I après la mort «tu régent ^ & cette
I femme qui , dans le temps de Ton
élévation , difoit qu7/ n'y, avait
point d^animal plus ennuyeux qu'une
Ducheffe, rentra dans la mifere &
I dans la boue d'où elle avoit été
tirée.... Voye^ l'Hîfioire du $yfihu
du Finances , par du Haut^Champs ,
la H«e, 1734 , 6 vol. in-i»i &
^ les Mémoires de la Régence , 5 vol.
i in-i2, 1749.
IL LAV , (Edmond) r«y. KiNG,
tP m, à la- fin.
LAUZUN , ( Antoine-Nompar de
: Caumontî duc de) né en 1634,
i fut s'attirer les bonnes, grâces de
loms XIV y & celles -de MU« de
Montpenfier, [ Voyei ce dernier arti-
cle}.... Lauiun , font de Pignerol ,
p^a Tan 1689 en Angleterre , poOr
aider le roi Jacques II à reconquérir
foa toyaume. Ceprince obtim|K>ttr
lui le tkre de duc de Lauiun en ^691.
il mourut au couvent des Petite-
Ai^uâins à Paris, en 1713 > âgé
de 91 ans , avec la réputation d'un
homme avantageux de brave *, mais
.qui avpitmoias de mérite , que l'art
de faire valoir le peu qu'il en avoit.
B ne lai£^ point de pofkérité de
la fille du maréchal de Lorges^ qu'il
avoit époulee après la mort de
MU^ de Montpenfar.
i LAZARE, frère de Mc7{^& de
Marthe , demeuroit à Béthanie*, Je/us
qui l'aimoit, alloit quelquefois loger
ànz lui. Le Saïiveur vint en cette
viUe quatre fovas s^ès Ifi mon de
L A Z %oj
Lâ\ârt , fe fit conduire à fon tom-
beau , & en ayant fiût èter la pierse
il lui rendit la vie. Ce miracle édi-
tant , opéré aux pones de Jérufidem,
ayant été rapporté aux princes des
I^êtres & aux Pharifiens , ces etuit*
mis delà vérité pnrent la réfolution
de faire mourir & JefiwChrifi & L^h
\are. Ils exécutèrent leut mauvais
defiein envers le Sauveur ; mais à
l'égard de Lazare , Thiftoire fainte
ne nous apprend pas ce qu'il devint.
Les Grecs difent qu'il itiounit dans
ride de Chypre , où il étoicévêqutf ^
& que fes reliques ont été trinipàr-
tées à Conôdtitinople fous Trempe-*
reur Léon U Sage, Les anciens nutr»
tyrologes d'Occident confirment
. cette tradition. Ce n eft que vers le
xiii^ fiecle de Téglife , que l'on a
. parlé de fon voyage en Pt^vence
avec Marie-Magieleine ^Marthe, fes
fœursy & qu'on Ta fuppofé. mon
évêque de Marfeille. VAl, hhvmou
IL LAZARE, pwvre , véritable
ou fymbolique , que le Fils de Diâu
nous repré&me , dans l'évangile »
tout couyevt d'ukeces , coudié
devant la porte d'un riche y où il
ne défit oit que les miettes qui tosn-
boiait de £1 table , fans que pec-
ibnne les hit donnât. Dieu ^ pour
récompenfer 1^ pQtieaoe de l^are ,
. le redra du monde ; & fon ame
.fiit portée dans te fein A'Ahahant^
Le riche mourut auffi , &eiitrettlior
pourfépulture» Lorsqu'il étoit dàhs
les tourmens , il vit de loinirt^o;»,
& lui demanda quelques tafcticlnf-
ibnens ', nm^AlMraham lui répondit^
qu'ay«i»e été dana Us déliées pendanl^
queLazare/ot^toit , il étoit jufte qu'il
fut dans les tourmens , pendant qàe
éelul-^ei étoit dans fa joie. Quelques
interprètes ont ctu , que ce que le
Fils de Dieu rappone ici de La^art
& du mauvais ridie f dk une ïàS*
toire réelle vd'au&es prétendent qu£
ce n'eft qu'une parabole ; & ondfia
qud^pie»»us9, tenastt le imlka^
204 L A 2
veulent que ce foit un fonds hîfto*
rique , anbelli par le Sauveur de
- quelquescirconftaiices paraboliques.
. m. LAZARE, religieux Grec ,
• qui avoit le talent de la peintture ,
'confacra fon pinceau à des fujets
• de piété. L'empereur ThéuphlU , Ico-
nocldfte , furieux , fit déchirer le
pieintre à coups de touet , & lui fit
appliquer aux mains des lames ar-
dentes. Laiare ^ guéri de fes plaies ,
. continua de peindre /. C, la Ste»
VUrge & les Saints. Il mourut en
. 867 à Rome , où l'empereur MUful
- l'avoit envoyé.
• LAZARELLI, (Jean-François)
- poëte Italien , né à Gubio , d abord
auditeur de rote à Macerata, en-
fuite prévôt de la Girandole , mou-
tut en 1694 , âgé de plus de 80
' ans. On a de lui un poëme (ingu-
lier, intitulé.: La Clcce.de legîttma,
La féconde édition , qui efl augmen-
. té/B , eft de Paris , fans date , in-12,
•■& a été réimprimée une troifieme
ibis. C'eft un recueil de fonnetsfic
.de Vers mordans contre un nommé
^jirrigfûni^ fon collègue à la rote de
Macérata. Il le pfend au berceau ,
& ne le quitte qu'au cercueil. Il
-pouffe la baiTeffe jufqu'à plaifanter
ïiur fa mort & fur ion enterrement.
,La yerfificatiott'de cefattrique efl
coulante , aifée , naturdlc , lesfail-
-lies vives , les plaifanteries piquan-
*tes ; mais il y règne trop d'amcr-
•<6me & de grof&éreté ; 6c ceux qui
.en ont loué la fiiieffe , ne l'ont pas
4u Y du font bien peu délicats. La
^ré£ace de cette faore renferme des
cxcufes qui ne i'excufent pas.
LAZERME, (Jacques) profef-
ifeur- de médecine en l'univcrfité
-de Montpellier , mort au mois de
Juin 1756 , âgé de plus de 80 ans,
«ft auteur d'un ouvrage intitulé :
^âciatux de morbis inumis CapUls ,
4748 , 2 vol. in-12 ; ouvrage qiâ
n'a été mis au jour que par le dé*
fix d'être utilç aux jeunes niédçcin$.
L E A
M. DidUr-des^Marêts Ta traduit ea
françois. Il a été imprimé à Paris
en 1754, fous ce titre: Traité des
maladUs internes & externes , 2 vol.
in-i2v On a encore de lut : I. Cura^
tiones morhorum , I7 5 1 , 2. vol. in-12 ,
mifes en françois fous ce titre: Me-
thvde pour guérir Us maladies , traduites
du latin de M. La^ermt ; Paris, 175 1*
in-12. Cet ouvrage eft un peu fu-
perficiel. II. De fitpptaraùonîs eyctt'
tlbus , 1724 , in-8**. III. Défère ter^
tîana Intermluente , I73I , in-S*^.
LAZIUS , (Wol%ang) profef-
feur de belles- lettres & de méde-
cine à Vienne en Autriche , fa pa-
trie, naquit en 1514 , & mourut
en 7565 , à 50 ans, avec le titre
d'hifloriographe de l'empereur FtF'
dlnand I, & avec la réputation d'un
homme fort laborieux, mais mau-
vais critique. On a de lui :' ï. Un
favant traité de Gemlum mîgrationi^
bus^ 1752 , iri-fol. Il roule princi*
paiement fur les émigrations dès
peuples du Nord. II. CommeâtarL"
rum Rtiptthltctt Romanttîn exteris prà-
vincils hello de^tufals c^njtîtutet , H-
bri XII , 1598 , in-folio , pleins de^
-recherches &• d'inexa£):itudes. lïl.
De rehus Vlennenfihus , I5 46 ,in-fol.:
favant , mais femé de fautes. Les
états de Vienne^ jugèrent cepen-
dant fon travail digne d'une récbra-
penfe honorable. ÏV. Geograpfua
Fannonla , dans OneÛus* V. In Ce* ■
neàlvgiam AuftfiieAm Commentant ,
1 5 64 , ih-foîio , ^r. La plupart des
ouvrages de La{luf ont été recueillis
à Francfort, 1698, en deux volumes
in-fol. ^Vhy. îil. Abdias.
I. LÉANDRE -, jeune homme de k
ville <l'Abydos , fur la côte de l'Hel-
Icfpont du côté de l'Afie , qui fe
noya en traycrfam ce détroit à la
nagé dans une nuit orageufe. Vir-
gile d décrit cette aventure. Georg,
L. 5. Voye^ HÉRO. *
. II. LÉANDRE , ( Saint > fils d'un
gouverneur de Quthagene , fn«
L E C
brafla d*abord la vie rnoxâftique , &
fut enfuite évê(^e de Séville , où il
cilébra un concile. Il mourut en
6oi. Quelques-uns lui. attribuant
le iOu Mijarablquc, S, Crégoln le
Grand lui dédia (es àd^r^Us fur
Joh , qu'il avoit entreprifes à fa
perfuaiion. On a de S, Léundre une
Lettre à fioremine fa fœur , qui
renferme des avis fort utiles pour
des rel^eufes. On la trouve dans
la Bibilotheque des Pères ; ainû que
fon Difccurs fur la converfion des
Goths Ariens, inféré aufli à la fin
des Aôes du m* concile de Tolède.
ni. LÉANDRE , ( le Pcre) Capu-
cio , mort à Di)on fa patrie , en
1667 , compofa plulîeurs ouvrages
qui lui firent un nom dans fon or-
dre. Les plus accueillis font : Les
vifîtés de PEyangjiU , 1661 & l66a ,
Paris, 1 vol. in-folio ; & un Cutn-
nuntdlre fur les Epîtrcs de S, Paul ,
1663 , 1 vol. in-fol.
IV. LÉANDRE, Voy, L Alberti.
LÉARQUE , fils d'Athamas &
d7io , que fon père dans un accès
de fiireur ccrafa contre un rocher ,
croyant que c'étoit un jeune lion-
ceau. Voyê{ Ivo & Athamas.
LEBAS, (JacquesPhilippe) pre-
mier graveur du cabinet du roi , né
â Paris le 8 Juillet 1707 , mort
le 14 Avril 178 3 , fe difhngua par
la délicateâe & la fécondité de fon
burin.
LEBBÈE, Voy. JuDE (Saint).
LEBEUF, Voy. Beuf.
LEBID, le plus ancien des poè-
tes Arabes qui ont vécu depuis l'o-
rigine du Mahoméûfme , embrafla
cette religion après avoir lu un cha-
pitre de TAlcoran. Mahvmet fe féli-
cita d'une telle conquête , & em-
ploya fa mufe à répondre aux chan-
îbns & aux fatires que les poètes
Arabes lançoient contre lui. Ce pro-
phète difoit, que la plus belle fen-
tence qui fàt fortie de la bouche
dçj Arabes , éîgit ceîje-ci de Lf^ii ;
L E B 205
Torr ce qui n'efipas DUu , n*efi rien».
Le verfincateur Arabe mourut , âgé »
dit- on, de 140 ans.
LEBLANC, Vvy. LBeaulieu...
Blanc , (le) n** // & ///... Car-
dan... 6- I. COULON.
LEBLANC , (Marcel) Jéfuite»
né à Dijon en 165 3 , tut un des 14 .
mathcmaucicns euvoycs par jlouIs
Xlf au roi de Siam, Il travailla à la -
converfion des Talapoins , & s em-
barqua pour*la Chine ; mais le vaif-
feau fur lequel il ctoit, ayant été ^
battu par la tempête , le P. Leblanc
reçut un coup à la tête , dont il
mourut en 1693 , à 40 ans , a» .
Mozambique. On a de lui , VHlJioîrt
de la Révc/ùaion de Slam en tCSS , à ,
Lyon, 1691 , en 2 volumes in-ii , .
avec un détail de Tétat préfcnt des
Indes. C&ttç Relation eflafiez exaâe »
le deuxième volume of&e plu- .
fieurs remarques utiles aux navi-
gateurs.
LEBLOND , Lebossu , Voye^
au B.
LEBRIXA, Vcye[ Antoine N*- ]
brijjfenfis , n** XI.
LEBRUN, Koyq Brun.
LECHE , ( N... ) mort eni764 ,
membre de l'académie des fciences
de Stockholm , profeffcur d'hifloir«
naturelle à Abo , a été le rédaâeur
d un ouvrage entrepris par l'ordre
du roi de Suéde , 6c qui a paru après
la mort de l'auteur , fous ce titre : .
Infiruclum fur U plantation des ArWes
& Arbrlffcaux fauvages , &c. Cellun
extrait des ouvrages de Utimzus &
de plusieurs autres favans natura-
lîïles , relatifs à cette raàtiere.
LECLAIR, (Jean-Marie) né à
Lyon en 1697 , d'un père mufi-
cîen , obtînt la place de fympho-
nifte de Louis XIV ^ qui l'honora
de fes bontés. Après un voyage en .
. Hollande, il fefixa àParb, où le
duc de Gramont , dont il avoit été .
maître, lui donna une pcnfioti. I<- ^
clair ')omSoit ea paûc; de U réputé
at>6 t E C
tlon & de l'eftime des honnètes-
gens , lorfqu'il fut affiUHné la nuit
du 22 au 23 Oftobre 1764, dans
ÛL 6^ année. Ce célèbre muficien
avoît dans fes mœurs une fimpli-
xité noble. Sérieux & penfeur , il
n'aimoit point le grand monde *, mais
il connoilToit l'amitié , & favoit
l'infpirer. G)mme muficien , il dé-
brouilla le premier l'art du violon ,
il en décompofa les difficultés &
les beautés , & on peut le regarder
comme le créateur de cette exécu-
tion brillante qui diftingue nos or-
cheftres. Ses ouvrages font : I. Qua-
tre livres de Soimatts , dont le pre-
mier parut en 1720. Leur difficulté,
capable dé rebuter les muficiens les
plus courageux , empêcha de les
goûter d'abord ; mais on les a re-
gardées enfuîte comme ce qu'il y a
de plus parfeit en ce genre. IL Deux
livres de Duo, III. Deux de Trio,
rV. Deux de Concerto, V. Deux
IXvertiifemens fous le titre de
BÂcriatioM, VL L'Opéra de ScylU
& Glaucus , où l'on a trouvé des
morceaux d'harmonie du premier
genre.
LECLERC, ro^.CtERc (le)...
Lesseville.... & le P. Joseph,
n* XII.
LECOQ, Voye^Coçi (le)... &
Kanquier.
LECTIUS , (Jacques ) fut quatre
fois fyndic de Genève, & jouit d'une ,
grande confîdération dans fa petite
république. On a de lui : I. Des
Foéfits , 1609 , in-8*». II. Des D//-
cours , 161 y , in-8®. III. Il a donné
une édition des Pojéta, Gmcl vacres
Heroïciy Genev», 1606. in-fol. Les
Tra^ques ont paru en 16 14, in-fol.
J^eciluf mourut en 161 1, à 53 ans.
LECZINSKA , (Marie) Voyci
XVII. Marie.
LECZINSKt, rb>. Stanislas,
n« II.
LEDA , fille de Thyejk & femme
4e Tindare^ ftit «wnée itJupit^^ Cç
L E D
I^u étant amoureux d'elle , né
pouvant la furprendre , fe méta-
morphofa en cygne , & la trompa
en jouant avec elle fur les bords du
fleuve Eurotas , où elle fe baignoit.
ËUe conçut deux otu& , de l'un deT-
qùels fortirent ffé/ene & Cafior , &
de l'autre PoUux & Cfyumnefln,
I. LEDESMA , (Pierre) Domi-
nicain , natif de Salamanque , mort
en 1616 , enfeigna à Ségovie , à
Avila & à Salamanque. On a de
lui un {Traité du Mariage , une Som-^
me des Sacremens & divers autres ou-
vrages. Il ne faut pas le confondre
avec Dieff> de Lmdesma , Jéfuite
Efpagnol, na^ de Cuellar, qui
s'acquit l'eftime du pape Grégoire
XIII , & qui mourut à Rome en
IJ75 ; on a de lui divers écrits. Il
y a eu deux autres Dominicains de
ce nom , tous les deux théologiens
fcoiaftiques -, le premier, Barthélémy
né à Niéva près de Salamanque ,
mourut évêque d'Oxaca en 1604 ;
le fécond , Martin , finit fes jours en
1584 : l'un & l'autre laiHerent des
ouvrages.
II. LEDESMA, (Alphonfe) né
à Ségovie , appelé par les E<5)a-
gnols le Poète Divin , eft une divi*
nité peu connue par les étrangers.
Il mourut en 1623*, âgé de 71 ans.
On a de lui diverfes Poéfies fur des
fujets facrés & profanes. On y trou*
ve de la force & de la nobleife s
mais l'auteur s'efi trop abandonné
à fon imagination , & n'a pas aiTez
confuité fon goût. Au refte , le uom
de Divin lui fut moins donné à
caufe de la fublimité de fon génie ,
que parce qu'il s'appliqua à traiter,
en vers des fujets tirés de l'Ecris
ture-fainte.
LEDRAN , (Henri -François)
chirurgien fameux , fur-tout pour
la lithotomie , mort à Paris le 17
Oftobre 1770 , à 8 5 ans , brilla éga-
Ipneat par ta'de^ttéjû^ $ie la ni^ia
le par retendue des lumières. Oa
• de lui : I. ParaUtle des différentes
manières de tirer la pierre de la veffU ,
Paris, 1730. Il a donné une fuite
à cet ouvrage en 1756. II, Olfer^
votions de Chîrur^t ^ Paris, I7f l ,
ivoirin- 12. III. Trotté des Opéra-
tions de Chlntr^ , Paris , 1742 ,
ifl-S^. rV. R^kmotu Jw Us plaies
d'armes à feu , Paris , 1759 , in-12.
V. ConJuUations fur la ph^art des
maladies qui font du reffan de la Ckl^
re.-jtf, Paris, 1765, in -8**. VI.
Traité économique de VanatomU du
corps humain , 1768 : ouvrage moins
ciÛmé <{ue les autres produétions
I de cet habile homme , qui ont mé-
rité les fuf&ages , non - feulement
i des François , mais auill des étran~
; gers -, la plupart ont été traduits en
Allemand & en Anglois. Son père
\ Henri Ledsan , ait un des plus
I grands opérateurs de fon ikcle : il
s'acquit {ur-tout cette réputation
dans les années & à la cour« Il
mourut Tan 1720.
LEE«lOU , ( Pierre-Lambert)
naâf d'Hui , reli^eux Auguftin ,
doâeur de Louvaîn, profeâà la
théologie dans Tuniveriné de cette
I ville avec beaucoup de léputattom
Innocent XI ^ inftruit de fon mérite ,
le fit venir à Rome , & lui donna
la préfeôure du collège de la Pro-
pagande. Les papes Alexandre VIII,
Innocent XII & Clément XI , n'eu-
rent pas moins d'eftime pour lui.
Innocent le nomma à l'évêché In par-
dhus de Porphyre , & même , dit-
on , l'eût décoré de la pourpre , û
ia modcfHe avoit voulu fe prêter
à cette offre , féduifante pour tant
d'auttes. Ayant eu quelque défa-
grément à l'occafion de l'affaire du
P; Quefnel , dans laquelle il avoit
été nommé confulteur , il fe retira
à liege avec la qualité de vicaire-
général de ce diocefe. U y mourut
le 6 Mai 1721 , à 81 ans. On a de
lui ir Differtadont fur Uk Çomri^n'
L É Ë 207
€fl*Attndon y Rome , 1707 , & Mu«
nich , 1708.
LEE, ( Nadianaël } poëte dra*
matique Anglois , élevé dans l'école
de AX^e^kninider , puis au collège de
la Trinité à Cambridge , a laiffé xi
Pièces reppéfeatées avec fuccès t\jx
le théâtre Anglois *, mais oa douce
qu'elles euâeat les mêmes applau*
difiemens fur le théâtre François^
les iU)ets n'en font pas toujours bien
choiûs , ni les intrigues bien con*
duites. Ceux qui s'attachent moins
à la régularité & à la conduite du
plan , qu'à la verfification , y trou»
veront quelques vers heureux. Ce
poète , mort inienie , a été loué paj*
Addiffon,
LEEUWEN, (Simon Van) ju-
rifconfulte HoUandois ^ né à Leyde
en 1625 , exerça long-temps la pro-r
feffion d'avocat avec beaucoup de
r^utation dans ùl ville natale , ëc
mourut à LaHay e le 1 3 Janvier 1682.
U étoit verfe dans le droit Romain ,
mais encore mieux dans celui de
foa pays. Ses ouvrages feroient ef-
nmésp4usqu'ils ne le font^ s'il avoit
nàcvx poifédé les belles-lettre& Il
a donné : I. Pratique à Pufage des
Notaires , en flamand , Sec, Roter-
dam , Ï741 , 2 vol. in-8*; II. Cfen-
jfià-a forenfis , Leyde , 1741 , 2 vol.
in-fbl. III. Une Edition du Cerps
de Droit Civil , grec & latin , avec
les notes d'un grand nombre de la-»
van»; Leyde, 1663 , {vl-îoL belle
édition, IV. De origine & progrejpt
Jurls Civitis Romani , 1672 , in-8**.
LEEW, Toytf^ Léonin.
LEFEVRE, KoyqFivRE.
LEFORT, Voyei Fort & Mo-
RINIERE.
L LEGER , (S.) évêqued'Autun »
fut miniftre d'état fous la minorité
dé Clotdre III y Cl, fuivant quelques
auteurs , maire du palais fous ChU'-
deric IL II ne s'occupa qu'à faire
régner ces princes avec juilice &
hinxamté. Les cots-nAns^ l'ayant
io8 L E G , -
rendu (nCptù à ChiùUric , il fe rem
à Luxeuil *, mais fa retraite ne le
mit pas à Tabri de la perfécution.
Ebruln^ maire du paJais, lui ât crever
les yeux ^ eahn il fut décapité l'an
680 , dans la t'orêc de Luch^u en
Picardie , dioccTe d'Ârras. Il nous
refte de lui des Statut^ Synodaux ,
dans le> Conciles du P. labbe ; &
une Lettre de çonjo/adon à Sit/ude ,
dans la Bibliothèque des Manufcrits
. de Labbe,,, f^oyei ëbroin.
II. LEGER , ( Antoine ) théolo-
gien proteiiant , né à Ville-Seiche ,
dans la vallée de Saint-Martin en
Piémont, lan 1594 » alla en qualité
de chapelain de 1 amballadeur des
États - généraux à Conftantinople.
Il y lia une étroite amitié avec cy*
rlUe ÀMCar , dont il obtint une Con-
feffhn de Fol des Eglifes Grecques
& Orientales , qui a été contredite
par les théologiens cacholiques. De
retour dans les Vallées , il y exerça
le minillere *, mais le duc de Savoie
rayant fait condamner à mort com-
me fanatique & féditieux , il fe re-
tira à Gsneve, oà il obtint une
chaire de théologie : il y mourut,
en 1661 , à 67 ans. On a de lui
une Edition du Nouveau T^JLunent ,
en grec original & en grec vulgaire,
en deux volumes ia - 4**. AntSme
Lbg^r , fon fils , né à Genève en
lïôji , fut un célèbre prédicateur ,
& mourut dans cet^ ville en 1680.
On a de lui cinq volumes de Str--
mons , imprimés après fa mort.
III. LEGER, (Jean)dofkcurpro-
teftant , ne en 161 5 , neveu à! Antoine
i-tf^crlepere , fut miniftrc de l'églife
de Saint-Jean , après Ta voir été de
quelques autres. Il échappa heureu-
fement au maflacre que le marquis
de Punejjc ût faire des Vaudois en
1655. Ayant été député en 166 1
auprès de plufieurs PuiiTances pro-
tellanteî , la cour de Turin ( déjà
fort irritée contre l'oncle ) fit ra-
Cer à Saifu-Jean la maison du neveu^
LÉG
& le fît déclarer criminel âe le(b^
majefté. Il devint enfuite pafteur
de. l'églife Wallone a Leyde , & il
remplifibit encore cette ^lace en
1665 :on croit qu'il mourut peu
de temps après. Il a laiilé ïhijioire
d€s Eplfes EvangéHques des f^ allas
de Piémont , in-fol. -, écrite avec un
peu de pafiion» mais en général
avec vérité.
IV.LEGER , (Qaude) né à Atddii,
' petite ville du diocefe de Soiffons , . .
en 1699, embraffa l'état eccléfiaf- '
tique , & en eut toutes les vertus.
Deveflu curé de Saint-André-des^
Arcs à Paris , il gagna Teftime &
le refpeû de tous les gens de bien
■ par fa charité , fon zèle , fon déiin-
térefTement. Il mourut à Paris en
1774, regretté fur-tout d'un grand
nombre de prélats qui avotent été
fes élevés dans les fciences du faint
miniilere. A l'occafion du monu«
ment qui lui fut érigé en 1781 ,
l'évêque de Senez ( M. de Beau-
vais ) prononça fon Eloge funèbre» ■
LEGET, (Antoine) né dans le
diocefe de Fréjus , fiit fupérieur du
feminaire d'Aix fous le cardinal de \
Grlmaldu On a de lui : !• Une /2e-
tralte ds dix jours , in- 1 2. II. La Con"
duite des d/nfejfeurs dans le Tribunal
de la Pénitence^ in-X2. III. Les Vé*
rhables Mixlmes des Salnis fwPA*
mour di Duu, Il mourat en 1728,
à 71 ans, direâeur de la maifon
de Sainte-Pélagie.
LEGIONENSIS , Voye^ LÉOK ,
n° xxiî.
LEGOUVÉ, ( N... ) avocat au
parlement de Paris , mort eni78i,
. fe chargea de bonne heure des af-
faires qui fixoient l'attention pu-
blique. Telle fut , en 1761 , celle des
fi-eres Uonâ contre les Jéfuites. En |
développant le premier l'efprit des I
conftitutions de cette célèbre So-
ciété, il fut Tuiie des caufes de fa
. dei^âion en France. Depuis cette
époque , Legouvc ûtt l'un des ora-
cles
'■>.
L E i
jdôi du barreau de Paris. Comme
il unilToit au talent de plaider
celui de mieux écrire encore , il
a fait beaucoup de Mémûlns jufte-
ment efûmés. Embrafîant tout dans
fes lujets & les traitant avec pré-
cifion & clarté , ilfe diftingua fur-
tout dans les queftions abftraites.
Ceft là (ju'll déploya deux qualités
importantes dans un écrivdn, &
fur-tout dans un avocat : la faga-
cité & la méthode. La plupart de
fc« Mémoires & de fes Confiilta-
dons font des modèles de difcuf-
fions bien faites & bien écrites ,
isas autres ornemens que ceux qui
naiubient de fon fujet même, Sçs
Vertus égaloient fes talens. Content
•d'une médiocrité honorable , il re-
fiifoit à.Qs moyens de s'avancer ,
qui, qiioique légitimes , répugnoient
à fà délicateffe. Ce qui conviendroh
à un autre homme , difoit-il, ne con^
ylendroU pas à un Avocat, La féré-
mé de fon ame & de fon vifage
l'accompagna jufque dans les bras
de la mort. Ses dernières paroles
Êirem celles qu'il adreiïa à fon fils :
Je vous fouhaite une vie aujjjî pure &
fne mort aujji douce que la mienne.
LEGRAND, Legros & autres,
Voye^ lettre G.
LEIBNITZ, ( Guillaume-Gode-
ixoï baron de ) naquit à Leipzig
en Saxe le 23 Juin 1646 de Fré-
déric Leibnitz profefTeur de morale
& greffier de l'univerfité de cette
ville. 11 fut un de ces enfans privilé-
giés de la nature , qui embrafTent
tout & qui réuffiffent dans tout.
Après avoir £ait fes premières étu-
des , il s'enferma dans la nombreufe
bibliothèque que fon père lui a voit
laiffée. Poètes , orateurs , hillo-
ïiens , juiifconfultes , théologiens ,
philofophes , mathématiciens ; il
île donna l'exclulion à aucun genre
de littéramre, & devint un homme
«niverfel. Les princes de Brunf-
^ck, inilruîts de fes tal.ens pour
Tome K
L E I 109
rhifloîre, lui confièrent celle de
leur maifon. Il parcourut toute
l Allemagne, pour ramaffer les ma-
tériaux de ce grand édifice, & paffa
de là en Italie , où les marquis de
Tofiam^ de Ligurle & d'EJi ^ fortis
de la même fouche que les princes
de Brunfwlcky avoient leurs prin-
cipautés. Comme il alloit par mer
de Venife à Mefola dans le Ferra-
rois, il fut furpris par une tem-
pête. Les matelots , le croyant Al-
lemand & hérétique, alloient le
jeter dans la mer pour défarmer la
Divinité, lorfqu'ils virent qu'il ti-
roit un chapelet de fa poche , &
.cet expédiex^t le fauva. De retour
. de ce voyage en 1690 , il commen-
ça à faire p^ au public de la ré-
colte abonc/ante qu'il avoit faite
dans fes favantes courfes. Son mé-
rite , <:onnu bientôt dans toute
l'Europe , lui procura des penfions
& des charges honorables. L'élec-
teur Emeft-Augufte le fit , en 1696 ,
fon confeiller-privé de jufiice-, il
rétoit déjà de l'éleftcur de Mayence,
& du duc de Brun/wlck-Lunebourg,
En 1699 il fiit mis à la tête des
aflbciés étrangers de l'académie des
fciences de Paris >, il n'avoit tenu
qu'à lui d'y avoir place beaucoup
plutôt , & avec le titre de penfion-
naire. Dans un voyage qu'il fit en
France , on voulut l'y fixer fort
avantageufement , pourvu quTl
quittât le Luthéranifme -, mais ,
tout tolérant ou plutôt tout indif-
férent qu'il étoii pour toutes les
religions , il rejeta abfolument
cette condition. L'Allemagne en
profita : il Jnfpira à l'élefteur de
Brandebourg le deffein d'établir
une académie des fciences à Berlin»
Il en fut fait préfident , & il n'y eut
point de jaloux -, car qui auroit
pu rêtre alors en Pruffe ? Un champ
non moins vafte & non moins
glorieux s'ouvrit à lui en 1711, L«
C^ar le vij à Torgaw , §c ce l^j
o
1
îio L E I
gidatciir de Barbares traita Lilhmt[
avec la confidération qu'un ûige
couronné a pour un fage qui raé-
riteroit la couronne. Il lui fît un
magnifique prcfent , lui donna le
titre de fon confeillcr - privé de
juflice , avec une penfion confidé-
rable. L'empereur d'Allemagne ne
le récompenfa pas moins généreu-
fement que celui de Ruffie : il lui
donna le titre de confeiller auli-
•que , avec une forte penfion , & lui
£t des offres confidér4bles pour le
feer dans fa cour. La vie de
Lelbnlti ne fut marquée que par des
cvénemens flatteurs , fi Ton en
excepte la difpute de la découverte
<lu Calcul différentiel. Cette querelle
couvoitfousla cendre depuis 1699 -,
elle éclata en 171 1. Les admirateurs
de Newton accuferent le pUilofophe
Allemand d'avoir dérobé à celui-ci
l'invention de ce calcul. La chofe
n'étoit pas aifée à prouver ; Kel/l
l'en accufa pourtant à la face de
l'Europe. Lùbnît^ commença par
réfuter cette imputation avec beau-
coup d'impétuofité dans les Jcur-
naux d& Leip\îgj & finit par fe plain-
<lre à la Société foyale de Londres ,
en la demandant pour juge. L'exa-
men des commifTaires nommés pour
^ifcuter les pièces de ce grand pro-
cès , ne lui fut point fovorable. La
Société royale donna à fon conci-
toyen l'honneur delà découverte,
;&, pour jufHfîer fon jugement ,
.elle le fit imprimer avec toutes les
pietés qui pouvoient fervir à appuyer
l'arrêt. Les autres tribunamx de l'Eu-
rope favante jugèrent Lelowti avec
moins de févérité , & peut-être
■avec plus de juflice. Les fages pcn-
ferent afîez généralement que le
philofophe Anglois te le philofo-
phe Allemand avoient faili ch:icun
ia même lumière & la même vérité ,
par la feule conronnlté de la péné-
ttation de leur génie. Ce qui les
confirma dans leur opinion , c efl
L E f
qu*lls ne fe rencontrèrent que dans
le fond des chofes ; ce que l'un
appeloit Fluxions , l'autre le nom-
moit Différences, L'infiniment petit
étoit marqué , dans Leîhnit^ , par un
caraftere plus commode & d'un
plus grand ufage , que le caraftere
employé par Newton, >» En général ,
(dit Fontenelle , ) » il faut des preuves
»♦ d'une extrême évidence pour
>♦ convaincre un homme tel que
>♦ M. Lelbnlti d'être plagiaire
♦♦ Les gens riches ne dérobent pas ,
>♦ & combien M. Leîbnlti l'étoit-il !
>♦ Il a blâmé De/canes de n'avoir
» £tit honneur ni à Kepler de la
»♦ caufe de la pefanteur tirée des
»» forces centrifuges , ni a SnelHus
» du rapport conftant des finus des
>' angles d'incidence & de réfrac-
H tion •: puits artifices qui lui ont
>♦ fait perdre beaucoup de véritable
n gloire,' Auroit - il négligé cette
>» gloire qu'il connoifToit fi bien?
>» D'ailleurs , on ne fent aucun*
»♦ jaloufie 4ans M. Ldhniti. Il excite
»» tout le monde à travailler -, il fe
>♦ fait des concurrens , s'il peut ; il
>» ne donne point de ces louanges
>» baflement circonfpcâes qui crai-
»> gnent d'en trop dire -, il fe plait
^ au mérite d'autrui : tout cela n'cft
>♦ pas d'un plagiaire. Il n'a jamais
>♦ été foupçonné de l'être en au-
tt cune autre occafion -, il fe feroit
»♦ donc démenti cette feule fois, &
1) auroit reiTemblé au héros de
M Machiavel , qui efl ëxaôeraent
» vertueux jufqu'à ce qu'il s'agiiTc ^
»♦ d'une couronne *<. Quoi qu'il en ;
foit , Lubnlti n'apprit qu'avec un .
chagrin mortel la perte de fon
pBOccs, qui entraînoit la perte du
plus beau rayon de fa gloire ; il
lui en reftoit cependant encore
aflez , puifque le vol dont on l'ac-
cufûit , fuppofoît le plus grand
génie. Ce chagrin le confuma peu
à peu , & hâta , dit-cji , fa mort ,
arrivée le 14 Novembre 1716 | j
LEI
i 70 ans, à Hanovre « comme il
raifoimoit fur la chimie. Ce phi-
lofophe ne s'étoit point marié , &
la vie qu'il menoit ne lui per-
metcoit guère de l'être. Il ne
régloit point fes repas à de certaines
heures , mais félon fes émdes *, il
n'avoit pas de ménage , & étoit
peu propre à en avoir. Il étoit
toujours d'une humeur gaie *, tnais
il fe mettoit aifément en colère :
il eft vrai qu'il en revenoit auili-tôt.
Il s'entretenoit volontiers avec
toutes fortes de perfonnes , gens
de cour , artifans , laboureurs ,
foldats. Il converfoit même fouvent
avec les dames , & ne comptoit
point ( dit FonuneUt ) pour perdu
le temps qu'il donnoit à les en-
jtretenir. Il fe dépouilloit parfei-
tement avec elles du caraâere de
favant & de philofophe , qu'il eft
fi difficile de quitter entièrement.
On l'a accufé d'avoir aimé beau-
coup l'argent. Avec un revenu très-
confidérable , il vécuttoujours aiTez
grofliérement. Mais quoiqu'il n'eût
poim de fafte , il dépenfoit beau-
coup en négligence, parce qu'il
abandonnoit fout le détail de fa
maifon à fes domeftiques. Il avoit
penfé à fe marier à l'âge de 50 ans,
La demoifelle qu'on lui avoit pro-
pofée demanda à faire quelques
réflexions -, Ldbnlt^^ dans cet inter-
valle , en fit lui-même , & conclut,
que Umarla^^hony mais que Phomme
fafgt. âoityfonfgei> touttfa vu, .Ses talens
om dû fermer les ycuxfur fes défauts.
Sa mémoire étoit admirable -, tou-
jours prêt à répondre fur toutes for-
tes de madères , il mérita que le roi
d'Angleterre l'appelât fon Diction'-
nain vivant. C'âoit le {avant le
plus univerfel de l'Europe ; hifto-
rien infatigable dans fes recherches ;
îurifconfulte profond , éclairant
l'émde du droit par la philofophie ;
métaphyfiden afîez délié pour vou-
•^o\x réconcilier la' métaphyaque
Il E I 211
€vec la théolope); &: enfin aifez
grand mathématicien, pourdifputer
l'invention du calcul de l'infini ,
au plus beau génie qu'ait eu l'An-
gleterre. Nous avons de lui des
.ouvrages dans tous ces genres,
I. Scrlptores rerum Brunfwîearum , en
3 vol. in-fol. , 1707 -, recueil utile
pour l'Hiiloire générale de l'Em-
pire & pour l'Hiftoire particulière
d'Allemagne. II. Codtx Juris gen*
ùum diplomaiîcus , avec le Supplé-
ment , publié fous le titre de Mari'*
tljfa codicls Juris , ôcc. , Hanovre ,
' 1693 .» } vol. in-fol, C'efl une
compilation de différens traités^
pour fervir au droit public , pré-
cédés d'excellentes prémices. Il y
remonte aux premiers principes du
droit naturel & du droit des gens*.
Le point de vue où il fe plaçoit ,
dit FonttnelU , étoit toujours fort
élevé , & de là il découvroit un
grand pays dont il voyoit le détait
d'un coup-d'œil. III. De jure fuprA»
matas ac legationis Principum Ger*
mania , 1687 , fous le nom fup-*'
pofé de Cé/ar Furfiener : ouvraga
plein de favames recherches, com-^
pofé pour foire accorder aux am-'
bajffadcurs des princes de l'Empire ,
non éle£leurs , les mêmes préro-
gatives qu'aux princes dltalie. IV*
Le I*' volume des Mémoires èck
PAcadénue de Berlin , en latin , in-4® ,
, fous le titre de MXfctllanea Bero^
Knenfia, V. Notîtla Optlcapromota^
dans 4es ouvrages poftliumes dq
Spinofa, VI. De Ane eomhimatoria ,
1690 , in-4**. Vn. Une foule de.
Queftions de Phyfique & de Mathéma^
tlgues , réfolues ou propofées dans
les Journaux de France , d'Angle-
terre, d'Hollande, & fur-tout de
Leipzig. Ce fut dans ce demict
Journal qu'il inféra , en 1684, les
Règles du Calcul différentiel. VIII.
Effais de Théodlciefur lahonté de Dieu^
la lihcrté de P Homme ; Amflerdam ,
1747 ► 2 vol. in-l2. La TlUadlséc^
oij. •
2!2 L E I
(dit FonuncUt) fuffiroit feule poiir
repréfenter Ldbnhi : une le^hire
immenfe, des anecdotes curieufes
ilir les livres ou fur les perfonnes ,
des vues fublimes & lumineufes»
un ftyle où la force domine , &
où cependant font admis les agré-
mens d'une imagination heureufe.
En foufcrivant à cet éloge , nous
ajouterons , pour être vrais en
tout , que le ftyle , fi louable à
certains égards , manque fouvent
de clarté , de précifion & de mé-
thode. Voici le fond du fyflême
établi dans ce livre. » Dieu voit
*• une infinité de mondes ou uni-
» vers poflibles , qui tous pré-
i» tendent à l'exiflence. Celui en
*♦ qui la combinaifon du bien mé-
» taphyfique, phyfique & moral
»♦ avec les maux oppofés , feit un
n mMleur , femblable aux ptus
•V grands géométrl^uss , eft préféré.
M De là, le mal quelconque permis,
' ^> & non pas voulu. Dans cet uni-
■ *♦ vers qui a mérité la préférence ,
>• font comprifes les douleurs &
• j» les mauvaifes aâions. des hom-
>♦ mes , mais dans le moindre nom-
*» bre & avec les fuites" les plus
9> avantageufes qu'il foit poffîble««.
jC'eft la reine de Prufl*e qiti avoit
engagé Ldhnlti à répondre aux
difficultés deBayleCur lii bonté de
Dieu ,' la liberté de Vliomme &
l'origine du bien & du mal. Il en-
treprit la Théodlcic dans ce deflein ,
du moins en apparence j car M.
Pfaf affure , ( dit Nlceron , ) que
LdbaUi étoit du fentimentde BayU^
-quoiqu'il voulût paroître l'atta-
quer , & que ce favant le lui avoit
avoué lui-même dans une de fes
lettres. Ce qu'il y a de vrai , c'eft
■ qu'il commence par mettre dans le
ciel ce BayU , dont il vouloit dé-
• truire les dangereux raifonncmens.
U lui applique ces vers de Virgile :
Candiius infutti mtxatur llmen Olympî ,
i fubpUibtMquevidctnubciÇrfii^raVafhrtiis '
L E I
Comme B^U , il ne ùàSoit pref^
que aucun exercice de religion*
Étant près de mourir , (dit JV«ero72)
fon domeftique favori lui propofa
de faire venir im mîniftre : il ré-
pondit qu'zV n^en aviU pas hefcin»
Ses pafteurs lui avoieat fait , au
fujet de fa façon de penfer , des
réprimandes publiques & inutiles .-
ai^ n'aimoit-il pas les eccléfiafH-
ques. IX. Différens Ëer'us éU Me-
taphyfique , fur l'efpace , fur le temps »
fur le vide , fur les atomes» & fur
plufieurs queltions non moins épî-
neufes. Ils ont prefque tous été
réunis dans un R^.cucîl public à
Amfterdam en 1720 , en 2 vol.
in-i2 , par Defmalftau». Comme
Defeartes , il femble avoir reconnu
rinfuififance de toutes les foliitions
qui avoient été données jufqu*à
lui , des queftionsles plus élevées ,
fur l'union du corps & de l'ame ,
fur la providence , & fur la nature
de la matière -, mais il n'a pas été
plus heureux que lui à les réfou-
d^e. L'un & l'autre étoient trop
livrés à refprit fyftématique. Ils
cherclioieût dans de vaines idées
philofophiques l'éclairciffement de
leurs doutes, & ne' l'y trouyoîent
point-, & ils ne le cherchoient
point dans la religion , où ils
Tauroient trouvé. Le principe d«
Ldhnhi de la Raifort fuffifante^ très-
beau & très-^rai en lui-même , ne
paroît pas devoir être fort mile à
des êtres anflî peu éclairés qiie nous
•le fommes fur les raifons premières
de toutes chofes. Ses MonatUs prou-
vent , tout au plus , qu'il a vk
mieux que perfonne , que les phî-
lofophes ne peuvent fe former une
idée nette de lamaderév niais dles
ne paroifTent pas faites pour la
donner. Son Harmonît préétablit
ferai -le n'ajouter qu'Une diifficultc
de plus à l'opinion de Defcartcs
ftir l'union du corps & de l'ame.
ËJ9&» fon fyitême 4« 'VQpûmi[m^
■ «Vr-*-
j L E I
I a dangereux , par le préteftJa
avantage qu'il a d'€Xplic[uer tout,
I Les idées politiques de Lctbnîti
' peuvent être miTes à côté de Tes
I idées métaphyfiques, 11 vouloit
réduire l'Europe fous une feule
puiffance quant au temporel , &
foiis un chef unique ^uant au fplri-
mel. U Empereur & Ife Papt auroient
«té les chefs de ces deux gouver-
nemens , l'un du premier , & l'autre
du fécond. 11 ajoutoit à ce projet
dûmérique , celui d'une Langue uni-
nrfcUc phllofophique pour tous les
peuples du monde. Des favans ,
pcrfjadés de la pofllbilité d'une
telle langue, en ont fouhaité la
réalité. D'autres favans , plus fages
qu'eux , ont jugé , d'après des ré-
flexions très-judicieufes , que Ton
trouveroit cette langue , lorfqu'on
I auroit trouvé la quadrature du
cercle & la pierre philofophale.
D'ailleurs , après avoir formé cette
limgiie, il auroit fallu découvrir
l'art de perfuader aux différentes
nations de s*en fervir ; & ce n'eût
pis été la moindre difficulté -, car
elles ne s'accordent guère qu'à
ne point entendre , dit FonteneUe ,
leurs intérêts commim. [ Voy, cette
matière difcutée dans la Differta-
tion de M. Mîchaëlls , des Opinions
fir le lan^e , & du langage fur Us
opinions , à Brème , in-8^ , 1762. ]
I X. Theoria motus ahftracli & motûs
I concred , contre Defcartes. XI. Ac~
j cijjioms HîficTLcce , 2' vol. in;4^ :
I recueil d'anciennes pièces. Xlï. De
I origne Francorum difquifitio ; réfutée
I pir le Pcre de Toumcnùne , Jéfuite ,
& par Dom Vaijfette , Bénédiftin.
I XIII. Sucrofancla Trinitas , par nova
I inventa Lg.ci , itftnfa ; contre IT'iJ''
I favatîus^ neveu de Socin : il y a
I de nrès-bonnes idées. XIV. Des
i . Lettres à Pciijfon fur la tolérance
i civile àa Religions , à Paris ,
1692, in-i2:avec les rcponfes de
PeUJj^jn, Il règne dans les unes &
L E I aij.
dans les autres une politefTe exem-
plaire. Le caraftere naturel de
Leibnîti le portoit , ( dit Fonunel/e , )
à cette tolérance que les efprits
doux fouhaiteroient d'établir , mais
dont après cela ils auroient affe»
de peine à marquer les bornes &,
à prévenir les mauvais effets. On
voit dans les Ouvrages pojlhumes de
Bûjfuet , que Leibniti étoit en cor-
refpondance avec ce prélat pour
travailler à la réunion des Pro-
teftans -, mais il paroît qu'il appcr-
toit dans cette affaire le même efprit
romanefque qui l'infpiroit dans les^
autres. Il reconoiffoit , du refte ,
tous les avantages de l'églife Ro-
maine fur les diverfes branches du
Proteflantilme. »* Voilà , dit-il dans
>» une de fcs lettres , la Chine ou-
ït verte aux Jéfuites , le pape y
>♦ envoie nombre de mifïïonnaires.
»♦ Notre peu d'union ne nous per-
>♦ met pas d'entreprendie ccsgran-
» des converfions ♦<. XV. PluSeur»
volumes de Lettres , recueillies par *
KoRTHOLT : [Foyei cet article.) '
XVI. Des Poéfies lathies ^ francci'-
fes. On trouve une de fes Epitres
dans le Recueil intitulé : Poètdrum
ex Ac.idcmîa GalUca , qui latine aut
gracè fcripfcrunt , carmina. Ce fut
moins le génie poétique , que l'am-
bition d'être envifagé comme un
homme univerfel , qui l'engagea à
joindre à fes autres titres de gloire
celui de poète. Il fit un poëme
fur la conquête d£ la Terre-Sainte ,
■qui ne fervit qu'à le rendre ridi-
cule , & à prouver la difficulté *
d'allier une grande étude de la
géométrie avec les richeffes de l'i-
magination & le génie des belles-
lettres.
M. l'abbé Contj^ célèbre ma-
thématicien, rapporte diverfes parti- '
cularités fur notre philofophe.
Comme elles font curicufes , nous
les tranfcrirons : mais nous les ga-
rantirons d'autant moins , qu'elles
Oiij
114 L E I
viennent d'un zélé difciple de
Newton, i>léùhnUi mourutpour avoir
>♦ voulu fe délivrer trop prompte-
»♦ ment d'un accès de goutte : il
« prit un remède qu'un Jéfuite lui
»» avoit donné à Vienne-, la goutte
>♦ remonta du pied dans l'eftomac ,
» & le malade fut tout-à-coup fuf-
>^ foqué. Il étoit alors aflis fur fon
»» lit , ayant à côté de lui fon écri-
w toirc & ÏArgenîs de Barclay, On
» prétend qu'il lifoit continuelle*
w ment ce livre -, le ftyle lui en
n plaifoit beaucoup , & c'eft ainfi
>» qu'il vouloit écrire fon Hiftoire.
>* Il lifoit , fans exception , tous
»♦ les livres ; plus les titres en
>♦ étoient bizarres , plus il en re-
»t cherchoit la lefhure. 11 trouva
w chez M. Eccard un roman écrit
9^ en langue Allemande ; ce roman
w contenoit l'hiftoire d'un père ,
M qui ayant confulté un ailrologue
«♦ fur ce qui devoit arriver à fon
»♦ fils , apprit que , pour le préfer-
»♦ ver de la mort , il n'y avoit
M d'autre moyen que de faire croire
V que fon fils étoit fils du bourreau :
»» Lubnu\ trouva ce ronjan admi-
»f rable , & le lut d'un bout à l'autre
9t tout d'une haleine. La première
»♦ fois qu'il vint à Hanovre , il ne
»♦ fortoit point de fon cabinet. II
y* ne parloit des Livres faints qu'avec
>» reipeâu : Ils font remplis , difoit-
îl , d^une morale nécejfalre aux hommes,
M II n^ vouloit point qu'on dif-
»> putât fur les matières de religion ;
>» mais quand on l'attaquoit fur la
»♦ fienne, il fe déiendoit avec la
*> plus grande chaleur. Il aimoît
>♦ les mœurs Orientales -, il faifoit
»> grand cas des langues Chinoife
5» & Arabe , & , fans fa grande
i» vieilleffe > il auroit fiait un voyage
«> à la Chine. Il ne communiquoit
» fes manufcrits à perfonne , & ne
» vouloit être contredit fur rien ;
w mais , comme l'a obfervé milord
>» Stênhùpe^ il n'entroit véritable-^
L E f
h ment en colère que lorfqu'îl s*a*
»» giflbit de politique : matière fur
»♦ laquelle il avoit des opinions
n aufli bizarres que fur tout le
»» refte. Il voulut furpaffer les ma-
»♦ thématicicns les plus célèbres;
>♦ Il n'eft prçfque point d'objets
»♦ dans la vie civile , pour lef-
M quels il n'eût inventé quelque
M macliine -, mais aucune ne réuf-
>» fit M. Nous finirons par quel-
ques mots fur la figure de Lelbniti,
Il étoit d'une taille médiocre , plutôt
maigre que gras. Il avoit l'air ap-
pliqué , la phyfionomie douce » la
vue très-courte , mais infatigable , &
qui fe foutint jufqu'à la fin de fa
vie M. Dutems a publié le re-
cueil des Œuvres Mathématiques
de Lelhniti , en 6 vol. in-4** ,1767
& 1768 -, & peu de temps après on
a imprimé fon Esprit , à Lyon ,
en 2 vol. in- 12. Ces deux recueils
font intérefïans. Felàr a donné
Mtfcellanea Leïbnltlana , Leipzig ^
1718, in-8^
LEICESTER ( Simon de Mont-
fort , comte de) fils cadet du fa-
meux Simon de. Montfort , le héros de
la crpifade des Albigeois , s'établit
de bonne heure en Angleterre , où
fa famille pofTédoit de grands biens,
Henri III ^ dont il fut gagner les
bonnçs grâces , lui donna fa fœur en
mariage, & le nomma fon lieute-
nant dans les provinces qu'il avoit
en France. Il gouverna pendant
quelque temps ces provinces avec
une févérité qui irrita les grands ;
& ayant déplu à Blanche , veuve de
Louis VIII & régente de France , il
retourna en Angleterre. Sa faveur
ne s'y foutint point : l'inconflan- ■
ce de Henri ^ & le caraftere hau- |
tain de Ldcefter^ ne pouvoient man- |
quer de produire entre eux des \
brouilleries. Un jour le comte don-
na un démenti au roi qui l'avoit
appelé traître^ & ajouta que s*U
n'éioît pas fon Souverain ^ ilfcr^cjt^^
L El
thît de eetu înfultc. Sofl adreffc ,
fes intrigues , fes déclamations con-
tre le gouvernement & même con-
tre les étrangers , quoiqu'il en fût du
nombre , fon extérieur dévot , fon
zele apparent pour les libertés na-
tionales, lui concilièrent l'amitié
ài peuple & la confiance de la no-
bleffe. Se voyant en état de tout
entreprendre, il fit entrer les ba-
rons dans le projet de réformer le
gouvernement , ou plutôt de s'em-
parer de l'autorité. Dans une af-
ïemblée parlementaire où ces fei-
gneurs parurent en armes, le roi
ayant demandé des fubfides , on ne
les lui promit, qu'à condition qu'il
remédieroit aux défordres en con-
fiant le pouvoir à des hommes ca-
pables de les corriger. Henri fe
îbumit atout-, il convoqua un par-
lement à Oxford , où furent arrêtés
les plans de réforme. Mais il fentit
bientôt le joug auquel il s'étoit af-
fujetti. Non-feulement les fubfides
qu'il efpéroit , n'arrivèrent point :
mais fes quatre fi-eres utérins , en-
fans du comte de la Marche &
de la reine IfabelU , furent bannis
du royaume, comme auteurs des
maux de la nation. Henri voulut re-
prendre fon pouvoir : ce fiit alors
que LelceJUr fe mit à la tête des
mécontcns & combattit fon fouve-
rain. Nous avons raconté , dans l'ar-
ticle de Henri HI y les fuites de
cette entreprife. Leicefter ayant été
tué dans une bataille donnée en
1264, fon corps fut haché en mille
mdrceaux : Un cccléfiaftique les raf-
ferabîa , pour les expofer à la vé-
nération du peuple , qui les révéra
comme celles d'un martyr mort
pour le maintien de la liberté. 11
laiffa cinq fils. Le plus célèbre cft
Gui ou Guidon , qui n'ayant pu
obtenir de S. Loms des fecours con-
tre le roi d'Angleterre , fuivit Chaf
^ d* Anjou en Sicile. On croit qu'il
mourut dans cette iik, On dit que ,
LEI iiç
pour venger la mort de fon père,
il affaffina dans une églife de Viter-
be, Henri fils d'un des meurtriers
dç Leicefter y pendant qu'il cntendoit
la meffe , & qu'en fortant de l'égli-
fe il s'écria : J'ai ajfouvl ma vengeant
ce! Un de fes gentilshommes lui
ayant dit que le cadavre de fon père
avoit été traîné ignominieufement ,
il rentre aufii-tôt dans l'églife , faifit
le corps de Henri par les cheveux
& le traîne dehors jufqu'au milieu
de la rue , fans que Charles pensât à
empêcher ou à venger ce crime.
LEICH, (Jean-Henri) profcf-
feur d'humanités & d'éloquence
à Leipzig , où il étoit ne en
1720 , travailla au 3<.umal 6c
aux Nouvelles Littéraires de cette
ville, & y mourut en 1750, à
30 ans. Son ouvrage le plus cu-
rieux cft intitulé : De origine & in-^
crementls Typographia Llpfienfis, U
n'avoit que 20 ans lorfqu'il le
compofa. Ses autres productions
font : I. Une édition du Trcfor de
Fabrl, II. De vita & rébus gcftls Conf-
tantini Porphyrog, III. De Diptycls
veterum , & de Dlptyco emln, Card.
QuiriniilV. Diatribe in Photii Blbllo'
thecam^ &C.
LEIDRADE, archevêque de
Lyon, bibliothécaire de Charlema'»
gne , mort en 816 , dans le monaf-
tcre de Saint-Médard de Soiffons ,
après s'être démis de fon arche vê^^
ché , eut une grande réputation de
favoir & de piété. Il étoit origi-
naire du Norique. Avant fon épif-
copat , il avoit été nommé commif-
faire avec Théodulphe d'Orléans, pour
informer , de la part du roi , des
abus qui fe commettoient dans la
Provence & dans la Gaule Nar-
bonnoife touchant les abus de la
juftice. Il fut élu archevêque de
Lyon en 797 ; & il montra un grand
zele pour le rétabliffement de la
difcipiine dans le clergé féculier &
régulier, U nous refte de lut ua
Oiv
2i6 L E I
Traité fur le Baptême , quelques Itf^-
tKs qu'on trouve dans la Biblio-
thèque des PP. & divers Opnfculcs
dans les Analef^es de D. Mablilon,
Balw^e a donné une édition de Tes
Œuvres avec celles d'JgobJrd,
I. LEïGH , ( Edouard ) cheva-
lier Anglois , ne dans le comté de
Leiccller , s'eft fait un nom par
plufieurs ouvrages, dans lefquels
règne un profond favoir , la con-
noiffance des langues & une cri-
tique fage. Les principaux font:
I. Des Réflexions , en Anglois , fur
les cinq livres poétiques de l'ancien
Teftament , Job , les P/eaumes , les
Proverbes y XEccléfiaJle & le Cantique
■des Cantiques \ à Londres, 1650,
,in-folio. IL Un Commentaire fur le
Nouveau Teftament , in - folio ,
1657. IIL Un DlcHonnalre Hébreu ^
& un DizUunnaire Grec , qui fe joi-
gnent enfemble fous le titre de
€ritica facra , in-fol. à Amfterdam ,
1696. Le i^^ a paru en françois
en 1703 , par les foins de Wol^o^
que , fous ce titre : Dictionnaire de la
Lan^ Sainte y contenant fes origines ^
avec des ohfervations. IV. Un Trotté
de la llaifon qu'il y a entre lu Religion
ér la Littérature, Ce favant mourut
en 167 I.
IL LEIGH, ( Charles ) né à
<yrange datis le duché de Lancaftre ,
pratiqua , avec beaucoup de fuccès ,
la médecine en Angleterre , & par-
ticulièrement à Londres , où il fut
fait membre de la fociété royale. Il
parcourut prefque toute l'Angleterre
en habile natiiralifte , étendit fes
obfervations jufqu'en Amérique ,
& mourut au commencement du
18® fiecle. Le fruit de £e$ recherches
•font : L HifiJre naturelle des Provln-
<es de Lancaftre^ di Chtfler & de
Derhi , avec le détail des antiquités
qu'on trouve dans ces Provinces , Ox-»
ford, 1630 , in-fol. Londres , 1700',
avec figures , en anglois. IL Hîftoire
de la Vir^nie , LoïVlres, 1 70 5 , in- 1 2>
L E L
Ouvrage fuperficiel. IIL Exercïtifl
ùones de aquis mineralibus , Londres »
1697 , in-8°.
LEIRUELS, Foyei Lairuels.
LELAND , ( Jean) né à Londres,
obtint du roi Henri VIII le titre
d'antiquaire & une forte penfion.
Il parcourut toute TAngleterre *
& fit une ample moiffon -, mais il
ne put pas profiter des matériaux
qu'il avoit amaffés. Sa penlion ne
lui étant point payée , il perdit l'ef*
prit de chagrin , & mourut fou le
18 Avril 1551. On conferve fes
Manufcrits dans la bibliothèque Bod-
léienne. Le plus eftimé de £qs ou-
vrages imprimés , eft un favant
Traité des Ecrivains de la Grande-Bre-
tagne , en latin , Oxford , 1 709 , 2
vol. in-8°. Il paffe pour exaft. On
accufe Cambden d'en avoir fort pro-
fité , fans en rien dire. Je.in Bolée
y a aufîî beaucoup puifé. On a en-
core de lui : I. "L'Itinéraire d'Angle^
terre ^tn anglois, Oxford, 1710,
in-8° , 9 tomes. IL De rébus Bri-
tannicis culleclanea ^ Oxonii , 1615,
6 vol. in-8^.
LELIO , Voy, CAPILUPI6- Ric-
COBONI.
LELIUS, Voy, L^Lius.
LELLIS , ( S. Camille de ) né à-
Pucchianico dans l'Abruzze en
1*550, entra, après une vie fort
déréglée & très-vagabonde , dans
1 hôpital de Suint- Jacques, des Incu-
rables à Rome. Devenu économe
de cette maifon , il fe propofa de
prendre des moyens plus efficaces
pour foulager les malades, que
ceux qu'on avoit employés juf-
qu'alors. Son état de laïque lui faî-
fant craindre de grands obflacles
pour fon projet, il fe mit au Ru"
dlment à 32 ans, & parvint dans
peu de temps au facerdoce. C'efl
alors qu'il jeta les fondemens d'ime
Congrégation de Clercs réguliers^
mlnljhes des Infirmes, Les papes
Sixte V , Grégoire XIV & Clén\^
L E L
VIÎÏ , approuvèrent ce nouvel
or<lre , digne en cflfet de tous les
fufirages & de tous les encourage-
incns qu'en a vu prodigués à des
ailociations moins utiles. Le cardi-
r.ai de Mcndovl lui laiffa tous fes
biens à fa mort , anivée en 1 592 ,
après l'avoir protégé pendant fa
vie. Ixllis ^ voyant fon ouvrage
aiFermi & fa congrégation répan-
due dans plufieurs villes , fe démit
de la fupériorité en 1607, & mou-
rat faintement le 14 Juillet 16 14,
à 64 ans. ^
LELY , ( Pierre ) peintre , né en
1613 à Soeft en Weftphalie , mou-
rut à Londres en 1680, à 67 ans.
Il s'appliqua d'abord au payfage;
mais le talent de faire des portraits
le fixa. Ltly- paffa en Angleterre , à
la fuite de Guillaume II de NafTau ,
prince d*Orange, & peignit toute
la famille royale. L'alflucnce des
perfonnes qui vouloient exercer
ion pinceau étoit il grande > qu'un
de fes domeftiques étoit chargé
d'infcrire les feigneurs & les dames
9ii avoicnt pris jour pour être
rcprcfentés par Le/y. Si quelqu'un
manquoit au temps fixé , il étoit
remis au bas de la lifte; enfin,
fans aucun égard ni à la condition ,
ni au fexe , on étoit peint fuivant
fon rang. Ce peintre faifoit une
grande dépenfe. 11 avoit un do-
mcftique nombreux, tenoit table
ouverte , & fes repas étoient ordi-
nairement accompagnés d'une fym-
phonie choifie.
LExMERY, Foyci Er.iERV.
I. LEMERY , ( Nicolas ) né à
Rouen le 17 Novembre 1645 ,
d'un procm*eur au parlement , aima
mieux fe confacrer à Tétude de la
n-ture , qu'à celle des chicanes
interminables des hommes. Il cul-
tiva de bonne heure la chimie,
& parcourut toute la France pour
s'y pene^onner. Cette fcience étoit
alors une cfpece de cliaos , où le
L E L 117
faux cioît entièrement mêle avec
le vrai. Lemery les fépara^ il ré-
duifit la chimie à des idées plus
nettes & plus fimples, abolit la
barbarie inutile de fon langage ,
femblabîe à la langue factée de
l'ancienne théologie d'Egypte &
aulîi vide de fens-, il ouvrit des
cours publics de cette fcience »
d'où fortirent prefque tous les chi-
mifles françois qui y excellèrent*
Obligé de paffer en Angleterre à
caufe de fon attacîiement au Ca!-
\'inifme , & ne pouvant oublier la
France & fj famille, il y retourna,
& fe f.t Catholique.. L académie des
fciences fe l'aflocia en 1699, &
lui donna enfaite une place de
p«nfionnaire. Elle le perdit le 15
Juin 171 5, à 70 ans. C'étoit un
homme infatigable, bon ami, d'une
exaÔe probité , & d'ui^e fimplicité
de moeurs affez rave. Il ne con-i
noiflbit que la chambre de {es rou-
lades , fon cabinet , fon labora-
toire, & l'académie. Il fut une
preuve , que qui ne perd point de
temps , en a beaucoup. Quoiqu'il
dût être naturellement prévenu en
faveur des remèdes chimiques , il
ne les employoit qu'avec beau-
coup de circonfpeôion. Il croyoit
que, par rapport à la médecine,
la chimie , à for<:e de réduire les
mixtes à leurs principes, les ré-
duifoit fou vent à rien. On a de
lui: I. Un Cours de Chimie, dont
la meilleure édition eft celle de
M. Baron ^ en 1756, in-4°, avec
de favantes notes. La i"^® édition
de ce livre, traduit dans toutes
les langues de 1 Europe , eut le débit
le plus rapide. 11 fe vendit comme
un ouvrage de galanterie ou de
futire. II# Une Pharmacopée unlvcr-
Jclle^ 1764, in-4°. C'eft un recueil
exaf^t de toutes les compoiicions
des remèdes décrits dans les meil-
leurs livres de pharmacie. Il en a
retranché un grar.d nombre qui lui
ai8 L E M
paroiûoient moins bons v maïs II
en a encore trop confervé. M.
Baume s 'eft renfermé, avec raifon,
dans \zs préparations effentielles.
Quoi qu'il en foit, le livre de
Lcmcry a été pendant long-temps
le meilleur recueil de ' remèdes.
L auteur fait des remarques qui en
apprennent les vertus , qui rendent
raifon de la préparation, & qui le
plus fouvent la facilitent, en re-
trandiant les ingrcdiens inutiles,
m. Un Traité unlvtrfcl des Drcpizs
fimplts^ 1759 » i'^-4° • ouvrage qui
eft la bafe du précédent , & qui eft
aufîi eftimé. Ce recueil , ( dit Fon-
unclle , ) eft une bonne partie de
l'Hiftoire naturelle. Un des mé-
rites de l'auteur, c'eft qu'il écrit
avec clarté & avec méthode. IV.
Un Traité de P Antimoine y in-8**,
Lemery s etoit beaucoup enrichi par
le débit du blanc d'Efpagne , que
long-temps il pofféda feul.
II. LEMERY , ( Louis ) fils du
précédent , & digne de lui par fes
connoifTances en chimie & en mé-
decine , naquit à Paris le 25 Jan-
vier 1677, fut pendant trente-trois
ans médecin de l'Hôtel -Dieu de
Paris, acheta une charge de mé-
decin du roi, & pbtint une place
a l'académie des fciences. Il mourut
le 9 Juin 1743 , à 66 ans , aimé
& eftimé. On a de lui : I. Un Tralié
des AllmenSy I70i> in-12 : ouvrage
clair & méthodique , réimprimé en
deux volumes. L'auteur explique le
choix qu'on doit faire de chaque
aliment-, les bons & les mauvais
effets qu'ils peuvent produire*, le
temps , l'âge & les tempéramens
auxquels ils conviennent. Ce livre
eft très-utile à ceux qui font atten-
tifs à leur fanté. Ses obfervations
fur les ufages des alimens font juf-
tcs , parce qu'elles font fondées fiu*
l'expérience *, mais les raifonne-
mens qu'il fait fur leurs principes
^fur lams^re dont ils opèrent.
L E M
ne font pas toujours appuyés fur |
une bonne théorie. II. Un grand
nombre d'excellens Mémoires fur 11 '
chimie inférés dans ceux de l'aca- '
demie des fciences. III. Trois Leures
contre le Traité de la génération des
Vers dans le corps de l' Homme ^ par
Anâry y 1704» in-12.
LEMNE , ( Lavinlus Lemnius )
né à Ziriczée en Zélande l'an 1 50c ,
exerça la médecine avec réputa-
tion. Après la mort de fa femme,
iP fut élevé au facerdoce , & de-
vint chanoine "de Ziriczée, où il
tfiourut en 1568, à 63 ans. On a
delui:I. De occultis Nature miractf
lis, in-8**. II. De Afirolo^a , in-8^
ni. De Plantis hihUcis , francofurti ,
15 91, m-ii, Lemnius eft le premier
qui ait, traité des plantes dont il
eft fait mention dans l'Ecriture,
mais il en parle d'une manière
aiTez fuperficielle & inexafte ;
Scheuch\er a mieux fait dans fa Phy^
fica facra. On a donné un Recueil
des ouvrages de Lemnîus , Franc-
fort, 1628 , auquel on a ajouté le
traité De Gcmnis de Kueus, Gtdl- ^
laume LeMne , fon fils , fiit pre-
mier médecin d'Eric , roi de Suéde,
On le fit mourir lorfque ce prince '
fut détrôné. Il y a eu un pocte de
ce nom , Simon Lemnii/s , qui vi-
voit en 1550, & dont on a de
mauvaifes Eplgramîmsy in-8®.
LEMOS, (Thomas) Dominicain^
né à Rivadavia en Galice , vers l'an
1 5 5 0 , de parens nobles , eft célè-
bre par le zcle avec lequel 'û com-
battit pour 5. Thomas contre Mo^ >
lina. Le chapitre général de fon
ordre , convoqué à Naples en i6oo»
le chargea d'aller à Rome pour dé-
fendre la doûrine des écoles Do-
minicaines. On étoit à examiner
le livre de Mollna , De la Concorde
du Libre - Arbitre & de la Grâce 'j
le P. Lemos excita les juges de cet
ouvrage , de vive voix & par écrit.
Il parut avçc éçUt dans ks çon^
gr^adons àt AuxUus\ les papes
CUmmt VUl & ?auL V, qui les
avoîent convoquées, applaudirent
piuûeurs fois à Ton éloquence &
a Ton {avoir. Le Jéfuite VaUnth ,
tcrraffé par cet habile homme, fi
Ton en croit les Dominicains , cita
dans une féance un paiTage de 5.
Auptftm , qui n etoit pas de ce Père.
Lmos le lui ayant reproché, le
Icfuite fut fi févérement réprimandé
par le pape , qu'il en mourut , dit-
on, peu de temps après, confumé
par le chagrin. Plerrt Arruhal , fon
confrère , le remplaça *, mais il ne
put tenir contre le Dominicain,
Outre que la nanire Tavoit fait
naitreavec une poitrine de fer , il
étoit environné d'««e gloire m ma-
n'icTi de couronne , qui éblotdjfolt fcs
civerfalres , Us Cardinaux mêmes.
C'eft le R. P. Chouqua , Domini-
cain , qui nous attelle ce prodige
dans fon curieux livre des Entrailles
miumelles de la Ste, Vierge pour
P Ordre des Frères Prêcheurs, Ces dif-
pmes , dans lefquelles les Jéfuites
ne manquèrent pas auili de fe
donner l'avantage, furent termi-
nées par une permifllon donnée
aux deux partis de défendre leurs
fentimens. Lemos combattit très-
bien le Molinifme', mais fonfuccès
fut moins grand , lorfqu'on attaqua
le Thomifme & la promotion phy-
fique. Il fe jeta dans la diftinaion
du Sens compofé & du Sens divifé,
11 convint que Calvin avoit fou-
tenu , comme lui , une grâce effi-
cace par elle-même-, mais il nia
que ce feâair&fut hérétique en cela ,
L E N ii$
îl prétendit qu'il ne Tavoit été
que dans cette conféquence , feufTe-
ment tirée d'un principe très-vrai ,
que le confentement de la volonté
s'enfulvoît nécejfalremcnt , par une né"
cejfv.é de conféquence : au lieu que Ic»
Dominicains foutenoient que U con*
fenument de la volonté h* étoit nécef-
faire que d'une néceffué de conféquence,
Lemos s'immortalifa dans fon or-
dre, & fe fit un nom dans l'Eu-
rope. Le roi d'Efpagne lui offrit
un évêché , qu'il refiifa. H fe con-
tenta d'une penfion, dont il jouit
jufqu'à fa mort , arrivée le 13 Août
1629 , à 84 ans. Il étoit depuis
long-temps confulteur-général. On
a de lui : L PanopUa gratia , 2 vol.
in-fol., 1676, à Bezicrs, fous le
nom de Liège. Il y traite à fond
des matières de la grâce & de la
prédefiinarion -, mais , aprb avoir
lu tout ce qu'il en dit , on finit
par où les théologiens devroient
commencer , par cette exclamation
fi fage de l'Apôtre des Gentils:
O altitudo divitlarum ! &c. I L Un
Journal de la congrégation^ de Au^
• xiliis , Reims , 1702 , in-fol. , fous
le nom de Louvain. III. Un grand
nombre d'autres Ecrits fur les quef-
tions de la Grâce, qu'on ne de-
mande pas alTcz , & fur laquelle on
difpute trop.
LEMPEREUR, Voy. Empe-
reur.
LENCLOS , ( Anne , dlu Ninon
de) naquit à Paris en 1615 , de
parens nobles. Sa mère vouloit
en faire une dévote -, fon père (*),
homme d*efprit & de plaifir , réufïit
(•) „ Ménage rapporte dans fes Ohfervations fur Malherbe , qnc M. Uinon ma
}i en duel , près les Minimes delà Pla ce- royale , en 1630 , le baron de Chabans ^
}) auquel Malherbe cvoit adreffé plufîeurs de fes poëfies fous le nom de M. ^u,
if Maine: c*étoit un foldat d« fortune, d'abord ingénieur , aide-de-camp au fetn
>t vice de France , qui ^toit paffé à celui de Vcnife en qualité de lieutenant.
»j d'anillerie ( Note fournie à Tlmprimeur ) *'. Nous doutons que ce Ninon fut
U père de Mlle, de Lenetos , dont le nom de iiinon étoit tiré Yraifemblabiement
^e celui d*Anne ^'«Ue avoit reçu aa baptême» ^
ttiô L E N
beaucoup mieux à en feiré une
Epicurienne. Ninon perdit l'un &
l'autre à l'âge de 15 ans. Maîtreffe
tf c fa deftinée dans une grande jeu-
ïxcfle, elle fe forma toute feule.
Son efprit s'étoit développé par
la lefture des ouvrages de MontaU
;gne & de Charron , qu'elle avoir
médités dès Tâge de dix ans. Elle
étoit déjà connue dans Paris par
fon efprit, fes bons mots & fa
philofophie. Etant malade , &
voyant beaucoup de gens autour
de fon lit, qui la plaignoient de
mourir fi jeune : Hélas ^ dit- elle ,
je ne ialjfe que des mouransl Reve-
nue de cette maladie, elle s'appli-
qiia de plus en plus à perfeôionnçr
/es talens & à embellir fou efpfit.
Elle favoit parfaitement la mufique ,
jouoit très-bien <du clavecin & de
plufieurs autres inftrumens , chan-
toit avec tout le goût pofîible , &
daafoit avec beaucoup de grâce. La
heautéfans les grâces ctc.it ^ félon elle,
vn kameçun fans appâta Avec de
tels agrémens, elle ne dut man-
quer ni d'amans ni d'époux. Un
goût décidé pour la liberté ,
& , fi j'ofe le dire , pour le liber-
tinage, l'empêdia de fe prêter à
aucun engagement folide. Une femme
finfce { difoit-elle , ) ne (Lit jimais
prendre de mari fans le corfcntement
de fa ralfon , 6» d'amant fans Paveu
de fon cœur. Mais préférant la li-
cence de l'amour à la gêne de
l'hymen, elîe mit fon bien à fonds-
perdu , tint elle-mcme fon ménage,
& vécut à la fois avec économie
fc avec noblefTe. Elle joiiifibit de
S à 10 mille livres de rente via-
gère & avoit toujours une année
«le revenu devant elle , pour fe-
courir fes amis dans le befoin. Le
plan de vie. qu'elle fe traça , n'a-
voit point eu d'crcemple. Elle ne
voulut pas fcire un tiàfic honteux
cîe fes charmes -, mais elle réfolut
lie fe livrer à tous ceux qui lui
L E N
pîairoîent, & d'être à eux tant que
le preftige dureroit. Volage dans
fes amours , ^confiante en amitié^
fcrupuleufe en matière de probité ,
d'une humeur égale , d'un com-
merce charmant , d'un caraÔere
vrai , propre à former les jeunes-
gens & à les féduire, fpirituelle
fans être précieufe, belle jufqu'à
la caducité de l'âge, il ne lui man-
qua que ce qu'on appelle la vertu
dans les femmes , & ce qui en mé-
rite fi bien le nom ; mais elle agit
a^ec autant de dignité que ù elle
l'avoit eue. Jamais elle n'accepta
de préfens de l'amour. Ce qu'il y
a de plus étonnant , c'eft que cette
paHion , qu'elle préféroit à tout ^
lui paroifToit une fenfation plutôt
qu'un fentiment -, un goût aveugle ,
purement fenfuel ; une lllufion paf-
îagere, qui ne fuppofe aucun mé-
rite dans celui qui le prend, ni
dans celui qui le donne. Elle p^n^
foit comme Epicure , & agifloit
comme Laïs, Les CoUgnis , les
VUlarecaux , les Sévignés , le Grand
Condéy le duc dz la Rochefoucault ^
le maréchal d'AIbret^ GourvilU^
Jean Bannier , la Châtre , furent fuc-
ceflivement fes amans , & fes amans:
heureux -, mais tous reconnurent
que Ninon cherchoit moins à fàtis-
faire fa vanité que fon goût. Le
dernier l'éprouva fur -tout d'une
façon finguliere. Obligé de rejoin«
dre l'armée , incrédule aux fermens
les plus tendres, Ninon le raffura
par un billet figné de fa main , dans
leqiîel elle lui donnoit fa parole
d'honneur , que malgré fon abfence
elle n'aimeroît que lui. A peine
eut r il difparu , qu'elle fe trouva
dans les bras d'un nouvel am.ant.
Cette réputation d'inconftance &
de galanterie ne l'empêcha point
d'avoir d'illuftres amis. Les femmes
les plus aimables & les plus ref-
pefrabîes de fon temps , la recher-
ciKrent. On ne citera que Mad* de
L E N
iSmtmon. Cette dame .voulut , dit-
ort , l'engager à Ce faire dévote ,
& à venir la confoler à Verfaillcs
de l'ennui de la grandeur & de la
viàileffe. Ninon préféra fon obfcu-
rlté voluptueufe à l'efclavage bril-
lant de la cour. En vain des direc-
teurs fages voulurent la ramener
à la religion : elle ft'en fit que
plaifanter. Vout /uve^ , ( dit-elle
à Fonundle , ) le parti que j'aurJs
pu tirer démon corps ^ jepourrois encore
mieux vendre mon ame ; les Janfé'»
mftes & les MçUnîfics fe li difputcnt,
Ninon n'aimoit pourtant point que
l'on fît parade d'irréli^jion. Un de
fes amis refufant de voir fon curé
dam une maladie , elle lui n?cna ce
prêtre en lui difant : Monfieur , fol'
tts votre devoir ; je vous affurc qus\
qu:Hqu'îl ral/bnne , Il n*en fait pas
plus que vous & moi, Perfonne ne
poffédoit mieux qu'elle la tJiéorie
de cette décence , fi néceffaire dans
le monde. Sa maifon fut le rendez-
vous de ce que la cour & la ville
avoient de plus poli , & de ce qne
la république des lettres avoit de
plus illustre. Sc.:rron la confultoit
fur fes romans , Salnt-Evremom fur
fes vers , Molière fur Ces comédies ,
Fontenelà fiir fes dîalopies* On a
ridiculement prétendu que le der-
nier amant de MU^ de Lenclos fut
un homme - de - lettres -, [ Voysi
Gedcyn. ] Ninon avoir alors 80
ans accomplis , & à cet âge elle
n'étoit guère propre à infpirer des
paffions. Voltaire qui la vit dans
fa viëlleffe , dit qu'elle étoit feche
comme une momie. Elle fe plai-
gnoit elle-même des changemens
que produit la décrépitude. Elle
difoit que fi elle avoit ajfiftc au con-
fell des dieux au moment de la
création , elle auroit opiné pour qu'ils
plaçaient Us rides des femmes où ils
étvoient mis le foihle <f Achille. Elle
mourut le 17 Odobre 1705 » fai-
X^ k3 1^ > comme elle avo^
L E N 121
vécu*, fuivant d'autres, dans des
fentimens plus chrétiens. Elle avoît
alors 90 ans. Les" approches de la
mort n'altérèrent pa; , dit-on , la
férénité de fon ame. Elle conferva
juicru'au dernier moment les agré-
mens & la liberté de fon efprit. Si
Von pouvolt croire , difoit-elle quel-
quefois , comme madame de jChevreufe ,.
qu*en mourant on va caufer avec tous
fes amis dans l'autre monde , // ferott
doux de penfcr à la mort. Le por-
trait que nous venons de tracer
de cette Epicurienne, eft d'après
tous les mémoires qui ont paru fur
elle. Quelques moraliftes doutent
pourtant , avec raifon , que ce por-
trait foit reffemblant dans tous les
points. Ecoutons là-delTus /. /. R^^uf-*
feau. »» Dans le mépris des vertus
» de fon fexe , Ninon de Lenclos
>♦ avoit , dit- on » confervé celles
>♦ du nôtre. On vante fa firanchifc,
>» fa droiture , la fureté de fon com-
w merce , fa fidélité dans l'amitié.
>» Enfin , pour achever le tableau de
M fa gloire , on dit qu'elle s'étoit
y> faite homme. A la bonne heure !
>» Mais , avec toute fa haute répu-
»♦ tation , je n*auroispas plus voulu
»» de cet homme-là pour mon ami*
»♦ que pour ma maitreffe Les
»i femmes qui perdent toute pudewr ,
rt font plus fauffes niille fois que
» les autres. On n'arrive à ce point
»♦ de dépravation qu'à force de
»» vices , qu'on garde tous , & qui
>» ne régnent qu'à la faveur de Im-
>» triguc & du mcnfonge. Au con-
»> traire , celles qui ont encore de
>♦ la honte, qui ne s'enorgueilliiTcnt
>» point de leurs fautes , qui favent
>♦ cacher leurs défirs à ceux-mêmes
>♦ qui les infpirent , celles dont
>» ils en arrachent les aveux avec
M le plus de peine , font d'ailleurs
w les plus vraies , les ' plus fince-
» res , les plus confiantes dans tous
>» leurs engagemcns , & celles fur
9 i% foi dâquçUes on peut géné.!^
111 L E N
>> ralement le plus compter Le
)> plus grand frein de leur fexe ôté ,
M que refte - 1 - il aux femmes qui
»♦ les retieiuie ? & de quel honneur
y> feront - elles cas , après avoir
j> renoncé à celui qui leur eft pro;
»> pre ? Ayant mis une fois leurs
9) pallions à l'aife, elle, n'ont plus
»♦ aucun intérêt d'y réfifler *♦. Ces
réfleidons d'un auteur qui, au milieu
de beaucoup d'erreurs , a déve-
loppé les plus grandes vérité > , peu-
vent fervir à contre- balancer les
éloges qu'on a donnés à Nlnm , &
diriger le lefteur dans le jugement
qu'il doit en porter. Cette célèbre
courtlfane,
FoîbU & friponne tour-à'tour ,
Eut trop d'amans pour connu lire l' amour,
Desmahis.
Elle laifla quelques fruits de fon
/ libertinage^ l'un de fes flls,nommé/a
Boijjfure, mourut eni732,à7jans,
à Toulon , où il étoit officier de
marine , c'étoit un homme fingu-
lier , & très-paflionné pour la
muiique, quoiqu'il ne connût pas
une note. Avant qu'il vînt au
monde , un militaire & un ecclc-
.fiaftique fe difputerent le criminel
honneur de la paternité. La chofe
ct»it douteufe , le fort en décida :
on prit dQS dés , & l'abbé perdit cette
funeile gloire. L'autre fils de Ninon
finit fes jours d'une manière bien
tr^ique. Il devint amoureux de fa
mère , à qui il ne croyoit pas appar-
tenbr de fi près -, mais dès qu'il eut
découvert le fecret de fa naifTance ,
il fe poignarda de défefpoir. Le
Sage a employé cette cruelle aven-
ture dans fon roman de Gll-Blas ,
en y mêlant quelques traits" comi-
ques. Ua événement fi tragique
n'ayant pas fait changer Nîncn de
façon de vivre , ne peut que laiffcr
de fon cœur des imprefiions défa-
vorables. On prétend cependant
qu'elle ne fut pas fans regret fur
t EN
les erreurs de fa jeunefTe. Dans
une lettre à Saim^Evremont , elle lui
parle ainfi : » Tout le monde me
» dit que j'ai moins à me plaindre
>♦ du temps qu'une autre. De quel-
>» que façon que cela foit, fi l'on
n m'avoit propofé une telle vie ,
M je me ferois pendue *«. Elle rai'
d^ît grâces à Dlui tous les foirs it
fon ejprit , & le prioit tous les
matins de la préftrvfr des fotûfes de
fon couir. Deux auteurs nous ont
donné la Vie ide cette héroïne en
galanterie : M, Bret en 175 1 , in-ii :
& M. D mours à la tête des Lettres
qu'il a fuppofé écrites par Ninon
au marquis de Sévigrii ^ 1764,2
vol. in-ii, dans lefquelles il y a
beaucoup d'efprit & de métîiaphy-
fique de fentiment. Les vraies Let-
tres de Ninon "étoient moins recher-
chées & plus délicates. On en trouve
quelques-unes dans le recueil des
Œuvres de Salnt'Evrenwnt,,, Vcye{
VI. Orléans.
.LENET, (Pierre) fils & petit-
fils de deux préûdens du parlement
de Dijon ,* a été lui-même confeil-
1er dans ce corps , enfuite procu-
reur - général , & enfin confciller
d'état. Il fut, pendant le fiege de
Paris , Tun desintendansdejutice,
de police & de finances. Le fiega
fini , il retourna à la cour , où l'on
fe fcrvit de lui en beaucoup d'oc-
cafions importantes. On a imprimé
fes Mémoires, contenant Pklfioire d:s
Guerres civiles des années i6^q & fil-
vantes , principalement de celles de
Guknne, Ils ont paru en 2 vol. in-
12 , en 1729 , fans nom de ville ni
d'imprimeur. Ces mémoires ne font
pas bien écrits -, mais ils contien-
nent quelques faits intérefians. L'au-
teur n'y dit prsfque que ce qu'il a
vu , & il a eu part à la plus granda
partie des chofes qu'il raconte. U
moiu-ut en 1671.
I. L'ENFANT , ( David ) Domi-
nicain X^arifien , mort dans fa patrie
•1 E N
; Te ji Mai 1688 , à 85 ans „ publia
plufieurs compilations , monument ,
de fa patience plutôt que dd fon
génie. Les principales font : I,
Blblia Bcmardlatia. ^ BlbUd AuguJU-
nîana ; Blblia Thomût *Aquinaùs , en
5 vol. in-4®. Ces ouvrages ren-
ferment tous les paffages de l'Ecri-
ture expliqués par ces Pères. Les
perfonnes judicieufes n'approuvè-
rent guère cette méthode. On auroit
beaucoup mieux aimé un comment
taire , dans . lequel on eût trouvé
recueiUi ce que les différens Pères
de TEglife avoient de meilleur fur
les Livres faints. IL Un, gros Recueil
des Sentences de 5. Auguftln ^^îows
le dtre de Concordantes Augufilniana ,
*2 vol. in - fol. IIL Une Hlftoire
générale , fuperfîciellè & mal écrite ,
en 6 volumes in -12, 1684.
Une finguîarité de cet ouvrage ,
c'eft que Tauteur obferve ce qui
s'eft paffé de particulier dans l'uni-
vers chaque jour de Tannée depuis
la naiflance de J. C. , de façon qu'il
auroit pu intituler fon livre Calm*
<Wfr Hiflorlque,
n. LENFANT , { Jacques ) né à
Bazoche en Beauce , Tan 1661 ,
d'un père miniftre , fe ^ftingua à
Saumur & à Genève où il fit fes
études. Ceft dans cette dernière
viQe qu'il traduifit la Recherche de
lu vérité du P. Malchranche, Cette
verfion ne ftit imprimée qu'en 1 69 1 ,
ifl-4° , fous le titre : De înqu'rcnda
verltate. Le traduûeur avoit paffé
«n i68a à Heidelberg , où il ob-
tint les places de miniftre ordi-
' naire de l'^life Françoife , & de
chapelain de l'éleébice douairière
Paladne. L'invafion àçs François
dans le Palatinat en 1688 , l'ayant
obligé de fe retirer à Berlin , il
y fut prédicateur de la reine de
Pruffe & chapelain du roi fon fils ,
confeiller du confiftoire fupérieur ,
membre de Tacadémie des fdcnces
ie cette ville, & agrégé à la fo-
L E N îi|
cîcté de la Propagation de U Fol ,
établie en Angleterre. Il mourut
d'une paralyfie, le 7 Août 1718 y
à 67 ans , fans laiffer d'enfans.
C'était un homme d'une phyfio-
nomie fine , avec un air funplc
& un extérieur négligé. Il parloit
peu , mais bien , & d'un ton infi-
nuant. Il prêcha avec applaudifîe-
ment. Ami de la fociété & du tra-
vail , il fe partageoit tour-à-tour
entre fes amis & fon cabinet. Né
avec un caraftere doux & un ef-
prit modéré, il vivoit bien avec
tout \q monde , même avec ceux
dont il avoit eu à fe plaindre. Ses
meilleurs ouvrages font : I. Hlfiolre
du Concile de Confiance^ 2 vol.in-4*^ ,
1727 -, celle du Concile de Plfe ,
2 vol. m-4° ,1724-, celle du Con-^
elle de BâUy 173 1 , même format &
même nombre de volumes. Les
deux premières de ces Hiftcires font
bien faites , bien écrites , traitées
avec impartialité , & femces de
Êûts curieux & recherchés , à quel-
ques endroits près où l'efprit de fe£>e
le domine. Celle du concile de Bâh
eft au ton du Pogglana , c'eft-à-dire »
au'H mal digérée , aufU découfue
que négligée dans le ftyle. '» J'at
»♦ fu de Berlin , ( dit un favant
eftimable de Troyes , ) w que la
î» manière dont le concile de Bâle
« a été traité par Lenfant , rient
>♦ au genre de vie auquel il sYtoit
>♦ abandonné dans fes dernières
»♦ années «t. Ces trois Blftolrcs ont
été réunies en 173 1 , en 6 vol. in-4'*.
L'édition de 1727 , de l'Hiôoirc du
concile de Confiance, eft préféra-
ble aux autres. IL Nouveaa^Tefta-^
ment , traduit en françois fur l'ori-
ginal grec , avec des notes litté-
rales, conjointement avec Beau^
foim , en 2 vol. in-4®. Les notes
éclaircifîent le texte , & la verfion
eft eftimée par les Proteftans -, quoi-
que DartU , miniftre de Berlin , ait
accufé les tr<idtt^eurs > avec aflez
ii4 L E N
peu de fondement , çl'avoîr afToiblî
les preuves.de la divinité de Jefus-
airifî. m. UHljlohi de U Papcffc
Jeanne^ 1694 , in- 12, Lenfant Tcvitit
Tdins la fuite de fes préjugés au
ifujet (le cette fable fi ridiculement
tnventée -, mais A/^yh. Vîpiolcs donna
une nouvelle édition de fon ouvrage
«n 1720, en 2 vol. in-i2, avec
ties auo^mentations conlidérables ,
-dans lefquelles il fit de vains efforts-
pour appuyer ce roman. IV, Une
tradudion latine du livre de la
Rfichcrchz de U Vcriti ^ 2 vol. in- 4^.
V. Pi^'ig'an:! y en 2 vol. in- 12 :
ouvrage aufli inexaft que prefque
toutes Jes productions de ce genre.
C'eft une vie du Pog^e , avec un
recueil de fe? bons mots & quel-
^es-uns de fes ouvrages. VI. Des
Sermons, 2 vol. in- 12. VII. Des
£crUs de Controverfe, Le plus connu
eft intitulé : Préfervculf contre la réu-
nion avec leSl^gede Rom: , 172^ , eïl
^ vol. in-8°. VIII. Plufieurs pie-
ces dans la Blbâjthegue choifie , &
lians la Bîblîothec^ue Germanique , à
laquelle il eut beaucoup de î>art.
Lenfant fut un des pafteurs Fran-
çois qui contribuèrent le pliu à
Tcpandre les grâces & la force de
notre langue aux extrémités de TAl-
lemaejne.
I. LENGLET, (Pierre) natif de
Beauvais, profeiTcur royal d'élo-
quence, fut reileur de l'univeriité
de Paris en 1660, & mourut le
i8 Oftobre 1707 , à 47 ans. On
a de lui un Recueil de poéfies héroï-
,ques , intitulé : 'Petrî hen^^lztl Car-
mina y 1692, in-8®. Elles font écri-
tes avec plus de piu-eté q'ae d'ima-
gination ; & l'auteur reiTembîe à
tantdepoëtes latins modernes, qui
reproduifent trop fouvent, dias
leurs vers poftiches , les images Se
même les vers qu'ils ont puifés
dans les poètes anciens.
II. LENGLET dm Fresnoit ,
(Nicolas), naquit 4 Bcauvai* le 5
t E N-
0£lobre 1674. Après le cours de
fes premières études qu'il fit à Paiis ,
la tliéologie fut le principal objet
de fes travaux ; il la quitta enfuite
pour la politique. En 1705 , le mar-
quis di Tony ,• minière des affaires
étrangères , l'envoya à Lille , où
étoit la cour de l'éleâeur de Co-
logne , Jo/eph-Clément de Bavière, Il
y fut admis en qualité de premier
îecrétaire pour les langues Lanne
& Françoife. Il fut chargé en même
teinps de la correfpondancc étran-
gère de Bruxelles & de Hollande,
Cette correfpondancc le mit à portée
d'être informé des trames fecretes
de. pl^iieurs traîtres que les enne-
mis avoient fu gagner en France.
La découverte la plus importante *
qu'il fit dans ce genre , fiit celle
•d un capitaine des portes de Mon»,
qui devoit livrer aux ennemis ,
moyennant 100,000 piaifa*es , non-
feulement la ville , mais encore
les éleûeurs de Cologne & de
Bavière qui s'y étoient retirés. Le
traître fut convaincu : il fubit la
peine de fon crime , & fut rompu
vif. L'abbé LenglaCe fignala encore
dans Je même genre en 171 S »
lorfque la confpiration du prince
de Cellanmre , tramée par le cardinal
Alberonl , fut découverte. Plufieurs
feigneurs furent arrêtés , mais on
ignoroit le nombre & le defîein
des conjurés. Notre auteur tiit
choifi par le miniftere pour péné-
trer cette intrigue. Il ne voulut
s'en charger , que fur la promelTe
qu'aucun de ceux qa'il découvTÏ-
roit ne feroit condamné à mort»
Il rendit de grands fervices à cet
égard ; & non - feulement on lui
tint parole par rapport à la con-
dition qu'il avoit exigée , mais en-
core le roi le gratifia dès - lors
d'une penfion dont il a joui toute
fa vie. L'abbé LengUt avoit eu
occafion de connoître le prince
E^ugene après la prife de Lille , ea
1708^
.LKN
Y^ol Daiis un voyage qa^il ftt
! i Vienne en lyai , il vit de nou-
veau ce prince, qui le nommti fon
Ubliothécaire : place qu'il perdit
bientôt après , parce qu'il con-
fçva peu fidellement le dépôt qui
ïm avoit été confié. L'abbé Len^
flA ne fut jamais profiter des cir-
confiances heureufes que la for-
tune lui offrit, & des proteâeurs
puiiïans que Ton mérite & Tes fer-
vices lui acquirent. Son amour
pour l'indépendance étouffa dans
ïbn coeur la voix de l'ambition *,
il voulut écrire , penfer , agir &
vivre librement. Il ne dépendit que
de lui de s'attacher au cardinal
Fajionnd , qui auroit voulu l'atti-
rer à Rome *, ou à /e Bianc , mi-
iiifire de la guerre : il refiifa tous
les partis qui lui fiirent propofés.
Ubmé , EbcTté î telle étoit fa de-
vife. Dans fes dernières années
même, où fon grand âge follici-
toit pour lui un loifir doux &
tranquille, il aima mieux travailler
j& refier feul dans un logement
4)bfcur , que d'aller demeurer avec
june fœur opulente qui l'aimoit ,
& qui lui of&oit chez elle, à Paris ,
«n appartement , fa table , & des
domeftiques pour le fervir. Il eût
été plus à fon aife , & fans doute
moins heureux. Accoutumé à faire
ce qu'il vouloit , tout l'auroit gêné :
l'heure fixe du repas eût été pour
lui un efdavage. Cet éloignement
pour la fervitude s'étendoit jufque
fur fon extérieur. Il étoit ordinai-
rement afTez mal vêtu , mais il ne
croyoit pas l'être. Malgré cela on
! le recèvoit avec plaifir dans plu-
fieurs maifons, parce qu'il avoit
beaucoup de feu & d'agrément dans
l'efprit , & fur - tout une mémoire
adiairable. Ce don de la nature lui
I înfpirale goût des ouvrages d'éru-
dition. Toutes fes études étoient
tournées du coté des fiecles pafi^és ;
I 9 en affe£loit )ufqu'au latigage gothi*
1 E N 12Ç
que. Il vouloit , difoit - il , être
Franc-Gaulois dans fon ftyle comme
dans fes aâions. Auili feroit - on
tenté dde prendre , dans quelques-
uns de fes ouvrages , pour un favant
du XVI* ficelé, plutôt que pour un
littérateur du xviii^ Malgré fon
prodigieux favoir , il'ne feroit pas
étonnant qu'il fe fût trompé aufïi
fouvent qu'il fe trompoit: il ne fe
feifoit aucun fcrupule d'écrire le con-
traire de fd penfée , & de la vérité
qu'il connoilibit parfaitement , lorf-
qu'il étoit poufifé paj- quelque motif
particulier. Il a , dans fes notes &
dans fes jugemens, la mordante
caufiicité de Guy Patin, U écrivoit
avec une hardiefie & une liberté
qu'il poufiToît quelquefois jufqu'à
l'excès. C'eft ce qui lui occafionna
tant de querelles avec les Cenfeurs
de ÎQs manufcrits. Il ne pouvoit
fouffrir qu'on lui retranchât une
feule phrafe; &, s'il arrivoit que
Ton rayât quelque endroit auquel
il fût attaché , il le fétabliflbic
toujours à l'impreflEion. L'abbé
Laiglu aimoit mieux perdre fa li*
berté , qu'une remarque , qu'une
feule ligne. Il a été mis à la Bafiille
10 ou II fois dans le cours de iâ
vie : il en avoit pris en quelque
fo«e l'habitude. Depuis plu£eur$
années il s'appliquoit à la chimie»
& l'on prétend même qu'il cher*
choit la Tient PhîLfQphaU, Parvenu
à l'âge de 8 1 ans , il périt d'une ma-
nière fiinefie, le î6 Janvier 1755»
11 rentra chez lui fur les 6 heures
du foir , & s'étant mis à lire un
livre nouveau, il s*endormit &
tomba dans le feu. Ses voifins
accoururent trop tard pour le fe-
courir : il avoit la tête prefque toute
brûlée, lorfqu'on le tira du feu.
Les principaux fruits de fa plume
vive, féconde & incor>c£^e , font ♦
I. Un Nouvian-^Tefiamcrit en latin
enrichi de notes hiftoriques & cri-,
dques, ni trop lotigues, nj ^op
p
ai<5 L E N
conrteis , & aiTez claires ; à Paris ,
1703 , a vol. in-i6 ; réimprimé
ta 1735 , même format. II. Le
Rationarium Temporum du {avant
Petau^ continué depuis 163 1 juf-
qu'en 1701 , a vol. in-ia , à Paris ,
1700. Cette édition eftiûcorreûe,
& ce que l'abbé IxngUt y a ajouté
eft d'une latinité aiTez médiocre.
• III. Ccmmcntaln de Dupuîs fur le
Traîtz des Uh&rUs de l'EgliJc Gallicane
de y une Pîthcu ^ 1715» 1 vol.
in-4* : édition belle & correcte.
Cet ouvrage effuya de grandes
contradidlions. IV. Vimltatîvn de
Jefus-Chrijl traduite & revue fur Van"
cUn Originul françois , d*tjU Von a tiré
un Cliapitre qui manque dans Us autres
éditions -, Âmllerdam, 173 1 , in-ia.
V. Aircfta Amorum , cum commerua"
rlîs Bcntàlày Curtliy 173 1 , en a
Vol. in- II. Cette édition, devenue
rare , dl d'une grande beauté ; la
Préface oiïre des endroits curieux
& piquans. VI. Réfutation des erreurs
de Spinofa : [ Voye^ ce mot ] par
"Fénéion, Lami & BoulainvillierSj 1 7 3 1 ,
in- 12. VII. (Euvrcs de Clément^
Jean & Michel Marot , la Haye,
1729, en 4 volumes in-4° : édition
plus magnifique qu'utile, fur le
plus beau papier , chaque page en-
cadrée & en 6 vol. în-ia-, édi-
tion très-inférieure à la précédente:
l'une & 1 autre pleines de fautes.
Des différentes pièces qui groffif-
fent ce recueil, les unes ofifrent
des obfervations curieufes & fort
Xuftes, les autres des plaifanteries
du plus mauvais ton , des obfcé-
nités dignes de la plus vile canaille,
des déclamations fatiriques qui
méritoientun châtiment exemplaire.
L'abbé Lcngl.t fe cacha fous le nom
de Gordon de Fercel. VIII. Les 5a-
tlrcs & autres (Sutures de Rsgnier ^
J733 , grand in-4° : édition qui
plaît autant aux yeux , qu'elle dé-
plaît au cœur & à l'efprit. L'abbé
^jUngUt éclairât un texte licencieux ,
L E M
par des notes plus licencieufes efi«
core. Il avoit du goût pour tout ce
qui avoit rapport a la fale lubricité.
On lui a attribué , ( & ce n'eft pas
tout-à-âit fans fondement , ) des
éditions de VAloyfia Slgea , du Ci-
binet Satirique^ & de pluûeurs au-
tres infamies. IX. L& Roman de la
R^fe, avec d'autres ouvrages de
Jean de Meung, 1735 i^a^ri: , (Rouen)
3 voîmnes in- 11. On y trouve une
Préface curieufe , & des notes dont
beaucoup font communes , & par
confequent inutiles , quelques-imes
ridicules , d'autres obfcenes , & un
Glo-:aire très-abrégé & trcs-fuper-
ficiel, X. Une édition de Catulle^
Froperce & Tlhullc^ comparable à
Celles des Eli^evirs pour la beauté
& la correûion , à Leyde , ( Paris )
chez Coufielliery 1743 , in-12. XI.
Le VI® volume des MémJres de
Condi,! 743 , in-4*', Londres , (Paris)
helle édition , mais pleine de traits
fi viîJs & de réflexions fi hardies,
que réditeur en fut puni par un
alTez longfejourà la Baftille. XII.
Journal de Henri III ^ 1744, en j
"vol. in-8® , Paris , ( fous le nom de
Cologne ) avec un grand nombre
de Pièces curieufes fur la Ligue.
XIII. Mémoires de Ci^mlnes , 4 vol.
in-4° , 1747 : [ V^yc^ CoMiNES. J
XIV. Une édidon de Lactance : [ Voy,
LACtANCE. ] XV. Mémoires de la
Régince de M, le duc d'OrUans , I749,
en 5 vol. in-12. L'abbé LengLt
n'a été que le révifeur de cet ou-
vrage , qui eft de M. Fi^jfzns, U 3
ajouté des Pièces eflentielles , fur-
tout la confpiration du prince de
Cellamare ^ & l'abrégé du fameux
Syilôme. XVI. Métallurgu d'Ah
phonfe Barba y traduite de 1 efpagnol
en françois , 1751,2 vol. in. 12 -, le
2* vol. eft de Lsnglet. XVII. Cours
de Chimie de Nicolas le Fevre ,1751»
y vol. in-12, dont les deux der-
niers font de l'éditeur. XVIîI. Mé'
thode p9ur étudia l'HiJioire, avec ua
LÊN
i^atalogue des principaux HtfiorUns,^
tn II vol. in*i2 , & en 7 vol. in-
4° : le meilleur ouvrage que nous
ayons en ce genre. L'auteur y éa-
blit les principes & l'ordre qu'on
doit tenir pour lire l'Hiftoire uti-
lement-, il difcute plufieurs points
hiftoriques intéreflans ; il fait con*
noitre les meilleurs hifloriens , &
accompagne le titre de leurs ouvra-
ges de notes hîiloriques , littéraires ,
critiques , & le plus fouvent fatiri-
qaes. Ce livre feroit encore plus
cilimé, û l'auteur s'arrêtoit moins
fur l'origine de certains peuples ,
qui fera toujours très-obfcurc -, s'il
écrivoit avec plus de foin , de pro-
fondeur & de méthode ; s'il ne grof-
fiflbit pas fon Catalogue de tant
d'hiÛoriçns inconnus -, & s'il s'étoit
attaché à faire un ouvrage de goût
plutôt qu'une conîpilation. La pre-
mière édition, qui n'avoit que 2
vol. , étok, à quelques égards , plus
régulière que les fuivantes. La 5 * »
de 1729» attira l'attention du mi-
niftere , qui y fit mettre un grand
nombre de cartons. Le Recueil de
ces morceaux fupprimés forme ua
in-4®. alTez épais , qui fe vendit
féparément & fous le manteau ^ à
tm prix confidérable. Les Anglois
& les Italiens ont traduit cet ou-
vrage, qui a été réimprimé en 177 z
en 15 vol. in-i2, avec des addi-
tions & dès corre^ons fournies
par M. Drouu. XIX. Méthode pour
htdUr la géographie. Elle eft aÛêz
recherchée , malgré quelques incxac-
tinides. On y trouve un Catalogue
des meilleures Cartes , & un juge-
ment fur les diâférens géographes*
Le fond de cette Méthode appar-
tient à Martîneau du PleJJîs. La der-
nière édidon eft de 1767 , 10 vol.
in - 12 , avec les augmentations
& les correâions néccflaires. On
auroit dû plutôt augmenter le corps
de l'ouvrage, que le Catalogue , qui
a'étoit déjà que trop long. XX.
LEN xii
De Pu/agt des Romans , où Ponfaîfi
voir leur utilité & leur dîjjférins ca^
racieres , avec une Bibliothèque deà
Romans, 1734, 2 vol. in-i 2 : ou-
vrage profcrit par tous les geits
fages f comme un livre fcandaleux.
XXL VHifioir. juJKfiéi contre Us Ra-*
mans , 1735 , in-i^« C'eft Ic contre*
poifon du livre précédent , que l'au-
teur n'aVoit pas intérêt qu'on lui
attribuât-, mais l'antidote eft plus
foible que le venin. Vt/fage des
Romans amufe par la fmgularité des
penfées , la liberté , l'enjouement
du ftyle ; VHtfioire jufSfée ennuie
par des lieux commuas , mille fois
fipétés, fur l'utilité de lUiftoire.
XXII. Plan de PHifiolre géniruU fi*
parùcuUeTe de la Monarchie Françoîfe^
Il n'en a donné que 3 vol. & il a
fort bien fait de ne pas continuer ,
car ce livre eft mal-fait & mal-écrit.
XXIII. Lettre d'un Pair de la Gr..nde-
Bretagne fur les affaires prif entes dt
V Europe , 174* , in-12 : elle ç^
curieufe. XXI V. L'Europe paclfiU
par Pequlté deU Reine de kongrie„..m
par M. Albert Van-Heuffen ^ &c. k
Bruxelles, 1754, in-12 : ouvra;^e
recherché à Caufe des traits hardis
qu'il renferme. XXV. Calendrier
hifiorigne , cà l'on trouve la Généa-*
lo^ de tous Us Princes de P Europe ^
1750, in*24. Ce petit ouvrage le
fit mettre à la Baftille* XXVÎ,
Diumal Romain , latin & françois ^
2 vol. iû-i2, 1705. Il fit cette
verûon à la foUicitation de Ma-*
dame la princefie de'Conié^ qui
dîfoit tous les jours fon bréviaire*.
XXVIL Géograpfile des enfans ^
in-12 , très - répandue. XXVIIJ.
Principes de PHiftoire , 1736 , fic
aimées fuivantes , 6 vol. in-12 >
ouvrage foiblé , éait incorrcâd*
ment , & dont les faits ne font pas
toujours bien choifis. L'auteur
Tavoit compofé pour fervir à l'édu-
cation de la jeunefTc. Pour que cô
Uvre pût lui être utile, il faudroit
P ïy
ia*- L E K
le refondre preTque cnô^emeAt
XXIX. Hlftoîre ât U Philofophîc
ffipnùîque » 3 vol. in-ii , Paris»
1741. On ne connoît rien à ce
livre. Si l'auteur eft partifân de la
philofophie hermétique , il n'en dit
jpas aiTez -, & s'il la méprife , Ton
mépris n'cft pas aiTez marqué. XXX.
Tablettes Chtonoloffques » publices
pour la i'* fois en 1744 , en 2
vol.in-8® , & de nouveau en 1778 ,
^vec les correâions & les augmen-
tations dont cet ouvrage très^^inf-
truâif avoit befoin. On n'a pas
tout corrigé , à la vérité ; mais
comment le pourroit-on dans des
livres fi chargés de noms & dé da-
tes ? XXXI. Traité hlftorlquc & dog-
inatlque/w les apparitions^ lesvljîonsy
érc. 175 1 , a vol. in-ii: curieux,
mais pas toujours judicieux.XXXII.
iUeueîl de Dljfertatloas onclenTies &
nouPelles fur les apparitions ^ les vU-
fons y les fondes , &c, 4 vol. in-ii,
1752 : collection plus ample que
bien choific. XXXIII. Hlftoîre de
Jcannt d'Arc^ 1753» i^-H , en 3
parties , compofée fur un manuf-
crits à*Edm'jnd Rlcher. On l'a lue
avec plaifir. Le fiyle eft , comme
^ celui de Tes autres produéHons ,
vif , femilier & incorrea. XXXIV.
Traité hlftorlque & dogmatique du fecret
inviolahU de la ConfiJJion « Paris »
1713 , in-i2 : livre utile , & Tua
des meilleurs de ce fécond ébi-
vain M. Mlchaud a publié , en
1761 , des Mémoires curieux pcti-
* fervir à PHlfiolre de la Vie ^ des Ou-
rrages de l'abbé Lenglet, Ce Tavctnt
firéparoit un Langletianna, L'abbé
Lmgla dit à un de nos amis , quel-
ques mois avant fa mort, qu'il tra-
vailloit aux Mémoires de fa vie :
nous ignorons s'il eut le temps de
finir cet ouvrage.
I. LENONCOURT, (Robert de)
d'une des plus anciennes mcifbns
de Lorraine , fut archevêque de
'K.eitns, Il fe di^ipgua par (onçnû?
LES
nente pâété, & fit charité art telfe#
qu'il s'acquit le ricre de Pert éts
pauvres. Il facra le roi François I^
& mourut en odeur de iabtetét
le 15 Septembre 15 31.
n. LENONCOURT,(K<ri)ertD£)
neveu du, précédent , fiit évêque
de Châlons en Champagne , piûs de
Metz. Il contribua beaucoup à
remettre cette ville aux François
en 1552. L'année fidvaate» il ra-
cheta le coin de la monnoie , que
les évêques fes prédécefieurs avoient
engagé , & l'on trouve encore de
la monnoie marquée à fon coin »
avec cette légende : Zir ljborS
REQyjEs» »♦ Je trouve mon repos
M dans le travail «. U fit achever
dans l'egliiê de Saint-Remi deReims^
le Tombeau de S. RemJ , qui eft un
des plus beaux monumens du
ro;^aume. Le gouvernement de ۥ
prélat fat û plein de bonté y <1^
douceur, demodeftie & de ûgefle»
qu'on l'appeloit communément le
bon Robert, Paul III l'avoit Ssix
casdinal en 1538, & en cette qua-
lité il ailîfta à quatre conclaves ;
à ceux où forent élus les pspes
Jules III , Marcel II , Paul IF &
Pie ir. Il fiit auffi archevêque
d'Embrun, d'Arles « &c. Il mourut
à la Charité-fur-Loire > le 4 Fé-
vrier 1561. Les Huguenots ayant
pris cette ville l'année fuivante >
eurent la fîveur d'ouvrir fbn tom-
beau & d'en tirer fon corps. .
m. LENONCOURT , ( Philippe
DE ) neveu du précédent t cardixul
6c archevêque de Reims , s'acquit
l'efiime & la confiance des rois
HenriIIIScir,&:dxL pzftSixuV.
U mourut à Reims, le 13 Décem-
bre 1 591 , 365 ans. II avoit autant
d'efprit que de piété. ,
LENOSTRE, Voy. Nostre.
L LENS ou Lensei, (AmouloE
Lmfaus^ naquit au village de Bail*
leul , près d'Ath , dans le Hainault;
Après ^otf Élit un^ voy^e da9«
LËN
fe Pays-Bas, il paffiai en Mofco-
Vie , devint médecin du Ciar , &
périt à Mofcou/lorfque cette ville
&t brûlée l'an 157c , parles Tar-
nres. Nous avons de lui une In-
troduâion aux EUnum dt g/io^.
métm à'EucBde , imprimée à Anvers,
fous ce titre : Ifagogt în geometn<é
Elementa Eacûdis,
n. LENS, (Jean de) frère du
précédent, dianoine de Tournai,
& profeffeur. de théologie à Lou-
vain , mourut dans cette dernière
ville en 1593. On trouvoit en lui ,
(dit le P. Fakn) » la profondeur
» de doârine de 5. Attgufiîn , 8e
)» le ftyle citant de LaHan<€u. Il
a laifle plufieurs bons ouvrages de
controverfe. Il fut un de ceux qui
compofcrent, en 1588,1a Cmfwt
dfi l'univerfité de Louvain , contre
Uffius , fur la doârine de la Grâce.
/. LENTULUS-Getulicus ,
{Cnaus) d'une àmiUe confulaire,
îlluftre & ancienne , fut élevé sn
confulat Fan 26 de J. C. Il étoit
proconful dans la Germanie , lorf^
' «jue Séjan fut tué à Rome. U fiit
accufé d*avoir eu defiêin de don-
ner (a fille en mariage au fils de
ce miniftre. Lmtulus s*ea défendit
par une lettre û éloquente, qu'il
fît cdler fon délateur & qu'il
échappa au danger qui le mena-
çoit , mais Talfi^bn des foldats
pour Lentubts , ayant donné enfuite
de la jaloufie à Tibère , ce prince
le fit mourir. StUtonc parle , dans
la vie de Calîgula , d'une Hi/hhe
écrite par ce conful. Montai dit
wxffi, dans la préface du i®' livre
de fes Epigrammes , qu'il étoit
poëte. Il ne ^ut pas le con-
fondre avec Lentulus fénateur ,
911 fut mis à mort en prifon ,
pour avoir trempé dans la conju-
ration de Cauiîna , fous le confulat
de Cicéron, U s'étoit attribué cer-
tains vers de la Sibylle , qui pro-
Bcttoient r«Dpire à ceux de fa
ti E O lia
maifoû. Cétoit celui des eon)urâ
qui étoit reflé à Rome pour y
mettre le feu. Le nomade Lsntuùu
fiit donné àcette£unille, parce qu^
quelqu'un de fes membres s's^pli-
quoit à culriver des lentilles. Ainix
JLentuàts vint de lenu , comm6
Cieero de cUert , & Fabius de fabd,
//. LENTULUS ,( Scipion) Na-
politain , fe retira dans le pays de»
Grifons où il embraffa le CalvH
nifme , & exerça le miniflere à
Chiavenne. Il eft connu par fon'
Apologie d'un édit des Ligues-Grifes'
contre àcs feâaires Ariens , in-8^ ,
1570; & par une jGrammaîrc Ita^-
lUnjUy publiée à Genève en 1568.'
BayU remarque, à l'occaiion d«
fon Apoloffc , *> que les apoflats
n affichent un grand zèle pour laf
>* religion qu'ils ont embrafTée;
n & que quoiqu'ils aient grané
>» befoin de tolérance , ils font or-
vt dinairement très-intolérans t*.
L LÉON I*^ (S.) fumomraé
U Grand , vit le jour à Rome, fuî-
vant les uns , & en Tofcane fui-
vant d'autres. On ne fait rien de
parriculier iîir fes premières années.
Les papes 5. CéUfiin I ^x: Sixte Ifl^
l'employèrent dans les affaires les
plus importantes & les plus épi*
neufes , lors même qu'il n'étoit
que diacre. Après la mort de ce
dernier pontife , en 440 , il fur
élevé fur lefaint-^iegepar le clergé
de Rome, le premier Septembre
de la même année. Le peuple apprit
fon élection avec tranfport , & le
vit fur le trône pontifical avec ad-'
miration. Léon réprima par fa fer-'
meté , les progrès des hérétiques ,
& en ramena plufieurs à la foi par
fa douceur. Ayant découvert à
Rome un nombre infini de Mani-
chéens , il fit contre eux une infor*
mation juridique & publique, mît
au grand iôur les infamies téi^é^
P iij ^
i^o LEO
breufes de leurs tnyllercs, & Kvra
les plus opiiùàtres au bras féculier.
Il s'arma du même courage contre
les Pélagiens & les Prifcillianiftes ,
& extermina endéremem les refies
de ces hérétiques en Italie. Son
zeie, non moi^s ardent contre les
Eutychéens , le porta à protefter,
par fes légats contre les aâes du
Srigahdage d'Ephefe , où l'erreur
avoit été canonifée en 449. L'em-
pereur MarcUn ayant affemblé un
concile œcuménique à Chalcé-
doine, en 4j^i , 5. Lcony envoya
quatre légats pour y préfider. La
deuxième feflion fut employée à lire
une lettre du faint pape à F/avUn ,
patriarche de Conilantinople , dans
laquelle il développoit^ d'une ma-
nière admirable , la doélrine de TE-
gliCe Catholique fur l'Incarnation.
le concile lui donna tous les élo-
ges qu'elle méritoit. L'erreur fut
pfrofcrite , & la vérité prit fa place.
Dans le temps qu'on tcnoit ce
concile en 'Orient , Jttl/a rava-
geoit l'Occident , &s'avançoît VErs
Home pour la réduire en cendre*
L'empereur VaUndnln choiiit 5,
Léi,n pour arrêter ce guerrier terri-
ble & pour faire des proportions
de paix. Le pontife lui parla av^o
tant de majefté , de douceur & d'é-
loquence , qu'il amollit fon carac-
tère féroce. Ce roi barbare fortit
de l'Italie & repafTa. le. Danube y
«emportant dans fon cœur de l'a-
mitié, du refpeâ & de l'admiratioii
pour le pontife Romain. Genfcric,
tkx ce ^a' Attila n'avoit pas fait. U
furprit Rome en 45 5 , & 1 aban-
donna au pillage i fes troupes fac-
cagerent la ville pendant quatorze
jours avec une fureur inouie. Tout
ce que put obtenir S, Léon , fut
^'on ne commettroit ni meurtres ,
si incendies , & qu'on ne toucherott
point aux trois principales bafiliques
de Rome > enrichies par Conftantia
de préfens magnifiques. L'illuflre
LEO
poîïdfe , en veillant aux biens ipÎM-
tuels , ne négligea point l^s tempo-
rels, & mourut le 3 Novembre 461,
avec la réputation d*un faint & dun
grand-homme. C'efi le premier pape
dont nous ayons un corps d Ou-
vrages. U nous refle de lui xcrx
Sentions , & CXLZ Lettres, Pluiieurs
favans lui attribuent aufîi les livres
delà vocahon des Gentils , biVEpître
à Démetriade : mais le pape Gélafe ,
qui vivoit à la fin de ce ûede , cite
ces livres comme étant dW doûeur
de l'Eglife , fans les attribuer à
5. Ic'ua. Le ftyle de ce Père efl
poli , & paroit quelquefois aifef^é.
Toutes fes périodes ont une certaine
cadence mefurée , qui furprend fans
déplaire. Il efl femé d'épiàietes bien
choifîes , & d'antithefes très-heu-
reufcs, mais un peu trop fréquentes.
L'édition de fes Ouvrages , par le
P. Quefnel , fut imprimée d'abord à
Paris , en 1675? , en deux volumes
in-4° j eftfuiie à Lyon,' 1700 , in-
folio. Le' P. Longueval dit que cet
Qratorien femble n'avoir entrepris
fon édition que poiu: faire le procès
à ce grand pape , ^u'il accufe fàuf-
fement d'avoir ^i par prévention
contre S. Hîlalrc d'Arles. U efl cer-
tain que le P. Qîicfnd efl plus fevo-
rable à celui-ci qu'à S,. Léon , &
cela efl un peu extraordinaire dan&
un éditeur. Les (Euvres de ce pape
ont été publiées de nouveau à Rome
par le r. Cacdari Carm» , & à Ve-
nife par MM. BalUrîni , l'une &
l'autre en trois volumes in - folio.
Le P. MalmbouT^ a écrit VJilfioire de
fon pontificat , in-4** , ou i voL
in-i^ ; & il a employé un ftyle
moins romanefque que dons fes
autres ouvrages. L'abbé de Belles
garde a traduit fes Sermons , Paris,
. I70I. Voyci auffi les Éxerchationa
in opéra Sti, Leonîs^ par le P. CaccUii,
i75i,in^ol.
IL LÉON II, Sicilien, fuccef-
feur du pape Ag^hon^, le 17 Aoâl
L E Q
6t% » envoya Tannée fulyantê le.
fous-diaae Conjiantuiy régionnaire
du faint-Siege, à Condantinopic ,
<n qualité de légat. U le chargea
d'une lettre pour Tempereur , dans
Jiquclle U C3nnrmoit, par Fauto-
rite de S, Tîcm , la définition du
fixieme concile , & difoit anathême
à Théodore de Pharan , a Cyrus d^A-»
lixmdrze , à Str^us , Pyrrihu , Paul
& ?Une de Conjianûnvple , au pape
Honorius , à Macalre , EtUnne &
Polyckrone, U mourut le 3 Juillet
^83 , après avoir tenu le bâton
paftoral avec autant de fermeté
qwe de (kgeûfe. Il inûitua le BaJfer
de paix à la méfie , & VJfperfion
dt Pcaar-linîtt fur Ic peuple. On lui
attribue iv Epures , que Baronîus
Croit fuppofée* , parce qu'il y ana-
thématife Honorius , 1 un de fies pré-
dcceffeurs.
m. LEON III , Romain , monta
iur la chaire de Saînt-Plerre après
Adiitnl y le 26 Décembre 79 c.
Une de fcs premières démarches
fut d'envoyer à Charlemagne Aes
légats chargés de lui présenter les
clefs de la bafiliquc de 5, Int'Ptcrrt ,
êc l étendard de la ville de Rome,
en le priant de députer un feigneur
pour recevoir le ferment de fidélité
des Romains. U fe forma , peu d€
temps après, une conjuration con-
tre Uvn, Elle éclata en 799 , le
jour de S, Marc, Le pape fut
afTaillx par une troupe d'afïaflîns ,
au moment quil fortoit du palais
pour fé rendre à la prqceflion de
la grande Utarûe, Le primicier
Pdf chai y & CampuU faccUaire , tous
deux neveux du dernier pape , à
qui ils n'avoient pas pu fuccéder ,
étoient à letu: tête. Après l'avoir
chargé de coups , ils voulurent
lui arracher la langue & les yeux -,
mais ils n'en purent venir à
i)out. On l'enferma cnfuite dans
, un monaftcre , d'où il fe fauva en
France auprès de Charlcma^^ Ce
L,E O 231
monartiue le renvoya en Italie avec
une efcorte. Il rentra à Rome,
comnse en triomphe , au milieu de
tous les ordres de la ville, qui
vinrent devant lui avec des ban-
nières. Char.emagne pai& en Italie
l'an 800. Le pape, après Tavoir
facré empereur , feproftertta devant
lui comme devant fon fouverain.
Les ennemis de Léon ayant de nou-
veau confpiré contre lui après la
mort de Charlemagne , il en nt périr
plusieurs par le dernier fupplice »
en Si ^. Il mourut 1 année d'après ,
( le II Juin 816 ) regardé comme
un pontife qui avoit des mœurs
éditantes , du couraj»e , du zèle »
de l'éloquence , du favoîr , & une
fcige politique. On a de lui xiiï
Epitres y à Heîraftadt, 16^5 , în-4**.
On lui attribue mal - à - propos'
VEnchlridlon LeonisPapa , petit livre
de prières , contenant les (ept
Pfeaumes » & diverfes Oraifons
énigmatiques dont les akhimiftes
font cas , 8c que les curieux re-
cherchent par cette raifon. Il a été.
imprimé i Lyon en 1601 & 1607 ,
in-14, & a Mayence, J633. Mais
l'édition la plus reclierchée eft
celle de Rpme, en 1525 , in-24;
& la meilleure après celle-là e(î
celle de Lyon, en 1584, auflt
in-14.
IV. LÉON IV , Romain , pape
le II Avril 847 après Scr^s //,
moiuiit faintement le 17 Juillet
855. Il illuftra le pontificat pan
fon coitfage & par fes vertus. U
eut la douleur de voir les Sanafins
aux portes de Rome , prêt*} à faire
une bourgade Mahomccane de 1»
capitale du Chriftiinifmc. Les em-
pereurs d'Orient & ceux d'Occi-
dent fembloient l'avoir abandonnée.
Léon IV ^ plus grand-homme qu'eur»
prit dans ce danger l'autorité d'un
ibuvcrain , d'un père qui défend fe J
eufans. 11 employa les richeffes de
l'Eglife à réparer les murailles» à
Piv
231 LEO
élever des tours , à tendre des.
chaînes fur le Jibre. Il arma les
milices à Tes dépens ^ il engagea les
habitans de Naples & de Gayette
à venir défendre les côtes & le
port d'Oftie-, il vifita lui'-raême
tous les poiles , & reçut les Sarra^
iins à leur defcente, non pas en
équipage de guerrier , mais comme
un ponti£e qui exhortoit un peu-
ple Qirétien , & comme un roi qui
vetUoit à la fureté de fes fujets. Il
étoit né Romain. Le courage d^
premiers âges de la république y^
(dit l'auteur àeVHlJioire Générale)
revivoit en lui dans un temps de
lâcheté & de corruption \ tel qu'un
des plus beaux monumens de Tan-
tienne Rome , qu'on trouve quel-
quefois dans les ruines de la nou-
velle. Son courage & fes foins
forent fécondés. On reçut les Sar-
rafins courageufement à leur def-
centei & la tempête ayant diflipé
la moitié àfi leurs vaifieaux , une
partie de ces conquérans , échappés
VI naufrage , fut mife à la chaine.
Le pape rendit fa viftoire utile ,
en iaifant travailler aux fortifica-
tions de Rome & à fes embelliffe-
mens > les mêmes mains qui dévoient
la détruire* Il bâtit à quelques
milles de Rome une ville, à la-
quelle il donna fon nom , Léopolîs,
Cinq jours après fa mort, Benoit
III ftit élu pape : ce qui détruit l'o-
pinion fabuleufe de ceux qui ont
placé le prétendu pontificat de la
papefTe Jeanne entre ces deux
pontifes.
V. LEON V, natif d'Andréa,
fuccéda au pape Benoit IV ^ en
903. Il fut chaffé & mis en prifon
environ un mois après par Chrlfio-
pA< , & y mourut de chagrin.
VI. LEON VI, Romain, fuc-
céda au pape han X , fur la fin
4e Juin 928 , & mourut au com-
mencement de Février 919. Quel-
ques-uns prétendent que c'étoit un
t EO
Uum^ plaeé fur le iaint-Sîege p^
les ennemis de Jean X,
VU. LEON VU, Romain, fut
élu pape après la mort dtjean XI f
en 936, & n'accepta cette dignité
que malgré lui. Il fit paroitre
beaucoup de zèle & de piété dans
fa conduite, & mourut le 23 Avril
939. Il eft appelé Léon VI dans
pluûeurs catalogues. Il eut EtUnne
VIII pour fuccefiieur.
VIII. LEON VIU, fut élu pap#
après la dépoûtion de Jean XII ,
le* 6 Décembre 963 , par Tauto-
rité de l'empereur Othon. Fleury en
parle comme d'im pape légitime \
mais Baronius & le P. Pagl le trai-
tent d'intrus & d'antipape. Au reile ^
ce fut la grande probité de Léon ,
qui détermina les fuf&^es en fa
Êiveur. Il mourut au mois d'Avril
965» Benoit V, qui avoir été élu
pour fuccéder à Jean XII , lut-
difputa le pontificat le 5 JuHlet
965. Jean XIII fiit élu pape , après
la mort de ces deux pontifes»
IX. LEON IX , ( Saint ) appelé
auparavant Brunon , fils du comte
d'Egesheim ', pafTa du fiege de Toul
à celui de Rome en 104S, par le
crédit de l'empereur Henri III , fon
couiin. Elevé au pontificat malgré
lui f il partit pour Rome en habit
de pèlerin , & ne prit celui de fou-
verain pontife qup lorfque les
acclamations de joie du peuple
Romain l'eurent déterminé à accep-
ter la tiare. Il fut intronifé le 1 3
Février 1049. Le nouveau pontife
affembla des conciles en Italie , en
France, en Allemagne, foit pour
remédier à des maux , foit pour
introduire des biens. La fimonie &
le concubinage étoient alors les
deux plus cruels fléaux de l'E-*
glife. Léon IX porta un Décret^
dans un concile tenu à Rome en
105 1 , où il étoit dit que Itsfem^
mes ^ qui dans Vencelnte des murs d^
Rome fe feroient abandonnéu à dêt
I LEO
I Tritm'y ferolmt à l* avenir adjugàs
I «u Palais de 'latran commmc tjclavts,
Ceft fous ce pontificat que le
fchifine des Grecs, dont Fhotîus
avott jeté les premiers fondemens ,
éclata par les écrits de Michel Ca-
ndarhis , patriarche de Conftantino-
ple: [ Voy. xr. Michel.] Ces écrits
furent folidement réfutés par or-
dre de Léon IX ^ qui envoya trois
légats à G>nfhntinople. Ces pré-
lats n'ayant pu vaincre l'opiniâ-
treté du patriarche, l'excommunie-
rcnt, & firent mettre la fentence
d'excommimication fur l'aptel prin-
cipal àt SalnU'Sophit, En 105 3 Ldon
/iTmarcha en Allemagne pour ob-
tenir du fecours contre les Nor-
mands; il en obtint : ayant armé
contre ces guerriers, il fut battu
& pris dans une petite ville près
de Bénévent. Après un an de pri-
fon , il fut conduit à Rome par fes
vainqueurs , & mourut le 19 Avril
1054. Il avoit paiTé le temps de fa
capdvité dans les exercices de la
pénitence , & lorfqu'il fe fentit près
de fa fin , il fe fit porter à l'Eglife
de Saint-Pierre dans l'endroit qu'il
«voit défigné pour fa fépulture.
Voyei mes frères , ( dit-il à la vue
defon tombeau, ) combien vile &
fithc efl la demeure qui m'attend , après
tint d?honneurs. Voilà tout ce qui m*en
^^ fur la terre \ On fit ces deux.
Vers à l'occafion de fa mort :
Vicinx RoMA , doU , Nono vîdua'
ta Leone ,
^x multis talent vlx habîtùra parem,
Uon fbt en efïet un pontife d'un
j zelc vif & ardent , d'une piété ten-
! dre & folide. Il fiit le fléau des
j hérétiques , & la terreur des mau-
vais prélats, dont il dépofa un
fp-and nombre. Il fut connoitre &
s'attacher plufieurs perfonnes de
mérite , tels que le cardinal Hum-
hrt, Hildehrand & Pierre Damien*
11 étoit aaîf & laborieux* A l'âge
LEO 133
de phxB de 50 ans , il commença'
d'apprendre la langue grecque, pour
mieux entendre l'Ecriture , & pour
pouvoir réfuter les écrits des Grecs '
fchifmatiques. C'efl le premier pape
qui fe foit fervi de l'ère chrétienne
dans la date de fes bulles, mais
cet ufage ne fut conflamment éta-
bli que depuis Eugène IV, L'ar<>
chidiacrc V^ibert a écrit Va Vie dt
Léo If IX en latin , que le P. Sir"'
mondz mife au )our, Paris, 161 5 «'
in-8^. On a de ce ûdnt pontife des
Sermons , dans les Œuvres de 5.
Lèon\ des Epîtrts Décrétales ^ dans
les Conciles du P. Labhe\ & une
Vie de 5. Hidulphe , dans le Thcfaurus
Anecdot, de D. Martenne,
X. LEON X , ( Jean , & non /«-
âen de Méd'cis ) étoit fils de Laurent'
de Médicis , & de Clarlce des Urfins^
Créé cardinal à 14 ans par Inno<
cent VIII ^ il devint dans la fliite
légat de Jules IL 11 exerçoit cette'
dignité à la bataille de Ravenhe ^
gagnée par les François en 1 5 12 ,'
& il y fut fait prifontiicr. Les*
foldats qui l'avoient pris , charmés'
de fa bonne mine & de fon élo-
quence , lui demandèrent humble-
ment pardon d'avoir ofé l'arrêter.
Il fe fauva dans Une conjoncture
très-Éivorable. A la mort de JuUs II,
il fbt fi bien profiter du caprice
des jeunes cardinaux , & de la cré-
dulité des anciens, qu'il fe fit
donner la tiare le 5 de Mars 1 5 1 3.
Léon X fit fon entrée à Rome le
,1 1 Avril p le même joiu- qu'il avoit
été fait prifonnier l'année précé-
dente , & étant monté fur le même
cheval. Ce pontife ^voit reçu l'é-^
ducation la plus brillante : Ange
Politim & Démétrius ChaUondyU
aVoient été fes maîtres-, ils en fi-
rent un élevé digne d'eux. Sa fa*
mille étoit celle des beaux-arts;
elle recueillit les débris des lettres
chaffées de Conflantinople par la
barbarie Tiyrque, elle tûérica que
au LEO
ce ficelé s'appelât le SUcU dès Mî-
dlcls. LÉON X fur-tout joignoit
4u goût le plus lin , la magnifi-
cence la plus recherchée. Son en-
trée à Rome eut un éclat prodi-
gieux *, fon couronnement coûta
cent mille écus dor. Le nouveau
pontiï'e partageant fon temps entre
les plaiûrs , la littérature & les
affaire*, vécut en prince volup-
tueux. Sa table etoit délicieufe,
iion-ieulement par le choix des
mets, mais par la délicateiTe &
Tenjouemeçt dont il les afTaifon-
noit. Au milieu des délices aux-
quelles il fe livroit, Léon X n'ou-
blia pas les intérêts du pontlHcat.
Il termina les difforeas que Juîts
H avoit eus avec LouU Xll^ &
conclut en 15 17 le concile de La-
tran. Il choiût fes fecrctaires parmi
les plus beaux efprits de lîtalie.
te ôyle barbare de la Diterie fut
9bolî, & fit place à l'éloquence
douce & pure des cardinaux Bimho
tL Sddvlu, Il £t fouiller dans les
Bibliothèques, déterra les anciens
manufcrits , & procura des éditions
çxaâes des meilleurs auteurs de
]['antiquité. Les poètes étoient fur-
tout Tobjet de fa complaifdnce j il
aimoit les vers, & en ^foit de
très-jolis. Dans le temps qu'il pré-
paroit de nouveaux plaiilrs aux
fiommes , en faifant renaître les
ieau;x-arts , il fe forma une coni-
piration contre fa vie. Les cardi-
îiaux Pttrucl & Sauli irrités de ce
que ce pape avoit ôté le duché
â'Urbain à un neveu de Jules II ,
forroAipirent un chirurgien qui
ôevoit panfer un ulcère fecret du
pape ; & la mort d^ Léon Xdevoit
ftre le fignal d'une révolution
dans beaucoup de villes de l'état
^cléfraAique. La confpiration fut
(lécouverte; il en coûta la vie à
plus d'un coupable. Les deux car-
liinaux fiirent appliqués à la quef-
lion, ${ çoodimA^s à U mort. On
LEO
pendit le cardinal Petrutl dans lai
prifoa en 1 5 17 ; l'autre racheta fa
vie par Ces trcfors. Léon X , pour
faire oublier le fuppUce d'ud car-
dinal mort par la corde, en créa
31 nouveaux. Il méditoit, depuis
quelque temps, deux grands pro-
jets. L un étoit d'armer les princes
Qarétiens contre les Turcs, deve-
nus phis formidables que jamais
fous le faltan Stlim. II; l'autre,
d'embellir Rome, & d'achever la
baiilique de Suint-yùrre , commencée •
par Ju/ss 11^ un des plus beaux
monumcns qu'aient jamais élevé
les hommes. Il fit publier en ip8
des indulgences plénieres dans toute
la Chrétienté , pour contribuer à
l'exécution de ces deux projets. Il
s'éleva à cette occaiion une vive
querelle en Allemagne, entre les
Dominicains & les Auguftins. Ceux*
ci avoient toujours été en poffef-
ûon de la prédication des Indul-
gences : piqués de ce qu'on leur
avoit préféré les Dominicains , ils
excitèrent M.nln Luther , leur con-
frère , à s'élever contre eux, C'étoit
un moine ardent, infcfté des er-
reurs de Jean Hus : [ Voy .Luther. ]
Ses prédications & fes livres en-
levèrent des peuples entiers à l'c-
glife Romaine. Léon X tenta vai-
nement de ramener ITiéréfiarque
par la douceur; il tîit enfin forcé
de l'anatliématifer par deux bulles
confécudves , l'une du 15 Juin
1510, l'autre du j Janvier 1^21.
Le feu de la guerre s'alluma vers
le même temps dans toute l'Eur
rope. François I & Charles-Qulnt
recherchant l'alliance de Léon X,
ce pontife flotta long-temps entre
ces deux princes : il fît , prefque
à la fois , un traité avec l'un 8c
avec l'autre ; en 1510 , avec Frati"
fois I, auquel il promit le royau-
me de Naples , en fe réfervant
Gayette -, & en içai , avec Charles*
Quint ^ pour chafTer les Frasçoi^
LEO
[ et lltatie , & pour donner le Mi-
lanez à François S force , ûls puiné
de Lorns U Maure , & fur-tout pour
j donner au faint-Siege Ferrare, qu'on
! vouloit toujours ôter à la raaifon
è.'Efi, On prétend que les malheurs
de la France dans cette guerre lui
I caiiferent tant de plaifir , qu'il tut
faifl d'une petite fièvre dont il
mourut le i*^*" Décembre 1511 , à
44 ans. Quelques hijftoriens attri-
buent fa mort à une caufe plus
cachée ; mais comme ils ne font
que les échos des auteurs Protef-
tans , on ne doit pas s'en rappor->
i ter à leur témoignage. Ce pon-
I tife n'avoit pas certainement à fe
plaindre de la France : il obtint de
I Irançou 1 ce que î^ prédécefTeurs
n'avoient pu obtenir d'aucun roi de
jFrance, l'abolition entière de la
I iPragmatique. Son talent étoit de
\ inaiûer les efprits; il s'empara fi
)>!en de celui de François I , dans
ittae entrevue qu'ils eurent à Bou-
}ogne en 15 15 , que ce prince lui
accorda tout ce qu'il voulut. Léon
^ & le chancelier Duprat conclu-
rent un Concordat, par lequel il
iàt convenu que le roi nommeroit
\ aux grands bénéfices de France
& du Dauphiné, & que le pape
recevroit les annates des bénéfices
fur le pied du revenu courant.
Cette dernière çlaufe n'étoit pas
exprimée dans le Concordfit^ mais
elle n'en étoit pas moins une ùiçs
conditions eiTentielles , & elle a
tou)oiu*s été exécutée. La fincérité
Françoife fut , en cette occafion ,
la dupe des artifices Italiens. Léon
X avoit une partie des rufes qu'on
attribue à fa nation. Sos défauts ,
fon ambition, le goût du luxe &
des plaifirs , goût plus convenable
à un prince voluptueux qu'à un
pondfe , les moyens qu'il employa
pour élever fa famille, fon hu-
jneur vindicative-, ternirent l'é-
fM que les beauz-^rts avgient ré;
LEO ^«
pandu fur fon pontificat. Il ne nut
pas croire cependant tous les bruits
ré^vandus fur Léon X par les Pro-
telUns » qui l'ont peint comme un
Athée , qui fe moquoit de Dieu &
des hommes : ces bruits fcanda*
leux ne font fondés que fur de
prétendues anecdotes , dont la vé-
rité n'efl certainement pas confia-
tée , & fur des propos qu'il efl im-
poffible qu'il ait tenus, v* Paul love «
M dit que depuis fa jeunefie juf-
>f qu'au pontificat, il vécut dans
>» une parfaite continence. Cet hifto-
» rien ajoute que depuis qu'il fut
»» pape' , fon naturel plus facile &
»♦ plus complaifant que corrompu
» le fit tomber dans bien des dé-
>♦ fordres. « ( Fabre , Hifi. Ecclef, )
Mais il ne dit pas un mot des
étranges difcours que certains hif-
toriens Protefians lui attribuent.
Voltaire U fait mourir fans confeffion ,
parce qu*il étoit fi occupé des affaires
umporeiles qt/U n'eut pas U temps êg
fonger aux fplrltuelUs, Cette anti-
thefe feroit bonne û Léon X avoit
fait une longue maladie \ mais il
fut fuïpris par une mort fubite &
fi i:«prévue-qu'on le crut empoi-^
fonné. Il faifoit d'ailleurs des aâes
de religion & même de mortifica-r
tion. L'abbé de Cholfi dit qu'il jeu-r
noit régulièrement deux fois la fc«
mainc. Accablé des afiaires du
monde clirétien , Léon X fe délaf •
foit avec le.î gens de lettres & le»
traitoit comme s il avoit été l'un
d'eux. On peut même lui repro-»
cher avec le P. Fahre d'avoir fait
plus dé cas des beaux-efprits nourris
des imaginations riantes des auteurs^
profanes que des théologiens &
des cafttifies. Il £iVorifoit princi-^
paiement les poètes, & il ne gard^
pas toujours avec eux la gravité
pontificale. Il aimoit le Quemo ^
agréable parafite , qui avoit été
couronné par àts jeunes gens , dan?
un fefiîB, Afchl£<^. LçQ^. X li4
15^ LEO .
Siubit porter fouvent des viandes
qu'on defTervoit de fa table ; mais
fl étoit obligé de payer fur le
champ, d'un diftique^ chaque plat
qu'on lui offiroit. Un jour qull
étoit tourmenté par la goutte, il
fit ce vers :
Archipoëta fadt verftis pro miiU
poëds,».
Comme il héfitott à compofer le
fecond , le pape ajouta plaiûun-
nxem :
Et pro nulle alus Archipoëta hîhît.
Alors U Qucmo , voulant réparer fa
£iute , compofa ce troiûeme vers :
Porrige, quod f octant mUd earmina
doHa g FaUmum,
Le pape
celui-d :
a g raurnum,,,
lui répliqua à Tinflant par
Hoc vinum eturvat dAîUtatque
pcdcs.
An refte cet archipoete ayant quitté
Rome , fe retira à Naples , où il
mourut à l'hôpital. Il dif<Ht, en
regrettant le généreux Lèom X ,
y* qu'il avoit trouvé mille Loups ^
ti après avoir perdu un Uon^ m
XI. LEON XI , ( Alexandre-
Oôavien ) de la maifon de Médias ,
cardinal de Florence , fut élu pape
le premier Avril i6cy , & mourut
le 27 du même mois , à 70 ans ,
infiniment regretté. Ses vertus &
les lumières préfageoient aux Ro-
mains & à l'Eglife un règne glo-
rieux.
LEON , (Pierre de) Foyc{ Ana-
CLET, n**.II.
[Emf£reurs.'] ""
Xn. LEON 1" , ou t Ancien,
empereur d'Orient, monta fur lé
trône après Marclcn\ le 7 Février
4^7. On ne fait rien de fa famille;
tout ce qu'on connoit de fa patrie ,
c'efl qu'il étoit de Thrace. Il fi-
|;nala les «ommencemens de fon
LEO
régné par la confirmation du coi^
cile de Chalcédoine contre les Euty-
chéens , & par la paix qu'il rendit
à l'empire , après avoir remporté
de grands avantages fur les Bar-
bares. La guerre avec les Vandales
s'étant rallumée , Uon marcha con-
tre eux *, mais il ne fut pas heu-
reux, par la trahifon du génétal
Afpar. Cet homme ambitieux Tavoit
placé fur le trône , dans Tefpérance
de régner fous fon nom. Il fiit
trompé , & dès-lors il ne ceflà dé
fufcitcr des ennemis à l'empereur.
Léon fit mourir ce perfide, avec
toute fa famille , en 47 1 . Les Goths ,
pour venger la mort d* A/par j leur
plus fort appui dans l'empire , rava-
gèrent pendant près de deux ans
les environs de Conftantinople , &
firent la paix après des fuccès divers.
Léon mourut le 16 janvier 474,
loué par les uns, blâmé par les
autres. Son zèle pour la foi , la
régularité de fes moeurs » lui méri-
tèrent des éloges. L'avarice obfcur-
cit fes vertus-, il ruina les pro-
vinces par des impôts onéreux ^
écouta les délateurs, & punit fou-
vent les innocens.
Xm. LEON II , ou Ze Jeune , fîl*
de Zenon dit PIfaurUn , & A*Ariadnt
fille de Léon I , fuccéda à fon aïeul
en 474. Mais Zenon régna d'abord
fous le nom de fon fils, & fe fit
enfuite déclarer empereur au mois
de Février de la même année. Le
jeune Léon mourut au mois de
Novembre fuivant; & Zenon de^
meura feul maître de l'empire. Léon
avoit environ 16 ans , & non pas 6 ,
comme dit Ladvocat \ il avoit ruiné
fa fanté par des débauches qiû hâtè-
rent fa mort.
XIV. LEON III , rifaurîen , em-
pereur d'Orient, étoit originaire
d'Ifaurie. Ses parens vivoient du
travail de leurs mains & étoient
cordonniers. Léon s'enrôla dans la
milice. J^fimcn II l'incorpora «sk
LEO
fiiite dans Tes gardes « & Anaflaft II
lui donna la place de général des
armées d'Orient , après diverTes
preuves de valeur : c*éto.it le polte
(pi'il occupoit , lorfqu'il parvint à
l'empire le 25 Mars 717. Les Sarra-
fins , profitant des troubles de
rOrient , vinrent ravager la Thrace ,
& affiéger Conftantinople avec >ine
flotte de So voiles. Léon défendit
vaillamment cette ville , & brûla une
partie des vaiâeaux ennemis par le
moyen du feu grégeois. Ses fuccès
Tenorgueillirent -, il tyrannifa fes
fujets , & voulut les forcer à brifer
les Images ; il chafla du fiege de
Confhmtinople le patriarche Ger-
main , & mit à fa place Anaftj/e ,
qui donna tout pouvoir au prince
fur TEglife. Léon ayant en vain
répandu le fang pour &ire outrager
les tableaux des Saints , tâcha d'en-
trainer dans fon parti les gens-de-
lettres , chargés du foin de la biblio-
thèque. N'ayant pu les gagner ni
par promeiTes , ni par menaces , il
les fît enfermer dans la bibliothè-
que , entourée de bois fec & de
toutes fortes de matières combuf-
tibles , 6r y fit mettre le feu. Des
médailles , des tableaux fans nom-
bre, & plus de 30,000 volumes,
X>ér^rent dans cet incendie. Le bar-
bare fut excommunié par Grégoire
Il & Grégoire III, Il équipa une
flotte pour iè venger du pape; mais
elle fit naufrage <ibns la mer Adria-
tique, & le tyran mourut peu de
temps après, le iS Juin 741 ,
regardé comme un âéau de la reli-
gion & de l'humanité. Son règne
fiit de 24 ans.
XV. LEON IV,furnommé Cha-
\are , fils de Confianùn C-jpronyme ,
naquit en 750, & fuccéda à fon
père en 775. C'étoit un temps où
les difputes des Iconodafies agi-
xoient tout l'Orient. Léon feignit
d'abord de protéger les Catholiques-,
fl»is eofuice il fe moqua cgalçm«m
LEO aj7
de« adorateurs & des deflruâetir»
des Images. Son' règne ne fut que
de 5 ans, pendant lefquels il eut
le bonheur de repouffer les Sarrafias
en Afie. Il mourut l'an 780 , d'une
maladie peftilentielle , dont il fijt
frappé , difent les liiftorîens Grecs «
pour avoir ofé porter une couronne
ornée de pierreries , qu'il avoit
enlevée à la grande églife de Conf-
tantinople.U avoit époufé la fameufe
Irène : Voye^ ce mot.
XVI. LEON V , P Arménien , ainfî
appelé , parce qu'il étoit originaire
d'Arménie, devint par fon courage
général des troupeis -, mais ayant été
accufé de trahifon fous Nlcéphorc ,
il fut battu de verges, exilé, &
obligé de prendre l'habit monafU-
que. Michel Rhangabe l'ayant rap-
pelé , lui donna le commandement
de l'armée. Lts troupes le procla-
mèrent empereur en 813, après
avoir deftimé MlcheL II remportt
Tannée d'après une viftoire figoa-
lée fur les Bulgares , & fit , en 817 »
une trêve de 30 ans avec eux. Ce
qu'il y eut de fingulier dans ce traité ,
c'eft que l'empereur Chrétien jura
par les faux Dieux de l'obferver i
. & le roi Bulgarien , qui étoit Païen ,
appela à témoin de fon ferment,
ce que le Chriftianifme a de plus
facré. La cruauté de Léon envers
fes parens & les défenfeurs du
culte des Images , ternit fa gloire
& avança fa mort. Il fut maflacré
la nuit de Noël , en 820 , comme A
entonnoit une antienne. Foy, Théo-*
DORE Studlte.
XVII. LEON Yl,U Sag^^U
Thllof.phe , fils de Bafile le Macé-
donien , monta après lui fur le trône
le I*' Mars 886, L'empire étoit
ouvert à tous les Barbares : Léom
voulut dompter les Hongrois , les
Bulgares , les Sarrafins ;, mais il ne
réuâît contre aucun de ces peuples*
Les Turcs, appelés à fon fecours»
p^flerent en Bulg:^rie> mvent t9U|
13» LEO
à feu & i fang , enlevèrent ées
richefTcs immenfes , & firent un
nombre prodigieux de prifonniers
qu'ils vendirent à Léon. £n fe fer-
vart des armes des Turcs , Léon
leur ouvrit le chemin de Conftan-
tinople -, & après en avoir été les
fouticns , ils en furent les deftruc-
tcurs. Il fe montra meilleur politi-
que en chafTant de fon iiege le
patriarche Photîus, Un des fuccef-
îeurs de cet homme célèbre, le
patri-irche Nicolas , excommunia
l'empereur, parce qu'il s'étoit marié
pour la 4® fois : ce que la difci-
pline de l'Eglife Grecque défen-
doit. Il temiina cette affaire, en
^ifknt dépofer le patriarche. Léon
mourut de la dyffenterie , le 9 Juin
911. Il fut appelé le Sage & le
Philo/ûphe , non pour fes mœurs qui
étoient très-corrompues , mais pour
la protedion qu'il accorda aux let-
tres. Il les cultiva avec fuccès. La
philofophie de Léon ne l'empêcha
pas de fe laifîer dominer par d'indi-
gnes favoris. Il fut fur-tout gou-
verné pendant affez long-temps par
un certain Samonas. C'étoit un
/ Sarrafm réfugié à fa cour, qui de iim-
pic valet- de-chambre devint patri-
ce , grand-chambellan , & le plus
intime confident de l'empereur.
Ayant amafTé d'immenfes richefTes ,
il réfolut de retourner dans fa patrie
avec tous fes tréfors , & prit le
prétexte d^m pèlerinage fur le bord
du fleuve Damaflris \ car , tout
Mahométan qu'il étoit dans le coeur ,
il fcignoit d'être Chrétien. Malgré
ïa précaution qu'il avoit prife de
faire couper les jarrets à tous les
chevaux de pofte qui étaient fur
fa route , il fut arrêté par un offi-
cier qui avoit découvert fon defTein ,
& ramené à Conftantinople. Le fénat
voulut lui faire fon procès \ mais
l'empereur eut la foiblciTe de le
JufHfier , de le rétablir , & de punir
l^o^der qui l'avoit anêcé, Sam9>
LEO
nos » fier ' de ce nouveau crédit ^
calomnia auprès de l'empereur tous-
ceux qui cxcitoient fa jaloufîe. Il
eut même la témérité d'accufer l'im-
pératrice d'un commei'ce fecret
avec un jeune feigneur ;. & comme
Léon mépiifa cette calomnie, il
publia un libelle difFamatoire contre
luu Tant d'excès & de perfitiies
firent enfin ouvrir les yeux au prin-
ce , qui fit rafer Samonas & le con-
fina dans un monaflere. Léon fentit
alors la vérité de cet avis» que BafiU
fon père lui avoit donné : La pour"
prc ne met pas à l'abri de la preven^
tlon ; le Monarque ejl fujet aux foi'"
bleffes de V humanité; & fon trône ne
VéUve au-deffus des autres hommes ,
que pour lui apprendre combîm il duit
Cire vlgllofit.,. LÉON airaoit à par-
ler en public. Il fe plaifoit a com-
pofer des Sermons , au lieu de s'oc^
cuper de la défenfe de l'empire.
Nous en avons 3 3 pour différentes
fêtes , dans la Bibliodieque des PP..,
Gretfer, Combéfis & Me^ei en ont
publié qUclques-uns. L'éloqucncç
de ce prince tenoit beaucoup de la
déclamation. Ce font des difcours
de fophifte , qui marquent moins
de piété que de vanité. 11 nous refle
encore de lui : I. Opus Bafilicon ,
dans lequel on a refondu les lois
répandues dans les différens ouvra-
ges de droit , compofés par ordre
de Jufilnicn, C'eft ce Code que les
Grecs fuivirent jufqu'à la conquête
de Conflantiilople par les Turcs*
[Voyei Fabrot. ] II. Novelta. Con/-*
tltutîones , pour corriger pluficura
nouveautés que hfilnien avoit intro-
duites. Leunclavius les a données k
la fin dé fon abrégé du Bafilicon ,
Bâle, 1575. III. Un Traité de TaHi"
que , publié par Meurfius , Leyde ,
16 12. C'eft le plus intérefl'ant defe»
ouvrages. On y voit l'ordre des
batailles de fon temps , & la manière
de combattre àts Hongrois & des-
Sarrafin^t Ce l^vre ^ important pour
LEO
la connoiffance du Bas-Empiffe,
a été traduit en â-ançois par M.
itMMjeroî, ijji y ^ vol. in-8°.
On a encore de cet empereur un
Cmdpe fur U Jugimen/ dcmitr , tra-
<Iuit en iatin par Jacques Pontarus -,
une Lettre à Omar pour prouver la
vérité de la religion chrétienne &
1 mpiétc de celle des Sarrafins , on
la trouve dans les nouvelles éditions
de la Bibliothèque des Pères , & tj
freinons fur Ufort de Conft mtlncple >
publiées par George Codlnus dans
fon ouvrage De Imperatorlhus Conf-
tamnopoluanis , Paris, 16 5 5 \ car il
aiffloit à lire dan5 l'avenir , & il
croyoit, comme les autres Grecs de
fon temps , aux prédissions des de-
vins & àts aftrologues. Quoiqu'il
eut quatre femmes , il ne laiflk
qu'un fils , Cùnfiintîn Porphyrogi^
me. r<»yc( Santa BARENE.
XVin. LEON u Grammairien ,
qui vivoit dans le xii* fiecle,
Compofa une Chronlqu: de Confian"
iinople , depuis IV^» C Arménien ,
jufcîu'à Cojiflantin y II. Elle eft
jointe à la Chronique de 5. Théo-
fhme, imprimée au LoUvre en
165^ , in -fol. & fait partie de la
Byi ntine,
XîX. LEON DE Bï^ZANCE , natif
de cette ville , fe forma dans l'école
de Platon. Ses talens pour la poli-
tique & pour les affaires , le firent
choifir par fes compatriotes daxu
toutes les occafions importantes.
Ils renvoyèrent fouvent vers les
Athéniens, & vers Philippe roi de
Macédoine, en qualité d'arabaflk-
deur. Ce monarque ambitieux , dé-
fefpérant de fe rendre maître de
Byzance , tant que Léon feroit à la
tête du gouvernement , fit parvenir
aux Byzantins une lettre fuppofëe ,
par laquelle ce philofophe promet-
toit de lai livrer fa patrie. Le peu-
ple , fans examiner , court furieux
à lanaaifon de Léon , qui s'étrangla
pour échapper à la ^énéfiç dç U
LEO 179
populace. Cet illuftre infortuné laifla
plufiears Ecrits d hiftoire & de phy-
fique i mais ils ne font pas parve-
nus jufqu'a noaç. U floriflbit \çt%
l'an 350 avant Jefus-Chrift.
XX. LEON ( S. ) évêq^ie de
Bayonne , & apôtre des Bafques ,
ctoit de Carentan en baffe-Norman-
die. U tut chargé d'une iriffion apos-
tolique par le pape Etienne V , pour
le pays des Bafques , tant en deçà
qu'au-delà des Pyrénées -, mais pen-
dant qu'il cxerçoit fon miniffere,
il fut martyrifé vers Tan 900 par
les idolâtres du pays.
XXL LEON d'Orviette ( Uù
l/rbcvetanus ) natif de cette ville , '
Dominicûn fuivant les uns , &
Francifcain fuivant d'autres , laiffa
deux Chroniques : Tune , des Papes ,
qui finit en 1514-, & l'autre, des
Èmp r^urs , qu'il a term'inée à l'ai*
1308. Jion Lami les publia toutes
deuK en 1737 , en 1 volumes in-8%
Le ftyle de Léon fe fent de la bar-
barie de fon fiecle. Il adopte bon-
nement les fables que la lumi re de
la critique a diffipées. A ces défauts
près, fon ouvrage eft utile pour
i'hifloire de fon temps.
XXn. LEON , ( Jean ) habile
géographe , natif de Grenade , fe
retira en Aî'rique après la prife de
cette ville, en 1491, ce qui lui
fit donner le nom à' Africain, Ap'-ès
avoir long-temps voyagé en Europe,
en Afie & en Afrique , il fut pris
fur mer par des pirates. Il abiura
le Mdhométîfme fous le pape Léon
X, qui lui donna des marques fingu-
lieres de fon eftime. U mourut
vers 1526. Nous avons de Jean
Lé^n les Vl£s des Phl/ofophes Ara-^
hes , que Hottlnger fit imprimer en
latin à Zurich en 1664, dans fon
Blbllaihecanus quadripartitus. On les
a inférées auffi da^s le tome xiii
de la Bibliothèque de Fahrlclus\
fur une copie que Cavalcantî avoît
envoyçe de jFlorçQ$?e, 1^ compofii
a40 LEO
ta Arabe la Dcfcrlptîon ie P Afrique^
qu'il traduifit enfuite en Italien.
Elle eft affez curieufe & aiTez efli-
mée , quoique nous ayons des ou-
vrages plus étendus & plus décaillés
fur cette partie du monde. Jean
Tf.mporal la traduiât en françols , &
la fit imprimer a Lyon en 1 5 5.6 ,
.en 1 vol. ift-fol. Il y en a uncmau-
vaife traduûion latine par Vlonan,
Marmoly qui ne cite jamais Léon « Ta
copié prefque par-tout.
XXIII. LEON DE MODENE,
célèbre rabbin de Venife au xvii^
iîede 9 eft auteur d'une excellente
Hifioîrc des Rus & Coutumes des
Jtàfs^ en italien. La meilleure édi-
tton de cet ouvrage eft celle de Ve-
nife, en 16 3 S. Richard Simond a
donné une traduwlion françoife
( Paris , 1674 , in-i2 , ) de ce livre
qui infîruit en peu de mots des
coutumes des Juifs, & fur-tout
lies anciennes, auxquelles l'auteùr
s'attache plus qu'aux modernes. Le
traduûeur a enrichi fa verfion de
deux morceaux curieux , l'un fur
la feâe des Çaraius ^ l'autre fur
celle des Samaritains d'aujourd'huL
On a encore de Léon un DlcUon"
noire Hébreu & Italien^ Venife, 1612 ,
.in-4°i 2® édition augmentée , Pa-
<loue> 1640.
XXIV. LEON . ( Louis de )
Aloyfius htpxtmnfis^ religieux Au-
guftin , profefTeur de théologie à
Salamanque, fe rendit très-habile
dws le Grec & l'Hébreu. Il fiit
mis à l'inquifition , pour avoir
commenté le Cantique des Cantiques,
Il y donna des exemples héroïques
de patience & de grandeur d'ame ,
& fprtit de fon cachot au bout de
deux ans. On le rétablit dans {a
chaire & dans fes emplois. Il
mourut le 23 Août 1591 , à 64
ans. Il avoit le génie de la poéfie
Efpagnole, & fes vers of&oient
• de la force ^ de la doucci4r ;
«agis il eft plus connu pv ^a
LEO
Uvres théologiques. Son princt*
pal ouvrage d^ un lavant Traité
en latin, intitulé : DeutrlufyueApà,
typlcl 6* verl , immolationis Ug^im
umpoTt. Le P. Daniel a donné ce
livre en françois ,1695, in-12 , avec
des réflexions.. L'original & la ver-
fion font également curieux. Son
Commentaire fur le Cantique des Ttf»-
tiqucs parut à .Venife en 1604,
in-S**. en latin.
XXV. LEON . ( Pierre Geça
DE) voyageur Efpagnol, paffa ea
Amérique à l'âge de 13 ans, &s*jr
appliqua pendant 17 ans à étudier
les moeurs des habitans du pays.
Il compofa VHlfioire du Pérou y &
l'acheva à Lima en 15 5 ô. La pre-
mière partie de cet ouvrage fut
imprimée à Séville l'an 15 j3 ,in-
fol. en efpagnol ; & â Venife en
italien , in-8° , 15 57 : elle eft effi^
mée des Efpagnols , & elle mérite
afTez de l'être.
XXVI. LEON HÉBREU , ou it
JUDA , fils aîné à!Jfaac Ahrabaml,
célèbre rabbin Portugais, fuivit
fon père réfugié à Venife après l'ex-
pulfion des Juifs par Ferdinand le
Catf^olique, On a de lui un Dlalo'
gue fur l'Amour ^ n-aduit de l'italiea
en françois par Denys Sauva^ &
Pontus de Thiard : il a été fouveot
imprimé m-8** & in-12 dans le xvi*
fiecle.
XXVn.LEON DE Saint-Jean,
Carme , néà Rennes Pan 1600, étoic
appelé avant fon entrée en rehgioa
Jean Macé : il fut élevé fucccffive-
ment prefque à toutes les charges
de fon ordre, & s'acquit l'eftune
de Léon XI , à'AUxandre Vil &
de plufieurs cardinaux^ U prêcha
devant Louis XIII & Uuis Xll^
avec applaudifiement. Ami ^ .
cardinal de Richelieu , il recueillit
les derniers foupirs de ce miniihCt
Il mourut le 30 Décembre 1671,
à Paris , après avoir public un
tïcs-girand nombre d'ouvrî^es :lcs
principaux
LEO
principaux font : I. StuHum fa*-
^auîa unlyerfalis , 3 vol. ih^fol. Le
ÏKtmÎCT parut à Paris en 1657-^ il
comprend les fciences profanes :
les deux autres ont été imprimés
à Lyon en 1664 -, ils ont pour
but la fcience çle la religion ; on
tftime principalement ce qui re-
garde la tîléologie dogmatique. Le
ftyle de cet ouvrage cft pur &
coulant. IL VU à& Ste. Migdilaîw
tfc ?aixi, Paris, 1636, in-8°, IIL
Vit de Françoîfc d*Amholfe , Paris ,
1634. IV. Jcumal de ce (jul s'efi
fajfé à la maladie & à la mon du
cardîndl de Richelieu, Paris , 1641 ,
in-4®. V. Plufieurs ouvrages afcé-
Âques , & quelques-uns pour foute-
nir la prétendue antiquité de fon
ordre. VI. Hifiolre de la Province
ks Carmes de Tours , en latin ,
Paris , 1640 , in-4®. VIL La Somme
des Sermons Parénéthpus , & Pané^"
limes ^ 4 vol. ih-fol." Paris , 167I ,
1671.
LÉON JUDA, Voy. iv. Juda.
LÉON Alazzi , Voy. Alla-
Tius (Léo).
LÉON , Voy. Leontius.... Pa-
DOUAN & Ponce , n^ ir & v.
LÉON BE Castro , Voy. Cas-
tro , n^ IL
I. LÉONARD , (S.) folitaire du
Limoufin , mort vers le milieu du
■VI* ficelé , a donné fon nom à la
pedte ville àeSamt^UonardleNohlet^
à 5 lieues de Limoges. On prétend
qu'il fut baptifé par S, Reml , qui
i chargea du foin d'inftruire les
peuples. Il s'en acquitta avec uq
ïde apoftolique qui le fit connoitre
^ la cour. Le roi lui offrit un
évêché qu'il refufa ; il pria feule-
ment ce prince de lui permettre de
▼ifiter les prifonniers , & de déli-
vrer ceux qui mériteroient quelque
grâce. Il fe retira cnfuite dans une
folimde où il eut des difciples, Sa
réputation s'étendit jufques en
A^Sleterre , où fon nom fe iif
Tome f^.
LEO 141
encore aujourd'hui dans le calen-
drier réformé de la nouvelle li-
turgie. 'L*hifiûlre de fa vie , écrite
-par un anoiiyme , eft pleine dé
taufletés & de tables abfurdes. Nous
n'avons choifi que les circonilances
qui nous ont paru les plus vrai-
fcmblables. Voy. La Vie dea Saints
de Baillet , au 6 Novembre -, c'eft
le jour où l'on célèbre fa fête.
IL LÉONARD Matthei d'U-
DINE , Dominicain du xv* fiece »
ainfi nommé du lieu de fa naiffance ,
enfeigna la théologie avec réputa-
tion , & fut l'un des plus célèbres
prédicateurs de fon temps. On a
de lui un grand nombre de Sermons
latins , dont le mérite eft très-mé-
diocre-, mais ,' comme les éditions
en font anciennes , quelques favans
les recherchent. Les principaux
font : I. Ceux de Sancîls , Paris ,
1473 ; ceux du Carême , 1478 ,
in-tol. IL II a laiffé aufli un traité
De fangulne Chrijti, 1473 , in-fol.
m. LÉONARD DE Pisé , (Z^o-
nardo Plfano ) cft le premier qui fit
contloitre en Italie, au commen-
cement du xiii^fiecle les Chiffres
arabes OU' Algèbre, & quiyenfei*
gna la imni^e d'en faire ufage*
On conièrve à Florence, daâs la
bibliothèque de Magûa'jecchi , un
traité d'Arithmétique en latin , in^
tituié : Uber Abacl , compofitus à
I^onardo fiuo Bonaccl , Plfano , in
annd tioz. L'auteur y dit dans la
préface , qu'étant à Bugie , ville
jd'Afiique , où fon père étoit fac-
teur pour des marchands Pifans , il
avoit été initié dans la manière de
compter des Arabes -, & que l'ayant
trouvée plus coïnmode & de beau-
coup préférable à celle qui étoit
en ufage en Europe , il a entrepris
ce Traité pour la faire connoitre en
Italie. C'eft de là que les Chiffres
ai^abes & l'Algèbre fe répandirent
enfuitedans les autres pays de l'Eu-
rope , à l'égard de laquelle Léonard
Q
14* LEO
de Pî(e peut prefque palTer pouc
inventeur « ayant enfeigné le pre-
mier les règles de cette fcience ,
& l'ayant même perfectionnée. Il
eft encore auteur d'un Traité à^Ar-^
ftnta^ty que l'on conierve dans la
même bibliothèque.
LEONARD, Voy€^ ViNCl....^
Malesfeines.
LEONARDI , (Jean) initimteur
des Clercs-réguliers de la Af«r« ék
Dieu de Lucques ^ né/à Decimo en
15 41, érigea fa congrégation en
IJ83. Le but de cet tnitimt eftde
conûcrer une vie pauvre & labo-
/ rieufe à un des ouvrages les plus
importans de la fociété civile > à
l'inflruâion de la jeunefTe. Le pieux
inftituteur efiuya des contradic-
tions à Lucques ; mais il en fut
dédommagé par l'eitime du pape
CUmtnt VllI^ & du grandrduc de
Tofçane. Il mourut à Rome le 8
Oéïobre 1609 , à 69 ans. On a
de lui quelques ouvrages peu con-
nus, 6t il eft plus recommandable
comme fondateur que comme écri«
vain. Sa Vie a été d&nnée eyi Ita-
lien par Maracci , prêtre de (a con-
grégation, Venife, in-fol. 16 17..
LEONAT , un des lieuienans d'A'-
àxandn , qui étpit fon parent , &
^oit été élevé avec lui. Dans le
partie que fes officiers firent de
ïes conquêtes après fa mort , la
petite Egypte échut à Léonat*
I. lïONCE, philosophe Adié-
sién , eft principalement célèbre ,
parce qu'il donna le jour à Atkaïaïs ^
qui devint impératrice d'Orient*.,
Voy. IL EuDOxiE , femme de
Tkéodo/e IL
IL LEONCE , ( S. ) évêque de
ITréjus en 361 , mort vers 450 , fe
fit un nom par fon favoir & fa
piété. Cajfîen lui dédia les dix pre-
miers Hvres de fes Conférences,
m. LEONCE , le Scol^tu ,
prêtre de Conftandnople dans le
vVi^fiecle» lailTa pluécurs livres
LEO
é*fitjhire & de .Théolopt , eaeri
autres un Ttaité du Concile de Chai»
çédohù , qu'on trouve dans la Bi-
bliothèque des PP. & dafts le iv^ vo-
lume des antiennes leçons de Ca*
nifius y in-4°. .
IV. LEONCE , patrice d'Oricm,
.& gouverneur de Syrie , s'en fit
couronner roi en 482 , fous l'em-
pire de Zénoné Vérine^ femme di
Léon TAncien > qui Êivoriibit ion
ufurpatiôn , le fit proclamer dans
la ville de Tarfe en Cilicie où elle
avoit été reléguée. Zenon envoya
contre Léonce , le général Ilba à la
tête d'une armée nombreufe. Mais
Vérine étant venue au-devant de
lui , le féduiât en lui repréibntant
l'ingratitude de Zenon , & en l'é-
blouifiânt par les plus grandes cfr
pérances. Il employa donc àfou->
tenir Léonce fur le trône , les mêm^
troupes que Zenon lui avoit coa"
fiées pomr le détrôner. L'empereur
trouva un général plus fidelledans''
Théodùrie Rumal, qid mîi^yha con-
^e les deux rebelles. Après quatre
années de guerre , il remporta une
viâoire figpiialée. Ayant pourfuivi
Léonu & lUus qui s'étoient réfu-
giés dans un château nommé Pa^
plrus , il les fit prïfonnters, & en-
voya leurs têtes à Conftantinople
en 4$^. Vérine fur arrêtée comme
eux , & exilée en Thrace, où elle
mourut peu de tençs après.
V. LEONCE , patrice d'Orient,
donna des preuves de fon courage
fous JuJBnîen IL Cet empereur.,
prévenu contre lui par fes envieux •
le tint trois ans dans une dure
prifon. Léonce ^ ayant eu fà li-
berté , dépofTéda Ju/Uaien , & &
mit fur fon trône en 695. Il gou-
verna Tempire jufqu'en 698 , que
Tlber^'Abfiptare lui fit couper le née
& les oreilles , & le confina dans
un monaflere. JuJUnien , rétabli par
le fecours des Bulgares > condamna
Léonce à perdre la tête : ce quifiit
LEO
cxkuté en 705. Le foin que cet
nfiirpateur avôit eu de conferver
la vie à JuJBnUn , dans im temps
de barbarie , où les monarques ne
omentoient leur trône que par le
6ng de leurs rivaux , donne une
idéeavantageufe defon humanité >
& eût dû infpirer à celui qu'il
avoit épargné, des fendmens con*
lonnes.
LEONICENUS, (Nicolas) cé-
lèbre médecin « né à Lunigo dans
le Vicentin , en 1418 , profefla
pendant plus de 60 ans la méde-
cine à Ferrare, avec beautoup de
fuccès. Ceft à lui qu'on doit la pre-
mière tradu6Hon latine des Œuvres
de Gallen. Il parvint à un âge fort
avancé , par la traoquilltiéd'efprit,
par des mœurs pures & une vie
îbbre. Il conferva îufqu'à la fin
. une mémoire fûre , des fens entiers ,
un corps droit & une fanté vigou-
reufe. Il mourut en 1524 , dans ùl
96^ année , emportant les regrets
des iavans & du peuple. Il ne
s'attacha que très*peu à la pratique
de la médecine. >» Je rends , mfoit-il ,
fbu de ferpîces au puhltc , que fi je
flftoîs Us malades , pdfyue j*enfeignt
eatx tpâ les guérlffent ♦<. On a de lui
plufieurs ouvrages. Les prindpaux
font : I. Une Grammaire Latine «,
1473 » in-4*. n. Une Tr^daHion
latine des Aphorifines A*Hîppo*
trou, m. Celle de plufieur s Trjtf/*
de GalUn. IV. Un Traité curieux :
De PRnu & plurium aliorum Midi-
conm h medicîna errorlhus ; à Bude ,
iç 3 i » in-fol. ouvrage rare, V. Des
Vtjfions italieimes de l'Hiftoire de
Dion , & de celle de Pracope, VI.
Une autre des Dialopies de Lucien^
yil. Trois livres d'Hîfiolres dîverfu^
in-fol. ,* en latin. On les traduifit
en italien , & cette v#rfion parm
4 Venife, in-8**, en 1544. VIIL
Th morho GalUco Uber , Bâle ,1536,
fc-4*. On voit par ces différentes
prodttâion^ qui Iç^imnf , ça ÇlUÎ^
LEO î4f
tîvant la médecine , n'avoit pas né«
gligé la littérature & l'étude de l'an-
tiquité. Ses OtttTdgiej furent recueillis
à Bâle« en 15 33, in-fol.
LEONICUS Thom jEus , (Nico-^
las ) favant philofophe Vénitien
& originaire d'Albanie, étudia le
Grec à Florence fousDemetrius Chai-
condyle. Il rétablit le goût des belles*
leto-es à Padoue , où il expliqua
le texte grec ^Aiiftou, Il mourut ea
1 5 3 1 « ^ 7 5 atu* La philofophie avoit
dirigé Tes moeurs autant que réglé
fon efprit. On a de lui une TroAucm
non du Commentaire de Proclui
ftir le Tîmée de Platon , & d'autres
Verfions italiennes & latines , qu'oB
ne confulte plus guère.
L LEONIDASI",roidesLacé-
démoniens > de la famille des Agi«
des , ayant été chargé de s'oppofer
à finvafion que Xerxes roi de Perfe
menaçoit de faire en Grèce , com-^
prit bientôt qu'il lui feroit impof-
fible de réfifter en rafe campagne
à l'armée innombrable de l'ennemi ;
il réfolut de l'attendre' au défilé de^
Thermopyles', que Xerxès étoit
obligé de franchir pour entrer en
Grèce. Alors confidérant qu'il n'a-
voit pas' befbin d'une nombreufe
armée pour garder ce paffage , il
renvoya tous les alliés , & ne garda
que trois ceots Lacédémoniens déter-
nùnés , comme lui , à vaincre ou
à mourir. D'ailleurs ayant appris
de l'oracle qu'il falloit que Lacé-
démone fût détruite ou que fon rot
pérît , il n'héfita pas de fe ùcrifîer
pour le falut de fa patrie. Le len-
demain matin après avoir exhorté
fa petite troupe à prendre de IdH
nourriture , dans TeTpérance de fou-
per tous enfemble chez Pluton , il
les mena à l'enneim avec un cbu«'
rage intrépide , lllïw avant Jefus-
Chrifl 480. Le cho^iut rude &.
fanglant. Léonidas tomba des pre-'
miers , & tous imitant fon exemple ,
dcuuurm&tfiirl^ champ debiii^ll^ieY
t44 LEO
excepté un feulqmfefauyaà Lacé-
démone , où il fut reçu comme un
traître à fa patrie. Xerxès outré de dé-
pit de ceque Léonidas avoit ofé lui te-
nir tète avec une poignée de foldats ,
le fit chercher parmi les morts ôc
attacher à une potence. Mais au lieu
de déshonorer fon ennemi , il fe
couvrit lui-même d*une honte éter-
nelle. On dit que quand ce héros
partit pour cette expédition , il ne
recommanda à (a femme autre chofe ,
iinon de /< rcmsrUr après fa mon à
quelque brave homme , qui fit des enfiins
dignes de fon premier époux, Xerxès
lui ayant mandé qu'en s'accom-
modant avec lui , il lui donneroic
l'empire de la Grèce : J^alme mieux
mourir pcrur ma patrie ^ lui répondit-
il , que d*y régner injuftcment,,. Ce
même prince lui o£uit demander
fes armes, il ne lui répondit que
ces mots bien dignes d'un Lacédé-
tnonien : Vims les prendre.,. Comme
C[uelqu un lui rapporta que l'ar-
mée ennemie étoit û nombreufe ,
c[ue le foleil feroit obfcurci de la
grêle de leurs tnits i^Tant mieux ^
S dit X^onidas ) n»us combattrons à
*ombre,.. On vouloit (avoir pour-
quoi les braves gens préféroient
la mort à la vie : — Parce qu*ils tien-
hent , dit-il , celle -ci de la fortune ,
& l'autre de la vertu,
JI.LEODINASII.roi de Sparte
vers l'an 256 avant J. C. , fut
chafle par Cléomhotu fon gendre ,
& rétabli enfuite. Il étoit petit-
fils de Cléomine //, & fîit fuccefleur
-d^Aréc IL
LEOKIN , ou Leew , ( Elbert
eu Engelbert) de l'ifle de Bommel
dans la Gueldre , cnfeigna le droit
â Louvaln avec un fuçcès extraor-
dinaire. Il eut la confiance la plus
intime du prince d'Orange , quT
l'employa beaucoup dans l'établif-
fement des Provinces-Unies. Léo-.^
nia fiit chancelier de Gueldre après
^ départ de ra^shûbv M^^i ^,
LEO
X581 -, & l'un des ambafladeufs que
les Etats envoyèrent à Htnri 111 ,
roi de France, Cet habile polid-
que mourut à Arthém le 4 Décem-
bre X598 , à 7^ ans. Il ne fut
point Proteilant , &ne voulut jamais
entrer dans les difputes fur la reli-
gion. On a de Uiiplufieur^ ouvra-
ges , entr'autres : L Çenturia Concis
liorum , Anvers , 1584, in - fol. IL
Emcndationumfeptem Librt , Arnheim^
1610 , in-4°. Les jurifconfultes fe
font beaucoup fervis aunrefois de ces
deux produâions.
LEO NIUS, poète Latin de Paris»
fut célèbre dans le xii^ fiede par
l'art de faire rimer Thémiiticlie de
çliaque vers avec la fin.
D^emon languehat, monachus tunctjt
volAtt i
Afiubi convaluitf manfitvt ânùfiàu
Beel^ébub UngUifloit tnàe 8c blême:
Lors vers le froc il tourna tous fes
^uxs
Mais , revenu de cet état piteux»
Le fin matois refta toujours le même»
U mit en vers de ce genre prefque
tout l'ancien TeilamenL Ces vers
barbares , que Firgi/e n'eût certai-
nement pas avoués , furent appelés
Léonins : non parce que Leunhs ht
^inventeur de cette Ineptie , fort
en vogue avant lui ; mais parce
qu'il y reuffit mieux que les autres.
Le favant abbé le Bctuf, a domié
une Difiertation pour détruire Topi-
nion commune qui ^t Leonius cha-
noine de Saint-Benoit de Paris*, il pré-
tend qu'il étoit chanoine de Notre-
Dame. Sa plus forte preuve eft que
Leonius , dans une de fes pièces ,
invite un de fes amis à venir à la
fête des Fous, ( pieuiê farce, qui
ne fe faifoit alors que dans l'églife
de Paris , ) pour y dépôfer l'office
de Bâtônnkr , & le traiifmettre à un
autre avec la nouvelle année. U
parlç d^ cet ami comme d'un (ie
LEO
fe confrères ^ & par confé^uent
Us étoient l'un & l'autre chanoines
de Notre-Dame. Comme cette dif-
cuiSon n'eft pas bien importante ,
& qae d'ailleurs les preuves du
lavant diflercaceur ne font que des
coajedhires , on ne s'y arrêtera pas
LÉONOR , évêque régionnaire
«n Bretagne , au vi® fiedc , étoit
du pays de Galles. Ses travaux apof-
toliques & Tes vertus l'ont £ût met-
tre au nombre des Saints.
LÈONORE, Foy({ Eléokore.
LEONTIUM, courtifanc Athé-
sienne , philofopha & fe proftitua
toute fa vie. Epicurt fiit fon maitre ,
&Icsdifciples de ce philofophc fes
galans. Métrodon fut celui qui eut le
pins de part à fes £civeurs ', elle en
eut un fils , cpxEpîatrt recommanda
en mourant à fes exécuteurs tefia-
mentaires. Leontium foutint avec
chaleur les dogmes de fon maitre,
Çui, fuivant quelques-uns , avoit
été auffi fon amant. Elle écrivit con-
tre Théophrafte , avec plus d'élégance
çue de'folidité. Son ftyle, fuivânt
CUeron^ {Dcnat, Deor. L. 1. ) étoit
pur & attique. Leontium eut auffî
ttne fille , nommée DanaA , héri-
tière de la lubricité de fa mère. Cette
fileAtt aimée de Sopkron , préfet d'£-
phefe , & ^ant évorifé l'évafion
de fon ânant condamné à mort »
ellefîit précipitée d'un rocher. Elle
£t éclater dans fes derniers momens
cfes fêatimens hardis & impies , tels
qu'on dévoie les attendre d'une
proftimée.
.LEONTIUS-PILATUS,o«
^ON, difciple de Barlaam moine
de Calabre , efl regardé romme le
pteiBierde ces favans Grecs à qui.
l'on efl redevable de la renaiâànce
des lettres & du bon goût en Europe.
Ccft lui ai]f& qui enfeigna le premier
le Grec en It^e vers le milieu du
Xiv*" fiecle : Pétrarque & Bçcace
bKot att. r^ni; de fes (tifcistles, li
LEO 14^
psâa dam la Grèce pour en rap<b
poner des manufcriç -, mais il fut
tué d'un coup de toimerre fur la
mer Adriatique , en s'en retour-
nant en Italie. Ce moine , très-verfé
dans la littérature Grecque, ne con-
noifToit que médiocrement la Latine.
C'étoit un favant ians politeiTe &
fans urbanité , mal-propre , dégoû-
tant , toujours rêveur , mélancoli-;
que & inquiet. Voye^ fa FU dans*
l'ouvrage de Humfroi Hody, Dt
Cradt illufiiîhus » in - 8^ , Lon-
dres , 1742.
LEOPARD, ( Paul ) humaniite
dlfemberg près de Furnes, aima
mieux p^er fa vie dans un petic
collège à Bergues - Saint- Vinox i
que d'accepter une chaire de proi
fef&ur royal 6n Grec , qu'on lui
ofirit à Paris. Il mourut le 3 Juia
1567 , à 57 ans. On a de lui
en latin de9 Remarques critiques , divi<*
fées en vingt livres. Les dix pre-
miers ont été imprimés à Anvers ,
1568 , in-4^. Les dix derniers ont,
paru p^ur la première fois en 1604
dans le 3® vol. du Fax Arùum de-
Gruter. On convient généralement
que ces Remarques font pleines de
ûvoir , de bon fens & de bon goût.
Il a donné encore une TraducHcn
aiTez fîdelle de quelques Vîes de
Plutarque, Cafaubon parle de lui
comme d'un homme auffi favant
que judicieux , ,& dont les recher-
ches ont été utiles aux gens-de- let-
tres... Il y a eu encore de ce nom
}en>me LEOPARD , poëte Florendn ^
peu connu.
I. LEOPOLD , (S.) fils de Uc^
polà U Bel , marquis d'Autriche ,
ûiccéda à fon pcre en 1096. Sa
vertu lui mérita le titre de Pîmix ^
il fit le bonheur de fes fujets , dimi-
nua les impôts , traita avec upe égale
bonté le pauvre & le riche , &
fit rendre à tous ime juftice très-
exaôe. Sa valeur , égale à fa piété ^'.
édata fous l'empereur Henri IV ^ ^
14(5 LEO
fe foutînt fous Henri F y dont îl
cmbraââ le parti. Ce prince lui
donna» en i io6 , Agnès û foeur ^
mariage , 6c après ia mort il eut plu-
£eurs voix pour hii fuccéder à l'em*
pire ; mais Lothain l'ayant emporté»
liopold fe fit un devoir de le recon*
noitre. Ce prince mourut ûinte-
ment en 1139 , après avoir fondé
plufieurs monafleres. Innocent Vlll
le casonîfa en 1485. U avoir eu
û'Apùs 18 enÊms , 8 garçons & lo
£lles , qui fe montrèrent £gnes de
leurs illuflrcs parens.
LEOPOLD d'Autriche , Vey,
Melctal.
IL LEOPOLD , fécond fils de
Temperenr Ferdinand JII , & de Mc-
fU-'Anne d*E/pagne^ né le 9 juin
1640 , roi de Hongrie en 165 5 , roi
de Bohême ,en 1679 , élu empereur
en 1658 , fuccéda à fon père à Tâge
de dix-huit ans. Un article de la cs^i-
fulation qu'on lui fit figner en lui
remettant le bâton impérial , fut
fl[u'il ne donneroit aucun fecours â
l'Eipagne contre la France. Les
Turcs menaçoient alors l'empire.
Ils battirent les troupes Impériales
près de Barcan , & ravagèrent la
Moravie , parce que l'empereur
continuoit de foutenir le prince de
Tranfjrlvanie , qui avoit ccîTédepuis
6 ans d'envoyer un tribut annuel
de 200,000 florins . que fes prédé-
cefieurs avoient promis de payei'
à l'empire Ottoman. MoTUceucuR ,
général de Léopold, foutenu par un'
corps de 6000 François choifis ,
fous les ordres de Coûgni & de As
Fadl/ade , les défit entièrement à
Saint-Godiard en 1664. Loin d^
profiter d'une vîdoire aufiî com-
plète, les vainqueurs fe hâtèrent
de fidre la paix avec les vaincus :
îls fouffrirent que le prince de
Tranfylvanie , Ragot(ki , fût leur
tributaire. L'Allemagne & la Hon-
grie défapprouverent ce traité ; mais
}t misûftere Imginsi avoir fes vues »
LE O
les finances^ étoient en taaavéi
état : on fof^eoitàaffiijettirabib*
lument les Hongrois , & l'on voyoit
avec pdne la ^oire que les Fran-
çois s'étoient acquiie dans cette
guerre. La paix ou plutôt la trêve
6u conclue pour 20 années. [ Voyei
Lembecius , tf ^ j£n. } La Hoa<
grîe occupa bientôt-après les armes
de l'empereur. L^ iHg^ienrs dece
royaume vouloient à U fois dé&a*
dre leurs privilèges & recouvrer
leur liberté ; ils fongerent à fe dot^
ner un roi de leur nation. Ces com-
plots coûtèrent la tète à Serin , i
Fmn^umiy â Nmda/B & à plufieurt
autres ^ mais ces exécutions ne cal-
mèrent pas les troubles. TtkeU k
mit à la tète des mécontens , &
fiit £ût prince de Hongrie par les
Turcs , moyennant un tribut de
40000 ièquins. Cet ufurpateur sq)'
pela les Ottomans éaos l'Empire.
Ils fondirent fur l'Autridie avec
une armée de 240,000 hommes;
ils s'emparèrent de l'ifle de Schurt,
& mirent le fiege devant Vierni^ei
1683. Cette place étoit fiir le point
d'être prife , lorfque Jean SobUsH
vola à fon fecours , tandis que l'effi*
pcreur fe fauvoit à Paâgni. Il atta-
qua les Turcs dans leurs retran-
diemens & y pénétxa. Une terreur
panique faifit le grand*vifir Mt/b-
fha , qui prit la fiiite & abandoona
fon camp aux vainqueurs, kçjàs
cette déÊiite , les Turcs fiuentpref-
que toujours vaincus , & les Impé-
riaux reprirent toutes les villes dont
ils s'étoient emparés. JUopoU regar»
dant les rebelle^ de Hongrie comme
la caufe d'une partie des maux qui
avoient menacé l'empire, ordomia
qu'ils fiifient punis avec riguenr*
On éleva dans la place pfibli^
d'Eperies, en 1687, un écbaând,
où l'on immola les viâîmes dont
la mort étôit la plus nécefiaire i
la paix. Le ma&cre fut long &
teniUe4 il fiok par une convoe»:
LEO
A» des principaux noble^ ffên-
grois, qui déclarèrent au nom de la
nation que la couronne étoît héré-
ditaire. Uoj^old eut d'autres guerres
à foutenir. Ce prince , qui necom-
battoit jamais que de fon cabinet ,
ne ccffa d'attaquer toub JT/f^: pre-
mièrement en 167 1, d^abord après
l'invafion de la Hollande , qu'il fe*
courut^contre le monarque Fran-
çois ; enfuite quelques années après
h paix de Nimegue , en 1 686 , lorf-
qu'il fit* cette femeuîe Ligue d'Auf.
bourg, dont l'objet étoit d'acca-
hier la France & de chafler Jacques
II du trône d'Angleterre -, enfin en
I70J , à l'avènement étonnant du
pedt-fils de Loms XIV à la cou-
ronne d'Efpagne. Léopold {ut ^ danç
toutes ces guerres , intéreiTer le
corps de l'Allemagne , & les faire
déclarer ce qu'on appelle guerres
de l'Empire. La i"^ fut affez mal-
beurcufe , & Tempereur reçut la loi
à la paix de Nimegue , en 1678.
L'intérieur de l'Allemagne n.' fut
pas facci^é *, mais les frontières du
côté du Rhin furent maltraitées»
La fortune fiit moins inégale dans
la 1* guerre » produite par la Ligué
d'Ausbourg. La 3^ fut encore plus
heureufe pour JUopold, La mémo-
rable bataille d'Hochftet changea
tout, & ce prince mourut Tannéfi
fuivante, le j Mai 170 j , à 6.j
ans , avec l'idée que la France
feroit bientôt accablée , & que VA.U
ûce feroit réunie à l'Allemagne.
Ce qui fervit le mieux Léopold dans
toutes ces guerres , ce fut la gran-
deur de ùuU XIV , qui s'étant
{Produite avec trop de Cile, irrita
tous les Souvehiins. L'empereur
Allemand , plus doux ôc plus mo-«
defte, fut moins craint, mais plus
îtuné. Il avoit été defliné dans fon
- enânce à l'état ecdéliaftique. Son
éducation avoît été conforme à
cette vocation prématurée.; on lui
dvQit doxuié cl« la piété & du
LEO 247
Ëvoir *, mais on négligea de lut
apprendre le grand art de régner.
Ses miniftre* le gouvernèrent, &
il ne vit plus que par leurs yeux.
Leur rôle étoit néatunoins difficile
à foutenir : dès que le prince s'ap-
percevoit de fa fujétion , une
prompte dif^race le vcngeoit d'ua
miniflre impérieux i mais il fe li-
vroit à un autre avec auffi peu do
réferve. Cependant prcfque tous
fes choix furent heureux » & fi le
miniilcre de Vienne commit dcç
fautes pendant un règne de 46 ans^
il faut avouer qu'avec une lenteur
prudente , il fut faire prefque tout
Ce qu'il voulut. Louis XIV fat VAu-*
gujic & le SclpLn de la France , 8c
Léopold le Fabius de l'Allemagne*
»♦ Tout l'empire , ( dit M. de Mb«*
tigny ) ** fut dans fa dépendance^
»♦ On le vit créer un nouvel élec-
i* tfiur , menacer les princes du baa
»♦ de l'empire , faire un roi en vertu
>♦ de fa toute-puîjfance y comme il
>♦ s'exprimoit lui-même, ûuis l^
>» confentement,& même contre l'a-
»♦ vis de tous les états... Rien defî
'♦ foible qne l'autorité irrpériale
»♦ après la mort de Ferdinand III.
»» La paix de Weflphalie la fubor-
»♦ donnoit, pour ainfi dire ,. au ca»
»♦ price des états. Léopold rompit
V les bornes qui la reinerroient ÔC
»♦ la rétablit dans fon ancienne vi-»
>♦ gueur. C'eft ce qu'on appela dan&
»i le temps U retour d& Cuarles^
»♦ QyjNT 6» de la Tyrannie «. X/o*
pold aimoit paflk^^cment la mu-^
fique & même en compofôit d'à-»
gréable , telle que le Menuet paro-
dié , Quel caprice , &c, »» Etant prêt
»♦ à mourir, dit DucIjs^ après avoir
»» fait fes dernières prières avec foa
>♦ confeffeur » il fit venir (a mufiquc
v> & expira au milieu du concert u^
Ce prince, s'étoit marié trois £ois^
Ses Éemmes furent: i** Marguerite'^
Thénfe^ féconde fille de Philippe
IV y roi d'Êfpagnc* qu'il époiiSi
14? LEO
en 1666. %^ Claudt'Fé/lcUé tPAu-
triche - Jn/pruck , qui mourut en
1676. 3** La princeffe Palatine
de Neubourg, Eiéjnore-Magddûinc-
Thénfiy princeffe célèbre par fcs
vertus , dont on a la Vie in-8**.
Léop^ld en eut trois princes : )ofephy
en 1678 , qui lui fjccéda-, LéopM-
Jofeph ^ en i6Sz, mort âgé de 1
ans -, & Charlis » archiduc d'Autri-
che , qui fut auffi empereur.
III. LEOPOLD , duc de Lor-
raine , fils de Charles V & A'EUo-
Tiore d'Autrlchi , naquit à Infpruck
le II Septembre 1679. Il porta les
armes dès fa plus tendre jeuneire ,
8c fe (ignala en 1695 à la journée
de Témefwar. Le duc CharUs P"
•fon perc ayant pris parti contre
la France, avoit vu la Lorraine
envahie , & elle étoit encore au
pouvoir de la France à fa mort ,
arrivée en 1690. Léopold fut réta-
2)li dans fes états par la paix de
. iRyfwick en 1697 , mais à des con-
ditions auxquelles fon père n'avoit
|amais voulu foufcrire : il ne lui
ctoit pas feulement permis à!avoir
des remparts à fa. Capitale. Quelque
mortification que dût lui donner
la perte d'une partie des droits ré-
galiens, il crut pouvoir être utile
à fon peuple, & il ne s'occupa
dès-lors que de fon bonheur. Il
trouva là Lorraine défolée & dé-
tferte : il la repeupla & l'enrichit.
Auffi grand politique que fon père
«toit brave guerrier, il fut con-
ferver la paix , tandis que le refte de
l'Europe étoit ravagé par la guerre.
Sa nobleffe, réduite à la dernière
jnifere, fut mifedans ropuîence
par fes bienfaits. Il faifoit rebâtir
îes maifons des gentilshommes
pauvres, il payoit leurs dettes, il
inarioit leurs filles. Szxnljlas Lee
jînsld , depuis duc de Lorraine ^
ayant pafTé par L'unéville en 17x4 ,
Êit ©bligé de foire vendre fecti-
tenn^t des bijoux de grand prix ;
léopM le fut par le.mar|îais de
Beaui^au , &lui renvoya les' bijoux
avec leur valeur en argent. Un de
fés miniilres repréfentoit à Léopold
que fes fujets le ruinoient. Tant
mieux , répondit-il ! je n'en ferai que
pluf riche , pu^qu* Us feront heureux. Un
gentilhomme pauvre jouoit avec
lui , & gagnoit beaucoup ; Vous
joue\ bien malheureufement ^ dit-il au
prince... Non , repartit Léopold ;
jamais lu fortune ne m* a mieux fern*
•Proteûéur des arts & des fciences ,
il établit une univerfité à Luné-
ville, & alla chercher les talens
jufque dans les boutiques & dans
les forêts , [ Voye^ v. Duval, ]
pour les mettre au jour & les
encourager, le quitterais , difoit*
il , demain ma fouveraXncté , fi jf
ne pouvois faire du bien, Admini^
trer la juflice , étoit pour lui ua
devoir facré. Il affiftoit toujours au
confeil, & fignoit non-feulement
fes édits , mais même les décrets fur
requête. Afin de fe décider plus
furement dans les affaires impor-
tantes , il avoit à Paris un confeil ,
compofé des avocats les plus cé-
lèbres de la capitale. U avoit formé
le projet de liquider lès dettes de
l'état en dix années -, mais la mort
l'empêcha de l'exécuter. Il futen-
fevé à fes fujets le 27 Mars 1729»
a Lunéville, à 50 ans. U laiffa
fon exemple à fuivre à François I
fon fils , depuis empereur , & ja-
mais exemple n'a été mieux imité.
L'empereur Jofeph-Benoit y petit-fils
de Léopold , eft en tout l'image de
fon grand -père. Léopold^ avoit
époufé Elifaheth , fille du duc
^Orléans , morte en 1 744 , qui
avoit porté à Lunéville toute la
politeffe de la cour de Verfailles*
LÉOPOLD - GUILLAUME,
archiduc d'Autriche, évêque de
Palïau , de Strasbourg , &c , grand*
/
LEO
kaâre de. l'ordre Teûtonique Se
gouvemeuç des Pays-Bas , ûls de
l'empereur Ferdinand II , com-
manda les armées autrichiennes
contre les Suédois & les Fi-ançois,
durant la guerre de 30 ans que fa
maifon foutint pour le maintien
de la religion catholique en Alle-
magne. Il eut de grands fuccès &
de grands revers. C'étoit un prince
làge, doux & pieux : il ne man-
quoit ni de courage , ni de talens
Vïiiitaires -, mais il n'étoit pas le
maître de fes opérations, & ceux^
dont il dépendoit , le fecondoient
mal. Il mourut à Vienne en
1661.
LÉOTAUD 1 ( Vincent ) Jéfuitc
françois , habile mathématicien ,
mort le 1 3 Juin 1672 , a publié un
ouvrage favant, où il montre que
ïon travaille vainement à la dé-
monûration de la quadrature du
cercle. Il a pour titre : Examen cîr-
oils quadrature, Lyoii , 1654 >
in-4®.
LEOTYCHIDE ^ roi de Sparte ,
& fils de Menarlt , défit les Perfes
dans un grand combaft naval près
de Mycale , l'an 479 avant J. C*
Dans la fuite , ayant été accufé d*uri
crime capital par les Ephores , il fe
réfugia à Tégée dans un Temple de
MUurvc, ou il mourut. Archidamc^
fon peût-fils , lui fuccéda.
LEOVIGILDE, VoyciUEWi-
GILDE.
LEO^nCZ, ( Cyprlen ) aftro^
nome Bohémien , fe mêla de faire
des prédirions géologiques , qui
ne rcuflirent qu'à le rendre ridi-
cule. Il prédit, en 1565 , comme une
chofe aflurée , que l'empereur Ma-
xlmliltn feroit monarque de toute
J'Europe pour punir la tyrannie
des autres princes , ce qui n'arriva
point; mais il ne prédit pas ce qui
arriva un ans après fa prophétie ,
9U£ le Sultan Solîmaa II prendroit
L E P 249
Sigedi ,vla plus forte place de Hon><
grie , à la vue de l'empereur & d«r
l'armée Impériale , fans aucun em*
pechement. Cet extravagant an-
nonça la fin du monde poiu: l'an
15S4. Cette fameufe alarme porti
le peuple , craintif, à faire des
legs aux morwifteres & aux églifes*
Liowlci eut , en 1569 ,une confé-
rence fur l'aflronomie avec Tycho^
JSrahé, qui fit un voyage exprès
pour le voir. Il finit fes jours i
Lawingen en 1 5 74. On a de lui :
I. Une Difcrlption des Eclipfes «
in-fol. II. Des Ephémirides^ in-foU
III, PrédîEilons depuis 1 564 lufqu'eA
1607, in-8^, iç6ç. IV. Dejudiclts
Natlmatum , in-4° -, & d'autres ou-
vrages en latin. Voyei-ea la lifte
dans T&ijjiir.
LEPAUTRE, Lepays , & autres,.
Voyei lettre P.
I. LEPICIER, (Bernard) gra-
veur , mort à Paris en Janvier 1755»
âgé d'environ 59 ans, manioit par-?
faitement le burin. Ses gravure*
font d'un beau fini , & traitées avec
beaucoup de foin & d'intelligfcnce.
Il a gravé des Portraits & pliilieurs
Sujets ji^HîJîolrc d'après les meil-y
leurs peintres François. Lcplder
avoit auiîi du talent pour les lettres!
Il fut nommé fecrétaire perpétuel
& hifioriographe de l'académie
royaîe de peinture, & profeffeig:
des élevés protégés par le roi pou»
l'hiftoire , la feble & la géographie^
On a de cet aimable artifte un Ca-
talûgue ralfonné des Tableaux du Rot ,
avolumesin-4° : ouvrage curieux
& inftruâif pour les peintres 6c les
amateurs.
ri. LEPICIER, ( N... ) profeffeur
de l'académie de peinture & dç
fculpmre de Paris fa patrie , naquk
en 173 j , & mourut en 1784, 9.
49 ams. Son. père étoit graveur:
[ f^oy^i l'article précédent. ] Le fil?
ne pouvant, à caufe de la foir
bleâe de fa vue , cultiver cet art,
^50 L E P
<« confatfa entièrement à la pôn-
cnre fous les yeux du célèbre CarU
V^oilùù^ Il débuta par un grand ta*
bleau de Guil/aume le Conquérant ^
^'il fit pour l'abbaye de Saint-
Etienirê-de-Caen , remarquable par
la fécondité & la hardieife de fon
]»inceau. Hiftoire, portraits, fcenes
Êmiîlieres & domeftiques, il em-
i>raffcr pre(<|ue tout. Abondant dans
ics comportions , il brilla particu-
lièrement par l'effet & le fort defîin ,
6c copia fidellement la nature dans
les tableaux où il put la confuU
ter de plus près. La Douant ^ la
HaUcy le Repos d*m Vieillard, le
BraconUry feront toujours cités avec
«loge* Le fouvenir de fes vertus
foetales ne lé confervera pas moins
que celui de fes ouvrages. Tout
ce qwt intéreifoit fes parens , Îq%
amis , fes élevés touchoit fenfible-
meiit fon cœur. Infatigable au tra-
vail, il fe livra fouvent à une
cpplicarion exceffive , pour avoir
le moyen de multiplier fes dia-
tirés.
LEPIDUS , ( M, jEndOus ) d*une
des plus anciennes & des plus ilîuf-
très familles de Rome, parvint
aux premiers emplois de la répu-
blique. Il fut grand-pontife , gêné-
ral-mefbe de la cavalerie, & ob-
tînt deux fois le confnlat les années
46 & 41 avant Jefus-Chrifl. Pen-
lîant les troubles de la guerre ci-
^le , excitée par les héritiers & les
amis de JuUs-Céfar^ Lepldus fe mit
a la tètQ d'une armée & fe diflin-
gua p»* fon courage. Marc-Antoine
ic Augufte s'unirent avec lui. Ils
partagèrent entre eux l'univers, ic*
piàus eût l'Afrique. Ce fot alors que
ie forma cette Ligue funefle , appe-
"îèe Triumvirat. Lepldus fît pé-
rir tous fes ennemis, & livra îba
propre frère à la fureur des tyrans
avec lefqi^els il s'étoit afTocié. Il
^ut partenfuite àlaviéh)irequ*^tt-
tg^ remporta fur le jeune Pompée
L Ë p
en Sîcife. Comme il étolt accôùnl
du fond de l'Afrique pour cette ex-
pédition, il prétendit en recueillir
feul tout le fruit, 6c ie difpofa à
foutenir fes prétentions par les ar-
mes. Au^ufie le méprifoit, parcp
qu'il favoit qu'il étoit méprifé de
fes troupes. Il ne daigna pas tirer
répée contre luL II pafTa dans fon
camp, lid enleva fon armée, le
•delHtua de tous fes emplois , à l'ex-
ception de celui de grand-poonfei,
& le relégua à Circeïes , pedte ville
d'Italie, l'an 36 avant Jefus-Chrifl..
11 y mourut obfcur & indifférente
l'univers , dont il avoit fixé quel-
que temps les regards; moins af-
kOté, dtt rhiftoire, de la mine de
fes affaires , que de la douleur que
lui cauia une lettre par laquelle it
connut que ^ femme avoit violé
la fidélité conjugale, . [ Voye{ III,
Julie, à la fin. }^L^ldus étoit
d'un caraélere à pouvoir fupporter
l'exil. Plus ami du repos qu'avidd
de puiiTance , il n'eut jamais cette
activité opiniâtre , qui peut feule
conduire aux gr,ands fuccès & left
foutenir. Il ne fe prêta qu'avec une
forte de nonchalance aux drconf*
tances les plus favorables à fon
agrai^difTement ; & , pour noua
fervir des expreffibns de Pateratkf
\l ne mérita point les carefîcs dont
la fortune le combla long-temps.
Ce n'ffl pas qu'il n'eût quelque
talent pour la guerre; mais il n'eut
ni les vertus ni les vices qui rea-.
dent les hommes célèbres.
LEPRINCE. (N. ) né ci
1735 , mort en 1781 , étoit un ex-
cellent peintre de Paris & u»
mulîcien très-agrcable. Il Jouoii
fupérieurement du violon. Des tra-
cafferies de famille l'ayant obligé
de quitter la capitale, U alla s'em*
barquer en Hollande pour Péters-
bourg , où il avoit deux frères éta-
blis. Son vaiffeau fut pris par uil
corf^re Anglois. Les vainqueuEt
I E R
île livrèrent au plUage & fe t»ara-
geoient déjà les effets du peintre-
mufifien. Alors il prend fon vio-
lon & ie met à pélùder avec beau-
coup de ûing-ftoid. Les corfaires
étonnés de fon flegme , fufpendent
lejpillage, écoutent le nouvel Jnon^
•& lui roident tout ce qu'ils lui
avoientpris.
LEQUESNE & autres , Voyeif^ à
Mettre Q.
LERAC, Voyci Carei.
LERAMBëRT, (Louis) fculp-
tcor, natif de Paris, reçu à l'aca-
démie de peinture & de Sculpture
en 1663 , s'eft acquis un grand
nom par (es ouvrages. Ceux qu'on
voit de lui dans le parc de Ver-
failles , font : Le groupe d'une ^«e-
ekûnu avec im Enfant qui joue des
caftagnettes , deux Satyres , une
Vanjeufe , des Enfans & des Sphynx.
Il mourut à Paris en 1670, à 56
ans.
LERI , ( Jean de ) mlnifire Pro-
teftant, né à la Margelle, village
^e Bourgogne , fit en 1556 le
voyage du Bréfil avec deux mi-
niftrcs & quelques autres Protef-
tans, que Chsrits D^and 41 ViUc"
Ppton , chevalier de Malte , et
^c&4imiral de Bretagne , avoit ap-
pelés jpour y former une colonie
<te Réformés fous la proteâioik
<te l'amiral de Coltpiy. Cet établif-
fcment n'ayant pas réufli , Un re-
vint en France. Il eâ^ya dans fon
retour tous les dangers du nau-
frage & toutes les horreurs de la
feirane. Jl fe vit rédui| avec £es
compagnons à manger les rats &
les fouris , & jufqu'aux cuirs des
nelles. On a de lui une Relation
de ce voyage, imprimé in-S** en
I57S, &plufieursfois depuis. Elle
cft louée par de Thou. LéH fe trouva
dans Sancerre , lorfque c^fte ville
fat afficgée par l'armée Catholique
^ '573 » & il publia l'année fui-
e, in-8^y un Journal curieux
L E R ijt
de ce fiegc & de la crndlefirame
que les afBégés y endurèrent. Il
mourut à Berne en 161 1 , <
les regrets de tous ceux ^l'a
connu.
LERIGET, FoyqFATB. »•• n
LERME, (FrançoisdeRoxasrfé
Sandoval , duc l>s ) pMoiitr nâ-*
niftre de PhU'^pe III ^ roi é'Efyagoe^
fat le plus chéri de lès ÊnrorisL H
étoit d'un cataôere pfattSc iodolerit
que pacifique : aiifll fehâta-t-3 de
conclure une trêve avec les Pr>«
vinces-Unies. Ufcmbleqa'iiiigoiH
vememem ami de la paix « ùbs
tributs, fans impôts o<Keux, antoît
dû le faire aimer des peonles ; maâg
le maître étok foible , fivré à Ssà
favoris -, & le nnuiâre étant égale*
ment incapable , égalemenc goa«
vemé par des commis iolôteiis et
avides , il do^ntl'obîec dellioncnè
& du mépris. Les moyens de le dé^
crier manquèrent-, on eut rec«nas
à la caloitinie. IL fiit accnlë d'awir
fait empoifbnncr ta reine M^pieMi
par Rodrigue Caùteron , faoréatnreft
fon confident intime. Quelque élof^
gnée que fût cette aàion de foil
cara£^ere • le roi ne put temr ooH'i
tre la haine des courtîiàns. H fuè
difgracîé en i6t8. Il étoit entré
dans rétat eccléfialtique après Is
mort de fa femme ; & Paul V vou-i
lant établir l'Inquifition dans léf
royaume de Naples , & chercbané
à rendre le minière É^agnol fihro-
rable à te defTein^ Tavoit honoré
de la pourpre , & Tavoît employé
pour concilier les deiix partis, achar-»
nés l'un contre l'autre, desJéiîii-
tes & des Dominicains » au fu}et de
l'opinion de MoSna, Le roi , par res-
pect pour fa dignité^ ne voulut point
<fii'on approfondît les accu&tions
formées contre lui. Cependant fois
fîdelle agent , Ca/deron , qu'il avoît'
élevé de la pouffiere à des dignités
& à des titres diilingués ^ étant a««'
içt L E R
cufé it plufieurs crimes & malver^
iations , eut la tète tranchée en
1611. Le cardinal deLtrme mourot
quatre ans après , en 1615 , dé*
pouillé de la plus grande partie de
its biens , par Phlâppc IK [ Voye^
NiDH ARD. ] Le duc ^V'slàa. , fon
fils , s'étoit montré fon plus cruel
ennemi , & lui avoit fuccédé dans
le miniftere; mais fa Êiveur finit
avec PhlUpptin^ en 1621. Le car-
dinal de Umu étoit trois fois Grand
d'Efpagne , par fon duché , par fon
marqmiat de Dénia , & par le comté
de Santa -Gadea. 11 avoit époufé
WéliclU Hcnrîquei de Cabrera , fille de
l'amirante de CafHUe , dont il eut ,
outre le duc à^U^éda , une fille ,
( Mar'u ' Anru de Sandçval ) , qui
porta les biens & les grandefîes
de fa maifon ,- ainii que la charge
4e grand-fi^néchal de Cafiille, dans
la maifon de Cirdonne par fon ma-
riage avec Louis-Raim. Flock^ duc
de Cardonm.
LERNUnUS , ( Jean ) pocte , né
à Bruges en 1545 , après avoir
achevé fes études , voulut connoitre
les principales untverlités de France,
d'Italie & d'Allemagne *, il entreprit
ce voyage avec Jufie-JJpfc De re-
tour dans fon pays , malgré les
embarras de quelques charges dont
il y fut honoré , il n'abandonna
point les mufes dont il faifoit îç&
délices. Il mourut le 19 Septembre
16 1 9, On a recueilli fes poéfies fouâi
ce dtre : Janl Ltmutii Bafia , OccUi ,
& alla poïmata , Leyde , Elzevir ,
l6i2< Elles lui aOfurent un rang
parmi les poètes latins modernes.
LEROUX , Leroy , Voy. Roux
& Roy.
LÉRUELZ, r<>y«îLAiRUELs.'
LESBONAX, phUofophe de
Mitylene au premier fiecle de l'Ere
Chsétienne , enfeignaia philofophiè
dans cette ville avec' beaucoup
d applaudiffement. Il avoit été dif-
Qple 4ç TUnçirau j m^is il corrigea
LES
ce qa*îl pouvoit y avoir de trop '
aufiere dans les moeurs & dtas les
leçons de fon maître. Sa patrie isx
tant de cas de lui , qu'elle fit frap-
per fous fon nom une médaille , qui
avoit échappé jufqu'à nos jours aui
recherches des andquaires. Cary «
membre de l'académie deMarfeille «
ayant eu le bonheur de la recou?
vrer , la fit connoitre dans une Dif«
fertation curieufe , publiée en 1744;
in-ii, à Paris , chez Barols. Luhoiuae
avoit mis au jour plufieurs ouvra-
ges *, mais ils ne font pas parvenus
jufqu'à nous. On lui attribue néan*
moins : I. Deux Harangues^ que
nous avons dans le Recueil des
Anciens Orateurs d'Aide^ 1613, 3 tom.
in-foU II. De fyuris Grammaâcis ^
avec Àmmonius , Leyde > 1739 *
deux parues in-4**. Potamon , fon
fils , hit un des plus grands orateurs
de Mytilene.
I. LESCAILLE, ( Jacques)po<b
& imprimeur Hollandois , nanl de
Genève , fit des vers heureux , &
donna des édifions très - nettes &
très - exa£ies. L'empereur LéopoU
l'honora , en 1663 , de la couronne
poéûque. Utnourut en 1677 » H^
de 67 ans.
. IL LESCAILLE , (Cadierine)
furnommée la Sapho UoUandoifc &
la Dixième Mufe , étoit fille do pré?
cèdent. Ellefurpafia fon père dans
l'art des .vers. Le libraire Ranck^îoBL
beau-firere , recueillit fes Poifies en
1728. On trouve dans cette col-
lection plufieurs. Tragédies » dont
voici les , titres : Ariadnt ; Cajfan*-
dre i Hérode & Mariamne ; Genfertc;
Nlçomede; B^>'CuU ^ Déj^nire ; Wt»*
cûflas „ &c. Oh ne doit pas les fugcr
à la rigueur. Les règles y font fou-
vent violées •) mais on y perçoit
de temps en temps des cdncêlles de
génie. Cette fille illufire mourûtes
171 1 , àôxans.
LESCALOPIER de Nou*a»,
(Charités- ArnuAd) paître d«$ x^
LES
i|uètes , né a Paris le 24 Juillet
1709 , mort le 7 Mars 1779 , dans
fil 70' année , cultiva la littérature
iufqu a la An de fes jours. Nous
avons de lui : I. VAmîme du Taffe ,
traduite en François , 1735 « in-ii.
II. Traké du PouvUr du Magîjirat
foUtiquc fur les chofts facrit* , traduit
duladnde Grotîusy 1751* in-ii.
\ III. htftolrc des CapUuluires des Rois
Franfois^ traduites de Baluze, 175 5 ,
! in-lZ. IV« Traité du Gouvernement
qti de la République de Bodin , I756 ,
[ in- 12, V. Les Ecucils du Sentiment ,
i 1756, in -12. VI. Lt Minijiere du
[ Négociateur y 1763 , in-8^,
LESCARBOL, (Marc) avocat
f au parlement de Paris , natif de
I Vervins, alla dans la Nouvelle-
I France ou Canada , & y fé)Ourna
I quelque temps. A Ton retour , il pu-
I blia une Hijhire de^ cette vafte par-
tie de l'Amérique , dont la meilleure
édition eft celle de Paris , en 1612 ,
in-S*». Cette hifloire ctoit affez
bonne pour fon temps ; mais celles
qu'on a eues depuis lui , l'ont
entièrement £ait oublier. L^carhot
âffloit à voyager *, il fuivit en Suiflie
l'anbaiTadeur de France , & il pu-
blia le Tableau des Trei\e Cantons ,
en 1618 , in-4** , en vers fort plats
& fort ennuyeux.
LESCHASSIER, ( Jacques) avo-
catfic fubftitut du procureur-général *
au parlement de Paris 4 fa patrie ,
né en i^ 50, eut des conuniilions im-
portantes y & lia amitié avec Pibrac ,
Pithouy Loifely & d'autres favans
hommes de fon fiede. Pendant les
tireurs de la Ligue , il fortit de
Paris pour fuivre fon roi légitime
VtmîlVy qui aima en lui un fujet
iîdelle&un magiflrateftimable. La
plus ample édition de fes Œuvres,
cft celle de Paris , «n 165 2 , in-4®.
