Skip to main content

Full text of "Nouveau dictionnaire historique; ou, Histoire abrégée de tous les hommes qui ..."

See other formats


This  is  a  digital  copy  of  a  book  that  was  preserved  for  générations  on  library  shelves  before  it  was  carefully  scanned  by  Google  as  part  of  a  project 
to  make  the  world's  books  discoverable  online. 

It  has  survived  long  enough  for  the  copyright  to  expire  and  the  book  to  enter  the  public  domain.  A  public  domain  book  is  one  that  was  never  subject 
to  copyright  or  whose  légal  copyright  term  has  expired.  Whether  a  book  is  in  the  public  domain  may  vary  country  to  country.  Public  domain  books 
are  our  gateways  to  the  past,  representing  a  wealth  of  history,  culture  and  knowledge  that 's  often  difficult  to  discover. 

Marks,  notations  and  other  marginalia  présent  in  the  original  volume  will  appear  in  this  file  -  a  reminder  of  this  book' s  long  journey  from  the 
publisher  to  a  library  and  finally  to  y  ou. 

Usage  guidelines 

Google  is  proud  to  partner  with  libraries  to  digitize  public  domain  materials  and  make  them  widely  accessible.  Public  domain  books  belong  to  the 
public  and  we  are  merely  their  custodians.  Nevertheless,  this  work  is  expensive,  so  in  order  to  keep  providing  this  resource,  we  hâve  taken  steps  to 
prevent  abuse  by  commercial  parties,  including  placing  technical  restrictions  on  automated  querying. 

We  also  ask  that  y  ou: 

+  Make  non-commercial  use  of  the  files  We  designed  Google  Book  Search  for  use  by  individuals,  and  we  request  that  you  use  thèse  files  for 
Personal,  non-commercial  purposes. 

+  Refrain  from  automated  querying  Do  not  send  automated  queries  of  any  sort  to  Google's  System:  If  you  are  conducting  research  on  machine 
translation,  optical  character  récognition  or  other  areas  where  access  to  a  large  amount  of  text  is  helpful,  please  contact  us.  We  encourage  the 
use  of  public  domain  materials  for  thèse  purposes  and  may  be  able  to  help. 

+  Maintain  attribution  The  Google  "watermark"  you  see  on  each  file  is  essential  for  informing  people  about  this  project  and  helping  them  find 
additional  materials  through  Google  Book  Search.  Please  do  not  remove  it. 

+  Keep  it  légal  Whatever  your  use,  remember  that  you  are  responsible  for  ensuring  that  what  you  are  doing  is  légal.  Do  not  assume  that  just 
because  we  believe  a  book  is  in  the  public  domain  for  users  in  the  United  States,  that  the  work  is  also  in  the  public  domain  for  users  in  other 
countries.  Whether  a  book  is  still  in  copyright  varies  from  country  to  country,  and  we  can't  offer  guidance  on  whether  any  spécifie  use  of 
any  spécifie  book  is  allowed.  Please  do  not  assume  that  a  book's  appearance  in  Google  Book  Search  means  it  can  be  used  in  any  manner 
any  where  in  the  world.  Copyright  infringement  liability  can  be  quite  severe. 

About  Google  Book  Search 

Google's  mission  is  to  organize  the  world's  information  and  to  make  it  universally  accessible  and  useful.  Google  Book  Search  helps  readers 
discover  the  world's  books  while  helping  authors  and  publishers  reach  new  audiences.  You  can  search  through  the  full  text  of  this  book  on  the  web 


at|http  :  //books  .  google  .  corn/ 


/ 


\         ^ 


:.:^\)  ~: 


NOUVEAU 

DICTIONNAIRE 

HISTORIQUE; 
HISTOIRE  ABRÉGÉE 

De  tous  les  H  o  MME  s  qui  fe  font  fait  un  nom  par  des 

Talens ,  des  Vertus,  des  Forfaits,  des  Erreurs,  &c. 
Depuis  le  commencement  du  Monde  jusqu'à  nos  Jours. 

Et  dans^  laquelle  on  expofe  avec  impartialité^  ce  que  les  Écri- 
vains les  plus  judicieux  ont  penfé  fur  le  caraâère,  les 
mœurs  &  les  Ouvrages  des  Hommes  célèbres  dans  tous 

les  genres: 

AVEC 

Des  Tables  Chronologiques  pour  réduire  enCorpsJHiJloire 

les  Articles  répandus  dans  ce  Di&ionnaire% 

Par  une  Sociixi  de  Gens -de-Lettres. 

Septième  Édition,  revue',  corrigée,  &  conCdéra- 
blement  augmentée. 

»        ■  Il  I.  ,  I  I  .Ml  ■  » 

Mihi  Galba  f  Otho,  Vitclliusy  ncc  heneficio^  tue  injuria  cogniti» 

Tacit.  Hift.  lib.  I.  §.  i« 

T  G  M  E- V. 


A  Caen  ,  chez  G.  LE  R  O  Y ,  feul  Imprimeur  du  Roi ,  ancien 
Hôtel  de  la  Monnoie  ,  Graftde-rue  Notre-Dame. 

A  Lyon  ,  chez  B  R  U  Y  S  E  T ,  Frères ,  Imprimeurs-Libraires. 
Avec  Approbation  £•  Privilège  du  Rêi»     tyt^ 


N  O  U  V  E  A  U 

DIGTI ONN AI  RE 

HISTORIQUE. 


JEU 


ÎEUNÈ,  (  Jean  le)  naquît  à  Po- 
Hgni  en  Franche  -  Comté  <  l'an 
1592,  d'un  père  confeiller  au  par- 
lement de  Dole.  11  renonça  à  un 
canonicat  d'Arbois  ^  pour  entrer 
dans  la  congrégation  naii&nte  de 
l'Oratoire.  Le  cardinal  de  BiiulU 
Oit  pour  lui  les  bontés  i  qu'a  un 
père  pour  un  enfant  de  grande  ef- 
pérance.  LeP^  U  Jeune  it  confacra 
auzmifEons,  pendant  60  ans  que 
^iurerent  fes  travaux  apoftoliques. 
11  perdit  la  vue  en  prêchant  le  Ca- 
xeme  à  Rouen ,  à  l'âge  de  3  5  ans. 
Cette  infirmité  ne  le  contrifla  point, 
juoiqu'il  fût  nanvellement  vif  & 
wipétueux.  Le  P.  /« /oot^  eut  d'au- 
tres infortunes^  U  fut  deux  fois 
taillé  de  la  pierre ,  &  on  ne  l'en- 
tendit jamais  laifTer  échapper  au- 
cune parole  d'impatience.  Les  plus 
grands  prélats  avoient  tant  d'eiHme 
pour  fa  vertii-,^  que  le  cardinal  Bi" 
fAilt  fçrvit  à  table  durant  tovkt  le 
fomt  V 


cours  d*uné  miflîon.  La  Payeae^  év^ 
que  de  Limoges  ,  l'engagea  en  165  • 
à  demeurer  dans  fon  diocefe.  Le  P* 
U  Jeune  y  paffa  toute  fa  vie ,  &  y 
établit  des  Dames  de  la  Charité  dans 
toutes  les  villes.  Dans  fe  dernîerô 
maladie  qui  fut  longue ,  il  reçut 
ibuvent  la  vifite  des  évêques  dô 
Limoges  &  de  Lombez.  On  lui  avoit 
permis  de  dire  la  mefTe,  quoiqu'il 
fût  aveugle  -,  mais  il  ne  voulut  ja- 
mais ufér  de  cette  permifîîon ,  dan» 
la  crainte  de  commettre  quelque 
irrévérence  en  célébrant  les  faints 
myfleres.  Il  mourut  à  Limoges  le 
17  Août  lôyi ,  à  80  ans ,  en  odeuo 
de  fainteté.  Son  humilité  étoit  ad- 
mirable. Pluiieurs  feigneurs  de  là 
cour ,  étant  venus  à  Rouen  où  il 
prêchoit  le  Carême,  le  prièrent  de 
leur  prêcher  fon  plus  beau  Sermon  ^ 
maîis  il  fe  contenta  de  leur  faire  une 
inflru^^ion  familière ,  touchant  les 
devoir  ds»  grands ,  &  toudtiâoft 

4 


i  J  E  V 

roblîgatîon  de  veiller  fur  letifs  fa- 
milles &  leurs  domeftiques.  Les 
converfions  que  ce  dire^eur,  fd- 
gement  févere,  opéroît,  étoient 
folidesôc  perfévérantes*  Sa  réputa- 
tion étoit  11  grande ,  qu'on  venoit 
de  tort  loin  pour  fe  mettre  fous  fa 
conduite,  On  a  de  lui  des  Sermons  , 
ea  dix  gros  volumes  in-8.°  ,  Tou- 
loufe  1688.  Ils  furent  traduits  en 
latin  ,  &  imprimas  à  May ence  fous 
ce  titre  :  Johanms-  JuNli  DcUâa 
Tajîorum  ,  fivè  Concîones  ,  in-4.°  Le 
célèbre  M^Jp/Ion  puifa  dans  l'étude 
de  ce  prédicateur  ,  non  cette  fa- 
cilité *  cette  onûion,  cette  chaleur 
qui  le  caradtérifent  :  (  car  ce  font 
des  talens  qu'on  ne  doit  qu'à  la  na- 
ture ;  )^  mais  il  y  trouva  des  maté- 
riaux pour  pluficûrs  de  {qs  difcours. 
C4  Scrmonaîrt  ,  difoit-il  y  efi  un  ex- 
cellent répettoiré.  pour  un  Prédicateur  ^ 
&j*en  aï  profité.  Le  P.  le  Jeune  eft 
iimple ,  touchant  ,  iniinuant  ;  on 
voit  qu'il  étoit  né  avec  un  génie 
heureux  &  ime  ame  fenfible.  Si 
ion  ftyle  étoit  moins  furanné,  j'o- 
ierois  le  mettre  à  côté  de  quelques 
orateurs  de  ce  fiecle.  Le  recueil  de 
fes  Sermons  eft  devenu  peu  com- 
mun. On  a  encore  de  lui  une  Tra-» 
duftion  du  Traité  de  la  vérité  de  la 
Religion ,  voU  in-12  ,  imprimé  est 
Hollande. 

JE\VEL,(Jean)  Iveilus ^  écri- 
Vain  Anglois ,  fe  fit  Proteftant  fur 
la  fin  du  règne  de  Henri  VUIy  & 
fut  exclus  du  collège  d'Oxford  fous 
la  reine  Marie,  Après  la  mort  de 
cette  princelTe  ,  il  quitta  l'Italie» 
ioù  il  s 'étoit  enfui ,  &  retourna  en 
Angleterre.  Il  fut  alors  gratifié  de 
i'évêché  de  Salisbuiy.  On  affure 
qu'il  avoit  beaucoup  de  mémoire  ; 
mais  îts  variations  ne  prouvent  pas 
qu'il  eût  autant  de  Jugement.  Il 
îaifla  quelques  écrits  :  I,  Une  Hif- 
toire  de  fa  réformation,  II.  Celle  des 
Tignis  é  Çharksliit.  <(«  Jac^ll^ 


JÊZABEL,  fille  d' Ithvbal rot  âû 
Sidon  <  &  femme  d'Jchab  *Toi  d'If* 
raël.  Ce  fut  elle  qui  porta  le  roi 
fon  époux,  à  abolir  entièrement 
dans  fes  états  le  culte  du  vrai  Dieu  , 
pour  y  fubftituer  celui  dtBaaC  EUe, 
le  feul  qui  eût  ofé  réfifter  à  cet» 
reine  impie  y  fîit  contraint  de  pren- 
dre la  fiiite ,  &  de  fc  .retirer  fur  la 
montagne  d'Horeb.  Le  même  roi , 
ayant  envie  de  poffédcr  la  vigne 
d'un,  nommé  Naboth  ,  qui  la  lui  re- 
fufa-,  Jéiahel  fufcita  de  feux  té- 
moins ,  &  le  fit  condamner  à  être 
lapidé.  Achab  demeura  en  poffefiion 
de  la  vigne  -,  mais  Dieu ,  pçur  -pu- 
nir Jéyzbel  éleva  fur  le  trône  de 
Samarie  Jéhu.  Ce  prince  la  fit  jeter 
du  haut  d'une  fisnêtre ,  &  les  duens 
dévorèrent  tellement  fon  corps» 
qu'ils  ne  laiflerent  que  le  crâne, 
les  pieds  »  &  l'extrémité  des  mains  , 
l'an  884  avant  h  C.<«  U  efi  parlé 
dans  l'Apocalypfe  d'une  Jâzabel  g, 
qui  faifoit  la  prophéteflè,  &  fous 
ce  Ésiux  titre  prêchoit  des  erreurs. 
Elle  y  eft  menacée  d'une  maladie-  .' 
mortelle ,  fi  elle  ne  fait  pénitence 
de  Ces  péchés  y  comme  tous  ceux; 
qui  participeront  à  fes  erreurs.  Il 
eft  afiTez  OTicile  de  dire  qui  çtoit 
cette  Jé^abel  :  c' étoit  apparemment 
quelque  princefie  puifi*antequipro«^ 
tégeoit  les  Nicolaites. 

JEZID  I.e%  y.e  calife,  ou fuccef-* 
ieur  de  Mahomet ,  &  le  fécond  de 
là  race  des  Ommiades ,  régna  après- 
la  mort  de  fon  père  Moavîa ,  l'aa 
680  ;  mais  il  n'en  imita  pas  le  cou- 
rage &  les  grands  deffeins.  Son  uni- 
que plaifir  étoit  de  compofer  de» 
vers  d'amour.  La  féconde  année  de 
fon  règne ,  les  Arabes  de  Cufa  élu- 
rent pour  calife  Huffein  ,  fécond 
fils  d'Ali,  Jé\id  leva  une  puifiante 
armée ,  &  fit  tuer  Hujfein  en  tra- 
hifon ,  comme  ils  étoient  près  de 
fe  donner  bataille  dans  la  plaine  de 
Cazaballa,  aux  environs  de  Cu6u 
Jéjtd  (gcficutii  çafuitçtQVite  Ib.x^ 


J  O  À 

&tô,  k  fit  mourir  une  partie  dé 
la nobleâfe  d'Arabie^  Ces  exécutions 
cmelles  le  rendirent  odieujc  à  tous 
les  peuples.  Après  la  mort  de  Hu/- 
fcm  »  Abdallah  >  fils  de  Zobair,  qui 
étoit  de  la  famille  d'Ail ,  fouleva 
tome  la  Periè  contre  Jc[Id  ,  qu'il 
peignit  comme  un  homme  plus  ca- 
pable d'être  poète  que  d'être  roi. 
Le  règne  de  ce  lâche  prince  ne  dura 
que  Q-ois  ans  &  neuf  mois  :  il  mou- 
rut Tan  de  J.  C  683. 

J  O  AB  ,  fils  de  Sarvla  fœur  de 
DityU^  fpere    d'Ahifai  ^d*A\aèl^ 
fax.  attaché  au  fervice  de  David  y  & 
commanda  fes  armées  avec  (uccès. 
Là  première  occaflon  où  il  fe  fi- 
gnala,  fîit  le  combat  de  Gabaon  , 
où  il  vainquit  Abner ,  chef  du  parti 
dlsbo/ah ,  qu'il  tua  enfuite  en  tra-^ 
fùTon.  Il  monta  le  premier  fur  les 
murs  de  Jérufalem ,  &  mérita  par 
û  valeur  d'être  confervé  dans  Tem- 
jploi  général  qu'il  pofTédoit  déjà* 
21  marcha  contre  les   Syriens  qui 
t'étoient  révoltés  contre  David, 
les  mit  en  fuite  ,  &  s'étant  rendu 
•naître  d'un  quarder  de  la  ville  de 
Kabbath  fur  les  Ammonites ,  il  fit 
venir  David ,    pour    mi'il   eût  la 
gloire  de  cette  conquête.  Joah  fe 
Égtiala  dans  toutes  les  guerres  que 
ce  monarque  eut  à  foutenir  ;  mais 
il  fe  déshonora  en  afTaflinant  Abner 
&  Àmafa,  Il  réconcilia  Ab/a/on  avec 
David,  &  ne  laiiTa  pas  de  mer  ce 
prince  rebelle   dans  une  bataille^ 
Vers  l'an  ïoa^  ayant  J,  C.  David  ^ 
en  conâdération   de  fes  fervices , 
9i  pn[  la  crainte  de  ùl  puifTance, 
toléra  fes  attentats  -,  mais  en  mou^ 
Tant  il  commanda  à  fon   fih  Sa- 
hmon  de  l'en  punir.  Ce  jeune  prince, 
toiniflre  de  la  vengeance  de  fon  pè- 
re ,  fit  mer  le  coupable  qui  avoît 
pris  parti  contre  lui  pour    fervir 
Adonîas  y  au  pied  de  l'autel  où  il 
s'étoit  réfugié  ,  croyant  y  trouver 
un  afile,  l'an  1014  avant  Jefus^ 
fhrift. 


J  O  A  % 

1.  JO ACHAS ,  roi  dlfra» ,  fuc- 
céda  à  fon  père  Jéhu  l'an 856  avant 
J.  C ,  &  régna  17  ans.  Le  Seigneur^ 
irrité  de  ce  qu'il  avoit  adoré  lei 
Dieux  étJlKigers ,  le  livra  à  la  fu- 
reur d'A^aél  &  de  Bénadad ,  rois  dâ 
Syrie ,  qui  ravagèrent  cruellement 
fes  états.  Ce  prince,  dans  cetta 
extrémité ,  eut  recours  à  Dieu  ,  qui 
l'écouta  favorablement.  Joas ,  fon 
fils  &  fon  fuccelTeur,  rétablit  let 
affaires  d'Iiraël,  &  remporta  du- 
rant fon  règne  pluiîeurs  viâoiref 
fur  les  Syriens. 

II.  JOACHAZ,  fils  de  Jofias,  roi 
de  Juda ,  fut  élu  roi  après  la  mort 
ie  fon  père,  l'an  610  avant  J.  C. 
Il  avoit  13  ans  lorfqu'il  monta  fut 
le  trône.  U  ne  régna  qu'environ  5 
mois  à  Jéhifalem ,  &  fe  fignala  pai? 
fes  impiétés.  Néchao  ,  roi  d'E^ypte^ 
au  retour  de  fon  expédition  con- 
tre les  Babyloniens,  rendit  la  Ju^t 
dée  tributaire  ;  &  pour  £aire  un 
zùe  de  fouveraineté ,  fous  prétexta 
qvLQjoachai,  avoit  ofé  fe  faire  dé* 
clarer  roi  fans  fa  permiffion,  an 
préjudice  de  fon  frère  aîné ,  il  donn^ 
le  fce|>tre  à  celui-ci.  Le  roi  dé-« 
trôné  mourut  de  chagrin  en  Egypte, 
où  il  avoit  été  emmené. 

I.  JOACHIM  ou  EtiACiM,  fil» 
de  Jofias  &  frère  de  Joacha\y  fut 
mis  fur  le  trône  de  Juda  'patNéchaott 
roi  d'Egypte,  l'an  610  avant  J.  C. 
Il  déchira  &  brûla  les  livres  de  /e- 
rémie ,  -  &  traita 'avec  cruauté  le  pro- 
phète UrU.  Il  fut  détrôné  par  Na-» 
buchodonofor ,  &  mis  à  mort  par  lefli 
Chaldéens,  qui  jetterent  fon  corps 
hors  de  Jérufalem ,  ik  le  laiiferent 
fans  fépulture ,  vers  l'an  600  avant 
Jefus-Chrifl. 

IL  JOACHIM ,  fils  du  précé- 
dent, Voyei  Jeghonlas  :  c'efl  Ifi 
même* 

m.  JOACHIM,  (S.)fut,  félon 
une  pieufe  tradition ,  époux  de5f«, 
Anne ,  &  père  de  la  Su,  Cierge,  On 
Xi%  fait  riea  de  fa  vie ,  &  l'Ecritur^ 


4         .  J^  ^  , 

iainte  116  lait  aucune  mendôli  3e 
5.  Joachlm,  Le  feul  livre  ancien  qui 
en  parle,  cft  traité  d'apocryphe  par 
S,  Jugujiln,  Le  B.  Pierre  Damien  difoit 
que  c'étoit  une  curiofitc\  vaine  & 
fuperâue  ,  de  vouloir  rechèrdier 
quel  étoit  le  père ,  quelle  étoit  la 
mère  de  la  <$«•  VUrge  -,  **  mais  per- 
>♦  fonne  n'aconte&é  à  fon  père 
a  l'avantage  d'être  defcendu  de  Da» 
5»  vld  ,  puifqu'ellc  étoit  du  fang 
>♦  royal  par  elle-même ,  auffi  bien 
»♦  que  par  S,  lo/eph  fon  époux.  Il 
«  s'appclioit  Hélly  félon  ceux  qui 
*♦  prétendent  que  c'eft  la  généalo- 
*♦  gie  de  la  Ste.  Vierge  que  5.  Luc  a 
»>•  rapportée  dans  l'Evangile.  5.  //- 
«  rôme  s'étoit  perfuadé  qu'il  fe  nom- 
M  jnoit  Cléophas  ,  parce  que  la  fœur 
M  delà  Ste,  Vierge  eft  appelée  Ma- 
M  rie  de:Clépphas\'comiaQétaÀtik 
•y  fille  >  félon  lui  *,  au  lieu  que^d'au- 
a»  très  ont  cru  que  Cléophas  étoit 
>)  le  nom  de  fon  mari.  Mais  dès  le 
^  temps  de  ce  faînt  Doreur ,  on 
9*  commençoit  à  recevoir  une  autre 
«)  opinion,  qui  donnoit  le  nom  de 
♦>  Joachlm  au  père  dela.Sw.  V^rpy 
r  &  celui  d'Anne  à  fa  mert ,  foit 
ft  que  cela  fut  venu  de  quelque 
*»  tradition  ,  comme  femble  l'infi* 
>♦  nuer  6,  Eplphane ,  foit  que  ces 
>»  noms  étant  plutôt  appellati£s  que 
p  propres  ,  leur  euffent  été  donnés 
y>  après  coup  par  les  Chrétiens  ^ 
o)  pour  marquer  la  préparation  dn 
ï»  Seigneur ,  par  celui  de  Joachlm , 
f\  &  la  grâce  par  celui  à! Anne,  {Bail' 
éet ,  vie  des  SS.  au  20  Mars.  )  L*é* 
gllfe  Grecque  a  fait  la  fête  de  Saint 
Joachim  dès  le  vii«  fiecle  -,  mais 
f\U  n'a  été  introduite  que  fort  tard 
dans  l'Eglife  Latine.  On  prétend 
que  ce  feit  le  pape  Jules  Lly  qui 
4'inftitua. 

iV.  JOACfflM ,  natif  du  bourg 
de  Celico ,  près  de  Cofenza ,  voya- 
gea dans  là  Terre  -  Sainte.  De  re^ 
tour  en  Calabre ,  il  prit  Thabit  de 
Çll^aW  ^îm»  If  |Q9n«ûere  de  Cor 


>teo  ,  dont  il  fut  prieur  Jc  abîA 
Joachim  quitta  fon  abbaye  avec  la 
permifîion  du  Pape  Luce  III,  vers 
1183  ,  &  alla  demeurer  à  Florê^ 
'  où  il  fonda  Une  télebre  abbaye  dont 
il  fut  le  premier  abbé.  U  eut  fous 
fa  dépendance  un  grand  nombre  de 
monafleres  ,  qu'il  gouverna  avec 
fageffe ,  &  auxquels  il  donna  de» 
conflitutions  approuvées  par  le  papo 
CéleJUn  IIL  L'abbé  Joachim  fit  fleu- 
rir dans  fon  ofdre  la  piété  &  la 
régularité ,  &  mourut  en  1 202  ,  k 
72  ans  ^  laiffant  un  grand  nombr» 
d'Ouvrages ,  Venife,  1 5 1 6 ,  in-^olio» 
dont  quelques  propofitions  furcnc 
condamnées  dans  la  fuite  au  con-* 
cile  général  de  Latran  en  121 5  ,  & 
au  concile  d'Arles  en  1260.  Voici,. 
(fuivantM,  l'abbé  Pluquet^  quelle» 
étbiçnt  fes  erreurs,  n  Pierre  LomharS 
^  avoit  dit  qu'il  y  a  iw«  chofe  im-^ 
»  menfe,  infinie  ,  Jouyeralnement  par-i- 
»  faite  ,  gui  efi  le  Père  ,  le  Fils  &  /# 
*t  Saînt'Efprltk  Vàbhé  Joachim  pré-?, 
»»  tendoit  que  cette  chofe  fouve-% 
>♦  raine,  dans  laquelle  jP/<rreZo«iitfr4 
w  réunilToit  les  trois  perfonnes  de  1«^ 
>»  Trinité ,  étoit  un  Etre  fouveraiii 
»  &  difUngué  des  trois  perfonnes  V 
»»  félon  Pierre  Lombard  ^  &qu'ainfl 
>»  il  feudroit  ,  félon  les  principes 
r»  de  ce  théologien,  admettre qua- 
«  tre  Dieux.  Pour  éviter  cette  er- 
M  reur,  l'abbé  Joachlm  reconnoiffoit 
»  que  le  Père ,  le  Fils ,  &  le  Saint^ 
>»  Efpritfaifoientunfeul  Être  ,  non 
ï»  parce  qu'ils  exifloient  dans  une 
)>  fubflance  conunune  -,  mais  parce 
î»  qu'ils  étoient.  tellement  unis  de 
>♦  confentement  &  de  volonté , 
>♦  qu'ils  l'étoient  aufîi  étroitement 
«  que  s'ils  n'euflent  été  qu'un  feul 
>»  être.  C'eft  ainfi  qu'on  dit  que 
»  plufieurs  hommes  font  un  feul 
>♦  peuple.  L'abbé  Joachlm  tâchoLt 
«  de  prouver  fon  fentiment  par  les 
»»  paièges  dans  lefquels  J.  C.  dit.i 
»»  qu'il  veut  que/«  dlfdples  ntfaf-^ 
îï  fent  au'un ,  tQmmefon  Pqt^  &  Ij^ 


♦  w  fùtu  qu*un  ;  par  le  paCagè  té 
¥t  S.  Jcan^  qui   réduit   Vunité  des 
»•  perfonnes  a  l'unité  du  témoigna- 
•♦  ge.  L'abbé  Joachlm   étoit  donc 
»»  Trithéite  ^  &ne  reconnoiffoit  que 
*♦  de  bouche,  que  le  Père ,  le  Fils  & 
>»  le  Saint-Efprit  ne  faifoient  qu'une 
V*  eCence  Sf.    une  fubdance . . .  «< 
L'abbé  Joachlm  errait  non-feule- 
ment fur* la  Trinité',  mais  il  étoit 
outré  fur  la.  pratique  de  la  morale,, 
^il  trouva  des  difciples  qui  allè- 
rent encore  plus  loin  que  leur  maî- 
tre* Ces  enihoufiades ,  appelés  Jo  A- 
CHIMISTES  ,  pretendoient  qu'il  ne 
felloit  pas  fe  borner  aux  préceptes 
de  l'Evan^e ,.  parce  que  le  Nou- 
Veau-Tefhunent  étoit  impartait.  Ils 
affuroient  que  la  loi  de  JL  C.  feroit 
IJiLvie  d'une  meilleure  loi ,  qui  fe- 
.toit  celle,  de  ^l'efprit    &  qui  dure- 
Toit  étemeflement.'  Ces  rêveries, 
fondées  ûir  une  interprétation  myf- 
^eufet^de    quelques  paiTages  de 
i'EcritWe-Skidtê -;,  f\irent  dévelop- 
pées d^  un  livre  intitulé  :  VEran- 
^U  éternel  y  attribué  à  *un  fanatique 
sommé  JejIN  de  R^me^  Sf.  condam- 
tsé  par  le  pape  Mtxandre  IF^  Les 
X>uvrages  les  plus  connus  de  l'abbé 
Joackim  ,  font  les  Commentaires  fur 
ifdu ,  fur   JérémU   &   fur  VApoea- 
iypfe.  On  a  encore  de  lui  des  Pro-- 
fiUtUs,  qui  de  fôn  vivant  le  firent 
admirer  parle?  fots&  méprifer  par 
les  gens  fenCés.  On  t'en  tient  au- 
jourd'hui à  ce.  dernier   fentiment. 
X'abbé  Joachlm  étoit,  ou  bien  im- 
fcécille ,  ou  bien  préfon^tueux ,  de 
Ce  flatto"  d'avoir  les  defe  des  chofes 
dont  Dieu  s'eft  réfervé  la  connoif- 
Cance..  Dom  Gervaife  a.  écrit  iâ  VU, 
»745,  2  vol.  in- 12, 

JOACHIM,  Voy,  GlOACHINO. 
V.  JOACHÎM  II,  éleveur  de 
tBrandebourg ,  fils  de  Joachim  /^  né 
l'an  1505  ,  fuccéda  à  fon  père  en 
,1532.  Il  embrafia  la  doûrine  de 
,lju}ur.  en.  1 5  39.  On  ne  fait  pas  les 


ce  changement;  on  fait  feulement 
que  fes  courtifans  &  Tévêque  de 
Brandebourg  fuivirent  fon  exem- 
ple. L'éleâeur  Joachlm  acquit  par 
ce  changement  les  évêchés  de  Bran- 
debourg, de  Havelbcrg,  &  de  Lé - 
bus ,.  qu'il  incorpora  à  la  Marche. 
Il  n'entra  point  dans  l'union  que 
les  Proteftans  firent  à  Sraalkalde.; 
&  il  maintint  là  tranquillité  dans 
fon  éleâorat ,  tandis  que  les  guer- 
res de  religion' défoloient  la  Saxe 
&  les  pays  voiÇns.  L'empereur  Fer^ 
dînand  II  lui  vendit  le  -duché  de 
CrofTcn  dans  la  Siléfie  *,  &  fon  beai>- 
firere  Sîfffmond-Augufte ,  roi  de  Po- 
logne ,  lui  accorda,  en  1569,  le 
droit  de  fuccéder  à  Albert  •  Frédéric 
de  Brandebourg ,.  duc  de  Pruffe ,  au 
cas  qu'il  çioui^t  ùitis  .hériders.  I^ 
règne  de  Joachlm  fut  doux  &  pai- 
iible.  On  l'acGufa  d'être  libéral  juf- 
qu  a  la  prodigalité  ,  &  d'avoir  le 
foible  de  Tafirologie.  Il  mourut  en 
1571  à. 67  ans,  du  poifon  qu'ua 
médecin  Juif  lui  donna.. 

VI,  JOACHIM,  (George)  fvt 
fumommé  Rhatlus ,  parce  qu'il  étoit 
de  là  ^Valteline ,  appelée,  en  lat» 
Rhaeîa.  U  enfeigna  les  mathémà- 
.  tiques  &  l'aftronomie  à  "Wittem- 
bergl  Dès  qu'U  fut  inilruit  de  la 
nouvelle  hypothefe  de  Copemio , 
il  l'alla  voir ,  &,  embrafla  fon  fyf- 
tême.  Ce^  fiit  lui ,  qui ,  après  la 
mort  de  cet  agronome ,  publia  fes 
ouvrages.  Il  mourut  en  1 576 ,  a  61 
ans.  On  a  de  lui  les  Epfiéméride^ , 
fclon  les  principes  de  Copernic  ;  & 
plufieurs  autres  ouvrages  fur  la 
phyfique^  la  géométrie  &  l'ailrp^ 
nomie  :  ils  ont  eu  du  cours  autres 
fois. 
JOACHIMUES  ^Foy.  JoAcnm^ 
nj»  IV. 

JOANNJTES  :  C'eft  ainfi  qu'oa^ 
appela  les  hommes  généreux  qui 
refterent  attachés  à  5.  Jean  -  Chry^t- 
foftôme ,  dans  le  temps  qu'il  étoit 
per(igçuté  par  l'impératrice.  £«jffc'«44^ 

A  il] 


€  ÏO  A 

&  qui  le  fuivirent  dans  fon  é^l. 
Voy^  l'article  de  ce  Saint. 

JOANNITZ,  Voy.  Calo-Jean. 
JOAPHAR  ou  Abougiafar^ 
philofophe  Arabe  ,  contemporain 
ti'Averrocs ,  eft  le  même  ,  ftlonquel- 
çues^uns ,  q}i*Avicenncs,  Il  compofà 
dans  le  xii*  fiecle  le  roman  philo- 
ifophique  de  Hai  fis  de  Jochdhan  , 
dans  lequel  il  règne  une  fiétion  in- 
génieufe.  L'auteur  y  montre,  dans  la 
personne  de  fon  héros,  par  quels 
degrés  on  peut  s'élever  de  la  con- 
uoifTance  des  chofes  naturelles  à 
celle  des  fumaturelles.  EdomM  Po^ 
€ohey  le  fils,  a  donné  ime  bonne  ver- 
fion  latine  de  cet  ouvrage,  fous  le  ti- 
tre de  Philofophus  autodidacbis  ,  ou  le 
Fhilofophcfans  études^  Oxford  1671 , 
ln-4.0  Cet  auteur  eft  appelé  par 
quelques-uns  Jaaphar  hm  Tophail, 

I.  JOAS  ,  fils  d'Ochofias  roi  de 
3uda,  échappa,  par  les  foins  de 
Jofabah  îà  tante ,  à  la  fureur  d'^- 
thalîe  fa  grand'mere ,  qui  avoit  fait 
égorger  tous  les  princes  de  la  mai- 
son royale.  Il  fut  élevé  dans  le 
temple  fous  les  yeux  du  grand- 
prêtre  Joiada\^  mari  de  Jojabuh, 
^<2uand  le  Jeune  prince  eut  atteint 
Ca  7*  année ,  Joiada  le  fit  reconnoî- 
tre  fecrétement  pour  roi  par  les 
principaux  officiers  de  la  garde  du 
temple.  AthalU,  qui  avoit  ufurpé 
la  couronne ,  fut  mife  a  mort  Tan 
S83  avant  J.  C.  Joas  »  conduit  par 
le  pontife  Joiada  ,  gouverna  avec 
CageiTe  *,  mais  lorfque  ce  faim  hom- 
me fut  mort ,  le  jexme  roi ,  féduit 
par  les  flatteurs ,  adora  les  idoles. 
ZacharU ,  fils  de  Joiada  ^  le  reprit 
de  fes  impiétés  *,  mais  Joas ,  ou- 
bliant ce  qu'il  devoit  à  la  mémoire 
de  fon  bienTaiteur  ,  fit  lapider  fon 
fils  dans  le  par.ii  du  temple.  Dieu, 
pour  punir  ce  crime ,  rendit  la  fuite 
de  la  vie  de  ce  prince  aufîi  trifte  que 
le  commencement  avoit  été  heu- 
reux. Il  fufcita  contre  lui  les  Sy- 
fiens ,  qui  avec  une  petite  poignée 


j  o  A 

de  gens,  défirent  fon  armée,  8c  Té 
traitèrent  lui-même  avec  la  der- 
nière ignominie.  Après  être  fortt 
de  leurs  mains ,  accablé  de  cruelles 
maladies  ^  il  n'eut  pas  même  la  con* 
folation  de  mourir  paifiblement; 
trois  de  fes  ferviteurs  l'affaffinerent 
dans  fon  Ut  :  ainfi  fut  vengé  le  (ang 
du  fils  de  Joidda  qu'il  avoit  répan- 
du. Ce  prince  régna  40  ans ,  &  pé- 
rit l'an  843  avant  J.  C. 

II.  JO  AS  ,  fils  de  Joaihai  toi 
d'Ifiraël ,  fuccéda  à  fon   père  dans 
le  royaume  qu  il  avoit  déjà  gouver- 
né deux  ans  avant  lui.  Il  imita  l'im- 
piété de  Jéroboam,  Eiîjec  étant  tom- 
bé malade  de  la  maladie  dont  il 
mourut ,  Juas  vint  le  voir ,  &  pa- 
rut affligé  de  le  perdre.  L'homme 
de  Dieu ,  pour  le  récompenfer  de 
ce  bon  office ,  lui  dit  de  prendre 
des  fieches  &  d'en  frapper  la  terre« 
Comme  il  ne  frappa  que  trois  fois  . 
le  prophète  lui  dit  que  s'il  fut  aile 
jufqu  àla  feptieme ,  il  auroit  entiè- 
rement ruiné  la  Syrie.  Joas  gagni 
contre ^^/latiâ^ trois  batailles,  com- 
me EUjéc  l'avoit  prédit ,  &  réunit  . 
au  royaume  d'Ifraël  les  villes  que 
les  rois  d' Affyrie  en  avoient  démem* 
brécs.  Amafias ,  (  Voy.  ce  mot.  )  roi 
de  Juda ,  lui  ayant  déclaré  la  guerre, 
Joas  le  battit ,  prit  Jérufalenfi ,  & 
fit  le  roi  lui-même  prifonnier.  Il 
le  laifTa  libre ,  à  condition  qu'il  lui 
payeroit  un    tribut  j  &  il  revint 
triomphant  à  Samarie  ,  chargé  d'uA 
butin  confidérable.  Il  y  mourut  en 
paix ,  peu  de  temps  après  cette  vic- 
toire ,  &  après  uo  régiie  de  16  ans  | 
Tan  826  avant  J.  C. 

I.  JOATHAM  ,  le  plus  jeune  des 
fils  de  Gédéon  ,  échappa  au  carnage 
qti'AbiméIcch\  fils  naturel  de  Gédéon ^ 
fit  de  fes  autres  frères.  Du  haut 
d'une  montagne,  il  prédit  aux  Si- 
chimites  les  maux  qui  les  atten- 
doient ,  pour  avoir  élu  roi  Abi-* 
mélech  l'an  1133  avant  J.  C.  Il  fe 
fervit,  pour  leur  readre  liur  itt^ 


7  O  Â 

gnsSmàe  plus  fenfihle ,  de  Kngï- 
nieux  Apologue  du  figuier ,  de  la 
vigne ,  de  Tolivier  &  du  buiffon. 

II.  JOATHAM ,  fils  &  fuccef- 
feur  d'Oiias^  autrement  A\arîas  ^ 
759  ans  avant  J.  C  ,  prit  le  manie- 
ment des  affaires,  à  caufe  de  la  lepre 
qui  féparoit  fon  père  de  la  com- 
pagnie des  autres  hommes.  Il  ne 
voulut  pas  prendre  le  nom  de  roi , 
tant  que  fon  père  vécut.  Il  fut  fort 
aimé  de  fes  fujets ,  pîeux ,  magnifi- 
que ,  &  bon  guerrier;  Il  remporta 
plufieurs  viûoires ,  remit  Jérufalem 
dans  fon  ancien  état^,  impofa  un 
tribut  aux  Ammonites,  &  mourut 
Tan  742  avant  J.  C.  après  un  règne 
de  16  ans. 

JOB ,  célèbre  patriarche ,  naquît 
dans  le  pays  de  Hus ,  entre  Tldu- 
mée  &  l'Arabie,  vers  l'an  1709 
avant  J«  C.  C'étoit  un  homme  juf- 
te,  qui  élevoit  fes  enfans  dans  la 
vertu,  &  of&oit  des  facrifices  à 
rÊtre-fuprême.  Pour  éprouver  ce 
iàint  homme  ,  Dieu  permit  que 
tous  fes  biens  lui  fîiffent  enlevés , 
&  que  fes  enfans  fiiiTent  écrafés 
fous  les  ruines  d*une  maifon  ,  tan- 
dis qu'ils  étoient  à  table.  Tous  ces 
€éaux  arrivèrent  dans  le  même  mo- 
ment, &  Joh  en  reçut  les  nouvel- 
les avec  une  patience  admirable. 
Dîai  mt  l'a  donné  9  DUume  l'aoté» 
dit-il  ;  Il  n*efi  amvé  que  ce  qui  lut  a 
plu  ;  que  fonfaînt  nom  folt  héni  l  Le 
Démon ,  à  qui  Dieu  avoit  permis 
de  tenter  fon  ferviteur ,  fiit  au  dé- 
feipoir  de  la  confiance  que  M  op- 
pofoit  à  fà  malice.  Il  crut  la  vain- 
cre ,  en.  ^affligeant  d'une  lepre 
épouvantable  qui  lui  couvroit  tout 
le  corps.  Le  faim  homme  fe  vit 
réduit  à  s'aiTeoir  fur  .un  fumier , 
&  à  racler  avec  des  morceaux  de 
pots  caffés  le  pus  qui  fortuit  de  fes 
plaies.  Le  Démon  ne  lui  laifTa  que 
ia  femme ,  pour  augmenter  fa  dou- 
leur &  tendre  un  piège  à  fa  vertu. 
Elle  vint  iirfulter  à  fa  piété ,  &  trai" 


JOB  7 

ter  la  patience  d'imbécillité  ;  mais 
fon  époux  fe  contenta  de  lui  répon- 
dre :  Vous  ave\  parlé  comme  une  fem^ 
me  înfcnfée  ;  puî/^  ue  nous  avons  reçu 
les  biens  de  Ij.  main  de  Dieu,  pour-^ 
quoi  n'en  recevrlons-nous  pas  aujji  les 
maux  ?  Trois  de  fes  amis ,  Ellphai, 
Baldad  &  Sophar  ^  vinrent  auffi  le 
vifiter  ,  &  furent  poiu*  Job  des  con- 
folateurs  importuns.  Ne  diftinguant 
pas  les  maux  que  Dieu  envoie  à 
fes  amis  pour  les  éprouver ,  de  ceux 
dont  il  punit  les  méchans,  ils  le 
foupçonnerent  de  les  avoir  méri- 
tés. Job  convaincu  de  fon  inno* 
cence ,  leur  prouva  que  Dieu  châ- 
tioit  quelquefois  les  juftes  pour 
les  perfeâionner ,  ou  pour  quel- 
qu'autre  raifon  inconnue  aux  hom- 
mes. Le  Seigneur  prit  enfin  la  dé- 
fenfe  de  fon  fi  délie  ferviteur,  & 
rendit  à  Job  fes  enfans ,  une  par-  ' 
faite  fanté ,.  &  plus  de  biens  &  de 
richeffes  que  Dieu  ne  lui  en  avoit 
ôté.  Il  mourut  vers  l'an  1 5  00  avant 
J.  C.  à  m  ans.  Quelques-uns  ont 
douté  de  Texiftence  de  Job ,  & 
ont  prétendu  que  le  livre  qui  porte 
fon  nom  ,  étoit  moins  une  hlttoiro 
véritable  ,  qu'une  parabole-,  mai» 
ce  fentiment  eft  contraire,  i.®  à 
Eléchtel  &  à  Table ,  qui  parlent  d» 
ce  faint  homme  comme  d'un  hom- 
me véritable  :  7..°  à  5.  Jacques  ,  qu£ 
le  propofe  aux  Chrétiens  comme 
un  modèle  de  la  patience  avec  la- 
quelle ils  doivent  fouffrir  les  maux  i 
5.^  au  torrent  de  toute  la  tradition 
des  Juifs  &  des  Chrétiens.  Dail- 
leurs  le  nom  de  J»b  eft  marqua 
dans  cette  hiftoire^  comme  le  non» 
propre  d'un  homme.  Sa  qualité  y 
eft  marquée  ;  il  eft  repréfenté  com- 
me le  plus  riche  des  Orientaux- 
Son  pays  y  eft  défigné  par  fon  nom  z 
Il  y  a  t'oit  un  homme  dans  Le  pays  da 
Hus ,  appelle  Job  ;  cet  homme  étols 
fimple  &  crMffiant  Dieu,  Le  nombre 
de  fes  enians  &  la  quantité  de  fes 
biens  y  font  fpécîfiés.  Les  »oms  & 

A  iv 


«  JOB 

ïa  patrie  Je  fes  amis  y  font  rappof  * 
tés-,  &  quoique  la  plupart  de  ces 
noms  puiflent  avoir  des  fignifica- 
tions  myftiques,  cela  n'empêche 
j)as  que  çc  ne  foient  des  noms 
véritables  &  réels ,  puisqu'il  en  eft 
«ie  même  de  prefque  tous  les  noms 
hébreux.  11  ny  ariendai^eurs  dans 
tqute  fon  hiftoire,  qui  puiffe  prouver 
que  Job  (bit  une  peifonne  romaneC- 
que.  »  Ce  feroit  donc ,  (  dit  Dupln ,  ) 
t»  une  efpece  '  de  témérité  ,  de  s*é- 
•>  loigner  du  fehtiment  commun  des 
IF»  Pères  &  des  Chrétiens  fur  la  vé- 
r>  rite  de  cette  hiftoire.  Mais  il  faut 
I»  auffi  reconnoître  de  bonne  foi, 
ff  que  ce  n  eft  pas  une  fimple  nar- 
I»  ration  d'un  fait.  La  manière  dont 
.  w  elle  eft  contée ,  le  ftyle  dont  ellç 
M  eft  écrite ,  les  converfations  de 
*  ft>  Dicu&  du  Démon,  la  longueur 
•*  des  difçours  des  amis,  de  Job , 
1^  font  voir  clairement  que  c'eft 
it  une  narration  que  l'auteur  a  em- 
»»  bellie ,  ornée  &  amplifiée ,  pour 
»»  donner  un  exemple  fenlible  ôc 
»♦  plus  touchant  d'ime  patience 
»>  achevée ,  &  des  inftruûions  plus 
»»  fortes  &  plus  éten4ues  fur  les 
f>  femimens  que  l'homme  doit  avoir 
t>  dans  la  profpérité  &  dans  lad- 
»»  verfité  w.  Quelques-uns  attribuent 
le  livre  de  JoA  à  Moyfe,  d'autres 
fi  lui-même ,  d'autres  â  Jfaïe ,  &  il 
eft  difficile  de  décider  cette  queftion, 
,ïl  eft  écrit  en  langue  Hébraïque, 
fnêlée  de  plufieurs  expreftions  Arar 
fies ,  ce  qui  le  rend  quelquefois 
pbfcur.  Il  eft  en  vers,  ^  l'antir 
quité  ne  nous  offre  point  de  poëfip 
plus  riche ,  plus  relevée ,  plus  tou- 
ichante  que  celle-ci.  On  ne  connoît 
pas  quelle  eft  la  cadence"  des  vçrs-, 
jnais  l'on  y  remarque  aifément  le 
<lyle  poétique,  &  les  expreffiot^s 
f^obles  &  hardies,  qui  font  Tame  de 
}a  poéfie  d' Homère  .&  de  Vk^,  • 
^  JOBERT,  (Louis)  Jéfuite  Pa- 
fiiien  ,  littérateur  &  prédicateur , 
faon  da?)$  fa  patrjç  le  30  ç^obrç 


ÎO  D 

17 19,  i  71  ans,  eft  célébré  psbr 
fa  Science  d^s  Médailles ,  réimprimée 
en  1739  ,  en  2  vol.  in-12 ,  par 
les  foins  de  M.  de  U  BaJBe^  mort 
en  1742  ,  qui  l'a  enrichie  d'ua 
grand  nombre  d'obfervations.  Le 
P.  Joben  a  fait  auflî  quelques  JUvr^ 
de  piété. 

JOCABED  ,  femme  &*Àmran ,  fiit 
jnere  à^Auron ,  de  Moyfe  &  de  MarU^ 
;_  JOCASTE,  merc  A'iEdîpe  ôç 
femme  de  Jmîiis  ,  ayant  époufé ,  fan?^ 
le  favoir ,  fon  fils  (Edlpè  après  I9 
mort  de  fon  mari  j  elle  en  eut  deux 
'.fils  Èteocle  '&  Polynice^  qui  fe  firent 
une  guerre*  cruelle  dans  laquelle  ils 
s'égorgèrent  mutuellement.  Jocafl^ 
n'ayant  pu  foutenir  le  poids  de  fç*. 
malheurs ,  fe  tuu  de  défefpoir. 

JOCONDE  o(/ JUCONDE  ;  Fo/* 
GlOCONDO. 

JODELET,  Vçyei  Joffrin. 

JODELLE,  (Etienne)  fieur  de 
Jumodln  ,  nç  à  Paris  en  1532  ,  fut 
Tun  deS  poètes  de  laPIçyade,  ima^ 
ginée  par  Ronfard,  Sa  Cldopâtre  eft 
la  première  de  toutes  les  tragédies 
Françoifes.  Elle  eft  d'une  fimpli'* 
cité  fort  convenable  à  fon  ancien,^ 
neté.  Point  d'avion  ,  point  de  jeu  j 
grands  &  mauvais  difçours  par-tout. 
Il  y  a  toujours  fur  le  théâtre  ui^ 
chœur  à  l'antique ,  qui  finit  tous 
les  ades ,  &  qui -eft  ordinairement 
fort  embrouillé.  La  CUopâtre  fut 
jouée  à  Paris  devant  Henri  11 ,  à 
l'hôtel  de  Rhçims  , ,  &  enfuite  a\t 
collège  de  Boncour,  »♦  Toutes  les  fe^ 
>»  nêtres  ,  (dit  pafqtder^  )  étoient 
?♦  tapiftees  d'une  infinité  de  perfon-» 
>♦  nages  d'honnetp*.  Les  çntrepar- 
»♦  Içurs  fur  la  fcene  étoient  tous 
>»  hommes  dç  nom.  Rémi  BelUau  & 
>>  Jean  de  la  Pén^e ,  jouèrent  les 
j»  principaux  rôlets  *<.  Il  eft  un  pa^ 
pctraordinaire ,  (  félon  fontenelU ,  J 
que  des  auteurs  diftingués  dans  leur 
temps  ,  aient  bien  voulu  fervir  9 
repréfenter  &  à  faire  valoir ,  auy 
yeux  du  roi  &  dç  tpijt  Paris ,  Xqm 


JOE 

*!?rage  d'un  autre.  Quelle  fable,  par 
rapport  à  nos  mœurs  !  Si  les  tragé- 
dies ,  (  ajoute  FontentUe ,  )  étoient 
alors  bien  iimples ,  les  poètes  Té- 
toientbien  au/Il...  Dîdonim-v'ii  Cleo- 
fâtrt  &  fut  auffi  applaudie ,  quoi- 
qu'elle ne  valût  pas  mieux.  Il  don- 
na encore  des  Comidles ,  un  peu 
sioins  mauvaifes  quefes  Tragédies, 
Henri  II  Thonora  de  fes  bienfaits  ; 
mais  ce  poëte  ,  qui  feifoit  confiftcr 
la  philofophieàvivre  dans  les  pl^- 
firs  &  à  dédaigner  la  grandeur ,  né- 
gligea de  faire  fa  Cour ,  &  mourut 
dans  la  mifere  en  Juillet  1573  ,  à 
41  ans.  Le  Rtcuell  de  fes  Poéfies  fut 
imprimé  à  Paris  en  1574,  in-4.0  , 
&  à  Lyon  en  1597,  in-12.  On  y 
trouve:  I.  Deiec tragédies,  CUopâtre 
&  Dldon.  II.  Eugfncy  comédie.  III , 
Des  Sonnets ,  des  Chanfons^  des  OiUs^ 
îAesElégUsy  &c.  Quoique  ces  Poé- 
fies  françoifes  aient  été  eftimées  de 
Con  temps ,  il  faut  avoir  aujourd'hui 
1>eaucoup  de  patience  pour  les  lire. 
Il  n'en  eft  pas  de  même  de  fes 
Poéfies  latines.  Leflyleeneft  pur, 
plus  coulant ,  &de  meilleur  goût. 
Jodelle  s'étoit  rendu  habile  dans  les 
langues  grecque  &  latine  -,  il  avoit 
Au  goût  pour  les  arts ,  &  l'on  af- 
fure  qu'il  entendoit  bien  l'architec- 
ture, la  pdnture  &  la  fculpmre. 

JODOCE,  Foyei  II.  JossE. 

JOËL ,  fils  de  Phatucl ,  &  le  fe- 
^eond  des  xii  petits  Prophètes,, 
jwophétifa  vers  l'an  778  avant  J.  C. 
Sa  Prophétie  ,  écrite  d'un  ftyle  vé- 
hément ,  expreffif  &  figuré  ,  roule 
iur  la  Captivité  de  Babylone ,  la  Def- 
fente  du  Saint-E/prlt  fur  les  Apôtres  , 
&  le  Jugement  dernier, 

JOFFRIN  ,  (  Julien  )  aûeur  de 
la  troupe  du  Marais^  pafîa  en  1634 
à  VHôul  de  Bourgogne.  Il  mourut 
en  1660.  C'eft  lui  qui  jouoit  Içs 
rôles  de  Jode/a  que  Scdrron  a  tant 
fait  valoir. 

L  JOHNSON ,  (Benjamin) poëte 
Anglpis ,  filç  d'un  jnaçon  de  AVeft* 


J  O  H  ^ 

nùnfler ,'  cultiva  les  Mufes  en  ma- 
niant la  truelle.  Ses  talens  lui  fi- 
rent des  proteâieurs.  Shahjpear , 
ayant  eu  occaiîon  de  le  connoître, 
lui  donna  fon  amitié,  &  bientôt 
après  toute  fon  eitime.  Le  jeune 
poëte  faifoit  humblement  fa  cour 
aux  comédiens ,  pour  les  engager  i 
jouer  une  de  fes  pièces  -,  la  troupe 
orgueilleufe  refufoit  :  Shakefpear 
voulut  voir  cet  ouvrage  ;  il  en  fiit 
û  content ,  &  le  vanta  à  tant  de 
perfonnes  ,  que  non  -  feulement  il 
tut  repréfenté,  mais  applaudi.  Cefl 
ainfi  que  MoUert  encouragea  l'il- 
luflre  Racine ,  en  donnant  au  public 
fes  Frères  ennemis,  Behn  John/on  fut 
le  premier  poëte  comique  de  £1  na- 
tion, qui  mit  un  peu'  de  régularité 
&  de  bienféance  fur  lé  riiéâtre, 
C'eû  principalement  dans  la  co- 
médie qu'il  réuffiffoit.  Il  étoit  for- 
cé dans  la  tragédie ,  &  celles  qui 
nous, refient  de  lui  fontaiTez  peu 
de  chofe.  Ses  pièces  manquent  de 
goût ,  d'élégance ,  •  d'harmonie  & 
de  corre£kion.  ^Servile  copifle  des 
anciens ,  il  traduifît  en  mauvais  vers 
Anglois,  les  beaux  morceaux  do« 
auteurs  Crées  &  Ladns.  Son  gé- 
nie flérile  ne  favoit  les  accom- 
moder, ni  à  la  manière  de  fo» 
iiecle ,  ni  au  gpût  de  fa  patrie.  Ce 
poëte  mourut  en  1637  ,  à  65  ans^ 
dans  la  pauvreté.  Ayant  Êiit  de- 
mander quelques  fecours  à  CharU»- 
I ,  ce  prince  lui  envoya  une  gra- 
tification modique.  Je  fms  logé  à- 
Pétroit ,  dit-il  à  celui  qui  lui  remit 
la  fomme  ;  maïs  je  vois,  par  P étendue 
de  cette  faveur ,  que  Pâme  de  Sa  Ma^- 
jejlé  n\ft  pas  logée  plus  au  large.  On 
ne  mit  que  ces  mots  fur  fon  tom- 
beau :  O  !  rare  Ben  Johnson  !  Le 
recueil  de  fes  ouvrages  parut  à 
Londres ,  1 7 1 6 ,  en  6  vol,  in-S»,  & 
1756,7  V.  in-S».  Ilfautlediftin- 
guér  de  Thomas  Johnson  ,  Anglois 
comme  le  premier.  Cétoit  un  bon 
philçfophe  ^  untrèsrboa  littj^ 


*o  J  O  H 

leur.  Il  a  donné  pluileurs  ouv^t' 
ge^  dans  cette  partie,  entr'autres 
des  Notes  affcz  cftimées  fur  quel- 
ques Tragédies  de  Sopkocà,  Il  mou- 
rut vers  Tan  17^0. 

II.  JOHNSON,  (  Samuel  )  né 
dans  le  comté  de  "Warvick  en 
^  1649 ,  fîit  condamné  aune  amende 
de  500  marcs,  &  à  la  prifon  juf- 
qu  au  piiemcnt  de  cette  fomme , 
pour  avoir  compofé  un  libelle  fu- 
rieux contre  le  duc  d  yorck ,  fous 
le  titre  de  yi/x/£;v  l'Apostat  -,  mais 
le  roi  Gu'Maumt  cafla  cette  fenten- 
ce,  le  fit  élargir ,  &  lui  accorda  de 
fortes  penfions.  U  faillit  à  être  af- 
faffiné  en  1692 ,  &  il  n  échappa  aux 
Coups  des  affalîins  qu'à  force  de 
prières.  Ses  Ouvrages  ont  été  re- 
cueillis en  2  vol.  in-fol. ,  à  Londres. 
Ils  roulent  fur  la  politique  &  far  la 
jurifprudence  Àngloife.  Son  Traité 
.fur  la  grande  Chartz  ,  qu'on  trouve 
dans  ce  recueil ,  eft  curieux. 

JOHNSON,  rc^qBEKN. 

J  O I A  D  A  ,  grand  -  prêtre  des 
ïuifs  ,  fit  mourir  la  reine  Athalle  « 
&  donna  le  fceptre  à  Joas  l'an  883 
avant  J.  C  II  fiit  inhuhié ,  en  con- 
fidcradon  de  fes  fervices%  dans  le 
ifépulchre  des  rois  de  Jérufalem« 
Voy,  h  JoAS  ,  roi  de  Juda. 

JOIN VILLE,  (Jean  fire  de) 
lënéchal  de  Champagne ,  d'une  des 
plr*^  anciennes  maifons  de  cette 
province  ,  étoit  fils  de  Simon ,  fire 
de  JomvUle  &  de  Vaucouleurs  ;  & 
de  Mçatrlx  de  Bourgogne  ,  fille 
^* Etienne  ///comte  de  Bourgogne. 
Il  fut  un  des  principaux  feigneurs 
de  la  cour  de  S,  Louis ,  qui  le  fui- 
virent  dans  toutes  fes  expéditions 
militaires.  Comme  il  ne  favoit  pas 
moins  fe  fervir  de  la  plume  que 
de  l'épée,  il  écrivit  la  yie  de  ce 
monarque.  Nous  avons  un  grand 
«ombre  d'éditions  de  cet  ouvrage, 
.entr'autres  une  excellente  par  les 
ibins  de  Charles  du  Çan^c  y  qui  la 


I  o  r 

pubRa  atvec  de  favantes  obfenrsM 
tions  en  1668.  (Il faut  confulter  à 
ce  -fujet  la  Vljfcnadon  du  baron  de 
Blmard  de  lu  Bajlle ,  fur  la  Vie  de 
5,  Louis ,  écrite  par  JolnvUlc ,  dans 
le  tome  xv  des  Mémoires  de  l'Aca- 
démie des  Infcrlptlons ,  page  692  -,  & 
l'addition  du  même  à  cette  Dïffer- 
tation  ,  dans  les  mêmes  Mémoires  , 
pag,  736  &  fiiiv.  (On  a  recouvré 
depuis  quelques  années  un  manuf- 
crit  de  la  Vie  de  5.  Louis  ,  par  le 
fire  de  Jolnvllle  ^  plus  authentique 
&  plus  exa6k  que  ceux  qu'on  a 
connus  jufqu'ici.  Ce  manufcrit  cft  à 
la  bibliothèque  du  roi.  M.  l'abbé 
Salller  l'a  fait  connoitre  dans  une 
curieufe  Dljfcnatlon  qu'il  lût  à  ce 
fujet  à  l'académie  des  Belles-Let- 
tres ,  le  12  Novembre  1748  -,  & 
on  l'a  fuivi  dans  l'édition  de  1761. 
Le  roi  5.  Louis  fe  fervoit  du  fire 
de  JolnvlUc  pour  rendre  la  juftice 
à  fa  porte.  Jolnvllle  en  parle  lui-» 
même  dans  la  Vie  de  ce  monarque» 
>♦  Il  avoit  de  coutume,  dit  -  il ,  de 
>♦  nous  envoyer  les  fieurs  de  Ncfie  , 
»♦  de  Soljfons  &  mol ,  ouir  les  plaids 
»>  de  la  porte  *,  &  puis  il  nous  en- 
>»  voyoit  quérir  &  demandoit  com- 
»♦  me  tout  fe  portoit ,  &  s'il  y  avoit 
>♦  aucune  affaire  qu'on  pût  dépêcher 
w  fans  lui  ?  &  plufieurs  fois  ,  feloa 
»♦  notre  rapport,  il  envoyoit  que* 
»  rir  les  phidoyans  &  les  conte- 
>t  noit ,  les  mettant  en  raifon  Se 
>»  droiture.  «On  voit  par  cepafl^age 
tiré  de  l'ancienne  édition  ,  que  le 
fi-ançois  de  THiftoire  de  Jolnvllle 
n'eil  pas  le  même  que  celui  que 
parloit  ce  feigneur.  On  l'a  fans  al- 
tération dans  la  nouvelle  édition  de 
1761»  in-fol.  derimprimcrieroyale,^ 
donnée  par  Mélot ,  garde  de  la  bi- 
bliothèque du  roi.  (  Foyei  I.  Me-» 
VARV.)  Jolnvllle  mourut  vers  1318^ 
âgé  de  près  de  90  ans  ,  avec  la  ré- 
putation d'un  coxutifkn  aimable» 
d'un  militaire  courageux ,  d'un  fei- 
gneur vertueux.  Il  avoit  l'efpril 


W,  ITmineur  gaie ,  l'ame  noble ,' 
les  fentiinens  élevés.  V*  Sorbon. 

JOLY  ,  (N....)  né  à  Troyes  en 
Champagne,  fc  forma  &  oravailla 
long-cemps  fous  l'illuibre  Girardon, 
Là  Statue  équeftre  de  Lojds  XIV  qui 
décore  la  place  du  Peirou  à  Mont- 
pellier ,  eft  fon  ouvrage.  Il  s'étoit 
iixé  en  cette  ville,  où  il  jouiffoit 
d'une -peniion  de  3000  livres  que 
lui  ^foient  les  Etats  du  Languedoc. 
11  vivoit  encore  en  1740. 