On y trouve des chofes curieufes
& intéreffantes , fur différentes ma-
nières de droit nawrél & civil , &
itlênufurdesfuietsd'éruditicu. Son
t E S 155
petir Trahi de la liberté ancienne &
canonique de PEgUfe Gullicane , auffi
précis que folide , jette un grand
jour fur notre Hifioire. Sa Con/ul"
tation d'un Parlfien en faveur de la
république de Venife , lors de fes
différens avec le pape Paul T, 1606 ^
in-4° , lui valut une chaîne d'or
d'un grand prix. On voit dans tous
fes écrits un jurifconfulte profond
& lumineux : c'efl à lui qu'on doit
l'abrogation de la claufe delà renon^
dation au Vclléim, Il mourut à Paris,
le 28 Avril 1625 , à 75 ans.
LESCOT , ( Pierre de ) feigneur
de Clagny & de Clermont , d'une
famille diilinguée dans la robe, étoit
confeiller au parlement & chanoine
de Paris. On Tappeloit commu-
nément VAbbé de Clagny , & non de
Clugny , comme le dit Ladvocat^
H fe rendit célèbre dans 1 architec-
ture , qu'il cultiva fous les règnes
de François / & de Henri IL C'efk
à lui qu'on attribue rardûteé^ure
de la Fontaine des Saints Innoccns ,
rue Saint-Denys » admirée des con-*
noifTeurs pour fa belle forme , fon
élégante fimplicité , fes ornemens
fages Ôc délicats , ôc fes bas-relie£s »
dont le fameux Goujon a été le fculp-
teur. L'un & l'autre ont auffî tra-
vaillé de concert au Louvre. Il
mourut à Paris , à 68 ans.
LESCUN, r<>yqFoix, (Tho«
mas DE ) n^ iv.
/. LESDIGUIERES , (François
de Bonne , duc de ) né à Saint-Bon-
net de Champfaur , dans le Haut-
Dauphiné , le 1*^' Avril 1543, d'une
Êunille ancienne, porta les armes
de fort bonne heure, & avec beau-
coup de valeur. Ses grandes qua-
lités pour la guerre le firent choifir
par les Calviniftes , après la mort
de Montbrun , pour être leur chef.
il fit triompher leur parti dans le
Dauphiné , & conquit pluiieurs pla-
ces. 11 remporta, en 1568 , une
yi^oif e complète fur de Vins , geog)
M4
LES
rCxkolique de Provence ,
&éaifk«lu champ > de -bataille à
£i fionae ce bilkt digne .d un Spar»
tizie : Mm wêù , j*a/nval hkr îd : j'en
ftart s^Mm^huî. Les Pruvâiçaux /ont
éifmts^ Mim^. En I j 90 , Grenoble
cnigaMKavecraîfon d'être aifiégé &
pas "pm hfSpkru. Le parlement
lûcan>3^ un gentilhomme du pays,
wiÊÊmmi tÊoHUn , pour traiter avec
UL Ccioît im ligueur pafHonné ,
qiâ onftcpadlà û miffîon ; & qui ,
au Ken de parler avec modération ,
aVnqplayaqiiedes expreffions iieres
ft menaçâmes. Lt/élg^tltres ^ qui avoit
lalemeté qœ le grand courage inf-
pîie, le contenta de lui répondre
Iboriant : Qug ditiei^vous donc y
r, fi rtmstinùi comme mol la
, Hmmri ly ^ qui falfoit
cas de lui , loriqu'il
fi*écoit encore que roi de Navarre ,
Ifeddotma toute fa confiance , lorf-
^11 fin monté fax le trône de Fran-
te. n le fitlîcutenant'^énérsd defes
années de Piémont , de Savoie & de
Dauphîné. Lefdîgukres remporta de
grands avantages fur le duc de Sa-
voie, qH*il à&t au combat d'Efpar-
von cB 1^91 , de Vigort en 1592 ,
et Grefilane en i j 97. Le Duc conf-
tnnfit un fort conûdérable à Bar-
beaux, furies terres de France, à
la vue de Tarmée Françoife. Lefdi"
gaUres fut prefque unanimement
blâmé dans fon camp , de fouffrir
Une telle audace. La cour qui
adopte cette Êiçon de penfcr , lui
jca £ût un crime. Fotrt Majefîé ,
lépondit firoidement au roi ce grand
capitaine, a hefoin d'une bonne for^-
tereffe pour tenir en brîde celle de Mont-
meRan. Fulfquc U Duc de Savoie en
•peut faire U dépenfe , U faut lelaîffer
faire -, dès que la place fera fuffifam-
ment pourvue de canons & de muni-
dons , je me charge de la prendre
Henri fentit toute la juttelTe de fcs
vues. Lefdîguleres tint fes promeffes ,
fc conquit h Savoie entiers, Ses
LES
fervîccs lui méritèrent le bâtoa d«
maréchal de France en 160S. Sa
terre de Lefdiguicres fiit érigée en
duché-pairie. Quelque temps après
la mort de Henri /^, il fervituri-
lemem Louis XUL En i6ao , les
Cahriniftes lui offrirent le corn*
mandement de leurs troupes avee
cent mille écus par mois ; mais il
conferva un attachement inébran-
lable au parti de fon roi , qui le
fit généraliffime de fes armées. U
ailiégea en 1621 Saint-Jean-d'An-
géli & Momauban. Ce grand gé-
néral s'y expofa en ibldat. Ses aniis
le blâmant de cette témérité : // y
a foixanu ans , leur dit-il , <pie Us
moufquetades & moi nous nous coH"
noiffons. L'année d'après il abjura
le Calvinifme à Grenoble, & reçut
à la fin de la cérémonie les leores
de connétable , pour avoir unqourt
été vainqueur , & t^ avoir jamais été
vaincu. En 1615 , il prit quelquies
places fur les Génois -, il fe iignala
à la bataille de Beftagne , & fit lever
le fiege de Verue aux Efpagnols.
Les Huguenots du Vivaraîs avoient
profité de fon abfence poiir pren-
dre les armes-, htfHpàeres parut,
& ils tremblèrent. Ayant mis le
fiege devant Valence , il fut attaque
d'une maladie dont il mourut , le
2S Septembre 1626 , à 84 ans.
Ce héros étoit auffi eftimable par
l'adivité V la fermeté & le courage ,
que par les qualités du coeur , l'hu-
manité & la clémence. GéUaam
Avanfon , archevêque d'Embrun ,
féroce par une religion mal -en-
tendue , corrompit le domeftique de
confiance de Lefdiguieres , alors dief
du parti Calvinifte , & le déter-
mina à aiîafliner fon maître. Plaulf
(c'étoit le nom de ce domeftique, )
en trouva plufieurs fois l'occîtifion,
fans ofer la faifir. Lefdiguieres zvcm
du complot , vit fon domeftique
& lui ordonna de s'armer ; il
»'afma à fon tour ; Pulf^uc tu »'
1 E s ,
^om$ de me tuer y dit-il 4 ee mal-
heureux ; effaye maintenant de le faire ;
te perds pas par ime Uchetfi la réptt^
tadon de, valeur que tu t*e$ acquife,*,*
Platel^ confondu de tant de ma-
pianimité, fe j«xe aux pieds de
fon tnaître , ^ qui lui pardonne &
continue de s'en (ervir. On le
blâma de cette conduite , & il £e
contenta de répondre : Ptùfque u
vola a été retermpar Vhorreur du aime »
U U fera encore plus par la grandeur
du bienfait. Sa réputation étoit fi
grande ea Europe y que la reine
LUiabetk difoit y que s*U y avoit
deux Lefdiguieres en ÏÏranu y elle en
demanderoit un à Henri IV, Les lec-
teurs qui voudront connoître plus
particulièrement ce grand4iomme ,
Cuvent confulter ià Vie par Loms
Viddy fon iecrétake , in-fol. 1638,
Cet ouvrage curieux & iméreilant,
quoique écrit d'une manière am-
poulée , nous a fourni les parti*»
cularités dont nous avons orné cet
article. L'auteur ne dii&mule point
les vices de f on héros y comme fbn
avidité pour les ncheiTes y fes dé-
bauches publiques avec la femme
d'un marchand y les mariages incef-
tueux qu'il fit faire dans fa famille
pour y conferver fes terres, &c. &c.
//. LESDIGUIERES » Voy. Cré-
4iUI»tt** I.
1. LëSLëY , {on prononce Lélie^
^JUtm y ( Jean ) évêque de Ro£s
en Ëcoffe y fut ambailadêur en 1 5 71 «
de la reine Marie Satan y à la cour
d'Angleterre , &y foufïrit de. gran-
des perfecutions. U rendit dçs fer-
vices importans à cette princeiTe ,
\ & négocia pour fa liberté à Rome ,
I à Vienne & dans plufieurs autres
cours. U mourut à Bruxelles en
I 1591. On a de lui une Hifloire
d'Èeoffe en latin , fous ce titre :
l^e Cligne , morihus, & rcbus ffftis
Scotorum, â Rome, 1578 , a vol.
in-4** ; & quelques Ecrits en feveur
^ drQ.i) de la r^oo Maiû & def»a
LES î5^
fils i la couronne d'Angleterre.
Les Proteflans ont accufé fon Hif-
toire de partialité , mais les par-»
dfans des Stuaru la trouvent très-»
fidelle.
IL LESLEY , ( Charles ) LÉtiE ;
évéque de Carlide , mort en 1721 ,
fut tout à la fois zélé défenfeurdu
Chrifiianiûne , & zélé partifan dt
la maifon de Stuan, Il eft auteur
de plufieurs Traités efiimés des An*
glicans. L Méthode court* & facile
contre Us Déifies , in-S^ , traduisQ
en latin., in-4^. li. Méthode comte
& facile contre les Juifs ; plus éten-
due que la précédente , •& tirée
en panie de l'ouvrage de Umborch ^
intitulé : Arnica coUatio cwn erudito
JiM^tco [Voyez LiMBORCH.] III. Dé^
fcnfe de la Méthode contre les
l>éiftes. IV. Lettre fur le Dieu des
Siamois , SontmonochoAom, V. Lettre
k un Déifie converti. VL La Vé*
rite du Chrif&anîfme démontrée , dia«
logue entre un Qirétien & t»
Déifte, in-4®. VIL Dijfertationfur
U Jugement particulier , & fur Vaueo^
lité en matière de fui. Tous ces écrits ,
excepté le 6^ , traduits de Tangloi^
en françois , par le P. Houbigant de
rOratoire y ont paru à Paris , Tan
Ï770 , çnmx voL in-8°,
LESMAN , ( Gafpard > habile
graveur en pierres fines , vivoit gf
la fin du XVI* fiecle fous Tem-
pereur Rodolphe U , dont il étoit
valet-dc-chambrc. On lui doit la
découverte d'un nouveau genre
d'opérer, au moyen duquel lama-,
tiere fe trouve fufceptible d'une in-
finité de travaux qu'on n'auroit
ofé tenter auparavant. Ceft à cette
Etatique , confervée dans les fa-
riques de Bohême , qu'on doit ce»
ouvrages de verre , dont la déli-
catefiê & le grand fini étonnent,
même les connoifieurs.
LESPARRE , Foy. Foix , n*» nu
LfiSPlNfi ,. V^i^y. Grawîv ix.LE^
1^6 LES
LESSEVILLE , ( Euftache Le
Qerc DE ) de Paris , d'une famille
noble , fe iignala tellement dans Tes
études , qu'il fut re£^eur de l'uni-
verfité de cette ville avant l'âge
de lo ans. Il devint docteur de la
maifon & fociété de Sorbonne »
lun des aumôniers ordinaires du
roi Louis XIII y confciller au par-
lement , & enfin évdque de Cou-
tances. Il s'acquit l'ellime & l'a-
mitié de fes diocéfains , & fiit l'ar-
bitre des affaires les plus impor-
tantes de la province. Une coû-
noiilance profonde de la théologie
& de la jurirprudence, le rendit par-
ticulièrement recommandable. Cet
iJluûre prélat mourut à Paris le 4 Dé-
cembre 1665, pendant l'aflemblée.'du
clergé > à laquelle il étoit député.
C'eft lui qui le premier fit aller
l'univerlité en carroffe, au lieu qu'au-
paravant elle n'alloit qu'à pied ,
quand elle étoit obligée de mar-
dber en corps.
LESSIUS, (Léonard) né à
Brechtan, village près d'Anverj,
en 1554, prit l'habit deJéfaiteen
t^J^y & profefla avec diilinâion
la philofophie à Douai , & la théo-
logie à Louvain. La doârine de
5. Thomas fur la Grâce a^it été re-
commandée par 5. Ignace «es enfansj
tejpus ne la goûtoit pas , & mal-
gré les coafeils de Ton fondateur ,
il fît foutenir , de concert avec
ffjméllus fon confrère, en 1586,
des Thefcs qui étoient entièrement
oppofées aux fentimens de TAnge
de l'Ecole. La faculté de .théologie
de Louvain alarmée cenfiira 34
Propofitlons tirées des Thefes de
Lejfius, Elle crut voir que le Jéfuite ,
en combattant le Baianifmc , s'étoit
jeté dans le Scmi- Fèlaglahifme. L'uni-
verlité de Douai fe joignit à celle
de Louvain -, & une partie des Pays-
Baj s'éleva contre la nouvelle doc-
trine. Cette difpute fut portée à
Borne fous Sixu Y qui ne trouva
LES
pas les propofitions de Ltffias dSgnef
^ cenfure. Ce Jéfuite fit déclarer
pour lui les univcrfités de Mayence,
de Trêves & d'Ingolftadf, & mouniir
à Louvain le i y janvier 1623 ,
à 69 ans , regardé dans fa com-
pagnie comme le vainqueur des
Thoirfftes. On a prétendu que U%
confrères firent enchâfTer dans ua
reliquaire le doigt avec lequel il
avoit èerit fes ouvrages fur la Graçe.
On ajoute même qu'ils voulurent
s'en fervir pour chaffer le Diable
du corps d'une pofTédée *, & que
ce doigt , qui avoit (ait trembler
les Jacobins, ne put rien fur les
Démons. • Nous ne favons pas fî
htffms fit des miracles -, mais il
méritoit d'en £iire par fa piété &
fes vertus qui égalèrent fes lumiè-
res. Ce Jéfuite favoit la théologie,
le droit , les mathématiques , la
médecine & l'hiftoire : fes ouvrages
en font un témoignage. Les prin*
cipaux font ; I. Dt Ju/Bùa 5»
Jure , Ubrl iv , in-folio \ ouvrage
profcrit par les parlemens à caufe de
quelques propoMons qui choquent
les idées reçues en France. II. Dt
pbttflaufummi Pontifias , condamné
comme le précédent , quoique bien
écrit , parce qu'il pouffe trop loin
1 autorité du pontife fur les puif-
fances temporelles. L'auteur £iit du
pape le roi des rois, qu'il peut,
dit-il , dépofer à fon gré. III. Plu-
fleurs Traités , recueillis en deux
vol. in-£ol. écrits avec clarté & élé-
gance. L'abbé Maupenuy a traduit ce-
lui/ur le choix d'une Rdi^n.»^ [ y<tye{
CoRM ARo.] Il av4>it adopté les prin-
cipes de ce noble Vénitien , fur la
fobriété; & ilcompofaun ouvrage
dans lequel il prouve tous lesavan*
tages de la vie fohre. Ce livre pa-
rut à Anvers en 1 563 , fous ce titter
Hygiafiiccn , feu Vera. ratio ydt-
tuàlnis houA vita ,. unà atm fin*
futwi , ^ judlcll & mtmoriix. intcgà"
tat^ ad extrméun femâuum. tonfa^
vanddi
LES
imiâ; avec le traité de Vms Cor--
non fur la même matière , traduit
de l'italien par Lzjjius : Cambri(ige ,
1634 , in-8''. Ces deux Traités Ont
été traduits en François par Sébaftun
Hardi , Paris , 1646 , & enrichis de*"
notes par de la Bonn*àxtrt , Paris ,
1701. La vie .de Itffius parut en
ladn , Paris , 1644 , in-12.
LESTANG , ( François 6- Chrif-
tophe DE ) deux frères , dont le
premier fiit préfidcnt-à-mortier au
parlement de Touloufe-, &le fécond
évêque de Lodeve , puis d'Alet
& de Carcaffbnne. Ils furent l'un &
l'autre entraînés dans les fureurs
de la Ligue ; mais lorfque la paix
eut été rendue à la France , ils fer-
virent utilement Henri IV & Luuis
IlIL François mourut le 9 Décem-
bre 16 17 , à 79 ans , laiiTant quel-
<[ue$ ouvrages de piété & de
littérature , rongés des vers -, & Chrif-
tofht, en 1621. Celui-ci avoit été
pourvu de la commiffion peu épif-
copale de direâeur des finances.
On dit qu'il voulut mourir debout ,
en s'appliquant ces paroles figure es
de l'empereur Vcfpafiin : Dec et
Imperatorem stantem morj.
Il fubftitua le mot d'Eplfcopum à
celui d'imperjtorem,,, Foy. II. Ma-
i &OLES à la fin.
LESION AC , ( Jeanne de ) fon-
! datrice de l'ordre des Relî^eufa
Bénédictines de la Compagnie de
Notre-^Dume , naquit à Bordeaux en
1556. Elle étoit fille de Richard de
Lefionac , confeiller au parlement
de cette ville , & nièce du célèbre
Michel de Montaigne. Après la mort
de Gafton de Montferrand, fon mari,
dont elle eue 7 eofans , elle infii-
tuafon ordre pour l'inftrudHon des
icunes filles , & le fit approuver par
le pape Paul V en 1609 , & con-
firmer par Henri IV en 1609.
Quand le pape eut donné fa bulle ,
il dit au général des Jéfuitcs : Je
pMs de vous unir à de yertueufes
Tome Vn
L E T 157
Fuies ^ 9<û rendront aux perf ormes dt
leur Jexe les pieux fcrvices que vos
Feres rendent aux hommes dans toute
la Chrétienté, Madame de Leftonac ^
en fe confacrant à la vie religieufe ,
avoit facrifié tous les agrémens de
la figure & les avantages de la naif-
fa^ce. Sa congrégation fe répandit
en France. A la mon de la fon-
datrice , arrivée le 10 de Février
1640 , à $4 ans , ellecomptoit déjà
vingc-lix maifons. Ce nombre a
augmenté depuis. Voyez VHiftoirc
des Riâpmfes de Notre-Dame^ par
Jean Bou^onU ; ^ U Vie de Madame
de I.ESTONAC , par le père Beaufil»
Jéfuite , à Touloufe , I742 , in- 1 2..,
Voyei Tende.. '
LETI , (Grégoire) né à Milan
le 29 Mai 1630, d'une famille Bo-
lonnoife , montra de bonne heure
beaucoup d'efprit & peu de vertu.
Après avoir fait fes études chez les
Jéfuites , il fe mit à voyager & f<i
fit connoître pour un homme d'un
efprit vif & d'un caraûere ardent»
L'évêque d'Aquapendente , fon on-
cle , qu'il alla voir en pafilant, fiit û
choqué de la hardiefi!e de fes propos
(vLT la religion, qu'il le chafla, en
lui prédifant qu'il fe laififeroit infec-
ter du poifon de Théréfie. Ses crain-'
tes n'étoient paâ fans fondement.
Léti vit à Gênes im Calvinifte , qui
le catéchifa. Le jeune homme porté
naturellement à l'incrédulité , lui
avoua que s*il avoit â changer de reli»
glori , ilprendroît ulle qui f croit la plut
conforme à l'ordre de la nature. Da
Gênes il pafTa à Laufanne, où il
fit profefiion de la nouvelle reli»
gion. Un médecin de cette ville ,
charmé de la vivacité de fon efprit y
lui fit époufer fa fille. De Laufanne
il alla à Genève , & y obtint le droit
de Bourgeoifie gratis : faveur qui n'a* *
voit été accordée à perfonne avant
lui? Son humeur querelleufe Tayant *
obligé de fortir de cette ville , après
y avoir demeura environ 20 ans , *'
R
a^» L E T
il £e réfugia à Londres. CharUs //,
àmi des lettres , le reçut avec bonté ,
lui promit la charge d'Hiflorio-
graphe , tx. lui accorda une peniion
de looo écus. Ce bienfait n'empêcha
pas qu'il n'écrivît VHlftolre SAn-
f;^ame avec une licence qui lui fit
donner Ton congé. Amflerdam fut
Con denier afile : c'cft là que fe
forma fa liaifon avec le femeux le
Çlcrc , qui épouia fil fille. Il y mou-
rut le 9. Juin en 1701 ,371 ans ,
avec le titre d'iiiftoriograplie de la
ville. Ldti ctoit un hiftorien ùméli-
que , qui en écrivant confultoit plus
les befoins defon eflomac que la vé«
lîté. Il offrit fes fervices à tous les
potentats dç l'Europe. U leur pro-
mettoit de les feiire vivre daas la
pofïérité ; ma» c*étoit à condition
qu'ils ne le laiiTerolcnt pas mourir
de faim dans ce monde. Sa plume
«il toujours , ou flatteufe , ou paf-*
iionnée. H eA regardé afTez gèné-
ralement comme le VanlUs de l'I-
talie. Plus foigneux d'écrire des
faits extraordinaires qucdeschofes
vraies , il ff rempli fcs ouvrages de
menfbnges, d inepties & dlnexac-
titudes. Son flyle eft afTez vif , mais
diffus , mordant > héniTé de réfle-
xions pédantefqucs & quelquefois
dangereufes , & de d/greffions acca-
blantes. U ctoit infatigable. »♦ J'ai
»♦ te u5 QUI s (dit-il) trois ouvrages
9» en îîiême temps fur le métier. Je
»♦ travaille à un ouvrage deux jours
»> de fuite i ôcj'empîoie letroifieme
»♦ à deux autres prQdudUons. Lorf-
'*„ qiie je manque de mémoires pour
n un ouvrage, je trouve dans les
»»* awtres de quoi m'occuper en at-
»» tendant. Ainfi je n'ai point de
n peine à choifir le livre que je
vi veux faire paroitrc le premier ; &
w. quand je m'y fuis déterminé, je
>♦! mets deux mois de fuite à Tache- -
n ver avapt que de livrer à l'im*
»» prraieur t«. lîemçîoycit à écrire
douze heures pendant trois jours de -
L E T
la femaîne , & les autres jours ^
lieures pour le moins. Ainfi Tonne'
doit pas être étonné s'il a enfanté
un fi grand nombre délivres. On
parlera d'abord de ceux qiû ont été
a-aduirs d italien en françois. Les
prîncij^aux font : I« La AfonarchU
unlvcrfdU du Roi Louis XIV, 1689..
2 vol. in- II, Léd ccrivoit tantôt
des panégyriques , tantôt des fati-
res contr? le monarque François»
Mais comme il le repréfeme , dans
cet ouvrage , beaucoup plus puiffant
qucj les autres princes de l'Europe »
qu'il fuppofe menacés d'une ruine
prochaine , il y eut une réponfe
à cet ouvrage, fous le titre dei
"L'Europe rcjfuj citée du tombeau de M.
létî , à Utrecht , 1690. II. Le Aef 0-
tr/me de R(.me ^ in-i 2, deux vol. 1667,
III. La Vie du Pape SiXTt-QyiNT ,
traduite en françois, en 2 vol. in-
12, 1694, & pluûeurs fois réim-
primée depuis. L'auteur répondit
à Mad^ la Dauphine, fîemmo du
Grand' Dauphin , laquelle lui de-
mandoît , >» fi tout ce qu'il avoit écrit
»» dans ce livre étoit vrai « ? Une
chefs, bien imaginée fuit plus de plai*
fir que. la véfki deJUtuéfi d'omemens^
( C'cft Léd qui rapporte lui-même
cette anecdote dans une de fes la*
très. ) On y trouve des &its cu-
rieux ,. & quelques-uns de hafardés.
Le tradu^leur y fit des retranche-
raens. IV. La Vie dcTHiLiPTz 11^
Roi d*Efpcpî€, (Elle a été traduite
en 1734, en 6 vol. in-ri. ) L'au-
teur ne s'y montre ni Catholique ,,
ni Proteftanf. Si , pour être bon
hîflcricn , il fufîifoit de n'avoir ni
religion , ni amour pour fâ patrie v
Léti Tauroit été à coup fur. V. La
Vie de Charlies-Quint , traduite
en françois , en 4 vol. in-ii , par
les filies de Tauteur : compUaticn
cnnuyeufe. VI. La Vie £Eliza-
BÈTH , Reine d^AngUterre ^ 1694 &
1741 1 in-i2 , 2 vol. Le roman
y eâ mêlé quelquefois avec ITjif-
LET
toire. VII. VHtfioîre àt CroMUteil^
1694 & 17Ô3 , in* 12 j 2 vol. :
vtaie rapTodie fans ordre & fans
fflrangemens , comme la plupart de
Tes ouvrages. Sa narration eft trop
I interrompue par les pièces & par
I les aaes publics. Vill. L^ UU de
; Phn GiROS , Duc à* Offom , 1 700 ,
! Paris, 3 vol. in-i2 : affez intéref-
I (ante y mais trop longue. IX. L€
Syndicat d*ALEXANDR£ VU ^ aveà
fon Foyage en Poutre monde ^ 1669 ,
in-i2»fatire emportée, telle qu'on
I deroit l'attendre d'un apoâat. Ce
n'eft pas la feule qu'il ait publiée
, contre Rome , les papes & les car-
dinaux ; mais de telles horreurs ne
I doivent pas même être citées. X.
I Cmujue Idjhrîque , politique , morale ,
économique & comique fut les LotC"
I rw anciennes 6^ nouvelles , en 2 vol.
in-ii. C'ed un fatras fatirique, où
il maltraite beaucoup de perîbnnes.
L'auteur devoit fe borner à Té-
pithete . de Comique , que méritoît
ion ouvrage. Rlcotler en fit ime cri-
tique fknglante , à laquelle il fit
mettre le portrait de Létl habillé
tn moine... Parmi fes ouvrages ita-
liens, on diftingue : I. SotiJftorîa
Coinrrrna, Amllerdam, 1686, ç vol.
in-i2 , dans laquelle on trouve bien
des chofès qu'on chercheroit vaine-
ment ailleurs. L'auteur n'y ménage
pas Genève, & il y prend un ton
très^mordant. II. Son Teatro Brîtan"
nUo , 6 verà Iftona deila Grande-
Brkannîa^ Amfterdam, 1684, 5 vol.
in-i2. Ce livre fut d'abord impri-
mé à Londr^ en 2 vol. in-4°. L'au-
teur le préfenta au Roi d'Àng.'e-
terre qui l'acuëllit très-bien : mais
le cotifeil y ayant trouvé pîufieurs
traits hardis , fit faiiîr l'ouvrage &
diafla l'auteur. C'eft à cette occafion
qu'un feigncur Aaiglois lui dit :
îéù , ^0us 'a^e\ fait une Wftaîre pouf
Us autres , & non pour vous ; Ufal-
loh au cùnïraln la faire pour vous ,
(flu vous emharraffer def autres, VI*
L E U 159
Le Teûtro Gallico , 7 vol. in-4*' ;
mauvais ouvrage hiflorique, qui
s'étend depuis 15 72 jufqu'en 1697.
IV. Le Teatro Belgîco , 2 vol. in-4** ;
auffi mauvais que le précédent. V.
Vltalia Régnante , 4 vol. in-l 2. VL
h*Hijioire de V Empire Romain en Ger-'
manie , 4 vol. in-4*. VIL Le Cardin
nalt/me de la faînte Egllfe^ 3 vol.'
in-12 : c'eft une fatire violente.
VIII. La jufie Balance , dans laquelle,
on pefe toutes les maximes de Rome
& Us oHlons dis Càrdînauje vivons ,<
4 vol. in -12. IX. Le Cérémonial
hifiorlque , 6 voL in - 12 „ X. Dîa^
lûgues politiques , fur les moyens dont
fe fervent les Répukûques d' Julie povt
fe confervcTy 2 vol. in-ia. XL Abrégé
des Vfftus patrioùqvfis^ 2. VOl, in-Ô**.!
XII. La Renummée paloufe de la
Fortune, XIIL Panégyrique de Loui^.
XIF , in.4^. XIV. Eloge de U
Cbaffe, in-i2. XV. Des Lettres , i.
vol. in-ï2. XVI. L'Itinéraire de la
Cour de Rome, 3 vol. in-8°.XVlL
Hîjiolre de U nuiifon de Saxe, 4
voL in-4^ XVIIL --^ de ceUe de
Brandebourg, 4 vol. in - 4°. XIX,
Le Carnage des Réformés înnoeens
iii - 4^. XX. Les précipices du Siège*:
ApofioUque , 1672 ♦ in-l2, &ç XXL
de Rbandlta; c'eft un difcoursiàns
aucune r » préfenté à l'académie des
Humoriiles de Rome. Léti fe mêloit
auffi de poéfie : mais , quoique foa
imagination le fervit beaueoup dms
fes Hifloires , elle brUlolt peu dans
fes vers.
LEU , ( S. ) appelé auflî 5. L(wf^ '
évêque de Sens , qui fui:céda à ^. .
Anem l'an 609, étoitué à Orléans
de parens alliés à Ig famille royale-
Paryenu à l'épifcopat , il fe fit efti-
mer du roi Clotalre II , Se aimer de
fon peuple. U mourup le i*5 Sep-
tembre 623 , après l'avoir cdiâé
par fes vertus. La mort le furprit
dans la terre de Brinon , qu^il avoit
eue de fon patrimoine , & il fut '
enterré (ovls les gouttières de l'é- -
Rij
i6o * L E V
glife de Samte-Colombe , parce qu'il
Tavoit ordonné ainû par humilité.
Mais Ces vertus & fes miracles lui
furent donner une fépulture plus
honorable dansl eglife même.
LEVAU , architeûe , Voy.
Vau.
LEUQPPE, célèbre philofophe
Grec y difciple de Zenon , étoit d'Ab-
dere , fuivant la plus commune opi-
nion. Il trouva, le i*^', le&meux
fyflème des Atomes & du Vide ,
développé enfuite par Démocrhe &
|>ar Epicure, L'hypothefe des Tour-
billons, perie&onnée par Deftar^
tes , eft auffi de l'invention de Lfu-
cipft , comme le favant Huu l'a prou-
vé. On trouve encore dans le fyf-
tême de Laulppt « le germe de ce
^rand principe de mécanique , que
Dtfcarus emploie fi efficacement :
hu €orp* qui tcument ; s*éloigMait d»
centre autant qu*îl tfi pofpbU ; car le
philofophe Grec enfeigne , que Us
atomes les plus fubttls tendent vers l*ef'i
pace vide comme en s*élançant, Ainfî ,
Keppler & enfuiie Defcarus ont fuivi
leuclppe à l'égard des tourbillons
& des caufe» de la pefanteur. Ce
célèbre philofophe vivoit vers Fan
318 avant J; G. On peut voir tout
le détail de fon fyftème dans Dio-
l^e Lalàxi , tome II. de la Traduc-
tion françoifè , Amilerdam « 1761 ,
en 3 vol. in-i2.
LEUCOTHOÉ , fille A'Orchame
yoi d'Achéméïîie , & d^Eurynomé.
Apollon qui l'aimoit , prit la figure
de fa mère pour s'inûnuer auprès
d'elle , Çt en abùfa par cet artifice.
Ctçhanuy irrité du déshonneur de
fa fillè , dont il ~fijt inflïuit par
Clytie fa rivale , fit enterrer Léu-
çothoé toute vive ; mais Apollon
là changea en arbre qui porte l'en-
cens.
LEVE,. (Antoine de) Navarrois,
né dans l'obfcurité & d'abord* fim-
pie foldatji parvint |(u çonvium*>^
L E V
dément par d'utiles découvertes , &
par une fuite d'aâions la plupart
heureufes & toutes hardies. Ua
extérieur ignoble ne lui ôtoit riea
de l'autorité qu'il devoit avoir ^
parce qu'il joignoit au talent de
la pyole une audace noble à la-
quelle les hommes ne réfiilent pas.
Il fe ûgnala d'abord dans le royau-
me de Naples , (bus Gonfalve de
Cordoue \ ^ enfuite dans le Milanez ,
d'otr il chaila l'amiral Bannîvet en
1513. La bataille de Rebec s'é'
tauit donnée en 1^14, il y Ser-
vit ayec beaucoup de valeur. Il
défSmçUt Pavie, l'année fuivante,
contre François I qui y fut pris. Ses
fuccès dans le Milanez lui procu-
rèrent des difiinâions fiatteu&s.
Charlcs'Quint s'étant rendu en Iia^
lie , le fit afleoir à côté de lui ^ &
le voyant obftiné à ne pas^ fe cou-
vrir, il lui mit lui-même le chapeau
fur la têtej en diiant, qu'a» Capi-
taine qui avoit fait foixamt campa*
ffits toutes gloricufes^ mérîtoit bien
dUtre affzs & couvert devant un Em^
pereur de trente ans. Ce grand général
foutint fa réputadon en Auniche»
où il fut envoyé en 1 5 29 ^ contre
Soliman qui affiéseoit Vienne-, &
en Afrique, où il fuivit l'empereur
en 1535. L'année d'après, Tcxpé-
didon djc Provence fut réfolue. Elle
eut une oti^ne finguliere ; mais
cette origine n'étonnera point les
ledeurs verfés dans l'étude des hom-
mes & dies temps. Ua aftrologue
avoit afiuré de Levé , encore enâint r
qu'il mourroit en France & qu'il
feroit enterré à Saint -Denys. Suc
cette idée il engagea Charles-Quint
à fiiire une irrupdon en Provence}
elle fiu malheureufe : l'empaeur
s'en prit à fon général^ qui en
mourut de douleur en 15 36 , à
56 ans. Antoine de Levé avoit, Cur
un champ-de-bataîlle , autant .<le
génie, que d'adHvité ; mais dans U
factété il étoit inquiet & gro^CÇ
t £ V
§ufqu^àla rufticité. Il ne confioSTolt
^e la religion ficde k probité que
1^ appasences : ûk fortune; & les
intérêts du prince , étoient fa feule
loi. Entretenant un jour TeiBpe-
jKur des a£Bêiires d'Italie , il QÙk\ui
propofer de fe défiâre, p^ des
.a£a/Iinats » de tous les princes qui
I avaient des poffeffions dans ce pays.
Eh ! que dcvUndroît mon am& ? li^ dit
Charlu-f^ànt. — Avt:n^vous w^t, ame ,
repartit de Levé? abandonne^ LUm'
L LEVESQ17E de Pouilli ,
; (Louis) né à Reims en 1692 ,
I d'une £unille ancienne , montra de
bonne heure beaucoup de goût &
de dirpoétions pour les lettres. L'a-
cadéraie des infcriptions , infbuiie
de Ton mérite , lui donna une. place
parmi fes membres, L'érudition n'é-
toit pas fa feule qualité*, il favoit
être citoyen. Elu lieutenant des
habitans de la ville de Réms en
1746, il fit venir dans cette ville
[ yôyii G o o I N o T ] &ts' eaux
de fontaine plus ialutaves que
çeUes^ de puits qui les iijcpm-
modoîent beaucoup. Il établit ,
en 174^, des écoles publiques de
mathématiques & de deffin, & il
embellit les .promenades. Ce zélé
patriote projetoit de bâtir des ça-
femes & 'des magafins de blé,
lotfcju'il mouhit le 4 Mai 1750 ,
H^ de 59 ans. FouUâ étoit ixin
caraftd-e aimable, dou^, ^acif4,
comme s'il ti ayoit pas été favant.
Son efprit, orné des fleurs de k
littérature , n'avoit aucutie .des épi-
nes de l'érudition. S^ Théorie des
Sentmehs a^réàilés , petit ouvrage
imprimé ppur la 4* fois eff 1774,
ifl'S®, eft^ produéHon d'wiefprit
'pet -&; délicat, "qiA fait a<iâ!^ftr
iufqu'aux plus petites nuancés du
femifflem. Il eil plein d'ûiié faine
philofophie, & fetné ^'^»-g<aftd
nombre - d'idées neuves.^' .Celles
^otanc xfAV ne le font pasv pPéitincàt
t" È V 161
un air de nouveauté par la ma-
nière dont l'autetir les rapproche &
les préfente à ion leôcur. On dé-
fireroit peut-être plus de liaifon ,
plus -d'enchainement &:tl'enfemble
ehtre les différentes parties qui com-
pofent û Théorie. Il y a auffi quel-
ques proportions auxquelles on
potirroit donner un mauvais fens ;
- mais un leâeur fage doit cou)ours
choiâr le meilleur. M. deBurîgnl^
frère de Poul^U , connu avantageu-
fement dan^' la rét)ublique des let-
tres, a hérité de fes manufcrits,
c[ui forment un recueil en 12 voU
m-fol.... Voyei 'Elût,
n. LEVESQUE Di Gravelle ;
( Michel - Philippe ) confeiller au
parlement de Paris , nion en 175 2 ,
avoit lé goût des beaux arts. On
'lui doit un Recueil de Pierres gra'
vées antiques', 1732 & 1737 , 2 vcl.
•in-4®, curieux àr recherché.
LEUFROI , ( Saint ) i *' nbbé de
'Madrie dans le diocefe d'Evreux,
où il étoit hé d'une famille noble »
mourut le 21 Juin 738 , après avoir
'donné à fes religieux le précepte
&,l'exemple. Ce monaftere, nommé
'anciennement en latin Madriacenjè y
du nom du village où il étoît
iitué , s'appela dans la fuite la Croix
SairU'Ouen , puis la. Croix Saint»
' Leâfroi, Sa menfe conventuelle fut
unie au petit féminaire d'Evreux»
:§af décret de rtsârdinaire , au mois
^ de Mars 174^, confirmé par let-
. très - patentes . du mois d'Avril
.Ausvant.
.^ I. LEVI, 3« fils'de Jacol & de
îJa , 'naquit en Méfo^otamie Tan
'Î74S avant 1: C. Ceft* lui qui»
voulant venger avec fon frère 55-
' fneon Tinjure faite à Vina , leur
-foeur, pafTa ail fil de Fépée tous
'■les habitans Hé Sichem : [ f^oyei
'SicHEM. ] Jdéob en témoigna un
'déplaifîr extrême; & prédit au lit
c de. la mort , qii'en punition de cette
R iij
i6i l E V
cruauté » la famille de ÏJyt fa^ît
divifée, & n'aurçit point de por-
tion £xe au partage de la Terre
promife. £n eâet elle 6u difperfée
dan^ ICrael , & n'eut pour partage
que quelques villes qui lui furent
. âflignées dans le lot des autres tri-
bus. Lévi deicetviit en Egypte avec
fon père , ayant déjà ies trois fils ,
, Gerjun , Gaath & Mîrari , dont le
^ a*^ eut pour fils Amram , de qui na:
. quirent fioyf^ , Aaron & MmU,
Il y mourut Tan 1611 avant Jefus-
^ Chrift , à 1 37 ans. Sa Camille fut
' toute confaçrée aufervice de Dieu,
& c'eft de lui que les Prêtres &
les Lévites tirèrent . leur origine.
; Ceux de fa nribu " s'allioient fpu-
" vent à la maifbfi fayale , ainfi que
'le prouve la généalogie des parens
de Jefus-Chrifl félon la chair....
Voyei I. Matthieu.
II. L£VIb£nG£&som, rabbin»
a compofé les Çuerres du Selgruur^
^ en hébreu , Riva , *i 5 60 , in-fol. ;
* & des Commentaires imprimés fé-
' parement & dans les grandes Bi-
bles. C etoit un éfprit fingulier ,
. qui a rempli tous fes livres de vai-
nes fubtilités métaphyfiques. On
ignore le temps où il a vécu.
m. LÉVI , Vqy^x Philippe
DE.... n° XXIX,
h^yiSyFoyei Caylus &
^ Qvtivs. ,
L LEVIS ou iaEvi, (Guy !>â)
d'une maifon illuftre de* France,
- ait le chef de toutes les brandies
que Ion en connoit aujourd'hui.
. 11 fe croiiii' contre Jes Albigesois,
& fut élu maféch^ àes Crpifée.
^ Ç'ef^ en inémoire de cette, diargç ,
[ que fa pqftérité a, toujours cpn-
fervé le titre de. Maréchal dt (a
. Fol. Il fe fignala dans cette guerre
façrpe, & eut la>;teçre de JVJ^re-
..poix & plusieurs «autres ôtuées eja
., Languedoc , de û dépouille df s
Albigeois, U maurut Tan i2jL<>9
L E IT
8c tvok fondé en 1190 VMayê
de ^a Roche. Ses fuccefieurs ont
joint au nom de LévU , celui de
feigneurs de MUepoix^
II. LEVIS , ( Guy be ) m* du
nom^, feigneur de Mîrepptx , ma-
réchtr de la Foi , petit-fite du prc-
' cèdent; fuivit en Italie CW/« roi
• de Sicile & de Naplcs , & fe trouva
au combat donné le 26 Février 1166
dans une plaine près de Bénévent,
entre ce prince & Mamfrotfon rival ,
qui périt dans la mêlée. Le feigneur
,d€ Mîftpoix y de retour en France»
•fiit maintenu par arrêt de l'an 1169
dans la poiTeffion de conaoitre & de
Juger' du fait dliéréfie dans toutes
fes terres du Languedoc. Il vivoit
encore en 1286... Voye^ Cartier
ûfi» LooNAc-
; m. LE\aS , ( Louîs-Pîerre de )
marquis de Mirepolx , ambafla-
'deur a Vienne eniyjy^ maré-
chàl-dé-camp en 1738, chevalier
des ordres du roi çn iJ4ltl^^V^'
nânt général " en 1744, âmbaflà-
déur à Londres en 1749 , créé duc
"par brevet en 1751, maréchal de
'France en. 1757, mort à Mom-
".pellier la même année, eft compte
parmiJes rejetons de Cf*ff ^ ^^^'^ %
qui fé'fdnt le plus di&ngués par
les qualités du cpeur & dcTeiprit.
'Il avdit été marié deux fois, & il
'n^iut point denfans âe. fçs deux
mariages. . La maifon de JJvls tire
'ion origine de, la terre de Lévls
près Qievreufe. L'opinion fabu-
îeufe^,* qvu iâ fait defceadfé de la
tribu^'dê-^JLcV* , eft aujoiurd'hui gé-
'nëraleincnt rejetée , même par le
, ji:uiiCLAVIUS.< Jean) natif
;*À»wibrwi en f?^çéphaîte ,.'.d'unc
.iS^Ufe n9bl<^, vcr>iagea dans picf-
-qllô vmt^ 'l6s cobrs de l'Europe.
i.Fendapt k féjour qu'il fit en Tur-
rgi^de, il.tam^ifa d& très-bons ma-
.Ifrij»^ .pour cûnipofer l'Hiftoiie
L EU
Ottomane; & c'eft à lui que le
public eft redevable de la meillein;e
connoiflance qu'on eh ait. Il joignit
à rintelligence des langues favan-
tes , celle de la jurifptudence. Cet
érudit mourut à Vienne en Autri-
che en Juin 1593, à 60 ans. Ses
mœurs netoient pas trop. pures.
Scaligcr ait du moins: Hahcbatfcorta
fKum\ mais cet écrivain fadrique
peut l'avoir calomnié... On a de
lui: I. L'Hlfiuîrc Mufulmane^ Iî9i»
in-fol. II. Les Annales du Sultans
Gttomanldes , «1 - fol. , Francfort ,
1596, qu'il traduifit en latin, fur
la verfion que Jean-Gaudlcr , ( autre-
ment SpUgcly ) en avoit fsute de
turc en allemand. IIL La Suite de
ces Ajinalcs , qu'il continua jufqu'en
l;S8, fous le titre de PandecLa
Turclca : on trouve ces deux ou-
vrages a la fin du ChalcondyU du
Louvre. On peut profiter de fes
recherches, mais en les reftlfîant.
IV. Des Vetfions latines de Xeno^
fhon , de Zoy.me^ de Confiamln Ma^
mfts^ de Michel Glycass de 1'^-
hrégé des Bafiûques : celle-ci parut
en 1596, a vol. in-fol. V. Commen-
taùo de Mofcorum helâs adverjus
fttùîmos gefils , dans le Recueil des
Hiilorîens Polonois de PlJîorîus\
BàIc/1581 , 3 vol. in-fol. M. Dt
jure Grceco-Romano , FrancfçR, 1 596.
VII. Un abrégé du Bafilicon de
l'empereur Léon VI. Voyff^ ce mot;
voyci 3uffi BlASTARES.
LEUPOLD , ( Jacques ) çoti-
feiller & commi^aire des Mines du
toi de Pologne , membre de la fo-
ciété royale de Berlin , & de di-
verfes autres , fut un des plus ha-
biles hommes de l'Europe pour les
inftrumens mathématiques. Il mou-
rut à Leipzig en 1727 , après s'être
rendu célèbre par fon grand ou-
vragé intitulé : Theatrum Machina"
nm , Leipzig , 1724 , 3 vol. in-fol.
Cette compiladon eft udie & re-
fcbcrchée.
t E U î«|
LEVRET, ( André ) chirurgie*
de Paris fa patrie, difHngué dans
fon art , naquit en 1703 ,& mou-
rut le 22 Janvier 1780. Nous
avons de lui de bonnes Ohfervattons
fur Pallakement des en fans , 1781 ^
in-i2.
LEUSDEN, (Jean) naquit à
Utrecht en 1624-, ftit profeffeur
dllébreu dans fa patrie, 6c s'y ac-
quit avec juftîte une grande répu-
tation. Il mourut en 1699, 37^
ans. Quoique cet écrivain n*ait
point tait de nouvelles découver-
tes dans la critique grammaticale »
il la connoiflblt bien \ & il enfei-
gnoît avec autant de daf té que dé
méthode. On a de lu\ plufieurs ou*
vrages elHmés. L Om/majUcon Sa^
crum^ à Utrecht, 1684, in-8**. IL
Clavis Hebraïca & plùlolo^ca veurîs
Teftamenti^ 1683 , iA-4**. IIL Noyi
Tefi. Clavis Graca , cum annotatîoniit^
hus phllùlo^idf , ,167^, in-8®, IV»
Compendlum BllRaun vaeris Tejlanu
1688, in-S**. V. Compendlum Gr*»
<um novl Tejiam. dont la plus arat
pie édition eft celle de Londres,
1688, in- 12. VL Phllclcgus He-
hmus^ 1695 , in-4°, VIL Philolvgus
Hebrxo^GrACus ^ 1^9$ > in-4®. VUl»
Thlloloffu Hebrxo - mlxtus ^ ^^99 f
ÎM"*. IX. Des Hôtes fur Jonas ^
Joïl & Oiûy &c. X. C'eft à lûx
qu'on eft redevable des édition»
correiles de Bochàrt ^ de Llghfoot^
& de la Synopfe des Critiques d(|
Pool, XL On lui doit aufli 1^
meilleure édition de I3 Bible d'At
Ihîas , imprimïe a Amftèrdam en %
vol. in-8*^ , 1705 ,.. & du Nouvçai^
Tç/Tamemt Èyrîa(^ , 1708" , 2 ' vol.
ic-4''. Rodolphe Leusden , fon fils ,
a donné une édition du Nouveau
Tefiament Gr^c,
LEUTARD, payfan fanatique
du bourg de Vertus , dans le dio-
çefe de Giâldns-fur-Marne , vers
la fin du X® fiede , bi-ifoit les croix
^ les images , prêchbit qu'il ne f^-
R iv
i«4 ' L E 0
loitpas payer les dixmes , 8c foute-
noit que les prophètes n'avoit pas
> toujours dit de bonnes chofes. Il fe
faifoit fuivre par une multitude
innombrable de perfonnes qui le
croyoient infpiré de Dieu. Glbuln ,
évêque de Çhàions , défabuia & con-
vainquit ces pauvres gens *, & le
malheureux Leutard^ défefpéré de
fe voir abandonné , fe précipita dans
un puits,
LEUTINGER, (Nicolas) né
dans le Brandebourg , profeiTeiur
de belles-lettres & miniftre Luthé-
rien , mourut à Vittemberg en i6i 2,
à 64 ans. Une inclination invin-
cible pour les voyages ne lui perr
jnit pas d'être tranquille & féden-
taire : quelque emploi ambulant
l'eût mieux accommodé. Il par-
courut l'Italie , la France , l'Efpa-
r, l'Angleterre , les Pays-Bas ,
Norwege , le Danemarck , la
Suéde » la Prufle , la Livohie , la
Pologne, la Bohême, &c. iàns
vouloir fe fixer nulle part. Son
tempérament étoit robufte, & s'il
avoit eu un caraôere moins in-
quiet, il auroit vraifemblablemcnt
joui d'un fort aâez heureux. U ne
manquoit dans fes écrits ni d'érur-
dition , ni de jugemem , il fe mon-
tçoit fort fupérieur aux chroni-
queurs de fon temps. Il le fentoit
lui-même; & une vanité exceffive
perce dans tout ce qu'il dit de lui.
Mais fon amour-propre ne l'empê-
choit pas de demander continuel-
lement de l'argent ou des fecours.
Cet efprit de mendicité littéraire
lui diâa un grand nombre d'Epi-
tres dédicatoires. U y en a plus
de cinquante dans fon Hiftolre de
Bfûndehottrg, Chaque livre de cette
Hiftoire dft dédié à un Méeene , 6c
ïbuvent à plufîeiurs. Elle s'étend
depuis 1499 jufqu'en 15^4. Elle pa-
rut avec fes autres ouvrages & fa
VU^ à Francfort, en 1729 , 2 vol.
in-4<> par les foins de Kujîer.
L E U
LEUVIGILDE, roi des Goût»
en Efpagne , fils é'JthanaglùU ,
monta fur le trône après fon ôrere
Lùiva , qui lui céda le fceptre ea
568. Il avoit de la valeur, & il la
prouva enfe rendant m^tre, en 5 72,
de Cordoue & de quelques autres
villes confidérables. Ce prince avoit
eu deux fils de fa première époufe :
HermenégUde & Recarede , qu'il aflb-
cia au gouvernement de fes états
après la mort dçLiuva en 573. Tous
ces princes étoient Ariens. Hernu"
néglldcy qui avoit époufé Ingonde^
fille de Slgehcrt roi de France , eni-
braffa à fa perfuafion la foi Catholi-
que. Ce changement irrita LcuvU
^.ld& : il le menaça de toute fon
indignation , s'il ne revenoit à la
doctrine Arienne. HcrmaiégUdc lui
répondit : »» Je fuis prêt de vous
»♦ rendre le fceptreque vous m'a-
>♦ vez donné. Je fuis difpofé même
'»♦ à perdre la vie , plutôt que d'a-
>♦ bandonner la vérité. Je confcr-
V, verai jufqu'au dernier foupir le
y> refpeâ que je vous dois ; mais
>»■ il n'eft pas plus jufte qu'un père
M ait plus de pouvoir fur fon fils ,
>♦ que Dieu & fa confcience «.
Cette réponfe mit en fwr&xt Leuvl-
^Ide^ qui attaqua fon fils dans une
place forte où il s'étoit retiré. C'é-
toit OlTete, ville bien fortifiée,
dont les habitans étoient très-atta-
chés à HermenégUde, La place fiit
prife & brûlée. JUuvlgllde fit mettre
"fon fils dans une dure prifon^
après l'avoir dépouillé des mar-
ques de la royauté , & , le 1 4 Avril
586 , il envoya un bourreau pour
lui couper la tête. Comme les or- ^
thodoxes avoient montré de l'atta-
chement à ce prince infortuné , il
les perfécuta cruellement. La mort
de Leuvl^ide termina les fiireurs de
ce prince ÙLmûqidQ,*Hermené^e a
été mis au nombre des martyrs,
& TEglife honore fa imémoire le 13
Avril.
L E U
tEUVILLE,roy.llI. OtiriER.
LEUWENHOECK , (Antoine
D£) célèbre phyûden, né à Delft en
1632 , excelloit à faire des verres
pour des mifcrofcopes & pour des
lunettes. Ses découvertes lui ont
&icun nom diftingué j plufîeUrs font
utiles & réelles , mais d'autres font
parfeitemeot chimériques. Son fyf-
tême des vers ipermatiques , dont il
faifoit le principe de la génération ,
n'a eu d'autre vogue que celle de la
nouveauté -, croyant détruire l'o-
vifine, il lui fubflitua une hypo-
thefe beaucoup plus défeéhieufe.
Le goût fur qui décide de la folidité
d'une obfervation , lui manquoit ab-
iblument, auffi-bienque la littéra-
ture qui porte la lumière dans toutes
les fcieoces. On doit cependant lui
favoir gré d'avoir contribué à la
découverte des germes , qui , fuivant
un philofophe de ce fiecle , fuffit
' feule pour anéantir rathéifme. Il
mourut en 1723 , à 91 ans i on lui
ï élevé un beau maufolée à Delil,
dans la Vieille-Eglife , avec une
épitaphe emphatique. U a publié
diflerens ouvrées en hollandois ,
qui ont été traduits en latin , &
ont paru foiis le titre ^Arcana natura
àaxla , Delft, 1695 à 1719 , 4 yol.
in-4**, Leyde , 1722. On a imprimé
en 1722 y in - 4** , fes Uttres à
■ lafociété royale de Londres , dont
ilétoit membre, & à divers favans.
LEYDE, (Philippe DE ) né d'one
femille noble de cette ville , fut con-
feiller de Guillaume de Éaviere ,
' comte de Hollande , puis grand-
vicaire & chanoine d'Utrecht , où
il mourut en 1380 ,. avec une
grande réputation de fcience & de
piété. On a de lui ir petits Trai-
tés , écrits d'un ftyle barbare , fur
PÂn de htm gouverner un Etac & une
famille , Leyde . 1616 , & Amfter-
dam, 1701 ,in-4°, PtdUppe connoif-
foit moins la politique générale que
la particulière. Ce qu'il a écrit
L E Y 165
fur le gouvernement civil , ne
vaut pas ce qu'il dit du domefti-
que. Il avoit profeffé le droit à
Orléans & à Paris, & il laiûk
d'autres ouvrages oubliés aujour-
d'hui
LEYDE, Voy. Lucas de teyie^
LEYDECKER, ( Melchior)théo.
logien Calvinifte , né à Middel-
bourg en 16 5 2 , profefleur de théo-
logie àUtrccht en 1678 , mort le
6 Janvier 1721 , à 69 ans, étoit
un homme dur & padionné , qui
ne favoit réprimer ni fa langue ,
ni (a plume. On a de lui pluûeurs
ouvrages pleins d'érudition , mais
, dénués de cridque. Les principaux
_ font : I. TrLÙté de la RcpubCiquc des
Hébreux , 2 vol. in-fol. Amflerdam ,
1714 & 17 16 : recueil curieux,
femé d'anecdotes , fur le Judaifme
moderne. Il y a joint une réfuta-
tion de V Archéologie de Buma. II.
Un Commentaire latin fur le Caté-
chifme d'Heidelberg. III. Une DlJ-
fertatlon contre le Monde enchante
de Becker, IV. Une Analyfe de racri-
tiue , avec la Méthode de prêcher, V.
Une Hlftolre du Janféni/nuy Tra-
jeOi^ ,i69j , in-S^ Le P. Guefnel ^
réfuté dans fon livre de la \Sottv«-
raîncté des Rois défendue , ( Paris, 1 704,
in-i2) cetîiic Leydccher a dit dans
cet ouvrage contre la fouverai-
neté des Rois. VI. Fax verîtatls ^
Lugd. - Batavofum , 1677 , in- 8°.
.VII. La Contmuatlon de l'Hilloire
EccléflâiHque de Hornlus , Franc-
fort, 1704, in-8^ Vin. Hljiolrede
rEglifc d:* Afrique , in-4** , curieuib
' & pleine de recherches. IX. Synop-
fis controverfiarum de fadere. Tous
• ces- oavrages font écrits en latin , &
d'un ftyle dur.
LEYDEN,(Jean de) Koy. Jeaw.
n** txxxi.
LEYDEN , ( Jean Gerbrand de )
ainii nommé , parce qu'il étoit de la
ville de ce nom , fe fit Carme , s'ap-
pliqua avec une grande affiduité à
x66 1 E y
toutes les fondions de la vîe apof-
tolique , & confaaa Tes momens de
loifir à l'étude de Thifloire de fon
pays. Il mou-ut Tan 1504. On a
de lui : L Chrotdcon HoÛaridice coml'
tum & epl/coporum l/àrajcclenjfum , à
S, JFllUbrordo ad annum i^ij , Franc-
. fort , 1620 , in - fol. n. Chronicon
.£.gmQndaman , Jtve Annales ahbatum
. J^gmottdinfium , publié par Antoine
Matthieu, à Ley de, i698,in-4°. On
lui attribue une Hifloire de l'ordre
des Carmes, ce n'eft qu'une répéti-
tion de celle d'Axnold Boftius.
LEYDRADE, Voy. Leidradx.
LEZANA , ( Jean - BaptiHe de )
' Carme , naquit a Madrid le 13 No-
vembre 1 5 86. Il enfeigna avec répu-
t^ition à Tolède, à Aicala & à
Rome-, & ]cs j^çcs Urbain VIII,
Innâcejit X & AUxândn VIII l'em-
ployèrent dans des affaires impor-
tantes. 11 mourut à Rome le 29
Mars 1659 , à 73 ans. On a de lui :
1. Sumrt^a qucfHonum regularîum, Lyon,
" 165 ç » 4 vol. in-fol. c'eft une théo-
logie qui a pour objet principal les
'devoirs des reli^eux. II. Summa
'Thçolb^l^ faact , Rome, 1654, 3
'vol. in-fol. III. Annales facrl,
prophttîcl & Elîanî ordlnls , &c.
Roifie . 165 1 — j6 , 4 vol. in-fol.
'pleines de fables ridicules fur Tori-
*gine de cet ordre. IV. De Rcgu-
'Urïum reformadone , Romc 1646 ,
; LEZIN , ( S. ) IjcjKivs , évêquc
d'Angers en 586» mort le i" No-
vembre 605. Lé pape 5. Grégoire
lui écrivit la Lettre jz du Kvre ix*.
L'HOSTE, Voy. HosTE.
L'HUÏLLIER, Voy, Lvii^UKR.
LIA , fille aînée de Lahan , fut
mariée avec Jacob par la fupercherie
de fon père, qui , i^e fâchant com-
ment la marier , parce qu'elle étoit
.<hanîeufe , la fubflitua àRackel que
Jacob devoit époufer. £Ue eut du pa-
trxai[che 6 fils & ime. fillo , Rubm^
L I A
Simion , Lévly Juda , IJfachar , Zâw*
Ion & Dina,
LIANCOURT, ( Jeanne de
Schomberg , ducheffe de ) fille du
maréchal Henri de Sckorfiberg & fem-
me de Roger du PlcJlîs duc de LLii"
court, connu par les deux lettres
que lui écrivit le célèbre doâeui
Antoine Arnauld^ [ Voy, ce mot, n**
IV. ] détacha du monde fon mari par
fes leçons & par fes exemples, les
deux époux, uniquement occupés
de l'éternité , fe lièrent étroitement
avec les célèbres Solitaires de Port-
Royal , & leur donnèrent un aiîle
contre leurs perfécuteurs. Après
avoir vécu faintement, ils mouru-
rent de même en 1674. Le duc ne
furvécut que deux mois à fon épou-
fe. On a d'elle un ouvrage éditant
& plein d'excellentes maximes , fur
l'éducation des enfans de l'un & de
l'autre fexe. L'abbé BoiUau le pu-
blia en 169S , fous ce titre iRég^
ment donné par une homme de haute
quotité à fa petite-fille , pour fa ccn-
duite & pour celle de fa maifon » in- 12.
L'éditeur joignit à cet ouvrage us
Règlement que la ducheffe de liat^"
court avoit fait pour elle-même, avec
un tableau des principales vertus
de cette illuftre dame.
LIBANIUS, fameux fophifle
d'Anticche , élevé à Athènes , pro-
feffa la rhétorique à Conflanrino-
ple & dans fa patrie. S. Bafile &
S* Jean Chryfojtcme furent les dif-
ciples de cet illuflre maître, qui,
quoique Païen , faifoit beaucoup de
cas des talens & des vertus de fes
deux élevés. On prétend qu'il auroit
choifi Chryfoftome pour fon fuccef-
feur , fi le Chriflianifzne ne le lui
avoit enlevé. L'empereur JuHm n'ou-
blia rien pour engager lÂbanius à ve-
nir à fa cour ; mais il ne pût y réufHr ,
même en lui offrant la qualité de
préfet du prétoire^ Le philofophe
répondit conftamment à ceux qui
le follicitoient , que la qualité de
L I B
fophîfte etolt fort au-deflîis de' ton-
tes les dignités qu'on lui offiroit.
$oa caraâere étoit Âer & noble.
fuUaiy irrité contre les magifbats
d'Anthioche , avoit ait mettre en
priibn le fiénat de cette ville, ii^tf-
ms vint parler à l'empereur pour
ies concitoyens, avec une liberté
couti^peufe. Un homme , peur qui
ce ton, ferme étoit s^paremment
nouveau , lui dit : Oratatr ^tuts bien
frit du fiaivc Orotue , pour parler fi
{iardimau,r^Ubamtu le regarda avec
jdédain , & lui dit : CcwrtiJ'an , la me--
nast qm tu me fais , ne peut que dés"
bfMorer le nuû&re que tu veux me faire
tTMpdre ; & il continua. On ignore
ie temps de ùl mort ; qnelques-uns la
placem à la fin<iu iv^ fiede* Liba-
nius avoit le grand talent de s'atta*
cher fes élevés. Dans toutes les
lettres que lui écrit 5'. Bafile , on
voit une dRjme finguUere pour fes
ouvrages ^ & un tendre actachenïènt
& h perfônne. Il lui adre^oit tous
les jeunes gens de Cappadoce, qui
youloient cultiver l'éloquence, com-
me au plus habile maître de fon fie-
c|e , & ils en étoieflt reçus avec une
diflindhon particulière. A Vooc^Roti
de l'un de ces jeunes gens , mal par-
tagé de la fortune , Ithaûms dit :
» Qu'il ne coniidéîtoit point dans
f» fes diifôipes les richeâe», mais la
f bonne volonté «<. Il ajoute ^e :
)) S'il troovoit un jeune • homme
f* pauvre \ qui montrât un gtand
•♦ défîr d'apprendre , il le préÉfc»^oît
r iàns héfiter, aux j[>lus riches , &
»♦ qu'il étoit fort content, loNque
« cepx qui- ne pouVoientrifeii don-
ft ner^oiefatf avides de -recevoir ,
Uécri^ ThemyUus, célèbre iepMfte,
<{9ejb ukas^ & ùt âgeite éJ^e-
i^t aiBt prentieres dïargés de l'é-
tat, d'une manière qui montre que
ii^efAi3r»roit des fehtimens nobles
■& ^'il éttfit touché- ^l'artl^oftf. du
^tt^ public* »• Je né vous félicite
» poiàt^ (hil dk4r,; fia- ce que le
L I B^ a6t
t^ gouvernement de la ville vous a
>t été donné ; mais je félicite la ville
v> fur le choix qu'elle a fait de votr«
>f peribnne pour cette importante
M place. Vous n'avez pas befoin de
rt nouvelles dignités , mais elle a
** grand befoin d'un gouverneur
»» comme vous. ♦« 11 feroit à fou-
haiter que Ubanîus eût été auffi irré*
préhenÂble pour les moeurs , qu'ef-
timable pour Ton caraâere d'efprit
& pour fon éloquence. On lui a re*
proche aulïi d'être trop pldn d'efti-
me po\ir lui-même, & trop grand
admirateur de iès propres ouvrages
dont il ne voyoit pas les défauts. Il
avoit beaucoup de goût lorfqu'il ju-
gepit des prôduâions des autres,
quoiqu'il en manque quelquefois
dans les tiennes. Julien foumettoit à
fon jugeiïient Tes a£):ions ôc Tes écrits \
& le fophifte , plus attaché à la per-
fônne qu'à la fortune de ce prince i
le traitoit moins en conrtUkn qu'en
juge iîevére. La plupart des Haran-^
gués de ce rhéteur ont été perdues ,
& ce n'eft pas peut-être un grand
mal : fans parler des citations mul*
tipliées d'Âomere , de la fureur d'exa-
gétter, d'un luxe d'érudition très^
déplacé , il gâte tout par TafFeélation
& Tobfcurité de fon ftyle , qui ne
manque d'ailleurs ni de force , nî
d'éclat. On eftime davantage £q$
Lettres , dont on a donné urre excel-
lente édftiôn à* Amfterdam en 1758 ,
in-fol. Ce recueiloflfre plus de 1680
Epîtres , dont la plupart ne renfer-
ment que des complimens. On en
lit plufieurs autres curieufes & inté-
refiantes ; qiû- peuvent donner des
lumières fur l'hiftoiie civile , ecclé-
fia(lique ,iiitétaire , de ces temps-là.
. AntoUie^^Bongiorani a publié à Ve»-
nife-, èft Î75 ^ , xrn Harangues de
Ubaniusy en tm vol. in-fol. , tirée*
de là biblioilîe({ue de Saint-Marc. Il
Élut joindre ce recueil à l'édition d«
fes (Sbrr» , Paris , 1606 & 1617,
jL voir in-fol* > -
\
i68 L I B
LIBAVIUS , ( André) doûciir en
médecine , né à Hall en ^axe , mou-
rut à Cobourg en Franconie l'an
1616 ( après avoir publié un grand
nombre d'ouvrages fur la chimie &
cherché toutes les occaûons de ré*
foter les rêveries de Paracelfe &
de fes fefhteurs. Ses principaux
ouvrages font : 1. Symagma fr
Jeclurum Alchemla arcanorum , Franc-
Cbrt, 161 3, 2 tom. in-fol. en t
vol. II. Appaidlx fytuagnatis arcA"
norum^ 1615 , in-fol. III. Epifio^
larum Chymîcarum Gb, très , '595*
la chimie a fait tant de progrès
depuis Libavius , que ces ouvra-
ges ne font plus recherchés. Il
eft le premier qui ait parlé de la
iransfuiion du fang d'un anijnal dans
un autre.
LIBERALIS, Voy, Antovius.
. I. LIBERAT. (S.) abbé du mo-
naâere de Capfe en Afrique, fouf-
£rit le martyre le 2 Juillet 4B4 , pen-
dant la petfécution à^Uunnenc*
IL LIBERAT, médecirt en.Afri-
gue>» yfoui&it le martyre pour la
£>i catholique y dans, le cinquième
£ecle, aui& fous le roi Hunneric,
JLes Ariens çnlevoient alors les^en*
fans des Catholiques pour les bap-
tiCer. Les deux fils de Uberat furent
du nombre , & leur père fut mis
çn prifon avec fa fiemme : .on, ne
fait pas ^'ils y moururent,, ou s'ils
âirent bannis •, mais- ils fo;» mis au
rang des mar^rs avec leurs ensuis ,
su 23 de Mars.
,. .UI. LIBERAT, diacre del'églife
de Carthage au vi^ fîeck , Tun des
plqs zélés dé^enfeurs des TrçU Cha^
filtres ) fut employé en diveiles af-
fres importantes.' On a de lui un
Ûvrc intitulé : Brevlarlum de Caufa
Nejiwu & Eutyeheds , que le P. Gar^
ai^r publia en 1675;} in-§®. •
UBERE, Romain^fotélevfrfur
%ijchaire de Saint-Pienre le. 24* Mai
^j2,: après le pape Jules L Illa-mé-
xità par fa piété & par (pà^f^^pour
LIÉ
la foi ; nais , lorfqu'il y fîit parve^
nu , il' ne t;^da pas de s'en ren«
dre indigne. L'empereur Confiance ^
ayant tenté vainement de le Êiire
foufoire à la condamnationHle l'il*
luibe Athanitft , le rdégua.à Bérée
dans la Thrace. Le rigueur avec
laquelle on le traita dans fon exil ,
& la douleur de voir fon âçge oc«
cupé par l'antipape Fédx , ébran-
lèrent fa conÂance. Il confentit
enfin à la condamnation ^Atkanafe^
& iigna la Fortmde de Sirmium:
non pas celle du dernier concile ^
qui étoit viâblement hérétique ;
mais celle du fécond , drefiee avec
beaucoup d'art par les Ariens , &
qui pouvoit à la rigueur être dé-
fendue , comme jelle le fut par S.
HlùUre. Par cette foibleû'e U rentra
dans la communion dés Orientaux.
On lui fit approuver dans le con-
cile d'Ancyre , en 35S, nn Ecrit
qui rejetoit le mot Confubfimsul^y
mai^ il proteflaen même teinps qu'il
anathématifoit ceux qui (ûfoient
jque le Fils n'étoit pas femblable aa
Père en fubilance & en toutes cho-
fes, L'empereur lui permit alors de
retourner à Rome , où le peuple le
reçut, aflez froidement. Le courc^e
& la foiklefTe fe fuccédoient'en lui
tour-i-tour. Cet accudl le fit ren-
trer en lui-4ttème : il reconnut fa
feute , la pleura , fit des excufes à
Aihanafe , rejeta la confieffion de
foi du concile de Rkmni-en 359\
& moujut Aii^tement le 24 Sep-
tembre .-366. Malgré fa chute $
prefque tous les SS. Pères, tou-
chés» de, fon . repentir , le quali-
fient de fii^hmrcux ^ & fon nom
fe trouve dans les plus anciens
Martyrologes Latins. Ses Epkres
font parmi ..<;<Ues 4es Pgpe^par D.
Cûufiant,
LIBÏÏWUS A Jesu ,' Corne, nsr
tif d^.Novare, enfeigna latontro*
y erfe, pendant 38 ans à Rome^ & fitt
préfet; de la Prp!pi(£^de,,U mourut
L I B
l'an 17 19, après avoir publié : Cotif'
troveifi* dogmatica , Rome , 17OI ,
io-fol. Cette édition fut défendue ,
parce que l'auteur y étoit favorable
auJanfénifme -, mais l'ayant corrigée
& s'étant rétra£bé , on permit l'édi-
tion, qui fut faite l'an 1510. Zi^«-
ms qui avoit promis 3 vol. in*
fol. quand il en publia le premier ,
l'augmenta tellement qu'on l'a im-
primé à Milan en 1 1 vol. in-fol. ^an
1742.
LIBERGE, (Martin) né au
Mans , profeiTeur de droit à Poi*
tiers, mérita d'être élu échevin per«
pàuel de cette ville» pour avoir
appaifé par fa £igeâe deux fédi-
tions du peuple au commencement
de la Ligue. Il harangua Henri IP"',
lorsqu'il paiTa par Angers en 1595 ,
& ce bon prince fut fi charmé de
fon difcours , qu'il l'embrafla. Xi-
^(Tj^ mourut en 1599. Nous avons
de lui la Rilaùon dufiege de Poitiers ,
où il étoit préfent, 1625 , in- 12-,
& quelques Traités de droit.
LIBERTÉ, Divimté ad«rée des
Romains qui lui bâtirent un temple
fur le mont Aventin. On la repré-
fentoit fous la figure d'une femme
vêtue de blanc , tenant un fceptre
d'une main , un cafque de l'autre,
& ayant auprès d'elle un faifceau
d'armes & im joug rompu : le chat
lui étoit confacré. Cette DéeiTe
étoit toujours accompagnée de
éeax autres qui s'appeloient Adéone
& Ahéone , parce que la liberté con-
fiée à pouvoir aller & venir où
l'on veut.
LIBITINE, DéeiTe qui avoit un
Temple à Rome , dans lequel fe
vendoient les chofes néceilaires
pour lesftinérailles. C'étoit la même
qdtProfiipine reine des enfers , que
les Romains çroyoient préfider aux
cérémonies lugubres. On tenoit
auiHdans fon Temple un regiffare
exaâ de tous les morts, & on y
recevoit une pièce d*arj;pent pour
Lie 269
chacun. Pliturque dit que Lîbitlnù
étoit Vénus , & veut que cette:
Déeffe qui préfidoit à la naifiiance
des hommes , préfidàt auffi à leur
mort. On trouve le mot Uôidna ,
pour la mort & pour la bicre dan»
laquelle on enfermoit les morts.
LIBON , célèbre architeae Qrec,
vivoit 450 ans avant J. C Ceft
lui qui bâtit le femeux Temple de
Jupitir , auprès de Pife , ou OlympU ,
fi renommée par les Jeux Olym-
piques qu'on y célébroit tous les
4 ans.
LICETI ou LiCETO , Ucetus ,
(FortUiiius) fils d'un célèbre mé^ '
decin & médecin lui-même , naquit
à Rapalo dans 1 état de Gênes , en
1 577 ♦ avant le 7® mois de la grof-
fefie de fa mère. Son père le fit
mettre dans une boîte de coton ,
& l'éleva avec tant de foin , qu'il
)ouit d'une fanté aufii par&ite que
s'il ne fut pas venu au monde avant
le temps. 11 profefTa la philofophie
a Pife , & enfîûte la médecine à
Padoue , avec beaucoup d'applau-
difiement. Il y mourut en 16^6 ,
à 77 ans. On a de lui un très-
gtii&d nombre de Traités. Les prin-
cipaux font ; I. De Monflris , Am-
fterdam, 1665 , in-4®. On y trouve
des contes populaires -, mais il y a
quelques bonnes vues. II, De Co^
metarum aarlbutis , in-4*', III. De
hîs qui vivant, fine alîmcntis , in-fol. •
IV. Mundi& homînis Anaiog'a , in-4'*..
V. DeAnnuUs antiquls , in-4°. VI. De
novis Aflrls & Comttis^ Venife, 1622,
in-4°. VII. De ortu fpontaneo vlven-
£i«m » Vicentix ,1618, in-fol. VIII.
De animorum rationalium immortali'
t<ue , Patavii , 1629 , in-fol. IX. De
Fidmlnum natura , in-4°. X. Ds ortu
Anima. /u0n<ui« , Genève, 1619, in-4**.
XI. Hydrolttgia , five De Maris tran"
qmllitAu & ortu Flumînum , Utini ^
165 5 , in- 4^. XII. De Lucemis an"
tirais , ibid. 165 3 , in-fol. &c.
Dans ce dernier traité , U foutient
tjQ L I C
que les andehs avoient des lances
fépulcrales qui ne s'éteignoient
point ', mais tous les Tavans con-
viennent aujourd'hui que ces pré-
tendues Lampes iumdUs n'étoient
que des PhofphortSy qui s'allumoient
pour quelques inâans après avoir
été expofées à l'air. C'eft le fen-
timent de Fenan dans fa ûivante
«liiTertation De Veterum lucernis fù*
pulchralibus , qu'il publia en 1685 *
in-4^ dans fon livre De rt ytjGxala.^.
Jofeph LiCETi ^ père de Forttaùus,
cft auteur d'un livre intitulé : JVu-
hlUtà de princîpali membri delP Uomo^
1J99, in-8^
LICHTENSTEN , ( Jofeph-AVen-
ceflas , prince de ) duc de Troppau
& de Jagendorf en Siléfie, cheva-
lier de la Toifôn - d'or , feld-ma-
îéchal au fervice de . l'impératrice-
reine , direâeur générai de Tartil-
lerie > entra au fervice de la mai-
fon d'Autriche en 1716 , fiit ait
colonel d'un régiment de cb^gons
en 1725. Charles VI l'envoya en
1738 en qualité d'ambai&deur à
la cour de Verfailles ', emploi qu'il
remplit pendant trois ans avec
diftm^tion. Il commanda en chef
les armées en Italie en 1746 , &
gagna le 16 Juin la bataille de
PlaiTance, qui mit les affidres de
<& fouveraine dans un état très-
avantageux en Italie. En 1760 ,
il fiit nommé ambafTadeur extraor-
dinaire à la cour de Parme , pour
cpoufer par procuration l'infante
JfabelU au nom de l'archiduc /a-
fcph^ depuis empereur. Quatre ans
après , il remplit à Francfort la
dignité de commifTaire impérial
pour l'éleâion du roi des Romains.
Il mourut à Vienne le 10 Février
1771 , âgé de 75 ans , confidéré
comme un fidelle miniftre & un
zélé fujet de Maiit-Thérefe , &
comme le reftaurateur de l'artillerie
autricîiienne. Cette princeffe le re-
garda comme un des foutiens d«
Lie
fon trône, dans les circonfËincei
où il s'ébranloit de toute part, &lui
fit élever un monument en bronze
dans l'arfenal de Vienne. Les ar<
tiftes perdirent en lui un proteâeur,
les infortunés un appuis & les
pauvres un père.
LICINIA , Veftale , fîtt punie de
mort avec deux autres , EmiUi &
Marcla , à caufe de leurs débauches,
vers l'an m avant J. C.
I. LIQNIUS , ( Cams ) tribun
du peuple » d'une Êémûlle des plus
coniidérables de Rome entre les
plébéiennes , fîit choifi par le dic-
tateur Man/tus pour général de la
cavalerie, l'an 365 avant Jefus*
Chriâ. Idànuu fut le premier plé-
béien honoré de cette charge.
On le Airnomma StoU , c'eft-à-dire,
Rejeton inutile^ à caufe de la loi
qu'il publia avec Stxùus pendant
fon tribunat , par laquelle il dé-
iendoit à tout citoyen Romain de
poûeder plus de 500 arpens de
terre , fous prétexte que ceux qui
en avoient davantage^ nepouvoient
culdver leur bien avec foin. Ces
deux tribuns ordonnèrent encore,
qtu les intérêts qui auroient' été payés
par Us débiteurs , demeuraient imputés
fur le principal des dettes ^ & que U
furpltts feroh acquitté en trois diverfes
années-, enfin, que Pan ne eréeroît
plus de Confitls à Pavenir , que Pun
d'eux ne fût de famille Plébéienne*
Ces deux tribims furent confuls
en conféqiience de cette dernière
loi ; Sext'us , l'an 362 avant Jefus-
Qirift , & Ucinius deux ans après.
Ce font les deux premiers confuis
de famiUe plébéienne. Liànius Stola
porta cette loi à l'infligadon de
ion époufe , femme fiere & ainbi*
tieufe , qui ayant une foàir mariés
ail conful Sulpîtîus , ne pouvoit
fouffrir que fon mari fût d'un rang
inférieur.
II. LiaNIUS TEGULA , (Publ.)
célèbre poëte comique latin, reri
L I C
l'an îoo avant J. C. Ucatîus , cité
jyar Aulugelle , lui donne le 4* rang
parmi les poètes comiques. Mais ,
comme il ne nous refte de lui que
des fragmcns dans le Corpus PoC'
târum de Maîttaîre , il eft dilfficile de
dire s'il méritoit le rang qu'on lui
affigne.
nixiaNius-çALVUs, (Ctf/iw)
orateur & poëte célèbre, contem-
porain de Clcéron , réuffiffoit fi bien
en poéfie , que les anciens n'ont pas
fait difficulté de l'égaler à Catulle,
On trouve des vers de lui dans le
Corpus Poëtarum, Moins éloquetit,
& plus fec que^Cicéron , il s'ex-
primoit cependant avec tant de
force , qu*un Jour Vatînîus , contre
lequel il plaidoit , craignant d'être
condamné, l'interrompit avant la
fin de fon plaidoyer , en difant aux
juges : Eh quoi ! feraî-je condannU
conmu coupeAle , paru que mon accu-
fcttatr eft éloquent ?»,„„ Lîctnius mou-
rut à l'âge de trente ans , après
avoir donné de grandes efpérances.
Il ne nous refte aucune harangue
de cet orateur- *, Qulntiiîm les loue
beaucoup. On croit qu'il étoit
auteur des Annales citées par Denys
d'Haltcamaffe , & que nous n'avons
plus. Il vivoit 65 ans avant J. C.
LiamuS-CRASSUS , roye^
Craffus,n°« I, II, HI.
IV.LICINIUS 01/LiciNiANUS,
( C, Flavius-VaUnanus) empereur
Romain , fils d'un payfan de Dacie ,
parvint du rang de fimple foîdat
îux premiers emplois militaires.
GuUn - Maxîmîen » qui avoit été
foldat avec lui , & auquel il avoit
rendu des fervices importans dans
j la guerre contre les Perfes , raflfocia
à l'empire en 307 , & lui donna
pour département la Pannonie &
I la Rhéue. Coriftantln voyant fon
<J"édit< s'unit étroitement avec /.A-
: <//uttç ; & , pour refferrer les nœuds
de leur amitié., il lui fit époufer
"mU ia foBUr , en 313. Cette
L I c 271
année fiit célèbre par les viîf^oirev
de Uclnlus fur Maxumn Daïa, Il le
batnt le 30 Avril entre HéracléeSc
Andrinople , le pourfuivit jufqu'au
Mont-Taurus, le força à s'empoi*
fonner & maffacra toute fa famille.
Enorgueilli par fes fuccès & jaloux
de la gloire de Confiantîn , il petfé-
cuta les Chrétiens , pour avoir un
prétexte de lui Éaire la guerre. ï!
n'en falloit pas davantage pour le
brouiller avec lui. Les deux em-
pereurs marchèrent l'un contre
l'autre à la tête de leurs armées*
Ils fe rencontrent auprès de Ci-
balesen Pannonie , combattent tous
les deux avec valeur , & Uclnlug
eft enfin obligé de céder. Il répara
bientôt cette perte, & en vint une
féconde fois aux mains auprès d' An-
drinople. Son armée , quoique
vaincue une féconde fois , pilla le
camp de Confiantîn, Les deux princes
las de cette guerre ruineufe & fi peu
décifive , réfolurem de faire la
paix : Uclnius l'acheta par la cefiion
de rUlyrie & de la Grèce. Conf-
tantîn ayant pafllé fur fes terres en
323 , fon rival irrité viola le traité
de paix. On arma des deux côtés ,
& le voifinage d' Andrinople devint
encore le théâtre de leurs combats.
L'armée de Lic'mius y fiit taillée en
pièces -, il prit la fiiite du côté de
Chalcédoine, où le vainqueur le
pourfuivit. Craignant d'être obligé
de donner bataille , 6c n'ayant que
très-peu de troupes , il demanda
la paix à Confiantîn , qui la lui ac-
corda ; mais , dès qu'il eut reçu du
fecours , il rompit le traité. Il y
eut une nouvelle bataille près de
Chalcédoine , où LîcînUts , toujours
malheureux , quoique toujours
brave , fut encore vaincu & con-
traint de fuir, Confiantîn le fuivit
de fi près , qu'il l'obligea de s*en-
fermer dans Nicomédie. LicîftUis ^
dans cette extrémité , fe rendit à la
clémence de fon vainqi^çur. Conf^
17* Lie
tantîa ù femme employa les larmes
& les prières pour toucher fon
frcre^ ÙdrJtus fe joignit à elle, &
fe dépouilla de la pourpre impé-
riale. Confianùn , après lui avoir
accordé fon pardon , & l'avoir fait
manger à ùl table , le relégua à
Thefialonique, où il le fit étrangler,
l'an 324. M Zo\tmc &c Eutrope (dit
»♦ Crevjer ) Taccufent en ce point
»♦ de perfidie *, & S, Jérôme^ dans
»t ÙL Chronique , n a pas fait diffi-
** culte de copier les termes de
»• ce dernier. SQcratc nous fournit
w un moyen de défenfe en faveur
M de Confianùn. Il rapporte que
V* lÀclmus , dans fon exil » tramoit
»» des intelligences avec les Bar-
>♦ bares , pour remonter fur le
>» trône. La chofe en foi n*a rien
» que de vraifcmbiabie ; & Tauto-
>• rite de Socratt peut bien contre-
y* balancer celle de ZoT^mt & d'£u-
V* tropc, 11 efi néanmoins une cir-
V* confiance fôcheufe pour la réputa-
>» tion de Confianùn : ( car nous inf-
M truifons le procès à charge & â dé-
» charge. ) On fe perfuadera aifé-
r> ment qu'en ordonnant la mort
y> de UcUiius , il fuivit les impref-
n fions d'une politique ombrageufe
>♦ & cruelle , fi l'on confidere qu'a-
» près le père il tua le fils , qui
»♦ étoit fon neveu : jeune prince
>♦ fur qui l'hifloire ne jette aucun
>» foupçon , & que fon âge même
M juflifie pleinement , paifqu'il n'a-
>♦ voit encore qu'onze ans lorfqu'il
n fut mis à mort. Liclnius le jeune
>» périt l'an de J. C. 326 , &déii-
»t vra ainfi la maifon de Cunji^ntîn
M du feul rival qui lui reîtàt. [ Foy.
l'article fuivant. ] La funefce ca-
>» taffarophe de Liclnius eft un exem-
>« pie que LaHana auroit ajouté au
» catalogue qu'il a drctXé de» morts
r» tragiques des perfécuteurs du
n Chriftianifme , s'il avoit pouffé
« fon ouvrage jufqu'à ce temps.
n Le défaflre de ce malheureux
LIE
^ prince ne finit pas même entié*
» rement à £1 mort, & fa mémoite
»♦ fut flétrie par une loi de ConfiM'
t» tin , qui le traite de Tyran , &
M qui cafie fes ordonnances. Le
» vainqueur auroit fans doute pu
M. montrer plus de générofité en-
» vers un ennemi qui avoit été
V foH collègue & fon beau-frere.
» Mais enfin c'étoit un ennemi,
n de la part duquel il devoit atten-
>» dre le même traitement , s'il eût
»♦ eu le malheur d'être vaincu «.
Liclnius s'étoit diftingué par fon
courage -, mais cette vertu étoit
balancée par beaucoup de vices. Il
étoit avare , dur , cruel , impudique ;
il petiecuta les Chrétiens , pilla fes
fujets , & leur enleva leurs femmes.
U haïfToit les favans , comme des
témoins importuns de fon igno-
rance , de fes moeurs féroces & de
fon éducation barbare. La philofo-
phien'étoit à fes yeux qvLwu'pcJU
publique,
V. LiaNIUS, {Flavlus-VaUnus
LiciNiANUs ) fumommé k Jeune ,
étoit fils du précédent & de Confian"
tia , foeur de Confiantin, Il naquit ea
315 , & fiit déclaré Céûr en 317,
ayant à peine 10 mois. Confianùn
le fit élever fous fes yeux à Conf-
tantinople. Son efprit étoit vif, pc*
nétrant & porté aux granées cho-
fes ; mais fa jeunefTe ne lui per-
mettant pas de cacher les faillies,
de fon imagination , il lui échappoic
des traits quipouvoient n'être que
les fentimens d'une ame noble , &
qu'on prit pour âçs défirs ambi*
tieux. Fcuifta , femme de Confiantin,
jeta des ombrages dans Tefprit de
ce prince , qui le fit mourir en 326 ,
lorfqu'il étoit à peine dans ù ii'
année. Le mérite , la figure & la fin
traT;ique de ce prince, > le firent re-
gretter de tout l'empire.
VI. LiaNIUS,Fc|y«îLEZi!r.
LIEBAULT, (Jean) médecin,
né à Di)on , mort à Paris le 21 .
Jiiin
L I E
Juin 1596 , dans un Âge tfTiez
avancé , laiffa divers Traités de
médecine, & eut part à la Mal/on
RuJGqttt : ouvrage dont Charles
Etienne , fon beau-pere , eft le pre-
mier & le principal auteur. Ce
livre , qui ne formoit d'abord
qu'un volume, cfk à préfent en
deux, in-4**. On Ta groffi, fans
l'épurer entièrement. Trop de re-
cettes &ufles ou mal détaillées,
om £dt tort à ce livre utile. On
a encore de LUhault : /. Des 7r<i/-
tts fur les Maladies^ \* Ornement &
la Beauté des Femmes , 1582, 3 vol.
ia-8^ II. Thefaunufanitatls, 1578,
in-8°, III. De pracavendis curandîf-
que venenls Commentarlus. IV. Des
SckûlUs fur Jacques Hollerlus^ en
ladn, IÇ79, in-8**, &c.
UEBE, ( Chrétieû-Sigifm. ) fa-
vam antiquaire Allemand , mort à
Gothaen 1736 , dans un âge avancé,
s'eft principalement £ait connoî-
tre par fon ouvrage intitulé : Go^
tha Nummana , Axnfierdam , 1730 ,
in-fol.
LIEBKNECHT , ( Jean-George )
célèbre profefleur de Gieffen , na-
df de \^afluagen , devint membre
de la fociété royale de Londres ,
I de l'académie des fciences de Ber-
lin, Se de la fociété des Curieux
! de la Nature. Il mourut à GiciTen
I en 1749. On a de lui un grand
nombre de Dljfertations Théologl-
quts , Philo fophlques & Liuéralres ,
eftimécs , & cUvers .autres ou-
vrages.
I. LIEXJTAUD , ( Jacques ) ûh
d'un armurier d*Arles , mourut à
Paris en 1733 » dans un âge affez
avance , ^membre de l'Académie des
fciences, à laquelle ilavoit été affq-
cié en qualité d'aftronome. On a
de lui 17 vol. de la connoljfance
des Temps ^ depuis 1703 , jufqu'en
i'ji(),FotttenelU ne fit pas fon Eloge,
©n ne (ait pourquoi.
n. LIEUTAUD , ( Jofeph ) né à
Tome y.
LIE 273
Aix en Frovendp en 1703 , $*étoit
fait une réputation en province,
avant que de fe produire à la capi-
tale. Appelé à VerfaiUes eo 1749 .
pour y remplir la place de médecin
de l'infijmerie royale , il fut reçu
à Tacadémie des fciences de Paris
en 1752. A3rant été nommé à la
place de médecin des Enfans de
France en 175 5 , il devint premier
médecin du roi à l'avenémcnt de
Louis XVI au trône. Ses ouvrages
font : I. Effais anatomlques , dont
la meilleure édition eft celle de M.
Portai , avec des notes & des obfcr-
vations , Paris , 1777 , 2 vol. m-g^
On y trouve l'hifloire exaâe des
parties du corps humain , avec la
manière de les diflcquer. II. £/«-
menta Phyfiolo^a , 1749, in-S».
L'auteur y a recueilli les expérien-
ces & les obfervations nouvelles
des njeilleurs phyficiens & des ana-
tomiftcs les plus exercés. III. Précis
de U Médeiine Pratique, 177© , 5
vol. in-i2. Cet abrégé , qui eft blea
fait, contient l'hiftoire des maladies
dans un ordre tiré de leur fiege ,
avec des obfervations critiques fur
les points les plus intéreffaas. Ce
n'eft prefque qu'une traduûion du
I**" vol. de l'ouvrage fuivant. IV.
Synopfis univerftt Praxeos Medlctt \
1765 , 2 vol. in.4^ Cet ouvrage,
exaa & complet , eft remarquable
encore par l'ordre & la clarté qui
y régnent. V. Pricis de la Mathrc
Médicale, I777 , 3 vol. in-12. Ce
Précis , qui eft une traduâ^on du
fécond volume de la Synopfis , peut
fufEre aux médecins qui veulent
fe borner à à^s idées fucçintes ,
mais claires & juftes , fur l'hiftoire ,
la nature , les verms & Us dofes
desmédicamens. Vl.fUftorlAAnato^
mlfO'Medica, 1767, 2 vol.in-4°. VIÎ.
Un grand nombre de Differtations fél
parées , imprimées à Aix , & des
Mémoires fur le cœur , la veffie
parmi ctux dô l'académie des fciea-
. S
174 L I G
ces. Ce célèbre médecin mourut à
Vcrfailles le 6 Décembre 1780 ,
dans fa 78*-* année, avec la fer-
meté d'un homme de bien & d'un
bon efprit. Des médecins raiîem-
blés autout de fon lit, lui propo-
foient différens remèdes... >« j4h\
leur dit41 , »» je mourrai bien fans
a tout ce/a i.i ! Mo/ure n'eût pas dtt
autrement. Cependant le mourant
croyoit à la médecine *, mais il ne
croyoit pas qu'elle fit des mira-
cles. Sage & prudent , il n^ fe paf-
fionnoit pour aucun fyftême ; & il
favoit attendre , quoique fon coup-
d'œil fut auili pénétrant que juile.
Plus attaché à l'obfervation de la
nature, qu'à celle des livres , il n'ai-
moit p^s à chercher dans les ou-
vrages des autres ce que rinfpeo-
tion du corps humain pouvoit lui
apprendre. Aufli s*étoit-il préparé
à 1 étude de la médecine par celle
de Tanatomie : fcience qu'il avoit
approfondie. Il trouva des amb
zélés dans ceux même dont il n'a-
dopta pas les idées , ou même dont
il critiqua les opinions : tels que5tf-
nac & Wlnfioiv \ & c'eft une preuve
que la bonté de fon caraâere éga-
loit fes lumières.
LIGARIUS, ( Quintus) lieute-
nant de Caius Confidlus , proconful
d'Afrique , fe fit tendrement aimer
des Africains. Ils le demandèrent
& l'obdnrent pour leur proconful ,
lorfque Confidlus fut rappelé. 11
continua de fe faire aimer dans fon
gouvernement , & fes peuples vou-
lurent l'avoir à leur tête, lorfqu'ils
prirent les armes» au commence-
ment de la guerre civile de Céfar &
de Pompée \ mais il aima mieux re-
tourner à Rome. 11 embrafia les
intérêts de Pompée , & fe trouva en
Atrique dans le temps de la délice
de Sclplon & des autres chefs qui
a voient renouvelé la guerre. Ce-
pendant Céfar lui accorda la vie.
L I G
Rome. Ugarîus fe vit contraint i$
fe tenir caché hors de l'Italie. Se»
frères , fes amis , & fur^tout ûcérim^
mettoient tout en œuvre pour lui
obtenir la penriifion de rentrer dans
Rome , lorfque Tuberon fe déclara
dans les formes l'accufateur de Uga»
rîus^ Ce fut alors que Qcéron pro-
nonça pour Taccufé cette harangue
admirable, qui pafife avec ndfon
pour un chef-d'oeuvre , & par la-
quelle il obtint de Céfar l'abfolu-
tion de Ligarûis , quoique ce prince
n'eût pas defiein de rabfoudrc. Tu-
beron fut fi iaché de Tifiue de ià
caufe, qu'il renonça au barreau.
Ligarius reconnut mal la clémence
& la générofité de Céfar; car il
devint dans la fuite un de*? complices
de la conjuradon où ce héros fiit
afiafliné.
L I GER , ( Louis ) auteur d'un
grand nombre d'ouvrages fur l'a-
griculture & le jardinage , naquit à
Auxerre en 1658 , &. mourut à
Guerdû J)rès de cette ville , le 6
Novembre 1717 à 59 ans. U ctoit
fort honnête-homme j mais c'étoit
un auteur médiocre , rebattant cent
fois les mêmes chofes en diiFérens
livres. Ses principaux ouvrages
font: I. L* (Economie générale de U
Campagne , ou Nouvelle Malfon Muf"
tique , dont la meilleure édition cft
celle de 1762, en a vol. in-4^
II. Le Nouveau Jardinier & Cuifinicr
François , 2 vol. in-i2, III. DÛ^'
nàlre général des termes propres à tÀ'
griculttire^ in-12. IV. Le Nouvam
Théâtre d* Agriculture , 6r Ménage des
Champs , avec un Trahé de la Pèche
&. de la Chajfe, in-4®, V. Le Jar^
dmlcrflcurijh & hiftorïographe , 2 voL
in-12. VL Moyens faciles pour ré-
tahiir en peu de temps fcéondanu de
toutes fortes de grains & de fruiu
dans le Royaume y ia-12. VII, Dic'
ttonnaire pratique du bon Ménager à
Camp::^e & de yiUe , in-4**. VlH.
Les Amufmtm dç la Campait, (Ht
LÎG
îtaivtUis Rufes Innocentes ^ qtà enfeU
ptau la manière éc prendre aux pUgu
totaes fortes dOifeaux O de Quadru^
pedes, 1 vol. inr-il. IX. La Cuf"
turt parfiûu des Jardins fruitiers &
pota^s , in-ia. X. Traité facile pour
apprendre à élever des Figuiers , in-Il :
c'eft une fuite du Traité précédent.
Liger s*attachoit plus à compiler ,
qu'à réfléchir fur les matières qu'il
traitoit On lit par exemple dan$
la ALifon Rj^ue , que LE Café
RAFRAICHIT. Ccttc crrcur & cent
autres qu'on pourroit citer , font
défîrer que la compofition des li>-
vres utiles ne foit plus confiée à
des gagiftes de libraire , qui , comme
Llger, recueillent des fautes à tant
la feuille. On lui attribué encore
It Voyageur jidelle^ ou le Guide
its Etrangers dans la vUle de Paris ^
in- II. Ce guide égareroit aujour-^
dhui.
LIGHTFOOT , ( Jean) l'un des
plus habiles hommes de fon iiecle
dans la connoiffance de l'Hébreu ,
du Talmud & des Rabbins , né en
i6o2 , à Stoke dans le comté de
StaiFord, mort à Cambridge le 6
Décembre 1675, à 75 ans, fut
vice-chancelier de l'univerfité de
cette dernière ville , & chanoine
d'Ely. C'étoit un homme attaché à
fes devoirs , & qui les remplit tous
avec ezaûitude. Il ne l'étoit pas
moins à fon cabinet , & il n'en
fortoit guère que pour les fonc*
tions attachée» à fes places. La
meilleure édition de fes (EurREs
cft celle d'Utrécht , 1699 , en 3
vol. in-fol. , mife au jour par les
foins de Jean Leufden, Ses princi-
paux ouvrages foftt : 1. Hont He^
hraicie & Talmudlca in Geograpfuam
Temt^SanH*. On y trouve des ob-
-fervations propres à reftifier les
erreurs des géographes qui ont
travaillé fur la Paleftine. II. Une
Harmonie de PAncten Teft^rmnt ,
svec une difpofition chronologique
lïG 17c
du Texte facré. Lightfoot s'eftpro
pofédans cet ouvrage de donnef
un abrégé de l'Hifloire-fainte , où
chaque événement iùt placé dan^
l'ordre où il doit être. Les remar-
ques curieufes qu'il a mêlées à ThiP*
toirc , empêchent qu'elle ne paroifle
feche & décharnée. Mais on fent
qu'il doit y avoir un peu d'arbi*
traire dans l'arrangement des faits •,
& c'eft le fort de toutes les Chro-
nologies anciennes» III. Des Com^
mentJiires fur une partie du Nouveau
Tefhment. Us refpirent l'érudition
la plus recherchée , ainli que fes
autres ouvrages. Il y feit un ufage
heureux des connoiflances Talmu-
diques pour l'explication des ufages
des Juife. Strype a publié à Londres-, *
en 1700 , in-8® » de nouvelle»
(EurREs foflhumes de Lightfoot^
On trouve dans fes écrits quelques
fentimens particuliers : que les Juifs
étoient entièrement ri^etés de Dieu ^
que les clefs du royaume des Geux
ft'ayoient été données qu'à S, Pierre ;
que fon pouvoir ne regardoit qub
la doctrine , & non la difeipline «
&c. &c.
LIGNAC , ( Jofeph-Adrien tt
Large DE ) naquit à Poitiers d'une
femille noble. Il paffa quelque temps
chez les Jéfuites , qu'il quitta pout*
aller dans TOratoire. On lui confia
divers eihplois , dont il s'acquitta
avec fuccès. Dans un voyage qu'il
fît à Rome , Benoit XIV'^ le car-
dinal Paffîohei raccu^ïllirent avec
cette bonté & cette' famiMarhé
' nobles , qui leur étoient ordinaires
envets les favans. L'abbé de Llgnac
mourut à Paris en Juin 1762, après
être forti de l'Oratoire. La Reli-
gion , dont il défendit les' myftcres ,
anima fon ooeur en éclairaht tou
efprit. Nous avons tle lui : I. Poffi-*
hiiité de la préftnce corporelle de
l'homme en plujiettrs lieux iij^^ ,
in-iî. L'auteur tâche d'y-irtontrer »
* centre M, BwîlUer, queute dogne
-ijê L I G
.de la Tranflubilamiation n*a rîea
d'incompatible avec les idées de la
faine philofophie. 11, Mémoires pour
PHiftoirc dts Araignées aquatiques ,
en 1748 , in-I2. m. Lettres à un
.Américain fut l*Hiftoire Naturelle de
M, de Buffun , 2 vol. in-12 » 17 J l ,
pleines d'obfervatLonsfenfées : mais
il y en a quelques-unes qui font
futiles & minutieufes. IV. Le Té"
.pioignage du fens intime & de l'expé-
.rience oppofée à la foi profane & ri-'
dicuU des Fataliflù modernes , 3 vol.
in-li, 1760. V. Elémens de Aféta^
phyfique tirés de Pexpiiience ^ ^75 3 «
in-Il. VI. Examen férieux & comique
du Livre de l*Efprit, 1759» * vol.
in- 12. L'auteur travailloit à exe-
,cuter , quand la mort le furprit , le
plan des preuves de la religion ,
que Pafcal avoit conçu. Il n'avoit
pas , à la vérité , le génie de ce
.grand-homme ; mais il penfoit pro-
fondément, fur-tout en métaphy-
-iîqtie , & tous fes ouvn^es en font
.la preuve. Au rcfte fon ftyle étok
fort inférieur à celui de Pafcal,
, LIGNEROLLÇS, ( Jean Zr
Voyer , feigneur de ) après avoir
commencé par porter î'arquebufe
dans les guerres de Piémont , fat
enfuite écuyer du duc de Nemours
-( Jacques de Savoie , ) & guidon de
• la compagnie des gendarmes de ce
prince. Il trouva le moyen de
s'iniinuer. dans, les bonnes grâces
du àvLzd^ Anjou , frère de Charks IX ,
(depuis roi fous le nom de Henri JIQ
;. qui le fit fon chambellan & fon con-
. ndent. Etayé de la ûiveur de fon
maître., il fît bientôt une fortune
rapide à la cour , & de iimple &
pauvre gentilhomme on le vit en .
, peu de temps devenir gentilhomme
. de la chambre du roi , chevalier
- de J'Ordre , capitaine d'hommes-
. d'armes , & gouverneur du. Bour-
. bonno^s. Le duc d'Anjou ,. cédant à
£bn importune curioûté, lui révéla
' k projtt dH mafT^çre de U S, Bar«
L I t
tfaelemi : Llgnerolles eut l'indifcré*
tion de vouloir tirer avantage de
cette confidence auprès de Charles
JJCy & cette indifcrétion fiit, dit-
on , la caufe de fa perte , que le roi
jura dès ce jour même. Georgt de
Fillequier vicomte de la Gueiche»
& Charles comte de Mansfeld , qui
étoientfes ennemis, furent chargés
de cette expédition. Ils rattaquereot
en pleine rue à Bourgueil en Anjou »
où la cour étoit pour lors , ( en 1 5 71)
& le merent. Le roi ft mine d*ètst
fort irrité contre ces deux fdgneurs,
les fit emprifonner , & ne parut ac-
corder leur grâce qu'aux foiliciti-
tions du duc £Angoulime \ mais on
fut perfuadé à la cour , que c'étoit
un jeu de la part du roi. C'eft
ainû qu'en parle le Laboureur, (Ad-
DIT, à CafteJnau ) : cependant de Thou
paroît incertain fur la vraie caufe de
fa mort.
UGNI, Foy^WlEVBET.
LIGNIERE , Voyei LlHIERE.
LIGURINUS, Voye^ GoK-
THXER» n® I.
LILIENTAL , (Michel,) né à
Liebffadt en Pruffe l'an 1686 , s'éta-
blit à Konisberg , où il fut paf-
teur & profeffeur jufqu'à fa mort ,
arrivée en 1750 , à 64 ans. Il étoit
de Tacadénûe des fciences de Berlin ,
profeffeur honoraire de l'académie
de Pétersbourg. On a de lui : I.
Acla Borujpca acclefiafica , civiUa ,
Ihterarîa , 3 vol. II. Plufieurs bon-
nes Dijfertations académiques. III.
Selecia hîflorica & Htterana , 2 vol.
in- 12. IV. De Machiavelâfmo Hue-
rarîo. Cet ouvrage roule fur les
petites rufes dont les gens-de-let-
tres fe fervent pour fe feire un
nom. V. Annotatlones in Struvîi Ir*
troducUcnem ad notîtiam rei litterarU.
Ces écrits font pleins de (avantes
recherches^
LILIO , ( Louis } médecin , auttitf
L I L
^ k réformation du Calendrier Qftl*
Hanea : Vt^yt^ GRiGOIRE XIII.
LILLY, (Guillaume) natif dO-
ddiam dans le Hantshire, voyagea
dtts kTerre-faiate, dans l'Italie ^
l( fiit le premier maître de l'école
^Saint-P^ de Londres, fondée par
Colla, On a de lui des Po^ , & une
Orammatre Latine y Oxford, 1673 ,
û-8®. U mourut eni 5 22... Il eft dif-
férent de GuiHuime hiLLY , ailro-
logue Anglois, mort en 168 1 ,
dont on a : MerUnus AnglUut junior ,
en anglois , à Londres, 16 j 5 , in-4\
& pliîûfieiirs autres ouvrages.
LIMBORCH, (PhiUppede)
Aéologien Remontrant , né à Amf-
Krdam en 1633 , d'une bonne h-
mille , for mtniftre à Goude en
i6p, puis à Afflâerdam en 1667.
U obtint la même année en cette
▼ille la chaire de théologie , qu'il
remplit avec une réputation extra-
ordinaire jufqu'à ÙL mort , arrivée
le dernier Avril 1711» à 79 ans.
II eut beaucoup d'amis parmi les
imns de ion pays & des pays
étrangers. Son caraâere étoit franc
& fincere ; mais fa douceur ôtoit
t ù francfaife ce qu'elle aurok pir
avoir de trop rude. Grave fans-
morgue & fans AîftefFe, civil fans
alFeâation , gai lorsqu'il falloir
l'être , il avoir preique toutes les
qua&és du oorar. U foufl&oitfans
peine qu'on ne fut pas de fon avb ,
excepté lorfqu'il s'agifibit derégUfe
Romaine , contre laquelle il avbit
d'inpiftes préventions. Umborch fa-.
voit parfaitement. lliiâoire. de fa
patrie, & fon excellente mémoire
lui en rappelott les plus petites
circonfbmces. On a de lui plufieurs-
ouvrages, eftimés des Proteâans \
les principaux font : I. AnÙM coi'*
latto de veritau Rtli^msChtifiianét aan
erudico Judao , in- 12 *, excdlent mot^
ceau pour cette partie de la théo-
logie. L'édition de Goude , in-4*.
1687 , n'eft pas commune. On en
L I M 177
a fait une à Bàle , in-8^, 1740: Le
Juif avec lequel Ùmborch eut cette
conférence , cft Ifaae Orohio de
Séville , qui n'avoit proprement
aucune religion. Les objeâîons
finguUeres qu'il Êiit à fon adver-
£âre, ont fait rechercher le livre
de Ùmhorch par les incrédules,
mêmes. Le ton que les deux difpu-
teurs prennent , eft doux & honnête,
û l'on excepte les forties que Xi/m-
horch fait contre les catholiques,-
II. Un Corps complet de Théologie^
17I5 , Amfterd^ , In-folio , félon
les opinions & la doârine des Re-
montrans. III. Hîfioria In.jmfiiwnls , à
Amfterdam , 1691 , in-fol. : pleine
de recherches curieufes , & accom-
pagnée de toutes les fentences pror
noncées par ce tribunal depuis 1303
pifqn'en 1333. Quoiqu'en général
linAorch n'affiche pas la paflion,
on voit qu'il a puifé quelquefois
dans des auteurs qui ayant été mal-
traités par rinauiûtion ne doivent
pas être crus en tout fur lesextrê-*
mes rigueurs qu'ils lui attribuent.
W, Umborch ^ auiB procuré 1r
plupart des éditions des ouvrages
du. Ênneux Eplfcopims , fon grand-
onck maternel y des écrits duquel
il avoît hérité.
LIMIERS ,< Henri-Philippe de >
doâein* en droit » & membre des
académies des fctences & arts> pafl»
fa vie à compiler fans choix de
mauvaifes Gazettçs. Il publia fes
mauiïades rejrueils fous difPérens
titres : I. Hl/hire de Louis XIV y
1.718, 12 vol. in-îa* II. Annales et*
la Montre/lie Françoife^ 172 1 , in-
folio. III. Ahr^ Ckronololjiqm de
l'Hifioirf de France ^ pour • fervir de
fuUe.à Mêlerai , a ou 3 voL in-ii«
IV . Mémoires dure^ne de Ca thmsunS, >
Impératrice de RMffie, V. H^floire de»
CMARLM.S XI J, roi de Suedt , 6 vol.
kt-ix.Vh Annales hi/hriqves y 3 vol.
in^fol. VIL TradaHlon de Plante ,
groffîérement & infideUemeat tr^^
S ii j
Î78 . L IM
ycfti, 10 vol. in- 12. LesproduC"
tions de Limiers font bonnes , tout
au plus , pour fervir de le£bire au
peuple : point de ftyle, point d'exac-
titude, point d'agrément. C'étoit
la faim qui le faifoit écrire; on
jn-étend qull auroit pu iaàst beau-
coup mieux , fi la fortune a voit
répondu à Ton mérite. On a encore
4e lui une verûon françoife des
Explications latines des Pierres gra-
vées de Stofch y Amfterdam , 1724 ,
în-fol.
LIMN^.US ; ( /ean ) célèbre ju-
TÎfconfulte Allemand , né à leneen
1592 , d'un père qui profeiToit les
mathématiques^ fut chargé fuccef-
iivemem de l'éducation de pluficurs
jeunes feigneurs, avec lesquels il
voyagea dans prefque toutes^ les
cours de l'Europe. Enfin A^en
margrave de Brandebourg, qu'il
avoit accompagné en France , le fit
fon chambellsm & fon confeiller-
privé , en 1639. Umnaus exerça
fe emplois jufqu'à Ta mort , arrivé^
en 1663,361 ans. On a de lui divers
t>uvrages. Les principaux font : I.
JPejureimperu RamoKo-Germanki ^ 4
Strasbourg, 5 vol. in-4®. C'eflfutie
compilation fort ûvante ; mais
«fîez mal digérée. II. Commattdriaâ
Aà Bullam aurcam , in-4** , 1666 , &
Leyde, 1690. Cette dernière édition
^ la meilleure. III. CapittUàtàùnts
Jmperatorum , Leipzig , in-4**"; 1691.
ÏV. De Atademtu y'iti-'^^ . V. Nêtîdà.
regni Gallia^ 2 vol.'in-4*Mi»Wrtttr
a enta^Té beaucoup d érudition -dans
ces différens ouvrages ; mais il n'a
pas eu afiez de difcernement dans
Je choix des auteurs.
I. LIMOJON DE St-Didier ,
(.Alexandre -Touiïaint ) fuivit , , en.
qualité de gentilhomme j le comte
i^Ayaux dans fon ambafifade de Hol-
lande , & fc fit un nom par fa pro-
fonde connoiâânce de la polititque
Européenne. On en a des preuve»
dsos VHîfiolrc des Négociatlçtts d^
1 1 M
Ntuugue , Pans , 16S0 , in^ii , ou-*
vrage cftimé ; & dans le livre ind-
tulé : La VUlt & la RipiSliqui de Vt-
mft. On a encore de lui : Le Trû>m-
phe Hermétique y ou la Pierre Phi-
lofophale viâorieufe. Cette dcfoier*
produâion eft curieufe , & ne con-
tient que 153 pdges -, mais on pré-
fère les deux autres. Il étoit oncle
du fuivant.
II. LIMOJON , ( Ignace-Fran-
çois) co-feigneur de Venafque &
de Saint'Oidiery naquit à Avignon en
^668. Il cultiva la poéfie Proven-
çale & la Françoife , & réi^t a£fez
bien dans l'une & dans Tautre, fur-
tout dans la première. Il ûit dans
ÙL jeunefle le Pindan de l'académie
des Jeux Floraux , qui le couronna
trois fois. L'académie françoife lui
décerna auffî fes lauriers en 1720
& 1721. Salnt'Didicr ^ enhardi par
ces fuccès , voulut s'élever jufqa'au
Poëme Épique. Il publia en 1725 «
ia-8** , la 1 '* partie de fi>n Czoris ,
qui ne fut pas fuivie d'une féconde.
Quoique fon poëme renfermât quel-
ques vers heureux & des. beautés
de > détail ,- le pid)Hc trouva, qu'il
avpit péché dans le deâein de l'ou-
vrage , & qu'il avoit plus de génie
pour trouver des idmes & des épi*
thetes , que pour marcher dans la
carrière des Homère & des Vif^>
e*«ft à tort qu'on ar dit que K<»iM//t!
avoit copié Umojon dans fa Ben*
riade, puifque le cy^^ij ne parut que
deux ans après la première édinon
de C6 poëme. On a- encore de lui
UA ouvrage fatirique afifez infi-
pide, mêlé de vers & de profil,
contre la Motte, FomenelU SiSan--
rin , partifans des xnodemes , fous
le titre de Voyage du Pantaje , in-ii.
Ces trois illuflres académiciens y
fonttrès-mahraités. Le vide d'idées,
les hémiiliches inutiles , les mots
amenés feulement pour la rime :
voilà ce qui caraaérife \^ vers de
ce Voyage du Pamaffe. QuaAt à
L I N
U profe , elle eft lâche & traînante ;
& l'auteur eut ïe fecret d'être un
ùàxique ennuyeux. Il mourut à
Avignon le 13 Mai 1739, à 71
ans.
LIN , (S. ) fucccda à S. Pierre fur
leôegede Rome, l'an 66 de Jefus-
ChriS. Il gouverna Téglife pen-
- dant douze ans avec le zèle de
fon prédéceiTeur. C'eft durant Ton
ponuficat qu'arriva la ruine de
Jéruùlem » l'an 70. Il mourut huit
ans après. On ne fait rien de
certain, ni Tur fa vie, ni fur ia
mort,
LINACRikott LiKACER, (Tho-
i)aas ) médecin Anglois , étudia à
Florence fous Demetrms Chalcon-
iyU & fous VoUùm , & fe diftin-
gua tellement par fa politefle &
par fa modeilie , qiie Laurent de
Médlcis le donna pour compagnon
d'émdes à fes eafans. De retour
en Angleterre > il devint précep-
teur du prince Archus , fils aîné du
roi Henri VU\ enfuite médecin ordi-
naire de Henri VIII , frère d^Arthus,
11 mourut le 20 Odlobre 1 5 14 « à
l'âge de 64 ans. Il étoit prêtre , & \
s'en étoit pas plus dévot *, en prétend
4u'il ne voulut jamais lire l'Ecri-
ture - fainte. On a de lui : I. De
emendata Laùni Sermonit firueiura ,
à Leipzig, 1545 , in-8". IL Galeni
Methodus medmdi , m-$°. UL Quel-
ques autres ouvrages de Gaûen ,
traduits du grec en latin. IV . Rudl-
menta Grummanccs , 1 5 ? 3 9 in-8^ *,
H d'autres écrits qui font eAimés
des favans. Son ftyle eft pur , mais
il fent trop le travail.
LINANT, (Michel) né à Lou-
vîers en 1709 , fit de bonnes étu-
des dans fa patrie. Le goût des
lettres l'ayant amené à Paris , il
fiit gouverneur de M. le comte
du ChâteUt , fils de l'illuflre mar-
quife de ce nom. On fe fouvlent
encore du quatrain plein de finefle »
LIN 179
qu*il fit pour cettte moderne Athé-
nais. Le voici :
Un voyageur qui ne mentit jamais
Pajfe à Qrcy , fadmire , le contemple.
Il crut d'abord que c étoit un palais ;
Mais , voyant Emilie , U dit : Ah !
cifi un umple,
Linant étoit connu alors par fon
goût pour la poéfie noble , dans
laquelle il eut quelques fuccès éphé-
mères. U remporta trois fois le
prix de l'académie françoife , en
1739 , 1740 & 1744. Le fujet de
1740 étoit : Les AccroîJJtmicns de la
Bibliothèque du Roi, Son poëme «
quoique médiocre , fut applaudi ^
la raifon s'y montra parée avec
peu d'éclat , mais avec affez de rto-
bleiTe. Le fujet qui lui mérita la
dernière couronne , étoit : Les pro^
grès de l* Eloquence & de la Comédie,
fous le règne de Louis XIV. U a com-
pofé auffi pour le théâtre , qu'il
emendoit affez bien -, mais il avoit
plus de goût que de génie. Sa ver-
fification eft fouvent très - foible »
& il ne la foignoit pas aiTez. La
tragédie &'Al\aide^ qu'il donna en
1745 , & qui eut fix repréfenta-
tions, a quelques beaux endroits.
Celle de Vanda , reine de Polo-
gne , qu'il fit paroître en 1747 , eft
romanefque & mal écrite : elle tom-
ba à la première repréfentation.
L'une & l'autre font oubliées au-
jourd'hui. Cet auteur a fait encore
des Odes , des Epitres , & a mis fon
nom à la préface de l'édition de la
Henrlade de I739. ^okaire , fon
proteâeur & fon ami , lui rendit
des fervices , que Linant célébra
dans fes vers. Les qualités du coeur
ne le caraftérifoient pas moins que
celles de l'efprit. Sa converfation
étoit aimable & faillante. Il fiit re-
cherché des plus beaux efprits de
fon temps , pour fa politefle , fa pro-
bité & fa franchifc. Il ne tint pas
à lui que l'auteur de la Hennadc
Siv
iSo
L I N
ne renonçât à fa manU ënù-thtolo'
lo^qut , & il lui prédit tous les dé-
fagrémcns qu'elle répandroic fur
fa vie. Voltain^ de fofi côté, lui
confeilloit d'aimer un peu plus le
travail , de Te confier moins dans fa
facilité , & de £ure des vers^lus
difficilement. Unêiu mourut le ii
Décembre 1749 , à 41 ans.
LINCK , ( Henri ) célèbre ju-
rifconfulte du xvii* âede, natif
de Mifhie , & profefleur en droit
à Altorf , laifTa un TralU du, Dfit
des Temples , où il y a des chofes
curieufes.
LIKDANUS , ( GuUlaume ) né à
Dordrecht, d'une famille con£dé-
rable de cette ville , qui avoit au-
trefois pofledé la feigneurie de
Unday bourg fubmergé en 1412
avec 71 autres , exerça avecfévérité
l'office d'Inqutfiteur de la foi dans
la Hollande & dans la Frife. P^-
lippe II ,xoï d'Efpagne , le nomma «
en 15 62 , à révêché de Ruremondc.
Il £t deux voyages à Rome, fe fit
eftimer du pape Grégoire XIII ^
fiit transféré à l'évêché de Gand en
1588 , & mourut trois mois après ,
âgé de 63 ans. On a de lui un grand
nombre d'ouvrages très-eftimés,
dont le flyle efl pur, quoique véhé-
ment & un peu enflé. Les princi-
paux font: I, De optlmo génère tnter-
praandi Scripturas , Cologne , 1 5 58 i
in-8^. II. TahulA analydae omnium
harefeon hujus fiaiU. III. PancpUa
Evangellca. , Cologne, 1 590 , in-fol.
IV. Pfaltermm vêtus , à mendis 600
repurgatum O de graco atqut hehraïco
fomlbus Uluftratttm , Anvers. V. On
lui doit suffi une édition de la
Meffe ApqftoUque , faufTement attri-
bué à S. Pierre : elle parut accom-
pagnée d'une Apologie & de Com-
mentaires , à Anvers en 1 5 89 , in-8**i
& à Paris, en 1591. La i*"* édition
efl la moins commune. Ce prélat »
non moins éclairé que vertueux ,
poffédoit les langues , les Pcres ,
L IN
& Tantiquîté iàcrée & profeae. H
avoit d'excelleas principes de théo-
logie & de morale , le autant d'élé-
vation dans l'eCprit que de force
dans le raifonnement. Il eut beau«
coup à fouifrir dans le temps des
troubles *, mais il réfifta aux enne-
mis de l'Eglife & de l'Efpagne. Sa
vie a été écrite par Havaifius dans
ioA ouvrage Dt erecUone novanm
in BelgU> eptfcopatmm , & on a donné
le Catalogue de fes ouvrages à Bois-
le-Duc 1584, in-8®.
LINDEN, ( Vander ) ^«y. Va».
D£R-LlND£N.
UNDENBRUCH, (Frédéric)
Llndenbrogius ^ favant & laborieux
littérateur Flamand, au xvii^ fiede,
donna des éditions de VirpU^ de
Térence, é'Alhin^vMus ^ des Auteurs
infâmes des Prlapela, d'AmmUn-Mar^
celRn , &c. Ce qu'il a £ût fur le
dernier ,* fe trouve dans l'édition de
cet hiflorien par Adriai dt Varois^
L'hiftoire & le droit public l'occu-
pèrent enfuite. On lui doit en œ
genre un livre curieux, indtulé :
Codex Legum antlquanm, feu I^es
Wlfigothorum , Burgundionum , Lon*
gobardomm , &c. à Francfort, 1613 ,
in-folio. Ce livre devient rare de
jour en jour. Undenbruch mourut
vers 1638.
LINGELBACK , ( Jean) peintre,
né à Francfort en 1625. Ce maître
a peint , avec beaucoup d'intdli-^
gence , des Marines , des Payfages,
des Foires , - des Charlatans , des
Animaux y &c. L'envie de fe pe^
feâionner dans la peinture, lui fit
. entreprendre le voyage de France
& ^d'Italie , où il s'attira l'admira-
tion des curieux connoifTeurs. On
remarque dans fes tableaux un co-
loris féduifant , une touche légère
& fpirimelle , des loîntjuns qui fem-
blent échapper à la vue. Il a gravé
quelques Payfages, Nous ignorons
l'année de fa mort.
I. UNGENDES, (Claude de)
LIN
né à Moulins en 15 91 , Jéftiite en
1607 , fut provincial & enfuite fu-
péricur de la maifon profcfle à
Paris, où il mourut le 12 Avril
1660, âgé de 69 ans. On a de lui
3 vol. in-4® ou in-8° de Sermons ,
qu'il compofoit en latin , quoiqu'il
les prononçât en françois. L'ap-
plaudiffement avec lequel il avoit
rempli le miniflere de la chaire,
fut un augure Êivorable pour ce
recueil , très-bien reçu du public.
Les vérités évangéliques y font
expofées avec beaucoup d'élo-
quence -, le raifonnement & le pa-
thétique s'y fuccedent tour-à-tour.
Son extérieur répondoit à fes au^
très talens. On a traduit quelques^
uns de fes Sermons en françois fui'
l'original latin , en profitant néan-
moins des manufcrits, de plufîeu^
copiftes , qui avoient écrit les Dil^
cours du Père de Vngendes taqiiïs
qu'il les prêchoit. Ses autres ou-
vrages font : I. Confells pot& fà-
conduite de la vie, II. Vodvum rno^
numentum ah urhe Molinenfi De/phlrià
oblatum, in-4**. Ce dernier fut f^
dans le temps qu'il étoit reûeiat
du collège de Moulins. '
n. LINGENDES , ( Jean de)
évoque de Sarlat , puis de Mâcon ,
mort en 1665 dans- un âge alTei
avancé , étoit aufR de Moulms &
parent du précédent. Il fut précep-
teur du comte de M<»ret ^ fils na-
turel de Henri IF, il prêcha ^vec
beaucoup d'applàudiffement fbus
Louis XIII & (bus lokis^ XIV. Il
n'emprunta point , pour 4eur plaire,
l'art impofleur de la flatterie , &
ne craignit pas d'attaquer le^ vice
fous la pourpre & fous le dais.
Voy, Flechier. ' ' '-' '
lU. LINGENDES; ( Jean de )
poëte François , natif de Moulins ,
de la même famille des précéderis,
jftoriflToit fous le règne de Henri U
Grand. On fe plaît encore à la
fcfture de fes Poéfi^^ foibies à la
LIN iSi
vérité, mais qui ont de la dou-
ceur & de la facilité. Ce poète a
particulièrement réufli dans Ic^
Stances. U mourut en 1616 , à la
fleur de fon âge. Ses productions
font en partie dans le Recu^l de
Barhin , 5 vol. in- II. La meilleure
• efl fon Eié^e pour Ovide.
LINIERE, (Françoii Pajot de)
poëte François , mort et^ Ï704, i
76 ans , eft moins connu aiijoiir-
cd'hui par les vêts que par fcv ,
nTrpictc<î. On ÎSppeloit VJthéi^ îk
Senâs ; & il a^- oit mérité ce nom,
non -fculcipcïït par fes propOS 1
maispnr pMeurs chanfoas impies,
C'eft, flm; V.ifon (fue Mad*" dii
HouHerc^ , donc le fort (dit un au-
teur ) fut TJe donnOT au public de
bonnes thpCps , et de prendre toti-
fours i^ pttrt?: de^ maùvaifci , a
' Voulu JLTOtiier JUffiflw. Cet xncTé-
' âulemouniç comme il avoit vt tu, .
^ VL fé brouilla avec êjîùan , qui lui
i-cprodioit fiMi mïlï^on, Uni avec
"É. Pavln , autre Péifte^, il fit de^
cçniplers cono-ç lé' dtlebce poëte
fetiriquc, qui s ci! 'Vengea à fama-
ïriere , iV cjut 1 m ' dtî avec le public ,
f^* il n* avait dt réjfjti qtti ^pncriDi^^
Le libertinage de l'cfprit avoit
tonmiencé dans Lîàïàx par celui du
cœur. Il avoit de la vivacité dr
une figure avantageufe 5 il étoit »
recherché des hommes & des ftm-
mes. Le vin & l'ànour remplireilt
toute fa vie ', ta ne liïr laiffererit
pas le tempf de feircfdt^^fléxions.'
Dniere eutjdarif fdri'fiéclè quel-
que réputation" èomme poëte.- ^
avoit le talent de -traiter facile«»eitt
un fvijet frivole"? i*âîs des prd4iû<^ %
rions ne refpitènt jamais cette îrfirf*
'ginarion eriîôûeé', douce & bril-^
lante , <ju'on àdtnipe dans lés CHaùl
lieu , les Sttwt'Atdairiy -&c. Ses ver*
fatiriques nç màhqi^ôient pas dé
feu ^ mais' 1^. lui attirèrent plus dé
coHps de cénrie que de lauriètsf.
[ V6yc( dans ce DieHo/maire Ics*^-
%9i LIN
tieles LBoiLEAU... Chapeiaiv...
CONRART... MaROLLES... J/.
Fontaine ( la ). ]
LINNÉ , (Charles von) Unnaus ,
. l'un des plus grands namralifles du
xviii^ fiecle , chevalier de 1 Etoile-
polaire , fondateur & premier prc-
fident de l'académie de Stockholm,
& profefleur de botanique dans
l'univerfité d'Upfal , étoit de pref-
que toutes les académies des fcien-
ces de l'Europe. Mais avant que
d'obtenir ces diftindkions , il eut à
lutter contre le pédantifine & la
mifere. »» Entraîné de bonne heure
»» par un goût dominant qui lui
»» rendoit infipide toute autre étude,
. »« il donne lieu à des plaintes fur fa
V parefle & fon incapacité. Son
»» inepte infHtuteur Lmajîus pro-
•» pofe à fes parens d'en faire un
*? cordonnier , fous prétexte qu'il
w n'avoit aucime aptitude poiu- les
>♦ lettres. Ses parens aigris contra-
y* rient fon goût naturel pour les
« plantes , & finiffent par l'aban-
« donner à fon propre fort. Il eût
« été arrêté dans fa carrière û le
»♦ médecin Rothman , & enfuite Sto^
>♦ hctus à Lunden , ne Teuffent ac-
9» cucillichez eux , & ne lui euffent
»> facilité tous les Moyens d'inf-
*« tru£tion & de ^bfiftance. Livré
>♦ à i'infeôologie , il eft far le
w point de périr par la morfure de
*♦ rinfeÛe connu fous le nom de
»» furie infernale. Le défir vicient
»' de fe perfedionner l'attire à
»♦ Upfal, & il manque pendant
^ long -temps des çliofes de pre-
rt miere néceftlté. Le feul moyen
V de fubiiflance qu'il avoit dans
I» {es cours particuliers de botani-
>« que^ lui eft enlevé impitoyable-
*^ ment par un médecin en crédit.
»» 11 fe porte à la dernière violence
*♦,& jufques aux menaces contre
♦» ce perfécuteur puiffant , & il eft
« forcé de s'expatrier. Errant &
I) pblig;é- de fe plier aux circonf-
LIN
M tances, il arrive en Hollande dé^
9> ,nué de tout fecours -, il auroit
»» peut-être fuccombé , ûins la pro-
» tewlion éclatante de Boerhaave
>♦ qui lui obtient la direéHon du
M fuperbe )ardin de Cliford. 11 rc-
»♦ vient enfuite dans fa patrie -, mais
n fon nom , déjà devenu célèbre,
w tetcite les rumeurs & les intri-
>« gués de la médiocrité ; il s'en
>♦ feroit éloigné pour jamais fi le
«y comte de Tejfin , premier minif-
>• tre« n'étoit parvenu à le con-
»» noître & à le recommander en
)t termes les plus honorables au
>♦ roi & à la reine de Suéde.
M Toutes les diftinéHons & les
» dons de la fortune furent alors
»» la digne récompenfe de la lon-
>» gue fuite de fes revers & de fes
>» peines *4. [ Galette de fantéy n.*
31 , année 1786 ]. Ce favant mé-
decin mourut le lo Janvier 1778,
à l'âge de 71 ans. GuftavTe III,
pour éternifer la mémoire de ce
favant, a fait frapper une médaille
rcpréfentant d'un coté le bufte de
ce favant , & de l'autre la déeffe
Cybele , fymbole deîla Nature , af-
fligée & entourée des attributs du
règne minéral , de plantes & de
quadrupèdes. On lit à l'entour :
Deam luBus an^t amljji , & à l'exer-
gue : Pûji obîtum , UpfalU , D. 10
Januarii MDCÇLXXnih Régit jw
bente. Réformateur de la méÂode
de Tuumefort , Unné en a imaginé
une nouvelle pour la divifion des
plantes en daffes, en genres & en
efpeces. Les différentes parties qui
fervent à la fruftification lui ont
fourni les règles qu'il a fuivies.
11 a propofé vingt-quatre daffes'
de plantes , différenciées avec tant
de juftefTe & de difcernement ,
qu'elles viennent pour ainfi dire
fe ranger d'elles - mêmes, dans la
place qui leur convient. Les bo-
taniftes ont trouvé beaucoup d'a-
vantage, dans la méthode de Xûu4
L I N
^ elle eft aujourdliui aiTez géné-
ralement reçue. Ce ûvant a donné
un très-grand nombre d'ouvrages
au public , prefque tous écrits en
latin , qui feront vivre fon nom
auifi long-temps que l'on cultivera
l'hiftoire natiurelIe.Peu de phyikiens
ont montré autant d'application à
fdvre la nature dans fes plus petits
détails , & ont fait autant d'obier-
valions longues & pénibles. Ses
principaux ouvrages en latin font :
I. Syfiana nature , fiJUns rtgna tria
natune. Leyde ,1735, in-fol. & 17 5 6,
2 vol. in-$^. Ce fut par ce traité
qu'il débuta pour la réforme de la
botanique. U. JSibiiotheca botanica^
Amft. 1741 , in-8^ Il y donne
une notice de plus de mille ouvra-
ges fur les plantes. III. Hortus
CiiffortUnusy Amft. 1737 ♦ in-foL
avec figures. Ceft une deCcription
des plantes rares que Gtorgi Clîf'
fort cultivoit à Hortecamp en Hol-
lande. IV. Cruîccf. botanka , Leyde >
1737 , in -8^ Il y îait voir la né-
celRté de changer les noms dans
les genres & les efpeces àc& plan-
tes. V. Flora Laponlca , Amft. 1737»
in-S®. Ceft le fruit d'un voyage
qu'il fit en Lapoiûe en 1731 , d'où
il rapporta ^^6 plantes. VI. Gtnera
plamarum ; earumque caractères natu~
raUs , Stockholm, 1754, in-B**.
Vïl. Flora Sutclca , Leyde, 1745.
Ceft le tableau des plantes de la
Suéde. VIII. Fama Suscica, , Stock-*
holra , 1746 , in^S^ , avec figures.
On y trouve les quadrupèdes ,
oifeaux , poiftbns , infères, Ôce, de
la Suéde. IX. FJora Zfylanlca ,
Stockholm , 1747 , in-4**. Ce font
les plantes de l'ifte de Ceylan ,
dont Paul Hermann avoit donné la
defcription » arrangées félon le fyf-
tême de Linné, X. Hortus Upfalknfis,
Stockholm, 1748 ,in-8'* , avec fig.
Ceft le catalogue des plantes étran-
gères que Linné a procuarées pour le
iaidin botanique d'Upfal, depuis
LIN a8j
1741 jiifqu'à 1748. XI. Amanuat»
acaïkmicdt , Stockholm , 1749-1760,
5 vol. in-8^, avec fig. : diifertations
intéreftantes en forme de thefes.
XII. MaurU medtca, Stockholm,
1763 , in -8°. XIII. AmmaHumfpe-
dcrum in elajfes^ Leyde, 1759 , in-8^,
Xiy. Oratio de incranends telluris
habîtabllis , Leyde , I744, in-8°. Par
la raifon que la terre a été entiè-
rement couvene d'eau dans les
jours de la création , & que cet
amas d'eau s'eft retiré pour laifTer
la terre à découvert , il prétend
que les mers continuent de fe re-
tirer in£enfiblement : Syftême qui
n'a pas fait fortune. XV. Nemefis
divlna » recueil d'obièrvations pour
prouver que Dieu punit les ûnpie$
^ les fcélérats , même en ce mon-
de ; ouvrage qui pour le fond des
cbofes refiemble en partie à celui
de Salvien, De Provldmtla. Unni
jouiftbit en Europe d'une eftime
générale : aufii , quand l'emporté
la. MiurU , en écrivant contre ce
naturalifte qui range dans la même
clafle l'Hippopotame , le Porc &
le Cheval, lui dit:*CHEVAL TOï-
MÊME ; VoUaîre lui répondit; Vous
m* avouerai que fi M, Linnaeus tft un
Cheval^ e*tfi U premier des Chevaux,^*
Ce botanifte étoit de petite taille *»
mais il avoit l'œil vif & perçant. Sa
mémoire » qui étoit excellente ,
s'aiFoiblit un peu dans fes derniers
jours. Il joignoit une grande fen-
fibilité à un câraâere très-agréable.
Il fe mettoit aifément en colère»
6 s'appaifoit auifi Vilement. Son
ame, ferme & courageufe, lui fit
foutenir de longs travaux & des
voyages pénibles. Il parcourut »
en 1732, preft]ue to^te la Lapo*»
nie pour bâxt des recherches .fur
l'hiftoire naturelle,. & dans cetto
favante courfe il brava les horreurs
des déferts, des précipices, de U
feim» de la foif, du chaud & di|
firoid, £n 1736 , il fit le voya^
'^•5
'€^-:%
184 L I O
d'Angleterre , où il fe lia avec lei
plus célèbres phyficiens &: les plus
habiles médecins de cette ifle. h>y.
11. Jl/SSIEI/,
LINUS DE Ch a;lcide , fils d*^-
po/lon & de Toffficore^ OU, felon
d'autres , de Mtratrt & ^Urame , &
frère à' Orphée , fut le maître d'^er-
oiZe , auquel il apprit l'art de jouer
de la lyre. Il s'établit à Thebes,
inventa les Vers lyriques & donna
.des leçons au poëte Thanùre, Linus
fut tué par Hercule , difciple peu
docile , qui , las & impatient de (a
févérité , lui brifa un jour la tète
d'un coup de fon inftrument. Selon
d'autres mydiologiftes, il fut mis
>%%^* '; ^ TBCLcrt^dx Apollon^ pour avoir ap-
•WlS*';. pris aux hommes à fubftituer des
' ♦it f ^ ' ^*^*^^ a"3t fils dont on montoit
. l*>\./r sdors les infirumens de mufique.
'%/ - Quoi qu'il en (bit , on lui attribue
'v%vf. l'invention de la lyre. On trouve
^- ' fv dans Stobée quelques Vers {o\3S le
7 ".^ ' fiom de linus; mais ils ne font
: ïÀ pas, vraifemblàblement, de lui.
- I. UONNE, ( Pierre de) céle-
•i .. . Ure «apitaine du xiv* fiecle ,
d'une des plus' anciennes maifons
'^ ) de Dauphiné, rendit de grands
fervices aux rois Jeau^ Charles V
& CharUs VI ^ contre les Anglois
& contre les Flamands. Il fe fi-
gnala fur-tout à la journée de Ro-
fcbec , en 1381. Ce héros mourut en
1399.
II. LIONNE , (Hugues de ) de
la mêmefiaLmille que le précédent;
s'acquit l'amitié & la confiance du
cardinal Ma^arln^ & fe- diftii^ua
dans fes ambafiades de Rome, de
Màdtid &: de Francfort. Il devint
minifire d'état , fut chargé des né-
goçiadons les plus difficiles, &
s'en acquitta avec beaucoup d'hon-
neur pour lui ôc pour la France.
Il mourut à Paris le i*' Septembre
167 1 , à 60 ans. Ce minière étoit
auffî. aimable dans la.fociété«, que
^lijioneiix. dans le, cabinet. Voici
L I O
comment Saint-Evremont parle dé
lui dans une lettre à Ifaac Voffm,
>* Je fuis furpris qu'un homme
M auffi confommé dans les négo-
M dations , fi profond dans les
M affaires, puifle avoir la délica-
*t tefTe des plus |>olis courtifans
M pour la converfaticm & pour
»» les plaifîrs. On peut dire de lui ,
n ce que Sallufte a dit de Sylla ,
tt que fon loifir efi: voluptueux;
M mais que par une jufie difpen*
w fation de fon temps , avec la
M facilité dé travail dont il s'eft
M rendu le maître , jamais affaire
M n'a été retardée par fes plaifirs.
»t Perfonne ne connoît mieux que
V* lui les beaux ouvrages ; perfonne
*« ne les ^t mieux : il fait égale-
>» ment juger -& produire-, & l'on
M efi en peine îi l'on doit eitimer
M plus en lui la fineife du difcer*
n nement, ou la beauté du génie «<•
De Lionne fut fort regretté , ftdvant
le même écrivain, w C'efl le feul ,
( dit-il en parlant des minifhes
d'état, )»♦ qui ait fait appréhender
n de le penire , & fait connoitre
>» ce qu'on a perdu au même infiant
w qu'il eft mort ««. Ce minifhe
libéral , prodigue même , ne re-
gardoit les biens & les riçhefles
que comme un moyen de fe pro-.
curer des amis & des plaifirs. Il
fe livra fans ménagement à ceux
du jeu , de l'amour & de la table *,
fa famé & fa fortune en foufïri-
rent également. On a fes Négoàd»
dons à Francfort^ in -4**, & fes
Afémoires imprimés dans un Recueil
de Pièces , in-i 2 , 1 668 : ils ne font
pas communs... Jrtus de Lionns,
l'un de fes fils, fîit évêque de Ro«
falie , & vicaire apofloÛque dans
la Chine. Il mourut à Paris le 2
Août 171 3 , à 58 ans, avec une
granderéputadon devenu &dezele.
LIONS, Voyei Deslions.
LIOTARD , ( Jean-François )
né à Genève en 1703, mort en 178.H
LI P
fiohpeîiitre & graveur. Il réuA^Ott
parfaitement dans le portrait. Il
voyagea dans le Levant & demeura
5 ans à Confhntinople > où Tes
talens lui valurent l'honneur d'être
appelé au férail du grand-feigneur
pout y faire les portraits des ful-
tanes. Le coftume oriental lui
plut; il laifla croître fa barbe avec
d'autant moins de répugnance*
qu'elle cachoit une partie de la
difFormité de Ton vifage. Etant re-
venu en France , il conferva fon
extérieur levantin. Ce fut ainfi qu'il
parut à Paris en 1752* Son habit
6 fa barbe fuffirent pour l'élever
au defiits de la foule. Les pariûens
& les pariiiennes s'empreflerent de
fe Êdre peindre. Son nom par-
vint bientôt à la cour , où il pei-
gnit Louis Xy êc la Emilie royale.
Il fit en peu de temps une fortune
brillante, qui ne fut pas due en-
tiéremènrà Tenthoufiafine paiTager
que fon coftume avoit excité. Il
fàiMbit par^temem non-feulement
les traits , mais le cara^ere de ceux
qu'il pe^oit. Clément de Genève
l'appelle le Pebitn de la vérité , &
dit qu'à Venife & à Milan les
femmes de moyenne beauté crai-
gaoient de fe faire peindre par lui.
On prétend que la marquife de
Pompadour fut blefTée de fa fcrupu-
leufe exaéHtude ; & en lui donnant
cent louis pour le prix de fon por^-
trait , elle lui fit fentir que fa barbe
^oit fon principal mérite. Il eft
vrai que Idotard ne brilloit pas par
le coloris ; mais û l'art de faiûr
la reffemblance eft le premier ta-
lent d'un peintre à portraits , l'ar-
tiûe genevois étoit un homme peu
commun dans fon genre. On a
gravé pluAeurs de fes portraits &
<ie fes defHns. On connoit les
eûampes de fes Grecques & de
fes Turques. Liotard a gravé
deux fois fon portrait, le profil
de l'impératrice Muirh - Théreft ,
L I p x9^
le portrait de U/eph II, Vénus en«
dormie du Tiâen , fa fille Maru*
Tkénfe , des Fumeurs flamands ,
&c. &c
LIPENIUS , ( Mardn ) Luthérien
Allemand, mort en 1692, à 62 ans»
épuifé de travail , de chagiûis &
de maladies, étoit un laborieui^
compilateur. On a de lui : I. Un
Traité curieux fur Us Entnnc» y 1670,
in-4^. II. BibUothtca reaUs , 6 voL
in-fol. C'eft une table univerfelley
mais très-inexa£le , des matières
pour les différentes fciences , avec
le nom & les ouvrages des auteurs
qui en ont traité. Il y a 2 vol. pour
les théologiens , 2 pour les philo/o-^
phes -, les jurlfconfultes & les méde^
tins en ont chacun un. Elle parut
à Francfort en 1675 & 1685.
LIPMAN, Rabbin Allemand, .
dont on a un Traité contre la re-
ligion Chrétienne, qu'il compofii
en hébreu en 13.99. Il efl intitulé:
Nitfachon ; c'eft-à-Klire , Victoire*
Mais rien n'efl moins viâorieux
pour les Juifs, que ce pitoyable
ouvrage. Theodorle Hdkfpan le pu-
blia en 1644, à Nuremberg »in-4\
L LIPPI, ( Philippe ) peintre»
natif de Florence » mourut âgé de
57 ans, en 1488, avec la réputa-
tion d'un homme qui avoit plus de
talens'que de mœurs. U eut beau-
coup de partifans dans fa patrie*
& le Jour de fon enterrement tou-
tes les boutiques furent fiermées,
U laifla un fils , nommé aufil FhU
lippe LiPPif qui fut peintre comme
luL II l'avoit eu d'une jeune pen-
fionnaire qu'il corrompit dans un
monailere de Florence , où il avoit
été appelé pour fon art. Ce fils ,
aui£ réglé dans (k conduite que
fon père avoit été débauché , mou-
rut en 1C05 , à 45 ans.
U. UPPI, (Laurent) peintre &
poëte Florentin, eft connu des fk-
vans par un fameux poëme burlef-
^ue , inàtulé : M<^<»^^< Ra^uifyto,
i8<5 L IP
impriiné à Florence en i68S ,'m-4^ ,
fous le nom de Perlonc Zipoli , qui eft
ranagranune de Laurent Llppl. Oit
l'a réimprimé en 173 1, in-4°, à
Florence , avec des notes curieuîfes
de Salvini & BiJfioni\ & depuis â
Paris , 1768 , in-i2. Uppl eft plus
connu par cette produâion de fa
mufe , que par celles de fon pin-
ceau , quoique Tes tableaux l'élevé-
vaiTent au deiTus du commun. Il
mourut en 1664.
^ I. LIPPOMAN , ( Louis ) favant
Vénitien , fut chargé des aflàires
les plus importantes , & parut avec
éclat au concile de Trente. Il fut
l'un des trois préfidens de ce con-
cile fous le pape/«/« ///. Paul IV.
l'envoya nonce en Pologne l'an
ly 56 , & le fit fon fecrctaire , en-
fuite évéque de Modon, puis de
Véronne, & enfin de Bergame. Il
mourut en 1559, avec la réputa-
tion d'un bon négociateur. Ce pré-
lat poiTédoit les langues, l'hifloire
eccléfîailique , facrée & profane *,
& fur-tout la tliéologie. Son ca-
rafVere manquoit de douceur, &
il traita avec une févérité inouie
Its Juift & les hérétiques pendant
fa nonciature en Pologne. On a
de lui : I. Huit volumes de com-
pilation, de Vies des Saints^ 15 68,
in-fol. , recueillies fans critique &
fans difcemement. II. Catena in
Genefim , în exodum , 6» in aâquot
P/a/mos^ 3 vol. in-fol.
IL LIPPOMAN, (Jérôme) no-
ble Vénitien , tour-à-tour ambafla-
deur à Turin, à Drefde , à Naples ,
à Conftantinople , s'acquitta des
commiffîons les plus importantes
avec beaucoup de fiiccès. Mais ayant
été acpifé devant les inquifiteurs
d'état^ d'avoir vendu le fecret de
la patrie aux* princes avec lefquels
il avoit eu à traiter , il fut arrêté
à Conftànttnople & conduite Ve^
nife. Ldppoman prévint Ion fup-
pltee par fa mort. Un jbur ayant
dmufé fes gardes , il fe jeta iÉiiê
la mer pour fe fauver à la nage*
Les mariniers le reprirent; mais il
mourut 1 heures après , en 1 5 9 1 .
LIPSE , ( Jufte ) né à Ifch , vil-
lage près deBruxelles, le 18 Oôobre
1547 , commença à écrire lorf-
que les autres en&ns commencent
à lire. A 9 ans il £it quelques Poèmes ;
à 12 desDifcours-, à 19 fon ouvrage
. intitulé Varia leâiones. Le cardi-
nal de GranvdU^ furpris & char-
mé de fon génie , le mena à Ro-
me en qualité de fon fecrétaire*
De retour en Allemagne , il pro*
feiTa avec beaucoup d'applaudiflie-
mcnt l'hiftoire à lene&à Leyde,
& les belles - lettres à Louvain.
Ses leçons lui firent un fi grand
nom , que l'archiduc Albert , & l'in-
fante ifahelU fon époufe , allèrent
les entendre avec toute leur cour.
Henri IV, Paul V, les Vénitiens,
voulurent l'enlever à Louvain ;
mais ils ne purent le gagner , ni
par les préfens , ni par les promcf-
îès. lif/è, dans fes différentes cour-
fes , avoir changé de religion en
changeant de climat : Catholique i
Rome , Luthérien à lene, Calvi-
nifte à Leyde; il redevint Catho-
lique à Louvain. Depuis ce der-
nier changement, il eut toujour»
une dévotion fervente à la Sainte
Vierge. U écrivit VHiJioire de No^
trc^Ddme de Hall , comme on l'au-
roit écrite dans les fiecles de la
plus craffe ignorance..Il adopta , fans
examen , les fables les plus ridicu-
les , les traditions- les plus inccr-^
taines. Il confacra fa plume d'argent
à cette cliapelle. Dans la dédicace de
fa plume en vers latins , il fe donne
des éloges exceffifs, & cet hommage
ne pafTera jamais pour celui de l'hu-
milité. Ce ne fut pas fans doute
fous l'infpiration de la Sainte Vierge
qu'il écrivit fon Traité de PoGù-^
que,àsins lequel il ibutient >* qu'il
>f £auc exterminer par le fer & S^
y
L IP
fi le féu ceux qui font d'une au<*
rt tre religion que celle de 1 état ,
w afin qu'ua membre périfTe plu-
>» tôt que tout le corps *«. Ce fa-
vantfl peu humain mcnirut à Lou-
vain le 23 Mars 1606, à 58 ans.
Il ie fit lui-même cette épitaphe ,
qui àoaoen une idée de fon ftyle.
Qtiis hïc fipu/tus , quarts ? Ipfe cdif"
fêram,
Nuptr locutus & flylo & linguâfuli
iVwzc aàsro Habit, Egojum LipiiMS ,
CidUtura dont nomea & tuus f^vor^
Sid nomen,,. ipjï ablvi ^ ahtbU hoc
quocrut y
Et nîhU hic orbîs ; quod pcrrennet .,
pojjidet.
Vis aàlure voce nu tccttm loqul ?
fiumana cunciafumus , umbra, vanuas ,
Et Jcmx imago , 6» , verbo ut abfolvamy
nlhiL
Extr^jttum hoc fc alloquor ;
Etcmàm ut gaudeam y tu apprccare,
/. Ljpse ordonna à ifon époufe,
en mourant , d'offrir fa robe-four-
rée de profefleur à l'autel de la
Vierge de Saint-Pierre • de Louvain.
Sa femme offrit effedHvement ce
fingulier préfent ; mak comme il ne
poiivoit fervir de rien à cette cha-
pelle , on la vendit à Gérard Cvr-
ftiiiis , qui s'en fervit depuis en
mémoire de Upfe, L'aident fut em-
ployé à des ufages de dévotion.
Jt^Upfi avoit paru anime , du
moins d^ns fes derniers jours , par
une piété véritable -, car , dans fa
jeuncffe, il avoit beaucoup aimé
les femmes.,.. SesUgsr^ Cafauhon &
lui, pafToient pour les Trmmvlfs de
la république des lettre?. On ne fe
contentoit pas d'admirer Upfe ; tous
les jeune» gens cherchoicnt à l'imi-
ter. Le goût du public a été de tous
les temps une vraie machine , qui
s'eft élevée & qui s'eft abaiffée au
gré des auteurs célèbres. 7k/& Llpfe
eut affez de réputation dans fon
•^P5 > pour être pris univcrfeU^
L I P 187
ment pour modère. On^ n'en pou-
voit guère choifir de plus mauvais.
Son ftyle fautillant , incorrcéT ,
femé de pointes & d'ellipfes , gâta
une inanité d'écrivains en Flan^
dres , en France & en Allemagne.
Ju^ jjyjc croyoit s'être formé fur
Tadte , & il n'avoit pris que foh
obfcurité & fon âpreté. Il favoit
par cœur cet hiftorien , & il s*o-
bligea un jour à \écïtçr mot pout
mot tous les endroits de fes ou-
vïages qu'on lui marqueroit , con*
fentant à être poignardé , en ca^
qu il ne les récitât pas fîdellement.
»♦ Outre ce que Jujh Lipfe a écrit ^
( dit M. Formel J >♦ fur les matière»
M de jurifprudence & de politique ,
»♦ il s eft propofé de rétablir toute
w la dofïrine Stoïcienne , tant À
r> l'égard de la phylique que de la
»♦ morale ; & fes ouvrages à ce fu*
« jet font remplis d'érudition. 11
»» n'eft pounaut pas également heu*-
»» reux par-tout. Il n'a pas faifi 1<5
»♦ véritable fens des axiomes du
»» iloidûne -, & fe laiffant éblouir
»♦ par les grands mots que cette feôe
»♦ prodigue , il n'a pas eu la circonf-
w petBon néceffaire pour décott-
>» vrir & éviter le venin qu'ils re-
» cèlent. Ainfi prévenu, il a pro*
»» pofé comme des doÔrincs fai-
»♦ nés , pieufes & conformes au
»» Chriftianifme,les chofes les plus
>» dangercufes & les plus diamé-
>♦ tralement oppoC^es à la religion.
»♦ En politique , il voulut fe mon-
>» trer Ecle6>ique*, mais ce qu'il écri*
»♦ vit en faveur de l'intolérance ,
vt lui attira de fortes réfutations
*♦ & de vives cenfures. 11 démentit
»» les principes de confiance em-
»♦ pruntés du Stoicifme , qu'il étala
>» dans {e& écrits , par l'inconftance
»» qui régna dans toutes fes dé-
M marches , fur-tout en fait de reli-
« gion «. ( Histoire abrégée de la
Pkliofophiey'pRg. 240.^ Sa figtire,
^ fa converûàosi no répon4oiênf .
i88 L I P
poiat à la grande répuaôon qu^il
s'étoit £ûte. Les étrangers qui ve-
noient rendre hommage à fes ta-
lens , ne pouvoient' concevoir que
•ce fût cet homme dont la renom-
mée étoit û étendue/^ aimoit à
l'excès les chiens Sx, le$%^ijgn \ &
il dit : »* qu'il préféroit certains
n oignons de tulipe à des lingots
>» <l'or ou d'argent «t. Les ouvrages
.de Llpfc ont été recueillis en 6 vol.
io-folio, à Anvers, 1637 ; & cette"
.colleâion n'eft guère feuilletée
,^ue par des favîps poudreux. Les
principaux écrits qu'elle renferme 9
font : I. Un Commciuain fur TacUt ,
aiTez cftimé. Muret prétend que ce
qu'il y a de mieux dans cet ou-
vrage , a été tiré de fes écrits. Jujie
Lîpje paEoit pour plagiaire , & cet
liomme , qui doanoit des robes à
ja Sainte Vierge , ne fe feifoit pas
un fcrupule de dépouiller les auteurs.
jSaumaî/c , le président du Faut , le
chevalier de Morualgu , & pluiieiirs
autres écrivains le lui reprochèrent.
.11. Ses Satumalts. III. Son Traité
De mUitU Ronuuia. IV> Ses E/ecles ,
ouvrages de critique, pailables. V.
Un Traité de la Confiànu , fon meil-
leur ouvrage , fuivant quelques
critiques. Xzpyê n'avoit pas été le
jSaint de fon fermoa. Nous avons
4éjà vu qu'il avoit promené fon
efprit de religion en religion. Mais
c'eft peut-être ce qui lui fit con-
nohre la néceifité d'être confiant
dans la véritable. VI. Ses Dlverfes
JLeçons : ouvrage de fa tendre jeu-
nefle, beaucoup mieux écrit que
les produâions de fes derniers jours.
Jljpafla du bon au jnauvais goût.
yiL Son TrdiU de Politique; com-
pilation afTez médiocre, & que
l'auteur aimoit beaucoup *, fem-
blable à ces mères bizarres , qui
donnent toute lepr tendrefTeà ceux
de leurs enians q^e la nature a le
plus maltraités. VIII. De wia Reâ"
l^iu. IX. Dt Çrm Sk§, très , Leyde ,
L I R
1695 , in-ii ; ouvrage plein d'éro*
dition. X. De Cruels fuppâdo afui
Rotnaaos ufitato , dans les Antiquités
Romaines de Kippingius. XI. De
Amphttheatris » dans les Antiquités
Romaines de Graevius. Les huit
Harangues qui ont paru à lene fous
fon nom, lui ont été attribuées par
des hommes de mauvaife foi , com-
me il le prouve lui-même. Cent, iv»
MlfulL Epifl, 69.
LIRON , (Jean) favant Béné-
diûin de la congrégation de Saint-
Maur, très-verfé dans les recher-
ches & les anecdotes littéraires ,
naquit à Chartres en 1665 , &mou-
rut au Mans en 1749 , à 84 ans.
Nous avons de lui deux ouvrages
curieux. I. L^Bihliotheque des Au'
teurs Ckartrains , 1719 , in'4^. Si
Ton retranchoit de ce livre un
grand nombre d'auteurs qui n'a-
voient aucun droit d'y être placés ,
on le réduiroit à un petit vol. in-ii.
Une foule d'évêques, de chanoines ,
de curés , de petits écrivains connu s
feulement par une chanfon nos
imprimée , y font une figure inu-
tile. D'ailleurs , il eft un peu pro- |
digue d'éloges envers des écrivains
qui en méritent bien peu. Le projet I
de l'auteur avoit été de &ire une |
Bibliothèque générale des Auteurs de
France , & il avoit commencé par
ceux de fa patrie. II. Les Aménités
delà critique y 1717— 1718, en %
vol; in- 12. C'eftun recueil dedif-
fertations & de remarques fur di-
vers points de l'antiquité ecdé-
iiailique & profane. lH. les Singu-
larités Hiftoriquês & Littérains , Paris ,
1734—1740 , 4 vol. in-ia. Ce
font des fiaits échappés aux plus
laborieux compilateurs , des noms
tirés de Toubli , des points de a»
tique éclaircis, des bévues d'écri-
vains célèbres relevées , des opi*
nions combattues , )d'autres établies :
tout cela aiTemblé fans beaucoup
d'ordre, écrit d'un f^le ample ,
pas
LIS
ps tbu)outs exempt d*expreflloiis
«acorreôes & de phrafes mal cognC^
truites, mais femé de l'énididon
h plus redierchée» On voit un
homme qui UCoit beaucoup , & qui
ne paile fur rien iàns faire des cor-
leéÛons ou desi remarques.
OSET, FDyexLu.Er.
LISIAS, -^LïSiAs.
I LISIEUX , — Zachaeib dé
! Lifioix , n** VI.
I I. LISLE , ( Gaude de ) naquit à
I Vaucouleurs en Lorraine , l'an
1^44 , d'un père qui étoit médecin.
Le fils fe fît recevoir avocat ; mais
r#mde de la îuriTprudence n'étant
pas de Ton goût , il (e livra tout
entier à l'kifioire •& à la géogra-
phie. Four fe perfeâionner , il
vim à Paris « cù il Te fit bientôt
connoître. Il y donna des leçons
pamculieres d'hiôoire & de géo-
graphie, & compta parmi fes dif*
ôples, les principaux feigneurs de.
la cour , & le duc d^Orlians ,
depuis régentdu royaume. Ce prince
conferva toujours pour lui une
; a£SetHon ûng^ere , & lui donna
i fouvent des marques de Ton eflime.
i Dt Uflc mourut à Paris le 2 Mai
Z710 , à 76 ans > laifïant 4 fils &
une fille. On. a de lui : I. Une
Bdadon Hljiorlque du royaume de Slam^
1684, in- 1 a , aiïez cxaÛe. II. Un
Ahrégé de PHlfiotre UnlverfelU , depuis
la création du inonde jufques en
1714; à Paris", 7- vol. in-ia ,
173 1. Cet ouvrage, plat , ennuyeux,
iuperficiel, eft le finit des., leçons
que de Ufle avt)it faites f^r l'HiÔoire.
Il y a cependant quelques fingu-,;
laorités qui le firent rechercher dans
le temps. Ut. tfne litr^duciLn a la
Ciogcaphle ^^ avec mvl Traité de là
SphJe, 2 voKïn-ia^à'paris , 1746 -,
liyre publié fous le nom de (on
fils aine, le Ccographcv qui fuit.
• U. LISLE^ (Guillaume de) fils
du précédent ,j i^aquit à. Paris en
ï^j. Dès l'âge ;de huit ou neuf
Tome r^
LIS: a8^
aflsilcomxnençaàdeffijierdesCarteSf
& fes progrès dans la géographie
furent cous les jours plus rapides,
A la fin de 1699 , il do/ina fes pre-
miers ouvrages : une Mappemonde ^
Tfr Cartes des quatre parties de la
terre , & deux Gi4^hes , l'un célefle »
l'autre terreftre , qui eurent une
approbation générale. Ces ouvrages
différoient beaucoup de ceux qui
avoient paru jufques alors, v La
»•> Méditerranée , (dit Fontenelle ,).
Vf mer connue de tout temps par
•t les nations fayantes , •toujours
»♦ couverte de leurs vaiffeaux , tra-
>♦ verieede tous les fens pofiibles
« par une infinité de navigateurs ,
»» n'avoit que 860 lieues d*Occi-
»> dent en Orient , au lieu de 116 6
v> qu'on lui donnoit.; erreutpref*
»► que incroyable. L'Afie étoit pa*^
w reille^nent raccourcie de 500
>t lioues ; la pofition de la terre
>♦ d'Yeco , changée de 1700 ; une
M iniisdté d'autres cortedionsmoins
n frappantes & moins fenfibles , ne
>» furpienoient que les yeux favans^
>» encore M. de LijfU avoit-il jugé
>* à propos de refpeâcr jufquà ua
>* certain point les préjugés établis,
»* & de n'ufer point à toute rigueur
9t du droit que lui donnoient fes
»♦ décQuvertes , tant lé feux s'attiie
n d'égards par une certaine pof-
»♦' fefnon où il fe trouve toujours « t
Ces premiers ouvrages furent fuivis
de plufieurs autres qui^ lui méri-
, térént une place à l'académie des
fciences ^ en 1702' j le titre de
premier géographe du roi & une
; penfion, en 1718* Choifî pour
. montrer la géographie à Lotus XV ^
il. entreprit plufieurs ouvrages pour
^ l'ufage dé ce jeune monarque-, il
dreila une Carte générale du mànd: ^
• & une autre de la fanieufe Rara'.tt
\ des Dix mille. L'illuftre élevé devint
l'émule de fon maître. Lotâs XV
a^, été l'un des monarques de
rËurope , qui pbfTédoit le mieux
T
tiço LIS
U géographie. Il a compofè im
Traité au touTM de tous les fleuves ,
. précieux pour les recherches &
pour rexaâitude.... La réputation
de de Ufle étoit fi répondue ft û
bien établie, qu'il ne paroiiToit pres-
que plus d'HiAoire le de Voyage «
^'on ne voulût Tomer de fes
cartes. 11 travailloit a celle de
Malte pour Vmftoint de l'abbé de
Venot^ lorfqu'il Ait emporté par
une apoplexie , le 15 Janvier 1716 ,
â 51 ans. Ses Canes font en très-
grand nombre & très-eftimées. Ce
ne font point des répétitions de
Cartes plus anciennes ; on voit
dans les fiennes l'hiflorien qui
tecueille les témoign^;és , & le
géographe qui mefure 8c qui corn-
piare. On peut en voir la iiftedans
lé Mêrcurt de Mars 171^. Il dcvoît
donner une IntroduSHon à la Géo^
gtiqfhie , dans laquelle il auroit'
rendu compte des raifons qu'il
«voit eues de faire des change-
mens aux Cartes anciennes ; mais '
fil mort prématurée priva le public
de cette mile proditétion. Le nom
de ce géographe n'étoit pas moins'
célèbre dans les pavs étrangers que'
dans fa patrie. Pltiueurs fouveraîns
tentèrent de renleyer à la France, '
mais toujours intitilement. Le tzar
FUrre , dans fon voyage à Paris ,'
alloit le voir familièrement , poui;'
lui donner quelques remarques fur ^
la Mofcovie -, & plus encore , dit
FontenelU ,poûr cOflttOîti^chèz'hii ,/
mieux que par-tout ailleurs , fon
propre empire/ '
ni. LISLE , (Joftph-NîcOlas de)
fijere du précédent , naquit i Paris,
en 1688. Après avoir fait dé bonfies '
études aii collège Ma^arm , il fé *
cônfacra tout entier aux mathé-
matiques. L'àftronomie avoit fur-^'
tout des attraits puiiïans pour lui» '
L'éclipii totale de foleil , arrivée
le 12' Mars 1706 , fiit comme le
figaal que là natùrç iesjâ>l\ à<^m& '
lia L s^'-
à fim génie. Diepu» il ne ceffa éi
• fûre des obfervations afirondnit^'
qaes , donr plusieurs font très*
importantes. La place d'élevé que
l'académie des Sciences lui donns
en 17 X4 , fut un nouveau lien poiîr
le jeune aAronome. Les mémoife»
de cette compagnie forent bientôt
ornés de fes réflcaioAs & de iès
<tfertftlions^ Il propo6 en 1720
de déterminer la figure de la terre «
eli Frttnfce ; 8e les vues à ce fujee
farent mi^ en exécution , quelques
années après« U "fit en 1724 le
voyage d'Angleterre , & y fut trcs-
lûen accueilli par Newton & HaU^^
Le premier lui fit préfent de foa
portrait , & le fécond éc fes Tables
agronomiques ^ qui né fkrent doit*
niées au public que long-temps de^
puis. La fociété royale , ft fucce^
fivement toutes les compagnies fa->
vantes de l'Europe, s'empnsflerent
de s'aflbcier M. de JUj/U ; & il eft
mort doyen de toutes les grande»
académies. Appelé en Riâfe en
1726 , il y obtînt uhe penfion con*
ôdérable éc un obfervatoire vaflt
& commode ; & ne revint dans û
patrie, en 1747» qu'après s'être
fignalé par des travaux immenlès
eil géographie & en afirononue.
Il les conrinua à Péris , où il étoit
pfofeflHir au collège - royal ^ H
îâmoL des éteves £gnes de loi,*
efïtt'âutres le célèbre M.deU Lanêt
& M, Meffier. Enfin ; il termina fa
longue & glorieufe carrière en 1768
à 80 an^. Une piété vraie , des
mœtirs douces, une foèiéeé tran-,
qûifle, le défiméreffement le flva
grand : telles étoîent lei qUalhés'
dé cet illufire ârtrdnctoe. La drdi-
fùre de ion ^^ éclata. dans toute
faf Conduite ; Bc s'il fté fut pas tou*'
jdtirs communicatif , il ne connut
pas non plus ces âgreurs ,^ ces ja-
Idûfîes qui divifent quelquefois lès
favans.^11 a laiffé un- grand nom-.
htï db porce-feaiUes > rea&tn»it
LIS
pluâeurs colleûlons précieufbs , St
qui peuvent être très-utiles aux af-
troàomes , aiîTi; géographes , aux
llavigateurs.^ Nous avons encorç
de lui ; I. d'excellens Mimolr&spour
fcryir à tWfioîre de PAJironomlc ,
Î738, cii a vol. in-4^, H. Divers
Mémîns^ inférés dans ceiuc de l'a-
cadémie des {cienccs & dansquelr
ques Journaux. III. Nouvelles Cfrr
us des Découvertes de t Amiral de
Foau, ij^t^ in-4''. Enfin il suroij
pu , (kns (Toute , donner un plu$
grand nombre d*ouvragçs i ^ais là
Yafte étendue de Tes vue^ & de fes
projets , ^foit qu'il ràflçmlîloit
ooaucoup & qu'il publloit peu.
IV. iSSLE DE LA.DREVÉTIERE4
{Louis-François de) né à $uze-l^
Rouâfe en Dauphiné , mort ^ù moifi
de Novembre 1756, dans un âge
^dez avancé , étoit iiTu d une fa.-
miUe noble àâ Périgor<t Son peirç
1^ vivoit.d'ùn revenu modi^e,
l'envoya à Paris pour y finir -fes
études. Le Jeune de Lîfie ie diitinr
gua en rhétorique, & fur - tout en
philofoçhie^ u ûit en écarter les
laots baroqnes & les argusoens bir
zarres \ pour s'attacher aux raifoa-
nemeos folides. Il fit. ciiAûte fon
droit « dans, le deiîein de fuivre le
l^arreau ; mais Tamour du plaiiir le
détourna de ceae carrière^ Son père
ne pouvant le foutenir ,i^, jP^fis:^; ^
^e vit réduit à vivre de fes tai^çn^»
Il travailla pour le théâtre Italio^
Ea J721 y il donna au, public jCa
çoniédie à'Aj>ieqMh /auyage / pièce
excellente y jui'on voit tou)ouriS
avec playjr. En lyaa U. fit. repré-
feiuer Timon le Mtfmuknij^èi mii eut
!^ plu^'gr^nd Tuccès, X'annee fuir
vante il donna Arleqma au Bajtqua
desfftSa^ , comédie qu'oB rece-
vroit pCîAt^ètre mieux aujourd'hui
qu'elle ne le fiit alors , parce que
le goût de la philosophie n'étoi^
pas dominant Cette pièce fut fuivie
i^'tm^uit nâ^\ Û sii; au jour
LIS a9i
en 1^15 fa comédie du faucon ^o\x
lis Oies de Bocace, On a encore dé
lui : EJfulfur t amour-propre ^ poëmet
1738 , in- 8*^ -, la Découverte des Lon-
gltud^s , În-I2 , 1740 ; Danaus »
tragédie , 1731 -, le Berstr d*Àm-
phry'fe ; le Vala Auteur i Arlequin
Afirolû^ue \ Arlequin Grand^r Mogf>J{ ,
&c, & quelque^ Plcces de Vers.,
recuçillies eà un feul volume. l)c
UJle étôit d'un,caraftcre fier, taci-
turne & rêveur; Ôc aç ppuvoù
s'ab^fîer qu'auprès des grandsi:
encore difoit - il ,qu7/ y avolt trop
àfouffrîr dans leurs ' antichambres, fl
ne faut pas le confondre avec, un
autre de lijlfi\ mon à Paris en
Mars 1784, Celui-ci étoit un lit-
térateur aimable qui setoit Êiit uji
nom par de joJis complets répan4i^
^à U Cour , ce q\fx I avoit fait fuir
^lonuner Dçiîfle-No'èis, Beau<^up d^
îiçilité& ','iàC. tal^t accable l'ap-
[pellerent auprès du duc de Choifeul
& de la maiîbn de jt<?À<i« j enfin , j^l
étoit attaché k Monfqgnçup comte
d'Artois^ qui lavoit honoré d'uoik
'penfipn. Il a ^légué tous fes voe^
.nufcriits â^ Prl/ice ;^ on croit qu'lU
contiennent des d^oiés fon curieu^
'fes. ' '.;
^^ LISOLA , (François baron de ),
n^ à Salins en 161 3 , entra au fer r
vice de l'empereur en, 1639 , &lui
fut utile par iès négociations & par
{>::& écrits. Il fut employé dans tous
Jes traités 1^ plus célebi;b > & mou^
rut en 1677 i.$4, ans ^ un peu avaiq^
les conférences de Nime^e. On a
de lui : 1* Un ouvrage intitulé :
BoucUer d'Etat & de fujilce y dans
lequel il entreprend de réfuter les
.çlroits de la France fur divers étaii$
de la monarchie d'Efp^ne. Cet
. ouvrage plut (beaucoup à la maifoa
d'Autriche^ &; fut très - défagréable
à la France. Verjus » l'un des plé-
nipotentiaires au traité de Ryfwick
en 1697 r -écrivit contre cet auteuf
avec beaucoup de vivacité, Ùjpla
Tij[
19^ LIS
lut répondit par une mauvâfe bro-
chure qu'il ijlôtula : La faucc au
Verjus , xaifant une plate allufion au
nom de fon adverfoire. Ce n'eil
pas la feule mauvaife plaîfamecle
qui foit daiis ce livre. II. Littn^ &
Memo.res , in- II.
LISTER, ( Martin , ) médecin op-
tlinaire d*Anng reine d'Angleterre*,
fous le règne de laquelle il mourut,
pratiqua la médecine avec beau-
coup'de fuccès,' & en expoûi la
•théorie dans plulîeurs ouvrages.
'Il écrivit aiiflî beaucoup fur Thif-
'toire naturelle. Ses livres les plus
connus font : I. Hlftorut Conchyllà-
'rum Ghil quatuor^ cum Appendice; à
Londres, 1685 à 1693 , 5 tom. en
'un vol. in-foUo. Ce ne font que
des figures, au bas defquelles fe
'trouve le nopi de la Coquille qiÂ
y eft repréfemée. 11 y a 1057 plan-
ches. On en a donné une nouvelle
édition à Oxford , 1770, in-folio,
avec ée& Tablés die Guillaume Hué--
disfort. II. Ëxei'cuado dnatomlca de
'Bucclhîs ftuvU^dtlbus O manmsy ctffh
Bxeràcaûont deVarîpUsy 1695, in-8**,
m. Voyage de Paris ,' iil-8®, en an-
^lois : il ïft curieux. IV. Traciams
de Aranàs &■ de 'Ccchkis Angita :
accedit TracUtus dç lapîdjAus tjufdem
Infulte aà Cochîearum quandaijf. Ima'-
gaiem figuratîs , 1678 , in-4^. V. De
Morbis ekronîcîs Dîfertado, V\. Exer^
xttatlo anatomlca àe Cochlds , màxlmh
urreflrîbus & lîmaclhus , 1678 , in-4°,
VII. Une édition du Traké rf'Api-
Ôus , De Ohfonus & condimentîs ,
3709 , in-8° , avec des remarques.
Vin. Exercîtadonef d» defcrlptlones
^hermarum ac Fontlum AngUa , in- 12,
LISZ:il^SKI , ( Calimir ) gentil-
homme Polonois , fut accufé ,d*A-
ihéifme à la diète de Grodno en
1688 , par révêque de Pofnanie.
•On trouva diez lui des écrits où
il avançoit, entre autres propor-
tions, que Ditu n'àoît pas le créa'-
tcunk i'hommff J^jis qu€ rh^Vî^cp^ qui alloit s'y tenir. Godeau , évêqùe
LIT
le cricaatr d'un Dieu qt^îl arok ûré
du néant». lÀf-^^nAl ûtt arrêté ; il
tâcha de s'excufer en difànt qu'il
n'avoit écrit ces extravi^;ances que
pour les réftiter ;^ mais on ne Té-
couta point. Il fiit condamné à pé-
rir daus un bûcher , & la fenteoce
fiit exécutée le 30 Mars 1689.
LITOE, ou le />£r/r,(Giullaii-
me) furnommé de Neu bridge ,
'{Nzuhrlgcnfis) du nom du collège
où il demeuroit , étoit chanoine-
régulier de Sainr-Ai^^uâin en An-
gleterre,^ & mourut vers 1208 ou
1220. If laifla une MlflJlre d'An-
^turft j en f liv. dont la meilleure
édition eft celle d'Oxfort , par
Héarne , 1719 , en 3 Vol. in-S*" ,
avec dés notes de pluficurs fkvans ,
& /// HomUUs attribuées au même
fitle. Elle commence en 1066, &
finit en 1197. Les hifloriens trou-
veront dans cet ouvrage des maté-
riaux util eit , en lés débarrailant
de quelques feits feux ,ou exagérés.
•^ LlTOLPfflMARONI , ( Henri )
ëvêque de Bazas , étoif de fa famille
des marquis de Suzzne . Lîtolphi-
Maronî^ originaire de Mantoue , &
l'une des plus illuAres dltalie. H
naquit à Gauville , à une lieue d*£-
vreux , devint aumônier du roi , &
fit paroitrei à la cour tant de vertus»
que Louis XIII le nomma à l'évêché
de Bazas. Son mérite fi» la feule
fbllicitatiQn " qu'il employa pour
avoir' cette dignité. Lùolphi fut
très-attaché aux Solitaires de Port-
royal , & prit Slngiin pour fon di-
reâeur. 13 établit à Bazas un fémi-
naire^ réforma fon abbaye de Saîju-
'Nicolas , dipceffp de Làon , parut
arvec éclat dans faffembléedu clergé
de J'rancé , quî condamna les ma-
ximes des cafuifies relâchés ; édifia
par • fes prédications .& par fe|
vertus -, & mourut le 12 Mai 1645 ,
âTouloufe, où il étoit allé pour
fe rendre à TaiTemblée du clergé
éc Vcnce , fit fbïi Oraifon fimért'^
On a de lui une Ordonnance pour
prouver l'utilité des Séminaires ,
qu'il cdmpofa lors de l'éreéHon du
ée^ \ elle fiit imprimée in-4^ ,
1646, chez Vitré -y & réimprimée
svec la traduâion des livres du
Sacerdoce de Saint han^Chryfoftome,
I. LITTLETON , ( Thomas )
jurifconfulte anglois , fut créé che-
valier de Bath , & Tun des juges des
communs plaidoyers fous le règne
éi Edouard IV, Il mourut en 1481
i dans un âge avancé. On a de lui
! «n livre célèbre indtulé : Tenurts
de LktUton» 1604, in-8*^.^ qilr
j eft, félon Cabden. fon commenta-
I tcur, à l'égard du Droit eoutu-
micr Anglois , ce qu'eft hJUnîen
! par rapport au Droit civil. Cet ovt^
! vragc a beaucoup fcàrvi à M. Davïi
I Houard , auteur des Anciennes Lois
' ^s François, confervées dans les Cou»
^mes Angloîfes , Rouen, 1766 j 2
▼ol. in-4° i fuivis , en 1776 , de 4
autres vol. in-4®. 11 ne faut pas le
confondre avec G«)f^«LiTTLETON,
d'abord déifte déclaré , & enfuite
! chrétien zélé , dont on a un petit
ouvrage intitulé : La Rt/Igîon Chré'
fcftWÉ , démontrée par la converfion &
tapofiotat Je S, Paul \ traduit en fran-
çois par Tabbé Guenée , Paris , chez
TiUiard , 1754,1 vol. in-12.
n. LITTLETON , ( Adam ) hu-
sumiAe de Shropshire ) fit 'fes
études dans l'école de "WeAminfler ,
& en devint le fécond maître en
1658. Ses vaftes connoiflances le
firent fumommer dans fon pays le
Grand dictateur de la Littérature, H
cofdgna enfuite à Chelfea, dans
le Middlefex , & fut feit curé de
cette églife en 1664. Enfin il de-
vint chapelain ordinaire du roi ,
chanoine , puis fous - doyen de
Veftminfier , & mourut à Chelfea
le 30 Juin 1694 dans un âge
avancé. 11 aimoit paffionnément'
récude^ &ilo'épargnott rien pour
L ! T ±93
fatîslaîré fa curiofité littéraire. Son
principal ouvrage efi'uh DîBion"
nalre ItOtin- Anglois , i68ç , iri-4**»
qui efi d'un grand ufage en Angle-
terre. Il en avoit commencé un
pour la Langne Grecque , i^'il n'eut
pas le temps d'achever. La litté-
rature orientale & rabbinique , les
hiftoriens , les orateurs , les poètes
anciens , lui étoient très-familiers.
La préface latine des ouvrages de
Cicéron , publiés à Londres , es
x68i , en 2 vol. in -fol. , eil de
hd. Il eft encore auteur d'une dif-
fertation latine, Dejuramento McS"
€orum , in- 4° , 1693 -, d'une traduc-
tion angloife du Janus Anglomm
de Selden ; de Sermons en fa langue »
I vol. in-fol. &c.
LITTRE, ( Alexis ) fayant mé-
decin, né à Cordes en Albigeois,
le 21 juillet 1658 , fe fit une
réputadon à Paris' par fes con-
noiffances anatomic[iies. L'académie
dèç fciences fe l'affocia en 1699,
6c il fut choifi quelque- temps
après pour être médecin du Châ-
telet. Le principal agrèncni de
cette place étoit à fes yeux de
lui fournir des accidcns rares, &
plus d'occafions de difféquer. Il
mourut d'apoplexie à Paris »
le 3 Février 1715 , à 67 ans.
C'étoit un homme d'im caractère
très - férieux & très - appliqué ,
ennemi de tout autre plaifir que
celui d'augmenter fes lumières.*
La feciUté de parler lui manquoit
abfolument; &, quoiqu'il eût beau-
coup de précifîon , de jufteffe &
de (avoir, il ne réuflit guère que
parmi ceux qui fe contentent de
l'art de la médecine t, dénué de
celui du médecin. Sa vogue ne
s'étendit point jufqu'à la cour , ni
jufqu'aux femmes du monde. Son
laconifmé peu confolant n'étoit
d'ailleurs réparé, ni par fa figufe,
ni par fes manières. Il fut d'une
affiduité eictrême à l'académie, 8c
Tiij
194 L f V
y lui fournit diff(ireotes obtenu
bons dont elle, a omé fes M^
wtoires,
LIVE, Voyt^ TiTE-LiVE.
L LIVIE Drusille , fille de
Lîvius Drufus Ca/Uianus , ' épovSd.
TjMER£ €laiuU N4rcm , homme illus-
tre par fa naiiTance , £a valeur &
foni eiprit, dont elle eut deux en-
fans : l'empereur Tihtrt , & Drufus ,
furnommé Carmatflcus, Ce T!b£rc,
^ fiit d'abord préteur, & enfuite
pontife, ayant fuivi le parti de
Luci'us frère à'Antohu^ OSdve le
chaâa du territoire de Naples^
Llpie Riyant lef armes d'Oof^r^,
accompagnée d'un feu! domeiUque
ta portant fon fiU entre fes bras,
fut obligée de fe jeter dans unç
petite bttsque pour aller rejoindre
ion mari. LlvU avolt les grâces de
la figure & tous les takns de ïeC*
prit. Oàéiy< ( depuis Juga/k ). ea
devint paffionnémcnt amoureux.
Dégoûté de ScribanU Ton épou£e,
il U répudia, enlevai LïvU à fon
mari, À ^quoiqu'elle fût grofie de
Drufus^ il ne kiâa pas de l'épou-.
£er , de r«vc9 des prêtres de Rome «
plu$ eâ&ayés de la puiflance du
Trii^vir , qu'attachés aux lois
Çc à l'équité. :L'efprit vif & infi-
nuant ^e Uvîc lui donna beaucoiq>
d'empire fur Àuguftc , qui partage^
avec elle fes.£oins & ù puifTance.
jamais femme -ne porta la politi-
que plus loin, & ne fut mieux la
fouvrir. Son ambition ne fe borna
pas à être la femme d'un ernpe*
reur; «lie voulut en être la mère.
Elle fit adopter par AiigfiU les en-
fans «qu'elle avoit eus de fon pre-
mier mari*, fx.^ pour combler Tef-
pace qui -étoit entre le trône &.
eux« die fit périr, dit- on , tous
les parens ^*Àugi^ qui aurolent
pu y préttAdre. On l'accuia même
d avoir h&té la mort de fon époux ^,
dans la crainte qu'il ne dé%nât
4^^PPA .fMHir f9a racce^Teur , au
LI V
pr^udîcc de Tîbtn, Ce qu'il y i
de certain , c'eû qu'elle cacha long*
temps ÙL mort , de peur que, û
la nouvelle s'en répandoit penëant
l'abfence de fon iUs , il n'arrivât
quelque révolution Ibbite , £»ale
à fa .fortune & à ies ei^éruices.
Ce fils , le motif de tous fes cri*,
mes, la trâta avec la phis scâre
ingratitude , &. pendant fa vie, &
pprès fa mort, arrivée l'an 29 de
J. C â S6 ans. Il ne prit aucun
ibin de fes fiinéraiUes , cafia fon
teflameat « & dé£endit de lui ren-
dre aucuns honneurs. Cette kmme
intrigante que Caûgula appeloit,
Ulyjfk 4n hahît de fanmt , xéuniflbit
l'habillé à^Augufte & la profonde
diifimulation de Tîhcrt : tout lui
fervit à dominer. £lle étok uiie
des plus belles femmes du monde ;
mais fa fagefiè , vraie ou affeâée»
paroifioit encore plus grande que
fâ beauté. Dion rapporte qu'un
jour des hommes nus s'étant ren»
contrés par hafard ou autrement
devant cette VnoxxSt , le Sénat qui
le fut, étoit ùx le point de ks
condamner à 4ine grofie peine»
mais elle s'oppofa à cet arrêt, en
difant que des hommes nus
n'étoient que des fiatues pour une
femiTie ^ge. Le Sénat ayant dé-
cerné à Augn/h après fa mort le»
honneurs divins , comme à Jules-
Céfar , & lui ayant fait bâtir ua
Temple; Lîvle voulut en être 1?
prêtrefie , & le defTervir fous le
nom de JulU-Augufic,
II. UVIE, J^ojtq; DauSlLLEr
n* II.
LIVTLLE, rxjjyq^ V.Julie.
LIVINEIUS ,{ Jean ) natif de
Dendermonde , étoit originaire de
Gand. Lev'mus Torrentûa , évêque
d'Anvers , fon oncle maternel , lui
iafpira le goût ^e la littérature
ûcrée. Etant allé à Rome > il ^
OBiplpyé par les cardinaux Sîrk
%L CMfe à trviuire de à pub%
a î V
les ôttvra^ des Pères Ofto. H
ht enfiike dianôine & âiëologsl
<i'Aavfrs,où ii niùurut en 1599*
i 50 ans* C'étoit un bon criâque*,
mats fon latin eft dur. Il travailla
avec Guillaume i-'énurus à exami*
ner & à confronter quelques ma-
fiufcrits d« la verûon des Septante ,
& leurs observations fervireot à la
partie grecque de la Pofyglotte
de PUntin, Nous avons • de kd
I L une première Edition latine &
gEecque des Mvres de la Vir^nui
I de S. Grégcîrt éU Nyjft^ & de S«
Jean Ckjyfojhme, qui ont paflié
tous iei deux dans le recueil des
ouvres de ces deux SS. Pères,
par le Pi Fronton du Dut, II. Pane^
gyrîtî vturtt , Anvers , 1 5 99 , in-8**.
I m. Une presùere Verfion deS Str--
nous de S. Théodore Studite^ &
des HoméUu de S. Emchtr i Anvers ,
I i6oz, in-S^
UVIUS^ r<>y. Anbronic,
n® VI... & TiTE-LivE.
UVIUS SALlNATOR(Marcus)
«tant confiil avec Claude Néron ^
dans le temps de la féconde guerre
Punique, il remporta une grande
^ûoire Air ÀfdrukéU qui amenoit
i|n fecours confidérable à fou
frère Aanîhal, Par cet événement*
le fecours fut non-feulement inter*
cepté , mais l'Italie fsnivée. AfinAU
ayant été tué dans le combat , le
conliil fitieter fa tète dans Je camp
é'Aanibai qui en conçut un cha-
grin morteL Quelque temps après*
U»ms perdit la ville de Tarente
qui fiit tarife par Pàhhu Maximus,
Alors le conful, pour diminuer la
gloire de cet exploit , fe vanta
^'elle n'avoic été reprife que par
fon moyen % il tfi vrai , répondit
iâhHis i car s'il ne ttùt poùu perdue ^
je ne PauroU point reprife.
LIVONIÉIŒ , <aaude Poquet
de) néi Angers, en 1652 , fe
ât recevoir avocat, après avoir
iityi pendant quelque temps , &
-fbivit le barreau à Paris, où il ffe
diflii^ua. L'amour de û patrie le
fit revenir à Angers; il y occupt
une place de confeiller & une de
profeiTeur en droit , qu'il céda à
fon iils en 1711. Il mourut eà
1726, à 74 ans, à Paris où il
- étoit venu fuivre un procès. C'étoic
un homme favant & modeile, qui
redoutoit la qualité d'auteur : il
ÊiUut bien du temps pour Tenga*
ger à fe &ire imprimer. On a de
lui : I. Un bon Recueil de Corn»
mémoires fur la Coutume d'tdnjou,
Paris, 1715 » i. vol in-fol. II.
Traité des Fiejfs , 1719 , in-4**. III.
Règles du J^roit François^ 1768^
in-ia. On les attribue avec plus
de raifon à fon fils aine. Lé per6
& le fils connoiffoient bien les
lois Romaines & la jurifprudence
Françoife. Us fureuttrès-confulté^/.
Foyei Pineau.
LIVOY, (TmiothéeDE) Bar-
nabite, né à Pithiviers, mort le
27 feptembre 1777 , eft auteur du
Dictionnaire des Jynonymes françoU ,
in-8°; ouvrage utile, mais incom-
£let. Il a traduit^ de l'italien : L
ï Tableau des révolutions de la lit-'
tératiàre ancienne & moderne de Denlna^
1767, 2 vol. in-i2. II. L'homme
de lettres^ du P. Rartoli , iy6S ^ z
vol. in- 12. III, Vexpofittom des
4aru£ieres de la vraie Religion du P*
GerdU, in- 12. IV. TToitêdu honheut
public , de Muraton^ 2 vol. in-12.
V, Voyage d'Ef pagne fait en ty^j ,
avec des notes hifloriques, géogra-
phiques & critiques , 2 vol. in-12.
Ces différentes tradyâions peuvent
être fidelles *, mais l'élégance n'dl
pas leur plus grand mérite.
LIUTPRAND , Voyei I-U"^
PRAND.
LIZET, (Pierre ) de Clermom
en Auvergne , avocat - général,
puis premier préfident au parle-,
ment de Paris , s'éleva , en 1 5 29 ,
par fon mérite à cette dignité. Le
Tiv
496 L I Z
cardinal \ie Lçrrtm la lui fit ptf«
dre en 15 50, pour fe venger de
ce qu'il avoit empêché qu'on ne
donnât aux Gmfts le titre de P&in*
czs dans le parlement : titre qu'il
BO croyoit dû qu'aux feigneurs
de la raaifpn royale. Jtan BertiOndi,
préfident à mortier & habile cour-
tifan ', fut mis à fa place par les
follicitations de la ducheiTe de
Vaientînois , qui ne refufoit rien
au cardinal de Lorraine , & qui
étoit alors toute-puiiTante fur le
cœur de tienrl IL Li\et , ( dit M.
CarnUr , ) étoit un homme folide-
ment vertueux , & auffi éclairé que
le comportolt fon ûecle. Mais , à
mille bonnes qualités , il Joignoit
deux défauts eflentiels dans la plate
qu'il rempliiioit ; un zèle fanati-
que contre tous ceux qu'il fup-
pofoic imbus des nouvelles opi-
nions : & une loquacité qui le
Tendoit inconamode , & fouvent
ridicule , dans le commerce de la
vie. Tant qu'il put fe perfuader
que fa compagnie le foutiendroit, il
réiifla courageufement aux menaces
ta aux prières qu'on employa fuccef-
livement pour lui arradier fa démii?-
iion. Lorfqu'il s'apperçut qu'on
l'oublioit, & qu'il y avoit dans
le parlement des brigues pour lui
donner un fucceffeur, il alla trou-
ver le cardinal de Lorramt , auteir
de fa difgrace ; & , tombant à ît%
genoux , il le conjura d'avoir pitié
d'un vieillard infortuné , qui,
après avoir confumé fa vie dans
de travaux pénibles , étoit réduit
a une maifon de louage; & n'a-
voit pour tout bien que fa charge.
Le roi lui donna , en dédommage-
. ment de cette place , l'abbaye de
Saint - Vi£bor , où il mourut le 5
juin 15^4, à 72 ans; Ce magifbat
paffoit tour-àrtour de l'exceillve
fbmeté à l'exceflivé foibleffe -, il
ne fut j^ais prendre un jufle.
lùilieu» & on le vit, pou/ wi^
t LO
fervUr des expreiEon» de et lAoïi^
» fe conduire . eli femine » après
» avoir agi en homme, m On a
de lui de mauvais Ouvrais de Com»
tr^verfi , en. 2 vol. On voit qu'il
avoit lu : il compile quandté de
paâages; mais comme il n'étok
, pas théologien, il ne rûfonne pas
afTez* & avance quelquefois des
proportions infoutenables : ce qui
fournit matière à Bcic de le ridl-
culifer dans un écrit macarooique,
indtulé : Magifier BcrMiîclus Pajfa^
yantius. Son % Le d'ailleurs eâ am-
poulé, & fe fent du zèle ardent
dont il étoit animé contre les
hérétiques. Ce qu'il avance dans
fon TrM contre les Vafions de.
,1* Ecriture en langue imlgalre » eil tout-
à-Êiit original. Il dit que quand
k Bible ^t traduite en latin dans
les premiers ûecles de TE^life , il
y avoit deux fortes de latins , l'un
pour les favans , & l'autre pour
le peuple -, & qu'ainû la verfion
de l'Ecriture ayant été faite dans
le premier latin, ce n'étoit paspjro-
prcment une traduâion en langue
vulgaire. Plufieurs de fes raifon-
nemens ne valent pas mieux. U
eft un art , ( dit le P- Berdcr^ )
de manier les controverfes de la
religion; & un magiârat qui avoit
paiTé fa vie dans la difcuâlon des
agraires publiques , n'étoit guère
propre « fur le retour de l'âge, à
marcher d'un pas ferme dans une
carrière totalement difFérente.
I. LLOYD , ( Guillaume ) na-
quit à Tylchurft , dans le Berlcshire,
en 1627. Il devint chapelain du
roi d'Angleterre en 1666 , doc-
teur de théologie en 1667 , puis
évêque de Saint-Afaph en i68o.
Lloydùit l'un des ûx prélats , qui,
avec l'archevêque Sancrofi^ s'éle-
vèrent contre VEdlt de toléroMee
publié par Jacques IL Cette con-
duite déplut au roi, & les lept
cenfeurs mitres faxcat mis à la
'^ L L' O
tour de Londres. Aufli-tôt après
• la révolution , Lloyd fe déclara
pour le roi Guillaumt & la prin-
ceâê MAric, I| fut nommé au«
mdnier du roi , puis évêque
de Co'^entiy , de Lichfîdd en
1619, & de Worccfter en 1699,
où il réfida Jufqu'à fa mort , ar-
rivée en Septembre 1717, à 91
aas. C'étoit un prélat pacifique -,
les circonllances l'avoient rendu
intolérant : car il avoit penfé
d'abord, qu'on devoit fouifirir les
Otholiques qui n*adoptoient point
l'inÊiillibilité du pape & le droit
chimérique de dépcfer les rois.
On a de lui : I. Une Dtfcrîptîon du
Gouvernement eeciéfiaJBque , te), qu'il
^it dans la Grande-Bretagne & en
Irlande , lorfqu'on y reçut le ChriC-
tianifine, in-S^. II. SerUs Chrono^
logUa Olympionicarum , dans le
fuiiûre de l'édition d'Angleterre,
m. Une HîJLîre chronolopqu* de la
Fie de Pythagure & d'autres Auteurs
contemporains de ce philofophe.
Tous ces ouvrages annoncent une
grande connoiflance des écrivains
& des monumens de l'antiquité.
II. LLOYD , (Nicolas) habile
philologue A'nglois , natif de Hol-
ton , devint ps&eur de Newington
Sainte-Marie, près de Lambeth ,
où il mourut en 1680 , à 49 ans ,
regardé comme un littérateur doux
& poli. On a de lui : DîcUonarium
HlfioTÎcum , Geographlatm ^ Po'èti"
cm , dont Hoffman & les éditeurs
de Morérl fe font beaucoup fervis.
Cet ouvrage fiit imprimé pour la
i" fois à Oxford , 1670 , in-fol.
La meilleure édition eft celle de
1695 » in-4**- Le fonds de ce Lexi-
que appartient à Charles Etienne.
lloyd j a fiiit des correéHons &
des additions ; mais il n'a pas fup-
primé toutes les fautes , & il y en
a mis de nouvelles Il ne faut
pas le confondre avec Humphrey
Lloitd ou LiToyd , iàvaat axiti«
LOB 197
quaîre & médecin Anglois du xvi*
fiecle , natif de Debinga , dans li
province de Galles , dont on 1
De Mona Druidum Infula anùqvitad
ftut reftkma , in-4^ , & pluiieurs
autres ouvrages *, ni avec Edouard
Lloyd ou Lnuyd , garde du
cabinet d'Ashmol à Oxford, mort en
1709 , dont on a : I. Un bon Abrégé
de llûfloire des pierres , intitulé
Lithopkyiacu BrUanmcî Ichnogr>iphid »
Londres, i6<)%in'%^,ll^rchaolo^a
Britanmea y Oxford, i707,in-foL
LOAYSA , Voyex il. Giron.
LOAYSA , ( Gardas . de ) de Ta-
lavera en Caflille, fe fît Domini-
cain , & parvint par fon mérite «
en 1 5 18 , à la place de général de
fon ordre , & enfuite à l'évêché
d'Ofma. CkarUs'Qji'mt le choilit pour
fon confefTeur , le fît préfîdent du.
confeil des Indes , le transféra au
fîege archiépifcopal de Séville, &
lui obtint le chapeau de cardinal*
Ce prélat mourut à Madrid , le ix
Avril 1546, dans un âge avancé »
laiiTant une mémoire reifpeûable.
Lorfqu'on délibéra au confeil de
Charles-Quint ^{ur la conduite qu'on
devoit tenir ii l'égard de François I ^
fait prifonnier à la bataille de
Pavie , le généreux Loayfa fut
d'avis qu'on lui rendit la liberté fans
rançon & fans condition, L'événe*
ment juftifia qu'on avoit eu grand
tort de ne pas fuivre ce confeil ,
infpiré par la politique autant que
par la magnanimité. On lui a attri-
bué fauffement Concilia Hîfpanîca^
Madrid , 1593, in-foh Recueil pu-
blié par Giron Gardas de Loayfa ,
archevêque de Tolède.
LOBEIRA » ( Vafquez ) naquit à
Porto en Portugal , vers la fîn du
XIII* fiecle. Il paffe en Efpagne
pour le premier auteur du Roman
d'Amadls de Gaule, Il s'en eft fait
nombre de traduflions en diveifes
langues , dont toutes ont eu le pliis
grand fuccès.
*98 U O B
LOBEL , (Mamhieu) nécn If )9
4 Lille » médecin & botanifte de
laequts /, mourut i Londres en
i6i6 » à 78 ans. Il publia plufieuis
ouvrages « cftimés de fon temps.
i. Hiftoin tUs Plantes , Anvers, 1 5 76,
ia-fol. en latin. IL AdvtrfarU fim"
pUdum medic^mentontm , Londini,
1605 « in-£ol. m. /c()B£r fiîrpium,,
X5 81, în-4^. IV. Bai/ami éxp/aàatlo «
)[^ndini« 1598, in-4^. V< Stirpium
< il/u/irationes^ Londini, 165 5 , àa-4^,
LOBINËAV , ( Gui- Alexis } né
à Rennes en 1666 , 3énédiâin en
1683 , mourut le 3 Juin 1717, à
61 ans , à l'abbaye de Saint- Jagut ,
près de Saiat-Malo. Ses ouvrages
roulent ûir Thiftoire « à laquelle il
coniàcra toutes fes études. On lui
doit : L L*hîfioire de Breugne , Paris «
1707 , en 2 voL in-£ol. dont 1«
lecond eft utile par le grand nom-
lire de titres que l'auteur y a raf-
ièmblés. L'abbé de rm^£& l'abbé
Aioulinet'des'ThmlerUs l'attaquèrent
viviement. L'un & l'autre préten*
dirent que Dom LobUttau s'étoit
plus livré aux préjugés & à l'amour
de (a patrie , qu'à celui de la varité.
Ils tâchèrent de conTerver à la
Normandie des droits bien fondés,
que l'hiftorieo Breton s'étoit e0br-
cé de lui enlever. Lobîneau a un
ilyle un peu fec , & il eft avare
d'omemens ^ mais il a de la netteté ,
& il évite autant la rudeïïe que l'af-
feâadon. IL VHlfioîrt des daut
Conquêtes d'Ejpagne par les Maures ,
1708 , in-ia : ouvrage moitié ro-
manefque, moidé. hiSftorique , tra-
duit de TeTpagnol, & dont les Fran-
çois fe feroient bien paffés. III.
Hlfioirc de Paris, en 5 vol. in-fol.
commencée par Dom Feilhien ,
achevée & publiée pir Dom io*/-
neau:[ Voy, UI. F£LlBiEN.]On
trouve à la tête du j*' voL une
lavante Dljj'atation fur l'origine
du corps municipal, par le Roy ,
contrôleur des rentes de l'hôtel*
t O B^
de-vîUe. IV. VHyhîndes SaUis/i
Brttapu , Rennes , 1724 , in-£61io^
Ce livre a de l'exaétitudé) mûsÛ
manque d'onâion. V. Les n/es ife
guerre de Pofyet^^ traduites du grec
en françois , Paris, 1738,2 voL
in-19.; verûon cftimée. L'auteur
avoit beaucoup de goût pour la
littérapare grecque , & il avcMt tra-
duit pli^urs comédies ^AriJUtofkê'
ne i ^aks cette verûon n'a pas vu le
jour. Eoân , on a aciribué à D. Lo"
blneau les Aventures de Pomponiasp
Chevalier Romain ; ouvrage (àttri-
que , in-i2 , qui n eft pas de lui*
LOBKO WITZ, r. Caramueu
LOBK.OWrrZ , ( Bohuilas de
Hafleoftetn, baron de ) étoit d'une
des plus illuftres maiCbns de - Bo»
hême. U entreprit de longs voya-
ges, à deâein de fe perfeâionner
dans les fciences , pour lefquelles
il av<Ht beaucoup de goût. A foa
retour il Tpnt le parti des armes ,
où il fe fignala *, mais fon amour
pour l'étude l'emportant fur toute
autre paifion , il préféra l'état ec*
défiaftique , & &t Secrétaire d'état
en Hongrie , & grand-chancelier de
Bohême. Ces en^plob ne l'em-
pècherent pas de (e livrera fon
goût dominant II étoitt iurifcon-
fulte, hifiorien, poëte, littérateur.
Cet habile homme mourut dans
fon château de Hafleînftûn en i $ 10.
laiiIantdes/'o^>e« latines, &divets
Traités , imprimés à Pragiue es 1 5^3
& 1 570... De la même &mille étpit
le prince George Chrétien de LoB«
KcwiTZ, mort en 1753 «dansia
68® année , après avoir commandé
long-temps les troupes AutrichieR-
nés, fous l'impératrice-reine de Hoo*
grie. [ Voyc(FovQVET , n** 11 i.l
L LOBO, (Jérôme) JéfuitfiHte
Lisbonne , envoyé dans les miffiooi
des Indes , pénéora Jufque daos
l'Ethiopie ou Abyi&nie , & y de-
meura plufieurs années. De retour
dans fa patrie , il fut £ût fsùm
LOB
îlu coHcge de Conimbre , où U mou*
nit le 29 Janvier 1 678 , âgé d'envi-
ron 8f ans. On a de ce mi/Iicj^n-
mire une Relation curitufe de VAhyf-
fadu II y entre dans des détails fa-
ÙsÊiifans, L'abbé U Grand en publia
une traduâion françoiie en 1728 ,
îïi-4** , avec des Dijfenadons , des
ImruZii'çlu&.&ui Mémoires très-inf-
tmôi£5.
IL LOBO , ( Rodriguez-Fran<
fois ) poëte Portugais , né à Ldria ,
fe noya en revenant dans un eCiquif ,
dune maifon de campagne, à Lis-
bonne. Ses Foéjus ont été recueil-
lies en 1721 , in-£ol. Sa meilleure
pièce , ou du moins la plus applau-
die par les Portugais , eâ fa comé-
die àiEuphrofint,
LOCCENIUS , ( Jean ) profef-
feur royal à Upfal , âoriiToit en
1670. Il a traduit en latin Lt^
ITtfi^GothUét , Upfal , in-folio : li-
vre curieux & rare. U a aufH laifïe
des Nous fur quelques Auteurs an»
deas.
LOCHON, ( Etienne) Char-
train , doôeur de la maifon de Na-
varre , fiit pendant pluûeurs années
curé deBrétonvilliers dans ledîoce-
ie de Chartres. Sa xnauvaife fanté
l'obligea de qiûtter cette cure. Il
mourut à Paris vers 1720 , après
avoir publié phifieurs ouvrages de
piàé & de morale. Les principaux
font: I. Àirégé de la dlfeîpline de
PEgUfc pour Plnfintciion des EccUfiaf'
tiques, en 2 vol. in-8°. II. Les Entre*
tiens d'un Homme de Cour & d'un So-
ihaire fur la conduite des Grands ;
I713 , in-i2. C'eft une fiftion pieu-
fe, dans laquelle Tauteur&it con-
voyer le fameux réfbrmateur/de la
Trappe avec le comte ^e ***. III.
T;ahédufe€ra de la Confeffion ; ou-
vrage profMre à în&aiire les confef-
feurs & à raiTurer les pénitens, in-i 2.
C'étoit le mâlleur Traité fur cette
madère importante , avam que celui
! ^l'abbé Len^^ eut paru.
L O C 199
10CKE,( Jean) u» dts phi4
profonds mécUtatifs que TAt^^leierrd
ait produit , naquit à AVrington près
de Briftol , le 19 Août i6%i^ d'un
père capkaine dans l'armée que lo
parlen^nt leva contre Ckofks h
Après avoir fait les études ordinai-
res Y il fe dégoûta des univerfités &
s'eniferma dans fon cabinet. Unpé«
ripatéticifmc abfurde 6c barbaro
régnoit alors dans les écoles. On
diîj^utoit vivement fur dos riens »
qu'une longue fuite de fiocles avoit
rendus importans. Locke {t dédom"»
magca de l'ennui que lui avosem
caufé ces graves impertioeoccs , pat
la leâure de Defearus, Les <»wrra-«
ges de ce phil ofophe furent pour lui
un trait de lumiene, au milieu des
ténèbres qui Tavoient environné»
11 fe livra dès-lors à la bonne f^
lofophie j c*eft-à-dite , à celle qui ,
confacrée toute entière a la raÛcn
& à la mécUtation , abandonne les
opinions au vulgaire. Il s'attacha
pendant quelque temps à la inéde«
dne *, mais la foiblefîe de fa fanté
ne lui permit pas de TexOTcer. Après
deux voyages , l'iin en Allemagne
& l'autre en France , il fe. char^
de l'éducation du fils de milord
AshUy , depuis comte de Shafieskury,
Ce lord , dev^enu gran4rchanceHer
d'Angleterre^ lui donna la {ilacede
fecrecaire de la préfentaàofi des bé*
aéfices ; mais , £on proteâeur ayant
été diigracié en 1679 , le philo(b-
phe perdit cette place 3c n'en iat
pas plus trifte. La crainte de tom-
ber dans la phthi£e l'obligea d'al-
ler à Montpellier en 167 c , d'où
il paiTa à Paris. Les favans de
cette capitale l'accueillirent comme
il le méritoit. De Paris il alla en
Hollande , où il-reçut les mêmes
politeffes. Ce fot-U qu'il acheva^
fon beau Traité de V Entendement hu-
main : ouvrage de la métaphyûque
la phis profonde & la plus hardie.
Pour connoitre notre ame > iès
>o<3 toc
Idées , fes afFeâions y il ne eon-
fulta point les livres des anciens
philofophes , qui l'auroiem mal
infiruit ^ ni ceux des nouveaux ,
qui l'auroient égaré. Il fit comme
MaUbrAndUy il fe renferma dans
Im-mème \ & après s*étre , pour
ainû dire , contemplé long-temps ,
il préfenta aux hommes le miroir
dans lequel il s'étoit vu. Il anroit
été à fouhaifer que l'auteur n'eût
pas toujours confulté la phyfique,
dans une matière que fon flambeau
ne peut éd^er. En voulant dé-
velopper la raifon hamaine , com-
me un anatomifle explique les ref-
forts du corps humain , il a été
plus Êivorable aux matérialises
qu'il ne penfoit. Son idée, i^\t
Dl£v par fa totac-putjfancc pourrok
rendre la mature penfame , a paru
avec raifon d'une dangereufe con-
séquence. A ces défauts près , l'ou-
vrage de LocU eft très-eftîraable ,
pour la méthode , la profondeur
h. Tefprit d'analyfe qui le caraéU-
rifent. Il n'y avoit pas un an que
Loch étôit forti d'Angleterre , lorf-
qu'on l'accufa d'avoir fait impri*
mer en Hollande des libelles con-
tre le gouvernement Anglois. Cette
calomnie lui fit perdre fa place dans
le collège de Chrift à Oxford.
Après la mort de Charles II , fes
amis lui offrirent d'obtenir fa grâce ;
mais il répondit , qu*on n*avou pas
htfoîn de pardon , q^and on n avait
pas commis de crime* Le philofophe
Locke étoit deftiné à paîTer pour
confpirateur -, il fut enveloppé dans
les accufations portées contre le
<kic de Montmomh , quoiqu'il n'eût
aucun commerce avec lui. Jacques
II le fit demander aux Etats-géné-
rtmx, & Locke fut obligé de fe
cacher jufqu'à ce que fon inno-
cence eût été reconnue. Le mo-
narque Anglois ayant été chaffé de
fon trône par le prince étOrangz ,
foa gendre, il retourna dans fa pa-
toc
tnt fur la flotte qui y conduîfit Is
princefîe depuis reine d'Angleterre.
Son mérite lui eût procuré diver»
emplois -, mais il fe contenta de
celui de commiflâire du commerce
des colonies Angloifes , qu'il rem-
plit avec applaudifTement jufques
en 1700. Il s'en démit alors , parce
que l'air de Londres lui étoit ab-
folument contraire. Cette place étoit
très-lucrative -, en la quittant, il
auroit pu entrer en compoiidon
avec un prétendant, qui lui auroit
h\t des conditions avantageufes. Il
Tabandonna généreufement & fans
prévenir perfonne : Je tavoîs reçue,
du Roi , dit-il à fes amis *, j*ai voulu
la lui remettre , pour <ju*îl pût en dif^
pofer félon fon bon plaifir. Débar*
rafTé des foins & des af&ires , il fe
retira à dix lieues de Londres,
chez le chevalier de Marsham ^ fon
ami & fon admirateur, H y pafîa
le refte de fes Jours , heureux &
tranquille , partageant fon temps
entre la prière & l'étude Une fanté
foible & une poitrine altérée exi-
geoient le féioiu* de la campagne.
Plus d'une année avant fa mort^
il tomba dans une â grande £oi-
bleife qu'il ne pouvott pas même
écrire une lettre. Enfin , il mourut
en philofophe chrétien « le 7 No-
vembre 1704, à 73 ans, après
avoir exhorté fes amis à regarder
cette vie comme une préparation à
une meilleure. Locke n'étoit pas
moins connu en Angleterre par fon
zèle patriotique, que par fa philo-
fophie. C'efl lui qui confeilla au
parlement de faire refondre la, Mon»
note aux dépens du public , fans en
haujfer le prix; & ce fut à fes avis.
que l'Angleterre dut ce bienÊût. H
nous refte de lui un grand nom-
bre d'ouvrages en anglois , dans
lefquels on voit briller Tefprit géo-
métrique , quoique l'auteur n'eût
jamais pu fe fôlunettre à la fatigue
des calculs » ni a la fécherefle des
LOC
vèttés mathématiques. Us ont été
tccueillis en 3 vol. in-fol. 1714;
& 4 vol m-4° , 1748. Les prin-
cipaux font : I. EjJVt. de l'Enteade^
ment humain , dont la meilleure édi-
tion en anglois eft celle de 1700,
in-folio. Il a été traduit en françois
par Cçjie , fous les yeux de 1 au-
teur, 1719 , in-4^ & réimprime
en 4 vol. in- la. fynne , dfpuis
évèque de Saint- ATaph , fît un. Abré-
gé très-eftimé de VEJfaI de Locke,
Ce philofophe lui-même l'approu-
va , & bien des gens , ( dit NUtron^)
le prcferem au livre de Loch même,
qui eil quelquefois difficile à en-
tendre à force d'être diffus. Cet
Abrégé fut traduit en françois par
j5o/«r , Londres , 1720, in-12. II,
Ua Traité du Gouvernement Civil ^
en anglois , qui a été aiTez mal tra-
duit en françois par Maiel, in- 11,
I724. Le fage philofophe y coip-
bat fortement le pouvoir arbitraire,
m. Trois Lettres fur la ToUrcnu
tn matière de religion. La i'* en
latin, 1689, in-i2 5 la 2* en an-
glois, 1690, in-4** ; la 3* aufli en
anglois, 1692 , in-4**. Les moder-
nes parîifans de la tolérance -, ( en-
tr'autres VoitSirCy) fe font fervis de
ces lettres. Mais il fera toujours
dîflScile d'affigner les bornes de
cette tolérance ; & c'eft ce qui em-
barrafle les gouvememens les plus
fages. IV. Quelques Ecriu fur les
Moimoies & le Commerce. V.
faifies fur PEducafion des Enfans.
Ce livre eftimable a été traduit en
fi^ois , en allemand ,, en hollan^.
dois & en flamand. VI. Un Traité
intitulé : Le Oiriftîamfmcraifonnahlei
traduit auffî en françois , par CcJU^
& imprimé en 1715 , 2 vol. in-ia*
Quelques proportions de ce livre,
prifes à la rigueur , pourroient le
Élire foupçonner de' Socinianifme.
Il y foutient qu^ll n*y a rien dans la.
fUvéiatlon , qui folt contraire à aucuM
notion afuréc d« la rai/on , & que
LOC 301
Jefus-Chrift & les Apôtres n'aii*
nonçoient d autre article de foi 0
que de croire que Jelus-Chrift étoit
le MefTie. Il s excufa , ou tâcha de
fe juiUner , dans des Lettres aif
doûeur SuiUngfléet, Le même Cojt
a traduit la Ùtfenfe de Luckc , & l'a
ajoutée à celle du Chrlflianifme rai-
fotmahle. Il y a de plus dans l'édi^
tion de 17 15 une Dijfertation ^ où
Ton veut établir le vrai moyen de
réunir tous les chrétiens, malgré
la différence de leurs femimens :
moyen plus facile à chercher qu'i
trouver j & un Traité de la Helt"
p^n des Damtt, Ces deux ouvrages
ne font pas de Locke, Au refie »
le tradu£leur a perfectionné le li-
vre de ce philofophe , en retran-
chant plufieurs répétitions » «< qui
»» font , dit Ntcéron , aiVez ordinai-
» res à.fon ftyle «. VII. Des Pa-
raphrafes fur quelques Epitres de, S^
Paul, U avoit confacré fes derniè-
res années à letude de l'Ecriture;
Vin. Des (&uyrcs divcrfes , 1710 ^
en 2 voL in-12. On y trouve unp
Méthode très-commode pour dreiTet
des recueils : plufieurs favans l'ont
fuivie. IX. Des Œuvres poflhumcs^
Elles renferment des morceaux fur
divers fujets de philofophie. LgcUa
avoit une grande connoifTance des
moeurs du n]ionde & des arts. U
avoit coutume de dire que »» U
)f eonnoijfance des Arts mécàniquu
»♦ renferme plus de vraie philofophie^
n que tous lu fy filmes , les hypothefes
» & Us fpieulations dis Philofophcs i«.
Son fiyle n'a ni la force de la.
Bruyère , ni le coloris de Malehranchei
mais s'il eu diffus » il a en revan-
che de la clané & de la netteté y
du moins dans les ouvrages qu'il
a foignés. L'auteur montre de la
circonfpeâion en propofant fes
penfées , & du refpeCl pour celles
d'autrui. Lés curieux pourront voit
fon portrait affez au long dans le
tome Yl* de la BihC^theque cholfi^f,
^oi L O C
En voici une ébauche : Ce philo-
fopht étoit prudent , fans être fin.
Sa converfation étoit enjouée. 11
favoit phificufs contes agréables ,
^'il rendoit encore plus piquans
par la manière donc il les racon-
<bit II aimolt la raillerie , pourvu
qu'elle fût innocente & déUcatc,
Ses manières étoiem aifées ; il dé-
daignoit la fotte gravité des faux
Ibvans. Il aimoit l'ordre , Ôc l'ob-
lervoit dans toutes les chofes de
la vie. Les chicanes grammaticales,
tes difputes de controverfe n'étoient
pas de fon goût. 11 méprifoit fur-
tout ces miférables écrivains qui
détniifent fans ceiTe , fans rien
élever. Il étoit fort libéral de fes
avis -, mais ayant éprouvé que la
plupart des hommes» du Heu de
iendre les bras aux conftlls , -y ten-
dotent les griffes , il en fut beau-
coup plus avare. U avoit fom ce"
pendant de demander ceux des au-
tres, & il ne donnoit rien au pu-
blic fans avoir confulté fes amis.
Son génie fe mettoit à la portée de
tous les efprits , & il pàrloit à cha-
<un leur langage. Son humeur étoit
portée à la colère-, mais fes accès
n'étoient que paffagers , & il étoit
le premier à reconnoitre fes torts.
Son amitié étoit folidè-& tendre;
mais il exigeoit les mê^nes fenti-
mens. Un jeune homme , ' auquel
il avoit mar^é le« plus grandes
bontés & le plus vif artachemem ,
Amt par le voler 6c le trahir, fombé
dans la plus extrême mifere par fa
ïhauvaife conduite, il vint récla-
mer , long-temps après , lesfecourt
Cf le pardon de celui qu'il avoit trai-
té avec tant de perfidie. Le phi*
lofophe tira de fon porte-feuille un
billet de cent pîfloles , qu'il donna
à ce malheureux j en lui difant :
A Je vous pardonne de tout mon
» cœur vos indignes procédés ;
n mais je ne dois pas vous mettre
>t 4 portée de me trahir an«(iscoadc
L O C
>« fois. Recevez cette bagatelle i.
)» non comme un témoignage de
>t mon ancienne amitié , maiscom-
M me une marque d'humanité. Ke
>t me répondez point -, il eft impof-
>i fible de regagner mon eflîrae •, &
>t l'amitié , une fois outragée , efl
M perdue pour jamais.... *« Ce qui
cara£lérifoit particulièrement ce
philofoplie , c'eft que rien de ce
qui pouvoit être utile à l'homme ^
ne lui paroiffoit indiflérent. Com^
me il portbit une attention égale à
tout, on a dit de lui qu'il étoit auiE
capable des petites que des grandes
chofes. Dans ces petites chofes ,
il ne faut pas comprendre les fud-
lités de la fociétc. Le jeuMui pa-
roiffoit tout-à-la-fois l'occupation
la plus fotte & la plus frivole. S'é-
tant trouvé dans une afTemblée de
feigneurs pleins d'efprit, qui, au lieu
de s'entretenir de chofes intérêt
famés , demandèrent des cartes » il
eut la patience, pendant quelque
temps , de les regarder jouer. Ayant
enfuite tiré fes tablettes de ùl po-
che , il fe mit à écrire avec beau-
coup d'attemioh. Un de ces fei-
gneurs s'en étant apperçu , lui de-
manda ce qu'il écrivoit ? y» Milord,
i> dit-il , je tâche de profiter , au-
À tant que je puis , lorfque je fuis
)« dans la compagnie de gens, tels
M que vous. 7'ai atten4u avec im-
» patience le moment de me trou-
>^ ver dans une afTemblée des hon»-
>« mes les plus fages & les plu|
>» éclairés de notre fiecle. Ayant ea-
M fin cet hoimeur , je nç ptiis sûeux
>» faife que d'écrire votre couver-
** fatlon -, 8c j'ai déjà couché ce qui
♦♦ s'efl dit depuis une heure ou
^ deux. 4( Il ne fallut pas que Lod*
lût beaucoup de ces dialogues *, cet
feigneurs en fendrent aifément Id
vide & le ridicule. C'étoient le duc
de Bucidngham , milord HaBfaa$
milord AshUy , &c. &c.
* 1.9aLMAN|£M|^CUzpb9(^rop|li
t' oc
dPEtltîôpîe ou de Nubie. Les Arabes
en racontent mille fables. Ils pré-
tendent qu*il ctoit cfclafve , & qu*il
fut Tendu aux Israélites du temps
de Salomon, Ils en dHent à-peu-près
lés mêmes diofes t^ue Ton débite
ordinairement fur Èfo]^, On de-
mandoit à ce fige de qui il aroit
appris la fage^ >-Dts ai^eug/es , dit-
il , qui ne pofeut point h plêâ , ftuu
s*itrt affurés de la foUdké du terrain,,,
Desibiitaires avdfenc volé une ca-
nvane. Les marchands les con}u«
itrem , les larmes aux yeux , de
leur laifler du moins quelcfues pro-
vlfions pour continuer leur voya-
ge : leâ foHtaires furent inexorables.
Le £çe Lochnan étoit alors parmi
cDx ; & uû des inàrchands kii dit :
« Eft-ce aififi que voîb înftruifeÉ
»■ CCS hommes pervers } *.< Je ne Ua-
iafirms pas , dit Lockman : que fo^
ràîent-Us de la fàgejfe * -^ »» Et que
if »' Eûtes - vous donc avec les iiié-
t' clians M > — /e cherche ; ditLock-
Idan , à dicouvth' eommttn ils kfùnt
deyemu.,.. Le inaitre dé totkman lui
ajrant donné à manger un melon
d'un très-mauvats goût , il le man- .
geatont entier. Son maître, étonné
de cet afte d'obé^nce , lui dit:
» Comment avez*vous pu rtxatager j
»» un fi mauvâs fruit ? « — Pal reçu ,
(lui répondit 'Xac^àï , ) fifouvêtit
dis dotêceurs de votrk pan , qu*il n^eft
pas étrange que fàie mààÉé une fols
dans ma vie un finit amer que vous •
m*at^et pré/ente. " X^etté répoiife gé-
aércufe de . réfchve ibucha fi fort
fônmaître , qu'il Itfi accorda auifi*^
tôt la liberté. . . Ndui a^ons un Irvre '
de Fables & dfc Sentences \ attribué '
ïl.odan2n par Ves Àrabek. Mab Ton '
croit qtte ce jiv^e cfl: ihddeme , êc -
qû*il a été rècuetlHdèi difcours & ^
des entrétiéhs de cet aiicieh phîlo^ -
fophe. Si Lochnan n'ell pas le même
%\x'Efope , il eft diffiale de décider "
files Orientaux Ont pris des Grecs
i ^ii^vf^â^n dds Fablàl T'^^ fi ceux*
L O C 50 j
d les o(t( empruntées des Orienî'
taux. Le$ Fables H les Apologies
paroîffent néanmoins plus confor«
mes au génie de$ peuprles d'Orieat^
qtt*à celui des nadons Occidentales.
Les hiôoriens peignent Lodauam:
^mme tm homme également efii-^
mable par fes comioiffances 6c f&t
fts vatu$« Cétoit un philofophe:
taciturne H contemplatif, occupé
de Tamour de Dieu, ^détaeliéée
<»iui dei créatures. Erpenlus piK
bli» le» Fables de Lochnan , en arabe.
& en latin , à la âute de là Gram^
maire Atabe , 1636 & 1656 , in-4***
Tann^ U iPevre les mît en beaux versi
latins. Galland les traduifit en^tiV
çois avec celtes de Pi^^^ ^arîs«'
r'^14 , deux volimiesin-ii, Âg.^
A: Ùueullettê , lo an» après , uaSl
deux volumes <n-i2.
LOCHNERUS, ( Mkhel-Fréd6^
tic) niort^ft 1720* à58ahs,étoiir
de l'académie des Curieux de 1#
Nature^ On a de lui 1 1. Papaver^e»-
antîquUateirmum , Nuremberg, 17I3,
in-4*. 1 1 ffepta* diffettatlomm «J
WftjTÎamNataraUMpertmentiuntyij 17^
in-4^. III. Rariora mufiU B^iarîanl^
1^16 , in-^lio.
. LOCRES, {Ferri de > cui4 de?
Saint-Nicolas d'Arras, mort en 1614^
partagea fon temps entre les devotts
de fon miniiVere , & Tétude des aïK
tlqttkés <le fon pays. Nous devions
àfts Recherches: 1. Dî/cou^s Oe im-
NohUffe, où il fkit metKson ée ^
piété & des vertus des rots deFfvioei:
Arras , 1605 , in-$^. M. fiyhkt du
Comtés de Same^PjVL^ Oouâi , 16 1 3,
itH°- IIL Chromeon Bel^tùmt ah mut»
!tj9 ai ahnim 1C09 i Arras , 1616 ,
iii-4».
LOCTOTA, ânfeofeempoifoii*
neûfe , vlvoit à la cour de N^rotip
l'an 60 de Jefùs-Guift. Ce 'prince
bèirbafe fe fervoit de cette miféraMe
pour faire périr les Objets de f «
haine & de fa vengeance. Tacite dit
qit'U' eré^aoit fi fo^pt de la perdre ,
304 . L O E
qu'il la foifoit garder à vue. Ilenw
ploya fon miniûere , lorfqu'il vou-
lut fe difaire de Bruannîcus, Comme
le poifofi n'opéroit pas aflez-tôt «
il alloit ordonner qu'on la fit mou-
rir ', la mort foudaine de BrltannUus
lui fauva la vie. Suitont rapporte,
que Néron lui ùûSoït préparer Tes
poisons dans Ton palais , & que pour
prix de fes abominables décrets , il
lui pardonna non feulement tous
€es crimes , mais qu'il lui donna 4e
grands biens, & des élevés pour
apprendre Ton métier.
. LOCUTlUS,r<>y«^AÏus.
. LOÉBER , ( Chriftian ) théolo-
gien Allemand , né à Orlamunde ,•
en 1683 , mort en 1747, à-^4 an^ ,,
fut furlntendant-génét^ à Altem-
bourg. On a de lui dts. VlJfertatUns
iUddémlques « & un AhrJgd de TkéolagU
ea latin. Il eut un flls> Gothîlf-FrUd^
man.^ & une fille , ChriJUnê^Dorothée ;
quife dillinguerentpar leurs Poélies.
, LOERIUS, VoyeiLoïEK.
LOESEL, ( Jean) né en 1607,
a vécu jufquau milieu du xvii*
fecle à Konisberg. On a de lui ,
^lora Prujfua , Re^omomi, 1703 ,
^"4**. Georger-André He/vmg en a.
donné le SuppUmau ; Dantzig ,
1712 ^ in-4^
LOEWENDAL, ( Ulric-Fréde-
rie Woldemar comte 4e ) né à
Hambourg le 6 avril 1700 , étoit
arriere-petit-fils de Frédéric lU^ roi
de Danemarck. Il commença à
porter les armes en Pologne Tan
17 13 cpmme fimple foidat , &
après avoir paiTé par les . grades
de bas-officier, d'enfeigne & d'aide-,
major, il devint capitaine en 17 14.,
L'empire alors n'ctoit point eni
guerre: il alla fervir comme vo-
lontaire dans les troupes, de pane-
marck contre la Suéde., & s'y. dis-
tingua par Ton aâivité & par . fo^
courage. La. guerre étant furvenue
^ Hongrie, il y pafla en itjlô,
4&.fi» ûgnaU à.U bataille 4ç Pecer^^
L 0 E
varadîn; au ficge de Temcfirari
à la bataille & au fiege de Belgrade.
Sa valeur ne parut point avec
moins d éclat à Napies > en Sar«
daigne & en Sicile , où il fut fuc
ceflivement envoyé. Il eut part à
toutes les a^oas de cette guerre,
depuis 17 1 8, jufqu'cn 171 1 qu'elle
finit. Toujours occupé de la fclence
militaire, il employa le loifir de
la paix à approfondir les détails de
YAnltJerîc & du G2nie, Le roi X-
ff^ de Pologne , au fervice duquel
il entra bientôt, le fit maréchal*.
de-camp & infpe^teur général de l'in-
fanterie Saxonne. La mort de ce mo-
narque , arrivée en 173 3 , lui donna
occaiîon de (}gnaier fa valeur dans la
défenfe de Cracovie. Il fit les cam-
pagnes de 1734 & de 1735 fur ^^
Rtun, toujours avec la même diflinc-
âion. La C\arlney l'ayant attiré à fon
fervice, fut fi contente de la manière
dont il fe conduiût dans la Cnmée
& dansrUkraine,qu'elle le nomma
chef de Tes armées. La grande répu-
tation que fà voleur lui avoit faite,
ei^agea le roi de France à fe le
procurer. Il obtint en 1743 le
grade de.lieutenant^énéral, & dès
l'année fuivante il juflifia l'opi-
niofi que touls Xy avoit de lui.
Il fervit avec aut^t de prudence
que de valeur aux fieges de Menin»
' d'Ypres , de Fumes , Ôc à celui de .
Fribourg en 1744. Quoique le
comte de Loewtndal ne fût pas de
tranchée lorfqu jon ^attaqua le che*
min<ouyert,,il s'y poru par Î5n
eîjcès de xêle, &ry fut bleflc d'un
coup de feu qui fit t:raindre pour ,
fa vie. Dans, la campagne de 1745 ,
il commanda je corps de réferve
à la bataille 4^ Fomenoy , & par-
tagea la gloire; de la vi^oire , par
l'ardeur avec laquelle il chargea
la colonne Angloife qui avoit
pénétré dans le centre de l'armée
Franc oifc 11 eut le bonheur de
prendre , dans la . m^e campag^ne, \
Gaiid>
LO E
Gflod , Oudenardc , Oftcnde , Nieu-
poit. Ce fut au retour de cette bril-
lante campagne que Louis XV té'
compensa fes talens & fes fervices
par le collier de fes ordres. L'année
I747 fut encore plus glorieufe
pour lui. Il la commença par les
^egesde TEduTe & du Sas-de-
Gmd; &, nendant que les troupes
achevoient 'de rédiure les autres
places de la Flandre HoUandoife,
îl fît de fi heureufes difpolitioas
pour la défenfe de la ville d'Anvers,
que les ennemis renoncèrent au
projet de l'attaquer. Il mit le com-
ble à fa gloire au fiege de Berg-
Op-Zoonu Cette ville qu'on croy oit
imprenable, défendue par fa litua-
tion, par une gamifon nombreufe,
par une armée qni campoit à fes
portes , eft pnfe d'ailaut le 16
Septembre 1747, lorfque la brèche
ctoit à peine pratiquable. On
croyoit qu'elle ne pouvoit être
inveitie', à caufe des marais qui
Venvironnoient. Le duc de Parme
avoit échoué devant cette place en
1588 , & Spinola en 1622 i &
depuis ces fieges elle avoit été
fortifiée par le Êimeux Cohorn , le
Vauhan des Hollandois^ qui la re-
gardoit comme fon chef-d'œuvre.
Mais la valeur des François, fé-
condée par leur général , fiit plus
forte que fa fituation. Les vain-
queurs trouvèrent dans le port 17
grandes baïques chargées de pro-
vifioas,, avec cette adrefTe en gros
caraûeres fur chaque barque : A
iInvincible Garnison
DE Berg - Of - Zoom. Le lende-
main de cette glorieufe journée ,
le comte <^ Locwcndal reçut le
bâton de maréchal de France. Sa
' complezion forte & robufle faifoit
, efpérer à la France qu'olle auroit
I long-temps un défenfeur*, mais un
I petit mal qui lui furvint au pied , &
fui 6it fulvi de la gangrené, rem-
porta le 27 Mai 1755, à 55 ans«
Tome K
L O G 30$
Il fut eoterré i Saint-Sulpîce avec
les honneurs dus à fes alens & k
fes fervices. Depuis la paix , le
maréchal de loct^cnia/ avoit partagé
fon loifir entrâtes plaifirs de Te*
tude & la fociété de quelques amis
choiûs. Il les charmoit par la bonté
de fon ame , par fa candeur , par
fon efprit, par le don de s'ezpri*
mer avec autant de force que de
juilefle , & par une infinité de cosr
noiiïances que fes leéhires & {e^
voyages lui avoient acquifes. II
parloir bien Latin , Danois , Alle-
mand , Angloîa, Italien, RufTe &
François.Il pofTédoit à un degré émi-
nent la Tûàlqucy le Génie & la Gé*^
graphie dans fes plus petits détails «
telle que la doit (avoir im milt->
taire chargé du commandement.
L'académie des fciences orna ûe
lifle de fon nom illufire, en qu»«
lité de membre honoraire. Sembla-
ble par le cœur & par l'efprit au
maréchal de Saxe^ fon ami intime,;
il faifoit, au milieu des plaifirs»
l'étude la plus profonde de la
guerre. U avoit toujours lu beau***
coup -, il écrivoit auffi, & on a dÛL
trouver pluiieurs n^nufcrits donc
il feroit âcheux qu*on privât le
pubUc Le maréchal de Loewendal à
laiflé un fils , héritier de fon zèle
patriotique , Françols'Xavler-Jofiph ,
comte de Lo£wendal,
L0Ç£S , ( Marie Bruneau dam»
des ) femme de Charles de Ruhignê:^
voifin , feigneur des Loges , & gen-
tilhomme de la chambre du roi,
fut extrêmement eftimée , non-feule-
ment de Malherbe , de Baliac & des
autres beaux-efprits de fon temps»
mais auf& du roi de Suéde, du
duc d'Orléans , du duc de W*ymar»
On ne Tappeloit,^ en vers & en
profe, que la CéUfie , la Divine^ la
Dixième Mufe, Quoique cette dame
eûf de l'efprit , il eft à croire que
fon fexe lui mérita une partie de
ces louanges. Elle mourut le s Jiûa
V
jotf L O G
1641 , dans un âge affez avancé ,
faiflant cinq enfans. Madame d'Au^
n<^yéxoixÎA nièce. ^<>yc{ Costar...
Voiture.
LOGNAC, (N. de Montpoat,.
leigncur de) favori i* Henri I II toi
de France, étok brave, & ft tira
avec honneur des querelles que
les Gidfts- lui av oient fuicitées. Il
Alt maître de la garde-robe du roi ^
& capitaine de 45 gentilshommes
qui (ùrent choifis pour la Aireté de
Jierm ///. C'eft lui qui engagea ce
prince à fe défaire du duc de Gulfi,
Il ftit préfem à l'exécution' y mais
en ne convient pas fur la manière
dont il y parôcipa, [ Voye^ GciSE ^
n°' II & .m. I 11 «oit avec le
marquis d& Mùtpeîx , le procureur-
général ^ ^ur^^fôcplofieurs autres
lleigneurs , quand , . accourus au
Cti de Henri III que le fanatique
Clément venoit de poignarder , ifs .
▼ei^erent à l'heure même de cent
coups d*épée le parricide fur fon
làcfilege auteur* Lognac fut difgracié
dans la fuite, & obligé de fe retirer
dans la Gafcogne , ia patrie , où il
§dt tué quelque temps après. Foy^
Bouchard. '
LOGOTHETE,^^ Voyei AcRO-
POLITE.
LOHENSTEIN , ( Daniel-Gaf-
p»d de) confeiller de l'empereur,-
iyndic de la ville de Breilau , né
à Nimptfdi en Siléfie l'an 1635 ,
fit de bonnes études , & voyagea
dans toutes les parties de rEurope,
où it s'acquit l'eftime des favans.
M mourut le 2-7 Avril 1683 , à
49 ans. Son génie avoit été pré*
coce 9 à l'âge de i f ans il donna
trois Tragédies , applaudies. C'cft le
premier qui ait tiré la' Tragédie
Allemande du chaos. On a de lui:
I. Pluiieurs Pièces dramatiques. II.
Le généreux Capitaine Arminius ,
vaUlant défenfeur de la lihtrté Ger^
Monique , en 2 vol. in-4'*. C'eft un
Rom^p i9oral » ^ti eont^ev^c »
Lor
donr le but eft d'infpiter ie V^
deur pour les fciences aux perfon-*
nés deiHnées' aux emplois publics^
III. Des Réflexions Poétiques fur le
5:3* chapitre d*J/aJie, Lohenfiein éxoït
libéral , flir-tout à l'égard dés fa-
vans. Il confkcroit le jour aux
devoirs de fe charge « & le foir à
les amis & è letude , qu'il pouflbif
bien avant dans la nuit.
LOIR, (Nicolas) peinfire,néi
Paris en 1624 , fit une étude û par»'
ticuliere des ouvrages du Poijjhir
& les copioit aVec tant d'art, qu'il
eft difficÛe de diitinçuer la copie
d'avec l'original. I&«û XI VU gr»
tiiîa d'une' penfion de 4000 livres.
Loir s'attacha au coloris & au def*
fin. Il avoit 'de la propreté & de
la âcilité. Il peignoir également
bien les figures , le payfage r l'ar- .
chifeâure & les omemens ; mais
il excelloit à peindre des femmes
& des enfans. Il mourut à Vmê
en 1679, â f5 ansî Alexis Loiif
fon firere , s'eft difiingué dans la
gravure.
LOISEAU , Voyei LoTSiAir.
LOISEL , (Antoine ) avocat aa
piiulement de Paris , né à Beauvai^
en 1536, d'une famille féconde en
perfonnes de mérite , étudia à Paris
ibus le fameux Ramus, quille fit
fon exécuteur teftamentaire ; à To»
loufe & à Bourges , fous Ctgas, Il
s'acquit une grande réputation par
fes plaidoyers , & fat revêtu de
pluficurs emplois honombles dans
la magifhrature: Il étoit lié d^amidé
avec lepréfident de Thou , le chao-
cclier de V Hôpital^ Pierre Pitkou^
Claude Dupuy , Scévole de Sûim-
Marthe ,. & plufieurs autres grands-
hommes dc" fon temps. Il moiaot
à Pïiris le 24 Avril 1617 , à 81 ans.
On a de 'lui: I. Huit Dijcours'm'
tulés : La Gmenne de AC Loifdf
parce qu'il les prononça étant avo*
cat du roi , dans la chambre ^]
jufikt d^ Quiçone, U, Le T4^
LOI
êc tlBi/hlrt générale de notre temps ^
dq>uis i6io i|urque$en 1628, in-8°:
I ouvrage médiocre. III. Le Dialo-
ptt des Avocats du Parlement de Paris,
IV. Les Rtgjles du Droit François,
y. Les Mémoires de Beauvais &
Biduvolfis , in-4° , pleins de rccher-
J ches ciirieufes. VL Les Infiuats
CoutumUrcs , 1710 , en 2 volumes ,
is-l2. François de Launay O Lauriere
ta ont publié de bons Commentaires,
! VU. Des Poéfies Utines, VIII. Opuf.
adcs divers , in-4® , 1656. Ils furent
publiés par l'abbé Joly ^ Ton neveu
& dian#ine de Paris , qui les orna
éeU yie de l'auteur.
LOISEL, Foyex L0ESEL04. &
i pISEL»
LOKE, Voye^ LocitE.
LOLA , ^oyei Abov-LolA» ^
LOL-KO OR , plus connue dans
nndoftan ix>us le nom de Xoxl-
I KoùRÈE y fiit une courdfane d'une
beauté parfaite , qui excelloit éga-»
lement dans le cbant & daâs la
danfe. Mau^-'Odln-Jehandar-Shaw ,
Ibaveraîn de rindofbui * & petite
fils à^Aurcn^Zeb , en devint éper-
dument amoureux, & n'eut plus
d'autre Volonté que celle de fa
maîtrefTe. Ce prince indi^pofa tel-
lement les grands , qu'ils rérolurent
de le détrôner & de mettre à fa
place foft neveu Tnrrukhjtr, On en
tint à une bataille , qui fut déci-
five en faveur de ce dernier. Les
Careffes de Loll - Koorée , nouvelle
CUopâtte , avoient empêché l'em-
pereur d'aller commander en per-
sonne, & d'éviter peut-être Une
débite dont il fîit la vi£bime. Son
neveu lui fit couper la tête en 171 5 ,
& LoUrKoor fiit condamnée à une
prifbn perpétuelle au château de
Selimgur. [ Art, fourni. ]
LOLLARD * 0» LoLHARD ,
.(Waliher) héréfiarque Allemand,
enfeigû^ , vers l'an 1 3 1 5 /^que Lucifer
& les Démons avoient été chaiTés
^ Qtà^ ihjuâement» & qu'ils 7
L 0 t 50^
fetoient rétablis un jour. 5. Mlchti
& les autres Anges « coupables dd
cette injuftice, dévoient être » félon
lui , damnés éWrttellement avec
tous les hommes qui n'étoient pas
dans ces fentimens. Il méprifoit
les cérémonie?^ de l'Eglife , ne re-^
connoiiToit point l'interceffion des
Saints , & droyoit que les facre»,
mens étoient inutiles. ««Si le Bap-^
>» tême eft un facrement , ( difoit
« Lollardi) tout bain eri eft aufR
»♦ un, & tout baigneur eft uà Dieu ♦<.
Il prétendoit que Vfioftie confacrét
itou, un Dieu Imaginaîre, Il fe mo- '
quoit de la MefTe, des prêtres &
des évêques , (Jpnt il foutenoit que
les Ordinations étoient nulles. Le ma->i
nage , félon lui , n'étoit q[x*uneprofi
tltutîon jurée. Ce fanatique fe fiiî
un grand nombre de difciples en
Autriche ^ en Bohême , &c. Il %x»
bjit dou\c Hommes choifls entre fé»
difciples , qu'il nommoit fes Apô-^
très, & qui parcouroient tous les
ans l'Allemagne , pour affermir ceux
qui avoient adopté fes fentimens.
Parmi ces douze difciples, il y av^oit
deux vieillards qu'on nommoit les
Miniftres de la SeHe, Ces deux minii«
très feignoiertt d'entrer tous les an»
dans le Paradis , où ils recevoient
à'Enoeh & d'Elie le pouvoir de re*
mettre tous les péchés à ceux dtà
leur fefte, & ils communiquoîent
ce pouvoir à plufîeurs autres dans
chaque ville ou bourgade* Les In-^
quifiteurs firent arrêter LoUard ^ fie
ne pouvant vaincre fon opiniâtreté,
le condamnèrent*- Il alla au feu
Êms frayeur & fans repentir , & Ait
brûlé à Cologne en 1422. On dé-
couvrit un grand nombre de fes
difciples, dont on fit, {clonTrîehéme^
lin grand incendie. Le feu qui ré-
duifit LoUard en cendres , ne dé-
truisit pas fa feue. Lts LoUards fe
perpétuèrent en Allemagne , paffe-
rent en Flandres & en Angleterre.
Lç? *çxçi^lé» de ce royaimiç avec
y ij
3o8 L O L
la cour de Roae , concilièrent à
ces enthoufiaftes TaiFeâion de beau-
coup d'AngloU , & leur feâe y fît
du progrès. Mais le clergé fit por-
ter contre eux les lois les plus (c-
veres , & le crédit des Conununes
ne put empêcher qu'on ne brûlât
pas les Loilards. Cependant on ne les
détruifit point. Us fe réunirent aux
WîcUfius ', & préparèrent la ruine
4u clergé d'Angleterre & le ichiûne
^ Henri VIII i tandis que d'autres
JjoUards difpofoient les efprits en
Bohême pour les erreurs de Jean
*Jius & pour la guerre des Huffites.
LOLLIA Paulina , petite-fille
4lu conful Lollius , étoit mariée à
^. Memmms Regulus^ gouverneur
de Macédoine 9 quand l'empereur
£aligula , épris de fa beauté , vou-
lut lui faire partager Con trône Ôc
ion lit : or , afin de Tépoufcr dans
les formes , il obligea Memmius à fe
dire le père de cette dame , dont il
étoit le véritable mari. Elle ne porta
pas long> temps le titre fi envié &
U dangereux d'impératrice : la ùl-
meufe AgHppîne , dévorant dans fon
cœur le trône qu elle pccupoit , la
fit accuTer de fordlege, & fous ce
prétexte la fit bannir par l'empe-
reur, puis afiaffiner par un tribun «
l'an 49 de J. C.
LOLLIEN , ( Spunus - Servîlht^
LolUanus) foldat de fortune , né
dans la lie du peuple , s avança
dans les armes par fon intelligence
& (a bravoure. Il, fut revêtu de la
pourpre impériale par les foldats
Romains, qui venoient de mafia-
crer Pofikume U Jeune : ce fiit dans
le commencement de Tan 167. L'u-
furpâteur fe défendit à la fois contre
les troupes de Gal/ien & contre lés
Barbares d'au-delà du Rhin. Après
les avoir contraints de retourner
dans leur pays , il ût rétablir les
ouvrages qu'ils avoient détruits.
Comme il faifoit travailler fes fol-
d«,t« à ç& travaux ^ iU fe mucLnertat
L O M
& lui ôterent la vie , après quelques
mois de règne. •
LOLLIUS y {Marais) confulRo^
main , fut eftimé ^Àuçiflu. Cet em-
pereur lui donna le gouvernement
de la Galatie , de la Lycaonie , de
riûurie & de la Pifidie , 13 ans
avant Jefus-Chrifi. U le fit enfuite
gouverneur de Cdius Agrippa^ fon
petit-fils , lorfqu'il envoya ce jeune
prince dans l'Orient pour y mettre
ordre aux affaires de l'empire. LoUias
fit éclater dans ce voyage fon ava-
rice & d'autres mauvaifes qualités •
qu'il avoit cachées auparavant avec
adrefle. Les préfens immenfes qu'U
extorqua de tous les princes pen-
dant qu'il fut auprès du jeune Cefârf
découvrirent fes vices. Il entretenoit
la difcorde entre Tihere & Agrippa , &
l'on croit même qu'il fervoit d'ef- ,
pion au roi des Parthbs pour éloi-
gner la conclufionde la paix. Cduu
ayant appris cette trs^fon, raccufk
auprès de l'empereur. LoÛms^aà-
gnant d'être puni comme il le mc-
ritoit , s'empoifonna ; laifiknt des
biens immenfes à Marcu» LoWus fon
fils , qui fut conful » & dont la fille
LoUlaPomnaépouisL CaUguIa. Céi
ce dernier Lollîus auquel Horace
adrefle la a® & la iS*^ Epîtredcfon
premier livre.
LOM ou LOMMIUS, (Joflc
Van ) favant médecin , né à Buren ,
dans le duché de Gueldre, vers 1 5 00,
exerça fa profefiion principalement
à Tournai & à Bruxelles , & mou-
rut vers l'an 1561. Nous avons de
lui : I. Commsntarîi deSanltdîttua'
da^ in primumâb, àe Rz medUa C, Celfii
Leyde , 176 1. II. Ob/ayationum
medlclnallum iibri très. On, en a ^t
un grand nombre d'éditions , la
plus récente ell celle d'Amfierdam ,
1761 , in- 12. U a été traduit deux
fois en fi-ançois , Paris, 17 11 &
1759. III. De cwandls fibribust Amft.
1761. Le latin de Lommlus efi pur
& élégant. On prétend qu'aui^
L O M
«é^çcîfi de Ton fîecle n'a lait mieux
connoitre les maladies , ni prëfcrit
une pradque plus judicieuse & plus
fùrc. Tous les ouvrages de Lommius
ont été imprimés à Amilerdam , en
174 j & 1761 , 3 vol. in- II.
LOMAGNE, Voyti Terride.
LOMAZZO , ( Jean-Paul ) né à
Milan , en 1 5 98 , devim habile dans
. la peinture & dans les belles-let>
très. La littéramre lui fîit d'un
grand fecours , quand il eut perdu
la vue à la fleur de Ton âge , fuivant
1 ia prédiâion que lui en avoit faite
Cardan, On a de lui deux ouvrages
1 peu communs : I. Un Traité <U la
\ Peinture , en italien , Milan , I5 85 ,
in-4®. n. Idiét del Tempio délia Pip-
««r4, 1590, in-4**.
I. LOMBARD , ( Pierre ) Voye^
' Pierre Lombard , n° xir.
I IL LOMBARD , ( le Pcre ) Je-
fuite, poëte françois de ce iiecle^
eft auteur de plufieurs Potmes cou-
ronnés aux Jeux floraux de Tou-
lottie , dont trois fe trouvent dans
le recueil connu fous le titre de
Parnaffe Chrétien , Paris , 1750, in-
II. Mais on n'y trouve pas ime
petite pièce , pleine de namrel & de
grâces , du même poëte , intitulée :
Leçotts aux Enfans des Souverains,
C'eft une paflorale charmante , qui
»'a de déÊiut que la brièveté. Les
pièces du P. Lombard offrent plus
de pureté & d'élégance cfue n'en
ont communément les vers couron*
nés par les académies de province.
On diftingue le poème, qui a pour
titre : Combats de S. Auguflin^ où
l'on pourroit peut-être reprendre
«tn trop fréquent nfage de Tanti-
thefe -, mais le fujct femhle le com-
porter. Les trois pièces citées du
P. Lombard , font des années 1738 ,
39 & 40. Nous ignorons l'année de
fe mort.
LOMBART , ( Lambert ) né à
Liège en 1 5 06, mort vers l'an 1565,
^'applij|ua avec fuccès à la peinture.
L O M 50$
Il fe pèrfe^onna dans fon art en
Allemagne , «n France , & fur-tout
en'Italie , où il pafla à la fuite du
célèbre cardinal Polus. De retour
dans fa patrie, il y établit le bon
goût dans la peinture & l'architec-
ture , & forma des élevés qui firent
de grands progrès dans ces arts.
Hubert GoUims publia la Vie de
Lombart , par Dominique Lampfon ;
fous ce titre : Lamberti Lombarde
apud Eburones piHoris celeberrtmi Vita ,
Bruges, 1565 , in-S".
^ LOMBERT, (Pierre) avocat aw
parlement de Paris , fa patrie , fut
uni à MM. de Por^Royal , & de-
meura quelque temps dans leur mai-
fon. 11 avoit de l'efprit ; il l'em-
ploya à des ouvrages udles. Il tra-
duifit les écrits des SS. Pères, &
mourut en 17 10 , avec une grande
réputation de piété , après avoir
piûslié pluâeurs verfions. Les plus
eflimées font : I. Celle de VExpU^
cation du Cantique des Cantiqms , par
5. Bernard. II. Celle de la Guide du
chemin du Ciel , écrite en latin par
le cardinal Bona. III. Celle de tous
les ouvrages de S, Cyprîen , en 1 vol.
in-4^ , accompagnée de favantes
notes -, avec une nouvelle Vie de
ce Père tirée de fes écrits , & la tra-
duâion de l'ancienne par le diacre
Ponce ^ &c. Cette verfion efl élé-
gante & fîdelle. IV. Une bonne
traduâion des Commentaires de S.
Auguflin , de Sermone Chrifti in monte,
V. Enfin la tradùâion de la Cité
de Dieu , du même doâeur , avec de
favantes notes, en deux vol. in-8**,
1675 , c'efl la meilleure de ce traité
de S, AuguJBn , dom quelques paf-
fages font très - difficiles à enten-
dre. Cette verfion , que Lambert en-
treprit fur les Mémoires du célè-
bre le Maitre , efl recommandable
par la fidélité & l'énergie du flylc ,
& par quantité de remarques qui
renferment des corrcâions impor-
tantes du texte* On peut pourtant
Viij
310 L O M
reprocher à Lombert ce qu'oa a re-
proché à Dubois , autre traduâeur
àePort-Royal. S, Bernard , S. Au^ .
fufin & 5. Cypr'un, ont chez lui à-
peu7près le même ftyle , les mêmes
tours & le même arrangement.
LOME ]>£ MOMCHESNAY, Voy.
jMonchesnay.
LOMEIER , ( Jean ) miniftre Ré-
formé à Zutphen , s'eft diftingué
par fon Trjùté hlflorlqnc & critique
iUs plus célchres Bihliotheques avcim"
nés & modernes , imprimé à Zutphen
«n 1699 , in- 12. De tous les livres
que nous. avons fur cette matière ,
ç'eil le plus favant, mais non pas
le mieux écrit j & depuis qu'il a été
publié, il y auroit bien des additions
â y £aire. On peut d'ailleurs repro*
cher à Loméier , de prendre quel-
quefois de iimples cabinets pour de
grandes bibliothèques.... Voyei Mj."
JPERUS.
I. I.OMENIË , ( Antoine de )
ftigneur de la Ville -aux -Clercs,
nommé ambailadeur extraordinaire
en Angleterre, en 15 9 j , fecrétaire
d'état en 1606, fut employé dans
diverfes négociations importantes
dom il s'acquitta avec fuccès. Henii
JK lui donna des marques d'diime.
Ce monarque protégea le fils en
faveur du père , ( Martial de Lo-^
MENiE i ) greffier du confeil , tué à
la Saint'BanhéUmiy en 1572. Antoine
mourut le 17 Janvier 1638 , à 78
ans,
II. LOMENIE, (Henri^ugufle
de ) comte de Brienne , fils du pré^
cèdent , obtint après divers emplois
la furvivance de la charge de fo»
père , en 161 5. louis XIII le fit
capitaine du château des Tuileries,
«n 1622, & l'envoya en Angleterre
deux ^ns après , pour régler les
«oticles du mariage de Ht^nrittte de
fronce , avec le prince de Çaller.
li fuivit enfuite le roi au iiege de
]a Rochelle. Dans le commence-
4RÇ0X du r^e de Louis XlFi î^ ^y
L O M
le département des af&îres étran-
gères. Il fe conduiût avechcaucouf»
de prudence durant les troubles de
la minorité ; & mourut le 5 No-
vembre 1666 , à 71 ans. 11 laifl*
des Mémoires manufcrits , depuis le
çommen/cement du règne de Loét
XllI , juftïu'à la mort du cardinal
Ma^arln, On en a pris les morceaux
les plus intéreilans , pour compofer
l'ouvrage connu fous le titre de
Mémoires de JLoménie , imprimés i
Amflerdam , en 1719 , en 3 voU
in- 12.. L'éditeur les a pouiïés juf-
qu'en i68i. Us offrent quelques
détails curieux , & des anecdotes
utiles pour THiftoire de fon temps.
On voit que l'auteur avoitune poli-
tique fage & de bonnes vues pou?
radifiinifbranon. Son efprit a écç
reproduit dans un de fes ddcen-
dans : M. Tarchevêque deTouloufe, '
qui , aux lumières de l'homme
d'état , joint le talent de l'éloquence
& le goût des belles-lettres.
III. LOMENIE , ( Henri-Loui»
de ) comte de Brienne , fils du prc-«
cèdent , fut pourvu en 1661 , dès
l'âge de 16 ans , de la furvivance
de la charge de fecrétaire - d'état
qu'avoir fon père, Comme la plus
importante partie de l'exercice de
cet emploi regardoit les étrangers it
il parcourut l'Allemagne , la Hol-
lande , leDanemarck , la Suéde, U
Laponia, la Pologne, l'Autriche^
la Bavière & l'Italie. Il voyagea en
minîilrc qui vouloit s'inftruire, oh%
fervant les mceurs , les caraûeres &
les intérêts politiques de ces diffe*
rens peuples. Ses coimoiffances ,
qui furpafToient fon âge, lui ayant
hit beaucoup de réputation daot
fçs courfes ; Lotus XIV lui permit
d'exercer fa diarge , quoiqu'il n'eû^
encore que 23 ans. Il fe conduifit
d'abord en miniftre ; mais Tafflioi
don que lui caufk la mort de fa km^
me , Henriette de Chavigny , en 1665 «
aliéna (on efprit^ Depuis çence trift(
L O M
iSpCfpit * -/on an/tau hoviUûU tùw*
jours , pour nous ibrvLr de Tes ex-
freffions. Son imagination 4éré^
giée le jetoit quel<[i^ois daagf des
bizarreries peu dignes d'un homme
en place. LouU XIV fut obligé de
iui demander £à démiûion. Le mi-
nière difgracié fe retira clvez lis PP,
de l'Oratoire -, après avoir vaine-
neat tenté d'entrer chez les Char-
treux. Il vicut d'abord avec Cigefle ,
& reçut même les ordres facrés ;
mais il ne tarda pas à fe dégoûter
d'une vie qui lui paroiiToijc trop
uniforme. U reprit Tes voyages \
pafla en Allemagne -, s'enflamma
( dit-on ) pour k piinceâe de Mec-
ieihourg ^ & lui déclara fa paflio^.
louis XIV ^ à qui cette priacefiie icn
porta fes plaintes , ordonna à lo-
mtnlt de revenir à Paris # & le fit
enfermer dans l'abbaye de Saint"
Germain. Le refie de fa vie fut trèsr
nalheuj^ux. On fut obligé de le
confiner à Saint-Benoit-fiur-Loire.,
& enfuite à Saint • Lazare* L'écrit
^ l'occupa le plus dans fa prifon^
£it une prétendue Hiûoire du Jan-
fénifme , dont le titre d^ auffi finr
gulier que l'ouvrage. Voici ce titre
Xe Rotnan rérl^abU , ou VHîftolfc
{tcTUi du Janfénlfmci Dialoguts d& la
iumpofiûoa <U M, DE MélonI£ ,
ILoménie] Slredt Néhrlne^ Maroa
de Mentcrejfe Sc autres lieux , Bachelier
€n TkéologU d^ns Vunlvejfité de Mayeri'
«e» agrégé Docteur en Médecine duikf'
Mlle de Padoue , ^ Licencié en Vroh-
€anon de Vf/niverfiU de ^alan^anque ^
maintenant Abbé de Saint- Léger ^ habi-
tué à Saint-lta\are depuis on\c ans ^
ci| i68 5 . Cet ouvrage n'a point été
imprimé. C'efl un mélange de profe
& de ve^s , en ix livres. Les por-
Iraits à'AmAuld , de Lanctlot & de
.quelques autres y font peints avec
beaucoup de feu. L'auteur y ménage
peu les Solitaires de Port-Royal-^
<iont les partifansne l'ont pas mé-
lAilgé à lê^r XQXitf U faut avouer
L O M jit
cependant que , lorfquSl pouvoct
calmer les agitations de fon efprit ^
il îtoit aimable ; fon cœur étott
fenfibU & généreux. Quelques an-
nées avant fa mort, il eut ordre
de fe retirer à l'abbaye de Saint-
Séverin de Qiàteau-Landon , où il
mourut le 17 Avril 169S , âgé
d'environ 56 ans. 0\xtxi^£onRomam
du Janfênifme.^ dans lequel on re-
cueilleroit quelques anecdotes , fi
Ton pouvoit en féparer le férieux^
des plaiiànteries qui y dominent^
\Voy, IL Lancelot.] On a de
iui : L Les Mémoires de fa Vis , eo
3 voL in-folio. II. Des Sadres &
des Odes, IIL Un Pohne , plus que
burlefque > fur les Toux de\ Saint»
Lazai^. Les ouvrages prccédens
font manufcrits. iV. 'VHifiùire de.
fa Voyxiges , in-8®v écrite en latin
avec àdSiw d'élégance & de nettetés
V. La traduâion des Inftitutions de
TltoMUre^ 1665, in-S^ VL U»
Recuâl de Poéfies Chrétiennes & divcr^
fes , 1671 , 3 volumes in-11. Les
pièces ile cette coUeâion ne font
pas toujours bien choifies. On y
trouve pluûeurs de fes propres ou»
vrages, &ce ne font pas toujours
les meilleurs morceaux. L'auteur
avoit de la facilité & de la vivacité i
mais fon imagination n'étoit pas
toujours dirigée par un goût sûr^
VU, Les Règles de la Poéfie Françoife ,
qu'on trouve à la fuite de la Méthodç
' Latine de Port^Royal, CeR. un caner
vas qui a fervi à tous ceux qui onc
écrit fur la même matière. J[ Ce^i était
imprimé en tjyt^, 1
Depuis , M. l'archevêque c^
Touloufe a été nommé («n 1787)
premier minière du Royaume ^ &
M. le cornue de Brienne , fon frère ^
miniflre de U guerriQ. . Leur frère
•giné , le marquis de Brienne , colonel
du régiment d'Anois ^ s'étoit âgnalé
dans plufieurs pccaûons , par le
courage d'un foldat & par l'intclH*
gence d'un habile' capitaine. Dao^
yiv
^îi LÔM
1% amefte iouraée de l'Af&ette, lé
19 Juillet 1747 , il anaqua une pa-
liflade » à la tête de fa troupe. Un
coup de feu lui emporte le bras.
On le preiTe de fe retirer du com-
bat : Non y non , répondit-il , // m*en
nftt un autre pour U J'ervîct de mon
Roi, Il revient à la charge , & il eil
tué , laiiïant après lui le ibuvenir
d'un citoyen généreux , d'un brave
officier & d'un homme aimable.
LOM£R , ( S. ) Launomams , abbé
au diocefe de Chartres , mourut le
19 Janvier 594. Ses reliques, por-
tées dans le diocefe de BÎois , don-
nèrent lieu d*y fonder , au dixième
iiede , une abbaye qui porte fon
nom.
LOMMIUS , Foy. Lom & Mas-
CRIER.
LONDE, (François-Richard de
la ) de l'académie royale des belles-
lettres de Caen , né le premier No-
Ttembre 168 5 , fe livra à la poéfie ,
à la mufique , à la peinture , & fur-
tout au deflîn & au génie. Le pro-
jet & les moyens de rendre havi-
gable, depuis fa fource jufqu'à la
mer , l'Orne qui pafTe par Caen , ne
ceiTerent d'être l'objet de fes tra-
vaux. Après avoir démon* ré la pof-
£bilité de ces moyens , il mit tout
en ufage pour les fiaire approuver
par le gouvernement. U traça le
Plan , les Vues , & Us PerfpeBives de
Casn , avec cette netteté & cette pré-
cifion qui font le mérite de fes
Cartes : il les fit graver à {çs frais
& fous fes yeux. Il s'occupa enfuite
des antiquités & de l'origine de fa
patrie , & fit les recherches les plus
ïaborîeufes. Pour fedifbaire au mi-
lieu de ces pénibles occupations , il
fe partageoit entre les arts & la
littérature : tantôt il peignpit fes
amis , tantôt il traçoit des plans &
des payfages , & tantôt il rendoit
le verre propre à fovorifer des vues
d'optique. Dans fes vers il combat-
tit les erreurs dt r2Uuûoii & de U
t ON
folle \ il développa les effets da#
gfreux du luxe & des voluptés -, il
fit #s Contâtes , des Elé^ , des
Opfti, 6cc. En profe il traça lesYC"
ritables caraâeres de la vertu , &
apprit à goûter les avantages d'une
bonne éducation. Ce vertueux ci-
toyen , malgré fes travaux , jouit
toute fa vie d'une famé égale ; fon
efprit & tk mémoire ne reâendrent
point les attentes de l'âge; U mou-
rut le iS Septembre 1765 , à Soans^
fans prefque avoir été malade. U
aimoit à conter , & il le £ai(bit
d'ime manière imérefîante, U a laif-
fé : I. Paraphrafe , en vers , dis fipt
Pfeaumes dt U Pénitenu , 174S , in*
8^. U. Mémoire concernant le Com^
merce de la baffe Normandie , manuf-
crit. ÏLL Recherches fur Pantiqmté de
Château & de la Ville de Caen \ auifi
en manufcrit. IV. Diverfes Pièces
de Poéfie , les unes manufcrites « les
autres iniférées dans les Recueils &
Journaux. [Art. fourni,]
I. LONG, (George le) doôeuf
& premier garde de la bibliothèque
Ambrofienne , vivoit au commett-
cernent du feizieme fiecle. Il lai£a
un Traité en latin « plein d'érudi*
tion, touchant les Cachets des An*
ciens ; Milan, 1615 , in-8**. On le
trouve aufli dans le Recueil des
divers Traités De Annulis , publié
à Leyde en 1672.
II. LONG , ( Jacques le) prêtre
de l'Oratoire, né à Paris le 19
Avril ï 66 5 , fut envoyé dans fa jeu-
nefïc à Malte pour y être admis au
nombre des Clercs de Saint-Jean de
Jérufalem. A peine fut-il arrivé , que
la contagion infeâa l'ifle. U ren-
contra par hafard des perfonnes qui
alloient enterrer un homme mort
de la pefle-, il les fuivit , mais, dès
qu'il fut rentré dans la maifon où
il logeoit, on en fît murer les por-
tes , de peur qu'il ne communiquât
le poifon dont on le croyoit atta-
qué. Cette efpece de prifon gariotit
LON
45» Jours & ceux des perfonnes avec
lefquelles il étoit enfenné. Le jeune
k Long^ échappé à la contagion,
quitta rifle qu'elle ravageoit, &
revint à Paris , où il entra dans la
congrégation de l'Oratoire , en
1686. Après avoir profefle dans plu-'
fieurs collèges , il ùt nommé biblio-
diécaire de la maifon de Sakit-
Honoré à Paris. Cette bibliothèque
augmenta de plus d'un tiers fous
fes mains. L'excès du travail le
Jeta dans l'épuifement , & il mou-
rut d'une maladie de poitrine le
1$ Août 1721 , à 56 ans, regardé
comme un favant vermeux. Le P.
U Long favoit le Grec , l'Hébreu ,
leChaldéen , l'Italien , l'Efpagnol,
le Portugais & TAnglois. Il étoit
patfeitement inftruit de tout ce
qui regarde la littérature , les livres
& l'imprimerie. Le P. Malehranehc
lui reprochoit quelquefois en badi-
nant, les mouvemens qu'il fe don-
noit pour vérifier ime date ou pour
découvrir des petits faits que les
philofopKes regardent comme des
minuties. La vérité tftfi aîmabU^ ( lui
répondoit le P. U Long^ ) qu'il ne
faut rien négliger pour U découvrir y
mime dans les plus petites ehofes. Il
poiTédoit les mathémadques & la
philofophie ; mais il avoit une
cTpece de dégoût pour la poéiie,
l'éloquence & les belles - lettres.
Cette fleur d'efprit que les gens dé-
goût cherchent dans les livres , il
la négligeoit : il ne prenoit de
l'érudition que -les ronces. Ses
principaux ouvrages font : I. Une
Bihliotheque facrée , en latin , réim-
primée en 1723 , en 1 vol. in-fol.
p» les foins du P. DefmoUu fon
confrère , & fon fucceffeur dans la
place de bibliothécaire. C'eft le
meilleur ouvrage que nous ayons
fur cette matière -, mais il y a quel-
ques Êiutes : il efl fl facile d'en
feire en ce genre ! car il efl: bien
rare d'avoir fous les yeux tous les
L p fï 31^
livres dont on parle. II. BibUoth^'
que hifioriqut de France ^ in-fol. Cct
ouvrage, plein d'érudition & de
critique , coûta bien des recherches
à fon auteur : il eft d*une grande
utiUté à ceux qui s'appliquent à
l'hifloire de notre nation, & uii^
homme d'efprit ne balance pas
de l'appeler un véritable monument
du règne de Louis XV. On y trouve
quelques inexaâitudes : mais quel
ouvrage, fur - tout de ce genre,
en eft eifempt ? W. <fe Fontctte en
a donné , en 1768 & années flii-
vantes , une nouvelle édition en
j volumes in-folio , corrigée &
confîdérablement augmentée. III.
Un Dijcours hiflorique fur les Bibles
Polyglottes & leurs différentes édi-
tions , in-8^ , 171 3«
LONGEPIERRE, (HUaire-Ber-
nard de Roqueleyne , feigneur de)
né à Dijon en 1659 , d'une famille
noble , fut fecrétaire des comman-
demens du duc de Berrî , & eut
quelque réputation comme poète
& comme traduûeur. Il fe & un
nom dans le genre dramatique par
trois Tragédies : Médée , Electre ê:
Séfofirîs 'y cette dernière n'a pas été
imprimée. La première, quoiqu'iné-
gale & remplie de déclamations,
eft fort fupérieure à la Médée de
Corneille y & a été confervée au
théâtre. La fcene des entos, au
4® afte , produit le plus grand eiffet
Ces trois pièces font dans le goût
de Sophocle & à! Euripide, Une froide
& malheureufe intrigue d'amour
ne défigure point ces fujets terri^
blés ; mais Langepîerre coimoiiTant
peu notre théân-e, & ne travail-
lant que très-foiblement fes vers,
n'égala pas fes modèles dans la
beauté de l'élocution, qui fait le
grand mérite des poètes. Il ne prit
prefque d'eux , que la prolixité des
lieux conununs, & le vide d'ac-
tion & d'intrigue. Les défauts Tem-
pgrterent tellement fur les. beautés
5î4 LON
qu elle àvolt empruntées de laCrec6,
«[u'on fut forcé d'avouer à la repré-
éntatiQn de fon EUEtre^ que '^ c etoit
t» une ftatuc de PrajfUcU défigurée
-tf par un moderne, y» RouJJ'eau fit
<les CoupUu contre lui, & les dé-
tracteurs de l'antiquité ié fervirent
très-mal-à-propos de la copie pour
4léprifer les originaux. On a encore
de LongepUrrc : L Des TraducUons
<n vers ^ançois , ou, pour xnieux
-dire, en profe rimée, A'Anaeréan^
de Sapho , de Théocnu, i6S8 , in-ia, i
de Mofais & de Bion , à Amiler-
dam, 16S7, in-ii. L*auteur les a
enrichies ne notes qui prouvent
.^'il connoiffoit l'antiquité , quoi-
qu'il ne iïït en faire paiTer dans
notre langue ni les beautés, ni la
délicatefle. II. Un Rtetuu d'Idylles^
in-i2 , à Paris , 1690, La nature y
cfl peinte de Tes véritables couleurs;
tnais i^i verfification en eft pro-
saïque & foible : Ton chalumeau
cfl un ûfHet dur & aigre. Longt-
fient mourut à Paris, £e $1 Mars
,272/-, à 61 ans.
LONGUNO , ( Fauflo de y au-
leur Italien du xvi* fiecle, dont
on a un Traké des DmU , Venife ,
1552, in-S** \ & des Ohfervaùons
fm Cidron^ ïÇ5^> in-8** , & une
traduftion de £>îo/fonitf en Italien ,
Venife, 1542, in-8^
I. ïjONGIN, ( Dcnys) philo-
sophe & littérateur, né à Athènes « -
«ut une graade réputation dans le
iii^ fiecle par fon éloquence , par
fon goût & par fa philofophie. Ce
fut lui qui apprit le Grec à Zitio--
iUy femme d'Odenat & reine de
' Palmyre. Cette princefTe le fit fon
^IniÂre. L'empereur Auréûen ayant
afSégé fa capitale , Longln lui con*
feilla de réfifler autant qu'elle
pourroit. On dit qu'il lui diâa la
ïéponfe noble & fiere qu'elle fit à
^t empereur qui la prefToit de fe
«rendre, Longin fut la viûime de
ion zèle pour ZénobU^ Pi^yfÇ
LON
ayant ouvert fes portes à Aaritun]
ce prince le fit mourir en 273.
Longin parut philoibphe à fa mort,
comme dans le cours de fa vie; il
fouffrit les plus cruels tourmeos
avec confiance , & .confola même
ceux qui pleuroient autour de luL
Cet homme illufire avoit un goût
délicat & une érudition profonde.
On difoit de lui qu'il étoit une
Bibliothèque vîvatue , & on difoit vrai.
Il avoit compofé en Grec dtsRà-
marques critiques fur tous les. anciens
Auteurs. Cet ouvrage n'exifle plus,
ainii que plufieurs autres produc-
tions de philofophk & de littéra*
ture, dont il ne nous refle que 1«
Traité du Suklîme, L'auteur y donne
à la fois des leçons & des modèles.
BoUeau l'a traduit en François, &
TolUus la fait imprimer à Utrecht ,
en 1694, in-4*' , avec les remarques
de différens favans. Boileà» a accom-
pagné fa traduâion de plufieurs
notes , dont «piques-unes peuvent
être utiles. On eftime encore l'édi-
tion d'Oxford par Hudfon , 1718 ,
in-8? ; celles de Londits, 1724,
in-4*' j & dç Glafcow , 1763 , pedt
in-4^. Il y a une édition en grec,
latin , italien & françoisi de yérooe*
1733, in-4^
II. LONGIN oiiLoNGis(S.)
Ceil ainfi qn'on ^pelle le foldac
qui perçft d'un coup de lance le
côté de iVofrc - Seigfimr , lodqu'il
«toit en croix : ce ,nom femWe
n'avoir d'autre fondement que le
mot grec d'où il cil dérivé , lequel
£gnifie Lance^
III. LONGIK , (C^efitr^Lonfnus)
efl un auteur d'un livre finguUer &
peu Commun , intitulé Trîman fft-
^cum\ à Francfort, ,1616, 1630 ou
i673,in-i2.
ly. LONGIN , i^^ exarque de
Ravenne , Voyci x, RosemondEi
& les Tables ChronoloqjuvSs»
LONGINA, VcyeiBoMniA^
LONGINUS , F, IL QMnuSé
L O N
lOKGO , (Pictro ) Voy. Aar-
SESs , n® 11.
LONGOMONTAN, (Chriftian)
né au Jutland dans le Danemarck
en 1561, étoit fils d'un pauvre la-
boureur. Il eiTuya dans (es études
toutes les incommodités de la mau-
vaife fortune , partageant , comme
le philofophe CUanthe , tout fon
temps enWe la culture de la terre ,
& les leçons que le miniftre du
lieu lui faifoit. Il /e déroba du fein
éc fa Emilie à l'âge de 14 ans , pour
fe rendre dans un collège. Quoi-
qu'il fût obligé de gagner fa vie ,
Û s'appliqua à l'étude avec tant
d'ardeur , qu'il fe rendit très-habile,
fur-toût dans les mathématiques.
Longomontan étant allé enfuite à
Copenhague , les' profefleurs de
l'univerfité le recommandèrent au
célèbre Tycho-Brahé , qui le reçut
très-bien en 15S9. Longomontan paiTa
hmt ans auprès de ce fiameux af-
tronome, & l'aida beaucoup dans
ics obfervations & dans fes calculs.
Entraîne par le défir d'avoir une
chaire de profefleur dans le Dane-
marck , il quitta Tycho - Brahd, Ce
grand-homme ayant confenti, quoi-
que avec peine , à fe priver de îes
fervices, lui fournit amplement de
quoi foutenir la dépenfe du voyage.
A fon arrivée en Danemarck , il
fut pourvu d'une chaire de mathé-
matiques en 1605 , & la remplit
avec beaucoup de réputation juf-
qu'à fa mort , arrivée en 1647 , à
S 5 ans. On a de lui pluiîeurs ou-
vrages très-eftimables. Les princi-
paux font : I. Aftronomîa Danlct ,
Wi-fol. 1640, Anifterdam. L'auteur
y propofe un nouveau Syfiimt du
vionds ^ compofé de ceux de Pto^
hnéc^ de Copernic OcdcTycho-Brahé ;
ojais ce fyftême qui fembloit ren-
ier les avantages de tous les au-
tres , n'eut pas cependant beaucoup
<le feôateurs. II. Syfitma mathema"
ifm , in-Ç*'. m, ProHetma Gço^
tON 31^
n^rtca , în-4°. IV. Dlfputado Ethlca
de anima humanét morbis , in - 4^.
Parmi les maladies de Tefprit hu-
main , l'auteur ne compte pas cette
manie qui dévoroit les philofophes
de fon temps , de vouloir faire ^.
chacun un fyftême , & de chercher
fans ccffe ce qu'oh ne peut trouver.
Longomontan y ctoit fujet comme
les autres. Il croyoit bonnement
avoir trouvé la quadrature du cer-
cle i il configna cette prétendue
découverte dans fa Cyclométrie ,
1611 , in-4*' , & réimprimée en
16 17 & 1664-, mais Pc//, mathé-
maticien Anglois , lui prouva que
fk découverte étoit une chimère.
L LONGUEIL, ( Richard-Oli-
vier de ) archidiacre dEu , puis
cvêque de Coutances , étoit d'une
ancienne fiunille de Normandie. Le
pape le nomma pour revoir le pro-
cès de la Pucçllc d'i^rléans, & il fe
fignala parmi les commifTaires qui
découvrirent l'innocence de cette
héroïne & l'injuftice de fes juges;
Char/es VII, charmé du zèle pa-
triotique qu'il avoit fait éclater
dans cette occafion , l'envoya am-
bafladcur vers le duc de Bourgogne^
le fit chef de fon confeil , premier
préfident de la chambre des comp-
tes de Paris , & lui obtint la pour-
pre romaine du pape Calixte III ^
en 1456. Le cardinal de Longueîlïe -
retira- à Rome fous le pontificat de
?U II , qui lui confia la légation
d'Ombrie , & lui donna les évêchés
de Porto & de Sainte-Rufine réu-
nis enfemble , comme un gage de
fon eftime. Il mourut à Péroufe ,
le 15 Août 1470 , dans un âge
aflez avancé , regretté par le fon-
verain pontife & par les gens de
bien.
n. LONGUEIL , ( Chriftophd
de)LoNGozJUs f fils naturel d'An-*
toîne . de Longueil évêque de Léon ,
naquij en 1488 , à Malines , où fon
père étoit ambafiàdeur de la rein^
Îi6 L O N
Anne it, SrttAgnc , / qui TaVoît ûi)k
hk foo chancetier. Chrïftophe mon"
tra de bonne heure beaucoup d'ef-
prit & de mémoire. Il embrafTa
toutes les parties de la littérature:
antiquités , langues , droit-civil ,
droit-canon , médcane, théologie.
Le fuccès avec lequel il exerça à
Paris la profeilion de jurifconfulte,
lui valut une charge de confeiller
au parlement* Pour donner encore
plus d'étendue à {on génie , il par-
courut ritalie, l'Efpagne, l'An-
gleterre , l'Allemagne , la Suiffe ,
où il fut retenu captif par le peu-
ple, ennemi juré des François ,
vainqueurs des Suites à la bataille
de Marignan qui venoit de fe don-
ner. Il mourut à Padoue le ii
Septembre 1522, à 34 ans. On a
de lui des Epîtres & des Harangues^
publiées à Paris en 1533 , în-8°,
snrec fa Vît par le cardinal Polus,
Son Oratio de ùtudibus D* LUDO-
VICI Francorum régis , habita Pich»
vïi in ctdt Francifcanorum , anno ipOy
( Paris , chez Henri Etienne ) eft très-
rare, ayant été ôtée de Tes Œuvres,
pour les libertés qu'il s'y permit
contre la cour de Rome. La dic-
tion de fes ouvrages cft pure &
élégante , mais le fond en eft mince.
Il étoit du nombre des favans qui
tâchoient d'imiter le ftyle de C/-
€éran, Bembe étoit un de fes prin-
cipaux amis , & ce fut lui qui l'en-
gagea à changer la dif^ion qu'il s'é-
toit d'abord formée , fans s'attacher
à aucun auteur , pour la rendre en-
tièrement Gcéronienne. De Longusll
fat occupé pendant un temps con-
fidérable à lire les ouvrages de
Cicéron , & il fe les rendit fi fami-
liers , qu'il s'accoutuma à ne f e fer-
vir d'autres termes que des fiens.
Cette manie a été jugement cenfu-
rée p»* Vives, Son premier flyle
lui déplut tellement, qu'il recom-
manda en mourant qu'on fuppri-
mkt to\»s les ouvrages où il Tavoit
E o N
eitiptbyé. Le jugement & la ré-
flexion l'avoient ramené à une (Uc^
tion plus fîmple.
m. LONGUEIL, (Jean de)
fleur de Mdifons , né en 1489 , de
la femîlle des précédcns , ftit pré-
ûdent aux enquêtes au parlement
de Paris, & enfuite confeiller ë'c-
tat en 1549 , fous Henri IL II fe
rendit célèbre dans ces" emplois par
fon habileté & par fa prudence \ &
laifTa un Recueil curieux de cclxxi
Arrêts notables rendus de fon temps.
Il mourut le i" Mai ijjio. ^a«
de LoNGUEiL , marquis <fcAffl/ybw »
préfident à mortier au parlement de
Paris , furimendant des finances
en 165 1 , mort en 1677, étoit de
la même Êunille. C'efl lui qui bâ-
tit le château de Maifons , l'un des
plus beaux de l'Europe. En démo-
liflant fon hôtel à Paris , il trouva
dans im petit caveau 40,000 pie-
ces d'or, au coin de Charles IX.
C'eft avec cet argent que le château
de Maifons fut élevé... 11 y a eu de
la même famille , Jean-René de LoK-
GUEiL , né à Paris en 1699 , &
mort en 173 1 de la petite vérole^
à 32 ans. Celui-ci étoit fils de
Claude de Longueil , marquis de Mai-
fons , préfident au parlement , qu'il
perdit à l'âge àe 13 ans. Louis XIF.
lui accorda la charge de fon pers ,
dans Pe/pérsnce , lui dit-il , fuU le
ferviroit avec la même fidélité que fes
ancêtres, Ainfi , dès l'âge de iS ans,
il eut voix & féance à fa place de
préfident. Son goût pour les fciea-
ces , & fur-tout pour la phyfique,
lui mérita le titre d'Académicien
honoraire de l'académie des fcien-
ces , & il fut préfident de cette
compagnie en 1730. Le préfidint
de Maifons joignoit aux connoif-
fances folides , une littérature va-
riée, un goût févere, & les agré»
mens de la fociété.
IV. LONGUEIL, (Gilbert de)
né à Utrçcht tn IJ07 , fut mé4«*
LO N
4sa de l'archevêque de Cologne ,
& mourut dans cette dernière ville
en 1545. Comme il avoit reçu la
communion fous les deux efpeces ,
on ne voulut pas Tenterrer à Colo-
gne, & fes amis furent obligés de
tranfporter Ton corps à Bonn. On
a de lui : I. Lexicon Graco^laùnum^
in-8° , Cologne , 15 31» U. Des
remarques fur Ovîdc , Plautc , Cor-
ndUis-Nepos , CîUron , Laurent ValU ,
&c. à Cologne , 4 vol. in-S**, 111,
Une traduâion latina de pluileurs
OpufcuUs de Pbaarque , Cologne >
1541, in-8^ IV. Une édition de
la Vie à' Apollonius de Thiane , par
Phllofiratt , en grec & en latin ,
Cologne ,1532, in-8°. V. Dialogus
àt avibus , 6t earumdem nominibus
gnuù , louais 6* germanicis , Co-
I logne, 1544, in-8°.
LONGUEMARE, Foy.GovYZ,
à la fin Ae Tart.
LONGUERUE , ( Louis Dufour
i de ) abbé de Sept-Fontàines & du
I Jai4 , naquit à Qiarleville > d'une
Emilie noble de Normandie , en
165 1. Son père n'épargna rien pour
fon éducation. Rkheletùit Ton pré-
cepteur , & d'Ablancourt ^ fon parent ,
voila à fes études. Dès l'âge de
I quatre ans il étoit un prodige de
I mémoire. La réputation de cet en-
I hnt étoit û grande , que Louis XIV
\ paffamàCharleville, voulut le voir.
Le jeune Longuenu fit des réponfes
û précifes & û ]uûes à ce monar-
que , qu'il augmenta la haute idée
qu'on avoit de lui. Son ardeur pour
l'étude s'accrut avec l'âge. A 14
ans il commença à s'appliquer aux
langues Orientales ; il favoit déjà
une partie des langues mortes , &
quelques-unes des vivantes. L'hif-
toire fut la partie de la littérature
à laquelle il fe confacra , fans né-
gliger pourtant la théologie , l'Ecri-
ture-fainte , laphilofophieancieime
& moderne , les antiquités & les
I J»allç9-letcre$, U 4( ^^ é^udepro-.
L O N 317
fonde de la chronologie & de U
géographie. 11 pofTédoit toutes
les combinaifons des différentes,
époques dont les peuples ont fait
ufage dans leurs manières de comp-
ter les années ^ & il n'ignoroit la
pofition d'aucune des villes un peu
célèbres. Ne connoifTant d'autre dé-
lafTement que le changement de tr»*
vail & la fociété de quelques amis ,
il leur ouvroit libéralement le tré*
for de fes connoifTances , & com-
pofoit fouvent pour eux des mor-
ceaux alTez longs. Il ne chercha
jamais à fe faire une réputation
par l'impreffion de fes écrits. Ce
n'étoit pas afTurément par modei^
tie : l'abbé de Longueme connoif-
foit ce qu'il valoit , & le faifok
alTez fouvent fentir à ceux qui
l'approchoient. Des traits vifs &
fouvent brufques , des faillies d'hu-
meur , des critiques téméraires ,
une liberté cynique , un ton tran-
chant & fouvent trop hardi ; voilà
le caraâere de fa converfation.
C*eft auffi celui du Longuemana , re-
cueil publié après fa mort. Ceux
qui l'ont connu conviennent qu'il
fe peint afTez bien dans cet ouvra-
ge , où il ne femafque point. On
l'y voit en déshabillé, & ce désha-
billé ne lui eft pas toujours avan-
tageux. Ce (avant mourut à Paris ,
le 22 Novembre 1733 , à 82 ans.
L'abbé de Longutrue n'étoit pas de
ces minces littérateurs , qui ne font
que voltiger de fleur en fleur ; il a
approfondi toutes les matières qu'il
a traitées : On a de lui : 1. Une Dif-
fenatlon latine fur Tatien ^ dans l'édi-
tion de cet auteur , à Oxford, 1700,
in-8^. 11. La Dtfcrlptîon hiflorlqut
de laPrinçe^ Paris, 17 19, in-fol.
Cet ouvrage , fisât ( dit-on ) de mé-
moire à l'ufage d'un ami , n etoit
pas defliné à la prefTe. L'auteur n'y
parolt ni géographe exaâ , ni bon
citoyen. U y rapporte quantité de
j^ts contre le droit iouQédiat de &p%
3iS LON
rois fur la Gaule Tran^ane 8c {ur
d'autres provihces. IIl. Annales Ar^
faàdarum , iii-4% Strasbourg • 173 a.
IV. Difftrtatiàn fur la TranfftàfiMi"
tiéulon , que l'on faifoit paiTer fous le
aom du xniniftre AUix fon ami , &
qui n'eft point favorable à la foi Ca-
Àolique. Il parolt par quelques
endroits du Longusrana , qu'il pen-
f oit fur certains points de dofbine
comme lesProtefians ; entre autres ,
far la confefBon auriculaire. Je ne
fais au refte û l'on peut compter
toujours fur la fidélité du rédaâeur
de cet Ana. V. Plufieurs ouvrages
manufcrits , dont on peut voir la
Me à la tête du même recueil.
LONGUEVAL , (Jacques) né
près de Péronne, en 16S0, d'une
famille obfcure , fit fes humanités
à Amiens , & fa philofophie à Paris
avec diflinâion. Il entra enfuitt
dans la fociété des Jéfuites , où il
profeiTa avec fuccès les belles-let-
tres, la théologie &l'Ecriture-fainte.
S'étant retiré dans la maifon profelTe
des Jéfuites de Paris , il y travailla
avec ardeur à VHlftoîrt de l*EgliJc
Gallicime , dont il publia les huit
premiers volumes. U avoit prefque
mis la dernière main au neuvième
& au dixième , lorfqu'il mourut
d'apoplexie, le 14 Janvier 173 j ,
à 54 ans. U avoit dit la mefle le
matin même. Une mort il précipitée
(dit le V,Fonunay) avoit de quoi
conflemer ; mais une vie auffi irnlo*
cente , aufll occupée, aufli relig^eufe
que la fienne , avoit bien de quoi
rafTurer. Le P. Longueval étoit d'un
caraâere doux &modefle , & d^me
application inÊttigable. Son Hifloire
de PEgUft Gaincant , pour laquelle
le clergé lui faifoit une penfion de
800 livres, efleftimée pour le choix
des matières & l'exaâimde des fifiits.
Elle Ç&. écrite avec une noble (im-
plicite. LesDifcoursprdiminaires,
qui ornent les 4 premiers volumes , ■
prouvent une ènidiûon profonslç
t G N
& une critique judidrâfe. LesPenV
Fcmenay , Brumoy & B&rthUr l'onf
continuée, & l'ont poufTéejufqu au .
dix-huitieme volume in -4^. Ceft
im de ces vafles édifices , ( dit Is
P. BcrthîcT , ) dont on recoimoît à
l'œil, que tomes les parties n'ont
pu être placées par le même archi-
tecte. Mais , malgré la différence
des ouvriers , l'ouvrage eft lu avec
plaiiîr & avec fruit. Le compte-qu'on
y rend des aôions ^ de« ouvrages « 1
des caraâeres des différens perfon-
nages , efl en général ji^e & fondé
fur l'étude que les auteurs en avoienc
faite. Les PP. Lonpteval & BenhUr
méritent fur^tout cet éloge. On a
encore du P. Longueval : I. Un Traid
duSchifmc , In-ii -/Bruxelles, 171S;
II. Une Dljpgtadonfiir les Miracles ^
in-4**. III. Dlintres Ecrits fur 1» j
disputes de lIEglife de France , dans
lefquels on trouve de Tefprit & du •
feu. IV. Une Hljioire étendue du i
Semi-Pélapanifme , en manufcrit*
L LONGUEVILLE. ( Ant. d'Or-;
léans de) Foyei^ Antoinette»
II, LONGUEVILLE, (Anne^
Geneviève de Bourbon « duchefie
de ) née au château de Vincennes,
en 16 18, étoit fille de Menti II f
prince de Condé , & de Marg^mtt
de Montmorencî, Sa figure étoit belle «
& fon efpsk répondoit à & figure.
Elle époufa à l'âge de 2 3 ans « Henri
d'Orléans , duc de LonpuvilU , d'une
£unille illuftre qui devoit fon ori-
gine au brave comte de Dunols, Ce
feigneur qui s'étoit fignalé.coimne
plénipotentiaire au congrès de Mun*
fier, en 1648 , avoit le gouverne^
ment de Normandie *, & il vouloit
obtenir celui du Havre , place iin^
portante , que le cardinal Ma{ann
lui refiifa. Ce refus, joint aux ia&*
nuations de foh époufe > jeta le duc
dans la'faâion de la Fronde, &
eniuite dans celles de Condé & de
Conti , dont il partagea la prifbn en
1650, nie duc dâ lenffifrUh (4
L O N
» le cardinal de Reti) ayott cte la
»r vivacité , de ragrément , de la
. y* libéralité , de la jullice .> de la
» valeur y de la grandeur i & il ne
y* fat jamais qu'un homme médiocre,
• »» parce qu'il eut toujours des idées
r* qui furent infiniment au - deiTus
yt de£a capacité ««. Il s'étoit engagé
dans la guerre civile , en partie
par amitié pour le prince i« Coniéy
qu'il avoir empèdié d'accepter les
P^fecours de l'Angleterre. Dès qu'il
eut recouvré fa liberté , il renonça
pour toujours aux partis^ qui trou«
bloient" l'état. Il vécut fouvent dans
Tes terres , & y vécut en homme qui
, veut fe taire aimer. On vouloit
> qu'il défendit la chafTe aux gentils-
hommes fes voxfins. Painu mUu» ,
répondit-il y des amis que des licvrcs,
La ducheiTe de Longuevllle (aï moins
iage. Ardente y impétueufe , née
pour l'intrigue & la faâion , elle
^ avoit tâché de faire loulevcr Paris
& la Normandie ; elle s'étoit rendue
à Rouen , pour eflCiyer de corrom-
pre L> parlement Se fervant de
l'afcendant que Ces charmes lui don*
noient (ur le maréchal de Twennt ,
«lie l'avoit engagé à faire révolter
l'armée qu'il commandoit : [ Voye^
Ill„ ROCHEFOUCAULT. ] >♦ La
" duchéfïe de Longuevillc , ( dit en-
» core le cardinal deR£t\ ) , avoit
" Une langueur dans fes manie-
" res , quitouchoit plus que le brilr
^ lant de celles mêmes qui étoient
^ plus belles. Elle en avoit une
» même dans l'efprit , qui avoit fes
" charmes, parce qu'elle avoit, ii
*» l'on peut le dire , des réveils lu-
»♦ mineux & furprenans. Elle 'eût
^ eu peu de dééiuts , iî la galan-
** terie ne lui en eût donné beau-
» coup. Comme fa paffion l'obli-
» gca de ne mettre la politique
^ qu'en fécond dans fa conduite ,
»♦ d'héroïne d'un grand parti , elle
» en devint Taventuriere *<. Pour
gagner ]« coniî^ncp du peuple de
L O N JI0
Paris peadant le fîege de cette ville
en 1648 , elle avoit été faire fe»
couches à l'hôtel-de- ville. Le corp»
munidpal avoit tenu fur les fonts
de baptême l'enfant qui étoit né ,
& lui avoit donné le nom de Char"
les'Parîs, Ce prince , d'une grande-
^pérance , fe fit tuer par fa faute
au paâageduHhin, en 1672, avanr
d'êôre marié. .Quoique les enne-
mis demandaient quartier,- il tirs,
fur eux, en criant: Point de quartier
pour cette canaille l AuiH - tôt partir
une <lécharge qui le coucha par ter»
re. Il n'avoit que 23 açs, & les
Polonois fongeoient à l'élire pomr
roi. Lorfque les princes fiirent arrè-^
tés , Mad* de LonguevllU évita la pri-
fonpar la fuite , & ne voulut poinr
imiter la conduite prudente de fon
çpoux. Cependant le feu de la guerre^
civile étant éteint , elle revint en:
France, où elle protégea les lettres ,.
& joua un nouveau rôle dans un*
genre nouveau^ Née pour être chef
de parti , elle Ce mit à la tète des
champions poétiques qui fe bat»
toient pour le fonnet ^Urank , par
Voiture , contre celui de Johy par Èetir
ferade , que défendoit le prince da.
Contl, C'efl à cette, occafion qu'on;
dit plaifamment : Que le fort de Job »
pendant fa vie 6» après fa mort , étoit
bien déploraUe , ^étre toujours perfé-^
attéy foit par un Diable , f oit parure
Ange,,, LaiTée de combattre tantôt
pour des princes , tantôt pour des
poètes , elle voulut enfin goûter le
calme. Elle alla d'abord à Bor-
deaux , & de là à Moulins, où elle
demeura dix mois dans le couvent
de Sainte - Marie. Ce fut dans ce
monaflere que commencèrent les
préliminaires de fa converfion *, &
api^s la mort duducie LonpêevîUe^
en 1663 , elle quitta la cour pour
fe livrer au cahne de la retraite
& aux auftérités de la pénieence«'
Unte de fentimefts avec la maifbn
de Por^-Royal^-des-champs , elk 3;
310 L O N
fit Êmne um bâtiment pour s'y re-
tirer , & fe pait^ea entre ce mo-
naAere & celui des Carmélites du
faubourg Saint-Jacques. Elle mourut
d3Ds ce dernier , le 15 Avril 1679 ,
à 61 ans, & y fîit enterrée. Son
ccnir fut porté à Port-Royal. Ce
fut elle qui forma le projet de la
paix de Clémau IX ^ & qui fe donna
tous les mouvemens nécefîaires
pour la ^e conclure. Son hôid
îîit Taûle des grands écrivains de
Port-Royal ; & elle les déroba à la
periecution , foit par Ton crécfit , foit
par les moyens qu'elle trouvoit de
les enlever aux pourfuites de leurs
ennemis. ViUtfort a donné fa
Vie , Amfierdam, 1739, 2 voL
petit in-8^. Le duc de LonpuvUIe ,
en mourant , laifla d*un premier
mariage une fille qui fut ducheâie de
Nemours , [ Voyei v. Nemours ]
& qui mourut la dernière de fa
famille. 11 en cxiftoit cependant
encore une branche bâtarde , dont
étoit l'abbé et Ratheûn : [ Koyei ce
mot. ] Son frère , le marquis de
Rothelin y maréchal-de-camp , qui
avoit eu la cuifTe fracaiTée au
Gege A* Aire en 1710 , mourut en
1764 fans poftérité.
III. LONGUEVILLE, ( le com-
te de ) Voy. I. Marigky.
LONGUS, auteur Grec, fameux
par fon livre intimlé , Paftoraàs ;
roman grec, qui contient les Amours
de DaphnU & de Chloi. Le célèbre
Amyot a donné une tradudion fran-
çoife de ce roman. Comme les au-
teurs anciens ne parlent point de
Ijmgtts , il eft diffîdle de fixer avec
cectitude le temps auquel il a vécu«
La meilleure édition grecque & la-
tine de Loregus , eft celle de Franc-
ien , en 1660 , in-4** ; & celle de
i6ç4, Paris, in -4°. La vcrfion
à! Amyot n'eft pas fidelle ; mais elle
ajies grâces de la naïveté & de la
liinplicité. On en a donné pluûeurs
é^ïipns ; I, En 1718 , in-8° ^ ^%
L O N
19 figures deffinéespar le Régent;
& gravées par Benoit Audran, La
29^ ne fut point £nte par Audran ,
& ne fe trouve pas ordinairement
dans l'édition de 1718 , parce qu'on
n'en tira que 250 exemplaires , dont
le prince fit des préfens. IL Cet
ouvrage fut râmprimé en I74|f »
in-8**, avec les mêmes figures re-
touchées. L'ouvrage de Lonçts eft
enprofe. Son pinceau eft léger, &
ion imagination riante , nuds fou-
vent trop libre.
LONGWIC ou LoKGVT y { Jac-
queline de ) duchefie de Mootpen-
fîer , fille puînée de Jaan de Longwy^
feîgneur de Givri , fut mariée en
1538a Loub de Bourhan II du nom»
duc de Montpenfier. Elle eut beau-
coup de crédit auprès des rois Fran'
çoU I & Henri II , & s'acquit la
confiance de Cathaîne de Médîds ;
elle contribua à l'élévation du ch^i-
celier Michel de P Hôpital^ & mou-
rut la veille des grands troubles de
la religion , le 28 Août 1561,
C'étoit , fuivant le préfident de Thon,
une femme d'un efprit fupérieur &
d'une prudence au-deffus de fon
fexe. Elle étoit Proteftante dans le
fond du cœur, quoique extérieu-
rement Catholique.
L LONICERUS, (Jean) né en
1499 y ^ Orthern dans le comté de
Mansfeld , s'appliqua à l'étude avec
une ardeur extrême , & fe rendit
habile dans le grec & l'hébreu, &
dans les fciences. Il enfeigna en^
fuite avec réputation à Strasbourg,
en pliifieurs autres villes d'Alle-
magne, & fur-tout à Marpurg , où
il' mourut le 20 Juillet 1569, à
70 ans. On a de lui divers ouvra-
ges. Mélanchthon & Joaehim Can»*
rariis le choifirent pour mettre la
dernière main au DîBlonnaîre Grec
& LatUy auquel ils avoient travaillé.,
On a de lui plufieurs traduûions
d'ouvrages grecs en ladn, entre
autres, despoëmes Therlaca & Alexi*
pharmaça
L ON
pèâmâu ie Nuaadit , Cologne %
ifji , m-4**; & mie édition de
Dîo/condc d*j1jiaiarie , Marporg ,
3545, in-fbl.
a LONIŒRUS, (Adjm) fils
du précédent » né à Maiputg en
I518, fat un médecin habile, &
mounit à Francfort , le 19 Mai
1586, à 58 ans. Onadelmplu*
£ears oinrr^;es dlûfloire natnreUe
^ de médecine : h Metkodas rd ktr»
hatiit^ Fiancofiuti, 1540, in-4®.
n. Hifiorla natitraltt fUntanmi , «1»-
maSam& nutalloram ^TnacoLl^^l
^ 1555 , en 2 voU in^L IDL Me-
thodUa expSattio ommum catpons ibi-
mani affeamtm. IV. Hortasfamtaûs de
}tan Cuba « dont la dernière édition
eft dlJlm, 171 3 , in-fiolio, figu-
res, &c II y a encore un PhiËppc
loNicEaus , auteur d'une Chronî-
^ue des Turcs y pleine de recherches ,
& écrite en latin avec élégance.
LONVAL, Foy.BoCQUiLLOT.
LOOS , (ComôlleJ chanoine
de Goude , fe retira à Mayence
pendant les troubles de fa patrie.
Sa façon de penièr fur les Sorciers ,
qu'il r^^doit comme fous plutôt
que poffédés , lui caufa bien des
clu^ns. Il s'en ouvroit dans fes
converiàtions , & travailloit à éta-
blir Ton fentiment dans un livre ,
lorTqu'il fut dénoncé » dit-on, par
le Jâuite Dclrîo , & emprifonné. Il
fe rétraûa pour avoir fa^ liberté ;
mais , ayant de nouveau enfeigné
fon opinion , il fut arrêté. U fortit
cependant encore de prifon , & il y
auroit été mis une troifieme fois ,
fi la mort ne l'eût enlevé , à Bruxel-
les, en IÇ95. On a de lui: Dçtw
tttultuosâ Btlgarum fcMdone fsdandâ .
1581 , in-8^. InjKtudonumTheologùt
Idhn IV , Mayence , in - 12. Ceft
lui abrégé de Mclchîor Canus.
LOPEZ, Fû|yq[ Ferdinand-
loPEz , n° XIV.
LOPEZde Vega , Voy. Vega.
I.QPIN , (D. Jacques) Béaé-
Tome V^
L O R }ii
dSâin de la congrcg^on de Sadm»
Bfaut, né i Rniscni65^ , mort
OB1695 , à 58 ans, fijt également
feccnnmandable par fon lavoir &
par û modeftie. D pofldédoitle latîa,
le grec & l'hébreu, n aida D. et
Moiufmam dans l'éditiott de 5. Atk^
uafièiàansoàlcéesjiMaleSaOr^^^
qui parurent en 1688 , in-4^.., U
ne âut pas le confondre avec ua
antre D. Loriir , à qui le grand
Ccndé accorda un petit hermitage
au bout du parc de Chantilly. On
conte fiir ce dernier religieux une
anecdote aflez plaiftnte. Ses plai-
firs les plus doux étoient de cul«
dver les fleurs. Un jour que lecar«
dinal dcReti «toit allé â Chantilly .'
le grand CondéU mena â la cellule
de D. Lopin^ Ils voulurent , pour
s'amufer , éprouver la patience de
ce bon folitaire j & feignant de
pvler de chofes qui les intéref>
fbient beaucoup , ils marchoient à
droite & à gauche fur les fleurs de
l'heimitage. D. Lopin, s'étant ap*
perçu, à leur fourire, que cette
efpiéglerie étoit coaccrtée , leur
dit : Oh ! Mejfelgneurr , c*eji Bien U ^
umps d'être d* accord entre vous quand
il s'agù de fédre de la peine â un
pauvre reCpeux ! U faUoît Pêtre antres
fois pour le bien de la France & puur
le vôtre. Cette brufquerie naïve qui
étoit une excellente leçon , fit rire
le prince & le cardinal.
LOREDANO , (Jean-François )
fénateur de Venife au xvii» ficde
s'éleva par fon mérite aux pre^
mieres charges , & rendit de grands
fervices à la république. Sa maifon
étoit une académie de gens-de-»
lettres. Ce fut lui qui jeta lesfon-
demens de ccjle degU Incogniù. On
a de lui : I. Binante Academicke.
II. Vita del Mariai, III. Morte del
Vaifleln. IV. Ragg^agli di Pamaffo,
V. Une Fie d*Adam , traduite en
fi-ançois. VI. VHifioîre des RoU d^
Chypre ( de X«/^«i ) fous le nom
jii L O R
de Henri Gihla. VII. Plufieuw Co-
médles en Italien. On a recueilli
fes <£ttvres en 1649 , 7 vol.in-î4,
& 1653 ,6 vol. in-11. Loredano
étoit né en 1606 \ mais nous igno-
rons Tannée de la mort. Le doge
François LoREDANO « élu en 175 2 ^
Inort 10 ans après » âgé de S7 ans,
ctoit de fa £unille.
LOÏ^ENS , ( Jacipies du ) né dans
îe Perche , fox le *ï)remicr juge du
tbcilliage de Oiâteauneuf en Thi-
xnerais. Il étoit fort verfé dans la
Jurifprudence , bon magiftrat , d'une
prdbité incormpdble , & l'arbitre
de toutes les amires de fon paj^s.
Il pofTédoit les auteurs Grecs &
Ladns , & fur-tout les poètes &
les orateurs. Il n'avoit pas moii)s
de goût pour les beaux-arts y & en
particulier pour la peinture. Apres
fa mort , arrivée en 1655 , dans
fon quinzième lufh-e » l'inventaire
«qu'on fit de fes tableaux fe monta
à 10 mille écus , fomme confidé-
table pour ce temps. On lui attri-
bue cette épitaphe :
Ci cit maFlUme ... Oh! ^u'^elle
EST BIEN
WOtTR SON REN>S ET POUR LE
MIEN !
ïl n*eft pas très-fur que ce bon mot
Ibit de hii ; mais ce qu'il y a de
certain , c'eft que fa femme le mé-
ritoit. C'étoit une Mégère, Ses 5/j-
tlres fiirent imprimées à Paris en
1646 , in- 4° -, elles font au nom-
bre de XXVI. La verfificatîon en
eft plate & rampante. Son fiede y
t& peint avec des couleurs allez
vrîries , mais groffieres & dégoû-
tantes. On a encore de lui : Notes
fur les Coutumes du Pays Ctianraîn
& Perchtgouet ^ 1645 , in-4°.
LORENZETTI , ( Ambrofio )
peintre , natif de Sienne , mort âgé
de 83 ans, \ivoitdansIe quator-
zième fiede. Ce fiit Glotto qui lui
apprit les feccets de foam» mâU
L O R
Loreniettl fe fit un genre pardculier î
dans lequel il fe diflingua beai^
coup. Il fut le premier qui s'appli-
qua à repréfênter en quelque forte
les vents , les pluies , les tempêtes ,
& ces temps nébuleux dont les
effets font fi piquans en pënturé.
A l'étude de fon art , ce peintre
joignit encore celle des belles-
lettres & de la philofophie.
LORET , ( Jean) de Carentanen
Normandie , mort en 1665 ,fedif*
tingua par fon efprit , & par fa fe-
cilité à foire des vers françois. Il
ignoroit le latin ; mais la leâure
des bons livres écrits dans les lan-
gues modernes, fuppléa à cette igno-
rance. Le furintendant Fcuquet lui
faifoit une penfion de 200 écus ,
qu'il perdit , lorfque ce rémuné-
rateur des talens fut conduit à la
Baflille. Fouquet ayant appris qu'où
lui avoit ôté cette penfion , & que ,
malgré fa difgrace , il avoit continué
de lui donner des éloges , lui fit
tenir 1500 livres pour le dédom-
mager. Lora célébra d'autant plus
cette libéralité , qu'il ne fut pas de
quelle main partoit un préientfi
flatteur. Ce poète avoit commencé
au mois de Mai 1650 , une G^
{ctte burlefque , qu'il continua
jufqu'au 28 mars 1664. U l'avoit
dé«Éée à Mad^ de LonguevUle , qui
lui faifoit une gratification annudle
de 2000 liv. , même depuis qu'elle
fut duchefTe de Nemours, Cette &(>
lette rlmée renfermoit les nouvelles
de la cour & de la ville. Loret les
contoit d une manière naïve & affez
piquante dans la nouveauté « fur-
tout pour ceux qui fiaifoient plus
d'attention aux faits qu*à la verfi-
ficatîon lâche , profaïque & lan-
guifTante. On a recueilli fes Ge^
\ettes en 3 vol. in-fol. , 1650 ,
1660 & 1665 , avec un beau por-
trait de l'auteur , gravé par NarJeaUj
au bas duquel on trguve les ve»
(uivans ;
LO R
^tfi là de Loret U UlU ou idldc
£m France , bien ou mal , Il eu quelque
rmorn^
Le leSeur ou lectrice , en âfant fort
ouvrage *
Jugeront s*il ayoit un peu tC^prit ou
non*
Il refte encore d« Loret de mau*
vaifes Poéfies hurle/ques^ imprimées
en 1646 , in-4**.
LORGES , ( Guy-Aldonce de
Durfort , duc de ) fils puîilé de
Cay^Alionce de Durfort , marquis
^ Duras £c à*Ell\aheth de la Tour ^
£t ks premières armes fous le
maréchal de Turenne , fon oncle
maternel. S'étant fignaléen Flandres
& en Hollande , & fur-tout au fiege
de Nimegue , dont il obtint le
gouvernement» il s'éleva par Tes
fervices au grade de lieutenant-
général. Il fervoit en cette qualité
dans Tarmée de Turenne , lorfque ce
grand homme fiit tué près de la
ville d*Achéren , le 25 Juillet 167 j.
Alors âifant trêve à fa douleur «
& chercham plutôt à fauver une
«raiée découragée par la perte de
fon chef, qu'à acquérir de la gloire
en livrant témérairement bataille ,
il fit cette retraite admirable , qui
loi valut le bâton de maréchal de
France en 1676. Il commanda
depuis en Allemagne , prit Heidel*
bffg , & chafia les Impériaux de
l'AIface. Ses exploits lui méritèrent
hi £iveurs de la cour. Le roi érigea
en duché la ville de Quintin en
bafle-Bretagne , pour lui & fes fuc-
cefieurs mâles , fous le titre de
Lorges-Quîntin, Il fut capitaine des
gardes-du-corps , chevalier des or-
dres du roi , & gouverneur de
Lorraine. Il mourut à Paris en
I70Z , âgé de 72 ans , & fut re-
gretté comme un digne élevé de
Turenne, U eut de Geneviève de FrC"
pm 9 qu^&re£Uc3 & uo ûb, dont
L O R 31^
la poMrité foutient la gloire du
maréchal de Lorges*.,» Yoy, Duras «
& MONTGÛMMERT à U fin.
LORICH, ( Gérard ) Lorickius^
d'Adamar en AVétéravie « publia
divers ouvrages. Le plus célèbre
ell un Commentaire latin fur l'An-
cien Teibment, IJ46, inrfol., à
Cologne. Le Commmtaire fur le
Nouveau avoit vu le j*ur, 5 ans
auparavant, en 15 41, auûi in-fol«
LORIN, (Jean) Jéfuite, né à
Avignon en 1559 , enfeigna I3
théologie à Paris , à Rome , s
Milan» &c. & mourut à Dole, le
a6 de Mars 1634, à 75 ans. On
a de lui de longs Commentaires eH
latin fur le Lévidque^ les Nom*
bres, le Deutéronome, les Pfeau«-
mes , l'ËccléiiaAe , la SagefTe , fur
les Aâes des Apôtres & les Epltres
Catholiques. Il explique les mots
hébreux & grecs en critique, &
s'étend fur diveries queftions dliif-
toire^ de dogme & de difcipline.
Mais la plupart de ces queftionii
pouvoient être traitées d'une ma*
niere plus concife , & quelques*
unes n'ont qu'un rapport éloigné
à leur fujet. C'efl à lui qu'on doit
l'ufage établi à Avignon de Êûre
tous les famedis ime. iniiruâioa
aux Juifs.
LORIOT, ( Julien ) prêtre de
l'Oratoire , fe confacrtf aux Mif-
fions fur la fin du xvii^ fiede. Ne
pouvant plus fupporter la fatigue
de ces pieux exercices, il donna
au public les Sermons qu'ir avoit
prêches dans fes courfes évangéli-
ques. Il y a 9 vol. de Morale ,
6 de Myfteres , 3 de Dominicale \ en
tout 18 vol. in-i2, 1695 à 1713.
Le flyle en efl fimple ; mais la
morale en eft exa6be, & toujours
appuyée fur VEcriture & fur les
Pères.
LORIT , ( Henri ) fumommé
Glareanus , à caiife de Claris , bourg
de U âuiffe « où il naquit en 148$ ,
Xij
314 L O R
tnourut en 1565 , âgé de y^f ans. Il
ie rendit célèbre par fes talens pour
la miiiique & pour les belles-lettres,
& fut ami d£ra, iim & de pluiieurs
autres favans. Son nom eft plus
Connu que fes ouvrages. On en
trouve une indication dans les
jiddltionsaux Llogu de de Thou , par
Teljîer,
I. LORMÉ , ( Philibert de ) natif
de Lyon ; mort vers 1577 , f e dif-
tingua par fbn goût pour Tarchi*
teâure. Il alla , dès l'âge de 14 ans ,
étudier en Italie les beautés de
l'antitjue. De retour en France,
fon mérite le £t rechercher à la
cour de Henri //« & dans celle
des rois fes fils. Ce fut de Lorme qui
lit le fer-à-dieval de Fontainebleau,
& qui conduiiit plufieurs magni-
fiques bâtimens dont il donna les
défi] ns , tomme , le château de Meu-
don , celui d'Anet , de Saint-Maur-
des-Foffés , le Palais des Tui-
leries : il orna aùffi & rétablit plu-
fieurs maifons royales. 11 fut fait
aiânônier & confeiller du roi', &
on lui donna l'abbaye de Saint-
Eloi & celle de Saint-Serge d'An-
gers. Ronfard ayant publié une
fatire contre lui , de Lorme s'en
vengea, en faifant reftifer la porte
du jardin des Tuileries , dont il
étoit gouverneur , au fatirique , qui
crayonna fur la porte ces trois
mots : Fo'-lf.... Rjtvetent,,^, Habe
L'architeé^e qui entendoit fort peu
le latin, crut trouver une infulte
dans ces paroles, & s'en plaignit
à la reine Catherine de Médlch, Ron-
fard répondit que ces trois mots
étoient latins, & le commence-
ment de ces vers du poëte Aw
fonnt^ qui avertiffoit les hommes
nouvellement élevés par la fortune ,
à ne point s'onblier i
Fortuntm reverenter hahe, qtiUumquc
repente
L OR
Si la fortune enfin daigne te U^
«ccueil ,
Né dans robfcurité , défends- toi et
l'orgueil.
On ^ ôc de Lorme : I. Dix li-
rres d'ArchîteSure , 1668 , in-foL II,
Un Traité jur U manière de hUn hâtir
& à peu de frais» '
II. LORME, ( Charles de) né
à Mouhns, de han de Lorme ^i^
médecin de la reine Marie de Aff-
dlcls , prit des degrés en médecine
à Montpellier, fiit reçu licencié en
1608,, & foutint pour cette céré^
monie iv thefes. 11 examina dans
la l'^ y fi les Amoureux & Us Fout
pouvaient être guéris par les menus
remèdes^ & il décida pour l'affirma*
tive. Cette guérifon eft en effet
poifible; mais elle eft très-difficile.
Ce célèbre médecin pafta de Paris
à Montpellier, & fiit très - recher-
ché par les malades & par ceux
qui fe portoient bien : il donnoit
la fanté aux uns , & infpiroit la
gaieté aux autres. Il mourut à Mou-
lins en 1678 , à 94 ans. L enjoufr
ment de fon caraâere contribua
fans doute à fa longue vie. H
avoir époufé à 86 ans une jeun»
fille , à laquelle il furvécut encore.
On a de lui Laurtse ApoUînara^
in-8**, Paris, 1608. C'dl un rc-
ceuil de fes theles: la plupart roiH
lent fur des fujets intérefiàns.
LORRAIN, ( Le) peintre: V.
Gelée ( Claude ) ... & Loriv.
L LORRAIN , ( Jean le ) vicaire
de Saint-Lo à Rouen fa patrie , fe
diftingua par la folidité de fes
inftruéHons & par la force de fes
exemples. Son érudition ne le rendit
pas moins recommandable ; il avoit
une mémoire heureufe , une vafte
leélure & beaucoup de jugement.
Il prêchoit quelquefois jufqu'à trois
fois par jour des Sermons diflférens,
& on l'écoutoit toujours avec ud*
iité. Il devint chapdain titulaire de
to cathédrale de Rouen »^ où il
L OR
teurut en 1710, âgé de 59 ans*
L'abbé U Lorrain avoit £ut une
étude profonde des rits ecdéfiaf-
tiques. Nous avons de lui un excel-
lent Traité De PancUnnc coutunu
d^adorer dehoiu Us jours de Dimanche
& de Fites , &\dwant U temps de Pâques;
OU Abrégé Hlftoiique des Cérémonies
anciennes & modâmes. Ce dernier
titre donne une idée plus iuûe de
cet 'ouvrage <» qui eft en effet un
finram traité des Cérémonies an-
cienoes & modernes, & plein de
I recherches peu communes. Il eft
^ ea 2 vol. in-i2, & parut en 1700.
Oa a encore de lui : Les Conciles
f^néraux & particul- ers i & leur Hifiolre^
ovtc des Remarques fur leurs CoUeC"
^ns , à Cologne , en 1717 , 2 vol.
in-8°. Les ouvrages de cet auteur
(ont aiTez rares... Il ne faut pas
le confondre svec Pierre le Lorrain
à ValUmont , fur lequel Voye\
Vallemont.
n. LORRAIN,( Robert le)fculp*
teur, né à Paris en 1666, mort
^ns la même ville en 1743 , fut
élevé du célèbre Girardon. Ce grand
maître le regardoit comme un d^
plus habiles deflinateurs de fon
iecle. U le chargea > à lage de
iS ans , d'inffaruire fes enfans , &
de corriger fes élevés. Ce fut lui
& U Nourriffon qu'il choifit pour
travailler au Maufolée du cardinal
ée Richelieu en Sorbonne. Le Lornin
auroit eu un nom plus fameux
àiDs les arts , s'il eût pofledé le
falent de fe feiire valoir , comme
il avoit celui de faire des chef-
d'oeuvres. Ses ouvrages font remar-
quables par un génie élevé ,un def-
fin pur & fkvantf une exprei&on
élégante , un choix gracieux , des
têtes d'une beauté rare. Sa Gala'
tkée eft un morceau fini. On voit
"de lui un Bacchus à Verfailles , un
Faune à Marly ,^ & . une Andromède
en bronze» juftement eiHmés des
coonoifleurs *> suûs les ouvrages
L O R 31^
qui lui font le plus dlionneur,
font dans les palais de Saverne,
qui appartiennent aux évêques de
Strasbourg. Cet atifle mourut
étant reâ:eur de l'académie royale
de peinmre & de fculpture.
L LORRAINE, (Charles de)
dit le Cardinal de Lorr.iime , archevê-
que de Reims, de Narbonne, évêque
de Mets , de Toul ^ de Verdun , de
Terouanne , de Luçon & de Va<*
lence, Abbé de Saint-Denys , de
Fécamp , de Cluni , de Marmoutier»
&c. naquit à Join ville en 1515 »•
de Chude de Lorrains , premier duc
de Gulfe. Paul lU 1 honora de U
pourpre Romaine en 1547. Il fut
envoyé la même année à Rome ,
où il plut extrêmement par fon air
noble» fa taille majeflueufe y fes
manières affables , fes lumières &
fon éloquence. Paul III le logea
dans fon palais & lui donna un
appartement qui touchoit au flen.
De retour en France , il y jouit de
la plus grande faveur. Il fe ûgnala
en 15 61 au colloque dePoidi , où il
confondit Théodore de i?qe par fe9
raifons & fon éloqiience. L'année
d'auparavant , il avoit propofé d'é-
tablir rinquifition en France : le
feul moyen qui lui parût propre à
arrêter les progrés du Calviniîme,
mais moyen odieux aux François.
Le chancelier ^ /'^({ptctf/ s'y oppofa«
Pour tenir un milieu , le roi attri-
bua la connoiffance du crime d'hé-
réfie aux" évêques , à l'exclùfion des
parlemens. Ce fut le cardinal dé
Lorraine qui obtint cette Déclara»
tion y & qui la porta lui-même au
parlement. Le parlement de Paris
repréfenta au roi , que par cet édit,
il abandonnoit fes fujets , & livroit
leur honneur , leur réputation , leur
fortune , & même leur vie , à une
puiffance ecdéfiaflique -, qu'en fup-
primant la voie d'appel , on pri-
voit l'innocence de fon unique
refiburce : '« Nous prenons encore
Xuj
5x6 ton
9% U liberté da}outer , dîTem ]«$
»> remontrances, que, puifque les
.n fupplkes de ces malheureux
»* qu'on punit tous les jours au
>♦ fujet de la religion , n'ont fervi
»» jujfqu'ici qu'à £aire déteftcr le
9* crime , fans corriger Terreur , il
n nous a paru conforme aux règles
9i de l'équité , fc à la droite raifon,
>» de marcher fur les traces de
)« l'ancienne églife , qui n'a pas
5* employé le fer & le feu pour
9» établir & étendre la religion ;
H mais plutôt une doârtne pure ,
9« )ointe à la Vie excmpiîure des
^ évèques : nous voyons donc
n que votre majefté doit s'appli-
5» quer entièrement à conferver la
vt religion par les mêmes voies par
9* lefquelles elle a été établie ,
rt puifqu'il n'y a que vous feul
»4 qui en ayez le pouvoir. Nous
M ne douiofis point que par-là on
••t ne guériiTe le mal avant qu'il
9^ s'étende plus loin , & qu'on
>♦ n'arrête le progrès des opinions
9* erronées qui attaquent la reli-
9Î gion : û au contraire on méprife
99 ces remèdes efficaces , il n'y aura
yt point de lois ni d'édits qui puif-
9» fént y fuppléer ««. [ De Tkou,
I/y. i6, Wfi. de PEgpfc Gallicane ,
JÀv, yjf, ] Ces remontrances fuf-
pendirent renregiftrement de l'édit,
mais elles n'arrêtèrent point les
pourfuites contre les calviniftes ,
dont le nombre croifToit tous les
jours. Le cardinal de Lorraine pa-
rut avec beaucoup d'éclat au con-
cile de Trente. Le pape , qui au-
roit voulu empêcher ce voyage,
dit en fouriant à l'ambaifadeur de
France, qui lui afTuroit qu'il au-
roit lieu : Non , Monfimr ; le Car»
dinal de Lorraine cfi un fécond F ape^
yiendra-'t'îl où Concile parler de la
•plurallU des hénéfUes , bâ qiâ a joo
mille icus en bénéfices ? Cet artîcU de
féformatîon feroit plus à craindre pour
htt que pour moî , qui n'ai que le feul
L OR
bénéfice du fottveraln pânâficat ,4dni
je Jais content. Cette plaifamerie
n'empêcha point le cardinal de fe
tendre à Trente. Il y parla avec
beaucoup de chaleur contre les abus
qui s'étoient gliiles dans la cour de
Rome , & pour la fupériorité do
concile fur le pape* De retour en
France , il fut envoyé en £^<^e
par Charles IX ^ dont il gouvemoit
les finances en qualité de mini&c
d'état. Henri IIJ paflânt à Avignon
à fon retour de Pologne, è fit
agréger aux confréries des Péni-
tens , & tromra le cardinal de lor^
raine à la tête des Pénitens bleus.
Ce prélat ayant en une foibleffe
dans une des proceilions , & n'ayant
pas voulu fe retirer , de peur de
troubler la cérémonie , fiit faifi
d'une fièvre qui le conduifit au
tombeau en 1574 à 49 ans. Il avoit
fondé l'année précédente l'univeiâté
de Pont-à-Mouffon. Il avoit pris
pour devife une colonne droite,
avec un litrre attaché à la colonne,
& ces mots : Ts stante riRiso,
On y ajouta ceux-ci » par ailufion
au lierre qui fait périr les corps où
il s'attache : Te^ue virznte /£•
RiBO, On a de lui quelques ou-
vrages. Ce fut lui qui propofa le
premier la Ligue , dans le concile
de Trente , où elle fut approuvée.
La mort de fon frère fufpendit ce
projet -, mais Henri duc de Golfe ^ fon
neveu , l'adopta & le fit adopter
par une partie de la France. Si le
cardinal de Lorraine montra beau-
Coup de zèle pour la religion Ca-
tholique , il n'en montra pas moins
pour foutenir les intérêts du
royaume contre la cour de Rome.
Il les défendit avec tant de vigueur,
c[iiQ Pie F, alarmé du grand rôle
qu'il lui voyoit jouer dans l'Eglife,
Tappeloit le Pape d'au-delà des Monts.
Les cardinaux difoient à fa moit,
qu'il leur donne it plus de hefogne en un
jour , jK* touic la Cbrétimtc ^«
L OR
'ionnàît au facri ColUgjt m un afti
S'il traita les Calviniftcs avec ttof
de rigueur , l'Hôpital & Bojfuet nous
apprennent que ce fut à l'inftiga-
don de quelques confeillers irapru-
dcns, qui necefToicnt de lui repré-
fenter que c'étoit le feul moyen
d'extirper rhcréfie, La cruauté ne
lui étoit pas naturelle. Lorfque
Franççls // monta fur le trône , de-
venu tout-puiflant à la cour , &
maître de fe venger de fes ennemis,
il leur pardonna géncreufement. Si
ce nouveau règne fut marqué par
le défir d'élever fa famille & d'é-
tendre fon autorité , il ne fut pas
fignalé, comme lesprécédens ,.par
la mort » l'exil & les confifcaûons*'
Olivier & l'Hôpital , deux rainiftres
diftingués par leur modération &
leur humanité, durent leur éléva-
toon au cardinal , qui » s'il eût été
naturellement fanguinaire , n'auroit
pas choifi des hommes de ce ca-
raûercLes gibets qu'il fit élever
dans les avenues de Fontainebleau»
n'étoient qu'un épouvantail. Il vou-
loit prévenir les projets criminels
de quelques Protcftans , qui , i!bus
prétexte de. venir folUciterdes grâ-
ces à la cour , cherchoient a fe
tendre çiaîtrcs de la perfoijne du
tôl. Les htlîoriens qui lui Vepro-
cKent fpn aral>itïon & les moyens *
qu'il prit pôxix la fâtisfaire , s'aç- '.
cordcni à vanter l'étçndue de *fes '
connotflances , fon goût pour les
fciences & pour les {avans dont
il étoit le Af/«^. lîpoffédoit, dans
ïe plus haut degré, l*art de la parole v
fon éloquence forte & rapide en-
traînoirtoûs les fuflFragés. En Fraitce
& dans toute l'Europe, on Fappe*
loit le Mercure François, 11 traiailîa
à réformer la magiflrature , & fit
promulguer plusieurs lois très-fages,
entre autres , celle qui ordonnoit
que » les compagnies de judicature
»♦ préfenteroienr pour remplir les
|t places vacatues ^ tf ois perfonaes
L O H 517
>* irréprochables & verfées dans la
»♦ Jurifpi:udence , entre Icfqudles le
>♦ roi choifiroit ♦«» C etoit réparer
le plus grand inconvénient de la
vénalité des charges , l'incapacité
des juges. On trouve fon portrait
dans le livre de Nicolas Boucher^
intitulé : CaroH Lotharingl' Utter* 6^
Arma y Paris,. 1577, ia-4°, Vçy.^
l'art, LiZET.
IL LORRAINE, (Charles de)
d^abord évêque dé' Verdun , & en*
fuite Jéfuite, étoit fils de i/wr/ d^
Lorraine , marquis d^ May. Il naquit
en 1592 , & fut élevé ^auprès de
fon oncle l'évêque dç Verdun »
qui fe démit de cet év^ché en ik
faveur. Il fe cpnduifît d'abord ea
prince plutôt qu'en apdtre. Mais ^
la grâce l'ayant touche , il réformgj
fes moeurs, & epffln il q\Htta foa
évèché pour entrer çlahs'la corn-'
pagnie de J^svs. 11 é^oit fupcrieur
de la raaifpn prdfefle a Bordeaux ,
loftjtt'il fut député de fa province
a Rome, ^e duc de Lqrraîne prit
cdte occaflon ppur fotlicitcr f^pape
de l'élever au' cardinalat. Mais lé
Perc Charles Payant appris, tépon-
àit à un gentiinomme que- le diic
lui avoit ^voyé: qu'ayant renond
aux dignités pour embrajjer la Croix »
il ferott attffi' coupable devant Dieu,
que rîdlknfe devant Us hommis , s'il
cflangeoU de 'fintîn^ent, A fon re-
tour à Bordeaux, il alla ^offrir
prtjur.le fervice des malades atu-
qués, de la pefte *, mais fon général
ne voulant pas le livrer à toute
la vivacité de fon tele' , l'envoya
à Toviloufe pour y être fijpéricur
de la maifon profeffe- L'air de
cette ville paroiflbit lui être con-;
traire -, on voulut l'engager à chan-
ger de démeure : // m'importe Men
moins de vivre > dit» il , que de mourir
où la Prqyidcnce O Pobéljfance, m*onJi
placé, 11 mourut le 18 Avril 163 1,
dans la ^9*^ année de fon âge. Le*
X iv
ji8 L O R
P. de Lmân^d a publU îà yU",
Kand, i733f in-12,
m. LORRAINE, (Maifon de)
Voy. Charles, n** xxv à xxyiij;
AuMALE../. François...///. Leo-
70LD.. MeRCCEUR ; MAYENNE..
j, & //.Harcourt.. IX. Cathe-
rine.. IX, Claude... ///. Loui-
se s &C.
LORRANS,(Le) Toy.GARiN.
L LORRIS, ( Guillaume de )
mort vers Taii 1260, fut de fon
temps un très-bon poëte , & com-
pofa le Roman de la Rofe , donc la
meilleure édition eft celle de l'abbé
ten^ , Amflerdam^ 1735 , 3 vol.
in- 12» Cbt ouvrage , imité du
poëme de PAn d'aimer d'Ovide , eft
fort au-defTous de fon modèle.
L'auteur y a mêlé des moralités,
aiuzquelles fon dyle na'i£& ûmple
donne «pielque prix. En voici le
fond, tel qu'on le trouve dans
t Année .UtUrtùre , 1767 , n° 41.
»* Un jeune -homme s'endort un
» jour de printemps , & fonge «pi'il
1^ fe trouve dans un jardin déli-
V* deux , où il voit ime Rose nou-
M velle, dont Tédat & la beauté
» le féduifent. Il veut la cudllir •,
w mille obflades s'y oppofent.
>» Voila le noeud de l'intrigue. Des
M Etres mal-faiïkns > Faux'ftmhlant^,
« Dangler,Male'bouche,&c, mettent
»♦ tout en œuvre pour l'empêcher
» de réuffir dans fon entreprife.
» D'un autre côté , Bel-accueil ,
« Pitié, Franchife , &c» font des
>* Divinités bienfaif^ptes qui le fa-
w vorifent. Enfin , après avoir fauté
M des fofTés , efcaladé des muts ^
» forcé des châteaux , furmonté
»♦ mille obftacles , le jeune-hom-.
» me cudlle la Rose , & le fonge
n finit : ;
Alns eus la Rofe vermeille *,
A tant fut jour, & je m'éveille n
Pétrarque ne trouvoit que des rêves
,â«ms ce Poëme, Le fuccès qu'il eut
L O R
en France , annonce le peu qu*îiy
avoit alors de bons ouvrages... On
peut cbnfulter , pour cntoidre plus
Étalement ce Poëme , le Glojfcm
publié en 1737 , in-i2. V. Cloïi-
NEL
L* LORRY y { Paul-Charlcs )
avocat au parlement, proCîefîeuren
Droit dans l'univeiî&té de Paris,
mort le 4 Novembre 1766 , à 47
ans, étoit un jurifconfulte édairé
Sr profond , qui fe vit confulté &
eflimé par les magiffa-ats & le pu-
blic Il a mis au jour le Commentaire
latin de fon père, (François Lorry)
fur les Inftitutes de JufBnien, 1557,
in-4** , & un Ejfai de Dlffenatlons
ou Notes fur le Mariage, 1670, în-S*'.
Son fils foutient fa réputation.
II. LORRY , ( Anne-Charles )
doâeur - régent de la £u:ulté de
Médecine de Paris , frère du pré-
cédent , naquit à Crône , à quatre
lieues de Paris , en 1725. Il exerça
fa profeffion avec noblefle , la et
refpeâer des grands dont il étoit
chéri ; & ce qui vaut encore mieux ,
il la fit fervir fouvent au foulage-
ment de l'indigence. Sa tendrefle
pour fes proches , l'aménité de fes
mœurs , fa fimplicité , ù candeur
retraçoient l'image des vertus an-
tiques. Il recueillit le firuit le plus
précieux de la douceur inaltérable
de fon carad^ere ; il vécut chéri &
refpeélé. Ami de Témde , il donna
au travail du cabinet tout le temps
qu'il pouvoit dérober, à une prati-
que auifi brillante qu'étendue. Cet
habile homme , qui avoit autant
de modeftie que de talent , répé-
toît fouvent : >♦ Je ne me permet-
n tirai jamais de dire : J'ai pén,
>* mais , j'ai donné mes foins à un
>♦ tel malade ,& fa maladie s'cft ta*
>t minée heureufemmt m. U mourut le
18 Septembre 1783 , à Bourboane-
les-Bains , après avoir publié : I.
EffaifuT Vufage des AUnuns , Paris «
1753 , in-i2. Cet ouvrage > qui lui
LOT
fit beaucoup dlioaneur , traité de
râlimeat en général ; il fut fuivi
d'un fécond volume en 1757 , où
il parle de Tufage des alimens con-
fidérés dans leurs rapports avec les
mœurs , les climats , les dififérens
fujets , les lieux , les faifons , &c.
La théorie la plus fatisfaifante y
cft jointe aux lumières de la plus
faine chimie -, on préfère cet ou-
vrage à ceux que ùmery & Arhuth-
not ont donné fur la même matière.
i II. Dt McùmckoRa & morhîs Mclati'
I choâàs , Paris, 1765 , 2 vol, in-8°.
I Tout y eft intéreflant : le ftyle plaît,
la théorie eft folide & lumineufe.
nL Traclatus de morhîs cutanels ,
! Paris, 1777, in-4®. Il y ramené
aux principes les plus reconnus de
Tart le traitement de^ maladies de
la peau , qui ont û long-temps été
foumifes à Tempirifine; IV. Une
Edition latine des Œuvres de. Ri-
chard Méad , avec une pré^ce ,
1751 & 1758, 2 volumes in-8®*
V. Une Edition de l'ouvragé de
I Santorto , intimlé : De Mtdicina
Ikdca Jphorifmi , avec des com-
I mcntaires , 1770 , in-12. VL Une
Edition des Mémoires pour fervlr à
VHifioire de la Faculté de Médecine
dt Montpellier , par Aftruc , 1767 ,
in-4® , avec une préface & 1 éloge
hiftorique de l'auteur. VII. Apko-
nfml Hlppocratis, Gracè & Latine ,
1759 , in-8**. Ces différens ou-
vrages prouvent qu'il étoit aufll
vcrfé dans les belles - lettres que
dans la médecine. Sa latinité pure
& correcte eft digne des fiecles de
la faine littérature.
LOSPITAL. (De) Foye^ Hos-
riTAL.
I. LOTH , fils d*Aran, petit-fils
de Tharé , fuivit fon oncle Abraham ,
lorfqu'il fortit de la ville d'Ur,
& fc retira avec lui dans la terre de
Qianaan. Comme ils avoient l'un
h l'autre de grands troupeaux, ils
furent contraints de fe féparer , pour
LOT 319
éviter des querelles qui commen*
çoient à fe former entre leurs
pafteurs , l'an 1920 avant J. C.
Loth choifit le pays qui étoit autour
du Joitfdain , oc fe retira à Sodome
dont la fituation étoit riante Se
agréable. Quelque temps après «
Chodorliihomor , roi des Elamites ,
après avoir dé€ût les cinq petits
rois de la Pentapole qui s'etoient
révoltés contre lui , pilla Sodome «
enleva Loth , fa famille & fes trou-
peaux , l'an 1912. Abrahim en
ayant été informé, pourfuivit le
vainqueur, le défit, & ramena XorA
avec ce 'qui lui avoit été enlevé.
Celui-ci continua de demeurer à
Sodome , jufqu'à ce que les crimes
dé cette ville infâme étant montés
à'ieur comble , Dieu réfolut de la
détruire avec les quatre villes voi-
fines. Il envoya trois Anges qui
vinrent loger chez LoUi fous la
forme de jeunes gens. Les So-
domites les ayant apperçus, vou-
lurent forcer Loth à les leur aban-
donner. Loth effrayé, à la vue du pé-
ril que couroientïes hôtes, offrit de
leur fubftîtuer plutôt fes deux filles.
Cette offre , effet de fon trouble ,
qu'on ne peut excufer , n'ayant pas
arrêté ces infâmes, les Anges les
frappèrent d'aveuglement*, & firent
fortir Loth de la ville avec fa femme
& fes deux filles. Il fe retira d'abord
à Ségor, & enfuite dans une ca-
verne avec fes filles -, ( car fa femme ,
pour avoir regardé derrière elle,
contre la défenfe expreifedeDieu^
avoit été changée en ftatue de fel. )
Les filles de Loth s'imaginant que
la race des hommes étoit perdue*
enivrèrent leur père. Dans' cet
état, elles conçurent de lui cha-
cune un fils -, l'aînée , Moab , d'où
fortirent les Moabites-, & la jeune ,
Ammon^ qui fut la tige des Ammo-
nites. On ne fait ni le temps de
la mort , ni le lieu de la fépul-
ture de hfth , & l'Ecriture n'en dit
5^0 LOT
phis rien. On a donné bîeû des
manières d'expliquer Icchangement
de £à femme en fbitue de Tel , dont la
plus contbrme au texte eft celle
qui explique le iak littéralement.
Quelques anciens, commet. Irénécy
attedent qu elle confervoit de fon
temps la forme de femme , & qu'elle
ne perdoit rien de fa grcffeur ,
quoique on en arrachât toujours
qnelque morceau. Ils ajoutent même
qu'elle étoit fuiete aux incommo-
dités ordinaires a fon fexe » chofe
prodigieufeôc inaoyable. Foye[le
Diclionnalrc de la Bible par D.
Calmct,
IL LOTH, (Jean-Charles)
peintre , né à Munich , en 1 6 1 1 ,
mort à Venife en 1698. Michel-
Ange & le cavalier Uberl ftirent €es
maîtres pour la peinture. Loth étoit
grand colorifte , & poffédoit aiiffi
plufieurs autres parties de fon art.
• I. LOTHAIRE I^^ , fils àe Louis
lé Débonnaire , & à'Ermcngarde ,
fille de Hugues , comte d*Alface ,
fût affocié à l'empire par fon père ^
le 31 Juillet 817, dans raflcinblée
d'Aix-la-Chapelle , & nommé roi
des Lombards en 820. L'ambition
l'emporta chez lui fur la reconnoif-
fance. Il s'unit avec les grands
feigheurs pour détrôher l'empe-
reur , fe faifît de fa perfonne , &
l'enferma dans lemonaftcre de Saint-
Médard de Soiflbns. ( Nous faifons
connoîtrc les fuites de cet attentat
dans l'article du prince détrôné, )
Louis le Débonnaire étant forti de
fa prifon par les intrigues d'un de
fes partifans , qui fema la difcorde
entre fes fils rebelles , en promet-
tant aux deux cadets de faire aug-
menter leur portion ; ceux-ci fe
déclarèrent contre Lothaîre^ êcl'o-.
Wigerent à danander pardon à
leur père commun. Après la mort
^e ce prince infortuné , l'ambitieux
Lothaîre s'arrogea la fupériorite fur
deux de fts frètes , & voulut le»
LOT
refirôndre , l'un à la feule Ba^
viere , & l'autre à TAquitaine»
Charles , depuis empereur , & Louis
de Bavière , s'unirent contre lui ,
& remportèrent une célèbre vic-
toire à Fontenai , Tan 841. Cette
journée fut fanglante ; il y périt ,
dit-on, près de 100,000 hommes.
Les trois ireres fe difpofoient à
lever de nouvelles troupes , lorf-
qu'ils convim-ent d'une trêve , fui-
vie d'un traité de paix conclu i
Verdun en 843. La monarchie
Françoife fut partagée en trois par-
ties égales , & indépenoantes l'une
de l'autre. LothJrt eut l'empire^
1 Italie & les provinces fituées en-
tre le Rhin & le Rhône, la Saône,
la Meufe & l'Efcaut. Louis fur-
nommé le Germanique^ reçut toutes
les provinces fituées fur la rive
droite du Rhin, & quelques villes
fur la rive gauche , comme Spire
& Mayence, propter vini copiant ^
difent les Armaliiles -, & CharUs
devint roi de toute la France, ex-
cepté de la portion cédée à Xo- '
thaire. Ce traité eft la première
époque du Droit public d'Alle-
magne. ( Pepîn ne fut point appelé
au partage, étant mort en 838.)
Dix an^ après cette partition , Lo"
thaire abdiqua la couronne, par la
laflîtude des troubles de fon vafte'
empire , & fur-tout par la crainte
de la mort. îl alla expier dans le
monaftere de Prum en Ardennes,
les fautes que fon ambition tyran-
nique lui avoit £ùt commettre
contre fon père , contre fes frères
& conn-e fe^ ûijets. ( Voye\ Tan.
Gerberge. ) 11 prit l'habit moriaf-
tique dans fa dernière maladie,'
plutôt pour moiu-ir fous cet habrt^
que pour faire une longue péni-
tence : car il n'avoi; pas long-temps
à vivre. Il mourut fix jours après,
le 28 Septembre 88 j , dans la 6o*
année de fon âge , & la 15® de
foil empire,- Quelque tardif qu'eût
LOT '
fcé-le rependr de Lothaln , def
luteurs BénédiéHns le mirent dans
le catalogue des Saints de l'ordre.
Aàhemar , moine de Saint - Cibar
d'Angoulême, dit: m Qu'après fa
fi mort , les bons Anges & les
¥> mauvais fe difputerent fon ame*,
»» & que les bons l'emportèrent,
H en difant aux démons : Nous
Ti» vous abandonnons VEMft.Rl.VK :
rt mais nous emportons U MofN£. »
Ce conte ( dit le P. Longueval ) fut
invemé pour faire valoir fa pro-
feilion reiigieufe , qui n'a pas be-
foin de pareilles preuves. Lothalre
fut enterré à Prum , & Ton mit fur
fon tombeau une Epîtaphe qu'on
croit être de Rahtm.
Conùna hic tumulus memorandl C«-
farls offa,
Lotharii , magnl prlnclpîs atqucpll ,
j^ui Francis , Italls , Romanis prafuit
ipfis:
Owiia fed fprcvlt^ pauper & hinc
abiitt
LoTHAiRZ laiâa 3 fils , Louis ,
Chtrlis & Lothalre , auxquels il
divifa fes états : Louis eut en par-
tie le royaume d'Italie ou de
Lombard ie , avec le titre d'em-
pereur; Charles, la Provence juf-
que vers Lyon -, & Lothalre , le
refte des domaines de fon père
en-deçà des Alpes, jusqu'aux em-
bouchures du Rhin & de la Mcufe,
Cette partie fut nommée le Royaume
ie Lothalre, C'eft de ce dernier qu'eft
Venu le nom de Lothatînge ou Lor-
raine , province qui avoit alors
beaucoup plus d'étendue qu'aujour-
d'hui. ( Foyei LoTHAIR£> roi de
Lorraine, n** iv. )
II. LOTHAIRE II , empereur
d'Occident & duc de Saxe, fils de
Gerhard^ comte de Supplembourg ,
fut élu roi de Germanie après la
mort de l'empereur Henri Vy en
1115 , & couronné empereur de
I Rome, le 4 Juin n 3 3 , par k pape
LOT iit
Innocent II y qui lui céda l'ufufruit
des terres de la co^teffe Mathilde,
Ce prince remercia le pontife , en
lui baifant les pieds , & en condui-
fent fa mule quelques pas. On croit
que Lothalre eft le i®' empereur qui
fit cette double cérémonie. U avoit
Juré auparavant de défendre VE%life ,
& de conferver les biens du faint»
Siège, La cour de Rome fe prévalut
dans la fuhe de ce ferment , pour
prétendre que l'empire étoit un fief
relevant du faim -Siège. L'empire
avoit été difputé après la mort de
Henri V : Lothalre fut préféré à Con-
rad de Franconie , & à Frédéric de
Souabe, iils à' Agnes ^ fœur du der-
nier empereur; ce qui caufa de
grands troubles. Il mourut fans
enÊms , le 4 Décembre 1 1 37 , dans
le village de Bretten , près Ti-ente.
Ce règne fut l'époque de la police
établie en Allemagne , vafte pays
livré depuis long-temps à la con-
fufion. Les privilèges des égîifes ,
des évêchés & des abbayes, fiircnt
confirmés , ainfî que les hérédités
.& les coutumes des fiefs & arriere-
fie&. Les niagifiratures des bourg-
meftres , des maires , des pré-
vôts , furent foumifes aux feigncurs
féodaux. On fe pîaignoit des în-
Juftices de ces magiftrats , & on
eut bientôt à fe plaindre de la'
tyrannie de ceux dont ils dé-
pendirent.
m. LOTHAIRE II, roi de
France, "fils de Louis S Outremer^
de Gerherge fœur de l'empereur,
Othon I , naquit en 941 , fut affocié
au trône en 951 , & fuccéda à fon
père en 954. Il fit la guerre avec
fuccès à l'empereur Oihon II, auquel
il céda la Lorraine en 980 , pour
la tenir en fief de la courronne de
France. Il avoit cédé aufîi à Charles
fon frère le duché de la bafie-
Lorraine; ce qui déplut à tous
les grands du royaume. Il mourut
à" Conipiegîie le 2 Mars 986 , à
33» LOT
45 ans, en^oîTonné , à ce qu'oft
croit 9 par Emma fa femme , fille
de Lothalrt II , roi dltalie. Ce
prince étoit recommandable par fa
bravoure, fon aôivité , ia vigi-
lance , fes grandes vues \ mais il
^toit peu exaâ à tenir fa parole ,
& finifToit prefque toujours mal
après avoir bien commencé.
IV. LOTHAIRE, roi de Lor-
raine , fils de l'empereur Lothaire /«
abandonna Tfyletbergc fa femme,
pour époufer Valdradc fa maîtreffe.
Ce divorce eft approuvé par deux
conciles , 1 un afîemblé à Metz ,
l'auue à Aix-la-Chapelle. Le pape
Nicolas l^ caffa leurs décrets, &
Lothaire fut obligé de quitter la
femme qu il aimoit , pour repren-
dre celle qu'il n'aimoit pas & qu il
devoir aimer. Le pape Adrien II
ayant été élevé fur le trône pon-
tSical , le roi de Lorraine pafla en
Italie au fecours de l'empereur
touisi {on frère, contre les Sar-
rafins, efpérant obtenir la difTo-»
hition de fon mariage. Mais le
pape lui fit jurer , en lui donnant
la communion , qu'il avoit fîncé-
rement quitté Valdradc , & les fei-
gneurs qui accompagnoient ce prin-
ce, firent le même ferment. Ils ,
moururent fubitement prefque tous ,
à ce que dit un hiflorien contem-
porain, peu de temps après. Xo-
tkàirt lui-même fiit attaqué à Plai-
fancc d'une fièvre violente , qui
l'emporta le 7 Août 869. Le pape
avoit fait à Lothalrt des prcfens
qui lui avoient paru, ainfi qu'à it:&
courtifans , d'un augure fevorable.
Il lui avoit donné un manteau,
une palme & une férule ou un
fcèptre. Le pape , par le manuau ,
avoit voulu , difoient-ils , le re-
vêtir de Valdradc \ par la palme ^
le rendre viâorieux de fes enne-
mis i & , par la férule , lui foumettrc
les évêques rebelles à fa volonté ;
mats le pape étoit bien éloigné dt
LOT
ces fentimens , & révénemeot H
voir que Lothaire Çc les ûens s'étOicnt
trop flattes. Voyei LoTHAiRE I*'
& Louis III. n** viu.
I. LOTICHIUS , ( Pierre) né en
I50i> dans le comté de Hanau« y
devint abbé de Solitaire , en alle-
mand Schluchtem , l'an 1 5 34. Ilin-
troduiiit dans fon abbaye le Lu-
théraniihie , dont il frit un zélé
défenfeur , & mourut en 1567. Il
montra des vertus qui le firent ef-
timer dans fon parti ; il fut pieux,
charitable , & laifra quelques Ou-
vrages, imprimés à Marpourg, 1640,
in-i2.
IL LOTICHIUS, (Pierre) ne-
veu du précédent , & le Prlaa des
Poètes Allemands , félon Mvrkcff^
fe fit {urnoiamcr Secundus , pourfe
diftinguer de fon oncle. Il naquit
en 1528 à Solitaire , & après avoir
fait de bonnes études en Allema-
gne , il prit le parti des armes en
1546. Mais u retourna bientôt à
fes études , voyagea en France &
en Italie j fc fit recevoir doâeur
en médecine à Padoue , & alla pro"
feffer cette fcience à Heidelberg,
où il mourut de frénéfie , le 7 No-
vembre 1560, 333 ans. CétoituB
habile médecin , & l'un dçs plus
grands poètes que l'Allemagne ait
produits. Ses Poéfies Latines , &fu^
tout fes EU^ , 1580 , in-8** , ont
quelque mérite. Il avoit toutes les
qualités qui font aimer & refpeûer:
il étoit affable , modeilc , fobre »
confiant dans fes amitiés , infanga-
ble dans 1 étude , & intrépide dans
les dangers. Sa candeur 6c fa bonté
lui firent des amis illufrres. On
trouve fa Vie à la tête de fes Poé-
fies , publiées par Jean Hagius , mé-
decin.
IIL LOTICHIUS, (ChrifHan)
frère cadet du précédent , mort cfl
1568 , eft auteur de plùiieurs Pièces
de Vers latins , efUmées. Elles ont
été imprimées féparément {c avec
LOT
telles du fuivant, à Francfort ,
1610 , in-S**.
IV. LOTICfflUS , ( Jean-Pierre )
petit- fils de Chnjilun , profeifa la
médecine avec diftinâdon , & ne
dédaigna pas les Mufes. Il dédia
fon livre d*£pîgrammes à Maurice ;
landgrave de Hejfe « & en reçut pour
^ute récompenfe une épigramme
et ce prince. Il publia en 1629 un
Commentaire fur Pétrone , in-4°. Ce
n'eft {dit Nlceron) qu'une rapfo-
die tirée de différens auteurs. £lle
prouve que Lotlchms avoit beau-
coup de mémoire , mais peu de ju-
gement. On a de lui divers autres
ouvrages en vers & en profe. [ yoy,
\ l'art, précédent] ; des Uwres de mé-
decine j une Hlflolre des Empereurs
Ferdinand II & III , 1646 , 4 tom.
in-foi. fig.
LOUAIL , ( Jean ) naquit à
Mayenne dans le Maine. Après
avoir demeuré quelque temps avec
l'abbé le Toumeux au prieuré do
Villiers, que celui-ci poflëdoit,
ii ^t mis auprès de l'abbé de Lou-
vois pour diriger fes études. Son
I élevé étant mort , l'abbé Louail
fe retira à Paris , où il panagea
fon temps entre la prière « l'étude &
le foin des pauvres. Il y mourut
le 3 Mars 1724, dans un âge affez
avancé. Il étoit prêtre & prieur
d'Aufai. On a de lui : I. La pre-
mière partie de P.HlJhîre du Livre
^ Réflexions morales fir le nouveau-
Tejlamenf, & de la ConfBtudon Uni-
genitus , fervant de Préface aux Hexa--
p^, en fix vol. in-ii, & en un
gros volume in-4*, 1726 , à Amf-
«erdam. Cette Hiftoire, fi ton peut
lui donner ce nom , eft un recueil
de &it$ , la plupart trop détaillés *,
& mis en œuvre par une main
peu habile. Le ftyle n'a pas afTez
d'agrément pour foutenir la pa-
deoce du lefleur jufqu'à la fin.
Il y a pourtant plufieurs pièces
çurieuffs ^ mais U aujr9tt (alla du
L O U 335
choix « moins de verbiage , & plus
de modéradon. Cadry*^ continué
'cette Hlfioire en 3 vol. in-4** , gç
l'a conduite prefque jufqu'au temps
où ont commencé les Nouvelles
Eccléfiafilques. II. Réflexions critiques
fur le livre du Témoignage de la vé^
rite dans CEgllfe , par le Père de U
Borde, in. L* Hiftoire abrégée du Jan^
fén'fme , & des Hsmarquis fur l'Or^
donnance de Monfeigneur Parohevêque
de Paris » in-12 , avec Mademoifelle
ds Joncoux ^ dont il revit aufii la
traduâion des Notes de Wendrock,
LOUBERE , ( Simon de la ) né
à Touloufe en 1642, fut d'abord
fecréuire d'ambaffade auprès de
Sa'nt-Romaln, ambafiadeur de France
en Sîiifle. Ses talens pour les né*
gociations déterminèrent Louis XIV
à l'envoyer à Siam en 1687 , en.
qualité d'envoyé extraordinaire.
Il n'y refta qu'environ trois mois ,
pendant lefquels il s'occupa à raf-
îembler des Mémoires fur l'Hif-
toire civile ^ naturelle du pays ,
fur l'origine de la langue , le ca-
riâere & les moeurs des habitans.
De retour en France, il fut envoyé
exécuter une commiifion fecrete
en Efpagne & en Portugal. On croit
que c'étoit pour détacher ces deux
cours de Talliance qui avoit pro-
duit la révolution d'Angleterre.
Son defiein tranfpira. Il fut arrêté
à Madrid , & n'obtint fa liberté
qu^avec beaucoup de peine. La Low
hère , rendu à la France , s'attachs
au chancelier de Ponuhartrain , alors
contrôleur-général des finances. Ct
fut par le crédit de ce miniftre qu'il
obtint uhe place à Tacadémic Fran-
çoife, en 1693 : fur quoi la Fon-
taine y quelquefois fitirique malgré
la douceur de fjn niturel , fit l'éi
pigramme qui finit par ces vers :
// en fera , quoi qu'on en die ;
C'eft un impôt que Pontchartraia
Veut mettre fur PAcadémU^
334 L O U
Le flouvcl académicien fe retira
peu de temps après dans fa patrie ,
y rétablit les )eux Floraux , autre-
fois fi célèbres & alors fi dégéné*
rés. Après s'être montré citoyen
zélé & lavant prefque univerfel , il
termina fa carrière le 26 Mars 1729,
à 87 ans. Il s etoit marié à l'âge de
60 ans avec une de Ces parentes ,
qui mourut avant lui , uns lui avoir
donné d'enÊms. La Loubere favoit
non-feulement le Grec & le Latin»
mais encore l'Italien, ll/pagnol &
rAllemand. Il cultivoit à la fois la
poéfie , les mathématiques , la po-
litique & lliiftoire \ mais il n'ex-*-
cella dans aucun genre. Sa princi-
paux ouvrages font : I. Des Poéfies
répandues dans différens Recueils.
Il y a ^t entrer tantôt de la mo-
rale» tantôt de la galanterie \ car
il pofieda , jufqu'à un âge avancé,
Tst de dire & de rimer des chofes
flatteufes. Son flyle d'ailleurs eft
foible. n. Une Relaùon curieufe de
fon Voyage de Siam , Amflerdam ,
1713 , 2 vol, in-i2. III. Un Traité
de X^iRdfoIuùon des Equadons , isk-j^y
1729 y peu connu, &c.
LOUCHALI, ou Uluzzali , ou
OccHiALi , &meux coriàire , né
dans la Calabre en Italie , fiit £ût
cfdave par les Turcs dès ià jeu-
nciTe , & fiit mis en liberté en re-
nonçant au Chrifiianifine. La for-
tune & (a valeur relevèrent juf-
qu'à la vice-royauté d'Alger. Lorf-
que les Turcs fe préparoient au
ûe%e de FamagouAe l'an 1570 ,
après s'être rendus maîtres de Ni-
cofie dans Tifle de Chypre» Louchaâ
alla joindre leur flotte avec fon
efcadre , compôfée de 9 galères &
de 30 autres vaifieaux. Dans la
bataille de Lépante, en 15 71 , il
commandoit l'aile gauche de l'ar-
mée fies Turcs » & étoit oppcfé à
l'efiadre de Doria. , qui le mit en
•fiiite. Cependant il rentra comme
«a triomphe dans CoofianÂnople ,
L O U
parce qu*il mena avec lui quekfoei
bàtimens chrétiens qu'il avoit prb
dès le commencement du combat.
Le giand^eigneur donna de grands
éloges à fil valeur , & le nomma
Badia de la mer à la place d'Hdk
Ce renégat fe difiingua dans plu«
fieurs autres occafions , fur-tout à
la prife de la Goulette en Afiique^
l'an 1^74, & mourut à la fin dn
XV i*^ fiecle.
LOUDUN , [ le curé de ] Voy%
Grand i£zu \
LOUET . ( Georges ) d'une no-
ble & ancienne âmille d'Anjou,
confeiller au parlement de I^iriS|
& agent du cierge de France, sac- *
quit une grande réputation par £1
fcience» par fes talens , par fa pru-
dence & fon intégrité. U fiit* nommé
à l'évêché de Treguier -, mais il
mourut en 1608 , avant que d'avoir
pris poflefiîon de cet évêcbé. On
a de lui : L Un Remdl de pbifieurt
notabUs Arrêts^ dont la meilleure
édition eft celle^de Paris, 1742,
2 vol. in-foL avec les Commentaires
de Julien Brodeau, II. Un Commen-
taire fur l'ouvrage de DtaiumUn , des
R^jUs de la Chanullene,
[E M r £ R £ ÏT R s.] I
L LOUIS r', le Debonkairi
ou le Foible , fils de Chademapic
& d^HUdegarde fa 2^ femme , naquit
en 778 , à Cafifeneuil en Agenois,
& fiit dès-lors nommé roi d'Aqui-
taine. Il parvint à la couronne
de France en 814, & fut proclamé
empereur la même année , âgé de
56 ans* Ce prince %nala le com-
mencement de fon r^ne par la
permiifion qu'il accorda aux Saxons
tranfportés en des pays étrangers , j
de retourner dans leur patrie, louis
ne continua pas comme il avoir
commencé. Il aflbcia Lothaîre (on \
fils aîné à l'empire, nomnaPep»
& Louis fes deux autres fils , l'un
roi d'A^iûoiae, & riutre roi dQ
L ou
'Ba^ere. Loin de fortifier Ton admî-
nifbation par ce partage , il l'afFoi-
blit. D'ailleurs le zèle de Charte-
magne pour la religion avoit ci-
menté fa puiiïance , & la dévotion
mal-entendue de fon fils lui ôta
une partie de fa force. Trop occupé
de la réforme de l'Eglife , & trop
peu du gouvernement de fon état,
U s'attira la haine des éccléfiafti-
ques, & perdit l'eftime de fes fujets.
« Ce prince , jouet de Ces paflîons
» & dupe de fes vertus mêmes,
>» ne connut ni fa force , ni fa
w foibleiTe : il ne fut fe concilier ni
« la crainte , ni l'amour , & avec
» peu de vices dans le cœur v^ il eut
« toutes fortes de défauts dans
»♦ l'efpritM (Montefquieu.)ll indif-
pofa les évèqaes par des réglemens
%es, mais laits mal-à-propos. Les
prélats obligés d'aller à la guerre
contre les Sarrafîns & les Saxons »
prenoiem fouvent l'habit guerrier.
LouU les obligea, dit un h'dlorien
Contemporain , »♦ de quitter les
» cânnires & les baudriers d'or ,
« les couteaux enrichis de pierreries
^ qui y étoient fufpendus , les
>» éperons dont la richefle acca-
>♦ bloit leurs talons «. Le mécon-
tentement du Clergé ne tarda pas
à éclater. Une cruauté de LjuLs en
fut l'occalion. Bernard^ roi d'Italie ,
(bâtard de Pépin dit le Bojfu^ fils
aîné de Charlemagne , ) irrité de ce
que Lothaire fon coufin lui avoit
été préféré pour l'empire , prit les
annes en Si 8. L'empereur, ayant
marché contre lui , Tintimida telle-
ment par fa préfence, que Bernard y
abandonné de fes troupes , vint fe
jeter à fes pieds. En vaxn il demanda
fa grâce; Louis lui fit arracher les
yeux , & ce jeune prince mourut
des fuites de cette cruelle opéra-
tion. Ce ne fut pas tout -, Louis fit
arrêter tous les panifans de 5er-
«v'f, &leur fit éprouver le même
fuppUcc. Plufieurs çcdéûaltiques
lui infpirerent des remords fur fes
exécutions barbares. Les évêques
& les abbés lui impo'erent une pé-
nitence publique. L>.uis , oubliant
qu'il étoit roi , narut dans l'alTem»
blée d'Attigni, couvert d'un cilice.
Cette humiliation , jointe à fon
peu de fermeté , caufa de nouveaux
troubles. Des l'an 817 L.uls avoit
fuivi le mauvdis exemple de fon
père, en partageant fon autorité
& fes états à fes trois fils. Il lui
refioit un 4^ fils, qui lut depuis
empereur fous le nom de Charles
le Chauve, Il voulut, après le par-
tage , ne pas lailler fans état cet
ei^ant d une femme qu'il aimoit ,
& il lui donna en 829 ce qu'on ap-
peloit alors l'Allemagne , en y ajou-
tant une partie de la Bourgogne.
Judith de Bavière , mère de cet en-
fant nouveau - roi d'Allemagne,
gouvernoit l'empereur fon mari,
& étoit gouvernée par un Bernard^
comte de. Barcelonne, fon amant,
qu'elle avoit mis à la tête des affai-
res. Les trois fils de Louis y indi-
gnés de fa foiblefTe , & encore plus
de ce qu'on avoit démembré leurs
états, armèrent tous trois contre
leur père. Les évêques de Vienne ,
d'Amiens & de Lyon, déclarèrent
rebelles à l'état & à l'églife, ceux
qui ne fe joindroient pas à eux. La
plupart des autres évêques fuivi-
rent leur exemple, & abandonn^-
nerent le parti de l'empereur. Le
pape Grégoire IV ^ qui étoit de ce
nombre , vint en France à la prière
de Lothalre , & ne put rétablir la paix
entre le père & les enfans. Au mois
de Juin de l'année 833, Lothalre fe
mit à la tête d'une puifTante armée,
augmentée bientôt par la défedtion
prefque totale des troupes de fon
père. Ce malheureux prince, fe
voyant abandonné, prit le parti
de pafTer au camp de fes enfans
retranchés entre Bàle & Strasbourg ^
dans uae plaine appelée depuis le
336 L O U
Camp du menfonge^ aujourd'hui Rot-
leube, entre Brifach & la rivière
d'Ili. Ceft-là que , de l'avis du pape
& des feigneurs , on le déclara di-
chu de la dignité impériale, qui fiit
déférée à Lothaln, On partagea de
nouveau l'empire entré fes trois fils,
Lothalrc^ Pépin & Louis, A l'égard
de Charles , prétexte innocent de
la guerre, il ftit renfermé au mo-
naftere de Prum dans la forêt des
Ardennes. L'empeur fiit conduit
dans celui de Saint-Médard de Soif-
fons , & l'impératrice Judith menée
à Tortone en Lombardic, après
que les vainqueurs l'eurent fait ra-
fer. Louis n'étoit pas à la fin de Tes
malheurs : on tint dans le mois
d'Oûobre une affemblée générale
à Compiegne , où ce prince fe laiiTa
perfuader de fe foumettre à la pé-
nitence publique , comme s'avouant
tùupabU de tous Us maux qui affi"
gcoient rEtat. On le conduifit à
réglife de Notre-Dame de Soiflbns ;
il y parut en préfence des évêques
& du peuple , fans les ornemens
impériaux , & tenant à fa main un
papier qui contenoit la confeflîon
de fes prétendus crimes. Il quitta
fes vêtemens & fes armes , qu'il
mit au pied de l'autel, & s'étant
revêtu d'un habit de pénitent &
profterné fur un cilice , illutla lifte
de fes crimes , parmi lefquelsétoit
celui d* avoir fait marcher fis troupes
in Carême. Alors les évêques lui im-
pofcrent les mains ; on chanta les
pfeaumes & on dit les oraifohs
pour rimpofition de la pénitence.
tes auteurs ont parlé divesfement
de cette aftion : les uns ont pré-
tendu que c'étoit un trait de la po-
litique de Louis , qui crut devoir
cette fatis£iâion aux évêques &
aux feigneurs de fon royaume :
d'autres l'ont regardée comme l'effet
de la vertu. Quoi qu'il en foit ,
il fera toujours vrai de dire que
c'étoit pouÛTer la vertu ou la pCH
LOU
litîque beaucoup plus loin qu'ella
ne dévoient aller. Louis ht enfier-
mé un an dans une cellule dumo-
naftere de Saint-Médard de Soif- |
fons , vêtu du fac de pémtent , i
fans domeftique , fans confolation, |
mort pour le refte du monde. S'il '
n'avoit eu qu'un fils , il étoit perdu
pour toujours -, mais fes trois en-
fans difputant fes dépouilles , leur
défunion rendit au père fa liberté
& fa couronne. Louis ayant été |
transféré à Sant-Denys , deux de j
fes fils , Louis & Pépin , vinrent le '
rétablir , & remettre entre fes bras
fa femme & fon fils Charla. L'af-
femblée de SoifTons fut anathéma-
tifée par une autre à Thionville en
835. Louis y fut réhabilité -, Mon ,
archevêque de Rheims , qui avoii
préfidc à l'alTemblée de Compie-
' gne , & quelques autres évêques
non moins féditieux: que lui , fu-
rent dépofés. L'empereur ne put ,
ou n'ofa les punir davantage. Bien-
tôt après , un de ces mêmes enfans
qui l'avoient rétabli , Louis de Ba-
vière , fe révolte encore *, mais il eft
mis en 'fuite. Le malheureux père
mourut de chagrin le 20 Juin 840,
à 62 ans, dans une iile du Rhifl
au-deflus de Mayence , en difant :
Je pardonne à Louis; mais qu'il fâ'
che qu'il m'arrache la vie. Il paiTl
les derniers quarante jours qu'il
vécut , fans autre nourriture que
le pain & le vin euchariiHques.
Comme il fe reprochoit amèrement
de n'avoir pas obfervé le carême
pendant une campagne , il attribuoic
fa maladie à cette faute , & il s'é-
crioitavec douleur : Vous êtes ju/k,
6 mon Dieu ! pulfque j'ai rcfu/ê à
jeûner le carême , vous m'en aivoy«{
aujourd'hui un autre pendant lequel il
faut bien que je jeûne. Il tomba dans
une fbiblefTe extrême , qui du coip
s'étendit jufqu'à Tefprit. U croyoit
dans fes derniers momens , que te
Dyd}le étoit au chçvec de fon 1&
poio:
L O U
pour s*emparer de fon amc. Oa
|)réten<L qu'une écUpfe totale de
îbleil, qui furvint pendant qu'il
marchoit contre fon fils , effraya
fon efprit que les «malheurs avoient
troublé , & hâta fa mort. Comment
accorder cette erreur avec les con-
noiflânces aftronomiques que plu-
iièurs hiHoriens lui ont attribuées?
Tout s'allie dans les têtes , dit un
homme d'efprit. Ce prince pouvoit
croire que cet événement tenoit à
une caufe naturelle *, mais il ne
pouvoit s'empêcher d'en être trou-
blé. L'eiprit & le fentiment n'ont
rien deconmiun j on peut avoir le
cerveau très-bon , & le cœur pu-
fillanime. Celui de Loms U Débon-
naire rétoit. Ce déÊBiut fit le mal-
heur de fon règne , & ternit fes
autres qualités : fa bien&ifance, fa
bravoure , fon favoir très - étendu
pour fon temps. Il connoiiToit les
lois anciennes & modernes , & il
en fit obferver quelques-unes. U
rendit au clergé de fon royaume
la Uhené des EUcilons , & fe réferva
feulement le droit de les confirmer.
tes cvêques avoient grande part
au gouvernement d'alors -, ils rele-
voient la puifiance fpirimelle par
l'éclat de la richeflTc & par la force
de l'autorité temporelle -, ils préfi-
doient aux délibérations des peu-
j)les , non-feulement comme dicfs
de la religion , mais conmie pre-
miers citoyens. De là leur influence
dans les affaires de l'état , & les
entreprifes téméraires & amhitieu-
fes de quelques-uns. On doit ob-
ferver ici , que ce fut Louis U Dé'
ionnairt qui donna , l'an 817, la
ville de Rome & fes appartenances
aux papes , & qu'il en retint tou-
tefois la fouveraineté , comme le
prouvent les aftes d'autorité fu-
prême que lui & fes fiicceffeurs
exercèrent dans cette capitale du
monde Chrétien. La foiblefle de
^ms U Débonnaire ne l'empêclia
LOU 337
pas de feire de bonnes lois. Sa haine
contre le luxe paroit dans celles
qu'il a faites fur les habits des ecclé^
fiaftiques & des gens de guerre. Il
dCi'endit aux uns & aux autres les
robes de foie , & le.s ornemens d'or
& d'argent, & interdit fur-tout aux
premiers Us anneaux gcrnis de pierres
précL'ufes , les ceintures , cohteaux ou
fouUers garnis de boucles d*or ou de
plcrreiles , des mulss , palefrois & che^
vaux avec brides & freins dorés, C'cft
une de nos premières lois fomp-
tuaires. En parlant des gens de
guerre , qui marchent avec de fu-
perbes éqi^ipages , & de riches meu-
bles : Qudle extravagance ^ difoit-ill
Ne leurjuffù'il p^is d'expofcr Uur vie^
fans enrichir encore Pennemi de leurs
dépouilles , & U meure en état de con^
tinuer la guerre à nos dépens ? Sa
maxime ordinaire étoit : Rien de
TROP ; maxime qu'il fuivit mal ,
ou plutôt de la^ellç il s'éloigna
dans tonte fa conduite. Ceux qui
avoient fa confiance en abuferent :
ce qui ' Ità' arriva , (dit Fauchet dans
fon ôyle , ) pour s* occuper trop à lire
& à pfalmodier ; car , ajoute- t-il ,
comhîen que ce fuit chofe bienféante
à un Prince f avant & dévuieux , fi
doit-il être plus en action qu^cn con-
templation,
II. LOUIS II , U Jeva'e, empe-
reur d'Occident , fils aîné de Lo*
th ire /, créé roi d'Italie en 844 ,
monta fur le trône impérial en 855.
îl eut un différent avec les Sou-
verains de Confiantinople , qui luî
difputoient le titre d'empereur : il
fe défendit affci mal , & n'allégua
contre eux que la poflTeflion. Il
mourut le 1 3 Août 875 , fans avoir
laiffé d'enfans mâles , après avoir
gouverné près de vingt ans , depuis
la mort de fon père. Il fit durant
fon règne ( dit M. de Montlgnl )
tout ce que l'on pouvoit attendre
d'un grand prince. Né avec les
qualités qiû font les conquérans ,
^}8 L O U
il fe contenta d'être jufte. Il Sem-
bla fe borner à défendre contre
fes ennemis la portion qui lui étoit
échue de l'héritage de fes pères.
Ses vertus lui ont mérité des éloges
de la part même des fouverains
pontifes. Voici comment le pape
Adrien en parle dans ufi^ lettre
adrefTée à Lotds roi de Germanie.
»♦ L'empereur Louis ( dit-i.l) com-
*► bat , non contre les Chrétiens ,
>« comme quelques-uns, mais contre
H les ennemis du nom Girétien ,
>* pour la iureté de l'EgUfe, prin-
»♦ cipalement pour la nôtre , & pour
» la délivrance de plufieursFidelles
M qui couroient un extrême péril
vt dans le Samnlum , en forte que
>♦ les Sarrafins étoient près d'entrer
n fur nos terres. 11 a quitté fon
a repos 9 & le lieu de fa réfidence »
^ A s'cxpofant au chaud , au froid »
»i à toutes fortes d'incommodités
»» & de périls. Ses progrès ont été
vt rapides, 11 a feit tomber pluiieurs
>» Inftdelles fous fes armes vi£ko-
» rieufes *«.
III. LOUIS III, dit V Aveugle y
©é en 880 , de Bofon roi de Pro-
vence , & d'Ermengarde fille de l'em-
pereur Loiùs U Jeune , n'avoit que
10 ans quand il fuccéda à fon
père en 890. Il paila en Italie Tan
900 , pour défendre fes droits con-
tre Bérmger qui lui difputoit l'em-
pire', & après l'avoir battu deux
fois , il fe fit couronner empereur
à Rome par le pape Benoît IF, Mais
s'étantlaiffé furprendre dans Vérone
£ar fon rival > celui ci lui fit crever
» yeux , & le renvoya en Pro-
vence où il mourut en 934,
IV. LOUIS dit r Enfant, fils
de l'empereur Arnould , fut roi de
Germanie après la mort de Con
père , en 900 ^ à l'âge de fept ans.
L'Allemagne fut dans une entière
défolationfous fon règne. Les Hon-
grois la ravagèrent , & il fallut les
faire retirer à prix d'argent, A ces
L o u
înciirfions étrangères , fe joigaîrem
des guerres civiles entre les princes
& le clergé. On pilla toutes les
églifes ; les Hongrois revinrent pour
avoir part au pillage ; Louis s'enfiik
a Ratisbonne » où il mourut le 11
Janvier 9 1 1 ou 9 1 1. Il fut le dernier
prince en Allemagne de la race des
CariovlngUns, Nous ne l'avons placé
ici , que parce que fa mort eft une
époque mémorable dans le droit
public & dans l'hiftoire d'Alle-
magne. La couronne , qui devoit
être héréditaire dans la maifon.de
Charlemagne , devint éleftive ; les
états delà nouvelle monarchie pro-
fitèrent de cette révolution. Les
Allemands , maîtres de difpofer du
^ trône , fe donnèrent des privilèges
excefii£i. Le<: duchés & les com-
tés , adminifirés jufques alors par
commifiion , devinrent des fiefs
héréditaires. Peu-à-peu la noblefle ,
& les états des duchés , qui dans
les premiers temps ne reconnoif-
foient que la fouveraineté du roi
feul , furent réduits à dépendre ab-
folument de leurs ducs , & à tenir
en arrière -fief des terres quimou-
voient auparavant en droiture de
la couronne. D'un autre côté*
l'Italie commença à être aflervie à
l'Allemagne , & les Romains re-
çurent, des Barbares de la Ger-
manie , les maîtres qu'ils voulurent
bien leur donner.
V. LOUIS V , nonuné ordinai-
rement Louis IV , parce que Lotus
V Enfant paroifibit ne devoir pa«
être placé parmi les empereurs,
étoit fils de Louis U Sévère^ duc
de Bavière , & de Matfdlde, fille de
l'empereur Rodolphe L II naquit
l'an 1284, & fut élu empereur i
Francfort le 20 Oé^obre 1314»*
l'âge d'environ 30 ans. Il fut cou-
ronné à Aix-la-Chapelle par l'ar-
chevêque de Mayence , tandis que
Frédéric le Bel y fils de l'empereu»
4lhm 1 1 étoit fàcré à Cologne |
LOU
^rcs avoir été nommé à l*empîrc
par une partie des électeurs. Ces
éaxK facres produifirent des guer-
res civiles d'autant plus cruelles,
?ue Louis dç Bavière étoit oncle de
réderlc fon' rival. Les deux empe-
tcurs confentirent , après avoir ré-
pandu beaucoup de fang, à décider
kur querelle par 30 champions:
«fagc des anciens temps , que là
chevalerie a renouvelé quelque-
fois. Ce combat d'homme à homme,
de 1 5 contre 1 5 » ^t comme celui
des héros Grecs & Troyens -, il ne
décida rien , & ne fut que le pré-
lude d'une bataille , dans laquelle
Xottii fut vainqueur. Cette journée,
luivic de quelques autres vidoires ,
le rendit maître d« l'empire. Fré-
éerU ayant été feit prifonnier , y
renonça au bout de troii ans pour
avoir (a liberté. Le pspc Jean XXII
avoit obiervé jufqu'alors* la neu-
tralité entre les deux concurrens -,
mais , après la bataille déciiive de
MichldorfF çn 1322, il déclara
l'empire vacant , & ordonna à Louis
2/ de fe défifter de fes droits &
de les foumettre au jugement du
pape, qui feul pouvait , difoit - il ,
confirmer les empereurs , & fans Vap^
probathn duquel aucun prince ne pou-
voit monter far le trône impérial.
L'empereur n'ayant pu foire chan-
ger de fentiment le pontife , appela
du pape mal infirult au p(^e mieux
infiruit , & enfin au Concile géné-
ral. [ V, Castrucio. ] Jean XXII
l'excommunia, délia fes fujets_du
ferment de fidélité , & dans fa Bulle
le priva de fes biens meubles 6» im-
meubles. L'empereur s*en vengea,
en fuTcitant des ennemis au pape ,
& en faifant élire l'anti-pape Pierre
de Corbière , prononça une fentence
de mort contre le pape & fon
dcfenfeur le roi de Naples , & les
condamna tous deux à être brûlés
vife. Clément Vl marchant fur les
traces de han XXI f y lança ks
L O Û 339
foudres eccléfiaftiques fur Louis en
134^* (l**^ ^^ colère de Dieu, difoit-
11 dans fa Bulle, & celle de 5. Picr/€
& de S, Paul , tondent fur lui dans
Ci monde & dans l^ autre ! Que la terre
tengloutijfe tout vivant ! Que fa mé-
moire périjfe ! Que tous les élémens lui
f oient contraires ! Que fes enfans tom-
bent dans les mains de fes ennemis ,
aux yeux de leur père ! Cin<} éleftcurr
excités par le pape, élurent roi
des Romains , la même année,
Charles de Luxembourg , marquis de
Moravie. Les deux compétiteurs fe
firent la guerre*, mais un accident
arrivé le 11 Oftobre 1347, ter-
mina ces querelles funeftes. Louis
tomba de cheval en pourfuivant ua
ours a la chafie , & mourut de ùi
chute à 63 ans. Sa mort , ( die
Fleuri^ ) fut regardée comme une
punition divine. Les officiers & les
juges qu'il nommoit depuis quelques
années , fe fouilloient par des in-
jufiices & opprimoient les pauvres.
Dans fes voyages il occafionnoit
de grandes dépenfes aux -prélats ,
aux églifes & aux monafieres. II
haïffoit le clergé féculier , & il
difoit fouveiit , que quand il pour^
roit amaffer de l'argent comme de la
houe y il ne fonderait pas des Chapitres^.
Ce prince eft le premier empereur
qui ait réfid^ confiamment dans fes
états héréditaires , à caufe du mau-
vais état du domaine impérial , qui
ne pouvoit plus fuffire à l'entretien
de fa cour. Avant lui les empereurs
avoient voyagé continuellement
d'une province à l'autre. Louis eft
anfil le premier qui dans fes fceaux
fe foit fervi de deux Aigles pour
déiigner les armes de l'empire. Ils
furent changés fous JFencefias , &
réduits à un feul à deux têtes*.
[Rois de France,]
VL LOUIS I", foi de France;
Voyei Louis I , ^ Débonnaire, em-
PiÇreur,
Yij
340 L O U
VIL LOUIS II ,U BtGUE,
aonû nommé à caufe du défaut de
fa langue ^ étoit fils de Charles U
ehauve, U fut couronné roi d'Aqui-
.taine en 867 , & fuccéda à Ton père
dans le royaume de France le 6
Oi^obre S77. U fiit contraint de
démembrer une grande partie de
fon domaine , en faveur de Bo/on
qui s'étoit fait roi de Provence,
& de plufieurs autres feigneurs
xnécontens. Il mourut à Compiegne
le 10 Avril S79, à 35 ans. Il eut
d* An/garde fa i'* femme, ( qu'il
fut obligé de répudier par ordre
de fon père , ) Louis & Carloman , qui
partagèrent le royaume entre eux ;
& laiSa » en mourant , Adélaïde , fa
2' femme, grofle d'un fils, qui fiit
Charles le Simple,
VIIL LOUIS III, fils de Loms
le Bcgutj & frère de Carloman^
partagea le royaume de France
avec fon fi-ere,- & vécut toujours
uni avec luL II eut l'Aufirafie &
la Neufb-ie, & Carloman l'Aqui-
taine & la Bourgogne. LouU III
défit Hugues U Bâtard , fils de Lo-
thaîre & de Valdraâc » qui réven-
diquoit la Lorraine *, marcha contre
Bofon roi de Provence; &; s'op-
pofa anx courfes des Normands ,
ûxx lefquèls il remporta une grande
vifloire dans le Vimeu en 881.
Il mourut fans enfans , le 4 Août
fuivant. Après fa mort , Carloman
fon fi-ere fut feul roi de France.
IX. LOUIS ly ou d'OuTRE^
M£R , ainfi nommé à caufe de fon
féjour en Angleterre pendant 13
ans, étoit fils de Charles le Simple
& 6!0glne, Il fuccéda à Raoul ^ roi
de France, en 936. U voulut s em-
parer de la Lorraine, mais l'em-
pereur Othon 1 le força de fe re-
tirer. Les grands de fon royaume
fe révoltèrent pluûeurs fois, & il
les réduifit avec peine. S'étam em-
paré de^ la Normandie fur Richard^
^ du duc GuUlà^vmc , il fiit défait ,
L o 0
& pris prifonnier par Algrold^ roî
de Danemarck , & par Hugues tt
Blanc ^ comte de Paris, en 944.
On lui rendit la liberté l'année
fuivante , après l'avoir obligé de
remettre la Normandie à Richard^
& de céder le comté ie Laon à
lÙgues le Blanc, Cette cefilon occa-
fîonna une guerre opiniâtre entre
ce comte & le roi \ mais Lculs
£ Outremer étant foutenu de l'em-
pereur Othon , du comte de Flan-
dres & du pape» Hugues le Blanc
fut enfin obligé de éire la paix ,
& de rendre le comté de Laon en
950. Louis d^ Outremer finit fes jours
d'une manière fimefte ; il fut ren-
verfé par fon cheval en pourfui-
vant un loup , & mourut à Reims
de cette chute, le 10 Septembre
954, à 38 ans. II laifia de Ger-
bergt ^ [ Voyei IV BERNARD ] fille
de l'empereur Henri POlfeleur^ deux
fils : Loihaire & Charles, Lothaîre lui
fuccéda ; & Charles ne partagea
point, contre la coutume de ce
temps-là , tant à caufe de fon bas-
âge , que parce qu'alors il ne ref-
toit prefque plus que Reims &
Laon en propre au roi. Depuis,
le royaume ne fut plus divifé
également entre les frères. L'ainé
feul eut le titre de Roî^ & les ca-
dets n'eurent que de fimples apa-
nages. C'eft une des époques de la
grandeur de l'état. Louis SOutre-*
mer étoit un grand prince , à plu-
ûeurs- égards ; mais Û ne fe méfioit
pas afiez des hommes , & il étoit
fouvent trompe.
X. LOUIS Y ,leFAisÈANT\
roi de France après Lothaîre fon
père le 2 Mars 986 , fe r^dit maî-
tre de la ville de Reims , & fit pa-
roître beaucoup de valeur dès le
commencement de fon règne. Il fe
préparoit à marcher au fecours du
comte de Barcelone contre les Sar-
rafins , lorfqu'il fut empoifonné par
la reijae Blanche fy f^aune , It 21
L O Û
Mai de l'année fuivante 987 , âgé
d'environ 20 ans. Louis étoit d'nn
caradere turbulent & inquiet ; le
nom de Fainéant ne convenok point
â un tel homme. Il paroit que ce
nom ne lui a été donné que parce
que fon règne n'offre rien de mé-
morable. Et que pouvoir - il foire
dans le peu de temps qu'il occupa
le trône? C'eft le dernier des Rois
de France de la a* race des Car--
lonng:ens , laquelle a régné en
France 236 ans. Après fa mort ,
le royaume apparteaoit de droit à
Charles fon oncle , duc de la baffe-
Lorraine , & fils de Louis ^Outre-
mer; mais ce prince s'étant rendu
odieux aux François , il fut exclus
de la fucceffion , & la couronne
fut déférée à Hu^ Capet , duc dé
France , & le prince le plus puif-
lant du royaume... Si Ton confidere
les caufes de la ruine de la 2*^ race,
on en trouvera cinq principales :
ï. La divifion du corps de l'état
en plufieurs royaumes , divifion
fuivie néceffairement de guerres
dvilefs entre les frères. II. L'amour
exceffif que Louis le Débonnaire eut
pour fon trop cher fils Charles le
Chauve. III. La foibléffe de la plu-
part des rois fes fucceffeurs : à -
peine en compte-t-on cinq ou fix ,
qui aient eu à la fois du bon fens
& du courage. IV. Le ravage des
Normands , qui défolerent la France
pendant près d'un fiecle , & qui
feyoriferent les révoltes des grands
feigneurs. V. Le trop grand nom-
^rt d'enfons naturels qu'eut Ckar^
^^magne , lefquels vouloîent être
Souverains dans leurs terres & n'en
feconnortre aucun. Ce fut vers le
temps de Louis V que s'introduifit
lufage de prendre des furnoms.
Autrefois on n'avoir que fon nom
propre. Sous la féconde race de nos
'ois , on commença à fe diftinguer
d'une manière particulière , en
ajoutant quelque épithete à fon
L o U 34Ï
nom , nrée de la dignité de celui
qui le portoit , ou de la force de
fon corps , ou de la couleur de
fon teint, ou de quelque qualité
perfonnelJe. De là les noms de ^w-
pus l'Abbé , Robert le Fort, Hugues
le Blanc , Hugues le Noir , Hugues
Capet ou la Forte-tête. Les fei-
gneurs comtes & ducs retenoient
ces derniers noms. Ceux qui n'é-
toient ni l'un ni l'autre, tiroient
leur furnom du nom de leur terre
ou de leur château. Les bourgeois
prenoient le nom de leur ville ou
de leur métier , ou de leur négoce,
ou de quelque défaut naturel. Ct^
de là que font venus les noms fui-
vans : U Breton , P Allemand^ le.
Potier , le Charpentier , U Bègue , U
Bojfu, Ceux qui aifeâoient un or-
gueil fupérieur à leur état , étoient
appelés le Prince » l*Evêque , te ce
fobriquet devenoit un furnom.
XI. LOUIS VI, le Gros , fili
de Philippe / & de Berthe de Hol-
lande, né en 108 1 , parvint à la
couronne en iioS. Le domaine
qui appartenoit immédiatement au
roi , fe réduifoit alors au duché de
France. Le refte étoit en propriété
aux vaffaux du roi , qui fe condui-
foient en tyrans dans leurs feigneu-
ries , & qui ne vouloient point
de maître. Ceis feigneurs vaffaux
étojent prefque tous des rebelles.
Louis fut prefque toujours fous les
armes , combattant des feigneurs
de Montmorencl , des fires de Mont-
Ihéri y des châtelains de Rochefort,
Il.fiit trois ans à réduire le fort
de Puifet , qu'il ne prit qu*en i iiy,
& qu'il détruiiît jufqu'aux fonder "
mensv Prefque tous les châtelains
afpir oient alors à la royauté. On
vit un comte de Çorbdly prenant
fes armes pour combattre le roi ,
dire gravement à fon époufe :
Comtejje , donnei-moi vous-même cette
épée , & après l'avoir reçue, ajouter :
IC'efi un Comte gui la reçoit de vos
Yiij
341 L O U
nohUs mains ; c^efi m Roi qui vous U
rapportera teinte du fang de fon ad-
verfalre. Le futur fouvcrain fiit tué
d'uA coup de lance dans le combat',
mais les autres feigneurs ne don-
nèrent pas moins d'embarras à
Louis le Gros, Le roi d'Angleterre,
duc de Normandie , ne manquoit
pas d'appuyer leurs révoltes : de
là ces petites guerres emre le roi
& (es fujets; guerres qui occupè-
rent les dernières années de Phi-
lippe I & les premières de Louis U
Gros, Ce prince s'apperçut trop
tard de la éute qu'on avoit faite ,
de laiffer prendre pied en France
aux Anglois , en ne s'oppofant
point à la conquête que Henri I fit
de la Normandie fur Roh^rt fon
frère aîné. Le monarque Anglois
étant en poiTeffion de cette pro-
vince , refiifa de rafer la fortereffe
de Gifors , comme on en étoit con-
venu. La guerre s'alluma , & après
des fuccès divers elle fut terminée
en iri4, par un traité qui laifToit
Cifors à l'Angleterre fous la con-
dition de l'hommage. Elle fe ral-
luma bientôt. Louis le Gros ayant
pris fous fa proteâion Guillaume
Cliton , fils de Robert dit Courte-cui/fe^
qui avoit été dépouillé de la Nor-
mandie , voulut le rétablir dans ce
duché ', mais il n' étoit plus temps.
fienrî étoit devenu trop puiflant-,
& Louis le Gros fut battu au com-
bat de Brenneville en 1 119. Il
étoit plein de valeur. Sa maxime
étoit qu'il vaut mille fois mieux
mourir avec gloire ^^e de vivre
fans honneur. Dans la route un
Anglois faifit la bride de fon che-
val en criant : Le Roiefi pns. On.
ne prend jamais le Roi ^ lui repondit
Louis avec le plus grand fang froid,
pas menu au jeu des échecs , & d'un
coup de fa mafie d'armes , il l'a-
battit mort à fes pieds. L'année d'à*
près , la paix, fe fit entre Louis
& Henri , qui renouvela foA hom-
L ou
mage pour la Normandie. Le rm
d'Angleterre, ayant perdu toute fa
famille & U fleur de fa noblefTe ♦
qui périt à la vue du port de Bar-
fleur , où elle s'étoit embarquée
pour pafler en Angleterre , cet
événement renouvela la guerre."
Guillaume Cliton , foutenu par plu-
fieurs feigneurs Normands & Fran-
çois, que Louis le Gros appuyoit
fecrétement , profita de ce temps
funefle à Henri ^ pour la lui faire ;
mais le monarque Anglois en eut
l'avantage , & vint à bout de fou-
lever l'empereur Ifenn V contre
le roi de France. Henri levé des
troupes & s'avance vers ^le Rhin ;
mais Louis le Gros lui ayant op-
pofé une armée confidérable, l'em-*
pereur fut bientôt obligé de reculer.
Le monarque François auroit pu
aifément marcher tout de fuite
contre le roi d'Angleterre & re-
prendre la Normandie *, mais les
vafliaux qui Tavoient fuivi contre
un prince étranger , l'auroient
abandonné, s'il eût fallu combattre
le Duc de Normandie|, par l'inté-
rêt qu'ils avoient de balancer ces
deux puiflances l'une par l'autre*
Les dernières années de Louis U
Gros furent occupées à venger le
meurtre de Charles le Bon , comte
de Flandres , & à éteindre le fchifine .
entre le pape Innocent II & Anaclet,
D mourut à Paris le premier Août
1137 , dans fa 57^ année. Les dei>
nieres paroles de ce monarque
mourant font une belle leçon pour
les rois {N'oublie^ jamais , (dit-il à
fon fils , ) que l'autorité Royale eft
un fardeau dont vous rendre^ un compte
très^exaB après votre mort. L'abbé
Suger^ fon miniftre, pleurant au-
près de fon lit , Mon cher ami ,
( lui dit-il , y pourquoi pleurer , quand
la mijericorde de Dieu m'appelle au
ciel? S'étant fait porter deMelua
à Saint-Denys , le peuple accou-
rut de toute part. Les labourewra
L O U
laUTolent leur charrue , pour avoir
la -confblation de voir un roi qui
ne les avoit jamais chargés de
fubîldes , un défenfeur 'qui les avoit
mis à l'abri de l'oppreflîon , un
vrai père. On vit fous fon règne
cinq papes venir chercher un afile
en France : Urbain IJ ^ PafchalJJj
Gtlafc II, Calixts II ^ Innocent IL
En fe déclarant prote£fceur de l'E-
glife , Louis maintint fes droits •,
& s'il confentit que Raoul , nommé
à l'archevêché de Reims par le
pape , fijt mis à la place de Girvals,
nommé par le roi , ce ne fot qu*à
condition que Raoul confeiTeroit
tenir ^ Tarchevêclié du roi. Louh
était un prince recomittandable par
^la douceur de Ces mœurs , ( dit le
préfident Htnault ) & par toutes
les vertus qui font un bon roi.
Trop peu politique , il fut toujours
la dupe de Henri /> roi d'Angle-
terre , qui rétoit beaucoup. Ce fut
cependant ce prince qui commença
à reprendre l'autorité dont les vaf-
faux s'étoient emparés. 11 en vint
à bout par divers moyens. U établit
des Communes, La ville de Laon
eut la première charte des Com-
munes en II 12, $c deux ans après
Amiens obdnt la féconde. Les fuc-
ceffeurs de Louis h Gros les ayant
multipliées , donnèrent . ainfi aux
- villes des citoyens zélés , des ad-
minilbateurs plus fages , des juges
plus éclairés , & s'aiTurerent des
affranchis en état de porter les ar-
mes. On appelôit bourgeois , ceux
qui compofoient les Communes ,
& Ton donnoit le nom de Maires ,
Jurés , Echevlns , aux notables, qu'ils
choififfoient parmi eux , pour veil-
ler au maintien de leurs droits.
C*eft l'origine des corps de villes.
pans la fuite , on reprit peu-à-peu
à ces villes devenues prefque in-
dépendantes , la plupart des droits
dont elles jouiffoient. Mais l'abus
qu'en firent quelques-unes n'em-
L o u 343
pèche point que LouU h Gros
n'eût rendu fervice à la France ,
en formant ces utiles établiffemens.
Pour les étendre davantage , il
affranchit des Serfs ; il diminua la
trop grande autorité des Juflices
feigneùrialçs , en envoyant des
commiffaires pour éclairer la con-
duite des juges & des feigneurs.
A la vérité , ce fut moins fon ou-
vrage^ que celui de l'abbé Suger ;
mais , comme on tient compte aux
rois de ce qui fe fait de mal fous
eux , on doit auffi /leur tenir
compte de ce qui fe fait de bien.
Cette entreprife importante fut con-
tinuée fous Louis le Jeune , fon fils,
& fous Philippe- Augu/ie. Louis le
Gros eft le premier de nos rois
qui ait été prendre à Saint-Denys
r Oriflamme , efpece d'étendard de
couleur rouge , fendu par le bas» '
& fufpendu au bout d'une lance
doré.e. Cet étendard avoit été ori-
ginairement la bannière que le
comte de Vexln , avoué du mo-
nallere de Saint-Denys , porto it
avant la réunion de fes domaines
à la couronne dans les guerres
particulières que les religieux de
cette abbaye foutenoient pour dé-
fendre leurs biens. L'Oriflamme pa-
rut pour la dernière fois à la ba-
taille d' Azincourt , fuivant du Tlllet^
Sponde * D* Féliblen , & le P. Slm"
pUclen, Cependant , félon une chro-
nique manufcritc , Louis XI prit
encore l'Oriflamme en 1465. Louîs
U Gros réunit au domaine de la
couronne le duclié de Guienne ^
que Guillaume IX lui laiffa par foa
tcfiament , à condition que fon
fils Louis , qui fuit , épouferoit
EUohore , fille du duc. [ Voyc^
I. Montmorency , Courte-
NAY , & I. GaRLANDE, ]
Xn. LOUIS VII, /e Jeune ^.
fils du précédent, né en 11 10,
fuccéda à fon père, le i^"" A«ût
1137 après avoir régné avec lui
Yiv
%44 t 6 XJ
quelques années. Un génie ùtàle
6r inconûdéré , un tempérament
prompt & colère , une ' extrême
délicatefTe fur le point-d'honneur ,
un attachement opiniànre à (à vo-
lonté , rengagèrent dans des dé-
n\êlcs qui furent caufe de beau-
coup de chagrins pour lui & de
bien des calamités pour fes fujets.
Innocent II ayant nommé à l'archevê-
ché de Bourges , fans avoir égard
à l'éleétion que le clergé avoit
£ûte', Louis fe déclara contre le
pape , qui l'excommunia & mit fon
domaine en interdit. Le roi s'en
vengea fur Thibault III , comte de
Champagne , promoteur de cette
guerre facrée , & mit en 1141 la
ville de Vitri à feu & à {Smg. Les
temples mêmes ne furent pas épar-
gnés, & 1300 perfounes réfugiées
5ans une églife périrent , comme
tout le refte , dans les flammes.
Les débris des églifes & d'une
multitude de maifons en cendres,
avec les corps des infortunés qui
avoient été confumés, furent pour
Louis même un fpcâacle û touchant ,
qu'il en verfa des larmes. S, Ber-
nard lui perfuada qu'il ne pou-
voit expier qu'en Paleftine cette
barbarie, qu'il eût mieux réparée
en France par une adminifhration
fage. L'abbé Sugcr ne fut point
d'avis quil abandonnât le bien
certain qu'il pouvoit faire à fes
fujets , pour courir à des conquêtes
incertaines ; n^ais le prédicateur
l'emporta fur le miniftre. Cette
féconde Croifade fut une nouvelle
époque de la liberté que les villes
achetèrent du roi ou de leurs fei-
gneurs , qui feifoient argent de
tout pour fe croifer. Depuis long-
"lemps il n'y avoit plus en France
que la noblcffe & les ecdéfiafti-
ques qui fuffent libres : le refte du
peuple étoit efdave, & même nul
né pouvoit entrer dans le clergé
fans la permiilion de fon feigneur.
Lôù '
Le roî n'avoit d'autorité (pÉîvï
les ferfs des terres qui lui appâf-
tenoient. Mais quand les villes &
les bourgs eurent acheté leur li-
berté , le roi , devenu leur défcn-
feur naturel contre les entreprifcs
des feigneurs, acquit en eux autantde
fujets. Cette défenfe occafionna de
la dépenfe ; il falloit qu'ils la
payaffent : & ils devinrent ainfi con-
tribuables du roi , au lieu de l'être
de leurs feigneurs. Ils ne firent
donc que changer de maîtres ; mais
la fervitude du roi étoit fi douce,
qu'on vit dès-lors renaître en France
les fciences , l'induftrie & le com-
merce. L'occafion de la Cntifade
étoit la prîïe d'Edeffe par Noraàln,
Le roi partit en 1147 , avec EUoncre
fa femme , & une crimée de 80000
hommes. Il fut défait par les Sar-
ralins. Il mit le fiege devant Damas,
& fut obligé de le lever en 1 149 »
par la trahifon des Grecs. C'cfl
ainfi du moins qu'en ont parlé la
plupart des hifloriens d'Occident,
qui paroiflbient prévenus contre
les Orientaux. Louis le hune,, en
revenant en France , fut pris fur
mer par des Grecs , & délivré par
le général de Roger roi de Sicile.
Il eft fùrprenant que ce monarque,
après de telles aventures, ne fût
pas dégoûté des croifadcs. A peine
fiit-il arrivé , qu'il en médita une
nouvelle ; mais les efprits étoient
f\ refroidis , qu'il fut obligé d'y
renoncer. Sa femme Eléonore , héri-
tière de la Guienne & du Poitou ,
qui l'avoit accompagné dans û
courfe auflî longue que malheu*
reufe , s'étoit dédommagée des Êiri-
gues du voyage , avec Raîmond
d*Antioche , fon oncle paternel , &
avec un jeune Turc d'une rare beauté,
nommé Saladin, Louis crut laver
cette honte en feifant calTer , l'an
1152, fon mariage, pour époufcr
Alix , fille de ce même TlùhauU^
comte de Champagne , fon anciea
LOU
teinônî. C'cft ainfi qu'il perdit la
ëuienne , après avoir perdu en
Afie fon armée , fon tertps &
fon honneur. EUonort répudiée , fe
maria ûxfemaines après avec Htnri
Il y duc de Normandie, depuis roi
d'Angleterre, & lui porta en dot
le Poitou & la Guienne. La guerre
éclata entre la France & l'Angle-
terre en 1 1 5 6 , au fujet du comté de
Touloufe : Louis , tantôt vaincu ,
tantôt vainqueur , ne remporta au-
' cune viâoire remarquable. La paix
fiit conclue entre les deux monar-
ques en 1161. Elle fut fuivie d'une
nouvelle guerre , terminée en 1 1 77,
par la promeffe de mariage du fé-
cond fils ^'Htnrl // & de la fille
cadette de Louis U Jmne, Ce prince
mourut à Pari^ le 18 Septembre
1 180, à 60 ans, d'uue paralyfie
qu'il contracta en allant au tombeau
I deJ. TAowAfdeCantorberi, auquel
il avoir donné une retraite dans fa
I fuite : il entreprit ce voyage pour
1 obtenir la guérifon de Philippe fon
i fils dangereufement malade. U fut
inhumé dans l'églife de l'abbaye
i de Barbeau qu'il avoit fondée. En
i 1566, Charles IX fit ouvrir fon
tombeau. Le corps fe trouva en-
core tout entier. Il avoit au doigt
plufieurs anneaux d'or. Charles IX
les détacha & les porta long- temps ,
ainfi qu'une chaîne d'or trouvée
dans la même tombe. Lovls U Jeune
étoit pieux, bon, courageux», mais
fans politique, /ans fîneffe, & tou-
jours emporté par fa dévotion très-
m^l entendue, plus digne d'une
femme fuperfHtieufe que d'un prince.
Ne pouvant extirper de fon royaiune
les corruptrices des mœurs, ver-
mine qui a toujours pullulé dans
les états puiiTans & peuplés, &
qui cependant eft mortelle à la
population ,- il voulut au moins
que les filles publiques fuffent
marquées par un fceau cara^érif-
tique d'àvilifTcmeat ; il défendit par
un Edit qu'elles portafTent des cein-
tures dorées comme les honnête*
femmes *, ce qui donna lieu au Pro-
verbe qui fUblifte encore :-ffo^^iE
rénommée l^avt mieux que
Ceinture dorée,
XIII. LOUIS VIII , roi de Pran-
ce, que fa bravoure a fait fur-
nonuner le Lion , fils de Philippe^
Augujle & d'Ifahelle de Hainaut ,
naquit le 5 Septembre 11 87. Il €t
fignala en diverfes expéditions , fous
le règne de fon père , & monta fur
le trône en 1223. Celt le premier
roi de la 3* race, qui ne fut point
facré du vivant de fon père. Henri
III, roi d'Angleterre, au lieu de
fe trouver à fon facre , comme il
le devoit, lui envoya demander
la reftitutîon de la Normandie ;
mais le roi refiifa de la rendre,
& partit avec une nombreufe armée,
réfolu de chaffer de France les
Anglois. Il prit fur eux Niort,
Saint- Jean d'Angely , le Limoufin ,
le Périgord , le pays d'Aunis , &c.
Il ne redoit plus que la Gafcogne
& Bordeaux à foumettre , pour
achever de chaffer les Anglois;
lorfque le roi fe laifTa engager,
par le jpapc & les eccléfîafliques^,
dans la guerre contre les Albi-
geois. Il fit le fiege d'Avignon , à
la prière du pape Honoré III ^ &
prît cette ville le 12 Septembre
1226. Cette place lui coûta cher v
elle l'arrêta plus de trois mois , &
il y perdit plus de la moitié de
fes troupes & fes plus braves offi-
ciers. La maladie fe mit enfuite
dans fon armée ; le roi lui-même
tomba malade , & mourut à Mont-
penfier en Auvergne le 8 Novem-
bre 1226, à 39 ans. Thibaut VI ^
comte de Champagne , éperdu-
ment amoureux de la reine, fut
foupçonné de l'avoir empoifonné;
mais cette accufation efl dénuée
de fondement. D'autres hifloriens
ont prétendu que fa dernière ma-
t o u
fadie vint d*uii excès de tondnenc^.'
Mais cette conjedure, rejetée par
les perfonnes éclairées , prouve du
moins l'idée qu'on avoit de la
fagede de Louis : & U tft ioujoars
éon , { dit M«{cral , ) de faire de ces
heaux exemples de venu ; car U ne
s^en trottvt guère ailleurs que fur le
papier. Le nom de Cour de Lion
que M. Mexur lui difpute , fut
mérité par des afles de valeur,
qui ne fuppofent pas toujours la
force de l'ame. « Louis n'avoit point
*» de caraûere à lui. Plus inquiet que
w guerrier, il ne fuivoit que les
•« renfeignemens qu' avoit laiiTés
»» fon père. On eût dit que l'ombre
** de Philippe' Aupifte étoit encore
»» affife fur le trône. [ Portraits des
>« rois de France ».] Il légua par fon
tcflament cent fols à dbacune des
aooo Icproferies de fon royaume.
Les Croifades en Orient avoient
rendu la lèpre fort commune en
Occident. Il légua encore 30,000
liv. une fois payées, (c*eft-à-dire,
jcnviron 540,000 liv. de la monnoie
d'aujourd'hui ) à fa femme , la célè-
bre Blanche de Caftille, Cette remar-
que fera connoitre quel étoit alors
le prix de la monnoie. C'eft, dit
un hiûonen , le pouls d'im état ,
& une manière affez fûre de recon-
noître fes forces. Quoique le règne
de Louis Vlll ne dura que ,trois
ans , il fut remarquable , parce
qu'il procura à l'Europe les bran-
ches d'Artois, d'Anjou , du Maine ,
de Provence & de Kaples. De onze
«nfans qu'il avoit eus de Blanche de
CaJUlle , il ne reftoit à fa mort que
cinq fils & une fille.
XIV. LOUIS IX, (Saint) fils
de Louis VIII, & de Blanche de
CttfiilU^ né le 25 Avril 121 5 , fut
baptifé à Poi^ : ce qui lui faifoit
prendre le nom de Louis de PoiJJî.
Il fignoit même quelquefois de
cette ÙLçon : Timitt , difoit-il alors ,
l$s empereurs Romains , ^ui prenoient
LO u
les m&ms qm indiquaient leurs vxSfiUtfê
C*eft à Poijfî que j'ai triomphé de Ptif
nemi le plus redoutable :j*y ai vaincu U
Diable par le Baptême que j'y ai reçu,.,
Louis parvint à la couronne le $
Novembre 1226, fous la mtclle
de fa mère , qui réunit pour la
première fois la qualité de tutrice
& de régente. La minorité du jeune
roi fut occwpée à foumettre les ba-
rons & les petits princes , toujours
en guerre çntre eux , & qui ne fe
réuniflToient que pour bouleverfer
l'état. Le cardinal Romain , légat du
pape , aida beaucoup la reine par
fes confeils. Thibaut VI ^ comte de
Champagne , depuis long - temps
amoureux de Blanche , fiit jaloux
de Tafcendant que frcaoït Romain^
& arma contre le roi. Blanche ,
qui avoit méprifé jufqu'alors fon
amour , s'en fervit avec autant d'ha-
bileté que de verm pour ramener
le comte , & pour apprendre de
lui les noms , les deffeins & les
intrigues des faâieux. Louis ^ par-
venu à l'âge de majorité , foutiiit
ce que fa mère avoit fi bien com-
mencé; U contint les prétentions
des évêques & des laïques dans leurs
bornes^ il appela à fon confeil
les plus habiles gens du royaume;
il réprima l'abus de la jurididion
trop étendue des eccléfiaftiqucs ,
maintint les libertés de l'Eglife
Gallicane , mit ordre aux troiiles
de la Bretagne , garda une neutra-
lité prudente entre les emportemens
de Grégoire IX [ Voye\ fon article]
& les vengeances de Frédéric II ^
& ne s'occupa que du bonheur &
de la gloire de fes fujeis. Son do-
maine > déjà fort grand , s'accrut
de plufieurs terres qu'il acheta.
Une adminiftration fage le mit efl
état de lever de fortes armées con-
tre le roi d'Angleterre ffenri III r
& contre les grands vaiTaux de la
couronne de France unis avec ce
monarqiïe. U les batdt deux (oisi
L O U
h première , à la iouroée de Tall'
lebourg en Poitou, l'an 1241 *,
la féconde , quatre jours après, près
de Saintes, où il remporta une
vîâoire complète. Le prince An-
glois fîit obligé de fuir devant lui
& de faire une paix défavamageufe,
par laquelle il promit 4< payer
50C0 liv. fterlings pour les. frais
de la campagne. Le comte de la
Marche & les autres vafTaux révol-
tés rentrèrent dans leur devoir &
n'en fortirent plus. Louis n'avbit
alors que 27 ans. On voit ce qu'il
eût îak , s*'û fut demeuré dans Ta
patrie-, mais il la quitta bientôt après,
pour pafler en Paleftine. Dans les
accès d'une maladie violente dont
il fut attaqué en 1244 , il crut en-
tendre une voix qui lui ordonnoit
de prendre la croix contre les In-
fidelles : il fit dès-lors vœu de
pafler dans la Terre-fainte. La reine
f? mère , la reine fa femme , le
prièrent de différer jufqu'à ce qu'il
fut entièrement rétabli *, mais Louis
n'en fiit que plus ardent à deman-
der la croix. L'évêque de Paris la
la lui attacha , fondant en larmes,
comme s'il eût prévu les malheurs
qui attendaient le roi dans la Terre-
fainte. Louis prépara pendant qua-
tre ans cette expédition aufli il-
luftre que malheureufe^ enfin ,
laifïant à fa mère le gouvernement
du royaume , il s'mbarqua l'an
1248 à Aigues-mortes , avec Mar-
guerUe àe Provence fa femme , [ Voy,
III. Marguerite] & fes trois
frères : prefque toute la chevalerie
de France l'accompagna. Arrivé à
la rade de Damiette, il s'empara
de Cette ville en 1249. ^ avoit
réfolu déporter la guerre en Egypte,
pour attaquer dans fon pays le
fultan maître de la Terre-fainte ;
il pafla le Nil à la vue des Infi-
delies , remporta deux viûoires
/ur eux, & !fit des prodiges de
Taleur à It journée de ZVfaiSbure
L o u 347
en 1250. Les Saprafins eurent b.en-*
toc leur revanche ; la famine & la
maladie contagieufe ayant obligé
les François à reprendre le chemin
de Damiette , ils vinrent les atta-
quer pendant la marche , les
mirent en déroute & en firent uq
grand cànage. Le roi , dangereu-
sement malade « fut pris près de
MaiToure, avec tous les feigneurs
de fa fuite & la meilleure partie
de l'armée. Louis parut dans fii
prifon auffi intrépide que fur le
trône. Les Mufulmans ne pou?
voient fe laffer d'admirer fa pa-
tience & fa fermeté à refufer ce
qu'il ne croyoit pas raifonnablc.
Us lui difoient : Nous te regardions
comme notre captif & notre efclave ;
& tu nous traites , àan$ aux fers ,
comme fi nous étions tes prifonnîers !
On ofa lui propofer de donner
une fomme excefuve pour fa ran-
çon -, mais il répondit' aux envoyés
du fultan : AUe^ dire à votre nutitre^
qû*un Roi de. France nefe racheté point
pour de l'argent. Je donnerai cette
fomme pour mes gens , & Damîetu
pour ma perfonnc. Il paya en effet
400,000 liv. pour leur rançon ,
rendit Damiette pour la fienne, &
accorda au fultan une trêve de 10
ans. Son defTein étoit de repafTer
en France ; mais ayant appris que
les Sarraiins , au lieu de rendre
les prifonniers , en avoient fait
périr un grand nombre dans les
tourmens pour les obliger de quitter
leur religion , il fe rendit dans la
Palefline, où il demeura encore 4
ans , jufqu'en 1254. Letemsde fon
féjour fut employé à fortifier & à
réparer les places des Chrétiens ,
à mettre en liberté tous ceux qui
avoient été Êiits prifonniers ea
Eg3rpte, & à travailler à la con-
verfion des Infidelles. Son retour
en France étoit d'autant plus né*
cefiaire , que la reine Blanche fa mero ^
étoit morte. U s'embarqua do^c fur
34». L O U
tin vaîiTeau qui heurta contre des
rochers avec tant de violence , qu'i\
y eut trois toifes de la quille em-
portées. On prefla le monarque
de paf!er fur un autre ; il refufa
en dîTant : Ccax qnl font ici avec moi
miment leur extjknee autant que j'aime
la mienne ;fi je defcends , Ils dzfcm-
iront aujji ; & tu trouvant point de
bâtiment qui pmjfe Us recevoir , ils
Tifiiront expofès à mille dangers. Pal*-
me mieux mettre entre les mains de
Dieu ma vie , celle de la rein: & de
mes enfans , que de cauftr un tel dom"
mage à tant de braves gens. Arrivé
lieureufement en France , il trouva
Ion royaume dans un meilleur état
qu'il n'aurott dû l'efpérer. Son re-
tour à Paris , où il fe fixa , fit le
bonheur de fes fujets & la gloire
de la patrie. Il établit le premier la
Ii^Bce du rzffort ; &" les peuples ,
opprimés par les fentences arbi-
traires des juges des baronnies ,
purent porter leurs plaintes à iv
^wtds Bailliages royaux , créés pour
les écouter. Sous lui les hommes
d'étude commencèrent à être admis
sHix féances de fes parlemens , dans
lefquelles des chevaliers , qui rare-
ment favoient lire , décidoient de
la fortune des citoyens. Il diminua
les impôts , &' révoqua ceux que
l'avidité des financiers avoir in-
troduits. Il porta des Edlts féveres
contre les blafphémateurs & les
impies , dont les lèvres dévoient
être percées avec un fer chaud. On
murmura d'une û grande févérité.
Qwelques gens de la lie du peuple
s'échappèrent même au point de
répandre contre lui des malédic-
tions. Loids le fut, & défendit de
les pimir. Je leur pardonne , dit-il ,
fuîf qu'ils n'ont offenfé que mol, 'Plût.
à Dieu qu'en me condamnant moi-mê-
me à un pareil fupplice ^ je pujfe han^
nîr le hlafpkêmi de mon Royaume !
Cependant il adoucit enfuite fa pre-
mière ordonnance : tant il étoît inf-
L o u .
pire par un zèle fage & modéra
Dans les inflruf^ions qu'il doûnoit
à Louis fon fils aîné , mort à
l'âge de i6 ans , infiruàions que
Bojfuit appelle le plui^el héritagi
que S, Louis ait lai Je àJa^m:lfon<,
il finit ainfi : Enfoi , mon fils , ne
fonga^ qu'à vous faire aimer de vos
fujets ; & fach^i î"* /^ mettrais de
grand cœur quelque étranger à votre
place ^ fi je croyois qu'il dût gouverner
mieux que vous. U donna en 1269
une Pragmatique-Sanction pour con-
ferver les anciens droits des Eglifes
cathédrales, la liberté des élec-
tions , & pour réprimer les entre-
prifes des feigneurs fur les béné-
fices. Son refpeft pour les minif-
tres de la religion ne l'cmpêchoit
pas de réprimer leurs entreprifes ,
lorfqu'elles intéreffoient Thonneuf
de fa couronne. L'évêque d'Auxerre,
à la tête du clergé de France, avoit
repréfenté à ce prince , que la Pot
Chrétienne s*ajfJbliffoit tous les jours ,
& s* . ffyjlbtiroU davantage , s'il n'y
mettolt remède, Alnfi, ajouta -t -il»
nous vous fuppllons que vous ordonnlei
M tous les juges de votre Royaume,
quils contraignent ceux qui auront éti
pendant un an excommuniés , de fe
fûre ahfoudre & defatisfalre à l'Eglife»
Louis lui répondit : Je rendrai vo-
lontiers cette Ordonnance ', mais je
veux qus iftès juges, avant que de rien
ftatuer , examinent la fentence d'excom.'
munlcatlon , pour f avoir fi^ elle eft jufie
ou non. Les prélats, après s'être
confultés, répliquèrent qu'ils ne
pouvoient permettre que les juges
d'EglifefefoumiJfent à ceue formaiité...
Et moi , (Ut le monarque , jamais je
nefùuffrîral que les eccléfiaJBques pren-
nent connoijfance de ce qui appartient
à ma Jitfilce. Louis reçut en 1264 un
honneur qu'on ne peut rendre qu'à
un monarque vertueux : le roi
d'Angleterre Henri III ^ les barons
le choifirent pour arbitre de leur»
querelles. Ce prince étoit venu k
L O U
voir à Paris au retour de fon
voyage de Paleftine , & Tavoit af-
furé qu*/7 était /on fèîffieur & qu'il
U ferait toujours. Le comte d'Anjou ,
Ûiarlis fon frère, dut à fa répu-
tation & au bon ordre de fon
royaume , l'honneur d'être choifi
par le pape pour roi de Sicile.
Imuîs augmentoit cependant fes do*
xnaines de Tacquiâtion de Namur ,
dePéronnc , d'Avranchcs , de Mor-
tagne , du Perche. Il pouvoit ôter
aMx rois d'Angleterre tout ce qu'ils
poffédoient en France : les que-
relles de Henri /// & de fes barons
lui en facilitoient les moyens;
mais il préfiéra la juiHce à l'ufur-
pation. U les laiila jouir de la
Guienne , du Périgord , du Limou-
fin, en les faifant renoncer pour
jamais à la Touraine , au Poitou ,
à la Normandie , réunis à la cou-
ronne fous PhiUppe-Augufit. fon aïeul.
Seize ans de fa préfence avoient
réparé tout ce que fon abfence
avoit miné, lorfqu'il partit pour
la VI® Croifadc en 1 170. Il affiégea
Tunis en Afrique ; huit jours après
il emporta le château, & mourut
dans fon camp le 25 Août de la
même année, d'une maladie con-
tjgieufe qui ravageoit fon armée.
Dès qu'il en fut attaqué , il fe fit
étendre fur la cendre, & expira a
l'âge de 55 ans, avec la ferveur
d'un anachorète & le courage
d'un héros. Les maximes qu'il laiffa
écrites dé fa main à Phi.ippe fon
fuccefleur, font dignes d'un roi
chrétien & d'un prince humain. Il
jiïi recommanda de ne point fur-
charger les peuples de tailles & de
fubfides, de mettre de jufles bor-
nes aux dépenfes de fa maifon;
de maintenir les libertés & fran-
chifes des villes du royaume -, car
plus elles feront riches, plus Us tnncr
^s craindront de Us affaXUXr^ Soyt\
vptitahU en tout y même contre vous,
laUes régner la^aix & la ju^ce parmi
L O U 34,
vosfujets, N*entrepreneipoint de guat^
fans néciffué. Dvnnci Us bénéfices 4
des perfonnes dignes, &, n'en donne^
point À c&ux qui en ont déjà. Aimer
tout ce qui efi bien , & hoijei tou$
mal^ &c.
Bonijace FUI le canonifo en 1297*
& Louis Xill obtint du pape qu'on
en feroitlafête dans toute lEglife.
Quanta fes reliques, fon corps ne
put être tranfporté entier de Tunis.
On connoiûoit peu. le fccret d'em-
baumer. On faifoh bouillir les
membres coupés dans du vin 2ç
de l'eau, pour féparer la chair des
os. On porta en France ceux du faint
roi , après que fon jeune fuccef*-
feur eut fait une trêve de dix ans
avec le roi de Tunis. La caifie où
étoient les os & le cœur fut dépofée
à Notre - Dame de Paris, & le
lendemain conduite à Saint-Denys,
Philippe voulut porter lui-même le
corps de fon pcre fur fes épaules.
On prétend que c'efl aux endroits
où il fe repofoit qu'ont été poféesles
croix fur le chemin de Paris à Saint-
Denys. S, Louis a été, au jugement du
P. Daniel^ dii préfident HenauU^
un des plus grands princes & des
plus fmguliers qui aient jamais
porté iefeptre; compatiffaat comme
s'il n'avoit été que malheureux i
libtral , fans cefîer d*avoir une
lage économie ; intrépide dans
les combats , mais fans emporte^
ment. Il n'étoit courageux que
pour de grands intérêts. Il falloi't
que des objets puilTans, la jufHce
ou l'amour de fon peuple , cxci-
taffent fon ame^ qui hors de là
paroiffcnt foible,fimple & timide.
Prudent & ferme à- la tête de fes
armées & de fon confeil -, quand il
étoit rendu à lui-même » il n'étoit
plus que particulier. Sos domefli-
ques devenoient i^s maîtres , fa merè
le gouvemoit, & les pratiques dç
la dévotion la plus fimple rem-
pliiToienr fes journées. Il çft vr^
3îO LOU
que ces pratiques croient anoblies
par des vertus folides , & jamais
démenties ; elles formoient fon
caraâere. Ce prince pieux bâtit
diverfes églifes , des monaftcres &
des hôpitaux. Toujours habillé
avec une extrême fimplicité, excepté
dans les jours de cérémonie , iL fe
ïeftifoit tout , pour les doter. Les
pauvres , & fur-tout les vieillards
& les eftropiés , entt oient jufque
dans fon appartement -, il leur l'er-
voit fouvent lui-même des viandes
dont il mangeoit. Il sétoit feit
feire un dénombrement de toute la
nobleffe indigente de fon royaume.
C'eft lui qui fit bâtir à Paris l'hô-
pital des (juin\t-vlngts apès fon
premier voyage de la Terre-Sainte,
pour y loger 300 gentilshommes
auxquels les Infidelles avoient crevé
les yeux. U avoit donné ordre de
dreffer dans tes provinces un état
des pauvres laboureurs qui ne pou-
voient travailler , & de pourvoir
à leur fubfiftance. U fe déroboit
fouvent à fes courtiûns, pour
exercer quelque oeuvre de charité >
ou pour prier en filence. On en mur-
muroit quelquefois. Ah î difoit-il ,
fi j'employais /es motnens dont on me
reproche rmutWté , au /<« ou à d'au-
tres piazfirs , on me le pardonnerolt. Il
favoit pourtant donner quelque-
fois d'unies leçons à ces frivoles
courtidans , qui pardonnent les toi-
bleffes & non les vertus. Une dame
de qualité s'étant préfentée à lui
avec une parure au deffus de fon
âge » Louis lui dit : Madame ^j'au-
toi foin de votre affaire , fi vous ave\
foin de celle de votre falut. On par-
loit autrefois d: votre beauté , elle a
djfparu comme la fleur des champs.
On a beau faire, on ne la rappelle
point 'y il vaut mieux fonger à la
beauté de tamt^ qui ne finira point»
5; louis faN'orifoit les favans &
fe plaifoit avec eux. U les admet-
toki (à table ^ & leur tçmQignoit
LOU
avec bonté le plaifir qu'il avoir
de les entendre ; [ Koyq; Thomas
D*AqyiN, ] Ayant entendu dire dans
le Levant qu'un foudan des Sar-
rafins avbit ramaffé tovs les ouvra-
ges eftimés des Infidelles , il voulut
en Élire autant en faveur des auteurs
Chrétiens. On lui fut redevable
du premier plan de Bibliothèque
publique qu on eût peut-être vue
en France depms Charlemagne, Il fit
conftruire dans le tréfor de la Sântc-
Chapelle,unefalle propre à rece-
voir les exemplaires de rEcriture-
fainte, des Interprètes, des Pères,
dès auteurs afcétique^. Outre cette
coUeéHon , on croit qu'il sefl
forma une autre dans l'abbaye de
Royaumont au àiocefedeBeauvais,
dont il avoit pofé les fondemens
dans fa jeuncffe , travaillam de
fes mains aux bàtimens & aux jar-
dins. C'eft dans ce monafterc,
que , loin des agitations de la
cour & des -embarras de l'admi-
niftration , il alloit quelquefois
goûter la paix* de Tame , manger
au réfeûoirc & fervir les malades.
Cette folitude étoit aufli pour lui
une efpece d'académie. Il y tc-
noit familièrement des conférences
fur divers fujets : car non feule-
ment il lifoit , mais il cherchoit à
approfondir ; & lorfque les livres
ne fatisfaif oient pas fa louable curio-
fité , il avoit recours aux lumières
de ceux qui l'approchoiem. Son
difcernement naturel le portoit à
préférer les anciens aux modernes ,
& il s*attachoit fur-tout aux pro-
durons des faints Petes qu'on re-
gardoit comme authentiques ; il s'ap:
pliquoit même quelquefois à rea»
dre en firançois , ce qu'il avoit lu
en latin. Non content de s*êtreaf-
furé des bons exemplaires origi-
naux , il en lifoit multiplier les
coptes: &par-là*il rendit de vtjbs
fervices à la littérature & à la reli-
gion« Avant fa n^ort û ordQnnaqut
L O U
(a l»b]iotheque fàt partagée entre
lesûfterciens de Roysumont, les
FF. Prêcheurs & les FF. Mineurs»
Il avoit aimé & protégé ces deux
ordres , qui fourniiïbient alors une
I^rtiedes iâvans, des philofophes
& des théologiens. Pour augmen-
te la célébrité de leurs écoles &
exciter une émulation plus vive ,
'^kût une loi de ne donner fon
confentement pour la diilrftution
dçs bénéfices qu'après les preuves
d'uûe capacité fuffifante. . . C'eft à
fon règne , fuivant JoinvUie , que
<ioit fe rapporter l'inflitution des
maîtres-des-requêtes* Ils n'étoient
d'abord que trois -, ils font à préfent
80, depuis redit de 17 j 2 qui les a
fixés à ce nombre. 5. Louis profcri-
vit aufli des terres de fon domaine ,
la fanglante & injufte procédure des
àiés judiciaires , & y fubftitua la
voie d*appel à un tribunal fupé-
tieur : ânfi il ne fiit plus permis ,
comme auparavant , de fe battre
contre fa partie , ou contre les té-
ffloins qu eMe produifoif, ni d'em-
ployer la preuve abfurdeduyô/ &
<*€ Veau , qui fut remplacée par la
preuve teftimoniale.... JoinvîlU , la
^kaîfe & l'abbé de Choîfi ont écrit
^ Vie. [ Voyt\ leurs art. &• i.
Çoucy.] M. L'abbé de Saint-Mar-
^ a publié en 1786 , in 8° , Les tta-
^^jfemtns <U S. Louis ^ fuivant U texte
on^lnal^ & rendus dans le langage aciueL
XV. LOUIS X, roi de France
& de Navarre , furnommé Hutin ,
f c'eft- à - dire Mutin & Querelleur )
Succéda à Philippe le Bel fonpere ,
^29 Novembre 13 14; étant déjà
roi de Navarre par Jeanne fa mère ,
« s'étant fait couronner en cette
^lité à Pampelune le i Ofkobre
1308. Veuf de Marguerlu de Bour-^
%^gnc^ [ Voy. ir. Marguerite)
*l différa fon facre jufqu au mois
4' Août de Tan 1315 , à c«mfe des
doubles de fon royaume ,. & parce
|uii attea^oit fa nouvelle épqufe^
L o u %p
Clémence , fille de Charles roi àù
Hongrie. Pendant cet interralle ,
Charles de Valois , oncle du roi , fe
mit à la tête du gouvernement , &*
fit pendre Enguerrand de Marîgny à
Montfaucon , au gibet que ce mi-
niib-e avoit Im-même fait dreflier
fous le feu roi. Louis X rappela les
Jui£s dans fon royaume , fit la guerre
fans fuccès contre le comte de Flan •
drts , & laiffa accabler fon peuple
d'impôts fous le prétexte de cettQ
guerre. Il contraignit encore le
relie des ferfs de fes terres , de
racheter leur liberté : ce qu'ils firent
avec peine. En rempliâànt un dé-
voir connu, ils étoicnt tranquilles »
& ils ignorçient ce qu'on exige*
roit d'eux quand ils ferpient li^
bres. L*édit du roi portoit que ft^
Un U droit de nature chacun doit nai'-
tre franc , & il faifoit acheter ce
droit de nature. Louis X mourut
à Vincennes le 8 Juin 1 316 , à 16
ans. U n'avoit eu de fa première
femme , Marie de Bourgogne , qu'une"
fille. 11 avoit époufé en fécondes
noces Clémence de Hongrie , qu'il
laiiTa enceinte , & qui mit au monde
un fils pofthume , tiommé Jean » ■
(le ly Novembre 13 16 -, ) mais
ce jeune prince ne vécut que 9
jours. 11 s'éleva une grande dif-
ficulté au fujet de la fucceflion.
Jeanne , fille du roi & de là pre-
mière femme , devoit fuccéder ,
félon le duc de Bourgogne, l,es états*-
généraux décidèrent que la lot
Salique excluoit les femmes de la
couronne. Oa ne trouve rien de
décidé là.deffus,( dit M. Fabbé
Mi/lot , ) par la loi Salique -, mais
la coutuhie invariable , le voeu de
la nation & l'imérct du royaume ,
valoient bien une loi formelle \
& ce fut Thlllppe le Long^ 2* fils
de Philippe le Bel , qui monta fur
le trône de France. Jeanne, fz fille ;
eut pour fa part la couronne de
Navarre , qu'elle poit^ en dot àr
L O U L O U
petit-fils de PhlTippc k ciers & aux magiflrats leurs char*
ges, pour les donner aux rebel-
les qui avoient fuivi fes retraites
dans le Dauphiné , dans la Fran-
che-Comté, dans le Brabant. Re-
gardant la France comme un pré
qu^U pouvoh faucher tous les ans &
d'aujp, près qu^il lui plaîfoit , il la
traita d abord conrnie un pays de
conquête « dépouilla les grands ,
accabla le peuple d'impôts , &
abolit la Pragmatique-Sanction. Lovis
XI étoit cependant intéreffé ( dit
M. l'abbé Mlllot ) à maintenir cet
ouvrage de fon prcdéceffeur, Mais ,
dans refpérancede remettre la mai-
3î*
FhUippé
Hardi j qui l'époufk.
XVI. LOUIS XI, fils de Char-
les K//, & de MarU d'Anjou , fille
de Louis Jl roi titulaire de Naples ,
naquit à Bourges le 3 Juillet
1423. Il fe fignala dans fa jeàneile
par pluiieurs exploits guerriers con-
tre, les Anglois , qu'il obligea de
lever le fiege de Dieppe en 1443.
La gloire que lui acquit fon cou-
' lage , fiit ternie par fon caraâere
dur & inquiet. Mécontent du roi
& des miniilres , & ne pouvant
fou{&ir Agnès Sord , maitreiTe de
Chvles VU » il fe retira de la cour
dès l'an 1446. Nulle confidération fon eC Anjou fur le trône de Naples
ne put l'engager à revenir. 11 s'é- ufurpé par Ferdinand d'Aragon , il
toit marié , fans le confentemem facrifia au pape une loi auffi pré-
de fon père , avec la fille du duc cieufe à la France qu'odieufe à la
de Savoie. Il gouvernoit le Dau- cour de Rome. [F<>>e^JouFFRoi.]
phiaé en fouverain ; mais fâchant II eut beau infiiler enfuite fur la
que le roi vouloit s'aiTurer de fa droits de la maifon d'Anjou, Pic
perfonne, il fe retira dans le Bra- //qui foutenoit Ferdinand^ ayant
bant auprès de Philippe le Bon , obtenu ce qu'il (ouhaitoit , ne
qu'il ne put faire entrer dans fes marqua fa reconnoifTance que par
projets féditieux. Les dernières an- un bref de remercîment où il le
nées de Charles VU fon père , fu- comparoit à Théodofe & à CharU-
rent remplies d'amertume -, fon fils magne. Cependant le parlement de
cauià fa mort. Ce père infortuné Paris foutint la Pragmatique avec
mourut , comme on fait , dans la tant de vigueur , qu'elle ne fut to-
crainte que fon enÊint ne le fit talement anéantie que par le Concor-
mourir* Il choifit la faim , pour dat fait entre Léon X & François L
éviter le poifon qu'il redoutoit. Les entreprifes de Louis XI exci-
houls XI , parvenu à la couronae terent contre liû tous les bons
le 1 Juillet 146 1 par la mort de citoyens. Il fe forma une ligue
Charles VU , porta à peine le deuil entre Charles duc de Berrl fon frère,
de fon père , & trouva même mau- le comte de Charolois , le duc de
vais , dit-on » que fa cour le por- Breti^ne , le comte de Dunoîs & plo-
tât. Il prit un plan de conduite & fieurs feigneurs ^ non moins mé-
de gouvernement , entièrement dif-' contens de Louis XL Jean d'Anjou^
férent. // ne craignit point d'être hai\ duc de Calabre , vint fe joindre
pourvu qu^ll fut redouté : OjyZRiVT ^ aux princes confédérés, & leur
DUM METUANT... Si je m*é:ois amena 500 Suifles, les premiers
avifé , dit-il quelque temps avant fa qui aient paru dans nos armées. La
mort y de, régner plutôt par l'amour guerre , qui fuivit cette ligue formée
que par ta crainte , j*aurùis bien pu par le mécontentement , eut pour
ajouter un nouveau chapitre aux Ji- prétexte la réformation de l'état &
ii/sTREs Malheureux de Bo- le foulagement des peuples : elle
^^«, U conuuexiça par ôxer ^ux offi^ fut appelée la U^ du bien piAUc.