I.  JOLY,  (Claude)  né  à  Paris 
en  1607  ,  chanoine  de  la  cathédrale 
en  163 1 ,  fit  deux  voyages ,  l'un  à 
Munfter  &  l'autre  à  Rome.  De  re-. 
tour  à  Paris ,  il  fiit  fait  officisl  & 
grand-chantre.  Il  parvint  jufqu'à 
l'âge  de  93  ans  ,  fans  avoir  éprouvé 
les  infirmités  de  la  vieillefTe,  lorf- 
qu'il  tomba  dans  un  trou  fait  dans 
réglife  de  Notre-Dame  pour  la  conf- 
truâion  du  grand-autel.  Il  mourut 
de  cette  chute  le  15  janvier  1700, 
q)rès  avoir  légué  fa  nombreufe 
Hbliotheque  à  fon  chapitre.  Les 
agrémens  de  fon  caraâere  ,  la 
candeur  de  fes  moeurs  ,  fon  exaûe 
Jprobité  ,  &  fes  autres  vertus,  le 
firent  long  -  temps  regretter.  Il  dut 
là  longue  vidlleffe  à  un  régime 
cxaâ,  &  à  fon  enjouement  tem- 
péré par  la  prudence.  Ses  principaux 
ouvrages  font  :  I.  ^  Traité  its  rtJHtu^ 
tiens  des  Grands,  1680,  in- 12.  Ce 
livre  eft  très-inftruûif,  &  fi  quelques 
grands  le  trouvent  trop  févere ,  les 
gens  fages  en  adopteront  la  morale. 
IL  Traite  hîjiorîque  des  Ecoles  Epîf" 
f opales,  1678  ,  ijl-i2.  III.  Voyage 
deMimfier  en  tVeJîphalle  ,  16 70,  in- 
12.  IV.  Recueil  des  Maximes  vén^ 
uéles  &  importantes  pour  VinJUtutlon 
du  Roi  ,  contre  la  faujfe  &  pernlcieufe 
foUtiquedu  Cardinal  Ma\arln  ^  1652, 
in-i2.  Cet  ouvrage,  qui  fut  réim- 
primé en  1663,  avec  deux  Lettres 
apologétiques  de  l'ouvrage  même , 
<pii  d'ailleurs  efl  plein  de  mauvaife 


J  O  t  \t 

avec  hardiefTe ,  fut  brûlé  par  la  main 
du  bourreau  en  1665 .  Il  faut  à  la  fin 
la  fentence  du  Chàtelet  &  la  réponfe 
de  Joly  ;  elles  fe  trouvent  toujours 
dans  l'édition  de  1663.  L'auteur  fit 
imprimer  un  autre  livre  relatif  i 
celui-ci  ;  il  cR.  intitulé  :  Codicille  d'or^ 
C'efi  un  recueil  de  maximes  pour 
réducation  d'un  prince  Chrétien, 
tirées  d'Era/me  &  d'autres  auteurs. 
V.  De  reformandis  Horls  Canonicis,  ac 
rite  conjiituendis  CUrlcorum  munerîhus 
Con/uàatlo,  auB^SteUâ^  1644- 167 5, 
in-i2.  Joly,  qui  s'efl  caché  dans  cet 
ouvrage  fous  le  nom  de  Stella ,  y 
recherche  l'origine  de  l'ufage  dere« 
citer  l'office  divin  ,en  particulier. 
Quoiqu'il  n'eût  jamais  manqué  à 
cette  obligadon  fecrete ,  &  qu'il 
fût  très-affidu  à  l'office  public ,  (  dit 
Niceron  ,  )  il  ne  femblc  pas  faire  un 
crime  aux  ecdéfiafiîques ,  qui  ayant 
d'autres  occupations  indifpenfables, 
omettroientde  réciter  leur  bréviaire 
en  particulier.  VI.  Traditio  antique, 
EccUfiarum  Francité  circa  AJfumptio^ 
nein  MARiJE;S&\oms,  i672,in-i2« 
VII.  De  verhis  Ufuardi  AJfumptioni» 
'  B,M.  Vitpnis,  Senonis ,  1669,  in-' 
12  ,  avec  une  Lettre  apologétique 
en  latin,  pour  la  défenfe  de  cet 
ouvrage,  Rouen  1670 ,  in-12.  Joly 
rapporte  dans  ces  deux  ouvrages 
tout  ce  que  les  anciens  &  les  mo« 
demes  ont  écrit  pour.  &  contre 
l'AfTomption  corporelle  de  la  Vier- 
ge. Prefque  tous  les  livres  de  co 
pieux  chanoine  font  &  curieux  6c 
peu  communs.  Il  avoit  principa- 
lement étudié  les  auteurs  du  moyen 
&  du  bas  âge,  fur-tout  les  hifloriens 
fii^nçois.  Il  fait  un  mélange  agréa- 
ble de  l'érudition  ecdéfiaftique  & 
de  la  profane.,  de  l'hifloire  &  de  la 
théologie.  Mais  fon  flyle  eft  ur 
peu  dur  ;  & ,  s'il  efl  fans  afFe£lationi( 
il  efl  auifi  fans  ornement, 

IL  JOLT,  (Oaude)  néà  Burl 
dans  le  diocne  de  Verdun ,  d'abord 
Çi^é  dç  S^nt  Nicola;$-des-ChcunQ^ 


XX  J  O  L 

âPans^  6nfuite  évêque  de$aln^Paul- 
de-Léon ,  &  enfin  d'Agen ,  mourut 
en  1678,  à  68  ans,  après  avoir 
occupé  avec  diftin£hon  les  princi- 
|iales  chaires  des  provinces  &  de 
la  capitale.  Les  huit  volumes  in-8.0 
^  PrÔMs  &  de  Sermons  qui  nous 
ïedent  de  lui ,  furent  rédigés  après 
fkmort  par  Richard  avocat.  Us  font 
écrits  avec  plus  de  folidité  que  d'i- 
magination. Le  pieux  évêque  ne 
îctoit  fur  le  papier  quefon  exorde  , 
Cott  deffein  &  fes  preuves ,  &  s'a- 
t>axidonnoit  pour  tout  le  refte  aux 
mouvemens  de  fon  cœur.  On  a  en- 
tore  de  lui  les  Devoirs  du  Chrétien , 
în-i2,  17 19.  Ce  fut  lui  qui  obtint 
TArrêt  célèbre  du  14  Mars  1669, 
qui  règle  la  difcipHne  du  royaume 
iiir  l'approbation  des  Réguliers  poui- 
î'a^miniihration  dufacremcnfcléPé- 
Jiitence.  .  *- 

HL  JOLY ,  (  Gui  )  confeiller  du 
Sroi  au  Giâtdet,  fut  nommé,  en 
«6y2,  fyndicdes  rentiers  de  l'hô- 
tel-de-ville  de  Paris.ll  fuivit  long- 
temps le  cardinal  de. /Ç«q,  &  lui  fut 
attaché  dans  fa  faveiif.  &  dans  fes 
difgraces  5  mais  ITiiimeur'  bizarre  , 
Youpçonneufe  &  inconilante'de  ce 
fameux  intrigant  ,  l'obligea'  de  le 
quitter,  11  laiâa  des  Mémoires  depuis 
9648,  jufqu'en  i66y^  qui  font  àVeux 
du  cardinal ,  ce  que  le  domefHque 
tft  au  maître ,  pour  nous  fervir  de 
l'expreffion  de  l'auteur  du  Sîec/e  de 
JLouis  XIV,  Si  l'on  en  excepte  la 
fin ,  ils  ne  font  proprement  qu'un 
ebrégé  de  ceux  de  fon  maître ,  qu'il 
peint  avec  affez  de  vérité.  Joly  y 
|>aroît  plus  fage  dans  fes  difcours , 
plus  prudent  dans  fa  conduite ,  plus 
3ixe  dans  fes  principes,  plus  conAant 
dans  fes  réfolutions.  Ses  Mémoires  , 
qui  forment  2  vol.  inri2  ,  ont  été 
B-éunis  avec  ceux  du  cardinal  de 
îReti,  On  a  encore  de  lui  :  I.  Quel- 
ques Traités  ,  compofés  par  ordre 
de  la  cour  ,  pour  la  défenfe  des  droits 
^  U  Ràszc  »  contre  Fkrn  Stoûmanr^ 


?  o  E 

célèbre  Jurifconfulte.  II.  Les  «rflW 
ffies  de  la  Paix ,  &  les  Négociations 
faites  à  la  cour  par  les  amis  de  M. 
le  Prince  ,  depuis  fa  retraite  en 
Guienne-,  in-foUo^  1652.  III.  Une 
Suite  de  ces  mêmes  Intrigues  ,1652-, 
in-4<> ,  &c.  &c. 

IV.  JOLY  ^  (  Guillaume  )  lieii^ 
tenant-général  de  la  connétablie  6t 
maréchauffée  de  France,  mort  en 
1613  ,  eft  auteur:  1.  D'un  Traité  de 
la  Jujiice  militaire  de  France ,  in- 8.? 
II.  De  la  Vie  de  Guy  Coquille  ^  célèbre 
jurifconfulte. 

V.  JOLY,  (François-Antoine  > 
cenfeur-royal ,  né  à  Paris  en  1672^ 
mort  dans  cette  ville  en  1753  à  8i 
"ans ,  débuta  par  quelques  pièces  dé 
théâtre  pour  les  comédiens  Italiens 
"&  pour  les  François.  La  plus  efti- 
mée  éft  VÉeole  des  Amours,  Il  fe  fit 
connoître  enfuite  plus  avantageufe* 
ment  par  des  éditions  :  de  Molière  , 
in-4°;  de  Corneille,  in-12  Vfle  itacinè,, 
in-i2  ;  &  dçMôntfîeury  ,  in-12.  Il 
a  laiffé  un  ouvrage  manufcrit  conr 
fidérable ,  intitulé  :  Le  nouveau  & 
grandCérémonlalde  i7an«,gros  in^fol. 
dépofé  à  la  bibliothèque  du  roil 
Joly  étoit  d'un  cara£teredoux,  mo*- 
deâe  &  officieux. 

VLJOLYdeFleurt,  (Guit* 
laume-Franç.  )néàParis  en  1675  ; 
d'une  ancienne  famille  de  robe ,  fut 
reçu  avocat  au  parlement  en  169  c  » 
devint  avocat-général  de  la  cour 
des  aides  en  1700  ,  &  ayocat-gé- 
nérâl  au  parlement  de  Paris  en  1 70  f . 
Il  fit  briller  dans  ces  différentes  pla- 
ces les  [qualités  du  cœur  &  de  l'efr- 
•prit.  Sq:&  plaidoyers  »  fes  harangues^ 
fes  autres  difcours  publics  ,  rcfpl- 
roient  par-tout  une  éloquence  à  Faf 
fois  brillante  &  naturelle.  L'illuflre 
Daguejfeau  ayant  été  fait  chancelier 
de  France  en  17 17,  Joly  de  Fleary 
le  remplaça  dans  fe  charge  de  pro- 
cureur -  général.  11  falloit  un  tel 
homme  pour  calmer  les  regrets  des 
bons  citoyens,  Le  aauvcau  i^iqqu/» 


î  OL 

Ifcr-gênéral  remplit  tous  les  de- 
voirs de  fa  place  avec  une  adHvité 
d'autant  plus  louable ,  que  fa  fanté 
«oit  très-délicate.  Son  zelc  pour 
le  bien  public  le  porU  à  faire  mettre 
çn  ordre  les  Resjftres  du  Parltment, 
11  tira  de  Vobfcurité  plufieurs  de  ces 
regifbres ,  enfévelis  dans  la  pouiSere 
des  greffes.  Il  fut  y  découvrir  mille 
chofes  curieufes  &  utiles  ,  propres 
à  réclairciifement  de  notre  Droit, 
de  la  pratique  judiciaire ,  &  de  di- 
vers points  d'hiftoire.  C'eft  à  lui 
pareillement  que  l'on  doit  le  travail 
qui  eft  commencé ,  dans  le  même 
goût ,  fur  les  rouleaux  du  parle- 
ment :  pièces  dont ,  avant  lui ,  l'on 
n'avoit  proprement  aucune  con- 
noiflânce.  Il  en  a  fait  faire ,  fous 
fes  yeux ,  des  extraits  &  &çs  dc- 
pouillemens.  Il  a  auffi  dirigé  jufqu'à 
îa  mort  les  inventaires  &  les  ex- 
traits que  l'on  feit  des  pièces  ren- 
fermées dans  le  tréfor  des  Chartres. 
Ses  infirmités  Tobligercnt  en  1746 
de  fe  démettre  de  fa  charge  de  pro- 
cureur-général,  en  feveur  de  fon 
aîné ,  digne  fils  d'un  tel  père.  Son 
cabinet  devint  alors  comme  untri- 
lîunal  où  fe  rendoit  le  pauvre  com- 
me le  riche ,  la  veuve  &  l'orphelin. 
La  France  le  perdit  le  12  Mars 
1756,  dans  fa  quatre-vingt-unième 
année,  laiffant  trois  fils:  l'un  procu- 
reur-général, l'autre  préfîdent  à  mor- 
tier,  &  le  troifieme  confeiller-d'E- 
tat.  U  avoit  été  employé  en  17^2 
à  calmer  les  difFérens  qui  déchi- 
roient  alors  l'Eglife  de  France.  Il 
refle  de  lui  plufieurs  manufcrits, 
monumens  de  fes  connoifiances , 
de  la  fagacité  de  fon  génie ,  de  la 
précifion&  de  Télégance  fmiplicité 
de  fon  ftyle.  On  trouve  daift  ces 
manufcrits  :  I.  Des  Mémoires  qui 
font  tout  autant  de  Traités  fur  les 
madères  qu'ib  embrafifent.  II.  Des 
Obfervatîons  t  des  Remarques  &  des 
J^?o/«  fur  les  différentes  parties  de 
4^9tr§  Droit  public.  lU.  Les  tomce 


î  O  N  1} 

vï«  6c  f  ii«  du  Journal  des  Audien-» 
ces  ,  offrent  quelques  extraits  de  fes 
Plaidoyers,  L'homme  privé  ne  fut 
pas  moins  eftimable  dans  ce  céle-^ 
bre  magiflrat ,  que  l'homme  public. 
Son  caraflere  étoit  doux  &  bienâi-* 
fant ,  fon  abord  ouvert,  fes  mœitt» 
pures.  La  vivacité  de  fes  yeux  an- 
nonçoit  celle  de  fon  efprit  ,  fani 
domier  de  mauvaifes  impreifions 
fur  les  qualités  de  fon  cœur. 

VIL  JOLY,  VoycrCnonsf^  lu* 
I&  IL 

VIII.  JOLY,  (Jean  Pierre  de) 
avocat  au  parlement  de  Paris ,  ^ 
doyen  du  confeil  de  M.  le  duc  d'O/^ 
léans  ,  naquit  à  Milhau  en  Rouer-^ 
gue  l'an  1697 ,  &  mourut  fubite^ 
ment  à  Paris  tn  1774,  à  77  ansr* 
Citoyen  vertueux  ,  jurifconfqlt» 
éclairé ,  philofophe  vrai ,  mais  fan» 
affiche  ,  &  favant  fans  jamais  s'en 
donner  l'air ,  il  alaifTé  une  mémoire 
chère  &  refpef^able.  Nous  avons  d« 
lui  une  traduction  fi-ahçoife  in-S.* 
des  Penfées  de  P Empereur  Marc-'Au" 
rele ,  &  une  édition  très-exaûe  dii 
texte  Greo  de  fes  Penfées, 

JON,  (Du  )  Voy,  IL  JuNiu*, 

JONADAB,  fils  de  Rechah  ,  de^. 
cendant  de  Jethro  ,  beau  -  père  rfe^ 
^oyfe  y  fe  rendit  recommandable 
par  la  ûûnteté  &  Tauflérité  de  fa 
vie.  il  prefcrivit  i  fes  defcendans» 
un  genre  de  vie  très- dur,  &  des; 
privations  pénibles  auxquelles  I:^ 
loi  n'obHgeoit  perfonne ,  mais  que 
tendoient  d'elles-mêmes  à  une  plus) 
exaâe  &  plus  parfidte  obfervatioa 
de  la  loi.  Il  leiu*  défendit  l'ufage^ 
du  vin ,  des  maifons ,  de  l'agricul-^ 
ture  ,&  la  propriété  d'aucun  fonds  ;^ 
&  il  leur  ordonna  d'habiter  fou^. 
des  tentes.  Les  difciples  de  }ona^ 
dab  s'appelèrent  Re'chabites ,  du  non^ 
de  fon  père.  Ils  pratiquèrent  la  rè- 
gle qu'il  leur  avoit  donnée ,  durant 
plus  de  300  ans.  La  dernière  an- 
née du  règne  de  Jo^ddm  roi  de  Juda^ 
ffabuçhoionofQT  étant  venu  a$ég(fii 


*4  J  O  M 

)érufalem  ,  les  Réchahues  iarM 
obligés  de  quitter  la  campagne  & 
de  fe  retirer  dans  la  ville  ,  fafls 
toutefois  abandonner  leur  coutume 
de  loger  fous  des  tentée.  Pendant 
le  iiege ,  Jérénùc  reçut  ordre  d'aller 
cherdier  les  difciples  de  Réchah, 
de  les  feire  entret  dans  le  temple  > 
&  de  leur  préfenter  du  vin  à  boire* 
L'homme  de  Dieu  exécuta  cet  or- 
dre ,  &  leur  ayant  offert  à  boire , 
ils  répondirent  qu'ils  ne  buvoient 
point  de  vin ,  parce  que  leur  père 
Jonadab  le  leur  avoit  défendu.  Le 
prophète  prit  de  là  occafion  de  faire 
aux  Juifs  de  vifs  reproches  fur  leur 
endurciflement.  Il  oppofa  leur  faci- 
lité à  violer  la  loi  de  Dieu,  à  Texac-  ' 
titude  rigoureufe  a^iec  laquelle  les 
'Jtédiahues  obfervoient  les  ordon- 
nances des  hommes.  Les  Réchabî- 
us  furent  emmenés  captifs  après  la 
prife  de  Jérufalem  par  les  Chal- 
déens ,  &  l'on  croit  qu'après  le  re- 
tour de  la  captivité,  ils  furent  em- 
ployés au  fervice  du  Temple  ;  qu'ils 
y  exercèrent  les  fondions  de  por- 
tiers ,  &  même  de  diantres ,  fous 
les  Lévites. 

L  J  O  N  AS  ,  fils  àUmathl ,  V.e 
des  petits  Prophètes ,  natif  de  Gé- 
.thepher  dans  la  tribu  de  Zabulon , 
vivoit  fous  Joas  ,  Jéroboam  II ,  rois 
d'Ifi^aël ,  &  du  temps  d'OJlaî ,  roi 
de  Juda.  Dieu  ordonna  à  ce  pro- 
phète d'aller  à  Ninive ,  capitale  de 
l'empire  des  Affyriens ,  pour  pré- 
dire à  cette  grande  ville  que  Dieu 
l'alloit  détruire*  Jonas ,  au  lieu  d'o- 
béir, s'enfuit ,  &  s'embarqua  à  Jop- 
pé  pour  aller  à  Tharfe  en  Cilicie. 
Le  Seigneur  ayant  excité  une  gran- 
'  de  tempête,  les  mariniers  tirèrent 
.au  fort  pour  fàvoir  celui  qui  étoit 
caufe  de  ce  malheur ,  &  le  fort  tom- 
ba Air  Jon4s.  On  le  }eta  dans  la 
mer ,  afin  que  fa  mort  procurât  le 
falut  aux  autres-,  &  auffi-tôt l'orage 
s'appaifa.  Dieu  prépara  en  même- 
iPI^  m  grand  pQ.i^ç^  J^q^  rççs^ 


J  O  NT 

^6it  Jonat ,  qui  demeura  trois  JotêST 
&  trois   nuits  dans   le  ventre  àé 
l'animal.  Le  poifTon  le  jeta  alors 
fur  le  bord  de  la  mer ,  &  le  pro-« 
phete  ayant  reçu  un  nouvel  ordrô 
d'aller  à  Ninive ,  obéit.  Los  habi- 
tans  ,  effrayés  de  fes  menaces ,  firent 
pénitence,  ordonnèrent  un  jeûne 
public  ,    &  le  Seigneur  leur  par- 
donna. Jonas  fe  retira  à  l'Orient  de 
la  ville ,  à  couvert  d'un  feuillage 
qu'il  fe  fit ,  pour  voir  ce  qui  arri- 
veroit.  Voyant  que  Dieu  avoit  ré- 
voqué fa  fentence  touchant  la  def- 
truàion  de  Ninive ,  il  appréhende! 
de  paffer  pour  un  faux  prophète ,  & 
fe  plaignit  au  Seigneur ,  qui  lui  de- 
manda s'il   croyoit  que  fa  colère 
fût  bien  jufie  ^  Pour  le  défendre 
encore  plus  contre  l'ardeur  du  foleil« 
il  fit  croître  dans    l'efpace    d'une 
feule  nuit  un  lierre,  ou  plutôt  ce 
qu'on  nomme  F  aima  Chrîju ,  qui  lui 
donna  beaucoup  d'ombre.  Mais  dès 
le  lendemain,  le  Seigneur  envoya 
im  ver  qui  piqua  la  racine  de  cette 
plante ,  la  fit  fécher ,  &  laifTa  Jona» 
expofé ,  comme  auparavant ,  à  lar 
violence  du  foleiU  Cet  événement 
fut  fort  fenlible  au  prophète ,  qui> 
dans  l'excès  de  fa  douleur  ,    fou- 
haita  de  mourir.  Alors  Dieu,  pour 
l'inflruire,  luit  dit:  que  ♦*  puifqu'il 
»»  étoit  fâché  de  la  perte  d'un  lierre  , 
»♦  qui  ne   lui   avoit    rien  coûtée 
»*  il  me  devoit  pas  être  fîirpris  de 
>♦  voir  fléchir  fa  colère  envers  une 
y  grande  ville ,  dans  laquelle  il  y 
M  avoit  plus  de  120,00a  perfonnes 
>♦  qui  ne  favoient    pas  difUnguee 
»  entre  le  bi^n  &  le  mal  «.  Jonas  re- 
vint de  Ninive  dans  la  Judée  ,  & 
5.  Eplphane  raconte  qu'il  fe  retira 
avec  ià  mère  près  de  la  ville  de 
Sur ,  où  il  demeura  jufqu'à  fa  mort  « 
arrivée  vers  l'an  761  avant  J.   C. 
Les  Prophéties  de  Jonas  font  en  hé- 
breu ,  &  contiennent  iv  Chapitres. 
Il  y  a  des  mythologiftes  qui  pré-» 
ipdfiQt  qu.ç  l^  ^\ç  i4ad^,i^^ 


Ibé  Inventée  fiir  ITiiftoire  de  Jonas; 
mais  les  gens  fenlës  n*adoptent  pas 
des  idées  û  bizarres.  Les  favans 
ont  beaucoup  difputé  fur  le  poif- 
foa  qui  engloutit  Jonas,  Ce  n'étoit 
point  une  Baleine  ;  car  il  n'y  a  point 
de  baleine  dans  la  mer  Méditerranée 
où  ce  propheteiut  jeté.  D'ailleurs 
le  gofier  des  baleines  eft  trop  étroit 
pourqu*un  honune  y  puiffc  paffer. 
Les  ikvans  croient  que  le  poiiTon 
dont  il  s*agirt  étoit  une  efpece  de 
Re^mn  t>u  de  LamU, 

n.  JONAS,  évêque  d'Orléans, 
«ort  en  841  ,  laiffa  deux  ouvra- 
ges dtimés.  Le  premier^  indtulé: 
Infituîîon  des  Laies  ,  fiit  traduit  en 
françois  par  Dom  Af*^,  1582,  in- 
11.  Le  fécond  a  pour  titre  :  Infime- 
non  eu  Roi  Chkètluk  ,  traduit  e|^ 
françois  par  Defmaréts ,  166 1,  in-8.0 
L'un  &  l'autre  fe  trouvent  en  latin 
dans  le  SpicUege  de  d'Acheri,  11  y 
a  encore  de  Jonas  un  Traité  dis 
Miracles  dans  la  Bibliothèque  des 
Pères  ,  &  imprimé  féparément,. 
1645 ,  in-iô.  Ce  prélat  fiit  la  ter- 
reur des  hérétiques  de  fon  tertps  , 
le  modèle  des  évêques  &  l'orne- 
ment de  plufieurs  conciles, 

IIL  JONAS,  (  Jufte)  théologien 
Luthérien,  né  dans  la  Thuringe  en 
1493»  mort  le  9^  oâobre  1^55  à 
62  ans  y  doyen  de  l'univerfité  de 
Wittemberg,  laiffa  :I.  Un  Traité  en 
faveur  du  Mariage  des  Prêtres,  à  Helm- 
ûadt  ,  1631,  in-fol.  II.  Un  de  la 
Meffe  privée,  III.  Des  Notes  fur  les 
Aûes  des  Apôtres ,  Ôc  d'autres  ou- 
vrages ,  in-S.o  II  fut  un  des  plus 
ardens  difciplesde  Luther, 

IV.  JONAS  ,  (  Jmagrlmus  )  af- 
troBome  Iflandois  ,  difciple  de  Ty- 
dio-Brahé-,  &  coadjuteur  de  reve- 
nue de  Hole  en  Iflande ,  mourut  en 
1649 ,  à  95  ans ,  après  avoir  pu- 
blié un  grand  nombre  d'ouvrages. 
Les  principaux  font  :  I.  L'Hlfiolre 
fr  la  Defcrlpùon  de  l'Iflanie ,  Amfler- 
to>,  iÉ43i  W-i-^  avçfi  U  P^H^li 


J  Ô  N  îj 

de  cet  ouvrage  ,  cffimable  pour 
rénidition  &  les  redierches.  Cette 
Hiftoire  eft  en  latin.  II.  Idea  veii 
Ma^ftratûs ,  Hafniae  ,  1689  ^  in-8,'* 
III.  Rerum  Iflandlcarum  ûhri  très, 
Hambourg,  1630,  in-4.0  IV.  Lap^îû 
de  Gundebrand  de  Thorlac  ,  en  latin  » 
in-4.0  ,  &c.  Il  pi-étend  que  l'Iflando 
n'a  été  habitée  que  vers  l'an  8741 
de  J.  C.  Ôcqueparconféquentelle 
n'eft  point  l'ancienne  ThuU.  Ce  pré* 
lat  fe  maria,  à  l'âge  de  91  ans^ 
à  une  jeune  fille. 

L  JONATHAS  ^  fils  de  Saut,  ed 
célèbre  par  fa  valeur  ,  &  par  l'ami* 
tié  conftante  qu'il  eut  pour  Davlâ 
contre  les  intérêts  de  fa  maifon» 
11  défit  deux  fois  les  Philiftins» 
&  eût  été  mis  à  mort  par  Saiil^ 
pour  avoir  mangé  d'un  rayon  de; 
miel ,  {  contre  l'édit  de  fon  pere^ 
qu'il  ignoroit ,  par  lequel  il  étoie 
défendu  fous  peine  de  la  vie  de  man»» 
ger  avant  le  foleil  couché),fi  le  peu* 
pie  ne  s'y  fût  oppofé.  La  guerre  s'é-*- 
tant  de  nouveau  allumée  quelque 
temps  après  entre  les  Hébreux  &  les. 
Philiftins ,  Saûl  &  Jonathas  fe  csm^ 
perentfur  le  mont  Gelboé,avec  l'ar* 
mée  d'Ifraël.  Us  y  furentforcés,  leur* 
troupes  taillées  en  pièces,  &  Jonathas 
tué  Tan  1055  avant  J.  C.  La  nou-: 
velle  en  ayant  été  portée  à  David,  iî 
compofaun  Cantique  f\mehrç^  où  il 
fait  éclater  toute  fa  tendreffe  pour 
fon  ami.  Il  l'aima  au-delà  du  tom« 
beau  ,  dans  la  perfonne  de  fon  fils,, 
que  fouvent  il  faifoit  affeoir  à  fai 
table ,  quoique  peu  propre  à  y  fi-^ 
gurer  ,  étant  tout  contrefait.  Jona--^ 
thas  eft  un  modelé  admirable  de  Iz 
générofité  &  de  l'amitié  chrétienne. 
La  gloire  de  David  effeçoit  la  fien*^ 
ne  ,  &  il  n'en  eft  point  jaloux. 
Quoique  héritier  préfbmptif  de  la 
couronne ,  il  prend ,  aux  dépens  de 
fes  propres  intérêts,  ceux  de  Tint 
nocent  perfécuté. 

II.  JONATHAS  ,  fils  de  Samaa^ 
a^Ygm  4s  DwU  ^  ^  ^  gloire  de 


«g  ÏON 

tuer  un  Géant  de  9  pieds  de  hant  ; 
qui  avoit  fix  doigts  à  chaque  main 
&  à  chaque  pied. 

m.  JONATHAS,  (qu'on  nomme 
auffi  Jonathan  ou  Johannan  ) 
fils  de  Joiada,  &  petit-fils  à'Eliafib  , 
fuccéda  à  Ton  père  dans  la  charge 
de  grand  -  (àcrificateur  des  Juifs  , 
qu'il  occupa  pendant  environ  40 
ans.  Ce  pontife  déshonora  fa  di- 
gnité par  une  adion  barbare  &  fa- 
crilcge.  Il  avoit  un  frère  nommé 
Jzsus ,  qui  prétendoit  parvenir  à 
la  fouveraine  facrificature  par  la 
proteâion  de  Bogofi,  général  d'^r- 
taxcrcès.  Jonathas  en  conçut  de  la 
Jaloufie,  Un  jour  que  les  deux  frères 
ie  rencontrèrent  dans  le  temple  ^  la- 
^fpute  s'échaufi^  û  fort ,  que  Joaa-^ 
thas  tua  Jefiis  dans  le  lieu  faint. 

IV.  JONATHAS,furnommé 
'iipphus  ,  l'un  des  plus  grands  géné- 
raux qu'aient  eu  les  Juifs  ,  étoit 
£ls  de  Mazathias  &  frère  de  Judas 
Machahéc.  Il  força  Baehldi,  géné^ 
rai  des  Syriens ,  qui  faifoitla  guerre 
aux  Juii£ ,  d'accepter  la  paix  l'an 
du  monde  161  avant  J«  C.  Laré^ 
putation  de  Jonathas  ût  recliercher 
fon  alliance  par  Akxao.dft.  Balas  & 
Dcmetrlus  Sour ,  qui  fe  difputoient 
le  royaume  de  Syrie.  U  embrafTa 
les  intérêts  du  premier  ,  &  prit 
pofleffion  de  la  fouveraine  facrifi- 
cature ,  en  conféquence  de  la  let- 
tre de  ce  prince  qui  lui  donnoit 
cette  dignité.  Deux  ans  après, 
Alexandre^ Balas  ayant  célébré  à 
Ptolémaïde  fon  mariage  avec  la 
fille  du  roi  d'Egypte,  Jonathas  y 
fut  invité ,  &  parut  avec  une  magni- 
ficence royale.  Dcmetrlus ,  qui  fuc- 
céda  à  Balas,  le  confirma  dans  la 
grande  ûcrificature  -,  mais  fa  bon- 
ne volonté  ne  dura  pas  long-temps. 
Jonathas  lui  ayant  aidé. à  foiunet- 
treceux  d'Antioche  foulevés  con- 
tre lui,  Dcmetrlus  n'eut  pas  la  re- 
connoiiTance  qu'il  devoit  pour  un 
Ç.jrajiji  JfetyiW  :  U  1^  prit  en  ayèjr 


Son ,  &  lui  fit  tout  le  mal  qu*il  ptrér 
Diodou  Tryphon  ,  ayant  réfolu  d'en- 
lever la  couronne  au  jeune  Antlo* 
thus  ,  fils  de  Balas ,  fongea  d*a-, 
bord  à  fe  défîiire  de  Jonathas,  Il  l'at* 
tira  à  Ptolémaïde  ^  le  prit  par  tralii-^ 
fon ,  &  le  fit  charger  de  chaînes  '^ 
enfuite,  après  avoir  tiré  de  Simon 
une  fomme  confidérable  pour  la- 
rançon  de  fon  firere,  ce  perfide  le 
fit  mourir  l'an  144  avant  J.  C. 

V.  JONATHAS ,  Juif  d'une  naifr 
fance  obfcure,  (e  diflinguatpar  ik 
bravoure  au  fiege  de  Jérufalem.  Il 
fortit  un  jour  de  la  ville  pour  dé- 
fier les  Romains  &  en  appeler 
quelqu'un  en  duel.  Un  nommé  Pu- 
dau  courut  à  lui  pour  éprouver 
fes  forces  ;  mais  comme  il  s^avan- 
cpit  précipitamment ,  il  tomba.  Jo^ 
nathas ,  profitant  de  ia  chute,  le 
tua  fans  lui  donner  le  temps  de  fe 
relever ,  &  le  foula  aux  pieds ,  l'in- 
fultant  avec  une  cruauté  impu-  • 
dente.  Un  autre  Romain  nomm^ 
Prifcus ,  outré  de  cette  infolence  ^ 
lui  décocha  une  flèche  dont  il  lema« 
Jonathas  tomba  mort  fur  le  corps  dç 
fon  ennemi. 

VI.  JONATHAS,  tîiTerand  di» 
bourg  de  Cyrene.  Après  la  ruine 
de  Jéruùlem  par  Taus ,  fils  de  l'em" 
pereur  Fc/paficn ,  il  gagna  un  grand 
nombre  de  Juifs  &  les  mena  fur 
une  montagne  ,  leur  promettant 
des  miracles ,  s'ils  le  choiûiroien& 
pour  chef  *,  mais  il  fiit  arrêté  paj? 
Catulle,  gouverneur  de  Lydie.  Co 
féduÛeur  dit  qu'on  l'avoit  engagé 
à  cette  révolte ,.  &  nomma  FUAua 
Jofephe  riiiftorien  entre  Ces  cora-» 
plices.  Mais  ccxnme  celui-ci  étoit 
innocent ,  on  ne  s'arrêta  point  aux 
accufations  du  calomniateur ,  qiû 
fut  condamné  à  être  brûlé  vif. 

JONCOUX ,  (  Françoife  -  Mar-' 
guérite  de  (naquit  en  1660  d'ua 
gentilhomme  Auvergnac,  &  mou* 
rut  en  1715  ,  après  s'être  difHn- 
guéé  p^  ^  piété  ^  (jps  talens ,  Se 

f<2^ 


Jt)N 

ton  ditadièment  aux  religieufes  de 
Poit-royal.  On  lui  doit  la  TraducUon 
des  Notes  de  Nico/e  (  caché  fous  le 
aom  de  ÏTtnJrock  )  fur  les  Provins 
doits*  Cette  verfion  a  été  imprimée 
ea4  vol.  isi-12.  Mlle  de  Joncoux 
avoit  appris  le  Latin ,  pour  pouvoir 
affifter  avec  plus  de  goût  aux  offi->- 
ces  de  TEglife.  Voye^  LoUAiL. 

JONES,  (Inigo)  né  à  Londres 
en  1572,  mort  en  1652,  à  80  ans ^ 
excella  dans  l'architedure ,  &  fut  le 
Palladio  de  l'Angleterre ,  où  le  vrai 
goût  &  les  règles  de  l'art  étoient 
prefqu'inconnus  avant  lui.  Il  fut  fuc- 
teffivement  archite£^e  des  rois  Jac 
fues  I  &.  Charles  L  Ceû  fur  fes 
deffios  qu'ont  été  conâruits  la  plu<- 
part  des  beaux  édiftcies  qu'on  voit 
en  Angleterre.  On  a  de  lui  des 
Nous  curieufes  fur  VÀRCftiTEC'^ 
TURE  de  Palladio ,  inférées  dans 
une  traduâion  Angloife  qui  en  a 
été  publiée  en  1742. 
JONGH  4  (  Du  )  Toy.  ïuNitJS. 
JONIN,  (  Gilbert)  Jéfuite^  né 
en  1596,  mort  en  1638-342  aAs, 
fe  difiingua  par  fon  talent  pour  la 
poéûe  grecque  &  latine ,  &  excella 
fur-tout  Mans  le  lyrique.  Oh  remar- 
que dans  fbs  poéiiés ,  delà  Vivacité, 
de  rélégance ,  de  la  fadlité ,  &  quel- 
quefois de  la  négligence.  On  ia  de 
lui  :  L  Pes  Odes  &  des  Epodes  , 
Lyon,  1630^  in-i6.  IL  DesElé^cs, 
Lyon^  i^34,in-î2.  III.  D'autrds 
FocJUs  en  grec  &  en  latin ,  6  vol. 
ïn-8.0  &  in-16,  1634  a  1637. 

JONSIUS  ,  (  Jean  )  natif  de  Hol^ 
ftein ,  mort  à  la  ileur  de  fon  âge 
en  1659  ,  eft  auteur  d'un  TrauéeRi- 
mé ,  des   Écrivains  de  l'fufloire  de  la 
Philofophie ,  en  latin.  Domtus  ,  qiii 
en  donna  une  bonne  édition  en 
171 6  ,  in-4.°  Icne  a  continué  cet 
ouvrage  jufqu'à  fon  temps. 
JONSON ,  Voyei  Johnson. 
ÎONSTON  ,  (  Jean  )  namralifte 
né  à  Sambter  dans  la  grande  Po- 
logne en  1603  ,  parcourut  tous  les 
Tome  V% 


pays  de  TEurope ,  &  mourut  dan* 
fa  terre  de  Ziebendorf  en  Silé£e 
le"8  juin  1675 ,  à  72  ans.  Ona  dâ 
lui  plufieurs  ouvrages ,  parmi  lef* 
quels  on  diftingue  fes  hiftoîres  des 
Poiffons  ,  des  Oi/eaux,  des  infectes, 
des  Quadrupèdes ,  àes  Arbres,  éc,  en 
cinq  vol.  in-fol.  1650,  1653  & 
1662.  Cette  édition ,  qui  eft  la  pre-i 
miere  y  eft  auffi  rare  que  recherchée. 
Ce  livre  eft  en  latin.  On  a  encore 
de  lui  un  traité  De  Arboribus&Fruc* 
tibus ,  à  Francfort  fur  le  Mein,  1662, 
in-folio.  C'eft ,  de  toutes  les  pro- 
duélions  de  cet  infatigable  natu- 
ralifte,  la  meilleure  &r  la  moins 
commune.  Tous  fes  Ouvrages  ont 
été  réimprimés  en  10  tomes  in-foU 
1755  a  1768. 

11  ne  faut  pas  le  Confondre  avec 
Gtdllatme  Jo  N s  TO  n  ,Ecof[oiSy  mort 
en  1609 ,  dont  on  a  un  Abrégé  dô 
VHiftùîre  de  Sléidan, 

I.  JORAM ,  roi  dlfraël ,  aprèâ 
fon  frère  Ochofias ,  l'an  896  avant 
J.  C.  ,  étoit  fils  d*Achab,  Il  vainquit 
les  Moabités ,  félon  la  prédidioA 
du  prophète  Èlifée  ,  &  fot  dans  la 
fuite  affiégé  dans  Samarie  par  Bena^ 
dad  roi  de  Syrie.  Ce  fiege  réduifit 
cette  ville  à  une  fi  grande  famine  » 
que  la  tête  d'un  âne  s'y  vendoit  80 
ficles.  C'eft  alors  qu'arriva  une  hif* 
toire  tragique  ,  dont  il  y  a  peu 
d*exemplcs.  Une  femme ,  étant  con- 
venue avec  une  autre  de  manger 
leurs  enfans ,  &  ayant  d'abord  four- 
ni le  fien ,  vint  demander  juftice  à 
Joram  contre  l'autre  mère  qi  i  refu* 
foit  de  donner  fon  enfent.  Ce  prin- 
ce, défefpéré  d'un  accident  fi  bar- 
bare, tourna  fa  fureur  contre  £/t- 
fée,  &  envoya  des  gens  pour  lui 
couper  la  tête.  Mais ,  fe  repentant 
bientôt  d'un  ordre  auflî  injufte ,  il 
courut  lui-même  pour  en  empêcher 
l'exécution  ;  &  le  prophète  l'aflura 
que  le  lendemain,  à  la  même  heure , 
la  farine  &  l'orge  fe  donneroient 
prefque  pour  rien.  Cette  prédi^o^ 


■.tf        ion 

s'accomplit  en  effet.  Les  Syrîcfts 
ayant  été  frappée  d'une  frayeur 
divine ,  prirent  la  fuite  en  tumulte , 
&  laiflerent  un  très  -  riche  butin 
dans  le  camp.  Tant  de  merveilles 
ne  convertirent  point  Joram  ,  il 
continua  d'adorer  les  Dieux  étran^ 
i;ers.  Enfin,  ayant  été  blefle  dans  une 
bataille  contre  Aiaël ,  fucceffeur  de 
Benadjd ,  il  fe  fit  conduire  à  Jezrael. 
Il  y  fut  percé  de  fieches  d^s  le 
champ  de  Naboth ,  par  hlm  ,  général 
de  fon  armée ,  qui  fit  jeter  fon 
corps  aux  chiens  dans  ce  même 
champ  y  l'an  SS4  avant  J.  C.  félon 
la  prédiction  du  prophète  Elh, 

IL  JORAM,  roi  de  Juda  /  fuc- 
céda  à  fon  pcre  Jofaphat  Tan  889 
avant  J.  C.  Loin  d'imiter  fa  piété  » 
il  ne  fe  fignala  que  par  des  aâions 
d'idolâtrie  &  de  fiureur.  11  époufa 
Athalle  fille  é'Achab ,  qui  caufa  tous 
les  nicdheiurs  dont  fon  règne  fiit  affli- 
gé. A  peine  fiit-il  fur  le  trône  ^  qu'il 
ife  fouilla  par  le  meurtre  de  £ss  pro- 
|>res  frères  ,  &  des  principaux  de 
ion  royaume ,.  que  Jofaphat  avoit  le 
plus  aimés.  Il  imita  toutes  les  abo^ 
minations  des  rois  d'Iiîaël  :  il  éleva 
des  autels  aux  idoles  dans  toutes  les 
villes  de  Judée  ^  &  excita  fes  ûijets 
a  leur  facrifier .  Dieu ,  irrité  de  îe& 
impiétés  ,  fouleva  contre  lui  les 
Iduméeas  ,  qui ,  depuis  les  viûoi- 
res  de  Judas ,  avoient  toujours  été 
aiTujettis  aux  rois  de  Juda.  La  ville 
de  Lobna  fe  retira  de  (on  obéiiTan- 
ce ,  &  ne  voulut  plus  le  reconnoître 
pour  fouveraio.  Les  Philiilins  & 
les  Arabes  firent  une  irruption  dans 
la  Judée  »  où  ils  mirent  tout  à  feu  & 
à  fang.  Jorum  fiit  lui-même  attaqué 
d'une  horrible  maladie,  qui  lui  caufa 
pendant  deux  aiis  des  tourmens  in- 
croyables ,  &  qui  le  fit  mourir  l'an 
$8  5  avant  J.  C,  comme  le  prophète 
EIU  l'avoit  prédit. 

JORDAIN  ,  général  des  Domi- 
nicains ,  né  à  Borrentrick  dans  le 
fiiocefe  de  Paderbora  >  gouverna 


î  ô  K 

fon  Ordre  avec  fageffe,  &  y  fit f!ai-i 
rir  la  fcience  &  la*  piété.  Il  péric 
dans  la  mer,  auprès  deSatalie,  eti 
revenant  de  la  Terre -fainte^  l'an 
1257.  Ceftlui  qui  introduifit  l'ufa- 
ge  de  chanter  le  S^lve  Regîna  après 
Complies.  On  a  de  lui  une  Hîfioire 
'de  Poîiffne  de  fon.  Ordre,  que  le  P. 
Echard  a  inférée  dans  fon  HJflolra 
det  Ecrivains  Domaucains,  £Ue  cft 
telle  qu'on  devoît  l'attendre  d'un 
homme  zélé  pour  la  gloire  de  fon 
corps. 

JORDAN,  (Raimond)f'<>yet 
Idiot. 

JORDAN,  (Charles. Etienne) 
né  à  Berlin  en  1700  d'une  famille 
originaire  du  Dauphiné  ^  montra 
de  bonne  heure  beaucoup  de  goût 
pour  les  lettre»  &  pour  l'étude^ 
Après  avoir  exercé  le  miniftere ,  il 
fut  confeiller  -  privé  du  grand  -di-^ 
re£koire  François ,  curateur  des  uni<r 
verfités ,  &  vice-préôdent  de  Taca**^ 
demie  desfciencesdèBerlin^où  il 
mourut  en  1745 1  ^  4T  ^ns.  Le  rot 
de  PruiTe ,  qui  refiimoit&  qui  l'ai-^ 
moit ,.  lui  fit  ériger  un  maufolée  de* 
marbre,  fur  lequel  on  lit  :  Ci'^t 
Jordan  ^  Pami  des  mufts  &  du  roû 
Ce  prind;  dans  un  éloge  académi-r 
que  qu'il  lui  confacra.,.  en  fiiit  ua 
portrait  très-avantageux.^  yy  Jordan  ^ 
y>  dit-il,  étoitnéavccunefpritvif,. 
>»  pénétrant,  &  en  même  temps  ca-- 
»♦  pable  d'application  :  lii  mémoire^ 
>♦  étoit  vafte ,  &  contenoit ,;  comme 
»  dans  un  dépôt,  le  choix  de  ce  que 
>♦  les  bons  éaivains  dans  tous  Ics^ 
>«  fiedes  ont  produit  déplus  exquis.. 
M  Son  jugement  étoit  sûr  ^  &  fon- 
>♦  imagination  brillant»  •,  elle  étoit 
>*  toujours  arrêtée  par  le  frein  de  la 
vt  raifon,  fans  écart  dans  fes  faillies:^ 
f>  fans  féchereffe  dans  ik  morale: 
H  retenu  dans  fes  opinions ,  ouvert 
>*  dans  fes  difcours ,  plein  d'urba- 
»  nité  &  de  bienfaifance ,  chérifiant 
v>  la  vérité  &  ne  la  déguifant  jamais  : 
yt  humailu  ,  généreux  ,  ferviable  j 


A  ()6â  dtoyên  ^  iîdèlle  à  fes  amis ,  à 
*>  {on  maître  &  à  fa  patrie*  m  On 
fie  peut  qu'avoir  une  grande  idée 
du  coeur  de  Jordan^  en  lifantce  por* 
trait  'y  mais  on  en  a  une  aâez  mé" 
dioae  de  fon  efprit  en  lifant  {e% 
txivrages.  Les  principaux  font  :  1. 
h'MJLirc  d'un  Voyage  littéraire  en 
France ,  en  Angleterre  &  en  Hol*- 
lande  ,  femée  d'anecdotes  fatiri* 
ques,  in^ia.  II.  Un  Recueil  de  lit* 
térature^  de  Philojuphie  &  d*Hlftoir9y 
ia-ii ,  où  Ton  trouve  quelques  re- 
marques favantes  &  plufieurs  mi- 
toudes.  m*  Une  Vie  de  la  Croie  : 
Voyez  fon  article^ 

L  JORDANS,  (Jacques)  né  à 
Anvers  en  1 594 ,  difciple  deRubens, 
cauik  de  la  jalouiie  à  fon  maître ,  par 
ÛL  manière  forte  ,  vraie  &  fuave.  On 
dit  que  Rabens ,  Craignant  qu'il  ne  le 
furpa£at,  l'occupa  longtemps  à  faire 
en  détrempe  des  cartons  de  tapif- 
Ceries^  &  qu'il  afiFoiblit  ainâ  fon 
I  t'^nceau  fier  &  vigoureux.  Jotdans 
excella  dans  les  grands  fu)ets  & 
dans  les  fujets  piaifans.  Il  embraf^- 
foit  tous  les  genres  de  peintures  , 
&  réuffi£bit  dans  prefque  tous.  On 
I  remarque  dans  fes  ouvragés  une  par- 
I  Édte  intelligence  du  clair-obftur , 
\  beaucoup  d'expreffion  &  die  vérité  i 
ils  inanquent  quelquefois  d'éléva* 
tion  &  de  nobleffe.  Ses  principaux 
Tableaux  font  à  Anvers  &  dans 
quelques  autres  villes  de  Flandres. 
Il  mourut  en  1678,  à  84  ans.  Il 
ëtoit  gendre  du  célèbre  Van-^Oorti 
n.  JORDANS ,  (Luc  )  peintre 
furnommé  Fa^Presto  ,  à  caufe  de 
ia  célérité  avec  laquelle  il  travail- 
loit  ,  naquit  à  Naples  en  1631. 
Paul  Vérone/eîut  le  modèle  auquel 
il  s'attacha  le  plus.  Le  roi  d'Efpagne 
Charles  II  Tapela  auprès  de  lui , 
pour  embellir  TEfcurial.  Le  roi  & 
la  reine  prenoient  plaifif  à  le  voir 
peindre,  &  le  firent  toujours  cou- 
vrir en  leur  préfence.  Jorâans  avoir 
^  humeur  gaie,  &  des  iailUes  qui 


antufeîent  la  coiu*.  L'aifance  &  la 
grâce  avec  laquelle  il  manioit  Id  • 
pinceau ,  fe  faifoit  remarquer  de  toUfl 
le  monde.  La  reine  lui  parla  un  jour 
de  fa  femme ,  &  témoigna  avoir  en« 
vie  de  la  connoître^  Le  peintre 
auffi-tôt  la  repréfenta  dans  le  ta* 
bleau  qui  étoit  devant  lui,  &  fit 
voir  fon  portrait  à  fa  majeflé ,  qui 
fut  d'autant  plus  étonnée ,  qu'elle 
ne  fe  doutoit  point  de  fon  inten«« 
tion.  Cette  princefTe  détacha  danft 
l'inflant  fon  collier  de  perles  ^  &  le 
donna  à  Jordans  pour  fon  époule* 
Le  roi  lui  montra  un  jour  un  tableau 
du  Bujfah  ,  dont  il  étoit  fâché  de 
n'avoir  pas  le  pendant  :  Luc  peu  de 
jours  après  fit  préfent  d'un  à  fa  ma-« 
jefté  y  qu'on  crut  être  de  la  main  du 
Baffan  ;  &  Ton  ne  fut  défabufé,  que 
quand  il  fît  voir  que  le  tableau  étoic 
de  lui-même.  Tel  étoit  le  talent  de 
Jordans  ,•  il  imitoit  à  fon  gré  tous  lea 
peintres  célèbres.  Le  roi  s'attachant 
de  plus  en  plus  à  ce  favant  artifle  , 
le  nomma  chevalier.  Apirès  la  mort 
de  Charles  II ,  il  revint  dans  fa  pa- 
trie, où  il  mourut  en  170c.  Ses 
principaux  ouvrages  font  à  l'Efcu- 
rial ,  à  Madrid  ,  à  Florence  &  à 
Rome.  Ses  Tableaux  font  en  trop 
grand  nombre  ,  pour  que  la  plupart 
ne  foient  pas  incorreÔs  -,  mais  il  éft 
a  laiffé  quelques-unsl  de  très  -  finis 
&  très^gracieux ,  &  dans  tous  on 
admire  une  grande  célérité  de  pin« 
ceau. 
JORDI ,  V<yei  Messew* 
JORN ANDES,  Goth  d'origine, 
fut  fecrétdire  des  rois  Goths  en 
Italie,  fous  l'empire  de  JuJHnîen^ 
ainfi  il  vivoit  en  $52  :  voilà  tout 
tt  qu'on  fait  de  fa  vie:  On  a  de 
luiMeux  ouvrages ,  dont  lun  porte 
pour  titre  :Z>e  réus  Gothlcis^  dans 
la  Bibliothèque  des  Pères.  Il  a  été 
traduit  par  l'abbé  de  Maupertuy,  Il 
eft  fi  conforme  à  VHtftolre  des  C^oths 
par  Cajpodore,  qu'on  croit  que  ce 
n'en  eft  qu'un  Abrégé.  L'autre  eflb 

Bij 


.10  J  O  s 

Intitulé  :  De  origine  Mundi,  de-  rerunt 
,  &  umporum  fucc^Jfijnc ,  1617,  in-8*' 
&  dans  la  Bibliothèque  des  PP.  On 
trouve  qu'en  cet  ouvrage  Jomandès 
a  beaucoup  pris  de  Florus  fans  le  ci- 
ter. Cet  auteur  eft  d'ailleurs  trop 
partial ,  fur  -tout  dans  les  endroits 
où  il  parle  des  Goths. 

JORRY,  (Faur  de  Saint)  Voye^ 
Faur,  n°  IL 

JOSABETH  ,  femme  du  grand- 
prêtre /o*Wa,fauva  Joas  du  maifacre 
que  faifoit  AthalU  deç  princes  du 
fang  de  David  i  Voy.  i.  JoAS. 

JOSAPHAT,  fils  &  fucceffeuf 
^Afa.  roi  de  Juda,  Tan  914  avant 
J.  G. ,  fut  un  des  plus  pieux  fou- 
verains  de  ce  royaume.  11  détruiiit 
le  culte  des  idoles  ,  &  envoya  des 
Lévites  &  des  doâeurs  dans  toutes 
les  provinces  de  fon  obéifîance, 
pour  inilruirele  peuple  de  ce  qui 
jconcernoit  la  religion.  La  feule 
chofe  que  l'Ecriture  reproche  à  ce 
prince  pieux  ,  c'eft  d'avoir  imt 
époufer  à  fon  fils  Joram ,  AthalU, 
qui  fut  la  ruine  de  fa  maifon ,  &  d'a- 
voir entrepris  la  guerre  contre  le? 
Syriens  avec  ce  même  prince.  Cette 
guerre  fiit  malheureufe  -,  le  roi  d'If- 
i-aël  y  fut  tué.  Jo/aphat,  reconnoif- 
fant  la  faute  qu'il  avpit  faite  cnfe- 
.  courant  cette  impie ,  la  répara  par  de 
nouvelles  avions  de  piété.  Les  Am- 
monites ,  les  Moabites  &  les  Arabes 
J'étant  venu  attaquer ,  il  s'adreifa 
au  Seigneur ,  qui  lui  accorda  la  vic- 
toire fiir  ces  peuples  d'une  manière 
miraculeufe.  Les  chantres  du  tem- 
ple fe  mirent  à  la  tête  de  fes  trou- 
.  pes ,  &  commencèrent  à  chanter  les 
louanges  du  Seigneur.  Leurs  voix 
,  ayant  répandu  la  terreur  parmi  les 
infidelles ,  ils  s'entre-tuerent ,  &  ne 
laiflerent  à  Jofaphat  que  la  peine  de 
Recueillir  leurs  dépouilles.  Ce  prince 
"continua  le  refte  de  fa  vie  à  mar- 
cher dans  les  voies  du  Seigneur, 
làns  s'en  détourner ,  &  il  mourut 
JTaii  $S9  avant  Jefus-Qurifl  ,  après 


j  0  s 

'2j  ans  de  règne.  Ce  pniice  aVoSr 
1 160,000  hommes  propres  à  porter 
les  armes  dans  fes  états,  félon  le 
témoignage  de  l'Ecriture. 

h  JOSEPH,  ûh  de  Jacoh  &  de 
Rjichel,  fi-ere  utérin  de  Benjamin.  Set 
autres  frères  ,  envieux  de  la  prédi- 
dileâion  que  fon  père  avoir  pour 
lui ,  &  de  lafupériorité  que  lui  pro- 
mettoient  quelques  fonges,  méditè- 
rent fa  perte.  Un  jour  qu'il  étoit  allé 
de  la  part  de  fon  père  vifiter  fes  frè- 
res,-occupés  au  loin  dans  la  cam- 
pagne à  faire  paître  les  troupeaux» 
ils  réfolurent  de  le  tuer.  Mais ,  fur 
les  remontrances  de  Ruben,  ils  le.  je- 
tèrent dans  une  vieille  citerne  fans 
eau ,  à  ^elTcin  de  l'y  laiffer  mou- 
rir de  faim.  A  peine  fut-il  dans  la 
citerne ,  que  Judas ,  voyant  pafier 
des  marchands  Madianites  &  limaëi^ 
lites ,  perfuada  à  fes  frères  de  le 
vendre  à  ces  étrangers.  Ils  le  leur 
livrèrent  pour  20  pièces  d'argent; 
&  ayant  trempé  fes  habits  dans  le 
fang  d'un  chevreau ,  ils  les  envoyè- 
rent tout  déchirés  &  en£anglantés 
à  leur  père  ,  en  lui  faifànt  dire 
qu'une  bête  féroce  Tavoit  dévoré. 
Les  marchands  qui  avoient  acheté 
Jofeph ,  le  menèrent  en  Egypte,  & 
le  vendirent  au  général  des  armées 
de  Pharaon ,  nommé  Putlphar.  Bien- 
tôt il  gagna  la  confiance  de  fon 
maître ,  qui  le  fit  intendant  de  fes 
autres  domefiiques.  La  femme  de 
Putlphar  conçut  pour  lui  une  pai^ 
fion  violente.  Cette  femme  volupr 
tueufe  l'ayant  un  jour  voulu  rete- 
nir auprès  d'elle  dans  fon  appar- 
tement, le  jeune  Ifraëlite  prit  le 
parti  de  fe  fauver  en  lui  abandon- 
nant fon  manteau  par  lequel  elle 
l'arrêtoit.  Outrée  du  mépris  de  /o- 
feph  >  elle  rapporta  à  fon  mari  que 
l'Hébreu  avoir  voulu  lui  faire  vio- 
lence ,  &  que ,  dans  la  réfifiance 
qu'elle  avoir  faite  ,  fon  manteau 
lui  étoit  refté  entré  les  mains.  Pu- 
tlphar indigné  fit  mettrç  Jofiph  çg^ 


ÏOS 

frifon.  Le  jeune  Ifraëlite  y  expli- 
qua les  fonges  de  deux  prifonniers 
iîluftres ,  qui  étoient  avec  lui.  Pha-^ 
TOùn^vtStnm  de  ce  fait^dans  un  temps 
qu'il  avoit  eu  un  fonge  effrayant , 
que  les  devins  &  les  fages  d'Egypte 
ne  pouvoient  expliquer  ,  fit  fortir 
iojepft  de  prifon.  Cet  illuiire  op- 
primé ,  alors  âgé  de  30  ans,  lui  pré- 
dit une  famine  de  7  ans  ,  précédée 
d'une  abondance  de  7  autres  années, 
le  roi,  plein  d'admiration  pour  /o- 
feph ,  lui  donna  Tadminiflration  de 
ion  royanrae ,  &  le  fit  traverfer  la 
ville  fur  un  chariot ,  précédé  d'un 
béraut ,  criant  que  tout  lé  monde  eût  à 
féchtr  le  genou  devant  ce  Mînlfirc*  La 
^mine  ayant  amené  fes  frères  en 
Egypte  pour  demander  du  blé  ,  /o- 
/^  feignit  de  les  prendre  pour  des 
copions.  Il  les  renvoya  enfuite, 
avec  ordre  de  lui  amener  Benjamin , 
&  retint  Sîméoa  pour  otage.  Jacoh 
rcfufa  d'abord  de  laiffer  aller  Ben- 
jamin  ;  mais^  la  famine  croifiant,  il 
fut  contraint  d'y  confentâr..  Jvfeph 
ayant  reconnu  fon  jeune  firere ,  fils 
de  Rachel  comme  lui,  ne  put  retenir 
fcs  larmes^  Il  fit  préparer  un  grand 
feftin  pour  tous  fes  fireres ,  qu'il  fit 
placer  félon  leur  âge ,  &  eut  des  at- 
tentions particulières  pour  Benja- 
min. Jofeph  fe  fit  enfin  connoître 
à  ibs  frères  ,  leur  pardonna ,  ficles 
renvoya  ,  avec  ordre  d'amener 
promptcment  leur  père  enE^pte. 
Jacoh  eut  la  confolation  de  finir  fes 
jours  auprès  de  fonfils,  dans  la  terre 
deGeffen ,  que  le  roi  lui  donna,  /o- 
/«pA  y  après  avoir  vécu  1 10  ans ,  & 
avoir  vu  fês  pedts^fils  jufiqu'à  la  3*' 
génération,  tomba  malade.  Il  fit  ve- 
nir fes  frères,  leur  prédit  que  Dieu 
les  feroit  entrer  dans  la  Terre  -  pro~ 
jnlfe ,  &  leur  fit  jurer  qu'ils  y  tranf- 
porteroient  fes  os.  Cell  ce  qu'exé- 
cuta Moyife ,  loriqu'il  tira  les  Ifraë- 
Utes  de  l'Egypte  ;  &  ce  corps  fut 
donné  en  garde  à  la  tribu  d'Ephraïm, 
§À  Vonter^a  près,  de  Sidiem  ^  d<m^ 


j  o  s        ir 

le  champ  que  Jacob  avoît  donné  en 
propre  à  Jofeph  peu  avant  fa  mort. 
Ce  patriarche  mourut  l'an  1635 
avant  J.  C. ,  après  avoir  gouverné 
l'Egypte  pendant  80  ans.  Il  laifik 
deux  fils  ,  Manafsès  &  Ephràim ,  de 
fa  femme  Afeneth  ,  fille  de  Putiphar 
grand-prêtre  d'Héliopolis.  Tout  le 
monde  connoît  fon  Hîfioire  intéref^ 
faute,  en  profe  poétique,  par  M, 
Bltaubé, 

II.  JOSEPH,  fils  de  Jacoh,  pe- 
tit-fils de  Mathan  ,  époux  de  la  Ste. 
Vierge  ,  &pere  putatif  de  }.  C. ,  étoit 
de  la  tribu  de  Juda  &  de  la  fa- 
mille de  David.  On  ne  fait  point 
quel  fiit  le  lieu  de  fa  naifiance  ; 
mais  on  ne  peut  douter  qu'il  ne 
fut  établi  à  Nazareth  ,  petite  ville 
de  Galilée  dans  la  tribu  de  Zabu•^ 
Ion.  Il  eft  confiant  par  l'Evangile 
même  qu'il  étoit  artifan  ,  puifquc 
les  Juifs  parlant  de  Jésus-Christ 
difent  qu'il  étoit  FahrlfiUus,  Il  étoit 
fiancé  à  la  Vierge  Marie,  Le  myf- 
tere  de  l'incarnation  du  Fils  de  Dieu 
ne  fut  pas  d'abord  révélé  à  J-ofeph*  . 
Ce  faim  homme ,  ayant  remarqué, 
la  groflfefl'ede  fon  époufe ,  voulut 
la  renvoyer  Secrètement  -,  mais 
l'Ange  du  Seigneur  lui  apparut,  & 
lui  révéla  le  myftere.  Jofeph  n'eut 
jamais  de  commerce  conjugal  avec 
la  Ste,  Vierge^  Il  l'accompagna  à  Bé- 
thléhem ,  lorfqu'elle  mit  au  monde 
le  Fils  de  Dieu.  Il  s'enfiiit  enfuite 
en  Egypte  avec  Jefus  &  Marié ,  &r 
ne  retourna  à  Nazareth  qu'après 
la  monà*Iie'rode.  L'Ecriture  dit  que 
Jofeph  alloittous  les  ans  à  Jérufa- 
lem  avec  la  Ste.  Vierge  pour  y  célé- 
brer la  fête  de  Pâques ,  &  qu'il  y 
mena  Jefus-Chrifl  à  l'âge  de  n  ans. 
Ell^  Jie  rapporte  rien  de  plus  de  fa 
vie,  ni  de  fk  mort.  On  croit  néan- 
moiiis  qu'il  mourut  avant  J.  C.  *,  cjar» 
s*il  eût  été  vivant  au  temps  de  la' 
pafiîon ,  on  penfe  que  le  Fils  de 
Dieu  ,  expirant  fur  la  Croix  ,  lui 
eùt>reconuïiandé  la  Su^  Vierge  f^: 

Biii 


Vi         ï  o  s 

mcrc,  &  non  pas  à  5.  Jean,  On 
^  été  long-temps  dans  l'Eglife  fans 
rendre  un  culte  religieux  à  S,  Jo^ 
fcph.  Sa  fête  étoit  établie  en  Orient 
long-temps  avant  que  de  l'être  en 
Occident.  On  dit  que  les  Carmes 
font  les  premiers  qui  l'ont  célé- 
brée en  Europe.  Sixte.  IV  l'infUtua 
pour  Rome,  Ôcplufieurséglifesont 
4epuis  fuivi  cet  exemple. 

JOSEPH-BARSABAS,  furnom- 
mé  le  Julie ,  Voye^  Barsabas. 

m.  JOSEPH o«  JosuÉ,  fils  de 
Mode  &  de  CUophas ,  étoit  frère  de 
5.  Jacques  le  Mineur ,  de  5.  Simon  & 
de  5.  Jude ,  &  proche  parent  de  /.  C. 
ielon  la  chair.  L'Ecriture  ne  nous 
apprend  rien  de  plus /à  ce  fujet. 