'' ' [roye(
L O U
iyoye{ L MORYILLIERS & Fis-
CRET.] Louis arma pour la diffi-
per. Il y eut une bataille non dé*
cifive à Montlhéri , le i6 Juillet
1465. Le champ refta aux troupes
confédérées ; mais la perte tut
égale des deux côtés. Le monar-
que François ne défunit la Ligue ,
qu'en donnant à chacun des prin-
cipaux chefs ce qu'ils demandoient :
la Normandie à Ton frère *, plufieurs
places dans la Picardie au comte
dt Charolois'y le comté d'Eftampes
au duc de Bretagne , & l'épée de con-
nétable au comte de Saint-Pol. La
paix fut conclue à Conâans , le 5
Oâobre^ la même année. Le roi
accorda tout par ce traité , efpérant
tour ravoir par Tes intrigues. U en-
leva bientôt la Normandie à fon
frère , & une partie de la Brets^e au
duc de nom. L'inexécution du traité
\ de G>nâans alloit rallumer la guerre
I civile : Louis XI crut Tétein&e en
' demandant à Charles U TénUraire^
duc de bourgogne , ime conférence
à Péronne , dans le temps même
qu'il excitoit les Liégeois à faire
une perfidie à ce duc & à prendre
, les armes contre lui. Charles , inf-
tnût de cette manoeuvre , le retint
prifonnier dans le château de Pé-
ronne, le força à conclure un traité
fort défavantageux , & à marcher
à & fuite contre ces Liégeois
mêmes qu'il avoit armés. Le com-
ble de l'humiliation pour lui , fut
d'affifler à la prife de leur ville,
& de ne pouvoir obtenir (on
retour à Paris , qu'après avoir pro-
digué les baiiefles & efluyé mille
ififronts. Le duc de Berry , frère du
monarque François , fiit la vi6Hme
de cet élargiffement. Louis XI le
força de recevoir la Guienne en
apanage , au lieu de la Cham-
pagne & de la Brie : il voulut
l'éloigner de ces provinces \ dans
là crainte que le voifinage du duc
de Bourgogne ne fût une nouvelle
Tome V*
LOU 355
fource de divisons» ZouT^ XI n'en'
fut pas plus tranquille. Le duc ââ,
Bourgopie fit offrir fa fille unique
au nouveau duc de Guienne, Le roi«
redoutant cette union , fut foup-
çonné d'avoir £ait empoifonner
fon frère par l'abbé de Saint- Jean
d'Angely , nommé Jourdain Faure ,
dit Verforis , fon aumônier. Le duc
foupoit entre fa maitrefTe & cet
aumônier , qui lui fît , dit-on , ap-
porter une pêche d'une grofTeur
finguliere, (fuppofé qu'il y eût
alors des pêches en France). La
dame, d'un tempérament délicat,
expira immédiatement après, en
avoir mangé ; le prince plus ro«
bufle ne mourut qu'au bout de fiz
mois , après des convuliions hoi^
ribles. Odet d*Aidk^ Êivori du prince
empoifonné, voulut venger la mort
de fon maître. Il enleva l'empoi-
fonneur & le conduifit en Bretagne «
pour pouvoir lui faire fon procès
en liberté \ mais la veille du jour
qu'on devoit prononcer l'arrêt de
mort, on le trouva étouffé dans
fon lit. [ Voyei Versoris. ] Ce-
pendant le duc de Bourgogne fe pré«
paroit à tirer une vengeance plus
éclatante de la mort d'un prince
qu'il vouloit Êiire fon gendre. U
entre en Picardie , met tout à feu
& à fang , échoue devant Beauvais
défendu par des femmes [ Voye^
l'article de Jeanne Hachette]-^
pafTe en Normandie , la traite
comme la Hcardie, & revient en
Flandres lever de nouvelles trou-
pes. Cette guerre cruelle fut ter-
minée, pour quelques infhns, par le
traité de Bouvines, en 1474 : traité
fondé fur la fourberie & le men*
fonge. Cette même année il y eut
une ligue ofFeniive & défenfive ,
formée par le duc de Bourgogne^
entre Edouard ly roi d*Ân^eteTre &
le duc de Bretagne , contre le roi de
France. Le prince Ânglois débar-
que avec fes troupes ; Louis p«ui
z
?Ç4 LOU. .
le combattre , mats il aune mieux
le gagner par des négociations. Il
paye fes principaux miniûres *, il
féduit les premiers officiers, au
lieu de fe mettre en ém de les
vaincre-, il fait des préfens de
vin à toute l'armée •, enfin il acheté
le retour à* Edouard en Angleterre.
Les deux rois conclurent à Amiens
«n 1475 "" traité, qu'ils confir-
mèrent à Pecquigni. Ils y convinrent
d'une trêve de 7 ans -, ils y arrê-
tèrent le mariage entre le Dauphin
^ la fille du monarque Anglois«
îc Loms s'engagea de payer, juf-
<ïu'à la mort de fon ennemi, une
fomme de 50,000 écus d'or. Le
duc d€ Bretagne fiit auifi compris
<Jans ce traité. Celui de Bourgogne ,
abandonné de tous & feul contre
Louis XI , conclut avec lui à Ver-
vins une trêve de neuf années. Ce
prince , ayant été tué au fiege de
Nancy en 1477 , laiffa pour héri-
tière Marie îà fille unique , que Louis
XI , par une politique mal-enten-
due, refiifa pour le Dauphin fon
fils. Cette., princefle époufa Maxi-
miùm d^ Autriche , fils de l'empereur
Frédtf{c llly & ce mariage fiit l'ori-
gine des querelles qui coûtèrent
tant de fang à la France & à la
lUaiCon d'Autriche. La guerre com-
mença peu de temps après cette
union» entre l'empereur & le roi
de France. Celui-ci s'empara de la
Franche-Comté par la valeur de
Chaumont d*jimbolfe. Il y eut une
bataille à Guinegate, où l'avantage
fut égal des deux côtés. Un traite ,
fait à Arras en 14Ô2 , termina cette
guerre. On y arrêta le mariage du
Dauphin avec Marguerite , fille de
Marie de Bourgogne. Louis XI ne
jouit pas long*>temps de la joie que
lui dévoient infpirer ces heureux
événemens. Sa fanté dépérifibit de
jour en jour, & fon courage s*af-
foiblit avec îes organes. Une noire
méJUniColi^ le ûûfit > & ne lui offrant
L O U
plus que des images fimeftes , il
commença à redouter la mort. Il
fe renferma au château du Fleifis-
les-Tours, où l'on n'entroit que
par un guichet , & dont les murail'
les étoient hériffées de pieux de
fer. Inaccefiible à its fujets, entouré
de gardes , dévoré par la crainte de
la mort, pnr la douleur d'être haï «
par les remords & par l'ennui, il
fit venir de Calabre un pieux Her-
mite , révéré aujourd'hui fous le
nom de 5. François de PiZuU. U fe
jeta à fes pieds *, il le fupplis y en
pleurant, de demander à Dieu la
prolongation de fes jours : mais le
faim homme l'exhorta à penfer
plutôt à purifier fon ame , qu'à tra*
vailler à rétablir un o^rps foible
& ùfé. En vain il crut en ranimer
les refies > en s'abreuvant du iâng
qu'on tiroit à des enÊms , dans la
faufile efpérance de corriger l'àcreté
du fien. Il expira le 3oAoûti4S3y
à 60 ans & 2 mois , en difant :
Notre ' Dame d*Emhrai , mxL honne
maitrejfe , alde^-moi» Louis XI eft'
regardé comme le Tibère de la
France. Sa févérité , qui avoit été
extrême > fe changea en cruauté
fur la fin de fa vie. Il foupçonnoit
légèrement , & l'on devenoit cri-
minel dès qu'on étoit fufpeâ. U y
a peu de tyrans qui aient fiût mou-
rir plus de citoyens par la mm
du bourreau & par des fupplices
plus recherchés. Les Chroniquei
du temps comptent 40oofiijets exé*
cucés fous fon règne , en public ou
en iecret. Les cachots , les cages
de fer , les chaînes dont on charo
geoit les viûimes de fa barbare dé-
fiance, font les monumens qu*a
laifTés ce monarque. Oci prétend
qu'en Êiifant donner la torture aux
criminels , il étoit derrière une ja-
loufie pour entendre les interroga*
toires. Onne voyoit que gibets au-
tour de fQn château *, ç'étoit à ces
affireufes marques qu'oa recgimoiÇ(
L O U
Ibit les lieux habités pat un toL
Trifim^ prévôt de fon hôtel & Ton
ami , ( û ce terme peut être toléré
pour les méchans , ) étoit le juge ,
le témoia & l'exécuteur de l'es
vengeances -, ( Voy. I. Tristan. ]
& ce roi cruel ne craignoit pas d'y
tffifler après les avoir ordonnées.
Lorfque Jacques d! Armagnac duc de
Ntmours^ accufé peut-être fans rai-
fon du crime de lefe-majefté , fut
exécuté en 1477 par fes ordres -,
lottls XI fit placer fous l'échafaud
les enfans de ce prince infortuné,
pour recevoir fur eux le fang de
leur père. Ils en fortirent tout
couverts > & dans cet état on les
conduisit à la Baftille, dans des ca-
I chots îaàt en forme de hottes , où
la gêne que leurs corps éprou-
I voient étoit un continuel fupplice.
[ Voy, 1. Marck. ] Ce cruel mo-
I narque eut pour fes conHden; &
I pour fes miniftres , des hommes
dignes de lui -, il les tira de la
boue : fon barbier devint comte de
Meulan & ambafïadeur : fon tail-
leur , héraut d'armes ^ fon médecin ,
diancelier. [ Voy, les art. Dans...
CoYTiER... DoYAC. ] Il abâtar-
dit la nation , ec lui donnant ces
vils fimulacres pour maîtres ; auffi ,
fous fon règne , il n'y eut ni ver-
tu, nihéroïfine. L'obéiiTance &la
baiTefle tinrent lieu de t«ut*, & le
peuple fut enfin tranquille , dit un
hiftorien ingénieux., comme les
forçats le font dans une galère. Ce
cœur artificieux & dur avoit pour-
tant deux penchans qui auroient dû
adoucir fes mœurs ; l'amour & la
dévotion. Mais fon amour tenoit
dî fon caraûere, inconilant , bi-
garre , inquiet & perfide ; & fa dé-
votion n'étoit le plus fouvent que
la crainte fuperftitieufe d'une ame
pufillanime. «< La bizanvrie de fon
»♦ efprit , ( dit le P. Daniel , ) lui fai-
»»foit négliger reflentiel de la dé-
** votion , pour U contenter de fes
L 0 u 5^5
^^ pratiques extérieures , & le ren-
M doit fcrupuleux fur des bagatel-
w les , tandis qu'il n'héfitoit pas
»♦ dans les chofes les plus impor^
»♦ tantes ♦<. Toujours couven de re-
liques & d'images , portant a fon
bonnet une Non-e-Ùame de plomb ,
il lui demandoit pardon de fes af-
faifinats , & en commectoit toujours
de nouveaux. Louis s 'étant voué
à un Saint-, comme le prêtre re-
commandoit inflamment à fa pro-
te^kion le foin de Tame & du corps
du roi : Ne parle\ que du corps , dit
le prince -, il ne jhu pas fe rendre
importun en demandant tant de chofev
à la fois, l\ fît folliciter auprès dw
pape le droit de porter le furplis
& l'aumuffe , & de fe £aire oindre
une féconde t'ois de Tampoule de
Reims , au lieu d'implorer la mifé-
ricorde de l'Etre-fuprême , de laver
fes mainî fouillées de tant de meur-
tres commis avec le glaive de I2
juflicc... Si la nature le fit naître
avec un cœur pervers , elle lui
donna de grands talens dans l'ef-
prit. Il avoit du courage ; il con-
noifToit les hommes & les afFaires.
Il portoit , fiiivant fes expreffions ,
tout fon confdl dans fa tète, [ Voyet
I. Brlzé , & LA10SOI à la fin,}
Prodigue par politique , autant qu*a-
vare par goût , il favoit donner
en roi. C'efl à lui que le peuple
dut le premier abaiflement des
grands. La juftice fiit rendue avea
autant de févérité que d'exaéHtude
fous fon règne. Paris défolé pac
une contagion en 1466 , fut re-
peuplé par fes foins : une police
rigoureufe y régnoit. S'il avoic
vécu plus long-temps , les poids
•& les mefures auroient. été uni-
formes dans fes états. U encou-
ragea le commerce. Ayant appelé
de Grèce & d'Italie un grand nom-
bre d'ouvriers qui pifient fabri-
quer des étoffes précieufes , il les
exempta de tout impôt , ainû qa§
Zi;
55« LOU
les François employés dans leurs
inami£aâiires. Il £ûfoit plus de cas
d'un négociant a£b£ , que d'un
gentilhomme fouvent inutile. Un
marchand qu'il admettoit à ik ta-
ble, lui ayant demandé des let>
très de noblefle , il les lui accor>
da & ne le regarda plus. Alie^ ,
Monfitur U Gauflhommc , lui dit
Louis ! quand je vous fai/ols affeoir
â ma tahû , je vous ngardoLs comme
h frtmUr de votre condition ; at^ouf"
d*hm quf vous en êtes le dernier > je
f croîs injure aux autres , fi je vous
faifois la même faveur. Ce fîit lui
qui , par l'avidité d'apprendre les
nouvelles , établit en 1464 les pof-
tes, jufqu'alors inconnues en France.
Deux cents trente courriers , a Tes
gages , portoient les ordres du
monarque & les lettres des parti-
culiers dans tous les coins du
royaume. [ Voy, Maillard. ] Il
eft vrai qu'il leur- fit payer chère-
ment cet établifîement ; il aug-
menta les tailles de trois millions ,
& leva pendant vingt ans 4 millions
700,000 liv. par an : ce qui pou-
voit &ire environ 23 millions
d'aujourd'hui *, au lieu que Charles
F//n'avoit jamais levé par an que
1800 mille francs. En augmentant
fon pouvoir fur fes peuples par
fes rigueurs , il augmenta fon
royaume par fon indufbie. L'An-
jou, le Maine , la Provence , la
Bourgogne & quelques autres grands
fiefs , ârent réunis fous lui à la
couronne. Ce prince aimoit &
protégeoit les lettres , qu'il avoit
lui-même cultivées. Il fonda les
univerfités de Valence & de Bour-
ges. U aimoit les faillies , & il
lui en échappoit d'ingénieufes. On
lui faifoit voir un jour, dans la
ville de Baune , un Hôpital fondé
par RoUn , chancelier d'un duc de
Bourgogne. Ce Rolîn avoit été un
grand concufHonnaire. // étoît bien
raifonnabU , ( dit Louir^ ) ^H Rolia
LOU
qid avoit fait tant de pauvres pendâni
fa vie ^ bâtit avant que de mourir
une maifon pour les loger» Un pau-
vre ecdéûaitique pourfuivi pour
une dette de joo écus , prit le
moment , où le roi faifoit fa
prière dans une ^life, pour lui
expofer fon trifte eut. Le roi paya
dans l'inftant la fomme deman-
dée,-en lui àiùaniF^ous ave^hîen
pris votre temps \ il efijufie que fait
pitié des malheureux , puifque je ée^
mandois à Dieu d'avoir pitié de moL
A ce trait de bienÊiifance on peut
en joindre un autre encore plus
touchant. Une femme toute éplo-
rée lui adreiTa fes plaintes fur ce
qu'on ne vouloir pas enterrer (on
mari en terre-fainte , parce qu'il
étoit mort infolvable. Le roi lui
dit qu'Z^ n*'avoit pas fait les lois ;
mais il paya les dettes , 6c ordonna
d'enterrer le corps... Ce fut fous
fon règne que fe fit la première
opération del'extraéHon de la pierre
fur un franc - archer condamné à
mort.C'efl Louis XI qui fit recueillir
les Cent NouvtlUs nouvelles , ou Hif*
toires contées par différens feigneurs
de fa cour , ( Paris , Vérard , ) in-foL
fans date ; mais dont la belle
édition eild'Amflerdam, 1 701, deux
vol. in-8°, fig. de Hoogue : quand
les figures font détachées de l'im-
primé, elles font plus recherchées*
{Voy, VII. Marguerite de Va-
lois. ) C'ed encore fous fon règne,
en 1469 , que le prieur de Sorbonne
fit venir des imprimeurs deMayence.
Le peuple , alors très-fuperftitieu3C,
les prit pour des forciers. Les co-
piées qui gagnoient leiu: vie à traof-
crire le peu d'anciens manufcrits
qu'on avoit en France , préfente*
rent requête au parlement contre
les imprimeurs *, ce tribunal fit faifir
& confifquer tous leurs livres. Le
roi qui favoit£ôiire le bien, quand
il n'étoit point de fon intérêt de
&ire le ma , défendit 9u parle-.
L O U
ment de connoitre de cette affaire ,
l'évoqua à fon confeil , & fit payer
aux typographes Allemands le prix
de leurs ouvrages. pucUs , hUlo-
riographe de France , a publié 1'//*/-
^ de ce prince , 1745 , 4 vol.
in- 12 : elle eft curieufe , intéref-
foitc & bien écrite. U y en a une
autre par MU® de Luffan^ 6 vol.in-i 2,
XVII. LOUIS XII , roi de
France , fumonuné U Jufte & U
Fore du PeupU ^ naquit à Blois le
27 Juin 1462 , de Charles duc
^Orléans , & de Marie de Cleves,
Louis ^/ lui fit époufer , en 1476 ,
itanne de France, fa fille. Il aflîfta,
en qualité de premier prince du
Ùng, au facre de Charles VIU ; &
quoiqu'il fût fi près du trône, il
n'en étoit pas mieux à la cour>de
ce monarque. Il ne pouvoit fouflfrir
le gouvernement de Mad* de Beau-
jeu , fille ainée de Louis XI , &
toute - puifiTante pendant les pre-
mières années du règne de Châties
VIU, Ayant à fe plaindre de cette
princefie , il fe retira en 1487 en
Bretagne avec le comte de Dunois
& quelques autres feigneurs. Le
fort des armes ne lui fiit pas Àvo-
rable. La bataille de Saint- Aubin ,
donnée en 1588 , abattit entière-
ment fon parti. Le duc d'Orléans
fut feit pnfonnier, tranfporté de
prifon en prifon , enfin enfermé
à la Toia- de Bourges , où il fiit
gardé très-étroitement pendant trois
ans, & traité avec une extrême
rigueur. On lui refiifoit prefque le
aéceiîaire-, la nuit on Tenfermoit
dans ime cage de fer ; on ne lui
permcttoit pas d*écrire, & un nommé
Gutiin , fon- geôlier , rendit cette
longue captivité encore plus dure ,
par des précautions qui tenoient
de la barbarie. Ce fut pendant ces
malheurs qu'il éprouva les foins
tendres & généreux de la princeffe
Jeanne , [ Voy, iv. Jeanne ] fon
époufe , qui obtint enfin ù déli-»
LOU 357
vrance à force de prières & de
larmes. Le duc d'Orléans ^ élevé
dans l'école de l'adverfité , y per-
feâionna les vertus que la nature
lui avoit données. Parvenu à la
couronne en 1498 > après la mort
de Charles VIU , fon humeur bien-
faifante ne tarda pas d'éclater. Il
foulagea le peuple & pardoiina à
fes ennemis. Louis de la TnmoullU
l'avoit fait prifonnier à la bataille
de Saint-Aubin ^ il craignoit foa
refiientiment. II fut rafiîiré par ces
belles paroles : Ce n'eji point au Roi
de France à venger les querelles du Duc
d'Orléans, Il avoit fait une lifte >
des feigneiurs dont il avoit eu à fe -
plaindre fous Charles VUI , & mar-
qué leurs noms d'une croix. Prei?*
que tous vouloient s'éloigner. U
les rafTura par ces belles paroles »
vraiment dignes d'un roi très-chré-
tien : La croix que j'ai jointe à vos
noms , ne devoit pas vous annoncer de
vengeance > elle marquoit , ainfi que
cUle de notre Sauveur , le pardon ^
l'oubli des injures. Après qu'il eut
réglé & policé fon royaume > di-
minué les impôts , réprimé les
excès des gens de guerre* établi
des parlemens -, il tourna fes -vues
fur le Milanès , fur lequel il avoit
des droits par fon aïeule Valenûne ,
fœur unique du dernier duc de la
£unille des Vifconti, Ludovic S force
s'en étoit emparé : le roi envoya
une armée contre lui en 1499 ,
& dans moins de 20 jours le Mi-
lanès fut à lui. U fit fon entrée
dans la capitale » le 6 Oâqbre de
la même année *, mais , par une de
ces révolutions fi ordinaires dans,
les guerres d'Italie , le vaincu ren-
tra dans fon pays d*où on l'avoit
chafie , & recouvra plufieurs places.
Sforcc , dans ce rétabliiTement paf**
fager, payoit un ducat d'or pour
chaque tête de François qu'on lui
portoit. Louis XU fit un nouvel
effort \ U renvoya Loùs de la Tri^
Ziij
3î8 LOU
mouille , qui reconquît le Milanès.
Les Suifïes qui gardoient Sforce , le
livrèrent au vainqueur. Maître du
Milanès & de Gênes , le roi de
France voulut encore avoir Naples ;
il s'unit avec Ferdinand le Catho'
Mque pour s'en emparer. Cette con-
quête fîit fiaite en moins de 4 mois ,
Tan 1501. Frédéric roi de Naples fe
remit entre les mains de Louis XII ,
^ui l'envoya en France avec une
penûon de 120,000 liv. de notre
monnoie d'aujourd'hui. Le mo-
narque François étoitdeiHné à avoir
<les prifonniers illuftres. Un duc de
Milan étoit fon captif, & un roi de
JN^aples Ton peniionnaire. Ce prince
infortuné ne voulut pas traiter avec
Ferdinand le Catholique , qui pafîbit
pour perfide & qui l'étoit. A peine
Kaples fut-il conquis , que ce der-
nier s'unit avec Alexandre F/ pour
ôter au roi de France fon partage.
Ses troupes , conduites par Gon^
falve de Cordoue , qui ménta fi bien
le titre de Grand Capitaine , s'em-
parèrent en 1503 de tout le royau-
me y après avoir gagné les batailles
de Seminare & de Cérignole. Cette
guerre finit par un traité honteux ,
en 1505. Le roi y promettoit la
feule fille qu'il eût d*Anne [ yoy,
VII. AnneI de Bretagne, au petit-
fils de Ferdinand^ à ce prince, depuis
û terrible à la France fous le nom
de Charles-Quînt ) fa dot devoit être
compofée de la Bourgogne & de la
Bretagne, & on abandonnoit Milan
& Gênes fur lefquelles on cédoit
fes droits. Ces conditions parurent
£ onéreufes aux Etats afTemblés à
Tours en 1506 , qu'ils arrêtèrent
<pie ce* mariage ne fe feroit point.
Les Génois fe révoltèrent la même
année contre Louis. 11 repaiTa les
Monts , les défit , entra dans leur
ville le fabre à la main. IL avoit
pris ce jour là une cotte-d'armes ,
îur laquelle étoient repréfentces
des abciUes voltigeant autour d'une
LOU
ruche,avec ces mots : Ne s uriTVt
ACuiEO. n 11 ne fe fert poim d'ai-
n guillon M. En efiSet , il étoit eotré
en vainqueur , & il pardonna en
père. L'année 1508 fut remarqua-
ble par la Ligue de Cambrai ,
ourdie par Jules II : [ Foj. l'ar-
ticle de ce pontife.] Le roi de
France y entra ; l'anibafladeur de
Venife ayant voulu l'en détour-
ner, en lui vantant la prudence |
des Vénidens : J'oppoferal , lui dk
ce prince , un fi grand nomhre ie
foux à vos fages , que je Us décoft'
cercerai. La conduite de 'Louis Xîl
répondolt à fes difcours. Il veut
marcher aux Vénitiens , pour les
combattre à Aignadel. On lui re-
préfente que les ennemis fe font
emparés dufeulpofle qu'il pouvoir
occuper. Où campere^-vous , S JRI ?
lui demande im grand de fa cour.
Sur leur ventre , répondit-il. 11 cnira
fur le territoire de la république
en 1509 , & défit les ennemis en
perfonne , le 14 Mai , à Aignadel.
Durant la bataille , Louis étoit
toujours dans les endroits où
le danger étoit le plus grand.
Quelques cburtifans obligés par
honneur de le fuivre , veilent
cacher leur poltronnerie fous le
motif louable de la confervadoii
du prince : ils lui font appercevoir
le péril auquel il s'expofe-, le roi,
qui démêle à Tinftant le principe
de ce zèle , fe comente de leur ré-
pondre : Que ceux qui ont peur fe
mettait derrière moi. La prife de
Crémone , de Padoue , & de plu-
fieurs autres places , fut le firuit de
cette viûoire. Jules 11^ qui avôit
obtenu par les armes de Louis XII
à peu près ce qu'il vouloit, n'avoit
plus d'autre crainte que celle de
voir les François en Italie. H fe
ligua contre eux, & l'on peut voir
les fuites de cette Ligue dans fon
article où nous les avons détaillées.
Parmi les ennemis que le papelû
L O U
Ihfclta , il ne fiaut pas oublier les
Suiilès , qu'il détacha de Ton alliance
d'autant plus Êicilement , qu'ayant
exigé une augmentation de paye,
Louis les avoit irrités , en difam : //
^ /tonnant que àt mîférahUs Montai
%nards , à qui Vor 6* Variait étoîent
inconnus avant qui. mes pridéceffeurs
Uur en donnajfent , veuillent faire la
loi à un roi de France ! Plufieurs Fran-
çois firent admirer leur valeur dans
cette guerre. Lejeune Gajîon de Faix,
duc de Nemours , repouffa une ar-
mée de Suiffes,. chaâa le pape de Bo-
logne , & gagna en 1 5 12 la célèbre
bataille de Ravenne,,où il acquit tant
de lauriers , & où il perdit la vie.
f Voyei Gas joN , n**. II. ] La gloire
des armes Françoifes ne fe foutint
pas *, le roi. ctoit éloigné*, les ordres
arrivoîent trop tard , & quelquefois
fe contredifoient. Son économie ,
quand il falloir prodiguer l'or , don-
noit peu d'émulation. L'ordre & la
difcipline étoient inconnus dans les
troupes. En moins de trois mois
les François furent hors de l'Italie.
Le maréchal de Tnvulce , qui les
comniandoit,abandonna, l'une après
l'autre , toutes les villes qu'ils
avoient prifes » du fond de la Ro-
niagne aux confins de Savoie. Loms
Xll eut la n^ortification de voir
établir dans Milan par les Suifles ,
le jeune Maxîmîlîen. Sforce , fils du
duc mort prifonnier dans (es états.
Gênes , où H avoit étalé la pompe
d'un roi Afiatique , reprit fa liberté ,
& chafla les François. Elle fiit fou-
mife de nouveau ; mais la perte de
la bataille de Novare, gagnée par
les Suiâes contre la Trlmoultlc , le
6 Juin 151^ , fut l'époque de la to-
tale expulfion des François, [ Voye^
Caballo.] Louis XII y félon Md-
chiayel y, fit cinq fautes capitales en
Italie. »♦ li ruina les foibles ; il aug«
w menta la puiffance d'un puiffant ;
»♦ il y introduifit un étranger trop
.»» puiffant i il n'y vkit point de-
LOU 3Î9
>♦ metirer; &il n'y envo3ra point
>t de colonies. «< L'empereur AfiiA't-
milien , Henri VIII & les Suiffe» ,
attaquèrent à la fois la France. Les
Anglois mirent le fiege devant Te-
rouanne , qu'ils avoient prife après
la journée de Guiaegate , où les
troupes Françoifes avoient été mi-
fes en déroute le 13 Avril 1313.
>* Elle fut appelée la journée des Ept"
» rons ^ [Ait Mdierai'l parce que les
>♦ François s'y fervirent plus de
H leurs éperons que de leurs épées. «
La prife de Tournai fuivit celle de
Térouanne. Les Suiffes affiégerent
Dijon , & ne purent être renvoyés
qu'avec 10,000 écus comptant , une
promeffe de 4000 , & fept otages
qui en répondoient. Louis XII ^
battu de tous côtés , a recours aux
négociations •, il fait un traité avec
Léon X , renonce au concile de Pife »
'& reconnoit celui de Latran ; il en
fait un autre avec Henri VIII , 6c
époufe le 9 Oftobre 1 5 14 , fa fœur
-Aiine, pour laquelle il donne- ùa
million d'écus. [ Voyei xi, Marie^
6* Renée, ] Il avoit alors 5 3 ans ,
& étoit d'une famé fort délicate : il
oublia fon âge auprès de cette prin-
ceiTe , & mourut, au bout de deux,
mois de mariage , le i Janvier 151^9
pleuré de tous les bons citoyens.
A fa mort, les crièurs de c^/p^diloienc
le long des rues , xn fonnant leurs
clochettes :« Le bon rolLovis ^ Perc
n du peuple^ eji mort ! ** On eût pu
mettre fur fon tombeau:.
Cl git un roi \ ou pour mieux dtrû
un père , .
Dont le caur tendre ér« les yeux vio-
lons , ,
Spli que le fort fut propice ou con»
traire ,
Dans fes ftqets vit toujours fes cô-
fans»
Sx Loms XII fut malheureux ait
dehors de foo royaume , il fiit heu-
reux au dedans. Onnepeutrepro-
Ziv
i€o L O U
cher àceroî que la vente deschatgei :
il en tira en 17 années , la fomme de
1200,000 liv. danslefeul diocefe
de Paris ; mais les Tailles , les Aides
furent modiques. 11 auroit peut-être
été plus loué , fi« en impoiânt les
tributs néceâaires , il eût confervé
l'Italie , réprimé les Suifles , fe-
couru efficacement la Navarre , &
repouâe T Anglois. Mais il ait tou-
jours retenu par la craime de fou-
ler £es fujets, La ju/Hce d'un Prince
^oblige à ne rien devoir , plut^ que
fa grandeur à beaucoup donner ; €*€•
toit Tun de fes principes. J'aime
mieux , dit-il un jour , voir les Cow"
tif ans rire de m jn avarice, que de voir
mon peuple pleurer de mes dépenfes,
KYec treize millions de revenu ,
qui envaloient environ cinquante
d'aujourd'hui « il fournit à tout, &
foutint la roa}eilé du trône. Son
extrême bonté l'empêcha de fe
méfier des méchans. U fiit la dupe
de la politique meurtrière du pape
Alexandre VI , 9a de la politique
artificieufe de Ferdinand, On lui
confeilloit, ( pour l'intérêt , ic-
foitron , de la France > que ce der-
nier prince trahiâbit ) de retenir
fon gendre l'archiduc d'Autriche :
J'aime mieux , répondit. Louis ,
perdre , s'il le faut , un royaume ,
dont la peru après tout peut être ri'*
parée , que de perdre l'honneur qui ne
fe répare point.,. Lu avantages que
mes ennemis remportent fur moi , ne
doivent , difoit-il encore , éton-
lur perfonne , s'ils me bauent avec
des armes que je n'ai jamais employées :
avec U méptis de la bonru-foi , de
thormeur & des lois de PEvanff.le^
On doit lui pardonner fes Êiutes ,
en faveur des qualités prédeufes
de bon roi , de roi jufte. Lorf-
qu'il alloit à la guerre , il fe£ii-
ioit fuivre de quelques hommes
vertueux & éclairés , chargés, même
en pays ennemi , d'empêdher le
défordre , & de réparer le dom*
L ou
mage lorfqu'il avoît été fait Un
. gentilhomme de fa maifon ayant
maltraité un' payfan , il ordonna
qu'on ne lui fervit que de la viande
éc du vin. Il le fit enfuite appe-
ler , & lui demanda quelle étoit
la nourriture la plus néceiiiûre ?
L'officier lui répondit que c'étoit
le pain. Eh î pourquoi donc , reprit
le roi avec févérité , ites-vous «/-
fe\ peu ralfonnabU pour maltraiter ceux
qui vous le mettent à la main ? -— Id
menu Peuple , difpit-il , ejl la proie
du Gentilhomme & du Soldat , & ceux"
ci foru la proie du Diable, Ces prin-
cipes d'une probité auftere , fii*
rent fur-tout remarqués après la
prife de de Gênes , qui avoit fe-
coué le joug de la France. Son
avant-garde ayant pillé quelques
maifons du Êtubourg Saint - Pierre
d'Arena , le prince , quoique per-
fonne ne fe plaignit ^ y envoyi
des gens de confiance pour exa«
miner à quoi fe pouvoir monter
la perte , & enfuite de l'argent
pour payer la valeur de ce qui
avoit été pris. Sa clémence s'éten-'
doit fur les étrangers comme fur
fes ennemis domefHques. VAl-
viane , général des Vénitiens , ayant
été pris à la bataille d'Aignadel ,
fut conduit au camp François, où
il fut traité avec toute l'honnêteté
pofiîble. Ce général , plus aigri par
l'humiliation de fa défiaite , que
touché de l'humanité de fon vain-
queur , ne répondit aux démonf-
trations les - plus confolantes que
par une fierté brufque & dédai-
gneufe. lavis fe contenta de le
renvoyer au quartier où l'on gar-
doit les prifonniers. // vaut mieux
le laiffcr , dit-il ; je m* emporterais^
& j'en f trois fâché. Je tai vaincu ; //
faut me vaincre moi-même,., Loms
XII eut foin que la juitice fût ren-
due par-tout avec promptitude ,
avec impartialité & prefque fans
frais» On payott 46 fois moins d*é-
L O U
pîces qu'aujourd'hui , & les officiers
ëe juftice étoient en beaucoup plus
petit nombre , & n'en valoientque
mieux* U maintint Tufage où étoient
lesparlemens du royaume, de choi-
iir trois fujets pour remplir une
place vacante ; le roi nommoit un
des trois. Les dignités de la robe
n'étoient données alors qu'aux avo-
cats -, elles étoient l'efFet du mé-
rite , ou de la réputation qui fup<
pofe le mérite. Son Edit de 1499 ,
éternellement mémorable , a rendu
ù mémoire chère à tous ceux qui,
rendent la juftice & à ceux qui Tai-
ment. U ordonne par cet édit qu'on
fulve toujours la Loi^ malgré les or-
dres contraires que l'împortunUé pouf
roit arracher au monarque,,, Louis XI J
fut le premier des rois qui mit le
laboureur à couvert de la rapacité
du foldat , & qui lit punir de mort
les gendarmes qui rançonnoient le
payfan. .Les troupes ne furent plus
le fléau des provinces ; & , loin de
vouloir les en éloigner , les peuples
les demandèrent. La bonté de Louis
XII alloit jufqu'à la tolérance pour
leserrans. £n 1501 , ce prince tra-
verfant le Dauphiné pour fe rendre
en Italie , fut fupplié par quelques
feigneurs trop zélés , d'employer
une partie de fes forces à purger
cette pjovince des Vaudois qui en
habitoient les montagnes. Avant que
de pourfuivré ces hérétiques , il
voulut favoir de quoi ils étoient
coupables. 11 députa Guillaume Par-
yi , fon confeflfeur , & Adam Fumée ,
maître des requêtes , pour vérifier
fur les lieux tous les che& d'accu-
fation. Soit que ces dignes minières
d'un roi clément ne cherchaiTent
point trop curieufement ( dit M.
Garnier ) à trouver des errans , foit
que le voifinage de l'armée forçât
les Vaudois à diflimuler leurs fen-
timens , le rapport fut û favorable ,
que Louis s'écria en jurant : Ils font
tneilleur* chrétiens que nous l U ot"
L o u 3ff
donna qu'on rendit aux Vaudois
les biens qu'on leur avoit enlevés»
défendit qu'on les inquiétât à l'ave-
nir, & fit jeter dans le Rhône tou-
tes les procédures déjà commen-
cées. Le particulier dans Louis XII
étoit auilî adoré que le monarque.
[ Voye[iii, Spinola ]. Il étoit aflBsi-
ble , doux , carefTant ; il égayoit
la converfation par des bons-mots ,
plaifans fans être malins. Son amour
pour fon peuple s'étendit jufqu'à
l'avenir. Prévoyant les maux que
l'humeur prodigue & inconfidérée
dejFr.«j:o/j/ cauferoit à la France,
il pleuroit , en difant : Ce gros garçon
gâtera tout! [ Voye^ CLAUDE, n*
VIII ]. Louis XII donna fon palais
au parlement de Paris , & fe retira au
bailliage , ( aujourd'hui l'hôtel des
premiers préfidens) parce qu'ayant
la goutte, il pouvoit fe promener
fur fon petit mulet dans les jardins'
de fon hôtel. Lorfqu'il avoit befoin
de confdl pour l'admipiftration des
affaires de l'état , il montoit au par-
lement , demandoit avis , & quel-
quefois afKftoit aux plaidoyers. On
a imprimé fes Lettres au cardinal'
â'Amhoife , Bruxelles , 1712 , 4-
vol. in- 12. Elles font bien écrites
pour le temps où il vivoit. Peu de
fouverains , ( dit M. d'Arnaud,) ont
porté auffi loin que Louis XII la con-
fidération pour les gens-de-lettres.
Etant à Pavie , non feulement il con-
firma les privilèges de l'école de
Droit , mais il augmenta confidéra- -
blement les honoraires des profef-
feurs : il aifiiloitmêmeà leurs exer-
cices. [ Voyei Mainus. ] U appela
auprès de lui les plus favans hom-
mes d'Italie , leur afïigna des pen-
fions , des honneurs. Il y en eut
qui furent chargés d'ambafiades ,
& qui parvinrent aux premières
places. C'eft de fon temps qu'on con-
mença à enfeigner le grec dans l'u^
niveriité; & il prépara en partie
tout ce que fon fucceiTeur £t pour
jiSt L O U
us lettres. Ce monarque poffédok
une des plus amples colleâions d'an-
ciens manufcrits qui fiîit en Europe.
Cicéron étoit Ton auteur £ivori. U
aimoit fur-<out fcs Traités des Offi-
«ej, de Al VuiUcgt & de tAmkît.
»» Je ne trouve (dit M, d'Arnaud)
»> qu'une tache dans rhiftoii« de
w LoubXIl ; fon refroidifiement*
>» je n'ofe dire Ton ingratitude , à
9* l'égard du célèbre Philippe de Co^
« mines : car il fiiut croire qu'il eut
M des raifons bien fortes pour agir
»• ainfi, qui ne font point parve-
♦♦ nues jufqu'à nous «. [ Vuyci Co-
uines. ] L'abbé TaîlhU a donné {a
Vie, Paris, 1755 , 3 ^^1- i»-^°-
I^nds XII avoit pris pour dcTife
le Pon^Epic^ avec ces mots: Co-
MiNùs & Eminus y qui en étoient
l'ame.
XVra. LOUIS Xra, furnom-
mé LE Juste , naquit à Fontaine-
bleau , le 27 Septembre i6oi , de
Henri ly & de Marlt de Mcdic'u,
î Voye(l. Bailly. ] La France n'a-
voit point eu de Dauphin depuis
S4 ans, c'eû-^-dire, depuis la naif-
iance de François IL II étoit en-*^
core eni^t , lorfqu'on vint lui an-
noncer que le connétable de Caf-
ûUe , ambafTadeur d'Efpagne , avec
une grande fuite de feigneurs , ve-
noit pour lui faire la révérence.
JDes Efpagnols ! dit-il de ce ton ani-
mé qui marquoit fa valeur naiflan-
te : Çày f i , iju'on me donne mon épie,
[ Voy i aufli les art. Malherbe &
RivAULT.] Il monta fur le trône le
24 Mai 1610 , lourde raflaflînatde
ion père , fous la tutele & la ré-
gence de fa mère. Cette princeffe
changea le fyftême politique du rè-
gne précédent , & dcpcnfa en pro^
fufions pour acquérir des créatures ,
tout ce que Htnri U Grand avoit
amaifé pour rendre la nation puif-
fante. Les troupes à la tête def-
cpielles il alloit combattre , furent
Uceaciées. $on fîdelleminifhre ,foa
LOU
ami Sulâ , fe retira de la cour ; l*Etaè
perdit {a conûdération au dehors, &
û tranquillité au dedans. Lespria-
ces du fang &les grands feigneurs,
le maréchal de Bouillon à leur tète ,
remplirent la France de Êsâions.
On appaifa les mécontens , par le
traité de Sainte-Menehoud , le i;
Mai 1614-, on leur accorda tout,
& ils fe foumirent pour quelque
temps. Le roi ayant été déclaré ma-
jeur , le 1 Oâobre de la même an-
née , convoqua le 27 fuivam les
derniers états - généraux qu'on ait
tenus en France. Le réfultat de cette
aflemblée fut de parler de beaucoup
d'abus , fans pouvoir remédier pref-
que à aucun. La France refia dans
le trouble , gouvernée par le Flo-
rentin Condniy connu fous le nom
de Maréchal d* Ancre, Cet homme
obfcur , parvenu tout - à - coup au
faite de la grandeur , difpofa de tout
en miniilre defpotique , & fît de
nouveaux mécontens. Henri II f
prince de Condé, fe retire encore
de la cour , publie un manifefte
fanglam , fe ligue avec les Hugue-
nots & prend les armes. Ces trou-
bles n'empêchèrent point le roi d'al-
ler à Bordeaux , où il époufa Anne
d'Autriche , infante d'Efpagne. Ce-
pendant il avoit armé contre les
rebelles -, mais les foidats produifant
peu de chofe , on eut recours aux
négociations. Le roi conclut avec
lui une paix (imulée à Loudun , en
1615 , & le fit mettre à la Baftillç
peu de temps après. Les princes , a
la nouvelle de cet emprifonnement,
fe préparèrent à la guerre ; ils la
firent avec peu de fuccès , & elle
finit tout-à-coup par la mort du
maréchal d'Ancre, Le roi , mécon-
tent de la dépendance où fon mi-
niftre le tenoit , & conduit par les
confeils de Lignes fon Êivori , con-
fentit à Temprifonnemem de Cof
cini, yitry , diargé de l'ordre , vou-
lut 1 exécuter ^ &, fur la réûf^nce
L ou
éï naréchal , il le tua fur le pont
du Louvre, le 24 Oftobre 1617.
Lovis XIII dès4ors fe crut libre.
Jufqu'à ce moment il avoit été
contrarié dans tous Tes goûts. On
lui intimoit à chaque inibnt les
ordres de la reine-mere , pour lui
permettre ou défendre une partie de
chafle, unt promenade aux Tuile-
ries. 11 craignoit même de parler
devant ùl mère. Je ne dirai point cela ,
difoit-il à fes Êivoris *, le fonner du
eorne ft pomt mourir Charles IX ;
mais c*e/i qu'il /émit mal avec la reine
Catherine fa mère. Enfin il crut
ibrtir de tutele , en éloignant Marie
deUé£ds , qui fat reléguée à Blois.
Le duc d*Epemon , qui lui avoit Êiit
donner la régence , alla la tirer de
cette ville , & la mena dans fes ter-
res à Angoulême. On Tavoit haïe
toute-puifTante ; on l'aima malheu-
reufe. Louis XIII, voyant les difpo-
' fitiofts du peuple , chercha à fe rac-
commoder avec fa mère , & y réuffit
par le moyen de Tévêque de Luçon ,
£ connu & fi craint fous le nom de
^ cardinal de Rlchtlleu, La paix fe fit
à Angoulême, en 16 19 ; mais à peine
fut -elle lignée , qu'on penfa à la
violer. La reine , confeillée par l'é-
vêquc de Luçon , qui vouloit faire
acheter fa médiation , prit de nou-
veau les armes ; mais elle fut obli-
gée de les quitter bientôt après. Le
roi , après s'être montré dans la
Normandie pour appaifer les mé-
contens , pafTa à Angers où fa
mcre étoit retirée , & la força à
fe foumettre. La mère & le fils fe
virent à BrifTac en verfant des lar-
mes , pour fe brouiller enfuite plus
que jamais. La nomination de Ri-
chelieu au cardinalat fut le feul fruit
de ce traité, liouls XIII réimit alors
le Béam à la couronne par un édit
folennel. Cet édit , doimé en 1620^
ttftimoit aux Catholiques les égli-
fcs dont les Proteflans s'étoient
^patis, & «rigeoit «a parlement
L O U 36?
le confeil de cette province. Ce fut
l'époque des troubles que les Hu«
guenots exdterent fous ce règne*
Rohan & Soublje fiirent les chefil
des Êiétieux, lie projet des Calvi*
nifles étoit de foire de la France
une République \ ils la diviferent
alors en vin Cercles , dont iU
comptoient donner le gouverne*
ment à des feigneurs de leur partîw
Ils offrirent à Lefdiguleres le gé-
néralat de leurs armées & 100,000
écus par mois ; mais Lefdiguieres ai*
ma mieux les combattre , & fut fait
maréchal - général des armées du
roi. L^es , devenu connétable en
même tems , marcha contre les re-
bellés vers la Loire , en Poitou ,
en Béarn , dans les provinces mé-
ridionales. Le roi étoit à la tête
de cette armée. Prefque toutes les
villes lui ouvrirent leurs portes •,
il foumit plus de 50 places. Ses
armes , viftorieufes dans tout Iç
royaume , échouèrent devant Mon-
tauban , défendu par le marquis de'
la Force ; il fut obligé de lever le
iîege , quoiqu'il eût mené fix ma-
rédiaux de France : mais le nom-
bre des che& fut nuifible , par le
défaut de fubordination. Luynes
étant mort le 15 Décembre de la
«nême année 1621 , Louis XIII ^
excité par le cardinal de Richelieuqai
avoit fuccédé à la feveur du con-
nétable, n'en continua pas moins
la guerre. Les avantages & les dé-
favant^ges furent réciproques de ,
part & d'autre. Le roi donna une
grande marque de courage en Poi-
tou , lorfqu'à minuit, à la tête de fes
gardes , il paffa dans l'ifle de Rié,
(& non pas de Ré^ comme l'ont
écrit quelques auteurs , ) dont il
chafTa Soublfe^ après avoir défait
les troupes qui défendoient ce pofte.
Il ne fe fignala pas moins au lîége
de Royan en Saintonge -, il monta
trois ou quatre fois fur la ban**
quettç pour reconnoîtrc la place ,
j64 L O U
svec danger évident de (a vie.
Cependant les Huguenots fe laf-
Ibient de la guerre; on leur don-
na la paix en 1613. Pendant cette
courte paix Louîs XIII rétablit la
tianquillité dans la Valteline en
1624 , & iècourut en 1625 le duc
de Savoie contre les Génois. Les
croupes Françoifes & les Piémontoi-
f es firent quelques conquêtes, qu'el-
les reperdirent prefque aufli-tôt. Les
Huguenots avoient recommencé la
guerre , toujours fous le prétexte de
l'inexécution des traités. La Rochel*
le , le boulevard des Calviniftes , re-
prend les armes , & eft fecourue par
l'Angleterre. Les vatfleaux Anglois
furent vaincus près de Tifle de Ré ,
(le 8 Novembre 1627, ) & cette ifle ,
dont les rebelles s'étoient rendus
maîtres , fut de nouveau à la
France. Eichclîeumiàkoït un coup
plus important , la priie de la Ro-
chelle même. Une femme ( c etott
la mère du duc dt Rohan , chef
des hérétiques révoltés ) défendit
cette ville pendant un an contre
l'armée royale, contre l'adivité
du cardinal de HîcheÛcu & contre
l'intrépidité de Louis XIII , qui
aâironta plus d'une fois la mort
à ce fîege. Elle fe rendit enfin le
28 Oûobre 161S , après avoir
fouffert toutes les extrémités de
la âmine. On dut la reddition de
cette place à une digue de 747
toifes de long , que le cardinal
de Richelieu fit conftruire à l'exem-
ple de celle qa' Alexandre fit autre-
fois élever devant Tyr. Cette, di-
gue dompta la mer, la flotte An-
gloife & les Rochelois : [ Voye^
GuiTON & Metezeau. ] Les
Anglois travaillèrent en vain à la
forcer-, ils furent obligés de re-
tourner en Angleterre , & le roi en-
tra enfin dans la ville rebelle,
qui , depuis Louis XI iufqu'à Loms
XIII , avoit été armée contre fçs
maîtres. Ce dernier ûege coûta
L O U
40 millions. Les forôfications furent
démolies, les fbiTés comblés , les pri-
vilèges de la ville anéantis, & la reli-
gion Cadiolique rétablie. Loiàs XIII
dit à cette occaûon : Je fouhaluroU
quU n'y eût de places fortifies quC
fur Us frontières de mon Royaume,
afn que le cceur & la fidcfué de ma
fujets feryljfent de citadelle & de garde
à ma petfonne. La prife de la Ro«
chelle fut fuivie d'un'édit appelé
VEdlt de Grâce y dans lequel le roi
parla en fouverain qui pardonne*
Après cet événement, fi funefte
pour le Calvinifme & fi heureux
pour la France , le roi partit
pour fecourir le duc de iV«-
vers , nouveau duc de Mantoue,
contre l'empereur qui lui refufoit
l'invefiiture de ce duché* lo^ûs
XIII y en fe rendant en Italie,
paâa à Châlons - fur - Saône. Le
duc de Lorraine l'y va voir-, &
connoi£ant fon extrême paffioi»
pour la chaffe , il lui oflEre une
nombreufe & excellente meute*
Quoique ce prince eût en géné-
ral peu d'empire fur lui-même,
il fe trouva capable d'un effort
en cette occaûon : il refufa ce
préfent , qui étoit fort de fon
goût. Mon Coufin , dit-il , jt ne
chaffe que lorfque mes affaires me U
permettent ; mes occupations font
plus férleufes , & je penfe à convaincre
l'Ewope que Pintérét de mes AlTUs
m'efi cher. Quand j'aurai fecouru U
Vue de Mantoue , je reprendrai mes
diverdjfemens , jufqu'à ce que ma
AUUs aient hefoin de moi. Arrivé
en Piémont , il força le Pas de
Sufe le 6 Mars 1629 , ayant fous
lui les maréchaux de Créqid & ^
Baffompierre\ battit le duc de Sa-
voie*, & figna un traité à Sufe»
par lequel ce prince lui remit
cette ville pour fureté de fes en-
gagemens. Louis XIII fit enfuite
lever le fiege de Cafal » & mit
fon 4Uié en pofîefiion de fos
L O U
Itat. Le duc de Savoie n'apnt
rien exécuté du traité de Sufe >
la guerre fe renouvela ea Sa-
voie, en Piémont & dans le ref-
te de l'Italie. Le marquis de Spi"
noia occupoit le Montterrat avec
une armée ETpagnole : le cardinal
éc Rlchtlim voùdut le combattre
lui-même > & le roi le fuivit
bientôt après. L'armée Françoife
s'empare de Pignerol & de Cham-
beri en deux piurs -, le duc de
Montmorenci remporte avec peu
de troupes une vi£boire fignalée
au combat de Veillane fur les
Impériaux , les Ëfpagnols & les
Savoifiens réunis , en Juillet 1630.
La même armée défit peu de temps
après les Efpagnols au Pont de
ôrignan & délivra Cafal. Ces
fuccès amenèrent le traité de Quié-
rafque conclu en 163 1 , & mé-
nagé par Maiarln > depuis car--
dinal. Le duc de Ntvers.£ut con-
firmé , par ce traité , dans la pof-
(effion de fes états. Louis XIII
& Rkhclim , de retour à Paris ,
y trouvèrent beaucoup plus d'in-
trigues qu'il n'y en avoit en
Italie entre l'Empire, TËCpagne,
Rome & la France. Gafton d*Or^
Ilms frère unique du roi, & la
reine-mere , tous deux mécon--
tens & jaloux du cardinal , fe
retirèrent , l'un en Lorraine &
l'autre à Bruxelles. Se voyant
ians refTource dans ce pays ,
Gafion porta le malheur qui l'ac-
compagnoit , en Languedoc , dont
le duc di Montmorenci étoit gouver-
neur. Montmorenci , engagé dans (a
révolte, fut blefTé & Èiit prifon-
nier à la rencontre de CaSelnau-
dari le premier Septembre 1632.
Le moment de la prife de ce géné-
ral, fut celui du découragement de
Gafion & du triomphe de ICcheLlcu,
I4 cardinal lui fit ^e fon procès *,
le 30 Oâ:obre fuivant il eut la
tête tranchée à Toulovfe > iàns
L o u i6^
que le fouvenir de fes viâoires
pût le fauver. Gafion , toujours
fiigitif , avoit pafTé de Languedoc à
Bruxelles , £c de Bruxelles en Lor-
raine. Le duc Charles /K fut la
viâime de la complaifance pour
lui. Le roi réunit le duché de Bar
à la couronne: il s'empara de Lu*
néville & de Nancy en 1633 , &
Tannée fuivante de tout le duché.
Gafion ayant fait cette année ua
traité avec l'ETpagne, fîit invité à iè
réconcilier avec le roi & accepta la
paix qu'on lui offrit. Les Efpagnols^
toujours ennemis fecrets de là
France, parce que la France étoit
amie de la Hollande, fi^rprirent
Trêves le 26 Mars 163 j , égorgè-
rent la garnifon Françoife « £c arrê-
tèrent pnfonnier l'éleàeur, qui s*è*
toit mis fous la prote^on du mo-
narque François. La guerre fiit auifi-
tôt déclarée à l'Efpagne ; il y eut
une ligue of!«nilve & défenfive,
entre la France , la Savoie & le duc
de Parme; Victor^AnUdic en fut fait
capitaine - général.. Les événemens
de cette nouvelle guerre , qui dura
13 ans contre l'empereur , & 25
contre l'Efpagne , dirent mêlés d'a-
bord de bons & de mauvais fuccès.
On fe batdt en Alface , en Lorraine,
en Franche-Comté , & en Provence
où les Efpagnols avoient ^t une
defcente. Le duc de Rokan lés défit
fur les bords du Lac de Côme , le
j8 Avril 1536; mais ils prenoient
Corbie d'un autre côté. Cet échec
met Tef&oi dans Paris > on y levé
20,000 hommes , laquais pour la
plupart , ou apprentiCs. Le roi s'a-
Vance en Picardie , & donne au duc
d* Orléans la lieutenance- générale
de fon armée , forte de 5 0,000 hom-
mes. Les Efpagnols furent obligés
de repaffer la Somme, & les Im-
périau3Ç, qui avoient pénétré en
Bourgogne , fe virent repouffés juf-
qu'au Rhin par le cardinal de la.
Valette & le duc de IFeimar, qui
366 L O U
leur firent périr près de 8000 hom-
nes. L'année (ui vante, 1637, fut
encore plus £ivorable à la France.
Le comte d'Harcoun reprit les ifles
de Lérins , qu'occupoient les £fpa-
gnols depuis deux ans. Le maréchaf
de Schomberg les battit en Roui]îl-
lon ', le duc de Savoie & le maré-
chal de Ciéqui , en Italie ; tandis que
le cardinal de la VaUtu prenoit Lan-
drecie & la Chapelle , le maréchal
àt ChatlUon Yvoi & Damvilliers , &
que le duc de JFeîmar battoit les
Lorrains. Ce général fontint la
gloire des armes Françoifes en 16 3 8.
U gagna une bataille complète ,
dans laquelle il fit quatre généraux
de l'empereur prxfomiiers j entr'au-
tres le fameux Jam de JTert. Louis
XIU eut, Tannée fuivante 1639,
^ armées fur pied, l'une vers les
. Pays-Bas , une autre vers le Luxem-
bourg , la 3* fur les frontières de
Champagne, la 4* en Languedoc,
la 5^ en Italie , la 6^ en Piémont.
Celle de Luxembourg, commandée
par le marquis de FeuquUres qui affié-
geoit Thionville , fut défaite par
Piccolomînl. La fin de l'année 1640
fiit plus heureufe : la Catalogne fe
donna à la France en 1641. Cepen-
dant le Portugal s'étoit révolté con-
tre TEfpagne , & avoir donné le
fceptre au duc de Bragance, On né-
gocioit toujours en faifant la guerre *,
elle étoit au dedans & au dehors
de la France. Le comte deSotJfons^
inquiété par le cardinal de Richelieu^
figna un traité, avec TEfpagne , &
excita des rebelles dans le royaume,
U remporta, le 6 Juillet 1641 ,
une viâoire à la Marfée , près de
Sedan , qui auroit été fîmefle au
cardinal , fi le vainqueur n'y avoir
trouvé la mort. Le maréchal de la
Meilkraie & le maréchal de Bre^é
eurent quelques fuccès en Allema*
gne. La guerre y ftit continuée en
1642 avec défavantage *, mais on
fut heureux ailleurs* La MeUUrMC
LOU
fit la conquête du Rouffîllon. Taïf^
dis qu'on enlevoit cette province è
la maifon d'Autriche , ilfe formoit
une confpiration contre le cardinal :
[F(L»y. Cinq -Mars.] Pendant ces
intrigues fanglantes, RUkelUu & LouIm
Xllly tous deux attaqués d'une ma«
ladie mortelle , étoient près de def-
cendre au tombeau : ils moururent
l'un & l'autre, le minifh-e le 4 Décem-
bre 1642, & le roi le 4 Mai 1643 à
parâl jour que fon père Henri IF , à
42 ans , après un règne de 3 3. Le roi
mourant s'étoit vu prefque abandon-
né-de toute ÙL cour, qui toiumoittous
fes hommages vers la reine qui al-
loit devenir régente. Une profonde
mélancolie s'empara de lui. Il dit
à quelques perfonnes qui étoient
autour de ^on lit , & qui l'empê-
choient de jouir de la vue du So-
leil ; De grâce range^vous l Laljfe^'-
moi la liberté de voir encore une fois
le Soleil ^ & de jouir d'un bien que la
nature accorde à tous les hommes! En
jetant les yenx fur fes mains & fur
fes bras maigres & décharnés , il dit:
yoilÀ les bras d'un Roi de France !..
Ce prince , maître d'un beau royau-
me, mais né avec un caraâere ua
peu fauvage, ne goûta jamais les
plaifirs de la grandeur, s'il en eft»
ni ceux de rhimianité : toujours
fous le joug , & toujours voulant
le fecouer , malade , trille , fombre,
infupportable à lui-même & à fes
courtifans. Son goût pour la vie
retirée l'attachoit à 'des favoris,
dont il dépendoit , jufqu'à ce qu'on
lui en eût fubitimé d'autres :,car il
lui en falloir ; & le titre de favori
étoit alors , dit le préfident Henaut ,
comme une charge dans l'état. U
cardinal de Richelieu le domina tou-
jours, & il n'aima jamais ce minif-
tre , auquel il fe livroit fans réfen'c
Après la mon même du cardinalt
ceux qui avoient été enfermés par
fon ordre a la Baftille , follidtereflt
d'abord çn vaiti leur liberté. Po<^
L ou
te gagner , on le pnt par fon foible,
par fon penchant à l'extrême éco-
nomie. Pourquoi , SzRK^ lui dit-on,
employer les fonmts proâ^gîeufes que
vous coûtent Us Prifonnkrs de la Baf"
tille , lorfque vouspouve^ les épargner en
les renvoyant che^ eu* ? Ce fut i^ ce mo-
tif, dont le roi fiit plus frappé que
de tout autre , que Vitry , Èt^om"
pierre , CramaUy & quelques autres,
durent leur fortie de prifon. Louis
XIII fe conduifoit avec fes maî-
treffes , ( Foyei ii. Fayette &
HAuiEFORT ) comme avec fes
fevoris. Il en étoit jaloux ; il' leur
Êiifoit part de fà mélancolie, &
c'étoit où fes fenrimens fe bôr-
noient. Les vues de ce prince étoient
droites , fon efprit fage & éclairé •
fon cœur porté à la piété ; mais à
cette piété qui tient beaucoup de
la petiteiTe, & non pas à celle
. qui eft la vertu des grandes âmes.
Il n'imaginoit point, mais il ju-
geoit bien , & fon mînUlre ne
le gouvernoit qu'en le perfua-
dant. Le courage qu'il eut de fou-
tenir fon miniilre . contre tous les
ennemis ligués pour le perdre-, &
de le foutenir uniquement parce
qu'il le croyoît utile à l'Etat , fup-
pofe une force dé caraftere qu'on
ne lui foupçonnoit point. AuiH
▼aillant que Henri IV ^ mais d'une
valeur fans éclat , il n'eût pas été
bon pour conquérir un royaume.
La Providence, ( dit l'illuftrc au-
teur que nous avons déjà cité , )
le fit naître dans le moment qui
lui étoit propre : plutôt ,11 eût été
trop foible : plus tard , trop cir-
confped^. Fils & père de deux de
nos plus grands rois , il affermit
le trône encore ébranlé de Henri
ly, & prépara les merveilles du
règne àt Louis XIV. Sa Vie a été
écrite par le Vaffor^ le P. Griffa^
^upla , M. de JSury : celle-ci eft
en 4 vol. in-ii. Un Proteftant
Hublu , ça 1Ô43 f le préteada
L O U 3^7
CoéicUle et Lotus XIII , 2 petits
vol. in-i8. C'eft un recueil rempli
d'abfurdités , & fi rare, qu'il a été
vendu jufqu'à 90 liv. Voye^ le
Mercure dt France , ( Septembre 17 5 4^
pag. 78 & fuivantes ) & l'article
CAUMARTIir.
XIX. LOUIS XIV, à qui la gloire
de fon règne acquit le fumom de
Grand ^ naquit à Saint-Germain-en-
Laie le 5 Septembre 16 3 S àt Louis
XIII & à! Arme d'Autriche. Il fbt
furnommé Dieu-donné , parce
que les François le regardèrent
comme un préfent du Ciel , accordé
à leurs voeux , après 22 ans de
ftérilité de la reine. Comme une
foule de peuj^e fe prédpitoit dans
la chambre de cette princefîe au
moment de la naiffance , & que
les huiffiers repoufToient les plus
cmpreffés , Louis XIII leur cria:
Laijfei^ entrer ; cet enfant appartient à
tout le monde. Il fut baptifé le i%
Avril 1643 -, & après la cérémonie^
on le mena au roi fon père, qui
lui demanda : Quel nom U ovolt
reçu} — Je rnappelU Louis XIV ^
répondit le jeune prince. Cette ré-»
ponfe, feite fans doute au hafard,
ne laifia pas de chagriner Loms XIII
alors malade, qui dit -.Pas encore , pas
encore. Cependant il fut bientôt roi;
car il parvint à la. couronne le 14
Mai fuivant, fous la régence à'Annt
d* Autriche fa mère. Cette princefle
fut obligée de continuer la guerre
contrôle roi d'EfpagnePAZ^)?;»*/^,
fon frère. Le duc dEnguien, géné^
rai des armées Françoifes , gagna
la bataille de Rocroy , qui entrains
la prife de TJîionvillc & de Bcor*
lemont. Le marquis de Bre\é battit
peu de temps après la flone Efpa-
gnole à la vue de Carthagene , tan-
dis que le maréchal de U MoUû
remportoit plufieurs avantages en
Catalogne. Les Efpagnols reprir/nt
Lérida l'année d'après, 1644, &
ùasox lever le fiege de Tarragonei.
3^8 L O U
mais la fortune étoit (avorable aux
François , en Allemagne & en Flan-
dres. Le duc d'EnguUn fe rendit
maître de Philisbourg & de Mayen-
ce ; Rofe prit Oppenheim ; & le
maréchal de Turenne conquit for-
mes , Landau , Neufiadt & Man-
heim. L'année (uivante, 1645 > ^^
encore plus glorieufe à la France.
Le roi étendit fes conquêtes en
Flandres , en Artois « en Lorraine
& en Catalogne. Torftenfon ^ géné-
ral des Suédois , alliés de la France,
remporta une viûoire fur les Im-
périaux dans la Bohême. Turenne
prit Trêves , & y rétablit l'élec-
teur , devenu libre par la média-
tion du roi. Le duc d'Enguun^
( que nous nommerons le Prince
de Condé , ) gagna la bataille de
Nortlingue, prit Fumes & Dunker-
que l'année d'après, & remporta
ime viâoire complète fur l'archi-
duc dans les plaines, de Lens en
1648 , après avoir réduit Ypres.
Le duc d'Orléans s'étoit diftingué
par la prife de Courtray , de Ber-
gues & de Mardick ; la flotte £f-
pagnole avoir été battue, fur les
côtes d'Italie par une flotte Fran-
çoife de 20 vaifTeaux & 20
galères, qui compofoient prefque
toute la marine de France ; Gu^-
hriant avoit pris Rotveil ; le comte
de Harcourt , Balaguier. Ces fuccès
ne contribuèrent pas peu à la paix
conclue à Munfler en 1648 , entre
le roi , l'empereur Ferdinand III,
ChrlJHne reine de Sude , & les
états de l'empire. Par ce traité ,
Metz, Toul, Verdun & l'AIface
demeivercm au roi en toute fou-
veraineté. L'empereur & l'Empire
lui cédèrent tous leurs droits fur
cette province, fur Brifach, iur
Pignerol & fur quelques autres
places. Dans le temps que cette
paix avantageufe faifoit refpedber
la puiffance de Louis XIK^ ce roi
£q voyoit réduit par les Frotidet^s ,
LO u
(parti formé contre le cardinal
Maiarin , fon miniftre , à quitter la
capitale. Il alloit,avec ùl mère»
fon frère & le cardinal , de pro-
vince en province, pourfuivi par
fes fujets. Les Pariflens excités par
le duc de Bemfort , par le coad-
juteur de Paris, & fur-tout par le
prince ie Condé ^ levèrent des trou-
pes , & il en coûta du iàng avant
que la paix fè fît. Les ducs à
Bouillon ai delà Rochefoueauù , pa^
tiùns des Frondeurs, firent foulever
la Guienne , qui ne put fe cabner
que par la préfence du roi & de la
reine-régente. Les Efpag^ols , pro-
fltam de ces troubles, éufoiem di-
verfes conquêtes par eux-mêmes
ou par leurs alliés, en Champagne,
en Lorraine, en Catalogne & en
Italie; mais le maréchal duPleffis"
Prajlin les battit à Rethel ,. & après
avoir gagné une bataille contre
le maréchal de Turmne , ligué avec
le duc de Bouillon fon frère, il
recouvra Château-Porcien , & les
autres villes fltuées entre la Meufe
& la Loire. Le roi , devenu ma-
jeur, tint fon lit - de - juftice en
165 1, pour déclarer fa majorité.
L'éloignement du cardinal Mt^^rûi ,
retiré à Cologne, fembloit avoir
rendu la tranquillité à la France»
fon retour en 1652 ralluma la
guerre civile Le parlement de Paris
avoit donné en vain pluiieun arrêts
contre lui i ils flirent cafles par un
arrêt du confeil d'etau Le prince
de Condé , irrité de ce que le car-
dind l'avoit feit mettre enprifon
au commencement de cette guerre
domeftique , dont nous détaillerons
l'origine & les faits principaux dans
l'article Mazarin , ( Voyc^ ce mot)
fe tourna du côté des rebelles , & fiit
nommé généraliflime /des armées»
Il défît le maréchal d*Hocqidncourt
à Bléneau -, mais ayant été attaque
par l'armée royale dans le £âu-
bourg Saint- Antoine 4 il auroit été
fait
L O U
fait prxfonnier , fi les Parifiens ne
lui avoient ouvert leurs portes , &
n'avoient fait tirer fur les troupes
du roi le canon de la BalHlle. On
négocia bientôt de part & d'autre
pour appaifer les troubles. La coiir
fe vit onligée de renvoyer Maiarin
qui en étoit le prétexte. Cependant
les Efpagnols profitoient de nos
querelles pour faire des conquêtes.
L'archiduc Léopold prenoit Grave-
lines & Dunkerque ; Don Juan
d'Autriche , Barcelonne -, le duc de
Mmtoue , Cafal : mais à peine la
\ ttaiiquillité fut rendue à la France ,
qu'ils reperdirent ce qu'ils avoient
conquis. Les généraux François re-
I prirent Rethel, Sainte-Menehoud ,
I Bar y Ligny ; le maréchal de Grancey
i gagna une bataille en Italie contre
le marquis de Caracene -, on eut des
i fuccès en Catalogne*, le vicomte
I de Turcane battit l'armée Efpagnole
I en 1654, réduiiît le Quefhoy , &
' fit lever le liège d'Arras. Cet ex-
ploit important rafTura & la France
& le cardinal Maiarin , retourné
de nouveau en France , & dont la
fortune (dit le préfident Henault)
dépendoit prefque de l'événement
de cette journée. Le roi ne s'y
trouva point, & auroit pu y être.
Ce fut dans cette guerre qu'il fit
fa première campagne; il étoit allé
.à la tranchée au fiege de Stenay;
mais le cardinal ne voulut pas qu'il
expofàt davantage fa perfonne,
de laquelle dépendoit le repos de
l'état & la puiffance du miniilre.
Le maréchal de Turenne foutint fa
.réputation les années fuivantes ,
& fe fignala fur -tout en 1658-,
il prit Saint- Venant, Bourbourg,
Mardick , Dunkerque , Fumes,
Dbcmude , Ypres , Mortagne. Le
prince de Condi & Don Jum^
^nt» ramailé toutes leurs for-
ces, tentèrent en vain de fecourir
Dunkerque-, il les défit entière-
ment à Id journée des Dunes. La
L O U 369
France , puifTante au dehoK^pw
la gloire de fes armes, & folli-
citée délire la paix, la donna
a l'Efpagne en 1659. Elle fiit
conclue le 7 Septembre dans l'ifle
des Faifans par Maymn & Don
houls dz Hai-o , plénipotentiaires
des deUx puiflaifces , après 24
conférences : c'efl ce qu'on nom-
me U Paix des Pyrmées. Les prin-
cipaux articles de ce traité fiirent
le mariage du roi avec l'infante
Marîe-Thérefe ; la reftitution de
plufieurs places pour la France,
& celles de Juliers pour l'élec-
teur Palatin j & le rétabliflement
du prince de Condé. Le mariage
. du roi , fait à Saint- Jean-de-Luz
avec beaucoup de magnificence
couronna cette paix. Les deux
époux revinrent triomphans à
Paris , & leur entrée dans cette
capitale eut un éclat dont on fe
fouvint long-temps. Le cardinal
Maiarin mourut l'année fuivantc »
1661. I« roi , qui par re-
connoifiance n'avoit ofé gouver-
ner de fon vivant, prit en main
les rênes de fon empire, & les
tint avec une fermeté qui furprit
dans un ;eune monarque , qui
n'avoit montré juftm'alors que du
goût pour les plaifirs. Il vérifia
ce que Maiarin avoit dit de ce
.prince, en confidence, au maré-
chal de Gramont : Il y a de /V-
toffe en lui pour faire quatre rois &
un honnête homme. Tout prit une
face nouvelle. Au premier con-
feil qui fe tint après la mort
du nuniftre, il déclara qu'il vou-
loit tout voir par lui-même. La
fice du théâtre changée , ajouta-t-il
j'aurai d'autres principes^ dans U
gouvernement de mon état , dans
U régie de mes finances , & dans les
négociations, au dehors , que ceux de
M. le. Cardinal, Vous favei mes
volontés i c^efi à vous maintenant
Mejfteurs , de Us exécuter, U fi»à
A a
}70
1 j-^-
L O U
a diacun de fcs minifhes les bor-
nes de fon pouvoir , fe feifant
rendre compte de tout à des hcmes
réglées , leur donnant la confiance
quil falloit pour accréditer leur
miniitere , & veillant fur eux
pour les empêcher d'en trop abu-
ftr. Une chambre fut établie pour
mettre de l'ordre dans les finan-
ces , dérangées par un long bri-
gandage. Le furintendant Fouque*^
condamné par des coramiilaires
au bannifTement , eut pour fuc-
ceflcur le grand Colben^ miniflre
qui répara tout , . & qui créa le
commerce & les arts. Des Colo-
nies Françoifes partirent pour s'é-
ta]>lir à Madagafcar & à la Caycn-
ne ; les académies des fcicnces ,
ée peinture & de fculpture fiirent
établies*, des manufaéhires de gla-
ces , de points de France » de toi-
les » de laines , de tapifTeries , furent
érigées dans tout le royaume.
On projetoit dès-lors de rétablir
la marine , de former une aca-
démie d'architefhire -, * d'envoyer
dans les difterens endroits de l'Euro-
pe, d'Afrique & d'Amérique, des
iàvans & des mathématiciens cher-
cher des vérités. Le canal de
Languedoc pour la jonéHon des
/deux mers fut commencé ; la dif-
cipline rétablie dans les troupes ,
l'ordre dans la police & dans ' la
judice; tous les arts furent en-
couragés au-dedans & même au-
dehors du royaume ; 60 favans
de l'Europe reçurent de Lotds
XIV des récompenfes , & furent
étonnés d'en être connus. Quoi-
fut U roi ne foît pas votre fouvt"
'raîriy leur écrivoit Colbert» U
veut être votre bienfaittuf\ U vous
tnvoîe cette letire--dc'Change comme
un gagt de fon efiime. Un Floren-
tin , un Danois recevoient de ces
lettres datées de Verfaille^. Plu-
fieurs étrax^ers habiles furent ap-
p«lés en France, & récompenfes
L O U
d'une manière digne d'eux & èi
rémunérateur. Lutûs XIV faifoit
à 11 ans ce que Henri IV avoit
Érit à jo. Ne avec le talent de
régner , il favoit fe faire refpec-
ter par Ita puiiTances étrangères ,
autant qu'aimer & craindre par
fes fujets. Il exigea une répara-
tion authentique en 1662 , de
l'infulte faite au comte d*£ff.ades^
fon ambafladeur à Londres , par
le baron de BaacvîUe , ambafia-
deur d'Efpagne , qui prétendoit le
pas fur lui. La iâtisfaâion que lui fit ,
deux ans après , le pape A'exanin
Vil , de l'attentat des Cotfcs fyr
le duc de Ctéqul^ ambafîadeur à
Rome, ne fut pas moins éclatan-
te. Le cardinal Chi^ , légat &
neveu du pontife , vint en Fran-
ce pour faire au roi des excufes
publiques. Quoique la paix régnât
dans tous les états Chrétiens , fes
armées ne demeurèrent pas oiii-
ves -, il envoya contre les Mau-
res une petite armée , qui prit Gi*
geri , & fecourut les Allemands
contre les Turcs. Ce fut princi-
palement à ces troi^es , conduites
par les comtes de CoCgny & de
la Fetdlladc , qu'on dut la viétoi-
re de Saint - Gothard , en 1664.
Ses armées triomphoient fur mer
comme fur terre. Le duc de Beau'
fort prit & coula à fond un grand
nombre de vaiffeaux Algériens,
6c périt dans cette belle acHon.
Les Anglois & les Hollandois
étoient alors en difpute pour le
commerce des Indes Occidenta-
les. Le roi , allié avec ces derniers,
les fecourut contre les premiers.
U y eut quelques batailles nava-
les *, les Anglois perdirent Tiile
de Saint -Chriftophe; mais ils y
rentrèrent par la paix conclue à
Breda le 26 Janvier 1667. Phi'
âppe IV ^ père de la reine, éioit
mort le 17 Septembre 1665 ; fe
roi croyoit avoir des prétontiom
L ou
far fott héritage, & fur-tout fut
les Pays-bas. Il marcha en Flan-
A'es pour les faire valoir , comp-
tant encore plus, fur fes forces
^e fur fes raifons. Jl étoit à la tête
de 35,000 hommes ; Tunsnne étoit,
fous lui , le général de cette armée.
Louvois, nouveau miniftre de la
guerre , $c digne émule de Colbert ,
avoit fait des préparatifs immen-
fes poiu" la campagne. Des ma-
gafins de toute efpece étoient dif-
ttibués fur la frontière. Louis cou-
roit à des conquêtes alTurées. Il
entra dans Charleroi comme dans
P^ris. Ath, Tournai furent prifes
en deux jours -, Fumes , Armen»
dcres , Courtray , Douay , ne tin-
rentras davantage. Lille , la plus
floriflante ville de ce pays , la
feule bien fortifiée , capitula après
9 jours de fiege. La conquête de
la Franche-Comté , faite l'année
fuivante i663 , fiit encore plus
rapide. Loms XIV entra dans
Dole au bout de 4 jours de liè-
ge, Il jours après fon départ
de Saint-Germain. Enfin , dans
trois femaines, toute la provin-
ce lui fut foiunife. Cette rapi-
dité de conquêtes , qui tenoit du
ptodige , fit naître ce diftique ,
digne du héros qui en étoit
l'objet.
Vna âUs Lotharos ^ Burgun4os heb"
domas una ^
Vna domat Batavot luna : (pùÂ an-'
' nus erlt? (♦)
Tant de fortune réveilla l'Eu-
rope aflbupie : im traité entre la
Hollande, l'Angleterre & la Sué-
de , pour tenir la balance de
l'Europe , & réprimer l'ambition
du jeime roi, fut propofé &
conclu en cinq jours -, mais il
n'eut aucun eïet. La paix fe fit
avec l'Efpagne à Aix-la-Chapelle,
le 1 Mai de la même année. Le
roi fe priva de la Franchc-Copité
L O U 37ir
par ce traité , & garda les villes con*
quifes dans les Pays-Bas. Pendant
cette^paix , L^uls continua , comme
il avoit commencé , à régler , à
fortifier, à embellir fon royaume.
Les ports de mer , auparavant dé«
ferts , furent entourée d'ouvrages
pour leur ornement & leur dé-*
fenfe, couverts de navires^ dc.ma'>
telots , & contenoiem déjàfoixante
grands vaiffeaux de guerre. L'hô-
tel des Invalides , où des foldats
bleffés & vainqueurs trouvent le$.
fecours ipirimels & temporels ^
s'élevoit en 1671 avec une magni-*
ficence vraiment royale. L'Ob*
fervatoire étoit commencé depuis
1665. On traçoit une méridienne
d'un bout du royaume à l'autre.
L'académie de Saîat^Luc étoit fondée
à Rome poiir former nos jeunes
peintres* Les éditions des bons
auteurs Grecs & Latins s'impri*
moient au Louvre à l'ufage du
Dauphin , confié aux plus éloquens
& aux plus favans hommes dé
l!£urope. Rien n'étoit négligé. On.
bâtifibit des citadelles dans tous
les coins de la France , Sr on for-
moit un corps de troupes com-
pofé de 400,000 foldats. Ces trou-
pes furent bientôt nécefiaires. Louis
XIV réfolut dp conquérir les
Pays-Bas , & commença par la
Hollande en 1672. Au mois de
Mai il pafiTa la Meufe avec fon
armée , commandée fous lui par
le prince àù Condi & par le ma-
réchal d& Turmne. Les places d'Or*
foy , Burick , Vefel , Rhinberg »
Emmerick, GroU, furent réduites
en fix jours. Toute la Hollande
s'attendoit à pâfier fous le joug «
dès que le roi fer oit au-delà dtt
Rhin -, il y fiit bientôt. Ses troupe$
traverferent ce fleuve en préfence
des ennemis. La reddition de plus
de 40 places fortes fut le fruit de
ce pafiàge. Les provinces de Guel-
dres^ 4'Utrçciit & d'Ovetiflel H
371 L O U
rendent Les Etats , afTemblés â la
Haye , (e fauvent à Amfterdam
avec leurs biens & leurs papiers.
Dans cette extrémité , ils font per-
cer les digues qui retenoient les
eaux de la mer : Amilerdam fut
comme une vafte fortereiTe au mi-
lieu des flots , entourée de vaif-
feaux de guerre , qui eurent affez
d'eau pour fe ranger autour de la
ville. Il n'y avoit plus de conquê-
tes à faire dans un pays inondé.
Lotus quitte Ton armée , laifTant
Turenne & Luxembourg achever la
guerre. L'Europe , eÔrayée de fes
fuccès , étoit dès-lors conjurée con-
tre lui. L'empereur , TEfpagne ,
l'éleâeur de Brandebourg , réunis ,
étoient de nouveaux ennemis à
combattre. Louis XIV , afin de re-
gagner la ûipériorité d'un autre
côté , s'empara de la Franche-Comté.
Turenne entra dans le Palatinat : ex-
pédition glorieufe , fi Tes troupes
n'y avoient commis des excès hor-
ribles. Le comte de Schomherg bar-
rit les Efpagnols dans le Rouffil-
lon. Le prince di Conâé défit le^
prince d'Orange à Senef. Turenne ,
qui avoit pafie le Rhin à Philips-
bourg , remporta plufîeurs vic-
toires fur le vieux Caprara , fiir
Charles VI duc de Lorraine, fur
BoutnonvUle. Ce héros fâchant tour-
à-cour reculer comme Fabius , &
avancer comme Annlhal , vainquit
l'éleôeur de Brandebourg à Turkeim
en 1675 , tandis que les autres gé^
néraux de Louis XIV foutenoient
la gloire de fes annes. Tant de
profpérités furent troublées par la
mort de Turenne, Ce général , la
torreur des ennemis & la gloire des
armes Françoifes , fut tué le 27
Juillet d'un coup de canon au
milieu de fes viàoires , dans le
temps qu'il fe préparoit à battre
Montécucuâ, Le prince de Condé fit
ce que Turenne auroit fait -, il força
le général Allemand à repafier le
Rhin. Le maréchal de Créquî euc
moins de bonheur , quoiqu'il eùr
autant de courage-, il fut mis es
déroute au combat de Confarbrick ,
& fiit feit prifonnier dans Trêves.
La formne fut entièrement pour
les François en 1676. Le duc àe
Vtvonne , fécondé par du Quefne ,
lieutenant-général de l'amiée na-
vale de France , gagna deux ba-
tailles contre Rityter amiral de Hol-
lande:, qui périt dans la dernière, '
( le 1 Avril 1676 ) & qui fut re-
gretté par Louis XIV comme un
grand homme. Ce monarque étoit
alors en Flandres , où Condé»,
Bouchain , Aire & le Fort de lindc
reçurent fes lois. La campagne de
1677 s'ouvrit par la prife de Va-
lenciennes & de Cambrai : la pre-
mière fut emportée d'aflaut , &
l'autre par compofitton. PhÙlppe
duc d*OrUans , frère unique du toi ,
gagna contre le piince éHOronp. la
bataille de Caffel, lieu célèbre par
la viâoire qu'un autre PhtUppe ,
-j-oi de France , y avoit remportée
350 ans auparavant. Le maréchal
de Créqul battit le prince Charles de
Lorraine auprès de Strasbourg , l'o-
bligea de repaffer le Rhin , &
l'ayant repafle lui-même , aflîégea
& prit Fribourg. Nos fuccès n'é-
toient pas moindres en Flandres
& en Allemagne. Lé roi forma
lui-même, en 1 67S, le fiege de Gand
& celui d'Ypres , & fe rendit maî-
tre de ces deux places. L'aimée
d'Allemagne , fous les ordres de
Créquly mit les ennemis en déroute
à la tête du pont de Reinsfeld ,'
& brûla celui de Strasbourg , après
en avoir occupé tous Içs forts en
préfence de l'armée ennemie. Cette
glorieufe campagne -finit par la'
paix que donna Louis. 'XIV à l'Eu-'
rope , & qui ' fut fignée par
toutes les ' puifi!ances' en 1678. Il
y euf trois traités ; fùn entre la
France & la Hollande i le 2* avec
L OV
lïfpagnc -, le 3® avec l*Empereiir
& avec l'Empire , à la réferve de
l'éleâeur de Brandebourg. Par ces
traités la France refta en poffef-
iîon delà Franche-Comté, qui lui
fut annexée pour toujours , d'une
parrie de la Flandre Efpagnole ,
& de la forterefle de Fribourg. Ce
qu'il y eut de remarquable dans
.ce traité , figné avec les HoUan-
dois , c'eft qu'après avoir été l'u-
' nique objet df la guerre de lôyi,
ils furent les feuls à qui tout fut
rendu. On venoit de figner cette
paix à Nimegue, ( le 10 Août 1678 )
lorfqiie le prince d'Orange tenta
vainement de la rompre , en livrant
ie fanglant & inutile combat de
t Saint-Denys, où le duc de Luxembourg
triompha malgré la rufe & la mau-
vaife foi de fon adverfaire. Les
Anglois y perdirent 1000 hommes
de leurs meilleures troupes , & les
HoUandois firent une perte encore
plus coniidérablè. Louis XIV ayant
diûé des lois à l'Europe , viâo-
rieux depuis qu'il régnoit , n'ayant
affiégé aucune place qu'il n'eût
prife , à la fois conquérant & po^
lititjue , mérita le fumora de
Gkasd , que l'hôtel-de-ville de
Paris lui déféra en 1680, Ce mo-
narque ât de la paix un temps de
conquête : l'or , l'intrigue & la
terreur lui ouvrirent les portes de
Strasbourg & de Caial ^ le duc de
Mantoue , à qui appartenoit cette
dernière ville , y laHa mettre gar-
iiifon Françoife. Louis XIV ^ craint
par-tout , ne fongea qu'à fe faire
craindre davantage. Le pape Inno-
cent XI ne s'étant pas montré fa-
vorable au defTein qu'avoit le roi
d'étendre le droit de régale fur
tous les diocefes dé Ta domination » .
ce prince fit donner , en 1682, une
déclaration par le Clergé de France ,
renferniée en iv propofitions , qui
font le réfultat de tout ce qu'on
avoit dit de mieux fur lapuifTance
LOU 37J
ecdéiiaihque. La première eft , que
le pape n'a aucune autorité fur U
temporel des Rois : la ii^ « que le
Concile efi au-dejfas du Pape : la 1 1 1 ^ »
que Vufagc d/e la Pmffance Apoflolî-
que doit être réglé par Us Canons : &
la 1 v' , qu'i/ appartient principalement
au Pape de décider en maticre de Foi; mais
queyèj déc'i fions ne font irréformabUs
qu'après que l'ÈgUfe les a reçuts,,,»
Louis y en veillant fur l'Eglife , ne
négligeoit pas les autres panies de
fon empire. Il établit une cham-
bre contre les empoifonneurs , qui
en ce temps-là infeéloient la France.
Une chaire de droit françois fut
fondée , tandis que d'habiles gens
travailloient à la réforme des lois.
Le canal de Languedoc étoit na-
vigable depuis 1681. Le port de
Toulon fur la Méditerranée fut
conftruit à frais immenfes, pour
contenir 100 vaiffeaux de ligne,
avec un arfenal & des magafins
magnifiques. Sur l'Océan , le port
de Breft fe formoit avec la même
grandeur. Dunkerque, le Havre-
de-Grace fe rempliffoient de vaif-
feaux. La nature étoit forcée à
Rochefort. Des compagnies de ca-
dets dans les places, de gardes-
marines dans les ports , fiirent
inftia^ées , & compofées de jeunes
gens qui apprenoient tous les
arts convenables à leur profeffion
fous des maîtres payés du trcfor
public. 60,000 matelots étoient re-
tenus dans le devoir par des lois
auffi féveres que celles de la dif-
cipline militaire. Enfin on comp-
toit plus de 100 gros vaiflcau»
de guerre , dont plufieurs portoient
cent canons. Us ne reftoient pas
oififs dans nos ports. Les efcadres^
fous le commandement de du Qucfn*^
nettoyoient les mers infeftées par
les corfaires de Barbarie. Alger fut
bombardé en 1684, & les Algériens
obligés de faire toutes les foumif-
fions qu'on exigea d'eux. Us rcn-
A a iij
374 L O U
éirenc tous les délaves Chréâcn*,
êc doimerent encore de l'argent.
L'ctac de Gènes ne s'humilia pas
moins dev?jit L^uis XH^ que celui
d'A ger. Gènes avoit vendu de la
poudre aux Algériens & des galè-
res aux Efpagnols ; elle fut bom-
bardée la même année, & n'obtint
fa tranquillité que par une fatistac-
*tion proportionnée à loftenfe. Le
4ogc , accompagné de 4 Tenateurs ,
vint à Verfiiilles feirc tout ce que
le roi voulut exiger de ù patrie.
La loi de Gênes eft , que ie Doge
f f.rdt fa dignité & fun turc dès qu'il
4fi foTil et laV îiU ; n.ais Loms vou-
lut qu'il les conièrvàL Le monar-
que ayant demandé à ce magiflrat
ce qui le frappoit le plus à Ver-
fail'es ? — C\jit àt m'y volr^ StRE^
répondit-il. Des ambafiade'^rs qui
fe difoient envo^ es du roi de Siam
£ Voyei IV. Constance, ] pour ad-
iPtrer fa puifiànce , avoient âutté ,
l'année d'auparavant, le goût que
le monarque Francis avoit pour
les chofes d'éclat. Tout fembloit
alors garantir une paix durable;
Jjoiàs XI V y comptoit fi bien , qu'il
£gnala fa puiflence par un coup
d'autorité qui donna plu/ieurs fujets
à l'Eghfe, mais qui malheureiifement
en etileva beaucoup plus à l'état.
L*édit de Nantes , donné par Henri
IV en faveur des Calvimiies , fut
révoqué ea x 68 5 . Cette révocation ,
qui pouvoit avoir des elFers heureux,
en eut de fort trilles , par les violen-
ces dont on ufa pour ramener les
-feéhires. Les troupes fiirent ém-
. ploytes à feire des converfiocs ,
que la parole divine , le bon exem-
ple des Catholiques & la douceîir
compatifTante des miniflres d'un
I>ieu de paix , auroient bien mieux
opérées. Près de 50,000 familles,
en trois ans de temps, fortirent
du royaume , & portèrent chez les
étrangers les arts , les manufaâures
& les tréfors de la France. Une
L O U
Ugue contre Icitt> XJVteîomffA
fecrétement en Europe entre le eue
de Savoie, Téleûeur de Bavière,
l'éleâcur de Brandebourg ( depuis
roi de Prufie ) & plufieurs autres
princes, excités par le prince d'Oran"
gc , l'ennemi le plus implacable de
JU,tùs XIV, L'empereur , le roi d'Ef-
p^ne , en un mot tous les coniîé-
dércs de la dernière guerre, s'uni-
rent à eux. Cette Ligue , connue
fous le nom de Ligu*^ éTAnsbcurg,
éclata en 1687. Pour la rendre en-
core plus formidable, on forma
le projet de chaffer Jacques II dn
trône de la Grande-Bretagne, &
d'y placer le prince Guillaume d'O'
r^nge. Ce deffein fut exécuté. Le
dauphin , fils unique du roi , ou-
vrit la campagne par la prife de
Philipsbourg , le 19 Oûobre 1688 -,
fon armée viftorieufe fut conduite
dans le Bas-Palatinat. Depuis Baie
jufqu'â Cobicntz , tout fut fournis
le long du Rhin : mais les confé-
dérés ayant réuni leurs forces, les
François abandonneieiit à leur ap-
proche toutes les places qu'il avoient
prifes depuis le fiegedePhilipsbourg^-
L'année fuivante 1690 fut plus heu-
reufe. Le maréchal de Luxembourg
gagna le i^ Juillet une bataille con-
tre le prince de JTaldeck^ à Fleunis.
La flotte du roi , commandée par
le comte de TounilU^ défit dans
la Manche les flottes d'Angleterre
& de Hollande. Catlnat fe rendit
maître du F as de Sufe, prit Nice,
Villeûdnche , & remporta la vic-
toire de Staforde contre lés troupes
du duc de Savoie, Le prince d'Oraage
hit obligé de levei le fiege de Limc-
rick en Irlande. Mons dans les Pays-
Bas», Valence en Catalogne , Carma-
gnole & Montmélian en Savoie,
nirent les conquêtes de la campa^
(iiivante. Ces fuccès furent contre-
balancés par la perte de la batûlle
navale de la Hogue, en 1691. Le
combat dutïi depuis le matin juf»
L O U
iqu*à la nuit, avec des efforts figna-
lés de valeur de la part de nos
troupes, 50 de nos vaiffeaux com-
battirent contre S4. La fupérîorité
du nombre l'emporta. Les François,
obligés de faire retraite, furent dif-
perfés i^ar le vent fur les côtes de
Bretagne & de Normandie j &« ce
qu'il y eut de plus malheureux,
f l'amiral Anglois leur brûla 13
Vaiffeaux. Cette défaite fur la mer,
Une des premières époques du dépC'
riffement de la marine de France ,
fut affoiblie par les avantages qu'on
remporta fur terre. Le roi a(ïîégea
Namur en perfonne, prit la ville
en 8 jours (le j Juin 1692) &
les châteaux en 2Z* Luxembourg em-
pêcha le roi Guillaume de paffer
la Mehaine à la tête de 80,000
hommes , & de venir faire lever le
iî^e. Ce général gagna, peu de
temps après , deux batailles -, celle de
Steinkerque en 1 69 2, & celle de Ner-
' winde en 1 69 3 . Peu de journées fu-
rent plus meurtrières & plus glorieu-
fcs.L'année i694,reraarquablepai-la
difette qu'on fouffrit en France , ne
le fiu par aucun fuccès éclatant. La
campagne de 1695 fe réduiiit à la
prife de Cafal , dont les fortifications
turent rafées entièrement. Cornme
les recrues fe faifoient difficilement
en 1695 , des foldats répandus dans
Paris enlevoient les gens propres à
porter les armes , les enfermoient
dans des maifons , & les vendoient
aux officiers. Ces ' maifons s'ap-
peloient des fours : il y en avoit
30 dans la capitale. Le roi., inf-
truit de cet attentat conore la liberté
publique , que le magiflrat n'avoit
ofé réprimer de crainte de lui déplai-
re, fît arrêter les enrôleurs^ ordonna
qu'ils fufTent jugés dans toute la rir
gueur des loi$,rendit la liberté à ceux
qui l'avoient perdue par fraude ou
par violence, & dit q\i'llvouloltêtre
fvvlpar dis foldats , 6» non par des
ifclaves. On s'attcndoit à dé grands
L o u 37Ç
événemens du côté de l'Italie en
1696. Le maréchal de Caùnat ^
qui avoit remporté l'important*
viftoire de la Marfaille,en 1693,
fur le duc de SayoU^ étoit campé
à deux lieues de Turin. Ce prince »
las de la guerre , conclut un ac»
conunodement avec la France , le
18 Septembre 1696. Par ce traité
Louis XIF lui rendit tout ce qu'il
avoit pris pendant la guerre > lui
paya 4 millions , eut la vallée de
Barcelonnette en échange de Pigne-
rol , & maria le duc de^Bourgogne
avec la fille aînée du duc. Cette
paix particulière fiit fuivie de la
paix générale > fîgnée à R} fWick le
10 Oàobre 1697. Les eaux du^^hin
furent prifes pour bornes de l'Alle-
magne & de la France. Louis Xlf^
garda ce qu'il polTédoit én-deçà de
ce fleuve , & rendit ce qu'il àvoit
conquis en - delà. Il reconnut le
prince d! Orange pour roi d'Angle-
terre. Les Efpagnols recouvrèrent
ce que l'on avoit pris fur eux de-
puis le traité de Nimegue , qui
fervit prefque par-tout de fonde-
ment à celui de Ryfwick, Cette
paix fiit précipitée ,. par le feul
motif de foulager les peuples , ac-
cablés par les impôts & par la mi-
fere. Il y a dix ans , dit alors Louis
XIV" , qut je me trouve obligé de char-
ger mes peuples; mats à l'avenir je vais
me faire un plaîfir extrême de lesfoit^
lager. {Voy, Ballin. ) L'Europe
fe promettoit en vain le repos après?
une guerre fi longue & fi cruelle,
après tant de fang répandu , après
les malheurs de tant d'états. Depuis
long-temps les puifTances foupi-
iroient dans Tattente de la fuccef-
fion d'Efpagne v Charles II , mort
fans enfans en 1700, laiffa ùl Cou-
ronne à Philippe de France , duc
d'Anjou. Ce prince prit polTefîîoa
de cet important héritage fous le
npm de Philippe F. Lorfqu'il fut
déclaré roi à la cour de Verfailles,
Aa iv
pS L O U
louis XIV lui dit : Mon fils , vovs
àeye^ être bon EfpAgnoli maïs n'ou"
hUe\ jamais qut vous eus né François,
Les potentats de TEurope , alar-
més de voir la monarchie Efpa^
gnole foumife à la France, s'uni-
rent prefque tous contre elle. Les
alliés n'eurent d'abord pour objet
que de démembrer ce qu'ils pour-
roient de cette riche fucceflion % &
ce ne fut qu'après pluûeurs avan-
tages y qu'ils prétendirent ôter le
trône d'Efpagne à PhlUppe, La guerre
commença par l'Italie. L'empereur,
voulant procurer ce trône à l'ar-
chiduc Charles^ y envoya le prince
Etigme avec une armée confîdérable.
Il fe rendit maître de tout le pays
d'entre TAdîge & l'Adda , & man-
qua de prendre Gémone en 1702:
£ Voye^ fon article. ] Les premières
années de cette guerre furent mê-
lées de fuccès & de revers *, mais
l'année 1704 vit changer la face
de l'Eurppe. L'ETpagne fut prefque
conquifé par le Portugal , qui ve-
noit d'entrer dans la grande al-
liance, & dont les troupes étoient
fortifiées de celles d'Angleterre &
de Hollande. L'Allemagne fut en
un moment délivrée des François.
Les alliés , commandés par le
prince Eugène , par Marleborou^ ,
par le prince de Bade , taillèrent en
pièces le 1 3 Août à Hochftet l'ar-
mée Françoife commandée par
Tallard & Marchîn, Cette bataille,
dans laquelle 27 bataillons & qua-
tre régimens de dragons furent
feits pnfonniers , 12000 hommes
tués , 30 pièces de canon prifes ,
nous ôta cent lieues de pays , Se
du Danube nous jeta fur le Rhin,
L'année 1705 , plus glorieufe pour
la France, fut funefteà l'Efpagne.
Nice & Ville-Franche furent pri-
fes ; la vi£fcoire de Caflano ( lô
Août) fut difputée au prince Eugène
par le duc de Vendôme avec avan-
tage i la Champagne garantie d'in-
L O Ù
vafîon par VilUrs, Maïs Tejfé Ivft
le fiege de Gibraltar *, les Portugal
fe rendirent maîtres de quelques
places importantes ; Barcelone fe
rendit à l'archiduc d'Autriche, le
concurrent de Philippe V dans la
fuccenion ; Gironde fe déclara pour
lui : la bataille de Ramillies fut
perdue par VUUroi , malheureux
en Flandres, après l'avoir été en
Italie -, Anvers , Gand , Ofiende & '
plufieurs autres villes , furent en-
levées à la France. L'année 1706
fut encore plus malheureufè que la
précédente. Le maréchal de ViHeroy
fut vaincu, le 23 Mai, à la bataille
de Ramillies près de Namur. Al-
cantara en Efpagne tomba entre les
mains des ennemis , qui , profitant
de cet avantage , s'avancèrent juf-
qu'à Madrid & s'en rendirent les
maîtres. On tenta vainement de
prendre Turin ; le duc d*OrUans
fiit défiait par le prince Eugène de-
vant cette ville , délivrée par cette
bataille. Le mauvais fuccès de ce
fiege fit perdre le Milanez , le
Modénois , & prefque tout ce que
l'Efpagne avoit en Italie. Les
François n'étoient pas pourtant dé-
couragés : ils mirent à contribu-
tion , en 1707 , tout le pays qui e&
entre le Mein & le Nékre , après
que le maréchal de FUlars eut
forcé les lignes de StollH>fïen. Le
maréchal de Berwlck remporta à
Almanza , le 25 Avril de la même
année, une viàoire fignalée, fui-
vie de la réduéHon des royaumes
de Valence & d'Aragon. Le che-
valier de fofhîn & du Guay-Troui»
fe difHnguerent fur mer , batdrent
les flottes ennemies en diverfes
rencontres , & firent des prifes
confidérables. La fortune ne fevo-
rifa pas les François en 1708, nî
en Allemagne, ni en Italie. La
ville de Lille fut reprife par les
alliés, qui avoient gagné peu de
temps auparavant la bataille d'Ou;
L O U
denarde. Les Impériaux , qiû s*^
toient rendus maîtres du royaume
de Naples l'année précédente ,
s'emparèrent du duché de Man-
toue , pendant que lés Anglois
conquirent le Port-Mahon. Le cruel
hiver de 1709 adieva de défef-
pérer la France : les oliviers , les
orangers, reâburce des provinces
méridionales , périrent : prefque
tous les arbres fruitiers gelèrent ;
il n'y eût point d'efpérance de ré-
colte. Le découragement augmenta
avec la mifère. Louis -X/^F demanda
la paix , & n'obtint que lés ré-
poôfes les plus dures. Déjà Marie-
horougk avoir pris Tournai , dont
Eugène avoit couvert le fiege -,
déjà ces deux généraux marchoient
pour inveftir Mons. Le maréchal
if Vîllars raffemble fon armée ,
marche au fecours , & leur livre
bataille près du village de Mal-
plaquet : il la perdit & fut bleffé ;
mais cette défaite lui acquit autant
de gloire qu'une yiftoire. Les en-
nemis laiflerdit fur le champ de
bataille 12000 hommes tués , ou
beffés -, les François n'en perdirent
que Sooo. Le maréchal dt Boufflcrs
fit la retraite en fi bon ordre , qu'il
ne laiiTa ni canons , ni prifonniers.
Le roi , ferme dans l'adverfité,
mais vivement affligé des malheurs
de fes peuples , envoya en 17 10
le maréchal dWxdlts & le cardi-
nal àc PoUgnac , pour demander la
paix. Il porta la modération juf-
qu'à promettre de fournir de l'ar-
gent aux alliés , pour les aider à
ôter la couronne à fon petit -fils.
Ils vouloient plus ; ils exigeoient
qu'il fe chargeât feul de le détrô-
ïier, & cela dans l'efpace limité
de deux mois. Cette demande ab-
furde fit dire au roi : Pmfqu^ll faut
i^'jt faffe U guerre ^ j'aime mieux la
fom à mes ennemis quà mes en/ans,
11 fellut âptic continuer la guerre ,
quelque itialheureufe qu'elle fût.
L O U 377
Philippe F, battu près de Sarragoife ,
fut obligé de quitter la capitale de
fes états , & y rentra par une vic-
toire. Les négociations pour la
paix recommencèrent en 171 1 ,
année de la mort de l'empereur
Jojeph , & eurent un effet heureux
[ ^oy. IV .Gauthier] auprès d'Anne
reine d'Angleterre. Une fufpenfion
d'armes fut publiée entre les deux
couronnes, le 14 Août 1711. On
commença enfin à Utrecht des con-
férences , poiur une pacification gé-
nérale. La France n'en fut pas moins
dans la conftemation : des détache-
mens confidérables , envoyés par le
prince Eugène , avoient ravagé une
partie de la Chcmpagne , & péné-
tré jufqu'aux portes de Reims. L'a-
larme étoit à Verfailles , comme
dans le refte du royaume. La mort
du fils unique du roi , arrivée de-
puis un an \ le duc de Bourgogne ,
la ducheiïe de Bourgogne , leur fils
aîné , enlevés rapidement & por-
tés dans le même tombeau *, le der-
nier de leurs enfens moribond :
toutes ces infortunes domefiiques ^
jointes aux étrangères , failoient
regarder la fin du règne de Louis
XIV y comme un temps marqué pour
la calamité , ainfi que le commen-
cement l'avoit été pour la formne
& pour la gloire. Au milieu de ce
dçfaftre , le maréchal de VlUars force
le camp des ennemis à Dénain , ( le
24 Juillet 1 7 1 1 ) & feuve la France :
cette viéioire eft fuivie de la levée
du fiege de Landrecie, par le prince
Eugme , de la prife de Douay , de
celle du Quefnoy , & de celle de
Bouchain. Tant d'avantages rem-
portés en une feule campagne ,
mirent les alliés hors d'état de con-
tinuer la guerre , & accélérèrent la
condufion de la paix générale. Elle
fiit fignce à Utrecht par la France
& TEfpagne , avec l'Angleterre , la
Savoie , le Portngal , la Prufle &
la Hollande, le 11 Avril 1713 i &
37? L O U
«vec remperéur , le 1 1 Mars 1 71 4 ,
à Raftadt. Par ces ditFérens traités ,
Louis Xii' reconnut l'éledleur de
Brandebourg , roi de Prufïe ; il ren-
dit à la Hollande ce qu'il pofledoit
dans les Pays-Bas Catholiques ; il
promit de îaire démolir les fortifi-
cations de Dunkerque : les froatie-
rcs de l'Allemagne refterent dans
Tétat où elles étoient après la paix
de Ryfwick. Les dernières années
de Louis XIV auroient été heu-
reufes, fans l'afcendant que leJé-
iiiite U Telller prit fur fon efprit.
Sa vieilleffe fiit accablée de foucis ,
à caufede l'affaire de la ConJHtutlon ,
dont ce Jéfuite le fatigua jufqu a fes
derniers inftans. La mort de JUu's
fut celle d'un héros Chrétien, qui
quitte la vie fans fe plaindre , &
les grandeurs fans les regretter. Le
courage d'efprit avec lequel il vit
fa fin , fut dépouillé de cette often-
tation répandue fur toute fa vie.
Pourquoi pleurei'Vous ^ dit-il à fes do-
mcftiques ? Vous ave\ dû depuis long-
temps vous préparera meperdre.MUvei-
vous cru immortel? Sa grandeur d'ame
alla jufqu'à avouer fes fautes. U
recommanda à fon fucceffeur »♦ de
>♦ foulager fes peuples ^ & de ne
'♦ pas l'imiter dans fa paffion pour
'» la gloire , pour la guerre , pour
»♦ les femmes , pour les bâtimens t*.
Il expira le premier Sept«mbre 1715,
377 ans , dans la 73*^ année de fon
règne. Il vit avant fa mort , quatre
rois en Danemarck, quatre en Suéde,
cinq en Pologne , quatre en Portu-
gal , trois en Efpagne , quatre en
' Angleterre , trois empereurs , neuf
papes , & plus de cent autres prin-
ces d'Italie ou d'Allemagne, Quoi-
qu'on lui ait reproché, ( dit le meil-
leur, de fes hiftorien»,) quelques
petîteffes dans fon zèle contre le
Jdnfénifme , [ Voye^y. No ailles. ]
trop de hauteur avec les étrangers
dans fes fuccès , de la foibleffe pour
pluficurs femmes , de trop grandes
L ou
févérîtcs dans des chofes pcrfon-
nelles , [ Voyc^ II. Voisin. ] des
guerres légèrement entreprifes ,
l'embrafement du Palatinat vcq)en-
dant fes grandes qualités, mifes dans
la balance , l'ont emporté fur Tes
fautes. La poitérité admirera daçs
fon gouvernement , une conduite
ferme, noble & fui vie, quoiqu'un
peu trop abfoluei dans fa cour,
le modèle de la politefle , .du bon
goût & de la grandeur. Il gou-
verna fes miniftres , loin d'en être
gouvenié. Un de fes principes étoit,
qu'après un mûr examen , il felloit
prendre foi -même un parti, &le
fuivre avec fermeté. Mes fauus ,
difoit-il , font venues de ma complot'
fonce , é" pour mUire laijfé aller trop
nench^ilamment aux avis des autres.
Rien n'eftfi dangereux que la fûiblcffe ,
de quelque nature qu elle f oit. Il eut des
maîtreffes-, [Voyei Fontanges...
V. ROCHECHOUART... III. VAL-
LiERE.] mais, elles firent donner
quelques places , quelques emplois ,
& influèrent très-rarement dans les
affaires générales. D'ailleurs fes
pallions amoureufes cefferent , de-
puis que madame de Malntenon eût
fixé fon cœur , & lui eût infpiré le
goût de la vertu , l'amour de la
religion , & même l'efprit de piété.
Les efprîts-forts n'oferent jamais fe
montrer devant lui : à fa cour on
vit quelques hypocrites; mais les
libertins & les feux philofophe^,
furent contraints de fe cacher. S'il
aima les louanges , il foufifrit la
contradiction. Dans fe vie privée ,
il fut à la vérité trop pldn de ù,
grandeur , mais affable -, ne don-
nant point à fa mère de part au
gouvernement , mais rempliflant
avec elle tous les devoirs d'un
fils -, infidelle à fon époufe , rsm
obfervant tous les devoirs de la
bienféance ; bon père, bon maître,
toujours décent en public , labo-
rieux dans le cabinet » cxaô dan»
L O U
les affaires , penfant jufte , parlant
bien , & aimable avec dignité. Il
avoit voulu plufieurs fois goûter
les douceurs de l'amitié *, mais elles
font peu faites pour les rois. Pal
chctchc des amis , difoit-il , 6* je n*ai
trouvé qut du intrtgans. N'éprOU-
vant de la part des courtifans que
des fentimens qui ne répondoient
point aux fieiis , il difoit : Touus
lis fois que je donne une place va-
cantt , jz fais cent mècontens & un in-
grat, [VoyeiMKlUTEVOV.] Onfe
fouvient encore de plufieurs de fes
reparties , les unes pleines d'efprit,
les autres d'un grand fens. Le mar-
quis <£-' Marivaux , officier général ,
homme un peu brufque, avoit perdu
un bras dans une aâdon, & fe plai-
gnoit au roi , jqui l'avoit récom-
penfé , autant qu'on le peut faire
pour un bras caffé : Je vaudrols avoir
firdu aujfî l'autre , dit-il , & ne plus
fervir Votre Majejîé. — Penferois bien
fiché pour Viius & peur moi , lui répon-
dit le roi -, & ce difcours fut fuivi
d'un bienfait Lorfquc Po/ircA r-
^^n fut nommé chancelier: Je fuis
àfuré , lui dit le roi , que 'fui eu plus
de pla'tfir à vous donner cote place ^
que vous n*en ave^ eu à la recevoir.
Le prince de Condé l'étant venu fa-
luer, après le gain d une bataille con-
tre Guillaume III ; le roi fe trouva
fur le grand - efcalier , lorfque le
prince, qui avoit de la peine à mon-
ter à caufe de fa goutte , s'écria ;
Sire , je demande pardon à Votre Ma-
7*/^' . fi je la fais attendre, — Mi/n
^<^ufin , lui répondit le roi , ne vous
prejfe^ pas ; on ne faurolt marcher
iîen vite , quand on efi aujfi chargé
de lauriers que vous Pétes.,,, Le ma-
réchal du ?Uffis , qui ne put faire
la campagne de 1672 , à caufe de
fon grand âge , ayant dit au roi ;
»» Qu'il portoit envie à fes enfans
»» qui avoient l'honneur de le fer-
y vir ; que pour lui il fouhaitoit la
* moct * piufqu'il ne lui étoxt plus
L O U 379
M propre à rien »« -, le roi lui dit ,
en l'embrafTant ; Monfitur le Maré-
chal , on ne travaille que pour appro"
cher de la réputation que vous a,e^
acquîfe^ Il eji agréable de fe repvfer
après tant de viclolres,,. Un des mufi-
ciens de fa chapelle ayant tenu des
propos indécens contre un prélat ,
l'evêque fe trouvant dans la tribune
du roi , lui dit que ce muficien per-
doitfa voix : Louis XIV pénétrant
l'intention de 1 cyêque , lui ré-
pondit : Dites qu'il chante bien , mais
qu*il parle mal, La difcipline ne
pouvoit pas être beaucoup plus
révère chez les Romains , que dans
les belles années de Xrouw X/K. Ce
princes paffant fes troupes en re-
vue , frappa d'une baguette la crou-
pe d'un, cheval. Le cavalier ayant
été défarçonné par le mouvement
que fît le dieval à cette occalion ,
fiit renvoyé fur le champ, comme
incapable >de fervir. Dans le temps
que ce monarque travailloit à éta-
blir une difcipline auilere & invio-
lable dans fes troupes , il chercha
Tcccafion d'en donner lui-même un
exemple remarquable. L'armée com-
mandée pjir le grand jCondé ayant
campé dans un endroit où il n'y
avoit qu'une maifon , le roi or-
donna qu'on la gardât pour le prin-
ce. Condé \oyji\\iX. en vain fe défen-
dre de l'occuper \ il y fut forcé. Jt
nej'uls que voLntalre , dit le monar-
que , &jençrf ujfhalpJnt que mon
Général folt fus la toile, tandis quff
j'occuperai um hMtatun commode,.,^
Ce qui immortalife fur-tout Zo«/x
XIV , c'eft la protection qu'il ac-
corda aux fciences & aux beaux-
arts. C'efl fous fon règne qu'on vit
éclorre ces chef- d'œuvres d'élo-
quence , d'hiftoire , de poéiie , qui
feront l'éternel honneur de la Fran-
ce. Corndlle donna des leçons d'hé-
roïf.ne & de grandeur dame , dans
î^ immortelles Tragédies. Racine^.
«'ouvrant une' autre route , fit pa^.
jSo L O U
roitre fur le théâtre une pa(&on que
les anciens poètes dramatiques n'a-
'Tt>ient guère connue , & la peignît
des couleurs les plus touchantes.
Defpréaux , dans fes Épitres & dans
fon Art Poétique , fe rendit l'égal
'd*Horace. Molière laifTa bien loin
derrière lui les comiques de fon
Hecie & de l'antiquité. La Fontaine
effaça Efope & Phedn , en profitant
de leurs idées. Bojfua immortalifa
les héros dans fes Oraifons funèbres,
& inflruiût les rois dans fon Hif-
toire univcrfelle. Fénélon , le fécond
des hommes âans l'éloquence , &
le premier dans l'art de rendre la
vertu aimable , infpira par fon
Télcmaqui la juftice & l'humanité.
Dans le même temps que notre lit-
térature s'enrichifîbit de tant de
beaux ouvrages , le poujjîn faifoit
fes tableaux , Pugee & Gîrardon leurs
ihtues ; U Sueur peignoit le cloî-
tre des Qiartreux , & le Brun les
batailles d'Alexandre ; Perrault &
Manfard fournifToieîit des modèles
aux ardiiteâes de toutes les na-
tions *, Rlquet creufoit le canal de
Languedoc -, le Nôtre traçoit les jar-
dins de Verfàilles j Qmnauày créa-
teur d'un nouveau genre , s'affuroit
rimmortalité par fes Poèmes lyri-
ques , & Lulà donnoit à notre mil*
fique naiiTante , de la douceur & des
grâces : enfin Def cartes , Huyghens ;
^Hoffital ^ Ccjfini^ acquéroient des
noms célèbres dans l'empire des
ifciences. Louis -X7K encouragea &
récompenfa la plupart de ces grands
honunes ; & le même monarque qui
fût employer les Condé , les Turenne ,
les Luxembourg , les Créqul , les Ca-
tinat , les Vauban, les Vendôme , les
yîllars y dans fes armées •, les du
Quefne , les TourvïUe , les du Guay-
Trouîn dans fes efcadres -, les Colhcrt ,
les Lcuvois , les Torcy , les Beau-
viUîcrs dans fes cabinets , choifitles
Boîlcau & les Racine , pour écrire
fon Hiftoire i les Bojfuu , les Féaé^
L o u
Ion , leç Montaufier , pour înflruîté
fes en^s *, & les Fléchur , les Bm»
daloue , les MaJJîUon , pour l'inf-
truire lui-même. Son premier par-
lement d\o\xMolé^ Lamoignon,Tpo\a
chefs. Talon & DagueJJeau pour or-
ganes. La révolution générale qui
fe fit fous fon règne dans nos arts,
dans nos cfprits , dans nos mœurs,
influa fur toute TEurope. Elle s'é-
tendit en Angleterre , elle porta le
goût en Allemagne , les fciences en
Kufiîe ; elle ranima l'Italie languif-
(ânte. Ces peuples divers doivent de
la reconnoiffance & de l'admiration
à Louis XIV. Les leéieurs , curieux
de connoître plus en détailles hom-
mes illufb-es qui ont honoré fon
fiecle , peuvent confulter leurs ar-
ticles répandus dans ce Diction-
naire,,., Limiers , Larreî , Rehoulet ,
la Hode & Voltaire , ont écrit fon
Hiftoire: mais celui-ci eft court,
trop fuperficiel ; & les autres font
trop diffus , trop inexaûs -, leur
travail ne s'eft borné qu'à compiler
& à défigurer des gazettes.
XX. LOUIS XV, étoitlc
3* fils du duc de Bourgogne ( de-
puis dauphin , ) petit-fils de Loms
XIV, & de Marie-Adélaïde de Sa-
voie. Il naquit à Verfàilles le iç
Février 17 lo, & fut d'abord nommé
duc d! Anjou, Devenu dauphin, le
8 Mars 171 1 , par la mort de fon
illufire père, il fuccéda à Lotis
XIV, fon bifaïeul , le i" Sep-
tembre 171 5. Il avoit 5 ans &
demi lorfqu'il monta fur le trôn&
Dès fa première enfonce, il mon-
tra un efprit jufte & folide. On
lui demanda un jour qui étoient
ceux qu'il devoit aimer ? Les hon-
nêtes gens , répondit- il, — Et cens
que vous deve^ éviter ?.,. Les flatteurs,
reprit-il. On l'entretenoit des ti-
^tres donnés à fes ancêtres, dont
les uns s'appeloient le Hardi,
le Grand , le Jufte : Je toudrols ,
àlt-'û, pouvoir mér'iUr celui dehom
L OU
It Pdrfali.,. Philippe, duc SOrlians^
♦ fon plus proche parent , devoit
être régent; mab il vouloit de-
voir cette place à îi naiffance,
& non au teftament de L-uU
'XIV, Ce teftamem qui auroit
beaucoup gêné fon adminifbra-
non , fut caffé par le parlement ,
& la régence lui fut déférée le'
i*Septembre , c'eft-à-dire le len-
demain de la mort de Louis XIV,
Ce prince avoir prévu ce qui ar-
riva, pai fait mon ujhment , ( avoit-
il dit à une princefTe ) parce qu*iU
Vont voulu ; car du refti il en fera
du rnkn, comme de celui de mon pin :
^ini j*aurai les yeux fermds , on
n*y aura aucun égards Les premiers
foins du régent furent de rétablir
i les finances qui étoient dans le
plus grand dérangement. On créa
j une chambre de juftice contre
ceux qui s'étoient enrichis, fous
le règne précédent , dos malheurs
j àt la France. On rechercha les
fortunes de près de 4J00 per-
fonnes ; & les taxes auxquelles
on les fournit étant une reffour-
ce imfuffifanre , lê Régent per-
mit à Law , intrigant Ecoflbis ,
«le former une banque, dont on
*c promettoit les plus grands
avantages. Tant que cet établif-
fement fut renfermé dans de juftes
bornes, & qu'il n'y eut pas plus
^e papier que d'dpeces , il en
réfulta un grand crédit, & par
confé(juent le bien de là Fran-
ce ; mais quand Law eut lié
d autres entreprifes à ce premier
projet , tout fut dans le plus grand
défordre : [ Foyei les articles Lajt^
& Phjllippe , duc d'Orléans ,
^ Il , auxquels nous renvoyons
pour tout ce qui regarde les évé-
nemcns de la régence. ] Les fuites
<les dangereufes nouveautés de
ly furent, la fubv^rfion de cent
mille familles , la difgrace du
Chancelier Daguejfcau , [ Voy'ei foo
L O U 381
art. ] & Texil du parlement à.
Pontoife. Le roi ayant été cou-
ronné à Reims en 1711 , & dé-
claré majeur l'année fiiivante , le
duc d* Orléans lui remit les rênes
de Tétat dont il avoit eu la con-
duite pendant fa minorité. Le car-
dinal Dubois , alors fecrétaire d'é-
tat, fut chargé pendant quelque,
ttmps de la direfHon générale'
des af&ires ; mais ce miniilre:
étant mort au mois d'Août 1723 »
le duc d* Orléans accepta le titre
de premier minifhré. Ce prince ,
mort d'apoplexie le 1 Décembre'
de la même année , eut pour fuc-..
cefTeur dans le miniftere le duc de
Bourbon , qui s'erapreffa de cher-
cher une époufe au jeune mo-,
narque. Il choifît la princefle de^^
Pologne , Marie Lecilnska , fille,
du roi Stanijlas, Le mariage futj
célébré à Fontainebleau le 5 Sep-,
terabre 1725 , & une heureufe ft-*
condité. fut le fruit de cette union. '
Le nouveau miniftere ayant effe-
rouché le parlement , la nobleïTe &
le peuple par quelques édits bur-
faux, lé duc de Bourbon fiit difgra-,
cié. Le cardinal de Flairy , qui prit
fa place, fubftitua une fage écono-
mie aux profufions dont on fe
plaignoit. Sans avoir le titre de
premier miniftre , il eut toute la
confiance de Loms XV , & il s'en
fervit pour faire le bien & réparer
les maux pafTés. La double élec»
tion d'un roi de Pologne , en 17331
alluma la guerre en Europe. Louis
XV , gendre de Stanijlas qui ve-^
noit d'être élu pour la féconde
fois , le foutint contre l'élefteur de
Saxe , fortement appuyé par l'em-
pereur Charles Vl, Ce dernier fou-
verain agit fi efficacement pour le
prince qu'il protégeoit , queStaniflat
fut obligé d'abandonner I4 cou-
ronne qui lui avoit été décernée ,
& dQ prendre la fuite. Louis XV ^
voulant Ye venger dé cet af!rom
|8i L O U
ixt rcmpereur , s'unit avec l*Efpa-
gne & la Savoie contre T Autriche.
La guerre fe fit en Italie , & elle
fut glorieufe. Le maréchal ic VU-
lars , en finifTant fa longue & bril-
lante carrière, prit Milan , Tortonc
& Novare. Le maréchal de Coîgni
gagna les batailles de Parme & de
Guaftalle. Enfin en 1734 Tempe-
Tcur avoit perdu prcfque tous fes
états dltaHe. La paix lui étoit de-
venue nécefTaire : il la fit -, mais
elle ne fiit avantageuf: qu'à Tes
ennemis. 'Par le traité définitif,
figné le 18 Novembre 1738 , le
roi Stantjlas ^ qui «voit abdiqué le
trône de Pologne , devoit en con-
server les titres & lés honneurs ,
& être mis en po^Tefllon des du-
chés de Lorraine & de Bar , pour
être réunis après fa mort à la cou-
ronne de France. Ainfi la réunion
de cette riche province , fi long-
temps défîrée, & û inutilement ten-
tée jufqu'alors , fut confommée par
une fuite d'événemens auxquels la
politique ne fe feroit pas attendue.
II n'en coûta qu'une penfion de 3
millions 500 mille livres faîte au
duc de Lorraine , jufqu a ce que la
Tofcane qu'on lui donnoit en
échange , lui fût édiue. Le vieux
duc de Tofcane étant mort peu
après , & Louis XV étant déchargé
de la penfion : Ca argent , dit-il ,
me vient fort à propos pow diminuer
les Tailles & pour foulager les pauvres
Paroijfes qui ont été grêlées. En effet
les Tailles furent diminuées de trois
millions. La mort de l'empereur
Charles f-/, arrivée en 1740, ou-
vrit une nouvelle fcene, La fuc-
cefiîon de la maifon d'Autriche
fiit difputée par 4 puiffances, Louis
XV s'unit aux rois de Prufijc &
yàii Pologne, pour faire élire em-
pereur Charles^Alb rt , éleâour de
* Bîviere. Créé lieutenant-général du
roi (|e France , ce prince fe rend
maître de Paâau , arrive à Lina ,
L 0 u
capitale de la haute Autriche >
mais , au lieu d'afiiéger Vienne , «
dont la prife eût été un coup dé«
dfif , il marche vers Prague , s'y
bât couronner roi de Bohême , &
va recevoir à Francfort la couronne
impériale fous le nom de Charlci
VIL Ces premiers fuccès furent
fui vis de pertes rapides. Prague fut
reprife en 1742, & la bataille ^
Dettingue , perdue l'année fui-
vante, détruifit prefque toutes les
efpérances de l'empereur protégé
par la France. Il fut bientôt chafié
de fes états héréditaires & errant
dans l'Allemagne , tandis que les
François étoient repoufifés au Rhin
& au Mein. Le cardinal de Fleuri ,
avoit terminé fa longue cartierc le
29 Janvier 1743. Lcms XV gou-
vernant par lui-même , voulut fe
montrer à la tête de fes armées. Il
fit fa i'* campagne au printemps de
1744, & pris Courtray , Menin &
Ypres. Au fiege de Menin » on lui
dit qu'en rifquant une attaque qoi
ne coûteroit que peu de (àng , on
pourroit prendre la place 4 jours
plutôt : J^aime mieux les perdre eu
quatre jours , répondit-il , devant wu
plaee , qu'un feul de mes'fujets,», Loms
XV quitte la Flandre où il avoit
des fuccès , pour aller au fecouis
de l'Alface où les Autrichien»
avoient pénétré. Tandis qu'il mar-
choit contre le prince Chartes de
Lorraine , général de l'armée enne-
mie qui avoit paflé le Rhin , il eft
réduit à l'extrémité par une mala-
die dangereufe qui l'arrête à Mets.
Ce fut à cette occafion que les
François lui donnèrent des témoi-
gnages finguliers de leur tendreâe
alarmée: il fut fumommé le BnS'
Aimé, La nouvelle de fa guérifon
fut reçue comme celle d'une vic-
toire importante ; & le roi » dans
les transports defareconnoifTance»
s'écria : Ah ! qu'il eft d^ux d'être aimé
aînji ! & ^i^ài^jejait pour U mcritttl
L O U
Fendant fa maladie , il avou tenu
un propos qui prouve que fes
maux ne lui avoieni pas fait per-
dre de vue rintcrêt de Tétat. Son
defTdn en quittant la Flandre , avoit
été de livrer bataille au Prince
Charles ie Lorraine *, mais la mar-
che trop lente des troupes ne
lui avoit pas permis de l'exécuter
en perfonnc. C'étoit le maréchal
it NoaîUes qui avoit pris le com-
mandement en chef de l'armée
d'Alface. Louis XV inftruit dans
fon lit de la réunion des troupes ,
dit au comte d*Ar^mfon : écrive^
de ma fart au maréchal de Noailles
fu pendant qu*on portoU Louis XIII
m tombeau , U P rince àt Condé ^i-
pà'u me bataîlU, A peine eft-il ré-
tabli , qu'il va aHiéger Fribourg ,
& le prend le 5 Novembre I744-
Les batailles de Fontenoy & de
Lavfcld gagnées en 174^ & 1747 ,
la journée de Mêle fuivie de la
prife de Gand , Oftcnde forcée en
'3 jours , Bruxelles prife au cœur
de l'hiver , tout le Brabant Hol-
landois fubjugué , Ber»-Op-Zoom
emporté d'afîaut , Maëfhicht invefti
en préfence de 8c,ooo hommes ,
font des é(|(kxcmens fur lefquefe
nous renverrons le lefteur à l'ar-
ticle des maréchaux de Saxe &
de LoETTENDAL. Mais nous ne
pouvons paffer fous filence, qu'à
la bataille de Fontenoy Louis XV y
frappé du fpeé^cle des morts & des
mourans , dit à un de fes Officiers :
■Qa'on ait foin des François hleffés ,
wrrwe de mes enftns. On lui de-
manda : Comment U voulolt qu'on
traitât les blejfés du parti Anglais..,
Comme les nôtres , répondit-îl -, ils ne
font plus nos ennemis, S'étant appercu
tjue les monceaux de cadavres , les
cris des mourans , le fang qui
inondoit une vafte plaine, arra-
choient des larmes au dauphin ,
il lui dit : Apprene\ y mon ps , com-
^Un U rîâoirê efi chère & doulow
L o u 383
reufe. Tandis que tout lui cédoit en
Flandres , les affaires dltalie étoient
dans le plus mauvais état. La ba-
taille de Plaifance , perdue en
1746 par le maréchal de Maille^
b^is , avoit forcé les- François à
repafîer les Alpes. Les troupes di»
duc de Savoie & de la reine d'Hon-
grie ravagcoient la Provence. Les
Anglois , aufli heureux fur mer
que les Autrichiens Tétoient en
Italie , ruinoient notre coinmerce ;
ils s'emparoient de Louisbourg 6c
du Cap-Breton : ils faifoient par-
tout des prifes immenfes. Louis
XV ^ à chaque victoire qu'il avoit
remportée , avoit offert la paix ;
on l'avoît refufée. Ecr'vei en HoÛ
lande , difoit-il à un de {es minif-
tres , que je ne demanda que la tran»
quîUlté de P Europe ; ce n*e/è pas ma
condition , c*eft celle de^ peuplesr que
je veux rendre meilleure. Enfin cette
paix fi défirée fut conclue à Aix-
la-Chapelle le 18 Oûobre 1748.
Le roi qui » fuivant fes expreffions ,
voulolt faire cette paix y non en mar*
chand , mais en prince , ne voulut
rien pour lui ; mais il fit tout pour
fes alliés. 11 affura Parme , Plaifance
& Guaftalle à Don Philippe; {on
gendre , & le royaume des Deux-
Sici'es à Don Carlos , fjn parent.
Il fit rétablir le duc de Modene fon
allié, & la république de Gênes »
dans tous leurs droits. Après cette
paix , Louis travailla à dédomma-
ger la* France des malheurs de la
guerre. Des grandes routes furent
ouvertes dans tout le royaume ,
pour faciliter le comm.erce. L'£-
colc Royale Militaire fut établie en
1751 ; on éleva quantité de mo-
numens publics *, les fciences & les
arts furent honores d'une protec-
tion particulière. On jouiffoit des
plus beaux jours-, & au milieu du
bonheur qu'on commençoit à ref-
fentir , on s'appercevoit à peine
des épines qye l'affaire des BllUu
384 L O U
de Confejfion femerent dans quel-
ques villes. Mais la félicité publi-
que fut troublée par une nouvelle
guerre « allumée de Lisbonne à
Pctersbourg , pour quelques ter-
rains incultes de l'Acadie , dans
l'Amérique feptentrionale. Les An-
glois , dont Tanibition cherchoit
loccafion d'une* rupture , nous les
difputerent en 1755 , & firent la
guerre fans la déclarer. Le roi de
. Pruffe , auparavant allié des Fran-
çois , fe ligue avec l'Angleterre ,
tandis que l'Autriche, notre an-
cienne ennemie , s'unit avec la
France. Loms XVeA forcé de prendre
les armes. Les Anglois furent d'a-
bord battus dans le Canada, &
craignirent ime invafion dans leurs
ifles. Ils perdirent le Port-Ma-
hon , que le maréchal de iilchcHeu
pritd'affautau printemps de 17)6 ,
après une vifloire navale du Marquis
'iU U Gallffonnicrc, Le maréchal
i^Eftrécs gagnoit d'un autre côté,
la bataille de Haftimbeck fur le
"duc de Cumherland, Le maréchal
di l^çhelLeu , envoyé pour com-
mander à ùi place , pouffa l'An-
gloîs, & le força de capituler à
Cloftcr-Seven avec toute fon ar-
mée. L'éleâorat de Hanovre étoit
CQnquis. Une armée Françoife,
jointe à celle des Cercles, mar-
cha la même année 1757 contre
le roi de Pruffe en Saxe, & fut
battue à la fameufe jouraée de
Rosbac , donnée au conunence-
ment de Novembre. Cette viiftoi-
re fiit décifîve : Téleflorat de Ha-
novre fut repris par les Anglois,
malgré la capitulation de CioUer-
Seven. Les François furent encore
battus à Crevelt par le prince de
Brunfwick en 1758; mais le duc
de Brogile les vengea , en rempor- ^
tant une viûoire complète à Ber-
gen, vers Francfort, le 13 Avril
1759. Enfin 9 après différens com- .
bats s où chaque partr étoit tantôt
LOU
vaincu , tantôt vainqueur, tous
les princes penferent férieufemem
à la paix. La France en avoitun
bcfoin extrême ^ les Anglois
avoient fait des conquêtes pro-
digieufes dans les Indes -, ils
avoient ruiné entièrement nôtre
commerce en Afrique ; ils s'é-
toient emparés de prefque tou-
tes nos poffefilons en Amérique.
Le PûHc de famille , conclu en
176 1 entre toutes les branches
fouveraines de la maifon de Bout-
bon , ne les avoir pas empêchés
d'enlever aux Efpagnols la Ha-
vane , 1 ifie de Cuba dans le golfe
du Mexique, & les ifles Philip-
pines dans la mer des Indes. Par
le traité de paix qui fut figné à
Paris au commencemetit de 1763,
ils rendiient quelques-unes de leurs
conquêtes \ mais ils en gardèrent
la meilleure partie. La France cé-
da à l'Angleterre Louisbourg ou
le Cap-Breton, le Canada, tou-
tes les terres fur la gauche de
Miffiflipi , excepté la nouvelle
Orléans. L'Efpagne y ajouta eo-
core la Floride. Les Ai^lois ga-
gnèrent environ iMP Heues de
terrain en Amérique On leur
abandonna le Sénégal en Afri-
que , & ils reflituerent la Corée.
Minorque fut échangé contre Bei-
lè-Ifle. . Les ^ifle? de la Guada-
loupe, de Marie-Gaknde , de la
Defirade, de la Mardnique , de
Sainte-Lucie , celles de Saint-
Pierre & de Miquelon pour la
pêche de la morue, reflètent à ,
la France. On reflitua récipro-
quement les comptoirs & les pla-
ces fur les côtes de Coroman-
del & d'Orixa. Telle fiit la fin
de cette guerre , en apparence fii-
nefte à la France , mais qui pa-
roîtra peut-être quelque jour plus
fatale à l'Angleterre , puifqu'elJe
a été en partie la fource des di-
viiions cruelles qui ont féparé
les
L O U .
les Coloiiîes de la métrojîble. Les
années qui fuivirem cette paix ,
fiirent tranquilles ^ fi Ton en excepte
l'af^ire du duc de Parme avec le
pape CUment XIII ^ qui obligea
le roi de fe rendre maître du
Comtat * Veriaiffitt en 1768, la
conquête de la Corfe , & les chan**
gemens arrivés dans la magiflra-
ture en 1770 & 1771. Les Jéfui-
les f que quelques parlemens ay oient
déjà cliaSSes de leur refTort en
1762 , furent entièrement abolis cti
france par un édit du roi , don-
né au mois de Novembre 1764 :
£ Voyc^ L Lai NEZ. ] Tous ces
événemens font i\ récens, qu'il
filait de les indiquer. Au corn-*
mencement de Mai 1774 , Loms
XV fut attaqué pour la féconde
1 fois de la petite-vérole , & ce;te tcr-
^ . rible maladie l'enleva à fon peuple
I le 10 du même mois. Il étoit dans
ia 65* année, & occupoit le trô-
I ne depuis j 9 ans S mois & quel-
ques jours^ Son attachement ten-,
dre pour (a famille , fa douceur
■ envers ceux qui le fervoient , fon
amour pour la paix , fa modéra-
tidn jointe à un efprit fage &
juile , le firent aimer & eftimer
de tous ceux qui furent à portée
de l'approcher. H étoit affable ,
prévenant', humain, naturelle-
ment porté à faire du bien, &
ii'auroit jamais pu faire de mal ,
que celui qu'on lui auroit infpiré
ea furprenant (a religion ou fon
coeur. Qn fortoit toujours con-
tent de fa préfencc. Un jour qu'il
revenoit de la chaile, l'officier de
la garde-robe, qui étoit abCent,-
lui ayant fait attendre fa chemife
^ pendant un quart-d'heure, quoi-
qu'il fût tout en fueur , il défen-
dit au gentilhomme de femaine
de le gronder. Il dit comme Louis
- XIV dans une pareille occafion :
, Laljfe\-le ; U eji ajfci fâché d'avoir
pansue à fçn devoir,, * Qu^ld U ^«
Tome y^
L O U 38c
Ibît à la Cha£e^ pn' portoit tou« .
jours 40 bouteilles de vin moins
pour lui que pour fa fuite. Ua
jour qu'il eut foif , il demanda un
verre de vin. On lui répondit
qu'il n'y en avoit plus. N'en preyid'-
on pas 40 jfoutdlUs , demanda-t-il ?
Oul^ Sire -y maïs tout eft bû.,* Qu'on en
prenne à r avenir^ dit-il tranquillement^
>fi, afri qu'il en refit une pour mol^
Un officier , qui s'étoit ruiné au
flervice, lui ayant demandé mille
louis , pour fe mettre en état de
continuer £ss campagnes , il les
lui accorda. Le contrôleur-géné^
rai, qui venoit de compter des^
fommes confidérables pour des
affaires importantes & preffées^
repréfenta au roi qu'il n'y avoit
point d'argent au tréfor : Mh bien ^
dit ce prince, quon lui donne «e-*-
lut qui efi dans ma cajfetu pour
mes plaifirs ; il n\fi pas jufie que je
me divenijfe lorfqu'un de mes Officiers
foujfre^,. Un brigadier de fes ar-
méess qui n'étoit pas riche, (vt
envoyé par le général pour lui
tendre compte d'une aé^ion où il
s'étoit difHngué. Louis XV tira de
fon doigt un diamant, qu'il lui
donna. L'officier-général lui ayant
fait fentir que quelque précieux
que fût un tel don , il avoit plus
befoin d'argent que de bijoux^
le roi lui envoya le lendemain
une fomme plus conlidérable que
la valeur du diamant... Lotfqu'il
ne ppuvoit accorder ce qu'on lui
demandoit , il répondoit avec tant
débouté, qu'on lui tenoit compte,
pour ainfi dire , de i^% refus. \}xt
vieux officier lui ayant demandé
un pofte ) & le minière de la
guerre lui ayant répondu qu'il n'y en
avoit pas de vacant : Vous vçyt^ ,
(dit. le roi au militaire,) Vlrnpof'
fibllué où je me trouve de vous oblè^
gen mais rcverxi une autre fols ^ yc
ferai fans doute plus heureux*,* Le
duc de la Vrilliere ayant eu une
Bb
386 L O U
main emportée à la chaiTe , le roi
lui écrivit : Tu n*as perdu qu'une
main , & tu en trouveras toujours deux
en moi à ton ferviu. Ce ton de &-
zniliarité affeâueufe, il le prenoit
fouvent avec fes anciens fervi-
teurs. Quoiqu'on lui ait reproché
de n'avoir vu bien des chofesque
par autrui , il étoit plus inflruit
des affaires du royaume & de
l'adminiflration générale & parti-
culière , qu'on ne penfe. Très-
fouvem il avoit un agent de con*
£ance auprès de fes ambaiTadeurs ,
avec lequel il entretenoit une cor-
refpondance fecrete. Les Mémoi-
tes politiques du maréchal de
NoaliUs renferment quelques let-
tres de lui , qui prouvent qu'il
entroit dans les détails, & qu'il
apprécioît tout avec une fagacité
peu commune. Le grand nombre
d'impôts qu'il mit fur fon peuple
firent murmurer : mais ils furent
preTque toujours ocÇafionnés par
les guerres difpendieufes qu'il eut
àroutenir.£nfin il étoit homme, &
le trône n'affranchit point desfoiblef-
fes attachées à l'humanité. Ses fau-
tes furent expiées en partie par les
fentimens pieux dans leTquels il mou-
rut , &il fe propofoit ie foulager fes
fujets s'il avoit furvécu. Il aimoit
la religioit, protégeoit fes minif-
tres, & ne fouf&oit point qu'on
tournât en dérifion les chofes fa-
crées , fur-tout en fa préfence.
Nous ne parlerons pas de l'acci-
dent effroyable du 5 Janvier 1757 ;
nous l'avons détaillé dans l'arti-
cle de rinfame auteur de cet at-
tentat : [ Voyei Damiens. ] Louis
XV étoit, à fa mort, le plus an-
cien des monarques de l'Europe,
li eut de fon mariage -% princes ,
morts l'un & l'autre*, & 8 prin-
cefTes, dont il ne refte plus que
trois. Ce prince avoit le goùtd^s
beaux arts , & connoiffoit l'hiflol-
r« & la géographie. On a de lui
L o u
un pefit vol. in*8^» 171^ « ^If
Cours des princlpaks Rivières ' de l'Et*
ropc : ouvrage devenu rare , &
qu'il avoit compofc; fous la di«
reâion du célèbre géographe ii
JJJle, Les fciences, les lettres^ &
les arts ont été encouragés &
perfeéHonnés fous fon règne. Le {
voyage au Pôle psr Màupends ^
& celui à l'Equateur par la Con»
domine y entrepris l'un & l'autre à j
de fî grands frais ; d'autres voya*
ges aux Philippines , à la Californie^ |
en Sibérie, £dts par ordre. du gou- 1
vernement, prouvent le zèle du |
roi & de fes minières pour tout
ce qui avoit rapport à l'aflrona*
mie , à la navigation , à lliifloire
naturelle. La phyiique expérimen-
tale y les mathématiques , la méca-*
nique • ont £ait des progrès confi-
dérables , & ces progrès ont influé
fur les arts néceâaires. Les étoffe»
ont été manu&âurées à moins de
frais , par les foins du célèbre
Vauçanfon^ & de quelques autres
mécaniciens dignes de marcher fur
fes traces. Un académicien inâti-
gable autant qu'éclairé, ( M. ix
tiamel ) a augmenté les Imnieres
des agriculteurs , & abrégé leurs
travaux. M. PoiffonnUr , célèbre
médecin, a trouvé enfin le feaet
long -temps recherché de rendre
l'eau de la mer potable. Un hor-
loger ingénieux ( M. le Roy) a
inventé une pendule qui fuppUe
à la connoiiTance qui nous eft
refiifée des longitudes de la mer.
Enfin , s'il y a eu moins de génie
& de grands talens que dans les,
beaux jours de Louis XIV , la
nation efi en général plus inflniite.
Des poètes touchans ou agréables ,
quelques philofophes éloquens,&
un grand nombre de beaux-efprits,
ont illuf^ré le règne de Louis JT.
Il efl vrai que le goût de la décla-
mation , la manie des antithefes &
des tours nouveaux ^ a beaucoup
t ou
ter èégéoitet le ftyle; mab'tl/o
trouve toujours dés eTprits bien faksi
qui se Te laifSent pas entraîner au
torrent du mauvais goût. Une vé-
ritable éloquence a preTque tou«
}o)irs animé les écrits de nos pre«
miets magîftrats ; & la ^ jurifpru«
dence ayant été éclairée par la
philoropfaie , iU ont mieux connu
ce droit unirerfel puife dans la
namre, qui s*éleve au-deffus des
lois de convention & des coutu-*
mes barbares. [ Ki»y«x les Tabler
dutmoiogiques , article France,
V0ye{ auffi les articles Mohtgon.ô
Tii. Bois... Fleuri, n° jx..4 Vid-
tiiRs^. Fdu^UET,n^ ir „»Saxe.u
LOEKr£KI>AL... BoURDONNAYX«.
31. DUPLXIX t &C. &C. ]
• IDavp m KX:Je ItdnUé J
XXL LOUIS , Dauphin, appelé
Uon^tîctfBVK vfils de Lùds XÎV
& de Thkeft d^^taniheiné-k'-lBon^
laincbleau le i*' Novembre 1 66 1^
eut le duc de Montaufier pour goii*
vcmeur , & Bojfuet pour précepteur*
Ce fut eh feveUr de ce prince , qu'on
itomme communéfflent U Mpsnd
VtuiphSH\ que furenf 6dts' les co**
toentaires & les belles éditions des
IboQfi Auteurs Latin», dires, àd nfum
Delp/util. Il Joignoit beaucoup de
courage à un'caraâeré bon &ii»
cile. Son père le mit à la tète de»
ïrmées en ï6S8 5 ii prh Philips^
bourgs Heidjîlberg, Manheim» &
Conquit te Palatinat. Cette -^ campa*
gne acquit autant de gloire k Mûh--
/^pfeur y que d^r«(antages à la France^
n^ dtcompagAa énCuité' loub XIV
tfû ûé^té ^^«^ns, à celm de Na-
iuai , tsi cômmâSttda l^ârmée 4e Flan-
dres en -1694.' Son fécond fîls>t 1^
duc é*At^ou , qu'il' avoit eu de
Marte -^^ CHf^ne dé BétvUn , fou
tpôufe, fiit appelé en T7O0 à la
Couronne d'Êfpagné -, & c'eft alors
4tt*tldif,à ce qu'on préttHd, qu'il
1 O U jSy
li*jlipirOtt qu'à dire toute fa viei
/e Roi mon père » & à Roi mon fils ^
belles paroles v À l'indolence âE
l'inappliçatiojp ne les avoient autant
infpirées que la modération. Ce
prince paâa la plus grande partie
de fa vie à Meudon & à Cboifjr,
dont MademulfeUt lui avoit donné
Tufage.. Dans cette vie retirée, il
fe livroit aux plaiûrs & à l'amour,
quoiqu'il fût gêné dans fes inclinai
ôons par le roi fon père. U lia
une intrigue avec Marie-Anne de
Caumont^ 611e du duc de la Force ^^
placée auprès de Madame la Dau-^
phlne. Cette princeffe crut prévenif
les fuites de cette .inclination « en 1«
mariant, en 168S, avec Lotâs-Sclplon
de Grimoard , comte ,du Roure \ mais
cette intrigue devint feulement
plus fecrete. .. Enfin le Datipkîk
& la comteiTe du Roure étant de-^
venus veufs l'un ^ & l'autre en
1690, le prince crut pouvoir &
livrer plus librement à fon pen-
chant; mais le roi l'en punit, eit
exilant Madame du Roure à Mont**
pellier. Ce monarque en avoit
mauvaife idée^ & ne voulut pai
naturalifer une filje que le Dau'^
phm en avoit. eue, & qui époulis
dans la îmXtMef nager. ^ n^ociateuf
du traité fecret avec l'Angleterre #
en 17 XI. M. le D/tuphln s'atcacbai
«nfuite à Marle^Emill* de Joly d«
Choin. [ Vciyex L Choin. ] C^
prince mourut à Meudon le 14
Avril 17 II, de la petite* vér oie, é
50 ans. Rien n'étoitplus commun,
même long-temps avant fa mort ,
qiie ce proverbe qui. couroit fut
lui: FUs de Rot, Père de Rol^ jans
être Roi, Ce mot étoit fondé fur Ul
(anté de Louis XIV , meilleure qus
celle de fon iils. Le DantpAm avoit
un peu ufé la fieiuie par la diaiTe 4
I^ table & les plaiftrs ; mais dans
les dernières années-defa vie il fut
très-vertueux & très-retiré.
XXU, LOUIS, Dauphin^ fUs
B b i;
3^8 L O U
aine du précédent et père de totàs
XV y tié à Verfailles le 6 Aoûc
1682, reçut en naifiântle nom de
Dnc it B cargo ffk. Il avoit à peine
7 ans quand à l'occafion d'une
Tible généalogique des rois de
France, le' duc de MentMmfitr hû
demanda : Lequel H Aoîfiroh du dîf^
fénns titres qu'on aroit donnes â nos
rois ? . . celui de Père du peuple , rc-
'ipondic-il. Le duc de BeatvîlSers\
tin des plus honnête^ hommes de
la cour, & Féneàm^ un des plus
^ermcux & des pTus aimables , veil-
lèrent à fon éducation , l'un en <fa&
lité de gouverneur , l'autre en qua->
3ité de précepteur. Sous de tels
"ïmaîtres il devint tout ce qu'on
>roulut. Il étoit natufeliement em-
^rtc ; il fiit modéré, doux, COifi^
platfant. X'édùcation changea tel'f
lement fon caraûere, qu'on eût dtt
^ue fes vertus lut étoient naturelles:
^ouîs' XIV ft>rma exprès le CBnfp
^e Cômpiegrié pour lui fervir de
leçon^ Il ftit général des arhiéés
il' Allemagne en 1^61 , généraliiGme
^e celle de Flandres i en a 702, &
battit 4a cavalerie ennemie près de
îïtmegue: lîjttit'Briftch par capih
tttlatioii , en ^703 t [ Voyt\^ Marsi?
«GLi. ] Mafs ii fe diftingua moins
par les qualités guerrières , que pav
les vertus morales & chrétienn«?
Les malheuiis de la guerre , toQ^
jours Suivis de ceux des peiq>les,
l'affligeoient fenfiblement. Lts dé-
prédations qui les ruinoient, affli-.
geoient fon cœttr prefqu'autant que
la guerre. Gn parloit en fa pré*.
lence des richeiTes immeofes laif-
fée^ par le cardinal M«^arln. Le duc
de Bcauvillîers dit , que pour cahner
fes inquiétudes au lit de la mort,
il avoit voulu en ànre une dona*
tion générale au roii II eut encore
fallu ^ dit le duc de Bourgogne,
qu'il eût fait ratifier cette donatiott
par le pauvre pedple qui réclamait fa
éépoiijtlic^ Il voyôîc 1^ xygux i ^
L O G
dierchâ les remèdes , pour lès a^
pliquer lor£qu'il feroit ftir le trône.
11 s'inAnrifit de Tétat du royamne.
11 vouint connoitreies provinces.
Il joignit aux comiQiâances'de la
littérature & des fcienccs , celles
d'un nrince qui veut régner en roi
âge K £nre des heUreux^U répé-
toitfouvent d'^rès Fénelon : » Le»
M rois font Êiits pour les peuples,
•> & non les peuples pour les rois.
H Us peuvent donner des récom-
»* penfes , patce qu'alors ils ac«
» quittent une dette; mais jamais
n.ites peniions, parce que.a'aj/m
A rien aeux, ce ne peut être qu'aux
» dépens des peuples «<^ Ulrenonça
aia îjpeâacles de boime heure. Le
fpeâaele d^ Dauphm ^'difoit<il^
c*eft Vétat des provinces. Il difoit,
à foccafion des dépenfes e»:éffi«
ves faites à l'occafion de la ftanie
de Louis' XiV Air la place de
Yendàne; i)épeo(esque lezolluis
mémeiflVoit blâmée^ : Je fmi affeSi
à eti épttd tomme li^oi: comfhentfi
ré/cmr quand le peHple /bt^e> Ja
France fondoit les phj^ belles <efpé*
r&nors fur lui , lotfqu'une maladie
auetk l'enleva à la pan^e avec la
l>mxf^t foi> épouiè.. X^ joiit.
m^me quie cette prince ^apurut^
le. Dauphin tomba malade ^ &
c6mme on s'entretepioit; auprès de
io6 Jii tle la manière xloat k paa-t
cefle avoit été traitée : >* Soit que. Jes.
M médecins l'aient tuée, -dit ^reli»
» gieun prince , foit que Dieu4'ait
)» appelée, il nous £nit paiement
-> adtxrer ce qu'il permet & ce qu'il
>t. ordôtwib**. U mourut;lui-mêa>e£bi;
jours apm à Marly, le 1% Février
lyilfânan après foa pei«, dans/a
30* 9a(aét% C'eft pour c» prûice. que
l'illuârt fénelo» compoû fon J/-
lémaque & la plupart de ^ autres
ouvrages. Il avoit épouféJMivM!*
Adélaïde de Satoie^ [ Voyei XIX^
AL<li/£] qu'il aima tendrementJI lui
L O U
UtiiS une occafion où elle redou-
bla Tes infbnces pour le pénétrer , il
répondit à fa curiofité ea lui chan-
tant ces vers :
Jamais mon cmur n*eft qu*à ma femme «
Pont qu'il efi tottfows à moii
Elle a U fecret' de mon anu , -
^^uand il n'efi pas feau du roi.
Les corps des deux auguiles époux
furent portés . enfembie à Saint-
Denys , avec celui du duc de Bre-
ti^, l'un de leurs fils.» mort
preftjue.cn même-temps.
Voyt\ les VtTtus de^Louis de
htmu^ Duc de Bourgogne ^ par le P.
Manineau Jéûiite , Ton confeiTeur ,
1711 , in-4** ; & (on Portrait par
râbbc Fieury , fon {bus-prccepteur ,
Paris, 1714, in-.i2. Ces deux ou-
vrages prouveront que c'eft à tort
que Foliaire a dit : »• Nous avons , à
» la home de rcfprit humain, cent
»♦ volumes contre Louis XlVy fon
« fils Monfdffiewr , le duc d'Orléans
w fon neveu -, & pas un qui felTc
y connoître les verms de ce prince,
»» qui auroit mérité d'être célébré,
>» s'il n'eût été que particulier «,
Un homme de lettres qui a raf-
femblé dans fon cabinet le portrait
des hommes illuftres , a mis au
bas de celui du duc de Bourgogne
ces quatre vers , tirés de la Hen-
riade :
Hélas t que n^eût point fait eetu amê
vertueufe !
la France fous fùn règne eût été trop
heureufe l
H «ttt entretaiu Pabùndanee & la paix ;
Il eut compté fes jours par fes bien*
faits, .
Voyei Laubanîe , Ù II. Fon-
taine , vers le milieu.
XXIII. LOUIS , Dauphin de
France , fils de Louis XV & père
de Louis XVI , mort le 20 Décem-
bre 1765 , étoit né à VerfaiUes
en 1729» Ce prince monora de
bonne heure tant de goût pour I4
vertu , que la reine ià mère difoit :
Le ciel ne m*a accorde qu'un fils ;
mais il me l*a donné tel que j'aurols
pu le fûuhaîter. Il avoit époufé , 1«
2j Février 1745 , Marlt-Thénfe ,
infante d'Efpagne. Cette princeiTe
étant morte en 1746 ,. il époufa
au commencement de l'année fui«
vante , Mane-Ja/ephe de Saxe , dont
il a eu plufieûrs fîls : { Voye^ aux
Tables Chronologiques^ ) Le Dau^
fbin accompagna le roi fon père
pendant la campagne dé 1745 y &
îe trouva à la bataille de Fontenoy,
où il donna des preuves de va-
leur & d'humanité. Il joignoit k
des talens naturels , ^t% connoif*
fances étendues & des vertus rares.
Sa pieté folide & affe^ueufe , fat
douceur , fon aflEibilîté , fon appli-
cation confiante à tous fes devoirs»
ont rendu fa mémoire précieufe.
Son amour pour la religion lui
feïfoit redouter l'excdïive liberté
de la prelTe. Un jour" qu'on par-
loit devant lui des livres contrai-
res à la religion & aux moeurs »
& qu*on en jufHfioit la circulatioa
comme celle d'un objet de com-
merce : »♦ Malheur ^ dit - il , ai»
ï» royaume qui prétendroit s'enri-
»» chir par un tel commerce , que
>♦ facrifieroit des richelTes vraies
>» & durables à des richefles fadtî-
M ces & éphémères , qui étoufFe-
>» roit la vertu des citoyens &
»» croiroit acquérir les moyens de
>♦ la faire paroître^ *<.. H croyoife
qu'il falloir chercher la fource de
tous les défordres de ce iîecle dans
1^ licence eflfrcnéé' de parler &
d'écrire. >» On n^écrit , dlfôit - il ,
;♦ prefque plus que pour rendre la
^ religion meprîfable & ta royauté
>» odieufe. Il ne paroît prefque
M point de livres où la religion
w ne foit traitée* de fuperfHtion ôc
>i de chimère > où les rois ne foient
»♦ repréfentés comme des tyrans ,
Bb iîj
)9Ô L o ir
>t & leur autorité . comme un è.ef"
M potifme iofupportable. Les uns^
w le difcnt ouvertement & avec
•t audace , les autres fe contentent
>* de riniînuer adroitement; 6c à
»♦ quoi bon tant de livres ? la vie
•> entière de ITiomme ne ftiffiroit
w pas pour lire ce (p'il y a de
»» mieux écrit en quelque genre
» que ce foit *, on ne fait plus que
h répéter ce que les autres ont <ètî
»♦ & fi Ton veut s'en éloigner pour
>♦ fe frayer dés routes nouvelles ,
»» on donne' dans des écarts «<.
Cette fageffe de principes parut
clans toute fa conduite. Il y a une
foule de traits de lui, qui méritent
d'être tranfinis à lapoftérité. Telle
cft la fubiime leçon qu*il fit aux
jeunes princes fes fils , lorfqu*on
leur fuppléa les cérémonies au
baptême. On apporta les regifires
fur lefquels l'Eglife infcrit fans
ëiftind^on fes enfans. Voye^ , leur
dit-il , votre nQm flaçi à la fuite de
telul du pauvre O de, LHndl^ta, X^
JUlî^on ^ la Nature mettent tous les
homrnes de niveau ; la vertu feule met
^ntreeux quelque Sfferençc : & peut^re
^ue celui qui vous précède Jera plus
frandaux yeux de Dieu , que vous ne
(tferei jamais aux yeux des peuples^,*
'Condtâfe^ nus enfany , difoît ce bon
prince, dans la chaumière dû fay-
fan : montrd^'leur tout ce qui peut les
attendrir i qu*its votent le pain noir
d^ife nourrit It F ouvre \ qulls tou^
^hent de leurs niaîns la paille qui lui
fert de lit,,. Je veux qu*ils apprennent
> 4 pleurer. Un prince qui ti'a jamais
ytrfé de lartii^ ^ ne peut être hon^ Il
avoit tracé de fa main des plans
de palais & de jardins magnifiques.
Ceux à qui il les montra , en loue*
irent la beauté. Ce qu'ils ont de pluli
i^eau , dit lé Dauphin , ç'eft qu'ils ne
coûteront rien ai^ peuple ; ils ne feront
jamais exécutés. Il dit un jour à
Vambafladeur d'Efpagne que , pour
qw'w prinçç goMç «no tmkç^
^on ^ure 'dans un feftîn , il en-
droit qull pût y convier toute la
nation; ou du moins qu'il pût fe
dire , en fe mettam à table : Auca
4e mesfujets n*ira aujourd'hui fe cov
cher fans.,foaper^ A la naiffance du
duc deBoHTgogne^ au lieu de fêtes
pompcuies II inutiles, U diibihuï
d'aboiidantes aumônes , & fit deôb
fiéii le prix des réjouîflances pu-
bliques à doter 6oo filles. Le roi
vouloît qu'on augmentât (a pen«
fion* Jfaimerois mieux , dit le DaiH
phin , en refiifant rauginémadon i
que cette fomme fût diminuée fur les
Tailles,., Il difoit quelquefois : B
faut qu'un Dauphin paroîjfe un Ao«*
mt inutile , & qu'un Koi sUfforce d'etn
un homme univerfel,,. L'abbé de Saint*
Cyr s'entretenant avec lui un joui
fur le Livre de la Concorde du Sa>* \
cerdoce fy de l'Empire , de MarcA;
il lui dit : Hélas ! mon cher Abbé ,
quil en coûte de peines pour accordet
les hommes entre eux ! Un Berger ,
•ia houletu à la main y ma tout fon
peuple en mouvement d'un coup defiffet»
Deux chiens font fes feuls miniflres; /
ils aboient quelquefois fans prefque jom
mais mordre f & tout efi en paix...
Ce qui rend la réforme d'un Etat fi
difficile , diibit - il dans une autrQ
occafion , e'efl qu*il faudrolt deux
bons Règnes de faite : l'un pour extir-
per Us abus , & l'autre pour les emptfki
4c renaître^*. Il avoit £ût une éxaà^
approfondie de l'Hiftoire , qu'il ap-
peloit la Leçon des Princes & rEeolt
dç la Politique, »» L'hifloire, difoit-il,
>* efi ia reâburce des peuples coq«
H tre Içs. erreurs des princes. ElU
>t donne aux enfans les leçons qu'on
>♦ -»*ofoit faire aux --pères. Ell«
I* craint moins un roi dans le tom*
>t beau qu'un payiàn dans fa cbaU-
>» miere «• La fenfibilité de foa
ame fe déploya dans plufieurs oc«
cafions. II aimoit tendrement le
comte du Muy , homme d'une verfil
çarej d'une piété fofidc. Ildçmïpdoil
L O U
tmu les )ûurs par une priete particu-
lière la confervadoii de cet ami pré-
cieux.L'hiflorien de ce prince nous a
confervé cette prière. »» Mon Dieu,
» dtfendez de votre cpce, proïégei
>» de votre bouclier le comte de
M Fclix du Mxty » afin que ii jamais
» vous me faites porter le peTant
» Etfdeau de la couronne , il puifTe
M me foutenir par fa vertu , fes Ic-
M çons & Tes exemples ««. Nous
avons d^i que le comte du Mûy étoit
fon ami , car on ne peut Ce fervir
d'un autre mot en parlant du fen-
timent qui les unit. Leur liaifon
étoit fondée fur la conformité fin-
guUere des caraôeres : même auf-
térité de moeurs, même himianité »
même bienÉiiiànce , même dévoue-
ment au bien public > même zèle
pour la religion. Pour connoître
l'état de la France , les maux 6c les
remèdes polidques, le prince croy oit
qu'il ^ott voir par foi-même „ &
compta voir par foi- même > en
envoyant dans les provinces un
tmi jaloux de fa gloire, un citoyen
dévoué à l'intérêt public , un ob-»
fervateur judiâeux tet que M. du
Muy y qui remplit fa tâche avec un
zèle mefuré fîur la confiance que
lui témoignoit le Dauphin. La fim-
plicité de ce prince ne fe bomoit
pas au fèul ientiment de Tamitié.
Il avoit eu le malheur de tuer a la
chafle un. écuyer ùxm le voir, en
déchargeant fon fufil. Il en étoit
ûcQnfolable. Vouf dirt^ tout ce que
tous voudrez , ( obfervoit^l i ceux
qui cherchoient à éloigner de fon
rouvenir cette trifle aventure ) :
W* ccpam^H homme efi tot^ours mort,
^ mort d*un coup qui ^ parti de ma
9taîn, Non , je ne me le pardonnerqf
}amais. Je vob encore l'endroit oès'eji
fi^ée eau fient agreufe^ J'entends en-*
f.ore les cris de ce pauvre malheureux ;
^ U me femble U voir à chaque injiant-
f*« me tend fes bras enfanglantés , &
9K dit ; )t Quçl mal vous sû'jie Êdt».
LOU 39t
» pour m*ôter la vie ♦» ? // me fem-^
hle voir fa femme éplorde , qui me dc"
^ mandé : «i Poiurquoi me faites-vous
>» veuve « ? Et fes enfans qui crient :
» Pourquoi nous faites -vous or-
»♦ phelins 4* } Un jour qu'il alloit à
la chafTe , il ne voulut jamais tra-
verfer une pièce de blé pour arri-
ver plutôt au rendez-vous. Le peu-
ple circonvoifin j accouru à fon
palTage , fiu témoin des détours qu'il
fit prendre pdur ne caufer aucun
dommage. L'un des fpe^lateurs s'é-
cria : Ahl voye\ notre bon Dauphin y
U ne veut pas fouler nos fmences. Ce
prince dit à ceux qui l'accompa-
gnoient : Vous Pentende\ , ils nous,
favent gré de tout le mal que nous ne
leur fdfons pas. Digne fils d'un tel
père, Louîs XVI y encore Dauphin^
a donné dans une femblable occa-
fion un pareil exemple de jufHce.
Le Dauphin mourailt prit la main
d un homme qu'il avoit aimé , la
ferra contre fon cœur , & lui dit :
Vous n'êtes jamais ford de ce cœur-lâ».
Regardant tous fes amis qiji pieu-
roient ^ il les remercia avec l'af-
fe£Uon lît plus tendre : Ah ! s'é-
cria-t-il , je favois bien que vous m'a^
vic^ toujours aimé,,^ [ Voye\ auiH
NoLLET. ] On a deux Vies de ce
prince : I. par M. de VtUiersy in-iz,^
1769 : II. par M., l'abbé Proyart ^
1778,. in-^**, & 1782, a vol. in-i2,.«
& des Mémoires fur ia vie , par le
P» Grijfèt, 1778, 2 vol. iri-i2.
Parmi les fils du Dauphin , on
dçit diflinguer Louis -^ Jofeph Xa--
vter de France y. duc de Bourgogne ^
né à Verfailles le 15 Septembre/
1757 ,.& mort après avoir fouffert
de grandes douleurs avec une conf^^
tance héroïque, le 22 Mars 176 1«
Ce jeune prince of&oit les plus
grandes eipérances du côté du coeu^
& de l'écrit. On raconte de lui
plufieurs traits , qui donnent une-
grande idée de l'un & de l^&utrei^
On lui avoic préfenté une Tabi^
B h iv
39^ L O U
duonologlque de tous les Rois de
France depuis la fondation de la
monarchie. Son gouverneur lui dit,
qu'on n'avoit point de preuves que
les rois de la troiiieme race def-
cendiflent de la première* ni mê-
me de la féconde \ il en parut
étonne » & répondit avec une forte
de dépit : Au moins , Monjuur ,
ji defccns àt 5. Louis & de. Henki
jy. On lui apprit un jour à
quelle occaiîon LouU XV avoit
eu le titre de B jeu-Aimé, m Ah !
qui U Roi , s'écria- t-il , dut ctrefcn-
fible à tant d'amour, & que j'achète^
rois ifolonders ce plaîfir au prix d'une
telle maladie /.. Il aimoit la célé-
brité que donnent la gloire & Je
inérite -, mais il haïfToit & mépris
ibit en mêmte temps la flatterie.
Quelqu'un s'avifa de lui donner des
éloges qui fentoient Tadulation :
Monfieur^ lui dit-il , vous me flatte^ ;
je n'aime point qu'on me flatte. Et le foir
en fe couchant, il dit à fon gouver*
neur : Ce Mcnfieur me ftatu ; prene^
^arde à lui,., La médifance lui dé-
plaifoit fouverainement. Quelqu'un
parloit afTez mal , devant lui , d'un
homme dont la naiflance méritoit
<les égards ; il le fit approcher, &
lui dit : Je trouve fort mauvais que
vous parlie^ ainfi , devant moi , d'un
homme de condition ; n'y revene^ plus,
La générofité de fon cœur fe mon-
troit dans toutes les ocçafions. Il
aimoit mieux fe retrancher un amu-
iement , que le pouvoir de faire une
aumône. Un village ayant été in*-
cendié , il fit une quête dans fon
augufte famille , pour le foulageT
ment de ces malheureux çampat-
gnards , & y ajouta tout ce qu'il
put prendre fur fes menus plaifirs.
On raconte des chofes auffi fatis£û-
fantes des difpofitions de fon ef*
prit. Il poiTédoit fupérieuremeat la
langue Françoife ; il la parloit avec
une correâion & une pureté qui
étoonoit» Qdix & concis dans tout
LOU
ce qu*il 'difoit , il vouloît que Ton
s'énonçât aVec netteté & préci-
ûon j fa délicatefTe à cet égard étoit
extrême.
XXIV. LOUIS I" ,lePimsovi
le Vieil y roi de Germanie , troiûenie
fils de Louis le Débonnaire , & frère
utérin de l'empereur Lothaire & de
Pépin , fut proclamé roi de Bavière
en 817. 11 gagna , av^ Charles le
Chauve , fon frère paternel , la ba-
taille de Fontenoy contu^ Lothaire
en 841 , étendit les limites de fes
états , & fe rendit redoutable à (es
voifms. U mourut à Francfort le
a8 Août 876 , à' 70 ans. Ce fut un
des plus grands princes de la famille
de Charlemagne. Il n'eut pas toutes
les vertus d'un bon roi , mais il
eut les qualités des héros : [ Voye^
Lothaire I...] Loi/is II le Jeune ^
fon fils , auHi courageux que lui,
& fon fuccefieiu: au trône de Ger-
manie , fut attaqué par fon onde
Charles le Chauve , qu'il vainquit
près d'Andemac , en 876. Il mourut
à Francfort le 20 Janvier 881,
dans le temps qu'il levoit des trou-
pes pour ôppoîcr aux Normands
qui commençoient leurs ravages.
Son autre fils Charles , dit le Gros ,
fut empereur : Voye^ Charles ,
n° IX.
LOUIS m, roi de Germanie,
Voyei Louis 111 , empereur.
XXV. LOUIS V d'Anjou ,
roi de Hongrie & de Pologne , fur-
nommé le Grand , naquit ;le 5 Mars
1326 V & fuccéda dans Bude, en
1342 , à Charles^Robert le Boiteux
fpn père , iffu de Charles I , comte
d'Anjou , frère de S. Louis. Il chaiTa
les Juifs de la Hongrie , fit la guerre
^vec fucçès aux Tranfijvains , aux
Croates, aux Tartares & aux Venir
tiens -, il vengea le meurtre à* André
fon frère , roi de Naples , mis à mort
en 1345 , & fut élu roi de Pologne
après celle du roi Cafmir , fon. on-
(:ie I en J370« Il fit panoitre uo Â
LOU
.ffând zèle pour la religion Catho-
lique , que le pape Innocent VI le
fit grand-gonÊdonnier de l'Eglife.
Ce prince fage & juft» mourut à
Tirnau , le la Septembre 1381 ,
à 57 ans. Sa mort fut fui vie de
grands troubles en Hongrie : Voye^
Gara.
XXVI. LOUIS II, roi de
Hongrie , fuccéda à Ladlflas Ton
père, en 15 16. Comme il étoit trop
Jeune pour rcfifter à fes ennemis ,
il s'engagea inconâdérément , &
périt avec fon armée à Mohatz. 11
mourut le 29 Août 1 5 26 , à 22 ans.
I On a remarqué de lui , que fa naïf-
<&nce , fa vie & fa mort avoient eu
j quelque chofe d'extraordinaire. 11
^ naquit fans peau *, il eut de la barbe
à 1^ ans, devint grisa 18 , & fe
noya dans un marais. Quelques
I hiftorjens ont cru que la Provi-
dence Tavoit puni de ce qu'il avoit
I • iak jeter les ambaifadeurs de SoU-
I mon II dans un vivier , où ils furent
mangés des poiiTons.
XXVII. LOUIS, prince de Ta-
«nte , neveu de Robert le Bon , roi
xle Sidle , né en 1 322 , époufa le
20 d'Août 1347, Jeanne^ reine de
Kaples, ia^roufine , [ Voy, Jean ne ,
n** y. ] après ]a mort 6! André fon
premier mari , à laquelle il avoit
contribué. Contraint de fortir du
royaume par Louis I^ roi de Hon-
grie , qui s*y étoit rendu avec uiie
armée , pour venger l'afTaffinat
d'jindré fon firere , il vint fe réfu-
gier avec la reine fon époufe, en
Provence, où le pape Ci:;n<»« VI
^ti déclara innocens. Rappelés en- .
fuite par les Napolitains , ils cliaf-
fcrent les troupes Hongroifes reftées
<ïans le royaume , & fe firent cou-
ronner folennellement à Naples ,
le jour de la Pentecôte 1352. Lotds
mourut l'an 1362 , fans laifler d'en-
Éms. U avoit inftitué , dix ans aupa-
ravant , Tordre du Saint-Efprît du
"fuoid , qui sç durg q[ue pédant fon
t O U . 39 J
régné. Lorfque Henri III pafià par
Venife , à fon retour de Pologne ,
la feigneurîe lui fit préfent du ma«
nttfcrit qui contenoit les fiatuts dû
cet ordre. Ce prince s'en fervit
pour établir fon ordre du Saint-
Efprlt , & commanda au chancelier
de Chyvtmy de faire brûler le livre ^
mais la volonté du roi ne fut pas
exécutée en ce point , & le manuf-
crit fiit comfervé.. 11 a été imprimé
dans les Monumens de la Monarchu
Françolfe de D. Montfauson \ & de**
puis féparément , fous le dtre de
Mémoires pour ferrir à PHiftoire de
Fr^ce duxjy^ fiecle, avec les notes
dél'abbé le Fevre, 1764, in-8^
XXVIII. LOUIS r'. duc^'j^n-
jou , fécond fils de Jean , roi de
France , & de Bonne dt Luxembourg^
fe chargea de la régence du royaume
pendant la minorité de Charles VI
fon neveu. U ne fut occupé que du
Xoin de remplir fes coffres , pour
fe mettre en état d'aller prendre
poiTefiion du trône de Naples, que
la reine Jeanne , citée dans l'ardcle
précédent ^ lui avoit ^égué l'an
1380 par fon teflament. Ck prince
fe rendit en Italie deux ans après ,
avec des tréfors immenfes , pour
faire valoir fes prétentions -, mais
quand il arriva , il trouva le trône
occupé par Charles de Duras , parent
de la reine , morte depuis peu. 11 fit
de vains efforts pour l'en chalTer.
Traki d'ailleurs par Pierre de Craon ,
qu'il avoit renvoyé en France faire
de nouvelles levées , & qui difîîpa
tout Targent à Venife avec des cour-
tifanes , il en mourut de chagrin ,
à Paris , le 20 Septembre 1384. Ses
defcendans tentèrent à diverfesre-
prifes de s'emparer de ce royaume ,
& ne purent jamais y réuffir. '
XXIX. LOUIS , ( S. ) évêque
de Touloufe , fils de Charles II , dit
k Boiteux , roi de Naples , de Jé-
rufalem & de Sicile -, naquit à Bri-
gnolcs ça PfpTcacei l'an i274«
194 L O U
Quokja'il fi^t Hiérider pf^fomiMÎf
des états de fon père , il prit l'habit
de SaùU'FrançoU .11 fut Êadt évêqHe de
Toulouse par le pape Bonifacc VllI,
Ik: gouverna fon diocefe en homme
«poftolique. U mourut le 19 Août
1199 , âgé de 1^ ans , à Brignoles ,
où quelques œuvres de charité
l'avoient attiré. Perfonne ne fut
mieux concilier la (implicite reli-
gieufe avec la dignité épiicopale.
11 donnoit tous les jours à manger
à vingt-cinq pauvres , & les fervoit
lui-même. Il n'ufa jamais de vaiffelle
d'argent y que pour les étrangers :
encore ordonna-t-41 en mourant ,
qu'on la diilribuât aux pauvres.
Son premier foin , en prenant pof-
leflîon du fiege de Touloufe , avoit
ité de s'informer de fes revenus ,
dont il ne réferva que le quart pour
l'entretien de fa maifon -, tout le
refte îat deftiné aux befoins de fon
peuple. Lepape/e^XY/Zlecano-
nifa en 13 17.
LOUIS DE PozN , né dans le
diocefe d'Amiens, en 1714, mort
à Paris en 1782 , étoit au nombre
àes Capucins hébraïfans, du cou-
vent de Saint- Honoré, élevés de
l'abbé de yuicfroy, U eut beaucoup
de' part à tous les ouvrages de fes
confrères « wx principes dîfcutés pour
rintzUîgtnu dfis livres prophétiques , &
k ia verfion latine & françoife des
Pfeaumes.
LOUIS DE BouRBoy , évêque
de Liège, Voyc^l, Margk.
LOUIS , ( Princes d'Orléans )
Voytiii, & III. Orléans.
LOUIS , (Princes de Condè ) .
Voyei CONDÉ , n°* II. & III....
Bourbon , n*^* iv & v.
LOUIS, (Pierre de Saint-) Voy.
Pierre , n** xxix.
LOUIS LE Maure, Toy^iv.
$force.
LOUIS DE Dieu , Voy. Ditv,
LOUIS DE Grenade, Voyt{^
ce dernier mot»
t O U
LOUIS DE LÉON» ri>x.LÉo»2
B® XXIV. .
LOUIS DE Lorraine» Voye^^
Guise » n** vi.
L LOUIS£ DE Lorraine, fille
du comte Antoine de Vaudcmont » fils
puîné à* Antoine de Lorraine » naquit
à Nomeny , en 1554 , &fut élevée
avec le plus grand foin par la com«^
tefle de Saint» Elle époufa en 1575
Henri III , roi de France. Cette pria*
ceâfe, également belle & ûtge , avoir
été aimée éperdument par Franco»
de Brienne , de la maifon de Luxenw
bourg , avant qu*elie fe mariât. Ce
feigneur s'étant trouvé au facre de
Henn III : Mon coufin ^ lui dit le roi »
j*aî enlevé votre maitreffe ; mais je veuM
en échange que vous époufie^ la mienne»
Il parloit de Mll^ de Chdteatmeuf ^
pour laquelle il avoit eu un amour
pafHonné. Brienne s^excufa , en de»
mandant du temps. Ce n'étoit point
lui , mais le comte de Salm , qui avoit
été le premier objet de l'amour de
la reine. Mais » depuis qu'elle 6it
mariée , elle fut fidelle à fon mari.
Cependant elle conferva toujours
de la tendrefîe pour le comte. Elle
eut un A grand regret de ne l'a-
voir pas pu époufer, qu'elle tomb»
dans une langueur, <iui contribua
à la rendre flérile. L'inditFérence
prit la place de l'amour dans le cœur
de Henri IlL II en avoit d'abord
paru charmé. Si en qualité de Roi ^
difoit-il , je fuis le maître de iotes les
autres , je puis dire auffi que j*ai Ia
femme la plus aeeomplie du royaume»^
Mais la reine naturellement fombre ^
& n'ayant , malgré la beauté des
traits , rien d'animé , Téloigna en^
core d'elle par les pratiques d'une
dévotion févere & minudeufe. Elle
pouffa le mépris de la parure , ju£^
qu'à s'habiller d'une étoffe de laine^
Quoique fon teint fut devenu ez«
trêmement pâle , elle refufa confît
tamment les fecours de l'art, qui
eufTeot pu corriger ce déÊiuL Soik
L O t
itrain étoît fi iîmple , qu*étant allée
un jour elle-même dans la bouti-
que d*un marchand d'étoflfe^ de la
rue Saint-Denys , elle ne fut pas
reconnue par la fiemme d'un préfi-
dent qui y étoit avant elle , & qui ,
ïuperbement parée , ne quitta pas
des étoffes qu'elle examinoit, pour
prendre la pofture décente où elle
devoit être. La reine , choquée de
la magnificence de Tes ajufiemens ,
& peut-être de fon manque de ref-
peâ, lui demanda qui dit étoit ? Sans
regarder la reine , la dame lui ré-
pondit : Que , pour fatisfalre fa eu--
rîofité , elle vouloît lien lui apprendre
^u'on Viippelou la Préfiiente /V... Sur
quoi la reine répliqua: En vérité,
madame la Préfiderac , vous êtes bien
hrave , pour une femme de votre quaàté»
Piquée du reproche , & continuant
de ne pas faire attention à celle qui
I le Itdfaifoit, la préfidente allajuf-
qu'à lui dire brufquement , qu'^w
j moins ce n* étoit pas à f es dépens. Mais
enfin , averde de la èiute im{)ardon-
nable qu'elle commettoit « elle ou-
vrit les yeux , reconnut la reine,
6c fe jeta à fes genoux. Elle en fin
quitte pour quelques remontrances
fur fon luxe , d'autant plus condam-
nable , qu'il venoit de paroître un.
édit contre celui des habits. Lowfe
ne fe contenta pas des pranques
fecretes de piété auxquelles elle
pouvoit fe livrer dans fon appar-
tement : elle érigea des confréries,
affifla à des proceffions , parcourut
toutes les églifes & tous les cou-
vens , & infpira fon goût à tous
ceux qui fe piquoient d'une foi pure
ti oppofée à rhéréfie. Elle mourut
le 29 Janvier 1601 , à Moulins ,
où elle s*étoit retirée après la mort
à& Henri III
II. LOUISE DE Savoie,
ducheffe d*Angoulême, fille de PAt-
^ppe , comte de Breffe , puis duc de
Savoie, & de Marguerite de Bour*-
-ion} épouft, e» 14^8, Charles d'Qf
t' 0 1/ 39f
léans"^ èomte d'Angoulême , dont
-«lie e«t le roi François I, Ceftpar
elle que fut formée la jeunefTe dé
ce prince , qui , étant monté fur l6
trône de France après la mort do
Louis XII ^ lui laiiTa la régence d«
royaume , lorf^'il partit pour' U
conquête du Milanez. Cette prin-
ceffe eft principalement célèbre
par fes démêlés avec Charles dc^
Bourbon. Elle avoit d'abord beau-^
coup aimé ce prince , & avoit m©^
me obtenir pour lui l'épéedecon*
nétable *, mais piquée enfuite de
ce qu'il avoit refiifé de Tépoufer^j
fon amour fe tourna en une haine
violente. Elle revendiqua les bien»
de la maifon de Bouxbon , dont elle
étoit du côté de fk mère, & qu'elle
prétendoit lui appartenir , par la
proximité du fang. Les juges ne
furent pas aflêz corrompus pour
adjuger cette fucceffion à la ré-
gente ; mais ils furent aflez fbibles
pour la mettre en féqueftre. BoW'i^
bon , fe voyant dépouillé de fes
biens , quitta la France & fe ligua
avec l'empereur Charles-Qmnt* On
fentit bientôt l'importance de cette
perte , fur-tout lorfque François l
fut fait prifonnier à Pavic. Louifc
manqua d'en mourir de douleur;
mais ayant enfin efiuyé fes larmes ^
elle veilla avec beaucoup de cou-
rage & de bonheur à la fureté dtt
royaume. Elle maintint tous les
corps dans l'obéifiance , 6e follidta
des fecours avec vivacité. Tous le»
bons François allèrent au-devanfi
de fes défirs -, le parlement de Paris
fe fignala par fa fageiTe, tandis que
les autres corps fecouroient l'état
avecTibéralité. La France étoit coni^
temée -, chacun partagea la douleur
de la régente du royaume, & l'on
vit fans peine l'édît du 20 Avril
1515, qui ordonnoit de quitter les
habits de foie , défendoit déporter
au-delà de la valeur d'une demi*
once d'or , & d'aller en carrofikw
196 L O U
jAtulfc ayant, poftirvu k la tranquil-
lité intérieure & à l'économie pu«
fclique, négocia la paix à Cambray,
«ntre le roi & l'empereur. Le ta^aité
fot conclu par fes (oins , le 3 Août
ip9. Elle mourut peu de temps
«près , en 15 32 , à 5 5 ans, cegardée
comme une femme auili propre à une
intrigue d'amour^ qu'à une affaire de
fcabinet. On a remarqué de grandes
reâemblancesentre Ls^ulfi eUSayoit &
i^Atheruudù MédUL^dans la politique»
ilans la galanterie, dans la tendreiTe
«latemelie. On croit que c'eft elle
qui procura la ducbeile d'Etampes à
irançoîs I , à condition qu'elle ne
^'oppoferoit à aucune de ics vues.
Un autre reproche qu'on peut &ure
à fa mémoire , eft d avoir extorqué
de Samkianfay , furintendant des
finances, 400 mille écus, (iîx mil-
lions d'aujourd'hui) , deilinés à
l'entretien d'une armée en Italie ,
qui y périt de mifçre. FrûnçoU /,
irrité , fit condamner ce vieillard
comme concuifionnaire , uns que
(Ta mère , qui avoit été en partie
caufe de fon fupplice , travaillât
pour l'y arracher. Lomft étoit aufli
Ifpirituelle que belle. Elle aima les
lavans & les protégea. Maigre fon
fcTprit , elle avoit beaucoup de pe*
tits préjuges. Trois jours Avant là
inoct, elle apperçut, dans la nuit,
de la «larté à travers fes rideaux \
elle demanda ce que c'étoit > On lui
dit que c'étoit une comète. Ah I dit-
elle , voîlÀ un fiffie ^td »< paroit pas
pour uM ^ptrfonne M bajfc quaûté ;
Dieu l*cnvoU pour nous autres grands
& grandes, Refermei la fenêtre ; cefi
une Comte qui m'annonce la mort.
Elle avoit toujours appréhendé ce
triftc moment , & ne pouvoit fouf-
frir qu'on en parlât devant elle,
même dans les fermons. [ Voy. vu.
Agrippa.]. Cependant elle s'y pré-
para en princeiTe chrétienne. Ses
îiaifons avec quelques favans Cal-
Tialftcs , & le penduuit de hUr^,
t O u
pttnu (a fille pour les nouveautés»
avoient fait croire à quelques cour-
tifans malins , qu'elle n'étoit pas
bonne Catholique. Mais ce qu'elle
fit dans fes do^ers momens , dé-
mentit «es injuftes foupçons. Peut-
être qu'elle avoit condamné trop i
hautement les vues de quelques j
membres du Clergé, & les abus qui
s'y étoient gliffés \ & alors condam-
ner ces abus , c'étoit , aux yeux de
quelques hommes plus zélés qu'é-
dairés, c'étoit être novateur. Oa
trouve les mémoires de LouLfe de
Savoie , écrits par elle-même dans
le Tome xvi de la ColàcHon uni'
vtrfcUe des Mémoires fdfiorlqufs relatifs
à l*Hifloiredt France, Ils font curieux
& écrits avec naïveté.
ni. LOUISE-MARGUERITE de
Lo i^R AïKE , princeffe de Contl , fille |
dé Menrl duc de Guife , dit le Bala- \
fié, naquit en 1588. Elle époufa |
François de Bourhon^ prince de Conti, 1
fécond fils de Louis I de Bourbon ,
prince de Condé. Ayant perdu foa
époux en 1614 , elle fe confolade
cette perte avec les Mufes. Elle fe
confacra entièrement à la littéra-
ture, & protégea ceux qui lacul-
tivoient. Elle en coimoifToit tout
le prix , & accordoit fa proteûion
avec difcernement. Cette princeffe
mourut à Eu le 30 Avril 1631.
On lui doit les Amours du grand
Alcandre , dans le Journal de Henri
///, 1744, 5 vol. in-8^ C'eft
une hiftoire des amours de Henri IVy
ornée du récit de quelques belles
a£Uons & paroles remarquables de
ce grand roi -, mais entremêlée auffi
de fatires ameres. Cet ouvrage
parut d'abord fous le nom du fieur
du Piloufe , avec ce titre : Rûnuat
Royal , ou Aventures de la Cour,
LOUISE MARIE de Gonza-
GUE , reine de Pologne \ Foy.
Gon:(agu£, Vi* vu,
I. LOUP , (S.> Ijupus ,' né i
TQal , épQuf^ I9 fœw de 5, BJHaîn
L ou
^êque d'Arles. La Verra «roît
fbrmé cette union *, une venu plus
fublime la rompit. Les deux époux
& réparèrent l'un de l'autre, poux
ie coo£icrer à Dieu dans ub mo*
naftere. Loup s'enferma dans . celui
de Lérins. Ses remis le firent éle-
ver fur le fiege de Troyesen427.r
Lùup^ entièrement occupé des: de-
voirs de lepiicopat / mérita les
refpeâs & les éloges des plus grands
hommes defon ûede. Sidoine ApU-
Unaire. rappelle le premier dis Prélats.
S. loipétoit, en effet, auffi iUufire
par {es lumières que par fes ver-
tus. Il avoir un goût sûrrponrles
ouTmges.d'e^irtt , & les auteurs
Be redoutoient pas .moins ia cen-
lîire^que Vë$ pédieuss. Il étoitibr-
tout verfé dans les faintes lettres.
lût comte Athogafit ^ qui favoit aiiill
bien manier la plimie que Tépée »
s'étant adrefle à Sidoincpom Tex*
plisation.de quelques pafiagés de
l'Ecriture, ce (àint évêquc. le ren-
voya à . Loup, Les . révoques des
Gaules le députèrent y avec Si
Htmaîn d'Auxerrer, pour aller
combattre les Pélagiens ^ iofec-
toient la Grande-Bretagne. Cette
miffion prbdaiât de grand fruits«
X<*p,de retour à Tniyes , fauva
cette villede la fiireur du barbare
Jttùia , que fes mères défarmerent.
On prétend même qu'il l'iemmena
avec lui jvfqu'au Rhin. L»up mou«
rut le 19 Juillet 479 , après 5 a ans
d'épifaopat. Le Père Sirmond a pu-
blié XKDtrLmre de cet illuilre pré-
lat, dans le premier volume de fa
colleûion .des Conciles die France...
il îaa» lé diftinguer de 5. Loup
évêqUc de. Ly<to , mort en; 741 ;
& de S.tviUP évoque de Bayeux,
Jnort vers 465... Fo;yqau(fi Lev,
IL LOUP, abbé deFerrieres ,
avoît embraflé la proieffion mo-
naftique fous S: Aldtu , qui l'en-
voya à Fulde étudier les Ecritures
fous ]it iàsfusa^ M4oih Xo dtfcipl4
L O U 3^7
fit honneur â foa maitre. De re«
tour à Ferrieres , il en fut nommé
«bbé en 842. Il parut avec éc^t
au concile de Vemeuil en 844,.fc^
en dreâa les canons. Le roi.&let
évéques de France lui commirent
pluûeurs affaires importantes. Ckar^
les le Ckaiofe l'envoya à Rome vet«
le p9péléuH ly en 847. Loup » iàn»
être courti(àn, eut un grand cré-
dit à la cour ; & il s'en fervit pour
parler au roi avec liberté fur le»
ufucpaûqns des bietis ecdéûaâiqu^»
Cependant l'intérêt qu'il y avoit »
peut dimimier un peu , ( dit le P,
Loripiwal^ ) le mérite de fon zèle;;
On avoit. eiklevé. un bénéfiçe^con-
iidérable à l'abbaye de Ferneres,-
qui f& voyoit par-là hors d'état
de nourrir (sa religieux. Auifi Lwip^
écrivoi»-il à Charles le Chauve : //
efi bien injufie que vqus les fujpâ^ mov^
nr de faim '6^ de froid , tandis ^u'Oê
font okUgés dtpner pour vaus^* Chat^
Us lui accorda eofia ce qu'il demant
doit , & le chargea de réformer tousi
les monaftefes de France avec lu
célèbre Prudence, .Ces deux illu^es
perfofu}9gesiurefit zélés défenfeikrt
de la dodfcrine de 5. Augnflin fur la
Grâce. On* deXoi^ plufieuvs •oo*-
vrages : I. cxxxiv heures (kr dif-.
iérens fiiietS. Elles mettent dans ua-
graftd }oar phifieurs affaires de foa
temps. On y trouve divers poiilts
dé doârine & de difcipUne ecclé^
iiaâique y difcutés. Le ûyle en A
pur & aÎTez élégant II. Un Tsiut^
ijQtkulé : Des tii Quâ/Hons conim
Gotrftak^ Le favant Balm\e a re--
cueilli cesdiiFérens E^ritsen 1^64 » '
in-8^> k les a enrichis de notes cu«
rieufet. ' *
LOUPE, ( Melun de la ) Toy^^
L Melun.
LOUPTIERE , ( Jean-Charjes .
de Relongue de la.) de l'académie
des Arcades dé Rome , né à la
Lokptiere., diocefe de Sens, ea
S7ï4i <(9mVX7^>«69«is I
^9S L O U
eil connu ptr un recueil dt Poifia
«n 2 vol. in-S° « où l'on trouve
jde refpi-u , de la grâce i 6c quel-»
«{uefois de la délicatede; mab foi-
blet de coloris h de ûyle. L'auteur ,
naturellement doux & honnête, ne
veriîfia prefque jamais <|ue pour
vendre hommage au talent À à la
licauté. On a encore de lui les fîx
premières parties - du Jomnal dts
•Dofjus^tti 176 1 , où il donna des
éloges , & ne fe permit guère de
critiques. Dans la fociété , il étoit
|>oli & indulgent.
. LOUVARD, (Dom François)
Bénédiâin deSaint-Maur , nadf da
Mans , fut le premier de fa con*
grégadon qui s'éleva contre la
ConiHtution Umgenims, Ce reli«
f;ieux, qui auroit dû refter dans
k retraite & dans robfcurité , .
écrivit à quelques prélats ées Ltttns
û féditieufes, que le roi le fit en-
fermer à la Baflille & en d^autres
maifons de fotce. Il difoit dans
«ne de ces Lettres , qu'i^ falloii
fouWiîr et qu'U 4royoit U vérité ,
contre U ftr^ Ufeu ^ U ttmpt ^& Us
Princes „, & dans une autre, qu*«8e
konne & vigoureufi guem valou mieux
^*wi mauvais accommàéemetuW mou-
rut à Skonaw , près d'Utredit , où
il s'étoit réÂigré le 11 Avril 1719 ,
âgé de 78 ans , laifTant une ^ro^
t^Luian qui fît beaucoup de bruit
quand elle vit le jour : il Vavoit
compofée , cinq motsavantût mort ^
Mi'Chàteau de Nanoesl
. LOUVENCOURT,( Marie de)
née à Paris , mourut au mois de
l^ovembre 171 1 ,- âgée de 32 ans.
Gette demoifelle apporta, en naif-
fant des difpofitionsheureufespocr
tpusles beaux arts, ^He étoit belle
& modefte ; Ton caraâere étoit
doioc , &'fa cokverfation ei^uée.
Baa0kau.V^ peU.méns^^ée dmis {&
£pitres; mais oà 6dt le jugement
qu'il faut portes des traits fatiti-
*que& d'jin .poëtc .piqué» JU^^...4e
LO u
tott¥tn€omt avoit une vois hSi
lame : elle chantoit avec grâce JU
avec goût , & jouoit auffî da
tuorbe ; mais elle a particulière*
ment léuffi dans la poéfie. Ses Vers
font , la plupart , des Cantates en
mufique, & gravées. En voici les
titres : I. Ariidne^ Céphale & CAa*
rare j Zéphyrt & Flore ; P/yché : dont
Bourgeois afi|it la muûque. II. VA"
mowr piqué par une AheUle ; Kédét ;
Alphée & Arétbu/e; Léandre & Héra;
la Mufcttt ; Pygmalion ; Pyrame &
Thishé: la muûcpie de ces fept der-
nières Cantates efl de la compo*
fition de CUramhauU, On a encore
quelques Poépes de cette Mufedass
le recueil de Vertron,
LO^ENDAL, Voys^Xxit^
WENDAL.
LOU VER m LowE A , ( Richard)
né vers 1631 , à Tremere, dans la
province de Cornouailles, di£dple
de Thomas WWis , exerça la niéde«
cine à Londres avec réputation. Il
étoit du parti des JFîghs , & m<s»
rut le 17 Janvier 1691. Ce m^
decin pratiqua la transfusion dn
fang, d'un anixnal dans im aotrei
Il voulut même pafier pour Vin*
venteur de cette opération , dont
on promettott de grands avantage ,
& qui n'en a produit aucun ; mais
il ne fit que. la préfenter fous un
nouveau jour ; car U eâ certain qoe
Libavius eft le premier qui en Â
donné l'idée [ Voyei Libavius }
Ses principaux ouvrages -font :L
Un Traité du Cotur^^ npouvemtst
€t de la couleur du Sangj & dupdf»
fagc du Chyle dans le ^«1^1 Londres 4
1669 , Leyde, 1721 , in-S**, fit
1749 -, traduit en â-ançois , 1679 f
in*8**. houver éi le premier qui att
édairci cette matière. Avant lui on
9'avoit qu'une idée très-vague dff
ce vifcere *, mais Senae a depuis
étendu les lumières que Lowa a
•épandues fur cet objet. On a ajouté
«I. TmiL M. Cetur une i^/^tf «t
loi;
éoH ée Porlgine du Catam '& de
la Saîfftée, Londres ,1671 ,in-8**.
H. Une Ddfenfe de la Differtadon de
WûUs fur les Fièvres , à Londres ,
166 j , b-8°. Ces écrits furent re-
dierchcs de fon temps » & peuvent
encore être utiles.
1. LOUVET, (Pierre) avocat
du xvii* ficelé , natif de Rein-
ville , village iîtué à deux lieues de
Beauvais« fut maitre*des-requ6tes
de la reine Marguerite , 8c mourut
ea 1646. On a de loi : L VHîf-
îoÎTt & les AnùquUés de Beauvaîs ,
tome i*^', 1609 & 1631, in-8°-,
tome II®, Rouen, 1614, in-8**.
La première partie traite de ce qui
«oacerne l'état eccléliaiyqne du
Btauvoifis: la lï*, de l'état civil.
II. Nomenclatura & Chronolopa re-
tum EcclefiafiUarum Dlacefis Be/lo^
focetifis , Paris , 1618 , in-8**. UI.
Hîfiolre des Antiquités du Dloceft de
Beauvaîs , imprimé en cette ville ,
163 j , in^8**. IV. Anclefmee remar^
fttff fur la ttobleffe Beauvoîfine , & de
plujîeurs Familles àt la France^ 163 1
& Ï640, in-8**, très-rare. Cet ou-
vrage cft par ordre alphabétique ,
& il ne va que jufqu'à VN, V.
Ahrégé des Conjiltutîons ^ régie-
nais,,., pour Us études & réformes du
Couvent des Jacobins de Beauvaîs^
x6i8. Le flylede ces ouvrages eft
plat & rampant, & leur mérite
ne confifte que dans les recher-
ches.
IL LOUVET, (Pierre) dodeur
en médecine,' natif de Beauvais,
profeiTa la rhétorique en provin-
ce, & eniêigna la géographie à
Montpellier. 11 furchargea le pu-
blic, depuis 1657 julqU'en 1680,
d'une foule d'ouvrages fur THif-
toire de Provence & de Langue-
doc , écrite du ftyle le pUis lâche
& le plus traînant. Ses matériaux
font fi mal digérés, & fes inexac-
titudes font fi fréquentes, qu'on
•£è à peine le citer. On a de lui :
L O U ^99
L Remarques fur PHtfiolre de Lan'*
ptedoe^ ih-4°. IL Traité, en forma
d* Abrégé , de l*Hiflolre d* Aquitaine 4
Guîennt & Gaf cogne , jufqu'à préfent i
Bordeaux, 1659 , in-4*». IIL L4
France dans fa fptaideur , a voU'
in- II. IV. Abrégé de l'Hifiolre dé
Provenee, 2 vor. in-11 , avec de#
Additions {ur cette Hiftoire, auffi ea
a vol. in-i2. V. Projet del*mfiùt^
re du Pays de Beaujolois , iB-4^. Vïrf
Hi/tolre de Ville-^Franche , ' Capitale dm
Beaujoloîs , in-8®. VIL ^ijuift de*
Troubles de Provence , depuis t^t^
jufqu*en tfefg , 1 vol. in- 12. VlIX^
La moins mauvaife de fes pfodtaci
tiens ^ fon Mercure HoUandois^
en 10 vol. in- II. C'cft une HiiU
toire mauifade des conquêtes dm
Louis XI y en Hollande, «fl Fr«Ki*«
che-Comté , en Allemagne' & en
Catalogne , & des autres ' événe^
mens qui occupèrent l'Europe de-*
puis 16 la jufqu'à la fin de 167^^
Louvet avoit quitté la méd>ecin«
pour l'hifioire ; il écoix âuâl pin
propre à l'une t(VL*k l'autre , quoi^
qu'honoré du titre i'HtJîôriogram
pke de S. Â. R. le prince d«
Bombes. - • i
LOUVIÉRES , ( Charles - Jac-
ques de) vivoit dans le xiv* ûe^
éle, fous le règne de Châties IT
roi de France. On croit mêmcqu»
fon intelligence pour les affaires
relatives au gouvememem, lui
mérita la faveur de ce prinCe'&
une place confidérahle auprès^ de
lui. La réputation qu'il fe ût dans
cette partie , lui a fait attribuer^àfiel
communément le £uneux ouvrage
du Songe du Verger, i59Z,in-f(»l. , &
réimprimé dans lé recueil AesiJUbtr^
tés de PEgSfe Gallicane ^ en I73 1,4
vol. in -^1. : ouvrage qui traité de la
puifiance eccléfiafiique &dela tem-
porelle. Goldafi l'a inféré dans fon re-
cueil Z>c Monarchia, Ce traité ne paflfe
pas univerfellement pour être dfe
Lcuvîerct; ct$ les uns l'ont cioaiié
400 LOU
i Raouide Pr^ , ou à Jtan de TmUf
lecrétaire de Charlu V i & les
autres à Philippe de Maii^ieres,
LOUVILLE , ( Eugène d'Alloa-
ville , chevalier de ) né au châ-
teau de ce nom, en Beauce, l'an
167 1 , d'une Êimille noble & an-
cienne , fervit d'abord Cur mer , en-
^te Cur terre. Il fut brigadier des
armées de Philippe V y & colonel
^'un régiment de dragons. La
paix d'Utrecht l'ayant rendu à lui*
même , ilfe confacra aux mathémati-
ques > & principalement à l'afbono-
mie* 11 alla à MarTeille en 171 3 ou
17 14, dans la feule vue d'y pren-
ne exa^^ement la hauteur du
pôle , qui lui étoit nécelTaire pour
lier avec plus de fureté fes obfer^
vations à celled de Pythéas , ancien-
nes de près de 1000 ans. £n 171 5
il fît le voyage de Londres » ex-
près pour y voir l'écli]^ totale
du Soleil ) qui fut plus fenûble
fur cette partie de notre hémifphe-
re. L'académie des fciences de
Paris l'avoit reçu au nombre de
fes membres -, la fociécé royale de
JLondres lui Ht le même honneur
quelque temps après. Le chevalier
de Lottyille , revenu . en France «
fixa fon fé>our daps une petite mai»
tbn de campagnei un quart de lieue
d'Orléans , & s'y livra entière-
ment aux obfervations ailronomi-
<pies. Les curieux qui le viiitoient
ne pouvoient le voir qu'à table ,
<& le repas fini , il rentroit dans fon
cabinet. Il avoit l'air d'un paf&it
Stoïcien, renfermé en lui-même ,
& ne tenant à rien d'extérieur.:
bon ami cependant , officieux, li-
héral *, ^mais fans ce» aimables de-
hors , • qui fouvent , ( dit Fontend^
le,) fuppléent à l'eâentiel, ou du
moins le font extrêmement valoir.
On prétend , ( ajoute PontendU , )
que ce Stoïcien û auAere & é
dur , ne laifîbit pas d'avoir fur ia
.tible» to fçs habUlemàis» cernai*
L O Y
ses délicatefies, certaines attea-*'
tiolis raffinées , qui le rappro«
choient un peu des philofophe»
du parti oppofé. Au commence-
ment de Septembre 1732 , il eut
deux accès de iievre léthargique,
qui ne l'étonnerent point II re-
gardoit ces maladies comme des
phénomènes de phy£que , auxquels
il ne s'intéreffoit que pour en cher-
cher l'explication. Il continuoît fà
vie ordinaire , lorfque la même
£evre revint , & l'emporta au
bout de 40 heures, pendant .lef-
quelles il fut abfolument fans con-
noiflknce. Il avoit 61 ans. On a
de lui pluûeurs Diffenatîons curieu-
fes, fur des matières de phyfique &
d'aàronomie , imprimées dans les
Mémoires de l'Académie des Sciences^
& quelques autres dans le Meraat ,
dq>uis 1710 , contre le P. Caftel
Jéfuite. Le chevalier de LouvllU fâi-
foit, de fes propres mains, tout
ce qu'il y avoit de plus difficile &
de plus fin dans fes infhrumens af-
tronomiques.
LOUVOIS , ( le Marquis de)
Voyei Tellier, n° IL
LOYER, ( Piètre le ) Loerks^
çonfeiller au préûdial d'Angers,
& l'un des plus favans hommes
de fon iiede dans les langues orieo*
taies , naquit au village d'Huillé
dans l'Anjou en i$$o, & mourut
à Angers en 1634, à 84 ans. On
a de lui : I. Un Traité des Spec-
tres , publié fous ce titre : Dlfcoars
& Hlftolre des Spectres , & affon-
ûons des Efprlts ^ Anges ^ Démons,
& ama féparées des corps , fe mon*
trant vlfibles aux hommes ; Paris ,
1605 , in-4**. Cet ouvrage cft en-
core recherché aujourd'hui , à eau- J
fe de fa fingularité. On y trou-
ve une foule d*hifloires merveil-
leufes , que l'auteur croyoit &
qu'il veut faire croire •, mais s'il
trompe fon fiecle , il ne faut pas
attendre qu'il puîSê tromper le
nôtre.
L O Y
nôtre. Ces fotti£es pouvoîem êtfe
bonnes > il y a cent ans j mais
elles ne valent plus rien aujour-
d'hui, du moins pour tous ceux
qui ne font pas peuple. Toute la
Bobleffe vivoit alors dans fes châ-
teaux ^ les foirs d'hiver font longs :
on feroit mort d'ennui , fans les
contes de Sorciers flc de Fées. II.
£dom , ou i€s Colonies Iduméennes
en Europe & en Afie , avtc les Phé-
«/««««•, Paris 1620, in-8®. On re-
marque dans cet ouvrage une éru-
didon & une leéhire immenfe ,
mais point de goût , point de dif-
cemement , des idées bizarres, &
un entêtement ridicule pour les
étymologies tirées de l'Hébreu
&.des autres langues. L» Loyer pré-
tendoit trouver dans Homère le
village d*Huillé , lieu de fa naif-
fance , fon nom de Êunille & celui
de ÙL province. Lorfqu'on lui re-
prochoit de fe vanter de favoir
ce qu'il ne pouvoit pas connoî-
tre , il répondoit que c'étoU la grâce
MDUu qui opérait ces effets mervcil'
leux. Lé bon-homme ne favoit pas
que le premier effet de la grâce
doit être le bon fens , & il né l'eut
jamais. III. Des Œuvres & Milati"
ges Poétiques , Paris, 1579 , in-ia.
Quelque mauvais poëte qu'il fût \
il avoit remporté le prix de l'E-
glantine à Touloufe. i'olàtet dit du
bien de fes Idylles -, mais il fau-
droit être un bien mauvais juge
en poéiie , poujr approuver le fa-
tras d'érudition que le Loyer a ré-
pandu dans {es vers, fuivantlegoût
de fon temps. Il fait l'amoureux
tranfi; fur quoi fa fœur Margue-
rite lui adreita le quatrain fuivant :
Si vos amours font du tout vraies ,
Vous êtes malheureux vraiment ;
Mais fi elles font pures bayes ,
Qitefert feindre tant de tourment ?
Sa comédie de la Néphélococu-
jze , ou la Nuée des Çocus eit fans
L O Y 401
dîiltnétion d'aâ:es> & femble faite ea
dépit du bon fens. Quoiqu'il y ait
en quelques endroits de l'efprit &
du fel , dit Niceron , ce qu'il y a
de plus remarquable , font les grof-
£éretés & les ordures.
I. LOYSEAU , (Charles) avocat
au parle^ient de Paris , & habile
Jurifconfulte , iffu d'une famille
originaire de la Beauce , fut lieute-
nant-particulier à Sens fa patrie,
puis bail'i de Châteaudun , & enfin
avocat confultant à Paris , où il
mourut le 27 Oélobre 1617465
ans. On a de lui pluûeurs Ouvra-
ges eftimés , Lyon, 170 1 , in-foU
Son Traité du Dégu^^rpiffement paâis
pour fon chef-d'œuvre , à caufe du
mélange judicieux qu'il y a £iit du
droit Romain avec le nôtre/
II. LOYSEAU DE Mauléon ,
( Alexandre- Jérôme ) maître en la
chambre-des-comptes de Lorraine ,
ancien avocat au parlement de Pa-
ris , mort le 19 Oftobre 1771»
marqua fa carrière au barreau , dit
"M., de la CretelU , par des fuocès
& des écarts. >♦ M. Loyfeau de Mau'-
>» léon vouloit porter les talens
>i de l'homme de lettres dans les
y> travaux de l'avocat. Rien de
>♦ nûeux conçu que cette réunion »
»• fi naturelle & li fimple , qu'elle
>t n'auroit dû jamais étonner. Mais
tt il manquoit de ce qu'il faut dans
>y ces deux caraf^eres ; un efprit
M fort & étendu , & un flyle élo-
M quent. Il étoit borné dans fes
»» connoiflances & fes vues , foi-
w ble dans fa logique , bel-efprit
Vf dans fa manière d'écrire. Il fe
>t contentoit de plaire dans les ou-
>* vrages où il faut éclairer & échauf-
j» fer , & où rien n'efl beau que ce
>♦ qui efl en même temps folide &
>♦ vrai. Aulîî , en voulant attacher
M dans les écrits du barreau , il n'a
»» guère fu qu'y porter les grâces
>» frivoles & l'afféterie des mauvais
)> Romans, Son genre 3 eu du fu&j^
Ce
401 L U B
w ces dans fa nouveauté , parce
>♦ qu'il étoit foutenu par du bon
n efprit & du talent -, il eft devenu
n infuppottable dans fes imitateurs.
» Indépendamment de ce que fes
w Mémoires ont long-temps gâté le
»t goût des jeunes avocats , ils ont
*) encore produit un grand mal ,
» celui de Êûre croire à beaucoup
» d'efprits eitimables , mais qui ne
.y> fe donnent pas la peine de bien
>t examiner la queftion , que les ou-
» vrages de notre barreau n'admet-
» tent ni les grandes vues de h
M philofophie , ni les grandes beau-
>t tés de l'éloquence. LesdéÊnits
» de cet écrivain ne font pas Tu-
>» nique chofe que j'aie à relever
.n en lui. Il a plufieurs Mémoires
M où il eftau-deiTus de fon genre,
>* & ceux-là ont de la dignité & de
M l'intérêt. Il s'eftmêmc élevé que-
vf quefois à la véritable éloquence ,
^ ^- tout dans quelques morceaux
9> de fon Mémoire pour Us Calas, U
M eft mort jeune , & généralement
«I cftimé& regretté.»»
LOYSEL, Vo^e^ LoisEL.
LlJBBERT, (Sibrand) ùvant
éof^eùr Proteftant dans l'univerfi"
té d'Heîdelberg , né à Langoword
dans la Frife vers 1556 , devint
profefieur à Franekcr , où il mou-
rut en 1625 , à 69 ans. On a de
lui un grand nombre d'ouvrages
contre Bellarmln , Gretfer , SocUi *
Grotltts y Armlnlus , &c. Sealigà ,
qui trouvoit en lui un autre lui-
même , du moins poi^r 1^ ton cauf-
tique , le regardoit comme un fa*
vant homme -, & Jacques I , rot
d'Angleterre » en faîfoit cas. So»
traité De Papa Romano , I594 , in»
8°,* eft recherché des Proteftans ,
quoique le ftyle en foit peu mo-
déré.
LUBIENIETSKI, (Staniflas) !«-
hîenmlus , gentilhomme Polonois ,
né à Cracovie en 1623 , fut un des
foutiens du ^cpiamfme, U n'ou*
t u B
blia rien auprès des princes d'Ailé^
magne pour le faire autorifer ou du
moins tolérer dans leurs états -, mais
il n'y put réuffir. Il mourut em-
poifonné le 16 Mai 1675 , à 52
ans, après avoir vu périr de même
deux de fes filles , & fut enterré z
Altena , malgré Toppofitidn des
minières Luthériens. On a de hu:
I. Theatrum Comakum , Amflerdam,
1668 , ^ yol. in-folio. On y trouve
l'hiftoire des Comètes , depuis le
Déluge jufqu'en 1667. H. Une
Hlflùlre de U Réformadon. de Pologne^
Freifladt , 16S5 , in-8®. L'auteur
n'avoit pas mis la dernière main i
fon ouvrage lorfqu'il mourut , &
on s'en apperçoit bien en le lifant.
I. LUBIN, ( S. ) né à Poitiers de
parens pauvres , devint abbé du mo-
naftere de Brou , puis évêque de
Chara'^en544, Il mourut en 556,
après avoir pafTé fa vie dans les
exercices de la pénitence & dans la
prati(pie des vertus.
II. LUBIN, (Eilhard) net
'Werfterftede dans le comté d'Ol-
denbourg', en 1565 , fe rendit très-,
habile dans les langues Grecque &
Latine, & fut poète, orateur, ma-
thématicien & théologien. Il de-
vint profcffeur de poéûeà Roflock
en 1595 , & on lui donna une chaire
de théologie dans -la même ville
10 ans après. Il mourut le 2 Juin
1621 , à 56 an$ , avec la réputation
d'un bon humanifle & d'un mauvais
théologien. On a de lui : I. Def
Notes fur Anacréon , Juvénal , Perft »
Horace, II. Antiquamts , in- 12 & in-
8° ; c'efl ><une interprétation afe
claire & afTez courte , par ordre
alphabétique , des mots vieux ou
peu ufités. IIL Un Traité fur la
nature & lorighie du mal , inti-
tulé ; Phofphorus de caij'a prima , ^
natura malî , à Roflock , in-8** &
in-i2, 1596. L'auteur y foudent
qu'il faut admeto-e deux pîmdpes
coét^nels -, favoir > Dlm , & ^^
LUB
Iflâu ; î>ieu , en qualité éû bon
principe ; & le Néant , en qualité
<ie mauvais principe. 11 prétend
que le mal n'eil autre chofe que
la teùdance vers et néant , auquel
11 applique tout ce ^fi'Artfiou a dit
de la matière première. Grawerus
& d'autres favans ont réfuté cette
extravagance. IV. Une Apologie
du livre précédent , intitulée : De
tmfa peccati , Roftock, 1 6o2 , in-4**.
V. Des Vers Latins , dans le tome 3®
du recueil DellcUe Po'ètarum Gcr-
mcmoTum,.. Voyez NoNNIUS.
m. LUBIN , ( Auguftin ) faraéuji
religieux Auguftin , naquit à Paris
en 1624. Il devint géographe du
roi , &ftit provincial de la province
de France ^ puis afliftant général des
Auguftins François à Rome. Il mou-
rut dans le couvent des Augu{lins
du Ciubourg Saint-Germain à Paris,
le 7 Mars 1695 , à 72 ans. L'efprit
de retraite & l'amour de l'étude >
lui donnèrent le moyen d'enrichir
la république des lettres de divers
ouvrages. On a de lui : I. Le Mer-
cure ^Géographique ^ ou le Guide des
Curieux i in-i2, Paris, 1678. Ce li-
vre , qui fut recherché dans le temps,
ne peut guère fervir aUjourd*hui.
II. Des Notes fur les lieux dontilefi
parU dans le Martyrologe Romain ,
1661 , Paris , in-4''. III. U Fouillé
des Abhayes de France , in- 12. IV. La
Notice des 4hbayes d^Italie , in-4° ,
' en latin. V. Orhis Augufinîanus ^ ou
la Notice de toutes les Maifons de
fon ordre , avec quantité de Cartes
qu'il avoir autrefois gravées lui-
même-, Paris > in*-i2, 1672. VI.
Tabula facrtt Geognfphica , in-8® ,
Paris, 1670. Ceft un Dictionnaire
de tous les lieux de la Bible ^ qui
cft Couvent joint avec la Bible con-
nue fous le nom de Léonard, VII.
Une tradu6Hon de VHlftoire de la
Zaponie\pdx Scheffer , 1678 , in-4°.
VIII. Inix Geographicus fivè In An"
nales UJferiano* Tabula &" ohferva^
LUC 40 f
tîoius^eographiaty publiées à la tête
'de l'édition dOlJferius, faite à Paris
en 1673 , in-fol. Tous ces ouvrages
font des témoignages de l'éruditioii
du P. Lubin, il étoit verTé dans 1«
géographie ancienne & moderne , &
dans l'hiftoire fecréc & profane^
Ses livres ne font pas écrits avec
agrément « mais les recherches ea
font utiles.
/. LUC, (S.)Êvaûgélifte,.étoit
d'Antioche, métropole de S)rrie^
& avait été médecin. On ne fait s'il
étoit Juif ou Païen de naifîance. Il
fut compagnon des voyages & de
la prédiCadonde^^P^itt/, & com-
mença à le fuivre l'an ^ i , quand
cet Apôtre pafla de Troade en Ma*
cédoine. On croit qu'il prêcha l'E-
vangile dans la Dalmatie , les Gau-^
les, l'Italie & la Macédoine, 8ç
qu'il mourut en Achaïe -, mus oa
ne fait rien de certain ni fur letemps^
ni fur le lieu de fa mort. Outre .foa
Evangile , qu'il écrivit fur les Mé-
moires des Apôtres , &dont le ca-
raôere eft d'être plus hiftorique,
& de rapporter plus de faits que
de préceptes qui regardent la mo-
rale , on a de lui les AfUs des Apô^
très. C'eft l'hiiloire de leurs prin-
cipales aûions à Jérufalem & dans li|
Judée , depuis TÀfcenfion de J. Cj
jufqu'à leur dtfperfion^ Il y rap-^
porte les voyages, la prédication
oc les a£Hons de 5. Paul , jufqu'à la
fin des deux années que cet Apôtre
demeura à Rome., ç'dl-à-dire , juf^
qu'à l'an 63 de J. C. : ce qui donne
lieu de crwre que ce livre fut corn-
pofé à Romei C'efl un tableau fldelle
des merveilleux accroiffemens de
l'Eglife , & de l'union qui régnoit
parmi les premiers Chrétiens. Il
contient l'hiftoire de 30 aas , & S»
Luc récrivit fur ce qu'il avoir vu
lui-même. [ Voy, Van. t. Piéride;
à la fin, ] Toute l'Eglife l'a toujours
reconnu pour un livre canonise.
. H èft écrit en Grec'aVec élégance i
Ce ij
404 LUC
k narration eiî eft noble , &
les difcours qu'on y trouve font
remplis dune douce chaleur. S,Jé^
rSme dit que »» cet ouvrage , compofé
» par un homme qui étoit médecin
» de profdTion , eft un remède
>f pour une ame malade : Aaipiét lask-
V* guentls medlcinam «(.... S. Luc eft
celui de tous les auteurs infpirés,
du Nouveau Teftament, dont les
ouvrages font le mieux écrits en
Grec. La manière dont il écrit Thif-
toire de J. C. , de fes avions & de
fa doôrine , a ce caraftere frappant
de vérité , ce ton de perfuafion &
de conviaion , qui fubjugue l'en-
tendement & confond la phi!ofo-
phie. Ce n*efi pas ainfi qu'on învenu ,
dit J. J. Rouffeau. On penfe que
c eftrEvan^le de 5. Luc que 5. Paul
appelle fort EvangiU , dans l'Epître
4IUX Romains. L'Eglife célèbre la
fttedecetEvangélifte le i8 Oûo-
bre, 5. Jérôme prétend qu'U demeura
dans le céUbat , & qu'il vécut juf-
qu'à 84 ans. Dans les tableaux où
5. Luc eft repréfenté, on voit à
côté de lui un Sauf y l'un des quatre
animaux emblématiques de la vifion
d*ElJchUly pirce qu'il s'eft attaché
à parler du faccrdoce de J. C. , &
que le Bœuf étoit le plus fouvent
immolé dans les facrifices de l'an-
cienne loi.
• //. LUC, (Geoffroidu) gentiP
homme Provençal , favant en grec
& en latin, mort i'an 1340» éta-
blit une efpece d'académie , où les
beaux-efprits de la province s'en-
tretenoient fur les belles-lettres &
médifoient des femmes. Da Luc étoit
vivement irrité contre elles , depuis
que Flandrîne de FUJfans , fon élevé
fn poéfie & la maîtreiTe de fon cœur,
avoitdédaigné fon amour. Cepoëte
laifla quelques ouvrages en vers
. provençale.
LUC , Voy. Lucas , n« II 6- IIL
LUC, (Saint-) Voy,Y.svivAY.
\ LUCA, CJ»a-Baptifte)-i^-;
vant cardinal » natif de Ves^xaà
dans la Bafilicate, mort en 16S3,
à 66 ans , s'éleva à la pourpre par
fon mérite ; car il étoit d'une naif-
fance très-obfcure. On lui doit: L
Des Notu iûr le concile de Trente.
II. Une Relation curieufe de la dm
de Rome, 1680» in-4^ III. Une
compilation étendue fur le Droit
Eccléûaftique , en 11 vol. in-folio.
Elle eil intitulée : Theatntm jufiùa
& veruatîs, La mdlleure édition eft
celle de Rome.
IL LUCA, Toy. SiGNORELlI.
LUCAIN, (Marau Amueus Lu-
CANUs) naquit à Cordoue en Efpa-
gne , vers Tan 39* de J. C , SAmm
Mêla , frère de Sénequc le philofo-
phe. U vint à Rome de bonne heure,
6cs*y fit connoitrepar fes déclama-
tions en grec & en latin. Néron ^
charmé de fon génie , & plus en-
core des baiTes flatteries qu'il lui
prodigua à la tète de fk PharfaU ,
le fit élever avant l'âge aux char-
ges d'augure & de quefleur. Cet
empereur vouloit avoir fut le
ParnaiTe, le même rang qu'il occu-
poit dans le monde *, Ijicain eut
la noble imprudence de difputer
avec lui le prix de la poéfie» &le
dangereux honneur de le rempor-
ter. t.t& fujets qu'ils traiterem Tun
& l'autre, étoient Orphée &lMé,
Lucaîn s'exerça fur le premier , &
Néron fur le fécond. Cet empereur
eut la douleur de voir fon rival
couronné fur le théâtre de Pompée,
Il chercha toutes les occaûons de
mortifier le vainqueur , en atten-
dant celle de le perdre. EUefeprc-
fenta bientôt. Lucaln, irrité contre
fon perfécuteur , entra dans la con-
juration de Pî/on , & fitt condamné
à mort. Toute la grâce que lui &
le tyran , fut de lui donner le choix
du fupplice. II fe fît ouvrir les vei-
nes dans un bain chaud , & pro-
nonça , dans fes derniers momeos,
les vers qu'il avoit ^ts fyr m &H
LUC
iat fui étoit mort de la forte. Il ex*
pîra Van 65 de J. C , avec la fer-
meté d'un philofophe. Sts eiuiemis
prétendirent que, poiur échapper
ai ûipplice , Û chargea fa mère &
rejeta îur elle tous les complots.
n efl difficile de concilier cette lâ-
cheté , avec les fentimens élevés
^e fes ouvrages refpirent.*De tous
ceux qu'il avoit compofés » il tie
nous refte que fa Psamsale ^ouIa
Guerre de Cefar & de Pompée. Lucaîn
n'a ofe s*écarter de l'hiîftoire dans,
ce Poëme , & par-là il l'a rendu
fec & aride. En vain veut-il fuppléer
au défaut d'invention , par la gran-
deur des (éntimens ; il eft pràque
toujours tombé dans l'enflure > dans
le &UX fublime & dans le gigantef-
que. Cc/ar & Pompé* y font quel-
quefois petits à force d'être grands,
(Voy, l'article Pétrone , n* IL ]
Le poëte Efpagnol n'emploie ni la
poâîe brillante à! Homère , ni l'har-
monie de Virgile. Mais s'il n'a pas
imité les beautés du poëte Grec &
du Latin > il a au(E des traits qu'on
chercheroit vainement dans \ Iliade
Zl dans V Enéide, Au milieu de fes
déclamations ampoulées , il of&e
despenfées mâles & hardies, de ces
maximes politiques dont Corneille
éft rempli. Quelques-uns de ciss dif-
cours ont la majeflé de ceux de
TîU'Llve & la force de Tacîu ; il
peint comme SaUt^U : une feule
ligne eÛ un tableau. Mais , lorfqu'il
narre , il eft bien moins heureux -,
ce n'efl prefque plus qu'un gazeder
bourfoufflé. La première édition de
Lucaln efl de Rome, 1469 , in -fol, ;
l'édition cum notis Varîorttm , eil de
Leyde, 1669 ,in-8^: celledeLeyde,
1728 , en 2 volumes in- 4** , efl plus
eftimée que celle de 1740*, mais
toutes le cèdent à l'édition de Straw
htrry , Hill , 1760 , in-4° , gr. pap.
Il y en a une jolie édition de Paris ,
Bttrhou , 1768 , in - 12. Bréheuf a
traduit la PharfaU en vers françois ,
LUC 40Ç
h il ne falloit pas moins que l'ima-
gination vive & fougueufe de ce
poëte, pour rendre les beautés &
les défauts de l'original. M'^ Af^r-
montd & Maffon en ont donné plus
récemment deux verûons en profe «
l'une en 1768 , 2 vol. in-8^ ; ft:
Tautte en 1766 , 2 vol. in-i2. Le
chevalier de Laurès a publié une imi-
tation de Laicain en vers françois ^
in-8^. M, de la Harpe a aufli mis
en vers , les meilleurs morceaux de
fon Poëme.
LUCANUS OCELLUS » Voyc^
OCELLUS.
LUCAJR. ^oy.CïRiiLELucA».
LUCAS, VoyciLuco.
I. LUCAS SE Leïoe, peintre &
graveiu-, né en 1494, apporta en
aaifTant un goût décidé pour la pein-
ture , & il le perfeâionna par une
grande application. A douze ans il
fît un tableau eflimé des connoif-
feurs. Il aimoit les plaifirs & la ma-
gnificence ^ mais cetamour nel.ui fit
jamais perdre un moment du temps
deiliné à fon travail. Ses talens lui
acquirent l'efUme de plufieurs célè-
bres artifles , & particulièrement
^Albert Durer y qui vint exprès en
Hollande pour le voir. S'étant ima-
giné , au retour d'un voyage de
Flandres , qu'on l'avoit empoifon-
né , il paâa fes fix dernières an-
nées dans un état languifTant , &
prefque toujours couché. Il neceilâ
pas pour cela de peindre & de gra-
Ver : Je veux , diôait-il , que mon lit
me foît un lit d'honneur. Il mourut
en 1533, à 39 ans. Ses figures ont
beaucoi^ d'exprefBon , fes attitu-
de font naturelles , & il y a un
bon ton dans le choix de fes cou-
leurs *, mais il n'a pas jeté afTez ds
variété dans fes têtes ; fes draperies
ne font pas bien entendues , foa
deflin efl incorreâ , & fon pinceau
n*efl pas aiTez moelleux.
• IL LUCAS ri/D2î-Br5i5 , ou Luq
éU Tuy , écrivain du tr«ziemefiecl«i,
C ç iij
4o6 LUC
ainfi nommé , parce qu'il étoît dia-
cre , puis évêque de Tuy en Ga-
lice , fit divers voyages en Orient
& ailleurs , pour s'informer de la
religion & dés cérémonies des dif-
férentes nations. Il compofa à fon
retour : I. Un excellent Ouvrage
contre Us Alhîgtois , imprimé à In-
golftadt en j6ii , qui fe trouve
dans la BiWiotheque des Pères. IL ^
Une Hiflotrc ^Efpapu^ depuis A(Um'
|ufqu'en 1236. III. La vie de S,
Jfidorc de Seville , compofée Tan
1236 , inférée dans Mabillon , Sac,
jt. Baitcd, Il feroit à fouhaiter que
l'auteur y eût été auffi exaÔ & auffi
judicieux qu'il Teft dans fes livres
contre les Albigeois.
III. LUCAS Brugensis , (Fran-
^ois)ou Luc de BrugUyAo6tearàe Lou-
vain, & doyen de l'églife de Saint-
Omer , mourut en 1619 , à 67 s*^*
11 poiFédoit les langues grecque ,
hébraïque , fyriaque & chaldaïque.
On a de lui : I. i® L'Itinéraire de
J. C tiré des quatre Evangéliftes.
3** Commentaire fur les Evan^les y
dont R. Simon loue le defTein &
la méthode. 3° Ufage de la Para-^
fhrafe Chaldaïque de la Blhle^ 4^ Re^
marques fur les correlUons les plus
notables des Bibles latines, y^ Notes
critiques fur les Exemplaires des Bibles
iatines & les Variantes, 6°... Sur les
Variantes des Evangiles\y tantdu texte
grec que du latîn. Tous ces ouvra-
ges imprimés plufieurs fois fépâré-'
mène, ont été recueillis avec ordre »
ÂLeyde, 17 12, 5 volumes in-fol,
II. Des Concordances de la Bible ^
félon la vnlgate de Sixte V. ffuben
Phalefius , Bénédiain de Tabbaye
lA'Aflingen dans le Brabant, mort
l'an 16 3S, en donna une édition
plus ample & plus corre^e , à An-
vers , Tan 1642 , in-fol. Hugues de
$alnt^Cher eft l'inventeur de cet où-i
■vrage i5 utile pour trouver fans peinç
tel paÛ3ge de l'Ecriture que l'on
(Touh^e. l\X InJiwHiQns pour Iv
LUC
Confej[eurs. IV. If es Sermons & Ord-
fans funéres de t^ois évêques de
Saint-Omer, Anvers , inr-S**.
IV. LUCAS, (Paul)néàRoucn
en 1664 , d'un mardiand de cette
ville , eut dès fa jeuncffe ime incli-
nation extrême pour les voyages ,
& dès qu'il pÛT , il la fatisfît. Ilpar^
courut piuiieurs fois le Levant»
l'Egypte , la Turquie & différent
antres peys. Il en rapporta un grand
npmbre de médailles & d'autres
curioiités pour le cabinet du roi,
qui le nomma fon antiquaire en
1714 ; & lui ordonna d'écrire l'Hif-
toire de fes voyages. Lotis ICVXt
fit partir de nouveau pour le Le-
vant en 1723. Lucas revint avec
une abondante moiiTon de chofes
rares, parmi lefquelles on diftin-
gua ^0 Manufcrits pour la bibliothè-
que du roi, & 1 médailles dortch-
curieufes. Sa paflion pour les voya-
ges s'étant réveillée en 1736 , il
partit pour l'£Q>agne» fie mourut s
Madrid l'année fuivante , 12 Mai
^737» ^ 73 'ï^^i après huit mois
de maladie. Les Relations de ce
célèbre voyageur font en 7 voL
Son premier Voyage , en 1699 , Paris,
1714, eft en 2 tom. in-12, qui ft
relienten un. Son /«comi Voyagt ea
1704, parut à Paris, 1712,2 vol.
in-i2. Sontroifieme Voyage , faites
1714, fut publié à Rouen , 1724 ,
en 3 vol. in-12* On afTure que ces
Voyages ont été mis en or<be pv
différentes perfonnes : le premiers
par Baudelot de Dairval y le fécond a
par Fourmont l'aîné , & le troifieme,
par l'abbé Sanier. Ils font paf&ble-
ment écrits & àfTez amufans. L'au-
teur ne dit pas toujours la vérité : il
fe vante d'avoir vu le àémonjifmodée
dans la haute Egypte -, mais on lui
pafle ces contes en fiaveur des inflnh
étions qu'il nous donne fur ce pays.
V. LUCAS, (Richard) théolo*
gten Anglois & do6^eur d'Oxford»
aé ca Ecoffe « mourut ea i72$i
LUC
tgé de 76 ans. On a de lui des
Sermons -, une Morale fur l'Evangile ;
des Penfces Chràienrus -, le Gtddcdu
Cuuxy & d'autres ouvrages en an-
glois, dans lefquels on a remarqué
beaucoup de foÛdité.
LUCE, (le Pape) Voy.Lvcivs.
I. LUCEN A , ( Jean de ) né 4an$
le Pomigal , Jcfuite l'an 1565, mort
en 1600 , à 35 ans ^ fe rendit célè-
bre par fes Sermons. Il a laiffé l'Hi/'
toire des Mijfions de ceux de TaSociété
dans les Indes , avec la VU de S,
Françols-Xancr, Cet ouvrage a été
traduit du portugais en latm & en
cfpagnol.
II. LUCENA, (Louis de) né à
Guadalaxara dans là Nouvelle Caf-
tille , do£^eur en médecine , florii^
foit dans le xvi^ fiecle. Il employa
pluâeurs années à £ûre de longs
Xoyages pour étudier la ijature.
Après diverfes coiufes , il fe rendit
à Touloufe y où il exerça la mé-
decine. Ce fut certainement dans
cette ville qu'il écrivit fon traité
De tuaidâ , praferûm à peJU , inugr4
valuudlne , d&quc hujut morhl rcmedus \
& il y fut imprimé en 1 5 23 , in-4/*.
L'auteur mourut à Rome en 1^52.
LUCIDUS , (Jean) furnommé
Sitnotheus ou Samofathenus , fe dif>
tingua dans le xv ^ ûecle par fes pro-
grès dans les mathématiques. On a
de lui plufieurs ouvrages de chro-
nologie en latin : I. De emendatîcne
TcmpoTum, II. EpUome emendationU
KaUndarii Rom., ni ^ &C«
LUCIE 01* LUCE, (Ste)\'ierge
célèbre dans Ihiftoire de l'églSe
de Sicile , fouf&it le martyre à
Syracufe , WQXS l'an 304. 6lgeben
de Gemhlowrs dit que l'empereur
Othon l fit porter fon corps à Metz ^
où il eil honoré dans l'églife de
Saint- Vincent. Les {avans ne font
pas fort difpofés à reconnoîtte les
aûes de cette Sainte pour authen-
tiques , quoiqu'ils foient anciens ,
piufque «S, Mhcimi qui vivoit dan$
LUC 407
le VII* fiecle , les a cités, [ Voye^.
les Acla fincera S, Lticia V, Af,.
Palerme , 166 1 , in-4** -, ouvrage de.
Tûuromenitanl y chanoine de 'Paler-
me. ] Ce qu'il y a devrai , c'eft que
le culte de Ste Lucie , l'idée géné-
rale de fa foi & de fes vertus ont
des fondemens très-foUdes *, puifque
fon nom fe trouve dans le canon dç
la meâe , pièce de la plus haute
antiquité , avec ceux des Saints les
plus illufires des premiers fiedes.
L LUCIEN » né à Samofate»
fous l'empire de Trajan , d'un père
de condition médiocre , fut mis
entre les mains d'un de fes oncles »
habile fculpteur. 11 eut cela de
commun avec Soçrate, Le jeune
homme ne fentant aucune incli-
nation pour l'art de fon parent»
cafïa la première pierre qu'on lui
mit entre les mains. Dégoûté de
la fculpture » il eut un fonge»
dans lequel il crut voir la Litté-
rature qui l'appeloit à elle , & l'at^
rachoit à fon premier métier. » Je
»♦ t'apprendrai ( lui dit-elle ) tout
>♦ ce que l'Univers a de plus beau
>* & de plus rare , & l'antiquité
»» de remarquable. J'ornerai ton
y ame des vertus les plus elHma-
>* blés : la modefHe^la juitice, la
» piété , la douceiu: , l'équité , la
» prudence , la patience & l'amour
» de l'honnête *, car ce font là les
»♦ véritables ornemens de l'ame..*
>t Je ferai marcher la Renommée
»♦ devant toi. Par-tout on viendra
>» te confulter comme un oracle î
>♦ tu feras refpeûé de tout le
» monde.. Je te donnerai même
»v l'invnortalité tant vantée « & te
>i ferai vivre à jamais dans la mé-
»» moire des hommes. Confiderece
» qu*£/*cÂi«^& Démojlhenesy l'admi-
>♦ ration de tous les fiecles , font
vt devenus par mon moyen. Socrau ^
»» qui avoit fuivi d'abord la Sculp-
v> ture ma rivale , ne m*eut pas
n plutôt connue , qu'il l'abandoiumL
Ce iv
\
408 tue
H pour moi. A-t-il eu fu]et de s*cn
>♦ repentir ? Quineras-tu tant d'hon-
« neurs, de richeffes , de crédit,
♦♦ poiur fuivre une pauvre incon-
>» nue, qui, le marteau & le cifeau
»* à la main , n'a que ces vils inf-
» trumens à l'offrir ? qui eft con-
»♦ trainte de travailler de {es mains
>» pour vivre , & de fonger plutôt
y% à polir un marbre qu'à fe polir
I» foi-même ? »» ... Luden déterminé
par ce fonge à fe livrer entière-
ment aux belles-lettres , embrafla
d'abord la profeffion d'avocat ; mais,
auffi peu propre à la chicane qu'à
la fculpture, il fe confacra à la
philofophie 6f à l'éldquence. 11 les
^ profefTa à Antioche , dans Plonie ,
dans la Grèce, dans les Gaules &
l'Italie. Athènes fut lé théâtre où
il brilla le plus long-temps. Alors
la rhétorique étoit un art très-lu-
cratif. On croyoit pouvoir appren-
dre l'éloquence comme la danfe
& la mufique. Marc-AureU , inftruit
du mérite de Luc'tin , le nomma
greffier du préfet d'Egypte. On
croit qu'il mourut fous l'empereur
Commode , dans un âge fort avancé.
Quelques écrivains ont pcnfé qu'il ,
avoit été Clirétien -, mais le Dia-
logue intitulé Philopatns, fur lequel
ils fondent fon prétendu chriftia-
nifme, cft l'ouvrage de quelque
Païen plus ancien, qui avoit vu
5. Paul : avantage que LucUn , pé
fous Trajan^ ne peut avoir eu...
Nous avons de lui divers écrits,
dont le %le eft naturel , vif,
plein d'efprit & d'agrément -, il fait
éprouver ces fenfations vives &
.agréables, que produifent la {im-
plicite fine & l'enjouement naïf de
la plaifanterie attique. LucUn eft^
principalement connu par fes Dia"
lopus des Morts, Il y peint avec
autant de fànelTe que d'agrément,
les travers , les ridicules & la fotte
vanité de l'efpece humaine. Il ridi-
culife fur-tout le âfte des philofo-
, L U C
phes « qui afFe£^ent de mépnfer b
mort en fouhaitant la vie. Quoi-
qu'il ÊifTe parler une infinité de
perfonnages , d'âges , de fex© &
d'états diiférens , il conferve à
chacun fon caraâere, & fes Dia-^
hfftes font très-dramatiques. Ses
ouvrages font le tableau le plus
vrai des hommes de fon iiecle,
& même de ceux du nôtre. On
conclut après l'avoir lu , que de
tout temps l'efpece humaine a été
à-pcu-près la même, & qu'un por
trait du monde , tracé depuis dix-
feptfiecles, eft, à quelques petites
différences . près , celui du monde
aâuel. Lucien , quoique peintre ha-
bile & intéreilant, n'cft pas fans
défauts. Quelquefois fa pl^anterie
eft trop marquée ; fon flyle eft
difïiis, il fe répète fouvent. Lorf-
qu'il a rencontré une idée hev-
reufe, il ne la quitte que lorfqu'il
Ta refTaftee de toutes les manières.
jRo/^Jui reproche, avec raifon,
de bleffer la pudeur dans fes ou-
vrages , & d'y faire paroître une
irréligion trop marquée. Il fut
le VoUairt des Grecs , & pour
la hardieffe , & pour le tour d'ef-
prit. Luden fe moque également des
vérités de la religion Chrédenn^
''Se des fuperflitions du Fi^anifine.
Il faut avouer cependant qu'il n'a
jamais combattu Texiftencè de Dieu
dans fes écrits , & qu'il y donne
quelquefois de bonnes leçons de
morale. Les fujets qui foumiffent
le plus à fes réflexions & à fes
plaifanteries , font les prétendons
de ITiypocrifie ; la faufTe modeftie
& la vaine fagefte des Sophifbs;
l'inudlité du pouvoir , des honneurs
& des richeffes pour rendre heu-
reux. Je fuis , dit-il lui-même , Pot-
neml déclaré de torpteîl & de Paa-
pojbm , de U faujfeté^ de ^oflattaûon\
& Paml de la vérité ^ de Phomuàr,
de la honte ^ de U fimp&dté^ de tout
ce qid tfi iùmabU Cr boH„,» Suidas
LUC
Retend qu'il mourut déchiré par
les chiens , en punition de ce qu'il
avoit plaifanté fur Jefus-Chrift -, mais
cette fable eft réfutée par le filence
de tous les auteurs contemporains. \
/>'-<<Wtfncottrt a traduit toiis les ou-
vrages de Lucien , à Amflerdam , 2
vol. ÎB-S** , 1709 -, mais quiconque
ne les connoit que par cette ver-
iion lâche, infidelle & tronquée ,
ne" peut en avoir qu'une très-faufle
idée. Un homme de lettres connu,
( M. Majfuu ) en a donné une nou-
velle, Paris, 1781,6 vol. in-12,
plus cxzùt & plus élégante. Les
meilleures éditions des ouvrages de
Luciea font : Celle de Paris , in-fbl.
161 ç , en grec & en latin, par
Bourdelot-, d'Amfterdam , 1687, 1
vol. in-8° ; cum nous Variorum , de
la même ville, 1743 -, 3 vol.in-4®,
auxquels il Êiut joindre un Index ,
Utrecht , 1746 , in^**.
n. LUQEN , ( S. ) prêtre d'An-
tioche & martyr , avoit d'abord
évité la fureur de la perfécunon
de DiocUtien ; mais ayant été dé-
noncé par un prêtre Sabellien , il
fut conduit devant Maxlmîm Galère,
Au lieu de blafphémer la religion
Chrétienne , comme on vouloit le
lui perfuader , il compofa pour fa
défenfe une Apolo^e éloquente.Af<(Mrt-
' mien le fit tourmenter de plufieurs
manières -, mais n'ayant pu ébranler
fa foi , il le fit jeter dans la mer
avec une pierre au cou, en 311.
L'illuilre martyr emporta au tom-
beau une grande réputation de fa-
voir & de fainteté. Il avoit ouvert
à Aiitioche une école pour déve-
lopper les principes de la religion &
pour aplanir les difficultés de l'E-
criture. Il ne nous reile aucun des
ouvrages qu'il avoit compofés. 5.
■Jérâme dit qu'il avoit revu avec
l)eaucoup de foin la Veriîon des
Septante» Toutes les EgKfes qui
• étoient entre Antioche & Conf-
«ncinople^ fe fervoient de &tte
LUC 405^
verfîon. On l'accufa d'avoir eu du
penichant pour l'ArianiCne. Il eft
certain que l'es principaux che& des
Ariens avoient été difciples du faint
martyr ; mais ils s'éloignèrent des
vérités que leur maître leur avoit
cnfeignées , & fe fervirent de foil
nom pour répandre leurs erreurs*
$, Athanafe l'a juflifié de façon à
diffiper tous les nuages répandus
fur fa foi. S. Lucien avoit ététrès-
lié avec Paul ^Je Samofau -, mais
on peut , fuivant TiUemont , excufer
l'attachement qu'il eut pour cet
hérétique, »♦ 5. Lucim , dit-il , étoit
»♦ du même pays que Paul de Samo^
y /ace. Il pouvoit avoir encore avec
v* lui d'autres lialfons ; avoir même
>♦ été élevé par lui au facerdoce.
>» Ainii , il ne fera point étonnant
»f qu'il ne fe foit point aifément
>♦ convaincu des fautes & des cr-
n reurs d'un homme qu'il honoroit
»♦ comme fon père & comme fon
n évêque , & qui coirvroit fi bien
»♦ fes erreurs , qu'on eut de la peine
» à l'en convaincre. Que s'il y en
» a qui cenfurent trop durement
n les £iutes que le refpeÛ & l'ami-
n tié font faire , au lieu d'en avoir
>» de la compafiion ; ils en font
♦♦ peut-être luie plus grande, en
»» oubliant qu'ils font hommes &
»t capables de tomber comme les
}i autres y». Il y a eu deux autres
LvciEvs, l'un martyrifé fous Dece,
& l'autre premier évêque de l'Eglife
de Beauvais.
I. LUCIFER , c'eil-à-dire , Por««-
Lumidre^ fils de Jupiter & de P Au-
rore y fdon les poëtes , eft , fuivant
les aftronomes , la planète brillante
de Vénus, Lorfqu'elle paroît le ma-
tin, elle fe nomme Lucifer-^ mais
on l'appelle Hefperus , c eft-à-dirc ,
P Etoile du foir , lorfqu'on la Voit
nprès le coudier du Soleil. JJfct-
FiR , dans l'Ecriture-fainte , eft It
nom du premier Ange rebelle , pré-
cipité du ciel aux enfers, f^cy^
410 LUC
Michel » n** i. d» Ophionée.
U. LUCIFER , Êimeux évêqud
de Cagliari , métropole de la Sar-
daigne , foudnt la cauie de 5.
Athanafe avec tant de véhémence
& d'intrépidité, au concile de Milan,
en 354, que l'empereur Confiance ^
irrité de fon zèle , l'exila. Son es-
prit fougueux & inquiet, excitant
des querelles dans tous les endroits
.où on l'envoyoit, on 6it obl^é
de changer, quatre fois le lieu de
fon exil. Xuctyêr^ rappelé fous /W!^
en 361, alla à Antioche, y trouva
l'E^ife divifée , & ne fit qu'ai^men-
ter le fchifine en ordonnant Paulin*
Cette ordination déplut à Eufehc de
Vcrceil, que le concile d'Alexan-
drie avoit envoyé pour terminer
cette querelle. Lucîfir , inflexible
dans Tes fentimens , fe iepara de ià
communion , & fe retira en Sardai-
gne , où il mourut dans le fchiTme,
en 370. U nous refte de lui r Livres
très - véhémens contre l'empereur
Confiance , & d'autres Ouvrages im-
primés à Paris en x 5 68, par les foins
de du TUia évêque de Meaux. Ses
difciples furent appelés LuclférUns^
& continuèrent le fchiûne. Peu
d'évêques embraflerent ce parti;
mais on y comptoit beaucoup de
prêtres & de diacres , qui fe fu-ent
de nombreux feâateurs à Rome ,
en Orient , en Egypte , en Afri-
que, & fur-tout en Efpagne & en
Sardaigne. Lucîfir étoit recomman-
dable par des mœurs pures, par
fon favoir , par fon zèle ; mais ce
zèle étoit peu réglé. Il avoit un
fonds d'aigreur dans refprit & une
roideur dans le caraâere , qui firent
beaucoup de tort à fa piété. On
fait fa fête à. Cagiiari le 20 Mai.
Les curieux peuvent confulter un
livre imprimé dans cette ville en
1639 , fous ce titre : DefinJiofanc~
tltatis B, Luclfiril,
LUCILIO , Voyei Vanini.
. . LUOUUS , ( Caïus) chevalier
LUC
Romain, né a Sueiïa Tan 147 avant
Jefus-Chrift, étoit grand-onde ma*
temel du Grand Pompù. U porta
d'abord les armes , fuivant quel-
ques écrivains, fous Saplon VA-
frlcaln à la guerre de Numance, &
fiit intimement lié avec ce géné-
ral , qu'il délafibit par fes bons-
mots des £itigues des armes. On
regarde LucUlus comme l'inventeur
de la Satire parmi les Latins, parce
qu'il lui donna ùl dernière forme,
telle qu'Horace , Perfe & Juvcnal
l'imitèrent depuis. Ennlus & Ptfop-
vins avoient , à la vérité * travaillé
dans ce genre; mais leurs efTais.
étoient trop groffiers , pour qu'on
leur donnât l'honneur de l'inven-
tion. Lucl/ius leur fîit fupérieur^
& il futfurpafTé à fon tour par ceux
qui vinrent après lui. Horace le
compare à un fleuve qui roule un
fable précieux4)armi beaucoup de
boue. De xxx Satires qu'il avoit
compofées , il ne nous reile que
quelques frag^nens , imprimés dans
le Corps des Poètes Latins de Malt*
taire, François Dou^a les a publiés
féparément, & la meilleure édi«
don eft celle d'Amâerdam, 1661^
in-4^ , avec de favantes remarques.
Luclûus^ mourut à Naples , âgé feu-
lement de 46 ans , vers l'an lo^
avant Jefus-Chrift. Ce poëtc pen^ 1
foit très-philofophiquement. U di-
foit qu'il ne voulolt ni des LeBem
trop f avons ^ ni des LxUurs trop Iffio^
rans , parce que les uns en auendrolent
peut-être plus qu'il n'en dlfult , & que
les autres ne l'enwidrolent pas. Ses
talens firent des enthoufiafles^ qui»
le fouet à la main , châdoient ceux
qui of oient dire du mal de fes vers»
Leur admiration étoit déraifonha-
ble à plufieurs égards. LuâiiusY^'
ûfioit durement *, âc quoiqu'il tra-
vaillât avec précipitation , fes oih
vrages avoient un air forc^.
LUCILLE., fille de Marc-Mdt .
Se ée pQu^ } fut élevée avec 1»
LUC
plus grand foin. Son pcre lui înf-
pira des fentimens nobles & du goût
pour la vertu. Ce prince U fit par-
tir, à l'âge de 17 ans, pour aller
dans la Syrie époufer Vents , qui fei-
foit la guerre aux Arméniens &
aux Parthes. Cet empereur vint à
Ephefe , où (^ noces furent célé-
brées avec magnificence. Lucl/U
belle, bien faite & très-fpirituelle ,
4toit digne de s'attacher le cœur
d'un mari moins corrompu que
Faits : mais ayant trouvé ce prince
plongé dans les débauches les plus
in£unes , elle s'en dégoûta. Le dé-
pit qu'elle conçut de fe voir mé-
prifée, l'ayant rendue infidelle à
fon tour y elle fe déshonora par
fes prollitutions. De retour de la
Syrie à Rome , LucilU yit avec in-
dignation l'amour inceftueux que
fon époux conçut pour fa f<jeur
Fah'ia ; & le commerce détefiable
qu'il entretenoit avec Faufllne, Elle
en fit les reproches les plus vifs à
fa mère ; & ces deux femmes , que
le crime giddoit dans toutes leurs
a£Hons, s'étant réconciliées, firent,
à ce que Ton prétendit , empoifon-
ner Vents, Marc-AureU remaria Imt-
àlU , au bout d'un an , à Claude
fompéien , fénateur d'un grand mé-
rite , mais d'un âge fort avancé.
Comme elle l'avoit époufé malgré
elle & pour obéir à fon père , elle
fe livra à une foule d'amans , qui
l'entraînèrent dans les défordres les
plus odieux. Elle mit le comble à
les crimes , en s'abandonnant à la
pafiion que Commode fon frère prit
poiu- elle ; mais le goût de ce prin-
ce ne fut que pafiager. LudlU, pour
s'en venger, ainfi que des hauteurs
que Crîfpme fa belle^fœur affeôoit
d'avoir envers elle, forma , l'an 18 3 ,
une confpiration contre. Commode ^
dans laquelle |lle fit. entrer fon
amant Quadratus & d'autres fénar
teurs. Ce complot ayant été dé-
couvert par l'imprudence dçs con-
r
LUC 411
)uré$, Commode les fit \ punir de
mort , & exila LucUle dans l'iile de
Caprée , où il la fit mourir quel-
que temps après, à l'âge d'enyiroa
38 ans.
LXJCINE , Divinité , qui pré-
fidoit aux accouchemens chez les
Romains , étoit la même , feloa
quelques-uns , que Juaon , & félon
d'autres, que Diane, On lui don-
na le nom de Luclnt , du mot Lux^
parce qu'on croyoit qu'elle foula-
geoit les £emmes en travail dan»
leurs douleurs , & qu'elle les fai<
ibit promptement mettre au )ouc.
leur fruit :
ri/c lahorantes utero puellas
tr vocata audls^ &c. HoraceJ
LUCINIUS, Voy. l'an. i. Pline.
vers la fin.
LUCIUS^SAR, Voyei 11. Ju^
LIE , époufe de Marc-Antoine.
LUCIUS - VERUS , empereur ,
Voy, Verus ( Lucitis ).
LUCIUS I", ou LucE, (S.)
monta fur la chaire de S. Pierre
après 5. ComtUUy au mob de Sep"
tembre de l'an 255, & fut exilé
auiH-tôt après fon éle^^n. U reçut
la couronne du martyre le 4 ou le $
de Mars 254 , n'ayam gouverné
l'Eglife que 5 mots feulement 8c
quelques jours. U ne refte rien de
lui. S, Cyprîen lui écrivit une Lettre
fur fa promotion & fur fon bani>
nifiement qui ne fiit pas long. En«
tre iVLtrçs Décrets qu'on lui attribue^
il y en a un qui ordonne que
fEvêque fera toujours accompagné d0
deux Prêtres 6* de trois Diacres , afin
qu'il ait des témoins de fa conduite,
II. LUCIUS ll,(GérardàQCa^
ciatumlcl , ) natif de Bologne , bi-
bliothécaire & chancelier de l'E* .
glife de Rome , puis cardinal , em-'
ployé en diverfes légations , fuccéda
au pape CélcJUn //, le 1 2 Mars 1 144*
Il eut beaucoup à fouîTrir despar-
tifam ^'Arnaud de BrcjJ'c , & mounut
3jii LU C
à Rome le ay Février 1145 , d*uii
coup de pierre qu'il reçut dans
une émeute populaire. On a de
lui X Epitres, qu'on trouve dans
les Annales de Baron: us 6c dans la
Bibliodieque de Cluni.
III. LUaUS m , ( Himéaîdo
AliincîffoU ) natif de Lucques , (uc-
céda au pape Alexandre III y le 29
Août iï8i. Le peuple de Rome
•'étant foulcvé contre lui , il fe
retira à Vérone-, mais peu après
H rentra dans fa capitale, Se fou-
rnit les rebelles avec le fecours
des princes d'Italie. Il mourut à
Vérone le a 5 Novembre 118 5,
On a de lui m Epitrts, Ce pape
$t , de concert avec l'empereur
Frédéric , une longue Conâitutîon ,
dians laquelle on voit le encours
des deux puifTances pour l'extir-
pation des héréfies. On y entre-
voit auffi l'origine de l'Inquifition
contre les hérétiques , en ce que
cette Conftitution ordonne aux
évèques de s'informer par eux-
mêmes ou p» des commiiTaires ,
des perfonnes fufpeÛes d'héréfie.
On y Voit encore, qu'après que
l'Eglïfe avoit employé contre les
coupables les peines fpirituelles,
elle les abandonnoit au bras fécu-
lier , pour exercer contre eux les
peines temporelles.
IV. LUCIUS, (S.) cvêquc
^'Andrinople, vers le milieu du iv®
iiecle , célèbre dans TEglife par fes
^Is , & par le zèle qu'il fit pa-
Toitre pour la foi Catholique con-
tfe les Ariens, étoit né dans les
Gaules. On croit qu'il ailifla au
coTKÎle de Sardique, en 347 , &
•cm'il mourut en exil.
- V. LUCIUS , fameux Arien,
-fiit chafTé du fiege d'Alexandrie,
-<n 362 , & mourut enfuite miféra-
blement. Il avoit ufurpé le fiege
d'Alexandrie fur 5. Athanafe,
■ VI. LUCIUS , ( Jean ) né à Traw
^n Dalmatie , d'une Êuxdlle noble
LUC
& ancienne, ût fes études àRomI
avec fuccès , & s'y acquit l'eftiiM
des favans, fur-tout d'Ugheli, qui
lui confeitla d'écrire 1 hifloire de fa
patrie. Il fuivit ce confdl , retourna
en Dalmatie pour y faire les recher-
ches néceffaires , vifita les archives ,
les bibliothèques des monafteres.
Le fruit de fes travaux fin fa £>j/-
matîa illuftrata feu Commtntarîdrmtm
DalmatU & Croatie , 1666 , in-fol. 'y
Vienne, 1758, in -fol., & dans les
Scriptores rerum Hungaricanm.Cc lirrc,
plein d'érudition & d'une bonnt
critique, eft dliώ des favaas.
LUCIUS , Voy, I. Elevthere.
LUCIUS Bellantius , Veyei
1, PIC de la Mirandole^ à la fin.
LUCO o« Lucas , de Grimaud
en Provence , aima une demoifellc
de la maifon de Villeneuve , & en
fiit tendrement aimé. Sa maîtrefle
craignant de le perdre , & ne con-
fultant que fa paffion , lui donna
un breuvage pour augmenter fofl
amour. A peine Lucj l'eut-ilpris,
que fa tendrefTe fe changea en
frénéiie : il s'alluma dans fon
fang un feu fi cruel , que dans un
de fes accès il fe donna la mort,
en 1408 , âgé feulement de 35 ans.
On trouva dans fes papiers beaucoup
de chanfons fju* fa trop tendre &
malheureufe maîtreffe , & plufieurs
pièces fatiriques contre le pape
Bonifacc VIII.
L LUCRECE, {Lueretia) dame
Romaine , fille de Lucretius Tricîpi'
ûnus , préfet de Rome , époufa Col"
latin , parent dç Tarquîn roi de
Rome, Un jour que fon époux
étoit à table avec les fils de ce
monarque, il peignit la beauté de
fa femme avec des couleurs fi bril-
lantes, que Scxtus ^ fils aîné de
Tarqutn, prit du goût pour elle.
CollatUi l'ayant mané chez lui le
même jour , il vit que le portrait
n'étoit pa^ flatté, & fon amour
naiâOant devint une pailioa violente
LUC
Impétueux dans feS défirs , il te
déroba quelques jours après du
camp d'Ardée pour voir l'objet de
(es vœux. 11 fe gliffe pendant la
nuit dans ia chambre , 1 epée à la
main & le feu dans les yeux. Lu-
crut, inflexible à fes prières, ne
fit qu'enflammer davantage fon ar-
deur. Stxtus menaça de la tuer,
& avec elle l'efclave qui le fuivoit ,
afin que le cadavre de ce malheU-
jeux , placé auprès d'elle dans un
même lit , fit croire que la mort
de l'un & de l'autre avoit été le
châtiment de leur crime. Lucrtcc fuc-
combe à cette crainte-, ^Sextus^
après avoir fatisfiait fes défirs , la
laifiê dans l'amertume de la plus
vive douleur. Elle fait appeler à
l'infiant fon père , fon mari & fes
parens, kur fait promettre de ven-
ger fon outrage , & s'enfonce un
poignard dans le cœur, Tan 509
avant J. C. , fans que fon père &
fon époux puilTent la rappeler à
U vie. Le fer fanglant dont elle
s'étoit percée , (afi le fignal de la
liberté Romaine. On convoque le
fénat , on expofe à fes yeux le
corps de Luence , & les Tarqmns
ibnt profcrits à jamais. Le tableau
que fait Ovîde de cette trifte ca-
tafbophe, au U* livre de fes Faftes,
eft touchant & tracé de main de
maître : cette infortunée ayant com-
mencé le récit de fa fiinefte aven-
ture devant fes parens afTembles-,
brfqu'elle en fut vernie à l'attentat
qui confomma ia honte : Reftabant
uldma , dit le poète. . . FUvît.^ Ce
dernier trait eft d'une vérité &
d'une fimplicité fublime. On a dit
de tucRtcn , comparée à SU"
$AKSRl
Cafta Suianna piacet; htcnda , Cid€
Su{nfmtt : *
Tu poft , lUâ mori maluk ante
fctîuu
Qa a traduit alnû ces v«rs:
LUC 4i|
DesfureufS de Tarquin m«Ih«ureaf«
viftime ,
Lucrèce , vante moins ton généreux
eifort.
Le crime a précédé ta mort ;
> Ta mort eût prévenu le crime.
Ajoutons qu il eft plus ^cile de
faire une Epigramme fur Lucrèce^
que de fe tirer de la fituation où
elle fe trouva. .
LUCRECE , Voye[ Obizzi.
IL LUCRECE, ( Titus Lucre-'
Tiys Carus) poète .& philofophe,
naquit à Rome d'une ancienne
famille , environ un fiede avaac
J, C. 11 fit fes études à Athènes
avec beaucoup de fuccès : c'eft
dans cette ville qu'il puifa les
principes de la philofaphie d'Epi"
cure, 11 fut le premier; qui fit pa-
roître dans Rome la phyfique or-
née des fleurs de la poéîie. Le
poète philofophe adopta l'Infini
à'Anaxlmandre & Iq; Atomes de
Démocrltc, 11 tâcha de concilier les
principes de ces deux philofophes
avec ceux d!Eplcure , dans fon
poème De rerum natura , en fix
livres. Cet ouvrage eft moins un
poème héroïque , qu'une fuite
de raifonnemeps , quelquefois très-
bons , & plus fouvent moins jcon-
cluans que captieux. Jamais homme
ne nia plus hardiment la Provi-
dence, & ne parla avec plus de
témérité de l'Etre fuprême : il fem-
ble ^ue fon but n'ait été que de
détruire Tempire de la Divinité , &
d'enlever à l'homir" les confola-
tions de la religion. Aucune con-
fidération ne le retient , aucune
peur ne l'arrête. 11 ofe fe féliciter
d'avoir été le premier à Ronie qui ait
fecoué le joug de la religion. Cefi
la feule récompcnfe , ajoute-t41 , que
je me promette de mon travail. Quelle
funefte récompenfe! Selon lui , rien
n'exifte que le vide & les atomes.
Le vide eft quelque chofe de paf-
fif : toute Taiâivité réfide dâivs les.
414 LUC
atomes. Au moyen de leurs mou-
vemens, de leurs mafTes, de leurs
figures s'exécute Touvrage im-
meofe & laborieux de la nature.
Cet univers, éternel fujet d'admi-
ration, ne renferme que des corps
dont toutes les proportions & toutes
les richeiTes dépendent du hafard
qui feul forme leurs affemblages , &
«aufe enfuite leurs dérangemens. Zxi-
€rece^ en niant la Providence qui di-
rige ce bel ouvrage , admet une cer-
taine force dans la nature qui remplit
fa place. C'eft elle qui fe joue de nos
jyrojets & de nos défirs-, qui élevé, qui
abaiffe , qui forme les grandeurs
humaines & qui les anéantit. Son
fyftêrae eft contradiûoire comme
Celui deprefque tous les Cophiftes
anciens & modernes. Mais , û nous
mettons à l'écart le philofophe pour
conlidérer lepoëte , on ne peut nier
que le génie poétique , avec lequel
il étoit né,ti^éclate dans plulieurs
endroits de fon ouvrage. On ne
peut qu'être frappé de fa hardiefTe
à peindre des objets avec lefquels
le pinceau de la poéfie n'étoit point
femiliarifé. Son prologue eft beau ;
la defcription de la pefte , rive &
animée-, l'exorde du fécond livre
a beaucoup d'élévation. Malgré la
fatigante uniformité de fon ftyle ,
la fécherefîe de fa verfification &
la roideur de fon pinceau, il eft
quelquefois emporté par une ef-
pece d enthouliafine , fur-tout danis
cette profopopée où la Nature re-
proche aux hommes la foibîefle
qu'ils ont de craindre la mort. Ce-
pendant il feroit ridicule de le
préférer , comme poëte , à Vlt^Ue ,
ainfi que l'ont fait quelques phi-
lofophes épicuriens. Il eft bien
fcnfibîe à quiconque a le goût de
la poéiie latine , qiie toute com-
paraifon entre les deux poètes eft
infoutenable. Quoique né avant
Au^Jk^ on le prendroit fouvent
pour un écrivain poftéricur de
LUC
trois âecies à Vîrplc, ttat foi
flyle eft quelquefois dur , ia ver-
fiêcation négligée , fa marche pé-
nible & embarraftee. On a beau
dire que le pinceau de la poéfie n*ef
pas fait pour les objets qu'il avok à
peindre ; cette excufe , imaginée par
quelques-^ins de fes partifans, eft
fuffifamment réfutée par les Géop-
glques dont la nature eft auffi di-
daéHque que Celle du poëme de
Lucrèce, Lucrèce mourut à la fleur
de fon âge , à 41 ans , le 52^ avant
J. C. dans une frénéfie caufée par
un philtre que lui donna fa fem-
me ou fa maîtrefte. Ce philtre avoâ
dérangé fa tête depuis long-temps ,
autant que le défefpérant fyftême
du matérialiime. Son efprit n'avoit
que quelques momens , dont il
profitoit pour mettre en ordre fon
poëme.. La première édition de
cet ouvrage , faite à Vérone en
i486 , eft recherchée. On a enco-
re celle ad uftan Delphînl^ 1680,
in-4^ Celle ifc Chréech, Oxford,
1695 , in-8*'\ eft plus belle que
la réimpreflîon de 1717. Il en a
paru une é<iition magnifique à
Londres » 1712 , in-foHo ou «1-4**.
M^s on préfère à toutes ces édi*
tions , celle de Stglfmond Haver^
camp , à Leyde , in'4°, 2 vol., 172^.
Celle que donna Couftetter en 1744,
fous la diretiion de M. Phiûppe^
en un vol. in-12 , mérite la pré-
férence pour fa commodité: elle
eft enrichie de bonnes variantes
& de jolies eftampes. La favante
édition de Créech a guidé l'auteur
de celle-ci, qui fut encore réim-
primée en 1754, fous le même
format in-12. Il y a eu depuis,
deux autres éditions , de Glafcovr,
17^9 , & Ae BaskervUle ^ 1772 , in*
4^. Le baron des Coutures en pu-
blia une traduôioli firançoife en <
1692, avec des notes. Cette ver- i
fion, qui n'eft pas toujours exac- |
te y de qui pourroit dtre mieux
t UC
ferite, a été éclipféepar celle qu'à
donnée M. /a Grange, avec defa-
vantes notes » Paris, 1767 , 1 vol.
in-8** & in-i2» Voye^ U, Ma-
ROLLES... I. HENAXJLT.,,
POLIGNAC... & MaRCHETTI.
LUCTATIUS , Voy, Lutatjus.
1. LUCULLUS,r.VoLUMNiu$.
n. LUCULLUS , ( hucms^UcU
mus ) de famille confulaire , naqait
vers l'an 115 avaoït J. C. Il mon^
tra de bonne heure des dîfpofitions
pour la philofophie & pour l'é-
loquence. Après avoir paru avec
éclat dans le barreau, il ftit fait
quefteor en Afie & préteur en
Afrique : il gouverna ces deux
provinces avec beaucoup de juiH*
ce & d'humanité. Ses premiers ex-
ploits militaires furent contre Arml-
€ar, fiir lequel il remporta deux
viftoires navales. Elevé au con-
fulat & chargé de faire la guerre à
AI«Ani«e(*),il dégagea ion collègue
Cotta que l'ennemi avoit enferaié
dans Chalcédoine , & remporta
Une viÔoire fur les bords du Gra-
nîque , l'an 74 avant J. C L'an-
née d'après, il reprit toute la Bi-
thynie, à l'exception de la ville
de Nicomédie, où MUhndatt s'é-
toit renfermé. U détruifit , dans
deux journées , une flotte que
ce prince cnvoyoit en Italie.
Le vaincu , défcfpéré de la
perte de fes forces maritimes, fe
tetira dans fon royaume , où le
Vainqueur le pourfuivit. Les pro-
grès à^Lucullus furent d'abord af-
fez lents ; mais la fortune le fé-
conda eniuite au-delà de fes efpé-
rances , & le dédommagea bien du
danger qu'il avoit couru d'être af-
faffîné par un transfuge vendu à
MUhrîdate, Les troupes de ce prin-
ce ayant attaqué dans un lieu dé-
savantageux un convoi efcorté par
quelques milliers de Romains , el-
les furent entièrement défaites &
difHpées. L'alarme fut ii vive dans
• (*J Voy, I, GeTHEGUS.
LUC 4tç
le camp de Mlthrldatc , qu'il prit Ik
fuite fur le champ, & (e réfugia
chez Tigrane fon beau-pere, roi
d'Arménie, l'an 71 avant J. C.
LucuUus pafTa l'Euphrate & vint
fondre fur Tîgrane, qui l'attendoit
avec une armée formidable. Ce lâ-
che monarque fut des premiers à
tourner le dos , dès qu'il vit le
général Romain s'avancer fière-
ment à pied & l'épée à la main«
£n fuyant il perdit fon diadème 9
qui tomba entre les mains de Lw*
adlus 'y ce conful avec une poi*
gnée d'hommes, lui tua ou lu£
prit cent mille émtaffins 6c pref-
que toute fa cavalerie. La prifd
deTigranocerte, capitale du royau-»
me , iuivit de près cette vi£loire«
Le roi d'Arménie avoit tranfporté
une partie de fes richefles dana
cette ville-, elles devinrent la proie
du vainqueur. [ Voy. l'art. Mi-*
Thridate. ] Ces fuccès ne fa
foutinrent pas : il n'effuya perfon-»
nellement aucuïie défaite; mais il
aliéna l'efprit de fes fbldats pa^t
trop de févérité & de hauteur^
Pompée vint lui ôtcr ^e bâton de
commandement. Les deux géné-^
raux eurent une entrevue dans
une bourgade de la Galatie , & fe
firent l'un à l'autre des reproches
très-amers & très- vrais. Pompée re-
prodia à Lucullus fon avidité pour
les richeiïes, & Lucullus reprocha
à Pompée fon envie & fon ambi-
tion. [ Voy, I. Pompée , à la fin. J
Ils avoient tous deux rdfon. Le
vainqueur àeTlgrane, de retour à
Rome , obtint les honneurs du
triomphe ; mais ce triomphe fut
le dernier Jour de fa gloire. Sa
vie fut depuis moins brillante»
mais plus douce & plus tranquille.
U reconnut, & il le dit fouvent
à fes amis, que la fortune ay oit dis
homes, qu'un homme dUfpru devoU
connoître. Livré à l'étude & au
commerce des hoxiunes les plus
'4i6 LUC
ingénieux & les plus poUs de fon
ilecle , il paiToit avec eux les jours
entiers dans uce riche bibliothè-
que qu'il avoit remplie de livrés
précieux, & dcftinés à l'ufagc de
tous les favans. ti furpaiïa en mi-
gniâcence &cn luxe les plus grands
rois de l'Afie» qu'il avoit fu vain-
cre. Les ouvrages de LucuUus fur
les côtes de la mer de Campanie
& aux environs de Naples, fur-
pafToient tout ce que riraagination ,
naturellement prodigue, peut fe
figurer de plus fomptueux. 11 creu-
fa des routes fous des collines , qui
demeurolent ainii en quelque façon
fufpendues. 11 conduifit des canaux
autour de fes édiiîccs , pour y re-
cevoir l'eau de la mer , & y nour-
rir du poiffon , qu'il y ralTembla
en une fi prodigieufe quantité ,
qu'après fa mort il en fut vendu
pour quatre millions de feilerccs»
( environ 5 00 mille livres. ) Il bâ-
tit enfin des cabinets de plaifance
au milieu de la mer même. Il
avoit près de Tufculum une mai-
fon de campagne heureufement fi-
tuée , ornée de grandes galeries &
de falons ouverts de tous côtés pour
recevoir le jour & l'air , avec des
promenades très-étendues. Pompée
l'y étant venu voir, ne trouvasqu'un
défaut dans cette maifon ; c\ft qu*elle
était trcs'Commode pour Pété , mais
' inhahuable pour r hiver, — Lucullus
fe mit à rire : Penfei-vous donc , lui
r^pondit-il , que j^'aie moins d'efprît
que les Grues & Us Cigognes , & qjte
je ne fâche pas changer de demeure fé-
lon les falfons ? „, Un préteur, flat-
té de donner au peuplé des fpec-
tacles magnifiques, pria Lucullus
de lui. prêter 'quelques .manteaux
de pourpre pour habiller fes
perfonnages. ImcuUus lui répon-
dit qu'il feroit vifiter fa garde-
robe , & que s'il en avoit , il
Ic$ lui prêteroît très - volontiers.
te préteur n'ea ayoit liaCoin
LUC
que de cent ; mais il s'en trou-
va cinq mille chez lucullus , qui
les Itti envoya aufH-tÔL C'eft ainfi,
( ajoute Horace avec fa gaieté ordi-
naire) qu'il faut être riche... Des.
Grecs étant venus à Rome , furent
reçus fplendidemem par Lucullus^
mais fans qu'il ajoutât rien à fon
ordinaire. Ces provinciaux hon-
teux de fe voir fi bien traités , &
craignant bonnement d'être à char-
ge à leur hôte^ le prièrent de les
difpenfer de manger dorénavant
chez lui , de peur , difoient-ils , de
lui occafionner trop de dépenfe.
Lucullus leur répondit en fouriant:
Il y a bien quelque chofe , de tout ceà^
qui fe fait pour vous ^ maïs la fks
gcands partie efipour Lucullus, D avoit
plufieurs falons , à chacun defquels
il donna le nom d'une Divinité;
& ce nom étoit , pour fon maître-
d'hôtel, le fignal de la dépenfe
qu'il vouloit £aiire. Pompée & Cieeron
l'ayant furpris un jour , il dit feu-
lement qu'il fouperoit dans le ù-
lon d'Apollon; & on leur fervitun
repas qui coûta 15000 liv. 11 fe
fâcha un )our très - férieufement
contre fon maître - d'hôtel , qui»
fâchant qu'il devoit fouper fcul,
avoit fait préparer un repas moins
fomptueux qu'à ror(i|inaire. Ne fa-
vois-tu pas , lui dit-il , qu'aujourd*h»
Lucullus devait fouper cAe^ Lucullus?
Ce fut lui qui apporta du royaume
de Pont les premiers cerifiers que
l'on ait vus en Europe. Ce gr<ind
homme tomba en démence dans
fes derniers jours. 11 mourut i
rage de 67 ou 68 ans , avec la
réputation d'un homme qui éga-
loit5y/Ai pour le mérite militaire 1
& le furpaflbit pour les vertus à-
viles. Il fut fils tendre , bon frère, .
père indulgent , ami iincere , maK
tre généreux, excellent citoyen,
raagiftrat incorruptible , général ha-
bile. Ennemi des brigues & despsr-
tis , exempt d'ambition , il suroît
jpu, $1l avoit été plus tétnéraîre oU
plus hardi, balancer Tautorité de
rompée & de Cdfar. Il fe piquoit de
h plus grande (koiture , & , malgré
fes profbfions, il eût été dii&cile
de trouver dans l'ancienne Rome
im homme d'une ^ probité plus
èxaûe & plus févcre. Foye^ rHîf-
tolrc de LucuUus^ dans le i®' vollune
des Mélanges hîflorîques & critiques
de M. le préfident d'Orheffant,
LUCUMOî^ , ' Voyei D E M A-
HATE, n® II.
LUD£ , ( Jean DaiUon du ) fut
élevé avec toms XI ^ qui le fit fon
thambellan, capitaine de fa porte
& de cent hommes d'armes , & fuc-
ceffivcment gouverneur du Dau-
phiné & d'Artois. Condnes dit » qull
M aimoit fon profit particulier ;
>^ mais qu'il n'aimoit à abufer ni
M tromper pcrfonnô w. 11 mourut en
14S0. De la même famille étoit
François Daillon , comte DU LvDE,
gouverneur de Gafton duc d* Orléans,
duquel on cite le bon-mot fuivant ,
Voj'^ant la dame d'atours de Marié
de Médîcls , s'eraprciTer à aller cher-
èher fon voile : // n*€fi faut pas ,
ditrii , pour un Navire qutefià Cancre*,
Saifant alluiioâ à la faveur du ma-^
réchal d'Ancre, Sa poflérité mafcu*
hnt finit par Henri comte , puis
duc I>t7 LvDE , grand - maître de
l'artillerie eti 1669, mort en 1685.
il fut pourvu de cette place fur la
démiffion du duc Ma\arin , & eii
partie par lé crédit de fon époufe,
qui eut part (dit-on) aux bonnes
grâces de Louts XIV.
LUDEWIG , (Jean-Pierre) con-
feiilèr intime du roi de Pruffe ,
(Chancelier "^ du duché de Magde-
bourg , profefleur en droit , mort
le 7 Septembre 1743 , à 73 ans ,
a beaucoup écrit en latin & en alle-
mand. On a de lui : I. Scrîptomm
Ttrum Germanicumm , Francfort &
Leipzig , 1718 , 2 vol. II. Manu-
fcii^ta omnis xvij diplomata M ma*
Tome F.
L U D 417
tiumentà médita / 1720 - 1740 , li
vol. in-8^ m. La Vie de Ju/tltileri
& de Trihonlen, 173 ï. IV, CEuvrcS.
dlverfesy 1720 , 2 voU
LUDOLPHE VAN Ceulen ,
Voyei Vas - Ceul£S.
I. LUDOLPHE DE SAXE, d'à*
bord Dominicain , puis Chartreux,
étoit prieur de Strasbourg en 1 3 30 ^
c*efl tout Ce qu'on fait fur fon
compte. Outre une Tradù£tion du
livre de l'Imitation qu'il palTe pouf
avoir faite, on lui doit une Vie de
J£sus*Chrïst , in-fol. en latin »
imprimée, à ce qu'on croit, en
1474, dans foil monaflere : elle
a été réimprimée chez Verard avec
une verfioii françoife, en 2 voU
in-fol. Ces deux éditions /ont p%u
Communes.
II. LUDOLPHE , ou LuDOLF»
( Job ) né en 1624 , à Erfort , capi-
tale de la Thuringe ^ d'une famille
ancienne, s'appliqua à l'étude des
langues avec un travail infatigable*
Ludolphe Voyagea beaucoup , vifita
les bibliothèques des difFéf ens pays ^
en rechercha les curiofités natu-
telles & les antiquités , & forma de»
lîaifbns avec les faVanS. Il fut con-
feiller à Erfort pendant près de iS
ans, & fe retira enfuite à Francfort
avec fa famille. L'éleâeur Palatin
le mit alors à la tête de fes affai-
res^ & lui confia le foin de fes
revenus. Ludolphe étoit auifi pro-
pre aux affaires tumultueufes de
l'état , qu'aux recherches pénibles
des fciences •, également bon pour
le confeil & pour l'exécution. Se&
mœurs ne le firent pas moins ef-
timer que fes talens : il favoit beau-
coup , & n'étoit point avare de fa
fcience. Son ardeur pour le travail
étoit fi vive , que , dans fes repas
même , il avoit toujours un livre
devant les yeux. On dit qu'il fa-
voit 25 langues : il s'étoit parti-
culièrement appliqué à celle des
Ethiopiens. Il mourut à Francfbj(
4i8 L U D
le 8 Avril 1704 » à 80 ails. S^
principaux ouvrages font : I. ^y-
toria ^thiopUa, àFrancfort,en 1681,
in-fol. On en publia , en 1684, un
Abrégé en françois. II. Un Com^
mentaîrt J'ur catc Hlfiolrt , in - fol.
1991 , en ladn. Ul. Un Appcnd^x
pour le même ouvrage, 1693 ,
in-4°, en latin. L'hiftoire des Ethio-
piens , leur religion* leurs coutu-
iies font développées dans ces dif-
fiireûs écrits avec autant defavoir
que d'exaÛitudc. L'abbé lUnaudot
en a relevé quelques endroits dans
ion Hijloirc des Patnarchcs d'Alexan-
drie y & dans fa Colleclion d^ tuur-
gîes Orientales; mais fa critique n a
pas diminué le méritç de Luhlphe
^anj l'efprit de quelques favans de
fon pays. Ludolphe eft, fdon eux,
«n AUemagne, ce que les Mont-^
faucon , les Du€an$e font en France:
idée un peu exagérée. ^V. Une
Crammairc & un Dl^onnaire Ahypi^
1698 , in-fol. V. Dijfcrtatio de Lo-
cufds , à Francfort , 1694 » in - folio.
VhFrfta Eeclefia Alexandrins , fbid.
1691 , in-fol. Vil. De hello Turcleo
féliciter conficlendoy ibid; 1686, in-4 •
ludolphe , fort ardent à défirer «la
ruine des Turcs , fournit dans cet
ouvrage des moyens efficaces pour
la procurer v mais , malheurcufe-
ment , ces moyens font impratica-
bles. Ceft ce que tâcha de lui prou-
ver Chriticn Thomafius , auquel Lu^
dalvhe répondit dans un écrit alle-
mand , intitulé : Remarques fur les
venféet enjouées & fdrleufes , fottes &
déraifonnabUs d'une nouvelle & rare
focUU de poltrons , Leipzig , 16S9,
In- 8®. vm. Un grand nombre
d'autres Ouvn^ges , dont on peut
voir la lifte dans la VU de Ludolphe
par JwiUr , qui le low un peu
trop.
LUDOVIC Sforce , Voyei
ir. Sforce. , , „
LUGO , ( Jean de ) ne a Ma-
^id en 158J , fc difoÀt néwioifls
LUC?
dé SévUle , parce que (bfl pèrt y
ùifoit fa réûdence. U fe fît Jéfuittf
en 1603 , & après la mort de foa
père il partagea fa fucceffion , qui
étoit fort coAÛdérable « entre la
Jcfuitts de Séville & les Jduites
de SaUunanque. Après avoir en-
feigne la philofophic & la théo-
logie en divers Collèges , il fiit
envoyé à Rome pour y profeffcr
cette dernière fdence -, ce qu'il ^%
avec ^plaudiflement. Le Pjqpe Ur*
baîn y m le nomAa Cardinal cq
1643 , & fefervit de lui en plufiews
occahons. X«^o mourût à Rom*
le ^o Août 1660 * à 77 ans. On ^
de lui un grand nombre d'ouvra*
gcs en latin , qu'on a recueillis ei|
7 gros vol. in-fol* Ils roulent tous
fur la théologie fcolaftique & mo-
rale, & fijrent imprimés fuccdli-
vement à Lyon depuis 1633 Jufi
qu'en 1660. Le volume qui a été
le plus lu par les théologiens, A
le 3* : De vîraae & Sacramenfo P«-
nUentia , publié à Lyon en 163S,
& réimprimé en 1644 & 1651. I5
cardinal de I^o étoit fort chan-
table. Ce fîit lui qui donna le pre-
mier beaucoup de vogue au Quin-
quina , qu'on appela la Poudre U ^
Im^o, il la donnoit gratuitement au|
pauvres , & la vendoir chèrement
aux riches. Les ennemis des Jéfuites
l'ont acctifé à tort , d'être l'autcuf
du Péché Phllofophlaue , découvert»
un peu moins udle que celle du
Quinquina. Luge avoit , dit-on «
toute la politique qu'on a attribue
à fa Société. On trouve dans letome
I*' de la Morale pratique , une dc 1
fes Lettres , daps laquelle il con- *
feille à un Jéfuits de Madrid « de
>» réveiller les difputes fur Yîmm^
a ailée Conception y sBnAt^té'
>♦ veriion contre les Dominicains 1 :
M qui preffoient vivement en Italie
»♦ le» Jéfuites fur les matières de 1
w la Grâce m. Les ouvrages de Zip \
font aujourd'hui confondus avecl4
tu 1
bt^trop nombreufe des fcolafti*
<[ues de fon fiede ^ & , à Texception
de (ou Traité de U Pénltitice & de
quelques autres ea petit nombre ^ ils
ne font plus bons qu'à fervir d'en-
veloppe à la poudre c[u'il débitoit.
Son frère aîné » ( Franc, de Lvgo , )
Jéfuite comme lui , mort en i6^ 2 ,
à 71 ans , eft auteur d'un Comment
uitc fur 5. Thomas , en 2 volumes
fci*folio*, d'un Trakidts Sacretnens ^
& de pluûeurs Traltds de théologie ,
3 vol. in-4*'.
I.LUILLIER, (Jean) d'une
Êunille aacienne de Paris , fei-
gneur d'Orville & maître des com-
ptes , fut élu prévôt des marchands
en 1592. 11 rendit de grands fervi-
ces à ttenrilV^ pendant les trou-
bles de la religion. Il facilita , au.
péril de ûi vie , l'entrée de ce prince
dans Paris, & obtint pour récom-
pense une charge de préûdçnt à la.
chambre dès comptes., que le roi
créa en fa faveur. De la même fa*,
mille étoit Jeaa Lvil.libb, , fils de
l'avocat - général du parlement de,
Paris , qui fut reÛeuf de l'univer-
fité en 1447 , doûeur & profefTeur
en théologie quelque temps après ,
puis évèque de Mcaux en 1483.
Il fut auffi confeiXeur de Iiotds XI ^
& né contribua pas peu à terminer
la guerre du Bien Pubûc. Il mourut
le 1 1 Septembre 1 5 00 , âgé d'envi-,
ron 75 ans.
IL LUILLI£R,(Magdelaine) fille
du préûdent Jean LuîllUr , fut mariée
à Claude U Roux deSamu-Beuve^ con-»
Içillcr au parlement de Paris. Dieu
l'ayant privée de fon époux, elle
oublia les vains délices du fiede ,
dont les fuites font il ameres , &
s'attacha à un Kien plus folide & in-
dépendant des événemens humains.
Après avoir fondé à Paris le mo«
ft^ere des RtUpcufes UrfuBnes du
^bourg Sûnt-Jacques, elle les édi-^
fia par les vertus , & y mourut en,
od«UJC de iSûat^, l'an 162$.
L U t 4t^
IXJ1K£S^ F<>y. Albert (d')^
tP^ /, //&///; & l'art. CoNCHiNU
LUISINO , Lui^iNi , ou Luit*
SI NO, (François) célèbre huma*
njfle d Udine dans le Frioul , re-
commandable par fon amour pour
la littérature , oc par l'intégrité de
fa vie , enfeigna quelque temps les
lettres grecques & latines à Reggio^i
& devint enfuite fecrétaire du duc
de Parme. U mourut en 1568, à
45 ans. On a de lui : L Par^rgôa.
Lîbri très , U qulhus , tam in Gracis
quàm in Latinis Scriptoribus muLta^
abfcura loca declarantur. Cet ouvrage
eft inféré dans le tome 3® du Re-
cueil de Jean Gruter , intitulé: Lam^
pas feu Fax Àrtîum , hoc cfi , Titefau-^ .
rus critiçus. IL Un Cumjmn^alre laçln
fur l'Art Poétique à! Horace , Venife,,.
1554, in-4®. III. Un Traité , Decom* .
ponendîs animl affkcHhas , Bàle, 1562.,.
in-8®. On peut r/emarquer , à l'oc-^
caûon de cet humanifte , que de fon
temps vivoit Aloyjùis Lussinus »
qui mit en vers hexamètres , le».
AphOriûnes d^Hlppçcrare ^ Venifc^.
1.5 j2 , in-8** ; & qui a.dopn^ ua
excellent traité pe compefcené^s atil*
mi ajfkaibus^ Bâîe, 1562, in*8° ;
& Strasbourg, I713 ; & le Recueil^
des Auteurs qui ont trtdti de la maU4l4
Vénérienne y Venife , 2 voL in- foi* >
le 1^^ en 1567 , & le 2* en 1599 » .
dont Boerhaaye a donné une nou- .
veUe édition, Ijeyde , 1728, in-foU
L LUITPRAND , roidesLom-,
hards , échappa à la vefigejiiicc
à*Aiibert, qui ayoit égprgé prpfqae
toute fa femille. [ Voy^ Akibert. ]
U fe retira en Bavière avec At{/^^
pranéL^ fon père, auquel il fuccéda
en 712. Il fut tmypujrs lié d'amitié
avec Charies Mattel, foumit Thrn*,
fimond , duc de. Spolete , enleva,
aux Grecs un€t ptrtie de ce qu'il»
poâedpient en Italie , priva les pal-
pes des Alp^ Cptrionnes, & s'em-
para du patrimoine qu'ils avoient
dans la Sabine & en Sicile^ Les em<^.'
Dd iji
4iO L U I
pereurs d'Orient & les pondfes Ro-
mains tâchèrent de s'oppofer à fès
cntreprifes *, mais fa valeur & fon
habileté le firent toujours triom-
pher de fes ennemis. Enfin le pape
Zacharît obtint par la douceur les
reflitutions que fes prédéceffeurs
attendoient de la force. LuUprand
mourut en 744 , après un règne de
3 1 ans. Il avoit fignalé le commen-
cement de fon règne par de nou-
velles lois, au nombre de 152 ,
toutes conformes au génie de ù
nation & propres à la rendre heb'-
reufe. C'étoit un prince &ge , pieux,
jufle, prudent, valeureux , cepen^
dant ami de la paix , prompt à fou-
lager les miférables , naturellement
porté à la démence. A peine fîit-il
îur le trône , que Rotans fon parent
forma dans Pavie même un complot
pour lui ôter le fceptre & la vie.
Il devoit l'inviter à un repas &
apoiler des fcélérats qiû dévoient
exécuter fon deflein. Jjùtprand fit
appeler ce perfide , auquel il auroit
pardonné ; & comme il vouloir le
fouiller , parce qu'on lui avoit dit
qu'il auroit une cuirafTe fous fa
robe, Rotarisûi^ fon épée pour le
percer. Lmtprand fe mit en défenfe ,
tx. fes gardes qui accoururent , maf*
facrerent le malheureux qui vouloir
le tuer. Quatre de fes encans furent
auifi mis à mort.
IL LUITPRAND,LiuTPHRAND
ou LiTOBRAND , fous-diacre de To-
lède , diacre de Pavie & évêque
de Crémone , fit deux vo3rages à
Conftantinpple en qualité d'ambaf-
fadeur \ l'un en 948 , au nom de
Bérenger U , roi d'Italie , avec qui
il fe brouilla à fon retour; l'autre
en 968 , au nom de l'empereur
Othon. NUéphon Phocas , empereur
d'Orient , faifoit un crime à Othon
d'avoir pris le titre d'empereur Ro-
main : Luuprand , chargé de le jufii-
fier, éprouva les traitemens les plus
ilidignes. U oçfe déconcerta point.
LUI
& défendit avec zèle les intérêts
de fon maître. NUéphon piqué liii
parla avec mépris des troupes Fran-
çoifes, en les accufant de lâcheté,
de molleiTe & de difiblunon. L'am-
bafiadeur répondit , que les guerres
qui fuivroient , félon toute appa-
rence, lui fbroiemconnoitre qu'elles
avoient hérité de la valeur des Ro-
mains. >t Je iàis , [ dit Nlcéphore , ]
>♦ que vous voulez en prendre le
M nom ; mais c'efi en vain que vous
»♦ vous en flatteriez.Vous êtes Lom-
n bardsi votre fang efi corrompu
>» depuis que vous l'avez mêlé avec
M celui de ces peuples féroces «.
Lmtprand lui répliqua : « * S'il falloir
>* remonter jufqu'à l'origine des na-
>♦ lions , vous verriez qu'il n'en cft
>* poim dont la fource foit moins
>* pure que celle des Romains. Ro*
n mulus^votrc fondateur, étoit le fruit
>♦ d'un adultère ; le meurtre de fon
>♦ fi'ere fut le premier degré par le-
»» quel il s'éleva. Il bâtit ime ville
» fur un terrain ufurpé ; il la peu-
» pla de fugitifs , d'efdaves , de
>* meurtriers , qui fiiyoientla mort
>t ou les pourfuites de leurs créan-
>vciers. Voilà , puifque vous me
>f forcez de le dire , d'où font
»* venus vos premiers empereurs,
» & ceux de qui ils fe Êûfoient
y gloire de defcendre. Les Lom-
>» bards , les Saxons , les François ,
» les Sueves , les Bourguignons le
>i favent , & ils difent en proverbe,
>t que les vices de Romulus font paf-
» Ces à leurs defcendans ««. Nué-
phort fiit outré de ce reproche fan-
glant , qui le regardoit moins qu'une
nation étrangère , avec laquelle il
n'avoit plus rien de commun que le
nom de fon empire. U fe leva bruT*
quement , & envoya l'ambaffadeur
enprifon^ où il le fit traiter avec
toutes fortes de rigueurs. Il ne lui
accorda la permifiion de retourner
en Italie qu'à la fin de l'année. La
meiUçure édiûon des CEuvrcs de
L Ut
hdtprand , cft çdlc d'Anvers , 1640,
in-fol. Le^lyle en eft dur , ferré &
très-véhéoient. Il afFç^e de faire
parade de Grec , & de mêler des
vers à fa profe. On y trouve ^ne
Relation en VI livrçj de ce qui s'é-
toit pafTé en Europe de fon temps.
Ses récits pe font pas toujours fîdel-
les; il eft ou flatteur ou fatiri-
que. Le livre des Vîes d*s Papts &
les Chroniques des Qoths , qu'on lui
attribue , ne (ont poii^t de lui. Voy,
Jean XII, ^®^I.
L LULLE , ( Raimond ) furnom-
mé le DocUur illuminé^ né dans Tiile
Majorque en 1236, fut difcipledu
célèbre Arnaud de Villeneuve, L'a-
mour le rendit chimiile. Il étoit
pailîonnément amoureux d'une jo-
lie fille,, appelée £/ieonor « quirefu-
ibit de l'écouter. LulU lui aya^t
demandé les raifons de fon dédain ,
EUonor lui. découvrit fon fein dé-
voré par un cancer. Xu/^ « en amant
tendre & généreux , chercha dans la
chimie quelque remède au qial de
fa maitrefTe , & eut le bonheur de
le trouver. Dès-lors il s'appliqua ,
avec un travail infatigable , à l'é-
tude de la philofpphie des Arabes ,
de la chimie , de la médecine &
de la théologie. Il alla enfuite an-
noncer les vérités de l'Evangile en
Afrique , & fut aiTommé à coups
de pierres, en Mauritanie , le 29
Mars. 1 315 , à 80 ans. Il efl ho-
noré comme martyr à Majorque ,
où fon corps, fut tranfpotté. Il nous
refle de lui un grand nombre de
Traités fur toutes les fçiences , dans
lefquels on remarque beaucoup d'é-
tude & de fubtilité , mais peu de
folidité & de jugement. Le flyle
efl digne de la barbarie de fon îie-
de. Lulle étoit auiîi obfcur dans
fes. exprefGons que dans fes idées.
U avoir compofé une Logique, qui
étoit un vrai délire. Cependant Içs
dofteurs Efpagnplsdifoient: >♦ qu'il
»» ne Taypit inventée , qu'afin qu'on
L u L 411
>» pût Ce défendre de PAnuchnfiàaxLi
>* les derniers jours , & rétorquer
M contre Iw les mêmes argumens «<•
Quoiqu'il y ait encore aujourd'hui
des gens qui prétendent qu'en fai-
fiiTant la clef de ces myflérieipc
écrits , on trouve des connoifTances
vraies & ûmples -, ' il efl certain
que cette voie d'y parvenir efl pé-»
nible & puérile ( on peut confulter
VArs magna feUndi , du P. Kir^
cher ). On a donné à Mayence , e^
I714, le catalogue des ouvrées
de cet auteur ,. in-8®. On y trouve
des Traités fur la Théologie y la Mo'm
raie , la Médecine , la Chimie , 1«
Phyfique , le Droit , &c. : car les
doâeurs de ces iiecles embrafToient
toutes 1^ fçiences , quoiqu'ils n'en
pofledafTent parfaitement aucune*
Il n'efl cependant pas certain que
tous les ouvrages énoncés dans ce
catalogue foient de lui ; on peut
croire ,. que pluiîeurs auteurs , pour
donner de la vogue à leurs ouvrages,
les ont décorés de ce nom célèbre
alors. On a en françois deux Vies
ie Raimond Lulle : l'une de M. Perr
rojricr, Vendôme, 1667 , in-8® ;
l'autre , du P. Jean-Marie de Verr
non y Paris, 1668, in-i2.. Jordanus
Brunus a donné deux ouvrages qui
ont rapport à l'hiftoire de. LulU^
I. Liber de Lan^ade comhinatoria R^
Lullîi , Vrague, 158? , iîi-8**. lÙ
De ccmpendiofa a^cfUteciura & complet
minto artis LuUii , Paris, 1582 «
in- 16.' Les critiques les plus accré^
dites regardent Raimond Lulle ^
comme Un homme prefque indéfi,-
nifTable» d'abord difTipé 9^ même
liberân , enfuite Frère très-fervenp
du Tiers-Ordre de Saint-François ^
amateur de la folitude & folliciteur
afîidu des princes , qu'il vit tous
&prefra jufqu'à l'importunitç , pout
les faii:e entrer dans les plans de foiv
zèle , négociateur d'une activité uni*,
que , auteur de plus de volumes »,
qu'un homme n'en pourroit. trciofc
4zt LVL
crire & prcfquc lire durant la jne^
fure ordinaire de la vie ; accufé
d'hcréfie , & martyrifé chez les Ma-
hométans d'Afrique *, homme en un
mot 11 difiTérent de lui - même &
chargé de tant de contrariétés in-
conciliables » que fi l'en n'étoit
alTuré qu'il a exifté , on feroit tenté
de le prendre pour un perfonnage
rûmanefque.
II. LULLE DE Terraca (Rai-
mond) furnommé le Néophyte , de
Juif fe fit Dominicain , & retourna
enfuite au Juda'iûne. Il foutint des
erreurs monftrueufes , condamnées
par le pape Grégoire XI ^ en 1376.
LULLI , (Jean-Baptifte) mufi-
cicn François , né à Florence en
1633 , quitta fa patrie de bonne
heure. Ce fut un de nos officiers
qui engagea Lullî ^ encore jeune,
à venir en France. A peine fut-il
arrivé , qu'il fe fit rechercher pour
le goût avec lequel il jouoit du
violon. MU* de Montperijur l'atta-
cha à fon fervice *, & Lotus XIV
lui marqua bientôt après le cas qu*il
faifoit de fon mérite , en lui don-
nant rinfpctiioû fur fes violons.
On en créa même une nouvelle
tande en fa faveur , qu'on nomma
les Pttks VloLns y par oppofîtion
à la bande des Vingt-quatre , la plus
célébré alors de toute l'Europe.
Les foins de Lulli , & la xtiufique
cju'il fournît à fes élevés , mirent
^n peu de temps les Petits Violons
dans la plus haute réputation. Lulli
a fait pfufieurs innovations dans la
mufique, qui lui ont toutes réuffi.
Avant lui la baffe & les parties du
milieu n'ttoient qu'un fimple ac-
compagnement , & l'on ne confi-
déroit que le chant du deffusdans
les pièces de violon -, mais LulU
a fait chanter les parties auiïi agréa-
blement que le deffus. Il y a in-
troduit des fugues admirables -, il
a étendu l'empire de l'harmonie ;
il a trouvé des mouvement ilou^
LU L
▼eaux y & jufque-là inconnos ï
tous les maîtres» Il a Êiit entrer
dans les concerts jufqu'aux tam-
bours & aux tymbales. Des &ux
accords & des dififonances y écudi
ordinaire où les plus habiles
échouoient , LulU a fu compofèr
les phis beaux endroits de fes ou-
vrages , par l'art qull a eu de les
placer & de les fauver. Enfin il
falloit LulU pour donner en France
la perfection aux Opéra , le plus
grand effort & le chef-d'œuvre de
la mufique. L'abbé Perrin céda à
ce célèbre mufiden , au mois de
Novembre 1672 , le privilège qu'il
avoit obtenu du roi pour ccfpcc-
tacle. Le caradere de la mufiquer
de cet artifie admirable « efi une
variété merveilleufe , une mélodie
& une harmonie qui enchantent.
Sts chants font fi naturels & fi in-
finuans , qu'on les retient , pour
peu qu'on ait de goût Ôcdedifpo-
fition pour la mufique. Lulâmovr
rut à Paris en Mars 1687 , à ^
ans , pour s'être fi^ppé rudement
le bout du pied en battant la me-
fure avec fa canne. Le mauvais
germe que la débauche avoit mis
dans fon fang ^ fit empirer le mai.
Au premier danger , Lulli confendt
à livrer à fon confefifeur un Opéra
nouveau , Athille & PoUxenc Le^
confefTeur le brûla. Quelques jours
après , LulU fe portant mieux, ua
de nos princes , qui aimoit ce mu-
ficien & fes ouvrages , fut le voir:
Eh quoi ! Bapt'Jie , lui dit-il , tu as
jaé ton Opéra au feu ? Tu étois bien
fou y de croire un Janfénljit qui revoit ^
& de brûler une fi belle mufique ? —
Paix y paix , Mi^nfeigneur , ( lui ré-
pondit LulU à l'oreille ) je favois
bien ce que je faifois y j'en avols mM
féconde copie. Une rechute le fi^
bientôt rentrer en lui-même. Dé*
chiré des plus violens remords , il
fe fit mettre fur la cendre , la corde.
^ COU ^ fit ^^e-honorabkk &
I U L
tShM , les larmes aux yeaz : lifaut
mourir » pécheur ! 0cc. On trouTa dans
fa cafiette fept mille touis d'or , &
Vingt mille écns eA efpeces. Auffi,
Satççai^ qui lui fit une épitaphe,
dans laqu^le il le comparoit à
Arion , à Orphée & à Amphion ,
a)oma : Pius habiUqu' Amphion, qui
n'ajfemhloii que des pierres par fes
mccotâs ^ Il A fait par Us fiens un.
tidu amas des plus précieux métaux»
luUl formoit lui-même fes rnufi^
cîens & fes, a^eurs. Son oreille
étoit fi fine , que , d'un bout du
théâtre à l'autte , il difiinguoit le
violon qui jouoit faux. Dans foft
premier mouvement de colère ,
il brifi^it rinfirumeitf fur le dos
du muficien : la répétition faite ,
il Tappelôit , lui payoit fon inf-
trument plus qu'il ne valoit , &
l'emmenoit dîner avec lui. Dilli
avoit l'enthoufiafme du talent , fans
lequel on réuilit toujours foible*
ment. Il favoit ce qu'il valoit , &
le Êtifoit peu^êt^e trop fentir aux
autres. Malgré une ardeur conti»
nuelle de caraftcre , pcrfonne n'ap-
portoit dans la fociété plus de gaieté
<^elui -, mais c'étoit une gaieté qui
dégénéroît quelquefois en polîçon-
lierie. Molière le regardoit comme
un excellent pantomime , & lui di»
foît aflez fouveot : LulU ^ fais^aous
tire. Ayant été anobli par Louis
XIV , qui l'aimoit beaucoup , il ob-
tint encore de ce prince d'être reçu
fecrétaire à la chancellerie , mal*
gré Toppofition de tous les mem^
bres de cette compagnie. Comme
Lourds reprochoit à LuIU fa tcmé-
lité , de briguer une place dans un
corps auquel ce miniiïre écoit aâb^
dé , lui qiii n'avait d'autre recom-
mandation que cdle de faire rii'c
Eh ! tetehlcu , ( répondit LulU y ) vous
m firle\ autant , fi vons le pouvie^.^,
SENEÇAJy dont nous ayons quel-
ques Poéiies , a tracé ce portrait
éc LalU , dans une Lettre qu'il
L U L 4^5
(hppofe écrite des Champs Elyfées
peu de temps après la mort de ce
muficien. r, Sur uneefpcce de bran-
>» card , compofé grofiiércment de .
>* plufieurs branches de lauriers »
n parut , porté par 12 Satyres , un
» petit homme d'afiez mau\'aife
n mine & d'un extérieur fort né-
»» g^ig^' ^ peôw yeux bordés de
>♦ rouge, qu'on voyoit à peine ,
>t & qui avoient peine à voir , bril-
M loient en lui d'un teu fombre ,
» qui marquoit tout enfemble beau-
n coup d'cïprit & beaucoup de ma>->
n lignite. Un caraflere de plaifan*
»♦ tcrie étoit répandu fur fon vifa-
M ge , & certain air d'inquiétude
n régnoit dans toute fa perfonne.
n Enfin y fa figure entière refpirott
>» la bizarrerie*, & quand nous n'au ^
)) rions pas été fufiifamment inf«
)» cruits de ce qu'il étoit ^ fur la fox
M de fa phyfionomie , nous l'au*-
n rions pris fans peine pour un
>t muficien «<. H eut des torts avec
le bon La Fontaine , qui s'étoit laiifé
engager à faire un Opéra * que Luld
devoir mettre en mulique. Le poète ,
de la nature fe voyant joué , céda »
en enrant piqué , au premier mou-
vement de fon reffenfiment , 6c
dans cet accès pafïager il en&nta
une Satire contre le muficien Flo-
rentin , la feule qui foit échappée
à fa plume fans fiel • & où peroo .
toujours ce ton de bonhommie
qu'on forçoit à deveuoir aigre» On a
de Lf/ijLi ea grands Opéra : Cad-^
mus y AlceJUy Théfée^Atys^ ♦ P/y-
ehéy Bellérophon ,. Proferplne , Perfét ,
Phaeton , IJts , Am idis , Roland ^ At"
mldey Sec. Tragédies en f aâes -, les
Fêtes de l* Amour 6* de Bacchus , Aeis
& Galathéiy Pafiorales en 3 aâes^
le Carnaval, Mafc^ade & Entrées ;
le Triomphe de V Amour , Ballet en
20 entrées-, VIdylU de la Paix^^
l'Mglogue de Ver/allUs , Divertiffe-
mens ; le TempU de, la Paix , Ballet
en 6 emrées, Qutre ces pièces ^
Dd iv
4*4 L U N
LttlU a (ait encore la mufîque d'en*'
viron vingt Ballets pour le roi ;
comme celle des Mufts , de VA-
mour déguîfé , de la Prlnuje d*ElUU ,
&c. C'eft encore de lui qu'eft la
niufique de V Amour Médecin , de
PouTceangnac , du Bourgeois Gentil'»
homme , &c. On a aui& de ce mu-
£clen , des Suites de Symphonie^
^es Trio de violon , & plufieurs
Motets à grand chœur* LdU épouia
la fille de Lambert , célèbre muii-
cien François. 11 en eut plufieurs
£ls , qui marchèrent de loin fur
iti traces.
LUMINA, FoyeiVovLLiv.
I. LUNA , ( Alvarez de ) gentil-
homme ETpagnol , s'empara de Tef-
prit de Jean II roi de CafUUe , dont
il obtint répée de connétable , &
qu'il gouvemoit non en Êivori ,
mais en maître defpotique. Il abufa
^e fon pouvoir , alluma la guerre
<lans le .royaume , perfécuta les
grands , s'enrichit du bien d'autrui ,
€i. reçut de l'argent des Maures pour
empêcher la prife de la ville de
Orenade. Convaincu de ces crimes y
il fîit condanmé à Valladolid , l'an
145 3, à avoir la tête coupée , qu'on
texpofa pendant plufieurs jours avec
un baffin pour trouver de quoi feire
enterrer fon corps. Sa hauteur in-
iblente avec la reine , fiit la prin-
cipale caufe de fa ruine. Cette prin-
cefle , plône de la fermeté opiniâ-
tre que donne le. refientiment , ne
quitta pas unfeul moment fon foi-
ble époux , jufqu'à ce qu'elle eût
appris la mort de fon favori. On
afiure que , Lima ayant voulu fa-
voir d'un aftrologue quelle feroit
fa fin, celui-ci lui répondit. qu'il
mourroit à Cadahal/o^ C'étoit le
nom d'une de fes terres , & ce ter-
tne fignifie auili Echafauâ en efpa-
gnol. Le hafard rendit la prédic-
tion de l'ailrologue , véritable.
II. LUNA , ( Michel de ) inter-
f retç du roi PhiUi^i^e III pour la
LU P
langue Arabe , a tradiût dé cÊi
idiome en efpagnol VHifioire d^ roi
Rodrigue^ compofée par Abulcacîm*
Tarif - Ahentarique. La verfion da
Luna fîit imprimée pour la 4^ fol$
à Valence , en 1646.
LUNDORPIUS , ( Michel-Gaf-
pard ) écrivain Allemand ^ a conti-
nué VHiftoirc de SiMan , mais d'unç
manière fort inférieure : cette Co»--
tinuation » qui eft en 3 vol. va ]u£*
qu'à l'an 1609, On a encore de lui :
I. 4^ puhlica. U, Des Notes fur
Pétrone , fous le nom fuppofé de
George Erhard ; elles font peu rer
cherchées.
LUNE , ( Pierre de ) Voye^ B e*
NOiT , antipape , n** xvm.
LUNE, la Lune, étoit la inême
que Plane , Proferpint & Hécate^
Le$ Païens la mettoient au rang
des Dieux du ciel. Quand elle s'é«
clipfoit, ils croyoient que c'étoit
l'eâfet de quelque ençhantemeitt
magique *, c'eft pourquoi ils ^«-
foient un grand bruit en fi-appant
fur des ba(Bns d'airain , afin qu'elle
ne pût entendre ces enchantemens*
Elle avoit deux temples à Rome»
l'un fur le mont Palatin , & l'au-»
tre fUr le mont Aventin , où elle
étoit honorée fous le nom de Noc^
tiluca,
I. LUPUS , Voye{ LoXJP, ( S. )
II. LUPUS , ( Chrétien ) ain$ .
nommé parce que fon nom de
Emilie ^0/f, fignifie Loup, naquit
à Ypres , en 1612 , & entra dans
l'ordre des Augufiins. Il enfe^na
la philofophie à Cologne , puis la
théologie à Louvain , avec un fuç*
ces diftingué. Il exerça enfuîte les
premières charges de fon ordre
dans ù province. Le pape CUmaifs,
IX voulut lui doxmer un évêché ,
avec l'intendance de fa iacriftie »
mais le Père Lupus , préférant l'é-
tude &le repos à l'efclavage brillant
des dignités , refîifa confiamment
l'up Çç l'autre, Innoc^t ^ ^ ]q
LUS
grand-duc de Tofcane lui donné-*
rent auifi des marques publiques
de leur eftime. Il mourut à Lou-
vain en 1681 , à 70 ans. Il s*é-
toit fait lui-même une Epitaphe ,
dans laquelle il difoit modeftement
qu'il étoit dipms nomint reqw Lu-
pus..,. Indlgnus non 1», fid folo no"
mm doctor. On a de lut un grand
nombre d'ouvrages en latin. Les
principaux font : I. De favans Com-
mentaires fur l'HiJioîre & fur Us Cû"
notts du Conclus^ 1665 — 1673 ,en
5 vol. in-4®. 11. Un Traité des Ap-
felUttlcju tw Stùnt-SUge^ in-4°, con-
tre Quefnel ; 8ç OÙ 1 auteur adopte
quelques opinions des Ultramon-
oins. 111. Un Traké fur la Contri-
tion , in-4**, Louvain , 1666, auffi fa-
vant que fOlide. IV, RecutU ^ l^-
, près & de Monumens concernant Uf
Conclus d'Ephefe & de ChaUédolne ,
2 vol. in^4°, Louvain , i68i. V.
I Un recueil des Lutres de S. Tho^
j wtf* de Cantorberi , précédées de
j fafTe, Bruxelles, i68i,in-4^ VL
[ \^n Commentaire furies Refcrlptions
I àe TertulUm. VII. Un grand nora-
I brc de Dlffertatlons , &c. Tous ces
I ouvrages font en latin & pleins
d'érudition. Ils ont été réunis , à
Venifc , en 4 vol. in-fol , 1724 ,
par les foins du P. Thomas Phi-
lippino de Ravenne , Auguftin.
LUSaNIUS , ( Othraar ) cha-
noine de Strasbourg fa patrie , laiifa
pîufieurs écrits , entre autres : I, Dçs
Tiadu£kions latines dçs ^ympojùt"
ques de Plutarque^ & des Harangues
à^Ifocrau à DetnonUus & à Nleo^
fies ; d'£pigrammes Qreçqucs , &c.
]£Ues ibnt plus fidelles qu'élégan-
tes. II. Des Commentaires fur VE,ctÎ'-
fureSamtç, Il mourut en 1535-
LUSIGNAN , Voy. LUZIGNAN.
I. LUSSAN, ( François d'Efpar-
bez de ) vicomte dAuheterre , fer-
vit fous Henri IV & fous Lov^
XUl , & fe diftingua dans difFé-
fpi^ oççafions. Il fu; po\irv\ipai:
LUS 41$.
le premier, Tan 1590, du gouvet-
ment de Blaye , fur la démiffioa
de fon père ; & par le fécond , l'an
1620 , de la dignité de maréchal
de France , après avoir remis fon
gouvernement de Blaye à Brames ,
frère du connétable de Luynes. II
fe déclara pour la reine en 1610 «
fit le fiege de Nérac & de Cau-
mont en 162 1 , fous le duc de
Mayenne , & fe retira enfuite à
Aubeterre, où il mourut en 1628*
Son père , Jean-Paul d'Efparhei^ ,
s'étoit maintenu dans Blaye mal-
gré le maréchal de Matignon ,
qui l'y affiégea pour l'en dépoffc-
der. 11 avoir commencé à fervir ea
Italie fous Montluc , qui parle avec
éloge de fa bravoure naiiTante an
fiege de Sienne en 1554.
II. LUSSAN , (Marguerite de)
fille d'un cocher & de la FUwy ,
célèbre difeufe de bonne-aventure»
naquit à Paris vers 16S2. Quoi-
que fa naiffance ne fût ,pas trQ|^
brillante , elle reçut une éducation
affcz noble. Le favant Huet ayant
eu l'occafion de la connoître , goûta
fon efprit , & l'exhorta ( dit-on )
à compofer des romans. UHlfioîrc
de la Comtejfe de Gondès , en 2 vol.
in- 12, qui fut le premier, jufHfia
le confeil de ce prélat. Il eft vrai
que fi elle trouva un évêque pour
démêler fon imagination, elle ren-
contra un galant homme pour l'ai-
der. Ce fut Ignace-Louis de la StRRZ^
fiçur de Langlade , auteur de 9 OU
10 Opéra , entre autres de celur
de Pyrcme Ç^ Thishé. 11 dirigea le
premier ouvrage de Mil* de Lujfan^
& ajufla la charpente qu'il n'auroit
pu imaginer. Il vécut toujours dans
la plus grande intimité avec fon
afTociée. Elle commença par avoir
pour lui des fentimens qui paf-
îbient les bornes de la recoxmoif-
fance. Elle fit croire enfuite, par
la continuité de fes attentions j
qp'il éîoit fon m^ri > Pn fe xxqv^.
i»i6 lus
poit. Mil* de J^ffan , enchantée dn
é'itaâere de la Serre , avoit fait fon
ami de fan amant. Jui'qu'a l'âge
de près de cent ans que cet homme
de lettres pr plongea (à vie , il fut
pour eue ce qi**un père refpeéb-
X>le eft po or (a tille la plui tendre.
Z. Scrr, ttoit un bon gentilhomme
de CJiôrs ; il avoit une belle ame
te des mœurs très-douces. Il étoit
né avec 25000 liv. de rente quli
peidit au )eu. Il voulut devenir
poète *, il ioua toujours de mal-
heur. Heureufement pour Mil*
de Luffan , c*étoit un excellem cri-
'dque , & réellement un homme de
goût & de bonne compagtiie. Son
peu de talent a écarté le foupçon
qu'il étoit l'auteur des Romans de
fon amie ; mais la gloire qu'elle en
a retirée, n'a pas toujours été pure
êc fans mélange. On attribue à
M. l'abbé de Boifmorand les Anec-'
dotes de la Cour de Philippe- AuguJU ^
en 6 vol. in-i^, qui virent le jour
en 1733 , & qui ont été fouvent
réimprimées depuis. C'eft fans con-
tredit le meilleur ouvrage qui ait
paru fous le nom de MU* de Luffan.
La figure de cette agréable roman-
cière n'annonçoit point ce qu'elle
devoit à la nature. Elle étoit lou-
che & brune à l'excès. Sa voix ,
fon air n'appartenoient point à fon
it^t -, mais elle en avoit Tame. Elle
étoit feniible, compatiflante^ pleine
d'humanité , généreufe , capable de
Alite dans l'amitié -, fujette à la co-
\tt^ , jamais à la haine. Elle eut
des foibleffes -, mais fa paflîon prfn-
cipale fut de £aire de bonnes ac-
tions. Elle étoit vive , gaie , &
malhenreufemem fort gourmande.
Cet excès dans le manger lui caufa
une indigeftion.» dont elle mourut
à Paris le 31 Mai 1758 , âgée de
75 ans. Outre les ouvrages dont
nous avons parlé , on a d'elle :
ï. Les VeîUées de TheffaUe , 4 vol.
' in<ri2, C'eft un recueil de contes
LUT
agréiUes & de fiôions ingénîedei;
n. Mémoires fecrets & întdffies it U
Cour de Frâiue fous Charles F/JT,
I741 y in^-ii. III. Anecdotes de U
Cour de François /, I748 , 3 vol.
in- 12. IV. Marie d'Angleterre, 1749,
în-ii« V. Annales- de U Cour à
Henri U , I749 , 1 vol. in- II. VI.
On a vu paroître aulfi fous fon
nom l'Hiftolre de U vie & du reçu
de Charles VI y roi de France^ 1753,
9 vol. in- 12. VîUftoire du règne à
Louis XI ^ 175 { , 6 vol. in-12 -, &
VHlftoire de la dernière révolution à
Naples , 1756, 4 vol. in-il. Mds
ces trois derniers ouvrages font de
Baudot de Jtdlly y le même qui en
1696 donna PHlfioîre de Charles VII,
2 vol. in-12 , réimprimée en 1755.
Mll^ de Luffan lui rendoit la moi*
dé du profit qu'elle retiroit des li-
vres qu'elle adoptoit , & lui £iifoit
cent piftoles de penûon , des 109
qu'elle avoit obtenues fur le Mtr^
'cure» VII. La Vie du brave CrUlon,
17 57, en 2 vol. in- Il : ouvrage
prolixe & mal écrit. Le déÊiut de
précifion eft celui de prefque tous
les écrits de MU* de Luffan. Il y
a de la chaleur dans fes Romaas \
les événemens y font préparés &
entremêlés avec art, les ^mations
vivement rendues , les paffions bien
maniées : mais la néceffité où die
étoit d'entaffer volumes fur volu-
mes pour vivre, l'obligeoit d'é-
tendre fes récits, & par confé-
quent de les rendre foibles & lan<
guiiTans.
L LUTATIUS-Catvlus.
[ Caius ] conful Romain , l'an 241
avant J. C. , commandoit la flotie
de la république dans le comba
livré aux Carthaginois entre I^é-
pani & les ifles ''agates. Il leur
coula à fond 50 navires , & en jirit
70. Cette viftoire obligea les vain*
eus à demander la paix , & mit fûi
à la première guerre Punique,
U, LUTATIUS-Catvivs»
LUT
t Quaitas ] conful Romain « l'an
101 avant Jefus-Chnft, vainquit
les Ombres de concert avec Ma-
ms fon collègue. Dans la fuite ,
fdartus s'étant rendu maître de Ro<
me par fes difTendons avec Sy/la ,
il le mit au nombre des profcrîts,
fans que la conûdérat&on de fes
fervices & les prières des princi-
paux citoyens euiTem pu le âéchir.
Il fiit donc enfermé dans une cham-
bre où l'on avoit allumé un grand
brafier, & étoufie par la vapeur
du diarbon. Peu après , Sylla ven-
gea ÙL mort par celle du jeune
Manus, Ce magifbat fut du nom-
bre des orateurs illufires. Il avoit
Élit de belles Haranpus & VHîfloirc de
fon Confulat\ mais ces ouvrages ne
font poim parvenus jufqu'à nous,
II L LUTATIUS-Catulus,
\Quintus'\, fils du précédent, fit
mourir ûpldus^ qui vouloit après la
mort de Sylla , renouveler la
guerre civile. Il fit rebâtir le Ca-
pitolc qui avoit été brûlé. C'étoit
un homme qui avoit autant de
probité que defagefTe , & qui jouif-
toit d'une grande autorité dans
Kome.
LUTHER, (Martin) né àlûebe
dans le comté de Mansfeld , le lo
Novembre 1483 , de Jean Luther ou
lauther , qui travailloit aux mines ,
£t fes études avec beaucoup de
£iccès. La foudre tua un de fes
compagnons , tandis qull fe prome-
noit avec lui. Cette mort le frappa
teUement , qu'il embraffa la vie mo-
naftiquechez les Hermites de Saint-
Augiilin à Erford. Ses taleas en-
gagèrent fes fupérieurs à l'envoyer
profefTer dans la nouvelle univer-
Ètc de Wittemberg , fondée depuis
peu par Frédéric , éleâeur de Saxe.
Il donna fucceffivement des leçons
de philofophie & de théologie
avec beaucoup de fuccès ; on re-
marqua feulement en lui im pen-
chât extrême pour ks nouveau-
L U T 417
tél. ttoher étoit un de ces hommes
ardens & impétueux, qui, lor^
qu'ils font vivement fiûfis par un
objet , s'y livrent tout entiers ,
n'examinent plus rien , & devieo»
nent en quelque manière abfolu^
ment incapables d'écouter U fa«
gefle 6r la raifon. Une imagination
forte , fécondée par l'efprit & nour-
rie par l'étude , le rendoit naturel-
lement éloquent, & lui afliiroic
les fuf&ages de ceux qui l'enten-
doient tonner & déclamer. U fen*
toit bien iâ fupériorité ; & fes fuc«
ces, en flattant fon orgueil , le
rendoient toujours plus hardi Ce
plus entreprenant. Lorfqu'il don*
noit dans quelque écart , les re*
montrances , les objeétions n'é-
toient pas capables de le £ûre ren*
trer en lui-même : elles ne fervoient
qu'à l'irriter. Un homme d'un tel
caraâere devoit néceiXairement en-
£inter des erreurs. Le moine Au-
guftin , s'étant rempli des livres de
Théréfiarque Jean Hus , conçut -une
haine violente contre les prati-
ques de l'Ëglife Romaine , &
fur -tout contre les théologiens
fcolafliques. Dès l'an 15 16 »
il fit foutenir des Thefes publi-
ques , dans kfquelles les gens éclai-
rés virent le germe des erreurs
qu'il enfeigna depuis. Ainû il eft
faux que Luther ait commencé à
dogmatifer à l'occaûon des difpiw
tes furvenues entre les Domiiû'^
cains & les Auguilins pour la dif*
tribution des indulgences plénie^
res , qui ne furent accordées par
Léon X qu'en 15 17. Seckendorf^ &
depuis lui MM. Lenfant & Ckau
ont démontré que , long-temps
avant l'éclat des indulgences , Lu^
ther avoit commencé à combattra
divers points de doôrine de TE^
glife Romaine. Il eft vrai que les
abus que commettoicnt les quêteur»
des aumônes que l'on donnoit pout
les indulgeoçesi ^ les propofi^
428 LUT
âons outrées que les prédicateurs
(débkoient fur leur pouvoir, lui
fournirent une occafion de répan-
dre avec plus de liberté fa bÛe &
fon poifon. Le Lutkéranlfmc n'é-
toit qu'une étincelle en i ç 17 ;
mais en 15 18 ce fut un incendie.
Frcdtric^ éleôeur de Saxe, & Tu-
iiivcrlité de Wittemberg , fe décla-
rèrent proteéleursdei^itfA«r. [ Voy.
XYi. Frédéric] Cet héréiîar-
que s'ouvroit peu-à-peu. D'abord
il n'attaqua que l'abus des in-
dulgences*, enfuite il attaqua les
indulgences mêmes-, enfin il exa-
mina le pouvoir de celui qui les
donnoit. De la matière des indul-
gences il pafla à celle de la juiH-
tication & de Tefficace des Sacre-
mens , & avança des propoiitions
toutes plus erronées les unes que
les autres. Le pape Léon X l'ayant
vainement fait citer à Rome , cour
fentit que cette querelle fût termi-
née en Allemagne par le cardinal
Cajaan fon légat. Cajetan avoit
ordre de fidre retracer l*héréfiar-
quc » ou de s'aiTurer de fa perfon-
ne : il ne put exécuter ni Tune
ni l'autre de ces commiffions. Lu-
ther lui tint tête dans deux con-
férences fort vives j & craignant
le fort de Jean Husy il prit Secrè-
tement la fidte , après avoir fait
afficher un aûe d'appel àMPape mal
informé au Pape mieux Informé, Du
fond de fa retraite , il donna car-
rière à toutes fes idées. Il écrivit
contre le Purgatoire , le Llbre-Ar-
hître , les Indulgences , la Confeffîon
auriculaire^, la Primauté du Pape ^
les Vaux monafiîques , la Commu--
mon fous une feule efpue, les Pélerî'
nages , &c. Il menaçoit encore
d'écrire ; mais le pape , pour oppo-
ser une digue à fes erreurs , anathé-
matifa tous fes écrits* dans une
bulle du 20 Juin 1 5 20. Luther en
appela au futur concile : & pour
toute réponfe à la bulle de Léon
LUT
X ^ il la fit brûler publiquement
à "VVittemberg , avec les Décréta-
' les des autres papes fes prédécef-
feurs. Ce fut alors qu'il publia fon
livre De la Captivité de Babylonc^
Après avoir déclaré qu'il fe repen-
toit d'avoir été fi modéré,, il expie
cette feiute par de nouvelles décla-
mations. Il y exhorte les princes
à fecouer le joug de la papauté ,.
qui étoit , félon lui , le royaume
de Babylone. Il fupprime tout d'un
coup quatre Sacremens , ne recon-
noiâfant plus que le Baptême, l3
Pénitence & le Pain. C'eft l'Eu-
charifiie qu'il défigne fous le nom
de Pain. Il met à la place de la
Tranfuhjlantiation , qui s'opère dans
cet adorable facrement , une CV>«-
fubftantlatlon. Le pain & le vin de-*
meurent dans l'Euchariftiei mais
le vrai Corps & le vrai Sang y
font aufii , comme lefeufe mêle dans
un fer chaud avec le métal ^ ou cow-
me le vin efi dans & fous le ton--
neau,,. Léon X oppofa une nou^
velle bulle à i'héréfiarque : elle
fut lancée le 3 Janvier 15 21. L'em-
pereur Charles-Quint convoqua en
même temps une diète à Worme,
où Luther fe rendit fous un fauf-*
conduit &refufade fe retracer. A
fon tetour il fe fit enlever par Fré^
derlc de Saxe, fon protefteur, qui
le fit enfermer dans un château
défert , pour qu'il eût un prétexté
de ne plus obéir. Cependant la fe-
culté de Théologie de Paris fe joint
au pape, & anathémathife le nou-
vel hérétique. Luther fiit d'autant
plus fenfible à ce coup , qu'il avoit
toujours témoigné une grande ef-
time pour cette faculté, jufqu'à
la prendre pour juge. Henri VIII%
roi d'Angleterre , publia dans le
même temps contre lui. un écrit >
qu'il dédia au papeI«o/zX.L*héréfiar^
que furieux eut recours à fa ré-
ponfe ordinaire , aux injurçs. » Jq
>♦ ne fais fi la Folie çlle-mêm^^
LUT
h ( difoit-il à ce monarque ) peut
n être aufli infenfée qu'eft la tête
M du pauvre Henri, O ! que je vou-
» drois bien couvrir cette Majefté
n Ângloife de bouc & d'ordure!
n J'en ai bien le droit... Venez, di-
n foit-il encore , monfieur Henri ,
H je vous apprendrai «< : Vmiads^ do*
mine Henrke^ ego doceho vos. Sur
quoi Erafnu n'a pu s'empêcher
d'obferver que LutUr auroit du
moins dû parler latin, puifque le
roi d'Angleterre lui en donnoit
l'exemple , & ne pas joindre des
folécifmes aux grof&éretés: Ç^mà
invîtahat Lutherum ut dlceret : Venia-
ùs , domine Hennce , ego doctbo vos ?
ScUtem re^s Gber laânè loquebatur.
Ce finguUer apôtre appeloit h
château où il étoit enfermé, fon
ifie de Pathmos, Sans doute que»
pour mieux reflembler à Tévangé-
lifte S, Jean , (dit M. Macqusr,) il crut
ne pouvoir fe difpenfer d'avoir
des révélations dans Ton lAe. Il
eut une conférence avec le Dia-
ble, qui lui révéla que s'il vou-
loit pourvoir à fon falut , il fal-
loit qu'il s'abftînt de célébrer des
Mefles privées. Luther ûiivit exac-
tement ce confeil de l'Ange des
ténèbres. Il fit plus*, il écrivit
contre les méfies baiTes , & les fit
abolir à "Witteinberg. Luther, étoit
tt-op reflTerré dans fon ifie de Path-
mos , pour qu'il voulût y refier
long-temps. Il fe répandit dans
TAUemagne ; & , pour avoir
plus de feâateurs , il foulagea les
prêtres & les religieux de la ver-
tu pénible de la continence „
dans im ouvrage où la pudeur
tfi ofiEenfée en mille endroits.
Ce fiit cette même année, 1523,
qu'il écrivit fon Traité du Fifc*
Commun, Il le nommoit ainfi ,
parce qu'il y donnoit l'idée d'un
ffc ou tréfor public, dans lequel
on feroit entrer les revenus de
t£us lesmopailercs rentes ,dçs cv$*
LUT 41^
chés > des abbayes , & en général
de tous les bénéfices qu'il vouloit
enlever à l'églife. L'efpérance de,
recueillir les dépouilles des - £c4
défiafiiques engagea beaucoup de^
princes dans fa feue, & lui fitv
plus de profélytes que tous fes. li-
vres. 11 ne faut pas croire , ( dit»
un écrivain ingénieux,) que Jean
Hus , Luther ou Calvin fufient dès
génies fupérieurs. Il en efi des
àieh de îeâes , comm^ des am*-
baffadeurs -, fouvent les efprits mé-^
dlocres y réuffiflent le mieux,,
pourvu que les condition^ qu'ils
ocrent foient avantageufes. Si en.
cfl^et on veut réduire les caufes
des progrès de la Réforme à des
principes fimples, on verra qu'en.
Allemagne cefiit l'ouvrage del'in*.
térêt, en Angleterre celui de l'a-,
mour , & en France celui de la nou^.
veauté. L'amorce des biens ecclé-^
fiafiiques fiit donc le principal apô«-
tredu Luthér^wjme, Cependant Lu^,
ther lui-même eut le temps de voir,
que ces biens n'avoient poim en-,
richi les princes qui s'en étoient.
emparés. Il trouva même que Vè.-».
le£^eur de Saxe & fes favoris . qui;
avoient partagé cette dépouille^
n'en étoient pas devenus plus ri*,
ches. L'expérience , difoit-il , nous,
apprend que ceux qui s'appro-.
prient les biens eccléfiaftiques , n'j;^
trouvent qu'une fource d'indigences.
& de détrefiTe : Comprohat experlen^,
tîa , eos qui ecclefiaftica hona ad ft
traxenmt , oh ea tandem depat^erart
& mendlços fieri. Il rapporte à .cette
occafion les paroles àeJean Hund^,
confeiUer de l'élef^eur de Saxe ,
auquel il paroifiToit que les biens^
de l'Eglife , envahis par les nobles ^
avoient dévoré leur patrimoine :
Nos nohiles canobiorum opes ad nos
traximus. Opes nofiras equtftres illct
comederunt , & confumpferunt A<8 cff-
nohia/es , ut neque canobiaks nequt
t^uefirçs ampU^s hal^amm» U finit
'450 LUT.
fôr f apologue d'un aigle , qm« em-
portam de l'autel de yi/^y/^cr des vian-
des qui lui étoient offertes, em-
portai en même temps un charbon
qui mit le feu à fon nid ( Sympo-
fiât* cap, ^. ) L'ob£ervation n'étoit
que trop Traie. Des courtifàns avi-
des « des adminiâratairs inftdelles
ont dévoré les monafteres» les
abbayes , les hôpitaux ; eux 6c le
prince dont ils fervoient la paf-
£on, femblables aux harpies de la
6ble, paroiflbient par leurs dépré-
dations augmenter leurs befoins ;
tout s'évanouiflbit dans ces mains
voraces* [ Voye^ Henri VIII... ]
Cependant le parti de LuUier fe
fbrtiâoit de jour en jour. Luther
6ifoit tout dans l'églife ; il pré-
choit, il vifitoit» il corrigeoit , il
retranchoit des cérémonies, il en
établiflbit d'autres , il inftituoit &
deftituoit -, il établit même un évê-
que à Nuremberg. Son imagination
véhémente échauffii les efprits , il
Communiqua fon enthouûaûne , il
devintrApôtre &rOraclede la Saxe
ft: d'une grande parce de TAlle-
magne: étonné de la rapidité de
fes progrès, il fe crut en effet un
homme extraordinaire: >* Je n'ai
M pas encore mis la main à la
» moindre pierre pour la renver-
M fer, difoit-il*, }e n'ai fait mettre
M le feu à aucun monaftere , mais
M prefquetous les monaflercs font
M ravagés par ma plume & par
yt ma bouche, & on publie que
>» fans violence J'ai moi feul tait
M plus de mal au pape que n'au-
>♦ roit pu faire aucun roi avec tou*
M tes les forces de fon royaume «.
luther prétendit que ce; fuccès
étoient Tefifet d'une force furnatu-
lelle que Dieu doimoit à fes éaits
& à fes prédications : il le pu-
blîoit , & le peuple le croyoit.
Attentif au progrès de .fon empire
fur les efprits, dit M. l'abbé ei»
fuct , il prit le ton des Prophètes
LUT
contre ceux qui s'oppofoîent àiS^
dofb-ine. Après les avoir exhortés
à l'embraffer, il les menaçoit de
crier contre eux s'ils refiofoient de
s'y foumettre : « Mes prières , dit-
>* il à un prince de la maifon de
n Saxe , ne feront pas un foudre
H de Salmonée, ni un vain mur-
n mure dans l'air > on n^'arrête pas
n ainfi la voix de Luther, & je
M fouhaite que Votre Alteflie ne
>• l'éprouve pas à fon dam : ma
n prière eft un rempart invincible ,
n plus puiflànt que le Diable mê-
n me ; fans elle il y a long-temps
n qu'on ne parleroit plus de •£««
M thir , & on ne s'étonnera pas
>i d'un il grand miracle m ! Lorf-
qu'il menaçoit quelqu'un des )uge- |
mens de Dieu, vous euffiez die
qu'il lifoit dans les décrets étcr- |
nels ; fur fa parole , on tenoit pour
aiTuré dans fon paru qu'il y avoit |
deux Anteehrijts clairement marqués
dans récrittu^ , le Pape & U Turc^
dont i^^rannonçoit la nûne pro-
chaine. Ce n'étoit pas feulement le
peuple qui croyoit que Luther ^\t
un Prophète ; les Savans , les Théo-
logiens , les Hommes de Lettres d&
fon parti , le regardoient & le don-
noient pour tel , tant l'empire del'i-
magination&de l'enthoiÛQafine eft
étendu. De la haute Saxe le Luthéra*
nifine s'étoit répandu dans les pro-
vinces Septentrionales. U acheva do
s'établir dans les dudiés de Lune*
bourg , de Brunfvick , de Mecket
bourg & de Pomérame \ dans les
archevêchés de Magdebourg&de
Brémen; dans les villes de '^'-
mard & de Roftock , 8c tout le
long de la mer Baltique. Il paffil
même dans la Livonie 8c dans li
PrufTe , où le grand-maître de l'or-
dre Teutoniqué fe fit Luthérieot
Le fondateur du nouvd évangile '
quitta vers ce temps-là le froc d'Au- '
gufUn pour prendre l'habit de àoCf
teur, U renonçaàlaçialitédeAAf
LUT
Wreni Pitt , qu'on lui avoît doiti''
née iur<tu'alors , & n en voulut
point d'autre que celle de DoSmr
Mania Lf/THiR. L'année d'après,
(le II Juin 1515 ) il époufa C^-
^srine de Bore , jeune reUgieuiîe
d'une afTez grande beauté f qu'il
avoit fait fortir de fon couvent
deux ans auparavant pour la ca«
téchîTer & la féduire. Le réforma-
teur Luther avoit déclaré , dit-on ,
<lans un de (es fermons , qu'<7 lui
iiok auji impoJpbU de vivre fans
femme , ^ue de vivre /ans manga".
Mais il n'avoit pas ofé en prendre
une pendant la vie de l'élefleur Fré'
iene , fon proteâeur , qui blâmoit
ces alliances. Dès qu'il fut mort, il
voulut profiter d'une commodité
que fa dofbine accordoit à tout le
monde , & dont il prétendoit avoir
plus de befoin qu^ perfonne. Quel-
ques années après il donna au mon-
de Chrétien un fpeâade encore
plus étrange. Philippe , landgrave
de Hefle , le fécond protedeur du
Latliéranifme, voulut , du vivant
de (à femme Chrlfllne de Saxe , épou-
fer ù maitrefle. Il crut pouvoir
être difpen£é de la loi de n'avoir
qu'une femme « Ipi formelle de
l'Evangile , & fur laquelle eft fondé
le repos des état$ & des familles.
U s'adreiTa p9ur cela à Luthîr, Le
patriarche de la Réforme alTemble
des doâeurs à \rittemberg en 1539*
&lui donne une permimon pour
époufer deux femmes. Rien de plus
ridicule que le long difcours que
les doâeurs Luthériens adt^erent
au landgrave à cette oçcafion. Après
avoir avoué que le Fils de Dieu
a aboli la polygamie , ils prétend-
dent qiie la loi qui permettoît aux
Jmfs la pluralité dès femmes à at^e
de la dureté de leur cceur , n*a pas
été expreffément révaquée. Ils fe croient
donc autorifés à ufer de la même
indulgence envers le landgrave , qui
ivoit befoin d'une fâmme desioin-
LUT 4ît
4re qualité que fa première époà-^
£e , afin de la pouvoir mener avec
lui aux diètes de l'Empire , où I4
bonne chère lui rendoit la conti*
nence impoilible. L'empereur Ch^r^
les-'Qmnt , touché de ces fcenes
fcandaleufes , avoit tâché dès le
commencement d'arrêter le progrès
de rhéréiie. Il convoqua pluûeurs
diètes : à Spire , en 1519 , où les
Luthériens acquirent le nom dé Pro-m
teftjru , pour avoir protefté contre
le décret qiû ordonnoit de fuivrç.
la religion de l'Eglife Romaine : k
Ausbourg en 1530, où lesProtef-,
tan^ préfenterent leur Confeffion ds
Foi , & dans laquelle il fiit ordon*
né , par un édit de l'empereur , de
fuivre la croyance Catholique. Ces
diîFérens décrets produifirent la £/•
gue o£Eenfive & défenfive de Smal-^
kade entre les princes Protefbns. 11%
écrivirent enfuite à tous les prin<
ces Chrétiens pour leur faire cpn?
noitre les motifs qui les avoient dé-».
terminés à embraâer la nouvelle
doMne , en attendant qu'un con*
cile prononçât fur les matières de
religion qui troubloient l'Allema-^
gne. Luther , qui Jufqu'alors avoi^
cru que la réforme ne devoit s'éta<«
biir que par la perfuafion , & qu'elle
ne devoit fe défimdre que par la pa«
tience , autorifa la Ligne de Smal»
hdâ. Il coroparoit le pape à ua
loup . enragé « contre lequel tcHi^
le monde s'arme au premier fignal »
uns attendre l'ordre du magnat*
M Que fi , renfermé dans une
n enceinte , le magiffarat le livre ,c
w on peut continuer à pourfuivre
>» cette bête féroce , & attaquei;
>* impunément ceux qui auront em^
t péché qu'on s'en défît. Si l'oa
>» eft tué dans cette attaque , avant
*> d'avoir doimé à la bête le coup
» mortel , il n'y a qu'un fcul fu-
>» jet de fe repentir : c'eft de ne
n lui avoir oas enfoncé le couteau
„ dafis le fein. Voilà comme il
43* Lut
»t Ênit traiter le pape ^ tous ceux
M qui le défendent , doivent auiS
>t être traités comme les foldats
>♦ d*un chef de brigands , fuffent-
M ils des Rois & des Céfars... u. Les
Protcftans reçurent donc Tédit de
Tempereur avec mépris , & on fe
vit à la veille d'une guerre égale-
ment dangereufe aux deux partis ,
Zi funeûe à l'Allemagne. Les gens
Éiges avoient prévu cette guerre.
n Les réformateurs du quinzième
w fiecle , dit Ko/rd/rt , ayant déchiré
» tous les liens par lefquels l'é-
»» glife Romaine tenoit les hom-
i> mes, ayant traité d'idolâtrie ce
» qu elle avoit de plus facré , ayant
» ouvert les portes de fes cloîtres ,
w & remis fes tréfors dans les
>V mains des féculiers , il falloir
>» qu*ttn des deux partis périt par
rf l'autre. Il n'y a point de pays
» en effet où la religion de Calvin
M 6c de Luiher ait paru fans faire
>'♦ couler le fang *«. ( SUc/e de Louis
JKiy, chapitre j^. ) Charles-Qidnt ,
hors d'état de réfifter à la fois aux
princes confédérés & aux armes
Ottomanes , accorda aux Pro-
teflans la liberté de confcience à
Nuremberg en 1532 , jufqu'à là
convocation d'un concile géné-
fal. Luther fe voyant à la tête d'im
parti redoutable, n'en fut que plus
fier & plus emporté. C'étoit cha-
que année quelque nouvel édrit Con-
tre le fouverain pontife, ou con-
tre les princes & les théologiens^
Catholiques. Rome n'étoit plus ,
ielon lut , que là Racaille de SodSmc ,
la FroflatUe de Babylone, Le pape
Xi'étoit qu'cm fcéUrat qui crachoit des
jDiables ; les cardinaux , dés mal-
heureux qu'il fallait exterminer, v> Si
>• j'étois le maître de l'Empire ;
{ écrivoit-il ) »♦ je ferois un même
>♦ paquet du pape & des cardi-
»♦ naux, pour les jeter tous en-
M femble dans la mer : ce bain les
If- guérir oit î j'ea ^ïOi^ ma pa«
LUT
» foie i j*en donne Jefus--Chriflf
» pour garant «. L'impétueufe ar-
deur de foû imagination éclata
fur-tout dans le dernier ouvrage
qu'il publia en 1545 , contre les
diéologiens de Louvain & contre
le pape. 11 y prétend que la Pe^
pauté Romaine a été étûbhe par Sor
tan ; & faute d'autres preuves , il
mit à la tête de fon livre une ef*'
lampe où le pontife de Rome étott
repréfenté entraîné en enfer par
une légion de Diables. Qtiant aux
théologiens de Louvain , il leur
parle avec la même douceur : fes
épithetes ordinaires font , béte ,
pourceau. Epicurien , Athée, &C &C
Il eft vrai que quelques-uns de fes
adverfkires né le traitoient pas avec
plus de modération ; mais ceux-ci
avoient l'Eglife pour eux , & bahet
n'avoit que des feâaires fous fa
bannière. Cet homme trop Êuneox
mourut à iflebe le iS Février 1 5 46 ,
à 63 ans , avec l'air tranquille d'un
homme de bien , qui va jfouir de
la vue de Dieu. Sa feâe fe divifir
de fon vivant , & après îà mort , ea
plufieurs branches. U y eut les i«-^
théro-'Papi/ks , c'eft-à-dire céxx qui
fe fervoient d'excommunication
contre les Sacramentaires*, les Lu-
théro'ZuinçGens , les Lathéro^CaM"
hijtes, les LùthérO'Ofiandriens ^ cet'
à-dire ceux qui mêlèrent les dog-
mes de Luther avec ceux de Calvin ,
de Zuîngle , ou d*Ofiander. Rien ne
prouve mieux le prix de l'auto-r
rite de l'églife Catholique , que la
formation de cette fburmilliere de
ferles nées les unes des autres , di!
moment qu'on eut contdfté le»
droits de ce grand & antique tri-
bunal. Les feûaires entrés par le
Ludïéranifme , différoient tous eor-
tre eux par quelque endroit , & nr
s'accordoient qu'en ce point , à
combattre PEglf/e & de rejeter tout te
qui vient du Pape, C'eft cette haine
qui leur fit prendre , durant 1er
guerres
LUT
tucrres de la religion du xvxf
nede , cette devife fi peu chré-*
tienne .Plutôt Turc que Pa-
nsT£... Ltafur laifla un grand
nombre d'Ouvrages à fes difci'*
pies, imprimés à lene en 15 ^6 , 4
vol. in-foUo ; & à Wittemberg , en
7 vol. in-folio , ijyi. On pré-
fere les éditions publiées de fon
vivant , parce que, dans celles qui
ont vu le i&ur après fa mort , fes
feâateurs ont &it des changemens
très-coi^déiabks. On voit par (es
écrits y que Luther avoit du favoir
& beaucoup de feu dans l'imagi-
nation ; mais il n'avoit ni douceur
dans le carafiere, ni goût dans la
manière de penfer & d'écrire. U
donnoit fouvent dans les groi&é*
retés & dans les bouffoimeries.
Henrî^Pierre Rebenfioc , minifbre d'Eif-
cheriieim , & difciple zélé de Luther^
publia en I571 , in-S**, lesDifcours
que cet héréfiarque tenoit à table ,
fous ce titre : Sermonts Mcafales , ou
CoUuqma MmfaUa, C'eft ime efpe-
ce i*Ana , dont la leéiure prouvera
la véracité du portrait que nous
avons tracé du réformateur de l'Ai*
kmagne. Ceux qui voudront le
connoître plus particulièrement <,
pourront confulter les ouvrages de
Cochlms , Mélanehthon , Sukaidorf^
Uutltrus, Chrlfian Junchw^ Boffuet ,
Sandenu, Gtnehrard, &c. Mais il
&ut rejeter les calomnies que Ga*
raffe & quelques autr^ Controver-
£ftes trop outrés ont débitées con«
tre lui. On a ofé imprimer qu'il
étoit né du commerce de fa mère
isivec un Démon incube. On hU
fifia le jour de fa naiâànce , que
Cardan plaça le 12^ du mois d'Oc-
tobre 14S3 , & GoMric en 14S4,
pour avoir lieu de lui drefTer un
horofcope défavantageux. On Tac-
ctifoit d'avoir avoué , qu'ayant
combattu dix ans contre fa con-
fcience , il étoit enfin venu à bout de
ne point en avoir du tout, & 4'dtr«
LUT 435
iosifaéLdans l'athéfime; On ajoutoit»
qu'il difoit fouvent qu'il renonce
roit au Paradis;, pourvu- que Dieu
lui donnât en ce. monÂe.cent ans
de vie agréable. On lui.imputoit
encore d'avoir nié Timmortalité
del'ame; d'avoir eu des idées baf-
fes & chamelles duEaradis; d'a-
voir compofé des hymnes en l'hon*
ncur de l'ivrognerie , vice auquel
on le difoit fort enclin ; d'avoir
vomi mille blafphêmes contre l'E-
criture - fainte^ -& en particulier
contre Moyfê i d'avoir fouvent dit
qu^il ne croyoit rien de ce qu'il
prêchoit. Nous rapportons ces ca-
lomnies , non -pour ^ donner du
poids ^ mais pour prouver que
dans tous les temps on a fubflimé
les inj.ures aux raifons , & rendu
méchancetés pour méchancetés» Ce*
pendam il eâ à croire qii*en con-
sidérant l'incendie qu'il avoit allu*
mé , Luthir eut fouvent des re»
mords. L'abbé dt Chotfi dit qu'il en
éprouva , fur^tout dans une maladie
aflez longue q»*il eut vers l'an i < 29.
M En voyant l'héréfie des Sacra-
» mentaires & celle des Anabaptifles
*» décliirer l'Eglife , il ^'accufoit
** d-'en être caufe,par.la publica-
n tion de fon nouvel Evangile , qui»
» en renveriant l'autorité des con-
y* ciles, celle des p^pcs, & la tra-
» dition Apoflolique , abandonnoit
»» l'homme à fa propre imagination.
»» Jonas & Potjuran , fes fiddles dif*
»♦ ciples, rapportent en divers écrits»
w qu'il s'écrioit fouvent : Qui t*ù.
»» ordonné, ô LVTHÊtL^ d^cnfàgnir
M un nouvel Evangile^ ineonnu à tous
» Us fiecUs précédtns? Qui t'en m
M donné la miffion? Et fi tant drames
M ont été ptrverdcs /fc- us prédîca-
)» tlons , ^ue peuiiHu attendre , que Ut
» dumnation éumtlU? Ils ajoutent
»> que le Diable, qu'il fe vante it
»• de confulter fouvent, lui en-
»♦ voyoit ces penfées pour le jettf
n ùsài& le déibfpoir. Luther étoit 4?ry|
Ee
'AU t U T
>» cesa^doonséecoQfôeiic&rlQd^
•• qu'il eut une eipcce d'apoplexie.^
» quelques ^Qucsj a{Hrès la £^ de la
H Vifitacion de la.Saiate Vierge. 11
M ccut aloirs que €à dernière heure
M écoit arrivée ; toutes les horreurs
•» qui accompai^neiit la mort des
H grands pécheurs ^ fe pré£cmere&t
14 à lui i les ahymes lui parurent
^ ouverts pour l'ei^outir. Il fit
» appeler PoMuran , fe confiefia* à
M lui , & le conjura de lui adsii*
n ai&rer lafainte £uchariftie &d«
M prier Dieu pour lui Sa maladie
>t dura quatre mois> mais quand
M Jaûnté lui fut jcvenuey ilno3r9
»» fes remords dans le vin , ne
n ibngea qu'à fe réiouir , à £ûre
M bonne chère , & à fe procurer 4m
M fommeilqui lui' fîr tout oublier w.
U eft.cerdnnjqu'il aimoît beaucoup
les plaiûrs de hi> table. On con-
serve dans la bibliothèque du Vati-
can un exemplaire delà Bible , à la
fin duqud on voit .une prière en
vers allemands , écrite de la main
de Luiher, dont le Tfos eft : » Mon
»» Dieu y par votre borne , pour-
V voyez « nosis d'habits, de cha-
M peaux > de capotes & de man-
M teaur; 4^. veaux bien gras, de
» cabris , de boeuÊs , de montons &
»> de géniiTes; de beaucoup de£ein*
p mes âc.dc peu d'enfaos. Bien boire
9« 6c bien manger eft le vrai moyen
>» de ne point s'ennuyer «. Cette
prière eft très - certainement dé la
main de Ijaher. En vain Mijfan a«t-il
voulu en £aire douter.; Chrifiia»
Junker^Xon hiftorieû, en convient
& la rapporte mot à mot ( Vha
Ztahen , page 225 ),; Foy*^ àuffi
les articles de Calvin , de Car-
LOSTAD, d«A Clément VU, de
Bennon , j. GumaN , & i.
6T0RCIC, dansce Diâionnaire.
: LUTTI, (Benoit) peintre, né
à Florence en 1666 , mort à Rome
en 1726 , à 60. aoi, s'attacha fur*
i^iAt au coloriSé U a ùk un grand
LUX
hombre de tableaux de chevalet ;
qui l'ont fait connoître dans pref-*
que toutes les cours de l'Europe.
L'empereur le fit dievalier , &
réleâeur de Mayence accomp<^;na
ies .lettres^atemes d'une croix en-
.richie de (Ûamans. Le pinceau de
^Kiti eft frais & vigoureux , il
mettoit beaucoup d'harmonie dans
£es couleurs , & donnoit une belle
expreifion à fes figures. On lui
reprodie de ti'être pas toujours
côrreéb. Le MiracU de S» Purre,
qu'il a peint dans le palais Alhanl
k Rome 4 pafTe pour fon chef-
d'œuvre.
LUTWIN, (S.) né de parens
illuftres, fonda de fes biens l'ab- '
baye de Mettloch, où il fit pro-
fieiBon de U/vie monaftique dès
que la mort de fa femme lui per*
mit de renoncer au fiecle. Le û.^<i
archiépifcopal de Trêves étant de-
venu vacant par la retraite de S.
Baôn, oncle de S. Lutwin^ celui-
ci fut tiré de fa folimde pour le
remplir. U déploya pendant 1 8 ans,
qu'il gouverna cette illufire£glifey '
toutes les qualités d'un grand évê-
que. L'abbaye de Mettloch, où il
fut enterré, poiTede fes reliques.
\ I. LUXEMBOURG , l'une des
plus anciennes & des plus illufbes
maifons de l'Europe. Elle a pro*
duit cinq empereurs, dont trois ont
été rois de Bohême. Elle a pofTédé
les premières charges en France,
& a donné naiiOfance à fîx reines,
& à plufieurs princeiTes , dont Tal-
liance a relevé l'éclat des familles
les plus diflinguées. La branche
aînée de la maifon de JMxemJbowg
fut fondue dans celle d^ Autriche par
)e mariage A'EUxabeth , fille de l'em-
p^eur Sig'/mond , morte en 1447 »
avec Alhen /, archiduc d'Autriche
jÇc empereur. La branche cadette
de Luxembourg - Ligny , quoique
moins illuftrée que la première,
{l'a pas été moins difUnguée pa|
J
EUX
les talens & les vertus. Voici caix
que M-onri & d'autres hilloriens
nous font connoître :
II. LUXEMBOURG , ( Valeran
de) conite de Saùit-Pol, fm nommé
gouverneur de Gênes , en 1 396 , &
grand-maître des eaux & forêts de
France , en 1402. 11 fit la guerre
aux Anglois , & fut deux fois batni.
Le duc dti Bourgogne le fit pourvoir
delà charge de grand - bouteillier
de France V l'an 1410, du gouver-
nement de Paris, & de l'épée de
connétable, en 141 1. U mourut
en 1415 , à 60 ans , au château
d'Ivoi.
m. LUXEMBOURG, (Pierre
de) frère du précédent , fut évêqu*
de Metz , & mourut en 1 387 , à 18
ans. Quoiqu'il eût le gouvernement
de fon diocèfeil n'éioit point prêtre.
Il avoit été fait cardinal l'année pré-
cédente , & il fiit béatifié en 1 5 17.
De la même Emilie étoit Louis de
Luxembourg, comte de Saùu-Pol :
[ ^oyei l'article V. ] Sa poftérité
nlafculine finit à Henri , mort en
1616. Sa fille Marguerite-Charlotte ,
mone en 1680 , eut du comte Char-
les-Henrî de CUrmont'Tonnerre, mort
en i6j4yMagdeleme, femme de Fraa-
sois-Henri de Montmorency y duc de
Luxembourg , dont la poftérité fub-
fifte avec honneur.
IV. LUXEMBOURG , ( Louis
de ) de l'illuftre Ecunille de Luxem-
hourg'Ugny , fut élu évêque de
Térouane en 141 4. Henri VI ,
toi d'Angleterre , qui prenoit le
titre de roi de France , le fit chan-
celier en 1425 , & archevêque de
Rouen en 1436. U s'étoit telle-
ment dévoué aux intérêts de ce
prince, qu'il condmfoit lui-même
du recours au^ places affiégées,
& ne négtigeoit rien pour rétablir
ce parti chancelant. Il (e jeta
dans la Baftille, lorfque Paris fe
foimiit à Charles VU , en 1436 v
xs^i& il fut obligé d'en fortir par
LUX 435
compofîtion , & (e retira 6n An*
gUterre , où il fut évêque d'Ely
&» cardinal en 1436* Il mourut
en 1443.
V. LUXEMBOURG , ( Loui«
de ) comte de Saint-Pol , neveu du
précédent , avoit fervi Charles Fil
avec fuccès^ dans divers fieges.
Après fa mort, il s'attacha au duc
de Bourgogne , qui lui donna le
commandement de l'avant-^arde de
Ton armée à la bataille de Mont- .
Ihéri. Louis XI y voulant l'atàrerà
fon fervice , lui donna l'épée de
connétable -, mais , pour fe main-
tenir dans la ville de Sain^Quentin,
dont il s'étoit emparé , il trahit
fucceffivemcnt & le roi & le duc
de Bourgoffu, Ses perfidies furent dé»
couvertes. Craignant la févèrité d»
Louis XI y il fe retira » fur la foi
d'un fauf- conduit, auprès du duc
de Bourgogne y qui le trahit à fon
tour ik le rendit au roi. Son procès
lui fut fait , & il eut la tête tran-
chée à Paris le 19 Décembre 147J :
Voyti Louis XI... 'LHlftoire des
Comtes de Saint-Pol a été publiée
in-4®. par Perri deLocres^ Douai,i6 13.
VI. LtrXEMBOURG , ( Fran-
çois-Henri de'Montmortnci, duc de) *
maréchal de France , né pofthume
le 8 Janvier 1628 , étoit fils du-
fameux SouutviUe , qui eut la tête
tranchée fous Loiâs Xlll , pour'
s'être battu en duel. Voyez Bout*
TEviLiE. Il fe trouva à la bataille de
Rocroi en 1643 , fous le Grand
Condé , dont il fiit l'élevé , & qu'il
fuivit dans fa bonne & fa mauvaife
fortune. Le jeune guerrier avoiî
dans le caraâere plufieurs traits du
héros qu'il avoit pris pour mo-
dèle : un génie ardent , une exé-
cution prompte , un coup-d'oeil
jufte, un efprit avide de connôsT-'
fances. On vit briller 'en lui ces
différentes qualités à la conquête
delà Franche-Comté, en 1668,
où il f«rvit on. qualité de Ueu-
Èe xj
4^6 LUX
tenant-général. La guerre ayant
recommencé en 1672 , il com-
manda en chef pendant la £uneiitfe
campagne de Hollande , prit Grool,
Deventer , Cocworden , Swol ,
Campcn , &c. & défit les armées
des Etats près de Bodegrave &
de Woërden. Les hifloriens Hol-
landols prétendent que Luxembourg
partant pour cette dernière expé-
<lition 5 avoit dit à Tes troupes :
j^fUi y mes enfuis ^ pUle{ > tue^ ,
viole{ ; 6r s'il y a quelque chojc
de plus effrayant , ne manque^ pas
de U fojre ; afin que je voie que
je ne me fuis pas trompé , en vous
ehoîfiffant comme, les plus braves des
hommes ^ & les plus propres à pouf'-
fer les ennemis avec vigueur. On
ne fauroit croire que le générai
François ait tenu un difcours fi
barbare ; mais ce qu'il y a de
fur , c'eft que les ixildats mirent
le feu à Bodegrave , & fe livrè-
rent , à la lueur des flammes , a
la débauche & à la cruauté. Ce
fut alors que Luxembourg fit cette
belle retraite , fi vantée par les
ennemis mêmes. Il pafià au travers
de l'armée ennemie , compofée de
70,000 hommes , quoiqu'il n'en
eût que 20,000. Lctds XIV ayant
fait une nouvelle expédition dans
la Franthe-Comté , ÏMxembourgVj
fuivit II fe trouva enfuite à la
bataille de Senef , obligea le piince
d* Orange de lever le fiege de Qiar-
Ikroi, fe fignala dans les campa-
gnes fuivantes , & obtint le bâton
de maréchal de France en 1675. Il
commanda une partie de l'armée
Françoife après la mort de Turenne ,
& ne fit pas d'abord des chofes
dignes de fa réputation. Le Grand
Condi ne put s'empêcher de dire ,
quoique fon ami : Luxembourg fait
mieux l* éloge de Turenne , que Ma/-
caron & FUchLir, Il l^ifia prendre
Philipsbourg à fa vue par le duc de
Lorraine , & efiaya en vain de
LUX
la ftcourir avec une armée àê
50,000 hommes. Il fiit plus heu-
reux en combattant GuiUmme d'O'
rangs. Ce prince ayant attaqué le
général François , qui ne s'y at-
tendoit point , à Saint-Denys près
de Mons , cette furprife n'empê-
cha pas le maréchal de Luxembourg
de difputer la viâoire avec beau*
coup de valeur. Dans la féconde
guerre que Louis XIV foutint coQ'
tre les Puifiances de l'Europe réu-
nies en 1690 , Luxembourg , nom-
mé général de l'armée de Flan-
dres , gagna la fameufe bataille de
Fleurus j & la viû-^ire fîit d'au-
tant plus glorieufe pour lui , que,
de Taveu de tous les officiers , elle
fut due à la fupériorité de génie
que le général François avoit fur
le prince de Valdeck ^ alors gé-
néral de l'armée des alliés. Cette
viôoire fiit fuivie de celle de Leu*
fe , remportée l'année fuivante ,
169 1 , & de celle de Steinkerque.
Cette journée eft célèbre , par le
mélange d'artifice & de valeur qui
la diftingua des autres batailles. Le
maréchal de Luxembourg avoit un
efpion auprès du roi Gtdllaume :
on le découvre , & on l'oblige à
donner un faux avis au général
François. Sur cet avis ^ Luxemboar$
prend des mefures qui dévoient le
faire battre. Son armée endormie eft
attaquée à la pointe du jour : une
brigade efi dé}à mife en fiûte , &
le général le fait à peine ; mais
dès qu'il l'apprend , il répare tout
par des manœuvres aufii hardies
que favantes. Ses envieux ca-
chèrent à diminuer la gloire de
cette journée auprès de Louis XIV 1
en répétant à tout propos qu'il s'é-
toit laifiTé tromper : Et qu'auroîMl
fait de plus , répliqua ce monar-
que , s* il n*avoîe pas . été furpris ?.»
Luxembourg, avec les mêmes trou-
pes furprifes & viâorieufes à Stein-
kerque » battit le roi GuUImu à
LUX
KenrÎRde en 1693. Peu dé joUf'
nées furent plus meurtrières &plus
l^lorieufes. Il y eut environ 20,000
morts > iiyooo des alliés & 8000
François. Ceû à cette occaiion
qu'on dit , qu'il falloit chanter plus
de De profundls que de Te Deum,
La cacljl^drale de Paris fut remplie
de drapeaux ennemis. Luxembourg
s'y étant rendu peu de temps après
avec le prince de Cuntî pour une
cérémonie , ce prince dit en . écar-
tant la foule qui embarrafibit la
porte : Mcjpeurt , hijf^l paffer U ta-
fîjjicr de Notre-Dame, Le m-^réchal
de Luxembourg tomina (a glorieufe
carrière par la Iqngue marche ,
qu'il fit en préience &ts ennemis ,
depuis Vignamom )ufqu'à l'Ëfcaut
près de Tournai. Il mourut l'an-
née d'après le 4 Janvier 1695 , à
67 ans y regretté comme le plus
grand géaéral qu'eût alors h
France. Le regret d'avoir mieux
l*ervi le roi que Dieu , lui Ât^dire
dans ce moment où toutes les
iUufions finiiTent : h priféren^is
mqowrd'huî , à PêcUt de tant de vU"
cpirei MutUjs au tribunal du juge des
rois & des guerriers , le mérîu d'un
verre d'eau donne aux pauvres pour
Pamour de bu. U laiiTa de Ma^leine^
Charlotte-Buftne'Thérefe de Clermont^
ducheflè de Luxembourg > plufieurs
cnÊins illuftres. Sa mort fiit le
terme des viâoires de LouuXIV-,
& les foldats , dont il étoit le père ,
& qui fe croyoient invincibles fous
lui , n'eurent plus , ce femble , le
même courage. Le maréchal de
Luxembourg avoit plus les qualités
d'un héros que d'un fage : plongé
dans les intrigues des femmes ,
touiours amoureux , & même fou-
vent aimé , quoique contrefait &
d'un vifaee peu agréable. Le prince
d* Orange difoit: Ne ba^ral-je jamais ce
ho][uUà l — Comment le fait-il , dit
Luxembourg , lorfqu'on lui rapporta
ce mot i U ne m'a jamais vu par
LUX 437
dernere. Les liaifons d'un de fes
gens d'affaires , nommé Bonnard ,
avec certaines femmes , le firent
accufer d'avoir trempe , en 1680 ,
dans l'horrible afi^re des poifons.
Il fe rendit à la Bailille , par les
confeils du marquis de Cavcye, Dès
qu'il fut dans cette prifon royale ,
la jalouiie de Louvoîs le pourfuivit
avec tureur ; & la Reinîe , lieute-
nant de police de Paris , fervit trop
bien , dit le préfident Hencult , la
paflion du miniftre. Luxembourg fut
enfermé dans un efpece de cachot
de fix pas & demi de long , où il
tomba très-malade. On l'interrogea
le fécond jour ^ & on le laiffa en-
fuite 5 femabes entières fans con-
tinuer fon procès : injuilice cruelle
envers tout particulier , & plus con-
damnable encore envers un pair du
royaume ! Il fîit enfin interrogé.
Les imputations étoient aufli ridi-
cules qu'atroces. Parmi les quef-
tions qu'on lui fit y on lui demanda
s'il n'avoit pas fait un paâe a\ ec
le Diable , pour pouvoir marier
fon fils à la fille du marquis de
Loqvols ? L'accufé répondit : Qtuind
Matthieu de Montmoretici époufa
une Reine de France , il ne s'adreffa
point au Diable » mais aux Etati"
généraux t qui déclarèrent que, pour acqué-
rir au Roi mineur l'appui des Montmo*
renci , il falloit faire ce mariage. Il for-
ât enfin de la Baftille après une dé-
tention de 14 mois , fans qu'il y eût
de jugement prononcé ni pouir ni
.contre lut. Il continua de faire à
la cour les fondions de capitaine
des gardes ,. fans voir Louvoîs fon
perfecuteur » & fans que le roi lui
parlât de l'étrange procès qu'il ve-
noit d'efTuyer, U ne tarda pas de
répondre à fes ennemis par des.
viûoires. On imprima à Cologne »
en 1695 , in- Il , une Satire con-
tre Iwrance & conn-e lui » inti-
tulée : Le Maréchal de Luxembourg
au Ut de la mort y tragi - comédie
'438 LUT
en 5 cinq aâes & en ^ofe. On
èonnoitra mieux ce héros , en
li£mt VHîftoirt de la Mai/on de
Montmortncî , par M. Dcf ormeaux»
VII. LUXEMBOURG , ( Sc-
baftien de ) Voye^ Pisseleu , à
1h fin.
LUYKEN , (Jean) graveur Hol-
landois. On remarque dans {es
ouvrages un feu , une imagination
& une facilité admirables. Son
oeuvre eu considérable & fort ef-
dmé. Il étoit né à Amilerdam en
1649, & il mountt en 171 2. On
cilime ià BihU en figures , imprimée
dans cette ville en 1731» in-fol.;
& fon Théâtre des Martyrs , en l'i 5
planches.
LUYNES , royq Albert (d) ,
n°* I ^ JI & IJJ. & CONCHINÏ.
■ LUYTS , ( Jean ) philofophe &
afbonome , né dans la Nord-HoK
lande en 165 5 , fiit profefleur de
phyûque & de mathématiques à
Utrecht, depuis 1677 jufqu'à ùl
mort , arrivée le 12 Mars 1721. Il
a donné : I. Afironomîca Inftitutio ,
Utrecht, 1689, in-4°. Ilyrget-
te le ryiiême de Copernic. On y
▼oit un grand nombre d obièrv»-
tions aibonomiques , curieufes &
utiles, expliquées dune manière
laconique, alliée à beaucoiq> de
clarté. II. IntroducUo ad gecgra^
-phiam novam & veurem , avec beau-
coup de cartes 4 16911 ûi-4^) ef-
ômée.
LUZIGNAN , ( Guy de) fils de
Hugues de Lux}gnan , mort vers
1164 / d'une des plus anciennes
maifons de France , fit le voyage
d'Outre-racr. Il époufa SyhilU^
fille ainée à.*Amauri roi de Jérufa-
lem. Par ce mariage il acquit le
royaume en fon nom, & le re-
perdit en 11S7, lorfque la^llefe
rendit à Saladin : [ Voye^ cAïiot. ]
Lu[Lgnan ne conferva que le titre
4c roi de Jtruiàlem, qu'il vendit
L Y C
bîent^ à Richard roi d'Angletmv;
pour rifle de Chypre. 11 y prit ia
qualité de roi , & y mourut en
1194. Sa maifon conferva cet»
ifle jufqu'en 1473. -''«<""* ^ ^"
XÎgnan , fon frère , lui fuccéda:
[ Koyet Amauri. ] Cette femille
tire fon nom de la petite ville de
Luzignan en Poitou , dont le châ-
teau pafîbit autrefois pour impre-
nable , parceqne le vulgaire cro3roit
qu'il ovoit été bâti par une Fée,
moitié femme , & moitié fer-
pent.
LYBAS, Grec de Varmée AV-
lyffe : La flotte de ce prince ayant
été jetée par une tempête fur les
côtes dltalie , Lykas infulta une
Jeune fille de TémefTe , que les
habitans de cette ville vengèrent
en tuant le Grec -, mais bientôt
lesTémeflîens furent affligés d'une
foule de maux. Ils penfoicnt à
abandonner entiéremenr leur ville,
quand Toracle A* Apollon leur con-
feilla d'appaifer les mines de ly
bas , en lii &ifant bâtir un tem-
ple , & en lui immolam tous les
ans une Jeune fille. Ils obéirent
à l'oracle, & Témefle n'éprouva
plus de calamités. Quelques an-
nées après , un brave athlète nom-
mé Euthyme , s'ctant troirvé à Té-
mefle dans le temps qu'on alloit
faire le facrifice annuel, il entre-
prit de combattre le Génie de ly-
bas y & d'arracher à la mort la vic-
time qui y étoit dévouée. Le fpec-
tre parut , en vint aux mâns avec
l'athlète, fut vaincu, & de rage
alla fe précipiter dans la mer. Le»
Témefliens , délivrés de ce fléau,
rendirent de grands honneurs à
Euthyme^ lequel époufa la jeuni
fille qui lui devoit la vie.
LYCAMBE, Voyei AïiCTil'
LOÇUE.
LYCAON , roi d'Arcadie. Ovià
raconte que Jupiter , voyageant
fur la terre > étoit ddfcendu dbo
LY C
Xyisaii^ où les: peuples alloiem le
vccoociQitrtt.-comine Dieu. Mais le
prince Ajrcadien' fe moquant de.
leur^créëulité, leur dit qu'il fau-
tok bientôt s'il avoit reçu chez
lui- un I%ci»;<0Ù.Hn homme* H
. «enta iil'abord de tuer Jt^Uer pen«
dam qu'il dormoit.; mai»- nlayani;,
pu exécuter fon attentat, il fit>
égofger te des ottages que les Mo-
loâes lui avokat envoyés i Sa a^^m
donné ordis qu'on en fit bouillir
les membre» éc^içptir lerrefle , il le
préfenta à Jiqnier Cva fa table. Le
perc des Dieux irrité d'une telle
barbarie # ât defcmdre. la foudrei
fur le palais du tyran, 6c le f édui«
fit en cendres, l^eaon effirayé s'enr»
&iit dans *les bois, où il fut changé
en loup. [Voyei Ajb.ca$.] H y a
eu pluûeurs autres LycoQns \ un irere
de N^r^ qui fut tué par Hercule \
VA autre , fils de Vriam , tué par.
AààlUy &c.
LYCHAS, eâ le nom de l'ef-
dave. qm préfenta à HumU , 4e la
part tie Déjanire > la robe du Cen-
taure N€jlus. A peine le }iéros l'eût-
ii fur ion corps , qu'il fçntit le
poifoi^ s'inilnuer dans fes veines.
Alors devenu furieux , il iaiût Ly*
chas & le lança dans la mer, où
i! périt *, mais les Dieux «n euxent
compaffîon , & le changèrent en
rocher , que les matelots montroient
dans la mer d'Eubée.
LYCOMEDE , Voyti A-
CHILLE.
I. LYCOPHRON , fils de Pc-
rîandrc roi de Corinthe , vers l'an
628 avant J. C, n*avoit que 17
ans lorfque fon père tua Mdiife fa
mère. Proclus , fon aïeul maternel ,
roi d'Ëpidaure, le fit venir à fk
cour avec fon frère nommé Cyp/cU ,
âgé de 1$ ans , &les renvoya quel«
que temps après à leur père , en
leur difant : Souvcne^vous qui a
me votre nurcî Cette parole fit une
telle impr€iBK>a fur lycophron ^
L Y c 4^
qu'étant de retour à, Corinthe , il
9^'obfiina à ne point vouloir par-
ler à fon père, Pêriandre indigné,
l'envoya à Corcyre ( aujourd'hui
Corfou, } & l'y laifia fans. fon-.
ger à lui; Dans la .fuite , fe fen«>
tant accablé des infirmités de la
Tieiliefie,,& voyant {(m autre fils
incapable de cégner, il envoyât
of&ir à Lycophron fon iîeptre & ia
couronne; mais le jeune prince
dédaigna même de parler au mef*
filmer. ^ foeur , qui fe rendit en«
fuite iiuprès de lui pour tâcher de 1«
gagner , n'en obtint pas; davantage.
Enfin, on lui envoya propofer d«
venir régner à CorinÀe, & que
foa pcre iroit régner à Corfou. Il
accepta. ces conditions ; mais le» /
Corcynens le tueront , pimr pré- /
venir cet échange qui ne leur plai«
foit pas.
IL LYCOPHRON , fameux
poëte & grammairien Grec, natif
de Chalcide dans Tifie d'Eubée»
viyoit vers l'an 304 avant J. C,
& fut mé d'un coup de flèche»
félon Ovide, Suidas a confervé les
titres de 20, Tragédies de ce.poc-.
te. U ne nous reile de lui qu'un
Poëme intitulé Cajfan4re ; mais il:
eft û obfcur, qu'il fit donner à
fon auteur le nom de Ténébreux^
C'efi une fuite desprédiéHons qu'il
fuppofe avoir été faites par Ca/-:
fondre^ fille diê Priam, La plupart
ne méritent pas la peine que les:
favans ont prife pour l'expliquer-.
On a donné une édition de ce
Poëme, avec une verfion & des.
notes , à Oxford', en 1697 ; & ella.
a été réimprimée en 1701, in-fol.
Lycophron étoit .un des poètes de
la Pléiade, imaginée fous Ptolo-
met Philadelphe , par allufion à la
confiellation de ce nom compofée-
de fept étoiles. Ces poètes étoient
Théûfirlte , Aratus , Nicandre , Apollo^
nlus^ Phllicus , Homère le jeune ,&
lycophrofi,
Ee iv
440 • t Y C
LYCORIS, céiebK courtifaiie
du temps à'Auguftcj eft ainfi nom*
mée par VîrgUe dans fa dixième
Eglogue. Le poëte y confole ion
ami Cornélius Gallus , de ce qu'elle
lui préiéroit Marc-jùitolne, Cette
courtifane fiiivoit ce général dans
un équipage magnifique,. & ne 1er
quittoit jamais , mhat au milieu des.
années. L'afcendant qu'elle aroit
pris fur fon dp(it& fur fon coeur »
étoit extrême ; mais fes charmes
ne purent tenir devant ceux de
Ciéofâtn. Lycons perdit le coeur
4* Antoine , & ^ avec fon cœur » la
feule des adorateurs^ que fa iaveur.
lui procuroit. Lycorîs avoit d'abord
«fié comédienne. Son véritable nom.
«toit CytherU ^ mais elle le chan-
gea en celui de Volumma , «ptks
qu'elle eut été affranchie par Vo^
lumnius qui l'avoit aimée.
LYCOSTHENES , en allemand
WoiFHART , (Conrad) ne l'an
1518a Ruffack , dans la haute Al-
lace, fe rendit habile dans les lan-*
gués & dans les fciences. Il fut
sniniftre , & profeffeur de logique
êc des langues à Baie, où il. mou-
rut en 1561. Il fiit paralytique les»
fept dernières années de fa vie..
On a de lui : I. Chwnicon ProdU-
^orum , Bâlc ,1557, in-folio. IL
De MuIUrum prétclarè dictù & faSis,
m. Compendùan BibUothectt Gefntrî^
3 5J7 , in-4®. IV. Des Commentai"
res fur Plmelt Jeune. V. Apophtht^
mata^ 1614, in-8°. Ce fiit lui qui
commença le Thetumm vum huma^
7ta, achevé & publié par Theod,
ZwUiger fon gendre. Cette compi-
lation forme 8 volumes in-fol. de
l'édition de Lyon, 1656.
I. LYCURGUE , roi de Thra-
ce. Ses fujiets s'abandonnant à Ti-
vrognerie, il fit arracher toutes
]es vignes de fes états i ce qui a
donné lieu aux Poètes délire qu'il
avoit déclaré la guerre à Saechus^
& l'avoit forcé de pafîer la mer
L YC
9c de fe réfugier dans l'iâe At VaA
xe ; mais que ce Dieu irrité de fon
impiété l'avoit tranfporté .d^un^
telle foreur , qu'il s'étoit cafié les
jambes. . ' ' i
II. LYCURGUE i législateur <bs
Laeédémoniens^;! étoit IBIs d'Eummi
roi de Sparte , & frère dePoUdéâe^
qui régna après fon père. Apièsia
mort de fon frère , fa veiAre ofttt
k couronne 9 Lycurpte^ s'engageast
de fiEiire avorter l'enÊim dont elle
étoit gro€e, pourvu qu'il voulut
répoufer *, mais Lycurgue refiifii
eonftammcnt ces olfrcs avantageux
fes. Content de Id qualité de tuteur
de fon neveu Charîiaus^ il lui re^
mit le gouvernement lorfi)u'il eut
atteint l'âge de majorité , l'an 870
avapt Jefus-Chrifiw Malgré une coU'*
duite fi régulière & fi -généreufei
on l'accufa de vouloir ufurper ia
fouveraineté. L'intégrité de ks ■
moeurs lui avoit £ût des ennemis } !
il lîe chercha à s'en venger ^ qu'en |
fe mettam en état d'être plus utile i
à fa patrie. Il la quitte , pour étu-
dier les mœurs & les- v£ages des |
peuples. Il pafie en Crète , célèbre
par fes lois dures & aofteres ; il
voit la magnificence de l'Afie , fans
en être ni ébloui , ni corrompu ;
enfin il €t rend en Egypte , l'école
des fciences & des arts. De retour
de fes voyages, Xyoi;;^ donna aux
Lacédémoniens des lois féveres.
Tout étoit en confiifion depuis
long-temps à Sparte. Aucun frdfi
ne retenoit l'audace du peuple. Les
rois vouloient y régner defpotî-
quement, & les fujets ne vouloient
pas obéir. Le légiflateur philofophe
prit la réfolurion de réformer en-
tièrement le gouvernement ; mais ,
avant que d'exécuter un defl*ein fi
hardi, il eut beaucoup d'obfladesâ
fiirmonter. ÀUândrty jeune Spar-
tiate y creva un œil à Lyatrpie es
le pourfuivam dans une fédition
élevée coâcre lui. fycurpti nos fe«:
L Y G
lement lui pardonna ; mais il lé te*
tint auprès de lui , & le traita cont-
ffle fon fils. Cependant le légiila-
leiir de Lacédémone méditant des
changemens , dont les fuites pou*
.voient être' dangereufes > ie rendit
Avec les principaux Spartiates au
temple de Delphes pour, confulter
Apoilutt^ Quand il eut offert fon
£icriâce, il reçut cette réponfe :
Alle:{^ ami du DUux % o« Dieu plutôt
qu'homme; Apollon a examiné votre
frigre , Gr vous alU\ jeter lesfondemens
de la plus fioriffaruc RépubUjue qui ait
jamair éU,.. Lyaupu commença dès
ce moment les grands changemens
^'il . avoit médités. Il établit :
î Un Confttl compofé de 28 fé**
nateurs , qui , en tempérant la puif-
6nce des rois par une autorité
égale à la leur » fut comme un conr
trepoids , qui maintint l'Etat dans
ttn parÊdt équilibre. IL II mit une
czaûe égalité entre les citoyens ,
par.un nouveau partage des terres.
m. il déracina la cupidité , en dé-
fendant l'ufage de la monnoie d or
^ d'argent. IV. Il inftitua les repas
publics, pour bannir la rooUefie ,
& il voulut que tous les citoyens
mangeaient enfemble des mêmes
viandes, réglées par la loi... Parmi
des réglemens li iages , il y ^ en eut
quelqiies-uns de bizarres. On l'a
blâmé , avec raifon , d'avoir vouhi
que les h\\t$ portaient des robes
fendues des deux côtés, à droite
& à gauche , jufqu'aux talons ; &
d'avoir ordonné qu'elles fiifent les
mêmes exercices que les jeunes
^^arçons , qu'elles danfaiTent nues
comme eux , & dans les mêmes
lieux, à certaines fêtes folennelles,
en chantant des chanfons. Le rè-
glement barbare qu'il fit contre l'es
enâms qui ne fembloient pas pro-
mettre , en venant au monde , de-
voir être un jour bien faits 6c vi-
ffoureux , n'eft pas moins blâmable.
Mais , à l'exception de ces deux
t Y C 441
dédrets Se d'un petit nombre d'au-
tres, il Àut avouer que les Lois
de Lycurgue étoient très-I^es & très*
belles. Leur principal objet étoit
d'exercer le corps .& de Tendurcir
aux travaux de la guerre. De là
l'éducation dure & févere qu'on
donnoit aux en£an$. Il voulut qu'on
les accoutumât à braver tout , à
n'avoir peur de rien , à coucher
fur la dure , à marcher im-pieds»
On les élevoit tpus enfemble fous
des maîtres d'une vertu reconnuew
On tâchoit de les rendre fouples^
obéiiiAns, adroits, infatigables &
padens dans les travaux. On leur
ordonnoâtmême de dérober , pour-
vu que ce fût avec tonc d'adrefie
qu'on ne s'en apperçut pas; car
s'ils étoient découverts , ils étoieQt
punis. ;Un jeune Spartiate ayant pris
un renard , le cacha fous fa robe ,
& plutôt de laiûer découvrir fon
vol , il fouftirit jufqu'à en mourir,
que l'animal lui déchirât le ventre.
Dans une. fête qu'on célébroit tous
les ans en Thoimeur de Diane ^
on aâembloit tous les enfans, de
on les fouettoit près de l'autel de
la.Déefie, jufqu'â les faire expirer
fous les coups , fans qq'on leur
entendit iakte la moindre plainte»
Les parens eux*mêmes aUoient les
exhorter à fouffrir ces cruelles
épreuves. Une telle éducation fit
des Lacédémoniens d'excèllens
hommes de guerre. Leurs maximes
étoient de ne point fuir devant
l'ennemi , quelque fupérieur qu'il
fût en nombre *, de ne jamais aban-
donner leur pofte , ni leurs armes;
de ' vaincre ou de mourir. CeuiC
qui étoient tués fur le champ de
bataille étoient rapportés fur leurs
boucliers qui teaoient Ueu de bian-
cards. Une mère en diùnt adieu
à fon fils qui partoit pour la guerre,
lui recommanda expreflement de
revenir avec fon bouclier ou fur fon
kwieiier^ Une autre mère , en appte^
44* L Y C
nant que foo fils itoii mort dans
un combat pour le fcrvice de fa
patrie, dit froidement : Je ne /'«-
vois mît au monde que pour cela»
Comme la muiique & la poéiie
font capables d'exdter Timagina-
éoQ , Lycurgue tâcha d'en inipirer
le goût aux Spartiates. f»iais il
voulut une poéiie & une muiique
mâles , nobles , propres à élever
l'ame & à la porter aux aéHons de
vertu & de courage. De là vipt la
coutume des rois de Sparte, de
faire un facrifice aux Mufes avam
que de livrer bataille. La marche
ides troupes étoit une efpece de
tlanfe pendant laquelle on chantok
des cantiques militaires ; en l'hon-
neuf des braves guerriers morts
^ur. la patrie. Lycurgue voulant
«ngager les Lacédémoniens à ob-
iervcr inviolablement les lois qu'il
avoit faites pour leur profpérité ,
leur fit , dit-on , promettre avec
ierment de ny rien changer jufqu'à
/on- retour. 11 s'en alla enfuite ,
^)oiite-t-on , dans l'ide de Crète ,
où il fe donna la mort , après avoir
ordonné que l'on jetât {es cendres
dans la mer. Il craignoit que , û
-vvt rapportoit ibn corps à Sparte;,
ics Lacédémoniens ne cruflent être
abfous de leur ferment. Monfieur
l'abbé de Condillac a fait un parai-
ielcde LYcuRCiTEàiAeSoLONi^ qin
.mérite bien de terminer cet article.
'V* Le premier, dit-il, donna dans
^ les Spartiates un modèle fubfif-
y> tant de talens militaires & de
r* vertus guerrières^ le fécond ai-
4« veloppa dans les Athéniens le
» germe de toutes les vertus focia-
n les & des talens de toute efpeee.
n Ce fut l'époque où la Grèce com-
>• -mença à produire de grands hom-
n mes en tout genre. Comme les
y* mœurs aiTurent feules la durée
>♦ d'un gouvernement, tous deux
*» donnèrent leurs foins à l'éduca-
••• tion dçs citoyens , quoique av«c
LTC
1» des vues différentes. A Spattè
>» les eitfans élevés par l'état, nt
f* prenoiem que des habitudes ud-
n les à la patrie. La république
*« veilloit fur lews exercices, fur
>> leurs aâions, fur leurs difcours.
* Rien n'ctoit indifférent , tout
M étoit réglé par la loi *, & les d-
n toyens s'accoutumoient dès l'en*
y> fance à la même £açon de penfer
M comme à la même âçon d'agir.
«« Une parité égtditépouvoic feule
vt maintenir une difcipline fi fé-
»♦ vere ; il fdloit par conféquent
n. que tous les biens fiiffem en com-
>t mun. Il fsUloit ôter aux citoyens
VI tout moyen dé s'enrichir , bao"
ri nir les arts, le commerce, l'or
vt & l'argent. Il fidk>it en un mot,
>♦ pour fermer Sparte à la corrup-
>* don , la fermer aux richefies. Ce
M fut donc la monnoie de fer qui
t> donna toute la conûflance aa
VI gouvernement des Spsraates, &
M la pauvreté pouvoit feule coii"
>t ferver les mœurs à cette répu-
•* blique. Solon ne pouvoit pas a^
vt furer à fon gouvernement la mê-
*> me durée , & il ne fe le promet-
VI tpit pas dans une république o«
» tous .les cicoyoBis n'étoient pas
)» pauvres^ Les pauvres auroient
M été dangereux dans un pareil ËcaL
•» 11 falloit que l'éducation fit à
vt tous un befoin de s'occuper , &
M ce fWt-là le principal objet du
)» Légtflateur. IVlais il lui fuffifoît
H au& qu'on s'occupât ; car en gê-
» nant la liberté , il eût étoiâé
» l'induftrie t & -dégoûté de tom
>* travail. U étoit donc nécefiàiit
>* que tous les arts fuffent eftimés;
>* que la confidéradon qui leur étoit
M attachée, fit un befoin d'avoir
vt des talens & de les cultiver daas
^ les autres. Or voilà l'efprit qiû
VI diftinguoit les Athéniens. Les
.vt gran£-hommes parmi eux fe firent
M un honneur de former des éle-
*i vcs... On a dit que lyairfftt arwi
L Y C
^ donné aux Spartiates des moeurs
y> conformes à fes lois, & que Solon
y> avoit donné aux Athéniens des
^ lois conformes à leurs mœurs.
»» L'entreprife du premier deman-
y> doit plus de courage ; & celle
»» du iecond, plus d'art. Peut-être
rt la différence de leur cara£tere
w eut-elle beaucoup de part à la
y> différence des plans qu'ils fe
»» firent. Lycurgue étoit dur & auf-
»♦ tere ; Sohn croit doux & même
»♦ voluptueux. Quoi qu'il en foir,
9» tous deux réuffîrent. Lycwgue
»♦ vôuloit faire des foldats , & il
M en fît, Solon voulut réunir les
>♦ talens aux vernis militaires , &
»> il fit des hommes dans tous les
>♦ genres... Lacédcmone conferva
y plus long - temps fes mœurs &
•>» fes lois; mais Athènes -furvécut
9» même à la perte de fa liberté.
*»♦ Toute la Grèce fut affujcttie, &
>» les Athéniens triomphèrent de
^ leurs vainqueurs par la fupério-
>» rite des taletis. Tous ces talens
i >♦ auîx)ient été perdus , fî Solon
w avoit fait à Athènes ce que Zy-
■f> eurgs ût à Sparte. Admirons le
r> courage de celui-ci , & chériflbns
>» la mémoire de Tautre «. Foye^ la
Vie de LyctiTpic dans Plutarque; &
dans le vtï' vol. des Mémoires de
'V Académie des Jnfcnptlons , par la
BoTfe, •
IIÏ. LYŒTRGUE , orateur Athé-
nien , comemporain de Démufthe--
nés , eut l'intendance du tréfor pu-
blic , fut chargé àxt foin de la po-
lice, & l'exerça avec beaucoup de
févérité. Il chafla de la ville tous les
malfaiteurs , & tint un regiilre exaft
de tout ce qu'il fit pendant fon ad-
miniftration. Lorsqu'il fut hors de
charge , il fit attacher ce regiftre à
une colonne, afin que chacun eût
la liberté d'en faire la cenfure.
Dans fa dernière maladie , il fe fit
porter au fénat pour rendre compte
de fes actions , & après y avoir
L Y c 44t
confondu le feul accufateur qui te.
préfenta , il fe fit rapporter chez
lui , où il expira bientôt après,
vers l'an 356 avant Jefus-Chrîft.
Lycurgue étoit du nombre des 30
Orateurs que les Athéniens refu-
ferent de donner à Alexandre, Oe
fut lui qui , voyant le philofopha
' Xénocrau conduit en prifon pour
n'avoir pas payé le tribut qu'on
exigeoit àes étrangers , le délivra ,
& fit mettre à fa place le fermier
qui avoit fait traiter fi durement
un hommc-dè^lettres. Les AùUs
imprimèrent à Venife, 1513 , en
2 vol. in-fol. , un recueil de Ha-^
rangties de plufieurs anciens Ora-
teurs Grecs , parmi lefquelles fe
trouvent celles de Lycurgue.
I. LYCUS , roi -de Béotie /aroît
d'abord époufé Antiope , fille du
roi NtHée , qu'il répudia , lorfqu'il
fiit inffi"uit de fes amours avec
Jupuir changé en Satj^re , & fè
matïa avec Dircé, Celle-ci craignant
que fon mari ne reprît fa première
femme , la fit- enfermer dans une
étroite prifon. Mais Jupiter touche
de cômpaffion , la mit en liberté.
Alors elle fe réfugia fur le mont
Cithéron , où elle accoucha d*'Am*
phlcn & de Zéthus -, qui fiirent élevée
par un berger du voifinage. Dans
la fuite ay^nt été inftruit de' leur
naiflance , ils tuèrent Lycus & Dhrcé^
Voyt\ Amphion & DiRcÉ.
II. LYCUS , citoyen banni de
Thebes , voulant profiter du temps
xju'HercuU étoit defcendu aux en-»
fers , pour exécuter fes defTeins
ambitieux , avoit déjà fait mourir
le roi Crcon , & s'étoit emparé dé
la royauté. Il étoit même fur le
point de feire violence à Mégare
femme A^fferettle, lorfque ce Héros
arriva heureufement pour tuer le
tyran. Mais Junon qui protégeoif
Lycus & haïiToit Hercule , irritée de
ce qu'il l'avoit fait mourir, lu
infpira un û grand accès de fureur '
!< Y C
qu'ayant perdu le (iras , il maflâcra
iUffU€ & fes enÛAs.
m. LYCUS , l'un des génërsux
et Lyfimachus , célèbre parmi les
Ibccefieurs ^Alexandre le Grand ,
le rendit maître d'Ephtfe par le
noyea d'Aadroa , dief de cor-
Êbes j qu'il gagna à force d'ar-
gent. Andron introduiiît dans la
Tkll« qoelques foldats de tycus ,
comme s'ils cufient «té des pri-
lonniers ^ mais avec des armes
cachées. Dès qalls furent entrés dans
b place , iU tuèrent ceux qui Êû-
ibtent la garde aux portes y &
donnèrent en même temps le fignat
aux troupes de Lycus ^ lesquelles
sTeoiparcrent de la place » & firent
pcifonnier Eitut qui en étott gou-
/veraeur. Frondn a placé cette hif-
iDire dans fes 5tr4ta|Mu/. •
LYDE , femme .du pocre An-
nmaque « & poëte elle-même , aiqia
ion mari fi tendrement , ^pe pour
ie cocfoler de fa mort ^ elle çom-
pofa une élégie de fon nom , qui
iat regardée comme un ch^-doeu-
"ne en ce genre.
LYDIAT y { Thomas ) maïkéma-
teen Anglois , né à Okerton dans
Je comté d'Oxford en 15 71, mort
ca 1646 , à 74 ans , eut dans l'iite
agence le fort de pluûeurs favans.
H traîna dans l'indigence une vie la»
tborieufê. Il fur long-temps en prîfon
pour dettes ; & lorfqu'iî eut obtenu
ha la fin de Tes jours un petit béné-
^j il fiit perfécuté par les parlemen-
taires y parce qu'il étoit attaché
a^parti royal. 11 a laifTé plufîeurs
ouvrages en latin fur des matières
4e chronologie , de phyfique 6c
d^hiiloire. L^ principaux font : I.
D$ variis armorumformis , Londres y
160 f » in-8** , contre CUvius &
Sfoligpt!, Ce dernier ayant répondu
avec beaucoup d'emportement ,
i^diéu fît une ApologU de fon ou*
levage, imprimée en 1607. II. Dt
fong/ing des fwtaitus & du omet
LTN
fîeiurs Traités AJirvnomiqties O Phy
fiqucs , fur la nature du Ciel &
des Elémens , fur le mouvement
des Aibes , fur le flux & le re-
flux, &c.
L^DIUS , .( Jacques > fils de BsU
thafar minifbe à Dordrecht , &att*
tetir de quelques mauvais ouvrages
de controveife , fuccéda à fon pcrc
dans le minidere , & fe fit conooi-
tre au xvn* fiecle dans la répii'
blique des lettres par plufieurs li*
vres pleins de recherdies curieu-
fes* I. Samunum connubitUàtm iihn
duo y in-4^, 1643. Ceû, un traité
des différens uikges des nadoos
dans la manière de fe marier. II.
De n Militari , in-4** , 1698 : ôtt»
vrage poftiiume » publié par ^40-
Thll qui l'enrichit de plufieurs re- |
marques. III. w^^oAoySctf/dCM, Ro |
terdim^lôsj'tin'izAY.Belfftmgio-^ |
riofun, Dordrecht, i668»ia-i2.
I. LYNCÉE , un des Argona»-
tes qui accompagnèrent Jafon à la'
conquête de la Toifon-d'or; étoit
fils é'Apharà, Il avoir la vue fi
perçante , félon la Fable » qu'il
voyoit au travers des murs , &
découvroit même ce qui fe pafibit
dans les cieux & dans les enfers.
L'origine de cette fable vient ap»-
remment de ce que Lyncéc enfeigna
le moyen de trouver les nûaes
d'or & d'argent , & ' qu'il fît des
obfervatiofls nouvelles fur l'a^
tronomie,
IL LYNCÉE, Tun des cinquante
fils d'Egyptus ^ ép6\x£sL Hypcrmne/irt,
l'une des 50 filles de Danaus roi
d'Argos ; cette princeffe ne voulitt
pas l'égorger la nuit de fes noces à
l'imitation de fes autres foeurs , &
aima mieux défobéir à fon peref
que d'être cruelle envers fon mari.
Hpracù met dans la bouche de cette
femme un difcours touchant: i* Leve-
>» toi , ( dit-elle à Lyncéc , ) de peur
M que tu ne trouves la mort dan»
LYN
•h les liras de la volupté. Je veux te
^ ibHftraire à la barbarie de mon
** père & de mes fœurs. Dans ce
** moment même ces liomies dé-
^ chirent les innocentes brebis ,
^ qui, trompées par Tamour, font
^ venues fe livrer à leur rage. Moi ,
« je ne fuis ni cruelle, ni perfide,
*» & je t'aime : je veux te fauver.
»» Que mon père m'en punifTe par
»» les plus rudes châtimens -, il n'en
>* ed aucun dont on ne puifie. fe
« confoler par le plaifir d'avoir
«* fait du bien. Adieu , fuis ! je
r> t'en conjure par notre mutuelle
»♦ tendreiïe. Que la nuit te prête
»» fes fombres voiles & te procure
»^ un heureux aftle. Pui(fîons-nous
»^ un jour être réunis ! PuiiTent
M nos cendres être dépofées dans
>♦ la même urne ! PiiifTe notre
» amour fervir de modèle à la
H poftérité «« ! Lyncée , échappé au
danger , arracha le trône & la vie
àfon cruel beau-pere.
LYNCUS ou LYNX , roi de
Scythie , Prince barbare & cruel ,
donna lliofpitalité à Triptoleme
que Gérés avoir envoyé par tout
l'univers pour apprendre aux hom-
mes à. cultiver les terres , à les
enfemencer , & à faire ufage des
ftvàxa» Lorfqu'il eut appris le nom
de fon hôte , fa patrie & le fujet
de fes vdyages , il forma le deffein
de le mer pour s'attribuer la gloire
d'une û belle invention. Mais dans
le moment qu'il alloit exécuter fon
crime. Gérés le changea en lynx ,
bête féroce de fon nom.
LYND , (Humprey) chevalier •
Anglôîs, né à Londres en 1578 ,
mort l'an 1636, à 58 ans , publia
deux Traités de controverfe , ef-
timés , dit-on, de fes compatrio*-
tes , & traduits en françois par
Jean de là Montagne, L'un traite de
kt VcU sûre , & l'autre de la Foie
égarée.
LYNDWOODE , ( GuiUauiae
LYS 44^
de ( Voyii Guillaume , n* xvi.
LYON, (le Cardinal de) Voye^
ïv. Plessis.
LYONS, Voyei^^ DistTOKs,
LYRE , ( Nicolas de ) Voye^tlv*
COLAS de Lyre , n® xiv.
L Y S , ( Jeanne du ) Voye{^
Jeanne d'Arc , n® x.
LYSANDRE , amiral des Lacé-
démoniens dans la guerre contre
Athènes , détacha Ephefe du pard
des Athéniens , & fit alliance avec
Cyrus U Jeune , roi de Perfe. Fort
du fecour^ de ce prince , il livra
Un combat naval aux Athéniens «
l'an 405 avant Jefus-Chriil , défit
leur flotte , tua 3000 hommes ,
emporta diverfes villes Ôc alla atta-
quer Athènes. Cette ville, preflee
par terre & par mer , fe vit con-
trainte de fe rendre Tannée fuw
vante. La paix ne lui fut accordée
qu'à condition qu'on démoliroit
les fortifications du Pirée *, qu'on
livreroit toutes les galères , à la
réferve de 12 -, qufe les villes qui
lui payoient tribut feroient aStaa*
dites -j que les bannis feroientrs^
pelés-, & qu'elle ne feroit plus la
guerre que fous les ordres de
Lacédémone. Athènes , pour com-
ble de douleur , vit fon gou-
vernement changé par Lyfandre,
La démocratie fut détruite & toute
l'autorité remife entre les mains
de 50 Archontes. Ceû ainfi que
finit la guerre du Péloponnefe ,
après avoir duré 27 ans. Le vain-
queur alla foumettre enfuite l'ifle
de Samos , alliée d'Athènes ; & re-
tourna triomphant à Spardie avec
des richefTes immenfes , {ruit de fes
conquêtes. Son ambition n'étoit pas
fatis£ûte : il chercha à s'emparer de
la couronne , mais nioins en tyran
qu*en politique. Il décria la cou-
tume d'hériter du trône, comme
un ufage barbare , inûnuant dans
les cfprits qu'il étoit plus avanta-
geux df ae déférer la royauté qu'au
A46 LYS
mérite. Après avoir teaté envaîn*
de faire parler en fa âveui: les ora-»
clés de Delphes , de Dodone & de
Jupiter Ammon y il fut obligé de re-
noncer à fes prétentions. La guerre
s'étant rallum<^e entre les Athéniens
& les Lacédémoniens , Ly/amUc fut
un des chefs qu'on leur oppofa. Il
fiit tué dans luie bataille , l'an 366
avant Jefus-Qirifl. Les Spartiates»
furent délivrés par fa mort d'un
ambitieux , pour qui l'amour de la
patrie , la religion du ferment y les
traités , l'honneur n'écoient que de
vains noms. Comme on lui repro-
choit qu'il faifoit des chofes in-
dignes 6! Hercule y de qui les Lacé-
démoniens fe âattoient de defcen-
dre : Il faut , dit- il , coudre la peau du
Renard où manque celle du Lion-, fai-
fant allufion au Lion ^'Hercule. Il
difoit qu' On amufe les enjans avec des
offekts , & les hommes avec des paroles,,,
La vérité „ajoutoit-il , vaut apurement
mieux que le menfonge; m^is il faut fe
fervîr de l'un & de l'autre dans l'oc-'
cafion» Le droit du plus fort étoit,
à fes yeux, le meilleur titre. Dans
une occafion où les Spartiates &
les Argiens fe difputoient fur leurs
limites, il dit , en montrant fon
çpée : Voilà le moyen d'avoir raifon, , .
Lyfandr: fut toujours pauvre, après
avoir introduit à Sparte lesricheffes.
Quand on fut l'état de fes affaires ,
deux citoyens confidérables qui
dévoient époufer fes filles , refu-
ferent de remplir leurs engagemens.
Cette baffefîe les rendit inêmes &
les fit condamner à une amende.
: L LYSERUS, (Polycarpe) na-
quit à Winendéen, dans le pays
de Wittemberg , en 1552. Le duc
de Saxe , qui Tavoit ,fait élever à
fes /dépens dans le collège de Tu-
binge , l'appela, en 1577 , pour être
miniflrc de l'Eglife de "Witteniberg.
ty férus fîgna , l'un des premiers ,
le livre de la Concorde, & fiit dé-
puté , avec Jacqiits André ^ pour le
L Y s
faire âgner aux théologiens & aux
miniilres de Téleâorat de Saxe. Il
mourut à Drefde, où il étoit mijiif-
tre, le 14 Février 1601 , à 50 ans.
Beaucoup de querelles qu'il eut à
f outenir , & îts grandes occupations»
ne l'empêchèrent pas de ccmpofer
un nombre coniidérable d'ouvrages
en latin & en allemand. Les prin-
cipaux font : I. Expofitio in Genefim^
en fix parties , in-4" , depuis 1604,
jufqu'en 1609. II. Schola Bahylo-
nlcuy 1609., in-4°. 111. ColoffasBa-
bylonicus^ 1608 , in-4°. L'auteur y
donne , fous ces deux titres bi-
zarres , un Commentaire fur lés 2
premiers chapitres de DankL IV. Un
Commentaire fur les XII petits Pro-
phètes , publiés à Leipzig en 1609 ,
in-4'* , par Polycarpe Ly férus , fon
petit- fils. V. Une foule de U-vrts
de théologie & de coutroverfe,
dont les théologiens ne font pref-
que plus aucun ufage. U y efl,
ainfi que dans fes Commentaires y
iavan^, mais diffus. VL L'édition
de Vmjioîre des Jéfuites , de l'ex-Jé-
fuite HafenmuUcTy qu'il publia après
la mort de celui-ci fous ce titre:
Hifioria Ordinis Jefuîtici y deSodetatis
Jesu ttuciore , nomine, gradikus , is-
crementis , ab Elia Hafenmulleroy eum
dupllci prafatione Polycarpi Lyferi , à
Francfort, 1594 & 1606 , in-4**.
Le Jéfuite Gretfer attaqua cette
Hiiloire compofée par un homme
quiavcit abandonné fon ordre & Is
foi de fes pères. Lyferus la défendit
dans fon Strena ad Gretfenm pr»
honorario ejus , in-8® , 1607. Les
deux auteur» ne s épargnent point
les injures. C'étoit le ftyle ordinaii»
entre les favans de ce temps -là,
& il n'efl pas entièrement hors de
mode.
II. LYSERUS, (Jean) dofteur
de la confefîlon d'Ausbourg , dé la
même femille que le précédent,
naquit .en Saxe. 11 fîit V Apôtre de h,
polygamie dans le fiede dernier. Sa
LYS
minîe pour cette erreur alla û loin ,
'qu'il confuma Ces biens & fa vie
pour prouver que non- feulement
la pluralité des femmes eft perraife ,
mais qu'elle eft même commandée
en certains cas. Il voyagea avec
aÛêz d'incommodité en Allemagne ,
enDanemarck^ en Suéde, en An-
gleterre , en Italie & en France, pour
rechercher dans les bibliothèques
de quoi appuyer fon fyftême^
& pour tâcher de l'introduire dans
quelques pays. Déguifé tantôt fous
un nom , tantôt fous un autre , il
publia pluûeurs écrits pour prou-
ver fon opinion ; mais elle n'eut
pas de pardfans , du moins ouver-
tement. Son entêtement fur la plu-
ralité des femmes furpreaoit d'au-
tant plus, qu^'une feule Tauroit
fort asb^rraÔe , fuivant B.ay^c, C é-
toit un petit homme , un peu boiTu ,
m^gre , pâle , rêveur & inquiet.
Après bien des courfes inutiles , il
crut pouvoir fe fixer en France ,
& alla demeurer chez le doûeur
M:ifius , miniûre de l'envoyé de
Danemarck. Il fe flatta enfuite de
rendre fa fortune meilleure à la
cour, par le jeu des échecs qu'il
entendoit padaîcement, & s'établit
à Verfailles ; mais n'y trouvant
point les fecours qu'il avoir efpérés,^
& y étant tombé malade , il vou-
lut revenir à pi«d à Paris. Cette
£iingiie augmenta tellement fon mal,
qu'il mour4it dans une maifon fur
la route , en 1684. On a de lui ,
fous des noms empruntés , un
grand nombre de livres en faveur
de la polygamie. Le plus coniidé-
rable eft intitulé : Polypimla Trhan"
phatrîx , id eft » Dljcurfus polUlcus de
Pofygamiay éyx^oréTh&ophih AUthctOy
cum notis Athinafiî Vîncent'ù , in-4®,
1682 , à Amilerdam. [ Brunjmanus ,
minlfbe à Coppenhague, a réfuté
cet ouvrage par un livre intitulé :
Polygamli Trîumphata , 1689 , in-8^.
9<l-« <lu caême auteur un autrt
L Y S 447
livre contre Infinis , intitulé : Mç-i
Hogamia Vlârlx^ 1689 , in-S^.] On
trouva dans les manufcrits à&Lyfiras
une lifle curieufe de tous les po-
lygames de fon iiede. Il eil à croire
que cette lifte auroit été plus lon-
gue , fi l'auteur y avoit fait entrer
tous ceux qui n'ayant qu'une femme,
vivent avec pldieurs. Au refte»
Théophile Akthée & Athanafi Vincent ,
font des noms controuvés fous
lefquels Lyfsrus s'étoit caché.
« I. LYSIAS, très-célebte orateur
Grec , naquit à Syracufe l'an 459
avant Jefus-Chrift , & fut mené à
Athènes par CejpAâ/(f fon père, qui
l'y fit élever avec foin. Lyfias s'ac-
quit une réputation extraordinaire
par fes Harangues. Il forma des dif«
ciples dans le bel art de l'éloquence
par fes leçons & par fes écrits. Il
parut à Athènes après PérkUs , &
retint une partie de la force de cet
orateur , fans s'attacher à la préci-
ûon qui le caraâérifoit. U ioignoic
à une expofition de fon fujet fim-
ple, claire, développée > une élo-
cution pure & choiîie , une noble
fimplicité, un beau naturels une
exaâe peinture des moeurs & des
caraéteres. On peut juger de l'élo-
quence de Lyfias^ par le premier
difcours de la première partie du
Phédon de Platon. Qulntilien la com*
paroit à un ruifteau pur & clair ,
plutôt qu'à un fleuve majeftueux.
£n efl!et, il inftruit fes juges *, queU
quefois même il s'infinue avec adref«'
fe : mais il emploie rarement ces
mouvemens qui ébranlent & qui en-
traînent. On rapporte qu'un jour
Lyfias ayant 'donné fon plaidoyer
à lire à fon adverfaire dans l'A-
réopage , cet honrnie lui dit : »* La
>• première fois que je l'ai lu , je Tai
» trouvé bon -, la deuxième , mé-.
» diocre *, la troKieme , mauvais. >».
Hé bien , répliqua Lyfias ,«7 efidona
hon\ car on ne le récite quune fols, U
mourut dans un âge fort avancé
448 LYS
l'an 3 74 avant JeAis-Chrift. Ucom-
pofa , depuis la 67* année de fon
âge iufqu'à la 80* , deux cents Dif-
cours dont il ne nous refte que
34, traduits en françois par M.
l'abbé Aupr^ à Paris, 1783 , in-
8^. I^ meilleure édition de l'ori-
ginal, eft celle de Taylor^ in-4**,
. X740 « à Cambridge. On les trou-
ve auÂî dans le Recueil des Ora-
teurs Grecs à.*Atdc , in-fol. i p 3 ,
& de Htnn-Eûtnnt ^ in-fol. 157^.
Voyei l'art, i. SocKATE vers le
milieu.
II. LYSIAS , ( Claude ) tribun
des troupes Romaines qui faifoient
garde au temple de Jéruikiem. Il
arracha S, Paul des mains des
Jui£i , qui vouloient le £ûre mou-
tir \ & pour connoitre le fujet de
leur animofité contre lui , il ftit fur
le point de l'appliquer à la quef-
tîon en le faifant frapper de ver-
ges. Mais 5. Paul ayant dit qu'il
étoit citoyen Romain, ce tribun
n'ofa paffer outre, & il l'envoya
dans la tour Antonia , d'où il le
fit conduire fous une bonne ef-
corte 'à Céfarée , fur les avis qu'il
reçut que plus de 40 Juifs avoient
confpiré contre cet apôcre.
I. LYSIMAQUE, difciplc de
CaWJtiienes , [ Voy. ce mot ] fut l'un
des meilleurs capitaines ^AUxtai-
in h Grand, Il fe rendit maître
d'une parties de la Thrace, après
la mort de ce conquérant, & y bâ-
tit une ville de fon nom l'an 309
avant J. C. Il fuivit le parti de
Çaffandre & de Stleucus contre An^
ilgonc & Dtmurlus , & fe trouva
à la célèbre bataille d'Ipfus, l'an
301 avant J. C. Lyfimaqut s'em-
para de la Macédoine , & y régna
10 ans -, mais ayant fait mourir
fon fils Agathoclcj & commis des
cruautés inouies, les principaux
de fes fujets l'abandonnèrent. Il
paiTa alors en Alic , pour faire la
guerre a S^lmau qui leur avoit don-
LYS
né retraite, & fiit tué dans fof
combat contre ce prince l'an lîi
avant J. C. , à 74 ans. On ne re-
connut fon corps fur le champ de
bataille , que par le moyen d'ua
petit chien qui ne l'avoit point
abandonné. Il neÊiut pas le con-
fondre avec un autre Lyjima^t
d'Acamanie , & un des anciflos
maîtres d'Alexandre qui n'avoit
aucune forte de délicatdle d'efprit
C'étoit un Êide adulateur , dom
tout le mérite confîfioit à répéter
fans cefTe que Philippe étoit Pi*
Ut ; AUxandjt , AdâlU j & lui ,
Photnix,
II. LYSIMAQUE, Juif, par-
vint au fouverain pontificat de fa
nation l'an ao4 avant J. C , après
avoir fupplanté fon frère M««-
Uus , en payant une fournie d'ar-
gent que celui-ci n'avoit pu four-
nir au roi Antiochus Epiphanes,hf$
violences , les injustices & les fa-
crileges fans nombre qu'il comstit
pendant fon gouvernement , for-
cèrent les Juié , qui ne pouvoienf
plus le foulfrir , à s'en défaire d«*
l'année fuivante.
m. LYSIMAQUE, frère d'^-
pollodore , ennemi déclaré des Juifs,
eut le gouvernement de Gaza* La
.grande jaloulie qu'il conçut con-
tre fon frère , que le peuple & les
foldats aimoient & coniidéroient
plus que lui, le porta à le tuer
en trahifon , & à livrer cette ville
à Aàxandn^Jannée qui raffiégeoit.
LYSIPPE , très-célebrc fcalp-
teur Grec , natif de Sicyone , exer-
ça' en premier lieu le métier de
ferrurier. Il s'adonna enfuitc à la
peinture , & la quitta pour fe H*
vrer tout entier à la fculpmre. H
avoit eu d'abord pour maître le
Donphon de PolicUu ; mais ayant
demandé à Eupompe qui de ceux
qui l'avoient précédé dans fon art,
il devoit fe propofer pour modè-
le ? Nul komjw en partlculUry lia
répondit-il ,
LYS
f 2poà$t-ll , mais la nature mime» 11
rétudul dont uniquement , & la ren-
dit avec tous fes charmes, & fur-tout
avec beaucoup de vérité. Il étoit
contemporain à* Alexandre le Grandi
Cétdit à lui & à ^/re/^ feulement,
qu'il étoit permis de repréfenter
ce conquérant* Lyfippe a îaixt plu-
fieurs Statues à* Alexandre , fuivant
fes dififérens âges. Une entre au-
tres étoit' d'une beauté frappante :
l'empereur Néron en fiêiifoit grand
cas ; mais , Comme elle n'étoit que
de bronze, ce prince crut que l'or
en Teiiuichiflànt la rendroit plus
belle. Cette nouvelle parure gâta
ia ftame , au lieu de l'orner \ on
&t obligé de l'oter , ce qui. dégra-
da iàns doute beaucoup ce chef-
dWvre* Lyfippe eft celui .de toUs
les fculpteurs anciens , qui laifTa le
{>ius d'ouvrées. On en comptoit
près de éoo de foncifeau. Les
plus connus font V Apollon de Ta-
tente * de 40 coudées de haut \ la
Statue de Socrau -, celle d'un hom-
me fortant du bain , qa' Agrippa
mit à Rome devant fes thermes ^
Alexandre encore en£uit j $c les 25
cavaliers qui avoient perdu la vie
tai paûâge du Grâoique. On dit
sue Lyjippe e3q>rima mieux les
LYS :j^4<^
cheveux que tous ceux qui l'â-
voient précéda : cela feul fuffiroit
pour le tirer de la foule des ar-
ticles ordinaires^ 11 fut le pt'emief
fculpteur qui fit les têtes plus pe^
tites & les corps moins gros , pout^
faire paroitre les il^tues plus haù*
tes. Mes prédceejfiurs j difoit-il à
ce fujet, ont repréfentt les, hommes
tels qu'ils itoient faits ; . mais pour
mot je les repréfente tels qu*ils paroîjfcnt^
Il âoriâbit vers l'an x%o avanc
J. C
LYSIPPË , Voye^ Phétides*
LYSIS , philofophe Pythagori-
cien , précepteur i*Epaminondas\
eft' auteur, fuivant la plus çom.-
mune opinioa, des: f^ers dorés que
l'on attribue ordinairement à Pyr»»
thagore. Nous avons fotts lé nont
de Lyfis une Lettre ' à Hlpparquê ^
dans laquelle il lui reproche de
divulguer les fecrets de Pytkagore ^
leur maître commun. Cette Lettré
eft dans les Opafoula Miytholo^ca 6*
PhUofophlca de Thomas Gale» On
croit que Lyfis vivoit vers l'an 38^
avant î. C
LYSISTRATÉ, frère du ftatuai-
re Lyfippe , fut le premier qui in-»
venta la manière de faire dès ft%«
tues d'argile. & de curei
Tome ^
Fï
HT©
M
p/ji A , une ies femmes qui fui-
Toient Rhée. Jupîttr \^ ch^ea de
réducarion de Bacchus. Les Ly-
diens adoroient Rhic elle-même fous
•le nom de Ma.
MAACHA, roî de Geth , don-
na du fecours à Hannon , roi des
Ammonites , contre Dayîd. Mais
'Joab , général des troupes de Da-
yîi , tailla en pièces les deux <ar-
jnées.
MAAN, (Jean)doaeurdeSor-
bonne , natif du Mans , chanoine
& précenteur de Téglife dcTours ,
fe fit connoître dans le fiede der-
nier par un ouvrage intitulé : Sanc
ta & Mctrop^/ttana Ecclefia Turonen-
fis , facronan Ponvficum fuonan or^
riJti vlnutihus , & fanHlJpnds Coti"
clGorum înjikutls décorât a ; qui' fut
imprimé dans la rtiaifon même de
Tauteur , à Toui^ en 1667 , in-
fol. 11 dft eftimé pour les recher-
ches , & s'étend depub l'année de
X C. 25 1 jufqu'en 1655. Cette Hif-
toire a aèquh î>eaucoup d'éloges
à ce doâeur. Rsné Robichon , çoa- *
feîller à Tours , lui a confacré ces
deux vers :
Unus erat quonâam Turonum gloiui
magnus ^
ifunc quoqtu Turonum gloria ma^
gnusetît.
MABILLE , Foy, Jourdan.
MABILLOK , ( Jetn ) né le 2^
Novembre i6\* , à Sâînt-Pîerre-
Mont , village près le Monzon danf
le dioceie de Reim| > prit Ihabit de
Bénédidin de Saim-Maur à Saint-
Remi de cette ville en 16 j 4.Ses fupé-
rieurs l'envoyèrent en 1663 à Saint-
Denys, pour montrer, aux étran-
gers le tféÎQf,fi. les monumeos
antiques de cette ahbaye *, mab
a^ant , heureufement pour lui &
pour les lettres , cafTé un miroir
qu'on prétendoit avoir appartenu
à ytr^f/e , il en prit occafion de
quitter cet emploi, qui demandott
un homme moins vrai que im.
C'ed une anecdote que Tauteur de
VHîftoifï /îttérairt de la Congrégadon
de Sjlnt'Mattr traite de conte fiât i
plaifir , en citant notre Diôioa-
naire ; comme fî nous édoQs les
feuls écrivains qui TeuiHons ra-
contée ! Si ce favant eftimable avoit
pris la peine d'ouvrir les Mémoires
de Nteeron , il y auroit vu cette
anecdote , & NUeron ne la rap-
porte pas comme un ouï-dire. Quoi
qu'il en foit , Dom d4chin le
demanda pour travailler à fott Sfî'
c'iegt , & eut beaucoup à £e louer
<dc fes foins & de fes recherches.
Le nom du jeune M^biUon corn-
meflça à être connu. La congréga-
tion de Saint - Maur ^ Taâle de la
véritable éruditioa^ ayaat pro)«ié
de publier de nouvelles éditions
des Pères, il fiit diargé de celle
de 5. Bernard , & s'acquitta de ce
travail avec autant de diligence que
de fucces.,. Voye^ IL Bernard
(S.) Le |i;and Colhen , inlbiiit de
ion mérite ,' voulut lui faiire don-
ner une penûon 4k deux mille li-
vres, qu'il refuia^, fe bornant i
demander la proteftion de la cour
pour fa congrégation. Que penft'
roîtrci. , difoit-il quelquefois , fi
étant pauvre & fié de parens pauvns,
je reckerchois dans la ReU^on te ^
je nauroîs pas obtenu dans le fiscû f
Le miniflre fut touché de fon dé-
iiatérelTement , & n'en eut qu'une
plus grande idée de fan mérita B
W AB
t'envoya en Allemagne Tan lôS^^
pour chercher dans cette partie de
l'Europe tout ce qui pourroit {er-
vir à l'Hiftoire de France , & à la
gloire de la nation & de la mait-
fon royale. Dom Mahitlon déterra
plufieurs pièces çarieufes , & les
fit connoître dans ua Journal de
fon voyage. Cette favante courfc
ayant éeé beaucoup applaudie , le
toi l'envoya encore en Italie deux
ans après. Il fut reçu 4 Rome avec
toute la diftinéHon qu'il méritoitL
On l'honot'a d'une place dans la
congrégation de ria4«; onlûi-ou*-
vrit toutes les archives , toutes les
bibliothèques , & il en tira quanti^
té de pièces nouvelles* De tous les
objets qui excitèrent fa curiofité^
Bucun ne la piqua plus que lesCa^
tacombes dé Rome. H y fit des vi*
fîtes fréquente * -^ J po^t^ ^ ^
fois reTprk de KlïgfOti H celui de
critique. Atifadiclorteffieût à la foi ,
mais en gar<ie contre l'erreur , il
vit des abus d&ns J'^poâtiofl^de
quelques corps faims , & les dé*
voila dans une Lettre latine fous
le nom é^&tfée Rémain à ' Thcù>^
fhile Français , touchant le ailtt des
Saints inconnue. C^tte brochure foU-
leva contre lui quelques iavâns
fuperftitieux de Rome. l\ y eut
plufieurs écrit» pour 6c contre. On
déféra à la congrégation de Vlndes-
la Lettre d^Eu/ehe , 5c elle alk>it
être profcrite par le tribunal , û ce
favant vertueux & docile n'en avoir
donne une nouvelle édition. Il y-
afFoiblit quelques endroits trop
vife ; & rejetant ftir les officiers
lubal ternes les abus qui fe commet-
toient au fujet des corps qu'on ti-
feit des Catacombes , il contenta
des )tiges. qui l'eftimoient , & qui
ne rauroiect condamné qu^ re-'
gret. Une autre difpute' occupa le
fage MéUnllon. Vem Rond , abbé
de la Trappe , attaqua les études
dç$ Moifics r $c prétendit qu'elles
M A B 4^1
leur étaient plus nuîfible$ qu'util
les. Pour appuyer l'idée qu'ils ne
dévoient ni faire ni lire des li-
vres , il en compofa un liAi-même.
Il l'intitula : Dt la fainuU des de*
vfàrs de Vttat Mona^fuç, Cet ou-
vrée éiî^it à la fois la iuftificanoft
de l'ignorancede beaucoup de moi-
nes » & la cenfure de ceu3ç qui
faifoient profeffion de favok. La
congrégation de Saint-Maiu: , alors
entièrement confacrée aux recher«
ches profondes & à l'étude de
l'antiquité , crut devoir ^é^ter l'en-
nemi des études des cloîtres.. Elle
dioiût le doux Maklll^n^ potirent
trer en -lice av«c TauAere »bbédQ
la Trappe. Il a'avoit ni l'imagina*
tion, Jii l'éloquence de ce réfor»»
naeeur; mais.â>n ei^t étoit phts
orné & plus méthodique i & fi^
diâion claire, ample, Si preiqu«
entiécs^nenr dénuée . d'esmemens «
ne • manquoit pas d'une certaine
force. Il oppofa principes à prin-
cipes ^^induétions à induéions. Oant
ion Traité des Etudes Aitm^tf^t ^ .
publié en 1691 , in-ii , il s'aéachft
à prouver que les moines peuvent
non feuiemeot , mais doivent étu^
dier. Il marqua le genre d'étude*
qui leur convient , les livres qui
leur font néceflaires , le» vues qu'iif.
ont à fe propofer en s'appliquant:-
aux fdences. L'exemple des SoJi->
taires de la Thébaïde , untquement
occupés du travail des mauis , ne
l'embarrafTa point. Nos moines ne
leur reflemblent guère. Leur vie-
eft moins une vie moneftique ,
qu'une vie cléticalc. Us comptent
mener cdle d'un prêtre & ^'un
homme d^étude en entrant dans le
doitre^ & non celle d'un Ifibou-
reur. L'abbé de la Trappe , âehé
de voir contredire fes idées , fit
une Réponfe vive an livre des
^mdes Monafiiques. Dom MahlUon
y oppo(a des Réfieasîons ûges &
mo(Lérie^. £iles amenèrent-, une R4*
Ff ij
4SI M Â B
plique (bus le nom de ffttt CSaul
L'abbé de la Trappe en étoic l'an-
teur i mais Ton ouvrage ne forât
point de fon doitre. MabUlon , né
«▼ce un génie pacifique , Udâà iaîm
la guerre à quelques écrivains qui
fe mêlèrent de cette querelle. Il ne
voulut plus entrer dans aucune dis-
pute. Il s'occopa à perfeâionner
fon favant ' ouvrage de la Diplo^
matiqtu , qu'il avoit publié en i6Si.
Cette fcience lui devoit tout fon
luftre. Le doâe Bénédiûin avoit
beaucoup de £^cité » pour démê-
ler ce qu'il y a de plus confits dans
la nuit des temps , & pour appro*
fondir ce que lluiloire office de plus
cUfficile. Il fiit le premier qiv réunit
les règles de la diplomaaque fknis
tm £&à point de vue. U donna des
principes pour Tezamen des diplô*
mes de tous les âges &.de tous les
pays. 11 n'avoit encore rien paru de
plus lumineux en ce genre , que fon
ouvrage ; mais comme il eft in^x>f-
fible d'êtfe parte, & qu'il Teft^n*
core plus d*être généralement goûté,
&s règles trouvèrent des contra-
diéleurs. On prétendit qu'il n'é-
toit pas aifé de porter un jUgemetit
fixe &• certain fur i^Mit ce qui
s^appdle titres & manufcrits, parce
qu'en ce genre la fauiTe monnoîe a-
^uvent la plus ezaâe refTemblance
avec la véritable. Deux manufcritsi,
paroitront du même âge , tandis que
celui qui porte 500 ans fur le fi-ont,
n'eft peut-être né que depuis qucl-
' ques années. Les yeux & la con*
noiflance de l'hiftoire font lesfeuls
juges en cette matière, & ce font,
des juges auxquels un fauflâire ha*
bile pçut aifément en impofer.
( Voyei Germon. ) On examina
les pièces que Dom Mabillon donne
comme la pierre-de-touche des hons
titns, & le Sere Gennon Jéfuite pré-
tendit trouver, dans quelques-uns ,
das marques de faufTeté. MahtUon ,
au lieu de répondre ^ £rofeJlo , f<^
M A B
de joindre à fon livre mi
Svppiémau , qui vit le jour en 1704,
& qui iadsât prefque tous les cri-
tiques. L'amour de la paix , la csa-
don- , & fiir-tout la modefiie , foi*
moienr fon caraûere. Préfenté i
Louis XIF par le TdlUr archevê-
que de Reims , comme le ReUffoa
le plms faréoi du Royaume , il mé-
rita d'entendre ce mot de la bouche
du grand ^o/itft ; AjomU{y W,&
le plus humble. Un étrai^er ayant été
confulter le favant du Cauge , celui-
ci l'envoya à MahUlon , fon ami &
fon tivsd en érudition. On v<m
trompe quand on vous adrcjfc à mù^
répondit humblement le Bénédiâin;
mlle[ Tolr M. du Congé. --^ Ceft Id*
même qui m'adrcffe à vous , dit l'étran-
ger, -r- Ilefi mon makre , répliqua
MabUlon. Si cependant vous m'hono»
n[ de vos vifites ^ je vous commuai'
ifurài le peu que je fais. Ce iavant,
fi célèbre & fi modefte , mourut à
Pans dans l'abbaye de Saim-Ger-
main-^ies-Prés » . le, 27 Décembre
1707, à 75 ans, d'une retenrioa
d'urine. Clément XI, en apprenant
ÙL mort, fit écrire a Oom Rùnard^
qu'on lui feroit plaifir d'inhumer
un homme qui avoit û bien mé-
rité des Letn-es &*de l'Eglife , dans
le lieu le plus diiHngué , >« puifque
>» tous les favans qui. iront à Pans
M ne manqueront pas de vous de-'
n mander où vous l'avez mis*
M Ubi pofuiJËs eum^ «< } Le pape vou*
loit qu'on recueillit, fes cendres
fous le marbre , avec une infcrip-
tion qui convint à des reftes fi
pcécieux. L'intention du pontife ne
fiit pas fuivie à cet égard ; mais
Dom Rj>ujfil fit un éloge en ftyle
lapidaire, qui valoit bien un mo<
niuneot. Nous n'en rapporterons
que lé morceau fuivant : ^
Omnium homiaum Jibl con^Rai^
animas
ffominiim mlùffinuif^
M A B
fn Ipfit iùam Huerarîîs àlfc^utîo^
nlbus
J^emini afper,
Scnbmtem inckabat verîtas y
Catamem moderahatiw UnUas , «
yincetuem eoronabat veritas ^
Coronatum omabut hwnUîtas,
Hâc fingulati morum fuavhate
JPcvlncûhat animos , /enUbat mvU
dos. , . .
Courts tejBbtts nemo major ^
Se ipfo judice nemo minor;
Eb ciarior y qtiàfibi vUior^
Çttliftis glorîoi cupîdus , tmmidnam
fprcvît.
I^fpult homînum plaufus y mercedem
^am dare f oient homîncs «
Vont vanam,
Nuîlum in cUuftro tenuh dlpùtatls
gradum^ Omnes menât,
"Çum vlrtutum /hidus fiudîà Utterarum
conjunxU ,. ^
Ut aUemo fadere
Sdenîîa pletatem , pletas Jc'ientlam
adjuyaret»
l'académie des lofcrîptions s'étoit
fidt un hoiifieur de fe l'affocier» &
M. deBo^c^ fecrétairede cette com-
pagnie , en fit l'éloge comme il le
méritoit.... Ses prûicipau^ ouvrages
ibnt : I. A ex A SanHorum or/Jlnis
SanBiBenedlcUy_ à Paris , en 9 vol,,
in-fol. Le i*'vQlumedcçerecueil,
commencé par Dom d'Acheri, parut
ta 1668, Il v<i jusqu'à Tannée 11 icx
I^'ouvrage eft aiUIi eftimé pour les
fttooumens qu'il renferme ,. que^ouj*
les favantes préfai^es dont l'aifteur
l'a orné. Les moeurs & les ufagef
des fiecles d'ignorai^ce y fo^t re*-
cherchés avec foin , & cent quef-»
Ûons importantes difcutées avec
ime critique e^aâe & folide. On
peut ^e le même éloge des Qotes
(lans Içfquelles l'auteur rétablit la
chronologie & l'hifloirc , & éclair-
bU d^ pQÛa.t^. de. difcipU^ç afîe;;
M A B 455
obfcurs. Les Préfaces ont été im-
primées féparément , ia-40 ^ 173a,
il. ANAitcTA ; ce font des pièces
recueillies dans diverfes bibliothe*
ques , en 4 voU in-8° » dont le pre*
micr parut en 167 j. Les favante*
PifTeirtations qui enrichirent ce
recueil , ne font pets ce qu'il y a do
moins précieux. On en a donné
wne édition in-fol. à Paris en 1723 :
c'eft la plus eftimée. IIL De re Dî^
pLmatic4 , 2 vol. in-foU La meil-
leure édition eft celle de 1709 j
par les foins de Dom Buman , qui
l'augmenta de nouveaux titres. IV«
La Liturgie GctlU^aney in-4** ,1685
& 1729. V. Une Dîjfenatlonfur lu* ■
fafft du ,Paln a\yme dans. TEucharif-
tie, in-8°. VL une Lutn fous le
nom A'Eufehc Romdn touchant le
Culte des Saints Inconnus > 1698 in-4**,
& I70J in- 12. VIL Mufaum Ita-^
Ucum y X voU in-4° ^ 1*7^14 , en fo-
ciété avec Dom Oermala, VIII. Les
Annales des Bénédîclins ^ dont' il 3
donné 4 val. in-fol. qui .contien-
nent l'Hifloire de l'ordre, des Bé-
uédidins , depuis fqn origine jufr
qu'en io66. Les volumes fuivana
ont été donnés par Dom Rmnan &
Dom Vincent ThuillUr, IX. VEpître
dédicatoire qui efl à la tête de /'£-
dltion de S. AuguJBn, X. Sancll Ber-*
jiARDi Opéra ^ 1 vol. in-fol. Paris»
1690. : ç'eft ù meilleure édition ;
elle a. été réimprimée ea 17 19*
Tous. les, ouvrages préçédens (biit
en Ij-atin. Ceux que le Père Ma-*
bîllon a donnés en François-, font ::
I*, Un Façîum , avec une Réplique ,
fur P-^ntlquité des Chanoines-réguliers.
6* des Mqlnei , pour maintenir le$,
droits de fon ordre ,^ contre les.
Chanoines-réguliers de la province
de BqurgQgpe. IL Traité des Etudes
MonaJUques^ 2 vol. în-4** OU in- 12.
ni. iixxt TjaducUoH de la Règle de
JJ. Benoit y În-l8,, 1697. [ Voye^
Lancelot vers la fin.] IV. Uncr
ItC^tre (Ur 1^ vérité de la falnti LarviÇi
4U M A B
ée Vendôme. Mmyuion , par-40Qt
«îlleurs excellent critique, parolt,
dans cet ouvrage , trop crédule
& peu judicieux... Dom Thmllîer
pubHa en 1714 les Œuvres poi^
thumes de Dom MçhUlon , & y joi-
gnit celles de Dom Ruinait ; ce re-
' cudl eft en 5 vol. in-4®. Parmi les
pièces intéreilantes qu'il renferme ,
on trouve des Réflexions fur Us Pr/-
fons monafiiquts , qui Semblent avoir
ctc diftées par la charité & la mi-»
féricorde. if firit voir les inconvé-
niens d'une conduite trop févere «
Zx. enfin il propofe l'efpece de châ-
timent qui lui paroît plus propre
à intimider les foibles & à ramener
les coupabes. Les différens Ouvra-
ges de D. Mabillon , très-bien ac-
cueillis en France & dans les pays
étrangers , lui procurèrent les mar-
ques d'efHme les plus honorables,
Le P. Noris ^ Auguftin , depuis car*
dinal , lui dédia un de £es ouvra-
ges ; le P. Tvmafi lui fit le même
honneur. Le pape Akxanire VIII
voulut qu'il lui écrivît toutes les
Semaines. A fa mort, la Monnaye^
H^rjan , Soivln , le Roy , de VilUers ,
BoJqulUon , Gomrdan , Grenant , &
plufieurs autres , répandirent des
fleurs fur fon tombeau. Les favans
d'Allemagne lui donnent ordinaîre"
mcnt le nom de Srand : Macnus
Mab ILLO NW s, Y oy. VHîJtoire litté-
raire de la Congrégation de Samt-Maur,
p. Rulnart écrivit ÙlVi£^ in-12,
1708 : c'eft un modèle pour les fa-
vans & pour les chrétiens.
MABLY, ( l'abbé Bonnot de) né
à Grenoble, en Mars 1709 8c mort
le 23 avril 1785 , à 76 ans, étoit
fircre aîné de l'abbé de CondUUc,
Il fit its premières études chet
les Jéfuitès à Lyon , & fut attaché
dans fa jeuneile au cardinal de Tencin,
dont il étoit parent : il n'eut d'Or-
dres dans rSglife que le Sous-Dra-
conat. Livré tout entier aux lettres,
«1 ne fit jamais un pas vers la far-
MA »
nme ni vers les honneurs , mèaé
littéraires. U fe difbit plus jaloux
de mériter leftime générale que de
l'obtenir. U s'efb contenté long-
temps de iiiill« écus de rente j il
avoit de plus une pen^n vi^;ere
qui lui étoit échue dans les par-
tages de (a Êunille ; mais à la mort
de fon frère aine , il l'abandonna
a fes poreos. La cour le dédom-
magea de la privation qui réful-
toit de {à gtnéroâtét par une pen-
fion de x8oo livres , demandée &
obtenue a ion infu par un de fes
amis. Sa fanté « devenue, mauvaife
dans les dernières années de fa
vie , exigeoit plus de foins & une
augmentation de dépenfe. Mais
voyant que fes économies annuel-
les y dent il formoit un fonds def-
lîné pour un domeftique attaché i
lui depuis long - temps y & pour
lequel il avoit déjà placé mille
écus, ne pouvoiem pas fùffire à
remplir fes vues , & fe fentant dé-
périr, il s'étoit retranché fur la
fin de fes jours le fecours d'une
chaife à porteurs *, & a laifiTé, en
mourant , à ce domeftique , use
fomme de 4000 livres, le montant
à-peu-près de fa fucceâîon. Ses
ouvrages , qui ont fait la fortune
des Libraires, n'ont, en aucuoe
manière, contribué à augmenter la
fienne; il le contentoit, pour toute
rétribution « d'un petit nombre
d'exemplaires qu'il dtfiribuoitàfes
amis. Ses principaux ouvrages font:
l,Paralleledes Romains & des Frinfws,
1740, 2 vol. in-ia. U. Le I>roitptAlu
de l'Europe y 1674, a vol. is-12. 10.