IV.  JOSEPH  d'Arimathie, 
prit  ce  nom  d'une  petite  ville  de 
Judée ,  fituée  fur  le  Mont  Ephraim , 
dans  laquelle  il  naquit.  Il  vint  de- 
meurer à  Jéruialem ,  où  il  acheta 
des  maifons.  5.  Mathieu  l'appelle 
Biche  ^  oT  5.  Marc  un  noble  Dé- 
Kurion ,  c'eft-à-dire,  confeiller  ou  fé- 
fiateur.  Cet  office  lui  don^ioit  en- 
trée dans  les  plus  célèbres  affem- 
l)lées  de  la  ville  -,  &  c'eft  en  cette 
qualité  qu'il  fe  trouva  chez  le  grand» 
prêtre  C  uphe ,  lorfque  J.  C.  y  fut 
mené  ;  mais  il  ne  voulut  point  con- 
sentir à  fa  condamnation.  L'Evan- 
gile nous  apprend  que  c'étoit  un 
Jiomme  juile  &  vertueux,  du  nom- 
bre de  ceux  qui  attendoient  le 
royaume  de  Dieu.  Il  étoit  même 
difciple  de  J.  C.  -,  mais  il  n'ofoit 
ie  déclarer  ouvertement ,  par  la 
crainte  des  Juifs.  Après  la  mort  du 
Sauveur ,  il  alla  hardiment  trouver 
jPi/ate  ,  &  lui  demanda  le  corps  de 
/e/i^-CAri/2pourrenfévelir;  il  l'ob- 
tint ,  &  le  mit  dans  un  fépulcre  neuf 
qu'il  avoit  fait  creufer  dans  le  roc 
d'une  grotte  de  foajardin.  L'Ecri- 
ture ne  dit  plus  rien  de  Jojeph  'd'A-- 
ritn4thle  ;  mais  on  croit  qu'il  fe  joi- 
gnit aux  Difciples,  &  qu'après  avoir 
|>aâS  k  xdk  de  â  vie  (Uns  la  ks^. 


veur  des  premiers  Chrétiens ,  il 
mourut  à  Jérufalem. 

V.  JOSEPH*,  beau-frere  d'JÏ/- 
rode  le  Grand ,  par  Salomé  fa  fœut 
qu'il  avoit  époufée.  Ce  roi ,  en  par^ 
tant  pour  aller  fe  juftifier  auprès 
d'Antdne ,  fur  la  mort  A'AriJiobule 
grand-facrificateur .,  le  chargea  du 
gouvernement  de  fes  états  pendanÉ 
fon  abfence.  Il  lui  ordonna  en  même 
temps ,  fous  le  fceau  du  fecret  ,  de 
faire  mourir  Manamne  fa  remme, 
s'il  ne  pouvoit  fe  difculper.  L'im- 
prudent Jofeph  découvrit  fon  fecret 
à  Mariamne,  Celle-ci  le  reprocha  à 
Hirodty  qui  de  dépit  fit  mourir' 7o- 
feph ,  fans  écouter  fes  juftifications. 

VL  10S^H,ouplutôt  JOSEPHE, 

{Flavius  )  né  à  Jérufalem  ,  1  an  37 
de  J.  C. ,  de  parens  de  la  race  fa- 
cerdotale ,  montra  de  bonne-heure 
beaucoup  d'efprit  &  de  pénétration* 
Dès  i'âge  de  i4ans  ,  les  pondfes  le 
confultoient.  U  fut  l'ornement  de  la 
fe£be  des  Pharifiens  dans  laquelle 
il  entra.  Un  voyage  qu'il  fit  à  Ro-» 
me ,  perfe£tionna  fes  talens  &  aug- 
menta fon  crédit.  Un  comédien  Juif, 
que  Néron  aimoit ,  le  fervit  beau- 
coup ~à  la  cour  de  ce  prince.  Cet 
aâeur  lui  fit  connoitre  l'impératrice 
Poppée  ,  dont  la  protection  lui  fut 
très-udle.  De  retour  dans  la  Judée, 
il  eut  le  commandement  des  trou- 
pes ,  &  fe  fignala  au  fiege  de  Jota-» 
pat ,  qu'il  foudnt  pendant  fept  fe« 
maines  contre  Vejpafien  &  Titus. 
Vefpapm  ayant  féfolu  d'employer 
le  bélier  pour  battre  la  place  (  dit 
D*  Calmet),Jofephei  pour  diminuer 
l'effet  de  cette  machine ,  fit  fulpen- 
dre  quantité  de  facs  pleins  de  paille  , 
&  les  fit  tomber  par  des  cordes  à 
l'endroit  où  le  bélier  devoit  frap» 
per;  mais  les  Romains  avec  des 
faux  coupèrent  ces  cordes ,  &  ren- 
dirent inunie  la  précaution  de  /o- 
fephe.  Au  point  du  jour  il  y  eut  uno 
,brêche  confidérable  ;  mais  les  affié^ 
gé«  réparèrent  le  mur  avec  uae  di« 


10  s 

Ggence  iacroyable^  avant  que  ie9 
Romains  eurfent  drelTé  un  pont, 
pour  aller  de  leurs  machines  fur  les 
murs  de  la  place.  Le  jour  même , 
Ve/pa/un  fit  donner  un  aâaut  gé- 
néral par  trois  endroits ,  &  fit  en- 
velopper tout  le  tour  de  la  place , 
afin  que  nul  des  afiiégés  ne  pût 
échapper.  Jofephe  s'attacha  princi- 
palement à  la  défenfe  de  la  brèche, 
qui  étoit  l'endroit  le  plus  dange- 
reux; &  après  avoir  foutenu  avec 
beaucoup  de  vigueur  les  efforts  des 
ennemis  ^  voyant  qu'il  alloit  fuc- 
comber  à  la  multitude  des  affié- 
geans,  il  fit  jeter  fur  euxplufieurs 
chaudières  d'huile  boiûUante  ,  ce 
qm  les  obligea  de  fe  féparer  &  de 
fe  redrer.  Cependant  Vefpafien  fut 
averti  par  un  Juif  transfuge ,  que  les 
afîîégés  étoient  accablés  de  fatigue, 
&que  l'heure  la  plus  propre  pour 
livrer  l'alTaUt  feroit  vers  le  point 
I  du  jour,  lorfque  épuifés  par  la  veillé 
^  &  les  travaux  de  la  nuit ,  ils  pren- 
éroient  un  peu  de  repos.  VeJp::Jîen 
profita  de  cet  avis ,  éc  uns  £âire  de 
bruit,  il  fit  avancer  le  tribun  Domîtius 
Sab'mus,  &  quelques  foldats  choifis, 
qui  tuèrent  les  fentinelles ,  &  en- 
trèrent dans  la  ville  fans  trouver  la 
moindre  réfiftance  ;  ilsfiirentfuivis 
par  leurs  camarades  ,  &  la  ville 
etoit  prife  long-temps  avfmt  que  les 
af&égés  fufient  éveillés.  On  tua 
tout  ce  qu'on  rencontra, fans  diftin- 
âion.  La  place  fiit  emportée  le  pre- 
mier de  Juillet  de  l'an  69  de  J.  C 
après  47  jours  de  fiege.  On  y  com- 
pta 40  mille  JuiÉs  de  tués ,  fans  par- 
ler de  1200  prifonniers.  Jofephe  s'é- 
toit  fauve  dans  une  caverne  creuféc 
à  côté  d'un  puits  fort  profond»  où 
il  trouva  quarante  des  fiens,  qui 
avoient  des  provifions  pour  plù- 
fieurs  jours.  Il  y  demeuroit  caché 
tout  le  jour  ;  mais  la  nuit  il  fortoit , 
pourvoir  s'il  pouvoit  trouver  quel- 
que moyen  defe  fauver.  Le  3-  jour 
«ne  i&amç  Iç  4ççQuvnt;  à  yéfpam 


J  O  s  15 

fiai ,  qui  lui  fit  propofer  de  fe  ren- 
dre ;  mais  Jofephe  en  fut  empêché 
par  fes  compagnons  ,  qui  lé  mena- 
cèrent de  le  tuer  s'il  y  confeatoit. 
Ces  furieux ,  pour  ne  pas  tomber 
entre  les  mains  dô  leurs  ennemis  » 
propoferent  de  fe  donner  la  mort  ; 
&  Jofephe  ne  réuffit  qu'avec  peine 
à  leur  perfuader  de  ne  pas  tremper 
leurs  mains  dans  leur  propre  fang  » 
mais  de  recevoir  la  mort  par  la 
main  d'un  autre.  Ils  tirèrent  donc 
au  fort ,  pour  favoir  qui  feroit 
tué  le  premier  par  celui  qui  le  fui- 
voit.  Jofephe  «ut  le  bonheur  de  refter 
avec  un  autre ,  à  qui  il  perfuada  de 
fe  rendre  aux  Romains,  Vefpafun, 
vouloit  garder  fon  prifonnier  pour 
l'envoyer  à  l'Empereur  Néron,  Jofe^ 
phe  l'ayant  fu  ,.  demanda  nne  au-» 
dience  particulière,  qui  lui  fut  ac- 
cordée. Vefpafien  étant  feul  avec  * 
TitMs  &  deux  de  fes  intimes  amis  » 
Jofephe  lui  prédit  qu'il  feroit  élevé 
à  Tempire  après  Néron  oc  après  quel- 
ques autres.  Pour  le  convaincre  de 
la  vérité  de  cette  prédiéHon  ,  il  af- 
fura  qu'il  avoit  annoncé  aux  habi- 
tans  de  Jotapat  le  jour  précis  au- 
quel cette  place  devoit  être  prife  3 
prédi£^ion  qui  avoit  été  fuivie  de 
l'effet  ,  félon  le  témoignage  des 
prisonniers  Juifs.  (Quoique  Vefpa* 
fien  ne  fit  pas  alors  grand  fond  fur 
les  promeffes  de /o/îj^Ac,  l'événement 
les  juftifia.  Quelque  temps  après  , 
il  tint  une  affemblée  à  Béryte ,  où  » 
après  avoir  loué  publiquement  le 
courage  de  fon  captif ,  il  fit  brifcr 
les  chaînes  dont  il  avoit  été  lié 
jusqu'alors ,  8e  lui  rendit  l'honneur. 
&  la  liberté.  Jofephe  ayant  accom^ 
p2^né  Titus  au  fiege  de  Jérufalem  , 
eilaya  plufieurs  fois  de  faire  ren-» 
trer  fes  compatriotes  en  eux-mê» 
mes ,.  &  les  engagea  à  recourir  à  la 
déitience  des  Romains.  Les  Juifs 
ne  répondirent  à  fes  fèges  remon- 
trances que  par  des  injuxes  &  des 
awlé<iiftiQn5.  Un  jourraêmevCQjatf 

B  iv 


me  il  leur  parloit  affez  près  des  mu- 
railles ,  il  reçut  un  coup  de  pierre 
qui  lé  fit  tomber  évanoui.  Il  feroit 
tombé  entre  les  mains  de  ces  fu- 
rieux ,  fi  les  Romains  n'étoient  ac- 
courus pour  l'emporter  &  le  panfer. 
Le  péril  qu'il  avoit  couru  augmenta 
l'eftime  &  l'afFeûion  du  général  Ro- 
main. Après  la  prife  de  Jérufalem , 
il  obtint  la  liberté  de  plufieurs  de 
fes  compatriotes ,  &  Thus  lui  donna 
les  livres  facrés  qu'il  lui  avoit  de- 
mandés. Titus  retournant  en  triom- 
phateur à  Rome,  jnena  Jojepke  avec 
lui ,  l'an  71  de  J.  C.  Vefpafiai,  alors 
empereur ,  le  logea  dans  la  maifon 
qu'il  occupoit  avant  qu'il  fût  par- 
venu à  l'empire.  Il  le  fit  citoyen 
Romain ,  lui  afligna  une  penûon,  & 
lui  donna  des  terres  en  Judée.  Thus 
ne  lui  marqua  pas  moins  de  bonté  *, 

6  ce  fiit  en  reconnoiiTance  des 
Caveurs  dont  ces  princes  l'avoient 
honoré,  qu'il  prit  le  nomdeF/^z- 
-vius,  qui  étoit  celui  de  la  famille 
de  Vefpaficn,  Dans  le  loifir  où  /o- 
fephc  fe  trouva  à  Rome ,  il  com- 
pofa  ou  continua  la  plupart  des  ou- 
vrages qui  nous  reftent  de  lui.  I. 
UHlfloîrc  de  la  guerre  des  Jfulfi  ,  en 

7  livres.  L'auteur  l'écrivit  d'abord 
en  fyriaque ,  &  la  traduifit  en  grec. 
Cette  Hiftoire  plut  tant  à  Tiius,  qu'il 
la  figna  de  fa  main ,  &  la  fit  dépo- 
fer  dans  une  bibliothèque  publique. 
On  ne  peut  nier  que  Jofephe  n'ait 
l'imagination  belle  ,  le  flyle  ani- 
mé ,  l'expreflion  noble  ;  il  faitpein" 
dre  à  l'efprit  &  remuer  le  cœur. 
C'eft  celui  de  tous  les  hifloriens 
Grecs  ,  qui  approche  le  plus  de  Tue- 
JJve  ^  auffi  S.  Jérôme  Tappeloit-il 
Je  Tue-^Uve  de  la  Grèce.  Mais,  s'il 
a  les  beautés  de  l'hiftorien  Latin , 
il  en  a  auffi  les  défauts.  U  efi  long 
dans  fes  harangues  ,  &  exagérateur 
dans  fes  récits.  II.  Zes  Antiquités 
JudaiqMs ,  en  vingt  livres  :  ouvrage 
écrit  avec  autant  de  noblefie  que 
|e  précédent ,  mais  dans  lequel  Tau-^ 


J  O  S 

t^Uradéguifé,  afïbibli  ou  anéanti 
les  miracles  attefiés  par  l'Ecriture. 
U  corrompt  par -tout  ce  qui  pou- 
voit  blelTer  les  Gentils.  Ilparoîtque 
Jofephe  étoit  encore  meilleur  poli- 
tique que  bon  Ifraëlite.  L'intérêt  le 
dirigea  dans  fes  écrits  comme  dans 
fa  conduite.  U  ne  craignit  pas  d'ap- 
pliquer les  prophéties  fur  le  Mef-- 
fie,  à  l'empereur  Vefpafien  ,  tout 
païen  qu'il  étoit.  IlL  Deux  Livres 
contre  Àpion ,  grammairien  Alexan- 
drin ,  un  des  plus  grands  adver- 
faires  des  Juife.  Cet  ouvrage  éft 
précieux,  par  divers  fragmens  d'an- 
ciens hifloriens  que  l'auteur  nous 
a  confervés.  IV.  Un  Dif cours  fur 
le  martyre  des  Machahées  ,  qui  eft 
un  chef-d'œuvre  d'éloquence  :  /o- 
fephe  eût  pu  être  un  des  plus  grand» 
orateurs  ,  comme  il  eft  un  des  plus 
grands  hiftoriens.  V.  Un  Traité  de 
fa  Vie,  La  meilleure  édition  de  fes 
Ouvrages  eft  celle  d'Amfterdam, 
1726  ,  en  z  vol.  in-fol.  en  g^ec  & 
en  latin,  par  les  foins  du  favant 
H^verc  mp.  Il  y  en  a  une  autre  par 
Hudfon ,  Oxford ,  l'yio  ,  %  vol.  in- 
fol.  moins  eftimée.  Nous  en  avons 
deux  traduûions  en  notre  langue  ; 
la  V^  par  Amiuldd*AndlUy  ;  la  2« 
par  le  P.  GilUt  :  celle  -  ci  eft  faite 
avec  plus  d'exaûimde  ,  Tautre  efl 
écrite  avec  plus  de  force  :  (  Voye^ 
leurs  articles.  ) 

Il  ne  fout  pas  confondre  avec  un 
autre  Juif  Jofeph  de  PakJUne ,  dit  le 
comte  Jofeph  ,  chef  de  fa  nation  fous 
Confiandn.  Sa  févérité  à  maintenir 
les  bonnes  mœurs  &  la  difcipline 
lui  ayant,  fait  beaucoup  d'ennemis , 
&c  lÂeu  l'ayant  touché  par  le  bon 
exemple  des  chrétiens  &  par  des  . 
avertifTemens  intérieurs ,  il  reçut  le 
baptême.  L'empereur  ConfUntm  le 
fit  comte ,  &  lui  donna  la  permif- 
fion  de  bâtir  des  églifes  à  Tibérya- 
de ,  à  Diocéfarée  &  dans  d'autres 
villes  de  la  Paleiline.  Sa  demeure 
étQit  à  Scythopole  où  les  Juifs  Q^ 


jo  s 

fes  Syriens  fe  réunirent  pôur  trou- 
Wer  fon  repos.  Il  retira  chez  lui 
S,  Eufibc  de  Verceil ,  qui  fut  vifité 
par  5.  Eplphane ,  auquel  le  comte 
hfepk  raconta  toute  l'hiftoire  de  fa 
coofervation  :  il  avoit  alors  70  ans. 
On  préfume  qu'il  mourut  vers  l'an 
360.  On  lui  donne  le  titre  de  Saint 
dans  plufieurs  mart3rrologes. 

Vil.  JOSEPH  Ben-Gorion, 
•aGoRioNiDES,  (c'eft-à-dire,  fils 
de  Gorion ,  )  fameux  hiilorien  Juif, 
^s  les  rabbins  confondent  mal- 
a-propos  avec  le  célèbre  hiilorien 
Jofcphe ,  vivoit  vers  la  fin  du  ix* 
£ecle ,  ou  au  commencement  du  x^. 
Il  nous  reile  de  lui  une  Hlftoin  des 
Juifs,  que  GagnUr  a  traduite  en 
latin ,  Oxford,  1760^  in-4.0  II  y  en 
a  une  édition  hébraïque  &  latine , 
de  Gotha,  i707,in-4.°  Onvoitpar 
ce  livre  même ,  que  V  auteur  étoit , 
ièlon  toutes  les  apparences  ,  un 
3mf  du  Lainguedoc.  Le  premier  écri- 
yân.qui  a  cité  cet  ouvrage,  eft 
Saadlas'Gaony  rabbin  célèbre ,  qui 
vivoit  au  milieu  du  x«  fiecle. 

Vm.  JOSEPH  I." ,  1 5  «  empereur 
de  la  maifon  à.' Autriche,  fils  aine 
de  l'empereur  Léopold  ,  naquit  à 
Vienne  le  18  Juillet  1678 ,  cou- 
ronné roi  héréditaire  de  Hongrie 
en  1687.  Il  fiit  élu  roi  des  Romains 
en  1690 ,  &  monta  fur  le  trône 
impérial  après  la  mort  de  fon  père 
le  j  mai  1705.  L'efprit  du  fils  étoit 
vif  &  plus  entreprenant ,  plus  éloi- 
gné dies  finefles  &  de  la  politique 
Malienne ,  plus  propre  à  brufquer 
les  événemens  qu'à  les  attendre , 
confultant  fes  minières  &  agifiant 
par  lui-même.  Ce  prince  foutint  le 
fyilêmequefon  père  avoit  embrafié. 
Il  engagea  le  duc  de  Savoie,  les  An- 
glois  &  les  Hollandois  dans  fes  in- 
térêts contre  la  France ,  &  voulut 
faire  reconnoître  l'archiduc',  roi 
<l'£fpagne.  H  força  CUmmt  XI  à  lui 
donner  ce  dtre ,  en  déclarant  dé- 
peodaos  de  l'empire  beaucoup  de 


j  o  s         ij 

fiefs  qui  relevoîent  jufqu*alors  des 
papes,  {Voyti  Ba  rre  ,  n»»  v.)  Après 
avoir  rançonné  le  pape ,  il  fit  met- 
tre en  1706,  les  électeurs  de  Ba- 
vière &  de  Cologne  au  ban  de 
TEmpire  ,  pour  les  punir  d'avoir 
pris  le  parti  de  la  France.  Il  les  dé- 
pouilla de  leur  éleftorat  •,  il  en  don- 
na les  fiefe  à  fes  parens  &  à  fes 
créatures  -,  il  retint  les  enfans  du 
Bavarois ,  &  leur  ôta  jufqu'à  leur 
nom.  Le  duc  de  la  MirandoU  lui 
ayant  donné  quelque  léger  mécon- 
tentement, il  le  dépouilla  comme 
les  élefteurs  de  Bavière  &  de  Co- 
logne. Par  {es  armes  ou  par  fes  in-  » 
trigues ,  il  devint  maître  paifible 
en  Italie.  La  conquête  du  royaume 
de  Naples  &  de  Sicile  lui  fiit  afiu- 
rée.  Tout  ce  qu'on  avoit  regardé 
en  Italie  comme  feudataire  ,  fiit 
traité  comme  fu)et.  Il  taxa  la  Tof- 
cane  à  1 50 mille  pifioles  -,  Mantoue 
à  40  mille  ;  Parme,  Modene,  Luc- 
ques  ,  Gênes ,  malgré  leur  liberté  , 
furent  comprifes  dans  fes  impofi- 
tions.  Jofeph  fut  heureux  par-tout. 
Sa  fortune  le  fit  encore  triompher 
desmécontens  de  Hongrie.  La  Fran- 
ce avoit  fufcité  contre  lui  le  prince 
Ragotikf  ,  armé  pour  foutenir  les 
privilèges  de  fon  pays  :  il  fut  battu , 
fes  villes  prifes  ,  fon  parti  ruiné  , 
&  lui  obligé  de  fe  retirer  en  Tur- 
quie. Au  milieu  de  fes  fuccès ,  /o- 
feph  fut  «ttaqué  de  la  petite-vérole, 
&  en  mourut  le  17  Avril  171 1  ,  à 
33  ans.  Sa  mort  fut  le  (alut  de  la 
France,  &  rendit  la  paix  à  l'Eu-r 
rope.  Plufieurs  hifioriens  ont  pënt 
ce  prince  comme  altier  &  orgueil- 
leux, y»  Cependant  fa  conduite  lente 
'»  &  généreufe  à  l'égard  des  Hon- 
»♦  grois  ,  (  dit  M.  de  Mondgny  )  ; 
>*  les  témoignages  de  bonté  dont 
>»  il  combla  les  Bohémiens ,  lors  de 
»»  leur  foulévement  -,  TafifedHon  qu'il 
»»  marqua  toujours  pour  le  corps 
n  Germanique  ,  fon  emprefiement 
n  à  cQmbler  de  faveurs  les  talens 


%6  J  O  S 

4»  Utiles  ou  le  mérite  difHngué  } 
n  Taccueil  qu'il  faifoit  aux  iimples 
n  foldats  qui  avoient  fignalé  leur 
n  bravoure  i  enfin  fon  peu  d  atta- 
»  chement  pour  le  vain  cérémo- 
»»  niai  de  la  cour ,'  tout  cela  prouve 
n  au  moins  que  fa  fierté  étoit  plu* 
n  tôt  un  effet  de  £a  vivacité  natu- 
M  relie,  qu'un  trait  carad^ërifiique 

n  de  fon  cœur On  lui  a  rc- 

H  proche  d'avoir  gouverné  l'Alle- 
»  magne  avec  un  pouvoir  abfolu , 
M  &  d'avoir  difpofé  à  fon  gré  des 
w  lois  &  des  fie£s  de  l'Empire.  •» 
Ce  reproche ,  fait  à  prefque  tous  les 
Empereurs  Autrichiens ,  auroit  été 
mérité  vraifemblablcment  par  tout 
autre  prince  qui  auroit  étcà.  leur 
place.  Il  eft  difficile  d'avoir  des  oc- 
cafions  de  s'agrandir,  &  de  ne  pas  en 
profiter.  D'ailleurs ,  en  maintenant 
l'équilibre  dans  les  états  de  l'Em- 
pire ,  &  en  bornant  l'ambition  & 
l'autorité  de  certains  princes  ,  ils 
ont  peut-être  rendu  fervice  à  l'hu- 
manité ,  autant  qu'en  maintenant 
les  lois,  l'ordre  &  la fubordination. 
Jojeph  laiiTa  l'Empire  dans  l'état  le 
plus  floriffant.  Il  avoit  époufé  GwV- 
ielmlnt^Amélic  ,  fille  de  Jean-Frédc" 
fie ,  duc  de  Brunfwick-Lunebourg  « 
dont  il  eut  en  1699  ,  Maru-Jofefkd  , 
mariée  au  prince  électoral  en  1 7 1 9  ; 
Léopold-Jojeph  ,  qui  ne  vécut  que 
1 3  mois  -,  MarU'AmclU  ,  époufe  de 
l'éledeur'de  Bavière  ,  connu  de- 
puis fous  le  no^n  d'empereur  Char" 
Us  VIL 

IX.  JOSEPH  PS  roi  de  Portugal, 
de  la  famille  de  Bkagance  ,  né  en 
1714 ,  monta  fur  le  trône  en  1750, 
&  mourut  en  1777  ,  à  62  ans  &  8 
mois.  Le  tremblement  de  terre  de 
17^5  ,  qui  engloutit  une  partie  de 
Lisbonne,  la  funefteconfpiiation  de 
1758,  où  ce  prince  fut  attaqué 
près  d'une  de  fes  maifons  de  plai- 
fince ,  &  fauve  par  le  courage  de 
f>n  cocher  :  (  Voy,  AvEiRO.)  l'exé- 
CJtlcn  qui  en  fut  la  fuite  \  Tex-. 


J  O  S 

pulfion  àt&  Jéfuites  &  la  confifc^ 
tioiï  de  leurs  biens  ;  {Voy,  Mala— 
G  RIDA.  )  les  difputcs  avec  la  cour 
de  Rome ,  qui  fiûvirent  cet  événe- 
ment mémorable  -,  enfin  la  guerre  j 
avec  TEfpagne  en  1761 ,  font  le»  \ 
événemens  les  pUis  remarquables 
de  ce  règne  ,  dont  les  Portugais  fe 
fouviendront  long-temps. 

X.  JOSEPH  ALBO  ,  favant  , 
Juif  Efpagnol  du  xv«  fiecle  ,  natif  ^ 
de  Soria,  fe  trouva  en  1411  à  la 
fameufe  conférence  qui  fe  tint  en- 
tre Jérôme  de  Samte-Foi^les  Juifis.  Il 
mourut  en  1430.  On  a  de  lui  un 
livre  célèbre ,  intitulé  en  hébreu  : 
Sépher  IkJiarîm ,  c'eft-à-dire  ,  le  Li- 
vre des  fondement  de  la  Foi;  Venife# 

16 18,  in-fol.  Plufieurs  favans  ont 
entrepris  de  le  traduire  en  latin; 
mais  il  n'en  a  encore  paru  aucune 
verfion.  Jofepk  y  prétend  que  la 
croyance  de  La  venue,  du  Mejpe  n'eji 
point  nécejfaîre  au  falut  ^  ni  un  dog» 
me  effentleU  II  avança ,  dit-on ,  cette 
propofition  pour  raffermir  la  foi  < 
des  Juifs  ,  que  Jérôme  de  Salnte-Fot 
avoit  ébranlée,  en  prouvant  que 
le  Meflie  étoit  venu. 

XI.  JOSEPH  MEIR ,  favatit  rab- 
bin, naquit  l'an  1496  à  Avignon  # 
d'un  de  ces  Juifs  chafiTés  d'Efpagne 
4  ans  auparavant  par  le  roi  Fcrdl-^ 
nand.  Il  fut  emmené  depuis  par  fon 
père  en  Italie  ,  &  mourut  auprès  de 
Gênes  en  1554.  On  a  de  lui  un 
ouvrage  très-rare  en  hébreu ,  inti- 
tulé ;  Annales  des-  Rois  de  Fmntc  & 
de  la  M  JJ on  Ottomane.'VemCç^  IÇÇ4» 
in-8.0  II  eÛ  divifé  en  deux  parties  ; 
dans  la  V^  il  rapporte  les  guerre* 
que  les  François  ont  foutenues, 
pour  la  conquête  de  la  Terre-fain* 
te ,  contre  les  Ottomans.  11  prend 
de  là  occafion  de  faire  l'hiftoire 
àe  ces  deux  peuples.  Il  commence 
celle  des  François  par  Marcomlr  » 
Sunnon  &  Génébaldc.  Avant  de  par- 
ler des  Ottoaans  ^  il  donne  vwxer 


ï  o  s 

Héé  âe Mahomet,  dUbuheher  &  d*(7- 
'  wiar.  Cette  prem,^*  partie  finit  à  l'an 
2520.  Dans  la  2*  ITiiftoire  des  Ot- 
lomans  eft  précédée  de  celle  de  Sa» 
U£n ,  de  Tamcrian ,  ^Ifmdil  Sophi  , 
&  de  plufieurs  autres  Orientaux. 
Il  parle  en  paiTant  des  princes  de 
l'Europe  ,  &  termine  cette  partie 
à  l'an  1555.  ^o"  %^^c  >  dit- on  , 
eft  £mple  &  convenable  à  lliif- 
toire. 

XIL  JOSEPH  DE  Paris, cèle- 
hrt  Capucin ,  plus  connu  fous  le 
nom  de  Pcn  Joseph  ,  naquit  àParis 
le  4  novembre  1577,  de  Jean  U 
CUrc ,  feigneur  du  Tremblai ,  pré- 
fident  aux  requêtes  du  Palais.  Le 
Jeune  du  Tremblai  voyagea  en  Alle- 
magne &  en  Italie ,  &  fit  une  cam- 
pagne fous  le  nom  du  Baron  de 
Mafiece.  Au  milieu  des  efpérançes 
que  fes  talens  donnoient  à  û  famil- 
le ,  il  quitta  le  monde  pour  fe  faire 
Capucin  en  1599.  Après  fon  cours 
de  théologie ,  il  fit  des  miffîons , 
entra  en  lice  avec  les  hérétiques , 
en  convertit  quelques-uns,  &  ob- 
tint les  premiers  emplois  de  fon 
ordre.  Le  cardinal  de  Richelieu ,  inf- 
truit  de  la  fouplefle  de  fon  génie , 
lui  donna  toute  fa  confiance ,  &  le 
chargea  des  af&ires  les  plus  épineu- 
fes.  Renfermé  dans  fa  cellide ,  il 
pouvoit  méditer  plus  profondément 
^ur  les  projets  qu'ils  formoient  tous 
deux.  Ce  fut  fur-tout  lorfque  le  car- 
dinal fit  arrêter  la  reine  Marie  de 
Médias ,  que  le  Capucin  fut  utile  au 
ininiflre.  Cet  homme,  ditunhifto- 
rien ,  étoit  aufli  fmgulier  en  fon 
genre  que /2icA«//€w  même -,  emhou- 
fiafte  &  artificieux  à  la  fois,  dévot 
&  politique ,  voulant  établir  une 
coifade  conire  les  Turcs,  fonder 
des  reli^eufes ,  faire  des  vers  ,  né- 
gocier dans  toutes  les  cours  ,  & 
«'élever  à  la  pourpre  &  au  minif- 
tere.  (  Toy^î  "Weimar  ,  6»  *I.  Ri- 
CHER.  Ce  Capucin ,  admis  dans  Un 
90»feilfecret,  ne  craignit  poijatde 


ï  os 


17 


remontrer  au  roi ,  qu'il  pouvoit  & 
qu'il  devoit ,  fans  fcrupule ,  met- 
tre fa  mère  hors  d'état  de  s'oppofef 
à  fon  miniftre.  Le  P.  Jofeph  ne  fe 
fit  pas  plus  d'honneur  dans  l'afïaire 
du  doÔeur*  Ficher ,  duquel  il  ex- 
torqua une  rétradation  ,  en  partie 
par  intrigue ,  en  partie  par  violen- 
ce. Le  rufé  Capucin  envoyoit  en 
même  temps  des  miifionsen  Angle- 
terre, en  Canada,  en  Turquie,  ré* 
formoit  l'ordre  de  Fontevrault ,  & 
établiflbit  celui  des  religieufes  Bé- 
nédiftines  du  Calvaire:  (  Voy.  An- 
toinette. )  Louis  XIII  It  récom?- 
penfa  de  fes  fervices  par  le  cha- 
peau de  cardinal  *,  mais  il  mourut 
à  Ruel ,  d'ime  féconde  attaque  d'a- 
poplexie, le  18  Décembre  1638, 
à  61  ans,  avant  que  de  l'avoir  re- 
çu. Le  pape  avoit  refufé  pendant 
long-temps  de  le  nommer ,  fous  pré- 
texte qu'il  ne  vouloit  pas  remplir 
de  Francifcains  le  facré  collège  « 
où  il  y  en  avoit  déjà  trois  :  mais, 
réellement  parce  qu'il  n'aimoit  ni 
Richelieu,  ni  £qs  partifans  ,  ni  fes 
créatures.  Quoique  le  Pare  Jo/eph 
affeûât  une  grande  modefiie,  (  dit 
M.  de  Buri ,  )  il  ne  regardoit  pas  le 
chapeau  avec  indifférence ,  puifque 
Chavigny  mandoit  au  maréchal  d'Ef^ 
trées ,  ambafladeur  de  France  à  Ro- 
me :  Ne  manque^  pas  de  mettre  dans 
vos  dépêches,  que  vous  prejfe{  la  pro** 
motion  ;  cela  eft  nécejfaire  pour  fa' 
tlsfaire  le  P,  Jofeph.  Il  défignoit  ce 
Capucin  dans  fes  lettres,  tantôt  par 
le  nom  de  Patelin  qui  marquoit  fa 
do,uceur  apparente  ,  &  tantôt  par 
celui  de  Nero  pour  caraôérifer  fa 
rigueur  inflexible.  Nero ,  (  écriMl  au 
cardinal  de  la  f^aletu)  m*ajfure  tou* 
les  jours  qu'il  efi  votre  ferviteur  ^ 
mais  je  ne  fais  fi  c*eji  avec  autant 
de  vérité  que  moi  ....  Ecrive^  à  Pof 
uVm ,  lui  dit-il  dans  une  autre  let«^ 
tre ,  avec  grande  amitié.  Les  minifires 
étoient  forcés  de  faire  des  carefTes 
à  ce  Capucin,  qu'on  ^ppeloit  1'^ 


x9  J  O  S 

miaenfe  grife  ,  s'ils  vouloient  ne  pas 
déplaire  à  RlchdUu ,  qui  dit  en  ver- 
ÙEOt  des  larmes,  lorTqu  on  lui  ap- 
prit {a  mort  :  Je  perds  ma  confola- 
tiuu  »  mon  unique  Jecours ,  mon  confi- 
dent &  mon  ami.  Le  cardinal  avoitété 
le  voir  lorfqu'il  agonifoit-,  &  tout 
ce  qu'il  put  £aire  pour  le  rappeler 
à  la  vie,  fut  de  lui  crier  à  pleine 
tste  :  Courut  !  Pere  Joseph  ^courage! 
Brifach  cjl  a  nous  i  mais  ni  les  nou- 
velles politiques ,  ni  les  prières  des 
courtifans  ,  ne  purent  ranimer  un 
infhmt  le  moribond.  Le  parlement 
CQ  corps  aflîfta  à  fes  obfeques ,  & 
tm  évêque  prononça  ion  oraifon 
fimebre.  L'abbé  Richard  a  publié 
deux  Vies  de  cet  homme  iingulier  ; 
Tune  fous  le  titre  de  VU  du  Pere 
JoJ'eph,  2  vol.  in-i2j  l'autre  phis 
fidelle,  intitulée:  Le  véruahle  Pere 
Jofeph,  1704,  in-ii.  Dans  la  i^e 
il  le  peint  comme  un  Saint,  &  dans 
la  féconde  comme  un  homme  de 
coeur.  11  étoit  l'un  &  l'autre,  ou 
du  moins  il  tâchoit  de  1  être ,  al- 
liant toutes  les  finefTes  d'un  politi- 
que avec  les  auftérités  d'un  reli- 
gieux. Les  courtifans  trouvoient  ce 
mélange  iingulier  -,  mais  les  per- 
fonnes  qui  ont  l'expérience  du  mon- 
de ,  n'ignorent  pas  que  tout  s'allie 
dans  certaines  têtes.  C'eft  la  réfle- 
xion de  M.  Anquetîl,  qui  a  peint 
le  P.  Jofeph  dans  fon  Intrigue  du 
Cabinet  Jlus  Henri  IV  &  Louis  XIII , 
prjécifément  comme  nous  l'avions 
peint. 

XIII.  JOSEPH ,  (  Pierre  de  St-  ) 
Feuillant,  né  en  1594  dans  le  dior 
cefe  d'Auch ,  d'une  famille  appelée 
Comogére ,  mort  en  1662 ,  à  68  ans, 
publia  plufieurs  ouvrages  de  théo- 
logie, contre  les  partifans  de  Jan- 
fenlus  ;  mais  il  eft  plus  célèbre  par 
la  quantité  des  volumes,  que  par 
leur  folidité. 

JOSEPH  ,  (Ange  de  St-)  Car- 
in^-déchaufle,  Voy.  ANGE,no  HL 


JO  S 

XIV.  JOSEPH,  (  lePere)  fflomé" 
apoftat,  fe  mit,  vers  1678  ,  dans 
le  temps  de  la  révolte  de  Hongrie  , 
à  la  tête  de  fix  mille  bandits.  Il  prit 
en  main  la  caufe  des  Hongrois  » 
qu'il  appeloit  le  Peuple  de  Dieu  i 
&  fous  le  nom  de  JoJ'ué  r  il  entra 
dans  les  pays  héréditaires  de  la  J 
maifon  d'Autriche.  Il  avoit  du  cou-  \ 
rage >  de  l'habileté,  &  ûir-tout  une 
haiîie  implacable  contre  la  religio» 
catholique.  Son  fanatiûne  paiTa  à  fa 
troupe  ,  qui  exerça  les  plus  horri- 
bles brigandages.  Semblables  à  ces 
fameux  fcélérats  qui  défolerentl*  Al- 
lemagne &  la  Bohême  fous  le  re*^ 
gne  de  JVenc:flas  ;  fes  foldats  pil- 
loient  ,  brûloient  ,  mafïacroient , . 
violoient.  Les  églifes  furent  démo- 
lies, les  prêtres  paiïes  au  fil  de* 
l'épée.  Le  chef  de  ces  malheureux  ^  ^ 
voulant ,  dans  un  accès  de  fiireur  ^ 
faire  un  facrifice  à  Luther,  égor- 
gea, dit-on,  de  fa, main  deux  re* 
Iigieufes ,  après  les  avoir  abandonr- 
nées  à  la  brutalité  du  foldat.  Il  fe- 
vantoit  de  détruire  bientôt  la  fulic- 
Romaine  en  Allemagne  ;  mais  le  Dieu 
qu'il  avoit  abandonné ,  le  frappa* 
de  mort  fubite.  Les  complices  de* 
fes  crimes  fe  voyant  fans  chef,  re- 
toiu'nerent  dans  leur  pays,  où  la 
plupart  périrent  malheureufement. 

JOSEPH  deCxjpertin  ,(S.) 
ainfï  nommé  du  lieu  defan'aif^&ncey 
petite  ville  du  diocefe  de  Nardo  ^ 
dans  le  royaume  de  Naples ,  naquit 
en  1603  de  parens  pauvres.  Il  entra 
dans  l'ordre  des  Francifcains  con- 
ventuels, fiit  élevé  aux  ordres  fa- 
crés ,  &  fe  fanâifia  par  la  pratique 
de  toutes  les  vertus  propres  à  fon 
état.  Le  procès  de  fa  canonifation 
fait  mendon  d'un  grand  nombre  de 
feveurs  extraordinaires  qu'il  reçut 
de  Dieu.  Il  mourut  en  1665  à  Ofi- 
mo  ,  &  fut  canonifé  en  1767.  Paf» 
trovîcchl ,  religieux  à.t  fon  ordre  » 
a  écrit  fa  VU  en  175  3  ;  il  y  a  pei|^ 
de  goût  &  de  aitique* 


j  o  s 

JOSEPH  DE  LA  Mere  de  Dieu, 

Voy,  Casalanzio, 

JOSEPH,  Voyc[  Abou-Joseph. 

JOSEPIN  ou  Joseph  IN  ,  Voye^ 
Arpino. 

JOSIAS ,  roi  de  Juda ,  fuccéda 
à  fon  père  Amon ,  l'an  641  avant 
J.  C ,  à  l'âge  de  8  ans.  11  renverfa 
hi  autels  confacrés  aux  idoles ,  éta- 
blit de  vertueux  magiArats  pour 
rendre  la  juitice ,  &  fit  réparer  le 
Temple.  Ce  fut  alors  <jue  le  Livre 
ic  la  loi  de  Moyfc  fiit  trouvé  par 
ie  grand-prêtre  Hdàas,  Sur  la  fin 
de  fon  règne ,  Ncchao ,  roi  d'Egyp- 
te ,  allant  faire  la  guerre  aux  Me- 
des  &  aux  Babyloniens,  s'avança 
jufqu'auprès  de  la  ville  de  Magedo , 
qui  étoit  au  royaume  de  Juda.  /o- 
P^  s'oppofa  à  fon  paflage ,  &  lui 
livra  bataille  au  pied  du  Mont-Car- 
mel  :  il  y  fut  bleffé  dangereufe- 
jnent,  &  mourut  de  fes  blefi[ures 
l'ani  610  avant  J.  C.  Le  peuple 
donna  à  -fa  mort  les  marques  de  la 
plus  vive  douleur,  Jérémk  compofa 
2in  Cantique  lugubre  à  fa  louange. 
Ce  deuil  étoit  devenu  fi  célèbre, 
iquc  le  prophète  Zacharie  le  com- 
pare à  celui  que  l'on  devoit  ^e 
â  la  mort  du  Mefile. 

JOSLIN  de  ViERzy,  évêque 
de  Soifibns .,  mort  en  11 5  2 ,  étoit 
Un  des  principaux  minifircs  de  Louis 
VU ,  &  un  modèle  de  vertu.  Il 
laiffa  une  Expofitîon  du  Symbole  6» 
de  VGmifon  Dominicale  ,  qu'on 
trouve  dans  la  Colleiîio  maxlma  de 
D.  Manenne.  Il  fonda  des  abbayes , 
entr'autres  Long -pont,  afiifia  au 
concile  de  Troyes  en  11 27 ,  &  y 
mérita  l'eftimx:  du  pape  Eugène  JII^ 
&  de  toute  la  France. 
^  LJOSSE,  (S.)  iUuftre  folitaire, 
ctoit  fils  de  Juihaël,  qui  reprit  le 
titre  de  roi  de  Bretagne.  Son  firere 
Judicaël ,  réfolu  de  quitter  le  trône 
pour  fe  donner  à  Dieu  ,  pria  Joffe 
àe  fe  cliarger  du  gouvernement  de 
jb  annéef  ^  de  l'éducation  de  fes 


J  o  s         19 

en£ms  *,  mais  celui  -  ci ,  également 
détaché- des  grandeurs  mondaines^ 
fortit,  déguifé  en  pèlerin ,  de  la  Bre« 
tagne ,  &  allafe  cacher  dans  le  Pon« 
thieu ,  où  il  fit  bâtir  un  monafierc, 
en  un  lien  appelé  à  préfent  Ray^ 
Il  y  mourut  faintement  en  668,  U 
y  a  à  Paris  une  paroiflc  qui  porte 
fon  nom  ,  en  mémoire  du  fejour 
que  ce  Saint  y  avoit  fait. 

II.  JOSSE  ou  JODOCE  DE  Lu- 
xembourg, marquis  de  Moravie, 
fut  déclaré  empereur  après  la  mort 
de  Robert  [en  1 410  -,  mais  fon  règne 
fut  fi  court ,  que  les  hiftoriens  n'en 
parlent  prefque  pas.  Les  uns  pré- 
tendent qu'il  fut  empoifonné  ;  d'au- 
tres, qu'il  mourut  de  vieilleiTe.  Quoi 
qu'il  en  foit,  on  n'a  laiffc  de  ce 
prince  qu'une  idée  très-défiivanta- 
geufe ,  foit  pour  les  qualités  de  l'ef" 
prit,  foit  pour  celles  de  l'ame.  Il  tA 
à  préfumer  que  l'empire  ne  perdit 
rien  à  fa  mort ,  arrivée  à  Brin  en 
Moravie,  le  8  janvier  141 1 ,  trois 
mois  huit  jours  après  fon  éleàion. 
U  étoit  âgé  de  60  ans ,  &  ne  laifla 
point  de  poftérité.  11  étoit  coufin 
de  Sigîfmond ,  roi  de  Hongrie ,  qui, 
dans  la  même  diète  oix  Jojjc  fut 
choifi,  il  avoit  eu  le  fuftrage  de  trois 
éleâeurs.  Dès  qu'il  eut  appris  l'é- 
le6)ion  du  marquis  de  Moravie ,  il 
lui  écrivit  pour  favoir  s'il  accep- 
teroit  l'empire,  &  s'il  comptoic 
aller  à  Francfort  ?  Joffelin  lui  ré- 
pondit que  c'étoit  fon  intention.  Et 
mqi,  répliqua  Sigl/'mond ,  je  vais  ett 
Moravie,  En  effet ,  il  alloit  entrer  en 
armes  dans  cette  province  ,  Icrf- 
qu'il  apprit  la  mort  de  fon  rival , 
auquel  il  fuccéda. 

JOSSELIN ,  Voyei  Noradin. 

I.  JOSSELIN,  évêque  de  Soif- 
fons  ,  fut  un  des  miniftres  de  Louis 
VU ,  roi  de  France ,  dont  il  fe  fit 
aimer  par  fes  vertus  &  fes  lumiè- 
res. U  mourut  en  1152.  Il  avoit 
afiifiéau  concile  de  Paris  tenu  con  ^ 
tre  Gilbert  de  la. P orée  en  x  142. 


^0       y  o  s 

IL  JOSSELIN,  médecin  An- 
glois  dans  le  xvii.e  £ecle  {bus-  le 
«gne  de  Charles  II ,  laiffa  une  Hîf* 
toire  naturelle  des  pjjfejjions  AngloU 
fes  en  Amérique.  Il  rapporte  ce 
qu'il  y  a  de  plus  rare ,  avec  les  re- 
mèdes dont  fe  fervent  les  habitans 
du  pays ,  pour  guérir  les  maladies , 
les  plaies  &  les  ulcères. 

I.  JOSUÉ,  ctoit  fils  de  Ntm  ,  de 
la  tribu  d'Ephraïm.  Dieu  le  choi- 
fit  ,  du  vivant  même  de  Moyfe, 
|>our  gouverner  les  Ifraëlites ,  &  il 
vainquit  fous  lui  les  Amalécites  : 
/  Voy,  z,  Mo  TSE.  )  Jofud fuccéda 
fi  ce  divin  légiflateur^  l'an  145 1  av* 
J.  C.  Il  envoya  d'abord  des  efpions 
pour  examiner  la  ville  de  Jériclio. 
T>QS  qu'ils  lui  eurent  fait  le  rap- 
port ,  il  paffa  le  Jourdain  avec  toute 
ion  armée.  Dieu  fufpendit  le  cours 
«les  eaux ,  &  le  fleuve  demeiua  à 
fecdans  une  étendue  d'environ  deux 
lieues.  Peu  de  jours  après  ce  mira** 
de,  Jofué  fit  circoncire  tous  les 
mâles  qui  étoient  nés  pendant  les 
marches  du  défert.  Il  fit  enfuite  cé- 
lébrer la  Pâque  ,  &  vint  afïîéger 
Jéricho.  Suivant  l'ordre  de  Dieu , 
il  fit  feire  fix  fois  le  tour  de  la  ville 
par  l'armée ,  en  fix  jours  différens  ; 
les  prêtres  portant  l'arche  &  fon- 
slant  de  la  trompette.  Les  murail- 
les  tombèrent  d  elles-même  au  j*^ 
jour.  Haï  fot  prife  &  faccagée ,  & 
les  Gabaonites  craignant  le  même 
fort  pour  leur  ville  ,  fe  fervirent 
d'un  fh^tagême  pour  faire  alliance 
avec  Jofué,  Adimibéfech ,  roi  de  Jé- 
rufalem ,  irrité  de  cette  alliance , 
s'étant  ligué  avec  4  autres  rois ,  alla 
attaquer  Gabaon.  Jofué  fondit  fur 
Je^  cinq  rois ,  qu'il  mit  en  déroute. 
Comme  les  ennemis  fiiyoient  dans 
la  defcente  de  Bethbron,  le  Sei- 
gneur fit  pleuvoir  fur  eux  ime  grêle 
de  groffes  pierres  ,  qui  en  tua  un 
graiid  nombre.  Alors  Jofué  com- 
manda au  foleil  de  s'arrêter ,  &  cet 
jKdre  >  founûs  à  ià  voix  ,  prolon* 


gêafa  demeure  fur  l'hoHzon  dotai 
heures  entières.  Jofué  pourfuivan* 
fes  viftoires ,  prit  prefque  toutes 
les  villes  des  Chananéens  en  6  ans^ 
Il  diftribua  les  terres  aux  vaiiw 
queurs ,  conformément  à  l'ordre  de 
Dieu  -,  &  après  avoir  placé  l'arche 
d'alliance  dans  la  ville  de  Silo ,  il 
mourut  à  1 10  ans ,  Tan  1424  avant 
J.  C.  Il  gouverna  le  peuple  d'Mraël 
pendant  27  ans.  Nous  avons  fou» 
fon  nom  un  livre  Canonique  écrit 
en  hébreu.  Plufieurs  favans  le  lui 
attribuent ,  mais  fans  en  avoir  au-* 
cune  preuve. 

IL  JOSUÉ ,  Voye^  les  art.  Jo^ 

SEPH  ,    n°'  III  &  XIV, 

JOTAPIE^ ,  tyran  ,  qui  s'étante 
foulevé  dans  la  Syrie  ^  éir  la  fia 
du  règne  de  l'empereur  Phlâppe  ^ 
fut  défait  fous  Celui  de  Dece,  vers 
l'an  249.  Sa  tête  fut  portée  à  Rome. 

L  JOUBERT  ,  (Laurent)  fa- 
vant  médecin,  profeffeur-royai  & 
chancelier  de  l'univerfité  de  Mont-» 
pellier ,  naquit  à  Valence  en  Dàu-^ 
phiné  Tan  1^29,  &  mourut  del« 
dyffenterîe  à  tombez  le  29  oftobre 
1582,  à  5  3  ans ,  médecin  ordinaire 
du  roi  de  France  &  du  roi  de  Na-^ 
varre.  Henri  III ,  qui  défiroit  paf^ 
iionnément  d'avoir  des  en£ins,  l'a* 
voit  fait  venir  à  la  cour  »  efpérant 
qu'il  lever  oit  tous  les  obÔacles  qui 
rendoient  fon  mariage  flérile  -,  mais^ 
les  foins  du  médecin  furent  inutiles 
au  monarque.  Il  laSlTa  un  Traité, 
contre  les  erreurs  populaires^  ijyS» 
in-8.0  II  fit  beaucoup  de  bruit,  parce 
que  Joubert  eut  la  hardiefle  de  dédier 
à  Marguerite  ,  reine  de  Navarre^ 
femme  de  Henri  IF  y  ce  Traité ,  ou. 
il  découvroit  ,  avec  une  liberté 
licendeufe ,  les  fecrets  de  la  nature 
&  les  parties  du  corps  humain  les 
plus  cachées.  Il  fentit  lui-même  Tin* 
décence  de  fa  dédicace  ;  &  dans  la 
2*  édit.  de  1 5  79 ,  in-S^\  il  dédia  fon 
Livre  à  Pibrac,  Un  Louis  Bertravan  , 
dgdleiu:  en  médecine  »  orna  cett^ 


J  o  u 

{didon  d'une  Epitre,  où  il  t&che 
île  juiHâêr  Joubcn  le  mieux  qu'il 
peut.  BjTtkelemi  Cabrol,  chirurgien 
Âe  Montpellier  T  donna  une  II«  par- 
tte  des  Erreurs  Populaires,  qui  fut 
corrigée  par  Joubert ,  Paris ,  1 5  So , 
in-S^'  •,  &  Gafpard  Bachot  en  ajouta 
une  III*  touchant  la  Médecine  &  rér 
fïïitic  fanU ,  Lyon,  in-S»,  1626. 
Ce  livre,  dont  Tidéeétoit  bonne, 
pouvoit  être  mieux  exécuté,  &  par 
iinJam  &  par  fes  continuateurs.  IL  Un 
TralUdu  /2*/  ,  1 5  79  »ia-8**,  trois  par- 
lies,  avec  lacauîe  morale  du  Bis  de 
Démocrûe,  expliquée  par  HJppocrate. 
U  y  a.  des  chofes  curieuies  dans  ce 
Traité  *,  mais  les  raifonnemens  de 
l'auteur  ne  font  pas  toujours  con- 
duans ,  ni  fondés  fur  la  bonne  phy- 
fique.  in.  Un  Dialo^efur  U  Caco^ 
fraphk  françolfe  ,  à  la  fiiite  du  pré- 
cédent. L'auteur  y  relevé  les  défauts 
de  l'oithographe  ordinaire.  IV.  De 
Balneis  antiquorum,  V,  De  Gymna- 
fis  &  generlhus  exercuatîonum  apud 
antlquûs  cclebrutm  ,  &c.  La  plupart  de 
fes  écrits  latins  ont  été  recueillis  en 
2  vol.  in-foi.  à  Lyon,  1581.  Us 
roulent»  presque  tous  fur  la  mcde- 
cine.  On  en  trouve  la  liilc  dans  les 
Notes  de  Tejper  fur  les  Élogts  de  de 
Thou  ,  &  dans  le  tome  3  5  de  Nîceron, 

Laur.  fûubcrt  laiiTa  un  iîls ,  nom- 
jflé  Ifaac  JavBEtLT ,  qui  a  fait  une 
Apologie  de  l'Orthographe  Françolfe  , 
&  qui  a  traduit  quelques  ouvrages 
defon  perc. 

n.  JOUBERT,  (  Jofeph  )  Jéfuite 
de  Lyon ,  connu  feidement  par  un 
Dtâlonnalre  François'Latm  ,  ia-4.? 
U  n'a  guère  été  en  ufage  que  dans 
les  collèges  de  provinces,  où  ies 
confrères  l'avoient  mis  en  vogue. 
Il  n'eft  pourtant  pas  mauvais  pour 
lijes  écofiers  *,  mais  il  ne  vaut  pa& 
celui  du  P.  /e^7W2#  L'auteur  moU' 
tut  vers  1724. 

HL  JOUBERT, (François) 
prêtre  de  Montpellier ,  né  en  1689 , 
^pwrtle  ^l  Décembre  1763  ,  à  74 


J  o  V  3t 

ans,  uûîtà  des  connolflânces  étenr 
dues ,  la  iunplicité  &  la  modeftie. 
Il  étoit.  fils  du  fyndic  des  Etats  de 
Languedoc ,  &  avoit  lui-même  exer- 
cé cette  charge  avant  que  d'êtreélevé 
aufacerdoce.  Son  attachement  aux 
difciples  de  Jan/enlus  ,  le  fit  renfer* 
mer  à  la  Baftille  pendant  iix  £emai' 
nés.  Il  dl  auteur  d'un  bon  Ç^jb^ 
mentaire  fur  VApocalypft  ,  imprime 
en  1762,  en  deux  vol.  in-i  2  »  fous 
le  titre  d'Avignon.  On  a  encore  de 
lui  divers  autres  ouvrages ,  dont 
quelques-uns  roulent  far  les  affaire» 
du  temps.  Les  principaux  font  :  L 
De  la  connoljfanu  du  temps  par  rap'» 
port  à  la  Religion  ,  Ui-il.  IL  Xé:— 
tre  fur  ^interprétation  des  Ecritures, 
in-12,  III.  Expllcatlûtt  de  VHljîolm 
de  Jofeph, inrlX,lV.  Eclalrcljfement 
fur  le  Dlf cours  de  M  ,  in- 12.  V, 
Traité  du  caruclere  ejfentiil  à  tous  les. 
Prophaes ,  in-i2.  VI.  ExpllcatTom 
des  Prophéties  de  Jérémîe  ,  E\échUl  ^ 
Daniel,  5  voL  in-l2,  VIL  Corn-* 
mentaires  fur  Us  XII  petits  Prophe^ 
tes,  6  vol.  in-i2.  VIIL  Dijferta». 
tions  fur  les  effets  phyjîques  des  Çon'*, 
vulfions ,  in-i2. 

JOVE,  (Paul)  hiftorien  céle. 
brc ,  né  à  Côme  en  Lombardie  l'ai» 
1483 ,  d'abord  médecin ,  fut  enfuite 
élevé  fur  le  fiege  épifcopal  de  No- 
céra.  Il  defira  en  vain  d'être  trans- 
féré à  Côme  -,  Paul  III  lui  refufà 
conftamment  cet  évêché.  François  /. 
le  traita  avec  plus  de  dtftinClion^ 
U  lui  écrivit  des  lettres  flatteufes ,, 
&  lui  accorda  une  penfion  confi- 
dérable.  Cette  pexrfion  fut  retran- 
chée par  le  connétable  de  Mont" 
morenci ,.  fous  le  règne  de  Henri  IK 
Paul  Jove  s'en  vengea ,  en  déchi- 
rant le  connétable  dans  le  xxxi« 
livre  de  fon  hiftoire.  La  haine  otf 
l'intérêt  conduifoit  toujours  ù  pliK 
me.  Il  ne  faifoit  pas  difficulté  d'a- 
vouer >»  qu'il  en  avoit  deux ,  1  ««« 
>♦  d^or  &  Vautre  de  fer  ,  pour  trai- 
91  ter  les  princes  iuivant  les  faveurs 


1*  JOV 

>♦  ou  les  dîfgraces  qu*il  en  reC6* 
>♦  voitit.  Il  paroît  par  fes  Lettres 
qu'il  avoit  l'ame  extrêmement  in- 
téreffée.  On  n'a  jî^nais  quêté  avec 
autant  d'effronterie  &  de  lâchet^: 
il  demande  à  l'un  des  chevaux,  à 
l'autre  des  confitures.  Cet  hiflorien 
mercenaire  mourut  à  Florence  le 
1 1  odobre  1552,3  69  ans , 
confeiller  de  Corne  de  Médlcls,  Con- 
fidéré  comme  évêque ,  il  ne  brilla 
guère  par  les  vertus  eccléfiaftiques , 
&  quelques  auteurs  ont  décrié  fes 
mœurs.  On  peut  voir  ce  qu'en  dit 
Cardan  dans  le  tom*  25  des  Mé- 
moires de  Nîceron,„4  On  a  de  lui  : 
I.  Une  Hlfiolre  en  XLv  livres.,  qui 
commence  a  l'an  1494  ,  &  qui  finit 
en  1544  ',  (  Florence,  1550  & 
1552,  2  vol.  in-fol,  )  Il  y  en  a 
une  vieille  Traduction  firançoife, 
Lyon  ,1552,  in-fol.  La  variété  & 
l'abondance  des  matières  le  font  lire 
avec  plaiiir.  La  fcene  efl  tour-à-tour 
en  Europe ,  en  Afie ,  en  Afrique. 
Les  principaux  événemens  de  50 
années,  décrits  avec  beaucoup  d'or- 
dre &  de  clarté ,  mais  quelquefois 
avec  emphafe ,  forment  un  corps 
d'hifloire  qui  pourroit  être  très-uti- 
le ,  fi  la  fidélité  de  l'hiflorien  éga- 
loit  la  beauté  de  la  matière.  Pen- 
fionnaire  de  Charles-Quînt ,  &  pro- 
tégé par  les  Médlcls ,  il  ne  parle  de 
ces  princes  qu'avec  la  plus  baffe 
flatterie.  Paul  Jovc  ,  (  dit  Bodîn ,  ) 
n'a  pas  voulu  dire  la  vérité  lorf- 
qu'il  l'a  pu ,  fur  les  événemens 
pafiés  en  Italie  ;  &  il  ne  l'a  pas  pu 
dire  lorlqu'il  l'a  voulu ,  quand  il 
parle  des  affaires  étrangères.  Quoi- 
que l'Hifloire  de  Paul  Jove  renfer- 
me XLV  livres ,  il  y  a  une  lacune 
confîdérable  depuis  le  19^  jufqu'au 
:24«  inclufivement.  Ces  fix  livres 
dont  nous  n'avons  plus  que  les 
fommaires,,  s'étendoient  depuis  la 
inort  de  Léon  X ,  jufqu'à  la  prif« 
de  Rome  en  1527.  /oytf  pefditau 
fac  de  cette  ville  ce  qu'il  avoit  com- 


J  O  V 

pofé  fur  cette  partie  de  rHîftoîrél 
&  il  ne  voulut  pas  la  refeire,  pajf 
deux  raifons  :  i<>  Il  craignoit  la 
reffentiment  de  ceux  que  la  fidélité 
hiitorique  bleffe  :  2°  Il  ne  vouloit 
pas  exercer  fa  plume  fur  une  ma*» 
tiere  injurieufe  à  l'Italie^  Paul  Jovf^ 
à  l'imitation  de  quelques  anciens^  a 
fait  entrer  diverfes  harangues  dans 
fon  Hifloire  j  mais  il  y  a  dans  £ç% 
difcours  peu  de  précifion ,  &  plus 
de  brillant  que  de  naturel,  du  moins 
dans  quelques-uns.  II.  L&s  Vies  des 
Hommes  ilUifires.  III.  Lts  Éloges  de* 
Grands^Hommes.  On  reproche  à  ce» 
deux  ouvrages ,  ainfi  qu'à  fa  grande 
Hijiolrc  »  un  ftyle  trop  oratoire ,  uii 
ton  trop  enflé  ;  mais  ils  font  utiles 
pour  la  connoiâance  des  faits  & 
dits  des  hommes  célèbres*  IV.  VUs 
des  dou^e  Vjsconti  ,  fouveralns  ds 
Milan,  V.  Plufieurs  autres  Ouvrai 
ges  ,  dans  lefquels  on  remarque  de 
Tefprit ,  mais  peu  de  goût  &  peu  de 
juflelTe.  On  a  recueilli  toutes  fes 
Œuvres  à  Bâle  en  6  vol.  iiv-fol. , 
reliés  ordinairement  en  trois.  Ceô 
l'édition  la  plus  complète  :  elle  eft 
de  l'an  1578..., 

Son  frère,  Benoît  JorB  ',  compo£a 
plufieurs  ouvrages ,  entr 'autres  une 
Hifioire  des  Suijfes  ^  &  fon  petit- 
neveu  ,  Paul  Jo  y.E ,  mort  en  1 5  8  2  , 
cultiva  avec  fuccès  la  poéfie  Ita» 
lienne* 

JOVITA  Rapicius  ,  né  dans  î« 
BtefTan ,  efV  auteur  d'un  ouvrage  di- 
vifé  en  5  livres  fur  le  nombre  ora- 
toire. 11  parut  à  Venife  l'an  1 5  J4, 
dédié  au  cardinal  Polus  ,  de  l'impri- 
merie de  PaulManuce,  fils  à' Aidé, 
Quelques  gens  d'efprit  &  de  lettres 
regardoient  le  nombre  oratoire 
comme  une  chimère ,  dont  l'objet 
n'a  rien  de  fixe ,  &  varie  au  gré  de 
nos  caprices.  Rapicius  montre  qu  il 
y  a  un  rhythme ,  une  cadence  pro- 
pre à  la  profe  comme  aux  vers  ;  il 
donne  d'excellemes  leçons  fur  la 

manière 


J  o  u 

hmeté  de  le  répandte  isns  le  ££^ 
àovtrs, 

JOUENNE  ,  (François)  né 4 
Êonneville  ,diocefe  de  Coutances, 
alla  de  bonne  Iieure  à  Paris  pour 
tenter  une  fortune  qu'il  ne  trou- 
voit  pas  dans  le  fein  de  fa  famille^ 
il  s'appliqua  à  la  librairie ,  &  fe  ren- 
dit fort  habile  dans  cette  partie. 
Ceft  à  lui  qu'on  doit  Tinvendon 
des  Etrmnes  mignonnes ,  qui  paru- 
rent potir  la  première  fois  en  1724. 
Û  a  travaillé  aui£  pluûeurs  années 
â  la  bibliothèque  du  toi  «  &  eft  mort 
<n  1741. 