Ohfervaiums fitr ksGrtcs y in-ii. IV,
Ohfervaûons fur les Romams , 2. vol.
in-i2. Les unes & les autres font
profondément penfées , l»en liées ,
remues de vues fines & de conjeâu-
res heureufes. [ F<>y. Gr accrus.]
y, Des Principes desN^ociatiems^ 1 7 ^7^
in-i 2. VI. Entretiens de Phocion/vr
U rapport de la Mor^k avec la Vc&
M A B
ififM, in- II. La fociété économi-
que de Berne , à qui cet ouvrage
excellent parut le code des Etats
libres , lui a^ugea le prix qu'elle
- difbibue annuellement. L'auteur y
donne avec précifion, & même
avec agrément, des idées faines &
liunineufes de la vertu patriotique
& des devoirs qui attachent l'eut
a^x citoyens & les citoyens à l'é-
tat. Ce livre rendit l'abbé i« Mabfy
ù recommandable , que les Polonois
& les Américains (♦) eurent recours
a fes lumières-, & les Hollandots
mêmes reçurent de lui des confeils ,
trop judicieux pour être écoutés
dans des temps de trouble. Vil. Oh~
fervdtùffu fur CHiftoin de Franct^
176^ , 2 vol. in-ii. VIIL Oh/iT'^
vatùms fur l'Hlftoire de la Grue^
1766 , in-I2. IX. Entretiens fur PHif-
tolre^ in- 12. On y trouve des ré-
flexions judicieufes , des obferva-
nons bî«n faites , une grande con-
noiflance des hiftoriens anciens &
modernes. Mais il déprime peut-
être trop ceux - ci , & exalte
trop les autres. On peut lui repro-
cher auffi, que, dans fes autres
ouvrages, il paroit avoir trop
penfé que lés peuples d'aïqour-
d'hui pouvoient fe gouverner par
les principes des républiques Grec-*
ques & Romaines. >« Etranger d'ail*
yt leurs aux Etats libres par fa patrie,
M par ion état , par fon éducation ^
M il efl tombé, ( dit M. Mallet Du^
rt fan , ) dans les dé£iuts où tom-r
M beroit un républicain afTez hardi
n pour diâer la difcipline des roy au-
M A & 455
9* meis «.On ne doit pas cepen«
dant le confondre avec ce tas dt
dédamateurs modernes qui n'écrW
vent fur la liberté qu'avec le tranf'*
port au cerveau , & qui prennent
pour de l'éloquence les effervef»
cences d'une tête exaltée. Le ftylc.
de l'abbé de Mahly eil clair » cor«
reÛ, quelquefois élégant, mais ua
peu froid. Il fut accise quelquefois
d'avoir adopté le fyftême des Phi-
losophes du ûecle, & cette opinion
s'accrut dans quelques efprits , pat
la cenfure que fit la Sorboimef
d'un de fes Livres. La manière
dont il termina fa vie , ( il reçut
tous les facremens.) prouve afTez que
fes écarts ne provenoient que de foa
efprit échauffé par les calculs po&-;
tiques, & nullement de fon coeur.
MABOUL , ( Jacques ) né à Paris»
d'une famille diflinguée dans la robe^
fe confacra à la chaire , & prêcha
avec difUnûion à Paris & en pro-
vince. Il fut long -temps grand-*
vicaire de Poitiers , & devint évê-
que d'Aleth,.en 1708. Il mourut
dans cette ville le 21 Mai 1723,
laiflant une mémoire refpeâable.
Dans fes Oralfons funtïns , qui ont
été recueillies en 1749, en un vol,
in<i2 , on trouve par - tout cette
douceur de flyle , cette nobleife de
fentimens, cette élévation , cette
onâion , cette limplicité toudiante ,
qui font le caradere d'une belle
ame & d'un vrai bel efprit. L'évê«
que d'Aleth n'a pas, en général,
la mâle vigueur de Èojfuct \ mais il
eft plus châtié & plus poli. Moins
(•) Ce dernier peuple n»a pas confervé fes fentîroens de déférence pour cet
êcrivcin phllofophe : roici ce qu'on lit dins le Mer^vre de France , Janvier
«78?, n.* III. » Le dernier ourrage de M. Tabbé de Mahly ^ ùir Its Cçnjlitutions
» des Etats-Unis de l'Amérique , a rérolté les Américains contre cet eiUmabie
- écrirain. Dam pimTtenrs Etats , on Ta pendu en effigie , comme tnnemi d* U
m Uhtrti Ct de U toléranet , & fon liyre a été traîné dans la boue. Ce traitement
» qtti pourra parottre plur honteux encore pour ceux qtiî Pont infligé , que pour
■• ceioi qui en eft rob|ety prouve da dkoîns que les- Amétlcaîns n*aitteM ptsqa'gn
• Itm donic d«s «vit *«, ,
' Ff 17
45^ M A B
^dic & moins brillaiU ipie fU"
^fiUr, il eft auilî plus touchant &
' plus affeâueux. S'il (ait des anti-
thefes , elles font de chofes & non
do mots. Plus égal que Mafc..ron , il
à le goût , les grâces , la facilité & le
ton intéreilant du P, la Hue, On a
encore de lui deux Mémoires pour
la conciliation des ai&ires de la
Confliration , in-4° , I749»
MABUSË , ( Jean ) peintre , natif
ilW village de ce nom en Hon*
grie»mon en 1562 , fit le voyage
d'Italie avec fruit. Il peignoit très-
bien un fujet d'hiftoire. On voit
pluiieurs de {çs ouvrages à Amfter-
dam , entre autres une Décollation de
Saint Jean , i^te de blanc 6e de noir ,
avec une certaine eau, ou un fuc
qu'il inventa , pour fe pafter de
couleur & d'impreffion : enfortç
qu'on peut plier •& replier la toile
de fes tableaux , fans gâter la pein-
ture. Le roi d'Angleterre exerça
long-temps fon pinceau, Mahufe fuf
Cort fobre dans fa jeuneiTe -, mais
dans un âge plus avancé il s'adonna
?u vin , & cette paflîon lui faifoit
laire de temps en temps quelques
friponneries. Le marquis de Verens ,
91U fervice duquel il étoit , devant
loger chez lui l'empereur Charies-!
HuaUy habilla fes domeftiques en
damas blanc ^tf^tt/e vendit fon dar
inas , & en but l'argent au cabaret.
Il le remplaça par une robe de pa^
pier blanc , qu'il peignit en damas à
grandes fleurs, L éclat des couleurs
5t remarquer Thabit du peintre.
L'empereiir furpsis du brillant de
ce dam^s, Ip flt ftpproçher & dér
couvrit fe rufe. On en rit beaucoup,
tx. Mahufe , gui ^voit fait rougir fon.
ifialtre / eii fut qui^e poj^ quelquçs
mois de prifon.
L MACAIRë, (Saint) t Ancien^
célèbre Solitaire du iv* fieçle, cpn-
^jempqrain de S, Ephrem , éa, non
difciple de ^« Antoine , comme le
iÀ\ f9W , «acjuiç 4 Alçxaftdriç
MAC
vers l*an 301 , de parens pauvrèj
Il exerça» jufqu'à l'âge de 30 anSi
le métier de boulanger. Ayant alors
reçu le baptême, il fe retira dant
la folitude. Il paiïa 60 ans dans
un monaflere de la montagne'
de Seété , partageant fi>n temps
entre la prière & le travail des
mains. Il mourut vers l'an 391 ;
à 90 ans. On lui attribue 50 Ho*
méûes en grec , Paris , 1526 , in-foU
avec 5. Grégoire Thaumaturge ; & fé- |
parement , Leipzig , 1698 & 1699 , |
i yol. in-8®. Les myftiques « 1
§ont beaucoup de cas. On y trou* j
ve toute la (libftance de la tfaéo-'
logie afcétique. Quoique S. M&^
Caire fût un homme fkns émdes,
il étoit puiâant en paroles & en
oeuvres. Il montra de û boime heui
te une fagefle confommée, qu'on
l'appeloit à l'âge de 30 ans Itjat^
ne vieillard»
n. MACAIRE, (S.) le Jeune.
autre célèbre Solitaire , ami du pré*
cèdent , & originaire d'Alexandrie
comme lui , eut près de 5000
moines fous fa dire^ion. La fais*
teté de fa vie & la pureté de £1
foi l'cxpofcrent à l«t perfécution
des Ariens. Il fut exilé dans une
ifle où il n'y avoit pas un feul
Chréden -, mais il en converdt pref*
que tous les habitans par fes mira^r
des, Maeaîre mourut en 3 94' ou
395 . Pailla ne le Êiit mourir qu'en
405 , après avoir vécu près ds
cent anSf Comme il avoit été dèl
l'enfimcc d'une complexion plu*
délicate que Mœalre d'Egypte, il
étoit devenu fec comme une mo*
mie. Ses auftérites lui avoient ait
tpmber le poil du menton, di|
Pailla , & il éroit tellement deffé*
ché qu'il ne cracha pas une feulf
fois pendant les 60 < dernières an*
fiées de fa vie. C'ef^ à Jui qu'on
attribue les Reglts des Moines , quç
nous avons en 30 chapitres dans
}ç Cçdex ftepilantmi RQme, xéél|
MAC
t vol. iii-4®. Jacques TolRus 3 pu-
blié , dans fes Injîgnia Uîntraril Ita-
Bct^ un Dlfcours ic 5. Macaîre fut
la mort des Juftes>
•MaCARÉE, Voye^ Cakacée.
MACARIE, fille d'Hercule.
!Après la mort de ce héros, Eurlf"
^ée perfécuta fes enfans & chcr-
éa les moyens de les foire périr.
Ceux-ci réfugiés à Athènes près
de l'autel de la Miféricorde , les
Athéniens refuTerent de l^s livrer
à Eurîfihée , lequel piqué de ce
refus leur déclara la guerre. L'ora-
cle confulté , répondit que fi quel-
qu'im des Héraclides vouloit fe
dévouer aux Dieux éts enfers, les
Aâiéniens remporteroient la vic-
toire fiir leur ennemi. Macatie ayant
appris la réponfe de l'oracle , fé
dévoua à la mort pour le ialut de
la république. Les Athéniens par
reconnoifiance, lui élevèrent un
lombeau qu'ils Ornèrent de fieurs
& de -coutonnes.
MAÇaO , ( Sébaftien ) hatif
d'Urbania dans le duché d'Urbin ,
mourut âge feulement de 37 ans ,
aîi commencement du xvii* fie-
çle. C'étoit un écrivain û labo-
rieux , qu'il fe forma , dit-on , un
aeux aux doigts dont il tenoit la
plume. Ses ouvrages font 1. De
Hifloria fcrtbenia , peu efiimé. IL
De hello Afdrubtdb , Venife , 161 3 ,
în-4<>. m. De Hifloria Llviana. IV.
Un Poème fur la Vie de J. C, Ro-
me, 1605 , in-4® -, & d'autres Poé^
fies, qui ne font connues que des
ikvans de profefiion.
MACCOVIUS ou Makousc-
Ki, (Jean) gentilhomme- Polo-
nois» né à Lobzenie en 1588,
d'une femille noble , devint pro-
fcffeur de théologie à Francker en
i6i6. Il remplit cet emploi jufqu'à
fà mort, arrivée en. 1644, Il eut
de grandes difputesavec les Soci*
tiiens, les Jéfuites , les Anabaptiftes ,
)»AnwmcRs, &«• Qnadcluides
MAC 457.
Opufeulet Phiiofophiquts , Théolop^
ques , Amfterdam « 3 vol. in-4^.
Il y enseigne les propoûtions le$
plus dures du Calviniûne fur 1^
prédefiination.
MACÉ, Voye;^ Massé.
I. MACÈ, (Robert) Imprimeur
de Caen, mort vers 1491 , efi le
premier en Normandie qui exerça
l'imprimerie avec des caraûeres de
fonte. Il eut pour apprentif le cé-
lèbre Chrîftophe PUntîn,/, Gille»
Macé , fon arrière-petit fils , né
à Oen , avocat & bon mathéma-
ticien , s'attacha particulièrement k
Tafironomie , -& publia un ouvrage
efiimé fwr la Comae de i6tS, On a
auffi de lui des Vers qui ne font
pas méprifables. Il mourut à Paris
en 1637.
IL MACÊ« (François) bache-
lier de Sorbonne, chanoine ché-
vecier & curédeSainte-Opportuno
à Paris , fa patrie , fe fit efiimer par
fon favoir & fes vertus. On a de
hii un grand nombre d'ouvrages ,
dont les plus eflimés font : I. Vn
Abrégé chronoloff^que y hiftorîque& mo*,
rai de l'Ancien & du Nouveau Tefla^,
ment^ 1704, 2 vol. in-4®. Cet ou-
vrage dl afiez bien £ût , &; peut
fervir à ceux qui ne font point
en état d'entrer dans la diicuffion
des auteurs originaux. IL Une
Hifioîre morale , intitulée : Mélanla
ou la Veuve charitable \ produâiom
pofihume , qu'on attribua à l'abbé
de Choîfit & qui eut beaucoup de
cours, ni. h*Hlflolre des quatre Ci-*
cirons y 1714» in-i2 ; morceau cu-
rieux & intérefTant , attribué d'a<*
bord au P. Hàrdouin , Jéfuite. L'au-
teur y prouve, par les hifloriena
Grecs & Latins , que le. fils de Cl*
céron étoit aufii illufh'e que foa
père, IV. Une traduction de quel*
ques ouvrages de piété du P. Bu*
Jée & de limitation de J^ C. V.
£fprit de S. AuguJ^n , ou Analyft
d€ tous Us QKyrofet ^ ^ Pere^ Cec
45« MAC
ouvrage cft manufcrit : il mèn*
teroit , dit - on , les honneurs de
la preflie. L'abbé Macé mourut à
Paris .le 5 Février 172 1 , après
s'être exercé avec Aiccès daos le
cabinet & dans la chaire.
1. MACEDO, (François) Jé-
fuite, né à Coninùire en 1596,
quitta l'habit de la Société , pour
prendre celui de Cordelier. Il fut
l'un des plus ardens défçnTeurs du
duc de Bragancf , élevé fur le ''trône
de Portugal. Macedo , dans un voya-
ge à Rome , plut tellement à Jlâ^n^
dre VII ^ que ce pape le fit maî-
tre de comroverfe au collège de
la Propagande ^ profeiTeur d'hif-
loire eccléûaftique à la Sapience,
& confttlteur de Vlnquiûtion. Le
Cordelier, né avec une humeur
bouillante» impétueufe & fiere ,
ne fut pas conferver fa faveur ;
ti déplat au faim père, & paiTa â
Vcnife , où il fout'mt en arrivant
des thefes de Omni fclbîU. Ce fpec-
<acle ftit fuivi d'un fécond. L'in-
^jtigable Macedo donna pendant 8
purs les fameufes concluions qu'il
intitula : Lu Rftglfftmais littéraires
du Lion 4^ S, Marc, Ses fucçès lui
valurent une chaire de philofophie
morale à Padoue. Il fut d'abord
«n grande considération à Y enife i
mais s'étant mêlé de quelque af-
faire du gouvernement , il fiit mis
en prifon « & y mourut en 1681 ,
à S 5 ans. La Bibliothèque PortU"
pùpty compte Jufqu'à 109 ouvra-
ges de cet inépuifable auteur , im-
fMrimés en différens endroits de
l'Europe , & 30 manufcrits. Le P.
Macôdo dit lui-même dans fon My-
r^thâcium Morale, qu'il avoit pro-
noncé en public 5 3 Panégyriques ,
$0 Difcours latins , ^32 Oraifons fu-
nèbres; & qu'il avoit £ût 48 Poëmes
cptmieSf 123 Elégies > 115 Epita-
pheé» 212 Epitres dédicatoires , 700
Lettres familières , 2600 Poëmes hé-
jcoïqnes , X 10 Odes , 30.00 Epigram-
MAC
mes I 4 Comédies latines , & fiU
avoit écrit ou prononcé plus de
150,000 vers fur le champ. Quelle
étonnante fécondité ! ou phitôe
qu^s torrens d'ennui ! De tout or
fatras , nous ne citerons que , I.
Sa C/«rû Aùguflmiana.Uberi arbitrii^
contre le Père Noris , depuis or-
dinal. Il y avoit eu une querella
vive entre ces deux favans au fu<
jiet du monachifme de S, Auga/Ën^
On impofa ûlence aux parties. Lt
P. Macedo quitta la plume , mais,
pour ne pas paroitre vaincu, il
envoya à fon adverfaire un cartel
de défi. Il y expofoit , félon les
lois de l'ancieime chevalerie, le
fu jet de leur démêlé , & provoquoit
Norif au combat en champ clos ou
•uvert à Bologne, où lui-même
promettoit de fe rendre. Cette pièce
finguliere fe trouve dans le Jour'
nal étranger^ Juin 1757. Il y eut
une nouvelle défenfe de combattre»
& le cartel ne fut point accepté*
IL Schéma Sanch^ Congregationis ^
1676, in-4^. C'eà une di&tation
fur rinquifition , où Ténididon
& les impertinences font femccs
à pleines mains. L'auteur £ait re-
monter l'origine de ce tribunal
au Paradis terreilre. Il prétend
que Dieu y commença de Étire
la fon^ion d'Inquiûteur , & qu'il
l'exerça enfuite fur Caïn , & fur les
ouvriers de la Tour de Babel. lU.
Encyclopédie in agonem lUteratorum^
1677 , in-fol. IV. V Eloge des Fraa-
çùis , Aix, 1641 , in-4° , en ladn.
Macedo fe déclara d'abord pour la
doûrine de Janfaùus dans Corùna
Sancil Augufiîni de pradefiinadone ,
in-4° ; mais le pape Innocent X
ayant condamné les cinq ^meufes
f^opoiitiqns , Macedo foutint que
Janjenîus les avoit enfeignées dans
le fens condamné par le pape , &
publia , pour le prouver , un livre
intitulé .' Mais dlvlhuàs infpîrata In*
noccntlo X , 10-4°, V, M^rothecùoi
MAC
MwaU , ln-4^ » où il fait un pom-
peux étalage ^e Tes Ecrits , de Tes
Harangues , de fes Vers , &c. Ma-
€tdo avoit une leâure prodigicufe ,
uoe mémoire furprenante , beau*
coup de facilité à parler & à écrire;
il lui auroit fallu plus de jugement
& de goût.
n. MACEDO , ( Antoine ) Jé-
fuite Portugais , frère du précé-
dent » né en i6i 2 , fut envoyé mif-
£onnaire en Afrique, & à fon re-
tour , il accompagna Tambafladeur
de Portugal en Suéde. Ce fut à lui
que la reine /^An72in« fit les premiè-
res ouvertures du deûein qu'elle
avoit d'abandonner le Luthéranif-
me. Ma^do fut enfuite pénitencier
de réglife du Vatican à Rome , de-
puis Tan 165 1 Juiqu'en 167 1. Il re-
tourna alors en Portugal , où il eut
divers emplois. On a de lui : Lufi-
tmùa înfuUta & purpurata , à Paru ,
1673, in-4*»,&c.
MAŒDONIUS , patriarche de
Conâaminople en. 341 , & fameux
faéréfiarque , foutenoit que le Saint-
ETprit n'étoit pas Dieu. Il caufa de
grands défordres dans' fa ville , &
s'attira la difgrace de l'empereur
Confiance, Acaa & Eudoxc le firent
dépofer dans un concile de Conf-
tantinople en 360. Il mounk enfuite
miférablemcnt. »♦ Avec des mœurs
w irréprochables , ( dit M. l'abbé
w Phquu y ) Macidonius étoit un am-
»» bitieux , un tyran , qui vouloit
'* tout fubjuguer ; un orgueilleux ,
>• qui, pour foutcnir une première
rt démarche dans les plus petites
>» chofes , auroit facrifié l'empire ;
M un barbare , qui perfécutoit de
»* fang froid tout ce qui ne pen-
v> foit pas comme lui , ou qui ofoit
»> lui réfifler ; enfin 9 un préfomp-
>* tueux , qui , pour iatisfaire fa
M vengeance & ia paflîon pour la
n célébrité « fit une héréfîe , & nia
yt la Divinité du Saint-£fprit <'. Les
feâateurs de Matedonlus s'appe-
M A C 455^
loittitMAcivoifiENs, Leurs moeurs
étoient purçs & aufleres , leur
extérieur grave , leur vie auffi dure
que celle des moines. Cette appa-
rence de piété trompa les foiblei.
Un certain Marathon , autrefois tré-
forier, embrafla cette fe6le, & fon
or fit plus d'hérétiques que tous
les argumens. Les feâateurs des
MacédonUns très-accrédités à Conf-
tantinople , & répandus dans un
grand nombre de monaficres d'hom-
mes & de filles , dominèrent prin-
cipalement daus la Thrace , dans
rHellefpônt & dans la Bithynie.
Après la mort de Julien , Jovien fon
fucceffeur , très-attaché à la foi de
Nicée , voulut la rétablir. 11 rap-
pela les exil<*s. >♦ Cependant, ( dit M.
» P/uquet, ) comme il aim oit mieux
»♦ agir par douceur que par auto-
>♦ rite , il laiffoit une grande li-
w berté à tout le monde pour la
»* religion. Tous les chefs de fec-
»» tes s'imaginèrent pouvoir l'en-»
»♦ gager daiy leur parti. Les Macé-
>» doniens formèrent les premiers
»» ce projet : ils prtfenterent une
?♦ requête , pour obtenir que toutes
»» les églifes leur furent données-,
>» mais Jovien rejeta Jeur requête.
>♦ Dans la fuite les Macédoniens
» fe réunirent aux Catholiques ,
>♦ parce qu'ils étoient perfécutés
>»^ar les Arien*;. Ils fignerent le
>♦ Symbole de Nicée , fe féparerent
>* enfuite , & furent condamnés par
r> le concile de Confcantinople*
>♦ Théodôfe avoit appelé à ce con-
»» cile les évêques Macédoniens ,
>♦ dans l'efpérance de les réunir à
>» i'Eglife -, mais ils pcrfévérerent
>» dans leurs erreurs. L'empereur
»♦ employa , mais inutilcirent , tous
M les moyens propres à les enga-
>» ger à fe réunij- avec les Catho-
» liques; &les chaflfa de Conftan-
rt tinople : il leur défendit de s'af-
»» fembler , & confifqua à l'Epargne
n lesm^ifonsoùils s'afTembloient»
460 MAC
»t Les erreurs des Macédoniens fur^
>♦ le Saint-Efprit , ont été renouve-
9» lées par les Sociniens , & adop-
M tées par Clarht , Wlhfthvn , &c. ««
1. MACER , ( ^milîus ) poète
Latin natif de Vérone , compofa un
Poémc l'ur les Serpens ^ as Piuntis &
ks 01fcdux\ & un autre ^i/r la rame
éU Troye , pour fervir de fupplé-
ment à l'Iliade à Homère Mais ces
lieux Poèmes font perdus -, car ce-
lui des Plantes que nous avons
fous le nom de Macer , cft d'un
auteur plus récent , puifqu'on y
eite P/inc, & que l'auteur eft aui&
Mauvais botanifte que plat ver-
sificateur. L'édition la plus cftimée
«ft celle deNaples, 1477 i,in-fol.
Il y en a une traduft. françoife par
€mllaumc Gueroult , Rouen, 1588 ,
in-S^. Mdcer floriflbit fous Augujh,
Voy. GUEROAND.
IL MACER , ( Luc'ius Claudius )
propréteur d'Atrique fous le règne
Se Néron , fe fit déclarer empereur
l'an 68® de Jefus-Chrift dans la par-
tie qu'il commandoit. Ayant levé de
nouvelles troupes, il les joignit à
celles qui étoient fous fes ordres ,
& s'en feryit pour conferver le
titre qu'il avoit ufurpé. Il fit plus :
â fe faifit de la flotte qui tranf-
portoit lé blé à Rome , & caufa
la famine dans cette capitale du
inonde. L'ufurpateur avoit plus de
courage que de politique. Il irrita
les Africains par des vexations &
ties cruautés , & fe joua égale-
ment de leur fiuig & de leurs biens.
Ces peuples irrités eurent recours
à Galba , qui venoit d'être revêtu
de la pourpre impériale. L'empe-
reur donna ordre d'arrêter les bri-
gandages de cette bête féroce. Tre-
honius Garucîanus intendant d' Afri-
que , & le centurion paplrîus , char-
gés des ordres du prince , firent pé-
rir Af4c«rdansla même année qu'il
avoit pris le tttre de Céfar. Il avoit
été engagé à U révolte par vne
MAC
femme nommée CemeUa CnfphuUê X
intendante des débauches de Néron »
laquelle étoit paflee en Afrique
pour fe venger des mécontente*
mens que cet empereur lui avoit
donnés.
/. MACHABÈES , fçpt frères
Juits , qui fouffrirent le martyre à
Antioche dans la perfécutiond'^A-
tlochus Epi hûnes > avec leur mère 6c
le faim vieillard £//a(<2r, l'an 16S
avant L C Ce prince ayant feit
arrêter ces généreux coniefleurs »
n'oublia rien pour les po^rter à man-
ger de la chair de porc. Les fept
frères fouf&irent en préfence de
leur mère , l'un après l'autre , qu'on
leur coupât les pieds & les mains ^
fans marquer la moindre foiblefle
au milieu des tourmens qu'on leur
faifoit endurer. ' La mère de ces mar-
tyrs, après avoir aflifté au triom*
phe jde fes enÊins , fut couronnée
à fo^ tour , & mourut avec la conf*
tance qu'elle leur avoit infpirée.
//. MACHABÈES , ( les Prin-
ces) ou Afmonéens : J^cjyq Judas-
Mach ABÉE , Math ATiAs*.. Kous
avons fous le nom des Machahées
IV Livres , dont les deuxpremiera
font canoniques , & les deux au-
tres apocryphes. Le i®' fut , à ce
qu'on croit , compofé fous /e-n
Hyrcany le dernier de la race des
Afmonéens , & contient l'hiftoire
de 40 ans , depms le règne d'An-^
tiochus Epiphanes , jufqu'à la mort
du grand-prêtre Simon. Le fécond
eft l'abrégé d'un grand ouvrage »
qui avoit été compofé ^ar un nom-
mé /tf/on, & qui comprenoit l'hif-^
toire des perfécudon» d'Eplphancs.
& d'Eupator contre les Jui£s. Ce
II® Livre, tel que nous l'avons,
contient l'hiftoire d'environ quinze-
ans , depuis l'entreprife d'Héâo^
dore , envoyé par SeUucus pouren-^
lever les tréfors du Temple , jut-.
qu'à la viéloire de Judas contre NU
canQr, Le xii® Livre, appelé fort;
MAC
jAal'-à-propos des Machàb^es , puif**
qu'il n'y eft pas dit un mot de ces
vaillans défenfeurs de la Loi de
Dieu , contient Thiftoire de la per-
fécution que Ptolomée Phllopstor ,
roi d'Egypte , fit aux Juifs de fon
royaume ; & ce livre eft rejeté
comme apocryphe , ainfi que le
IV*. Ce dernier eft une efpece de
refumé des deux premiers livres ,
& contient ce qui s'eft paffé chez
les Juifs dans une efpace d'environ
deux cents ans.
MACHAON , célèbre médecin ,
fils à'Efculape & frère de Podaltn ,
accompagna les Grecs au fiege de
Troye , & y fut tué par Euriplle^
fuivant.Q. Calaher.
l. MACHAULT, ( Jean de )
Jéfuite Parifien , profefla la rhé-
torique dans fa Société , devint
reâeur du collège des Jéfuites à
Rouen , puis de celui de Clermont
à Paris; & mourut le 15 Mars 1619,
358 ans. On a de lui des Notes en
latin contre Vfilflolre du préfident
^ Tkou , fous le nom fuppofé de
Gallus , c'eft-à-dire, le Coq , qui étoit
le nom de fa mère. Ce livre eft
intitulé : Jo, Gjlli Jurlfconf. Nûta-
tlones In Hîfioriam Thuanl , Ingol-
fiadt, 1614, in-4*^* Il eft rare , &
a été condamné à être, brûlé par
la main du bourreau , comme per^
nîcleux , féditUux j p/tf*« d^impofiures
& de calomnies,,, MachauU étoit
un de ces hommes ardens & zélés,
qui font toujours prêts à prendre
les armes , lorfqu'on attaque ce
qu'ils croient être la gloire de leur
corps. Il a traduit de l'italien l'Hlf-
toire de ce qui s*e/l paffé à la Chine &
& au Japon , tirée de Lettres écri-
tes en 1621 & 1621 , Paris , 1627,
in-S^.
11. MACHAULT, (Jean-Bap-
tifte de) autre Jéfuite , natif de
Paris > mort le 22 Mai 1640 , à 29
ans, après avoir été reâeur des
collèges dç Nf vers & de Rouen , a
MAC 461
COmpofé : Gefia à Societate Jesu i»
regno Sinenfi , ^thiopico & Tibetano^
& quelques autres ouvrages qu'il
eft inutÛe de faire connoicre.
m. MACHAULT, (Jacques de)
aufiî Jéiuite , né à Paris en 1600.,»
fut reâeur à Alençon , à Orléans
& à Cacn,& mourut à Paris en 16SO9
à 80 ans. On a de lui : 1. Ve Mif-
fionihus Paraguana & aiiis in Amet*
ricji nurldionuli, II. De rébus Japor^
nicis, IIL De ProvincOs Goana , Mof*
laharlca & alus* IV. De Regno Ca*
chincinenfi, V. De Mljfiune RelXgiO'^
forum Soçletatis JisV in Perfide. VI^
De Regno Madurenfi^ Tangorenfi^&c^
Ces ouvrages offrent quelques dé-
tails curieux fur les MifÏÏons &
la Géographie*, mais nous avons
eu , depuis lui , des Relations plus
exaâes.
MACHET, ( Gérard ) né à Bloiat
en 1380 d'une famille ancienne à
fut fuccefîivement principal du col-
lège de Navarre, confeiller* d'état
& confeiTeur de Charles VII ^ cnûtK
évêque de Caftres. Il parut avec
éclat au concile de Paris , tenu
contre les erreurs de Jean Petit ; ha-*
rangufi , à la tête de l'univerfité »
l'empereur Slglfmond ; fonda plu-,
fieurs hôpitaux & couvents , gou-
verna faintement fon diocefe, &
mourut à Tours en 1448 « à 68 ans.
On a de lui quelques Lettres ma-<
nufcrites. Il fut l'un des commif-.
faires nommés par la cour poiu:
revoir le procès de la PnctlU dOr*
Uans , & fe déclara .en faveur .de,
cette héroïne. ^
MACHIAVEL , ( Nicolas ) fa-
meux politique ,. naquit à Florence
en Mai 1469 , d'une famille noble
& patricienne, honorée des pre-
mières dignités de la république.
Il fe diftingua de bonne heure dans
la carrière des lettres, & réufiit;
affez dans le genre comique : îq
pape Léon Xy proteâeur de tous
les talcxxs j fit repréftmtar fes pie*
"46% MAC
ces fUr le théâtre <le Rome. M^
€hiavU étoic d*un caraébere inquiet
& remuant : il fut accule d'avoir
eu part à la conjuration de Soàuim
contre les Médicis : on le mit à la
qudlion , mais il n'avoua rien. Les
éloges qu'il prodi^uoit à jffmettf &
â Cajjfwiy le firent (bupçonner d'a-
voir trempé dans une autre cons-
piration contre Jules de Médias^
depuis pape fous le nom de CUmint
VU \ mais comme ces Soupçons
étoientdeftitués de preuves, on le
laiflâ tranquille. La république de
Florence le choiiit pour fon iiecré-
taire & pour fon hiftoriographe.
Ces deux emplois ne purent le tirer
de l'indigence -, & il mourut pauvre,
en Juin i ^27 , à 58 ans , d'un re-
mède pris à contre-temps. Binet
dit, qu'avant que de rendre l'ef*
prit , il fit part d'une vifion qu'il
■voit eue. Il vit d'un côté un tas
de pauvres gens , déchirés , affa-
més, contre&its ; & on lui dit
que c'étoiem les habitans du Pa-
radis. Il entrevit , de l'autre, Platon ,
Séntqut y Plutarqtu , Taclu , & d'au-
tres écrivains de ce genre ; & on
hii dit que c'étoicnt les damnés.
Il répondit : r* Qu'il aimoit mieux
»» être en Enfer avec ces grands
*♦ efprits, pour traiter avec eux
*» d'affeires d'état , que d'être avec
>* les bienheureux qu'on lui avoit
»» Eût voir M. Peu de temps après il
rendit l'ame. Mais ce conte atout
l'air d'un roman, fait pour don-
ner une idée de la façon de penfer
de Mackiave/y Ou du moins de ce
qu'on croyoit être fa façon de
penfer. Il mourut prefque à la
veille de la grande révolte des
Florentins contre Clément VI ^ heu-
reux de n'avoir pas été témoin
dés maux cruels de fa patrie , dont
il aurott eu une botme part , comme
attaché aux Médlds, S'il avoit des
partifans à Florence, il avoit en-
core ptin d'cnsemis, Il tvoit ce*:-
MAC
de i'efprit , mais encott
plus d'orguciL II cxerçoit fa çen-
îure fur les grandes & les petites
chofes ; il ne vouloit rien devoir
à la religion , & la profcrivoit
même. On a de lui plufieurs
ouvrages en vers & en proie.
Ceux du premier genre doivent
être regardes , pour la plupart,
conmie des fruits empoifonnés
d'une ieunefle déréglée. L'auteur ne
manque ni d'imagination , ni de
facilité , ni d'agrément \ mais il ref*
peâe peu la pudeur. Les princi-
paux font : I. VAne d^mr , à l'imi-
tatioa de Lucien & d*ApuUe, U.
Belphéf^ , que la Pentaint a imité
& furpafTé. III, Quelques petits
P aimes , les uns moraux, les au-
tres hifloriques. Ses produftions en
profe font : I. Deux Comédies : la
i^*, intitulée la Mandragore , eft une
des meilleures qui aient été Eûtes
de fon temps. J, B. Rouffeam ^dzra
fa jeuneile , la trouva û piquaate,
qu'il en fit une traduÛion libre,
imprimée à Londres , en 1723 ,
dans le Supplément de fes Œuvres.
On doute que le théâtre françois
pût s'accommoder de l'or^nal &
de la copie. L'autre Comédie de
Machiavel ( CUtia ) eft imitée de la
Cafina de PUnu^ & eft inférieure à
fon modèle. Les deux pièces de
Machiavel réuflirent non pour le
plan qui eft affez irrégulier, suais
pour le ftyle qui eft pur & élégant^
& fur-tottt parce que dans un temps
de libertinage , la Mandragore qui eft
un fujet licencieux ne pouvoit man*
quer de plaire beaucoup. MachU"
vel joignoit au talent de Êiire des
pièces de diéàtre , celui de les'
jouer. Il réufliiToit , fuivant VariU
las , à rendre les geftes » la démar*
che & le fon- de voix de ceux
qu'il voyoit. II. Des Dlf cours Air
la i" Décade de Tite-Live. Il y
développe la politique du gou*
T«raon|«Qtpopiûaire, & en s'y mo^f-
MAC
Irant un zélé parti&a de ce qu^
appelé la liberté, il débite des
snazines pcrverfés dont un tyran
?ourratt abufer. III. Son Traité du
rince ^ qu'il compoik dans fa vidl*
lefre,pour fervir de ûiite à Ton*
vrage précédent. C'eft un des ou-
vrages les plus dangereux qui îé
foient répandus dans le monde : c'eft
le bréviaire des ambitieux, des four-
bes & des fcélérats. Macki^vtlipro*
feffe le crime dans ce livre abo-
minable , & y donne des leçons
d'aflaiSnat & d'empoifonnement.
Céfar Borgla , bâtard du pape Alexan"
drt VI , monftre qui fe fouilla de
tous les crimes pour fe rendre maître
de quelques petits états, eft le prince
que Machiavel préfère à tous les (bu*
veraÎDS de Ton temps , 6c le mo-
dèle fur lequel il veut que les po-
tentats fe forment. En vain Ame^
lot de la Houjfaycy traduâeur de
cet ouvrage , a voulu le i\xRifier :
il n'a perfuadc perfoane. Un grand
roi , VHomere & VAchUU de fes
états , a donné , dans fon Antl"
Machiavel , in'8^ « un antidote
contre le poifon de Tauteur Italien,
Sa réfutation eft beaucoup^ mieux
&ite & mieux écrite que Touvrage
réfiité*, & c'eft un bonheur pour
le genre humain « dit l'éditeur de
cette critique, que la vertu ait été
mieux ornée que le crime. IV;
VWfioîre de Florenu , depuis 1205 ,
;ufqu'en 1494. L'édition &e& Jari"
tes txi 153^» i'^4*» à Florence,
eft fort rare. Le commencement de
cette Hiftoire eft un tableau très-^
bien peint de l'origine des diffé*
lentes Souverainetés qui s'étoient
«levées autrefois en Italie. L'hifto-
rien y traite quelquefob favorable-
ment fa. patrie , & avec trop peu
de ménagement les étrangers. Il
prodigue les réflexions ; 8c ces ré-
flexions fouvent trop récherchées ,
ont plus d'éclat que de folidité ,
& tie^neiit plus du flyie d'un dé*
MAC 46}
clamataur que de celui d*un fagc
politique. Ces déÊiuts font un peu
couverts par rexaâitud« & par les
recherches de l'auteiu*. V. La Vk
de Cafintdo Cajbeacani , fouverain de
Lucques>« traduite en françois par
M, Dreux du Radier , & imprimée
à Paris en 1753. Elle eft peu efli-
mée par les politiques judicieux^
& ne l'eft guère pUis par les gens
de goûc L'auteur a été plus foi*
gneux d'embellir fon fujet que de
rechercher la vérité. VI. Un Traité
^ l*An Militaire , dans lequel il a
très-mal travdU Végece. VU. Un
Traité des émigrations des peuples Sep'
tentrionause. Tous ces diiïereas ou-
vrages font en ialien. Ils ont éfié
recueillis en 1 voL in-4^ , en 1 5 50 »
fans nom de ville. On en a .fait
de nouvelles éditions : f ."^ A Amf-
lerdam en 1725 , 4 vol. in-12»
aflêz bien exécutée , mais fott
iûcorreâe. 1/.° A Londres, 1747 ,
en 2 vol. in-4®; & 1772, 3 voL
in-4^ iii.^ A Paris. 1768,6 vol.
in-i2. Us ont été traduits enfraa-
çoi» avec aflez peu d'élégance par
Tilard, Calyinifte réfugié, 1723 ,
en 6 vol. in-ia. On n'y trouve
pas la verfion des Comédies , ni
des Contes. On en a donné une
autre édition , augmentée de VAnti-
Machiavel du Roi de PruflTe , à la
Haye, 1743 , 6 vol. in- 12. On a
publié à Florence en 1767 la cor-
redondance de Machiavel pendant
le cours de fes négociations. On y
voit , dit M. Landi , le miniftte
fage, adroit, habile > mais point
du tout le poliôque fcélérat,.tel
qu'il paroit dans quelques-uns de
fes livres.
MACKENjSIE , ( George ) ûvant
Ecoftbis , mort à Londres en 169 1,
à 55 ans , s'occupa toute fa vie de
' la philofophie & des lois. Ses ém-
des lui firent enfiantcr des ouvrages
relatifs à ces matières ; tels font :
L UFmueMt çu^eSêoïfMe» in-S^^
464 MAC
traité d0 morale, dans lequel Tan-
ceur s'eA peint lui-même. C etoit
un homme très-^erfé dans la con-
fioiiTance des meilleurs Auteurs an-
ciens & modernes » d'une applica-
tion infatigable , d'une intégrité
parÊiitc, rég.é dans {es moeurs , bon
ami , bon m)et & grand politique.
IL Paradoxe moral , qu*Â/ tft plus aifi
d'être vertueux que vUUux , ki-S^. IIX.
De humana mentU îmbecîUîtau y à
Utfccht, 1690 , in-S**. IV. Lois &
Coutumes d'EcoJfe ^ vol. in-fol. qui
renferme beaucoup de recherches.
Oa trouve un aiTez long détail fur
•cet auteur dans les Mémoires du P.
^iceron, . . Il hut le diûinguer de
Ceorge Mjck£NsI£ , médecin d'E'
dimbourg , qui a donni, en 1708
& 17 n , 2 vol. de Fies des Écri'-
vains Ecojfois,
MACK.I y ( Jean ) ^rneux intri-
gant, d'une famille noble d'An-
gleterre > joua un rôle dans les
guerres qui fuivirent la révolution
.qui précipita, Jacques II du trône.
Lorfque ce monarque fe réfiig^a ep
France , Macki le fuivit à Paris &
, à Saint-Germain , épiant toutes fes
démarches & en informant la cour
de Londres. Ce fut lui qui donna
les premiers avis de la deTcente que
le roi détrôné devoit faire en An-
gleterre » & qui fîit caufe par-^là de
l'heureux Aiccès de la. bataille de
la Hogueen i6^x. Ce fervice, &
d'autres du même genre , .dont un
honnête homme ne voudroit pas
charger fon hifloirey lui valurent
une inrpe^lion fur les côtes. £n
2706 , il fit manquer la fameufe
entreprife du Prétendant ( Jacques
JIl ) fur l'Ecoffe , par fa prompti-
tude à en informer la cour de Lori-
dres. Ses découvertes ne furent pas
toujours heureufes pour lui. Lorf-
^ue Prior & l'abbé Gauthier arrive-
tem en Angleterre, il donna avis
de ce Xecret au duc de Marleborougk ,
Huoiqu'on liû eû^grdooaç de n'en
MAC
parler qu*au feçrétaire d*état 14
cour irritée révoqua facommilTioni
& l'abandonna à fes créanciers, u
fîit mis en prifon , & ne recouvra
fa liberté qu a l'avènement de Geor*
^I axL trône. Cet aventurier obtint
fur là fin de fes jours un em-(
ploi dans les pays étrangers, &
mourut à Roterdam en 1726 .,
avec la réputation d'un génie aâif ^
mais inquiet & turbulent. On a de
lui : L Tableau de la Cour de Saint-'
Germain ^ 1691 ^ en angloîs , în-12^
dont on vendit ea AngleÉerre juf-»
qu'à 30,000 exemplaires. Le rot
Jacques /i y eft traité avec une iïv-
décei^ce que les haines & le»
guerres les plus vives ne fauroient
jamais aucorifer. IL Mémoires de la
Cour d'Angleterre fous Guillaume III
& Anne y traduits en françois à là
Haye en 173.3, in-12. Us ofireht
pluûeurs anecdotes ciurieufés, quel'
ques faits intérefTans -, mais l'auteur
a trop âatté dans pluiîeurs endroits ,
Ôc trop fâdrifé dans d*autres.«. Foy^
Makjn,
MACLAXTRlN, (Colin) célè-
bre profefteur de mathématiques à
Edimbourg > né à Kilmoddan ea
EcoiTe, dfune ânûlle noble, eà
1698 , mort en 1746 , dans fa 49*
année , montra dès 1 2 ans fon goût
pour les mathématiques. Ayant
ttouvé à cet âge les Elèncns d'Eu-
clide chez un de Ces amis , il eA
comprit parfaitement en peu de
jours les fix premiers livres. Il n a-«
voit encore <jue 16 alhs, lorfqu'il
découvrit les principes d'une Géo^
marie organique , c'eft-à-dire , d'une
géométrie qui a pour objet la def-
çripdon des courbes paV un mou-
vement conunu. On â de lui : I.
Un Traité 4* Algèbre , fort eftim^. IL
Une Expofition des découvertes pbi-
lofophiques de Newton , traduite
par la Firoue , Paris , 1749 , in-4**;
ce n'eil pas fon meilleur ouvra-
ge, UI« Un excellent Traité des
Fluxions^
M A d
fhaàons , traduit paf le P. Ptienas ,
Paris, 1749» 2fc vol. in-4^ Voye^
Pezekas.
MA.CLOT, (Edmond) chaooi-
ne Prémontré , mon dans fon ab-
baye de Léfange en 171 1 , âgé de
74 ans , eft auteur d'une Hlftovt dt
V Ancien & du Nouveau TeJUmmt ^
^n 2 vol. in'12, dans laquelle il
mêle quantité d'obfervations & de
remarques théologiques , morales
tx. hiftoriqucs. Cet aoteur avoit
beaucoup lu, mais avec peu de dif*
cemement. 11 ignoroit totaleAient
les premiers principes de la bon-
ne phyfique. te religieux étoit plus
eftimable en lui que récrivain;
teux qui l'ont connu , louent éga-
lement ia piété, fe modeftie & fa
politefle.
MACLOU, (S.) Voy. MAta:
MAÇON , Voyei Massok.
MAÇON , ( Antoine le) tréfo*
rier de l'extraordinaire des guerres ,
étoit attaché à la reine Marguerite
de Navarre, fœur de François L
Ce fut à ia foUicitadon qu'il tra«^
duifit le Ddcaméron de Bocace^ Pa-
ris, I545>< in-folio, & fouvent
depuis in-8* ', les dernières édi-
tions font corrigées , ainfi que les
Italiennes. C'eft lui qui a pris foirt
\fte l'édition des Œuvres de Jean U
Maire y in-fblio , & de celles de
Clément Marot, Il eft encore auteur
des Amours de Phydie ^ de Gilafine^
Iyon,i5 50,în-è®.
MACQU ART , ( Jacques-Henri )
médecin ^e la faculté de Paris ,
& cenfeur royal, naquit à' Reims-
en 1 726. Après avoir feit de bonnes
études dans fa panie, il vint à
Paris , & obtint par fon mérite la
place de médecin de la Charité. U
la remplit avec Texaâitude d'un
homme fenûble aux maux de Thu-
manité , & inftruit de leurs caufes
& de leurs remèdes. U rendit à la
médecine un fervice important , en
tédigeant.en notre langue la col»
Tome F.
MAC 465
leâîon Ats Tfufts Medico-Chitur-
f^cates , que le célèbre Haller avoit
publiées en latin, en 5 vol. in-4^.
Ce recueil ne forme que 5 vol. in-
12 en françois. U parut en 1757 ,
& fut accueilli comme le mérite
tout ouvrage ôû Ton fait être la-
conique fans être obfcur. Le mz*
giflât qui préfide au Journal des
Savans, choiiit cet auteur pour la
partie de la médecine. Ses extraits
donnèrent une idée très - avanta-
geufe de fes talehs. Il mourut eti
1768, à 46 ans , & ilfut regretté par
tous ceux qui le connoifToient.
I. MACQUER,( Philippe) avoc2|C
au parlement de Paris, fa patrie,
ftaquit en 1720 , d'une famille hOn^
hête. La foibleiTe de fa poitrine
ne lui ayant pas permis de fe con«
ikcrer aux exercices pénibles de la
plaidoirie, il fè voua à la littéra-
ture. Ses ouvrages font : I. VA*
htigè Chronologique de PHlftoîre Eo*
cUfiafiique y en 3 vol. in-8** , com-
pofé dans le goût de VHifioire de
fronce du préfident 'Henauà\ mai&
écrit plus fëchement & avec riioins
de fîneiTe. II. Les Annales Romaines^
1756, in-S** : autre Abrégé chro-
nologique, mieux nourri que le
précédent ; l'auteur y a fait entrer,
tout ce que Saint-Evremont , Vabbé
de Saint-Réal, le préfident de Mort*^
tefqidcu , l'abbé de Mahly , &c. ont
écrit de mieux fur les Romains.
Mais 'la différence des flyles fe'faic
trop fentir dans cetiSe compilation ,
qui eft d'ailleurs aflez bien feitô.
ÏIl. Ahrégé Chronolo^que de PHifioirt
d^Ef pagne 6» de. Portugal , 17Ç9-1765,
2 volumes in - 8**. Ce livre > corn*
mencé par le préfident Henault^
eft digne de cet écrivain , du moins
pour l'exaÔitude ; car on n'y trouve
d'ailleurs ni portraits bien frappés ,
ni recherches profondes; L'auteut
fut aidé par M. ' Xd^ (>m^e , dont les
talens pour les Abrégés chronolo-
Iniques font affez connue. L« repu»
Gg
4^^ MAC
blique des lettres perdit Mamerte
9^7 Janvier 1770 « à foans. Cctmt
im homme laborieux, doux, mo-
dèle, vrai , ennemi de la fottc
vanité & du diarlataniûne. 11 avois
k tête froide , mais le goût ûb-.
Son eTprit , avide de oonnoiflaoces
en tout genre , n'avoit négligé
aucune de celles qui font unl^
U eut ^dxtVuDiBioniudrcdts Arts Cf
Métitrs , en ^voUin-8^ , & àla tra«
4u£Hon du SyphîUs de Froeafior^
iloffnéff par M. Lacêmkt»
H. MACQUER, ( Piore Jofepfa}
'(teee du précédent, naquit à Paris
le 9 Oûobre 1718» & mourut
JLans Éettè ville le 16 Février
1784. 11 étoit membre de Tacai^
^émie des fciences & ancien pro-
fieâeur de pharmacie , & travailloît
JHH Journal des Savons^ pour la par**
tie de médecine & de chimie. Il
étoît très-veifé dans cette dernière
fcience. Il eut part à la Pharma--
copcta Yajifitnfis , 1758 , in-4**. Ses
autres ouvra^ font : L EUmcnt
de Chimie théorlqmè ^ Paris, 1749»
1753, in-ia. Ûs ont été traduits
en anglois êi en allemand. II. £//-^
mens de Chimie punique , 175 1 , 2
yol. in- 12 -, ces deux ouvrages
cnfemble, 1756, 3 vol. in-ii. fil,
fUa ^un cours de Chimie expérlmenr
tide ^ raifaniUe , 175;; , in-iz ,
içompofé en fodlété avec Baume*
IV. Formula medicamentorum' ma-
fifiralitm , 1763. V. lu Art de U
\laturt en Soie , 1763. VI. Dl-
Bivnnaire de Chimie » contenant la
théorie & U prati.ue de cet art ;
.1766 , 2 vol. in- 8^ /en allemand,
1768 , rvol. avec des notes : ou-
vrage excellent , d'une grande uti-
lité aux médecins , 6c à ceux qui
s'appliquent a la phyfique . pra-
tique. Macquer a beaucoup. -con«>
trihué à rendre utile un art , qui
jiutrefois n'étoit que celui de ruiner
U iânté p« d^ remède'» exotique y
MAC
on de £e réduire à la mendîdié té
cherchant à faite de l'or.
' MlCRlËN , ( Titus'Fulvius'Jtt&a
Macmjamvs ) né en £gypte d'une
£miiUe obfcure , s'éleva du dermcr
gnde de la milice aux premiers
emplois. Il accompagna VM«»
dans fil guerre contre les PerfeSi^
en 25S i mais ce prince ayamété
Eût prisonnier , il iie £t donner la
pourpre impériale. Macrien étoit
alors ûxr le déclin de Ûl vie , &
eftropié d'une jambe. U difiiibua
une partie de ies richefTes aox
légions , & les engagea par ù$
laigeâes à donner le titre d'Au-
gufte à fes deux fils Macrien &
Quietus» BaÛJhy préfet du prétoire,
ayant fécondé ton usurpation, il
le déclara Ton premier général , &
combattit avec lui les Pedfes. la
viôoire fuivit fes pas , & il iê
maintint av^ gloire dans l'Orient
pendant une année. Il pafla enTuitç
en Occident pour détrôner GalBai^
Mais il rencontra en lUyriePoflû-
tlen , général de cet empereur , qui
lui livra bataille &. le vainquit. M»"
crien {fi croyant trahi, conclura les
foldau qui l'environooient de le
délivrer de la vie, «dnà que foa
£ls Macrien ^ ce qui fut exécuté fuii
le champ vers le 8 Mars de Tao
262* Macrien étoit, un général ha-
bile f mais cruel. -Ce fut lui qui
infpira à VaUrien l'idée de perfé-
cuter les Chrétiens , leiquels eureot
beaucoup à foûffrir pendant 3 ans.
Ses deux fils iè diftinguerent par
leur habileté dans les évolutions
militaires , & par leur hravours
dans les dangers.
I. MACRIN , (Marcus^OfiUm*
Severus Macrivus ) né à Alger
dans l'obfcurité , d'abord gladiateur ,
chaâeur de bêces fauvages , no-
taire , intendant , avocat du fifc ,
enfin préfet du prétoire , fut élu^
empereur en 217 , après Caracalîâ
qu'^ avoi^ ait ai&SÂçi^ Sgn a;
MAC '
feidete doux & complaifaiit , tx>h
smour pour la juftice , Joints è
une taille avantageufe & à une
phyfionoime agréable, lui conci-
lièrent d'abord l'amitié du peuple.
Ses premiers foins furent d'abolir
les impôts. Il accorda au fénat la
permifHôn de punir tous les delà*
leurs apoftés par le dernier em-
pereur. Les gens de marque qui ie
trouvèrent coupables dé ce crime,
dirent enlés , 6c les efclaves mis
en croix. Macnn ne foutirit pas
Hdée que donnèrent de lui de fi
heureux commencemens. Anaban ,
tt)i des Parthes , lui ayant déclaré
la guerre , il eut la baflefle d'a-
cheter très^chérementune paix igno-
minieufe. Uniquement occupé de
fes plaiârs « il fe conduifit comme
s'il n'eût eu qu'à jouir de fa for-
tane. Il affeâoit d'imiter Marc--
Annie , mais c'étoit dans des chofes
textérieures & aifées à copier : une
démarche grave , l'attention à ne
point précipiter Tes réponfes , un
ton fi bas , lorfqu'tl parloit , qu on
avoit pdne à l'entendre. Il s'eà
£dloît beaucoup qu'il eût les verms
de ce fage empereur -, fon àâtvité
& fa perféiréri^ncé au travail , fon
zèle pour le bien public , fa noble
fimpltcité , Con auilere tempérance :
Au contraire, il aégligeoit les al-
feires •, il fe livroit aux fpeélacles ,
à la mufi(^e : il donnoit dans le
luxé , & paroiffoit vêm magnifique-
ment , & ceint d'un bandeau enrî*
chi d'or & dé pierreries. Il tenta
cependant , malgré la molleiïe de Tes
moeurs , d'introduire la réforme
dans fes armées , & il faut convenir
qu'îVprit à cet é^ard un tempé-
rament affez fs^e. Il afTurà aint
gens dé guerre qui étoient alors
ëans le Service % fa jouiiTance des
4roits que CàracaUa leur avoir
accordés -, mais il déclara que ztvat
^ s'enrôleroient à l'avenir n'au-
l^ient que les privilèges dont on
MAC 467
}oùîffoît fous Sivetc. Sî à cet af ran*
gement il eût ajouté la précaution
dé fëparer fon armée , de renvoyer
fes légions chactmedans leur quar-
tier » & de revenir promptement
lui-même à Rome, où il étoîtdé-
firé & appelé par le peuple à grandi
Cris -, peut-être auroit-il prévenu ùt.
fondle cataftrophè. Mais il «aiffa ,
fans aucune néceflîté, au milieu de
la paix , fes troupes ralfemblées
dans la Syrie & aux environs , 6t
îl leur donna ainfî moyen de de-^
venir plus audacieufes par la vucr
de leurs forces réunies. D'ailleiirs ;
ces vieux foldats , perfuâdés qiij
la ratification des avantages qu'ils
tenoient de Cmracaila , étoit extor-*.
quée par la politique , ne doutè-
rent point que , dès qu'on les au-
roit afFoiblis , en les difperfant , oa
ne les réduisît à la condition des
nouveaux. Enfin , des exemples de
juftice que fit Macrin fur quel-
ques-uns d'entre eux, qui avoient
commis des violences & des excès
dans la Méfopotamie, ou qui s'é-
toieat rendus coupables de fédi-
tion , achevèrent d'aigrir les efprits.
Capltûûn l'accufe d'avoir pouffé la
févérité , dans ces occafions , jufqu'à
la cruauté. Mais cet écrivain fe dé-
chaîne tellement contre Matrm „
qu'il efl peu croyable fur le mal
qu'il en dit. Il paroît qu'il a n-a-
vaille d'après les bruits calomnieux
que fit répandre Hellogabale , pour
rendre odieufe la mémoire de fon
prédécefleur. Quoi qu'il en foit »
une armée, ainfi difpofée, ne pou-
voir manque^ d'embralTer & de fai-
fïr avidement la première occafion
de révolte qui fe préfentoit ; ç'e{^
ce qui arriva. Elle proclama em-
pereur HélîogahaU, efl 21,8 , à Emefe.
Macrin crut rppaifer la révolte ,' en
énvoyam contre les rebelles /«-
Km ^ préfet du prétoire -/mais ce
général fut battu & mis. à mort.
I7n des conjurés eut lit hardielîa
468 MAC
de porter & tète à Maerîn , dans un
pa<iuet cacheté avec le cachet de
JulUn, lui diiânt que c'étoit celle
A*HéIl0gahaU, Il fe fauva pendant
qu'on ouvroit le paquet. Macrin ,
abandonné par Tes (ujets & par
fes troupes , prit le parti de fuir
déguifc ; mais il fut atteint à Ar-
chelaïdc dans la Cappadoce par
quelques foldats , qui lui coupè-
rent la tête & la portèrent au nou-
vel empereur. L'infortuné VUdu"
ménien , fon fils , fubit le même
fort, Macrin ne régna qu'un ou 2
mois & 3 jours , & ne régna cni-
core que trop pour ùl gloire*
IL MACRIN, (Jean) poète La-
tin , difciple de U Févre d'Etaples ,
& précepteur de Cùmdc ds Savoie
comte de Tende , & A*HGnoré fon
frère , naquit à Loudun , & y mou-
rut en 1557 , à 67 ans. Son vé-
ritable nom étoit Salmon, U fut
furnommé Macrînus à caufe de fa
maigreur, & V Horace François par
rapport à fon talent pour la poéfie.
lia fur-tout réuiîi dans le genre
Lyrique. Il réveilla le goût pour
la poéfie latine. Il a fait des Hym-
nés -, un Poëme eftimé fur Gclonls
ou plutôt GilloneBourfaultÙL{etttme\
un Recueil intitulé : Nanùt. Ces dif-
ierens ouvrages parurent depuis
151a jufqu'cn 1550, en plufieurs
vol. in-8®. Varillas rapporte que
Macrin, ayam été menacé par le
roi qui le foupçonnoit d'être in-
fefté des nouvelles erreurs , en fut
il ef&ayé , que de défefpoir il fe
précipita dans un puits -, mais c'eft
un conte fait à plaifur , comme la
plupart des anecdotes de cet hiflo-
rien romanefque.
m. MACRIN, ( Charles ) fils du
précédent, l'égal de fon père pour
la poéfie , le furpaffa d^ns la con*
noifiance Ai la langue ^ecque. U
fut, précepteur ào, .Catherine de Na*
yarre ,' foçwir de Hmri I4 Grand , $c
MAC
périt enveloppé dans le maflicre dé
la Saint-Barthélemi , en 1572.
MACRINË , ( Sainte ) fœur de
S. BafiU & de S. Gré^îrt de
Nyffe , après la mort de fon père
& rétabUfTement de fes. frères &
fœurs , fe retira , svec fa mère
Bmmede^ dans un monafiere qu'elles
fondèrent dans le Pont ^ près du
fleuve d'Iris. £lle y mourut fân-
tement , en 379. 5. Grégoire , fon
frère , a écrit fa Vie. On la trouve
avec celles des Père» du Oéfert.
MACROBË , ( AureUus Macro-
sws ) étoit un des chambellans ou
grands-maicres de la garde-robe de
l'empereur Thcodofe, Les citoyens
de Parme afTurent qu'il éK>it de
leur ville -, mais il dit qu'il n'étoit
pas né dans un pays où l'on par-
lât latin : ce qui ne s'accorde guè-
re avec les prétentions des Parme-
fans. On a de lui : I. Les Satunut-
Us. Ce font des Entretiens qu'il
intitula ainfi, parce qu'il y rafifem-
|}le les hommes les plus confidé-
rables & les plus ûrvans de Rome
durant les vacations des SatumaUs,
Ces Entretiens offrent un mélange •
ciurieux de critique & d'antiquités.
L'auteur écrit en favant , c*eft-à-
dire , d une manière pefante & in-
correâe. Il ne £ût ordinairement
que copier , & lorfqu'il parle de
lui-même , on voit un Grec [ Àfa-
èrole rétoit ] qiti n'efl pas exercé
à écrire en latin. Son recueil eft
précieux, par plufieurs fingularités
agréables , & par des obfervattons
utiles fur Homère & fur Virgile. II.
Un Commentaire fur le Traité de
Cicérony intimlé : Le Songe de Sci'^
pion, La latinité n'en efi pas pure ;
mais les remarques en fom £avan->
tes. La meilleure édition de Aftf-
crobe eft celle de Leyde , 1670 ,,
in-8^ , avec les. remarques des
commentateurs connus fous le nom
de Varlorum. On eftime aufiGL cdle
de Londres, 16941 in-$^« C^Uede
MAC
Vcnîfe , 1472 , in- fol. cft d'une
rareté extrême. ^
MACRON, ( Nttvîus'Sertofîus )
Êivori de l'empereur Tîherc , l'inf-
tniment de la perte de Séjan , lui
fuccéda dans la charge de capitaine
des gardes. Il ne fe fervit de fbn
crédit, que pour immoler à fon
reilentiment & à la cruauté de fon
maître les plus grands hommes &
les perfonnes ' les plus vertueufes
de l'empire. Lorfque Tibère ap-
procha de ÙL fin , Macron fit fa
cour à CailgtUa , qu'il prévoyoit
devoir fuccéder à Tempirc II fe
rattacha par les charmes de fa
femme EnnU , que ce prince aima
éperduement. Dans la fuite , ayant
appris d'un médecin que Tibère n'a-
voit plus que deux jours à vivre ,
il ec^agea Caligula à prendre pof-
iêffion du gouvernement*, mais ,
voyant que Tibère commençoit à
£e porter mieux , il le fit étouffer
ibus un tas de couvertures. Macron
continua d'être en faveur auprès
du nouvel empereur *, mais fon
crédit ne fut pas de longue durée.
Callgttla l'obligea ," lui & fa femme ,
à £e donner la mort : ainû le crime
iat puni par le crime.
MACROPEDIUS, (George) fa-
vant littérateur , né à Gemert ,
près de Grave , vers l'an 1475 ,
entra dans l'ordre des Hiéronimi-
tes , enfeigna les bdles-lettres avec
unç r^utatton brillante à Bois-le*
Duc , à Liège y à Utrecht* Il fiit
très-fuivi-, prefque tous ceux qui
fe diilinguerem dans les belles-
lettres en Hollande , vers la fin du
XVI® fiecle , étoiem fortis de fon
école. H poâfédoit les langues fa-
vantes ^ ^ les madiématiques *, a
ces connoiiTances il joignoit une
piété exemplaire & une grande pu-
reté de mœurs. On a de lui : I.
Computus EccUfiaJKcus > Baie > 1 5 9 1 .
II. Calendarium Chirometricutn , Bâle ,
1$ 5 3. lU. Des Notes furl'Of&ce Di-
M A D 469
vin , pour en faciliter l'intelligence »
Bois-le- Duc, 1599 , in-4°. IV.
Grammaire Grecque & Latine y & plu-
fiçurs autres ouvrages clafliques.
MADELEINE , hoye^ Magde-
LÈNE.
MADELENET , ( Gabriel ) lié à
Saint-Martin-du-Puy, fur les confins
de la Bourgogne, mort à Auxerre
en 'i 661, âgé d'environ 74 ans ,
fut avocat au parlement de Paris ,
& interprète latin du cardinal de
Richelieu , qui lui donna une pen-
fîon de 700 livres , & lui en ob-
tint une de 1500 du roi. Il avoit
du talent pour la verfification. Il
a mieux réuiîi dans les vers la-
tins que dans les françois^ Ce poëte
avoit plus d'étude & d'art, que de
génie. Ses poéfies latines font
beaucoup travaillées & afi'ez châ-
tiées , mais elles manquent de
chaleur & d'enthoufiafme. On re-
marque qu'il a autant refpe£^é la
pureté des mœurs , que celle dn
flyle -, il ne s'efl même jamais per-
mis rien de mordant , ni de fati-
rique. Ses Poéfies parurent à Paris
en 1661 , en un fort petit volume
in-ii. Elles ont été imprimées de-
puis , en 1575 , in-i2 , avec celles
de Sautel^ t
MADERNO , (Carlo) né en
1^55 à Biâbnne , au diocefe de
Côme en Lombardie v étoit ne-
veu du célèbre archited^e Domi"
nique Fontana, Sa première pro-
feilion fut celle de Âuccateur. Etant
venu à Rome , il s'adonna à l'ar-
chite£lure , & eut fon oncle pour. ,
maître. Il ^acquit de la réputation
dans cet art , & parvint à fe faire
nommer principal architeâe de
VE^/ife de Saint-Pierre , dont il ne
reftoit plus à faire que la partie
antérieure de la croix grecque ,
qu'elle devoit former , fuivant le
deilin de Michel-Ange Buonarotî y
avec la façade. Mademo , pour
donner plus de grandeur à ce fu-
Ggiij
470 M A D
perbe temple , au lieu de temd-
ner la croix grecque , imagina
«ie la changer en croix latine :
<i'où font réfultés quelques défauts
«de proportion & de perfpeâive ,
qui n'auroient point eu lieu en fui-
vant le premier plan. On blâme
auiTi beaucoup Tarchiteâare de la
façade , qu3iqu'elle préfente dç
grandes beautés. Il eft à croire que
Mademo fut jugé moins févérement
par fes contemporains. Non-feu-
lement il fut plus employé à Rome
qu'aucun autre architeûe : mais on
voulut avoir de fes deffins dans
la plupart des grandes villes d'I-
talie , & même en France & en £f-
pagne. Ceû artiue mourut en 1629,
à 74 ans.
: MADERUS , ( Joachim Jean )
iavapt Allemand , vivoit encore
en 1678. Son goût pour les re-
cherches hiftoriques lui fit fouil-
ler beaucoup de bibliothèques. On
lui doit : I. Des Editions de divers
ouvrages anciens, relatif à Thif"
tpire d'Allemagne. H. Scrutons L^
fimj'cs , WUtembcrgmfv & francofor^
ÂUnfts , 1660 , in-4**. m. Dt Bàllù^
thccîs , joint au traité de Lonuïer »
Helmiladt , 1702 & 1705 , 2 to.
in-4°, &c.
MADRISÎ , ( François ) né à
Udine vers la fin du fiede dernier .
mort en 17 p , entra de bonne
heure dans la congrégation Ora-
torienne d'Italie , & fe livra aux
devoirs & aux études de fon état.
Kous devons à fes foins une bonne
édition des (Euvres de 5. Péuiin
d'Aqui'ée , imprimée àVenife, in-
fol.,1737.
/ M£NIUS , conful Romain qui
ayant remporté une viûoire fur
les Antiates dans un combat na^
val , èc pris plufieurs de leurs vaif-
ieaux /en fit attacher les becs des
proues qui écoient d'airain , autour
de la Tribune aux harangues, qui
depuis s appela /ioj^a, les Roâres«
M A F
I. MAFFÊE Vegio , di&oiiil
de Saint- Jean-de-Latran , né à Lodi
daiu le Milanez, mort en I45:S,
unit les charmes de la littéranmi
la gravité de la jurifptudence. U
fe livra à la première par goût, &
à la féconde par déérence pour
fesparens. U profefla le droit dans
Tuniverfité de Pavie , d'où il fot
appelé à Rome par Eugau^ /f", qui * !
le nomma dataiie \ place importan-
te qu'il remplit avec zde. H illuf-
ira fa plume par pluâeurs ouvra-
ges écrits élégamment en latin. Les
principaux font : I. Un traité Di
tduauLne liberorum j à Paris, 15 il.
in-4° , qui pafibit pour un des meil-
leurs Ûvres que nous euffioss ca
ce genre , avant les écrits publiés
dans ce fiede fur cette matière. La
morale en eft fage & chrétienne *,
mais il y a trop de lieux communs »
& l'auteur éait avec plus de pu-
reté qu'il ne penfe avec profon-
deur. II. Six livres De la Paférc-
rOiict dans U. ReUgîoiu III. Difowt
des IV fais de PHommt, IV. b\«^
loffu dfi la vérîti exilés. V. Les vies
de 5, Benardin de Sienne, de $•
PUrre Célèfiin , de 5. Jupt/Bn , de
Su. Monique , à laquelle il avoit £nt
élever une magnifique chapelle dans
l'églife de Saint- Auguftin à Rome.
Ces vies , ainfi que les traités afcé-
tiques , dom nous avons donné le
titre , font en latin , & fe trouvent
dans le Voliune 26 de la Biblio-
thèque des Pères , édition de Lyon.
VI. Plufieurs Pièces de Poifit, Mi-
lan, 1597 , in-fol. & 1^89 > in-12.
Celle qui lui fit le plus de réputa-
tion , fut fon xm* livre de r£«»-
dit y quoique l'idée d'être le conti-
nuateur d'un f6mit tel que fTaplt^
fut aufii téméraire que ridicule. On
trouve ce fupplément dans les édi-
tions de VÎT^e Élites à Paris , 1 507 ,
in-foL , à Lyon , i j 17, in-fol. , &c
Cefi uns fondement que Vt§»
s'eil imaguié qu'il manquoit quct
MAP
Î' tè chofe à l'Enéide de Vîfj^Ie.
out ce qu'il a prétesdu y clou-
ter dans ce 13^ livre, eil renfie^-
mé dans F ouvrage même par an-
ticipadon. Ce fHpplément lui a fait
cependant honneur , & Borrîchîus
afiure qu'il eft eftimable , quoique
V^ y foit fort éloigné de fon
j modèle, U a été traduit en vers
irançois par PUrre de Mouehauà'; &
cette tradudion fe trouve avec le
texte latin à la fuite des (Sovrvi di
VirpU traduites en vers françoîs par
Robert ^ Antoine U Chevalier itAc
ifEJtrx , frères , de Vire en I^ormaji-
die , Paris , 1607 , in-£ol. On a en-
core de Itû un Poîhne fur les/ripott*
nerîes des Payfans, Ses poéfies, fé-
lon M. Lmdi^ ont de la facilité \
de lliarmotiie & de l'invention. '
IL MAFFÉE, (Bernardin )cé<
lebre & favant cardinal , fous le
pape Paul III , naquit à Rome en
i;|i4, 8c mourut en 1553,3 40
ans. La mort , à cette époque, lui
fiit avantageufe ; elle lui épargna
la douleur de voir un de fes pa-
ïens tuer , 2 ans après» fon frère,
fa belle-fœur & fes neveux» du
moins û Ton en croit de Thou. Les
monumens de fon goût pour les
lettres , font : Des Commentaires fur
les Epîtres de Cicéron , & un TraîU
£lnferlfAons St de MédMlles.
m. MAFFÉE , ( Raphaël } Vay.
Maprée.
IV. MAFFÉE ou MafFeI ,
^Jean-Pierre) célèbre Jéfutte, né
à Bergame en 1536» enfeigna la
rhéthorique à Gènes , avant que
d'être de la Compagnie de Je£u$.
Phiâpfe II roi d'Efpagne , auquel il
communiqua le deSein d'écrire
l'hiftoire des Indes , l'encouragea
à l'exécuter -, & pour le récompen-
fer d'avance , il nomma fon frère
fccrétaire du Sénat de Milan ? &
Crégoîre Jt///e«tpour hri uneeftime
prfticuliere. StîoppatSy cité par Aï-.
UT'9ni dit qu'il étoit '^Uçoiem Jt-
fête dé la bdle latinité , que , >« de
» peur de l'altérer» il demanda au
>* pape la permiffion de dire fon
vt bréviaire en grec « *, mais c'eft
une fable. Le carénai BendrogUo ,
ami de ce Jéfuite, en fait un pot-
trait avantageux daris le chapitre
VIII du premier livre de fes Mé-
moires. L'extérieur du Père MajfH
n'avoitrien qui annonçât fon mé-
rite^ fa converfation même étoît
fans agrément. Il étoit d'un tem-
pérament délicat> H veilloit exac-
tement fur fa fahté. Les mets ordi-
naires qu'on fervoit à la commiiu
naiité , ne lui fuffifoieiit pas -, il lui
^loit qudque chofe de plus fin ,
parce qu'il étoit pertodé qu'une
nourriture groflîere ne pouvoit pas
faire naitre de penfées f)>irituelles.
Il atmoit à voyager & à changer
Souvent dé demeure. Il étoit con»*
me tioraet , prompt à s'eftflamm'er ;
mais il rentrait en lui-même , &
demandoit pardon à ceux que far
colère avoir ofFenfés ou fcahdali-
Tés. Il étoit d*une lenteur extraor-
dinaire à compofer; rien ne pou-
vait le fatbfaire « & il paiToh
des heures entières à limer usie
phrafe. Son travail de chaque )our
fe bomoit à 11 ou 1 5 lignes. Quand
on lui patDÎâbît furpris de cette
lenteur > il ré^ondoit : >« que lé»
w leâeurs né s'informoient pas d<£-
M temps » mais des beautés qu'oii
n avoit mifes en compofant un où-
H vrage «<. Il mourut à Hvoli le
20 Oôobre 160 j, à 77 ans. Oft
a de lui : I. De vita 4* mcnrihusSanSHm
IgnàiU , in-S'' » à Venife » 1585 : oti
fent que c'eft un en£mt qui peint
fon pere« IL Wftoriarum Indicarum H-
hri xri , phifîeufs fois réimprimés
iii-fol. & in-8^ ; & à Bergame, 1747 ,
2 vol. in-4^. U y a dans cette hîf-
toire biea du merveilleiuc ^ qû
pourroit Élire tort à ce qu'il j n
-de vrai. On la lit pins pour li»
^^c > tr^-pur U ttès-élégàm ^
Gg ÎV
47^ M A F
quoique bourfouâé dsas certaîflf
endroits , que pour les faits. Le
eardin^l Benùvogâo dit que Tauteur
parle bien latin, & aflez mal des
affaires de la guerre & du cabinet,
& que fes harangues n'ont rien
que de foible & de languiflaïu. Il
mit dix ans à la compofer. L'abbé
de Pure Ta aiTez mal traduite en
françoh , à Paris , 1665 , in-4^. £lle
va iufqu'en 155$. On y trouve à
la fin la traduûion des Lutns écri-
tes des Indes par les Miffionnaires.
Grégoire XIII chargea Muffei d'é-
crire VHtfiolre de fon pontificat.
Cet ouvrage , qu'il laifla manufcrit ,
a'a été publié qu'en 1741 , à Rome,
en 2 vol. in-4°.
y. MAFFÉE ou Maffei . ( Fran-
çois-Scipion ) né à Vérone en
1675 , d'une famille illuffa-e , fiit
aflbdé fort jeune à l'académie des
Arcades de Rome. A 27 il foutint
publiquement dans Tuniverfîté de
Vérone une Tnefe , qui refpiroit la
gaieté de la ieuneÀe & de la poé-
iie , quoique en profe. Elle rouloit
toutcy«r r Amour , & contenoit cent
condufions ; Taéemblée fut nom-
breufè & biillante. Les dames de
Vérone y tenoient la place de doc-
teurs : l'ouverture fut une Puce de
PUfie ; trois académiciens argumen-
tèrent en forme. Le marquis, paf-
£oané pour tous les genres de gloi-
re , voulut goûter celle des armes. 11
fe trouva » en 1704 , à la bataille de
Donavert, en qualité de volontai-
re. L'amour des lettres le rappela
bien-tôten Italie. U eut alors à fou^
tenir une autre efpeçe de guerre : il
combatdt le préjugé odieux & ri-
dicule du duel , à l'occafion d'une
querelle où fon frère aîné étoit
.^i^gagé. U ât un livre p^iein de fa-
vantes recherches , fur les ufages
des anciens pour terminer les dif-
férenîs à&% pai;ûcuUers : il y fit voir
aux duellifteà, que ce prétendu poini
d'honneur & le duel cû^ui-mêmç
M A F
font^ppoféi à la religion , au bot
fens , & à l'intérêt de la vie civile.
Le marquis Maffei s'attacha enfuite
à réformer le théâtre de fa nadoo.
U publia fa Métope ; jamais Tragé-
die n'eut un fuccès fi brillam , ai
û. foutenu. Le marquis voulut auffi
.épurer la Comédie^ il en fit une,
fous le titre de la Cérémonie, qui
iiit applaudie. Sa réputation étoit
répandue dans toute rEurope^
quand il vint en France en ij^i»
Son féjour à Paris fut de plus de
4 années. On vit en lui un génie
étendu, un efprit vif, pénétrant,
avide de découvertes» & très-proprt
à en Eure; une humeur enjouée,
un coeUr naturellement bon, fin-
cere , défintérefle , ouvert à l'anû*
dé , plein de zèle pour la religion
& fidelle à en remplir les devoirs. A
peine voulut-on s'appercevoir qu'il
fe prévenoit aifément de fes propres
idées , qu'il étoit délicat fur le point
d'honneur littéraire , fouffrant im-
patiemment la contradiâion, trop
abfolu dans la difpiite, & qu'il
fembloit vouloir oire régner fes
opinions comme par droit de coa-
qucte. De France , le marquis Mafâ
pafla en Angleterre -, de là en Hol-
lande , & enfuite à Vienne , où il
reçut de l'empereur Charles VI des
éloges plus flatteurs pour lui que ks
titres les plus honorables. De re-
tour en Italie , il parcourut toute
la'fphere des connoiiTances hu-
[maines. Cet homme célèbre mou-
rut en 175 5, à 80 ans. LesVéro-
nois l'avoient chéri avec une efpece
d'idolâtrie. Pendant fa dernière ma-
ladie on fit des prières publiques,
& le confeil lui décerna , après fa
mort , des obfeques folenncllcs.
On prononça dans la cadiédrale
de Vérone fon oraîfon funèbre.
Perfonne n'ignore cette infcriprion !
énergiqup : Au Mabquis Scjpio»
MaFFEJ , ENCORE VIVANT , mifc
au bas de foa bufle ^ qu'il trouva^ |
M A F
fon retour à Vérone , placé i
l'entrée d'une des faites de l'aca-
démie. Le catalogue de fes ou-
vrages femble être celui d'une
bibliothèque. Les principaux font :
L Rime e Profe^i Venife , 1719,
in-4°. IL La ScUn^a CavaÛtrtfca^ à
Rome , 1710 , in-i4°. Ce livre con-
tre l'ufagc barbare des duels , paâe
pour excellent. Il en a paru fix
éditions : la dernière a été com-
mentée par le Père Faoii , membre
de l'académie des Arcades., fous
le nom de Tcdalgo. III. La Mérope^
tragédie. U y en a eu pluâeurs
éditions. La 3*, en 1714, in-8® ,
à Modene, <eft ornée dun Dif-
cours du marquis Orfi, La 8* , à
Londres, 172 1, in-8°, eft avec un
Difcours & des notes du P. Séhaf-
tUn Paoli de Lucques , qui s'eil
caché fous le nom de Tidalp> Paf"
tore. Cette tragédie a été traduite
deux fois en profe françoife : la
première traduâion efl attribuée à
Freru , fecrétaire de l'académie des
iofcriptions & belles - lettres : elle
parut avec le texte italien en 17 18 ,
in-i2, à Paris. La 2^, imprbnée
dans la même ville en 1743 , in-8° ,
uns le texte, efl de M. l'abbé D. B..
IV. Traduuori ItalUni y o fia notifia
éU volgan\\amenti d^aniUhl Scrîuori
Latùtle Greciy à Venife, 1720 , in-8^.
V. Teatro îtaUano , o fia. fcelta di
Trageâi per ufo délia fccna , en 3 vol.
in-8^. VI« CaJJiodori complexiones in
Epijiolaj & AHa Apoftolorum & Apo»
ealypfinty ex vesuftijifimis memhrants
enitee , à Florence, 1721 , & à Ro-
terdam , 1738. VII. Iftoria éUploma-
tica , che ferve d'introdunione alParu
ffitiai in taP materiay 1727, in-4^.
Ceft une hifloire de la fcience di-
plomatique « qui peut fervir d'iiî-
troduâlon à ceux qui veulent s'y
appliquer. VIII. De gU Anfiteafn\
êfingolarmeme de Verontfe^ à Vérone,
1728. IX'. ^uppUmentum Acadantm,
monumtnta nunfuam édita çontlnens ^
MAC 47T
à {Vemfe , 1728. X. Mufdatm Vcro^
nenfe , 1729 , in - folio : c'eft un
recueil d'infcriptioïrs relatives à fa
patrie. XI. Verona illuftrata , in-fol. »
a Vérone , 1732 , en 4 -vol. in-8^.
La république de Venife , à qui
l'auteur dédia cet ouvrage > le dé-
cor» d'un titre qui ne fe donne
qu'à la première nobleffe, avec de»
revenus , des immunités & des pri-
vilèges. XII. U primo canto deU*
Iliade d*Omero^traduuo in verfi ha-
liani^k Londres , 1757» en vers
non rimes. XIIL La Reli^one di
Gentili nel morire , ricavatJ. da m
haJfo'Tevelo antîcho , ehe fi conferva in
Parigi , à Paris , 17 3 6 , in - 4®. XIV.
OJferva^ioni leturarie ^ che poffonofer-'
vire di continua-^one al Giornale dç
Letterati d^Italia. XV. On a encore
de lui un ouvrage fur la Grâce,
C'eft une Hiftoire théologique de
la dodbine &^es opinions qui
om eu cours dans les cinq premiers
fiecles de l'Eglife, au fujet de la
Grâce , du Libre arbitre & de la
Prédcftination ; elle eft en italien ,
& fîit imprimée à Trente en 1742.
Maffci y a joint quelques écrits théo-
logiques qu'il avoit déjà compofés.
XVl. Des Editions eftimées de quel-
ques Pères... U ne fout pa? le con-
fondre avec Signello Scipion Majftmi^
de Tortone, auteur d'une bonne Hi/»
toire de la ville de Mantoue en italien*
MAGâHAH , Voy. AuHADi.
MAGALHAENS, Foye^ Ma-
GELLAN.
MAGALLIAN , (Côme) Jéfuîte
Pormgais , dont on a des Commen-
taires fur Jofué ^ les Juges , les Epî-
tres à Tiu & à Timotkée , & d'au-
tres écrits, occupa une chaire de
théologie à Conimbre , où il mou-
rut en 1624, dans fa 73^ année.
MAGALOTTI , ( Laurent ) né
à Florence en 1637, fut employé
dans plufieurs négociations impor-*
tantes. Il alla dans diverfes cours
de TEurope) en qualité d'envoyé
du grand -duc , «pii llioaoni et
la charge de coofeiller d*état. 11
devint membre de la fodété royale
de Londres « de Tacadémie de la
Crufca, & de celle des Arcades de
Rome. 11 mourut le % Mars 171 1 ,
é 74 ans. Magaloaî étoit très-diffi-
cile fur Tes écrits; rien neponvoit
contenter fa délicatefle fcrupulcufe.
^n exaâitude s*étendoit même fur
les difcours les plus familiers , qui
inroiflbient aum étudiés que fes
«crits. On frappa à fon honneur
une médaille , dont le revers eft
un Àpolion rayonnant, & la légende :
Vmnij LUSTRAT. On a de lui un
grand nombre d'ouvrages. Les prin*
Icipaux font : I. Le ReaUU du £xpé^
menées Élites par l'académie tUl Cl'
mtmto dont il étoit fecrétaire, à Flo-
rence^ 1^7 et 169 1, in-fol. L'exac-
titude des expériences & la ji^efTe
des réflexions ne font pas le feul
mérite de ce livre. Il eft écrit avec
îme élégance recherchée, peu or^
din«re à ce/fortes d'ouvrages. II.
Lettres fandtUrts contré Us Athies y eà
italien , 1741 , in- 12, III. Des A»-
iévons de II Chine, &e, IV. Latere
fiienttfichey 17H », W-4** > * voL
"V. Can\onau anatreonùchft di' Un-
doro Elauo^ 1713 » in-8^, VL Open^
Ï762, in-8*.
MAGATUS,( Céfar) né en 1 579,
à Scandiano , fut lait doôeur en
médecine à Bologne Tan 1597,
6c profefleur à Ferrare en 161 3. Il
s'attacha particulièrement à mon-
trer les défauts de la méthode de
^anfer les plaies qui étoit alors en
itûge , & fubilitua une pratique
appuyée d une expérience fuivie
û réfléchie. Il donna à ce fujec
cm bon traité intitulé De tara me-
Jècadonefwilncrum , Venife, ï6i6 ,
in-fbl. Leipzig, 1733 , 1 vol. in-4^
Sur la fin de fes jours il fe fît
Capucin , & mourut en 1647. Son
frère Jeaf-B\ptiste fe diflingua
ftu£ dans la médecine ; oa a de
M AG
lui Cù9ifidera^nâs médiat , tolopiii
1637, in-4^
MAGDALEH, pritre Angloîf ,
8c chapelain de iS/cAtfr<f//. Comme
il refTembloit beaucoup au roi par
les traits du vifage & par la talle,
quelques iéigncurs révoltés le re-
vêtirent , en 1 399 , d'habits royaux ,
aprèl Taflâffinat de Richard, & le
Itfent reconnoitre par un grand
nombre d'Anglois. Mais le nou-
veau roi Henri IV ayant pris quel-
ques-uns des principaux du paitt ,
toute cette troupe fe diflîpa. Ma^
daim , & un autre chapelain du roi ,
tâchèrent de fe fauver en Ecofie :
on les prit & on les enferma dans
la tour de Londres. Ils fiirent
tous les deux pendus & écartdéi
en 1400.
I. MAGDELENE , ( Ste Marie )
ainfi nommée du bourg de Mag-
dala , iimé dans la Galilée près la
mer de Tibériade , fnt guérie par
Jefuâ , qui chafTa fept Démons de
fon corps. Elle s'attacha à lui , &
l'accompagna dans tous fes voya-
ges. Elle le fuivit au Calvaire i &
après l'avoir vu mettre dans le
tombeau , elle retourna à Jérufii-
len préparer des parfums pour
l'embaumer. Le furlendemain elle
alla de grand matin au fépulcre
avec les autres femmes , & n'ayant
point trouvé le corps , die cou-
rut en porter la nouvelle aux Apô-
tres, & revint au tombeau. S'é-
tant tournée , elle vit lefus de-
bout , fans (avoir que ce fût lui.
Il lui demanda ce qu'elle dier-
choit ? Magdeleney penfantque c'étoit
un jardinier , lui répondit :5£ vous
Pavei enlevé * dites-moi oà vous Pâ"
re\ mis , ^ je Vemporteral. Jefu» lui
dit : Marie,,, & aufli-tôt le coimoif-
fant à fa voix , elle fe jeca à fes
pieds poitr les baifer. Mais Jefrs
lui défendit de le toucher -, &
tempérant aufli-tôt ce trifle refus
psuf l'aveu qu'il cefleroit encore
M A G
ifiel^c temps avec elle avant que*
4'aller à fon Piere , il lui ordonna
d'aller annoncer cette nouvelle con^
folante à fes frères. On ne fait
plus rien de certain de la vie de
Magdclme , que quelques-uns ont
confondue avec la Pcchereffe dont
on ignore le nom , & avec Marie ,
foeur de Lazare, L'hiftoire de fon
Voyage en Provence , inconnue à
toute Tantiquité , n'a plus bcfoin
d'être réfutée. On crut avoir dé-»*
couvert fcs Reliques dans la même
province vers l'an 1279. L'hifto-
rien romanefque de cette décou-
verte prétend qu'on trouva dans
le tombeau qui les renferraoit , un
écriteau très-ancien fur du bois in-
comiptible , contenant ces paro-
les : Van fept cent ds la naitvtté de
^foire-Seigneur , te feiiieme jour de
Décembre , régnant Odouïa roi de
France , du tçmps de fîncurfion des Sar-
rafins , U Corps de Sainte Marie-Mag-
'ïclene fut trjnsféré U nuit très-fe-
<réiement de fon fépulcre d'albâtre
*a celui de marbre , par la crainte det
hf délies. » Or il eft à obferver »
^ ( dit FUury ) , qu'il n'y eut ja-
*> mais de roi de France du nom
»♦ d.*Odouïn ou Odoïc , & que l'an
** fept cent régnoit Chîldebert III ,
'♦ à qm fuccéda Dagohert II juf-
*» qu'en 716. Mais celui qui fa-
»♦ briqua l'ecriteau , ni ceux qui le
**" découvrirent, n'en favoient pas
>♦ tant Vous avez vu d'ailleurs
** que douze ans auparavant , en
" 1267 ,. le roi S. Louis , ac-
*^ compagne du légat Simon de
^ Brie , alla à Vezelai , & y af-
« fifta à la tranflation àç& Reli-
** ques de Ste. Marie - Magde/ene
»» d'une châffe à l'autre. En re-
" montant plus haut , vous trou-
'♦'verez que dès l'an 11 46 on
*» croyoit avoir ce Corps à Ve-
>* zelài -, & qu'en 898 l'empereur
*♦ Léon' le Philofophe l'avoit fait
* apporter à Conftantinople j &
• M KG 47f
>» âlfphefe , félon Cedrentts, Tbns
H ces faits ne font pas feciles à ac-'
>♦ corder avec la découvene de
>» Provence u , dont 1 hiftoire » fui-
vant le même écrivain , eft un
Ûf[\i de Fables y mal^inventées par de»
ignorons,., Voy. II. Launoi,
IL MAGDELËNE de P^zzi,
(Sainte) Carmélite de Florence ,
morte le 27 Mai 1607, 341 ans»
fut béatifiée par Urbain VIU en
1626 » & canonifée par Alexandre
y II y en 1 669. Elle fut tourmentée
par divenes tentations , & exerça
fur elle-même beaucoup d'aufléri-
tés. Sa P^ a été écrite en italien'
par Vincent Puchinî , & traduite en
françois par Brochand ^ & en latin
par Papebrock, On en trouve un
abrégé dans les Vies des Saints de
Baillet y au mois de Mai.
m. MAGDELËNE de France .
fille du roi François /, & femme
de Jacques V roi d'Ecoffe. Ce prin-
ce, prévenu favorablement par les
bruits publics pour l'efprit & la
beauté de cette princeffe y réfolut
de la mériter en fecourant François
ly dans le temps qu'on appréhen-
doit que l'empereur n'envahit la
Provence ou le Dauphiné. Mais »
malheureufement , une tempête
épouvantable difperfala flotte Eco^
foife , fur laquelle il y avoit 16000
hommes de débarquement. Jacques
ne laifl[a pas d'aborder à Dieppe «
& de prendre la pofte pour sdlet
demander à François fa fille en ma-
riage. Ce monarque généreux , fol-
licite par un prince auffi généreux
que lui, ne put lui refufer l'objet
de fa demande. Magdelene fiit ma-
riée à Paris le i®' Janvier 1536,
& mourut de la fièvre en EcolTe
dès le 7 Juillet fuivant.
MAGDELENET , Voyei Made-
LENET.
MAGELLAN , ( Ferdinand ) au-
tremçntFernando de Magalhaens,
capitaine Portugais , s'eft immorta*
476 M A G
UTé par Tes découvertes. H - com-
mença fes expéditions par la con-
qjdètt de Malaca, £ûte en. 1510»
& dam laquelle il combattit fous ^
le Grand 4*Albuquerque , appelé le
Mars Portugais. Il fe diftingua bien-
tôt, tant par fa bravoure que par
fon intelligence dans l'art de la
navigation , & par une connoif-
fance exaâe des côtes des Indes
Orientales. A fon retour en Por-
tugal , il fe crut en droit de de-
mander une récompenfe au roi
Emmanuel, N'ayant pu l'obtenir ,
il renonça pour jamais à fa pa-
trie , & alla offrir fes favices à
Charlcs-Qulnî pour la conquête des
iiles Moluques. L'empereur n'héiita
point à lui confier une flotte de
dnq vaifTeaux, & MagiUan partit
en 1^19. Lorfqu'on fut à la hau-
teur de Rio- Janeiro , la chaleur de
ce nouveau climat caufa tant de
maladies dans la flotte , que tout
l'équipage découragé jugea qu'il
étoit impoilible de pourfuivre cette
entreprife. Le tumulte alla fi loin ,
que Magellan fut obligé de punir
de mort les principaux chefs de la
révolte , qui étoient Mandoce &
Çmxada , Caflillans diflingués. Il
fit hiverner fa flotte dans un cajp
fitué au 52* degré , où l'on ap-
perçut des hommes d'une taille gi-
gantefque , & il l'appela le Cap
des Vierges , parce qu'il avoit été
découvert le jour de Sie Urfule,
A II lieues de ce cap il entra
dans un détroit auquel il donna
fon nom , dont la bouche avoit
une lieue de largeur, & qui étoit
bordé de montagnes fort efcarpées.
H y pénétra environ jufqu'à 50
lieues , & rencontra un autre dé-
troit plus grand , qui débouchoit
dans les mers Occidentales -, il
donna à celui-ci le nom de Jafon
Portugais, £nfin , après une navi-
gation de 1500 lieues depuis ce
(ap , il découvrit pluûeurs iiles
M A G
habitées * par les Idolâtres / & il
prit terre à celle de Zaha. Les Es-
pagnols y furent reçus avec hos-
pitalité par le fouverain du pays »
qu'ils inâruiiirent & convertirent.
à la foi. Ce prince engagea Ma»
g/tUafi à fe joindre à lui pour Êiirc
la guerre au fouverain , de l'ifle
de Mdtan ; & à l'aide de Efpa-
gnols , il remporta fur lui de
grands avantages. Mais craignant
que dans la fuite la même valeur
qui l'avoit il bien fervi contre fes
ennemis , ne fe tournât contre lui-
même , il fit périr Magellan en 1 5 21.
Le bibliographe* £fpagnol , Nicolas
Antonio , afliire que le Routier des
navigations de Magellan étoit ma-
nufcrit entre les mains d'Aatonîa
Moreno , coimographe de la Con-
traûation de Séville. On en trou-
ve une Defcription abrégée dans
le Reaieil de Ramufio,
MAGEOGHEGAN, (Jacques)
prêtre Irlandois, habitué à la pa-
roiffede Saint-Merry à Paris , mou«
rut en 1764, à 63 ans. Cétoit un
homme laborieux , & auiH attadié
à fa patrie , que les Juifis de la cap-
tivité l'étoient a Jéruialem. Il tSi
auteur d'une Hiftoire dlrUnd^^ Pa-
ris, 1758 , 3 vol. in-4**. Cette Ifif-
toire, remplie de recherches que
l'on ne trouve pas ailleurs , eil la
feule que nous ayons de ce pays*
L'auteur , comme Irlandois & com-
me Catholique , n'efl pas favorable
aux Anglois. Son (lyle pourroit
être plus élégant.
I. MAGGl, ( Jérôme )Afdg%îitf,
c^Anghiari dans la Tofcane , eut
du goût pour tous les arts "tf. pour
tomes les fciences, & les culdva
avec fuccès. Quoiqu'il eût culdvé
la jurifprudence , il s'adontia par-
ticulièrement à la partie des maàié-
n^atiques qui regarde Tarchiteâure
militaire. Ses talens déterminereat
les Vénidens à lui donner la charee
de juge de l'amirauté dans l'ilc
M A G
^e Chypfe. Falnagoufte , affië-
gée par les Turcs, trouva dans hii
toutes les refîburces qu'elle aurolt
pu attendre du plus habile ingé-
nieur. Il défeipéra les aflîégeans,
pat les machines qu'il inventa pour
détruire leurs tiavaux -, mais ils en-
tent leui* revanche. La ville ayant
M A G 477
Leçons , 1564 , in-8®. Tous ces oij-
vrages, écrits a^e;E élégamment en U*
tin, font remplis de recherches. Mag^
produifoit peu de lui-même , & fe
cotitentoit de recueillir les penfëes
des autres. On a encore de hii uâ
Traité des Fortifications , en italien-^
15 89^ în-folio. Il y propofe diverfes
étéprife en 15 71, ils pillèrent la' machines de guerre fort curieux
bibliothèque de Magp , Temmene- fes , & dont quelques-unes étoieift
rent chargé de chaînes à Conftan*
tinople , & le traitèrent de la ma-
nière la plus barbare. Il fe confola
néanmoins , à' l'exemple d'E/ope de
Menippe , A*Epicteu^ & de divers
autres fagcs qui avoient été efda-
vcs comme lui. Après avoir tra-
vaillé tout le jour à des ouvrage!
bas & méprifables , il pafToit la
suit à écrire. Il compofa , à l'aide
de fa feule mémoire , des Traités
remplis d'érudition , qu'il dédia aux
ambaffadcurs de France & de l'era-
ptreur. Ces deux miniftres , tou-
chés de ccmipaffion , voulurent le
racheter *, mais , tandis qu'ils trai-
toient de fa rançon , Maggi trouva
le moyen de s'évader & de fe fau"
ver chez l'ambaffadeur de Tempe*
reur. Le grand-vifir , irrité de cette
évafion, l'envoya reprendre, & le
fit étranger dans fa prifon le 17
Mars 1571. Cétoit un homme d'une
profonde érudition ^ laborieux ,
hofti citoyen , ami fincere , & digne
d'une meilleure fortune. Ses prin-
cipaux ouvrages font.: I. Un traité
Z>e TîHtmnahulis ^ à Hanau, in-8^;
1608. èe traité des Cloches cft très-
favant; 8c, ce qu'il y a de plus
extraordinaire, c'eft que l'auteur
le fit de mémoire. //. Un autre
DcEqmUo, Hanan; in-$^, 1609,
de fon invention. Un livre , De /a
fitujtion de l* Ancienne Tofcane^
IL MAGGI, (Barthélemi) mé-
decin , frère du précédent, naquit
en 1477 f & mourut à Bologne â
patrie en 1551, à 75 ans. Nous
avons de lui un Traité fur la gué*
rifon des plaies Eûtes par les arr
mes à féu , 15 5 2 , in-4® , Bologne ,
en latin... Il ne faut pas le con*>
fondre avec François- Marie Mag^^
Gl ,^qui a publié Syntagmata Ungtùi'^
mm Géorgie , Romae » 1670 , in-
folio.
I. MAGINI , (Jacques) Magi'^
nus , Auguftin , mort vers i42ï^ort
igé, eft auteur d'un livre de théo-
logie aflez rare, intitulé: Sopho*.
iogium , Paris , 1477 » in-4'*. H y ^n
a une édition plus ancienne , fans
date. '
II. MAGINI , ( Jean-Antoine)
G^ébre agronome & mathémad«-
cien , natif de Padoue , enfeigna à
Pologne avec réputation. Ce favaiit
étoit infeûé des erreurs , trop com*
munes alors , de l'aflroiogie. Il dé
mèlôit audi de tirer des horofco-
pes , & il a écrit fur cette matie-»
re aufli obfciA-e que ridicule. H
mourut à Bologne le it Février
1617 , à 61 ans. On a de lui : I. des
Ephémérides.ll. Nova caUfiium orbium
m. De Mundi exido per contbuftio'* theorU, Quoiqu'il penchât pour le
non , IWtî r , Bàlc , 15 61 , in-fol. fyftème de Copsmîc , il foutient dan^
TV. Des Commentaires iw^os Vies cet ouvrage celui deP^o/o/ns^^ qu'il
des Hommes illuftres A^JEmiTtus tâche de corriger & d'expliquer*
^rohus , in-fol. V. Des Commentai" Ce n'eft pas qu'il le crût meilleur
^ts fur tes ln/£tuts die Juftiaien , in- que l'autre \ mais vraifemblable-
^^ yi, DeiM4^MgUi ou^divârfes mtnt il redoiypit Hnquiiiiioa tf^
47$ MAC
ffegardoitles Copenûâciis die
raisceil. IIL Des Coamunuinsi)XC
la Géographie de Ptolomi^ IV. Une
^eicription de Tlalie ea 60 tables.
V.Un Traité an Miroir Ci^ncMVc fphi'
fiquc^ traduit en françois» i6zo ,
in-4*'. U compofoit lui-même de
farauds miroirs concaves de cinq
pieds de diamètre, & il fit en opti-
jDue les progrès qu'on pouvoit y
éire alocs ; & un grand nombre
id'autres ouvrages > peu recherchés
sniiourd'hui.
MAGIO , (François-Marie) ch«-
snoine régulier, né en i6iz, mort
J'ati 1686 à Païenne, fut envoyé
idans les miffîons de l'Orient l'an
•3636 par la congrégation de la
SVopagande. 11 parcourut la Syrie >
i'Arabie , TAnnénie & y fat beau-
coup de fruit. Par-tout il montra
.qu'il favoit allier un grand zèle à
beaucoup de prudence. On a de
lui: 1. Syntdgmata linguarum Orient
gaUwn , Rome , 1670 , in-fol. II.
De facrts Cétremoniis, III. De Pauli
IV inculp^ta vita difqufitlonts hif-
torlca» IV. Plufieurs ouvrages fur
U Rituel & afcétiques.
MAGLUBECCHI, (Antoine)
né à Florence en 1633, fiit d'a-
bord deftiné à i'orfévrerie *, mais
on lui laiiTa fuivre enfuite fon goût
pour les belles-lettres ,1 & il devint
bibliothécaire de Cofnu II , grand-
duc de Tofcane. U mourut à Flo-
rence le 14 Juillet 1714» à ^i ans ,
laiâant fa nombreufc bibÛodieque
' au public avec un fonds, pour
1 entretenir. Il étoit confuhé par
tous les favans de l'Europe, &
adoré par ceux de Florence. Con-
feils, livres , manufcrits , rien n'é-
toit refîifé à ceux dans qui il voyoit «
le germe de l'efprit. Le cardinal
NoTÎs lui écrivit , qu'i/ hd étoit
plus redevable de l'avoir dirigé dam
fes études , qu''aU Pape de l'avoir ho^
noré de la Pourpre, Sa vafte mémoire
itaahtd&m tout U ponoit foa «v^
M A G
dite pour les livres, jufqu'à Uf#
ceux qui n'étoient pas tout-à-Êû
mauvais*, & il trouvoit que fon temps
n'étoit pas touiours perdu. On a
imprimé à Florence , en 1745 , un
recueil des différeoces lettres que
des £ivans lui avoieot écrites , in-
S^ ; mais ce feoudl eft incomplet»
parce que MagCaheechi » indifféreflC
pour tom , excepté pour l'étude ,
négligeoit de mettre en ordre fes
papiers. On a encore de lui des
éditions de quelques ouvrées.
MAGLOIRE( (S.) natif du pays
de Galles dans la Grande-Bretagne,
couiin germain de S, Samfom &
de 5. Malo , cmbraila la vie mo-
nafttque * vint en France , fîit abbé
de Dol , puis évêque régionnaire
en Bretagne. U établit dans la fuite
un monaftere dans l'ifle de Gerièy «
où il mourut le 14 Oûobre 575 9
âgé d'environ 80 ans. Ses reliques
lurent transférées au faubourg Sain^
Jacques , dans un monaftere de
Bénédiâins , cédé aux Pères de
rOratoire en 162S. C'eft aujour-
d'hui le Séminaire Saint^Ma^loire ,
célèbre par les favans qu'il a pro-
duits. Ce faim homme cultivoic
la po^e, & avec fuccès -, c'eft de
lui qu'eft V Hymne qu'on chante à
la Toufiaint : Cetlo quos eadem glorié
çfmfeùrat , &ç»
MAGNAN , Voytt, Maignait.
MAGNENCE , Germain d'ori-
gine , parvint du grade de iîmpie
foldat aux premiers emplois de
l'empire. L'empereur Confiant l'ho-
nora d'une amitié particulière , &
dans une révolte , le délivra de la
fureur des foldats , en le couvraoc
de fa robe. Magnence paya fbn bien*
fdteur de la plus noire ingratitop
de ', il le fit mourir en ^50 , après
s'êire £nt proclamer empereur. Ce
crime le rendit maître des Gaules,
des Ifles Britanniques , de t'Efpa^ne,
de l'Afrique, de l'Italie & de l'U^
ii«l Çoii/bmçt £: difpofk à.veoger J)
. M A G M A G 47^
am de(onhete'y.ilraaràacotitrè âîfiësrSlfffmond , roi de Pologoe
Magnm^e , & lui livra bataille on
351, près de Murfie en Pannonie.
L'ttfiirpateur , sçrès uik rigoureuse
rcfiftance » fut oblige de prendre
la fiiite, & Cor armée fiit taillée en
pièces. Il perdit peu-à-peu tous les
pays qyà Tavoient reconnu. Il ne
lui râa plus que les Gaules « où
il fc réfugia. La perte d'une ba-
taille, entre Die & Gap, achera
de le jeter dans le déiefpoir. Il
ie fauva à Lyon, où après avoir
^t mourir tous fes parens , en-
tre autres ùl' mère & fbn ùtte , il
le donna la mort en 355 > ^ 5<^
ans. Ce tyran aimoit les beUef-
lettres , & avoit une certaine élo-
quence gueiriere qui plaifoit beau-
coup. Son air étoit noble , fa
taille avantageufe , fon eTprit vif
& agréable ; mais il étoit cruel ,
fourbe , dii&mulé , & il fe décou»
rageoit ûfément. Sa tète &it por-
tée par tout l'empire. Aiagnaiçc fut
le premier des Chrétiens qui où
tremper Ces mains dans le fang de
fon légitiiûe monarque.
MaGNET , ( Louis ) Jéfuite ,. né
rân 157^ , mort en 165^, à 82
9ns , £it le rival du célèbre Bw^
fhanaa en poéfie ùcrée. Il s'eft
Élit un nom par fa Paraphrafe en
vers latins des Pfcaunus & des
Candfues de l'Ëcriture £ûnte. Cet
auteur e& aiTez bien entré dans
TeTprit des écrivains facrés , &
n'aâToiblît que rarement la force de
leurs expreâions.
MAGNI , ( Valerien ) Magiau ,
célèbre Capucin , né à Milan en
1587, d'une faniAlle illuâre , &t
élevé aux eii|pLois les plus impor-
tans de fon ordre. Le pape Vriain
VIIl^ inflruit de fon mérite, le fit
chef des miifions du Nord , emploi
ëom il s'acquitta avec autant de
fuccès que de zèle. Ce fut par fon
confeil que ce pontife abolit l'or-
dre dfts Jffuii^Sps en 1631, U^
demanda un chapeau de cardinal
pour lui -, mais les Jéfuites ^ avec
lefquels il étoit brouillé , empê-
chèrent qu'on ne l'honorât de la
pourpre. L'occafion de fet quereU
les avec cet ordre redoutable ,
n'efl pas lûen connue *, ce qu'il y
a de sûr, c'eft que le Père Magfd
avoit eÛàyé fa plume contre la
morale corruptrice de pluûeurf
^olo^ens de la Société. Ses en*
nemis lui firent défendre d écrira
par le pape Alexandre FIL Le Ca-
pucin ne crut pas devoir obéir à
cette défenfê > & U publia quelque
temps après fon Apolùpe. Les Jén
fuites irrités le déférèrent conmie
hérétique , & prirent pour prétexte
de leur accufatioa ^ qu'î/ avoît avaaeà
que la prmauU & PùifaUlHilîU iv
Papt nUtoUtH pas fondées fur PEcrU
turc. On le mit en prifon à Vienne «
& il n'obtint £à liberté que par la
faveur de Ferdinand llh U iè re^
tira, fur la fin de (es joars , â^
Saltzbourg , & y mourut de la
mort des )uftes en 166I « à 7^ aits g'
après en avoir paâé 60 dans foa
ordre. On a de lui quejqucs ou^
vrages en latin. On trouve dans
le Tom. Il* du Recueil intitula
Tyha magna , tme Lettre écrite est
fa prifon même : i) y répond auv
accufiitioas intentées contre lui « &
le fait avec la vivacité qu'infpire/
un caraâere fougueux }oint1rla per«
fëcution. Ce Capucin , zélé dé&n^
ieur de la philofoi^ie de Defcar^
CM, fè déclara ouvertement coatra
les vieilles erreurs d'Ariftotâ , qu'il
combattit dans différens ouvrages*
On lui doit encore quelques /i-
vres de eontroverfe contre les Pro-
teftans , qu'il haïfToit prefque au-i
tant que les Jéfuites, On coanott
fa réponfe Ênrorite : Memîris tmpw»
dentîjjimc. Elle eft une pteuve que
fa franchife tenoit un peu de la
gr^fficr^ ft 4^ l'impolitefle, Xa|
4«o M A G
vérité auroit fans doute moins dé-
plu dans (a bouche /s'il avoit Ai
lui donner le ton de douceur qu'elle
4loit avoir.
MAGNIERE, (Laurent) fculp-
leur de Paris , mort en 1700 , âgé
de 81 ans , avoit été reçu en 1667
de Tacadémie royale de peinture.
Ses talens Tont placé au rang des
plus célèbres artiûes du fiecle de
Zouls XIV, Il a fait pour les Jar-
dins de Verfailles plufieurs Ther-
mes , repréfentantC//t:/, Vîyfft , le
Printemps, &c.
MAGNIEZ , ( Nicolas ) ccclé-
fiaftique favant & laborieux , mort
en 1749 dans un âge avancé , eft
connu par fon excellent Diûioii-
naîre liin , intitulé Nor^TWs ,
Paris , 1711 , în-4®, 2 vol. Cet ou-
vrage fî utile aux maîtres , & qui
fouit d'une eftime méritée , n'a eu
<pie cette édition-, celle qui porte
1733 , n'a de différence que le
frontifpice. On y trouve , outre les
teots'des auteurs clafliques , tous
ceux de la Bible, du Bréviaire , &
des Auteurs eccléfiaftîques, les ter-
mes des fciences , les noms des
grands hommes , des Dieux de la
feMe , des évêchés , des conciles ,
des héréfies , &c. , enfin plus dç
£x mille mots qui ne font pas dans
les DiéHonnaires ordinaires.
- MAGNIN , ( Antoine ) poëtc
François , originaire de Bourg-en-
BreiTe , -& fubdélégué de l'intendant
de Bourgogne , mourut en 1708 , à
70 ans. On a de lui plufieurs ouvra-
ges , dans lefquels on remarque du
goût, mais encore plus de négli-
gence, l'auteur étoit un de ces ri-
nieurs fubalternes , qui barbotent
toute leur vie dans les marais du
Parnafie* Il ne connut point ceten-
ihoufiafme qui eft l'ame de la belle
poéfie. Cet auteur avoit de Térudi*
non , & il a laiiTé plnfieurs ouvra-
ges manufcrits.
: X.MAGNPL, iPicrr«) profeC-
. M A G
feur en médecine , & direûeur du
jardin des plantes de Montpellier ,
mort en 171 5 , à 77 ans , a donné î
I, Botanîcon Monfpelllenfe , 1686 ,
in-8**, figures. IL Hortus R^us Mon/'
pdllenfis , 1697 , in-8°, figures. ïll.
Novus Chardcler Planiarum , 1710 ,
in-4*.
II. MAGNOL , ( Antoine ) fils du
précédent , né à Montpellier en
1676 , fuccéda dans la chaire de
fon père, & mourut en 1759 , après
avoir publié : I. Novus Charackr
Plantantm , Montbeliard , 1725 , ou-
vrage de fonpcre. II. Dijfenaùode
nfpiradont, III. De natura & caujis
jLldUads /angulnls ; & plufieurs au'
très difiertations.
MAGNON , ( Jean ) poète Fran-
çois , né à Tournus dans le Mâ-
connois ^ exerça pendant quelque
temps la profefiion d'avocat à Lyon.
On a de lui plufieurs pièces de
théâtre, dont la moins mauvaife
eft Artaxerees , tragédie. D y a de
la conduite, de beaux fentunens,
& quelques caraderes pafiablement
ibutenus. Ce poète quitta le genre
dramatique , & conçut le defiein de
produire en dix volumes , chacnn
de vingt mille vers , une Encyclo-
pédU, Il n'eut pas le temps d'exécu-
ter ce projet ridicule , ayant été
afTafilné une nuit par des voleurs
à Paris en 1662. Une p^edefofl
ouvrage parut en 1663 , in-4**,
fous le titre emphafique de Sàmu
mivtrfeUe , & avec une préface en-
core plus emphatique. Lu BihSo^
theques , dit-il au Leâeur , ne te fer"
riront plus que ffun ornement muiik.
Quoiqu'un lui ayant desâandé ÎL
fon ouvrage feroit bientôt Êdt ?
Bientôt , répondit-il *, je n*ai plat
que cent nùlU yers à faire. On ni
doit pas s'étoimer de la merveil*
leufe fiaciHté de Magnon. Ses vers
font peut-être ce que nous avons
de plus lâche , de plus incorreâ , de
plus obfcur & de plus rampant daoi
la
M A G
k poéfie Françoifc. L'auteur avQit
pourtant été ami de Molière -, mais
il profita peu des confeils de ce
^and homme.
I. MAGNUS , (Jean) archeyè-
^e d'Upfal en Suéde , né à Lin-
coping en 1488 , s'éleva avec force
contre le Luthéranifme , & travailla
en vain à empêcher le roi G^/iave
de l'introduire dans fes états : ce
monarque répondit à fes remon-
«ances par des pcrfécutions. Mag-^
nus fe retira à Rome , y reçut beau-
coup de témoignages d'eftime , &
y maurut en 1544 , à 56 ans ,
après «voir public : I. Une Hiftoire
de Suéde en 24 livres , intitulée Go-
éhorum Sutonumque ht/iorla. ex probads
iintiquormn monumcnùs colUcU^ ^ 5 5 4 $
in-fol.j Bâle, 1558, in-8^, Ouvrage
publié avec des additions par Olaûs
Magaus fon frère. II. Celle des
Ardievêques d'Upfal , ^ous le titre
HlfioTÎa MuropoUtoTM Eccîejue. Up^
faUnfis , in rcgnîs Suecia & Gothia ,
À Jeanne Magno Gotho , fcdls apof-
tolîcx legato , & ejufdem eccUJîa ar-
chicpi/eopo , coLkHa, Optra Oldi
JMagni Gotht ejus frturis in lucem
tdita : Rome , 1 560 , i vol. in-fol.
On trouve dans ce livre de quoi
^rétablir la vérité des faits, de dé-
truire les calomnies des Luthériens
contre cet illuftre archevêque ,
homme d'un zèle ferme & d'une
droiture inflexible.
II. MAGNUS, (Olaus) frère du
pïécédent , auquel il fuccéda l'an
J544, dans l'archevêché d'Upfal,
parut avec éclat au concile de Trente
en 1546» & fouffrit beaucoup dans
fon pays pour la religion Otholi-
^ue. On a de lui : L'Hiftoire des
moeurs » des coutumes & des guerres
des peuples du Septentrion , fous le
titre : Hlfloria Gentium Septentriona-
iium , Rome , 1555, in-folio- Cet
ouvrage renferme des chofes curieu-
fes , mais quelques-unes femblent
jlprelefruitde la crédulité. Lauteuç
Tonii V^
MAG A%i
y montre un grand attachement à la
foi catholique , & un zèle ardent
contre les FroteAansw II mourut à
Rome vers i j 60.
MAGNUS, Koj«îMagni.
I. MAGON Barcée » général
Carthaginois , envoyé en Sicile
l'an 394 avant Jcfus-Chrift , con-
tre Denys U tyran , fut défait dan»
le premier combat \ mais ayant re-
mis une puilTante armée fur pied
l'année fuivante , il battit le Tyran
& lui accorda la paix. La guerre
s' étant rallumée , les Cartliaginois
firent une nouvelle tentative int
la Sicile. Magon étoit à la tête: il
livra bataille aux ennemis ^ & fut
tué l'an 389 avant Jefus-Chrift...w
Magon Barcée fon fils lui fuc«
céda dans le commandement , & fuc
encore moins heureux. Epouvanté
par l'arrivée de TimoUon , général
des Corinthiens , il quitta précipi*
tamment la Sicile. On lid fit fon
procès, U prévint le fupplice par
une mort volontaire , l'an 343 avanÈ^
Jefus-Chrift. Les Cardiaginois firent
attacher fon cadavre à une croix »
pouréternifer fa lâcheté & fon in-
famie.
Ïl. MAGON, frère A'Anmbal^
fe fignala avec lui à la bataille de
Cannes ,.& porta ia nouvelle de cette
victoire à Carthage. Pour donner
une idée fenûble de cette a£lion > il
fit répandre au milieu du fénat trois^
boiffeaux d'anneaux d'or » tirés des
doigts des chevaliers Romains tués
dans le combat, l'an 216 avant Je-.
fus-Chrifté Magon fut envoyé en-*,
fuite contre Sdpîon , en Efpagnc -,
mais il fut battu près de Cartha^
gène , & pourfuivi fur le bord de
la mer. Il fe retira dans les IJUs Ba*
léarts , connues aujourd'hui fous
les noms de Majorque & de Minora
que. Les habitans de ces iiles paf*.
foient pour les plus habi]es fron-
deurs de l'univers : dès que les Car-
thaginois approchèrent de la prç-
48i MAC
miere* les Baîcariens firent pleu-
voir fur eux une fi effroyable grêle
de pierres , qu'ils furent obligés
de regagner la mer. Ils abordèrent
plus heureufement à Minorquei
& le Port-Mahon , Ponas-Magonls ,
retint le nom du général qui l'avoit
conquis. Le héros Carthaginois palTa
cnfuite en Italie » fe rendit maître
de Gênes , fut battu & bleffé dans
un combat contre Qmnttlius'Vanu ^
& mourut de fes bleflures l'an 203
avant Jefiis-Chrift.... Il y a eu en-
core un autre Magon, qui laifla
XXVI II livres fur V Agriculture, Ce-
lui-ci floriflbit vers Tan 140 avant
Jfefus-Chrifi. De toutes les richcf-
fes que Scîplon trouva au fiege de
Carthage , il ne conferva que l'ou-
vrage de Magon : il le porta au fé-
aat , qui dans la fuite |e confulta
fouvènt , & lui rendit même plus
d'honneur qu'aux livres Sibyllins,
MAGONTHIER , Voyei Lau-
BANIE.
MAGRÏ, (Dominique) né dans
rifle de Malte , prêtre de l'Oratoire
& chanoine de Viterbe , mort en
1672 , à 68 ans , avoit une érudition
peu commune , embellie par les
vertus facerdotales. Il laifia deux
ouvrages utiles : ï. Hlerolexicon ,
1677 , in-folio , à Rome, compofé
avec fon frère Charles ; c'eft un Dic-
tionnaire qui peut beaucoup fervir
pour Tintelligence de l'Ecriture-
fainte. II. Un Traité en latin des
contrdilHions apparentes de l'Ecriture ,
dont la meilleure édition eft celle
^ 1685 , in-12, à Paris ,par l'abbé
k Fevre , qui l'augmenta confidéra-
blement , Zc qui pourtant n'a pas
épuifé la rtlatiere. III. Dont, Magrl
a compofé la Vie de Laùnus Latî-
nlus , qui eft à la tète de la BlbUo-
theca. J'tcra & profana de cet auteur ,
dont Ch, Magri a donné l'édition ,
Rome , 1677 , in-fol. IV. Vlrtu dd
C^fé , Ruma , 1671 , ia-4**. V . Kiaj^
M A H
glo al Monte Uhanv , 1664 , in-4?;
On préfère celui de D.:ndlni,
MAHaDI, troifieme calife delà
race des Abaflides , fils & fuccciTeur
é*Aboa-Glafar Almanior^e fit un nom
par fôn courage & par fa fagcCe.
Après avoir remporté plufieurs vic-
toires fur les Grecs , il conclut la
paix avec l'impératrice Irène , à con-
dition qu'elle lui payeroit tous les
ans 70 mille écus d'or de tribut.
Ce prince voulut , à l'imitation de
fou père , Êiire le pèlerinage de la
Mecque -, & ce voyage , dans le-
quel il étala tout le luxe du fafie
Afiatique, lui coûta 666 millions
d'écjs d'or. Une infinité de cha-
meaux fiirent employés à porter de
la neige , pour le rafraîchir au milieu
des fables brûlans de l'Arabie. Aftf-
hadi , arrivé à la Mecque » fit em-
bellir la mofquée où Mahomet a
fon tombeau. Un dévot lui avoit
fait préfent d'une pantoufle de cet
impofteur ; il la reçut avec refpeû »
& donna io>ooo dracl>mes à celui
qui la lui préfenta. Mahomet , dit-
il à fes courtifans , n'a jamais vu
cette chaujfure ; mais le pétale tft
perfuadé qu'elle efide lid ^ & fi je Pé-
vols reftiféi , // aurolt ptrtfé que je U
mépnfuis,,,, Mahidi tenoit fréquem-
ment fon lit de juilice, pour ré-
parer les violences que les puif-
îans exerçoient contre les foibles.
Il ne prononçoit aucune fcnteoce»
qu'après avoir confulté les plus
habiles iurifconfuites. Un jour »
ayant dit à un officier : Jufquà quand
raomhcrc:^v^us dans les mêmes faïf
tes ? cet officier lui répondit fage-
ment : Tant que Dieu v»us conjer*
vera la vie pour notre bUn , ce fera i
nous de fùre des fautes , & a vous de
les pardonner. Ayant demandé daas
le temple delà Mecque à unhom]ii0
de la fuite , »» s'il ne vouloit point
>♦ avoir part aux largeflfes qu'U ré-
»» pandoit alors dans la Mofquée *» ?
Je im^unçU de honti^ lui répondsl
M A H
Cet homme , de demander dans U
tiaîfon de Dieu à un autre qua lui , &
êutit chcfeque Im-mème, Ce bon prin-
ce mourut à la chafTe , pourfuivant
une bête fauve qui s'étoit jetée en
une mafure. Son cheval l'ayant en-
gagé dans une porte qui étoit trop
b^e , il ib cafia les reins & expira
flir l'heure , Tan 7^5 de Jefus-Oirift,
après un règne de dix ans & un
mois.
MAHARBAL, capit^ne Cartha-
ginois , commanda la cavalerie à la
bataille de Cannes , l'an 316 avant
Jcfus-Chrift. AuiS ptx)prc à donner
un confeil qu'à faire un coup de
main , il vouloit qu'après cette ac-
tion mémorable , Annibul allât droit
à Rome, lui promettant de le faire
fonper dans cinq jours au Capitole-,
mais comme ce général demandoit
du temps pour fe confulter fur cette
proportion : Je rois bleu , dit Ma-
harbal , que les Dieux n'ont pas donné
âu même homme tous les talcns à la
fols. Vous /ave[ vaincre , Annibal ;
mais vous ne favt{ pas profiter de la
yitiolre,
MAHAUT , Vf^y. I. Mathilde.
MAHÉ , — Bourdons AYE.
MAHIS ,— Desmahis 6'Gros-
TESTF.
MAHMOUD , Voyei Ti. Ma-
homet.
I. MAHOMET , naquit à la Mec-
que l'an 569 ou 570. Sanaiffance
fat accompagnée , fuivant les dé-
vots Mufulmans , de difîerens pro-
diges qui fe firent fentir juique
dans le palais de Chofroës, Eminach ,
îà mère, étoit veu^e depuis dix
mois, lorfqu'elle mit au monde cet
enfant , deftiné à être l'auteur d'une
religion qui s'eft étendue depuis le
détroit de Gibraltar jufqu'aux Indes,
& le fondateur d'un empire, dont les
débris ont formé trois monarchies
puifTantes. A Tàge de 20 ans , le
^une Mahomet s'engagea dans les
fjtQcyjauss qui 1^è%oç\9l^t^ ^^ la
M A H 48?
Mecque à Damas. Ces voyages
n'augmentèrent pas fa fortune , mais
ils, augmentèrent fes lumières. De
retour à la Mecque , une femme
riche, veuve d'un marchand, le
prit pour conduire fon négoce , &
l'époufa trois ans après. Mahomet.
étoit alors à la fleur de fon âge >
& quoique fa taille n'eût rien
d'extraordinaire , fa phyfionomie
fpirîtuelle , le feu de fes yeux , un
air d'autorité & d'infinuation , le
défintéreiTement & la modeftie qui
accompagnoient fes démarches , lui
gagnèrent le cœur de fon époufe.
Chadyfi \ ( c'efl le nom de cette ri-
che veuve ) lui fît une donation de
tous fes biens. Mahomet , parvenu
à un état dont il n'auroit jamais
ofé fe flatter, réfolut de devenir
le chef de fa nation : il jugea qu'il
n'y avoir point de voie plus fïire
pour parvenir à fon but, que celle
de la religion. Comme il avoit
remarqué , dans fes voyages ea
Egypte , en Paleftine , en Syrie &
ailleurs , une infinité de {ç&cs qui
fe déchiroient mutuellement , il crut
' pouvoir les réunir , en inventant
une nouvelle religion , qui eût quel-
que chofe de commun avec toutes
celles qu'il prétendoit détruire. On
prétend qull fut aidé dans fon pro-
jet par Batyras Jacobite , par Serglus
moine Neftorien, & par quelques
Juifs. A l'âge de 40 ans , cet im-
pofteur commença à fe donner pour
prophète. Il feignit des révélations ,
il parla en infpiré i il perfuada d'a-
bord fa femme ^ huit autres per-
fonnes. Sts difciples en firent d'au-
tres ; & en moins de trois ans il
en eut près de cinquante , difpofés
à mourir pour fa dodh-ine. Tl lui
falloir des miracles, vrais ou faux.
Le nouveau prophète trouva dan*
les attaques fréquentes d'épilepfie,
à laquelle il étoit fujet, de quoi
confirmer l'opinion de fon com-
werce avec Je Ciel. Il fitpafferle
Hhij
' aU m a h
temps de fes accès , pour celui que
l'Etre fupreme deftinoit à l'inAruire,
& Ces convulfions , pour rcffetdes
vives hnprefnons de la gloire du
miniflre que la Divinité lui en-
voyoit. À l'entendre , l'ange Ga*
hri:L l'avoit conduit , fur un âne,
de la Mecque à Jénifalem > où ,
après lui avoir montré tous les
faints & tous les patriarches depuis
Adam , il l'avoit ramené la même
nuit à la Mecque. Malgré l'impref-
iîon que faifoient ^es rêves , il fe
forma une conjuration contre le
vifionnaire. Le nouvel apôtre fut
contraint de quitter le lieu de fa
naiffance , pour f« fauver à Médine.
Cette retraite fut l'époque de fa
gloire, & de la fondation de fon
empire & de fa religion. C'eft ce
que l'on nomma Hégire^ ( c'eft-à-
dire , fuite ou perfécution , ) dont
le ^^' jour répond au i6 Juillet
de Tan 622 de J. C. Le prophète
fugitif devint conquérant. Il défen-
dit à fes difciples de difputcr fur fa
dofti inc avec les étrangers , & leur
ordonna de ne répondre aux^objec-
tions des contradiûeurs que par le
glaive. Il difoit, que chaque Pro^
phtte avoîtjhn caractère ; que celui de
J, C, avoit été la douceur ^ & que le
fitn éto'u la force. Pour agir fuivant
fes principes, il leva des troupes
qui appuyèrent fa miflion. Les Juifs
Arabes , plus opiniâtres que les au-
tres , furent un des principaux ob-
jets de fa fureur. Son courage & fa
bonne fortune le rendirent maître
de leur place forte. Après les avoir
fubjugués , il en fit mourir plu-
fieurs , vendit les autres comme des
cfclaves , & diftribua leurs biens à
fes f oldats. [ Voye^ I. Abbas ^ L
Abdalla. ] La viûoire qu'il rem-
porta en 627 , fut fuivie d'un traité
qui lui procura un libre accès à la
Mecque. Ce fut la ville qu'il choi-
iit pour le lieu où fes feâateurs
loroient dans la fuite leur pélcri-
M A H
nage. Ce pèlerinage faifoit dqà use
partie de l'ancien culte des Arabes
Païens » qui y alloient une fois
tous les ans adorer leurs divinités ,
dans un temple aufli renommé parmi
eux , que celui de Delphes l'ctoit
chez les Grecs. Mahoma , âer de
fes premiers fuccès , fe 6t déclarer
roi , fans renoncer au caraâere de
chef de religion. Cet Apôtre fan-
guinaire ayant augmenté fes forces,
oubliant la trêve qu'il avoit faite
deux ans auparavant avec les habt-
tans de la Mecque , met le fi^e
devant cette ville , l'emporte de
force j & , le fer & la flamme à la
main , il donne aux vaincus le choix
de ÙL religion y ou de la mort. On
pafTe au fil de l'cpée tous ceux qid
refirent au prophète guerrier &
.barbare. Le vainqueur , maître de
l'Arabie , & redoutable à tous fes
voiilns , fe crut affez fort pour éten-
dre fes conquêtes & fa religion chez
les Grecs & chez les Perfes. U corn*
mença par attaquer la Syrie, fou-
mife alors à l'empereur HeracUuit
il lui prit quelques villes y & ren-
dit tributaires les princes de Daii-
ma & de Deyla. Ce fut par fes ex-
ploits qu'il termina toutes les guer-
res où il avoit commandé en per-
fonne , & où il avoit montré Tin-
trépidité A^ Alexandre, Ses généraux,
auffi heureux que lui , accrurent en-
core fes conquêtes, & lui foumi-
rent tout le pays à 400 lieues de
Médine, tant au Levant qu'au Mi-
di. C'eft ainfi que Mahomet ^éz^'
pie marchand de chameaux , devint
un des plus puiiTans monarques de |
TAiie. Il ne jouit pas long-temps da.
fruit de fes crime». Il s'étoit toK^.
jours reffenti d'un poifon qu'il avoit
pris autrefois. Une Juive voulaol,
éprouver s'il étoit vraiment pro-.
phete , empoifonna une épaule dt
mouton qu'on devoit lui fervir. Lc-
fondateur du Mahométiûne ^
s*apperçut que 1% riande çtoit ott>
M A H
polfoimée, qu'après en avoir mangé
un morceau. Les irapreffions du
poifon le minèrent peu-à-peu. 11
fiit attaqué d'une fièvre violente ,
qui l'emporta en la 62* année de
fon âge, via 23* depuis qu'il avoit
ufurpé la qualité de prophète , l'on-
zième année de VHégireA la 631*^ de
J. C Sa mort fut l'occafion d'une
grave difputc entre fe$ difciples.
Omar y qui de fon perfécuteur étoit
devenu ton apôtre , déclara , le fe-
bre à la main , que U Prephte de
Dkune pouvait pjs môurîr. Il foutint
qu'il étoit difparu comme Moyft
& £//e, & jura qu'il raettroit en
pièces quiconque oferoit foutenir
le contraire. 11 fallut ijdAbubeher
lui prouvât par le fait, que leur
maître étoit mort -, & par plufieurs
paflkges de l'Alcoran , qu'il devoit
mourir. L'impofteurfut enterré dans
la chambre d une de fes femmes ,
& fous le lit où il étoit mort, C'eft
une erreur populaire , de croire
qu'il eft flifpendu c^ans un coffre de
fer, qu'ime ou plusieurs pierres
d'aimant tiennent élevé au haut de
la grande Mofquéede Médine. Son
»mbeau fe voit encore aujourd'hui
à l'un des angles de ce temple :
c'cfi un cône de pierre place dans
tuie chapelle , dont l'entrée eft dé'
fendue aux profanes par de gros
baneauxdefer^. Le livre qui con-
tient les dogmes & les préceptes
du Mahométifine , s'appelle VAl-
CORAN, [ Voyei Caa» ^ Hamza. ]
C'eft une rapfodie de 6000 vers,
fans ordre, fans liaifon , fans art.
Les contradictions , les abfurdités ,
les anachronifmes y font répandus
à pleines mains. Le llyle , quoi-
qu'ampoulé & entièrement dans le
goût Oriental , offre de temps en
temps quelques morceaux touchans
& fublimes. H eft divifç en quatre
parties , & chaque partie en plu-
fieurs chapitres diftingués par des
litres finguliers , tels que celui de
M A H 48y
î^ Mouche y de V Araignée , de la K<i-
che , Ôcc. Toute la Aéologie du Ic-
giflateur des Arabes fe réduit à
trois points principaux. Le I*^' dl
d'admettre l'exiftence & l'unité de
Dieu , à l'exclufton de toute autre
puiffance, qui puiffc partager ou
modifier fon pouvoir. Le 11*^ eft
de croire qufil Dieu , créateur uni-
verfel & tout - puiflant , connoît
toutes chofes , punit le vice & ré-
compenfe la vertu non-fculemenc
dans cette vie, mais encore après
la mort. Le III® eft de croire que
Dieu regardant d'un œil de mifé*
ricojrde les hommes plongés dans
les ténèbres de l'idolâtrie , a fuf-
cité fon prophète Mahomet peur
leur apprendre les moyens de par-
venir à la récompenfe des bons»
& d'éviter les fupplices des mé*
chans. Cet illuftr e impofteur adop-
ta , N comme l'on voit ^ une grande
partie des vérités fondamentales
du Chriftianifine : l'unité de Dieu ,
la nécefllté de l'aimer , la réfurrcc-
tion des morts , le jugement der-
nier, les récompenfes & les chà-
timens. Il prétendoit que la reli-
gion qu'il enfeignoit, n'étoit pas^
nouvelle *, mais qu'elle étoit celle-
d'Abraham & d*ïfmaël, plus ancien-
ne, difoit-il, que celles des Juifs
& des Chrétiens. Outre les Pro-
phètes de l'Ancien Teftament , il re-
çonnoiffoit Je/us fils de Marie , né
d'elle quoique vierge, Meftie , Ver-
be & Efprit de Dieu ,^ mais non pas
fon Fils. C'étoit,ftlon ce fublime-
charlatan * méconnoître la funpli-
cité de l'Être divin , que de don-
nes au Père un Fils & un Efprit au-
tres q«e lui-même. Quoiqu'il eût
beaucoup puifé dans la religion des
Juifs. & des Chrétiens , il haiffoit
cependant les uns & les autres : les
Juifs, parce qu'ils fe croyoient le
premier peuple du monde, parce
qu'ils méprifoient les autres na-^,
tiens, & qu'ils exerçoient connc.
H h iij
'486 M A H
elles des iiTures énormes : les Chré^
tiens, parce qu'ils étoient fans^cefle
diviTés entre eux, quoique leur
«livin léginateur leur eût recom-
mandé la paix & l'union. U impu-
toit aux uns & aux autres la pré-
tendue corruption des éaitures de
l'Ancien & duNouveauTeftament.
La circonciiîon , les oblations , la
prière cinq fois par jour , l'abili-
iience du vin , des liqueurs , du
fkng y de la chair de porc , le jeûne
^u mois Ramadan, & la fanâifi-
cation du vendredi , furent les pra-
tiques extérieures de fa religion.
Il propofa pour récompenfe à ceux
qui la fuivroient, un lieu de déli-
ces , où lame feroit enivrée de tous
les plaiûr s fpirituels , & où le corps
reffufcité avec fes fens goûteroit
par fes fcns même toutes les vo-
luptés qui lui font propres. Un
homme qui propofoit pour Paradis
un férail , ne pouvoir que fe faire
^es profélytes, fur-tout dans un
nays où le climat infpire la vo-
lupté. 11 n'y a point de religion ,
ni de gouvernement, qui foit moins
favorable au fexc que le Mahomé-
tifme. L'auteur de ce culte anti-
Chrétien accorde aux hommes la
permiilion d'avoir plufieurs fem-
mes , de les battre quand elles ne
voudront pas obéir, & de les ré-
pudier fi elle viennent à déplaire -,
mais il ne permet pas aux femmes
de quitter des maris fâcheux, à
moins qu'ils n'y confentent. U
ordonne qu'une femme répudiée
ne pourra fe remarier que deux
fois^ & fi elle cû répudiée de
fon troifieme mari , & que le
premier ne la veuille point re-
prendre , elle doit renoncer au
mariage pour toute fa vie. 11 veut
que les femmes foient toujours
voilées , & qu'on ne leur voie pas
même le cou ni les pieds. En im
mot toutes les lois, à l'égard de
cette moitié du genre humain ^ qui
M A H
dans tios pays gouverne Taiiirei
font dures , injuiles , ou très-in-
commodes. "L'Alcoran eft fi refpec-
té des Mahométans , qu'un Juii ou
un Chrétien qui y porteroit la
main n'éviteroit la mort qu'en
embraflant leur croyance -, & qu'un
Mufulman même , [ nom qui figni-
iie. le vr&i-àvyant ] feroit pxmi avec
la même rigueur s'il y touchoit
lâns s'être lavé les mains. Peu de
temps après la mort de Mahoma ,
on publia plus de deux cents G>m-
mentaires fur ce livre. Mahovla^
calife de Babylone , fit une affem-
blée'^ Damas , pour concilier tant
d'opinions différentes *, mais n'y
pouvant réuffir,, il choifit dans
l'afiTemblée fîx des plus habiles Ma-
hométans , qu'il chargea d'écrire ce
qu'ils jugeroient de plus raifonna-
ble. Leurs fix ouvrages furent com-
pilés avec foin , & tous les autres
ayant été détruits par l'eau & par
le feu , on défendit , fous de rigou-
reufes peines , d'écrire contre Tau?
torité de cette compilation. La mal-
leure édition de VAUoran , eft celle
de Maracdy en arabe & en latin,
2 vol. in-folio , à Padoue , 1698,
avec des notes. Il y en a une bon-
ne traduâion ai^loife , in-4*' , par
M. Sale, avec une introduâion
curieufe , dont on a enrichi notre
langue , & des notes criôques où
il corrige quelquefois Maracd , 8c
où il fe trompe quelquefois lui-
même. [ Voy. Sale. ] Du Ryer eo
a donné une verfion fiançoife» à
la Haye, 1685 , in-12. M. 5«y4vî
à publié une verfion plus récente,
{ Paris, 1783 , a vol. in-8**. ) fous
ce titre : Le Coran traduit dt l'A'
rabe. On avoit réimprimé à Aiof-
terdam, 1770» ^ vol. in- 12, U
traduction de l'Alcoran'pjar du Rytr,
& on y a joint la tradu£Hoa&an*
çoife de l'introduâion de M. SaU. ^
1783. M. Sa-vari en a dooni
une autre, Paris ^ x vol. ûi-$%
M A H
ivec yflè Vie de Mahomet à la tête,
OÙ cet impoôeur ed -un peu trop
lÛatté ; on y fait un grand éloge
de fon courage & de fa prétendue
politique , & on glifTe fur fes four-
beries & fes fuperftitions , fur fon
£uiatiûne violent & fanguinaire. Il
y a aui& une verfion de l'A/c^ran
en italien , eflimée , qu'on attribue
à André Jmvaberu ^ iy47» in-4**.
Elle eft plus exade que la traduc-
tion de du Ryer , qui eil pleine de
contre-fens. D'ailleurs , comme il a
inféré dans le texte les rêveries &
les £a.blQS des dévots & des com-
mentateurs myfliques du Mahomé-
tiûne , on ne peut diiHnguer par
cette tradu£^iou , ce qui cû de Ma-
homa , d'avec les additions & les
imaginations de £qs feâateurs zé-
lés. On fait encore Mahomet au-
teur d'un Traite conclu à Médine
avec les Chrétiens, intinilé : Tcjta'
mentum & PacU^nes inUJi inter Muham-
mcdum & Chrifilanct fdd cuU^rts^
imprimé à Paris, en latin & en
arabe, en ^650^ mais cet ouvra-
ge paroit fuppo£é. Hottln^r , dans
fon Hijioîre Onemalc , page 24S ,
a renfermé dans 40 aphoriûnes ou
fentençes toute la morale de 1 Al-
coran. Alhert WUm .nfiacius a expli-
qué la théologie de cet impoileur ^
dans un Dla/opu latin , curieux &
peu commun , imprimé Tan 1540»
in-4r**... Foyq la Vi£ de Mahomet
par PrUeaux èa par GagnLr ; & une
dernière publiée en 1780 par M.
Turfùriy 3 vol. in- 12... Pour fa doc-
tricke > voyei Reland » De Relîgiont
Jiiukammedica,
n. MAHOMET l«^ empereur
des Turcs , fîl^ de Bajaiet I , fuccéda
à fon frère Moyfe , qu'Ù fit mourir
en 1413. Il fe rendit recommanda-
ble par fes vi^loires , par fa juilice &
par fa fidélité à garder inviolable-
ment fa parole. Il fit lever le fiege
4e Bagdad au prince de CanmanU «
MA H 487
qui fijt fait prifonnier. Ce prin-
ce craignoit d'expier par le der*
nier fupplice fes fréquentes révol-
tes -, Mahomet le rafTura en lui di-
fant ; Je fuis ton vainqueur , tu es
vaincu & Injufie ; je veux que tu vi'
ves. Ce feroit ternir ma gloire , que
de punir un infâme comme toi. Ton
ame perfide t'a porté à violer U foi
qui tu m*avois donnée : la mienne
m'infplre des fentimens plus magnani'
mes & plus conformes à la majsjîéde
mon nom,,. Mahomet rétablit la gloire
de l'empire Ottoman, ébranlé par
les ravages de Tamerlan & par les
guerres civiles. Il remit le Pont&
la Cappadoce fous fon obéiiTance ,
fubjugua la Servie , avec uae par-
tie de l'Efclavonie & de la Macé-
doine , & rendit les Valaques tri-
butaires. Mais il vécut en paix
avec l'empereur Manuel Paléologue ^
& lui rendit les places du Pont-
Euxin , de la Propontide & de la
Theâalie , que fes prédécefieurs
lui avoient enlevées. Il établit le
ficge de fon empire à Andrinoplc »
& mourut d'un fiux-de-fang en
1421 , à 47 ans.
IIL MAHOMET n , ou Mehe-
MET , empereur des Turcs , furnom-
mé Bojuc , cefl-à-dire , le Grand ^
naquit à Andrinople le 24 Mars
1430 , & fuccéda à fon père ^mu-
nir // en 145 1. Il penfa auffi-tôt à
faire la gucne aux Grecs , &af-
fiégea Confiantinople. Des les pre-
miers jours du mois d'Avril 1453»
la campagne fut couverte de fol-
dats qui prefferent la ville par terre »
tandis qu'une flotte de 300 galè-
res &: de 200 petits vaifleaux la
ferroient par mer. Ces navires ne
pouvoient entrer dans le port ^
fermé par les' plus fortes chaîne»
de fer , & défendu avec avantage*
Mahomet fait couvrir deux lieues
de chemin , de planches de fapin
enduites de fuif & de graiife ^ ^i^
Hhiy
4S8 M A ft
pofées comme la crèche d'un raîC-
feau. 11 &it nrer , à force de ma-
chines & de bras , 80 galères & 70
allèges du détroit , qu'il fait gliiTer
fur ces planches. Tout ce grand
ttavaiï s'exécute en peu de jours.
Les aiHégés furent auflî furpris
qu'affligés , de voir une flotte en->
tiere defcendre de la terre dans le
port. Un pont de bateaux fut conf-
truit à leur vue , & fervit à l'éta-
biiiTement d une batterie de canons.
Les Grecs ne laiflcrent pas de fe
défendre avec coUraj>;e*, mais- leur
empereur ( Conjhntm •• Dragasès )
ayant été nié dans une attaque , il
n'y eut plus de réfiftance dans la
ville , qui fut en un inftant rem-
plie de Turcs. Les foldats effrénés
pillent , violent , maflacrent. Du-
rant les horreurs du fac , un bâcha
conduifit à Mahcma une jeune prin-
ccfie nonunce Irenm , que fes grâ-
ces innocentes avoient fauvée du
carnage, A la vue du deftruûeur de
fa patrie , fes yeux fe mouillèrent
tle pleurs -, elle chancela devant lui.
Sa tendre jeuneffe, fts fanglots ,
fes larmes relevoient fa beauté.
Mahomet , immobile & faiiî , la con-
templa ; & bientôt impatient de fa-
tîsfaire fa brutalité > il s'en empara
fans refpe£^ pour fa vertu , & pen-
dant trois jours entiers le fui tan fe
livra à tout remporteracnt de l'a-
mour. Quelques JanilTaires , indi-
gnés de fa pafîîon , en murmurè-
rent -, un vilîr ofa même la lui re-
prochor. Mahomet au/îi-tôt fit venir
fa csptive devant les officiers de fa
garde, & la fatfilTant par les che-
veux , il lui trancha la tête , en
difant ces paroles : C*e/i ainfi qut
Mahomet (ji ufc avec l'Amour, Le vain-
queur , écoutant enfin la voix de
la nature , arrêta le carnage, rendit
ia liberté aux prifonniers , & fit
faire les obfèques de l'empereur
nvcc une pompe digne de fon rang.
Trois jours aptes il fit une entrée
M A H
triomphante dans la ville , dîflrî^
bua des largeiTes & aux vainqueurs
& aux vaincus , accorda le libre
exercice de la religion à tout le
monde , inflalla lui-même un pa-
triarche , & fit de Conflantinople-
la capitale de fon empire. Cette
ville fut , fous fon règne , une des-
plus florifiantes du monde ; mais
après lui , la Grèce , cène patrie
des Miltîades , des Lconidas ^ des
AUxandres , des Sophocles & A^^
Platcns , devint le centre de la
barbarie. Mahomet , pofTeffeur de
Conflantinople , envoya fon armée
viéiorieufe contre ScantUrherg , rot
d'Albanie , qui la défit en plufieurs
rencontres. Une autre armée feus
fes ordres pénétra jufqu'au Danube ^
& vint mettre le ûege devant Bel-
grade -, mais le célèbre Uunladc
l'obligea de le lever. La mort de
ce grand homme ranima fon cou-
rage. Il s'empara deCorinthe en 1 4 ^ 8 »
rendit le Péloponnefe tributaire > fie
marcha de conquêtes en conquêtes»
En 1467 il acheva d'éteindre l'em-*
pire Grec , par la prife de Sinople
& de Trébizonde , & de la partie
de la Cappadoce qui en dépendoit*
Trcbisoncieétoit, depuis l'an 1204,
le fiege d'un empire fondé par les
Comncnes. [ Voye^ x. David. ] Le
conquérant Turc vint enfuite fur
la mer Noire fe faifir de Cafià »
autrefois Théodofie... Les Vénidefis
eurent le courage de défier fes ar-
mes. Le fultan irrité fit le vœu
impie d'exterminer tous les Chré-
tiens ; & entendant parler de la cé-
rémonie dahs laquelle le doge de
Venife époufe la mer Adriatique ,
il dit qu'/7 tmverroît bientôt au fond
de cetu Mer con/ommer /on mariage^
Pour exécuter fon deffein , il atta-
qua d'abord , en 1470 , l'ifle deNé-
grepont , s'empara de Chalcis fa
capitale, la livra au pillage, &fît
fcier par le milieu du corps le
l^ouvemeu]: Patd £>x^o , coaax %
M A "ri
fr^mcffe. Dix ans après il envoya
nne grande flotte pour s'emparer
ée riHe de Rhodes. La yigoureufe
rcfiftance des chevaliers de Saint-
Jean de Jérufalem , jointe à la valeur
de Pierre d'Auhuffon leur grand-
maître , obligea les Inâdelles à fe
retirer après avoir perdu près de
10,000 hommes & une grande
'quantité de vaiiTeaux & de galères.
Les Turcs fe vengèrent de leur dé-
faite fur la villt d*Otrantc , en
Caîabre , qu'ils prirent après 17
jours de fiege. Le gouverneur &
l'évêque furent mis à mort d'une
manière cruelle , & 12,000 hahi-
tans furent pafTés au ûl de l'épée.
Toute l'Italie trembloit. Mdhoma
préptiroit une nouvelle armée con-
tre elle , tandis qu'il portoit d'un
autre côté fes armes contre les
fultans Mammducs, L'Europe &
TAfic étoient en alarme ; elle cefla
bientôt. Une colique délivra le
monde de VAUxandn Mahométan
le 3 Mai 1481 , à 5ians , après
en avoir régné 31 , pendant lef-
quels il a voit renverfé deux em-
pires > conquis 11 royaumes, pris
plus de 100 villes fur les Chré-
tiens. Si d'heureufes qualités , une
ambition v^e , un courage me-
^ré, des fuccès brlllans font le
. grand prince ; & â une cruauté
inhumaine, une perfidie atroce ,
le mépris confiant de toutes les
lois font le méchant hommç , il
£iut avouer que Mahomet II a été
l'un & l'autre. Il parloit le grec ,
l'arabe , le perfan *, il entendoit le
latin ^ U deflinoit *, il favoit ce qu'on
pouvoit favoir alors de géogra-
phie ^ de mathématiques \ il avoit
étudié l'hifloire des plus grands
hommes de l'antiquité. La peinture
étoit un art qui ne lui étoit pas in-
connu : il et venir de Venife le
peintre BelUni , & le combla de
bîeni&its & de careiTes. En un mot ,
Mahomet fktQÏt comparable aux plus
M À H 4«9
illuibes héros , fi fes débauches ,
fon libertinage & fes cruautés n'a«
voient terni fa gloire. 11 fe moquoit
de toutes les religions , & n'appe-
loit le fondateur de la fienne qu*»/!
Chtfdt bandits» La politique arrêta ,
quelquefois l'impétuofîté de foa
naturel & la barbarie de fon ca^
raâere *, mais il s'y livra le plus
fou vent. Outre les cruautés dont on
a parlé , il fitmaffacrer David Corn-
nene & fes trois enfans après la prife
de Trébizonde , mîrfgré la foi don-
née. Il en ufa de même envers les
princes de Bofnie & envers ceux de
Métélin. Il fit^ périr toute la Emilie
de Notaras , parce que ce feigneur
avoit refufé d'accorder une de ^es
filles à fa brutale volupté. Quand
même il n'auroit pas fait éventrer
14 de fes efdaves pour favoir le-
quel avoit mangé un melon qu'on
lui avoit dérobé ; quand même il
n'auroit pas coupé la tête à Ir^nt^
pour faire cefler le murmure de
fes foldats : ( faits que plufieurs hif--
toriens rapportent, & {[u^VoUaite
a niés fans trop de raifon; ) il-
refte afTez de preuves avérées de fa
cruauté « pour pouvoir aiîurer que
ce héros étoit naurellcment vio--
lent & inhumain, &, pour le poin-
dre en deux mots, un monfbe &
un grand homme. [ Vi>yei II. Geor- '
GE,- Antoine » n® xiv \ Bellin ;
6f VIII. Demetrivs.
IV. MAHOMET m, empereur
des Turcs , monta fur le trône après
fon père Amurat JII, le 18 Janvier
1595. Il commença fon règne par
faire ' étrangler 19 de fes frères ,
& noyer 10 femmes de fon père
qu'on croyoit enceintes. Ce barbare ^
avoit du courage ; il protégea la
Tranfilvanie contre l'empereur Ro^
doiphe IL II vint en pcrfonn»
dans kl Hongrie , à la tête de 200
mille hommes « aifiégea Agria , qui
fe rendit à compoûtion j mais la
garnifon fut maâàcrée en fortan^ de >
«90 M A H
la ville. Ujhcmtt^ tout cniel ^'!!
étok y fnt indigné de cette perfidie ,
éc fit trancher la tête à r«ça des
laniflaires qin ravoitpenniTe. L'ar-
chiduc AtA>^nu^<«a, frôe de l'empe-
reur Rodolpht^ marcha contre lux ,
pdx fon artillerie, faii tàlla en
pièces iiooo honunes, & auroit
temporti une TÎÛoîre complète ;
mais Mahoma, aveiti par un apoâat
Italien que les vainqueurs s'amu-
foient au pillée, revint à la charge^
te leur enleva la viâoixe le 26 Oc-
tobre 1596. Les années fuivantes
dirent moins heureufcs pour lui.
Ses armées fiirent chailees de la
haute-Hongrie, de la Moldavie»
de la Valachîe & de la Tranûlva-
nie. Makcma demanda la paix aux
princes Chrétiens , qi la lui refu-
ièrent. Il fe confola iaas Ton fé-
xail , & s'y plongea dans les dé-
]>audies,ûiis que les gjuerres do-
tnefiiqucs, ni les étrangères, puf-
ient l'en drer. Son indolence fit
miinnurer les Janiââires. Pour les
appaifer , il livra (es plus chers
amis à leur tage, & il exila fa mère
qu'on croyoit être la caufiî de tous
les malheurs de Tétac Ce fcélérar
mourut de la pefte le xc Décem-
bre 1603, à 39 ans, après avoir
£iit étrangler l'aîné de iès fils, &
noyer la iiikane qui en étoit la
mcre.
V. MAHOMET IV, né en 1642,
lut reconnu empereur des Turcs
le 17 Août 1649, après la mort
trag^e à' Ibrahim / , fon père ,
étranglé par les Jamââires. Les
Turcs étaient en guerre avec les
Vénitieas, loiiqu'il monta far le
trône. I« conmiencemeat de fon
règne fiit brillant. .Le gicand-vifir
Copro^^hma d abord à Raab par
Momémadi , mit toute ù. gloire &
celle de Tempire Ottoman à pren-
riilede Candie. Les troubles du fé-
rail, les irrupdons des Turcs en
Hongrie , firent languir cette entre*
M A H
pffîfe pendant quelques annéesiftuâ»
jamais elle ne fut interrompre»
Coprof/X afiîégea enfin, en 1667,
avec beaucoup de vivacité , Candie,
fortement défendue par Morofini^
capitaine général des troupes de
mer de Venife , & par Monthrun ,
officier François, commandant des
troupes de terre. Les afliégés , fe-
courus par Louis XIV , qui leur en-
voya 6 à 7000 hommes , fous lo
commandement des ducs de Beat^
fort & de NavuUles foutinrent pen-
dant près de deux années les efforts
des affiégeans ; mais enfin il fallut
£e rendre le 27 Septembre 1^9.
Le duc de Beaufort périt dans une
fortie : [ Voye^Con article] Co-
pr^ygll entra , par capitulation » dans
Candie réduite en cendres. Le
vainqueur acquit une gloire im-
mortelle-, mais il perdit 100,000
de fes foldats. Les Turcs dans ce
fiege , ( dit Tauteur du SiccU de
Louis XIV y ) fe montrèrent fupé-
rieurs aux Chrétiens mêmes , dans
la connoifiance de Tart militaire.
Les plus gros canons qu'on ait vus
encore en Europe , fiirent fondus
dans leur camp. Ils firent» pour
la première fois , des lignes pa«
ralleles dans les tranchées : u&ige
que nous avotis pris d'eux , & qu ils
tenoieiit d'un ingénieur Italien. .««,
Le torrent de la puifiance Otto-
mane nefe répandoit pas feulement
en Candie, il pénétroit en Polo-
gne. Mahoma IV marcha en per-
fonoe , l'an 1672 , contre les Po-
lonois , leur enleva l'Ukraine , \m
Podolie, la Volhinie, la ville de
Kaminieck , & ne. leur donna U
paix qu'en leur impefam un tribut
annuel de 20,000 écus. Sohieshi
ne voulut point ratifier un traité
fi honteux , & vengea fa ^nation
Taimée fuivante par' la dé£ûte en-
tière de Tarmée ennemie , aux en-
virons deChoczim. Les Ottomans^
battus à diverfes reprifes par ce
M AU.
fgeitiA hoihme , furent contrant*
de lui accorder une paix moins dé-
iavantageufe que Hi première , en
1676. Le comte Tékéll ayant fou-
levé la Hongrie contre l'empereur
d 'AJ lemagne, quelques années après,
le fultan éivorifa fa révolte. Il leva
une armée de plus de 140 mille
hommes de troupes réglées, dont
il donna le commandement au
grand-vifir Kara Mufiapha : ce gé-
néral vint mettre le ficge devant
Vienne en 1683 ,& il l'auroit em-
portée , s*il l'eût preiTée plus vi-
vement. Sohîeshî eut le temps d'ac-
courir à fon fecours -, il fondit fur
le camp de Mttft.:pha , défit fes
troupes , l'obligea de tout aban-
donner & de fe fauver avec les
débris de fon armée. Cette défaite
coûta la vie au grand-vifir , étran-
glé par l'ordre de fon maître , &
fut l'époque de la décadence des
afiaires des Turcs. Les Cofaques ,
îoints aux Polonois , défirent , peu
de temps après , une de leurs années
de 40,000 hommes. L'année 1684
commença par une ligue ofTenfive
€c défienfive contre les Ottomans ,
entre l'empereur , le roi de Po-
logne & les Vénitiens. Le prince
iCharlts de Lorraine , général des
armées impériales , les défit entiè-
rement à Mohatz , en 1687 -, tandis
que Morûfini , général des Véni-
tiens , prenoit le Pélopbnnefe qui
valoir mieux que Candie. Les
Jaiiifiâires , qui attribuoient tant de
malheurs à l'indolence du fultan ,
le déposèrent le 8 Oâobre de la
même année. Sonîtctt Soliman III,
élevé fiu" le trône à fa place , fit
enfermer cet infortuné empereur
dans la même prifon d'où l'on
venoit de le tirer pour lui donner
le fceptre. Mahomet , accoutumé
aux exercices violens delachafie,
étant réduit tout-^-coup à une inac-
tion perpémelle , tomba dans une
langueur qui le CQnduifit au tom-
M A H 491
béaij , te ^^ Juin 169 1. Ce princ«
ne manquoit ni de courage ni
d'efprit \ mais il étoit d'un carac-
tère inégaL II fiit moins Tandon-
né à fes plaifirs que fes prédécef*
feurs. La chafife fut fa principale
paifion. Sa timidité naturelle lui
Êiifoit craindre fans ceffe de ia*
neftes événemens , fans que ces
appréhenfions le rendififent cruel >
comme le font ordinairement les
princes ombrageux.
VL MAHOMET V, ou plutât
Mahmoud , fils de Mufiapha 11^
empereur des Turcs , né en 1696 ,
fut placé en 1730 fur le trône,
vacant par la dépofition d*Achma
III fon oncle. Les JaniiSaires , qui
lui avoient donné la couronne »
éxigeoient qu'il reprît les provin-
ces conquifes par les Impériaux fou»
les règnes préccdens. Mais la guer-
re que l'empire Ottoman avoit
avec la Perfe, empêcha Mahomet
de porter fes vues du côté de l'Eu-
rope. Il avoir d'ailleurs le carac-
tère très-pacifique , & il gouverna
fes peuples avec douceur jufqu'à
fa mort, arrivée en 1754. Thamas-
Kcull'kan lui enleva la Géorgie 8c
l'Arménie.
VII. MAHOMET Galadik»
Voy^i ce dernier mot.
MAHOUT, F^ci Malo.
MAHUDEL, (Nicolas) né à
Laneres en 1673, ^^^^ chcî leS'
Jéfuites , en fortit ; demeura onze
mois à la Trappe,* & en fortit en-
core; fe fit médecin & fe fixa «
Paris ^ où il mena une vie labo-
rieufe. Il fut pendant quelque temps
de lacadémie des Inscriptions, Se
pendant quelque temps aufli déte-
nu à la Bafiille. Il mourut à Pa-
ris en 1747 à 74 ans, dans de
grands fentimens de piété. Il a
compofé : I. Dîjfenation Hîflonqùe
fur Us Mcnnoîes antiques d*Ejpagne ,
Paris , in-4*' > I7ij. U. ^w» fif
491 M A R
w» Médaille de la ville de Canhage
ln-8^ 1741.
MAHY, (Bernard) Jéfuitc, né
À Namur en 1684, prêcha avec
répuution, pendant 27 ans. dans
différentes Tilles des Pays-Bas. Il
prèchoic à la cathédrale de Liège
lorfqu'une mort fubite l'enleva le
8 Avril 1744^ Il a donné au pu-
blic VRifioire du Peuple Hékreu juf-
ff('<i la rmëê de 'la Synagogue,, Liè-
ge, 1741, 3 vol. in- II. Leftylecn
i^ trop oratoire.
MAI , Voy, Mat &> Mey.
MAIA , fille à' Atlas & de Pléio-
ne , fut aimée de Juflter & en eut
Mercure. Ce pieu lui donna à nour-
rir Arcas qu'il avoit eu de la nym-
plie Calyflo, Juncjiy déjà irritée
contre Maia. , lui auroit iaxi fen-
tir fa colère , fi Jupiter ne l'eût
foufiraite à fa vengeance ^ en la
plaçant au ciel à la tête des 7 Pléia-
des , dont die itoit la plus brillan-
te. Il y a des auteurs qui difent
que le mois de Mai a pris fon nom
de cette Déeffe , parce que tous les
marchands offroient en ce mois
des facrifices à Ma'a & à Mercure,
D'autres prétendent que la Maïa à
qui le mois de Mai eft confaçré,
efi la même que la déefie Tellus
ou la Terre.
MAJANO, r<)y. GlULANO.
MAÏDSTON , ( Richard ) An-
glais ^ fut ainfi nommé du lieu de
ïa naiflance. Il mourut le 1^^ Juin
1396 dans le couvent d'Arlesfort,
de 1 ordre des Carmes , où il avoit
pris rhabit. Cetoit un homme ver-
fé dans la théologie, la philofo-
phie & les mathématiques. Il a
laiffé plufieurs ouvrages. Les plus
curieux & les plus rares , font fes
Sermones brèves iruuulatl: Do^jf/il
SECURÈ; Lyon I491, in-4**.
I. MAIER , ( Jean ) Carme , na-
tif du Brabant , mort en 1 5 77 , laif-
fa des Commentaires fur les Epîtres
de S. Paul^ & d'autres livres.
M A !
n. MAIER, (Michel) ildji-'
mifie de Francfort dans le dernier
fiecle , livra fa raifon , ùl formne
& fon temps à cette folie ruinai-
fe. Parmi les ouvrages qu'il a don*
. nés au public fur cette matière ^ les
philofophes , qui le font a0ez pea
pour vouloir faire de l'or, diftin-
guent & recherchent fon Atalama
fugfms , 1618 , in-4° ; ôc fa SeptU
mana PhUofophica , 1610 , in.4** ,
ouvrage où il a confignéfes déli-
res. On a encore de lui : I. Sîlm'
tîum poft clamores , feu TraBatus «-
velatlonum fratrum Rofeoe Cruâs ^
1617 , in-8**. II. De fratemîtate Ro-
feet Cruels , 1618, in-8°. IIL loats
fevcrusy 1617, in-4**. lY, De Rcfea
Cruccy 16 18, in-4'*» V. Apologed'
eus revelationum fratrtan Kofett, Cm*
elsy 1617 , in-8**. VI. Canûlmte bt"
ullecluales , Romae, 1622, in- 16,
Roftoch , 1623 , in.8*>. VII. Ah-
faum Chymlcum , 1708 , in-4**. VUL
De C'irculo Pkyfico quadratOy 16 16-,
in.4^
m. MAIER, (Chriftophe) fe-
vant controverfiile , natif d'Auf-
bourg , mort en 1626 , dont on a
quelques ouvrages écrits avec afiès
de chaleur.
IVIAIER , Voye{ Doppel &
I^AY£R. '
MAIGNAN , eu Maqnan ,
( Emmanuel ) religieux Minime,
né à Touloufe en 1601 , apprit les
mathématiques fans maître, & les
profeffa à Rome, où il y a tou-
jours eu depuis, en cette fcience,
un profeiTcur Minime , françois.
Kircher lui difputa la gloire de quel*
ques-unes de fes découvertes en
mathématiques & en phyfique v mais
les plus illuftres philofophes vi-
rent dans les reproches du Jéfuite,
plus de jaloufie que de vérité. Re-
venu à Touloufe , le P, Malpum
fut honoré d'une vifite de Lom
XIV , lorfqu'il pafia par cette ville »
en 1660. Ce monarque , firappé
MAI
des talens & de Thumble candeur du
favant religieux, voulut Tatciror
dans la capitale ; mais le P. Mù-
gaan s'en défendit avec autant de
douceur que de modeitie. Il mou-
rut à Touloufe le 19 Oûobre 1676 ,
dans fa 75® année , après ^voir
paiTé par les charges de ion ordre.
L'innocence de fa vie , la fimpli-
cité de fes mœurs , jointes à Té-
lévation de fon cfprit & à la pro-
fondeur de fes connoiflances , ex-
citèrent de vifs regrets. Sa patrie
plaça fon bufte, avec une inîcrip-
tion honorable , dans la galerie des
hommes illuftres. Le P. Maignan
enridiit le public des ouvrages fui-
vans : L Perfpeciiva horarla , 1648 ,
in-fol. , à Rome. C'eft un traité
de catoptrique, dans lequel l'au-
teur donne de bonnes règles fur
cette partie de la perfpeftive. On
y trouve auffi la méthode de po-
lir les cryflaux pour les lunettes
d'approche. Celles que le P. Mal-
gnan ût , conformément à fes règles ,
«toient Ug plus longues qu on eût
encore vues. II. Un Cours de phi-
lof ophie en latin, in-fol. Lyon,
1673 , & Touloufe 1705, IV tom.
in-4^. 11 n'eft plus d'aucun ufage
dans les écoles. L auteur y anribue
il la différente combinaif on des ato-
mes, tous les effets delà nature,
^e Z>e/carus ùit naître de fes trois
fortes de matières, & Oaffendl de
fes atomes. Il faut cependant ob-
ferver qu'il s'éloignoit infiniment
é.*Ep'icurCy en fîippofant pour l'exif-
tence & la combinaifon des atomes
un être puiffant & fàge. III. De
ufu lîclto ptcun'w y Ï673 » in-i2. Le
P. Maignan s'écarte, dans ce traké
fur l'ufure, de l'opinion des tliéo-
logiens fcolaâiques , qu'il ne fui-
voit pas en aveugle. AuiE fubtil
philofophe que profond théolo-
gien, il fit bien des efforts pour
concilier les différentes opinions
fde l'écolCj encre autres celles des
MAI 49J
ThùtnîjUs fur la grâce , avec celle des
feûateurs de Molina -, mais fes ef-
forts ne ferVirem qu'à montrer
combien fon efprit étoit délié ,. &
cette matière obfcure & impéné-
trable..'. Foyex fa Vie par le Père
5 agitais, fon élevé. Elle parut en
1697 y in-4**, fous ce titre : De W-.
ta , morthus & fcriptis Emman. Ma-*
gnanî » Tolofs.
MAIGRET, Voy. Meigret.
MAIGROT, (Charles) dodeut
de la maifon de Sorbonne , vivoit
en retraite dans le féminaire des
Miiïîons étrangères, lorfqu'il fut
choifi pour porter la lumière de
l'Evangile dans la Chine» A peine
eut-il rempli quelque temps fes
fondrions , qu'il fut gratifié de l'é-
vêché de Conon, & du titre dft
vicaire apoilolique. L'abbé Maigrot
étoit un homme d'une confcience
tiniorée & d'un zèle ardent. Il de*
fapprouva la conduite des Jéfuites.
Il condamna la mémoire de leur
plus célèbre miffionnaire, le Père
Matthieu Rica', il déclara les rite»
obfervés pour la fépulture, ab-
folument fuperftitieux & idolâtres;
Dans les Lettrés , il ne vit que
des athées & des matérialii^es. Le
Mindcment publié en 1693, dans
lequel il prononçoit fes anathêmes ,
lui attira la haine des Jéfuites , qui
approuvoient une partie de ce qu'il
profcrivoit. L empereur qui aimoit
ces Pères en fut fort irrité.M.deTour-
non , patriarche d'Antioche , légat
apollolique à la Chine , tâcha d'a-
doucir ce prince, & loua beau-
coup dans l'audience publique qu'il
eut de l'empereur en 1706 , la fcien-
ce de M. de Conon dans la lan-
gue & les affaires chinoifes. Le
monarque le fit venir , l'interrogea ,
6 fut tort furpris de ce que fes ré-
ponfes ne répondoient pas à l'idée
que lui en avoit donné M. de
Tournon. Il en témoigna fa iur-
pr^e daijis va décret qu'il lui^
'494 M A I
adrdTa le fécond jour d'Août de la
même année ; peu après il l'exila ,
foit qu il eut été prévenu contre
lui , foit qu il ne voulût pas autant
d'ouvriers évangéliques dans fes
états. Les ennemis des Jéfuites leur
attribuèrent ce banniiTement > par-
ce qu'ils avoiem beaucoup de cré-
dit à la G>ur de Pékin \ mais ilt
s'en défendirent. Quoi qu'il en foit ,
Maigrot finit fa carrière à Rome,
avec la réputation d'un homme
verfé dans les lettres & les livres
des Q\inois. On a de lui des Ob-
firvutlons latines fur le livre xix
ée VHifloirc des Jifuius de Jouven-
d. Cet ouvrage, mortifiant pour
la Société , a été traduit en fran-
çois fous ce titre : Examen des Cul"
Us Chinois,
MAILLA , ( Jofeph- Anne- Marie
et Moyriac de ) favant Jéfuite , né
au château de Maillac dans le Bu-
gey, fut nommé miiHonnaire de
ïà Chine , où il paâa en 1703.
Dès l'âge de 18 ans , il étoit fi
verfé dans les caraâetes , les arts ,
les fciences , la mythologie & les
anciens livres des Chinois , qu'il
étonnoit les Lettrés mêmes. L'em-
pereur Kam-Hl , mort en 1722 ,
i'aimoit & l'eftimoit. Ce prince le
chargea , avec d'autres miflionnai-
res, de lever la Carte de lu Chine
& Je la Tartarîe Chmoife , qui fut
gravée en France l'an 1732. Il
leva encore des Canes particulie-
fes de quelques provinces de ce
vafle empire. L'empereur en fut û
fktisfait, qu'il fixa l'auteur en fa
cour. Le P. de Mailla traduifit aufii
le» grandes Annales de la Chine en
françois , & fit palTer fon manuf-
crit en France l'an 1737. Cet ou-
vrage, publié en 12 vol. in-4**.
par les foins de M. l'abbé Grvfier ,
•ft la première Hifioire complète
de ce vafte empire. L'éditeur en a
retouché le ftyle bourfouflé &
hyperbolique » & a fupptxsié les
MAI
harangues , trop longues & trofi
monotones. £n général , le pin-
ceau des hiftoriens Qûnois neref-
femble point à celui de Taciu ,
ni de nos bons hifioriens *, mais
on trouve quelquefois dans leurs
Annales le bon fen$ de Plutarque «
& des anecdotes qui peignent (es
hommes , les temps & les moeurs.
Quant aux £ût$ des premiers temps ,
M. Gogaet dit Sans fon Orîginedes lois,
tom. 3 , difl*ert. 3 : »♦ On peut aflurer
H hardiment , que jiîfqu'à l'an
»♦ 206 avant Jefus-Chrift , leur hif-
vt toire ne mérite aucune croyance.
yt C'efi un tiilu perpétuel de fables
» & de contradiâions ; c'eft ua
>* cahos monilnieux dont on ne
M fauroit extraire rien de fuivi &
9* deraifonnable«<. Le P. ie Mailla
mourut à Pékin le 28 Juin 1748 ,
dans fa 79^ année, après un fé)our
de 45 ans à la Chine. L'empereur
Kien-Lung^ adhiellement régnant ,
fit les fi-ais de fes fiinérailles. Ce
Jéfuite étoit un homme d'un cà-
raâere vif & doux, capable d'un
travail opiniâtre & d'une activité
que rien ne refroidifiToit.
MAILLARD, ( Olivier ) fameux
prédicateur Cordelier, natif de Pa-
ris , doâeur en théologie de la fa-
culté de cette ville , fut chargé
d'emplois honorables par le pape
Innocent FUI, par Charles VU l roi
de France , par Ferdinand roi d'Ara-
gO!l , &c. Il fervit ce dernier prince
en trahifiant fon maître ( dit le P.
Fabre ) lors de la reddition de la
Cerdagne & du RouffiUon , qu'il
lui confeilla fortement, fuppofant
des ordres exprès de Louis XI au
lit de mort. Maillard mourut à
Touloufe le 13 fuin i502.Illaifla
des Sermons , remplis de plates
bouffonneries & de chofes ric(icu-
les& indécentes. C'étoitainfi qu'on
prêchoit alors. Le P. Maillard en-
voie à tout moment fes auditeurs
i tous Ij» diaMcsSi ^^n^^ x$^ «^
MAI
vmnes dtsholos»»,. Ad ontfKs diabolos
uûs modus Mgtndî, Il falloit ( dit
Nlceron ) que la corruption fut
bien publique de Ton temps , puif-
que fa morale roule le plus fou-
rent fîir l'impureté ; qu'il fe fcrt
dans cette matière des expreflions
les plus crues *, & que , lorfqu'il en
parle , il s'adreiTe prefque tou-
jours aux Ecdéfiafliques. Ce Cor-
délier ayant glifTé dans îes fermons
des traits qu'on pouvoit appliquer
à Louis XI ^ le monarque irrité fît
dire au prédicateur qu'il le feroit
jeter à la rivière. U Roi tfi U
maître , répondit-il ; mais dhes'Im
foe je firmi plutôt en Paradis par eau ,
^uîl n*y arrivera avec fa chevaux de
fojk. ( On fait que c'eft Loms XI
qui établit la pofte jufqu'alors in-
connue en France , & qui le premier
a £ût difpofer des relais de dif-
tance en diftance. ) Apparemment
que cette réponfe , ferme & pi-
quante , fit fon effet fur le roi :
car il laifia Maillard prêcher tant
qu'il voulut & tout ce qu'il vou-
hit. Ses Sermons latins furent im-
primés à Paris depuis 1511 juf-
qu'en 1530, en 7 parties, qui for-
ment 3 vol. in-8^. La pièce la plus
originale de ce prédicateur , eil fon
Seimôn prêché à Bruges le v** Di-
manche de Carême, en 1500 , im-
primé iâns date , in-4^ , où font
marqués en marge , par des hem !
hem ! les endroits où , félon l'u-
fage d'alors , le prédicateur s'étoit
arrêté pour toutter. On a encore
de lui la ConfiJJion générale , Lyon,
1526, in-8^
MAILLARD, fV^tvi.JEAN...
Desforges-Maillard ,.,& IL
TOURNON,
I. MAILLÉ DE Brezé , ( Simon
de ) d'une des plus illuftres & des
plus anciennes malfons du royau-
me , d'abord religieux de Ciftoaux
&. abbé de Loroux , devint évêque
de Viviers , puis archevêque de
MAI 49f
Tours en i;54. H accompagna le
cardinal de Lomàme au coftole de
Trente , & tint un condle provin-
cial à Touis en i$9$. Il traduifit
de grec en latin qudques Homélies
de S, BcfiU^ & monntt en/1 ^97 , à
81 ans, avec une grande réputa-
don de favoîr & de faimeté. La
maifon d* UaUU étoit très-fiorif-
fante dès le xii* fiede. Jacquella
de MdiZLÂ j chevalier de Tordre
des Templiers , combattit avec tant
de valeur contre les Infidelles ,
qu'ib crorefit qu'il y aivoit en lui
quelque choie de divin. Ils lepri*
rent pour le SaSai Georgt des Chrc*
tiens. Ayant été accablé fous la
multitude de traits qu'on lança
contre hn , on prétend que les
Barbares famafierent avec une e^
pece de fupeifiîiîon la pouffiere
arrofée de fon ùng , pour s'enfrotr
ter le corps.
IL MAILLÉ, (Urbain de) mar-
quis de Bic^i , maréchal de Fran-
ce , gouverneur d*Aiqou , de la
même fsmiiUe que les précédens ,
fe fignala de bonne heure par foa
courage. U commaiula l'armée d'Al-
lemagne en 1634, & gagna la ba->
taille d'Avein le 2 Mai 163 y. U fis
envoyé ambafladeur en Stiede & ea
Hollande , & élevé à divers hon-
neurs par la £ivenr du cardinal dt
Rtche/lai , fon bcau-frere. U mou-
rut le 13 Février i6p , à j;3 ans.
m. MAILLÉ DE Brezé , ( Ar-
mand de } duc de Fronlàc & de Cau-
mont , marquis de Graville & de
Brezé , fils du précédent , com-
mença a fe. dtfHnguer en Flandre^
en 163$. L'année fuivante i^ «am-
manda les galères du roi , puis
l'armée navale , & défit la flotte
d'Efpagne à a vue de Cadix , le
22 Juillet 1640. Il £ut envoyé
ambaâadeur en Portugal en 1641 ^
& remporta les années fuivaates
de graa^s avantages fur mer con-
ue les SXpsi^Qolsi 99^ U échou^
49^ MAI
devant Tarragone. Ses fcrvlcds
lui méritèrent la charge de fur-
întendant général de la navigation
& du commerce. Il ^t tué fur
mer d'un coup de canon, le 14
Juin 1646 , à 17 ans, tandis qu'on
feifoit le fiege d'Orbitello. Voy, I.
Foucault.
IV. M AILLÉ, (François) natif
de Pontevcz en Provence , mou-
rut en 1709 , à 1 19 ans. Il Te maria
a Oiâteauneuf , & y vécut juCqu'à
la fin de fa longue vie» A 100
ans il eut une galanterie avec une
lîUe de village , & en eut un en-
i&nt. A iio ans , étant à la chaiTe ,
il tomba d'une muraille , fe cafTa la
jambe , guérit , & vécut encore 9
ans après cet accident, frais & vi-
goureux, & jouifTant de fon bon
fens & de fa mémoire. Enfin ,
fans jamais avoir été malade , il
ne mourut que parce qu'il &ut
mourir.
' MAlLLEB01S,(Jean^Bapti{leDef-
marêts,marquis de ) né en 1 6S i , fils
"de Nicolas Dcfmariuy contrôleur-gé-
néral des finances fous la fin duregne
de Louis XIV y fe fignala d'abord
dans la guerre de lafucceflîon d'Ef-
^agne. Les campagnes d'Italie , en
1723 & 1734, où il donna diver-
fes preuves de fes talens militaires ,
furent le principal fondement de fa
réputation. Il fut enfuite envoyé
en Corfc , qui étoit . toujours en
jguerre avec les Génois : il foumit
cette ifle, qui <è révolta auffi-tôt
après fon départ -, mais ce n'efî qu'en
fuivant fes plans , que le roi de
France la foimiit de nouveau en
176.9. Son expédition deCorfe lui
valut le bâton de maréchal. C'efl en
cette qualité qu'il commanda en
Allemagne & en Italie, dans la guerre
;de 1741 , où il cueillit de nouveaux
lauriers. Il prit la ville d'Acqui au
Montferrat, dont il fitrafer les for-
tifications. Moins heureux en 1746,
"4 fut b&ttupv le fiuneux cpxmc dç
M A r
Brown à la bataille de Plaifance. Xt
finit fa carrière le 7 Février 1761 ,
dans fa 80^ années après avoir vécu
en citoyen , en chrétien , en bon
père de famille. Le marquis de Pq^^
a donné fes Compiles iîtallt , im*
primées au Louvre, 1775 » ^5
volumes in-4° , avecundeCart^*
forme d* Atlas. Ce recueil , très-inf-
tru6l:if pour les militaires , montre
dans le maréchal de MaUàbois , un
homme qui avoit des vues profondes
fur la guerre , & qui ne fe décidoit
qu'après avoir médité. La préface
de cet ouvrage efl un morceau pldn
d'énergie.
MAILLET , (Benoît de ) né en
Lorraine en 1659 , d'une famille
noble, fut nommé , à l'âge de 33
ans , conful général de l'Egypte :
emploi qu'il exerça pendant feize
ans avec beaucoup d'intelligence. Il
founnt l'autorité du roi contre les
JaniiTaires , & étendit le commerce
de la France dans cette partie de
l'Afrique. Le roi récompcnfa fes
fervices en lui conférant le çonfu-
lat de Livourne , le premier & le
plus ceflôdérable de nos coniulats.
Enfin ayant été nommé , en 1 7 1 j »
pour faire la Vifite des Echelles du
Levant & de la Barbarie , il remplit
cette commiiîlon avec tant de fuc-
cès ,. qu'il obtint la permiflion dé
fe retirer , & une penfion confîdé-
rable. Il fe fixa à Marfeille , où il
mourut en 1738 , à 79 ans. C'étoit
un homme d'une imagination vive, j
de mœurs douces , d'une fociété
aimable , d'une probité exaûe. Il
aimoit beaucoup la louange , &la
gloire de l'efprit le touchoit infini-
ment. Il avoit fait toute fa vie uns
éwde parnculïere de l'Hiftoire na-
turelle. Son but principal étoit de
connoître l'origine de notre globe.
11 laifTa fur ce flijet important des
obfervations curieufes, qu'on a don*
nées au public fous le titre de TtlSa-
më i ie-S° ; Ç'çft h nom de Maîlla
MAI
rtnVtoffc» L'abbé U MafcrUr , [ Voy.
[ ce mot] éditeur de cet ou>/Vagc,
f l'a mis en forme d'Entretiens. C'eft
. un philofophe Indien , qui expofe
i un miffionnaire François fon fen-
timent fur la nature du globe &
fur l'origine de l'homme. Croiroit*
on qu'il le faifoit fortir des eaux ,
& qu'il donne pour lieu de la naif-
fance de notre premier Père , un
féjour qu'aucun homme ne pour-
roit habiter ? . L'objet principal eft
de prouver , que tous les terrains
dont eft compofe notre globe , juf-
qu'aux plus hautes de nos monta-
gnes , font fords du fein des eaux ^
qu'ils font tous l'ouvrage delà mer,
qid fe retire fans ceflTe pour les laif*
fer paroître fucceffivement. TdUam
mei âiit les honneurs de fon livre
à VlUuftn CrRAiSto ve Bbrgzslac ,
âMUur des Voyagu imaginaires dans
k Soleil & dans la Lune, Dansl'E*
pitre badine qu'il lui adrefTe , le phi-
lofophe Indien ne nous annonce
ces Entretiens , que comme un ti£u
de rêveries & de viiions. On ne
peut pas dire tout-à*^it qu'il ait
manqué de parole » mais on pour-
roit lui reprocher de ne les avoir
pas écrits dans le même goût que
îbn Epître à Cyran(y^ & 4e n'y
avoir pas répandu aitez de gaieté
& de l^dinage. Il traite de la ma-
nière la plus grave le fujetleplus
cxtrava^^f, S expofe fon fenti-
ment ridicule, avec tout le férieux
d'ua philofophe. De vi Entretiens
dont Touvrage eft compofé , les
quatre premiers offrent diverfes
•bfervations curieufes , vraiement
philosophiques & de conféquence»
Dans les deux autres on ne trouve
que des conjeûures , des rêveries ,
des Êibles quelquefois amufantes ,
mais toujours abfurdes. On a encore
de Maillu , une Defcriptlon de /*£•
gypte , drefiee fur fes Mémoires par
réditeurde TeUiamed^ij^^ , ia-4^»
au en 2. voU in-12.
.X"« K
T.
MAI 497
^ /. MAILLY , l'une des plus an*
ciennes maifons du royaume , tire
fon nom de la terre de Mailly , près
d'Amiens *, elle eft illuftre par U%
alliances & par les grands hommes
qu'elle a produits. Celui dont le
nom doit être le plus cher aux bons
citoyens , eft François de. Maili.y ,
ii*du nom, feîgneur d'Haucourt»
& fils de Fr::nçois P' ivk nom , mort
en 1580. Le père avoit été attaché
inyiolablement au roi *, le fils ne le
fut pas moins. Loin d'entrer daos
cette déteftable confédération qu'on
appeloit la Sainte-Ligue^ il fit les der-
niers efforts pour ramener les re*
belle&.à leur fouverain : fon zèle &
fa valeur âu'ent récompenfés par
le collier de l'ordre. U mourut en
1621. Un chevalier de cette fîamille
donna,en 1 742, une Hiftoire de Gènes ,
aftez eftimée , imprimée à Paris en
4 vol. ^in-i2. £Ue commence à la
fondation de cette république , * &
finit en 1693.
//, MAILLY, (Lonifc- Julie de)
fille de Louis III ^ marquis de NefU^ ,
née en 17 10 , époufa , en 1726 «
fon couiin le comte de Mailly , mort
en 1747. Cette dame avoit toutes
les grâces de TeTprit qui rendent la
fociété aimable. A la mort du comte
de Toulùufe , en 1737 » Louis XV ^
qui goûtoit avec lui les plaifirs de
famitié, choifitMad^ 4e Mailly pour
répandre de l'agrément dans fes
amufemens. Mais fa plus jeunQ
foeur , Mariù-Anne , veuve en I74P
du marquis de U TournelU , avec
autant d'efprit que fa foeur , & plus
de beauté & de jeunefte , s'empara
du coeur & de Tefprit du prince^
Mad* de Mailly fe retira de la cour ,
& vécut chrétiennement jufqu'à fa
mott en 17 5 1 . Très-afîiduc aux égli?
fes , elle ne s'y faifoit diftinguer que
par fon recueillement » fa modeftie»
& quelquefois par ià patience à fup-^
porter les injures d'une canaillp ia«
frleate , qui la regardott à tort
•49^ MAI
comme l'auteur des calamités pu*
l>ii<iues. Pour Mad* ic U Toumdie »
^ le roi lui donna le duché de Château-
roux , & la fit dame-du-palais de la
reine. Ce prince l'a voit nommée
furintendantede la maifon deMad*
la Dauphine , lorfqu'elle fut éloi-
gnée pendant la maladie de ce prince
à Metz. Elle avoit permif&on 'de
revenir , mais une maladie violente,
caufée par la joie de fon retour ,
l'emporta le 8 Décembre 1744 ^ à
17 ans.
I. MAIMBOURG , ( Louis ) cé-
lèbre Jéfuite, né à Nancy en 16 10 «
<ie parens nobles , fé fit un nom par
fes prédications. Elles furent long-
temps célèbres » par les faillies bur-
lefques dont il les aflàifonnoit ; &
lorsqu'on reprocha à Moiurc d'avoir
cfé compofer une pièce auffi mo-
nie <iue le Tartuffe : Efi-il étonnant ^
dit-il , qutjt mette des Sermons fur le
théâtre, ptdfque U P, Matmhourg fait
des Comédies en chaire ? Obligé de foi>
tir de la Compagnie de Jefus , par
ordre du pape Innocent XJ, en 1682,
pour avoir écrit contre la cour de
Rome en &veur du clergé de Fran-
ce « il fiit gratifié d'une penfion du
roi , qui fbllicita en vain fes fupé-
rieurs de ne pas l'exclure de la So-
ciété. Les Janfénifles eurent en lui
Un ennemi ardent. Ufefignala con-
tre eux en chaire & dans le cabi-
siet , fur-tout par fés déclamations
contre le Nouveau-Tejîament de Mons,
L'écrivain ex-Jéfuite choiiît une re-
traite à l'abbaye de Saint- Viâor de
Paris , où il mourut d'apoplexie
le 13 Août 1686, à 77 ans. Maîm-
hourg étoit d'un caraôere plein de
hardiefle & de vivacité , & un peu
inquiet. On prétend qu'il ne pre-
soit' jamais la plume fans avoir
échauifïé fon imagination par le vin.
Lorfqu'il avoit à décrire une ba-
taille , il en buvoit deux bouteilles
au lieu d'une , de peur , difoit-il , que
Utmagi du fgmkau n« k fif tomher m
M Aï
fsISUtffe. On a de lui un gniid
bre d'ouvrages hifioriques , qui for-
ment 14 vol. in-4^, & 16 vol. in-12.
On y trouve du feu , de la rapidité,
-mais peu de folidité, de difcemcmeat
& d'exaâitude. Son coloris efl trop
romanefque.Rien de plus fade quelcs
portraits qu'il trace de quelques-uns
ée fes héros : il donne prefque à
tous de grands yeux à âeiu: de tête,
des nez aquilins , une bouche admi*
rablement conformée , un génie
perçant , un courage inébranlable. 11
plut d'abord ; mais on revint bientôt
de ce mauvais goût^& la plupart dt
fes ouvrages moururent avant lui*
Son flyle ampoulé, hérilTé d'and-
thefes & dé phrafes qui ne fîniflem
point , le fit moins méprifer , que fa
mamere de recuôllir des chofes ex-
traordinaires plutôt que des chofes
Vraies, & de rechercher dans lesper-
fonnages des fiecles pafies de quoi ie
venger de ceux de fon fiede. Il eft
certain qu'il fit des portraits de quel- |
ques Hérétiques anciens qu'on sqppli- |
qua. à des perfonnages modernes « |
tels Q^AnuttM^ âr. Mais le public j
malin lui prêta quelquefois des vues 1
qu'il n'avoit pas eues. On a im- '
primé dans différens recueils d'anec* j
dotes « que VExpofidon deUfdya
Boffuu^ fi admirée aujourd'hui, ot
fut pas d'abord du goût de quelques
Catholiques peu éclairés , qui ie
plaignirent de ce que le favant pré*
lat ne faifoit pas de toutes leurs
opinions des articles de foi. Mtim-
bourg fut, dit-on , de ce nombre. On
a prétendu qu'il fit dans VHî/lmn
du Luthéranlfme le portrait étBofmt,
& la critique de fon livre fous k
nom du' cardinal Ccntarêni ; & qu'il
dit que ni l'un ni l'autre partt
n'en avoient été fatisfidts. Cène
anecdote rapportée par quelques
Proteflans., efi démentie par I'inp
vrage même qu'ils citent. Quoi
qu'U en foit , plùfieurs traits faif-
^9riques « ou mal * rendus 1 ««
MA I
txagcrés en bien & ea mal , Itu
firent donner par divers critiques
le titre de Romancier, Un (avant
François ayant demandé à un Italien
qui étoit à Paris , ce qu'on difoit
dans fon pays > de MMÎmhourg ? On
^ de lui, répondit-il , quHl efi entre
Us Hiftoriens , et que Momus eji entre
. les Dieu», Parmi ce torrent d'ou-
vrages dont il inonda le public , il
en eft quelques-uns qu'on lira en-
core avec plaiâr. I. UHiJLirt des
Croîfades , i vol. in-4®, ou 4 vol. in-
12, écrite avec agrément, mais
pleine de menfonges. II. UHiftoir&
de la décadence de l*Kmplre après
CharUmipie^ 1 vol. in- 11. L'auteur
y difcute afTez bien les querelles
de r£mpire & du Sacerdoce. IIL
VHi/hire de la Ligue , in-4^ , ou en
2 vol. in- 12. On y trouve des
chofes alTez curieufes , entre autres
la pièce fondamentale de la Ligue ,
qui eft l'aâe de Taflociation de la
Nobleffc Françoife. IV. Les mf-
toircs du pontificat de S, Grégoire le
Grand ^ & de celui de S. Léon , toutes
deux alTez eftimées , 2 vol. in-4^ «
ou 4 vol. 12. V. Traité hiftorique
éUs préro^uives de tEgtife de, Rome ,
dans lequel il défend avec force
l'autorité de l'Eglife contre les Pro-
ieftanj», les libertés de l'Eglife Gal-
licane contre les Ultramontains » &
la vérité des Aâes du concile de
Confiance contre Schésl/irate, VI.
Plufieurs autres ouvrages de con-
troverfe, moins mauvais que les
Hiftoires de VArianifme , des Icono-
elaflu, du Ijahéranifme ^ du Calvi-
Mifnu ^ du SchJfme des Grecs , du
Grand Schi/me d* Occident^ ouvrages
oubliés. VII. "Des Sermons contre le
NouveaU'TeJiament de Moru^ 2 vbl.
in-i2 , récités avec beaucoup de
chaleur par Amaulâ & NicoU. On a
remarqué que les Sermons de Malm-
hourg, d'unç froideur infupportable,
iiirent le fruit de fa jeunefTe, &
sue fes hiAcâi:es« où refpire tant de
MAI 499
vîvadtét furent composées dans
un âge mûr. Il eu vraifemblable
qu'il n'avoit pas d'abord connu £b$
véritables difpoûtions. Les Janfé-
nifles ne furent pas les feuls avec
lefquels il eut des démêlés : il com-
battit avec pluiieurs autres, avec
des Jéfiûtes même*, entre autres,
le célèbre P. Bouhoursy qui avoit
critiqué, non fans raifon^plufieurs
de fes expreffions.
II. MAIMBOURG, { Théodore )
couiln du précédent, fe fit Calvi-
niile , rentra enfuite dans l'Eglife
Catholique , puis retourna de nou-
veau à la religion prétendue Ré-
formée , & mourut Socinien à Lon-
dres vers 1693. On a de lui une
Répon/e à VExpofitien de la Foi Ca^
thoûque de M. Bojfuet, qui n'eut pas
plus de fuccès , que la critique du
n;iême chef-d'œuvre par fon parent
l'ex-Jéfuite : & d'autres ouvrages
au-deflbus du médiocre.
MAIMONIOË ou Ben Mai-
MON , ( Moyfe ) célèbre rabbin ,
naquit à Cordoue en 1139. Son
père & fix de fes aïeux avoiem été
juges. Il étudia fous les plus ha-
biles maîtres , & en particulier fous
Averro'és. Après avoir &it de grands
progrès dans les langues & dans les
fciences, il alla en Egypte, 8c de-
vint premier médecin du fuitan.
Malmonide eut un grand crédit au-
près de ce prince , & mourut com-
blé de gloire , dhonneurs & de
richeffes, en 1209, à 70 ans. On
a de lui : I. Un excellent Comment
tuire en Ara)}e fur la Aii/chne, qui
a été traduit en hébreu & en
latin,' & imprimé avec Al MçAAiM, à
Amflerdam, 1698, 16 vol. in-foU
IL Un Abrégé du Talmiid,en 4 parties^
fous le titre de lad Chaiakha , c'eft-
à-dire , Main-forte , à Venife ,1550»
4 vol. in-fol. Cet Abrégé eft écrit
très-élégammçnt en hébreu , & pafle
chez 1^ Juifs pour un excellent
ouvragei II comprend toute la iu«
li ij
^00 MAI
rifprudence civile & canonique des
Iwîs , diftribuée par ordre & expli-
quée clairement en pur hébreu. III.
Un traité intitulé : More NAockim
ou Nevochtm , c'eft-à-dire , le GmJe
de ceux qui chancellent.,, Maîmonlde
l'avott composé en arabe ; mais un
Juif le traduifit en hébreu , du
vivant même de Tauteur : il parut à
Vcnife en 15 51 » in-fol. Buxtorf
en a donné une bonne traduâion
latine, 1629 , in-4*. Ce livre con-
tient en abrégé la théologie des
7ui£i » appuyée fur des raifonné-
mens philofophiques , qui déplu-
rent d'abord & firent grand bruit »
mais qui furent dans la fmte adop-
tés prdque généralement. IV. Un
ouvrage indtulé : Se]^her Hammîfoth >
<*eft-à-dire , U Livre des Préceptes ^
hébreu-latin, à Amflerdam, 1640,
in -4**. Ceft une explicanon des
éi3 préceptes afiîrmatifs 8c néga-
tifs de la Loi. V. Un traité De Ido-
ioUtrîâ^ traduit par Vojpms^ Amf-
terdam , 1641 , i vol. in-4®. VI.
Ve rébus Chrîfti , traduit par Gene-
^rard, 157^, in-8*. Ylh Aphon/mî
fecundùm doUrlnam Gdleni^ Bologne ,
1489 , in-4^. VIII. TracUtus de re-
-^mlne Sanluuîs , Lyon, 1535, in-fol.
IX. Liher de ctkis vetîds , ouvrage
curieux , traduit en latin par Marc
Voeldiche , & publié à Copenhague
«n 1734 , in-4**. On a encore de
Malmonïde plusieurs Epîtres & d'au-
tres ouvrages, qui lui ont acquis
une grande réputadon. Les Juif^
l'appellent VÀîg/edes DocUwrs , & le
regardent comme le plus beau génie
qui ait paru depuis Moyfe le Légif-
lateur. Mojmonide eft fouvent cité
fous les Roms de Mo/es jEgyptius^ à
caufe de fon fé}our en Egypte-, de
Mo/es Corduhenfis^ parce qu'il étoit
de Cordoue. On l'appelle auâi U
DoStmr, II eft fouvent déiigné par
le nom de Rtimham , compofé des
lettres initiales, R. M. B« M. par
lefquelles ils défigncot foji i^m
M A I
entier, c'eft-à-dire, Rahhî, Mùyf<%
Ben ( fils de ) Malmon : les Jui£i ont
coutume de défigner ainfî les nons
de leurs &meux rabbins par des
lettres initiales.
MAINARD , Voye^ Maykard.
MAINBOURG,K.Maimbou»o.
MAINE, V. II. Bourg.... Croix-
DV-M A I KE...MA INXJS...MAyfiE«é
& LeNCLOS , au commencemenu
MAINE , ( Anne-Louife-Bé-
nédiâine i>E Bourbon , duchcflê
du ) petite - fille du Grand Conàé^
eut l'efprit & l'élévadon de fenti-
mens de fon grand-pere. Elle na-
quit en 1676 , & donna dès fos
enfance les dpérances les plus heu*
reufes. Elle fiit mariée en 1691 , i
Louis-Auptfte DE Bourbon , duc ^
Maine , fils de LouU XlV & de
Mad® de Mante/pan, né en iSjo,
Ce prince montra de boime heure
beaucoup d'efprit. Mad* de Mak'
tenon , chargée de veiller à fofl
éducadon, fit imprimer, en 1677»
le recueil de fes thèmes , fous ce
dtre ; (Euvres d'un jeune Enfant fi
n'a pas encore fept ans ; & LomsXlf
les vit avec le plus grand plaifir.
Tout ce qui concemoit ceten£iiu«
l'intéreffoit extrêmement -, aufB 1«
combla-t-il de bienféiits. H fut co-
lonel-général des Suifles & Gri-
fons , fit plufîeurs campagnes • &
fut pourvu de la charge de grand-
maitre de l'ardUene en 1688. Mad*
la ducheiTe du Maine ^ devenue foa
époufe , fut gagner fon coeur , le
gouverner fans lui déplaire , &
le filtre çntrer dilhs toutes fes dé-
penfes , qui furent quelquefois ex-
cefiiVes. Elle employa fon cfprt
& fon crédita procurer au duc A
Maine & à fes enfans un rang égal
au fien. De degrés en degrés , .ils
parvinrent à tous les honneurs des
princes du iàng , & obtinrent tf
•I714 , de Louis le Grand , un édlt ^
les appeloit , eux & leur podé>
rite , à U fucccfllon i U couiffl^ft
M A r
* Cet cdît fut en partie l'ouvrage d«
Mad*^ Ju Maine , qui eue la dou-
leur de voir fon édifice ébranlé
du temps de la minorité de Louis
XV^ Tandis que le duc d* Orléans
mettoit tout en œuvre pour fe
ménager la régence , malgré les
difpofitions du teftament de Lotus
XIV ^ le duc du Maine y plus oc-
cupé de littérature que de politi-
que, s'amufoit à traduire VAntl-
Lucrèce, La ducheiTe qui favolt qu'il
auroit pu faire valoir les préten-
tions que lui donnoit ce teil^ment ,
lui difoit : Fous trouverez un beau
matin en , vous éveillant , que vous
êtes de Pacadémie y & que M, d'Or-
léans a la régence,"^ Ceft ce qui ar-
riva. Le duc du Maine fut feule-
ment confirmé dans les honneurs
de prince du fai^. Louis XIV l'a-
voit audi nommé furintendant de
l'éducation de fon fucceffeur *, mais
cette claufe de fon teftament n'eut
pas fon e](écution. Mad^ la du«~
chefle du Maine fut arrêtée en 171S »
& conduite au château de Dijpn ,
& fon époux à celui de Dour-
lens, & ils ne furent mis en li-
berté qu'en 172.0. Le duc du Maine
motuut le 14 Mai 1736 , à 66
ans , avec de grands fentimens de
religion, n Ce prince ( dit Mad*^ de
Stodl ) » avoit l'efprit éclairé , fin
9* & cultivé; toutes les connoiffan-
» ces d'ufage , fpécialement ceUe
M du monde , au fouverain degré ;
>» un caraâere noble & férieux. La
M reti^on , peut-être , plus que
M la nature , avoit mis en lui tou-
>» tes les vertus, &lerendoit fidelle
» à les pratiquer. Il aimoit l'or-
» dre, refpeâoit la juilice, & ne
»» s'écartoit jamais des bienféances.
» Son goût le portoit à la retraite ,.
}» à rénide & au travail.^ Doue de
)> tout ce qui rend aimable dans la
>• fociété ,. il ne s'y prêtoit qu'a-
» vec répugnance. On l'y voyoit
f pottrtam gai » facile > complal-
MAI çot .
A fant & toujours égaL Sa con"
» vcrfation folide & enjouée étoit
'«remplie d'agrémens , d'un tour
»♦ rfifé & léger -, fes iécks amu-
)t fâns,fes manières noblement fa«
M milieres Ôc polies •, fon air aiTes
» ouvert. Le fond de fon cœur ne
y> fe découvroic pas -, la défiance
>« en défendait l'entrée ,. & peu de
)t fentimens faifoient e^ort pour ^
M en fortir >*. Après fa mort , 1«.
ducheiTe du Maine fe livra en-
tièrement à fon goût pour les icien-
ces & les arts. Elle les recueillit
à Seaux , dont elle avoit fait
un féjour enchanté -, ( Foy, lç$ ar* •
ticles Epi eu RE , vers la fin ; Se
Malezieu. ) & les prptégea juP
qu'à ÙL mort, arrivée en 1755»
dans la 76^ année de fon âge.
Perfonne , dit encore Mad® de
Staaly n'a jamais parlé avec plu$,
de juàeiTe , de netteté & de rapi*
dite , ni d'une manière plus nobla
& plus naturelle. Son efprit , fra
vivement des objets ,. les rendoît
comme la glace d'un miroir qui
les réfléchît » uns ajouter , fan&
orner , fans rien changer. Les en*
£ms du duc du Maine furent r
Louise Augufl» DE Bo u RB 0 K , prince
de Domhes ,, mort en 175 j » à 5$
ans ; & Louis-Charles DE BoURBON»
comte if Eu , mort en 177 ç , à 74 ans J
l'un & l'autre fans avoir été mariés.
MAINFERME . ( Jean de la )
celigieux de Fontevrault ,.né à Or*^
léans, mort en 1693^.3 47 ans »
s'eft iignalé pat une défenfe de Ro-^
bert dtAbriJfel ,. fondateur de fon or-
dre , fous le titré de : Bouclier de
l'Ordre de Fontevrault naljfaru , en J,
vx>l. inrS°. Le principal objet de
cet ouvrage eft de juflifier iioben da
reproche d'avoit été trop ùmilier
avec fes religieufes , & d'avoir ofé^
même coucher la nuit à coté d'elles «>,
fous prétexte de fe mortifier exk
fouffrant ce nouveau genre de mar-
tyre,. U prétend que les Lettreiinj
li iij
50i M A I
juricufes à Rohen^ qui portent le
nom de Ceojfrol deVendônu^ &de
M^rhoét ^ font ruppofées , & ont
^ écrites par Rofcclm \ nuis les
critiques n ont point été perfuadés
par fes raifons. Son ApologU de
r autorité que les religieufes de Fon-
tevrault ont fur les religieux & les
prêtres qui dépendent d'elles , n*a
pas été mieux accueillie.
MAINFROT , fils namrel de
l'empereur Frédéric II, eut d'abord
le dtre de prince de Tarente. Apres
la mort de Conrad IF» en 1154,1!
le chargea d'être le tuteur de Cw
radin , fils de ce prince. Mais bien-
tôt ayant ait courir le bruit de la
mort dé fou pupille, il fe fit cou-
ronner à Palerme , fous le titre de
Roi de«Sicile , & il gouverna def-
potiquement pendant près de 11
ans. S'étant brouillé avec le pape
Jfuiotene IV , il porta la guerre
dans les états de l'Eglife , & battit
les troupes papales. Le vainqueur
enleva au iaint-Si^e le cointé de
Fondi , & fiit excommunié par
l/rhain IV» Ce pondfe François
appela Charles d*Jnjou , frère de
Saint Louis , en Italie , & lui donna
l'invefiitnre des royauines de Na-
ples & de Sicile. Le nouveau roi
fit la guerre à Mûinfroy , poiTef-
fieur de ces deux royaumes. On
prétend que celuî-d fit propofer
un accommodement à Charles ,
qui lui répondit en ces termes :
jillei vers U Sultan de Lucerîa ,
C il appeloit ainfi Mainfroy , qui
tiroit du fecours des Sarrafins de
Luceria )& Itd dites que je ne yeux
ni paix ni trêve aree lui , & que
dans peu je ^enverrai en Enfer , ou
qu*ll rfi*enverra en Paradis, Une ba-
taille dans les plaines de Béné-
vent , donnée le 16 Février 1266 ,
décida de tout : Mainfroy y fut
tué , quoiqu'il eût combattu en
héros. Sa femme , fes enâms ,
fes tréfors furent livrés au vain-
Ul A I
ifueur. On trouva fon cadavre fofl^
couvert de fang & de boue. Char-
les lui refiifa la fépulture , parce
qu'il étoit mort excommunié. On
le }eta dans un fofle le long du
grand chemin , où les foldats
le couvrirent dHm monceau de
pierres, y* Le pape le ût tranf-
f* porter depuis hors du territoire
>» de Bénévent , ne voulam pas
>• qu'il fût inhumé proche d'une
s* ville qui lui appartenoit. Telle
M fiit la fin de Maiafroy , prince
w digne d'un meilleur fort , &
M dont nous devons prendre une
M autre idée que celle que nous
M en ont laifiee la plupart des
» hifioriens , qui l'ont maltraité
*^ fur la foi des écrivains dévoués
>* au pape. Tout ce qu'on peut
n lui reprocher avec fondement ,
yt eft l'idurpâtion du royaume de
n Sicile fur fon neveu Conra£n4
v* Mais rinjuftice étoit encore plus
f* grande du côté de ceux qui at-
n taquoient ce jeune prince , puif-
vt que , non-contens de renverfiar
n fes droits inconteftables , ils en-
M levoient cette couronne à la mai"
n fon de Souahe , pour y appeler
«* une maifon étrangère... On a
y, imputé à Mainfroy la mort de/îr^
n derîc II fon père , celle de Henri
n & de Conrad fes propres frères ;
n & quelques écrivains prétendent
w qu'il fut foupçonné d'avoir at-
>• tenté par le poifon a celle de
fi Conradin : mais toutes ces accu-
y, fations ne fe trouvem que dans
f> des auteurs attachés au parti du
i> pape , ou dans des hiftoriens qui
>4 les ont copiés. Ufiilioitbienqoe,
» pour rendire Aftfûr/roy odieux , on
M lui reprochât quelques crimes,
M & qu'on faisît avec avidité des
»♦ calomnies renouvelées trop (w-
>« vent à la mort des princes «<.
[ H(ST. de P Empire d*Allanagne^ par
M. de Montigny , tome HL f II pa*
rok cependant que tous ces repro?
M A I N
ckes , faits à Mainfroy , n'étoîeot pas
des calomnies ; & qu'un ambitieux
qui ufurpa Vhérïtagt de (on pupille
éc qui traita quelquefois Tes fujets
ea* tyran , pouvoit avoir des talens
juilitaires ; mais' qu'il ayoit très*peu
de vertus*
MAINGRE , Voy, BovcrcAUT.
MAINTENON , (Françoife
d'Au>igaé , marquife de) petite-
fille de Théodorù-Agrtppa d'Aukigné ;
naquit le S Septembre 1635 , dans
une prifoft de Niort, où étoient
enfermés Confiant J^AuhlgnéCon père,
& fa mère Anne de CardlUac, fille du
gouverneur du Château-Trompette
à Bordeaux. Françoife d'Aubigné étoit
deftinée à éprouver toutes les vicif-
iîtudes de la fortune. Menée à l'âge
de crois ans en Amérique \ laiiTée
par la négligence d'un domeftique
iur le rivage, prête à y être dévorée
par un ferpent *, ramenée orpheline
â' l'âge de douze ans , élevée avec la
plus gramde dureté chez Mad^ de
NeuUlant fa parente , elle fut trop
heureufe d'époufer Scarron , qui lo-
geoit auprès d'elle dans la rue d'En-
fer. Ce poëte, ayant appris com-
bien MU^ d^AublffU avoit à fouffrir
.avec fa parente , lui propofa de
payer /a dot , fi elle vouloit fe faire
religieufe ; ou de l'époufer , fi elle
vouloit fe marier. MU' d'Aublgné
prit ce dernier parti , & un an après «
n'étant âgée que de feize ans , elle
donna fa main au burlefque Scarron,
Cet homme fingulier étoit fans bien,
& perclus de tous fes membres-,
mais fa famille étoit ancienne dans
la robe , & illuftrée par de grandes
alliances. Son oncle étoit évêque
de Grenoble , & fon père confeiU
1er au parlement de Paris. Sa mai-
fon étoit le rendez- vous de ce que
la cour & la ville avoient de plus
difiingué & de plus aimable : Vi^
vonne , Grammont , CoU^îy Charleval^
Pellijfan , Henault , Marlgni , &c.
towx le zftonde alloix le voir , comn^
^ :m A I Koi
un homme aimable , plein dVfprit,
d'enjouement & d'infirmités. MU"
d'Aubigné fut plutôt fon amie & (k
compagne, que fonépoufe. Ellefe
fit aimer & eltimer , par le talent de
.la converfation , par fon efprit, par
fa modeftie & fa vertu. Cette vertu
n'étoit point de l'hypocrifie , quoi
qu'en aient dit fes détraûeurs. >* Je
>» ne fuis pas étonnée, (écrivoitMad*
n de Malntenon en 1709 ) qu'on foup<
>) çonne ma jeunefie : Ceux qui
» parlent ainfi , en ont une très-
yy déréglée , ou ne m'ont pas con-
n nue. Il eft fâcheux d'avoir à vi-
Mvre avec d'autres gens que ceux
M de fon fiecle : & voilà le mal-
M heur de vivre trop long-temps «<«
Nous ajouterons que la célèbre Ni'
.non de Lenclos rendit toujours les
témoignages les plus favorables à Ces
mœurs. Scarron éuntmort le 27 Juin
1660 , fa veuve retomba dans la mi-
fere. Elle fit foUiciter long-temps &
vainement auprès de LouUXlV une
penfion. dont fon mari avoit joui*
Ne pouvant l'obtenir , eUe réfolut
de s'expatrier. Une princefile de
Portugal , élevée à Paris , éaivit
à rambafiadeur , & le chargea de
lui chercher une dame de condi-
tion & de mérite pour élever fes
enfuis. On jeta les yeux fur Mad^
Scarron , & elle accepta. Avant de
partir , elle fe fit préfemer à Mad®
de Monte/pan , en lui difant , qu'élu
ne Vouloit pas fe reprocher d'avoir
quitté la France , fans m avoir vu
la merveille, Mad^ de Monufpanixxt
flattée de ce compliment , & lui
dit , Q^'il falloit refter en France i.
elle lui demanda un placet, qu'elle
fe chargea de préfenter au roi. Lorf-
/ qu'elle préfenta ce placet : Quoi î
s'écria le roi , encore la veuve Scar-
ron ! N'entendrai " je jamais paràr
. £ autre chofe ? — En vérité ^ Sirm. ,
( dit Mad*^ de Montefpan , ) il y a long-
temps que vous ne devrit^ plus en en"
. tendre parler, La penfion fytt accois
li iv
^04 MAI i»
dée , & le voyage de Portugal rom-
pu. Madame Scarron alla remercier
Mad' de Montefpan , qui fîicû char-
mée des grâces de (a conversation »
qu'elle la préfenta au roL On rap-
pone que le roi lui dit : Madame ,
j€ VOUS ai fait attendre long-temps ;
mais vous are^ tant d'amis , que j*ai
itoulu avoir feul et nUriu auprès de
mous. Sa fortune devint bientôt
meilleure. Mad^ de Monufpan , vou-
lant cacher la naiftànce des en&ns
qu'elle alloit avoir du roi , jeta les
Î^eux fur Mad^ Searron , comme fur
a perfonne la plus capable de gar-
der le fecret & de les bien élever.'
Celle-ci s'en chargea & en devint
la gouvernante. Elle mena alors
une vie gênante H retirée ^ avec fa
penfion de 2000 liv. feulement, &
le chagrin de Savoir qu'elle neplai-
^oit point au roi. Ce prince avoit
un certain éloignement pour elle.
Il la regardoit comme un bel ef-
prit, & quoiqu'il en eût beaucoup
lui-même, il ne pouvoit fouf&ir
ceux qui vouloient le faire briller.
Loms XI V i'eftimoit d'ailleurs ;
il fe fouvint d'elle , lorfqu'il fut
queftion de chercher une per-
fonne de confiance pour mener aux
eaux de Bari ge le duc du Maine ,
né avec un pied difforme. Mad^
Scarron conduiôt cet enfant , . &
comme elle écrivoit au roi direâe-
ment , fcs lettres effacèrent peu-
à-peu les impreiSons défavanta-
geufes qae ce monarque avoit pri-
fes fur elle. Le petit duc du Md-
ne contribua auffi beaucoup à le
Élire revenir de Cçs préventions.
Le roi jouoit fouvent avec lui ,
content de l'air de bon fens qu'il
mettoit jufque dans fes jeux , &
fatisfait de la manière dont il ré-
pondoit à fes queflions: Vous êtes
'bien raifohnahle , lui dit-il un jour !
•— Il faut bien que je le fois , répon-
«lit l'enfant *^i*ai une gouvemanu qui
0 la rai/on mime.m^Allc\i reprit le
MAI
roî , aUt[ lui dire que vtts bu iolh
ne[ cent mille* francs pour vos dn*
gées. Elle profita de ces bienâits
pour adieter , en 1674 , la terre de
Maintenon , dont elle prit le notai
Ce monarque, qui ne pouvoit pas
d'abord s'accoutumer à elle, pâfa
de l'averfion à la confiance , & de
la confiance à l'amour. Madame
de Montefpan , inégale , bizarre , im-
périeufe , fervit beaucoup par foa
caradere à l'élévation de Mad^ ^
Maintenon , qui , en détachant le
roi d'une liaifon criminelle , par-
vint à occuper dans fon cœur la
place qu'y tenoit Mad* de MoUtef-
pan. Louis XIV lui donna la place i
de dame-d'atours de Mad^ la Dcat- \
pkine , & penfa bientôt à l'élever
plus haut. Ce prince étoit alors dans
cet âge , où les hommes ont befoin
d'une femme , dans le fein de la-
quelle ils puiiTent d^ofer leun
peines & leurs plaifirs. U vouloit
mêler aux Êitigues du gouverne-
ment , les douceurs innocentes d'une
vie privée. L'efprit doux & cond-
liant de Mad^ de Maintenon lui pro-
mettoit une compagne auffi agréable
qu'une fûre 4:onfidente. Le P. de
la Chaife , fon coûfeiTcur , lui pro;
pofk de légitimer fa paffion pour
elle par les liens indifTolubles d'un
mariage fecret, mais revêtu de tou-
tes les formalités de l'églife. La bé-
nédiâion nuptiale fut donnée vers
la fin de 1685 , par Harlai arche-
vêque de Paris 9 en préfence du
cottfefTeur & de deux autres té-
moins. Louis XIV étoit alors dans
fa 48^ année, &.la perfonne qu'il
époufoit dans fa 50"^. Ce mariage
parut toujours problématique à la
cour% quoiqu'il y en eàt mille in-
dices. Madame de Maintenon enten-
doit la meiTe dans une de ces tribunes
qui fembloient n'être que pour la fa-
mille royale -, elle s'habÛloit & fe
déshabilloit devant le roi , qui Tap-
peloit Madame tout coiut. On pré:
M A I
fend même , que le pedt nombre
«le domefiiques qui étoient du fe-
cret , lui rendoiem dans le parti-
cuUer des honneurs qu'ils ne lui
rendoient pas en public , & qu'ils
ia traitoient de MajeJU : ce qui pa-
roit très-peu vraifemblable. La
princeffe de Soubifc lui ayant écrit »
& s'étant fervie de la formule avu
rfJpeH\ Madame dt Maintenon ter-
mina fa réponfe par cette phrafe :
*» A l'égard du reTpeâ , qu'il n'en
» foit poim queflion entre nous,
w Vous n'en pourriez devoir qu*à
»♦ mon âge , & je vous crois trop
>* polie pour me le rappeler ««. Le
bonheur de Madame ^ Maintenon
fut de peu de durée. C'efl ce qu'elle
dit depuis » elle - même , dans un
cpanchement de cœur ; PctoU née
ambitieufe yjc tombattou cê penchant :
Quand des défirs que je n'aPoU plus
furent remplis , je me crus heureafei
mais eau ivreffe ne dura que trois fc'
moines. Son élévation fut pour elle
une efpece de retraite. Renfermée
dans fbn appartement , elle fe bor-
noit à une îbciété de deux ou trois
dames retirées comme elle ; enco-
re les voyoit*elle rarement. Louis
XIV venoit tous les jours chez
elle après fon diné , avant & après
le Toupé. Il y travailloit avec fes
minières , pendant que Madame
de Maintenon s'occupoit à la Itihi-
te y ou à quelque ouvrage de
main , s'empreil^t peu de par-
ler d'af&ires d'état , paroiiTant quel-
quefois les ignorer; quoiqu'elles
me lui fuflent j^as indifférentes , &
rejetant ce qQÎ avoit la moindre
apparence d'intrigue & de cabale.