JOUFFRÔI,  JoFFREDI,Oli 

Céoffroi  ( Jean)  naquit  à 
Luxeuil^  dans  la  Franche-Comté, 
«tWfaxâille  fi  obicure  qu'il  ne  la 
connoirfoit  pas  lui-même.  Il  prit 
l'habit  de  reli^eux  dans  l'abbaye 
de  Saint-Pierre  deLuxéuîl^  &en  de- 
^  abbé.  Cettfe  place  ne  fit  qu'ir- 
liter  fon  ambition.  U  paiTa  au  fér- 
oce de  Philippe  U  Bon,  duc  de  Bour- 
gogne ,  &  il  avoit  60  ans  qu'il  n'é- 
toit  qu'aumônier  du  commun  chez 
ce  prince.  Lorfqiie  le  duc  inftitua 
laToifon  d'or,  il  l'envoya  à  Rome 
pour  folliciter  l'approbation  de  cet 
ordre  de  chevalerie.  U  n'y  trouva 
aucune  difficulté ,  le  pape  éîÉant  bien 
aife  qu'on  s'adreîïat  à  lui  dans  les 
afiErires  mêmes  où  l'on  pouvoit  s'en 
paffer,  Jouffrol  eut  à  fon  retour  l'é- 
▼èché  d'Arras  ,  &  fut  employé  dans 
diverfes  négociadons.  lut  duc  le  fit 
ton  premier  fecrétaire  ;  mais  ce 
frélat  n'étant  pas  encore  fatisfait 
de  û  fortune ,  il  s^attacha  au  dau- 
pHn  pendant  qu'il  étoit  en  Bra- 
bant.  Ce  prince ,  devenu  roi  fous  le 
nom  âé  Louis  XI,  lui  donna  toute 
fà  confiance ,  &  folHcita  pour  lui  un 
diapeau  de  cardinal.  Pu  II  k  pro-^ 
oit ,  à  condition  que  le  prélat  en- 
gi^croit  le  roi  à  fiipprimer  la  Prag- 
manque^Sanâion.  Jouffrol  ,  foupi- 
tant  après  la  pourpre  ,  obdnt  de 
(Cmoxiarque,  à  force  d'intrigues  ^ 

Tome  y. 


JO  V  'if 

de  ^ttx  ftxpofés  ,  une  déclaration 
telle  que  le  pape  la  fouhaitoit.  Il 
avoit  fait  au  roi  les  plus  belles  pro-> 
méfies  ;  mais  il  les  oublia  d^  qu'il 
eut  le  chapeau  tant  défiré.  Loms 
XI ,  reconnoiflant  qu'il  avoit  été 
trompé ,  difgracia  l'évêque  d'Arras« 
Pour  remédier  aux  maiix  que  .fa 
déclaration  pouvoit  occafionaer  en 
("rance ,  il  fit  de  nouvelles  ordon-* 
nances  touchant  les  réferves  &  le» 
expeâatives  ,  qai  étoient  prefque 
le  feul  avantage  que  l'abolidon  da 
la  Pragmatique  avoit  procuré  aif 
fôuverain  pondf«  -,  Ôcjufqu'au  temps 
du  Concordat ,  la  cour  de  Rome  no 
put  avoir  la  (ads&£Hon  qu'elle  dé- 
firoit  Cependant  Jouffroi  recueillie 
le  fruit  de  fes  artifices.  Le  pape 
ajouta  au  chapeau  de  cardinal ,  Té- 
vêché  d'Alby  -,  mais  il  n'en  jouit  pas 
long-temps,  étant  mort  au  prieuré 
de  Rulli ,  dioceie  de  Bourges  «  en 

1473. 

JOVTEN  ,  (Flavius  ClauHus  Joi 
riANUs  )  fils  du  comte  Varrenîen  V 
né  à  Singidon  ,  ville  de  la  Panno-^ 
nie ,  Tan  3  3 1 ,  fiit  élu  empereur  patf, 
les  foldats  de  l'armée  Romaine  « 
après  la  mort  de  Julien  PApofiat  ^^ 
en  3634  Ufefiifa  d'abord  la  cou-f 
ronne  impériale ,  témoignant  qu'if 
ne  Vouioit  point  commander  a  d« 
foldats  idolâtres  -,  mais,  tous  lui 
ayant  protefté  qu'ils  étoient  Chré-» 
dens ,  il  reçut  la  pourpre.  Les  af-« 
faires  étoient  en  très-mauvais  état  f 
il  tâcha  d'y  mettre  ordre ,  &  com-* 
mença  par  £dre  la  paix  avec  les 
'Perfes.  Quelques  auteurs  ont  blâ- 
mé, peut  -  être  inconfidérément  ^ 
cette  démarche*,  puifque  ,  fans  ce 
traité  de  paix ,  il  ne  pouvoit  ren- 
rér  fes  troupes  du  pays  où  Julien 
les  avoit  engagées.  11  eft  vrai  qu'il 
parut  facrifier  fon  intérêt  pardcu- 
lier  à  l'intérêt  de  l'état.  Il  craignoit 
un  concurrent  dans  Procope ,  gé-« 
néral  d*une  armée  de  40  mille  hom« 
mes.  Cette  çraM^te  étoit  fondée* 

-  G 


H  J  O  U 

puisqu'il  fe  révolta  deux  ans  après. 
Dès  que  l'éleftion  de  Jovîcn  eut  été 
confirmée  par  le  fénat»  il  comman- 
da de  fermer  les  temples  des  Idoles  , 
&  défendit  leurs  facrifices.  Il  eut 
fur-tout  un  foin  extrême  de  rap- 
peler les  prélats  exilés»  &  deté- 
moigiier  aux  hérétiques  qu'il  ne 
vouloit  point  fouifrir  de  difcolrdc. 
Cependant  il  ne  jouit  pas  long-temps 
de  Tautorité  dont  il  fe  fervoit  fi 
dignement.  Il  mourut  à  rage  de  53 
ans,  dans  un  lieu  appelé  Dadafta- 
tie ,  entre  la  Galatie  &  la  Bithynie , 
en  364 ,  n'ayant  tenu  l'empire  que 
fept  mois  &  20  jours.  On  le  trou- 
va étouffé  dans  fon  lit,  par  lava- 
peur  du  charbon  qu'on  avoit  al- 
lumé dans  fa  chambre  pour  la  fé- 
cher.  Jovlcn  avoît  été  capitaine  d'e 
la  garde  Prétorienne ,  du  temps  de 
Julien  ;  &  ce  fiit  dans  ce  temps  que 
ce  .prince  voulut  le  £sdre  renoncer 
à  la  foi ,  ce  qu'il  refuù  généreufe- 
ciént.  Son  règne  fîit  trop  court, 
pour  qu'on  puiffe  connoître  s'il 
atu-oit  été  glorieux  v  mais  Toa  ne 
peut  douter  que  Jovîen  ,  étant  bon 
Chrétien ,  n'eût  été  bon  prince.  Il 
avbit  époufé  Cariton,  qui  lui  fur- 
vécut  plufieurs  années  ,  avec  fon 
fils  le  jeune  Varromen ,  qui ,  n'ayant 
point  été  créé  Céfer ,  n'avoit  au- 
cun droit  à  Tempire.  Il  devint  fuf^ 
pefit  au  gouvernement,  &  par  une 
barbarie  politique,  on  lui  fît  crever 
un  œil.  lï  vivoit  encore  en  380. 
L'abbé  de  U  BletterU  a  écrit  la  VU 
dt  Jovîcn,  en  2  vol.  in-iî. 

JOUI,  Voy,.  JOUY. 

JOUIN ,  (Nicolas >  né  à  Char- 
tres »  fiit  banquier  à  Paris ,  &  y 
mourut  le  21  Février  1757,  373 
ans.  On  a  de  lui  :  I.  Les  Proc&s  con- 
tre les  Jéjuites  »  (  Ambroife  Gttys  , 
&cO  1750»  in-i2.  II.  Les  Sarccla- 
des.  Satires  en  vers,  en  feveur 
des  difctples  de  Janfemus ,  dpnt  les 
premières  ont  un  peu  plus  de  fel 
^46  les  fuivaates  »  &  dont  los  unes 


J  O  V 

&  les  autres  font  aiTcz  groflîef^# 
m.  Le  PortC'fiutllc  du  Diable ,  fuittf 
du  Philotanus  ;  le  tout  recueilli  eu 
1764,  2  vol.  in-i2.  IV,  Procit 
contre  Us  JéfuUcs ,  ou  fuite  des  caiî- 
fes  célèbres  ,  in- 12.  Les  éditeur» 
du  4®  volume  de  la  France  LUté' 
raîre  prétendent  qu'il  efl  auteur  du 
Philotanus  attribué  à  l'abbé  de  Gré* 
court. 

JOVIN,  noble  Gaulois,  &  ca- 
pitaine plein  de  bravoure ,  ft^t  dé* 
claré  empereur  à  Mayence  l'an 
411,  dans  le  temps  qu^on  aflîégeoit 
le  tyran  Conftantîn  à  Arles.  Il  dut 
ce  dangereux  honneur  à  la  brigue 
de  Goar  »  Alain  »  &  de  Gulndicaire, 
chef  des  Bourguignons.  Il  afTocia 
à  cette  dignité  fon  frère  Séba/Hen  i 
mais  ils  ne  jouirent  pas  long-temps 
de  la  pourpre.  L'an  413,.  Ataulphe  * 
roi  des  Vifîgoths ,  qui  fuivoit  le 
parti  de  Jovm  ,  l'ayant  délaiifé  »  cet 
ufîirpateur  fut  tué  dans  le  temp* 
qu'on  le  conduifbit  à  Tempereiif 
Honorîus ,  qui  étoit  alors  à  Raven-» 
ne,  &  qui  reçut  auffî  la  tête  de  5tfV 
haftkn,  Jovln  avoit  porté  le  nom 
d'Augufle  près  de  2  ans.  Né  avec 
un  efprit  léger  &  un  cara^iere  in* 
confiant ,  il  abandonna  la  vie  tran- 
quille &  agréable  que  fcs  richeffcs 
&  fa  naiffance  pouvoient  lui  foire 
mener ,  pour prendrela  pourpre  ',  Ôt 
il  n'éprouva  depuis  que  des  cha-» 
grins  &  des  malheurs. 

JOVINIEN ,  moine  de  Milan; 
infe£la  plufieurs  monaûcres  de  fes 
erreurs,  après  être  fortidu  fîen^ 
où  il  avoit  vécu  très-auflérement, 
ne  mangeant  qu'un  peu  de  pain» 
buvant  de  l'eau  ,  marchant  nu* 
pieds,  portant  un  habit  noir  &tra* 
vaillant  de  fes  mains.  Il  pafTa  de 
Milan  à  Rome ,  &  porta  plufieurs 
vierges  à  fe  marier,  en  leur  in- 
finuant  que  l'état  du  mariage  étoit 
auffi  parfait  que  celui  de  la  virgi»  , 
nité ,  &  qu* elles  ne  valoient  pa* 
mieux  que  Sara ,  Simonne  »  ôc  les  aii? 


î  o  u 

«^  fanmes  de  l'antiquité  facrée. 
Les  erreurs  qu'il  foutint  encore,  fu- 
rent :  Que  la  Vierge  Mam  n'étoit 
pas  demeurée  vierge  après  l'enfen- 
tement  :  que  la  chair  du  Sauveur 
n'étoit  pas  véritable ,  mais  fantaf- 
dque  \  que  les  jeûnes  &  les  autres 
oeuvres  de  pénitence  n'étoient  d'au- 
cun mérite  ;  qu'on  pouvoit  faire 
bonne  chère  &  manger  de  toutes 
fortes  de  viandes ,  pourvu  qu'on 
isa.  usât  avec  a£^ions  de  grâces.  Ce 
noineTe  conduifoit  fuivant  ces 
|)rincipes.  5.  AugufHn  &  S,  Jérùmz  ^ 
qui  combattirent  fes  impiétés  &  fes 
télâchemens  ,  lui  reprochent  fon 
luxe ,  fa  moUefîe ,  &  fon  goût  pour 
le  fafte  &  les  plaifirs.  Jovlnl<m  fut 
condamné  à  Rome  par  le  pape  Sy* 
'rtce,dL  à  Milan  par  5.  Ambrol/e, 
dans  un  concile  tenu  en  390.  Leâ 
empereurs  Théodofê  &  Honorîus 
l'exilèrent  ;  le  premier  dans  un  dé^ 
Tert ,  &  l'autre  dans  une  ifle,  où  il 
mourut  comme  il  avoit  vécu,  vers 
Tan  412. 

JOUKDAN  ,  Voyex  GlORDANI. 
JOURDAN ,  (  Raimond  )  vicom- 
te de  Saint-Antoine  dans  le  Quercy , 
parut  à  la  cour  de  Raimond  Bércn- 
fer  comte  de  Provence ,  &  s'y  fi- 
goala  par  fes  talens.  Il  fît  pluiieurs 
I        pièces  de  vers  pour  Mahl/le  deRU^ 
j        dont  il  étoit  devenu   amoufeux. 
I        Cette  illuftre  &  vermeufe  dame  pa- 
roiffant  infenfible  à  fes  feux ,  il  prit 
I        le  parti  dé  s'éloigner  ,  &  fe  croifa 
!        tontre  Raimond ,  comte  de  Toulou- 
fe.  Le  bruit  ayant  couru  qu'il  avoit 
été  tué  dans  cette  expédition ,  Ma- 
^liU  en  fut  fi  touchée ,  qu'elle  en 
mourut  de  douleur.  Le  vicomte, 
de  retour  ,  lui  fit  dreffer  une  ftatue 
coloflale  de  marbre  dans  l'abbaye 
de  Monf-Majour  à  Arles.  Il  prit  en- 
I        fuite  ITiabif  de  religieux  ,  renonça 
I        à  la  poéfie,  &  mourut  vers  1106. 
j         Avant  fa  retraite  ,  il   avoit  fait  un 
traité  de  Lom  Fontaumary  de  ias  jDon- 
^i^r  Son  entrée  dans  le  doîare  pa- 


JOU  3« 

hit  d'autant  plus  méritoire  «  qu'à 
avoit  dans  le  monde  la  réputation 
d'un  homme  qui  favoit  unir  les 
lauriers  de  Murs  à  cq\jx  à! Apollon. 

JOUSSE .  (  Daniel  )  confeiller  att 
préfidial  d'Orléans ,  ià  patrie ,  né 
en  1704  ,  mort  en  178 1,  377  ans, 
fut  un  des  plus  célèbres  jurifconful- 
tej  de  France.  Peu  d'auteUrs  ont  été 
plus  cités  de  leur  vivant ,  far-tout 
dans  les  matière  •  criminelles  Digne 
émule  &  contemporain  de  Pothler, 
aufii  limple  dans  fes  moeurs  ,  bon 
parent,  ami  fidclle,  chrétien  éclairé, 
magiflrat  intègre  :  ils  ont  fait  tous 
deux  l'honneur  de  leur  patrie.  Les 
principaux  ouvrages  de  Jcujfe  font  : 
I.  Ccutume  d* Orléans ,  ^drFomur^ 
avec  les  Notes  de  PothUr  &  dçs 
Joujfe  ,  1  vol.  in-l a.  II.  Commentalra 
fur  l'Ordonnance  criminelle,  in-4^, 
&  1  vol.  in-i  2.  III,  Commentaire  fur 
l'Ordonnance  civile  ,  in-4°,  &  1  vol. 
in- 12.  IV.  Commentaire  fur  VEdlt  dis 
mois  d'Avril  iC^j; ,  concernant  la  ju- 
rididion  eccléfiaftique,  in-4** ,  &  z 
vol.  in*i2.  V.  Traité  de  U  Juridic- 
tion des  Préfidlaux ,  in-l2.VL  Con^ 
mentalre  fur  P  Ordonnance  du  Commer-^ 
ce,  in-i2.  VII.  Traité  des  f^ncU^jns 
&  des  droits  des  Comnùjf aires  ^  in- 12, 
VIII*  Traité  du  Gouvernement fpirituel 
&  temporel  des  Paroijfes  ,  in- 12.  IX« 
Traité  de  la  Juridlcilon  des  Officiaux  , 
in-i2.X.  Traité  de  la  Jufllce  crlmi-^ 
nelle  de  France ,  4  vol.  in-4°.  XL 
Traité  de  PAdminlflfatlon  de  la  Jufti^ 
ce  ,  2  vol.  in-4®*  XII.  Commentaire 
fur  l'Ordonnance  des  Eaux  &  Foriti 
du  mots  d'Août  166^  i  in-i2.  XIll.  De 
la  JuridlBLn  des  Tréforiers  de  Fran"* 
cci  2  vol.  in- 12. 

JOUVENCY,  (  Jofeph)  JéfuiÉô 
Parifien,  naquit  en  164J.  Il  profefFa 
les  humanités  à  Caen,  à  la  Flèche 
&  à  Paris  ^  avec  un  fuccès  peu 
commun.  11  mourut  le  29  janvier 
1719  ,  à  76  ans  ♦  à  Rome ,  où  fes 
fupérieurs  l'avoient  appelé  pour  y 
continuer  l'/^i/^''><  ^e  la  Socitti^ 
C  i) 


36  1  OV 

L'hiftoricn  ,    oubliant   qu*il  étoît 
François ,  l'écrivit  en   Jéfuite  Ita- 
lien. Il  eut  la  témérité  de  faire  l'a- 
pologie de  fon  confrère  Guignard , 
pendu  fous  Henri  IV ,  à  l'occaiion 
de  l'attentat  de  /«<w  ChâuL  Jouvency 
regardoit  l'arrêt  du  parlement  qui 
condamna  ce  Jéfuite ,  comme  un  ju- 
gement inique.  Il  loue  fur-tout  ce 
Martyr  de  la  vérité,  ce  Héros  Chré" 
mn ,  cet  Imitateur  de  la  charité  de 
J.  C. ,  de  n'avoir  jamais  voulu  de- 
mander pardon  au  roi  &  à  la  juf- 
tice ,  lorfqu'il  fit  amende  -honora- 
ble. Les  juges  qui  le  condamnèrent 
font  à   ies  yeux   des  perfécutewrs , 
'^  il  ne  craint  pas  de  comparer  le 
jNremier-préfident  de  HarUd  à  Pt- 
late,  &  le  Parlement  aux    Jvâ&. 
X'ouvrage  du  Père  Jouvency  forme 
Ja  5  *^  partie  de  VHîftoîre  des  Jéfuîus  , 
depuis  I J9I  jufqu'en  i6i6 ,  in-ibl. 
imprimé  à  Rome  en  1710.  Il  fiic 
condamné  par  deux  Arrits  du  par- 
'âlement  de  Paris ,  l'un    du  ^^  Fé- 
vrier, &  l'autre  du  2.4  Mars  171 3* 
O  dernier  arrêt  fupprime  l'ouvra- 
f;e,  &  contient  la  déclaration  des 
tfentimens  des  Jéfuites  François, 
touchant  la  fouverainetç  du  roi. 
Toutes  ces  raifons  font  rechercher 
<e  livre,  qui  par-là  eft  devenu  peu 
commun  &  cher.  L'ouvrage  du  P. 
Jouvency  méritoit  certainement  cette 
-flétriffure ,  quoiqu'eftimable  à  plu- 
ileurs  égards.  Il  eâ  écrit  avec  au- 
tant de  pureté  que  d'élégance.  Le 
ton  en  eft  trop  oratoire ,  &  il  y 
a  trop  peu  de  drconfpe^ion  dans 
4e  choix  des  miracles.  Ses  récits  ont 
çu  perfuader  quelques  Jéfliites  crédu- 
les ;  mais  ils  ont  ùàt  rire  ceux',quine 
4'étoient  pas.  En  171 3  on^prima  à 
Liège  un  RecutU ,  in-i  2 ,  ^  Pjsces 
touchant  cette  Hyioîre,  CerecueU  n'eft 
pas  commun.  (  Voye^  l'art.  Mai- 
caoT.  )•  On  a  encore  du  Père  Jou* 
yeney  :  h  Des   Harangim   latines , 
prononcées  en  diverfes  occafions , 
JKB  %  vol.iQ-i2.  n.  Un  tfdixé  ^* 


Arte  difcmdl  &  docendi ,  bon, maSé 
fuperficiel  ;  réimprimé  in-12, 1778  , 
à  Paris  ,  chez  Barbotu  III.  Appen-^ 
dix  de  Dcis  &  Heroïbus  po'eticis^ 
C'eft  un  excellent  abrégé  de  My- 
thologie. IV.  "Des  Notes  ,  pleines  de 
clarté  &  deprécifion,  fur  Térenu^ 
Horace,  les  Métamorphofes  d*0-. 
vîàe ,  Perfe  ,  Juvénal,  Martial,  &  fur 
quelques  ouvrages  de  Océron,  V» 
Une  verfion  latine  de  la  premier© 
Phîâpplque  de  DémoJihaies,qae  l'abbé 
d*Oliva  a  inférée  dans  ù.  traduc- 
tion françoife  des  PhiUppîques  &  des 
CatHinaires  -,  Paris ,  B^ou ,  1771  » 
in-12.  On  reconnoit  dans  tous  ce» 
écrits  un  homme  qui  s'eft  nourrir 
des  bonnes  produ£Hons  des  anciens.* 
La  pureté,  l'él^ance»  la  facilité  de 
fon  ftyle,  la  ridieffe  de  fcs  expref« 
fions ,  régalent  prefque  aux  mei]^ 
leurs,  écrivains  de  l'antiquité.  U 
feroit  à  fouhaiter  qu'en  faiiknt  at- 
tention aux  mots ,  il  en  eût  fait 
un  peu  plus  aux  chofes.  Ses  oa^ 
vrages  rcâifermeroient  plus  de  penn 
fées  ,  &  ils  plairoient  aux  philofo-t 
phes,  autant  qu'ils  plaident  aux  lit» 
térateurs. 

JOUVENET,  (Jean)  peintre; 
né  à  Rouen  en  1644.,  mort  à  Paris 
le  5  Avril  1717,  à  73  ans,  reçut 
le  pinceau  de  la  main  de  fes  peres^ 
Le  tableau  du  Mai ,  qu'il  fit  à  l'âge 
de  19  ans ,  &  dont  le  fujet  eft  la 
Guéri/on  du  Paralytique  ,  annonça 
l'excellence  de  fes  talens.  le  Brun 
préfenta  ce  maître  à  l'académie ,  où 
il  fut  reçu  en  1675,  On  le  nomma 
depuis  du-eâeur  &  re£^eur  perpétuel. 
On  connoit  les  iv  morceaux  qu'il 
compofa  pour  l'églife  de  Saint-Mar- 
tin-des-Champs.  Le  roi  voulut  lesi 
Yoir,&  en  fut  fi  fatis£ait,  qu'il  ordon- 
na à  Jouvena  de  les  recommencer  » 
pour  être  exécutés  en  tapifTeries^ 
Jouvena  peignit  donc  les  mêmes 
fujets  ;  mais  en  homme  de  génie  ^ 
fans  s'attacher  £ervilement  à  fes  pre» 
m^^  id4«^  U  fe(urpajr«  lui^a^êniji 


î  ou 

im  ces  derniers  tableaux  1  qui 
font  aux  Gobelins.  Le  czar  PUrre  I, 
ayant  vu  les  tapiiTeries  qui  étoient 
exécutées  d'après  lui,  en  fut  frap- 
pé,  &  les  choiiit  pour  la  tenture 
que  le  roi  lui  avoir  offerte.  Louu 
XIV  comioifToit  le  rare  mérite  de 
I  Jouvtna  'y  il  le  chargea  de  peindre 
I  à  frefqiie  les  xii  Apôtres ,  au-def- 
j  Cous  de  la  coupole  de  l'églife  des 
Invalides  ;  &  lllluftre  artifte  l'exé- 
cuta de  la  plus  grande  manière.  Son 
pinceau  fiit  auSi  employé  dans  la 
chq)elle  de  Verfailles.  Un  travail 
txceffi£  altéra  £à  fahté  >  il  eut  une 
'  attaque  d'apoplesde  ,  &  demeura 
par^ydque  du  côté  droit.  Cepen- 
dant il  ddHnoit  encore  de  la  main 
droite ,  mais  avec  beaucoup  de  dif- 
ficulté. Enfin  il  s'habitua  à  fe  fervir 
de  la  main  gauche.  On  voit  plu- 
fieurs  magnifiques  ouvrages  qu'il 
a  exécutés  de  cette  main  ^  entre  au- 
tres ,  le  tableau  appelé  le  Magni-^ 
fcat ,  dans  le  choeur  de  Notre-Da- 
«e  de  Paris.  Ce  peintre  avoir  une 
imagination  vive ,  beaucoup  d'en- 
jouement dans  l'efprit ,  deâanchife 
^  de  droiture  dans  le  caraâere.  Sa 
mémoire  étoit  des  plus  heureufes.  K 
peignit  un  jour  fur  le  parquet,  avec 
de  la  craie  blanche ,  un  de  £es  anus 
abfent  depuis  quelque  temps  -y  la 
reâanblance  étoit  frappante  :  on 
fit  enlever  la  feuille  ^  parquet , 
qui  devint  un  tableau  d'autant  plus 
prédeux ,  que  l'amitié  Vavoit  tra-^ 
ce.  J€an  Jouraut  ne  vit  point  l'Ita- 
fie ,  ayant  été  arrêté  par  une  ma- 
ladie, loriqu'il  étoit  fur  le  point 
de  pardr.  Cependant  il  £&  forma  « 
par  la  feule  étude  de  la  nature ,  un 
goût  de  deffîn ,.  fier  ^  nerveux,  cor- 
t^Gt  &  {avant.  Il  donnoit  du  relief 
&  du  mouvement  à  fes  figures  ;  ies 
çxpreflions  font  vives ,  fes  attitu- 
des vraies ,  fes  draj^eries  bien  je- 
tées ,  £»  figures  heureufement  con- 
traftécs.  Il  réuffifibit  fur-tout  dans 
]fs  gnnd^  machines  »  il  traitoi(. 


J  O  Y  57 

avk  beaucoup  de  fuccès  lUiftoîre  « 
.la Fable,  l'Allégorie &J'Epifode. Il 
a  ^t  encore  des  Portraits  fort  efti- 
mes.  Son  pinceau  ferme  &  vigou- 
reux ,  la  ridieiTe  de  fa  compofition  « 
(a  grande  manière  ,  charment  & 
étonnent  le  fpeâateur  »  fans  le  fé- 
duire  par  le  coloris  ,  qu'il  a  peut- 
être  un  peu  trop  négligé.  Lorsqu'il 
fe  trouvoit  de  l'architeâure  dan» 
fes  tableaux ,  il  la  Êdfoit  peindra 
par  d'autre^  mains.  On  doit  mettre 
au  rang  de  fes  chef-d'œuvres,  la 
Defcenu  de  Croix  qui  eGt  dans  une 
desialles  de  l'académie  de  peinture 
à  Paris  :  ce  tableau  réunit  les  plus 
belles  parues  de  l'art....  Toye^Du- 

CHANGE. 

J  O  U  Y  ,  (  Louis-François  de  ) 
avocat  au  parlement  &  du  clergé 
de  France ,  né  à  Paris  le  i>  Mai 
1714 ,  mort  dans  la  même  ville  le 
6  Février  1771 ,  à  5^7  ans  ,fe  livra 
pardculiérement  aux  matières  ecclé-* 
fiaftiques.  U  fut  chargé  des  affaires 
du  clergé  ,  &  s'en  acquitta  avec 
honneur.  On  a  de  lui  :  I.  Principes, 
fur  Us  droits  &  obligfuions  des  Gra* 
ducs  ,  in-l2.  II.  StÊppUment  aux  Lois 
Civiles ,  dans  leur  ordre  naturel,  in* 
folio.  III.  Arrêts  de  Réglenuru  «- 
cueillis  &  mis  en  ordre  ,  1752,  in-4®, 
IV.  Conférences  des  Ordonnances  Ec* 
cléfiaffiques,  1755.,  in-4°.  V.  Après 
ià  mort  on  trouva  chez  lui ,  manuJV 
crits  :  Principes  &  ufages  concernant 
ies  Dixmes,  1776,  in-12  ,  &  /« 
Coutume  de  Meaux  ^  ouvrage  qu'il 
Rvoit  déjà  mis  au  jour ,  &.  dont  il 
avoit  préparé  «ne  nouvelle  édi-^ 
tion,  qu'on  &  propofe.  de.  dotmec 
inceflbnment  au  public, 

I.  JOYEUSE,  (Guillaume  vi- 
comte de  )  étoit  fils  puîné  de  Jean, 
de  Joyeufe  «  gouverneur  de  Narbon-- 
ne ,  d'une  famille  illufire.  On  le 
demna  à  l'églife ,  &  il  eût  même 
l'évêché  d'Aleth  du  vivant  de  /ciwi-, , 
Paul  y  fon  frère  aine  j  mais  comme 
il  a'étoit  pas  Ué  par  les  ordres  f^ 
C'iij 


3»  J  O  T 

crés ,  il  cmbraffa  depuis  la  profef- 
iion  des  armes  ,  &/  fuccéda  à  fon 
frère.  11  fervit  utilement  le  roi  Chaf 
les  IX  dans  le  Languedoc ,  durant 
les  guerres  civiles  de  la  religion ,  & 
fut  t'ait  maréchal  de  France  par  le 
roi  Hcnii  IIL  U  mourut  fort  âgé  en. 
1592. 

II.  JOYEUSE,  (Anne  de)  fils  du 
précédent ,  duc  &  pair ,  &  amiral 
<le  France,  premier  gentilhomme 
ée  la  chambre ,  &  gouverneur  de 
>f  ormandie  ,  fut  un  des  principaux 
fevori:.  du  roi  Henri  III ,  qui  lui  m 
ëpoufer  Âlargiurhc  de  Ljrr  une ,  fœur 
puînée  de  la  reine  Loulj  e  fon  cpoufe  : 
(  Voy.  Balthazarini.  )  Ses  noces 
coûtèrent  au  roi  plus  de  douze  cents 
mille  écus.  Quelques  courtifans, 
trouvant  cette  dépenfe  exceflive, 
prirent  la  liberté  de  le  dire  à  ce 
prince ,  qui  répondit  :  Je  ferai  /âge 
&  bon  ménager,  quand  j* aurai  marié 
-mes  trois  enfans,  C'étoient  le  duc 
de  Joyeufe ,  le  duc  d'Epernon  ,  &  le 
anarquis  d'O.  Joyeufe  commanda  en 
1586  une  armée  dans  la  Guiejme 
contre  les  Huguenots.  Il  y  remporta 
quelques  avantages ,  &  ne  voulut 
feire  aucun  quartier  à  un  détache- 
ïïient  qu'il  furprit  au  Mont  Saint- 
Eloi.  Cettb  barbarie  fut  punie  bientôt 
après  par  une  autre  barbarie  -,  car 
ayant  été  vaincu  à  Coutras  le  20 
Odobre  1587,  les  Huguenots  le 
tuèrent  de  fang-froid ,  en  criant  le 
Mont  SJnt-Eloi  l  quoiqu'il  offrit  100 
mille  écus  pour  racheter  fa  vie.  Le 
maréchal  de  Joyeufe,  fi  cruel  les 
«rmes  à  la  main ,  étoit  doux  &  gé- 
néreux dans  la  fociété.  Un  jour 
ayant  fait  attendre  trop  long-temps 
les  dQ\XK  fecrétaires  d'état  dans  l'an- 
tichambre du  roi ,  il  leur  en  fit  fes 
«xcufes,  en  leur  abandonnant  un 
xlon  de  100  mille  écus  que  le  roi  ve- 
Jioit  de  lu\  faire.  On  prétend  que , 
cfuelque  temps  avant  fa  mort  ,  fa 
laveur  à  la  cour  avoit  bien  dimi- 
jûué,  JiavlUa  rapporte  que  le  duc 


J  o  Y 

è^Epemon ,  qui  afpiroit  à  pofTeder 
feul  les  bonnes  grâces  de  Henri  III, 
le  defiervit  auprès  de  ce  prince ,  qui 
dans  un  moment  d'humeur  lui  dit 
qu'iV  ne  pajfult  à  la  cour  que  puur  un 
poltron  y  &  qu'il  feréit  bien  de  Ji  laver 
de  citte  tache.  Mais  cette  anecdote  « 
que  quelques  hifioriens  conteftent , 
prouve  feulement  que  le  rôle  de  fa- 
vori a  fes  épines  comme  les  autres 
profeflions. 

m.  JOYEUSE,  (François  de) 
cardinal  ,  titere  du  précédent ,  né 
en  1562  ,  hit  fucceffivement  ar- 
chevêque de  Narbonne  ,  de  Tou- 
loufe  5t  de  Rouen.  U  fut  chargé 
des  affaires  les  plus  difficiles  SC 
les  plus  importantes  ,  par  les  rois 
Henri  III,  Henri  IF  &C  Louis  XIII. 
11  s'acquit  tous  les  fuffrages  ,  par 
fa  prujjence ,  par  fa  fagefTe  ^  &  par 
fa  capacité  dans  les  affaires.  U  mou-» 
rut  à  Avignon ,  doyen  des  cardi* 
naux  ,  le  27  août  161 5 ,353  ans, 
après  s'être  illuftré  par  4)lufieurs 
fondations  :  1.  D'un  Séminaire  à 
Rouen.  U.  D'une  Matfon  pour  les 
JéfuitesàPontoife.  III.  D'une  autre 
à  Dieppe  pour  les  PP.  de  l'Oratoire. 
11  y  a  eu  un  troifieme  Joyeuse 
de  Saint  -  Diiier ,  (  George  )  firere 
des  deux  précédens,  fevori  de  Henri 
ni,  qui  ayant  affifté  nu -pieds  la 
nuit  du  vendredi  au  famedi-faint, 
à  une  proceffion  des  Flagellàhs  avec 
le  roi,  y  contrafta  une  maladie  dont 
il  mourut  en  1^83. 

IV.  JOYEUSE  du  Bouchage, 
(Henri  de)  né  en  1567  de  Gmllau* 
me  vicomte  de  /oyeij/ê ,  porta  d'abord 
les  armes  avec  difHnftion ,  jufqu'enf 
1 5  87.  La  perte  de  fa  femme ,  &une 
vifion  qu'il  crut  avoir ,  le  détermi-. 
nerent  à  faire  profeffion  chez  les 
Cipucins  ,  fous  le  nom  de  Frcrc 
Ange,  L'année  d'après»  les  Pari- 
fiens  ayant  réfolu  de  députer  à  Henri 
III,  pour  le  priei-  de  revenir  habiter 
la  capitale,  Frère  Ange  fe  chargea  de 
la  coxninilîion.  Il  partit  procefEoa-r 


J  O  Y 

nellement  à  la  tête  des  députés ,  qui 
"chantoient  des  Pfeaumes  &  des  Li- 
tanies ;  &,  pour  représenter  A'o/re- 
Sûgnatr  montant  au  Calvaire ,  il  f e  . 
mit  fur  la  tête  une  Couronne  d*éplnes 
&  une  groffe  Croix  de  bois  fur  les 
épaules ,  &  fe  fit  accompagner  de 
tous  les  perfonnagcs  qu'on  em- 
ployoit  ea  ce  temps-là  pour  rtpré- 
ienter  la  Paflion  du  Sauveur.  Tous 
les  autres  députés  étoient  en  habits 
de  pénitens.  Le  roi  étoit  à  Vêpres  , 
lorfque  cette  finguliere  députation 
arriva.  U  fut  touché  de  compaffion 
en  voyant  entrer  dans  l'églife  le 
FrercAnge,  nu  jufqu'à  la  ceinture» 
que  deux  Capucins  frappoient  à 
grands  coups  de  difcipline.  Cette 
pieufe  force  ne  produifit  que  de 
mauvaifes  plaifanteries...  Frcre  Ange 
refia  dans  fon  ordre  jufqu'en  1592. 
Le  grand-prieur  de  Touloufe,  fon 
frère,  s*étant  noyé  dans  le  Tarn 
vers  ce  temps-là  ,  les  Ligueurs  du 
Languedoc  l'obligèrent  de  fortir  de 
foH  cloître  pour  fe  mettre  à  leur 
tête.  (  Foy.  IL  Chat.  )  Le  guemer 
Capucin  combattit  vaillamment  pour 
le  parti  de  la  Ligue  jufqu'en  1596, 
qu'il  fit  fon  accommodement  avec  le 
roi  Henri  IV >  Ce  prince  l'honora  du 
bâton  de  maréchal  de  France  -,  mais 
quelque  temps  après  ,  s'étant  trou- 
vé avec  lui  à  un  balcon  au-deffous 
duquel  beaucoup  de  peuple  regar- 
doit,  il  lui  dit:  Mon  coufin  ,  ces 
gaiS'Ci  me  parolffent  fjn  alfes  de  yoir 
«njemblc  wi  Roi  apofiat  &  un  Moine 
déchitri.  Cette  pldfanterie  le  fit  ren- 
trer en  lui-même,  &  il  reprit  tout 
de  fuite  fon  ancien  habit.  Le  cloître 
ne  fot  plus  pour  lui  qu'un  tombeau. 
Livré  aux  jeûnes,  aux  veilles,  & 
«  la  plus  rigoureufe  pénitence  ,  il 
ne  penfa  plus  au  rôle  qu'il  avoit 
joué  fur  le  théâtre  brillant  &  fragile 
du  monde ,  que  pour  répandre  des 
larmes  ameres.  Il  mourut  à  Rivoli 
près  de  Turin,  le  27  feptembre  1 608, 
*  41  aas.  U  avoit  époiftfé  la  fçciu: 


J  O  Z  39 

du  duc  à*Epemon  ,  qui  ne  lui  donna 
qu'une  fille,  Henriette- Catherine,  h- 
quelle  époufa  en  1599  le  duc  de 
Montpenjier,  &  en  161 1  le  duc  d« 
Guij'c.  Elle  mourut  en  1656  ,  à  71 
ans.  M.  de  Caliieres  a  écrit  la  Vie 
de  Fr.  Ange  de  Joyeufe  :  elle  ell  édi- 
fiante ,  à  quelques  petitefles  près. 

V.  JOYEUSE  ,  (  Jean-Armand 
marquis  d«  )  maréclial  de  France  , 
étoit  le  fécond  fils  d'Antoine-Fran- 
fois  de  Joyeufe ,  comte  de  Grand- 
pré.  Il  fe  diftingua  par  fa  bravoure 
en  divers  fieges  &  combats,  depuis 
1648  Jufqu'en  1697.  Il  commanda 
l'aile  gauche  à  la  bataille  de  Ner- 
Vinde,  où  il  fut  blefTé.  Sa  valeur  fiit 
récompenfée  par  le  gouvernement 
de  Metz ,  Toul  &  Verdun,  en  1710. 
Il  mourut  à  Paris  le  i*'^  Juillet  171 3, 
à  79  ans  ,  fans  poflérité. 

JOZABAD ,  fils  de  Sonur,  fe  U- 
gua  avec  quelques  autres  pour  fe 
défaire  de  Joas  ,  roi  de  Juda  *,  &  ils 
afTaiTmerentce  prince  l'an  S45  avant 
J.  C. 

JOZABETH,   Voy.    JOSABETII. 

L  JUAN  d'Autriche  ,  (  Don) 
fils  naturel  de  l'empereur  Charles-* 
Quint ,  qui  déclara  cefecrct  en  mou- 
rant à  Philippe  U  fon  fils,  naquit  à 
Ratisbonne  en  1547.  Sa  mère  fut 
long  -  temps  inconnue  ;  mais  c'eft 
témérairement  qu'on  a  afiuré  que 
Charles  l'avoit  eu  de  fa  propre  fœur 
Marie  d'Autriche ,  gouvernante  des 
Pays-Bas.  Il  l'eut  d'une  dcmoifclle 
Allemande  nommée  Barhe  Blomberg, 
dans  le  temps  qu'il  étoit  veiif.  Le 
jeune  prince  fut  élevé  fecrétement 
à  la  campagne  par  la* femme  de 
Louis  Quixada ,  grand  -  maitre  de.  la 
maifon  de  l'empereur.  Après  la  mojrt 
de  Charles  -  Quint  ,  Philippe  II  l'apr 
pela  à  Valladolid  où  il  étoit  alors. 
Don  luan  fe  mit  à  genoux  devant 
ce  prince  ,  lorfqu'il  lui  fut  préfenté 
par  Quixada,,.  Save^-vcus  bien  y  lui 
dit  Philippe  «n  le  faifant  relever  & 
e»  (buiisuit  y  qu9/  efi  votre  pue  l  Vom 

C  iv 


40  ÏU  A 

ius  fils  d'un  homme  îlluflrt,  Charles-' 
^lânt  tfi  votre  père  &  le  mien,  11  le 
£t  enfuite  élever  à  fa  cour,  où  il  fe 
diOingua  de  bonne  heure  par  fa 
politeffe  &  fa  grandeur  d'ame.  Phi- 
lippe II  l'envoya  en  1 5  70  contre  les 
Maures  de  Grenade ,  qu'il  réduifit. 
La  haute  réputation  qu*il  acquit  dans 
cette  guerre  »  le  fit  dioifir  pour  gé- 
néralii&me  d'une  flotte  de  près  de 
g 00  voiles,  que  l'Efpagne  & l'Ita- 
ie  avoiem  préparée  contre  les 
Tur^s ,  vers  legolphe  de  Lépante , 
proche  de  ces  mêmes  lieux  où  An- 
toine &  Auguflc  combattirent  autre- 
fois pour  l'empire  du  monde.  (  Voy* 
Maurolico.  )  Les  Chrétiens  & 
lesMufulmansen  vinrent  aux  mains 
3e  7  Oftobre  1 571 ,  avec  un  achar- 
ïiement  fans  exemple.  Don  Juan  par 
la  valeur  força  la  viôoire  à  fe  décla- 
rer pour  lui  ',  il  s'empara  de  la  capi- 
tane  ennemie  ^  &  obligea  les  Turcs 
â  prendre  la  fiùte.  Les  vainqueurs 
yrirent  130  galères,  en  brûlèrent 
ou  coulèrent  à  fond  5  5 ,  tuèrent 
a 5, 000  Turcs  ,  parmi  lefquels étoit 
JîaU'Bacha,  leur  général  ,  (  Voyc^ 
ce  mot.  )  firent  10,000  4)rifonniers , 
&  délivrèrent  1 5 ,000  efclaves  Giré- 
tiens.  Cette  viâoire  infigne,  qui 
lui  fit  appliquer  ce  mot  heureux  : 
JuiT  Homo  missus    a  Deo, 

CUI   NOMEN  ERAT'  JOAIHf^S^ 

dont  on  avoitdéjà  honoré  un  empe^ 
reur  d'Orient,  coûta  j 0,000  hom- 
mes aux  E^agnols.  Don  /«^n  donna 
le  combat  malgré  Don  Lpuîs  de 
jfi.equefens  ^  qu'on  avoit  chargé  de 
snodérer  l'ardeur  de  ce  prince  In- 
trépide, ïl  vouloit  aller  droit  à 
Confiantinqple  :  c'étoit  le  feul  parti 
qu'il  avoit  à  prendre  -,  fon  confeil 
s'y  oppofa.  Dans  la  conflernation  où 
lètoientlesMuflilmans ,  on  pouvoit 
non-feulement  fe  rendre  maître  de 
la  capitale  de  leur  empire,  m^is  en«» 
core  diaiTer  de  la  Thrace  &  de  la 
Grèce  ces  fiers  ennemis  des  Chré- 
mUDS^  J)QVk  hm  d'Auerîçhc  fe  fit 


ï  U  À 

tout  d'un  coup  la  plus  grande  rè* 
putation   dont  jamais  capitaine  ait 
joui.  Chaque  nation  moderne ,  (  dit 
un  hiftorien  )  ne  compte  que  fes  hé* 
ros,  &  néglige  ceux  des  autres  jjeu- 
pies  :  Don  Tuan ,.  comme  vengeur 
de  la  Chrétienté  ,   étoit  le  héros 
de  toutes  les  nations.  On  le  compa* 
roit  à  l'empereur  Charles-Qulnt  fon 
père ,  dont  il  avoit  la  figure ,  la  va- 
leur ,  l'aftivité  jBc  le  génie ,  &  par- 
deifus  lui  l'humanité ,  la  générofîtCy 
qui  fouvent  achèvent  &  affurent  les 
conquêtes.  11  mérita  fur-tout  d'être 
l'idole  des  peuples  ,  lorfque  deux 
ans  après  il   prit   Tunis,  comme 
Charles^Qulnt ,  &  fit  comme  lui  un 
roi  Africain  tributaire  d'Efpagne. 
Don  Juan  fe  couvrit  d'une  nouvelle 
gloire  en  x  5  76 ,  lorfqu'il  eut  été 
nommé  gouverneur  des  Pays-  Bas 
révoltés  -,  il  fe  rendit  maître  de  Na* 
mur ,  de  diverfes  places ,  &  défît 
entièrement  les  rebelles   dans    Iqs 
plaines  de  Gemblours  en  1578.  Lçs 
ennemis  perdirent   6000  hommes 
dans  cette  journée ,  qui ,  au  rapport 
de  Ferreras ,  ne  coûta  la  vie  qu'à 
deux  foldats  Efpagnols.  Leur  gé- 
néral Goignes  fut  pris,  avec  l'ardlle- 
rie,  les  bagages  &  les  drapeaux  ;  le 
vainqueur  profita  de  la  viéîoire  ,  e» 
foumettant  rapidement    Louvain  » 
Diefte,  Nivelle,  Philîppevillc,  Lim- 
bourg,  Harlem.  Une  mort  préma- 
turée enleva  ce  héros  au  milieu  de 
fes  conquêtes.  II  expira  le  fept  Oc- 
tobre de  la  même  année,  (  jour  mar- 
qué par  fon  triomphe  de   l'année 
précédente,)  à  32  ans  ,  dans  le» 
convulfions  qu'excita  en  lui,fuivant 
les  uns,  la  douleur  d'avoir  perdu 
fon  miniftre  Efeovcdo ,  lâchement 
afiaffiné-,  &  fuivant  les  autres ,  un 
poifon  lent  que  lui  fit  donner  Phi-' 
lippe  U ,  jaloux  de  fa  gloire,  &  dan» 
la  crainte  qu'il  n'époufôt  EUiabeth  , 
reine  d*Anglctçrre.  Ce  font  du  moins 
les  mbtifs  que  lui  ont  attribués  di- 
Yçr$'hiftoriçB$.  Mais  on  ùit  çgo^ 


J  U  A 

Ken  le  peuple  croit  facilement  les 
crimes ,  &  combien  les  autres  ai- 
ment à  répéter  &  à  faire  valoir  les 
bruits  populaires ,  fur-tout  lorfque 
par  leur  atrocité  ils  peuvent  exci- 
ter quelque  intérêt.  D,on  Juan  laiffa 
deux  filles  naturelles ,  qui  mouru- 
rent prefque  toutes  les  deux  dans 
le  même  jour  en  Février  |i63o^ 

II.  JUAN  d'Autriche,(  Don) 
fils  naturel  de  Philippe  IV,  &  de 
Marie  Caldtrona  comédienne ,  né  en 
1629  ,  fut  grand-prieur  de  Caflille, 
&  commanda  en  1647  les  armées 
du  roi  d'Efo^ne  en  Italie,  où ilré- 
duifit  la  ville  de  Naples.  U  fe  rendit 
encore  maître  de  Barcelone  en  165  2. 
l>on  Juan  commanda  enfuke  en 
Flandres,  &  devint  généraliflîme 
des  armées  de  terre  &  de  mer  contre 
les  Portugais.  Cette  dernière  expé- 
dition ne  fut  pas  heureufe.  Don 
Juan  fe  fîattoit  qu'il  n'auroit  qu'à  fe 
préfenter ,  &  que  le  portugal  fe 
foumettroit.  Il  fe  croyoit  fi  afluré 
de  le  fubjuguer  ,  qu'il  fit  afficher 
dans  Madrid  l'état  des  troupes  ,  de 
Tartillerie ,  des  munitions  de  toute 
cfpece  qu'il  avoit  préparées  pour 
cette  conquête.  Il  trouva  en  1663 
la  punition  de  fa  vanité  préfomp- 
tucufe  à  Ëffa-emeros ,  où  il  fiit  en- 
ùerément  défait.  Don  Jmn  eut  la 
principale  adminilbation  des  affai- 
res à  la  cour  du  roi  CharUs  //,  & 
jnourut  à  Madrid  en  1679  ,  à  50 
ans.  Mark  Calderona ,  fa  mère ,  avoit 
d'abord  été  maîtrefTe  du  duc  de  Me- 
^na ,  &  ne  cefTa  point  de  voir  fe- 
crétement  fon  premier  amant.  Phi" 
Uppesysnt  étéinflruit  de  leurs  en- 
trevues, exila  le  duc,  &  envoya  la 
£alderona  dans  un  cQUvcnt.  Elle  y 
prit  le  voile  des  mains  du  nonce 
Appflolique,  qui  îixt  depuis  pape 
fous  le  nom  A' Innocent  X*  Quoique 
cette  &mme  ne  fût  pas  belle  y  ellç 
plaifoit infiniment,  par  fes  grâces, 
fon  efprit  &  fa  voix.  Quelques  au- 
l^urs  préteûi|ciit  que  fa  rctr^te  d^ns 


J  U  B  41 

un  monaflere  fut  volontaire ,  & 
qu'elle  n'eut  jamais  d'autre  inclina- 
tion que  celle  que  lui  infpira  PAi- 
Uppe.,,  Voy.  la  Fw  de  cette  ^orite , 
Genève,  1686. 

III.  JUAN,(D.  George)  Ef- 
pagnol,  chevalier  de  Malte,  com- 
mandeur d'Aliaga  ,  mort  à  Madrid 
en  1773,  fediffingua  par  fes  con- 
noifTances  dans  les  mathématiques, 
Choiû  avec  D.  Antonio  de  Ulloa , 
capitaine  de  frégate ,  pour  accom- 
pagner les  académiciens  François , 
envoyés  l'an  1735  au  Pérou  pour 
déterminer  la  figure  de  la  Terre  ; 
il  publia  en  efpagnol  à  fon  retour 
fes  Ohfervaùons  ajironomiqucs  fur 
l'objet  de  ce  voyage,  dans  un  grand 
ouvrage ,  dont  la  partie  hiflorique , 
rédigée  par  D.  Antonio  de  Uiloa .  a 
paru  traduite  en  françois ,  à  Amfler- 
dam ,  175 2 ,  en  deux  vol.  in-4°.  U 
fut  agrégé  à  l'académie  des  fcien^ 
ces  de  Paris ,  où  il  vint  en  1745 , 
&  à  celle  de  Berlin  en  175  ô.  On 
a  de  lui  un  Traité  de  méchanique  appli» 
que  â  la  conJhvcUon  &  â  la  manoeuvre 
des  vaijfeaux ,  traduit  par  M.  Lévéque  , 
Nantes,  1783  ,  2  vol.  în-4^. 

I.  JUBA  V  ,  roi  de  Mauritanie 
&  de  Numidie ,  fuccéda  à  fon  père 
Hiempfal,  &  fuivit  le  parti  de  Pom- 
péc  contre  Jules  -  Céjar,  Après  la 
mort  de  Pompée  y  il  fut  défait  par 
Céfar.  Ce  roi  vaincu,  fi  fier  avant  la 
bataille,  fe  vit  réduit  à  demander  la 
vie  à  fes  fujets.  Il  les  pria  de  lefau- 
ver  -,  mais  aucune  ville  ne  voulant 
le  recevoir  ,  il  fe  fit  donner  la  mort 
à  la  fin  d'un  repas,  par  Perr«iw,  com- 
pagnon de  fon  malheur  ,  l'an  42 
avant  J,  C' 

II.  JUBA  n ,  fils  du  précédent  ; 
fut  mené  à  Rome,  Ôcfervit  à  orner 
le  triomphe  de  Céfar,  Il  fut  élevé  à 
la  cour  d'AuguJie,  qui  lui  fit  épou- 
fer  Cléopâtre  la  jeune  ,  fille  à' Antoine, 
&  de  la  fameufe  Cléopâtre  y  &  lui 
donna,  l'an  30  avant  J.  C,  le  royau- 
me des  dçux  Mauritames  &  d'un^ 


42  J  U  B 

partie  do  la  Gétulie.  11  fe  fîgnala  par 
les  agrémens  de  fon  caradtere  &  les 
connoiflances  de  fon  efprit.  Cet 
avantage  le  rendit  plus  illuftre , 
que  celui  que  la  couronne  lui  don- 
noit.  Juba ,  par  la  douceur  de  fon 
règne,  gagna  le  cœur  de  tous  fes 
fi.i)et$.  5eniioles  à  fes  bienfaits  ,  ils 
lemirent  au  nombre  de  leurs  Dieux, 
Paujajilas  parle  d  une  ftatue  que  les 
Athéniens  lui  avoient  érigée.  Il 
ctoit  bien  jufte  qu'une  ville  de  tout 
temps  conf^crec  aux  Mufes ,  donnât 
des  marques  publiques  de  fon  efti- 
me  à  un  roi  qui  tenoit  un  rang  il- 
luftre parmi  les  favans.  Suidas  at- 
trij>ue  à  ce  prince  plufieurs  ouvra- 
ges^ djnt  aujourdhui  il  ne  nous 
reile  que  des  fragmens.  11  avoir 
écrit  fur  Vhiltoired  Arabie,  fur  les 
antiquités  d'Aflyrie ,  fur  les  anti- 
quités Romaii:ci ,  fur  l'hiftoire  des 
Théâtres ,  fur  celle  de  la  peinture  & 
des  Peintres  ,  fur  la  nature  &  les 
propriétés  de  différens  Animaux , 
fur  la  Grammaire  ,  &  fur  d  autres 
matières  femblables. 
JUBAL,  fils  de  Lamech  &  d'A^-fa ,  & 
frère  de  Jabei,  inventa  les  inftrumens 
de  Mufique.  [Genefe,  c,  iv ,  r.  2i.  ] 

JUBÉ,  (  Jacques)  né  à  Vanvres 
près  de  Paris  en  1674  >  cultiva  avec 
fuccès  les  langues  favantes  ,  &  fe 
fit  eftimer  par  fon  érudition.  Son 
attachement  aux  Anti-Conftitution- 
Riires  remplit  fa  vie  de  foins  &  d'a- 
mertumes, ir  voyagea  dans  une 
partie  de  l'Europe,  &  mourut  à 
Paris  en  1745  ,  à  71  ans.  On  a  de 
Tabbé  Jubé,  les  Journaux  de  fes  Voya^ 
ges  en  manufcrit.  L'auteur  s'y  atta- 
che fur-tout  à  marquer  l'état  delà 
religion  dans  les  différentes  con- 
trées qu'il  a  parcourues. 

JUCUNDUS  &  TYRANNUS  , 
Soient  deux  gardes  d'Hérode  le 
Grand,  Ce  roi  de  Judée  les  affec- 
donnoit  particulièrement ,  à  caufe 
et  leur  grandeur  &  de  leur  force 
Çjoaraordinaire.  Mais  en  ayant  reçu 


j  u  D 

quelque  mécontentement,  il  les  élol^ 
gna.  Alexandre  ,.  fils  d*Hérod£  ,  leSL 
reçut  dans  la  compagnie  de  fes  gar- 
des ;  &  parce  que  c'étoient  de  très- 
braves  gens ,  il  tâcha  de  fe  les  atta- 
cher, hér^dc  en  étant  informé  ,  en 
conçut  dufoupçon,  &  leur  fit  don* 
ner  la  queftion.  Ils  la  fouffrirent 
d'abord  alTez  conftamment  -,  mais  enr 
fin  fuccombant  à  la  violence  de  la 
douleur ,  ils  dépoferent  qu'A/exa/i"' 
dre  les  avoit  follicités  à  tuer  le  roi ,, 
lorfqu'ilircitàla  çhaffe,  quoiqu'il 
n'y  eût  rien  de  plus  faux.  Cette 
dépofition  fut,  en  partie  5^ la  caufe- 
de  la  mort  d* Alexandre  ;  &  nous, 
avons  cru  que  cet  exemple  célèbre 
des  injuftices  que  la  torture  a  occa- 
fionnées ,  méritoit  d'être  cité. 

I.  JUDA,  4^  fils  de  Jacob  &  de 
Ua,  naquit  Tan  1755  avant  J.  C* 
Lorfque  les  fils  de  Jacob  voulurent 
mettre  à  mort  Jofeph  leur  frère ,  il 
leur  confeilla  plutôt  de  s'en  défaire 
en  le  vendant  -,  &  cet  avis  lui  fauva 
la  vie.  Juda  époufa  la  fille  d'ua 
Chananéen ,  nommé  Sué ,  &  il  en: 
eut  trois  fils  ,  Her ,  Onaij.  &  Sél(U 
Il  eut  aufii  de  Thamar^  (  Foy.  ce 
mot.  )  femme  de  l'ainé  de  fes  fils  » 
dont  il  jouit  fans  la  connoitre , 
Phares  &  Zara.  Lorfque  Jacob  bé- 
nit fes  enfans  ,  il  dit  à  Juda  ;  >»  Le 
»»  fceptre  ne  forûra  point  de  Juda  » 
>r  ni  le  Ugffiatcur  de  fa  poftérlté  » 
>»  jufqu'â  la  venue  de  CELUI  qui  doit 
ît  être  envoyé ,  &  à  qui  les  peuples^ 
n  obéiront  *,i.  Cette  prédi£lion  s'ac^ 
complit  en  la  perfonne  dé  Jésus- 
Christ.  Juda  mourut  l'an  163^ 
avant  l'Ere  vulgaire,  âgé  de  119 
ans.  Sa  tribu  tenoit  le  premier  rang^ 
parmi  les  autres  ;  elle  a  été  la  plus 
puiffante  &  la  plus  nombreufe.  Au 
fortir  de  l'Egypte,  elle  étoit  compo- 
fée  de  74  mille  600  hommes  ,  capa- 
bles de  porter  les  armes.  Cette  tribu 
occupoit  toute  la  partie  méridio- 
nale de  la  Palelline.  La  royauté 
paffa  de  la  tribu  de  Benjamin ,  doui;^ 


yuD 

Jeoîcnt  Sai'd  &  hhofah,  dans  la  triba 
et  Juda  ,  qui  étoit  celle  de  David 
&  des  rois  fes  fucceffeurs.  Les  dix 
tribus  s'étant  réparées  ,  celle  àeJuda 
&  celle  de  Benjamin  demeurèrent 
attachées  à  la  maifon  de  David ,  & 
fonnerent  un  royaume  quife  foutint 
avec  éclat  contre  la  puiflànce  des 
rois  àUfraèL  Après  la  difperfion  & 
la  deftruôion  de  ce  dernier  royau- 
me, celui  de  Juda  fubûfla,  &  fe 
maintint  même  dans  la  captivité  de 
Babylone.  Au  retour,  cette  tribu 
vécut  félon  fes  lois  ,  ayant  fes 
chefs  -,  les  reftes  des  autres  tribus 
fe  rangèrent  fous  fes  étendards ,  & 
ne  firent  plus  qu'un  peuple  que  l'on 
nomma  Juif.  Les  temps  où  devoit 
s'accomplir  la  promeâe  du  MeJJîc 
étant  arrivés  ,  la  Puiffancc  Ro- 
maine ,  à  qui  rien  ne  réfiiloit ,  affu- 
jettit  ce  peuple ,  lui  ôta  le  droit  de 
fe  choiûr  un  chef,  &  lui  donna  pour 
roi  Hérodt ,  étranger  &  Iduméen. 
Ainfi  cette  tribu  ,  après  avoir  con- 
fervé  le  dépôt  de  la  vraie  reli- 
gion ,  &  l'exercice  public  du  fa- 
cerdoce  &  éss  cérémonies  de  la 
Loi  dans  le  temple  de  Jérufalem , 
&  avoir  donné  naifTance  au  Meffîe  , 
fiit  réduite  au  même  état  quç  les 
autres  tribus,  difperfée  &  démem- 
brée comme  elles. 

^   n,JUDA-HAKKADOSCH,c'eft- 

à-dire  le  Saint ,  rabbin  célèbre  par 
fe  fcience ,  par  fes  riéheffes  &  par 
fes  talens ,  Ait ,  félon  les  Juifs ,  ami 
&  précepteur  de  l'empereur  Antonîn, 
ïl  recueillit ,  vers  le  milieu  du  II* 
fiecle,  les  conftitutions  &  les  tradi- 
tions des  magiftrats  &  des  do£beurs 
Juifs  qui  Tavoient  précédé.  Il  en 
compofà  un  livre ,  qu'il  nomma 
^fdma  ,  &  qu'il  divifa  en  fix  par- 
ties. La  i^®  traite  de  l'agriculture 
&  des  femences  ;  la  1 1^ ,  des  jours 
de  Fêtes  ;  la  ii  i* ,  des  mariages ,  & 
de  ce  qui  concerne  les  femmes  ;  la 
ïv* ,  des  dommages  intérêts ,  &  de 
toutes  fortes  d'^âires  ciriks  î  I4 


J  U  D  45 

V*,  des  facrificcs  -,  &  Ist  vi®  ,  des 
puretés  &  impuretés  légales.  Sur' 
rhenufius  a  donné  une  bonne  édi-  '  ^ 
tion  de  ce  livre  en  hébreu  &  en  V 
latin  avec  des  Nous,  1698,  3  vol. 
in-fol.  U  feroit  à  fouhaiter  que  U 
Talmud,  quieft  un  commentaire  de 
la  Mifchna  ,  &  que  l'on  appelle  la 
Gémare  ,  fut  auiH  traduit  en  latin. 

m.  JUDA-Chiug  ,  célèbre  rab- 
bin, natif  de  Fez,  &  fumommé 
le  Prince  des  Grammjtriens  Juifs  , 
vivoit  au  xi*^  fiecle.  On  à  de  lui 
divers  ouvrages  manufcrits  en  ara- 
be ,  qui  font  très  -  eftimés  :  entre 
ft^es  ,  un  Dictionnaire  Arabe  «  qui 
poùrroit  être  fort  utile  pour  l'in- 
telligence de  l'Ecriture-fainte ,  s'il 
étoit  imprimé. 

IV.  JUDA,  (Léon)  fils  A^Jean 
Juda  ,  prêtre  de  Germoren  en  Alfa- 
ce  ,  &  d'une  concubine ,  entra  dans 
l'ordre  eccléûaflique ,  &  embraiTa 
depuis  les  erreurs  de  Zidngle,  Eraf» 
me  lui  ayant  reproché  fon  lâche  re- 
niment,  s'attira  une  réponfe  très- 
aigre  de  la  part  de  cet  apofht.  Juda 
s'acquit  une  grande  réputation  dans 
fon  parti,  &  mourut  à  Zurich  en 
1542  ,  à  60  .ans.  Sa  Veifion  latine 
de  la  Bible ,  eft  celle  qui  eft  jointe 
aux  Notes  de  Vatahle,  On  a  de  lui 
d'autres  ouvrages ,  qui  prouvent 
fon  érudition. 

JUDA ,  Voy,  xxri.  Léon  de.... 

JUDAOLIUSi  citoyen  d'AfcoU, 
fe  diftingua  par  une  belle  a£Hon  , 
tandis  que  Pompée  affîégeoit  fa  pa- 
trie. Il  étoit  à  la  tête  d'une  troupe 
de  rebelles  :  il  réfolut  de  s'en  fervir 
pour  donner  du  fecours  à  la  ville 
affiégée.  Dans  ce  deffein ,  il  aver- 
tit fes  compatriotes ,  que  dès  qu'ils 
le  verroient  aux  prifes  avec  les  Ro- 
mains, ib  fifTent  une  fortie  pour 
le  foutehir.  Quelques  bourgeoisr 
d'Afcoli  détournèrent  les  autres  de 
féconder  Judàcillus ,  &  lorfqu'il  fd 
préfenta  devant  la  ville  ,  aucun 
dçs  sffiégcs  ne  remua.  Il  ne  laiiTa 


44  J  U  D 

pas  de  fe  Êdre  joor ,  l*épée  k  la 
main  «   &  d'arriver  à  la  porte  de  la 

•  fvîDe  y  qui  lui  fîit  ouverte.  Dès 
qu'il  fut  entré  dans  Afcoli ,  il  fit 
égorger  ceux  qui  avoient  empêché 
qu'on  ne  fe  îoignit  à  lui»  Puis  ayant 
invité  fes  amis  à  im  grand  repas; 
quand  la  bonne  diere  &  le  vin 
l'eurent  un  peu  échauffé ,  il  ie  fit 
aq[>porter  une  couple  pleine  de  poi- 
Ton  &  Tavala  ».  pour  n'être  pas  té- 
moin de  la  prod^ation  des  tem- 
ples de  ÙL  patrie  &  de  la  captivité 
de  fes  compatriotes.  U  fe  fit  porter 
enfuite  dans  un  temple  »  où  il  avoit 
/  hit  préparer  fon  bûcher  fiinebre  : 
il  y  mourut  au  milieu  de  fes  amis  ^ 
&  fon  corps  fut  réduit  en  cendres. 
Bientôt  après  Afcoli  fe  rendit  à 
Pompa, 

I.  JUDAS  y  dit  Machabée  ,  fils 
de  Mathathîas  ,  de  la  famille  des 
Aihionéens  >  fuccéda  à  fon  père 
dans  la  dignité  de  général  dés  Juifs 
Fan  167  avant  J.  C»  Mathathîas 
le  préféra  à  fes  autres  enÊtns ,  & 
le  chargea  de  combattre  pour  la 
défenfe  d'Iâ-aël.  Judas  ne  trompa 
point  fes  efpérances  ;  fécondé  de 
ies  fiferes  »  il  marcha  contre  Apol' 
ionius  >  général  des  troupes  du  rai 
de  Syrie,  le  défit  &  le  tua.  Il  tour- 
na fes  amies  contre  Séron  ,  autre 
capitaine^  qui  avoit  une  nombreufe 
armée,  qu'il  battit  également,  quoi- 
ijue  avec  des  troupes  fort  inférieu- 
res en  nombre.  Antiockus  ayant 
appris  ces  deux  viftoires ,  envoya 
tuntre  Judas  trois  généraux  de  ré- 
putation y  Ptoloméc  ,  Nlcanor  & 
^orglas.  L'armée  prodigieufe  qu'ils 
firent  marcher  en  Judée  ,  épou- 
vanta d'abord  ceux  qui  accompa- 
noient  Judas  ;  mais  fon  courage 
ayant  ranimé  celui  de  fes  gens ,  il 
tomba  fur  cette  multitude  ,  &  la 
aiffipa.  Lyfias ,  régent  du  royaume, 
pendant  l'abfence  ô.*Antlochus ,  dé- 
fefpéré  de  ce  que  les  ordres  de  fon 
priiaccétoientfi mal  exécutés,  aut 


J  u  o 

qu'il  feroit  mieux  par  lui-même) 
Il  vint  donc  en  Judée  avec  une  ar- 
mée nombreufe-,  mais  il  ne  fit  qu'aug- 
menter le  triomphe  de  Judas  »  quir 
l'obligea  de  retourner  en  Syrie.  Le 
vainqueur  profita  de  cet  intervalle 
pour  rétablir  Jérui^lem  *,  il  donna 
fes  premiers  foins  à  la  réparadon 
du  Temple  ,  détruifit  l'autel   que 
les  idolâtres  avoient  profané  ,   en 
bâtit  un   autre,  fit  faire  de  nou» 
veaux  vafes  ,  &  l'an   165   avant 
J.  C. ,  trois  ans  aptes  que  ce  Temple 
eut  été  pro^é  par  Anthchus ,  il 
en  fit  célébrer  la  Dédicace.  Peu  de 
temps  après  cette  cérémonie ,  Judas 
défit  encore  Timothéc  &  Bacchldes-^^ 
deux  capitaines  Syriens ,  battit  les 
Iduméens ,  les  Ammonites ,  tailla  exz 
pièces  les  nations  qui  afliégeoient 
ceux  deGalaad^  &revintchargé  de 
riches  dépouilles.  Antîockus  Eupator^ 
qui  avoit  fuccédéà  Eplphanes,  irrité 
des  mauvais  fuccès  de  fes  généraux^ 
vint  lui-même  en  Judée  ^  &  afiiégea 
Bethfure.  Judas  marcha  au  fecours  db 
fes  frères.  Du  premier  choc ,  il  tua 
600  hommes  des  ennemis  ;  &  ce  fut 
alors  que  fon  irere  EUaiar  fut  ac- 
cablé fous  le  poids  d'un  éléphant;, 
qu'il  tua  croyant  feire  périr  le  rot. 
La  petite  armée  de  Judas  ne  pou»-^ 
vant  tenir  tête  aux  troupes  innonv 
brables  du  roi ,  ce  général  fe  re- 
tira à  Jérufalem.  Etipator  l'y  vint 
aifîéger;  mais  ,  averti  de  quelques 
mouvemens  qui  fe  tramoient  dans 
fes  états ,  il  fit  la  paix  avec  le  gé- 
néral Hébreu ,  qu'il  déclara  chef  6c 
prince  du  pays.  Il  retourna  enfuite 
en  Syrie,   où  il  fut  tué  par  i><mcr 
trîus  qui  régna  en  fa  place.  Le  nou- 
veau roi  envoya  Bacchides  &  Alch^ 
me  ,  avec  la  meilleure  partie  des 
troupes.  Les  deux  généraux  mar- 
chèrent contre  Judas,  qui  étoit  à 
Bethel  avec  3000  hommes.  Cette 
petite  armée  fut  faifie  de  frayeur 
à  la  vue  des  troupes    ennemies; 
elle  fe  débanda,  &  il  nereûaqu^ 


JUT> 

Soo  hommes  au  camp.  Judas  »  hs3 
perdre  le  cœur ,  exhorta  cev  petit 
nombre  à  mourir  courageufement , 
fondit  fur  l'aile  droite ,  &  fut  tué 
dans  la  mêlée  l'an  i6i  avant  Jefus- 
Chrift.  Simon  &  Jonathas,  fes  frè- 
res ,  enlevèrent  fon  corps  &  le 
firent  porter  à  Modin,  où  il  fut 
enterré  avec  magnificence  dans  le 
fépulcre  de  fes  pères.  Les  Juifs 
eurent  à  pleurer  un  héros  &  un 
libérateur. 

II.  JUDAS  EssfeEN ,  fe  mêloît 
€e  prophétifer.  Il  prédit  {^Anti- 
^one,  premier  prince  des  Afmo- 
néens ,  périroit  dans  la  Tour  de  Stra- 
ton.  Cependant ,  le  jour  même  qu'il 
avoit  affuré  que  le  roi  mourroit» 
il  parut  douter  du  fuccès  de  fa  pré- 
di£Hon ,  parce  qu'il  favoit  que  ce 
prince  étoit  à  Jérufalem ,  éloigné 
de  la  Tour  de  Straton  d'environ 
a  5  lieues.  Il  fut  furpris,  peu  de 
temps  après ,  d'apprendre  que  le  roi 
Venoit  d'être  tué  dans  une  cham- 
1)re  du  palais ,  qu'on  appeloit  la 
TuvT  dt  Straton  :  endroit  qu'il  avoit 
nommé  fans  le  connoître,  trompé 
par  la  reffemblance  des  noms.  C'é- 
toit  un  faim  homme.  Quelques 
favans  penfent  que  ce  Judas  eft  le 
même  que  l'auteur  du  //*  Livre  des 
Machabées. 

m.  JUDAS ,  fils  de  Sarriphée  . 
s'étam  joint  à  Mathias  fils  de  Mdr- 
pîotte ,  do£^eur  de  la  Loi ,  perfuada 
à  fes  difciples  &  à  quelques  autres 
Juife ,  d'abattre  Taigle  d'or  qu*/^/- 
Tode  le  Grand  avoit  fait  pofer  fur 
le  plus  haut  du  Temple  en  l'hon- 
neur à'Augufte.  Ce  prince  cruel  le 
condamna  à  être  brûlé  vif.  Après 
la  mort  à!Hérod€  ,  le  peuple  qui 
simoit  Judas ,  demanda  à  (pn  fuc- 
ceflêur  Archtlaûs  la  pimition  des 
auteurs  d'un  fupplice  fi  inhumain  ; 
Se  fur  le  refiis  qui  en  fut  £ait ,  il 
s'alluma  une  fédition ,  qu'on  neput 
éteindre  qus  par  !«  iàng  de  3000 


JU  D         4^ 

ly.  JUDAS ,  chef  de  voleurs^ 
après  la  mort  é!Hérode  U  Grande 
affembla  une  troupe  de  déterminés 
avec  lefquels  il  pilla  les  tréCbrs  dm 
roi ,  &  fe  rendit  afTex  redoutable 
pour  pouvoir  afpirer  à  la  couronne. 
(  Jo/ephe,   Antiq.  L  ij,  c.  /*.  ) 

V.  JUDAS  IscARioTE  »  aiafi 
appelé  parce  qu'il  étoit  d'une  xill» 
de  ce  nom  dans  la  tribu  d'Ephraïm  « 
fîit  choiii  par  Jefus^Chrifi  pour  ètis 
l'un  des  douze  Apôtres  *,  mais  it 
répondit  mal  au  choix  &  aux  host» 
tés  de  l'Honme-Dieu.  Son  avaries 
lui  fit  œnfurer  l'aûion  de  la  Mag» 
delaînt ,  qui  répandoit  des  aromates 
précieux  fur  les  pieds  du  Sauveur  V 
&  lui  fit  livrer  aux  Juifs  le  Fils  d» 
Dieu  pour  50  deniers,  U  recon- 
nut enfuite  l'horreur  de  ùl  trahi- 
fon  ,  rendit  aux  prêtres  l'argent 
qu'il  avoit  reçu  d'eux ,  &  fe  pen< 
dit  de  défefpoir.  Les  favans  ne  font 
pas  d'accord  entre  eux  fur  la  valon; 
des  30  deniers  que  reçut  Judas,  Les 
hérétiques  Corinthiens  l'honxH 
roient  d'une  manière  pardodiere^ 
&  fe  feivoient  d'un  EvangUt  qi» 
portoit  le  nom  de  cet  Apôtre  infi^ 
délie. 

VL  JUDAS  DE  Gaulak  ,  chef 
d'une  feâe  parmi  les  )ui£5 ,  s'op- 
pofa  au  dénombrement  que  fit  Cy^ 
rinus  dans  la  Judée,  &  excita  une 
révolte.  Il  prétendoit  que  les  Jui£i 
étant  libres ,  ils  ne  dévoient  recon» 
noître  aucime  autre  domination 
que  celle  de  Dieu,  Ses  feâateurs 
aimoient  mieux  fouffrir  toutes  for- 
tes de  fupplices ,  que  de  doimer  le 
nom  de  Maitrt  ou  de  Seigneur  à 
quelque  homms  que  ce  fût.  Le 
même  Judas  eft  nommé  le  Galî^ 
Uen  dans  les  Aâes  des  Apôtres  , 
parce  qu'il  étoit  de  la  ville  de  Ga- 
mala  dans  la  Gaulanite ,  petit  pays 
de  Galilée. 

JUDAS  Ml  JuDE  ,  furnommé 
Saifahas  :  Voye\  ce  dernier  mot. 


46         ÏUD 

JUDDE ,  (N.)  Jéflûte ,  né  àHôuèfl 
CA  1661  ,  mort  à  Paris  en  1735  ,  à 
74  ans ,  fut  un  grand  maître  de  la 
vie  fpirituelle.  Il  dirigea  &  il  écrivit 
avec  un  égal  fuccès.  La  cotUcllon  de 
fes  Œuvîts  Spirieue/les  a  été  publiée 
en  1781  ,  2  vol.  in-  12 ,  par  M. 
l'abbé  du  Parc. 

JUDE ,  (S.)  Apôtre,  nommé  auflî 
Lehhée,  Tkadée,  ou   le   Zélé,  frère 
de  S.  Jacques  le  Mineur ,  &  parent 
de  J.  C.  félon  la  chair  ,  fut  appelé 
à   l'apoftolat  par  le   Sauveur   du 
inonde.  Dans  la  dernière  Cène,  il 
lui  dit  ;  Seipieàr ,  pourquoi  vout  ma- 
nifefterei-'Vous  à  nous  ,  &  non  pas  au 
monde  ?  Jefus  lui  répondit  :  Slquel- 
qu^un  m* aime  ,  //  gardera  ma  parole  ; 
O  mon  Pett  P aimera  ;  &  nous  yien" 
érens  à  hd ,  &  nous  ferons  en  lui  notre 
éUnuwe,  Après  avoir  reçu  le  Saint- 
Efprit  avec  les  autres  Apôtres ,  Jude 
«lia  prêcher  l'Evangile  dans  la  Mc- 
fopotamie,  l'Arabie ,  la  Syrie  ,  l'I- 
dumée  &  la  ■L3rbie.  On  prétend 
qu'il  reçut  la  couronne  du  martyre 
dans  la  ville  de  Béryte ,  vers  l'an 
80  de  J.  C.  Nous  avons  de  lui  une 
£pttre  ,  qui  éft  la  dernière  des  m 
Epîtres  catholiques.  11  l'écrivit  après 
la  prife  de  Jérufalem ,  principal e- 
pient  pour  les  Juifs  convertis  au 
Chriitianifine.  Il  y  attaque  les  Ni* 
colaïtçs ,  les  Simoniens  ,  les  Gnof- 
tiques ,  &  les  autres  hérétiques ,  qui 
combattoient  la  néce/Uté  des  bon- 
nes oeuvres.  On  avoit  d'abord  fait 
quelque  difficulté  de   mettre  cette 
Épître  dans  le  canon  des  Ecritures , 
â  cauTe  de  la  citation  du  livre  apo- 
cryphe d'Enoch  i  mais   elle  y  eft 
reçue  communément  ^  dès  avant  la 
lin  du  IV*  fiecle.  S,  Jude^  pu  citer 
un  livre  célèbre  &  eftimé  de  fon 
temps,  pour  faire  impreffion  fur  les 
çiprits,  &  donner  plus  d'horreur 
des  hérétiques  contre  lefquels   il 
écrivoit.  Le  faint  Apôtre   dépeint 
ces  impoftcurs  avec  des  traits  fort 
vifs.  Ceft  avec  raifonqu'Or/^enc  dit 


de  cette  lettre ,  »♦  qu'elle  ne  C(fH* 
y>  tient  que  très -peu  de  paroles, 
>♦  mais  qu'elles  font  pleines  de  Ist 
«  force  &  de  la  grâce  du  Ciel«<. 

JUDEX,  (Matriiieu)  l'im  des 
principaux  écrivains  des  Centuries 
de  Magdebourg ,  [publiées  à  Bâle  « 
1552  à  1574,  8  vol.  in-fol.  ]  na- 
quit à  Tippoîfwalde  en  Mifnie  l'an 
1 5  28.  Il  enfeigna  la  théologie  avec 
réputation  dans  fon  parti,  &  ne 
laifla  pas  d'efîuyer  beaucoup  de  cha- 
grin dans  fon  miniflere.  Il  mourut 
à  Roftock  le  15  Mai  1564.  Cé- 
toit  un  homme  de  probité ,  labo-' 
rieux,&  favant.  On  a  de  lui  plu- 
fieurs  ouvrages ,  dont  on  peut  voir 
le  catalogue  dans  le  Diâionnaire 
de  Bayle. 
I.  JUDITH  ,  Voy,  HOLOPHERNE, 

Nous   nous  contenterons   de  dire 
qu'il  eft  difficile  de  fixer  le  temps 
auquel  cette  hiftoire  eft  arrivée , 
&  il  eft  prefque  impoffible,  qudr 
que  parti  qu'on  prenne  ,  de  fatis-» 
faire  à  toutes  les  objeûions.  L'in- 
certitude du  temps  ne  doit  pas  faire 
recourir  à  la   fuppofition  gratuite 
de  Scallger  &  de  Grotlus ,  qui  pré- 
tendent que  le  livre  de  Judith  n'eil 
qu'une  parabole  ,  compofée  pour 
confoîer  les  Juifs   dans   le  temps 
qu'Andochus  Eplphanes  vint  en  Ju^ 
dée.  L'authenticité  du  livre  de  /«- 
dlik  a  été  fort  conteftée-,  mais  tous 
les  doutes  doivent  être  fixés  par 
l'autorité  du  concile  de  Trente ,  qur 
l'a  confirmé  dans  la  pofteffion  où 
il  étoit  de  pafler  pour  infpiré.  5, 
Jérôme  nous  affure  qu'il  a  été  re- 
connu comme  tel  par  le  concile  de 
Nicée.  L'auteur  ,  qui  eft  tout-à-fait 
inconnu ,  a  écrit  fon   ouvrage  en 
hébreu ,  &  il  fiit  traduit  en  grec  pa^ 
les   Lxx.   Quelques-uns   veulent 
que  ce  foit  Judith  elle-même.:  d'au** 
très ,  le  grand-prêtre  Eliacim ,  dont 
il  eft  parlé  dans  ce  livre  ;  niais  tout 
cela  dft  fans  aucune  -preuve.  Nous 
n'avons  plus  l'original  de  ce  Uvre^ . 


J  U  D 

waîs  feulement  une  vcriîon  latme 
Élite  par  S.  Jérôme ,  fur  le  Qial- 
daiijue.  Ce  Père  dit  dans  fa  pré- 
fece  , qu'il  avoit  rendu  le  fens  fans 
s'attacher  à  la  lettre  -,  qu  il  avoit  re- 
tranché les  variétés  vicieufes  des 
divers  exemplaires  ,  &  qu'il  n'a- 
voit  mis  dans  ùl  tradu£kion  que  ce 
qui  lui  avoit  paru  le  vrai  fens  de 
l'origmal.  Outre  fa  veriion ,  onea 
a  deux  autres  ,  l'une  grecque ,  l'au- 
tre fyriaque.  Ces  tradudions  con- 
tiennent des  circonftances  qu'on  ne 
lit  point  dans  celle  de  S.  Urùmc, 
&dont  quelques-unes  femblent  être 
les  différentes  leçons  rejetées  par 
<c  Père. 

U.  JUDITH ,  fille  de  CW/w/* 
Chauvt  y  avoit  d'abord  été  mariée  à 
i.tidfht ,  &  enfuite  à  Ethelredel,  rois 
Anglois.  Celui-ci ,  las  de  la  tyran- 
nie qu'elle  vouloit  exercer  fur  lui» 
la  chafla  de  fon  lit  &  de  fon  trône, 
Revenue  en  France,  elle  fc  fit  en- 
lever par  Baudoin  Bras  de  Fer,  comte, 
ou  feion  d'autres  ,  grand  Foreftier 
de  Flandres  ,  qu'elle  époufa.  Charles 
le  Chauve  fit  fon  gendre  comte  de 
Flandres  vers  l'an  870 ,  &  ce  fut  la 
fouche  de  tous  les  autres  princes 
de  ce  nom.  Judith  étoit  galante  & 
impérieufe-,  fes  époux  n'étoientque 
fes  premiers  efdaves...  Onconnoît 
une  autre  Judith  (  de  Bavière  ) 
aïeule  de  celle-ci ,  &  féconde  femme 
<ie  l'empereur  Louis  I ,  dont  elle 
eut  Charles  U  Chauve  :  (V,  Lo  VIS  I.) 
Ce  mariage  ne  fut  pas  heureux  pour 
ce  prince.  JLouîs ,  dit  Montefquleu , 
mêlant  toutes  les  complaifances  d'un 
tieux  mari  avec  toutes  les  foiblcffes 
<l'un  vieux  roi  ,  mit  un  défordre 
^ns  fa  fiunille  qui  entraîna  la  chute 
de  la  monarchie.  Judith  princefTe 
ambitieufe  &  tendre  ,  aima  Btr^ 
nord  ,cotate  de  Barcclonne ,  qu'elle 
éleva  aux  premiers  emplois ,  tan- 
dis qu'elle  indifpofoit  Louis  contre 
fes  enfans  du  premier  lit.  Ces  prin- 
ws  fe  révolteront  &  la  firent  enfer- 


^-JU  E  47 

mer  pour  quelque  temps  dans  un 
monaftere.  Elle  fut  rendue  à  foa 
époux  en  S33  ,  &  mourut  à  Tours 
le  18  a-vrii  843. 

JUELLUS,  Foyei  Jewel. 
JUENIN,  (  Gafpard )  prêo^ 
de  l'Oratoire ,  né  à  Varenbon  ea 
Breffe,  mort  à  Paris  en  171 3  ,  â 
63  ans,  profefla  long-temps  la  thco- 
logie  dans  pluiîeurs  maifons  de  fa 
congrégation,  &  fur-tout  au  fémi- 
naire  de  Saint-Magloire.  Sa  piété  9c 
fon  érudition  le  firent  eiUmer.  On  a 
de  lui  ;  I.  InJUtutîones  Theolo^ca  ad 
ufum  Seminariorium,  en  7  vol.  in-l  2* 
On  n^avoit  pas  encore  vu  de  meil- 
leure Théologie  fcolaflique  -,  maii 
l'auteur  y  ayant  glifié  avec  beau-, 
coup  d'art  quelques  erreurs  nouvel- 
lement condamnées,  fon  ouvrage 
fut  profcrit  à  Rome  &   par  quel- 
ques évêques  de  France.  IL  Com^ 
mentarius  hlflorlcus   &   dopnatlcus  de 
Sùcramentls,  à  Lyon,  1696,  en  2. 
vol.  in-fol. ,  dont   1  auteur  tira    % 
vol.  in-i2,  fous  le  titre  de  Théo» 
rie  pratique  des  Sacremens,   IIL   Un 
Abrégé  de  fes  Infiituil^^ns ,  à  l'ufage 
de  ceux  qui  fe  préparent  aux  exa- 
mens qui  précèdent  les  ordinations; 
un  vol,  in-i  z  ,  en  latin.  IV.  Théo» 
logie  Murale  ,  6  vol.  in- 12.  V.  Casi 
de  confcience  fur  la  vertu  de  jujiice  6^ 
d* équité,  4  voL  in- 12.  Ces  deux 
derniers  ouvrages   font  pleins  de 
décifions  appuyées  fur  1  Ecriture  6c 
fur  les  Pères,  &  écrits  avec  clarté 
&  avec  méthode.  On  ne  Taccufera 
pas  d'être  au  nombre  des  cafuiûes 
relâchés  ,  &  on  pourroit  quelque- 
fois lui  reprocher  un  peu  trop  de 
févcrité. 

JUGURTHA  ,  fils  de  Manaftabai 
roi  de  Numidie ,  né  avec  les  grâces  • 
de  l'efprit&de  la  figure,  fut  élevé 
à  la  coiu-  de  Mlclp/a  fon  oncle.  Ce- 
lui-ci ayant  démêlé  dans  fon  neveu 
beaucoup  d'ambitioa,  lui  donna  le 
commandement  d'un  détachement 
qu'il  envoyoit  à  Sclpion ,  qui  faifoit 


4»  JU  G 

alors  le  fîege  de  Numance.  Mïcïpfd 
cfpéroit  qu'il  ne  reviendroit  pas  de 
cette  expédition  ;  mais  il  fut  trompé. 
Jugunha  ,  courageux  fans  être  témé- 
raire ,  fît  éclater  fa  valeur  ,  & 
échappa  à  la  mort.  Son  oncle  la- 
flopta  dans  fdn  teflament,  &  le 
nomma  héritier  avec  fes  deux  fils  ^ 
Adherhal  &  HUmpfal  r  efpérànt  que 
les  bienfaits  du  père  Tattacheroient 
aux  enfans.  Il  fe  trompa  encore* 
Qu'étoit-ce  que  le  tiers  d'un  royau- 
«ne  pour  un  ambitieux  tel  que  fon 
neveu  ?  L'ingrar,  le  perfide  Jugurtha 
fit  mourir  HlempfcU,  livra  la  guerre 
à  Adherhal ,  Tobligea  à  s'enfermer 
4ans  Cirdie  fa  capitale ,  l'y  réduifit 
par  la  femine  àfe  rendre  à  compo- 
îition ,  &  le  fit  p^rir  dans  les  plus 
cruels  tourmens ,  contre  la  foi  du 
nraité.  Adherhal  avoit  eu  recours  aux 
Romains:  il  étoit  venu  lui-même 
ie  plaindre  au  fenat  ;  mais  l'or  de 
Jugunha  lui  en  avoit  fermé  toutes 
les  avenues.  Ce  prince  corrompit 
les  fénateurs  &  les  généraux  qu'on 
envoya  contre  lui  -,  ce  qui  lui  fit 
dire  :  que  Rome  nattendoU  pour  fi 
vendre  qu'un  acheteur,  &  qu'elle  pétv- 
Toit  hientot ,  s'il  s'en  trouvoît  un, .  • 
CacîUus  MeuUus ,  plus  généreux, 
ne  fe  laiffa  gagner  ni  par  les  pro- 
mefTes ,  ni  par  les  préfens.  Il  vain- 
quit Jugunha ,  &  le  réduifit  à  quit- 
ter fes  états  pour  aller  mendier  du 
fecours  chez  les  Gérules  &  les 
Maures.  Marms  &  Sylla ,  qui  con- 
tinuèrent la  guerre  après  Âfctellue  » 
la  firent  avec  le  même  fîiccès.  BoC" 
ëhus ,  roi  de  Mauritanie  »  beau-pere 
fie  Jugunha ,  le  livra  à  Sylla  l'an 
io6  avant'  J.  C.  Le  monarque  cap- 
tif, après  avoir  été  donné  en  fpec- 
tacle  au  peuple  Romain  »  depuis  la 
porte  triomphale  jufqu'au  Gapitole» 
attaché  au  diar  de  triomphe  de  Ma- 
nus ,  fut  jeté  dans  un  cachot ,  où 
il  mourut  au  bout  de  ûji  jours, 
d«  faim  &  de  maladie; 


JU  t 

JUIGNÉ  Eroissiniere,  (D.  j^ 
fîeur  de  Molière ,  gentilhomme  Aa- 
gevin  &  avocat  en  parlement  ^  eu, 
auteut  d'un  Dîcilonnalrc  Thiolop." 
qut  ,  Hljlorîqne ,  Poétique  ,  Cofmog^a-^  *1 
phlqtk  &  Chronologique ;V2xis^  1^44*  ] 
in-4** ,  Rouen ,  166B ,  &c.  L'auteur  y 
a  beaucoup  profité  d'un  ouvrage 
du  même  genre  de  Charles  Etienne  ; 
mais  il  y  a  ajouté  tm  grand  nom- 
bre d'articles  nouveaux.  >♦  Prefque 
>*  toutes  les  additions ,  faites  félon 
^  les  connoiflances  qu'il  pouvoir 
>♦  avoir ,  font  tirées  des  ouvrages 
r»  de  Magîn  &  de  SéhaJUen  Munfter  g 
rt  qui  font  des  auteurs  peu  eftimés 
«  pour  avoir  trop  donné  dans  les 
H  fables.  Ain&  ce  nouveau  Di£Hon<r 
»♦  naire  eft  peu  utile  potir  les  jeunes^ 
n  gens  qui  ne  favent  pas  faire  la 
>♦  différence  de  ce  qui  efl  véritable 
n  d'avec  ce  qui  ne  Feft  pas  *«.  C'efl 
la  cenfure  que  fit  de  ce  livre  Moreri  , 
dans  la  pré£cice  defonDiâionnairer 
cenfure  qui  lui  a  été  rendue  au  cen** 
tuple»  &  fouventavecraifon.  Quel-^ 
ques  fautes  qu'on  trouvât  dans  le 
livre  de  Ju^é  ,  on  ne  ïaifTa  pas 
d'en  voir  paroître  en  moins  de 
trente  ans  une  douzaine  d'éditions* 
Le  défaut  de  critique,  les  erreurs 
fans  nombre,  l'incorreâion  &  la 
lâcheté  du  flyte,  n'arrêtoient  pas 
les  l9£{eurs  auxquels  une  pareille 
compilation  manquoit. 

JULES-CÉSAR.  Voy,  L  CÉSAR. 

I.  JULES-CONSTANCE  ,  père 
de  l'empereur  Jullm ,  &  fils  de  l'em- 
pereur Confiance-^hlore  ,  &de  Theo" 
dora  fa  féconde  femme,  étoit  un 
prince  doux  &  modéré ,  qui  vit  fans 
jaloufie  le  diadème  fur  la  tête  de 
fon  frère  Conjtantm,  Il  fut  le  parti- 
culier de  ion  fiede  le  plus  illufh-e» 
par  fa  naiiTance ,  par  fès  rlchefles  « 
par  fon  crédit ,  &  l'un  des  premiers 
fénateurs  de  Rome ,  qui  firent  pro- 
feflion  publique  du  Chriflianifme. 
Il  avoit  été  engagé  dans  le  parti  . 
du  ^ran  ^ajunçe  ;.  mais  Con/iantik 


tiôwîcuxrerpeaa^  dâiis  cégtatîd 
homme,  des  talens  fupérieurs ,  5c 
une  vertu  encore  ûipérieure  aux 
talefls.  Il  le  fit  coaful,,  préfet ,  &c. 
Jules- Confiance  périt  l'an  337,  dans 
Icmaflacre  que  les  fils  de  Conflaïutn 
firent  de  l^r  famille  après  la  mort 
de  leur  père. 

n.  JULES,  (S. )(bldat  Romain, 
fervii  long-temps  avec  valeur  dans 
les  années  des  empereiu-s ,  6c  eut  la 
tête  tranchée  vers  l'an  301  ,  par 
ordre  de  Maxime  ,  gouverneur  de 
h  baâe  Moefie. 

[Papes,"] 
m.  JULES  r%  (S.)  Romain 4 
fuccelTeur  du  pape  S»  Marc  le  fix 
Février  337,  foutint  avec  zcle  la 
taufe  de  5.  Athanafi ,  envoya  fes 
légats  au  concile  de  Sardique  en 
347,  &  mourut  le  12  Avril  352<, 
On  a  de  lui  deux  Lenres  dans  les 
Œuvres  de  5.  Athanafe  ,  &  dans  les 
Epîtres  des  Papes  de  D.  Cotijîant , 
qiii  font ,  au  jugement  de  TlUemont , 
deux  des  plus  beaux  monumens  de 
l'antiquité  eccléfiallique.  Les  autres 
ouvrages  que  l'on  attribue  à  Saint 
JuUs ,  font  fuppofés. 

IV.  JULES  II,  (  Julien  dé  là 
Hoyere  )  né  au  bourg  d' Albizale  près 
Savone ,  fiit  élevé  fucceflivement 
for  les  fieges  de  Carpentras  ,  d'Al- 
kano ,  d'Oflié ,  de  Boulogne ,  d'A- 
vignon. Le  pape  5ijifre /K ,  fon  on- 
cle, l'honora  de  la  pourpre  en  147 1 , 
&  lui  confia  la  conduite  des  trou- 
ves eccléfiaftiqués  contre  leà  peu- 
ples révoltés  en  Ombrie.  Le  car- 
dinal de  la  Rjvere ,  né  avec  un  gé- 
nie guerrier  ,  dompta  les  rebelles* 
Ses  exploits  &  (es  entreprifes  lui 
acquirent  beaucoup  de  pouvoir  dans 
Rome.  Après  la  mort  d^Alexandtc  VI, 
îl  empêcha  que  le  cardinal  é!Am^ 
hoîfe  nç  fût  placé  for  le  trône  pon- 
tifical, &  y  fit  monter  PU  III  y 
qui  mourut  au  bout  de  11  jours , 
&  auquel  il  fuccéda  le  i*'  No- 
Tembre  1503.  L'argent,  répandu» 
Torm  y. 


ïtrL        49 

pfopôs^  lui  avoit  àfluré  la  tiare, 
même  avant  qu'on  fut  entré  dans 
le  conclave.  11  fit  mentir  le  pro- 
verbe ,  que  celui  qui  entn  pape  du  con- 
clave en  fort  cardinal.  Le  nouveau 
pontife  fe  fit  appeler  Jules.  Comme 
il  avoit  les  inclinations  guerrières  g 
fes  ennemis  répandirent  qu'il  avoit 
pris  ce  nom  en  mémoire  de  lufes 
Cé/ar,  Son  premier  foin  fut  de  laire 
rendre  par  le  duc  Cé/ar  de  Bor^a 
les  places  qu'il  avoit  ufiupées.  Ayant 
enfuite  conçu  le  deffein  de  taire 
conftruire  VEgllJe  de  Saint-Pierre  ^  il 
en  pofa  la  première  pierre  en  1 5  06* 
Cet  édifice ,  un  des  plus  beaux  que 
les  hommes  aient  élevés  à  la  Divi- 
nité ,  fiit  bâti  fur  le  Vatican ,  à  la 
place  de  l'Eglifc  conftruitepar  Conf- 
tantln.  Des  idées  plus  vaftes  l'oc- 
cupèrent bientôt.  Jules  II,  qui, 
co\nme  fes  prédéceffeurs  ,  auroit 
voulu  chaffer  tous  les  étrangers  de 
l'Italie,  cherchoit  à  renvoyer  les 
François  au-delà  des  Alpes  -,  mais 
il  vouloir  auparavant  que  les  Véni- 
tiens lui  remiffent  les  villes  qu*^- 
Icxandre  VI  avoit  priies  fur  eux, 
&  dont  ils  s'étoient  reflaifis  après 
la  mort  de  ce  pontite.  Ces  républi- 
cains voulurent  garder  leurs  con- 
quêtes -,  Jules  II  s'en  vengea ,  en 
liguant  toute  1  Europe  contre  Ve- 
nife/  Cette  ligue ,  connue  fous  le 
nom  de  Ligue  de  Cambrai ,  fut  fignée 
en  1508  ,  entre  le  pape,  l'empe- 
reur Maxtrmlim  (  Voyez  ce  mot  ) ,  le 
roi  de  France  Louis  XII ,  &  le  roi 
d'Aragon  Ferdinand  le  Catholique, 
Les  Vénitiens ,  réduits  à  l'extré- 
mité ,  excommuniés  par  le  pontife 
Romain,  &  battus  par  les  autres 
puiffances ,  demandèrent  grâce  ,  & 
l'obtinrent  à  ^qs  conditions  affes 
dures.  Jules  II  leur  donna  l'abfo-» 
lution  le  15  Février  1510-,  abfo- 
lution  qui  leur  coûta  une  partie  de 
la  Romagne.  Ce  pontife  n'ayant 
plus  befoin  des  François,  qu  il  n  ai- 
xnoit  pas  d'ailleurs  ,   parce  qu'ib' 


50  ^  U  t 

axroîent  trayerfé  ♦  fon  éleôîon  au 
pondficat,  fe  ligua  contre  eux  la 
même  année ,  avec  les  Suiffes ,  avec 
le  roi  d'Aragon ,  &  avec  Henri  VIII 
roi  d'Angleterre.  U  n'étoit  pas  de 
l'intérêt  des  Anglois  de  faire  la 
guerre  à  la  France  ;  ils  y  furent 
entraînés  par  une  galéaffe  chargée 
devînt  p^s ,  de  fromages  èi  dejam- 
honsy  que  le  pape  envoya  à  Lon- 
dres précifément  à  l'ouverture  du 
parlement.  Le  roi  &  les  membres 
des  Communes  &  de  la  Qiambre- 
haute ,  à  qui  l'on  diflribua  ces  pré- 
fens,  forent  fi  charmés  de  l'atten- 
tion gcnéreufe  de  Jules  II,  qu'ils 
s*emprcfferent  tous  de  fervir  fon 
reffentiment.  Ce  trait  eft  une  nou- 
velle preuve ,  que  les  motifs  les 
plus  petits  produifent  fouvent  les 
plus  grands  événemens.  Le  pape, 
ne  trouvant  aucun  prétexte  de  rup- 
ture ouverte  avec  Louis  XII ,  fit 
demander  à  ce  prince  quelques  villes 
fur  lefquelles  le  faint  Siège  préten- 
doit  avoil"  des  droits  :  Louis  les 
refufa,  &  fut  excommunié.  La  guerre 
commença  vers  Bologne  &  vers  le 
ferrarois.  Le  pape  affiégea  la  Mi- 
randole  en  perfonne ,  pour  doimer 
de  l'émulation  à  fes  troupes.  On  vit 
ce  pontife  feptuagénaire  »  le  cafque 
en  tête  &  la  cuirafiefur  le  dos ,  vifi- 
ter  les  ouvrages ,  prefTer  les  tra- 
vaux ,  &  entrer  en  vainqueur  par  la 
brèche  le  20  Janvier  15 11.  Sa  for- 
tune changea  tout-à-coup.  Trivulce  , 
général  des  troupes  Françoifes , 
s'empara  de  Bologne.  L'armée  pa- 
pale &  celle  des  Vénitiens  forent 
ixifes  en  déroute.  Jules  II,  obligé 
de  fe  retirer  à  Rome ,  eut  le  chagrin 
de  voir  en  paffant  à  Rimini  les  pla- 
cards affichée  pour  intimer  l'indic- 
tion  du  concile  général  de  Pife. 
lA)uis  XII,  excommunié  ,  cnavdit 
appelé  à  cette  affemblée,  qui  inquiéta 
beaucoup   le  pape.  Après  dîverfes 


JUC 

citations ,  il  fot  déclaré  fufpcîu  pftâ 
contumace ,  dans  la  huitième  fe/îlon 
tenue  le  21  Avril  1 5 12.  Ce  fut  alors 
que  Jules ,  ne  gardant  plu»  aucune 
mefure,  mit  le  royaume  de  France 
en  interdit ,  &  délia  les  fujets  du 
ferment  de  fidélité.  Louis  Jf// irrité 
fit  excommunier  à  fon  tour  Jules  II, 
^  fit  battre  des  pièces  de  monnoie 
qui  portoient  au  revers  :  Perdàm 
Babylonjs  nomen  ;  je  détruirai 
jufqu'au  nom  de  Bàhyloiu  :  d^arche  • 
qu'on  ne  fauroit  louer ,  parce  que 
ji  roi  confondoit  témérair^ent 
l'Eglife  &  le  pontife.  U  falloit  mor- 
tifier le  pape,  mais  refpeder  Rome 
&  le  faint  Siège.  Jules  oppofa  au' 
concile  de  Pife  celui  de  Latran ,  dont 
l'ouverture  fe  fit  le  3:  Mai  i  ji2  j 
mais  il  n'en  vit  pas  la  fin.  Une  fiè- 
vre lente  ^  occafionnée  (dit-on  )  par 
le  dépit  de  n'avoir  pas  pu  porter 
les  Vénitiens  à  s'accommoder  avec 
l'empereur ,  jointe  au  chagrin  qm 
lui  cauiafon  neveuleduc  d^Urhin  (*), 
l'emporta  le  21  Février  1 5 1 3  ,  à  70 
ans.  U  pardonna  en  mourant  aux 
cardinaux  du  concile  de  Pife ,  avec 
cfette  reftri£tion,  qu'ils  ne  pour- 
roient  afïifler  à  l'éle^on  de  foi» 
fucceffeur.  Comme  Julien  de  la  Ro^ 
vere^  dit-il ,  je  pardonne  aux  cardinaux, 
fchifmatiques i  mais  comme  Pape,  je. 
juge  qu'il  faut  que  la:  jufiîce  fe  fâffe.,^ 
Jules  II  a  voit  dans  le  caraôere» 
(dit  M.  l'abbé  Raynal,  )  un  fonds 
d'inquiétude  qui  ne  lui  permettoit 
pas  d'être  fans  projets ,  &  une  cer-^ 
taine  audace  qui  lui  faifoit  préférer 
les  plus  hardis.  S'il  eut  l'enthou* 
fiafine  propre  à  communiquer  fes 
palfiocs  à  d'autres  PuifTances ,  '  iî 
manqua  de  la  probité  qui  rend  les 
alliances  finceres ,  &  de  1  efprit  de 
conciliation  qui  les  rend  durables» 
Il  étoit  très-peu  efclave  de  fa  parole» 
encore  moins  des  traités.  If  dit  un 
jour  aux  ambalTadeurs  de  Madrid 


(*)  If  avoit  aflfailîné  en  pleine  rue  ..l'an  z  5 1  x ,  Franc.  Aledofi ,  card.  dé  Favitta 


r 


j  u  t 

&  àh  Veniïè  »  que  leurs  maîtres  nt 
dévoient  point  être  alarmés  de  la 
Ipaix  qu'il  avoit£ûte  avec  la  France. 
Mon  but  ^  a)OUta-t-il ,  efi  d'endormir 
ttut  Couronne  >  afin  de  la  prendre  au 
éépourytu   Sans  la  majefté  de  fon 
fiége  ^  Sa  les  diflcntions  qui  de  Ton 
temps  partageoient  l'Europe  ,  fon 
ambition   &  fa  mauvaife  foi  rau^- 
toient  précipité  dans  les  plus  grands 
oalhêurs.  Le  fublime  de  fa  place 
lui  échappa;  il  ne  vit  pas  ce  que 
voient  il  bien  aujourd'hui  fesfages 
fucceâeurs  :  que  le  poniife  Romain 
eft  le  Père  comman.,  &  qu'il  doit 
être  l'arbitre  de  la  paix  ,  &  non  le 
lambeau  de  la  guerre.  Tout  entier 
smx  armes  &  à  la  politique ,  il  ne 
chercha  dans  la  puiâance  fpirituelle , 
que  le  moyen  d'accroître  la  tem- 
porelle. Il  n'eft  pas  vrai  pourtant 
qtt'i/  jeta  un  jour  dans  le  T'ihre  les  clefs 
tU  S.  Pierre  ,  pouf  né  fe  fervîr  que  de 
Pépie  de  Sx  Paul  >  Comme  tant  d'hif- 
toriens   Protefbns  &  Catholiques 
l'afiurent^  d'après  les  témoignages 
d'un  mauvais,  poëte  fabrique.  Ce 
qui  a  pu  donner  lieu  à  cette  anec^ 
éote»  eft  un  trait  hiftorique  rapv 
porté  dans  la  VU  de  Mlchel^Ange, 
le  pepc  l'avoit  diargé  de  jeter  en 
fonte  fa  ftatue.  L'arofte  la  modela 
en  terré.  Ne  fâchant  que  mettre 
dans  la  main  gauche  du  pontife  ^  il 
lui  âk  :  Voulei-^vous  >  /àînt  Père ,  que 
je  vous  faffe  tefùr  un  livre  ?  —  Non, 
<  répondit  le  pape ,  )  une  épie  t  je 
la  fais  mieux  marner,  LéS  papes  n'ont 
pas  confervé  tout  te  que  Jules  11 
leur  avoir  doimé.  Parme  &  Plai- 
ûnce  détachés  du  Milanez ,  furent 
joints  par  ce  pape  au  domaine  de 
Rome,  du  confentement de  l'em^ 
pereur,  &  ont  été  féparés  depuis. 
Si  fon  pontificat   eût   été  moins 
agité,  &  li  les  plaiiirs  de  la  table 
&  de   la    chaiTe   l'euffent   moins 
occupé  )  il  auroit  été  favorable  aux 
favans.  Les  Lettres ,  difoit-il ,  f^jnt 
|k  J^ai^mt  £ifftr  Iss  Kotmers  >  de  Pqt 


foitrUs  Nobles,  &  des  dîamaris  pouf 
les  Princes,  U  encouragea  la  pein- 
ture »  la  ftulpmrc  »  l'architeaure  ^ 
&  de  fon  temps  les  beaux  arts  com- 
mencèrent à  fortir  des  décombres 
de  la  barbarie  GotWquè.  Le  pape 
Jules  II  fut  le  premier  qui  laifla 
Croître  fa  barbe  ,  pour  infpirer  pat 
cette  fingularité  un  nouveau  ref- 
peft  aux  peuples.  François  /,  Ckar» 
les-  Quint  >  &  tous  les  autres  roi» 
fuivirent  cet  exemple  ,  adopté  à 
rittftant  par  les  courtifans ,  &  en* 
fuite  par  le  peuple. 

V.  JULES  III ,  (Jean-Marie  du 
Mont  )  né  dans  le  diocefe  d'Àrezzo, 
fe  fit  eftimer  de  bonne  heure  par 
fes  connoiflances  en  littérature  & 
en  jurift)rudence.  Il  eut  fucceffîve- 
ment  l'adminiftration  de  plufieurs 
évêchés ,  l'archevêché  de  Siponte^ 
le  chapeau  de  cardinal  en  1536 
&la  tiare  le  8  Février  1550.  Il 
avoir  préfidé  au  concile  de  Trente 
fous  Pool  III  :  il  le  fît  rétablir  dès 
qu'il  fut  fouverain  pontife  ,  &  le 
fufpendit  enfuite  par  une  Bulle.  Il 
prit  les  armes  avec  l'empereur  con^ 
tre   Ociave  Famefe  duc  de  Parme  , 
&  ne  fiit  pas  heureux  dans    cette 
coyrte  guerre.  Ce  pontife  avoit  dû 
en  partie  la  chaire  pontificale  au 
cardinal   Famefe,  Ce  fut  pour    lut 
marquer    fa    reConnoifTance    qu'il 
avoir  mis   en  pofféfïion    OBav» , 
neveu  de  ce  cardinal ,  du  duché  de 
Parme ,  en  répondant  à  ceux  qui 
lui  rèprocKoieut  l'aliénation  de  ce 
petit  état  :  quHl  almerolt  mieux  être, 
un  pape  pauvre  avec  la  réputation  d'un 
gentilhomme ,  qu'un  pape  riche  avec  U 
réputation  d'avoir  oublié  les  bienfaits 
reçus  &   les  promejfes  faites.    Mais 
d'autres  intérêts  le   firent  changer 
de  fiaTçon  de  penfer.  Jules  III  éta- 
blit, en    1553  ,   une    nombreufe 
Congrégation  de  cardinaux  &  de  pré- 
lats ,  pour  travailler  à  la  réforme 
de  l^iife  -,  mais  cette  congrégation 
n'eut  aucun  iuccès.  Il  mourut  le  ^^ 


^1  JV  h 

^  Mars  1556,  danis  i*a  6S®  année  Les 
médecins  lui  ayant  £aic  dianger  fon 
régime  de  vie  ,  pour  le  foulager 
dans  la  goutte  qui  le  toiumentoit 
beaucoup,  la  iievre  le  faiiit  &  le 
conduifit  au  tombeau.  »»  D'autres 
M  difent ,  qu'étant  preffé  par  fon 
>»  frère  Baudouin ,  de  lui  céder  la 
M  ville  de  Camériuo  ,  à  quoi  les 
w  cardinaux  ne  vouloient  pas  con- 
>i  fentir,  il  feignit  d'être  malade 
»  pour  ne  pas  tenir  le  confiftoire  , 
>»  &  d'ufer  de  régime  comme  s'il 
9»  l'eût  été  réellement  -,  ce  qui  ren- 
»>  dit  fa  maladie  ferieufe ,  &  lui 
91  caufa,  la  mort.  Trois  chofes ,  entre 
»>  autres ,  ont  pu  ternir  fon  pon- 
>♦  tiiîcat  :  la  malhcureufe  expédi- 
w  tion  de  Parme ,  la  diiiolution  du 
M  concile  de  Trente»  &  le  traité 
w  de  Pafîav.  Panvlni  prétend  qu'a- 
»  vant  fon  élévation  >  il  avoit  agi 
«  avec  tant  de  févérité  dans^toutes 
y>  les  affaires  ,  que  les  cardinaux  ne 
«  le  mirent  qu'avec  peine,  fur  le 
w  trône  de  Saint-Pierre,  &  qu'on  le 
y>  vit  depuis  changer  de  conduite 
»»  éc  s'abandonner  au  luxe  &  aux 
yt  plaiiirs.  Ce  jugement  eft  contre- 
»♦  dit  par  d'autres  auteurs  ,  qui  pré- 
ïi  tendent  au  contraire  ,  qu'autant 
»♦  il  avoit  été  ami  des  plaifirs ,  au- 
M  tant  pamt-il  modéré ,  modcfte  & 
yt  applitfué  au  gouvernement,  quand 
»»  il  tut  devenu  pape  :  ce  qui  fit  dire 
»>  à  Charles-Qulnt ,  qu'il  s'étoit  éga- 
«  lement  trompé  dans  ce  qu'il  avoit 
w  prédit  au  fujet  de  deux  papes  : 
ï»  Qu'il  croyoit  CUmitit  VII VLn.  pon- 
M  tife  d'un  efprit  paifible  ,  ferme  & 
r,  confia  :t ,  &  qu'il  s'eft  trouvé 
ts  d*un  efprit  inquiet ,  brouillon  & 
>y  variable  :  au  contraire  ,  qu'il  s*é- 
«  toit  imaginé  que  hUs  III  négli- 
«  geroit  toutes  les  affaires  pour  ne 
»  penfcr  qu'à  fe  divertir  -,  &  que 
»  cependant  on  n'avoit  jamais  vu 
M  de  pape  plus  diligent,  n'ayant 
V»  autres  plaiiirs  que  ceux  qu'il  trou- 
ât voit  dans  les  affaires  «<.  [  FjtSRi, 


J  u  t 

ti?  88.]  Cependant  il  fut  peu  refpeâ:é 
de  fa  cour ,  (  dit  le  P.  JBenkr ,  )  parce 
qu'il  n  avoit  pas  aiTcz  de  gravité 
d^ns  les  manières  ;  peu  regretté  de 
fes  fujets ,  parce  qu'il  les  accabla 
d'impôts.  L'ambaffadeur  dc^Francc 
à  Rome  marquoit  au  connétable  de 
Montmorenci:  Le  Pate  cl  été  pleuré 
par  le  peuple ,  tout  au.fi  quil  eftaccau» 
tumé  de  f are  à  Carême  ' prenant.  Ce 
fîit  du  refte  (ajoute  le  P.  BcnUr) 
un  pontife  zélé  pour  TEglife ,  un 
prince  qui  ne  manquoitnide  talens» 
ni  de  vues.  Trop  d'affeâion  pour 
fa  £unille ,  trop  peu  de  dignité  dans 
fa  conduite ,  firent  douter  fi  les  dé* 
^uts  ne  l'emportoient  pas  dans  lui 
fur  les  vertus.  Quelques  hifloriens 
lui  ont  reproché  d'avoir  élevé  au 
cardinalat  im  jeune*  aventurier ,  fon 
domeftique ,  qui  n'avoit  d'autre  ta- 
lent que  celui  de  divertir  le  finge 
du  pape  ',  ce  qyi  le  fît  appeler  par 
les  malins  U  Cardinal  S Imla,  Quand  ^ 
les  autres  cardinaux  fe  plaignirent 
au  pontife  de  là  promotion  de  cet 
homme  de  néant ,  Jules  répondit  : 
Je  ne  fats  pas  auffi  moi-même  quel 
mérite  vous  m*avie\  trouvé ,  pour  me 
foin  Chef  de  VEgOfe.  Mais  la  vie 
déréglée  de  Sîmia  dut  faire  repentir 
JuUs  d'avoir  élevé  un  tel  homme. 

JULES-PAUL,  (  Jultus  Paulus  > 
jurifconfulte  célèbre  qui  fiorifToit 
vers  l'an  193  de  JrC. ,  fut  con- 
feiller  d  état  avec  Ulplai  &  Papmîen» 
Les  Padouans ,  voulant  honorer  le 
fameux  médecin  Apon  ,  firent  choix 
de  Julius-Paulus  avec  Tite-Live  pour 
accompagner  le  bufle  de  leur  coa-» 
citoyen  ûir  la  porte  du  fénat  :  ce  qiâ 
fuppofc  une  grande  eftinle  pour  ce 
jurifconfulte.  On  a  de  lui  quelques 
ouvrages  de  Droit ,  entre  autres  les 
Rtctpt^t  Stntmùet ,  dont  Sichard  a 
donné  une  bonne  édition.  ' 

JULES -POLLUX^    gr»iunai-      ^ 
rlen,de  Naucrateen  Egypte»  vers  l'an 
180  de  J.  C.  »  devint  profeiTeurd^ 


JUL 

ifcÂDnque  à  Atlienes.  On  a  de  lui 
en  Onomajiicûn ,  ou  Dittionnaire 
Grec ,  Venife ,  1 5  oz ,  &  Florence , 
1520,  in^ol.  La  meilleure  édition 
€Ô  celle  d'Amfterdam,  1706 ,  in-fol. 
1  vol.  en  grec  &  en  latin,  avec  des 
Notes  de  Jangerman  &  de  divei^ 
autres  {avans. 

JULES,  Foyei  les  JULIUS. 

3Vl£S  AFRICAIN,r.AFRiCAiir. 

JULES-ROMAIN    ,    Foyei 

BOMAIN,   n**    VII. 

JULLA  DOMNA,  F.  vi.  Jutifi. 
JULLÀRD ,  (  GuiUaume)  prévôt 
de  la  cathédrale  de  Touloufe ,  ne- 
veu de  la  célèbre  Madame  de  Mon- 
ébnviile,  infticutrice  des  FiitSs  de 
rEnfance ,  dé&ndit  la  mémoire  de 
ÙL  ta.ite  contre  RehtmUt  ,  auteur 
d'une  Hifiolre  (atirique  de  cette 
cof^régatîon.  Il  publia  deux  bro- 
chures à  ce  iUjet  :  1.  L'innocetSteji^-^ 
fie*  n  Li  Mmfon^e  confondu.  L'abbé 
JnUard  mourut  eni737  ,  ^ 70  anse,, 
après  avoir  £m  condsnner  au  feu  ^ 
par  le  parlement  de  Touloufe ,  roù- 
vrage  de  fon  advcrfaire.  Voy,  Mon* 
IkOKTiLLE  (  Jeanne  de  ). 

I.  JULIE ,  (  Ste.  )  vicîçc  &  mar- 
tjnre ,  de  Carthage.  Cette  ville  ayant 
été  prife  &  faccagée  en  439  par 
Genfetic  >  roi  des  Vandales  ,  Julk  mt 
vendue  à  un  marchand  Païen ,  & 
neniée  eo  Syrie.  Quelques  années 
après .,  ce  marchand  s'étanc  embar- 
-qué  avec  elle  potur  tranfporter  des 
marchandises  en  Provence ,  le  vaif- 
feaa  s'arrêta  au  Cap-Corfe  ,  pour 
y  célébrer  une  fête  en  l'honneur 
des.£auires  divinités.  Sulk ,  qui  n'y 
prenok  aucune  part ,  fot  citée^  de- 
vant le  gouverneur  Fllîx ,  comme 
Qirédenne,  &  elle  reçut  la  cou- 
ronne du  martyre*  . 

n.  JULIE  ,  fille  de  afar  &  de 
Cotnélh  ,  paffoit  pour  la  plus  belle 
&  la  plus  vertucufe  femme  de 
Rome.  Son  peie  la  maria  d'abord 
avec  Cornélius  Cxpun  ;  mais  il  ren- 
gagea enûiite àfeire  divorce,  pour 


y  u  L       5, 

lui  faire  époufer  Pompé:,  Céfar  vou- 
loit  fe  l'attacher  par  ce  lien.  JuiU 
fut  le  nœ«d  de  l'amitié-  de  ces 
deux  grands  hommes  -,  mais  étant 
morte  en  couches  Tan  ^3  avant 
J.  C. ,  on  vit  bientôt  naître  ces 
querelles  funeftes  qui  finirent  par 
la  ruine  de  la  république.  Pompée 
avoit  aimé  tendrement  Jfilîe.  Tout 
entier  à  fon  amour ,  il  oublia ,  tant 
qu'elle  vécut  ^  le^  armes  &  les  affai- 
res y  pQur  les  chaftes  plsûfirs  de  l'hy- 
men..'. Il  ne  faut  pas  la  confondre 
avec  Julie,  époufe  de  Marc-An- 
tome  le  Crérlque  ,  &  mère  de  Afarc- 
Antoîne  le  Triumvir.  Celle-ci  mon- 
tra, pendant  les  fanglantes  exécu- 
tions du  triumvirat ,  autant  de  nô- 
bleffe  d'ame,  que  fon  fils  fit  pa- 
roître  de  baffeffe  &  de  cruauté. 
Marc-Anteîne  avoit  laiffé  mettre  {iir 
la  îiile  des  prôfcrits,  Lucîus  Céfar  , 
ïtm  oncle.  Julie ,  fceur  du  profcrit , 
ïc  cacha  dans  ft^maifon.  Un  cen- 
turion ayant  des  foldats  à  fa  tôte 
veut  en  forcer  l'entrée.  Julis  fe  pré- 
fente à  la  porte ,  fie  étendant  fes  bras 
pour  empêcher  les  alfafîins  d'en- 
trer :  Fous  n*  tuerci  point ,  leur  dit- 
elle,  Voncle  de  votre  Général,  que 
vous  n^ayei  tué  aiçaravant  aile  qui 
Itd  a  donné  la  vie.  Ces  mots  arrê- 
tèrent ces  furieux.  Alors  hlle  fe 
rendit  à  la  place  où  Marc-Antoine, 
fon  fils ,  étoit  affis  fur  fon  tribunal 
avec  fes  deux  collègues.  /&  vienf, 
(  lui  dit- elle  )  me  dénoncer  comme 
recelant  Lucius  Céiàr.  Ordonne^  qu*on 
me  faffe  mourir  ,  pulfque  la  peine  de 
mort  cft  aujji  prononcée  contre  ceux 
qui  f auvent  les  Profcrits,  Ces  paroles 
ayant  défarmé  Aàtoine  ,  L,  Céfar 
jouit  dune  entière  fureté.  Nous 
ignorons  Tannée  de  la  mort  de 
cette  femme  généreufe. 

m.  JULIE,  fille  unique  d'^//?<î^ 
reçut  une  éducation  digne  de  fa 
naiffance.  Son  père  ne  détournoit 
les  yeux  des  affaires  du  gouver- 
nement ,  que  pour  les  fixer  fur  £^ 

Diij 


^4  J  U  t 

fille.  Elle  le  méritoit ,  par  fa  beauté, 
par  Tes  grâces,  par  la  légèreté  & 
la  délicatefTe  de  fon  efprit.  £lie 
cpoufa  Marcdhis.  Son  rang  lui  fit 
des  courtifans  >  &  fa  figiure  des  ado** 
rateurs.  Loin  de  les  dédaigner ,  elle 
.  s'abandonna  avec  eux  aux  plaifirs 
de  la  débauche  la  plus  effrénée. 
Devenue  veuve,  elle  époufa  Agrippa, 
&  ne  fut  pas  plus  fage.  Son  mari 
étoit  vieux  -,  elle  s'en  indemnifa  en 
.  fe  livrant  à  tous  les  jeunes  gens  de 
Rome.  (  Voy.  il,  Gracchus  ,  ^ 
Ovide.)  «Cétoit  affez,  fuivant 
9)  ce  monflre  d'impudicité ,  qu'elle 
»>  fut  fldelle  à  fon  époux  tant  qu'elle 
>»  n'étoit  pas  enceinte-,  &  qu'elle 
yt  ne  lui  donnât  point  d'en^int 
M  étranger...  M.  Après  la  mort  d'^- 
^ppa,  AuffijU  la  fit  depuis  époufer 
\  Tibère ,  qui  ne  voulant  être  ni 
témoin ,  ni  dénonciateur  des  débau^ 
ches  de  fa  femme,  quitta  la  cour. 
Sa  lubricité  augmenta  tous  les  )our!s; 
«llepoufla  l'impudence  jufqu'à  faire 
mettre  fur  la  Âatue  de  Mars  autant 
^e  couronnes  qu'elle  s'étoit  prof- 
dtuée  de  fois  en  unemx\t,Augu/h  , 
inihuit  de  fes  excès ,  l'exila  dans 
l'ifle  Pandataire  fur  la  côte  de 
Campanie,  après  avoir  fait  défenfe 
à  tout  homme  libre  ou  efclave 
d'aller  la  voir  fans  une  permiffîon 
«xprefle.  Tibère ,  devenu  empereur, 
l'y  laiiïa  mourir  de  faim ,  Tan  14** 
de  J.  C.  (  &  non  pas  41  ans  avant 
J.  C.  ainii  que  le  difent  les  deux 
petits  DtcUonnamHlftonqii&s,)  Julie 
fa  fille,  femme  àtLepidas,  futauifi 
exilée  pour  fes  débauches. 

IV.  JULIE ,  fille  de  l'empereur 
Titus ,  fut  mariée  a  Sabinm  fon  cou*- 
iin  germain.  Sa  beauté  étoit  parfaite, 
^on  cœur  tendre ,  &  fon  tempé- 
rament voluptueux.  PonùtierK,  fpn 
frère ,  en  devint  amoureux ,  &  elle 
répondit  à  fa  paflîon.  Ce  prince 
étant  parvenu  à  l'empire ,  fit  afTaf- 
iiner  Sabinusy  pour  jouir  de  fon 
^^ufe  avec  moios  de  contraiiuei^ 


J  ui; 

&  répudia  en  même  tempïfa  feittnNI 
Domitla,  Julie  s' étant  retirée  dans 
le  palai*  impérial ,  devint  publw 
quement  fa  concubine.  Mais  ayant 
voulu  fe  feire  avortei^ ,  pour  cacher 
le  fruit  de  fes  amours ,  le  breuvage 
que  DomitUn  lui  fit  donner,  agit 
d'une  manière  fi  violente,  qu'elle 
en  mourut  l'an  80  dev  J.  C. ,  quoi- 
qu'elle fut,  dit-on,  accoutumée  à 
ce  crime.  Domlùen  la  plaça^au  rang 
des  Divinités  ;  il  en^loit  de  teiks 
à  ce  tyran..,.  Voye^  Sabine. 