Cependant elle inâua dans le choix
de certains miniffares ( ChamUlart ) ,
& de quelques généraux ( Marfin ) ,
alnfi que dans la difgrace de quel-
ques autres ( Vendôme & Catinat, )
Le public lui reprocha fes Êiutes ,
que Tes bonnes intentions ne pou-
yoient pas toujours faire exç^fer*
MAI çof
Affervîe aux volontés de Louis XI r
dans tout le . reUe , elle fut en gé-
néral plus occupée de lui complaire
que de le gouverner-, & cette ferr
vitude continuelle dans un âge
avancé la rendit plus malheureufe,
que l'état d'indigence quelle avoit
éprouvé dans fa jeunefle. Je n'y
puis plus tenir ^ dit-elle un jour au
comte d*Aubigné^ {on frère : jevow
drois être moru ! — Vous aye\ donc
parole^ répondit d'Jubigné ^ d*épou»
fer Dieu U Pertl » Que ne puis-je
( di^elle dans une de fes lettres >.
>t vous donner mon expérience !
» Que ne puis-je vous faire voir
*\ l'ennui qui dévore les grands »
>* & la peine qu'ils ont à remplir
» leurs journées! Ne voyez-vous
» pas que je meurs de trifleâe»
»f dans une formne qq'on auroit
>* eu peine à imaginer? J'ai été
>» jeune & jolie; j'ai goûté des plal-.
>* iirs : j'ai été aimée par-tout. Dans
>* un âge plus avancé , j'ai pafTé des
» années dans le commerce de l'ef*
>* prit : je fuis venue à la faveur ,
>t & je vous protefte que tous les
» états laiflent un vide af&eux u.
Si quelque chofe pouvoit détrom?
per de l'ambition , ( dit Voltaire , )
ce fer oit affurément cette lettre...
Quel fuppûce , difoit-elle à Madame
de Bolyn^rocke , fa nièce , d*amufer
un homme qui nefi plus amufahle i -«
Ecrive-^nous des nouvelles y dit- elle
encore dans une lettre , car nous
mourons d'çnnui, La modération
qu'elle s'étoit prefcrite, augmen-
toit les malheurs de fon état. Elle,
ne profita point de fa place, pour
élever (à famille autant qu'elle 1 au-
roit pu , parce qu'elle redoutoit de
trop fixer fur elle & fur les fiens
les regards du public. Elle n'avoit
elle-même que la terre de Main-
tenon , qu'elle avoit achetée des
bienfaits du roi, & une penfion
de 48000 livres ; auffi difoit-elle :
Ses maitrcjfu lui c^utoieent plus en un
<foé M A I
mois que je ne lui coûu en une ari'
née. Elle exigeoit des autres le dé-
Antéreffement qu'elle avcit pour
elle-inême j le Roi lui difoit fou-
vent : Mais , Madame , y^us n'ave^
tien à vous, — SiRE , répondoit-
elle , // ne vous efl p:is permis de me
tien donner. Elle n'oublia pas pour-
tant fes amis» ni les pauvres. Le
marquis de Dangeau , Barillon , l'ab-
bé Teflu , Râàne , Defpréaux , Var^
des, Buffi.^ Montchevraùl , Made-
moifelle de Scuderî , Madame Deskou»
fures , n'eurent qu'à Ce féliciter de
l'avoir connue. Madame de Main-
tenon ne regardoit fa faveur que
comme un £irdeau , que la bien-
feifance feule pouvoit alléger. Ma
place , difoit-elle , a kîen des côtés fâ-
theux ; mais auffi elle me procure le
pUîfir de donner. Elle propofoit à
Louis XIV des bonnes oeuvres ,
auxquelles ce prince nefe prêtoit pas
toujours : Mes aumônes , lui difoit-il ,
ne font que de nouvelles charges pour
mts peuples \ plus je donnerai ^plus je
prendrai fur eux. Madame de Main-
tenon lui répondoit : Cela efl rrai ,
mais tant de gens ^ue vos Guerres ,
Vos Bâtimens & vos Maitreffes ont
réduits à la mendicité par la néceffué
des impôts, il faut bien les foulager
aujourd'hui. Il eft hUn jufte que ces
malheureux vivent par vous, puif qu'ils
ont été ruinés par vous. Dès que Ma-
dame de Maintenon vit luire les pre-
miers rayons de ût fortune, elle
conçut le deflein de quelque éta-
blifTement en faveur des elles de
condition nées fans bien. Ce fut
à fa prière que Louis XIV fonda ,
en. 1686, dans l'abbaye de Saint-
Cyr (village fitué à une lieue de
Verfaillcs , ) une communauté de
36 dames religieufes& de 24foeurs
, converfes , pour élever & inftrui-
re gratis 300 jeunes demoifelles ,
qui doivent faire preuve de 4 de-
grés de noblefle du côté pa-
ternel. Cène masfon git dotée de
M A !
40,000 écusde rente , & Lotâs XI f
voulut qu'elle ne reçût de bienfaits
que des rois & des reines de Fran-
ce. Les demoifelles doivent èat
âgées de fept ans au moins , & dt
douze ans au plus-, elles n'y peu-
vent demeurer que jufqu'à l'âge de
vingt ans 8c trois mois, & enfor-
tant on leur remet mille écus. Ma-
dame de Maintenon donna à cet éta-
bliflement toute fa forme. Elle ai
fit les réglemens avec Godet Def-
maréts , évêque de Chartres. Il fe-
roit à fouhaiter que ces Conftitu-
tions, le chef-d'œuvre du bon
fens & de la fpiritualité , fuilent pu-
bliées ; elles ferviroient à réformer
bien des communautés. La fonda*
trice fut tenir un milieu entre l'or-
gueil des chapitres & les petiteffcs
des couvens. Elle réunit une vie
très-réguliere à une vie très-com-
mode. L'éducation de Saint-Cyt
devint fous fes yeux un modàt
pour toutes les éducations publi-
ques. Les exercices y font difhi-
bués avec intelligence, & les de-
moifelles inUruites avec douceur.
On ne force point leurs talens , on
aide leur naturel; on leur infpire
la vertu ; on leur apprend l'hifloi-
re ancienne & moderne, la géo-
graphie, la muiique, le deflîn;ofl
forme leur ftyle par de petites com-
pofitions ; on cultive leur mémoi-
re; on les corrige des prononciations
de province. Le goût de Madame
de Maintenon pour cet établiâemest
devint d'autant plus vif, qu'il eut un
fuccès inefpéré. A la mort du roi,
arrivée en 171 5 ,elle fe retira tout-
à-fàit à Saint-Cyr, où elle donna
l'exemple de toutes les vertus. Tan-
tôt elle infhruifoit les novices , tan-
tôt elle partageoit avec les maitrefTcs
des claifes les foins pénibles de l'é-
ducation. Souvent elle avoit de»
demoifelles dans fa chambre , &
leur enfeignoit les élémens de la
religion , à lire > à écrire 4Eàtr4^
MAI
vailler , avec la douceur & la pa-
tience qu'on a pour tout ce que Ton
fait par goût. La veuve de Louis
XIV affifloit régulièrement au^c
récréations , étoit de tous les jeux ,
& en inventoit elle-même. Cette
femme illuibe mourut le 15' Avril
1719 , à 84 ans, pleurée à Saint-
Cyr, dont elle étoit la mère, &
des pauvres dont elle étoit la
bienÊLÎârice. Quoique Mad® de
Mmntenon eût moins d'ambition
que tant d'autres &vorites , fa for-
tune influa fur celle de fes parens.
Son frère le comte d'Auhlgné ne
pouvant être maréchal de France ,
â caufe de la médiocrité de Tes
talçns , fiit lieutenant-général , gou-
verneur de Berry , & poffdffeur
de fommes aiTez confidérables pour
étaler fottement les airs d'un favori.
Cependant il fe plaignoit fans cefle.
Sa foeur lui donna pluûeurs fois
tes confdls'les plus fages. « On
»♦ n'eft malheureux que par fa faute,
»* ( lui écri voit-elle ) -, ce fera tou-
»• jours mon texte & ma réponfe
** à vos lamentations. Songez ,
»* mon cher frère , aux voyages
>» d'Amérique , aux malheurs' de
** notre père , aux malheurs de
^ notre en&nce , à ceux de notre
»♦ jeunefle; & vous bénirez la Pro-
^ vidence , au lieu de murmurer
>* contre la fortune. Il y a dix ans
^ que nous étions bien éloignés ,
>« l'un & l'autre , du point où nous
^ fommes aujourd'hui. Nos efpé-
^ rances étoient û peu de chofe, que
» nous bornions nos vœux a 3000
>» livres de rente : nous en avons
>» à préfent quatre fois plus , & nos
» fouhaits ne feroient pas encore
•* remplis!... Vos inquiétudes dé-
» truifent votre famé, que vous
♦♦ devriez conferver , quand ce ne
>♦ feroit que parce que je vous
M aime. Travaillez fur votre hu-
n meur; û vous pouvez la ren-
>*i dre moins bilieufe & moins ibm-
MAI Ç07
» bre, ce fera un grand point de
H gagné. Ce n'eft point l'ouvr-age
a des réflexions feules ; il y faut
vt de l'exercice , de la diflîpation ,
w une vie unie & réglée »♦. Le comte
d'Aublgné proflta enfln de ces avis.
Sur la fln de fes jours , il fe retint
dans une communauté , qu'il édifla
par fa converflon. Sa fœur lui flt
une penfion de 10,000 livres , &
fe chargea de la régie de fes biens
& du payement de fes dettes. Il
mourut en 1703 ; il n'avoit qu'une
fllle , Françoife d*Auhignty mariée
en 1698 au duc , depuis maréchal
de NoailUs, Le père de Mad^ dt
Maîntenon avoit une fœur ( Atthe"
mlfed'Atèigné) ^ qui époufa Binja-*
main de Valois ^ marquis de Vil-*
lette. Mad^ de. Maintenon maria fa
petite-fllle , Marthe-Marguerite , à
Jean'Anne de Tubicre , marquis de
Caylus : elle fiit mère de M. le
comte <fe Caylus^ ( Voy, Catlus. )
& l'on a imprimé fes Souvenirs en
1770 , in-8* , qui contiennent quel-
ques anecdotes. Mad* de Mainte-
non eil auteur comme Mad^ de
Sévigné , parce qu'on a imprimé
fes Lettres après fa mort. Elles ont
paru , en 1756 , en 9 vol. in- 11.
Elles font écrites avec beaucoup
d'efprit , comme celles de l'illudre
mère de Mad^ de ùrignan , mais
avec un efprit différent. Le cœur
& l'imagination diéioient celles-ci ;
elles refpirent le fentiment , la li-
berté , la gaieté. Celles de Madame
de Maîntenon font plus contraintes
ou plus réfléchies; il femble qu'elle
ait toujours prévu qu'elles feroient
un jour p!ihliques. Son flyle froid ,
précis & auflere , efl plutôt celui
d'un auteur , mais d'un bon auteur ,
que celui d'une femme. Ses Let-
tres font pourtant plus précieufes
qu'on ne penfc : elles découvrent
ce mélange de religion & de ga-
lanterie , de dignité & de foibleffe,
qui fe trouve â fouvent dans le
f oS M Â t
coeur humain , & ({ui fe rtacan."
troit quelquefois dans celui de
Louis XIV. Celui de Mad* de
Maintaion paroit à la fois plein
^'uAe ambition & d'une dévotion
véritables. Son confelTeur , Gok^
Mn y direûeur & courtifan , approu-
ve également l'une & l'autre, ou
du moins ne paroit pas s'oppofer
â fes vues , dans l'^pérance d'en
profiter. Voilà les idées que fes
Lettres font naître. On y pourroît
recueillir auffi quelques pôifées in«
génieuTes « quelques anecdotes ;
mais les connoiflances qu'on peut
y puifer , font trop achetées , par
la quantité de lettres inutiles que
ce recueil renferme. D'ailleurs U
BtaanulU , en les publiant , y a Êiit
quelquefois des changemens qui les
rendent infidelles. 'U fait <Ûre à
Madame de Malnttnon des chofes
qu'elle n'a jamais penlées , & cel*
les. qu'elle a penTées, d'une ma-
nière dont elle ne les a jamais dites.
C'eft ce qu'on peut vérifier en les
.comparant avec les copies authen-
tiques de pluûeurs de ces lettres
qu'on trouve dans les Mémoires
du maréchal d^NoaUles, par M.rabbé
MUlot. La BcdumdU donna aufli
6 vol. de Mémoires pour favir à
i^HlJioire tic Madame de Mdinunon,
Us font écrits d'un fiyle éner-
gique , pétillant & fingulier ,
mais avec peu de circonfpeâion &
d'exaâitude. S'il y a pluiieurs ^ts
vrais & intéreflans , il y en a audi
un grand nombre de hafardés & de
minutieux. Les Lettres & les Mé-
moires ont été réimprimés en i6
vol. in-ia , 1778. Ajoutez-y un
petit livre alTez rare , intimlé : £n-
tretlens de Louis XIV & de Madame
de Maint£NON fur leur mariage ,
Marfeille , 1701 , in-12. On a
donné un Maintenonîana , in-8^.
C'eft un recuôl d*anecdotes, de
portraits , de penfées , de bons mots
tirés des Lettres & dçs Méx^okçs
M A J
de Mad' de Maîntenon, Ce inaBY[ais
de CaraccioR a publié & vie , 1786 ,
in- II. Voye{ le parallèle que nous
ûifbns de cette vertueufe £avorîte
avec Mad' de Montefpan , art. v.
ROCRECHOVART.
MAINUS , ( Jafon ) né à Pezaro
en 1435 , d'une Emilie obfcuré ,
fîit rartiûn de fa fortune. Auffi prit-
il pour devife: VlRTtTTI FORTUNA
coMMs NON DEFICIT, Il eufeigna
le 'droit avec tant de réputation,
qu'il eut juTqu'à 3000 difdples , &
' que Louis XÎI roi de France ,
étant en Italie, honora fon école
de fa préfence. Comme il con-
duifoit le roi à la porte de fou
école , le priant d'entrer avec une
inclination profonde , Louis le força
de paiTer le premier : Je nejuis plus
roi ieip dit-il » vous êtes lefeul^*oM
y doive refpeSUr. Ce prince lui ayant
demandé pourquoi U ne. s'étoit pas
marié f il répondit que c'étoit pour
obtenir la pourpre à fa recçmman-'
dation ', mais Louis XII ne ju^ea
pas à propos de la demander. Ce
jurifcoafulte mourut à Padoue le
22 Mars 1519 f à 84 ans. Sa
jeunefie avoit été orageuife & liber-
tine ; mais l'âge le corrigea de tous
fes vices. On a de lui des Commen-
taires fur les PandeSes & fur le Code
de JuJHnien , in-fol. & d'autres ou-
vrages qui , pour la plupart , ne
font que de mauvaifes compUadons,
MAJOLI, (Simon) néàAilen
Piémont, devint évèque de Vol-
turara dans le royaume de Naples,
& mounit vers l'an 1598. C'étoit
un grand compilateur. U s'eft ^
connoitre fur^out par fon ouvrage
intitulé : Vies eaniculares , imprimé
plusieurs fois in-4^ &in-fol., ^aduit
en françois par Rfiffet^ Paris , 1610
& 1643 , in-4**.
L MAJOR, ( George) l'un des
plus zélés difciples de iMther^ na*
quit à Nuremberg en 15 01. Ufiit
XI A J
lue de Saxe; enfeigna à Magde-
boUïg , puis à Wittemberg , fut mi-
lufire à Iflebe , & mourut le 28 No-
vembre 1574, à 72 ans. 11 fou-
tenoit que les bonnes œuvres
font û efTentiellement néceiTaires
pour le falut , que les petits enfans
ne Tauroient être juilifiés fans
elles. >« Méldnchton ( dit M. Tabbé
» Pluqutt) avoit abandonné les
» principes de Luther fur le libre
» arbitre ; il avoit accorde qucl-
y* que force à la nature humaine ,
yt & avoit enfeigné qu'elle con-
y> couroit à la converîxon » même
Vf dans un infidelle. lAajor avoit
w pouffe ce principe plus loin que
»» Mélanchten ,^'& avoit expliqué
vt comment l'homme infidelle con-
M couroit à l'ouvrage de fa conver-
w fion:il£aut, pour qu'un infidelle
n fc convertisse , qu'il prête l'o-
>» reille à la parole de Dieu-, il
yt faut qu'il la comprenne, & qu'il
>♦ la reçoive : jufque-là , tout eft
» l'ouvrage de la volonté. Mais,
9» lorfque l'homme a reconnu la
« vérité de la rdijgion , il demande
M les lumières du 5aint-£fpnt, dt
« il les obtient. Major renouveloit
•» en parrie les erreurs des Sémi^
>» Pélagiens «. On a de lui divers
Ouvrages en 3 vol. in -fol. Ses
partifans furent nommés Majorités,
II. M A J O R ou LE Maire ,
( Jean ) d'Adington en Ecofle , vint
jeune i Paris , & fît fes études
au collège de Montaigu, où il en-
fdgna enfuite la philofophie & la
théologie avec réputation. Il fut
reçu doôeur de Sorbonne en 1 5 06 ,
& mourut en EcoiTe l'an i54S>à
é2 ans. Ses principaux ouvrages
font î 1. Une Hîftoirt de la Grande'
Bruagnê , en 6 livres , qui ftniiTent
au mariage de Henri VUl , avec
Catherine d* Aragon* Cet ouvrage fu-
perficiel & peu exaA , fut publié
«n 1521. II. Dt favans Commen"
tains fur les Evangiles , fur l€
U A J ço^
Mattre des Sentences, &c. în-fol.»
1^29. lil. On lui attribue encore
un livre intitulé : Le grand Miroir des
exemples^ imprimé à Douai 1 1603,
in-4°. Tous ces ouvrages font en
latin. Ce dernier ed rempli de fables..
III. M A J O R , ( Jean-Daniel )
médecin , né à Breflau en 1634»
exerça long>temps {es talens à Ham-%
bourg. Il fut feit, en 1663, pro-
feiTeur en médecine dans l'univer*
fité de Kiel qui venoit d'être fon-
dée, & direâeur du jardin des
plantes. Il mourut en 1693 , à
Stockholm , où il avoit été appelé
^ar Charles XL On a de lui un
grand nombre d'ouvrages. Les prin-
cipaux font : I. ilthftlo^a euriofa
five dt animalihus & plantis in /api"
dem eonverfis^ 1662, in-4**. II. De
cancris &ferpentibus petrefaSlis , 1664^
in-4°. III. Hiflona anatomiaj 1666 ^
in-folio.
MAJORAGIO, ( Marc- Antoine)
ainfi nommé , d'un village dans la
territoire de Milan , fe rendit habile
dans les belles - lettres , & enfei*
gna à Milan avec une réputation
extraordinaire. Il introduâ&t dans
les écoles l'ufage des déclamations
pratiqué parmi les anciens , & qui
excita le génie de quelques jeunes
gens. Ses fuccès lui fkest des ja-
loux. Ses ennemis lui intentereiit
un procès , fur ce qu'il avoit change
fon nom à*Antonius Maria en celui.
de Mardis ' Antonivs Majorianus, H
fe tirad'affeireendifant, qu'il n'y
avoit aucun exemple dans les au-
teurs de la pure latinité, qu'un
homme ait été appelé Antonius Maria»
Cette raifon pédantefque ferma ce-
pendant la bouche à l'envie. Majo*
rapo jouit tranquillement de fon
nom & de fa gloire jufqu'à fa mort \
arrivée le 4 Avril 1555 , à 41 ans.
On a de lui : I. Des Commentaires^
fin* la Rétk^rique d'AriJiote , in-fol. ,
fur V Orateur de Cicéron & fur VirgUe^
ûi«fol. II, PlHfieurs traités , oatrt
y
:/#
510 M A J
autres : De Senatu Romano « Io-4^...
Z?£ rîju oratorio & uriano,,. De no^
minibus proprus vcurum Romanorum*
III. Un recueil de Harangues La-
tlnes , &c, Leipiîg, 1628 » in-8^.
Tous ces ouvrages refpirent l'éru-
liidon.
MAJORIEN, {Julîus'VaUrîus
JAajokianus ) empereur d'Occi-
dent , étoit fort )eune lorfqu'il fut
élevé à l'empire le 1" Avril 457»
éa confentement de Léon , empe*
reur d'Orient. Tout ce qu'on fait
de fa famille , c'eft que fon père
«voit toujours été attaché au cé-
lèbre AJètlus , général fous yaUntinUn
m , & que fon aïeul maternel avoit
été général des troupes de la Pan-
nonie fous le Grand Théodofe, Les
vertus civiles & militaires de Mojo»
rUn lui méritèrent le trône impérial,
t)ès qu'il y fiit mont4« il réduifit
les Vifigoths , & forma le projet
Reperdre les Vandales. Pour mieux
connoître les forces de ces ennemis ,
il fe déguife , pa^e en Afrique , &
va trouver Gmferic leur roi , en
qualité d'ambafîadeur , fous pré-
texte de lui faire des propofitions
de paix. Il remarqua dans le mo-
iiarque Vandale plus de fierté que
de valeur , dans fes troupes , ni dif-
çiplioe, ni courage^ & dans fes
îujets , un penchant extrême à la
révolte* De retour en Italie , il hâta
les pr^aratiâ de la guerre & paâà
en Afrique. Genfcrîc n'avoit plus
d'efpoir , & fa perte étoit aiTurée «
s'il n'eût trouvé des traîtres parmi
les Romains , qui lui livrèrent la
plus grande partie de leurs vaif-
feaux. Majorîen repaiTa en Italie
pour réparer fa perte. Le Vandale,
craignant les armes de ce héros,
lui fit demander la paix & l'obtint.
}iicimer, généraliffime des troupes de
"MajorUa , jaloux de la gloire que
ce prince s'étoit acquife , £t fou-
lever l'armée, le 1 Août 461, 6c
cinq jours après maflacra. l'empe-
U kl '
reur , après un règne de 3 ans &
quelquei mois. Majorun étoit ua
prince courageux , entreprenant,
aâif , vigilant , l'amour de fes peu-
ples & la terreur de fes ennemis.
Auffî aimable dans le pardculier
que grand en public ,.il étoit doux,
gai , complaifant. Les belles-lettres
ctoient û. principale occupation.
MAJORIN , premier évêque des
Donadfies en Afrique, vers l'an
306, avoit été domeitique de I»-
ic//s, dame fameufe dans cette feâe,
& fiit ordonné pour l'oppofer à
Cécllien. Quoique Majorin ait été le
premier évêque de ce peuple de
rebelles, il ne lui donna pas fon
nom i Douât fon fuccefTeur, eut ce
malheureux avantage.
MAIRAN, ( Jcan-Jacquesd'Or-
tous de ) d'une famille noble de
Beziers , naquit dans cette ville en
1678, & mourut d'une fluxion de
poitrine à Paris le 20 Février 177 1 ,
à 93 ans. U fut un des membres
les plus illuâres de l'académie des
fciences & de l'académie Françoife.
Attaché de bonne heure à cette
poremiere compagnie, il fuccéda en
1741 à FonundU dans la place de
fecrétaire' perpétuel. Il la remplit
avec un fuccès diftingué jufqu'en
1744 , & montra comme fon pré*
décefleur , le talent de mettre dans
un jour lumineux les madères
les plus abffaraites. Ce don û. rare
éclate dans tous fes ouvrages. Les
principaux foat:I. DiJfertatUm fur
la Glace , dont la dernière édidon
efl de 1749 , in-i2. Cet excellei^
morceau de phyûque a été traduit
en allemand & en Italiea. II. Dif' I
ftnaùon fur la çaufc de la lumen
des Pho/pkores , 1717, in- il. lU.
Traité hijiorique & phyfiqueietAurott
Boréale^ imprimé in-i 2 « en 173 )•
& fort augmenté en 1754 , in-4^. Lt
fyflême que l'auteur embraflefouf-
fre des contradiûions ; mais fon
livr« cft aiUn. fayant que bien ^>
MAI
IV. Letm auPcre Parennin, contenant
dlvtrfcs queftlons fyr la Chine ^ in- Il ^
ouvrage curieux , & plein de cet
efprit philofophique qui caradlérife
les autres livres de l'auteur. V.
Vn grand nombre de Mémoires y
parmi ceux de l'académie des fcien-
çes ( dq>uis 1719) » dont il donna
quelques volumes. VI. Plufieurs
Differtatlons fur des matières parti-
culières, qui ne forment que de
pedtes brochures : ilferoit à défirer
qu'on les réunit. VII. Ehgts dts
JlcadimUîens it PAeadémU des Stknr
mes , morts en ly^t , ly^z , r;4^ , in-
12, 1747. Sans imiter Fontenclle^
Tautenr fe mit preTque à côté de
lui , par le talent de caraâérifer fes
perfonnages , d'apprécier leur me-
nte & de le faire valoir-, fans dif*
fifiiuler leurs défauts. La réputation
de Mairan avoit pénétré depuis
long-temps dans les pays étrangers*
U étoit membre de l'académie imr
périale de Pétersbourg , de l'acadé-
mie royale de Londres , de Tiniii*
tut de Bologne , des fociétés roya-
les d'Edimbourg & d'Upfal , &c.
La douceur de fes mœurs le faifoit
regarder comme un modèle des ver*
tus fociales. Il avoit cette politeiTe
aimable, cette gaieté ingénieufe,
cette fureté de commerce , qui font
aimer &eftimer. Mais il faut ajou-
ter, dit M. Savenen , qu'il rappor-
toit tout à lui-même. Son bien-
être , & le foin de fa réputation ,
étoient les motih de toutes fes dé-,
marches. Il étoit très-feniîble aux
cridques & aux éloges; cependant
il eut beaucoup d'amis. A une phy-
fionomiefpirituelle & agréable unif-
&nt beaucoup de douceur , il eut
l'art de s'infinuer dans les efprits
&defe frayer un chemin à la for-
tune. Le duc d' Orléans , régent, l'ho-
fiora d'une prote^on particulière ,
& lui légua fa montre par fon tefta-
ment. M. le prince de Conti le com-
bla de bienfaiss. Le ctolcelier JDa*
H AI 511
Jeau î remarquant en 'lui des
vues nouvelles & des idées auffi
fines qu'ingénieufes , le nomma
préiident du Journal des Savons :
place qu'il remplit à la fatisfaâion
du public & des gens - de - lettres^
L'égoiûne fecret dont M. Savenen
l'accufe , ne le fit jamais manquer
à aucun des devoirs de la plus ri*
goureufe probité. Il difoit qu'un
honnête homme efi celui à qui U récit
d'une bonne action rafraîchie le fang 9
xaot que le fentiment feiil a pu pro-
duire. U avoit la repartie prompte,
$e trouvant un jour dans une com-
pagnie où étoit un homme de robe»
ils étoient d'avis différent fur quel-
que chofe qui n'avoit pas plus de
rapport à la iurifprudence qu'à la
géométrie. Monfeur , ( dit le magif-
trat , qui s'imaginoit qu'un favant
eft unimbécille hors de (a fphere)
il ne s'agit Ul ni ^'Euclide , ni /Ar-
chimede. — Ni ic Cujas , ni de Bar-
thole! reprit vivement l'académi*
cien.
MAÎRAULT, (Adrien-Maurice)
fils d'un receveur des décimes dn
clergé , mourut à Paris en 1746 ,
à 3$ ans* Il étoit veuf de la filla^
du marquis de VHUers. Cet écrivain
avoit l'efprit cultivé , un goût fain
& beaucoup de littérature^ mais
foncaraûere leportoità la fatire^
Il fut très-lié avec l'abbé des Fon*
talnes , & il travailla avec ce critiqua
aux Jugemens fur les écrits modernes.
Nous connoiiTons de lui : I. Une
Traduction des Eglogues de Néméfiem
& Calpumlus , en françois , in-ii ,
recommandablepar fa fidélité & fon
élégance. II. Vhiftoire de la dernière
révolution de Maroc, III. Diverfes
Pièces fitgltives.
L MAIRE, (Guillaume le) né
dans le bourg de Baracé en Anjou ;
eut part aux af&ires les plus im-
portantes de fon temps > fut nommé,
évêque d'Angers en .1290, aflifla
au concile g^éral de Vianne eg
511 M A î
x^ii, & mourut en 1317. On a
ëc lui : I. Un Mémoire fur ce qu'il
convenoit de régler au concile de
Vienne. On le trouve dans Ray*
naldus , fans nom d'auteur. II. Un
Journal important des principaux
événemens arrivés fous fon épif-
copat. Le Vtt^iAchéri la inféré
dans le tome x' de fon SpUUege,
IIL Des Statuu Synodaux , qui fe
trouvem dans le Recueil des Sta-
tuts du diocefe d'Angers. GouvtUo
a écrit fa Vu » in-12 , à Ang^ ,
J730.
. MAIRE, Toy^i IL Major.
N IL MAIRE, ( Jacques le ) Êuneux
pilote Hollandois, partit du Tezel
le 14 Juin 161 5 , avec 2 vaiiTeaux
qu'il commandoit , & découvrit en
16 16 le détroit qui porte fon nom,
vers la pointe la plus méridionale
de l'Amérique. On a une RUaùon
de fon Voyage dans un Recueil de
Voyages à ÎAmérî^ , Amfierdam «
3612 , in-folio , en latin.
m. MAIRE, (Jean le) poëte
François, né à Bavai dans le Hainaut
en 1473 , mourut dans un hôpital
en I ^ 24 ; le vin & fon imagination
exaltée l'avoient conduit à la folie ,
s'il faut s'en rapporter à ce que dit
Piem de S AÎnt' Julien , dans fon On*
pnt des Bourguignons , liv. 2 , pag.
589. Jean le Maire eft auteur d'un
Poëme allégorique , fous ce titre :
Mm trois Contes de CVTIOO» 6»
d^ÂTKOros I dont le premier fut in»
venté p r Séraphin , poëte Italien ; le
jl^&le II J^ de Maître Jean lmMairs^
Paris, 1525 , in-8^ On a encore
de lui pluâears autres Po^^f^, dans
lefquelles on remarque une imagi-
nation enjouée , de l'efprit & de la ^
Êicilité V niais peu de iuftefle , point
de goût , ni de délicateflie. Une de
fes produôions les plus rares , eft
le Triomphe de Très-^futtUe & Tres-puif"
fanu Dame,,, Royne du Puits d'Amour^
Xyon, in9t in-^L Mais on doit
préjbércr à cet puvr^ Ucencieux »
Uk t
les llb^aûons des Gaules & fingjâéi
rites de Troyes , Paris, 15I2 , in-fol.
[ Voye\ fon Itiiloire dans les Mc-
moires du Inferipùons , in-4^ , tom.
XIII. ] On ne le qualifie ordinal*
reihent que de poëte François ; pour*
. quoi pas aulH d'hiûorien ? Il 00m-
pofa , à la louange de Marguaiu
d* Autriche , un livre intitulé : La
Couronne Marputriâque ^ imprimé à
Lyon en 1^4^* ou il rapporte des
chofes affez fingulieres de l'efpiit
& des réponfes de cette princdSè.
Son Trtùté des Schifmes & des Coud'
les , Paris , 1 547 , eft une inve^ve
fanglante contre Jules II ; elle (ut
bien accueillie des Proteihms , qui
la traduiftrent en lAin.
' MAIRET , (Jean) poëte Fnm-
çob , né à Befançon en 1604, ^
gentilhomme du duc de Montmo-
rency , auprès duquel il fe fignala
dans deux batailles contre Soukife ,
chef du parti Huguenot. Ce fei-
gneur lui donna une penfton de
i^ mille livres, & cette généroiité
ne iatisfît pas fon ambition : auffi
fe plaignit-il fouvent , en fon nom ,
& au nom des autres poëfces fts
comemporatns. m On nous Eût au
» Louvre, difoit>il, des facri£ces
y* de louanges & defiunée , comme
» û nous étions des I^eux de Tan-
M tiquité ««. li étoit fort âdié qu'an
lieu de cet encens , on ne lui offrît
point des hécatombes de Poifty^
avec une large «ftufion des vins
d'Arbois , de Beaune & de Coa-
drieux. La couronne de laurier ,
qu'on préfente aux poètes, lui au-
roit plu bien davantage, û elle avoit
orné un jambon de Mayence. On
traita Malret comme il le deman*
doit : le duc de Longuevi/le lui ac-
corda pluileurs gratificadons. Le
cardinal de Richelieu, le comte de
Soijfons & le cardinal de la Valette
répandirent fur lui des bien£ûis.
Mairu avoit quelque talent pour
Içs &égoi;ij\(iQA9f U^ chargé deux
fois
M A î
feîs de ménager une fufpenfîond'ar-'
mes cvec la province de Franche-
Comté, & il, y réùflît. Les fervices
rendus à ia province , lui mérite-
lent , en i668 , des Lettres fort ho-
norables de l'emp^eur Lci>pold , par
lefquelles ce prince rétablit fa fa-
mille dans la nobleile dont elle avoit
joui autrefois. 11 mourut à Befen-
çon en t686 , à S4 ans. Il étoit
retiré dans cette ville depuis foit
mariage, c*eft-à-dirc, depuis 164S;
Sa femme étant morte dix ans
après, il ne revit plus la capitale
qu'en paffant. Ce pocîe aimoii la
joie & la bonne chère j il étoit pro-
pre à la fociété. L amour-propre 1
attaché à l'art des vers , le rendoit
fort pron^t à critiqua: Tes confrè-
res., & fort fenfible à leurs cen-
fures. Méiret eut beaucoup de gra-
â^^tions , fans être jamais riche ,
& il connut beaucoup de grands ,
iSR3 «vcir des pi^sî ua peu impor-
tantes. Les Mufes l'avoient infpiré
Ile bonne heure. A 16 ans il com-
po^ Chryféldç , fa première pièce de
théâtre ; à 1 7, la Sylvlt , à 1 1 , la Syl-
vamrc ',323, le ducd'Ojfone i k 24 ^
la Virginie; à 2Ç , IsiSophonisbei Cette
dernière pièce eut un grand fuccès ,
quoique les bienféances les plus
communes y fuffent violéeSi Rien
li'étoit plus ordinaire alors , que
de voir dans des âragédies , des traits
qu'on, fouftrirôit à pfine aujour-
d'hui pour le comique. Dans la
fcene où Majpmjfc & S^phonlsbe ar-
rêtent leur mariage , ils ne man-
quent pas de fe donner des arrhes.
Syph^fc avoit auparavant reproché
à Sophonlsbe radultere'ôcl'impudi-
çité. Cette pièce avoit pourtant
quelques beautés , puiiqu'elle Tem-*
porta fur la Sophonîsht de Corneille -,
il eft vrai que celle-ci étoit indi-
gne de ce grand homme. Voltaire
a refait la Sophonlsbe de Mairu , ou
plutôt a donné une pièce nou-
velle fous le même titre : On a de
Tome K
MAI 515
lui ; 1. "DovLzçJTragédUs^ qui offrent
quelqiJes belles tirades , mais en»-
core plus de mauvaifes pointes &
de jeux de mots inHpidçSé QueU
queS'Unes de ces pièces pèchent
coptre les bonnes moeurs y & elles
font tï^s-foiblemcnt verfiiiées. On
a imprimé , en 1773 , la Sophonlsbe
feule , in-4® , fuperbes; figures. ÏL
Lc; Courilfan folkaire ^ pièce qui
«'eft pas fans mérite. 111. Des Poé^
fus diverfcs^ affez médiocres. IV^
Quelques Ecrits contre Corneille ^
qui firent plus de tort* au cenfeur^
qu'à l'auteur crtttqué.i ,
MAIRONIS , ( François de) fa- '
meux Cordelier au xiv* fiede^
vit le jour à Maironès , village
dans la vallée de Barcelonette en
Provence. Il enfâgùa à Paris aveô
tant de réputation , qu'il y fut fur- /
nommé U Docteur éclairé. C'eft le
premier qui foutint l'adle finguliçç.
sppeîc Sorlomque , dans lequel
celui qui foutient eft obligé de ré-
pondre aux difficultés qu'on lui
propofe , depuis fixhieures du matin
jufqu'à fix hfeures du foir , f$ns in^
terruption. On a de François de
Malronis ^ divefs Traités de philo-
fophie & de théologie , in-fol.^ *
dignes de fon fiecle ^ ôC indignes du
nôtre.
MAÎSEAUX , Voyei DesmAm
SEAUX.
MAlSEROI j ( N. Joly de) lieu*
tenant-colonel d'infanterie, de l'a-,
cadémie des Infcriptions , né à
Metz, mort le 8 Février 1780*
étoit un bon officier & un favant
diftingué. On a de lui : I. des EJfals
nùiltalres , I763 , in-S*". II. Traité
du firatagjimes pemàs à la guerre ,
1765 , in-8^. III, Traité des armei
défcnfiyes ^ 1767 , ,in-8°. IV. Nou-
veau cours de Tactique théorique ^ pra**
tique & hifiorique» V« Tableau général
de la cavalerie Grecque^ VI. Injiitu-^,
Mtif milltalrtf de l* Empereur l^n^ '
. ' Kk
5t^ MAI
tradultii du grée , arec des notes ^
2 vol. in-8®, 1770*
. MAISI£R£S , ( Philippe de ) na-
4{uit dan; le château de MaitiereS)
-au diocefe d'Amiens > vers 1317 ^
porta fucceflivement les armes en
oicile & en Aragon v revint en fa
patrie , où il obtint un canonicat ;
éntrepirtt enûiite le voyj^e de la
Terre-fainte , & fervit un an dins
les troupes des Infidelles » potqr
.s'inftruire de leurs forces. Son mé-
rite lui procura la place de chan-^
celier de PUm , fucceiTeut dp Hugues
de Lufignan , roi de Chypre & de
Jérufalcm. Ses conTeils lui furent
très-utiles. De retour en France ,
l'an 1371 , Charles V lui donna
une charge de confeiller-dëtat y &
le fit gouverneur du dauphin y depuis
CharUs Vl, Enfin MalfUres , dégoûte
du monde , fe retira , Tan 1380 ^
chez les Céleftins de Paris. Il y
ftn^ le relie de fés Jours, *m»
prendre l'habit ni faire les vœux ,
& mourut en 1405 , après leur
avoir légué tous fes biens. C'eft
lui & Craon qui obtinrent de Chsrles
VI , en 1395 , l'abrogation de la
coutume que l'on avoit alors , de
tefufer le (acrement de pénitence
aux criînineb condamnés à mort.
Les principaux ouvrages de Mai-
fieres font : I. Le PcUrlnage du pauvre
, pèlerin. II. Le Son^c^du pieux pclerîn.
Dans l'un il expofe les règles de
la vertu , & dans l'autre il donne
les moyens de faire cdffer les vices.
III. Le Poirier fleuri en faveur d'un
grand prince , en manufcrit , auxCé-
léftins , &c. On lui attribue le
Songe du Vergier , 1491 , in-fol. ;
mais il eft plutôt de Raoul de Prefie,
' MAISONS /(De) Toyq III.
LONGUEIL.
MAISTRE(Le) des Senten-
ces -, y<^e[ PiERR£ Lombard ,
n** xir.
I. MAISTRE, (Kaoul le) né à
Hçuen» embrasa l'9t^^ de Satm*
M A I
Dominique en 1570 ^ y ènfeîgia
la théologie , & fut chargé dt
divers emplois honorables. Il eft
auteur d'un livre intitulé : Oriffai
des troubles de ce temps , difeouraiu
brièvement^ des Princes illuflres. de la
mai/oh de htxemhourg. Il donna auffî,
en 159^ y une Vefcnptlon du Siegi
de Rouen,
JL MAISTRE , ( Gilles/^ MAlftrt,
tr Jean le ) magiftrats tncorrup^
fibles dans un temps de corruption ,
ayant fait briller Us mêmes vertus t
doivent partager le même éloge.
Gilles y reçu confeiller au parle-
ment de Paris en 1536 , dut à iès
vertus & à fes grands talens pour
le barreau , l'eftime des rois /««-
cols i & Henri II : celui-là le fit , en
1 5 41 , avocat-général au parlement
de Paris : l'autre le créa préûdent-
à-Mortier , & enfin premier pré-
fident en ' 1 5 5 0. Au milieu des fec-
tIClâS piCuâc» «jai ucMÎiir9ient la
France , il montra une fidélité in-
violable p^ur fon roi , une intré*'
pidité prudente & ferme dans les
troubles & le bouleverfemem de
l'état , un amour iîncere & éclairé
pour la faine religion , jufqu'à (à
mort, arrivée en 1563 , dans fâ
63* année. On a imprimé fes (Euvref
de jurifprudence » Paris , 1653 ou
1680 > in-4°. Jean LsMJisTRiy
fon neveu , confeiller aupaxlement«
foutînt comme fon oncle , l'auto-
rité royale , & refufa la place de
premier préfident que le duc de
Mayenne lui ollroit. Cétoit un
favant jurifconfulte , que fon mérite
fit généralement refpeâer. Sa mé*
moire fera toujours chère aux
cœurs François ; poiu* l'Arrêt cé-
lèbre , rendu à ùl fbllicitadon , le
18 Juin 159^, par lequel le par-
lement de Paris déclaroit mâle HéleC"
tien d'un prince étranger y afmme ew*
traire aux lois fondamentales de la
Monarchie. Cet arrêt & l'abjuration
^\H^ ly^ ottvrireoc à ce priflct
MA I
les portes de fk capitale. Henrî ,
reconnoiffant d^ tant de zèle , créa
pour lui une 7* charge de préfident-
à-mortier , dont il fe démit en i ç 97.
Ce bon citoyen mourut le 21
Février 1601. Le ùaneMX ^Antoine
le Maîftre , Simon le Maiftre , &
ie Malflre de Sacy , étoient fes arrière- ~
petits-fils. Simon qui avoit fuivi
^Intoinc fon frère dans fa retraite ,
mourut en i6ço » & la branche de
leur famille s'éteignit. Celle de
Cilles le Maiftre , qui fubfifte encore , .
a fervi Tétat avec diftin£tion dans
la magiilrature & dans les armées.
ilï. MAISTRE , (Antoine le)
avocat au parlement de Paris , na-
quit dans cette ville en 1608 , d'ijaac
le Mdiftrt , maître des comptes , &
de Catherine Arnaidd , fœur du grand
Arnauli, II' plaida dès l'àge de 21
afls , & obtint tous les fufFrages.
L.e chancelier Sépder ^ inftruit de
ion mérite , le fit recevoir con-
Iciller d'état , & lui offrit la charge
d-'avocat-général au parlement de
Metz -, mais il ne crut pas devoir
l'accepter. 11 quitta même entiére-
jnent^le barreau ; & c'eft à cette
occafion que Jombervll/e fit les vers
fiiivans :
Te dlralje ce que je penfe^
O grand exemple de nos jours !
J*admir^is tes nobles Sf cours ,
Mais j* admire plus tonfilence^
11 fe retira peu de temps après à
Port-royal , où il s'occupa le reile
de fes jours , non à faire de mauvais
livres & des fahcts, ( comme dit un
«crivain Jcfuite ) » mais à édifier
cette retraite par fes vertus , & à
éclairer le public par fes ouvrages.
Un de fes beaux-freres ayant été
le voir , & ne le reconnoiffant plus
fous l'air mortifié & pénitent qu'il
avoit dans cette efpece de tombeau :
Voilà donc-ce le Maiftre d^autrefuls^ lui
dit-il ? Ce faim hotnme lui répon-
éit : // eft mçn Ttu^nmant a» monde p
MAI 5ÏÇ
& ne cherche plus quà mourir à luU
même, Pai affe^ parlé aux hommes en.
ptélic , je ne veux plus que parler à
Dieu déins iefiUnce de ce défert. Après
fn'étre tourmenté inutilement à plaldet
la caufe des autres .^ je me borne à
plaider la mienne. Cet illtrflre foli-
taire mourut le 4 Novembre 1658 ,
351 ans. On a de lid : I. Des Ptai-^
devers , imprimés pkifieurs fois , .
& beaucoup moins applaudis à
préfent qu'ils ne le furent lorfqu'il -
les prononça: On trouve , ( dit un
auteur , en parlant de Patru & de
le Maiftre^ ) dans ces deux hom*
mes appelés ie& lumières du bar-
reau, des applications forcées , un
affemblage d'idées fiingulieres & ,
de mots emphatiques , un ton
de dédamateur -, quelques belles ima-
ges , il eft vrai , mais fouvent hors
de pliace; le nawrel facrifié à l'art ,
& l'état de la queftion prefque tou-
jours perdu de vue. De femblables
plaidoyers ne doivent exciter d'au-
tre admiration , que celle d'avoir
paffé long-temps pour des modè-
les. II. , La Traduàlon du Traité du
Sacerdoce de S, Jean - Chryfoftome ,
avec une belle Préface, in-12. IIL
Une Vie de S,, Bernard , in-4° &
in-S** , fous le nom du fieur Lamy :
elle eft moins eftimée que celle du
même Saint , par Vlllefure, IV. La
Traduction de plusieurs ^Tmi^/* de ce
Père. V. Plufiturs Ecrits en faveur
de Port-royal. VI. La Vie de Dom
Barthéleml des Martyrs j^aveC dû Fojfé^
in-8° , bien écrite.
IV. MAISTRE , ( Louis-Ifaac le )
plus conau>fous le nom de Sact ,
étoit frère du précédent , & na-
quit à Paris en 161 3. Son efprit fe
développa de bonne heure. Après
avoh: éit d'excellentes études fous
les yeux de l'abbé </j Saint-Cyran ,
il ftit élevé au facerdoce en 1648. *
Ses vertus le firent choifir auiïï-
tôt après pour diriger lesreligieu-
6« $c les foUtstiresdePort-royal-des^
Kkij
çi<5 MAt
Chain)[>s. La réputation de Jatxfcnifte
qu'avoit ce monaAere , fournit des
prétextes de perfécution à fes en-
nemis. Le direâeur fut obligé de
fe cacher en x66i , & en 1666 il
fut enfermé à la Bailiile. C'eftdans
cette prifon qu'il compoik les fi-
piTts de la Bible. De là , fuivant
les Moliniftes ,' les allufions qu'on
y fait aux traverfes que les Janfé^
nifiesavoient à fouf&ir. Si l'on en
croit un auteur Jéfuite , MM. de
Pon-royal & ceux qui combattent
leurs erreurs , font repréfentés dans
la figure 91 » les premiers pari>tf-
9rid , & les féconds par Saui. Le
iCo^otfm de la figure Ii6> la Jciabel
de la figure 130 • VAJJuéms des
figures 148 & 150 9 & le Darius
de la figure 162 » font ( dans l'in-
tention de l'auteur) le roi LouU
XIV. L'écrivain qui nous fournit
ces anecdotes , que nous ne garan-
tirons point , ajoute » que quand
Sacy veut dire à fes pôiecuteurs
quelque injure , c'eû toujours par
les Saints Pères qu'il la leur ùk
dire. Si c'eft-làlaclefdes portraits *
ënigmatiques & des allufions dont
on prétend que ce livre eft rempli ,
ce n'eft pas apurement la charité
qui l'a trouvée. D'ailleurs il n'efl
pas certain que ce livre foit de Sacy ;
il eft plus vraifemblablement de
Nicolas Fontaine , fon compagnon
de prifon. La captivité de Sacy pro-
cura au public la Traduction de
toi|te la Bible. Elle fut finie la
veille' de la ToufTaint en i663, &
ce jour -là même il recouvra fa
liberté , aprèç deux ans & demi de
détention. On le préfenu au roi
& au miniib-e, à qui il demanda
pour toute grâce d'envoyer plu-
lieurs fois l'année à la Baftiile pour
examiner l'état des prifonniers. Le
Maijîn demeura à Paris jufqu'en
1675 , qu'il fe retira à Porc^royal^
d'où il fut obligé de fortir €111679.
il alla fç fi;^«r à jfomp6nç, & y
.M Aï
mourut le 4 Janvier 1684, k ft
ans. On a de lui : I. La TraàuSian
de la Bible , avec des explications
du fens fpirituel & littéral, tirées
des Saints Pères , dont du Foffé ,
Huri^ le Tournaix , ont fait la plus
grande panie. Cette verfîon , la
meilleure qui eût encore paru , eft
en 32 voK in -8° , Paris , 1682 , &
années fuivantes. Ceft l'édition la
plus edimée. L'auteur refit trois
fois la traduûion du Nouveau Tef-
tament , parce que la première fois
le flyle lui en parut trop recherché ,
& la féconde fois trop^fimple. On
contrefit l'édition de 32 vol. in-8^ ,
à Bruxelles, en40 vol.in-12. Les
meilleures éditions de cette verfion
ont été fûtes à Bruxelles , 1700 ,
3 vol. in-4^ ^ à Amflerdam , fous
le nom de Paris » 17H , 8 vol. in-
12 ; à Paris 1713 , en 2 vol. in-4** ; ,
& en 1715 , avec des Notes & Con-
cordes , 4 vol. in-fol. II. Une Tw-
duSion des Pfeaumes félon l'Hébreu
& la Vulgate , in- 12. IJIL Une
Verfion des Homélîes de 5. Cktjfop
> tome fur 5. Matthieu , en 3 volumes
in-8^. IV. La Traduftion de Vlmita-
tlon de Jesus-Çurist ( fous le nom
de Beuil^ prieur de Sain^Val, ) Paris.
1663 , in.8°. V. CeUe de Phèdre,
in-i 2 , ( fous Ite nom de Saint-Aubin, )
yi. De trois Comédies de Têrence,
in- 12. VIL Des Leares de Bonptrs ,
(fous le nom àt BrianvUle.) VlIL
Du Poëme de S, Prof psr fur les in-
grats , in-i2 , en vers & en profe.
IX. Les Enluminures de l'Almanach
dêsJéfuites, 1654, in-i 2 , réimpri-
mées en 1733. Il parut en 1653
un^e Efiampe , qui repréfentoit la
déroute du Janfénifme foudroyé par
les deux PuilTances; & laconfufîon
des difciples del'évêque d'Ypres,
qui vont chercher un afile chez les
Calvinifles, Cette efbmpe irrita
beaucoup les folitaires de Port-
royal, Sacy crut la faire tomber par
fes S^d^mtmes , donc BA&ne $'e$
MAI
moqué dans une de Tes Lettres. Il
eft aflez étrange , en effet , que des
^ens de goût & de piété puffent
écrire des fatires qui bleflbientrun
& l'autre. X. Heures de Port-royal^
que les Jéfuites appeloient Heures
à la Janfénîjk , in-I2. XI. Lettres de
IPîété , Paris , 1690 , a vol. in-8°.
Pour bien connoître le mérite de
,Sacy , 'lifei les Mémoires de Port-
royal , par Nie, Fontaine , à Cologne,
1758, 2 vol. in-i2.
V. MAISTRE,(Pierrele) avocat
au parlement de Paris , mort nona-
génaire en 1728 , acquit de grandes
connoifTances dans les détours obli-
ques de la jurifprudence , & les con-
£gna dans un excellent Comment
tcÙTt fur la Coutume de Paris , im-
primé plufieurs fois ; la dernière
édition eft de 1741 , in-folio... On
connoît encore de ce nom, CfmrLs-
François-Nicolas LS MajsTRE , fieur
DE C1.AVILIE ^ mort en 1740 , pré-
fident au bureau des finances de
Rouen , & auteur du Traité du vrai
mérite , à part. in--i2 : ouvrage qui
a une grande vogue , quoique le
iftyle foit maniéré , & qu'on y trouve
plus de lieux communs & de cita-
tions , que d'idées profondes & de
penfées neuves.
MAITRE- JEAK , (Antoine) de
Méry , près Troyes. Après d'excel-
lentes études faites à Paris', l'amour
de la patrie le ramena à Méry , où
il a paâe fes jours dans l''exercice
de la chirurgie. Il donna au com-
mencement de ce fiede, chez le Fevre,
imprimeur à Troyes , un Traité des
Maladies de P(SiL Cet ouvrage qui ,
faute de prôneurs , fut d'un débit
très-difficile, eft devenu loi pour
/ tous les oculiftes : il a été cinq ou
fix fois réimprimé & traduit en
toutes les langues. Les lumières de
Maître Jean dans la chirurgie, étoient
le réfultat des connoifîances pro-
fondes qu'il, a cultivées , en étu^
iism , diis tout le cours de U vie,
M A I
V7
fur tous les objets relatifs à Tart
de guérir. Il avoir été élevé du cé-
lèbre Méry y avec qui il entretint une
correfpondance fuivie»
MAlTRE-RÔUX, Koy.Rosso.
M AITTAiRE, (Michel) gram-
mairien & bibliographe de Lon-
dres , dans le dix-huitieme fiecle ,
s'eft fignalé par fa vafte érudition.
L» république des lettres lui doit :
I. De bonnes éditions de quelques
Auteurs anciens , entre autres , du
Corpus Poëtarum Latincrum , Londres,
1721 , 2 vol. in-folto. II. Annales
Typographici , à la Haye v I7Ï9 ,
in-4**. Le tome 11® en 1722 , le
tome^iii* en 1725. Cet ouvrage,
plein de détails bibliographiques
curieux 6c recherchés , & auquel oa
ne peut reprocher que très-peu de
foutes , comprend le titre de tous
les livres imprimés depuis Torigine
de l'imprimerie , jufqu'en i ç 5 7. En ^
Ï733 , Maîttdire donna une nou-
velle édition du tom i*"^ , qui porte
pour titre tome iv* ; elle eft cori-
fidérablement augmentée. Cepen-
dant l'auteur avertit qu'il y faut
toujours joindre la i^^ édition de *
1719 , parce qu'il s'y trouve des
chofes non réimprimées dans la fé-
conde. Eniin, en 1741, a paru la
Tai/tf de tout l'ouvrage, fous le ti-
tre de tom v^ , en 2 parties. Ce
volume eft le plus» utUe. III. Hifio^
rid Stephanorum , Londres > 1709 ,
in- 8**. IV. Hifioria Typographorum
aliquot Panjienfiwn, I717 , 2 tomes
en un vol. in- 8**. V. Gracie lingue
DiaUBiy à la Haye» 1738, in-8*.
VI. Mifcellanea Gracorum aliquot
Scri^orum Carmlna^ gr. lat Londres ,
1722, in-4'*.
ï. MAIUS , ) Junîanus ) gentil-
homme Napolitain , enfeigna. les;
belles-lettres à Naples , avec ré-
putation , fur la fin du xv** fiecle 9
& eut pour difciple le célèbre-'^
Sanna^ar, Ilfe mêloit d'interpréter-
{e$ fonges, & il fe fit une rép.uca^:
Kk iii
•fi8 MAI
tion en ce genre : tant il eft facile
d'abufcr le public , curieux de fa-
voir l'avenir ! On a de lui : I. Des
Epitns. II. Un DicHonnaire inti-
tule : Opus àt pr'fcorum proprUtau
veihurum , Neapoli , 1475 ♦ in-fol.
réimprimé à Trévife en 1477. H^^*
Une édition de f^lmt U Jeme , Na-
ples, 1476, in-fol.
II. MAIUS , ( Jean-Henri) théo-
logien Luthérien , ne à Pfortz-
heim, dans le marquiiat de Bade-
Dourlach , en 1653 , étoh très-
verfé dans la littérature hébraïque.
Il enfeigna les langues orientales
avec réputation dans plufieurs aca-
démies ; & en dernier lieu à Gief-
ïçn , où il fut pafteur , & où il mou-
rut le I Septembre 17 19 , à 66 ans.
Il étoit profond dans l'antiquité
iacrée & profane. On a de Maïus
un très-grand nombre d'ouvrages ,
plus connus en Allemagne qu'en
France ^ dans les autres . parties
de l'Europe. Les principaux font :
I. Hîftoria. anîmalium Scriptunt fa"
CTA , in-8°. n. Vua /. Rtuchiim ,
1687 , in-8**. IIL Examen Uiftorùt
crîdcA Ricardl Sîmonîs , in-4**. IV.
SynopfU Thtolo^a SymboUca, , in*
4«. V. — MoraOs , in-4^. — & Jw
daicety in-4*^.'VI. IntroduBla aifiw
dîum phîlolûgicum , cnùcum & txegfi"
tUmrty in-4°, VH. Paraphrafis Epif"
toU ad Hebntos^ in-4**. VIII. Theo^
l0gia Evangclîca » 1701 & 1719 , 4
part, in- 4^, IX. Animadverjlones &
Supplemcnta ad Cocati Lexîcon ht^
^hrxum yifO'^ , in-folio. X. (Econo^
9Ùa ttmporum vcteris & novl Teftà-
menti, in-4°. XI. Synopfis Th&olo^
^Ict Chrlfiuuuty in-4^. XII. T/uoUr
gii Luthtrl , in-4®. XIIL Theologia
JProphttUa , in-4**. XIV. Harmc^
nia Evangiliea , in-4^. XV. Uijia^
^rla nformadonis Lutherty in-4^. XVI.
£>lffertdtîones phUoh^cA & exegetiat ,
Francfort ,1711,2 vol. in-4*'. &c
Il a auffi donné une fort bonne
"édition de la BibU IUkrdi^ucy'mr^\
M A K
Son fîls , du même nom que Im;
s'efl diflingué dans la connoiilance
du Grec & des langues Orientales. '
MAIZIERES, Voy, Maisieres,
MAKI, Voyei Mac Kl."
' MAKIN , C Robert ) " fous le
règne d* Edouard 111 , &it à la fois
la vidtime des funeftes effets d'ut
amour immodéré , & la caufe in-
volontaire de la découverte for
tuite de rifle de Madcre, Cet^n-
glois , né avec du courage & de
l'efpfit , conçoit une pafHon éper-
due pour uinne Di^rjct , jeune tille
d'une naiiTance bien fupérieiure a
la fienne. On le mit en prifon,
& il n'obtint fa liberté qu'après que
les p^rens de la demoifelle l'eurent
mariée fuivant fa condition. Ce
m<^en violent n'éteignit point fa
pafuon , & ne l'empêcha pas d'en-
lever celle qui en ttoit l'objet. Au
lieu de faire voile pour la France ,
comme il le comptoit , dans le
defiein de s'y retirer ,. il fiit affailli
par une tempête , & abandonné
pendant treize jours à la merci des
flots. Enfin le 14^ il aborda à l'ifle
de Madtrt où, trois jours après *
un orage arracha le vaifTeau de
deilus les ancres, & le jeta fur les
côtes de Maroc. Cette nouvelle
di%race fit tant d'impref&on fur lâ
compagne de Màkln , déjà confier-
née par les premiers malheurs qui
avoient fuivi fon départ, quelle
expira au bout de deux jours ,
■fans avoir pu proférer une parole.
Son époux pénétré' d'un accident ^
fi tragique , ne lui furvécut que
5 jours. Il demanda pQur unique
grâce à îes amis d'être eaterré dans
le même tombeau. Us rornereot
d'une infcription qu'il avoit com>
pofée, & qui contenoit en peu de
•mots fa trifle aventure.. Elle t
fourni un fujet à M. d'Arnaud pour
les Epreuves dufentknent , tom. 4.
MAKOWSKI, Vi>yei WUccO:
MAE
MALABRANCA,( Ladn ) Do-
nûjstcain , neveu du pape Nicolas
, III , fut fait cardinal èc évêque de
VeUetri en 1178 , puis légat de
Bologne. Il fut chargé des affaires
les plus délicates, finit la paix dans
Florence déchirée par les Guelfes
& les Gibelins , & s'acquit reôime
& TafFedion des peuples par fon
intégrité & fes talens. Il mouritt
en 12.94. On lui attribue la proie
I?hs irse , que TEglife chante à la
Me£fe des* Morts... 11 avoit poiur
' parent HugoUn Malabranca ,
qui de' rdigieux Auguftin devint
évêque de Bimini ^ puis patriar-
. che de Conilantinople vers 1:^90 ,
& dont on a quelques ouvrages de
théologie.
I. MALACHIE, le detnier des
jcn petits Prophètes , & de tous les
Prophètes .de l'Ancien-Teftamcnt,
11 eft tellement incofinu , que l'on
4ome même fi fon nom eft un
nom. propre , & s'il n'eft pas mis
^ pour un* nom générique ^ qui fit-
gnifie un Jngedu Seigneur ^ unPro^
ph^ee ^ &c. Orlgtae & Tertùl/ien ont
^ pris occafion de ce nom , pour
avancer que ce prophète avoit été
efFedUvemem ua Ange, qui pre-
Jioit une forme humaine pour pro-
phétii«r. D'autres croient avec «les
Juifis que MalachU eil le même
ija^Efdnu ; & il ne manque à cette
.opinion que des preuves pour l'aù-
tori£er. Quoi qull en foit , il pa-
roît certain que MaUchîe a prophé-
tifé du temps de Néhémle , fous le
^ règne d'Aftaxercts^Longuemaln ^dans
le temps où il y avoit parmi les
prêtres & le peuple de Juda de
grands défordrâs , contre lefquels
le prophète s'élève. Les prophé-
ties qui nous reftent de lui , £bnt
en hébseuy & contiennent 3 cha-
! - .pitres. Il prédit l'abolition, des fa-
'i:rifice8 Judaïques ^ l'inflitution d'un
noj^yeau fapiftce qui ferôit offert
4ans toia l'uiûvêçs, \i va&mx les
À
A L 519
prêtres de la pureté qu'ils doivent
apporter .dans leurs offrandes , Se
prédit Je jugement dernier & la ve-
nue d*Elle.
n.MALACHIï:, (S.)néàAr.
mach en Irlande l'an 1094 , fut
fucceffivement abbé de Benchor »
évêque de Connor ^ & enfin ar«
chevêque d'Armach en 1117, Il fe
démit de fon archevêché en 1 1 3 5s
après avoir doilné une nouveUo
face à fon diocefe par ^on zelè &
fes exemples. Il mourut à Clair-
vaux entre les bras de 5. Bernard ,
fon ami , en 114S. On liti attribue
des Prophéties fur tous les Papes ,
depuis CéleJUn II jufqu'à la fin du
monde -, mais cet ouvrage a été £éi-
briqué dans le conclave de 1590^
par les partifans du cardinal Slmo^
nellî^S^Bemûrd:^ qui a écrit WVU
de S, Ma/achle & qui a rapporté fes
moindres prédirions, île fait au-^
cune mention de celles - «i. Aucun
auteur n'en a parlé avant le com-
mencement du XVII*' fiede. Ce fi-r
lence de 400 ans , joint aux erreurs ,
& aux anachroiûfoies dont cette ira-
perrinante lifte fourmille, eft une
forte preuve de fuppofitton. [ Foy.
WiON. ] On peut voir le ^P. Af/-
nejirier dans fon Traité fur les Prc^
phétîes attribuées à 5. Malachle, Ceux
qui; fe font mêlés d'expliquer ces
•fadaifes trop célèbres, trouvent tou-
jours quelque allufion , forcée ou
vraifemblable , dans les pays des
papes , leur nom , ^eurs armes , leur
naiffance, leurs talens,. le titre de
leur cardinalat, les dignités qu'ils
ont poffédées, &c. &c. Par exem-
ple, la prophétie qui regardoit t/r-'
bain VIII ^ étok LlUum & Rofa. Elle
s'eft accomplie à la lettre, difent
les fots interprétés : car ce pape
avoit dans fes armoiries des abâl»
lés , qui fucenr les li^ 6t les rofes.
MALAGRIDA ,,( Gabriel) Je-
fuite Italien , fut choi d par fon gé-
néral pour faire des mii&ons çêl
Kk iv
>[io MAL
Fomigsl. Cetôit un homme « <|ui«
à un zèle ardent « )oignoit la éd-
lité de parier que donne l'enthou-
ikfnie. Il fut bientôt le direûeur.à
la mode*, les grands & les petits
fe mettoient fous fa conduite. Il
ëtoit regardé comme un Saint , &
confulté comme un oracle. Lorf-
que le duQd'Avetro médita fa conf-
piration contre le roi de Portugal ,
les ennemis de la Société afliirent
qu'il confolta fur ce projet trois
^ Jéfuites , entre autres MalagrUa. Ils
«joutent* ( ce qui eft bicnpeu vrai-
^iemblable) que ces cafuiûes déci-
fièrent , que ce n'étoit pas fçuUmcnt
vn péch4 vénklydt tuer «a Roi qui
per/écutou les Saints, Le monarque
Portugais, excité par un minière
peu favorable aux Jéfuites , fe dé^
daroit alors ouvertement contre
eux , & il les chaÏTa bientôt après
de fon royaume. H n'en garda que
trois d'entre eux , açcufés d'avoir
approuvé fon afTait&nat: Malagriifa ,
Alexandre & Maihos. Soit qu'il n'eût
pas été permis de les faire juger fans
le confentement de Rome qui le re-
fufa » foit qu'il n'y eût pas de preu-
ves pour faire condamner Ma/agrlda ,
Je roi fut réduit à l'expédjent de
Je livrer à 1 Inquifition , comme
fufp^û d'avoir autrefois avancé
quelques propoiîtions téméraires &
qui fentoient l'hérélie. Ces foup-
çons étoient fondés fur deux écriti
avoués par lui^iàiêiiie , & qui font
la preuve la plus complète d'un
Vrai délire-, l'un en latin, intitulé:
'TrtKkatus itvlta,£f Impciio AntiçhriJU ;
l'autre en Portugais,, fous ce titre:
Za VU de Ste, Anne , compojét avec
injjifl^ncç d: Iz bien/uureujï Vierge
Made & dt fort trcs-Jaint fi/s. Le
fanùûqae^M^lagrlda dit dans le i*'
.ouvrage , que lorfqiie la Sainte
Vierge lui ordonna d'écrire fur
cette matière « elle lui dit : Tu ^
JtAN après un autre JeaK , mais
i^aHCQuf plus clair 6* plus frofind.
MAt
il fi l'on entend bien les Êûntef
n Ecritures ( dit-il enfuite) , on doit
t% s'attendre à voir parottre trois
w Antechrifis , le. Père , le Fils , &
w le Petit -Fils. Comme il tSf. im-
** poffible qu'un, feul puiiTe fub* -
>• jugaer ou ruiner tout le mon-
u de , il eil plus naturel de croire
>♦ que le premier Antechrift com-
>» mencera l'empire , que le fécond
»t retendra , & que le troiiîeme
>* fera les défordres & caufera les
» ruines dont il eft parlé dans 1'^^*
*> pocalypfe. Le dernier Antechrift
>t aura pour père un moine , &
» pour mère une religieufe. 11 ver-
>» ra le iour dans la ville de Mi-
M lan en Italie , l'an 192.0, & il
« époufera une des Furies infer-
»t nales nommée Pwferpîne, Le feul
4t nom de Maric'^ fkns être accom-
}> pagné des mérites des bonnes
y* œuvres , ayant fiait le falut de
>t quelques <^éatures, la mère de
vt ce dernier Anteclirift, qui fera
^ appelée Marie » fera fauvée à
«) caufe de ce nom, & par égard
>• pour l'ordre /religieux dont elle
•»♦ fera profeffe. Les religieux de
y* la Société de Je/us feront les fon-
♦> dateurs d'un nouvel empire dtf-
y* tiné à J.' C. , & ils feront la <fé-
n couverte de pluûeurs nations
♦» très-nombreufes *«. Le P. Mala^
grida n'cfl pas moins extravagant
dans fa Vie de Sainte Anne, n Elle &C
» fanâiiiée ,' dit-il , dans le fein de
» fa mère , comme la bienheu-
» reufe Vierge Marie le ftit dans
>* celui de Sainte Anne : privilège (çÂ
Vf n'a jamais été accordé qu'à elles
» deux. Quand Sainte Anne pleurok
>♦ dans le fein de fa mère., elle fei-
*^ foit auiîî pleurer les Chérubins
»> qui lui tenoient compagnie. SaiiM
»» Anne, dans le fein de ù mère,
>> eatendit > connut , aima , ibrvit
")t pieu, de la même manière que
» font les Angea dans le Gel', Il
ij afin qu'aucune des orois Perfoih
MAI'
W ncs <îe la Sainte-Trinité lie fftt Ja-
M loufe de fon attention panicii-
M lierc pour l'une d'entre elles , elle
»» fit vofu de pauvreté au Pore ctcr-
y^nel, voeu d'obéiiTance au Fils
>♦ éternel , & vœu de chaileté an
9>' Saint-Efprît... Sainte Anne , qui de-
** meuroit à Jérufalem , y fonda une
» retraite pour 65 filles. L'une
** d'elles, nommée Marthe^ ache-
»♦ toit du poifTon , 8c favoit le re-
M vendre dans la ville avec beau-
M coup de profit. Quelques * unes
»t de ces filles ne fe marièrent qae
vt pour obéir à Dieu , qui de toute
M étecnité avoit defiiné ces heu-
»t reiiTes vierges aune plus haute
M fainteté , que ne fiit celle des
n A^>ôfrés & de tous les Difciples
»* de J. C. 5. Lin , fiiccefieur de
>» 5. Pierre, naquit d'une de ces
** vierges ; une autre fut mariée à
M NUodémc ; une 3* à 5. Mauhieu ,
■M & une 4* à Jofeph d'Arîmathie,
M &c. &.C >«. Cet enthoufiafie s'at-
tribuoit le don des miracles. Il
confeiTa de vive voix devant les
•Xnquifiteurs , que Dieu lui-même
l'avoit déclaré fon Ambàffadtw , fon
Apôtre & fon Prophète-, que Dieu
Tavoit uni à lui par une union hsh-
bituelle ; que la Vierge Marie ywec
l'agrément de Jefus - Chrift & de
-toute la Sainte-Trinité, l'avoit décla-
ré fon fils. Enfin , l'on prétend qu'il
avoua avoir éprouvé dans fa pri-
son , à 72 ans , des mouvemens qui
ne font point ordinaires à cet âge ;
& que ces turpitudes lui avoient
élit dans le commencement beau-
coup /de peine ; mais que Dieu lui
avoit révélé que ces mouvemens
ne provenoient que de l'effet na-
turel d' une agitation involontaire ,
pa^ laquelle il avoit autant mérité
que par la prière. Voila les folies
pour iefquelles ce malheureux fut
condamné par Tlnquifition. Mais
ce qui hâta fa mon «fut une vifion
«çu'il fe prdTa de révéler* Le mai*
MAE 51»
quîs de Tancouf , général en ch«f
de la province d'Efiramadure , étant
veii à mourir, le château de Lis*
bonne & toutes les forterefies fur le
bord du Tage firent des décharges
lugubres & continuelles à fon hon^
neur. Malagrida , ayant entendu
de fon cachot ces déchargés réi-
térées, faites d'une manière extraot*
dinaire & même pendant la nuit;
s'imagina à l'tnfiant que le roi étx>it
mon. Le lendemain il demanda aua>
dience. Les Inquifiteurs la lui ac*
cordèrent *, il leur dit que Dieu lui
avoit ordonné de montrer au mi-
niilre du Saim-Oifice qu'il n'étoit
point un hypocrite , ainiî que fes
ennemb le prétendoient : puifque
ia mon du rui lui avoit été riféUc ,
& qu'il avoit eu une vifion intel-
leéhielle des peines auxquelles fa
majefié étoit condamnée , pour
avoir perfécuté les religieux de foa
ordre. Il n'en fallut pas davantage
pour preiTer fon fupplice *, il ait
brûlé le II Septembre 176 1 , à 75
ans , non comme complice d'un par«
ricide , mais comme faux prophète.'
En cette qualité , il méritoit plus
les petites-maifons que le bûcher;
Les impiétés dont on l'accufoit^
n'étoient que des extravagances,
fruit d'un cerveau dérangé par une
dévotion mal-entendue, f^o^^l'an.
AVEIRO.
MALAPERT, (Charles) poëtè
& mathématicien , né à Mons ein
Hainautt en 1581 , fe fit Jéfuite. 11
enfeigna la philofophie à Pont-à^
Moufibn , alla en Pologne ,• où U
fut profefTeur des ihathématiques ;
& eut enfuite le même emploi à
Douai. Philippe. IV le deman(te
pour enfeigner cette fcience à Ma-
drid » dans l'univerfité qu'il venqk
d'y fonder , mais il mourut en che-
min , à Viâoria en Cataldgne , l<e
5 Novembe 1630. 11 nous a laiffé :
I. I>çs Poifies , imprimées à Anvew
en 1634. Sa laàaité eft pu;e , ù.
«XI Mac
«iéHon nette , iès images vivtt &
toiqours variées ; i) 0'% nullement
^onné daAS les ieiûc de mots & les
mativaifes pointes û communes de
(on temps. II. Plufieurs ouvrages
concernant les Mathématiques , im-
primés à Douai, 1620-1633.
. MALAT£STA,($igirmond)
leigneur de Rimini, célèbre capi-
taine du xv^ fiede « réunit dans
fa perfonne un mélange iînguUer
^ bonnes & de mauvaiTes quali-
tés. Philosophe « hiftorien , & hom-
me de guerre très - eiq>irimenté ,
il étoit à la loia ambitieux y impie ,
fans £bi & fans huaunité. Maigre
l'excommunication lancée contre
lui ^ par le pape PU II ^ pour fon
impiété', il (c rendit très-redouta-
ble dans les guerres qu'il eut avec
fes voiûns. Etant «ntré au fervice
4es Vénitiens , il prit ^arte , &
pluûeurs autres places de ^ Mo-
vée , fur les Turcs. A fon Retour ,
il tourna fes armes contre le pon-
^fe qui 1 avoit anathématifé -, mais
ce £ut fans fuccès , & il mourut en
1467 , âgé de 5 1 ans. Il laifTa des
cnfans qui l'imitèrent dans £a bra-
youre , mais non pas dans fes vices
pc fon irréligion. L'un d'eux ( Ga-
léoti Maimt£sT4i ) gouverneur de
Faenza , fut aâ^né en 14SS dans
jfa chambre. - —
I. MALAVAL, (François) né
à MarfeiUe eniôiy , perdit la vue
dès l'âge de neuf mois. Cet accident
jb'empêcha pefs qu'il n'apprit le La-
tin , & qu U ne fe rendit habile
put les leânres qu'on lui faifoit. Il
>'accacha futrtout.atix Auteurs Myf-,
^i^es , qui font pQur la plupart les
lalchimiftes de la dévotion. La perte
4e fa vue liii faciKtoit le recueille-
tnent , qu'exigent lesécnyatns remr
•t>lis des idées du Qctiétifte MoÏÏnos,
Il les publia en France, mais avec
•^u^lques adouCiiB^fuens , .dans &
Pr.2djtefaslic pour élei'er VAmfi. à la
^onf^tpiatim^ Qeà jnotns une mé«'
MAL
éiode d*élever l'ame à la comem*:
plation , que de s'élever au délire.
L'auteur fe jette dans les' rêveries
extravagantes de la myiticité £f-
pagnole , dans les raifinemens d'a-
mour pur , dans tout ce pieux ga-
limathias d'anéMÛffcment des puif^
f onces » ait fiUnce de C anu , àHnSjjpL»
rence totale pour le Paradis ou pour
V Enfer , «te. Le Jivrc de MaUval
iiit cenfuré' à Rome dans le temps
de Tailaire du Quiédfme. L'auteur
n avoit erré que par furprife : il fe
rén'aâa, &fe déclara ouvertement
contre les erreurs de Molînos, Sa
piéfié lui mérita un commerce de
lettres avec pluâeurs perfonnes dif-
tinguées , entre autres avec le car-
diiul Bona , qui lui obtint une dif-
penfe pour recevoir ladéricature»
quoique aveugle. Ce pieux ecdé-
£ailique mourut à Marfeille > le 15
Mai 1719 , à 92 ans. On a de lui :
L Des Poéfies fplrUuellcs , réimpri-
mées à Amfterdam , en 17 14 , in-S**,
fous le titre de Cologne. Elles fe-
ront plus de platfu- aux peifon{ie$
pieufes , qu'aux gens de goût. IL
Des Fies des S.aînts, IIL Ijh VU dt
Se Philippe Benliii , général des Serr
vîtes. IV, Pluûeurs autres ouvrages
manufcrits.
II. MALAVAL, (Jean) chino^
gien, né à Pezan, diocefe deKl-
ntes, en 1669 , mort en 1758,
âgé de 89 ans , vint de bonne
heure à Paris. Ilcontraâa uneliâ-
fon étroite avec Hecquu , qui lui fit
abjurer la religion ProteilantedaBS
laquelle il étoit né. Malaval s'a-
donna particulièrement à ce qu'on
appelle la petîu Chirurgie , à la fai-
gnée , à l'application des cautères^
des ventouCes , Oc, & il excella
dans cette partie. Les Mémoires de
l'académie royale de Chirurgie fem
ferment pluâeurs obfervations de
cet habile homme. Sa vieilleâe fut
une véritable enfance. Son efprit
s'alfoiblii} mais ce qui doitétpo;
^ MAL"
«et > c'cft que, dans cet et» mèttlê ,
il ne perdit pas la trace dés chofes
qu'il avoit confiées autrefois à fa
mémoire. A roccaiion d'un mot qui
frappoit fon oreille dans une con-
vérfation à laquelle il nepouvoit
pas prendre part , il rccitoit avec
chaleur un allez grand nombre de
vers , ou des pages entières- d*ouvra-
-ges en profe qui lui étoient fa!mt^
liers , & où fe trouvoit le mot ({di
-lui fer voit pour ainfi dire de récla-
me. Son cerveau étoit une efpece
de montre à répétition.
MALBROUGH , Foyei Mar-
lEBOROUGH.
I. MALCHUS, ferviteur 'du
graiid-prêtre Caiphe , qui , s'étam
trouvé dans le jardin des Oliviers
avec ceux qui étoient envoyés pour
arrêter Jésus, eut l'oreille coupée
d'un coup d'épée y par S. 'Pierre -;
mais le Sauveur l'ayant touchée , la
•guérit.
IL MALCHUS ou Malch, cé-
lèbre folitaire du iv* fiecle , natif
du territoire de Nifibe, fe retira
•dans une communauté de moines
■^ui habitoient k déiert de Chalcide
•en' Syrie , & finit le refte ' de fes
jours en Saint , comme il avoit vé-
icu. La Fontaine , qui s'étoit acquis
:tant 4e célébrité en un autre genre c»
âmit , dans un accès de repentir « k
ViM de S.M^ilch^ envers françois^ •
-& ce poëme , dit M. C/ément de
I>i)on , etoit très-eftimé^e Roujfeau
3êc Lyrique.
MALDON ADO, (Diego de
Coria) Carme Efpagnol du xvi^fie-
de, eft connu par deux ouvrages fin-
^liers , à câufe des prétentions ridi^
cules qu'il y fait valoir.- L'un eft u»
Traité du Tiers^Ordre des Carmes •,.
«n efpagnol. Il y aflure que les
Frères qui le compoCenî,defcende»t
.immédiatement du prophète Eiiec
-il compte parmi les grands-hom^
ânes qui en ont fait profeflion «,
}tr^xQi^h^t& Ji^ f^ & parmi les
MAL* ^2j
femmes illuilres , U btfaîeule dvr
Sauveur du monde -, qu'il appelle
Ste. Emerintienne, L'autre ouvrage
que ce bon Père a compofé , eft
une Chronique de P Ordre des Carmes^
in-fol. , à Cordoue , 1598, en
efpagnol. 11 y avance des propo^
fitions aflez fingulieres. Suivant
lui, les chevaliers de Malte ont
été Carmes dans leur origine y fie
S. Louis l 'étoit anlîi , &c.
MALDONAT , ( Jean ) né a
Cafas delà Reina dans l'Eibama'*-
dure , en 1 5 34 , fit fes études à Sa*
lamanque. Il s'y diftingua , Ôc en*
feigna le Grec , la philofophie & la
théologie avec un fuccès peu corn-*
mun. Il en&a chez les Jéfuites à
Rome en 1562 , vint en Êrance
l'année fuivante pour y profeffer
la philofophie & la théologie. Mal»
donat y eut un nombre fi prodi^r
gieux d'écoliers , que fon auditoire
étoit rempli trois heures avant qu'il
donnât fa leçon -, & la falle étant
trop petite , il étoit fouvent oblige
d'enfeigher dans la cour du oolî^e;
Le cardinal de Lorraine^ voulant
accréditer un établifTement qu'A
avoit à coeur , attira Muldanat daoii
l'ujiiverfité qu'il avoit fondée à^
Pont-à-Moaifibn. De retour à Paris >
il continua d'enfeigner avec ré-
ptitation *, mais on lui fufcita de»
affaires qui troublèrent fon repos*
Il fut accufé d'avoir fait taire au
préfident Monthrun , un l^s univer*
îcl on feveur de fa Société , & d'en-
feigner xiés erreurs fur 'VlmmacuHk
Conception Maldonat fiitmis à cou-*
vert de la première affaire , par uft
acrêt du parlement de Paris ,- & dé
la féconde , par une fentence do
Fierre de Gondi , évêque de la mêm«
ville. L'envie n'en fut que phis
ardente i le perfécuter. li favarit
Jefuite £e déroba à fes pourfuites »
«m fe retirant à Bourges : il y de*
meura environ 18 mois, au bout
defquelsle pape Grégoire JClIIX'ap^
514 M A t;
pela à Rome pour fe fcrvîr de lui
dans rédiûon de la Bible Grecque
é%s Seprante. Ce fut dans cette
ville <ïu'il acheva fon Commentaire
fur PEvangiU. Tandis qu*il travail-
loit à cet important ouvrage , il
eut un {"onge que l'événement con-
firma. Pendant quelques nuits , il
crut voir un homme qui 1 exhor-
toit à travailler fans relâche à Ton
Cùmmsntaltt , parce qu'il ne furvi-
vroit point à fa conclufion. Cet
homme lui marqitoit en même temps
un certain endroit du ventre, qui
fot effeftivement le même où il
feotit 'es douleurs dont il mourut
quelque temps après le 5 Janvier
15S3, à 49 ans. Ce Jéfuite étoit
un des plus favans théologiens de
fa Société , un des plus beaux gé-
nies de fon fiecle. Il favoit le Grec
& l'Hébreu ; il s'étoit rendu habile
dahs la littérature facrée & pro-
fene. Il avoit bien lu les Pères &
les théolofi;iens. Son ftyle eft clair ,
vif & aifé. Beaucoup de facilité
à s'énoncer , beaucoup de viva-
cité» de préfence d'efprit fit de
foiipieffe , le rcndoient très -re-
doutable dans la difpute. Maldo-
Hat n'étoit point fervilement atta-
ché aux opinions des théologiens
fcolaftiques y il penfoit par lui-
fliême , & avoit des fentimens affez
libres ,& quelquefois finguliers, mais •
toujours ôrtfiodoxes : on lui repro-
che cependant avec raifon d'être '
trop prévenu en faveur de fes idées.
On a de lui : I. D'excellens Corn-
mtntalres fur les Evangiles , dont les
meilleures éditions font celle de
Pont- à- Mouflon , in-folio, 1595 ,
& les fuivantes jufqu'en 1617-, car
celles qui ont été faites depuis ,
font altérées. Les favans en foîtt
beaucoup de cas. >» De tous les
»» commentateurs, (dit Richard Si^
9* mon) il y en a peu qui aient
>♦ expliqué avec tant de foin, &
jl ;nême avec tant dt fuccès , le;
MAL*
^ fens littéral des Evangiles ^ que
♦» Jcj-n Mildonat, Ce Jéfuite Efpà-
»» gnol étant mort à Rome> avant
M qu'il edt atteint l'âge de 50 ^ns,
** Claude Aquaviva^ général deUa
^ Société, à qui il recommanda fon
>» Commentaire en mourant, donna
^ ordre aux Jéfuites de Pont-à-
>• Mouflon de le faire imprimer
»» fur une copie qui leur ftit en-
»* voyée. Ces Jéfuites témoignent
» dans la préface qui efl à la tête
»» de cet ouvrage , qu'ils y ont in-
»» fêté quelque chofe de leur Êiçon,
» & qu'ils ont été obligés de re-
»♦ drefler la copie manufcrite , qui
M étoit défe£bieufe en quelques en-
♦» droits. L'auteur n'ayant point
>» marqué, à la marge de ion
« exemplaire , les livres & les lieux
>* d'où il avoit pris une boime
ty partie de Tes citations , ils ont
y> fuppléé à ce dé£ait. Il paroh
» même que Maldonat n'avoit pas
■»♦ lu dans la fource tout ce grand
»♦ nombre d'écrivains qu*îl cite;
♦♦ mais qu'il avoit profité/; comme
»♦ il arrive ordinairement, du tr»-
»♦ vail de ceux qui Tavoient pré-
y^ cédé : aufli n'efl-il pas fl exaû, que
« s'il avoit mis la dernière main
vt à Ton Commeiuaire. Nonobfiant
t» ces défauts, & quelqu<îs autres
w qu'il eft aifé de redreflTer, on
»♦ voit bien que ce Jéfuite a tra-
>* vaille avec beaucoup d'applica-
»♦ tion à cet excellent ouvrage- II
»♦ ne l^flTe pafler aucune difficul-
»♦ té, qu'il ne l'examine à fond.
>« Lorfqu'il fe préfente plufleurs
H fens littérals a un même pafla-
>» gCi il a coutyme de choifir le
»♦ meilleur, fans avoir trop d'é-
» gard à l'autorité des anciens conw
>* mentateurs , ni même au plus
y* grand nombre, ne confidérant
« que la vérité en elle-même. Il
1» rejette fouvent les inteiprétatioiis
»» de 5. AuguJUn , &ç. «. II. Des
ǧmtm(^ir» fur Jcrmîc, Manifk-^
MAL
M^échUl & Daniel^ imprimés len
1609 , in-4°. IIL Un Traite des Sacre-
mens avec d'autres 0;7«/'ctf/.j< impri-
més en latin à Lyon en 1 6 14 , in-4°4
Maldonat y explique d'une maniè-
re méthodique & folide, tout 'ce
qui regarde les facremens ; il éta-
blit Je dogme , réfute les erreurs ,
de répond aux objeétions avec net*-
teté & préciiion. Son ftyle eft iim-
ple j facilç , intelligible * fans être
ias ni barbare. IV. Un Traité de
la Grâce ^ un autre du Péché orlgi-
ml , & un recueil de plufieurs Pie-
ces publiées à Paris en 1677, in-
fol. par Philippe du Bois. Ce volu-
me eft orné d'une préface confa-
crée à fon éloge. Un iraiié des Jnges
& des Démons , Paris , 16 17 , in-iz.
Cet ouvrage, curieux & rare, na
été imprime qu'en françois , & a
été traduit fur le latin qui n'a ja-
mais vu le jour, VI. Summula Ca-
J^uum confclcncuZy Lyon « 1604 , dont
la morale eft trop relâchée -, il a
été condamné. C'eft un ouvrage
poflhumé, défavouéparles biblio-
thécaires des Jéfoites, comme in-
digne de Ma/donat,.. Il ne faut pas
le confondre avec Jean Maldo-
N^T , prêtre de Burgos vers i J p 1
^ui a dreifé les Leçons du Bréviaire
Romain,
I. MALEBRANCHE, eu Mal-
IXBRANQUE, ( Jacob ) favant Jc-
fuite , natif de Saint-Omer , où ( fé-
lon d'autres ) d'Arras , mort en
2^53) ^ 71 3^Sf 3 ^3^t pluûeurs
TraducUons ', & une Kiftoire eôi-
mée De Mt^rinis & Mor'morum r£-
hus , 1629, 1647 & 1654, en 3
«om. in-4**.
IL MALEBîlANCHE, (Nico-
las) né à Paris le 6 Août 163S ,
d'un fêcrétaire du roi , entra dans
la congrégation de l'Oratoire en
1660. Dégoûté de la fcieace des
faits & des mots, il abandonna,
l'étude de l'hiftoire eccléliaftique
4k de$ IfUigues.f^voates, vers Iii**
MAL ' yi^
quelle il s'étoit d'abord tourné^
pour fe livrer tout entier aux mé^ .
dilations philofophiques. Le TraiU
di P Homme de Dej Partes , qu'il eut '
oçcaiion de voir , fut pour lui un
trait dé lumière. Il lut ce livre avec
tranfport. Il connut dès-lors fon
talent, & fut en peu d'années au-
tant que De/cartes, Ses progrès fu-
rent fi rapides , qu'au bout de dix
ans il avoit compofé le livre de
la Recherche de la Vérité, Cet ou^
vrage vit le jour en 1673, Il eft
peu d'ouvrages ou l'on fente plus
les derniers efforts de l'efprit hu-v,
main. L'auteur y paroît moins
avoir fuivi Defcanes , que lavoir
rencontré. Perfonne pe poffédoit,
à un plus haut degré que lui, l'art
û rare de mettre des idées abibaites^
dans leur jour , de les lier efifem-
ble, & de les fortifier par cette
liaifon. Sa diâion ,* outre qu'elle
eft pure & châtiée, a toute la di-
gnité que les matières demandent,
& toute la grâce qu'elles peuvent
fouffrir. Son imagination forte &
brillante y dévoila les erreurs des
fens , & de cette imagination qu'il
décrioitfans cefTe, quoique la fienne
fût extraordinairement vive. La-
Recherche de la Vérité eut trop de
fucçès pour n'être pas critiquée.
On attaqua fur-tout l'opinion qjLon,
volt tout en Dieu : opinion chimé-
rique peut-être , mais admirable-
ment e:ipofée. L'illufb*e philofophe
compare l'Être-fuprqme à, un mi-
roir qui repréfente tous les ob-
jets , & dans lequel nous regardons
continuellement. Dans cefyftême
nos idées découlent du foin de Dieu /
même. Ces opinions déplurent au
grand Âmauld, Le Traité de la Nature
& delà Graçz, publié en 1680 ^ ne
contribua pas beaucoup à les lui
faire ggûter. Ce traité , dans lequel
l'auteur propofe fur la Grâce un
fyftême différent de cçlui du cé-
lèbre dodleur , fut l'prigipe d'une
^i6 MAL
guerre dont nous avons déjà parlé
dan'> Tarticlc d'ARNAULD. Ce doc-
teur tâcha de le réiuter dans fes Ré-
fi.xionf p' tUf^phiquis & thtUo^lques
fur U Traité de la Nature 6^ de Sa Ora-
ge , publiées en 1685. Il prétendoit
rctiverfcr abfolument la nouvelle
philofophie ou théologie du Père
MuJehranche , que celui-ci foutenoit
n'être ni nouvelù^ mfieane. Il croyoit
en efe que la philofophie appar-
tenoit i Dejcanes & la théologie
à 5. Atigu/Hn, Mais s ils avoient
fourni le fonds de l'ouvrage, il
^ut avouer que la forme que le
P. MaUbranchc lui avoit donnée le
rendoit quelquefois méconnoiûàble.
Après avoir répondu à Amauld^ il
réfolut de ne plus écrire fur ces
matières , tant parce qu'il aimoit la
piix , que parce que les le^fteurs,
long-temps promenés çà & là dans
levifk pays du Pourél du Contre^
ne favoiem plus à la fin où ils en
ctoient. D'ailleurs la mort de fon
redoutable adverfaire , arrivée en .
1694 , termina la difpute. Tandis
que le P. Milebrancke elïuyoitces
contradi6Hons dans fon pays, fa
philofophie pénétroit a la Chine.
Un miffionnaire Jéfuite écrivit à
ceux de France , ♦♦ qu'ils n'en-
w-voyaflent à la Chine que des
M gens qui fuifent les mathémati-
^ ques & les ouvrages du P. Maie-
>* branche **■ L académie des fciences
fut auffi lui rendre juflice ; elle lui
ouvrit fes portes en 1699. L'illuf-
tre Oratorien reçut d'autres témoi-
gnages d'eftime. Jacques II , roi
d' Angleterre , lui fit une vifite. Il ne
renoit prefque point d'étrangers à
Paris , qui ne lui rcndiffent le même
hommage. Des princes Allemands
firent, dit-on, le voyage de Paris
pour le voT. Les qualités perfon-
"ïielles du Père M^lcbranche aidoient
à. hkc goûter fa philofo^e. Cet
homme d'un fi grand génie étoit,
daas U, vie ordinaire , modicile ^ ÛJOr
_ . M A L !
pte, enjoué, complaifant. Ses r£*
créations étoient des divertiflemens
d'cnfent. Cette fimplicitô, qat re-
levé dans les grands hommes tout
ce qu'ils ont de rare , étoit parfûte
•n lui. Dans la converfadon il
avoit autant de foin de fe dépouiller
de la fupériorité qui lui appartenoit»
que les pedts efprits en ont de pren-
dre celle qui ne leur appartient pasi
Quoique d'une fantc toujours très-
foibie j il p3rvint à une longue vie,
parce qu'il fut la confervcr par le
régime & même par des attestions
particulières. Son principal remède,
dès qu'il fentoit quelque incom-
modité , étoit de boire une grande
quantité d'«au :perfuadé qu'en te-
nant chez nous l'hydraulique en
bon état , tout alloit aiTez bien.
Malgré ce remède humeôant , fon
corps étoit devenu diaphane à
caufe de fa maigreur -, on voyoit ,
pour ainfi dire, avec une bougie,
à travers ce fquelette. Sa vieilleffe
fut un? longue mort , dont le der-
nier inftant arriva le 15 Odlobre
17 15 , à l'âge de 78 ans. Le Pftre
Malebranche , plus occupé d'éclairer
fon efprit que de charger fa mé-
moire, retrancha de bonne heure
de fes leftures , celles qui n'étoieot
que de pure érudition. Un infede
le touchoit plus que toute THiftoire
Grecque & Romaine. U méprifoit
auffi , & peut - être avec moins de
raifon , cette efpece de philofophie ,
qui ne confifle qu'à apprendre lo
fendmens des divers philofophes. U
eft vrai qu'on peut favoir rHifloirè
des penf^es des hommes, fans. fa-
voir penfer ; mais fouvent cet»
hijftoire fait éclore des penfées non-
velles. Le P. Ma/ebranche eut de
fon temps des difciples , qui étoient
tout à la fois fes amis : car on ne
pouvoit pas être l'un fans l'autre.
Il y eut des Malebranchîftes ; mais
il y en a beaucoup moins aujow-
d'fa^ €[u'autrà^is : le Père AUki
MAL
tranche dt plus lu à prdfent comme
écrÎTaîn , que comme philofophe.
Ses fyftêmes font prefque généra-
lement regardés comme des illu-
lions fublimes. PuU difoit que Def-
cartes fe faifoit des principes appa-
rens fur lefquels il bâtifToit fort
îtifle*, mais que le P. MoUhrunche
bâtifToit en l'air. Son principal oié-
rîte, du moins celui qui le foutien-
dra le pÎMS long-tcmpi, n'eft pas
d'avoir eu des idées neuves , mais
de les avoir expofées d'une ma-
nière brillante, & , pour ainii dire ,
' avec tout le feu d'un poëte , quoique
Tauteur n'aimât pas les vers. Il rioit
de bon cœur de la contrainte que
les poètes s'impofent i contrainie
qui eft plus fouvent une occâiion
de £iutes que de beautés. Jt n'ai fait
fuc dots vers tn ma yU , difoic-il
quelquefois ', /e« voici:
m II fait en ce beau jour lé plus beau
M temps du inonde ,
•* Pour aller 3k dieyal for la terre 8c fw
*. l'onde «.
Mais , lui difoit-oh , Pon ne va point
à cheyatfttr Ponde, '^Ptn conviens^
répondoit-il ; mais pajfè{ - ^ - moi en
faveur ie la rime : vous' en paffe{ bien
d'autres tous les jours à de meilleufs
Foàu que moi. On a contefté la
vérité de cette anecdote ; mais elle
eftaufli vraie, dit Kabbé TruUet^
que finement plainte. Les princi-
paux fruits de fa plume ^ non moins
vive & noble , que brillante & lu-
mineufe , font : I. La Recherche de la
Vérité , dont la meilleure édition
cft celle de 1711 , in-4° , & même
année en 4 vol. in-iz. Lmnfant,
miniflre Protefhnt , l'a traduite en
latin : [ Voye{ fon article.] On en
-^ zvSCx deux traduâions angloifes ,
Les Trembleurs ou Quakers ont,
|iir«tout , beattcoup.de goût pour les
opiniotts du P. Malebranche, n S'ils
n entendoient leur doârîne , ( dit
un cridque Anglois cité par Nice-
f9nf) v ou du moins s'ils ût*
MAL çi^
M vonint Vea^Uquer & I9 réduire
r> en fyfième , iU ne leroîent pas
» fort éloignés de iès lèntimens a.
Le cenfeur aiiroitdu dire« de quel-
ques-uns dé fes IcBiimens plnlolb*
phiques ; car le P, Mai^raneke étoir-
un théologien trop ordiodoxe»
pour que éts enans fe fiiffem ac*
commodes de tons les pcnnts de ùt
théologie. IL CmnmJaAms Ché^
tiennes , 1677 , in- 12. L'amenr j
expofe la manteee dont il accocdoiç
la religion avec f<m fyflême de jitâ-^
iofopide. Le diilogHe y cft biea
entendu , 6c les caïaûeiei finimMmf
obfervés; mais Tonviage panit û
obfcur aux cenfenrs, que la plu-
part re&ifeient leur qiprcrfianon.
Mènerai Tappionva enfin oonme un
livre de géoœétôe. Le dcflcÎB qu'a-
voit le P. Maidrmttàeét lier la
religion à la pliiiofopliie, a été ce^
lui de pluÊenis gt^pds éaivàusj
Ce n'eft pa$(ditFiNUCMfl;eJqn'oa
ne pui£e aâex laifonnaMenient les
tenir toutes deux féparées ; &,
pour prévenir tons les troubles ,
régler les linùies des deux empires ;
mais il vaut encore mieux réoon*
dlier ces deux puiflânces. Mais«
pour opérer ceifie léuoion fi défi*
rable , il £oidroit d*^bord lenonocr
à l'efprit de fyfiÂme , & il €mr
avou^ que le Père MaîehmUke étmt
un peu éloigioé de £nre ce lâcri«
âce. m. TratU de U Nature de U
Graee , 1 684 , in-12 » avec phifieurs
Lettres & autres écrits pour le dér
fendre contre Ânuadd , quatre voL
tn-z2. Le V^KÈiaiArmdiêj fovi^
çonne de manvaife foi ion adver-»
faire; m»s ce foupçcm étoit peut-
être injufie. 11 dft affcz difficile
de croire qu'un homme tel qa'Ar*
nauld feignit de ne pas entendre
lorfquHl emendoit. Nous croyons
plutôt que le fde du théologien
ût tort à fes lumières^ , & l'em-*
pécha de comprendre le philo*
A>phe» Cet écrivain n'cft pas 1«
5iS MAL
feul qui ût cru voir dans Vàenduê
inulUglhU de Malihranckc , une éten-
due réelle-, &par conféquent ma-
térielle fuivanc Dt/eanes ; ou du
moins qui ait craint que d'autres
ne l'y vi^Tent, ne radmiflent, &
ne devinaient Sputofiftts. Un des
grands fujets de leur difpute , fut
cette propoûtion métaphyâque &
«3Uiâenient vraie: le Plaisir rend
HEUREvx, Amauld ne l'entendit
pas non-plus , & crut y voir cette
pt<ipoiîtion morale & îàufft : les
Flaisjrs rendent heureux.
Cette partie de leur querelle ne fut
qu'un mal-entendu , & ce génie de
la première force combattit cette
fois-ci contre des chimères, que (on
antagonifle réprouvoit autant &
plus que lui ; car il n'y eut ja-
mais de.philofopheplus religieux
& plus ennemi des plaiiirs que le
P. Malehranch^iy.AUdàadons Chrd-
tlmnts 6* Méthapkyfiques , 16S3 » in-
ii.C'eft un dialogue entre le Ver-
be & lui , & le ûyle a une no-
bleiTe digne d'nn tel interlocuteur.
L'auteur fut y répandre un certain
fombre auguâe & majeftueux , pro-
I>re à tenir les fens & l'imagina-
tion dans le iilence, & la raifon
dans l'attention & le refpeâ. V.
Entretiens fur la Mit<^hyfi<pie & U
Rdiglon^xi. vol. in-i2, 1688. 11
n'y a rien dans ce livre qu'il n'eût
déjà dit en panie dans Tes autres
ouvrages ; mais il préfente les mê-
mes véritéstlans de nouveaux jours.
Le vrai a ibuvent befoin de pren-
dre diverfes formes , félon la dif-
férence des efprits. «VI. Trmté de
l'amour de Dieu, 1697 , in-i2« Cet
ouvrage renferme tout ce que l'au-
teur pouvoit dire d'inftru£kif fur
ce fujet -, mais il ne produira ja-
mais ces mouvemens rendres & af-
feâueux qu'on éprouve en lifant
d'autres Traités fur la même ma-
tière. Les idées métaphyfiqaes qu'il
y mêle ..feroi» tojujour» po\ir 1<(
MAL
plupart du monde , ( dit Fonunelh)
comme la flamme de l'efprit-de-
vin t qui e(l trop fubtile pour bru->
1er le bois. VU. Entretiens entre un
Ciirétlen & un Philo/ophe CkinoUjur
la nature de Dieu, 170S, in-I2.
VIII. Réflexions fur la Prcmotiom
phyfique , contre Bourfiety in- 12. IX.
Réflexions Jur la Lumière & les Cou^
leurs , & fur la génération du Feu ,
dans les Mémoires de l'Académie
des Sciences. X. TrAitc de PAmc^
in- 12. imprimé en Hollande. Nous
ne connoiiTons , ielon lui , notre
ame que par le fentiment intéîrieur,
par -confcience ; & nous n'en avons
point d'idée. »» Cela peut fervir,
( dit-il dans la Recherche de la Vé"
rite ) )t à accorder les différens fen-
n timens de ceux qui difenc qu'il
n n'y a rien qu'on connoifîe mieux
9» que XAme , & jde ceux qui affil-
ât rent qu'il n'y a rien qu'ils con*
M noiffent moins «. On peut dou-
ter que cet accord foit û facile à
faire -, & il fera toujours vrai que
ce fentiment intérieur en nous pro-
duit une connoilTancé auilî vive &
aufli évidente que celle qui réful-
te des idées. XI. Définfedt PAit»
teur de la Recherche de la Vérité,
contre l'accufation de M, de la Ville ^
à Cologne, 1682, in- 12, Ce U
ViUe eft le Père le VaUU , Jéfuite,
auteur des Senùmens de Defcartes^
&c.LeP. Malebranche fait voir, dans
cette réponfe intérefTantç , que s'il
étoit permis à un~ particulier de
rendre fufpeâe la foi des autres
hommes , fur des conféquences bien
ou mal tirées de leurs principes,
il n'y auroit perfonne à Tahri des
reproches d'héréfie. L'illuflre Ora-
torien laiiTa plufieurs critiques fans
réponfe , entr 'autres celle des Jour-
naliftes de Trévoux : Je ne veuxpJs
me battre , difoit-il, avec des gens
qui font un livre tous les ij jours. On
a publié en 1769^ à Amflerdam^
clicz Marc-Michel Rcy , un ouvrage
pofthunic
MA r
poffltumedu P. MaUkranehe , avec ce
être: Traité dcl* infini créé ^ svccl*expii->
eation de U pojféiUté de ia Tranjfubjan»
iiation , & un Tralu de la Cvnfcjji m [O
de la Communion» Ce livre renferme
une méthaphyiîque iînguliere , mais
czpofée d'une manière claire &.in**
tell^ble.
MALERMI ou Malerbï » (Ni-
colas ) Vénitien , moine Camalduie
4lu xv^fiede,eft auteur d'une tra^
duâion italienne de la Bible , im*
primée pour la première fois à Ve«
«ife en 2 voL ia-fpl., 147 1» ^u* -
le titre de Bîblia volgure Ifioruim*
Cette édition eft rare ; celles de
1477 & 1481 le font beaucoup
moins. C'eil maUà'-propos que queU
ques bibliographes ont dit, que
cette traduâion eil la première qui
ait été £aite de la Bible en langue ita<*
lienne. Elle eft bien, la première qui
ait été imprimée *, mais on en connoit
de plus anciennes, en manufcritdans
^dques bibliothèques dltalie* On a
encore de lui : La Legenda di tutti
Santi^ Vcnetia, 147V ,in-fol.fare.
MALESPINES, (Marc- Antoine-
JUondrdde) conTeillerau Châtelet,
Xiaquit à Paris en 1700, de Léo-
nard imprimeur du roi* dUtingué
^ans fa profeilion. Il eut à la fois
le goût des lettres & de la jurif-
jprudence & fut fe coocilier l'ami-
tié de fes confrères & l'eftime du
public. Nous avons de lui une ira*
dhi£bion de VEJfaifur Us Hlérogly-
•fhes de Varhurton , 1 744 , 2 vol. in-
aa. Il a laiffé d'autres ouvrages
jnanufcrits. 11 mourut à Paris le 5
JVlai 1768 , dans .fa 69® année. Il
^oit frère de MarW'Augufiin Léo*
jr^Ai» , prêtre, mort auffi en 1768»
À 72 ans , avec la réputation d'un
eccléfiaftique vertueux & éclairé ,
-dont nous ayons :I.i2^iZ£^on du LUrc
des Règles pour rintelligtince de V Ecriture-
Sainée y'iïX'XZ , 17 27. H. Traité du fcn4
• Uitéraldes Sairttes-Ëçrltures ^ in- 12*
JSiULEZÀIS , Voyei l, RrSS»
MALEZIEU, ( Nicolas de ) né
à Paris en i6yo , d'une famille no-»
We,^reçut de la nature des difpo-
ikions heureufes pour toutes les
fciences. Mathématiques » philofo-^ .
phie, belles-lettres, hiftoire> lan*
gués , poéfies , beaux arts , il em-*
brafîa tout , quoiqu'il n'eût pas une
fupériorité de génie bien marquée
dans aucun genres Mais c'étoit
toujours beaucoup^ que d'être uni-
verfel. Le grand Boffuet & le duc
de Montaufier le connurent , & ils
n'eurent pas befoin de leur péné->
tratioA pour fentir fon mérite: Ces
deux grands hommes, chargés de
chercher des gens de lettres pro-*
près à être mis auprès du duc du
Maine , jetèrent les yeux fur Afa-.
k^ieu. Ce choix eut l'agrément du
toi & le fuffirage du public. Son
élevé fe maria à la petite-fille du
grand Condéi cette princefie avide
de favoir & propre à favoir tout >
trouva le m^tre qu'il lui fàlloit
dans fa maifon. Les converfations
devinrent indrufUves. On voyoit
Male^ieu^ un Sophocle^ un Euripide.
à la main , traduire fur le champ
en françois une de leurs Tragédies^
L'admiration, l'enthou/iaûne dont il>
étoit faiii, lui infpiroient des ex-
prenons qui approchoient de la
mâle & harmonieufe énergie des
vers Grecs. En 1696 Male^ieu fut
choifi pour enfeigner les mathéma-
tiques au duc de Bourgogne, L'aca-,
demie des fciences fe l'aflocia en.
1699, & deux ans après il entra
à l'académie Françoife. On<ie fera
pas furpris qu'il fût citoyen de
deux états û différens-, c'étoit l'hom-
me de toutes les fociétés & de
toutes, les heures. Falloit-il imagi-
ner ou ordonner à Seaux une fê«
te } il étoit lui-même auteur & ac- .
teur. Les Im^pnjTKytu cou?oiei?t de
fource; mair> ces fruits de Timagi*
nation étoitnt fouvent légers corn-*
zn^ elle , & il fam avouer qu'il ^ %
yjo M A L ^
fien laifllé en poéfie y «jui mérite
BDC attennon particulière. Le duc
du Maine le recompeniâ comme il
méritoit : tl le nomma chef de iès
confeils , & chancelier de Dombes. U
fiit enveloppé dans la di%race que ce
prince efltiya £l>us la régence du duc
éC On catu^ & renfermé pendant a ans.
Son tempérament robufte & tour
de feu , joim à une vie réglée ,
lui valut une longue Êmté , qui ne
ik démentit qtt'une année avant
û mort. Il fat emporté par ime
^oplexie, le 4 Mars 1727 ^ à 77
ans. Malgré l'étude des fâences ,
& la dir^on d'un grand nombre
d'alfaires , il n'avoit Textérieur ni
triile , ni ibfflbre. Sa facilité à en-
tendre & à retenir^ lui avoit épar-»
gné ces efforts & cette pénible
contention dont rhabimde produit
ht mélancolie. Sa conver^nion
«toit vive, enjouée-, & Ton carac-
tère poli & officieux. Il étoit iin-
«érement attaché à 1^ religion y èc
il en pratiquoit les devoirs. U
laiiTa trois garçons & deux filles ,.
qui tous furent placés ou mariés
avamageufement On a de lui-: I.'
EUnuns de GéowUtrie de M, U Due
de Bourgogne , in-8**, 1715. C'cft
le recueil des leçons données pen-
dant 4 ans à ce prince » qm écri*
▼oit le lendemain les leçons de
la veille, filles furent raiTemblées
par Boiffiere^ bibliothécaire du duc
du Maine, Il y a > à la fin de cet
«uvrage , ^elques problfeieç ré-
solus par I9 méthode analynque y
que Ton croit être de MtUeiltu, II.
Plufieurs Fîeces de vtr^^ Chanfons ^
Lettres , Sonnets r Contes , dans
lès Dlvenîjfemens de Sé(.ux ; à Tré-
voux, in-i2, 1712 & 1715. MI.
On lui ati^ibue PoRchinelle deman-
dant une place à P Académie , comé«*
die en un aâe , repréfentée à plu*
fieurs rcprifès par les Marionnet-
tes de BnûchL Elle fe trouve dans
\^l^U$<ê éehiffé&t du feuy m'tm »
MAL
é Vhàùanct , 1717. Un aeadcni-
den oppoûi à cette pièce , qui
n'eft pas certatnement du premier
rang , ArUqu'n Chancelier ; mais celle-
ci a'a pas été imprimée , non-plus
qtxBrUtché Chancelier, autre latire
£ùte conice la même pièce,
MALFILLASTRE , ( Jacques-
Charles-Louis ) né à Saint-Jean-de-
Caen le 8 O^bre 1732 , mort
àl:^aris en 1767, à 35 ans, cul^
tiva les Mufes , & vécut preCque
toujours dans l'indigence qu'eUes^
traînent après elles. Son poème
de Narùjfe dans PIfie de Vému ^
imprimé en 1767 , in-S** ,^ fe-£&t
remarquer par Télégance , la pu*
veté & l'harmonie du flyle. Il y
a quelcpie chofe à défirer dans la
contextnre de l'ouvrage \ mais
pref<^e tous les détails ea font
ingénieux & pleins de grâces^ Les-
mœurs de l'auteur étoient douces
& iimples , fon caraâere timide ^
&,. par une fiike naturelle de ce
caraâere^il fuyoit le grand monde
& »moit la folitade. On trouve
dans les Recueils Palinodiques xle
Caen & de Rouen , des Odts de,
hâalfiliafire , qui ibm remar^iables-
par plufieurs belles flrophes. Les
Objervatiofu Critiques par M. C/t*
ment ^ & le Jourtûl François de
M. PaSJfot , ofirent auffî^ de lui
quelques fragmetis de Foéfies ^ de
la première beauté , qui font re»
gretter qu'une mort prématurée
l'ait enlevé à la littérature. Telles^
îoxxt des imitations de diffétens
morceaux des Georglques , qui pe»
chent quelquefois par trop d'a-
bondance y mais qui refpirent la
verve & la dialeur du vrai poète.
MilfUafire ^yoït aufB commencé à
mettre en vers le Tilémaqwt,
MALHERBE, Voy. Malsami;
MALHERBE , ( François de ) né
k Caen vers 15^6 , d'une £smille
nolile & ancienne^ fe redra ee
PrtYeaee rà il s'attacha à Unôr
MAL
fon de Henri d*Àngouléme , fib na-
turel de Henri II , & s'y maria
avec une demoifelle de la maifon
de CorîolLs, Tous„fes enfans mou-
jairent avant liu'Un d'eux ayant
été tué en duel par de Piles , gen-
tilhomme Provençal , il voulut fc
battre a Tâge de 73 ans contre le
meurtrier. Sts amis lui repréfente-
rent que la partie n'étoit pas égale
entre un vieillard & un jeune
homme. Il leur répondit: Ceftpour
cela que je veux me battre ; je ne
hafarde qu'un denier contre une pijiole.
On vint à bout de le calmer , &
de l'argent qu'U confentit de pren-
dre pour ne pas pourfuivre de
Piles , il £t élever un maufolée à
^ fon fils. Malherbe aima beaucoup
moins Tes autres parens. U plaida
toute ÙL vie contré eux. Un de
fes amis le lui ayant reproché :
Avec qui donc voule^vous que je plaide ,
lui répondit-il ? Avec Us Turcs & Us
Mofcorites , qui ne me difptuent rien ?
n fit cette Ëpitaphe à un de fes
parens , nommé Monûeur d'Is :
Cy gU Monfieur d'Is...
Or plut À Dieu qu'ils fuffent dije !
Mes trois faturs , mon père & ma mere^
JLe grand Eléazar mon frère ,
Mes trois tante? , 6* Monfieur dis :
J^OMS les nommé'je pas tous dix ?
L'humeur le dominoit abfolu-
inent , & cette humeur étoit bruT-
que & violente. Il eut plufieurs
démêlés. Le premier fut avec Ra-
can\ fon ami & fon élevé en
poéfie. Malherbe aimoit à réciter
les prodùdHons , & s'en acquittoit
fi mal , que perfonne ne l'enten-
doit, n falloit qu'il crachât cinq
ou Gx fois en récitant une ftance
de quatre vers. Audi le cavalier
Marlni . difoit-il de lui : »» Je n'ai
jamais vu d'homme plus humide ,• ni
de P.octe plus fec «. Racan ayant
«»fé lui répréfenter que la foibleflt
4e fa voix ^ l'embah^ de fa
MAL 531
langue Tempèchoient d'entendre les
pièces qu'il lui lifoit , Malherbe
le quitta brufquement & fut plu-
iieurs années fans le voir. Ce
poëte , vraiment poëte, eut une^
autre difpute avec un jeune homme
de la plus grande condition dans
la robe. Cet enfam de Tkémis vou-
loit auf& l'être d'Apollon \ il avoiç
Élit quelques mauvais vers , qu'il
croyoit excellens -, il les montra à
Malherbe^ & en obtint pour toute
réponfe cette dureté cruelle : Avei'
vous eu PaUernatire de faire ces vers .
ou d'être pendu ? A moins de cela ,
vous ne devei pas expofer votre ré^
putation mi prodwfant une pièce fi
ridicule. Jamais fa langue ne put
fe refîifer un bon mot. Ayant un
jour dîné chez l'archevêque de
Rouen , il s'endormit après le re*
pas. Ce prélat le réveille pour le
mener a un Sermon qu'il devoit
prêcher : Vifpenfei-m'en , lui ré-*
pond le poëte d'un ton brufque 3
je dormirai bien fans cela. Sa û-an-
chife ruftique ne le quitta pas
même à la cour. Loms XlII étant
dauphin, écrivit à Henri IV j ià
lettre étoit fignée , Lors , fuivant
l'ancienne orthographe. Le roi 1«
fit voir à Malherbe , avec cette
fatisfaâion naturelle au cœur d'un
bon père. Malherbe , qui ne louoit
pas volontiers, ne s'arrêta qu'à la
fignature , & demanda au toi fi Af.
[^Dauphin ne s'appelait pas Louis?
— Sans doute , répondit Henri IV i
— Et pourquoi doue , reprit Malherbe^
le fju-on figner Lors ? Depuis ce
temps il figna Louis , & il a
été imité de tous ceux qui ontf
porté le même nom... L'avaiice
étoit un autre défaut , dont l*ame
de Malherbe fut fouillée. On di-
foit de lui : » qu'il demandoit
M l'aumône le Sonnet à .la main «v
Son appartement étoit meublé.
comme celui d'un vieux
avarcij
l^aûte de ohaifes , il ne recevoit
Ll i;
531 MAL
les perfonne» qui vènoientle voir*
4^e lés unes après les autres *, il
£rioit à celles qui heurtoiént à la
porte : Aucnde^ , il n*y a plus de
fieges... Sa licence étolt extrême
lorfqu*fl parloit des femmes. Rien
ne raffligeoit plus dans fes der-
niers jours, que de n*avoir plus
les talens qui radient fait recher-
cher par elles dans fa jeiineffe. U
ne refpcftoit pas plus la religion
^e les Yenimes. Les honnêees gens ^
dîfoit-il ordinairement , n'en ont
point d*autre qUi cdU de leur Prince,
Lorfquè les pauvfes lui demân-
doient l'aumône en Taffuram qu'ils
|>rieroient Dieu pour lui , il leur
tépondoit : Je ne vous irois pas en
p-ande faveur dans le Ciel ; 12 vaudrait
hten mieux que vous le fuffici â la Cour.
11 refufoit de fe confcfier dans fa
«lerniere maladie , par la ràifon qu'il
n*a voit accoutume de le faire qu'à
Pâques. Celui qui le "détermina à
tejnplir ce ddvoir, fut un gentil-
homme nommé Yvrande^ fon.difci-
pleen pnélîe, qui lui dit: qu^ ayant
fait profiffîon de vivre comme les autres
hommes , ilfalloit aujji mourir comme
€ux. Cette raiibn , qui ctoit plutôt
d'un politique que d'un chrétien ,
décida Malherbe à faire appeler le
vicaire de Saint - Gtrmam , qui
tie put entièrement le décider à-
oublier Ce qui l'^Voit occupé jufquV
lors. Une heure avant de mourir ,
il reprit ùl garde , d'un mot qui
n'étoit pas bien François. On ajoute
ftiême » que fon conteffeur lui re-
préfentant le bonheur de l'autre vie
avec des expreffions baffes & tri*
viales, le moribond Tinterrômpiten
lui difant : Ne m* en parle:^ puis , votre
tnauvals flyU m'en dégoûtstoit. Ce
«oëte fingulier mourut à Paris en
1628, à 73 ans, fous le règne de
J/iuls XI2I y aptes', avoir vécu
^us flx de nos rois, étant né fous
Henri II. Il ftit regardé comme le
pnnc« ieM ^ëità de fo9 ti^xnps« Il
M A t
méprîTolt cependant (on art , & '
traitoit la rime de puérilité. Lorf-
qu'on fe plaignoit à lui de ce que
les verfificateitfs navoient rien,
tandis que les militaires , les finan-
ciers & les courtifàns avoient tout,
il répondoit : Rien de plus jujle que
cette conduite. Faire autrement ^ ce ferait
ûnefottife, La Poéfiene doit pas être un
métier i elle n'efi faite que pour nous
procurer de Pamu/ement y & ne mérite
aucune rccompenfe. Il ajoutoît qu'a/x
hon Poète jieji pas plus utile à PEtat
qu'un hon Joueur de quilles. U (e donna
cependant là torture pour le devenir.
Oh dit qu'il confultoit , fur l'har"-
monie de fes vers , jufqu'à l'oreille
de Ca feryante* H travailloit avec
une lenteur prodigieufe, parce qu'il
travailloit pour l'immortalité. On
coiflparôit fa Mufe à une belle
Femme dans les douleurs de tenfanu*
ment,. Il fe glorifioit de cette len*
teur , & difoit : ♦♦ qu après avoir fait
n un Pôëme de cent vers ou un
rt Difcours dé trois feuilles , il
>t feUoit fe repofer dès années en-
»* tleres «i. Au(& fes (Euvres poéti^
quès font - elles en petit nombre.
Elles confident en Odes , eA Stances ^
Sonnets , Epîgrammes » • Chanfons , &c,
Malherbe eÔ le premier de nos poëtes
qai ait fiait fentir que la langue Fran-
çoife peuvoit s'élever à la raajeilé
de rOde. La netteté de fes idées ,
le tour heiu-eux de fes phrafés , la
vétité de fes defcriptions , là juf-
teffô, le «hoix de fes comparaifons,
r ingénieux emploi de la FàhUy la
ratiété de fes figures, ôc flir'tout
{es ûifpenlions nombreufes , le prin-
cipal mérite de notre poéfiè lyri-
que, l'ont fait regarder parmi nous
comme légère de ce genre.
£^/^ Aialherbe vint , 6t le premier tu
France
Fit fentir dans fes vers une jufle cm»
. dence ;
Z)'un mot mis à fa pla^ €nfeipM k
MAL
Mt réAdJufa Mufe aux regUs du de-^
voir, '
par ee fage écrhaln la langue réparée
^'offrit plus TÎen de rude à l* oreille épurée^
Les fiances avec gjrace apprirent à
tomber,
Et le vers Jkr U vêts n^o£a plus
enjamber,
ToM reconnut fis lois ; & ce guide
fideîU . .
Aux auteurs de ce temps fin encor dt
modèle,
Marche:^ donc fur fis pas ; aime\^ fa
pureté y
£t de fin tour hmre^ îmîUi^ la
clané..
Bt) I L E A XJ.
Quelques éloges cependant qu'oit
lui donne , on ne peut s*empêcher
de le mettre fort au - deflbus de
Plndare pour le génie, & encore
plus au - deflbus à! Horace pour le^
agrémens. Dans fon enthoufiàfitie ,
il eft trop raifonnable ,. & dès-lori
il n'eft pas zKtz poète pour un poëte
lyrique. Ce qui éternife fa mé-
moire , c-eft d'avoir , pour ainiî
<Jîrc, feirfortir notre langue de fon
l}erceau. Semblable à un habile
maître, qui développe les talens
de. fon difciple , il faifit le génie
de notre langue, & en fut en quel-
que fone le créateur; Malherbe uni-
quement occupé de la poéfie fran-
çoife, vouïoit qu'on ne fît des
vers que dans {à propre langue.
H .foutenoit qu'on ne peut fentir
k finefle de celles qu'on ne parle
|)lus , & difoit que fi Virgile &
Horace revenoient au monde, ils
dîonneroieat le fouet à Bourbon &.
à Sirmond , portes latins femeux
de fon temps, Horace , Juvenal^
Ovide , Martial^ Stace , Sénequs le •
Tragique étoient les poètes Latins
qu*il efiîmoit le plus.. Quant aux
Grecs , il en faifoit aiTez peu de
cas , apparemment parce qu'il n'en*
teodoir pas aâez bien leur langue ,
.MAL 535
poureitconnoitre les beautés. Lee
meilleures éditions de fes Poésies
font: Celle de 1722 , 3 voU in-12» ^
avec les remarques de Ménage -, &
celle de Saint-Marc ,. à Paris , ea
1757, in-8**. Le favant éditeur a
rangé les pièces fuivant l'ordre chro-
nologique , & par cet arrangement
on voit ITiiftoire de la révolution
que ce grand poëte a produite dans
notre langue & dans notre poéfie.
Cette édition eil enrichie de notes
intéreflantes , de pièces curieufes
& d'un beau portrait de l'auteur »
au bas duquel on lit ce demi-
vers , qui devient çrefque fublime
par l'applioBtioii :
Enfin Maih^be vint...
Outre fes, poéfles , on a encore de
Malherbe une tradu£^ion très - mé-
diocre de quelques Lettres de Sé^
neque , & celle du 3 3^ livre de Vhif"
toirt Romaine de Titc-Live, MU® de..
Gournai difoit que cette dernière
verfiori n'étoit qu'w/i houillon d'eau
èlalrcy parce que le ftylaen eft trop
fimple, languiflant & fans élégance,
p'ailleurs il ne s'ell nullement pi-
qué d'exa£iitude.; & lorfqu'on lui
en faifoit des reproches ,, il répon-
doit qu'// n'apprêtoit pas les viandes,
pour les culfiniers : c'efl-à-dire , qu'il
avoit moins en vue les gens de
lettres qui entendoient le latin ^ que
les gens dé cour qui ne l'enten-
doient pas. Il dédia effectivement
fa traduûion au duc de hiynes ^
dont il voulut déshonorer la mé-
moire après fa mort. Il lui fit cette
Epitaphe :
Cet, Abfynthe , au tte\de barbet ^
En ce tombeau, fait fa demeure.
Chacun en r^tl 6- mal j'en pleure t
Je le voulais y4>ir, au gibet,. ,
Le nom à'Abfynthe eft une mauvaife
alluixon V Luyhés étoit un peu ca-
mus ,. mais d'ailleurs d*une jolie fi-
gure. Il étoit encore plus bas dé
Lliii
<i4 MAL
«durer fon cadavre f 411II ne
l'avoit été d'enccnfer ù peribmie.
F. Racak.
MALINGRE,(CUude)fieiir
de Saint' La\are , ne à Sens, mort
vers rân 1655 , a travaillé beau-
coup , mais avec peu de fucces , fur
l^iftoire Romaine, fur THiftoire
de France & fur celle de Paris,
C'étoit un auteur Êunélique , qui pu-
blioit le même ouvrage fous plu*
£eurs titres différens, qui flattoit
les princes régnans , & qui avec tou-
tes fes rufes parvenoit difficilement
à vendre {es produûions. Tout ce
que nous avons, de lui eft écrit de
la manière la plus plate & la plus
rampante. On ne peut ^ pas même
proèter de fes recherches-, car il eft
auifi intxàù dans les £ûts , qu'in-
correâ dans fon ftyle. Le moins
mauvais de tous fes livres eft fon
Hifioîre du Dignités honoraires de
France^ in-8* , parce qu'il y âte
ûs garans. Ses autres écrits font:
I. UHiftoire généraJc du derniers
troubles, arrivés en France fous
Henri III & fous ^Iobw JCIII, in-
4°. IL ffijioire de Louis Xlll , in-
4® : mauvais recueil de feits fouvenr
^ altérés par la flatterie, & qui ne
s^étend que depuis 16 10 jufqu'en
16 14. in. Hifit)ire de la naijfance &
du progrès de tHéréfie de ce fiecle ,
3 vol. in-4*' -, le premier eft du P.
JUcheome, IV. Continuation de PHlf"
toire Romaine depuis ^Conjlantîn jus-
qu'à Ferdinand III , 2 vol. in-fol. :
compilation indigne de fervir de
fuite à l'Hiftoire de Co'èffetecu, V,
Miftoire générale du Guerres de Pié-
mont \ c*cft le fécond volume des
Mémoiru du chevalier Boivin du
' Villars , qui font très curieux -, 2
Vol. in-8** , 1630. VI. Hifioire de
notre temps fous Lows XIV , con-
tinuée par du Verdîer , 2 vol. inr
S** : mauvais recueil de ce qui eft
Wrivé en France depuis 1643 5^"
qu'en 164$. VIL Lu ÀnnaUs &
MAL
iu JmSfmUs de la Vilk dk FmU^
2 vol. în-foL : ouvrage infinrieur
à celui du P. dEK Brad ùsr la même
midere ; msàs qui peut avoirqnd-
que utilité pour xx>imoitre l'état
de Paris dn temps de MaBnpu
Vin. JounuU de Louis XIII d^
1610 ju/qu*à fa mort , avec une Coa-
ônuation jttfquUn 1641^; Paris , 1646 ,
in-8°. Comme Malingre étoit fort
décrié en qualité d'hîftorien , &
que le public étoit las de fes ou*
vrages , il ne mit à la tête de ce-
lui-ci que les lettres initiales de
fon nom , traofpofées ainft : Fer
S. M. C.
MALLARD, (N...) avocat an
parlement de Paris , mort depms
quelques années , dont les taleas
âu'ent ignorés pendant vingt ans ,
devint l'oracle de fon corps pe»^-
dant les dix dernières années de fa
vie. Cependant il n'avoit ni plai-
dé, ni prefque écrit *, mais on
trouvoit dans (a conveiiatioii les
plus grandes reftburces. Après
avoir doimé à un jeune avocat
le plan de la plus folide défenfe,
il lui traçoit celui du plaidoyer
le plus éloquent. Il fut d'ailleurs
d'une probité égale à feshumie*
res.
MALLEBRANCHE, Voye^MK-
lEBRANCHE.
MALLEMANS : Il y a eu qua-
tre frères de ce nom , tous les qua-
tre natifis de Beaune , d'une an-
cienne famille , & auteurs de di-
vers ouvrages. Le premier ( Claude)
entra dans l'Oratoire, d'où il for*
tit peu de temps après. Il Rit pen-
dant 34 ans profefteur de philo-
fophîe au collège du Pleffîs à Pa-
ris, & fe montra un des plus grands
partifans de celle de Defcanu, Dans
la fuite , la pauvreté le contrai-
gnit de fe retirer dans la commu-
nauté des Prêtres de Saint-François
de Salu , où il mourut en 1723 ^
à 77 ans. Ses principaux ouvra^
M font: I. Le Traité Phyfi^ du
monde , nouveau Syflême , 1679 ,
in-H. IL le fanuux Problême de la
Quadrature du Cercle^ 1683 * ill-I2.
UL La Rêfonft à l'Jpothéofe du
JPîaiomuire de r Académie^ &C. Ces
«uvrages font une preuve de fa <a<-
l^acké & de fes connoiflances... Le
iecond étoit chanoine de Sainte-Op-
portune. On lui attribue quelques
ouvrages de géographie... Le 3*
< Etienne ) mourut à Paris en 17x6 ,
à plus de 70 ans , laiflànt quelques
PoéJU*.,, Le 4*, ( Jean ) d'abord
<apitaiae de Dragons & marié ,
embrafià enfuite l'état ecdéûafti-
que & devint chanoine de Sainte-
Opportune à Paris , où il mou-
rut en X740 , à 91 ans. On a de
lui un très-grand nombre d'ouvra-
ges. Les principaux font : 1, Diver-
ies Dijfertatêons fur des pa£ages
difficiles de l'Ecrimre - fainte. II.
Traduâion Françoife de Vir^lk , en
profe, 1706, 3 voL în-ii. L'au-
teur prétend avoir expliqué cent^
«ndroits de ce poëce, dom toute
Tantiquîté avoit ignoré le vrai
fens. Cet aveu eft modèle \ mais
le public n'a pas penfé de même.
Cette traduâion , encreprife poiur
les dames , a été trouvée généra-
lement rampante & même tobare.
III. Hlftoîre de la RUi^îon , dipms
Àe commeneenunt du monde , jufqu'à
l'empire de Jovten , 6 vol. in- 12 :
ouvrage qui eut peu de fuccès ,
parce qu'il dï écrit d'un âyle lan-
IJuiflânt. IV. Pen/ées fur le fens lit-
tirai des tS premiers vafeu dt VE-
van^le de S* Jean , 171^ , in-I2.
L'auteur appelle cet ouvrage VHif-
tûire de l'Eternité, Il eu plein de
fmgularités & de rêveries « ainii
^ue (es autres produûions. /. M^/-
Jemans étoit un favant d'un efprit
bizarre & opiniâtre, plein delui-
/nême » & toujours prêt à mépri-
fer les autres : S» Augujiin étoit %
ùXoa lui I un médiocre théo-
MAL Ç|5
lo^eli , & Defcart€s lia pauviic
philofophe.
MALLEROT , ( Pierre ) fb]lpte^r
connu fous le nom de ia Pj£jm£^
eft célèbre parplufieurs beaux mor-
œaux. Les principaux font : I. La
Colonnade du Parc de VerfaiUes^
IL Le Péri/nie & la Galerie du châ*
teau de Trianon, III. Le Tomh&aa
du cardinal de Richtûeu en Sor-
bonne , fous les ordres de Gîrat^
doiu IV. Le Matifolée de Glr^rdon , ^
à Saint-Landry à Paris. V. La
ChapelU de IVtM. de Pompune à
Saint-Merry , & de MM. de Cré-
?u6i de Louvois aux Capucins 4e
aris, 6cc.
L MALL£T, (Oiarles) né en
x6o8 à Mont-Didier, doâeur de
Sorbotme , archidiacre & grand-»
vicaire de Rouen , où il fonda un
Séminaire auquel il légua fa biblio-
thèque *, mourut le 20 Août 16 3o ,
â 72 ans , durant la chaleur des
difputes dans lefquelles il étoit entré
avec le grand Amauld à Toccaiiofl
de la Verfion du Nouveau-Tefta^
ment de Mons. Cette querelle pro-
duifit divers écrits de part & d'au-
tre. Ceux de MalUt fom : I. Exa--
mm de quelques pajfages de la Verfion /
du Nouveau-Tefiament , &C. 1667 ,
in-12.' Il y accufe les traduâeurs
d'un grand nombre de falûlBca- •
tions» & même d'avoir une mo-
rale corrompue touchant la chaf-
teté. Cette dermere accufationétok
encore plus difficile à prouver que
la première. II. Traité de la lecture
de l'Ecnture-fainu , Rouen , 1669 ,
in- 12. L'auteur prétend qu elle ne
doit point être donnée au peuple
en langue vulgaire. Il eft certain
que cet uiage peut avoir {qs abus ;
mais de quoi n'abufe-t-on pas ? IIL
JUponfe aux principales raifons qui
fervent de fondement à la Nouvelle
Défenfe ' du Nouveau - Tcjhnunt de
Mons : ouvrage poilliume, à Rouen,
1682 , iu-8''. IV. Un petit Cahier
Lliv
53« M A t
de Réflexions fur tous 'les Ouvragts
de M. Amauld, Ce doâcor répon-
dit à ces ctrits d'une manière , qui
fit plus d'honneur à fon favoir
' qu'à fa modération.
II. MALLET , ( Edme ) né à Me-
dun en 171 3 , occupa une cure au-
près* de ia patrie jufqu'en 17 y i ,
qu'il vint à Paris pour y être pro-
fefTeur de théologie dans le col-
lège de Navarre. Il étoit doôeur
ag-égé de cette maifon. L'ancien
^vêque de Mirepoix , Boyer^ d'a-
hord préveau contre lui , enfuite
inieux inftruit , récompcnfa d'un
canonicat de Verdun fa doârine
& fes mœurs. On Tavoit accufé
de Jdnfénifme auprès de ce pré-
lat , tandis que la Gn^etu qu'on
* nommeEcclcfiaftique l'accufoit d'im-
piété. L'abbé Mollet ne méritoit
' ni l'une ni l'autre de ces impu-
tations : il s'affligeoit , en Chré-
tieri, des difputes de l'Eglife de
Trance -, & s'étonnoit , en philofo-
phe , que le gouvernement , dès la
naiffance de ces démêlés , n'eût pas
impofc filence aux deux partis. 11
mourut à Paris en 175 5 , à 42 ans.
Ses principaux ouvrages font : I.
Principes pour la leciure des Poètes ,
1745 , in-i2, 2 vol. IL Effai fur
VEtudz des BelUs-Latres ^ I747» i"-
12. III. Effai fur Us bîenféances oram
' toîresy 175 3 ,in-l2. IV. Principes pour
U lecture des Orateurs , I75 3 , in-l2 , 3
\'o\,Y.Hi/iûîre des Guerres civiles de
prancefous lès Hgnes de François II ,
Charles IX, Henri III & Hennir,
traduite de r italien de d*jûvlla , i-jçy ,
3 vol. in 4^. L'abbé MalUt fe bor-
ne, dansfes ouvrages fur les poè-
tes , furies orateurs & fur les belles-
lettres , à expofer d'une manière
précife les préceptes des grands
maîtres & à les appuyer par des
exemples choiiis , tirés des auteurs
anciens & modernes. Le flyle de
ces différens écrits eft net, facile,
' ùn$ affectation» Son e^rit rcSem-
M A t
bloît à fon ftyle. Mais , ce qilî doft
Tendre ibn fouvcnir précieux aux
honnêtes-gens, c'eft l'attachement
qu'il montra toujours pour ics
•mis, fa candeur ,fa modération, &
fon caraûere doux & modefte. H
s'étoit chargé de fournir à fEncyclo^
pédle les articles de la Théolo^ &
des Belles ' Lettres, Ceux qu'on lit
de lui dans ce diâionnaire font en
général bien faits. L'abbé Mollet
prcparoit deux ouvrages importans»
lorfqtie la mort l'enleva à l'ami-
tié & à la littérature. Le premier étoit
une Hiftoire générale de nos Guerres ,
depuis le commencement de la Mo-
narchie ; le fécond , une Hlflcîre du
Concile ('e Trente , qu'il vouloit op-
pofer à celle de Fra-Paelo , tradui-
te par le P. le Courayer.
MALLET, Voyei Manesson.
- MALLEVILLE, ( Claude de )
natif de Paris , l'un des premiers
membres de l'académie Françoife,
mourut en 1647 , âgé d'enviro»
50 ans. Il avoit été fecrétaite dm
maréchal de Baffompterre , auquel il
rendit de grands fervices dans ik
prifon. Il le vifitoit fouvent , & lui
fourniflbit écs livres agréables pour
charmer fon ennni , ou des leâu-
res plus fortes pour foutenir fon
ame contre l'injuftice du fort. Les
bîenfeks que cet illuftre infortuné
répandit fur lui , le mirent en- état
•d'acheter ime charge de fecrétaire
du roi. Matlevîlle avoit un efprît
aflez délicat , & un génie heureux
pouj la poéfie; mais il négligea
de mettre la dernière main à fes
verSi Le Sonnet eft le genre de poé-
ûe auçiuel il s'eft prii^palement
adonne , & avec le pliis de fuccès.
Ce poète remporta le prix fur i^u-
fieursbeajix efprits, & fia- Voiture
même , qiii travaillèrent au Sonn^
propofé fui* la Belle Maûneufe, Le
'£en lui donna beaucoup de célé-^
brifé. rt On ne parleroit pas ai»-
>t jourd'kui d*ini pareil ouvrage»
M À t
^ (dit Tauteur du SUck de Ltnâs
« XI P^ \ ) mais le bon en tout gen-
*>» re étoit alors {luffi rare^ qu'il eft
y* devenu commun depuis,** Ses
Poéjus conâilcnt en Sonnets , St.n-
€cs , Elégie > Epigrammes , Rondeaux ,
{ Voyei Bois- Robert , ) Chanjons ,
Madrigaux , & quelques Paraphrafes
de Pfcaumcs, Elles ont été impri-
mées en 1649 1 ^ ^^^s > ^^4° > ^
en 1659, in-i2.
MALUNCKROT, (Bernard)
doyen de Téglife cathédrale de
■ Munftcr , donnoit à l'étude une
partie de la nuit , & padoit le Jour
à fe divertir. L'empereur Ferdlmmd 1
le nomma à l'évéché de Ratze-
' bourg , & , quelque ^emps après ,
il fut élu évêque de Minden ; mais
il ne put prendre poiTeffion de l'un
ni de l'autre de ces deux évêchés.
Son ambition étoit extrême : il vou-
lut fe faire élire, en 16 jo, évê-
que de Munfter ; mais n'ayant pu
réuflîr , il s'éleva contre le nou*-
veau prélat, & fufcita des féditioûs
}ufqu'en 1655 , qu'il fut dépofé de
fa dignité de doyen. L'évêque de
Munfter le fit arrêter en 1657, &
conduire au château d'Otteinzheim
où on lui donna des gardes. Mal»
Jînckrot mourut dans ce château le
7 Mars 1664, regardé comme un
génie inquiet « & un homme fier
& hautain. On a de lui en latin :
I. Un Traité de l'Invention & du^tv
grès de H Imprimerie , Cologne , in^
4°, l639jà. Un autre. De la na-
ture 6^ de Vufage des Lettres , Cc()o-
gne, 1656, in-4°. III. Un Trahi
du ArchichaneelUrs du Saint Empire
Romain , des Papes & des CardÊnaum
Allemands , de la- primauté des trois
métropoles d'Allemagne , & des Chan-
eethrs de la aour <fe ^om< , Munfler ,
1640 ; Gênes, 1665 ; &ibid ,1715,
în-4**. Cette dernière édition efî
ornée d'une Pré&ce hifloriqué. Ces
ouvrages font recommandables par
M profondeur des.- Techerches,
M A t 5î^
L'auteur avoit beaucoup lu , À
retenu prefque tout ce^ qu'il avoit
lu.
MALO, (Saint) ou MÀclou,
eu Mahout , fils d'un gentilhonî^
me de la Grande-Bretagne , & côu*
ûn-germain de S* Samfon & de Si
Maglolre , fut élevé dans un mo*
naflere d'Irlande , puis élu évêqt!e
de Gui-Caftel *,' mais fon humilité
lui fît refufer cette dignité. Le
peuple voulant le contraindre dlio*
cepter la crofTe, il paflâ en Bre-
tagne, & fe mit fous la conduite
d'un faim folitairc nommé Aaron ,
proche d'Aleth. Quelque' temps
après , vers 541 , il fut élu évêque
de cette ville , & il y fit fleurir la
religion & la piété. Il fe retira
enfuite dans la foUtude auprès de
Xaintes, & y mourut le 15 No-
vembre 565. C'eil.de lui que la
ville de Saint-Malo dre fon nom «
parce que foii corps y fut tranf-
porté,%près que la ville d*Aieth
eut été réduite en village nomme
Guidalet ou GtdchaUt , & qué le
iiege épifcopal fiit transféré à Sain^
Malo.
MALO > ( le Cardinal de Saint- )
Voye\ Briçonnet.
MALOUIN , ( Paul- Jacques ) né
en 170 1 à Caen, fiit profefleur de
médecine au collegc-royal à Paris ,
médecin ordinaire de la reine , &
membre de la fociété royale de
Londres & de l'académie deis fcien«
ces de Paris. Il mérita ces places
par des co^noifTances très-étendues
en médecine & en chimie , & fe
fit &t& amis & des 'proteâeurs par
un caraâere aimable & folide. II
étoit très-différent de plufieur» mé*
de^ms modernes qui croient ^fort
^peu à la médecine.' Il n'aimoit pas
qu'on médît de fon- art. Il difott
un jour à tm jeune-homme qui
prenoit cette liberté : Tout les' grands'*
hommes ont honoré la nUdeciiW.., Aht
hii diioit le jciiae me cicasit > U^m:
558 MAI;
mi moins Htranchw de la â/U un «ef-
iëÎM MouiKi*.. Auffi , répliqua
fur le champ le doâeur , voyti com-
pêU^ mon. On a dit cpi'il croyoit
à la certitude de fon art, comine
un mathématicien à celk de la gco-
inétrie. Ayant ordonné beaucoup
lie remèdes à un homme de lettres
célèbre «qui les prit exaÔement,
& ne iaafia pas de guérir ; MaUmn
lui dit en rembraiUnt : Vom êtes
digiu d*étn malade. Comme U e(ti-
moit les préceptes de la médecine «
encore plus pour lui que pour les
autres, fon régime» fur-tout dans
ies dfrnieres années , étoit auderc.
11 pranquoit avec févérité la mé-
decine préfervative , plus fûre que
la curative. Ce régime valut à Ai^-
iomn ce que tant de philofophes
ont déûré , cme vieillefie faine &
une mort douc^ il ne connut point
ies.infînnités de l'âge, & il mou-
rut à Paris d'apoplenie le 3 Jan-
vier 1778 • dans fa 77® alliée. Far _^
fon teôament, il £t un legs à la
faculté de Médecine , fous la con-
fiition de tenir tous les ans une
aiTemblée publique, pour rendre
compte à la nation de fes travaux
& de fes découvertes, Malouîn fut
à la fois économe & déiintérefîe.
Après deux ans d'une pratique très*
luaative , il quitta Paris pour Ver-
failles , où il voyoit peu de mala-
des , difant qu'iî s*àûit retiré à la
Coût» Ses principaux ouvrages font:
I. TrdiU de Chimie , 1734, in-12. II,
ÇhlmU Médiàaale , 175 5 , deux vo-
lumes in-12 ; livre plein de du>fes
curieufes , & écrit d'un %le qui
ait autant d'honneur à Tacadémi-
cieo » que le fonds même £n fût au
levant. Rien ne s'y xefient de cette
lente prolixité , de cette barbarie
d'exjxceffions , de cette obfcurité
d'idées 9 qu'on rqprochoit aux ai>r
ciens médecin^. Tout eft d'un liom-
me d'efj^rir*, Qiais peutrêtre l'auteur
^^fivu OroB ^g9Û$ l^our lef jpr^t
MAL
paradons chimiques. U eut U ré»*
putation d'un chimiile laborieux ,
inilruit , distingué même pour fon
temps ^ mais plus foible à la vérité
pour le nôtre , où la chimie a pris
une &ce nouvelle , qui pourroit bien
n'être pas la dernière. III. Les Arts
du Meunier , du Boulanger & du Kcr-
mk^Uter , dans le recueil que l'a-
cadémie des iciences a publié ikr
It&ÂATs & Métiers. Un trait qà
fait autant d'honneur à fon cœur
qu'aucun de fes ouvrages à fon
e^rit > eft ce qui arriva à une feance
de l'académie. M. Parmentîer ayant
lu devant fes conixeres , au nombre
defquels étoit le vieux doâeur , un
nouveau Traité de VArt du Boaùm"
ger , où quelques-unes de fes idées
étoient attaquées *, le jeune académi-
cien craignoi^fes regards, fâchant
à quel point Tamour - propre eft
facile à bleâer. Mais à peine fa lec-
ture fut-elle Anie , que Malomn vint
à lui , & l'embraiTant : Recevez mom
compliment^ lui dit -il , vous avei^
mieux vu çue moi,,, IV. U eu encore
auteur des Articles de Chimie em-
ployés dans l'Encyclopédie.... De
la même famiUe étoit Charles Ma-
LouiN , doâeur agrégé en méde-
cine, dans Tuniverûté de Caen ,
mort en 17 18, à la fleur de fon
âge ^ dont on a un Traité des Corps
foûdes & des fluides ^ Paris, 1718,
in- 12.
MALPIGHÏ , (Marcel) vit le
îour à Crevalcuore , d|ps le voiû-
nage de Bologne, en 1628. Ses ta-
lens liû méritèrent une place de
profdTeur de médecine dans cetl^
dermere ville, en 1656. Le grand-
duc l'appela eqfuite à Pife ; mais
l'air lui étant contraire , il retourna
à Bologne en 1659. U remplit \^
place de premier profe£eur en mé-
decine , dans runiverûté de Pife , en
1662 , & retourna encore à Bolot-
gnc 4 ans après, La fociété royale
de Lçf^^ » f<e% l'#9çia en 16^^
MAL
ft coi^ua d'enfeigser avec repu»
tation jufqu'en 1691. Le cardinal
Antoine Pignatelli , qui l'avoit connu
à Bologne pendant fa légation ,
étant monté fur le trône pontifical
i}ans le nom d'Innocent XII y l'ap-
pela à Rome > & le fît £on premier
médecin. Ce ikvant étoit d'un ca-
yaâereférieux& mélancolique. On
ùât que les perfonnes de ce tempé-
rament font confiantes au nravail.
I>€s qu'il vouloit favoir quelque
chofe, il fe donnoit avec plaiitr
toutes les peines nécefiaires pour
l'apprendre. Quoiqu'il aimât la
gloire , il étoit modefte au milieu
des éloges que fon mérite lui pro-
curoit. Sa ûuité étoit très-délicate ;
Se il eut befoin , pendant toute fa
vie,, des refiburces de fon art pour
la ménager ou pour la rétablir.
Malpighî mourut d'apoplexie à Ro-
fBe » dans le palais Quirinal , le 19
Novembre 1694 , âgé de 67 ans ,
laiflant tm grand nombre d'ouvra-
ges en latin , qui prouvent qu'il
s'étoit plus occupé d'anatomie que
de belles-lettres. Son ftyle eft in-
correâ , obfcur , embarrafTé. Ses
principaux écrits font : 1. Piantarum
Jnatome ^ Londini , 1675 & 1679 ,
% tomes en un vol. in-folio , figures.
II. Epîflol^ varU^. III. Dlffertatlones
Eplfto&ca, de Bombyce , Londini ,
^669 , in-4** , figures. IV. De far-
^ madone Pulli in ovo. Ces deux der-
niers ouvrages ont été traduits en
françois. V; Confultationes , in-4® ,
^71 3. VI. De cerebro , ie Imptâ , de
externo taciûs organo , de ommtto ,^ de
plnguedîne & ad/pofis duclihus. VII.
Exerckatio anatomica de Vîfcerum
flrucbtrâ. VIU. Dîffertaùones de Po-
lypo cordîs y & de Pulmombus , &c.
Les Ouvrages de Maipi^ ont été
imprimés à Londres en 16,86 , deux
vol. in-folio ; & fes Œuvres^ pofihw
tntf , précédées de fa Vit , ont paru
à Londres en 1697 ; à Venife , en
S6.93 % iorfolio; & à Amfierdam»
M A L Tî9^
m^e année , ia-4^. On a réùn-»'
primé tous ît& ouvrages à Venife ,
1733 , in-folio , avec des notes de
Pauf&n GavînelU» [ Voy, 11. Regxs. }
Ce favant homme n'étoit pas égoïfie;
il ne rougifibit pas d'attribuer l3<
plupart de fes découvertes à fon
ami BoreUX , qu'il avoit connu à
Pife.
M ALT HE , (les Chevaliers de)
Voy. les labiés préliminaires -, ficles
articles Aubusson ; Gérard ;
GOZON; LasTIC ; Raimond Dv^
PU y -, //. Chambrai y Valette;
Parisot ; H^/ton DE Villeneu-
ve i ViLLARET -, II. ViLLIERS.-
MALTHE , ( les Relipeufes de )
Foyei Galiote.
MALVASIA, (Charles-Céfar)
noble Bolonnois & clumoine de la
cathédrale, cultiva les arts & les
lettres dans le fieclc dernier -, nous
lui devons une afifez bonne Hifiolre ,
en italien , des Peintres de Bologne ^
in-4° , en a vol. , 1678. Le comte
Malvafiay fait paroître un peu trop
d'enthoufiafme ; mau ce fentiment
eft pardonnable dans un compa-
triote. On attaqua fon livre avec
chaleur , & il fut défendu de même.
On a en(îore de lui un ouvrage,
qui a pour titre : Marmora Ftlfinea ,
1690, in-4**.
MALVENDA , (Thomas) Do-
minicain , né à Xativa, en 1566,
profefTa la philofophie & la théo-
logie dans fon ordre avec beaucoup
de fuccès. Le cardinal BaroniiA , à
qui il écrivoit pour lui indiquer
quelques fautes qui lui étoient
échappées dans l'édition de fon'
Martyrologe , trouva tant de difcer-
nement dans la lettre de c& Domi-
nicain , qu'il ibuhaita l'ave ir auprès
de lui. Il engagea fon général à le
faire venir à Rome , tfin de profiter .
de fcs avis. Maivenda fut d'un grand
fecours aie célèbre cardinal. On le
dtarge^ en mtoe temps de réformer
tous les Uvses eccléfiafiiques de fon *
54» MAL
«rdre: continiiBoa 4oot il s*iKqiitnt
9V€C applaudiflemeftt. Il mourut à
Valence em ETpagne, le 7 Mai 161S,
à 63 ins. Ses ouvtages font : I. Un
traité De Anûchrlfto , dont la meil>
leure édition eft cell^ de Venifé,
s6zi , in-folio. IL Une nouvelle
VafiiM^ texte hébreu de la ^/^/e,
avec des notes , imprimée à Lyoyn
«a '1650, en 5 vol. in-folio. Ces
ouvrages font eftimés des ikvans.
lyiais fon Traïêé de l'Antcehrîft ,
renferme quekpies idées qui pour-
roient être appuyées fi» des preu-
ves plus folides. On a encore de lui :
^naUs ofd, Prcedicatorum , Naples ^
X627 , ia-fol. Voy, m. DiAZ.
MALVEZZI , (VirgUio . mar-
dis de ) gentilhomme Boulonnois ,
^voit les belles - lettres « la mufi-
^ue , le droit, la médecine, les ma-
àiématîques , la théologie , & même
raArologie , à laquelle il fiit for-
tement attaché , quoiqu'il fe^nit de
la méprifer. Il forvit avec diftinc-
tion dans les armées de PhiQppc
IV ♦ roi d'Efpagne , qui l'employa
<lans la guerre & dans les négocia-*
^ons. Il réuffit dans ces deux gen-
res. Il mourut à Cologne » en 16 ^4 ,
à 5 5 ans t laiiTam divers écrits : I.
pijcorfi foprà Comelio Taeito , Ve-
inie , 16 3 y , in-4®. Il y montre beau-
coup d érudition ; il en ^t même
étalage. Il cite grand nombre de
i)3flages de l'Ecriture & des Pères ,
^i n'ont qu'un rapport très-éloi-
gné à Tacite, Il fe fert de certai-
Ti&s diftinfUons fcolaitiques, phis
^gnes d'un pédant , que d'un poli-
tique & d'un commentateur de Ta-
^. II. Optrc Iflorîche ^ 1656, in-12.
III. Ragioni per U quaâ ietterJti crc '
^no non poUrfi avaniàre nelle cortl :
ce difcours fe trouve dans les Sag^
gi academlci , d&Mafeardi^ Venifo ,
i63o,in-4**.
MALVINA , Foyex Ossian.
MAMBRÉ , Amorrhéen.f , frère
(^hisr & à*Efcholi as étoient tous .
MAL
trois arnSs à*Ahaham. Us lui Tàiè*
teat à combattre les AiTyriens , 8t
i délivrer Loth que ces peuples
avoient fak prifonnier. Mambré ha*
bitoit une beUe vallée, qui retint
fon nom. Ce fot dans cette vallée ,
fituée dans le voifînage de la ville
dHébron de la tribu de Juda , qu'^-
hraham fot honoré de la viûte de
trois Anges qui lui annoncèrent fit
naiâance d*Ifaac,
MAMBRÈS, l'un des Magiciens
qui s'oppc^erent à Moyfeàxas l'E-
gypte, & qui imitoient par leurs
prdliges les vrais iftirades de ce
légtilateur.
MAMBRUN , ( Piene ) poète
Laûn de la fociété des Jéfuices »
né à Oermont en Auvergne l'an
1600, profeâà la rhétorique à Pa-
ris, la phiiofophie à Caen, & en-
fin la théologie à la Flèche , ou if
mourut le 31 Oébobre 1661 y à
61 ans. Ce Jéfuîte avoit de l'é-
lévation dans le génie , d^ l'élé-
gance & de la facilité dans la
compoiîtion. Ses ouvrages font
écrits purement , & fa verfiiication
eft exaâe & hanoonieufe. Il pof-
fédoit parâitpment fon Virgile ^ & il
a été un de fes plus heureux imi-
tateurs , fi l'on en * juge par la ca-
dence de {e& vers , par le nombre
de fes livres , & par les trois genres
de poéfie auxquels il s'eft appliqué.
Nous avons de lui : I. Des E^lo"
ffies, II. Des Géorp^ues , en 4 livres»
qui. roulent fur la culture de l'ame &
de Pc/prit, III. Un Poëme héroïque
en 12 liv. , intitulé Conftantîn ou T/-
doldtne terraffet ; la Flèche, 1661 ,
in-£ol. & Paris , 1652 , in-4** -, il eft
précédé d'une Dijfenatîon latine fur
le Poème épique , écrite & raifon-
née fupérieurement. Le Père Mam»
brun étoit ^ la fois bon poëte &
excellent critique.
L MAMERT , ('Saint ) cfiebre
évêque de Vienne en Dauphiaé ,
eut un difi^rént avec£«>i»«e Ëvè*
MAM
i|u€ d'AHes , touchant la fufifra-
gance du. £ege de Die : le ?2ft
Saiat araire protoonç^ contre lui.
Il inftitua les Rogations l'an 469.
J<es calamités pubÛques furent Toc-
caflon de ce faint établififement y
qm a paiTé depuis d^ns toute VEr
gUTe* Ce fut le pape Léon III qui
les établit dans l'églife Romaine.
On les nomma la LUanie Gallî*
ێMs ou les petites LitanUs^ pour
les diftinguer des grandes Lita-
nies qu'on célébroit le 25 Avril ,
jour de S. Marc. Ce pieux pcélai
mourut en 47 5.
IL MAM£RT , ( Qaudien ) frère
du pjrccédent. Kcyq Claudien»
MAM£RTIN, ( Glande) orateur
du ix^ ixecle , fut élevé au confu-
lat par JuUenVApoftat , en ^62. Pour
remercier ce prince, il prononça
en fa pxéfence un Panégyrique ladn
que nous avons encore. [ Vey»
l'Hijftoire Littéraire de France par
Dom Rlvu , tom. i, ] Qn le croit
iils de Clawit Mamertjn , qui pro-
nonça deux Panégyriques à la l^Udfnge
de MaximUn-HeratU y vers Taç 191.
On les trouve dans les Panegyrid
veteres , ad ufum Delphini » 1677 ,
in-4^. Au refte , le père & le £1$
pouiTerent im peu trop loin la
ilatterie.
MAMMÉ£ , ( Julie ) étoit mie de
JuUus AvituÊ y & mère de l'empe-
reur Alcxandrc-Sévero, Cette prin-
cdSe avoit de l'efprit & des moeurs.
£lle don^a une excellente éduca-
tion à fon fils , & fut fon confeil
lorsqu'il fut parvenu au trdne im-
périal. Elle écarta les flatteurs &
les corrupteufs , & n'éleva aux
premières places que des hommes
de mérite. Prévenue en ficiveur du
Chriflianifme , elle envoya cher-
cher Origene , pour s'entretenir avec
lui fur cette religion , qu'elle em-
hraila , félon pluôeurs auteurs.
Mammét ternit fes vertus par des
lié&^u^t ^^ étiO.it cruelle ^ %yare ,
MAM Ç4Ï
.& vouîoit s'arroger l'autoiîté fow-
veraine. Des foldats mécontcns ,
& pouâës « la rébellion par le
Goth Maxhnîn , la maffacrerent
avec fon fils en 235 à Mayence.
MAMMONE, Dieu des riche^
îti chez les Phéniciens , étoit lé
même que Plutus chez les Ro-
mains : [ Voyei ce mot, J
MAMOUN y Veyti Amin.
MAMURIUS, ( Veturïnus) cit^
bre ouvrier en cuivre qui floriffoit
à Rome du temps du roi Numa, Cf
fut lui qui fit les boucliers facré*
appelles Anclâa , à la reflemhlancç
de celui qui étoit tombé du ciel ^
& pour récompenfe de fon travail »
il ne demanda autre chofe , fînoa
que les Saliens cliamafTem fon nom
dans leurs hymnes.
MAMURRA y chevaUer Ro-
main , natif 4e Formium , accomr
pagna Jules Céfar dans les Gaules,
en qualité d'intendant des ouvriers;.
Il y aniaiTa des richelTes immeofes ^
qu'il dépenfa avec la même Êtcilité
qu*il les avoit acquifes. Il fit bâ-
tir un palais magnifique à Roine,
fur le Mont Cœlius. C'efl le pre*
mier qui fit incrufler de marbre
les musailles & les colonnes. CVir
tulU a fait des épigrammes très^
fatirlques contre lui ; il l'y ao-
cufe non feulemem de concuf»*
fion y mais e&core de débauche ayec
Céfar,
I. MANAHËM , fils de Gaddl^^
général de Tarmée de Zacharîe roi
d'Ifraël, étoit à Théria, lorfqu'il
apprit la mort de fon .maître, que
Sell^m avoit tué pour régner en
fa place. Il marcha contre l'ufur-
pateur , qui s'étoit renfermé dans*
Samarie, le tua , & monta fui^ le
trône , où il s'affermit par ïe fe-
cours de Pfad foi des AfTyriens ^
auquel il s'engagea de payer un
.tribut. Ce prince gouverna pendant
dix ans^ & ait auffi impie «av««
54* M AN
Dieu qu'injufte envers fes ftijecs.
Il mourut l'an 761 avant J. C
IL MANAHËM, de la feâedes
Eflléniens, fe mêloit de prophétî-
fer. U. prédit à Hérodi ( depuis nom-
mé à Grand , ) encore jtfune , qu'il
feroit un jour roi des Juifs; mais
«pi'il fouffriroit beaucoup <Uns fa
royauté. Cette prédiûion fit que
ce prince eut toujours un grand
refpeû pcmr les EiTéniens.
IIL MANAH£M, fils de Judo,
CallUeny & chef des féditieux con-
tre les Romains , prit de force la
forterefle de Maflada, pilla Tarfe-
nal àJHérodc U Grand , qui écoit
mort depuis peu , arma fes gens
& fe fit reconnoître roi de Jéru-
faleni. Un nommé EU^iar , homme
puifiant & riche , fouleva le peu-
ple contre cet ufurpateur , qui
fat pris & puni du dernier fup-
plice.
IV. MANAHEM , prophète
Chrétien , frère de lait d^H^rodt"
Andpas , ftit im des prêtres d'An-
tÎ!^he àqui le Saint-Ëfprit ordonna
d'impofer les mains à Paul & à
BoT^ahé , pour les envoyer prê-
cher l'Evangile aux Gentils. On
croit que ceManahem étoit du nom-
l»tt des 72 difciples , & qu'il mou-
rut à Antioche.
/. MANASSÉS , fils aine de Jo-
fyh & è^Afain^ , & petit-fils de
/«co^ , donc le nom îti^ûAt. l'cvbU ,
parce que Jofeph dit à fa naifiance :
pUu m*d fait otihBcr tcuM mes pu--
nés ^ & U mat/on de mon pert \ na-
quit Tan 17 12 avant Jefus-ChriiL
Jacoh étant au lit de mort , Jofeph
lui amena fes deux fils , afin que
Je faint vietllavd leur donnât fa
bénédiâion ; & comme il vit que
' fon père mettait fa main gauche
fur Manafes , il voulut lui faire
changer cette diipbficton : Jacoh
infifia à vouloir les bénir de cette
mùiiere , en lui difant que l'aîné
iisroicpm d€. pluiieiffi peuple» \
M A N
maSs que fon cadet ( Ephraîm > ît^
roit plus grand que lui , & que ia
poflàité produiroit l'attente des
nations.
//. MANASSÉS , roi de Juda ,
ayam fuccédé à fon père EiéchUs
à l'âge de 12 ans , fignala les com-
mencemens de fon règne par tous
les crimes & toutes les aî>omina-
tions de l'idolâtrie. U rebâtit les
hauts lieux que fon père avoir dé-
truits, drefia des autels àBaal^ &
fit pafièr fon fik par le fèa, en Thoo-
nenr de Holoc, Le prophète If me ,
qui étoit beau-pere du roi , s'éleva
fortement contre tant de défordres \
mais Manafsès , loin de profiter de
fes avis , le fit fàifir & couper par
le milieu du corps avec une fcie de
bois. La colère de Dieu éclata enfin
contre ce tyran , vers la 22^ anné^
de fon règne , l'an 677 avant I. C.
Affarfiaddon fTOÏ A* Attyrie y envoya
une armée dans fes états. U fut pris ,
chargé dé chaînes , & emmené cap-
tif à Babylone. Son malheur le fit
titrer en lui-même. Dieu, tou«
ché de fon repentir , le tira des
fers du roi de Babylone , qui lui
rendit fes états. Manafsès revint à
Jérufalem , où il s'appliqua â ré-
parer le mal qu'il avoit Eût. II
abattit les autels proÊines qu'il
avoit élevés , rétablit ceux du vrai
Dieu, & ne négligea rien ponr
porter fon peuple à revenir au culea
du Seigneur. Il mourut l'an 64%
avant J. C. â 67 ans , après en
avoir régné ^ 5 .
///. MANASSÉS, Jeune clerc»
d'une famille difBnguée de Reims,
ufurpa par fimonie, en 1069 j le
fiege épiicopal de cette ville. Ses
mauvcus procédés dans l'exerdoe
de fa dignité ayant excité des mur-
mures, il fut cité en vain au tribu-
nal des légats du pape & dansplu-
fieurs conciles : on fiit obligé de le
condamner par contumace , Ôc l'on
pron^oça ^%o|ence de dépofitioà
MAN
m\ concUe de Lyon , tenu Tan
loSo , qui fut confirmé par celui
de Rome la même année. Manaf-
9€s , non moins indocile que cou-
pable, voulut encore fe maintenir
for fon fiege par les armes *, mais
après de vains efforts , il quitta
Reims , & pafTa en Paleftine , le
ihéàtre des Croisades , où il ne fut
pas meilleur guerrier qu'il n'avoit
été bon prélat : il fut pris prifon-
nier dans un combat, &nerecou*
wra fa liberté qu'en 1099. Son
ApologU fe trouve dans le Mufaum
Itaucmm de Dom Makil/on,
MANASSÈS , Fcye{ CONSTAK-
tin-Manassàs , n^ X.
MANONËLLI, (Antoine) né
à Velletri en 1452 1 enfeignales
l^lles-lettres dans divers endroits
dltalie avec beaucoup de fuccès ,
êi mourut vers l'an 1 5 06. On a de lui
quatre Poëmes latins : I. De flori-
ittSt Dcfiguris, De Poetica virtuu.
De vUaftti\Vzx\£, in-4*'. II. Epîgram^
maui, Venetiis, 1500, în-4°. IlL
Des Notes fur quelques Auteurs La-
tins.
L MANÇINI, (Paul) baron
Romain , fe fît prêtre après la mort
die fa femm^ »• VîttorU CappotL II
avoit eu deux fils de ce mariage :
I^liné, FrjnçotS'Mane Mànàm^ fut
nommé cardinal à la recomman-
éSùondcL0irisXiy,\e 5 Avril
1666. Le cadet Makel-Laurent Mon'
€ nîy ipwiîzSironynu Ma^afin , foeur
puînée du cardinal Malawi , dont
â eut plufieurs enfans : entr'autrcs ,
PhUt^e'/ulicn , qui joignit à fon
nom celui de MaytrUi ; & Laure-
yiSoire Manchd ^ mariée en 165 1
à LottU duc âe VendSme , dont
elle eut les deux fameux prin-
ces de ce nom. Tout îe monde
connoît les illuftres de(cendans de
Michd'ÎAiÊrait Mancmî. [ Voye^ ix,
fiUGZNE -, NXVERS) XV» COLOK-
UB-, Martimoszi-, //. Maza-
HIN. ) Pm^MAfmtà culttvoitki. fi^
térature & aimait les gens de let^
très , & c'efl un goût qui paffa ^ ît
famille. L'académie des HtmorlJUs
lui doit fon origine.
II. MANClNI , ( Jean-Baptiflc y
né d*une famille dilRFéreme du pré-'
cèdent , mort à Bologne (a patrie
vers l'an 1640 , fe fit des amis il-
luflres,- & compofa divers ouvra-^
ges de morale , dom Scudeti a trsh
duit une partie en françois. Cetau-^
teur avoit de l'imagination, mais
fans goût. Son ftyle efl enflé fit
extravagant.
MANCO-CAPAC , fondateur &
premier Inca de Tempire du Pérou.
Après avoir réuni & civiHfé les
Péruviens, il leur perfuada qu'if
étoit fils du Soleil : leur apprit à
adorer intérieurement & comme uit
Dieu fuprême , mais inconnu , Pa^
çhacimac , c'eil'-à-dire , Pâme ou lé
foutlen de VVtttrers\ & extérieure-
ment & comme un Dieu inférieur,
mais vifible & connu , le Solàt font
père. Il lui fit dreiïer des autels fi?
offrir des facrifices en reconfloif^
ûnce des bienfaits dont il les com*^
bloit. Le Pérou, avtfnt la révolu-
tion de 1557 , étoit un empire par-
ticulier , dont lesfouverains étaient
très-puiàans & très- riches ,,à cauîb
des mines d'or fie d'argent que
renferme ce p^ys. Sa ridieiTe Jur
fut funefle : les Efps^ols , qui dai£»
leurs courfes lointaines domroien^
le préférence aux contrées qui pro-
duifdient l'or , en tentèrent la con-
quête. Masco y le dernier Inca,-
frère A*Hw^'cnr concurrent du mal-
heureux Atatthi , fiit forcé par DU-i
go d^A/magro , de fe forunettre au
roi d'Efpagne -, fit depuis ce tempsr
le Pérou eft habité par des Efpa*
gnols Créoles fie par des Indiens;
naturels du pays , dont une partie
a embraffé te Chrtftianifme, fie obéit
t un vic&-roi puiffiint *noîftmB pair
h couronne d'Efjpagme; Tautré par-
ie^, le plu» petite d« deiar, cft* tef*'
544 MA,1?
tée idolâtre , & vit dans une efpe-
ce d'indépendance.
MANDAGOT, (Guillaume de)
d'une famille illuîhre de Lodeve,
compila le vi* livre des Dé-
créttles , par ordre du pape ^u-
nîfacc VIII , conjointement avec
Jpr^doli & Richard Ae Sienne. U mou-
rut à Avignon en 13 21 , après
avoir étéfucceflîvement archidiacre
de Nîmes , prévôt de TTouloufe ,
archevêque d'Embrun , puis . d' Aix ,
& enfin cardinal & évêque de Pa-
iefirine. On a de lui un Traité de
tiUSâon des Prélats^ dont il y a
cu.pluûeurs édidoiÀ. Nous con-
noiiïbns celle de Cologne , 160 1 ^
in^8^
MANDAJORS, T^y^MENDA-
lORS.
MANDANES , philofophe &
prince Indien , renommé par fa fa-
geiîe» fiit invité par les ambafTa-
deurs A' Alexandre U Grand ^ de ve-
nir au banquet du fils de Jupher,
On lui promit des récompenfes
s'il obéiflbit , & des châtimens s'il
reçoit. Infeniible aux promefTes
& aux menaces , ce philofophe les
renvoya en leur difant; QaAUxan'.
dre n^étuu point le fils de Jupiter »
quoiqu'il commandât une grande partie
de l* Univers ; & qu'il ne fe fyucioit
point des préfens d'un homme quln'a^
volt pas de quji fe contenter lui-4ni~
me,,» Je méprlfe /es menaces ^ ajouta.-
t-il, l* Inde efi fuffifanu pour me faire
fuhfifter ^ fi je vis ;& la mort ne itief
fraie point , parce, qu'elle changera ma
yleilLeffe^ mes infirmités en une mùl'
hure vie,
' "MANliESLO , ( Jean-Albert )
natif du pays de Meckelbourg, fut
page du duc de Hvlfteln^ ÔC fuivit
en qualité de gentilhomme les am-
baOiadeurs que ce prince envoya
en Mofcovie & en PerTe l'an 1636.
n alla W'uke à Ormuz., & de là
^'ux Indes. On a de lui une ReU-'
traduite par Vicquefirt, Bile eft «f*
tifflée.
I. MANDEVILIJE, (Jean de)
médecin Anglois au xiv^ iîecle«
voyagea en Afie & en Afrique. Il
publia^ à Ton retour une RelatUn.
de fes (Voyages , qui eft curieufe*
On la trouve dans le recueil de
Bergeron , la Haie ,1735, in-4*** Elle
eft pleine de fautes & de ^its in«
croyables. Le Voyage de Jémfalem.
a paru en latin fous ce titre : /i*-
nerarîus à terra AngH* ad panes Je- ■
rofolynùtanas ^ encaraâeres gothi-
ques, in-4**-, à la fin du livre ofl
lit Editas anno MCCCCLV in dvi"
tau Leodienfi ^ ce qui prouve que
Tart d'imprimer n'a pas tardé d'être
connu à ^Liege-. U mourut dans
cette ville le 17 Noven^bre i372..»
Il ne £aut pas le confondre avec Hat*
ri de MjtNJDEFiLLE OU Mondeville^
médecin-chirurgien de Philippe U
Bell c eft le même que Hermoi?-
DANTiLLE , Voye\ cc mot.
II. MANDEYILLE , ( Bernard
de ) médecin Hollandois né à Dort ,
mort à Londres le 19 Janvier 173 3 ♦
363 ans , s'dl fait un nom malheu-
reufement célèbre P^ii^ des ouvrages
impies & fcandaleux. On dit qu'il
vivoit comme il écrivoit, & que
(a conduite ne valoit pas mieux
que fes livres. On a de Im : I. Ua
Poëme Anglois, intitulé : The Grum^.
bllng hive , c'efl - à - dire , VEjfain
d* Abeilles- mumurçnty fur lequel il
fit enfuite des Remarques. Il pu-
blia le tout à Londres en 1732s
in-8°, en anglois-, & l'intitula :X«
Fable des Abeilles, Il prétend dans
cet ouvrée , que le luxe & les
vices des.p^cuUers tournent aa
bien & à l'avantage de la fociécé.
11 s'oublie jufqu'à dire que les cri-
mes mêmes font utiles , en ce qu'ils
fervent a établir une bonne légifla-
tion. Çt livre iraduit de Tanglois
en françois , parut à Londres ea
1740, ça 4 voU inr8°i II. ^<«/«»
libres
M A N
l^mfurlaRiU^n , qui firent grand
bruit, auiH bien que fa Fab/c des
Ak^Uts^ m. Recherches fur VorlgiM
de rHonmar, & fur fuûIUé du Chrifi
Hamfmc dans la guerre ^ 1730 , in-8^.
Il contredit dans ce livre beatt-
coup d'idées faufTes & téméraires
qu'il avoit avancées ddUsùiFahùdes'
Ahe'Uia , & il reconnoit la néceffité
de la vertu par rapport au bonheur.
Van Effen traduiât en françois les
Fenfées Uhres ; la Haye, I7i3, in-il.
MANDONIUS.& INDIBILIS,
étoient deux chefs des Efpagnols qui
avoient rendu de grands fervices
à Sàpwn l'Africain dans la guerre
ë'ETpagne , & qui voyant ce géné-
jral d^gerçufement malade, fon->
f;erent à fe révolter & à furprendre
les Romans pour les tailler en
pièces. Leur projet ayant échoué ,
Scipion revenu en £mté , les fît
arrêter & amener devant lui : ils
s>tttendoient l'un & l'autre i- per^
^e la 4ête -, mais Scipion , pour ne
point imiter ces i nations barbares
qui l'avoient bien fervi, Te con-
tenta de leur £ûre une forte répri-
mande , & les renvoya.
MANDRIN , ( Louis ) naquit à
Saim-Etienne de Saint-Geoirs , vil-
lage près la Côte de Saint-André en
Dauphiné , d'un maréchal. Il porta
le mou£<quet- de bonne heure \
mais , las des aâujétii&mens • du
jiiétier de foldat , il déferta > fit Is
fetifie monnoie & enfin la contre*
bande. Devenu chef d'une troupe
de brigands , au commencement de
1754, il exerça un grand nombre
de violences', & commit pluiieurs
afiaffinats. On le pourTuivit pen-
dant plus d'une année , fans pou-
voir le prendre. Enfin on le trouva
caché fous un amas de fagots dans un
vieux château dépendant du roi de
Sardai^e, d'où on l'arracha malgré
llmmunité du territoire éttanger ,
£iùf à fatisfaire à S. M. Sarde pour
$fifX& efpece d'infî-aâion* U lÀAt^coiVi
Tome f;
éamné H la roue» îe 24 mat lyfif 1
par la chambre criminelle de^ Valen*-
ce , & exécuté le 26 du même mois»
Comme ce malheureux exci& pen->
dam quelque temps la rtditule cu-*>
riofité des défoeuvrés. de France*
& qu'on en a même parlé beaucoup
chez réfranger , nous avons cru
pouvoir lui donner une place dans
ce Diâionnaire* Ce fcélerat avoit
une phyfionomie intéreflante , le
regard hardi , la repartie vive*, mais
il étoir d'ailleurs gangrené de vices »
jureur , buveur , débauché , & il ns
même pas plus l'attemien deslec-^
teurs philofophesqne C^Arosrcjif£^
doit les oifi£s parlent tant. Celui-ci
étoit fils d*un tonnelier de Paris»
Adonné de bonne heure au jeu ^
au vin & aux femmes', il fe fit
chef, d'une bande qui fe ûgnàU
par des vols confidérables & par
des meurtres. Comme.il étoit rid*é^
adroit & robufle , on fut quelque
temps iâns pouvoir l'arrêter. Enfin
un foldat aux Gardes avertit qu'il
étoit couché au cabaret^ à. la Coun-
tille; on 4e trouva fur une paillaûe
avec un méchant habit , fans phè-^
mife, &as argent & couvert de ver«>
mine; Il fubit la peine de fes cri-
mes , 'êcfutromptf vif en 1721. $oa
nom étoit Bourguignon, Il avoit pris
celui de Cartouche , comme les vo-
leurs & les écrivains de livres fcan«>
daleux changent de fioin« Le poëte
Granéyal Sa le ' comédien le Çraïut
firent , fur ce héros de Grève , l'un
un Poème , l'autre une QomédU , q^i
eurent du fuccès»
MANES , les ombres oU les âmes
des morts. Il y a des auteurs qui
difent que c'étoient les génies des
hommes ; d'autres , àt% divinités in-
fernales ; & généralement toutes
celles qui préfidoient aux tombeaux.
Les Païens croyoient que les Mânes
étoiencmaU'aifans&jQ^fe plaifoient
qu'à tourmenter les vivans. Ils les
i^aifoient pu des libations $c p^
M ni
'54^ M A N
ides ùcrî^ces. La fiète des Manés &
célébroit au mois de Février, &
éuroic douce jours.
MANES, héréfiarquedu iii*
ûedty fondateur de Ui feâe des
M^nîchicns , s'appela d'abord Otr^
Uhis. Né en Perfe dans l'efclav^ge j
il reçut du del un efprit & une
figure aimaUes. Une veuve dont
il étoit l'efidave » le '^nt en amitié,
l'adopta , & le fit inftruijre par lea
Mages dans la philefophie des
Perfes. Monts trouya chez fa bien-
Êntrice les livres de l'hérétique Ttrt^
hînthus , & y puifa les dogmes les
plus eztravagans. Il les fema d'a^
bord dans la Peife , où ils ie ré-
]»andirent rapidement. L'impofteut
fe qualiiioit éiÂpétn tU J, C* 8l &
dîfoit le S^dat'Efprk qu*il afioUpromU
Renvoyer. Il s'attribuoit le don des
miracles ; k. le peuple , fiéduit par
l'auftérité de fes mœurs , ne parloit
que de l'afcendant qu'il avoit fur
toutes fortes d'écrits. Sa renommée
parvint jufqu'à la cour de Sapor roi
ée Per£e. Ce prince l'ayant appelé
pour voir un de fes fib, attaqué
«l'une maladie dângereufe; ce char-,
latan chaffa tous les médecins, &
promit la guérifon du malade avec
le feul remède de fes prières. Le
jeune prince étant mort entre fes
bras , fon père fit mettre aux fers
cet impofteur. Il . étoit encore en
prifon , lorApie deux de fes difd^
j»les , Thomof & Buddas , vinrent
Ali rendre compte de leur miffion
en Egypte & dans l'Inde. Eftayés de
l'état où ils trouvoient leur msrîtrc,
ils le conjurèrent de penfer au péril
qui le menaçoit. Manès les écouta
fans agitation , calma leurs inquié»-
tudes , ranima leur courage, échauffe
leur imagination, & leur infptra
une fouitiiflion aveugle à fes or-
dres, & une force d'ame à l'épreuve
des périls. Thomas & Buddas , en
rendant compte de leur miffîon à
Mfinhs , lui apprirent ^u'i}^ a*i|v^isQt
M AK
^ rencontzé djc plus re4oiitaUli
ennemis que les Chrétiens. Msaii
fentitla néceffité de ie les condlier,
6c forma le pco^et d'allié fi» pria*
çipes scvec le Quifiianifine. U en-
voya fes diiciplcs adxeter les livrel
des Chrétiens, & pendant fa priions
il ajouta à ricriiure'fmBte ou en
retrancha tout ce qui étoiiÊurorablt.
ou contraire kits principes, m Manu
»» lut dans les livres iacrés , ( dit
M. Tabbé Plaqua) m qu's» haa arhre
*> iu peut ffoidn de mauvais fruûsp
n ni un mauvais arin de bonsfirutts^
>* & il Crut pouvoir, fur ce paBbge»
^ établir la néceffité de reconnokre
» dafislemondeunbon&un mau;-
» vais Principes , pour produire les
>* biens & les maux. Il trouva don»
n l'Ecriture qae Satan étoit le priur*
** ce des téndires & FennenuL 6m
>! Dieu; il crut pouvoir bke àc.
^ Satan foa Principe mal- fp^ik^^m
*• Enfin Manis vit dans l'EvangiJltt
>» que J. C. prometcoit à £m Apd^
>» tses de leur envoyer le F^nK/cr,
* qui leur appiendroit toutes les
» vérités. Il croyoit que ce Barm^
» cict n'étoit point, encore arrivé
>f du temps de S, Raul , puilque
>• cet apôtre dit lui-même : j£d^
*>* ne connwffoas ^in^arfattemau i
n mais quand laperfe&ion fera rmut^
» tout u qui cfi imforfihfera aboR.,,
r> Manès s'magin^t ' que les Chré^
n tiens attendoient encore le Pa:-^
y* racla , ne douta point qu'en
n prenant cette qualité, iLne leus
^ ât recevoir fa doârine ««. Tel
fat en gros le projet que cet faé«
remarque forma pour l'établifibnent
de 1k feâe. Pendant qu^ arrangeoit
ainii fes idées, il apprit que Sapot
xvoii réfolu de le faire mourn-. Il
s'échappa de fa prifon. U ait repris
peu de temps apiîs par les gardes du
roi de Perfe, qui le fit écorchef
vif. La dbârine de Mancs^ ( laquelle
avoit déjà eu dans le ii^ fiede Cern
4^n Ji^m apôtre J roulois pi^âp^
lement , comme nous venons de lé
voir , fut là diftitidioft de daix Pnn^
cipcM , VvLW bon , FâuOré' mimvais i
maïs tous ' deux (buverams , ilou^
deux ' indépendans Tun de rautrej
L'homme avoit aUffi dtus Ames',
Inine bonne ^ Tautre mauvaife, £a
chair éxoit , félon lui , l'ouvrage
«hi mauvais Principe i par confé-
ilueht il ^oir erhpêcher la géné-
'Mtion & le mariage. Cétoit un
erime à' i&s yeux , que de donner
la vie à Ton femblable: Ce fôù
d'une eTpece finguliere attribuoit
mifli Tancienne I^i au mauvais
Principe, & prétendoit que tons
les Prophètes étoiem damnés. » Ce
^ n'étoit pas feulement fur la rat-
^ fon ( dit encore M; Plaqua)
y* que Munh appuyoit fon (bnti-
>• ment fur le bon & fur le mau-
^ Vais ÎPriDfcipes ] il « prétendoit eii
^ trouver ht preuve dans l'Ecri-
»* ture même. Il trouvoir fcm fen-
>r riment dans ce que' S, Je^ui dir
»♦ en parlatat du Diable r'que cQmmk
>♦ la vlfué nUft pas etf lai , tomei
»♦ Us fols qu^ll ment y il p.'.rU if fon
>v propre fonds , paret qu'il eft men-
yi tair auffi'blen que fon père. Quel
^ dïle père du Diable', difoit Ma-
»* nés > Ct n'eft pas Dlcfu : car il*
9* n'eft* pas menteur. Qui eft-ce
y» donc > Il n'y a que deux moyens
** d'être père de "quelqu'un : la voie
»« de la génération , ou de la créa-
»*■ non' Si Dieu eft lé pete' dii'
Af Diable par la voie de la gé-
yf nératîon , le Diable fera con-
>r ibbfïanriel à IMèu; cette confé-'
»f queùce eft îirtpie. Si Dieu ^
» le. père du Diable par la voie
y* de la création , Dieu eft un men-
î^ teur ; ce qui eft un autre blaf-
r»r phème. U feut donc que le Dia-
9* Vile ft>it fils ou créature de qud-
-rt que &rè méchant , qui n'eft pas ,
*r Dieu : il y a- donc un autre Prin-
n dptf' créateur, que Diei< ». C'eft
iRir ces ùypaxfym qu'il hï\ï% fon»
Kfangè-fyftême -, te ce ne fut pas
fa'feule erreur. Il défendoitde dOii(
ner raumône, tt^toit d'idolâtrie It
culte dés reliques , & ne voulott
pas qu'on crût que Jïstis-CHttist
^ fût incamé & eût véritableitten^
fôuffctt. H ajoutoît à ces abfurdii
tés un grand nombre d'autres. Il
foûtenoit, par exemple, que aùd
qui ârrackoU une plante , ou qui titoh
un animal , feroît lui-mime change en
cet ^ animal ou m eau pàmu, Sés
dSfdples» avant que de couper un
pktn:, avoient foin de maudire c#
lui qtii l'avoit foit ,^ lui fouhaitani
d*étrt /cmd\ motffonnéi ^ cuit bûl
mèmi eommt cer alhnent, Cesf abfur^
dites , loin de nuire au progrès dé
cette feâe , ne feTvirent qu'à Vé* .
fendre. Le Manichéiime eft , dd
toutes les héréfies » celle qui à
fubftfté le plus long-temps. Aprè^ '
fa mort de Mmes , les débris dd
fa fèâe fe difperferent' du côté de ^
POriènt , fe firent quelques éta-»
bliftemens dans la Bulgarie , àt
vers le X® fiede fe répandirent
dans l'Italie ; ils eurent des éta-
bliiTemens confidérables dans li^
Lombardie , d'où ils envoyoientf
des prédicateurs qui pervertirent
beaucoup de monde. Les nouveatu^
Mkilichéens avoient fait des chan«
gemens dans leur do^ne* Le fyf^
téme des deux Principes n'y étOtt
pas toujours bien développé ; mais^
ils en avoient confcrvé toutes le^
confequences fur l'Incarnation i,-
ftirl'Euchariftie,furlaSte. Vierge ,
& fur les Sacremens. Beaucoup d«{
ceux qui embrafterent ces erreur^
étoient des ^nthouftaftes , que la"
prétendue fublimité de la morale^'
Manichéefme avoit féduits : td»*
furent quelques chanoines d'Or^'
léans , qui étoiènt en grande répu^'
tation de piété. Le roi Robert les
condamna au feu , & ils iè préci«'
piterent datis les flammes avec ds-^
gran^tranijports de joie «ça içzif
M m i;
•54? M A N
tés Musdiéai» firent baucoue
^lus de progrès dans le Langue-
doc & la Provence. On aâiembla
ipluâeurs conciles contre eux , &
on bruIa plufieurs (e£Uîres , mais
Ans «teindre U^ ^eâe. Ils pcné»
trerent même -en. Allemagne ^ &
paflierent en Angleterre. Par-tout
sis firent des profélytcs , mais par-
toitt -on les combatdt & on les
téfuoL Le Manichéifme , perpétué
à travers tous ces obftaclês , dé^
généra infeniiblement,, & produir
fit, danç iç'xii* k dans le Viïi*
fiecles , cet^ multitude, de leâes
qui ^ifoient 'pro£d£on de réfqr-
« iner la religion ^& I^Eglife : tels
Éirem les AlhjgcoU^ les PétrohujIUns^
)es Henrictau^ J£S diicioles de Tan-
c/uli/iy les fppcllcalns , les CathA-^
xiu» ijcs anciens Manichéens ètoient
èiviTés en deux ordres. : les Audi'-
tatrs , qui dévoient s'abilenir du
vin, de la chair-, des œufs & du
fi-om^e; & les £/uj,.quiy outre
une abfiinence très-r^ôureufe *
i^ifoient pro/eftion de pauvreté.
Ces élus avoient Teuls le - iecret
de tous les myfteres , c'efl-à-dire ,
des rêveries les plus extravagantes
de la £eûc. Il y en avoit xii par*,
mi eux qu'on aommoit Maures ,
^ un XI u* qui étôit ïe chef de
fous les autres : à Timitation ^
idanès , qui , (e diiant le Paradet ,
avoit choifi 12 Apôtres. Les. fa-^
vans neXont pas d'accord ÎTur le
temps auquel cet hérëflarque com-
mença à paroître : ^opinion la plus
probabl| efl que ce éat fous l'cm-
pire de Prohus , vers l'an 280. S.
Augujim , qui avoit été dans leur
{kàc , cû. celui de tous les Pères
qui les a combattus avec le plus
de force.. Aucune héréfie ne s'dï
reproduite fous des formes plus
différentes que celle des Mani-
chéens. On peut confulter là-def-
fus un traité plein de recherches:
JLaurwsu Antk0t^ Dîjfmadê de an*
M A K
C»fB&# novlfque MatùdutU^ L'aHteor
auroît pu donner encore plus d'é-
tendue à fon^ catalogue » en y pîa*
çant pluficurs nouveaux pjiilôfô-
^hes ; ^^gr/e , entre autres , qnia&it
tous fes eÂ>rts pour iuflmer la
do^^e de cette vielle feôe *, 8c
Voltaire , dont les déclamations
contre la Providence , nefoiu réel-
lement qu'une efpece de mani-
chéifhie *, du moins il femble avoùr
voulu renouveler les ptindpes
de Maais , dans fon Candide ou
POpùmlfme, Beait/cbre ^ ùtymt Pro^
tdlanc , a publié une Bifioîre du,
Manichélfmc^ in-4°, 1 vol. , pleine de
recherches. Il y juftifie quelquefois
a&z bien cette feue de la plupart
de$ infamies & des.. abominations
qu'on lui à imputées. r> Mais nous
î croyons devoir avertir, dit M.
»» l'Abbé Pluquet , que l'HifloirB
>9 de M. dt Beaujohre » laquelle nst
M peut être l'ouvrage que d'u&
»> homme de b^aucoiç d'écrit &.
M de iavoir , & qui peut être utile
n à beaucoup d'égards > cotitient
» .cependant des inexactitudes pour
>? les citations , pour la critique
99 & pour la logique : que les
n Pères y font cenfiirés fouvenc
« avec hauteur , & prefque toi*-
» jours injuflement. Il&ut que M*
w de Beaufohre n'ait pas fènti ce.
M que tout leâeur équitable doit ,
M félon moi, ientir en lifant fon
»* livre ; c'cf^ que TAuteur étoit
»» entraîné par l'amour du para-
N. doxe , & par le défir de la celé*
»♦. brîté , deux ennemis irrécoa*
» dliables de l'équité & de la lo-
» gique H.
MANESSON-MALLET,
(Alain) Parifien , fut ingénieur
des camps & armées du rot.de Por-
tugal , & enfuite maître de mathé-
matiques des Pages de Lotds XIV^
Il étoit habile dans fa profefBon »
& bon. mathématicien. U a fait
quelques ouvrages : L Imu Tnyem
. M.AN,^ ...
Ife Mars ou l'An idé ta guerre ^ 1691 »
3 vol. in-S^ , avec 'une figure a
diaque page , dont quelques-unes
ofl&mt des plans tntéreâans; II;
Dcfcrîpdon de . P Univers , contenant
les dtfférens Syflèmes du Monde , /e/
Ctfree^ générales €• particuiterts de là
'Géographie ancienne &' moderne , &
tes maurs , religion & gouvernement dé
^taque nofion i à Paris, 16S3 , eii
'5 vol. in-8®. Ce livre cft plus re-
cherché pour les figures que pour
rexa£Htude. Comme l'atiteur avoit
beaucoup voyage & levé hir-mêmé
les plans qu'il a fak graver dans
fon livre , les curieux ne font pas
fâchés de l'avoir dans leur biblio-
thèque. III. Une Géométrie , 1701»
4 vol. in-8^.
MANETHON , faiheux prêtre
Egyptien, natif d'HéHopolis » &
originaire de Sebenne , florifToil du
temps dePtoIàMée Phi/adelphe , vers
l'an 304 avant. J. C. Il compofk
en grec VHÎfloiFe d'Egypte, ouvragé
célèbre , fouvent cité par Tofepht
& par les auteurs anciens. Il l'avôî^
tirée , fi on l'en croit , des écrits
de. Mercure & des anciens mémoires
cofiièrvés dans les archives des
temples confiés à £1 garde& Sui^r
Africain en ayott fait un abrégé:
dans fa Chronologie., L'ouvrage
de Mamth»n s'eft perdu , & il ne
sous refte que des fragmens des;
extraits de JuUs Africain, Ib fe.
trouvent dans George SyncelU.,»,.,
i^rpnonus a publié un Poièmc dé,
lM.anethon , fur le , pouvoir des,8fhres^
qui préfident à la naifiance des
nommes , grec & latin, , Leyde ♦
1698 , in-4^. Ce poëme a été traduit
en vers italiens par l'abbé Salvint,
^ MANELLI, ( Jdnnoco ) célebtie.
littérateur Italien , difetple de- Chry^
foloras , fttt un de Ceux qui eon-,
tribuerent le plus , dans le xv^
fiecle , aux progrès des Cciences.
Vt naquit à Florence en 1596?,.
4'unc faraitknolilô qui le déiÔnoir
au coitimerce. Spn^gpfttje'^b^oft
à l'étùdè dès belîes^lettres , des lan-
gues 'Çt de la phitofophté' t il lé
fttivit7)h!tôt queies'-vuçs ihtéreffées
de fw' parehs. • 11 fcoitmiençâ ' iW
carrière littéraire par ; expliquée là-
morale d*Aïlfioté dans l'trnivetfité
de Florence. La république voyant'
eh lui un génie délié , Tcnvoy»
dàns'divèrfes cours ;où'ii montwr
beaucoup de fagefle & de dextérité.
Il eut enfuité le gouverriement do
dtvérfes places quilui-doïincrent le
ni^'en de fiaire éclater fes talen»
pour radmiiiiftration. L'envie' e^t-
citée par fon élétation: , lepour-
fuivit au point qu'il qiiitta'FlorçBce.
& fe rendit À Rome auprès dé iVT-'
eolàsV K^\ le reçut a brds ouverts.*
Ses cttiicitoyens piqués dfe fa fiftie /
hii ordonnèrent de 'reVei&ir{ ibus'
peine d'être banni çoUif tbi^^urs.'
11 obéit ', maÀs'^côlak ènn^ànt
qu'il n'eCTuyât dé notivéllei trataf-
ieri€S,>)e revêtit du titre de fptt
ambafTadeur à Florence , où ^1 n^'
demeura qu'un àh. H retourna à
Rômé & y obtint la. place àe fe**
crétaife intime du pape. Des affeirea
de famille l'ayant ap|>el^^ Naplesv
il jbuft de la j^us grande eoi^dé-'
rSition auprès du* roi ÀlpHonfe\J!iû'
mourût dans cetfe" yiilc en- 1459 ;'
k<6% afis, pleittédes pauvres donr
il étoit le p«« , & des favans - donc
\\ étoit' l'ami & le:bienÊ«heur. Il:-
compofa divers ouVrâge&.\ 11' trà~-
duffît le Nouveau -«TeflaMi^nt évt
grec en latiA> divert*oiiviages>*d'*#*'
rifiote.ïi compofo un Traité en dix
livré», pour réfuter les Juifs. La*
plupart de ies pK>^uâion9 & les
autres n'ontpas été imprimées. Ce-
qu'ou a publié de fes «euvi«s font-
des Harangues , une HiftolH dePyhîe^
les Vies du Danu , de Pétrarque , de
Boeace & "élt Nicolas Vy & un Tïaitéi
en quatre livres De DlgnhaU'& ex^
cëlientia "homînis.
' h MAKFREI^l/ (Leliô) auteur
Mm n%
^. MAN
lalien é» jcvx* ^le , 4nM£i 4*
rdjpagnol , TyrM k Blmt , Vca?ift ,
if )S « tn-4^. L'original eTp^gaôl
c6 de Barcelone , 1497 , m^I* &
lort rare. M. de ftfy^ X^ ipi^ e^
fcinçois , 1740 • 1 ToL vi-i?L
U. BiANFREDI , ( EufUdie )
célèbre madiéauufdeD , naquis à
Bologneien 1674. Dès fe$ premi»-
«es années, fon e^iirk donna les
espérances les plus fl^ttcuiÎBS. U
devint profieflcur de madiénuni^cs
â Bologne ai 169$ , & furiniea*
dam des eaux du sSolonois en 1704.
Uk mené année, il fiu mi$ à la
Ute du collège 4e Moatalte , ^iopdé.
far SutU'QiSfu à Bol<3^e« pour
des îeunesçens deâînés à l'état ec-
çléiiafiique. Il y ré^Ut la dUci-
Îline ,lesbpnnes menin & ramour
e l'étu^ç , /qui ep étpiem presque
rntiéKewujn^ bannis. En 1711 il eut
ijne place d'aftronome à Vip^nm
de Bologne, & dèsrlors ilrenon^
abfoliunent au jçolkge pontifical »
& à la poé£e même qu'il avoit tou-
jours culnyée Jirfqi^là. Ses ^o«-
mts , fes Cênionîj, & pluficurs, au-
tres morceau^ içipnmés à Bologne ,
3713 , in-i6., ibfit une preuve d^
fes takris dan&ce geve. Il a traité
des fujets de g^ilrie, d'p9ioi|r
paffionné , de dévotion. H a chanté
des princes , des généraux , des
l^^ds prédicateurs *, mais ies Sm*
mu ne énifient pM toujours , com-
Tut les nôtres , par des traiis frap-
pfms. Cç ne ibnt , le pl|i5 foaveitf ,
que des paroles harmonieufes &
é» loiianges un peu exagéréi». L'a-
qidémiedes feienpes de Paris U la
fociété royale deliCHidtes Te l'afTo*
cierent, l'une en 1726, l'autre en
1729 , ^ elles le perdirent en 1739.
Il mourut le 15 Février de cette,
année , à 6$ aqs. Ce célèbre Mo-
nôme n'étoit ni faûvage comme ma-
tliém^ticien » ni ânfafqite comin^
poëte. Les qualités de Ton coeiyr.
cy^loiem ccUes de iw eCprit. Siox*
M AN
^filrt, dBdciix, Hbéral, medeC-'
te , il jGp fit peu de jaloux & beaue*
coup d'amis. L'un des plus illu£-
tres £ut le <rarHm?| Lambenim^ ar-
chevêque de Bôlogi^e , depuis pape
fous le noin de BatoU XIV, 11 £ii-
foit le plus grand cas du (avoir H
dii caraâere dç notre madiémaô-
Ôen. On a de Itii : I. Éphemeridet
moùaim caUMum, ah anno 17'/ j ad
mnnum rjfo «. aim Inirodu^ofte & roa'
nu Tahulis^ à Bologne, 171 5. .«f
X725... en 4 vol. in- 4". Le j*" voL
eft une excellente Ixitrodu£Hon à
l'afironomie. Les trois autres con*
tiennent Içs Calculs. Ses deux ibeuxs
(qui le croira^} l'aidèrent beau^
coup dans cet ouvrage fi pénible,
et fi eftimé pour fon ezaômide Qc
ià }ufiefle. n. X>« traofitu iieratrîi
ptrSoUm anno tjxj , Bologne , I724>
în-4^. UL De annuîs înMrranthan SuIt
tarum aberratwtubus , Bologne, 1729 ,
in-4^. Il y réfute les afironomes qui
r^ardoient ces obiervations com-
me l'effet de la parallaxe annuelle
de la terre.
m. MAJVFREDI , roye{ Beh TX«
TOGLIO, n° III.
IV. MANFREDI , ( Barthélcmi)
neintre de Mantoue, difdple de
MidulfAngi âe Csrarûgc^ avoir noc
Êuûlité prodigieufe. Il a fi bien tàû
la manière de fon maître, qu'il cft
difficile de ne pas confondre • loi
ouvrages des dâix artifies. Ses fu-
)ees les plus ordinùtts étoient des
imtcars de cartts ou de dés, tu des Af»
fimkiéu de Soldats.
MANFRONE, Voye^ GoKZA*
GUE, n°. VI.
MANGEANT, (Luc-Urbain)
pieux & favant pr^e de Paris*
naquit dans cette ville en \6^6,H
y mourut en 1727,4 71 ans. Nous
afvons de lui deux EdUians efiîmées i
l'une dit S. Falgmct, évêque 4e Ruf-
pe, à Paris, 1684, in-4**., & l'an-
9t4c S^ PreJ^cTyVB^ioliQ^i Vmt
M A N
f^Jt , avec des Avemf&mens fort
inAruâift.
MANGE ART , ( Doiti-Thomas)
Benédiâin de la congrégation de
Saint-Vaiuie & de Saint-Hidulphe »
fit beaucoup d'honneur à fon ordre
par les connoiâances. Elles lui mé-
ritèrent les titres d'antiquaire » bi^
bliothécaire & confeiller du duc
Charles de Lorraine, Il préparoit un
ouvrage fort confidérable, lorfque
la mort l'enleva , l'an 1763 , avant
qu'il eût mis le dernier ordre à
fon livre , dom on doit la publi-
cation à M. Tabbé Jac^uin, Cette
produâion a paru en 176 3 , in4bh
ibus ce titre : ImroduéHon à MifcUnee
des AUdaî/ks ^ fov fervir à la eori"
tmîjfaace des Diatx , de la ReUgùm^
àes Sciences , des Arts , 6 de tout et
' fui appartient à l'Hifloîre ancienne^
ayte les praxvtt tirées des Médailles,.
Les Traités élémentaires fur la
feiencenumifirfiitiipie étant trop pen
étendus , & les difSertations parti-
culières trop pcolixes , le favant
BcnédidHn a réuni en un leul vo-
lume tous les principes contenus
dans les premiers, & les notions
imérefiàntes répandues dans les
autres. Son ouvn^e peut fervir de
fupplément à VJntljidté expli^ de
D^ hhmtfaucon. On a encore de
lui une Octave de Sermons y avec un
Tiraité fur le Purgatoire , Nanci «
1739 , 2 vol. in-i2.
MANGEWOT, (Louis) cha-
noine du Temple à Paris , fa pa-
trie, né en 1694, mort en 1768 ,
à 74 ans , étoit un poète ,de fo-
ciété & un homme aimablç. Quoi-
que d'une converiation agréable
& enjouée , fon caraûeré n'en étoit
pas moins porté à unemifknthropie
urt peu cynique. On peut en Juger
par les vers fuivans , fur un petit
fallon qu'il avoit Êdt conimiire
dans un jardin dépendam de fon
bénéfice:
M A W fçf
Sans inquiétude , /ans peine ,
Je jouis daàs ces liatx du de/Un II
plus beau \
Les Dieux nCoru accordé Vame de
Diogenè ,
Et mes foihUs talens m*ont valu
fon tonneau.
On a publié i Amfterdam» eir
1776 , fes Poisn^, Ce recueil
contient deux Egtogues qui ont du
lîaturel, de la fimpliaté & des
grâces; des Fahles , dont quelques-
unes font bien faites *, dei Contes ,
'beaucoup trop libres y des Aiora^
lités j des Réflexions ; des Sentences ;
des Madrigaux , &C. etc.
MANGET, (Jean- Jacques) nér
à. Genève en 1652, s'étoit d'abord'
deftiné à la théologie *, mais il
quitta cette émde pour celle de ïk
médecine. L'éleveur de Brande-
bourg lui dotma des lettres de fo«:
premier médecin, en 1699 -, &
Manget conferva ce titre jufqu'à
ÙL mort , arrivée à Genève en 1742 ,
à' 91 ans. Son art , ou plutôt la
nature aidée par l'art, lui procura
une vie longue & heureufe. On a
de lui un grand nombre d'ouvrages ;
lés plus connus font : I. Bibllothecd
Anatendca ^ 1699 , 2 vol. in-foU
IL Une Co/&afon de diverfes Phar-
macopées , in-fol. III. Bibliotheca
Pharmaceuûco'Médica^ 1703 > 2 vol.
in-fol. IV. BîhUotheca Medico-Prac-
tlca , 1739 , 4 vol. in-fol. V. Le
Sepulchretum de Bonet , augmenté »
Lyon , 1700 , 3 vol. in-fol. VI.
Bibllotkeca Chymîca , 1702 , 2 vol.
in-fol, C'eft le moins commun des
ouvrages dé ce favant. Vil. JSî-
bliotheca Chlrurglca , 4 vol. in-foL
VIII. Blhllotheca Scrlptorum Medi-^
corum vetcrum & recendorum , Genève ,
173 1 , 4 tom. en 2 vol. in-fol. Il
a fait entrer dails cet ouvrage la
Bibliothèque des Ecrivains méde-
cins de ùndanus , augmentée par
Mcrckleinf avec un grand nombre
Mm iy
'55% M À N
de Êuites qui s*y troimneitt^ M.
Eloy , médeân de Mons , en a
donné une beaucoup plus exaâe ,
Mons, 1778 , 4 vol. in-4® , &c.
DaàUl U CUtc^ auteur d'une Wf-
toirc de Médecine , Taida beaucouj^.
Un écrivain qui a en&nté tant de
volumes , n'a pas pu être toujours
original & exaâ \ Manget e& plus
ibuvent compilateur qu'obferva-
teur ; mais fes recueils font utiles
à ceux qui ne peuvent pas avoir
des bibliothèques nombi«ufes. On
a encore de lui un TraiU de la
pçfie , rtcutUU des meilleurs amteurs
anciens &modemeSy i72i,zvol.in-i2»
MANGOT, (Qaude) ûls d'ua
avocat de Loudun en poitou, iat
protégé par le maréchal d* Ancre s
& , par un caprice fingulier de la'
fortune, il devint, en moins de
dix-huit mois , premierpréûdent de
^ Bordeaux, fecrétairç d'état & garde
* des fceaux en 16 16. Au premier
bruit du maHacre de Ton protec-
teur, il courut fe cacher dans les
écuries de la rône. EnAiite, ré-
folu de tout hafarder , il alla au
Louvre pour voir quel feroit fon
fort. Pttri , capitaine des gardes-
du-corps , lui voyant prendre le
. chemin de Tappartement de la reine ,
lui dit d'uA ton moqueur : Oà alle^*
fot(Sy Monfieur, avec votre robe de/aùn ?
Le Rot n'a plus hefoîn de vous. En effet
il &llut qu'il remît les fceaux, U
mourut dans l'obfcurité Son
frère Jacques M A N o O T , célèbre
avocat - général au parlement de
Paris, mort en 1587, à 36 ans,
€toit un magiflrat favant , éloquent ,
intègre , ennemi de la brigue , de
la fraude, & des filions. L'inquié*
tude que lui cauferent les troubles
qui agitoient la France , abrégea
fes jours. Il donnoit tous les ans
aux pauvres la dixième partie de
fori revenu. On ne lui reprochoit
qu'une longueur aiTommante daas
fes plaidoyers.
M AN
MANICHÉENS, r.BÀSltX»!
& Manès,
MANIERE, Ki>yqMA&Hi£KE«
MANILIUS , ( Marcus ) poëte
. Latin fous Tibère , a ccxmpofé en
vers un Traité d'aflronomie , dont
il ne nous rcâe que dnq livres,
qui traitent des étoiles fixes. Quoi-
que Manilius ait vécu dans le bon
fiede de la latinité , on croit re-
marquei à fk diétion quHl a'écoit
pas Romain. Son ftyle eft à la
vérité plein d'énergie , &: quelque»
fois de poéfie ; mais on y trouve
des exptefiions , des tournures
fingulieres qu'on chercheroit en
vain dans les poètes de fon temps.
Ce qui peut l'excufer, c'eft que
traitant un fujet neuf, il lui a
Êillu des couleurs nouvelles. Les
meilleures éditions de fon ou-
vrage font : Celle de fiutf, Paris ,
ad u/um Dtlpkisù , 1679, in - 4^;
de Londres , avec les notes de
Bentleiy 1739 , in - 4** ; de Paris ,
1786 , a voL in-8** , avec une tra-
duûion & des notes par M. F/s-
gré y û célèbre par fes connoilances
affa-onomiques. L'édition de Bolo-
gne, 1474 , in-folio, eft' d'una
rareté extrême.
I. MANLIUS , gendie de Tar^
qtun te Superbe ^ donna un afîle à
ce roi , lorfqu'il fut chafie de Rome »
l'an 509 avant J. C. U eft regardé
comme le chef de l'illuftre Manille
Romaine des Manlius^ d'oùfortirent
3 confuls ,11 tribuns & 2 diâateurs.
Les hommes les plus célèbres da
cette famille font les fuivans.
II. MANLIUS-Cafitolinvs,
( Afarcus ) célèbre conful & capitaine
Romain, fe fîgnala dans les armées
dè$ l'âge de 16 ans. Il fe réveilla
daiis le Capitule , aux cris des
oies , lorfque Rome fut prife par
les Gaulois , & repouiTa les ei^ne-
mis qui vouloient furprendre cette
fortereffe. Ce fervice important lut
M A N
St donner le furnom de d^ttùim
& de ConfcrvateuT de la Vilk^ Tan
390 avant J. €. Manllus itoic na-
turellement inquiet, impétueux &
bouiE de vaine gloire. U conçut
une jalouiie extrême de Camille^ qui
vcnoit de triompher pour la troi-
iîeme fois. Ne fe croyant pas auffî
bien traité par le Cénat & la no-
bleiTe que lavoit été ce général ^
il paffa de l'ordre des Patriciens
dans celtâ du Peuple. ^S'àttachant
alors aux intérêts de la multitude ^
ou plutôt aux£ens propres, il cher-
cha le moyen de la foulever , en
propofant l'abolition de toutes les
dettes dont le peuple étoit chargé ,
iur-tout depms qu'on avoit rebâti
Rome. C etoit précifément dans ce
temps-là même que les Volfques fe
révoltoient. La conjontfhire étoit fi
dangereufe , qu'il fallut élire un dic-
tateur. Les voix tombèrent fur Cer-
nçllus Cojfus qui ayant triomphé des
ennnemis du dehors, travailla à
réprimer les divifions inteftines. A
fon retour de l'armée, il fit arrêter
Manlîus , comme un rebelle. Le
peuple prit le deuil & délivra fon
défenfeur. L'ambitieux Romain af-
pirant fecrétementàlafouveraineté,
profita mal de fa liberté ; il excita
une nouvelle fédition. La conjura-
tion éclate, les tribuns du peuple
citent Manllus , le chef de ces fac-
tieux , & (c rendem Ces accufateurs.
L.'afifemblée fe tenoit dans le champ
de Mars , à la vue du Capitole que .
Manllus avoit fauve. Cet objet par-
lait fortement en fa faveur : les ju-
ges s'en appercurent *, on transporta
ailleurs le lieu des comices : &
Manllus y condamné comme conf-
pirateur , fut précipité du haut du
roc Tarpeïen, l'an 384 avant J. C.
< Ce trait d'hiftoire eft le fojet d'une
tragédie d^ la Foffe, ) U y eut une
dé&nfe exprelTe qu'aucun de fa fa-
siille portât à l'avenir le furiiom.
fU Mareuf^ & qu'aiKua patricien.
M À N ççj'.
hùAAt dans. la citadelle où il avoit
eu fa maifon.
m. MANLIUS -TORQUATUS^.
conful & capitaine Romain, fils
de Manllus Impcnojus , avoit l'efprit
vif, mais peu de facilité à parler.
Son père n'ofant le produire à la
v^Ue , le retint à la campagne par-
mi des eiclaves. Ce procédé parut
fi injufie à Marcus Pomponlus , tri- .
bun du peuple , ^u'il le cita pour
en rendre compte. Torquatus le fils »,
indigné qu'on pourfuivit fon père»
allafeaétement chez le tribun -, &,
le poignard à la main , lui fit jurer
qu'il abandonneroit fon accufation.
Cette adlion de générofité toucha,
le peuple, qui le nomma Tannée
d'après tribun militaire. La guerre
contre les Gaulois s'étant allumée ^
un d'entre eux propofa un combat
fingulier avec le plus vaillant de*
Romains-, Manllus s'offiit à«com-<
battre ce téméraire , le tua , lui ôta -
une chaîne d'or qu'il avoit au cou
& la mit au fien. De là lui vint le
furnom de Torquatus , qui paiTa en-
fuite à fes deicendans. Quelques
années après il fut créé dictateur ,
&; il eut la gloire d'être le premier
Romain qui fut élevé à la didature
avant que d'avoir géré le confulat.
Il fiit fouvent conful depuis; il
l'étoit l'an 340 avanf J. C pendant
la guerre contre les Latins. Le
jeune Manllus fon fils accepta ,
dans le cours de cette guerre , un
. défi qui lui fiit préfenté par un
des chefs des ennemis. Les gêné?
Taux Romains avoieat fait défen- ,
dre d'en accepter aucun ; mais le
jeune héros , animé par le fouve-
nir de la vidoire que fon père avoit .
remportée dans une pareille occa-
fion , attaqua & terrafiTa fon adver-
faire. Viâorieux, mais défobéif»
faut , il. revint au camp , où il
reçut, par ordre de fon père, une
couronne & la mort. Manllus Torm .
quaau y aprèf cette exécution ver*
ÇH M A î/
tdeufbimt baibare, vûndiut les
cnneiDis près du flaive Vifiris«
dans le temps qoe foa coliegue
/>fcnitf iMv fe dérouoit à la mort
pour (k patrie. On lut accorda
liioxincDr du triomphe : mais les
ieuiies gens, indicés de £i cruauté,
ne voulurent pas aller au - devant
de lui-, & Ton donna depuis le
nom de MsnUana eM^ à 'tous les
arrêts d'une jufiîdb trop cxaâe &
trop févere. Les vieux fénateurs
l'en refpeâerent davantage, ^ ils
voulurent l'élever de nouveau au
confulat -, mab ManOus le re&fa ,
en Êdfant valoir la foibleffe defes
yeux. Rien ne f croit plus imprudent ,
leur dif-il , qu*un homme qd nepoti^
rant rien voir que par des jeux étroH"
prs , préundroit ou foujfriroit qu'en le
foi font Ckef& Général^ on M con-
fiât la vie & la. fortune des antres. Et
comme quelques jeunes gens fe
îôignoient aux anciens pour le
preffer, Torquatus ajouta : Si jUtoîs
Cm fui ^ je ru pourrois fouffrir la 11-
cènee de vos meturs , m vous la févé-
rhi de mon foug.
MANNORY , ( Louis ) ancien
avocat au parlement de Paris, (k
patrie , naquit en 1696 , & mou-
rut en 1777. On a de lui 1% vol.
in-X2 de Plaid^ers tk Mémoires. Ce
Tccneil oflfre un grand nombre de
caufes fïngiriieres , & le talcm de
l'auteur étoit de les rendre encore
phis piquantes par la manière agréa-
ble dont il les préfontoit. B fot
l'^ocat de Travenol dam fon pro-
cès contre Poltaire^ & il n'épargna
pas à ce pocte les traits de fetire^.
C^ui^ci s'en vengea, en le pei-
gnant comme un bavard merce-
n^re , qui vendoit Ùl pllime & fes
iifîures au phis ofïirant. Quoi qu'il
«Il foit, J&<winory auroit été plus
etené comme avocat & comme
écrivain , fi fon fljHeeût été moins
pfcylixe & plus foigné, s'il avoit
plor approfondr tes xnsdtres dr'
M A ff
p\vA ménagé k pki£mteric éamâ
des caufes qui ne éemandoient que
du iâvoir & de b logique. On a
encore de lui me tradôdion es
fraaçois de TOraifon tunebre de
LomsXly, par ie P. Por^,, H des
Ohfervations judidcufês fur la Sétm^
rsnûs de VoAain, M-nnoryétcnt dans
la fodété plein d'eQntt & d'enjoue-
ment, mais quelquefois trop caii£^
tiqué.