V»  JULIE,  furnommée  LiriLLi^ 
(  Jtdia  Junior)  3**  ,fllle  de  Germama» 
&  à'Agr'ppine ,  liée  dans  l'ifle  de 
Lesbos  l'an  17  de  J.  C.  fut  mariée 
à.  l'âge  de  16  ans  au  fénateur  Afar- 
cus'Vinutius.  Elle  jopit  d'abord  d'une 
•  grande  faveur  fous  l'empereur  C^/î- 
^la  fon  frère ,  qui  ayant  été ,  dit-on^ 
fon  premier  corrupteur ,  l'ayoit  li- 
vrée enfuite  aux  compagnons  de  fes 
débau^s.  Mais  ce  prince  s'étant 
imaginé  qu'elle  étoit  entrée  dans  une 
confpiration  contre  lui ,  l'exila  dan^ 
1  ifle.de  Ponce.  Rappelée  à  Rome 
par  Claude  fon  oncle ,  l'an  41 ,  elle 
ne  jouit  pas  long-temps  ^es  délice? 
de  cette  capitale.  Meffaline,  jaloufe 
de  fon  crédit ,  la  fit  exiler  de  nco^ 
veau ,  fous  prétexte  d'adultère ,  & 
maflacrer  peu  de  temps  après  par 
un  de  fes  fatellites.  Elle  n'avoitpas 
encore  24  ans.  Ses  mœurs  étoient 
très-corrompues  ;  &  l'on  prétend 
que  le  philofophe  Séneque  hxt  un  de 
fes  nombreux  amans ,  &  qu'il  fut 
relégué  dans  l'ifle  de  Corfe  pour 
l'avoir  féduite. 

yi.  JULIE  DoMNE ,  femme  de 
l'empereur  Sepdme  Sévère ,  naquit  à 
Emefle  dans  la  Phénicie.  Son  père 
étoit  prêtre  du  Soleil.  La  nature  lui 
accorda  la  beauté,  Tefprit,  l'imao 
ginadon  ,  le  difcernemqnt.  Elle 
augmenta  ces  rares  avantagea  par 
l'étude  des  belles-lettres ,  de  l'hif^ 
toire ,  de  la  philofophie  ,  de  1« 
géométrie  I  &  de  quelques  fcietic»^ 


1  V  L 

^*elle  cultiva  pendant  to^te  fa  vie. 
Ses  lumières  la  rendirent  extrême- 
ment chère  aux  favans.  JulU  vint 
à  Rome  pour  parvenir  à  la  fortune  *, 
die  la  trouva  ^  en  époufant  Sep^ 
thneSévere ,  vingt  ans  avant  fon 
élévation  à  Tempire.  Les  conTeils 
qu  elle  donnoit  à  Ton  époux ,  & 
^'il  fuivoit  prefque  toujours ,  con- 
tribuèrent à  lui  mériter  la  haute 
réputation  qu'il  avoit  parmi  les 
troupes,  quand  l'armée d'Ulyrie  le 
proclama  empereur  l'an  193. /«/îe, 
qui  s'étoit  livrée  depuis  (on  m»-iage 
à  la  galanterie,  continua  ,  après' 
être  montée  fur  le  trône,  à  fuivre 
foa  penchant  à  la  volupté  *,  elle  fe 
plongea  même  dans  lesplus grands 
défordres,  fans  que  5/ve/v  ofàt  l'en 
reprendre ,  quoiqu'il  fut  d  un  carac- 
tère Êu-ouche  &  violent ,  &  qu'il 
condamnât ,  par  des  édits  rigoureux, 
les  crimes  qu'il  toléroit  dans,  fa 
femme.  On  prétend  que  cette  prin* 
ceffe ,  après  avoir  déshonoré  publi- 
quement fon- époux,  ajouta  la  bar- 
barie aux  aiïronts  dont  elle  1  avoit 
couvert ,  &  qu'elle  entra  dans  une 
conjuration  formeerontre  lui.  Quoi 
qu'il  en  (bit  de  ce  fait ,  Julie  parut 
rentrer  en  elle-même  ;  & ,.  pour 
tSàcex  en  quelque  Êiçon  les  taches 
de  fa  vie ,  elle  s'attaclia  plus  que 
jamais  ai»  fciences.  £lle  ne  pavoif- 
£bit  plus  dans  tous  les  lieux  qu  elle 
fréquentoit ,  qu'environnée  de  fa- 
vans ,  qui  ne  la  regardoient  qu'a- 
vec admiratioif.  La  poftérité  lui 
doit  la  vie  à'Apùlionms  de  Thlàne, 
qu'elle  fit  écrire  par  Fhlloflraie^ 
Après  la  mort  de  Septlme  Sévère , 
cette  impératrice  employa  tous  fes 
icMns  à  maintenir  en  bonne  imel- 
ligence  {e&  deux  fils  Caracalla  & 
éàa  »  qui  régnoient  eniemble  *,  mais 
elle  ne  put  y  réufiir ,  &  elle  vit 
aflaffiner  dans  fes  bras  Géta  quelle 
aimoit  tendrement.  Caracalla^  fon 
meurtrier ,  la  blefiamême  à  la  main, 
fomme  elle  embiailQit  Oéia  pour 


ticher  de  lui  fanver  la  vie.  Quel- 
que touchée  qu'elle  fût  de  cette 
mort ,  le  défir  de  gouverner  lui  fit 
prendre  le  parti  de  la  diifimula- 
tion  ;  &  elle  ne  pleura  point  fon 
fils.  Caracalla  lui  laifiâ  ime  ombre 
d'autorité ,  quoiqu'il  ne  la  conful- 
tât  guère  fur  l'adminifiration. 
Après  la  mort  de  ce  prince ,  elle 
afpiroit  à  s'emparer  de  l'empire-, 
mais  Macrîn ,  qui  comioifibit  foa 
ambition,  la  fittfortir  d'Antioche. 
Son  défefpoir  fut  extrême.  Elle 
avoit  un  cancer ,  qu'elle  irrita ,  &  fe 
laifia  périr  de  faim  Tan  217.  Ses 
déréglemens  lui  attirèrent  une  ré^ 
partie  bien  vive  de  la  part  d  une 
dame  Bretonne  ,  qu'elle  ratUoit  fur 
le  peu  de  pudeur  des  femmes  de 
fon  pays.  Vous  autres  Romaines ,  (  lui 
dit  cette  Dame ,  )  vous  n*ave^  rien  à 
nous  reprocher  à  cet  égard:  Nous  rece- 
vons/ans honte  la  compagnie  d'hom- 
mes eflimahles  par  leur  courage  ,  c^  ^ 
d^avolr  des  enfans  qui  Uierrej^mtbleru  ; 
mais ,  vous ,  ceji  furtivement  que  vous 
vous  laijfc[  corrompre  par  éfs  pbif 
lâches  &  les  plus  méprtfahlcs  des 
hommes  ^..  Quelques  hiftoriens  ont 
prétendu  que /a/tc  n'étoit  que  belle- 
mère  de  Caricalla  ;  &  ,  d'après 
cette  idée  qui  eft  fauffe,  ils  ont 
adopté  le  conte  de  fon  mariage 
inceftueux  avec  ce  prince;  Spartlen  ^ 
qui  le  raJ)porte ,  xlit  que  Caracalla 
ayant  vu  Julie  toute  découverte , 
dit  :  Je  le  voudrois  bien ,  fi  cela  m'étolt 
permis;  qu'elle  répondit:  Cela  vous 
efi' permis ,  fi  vous  le  voidc\  ,  &  que 
CaracaîU  l'époufa  bientôt  après. 
Mais  ce  fait  eft  Ésiux ,  puifque  i>ion 
&  Hérodlen)  qui  n'ont  point  épar- 
gpic  Caracalla ,  n'auroient  pas  man- 
que de  lur  reprocher  ce  crime. 
JULIE^  Voy:  Drusile,  n*>  IL.. 

GONZAGUE,li°^V...    6»  SOEMIAS. 

L  JULIEN,. (S.)  V^  évêquedtf 
Mans  &  V Apôtre  du  Maine  fur  la 
fin  du  iii^  fiecle ,  doit  être  diftin- 
gué  de  S.  Jviat-»»  marty rifé,  dit^m^i 

Div 


k6  J  U  t 

i  Brioude  en  Auvergne  ,  fous 
Diocléùcn,  Quoiqu'on  ne  puilTe  con- 
tefter  à  S.  Julien  la  gloire  d'avoir 
prêché  1  Evangile  dans  le  Maine,  on 
n'a  aucun  monument,  ni  du  temps, 
auquel  il  a  vécu>  ni  des  aftions 
qui  fignalerent  fon  épifcopat. 

II.  JULIEN,  (Saint-)  illuftrc 
archevêque  de  Tolède  ,  mort  en 
690  ,  laifla  :  I,  Un  Traité  Ci^ntre  Us 
Juifs ,  dans  le  livre  intitulé  :  Tcf^ 
tamenîum  xiJ  Proplucarum  ,  Hage- 
jxoae,  1531,  in'8°.  II.  Prunc/ùca 
fututi  f&cuU ,  dans  la  bibliothèque 
des  PP.  m.  Hîjîorla  Wamba,  dans 
les  Hiftoriens  de  France  de  Du^ 
£hefne,  IV.  D'autrcs  Ecrits  favans 
&  folides.  Il  avoit  l'efprit  aifé , 
fécond,  (^réable  ,  &  les  moeurs 
€iouces  &  pures. 

JULIEN  ,  (  Dldlus  Siveru^  JhUa^ 
nus)P'oyei  DidiekJvuen. 

JULIEN,  (  Aurc/lus  Jullanus  ) 
yoy.  I.  Maxime,  au conirrtencem, 

m.  JULIEN,  dit  \A?o^TAT, 
fameux  empereur  Romain ,  fils  de 
JuUs  C^a/ianc.  [ircre  du  Grand  Cunf- 
tantln ,  ]  &  de  lafillne  fa  deioieme 
femme  ,  naquit  à  Conftantinoplc  le 
é  Novembre  331.  Il  penfa  p^ir 
avec  fon  trere  Gaïlus ,  dans  l'horri- 
î)le  mallacre  que  les  fils  de  C^i?/- 
tantîn  firent  de  fa  familjle  :  maflacre 
dans  lequel  fon  père  &  fes  plus 
proches  parens  furent  enveloppés. 
^  Eufehc  de  Nicomédie  ^  chargé  de 
l'iîducation  de  Julun  &  de  Gallus , 
leur  donna  un  gouverneur  nommé 
Mardonlus ,  qui  leur  infpira  de  la 
gravité ,  de  la  modeftie  &  du  mé* 
pris  pour  les  plaifirs  des  fensi  Ces 
deux  jeunes  princes  entrèrent  dans 
Je  clergé ,  &  firent  l'oîfice  de  lec- 
teurs ,  mais  avec  des  fentimens  bien 
*  difFéren^  fur  la  religion.  Ga/ius 
avoit  beaucoup  d/pictv,  &  JulLn 
avoit  en  fecret  du  penchant  pour 
le  culte  des  faux  Dieux.  Ses  dif- 
pofitions  éclatèrent  ,  lorfqu'il  fut 
^yoyé  à  Athçnçs  à  Tâge  4ç  ^  d{i$« 


J  U  L 

Il  s'y  appliqua  à  l'adrologie,  à  1s 
magie,  &.  à  toutes  les  vaines  illu- 
ûons  du  Paganifme.  Il  s  attacha  fur- 
tout  au  phUofophe  Maxime  ,  qui 
flattoit  fon  ambition  en  lui  promet» 
tant  rtmpire.  C  eft  principalement 
à  cette  curiofité  facrilegc  de  con- 
npitre  l'avenir ,  &  au  ééûr  de  domi- 
ner ,  que  l'on  doit  attribuer  l'apof- 
tafie  de  ce  prince.  Confiance  le  fît 
Céfar  r-an  35  5.  U  eut  le  conmian-  ' 
dément  général  des  troupes  dans  le» 
Gaules ,  &  fe  fignala  dans  cet  emploi 
par  fa  prudence  &  fon  courage.  Il 
remporta  une  vidkoire  fur  fçpt  rois 
Allemands  auprès  de  Strasbourg, 
vainquit  plufieurs  fois  les  Barbares, 
&  les  chaila  des  Gaules  en  très-peu 
de  temps.  Confiance ,  auquel  il  étoit 
devenu  fufpeà  par  tant  de  fuccès , 
lui  envoya  demander ,  pour  l'afFoi- 
blir  „  une  partie  confidérable  de 
fes  troupes  ,  fous  prétexte  de  la 
guerre  contre  les  Perfes.  [  Voye(^ 
Ursi}  I E.  ]  Mais  les  foldats  de  Juâen. 
fe  mutinèrent  ,  &  le  déclarèrent 
empereur  malgré  fa  réfiftance.  Il 
étoit  alors  à  Paris  ,  où  il  avoit  îait 
bâtir  un  palais ,  dont  on  voit  encore 
les  reftes.  L'empereur  d^Jiance  ^ 
indigné  contre  lui,  fongeoit  aux 
moyens  de  le  foumettre,  lotfqu*iI 
mourut  le  3  de  Novembre  36 1. 
JulUn  alla  auâi-tôt  en  Orient ,  où  il 
fut  reconnu  empereiu*,  comme  il 
l'avoit  été  en  Occident.  Le  luxe ,  U 
molleiTe ,  une  foule  de  maux  défo- 
loient  l'empire*,  Julien  y  reipédia 
avec  zèle.  Sa  maifon  fut  réformée  , 
&  les  courtifans  devinrent  modefles. 
Un  jour  que  l'empereui  avoit  dcman- 
dé  un  barbier ,  il  s'en  préfenta  im 
fiiperbement  vêtu.  Le  prince  le 
renvoya ,  en  lui  difant  :  Cejî  uahar;* 
hier  que  jz  Àcmandt^  drnon  un  Séna^ 
teur.  Son  prédécefièur  avoit  près  de 
mille  de  ces  baigneiurs  ;  Julien  n'ea 
garda  qu'un  :  Ceji  encore  trop  ^  difoit« 
il ,  pour  un  homme  qtd  la'Jfe  croître fy 

h^rkt*  Le  pal^  rcz^feriAok  autui) 


j  ut 

ieciufiniers  fjue  de  barbiers.  Un 
jour  qu'il  en  vit  pafîer  un  magni- 
âquement  habillé ,  ayant  fait  paroi- 
tre  le  ficn  vêtu  fuivant  fon  état ,  il 
demanda  à  ceux  de  fa  fuite:  Qui 
ia  dsux  était  officier  de  cmfint?  — 
V^  U  vôtre ,  répondirent  les  cour- 
tsfans.  Alors  JuUen  congédia  le  clii- 
£nier  faftueux  &  tous  fcs  camara- 
des,  en  leur  difant  :  Vous  perdriez 
tous  y\ts  taîens  à  munf^vice*  IlchafTa 
auffi  les  eunuc[ues ,  dont  il  déclara 
s'avoir  aucun  befôin ,  puifqu'il  n'a- 
voit  plus  de  femme.  Il  avoit  perdu 
fon  époufe  Héime ,  toevac  de  Conf- 
iance ,  avant  que  d'être  proclamé 
empereur,  &  êdelle  à  la  mémoire 
d'une  époufe  qu'il  aimoit,  il  ne 
voulut  pas  fe  remarier.  Les  Curiofi , 
officiers  <}ui ,  fous  prétexte -d'inf or- 
mer  l'empereur  de  chofes  utiles , 
étoientdes  efpions  dangereux  &  le 
fléau  de  la  fociété  >  furent  fuppri- 
jnés.  Ce  retrancliement  de  tant  de 
«barges  inutiles  tourna  au  profit  du 
peuple  :  il  lui  remit  la  cinquième 
partie  ^es  impôts.  Il  ne  rcgardoit 
Je  fouveraiii  pouvoir  que  comme 
vn  moyen  de  plus  ,  de  faire  du 
bica  aux  hommes.  Voici  ce  qu'il 
£crivoit  étant  empereur.  >♦  Qu'on 
»  me  montre  un  homme  qui  fc  foit 
^  appauvri  par  fes  aimiônes  ;  les 
M  miennes  m'ont  toujours  enrichi , 
»  malgré  mon  peu  d'économie.  J*en 
»  ai  fait  fouvent  l'épreuve  ,  lorf» 
«•  que  i'étois  particulier.  Donnons 
•»  donc  à  tout  le  monde ,  plus  libé- 
*»  ralement  aux  gens  de  bien  ;  mais 
«♦  fans  refiifer  le  néceffaire  à  per- 
«  fonne,  pas  même  à  notre  cnne- 
*  mi  :  car  ce  n'eft  pas  aux  mœurs 
»  ni  au  cara^ere ,  c'eft  à  l'homme 
w  que  nous  donnons...  m.  Ceux  qui 
Vétoient déclarés  contre  lui,  quand 
il  étoit  iimpie  particulier,  n'eurent 
qu'à  fe  louer  de  ion  indulgence , 
lorfqu'il  fiit  ceint  du  diadème  impé- 
«aL  Julien  avoit  témoi^é  publi- 
9ivaK$it  {on  mécomeatement  h  un 


J  u  L  ^f 

magîûrat ,  nommé  nuUajJms.  Diffé* 
rens  particuliers  qui  plaidoient  con- 
tre ce  magiih-at,  proAterent  de  la 
con  jonâure.  Ils  abordèrent  l'cmpe* 
reur  en  lui  difant:  Tha/ajpus,  i'cn» 
nemi  de  votre  piété,  ncus  a  enlevé  vos 
biens  ;   il    a  commis  mille  violences» 
L'empereur  ,  craignant  qu'on  ne      n 
voulut  abufer  de  la  difgrace  d*ua 
malheureux ,  répondit  aux  accufà- 
leurs  :  J'ayau:  que   votre  enntmi    ejt 
aujji  le  mien  ;  mais  c*eft  préàfémaiÈ 
ce  qtd  doitfujfcndrc  vos  pcurfuîtes  con* 
tre  àd  ,jufqit*à  ce  qu*U  m*^it  farisfaii  : 
je  mérite  bien  la  préfîr.nce,  Enmême 
temps,  il  défendit  au  préfet  de  les 
écouter,  jufqu'à  ce  qu'il  eût  rendu 
fes  bonnes  grâces  à  T^ccufé  ;  &  il 
les  lui  rendit  bientôt  après...i  Pen* 
dant  fon.féjour  à  Antioche,  étant 
fort!  de  fon  palais  pour  aller  facri- 
fier  à  Jupiter  fur  le  Mont-Cafixus ,    - 
un  homme  vint  lui  embraffer   les 
genoux ,  &le  fupplier  humblement 
de  lui  accorder  la  vie.  U  demanda 
qui  c'étoit  ?  C'eft ,  lui  répondit-on  ^ 
Thés>doti  ,  ci-devant    chef  du  confeil 
d^HierapUi  &  quelqu'un  ajouta  mé- 
chamment :  En  rccondu'j'ant  Confkn- 
ce  y  qui  fe  préparoit  à  vous  atcajuer, 
il  le  ccmpllmentolt  par  avance  fur  la'  / 
victoire,   &  le    canjurJt  ,   avec   dei 
gémîjftmens  &  des  larmes ,  d^envoyer 
promptemeru  à  Hîéraple  la  tite   de  ce 
rebelle ,  de    cet   ingrat  ;  c*cft  ainfi 
qu'il  vous  appelùit.  —  Je  favois  tcut 
cela  il  y  a  long-temps  ,   dit  Tempe— 
reur  ;  puis  adrcffant  la  parole  à 
Théodote  qui  n'attendoit  que  fon  arrêt 
de  noort  :  Retourne^  che^  vous  fans 
rien  craindre,  Vom  vive^  fous  un  Prin" 
ce  qui ,  fmvant  la  maxime  d'un  grand 
Philofcphe ,  cherche  de  tout  fon  cetuT 
à  diminuer  le  nombre  de  fes  ennemis  , 
€r  à  augmenter  ceâU  dj  fes  amis,  — 
Julien  méprifa  toujours  les   déla- 
teurs, comme  des  âmes  viles,  qui* 
couvroient  leurs  inimitiés  perfon-  ' 
nelles  du  prétexte  du  bien  général. 
Va  de  ces  nûférabies  é^ac  vçnu  lui 


déno 


îS  JU  L 

noncer  un   de  fes  concitoyens 
comme  prétendant  à  l'empire ,  il  ne 
iît^.pas  attention  à  cette  accufation 
ridicule.  Le  délateur  continuant  de 
€c  préfenter  à  Ton  audience  ,  pour 
intenter    les   mêmes    accuiàtions, 
l'empereur  lui  demanda  :  QuclU  efi 
0       II  condition  du  coupable  que  vous  dé" 
'   nonce^  ?  —  C'cfi  ,  dit-il  r   «»   «^A« 
"éour^eois*  —  Quelle  preuve  ave\-vous 
€ontK  lui  ?  ajouta  le  prince  en  fou- 
îiant.  —  Ilfe  fait  faire  un  habit  de 
foU  couleur  de  pourpre^,*  Juâm  n'en 
▼oulut  pas  écouter  davantage  -,   & 
comme  le  délateur  infiftoit ,  il  dit 
au  grand  tréforier  :  Faîtes  donner  à 
€e  dangereux    babillard  une  chauffure 
£ouleur  de  pourpre ,  afin  qu*il  la  porte 
"^  celui  qu'il  accufe,  pour  affordr  fon 
kablt.,,.  Les  philofophes  ,  au  lieu 
4e  perfeflionner  un  naturel  fi  hcu- 
féux»  le  corrompirent.  Ils  lin  per- 
fuaderent  d'anéantir  le  Chriftianif- 
xne ,  &  de  foire  revivre  l'Idolâtrie. 
Julien  ,  trop  fuperllitieux   ou  trop 
Sicile ,  ordonna  par  un  Edit  gêné- 
rai  d'ouvrir   les  temples  du  Paga- 
ziifine.  Il  fit  lui-même  les  fon£bions 
fie  fouverain  pontife,  avec  toutes 
les  cérémonies  Païennes  ,  s'efFor- 
çant  d'effacer  le  caraftere  de  fon 
baptême  avec  le  fang  des  facrifices. 
Sachant  que  le  peuple  fe  gagne  par 
Tes  images   extérieures ,  il  rétablit 
tomes    les  idoles    détruites.  Il  fit 
peindre  à  coté  de  lui  dans  tous  ies 
portraits  Julter  qui  lui  donnoit  la 
couronné  &  la  pourpre ,  Mars   & 
Mercure  qui  l'honoroient   du   don 
de  la  valeur  &  de  l'éloquence.  En 
mêlant  ainfî  fon  image  avec  celles 
des  faux  dieux  ,  il  favoit  que  le 
peuple  obligé  d'honorer  l'une  (  & 
les  Chrétiens  même  ne  pouvoient 
s'en  difpenfer)  rendoit  des  hom- 
mages aux   autres. ,  Il   affigna   des 
revenus  aux  prêtres  des   idoles  -, 
dépouilla  les  églifes  de  tou^  leurs 
biens,  pour  en  faire   des  largeffes 
aux  foidats  ^  ou   les  réunir  à  fon 


ru  t 

domaine  -,  révoqua:  tous  les  privi- 
lèges que  les  empereurs  Clirétien» 
avoient  accordés  à  rEglife,&  àtst 
les  penfions  que  Confiant'm  avoit 
données  pour  nourrir  les  clercs  , 
les  veuves  &  les  vjerges.  Plus  adroit 
que  fes  prédéceflkirs ,  il  ne  crut 
pas  d'abord  devoir  employer  la 
violence  pour  abplir  le  Chriftianif- 
me  :  il  favpit  qu'elle  avoit  donné 
a  l'Eglife  une  plus  grande  fécon- 
dité. Il  affeéla  même  beaucoup  de 
douceur  envers  les  Chrétiens  ,  8r 
rappela  tous  ceux  qui  avoient  été 
exilés  fous  Confiance  k  csLvSe  de  1» 
religion.  Son  but  étoit  de  les  per* 
vertir  par  les  careffes,  les  avanta- 
ges temporels  &  les  vexations  colo- 
rées de  quelque  prétexte  étranger. 
S'il  enlevoit  les  richefîes  des  l^li- 
{e&  y  c'était,  difoit-il ,  pour  faire  pra*- 
tiquer  aux  Chrétiens  la  pauvreté  Evan-^ 
géiique  :  il  leur  défendit  de  plaider  , 
de  fe  défendre  en  juflice ,  &  d'ex»-u 
cer  les  charges  publiques.  Il  fir 
plus,  il  ne  voulmpas  qu'ils  enfei» 
gnaffent  les  belles-lettres  »  fâchant 
les  grands  avantages  qu'ils  tiroient 
des  livres  profanes  pour  combattre 
le  Paganifme  &  l'irréligion.  Quoi- 
qu'il témoignât  en  toutes  occafion» 
un  mépris  fouverain  pour  les  Chré* 
tiens ,  qu'il  appeloit  toujours  Gali'- 
léens  ,  cependant  il  fentoit  l'avan- 
tage que  leur  donnoient  la  pureté 
de  leiu-s  mœurs  &  l'éclat  de  leurs^ 
vertus  -,  il  ne  ceffoit  de  propofer 
leurs  exemples  aux  prêtres  des 
Païens.  Tel  fut  le  caraûere  de  1» 
perfécution  de  Julien  i  la  douceur 
apparente,  &  la  dérifion  de  l'Evan- 
gile. Il  en  vint  néanmoins  à  tolérer< 
ouvertement  les  moyens  violens  ^ 
quand  il  vit  que  les  autres  étoient^ 
inutiles.  U  donna  les  charges  publi- 
ques aux  plus  cruels  ennemis  des 
Chrétiens ,  &  les  viUes  furent  rem- 
plies de  troubles  &  de  féditions.  Il 
y  eut  un  grand  nombre  de  martyrs, 
dans  la  plupart  des>  provihces..  Oa 


ï  u  t 

Sitinême  qu*il  fit  mqurir  à  Chai- 
cédoioe  les  deux  ambailadeurs  de 
Perfe ,  Manuel^  IfmaU,  parce  qu'ils 
étoient  Chrétiens.  Maris,  évêque 
de  cette  ville ,  qui  étoit  aveugle , 
lui  ayant  reproché  publiquement 
fcs  impiétés,  Julien,  lui  répondit 
en  fouriant ,  j»  que  fon  Galiléen  ne 
»»  le  guériroit  pas  de  la  perte  de 
»»  fa  vue.  —  h  loue  le  Sdgnettr  , 
(  répondit  Maris ,  )  d*étre  aveugle 
pour  n'avoir  pas  les  yeux  fomllés  par 
la  vue  d*un  Apofiat  td  que  tou.,  Julien 
ne  répliqua  point ,  &  afFeâa  un  air 
de  clémence  &   de   modération  : 

V^oyei  II.  BONOSE...  I.  CeSAIRE... 

Delphidius..  &  l'article  fuivant.  ] 
Il  voulut  convaincre  de  faux  la 
prédiâion  de  Notre -Seigneur  fur 
le  Temple  de  Jérufalem ,  &  entre- 
prit de  le  faire  rebâtir  par  les  Juifs , 
environ  300  ans  après  fa  démoli- 
^on  par  Tuus  ;  mais  toiis  leurs 
efforts  ne  fervirent  qu'à  vérifier  la 
parole  de  Jesvs^Christ,  Les  Jui&, 
qui  s'étoient  lafiemblés  de  tous 
côtés  à  Jinifàlem  y  en  ayant  creufé 
les  fonderaens  ,  il  en  fortit  des 
tourbillons  de  flammes ,  qui  con- 
sumèrent les  ouvriers  6c  l'ouvrage 
commencé.  Les  maçons  s'opiniâ- 
trerent ,  'à  diverfes  reprifes ,  à  conf- 
triiire  les  fondemens  du  Temple  ; 
mais  tous  ceux  qui  oferent  y  tra- 
vailler, périrent  par  les  flammes. 
Cefait  eft  copflaté  par  Ammlen  Mar^ 
cellln ,  auteur  Païen  très-eftimé ,  & 
par  un  grand  nombre  de  témoins 
authentiques.  Le  même  hiftorien  fe 
moque  de  fa  fuperftition  ,  qui  lui 
fit  dépeupler  le  monde  de  boeufs, 
par  le  grand  nombre  de  facrifices 
qu'il  oèit;  &  Eutrope,  qui  le  com- 
pare à  Marc  -  Aurde  ,  dit  pourtant 
qu'il  étoit  nlmius  Rdiglonis  ChrlJHa- 
n^  îiifeHator,.,,  L'empereur  Julîen 
réfolu  d'éteindre  le  Chriflianifine , 
vouloit  auparavant  terminer  la 
fuerre  contre  les  Perfes.  Ce  prince 
ps  xefpirbit  quç  la  gloire  de  venger 


J  U  L     '     ^9 

l'empire  Romain  des  pertes  que  ces 
peuples  lui  faifoicnt  fouffrir  depuis 
60  ans.  Ses  premières  armes  fiirent 
heureufes.  Il  prit  plufieurs  villes 
aux  ennemis ,  &  s'avança  jufqu'» 
Ctéfiphon.  Il  fit  paffer  le  Tigre  à 
fon  armée  au-deifus  de  cette  ville  ^ 
& ,  par  une  extravagance  que  le 
fuccès  même  ne  pourroit  cxcufer , 
il  fit  brûler  £a  flotte  &  toutes  fes 
provifions.  Il  voulut  pénétrer  dans 
le  coeur  de  l'AiTyrie  ;  mais ,  au  bout 
de  quelques  jours  de  marche  ,  ne 
trouvant  ni  grains  ni  fourrages  ^ 
parce  que  les  Perfes  avoient  fait 
par-tout  le  plus  grand  dégât ,  il  fiit 
contraint  de  revenir  fur  fes  pas  & 
de  fe  rapprocher  du  Tigre.  Dans 
l'impoflîbilité  de  le  repaffer ,  faute 
de  bateaux ,  il  prit  pour  modèle  de 
fa  reti-aite  celle  des  Dix-mille,  & 
réfolut  de  gagner  cpmme  «ux  lé 
pays  des  Carduques ,  appelé  defoa 
temps  la  Carduenne,  Supérieur  dan* 
tous  les  petits  combats  aux  lieu- 
tenans  de  Sapor ,  roi  dé  Perfe ,  il 
avançoit  toujours ,  lorfque ,  le  16 
Juin  363  ,  il  fut  blefl«  dangereu- 
fement.  Comme  il  levoit  les  bras 
pour  animer  fes  troupes  en  criant  : 
Tout  a  nous  !  il  fut  frappé  dun 
dard.  Théodoru  dit,  qu'il  prit  alors: 
dans  fa  main  du  fang  de  fa  bleiTure  « 
&  qu'il  s  écria ,  en  le  jetant  contre 
le  Ciel  :  Tu  as  vaincu,  Galiléen! 
Quoi  qu'il  en  foit  de  ce  bruit  popu- 
laire &  aflfez  peu  vraifemblable  »- 
Julien  parut  regretter  peu  la  vie.  Je 
me  foumets ,  dit-il ,  avec  joie  aux  dé^ 
crets  éternels ,  convaincu  que  celui  qui 
tft  attaché  à  H  vie ,  quand  il  faut 
mourir  ,  eji  plus  lâche  que  celui  qui 
voudroit  mourir  quaudil  faut  vivre.  Ma 
^ie  a  été  couru ,  mais  mes  jours  ont 
été  pleins,  La  mort  ,  qui  eft  un  mal 
pour  les  médians ,;  eft  un  bien  pour 
Phomme  vertueux  ;  c'eft  une  detu  qu^un 
.Sage  doit  payer  fans  murmure.  J'ai  été 
Particulier  &  Empereur  î&  dans  ma 
fU  privée  &  fur  U  trùne ,  j*  n*ai  ric4 


6o  J  U  L- 

fait,  je  pitt/Cf,  dont  j*aU  lieu  de  nie 
npentlr,   11  employa    fes    derniers 
anomcns  à  s'entretenir  de  la  nobleiTe 
des  âmes  avec  le  philofophe  Maxi-' 
juc,  ai  expira  la  nuit  fuivante ,  à 
5i  ans.  On  lui  fit  cette  Epiiaphe  : 
»  a  gît  Julien  ,  qui  perdit  la  vie 
••fur  le  bord  du   Tigre;  il  6it  un 
*•  excellent  Roi  &  un  vaillant  Guer- 
9»  ricr  ♦<.  Ayant  toujours  {u  fe  dé- 
fendre de  1  amorce  des  plailirs  ;  il 
^oit   fauvent ,   après  un    Poëte 
Crée  ,  que  U  Ch  JkU  efi  en  fait  des 
maurs ,  ce  qui  la  tête  eft  dans  une  hdU 
Statue  ,  &  que  VliCx^ntkwicefufft  pour  . 
déparer  U  plus  belle   vie.  Dans  la 
guerre  qu  il  fit  contre  les  Perfes  y 
il  s'abiliiit ,  à  l'exemple  ^Alexandre 
le  Grand ,  de  voir  àçs  vietges  cap- 
i^ves  dont  on  lui  avait  vanté  les 
charmes.  Dans  cette   même  expé- 
dition ^  ayant  apperçu  à  la  fuite  de 
llarmée  plusieurs  chameaux  chargés 
«le  vins  exquis  »  il  défendit  aux 
chameliers  de  pafïer  outre.  Enipor- 
Ée^ ,  leur  dit  -  il ,  ces  fources  empU- 
Janni&s  de  volupté  ^  de  débauche:  un 
Jhidàt  ne  doit  pas  boire  de  vin  saline 
l'a  pris  fur  rennemi  ,  &  moi-même  je 
ysux  vUre  en  foldat.  11  n'y  a  guère 
de  princes  dont  les   auteurs  aient 
parlé  plus  diverfement ,  parce  qu'il» 
l'ont  regardé  fous  éiïiérens  points 
de  vue ,  6c  qu'il  étoit  lui-même  un 
amas  de  contradiûions.  //  y  avSit 
M.  lut  y  (dit  Fleury,  )  un  tel  mélange 
/    de  bonnes  &   di   m:.uvafes  qualités  , 
fu'U  étoit  facile  de  le  louer  ou  de  le 
hlamcr ,  fans  altérer  la  vérité*   D'un 
^6té ,  favant ,  libéral  ,  tempérant  , 
fobre ,  vigilant  ,   jufte  ,  clément  » 
humain.  D  un  autre  côté  ,  léger  » 
inconilant,  bizarre,  donnant  dans 
le  fanatifme  &  les  fuperfàtions  les 
^us  extravagantes,  courant  après 
la  gîcire ,  voulant  être  tout   à    la 
fois  PJaton  ,  Marc-Aurele  &"  Alexan^ 
dre,   eiiimant ,  par  un  .goût  faux  ^ 
ce  qui  pouvoit  le  fingularifer ,  dé- 
hhum  des    calamnies   contre    U 


j  u  E 

famille  de   C^nflamîn,  &  refufaiit 
fouvent  aux  Chrétiens  de  répondre 
à  leurs  requêtes.    On    peut    dire 
qu'il  étoir  plutôt  iîngulier  que  grande 
&  qu'il  avoir  tout  le>ridicule  de* 
philofophes  ,  fans  avoir  toutes  le* 
qualités  qui  font  les  grands  pria» 
CCS.  Jurun  avoit  une  taille  médio- 
cre, le    corps   bien  formé  »  agile 
&  vigoureux  ;  des  épaules  larges  , 
qui  fe  hauffoient  &  fe   baiiToient 
tour  à  tour  -,  la  tête  toujours  et» 
mouvement  \  la  démarche  peu  a£u- 
rée-,  les  fourcils  &  les  yeux  par» 
faitemect  beaux  ;  le  regard  plein  de 
iùi ,  mais  qui  masquoit  de  rinqaié-r 
tude  &  de  la  légèreté  ;  l'air  rail» 
leur  -,  une  barbe  iiériffée  en  pointe  i 
Il  parloit  &   rioit.  avec  excès.  Il 
nous  relie  de  lui  pluiieursZ>(/ct>«ri^ 
ou  Haranpas  ,  des  Jxures  ,  une  5a» 
tire  des    Céfars  ;  un  Traité  intitulé  : 
Mifopogon,  qui  eft  une.  Saûre  de* 
habi^ans  d'Antioche  ,  &  quelques 
autres  pièces  qui  on&  été  publiées 
en  grec  &  en  latin  par  le  P.  Pêtau 
en   1630,  in-4**.  E^échlel  Spanhdm 
en  donna  en  1696  une  belle  édi» 
tion ,  in-foL  M.  Tabbé  de  la  Blet' 
teiie  en  à  traduit  une  pattie  avec 
autant  de  fidélité  que  d'elég^ce , 
dans  fa  Fie  de  Jovkn ,  en  2  val.  in» 
12.  11  a*y  â  perfonne  qui  ne  con» 
noiflcScqui  n'admire  la  Satire  déi. 
Céfars  ,   à    quelques,   plailànteriefc 
près  ,  qui  font  un  peu  froides.  Uià 
jugement  critique  de  ceux  qui  ont 
été  aflis  fur  le  premier  trône-  du 
monde ,  parum  philofophe  aaflere: 
qui  y  a  été  afiis  hii  -mêjïie ,  a  de 
qiioi  plaire  ;  mais  cotte  cenfure  efî- 
elle  digne  d'un  fage  ï  Non  »  fans 
doute.  Son  Mifopogojt  cil  plein  d'efr 
prit  &  de  vanité.  U  déps'ime  étran* 
gement  les  habitans  d' Annoche  >  6c 
ne  s'épargne  pas  les  louanges.  Les 
connoiffeurs  ont  jugé  »  parlesdifFé* 
rens  ouvrages  qui  nous  retient  dc^ 
Julien  ,  que  cet  empereur  avoit  "uix 
beau  génis ,  un  efprit  vif  ^  aift.  t 


fiécofid  ;  mais  ils  lui  reproclicnt  de 
s'être  trop  abandonné  au  goût  de 
Coq  fiecle,  où  la  déclaitiation  te» 
,  «oit  lieu  d'éloquence,  les  antithe*» 
ies  de  penifcs^  &  les  jeux  de  mots 
deplaifantenes.  (  Foy^l  Li^a  nius.) 
Nous  devons  une  partie  de  cet  arti- 
cle à  l'excellente  Hîjloîrc  de  Jnuin 
par  M.  l'abbé  de  U  Blcturît,  Cette 
Hifloire  ,   réimprimée  à  Paris  en 
ï746,in-ii,  eft  la   feule   dans 
laquelle   on    puifle    apprendre  ce  . 
qui  regarde  la  conduite ,  le  carac- 
tère &  les  écrits  de  cet  empereur. 
Ajoutez-y  ce  qu'en  dit  M.  Thomas 
<l3ns  le  xx^  chapitre  de  fon  EJfal 
fur  les  Eloges,  »»  Que  penfer  donc  de 
^  JuHen  »♦  ?  (  demande  cet  éloquent 
^  fage  académicien.  )  >»  Qu'il  fut 
**  beaucoup  plus  philofophe  dans 
^  fon gouyeo3ement& fa  conduite, 
*»  que  dans  fes  idées  -,  que  fon  ima- 
*»  gination  fut  extrême  ,   &    que 
^  cène  imagination  égara  fouvent 
^  fes  lumières-,  qu'ayant  renoncé 
»♦  à  croire  une  révélation  générale 
"  &  unique  T^  il  cherchoit  à  clia- 
**  que  inâant  une  foule  de  petites 
'♦  révélations  de  détail  ;  que  fixé 
»*  far  la  morale  par  £es  principes  , 
^  il  avoit  fur  tout  le  refte  l'inquié- 
^  mde  d'un  homme  qui -manque 
>*  d'un  point  d'appui  -,  qu'il  porta, 
«  faasy  penfer ,  dans  le  Paganifrae 
**  même ,  ime  teinte  de  l'aufléricé 
^  Chrétienne  où  il  avoit  été  élevé; 
>»  qu*il  fut  Chrétien  par  les  moeurs , 
»♦  Platonicien  par  les  idées ,  fuper^ 
V  titieux  par  l'imagination ,  Païen 
^  par  le  culte,  grand  fur  ïe  trône 
»♦  &  à  la  tête  des  armées ,  foible 
^  &  petit  dans  fes  temples  &  fes 
«  myîleres^  Qu'il  eut  en  un   mot 
»*  le  courage  d'a^,  de  penfer,  de 
^  gouverner  &  de  combattre  -,  mais 
>•  qu'il  lui  manqua  le  courage  d'i- 
M  gnorer.  Que  malgré  fes  défauts , 
y  (  car  il  en  eut  plufieurs)  les  Païens 
>♦  durent  l'admirer,  les  Cirétiens 
9,  durent  le  plaindre^  &c.  m 


J  UL  ^1 

ÏV.  JULIEN ,  oncle  maternel  de 
Fempercur  Jull.n ,  comte  d'Orient, 
haïiToit  les  Chrttiens   autant  que 
fon  neveu  -,  mais  il  cachoit  beau- 
coup moins  fa  haine.  Altéré  de  leur 
fang  ,  il  faifilToit  toutes  les  occa- 
fions  de  leur  faire  fubir  le  dernier 
fupplice.'Il  fit  fermer  toutes  les  églî- 
fes  d'Antioche.  N'ayant  jamais  pn 
obliger  le  prêtre  Théodorct  ,  éco^ 
nome  d'une  églife  Catholique  ,  à 
renier  J.  C. ,  il  le  condamna  à  per- 
dre la  tête.  Le  même  jour  il  fe  ren- 
dit à  Téglife  principale ,  profana  les 
vafes  facrés ,  &  donna  un  foufRet 
à  un  évêquequi  vouloit  l'en  cn^ 
pêcher.    Qu*on  croU  maintenant ,  dit 
ce  Ikcrilcge,  qvt  Dieu  fe  mile  des 
affa'res  des  Chrétiens  !    L'empereur 
ayant  appris  la  mort  du  prêtre  Théo» 
dorct,  la  lui  reprocha  avec  chaleur* 
Efi-ce  ainfi  ,    lui  dit  -  il ,    que  vont 
entrei  dans  mes  vues  ?  Tandis  qt»  je 
travaille  à   ramener  les  GaUIé^ns  par 
la  raîfon  ,  vous  faites  des  Mar'yrsfouM 
mjn  règne  ,  &fous  mes  yeux  /  Ils  vont 
me  flétrir,  comme  ils  ont  fUtji  leurs 
plus  odieux  perfécuteiirs.  Je  vous  défends 
d*6tar  la  vie  à  pcrf^^nne  peur  caufk  de 
R&llgièn ,  &  vous  charge  de  faire  favoir 
aux  autres  ma  volonié.  Ces  reproches 
furent  Un  coup  de  foudre  pour  le 
comte ,  qui  mourut  peu   de  tempt 
après ,  dans  une  aflfreufe  alternative 
de  fureur  contre  les  Chrétiens,  & 
de  ces   remords  infrudhieux  pro-* 
duits  par  la  crainte  &  le  défefpoir. 

V,  JULIEN,  gouverneur  de 
la  province  de  Vénétie  en  Italie  ; 
prit  le  titre  d'empereur  après  la 
mo^  de  Numénîm  en  a84.  Commô 
il  avoit  de  la  bravoure ,  il  fe  main* 
tint  pendant  quelque  temps  en  Ita- 
lie contre  les  troupes  de  l'empereur 
Ct^in.  Mais  les  deux  concurrens  à 
l'empire  s'étam  rencontrés  dans  les 
plaines  deVérone ,  JuRen  fut  vaincu. 
Les  uns  dîfent  qu'il  périt  dans  la 
bataille  ;  d'autres  ,  qu'il  fe  tua  lui- 
même  après.   Il  n'avoit  porté  lai 


6i  J  U  t 

pourpre  impériale  qu^environ  cinq 
à  fix  mois.. 

VI.  JULIEN  d'Eclane,  évêqire 
de  cette  ville ,  çtoit  fils  de  Mémo^ 
rius ,  évêque  de  Capoue.  U  fe  dis- 
tingua par  fon  éloquence ,  &  par 
les  grâces  de  fon  efpnt  &  de  fon 
ftyle.  Ses  talens  lui  gagnèrent  le 
cœur  de  S.  Au^iJUn  ;  mais  ils  fe 
brouillèrent  ,  lorfqu'il  refufa  de 
foufcrire  aux  anadiêmes  lancés  en 
418  contre  les  Pélagiens  dans  le 
concile  général  d'Afrique,  Julien  fe 
joignit  à  17  autres  évêques  de  fa 
£e£te  pour  faire  une  confeffion  de 
foi  y  dans  laquelle  ils  prétendoient 
fe  jufHfier.  te  pape,  fans  y  avoir 
égard ,  le  condamna  avec  fes  com- 
plices. Ces  fanadques  en  appelè- 
rent à  un  concile  général  ;  mais  5. 
Auffifkn ,  un  des  plus  ardens  adver- 
faires  du  Pélagianifine ,  démontra 
que  cet  appel  étôit  illufoire.  JuUetf. , 
mourut  en  450,  après  avoir  été 
chaiTé  de  fon  églife ,  anathématifé 
par  les  papes ,  &  profcrit  par  les 
empereurs.  On  a  de  lui  quelques 
Ouvrages,    1668,  in-S**. 

JULIEN,  (St-)  Voy.  St-Julien. 

JULIENNE ,  prieure  du  monaf- 
tere  du  Mont  -  Cornillon  ,  près  de 
Liège,  naquit  en  1193,  &  mou- 
rut en  12^8,  à  65  ans,  en  odeur 
de  faimete.  Une  vifion  qu'elle  eut , 
donna  lieu  à  l'inftitution  de  la  Féu 
eu  Saint  Sacrement  ,  qui,  célébrée 
d'abord  dans  quelque»  églifes  par- 
ticulières ,  le  î\xt  enfuite  dans  l'é- 
glife  univerfelle.  (  V,  Urbain  iv.> 

JULIUS  CANUS,  illuftre  Ro- 
main ,  a  rendu  fon  nom  célèbre 
par  fa  confiance.  L'empereur  Calî- 
^ula ,  irrité  fans  fujet  contre  lui  , 
4'avertit  de  fe  préparer  à  la  mort. 
Je  vous  fids  bien  obligé  ,  Céfar  / 
répondit  cet  homtme  intrépide ,  ians 
paroitre  ému.  On  le  conduilit  en 
prifon ,  &  lorfqu'on  vint  le  pren- 
dre pour  le  mener  au  lupplice, 
pjà  Iç  trouva  )ou|ait  aux  échecs. 


JUN 

Son  Jeu  étoit  plus  beau  que  telu} 
de  fon  compagnon  *,  &  afin  quti 
celui-ci  ne  fe  glorifiât  pas  après  ùk 
mort  de  ravoir  gagné  «  il  pria  le 
centurion  d'être  té^itoin  de  l'avan<* 
tagé  qu'il  avoit  fur  lui.  Il  fe  levi 
enfuite,  &  fuivit  Texécuteur  avec 
une  fermeté  qui  furprit  &  toucha 
tous  les  fpeûateurs,  (  Voyef{  Séneque, 
De  tranquilL  anlmi,  cap.  14.) 
JULIUS,  6cc.  K.Barcochbbas..; 
I.  Ce^se...  Capitolin...  Firmi- 
cus...  Grecinus...  les  dern.  Ju- 
les... Obsequens..  Africain..* 
IL  Sabinvs...' 

JUNCKER,(Chriftian  )  né 
àDrefdeen  1668,  fe  rendit  habile 
dans  là  fcience  des  médailles.  II 
fut  fucceffivement  reâéiir  à  Schleu- 
fingen,  à  Eyfenach  &  à  Altem- 
bourg,  où  il  mourut  le  19  Juin 
17 14  à  46  aais,  avec  le  titre  d'hifr 
toriographe  de  la  maifon  A^SaxE" 
Ernest  ,  &  de  membre  de  la  fo- 
ciété  royale  de  Berlin.  La  mort 
fubite  de  fa  femme ,  qu'il  chériiToît 
tendrement ,  accéléra  la  iienne.  C'é- 
toit  un  favant ,  ennemi  de  la  pé- 
danterie &  du  charlatanifine.  Il  a 
ÙLÎt  un  grand  nombre  de  Traduc 
tlùns  allemandes  d'Auteurs  anciens  , 
&  plufieurs  Editions  d'Auteurs  claf^ 
fiques ,  avec  des  notes ,  dans  le 
goût  des  éditions  de  MlnelUus,  On 
a  encore  de.  lui  :  I.  Schediafma  de 
Diarîis  eruâitorum,  IL  Centurîa  Fenu" 
narum  eruditione  &  fcrîpds  lUu/h-ium, 
m.  Thc^trum  Latinitatls  univerfk 
Rehero'Junckerlanum,  IV.  Unete  em^ 
ditioms  univerfz  &  Hijloria  Philofc- 
phica,  V.  Vita  Jjahtrl  ex  mimpùs, 
VI.  Vita  hidolphi ,  &c.  Sa  pauvreté 
l'obligeoit  de  travailler  un  peu  à 
la  hâte ,  &  fes  ouvrages  fe  fentent 
de  cette  précipitation. 

JUNCTES ,  (  Les  )  Voy.  Juntes. 

JUNCTIN,  qu'on  appeloit 
Gîunttno  en  italien,  mathématicien 
Florentin,  avoit  été  d'abord  Car- 
me \  il   apoftitÊçi  enfuitOr  Apr^ 


ÏU  N 

èroÎT  mené  une  vie  erranïe,  llcen- 
denfe  &  inquiète,  il  paiTa  en  Fran- 
ce, où  il  abjura  la  religion  Catho- 
lique. S'étant  établi  à  Lyon  ,  il 
y  fut  long-temps  corredeur  d'Im- 
primerie chez  les  JunSâs,  Il  donna 
enfuîre  dans  la  Banque ,  fit  le  com- 
merce du  papier,  &  prêta  à  inté- 
rêt. Il  amaila  par  ce  moyen  60 
mille  écus ,  dont  on  ne  trouva  ce- 
pendant rien  après  fa  mort.  U 
avoit  fait  un  legs  de  mille  écus  aux 
/«o5m  ;  mab  cette  marque  d'amitié 
ne  leur  fervit  de  rien  ,  par  l'enlè- 
vement fiirtif  de  tout  ce  qu*il  avoit 
amaffé.  On  prétend  qu'il  fut  acca- 
hléea  1590,  fous  les  ruines  de  fa 
bibliothèque,  quoiqu'il  eût  lu  dans 
les  afbes  qu'il  mourroit  d'un  autre 
genre  de  mort.  Il  avoit  environ 
68  ans.  On  a  de  lui  :  L  Des  Com- 
mentaires latins  fur  la  Sphère  de 
Sacrobofco,  1577  &  1578  ,  2  VoU 
in-4**.  IL  Spéculum  Afirolagùe ,  Lugd. 
1581  il  vol.  in-folio.  IIL  Un  Trahi 
eà&ançois  fur  la  0:>metequi  parut 
en  1577  ,  in-8**.  IV.  Un  autre  fur 
la  réformation  du  Calendrier  par 
GrtgoînXin,  en  latin,  in-8^.  Il 
étoit  rentré  dans  l'Eglife  Catholi- 
que ,  fans  être  plus  réglé.  Ses  mœurs 
fiu-enttrès-corrompues,  &fon  efprit 
fe  refïentit  de  cette  corruption. 

L  JUNGERMAN,  (  Godefroi  ) 
fils  d  un  profefTeur  en  droit  de 
Leipfick,  efl  connu  par  une  Edî- 
non  de  PoUux  ;  par  une  autre ,  fort 
recherchée ,  d'une  ancienne  verfion 
grecque  des  7  livres  De /a  Guerre  des 
Gaules  de  /.  Céfar,  Francfort,  1606, 
1  vol,  in-4®  ;  &  par  une  traduéiion 
hdne  des  Pafiorales  de'Longus ,  avec 
des  notes,  Hanoviae,  1605  ,  in-8°. 
On  a  auifi  de  lui  des  Lettres  impri- 
mées. Il  mourut  à  Hanau  ,  le  16 
Août  16 10. 

n.  JUNGERMAN,  (Louis)  frère 
du  précédent,  cultiva  avec  faccès 
lliiftoire  naturelle  ,  &  s'appliqua 
|>articuliérenient  à  la  l^otamque.  II 


j  u  N       et 

mourut  à  Altorf  en  1653.  C'eft  à 
lui  qu'on  atnribue  Hortus  Eyfiaten* 
fis,  (  f^oy,  Besler.)  Catalûgus planta» 
rwn  qme  àrca  Altaifinum  nafcuntur^ 
Altorf,  1646.  in-8®.  Cormcopla  Flurm 
Gleffmfis ,  Gieffe ,  1623 ,  in-4°. 

JUNIE ,  (  Junla  Ca.'yîna  )  diffé- 
rente de  JiTNiA  Silana ,  autre  dame 
Romaine ,  fameufe  par  fes  galante- 
ries, defcendoit  de  l'empereur  Au- 
gufie  en  droite  ligne.  EUe  joignoit 
à  l'éclat  de  fa  naiffance ,  une  rare 
beauté,  mais  qui  n'étoit  pas  rele- 
vée par  la  fagcffe.  Son  intimité 
avec  Silanus  fon  frère ,  où  il  entroit 
peut-être  plus  d'indifcrétion  que 
de  crime  ,  l'expofa  à  des  foupçons 
odieux.  Que  l'incefte  fût  vrai  ou 
fuppofé  , ,  l'empereur  Claude  exila 
Junu  de  Rome  ;  elle  fut  rappelée 
par  Néron,  &  vécut  jufqu'au  règne 
de  Fe/pafien.,,  Racine ,  dans  fa  tra- 
gédie dcBrltannicus^  la  peinte  biea 
autrement  que  les  écrivains  anciens. 
Comme  Brltannîcus  étoit  un  prince 
vertueux,  le  poëte  a  fuppofé  quefoa 
amante  avoit  les  mêmes  qualités, 
&  a  fait  de  Junîe  une  veflalc  digne 
du  cœur  de  fon  héros. 

JUNIEN,  (S.)  célèbre  folitaire, 
natif  de  Briou  en  Poitou,  fonda 
un  monaftére  à  Maire ,  dont  il  fut 
le  premier  abbé.  H  mourut  le  1 31 
Août  587,  le  même  jour  que  Sre. 
Radegonde ,  avec  laquelle  il  avoit 
été  en  commerce  de  lettres  &  de 
myflicité.  En  1 5  69s  la  crainte  qu'inf^ 
piroient  les  calviniftes  fît  enfouir 
fes  reliques  avec  des  vafes  facréf 
dans  un  lieu  qu'on  n'a  pu  encore 
découvrir.  Foyei  les  Vies  des  Saints 
de  Baîllet,  13  Août. 

JUNILIUS  ,  évêque  d'Afrique 
au  VI®  fiecle.  On  a  de  lui  2  livres 
De  la  loi  divine ,  en  forme  de  dia- 
logues, dans  la  Bibliothèque  des 
Pères.  C'eft  une  efpece  d'intrpduc- 
don  à  l'étude  de  l'Ecriture-fainte» 

I.  JUNIUS,  (Adrien)  dv  Jongh, 
né  à  iiorn  en  Hollande  le  i®'  Juillet 


€4       î  tr  N 

'  1511,  s'appîioua  de  bonne  hèitté 
à  la  littérature  oc  à  la  médecine,  & 
parcourut  l'Allemagne  &  l'Angle- 
terre pour  fe  perieéfionner.  Appelé 
çn  Danemarck  pour  être  précepteur 
du  prince  royal ,  il  ne  put  s'ac- 
commoder ,  ni  du  climat,  ni  du 
génie  de  la  nation*  Il  revint  en  Hol-* 
lande  en  1 5  64 ,  &  mourut  à  Armui- 
den  près  de  Middelbourg  îe  16  Juin 
1575  9  ^c  regret  d'avoir  vu  piller 
,  fa  bibliothèque  par  les  Efpagnols.  Il 
laifTa:!.  Des  Commentaires -^^vl  con-* 
nus  fur  divers  auteurs  Latins.  II* 
Un  Poème  en  vers  profaiques ,  in- 
titulé :  La.  Phlllpplde ,  Londres,  1554, 
in-4** ,  fur  le  mariage  de  Philippe  II 
roi  d'Efpagne.  III.  Quelques  Tra- 
ducilJtis  d'ouvrages  grecs  ;  mais  elles 
font  peu  fidelles  -,  &  dans  la  feule 
verûon  ^Eunaptus  il  a  fait  plus  de 
600  feutes.  IV^  Six  livres  A'AnU 
madvcrforum  ,  que  Gruter  â  inférés 
dans  fon  Trésor  critique.  Ils  rou- 
•  lent  fur  divers  points  de  critique. 
»  L  auteur-  y  fait  paroître  ,  (  dit 
•  »>  Mceron ,  )  une  connoiffance  pro- 
M  fonde  de  l'antiquité  Grecque  & 
w  Romaine ,  une^critique  également 
5t  fine  &  judicieufe  ,  de  la  politeffe 
w  dans  le  ftyle,  jointe  à  toute  la 
^  candeur  &  à  toute  la  modeftie 
>*  d'un  écrivain  qui  travaille  fîncé- 
»»  rement  à  découvrir  la  vérité  »«. 
Ces  fix  livres  imprimés  féparément 
à  Roterdam  en  1708,  in-8°,  font 
'fuivis  d'un  Traité  de  Cvmâ ,  curieux 
/  ^  rempli  d'érudiaon.  Thlers  en.  a 
feit  ufage  dans  fon  Hlfioln  des  Per- 
ruques, V.  Phalil  ex  fimgorum  génère 
Defcr'ptlo  ,  Leyde  ,  1601  ,  in-4°  ; 
DoKlrccht,  1652,  in-S**,  On  trouvé 
dans  cette  édition  des  Lettres  de 
Junitts ,  mais  il  n'y  a  pas  de  figures. 
VI.  Notjunc/ator  omnium  reram,  1567, 
in-8^.  Cet  ouvrage  eft  curieux  & 
recherché.  Le  cdoix  des  termes  en 
huit  langues ,.  n'y  eft  pas  moins  une 
preuve  d'érudition  de  1  auteur  ,  que 
ée  fa  patience  infatigable,  Ce  n'dt 


jjas  qii'ott  n*7  trouve  des  fautes  y  Û , 
même  de^  fautes  grofiieres  ^  msâi 
c'eftunfort  inévitable  dans  des  ou-» 
vrages  fi  étendus  &  fi  yariés.  Colc* 
mies  rapporte  au  fiijet  de  ce  livre 
une  anecdote  ^  qui  cfi  apparemment 
un  côme.  Il  dit  que  /.  Sambuc  étant 
allé  en  Hollande  exprès  pour  voir 
Junlus ,  apprit  chez  lui  qu'il  buvoit 
avec  des  charretiers  ;  ce  qui  lui 
donna  tant  de  mépris  pour  lui^ 
qu'il  s'en  retourna  fons  le  voir* 
Junlus  l'ayant  appris,  s'exculà  fur 
ce  qu'il  ne  s'étoit  trouvé  avec  ces 
fortes  de  gens,  que  pour  appren-* 
dre  d'eux  quelques  termes  de  leur 
métier ,  qu'il  vouloit  mettre  dans 
fon  NomencUtor,  (  Voye\  le  tome 
XV I®  des  Mémoires  de  Nlceron ,  qui 
donne  un  catalogue  détaillé  de  fe» 
/ïombreux  écrits.  )  On  ne  peut  nier 
qu'il  n'eût  us  grand  fonds  de  litté-* 
rature. 

II.  JUîÛUS ,  otf  DU  JoN ,  (  Fratt-r 
çois)  né  à  Bourges  en  1^45  ,  Va 
rendit  habile  dans  le  droit,  dans 
les  langues  &  dans  la  théologie  « 
&  fitt  miniôre  dans  les  Pays-Bas..  Il 
fiit  choifi  en  1597  pour  enfeigner 
la  théologie  à  Leyde ,  où  il  mou« 
rut  le  13  oâobre  en  1602,  à  57 
ans.  Il  avoir  naturellement  une  mé- 
moire fort  étendue ,  à  la<juelle  il 
avcit  confié  beaucoup  de  chofes« 
On  a  de  lui  :  I.  Une  Verfion  latine 
du  texte  hébreu  de  la  Bible ,  qu'il 
fit  avec  Emmanuel  TremeUm,  Elle  a 
fbuvent  été  imprimce  en  difFéren-' 
tes  formes  :  celle  qui  a  plus  de  no- 
tes ,  eft  d'Herborn,  1643  ,  en  4  vol. 
in-fol.  II.  Des  Commentaires  fur  un© 
grande  partie  de  l'Ecriture  fainte  , 
&c.  publiés  à  Genève,  1607 ,  en  j. 
vol.  in-fol.  Cefavantiï*avoit  d'au- 
tres plaifn^  que  ceux  du  travail.  II 
peut  pafiêr,  (ditZ)ap//ï,  )  pour  uft 
bon  grammairien -&  un  médiocre 
théologien.  Il  n'étoit  pas  Calvinifie 
rigide.  Quoiqu'il  crût,  fuivant  le 
préjugé  vulgaire  de  ià  fe£le ,  que 

VEglifç 


f 


ÏUN 

nfiSé  Romaine  étok  MÊfttnM  Bâ» 
^Imica  4  il  prétendoit»  (  dit  Nîcen>n^) 
t»  qu'on  pouvoir  s'y  ûmrer  ;  que 
M  c*étoit  un  corps  vivant ,  mais 
M  plein  d'ulceies  ;  que  c'étoit  une 
M  proftituéet  mais  qui  ne  laifToit 
«  pas  d'être  Tépoufe  de  Jefus- 
91  Clirift ,  parce  qu'il  ne  Tavoit  pas 
m  répudiée  M.  Ce  femiment»  quoi- 
qa'cxprimé  d*une  manière  ofFen- 
fiutte  pour  la  véritable  Eglife  « 
déplut  aux  théologiens  de  Goieve. 
m.  JUNIUS ,  (  François  )  fils  du 
précédent  ,  né  à  Heidelberg  en 
1589,  prit  d'abord  le  pard  des 
armes;  mais,  après  la  trêve  con- 
clue en  1609 ,  il  fe  livra  tout  entier 
à  rémde.  Il  pafla  en  Angleterre  en 
1610,  &  demeura  pendant  30  ans 
fiiez  le  comte  «f^rraie/»  U  mourut 
i  Windfor ,  chez  Ifaûc  Fojfms  {on. 
neveu ,  en  1678  «  à  88  ans ,  laiflani 
ies  manufcrits  à  runiveriioé  d'Ox» 
iord.  U  <e  fit  extrêmement  eftimer , 
non-iêulement  par  fa  profonde 
érudition  «  mais  encore  par  la  pureté 
de  lès  moeurs*  Ainfique  fon  père , 
il  n'avoit  aucune  paffion  que  celle 
4e  l'étude*,  &,  ce  qui  eft  bien  peu 
commun ,  cette  paffion  n'altéra  pas 
&  ianté.  U  ne  fongeoit  ni  aux 
iuens ,  ni  aux  dignités  de  la  tetre« 
On  mit  dans  fon  Epitaphe  :  Smê 
^Krela  eut  injuria  ,  Aùtfis  téuuùm  & 
fki  vMimt,  Sa  philofophie  fervit 
â  conlerver  £6n  enjouement ,  qui 
raccompagna  îufqu'à  fa  dernière 
^eillefle;  &  il  reçut  toujours  avec 
«fiabilité  ceux  qui  le  vi£toient  , 
quoiquH  craignît  d'être  détourné 
de  fon  travail.  U  aimoit  tellement  les 
langues  Septentrionales  ,  qu'ayant 
fil  qu'il  y  avoit  en  Frife  quelques 
villages  où  l'ancienne  langue  des 
Saxons  s'étoit  cotifervée ,  il  y  alla 
demeurer  deux  ans«  On  a  de  lui  : 
I.  Un  Traité  Dt  PUb^a  Vtumm.  H 
y  peu  de  choies  dans  les  auteurs 
Crées  H.  Latins ,  fur  la  peinture 
]fc  fur  les  peintres ,  qui  aient  édbappé 


JUN         €x 

tus  fecherches  laborieufes  de  Tau* 
teur.  La  meilleure  édition  eft  dtt 
Roterdam ,  en  1694,  in^ol.  II.L'£jr* 
plUadon  dt  Panàenne  l^araphrafû 
Gothique  des  Xt  EvcaiffUs ,  «Corrigée 
fur  de  bons  manufcrits  «  &  éclaircie 
par  des  notes  de  Thomas  Maréchal^ 
1665  ,  in-4^.  m.  Un  Commentai* 
fur  la  Contards  dis  ir  EvanpUs^ 
par  Taûm  ,  manufcrit.  IV.  Un 
Glo£aîrt  en  cinq  langues  ,  dans 
lequel  il  explique  l'origine  des 
langues  Septentrionales.  Ce  dernier 
ouvrage  a  été  donné  au  public  à 
Oxford ,  en  1645 ,  in-fol. ,  par  M^ 
Edouard  Lyt ,  favant  Anglois.  Junha 
étoit  auiïi  «rès- verfé  dans  les  langue» 
Orientales  f  ainfi  que  dans  toutes 
les  connoiiTances  qui  conilituenc 
le  profond  érudit, 

JUNON  f  foeur  &  femme  de 
Juj^ittr ,  &  la  DéeiTe  des  royaumes 
&  des  richeiTes  ,  étoit  fille  da 
Saturne  &  de  RJiée,  Elle  échappa  à 
la  cruauté  de  Saturne^' qui  voulott 
dévorer  tous  fes  enfans.  Elle  époufji 
enfuite  Jt^Uer  ,  &  en  eut  lUthye^ 
Mena  &  Hébé.  Elle  devint  €\  jaloufe  « 
qu'elle  l'épioit  continuellement  « 
ne  cefiànt  de  perfécuter  fes  concu-^ 
bines ,  &  même  les  enàns  qu'il  en 
avoit  eus.  Elle  fi^cita  une  infinité 
de  traverfes  à  Europe ,  Siméli^  lo^ 
Latom^  &  aux  autres  amantes  dc^ 
JupUcr,  Après  la  défaite  des  Dieux, 
auxquels  elle  s'étoit  jointe  dans^ 
leur  révolte ,  Juj^  la  fufpendic 
en  l'air  ;  &  par  le  moyen  d'una 
paire  de  mules  d'aimant ,  que  Vulcaia 
inventapourfe  venger  de  ce  qu'elle 
l'avoit  mis  au  monde  tout  con- 
tredit ,  il  lui  attacla  fous  les  piedç 
deux  enclumes ,  après  lui  avoir  lié 
les  mains  derrière  le  dos  avec  ime 
chaîne  d'or.  Les  IHeux  ne  purent 
jamais  la  délier  ,  &  folliciterenc 
Vulcam  de  le  ^re ,  avec  promeâe 
de  lui  donner  Vénus  en  mariage. 
Junon  joignoit  à  là  jaloitiie,  un 
orgueil  infupport^le.  Elle  QtpU{ 

£ 


jamais  pardonner  à  Paris  de  ne  lui 
avoir  pas  adjugé  la  pomme  d'or 
lur  le  mont  Ida ,  lorfqu'elle  dirputa 
de  la  beauté  avec  Vénus  &  P allas  : 
elle  fe  déclara  ,  de  ce  moment  , 
l'ennemie  irréconciliable  du  nom 
Troyen.  Junon  ,  toujours  attentive 
«ux  démarches  de  Jupiter  ,  ayant 
appris  qu'il  avoit  mis  au  monde 
P  allas  fans  fa  participation  ,  & 
qu'il  l'avoitfaitfortir  de  fon  cerveau, 
donna ,  toute  feule  auffi ,  la  naif- 
fance  à  Mars,  Cette  déeffe  préiidoit 
aux  mariages  &  aux  accouche- 
mens.  Quand  les  dames  Romaines 
ne  pouvoient  avoir  d'enfans ,  elles 
alloient  dans  fon  temple ,  où  s'étant 
dépouillées  de  leurs  vêtemens  & 
couchées  contre  terre  ,  elles  rece- 
voient  plufieurs  coups  de  fouet  , 
avec  des  lanières  de  peau  de  bouc , 
par  un  prêtre  Lupercal  :  aufli  repré- 
îente-t-on  limon  tenant  un  fouet 
d'une  main ,  &  de  l'autre  un  fceptre , 
avec  cette  infcription  ,  Junoni 
Luc  IN  JE,  Les  poètes  lui  ont  donné 
diverfes  épithetes  dans  leurs  ou- 
vrages. Us  l'appellent  Lucina  , 
Oplgena ,  Juga  ,  Dondduca ,  Clnxla  , 
UnxU  ,  FluonU,  £lle  fut  nosmiée 
LuciNA,  (à  Luu)^  de  la  lumière, 
parce  qu'elle  aidoit  les  femmes  à 
mettre  les  enfans  au  monde ,  &  à 
leur  faire  voir  la  lumière.  On  la 
nommoit ,  pour  la  même  raifon , 
ppiGENÀ  &  OfiSTETRix  ,  parce 
qu'elle  foulageoit  les  femmes  dans 
leurs  couches  :  {Voyei  Galanthis), 
Elle  étoit  appelée  Juga  ,  parce 
qu'elle  préfidoit  au  joug  du  mariage , 
&  par  conféquent  à  l'union  du 
^nari  &  de  la  femme.  £Ue  avoit , 
fous  cette  qualité  ,  iin  autel  dans 
une  des  rues  de  Rome.,  qui  fut 
nommée  vUus  Jugarius ,  la  rue  des 
Jougs.  On  la  nommoit  DoMi- 
DUCA,  parce  qu'elle  conduifoitla 
mariée  dans  la  maifon  de  fon  époux  : 
Unxia,  à  caufe  de  l'ondkion  que 
faifoit.la  aôuveUe  mcu:iée  au  j^for 


JUK 

bage  de  la  porte  de  fon  marîeny» 
entrant  :  Cinxia  ,  parce  qu'elle 
aidoit  au  mari  à  délier  la  ceinture 
que  la  mariée  portoit  Enfin ,  os 
la  nommoit  Fluonia  ,  parce 
qu'elle  arrêtoit  les  pertes  de  fang 
aux  femmes  dans  leurs  accouche^ 
mens.  En  un  mot  ,  Jwton  fervoit 
aux  femmes  comme  d'Ange  gardien  , 
de  même  que  le  dieu  Genius  aux 
hommes  -,  car  les  anciens  croyoicnt 
que  les  génies  des  hommes  étoient 
mâles  &ceux  des  femmes  femelles. 
Aufli  les  femmes  juroient  par  Jmon  , 
&  les  hommes  par  Jupiter.  Jt/Noir 
étoit  honorée  d'un  culte  particulier 
à  Argos  ,  à  Cartilage  ,  &c.  Les* 
poètes  la  repréfentent  fur  un  char 
traîné  par  des  paons,  avec  un  de 
ces  oifeaux  auprès  d'elle. 

JUNTES ,  célèbres  imprimeurs 
d'Italie  dans  les  xv*  &xvi'^  fiecles. 
Philippe  commença  à  imprimer  à 
Gênes,  en  1497 ,  &  mourut  vers 
1 5 19.  Il  eut  pour  frère ,  ou  couiia  » 
Bernard ,  qui  exerça  la  même  pro-r 
feflion  ayec  autant  de  célébrité. 
Les  éditions  Grecques  de  Phiâppe 
Junte ,  font  infiniment  eftimées.  Les 
Œuvres  i'Uomcrt ,  in-8®  ,1519,  font 
le  dernier  livre  qu'il  imprima.  Le 
Florllegium  diyerforum  Epigrammatum  , 
ih-8^ ,  fut  imprimé  par  fes  héri- 
tiers. Voy,  JuNCTiN. 

JUPITER  ,  le  plus  grand  des 
Dieux  du  Paganifme,  étoit  fils  de 
Saturne  &  de  Rhée.  cette  déeflc 
s'étant  apperçue  que  fon  mari  dé- 
Yoroit  fes  enfans  à  mefure  qu'cUe 
les  mettoit  au  monde ,  &  craignant 
pour  Jupaer  &  pour /«»•« ,  elle  leur 
fubftitua  un  caillou  ,  que  Saturne 
dévora.  Juplur  fut  élevé  au  fon  des 
inflrumens  des  Corybantes  ,  & 
nourri  fecrétement  du  lait  de  la 
chèvre  Amalthée ,  laquelle ,  en  ré- 
compenfe  de  ce  fervice ,  fût  chan- 
gée en  confleilation.  Jupiter  donna 
dt  bonne  heure  des  marques  de  fa 
puiiTaoçe  *,  iJi  attaqua  Titm ,  délivra^ 


ï  u  P 

fcn  pérê  »  &  le  remit  fur  le  trôné. 
Saturne  ayant  appris  du  De/Hn  que 
/«pîKr  ctoit  ûé  pour  commander  à 
tout  l'univers  ,  chercha  tous  les 
moyens  pour  perdre  fon  fils,  qui 
le  chaffa  du  ciel ,  &  le  contraignit 
d'aller  fe  cacher  dans  le  Latium. 
/apifer  s'étant  emparé  du  trône  defott 
père ,  fc  vit  maître  en  peu  de  temps 
du  ciel  &  de  la  terre.  Ce  fut  alors 
qu'il  époufa  Jurion  fa  fœur ,  &  qu'il 
partagea  la  fucceffion  de  fon  pej*e 
stvec  fes  frères.   Il    fe  réferva  le 
ciel ,  donna  Tempire  des  eaux  à 
Neptunt ,  &  celui  des  enfers  à  Pluton. 
Junon,  Pallas  &  les  autres  Dieux, 
voulurent,  bientôt  après ,  fefouf- 
traire  à  fa  domination  -,  mais  il  les 
défit ,  &  les  contraignit  de  fe  fauver 
en  Egypte,  où  ils  prirent  diverfes 
^rmes.   11  les  pourfuivit  fous  la 
figure  d'un  bélier ,   &  fît  enfin  la 
paix  avec  eux.  Lprfqu'il  fe  croyoit 
-tranqu(î}le ,  les  Géans  ,   enfans  de 
Tt^fl» ,  voulant  rentrer  dans  leurs 
droits,  entafferent  plufieurs  mon- 
'tagnes  les  unes  fur  les  autres ,  pour 
'cfcaladerle  ciel  &  pour  l'cnchafTer. 
Jupiter  quis'étoit  déjà  rendu  maître 
du  tonnerre ,  les  foudroie ,  &  les 
"écrafe  fous  ces  mêmes  montagnes. 
Après  cette  viftoire  ,  il  ne  fongea 
plus  qu'à  s'abandonner  à  fes  plaifirs-, 
il  eut  une  infinité  de  concubines. 
11  fe  métamorphofoit  de  toutes  les 
toaniefes  pour  les  tromper.  U  fe 
cacha  fous   la  forme  d'une  pluie 
'd*or,  pour  furprendrc  Danaé  en- 
fermée   dans    une    tour   d'airain. 
'Amoureux  d'Europe ,  fille  à'Jgenor , 
îl  fe  métamorphofa  en  taureau  -,  & 
cette  princeffe  s'étant  mife  fur  fon 
^os ,  il  prit  la  fuite ,  paffa  la  mer 
à  la  nage  &  l'enleva.  11  prit    la 
"figure  d\in  cygne  pour  tromper 
Léduy  femme  de  Tyndart  ,  qui  ac- 
toucha  de  deux  œufs  ,   d'où  for- 
tirem  Caft(>r   &  Pollux ,    Hélène  & 
•Clyumnefire,  Enfin  il  fe  transforma 
jiaa  aigle  pour  tsaXçv&Gsmm^^ 


.  J  u  P         éh 

de  Tros ,  &  le  porta  au  cîel ,  où  il 
^e  fit  verfer  le  ne£lar  par  lui  à  la 
place  d'Héhé,  Voilà  les  idées  que 
les  Païens  avoient  de  la  divinité 
principale  qu'ils  adoroient.  Ils  re- 
gardoient  Jupiter  comme  le  maître 
abfolu  de  tout ,  &  le  repréfentoient 
toujours  la  foudre  à  la  main  , 
porté  fur  un  aigle  ,  oifeau  qii'îl 
prenoit  fous  fa  proteàion.  Le  chêne 
lui  étoit  confacré  ,  parce  qu'à 
l'exemple  de  Saturne ,  il  apprit  aujc 
hommes  à  ft  nourrir  de  gland.  On 
lui  éleva  des  temples  fuperbes  par 
tout  l''univers-,  &  on  lui  donna 
des  fumoms,  fuivant  les  lieux  où 
il  avoit  des  autels.  Voici  ceux 
qu'on  trouve  le  plus  communément 
dans  les  auteurs  Latins.  Jupiter  Ca- 
pitolinus  ,  à  caufe  du  temple  que 
Tarquin  le  Superbe  lui  fit  bâtir  fur 
la  montagne  de  ce  nom.  Jupiter 
Feretrlus  ;  Romulus  lui  donna  ce 
nom  en  reconnoifTance  des  forces 
qu'il  lui  avoit  infpirées  pour  tueî* 
Acron  roi  des  Céciniens,  dont  if 
lui  confacra  les  dépouilles  appelée^ 
Opîmes  ,  dans  un  temple  qu'il  érigea 
en  fon  honneur.  Juplur  Stator  , 
parce  que  Romulus  ,  dans»  une 
bataille  où  les  Sabins  avoient  le 
deifus  ,  promit  de  lui  dédiw  uià 
temple,  s'il  arrêtoit  la  déroute  de 
fes  troupes  qui  fuyoient.  Jupiter 
Hofpitaâs^  parce  qu'il  étoit  le  pro- 
teneur  des  droits  facrés  de  Thofpi- 
talité.  Jupiter  Latlalls  ,  parce  qu'il 
étoit  adoré  fous  ce  nom  par  les 
peuples  du  Latium ,  parmi  lefquelS 
les  Romains  tenoient  le  premier 
rang.  Jupiter  Lapis  ,  parce  que  ceu3iç 
qui  faifoient  ferment  par  Jupiter  , 
tenoient  une  pierre  à  la  main. 
Jupiter  Tonans  ,  parce  qu'il  '  étoit 
maître  du  tonnerre.  Les  Egyptiens 
le  nommoient  Jt^lter  Ammon.  [Voyi 
Ammok]  &  l'adoroient  fous  la 
figure  d'un  bélier  -,  mais  fon  prin- 
cipal furnom  étôit  Olympîm  ,  parce 
qu'il  dcmcuroit ,  dit-on ,  avec  toute 


69       JVR 

fa  COUT  i  fur  le  ibmxnet  du^motît 
Olympe.  [  Voy.  Phidias  ].  On 
prétend  que  Varron  avoit  compté 
jufqu^  300  Jupucrs ,  dont  les  au- 
teurs de  l'antiquité t  &  fur-tout  les 
poètes  ,  ont  réuni  tous  les  traits 
pour  n*en  faire  qu'un  feul ,  auquel 
on  a  attribué  ^  comme  à  Hercule  , 
les  aâloAs  de  tous  les  autres.  En 
ilyle  €atmilier  ou  burlefque  ,  les 
poètes  François  te  nomment  ibu' 
vent  Jupln» 

JURET ,  (François)  natif  de  Dijon, 
Chanoine  de  Langres  »  mort  le  ii 
Décembre  1616 ,373  ans  ,  cultiva 
rétude  &  les  belles  -  lettres  avec 
beaucoup  d'aiTiduité.  On  a  de  luf  : 
I.  Quelques  pièces  de  Poific  qu'on 
trouve  dans  DeUeUt  Poitarum  Gai* 
forum.  II.  Des  Notes  fur  Synunaque  ^ 
Paris ,  1604 ,  in-4»  -,  &  fur  Yves  de 
4^hartres  ,  161O  ,  tn-8%  Elles  font 
f  emplies  d'éruditioiv 

JURIEU ,  (  Ptcrrfe  )  fib  d'tm  Mî- 
nlÂre  de  Mer ,  dans  le  Diocefe  de 
Slois ,  &  neveu  des  fameux  Biva 
êc  du  Moulin ,  naquit  le  24  Décem* 
hrt  1637 ,  &  fuccéda  à  fon  père 
dans  fon  miniftere.  Sa  réputation 
le  fit  choî£r  pour  profeiTer  la 
Théologie  &  l'Hébreu  à  Sedan. 
L' Académie  de  cette  ville  ayant 
4té  ôtée  aux  Calvinifles  en  1681  ^ 
il  fe  retira  à  Rouen  ,  81  de  là  à 
Eoterdam ,  où  il  obtint  une  chaire 
de  Théologie.  Jurleu^  homme  d'un 
aele  ardent  &  emporté  »  s'y  fignah 
par  fes  extravagaaces.  Il  fc  mêla  de 
préfages ,  demîrades,  deprophéties. 
La  révocation  de  VÉdà  de  Nantes 
avoit  affoibli  le  Calvinkine  ea 
France.  Les  reftes  de  ce  parti ,  dif- 
perfés  dans  les  différentes  provinces, 
&  ob%és  defe  cacher  «  ne  voy oient 
aucune  reflburœ  humaine  qui  pût 
les  remettre  en  état  de  forcer  Louis 
XIV  à  leur  accorder  les  privilèges 
&  la  l&erté  de  confcience  dont  ils 
avoient  joui  fous  fes  prédécefTeurs. 
y  faUoit,  (dit  M.  l'Abbé  Pluquu) , 


J  U  R 

pour  foucenir  la  foi  de  ces  reflàl 
difperfés  ,   des  (ecours  extraordi« 
naires,  des  prodiges  :  ils  édaterent 
de  toutes  parts  parmi  les  Réformés  , 
pendant  les  quatre  premières  années 
qui  fuivirent  la  révocation  de  FEdie 
de  Nantes.   On  entendit  dans  les 
airs ,  aux  environs  des  lieux  où  il  y 
avoit  eu  autrefois  des  Temples  ,  des 
voix  fi  parfaitement  femblables  aux 
chants  des  Pfeaumes ,  tels  que  le» 
Proteftans  les  chantent,  qu'on  ne  pue 
les  prendre  pour  autre  chofc-Cetto 
mélodie  étoit  céleile ,  &  ces  voix 
angéliques  chantoient  les  Pfèaume» 
félon  la  verfîon  de  Clément  Marot 
&  de  Théodore  de  Be^e,  Ces  vois 
furent  entendues  dans  le  Béam  . 
dans  les  Ccvennes,  à  Vaffy  ,&c. 
Des  Minifbes  fugitif  furent  efcortéa 
par  cette  divine  piâlmodie ,  &  mémo 
la  trompette    ne  les    abandonha 
qu'après  avoir  franchi  les  frontières 
du  royaume  ,  &  être  arrivés  e» 
pai|rs  de  fureté.  Jwieu  lafTembla  avec 
îbm  les  témoignages  de  ces  mer* 
veilles  »  &   en  conclut  que  Dlem 
s*étant  fait  des  bouches  au  milieu  de^ 
airs  ,  cUfi  un  reproche  îndtreB  que  Is 
Providence  fait    aum    Proteftans    du 
Franu  »  de  s'être  tus  trop  facilementm 
Il  ofa  prédbre  (dans  fon  Aceom^ 
pliffement  des  Prophéties^  1686, 2  voU 
in- 12.)  qu'en  1689,  leCalvînifme 
feroit  rétabli  en  France.  Il  fe  dé- 
chaîna contre  tontes  tes  Puiflaaces 
de  l'Europe  oppofées  au  Protef- 
tandûne,  &fiffrapper  des  médailles 
qui  éternifent   fa  démence  &   fa 
haine  contre  Rome  &  contre  ùt 
patrie.  >«  Nous  irons  bientôt  porter  » 
>»  (difoit-il)r  la  vérité  jufque  fur 
>♦  le  trône  du  menfonge ,  &  le  relé- 
>*  vement  de    ce  que  Ton  vienr> 
>9  d'abattre  fe  fera  d'une  manière  & 
w  glorieufe,  que  ce  fera  letoime- 
f*  ment  de  toute  la  terre  ««.  Ce  ré- 
tabliflitment  glorieux  des  Réformés^ 
devoit ,  lelon  Jurieu  ,  ie  faire  fiuis 
•âfu£oa  de  fang  »  ou  avec  peu  4^ 


ftng  répandu  ;  ce  ne  devoît  pal 
même  être  «  ni  par  la  force  des 
armes ,  ni  par  des  Miniflres  répan* 
dus  dans  U  France ,  mais  par  Tef- 
fiifion  de  TeTprit  de  Dieu.  Des  Mi- 
nières Proceftans  adoptèrent  les 
idées  de  Junem ,  les  portèrent  dans 
les  Cévennes  »  où  elles  produifirent, 
^idque  temps  après ,  une  guerre 
civile.  Ccft  avec  ce  fougueux  in- 
iènfé  ,  ^e  Bayk  ,  <ïui  avoit  été 
d'abord  Ûé  avec  lui ,  eut  de  grands 
démêlés  auxquels  on  afligne  di- 
^erfes  caufes.  La  véritable  Ait,  fans 
doute ,  la  jaloufie  qu'infpira  à  Junat 
le  fuccès  de  la  critique  de  VHlfloîn 
du  Calvini/wte  de  Maimb^wg  ,  qu'il 
avoit  cenfurée  en  même  temps  que 
£(iylc,  L'Abbé  fOlÎYet  a  prétendu 
trouver  le  principe  de  la  haine  de 
Jarîai  ^  dans  les  liaifons  de  Bayle 
avec  Madame  Jurîat,  Cette  femme , 
de  beaucoup  d'efprit  &  de  mérite , 
connut  (  dit-il)  Bt^à  à  Sedan,  & 
l'aima.  Son  amant  vouloit  fe  û%er 
en  France ,  mais  lorfque/Hnett  paiTa 
en  Ho^ande ,  Tamour  l'emporta  fur 
la  patrie ,  &  il  alla  joindre  (a  mai- 
<r^e.  Ils  y  continuèrent  leurs 
liaifons  *  fans  même  en  feire  trop 
de  myftore.  Tout  Roterdam  s'en 
tntretenoit  *,  Jtaieu  feul  n'en  favoit 
tiea.  On  étoit  étonné  qu'un  homme 
qui  voyoit  tant  de  diofes  dans 
TApocalypfe ,  ne  vît  pas  ce  qui  fe 
paflbit  chez  lui.  Il  ouvrit  enfin  les 
yeux.  Un  cavalier ,  en  pareil  cas, 
(dit  le  même  Académiden  )  tire 
l'épée ,  un  homme  de  robe  intente 
ttn procès,  imPoctefeitùnefatire, 
Jwieu  fit  des  livres.  Ce  procès 
occupa  longtemps  la  Hollandç. 
mais  cequ'il  ya  de  fixr ^  c'eftque 
Madame  JurUit  n'étok  point  une 
fenune  galame,  &  que  ce  roman» 
wnagijié  par  quelque  (aifeur  d'anec- 
dotes ,  n'auroit  pas  dû  être  adopté 
par  iB>  homme  d'dprit  tel  que  l'Abbé 
^Oljvet.  [Foyei  Bayle].  La con- 
«ttttion  8c  la  chaleur  avec  laquelle 


_ÏUR         »9 

JuAea  icnvit  jufqu'à  la  fin  de  Cee 
jours ,  épuiferent  fon  efprii.  Il  s'ima- 
ginoit  que  les  coliques  dont  il 
étoit  tourmenté  ^  venoient  des 
combats  que  fe  livroient  des  cava« 
lîèrs  qu'il  croyoit  avoir  dans  le 
ventre.  Il  tomba  dans  l'enfance ,  ft 
il  efi  fort  douteux  fi  ce  qu'il  faàfoh 
dans  cet  état  de  langueur ,  ne  valoic 
pas  autant  que  ce  qu'il  avoit  j^t 
dans  la  force  de  l'âge.  II  mourut 
à  Roterdam ,  le  ii  Janvier  171 3  » 
à  76  ans.  Les  Catholiques  &  les 
Protefhns ,  du  moins  ceux  qui  font 
capables  d'équité  ,  fe  réunificnf 
aujourd'hui  dans  le  jugement  qu'on 
doit  porter  de  fes  écrits  &  de  fa 
perfonne.  Us  conviennent  qu'il 
avoit  beaucoup  de  feu  &de  véhé* 
mence ,  qu'il  étoit  capable  d'en  im- 
pofer  aux  foibles  par  fon  imagi* 
nadon  -,  mais  ils  avouent  en  mêm« 
temps  que  fon  zèle  alloit  jufqu'à 
la  fureur  &  au  délire,  &  qu'il  étoit 
plus  digne  de  prêcher  à  des  fré- 
nétiques qu'à  des  hommes  rai« 
fonnables.  Ses  principaux  ouvrages 
font  :  I.  Un  Tralti  de  la  Dévotion^ 
II.  Un  Ecrit  fur  la  nécejfaé  du  Bap* 
témc,  III.  Une  Apologie  de  la  Morale 
des  Préundus'SUformés  ,  (  contre  lo 
livre  de  M.  Amauld  ^  intitulé  :  l» 
Renverfement  de  la  Morale  par  le^ 
Calvîniftes)  ;  la  Haye,  1685  , 2  voL 
in- 8®  j  IV.  Préfavatîf  contre  le  ekan»' 
gcment  de  Reli^on  ^  in-ix,  oppofé 
au  livre  de  VExpofition  de  la  Fol 
Catholique  de  Bojfuet.  V.  Des  Lettres 
contre  tfiifioîre  du  Calvînifme  dt 
Maîmhourg  y  4  vol.  în-ii ,  &  a  voL 
in-4®.  VI,  D'autres  Lettres  de  con* 
troverfe  ,  entre  autres  celles  qu£ 
font  indtulées  :  Les  derniers  efforts 
d£  ^Innocence  affilée.  VII.  Traité  do 
ka  pmffanu  de  VEgà£e  ,  QuevilU  , 
1677,  ift-ia...,,  U  vraifyJUmeds 
PEgnjfe  ,  1686  ,  in.8<>.-..  UnîU  de 
PE^fe,  i68a,in-8Ml  y  prétend 
qu'elle  eft  compofëe  de  toutes  les 
f^ciités  Chrétiennes  qui  01^  retentt 

E  iij 


7Ô      ru  R 

les  fondémens  de  la  Foi  -,  ort  y 
trouve  unt  RépÛque  à  NicoU  ,  qui 
avoit  réfuté  cet  Ouvrage.  VIII.  Une 
f£lJioire  des  Dogmes  &  des  Cultes  de 
ta  Religion  des  Juifs  ,  Amilerdam  , 
1704  ,  in-ii  ,  livre  médiocre. 
IX.  VEfprit  de  M.  AmauLd ,  1684, 
%  vol.  in-ii,  ouvrage  rempli  d'in- 
ve£Hves  &  de  calomnies ,  &  qui 
fouleva  tous  les  honnêtes  gens  , 
même  eI^  Hollande  &  dans  les 
pays  Proteftans.  X.  Traité  hijiorique 
d'un  Protefiant  fur  la  Théologie  myf- 
tique  ^  à  roccaûon  des  démêlés  de 
Fénélon  avec  Bojfua  ,  &c.  1699  , 
tn-S^  ,  peu  commun.  XI.  Janua  ca- 
iorum  referata ,  1692 ,  in-4^.  XII.  La 
ReUffxin  du  Latimdinaire  ,  Roterdam , 
1686  ,  in-8^  Xm.  La  politique  du 
Clergé  de  France  ,  1681  ,  2  vol. 
În-i2  ,  (  Voye\  Tart.  Oatès  ). 
XIV.  préjugés  léfftimes  contre  le 
Papifmey  1685  ,  in-4^  XV.  Des 
Lettres  Pafiorales  ,  3  vol.  in- 12  , 
où  il  fouiHoit  le  feu  de  la  difcorde 
entre  les  nouveaux  dtholiques  & 
les  Proteftans  ,  &c.  &c.  Voye^ 
♦Jacquel©t. 

JURIN ,  (  Jacques  )  fccrétaire  de 
la  fociété  royale  de  Londres  ,  & 
préildent  des  Médecins  de  cette 
ville,  mort  en  1750  dans  un  âge 
affe^^vancé ,  cultiva  avec  un  fuccès 
çgal  la  médecine  &  les  mathé- 
matiques. Il  contribua  beaucoup  à 
rendre  les  obfervations  météoro- 
logiques plus  exaâes  &  plus  com- 
munes -,  &  fervit  infiniment  à  répan- 
dre l'excellente  méthode  de  l'ino- 
culation ,  par  les  écrits  qu'il  publia 
fur  cette  matière.  Il  eut  de  vio- 
lentes difputes  avec  Mkhelloti,  fur 
le  mouvement  des  eaux  courantes  -, 
avec  Rohins  ,  fur  la  vifipn  diftinâe  ; 
avec  Keill  &  Senac ,  fur  le  mouve- 
ment du  cœur-,  &  avec  les  parti- 
fans  de  Leiltniti  ,  fur  les  forces 
vives.  Jurin  étoit  très-zélé  pour  la 
philofophie  de  Newton  ,  la  feule 
qui  reâe ,  tandis  Que  tous  les  wmn 


fyilêmes  philofophiques  oilt  paUS 
comme  les  modes. 

I.  JUSSIEU  ,  (  Antoine  de)  fc- 
crétaire du  roi ,  dofteur  des  fecultés 
de  Médecine  de  Paris  &dc  Mont- 
pellier. ,  profeiTeur  de  botanique 
au  jardin-royal ,  naquit  à  Lyon  en 
1686.  La  paflion  d'herborifer  fiit 
très-vive  en  lui  dès  fa  jeuneffe ,  & 
lui  mérita  une  place  à  l'académie 
des  fciences  en  1712.  Il  parcou- 
rut une  partie  des  provinces  d« 
France  ,  les  ifles  d'Hieres ,  la  vallée 
de  Nice  ,  les  montagnes  d'Efpagne  , 
&  il  rapporta  de  fcs  favantes  courfes. 
une  nombreufe  colleâion  de  plantes. 
Devenu  fédentaire  à  Paris ,  il  en- 
richit les  volumes  de  l'académie  ,.- 
d'un  grand  nombre  de  Mémoires  :  fur 
le  Caféi  fur  le  KaU  d'Alicante  ;  fur 
le  Cachou  \  fur  le  Macer  des  anciens  , 
ou  Simarouha  des  modernes  *,  fur 
l'altération  de  Veau  de  la  Seine  ; 
arrivée  en  173 1  -,  fur  les  Mines  de 
Mercure  d'Almaden  ;  fur  le  TasL%m^ 
ûqjdç  Recueil  de  Plantes  &  d* Animaux 
peints  fur  vélin  ,  qu'on  conferve 
à  la  bibliothèque  du  roi-,  fur  une 
Fille  qui  n'avoit  point  de  langue 
&  qui  parloit  cependant  très-bien  ; 
fur  les  Cornes  d*Ammon  ;  fur  les 
Pétrifierons  animales;  fur  les  pierres 
appelées  Pierres  de  Tonnerre,  Ceft 
lui  qui  a  feit  VAppendix  de  Tour- 
nefort ,  &  qui  a  rédigé  l'ouvrage 
du  Père  Barrdi&r  fur  les  Plantes  qui 
croiffent  en  France ,  en  Èfpagne  & 
en  Italie  ,  17 14  ,  in-fol.  On  a 
imprimé  fon  Difcoursy«r  le  probes 
de  la  Botanique  y  1718  ,  in-4°.  Afes 
occupations  littéraires  ,  il  joignoit 
la  pratique  de  la  médecine  ,  &  il 
voyoit  fur-tout  les  pauvres  de  pré- 
férence. Il  y  en  avoit  tous  les  jours 
chez  lui  un  nombre  confidérable  ; 
il  les  aidoit  non-feulement  de  £ès 
foins,  mais  de  fon  argent  :  car  il 
avoit  acquis  une  fortune  confidé- 
rable ,  dont  fon  frère  Bernard  fut  le 
ftulhértfi^t  4n^«  mpurut  d'uac 


JV  $ 

^ÊfyKt  d*apoplexie  ,   le  il  Avril 
1758,  âgé  deyzans. 

II.  JUSSIEU  ,  (  Bernard  de  ) 
frère  du  précédent ,  né  à  Lyon ,  le 
17  Août  1699  ,  fe  difHngua ,  comme 
hn ,  dans  la  pratique  de  la  médecine  y 
&  par  fes  connoiÛ'ances  dans  la  bo- 
tanique. Ses  talens  lui  procurèrent 
la  chaire  de,  démon^teur  des 
plantes  au  Jardin  du  roi  ,  &  une 
place  ^  l'académie  des  fciences  de 
Paris  :  il  Rit  auffi  membre  de  plu- 
fieurs  autres  célèbres  (bciété&tle 
l'Europe  littéraire.  On  a  dit  qu'il 
avoit  peu  écrit  ,  mais  qu'il  avoit 
parlé,  &  que  d'autres  avoiènt  écrit 
d'après  lui.  On  lui  doit  l'édidon 
de  Vaiftolrc  des  Planus  qui  naifTent 
aux  environs  de  Paris  ,  par  Tour- 
nefon,  1725  ,  2  vol.  in- 12.  Juffîeù 
fitt  appelé  par  Louis  XV  ,  pour 
iormer  l'arrangement  d'un  jardin 
des  plantes  à  Trianon.  Il  eut  de 
firéqueos  entretiens  avec  le  mo- 
narque y  qui  goûtoit  également  Ton 
iàvoir  ,  (a  âmplicité  &  ù  candeur  ; 
Hiais  il  ne  retira  de  cette  efpéce 
de  commerce  ,(  dit  M.  de  Con- 
iorcet) ,  >♦  que  le  plaiûr  toujours 
«  piquant ,  même  pour  un  philo- 
V  îbphe  ,  d'avoir  vu  de  près  un 
»  homme  de  qui  dépend  le  fort  de 
>t  vingt  millions  d'hommes.  Il  ne 
w  demanda  rien  ,  &  on  ne  lui 
M  donna  rien ,  pas  même  le  rcm- 
>»  bourfement  des  dépenfes  que  Tes 
«  fréquens  voyages  lui  avoient. 
»»  cauiees.  Cependant  le  roi  ne 
>»  l'avoir  pas.  oublié  .'-il  ceiTa  au 
»  bout  de  quelques  années  de  le 
5»  mander  à  Trianon  où  fa  préfence 
M  n'étoit  plus  utUe  -,  mais  il  parloir 
>»  fouvent  de  lui  avec  intérêt.  Un 
»»  tel  homme  devoit  en  effet  laiffer 
>♦  des  traces  profondes  ,  fur-tout 
**  dans  l'efprit  d'un  roi  condamné 
»  à  ne  voir  prefque  jamais  que  des 
»  courtiûms.  La  mode^ÏQ  de  Jujfleu 
w  étoit  extrême  :  fouvent  il  répondit 
^  aux   ijuçiHoitf  qu'oii  lui   pro;- 


JUS  jt 

»  pofoit ,  Je  ne  fais  plis  ;  &  cette 
t%  réponfe  embarrafToit  quelquefois 
jy  les  confultans  ,  honteux  alors 
n  de  s'être  crus  plus  favans  qua 
»  lui.  Il  haïfToit  la  charlatanerie  » 
*i  & pardonnoit  aux  dis^latans.  Une 
n  gaieté  douce ,  &  des  plaisanteries 
»♦  fans  fiel  que  fa  bonhommie  ren- 
n  doit  piquantes  ,  affaifonnoient 
»i  les  converfations  qu'il  avoit  fur 
)»  ce  fujet  avec  fes  amis  -,  c'étoit 
>v  alors  qu'il  fsifoit  à  certaines 
»  opinions  une  guerre  innocente  , 
n  &   où  jamais   le  nom  de  leurs 

yy  auteurs  n'étoit  prononcé «c 

Jujfieu  rapporta  dans  un  de  fes 
voyages,,  le  cèdre  du  Liban  qui 
manquoit  au  Jardin  du  roi,  &  il 
eut.  le  plaiiir  de  voir  les  deux  pieds 
de  cet  arbre  qu'il  avoit  apportés 
d'Angleterre  dans  fon  chapeau  » 
croître  fous-  fes  yeux  ,  &  élever 
leurs  cimes  au  defliis  des  plus  grands 
arbres.  Le  célèbre  Unné  étant  venu 
en  France ,  dffiAa.  à  une  de  fes  her- 
borifadons.  Les  élevés  de  JuJJicit 
voulant  éprouver  la  fagacité  de  leur 
maître,  lui  préfentoient  fouvent 
des  plantes  qu'ils  avoient  mutilée» 
exprès,  pour  déguifer  leurs  carac- 
tères, &  JuJJieu  ne  manquoit  jamais  ^ 
de reconnoitre  l'artifice,  nommoit 
la  plante,  le  lieu  où  ellecroiflbit 
naturellement ,  les  carafteres  qu'on 
avoit  ou  effacés  ou  déguifés.  Cette* 
fois  les  élevés  de  hijpeu  voulurent 
tenter  la  même  plaifanterie  avec 
Unné,  «11  n'y  a  qu'un  Dieu,  ou 
»»  votre  maître ,  (  dît-il»  )  qui  puiffe 
»  vous  répondre  : -<^«f  Deus  ,  aut- 
))  Domînus  DE  JussiEU  «.  Cet 
excellent  botanifie  fitt  enlevé  à 
l'académie  &  à  fes  élevés  le  6 
Novembre  1 777 ,  dans  fa  79^  année.  • 
I.  JUSTE ,  ou  JusT ,  (  S.  )  né  de 
parens  nobles  du  Vivarais ,  pieux 
&  favant  évêque  de  Lyon ,  quitta  , 
ce  fiege  à  l'occafion  d'un  fréné- 
tique qui  fiit  mis  en  pièces  par  le 
peuple» .  Ce  malheur  lui  fut  û  fea*    - 

Eiy 


Û 


ij%  JUS 

£ble  »  qu*3  fe  redra  dans  les  déTerts 
^'Egypte ,  où  il  vécut  en  Saint 
jufqu'à  ÙL  mort ,  arrivée  vers  la  fin 
du  iv^  fiecle.  Il  avoit  affiAé  «  étant 
iévêque ,  à  deux  Conciles ,  Tun  tenu 
à  Valence  en  374  ,  &  l'autre  à 
Aquilée,  en  381.  Ami  de  S.  Am- 
iroifc,  S.JufU  fut,  comme  lui,  un 
pa^ur  fidelle,  le  foutten  de  la 
vérité  contre  l'héréfie  Arienne ,  & 
Texaâ  obfervateur  de  la  di^pline. 
II  y  a  eu  d'autres  Saints  de  ce 
som  :  S.  JufU  de  Beauvais  ^  dont  la 
lilte  fe  célèbre  le  i%  Oûobre  -, 
S.  Jt{ft»  de  Camorbery ,  honoré  le 
là  Novembre  ;  &  une  martyre 
célèbre  du  iv®  fiede,.  placée  dans 
le  martyrologe  au  19^  Juillet.  Elle 
fcella  l'Evangile  de  fba  fan^  ,  à 
Séville  en  Efpagne,  avec  Ste.  Bufnt. 
L'une  &  l'autre  vendoient  de  la 
vaifTelle  de  terre ,  &  le  refiis  qu'elles 
en  firent  pour  les  ûicrifices  »  fiut 
caufe  de  leur  mort. 

IL  JUSTE  ,  Evcque  d'Urgel , 
«nort  en  540  ,  auteur  d'un  petit 
Commentaire  fur  U  Cantique  des  Cati" 
tiques^  inféré  dans  la  Bibliothèque 
des  Pères  ;  &  un  archevêque  de  To- 
lède dans  le  vu**  ûede^  célèbre 
{par  fon  favoir  &  fa  piété. 

JUSTÉ-LIPSE,  Voyei  Lipse. 

JUSTEL»  (Chnflophc)Parifien, 
îconfeiller  &  fecrétaire  du  roi ,  né 
len  i$8o,  mort  dans  fa  patrie  en 
il 649  ,  étoit  l'homme  de  fon  temps 
le  plus  verfé  dans  l'hifloire  du 
moyen  âge.  Il  poflédoit  parÊôte- 
ment  celle  de  l'Eglife  &  des  con« 
ciles.  'Cefl  fur  les  recueils  de  ce 
jlavant  homme  »  que  Jùnrl  JuJUlîon 
£ls,  non  moins  favant  que  fon 
père  ,  mort  a  Londres  en  1693 , 
&  Guillaume  VoU  ^  publièrent  la 
£iblitheca  Juris  canomci  veteris ,  en 
a  vol.  in-foL  Paris ,  166 1  ^  C'efl  une 
colleéHon ,  très-bien  £dte ,  de  pièces 
fort  rares  fur  le  droit  canon  ancien. 
On  y  trouve  plufieurs  canons  grecs 
fc  laûnii  {kés  de  manufccits  is^ 


1VS 

connus  îufques  à  lui.  Juffel  étcSt 
en  commerce  de  lettres  avec  tout 
ce  que  l'Europe  avoit  de  plus 
favant ,  &  il  en  étoit  refpeâé.  Om 
a  de  lui  :  L  Le  Code  des  Canonm 
de  l'Eglife  taîverfelle  ,  i6xS  ^  ou- 
vrs^e  juftement  eftimé.  p.  UHîp' 
toiregénéalop^ue  de  la  Maifon  d'Auverm 
gne ,  in^oL  pleine  de  recherches.  On 
y  trouve  diverfes  pièces  curieufes  , 
très-utiles  pour  la  connoiâance  de 
l'HiUoire  de  France.    > 

L  JUSTIN ,  (  Saint)  phUofophe 
Platonicien»  de  Naploufe  en  P^- 
lefHne  >  fut  éonverd  à  la  foi  de 
Jefus-Chrifl ,  par  les  perfécutions 
qu'il  voyoit  fouf&ir  aux  Chrétiens* 
Quoiqu'il  eût  embrafTé  le  Chrtfiia- 
nifine  »  il  garda  l'habit  de  philo- 
fophe,  nommé  en  latin  Pallîum. 
Cétoit  une  efpece  de  manteau.  Jcrw 
tulUen  remarque  que  non-feulement 
les  philofophes  portoient  cet  habit  ^ 
mais  tous  les  gens  de  lettres.  Plu* 
fieurs  Chrétiens  le  prirent  ,  no& 
comme  philofophe,  mais  comme 
Êiifant  profeffion  d'une  vie  plus . 
auflere.  La  perfécution  s'étant 
allumée  fous  Antonin  ,  fuccelTeur 
^Adrien  ,  Jufiin  compofa  une  Apo^ 
lo^  pour  les  Chrétiens.  U  en  préfentai 
dans  la  fuite  une  autre  à  l'empereus 
Mart'AMrele,  dans  laquelle  il  fou-, 
tînt  l'innocence  &  là  faimeté  de 
la  religion  Chrétienne  ,  contre 
Crefcent  philofophe  Cynique  »  & 
contre  quelques  autres  calom- 
niateurs, n  fit  honneur  au  Chriilia* 
nsûne ,  par  fa  fcience  «  par  l'inté- 
grité de  fes  mœurs,  &  confirma 
ù.  doârine  par  fa  confiance  &par 
la  pureté  de  fa  foi.  U  fut  martyrifé 
l'an  167.  Ce  philofophe  Chrétiei^ 
efl  mis  avec  raifon  au  rang  des  plu^ 
illufbes  doôeurs  de  l'Eglife  ,  à 
laquelle  il  foumit  fa  raifon  &  cottt 
facra  ia  plume.  Il  étoit  extrême- 
ment verfé  dans  les  différentes 
erreurs  de  la  philofophie  Pïiïenne  « 
fie  dans  les  yéritiisdelaChKélâieniw^ 


' 


7US 

B  combottoit  Tune  par  rautrc  H 
tcfutoit  les  parôfàns  de  lldolâtrie 
par  les  écrits  des  philofophes ,  & 
les  Jm6  par  ceux  des  prophètes. 
Cornait  d'ëxpofer  le  vrai,  il  ne  le 
para  point  du  fard  de  Tëloquence» 
Sofi  fiyle  eft  fimple,  dénué  d'or- 
nemens  ,  6c  chargé  de  citations.  La 
médiode  qu'il  emploie  dans  fa  pre- 
miers v^po/io^,  eà  excellente.  Uy 
prouve  la  religion  Chrétienne  par 
les  moeurs  admirables  de  ceux  qui 
la  profeflbient,  par  l'accomplifTe- 
nem  tout  récent  des  prophéties  , 
&  par  rexpofidonfimple  &  naïve 
de  ce  qni  fe  paflbit  dans  les  afliem« 
blées  ée^  premiers  Chrétiens.  Il  dit 
que  M  le  Qir^ianifine  a  ezifté  même 
M  avant  lefiis-Chrift  ,  parce  que 
»  Jefos-ChrifteftleVerbedeDieu, 
«  &  la  raîfon  fouveraine  dont  tout 
»>  le  genre  humain  participe  %  &  que 
M  ceux  qui  ont  vécu  fuivant  la 
M  ndfon  ^  font  Chrétiens  «*.  Ainfi  , 
félon  lui,  le  philofophe  Socrau 
rétoit.  Outre  ces  deux  Apoloff£s , 
il  nous  refte  de  lui  :  I.  Un  Dialogue 
ancU  MfTryphon,  II.  Deux  Trmtis 
adrefiés  aux  Gentils,  m.  Un  Traité 
delà  Monarchie,  ou  de  PUmU  de 
Vieiu  On  lui  amibue  encore  d'autre» 
ouvrages.  Les  meilleures  éditions 
de  S.  Jufin^  font  :  celles  de  Roh^ 
£aeB2My  enx55i&i57i ,  en  grec*» 
cefle  de  Comme/m ,  1593 ,  en  grec 
&en  latin;  celle  de  More/,  en  1656  ^ 
&  c&fin  celle  de  Dom  PnuUnt 
Morand  ^  £ivant  Bénédiâin  ,  en 
1742 ,  în-foL  La  Lettre  à  DUpuu , 
qu'on  trouve  parmi  les  oeuvres  de 
S.  Jtifin ,  n'eft  pas  de  lui  ,  mais 
d'un  auteur  plus  aacieo*  Ceft  un 
cccellent  noroeau, 
^  n.  JUSrrm  I*' .  empereur  d'O- 
nent ,  naquit  en  450 ,  à  Bédériane 
dans  les  campagnes  de  la  Thrace, 
^apcre  étoitim  pauvre  labouieur. 
Le  as  manquant  de  pain ,  ^enrôla 
dans  la  miHce ,  &  quoiqu'il  ne  fût 
Vi  lut  fli  écrire  >  0  parvint  de 


JUS  ^f 

grade  en  grade  ,  par  fa  valeur  & 
par  fa  pnidence  ,  )ufqu'au  trône 
impérial.  11  y  monta  l'an  p8  ,  & 
en  parut  digne.  Son  premier  foin 
fut  d'examiner  les  lois.  Il  confirma 
celles  qui  lui  parurentjuftes ,  annulla 
les  autres  «  accorda  au  peuple  plu< 
fieurs  immunités ,  retrancha  beau- 
coup d'impôts ,  fit  des  heureux ,  & 
Alt  l'être.  U  fe  déclara  pour  le 
concile  de  Chalcédoine,  rappela 
tous  ceux  qui  avoient  été  exilés 
pour  la  foi ,  demanda  un  Formulaire 
au,  pape  Hornàfias ,  &  le  fit  iigner 
dans  un  concile  tenu  à  Confiant!^ 
nople  \  mais  le  zde  de  cet  empereur 
devint  fimefte  à  l'Eglife  ,  dans  le 
temps  même  qu'il  vouloit  la  Êiîre 
triompher  :  car ,  en  perfécutant  les 
Ariens  avec  trop  de  chakur  pour 
réprimer  leur  audace ,  il  aigrit  par 
cette  conduite  «  Théodorîc  roi  de» 
Oftrogoihs,  contre  les  Catholique» 
d'Occident.  U  mourut  le  i  Août 
c  27 ,  à  77  ans ,  après  avoir  nommé 
Jufiinien  ,  fils  de  fa  ibeur  ,  pour  lui 
fuccéder.  L'année  précédente  ,  fa 
vieillefie  avoit  été  affligée  par  un 
horrible  tremblement  de  terre ,  qid 
engloutit  prefque  toute  la  ville 
d'Antioche.  Cette  calamité  fut  fi 
fenfible  à  l'empereur  ,  qu'il  fe 
revêtit  d'un  fac  par  efprit  de  pé- 
nitence ,  &  s'enferma  dans  fon 
palab  ,  pour  ne  s'occuper  qu'à 
gémir ,  &  à  fléchir  celui  qui  élevé 
&  renverCe  à  fon  gré  les  villes  & 
les  empires. 

m.  JUSTIN  II ,  U  Terne ,  neveu 
8c  ûiccefieur  de  jifiînUn  en  565  , 
étoit  fils  de  VigUamîa  fœur  de  cet 
empereur.  La  2*  année  de  fon 
règne  fut  marquée  par  un  forfait  ; 
il  fit  étrangler  Jm/Ai  fon  parent , 
petit-neveu  du  dernier  empereur , 
&  qui  pouvoit  avoir  quelque  droit 
à  l'empire.  U  eut  la  bafie  cruauté 
de  fe  élire  apporter  fa  tête ,  &  de 
la  fouler  aux  pieds.  Incapable  de 
ponor  le  (çffxrc  »  efprit  iK)ible , 


*J4-  J-U  S-  _ 

cara£l«e  voluptueux  »'  lâché  &. 
cruel,  prince  fans  politique  &  fans 
valeur  ^  il  fe  laiffa  gouverner  par 
So]^hu  fon  époufe.  Cette  princeffe 
s^ant  raillé  Tans  ménagement  l'eu- 
nuque Narscs  gouverneur  en  Italie , 
celui-ci  appela  les  Lombards ,  qui 
«îes-lors  commencèrent  à  y  régner. 
Les  Perfes  »  d*un  autre  côté ,  rava- 
gèrent TAfie ,  &  /m/Zmi  n'oppofa  à 
leurs  conquêtes  que  de  vaincs  bra- 
vades. 11  mourut  le  5  Oôobre 
178,  après  avoir  régné  près  de 
I  \  ans.  II  étoit  fujet ,  depuis  quatre 
ans  ,  à  des  accès  de  frénéfie  qui 
ne  lui  laiiToient  que  peu  d'inter- 
valles de  raifon» 

IV,  JUSTIN  ^hifïorien  Latin  du 
'<3euxieme  fiecle  »  félon  l'opinion 
la  plus  probable ,  abrégea  la  grande 
Mtftolre  de  Trogue-Pompée  y  &  par 
cet  Abrégé  y  fit  perdre  ,  dit- on, 
l'original.  Son  ouvrage ,  inftrudtif 
&  curieux  ^  eft  écrit  avec  agrément , 
&  même  avec  pureté  »  à  quelques 
mots  près  qui  fe  reffcntent  de  la 
décadence  de  la  langue  Latine.  On 
lui  a  reproché  un  peu  de  mono- 
tonie. Sa  narration  d'ailleurs  ,  eft 
nette  ;  fes  réflexions  fages ,  quoique 
communes;  fes  peintures  quelquefois 
très-vives.  On  trouve  chez  lui 
jrîufieurs  morceaux  de  la  plus  grande 
beauté ,  des  parallèles  ingénieux  ^ 
d'es  defcriptions  bien  faites  ,  des 
harangues  éloquentes  -,  feulemem  il 
aime  un  peu  trop  l'antithefe.  On  le 
blâme  auflî  de  rapporter  quelques 
traits  minutieux,  &  quelques  faits 
abfurdes  -,  mais  c'eft  le  défaut  d'un 
grand  nombre  d'hiiloriens  de  l'an- 
tiquité. Certains  Maîtres  héfitent  de 
le  mettre  entre  les  mains  Aes  enfans  , 
tout  cftimable  qu'il  cfl:  ^  parce  que 
fes  çxpreffions  ne  font  pas  toujours 
modeftes.  Les  meilleures  éditions 
de  Jujiln  ,  font  :  celle  de  Paris  ,  en 
1677  ,  in-4®,  par  le  P.  Camcl 
Jéluite;  cçile  de  Jacques  Bongars  i 
d'Çxford  „  ea  1705  ,  in-8^  ,  par 


rv  s 

Thomas  Héam  ;  de  Leyde,  171P 
&  1760 ,  in-S"*  i  &  de  Paris  che^ 
Barbou ,  1 770  ,  in- 1 2  ,  fur  plufieurs 
manufcrits  de  la  bibliothèque  da 
roi.  Il  y  en  a  une  à'E/iévir ,  1640  » 
in-i2.  La  première  eft  de  1470  » 
in-folio.  M.  l'abbé  Paul^  quis'eft 
exercé  avc^fuccès  fur  Paurculus  > 
a  publié  en  1774  une  bonne  tra- 
duéHon  de  JuJUn  en  z  vol.  in- 12  , 
qui  a  éclipfé  celle  de  FavUr, 

JUSTINE ,  (  Flavia  Justina  ) 
née  dans  la  Sicile  ,  de  Jujie  gouî. 
verneur  de  la  Marche  d'Ancone  ^ 
fût  mariée  >iu  tyran  Magnence ,  mort 
l'an  355.  Sa  beauté  &  fon  efprit 
charmèrent  VaUntînlm  I ,  qui  l'é- 
poufa  en  368.  Elle  fut  mère  de 
quatre  enfans ,  Valcminlen  II,  Jufia  » 
Galla  &  Grata,  Son  fils  fut  élevé 
à  l'empire  en  375  ,  quoique  il 
n'eût  que  cinq  ans.  L'empereur 
GratUn  confirma  cette  cle6kion ,  & 
après  la  mort  de  ce  prince  ,  elle 
eut ,  en  383 ,  la  régence  des  états 
de  fon  fils  y  c'eft-à-dire  d'une 
partie  de  l'empire  d'Occident.  Son 
penchant  pour  l'Arianifme  la  rendit 
ennemie  des  evêques  ortliodoxes. 
Elle  fe  .préparoit  à  chafier  S.  Am» 
brolfe  de  Milan,  lorfque  le  tyraa 
Maxime  la  chafla  elle  -  même  de 
cette  ville  en  387.  Obligée  d'aban- 
donner l'Italie  ,  elle  fe  retira  à 
Theffalonique  ,  où  elle  mourut 
Tannée  fuivante  ,  dans  le  temps 
que  Théodofc  fon  gendre ,  vainqudu: 
de  Maxime  ,  ailoit  rétablir  VaUri" 
ttnlen  dans  l'empire  d'Occident. 

I.  JUSTINIANÏ,  (S.  Laurent) 
néàVenifeen  1381 ,  premier  gêné- 
rai  des  chanoines,  de  Saint  -  George 
In  Alga ,  en  1424 ,  donna  à;  cette 
congrégation  d'excellens  réglemens. 
Le  pape  Eugène  IV  le  nomma  évê- 
que  &  premier  patriarche  de  Venife, 
en  145 1.5.  Laurent  Jujîtmanîmounxt 
le  8  Janvier  1455  »  ^  74  ^^*  » 
après  avoir  gouverné  fon  diôcefe 
gvec  fagelTç.  Il  fut  le  module  4e^ 


3f  U  s 

Ih^ques  ;  îl  ne  voulut  nrtapîfTetie, 
ai  vaiiTelle  d'argent.  Quand  on  lui 
lepréfentoit  qu'il  pouvoit  accorder 
quelque  chofe  de  plus  à  fa  dignité 
&  à  fa  naiâance ,  il  répondoit  qa'U 
avoit  dans  Us  pauvres  une  famille 
nombreufe  à  nourrir.  Un  defes  pauvres 
rayant  prié  de  contribuer  à  la  dot 
de  fa  fille  ,  il  lui  répondit  :  Si  je 
vous  donne  peu  ,  ce  ne  fera  pas  ajfe\ 
pour  vous.  Si  je  vous  donne  beaucoup , 
il  faudra  que  >  pour  enfichir  un  feul , 
je  prive  une  foule  d'indigens  de  leur 
néceffaîre,  11  mourut  pénitent,  comme 
il  avoitvécu.  llrefiifa  dans  fa  der- 
nière maladie  tout  autre  lit  que  la 
paillafTe  fur  laquelle  il  couchoit 
ordinairement  -,  &  comme  il  vit 
qu'on  lui  préparoit  un  lit  de  plume  « 
il  dit:  C^eftfurun  bois  dur ,  &  non 
fur  un  Ut  de  plume  ,  que  Jefus-Chrifi 

a  été  couché  fur  la  croix Pourquoi 

pleurè^i^ous  ?  dit-il  à  ceux  quil'en- 
touroient.  '  Ç^eft  aujourd'hui  un  jour  de 
joie ,  &  non  de  larmes.  On  a  de  lui 
plufieurs  OurKAGis  de  piété  ^  re- 
cueillis à  Breffe  ,  1506  ,  2  vol. 
în-fol. ,  &  à  Venife  ,1755,  in4bl. 
La  famille  Juftiniani  en  Italie ,  qu'on 
écrit  auffi ,  &  même  plus  exaâe- 
ment  ,  GiujUani  ,  a  produit  grand 
aombre  de  perfonnes  illuib-es. 

IL  JUSTINLxNl  ,  (  Bernard  ) 
neveudu  précédent ,  mort  en  1489 , 
à  81  ans ,  fiit  élevé  aux  charges 
les  plus  importantes  de  Venife.  Il 
cultiva  les  lettres  avec  fuccès  ,  & 
laiâa  divers  écrits.  Le  plus  confi- 
dérable  eft  une  Hiftoire  de  Venife , 
depuis  fon  origine  jufqu'en  S09, 
in-foL,  à  Venife,  1492  &  1504-, 
elle  eft  en  italien.  Il  écrivit  dans 
la  même  langue  en  1475  *  ^~4^  » 
la  Vie  de  fon  oncle  5.  Laurent  ; 
c'eft  un  panégyrique  ,  mais  c'eft 
celui  d'un  Saint. 

m.  JUSTINUNI,  (  Auguftin) 
cvêque  de  Nebbio  en  Corfe ,  naquit 
à  Gênes  en  1470 ,  d'une  maifon 
i^HÛre ,  fe  fit  Dominici(in  à  Paris  » 


JUS  75 

en  148$ ,  6c  s'y  acquit  un  nom  par 
fon  habileté  dans  les  langues  Orien- 
tales. Il  fut  nommé,en  1 5 14 ,  évêque 
de  Nebbio  ,  par  le  pape  Léon  X^ 
Il  affifta  au  5®  concile  de  Latran  / 
fit  fleurir  la  fcience  &  la  piété  dans 
fon  diocefe ,  &  périt  dans  la  mer 
en  paiTant  de  Gênes  à  Nebbio  , 
Tan  1536,  à  66  ans  ,  avec  1« 
vaiffeau  qui  le  portoit.  Son  prin- 
cipal ouvrage  eft  un  Pfeauticr  en 
Hébreu ,  en  Grec ,  en  Arabe  &  en 
Chaldéen ,  avec  des  Vcrfions  latines  ^ 
&  de  courtes  Notes  ;  à  Gênes  , 
1516  ,  in-fol.  C'eft  le  premier 
Pfeautier  qui  ait  paru  en  diverfes 
langues.  L'auteur  le  fit  imprimer 
à  fes  dépens.  On  en  tira  2000 
exemplaires  fur  du  papier,  &  59 
fur  du  parchemin  ou  du  vélin  , 
pour  les  princps.  Il  efpéroit  en 
retirer  une  fomme  confidérable 
pour  le  foulagement  des  pauvres; 
mais  peu  de  perfonnes  achetèrent 
ce  livre  ,  quoique  tous  les  favans 
en  parlaflent  avec  éloge.  Le  titre 
de  cet  ouvrage  eftimable  ,  eft  : 
Pfaluiium  Hebraum  ,  Gracum ,  Ara* 
bicum  &  Chaldaum  ,  cum  tribus  La^ 
tlnis  interpretationibus  &  glojfîs.  On  a 
encore  de  lui ,  des  Armaîes  de  Gênes , 
en  Italien:  ouvrage  pollhume ,  pu-u 
blié  in-fol. ,  1 5  37.  Il  revit  le  traité 
de  Porcheui^  intitulé  :  Victoria  ad- 
versus  Impios  Jud^os ,  qui  fut  imprimé 
à  Paris,  in-fol.  ,  en  1520  ,  fur 
papier  &  fur  vélin.  Cette  dernière 
édition  eft  recherchée  des  ciuieux  ^ 
&  peu  commune. 

IV.  JUSTINUNI,  (Fabio)nc 
à  Gênes  ,  en  1568  ,  de  Léonard 
Taranchetti  ,  qui  fut  adopté  dans  la 
famille  Juftiniani ,  pour  n'avoir  pas 
voulu  tremper  dans  la  conjuration 
de  Fief  que ,  mourut  l'an  1627.  Il 
entra  dans  la  congrégation  de  l'O- 
ratoire de  Rome  ,  &  fut ,  en  16 16 , 
nommé  évêque  d'Ajaccio  ,  où  il 
mourut  le  3  Janvier  1627 ,  à  59 . 
ans.  On  a  de  lui  :  L  Index  uni'* 


T^. 


lus 

'Mlhvx  y  îa-fol.  IL  Tobias  esepàmatus  , 
«6zo  ,  'm4oh 

V.  JUSTINIANI»  (le Marquis 
.Vincent)  de  la  Emilie  iUuilre  de 
^  Lautsttt  Juflûiiatu^  fit  graver  par 
MaiMuHn  »  M4llan  &  autres ,  ia 
^ALEMUJL ,  Rome  y  1642 ,  2  vol. 
mrM*  Il  €it  a  été  tiré  ,  depuis 
1750^  des  épreuves ,  qm  font  bien 
iÉÊri^ures  aux  anciennes. 

VL  JUSTINIANI ,  (  rAbbé  Ber- 
Wbd)  de  la  famUle  du  précédent , 
éomasai  ea  Italien  VOrîpne  des  Orirts 
àCBaitu  ,  Venife,,  1692»  2  voU 
»&>!. ,  dont  a  été  ^traite  VHîf-^ 
•ittz  du  Ordres  Militaires  ^  Amilerd. , 
X7ZI  y,  4.  "voL  tn-S^  y  à  laquelle  on 
foinr  ofdtaairement  VHlftoîre  des 
4h&^  B£â§teux  »  AmAenL  1716  > 
4  voî.  »-8°»  Ces  deux  ouvrages 
4Banqii«nt  de  craque  &  d'exaâi- 
«aie  2  plufieui^  égards  ,  &  font 
ofilcz  mal  écrits»  Les  figures  en  font 
yreique  tout  le  prix. 