MAHKOZI, (Jean) iàtjEAtr
èe Smnt-JeÀn , du nom du lieu de
fa nai£aûce , qui eft un village
près de Florence, fut un peistre
célèbre. Cet artifte, inorteniô^é,
âgé de 46 ans, a illufbé Fécole
de .Floreûce par la fupérîoiîté de
fon génie, n entendoit parfeite-
ment le poétique de fon art : rien
n'eft plus ii^énieux, & en mênde
temps rien n'eft mieux exécuté »
que ce qu'il peignit dans les ialles
du palais du grald-duc, pour ho-
norer 9 non les vertus politiques
de Laurent de Médias ^ mais fon
cafaâere bienfàifam & fon goût
pour les beaux arts. Mann»ii réniV
fîlfoit particulièrement dans la F««r-
tur€ à frefqut. Le temps" n'a point
de prifè ftir les ouvrages qu'il a
feits en ce genre : fes couleurs font ,
après plus d'unfiecle , auffi fraîches
que ^ elles venoîent" d'être enh-
pîoyées. Ce maître étoit favant
dans la perQ)eûive & dans l'opti-
que. Il a fi bien imité des bas-
relie& de ftuc , qu'il feut y porter
la main pour s'afiutèr qu'ils ne
font point de fculpmre. H n'efl" que
tnop ordinaire que les grands ta-
leiis fbient ternis par de gi-andls
débuts. Il ne faut pas diifimuler
l'cfprit inquiet & capricieux deM&n.
n<f^. Ennêcni du genre humain par
caraôere , envieux de tout mérue,
& porté à décrier toutbs fortes de
tafens ; il eut, même après fa^mort»
des rivaux* qui vouhu^nt infinuer
au- giand-du^ de détruira ftr ou-*
M Aif
M!9g«$ : iQiîs CCI fi^nfite tCiXi ht nfOê
plus andeat à les con&rver.
MANRJQUËZ, ( Ange } ^e J^-
g0s, moiae de l'ordre 4e Gteaux ,
éoÙ€Wt en théologie à SaUmaoque ,
évéque de Bada^oz l'an. i^44 * n^ort.
l'an 1649, a donné les Armalcs de
fon ordres on y chercheroit en
rain l'éxaâitude & la critique.
I. MANSARD , ( François ) &- '
meux ardûteâe François , né à Pa-
ns en 1 598 » mourut en Septembre
1.666 , à 69 ans. Quoique né avec
les talens de ion art , & quoiqu'il
eût été fouvent applaudi du public ,
il avoit beaucoup de pei/ie à feiatis-
&ire iui-même. Colhm lui ayant de-
mandé Tes plans pour ks façades
du Louvre , illui en €t voir , dont
ec tmmûte fiit û content , qu'il-
voulut lui feire promettre qu'il n'y
changeroit rien. L'architeâe reCufa
de s* ta charger à ces conditions ,
voulant totgours , répondit*il , fe ré-
ftrvtr h droit Ac miewt falrf. Les
magnifiques édifices, élevés fur les
plans de Manfard , font autant de
inonumens qui font honneur à fon
f^énie fi( à iks talens pour Tarchi-
«eého'e. Il avoit des idées nobles
& magnifiques pourledeâîn géné^
rai d'un édifice^ de un goût délicat
& exquis pour tous les omemens
ë'ardmeâure qu'il y employoit.
Ses ouvrages ont embelli Paris &
iès environs, ê( même plufieurs
ptovinces. Les principaux fopt, le
Pùttail de. l*Eg£îfe 4ts fmdilant, rue
Saint- Honoré ; VEglifi d€s FUUt
Samte^MâM,, rue Saint* Anuûne; le
Porsaii des MhAuts de la Place
Royale ; une partie de VHôtd de
Coati , VHétel dû Btmlùm , celui 4e
Têulaufc, & ÏBéiti de Un. VEgS/û
du Val'd^Grmce a été bâtie fur fon
defiin , & conduite par ce célèbre
architeôe jusqu'au - deiTus de la
grande comickè du dedans; atais
' ées envieux lui firent interrompre
«e maniaque hâânent» dont on
M A K ççf
doBnsr la conduite à d'autres archi*
te Aes. hUafard a auâî ait les dei^
fins du ChâieoM de Maifonsy dont
il a dirigé tout les hàumens & les
jardins. Il a £ait encoi« conôruire
une ifi^té d'autres fuperbes châ*
teaux ; ceux de Balietoy en Hor**
mandie, de Chci/y-fur'Scine^ de Gêyre
en Brie i un partie de celui de Frefne^
où il y a une ch^^lle qu'on re*
garde conmie un chef - d'osuvre
d'architeâure, &c. C'eft lui qui a
inventé cette forte de couverture
que l'on nomme Manfarde.
IL MANSARD , ( Jules - Har-
doùin ) neveu du précédent , mort
en 270S, à 69 ans, fut chargé de
la conduite de prefquetous les bà-
timens de Lotds XIV. Il devint non-
(}eulement premier architeûe du roi ,
comme fon oncle > mais encore
«hevalier de Saint - Michel, furin-
Pendant & ordonnateur général des
bâtiniens , arts & manuSiôurcs dit
roi. C'eft fixr les deffîns de ce h-*
meux architeâe qu'on a confirait
la Galerie du Palais^royal ,1a. Place
de Louit le Grande celle des VlcLoi^
rjts. Il a Élit le D6me des InyoUdes ^
9i a mis la dernière main à cette
magnifique églife , dont le premier
architfiâe fiit libéral Bru AU T.
Aianfard a encore donné le plan de
la Meifon dt Saint-Cyr^ de la Çafeadû
de Samt-filoud\ de la Ménagerie , de
rOrwi^artf, des Ecuries ^ du Château
4e Fer/ailles, & de la Chapelle, fon
dernier ouvrage, qu'il ne put voû?
fifûr avant fa mort. Voltaire l'a ap«
pelé un coUfiehu brillant *, mais il fiit
g^ par le terrain; & il efi pro»
bable que s'il avoit eu de Ve^ace^
cette chapelle auroit égalé en no*^
blefie fes autces édifices. Manfuré
& le Notre furent les premiers ar*
tilbs honorés du cordon de Sainte»
A^càei, i&anfard employoit pour
pîaireàX.owf X/Ktous les détoura
d'un courdfan. Il lui préientoit
qildq^ttfiois des plans où il lai^^
«6 M A N
M diofcs û abfdrdcs que le rot
k voyoit du premier cpMp d'œil.
Là-deuus Manfard îàpkoît de tomber
€n admiration , & s'écrioit : Votre
Majtfti n'ignoré nm^ & tn fait plu$
m. ttKkiuBurt qut U$ mmkru mimu,
Voyti N o S T R E«
I. MÀNSFELD, (Piene-Emeft
comte de) d'une des plus illuibres
«uûfoas d'Allemagne & des plus
fécondes en perfonnages recomman-
dables , iut Eût prifonnier en i ^ 5 1
dans Ivoy , où il commandoit: de-
puis il Tervit les Catholiques à la
^taille de Montcontour. Ses ta-
lens le firent employer dans les
afiaires les plus délicates. Devenu
gouverneur de Luxembourg , il
maintint la tranquillité dans cette
province, tandis que le refte des
Pays-Bas étoit en proie aux mal-
keurs de la guerre civile. Les états
lui témoignèrent leiu* gratitude , en
plaçant fur la porte de l'hôtel-de-
ville rinfcription fuivante : In Bel-'
gio omma dum vaftat civUt htUum^
Mansfeldus btUo & pace fidus ^ hane
frovlnàam in fidc continu fervatqm
UUtfam , atm fummo poptUt confen/u
^ hilari juamdltate, 11 eut enfuite
le commandement général des Pays-
Bas , & mourut à Luxembourg le
3,1 Mars 1604 , à 87 ans , avec
le titre de Prince du Samt^Empire,
Son mauiblée en bronze , qu'on
voit dans la chapelle de fon nom ,
qui joint l'églife des Récollets à
Luxembourg , eft un ouvrage ad-*
mirable. LouU XIV ayant pris cette
ville en 1684, fît enlever 4 pleu-
feuTes d'un grand fini, qui déco-
toient ce monument. Mantfdd
féunifibit le goût des fciences &
éelui de la guerre, aimoit & en-
courageoit les arts , avoit l'efprit
vafie & porté aux grandes choies.
Mais , comme plufieurs héros an»
dens & modernes , U fut quelque-
fiois avide d'argent & prodigue de
6flg. L'abbé Sdùuuuu a donne Ti^-
M AN
ioirt du comte de Mtnsfeld en 1«*
tin , Luxembourg , 1707. Charles ^
prince deMansfeld, fon fils
légitime , fe fignala dans les guerres
de Flandres & de Hongrie,& mourut
fans poftérité en 1 595 , après avoir
batm les Turcs qui voiûoient fc-
courir la ville de Gran (Strigonie }
qu'il affiégeoit. Foy«^ l'art. Ligne-
ROLLES.
U. MANSFELD , ( Emeft de )
fils naturel de Pierre^Emeft & d'une
dame de Malines , fiit élevé à Bruxel-
les dans la rdigion Catholique par
fon parrain, l'archiduc Emeft d'Att^
triche ; & fervit utilement le roi
d'Efpagne dans les Pays - Bas r &
l'empereur en Hongrie, avec fon
firere Charles comte de Mansfeld,
Sa bravoure le fit légitimer par
l'empereur Rodolphe IL Mais les
charges de fon père , & les biens
qu'il pofiedoit dans les Pays - Bas
Efpagnols, lui ayant été refufés
contre les promeiTes données , il ie
jeta , en i6io , dans le parti de»
princes Protefians. Devenu l'un des
Îdus dangereux ennemis de la mai*
on d'Auûriche , qui l'appcloit VM-^
tila de la Chrétienté, il fe mit» en
16 18, à la tête des révoltés de Bohê-
me , & s'empara de Pilien en 16 19,
La défiiite de fes troupes en dilFé*
rens combats, ne l'empêcha pas
de pénétrer dans le Palatinat. Il y
prit plufieurs places , ravagea 1'^-
face , s'empara d'Haguenau , &
défit les Bavarois. Enfin, il fiit en-
tièrement dé^ lui - même , par
JValftein^ à la bataille depafibu»
au mois d'Avril 1626. Ayant cédé
au duc de JVeimar les troupes qui
hiireiloient, il voulut pafi^ dans
les états de Venile ; mais il tomba
malade dans un village , entre Zara
& Spalatro , & y rendit les derniers
(bupirs le 20 Novembre 1616 , à
46 ans. Le procurateur Nani lepeint^
ainû : >* Hardi , intrépide dans le
n péril. , Supérieur ^ux premiets^
M A N
M génies de ion temps pour une
>« négoclatipn , s'inûnuant dans TeT-
« prit de ceux qu'il vouloit ga-
H gner ; avec une çloquence natu-
«« relie*, avide du bien d'autrui, &
M prodigue du ûea ; toujours plein
*> de vaftes projets & de grandes
^ eTpérances-, il mourut fans ter*
*« rcs & fans argent «. Il ne vou-
lut point mourir dans le lit. Revê*
tu de fes plus beaux habî^ » Tépée
au côté , il expira droit, appuyé
fin deuxdomeftiqties. Parmi les ac-
tions de ce grand capitaine & de cet
homme fiagulier , i^n'y en a certes
pas de plus iinguliere que celle
qu'on va lire. Ce ^général, inftruit
à n'en pouvoir douter, que Cai^el^
celui dé fes oB^krs tuqatl il fe
fioit le plus , commtmiqiioit le plan
de fes projets au chef des Autri*
clûens, n'en montra ni humeur,
xki refliémiment. Il fît donner au
traître ^o rixdales ^ avec une let-
tre pour le .comte de£uijuùy^ coi»*
^ue en ces termes: €ai(e£ étant vc^
trtafftc^nmUftryhtuf y& ndn le mhn ,
je vous P envoie ^n que vous profiiUi
de fes fehiices. Cette aâion. partagea
les eiprits, fie trouva autant decen-
feurs que de pari^mte.^ Quoi qu'il
en €ba , JEjmeft paiTe^ avec raifon ,
pour Vûn> des plus gratads généraux
de.foa -temps* Jamais capitaine ne
fut plus patiemv .plut'^ii^aâgable ,•
ta plus endurci au travail , aux
v^lesv au froid .& à la £dm« Il
mettait desGanaxéev fur "pîcd i « fie r»-
vagepîft les'^roviacès defesenne*
xnis avec une promptitude prefque
incrb^^ble. Les HoUandois dif oient
de Imr: Bonus in auxilio ^ eanu in
pmlo ; c1^-à*dire , qu'il rehdotrde
grands fervices à ceux qui rem«
ployoîent , mais qu'il les' Êdfoit
payer bien cher.
m. MANSFELD, ( Henrt-Fran-
^oir, comte de) dfirU mêmemai-
foâ que les. précédent, Xe ûgnala
daa$ les guerre^ pour la/nocàsictn
M A N '^y^
d'Efpagiie. Il mourut à^Vieftne le
8 Juin 17 15 , à 74 ans , après avoir
été prince du Saint-Eipph-e fie 'de
Fondi, grand- d'Efpagne , maré^
chai- de camp , général des armées
de l'empereur , général de Tartille-
rie, ambafiadeiu* en France 6c en
Ëfpagne , préûdent du confeil au-
lique de guerre fie grand chambel-
lan de l'empereur.
MANSION , ( Colard ) impri-
meur & écrivain du xv* iîecle,étoit,
félon la plus commune opinion , de
Bruges , où il a paiTé prefqne toute
ÙL vie^ On a de lui : L Les Meta*
morph^fes d'O^vîde moraiifécs , tra^
dmtes en français par Manfion ,- ik
ladn de Thonuu Wtdeys , heohîn , &
par bà Imprimées en t^8^ , in-fol, II.
La Pénitmct d*AÂam^ traduite du la-
tin, manufcrit à la bibliothèque du
roi de France, n® 7864. III. On
lui attribue encore la TraducKon de
U Confoiattort de Boè'ce, qu'il im^
prima en 1477, fi^xlu Dialogue de^
Créatures^ Lyon y 1483.
MANSTEIN , ( Chriftophe-Her-
mann de^né àPétersbourg le 1*'
Sq>tembre 1711, férvit long-temps
fie avec diftinâion dans les armées
de Ruj^e en qualité de colonel. Il
paûa en 174^ «u fervice du roi de
Pruffe,. fut nommé génétal-major
d'Infantn-ie en 1754, fit fe diftin^i
gîia 'dans toutes les occatiens par
fa bravoure fie fon habileté dani
l'art de la guerre. En 1757 il fut
blefie è la batûlle de Kolin , fie
peu de temps 'après tué près de
Leutmeritft ^umyèrfelkment regret*
• té par tous ceux qui l'ont connu ;
les etmemb mêmes lui\ donnèrent
des larmes. Mafiilein , dans les mo^
mens de* Ibiiif'que lui laiifoit le
métier périible" de la guerre , fe H^
vrojit â l'étude. Il favoit là plupart
des langues de l'Europe. On a de
lui des Mémoires hifioriques ypoÛtiquei
& miUtairts Jur la Êuffie , Lyon ,
17731 , 2 vol* !»-$• , avec d^ plaiu
56o M A N
truccîo CaJhdCdm^ 1560, îli-4^,eû
'italien , &c.
I. MANUEL CoMNEKE , 4« fils
de Fempereur Jean Comnene &
é' Irène de Hongrie , naquit à Conf-
tantinople en iiix). Il fut couron-
né empereur dans cette ville en
' J143 , au préjudice à*lfaac , fon
frère aîné , honune farouche & em-
porté , que fon père avoit privé par
fon teftament de la fucceffion im-
périale. Ses états ayant été inon-
'dés par les armées de la féconde
Croifadc , les Grecs , incommodés
par ce débordement d'étrangers ,
leur rendirent tout le mal qu'ils
croyoient en avoir reçu. La guerre
<[ue Manuel fouënt contre Roger
roi de Sicile, qui avoit pénétré
dans Tempiic , fut d'abord malheu-
reufe; mais enfin il vimàbomde
chaffer les Siciliens horsde fes pro-
^nces , & fes fuccès les forcèrent
à lui demander la paix. Il paffa en-
iùite dans la Dalmatie& de là dans
la Hongrie , & il eut par-tout à^ts
avantages. Après avoir humilié les
fultans d'Alep & d'Icône , il def-
cendit en Egypte à la tête d'une
Aptte & d'une armée. On prétend
^'il auroit conquis ce royaume ,
fans la trah:fon d*Amauri , roi de
Jérufalem , avec lequel il s'étoit li-
gué pour cette expédition. Ufic
nouvelle guerre avec le fultan d'I-
ïbne, vint occuper fes troupes :
'elle ne fut /pas d'abord heureufe ;
inais la valeur de Manuel délivra
l'empire de ce fléau. Tandis qu'il
làifoit la guerre ^ il s'occupoit de
<fifputes de religion. 11 compofa des
ii^îruâions en forme de catéchif-
me , qu'il prononça lui-même de-
vant le peuple. Ayant la manie de
liîfputer avec les évêques fw les
noints les plus obfcursdenosmyf*
teres,'îl ptopofoit chaque jour de
Aouvelks queftions fur lés paffa-
rles plus difficiles de rEcrid&e.
en ht autre une imponaote ,
•M AN
touchant les qualités de Prêtre H
de Viaime en Jefus^Chrifl -, & les
évêques qui reftiferent de fuivre
fon fentiment , furent dépofés. Le
célèbre Eufiatke , archevêque de .
Thefiàloniqtte , dont nous avons un
favant commentaire fur Hwnm ,
fut de ce nombre. Quelque ten^
après f il entreprit de donner un
nouveau fens à ces paroles de Je*
fus-Chrift ; M^n Père efi plus grand
que moi. Il af!embla dans le palais
les plus favans de l'empire , où
il foutint contre tous l'opinioa
qu il avoit avancée y & leur fit fouf-
crire un décret conçu en ces mots :
n J admets les explications que les
» Pères ont données de ces mots de
n Jefus-Chrifl : Mon Père efi plus
v> grand que moi ; mais }e dis qu'ils
M doivent s^enteodre de fon corps
M qui étoit créé & pafiîble «. Il
n'ofa cependant mettre dans cène
formule fon véritable ientinieat ,
que le Fils étoit moindre -que le
Père , d^Miis (pi'il s'étoit revêtu de
l'humanité. Mais il fit une ordon-
nance , par ' laquelle il menaçoît
d'excommunier ù,- de ^re mourir «
non<fieulement ceux qui la combat*
troient , mais ceux qui penferoient
le contraire '-, & il fit graver fon déo
ctet fur un marbre , qui fiit mis
dans l'églife principale de Confian-
tinople. Sur ia. fin de fa vie « il or*
donna qu'on effaçât du Catéchifine
un anathême prononcé concrm le
Dieu de Mahoma , que ce taux pro-
phète avoit dit ne point engendïer ,
& n'avoir point été engendré. La
décifion de l'empereur » ^ni ren-
verfoit les idées que les Chrétiens
ont de la Trinité , fouleva tous les
efpriil; i& comme cette nouveauté
alloidibcdter une guerre civile , les
évêques convinrent de dire ample-
ment aauhême à Mahomet & à fit
doâriné. Mamul mourut quel^pe
temps après, à la fin de Septembre
X 1 8O9 âî^ d«^^o.9ns» Comme il ^otc
fcandaUfé
MAN
fcuidlalifé réglife Grecque , en dog«
matilant fur les myileres , en fe li-
vrant aux chimères de'l'aflrologie
judiciaire , il fe revêtit avant fa
mort d'un habit de moine. Ce prin-
ce étoit d'ailleurs plein de grandes
qualités : humain , généreux > pa-
nent dans les travaux militaires ,
brave à la tête des armées > & ne
formant que des projets dignes de
Cà grandeur d'ame. Les Latins le
calomnièrent , pour fe venger du
peu de Aiccès de leur croifade ; &
les Grecs , pour Ce dédommager des
impôts exorbitans que les guerres
continuelles de Ton règne occafion-
ncrent.
, n. MANUEL PaléoIogue ,
£ls de Jtan VI ?4gU%lo%ut^^ em»
jpîereur deConftantinople après lui ,
fut encore moins heureux que Ton
père. Les Turcs lui déclarèrent la
guerre l'an 1391 » lui enlevèrent
' Theflalonique , & âilUrent à fe
rendre maîtres de Conftantinoplé
en 1395. Comme fes prédécefTeurs ,
il vint demander aux Latins des
Recours >\qu'il ne put obtenir. Enfin
las des infortunes qu'il éprouvoit^
il remit le feutre à Jtan VlIPaUo*
iogue foA fils , & prit l'habit reli*
l^eux deux Jours avant fa mort ,
arrivée en 1415. Il étoit âgé de 77
ans , & en avoit régné 3 5 . La dou-^
ceur de fon caraâere le fit aimer
de fes peuples. La politique fut la
bafe de fon gouvernement ; mais
comme il ne parut prefque point
à la tête de fes armées , qu'il n'em*»
ploya que des troupes étrangères ,
& qu'il négligea de difcipliner les
fbldats de fa nation , il prépara la
ruine de l'empire. Il eft auteur d'un
Recueil à'Ouvragu imprimé^ fous
fon nom -, on y trouve diTbyle &
de l'éloquence.
m. MANUEL PHILR , Voye^
Phile.
IV. MANUEL , ( Nicolas ) de
M^ae , fit jouer dans cette ville , en
Tome F^
MAP 5^1
tj 11 , deux miférables farCés \ l'un4
efi intitulée : Le Maugmrde Morts i
& l'autre , le ParalUU de /. C, avet
fon Vickin, Quoique Berne fût en«
core Catholique , on ne lui fit
point un crime de cts deux co* ^
médies ^ que quelques littérateur^
ont la foiblefle de rechercher. Il
fut fait confeiller peu de temps
après , & employé à plufieurs né-
gociations. Il efl le traduûeur du
Recueil de Procédures contre des Ja*
cohlns exécutés à Berne^en lyoç peut
crime, de forccihrle , auquel Traité font
accouplés des Cordelltrs d' Orléans pour
fareilh impofture i Genève , 1566 .
in-8^ , » 1 t
MANZO» (Jean-Baptifle) mar-
quis de Ville ^ fervit quelques an*
nées dans les troupes du duc de
Savoie & du roi d'Efpagnc ; puis
fe retira à Naples , fa patrie , pour y
cultiver à loifir les Mufes & les Let-
tres. Ce fut un des principaux fon-
dateurs de l'académie degU Oîiofi d%
Naples» Il y mourut en 1645 > à 84
ans. On a de lui ; 1, DelC amore Dia*
ioglù, à Milan, 160S , in-8^ IL
Rime , 1635 ; in-i2. IIL Vka del
Tajfo^ 1634, in-ia. Many>ii' étoit
pas un poète du premier rang ; mais
on ne doit pas le compter non plus
parmi ceux du dernier*
• MAPHÉE , Voyei les Maffée*
MAPHÉE , (Raphaël) dit ls
VoLATMRRAN , nom qu'il tenoit de
la viUe de Volterre enTofcane*
où il vit le jour en 1450 , fe fie
connoitre & par fes ouvrages , &
par les verfions qu'il fit de ceux des
autres. Entre les produéKons du
premier genre , on diftingue fes
Commentaria Urbaaa^ Lyon^ 1599»
in-folio , eftimés. Parmi celles du
fécond genre , oH cite les Traduc-^
tions latines , de 1 '(Economique de
Xénophon; de l'Hifloire delà Guerre
de Perfe , & de celle des Vandales ,
par Procope de Céfurée^ de X OraU
fons de S^ Bafilfi , &c. &<:. Ls Voh'*
Nn
y«x M A R
Ètnan paya la dette commune dafis
i4 ville natale, en 15 21 , âgé de 71
ans.
MARACa , ( Louis ) membre
de la congrégation des Qercs ré-
guliers de la Mtre de Dieu , né à
Lucques l'an 161 2 ^ mourut en
1700 y à ^7 ans. Il s'eft bk un
AOffl célèbre dans la république
des lettres , par un ouvrage eftimé
& peu commun en France , intitulé :
Alcoranî textus univerfus , arahîcè â*
iatittè , Padoue » 1698 , in-foU 2 vol.
L'auteur a joint à cette tradu£kion
de l'Alcoran , des notes , une réfu*
dation S(. une Vie de Mahomet :
[ Voye^ ce mot. } Les favans en
kngue Arabe y ont trouvé plu-
iieurs fautes , qui n'ôtent rien au
mérite de fon tr^ail. Sa réfiitation
du Mahométifine n'eft pas toujours
afiez folide. On y teconnoît qu'il
é«>it plus verfé dans la leéhtfe des
auteurs mufulmans que dans la
philofophie & la théologie. C oft
le jugement qu'en porte Richard
Simon dans fa BSbliotheque choljîe,,,
JMaracà eut une gtande part à l'é-
dition de la Bihle Arabe , à Rome ,
1671 , in-fol. „ ^ vol. Ce fevant
prolcfi^ l'Arabe dans le collège de
la Sapience ^ avec beaucoupr de
fuccès. Innocent XI , qui refpeâoit
autant Tes vertus qu'il eftimoit fon
£ivoir y le choiût pour fon con-
feiTeur , & Tauroit honoré de la
pourpre y Ci l'hiunilité de Maracct
se s'étoit oppofée à cet honneur.
On a auili de lui une Vie en Ita-
lien de Leonardl , inftituteur de fa
congrégation. Voye^ les Mémoires
du r. Niceron , ( Tom, 41. ) qui
«lonne un long catalogue de fe&
ouvrages.
MARAIS, ( Marin } célèbre mu-
ficien , né à Paris en 1656 > fit
des progrès û rapides dans l'art de
jouer de la viole, que Saint^Coiomhe
fan maître ne voulut plus lui don-
née de leçons paiTé iix mw^ U
M A R
porta la viole à fon plus havt
degré de perfeâion , & im^na le
premier de Eure filer en laiton les
trois dernières cordes des baâes ,
afin de rendre cet infbumem plus
£6nore. On a de lui divcrfes Pièce*
de Viole , & pluiieurs Qj^ra ; celui
^*Alclont paâe pour ibn chef*
d'oeuvre. On y admire fur - tout
une tempêce qui taie un effet pro- 1
digieux. Un bruit fourd & lugu*
bre , s'unifTant avec les tons algu&
des flûtes & autres in^umens ^
rend toute l'horreur d'une mer
agitée & le fixement des vent»
déchaînés; On admire dansfbsour
vrages la fécondité ^ la beauté d9
fon génie, jointes à un goût ex-
quis , $c à une compoôtioa fà*
vante. Cet illuflre muficien mourut
en 1728» à 72 ans» laiâânt neuf
enfans , dont quelques-uns pamci- <
perent à fes talens^
MARAIS, roy<^ Marêts^. &
RfCNIER, n^ II.
MARAIS, (Du) Voye^ Palit-
DANUS.
MARALDI ^ ( Jacques-Philippe>
favant mathématicien & célebjre af»
tronome , de l'académie desfdeoces^
naquit à Périnaldo >. dans le comtf
de Nice , en 166 j , de François
Maraldi , & d'Angele- Catherine Caf^
fini , ibeur du £suneux agronome
de ce nom. Son oncle le fit venie
en France l'an 1687 » & Maraldi
s'y acquit une grande réputation
par fon favoir & par fes obferva*
tions. £n 1700 , il travailla à U
prolongation de la femeufe Méri^
dienne jufqu'à l'extrémité méri-
dionale du' royaume. Le pape
Clément XI profita de fes lumieie»
pour la corre^on du Calendrier »
dans un voyage qu'il fit à Rome»
£n 1718, il alla avec trois autres
académiciens terminer la grande
Méridienne du côté du Septentrîoo.
A ces voyages près , (dit Fomenelk J
il pafla toute Ia vie confeiimé dan^
J
M A R
f obfervatoire , ou plutôt dans le
Ciel, d'où fes regards & fes re-
cherches ne fortoient point. Son
caraâere étoit celui que les fciences
çlonnent ordinairement à ceux qui
en font leur occupation : du férieux ,
de la iîmplicité , de la droiture.
U porta au plus haut point le fen-
timent de la reconnoiiïance qu'il
avoit pour fon oncle. Cajfînl eut
un fécond fils daûs le fenfible
Maraldl, L'académie & fes ami$ le
perdirent le i*'' Décembre 1719 , à
64 ans. Dans fa dernière maladie ,
il employa le feul remède auquel
il eût confiance, une diète auflere ;
mais nul remède , dit TonunelU , ne
rëu/Ht toujours On a de lui un
Catalogue manufcrit des Etoiles fixes ,
plus précis & plus exaâ que celui
de Bayer, U donna un grand nom-
bre à' Ob/ervdtlons curieufes & in-
téreffantes dans les Mémoires de
l'académie. Celles qu'il fit fur les
Abeilles 6c fur les Pétrifications ,
eurent auffi un applaudifTement uni-
vcrfel.
MARAN, ( Dora Prudent) Bé-
nédidHn de la congrégation de Saint*
liïaur, né en 1683 , àSezanne en
Brie , fit profeflion à l'âge de 19
ans , & mourut en 1762 , dans fa
80* année, après avoir donné du
luilre à fon ordre par fon érudi-
tion & fes ouvrages. Sa charité »
fpn amour pour PEglifé , & les
qualités de fon cœur , cauferent les
plus vifis regrets à fes confrères.
Des migraines fréquentes l'obligeant
de recourir à la faignée , la der-
nière qu'on lui fit , lui devint fii-
nefle : elle fut fuivie d'une hydro-
pàie qui l'enleva prefque fubite-
ment. On a de lui : I. Une bonne
édition des Œuvres de S. Cyprien ^
il a eu beaucoup de part à celles
de S. Bafile & de 5. fuBn. II. Di-
yhùtas Domlni Jesu-ChkistI manl-
fcfiata in Scripturis & traditione ,
1746 y ia-fol, m. La Divinité de
M A R 565
Notre-Seignatr JjlsuS'Christ prou*
véc contrôles Hérétiques , 175 i , 3 vol.
in-i2. Cet ouvrage efl la traduc-
tion du précédent -, & , quoique l'un
& l'autre foient folides , ils ont eu
peu de débit. IV. La Doctrine de
écriture & des Pères fur Us pUiifons
thhacuUufes, 1754 ^ in- il. y. Lei
Grandeurs de Jésus - Christ & la
défenfe de fa divinité ^ 1756, in-12.
Ces différentes produâions décè-
lent un homme favant; mais on y
trou vc rarement l'écrivain élégam
& précis. La mort furprit cet auteur^
lorfqu*il s'occupoit à une nouvelle
édition des Œuvres de 5. Grégoîrt
deNazianze , qui n'a pas vu le jour.
MARANA , ( Jean-Paul ) né vcr«
1642, à Gênes ou aux environs ,
d'une famille diftinguée, h'avoic
que 27 à 28 ans, lorfqu'il fiit im-
pliqué dans la conjuration de ItéP>
phdél de la Torre , qui vouloit li-
vrer Gênes au duc de Savoie^ Aprè^
quatre ans de prifon, il fe retira à
Monaco , où il écrivit VHlftoire de
ce complot. S'étant rendu à Lyon ,
il la fit imprimer en 1682 , in-12 ,
en italien. Cette Hifloire, femée
d'anecdotes importantes , offre des
particularités curieufes fur la ma-
njete dont Louis XIV termina les
différent entre les G^ois & le duc
de Savoie. Marana aVoit toujours
eu du goût pour Paris; il s'y rendit
en 1682. Son mérite perça, &plu-
fieurs grands feigneurs furent fes
Mécènes, C'efl pendant fon féjoiir
dans la capitale qu'il publia fon
Efpîon Turc^ en 6 vol. in- 12, aug-
mentée d'un feptiemeen 1742, date
de la dernière édition de cet ou^
vrage. Quoique le flyle ne foit ni
précis , ni correâ , ni élégant , le
public le goûta extrêmement. Ma^
rana avoit fu intérefTer la curiofité
par un mélange amufant d'aven-
tures piquantes , moitié hifloriques,
moitié romanefques , que les gens
peu infh-uits prenoient pour vén*
N n i;
ç«4 M A R M A R
tables. Les perfonnes éclairées ne pdntre ordinaire. Il mourut conW
'^ ' ■ ' blé d'honneurs à Rome le ly Dé-
cembre 171 3, à 87 ans. Une extrême
s'y méprirent pas. On vit bien
que ce n'étoit pas un Turc qui
ccrivoit ces Lettres imaginaires;
mais un auteur de nos contrées,
qui fe fervoit de ce petit artifice ,
foit pour débiter des chofes har-
dies , foit pour répandre des nou-
velles vraies ou faufles. Les trois
premiers volumes furent applaudis
modeftie , beaucoup de complai*
iance & de douceur , formoient fon
caractère. Non content d'avoir con-
tribué à la confervation des pein-
tures de Raphaël au Vatican, & de
celles des Caraches dans la galerie
du palais f arnefe , qui menaçoient
les trois autres , beaucoup plus foi- d'une ruine prochaine , il leur ût
blés, le dirent moins *, & les uns
& les autres ne font plus lus à
préfent que par la jeuneife crédule
& oiûve. On a donné une fuite
de cet ouvrage qui efl aâuellement
en 9 volumes in-i 1, Beaucoup d'au-
teurs l'ont imité, & nous avons eu
encore ériger des monumens dans
l'églife de la Rotonde. Ce peintre
a fu allier la nobleiTe avec la im-
plicite dans fes airs de tête -, il avoit
un grand goût de deffin. Ses exprcf-
fions font ravifïantes , fes idées
heureufes & pleines de majeilé , fon
une foule d'E/pIons des Cours^qui n'é- coloris d'une fraîcheur admirable,
toiënt jamais fortis de leur cabinet II a parfoitement traité l'Hîftoirefic
ou de leur galetas. Marana vécut à l'Allégorie. Il étoit très-inffa-uit de
Paris dans une médiocrité aiïbrtie ce qui concerne rarchiteâure & la
àfa&çon de penfer, depuis 16S2, perfpefHve. On a de lui plufîeurs
îufqu'en 1689. Le défu- de la re- Planches gravées à Te '
traite le porta à fe retirer dans une
iblitude d'Italie , où il mourut en
1693. On ne peut difconvenir que
Cet auteur n'eût la mémoire ornée
& l'efprit d'une vivacité agréable ;
mais il effleure tout & n'approfon-
dit rien. Plutarque , Scneque , les deux
Pâius & Paureult étoient fes auteurs
lavoris. ^
MARATTE, { Charles ) peintre en 1 581 , a 60 ans , efl auteur d'un
& graveur, naquit en 1Ô15 , à Ca- livre peu commun & fîngulier. Il
' ~ parut en 1578 fous ce titre : f£<fe«
Je su & Jefuitarum\ hocefiy Coliaùm
docirinct DemîninofirîjEsU CnRlSTt^
cum docirlna Jefultarum, Il n'étoit
point ami de cette Société, & il
écrivit auïfi contre le favant P.
Canîfius,
MARBODE, évêque de Rennes,
eau-forte , où
il a mis beaucoup de goût & d'ef-
prit. On a aufli gravé d'après cet
habile maître. Il a fait pluiîenrs
élevés ; les plus connus font Chîari^
Bercttorti & Pajforî. Ses principaux
ouvrages font à Rome... F. Fage.
M A R B A C H , ( Jean)minîfbtt
Pi-oteftant d'Allemagne , né à Lin«
daw en I521 , mort à Strasbourg
merino dans la Marche d'Ancone.
'Dès l'enfance , il exprimoit le fuc
des herbes & des fleurs , pour pein-
dre les figures qu'il deflinoit fur
les murs de la maifon de fon père.
Envoyé à Rome à onze ans , il fut
l'élevé de Sacchi, & devint un maî-
tre dans cette école. Il étudia les
ouvrages de Raphaël ^ des Caraches natif d'Angers, étoit, félon D. iSeoif
Çc du Guide i & fe fit , d'après ces gendre , de l'illuftre famille de Afar-
grands hommes , une manière qui bauf. Après avoir enfeigné la rhé-
le mit dans ime haute réputation, torique à Angers avec réputation ,
Le pape Clément -Y/ lui accorda une il mérita l'évêché de Rennes , en
penfion & le titre de chevalier de 1096, par fon favoir & fa. piété.
ChrifU LoMs XIV le uQixuna fon II gouverna fon diocefe avec beaup
M AR
'tàyxp de fagefTe & de capacité. Il
fut aiUE chargé de la conduite de
celui d'Angers , pendant rabfence'
de Raînaud , évêque de cette ville.
Son efprit brilla beaucoup au con-
cile de Tours en 1096 , & en 1 114 ,
à celui de Troyes. Marbodt quitta
fon évêché fur la fin de fa vie,
pour prendre l'habit monaiHque
dans l'abbaye de Saint-Aubin d'An-
gers. Il mourut faintemént dans cette
douce retraite le 11 Septembre
11x3 , ^ ^^ 3i^s> laiiTant la bonne
odeur d'im évcque également efti-
mable par fon efprit, fon éloquence,
€gL mémoire, fa folUcitude paftorale,
fa charité , fa douceur & fe fermeté.
On a de lui vi Lettres & plufieurs
ouvrages , recueillis par Dom Beatk-
gendre , & imprimés à Rennes , 170^,
à la fuite de ceux d*HUdebert , in-
fol. Ils furent eflimés dans leur
temps , & ils peuvent fervir dans
le nôtre à éclaircir plufieurs points
de difciplîne. Quoique TEglife ne
rende à Marhode aucun culte pu-
blic , Dufaujfai l'a inféré dans fon
Martyrologe Gallican au 11 Sep-
tembre , & lui a donné la qualité
de Saiat. Voyei Mainferme.
I. MARC , ( S. ) Evangélifte ,
converti à la foi après la réfur-
re^ion de Jefiis-Chrift, fut k dif-
ciple & l'imerprece de 5. Pierre. On
croit que c'eft lui que cet apôtre
appelle fon fils/plrltuely parce qu'U
Favoit engendré à Jefus - Girift.
Lorfque 5. Pierre alla à Rome pour
la féconde fois , Mar-c l'y accom*»
pagna. Ce fïit là qu'il écrivit fon
Evangile , à la prière des fidelles ,
qui lui demandèrent qu'il leur don-
nât par écrit ce qu'il avoit appris
de la bouche de S. Pierre, On efi
fort partagé fur la langue dans la-
quelle il récrivit ; quelques - uns
foutiennent qu'il le compofà en
grec , d'autres en latin. On morf^
tre à Venife quelques cahiers , que
l'on prétend être l'original dfr la
M A 'R ^6ç
main de S, Marc, La quefiion fe-
roit bientôt décidée, fi Ton pou«
voit lire le manufcrit &' en prou-
ver l'authenticité •, mais, outre qu'il
efl tellement gâté par la main du
temps, qu'à peine en peut - on dif-
ceiner une feule lettre , il faudroit
encore prouver que c'efl vérita-
blement l'original de S, Marc,., Cet
Evangile n'eft prefque qu'un abré-
gé de celui de S, Matthieu, L'au*
teur emploie fouvent les mêmes
termes ^ rapporte les mêmes hif-
toires , & relevé les mêmes cir-'
confiances. Il ajoute quelquefois de
nouvelles particularités , qui don-
nent un grand jour au texte de 5.
Matthieu, Soncaraûeredifiinâifeft
d'avoir marqué la royauté de Je-*
sus-Christ : ce qui a fait attribuer
à cet Evangélifte le Lion ,. l'un des
quatre animaux de la vifion du pro-
phète Eiéchiel,., S. Jérôme rapporte
que le dernier chapitre de l'Evan-
gile de S, Marc , depuis le verfet
9 , nefe trouvoit point de fon temps-
dans les exemplaires Grecs % m^x»
il n'en efi pas moins authentique ^
puifqu'il eu reconnu par S, Irenésr ,
& par plufieurs anciens Pères , &-
que d'ailleurs il fe trouve dans d'au-
tres exemplaires. Pour ce qui efi
de lai^w^ftf&dela Vie de S. Bar-^
nahéy qu'on a attribuées à cet écri-*
vain facré , il eft certain que vi
l'une ni l'autre n'eft de lui. L'em-
pereur Claude ayant chafTé de Rome
tous les Juifs , S, Marc alla en
Egypte pour y prêcher l'Evangile *
& fonda l'Eglife d Alexandrie. Voilà
ce qu'une tradition ancienne &,
confiante nous apprend -, les au<«^.
très circonfiances de la vie & do-
la mort de cet evangélifte , rap-. •
portées dan^ fes Aftes ^ font in-
certaines & fabuleufes. S, ^ Marc efl*
le patron tutélaJre de la républiques
de Venife : Foyei Gradenigo.
11. MARC , hérétique & difd-
pie de Valentln d?uis lé deiuâfime:
N a '\i\
k66 m a R
uecle, réSoraa en quelques poiflts
le {yûèmit de fon maître. Valentin
Aippofoit dans le monde un ETprit
éternel & inâni , qui avoit produit
la Penfée *, celle-ci avoit produit
im ETprit. Alors VB£^nt & la Pen-
fée avoient produit d'autres êtres
qu'il nommoit J^ns : en forte que,
pour la produéhon de fes Eons ,
Valeatm iaifoit toujours concourir
p]uiieu£s£oAx , & ce concours étoit
ce qu'on appela le mariage des
Mans, n Marc conûdérant ( dit M.
Pluquu)» que le premier Principe
» n'étoit ni mâle ni femelle , &
»• qu'il étoit £eul avant la produc-
t tion ées Ecns , jugea qu'il étoit
>t capable de produire par lui-mê-
» me tous les êtres , & abandonna
n cette longue fuite de mariages
n des Eons que Falentîn avoit ima-
¥ ginés. Il jugea que l'Etre ûiprê*
» me éant feul , n'avoit produit
** d'autres êtres que par l'expref-
»» fion de ÙL volonté. CcGl ainfi que
M^ la Gcnefi nous repréfente Dieu
M créant le monde ; il dit : Que la
y* bamen fc faffe , & la luntkrtftpt,
f^ C'étoit donc par fa parole , &
>t en prononçant, pour ainûdire,
>» certains mots , que l'Etre fuprê-
M me avoit produit des êtres diftin-
»» gués de lui. Ces mots n'étoient
^ point des fons vagues « & dont
*t la .fignification fût arbitraire*, car
>» alors il n'auroit pas produit un
'« être plutôt qu'un autre. Les mots
M que l'Etre fuprême prononça
)« pour créer les êtres hors de lui ,
9» ezprimoient donc ces êtres-, &
M la prononciation de ces mots
>t avoit la force de les produire.
H Ainfi l'Etre fuprême ayant vou-
M lu produire un être feinblable à
»« lui , avoit prononcé le mot qui
H exprime l'dTence de cet être ; &
» ce mot eft archi , c'eft-à-dire ,
» principe. Comme les mots avoient
v% une force produébice , & que
H les mots étoient compofés delet*
M A R
A trttyles lettres de l'alphabet rêikS
*« £ermoientauffi une force produc*
^ trice , & eiTentiellement produc-
»> trice. Enfin , comme tou& les
» mots n'étoLent formés que par
** les combinaifons des lettres de
>* l'alphabet, Marc conduoit que
»• les vingt-quatre lettres renfer-
>* moient toutes les forces , toutes
^ les qualités & toutes les vertus
»♦ poflibles , & que c'étoit pour
^ cela que Jefus-Chrifl avoit dit
>» qu'il étoit VAlfha & VOme^i.
>* Puiique les lettres avoient cha-
^ cune une force produârice ,
»» l'Etre fuprême avoit produit im-
>* médiatement autant d'êtres qu'il
^ avoit prononcé de lettres. Mare
>* prétendoit que , félon la Gaufi ,
^ Dieu avoit prononcé quatre mots
^ qui renfermoient trente lettres *,
^ après quoi il étoit , pour ainû
»» dire , rentré dans le repos , d'où
>« il n'étoit forti que pour produire
»^ des êtres diflingués de lui. De
>« là , Marc concluoit qu'il y avoit
>* 30 Eons produits immédiatement
>t par l'Etre fuprême , & auxquels
>* cet Etre avoit abandonné le foin
>t du monde. Voilà , félon 5. Jn*
» née, quels étoient les fentimens
»♦ du Valentinien Marci<» Cet im-
poileur s'attachoit pardculiérement
à féduire les femmes , fur-tout cel-
les qui étoient puifTantes , riches ou
belles. U pofTédoit l'art d'opérer
quelques phénomènes finguliers ,
qu'il fit paifer pour des miracles.
Il trouva ( par exemple ) le fecret
de changer , aux yeux des fpeâa-
teurs , le vin qui fert au facrifice
de laMeâe , en fkng, par le moyen
de deux vafes, l'un plus grand &
l'autre plus petit. U mettoit le vin
deûiné à la célébration du facri*
fice dans le petit vafe , & faifoit
une prière. Un inôant après , la li"
queur bouiHonnoit dans le grand
vafe , & l'on y voyoit du fang au
lieu du vin. Ce n'étoit apparent
j
M A R
fsem que ce que l'on appelle coitt-'
miuiément U Fontaine dtt Noces
ée Orna, Ceft un vafe dans lequel
on verfe de l'eau : Teau verfée bit
monter du vin , que l'on a mis
aupsa-avant dans ce vafe , & dont
tl îe remplit. ^Man ayant perûiadé
ieaoL focs qu'il cKangeott le vin en
fang , prétendoit qu'il avoit la
plénitude du Sacerdoce , & qu'ti
4m poffédoit feul le carai^ere. Les
femmes les plus iUuftres , les plus
riches & les plus belles l'adm»-
roient & l'aimoient. 11 leur dit
qu'il avoit le pouvoir de leur
communiquer le don des mira-
cles \ elles votilupent efTayer. Mare
leur fit verî^r du vin du petit vafe
dans lé grand ^ & il prononçoh
pendant cette transifiiûon la prière
Vivante : Que la gmce de Dieu ,
^ni tfi avunt toutes chofes , & qu'on
ne peut concevoir ni expliquer , per*
JiHionne en nous l'komme intérieur j
qrielle oMpnèntt fâ conuoljfance , en.
Jetant U ffwn de femence fur la bonne
terre, A peine Marc avoiMl pro-
noncé ces paroles , que la li-
<[ueur qui étoit dans le calice
bouiUonnoit , & le fang couloît
& rempliffoit le vafe. La profé-
lyte étonnée croyoit avoir fait
tm miracle -, elle étoit tranfpor-
iée de joie *, elle s'agitoit , fe
troubloit > s'échauffoit jufqu'à la
-ftireur , croyoit être remplie du
5aint-Efprit, &prophétifoit. Marc^
profitant de ces dernières impref-
ëons , difoit à fa profelyte que la
fource de la grâce étoit en lui , &
^u'il la communiquoit dans toute
fa plénimde à celles fur qui il vot>-
loit la répandre. On ne doutoit
pas du pouvoir de Marc , & il avort
la liberté de choilir les moyens
qu'il croyoit prç^res à la commu-
nicpier.
III. MARC , ( S. ) Romain ,
fuccéda au pape Sytvtfire 1 le
^ Janvier 33^ , & mourut le
M A R 5S7
7 Oé^obre de la même année. On
lui attribue une Epitre ^ adreHée
à 5« Athanafe & aux évêquei
d'Egypte ; mais les critiques la
mettent au nombre des ouvrées
ftïpppfés.
IV. MARC , évêque d'Aréthu-
fe , fous Conjiantln le Grand y fau*
va la vie à Julien , qui fut depuis
empereur. U ai&fta au concile de
Sardiqne en 347 , & à celui de Sir-
mich en 351. Les Païens leperfé-
cuterent fous le règne de Julleft
i'Apoflat, parce qu'il avoit détruit
un temple magnifique confao-é aux
Idoles. U employa le reile de fea
jours à Convertir les partifans dw
Paganifine. U mourut fous JovlnUn
ou fous Valins* S. Grégoire de Na-
zianze fait de lui un grand éloge.
L'Ëgltfe Grecque honore publique-^
ment fa mémoire le( 13 Mars.
V. MARC , furnommé VAfcé^
tique y célèbre folitaire du iv® fiè-
de , dont nous avons neuf Trakéi
dans la Bibliothèque des Pères.
VI. MARC Eugénique , ar-
chevêque d'Ephcfe , fut envoyé ert
1439 3U concile de Florence, aii
nom des évêques Grecs. Il y fou-
tint leur caufe avec beaucoup de
forcé & de fUbtilké, & ne voulut
point figner le décret d'union. Dô
retour à Conihntinople, il s'élevë
contre le concile de Florence. On
«I de lui pluficurs Ecrits compofés
à ce fu]et, qui font inférés dans U
Colleâion des Conciles ; & d'au-
tres ouvrages, dans lefquels oA
trouve de l'érudition & de la cha-
leur. Cet archevêque avoit profeffé
l'éloquence avccfuccès, IKniourut
peu de jours après fa difpute avec
BarthéUml de Florence , en proteftanc
qu't/ ne voulait pas qu*aucun de ceux
qui avaient figné l*itnlon , ajjiflât àfes
funcraîlUs , ni qu'ils priaient Dieu
pour lui. Tant il cft vrai qu'un zèle
mal-entendu fait fothrcnt commet-
tre des «^Avdités aux plus beaux
N n iy
56S M A R
génies ! Marc d'£/iAe/êavoitun frè-
re appelé Jean , qui vint avec lui à
Florence, & qui publia un Ecrit con*
tre le concile tenu dans cette ville.
VIL MARC-ANTOINE, Ttîum-
w, Voye^ IlL Antoine ; IL Ca-
X.ENUS-, IL JULXB; NONIUS; (it
yOLUMNIUS.
VIIL MARC-AURELE ANTO-
NIN ,4e PhUofophc, né le 16 Avril
Tan 121 de JeTus-Chrid, de Tancien-
sie famille des Annîus^ fîit adopté par
i^ntolnc U pieux « qui Tafibcia à
l'empire avec Ludus-f^erus ^ coufin
de cet empereur. Après la mort
é'Àneonin^ Tan 161, on proclama
d'une voix unanime MarcJureU^
qui , quoique le trône eût été dé*
Céré à lui Teul , en partagea les hon-
neurs & le pouvoir avec Luàus-
Vents , & lui donna fa fille UtàlU
en mariage. Rome vit alors ce
^'elle n'avoit point encore vu, deux
fouverains à la fois \ & deux
Souverains qui , avec des mœurs
bien différentes, n'avoient qu'un
cœur & qu'un dfprit. Marc - Ameli
^voitpris, dès l'âge de 12 ans, le
manteau de philofophe. Sa vie
avoit depuis été fobre & auilere. Il
couchoit fur la terre nue , & ce nç
fut qu'à la prière de ùl mère qu'il
prit un lit \m peu plus commode.
Ses maîtres de philpfophie ne lui
avoient point appris à faire de vai-
nes déclamations & des fyUogiihies
ridicules , ou à lire dans les Aibes ;
inais à avoir des mœurs & de la
vertu. Devçnu empereur, il s*ap-
.pliqua à régler le dedans de l'état,
& à le faire refpe^^er au dehors»
Il remit en vigueur l'autorité du fé-
nat , & afSila à fes afTemblées avec
l'ailldulfié du moindre fénateur. Non-
feulement il délibéroit de toutes les
affaires militaires , civiles & poli-
tiques , avec U^ plus fage^. de la
yille 4 de la cour & du fénat ; mais
«Rwrç il içférpi; à içws ayis plu-
M A R
t6t qu'au fien. Il efi plus raîfoiuisi
blc^ difoit'il, de fulvre C opinion dé
plufieurs perfonnts éclairées > que^ de lu
obliger de fe foumeun à otlU d'un
feul homme. S'il étoit attentif à con*
fulter, il ne l'étoit pas moins à
iûre exécuter. U difoit >* qu'un em-
» pereur ne devoit rien £ûre ni
M lentement « ni à la hâte ; & que
M la négligence dans les plus pe-
M tites chof^ influoit dans les plus
M grandes m. Sa circonfpe^on pour
le choix des gouverneurs de pro-
vinces & des magiftracs , fut extrê-
me. Cétoit une de Tes maximes ,
» qu'il n'étoit pas au pouvoir d'un
>» prince de créer les hommes tels
>« qu'il les vouloit ; mais qu'il dé"
n pendoit de lui de les employer
>f tels qu'ils étoient , chacun félon
V f on talent ««. PerTuadé que le prin-
ce efl au-defTous des lois , il ne fe
regardoit que comme lliomme-d'af-
Êiires de la République. Je vouf
donne ctue épée, dit -il au chef du
prétoire, pour me défendre tant qu^
je m'acquitterai fidellcrncnt de mon de»
voir i mais elU doit fervîr à tnc punir ^
fi j'çvhlie que ma fcnSlon efi dt faire
U honhmr des Romains, U demandoit
permi(2îon au fénat de prendre de
l'argent dans l'épargne j car, difoit-
il , rien ne m'appartient en propre , ^
la mai/on même que j'habite eft à vous^
Un gouvernement tel que le fien,
ne pouvoit manquer de lui conci-
lier l'amour & l'eflime du fénat
'fit du peuple. L*un & l'autre cher-
chèrent à lui en donner des mar*
ques par les nouveaux hom^urs
qu'ils voulurent lui rendre; mais
Û refîifa les temples Çjl les aute'&
itf vertu feule y dit^il, égale les hooh
mes aux Dieux, Un Roi yij/fe a l'U»
-niyerspourfon umple, & les gens4fi
bien en fofu les Prêtres & les Mi^
nijbts. Une pefle générale ravàgen
l'Empire fous fon règne. A ce fîéau
fi fimefle fuccéderent les trembler
ipea$ de tenç, ].a (winc » les mw^
J
M AR
ianons , les chenilles; & tout cela
cnfemble devint fi terrible i que ^
fans la vigilance de MarcAurele^
l'empire Romain alleit devenir la
/proie des Barbares. Les Germains ,
les SarmateSf les Quades & les
Marcoman?, prenant occafion de
ces calamités , firent frniptiondans
l'empire Tan 170, pénétrèrent en
Italie , & ne furent repoufies qu'a-
près avoir fait beaucoup de rava-
ges. La perfécution des Chrétieiis
parut un ade de religion , propre
à calmer le courroux du Ciel *, &
Marc'AunU , cruel par piété , fouf-
frit qu'on les persécutât. Les Bar-
bares ajrant fait une nouvelle irrup-
tion dans l'empire , l'empereur les
défit , les chafia , & procura la paix
a fes fujets par des viâoires. Il em-
ploya fes momens de tranquillité
à réformer les lois , à en donner,
de nouvelles en faveur des orphe-
lins & des mineurs. Il défarma la
chicane, fit des réglemens contre'
le luxe , & mit un frein à la licen-
ce générale. Une nouvelle ligue
des Marcomans & des Quades , jeta
l'empereur dans de nouveaux em-
barras. Pour ne pas charger le peu**
pie d'impôts , il fit vendre les plus
riches meubles de l'empire , les
pierreries , les fiatues , les tableaux ,
la vaifTelled'^r & d'argent , les ha-
bits même de l'impératrice .& fes
perles. Cette guerre fut plus lon-
gue &: d'un fiiccès plus douteux
que les premières. Ce fut durant
cette guerre que Marc^AunUy fe
-trouvant refiîerré par les ennemis
dans une forêt de Bohême > ob-
tint ( fuivant T^rtulUm ) par les
prières de la Légion Miiîdne, qui
étoit Chrétienne , une pluie abon-
dante qui défaltéra (on armée prêtr
 périr de foif. Les Païens attri-
buèrent ce miracle à Jupiter plu-
vieux ; mais on prétend que Marc-
Jturtté en fit honneur , avec plus
M raiCoa , au Diçu des QirécienSy
M A R 56^
& qu^l défendit depuis de les^ac-^
cufer & de les perfécuter. Les Bar*
bares, vaincus par les manières
généreufes de ce héros bienfaifcint,
autant que par fes exploits mili-
taires, fe fournirent un an après «
ea 175 , la même année qu*Ayidius'-
Cajfms fe fit proclamer empereur.
MarcrAureU fit des préparauéi pour
marcher contre lui ; mais ce rebelle
fut tué par un centenier de fcn
armée. On envoya la tête de ce
miférable à l'empereur, qui refii-
fa de la voir , & qui brûla toutç»
fes lettres , pour n'être pas obligé
de punir ceux qui avoient trempé
dans fa révolte. Il fit même en-
tendre ,, que >♦ ^ Cajfus avoir été
Vf en ùm .pouvoir , il ne s'en fe-
» roit vengé qu'en lui laifiîant la
» vie « ; & pardonna à toutes les
villes qui avoient embrafifé fon
parti. Il pafia enfuite à Athènes ,
y établit des profefTeurs publics,
auxquels il afiîgna des penfions &
accorda des immunités. De retour
à Rome, après huit ans d'abfence ,
il donna à chaque citoyen huit pie^
ces d*or , leur fit une remife gé-
nérale de tout ce qu'ils dévoient
eu tréfor public ; & , à l'imitation
de Trajan , il brûla devam eux dans
la place publique les aâes qui les
conflituoient débiteurs. 11 éleva'
auffi un grand nombre de fbraes
aux capitaines de fon armée, morts
dans la dernière guerre. Pour fe
décharger un peu du poids de l'em-»
pire , il défigna pour foÀ fucceiP>
ieur fon fils Commode , & fe retira
pour quelque temps à Lavinium.
Là , entre les bras de la philofo*
phie qu'il appeloit fd Men , par
oppofition à la cour qu'il nom-»
moit /a Marâtre , il répétoit fou-
vent ces paroles de Piaton : Hew
veux le peuple dota Us Rois font Phi"
lo/ophcs , & dont les Philofophes font
des Rois ! Ce bon prince croyok
jouir d'uœ tranquillité honorable.
570 M A Tl
Une nouvelle irrupten ée§ peu-
ples du Nord , le ibrça à repren-
dre les armes. U marcha contre
«tix , & deux ans après ion départ de
Rome , il tomba malade à Vienne
en Autriche , de mourut à Sirmich
le 17 Mars 180 , à ^9 ans , a^rès
en avoir régné 19. On attribua fa
snort à Tart funefte des médecins
gagnés par Commodt ; mab ces bruits
peuvekit bien n'avoir d'autre fon-
dement, ^e les regrets que laifia
Marc-ÀimU après lui , & la haine
que mérita la tyrannie de Commode,
11 paroi« que U pefte s'étoit mi£e
dans l'armée , de que c'eft de ce
mal que l'empereur fut attaqué. Le
fixieme jonr de fa maladie , ie
tentant défiiillir , & moins aâigé
de fil mort prochaine que des mam
qu'il prévoyoic devoir la futvre ^
â voulut éùxt un dermer effort
pour infpirer à fon fils une con-
duite fage & un gouvememenc ver-
tueux. L'ayant fait appeler auprès
de fon lit avec les amis & fes phst
fidelles conlèillers, il parla ea ces
sennes. » Mes amis ! voici le temps
M de recueillir le fhât des bienfûts
» dont je vous ar comblés depuis
M tant d'années, & de m'en témoi-
, M gner votre reconnoiiïance. Mon
9* fils a befoin de vous *, c'eft vous
» qui l'avez ékvé jufipi'ici. Mais
M vous voyez à quels dangers fa
Vf jeuneâe eft expofée , & combien ,
M dans un âge que l'on peutjufte»
M menr comparer à l'agitacton des
H fiots & de la tempête , lui eft né*
»* cci&ire le iècour» d'habiles pi-
>« lotes, qui le gouvernent fage-
vr ment , & qui empêchent que Tin-
1* expérience ne l'entraîne cbns
M raille écueils , & ne le livre à la
n féduâion du vice. Servez-iui de
«t modérateurs , dirigez-le par vos
vt confeils , & feites qu'il retrouve
M en vous plufîeurs pères, au lieu
M d'un que la mort luiehleve. Car,
4» mon £U y you& devea fsvotr
M A R
« qu^l ft*cft point de nchefTes qui
>» fuffifent à remplir le gouf&ein-
» £mable de la tyrannie; point dt
» garde, & nombreufe qu'elle foit»
M qui puifie afiurer la vie du priiH
n ce, s'il n'a pas foin d'acquériif
K l'affeâion de fes fujsts. Ceux-
» là feuls ont droit à une longue
9» & heurcnfe ÎQuifiance du fou-.
n ireratn pouvoir, ^ travaillem ,
9v non à efir^er par la cnuiuté \
M mais k régner fur les coeurs par
» l'amour qu'infpire leur bonté à
M tous ceux qui leur obéifiîent «<•
Ce n'étoit pas alTez d'un pareil dif>
cours \ il Mloit que Marc'AureU «
qui connoifibit toutes les mauvais
fes qualités de Commode , le privât
4e l'empire. Mais, quoique doué de
preique toutes les vertus & exempt
de vices , Mare^AureU n'agifibit
^as avec la même force qu'il pen<»
fbit , & Êi douceur tint quelquefois
de la forbleflie. On a de ce prince
xzi livres de Réflexions fur ûi vie ,
Loaères , grec & latin , 1707 , in*
8^ ; traduits du grec en françois par
l^fad^ Dûder , avec des remarçi«S|
Paris , 1691 , 1 vol. in-12. M. di
hdy a donné une nouvelle verfion ,
rn-S° , de cet excellent livre:! Voy.
l'article VII. Jolt.] Cet empereur
y a ren^mné ce que la morale o&e
de plus . beau pour la conduite de
la vie. C'étoit, fi on oie s'aqni^
mer ainfi, XEvûnpk des Païens, Le
ftylecn éft naturd. & fimple *, mais
cette fimpiicité eft auilî noble que
touchanoe. L*ame vraiment grande &
élevée , dit-il , êfi. ceUe qm ttfoitfanf
répugnance ce que le ciel Ad envoie &
de hien*& de mal ;,.„ qmfe remet en*
tiéremeni ' & de toute fa volonté , poar
ce qtd comceme fa deftinée & fa eon^
'dkite A entre les mains de la Divi'^
nité'j , , • qui ne demande qu'à mar-
eker dans U ehemi» de fa loi ; qu*à
fuiVft Dieu , dont toutes les voies f une
droites 6r tous les jagemens font'jaf-
j»s^\jk- phiioTophie de Man-Aunk
M A R
fe rapprochoit pr^fqueen tout de
celle de Sticrate , qu'il fembloit
avoir fans ceffe devant les yeux.
PerTonne ne l*i peint d'une maniè-
re plus fidelle ni plus précife que
Julien , dans cette critique ingénieu-
ie où il trace en peu de mots les
portraits des empereurs. Mercure
demande à Marc-AunU quelle fin
il s'étoit propofée pendant fa vie ?
De reJfimbUr aux Dieux ^ répond-il.
=: Eh quoi ! ( lui dit SlUnc , )pré-
tmàoisHu u nourrir d'ambroifie & de
nechr , au Heu de pain Gr de vin ?
ZZZ Non ; ce nUfi pas par^lâ que je
prétendais leur reffemblcr.'^Z En quoi
confiJLlt donc cette reffemblance ? ZZ.
A avoir peu de hefoîns , & à faire
aux autres tout U bien pojphle* Tel
£ut en effet le plan de vi« de, MarC"
jêurde , comme il avoit été celui de
Socrate \ mais , quand il s'agiiToit
àe& idées fyilémaûques du fage
Grec, l'empereur philofophealloit
quelquefois au-delà de fbn modèle.
Socrate fuppofoit dans le monde de
])ons & de mauvais Génies , qui
s'attachoient aux mortels fuivant
leurs caradberes & leurs penchans ;
de là les hommes heureux ou mal-
heureux , conformément aux dé-
crets de U iuâice divine, dont ces
dieux fubalternes étoient les mi-
siUres. C'eft ainfi que Sàplon , ( fui-
vant Cicéron^ ) avoit conçu le fyf-
tême de l'univers -, mais Marc-ku"
ule paroit Tenvifager fous un point
«le vue plus confolam & plus élevé.
XiOiQ de fuppofer , ainfi que 5o-
crau^ de bons & de mauvais Cé^
aies , il regardoit l'être fpirituel
que nous poiTédons en nous , com-
me une pure émanadon de l'Etre
fuprême. Il croyoit qu'il fuffifoit à
l'homme , pour être heureux , 'de
bien fervir ce génie qui habitoit
en lui j & ce qu'il entendoit par le
bien fervir , c'étoit d« dégager fon
ame de tous les £eiux jugemens qui
J>buiem & des paâions qui l'avis
M A R ^71
lîflent. Pour ceux qui n'écoient
pas éclairés des lumières de lavé*
ritable religion', rien n'étoit plus
beau, que le difcours qu'il con-
feilloit à chaque homme , de fe
tenir en mourant : >* Tu t'es em-«
vt barque , tu as fait ta cc^urfe ;
•» tu abordes au lieu où tu devois
» aller , fors courageufement di|
9^ vaiileau. Si tu en fors pour ar-^
't river à une autre vie , tu y trou-r
y> veras des dieux rémunérateurs \
M & fi m es piivé de tout ienti-
»» meut, tu cefïeras d'être fous le
>» joug des pafîlons & de fervir à
>» un corps qui dk ii £6rt auMle£-
11 fous de ton ame «. Ce langage
étoit celui des Stoïciens les plus
rigides. Murc-AureU croyant avec
eux , que toutes les âmes étoient
des écoulemens de la divinité ,
peÀfoit qu'après la mort elles s'y
re)oignoient intimement. >« Cela
VI poié , ajoutoit-il , combien les
» hommes ne doivent-ils pas s'ai-
w mer, fe fecourir^ & même fe
>f refpeâer les uns les autres > ils
»» font parens» avant que de i^f-
>y tre de telle om telle famille «<. .
IX. MARC -ANTOINE RAI-
MONDl , graveur , natif de Bou-
logne , prit du goût pour la taille-
douce à la vue. des Mampes d'^/^
bert Durer. 11 eiTaya fes forces con-
tre ce célèbre graveur. 11 fe mit à
copier la Paffion que ce maître
avoit donnée en 36 morceaux , &
grava fur fes planches , ainô que
lui , les lettres A. B. La preuve de
fes talens fut complète. Les. coo-
noiiTeurs s'y trompèrent -, cepen-
dant All^ert Durer s'en apperçut , &
fit lui voyage exprès à Venife pour
porter fes plaintes contre fon ri-
val. Marc-Antoine a été à l'égard de
RapluHU y ce fçx'Audran fut dans le
fiecle dernier pour le célèbre U
Bnuï'y il a été fon graveur favori»
&en répandant içs ouvrages & fa
l^loire , il s'eft drefio à lui-même
57* M A R
un trophée immoitel. L*oa pré-
tend même que le fameux peintre
Flamand deilinoit les traits des fi-
gures fur les planches que Mjvrc-
Antoine gravoit d'après lui. Quoi
qu'il en foit , Teuâitude du deffin ,
la douceur & le charme de Ton bu>
rin , tieront toujours rechercher Tes
Eftampes. Ce tut luiqui grava d'après
les demns de Juhs Romain , les plan-
ches qui fivent mifes au - devant
des Sonnets infâmes de Vjrétin,
Le pape Clément VU le fit mettre
en prifon , d'où tl s'échappa pour
fe retirer à Florence. Il mourut
vers l'an 1540, dans un état qui
n'étoic guère au-dcflus de l'indi-
gence. Pour fe retirer des mains des
Impériaux dans le facdeRome, en
.1 5 17 , il fut oMigé de leur donner
«out (on orgeat, c'eft-à-dire, pref-
que tout ce qu'il avoit.
X. MAHOPAUL eu Marco-
ÇoloouPaulo, célèbre voyageur,
•étoit fils de NUolatPolo, Vénitien,
<qui alla avec ion £rere Matthieu^
vers l'an 1255 , à Conftantinople»
t>Ù régnoit Baudoin IL Nicolas
en partant avoit laiffé fa femme
Tnceinte , & elle mit' au monde le
fameux Msrc Polo , qui a écrit la
Tclation de ce voyage. Les deux
Vénitiens ayant pris congé de
l'empereur , travetferent la Mer
"Noire, allèrent en Arménie, d'où
ils pafferent par terre à la cour de
Sarka, un des plus g^nds feigneurs
de laTartarie, qui les accueillit avec
^iftinftion. Ce Prince ayant été dé-
"fait par un de fes voifins , Nicolas
te Matthieu fe fauverem comme ils
purent à travers les déferts , & par-
vinrent jufqu'à la ville habitée par
Kuhlaî , grand kan des Tartafes«
Kuhlaî s'amufa pendant quelque
temps des récits qu'ils lui firent
des mœurs & des ufages des Euro-
péens , & finit par les nommer fes
ambafTadeurs auprès du pape, pour
^l«Biandcr cent miâionnaire$,Ils vin-
M AR
rent donc en Italie , obtinrent du
pontife Romain deux Dominicains ,
l'un Italien , l'autre Afiatique , &
emmenèrent avec eux le jeune Mare^
pour qui Kuhlaî prit une afîfeâion
flnguliere. Ce jeune homme ayant
appris les différens dialectes tar-
tares , fut employé dans des ambaf-
fadcs qui lui donnèrent le moyen
de parcourir la Tanarie» le Katai,
la Chine, & d'autres contrées. Enfin,
après une demeure de ^ix-fept ans
à la cour du grand kan , les Polo
revinrent dans leur patrie, en 1295.
emportant de grandes richefTes.Afare,
rendu à une vie tranquille, écrif
vit la relation de fes voyages en
italien , fous ce titre : DeÛe maravi"
gliedel mondo ^ da lui veduu ^ &C.^
dont la première édition a paru à
Venife en 1496, in-8*^. Son ou-
vrage a été tradliit en différentes
langues, & inféré dans plufieurs col-
lections. On eflimc l'édition latine
é' André MulUr , Cologne , chez
Brand, 167 1 , in-4° ; & celle qui
eft en françois dans le Recueil des
Voyages , publié par Bergeron^ à
la Haye, 1735, 2 vol. in-4°. Il
y a dans Marc-Paul des chofes vraies,
& d autres peu croyables. Il eft en
effet difficile de croire qu'auffi-tôt
que le grand kan fut informé de
l'arrivée de deux marchands Véni-
tiens qui venoient vendre de la
thériaque à £a cour , il envoya de-
vant eux une efcorte de 40,000
hommes, & qu'enfuite il dépêcha
ces Vénitiens comme ambafTadeurs
auprès du pape, pour le prier de
lui envoyer cent miffionnaires. Et
comment le pape qui avoit tant de
«ele pour la propagation de la foi ,
au lieu de cent religieux n'en au-
roit-il envoyé que deux ? Il y a
donc des erreurs & des exagéra-
tions dans Marc-Paul; mais plu-
fieurs autres chofes vérifiées depuis,
& qui ont même fervi d'infh-uàion
aux voyageurs pofléricurs , prou^
M A R
Vent , qu*à plufieurs égards , fa Relar
faon eft précieufe.
MARC, Voye^ M A R G H 6>
M A R G K.
M ARt A , ( Pierre de ) né à Gand
en Béarn le 24 Janvier 1 594, d'une
famille ancienne , originaire d'Ef-
pagne , fe diftingua de bonne heure '
par fon efprit, & par fon zèle
pour la religion Cadiolique ; il
travailla à la faire rétablir dans le
Béarn, & eut le bonheur de réuf-
flr. C'eft en reconnoifTance de fes
foins qu'il obtint la charge de pré-
£dent au parlement de Pau en 162 1 »
& celle de confeiller d'état en 1639.
Aprè^ la mort de fon époufe > il
entra dans les ordres , & fut nommé
à l'évêché de Conferans. Mais la
cour de Rome, irritée de ce qu'il
avoit donné quelque attdnte aux
prérogatives du faint - (iege , dans
ïbn livre de la Concorde du Sacer-
doce & de r Empire , lui refîifa long-
temps fes bulles -, & il ne les ob-
tint qu'après avoir interprété fes
fentimens d'une manière plus favo-
rable aux opinions ultramontaines «
dans un autre Lîvrt qu'il fît im-
primer à Barcelone en 1646 , in-4^.
L'habileté avec laquelle il remplit ^
«ne commiffion qu'on lui donna
en Catalogne, lui mérita l'arche-^
vêché de Touloufe en 16^1. II
s'^toit tant fait aimer en Catalo-
gne, qu'ayant été attaqué d'une
maladie qui le mit à l'extrémité ,
la ville de Barcelone , entre autres ,
fit un vœu public à Notre-Dame
de MontferHit, qui en ell éloignée
d'une journée, & y ei\voyaenfon
nom 12 Capucins nu-pieds, fans
fandales , 5c 12 jeunes filles aufll
pieds nus, les cheveux épars &
vêtues de longues robes blanches.
Marca fe difpofoit à fe rendre à
Touloufe, lorfque'le roi le fit mi-
niftre d'état en 1658. Ses premiers
foins furent d'écrafer le Janfénifme.
U s'ur4; avec les Jéfuites Qi^ntre le
M A R Ç7Î
4îvre dt) fameux évêque d'Ypres^
& le premier il dreffa le proj«t
d'un Formulairz , où l'on condara*
neroit les V Proportions dans le
fens de l'autCHr. Son zèle fut ré-
compenfé par l'archevêché de Paris ,
mais il mourut le jour même que
fes bulles arrivèrent, le 29 Juin
1662 , à 68 ans. Sa mort donna
occaiion à François Colletet de liû
£ïxre cette Epitaphe badine :
Ci ^t Monfeignstar de Marga ^
Que le Roi fagement marqua
Four le Frilat de fon Eglife ;
Mais la mort qui le remarqua ,
Et qui fe plaît à la furprîfe ,
Tout aufprtôt U démarqua»
Ce prélat réuniiToit plufieurs ta-
lens différens : l'érudition , la cri-
tique , la jurifprudence , mais fur-
tout la politique & l'intrigue. Dans
les difputes de l'Eglife, il parla en
homme perfuadé *, mais il n'agit
pas toujours de même. Il favoic
plier aux temps & aux circonfiances,
non-feulement fon coeur & fon ca-
raâere , mais encore ion efprit.
U ne craignoit pas de donner aux
faits la tournure qu'il lui plaifoit ,
lorfqu'ils pouvoient favonfer fon
ambition ou fes intérêts. y> Quand
>* Marca dit mal , c'efl ( Aiivant l'ab-
» hé de Longuerwi ) qu'il efl payé
>* pour ne pas bien dire , ou qu'il
>i efpere l'être. Quelques mois avant
vt fa mort» il diéta à Balufe, un
»♦ Traité de l*infalllîhillté du Pape, Ex
>♦ ore ejus exupi^ dit Balufe *, il vouloit
>i fe faire cardinal »«. Son flyle eft
ferme & mâle, alTez pur, fans af-
feâation & fans embarras. Ses prin-
cipaux ouvrages jfont : I. De con*
cordla Sacerdotii & Imperli , dont la
meilleure édition eft celle qui fut
donnée , après fa mort, par Balufe^
Paris, 1704, in-folio. C'eft l'ou-
vrage le plus favant que nous
ayons fur cette matière. II. Hif"
toirc de Bcam , i^-fol, 1 Paris 164c.
574 M A R
On y trouve tout ce qui concerne
cette province, & l'on y prend
une grande idée de l'érucUtion de
l'auteur .111. Marca Hîfpanîca^ 1688,
in -fol. Ceft une defcription fa-
vante & curieufe de la Catalogne,
du RoufTiUon & des frontières. La
partie hidorique & la géographique
y font traitées avec une égale exac-
titude , & cet ouvrage peut être
très-utile pour connoîtrc les véri-
tables bornes de la France & de
l'ETpagnc. IV. Dljfcnaîîo de primatu
Lugétinenfi, 1644 , in-8® , très-fa-
vante. V. R:latlon de ce qui s*efl
fait depuis /tfj^ , dans les ajfemhUes
dû Evèques , au fuju du V Propo"
.filions i Paris , i6j7 , in-4**. Ceft
contre cette relation , peu favorable
au Janfénifme , que Nicole publia
fon BeLga percontator , 1657 , in-4® ,
dans lequel il expofe les fcrupules
d'un prétendu théologien Flamand
fur l'aiTemblée du clergé de 1656.
VI. Des Opufcules , publiés par
^tf^/îff.en 1669 , in.8°. VIL D'au-
tres Opufcules mis au jour par le
même en 1681 , in-8°. Ces Opuf-
cules renferment plufieurs differta-
tioiiis intérefTantes , entre autres :
Dt Tempore fifcepta In Gallusfdel:
De Eucharlfia & Mljfa : de Panlun-
ti4 : De Matrlmonlo : De Patrlar-
chatu ConJiantinopoUtano : De Stem-
mau ChrljU : De Magorum adventu :
De finpdari Prlmatu Petrl : De Dlf-
cnnûne eUrlcorum & laicorum ex jure
dlvlno : De yeterlbus CollecUonlbus
Canonum, VIII. un Recueil de quel-
ques Troués Théolo^ues , les uns
en latin, les autres en françois ,
donnés au public en 1668, in-4**,
par l'abbé de Faget , coufin germain
du iavam archevêque. L'éditeur
orna cette colleâion d'une f^le en
latin de fon illuftre parent *, elle
eft étendue & curieufe. Il s'éleva
à l'occaiion de cette VU , une dif-
pute fort vive entre Bulu^e & l'abbé
^e Faget , qui fit péiA d')»9naçur
M A R
à Tun & à Tautre. Ils s'accablèrent
d'injures dans des Xmrcj imprimées
à la fin d'une nouvelle édition de
ce Recueil , 1669 , if^-12. Cette
édition eft préférable à la première.
MARCASSUS, (Pierre de) né
en Gafcogne vers 1584 , fiit pro-
fefleur de rhétorique au collège
de la Marche à Paris, où il mourut
en 1664 , à 86 ans.' On a de lui des
HlflJres , des Romans & des Pièces
de Théâtre , qui font indignes de pa-
roître , même fur un théâtre de
collège. Sts autres ouvrages ne
valent pas mieux. On a de lui
des Traductions , qui font au-defibus
de celles de l'abbé de MaroUes , fon
ami : c'eft-à-dijre , qu'elles font ce
que nous avons de plus mauvais
dans notre littérature.
I. MARCEL I , (S.) romain , fuc-
cefleur du pape Marullm , en 308 ^
fe fignala par fon zèle & par fa
fagefle. La jude févérité dont il ufa
envers un apoftat , le rendit odieux
au tyran Maxenu , qui le bannit
de Rome. Il mourut le 16 Janvier
310. Il eft appelé martyr dans les
Sacramentaires de Gélafe / & de
5. Grégoire , ainfi que dans les Mar-
tyrologes attribués à 5. Jérôme & à
Bede, Le pape 5. Damafe a compofé
ITon épitaphe en vers.
II. MARCEL II , ( Marcel CervuîS
natif de Montepulciano , étoit fils
du receveur - général des revenus
du faint-fiege , à Alfano. Il fît fes
études avec diftinflion , & plut au
pape Paul m y qui le nomma fon
premier fecrétaire. Il accompagna
en France le cardinal Farnefe , ne-
veu de ce pontife , & s'y fit efK-
mer par fes moeiu-s 6c fon favoir.
De retour à Rome , il obtint de fon
bienfaiteur le chapeau de cardinal ,
& fut choifi pour être un des préfi-
dens du concile de Trente. Il fuc-
céda , fous le nom de Marcel , au
pape Jules III , le 9 Avril 1555-
Quand an lui ayoit préfeatc daos
M A R
le conclave certains articles que tous
les cardinaux avoient accoutumé de
iîgner : h Us ai jurés plufieurs fois ,
leur dit-il , &jt préunds hicn Us txé-
tutcr* Il conunença par établir une
congrégation de âx cardinaux , pour
travailler à la réformation. Qud^
^fues'Utts de mes pridécejfturs , dit-il ,
s*lmagîttoUnt que la réformation dîmi-
muôTok Uut autorité; c'efi par-là qu'il
faut commencer de fermer la bouche atm
hérétiques. Il donna ordre aux nonces
qui étoient auprès de l'empereur &
du roi très-chrétien , de les prefTer
de Élire la paix , & de leur dire
que s'ils ne la ÊûToient , il iroit lui-
même les conjurer de la ^e. Il ne
voulut recevoir aucune requête qui
ae (ut jufte , Himblable à Caùon , qui
s'écrioit Couvent : Heureux celui à,
ful .perfonne n'oferoit demander une
injuflîu ! Ce pontife mourut d'a^K>*
plexieii >ours après fon éleâion ,
avec le regret de n'avoir pas aâîez
vécu pour pacifier les troubles , ré-
former les abus , & £iire fleurir la
Icience & la piété dans TEgliiè. Il
ctoit û ennemi du népotifme , qu'il
ne voulut pas même permettre à
lés neveux de venir à Rome.
m. MARCEL , (S. ) o» Mar-
ceau , célèbre évêque de Paris ,
snort le premier Novembre au com*
neacemem du cinquième fiede. Il
y a eu plufieurs autres (aints de ce
nom;5. Mareely martynfé à Châlons-
lur-Saône Tan 179 ; 5. Marcel ,
capitaine dans la légion Trajane^
qui eut ta tête tranchée pour la foi
de J. C. à Tanger , le 30 Oéèobre
vers Fan 298 j & 5. Marcel^ évêque
d'Apamée, & martyr en 385.
IV. MARCEL , femeux évêque
dAncyre, dès l'an 314 , aiSfta au
concile de Ni^ée en 3 1 5 , & y ûgnala
Ion éloquence contre l'impiété
Arienne. Ils'oppo£i à la condam**
nation de 5. Athanafe , au concile
deTyr , en 33 y , &. à celui de Jéru-»
fàkm »où il s'éleva avec zèle «ofitr^
M A R 575
Àrws, Les Ariens irrités le perTécu-»
terent avec fureur ; ils le dépoferenf
à Conilantinople en 3 36 , & mirenc
à fa T^laceBafile » qui s'étoit acquis
de la réputation par fon éloquence*
M«i«</d*Ancyre alla à Rome trou-
ver le pape Jules , qui le jugea inno^
cent dans un concile tenu en cette
ville , & le reçut à fa communion»
L'illuîdre perfécuté ait encore ab«
(bus & rétabli au concile de Sar«
dique en 347 , & mourut dans un
âge très-avancé en 374, Il ne nous
rdde de lui qu'une Lettre écrite au
p^ Jules , deux Confeffions de Foi ^
& quelques fragmens de fon JJvrt
contre ÀJèere , dans la réfutation
qu'en a faite Mufebe, Ceâ une grande
queAion entre les faims Pères & les
théologiens , de favoir fi les écrits
de Marcel d'Auyre font orthodoxes.
Les uns les juAifient , ^ les autres
les regardent comme hérétiques. Les
perfécutions qu'il efTuya , font un
préjugé en faveur de l'auteur & de
ies ouvrages*
V. MARCEL, (S.) natff d'A-
pamée , d'une famille noble & ri*
che , dii^ibua tous U& biens aux
pauvres « pour fe retirer auprès de
S, AUxasutre y infBtuteur des Acc^
meus. S, Marcel fut abbé de ce mo-
naâere après Jean , faccefTeur d'^*
Uxandre , vers 447 , & mourut après
l'an 485 ^ Sa fmnteté & f9s mira*
cle^ lui ont £ait un nom dans l'O*
rient.
MARCEL , ( Etienne) prévôt de
Paris , fous le roi Jmjv : Foyei ^'^^
tidedece dernier , n® ivi.
Vï. MARCEL, (Chriftophe)
Vénitien , iut chanoine de Padoue
& chanoine de Corfbu. Il eut le
malheur d'être pris au £ic de Rome
en 1527. Comme il n'avoir pas le
moyen de payer fa rançon , les fol-
dats l'attachèrent à un arbre au-
près de Gayette, en pleine cam-
pagne , & lui arracbjMent un ongle
chaque iouv. U mqusat de Texcç^
ç7^ M A R
des douleurs & de l'intempérie de
l'air. On * a de lui un Traité dt
Anim^ > 1508 , in-folio -, & une édi-
tion des Ritus Etclt^aflid ^ 1516^
in-folio.
VIL MARCEL, (Guillaume)
fié près de Bayeux , entra chez les
Pères de l'Oratoire , & profeila à
Rouen en 1640. Il fortit quelque
temps apfès de l'Oratoire , pour
remplir la place de profeiTeur d'élo-
quence > au collège des Graffins , à
Paris. Ce fiit dans celui-ci que lui
arriva Tavenmre rapportée dans le
DiéHonnaire de BayU , au mot
Codefroi Hermant, Il étoit près de
réciter en public l'oraifon liinebre
flu maréchd. Je Gaffîon , quand , fur
la plainte d'un vieux doâeur , il lui
fut défendu de la part du reâeur ,
de prononcer « dans une univeriité
catholique , l'éloge d'un homme
mort dans la religion Proteftante.
Le goût de la patrie le rappela à
Bayeux» pour être chanoine &
principal du collège de cette ville.
Enfin voulant fe repofer des Êitigues
de ce pénible emploi , il fe retira
«n 1671 , dans la cure de Bafly ,
près Caen , & y mourut en 1701 ,
âgé de 90 ans. C'eil par fes confeils
que le poète Brébaïf, fou ami , en-
treprit la tradu£Hon de la PharfaU
de Luealn, Il a laiiTé un grand nom-
bre d'écrits en profe, & en vers
latins & françois ; on peut en voir
la lifte dans le Moriri , édition
de 1759.
VIII. MARCEL, (Guillaume)
avocat au confeil , natif de Tou-
ioufe , mort à Arles , commiflaire
des claies , en 1708 , à '61 ans ; eft
auteur, 1. De VHlJhlre de t origine
& des progrès de la Monarchie Fran^
foi/e^ en 4 vol. in-12. C'eft moins
un corps d'hiftoire , qu'une chro-
nique feche & inexaàe. 11. Des
Tablettes Ckronologques pour l*Hifm
taire profane , in-12 , qu'on lit moins
depuis celles de l'abbé Lcn$Ui du
M A R
Fnfnot , tndis qui n'ont potot ifÊ
inutiles à celui-ci. IIL Des Tahla^
tes Chronohgîques pour Us affaires dt
fEgltfe , in-8® : ouvrage eftimé^ &
qu'on pourroit rendre meilleur, en
confultant VAn de vérifier les dates^
Marcel avoit le génie de la négo-
ciation. Ce fut lui qui conclut la
paix d'Alger avec Louis XIF , en
1677, & qui fit fleurir le commered
de France en Egypte.
MARCELLE , (Ste.) dame ro^
maine , étant devenue veuve après
7 mois de mariage , embrafiâ la via
monadique. Plufieurs vierges de
qualité fe mirent fous fa conduite,
& la ville de Rome fut bientôt rem<-
plie de monafleres , où on imitoit
la vie des Solitaires i^'Orient. Mar*
celle confultoit fouvent 5. Jéroma
dans fes doutes , & nous avons les
réponfes de ce faim Doôeur , dans
les XI Lettres qu'il lui écrivit. Elle
eut beaucoup à fouffrir duram le
fac de la ville de Rome, Tan 410:
les Barbares vouloient lui fSûre dé-
couvrir des tréfors qu'elle avok
cachés , à l'imitation de 5. Laurent^
dans lefein des pauvres. Alarmée du
danger que couroit l'innocence de
Principie , fa chere fille fpirimelle,
elle fe jeta aux pieds des foldats &
les conjura de Tépargner ; ceux-ci -
oubliant leur férocité, conduifirent
Marcelle & Principie dans l'égUfe de
Saint-Paul , qui , félon les ordres d'if-
i^ic leurdief, devoir fcrvird'afilc,
de même que celle de Saint-Pierre.
Elle furvécut peu au défafbe de â
patrie, & mourut en 410. 5. Jérôme
a écrit élégamment fa Vie dans la
Lettre à Principie , Lih, ///, Epifi. ji t
édition de Pierre Canlfius,
I. MARCELLIN , fuccéda au
pape S. Caïus en 296 , & fe %iala
par fon courage durant la perfé-
cution. Cependant les Donatifies
l'ont accufé d'avoir facrifîé aux
idoles ; mais 5. Augufiln le juitifie
pleinenent dam foa livre De umcQ
baptifm
M AR
%étptlfmo contre Pétillm, les Aâe$
du concile dç SînuefTe, qui con'>
tiennent la mêmejaceufation, font
tonilaînment des pièces (uppofées ,
& n*ont été fabriques que long-
temps après. MarceÙln tint le iiegé
un peu plus de huit ans « te mou-
rut le ^4 Oâobre ^04 , égale-
aient illuàre par fa rainteté.& par
^ fes lumières. Après fa mort, la
* chaire de Rome vaqua iufqu'en
308.
n, MARCELLIN, (Saint) eft
regardé comme le i*' évêque d'Em-
brun. 11 mourut vers 353. Les Ac-
tes de fa vie font fort incertains
& fentent bien la Légende. [ Voy,
BajLLET^ Vus des Saints^ 26 d'A-
vril.] 11 Éaut le diftinguer de S.
Marcellin > prêtre , qui reçut la
couronne du martyre à Rome avec
5. PUm ExorciJU , l'an 304.
m. MARCELLIN , officier de
l'empire, & comte d'Illyrie, du
temps de l'empereur JuJUaUn^ e(l
auteur d'une Chronique qui commen-
ce où celle de 5. Jér6mc fe termi-
ne , en 379 , & qui finit en 5 34.
L'édition la plus corre£ke de cet
ouvrage eft celle que le Père Sir-
jttomf donna en 1619, in-8®. On
l'a continuée jufqu'en j66. Cafio-
dore , qui en parle avec éloge , dit
^ Divin. Lcci, cap, rj ) que Marcellin
avoit encore donné deux ouvrages ,
l'un inrimlé: De umporum quallta-
tibus & pofitiombm locotum *, l'autre :
De urhlbus CcUi & HUrofolymis ^
mais ils ne font pas parvenus juf-
qu'à nous.
MARCELLIN, Voy. Ammiek-
Marcellin.
MARCELLIN, évêque d'Are*-
10 -, Voy, Innocent li^,.
MARCELUNUS , Voy. Fabius-
Marcellinus.
MARCELLO , (Benoît) célèbre
'^ftuficien d'une des plus illuilres
Tomt yFf,
MAR 577
ÊuntUes de Venife » vivôlt au com«
mencement de ce fiede. On a dô
lui des Motets , des Cantates &
d'autres ou rages , que les connoif^
feurs mettent à côté de Ce que l'Ita*
lie a produit de mieux en mufh*
que. »» C'eft exa£kement ( dit M,
^ de la Borde ) le Plndare de la mu«
M fique. 11 en eft aufll le Mkhil"^
M Ang^y par la force & la régula*
H rite du defiin. On trouve dans
M l'analyfe de îes ouvrages une
» fcience profonde 6c une adreâs
» ingénieufe, mais l'exécution de
vt fon chant dl d'une difficulté pref*
»» que infurmontable : il faut des
y» voix de la plus grande étendue «
6c qui i\^ redoutent pas les in*
>t tefvalles les plus extraordinaires^.
Le chef .de la famille , qu^ fubfifte
encore , étoit en 1770 ambafladeuc
de Venife à la Porte.
L MARCELLUS, (A/:aratf-C/^
dlus) célèbre général Romain, fit
la guerre avec fuccès contre les Gau«
lois, 6c tua de fa propre main le
roi Vlrldomau» Ayant eu ordre de
pafier en Sicile , 6c n'ayam pu ra-
mener les Syracufains par la voie
de la douceur , il les affiégea pat
terre ôc par mer. Archlmede en ré-,
tarda la prife pendant trois ans par
des machines qui détruifoient de
fond en comble les ouvrages des
affiégeans -, mais leur ville fut en-
fin obligée de fe rendre : [ Voye^
ArCHIMede. ] Mureeilus avoit or-
donné qu'on épargnât l'illufire in^»
génieur qui l'avoit û bien défen*
due , 6c il n'apprit fa mort qu'avec
une douleur extrême* MdrccUus em*
porta delà Sicile les flatues, les ta«
bleaux» les meubles précieux 6c
les autres rares curiofités dont les
arts de la Grèce avoient enridu
SyraCufe , 6c il en décora Rome. Il
apprit le premier aux Romains à
ehimer 6c admirer les beautés 6c
les grâces de ces chef-d'œuvres
qu'auparavant ils ne connoiffoienjc
57* M A R
pas. Rofflejufqû'alors m'Aoît poui^
ânfi dire qu'un vafte arfenal -, elle
offrit depuis des fpeftacles à la cu-
riofîté des citoyens. Marcéllus en fut
plus agréable au peuple-, les citoyens
Tenfcs le blâmèrent d'avoir introduit
un genre de luxe qui traîne à ùl ûiite
la molleffe en fàvorifant l'oiliveté.
Tahlus qui après la prife de Tarente
h'avoit pas voulu cfmportet le^ ta-
Weaux&Iesftatues des dieux , avoit
^t à cette occafion : Lalffons aux»
Tarcntlns leurs Dieux irrités Ce ge-
Béral ne fignala pas moins fa va-
leur dans la guerre contre Annlhal :
[ Voy . et mot, ] Il eut la gloire de fé
vaincre deux fois fous les murs de
Noie, & mérita qû'ott l'appçlât
VEpée de la Rcpuhriqae , comme Fa-
llus , fon collègue dans le confulat
fc dans le géntralat , en avoit été
appelé le BoUcRer, La prudente len-
teur de Fabl^î fut arracher à Annîhal
le prix de fes viftoires , en évitant
les batailles-, Vaudaée & Taftivité
de Marcéllus après^^ nouveaux dé-
fâHres relevèrent lès tourages abat-
tus -, il inipira aux troupes affet
de confiance pour les empêcher de
craindre Tenhemi. Ses Aiccès lui
fufciterent des envieux ; il fiii ac-
cufé devant le peuple par* un tri-
bun jaloux de fa gloire. Ce grand
homme vient à Rome, &syjufti-
fie par le feul récit de fes exploits :
le lendemain il eft élu conftal pour
la 5* fois, & part tout de fuite
'poiu* continuel* h guerre. Sa mort
ne fut poin^ digne d'un û grand
général. Quoique âgé de 6o"ans , il
avoit la vivacité d'un jeunehommè.
'Cette vivacité remporta au point
d*allét lui-même , prefque ïafts ef-
corte, à la découverte d'un pofte
ipii féparolt le camp des Romains
ifavec celui d* Annîhal, Le général
tarthaginois ■ y avoit fait cacher un
détachement de cavalerie Numide :
îl fondit à Vîmprovifiefur la petite
troupe des Rômûiis , qui fiit prefqcte
M A R
entièrement taillée en pièces. Mtf/sj
cellus fut tué dans cette émbufcade,
l'an I07 avant J. C. AnmBal le fît
toteirer avec pompe , Zt honora fa
mort de fes regrets.
II. MARCELLUS > ( Maras^
Claudlus) un des defcqndans du
précédent, joua un rôle dans lés
guerres civiles , & prit le parti de
Pompée contre Céfar. Celui-ci ajant
été vainqueur , exila Marcéllus , &
le rappela enfuite , à la prière du
fénat. C'efl pour lui que Cîcéron
prononça fon Oraifon pro Marctl-
lo ^ lune des plus beÛes de cet
orateur. '
III. MARCELLUS, ( M^mw-
Çlaudlus ) petit- fils du précédeu,
ta fils de Marcéllus & à'OHavle
fœur d'Augufte^ époufa Julie fille
de cet empereur. Le fénat. le créa
édile. Marcéllus fe concilia pen-
dant fon édilité la bienveillance
publique. Rien né flattoit davan-
tage les Romûns, que la penféê
tju'il fuccéderoit un jour à Augafie,
Sa môit prématurée fit évttiouè
ces ef^érances : ce qui fit dire i
Virale , que les defilru nan>Une fort
-que le montrer au monde. Le Tû
Marcellvs stiis , <ïi!ie ce grani
poëtc flit employer avec tam
d'art au 6^ livre de ibn Enéide ^
fit verfer bien des larmes aux Ro-
mains , Tur-tout à fa famille. Ses
Obf^ques fe firent aux dépetis* du
public» Se l'on honora fa mémoire
par tout ce -que l'effcne & les re-
grets furent imsgiiitr.
IV. MARCELLUS, Toye^No-
WI0S-MA RCfilLUS.
V. MARCELLUS, médecin Je
•SëKÉe en Pamphilie , vivott fous
l'empereur Marc-Aureîe, Il -compbâ
deux poëmes en vers héroïques:
Tun fur la Lycanthrcyle : efpeoe de
mélancolie , qui frappe oeiiuL qui
en font attaqués , de Tidée opiniâ-
tie qu'ils fant' changés en loups:
M A R
Tautre fur les Poiffons, On trou-
ve des fragmens du premier dans
le Corpus Po'ètarum de Maittaire,
MARCH , (Aufias) poste de
Valence en Efpagne, dans le xv*
ûtde , célébra dans fes vers une
de fes compatriotes nommée TA/-
re/c Bou. Ce pocte ; à l'exemple de
Pétrarque qu'il pilla , chaifta foii
amante pendant fa vie & après fa
tnort. La vérification des temps
auxquels ces deux pOetes ont vé-
cu , juftifie le poëte Italien de l'im-
putation de plagiat, qui retombe
fur le poëte Espagnol; à moins
qu'on n'aime mieux dire qu'ils ont
puifé tous deux dans les Poéfies
de Messen-Jordy {Voye^. Mjes^
sen]^ qui les avoit précédés. Il
y a apparence que March fut moins
fi délie à fa Théreft^ que Pétrarque à
ta Laurc; puifqu'il a célébré aufE
NacUttt de Borgta , niece de Ca-
Hxte IIL Le recueil de fes Vers fut
imprimé à • Valladolid en 1555.
I. MARCHAND, ( Jean-Louis )
natif de Lyon , partage , avec le
célèbre d*Aqmn la gloire d'avoir
porté l'art de l'organifte au plus
ixzut degré depcrfeâion.Il vint fort
Jeune à Paris , & s'étam trouvé ,
comme par hafard , dans la chapelle
du collège de Louis le Grand , au
'moment qu'on attendoît l'organifle
pour commencer l'office divin , il
s'offirit pour le remplacer.' Son jeu
plut tellement, quelles Jéfuites le
tetinrent dans lé collège, & four-
tiirent tout ce qui Iftoit néceffaire
pour perfeôionner fes talens. Mar-
chand conferva toujours l'orgue de
leur chapelle , & refîifa conftam-
iment les places avantageufes qu'on
lui offi-it. La reconnoiffance n'eut
pas feule pairt à ce défintéreffe-
ment : il étoit d'un efprit fi fen*-
tafque & û indépendant , qu'il né-
gligea autant fa réputation que fa
gloire. [ Voyex Rameau. ] Ilmou-
tutàPlùrhen 1732, à 63 ansr. On
M A R ^79
a de lui deux livres de Pièces de Cùt^
vtdn , eftimées des connoifTeurs.
H. MARCHAND , ( Profper )
fut élevé > dès fa jeunefTe , dans
la librairie à Paris & dans la con^
noififance des livres. Il entretint
une correfpondance réglée avec
plufieurs favans , entre autres avec
Bernard^ continuateur des Nouvel"
Us de la République des LuHres ^ &il
lui fournit les anecdotes littéraires
de France. Marchand alla le join*
dre en Hollande , pour y pro£ef-
fer en liberté la religion . Protef*
tante qu'il avoit embraffée , & pour
laquelle il étoit fort zélé. Il y
continua quelque temps la librai-
rie , mais il quitta enfuite ce négoce,
pour fe confacrer uniquement à U
littérature. La connoifÊince des li-»
vres & de leurs auteurs , & l'étude
de THiftoire de France , fut tou-
jours fon occupation favorite. II
s'y diftingua tellement , qu'il étoit
confulté de toutes les parties de
l'Europe. Il fut aufli un des prin-
cipaux auteurs du Journal Littéraire ,
l'un des meilleurs ouvrages pério*
diques qui aient paru en Hollande»
'& il fournit d'excellens extraits
dans la plupart des autres Jour-
naux. Ce favant eftimable mourut
dans un âge avancé le 14 Juin
•1756. Il légua le peu de bien qui
lui reiloit , i une Société fondée à
la Haye "pour l'éducation & l'inf-
truôion d'un certain nombre de
pauvres. Sa bibliothèque, l'une des
mieux compofées pour l'Hiftoire
littéraire , eft réftée par fon tefta-
ment avec fes manufcrits à l'uni-
verfité de Leyde. On a de lui :
1. L'Hiftoirs de P Imprimerie , dont
un de fes amis a promis une nou-
velle édition. Cet ouvrage , rem-
pli de difcuifions fit de notes , pa-
rut en 1740 , à k Haye , in-4^.
L'«udition y eft tellement • prodi-
guée, l'auteur a tellement accu-
WjpXé les remarques & les cicttion»-,
Ooï)
î8o M A R
que quand on eft à la £0 de ce
chaos , on ne fait guère à quoi
s'en tenir fur les points qu'il» dif-
cute. M. Tabbé ÂùrcUr, Abbé de
Saint-Léger de SoifTons , a donné en
177c, in-4** , un fuppicment à cette
hiftoire , auffi curieux qu'exaft. II.
Un DicHonnalre Hlfioriquc , ou Afe-
moins Critiqua & Littéraires, impri-
mé à lia Haye en 1758, en 1 pe-
tits vol. in-folio. On y trouve des
fingularités hiftoriques , des anec-
dotes littéraires , des points de bi-
bliographie difcutés -, mais il y a
trop de minuties, le ftylc n'eftpas'
pur , & l'auteur fe livre trop à l'em-
portement de fon caraûere. Il eft
difficile d'entaffer plus d'érudition
& fur des chofes fi peu intcref-
fantes , du moins pour le commun
des leâeurs. III. Une nouvelle édi-
tion du Dtciionnaire & des litres
de BayU ; du Cymhalum mundl , &C.
MARCHANT, ( Pierre ) né à
Couvin dans TEntre-Sambre-Ôc-
-Meufe, principauté de Liège, Tan
.158c, fe fit Récollet. En 1639 il
•fut fait comsiiiïaire général de fon
ordre , avec plein pouvoir fur les
provinces d'Allemagne , des Pays-
Bas , &c. Il eA le principal auteur
de la réforme des Francifcaines .,
avec la vénérable Soeur Uannc de
Jefus^ nommée Neerlng, de Gand.
Cette congrégation connue fous le
nom de Réforme des Seturs Francif-
camts . de la pénitence de Umhcurg ^
Ait approuvée par Urhain VIII V m
1634. Cet homme plein de zèle
poiu: la difcipline reîigieufe , mou-
rut à Gand le 11 Novembre 166 1,
On a de lui ; I. Expofitlo llucralls
in rtpilàm Stl franclfd , Anvers,
163 1 , in-S*'. II. trliunal facra^
mentale , Gand , 1643 , 1 vol. in-
fol. j &untroifiemeàAnvers, 16 je
Théologie au}ourd'hui oubliée , qui
renferme plufieiurs chofes plus
pieufes que folides , entre autres
}^ td^ ifllittulé ; San^y^atip 5. /^^
M A R
fyfh In utero, III. Les Confittutloni
de la congrégation des Reâguufa
qu'il a établie < &c. Son frère Jac-
ques Marchant , doyen & curé
de Couvin , s'efl diiUngué abffi
par fa fcience & (a pieté ; on ef-
titne encore fon Hortus Paftorm^
& pluiîeurs autres ouvrages re-
cueillis à Cologne > in-fol , 1635.
MARCHE, ( les Comtes de la)
Voyei la Généalogie desBourhotu^
au mot I. B0URBON,
. MARCHE, ( Olivier delà) fils
d'un gentilhomme Bourguignon v
^t page , puis gentilhomme de
Philippe It Bon y duc de Bourgo-
gne. Louis XI , mécontent de U
Marche y voulut que PA/t(p/?« lui li-
vrât ce fidelle ferviteur ; mais ce
prince lui fit répondre , que fi U
Roi ou quelqu* autre attentoit fur Im ,
il en foroit ralfon. Devenu enfuite
maîtte-d*hôtel & capitaine des gar-
des de Charles le Téméraire , il le
fervit avec zèle. Après la mon de
ce prince « tué à la bataille de
Nancy en 1477 , Olivier de la Mar^
che eut la charge de grand-maitre-
d'hôtel de Maxlmllien d'Autriche ,
qui époufa Théritiere de Bourgo-
gne. Il eut la même charge fous
l'archiduc Philippe^ & fut envoyé
en ambafiTade à la cour de France
après la mort de Louis XL U mou-
rut à Bruxelles le i Février 1501.
On a de lui : I. Dts Mémoires ou
Chronique^ , imprimés à Lyon ca
1562 , & à Bruxelles en 1616,
in-4°. Ces Mémoires , inférieurs à
ceux de Comines pour le ftyle ,
leur font peut-être fupérieurspour
la iîncérité. On y trouve des anec»
dotes curieufes fur la cour des deux
derniers ducs de Bourgogne , aux-
quels l'auteur avoù été attaché.
Les faits y font racontés d'une
panière plate & confufe i mais ils
refpirent la franchife. II. Traité for
les Duels & Gages dehataille^ in-8%
lU. Tfiçmphc du Damts d^kot^evà
M A R
içio , m-8°. C'eft un ouvrage
moral , plein de longues trivialités
Je de choCes grote^ue$. Il veut
faire préfent à fa maitrefle de^^n-
toufies d*humilité , de foulUrs de bonne
dUîgqiee , de chauffes de ptrfivérance ,
de jarretières de ferme'-propot , &C. IV.
Plufieurs autres ouvrages , impri-
més & manufcrits , qui ne méritent
ni d'être lus , ni d'être cités.
MARCHE-COURMONT,
( Ignace Hugari de la } ancien cham*
beiian du margrave de Bareith , &
capitaine au iervice de France dans
les Volontaires de 'Wum^fer, na-
quit à Paris en 1718 , & mourut à
llile de Bourbon en 176S , à 40 ans.
Il avoit beaucoup voyagé en Italie ,
en Allemagne , en Pologne , &
s*étoit fait aimer d'un grand nom-
bre de perfonnes d'un vrai mérite.
Il avoit de l'erprit, fit il en met-
toit dans la fociété fie dans Tes ou-
vrages. Les principaux font: I.Les
Lacres à*A\a^ pour fervir de fuite
aux Lettres Péruviennes ^ in- 12 ; ro-
man médiocre. II. Effai Politique
fur les avantages que U Prince peut
retirer de La conquête de Mlnorque :
brochure qui n'eft plus lue au-
jourd'hui. III. Le Littérateur impar-
tial : Journal qui n'eut point de
fuite^ La littérature lui eft redeva-
ble de la première idée du Journal/
étranger.
MARCHETTI, ( Alexandre
né à Pontormo , fur la route de
Florence à Pife, en 1633 , d'une
famille illuflre , montra dès fes
premières années des talens fie du
goût pour la poéûe fie les mathé-
matiques. Il fut ami intime du
iavant Borelll ,. fie lui fuccéda en
1679 dans la chaire de mathéma-
tiques à Pife. C'étoit un homme
dégagé des préjugés de l'école ,
qui foutint avec liberté fes fenti-<
mens , Ifbrfqu'il les crut fondés.
L'autorité faifoit moins d'impref-
M A R 581
fion fur lui que les expériences ,
fie il préieroit une bonne raifon
à cent paflages à^Ariftote, Après
avoir £ait d'excellens difciples , il
mourut d'apoplexie au château de
Pontormo le 6 Septembre 1714 ♦
âgé de 81 ans. On a de lui des
Poéfics^ 1704 , in-4** -, fie dei Traî^
tés de phyfique fie de mathémati-
ques, eftimés, parmi lefquels on
diôihgue celui De refifientîa fiuido»
rum^ 1669, \n-4**. Crefcimheni a in-
féré un de fss Sonnets dans fon
HlfloireéUlaPoéfie Italienne , comme
le plus parfJût qu'il eût encore vu.
On iait cas de fa Traduction en vers
italiens de Lucrèce, Londres, 1717 ,
in-8^ -, fie Amfterdam (Paris) , 1754,
en 2 vol. ift-8**. Cette dernière
édition, publiée par M. Gerhault^
a plus d'éclat que de correÛion.
Sa verûon eft eftimable par la
fidélité fie la précifion , fie fur-
tout par la fecilité , la fineife &
la douceur de la verfification. On
ne fait pas autant de cas de fa Tra^
ducUon en vers libres des Œuvres
d'Anacréon, à Lucques , 1707 , in-4®*
Sa J^ie eft à la tête de fes Poéftes, réim-
primées à Venife en 175 y , in^4**.
MARCHI, (François) gentil-
homme Romain , né à Bologne ,
dans le XVI* fiecle , fut un des plu?
habiles ingénieurs de fon temps.
Il eft auteur d'un ouvrage curieux ,
intitulé : De(la ardùtettura^ miâtare ,
imprimé à Brefte en 1599 , grand
in-folio , orné de 16 1 figures. C'eft
la feule édition qui en ait été Elite ,
quoique plufieiu>s bibliographes
aient écrit le contraire. Ce livre
eft très-rare -, fie, s'il en faut croire
les Italiens , cette grande rareté
provient moins de ce qu'il n'a pas-
été réimprimé , que de ce que plu»
fieurs ingénieurs François qui fe
ibnt approprié beaucoup d'inven*
tions de Marchi^ en ont retiré di»
commerce autant d'exemplaires qu'ik
Uur a été pofiible.
O o iij
^Si M A R
MARCHIALI, Voy€{ dansTart;
du Masque-dë-Fer.
MARCHIN ouMarsin, (Fer-
dinand comte de) d'une Êimille
Liégeoife, étoit Als de Jam-Gaf"
pard'Ferdinand , qui après avoir fcrvi
dans les troupes Françoifes , paiTa
au fervice d'Efpagne & de r£m-
pire , & mourut en 1673. Son Als
Ferdinand vint alors en France. U
n avoit que dix-Cept ans ; mats il
montroit beaucoup d'envie de Te
iignaler. Nommé brigadier de cava-
lerie , il fer vit Tan 1690 en Flan-
dres , & fut blefîe à la bataille de
Fleurus. £n 1693 , il fe trouva à la
bataille de Nerwinde , à la prife de
Charleroi ; & paâa enfuite en Italie.
Pans la guerre de la fuccefiîon , il
fut employé comme négociateur &
comme guerrier. U étoit également
propre à ces deux emplois, parce
qu'il avoit du courage , de l'efprit ,
& un fens droit. Louis XIF le
nomma en 1701 , ambaiTadeur ex-
traordinaire auprès de Philippe V ^
roi d'Efpagne , qui lui donna fa
première audience dans le vai^Teau
qui le tranfportoit en Italie. A la
fin de fon ambafi&de , il donna un
bel exemple de défîntérefTement.
Philippe V lui offrant la grandeffe ,
illarefufa. » Etant abfolument né-
>» ceiTaire , ( écrivoit-il à Louis XIV )
w que l'ambaffadeur dte V. M., en
vt Efpagne , ait un créd^ fans bornes
>* auprès du roi fon petit-fils^ il
»» efl aufli abfolument nécefTaire
>» qu'il n'en reçoive jamais rien
M fans exception , ni biens , ni hon-
»» neur? , ni dignités •„ parce que
M c'efl un des principaux moyens
»♦ pour faire recevoir au confeil
M du roi catholique toutes les pro-
»> pofitions qui viendront de la
>» part de V. M.««. 11 ajouta mo-
ddlement que , «> i^i'ayant point de
V* famille , & n'ayant pas defTein
M d'en avoir , ce facrifice apparent
» ne devoit lui être compté pour
M A R
n rien M. XJn autre auroit mis fo«
adrefie à le faire compter pour beau*
coup. Quoique je m. fols pas furpm
de votre défintérejfemetu , lui répon^
dit le roi ^ je ne le loue pas moins \
& plus il efi rare ^ plus j^auraifoia.
défaire voir quej*en ccnnols le prix^
& que je fuis fenfihU aux marques d^vn
Itle aujp pur que le vôtre. Ce prince
lui donna » peu de temps après , le
cordon-bleu. Marchin alla enfuite
commander en Allemagne , où il
remplaça VUlars auprès de l'élec-
teur de Bavière : en y arrivant , il
reçut les patentes de maréchal , en
1703, Il commanda la retraite de
la bataille d'Hochftet, en 1704, &
y parut plutôt bon officier qu'ha-
bile général. Enfin , ayant été en-
voyé en Italie pour diriger les opé-
rations du duc d^ Orléans y fuivant les
ordres de la cour , il fiit fi cha-
grin d'avoir donné lieu malgré lui
à la bataille de Turin , livrée en
1706 , & qui fut perdue , qu'il s'ex-
pofa au péril en héros qui vou-
loit finir fa vie fur le diamp de
bataille. BlefTé à mort', il fiit fait
prifonnier. [ r.PHlLippE,n** xxii,
au commencement, ] Un chirurgien
du duc de Savoie lui coupa la cuif-
fe , & il mourut quelques momens
après l'opération, fans avoir été
marié. En partant de Verfailles
pour l'armée , il avoir repréfenté
au roi , >« qu'il falloir aller aux en-
»t nemb , en cas qu'ils paruflent de-
>» vantTurin**. Chamlllan tiit d'un
avis contraire, & une armée fiit
la viûime du protégé de Mad* de
Maintenon , qui craignoit que fi les
François fortoient de leurs lignes.,
le duc d* Orléans ne déployât une
valeur que Louis XIV voy oit peut-
être avec quelque peine dans fon
neveu. L'abbé de Saint-Pierre parle
de Marchin , comme d'un homme ar-
dent , généreux , médiocre Général ^ dé^
rangé dans fes affaires,
MARCHION, (N...)archi-
M A R
tcÛeScfculpteur, d'Arezzo ^iloiîf-
ibit dans le treizième fiecle , fous le
pontiâcat d* Innocent lîl. Il fut em-
ployé à Rome & dans ia patrie.
Comme il vivoit dans un (iecie qjui
i^noroit les règles judicieufes de^
anciens dans rarchiteâure , il ne
&ut pas s'ctonner û la plupart des
ouvirages de Marchion font furch^-
gés de fculptures fans goût & fans
choix.
MARQANA , foeur de l'empe-
reur Trajan , morte vers l'an ii%
de J. C. , étoit un modèle de vertu
& de grandeur d'ame. Son firere
la îit déclarer Augui^e. £lle vécut
^ns une intelligence parfaite avec
PloûneÙL belle- fœur , & cette uiûoij
charma la cour. Afaraona étoit veu-
ve ; mais on ignore le nom de fon
mari.
1. MARCIEN , naquit vers Vm
391 , d'une ficmiilledeThrace, peu
illuib-ée. Cet homme , dediné à
être empereur Romain , fut d'abord
jRmple foldat. Comme il partit poyr
aller s'enrôler , il rencontra dans le
chemin le corps d'un homme qui
yenoit d'être tué. II s'arrêta pour
conûdérer ce cadavre; il fut ap-
perçu : on le crut auteur de ce meuc-
tré , & on alloit le faire périr par
le dernier fuppl^jce , lorfqu'on dé-
couvrit le coupable. Enrôlé dans
la milice , il parvint de grade es
grade aux premières dignités de l'em-
pire* Le trône de Conûantinople_,
déshonoré par la foiblcffe de TAco-
do/e II y l'attendoit, & fes vertus
}'y portèrent après la mort de cet
«mpereur , en 450. Pulchérîc , fœur
de Théodcfc y devenue maîtreffe de
l'Empire , offrit à Mardea de par-
tager fon trône avec lui , s'il con-
fentoic à Tépoufer & à ne pas violer
fon voeu de chafteté. Tout VOriem
changea de face * dès qu'il eut la
couronne impériale. Actîla envoya
demander au nouvel empereur le
tribut annuel que Théodofe II lui
M A R 58>.
payott. Marclm lui répondît d'une
manière digne d'un ancien Romain :
Je n*al 4e l*or que pour mes amis , ^
je garde le fer pour mes ennemis. Le^
orthodoxes triomphèrent , & le^
hérétiques fiu'ent accablés. Il publia
une loi rigourçufe contre ces derr
niers , rappela les évêques exilés ,
fit aiTembler en 4 p un concile gé-
néral à Chalcédoine , & donna plu-
ûeurs édits pour faire obferver ce
qui y avoir été décidé. On fc rap-
pelle avec plaifir ces belles paroles
de cet empereur , prenant féance
parmi les Pères de ce concile, m Nous
tt venons aflîflcr à votre concile ,
» à i'exeqypJe du pieux empereur
y Cof^fiantln , non poiu: y exercer
>» aucune autorijté , mais pour y pro.-
»> téger la foi , ç^n qu^on ne puii&
>» plus déforniâis induire perfonne
>« par de mauvais confeils , à fe
n féparcr de vous i*. Sous fo^ règne
appelé Vdge d'or^ les impôts exce^
iâs fiirent abolis , le vice puni « &
la vertu récompenfée. . Ce gran^
hom^ne fe prépvoit 4 marcher con-
Siç Ùenf^rlc , ufurpateur de l'A&iqué,
iQrfque la mort l'enleva à Teftime
& à l'afFetlion des deux empires
d'Orient , Je 26 lanviçr 457 , après
un regrie de ûx. -années , à 69 an$ «
avec la réputation d'un homme
laborieux & d'un génie âcile^
IL MARCIEN , fils à.Umhemîus ,
empereur d'Orient, tenta d'enlever
la couronne a Zenon vers l'an 479.
Il avoit époufé LcontîayfÀXt de l'em-
pereur Léon y & née depuis que ce
prince étott monté fur le trône ;
il prétendoit avoir plus de droit
que Zenon , dont la femme étoit
née avant le couronnement de Léon»
Appuyé de ces raifons fpédeufes ,
Marc'un , à la tête d'une troupe de
rebelles , afiiégea l'empereur dans
fon palais. Mais, ayant manqué d'ac-
' tivité & de prévoyance , Zenon pro-
fita des délais qu'il lui donna , pour
faire fortir , à la Êiveur des ténc*
Oô iy
5S4 M A R
hres , quelques ferviteurs fidelles ,
qui gagnèrent les principaux de
Conllantinople , à force de prcfens
€c de promefTes. Le parti des re-
belles fiit attaqué par les partifans
^e Z^on & mis en flûte. Leur chef
fe fauva en Cappadoce , & prit
l'habit religieux dans un couvent
où il étoit inconnu. Mais Zenon
l'ayant découvert dans Ion afile.
fe contenta de Tcxiler à Tarfc en.
Cilide. Il fe fît ordonner prêtre ,
& finit tranquillement une vie quî
«voit d'abord été très-orageufe.
11 y a eu du nom de Marcien ,
dans le v^ fiecle , un patriarche de
Conflantinople , qui fit Réparer tou-
tes les églifes de la ville & en bâ-
tit de nouvelles. Il étoit û chari-
table , qu'un jour étant près de mon-
ter à l'autel , ta ayant vu dans la
iacrifHe un pauvre prcique nu ,
il fe dépouilla de fpn habit pour
l'en revêtir , & fc couvrit de fon
aube pour aHifler à la. cérémonie
de la dédicace d'une églife • qui fe
ifit d'abord après. Les églifes d'O-
rient & d'Occident célèbrent lamé-
snoiro de ce faint patriarche , le 10
Janvier.
MAUCI, Voyc^UAKCr &
Mars Y.
MARQGLI, Toy. Marsigli.
MARCILE, (Théodore) Marfi.
Hus , naquit l'an 1548 , à Amheîm,
dans la Queldre , ou félon d'autres ,
a Clcves , avec des difpofitions heu-
reufes. AyîWt achevé (fes études à
Louvain , il vipt à Paris , où il fut
fait profefTeur royal en éloquence.
Il y mourut le 1 5 Mars 1617 , à 6y
"ans. C'étoit un petit homme d une
phyâonomie ffirifuelleÇc d'un tem-
pérament robuhé. Il aimoit fi ten-
drement les pauvres , qu'il ne rdfu-
foit jamais l'aumône, de il étoit fi
pttaché à rémde , qu'il fut (dit-on)
près de dix ans fans fortir du cpl-
IçgÇ éf ^^ff^y OÙ il.avoit d'aljpr^
M A R
enfeîgné. 'Quoiqu'il ne fih pas tut
critique du premier rang , il ncmé-
ritoit pas les termes méprifans dont
Scalîgar s'eft fervi en parlant de fe»
ouvrages. Les principaux font :
I. fiîfioria Strenarum , 15 96, in-8**.
Ce recueil renferme deux difcours,
l'un , Contra ufumfirtnamm^ & l'autre,
Pro ufuflrenarum. Le P. de Tounumlnt
en ^ profité dans fa DiHertation fur
les Etrtnncs. II. Lufus de stMlSE ,
avec PaJferatllNIHIZ , & GuUIimanMÎ
ALiQyJD i Paris, 1597 , ôcFribourg,
1611 , in-8°. m. Des Noies & des
Remarques favantes, fur les fatires
de P^fi^ fur Horace , fur Martial^
Catulle , Suétone , Aulugelle , fur les
Lois des xii TahUs , in-8® , & fur
les Inflitutes de Jujùmen, IV. Des
Dîffenatîons, V. Des Harangues , des
Poéfies , & d'autres ouvrages en
latin , qui ne font pas fort au-deflu&
du médiocre. Il avoit attaqué For-
phtre dans un écrit intitulé : Séries
nova proprli & accldentis Lo^xi, Paris,
1601 , in-8^. Un pédant , nommé
Behût , défendit Porphîre, MarcUe luî
répondit par un écrit , indtulé
DUudium , auquel Behot répliqua pat
un autre intitulé DUuvîum , qui eft
réellement un déluge d'injures, K«y.
MÀrsil^.
MARCILLY, Voy. Cipiere.
MARCION , héréfiarque , né à
Sinope dans le Pont , ville dont
fon père étoit évêque , s'attacha
d'abord à la philofophie Stoicien-
tte , & montra quelques vçrtus. Mais
ayant été convaincu d'avoir cor-
rompu une vierge , il fut chafTé
de réglife par fon père. Le défef-
poir l'obligea de quitter fa patrie
& de fe rendre à Rome , où il prit
l'hérétique Cerdon pour fon maî-
tre , l'an 143 de J. C Cet cndiou-
iîafte initia fon difcîple dans la
domine des deux Principes , l'un
bon , l'autre mauvais , auteurs du
bien & du mal , & partageant entre
çux l'çmpire dç l'uravets^ PQUf
M A R
ihieux foutenîr ce faux 4ogme t
il s'adonna tout entier à l'étude
cle la philofophîe , principalement
de la dialectique: fcience très-né-
ceflaire aux novateurs. Le fanati-
que élevé de CVnfon ajouta de nou-
velles rêveries à celles de Ton maî-
tre, wll fuppofa, (dit M l'abbé
•• Phquét , ) que l'homme étoit
9» l'ouvrage de deux Principes op-
** pofés ; que fon ame étoit une
•» émanation de l'Etre bicnfaifant ,
»» & fon corps l'ouvrage d'un prin-
^ cipe mâl-Êiifant. Voici comment,
»» d'après ces idées, il forma fon
H iyftêmc. Il y a deux Principes
w étemels & néceffaires-, l'un effen-
M tiellement bon, & l'autre eflen-
H tiellement mauvais. Le Principe
V» eâentiellemem bon , pour com-
«• mnniquer fon bonheur , a £dt
n'CoTÛr de fon fein une multi-
♦» tude d'efprits ou d'intelligences
«9 éclairées &heureufes. Le mau-
»* vais Principe , pour troubler leur
M bonheur , a créé la matière »
'> produit les élémens, & façonné
t* des organes , dans Icfquels il a
^ enchaîné les âmes qui fortoient
t» du fein de l'Intelligence bien-
9* fiifame. Il les a, par ce moyen,
*t aiïujetties à mille maux *, mais
w comme il n'a pu détruire l'ac-
t« tivité que les âmes ont reçue
» de l'Intelligence bien&ifante , ni
» leur former des organes & des
>♦ corps inaltérables , il a tâché de
»» les fixer fous fon empire , en
'«* leur donnant des lois. Il leur
w a propofé des récompenfcs , il
H les a menacées des plus grands
n maux , afin de les tenir attachées
«t à la terre , & de les empêcher de
' » fe réunir « llntcUigence bien-
.M fiaifante. L*hifloire de M^yfe ne
'•» permet pds d'en douter. Toutes
M les lob des Juirs , les châtimens
♦t qu'ils craignent , les récompen-
>* (es qu'ils dfpérent , tendent à les
f attacher à la tene , Çt à faàit
M A R 585
M /Oublier aux hommes leur origine
» & leur deftination. Pour di(fi-
n per l'illufion dans laquelle le
»♦ Principe créateur du monde te-
»f 'noit les hommes , l'Intelligence
»» bienfaifante avoit revêtu J. C.
n des apparences de l'humanité ,
n & l'avoit envoyé fur la terre
M pour apprendre aux hommes que
M leur ame vient du ciel , & qu'eUe
M ne peut être heureufe , qu'en fc
w réuniffant à fon Principe. Com-
» me l'Etre créateur n'avoit pu dé-
»♦ pouiller l'ame de l'aûivité qu'elle
M avoit reçue de l'Intelligence bien-
>t faifante , les hommes dévoient
w & poûvoient s'occuper à com-
M battre tous les penchans qui les
>t attachent à la terre. Marclon con-
» damna donc tous les plaiiirs qui
»» n'étoient pas purement fpirituels.
» Il fit de la cominence un de-
»♦ voir effentiel & indifpenfable.
» Le mariage étoit un crime , &
• il donnoit plufieurs fois le baptê-
»» me. Marclon prétendoit prouver
»• la vérité de fon fyflême par les
»• principes mêmes du chriftianif-
>♦ me » & feire voir que le Créa-
>\ teur avoit tous les cara^eres du
»» mauvais Principe. 11 prétendoit
»» faire voir une oppofition eflen-
>♦ tielle entre l'ancien & le nou-
»♦ veau Teflament , & prouver que
»» ces différences fuppofoient qu'en
»» effet l'ancien & le nouveau Tef-
>» tament avoient deux principes
»» différens , dont l'un étoit efTen-
»' tiellement bon , & l'autre efTen-
'» tiellement mauvais. Cette doc-
»♦ trine étoit la feule vraie , félon
yy Marc'wn ; il ajouta , retrancha &
»♦ changea dans le nouveau Tef-
»• tament , ce qui paroiifoit com-
»» battre fon hypothefe des dut»
n Principes *.\ Son héréfie , adop-
tée par plufieurs difciples célèbres ,
& partagée en plufieurs fcéles par-
ticulières , fe répandit en peu de
temps dans i'fglife Orientale &dant
^H6 M A R
l'Occidentale. Les ikfdrctomrM sVihf-
tenoiem de la chair , n uroient que
d eau , même dans les facriiices , &
faiibieiu des jeûnes fréquens. Les
difciples de Marcîon avoient un
grand méptb & une averfion ex*
trème pour le Dieu Créateur. Théo^
ioru avoit connu un Marcionite »
âgé de 90 ans , qui étoit pénétré
de la plus vive douleur toutes les
fois que le befoin de fe nourrir
l\)b>igeoit à ufcr des produéHons
du Dieu Créateur. La néccflué de
manga- des fruits que ce Créateur
avoit Eût naître, étoit une l>umi-
liation à laquelle le Marcionite
nonagénaire n'avoit pu s'accoutu-
mer. Les Mardonius étoient telle-
ment perfuadés de la dignité de
leur ame , qu'ils couroient au mar-
tyre , 6c recherchoient la . mort
comme la fin de leur àviliflement ,
& le commencement de leur gloire
& de leur liberté. On dit que Mar-
fion avoit hk un livre , intitulé
iâs Antltbefu , dans lequel il pré-
cendoit montrer pluiîeurs contra-
riétés entre l'ancien & le nouveau
Teftament.
MARCIUS , ( Caius ) confui Ro-
main, vainqueur des Privernates,
des Tofcans & des Faliiques , fut
le premier des Plébéiens qui fiit
honoré de la charge de diâateur,
vers l'an 354 avant J. C
^ I. MARCK; ( Guillaume de la )
iétoit d'une maifon iliuilre & fécon-
.de en grands hommes : mais il ne
idut Ta célébrité particulière qu'à fes
for&its. Dominé par deux pa/Hons
impétueufes , l'ambition & la haine ,
il conçut le projet de s'emparer de
la ville de Liège, & chercha les
moyens de fe défaire de Lculs 'de
Bourion qui en étoit évèque. Louis
XI j qui haiiloit mortellement ce
prélat, parce qu'il étoit dans les
intérêts de l'archiduc d'Autriche *
avoit donné à Guillaume des fol-
4â£s (^ de. rar|;ent pour exécuter
cette indigne entreprire-UaiTemblç
(es gens , qu'il Êdt habiUer de rou-
ge ,, portant fur leur manche gau-
che la figure d'une hure de San-
glier ( * ) , & les conduit jufqu'au
pays de Liège. La, Marck avoit des
intelligences, avec quelques habir
tans de la ville. Ceux-ci perfuade-
tent à leur évêque d'aller au-de-
vant de fon ennemi , & de ne point
attendre qu'il vint affîçg^ ^a place,
promettant de le fuivre & de le dé-
fendre au péril de leur vie. Le pré-
lat , peu en g^rde con»^ ces pror
tefbtions perfides , fort de la ville
& va au-devant de ia Marck, A
peine les deip^ armées furent-elles
en préfence , que les traîtres abanr
donnèrent loms , pour fe ranger du
côté de fon ennemi. Il s'en fai-
fit , le maiTacra lui-même par la
plus lâche cruauté , & fit traîner
dans Liège indignée fon corps , qi^
fut expofé à la vue du peuple devant
la porte de l'Eglife Saint-Lambert.
Eafuite il fit élire fon fils par vio-
lence, pour remplir la place de ce-
lui dont fa main venoit de verfer
le fang. Mais fon crime ne demeura
pas impi^ni. Peu de temps après il
fut excommunié par le pape, §c
pris par le feigneur de Hom , frère
de celui que le chapitre de Liège
avoit élu canoniquement pour faç-
céder à LquIs de Bourbon, De Hom
piit le parti de fon frère , & fit
trancher la tête au meurtrier de
Louis , dans la ville de Maëftricht ,
félon Me\eray , ou à Utrecht , fé-
lon Sponde. Ces évcnemens doi-
vent être rapportés à l'année 1481.
IL MARCK , ( Evrard de la)
nommé . pai* quelques auteurs le
Cardinal de Bouillon , de la famille du
précédent, frit élu évêque de Liège
en 1505. Attaché d'fdiord aux ia-
térêts de la France , Erard les aban:-
(*) li fvt ffirnotiomé par le» Liégecsi
le Grand Sanfller dts Ardumts*
M A R
^onna , povr fe lier avec Charles
d'Autriche ^ roi d'Efpagne , & con-
^bua à le faire monter fur le trône
impérial. Ce prince lui donna l'ar-
chevêché de Valence & lui obtint
le diapeau de cardinal du pape
Léon X y Tan 15 21. Le cardinal
Polus ^ envoyé en Angleterre par
Paul IJI pour y travailler à faire
rentrer ce royaume dans le fein de
réglife , ayant appris que^enn FUI
avoit mis fa tête à prix , trouva
un aille sûr auprès d'Erard^ qui le
reçut avec diftinâion. Le pape l'en
récompenfa en le créant légat â
Latere, Il mourut le ij Février
J 5 38. On voit dans la capitale , &
dans tout le pays de Liège , un
grand nombre de momimens de fa
munificence. On admire fur-tout
à Liège le vafte palais des évêques ,
& dans la cathédrale foh tonibeau
de bronze doré , feit de fon vi-
vant. Il enrichit d'un grand nom-
bre de pièces rares & précieufes
le tréfor de fon églife. Sleydan ,
a dit beaucoup de mal de ce pré-
lat , qui ne fut pas favorable aux
nouvelles erreurs. Malgré fa vigi-
lance extrême , l'héréfie s'étant
gliffée dans fes états , il employa ,
pour l'extirper , ées gens zélés &
éclairés. Ceux qui refuferent de fe
rendre à leurs inilruâions , furent
bannis , & les plus obftinés à ré-
pandre l'erreur , punis du dernier
ïupplice. Ces exécutions le ren-
dirent odieux aux Luthériens , qui
n'ont pas ménagé fa mémoire , &
qui l'ont peint comme un prélat
intrigant & ambitieux.
III. MARCK , (Robert de la )
//® du nom , diic de Bouillon, prince
de Seçîan , frère du précédent , fer-
vit fous le roi Loiàs Xll , & fe
trouva l'an 15 13 à la bataille.de
Novare , avec deux de fes fils ,
Flemanges, & Jamtti, On lui dit
i^u'ils font reftés blefies dans un
f câ*é 'y U oublie les ordres du gé-
M A R ^§7
serai y. prend 100 hommes d'ar-^
mes , vole au ^eu indiqi^é , mal-
gré les obftacles fréquens d'un ter-
rain entrecoupé , & l'impoffibilité
manifefte de les , fecourir ; perce
fix ou fept rangs de SuifTes vie-
torieiix , les écarte , trouve fes deux
fils couchés par terre , charge
l'aîné fur fon cheval , met le jeune
fur celui d'un des fieas , £dt fa re«
traite , rejoint la cavalerie Fran*
çoife , malgré les SuifTes qui s'é-»
toient avancés pour l'en empêcher «
& donne ainfi une 2^ fois la vie à
ceux qui déjà la lui dévoient. Ga-
gné par fon frère , Robirt pafT^
dans le parti de CharUsr Quint ^ avec
lequel il ne tarda pas à fe brouil-»
1er. U fe raccommoda alors avec la
France , & , sûr d'en être fecouru ,
il fut affez téméraire pour envoyer
à l'empereur un cartel de défi. Cet
homme intrépide > mais non moins
cruel , portoit aufii le furnom de
Grand SângÛer des Ardâmes , à caufe
des maux infinis qu'il commit ûir
les terres de l'empereur ^ de fes
voifins : de même fu*un Sanglier , dit
Brantôme , qui ravage les blés & les
vignes des pauvres bonnes -gens. Il
portoit , ainfi que fes ancêtres , cette
étrange devife : Si Dieu ne mb
rEULT^ LE Diable me prye.
IV. MARCK, (Robert de la )
IW du nom , connu d'abord fous
le nom du feigneur de fUuranges ,
pui$ duc de Bouillon & feigneur
de Sedan, fils aine du précédent,
fe difiingua par fa valeur fous les
règnes de Louis Xll & de François
r^, 11 fe trouva avec fon père à la
bataille de Novare , & y reçut 46
blefiures ; à celle de Afarignan , &
à celle de Pavie, en 1525 , où il
fiit tait prifonnier. Conduit à lE-
clufe en Flandres , il y écrivit ïHif-
toire des chofes mémorables arrivées
en France, Italie & Allemagne , de-
puis Van \pi ju/qu'tn ijfZi , fous le
titre du Jeune Aventureux^ On les
588 M A R
trouve dans le tome fcizienie de la
CO\\t€dondes Mémoires hîftoriquts ,
relatifs à l'hiftoin et Frûnce ^ & à la
fuite des Mémmns de Martin 8c
Cviltaumt du Beilai'Langù ^ publiés
pr M. Tabbé Lambin , Paris, 175 y^
in^ii. tome feptieme , avec des
notes critiques & hiftoriques de l'é-
ëiteur. La plupart des événemens
rapportés dans cette Hiûoire , y
Ibnt accompagnés de circonilan-
ces intéreflantes qu'on ne trouve
guère ailleurs. Le ftyle en eft
fimple , clair & naïf ; mais les
étrangers lui reprochent fa par-
tialité pour la France. Il fut Êik
maréchal de France en 1526. S*é-
tant jeté dans Péronne en 1536 ,
il y fut aflîégé par une armée d'Im-
périaux ; il foutint quatre aflauts ,
malgré le feu de 71 pièces de ca-
non, & força les ennemis à fe re-
tirer avec ime perte confidérable. Il
mourut l'année fuivante.
V. MARCK , ( Robert de la )
IV^ du nom , fils du précédent ,
Mt le dac& le maréchal ie.Eoml-
lon^ obtint le bâton Tan 1547 ,
en épouûint une des filles de la
duchefTe de Vdltntlnois , maitrelTe
de Henri II, 11 fervit à la prife de
Metz , en 1551 , & fut fait lieu-
tenant général en Normandie. Les
Impériaux ayant afHégé Hefdin
l'année d'après , il le dé&ndit tant
qu'il put , & fut pris en capitulant.
Il mourut en 1556, de poif.)n ,
à ce qu'il difoit t il fe flattoit que
les Efpagnols le craignoient aâez
pour s'être défaits de lui. Son fils
Henn-Rohert , duc de Bouillon ,
lui fuccéda dans le gouvernement
de Normandie , y favorifa les Pro-
teftans dont il fuivoit les opinions
en fecret , & ne laifTa qu'une fille ,
morte en IÇ94. Elle avoit époufé
Jdenri de la Tour d* Auvergne , qu'elle
fit fon héritier , quoiqu'elle n'en
eût point d'enfans.
MARCK , ( Jean de ) Marciùus ,
M A R
minîftre proteflant, né à Sneck;
dans la Frife, en 165} , fut pro-
fefleur en théologie à Franger ,
puis miniflre académique , profef-
feur en théologie & de l'hilloirc
ecdéfiailique à Groningue , & pafla,
en 16S9 , à Leyde, où on Itû con-
fia les mêmes emplois. Il y mou*
rut le 30 Janvier 173 1, à 75 ans»
On a de lui : I. Des Dijfertaûons
contre celle du P. Craffet fur Us
Siby/les , Franeker , 1682, in-8^ II.
Compendium theologiée^ Amflerdam,
1722 , in-4". m. Des' Commentai--
res fur divers livres de l'Ecriture-
Sainte. IV. Exerduuiorus Bihlica^
en 8 volumes^ imprimés féparé-
ment & en difFérens lieux. V. Exer'
citaticnes MifceUantA ^ Amflerdam,
1690. Elles roulent fur les héré*
fies tant anciennes que modernes.
Entre celles-ci il compte celles de»
Enthoufiafles & des Sociniens , &
fe garde bien , en bon protcfbnt ,
d'oublier le Papifnu, On a rafiem-
blé quelques-uns de fes ouvrages
philologiques , en 2 vol. iîi-4** ,
Groningue, 1748. Jean de Marck
étoit vérfé dans la fcience de l'E-
crimre-Sainte , des antiquités fa-
crées *, mais il n'avoit pas trop de
jugement. Il fe plaifoit à les char-
ger d'un vain étalage d'érudition ;
fa haine contre les Catholiques lui
fert fouvent de raifon. Son flyle
eft obfcur & entortillé.
MARCONVILLE , (Jean de)
feigneur de Montgoubert, vit le
jour dans le Perche. Il n'eft guère
connu que par un Traité moral Ôc
fingulier , afiez bon pour fon temps»
& recherché encore par les bîblio-
manes. Il eft intitulé : De la bonté
& dt la mauvaifiié des Femmes , en
un vol. in-i6, Paris, 1756. Ona
encore de lui : De l'heur & malheur
du Mariage^ Paris, I564, in-S®. De
la bonne & mauvaîfe langue , Paris ,
1573 ,ip-8®. On ignore les détails
de la vie de cet auteur. Tout ce
M A R '
^e Ton peut juger par fes écrits ,
c'eft qu'il étoit très-retiré , très-
appliqué à l'étude , lifant beau-
coup, & faifant quelques bonnes
réflexions.
MARCOUL , ( S. ) Marcuiphus,
né à Bayeux de parens nobles,
devint un célèbre prédicateur-, il
fonda un monaflere à Nanteuil
près de Coutances , & y mourut
îaimement Tan 558. Il y a fous
fon nom une églife célèbre à Cor-
beri , au diocefe de Laon , dépen-
dante de Saint-Remi de Reims , où
l'on conserve une partie de fes reli-
ques. C'eft là que les rois de Fran-
ce vont faire une neuvaine après
•avoir été Sacrés à Reims, avant
que de toucher les malades des
écrouelles.
MARCULFE , moine François ,
£t , à l'âge de 70 ans , im re-
cueil des Formulés des Aâes les
plus ordinaires. Si ces formules font
dans un ftyle barbare , ce n'eft pas
la Êiute de l'auteur -, on ne parloir
pas mieux alors. Son ouvrage,
très-utile pour la connoiflance de
l'antiquité ecdéâaflique & de l'hlf-
toire des rois de France de la pre-
mière race , eft divifé en a livres.
Le premier contient les Chartres
royales , & le fécond les Aâes
des particuliers. Jérôme Blpton pu-
blia cette Colleâion en 161 3, in-
S** , avec des remarques pleines d'é-
rudition. Balu^c en donna une nou-
velle édition dans le Recueil des
Capitulaires , 1677 , 2 volumes in-
fol. qui eft la plus exaâe & la
plus complète. Launol prétend que
Marcuife vivoit dans le vm* , &
non dans le vu* fiede. Ce qu'il
y a de sûr, c'eft qu'on ne fait rien
de poiîtif fur le temps dans lequel
il a fleuri.
MARCY, Foyei Mars Y.
MARCY , (Balthafar) fculpteur ,
de Cambrai, mort en 1674, âgé de
}4 ans» étoit firere de Gafpard^
M A R ,^89
. auffi fculpteur, mort en 1679 , âg^
de 56 ans. Ces deux favans ar^
tifles ont travaillé enfemble au baf-
fin de Latone à Verfailles , où cetts
Déefle & fes eni^ns font repréfen*
tés en marbre ; & au beau grou*-
pe qui étoit placé dans une des ni*
ches de la grotte A'Jpollon , à
Verfailles , d'où il a été tranfpor-
té dans les jardins de ce palais.
On voit encore plufieurs autre»
grands ouvrages qui font honneur
à l'habileté & au goût exquis de
ces deux frères. Les mêmes talens
les unirent étroitement, loin d'être,
comme c'efl l'ordinaire , une occa*
ûon de diviûon & de jalouiie.
MARD, (Saint-) V, Remoniv
^ I. MARDOCHÊE , oncle ou plu-
tôt couiin-germain A'Efilur , femme
d'Affuerus roi de Perfe. Ce prince
avoit un favori nommé Aman , de-
vant qui il vouloit que tout le
monde fléchit le genou. Le feui
Mardochéc refufa de fe foumettre à
cette baflèflTe. Aman irrité obtint une
permifHon du roi , de faire mafla-
crer tous les Jui£s en un même
)oiur. Il avoit déjà Êiit élever de-
vant fa maifon une potence de 50
coudées de haut , pour y faire at-
tacher Mardochée. Celui-ci donna
avis à la reine fa nièce, de l'arrêt
porté contre ùl nation. Cette prin-
cefle proflta de la tendrefle que le
roi lui témoignoit, pour lui. dé-
couvrir les noirceurs de fon favo-
ri. Le roi heureufement détrompé ,
dohna la place à* Aman à Mardochée ^
& obligea ce minière fcélérat à
mener fon ennemi en triomphe^
monté fur un cheval , couvert du
manteau royal & le fceptre â la
main , dans les rues de la capitale ,
en criant devant lui : Ceft ainfi qvg
^ue le roi honore ceux qu*U veut ho^
norer,,. Aman fut pendu enfuite*
avec fa femme & fes enfans » à ce
gibet même qu'il avoit defliné à
Mardochêej, Pluheurs critiques croient
N
^'90 M A R
que Mardockée eft auteur du livre
canonique d*£>2^. On lui attribue
aufii un Trahé des Rits ou Coutu-
mes des Juifs , qui eft entre les Tal-
mudiques; mais il eft incontefta-
bïe que ce dernier livre eft d'un
temps fort poftérieur à Mardockée,
n peut avoir été compofé par quel-
ques Juifs du même nom. Voyei
EsTHER, Aman.
II. MARDOCHÉE , rabbin , fils
é'EGeier Comrlno, Juif, de Conf-
tantinople, eft auteur d'un Com-
fjunuùrt manufcrit fur le Pentateu-
•que. Simon , qui parle de cet ou-
vrage, ne marque pas le temps où
fon auteur a vécu... Voye^ auffi II.
Nathak.
MARDONIUS étoit gendre de
Darius , fuccefteur de Camhyfe roi
desPerfes. Ce piînce lui ayamcon-
'fié le commandement de Tes trou-
pes , s*en repentit peu après à cau-
fe des pertes qu'il fit fous la con-
duite d un général ii jeune & fans
•expérience. Il le rappela & en en-
voya d'autres qui furent plus heu-
reux. Aufll-tôt que Xerxès fat mon-
"té fur le trône de fon pcre , il
clioifit Mardonîus pour fon général ,
'& lui confia le foin de fiiire la guer-
're aux Grecs, Ainfi après la ba-
taille de Salamine il le laifTa avec
une armée de trois cents mille hom-
mes pour réduire la Grèce. Mar-
doniùs entra dans Athènes & ache-
va de la détruire -, mais peu après
*a3rant livré bataille aux Grecs près
'de la ville de Platée , il y fut tué
.*& fop armée entièrement défaite Tan
'79 avant J. C.
;. I. MARE^ (Guillaume de la)
MAKA^-po'étt laân, né d'une fa-
mille noble du Cotentin en Nor-
'mandic , fut fecrétaîre de plufîeuf s
chanceliers fuçce/îîvemeat. Dégoû-
'té de la cour , il fe retira à Caen ,
^où Tuniverfité lui décerna le rec-
torat : puis il fiit nommé vers 1 5 10
tr4f<^ricr & cHanoinc de ré^life de
M ar
Coûtantes, & il y mourut énHs
ces dignités. On a de lui deux Poè-
mes qui traitent à-peu-près delà
même matière * l'un intitulé : Oà-
nuira , Paris ,1514, in-4® ,• rautre
a pour titre: De tribus fupaiiis^
Venere, Ventre & Piumd^^anSy 15 12,
in-4<».
II. MARE, (PhiUbert de la)
confeiller au parlement de IMjon,
très-verfé dans la littérature & dans
llûftoire, écrivoit en latin prcf-
que aufii bien que le préfident de
Th0u , fur lequel il s'étoit formé.
Il mourut en 1687 ^ après avoir
publié plufieurs ouvrages. Le plus
connu eft , le Commentanus de Bella
Burgundîco. C'eft l'hi^oire de la
guerre de 1635 : elleÊiit partie de
fon Hijhrîcorum BurpmdUt Confpeébe^
in-4^ , 1689. L'auteur donne dans
cet ouvrage un catalogue des pie-
ces relatives à l'Hiftoire de Bour-
gogne , qu'il fe propofoit de com-
poser.
in. MARE , ( Nicolas de la )
doyen des commiflàxres du Châte-
let, fut chargé de pWeurs âfei-
res importantes fous le règne de
Louis XIV, Ce monarque l'hono-
ra de fon eftime, & lui fit une
penfion de 2000 liv. La Mare mou-
rut le ij Avril 1715 , âgé d'en-
viron 82 ans. On a de lui un excel-
"lent Traité de la Police , en 3 vol.
în-foi. , auxquels M. & CUrc du
BrîlUt en a ajouté un 4*. Cet ou-
vrage eft trop vafte pour qu'il ne
s'y foit pas glifle quelques £iutes -,
mais ces inexactitudes ne doivent
pas fermer les yeux fur la profon-
deur des recherches & la folidité
du jugement, qui en font le carac-
tère. On y trouve , dans un grand
détail, l'hifleire de l'établifilement
de la Police, les fonctions & les
prérogaftves de fes magiftrats , & ,
les régiemens qui la concernent.
Les deux premiers volumes doi-
vent aVoif des Suppiémeos» qvî
M A R
font refondus dans la 2^ édition de
.1722 ; le 3® eft toujours de 1719 ,
& le 4' dé 1738.
; MARÊNNES , ( la Comteffe de )
Voyci 1. Part h en a y.
MARES, Voy. Desmares.
MARECHAL D'AîiVERS, (Le)
Voyei MessIS.
MARESCHAL, (George) pre-
niier chirurgien des rois Louis XIV
& Lotus XV y naquit à Calûs en
165 S , dun pauvre officier. Ses ta-
iens pour les opérations de la clai-
rurgie , & fur-tout pour celles de
.la taille au grand appareil , lui fi-
rent un nom • dans Paris. Appelé
.à Verûilles pour être confiilté fur
iune maladie de Lotds XIV y loin de
jjrofiter de cette occafion pour fa
fortune , il revint à la capitale après
'avoir donné fon avis. En 1703,3
fuccéda. à ^éÙx dans la place de
premier chiri^rgien du i-oi , & trois
*ans après , . il obtint une charge de
juaitre-d'hotel & dics lettres de no-
.bleile. Cet habile homme mourut
.dans fon château de, Bi^evre , que
,J^uls XI V avoit érigé en matqui-
.iàt, en 1736, à 7S ans. La.A>ciété
^académique de la Chirurgie a dû
beaucoup à ies foins & a fon
jtde pour la perfeûioa de cet art,
,^ étoit d'ailleurs d'un commerce fîir
& d'un caradere génereu^,. Ayant
-fiait l'ouyerture d^un abcès au foie
,à-.îç ^Zim:,mimôre de la guerre,
.iVfow/2^, alors très- jeiiilef lui indi-
^qua l'endroit où il foUoit ouvrir;
,& ce n'^toit pas celui fur lequel il
.avoit d'abord porté le bifîûuri.Le
miniftre rétabli dit d'ans un repas où
\ éto\t,n\M<irefchal & Morand , en s'a-
^ dreffant au premier : Voilà celui à
,^iù je dois U vie. — Vous vous trom-
^\y Monfùgneur., répondit Afj«/c,W;
;^ d^cft à ce jzuTic homme ( en montrant
- MoTAnd) car y fans lui , je vous tuais,
. MARET , ( N. ) célèbre médecin
^ Ae Dijon & fecrétaire perpétiiel ^de
. l'acadénue dé cette ville , fut ràvi« le
. M A R 591
II Juin 1786 , à cette compagnie
par une mort prématurée & patrio-
tique. Chargé d'empêcher les rava-
ges des épidémies , il étoit allé
'l'arrêter dans un village de Bour-
gogne , mais il pérît bientôt, viûime
du fléau qu'il vouloit combattre. Oii
a de lui divers écrits fur l'inocu-
lation de la petite vérole , l'ufage
des bains , des eaux minérales , êc
fur les principales branches de la
médecine & de la chimie. Il ùk
encore, l'éditeur du premier ^01.
des Mémoires de t Académie de Dijon ,
dans lequel il a inféré lliiftoire
de; cette Société littéraire , & un
mémoire fur les maladies épidé-
miques : deux ouvrages dont il eft
auteur. Comme médecin & comme
favant, il '£i;it également regretté,
parce qu'il joignoit des lumières
étendues à un zèle infetigable.
L MARETS, (RoUand Des) né
à Paris eil 1594, avocat au parle-
ment, fréquenta d*abord le barreau ,
mais il le quitta enfuite pour la
littérature. Il mourut en 1653,3
59 ans , regardé comme un bojn
humaniffe & un excellent critique.
Il avoit été difciple du P. Petauy &
il conféroit fouvent avec lui fur la
bonne latinité. On a de lui un
itduetl de iictêres -latines ;■ écrîfceS aVtc
aflez de pureté , & remplies de re-
marques de granftmaire de et héiés*'
lettres , très-fenfées. Elles font in-
titulées : Rôllandi ^arefiï Epijhiarttm
philo U^.carum ^^i duo. Ces Lettres
font 'dès buvfêges faits à loifir , &
n'ont ni la même aifânce , ' ni la
même légèreté de celles qu'çn
écrit par occa^on à fes amis. L'uni-
formité qui y règne , fatigue. Elles
tiennent plus de 4a diUertatioii que
du genre épi^olaire , qui a quelque
chofe de plus naturel , de plus, gai
& déplus varié. Elles parurent ^n
165 5 , par les foins de Laun^ ;
puis en ^16^, fa-12. Le «ara$
de Roilani étoit douX} hbnni
COI M A R
iâatértffé. Il ne fe fouda ni des
richcfTes. ni des honneurs. 11 ai-
' moit beaucoup Tes parens, entre
autres Jean des M^réù fon frère *, &
Ménage difoit à cette occafion ,
qu'on auroit pu l'appeler PhlUdclphe.
Rolland eut un fils qui fut égale-
ment avocat au parlement. Il eft
fréquemment cite par BayU^ au-
quel il fourniflbit des obfervations
& des remarques , dont ce (avant
fe louoit beaucoup, Voyt\ wi.
DvFRÉ.
II. MARÊTS DE SAiNT-Soa-
HN , ( Jean Des) frerc du précé*
dent , né à Paris en 1595 > fut un
des premiers membres de l'acadé-
mie Françoife. Le cardinal de RX-
theVitu , qu'il aidôit dans la com-
pofition de fe$ Tragédies, le fit
contrôleur-général de l'-extraordi-
XJaire des guerres , & fecrétab-e-gc-
néral de la marine du Levant. Il
mourut à Paris le 25 Oâ:oî||:c
1676 , chez le duc de RicheO^ doîàt
il étoit l'intendant , à €1 ans. Il
'avoit eu Terprit agréable dans fa
Jeuneflc , & Û avoit été admis dans
les meilleures fociéfiés de Paris. Ce
' fîit lui qui compoâi ces jolis vers
fur la Violette^ pour la guirlande
de Julie de Rambouillet :
Modefte en ma conleur , modefte
en men féjour ,
Franche d'ambition , )e me cache
fous l'herbe; -»
Mais , fi fur votre front je puis me
voir un iour «
La plus humble' dçs fieurs fera la
plus fuperbe.
Les derniers jours de des Marcts ne
' refîemblerent pas à fon printemps *,
ils tinrent beaucoup de la folie,
* iJiais de cette folie fombre & mé-
lancolique, qui eft la plus cruelle
de toutes. Dans £oa Ans du S oint-
Efprit au Roi , il fe va^ qu'il
leveroit une armée de 144 mille
^ combatcaas , dpat unç pamç étoit
M A-R
déjà anrôlée pour Êûrelagu^w^
impies de aux Janféiiiiles. Le noav
bre de ceux qui compoferont ce
facré troupeau, doit être, félon hi
Prophétie dt S. Jean , de t^^ nulle
qui autont la marque du Dieu rlftatt
fur te front , ^ejl-à'dirt , qui feront
voir à découvert far leur vie ^ qui D'un
eft vivant dans leurs caurs^ Et conune
toute armée a befoin d'un général,
il offre cette charge au Roi -, afa
que le [ele & la valeur de fa, pcrfonat
f ocrée , qui fera le général de ceue heUt
armée ^ comme Fils aine de l'EgUfet
& principal Roi de tous les Chrétiens^
anime tous ïesfoldats. Pour les moin«
dres charges , il déclare à Sa Ma*-
jefté qu'elles font deftinées pour
les chevaliers de l'ordre. VotreroyaU
corripagnie , dit-il , des Chevaliers du
Salnt-Efprit doit marcher à leur téu ,
fi elle eft auffi noble & aujji vaillante
comme elle fe perfuade de Pitre, Et
pour les piquer d'honneur, il^^joute,,
qu'e/Ze le fera bcaucuiqf , fi elle eft aufi
prête que U refte de cetu f ointe armée à
tout fiire & à tout fouffrîr. Pour les
moyens que Ton doit employer
dans cette guerre, & dom cette nom-
brcufe armée fe doit fervir, il ne
s'en ouvre pas ; mais il fe réferw
à les déclarer en temps & lieu*
comme les ayant appris du Satat"
Efprit, Bien des gens auroiem pu
penfer que cette armée étoit une
vifion digne de Noftradttmus , tc
c'étoit la première penfée qui de*
voh venir dans l'efprir du roi en j
' lifant le projet. C'eft pour préve- |
nir cette idée que l'auteur déclare |
à L^uLs XIV ^ que la plus gran^
partie de cette armée eft déjà levée,
& qu'elle eft compofée de plufieurs
mille âmes. H prédit à Loms XlV
l'avantage de ruiner les lVIafaomé«
tans. Ce prince valeureux ^^l'iX^prP'
dit dans Jérémle par les mots d§
Fils dv Juste , va détruire & chajfer
de fon état tlmpiété & théréfie ^ &
réjurmer les Eç(JéfiaJBques , U jû^cê
&
M À R
2* les Finances ; puis d'un commun
^pnfentement avec le Rûi d* Ef pagne ^
il convoquera tous Us Princes de CEu"
tope avec le Pape pour remit tous les
Chrétiens à là vraie & feule reUffvn
CatkûUque,,, Après la réunion de tous^
les hérétiques fous le falnt^Slege^ le
Roi fera déclaré ch^ des Chrétiens ^
tomme fils aine de VÈ^ife, Ces idées
lui échatkfïiei-ent teHement l'imagina-
tionsttue fon -eTprit bleffé voyoit
par '^ tout des Janféniftes & des
Athées. Un jour que la Mott^k^Vayer
paffoit dans la galerie du Louvre «
' ^ Marêts fe mit à dire tout haut :
yoilâ un homme qui n^a j^aini de rs^
Ètgtorti, *— Mort- arrà , ( lui répondit U
Vàyer^ en Çt retournant ^ f ai- tant
"ëe reiïglon , que je ne fUls pas de ta
reû^on. Celle de des Marêts étoit le
Ï»lus abfurdç fanatifme.J| On a dit de
ui y »' qu*il étoit le plus fou de tous
» les Poètes, & le meilleur Poète
5> qui fût entre lès fous w. On difoit
âuffi qiié 'ï^j Marêts , encore jeune,
» avoït perdu fon ame en écrivant
»v des ïtotnans *, & que vieux , il
w avoit perdu rcfprit à écrire fur
>> la Myfticité*i. Cet iiifenfé fot
lin ûe» tidrcuîes critiques de Boîleau;
Il faccufoit un jour d'avoir pris
éans Juvenal Çc dans Horace^ les ri*
cheffes qui brillent dans fés Sati-
.res. g^'iwtforfô, répondit un homme
d'efprit à dès Marêts ? Avoue^ du
inoins que ces larcins reffemhlent à
. teux des Partlfans du temps paffé ';
ils . lui fervent À faire une ' îftlle '■de-'
penfe , è» tout le monde en profite^..'.
Des Marêts a fait pluficurs pieCeà
de théâtre , telles c^'Afpafie , les'
yifionnalres^ Roxane^ Scîpion^ Eu-^
rope , & Mlrame • la comédie dei
, yifionnalres-paff^Ae fon temps pour
le chef- d'oeuvre de ce fenatiqùe ri-
meur. Nous avons encore de lui :
1. Les Pfeaumes de David paraphra-
fés, II. Le Tombeau du Cardinal de
Richelieu, Ode. lïl. V Office de
$à FlERGE mis m^ rers. IV. Les
Tome F^
M A R 595
Vertus Chrétiennes^ Poëme en hûic
chants. V. Les iv livres &tV Imita* ^
tlon de JesVs^Christ ^ 1654, in-'
11^ très^mai traduits en vers Fran-
çois. VI. Clovis ^ ou la France
Chrétienne , en 16 livres , El^evir ^
165 7 , in-i2 -, Poëmefans génie fur
un fujet qui devoit exciter le génie<
Il en prit la défenfe contre BolUau^
dans une brochure publiée en 1674,
in*4®. Defpréaux, averti que cette
critique alloif paroîtte , la prévint
par cette épigrarame :
Racine , plains nia dcfllnce l
C'eji demain la txlfie journée ^
Où le prophète des Marêts ,
Armé de cette même foudre
Qttl mit le Port-Royal en poudra ^
Va me percer de mÛle traits,
. C*en efi fait , mon heure efi venue |
Non que ma Mufe ,' foûtcnue
De tes judicieux avis ,
'[ N'ait ajfei^de quoi le confondre ;
^Mals , cher anUi pour lui répondre 2
Hélas ! il faut lire Çl,OKis,
Cette' épîgrammc n'empêcha pas
que des Marks ne fut très-'Coatent ^
de fon poërte ';' & il Tëtoit à un
tel point , que dans fés Délices
de VEfprtt\ il «n renvoie la gloire
à Dieu , ^i l'avoit vifiblement a(*-
Mé pour fiiiir ce grand ouvragew
VU. txi Conquête de la Frànche-Com*
té. Vin. Le Triomphe de la Grâce i
c'eft plutôt le triomphe de l'ennui.
ÏX. ÈJiher. 5t. Les Amours de Pro-
thée & de PhlUs : Poëmes héroï-t
qiies , &c. Des Marêts a puyié en
profe î' L Les Délices de 1/'^^ ;
ouvrage inintelligible , dOnt on s'eft ''
moqué , en difant qu'il falloit met-
tre dans l*errata : Délices y llfer
DÈLiiiEs, Ce fanatique prétend ex-
pliquef l'A pocalypfe dans ce livre;
mais il s'en acquitte comme Jurlem
sert acquitta depuis. II. Avis du.
Saint» Esprit au Rot. De tous les
écrits de cet infenfê , c'eft le plus
extravagant î t^<^n «" commen-j
Pp
594 M A R
cfinottde cet arade.] III. R^onfe
à tin/olents Apologft du Rdî^tufu
de Port'RoyiU, avec U Décvuvcne
éU Ia faufft E^fe eu Janféaifiu &
de leur foMJft îloquaic^ , préfentée
9u Roi , Paris, 1666 , in-8^. IV,
Des Romans : entre autres , Ariane,
produâion obfcene & mauflade ,
1639 , m-4^ , avec de belles figures
gravées par Bojfe, Du Maréu s*cft
éloigné des idées de verm qu'on
fatfoit encrer dans ce» fortes d'ou-
vrées. Afîane , Ton héroïne , s'en
plaint dans le Pamaffe réformé de
Cuira, »« On ne trouve chez moi *
f* dit-elle , que des lieux infunes ;
M & mes. héroç font il bien accou-
>» tumés à les fréquenter, qu'on
M les prendroit pour des foldats-
M au^c - gardes ou des moufque-
M taîres.... Je ne m'étonne point
rt après cela , fi l'auteur me ùit
» paroltre nue ; il y . auroit eu de
w l'irrégularité d'en avoir ufé au-
«» trement »♦. V. Une cfpcce de
DlJfertatLon fiir les poètes Grecs ,
Latins & François , dans laquelle
il attaque les maximes d'AriJhu &
éi Horace fur l'Art Poétique. VI. La
Viriti du FdbUs^ 164$ , 2 volumes
in-8®. VIL Quelques Ècrîu contre
les Satires, de BoUeuu^ & contre les
4ifciples de Janfwius, Ces difFérens
ouvrages n'ont d'autre mérite , que
c-elui de l'enthoufiafme le plus rifi-^
ble. Se9 vers font lâches , traînans ,
Incorreûs i fa profç eft femée d'ex-^
preîfîons ampoulées ôc extatiques ,
qui en retirent la leâure encore
plus ^tigante que celle de î^ poé-
fies. Pour cotmoitre cet auteur tel.
qu'il étott, il faut lire les Vlfion-
nalru de Nicole , & l'Avertiflement
qui eft au devant de cet ouvrage.
Voy» II. JONAS.... VI, MoaiK....
6 II. Nicole.
m. M ARETS , ( Samuel Des )
T\fi à Oifmond en Picardie, Tan
^,599 , avec des difpofitions heu-
l^fes > fit fes étttd^. k Pans » i
M A R
Saumttf & à Genève. Ildevmrn»*
niftre de plufieurs ^Jifes Protef^
tantes , puis pro£eflcur de théolo*
gie à Sedan , à Bois-le-Duc & à
Groningue. Û %^j acquit tam de
réputation , que l'univerfité de Ley*
de lui o£&it une chaire depro£ef-
feur en 1673. U étoit fur le point
de l'aller occuper, lorfqu'il mourut
à Groningue, le iS Mai , à 74 ans.
On a de lui un grand nombre de
livres de controverfe , contre les
Catholiques & les Sodniens , &
contre Grotms^ où il a mêlé beau-
coup d'injures & de perfbnnalités
contre les théologiens Catholiques
& contre le Pufc , qui étoit , ielon
lui , VAjuechrifi. Les Protefians
efiîment foa CoUeffum Theoloffooug,
Groningue , 1673 , in-4^. Sanml
du Maréu laifia deux fils , Hend
& DunUl, C'eil à Hairi qu'on doit
l'édition de la Bible Françoife, im-
primée en grand papier, in-folio,
El\evlr^ 1669 , fous ce titre : BîhU
Françoife , édition nouvelle fur la Ver*
fion de Genem , nvu lu nous de la
Bible Flamande , çelUs de Jean Deo-
dati & autru , &c. , par les foins de
Samuel & Henri du Maréu , père &
file , Amfierdam , Elzevir , ^669 ,
5 vol» in-folio. Voici le jugement
qu'en porte Richard Simon, y* Def
n Maréfs cite If^s endroits qu'il n'eft
w pi befoin de citer , & où il n'y
» a d'ordinaire aucune difficulté.
M S'il rapporte quelque chofe qu'il
M ait pris des bons auteurs, il le
*> gâte entièrement par c^ qu'il y
if mêle. De plus , fon langue A
» un galimatias perpétuel... Dans
» les notes qu'il a prifes des autres,
*9 il choifit ordinairement celles qui
>» fiivorifent le plus fes préjugés,faÂs
>* examiner fi elles font vraies. . « •
n £n un mot, tout ce grand ouvrage
>? de remarques fur la Verfion de
n Genève , a été entiéremem gâté
M par les additions peu judicieufes
it d^^Aidf^CifyquilesareçuèUUes
M A R
Y* Outre qu'il n'a pas eu atez éf^
y> capacité pour en faire un bon
w choix t*. Hlji. crie. Ilu V, T, pag,
359. On a encore de ce théologien
un Caiéchi{me latin fur la Grâce ,
publié en 165 1. Ce n'ell prefque
qu'une traduction de celui que /ey-
dtau , Janfénifle célèbre , avoit pu-
blié Tannée précédente.... Voyi\
Alt IN G,
MARÊTS, Foj^. Desmarêts...
MA.ILLEBOIS. . . . 6* Régnier »
n^ II.
MAREUIL & MARGAt, ( Je-
fuites): le premier a traduit en no*
tre langue ^ le Paradis reconquis de
Mi/ton , à la fuite de la traduâion
de Dupri de Saint - Maur ; Voyc(
S/LLViEN... Quant au fécond, Voy^
Brumoy.
MARFORÏO, royqPASQuiy
^ Sixte V. .
MARGARITÔNE, habile pein-
tre & fculpteur , natif d'Arezzo ,.
floriflbit fous le pape Urhaîn IV y
dont il étoit eflimé. Il mourut à
77 ans , vers la fin du titizieme
fiecle.
MARGON , ( Guillaume Plan-
tavit de la Paufe , de ) né dans le
diocefe de Beziers , vint de bonne
heure à Paris , & s'y fit recher-
cher pou^ la vivacité de fon efprit.
Les Janfénifies & les Molinifles fe
le difputerent ; i'abbé de Margon
donna la préférence à ceux-ci. Les
léfuites étoient alors le canal de
toutes les grâces', &' il prétendoit
à la fortune. Il débuta en 17 15 par
une brochure , intitulée Le Jan/é-
ni/me démâfqui , qui devoir plaire
à la Société , & qui cependant fut
très-maltraitée par le P. de Tourne-
mine , auteur du Journal de Trévoux^,
L'abbé de Margon , d'autant plus
(enfible à la critique de fes ouvra-
ges , qu'il l'exerçoit avec plaifir fur
ceux des autres , lança plufieurs
Lettres contre le journalifie & con-
tre (es confrères. De nouvelles fa-
M A R Ç9Ç
tires contœ des perfonnes accré-
ditées , fiiivirent ces premières pro-
ductions de fa malignité* La cour
fe crut obligée de le reléguer aux
ifles de Lérins , d'où il fiit transféré
au château d'If, lorfque ces ifles
furent prifes par les Autrichiens ,
en 1746. La liberté luifiit rendue»
à condition qu'il fe retireroit dans
quelque maifon religieufe ,* il choi-
fit un monafiere de Bernardins , où
il mourut en 1760. L'abbé de Mar^
gon appanenoit à une famille ref-
pe£^able , alliée , dit-on , au car-
dinal de FUury, Sa vie n'en fut pas
plus heureufe \ le funefte abus
qu'il fit de fon efprit , empoifonna
fes jours. Il étoit d'une taille au-
deilous de la médiocre , & fort gros i
il avoit une phyfionomie méchante ,
pleine de fiel & d'impétuofité , &
ton caraâere étoit comme fa phy-
fionomie. Naturellement porté à
augmenter le mal & à atténuer le
bien , il ne voyoit les chofes que par,
le côté difforme. Son cœur étoitauâl
méchant » que fon efprit étoit malin«
L'amitié, cette vertu des amesfen-
fibles , lui fut entièrement inconnue :
il ne fut ni la goûter « ni l'infpirer.
On le connoifibit des les premiers
inflans « comme un homme caufti*
que , fiondeur , bouillant , faux ^
tracaffîer , & toujours prêt a brouil-
ler les perfonnes les plus unies « û
cette divifion pouvoit l'amufer un
moment : du moins c'efl ainfi qu'il
étoit connu dans fon exil ^ il eft
vrai que la folitude n'avoit pas peu
contribué à aigrir fon cara£iere. Oa
rapporte cette anecdote à fon fujet z
Ayant reçu une gratification de
30,000 livres , il imagina de la man-
ger dans un fouper iingulier, qu'il
pria M. le duc d*OrU'ins de lui laif-
fer donner à Saint-CïoudA II en fit
la difpofition , Pétrone à la main »
& exécuta avec toute la régularité
poffible le repas de Trimalclon, On
furmonta comités les difficultés à fgrcc
ppij
59^ MA R
de ùcpc/ifes. M. le Rcgent eut la
çuriotîtc d'aller furprcndre les ac-
teurs , & il avoua qu'il n'avoit rien
vu de fî original... On a de l'abbé it;
Margon pluiieurs ouvrages , écrits
avec cîialcur. 1. Les Mémoires de
Vî/Iurs , 3 volumes in-i 1 i les deux
premiers font du héros lui-même.
II. Les Mémoires de BerwUk , i vol.
in-i 1. IIL Ceux de TourvUU , 3 vol.
in-ii , peu eftimés. IV. Latrcs de
Fiei'Morîei, Y. Une mauvaife bro-
chure contre l'académie Françoife,
intitulée : Première Séance des Etats
Calûdns» VI. Pluûeurs Brevas de U
Calotu, L'abbé de Margon eut beau-
Coup de part aux Satires publiées
fous ce nom. VII. Quelques Pièces
de Pocfie^ manufcrites, qui valent
beaucoup moins que (a profe.
MARGUERIN de la Bigne ,
F<)>«îII. BlGHE.
I. MARGUERITE , ( Ste. ) vierge
célèbre , reçut la couronne du mar-
tyre , à ce qu'on croit, à Antioche,
Tan 275. On n'a rien d'affuré fur
le genre de fa mort. Son nom ne fe
trouve point dans les anciens mar-
tyrologes , & elle n'eft devenue cé-
lèbre que dans le onzième fiede.
Ce que Ion dit de fes reliques &
de fes ceintures , n'a pas plus de
fondement que lès aéles de fa, vie.
Cependant on fait aujourd'hui' fa
fête le 10 de Juillet. Voyc^ les Vies
des Saints , de Baîllet , pour ce jour-
là. « Ses aftes , dit cet auteur , ont
>♦ été fi. corrompus au jugement'
« même de Métaphrafte^qatVi^iîe
>♦ Romaine n'en a fien voulu infé-
M rerdansfôn bréviaire. Les Orien-
»» taux l'honorent fous le nom de
»»' Ste, Pélagie ou de Ste, Marine , &
w les Occidentaux , fous ceux de
n Ste, Gemme ou àc Ste, Margue-
>» me *f.
Il ne faut pas la confondre avec
Ste. M ARG VERITE , reine dE-
coffe. Celle-ci étoit pedte-niece du
roi Satnt Edouard U Confeffeur^ ^
M A R
fœur d*Edgar , qui devoît fuccédef
au faint roi. Guillaume U Conquérant
les obligea de chercher l^ur falut
dans la fuite. Ils abordèrent en
EcolTe , & furent accueillis pst Mal»
coim /y/, qui foutint en leur fii-
veur une guerre fanglante contre les
généraux de GmlUume, Marguerlu
donna à l'Ecoffe le fpe^cle de
toutes les vertus. Malcolm lui de-
manda fa main . & la fit couronner
reine , l'an 1070. Elle ne fe fervit
de Tafcendant qu'elle eut fur foa
époux y que pour faire fleurir la
religion & la juftice , & pour pro-
curer le bonheur des EcofTois. Dica
bénît leur mariage , en leur doimant
des enfans dignes d'eux : Edgard ,
Alexandre & David , leurs fils , illuf-
trerent fucceflivcment le trône d'E-
cofTe^ par leurs vertus &leur piété«.
Mathîlde , leur fille , époufa Henri I ,
roi d'Angleterre. [Voy» Mathilde,
reine d'Angleterre.] Ce qui difiin-
gua fur-tout ce couple heureux > fut
leur tendreffe pour les pauvres &
i^s infortunés. Malcolm fit bâtir la
cathédrale de Durham, & fonda les
évêchés de Murray&dc CadmelT,
réforma famsdfon, &porta des lois
fomptuaires. Marpterîte eut la dou-
leur de perdre fon mari , tué au fîege
du château d'Alnvich , dans le Nor-
thumberland , & ne furvécut pas
long-temps à cette perte. Elle mou»
rut le 16 Novembre 1093 , dans la
47* année de foh âge , « fut cano-
nifée en 125 1 , par Innocent IV, Sa
Vie a été écrite par Thlerî, moine
de Durham , fon confefTéur , & par
S, Aelred, '
IL MARGUERITE, fiUede
fValdcmar III , roi de Danemarck ,
& femme de Haqum , roi de Norwe-
ge , fut placée l'an 1 3S7 fur letrônç
de Danemarck & fur celui de Nor-
vège , par la mort de fon fils OLus ,
qui avoit uni dans fa perfoxme ces
deux royauifies. Atben , roi de Sue*
de ) tyran de fes fvjets nobles , Iq^ ~
J
M A R
Ibuleva contre lui *, ils offrirent
leur couronne à Marguerite , dans
1 efpcrance qu'elle les délivreroit de
leur roi. Le tyran fuccomba après
fept ans d'une guerre auffi cruelle
qu'opiniâtre » & fe vit forcé de re-
noncer au fceptre en 1394 , pour
. recouvrer fa liberté qu'il avoit per-
due dans la bataille de Falcoping.
Marguerite ^ furnommée dès-lors la
Sémiramîs du A^ort/^ maîtreffe de trois
couronnes par fes vidoires , forma
le projet d'en rendre l'union perpé-
tuelle. Les états-généraux de Da-
nemarck, de Suéde & de Norvè-
ge » convoqués à Calmar en 1 397 ,
£rent une loi folennelle, qui des
trois royaumes ne faifoit qu'une
feule monarchie. Cet aâe célèbre y
connu Cous, le nom de V Union de
Calmar , portoit fur trois bafes. La
première ^ que le roi continueroit
d*ètre éleftif. La féconde » que le
fouverain feroit obligé de feire tour-
à-tour fon féjour dans les trois
royaumes. La troifieme ,, que cha-
que état confervçroit fon fcnat , fes
lois , fes privilèges. Cette union
des trois royaumes , (i belle au pre-
mier coup - d'œil y fut la fource de
leur oppreffîoa & de leurs malheurs.
Marguerite elle-même viola toutes
les conditions de lUinion. Les Sué-
dois ayant été obligés de lui rappe-^
1er Tes fermens ^ elle leur demanda
$*ils en avoient les titres ? On lui
répondit en les lui montrant. Garde^
tts donc bien ^ répliqua-t-elle -, ^ moi
je garderai encore mieux les Villes , U$
Places-fortes Cf les Citadelles du royau^
me.,, Marguerite ne traita gueremieux
les Danois que les Suédois ; & elle
mourut, peu regrettée des uns & des
autres, en 1 412 , à 59 ans , après en
a v^oir régné 3.6. Le duc de Poméra-
II ie , ion neveu J. qu'elle avoit ailb-
cié au gouvejcnementdes trois royau-
mes, lui fuccéda fous le nom d'£-
rlc XIII, Marguerite eut les talens
d'unç héroïne , & quelques qualités
M A R 597
d*une princeife. Lorfque fes projets
n'étoient pas traverfés par la loi ^
elle la fiufoit obferver avec une
fermeté louable -, & l'ordre public
etoit ce qu'elle aimoit le mieux »
après fes intérêts particuliers. Ses
moeurs n'étoient pas trop réguliè-
res : mais elle tâchoit de réparer
cette irrégularité ,. dans l'efprit des
peuples , pair les dons qu'elle fai-
(bit aux églifes. Son efprit auroit
été plus loin, s'il avoit été cul-
tivé. £lle parloit avec force & avec
grâce , & elle fe fervit avantagea-
fônent du mélange que la nature
avoit &it en elle , des agrémens
des femmes & du courage des
hommes.
IIL MARGUERITE ,. fille aî-
née de Ralmond Bértnger , comte de
Provence , époufa S, Louis en 1134-
La reine Blanche , jaloufe à l'excès
de l'affeciion de fon fils , voyoit
avec une efpece de chagrin , fes vifs
enipreflemens pour fa femme. Si
la cour voyagepit, elle les faifoit
prefque toujours loger féparément.
Auffi la jeune reine n'aimoit pas
beaucoup fa belle -mère. S, Louis
n'ofoit même aller che?i cette épouCe
chérie , fans, prendre des précau-
tions , comme s'il avoit été che?
une maitrefTe. Un jour qu'il tenoit
compagnie a fa femme,, parce qu'elle
étoit. dangereufement malade-, oji
vint lui dire que fa mcre arrivoit»
Son premier mouvement fut de s'en-
foncer dans la ruelle du lit. Blanche
l'apperçut néanmoins. Vene^-vous^
en ... lui dit-elle , en le. prenant par
la main ; vous ne faîtes rien i^i,,,..
Hélas ! s'écria Marguerite, défolée.»
ne me lalJJ'en\-vous voir mon Seigneur
ni à la vie , ni à la mon ? Elle s'é-
vanouit à ces mots *, tout le monde
la crut morte» Le roi le crut lni-
mêm^) & retourna fur-le-cliamp
auprès d'elle. Sa préfence la fit re-
venir de fon évanouiffement -, &
les deux époux, toujours furveillés^
Ppiii
(59^ M A R
s'en aimèrent davantage. [ Vcye^
VHifioîrt de S, Louis ^ par Joinville-^
& YHîftobe de France , par l'abbé
Velfy,] Marguerite fuivit Louis en
Egypte l'an 114S , & accoucha à
Danietteen 1150, d'un ffls , fur-
nommé Triftan , parce qu'il vint
au monde dans de fâcheufes con-
jonâures. Trois jours auparavant
elle avoit reçu la nouvelle que
fon époux avoit été fait prifon-
nier *, elle en fut fi troublée, que,
croyant voir à tout moment fa
chambre plqme de Sarrafins , elle
fit veiller auprès d'elle un che-
valier de 80 ans , qu'elle pria de
lui couper la tête , s'ils fc ren-
doient maîtres de la ville. Le che-
valier le lui promit , & lui dit
bonnement qu'iV en avoît eu lapent
fée avant qu'elle Im en parlât. Les
Sarrafins ne purent furprendre Da-
miette ; mais le jour même qu'elle
accoucha, les troupes Pifanes &
Génoifes , qui y étoient en garni-
fon , voulurent s'enfuir parce qu'on
ne les payoit pas. Cette princefle
pleine de couk^ge fit venir au pied
de fon lit les principaux officiers ,
& elle les harangua , non pas les
larmes aux yeux j mais d'un ton fi
ferme & fi mâle , qu'elle obligea ce*
lâches à ne point fortir de la place.
De retour en France , elle fut le
confeil de fon époux , qui prenoit
fes avis en tout , quoiqu'il ne les
fuivît pas toujours. Elle mourut à
Paris en 1185, à 76 ans. Comme
aînée de fa fœur' Béatrlx qui avoît
époufé le comte ^ Anjou , frère du
roi , elle voulut prétendre à la fuc-
cefiîon de la Provence ; mais elle
n'y réufiit pas , la coutume du
pays étant que les pères ont droit
de fe chojfir un héritier. Son
douaire étoit affîgné fur lei Juifis ,
qui lui payoient par quartier 219
livres 7 ibis 6 deniers. C'étoit une
des plus belles femmes, de fon
temps, _& encore plus fage que
- M A R
belle. Un poëte Provençal lui
ayant dédié une pièce de galante-
rie , elle l'exila aux ifies d Hieres,
Son efprit étoit û Judicieux , que
des princes la prirent plnfieurs fois
pour arbitre* de leurs différens.
Quoiqu'elle n*eût pas trop lieu
( dit le Père Fontenaî^ ) d'aimer la
reine Blanche , elle pleura beau-
coup à la nouvelle de fa mort ,
qu'elle apprit dans la Palefiine.
Joinvîlle lui dit avec fa liberté
naïve, » qu'on avoit bien raifon
M de ne pas fe fier aux pleurs des
>* femmes <<. AùtrguerUe lui répon-
dit avec non moins de franclufe :
Sire de Joinvîlle ^ ce n'eft pas aujji
pour elle que je pleure ; mais c*efi
parce que le Roi eft très-affilgé , &
que ma jilU liabelle e/l refiêe en la
garde des hommes,
IV. MARGUERITE de Bour-
gogne , reine de France , fille de
/Robert II duc de Bourgogne , petite-
fille par fa mère de Saint Louis , &
femme de Louis le Hutin roi de
France * époufa cz prince âgé feu-
lement de quinze ans , en 1 3 o 5 . Elle
étoit belle , d'un efprit vif, & fon
cœur étoit porté à la galanterie.
Elle étoit très-unie avec Blanche de
Bourgogne, femme de Charles comte
de la Marche , fi^ere du roi. Ces
deux princefTes avoient les mêmes
goûts, 8c leurs amoiu-s éclatèrent
bientôt. En 13 14, Tone & l'autre
furent convaincues d'adultère avec
deux frères , l'un appelé Philippe ,
l'autre Gautier dAunay, Ils avoient
Intérefie dans leurs débauches un
huiflier d^ la chambre de la reine
de Navarre , confident & complice
de ces défordres. Philippe pafibit
pour l'amant de Marguerite , Gautier
pour celui de Blanche, C'étoit à
l'abbaye de Maubuiffon que fe
pafibient les fcenes honteufes" du
libertinage des princefiTes. Louis Hu-
tin , qui venoit de monter fur le
trône , fit feirç le procès aux deux
M A R
gehnlshommes , comme k des
traîtres & à des fcélérats, coupa*
blés du crime de le(i*majeâé.
L'huiffier qui favorifoit ces crimi-
nelles galanteries , fut condnnné
au gibet -, mais Pfdâppe & Gautier
^ent traités plus févérement. Ils
furent tous les deux mutilés &
ccorchés \ih. Ils eurent enfuite la
tête coupée, & leur corps furent
pendus par-deiTous les bras , &
leurs têtes placées fur des piliers.
Cette exécution fe fit en 1315 , à
Pontoife. A Tégard de MatgMriu &
de Blanche^ elles furent reniermées
au château Gaillard-, & , foit que
Marffterîu fut la plus coupable , foit
^MeJjouis Mudn fût le plusféveré,
fon époufe éprouva le plus rude
châtiment : elle fut étranglée avec
«ne ferviette.
MARGUERITE., Landgrave de
Thuringei Voy. ni. Frédéric^
V. MARGUEmTE dIcqsse ,
femme de Louis XI , roi de France , •
^and il n'étoit encore que dau-
phin, avoit beaucoup d%rprit& ai-
moit les gens de lettres. Ce fut
elle qui donna un baifer à AUùn
ChartUr : [ Voyc^ l'article de ce
poëte» ) Elle mourut en 1445 « ^
26 ans. '
VI. MARGUERITE D'AU-
TRICHE , fille unique de l'empe-
reur Maximlliea / & de Marie de
Bourgogne, naquit en 1480. Après
la mort de fii mère, on l'envoya
en France, pour y être élevée avec
les enfans du roi Louîf XL Peu de
temps après elle fiit fiancée au
dauphin, qui monta depuis fur le
trône fous le' nom de Char/es VIU,
Mais ce monarque ayant donné fa
main , en 1491 , à Anne', héritière
de Bretagne, renvoya Marguerîu à
fon père avant la confommation
du mariage. Ferdinand & IfahclU ,
rois de Caftille & d'Aragon , la
firent demander, en 1497, pour leur
fiU unique» /ma in£itt d'Efpagne.
MAR 59^
Comme elle alloit joindre ibn
époux , fon vaifieau fut battu d'une
furieufe tempête , qui la mît fur le
point de périr. Ce fut dans cette
extrémité qu'elle compoià cette Epi*
taphe badine :
Ci git Margot , ia gente Demoi*
Qu'eut deux maris, & Ji mourut pu^
cdle.
Si Margua-ite fit effeâivemçnt cette,
platfanterie au milieu du naufrage ^
-on ne doit pas avoir une foible
idée de la fermeté de foh ame.
L'infant fon époux étant mort peu
de temps après , elle époufa en
1508 Philibert le Beau ^ duc de Sa-
voie. Veuve trois ans après , &
n'ayant point d'en&ns , elle fe re*^
tira en Allemagne auprès de l'em-
pereur fon père. Elle fut dans la
fuite gouvernante des Pays-Bas , &
s'y acquit l'efHme publique par fa
prudence & par fon zèle contre
le Luthéraniûne. Cette princefie
mourut à Malines le i*' Décembre
ijf3o, à 50 ans. Sa devife étoit:
Fortune , infortune , fors une. On l'a
expliquée de plufieurs manières dif<>
férentesi elle ne mérite de l'être
d'aucune. Marguerîu laifia divers
ouvrages en profe & en vers ^
entre autres : le Dif cours de f es in'
fortunes & de fa vie, Jean le Maire
compofa à fa louange la Couronne
Marguarltique , imprimée à LyoA.
en 1549. Toutes les fieursde cette
couronne ne font pas également
vives ; mais l'on trouve dans ce
recueil des chofes affez curieufes
fur cette princefie, & plufieurs de
fes faillies.
VII. MARGUERITE de Va-
LOIS , reine de Navarre > fœur de
François I^ & fille de Charles d'Or-
léans duc d'Angoulême , & de Loulfe
de Savoie ^ naquit à Angoulême en
1492. Elle époufa, en 1509, Charles ,
dernier* duc d'Alen<fon , premier
Pp iy
'6oo M A R
prince du fang & connétable et
France , mort à Lyon après la prife
de Pavie , en 1^25. La princefle
èiarpurlu , affligée de la mort de
ion époux & de la prife de fon frère
qu'elle aimoit tendrement , fît un
voyage à Madrid , pour y fouiner
le roi durant fa maladie. La fermeté
avec laquelle elle parla à Charl^-
^ubu & à fes mimibes , les obl%ea
à traiter ce monarque avec les
égards dus à fon rang. François /,
de recour en France * lui témoigna
fa gratitude en prince feniible &
généreux. Il l'appeloit ordinaire*-
arent /a Mtçioane ; il lui fit de
très-grands avantages lorfqu'elle
fe maria , en 1 5 16 , à Henri d*A/kra ,
Toi de Navarre. Jeanne d'Alhret ,
mère de Henri IV , fut l'heureux
iruit de ce mariage. Ses foins fur
le trône furent ceux d un grand
prince. £lle fit fleurir l'agricul-
xure , encouragea les arts , proté-
gea les favans , embellit Oks villes
& les fortifia. L'ardeur qu'elle avoit
de tout apprendre , lui fît écouter
quelques théologiens Proteflans ,
qui rinfefberent de leurs erreurs.
Elle les dépofa , en 1533» dans un
petit ouvrage de fa £içon , inti->
Sulé : Le Miroir de VAmt picherejfe ,
qui fut cenfuré par la Sorbonne*
Cette condamnation lui infpira en<t
core plus d'intérât pour les hé-
jrétiques , qu'elle regardoit comme
des hommes malheureux & per^-
fécutés^ Elle leur donna fa con«>
fiance , & employa tout ce qu'elle .
avoit de crédit pour les dérober à
la févéricé des lois. Ce fut à fa re*
commandation que François 1 écri^
vit au Parlement , en faveur de
quelques hommes de lettres pour-
fuivis comme favorables aux nou-
velles erreurs. Enfin, fur la fin de
fes jours , elle rouvrit les yeux à
la vérité , & mourut fîncérement
'eonvertie le 2 Décembre 1549 , à
17 ans I au château d'Odos .en
M A R
Bigorve. [ Foyei m. FtvRE. J
Cme princefle joignoit un efprit
mâle à une bonté compatiflânte ,
6c des lumières très-étendues à tous
les agrémens de fon fexe. Elle
étoit doucefânsfoibleile , magni-
fique fans vanité , capable d'af-
aires, fans négliger lesamuiemens
de la fociété, attachée à François I ,
comme une foeur bien née , &
auffi refpeûueufe à fon égard que
le moindre de fes fujets. Amie de
tous les arts , elle en cultivoit
quelques-uns avec fuccès. Elle écri-
voit Êacilement en vers & en proie.
Ses Poéfies lui acquirent le fur*
nom de Dixième Mufe, Nous ci-
terons la petite pièce qu'elle adrefla
à Marot , en répondant pour Hé^
Une de Toumon à ce poète , qui
s'étoit plaint dans une épigramme
du nombre de fes créanciers.
Si- ceux à ^ ^deve^ comme vous
dites ^
Vous connoiffoient comme je voum
connois ,
Qmte ferici du dettes que vous
fîiCS,
Au temps paffi , tant pondes qut
petites \
En leur payant un diiain touu^,
fou ,
Tel que U ydtr* ^, qui vaut nûeusù
mille fois ,
Qiii Parlent dû par vous eu coa^
fcience :
Car eftimer on peut f argent au
poids ;
' Mais on ne peut ( & j*en donne mm
voix )
Affci prifer votre heliejeience.
On célébra Marffteriie en vers Se
en proie. On dit d'elle , que c'é-
toit une Marguffiu qui furpajfoii
en valeur les perles d'Orii^, La reine
Marguerite avoit, dit-on , la vertii
que l'antiquité fuppofoit aux Mu^
fes \ mais on ne le jugeroit pas
en JUi^nt fes ou\^è« , très-fou«
M A R
.vtnt obfcenes malgré la pureté de
fes mœurs. Les jeunes gens les li-
ient encore aujourd'hui avec trop
de- plaiiir. On y trouve de l'ef-
prit , de rimaginaûon , de la naï-
veté , & la Fontaine y a puifé le
fond, & même les ornemens de
plufieurs de Ces Contes. O a d'elle :
I. Heptaméron , ou Us Nouvelles de
la Reine de Navarre , 1 5 60 , in-4**.
( édition de Gmget ; ) Ôf Amfter-
dam , 1698 , 2 volumes in- 8^ , fi-
gures de Romain de Hoogue, Ce
font des Cornes dans le goût de
ceux de Bocace, qui ont été im-
primés de même , à Amfterdam ,
j6^7, z vol. in-8°, figures. On y
joint Its Cent Nouvelles , Amfier-
dam, 17P1 , 2 vol. in-8^, figures -,
& les Contes de U Fontaine^ Am-
Herdam , 1685 , 2 vol. in-S** , fi-
gures. Ces 4 Recueils ont été
réimprimés fous le titre de Recueil
de Contes, d'une très-jolie édition ,
â Chartres, fous le nom de la Haye »
^733 ï ^ vol., petit in-12. Des
aventures galantes , des fédudions
de filles encore novices , des ftra-
tagêmes plaifans , employés pour
tromper les tuteurs & les jaloux :
voilà les pivots fur lefquels rou-
lent tous ces contes , d'autant plus
^ngereux pour la jeuneffe , que
•les images obfcenes y font ca-
chées fous un air de fimplicité
& de naïveté piquantes. [ Voye[
Louis XI, ] II. Les Marguerites de
la Marguerite des Prlncejfes , recueil-
lies en 1 5 47 , in-8° , par Jean de
la Haye , fon valet de chambre.
On trouve dans ce recueil de
Poéfies : i^ Quatre Myjleresl ou
Comédies pieufes , & deux Farces,
Ces pièces fingulieres , où le fa*
cré eft mêlé avec le profane ,
font fans élévation , 6ç n'offrent
que beaucoup de naïveté , parce
4]ue le naïf efi une nuance du bas.
3.° Un Poème fort long & fort
^nftpidc , ibtitulé : Zc trlom^hç de-
M A R ^01
P Agneau, 3^ La Complahue pour
un Prlfonnîer ^ apparemment pour
François / , efi un peu moins mau-
vaife. Marguerite avoit une fedlitç
finguliere pour faire les devifes.
La fienne étoit la fleur de ^oud
qui regardoit le Solâl , avec ces
mots : Non inferiora secvtus.
Elle en avoit une autre; c'étoitun
Lis à côté de deux Marguerites ,
& ces paroles à l'entour : Miras^
j)UM NjiTi/RjE orus,
Vm. MARGUERITE be
France, fille de François */, née
en 1523 , cultiva les lettres & ré-
pandit ies bienfaits fur les favans ,
à l'exemple du roi fon père. Elle
fe maria en 1559 avec Emmanuel--
Philibert, duc de Savoie. Ce prince
connut tout le bonheur de pefle-
der une telle époufe , & fes fujets
la nommèrent de concert la Mère
des Peuples,,, Henri III ayant pafTé
à Turin à fon tetour de Pologne ,
elle fe donna tant de mouvement
pour que ce monarque & les fei-
gneurs de fa fuite furent bien trai-
tés, qu'elle contraûa une pleuré*
fie , dont elle mourut le 14 Sep-
tembre 1574 > à 51 ans. Cette
princeflç ùvoit le Grec & le La-
tin , & joignoit à ces connoiflan-
ces des vertus fupérieures & une
piété tendre.
IX. MARGUERITE DE Fran-
ce , fille de Henri II , née le 14
Mai 1552 , époufa, en 1572 , Ip
prince de Béarn , fi cher depuis
à la France fous he nom de Henri
IV, Ce mariage , célébré avec
pompe , fut l'avant-coureur de la
fimefte journée de la Salnt-Barthé^
lemi^ concertée au milieu des ré-
jouifiances des noces. La jeune
princeiTe avoit alors tout l'éclat
de la beauté & de la jeunefle :
mais fon mari n'eut pas foii coeur ;
le duc de Gidfe le poffédoit. [ Voyei
auiîî I. Faur. ] Henri , loin de
travailler à fe Tafifurer y donna le
1
eioi M A R
£ea i différentes maxtrefles. Deux
<époux de ce caraâere ne pou-
voienc guère vivre en bonne in*
celligence. Marçurlte étant venue
À la cour de France en 1^82 ,
s'abandonna à. toute la foibleâe de
Ton tempérament. Le roi Charlts
IX^ fon frère, la fit rentrer pour
quelque temps en elle-même par
un traitement ignominieux. Ce
prince avoit dit, après avoir figné
ion contrat de mariage : En don-
nant ma faur Margot au Prince dt
Bcam ^ je la donne à tous les Hu-
guenots du Royaume. .» Henri ^ obligé
de vivre avec cette femme volup-
tueufe , lui témoigna le mépris
quelle méritoit. Marguerite, profi-
tant du prétexte de l'excommuni-
cation lancée par Slxte-Qulnt con-
tre (on époux i s*empara de l'Age-
nois & s'établit à Agen , d'où fa
lubricité & Tes vexations la firent
chafTer. Contrainte de fe fauver
en Auvergne , elle s'y conduifît
en courtifane & en aventurière.
Sa vie fut très-agitée , Jufqu'au
moment qu'elle fut enfermée au
château d'UfTon , dont elle fe
rendit maîtrelTe , après avoir affu-
jetti le cœur du marquis de Ca-
nlUac qui Vy avoit renfermée. Henri
IV devenu roi de FraïKe , & n'ayant
point eu d'enfant d'elle , lui fit
propofer pour le bien de l'état de
faire cafTer leur mariage. Elle y
çonfentit avec autant de noblef^
que de défintéreffement. Loin d'exi-
ger plufieurs conditions auxquelles
ce prince auroit été obligé de fouf-
crire , elle demanda feulement qu'on
payât fes dettes , & qu'on lui af-
furât une penfion convenable.
Leurs nœuds furent rompus en
1599, par le pape Clément IX,
Marguerite^ libre de fes liens , quitta
fon château d'UfTon en i6oç , &
vint fe fixer à Paris , où elle fit
bâtir un beau palais rue de Seine ,
ve c de vaûes jardins quirégtioient
M A R
le long de la rivière. Elle y vécot
dans le commerce des gens de let>-
tres & dans les exercices de piété.
Elle mourut le 27 Mars 161 5 , à
63 ans. Cette princefle joîgnoit à
une ame noble , compatiffante &
génércufé , beaucoup d'efprit & de
beauté. Perfonne en Europe ne dan-
foit fi bien qu'elle. Don /iwn d'Aw
triche y gouverneur des Pays-Bas,
partit exprès en pofle de Bruxel-
les , & vint à Paris incognito pour
la voir danfer à un bal paré. Sa
maifon étoit l'aûle des beaux ef-
prits. Son imagination acquit tant
d'agrémens auprès d'eux, qu'elle
parloit &écrivoit mieux qu'aucune
femme de fon temps. Elle les ho-
nora de fes bien^ts ; mais die fit
pafTer fouvent la générofité avant la
juftice» car elle empruntoit beaii-
coup & rendoit très-peu : auffi
mourut-elle accablée de dettes. Ce
fut la dernière princefTe de la mai-
fon de Falou , dont tous les prin-
ces étoient morts fan^ poflérité.
On fit les vers fuivans fur l'extinc-
tion dé cette maifon :
Margaris tf/w4/<?ror, confors & JUla
Rsgum
Omnibus his morlens^ proh dolorl
orha fuît.
Pars ferro occuhult, pars altéra cétf\
veneno.
Tutlor eji fuUo parvula fella gravi,
Pravlfa ohilt mater vexata proccUU ,
Par nota maror praftitu înfetiasm
Quelques hifloriens ont prétendu
que , pendant fon -mariage avec
Henn IV, elle accoucha fecréte-
ment de deux en&ns ; mais on n'a
jamais apporté la moindre preuve
de ce conte fcandaleux. On a d'elle:
L Des PUfies , parmi lefqudles il
y a quelques vers heureux. IL
Des Mémoires depuis 1565 Jufqu'en
1582, publiés en 162S par Augtf
de Maulcon. Marguerite s'y peint
comme une Vénale* Le %le en
M A R
iftft naïf & agréable, & les anec-
dotes curieufes & amufantes. Gode
frol en 9 donné une bonne édition
à-Liege, in-S^.iyi 3... Voy. VWfioln
de cette princeffe , par M. Monge^ ,
diânoine régulitr, 1777, in-8".
X. MARGUERITE > fille & hé-
ritière de Florent comte de Hol-
lande, cft célèbre par un conte
répété pcir vingt compilateurs , par
ceux de ce fiecle même. Ayant re-
fufé l'aumône à une femme qu'elle
accufa en même temps d'adultère ,
Dieu la pimit en la faifant accou-
cher, l'an 1276, de 365 enfani;
tant garçons que filles. Les garçons ,
ajoute-t-on, furent tous nommés
Jean , & les filles EUfabeth. Cette
hiftoire eft peinte dans un grand
tableau dW village peu éloigné
de la Haye ; & a côté du tableau
l'on voit deux grands baflîns d'ai-
rain, fur lefquels on prétend que
les 36c enfans ftirent préfentes au
. baptême. Mais combien de âbles
ne feroient point atteftécs , s'il fuf-
fifoit de citer un tabIea;U en leur
faveur ? >» On a remarqué que les
»♦ plus anciennes Annales gardent
>» im profond filence fur ce ûit ;
« qu'il n'a été rapporté que par
>♦ des écrivains modernes, qui ne
M s'accordent point entre eux, ni
*>> fur la date, ni fur la vie de la
»♦ comteffe , ni fur le nombre ^ts
»» enfans; & qu'enfin Najfau^ qui
»♦ pour lors étoit évêque d'Utrecht ,
>» s'appeloit Jean & non pas Gui ,
>♦ comme le difent les Chroniques.
>» Plulîeurs favans ont examine ce
»♦ qui avoit pu occafionner un pa*
»» reil récit. M. Struik s eft arrêté
>♦ aux Epitaphcs de la mère & du
M'fils, qui lui ont paru mériter
»♦ quelque attention. Conformé-
y* ment aux dates qu'elles préfen-
M tènt , il a penfé, que la coih-
'' »♦ teffe accoucha le vendredi-faint
w 1276 qui étoit le 26 Mars. Or,
*> dans ce temps l'année commen-
/ M A R 605
>) çant au 15 du même mois, il y
»» avoit, lorfqûe la comteiTe ac-
» coucha, 'deux jours de l'année
>« qui s'étotent écoulés; ce qui ai
»t Élit dire qix^l/c mit au monde au"
^^ tant- d* enfans qu!il y en avoit À
>♦ l'année. En effiet on^e trouve
»» dans l'hLftoire que deux enfens ,
>» Jean & Ellfahetk, C'eft ainfi que
» cette fable s'explique, & devient
»» un événement ordinaire, quite-
» noit au merveilleux par une
>♦ équivoque. Les écrivains poftc-
» rieurs , qui n'ont point examiné
>» cette circonftance, ont attribué
>f 365 entans à la comtefle^. ( Jo ur*
NAL des Savons , Février 1758.,.
fur VHiJioire générale des Provinces*
Unies, ) Il y a eu une autre Mar-
guerite, femme d'un comte Pa;.-
latin , qui accoucha dans Cracovie«
en 1269 , de 36 enfans , tous en
vie , û l'on en croit Martin Cronfer ,
Gulchardin qui l'a copié, & cinquante
auteurs qui ont rapporté ce menfon^
ge après eux. Il ne faut cependant
pas nier qu'il n'y ait eu quelques
exemples d'une fécondité prodigieu-
g. Pic de la Mirandole parle de deux
îtenmes , dont Tune accoucha de
9 , l'autre de 11 enfans. /ou^é/t, dans
î^^ Erreurs populaires^ rapporte que
la grand'ijiere dé la maréchale dt
Montluc , héritière de la maifon
de Bovllle en Agénois , eut d'une
feule couche 9 filles, qui vécurent
toutes & furent mariées , & dont
on voyoit encore du temps de Jou^
hert , les tombeaux dans l'églife ca«
thédrale d'Agen.
XI. MARGUERITE d'Anjou,
fille de René d'Anjou , roi de Sici-
le, femme de Henri VI roi d'An-
gleterre , étoit une princeffe entre-
prenante, courageufe, inébranla-
ble. Elle eut tous les talens du gou«
vernement & toutes les vertus guer-
rières. Elle prit un tel empire fur
fon mari , qu'elle régna fous fon
nom, La nation Angloife, que fa
6o4 M A R
fermeté avoit Irritée, réfolut de
Ranger de maître. Richard^ duc
d'Yorck , profita de la fermema-
tton des efprits pour faire valoir
fts droits à la couronne. II Ce mit
a la tête d'une année, battit Hcnrî
Fi en 1 47 5 à Saint* Albans , & le
JM-it prifonnier. Marguerite voulut le
rencfre libre , pour l'être elle-même.
Son courage étoit plus grand que
fe mallieurs. Elle levé des troupes ,
délivre fon mari par une viftoire ,
devient générale de fon armée, &
entre à Londres en triomphe. Les
rebelles ne furent pas découragés,
lis livrèrent bataille a la reine , a
Northampton , Tan 1460 , le comte
de JFarwlck à leur tête. Marguc-
ntt fut vaincue, Henri fait prifon-
nier une deuxième fois , & fa fem-
me fugitive. Elle courut de pro-
vince en province pour ffe faire une
armée , quoique Londres & le par-
lement lui fufTent oppofés. Elle
raffembla dix-huit mille hommes ,
marcha contre le duc d'Yorck , le
vainquit & le tua à Wakefield; at-
teignit Wurwlck , & eut le bonheur
de remporter fur lui une vîéioire
complète, en 1471 ,àBrands-héat|^
près de Saint- Albans. Le comte de
la Marche , devenu duc dTorck
par la mort de fon père , & fou-
tenu par Warwîck , fe fit* couron-
ner roi d'Angleterre fous le nom
d* Edouard IV, Marguerite fut , plus
que jamais , daas la néceilîté de
fe battre. Les deux armées enne-
mies fe trouvèrent en préfence à
Tawton, aux confins de la provin-
. ce dTorck. Ce fiit là que fe don-
na la plus fanglante bataille qui
ait jamais dépeuplé l'Angleterre.
Warwîck fut pleinement vidrorieux ,
& le jeune Edouard IV affermi
fur le trône. Marguerite abandon-
née pafîa en France , pour im-
plorer le fecours de Louis XI ^ qui
lui en refu{à. Cette princeffe intré-
pide repalTe en Angleterre , donne
M A R
une nouvelle bataille vers Exhamj
l'an 1461 , & la perd encore. Con-
trainte de fe réfugier chez fon .pè-
re , elle revint bientôt pour domp*
ter les rebelles. Elle livre de nou-
veaux combats , & eft feite prifon-
niereen 147 1. Elle recouvra la li-
berté en 1475 » P^ ^^ ^'* ^' ^^^^
année entre Louis XI & Edouard
ly y ^ elle revint en Jrance , où ,
obligée de dévorer fes chagrins ,
après avoir foutenu dans douze ba-
tailles les droits de fon mari & de
fon fils , elle mourut en 14S2 , la
reine , l'époufe & la mère la plus
malheureufe de l'Europe. La pofté-
rité l'auroit encore plus refpedée ,
{\ elle n'avoit pas fouillé fa gloire^
par le meurtre du duc àt Glotefler^
oncle du roi fon époux , dont le-
crédit excita fon envie , ôc qu'elle
fit périr , fous prétexte d'une conf^
piration. VHlJhlre de cène reine
infortunée a été écrite par l'abbc
Prévôt j Amflerdam , 1 740 , en i vol.
în-12. Voye:^ V. George,
XII. MARGUERITE d'Yorck,
fœur d'Edéuard IV & de Rîch<^ III^
féconde femme de Charles U TêMé-
ralre^ duc de Bourgogne , n*eut point,
d'enjfans de fon mariage. Ellefùr-
vécut à fon époux , & fixa fon fé-
jour en FlantGres , où elle fb fit ado-
rer. Mais die adopta &.aima tenr«
trement fa belle - fille MarU de
Bourgogne ,. & fes enfans , dont elle
foigna l'éducation. Les facheufes
affeires qu'elle fufcita à ffenrl VII\
ufurpateur du trône d!Angleterre
fur fa famille , qui s'y étoit affermi
en épouf^mt la nièce de Marguerite ^
& cjui la traitoit avec une dure -in-
gratitude, firent donner à la du-
chelTe veuve le fùmom de Jusdh
du roi d'Angleterre. Voyez auffi les
art,_ di* Edouard Plantagenu l n*
II , de Perkjns i & de Stanley ^
n^ I.
MARGUERITE , fille de Fréde*
rlc U : Voyci FRÉDÉRIC , n^ til*
M AR
MARGUERITE de Lorïiaine,
Voyci III. Louise.
MARGUERITE DE Savoie,
Vice-reine de Portugal , Voy, lxv.
Jean IV ^ le Fortuné.
XIII. MARGUERITE -MARIE
A LA COQUE , née en 1645 , à
Leuihecourt en Bourgogne , mon-
tra dès Ton enfance beaucoup de
vertu. A l'âge de dix ans elle difoit
avoir des extafes & des apparitions ;
elle fe dévoua dès-lors à la con-
templation. En 167 1 elle entra au
monaftcrc de la Vifitation de Sainte-
Marie de Paray-le-Monial en Cha-
rolois. Elle fut admife au noviciat
après trois mois d épreuve, & fut
^ès-lors un modèle de TagefTe , de
foumi/Iion & de patience. Mais des
fingularités & des bizarreries terni-
rent l'éclat de fes vertus. Elle mou-
rut le 17 Oûobre 1690 , après avoir
rérvi à répandre la dévotion au
C<£UR DE Jésus. L'archevêque de
Sens , Languct , a écrit fa F/< , & y
a joint quelques-uns de fes écrits...
Voyei n. Languet.
MARGUNIO, (Maffimo) fîls
d'un maréchal de Candie > vint â
Venifeavec fon père en 1547, &
y ouvrit une imprimerie Grecque. ,
de laqiielle font fortis beaucoup
d'ouvrages.' Sa maifon ayant été
(onfumée par un incendie, il re-
tourna dahs fa patrie & devint évê-
que de Cërigo. U mourut dans l'ifle
lie Candie , en 1602, à So ans. On
a de lui en grec des Èymnes Ana^
créontlques , publiées à AusSourg en
1592, in-S** , par Afa/cA«//ttJ. Elles
font une preuve de fes talens pour
le lyrique. On a eAcore de lui d'au-
tres Poéfits , dans le Corpus Poéta-
Tum Grxc. Genève, 1606 & 1614 ,
a vol. in-fol.
MARIALES, (Xantes) Domi-
nicain Vénitien , d'une famille nô-
h\e y enfeigna quelque temps la phi-
lofophie & fa théologie. Il fe ren-
fj^jtAfl enfuite dUns fçn cabinet,
M À R 60Ç
fans Vouloir aucun emploi dans fou
ordre , pour fe livrer entièrement
à l'étude. 11 mourut à Venife en
1660 , à plus de 8û ans. On a de,lui :
L Plufieurs gros ouvrages de théo-
logie , dont le plus connu eft ea
4 vol. in-fol. Il parut à Venife «a
Ï669 , fous le titre de Blbllothcca
Interprcium ad unherfam Summam Z>.
Tkoma, II, Plufieurs Déclamations
en italien contre la France , qui atti-
rèrent de facheufes affaires à l'au-
teur , & qui le firent chafTer deux
fois des états de Venife.
MARIAMNE , l'une des plus
belles & des plus illuilres princcf-
fes de fon temps , époufa Hérode U
ù/and , dont elle eut Alexandre &
ArlflohuU. Le roi l'aimoit éperdue-
ment. Sa beauté & fa faveur exci-
tèrent l'envie •, fes ennemis vin-
rent à bout de la perdre dans 1 ef-;
prit de fon mari. Elle fut accufé»
Êruffement de lui avoir manqué de
fidélité. l.Voy2\Y, Joseph.] Ce
prince trop crédule la fît mourir v.
l'an 28 avant J. C. , &. en conçut *
enfuite un repentir fi vif, qu'il en
perdoit Tefprit dans certains mo-
mens ^ jufqu'à donner ordre à ceux
qui le fervoient, d'aller quérir la
reine , pour le venir voir & le con-
foler dans fes ennuis. Hérode fe re*
maria â une princeffe , nommée aufll
Màrjamue , fille de Simon , grand
' facriflcateur des Juifs *, mais cette
princefle ayant été accufée d'avoir
confpiré contre le roi fon époux ,
elle fut envoyée en exil.
MARI AN A, (Jean) né à Taîa-
vera , dans le diocefè de Tolède ,
entri cliez les Jcfuites en 1554, à
Tâge de 17' ans. 11 devint dans cette
favante école un dès plus habiles
hommes de fon fiecle. 11 favoit
les belles-lettres, le grec & l'hé-
breu , la théologie , l'hifloire ecclé-
fiafiique & çrohnt. Il enfeigna à
Rome , en Sic41e , à Paris & en Ef-
pâgnç , ^V€Ç réputawion , & «1911*
6o6 MAR
rtt à Tolède le 17 Février 1614 ,
à 87 ans. Cctoit, fuivant la pôn-
turc qu'en ont faite fcs confireres ,
un homme ardent & inquiet. On a
de lui : I. Une WJiohc '(fE/pagnc ,
en trente livres, qu*il tradaifit liû-
mêmede latin en efpagnol. La meil-
leure édition du texte efpagnol ,
eft celle de 1678 , à Madrid , en
a volumes in-folio. Elle eft con-
forme à celle de 1608 , Ihid, % vol.
în-folio, à laquelle JVftfrÔMïtf avoit
préfidé. Les éditions latines de VHîf-
toîn de Mariana , font : Celle de
Tolède, 1 59Z, in-fol. , qui ne con-
tient que ao livres ; de Mayence ,
en 160 j , en 2 voK in-4® ; & de la
Haye, en 1733 , 4 vol. in-folio.
Celle-ci eft la plus beUe & la plus
correÛc. Noiis en avons une Tra-
JucUon françoife, par le P. Charen-
ion , Jéfuite , imprimée à Paris en
1725 , 5 vol.in-4*', qui fe relient
en 6 : Mahudcl y a ajouté une Dlf-
fertatlon hiftorique fur les monnoies
antiques d'Efpagne. Mariana ^ com-
parable aux plus fameux jiiftoriens
de l'antiquité , eft égal au préfi-
dent d6 Thou pour hi nobleffe &
pour l'élégance du ftyle -, mais il
n'eft ni auffi exad, ni auffi judi-
cieux , ni aufli impartial que ce célè-
bre hiftorien. Il maltraite les Fran-
çois Scies Proteftans , & répète tou-
tes les fables adoptées en Efpagne.
Il a de la majefté dans fes récits:.,
mais peu de précifion. Son Hlfioirt
ne va que jufqu'en 1516. L'éditio^i
'de Madrid, que nous avons indi-
quée» renferme des Continuations
jufqu'en 1678. [Toye^MiNiANA..]
Pedro Mémuano y Cohcn-Tnut^ Rir
Uyro dt Matedo , ont relevé dans
. Mariana pluûeurs fautes contre la
chronologie ^ la géographie & Thif-
toirc -, mais leurs critiques ne font
pas toujours juftes. IL VtsScholl»^
ou courtes Notes fur la JBibU , in-
folio. Elles font peu confultées ,
quoique uûles pour l'iiitelligence du
MAR
fcns littéral. On y trouve une Dif^
fertatlon fur l'édition de la Vulgate ,
très-favante & très-judicieufe -, il y
eft auffi trai\é du texte & des an-
ciennes verûohs de l'Ecriture. Cette
D'iffcnation fe trouve avec l'ouvrage
fuivant , dans l'édition de Mmochîus^
par le P. d^ Toumcmlne, 111. Un
Traité De ponderlbus & menfwis ,
Tolède, 1599 » in -4®;: rare &
recherché , de cette édition , qui eft
Toriginale. Cet ouvrage , où il s' a-
vifa de blâmer les changemens ^ui
fe faifoient en Efpagne dans . les •
monnoies , le fit mettre en prifon.
IV. Un faihcux Traité De Rege &
Rcgls Injhttalone , à Tolède , en
1599, in-4^ : altéré dans les édi-
tions poftérieures , & qui eft fort
cher, de l'édition originale. Il ftic
condamné par le parlement de Pa-
ris, à être brûlé par la main du
bourreau , cenfuré par la Sorbonne»
& défapprouvé par fes fup^deurs.
Mariana ofe foutenîr dans cet ou-
vrage 9 qu**/ efi permis dt Je défaire
d*un Tyran , & il y adnùre l'aûioa
déteftable de Jacques Clément, Il eft
conftant que RavalUac n'ayoit point
puifé dans cet ouvrage • Tabomina-
hle dcfTein qu'il exécuta contre la
y'iQ d'Henri If^ y comme quelques-
uns l'ont avancé *, mais ce livre
n*en doit pas moins faire horreur
aux bons citoyens. V, Un ouvra-
ge , en efpagnol , touchant Us dé"
fauts du gouveptement de fa Société ,
qui a été imp^me en efpagnol , en
latin , en italien Jk en firançois.
[ Vcye:^ m. MORXN. ] Maiiana. ne
vouloit pas le rendre public -, mais
un Francifcaia le lui enleva dans
fa prifon , Ôc le fit imprimer à
Bordeaux en 1615 , in-8**. VI. Un
Traité des SpeHacles \ &. d'autres ou-
vrages peu connus à préfeat , & im»
primés à Cologne , 1609 , in-fol.
MARIANUS SCOTUS , habile
moine Ecoâiois , fe retira en 1059
dans l'abbaye deFulde^ Ôcmouruit
1
M A R
è. Mayenceea 1086 , à 5$ ans. Il
étoit parent du vénérable ^<;^. On
a de lui une Chroniqùs qui eft efti-
mée. Elle va depuis la nailTance de
J. C jusqu'en 1083 , & a été con-
tinuée jufquen 1200 , par Dodidùm^
abbé au diocefc de Trêves... Voye^
M A R 607
MARICA , N3rmphe que le roi
Faunus époufa , & de qui il eut JLi-
tinus. Elle donna fou nom à un
marais , proche deMintume , fur
le bord duquel il y avoit un temple
de Vénux^ que quelques-uns confon-
dent avec Marlca : cette dernière cft,
félon LaHance , la même que Clrcé^
Fin du Tome Cinquième^
s^
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AI/G 2 7 1930