J.  JUSUNDEN  V'  ,  neveu  de 
JSgjËa:  PAndea. ,  naquit  à  Taurefium , 
pexît:  vin^^e  de  la  Dardanie ,  en 
4S3;  »  deS^bhatkuiS  &:  de  Btglealjfe , 
feus  de  /i^n.  II  fut  élevé  par 
ThiQfhtle^  qui  lui  donna  le  goût 
«fcs-  fèiences..  L'élévation  de  fon 
«ode  prodiâfic  la  iienne.  U  lui 
îfiiccéda  te  x  Août  527.  L'hiftoire 
IdL  rqpTochc  de  s'être  ouvert  le 
chemin  au  trône  par  l'aâaffinat 
véâmtécVUaiUn  »  ^vori  de  hfim , 
^  çii  auroîtpuêtrefon  fuccefTeur. 
llemittre  Grec  ,  foible  refte  de  la 
poîilaace  Romaine ,  ne  faifoit  que 
Sst^tnn  Juftlmen  le  foutint  ,  en 
«lendît  les  bornes  ,  &  lui  rendît 
ifEiélqiie  chofe  de  fon  ancien  éclat.  Il 
SBta  la  tête  de  fes  troupes  le  vaillant 
Béllfmt^  (  Voy,  fon  article  )  qui 
itlêva  le  courage  des  légions ,  & 
fit  rendre  compte  aux  Barbares  de 
xz  qu'ils  avoicnt  enlevé  aux  Ro- 
mains^ Le?  Perfes  forent  vaincus 
ta  528,  542  &  545  ,  les  Vaft^ 


JUS 

dales  exterminés ,  &  leur  roî  GlSmé 
fait  prifonnier  ,  l'Afrique  recon- 
quife.  La  conquête  de  la  Sicile  & 
des  autres  ides  de  lltalîe  y  fulvit 
celle  de  l'Afrique.  Lltalie  6tt  atta» 
quée  à  fon  tour  par  les  eroupes^ 
de  Jufilnun  y  &  devine  le  théâtre 
d'une  guerre  longue  &  cruelle* 
Rome  fut  prife  &  reprife  pluficursT 
fois.  Mais  malgré  la  valeur  des  tcois 
derniers  rois  des  Ofbrogodis ,  qui 
périrent  les  armes  à  la  main  en  fc 
dépendant  contre  BéUfaire  &  Narsks  , 
l'Italie  &  Rome  paffcrcnt  fous  I9 
puiiTance  de  Ju/Kmèn.  Ce  prince s'oc* 
cupa  en  même  temps  d'étouffer  lesr 
diâenfiofis  inteftînes  qui  déchîroicnt 
l'empire.  Les  Bleus  &  les  Verts  , 
deux  ferions  puifTantes  f  furent 
réprimés.  (  Voye^  Hypace  ).  Aprè& 
avoir  rétabli  la  tranquillité  au 
dedans  &  au  dehors,  il  mit  de  l'ordre 
dans  les  lois  qui  étoient  depuis 
long-temps  dans  une  confuiîon  ex* 
trême.  Il  chargea  dix  htrîfconfukes  ^ 
choifis  parmi  les  plus  habiles  de 
l'empire  »  de  faire  un  nouveau 
Codt,  tiré  de  îts  coniHtutions ,  Se 
de  celles  de  fes  prédéceffeiffs.  Ce 
Code  fut  divifé  en  xii  livres  ,  êc 
les  matières  féparées  les  unes  des 
autres ,  ious  les  titres  qui  leur  étoient 
propres,  Terrc^on ,  auteur  de  VHtf» 
toire  de  la  Jurlfprudenee  Romaîae  ^ 
remarque  que  Tnhonîen ,  le  chef 
des  juriiconfultes  rédaôeurs  de  cet 
ouvrage  »  iliivit  un  mauvais  ordre 
dans  la  difbibution^  des  matières» 
Il  détaille  ^  par  exemple ,  les  for* 
malités  de  la  procédure,  avant  que 
d'avoir  parlé  des  aûions  &  des 
autres  chofes  qui  doivent  les  pré* 
céder.  Ce  Code  fut  fuivi  :  I.  dn 
Dîgefte  ou  Us  PandeStes  ;  recueil 
d'anciennes  dédiions  répandues 
dans  plus  de  2000  livres.  Il  fut 
imprimé  à  Florence  en  1^3» 
in-fol ,  qui  fe  partage  en  2.  ou  5 
Vol.  Il  faut  qu'il  y  ait  à  la  fin  S 
feuillets  non  chiffrés ,  cotés  tecc^ 


sv  s 

^  a  encore  Téditioii  que  M; 
PûtUer  en  a  donnée  à  Paris  y  174S  ^ 

3  voL  in-foL  ,  qui  eft  eftimée. 
É  Des  Infituus^  qui  comprennent 
en  17  livres  «  d'une  manière  claire 
h.  précife ,  le  germe  de  toutes  les 
lois  &  les  élémens  de  la  jurifpru-* 
^flce.  m.  Du  Coât  dts  NovdUs  , 
àos  lequel  on  cecueilUc  les  lois 
&tes  depuis  la  publication  de  fes 
Rentes  coUeÛions.  Les  meil- 
leures éditions  de  ces  ouvrages  , 
réunis  fous  le  dtre  de  Cor^  Jwîs 
Cnâs  ,  font  :  i.  Celle  d'Elicvir^ 
1^64  ,  a  voL  in-8® ,  plu»  belle 
que  la  réimpreffion  de  168 1  ; 
II.  Celle  avec  les  grandes  Glofes 
kyjndcx  de  Daoy^y  Lyon ,  1627, 

4  vol.  in-foL  ni.  Celle  avec  les 
noies  de  Godefroy ,  Paris  ,  Vitré  , 
1618 ,  a  vol-  in-fol,  ir.  d*Amfter- 
«fam ,  El^évlr ,  1663  ,  î  vol.  in-fol... 
laSânUn  attentif  à  tout ,  fortifia  les 
places  «  embellit  les  villes ,  en  bâtit 
k  aouvelles  ,  &  rétablit  la  paix 
àasTËgliTe.  Ilélevaauilun^and 
nombre  de  baûUques ,  &  fur-tout 
celle  de  SaîntcSophUà  Confbuitino- 
pie ,  qui  paffe  pour  un  chef-d'œuvre 
^'ardute^re.  L'autel  &it  fait  d  or 
&  d'argent  fondu ,  avec  une  quan- 
tité prodigieufe  de  différentes  pierres 
précienfes.  Ju/Bnùn  cont^hiplant 
cette  magnifique  eglife,  le  jour  de 
la  dédicace  ,  s'écria  :  «<  Gloire  à 
**  Dieu  !  Je  vous  ai  valnat^  Salomon  4<. 
Mais  fon  malheut,  comme  celui 
iu  roi  de  Judée ,  fut  de  vieillir  fur 
le  trône.  Sur  la  fin  de  (es  jours  ^ 
ce  ne  fut  plus  le  même  homme. 
Il  devint  avare  ,  méfiant ,  cruel  -, 
il  accabla  le  peuple  d'impôts  , 
ajouu  foi  à  toutes  les  accufaûons , 
Voulut  connoitre  de  l'affaire  des 
TrêU  ChapUru ,  perfécuta  les  papes 
Anaela ,  SUvert  &  Fl§^ ,  &  mourut 
d'apopleûe  le  14  Novembre  ^65, 
à  84  ans ,  après  en  avoir  régné 
38.  Il  ne  fut  pleuré  de  perfonne  , 
fm  même  des  cout;ti£aas.  $a  femme 


JUS         77 

Théodore  y  qu'il  avoit  pnfe  for  1» 
théâtre,  où  elle  s'étoit  lowg^umfm 
proitituéey'&  qui  coi)fervaibiisls 
pourpre  tous  les  vices  d^«ac  coiv- 
tiikne,  le  gouverna  jufqu'À  ià  saaaitm 
IL  JUSTINIEN  il  .  de  Jmm  . 
furnommé  Shmotmete  j9U  fe  jIA^ 
*oi^ ,  ^toit  fils  aîné  de  Coiifin:im 
Pogonat  &  é!Anafiape.  Bécbné  Jbn 
gufte  à    12  ans  ,  il  manta  iOmt  Hb 
trône  après  fon  père  ,  «a  ^é^  ^  â 
16  ans.  11  reprit  quelques ;piw3ncEB 
fur  les  Sanafins  ,  &  concUa  «v«c 
eux  une  paix  afCez  avanta^ufe.  Ses 
exactions  ^  fes  cruautés  &  it»  dé- 
bauches,  ternirent  la  gloire  de  Jc& 
armes.    Il    ordonna   à   l^eunuqni 
Eûennt ,  qu'il  «vok  fait  {gouvemeor 
deConÂantinople,  deâûremaffiicinr 
dans  une  feule  nuit  tont  le  pecçsfl» 
de  la  ville  ,   à  commencer  pw  Hé 
patriarche.  Cet  ordre  barbare  k^kol 
tranfpiré  ,  le  patrîce  lionct  ibnlena 
le  peuple ,  &  et  détronerce  notnvca» 
Néron^  On  Un  coupa  le  aez,3c<iMi 
Voivoya  en  exil  dans  la  Cher- 
fonnefe ,  en  .695 .  Léotue  fut  ^oaffidk 
déclaré   empereur  ;   anais  I%i»- 
Abfimare  le  chaiTa  en  ù^^  Ceâûrci 
régna  -environ  fept  ans,  au  bcnt 
dcfqueli  Trekellûu,  roi  des  Bulgares, 
ayant  rétabli  Ju^nlen  en  701 ,  UaoM 
&  Téert'Ahfinutrt  fîirent  pusis  et 
mort.  Jufiràen^  peu  reconiwififeBt 
'à  l'égard  de  fes  libérateurs ,  roMpô: 
bientôt  la  paix  avec  les  BulgareB 
qui ,  après  lui  avoir  tué  beaucoup 
de  monde,  robligexent  de  «Tenfinr 
honteufement    è    Confimitifioplcu 
L'adverfîté  adoucit  le  cara^are  ;  efle 
le  rendit  plus  crueL  Ayant  einrojé 
une  flotte  contre  la  Chetf(M«i£&9 
il  ordonna  de  rmner  le  pays  8c  de 
maffacrer  les  habitans  «  qui  avoient, 
dans  le  temps  de  fes  malhenrs  9 
tâché  de  le  Csiire  périr.  Cette  flotte 
ayant  été  difperfée  par  les  tempêtes, 
il  en  arma  une  autre ,  avec  ordre 
d'égorger,  fans   diflinâion  d'âge 
ni  de  fexe ,  tous  les  habitans  de 


7?  JUY  ^ 

CherToime ,  capitale  du  pays.  L'hif- 
toire  ajoute ,  en  parlant  de  cette 
cruelle  expédition  ,  que  JufUnîm 
ne  fe  mouchoit  jamais  qu'il  n'en- 
voyât au  fupplice  quelqu'un  des 
partifans  de  Léonce,  Le  fang  de 
tant  de  viâimes  cria  vengeance. 
Philipplquc  Sardanes  fut  proclamé 
empereur  par  les  Chazares.  Jufiinkn 
fe  mit  en  marche  pour  le  combattre*, 
mais  le  nouveau  fouverain  étoit 
déjà,  en  pofTeffion  de  Conûanti- 
nople.  Bardanes  fit  partir  auffi-tôt  le 
général  Elle  ,  dont  JuJBnien  avoit 
&it  tuer  les  entos  ,  pour'  aller  à 
la  pourfuite  de  ce  prince.  Elle  le 
joignit  dans  les  plaines  de  Damatris, 
&  après  avoir  déterminé  fes  foldats 
à  l'abandonner,,  il  lui  fit, trancher 
la  tête  au  milieu  de  fon  camp  ,  en 
Décembre  711.  Sa  tâte  fiit  envoyée 
à  Conftantinople  pour  y  être  ex- 
pofee.  ;Cc.  prince  étoit  alors  âgé 
ée  41  âfi&^ont  il  avoit  régné  16  ; 
c'eft-à-dire%  dix  avant  fon  banniffe- 
ment  &  fix  depuis  fon  retour.  En 
lui  fut  éteinte  la  famille  d'HéracUus, 
Ju/HrUen  fut  .le  fléau  de  fes  fujets 
&  ITiorreur  du  genre  humain.  Le 
peuple ,  fous  fon  règne ,  fut  accablé 
d'impôts ,  &  livré  à  des  minifbes 
lâches  &  avares ,  qui  ne  fongeoient 
qu'à  inventer  des  calomnies  contre 
les  particuliers ,  pour  les  faire  périr 
&  envahir  leur  patrimoine. 

JUTURNE,  fille  de  Daunus,  & 
fœur  de  Turnus  ,  roi  des  Rutules 
en  Italie.  Juplur  ,  dont  elle  fut 
aimée  ,  lui  accorda  l'immortalité  , 
&  la  fit  nymphe  du  fleuve  Numicus. 
Elle  rendit  de  grands  fervices  à  fon 
frère  dans  la  guerre  qu'il  fit  à 
Enée  fon  rival  ;  mais  voyant  qu'il 
ctoitfur  le  point  de  périr,  elle  alla 
fe  cacher  pour  toujours  dans  les 
eaux  du  fleuve. 

JUVARA,  (Philippe)  célèbre 
architeâe  Sicilien ,  a  laifle  à  Turin , 
&  dans  fes  environs  ,  un  grand 
nombre  de  monumens  de  fon  habi- 


ïuv 

letc.  En  1734  ,  le  vieux  PalaisS 
ro3ràl  de  Madrid  fut  incendié  ,  par 
je  ne  fais  quel  accident.  Le  roi 
Philippe  y  voulant  en  avoir  un 
autre ,  &  ayant  ouï-dire  que  Juvara. 
paflbit  pour  le  meilleur  architefte 
de  fon  fiecle ,  le  demanda  au  roi 
de  Sardaigne,  au  fervice  duquel  il 
étoit  depuis  plufieurs  années.  A 
l'arrivée  de  Juvara  à  Madrid  ,  on 
lui  ordonna  de  defliner  un  plan  -, 
tandis  qu'il  étoit  occupé  à  cet 
ouvrage ,  EUiabeth  Farnefe  2**  femme 
du  roi  ,  pour  qui  tous  fes  défirs 
étoient  des  lois  ,  fe  mit  en  tête 
d'entreprendre  une  guerre  ,  par  le 
moyen  de  laquelle  elle  efpéroit 
procurer  un  établifTement  en  Italie , 
à  fon  2*^  fils  D.  Curlos,  Amâ,  au 
lieu  de  dépenfer  en  bâtiihenss^ 
fuivant  l'intention  du  roi  ,  lés/ 
millions  qu'il  y  avoit  deftinés  ,  elle 
jugea  à  propos  de  s'en  fervir  pour 
fubvenir  aux  Érais  de  cette  guerre. 
Juvara  étoit  bien  loin  de  deviner 
l'intention  de  la  reine  -,  il  n'étoit 
pas  afTez  politique  pour  cela.  Il  fe 
hâta  de  finir  fon  modèle ,  qu'il  ne 
douta  pas  un  inftant  qu'on  ne  mit 
à  exécution  ,  fur-tout  la  reine 
foUicitant  d'y  mettre  la  dernière 
main.  Ce  modèle  ne  fut  pas  plutôt 
prêt  &  préfenté  au  roi ,  que  Paùno  , 
alors  premier  minillre,  &  initié 
dans  les  fecrets  de  la  reine ,  fe  prêta 
à  {es  vues  •,  il  représenta  au  roi 
>»  que  Juvara  avoit  donné  Un  plan 
»»  trop  reflerré  ;  que  le  palais  qu'il 
»  prétendoit  conflruire  ne  con- 
»  venoit  point  pour  l'habitatioa 
>»  d'un  roi  d'Efpagne  -,  qu'il  falloit  * 
w  qu'il  en  fît  un  autre ,  plus  digne- 
))  de  la  grandeur  du  monarque 
>»  auquel  il  étoit  deftiné.  «  Philippe 
fiit  la  dupe  de  ces  repréfentations , 
fur-tout  quand  elles  fe  trouvèrent, 
appuyées  par  la  reine.  Juvara  lui- 
même  ne  fiit nullement  mécontent,' 
lorfqu'il  fut  que  l'intention  de  Leurs 
Majeflés ,  étoit  qu'il  ût  tout  ce  qui 


J  U  V 

}ui  leroîf  poffible ,  &  qu'il  pèfts&t 
iun  plan  propre  à  déployer  toute 
la  profondeur  de  Tes  connoiiTances 
en  architedure  ,   &  ^  proportionné 
aux  richeiïes   du  monarque.  Dans 
l'efpace  de  trois  ans  ,  Juvara  pro- 
tluifit  un  fécond  modèle,  fi  magni- 
fique ,  qu'il  ne  crut  pas  qu'on  pût 
fonner  la  moindre  difficulté  contre 
tn  pareil  édifice  ,    relativement  à 
fon  étendue  &  à  fa  fplendeur.  Il 
tut  la  faâsfaâion  momentanée  de 
«entendre    beaucoup     louer    par 
toiite  la  cour ,  pour  la  richeffe  de 
fe  idées.   Mais  lorfqu'il  fit  voir 
l'immenfité  ^es    dépenfes  qu'exi- 
jeroit  cet   ouvrage  ,    dont    l'état 
montoit  à  plus  de  500  millions,  la 
tàne  &  fon  confident  ne  manquè- 
rent pas  d'objefter  que  les  finances 
4I11  roi  ne  pourroient  jamais  fournir 
aux  frais  d'une  pareille  entreprife. 
ia  conféquence ,  on  ordonna  au 
pauvre  archite£ke  de  penfer  à  un 
f  plan ,  également  éloigné  &  de 
k periteffe  du  i",  &  du  trop  d'é- 
tendue du   i^  Faire  des  remon- 
trances contre  cette  décifion ,  auroit 
été  une  abûirdité  ;  mais  tandis  qu'il 
étoit  occupé  à  ce  qu'on  exigeoit 
de  lui ,  la  guerre ,   à  laquelle  on 
&  préparoit  depuis  long-temps  , 
fiit  déclarée  ^  les  Éfpagnols  fe  virent 
obl^és    d'envoyer    la    meilleure 
partie  de  leurs  piftoles  en  Italie. 
iuvara  &  fes  pbûis  furent  oubliés  : 
à  peine  lui  étoit-il  permis ,  lorfqu'il 
paroiilK>it  à  la  cour,  de  parler  de 
bâtiment.  Patlno  ,  particulièrement , 
fcifoit  ndtre  un  fi  grand  nombre 
de  difficultés,  toutes  les  fois  qu'il 
efoit  montrer  quelques-uns  de  fes 
deifins  au  roi ,  que  cet  artifte  mourut 
'•à  la  fin,  de  ch^in,  fans  doute, 
à  la  grande  fatisfaâbion   du  rufé 
miniftre  ,  qui  l'avoit  long-temps 
leurré  pour  lui  faire  étaler  toute 
la  profondeur  de  fon   génie  dans 
fon  1*  plan.  Quelque  temps  après 
la  mon  dehytir^  >  Iç  roi  qui  pei^oit 


lUV  79 

férîeufemem  à  faire  conftruire  «ii 
palais ,  s'informa  fi  cetartifie  n'avoic 
pas  laifTé  après  lui  quelqu'un  de 
fes  difciples,  capable   de  profiter 
des  idées  de  fon  maître ,  &  de  la 
exécuter  >  Il  s'en  trouvoit  deux  à 
la    cour    du    roi    de    Sardaigne. 
Saccheui  ,    paflant   pour   le  plus 
habile  <,  fiit  envoyé  en  Efpagnc  , 
où  il  fit  le  modèle  du  palais  aâuel- 
Icment  exiftant.  Il  fut  approuvé  , 
la  guerre  touchant  alors  à  fa  fia. 
L'impatient    monarque    voulut  , 
malgré   les  difEérentes   objedttons  ., 
de  fes  miniftres,  que  Touvrage  fe 
commençât-,   mais  la  continuation 
de  la  guerre  fut  caufe  qu'on  y  tra- 
vailla fi  lentement  ,  qu'il  fembloit 
qu'on  craignoit  qu'il  ne  finit.  Ce- 
pendant ,  dès  que  la  paix  fut  fignce» 
la   reine  même  pouffa  l'ouvrage 
avec  tant  d'ardeur  ,  que  Sacchctu 
eut  la  fatisfaûion  de  le  voir  >avancet 
avec  rapidité.  Cette  anec  lote  feroît 
vraifemblablement  demeurée  enfé- 
velie  dans  un  étemel  oubli ,  fi  le 
roi  régnant  (  Dom  Carlos)  ne  l'avok 
pas  révélée  lui  icme  dans  un  mo- 
ment de  bonne  humeur  ,   à  quel- 
ques-uns des  courtijàns  de  fa  fuite  , 
la  première  fois  qu'il  fut  voir  ce 
palais  à    fon    retour  de  Naples. 
Elle  eftaffez  finguliere,  &  efl:  pro- 
pre à  donner  une  idée  del'éténdue 
de  la  politique  de  la  reine  ^  de  la 
rufe  d'un  miniftre  ,    &  de  la:  fim- 
plicité  d'un  artifte  célèbre,  t  Article 
fourni    &   extrait    du    Voyage   de 
/Londres  à   Gênes  ]. 

JUVENAL ,  {Deciushnlus)  poète 
Latin  ,  d'Aquin  en  Italie  ,  paffa  à 
Rome ,  où  il  commença  par  faite 
des  déclamations,  &  finit  perdes 
fatires.  Il  s'éleva  contre  la  paffion 
de  Néron  pour  les  fpeétacles  ,  & 
fur-toût  contre  un  afteur  nommé 
Paris ,  bouffon  &  favori  de  cet  em- 
pereur. Le  dédamateur  fatirique 
refta  impuni  fous  le  règne  de  Néron; 
msis  f<9u»  celui  de  Domlj^ ,  PéH^ 


«o         ÎVV 

«ot  le  aidit  de  le  £aîre  eiîler  ;  U 
Bit  eavoyé ,  à  Tàge  de  quatre-vingts 
ans  Y  dans  la  Pentapoie  ,  iur  les 
£rontieres  de  l'Egypte  &  de  la  Libye. 
On  prétexta  qu'on  y  avoit  bef^ÎA 
4le  lui  pour  commander  la  cavii- 
lerie.  Le  poëte  guerrier  eut  beau- 
coup à  foufErir  de  l'emploi  dont 
on  Taroit  revêtu  par  dériûon  ;  mais, 
quoique  oâogénaire ,  il  furvécut  à 
Con  perfécuteur.  Il  revint  à  Rome 
oprts  fa  mort ,  &  il  y  vivoit  encore 
Ibas  Nova  &  (bus  Trajan,  Il  mourut, 
ta  ce  qu'on  croit,  l'anizSdeJ.C 
Nous  avons  deluixvi  Satires,  Ce 
font  des  harangues  emportées,  /u- 
venal ,  mi&ndirope  furieux  y  mé- 
difoit  uns  ménagement  de  tous 
ceux  qui  avoient  le  malkeur  de 
lui  déplaire  :  eh!  qui  ne  lui  dé- 
plaifoit  pas?  Le  dépit,  comme  il 
le  dit  lui-même ,  lui  tint  lieu  de 
%éme:Fadi  ùuSgnado  vafum.  Son 
ftyle  eft  fort ,  âpre  ,  véhément  -, 
mais  il  manque  d'élégance,  de  pu- 
reté ,  de  naturel  ,  &  fur-tout  de 
décence.  Il  s'emporte  contre  le 
vice  ,  &  il  met  les  victeux  tout 
nus  «  pour  leur  £ùre  mieux  fentir 
le  fouet  de  la  fatire.  Quelques 
fa  vans ,  chargés  de  grec  &  de  latin, 
mais  entièrement  dénués  de  goût  » 
l'ont  mis  à  côté  é!Horéct  -,  mais 
^iclle  différence  entre  l'emporte- 
ment du  Cenfeur  impitoyable  du 
iiecle  de  DomùUn ,  &  la  déHcatefle , 
l'enjouement,  la  finefle  du  Sati- 
rique de  la  cour  à*Augu/îc  !  t^Jupenal^ 
>*  (  dit  l'auteur  de  V Année  littéraire  , 
^  année  1779,  n.®  ix.)  n'a  qu'un 
>»  ton  &  qu'une  manière  •,  il  ne 
'y>  connoSt  ni  la  variété,  ni  la 
w  grâce.  Toujours  guindé ,  tot^ours 
>f  en^hatique  &  dédamateur  ,  U 
H  fatigue  par  fes  hjrperboles  con- 
)>  tinuelles&fon  étalage  derhéteur» 
S)  Son  flyle  rajnde  ,  harmonieux  , 
»*  plein  de  chaleur  &  de  force,  eft 
»  d'une  monotonie  afTommante.  Il 
^  efl  prefquc toujours  recherchée 


y  V  v 

M  outré  dans  fes  expreffiotis  ;  fe 
9»  fes  penféesi  font  fouvent  étraa- 
f>  glées  par  une  préciûon  dure  qui 
n  dégénère  en  obiburité.  Horace  , 
»  au  contraire ,  e&  toujours  aifé  » 
«•  naturel,  agr^le,  &  pour  plaire 
M  il  fe  replie  en  cent  £2çons  Sffàr 
n  rentes  ',  il  fait 

CofM  Toîx  lé^er* 
Fafler  da  gnne  au  doux ,  du  platikac  au 
férere. 

9*  Sondylepur ,  élégant,  facile  ^ 
n  n*of&e  aucune  trace  d'afFeâatioft 
>•  &  de  recherche.  Ses  Satires  ne 
M  font  pas  des  déclamations  ëlo- 
»  quentes  -,  ce  font  des  dialogues 
M  ingénieux^  des  fcenes  charmantes, 
'>  où  chaque  interlocuteur  eft  peint 
>»  avec  une  findSe&  une  variété  ad- 
•  mirables.  Ce  n'eft  point  un  pé- 
M  dant  tnfte  &  farouche  ,  élevé 
M  dans  les  cris  de  l'école  -,  un  fom- 
j*  bre  mifânthrope ,  qui  rebute  par 
»  une  morale  chagrine  &  iâuvage  , 
»  Qc  Êdi  ha'ir  la  verm  ,  même  ea 
»  la  prêchant  :  c'efl  im  philofophe 
M  aimable ,  un  coiutifan  poli  »  qui 
n  fait  embellir  la  nôfon ,  &  adoucir 
»  l'auftérité  de  la  fageàe.  Juvenal 
M  efl  un  maître  dur  &  ievere^  qui 
»  gourmande  iès  lefteurs  ;  Horat€ 
»»  efl  un  ami  tendre ,  indulgent  & 
9  facile  ,  qui  converie  familière- 
V*  ment  avec  les  ûens.  Les  inveâi- 
w  ves  ameres  »  les  r^rodies  (an- 
M  glans  de  Juvenal  ,  irritem;  les  . 
n  victeux  uns  les  réformer  ;.  les 
»  traits  plaifans ,  les  peintures  co- 
M  miques  d* Horace  ,.  corrigent  les 
»^  hommes  en  les  amu^t  u.  Les 
meilleures  éditions  de  JuveiuU  font  : 
I.  du  Louvre,  i644,in-fol.  II.  Ctam 
MOUS  VArUruM ,  AmÀerdam  >  1684^ 
in-S"*.  m.  Ad  ufum  Delphinî^  16S4  » 
in-4MV.De    Cafauboriy 


169  j ,  in-4**  ,,efHmée.  V»De  Paris, 
1747,  in-ii  ,  fort-belle.  VI.  De 
Basherv»  ,1761  ,in-4^ ,  magnifique. 
Enfin ,  celle  de  Sanâhy  y  1763  1^ 
In-S^  »  fig.  dont  les  exemplaires  en 
gtand 


fTùà  papier  font  préférés.  Latrâ* 
duftion  de  ce  poëte  par  le  P. 
Tmeron  étoit  la  meilleure  ,  avant 
celle  qu'en  a  publiée  M.  Dujfaulx , 
i Paris,  1770,  in- 8**. 

JUVENCUS  ,  (  Ciûus  Vtcàus 
A^^mJmtis)  l'un  des  premiers  poètes 
Oirétiens ,  naquit  en  Efpagne  d'une 
famille  iltuftre,  Il  mit  en  vers  latins 
kVicdiJisvs'CHRisTy  en  4 livres, 
vers  329.  Ce  poëme  eft  eftimable, 
«oins  par  la  beauté  des  vers  &  la 
pureté  du  latin  /  que  par  l'exac- 
titude fcrupulêufe  avec  laquelle  il 
afliivi  le  texte  des  Evangéliftes. 
On  le  trouve  dans  la  Bibliothèque 
des  PP. ,  &  dams  le  Corpus  Poet,  de 
hialuaire. 

JUVENEL  DES  Ursins,  Foyei 
Uksins  ,   n'^  1  6»  n. 

JUVENEL  DE  CarlencAs  (Fé- 
lix de  )  naquit  à  Pézenas ,  au  mois 
de  Septembre  1679.  Après  avoir 
fait  fi^  études  chez  les  PP.  de  l'O- 
ratoire de  fa  ville  ,  il  fit  un  voyage 
à  Paris-,  où  il  demeura  une  année  *, 
il  revint  chez  lui  ,  &  s'y  maria. 
L'hymen  l'ayant  fixé  à  Pézenas  , 
il  ne  s'y  occupa  qu'à  remplir  les 
devoirs  de  bon  citoyen  &  de  père 
de  Camille ,  &  à  fuivre  fon  atAait 
pour  l'étude  de  THiftoire,  Il  n'avoit 


d'abofd  d^autre  vue  que  fa  propre 
inflruâion  -,  il  peiifa  enfuite  à 
celle  de  fon  fils.  II-  écrivit  en  fa 
faveur  les  Principes  dt  l*hl/lolre,  C'eft 
un  voJ.  in-ii ,  donné  au  public  en 
1733  ,    à    Paris  ,    chez  Banh&lcml 

Alix Carlmcas  fît    enfuite  des 

EjIfaXs  fur  £Hlfijirt  des  Sciences ,  dis 
Belles» Lettres  &  des  Arts  >  il  y  en  a 
eu  4  éditions  a  Lyon  ,  chez  les 
frères  Dupùùn,  La  i'*  efl  de  l'année 
1740  ,  en  un  vol.  în-12  -,  la  a^  en 
1744,  2  vol.-,  la  3^  en  1749,  4 
vol.  ;  &  la  4*"  en  1757  ,  4  vol. 
in-8°.  Cet  ouvrage ,  catalogue  alTez 
imparfait  des  richeffes  littéraires 
des  différens  fiecles ,  a  eu  beaucoup 
de  fuccès.  Il  a  été  traduit  en  alle- 
mand &  en  anglois.  Il  auroit  vrai- 
feipblablement  étéfuivideplufieurs 
ai!Éies  ,  fi  de  grandes  infirmités, 
jointes  à  un  âge  fort  avancé ,  n'y 
avoicnt  été  un  obflade.  L'auteur 
mourut  à  Pézenas,  le  1 1  Avril  1760^ 
âgé  de  80  ans.  Il  étoit  de  l'aca- 
démie des  belles-lettres  de  Mar- 
feille.  La  modeftie  ,  la  douceur  , 
la  politeffe  ,  la  complaifance ,  und 
probité  à  toute  épreuve ,  un  par- 
fait défintéreffement,  une  fincere  ap- 
plication à  remplir  tous  fes  devoirs  y 
formoient  fon  caraâere. 


Tome  y* 


Bi 


K 


KaBEL  ,  To^'qVANDER-KABEt. 

KAHLER,  {  Wigand  oa  Jean  ) 
théologien  Luthérien,  né  à  "Wol- 
mar  dans  le  Landgraviat  de  Heffe- 
Caffel,  en  1649,  fut  profeffeuren 
poéfie,en  mathématiques  &  en  théo- 
logie, à  Rinteln  ,  &  membre  de 
la  fociété  de  Gottingen.  Il  mourut 
en  I7i9»  Oi^  ^  ^c  lui  un  grand 
'  ftombre  de  Dljfertatlons  fur  des  ma- 
tières de  théologie  &  de  philofo- 
phie  ,  réunies  en  a  vol.  in- 12  , 
Rinteln,  1710  &  171 1. 

KAIN  ,  (  Henri-Louis  le)  célè- 
bre adeurde  la  comédie  FrançoM, 
lié  à  Paris  en  1729  ,  a  été  faufle- 
fnent  appelé  le  Serrurier  ;  car  il  ne 
l'a  jamais  été.  Son  premier  métier 
létoit  de  travailler  en  acier  les 
inftrumcns  propres  aux  opérations 
de  chirurgie.  Un  tapiffier  le  fit 
Connoitre  à  Voltaîrt ,  qui  ayant  dé- 
mêlé fcs  talens  pour  la  fcene  tra- 
gique ,  à  travers  une  figure  peu 
agréable  &  un  organe  peu  fonore , 
-  V  Iç  tira  de  fa  boutique ,  le  prit  pliez 
Vo  lui  ,  &  après  lui  avoir  donné  des 
leçons  fréquentes  ,  le  fit  recevoir 
a  la  comédie  françoifc.  »»  Baron 
r>  (difoit-il)  ctoit  plein  de  no- 
*♦  bleffe ,  de .  gtçcè  &  de  finefîe; 
jh  Beaubourg  étoit  un  énergiunene  ; 
>»  Ju  Frefne  n'avoit  qu'une  belle 
?»  vois:  ôc  un  beau  vifage  -,  le  Kam 
9»  feula  été  vérit^îement  tragique  w. 
Ce  poète  ne  vit  poiirtant  jamais 
^  iur  le  théâtre  François  ,  celuhgK^^^^ 
-  âppeloit  fon  p-and  akcur  ,'  ion 
\CanUht  foîi  enfant  ekérl,  l:e  (fCain 
■  \  lae  put  y  monter  que  quelques  jqurs 
^^  après  "le  départ  ie  l'auteur  de  la 
Henrlàdc  ,  pour  la  Pruffe ,  &  ,  au 
moment  où  Voltaire ,.  âgé  de  84  ans , 
ir^ntroit  à  Paris,  apr^s  une^abfence 


de  27  ans  ;  on  lui  annonça  qud 
le  Kaln  venoit  de    dcfcendre    au 

tombeau Cet  aûeur  débuta  en 

1750  ,  par  le  rôle  de  Bnuus,  Soi» 
début ,  qui  dura  17  mois ,  fut  auiS 
pénible  que  brillant.  On  ne  l'ap- 
peloitque  le  Convulfionnaîre.  Tout 
le  monde  difoit  du  mal  du  nouvel 
afteur ,  &  tout  le  monde  couroit 
le  voir.  Ce  ne  fut  qu'après  avoir 
joué  à  la  cour  le  rôle  à'Orofmane  » 
qu'il  put  obtenir  fon  ordre  de  ré- 
ception :  il  en  fiit  redevable  aux 
fufirages  de  Louis  XV,  On  avoit 
tâché  de  prévenir  ce  prince  contre 
lui  -,  mais ,  après  la  repréfentation  , 
il  parut  étonné  qu'on  parlât  fi  mal 
d'un  aûeur  qui  l'avoir  ému.  //  m'a 
fait  fleurer ,  dit  le  roi  ,  moi  qui  ne 
pleure  guère  i  &  il  fiit  reçu  fur  ce 
mot.  Le.  Kaln  avoit  en  effet  de 
grands  talens.  Le  feu  fombre  6c 
terrible  de  fes  regards  ,  le  grand 
caraftere  imprimé  fur  fon  front ,  la 
confraftioin  de  tous  fes  mufclcs ,  le 
tremblement  de  fes  lèvres ,  le  ren- 
verfement  de  tous  fes  traits ,  toufi 
en  lui  feivoit  à  peindre  les  diffé- 
rens  accens  du  défefpoir ,  de  la 
douleur  ,  de  la  fenfibilité  ,  &  à 
marquer  les  différentes  attitudes  de 
la  grandeur ,  de  la  menace ,  de  la 
fierté.  Des  études  confiantes  & 
réfléchies  Tavoient  conduit  à  la 
perfe(flion  de  fon  art ,  auquel  il 
confacroit  fon  temps  ,  fes  foins  , 
fes  dépenfes.  Il  eft  le  premier  qui 
ait  eu  de  véritables  habits  de  cof- 
tume ,  &  il  les  defiînoit  lui-même 
avec  TexaéHtude  d'un  homme  qui 
connoiflbit  l'hiftoire  &  les  moeurs 
des  peuples.  Cet  afteur  ne  con- 
tribua pas  peu ,  par  fon  jeu  pathé- 
tique ,  au  grand  fuccès  d«s  7>a^ 


K  A  I 

'£is  iû  gfand-homme  qui  l'avoît 
formé,  &  fur-tout  à  celui  6* Adé- 
laïde du  Gmfclln  ,  qu'il  remit  au 
Aéâtreen  1750.  Lt  Katn  portoit 
dans  la  fociété  beaucoup  de  fira- 
plicité.  Sa  converfation  étoit  fage  , 
&  nourrie  de  difcuffions  utiles  , 
même  fur  des  objets  étrangers  à 
la  fcenc  tragique.  Un  fens  droit 
caradérifoit  fon  efprit.  Il  avoit 
quelquefois  de  la  gaieté  :  mais  on 
appercevoit  plus  ïouvent  en  lui 
Cette  mélancolie,  principe  &  aliment 
des  paiEons  qu'il  éprouvoit  comme 
il  favoit  les  peindre.  Quelques 
critiques  lui  ont  cependant  reproché 
de  s'être  fait  une  manière  trop  pé- 
fiiblement  énergique  ,  d'avoir  cir- 
,  confcrit  le  nombre  de  £qs  rôles 
dans  uû  cercle  trop  étroit  »  de 
n'être  pas  toujours  entré  dans  l'efprit 
de  fes  perfonnages  :  on  fait  ,  par 
exemple,  qu'il  rendoit  tout  le  rôle 
de  Nîcomede  avec  lïne  ironie  con- 
tinue, qui  n'étoit  rien  moins  que 
diéâtrale ,  &c.  &c.  &c.  Il  mourut 
â  Paris  d'une  fièvre  inflanunatoire , 
le  8  Février  Î778  ,  à  39  ans. 
Voltaire  connoiiTant  raviliffement 
©ù  étoit  parmi  nous  l'état  de  co- 
médien ,  lui  avoit  d'abord  confeillé 
de  jouer  la  comédie  pour  fon 
plaifîr,  mais  de  n'en  Jamais  faire 
fon  état.  Le  Kaln  fe  repentit  plus 
d'une  fois  de  n*avoir  pas  profité 
[  de  ce  confeil.  Indépendamment 
.  des  tracafferies  que  la  jaloufie  fuf- 
clte  au  talent ,  il  effuya  des  chofes 
défagréables  dans  la  fociété-  Un 
officier  s'exhala  un  jour  devant  lui 
^  reproches  infultans ,  fur  la  for- 
tune &  lé  luxe  des  comédiens  , 
tandis  que  les  militaires  fe  retiroient 
ïvec  une  chétive  penfion.  E!i  ! 
«mpte^vous  pour  rUn  ,  (  lui  dit  le 
Kain  )  ,  le  droit  que  vous  àroye^  avoir 
&  me  dire  tn  face  tout  ce  que  je  viens 
d^entmdre  ?  Il  parut ,  peu  de  jours 
après  fa  mort ,  une  petite  brochure 
*n^^,  intitulée  :  La  rcçonnoiffance 


K  A  L         ?j 

ée  te  Katn  envers  M»  de  VoUaîrefon 
bienfaiteur,  C'eft  un  morceau  de  ta- 
pifferie ,  dont  il  n'y  a  de  bon  que 
le  canevas....  Cet  article  eft  tiré  , 
en  partie  ,  de  V Eloge  de  le  Kaln 
par  M^de  la  Harpe, 

KALIL,  Foyei  Patrona. 

K ALT£YSEN  ,  (  Henri  )  Domi- 
nicain, né  dans  un  château  près 
de  Coblens ,  au  diocefe  dé.  Trêves  , 
de  parens  nobles ,  parut  avec  éclat 
au  concile  de  Bâle.  11  y  réfuta 
avec  force  les  hérétiques  de  Bohêmet 
en  1453.  Il  devint  enfuite  arche- 
vêque de  Drontheim  en  Norwege, 
&  de  Céfarée.  Ce  prélat  fe  retira  fur 
la  fin^  de  fes  jours  ,  dans  le  couvent 
des  Frères  Prêcheurs  à  Coblens  ,  oitt 
il  mourut  le  z  Octobre  1465.  Il 
nous  refte  de  lui  un  Dtfcours  qu'it 
prononça  au  concile  de  Bâle ,  fur 
la  manière  de  prêcher  la  parole  de  Dieu» 
C'étoit  un  des  hommes  les  plus 
laborieux  de  fon  ordre, 

K  AM*HI ,  empereur  de  la  Chine  ^ 
petit-fils  du  prince  Tartare  qui  la 
conquit  en  1644  ,  monta  fur  le 
trône  en  1661 ,  &  mourut  en  1722  » 
à  71  ans.  Son  goût  pour  les  arts 
6c  les  fciences  des  Européens ,  l'en- 
gagea à  fouf&ir  les  mifiionnaires 
dans  fes  états.  Ce  prince  avoit  tout 
l'orgueil  &  tout  le  fafte  des  Afiati- 
ques.  Sa  vanité  alloit  ,  dit-on  , 
jufqu'à  ne  pouvoir  fouffrir  que  , 
dans  les  Cartes  géographiques,  on 
ne  mît  pas  fon  empire  au  .centre 
du  monde.  La  plupart  de  celles 
qu'on  a  dreffées  fous  fou  irégne  » 
au  moins  deptus  qu'il  »ut  -Eait  con- 
noître  fon  ambition  fur  ce  point , 
font  conformes  à  fes  défirs.  Lo 
Père  Matthieu  Ricci  ,  Jéfuité  ,  fut 
obligé  de  s'y  conformer  comme 
les  autres ,  &  de  renverfer  l'ordre 
qu'il  devoit  fuiw ,  pour  plaire  à 
cet  empereur  ,  dans  la  Carte  ChU 
nolfe  du  Tnonde^jéiil  drcffa à Pekin^^ . 
La  curiofité  de  Kam-Hl  n'avoit 
point  de  bornes  :  il  vouloit  favQJjç 


'S4         K  A  N    _ 

Jusqu'aux  chofes  qu'il  luî  cîbftvô- 
noit  d'ignorer.  Un  jour  il  voulut 
s'enivrer ,  pour  connoître  par  lui- 
onême  l'effet  flu  vin. 

K  A  N  D  LER ,(  Jean-Joachim) 
commiflaire  de  la  chambre  de  la 
cour  électorale  de  Saxe,  né  en  1706 
à  Selingftadt  en  Saxe,  mort  en  1 776, 
fut  le  maître  des  modèles  de  la  fa- 
tbrique  de  porcelaine  de  Meiffen.  Il 
excella  dans  de  genre.  On  a  de  lui 
im  grand  nombre  d'ouvrages  exé- 
cutés par  lui  ou  fur  fes  deffeins ,  & 
cnne  peut  rien  trouver  déplus  élé- 
gant &  de  plus  moelleux.  Tels  font 
T Apôtre  5.  Paul,  de  grandeur  na- 
turelle -,  S,  Xaxîer  mourant  ;  la  Fla^ 
jtcUationduSauvcur;^  les  X 11  Apôtres; 
un  CarrlUon  tout  de  porcelaine  -, 
divers  Crucifix  ,  (yc.  Il  fit  en  1 7  5  o  un 
chef-d'œuvre  :  c'étoit  un  Cadre  avec 
des  guirlandes  de  fleurs,  &  diver- 
ses autres  figures  hifioriées ,  en  re- 
lief, pour  entourer  un  trumeau  de 
\  glace  de  la  manufaôure  de  Drefde , 
avec  la  TahU  à  confole  qui  devoir 
être  placée  delTous.  Le  roi  Âugu/h 
«voit  deftiné  ce  préfcnt  à  Louis  XV^ 
L'artifle  en  fut  le  porteur ,  &  il 
reçut  les  éloges  &  les  récoAipenfes 
qu'il  méritoit.  A  l'exception  de  ce 
petit  voyage  en  France,  KandUr 
n'étoit  jamais  forti  de  fon  pays.  Il 
n'avoit  point  vu  ces  fameufes  gale- 
ries de  ftatues  ,  dont  l'Italie  fe  glo- 
rifie. Son  maître  fiit  un  Allemand. 
Il  atteignit  cependant  à  la  perfe^on 
de  fon  art  -,  il  dut  tout  à  £bn  génie, 

KANOLD,  (Jean)  médecin  de 
Breilaw  ,  mort  en  1729  ,  à  49  ans, 
iaifTa  des  Mémoires  en  allemand , 
fur  la  Nature  &  fur  Us  Ans  ,  très- 
curieux. 

KAPEL,  Voye:^  Capel. 

KAPNTON,  Voye;{^  Reukliic. 

I.  KARA-MEMMET,  bâcha 
Turc,  fignala  fon  courage  aux  fie- 
gcs  de  Candie,  de  Kaminicck  &  de 
vienne,  &  fe  difHngua  au  com- 
bat donné  à  Çhoczin.  Apres  avoi^ 


t 


K  A  R 

été  pouivii  du  igouvememênt  ^ 
Bude  en  1684,  il  y  fitune  vïgou^ 
reufe  réfiflance  contre  les  Impé- 
riaux -,  mais  il  mourut  pendant  le 
fiege  ,  d'uti  éclat  de  canon ,  qu'il 
reçut  en  donnant  des  ordres  fur  les  ^ 
remparts.  Il  avoit,  peu  de  temps 
auparavant ,  fait  tuer  40  efclaves 
Chrétiens ,  en  préfence  d'un  officier», 
qui  rétoit  allé  fommcr  de  fe  ren* 
dre  de  la  part  du  prince  Chat-Us  de 
Lorraine  :  adion  horrible  >  qui  ternit 
toute  fa  gloire. 

II.  KARA-MUSTAPHA, neveu 
du  grand-vifir  Coprogll,  Son  oncle  le 
fit  é'ever  parmi  les  Icoglans ,  ou 
jeunes  gens  du  férail.  Il  fe  fit  ai- 
mer des  eunuques ,  & ,  en  moins  de 
dix  ans  ^  il  fut  mis  au  nombre  de& 
officiers  de  la  chambre  du  tréfor- 
Un  jour  la  fultane  Validé  y  étant 
allée  avec  l'empereur  Mahomet  IV  » 
fut  charmée  de  l'air  &  de  la  bonne 
mine  du  jeune  Muflapha,  en  fit  fon 
amant  &  lui  accorda  {es  bonnes 
grâces.  Ce  fut  par  la  proteâion  de 
cette  princeiTe  qu'il  fut  élevé  ,  de 
dignités  en  dignités  ,  juiqu'à  Içi  place 
de  grand-vizir.  Le  fultan  ajouta  à 
ces  honneurs  ,  celui  de  lui  faire 
époufer  fa  fàlle.  Son  mmiflerie  au-» 
roit  été  auflî  heureux  que  brillant  ^  .  ! 
s'il  fût  moins  entré  dans  les  intri> 
gués  du  férail.  Amoureux  de  la 
TprmceSe  Bafch'Carî ,  fœur  de  Ma- 
homet ,  il  mit  tout  en  oeuvre  pour 
la  pofféder  ;  mais  inutilement.  La 
fuîtane  Validé,  indignée  des  mépris 
de  Mu/iapha  ,  qu'elle  feule  avoit  ' 
élevé ,  fit  avorter  tous  les  deffeins  | 
de  ce  miniflre.  Muftapha  ,  pour  fe 
venger,  fit  ôter  à  la  fultane  Va^UU 
la  part  qu'elle  avoit  au  gouverne-  i 
ment  de  l'empu-e.  Il  n'en  fallut  pas 
davantage  pour  l'expofer  à  l'indi- 
gnation de  cette  princefTe.  Elle 
appuya  auprès  du  grand-feigneur  j 
les  murmures  qu'excitoient  &  fa 
mauvaiie  conduite  dans  la  guerre 
dç  Hongrie  ,  &  fa  lâcheté  an  ûegc 


K  A  R 

4fe  Vienne ,  qu'il  levahontcufement 
tn  1683 ,  après  y  avoir  fait  périr 
les  meilleures  troupes  de  l'empire 
Ottoman.  Elle  Te  fervit  enfin  de  la 
perte  de  Gran  ou  Strigonic ,  pour 
animer  les  JaniiTaires  à  la  révolte , 
&  pour  obliger  par  ce  moyen  le 
grand-feigneur  de  le  facrifier  à  la 
haine  publique.  M^h^met  eut  d'a- 
bord de  la  peine  à  y  confeûtir  ; 
mais  fe  voyant  contraint-,  il  lui 
envoya  fon  arrêt  dé  mort  par  deux 
igas  des  JaniiTaires ,  qui  l'étrangle* 
leat  à  Belgrade  le  25  Décembre 
1683,  Voyei  Fromaget. 

KARIB-SCHAH,  defcendoitdes 
attciens  rois  des  Kî/eh ,  peuple  de 
îa  province  de  Kilan,  dans  le  royau- 
me de  Perfc.  Né  avec  de  l'ambition 
&  du  courage ,  il  voulut  ôterla  pof- 
fcffion  de  cette  province  à  Schak^ 
Sophî ,  roi  de  Perfe ,  fucceffeur  de 
Schah-Abbas ,  qui  l'avoit  conquife 
en  1600.  Il  leva  une  armée  de  14 
mille  hommes  «  &  prit  d'abord  la 
ville  de  Refcht.  Il  occupa  enfuite 
toutes  les  avenues  de  Kilan  ;  mais 
le  roi  de  Perfe  envoya  contre  lui 
wie  armée  de  40,000  hommes ,  qui 
défirent  entièrement  la  fienne,  & 
ic  faifirent  de  fa  perfonne  :  il  fut 
mené  à  Casbin  ,  où  étoit  le  Sophl , 
lequel  ordonna  qu'on  lui  fit  une 
entrée  magnifique  par  dérifion ,  & 
qu'il  fut  accompagné  de  500cour- 
jiûnes,  qui  lui  firent  effuyer  mille 
indignités  dans  cette  ridicule  céré- 
monie. Lorfqu'il  eut  été  condamné 
a  mort,  on  commença  fon  exéai- 
fton  par  un  fupplice  aàez  extraordi- 
naire. Il  fut  ferré  aux  pieds  &  aux 
vaàns  conune  un  cheval  ;  &  après 
qu'on  l'eut  lailTé  languir  ainfi  pen- 
dant trois  jours,  il  fut  attaché  au  haut 
d'une  perche  dans  le  Meidan  au 
grand  marché ,  &  tué  à  coups  de 
£eches.  Le  roi  tira  le  premier  coup. 

KARMATIENS,  Voyc^  Abud- 

BAHEN. 

KAUT|  Éîttneux  hérédque  An^- 


KEC  8< 

baptîfle ,  qui  s'éleva  à  AVormes  vers 
l'an  1530,  &  qui  penfa  plonger  It 
Palatinat  dans  de  nouvelle,  guer- 
res civiles.  11  prêcha  avec  lemêm* 
efprit  que  le  fanatique  Munccr.  tl 
annonça  qu'il  falloit  exterminerles 
princes  ,  6c  qu'il  avoit  reçu  pour 
cela  rinfpiration  infaillible  du  Très- 
haut.  L*éle£^eur  le  fit  avertir  de 
contenir  fon  zèle.  Kaut  n'en  devint 
que  plus  infolent.  Il  ofa  même  dé- 
clarer au  prince,  qu'il  oppoferoit 
à  {t&  armes  le  glaive  de  la  parole* 
La  ville  de  W^ormes  étoit  tellement 
attachée  alors  à  ce  faux  prophète  ^ 
que  le  prince  crut  plus  prudent  ilè 
ne  pas  le  traiter  à  la  rigueur.  On 
le  fit  obferver,  &  l'on  garda  les 
avenues  de  la  ville ,  pour  empêcher 
les  Anabaptiites  étrangers  de  s'y 
introduire.  Enfin  ,  pour  dernière 
précaution  ,  on  oppofa  au  ^nati- 
que  deux  prédicateurs  Luthériecs* 
La  faâion  naiifante  étant  devenue 
la  plus  foible  à  "Wormeç ,  ne  fiit 
plus  en  état  de  défendre  fon  paf- 
-teur  ;  nfeis  elle  le  fuivit  dans  fon 
exil.  On  vit  une  troupe  de  perfon- 
nes  des  deux  fexes  courir  à  la  cam- 
pagne après  l'apôtre  de  la  fédition. 
La  prifon  feule  &  les  fupplices  dé- 
livrèrent le  Paladnat  d'une  pcfte 
qui  recoramençoit  à  l'infefler, 

KAYE,  Foye^CAÏus,  n**  m. 

KEATING , .  (  GeofFroi)  doûeur 
&  prêtre  ïrlandoîs ,  natif  deTippe- 
rari,  mort  vers  1650  ,  efl  auteur 
d'une  Hifioîrc  dts  Poètes  de  fa  na- 
tion ,  traduite  d'irlaiidois  en  an- 
glois ,  &  imprimée  magnifiquement 
à  Londres  en  1738,  in-folio,  avec 
les  Généalo^cs  des  principales  famil- 
les d'Irlande, 

KECKERMANN ,  (  Barthelemî  ) 
profeffeur  d'hébreu  à  Heidelberg, 
&  de  philofophie  à  Dantzick  fa  pa- 
trie s,  mourut  dans  cette  ville  en 
1609,  à  36  ans.  On  a  de  lui  plu- 
fieurs  ouvrages  recueillis  à  Genève , 
16 14,  2  vOl, in-folio ,  quînefoii 

F  iij 


^ 


^6  K  E  I 

que  des  compilations.  Les  plus  con- 
nus font  deux  Traités  fur  la  Rhé- 
thorique  ;  le  i*^^^  publié  d'abord  en 
1600  ,  fous  le  utre  de  Rhctorlca, 
EccUfiaJHcit  lihri  duo  i  &  le  a*'  en 
1606  ,  fous  le  titre  àeSyfiema  Rhc- 
thoriue.  Ces  deux  produâions  font 
affez  méthodiques  -,  mais  les  réfle- 
xions qu'elles  renfemïent  ne  font 
ni  neuves  ,  ni  profondes. 

K£ILL,  (  Jean)  profeffeur  d'af- 
tronomie  à  Oxford ,  membre  de  la 
fociété  royale  de  Londres ,  &  dé- 
chif&eur  fous  là  reine  Anne  ,  na- 
quit en  ËcoiTe ,  &  mourut  en  172 1, 
à  50  ans.  C'étoit  un  philofophe 
modéré ,  ami  de  la  retraite  &  de  la 
paix.  Cet  habile  homme  laiffa  plu- 
fieurs  ouvrages  d'aftronomie  ,   de 

Î>hyfique  &  de  médecine ,  tous  éga- 
ement  eitimés  des  connoifieurs.  Le 
plus  connu  dk  fon  ImroduBion  à  la 
Phyfiquc  &à  VAJironomu,  en  latin, 
Leyde  ,  1739  ,  in-4*^.  M.  U  MonUr 
le  fils,  célèbre  aftronome,  a  tra- 
duit en  Érançois  la  partie  aftrono- 
mique  de  cet  ouvrage  eftimable, 
Paris,  1746  ,  in-4°..,  Jacques  Keill 
fon  frère,  excellent  médecin ,  mort 
à  Northampton  en  17 19 ,  à  46  ans , 
cft   auteur   de   pluficurs  Ecrits  fur 

<bn  art ,  qui  ont  été  recherchés 

V<iyei  JuRiN  &  Leibnitz. 

/.  KEITH ,  (  George  )  fiameux 
Quaker ,  né  en  Ecoffe  d'une  femille 
obfcure ,  nioit  l'étenuté  des  peines 
de  l'enfer ,  enfeignoit  la  métempfy- 
cofe ,  &  plusieurs  autres  opinions 
extravagantes.  Celle  des  deux  Chrîjis, 
(  l'un  terreftre  &  corporel ,  fils  de 
Marie ,  né  dans  le  temps  ;  Tsutre  fpï- 
rituel ,  célefte  ^  éternel ,  réfidant 
dans  tous  les  hommes  depuis  la 
conflitution  du  monde  ,  )  lui  caufa 
^e  longues  &  fâcheufes  affaires.  Il 
parcourut  rAUemagne,  la  H9llan- 
de ,  l'Amérique  ^femam  par-tout  fes 
rêveries  ,  qu'il  mêloit  avec  les  vé- 
rités les  plus  augufles.  Cet  infenfé 
^t  pMcurs  (ois  çoxidpmé  >  f^fis 


K  E  I 

vouloir  fe  foumettre.  De  retour  éi 
Europe,  en  1694,  il  parut  au  fy- 
node  général  de  la  fefte  des  Trem- 
bleurs ,  tenu  à  Londres  la  même 
année ,  &  y  fiit  condamné  malgré 
fon  enthoufiafme  &fon  babil  ;  mais 
comme  l'opiniâtreté  eft  le  propre 
de  l'héréfîe ,  &  fur-tout  du  fanacbC- 
me ,  il  mourut  dans  fes  erreurs. 

//.  KEîTH ,  (  Jacques  )  feld-marc- 
chal  des  armées  du  roi  de  Pruffe  » 
étoit  fils  cadet  de  George  Keith  ^ 
^omte-maréchal  d'Ecoife  ,  &  deAfa- 
rle  Drummond,  fille  du  LordFertA^ 
grand-chancelier  d'Ecoffe  fous  le 
règne  de  Jacques  IL  II  naquit  ea 
1698,  à  Freterreffa,  dans  le  She- 
ri£sdon  de  Kincardin.  Ayant  pris 
parti  pour  le  Prétendant  avec  foa 
fi-ere  aîné  ,  &  les  entreprifes  de 
ce  prince  n'ayant  pas  été  heureu- 
fes  en  171 5  ,  il  pafla  avec  fon  frère 
en  Efpagne.  Il  y  fut  officier  dan» 
les  brigades  Irlandoifes  ,  pendant 
dix  ans.  Il  alla  enfuite  en  Mofco-» 
vie ,  où  la  Czarine  le  fit  brigadier- 
général  ^'Ôc  peu  de  temps  après  lieu- 
tenant-général. Il  fignala  fon  cou- 
rage dans  toutes  les  batailles  qui  fe 
donnèrent  entre  les  Turcs  &  les  RuiV 
fes  fous  le  règne  de  cette  princefie» 
&  à  la  prife  d'Ockzakow ,  il  fut 
le  premier  qui  monta  à  la  brèche  ^ 
&  fut  blefTé  au  talon.  Dans  la  guerre 
entre  les  Rufles  &  les  Suédois,  il 
fervît  en  Finlande  en  qualité  de 
lieutenant-général.  Ce  fut  lui  qui 
décida  ie  gain  de  la  bataille  de  Wil- 
manftrand ,  &  qui  chafia  les  Sué- 
dois des  ifleç  d'Aland ,  dans  la  mes 
Baltique.  A  la  paix  conclue  à  Abc» 
en  1743  ^  il  fut  envoyé ,  par  l'im- 
pératrice ,  ambaffadeur  à  la  coui;  de 
Stockholm ,  où  il  fe  diftingua  par 
fa  magnificence.  De  retour  à  Péters- 
bourg  ,  l'impératrice  l'honora  du 
bâton  de  maréchal;  mais,  fes  appoin- 
temens  étant  trop  modiques  ^  il  fe 
rendit  auprès  du  roi  dePrufle,  ja- 
Iqxgs.  de  ûx^  les  taleas  auprès  d^ 


K  E  t 

SiiL  Ce  prince  lui  alTura  une  forte 
penfion ,  &  le  mit  dans  fa  confiance 
la  plus  intime.  Il  parcourut  avec 
lui  la  plus  grande  partie  de  l'AUe- 
ma^e ,  de  la  Pologne ,  de  la  Hon- 
grie. La  guerre  s  étant  déclarée  en 
1756 ,  Kûth  entra  en  Saxe  en  qualité 
de  feld-maréchal  de  l'armée  Fruf- 
iienne.  Ce  fut  lui  qui  affura  la  belle 
letraite  de  cette  armée  après  la  levée 
do  fiege  d'Olmutz  en  1758.  Il  fut 
tué  cette  même  année,  lorfque  le 
comte  de  Daun  furprit  &  attaqua  le 
camp  des  Pruffiens  à  Hockirchem. 
le  général  Kdth  étoit  homme  de 
tête  &  homme  de  main.  Il  avoit 
médité  beaucoup  fur  l'art  militaire. 
Il  poffédoit  d'ailleiurs  d'autres  qua- 
Tués,  qui  lui  méritèrent  l'eûime 
des  honnêtes  gens.  Mylord  Mare- 
€kal,  fon  frère  ,  écrivit  à  Mad® 
Gevfiin  :  »»  Mon  frère  m'a  laiffé  un 
«  bel  héritage  !  U  venoit  de  mettre 
»♦  à  contribution  toute  la  Boliême  , 
M  à  la  tête  d'une  grande  armée*» 
«  &  je  lui  ai  trouvé  70  ducats  *<. 

I.  KELLER  ,  (  Jacques  )  CclU- 
nus  ^  Jéfuite  Allemand  ,  né  à  Sec- 
kinghen  en  156S,  mort  à  Munich 
le 23 février  163 1 ,  à  63  ans,  pro- 
fcfia  avec  diftin£fcion  les  belles- 
lettres  »  la  philofophie ,  la  théolo- 
gie, fut  confeffeur  du  prince  &  de  la 
princefTe  de  Bavière,  &  fe  fignala  dans 
.les  conférences  de  controverfes.. 
On  a.de  lui  divers  ouvrages  contre 
les  Luthériens  &  contre  les*  puif- 
ûnces  ennemies  de  l'Allemagne.  Il 
s'y  déguife  fouvent  fous  les  noms 
de  Fabius  Hercînianus ,  d'Aurimomius, 
de  Didacus  Tamlasy  &c.  Son  ouvrage 
contre  la  France ,  intitulé  :  Myfletià 
folîûca  ,  1625  ,  in-4** ,  fut  brûlé  par 
fentence  du  Châtelet ,  cenfuré  en 
Sorbonne  ,  &  condamné  par  le 
.  clergé  de  France.  On  attribue  kKel- 
Ur  le  Coma  Tumais ,  pour  répondre 
au  Chant  de  la  Toururtlie ,  de  Gravina, 
IVoye^  I.  Estampes.] 

IL  KELLER  »  (leaû-Balthafàr) 


K  E  M  87 

excellent  ouvrier  dans  l'art  de  fon- 
dre en  bronze ,  natif  de  Zurich , 
jeta  en  fonte  la  Statue  équellre  de 
Louis  XI f^,  que  l'on  voit  à  Paris  " 
dans  la  place  de  Li^uis  le  Orand^ 
Cette  ftatue  ^  haute  de  io  pieds  , 
&  d'unfeul  jet,  fut  terminée  le  i^* 
Décembre  1692.  ïi  fiit  fait  infpec- 
teur  de  la  fonderie  de  Tarfenal  , 
&  mourut  en  170I.  Jean  -  Jacques 
Keller  ,  fon  frère ,  étoit  auili  très-, 
habile  dans  le  même  art.  ' 

KEMNITIUS,  Foy,  Chemnitz; 
KEMPIS  ,  ( Thomas  a)  né  au 
village  de  ce  nom ,  diocefc  de  Colo- 
gne ,  en  1 380  ,  entra  en  1 399  dans 
le  monaftere  des  chanoines  régu- 
liers du  Mont  Sainte-Agnès  près  de 
Zvol ,  où  fon  frère  étoit  prieur.  Ses    , 
aôions  &  fes  paroles  portoient  à  la 
vertu.  Doux  avec  fes    confrères  , 
humble  &  fournis  avec  fes  fupé- 
fieurs  ,  charitable  &  compatiffanc 
envers  tous ,   il  fut  le  modèle  de 
cette  piété  aimable  qui  change  en 
paradis  l'enfer  de  ce  monde,  ion 
occupation  principale  étoit  de  co- 
pier des  ouvrages  de  piété  &  d'en 
compofer.  Ceux  que  nous  avons 
de  lui ,  refpirent  une  onftion ,  une 
fimplicité ,  qu'il  eft  plus  facile  dm 
fendr  que  de  peindre.   Les  meil- 
leures éditions  que  nous  en  ayons  » 
font  celles  de   Sommalius  Jéfuite  i 
à  Anvers,  1600  &  161 5 ,  3  vol. 
in-8°.  La  plus  grande  partie  de  ces 
excellentes  productions ,  a  été  tra- 
duite en  françois  par  l'abbé  de  i?«/- 
àgarde  ,  fous  le  titre  de  Suite  d^  * 
r Imitation  de  J,  C.  in-24  -,  &  par  lo 
Père  VaUme ,  Dodbrinaire  -,  fous  ce-* 
lui  èl Elévations  à  /.  C,  fur  fa  vie  & 
fcsmyfteres^  in-ix.  Thomas -<  Kem^ 
pis  mourut  faintement  le  25  Juillet 
1471 ,  à  91  ans.  On  lui  attribue 
affez  généralement  le  livre  de  1*/- 
UITATXON  de  J,C.i  &  cet  ouvrage 
qui  ne  prêche  que  la  douceur  &  la 
concorde ,  a  été  un  fujet  de  que- 
Xiàle  entre  les  Bénédidins  de  Sain&*> 

F  iv 


ê8         K  E  M 

Maur  &  les  chanoines  réguliers  de 
Sainte^enevieve.  Foye^its  articles 
Naudé  (Gabriel) ,  &D.  Quatre- 
MAIRE.  L'auteur  de  ce  ^chef-d'œu- 
vre  d'onâion  &  de  piété  prit  au- 
tant de  foin  de  fe  cacher ,  que  les 
autres  écrivains  s'en  donnent  pour 
être  connus.  Il  pratiqua  lui-même 
le  confeil  qu'il  donne  à  tous  le^ 
vrais  Chrétiens  :  Ama  nzsciri,  Soà 
ouvrage ,  admirable  malgré  la  né- 
gligence duftyle,  touche  beaucoup 
plus  que  les  réflexions  pétillantes 
de  Sétuqut ,  &  les  froides  confola- 
tions  de  Boëce,  Il  charme  à  la  fois 
le  du-étien  &  le  philofophe.  Il  a 
été  traduit  dans  toutes  les  langues , 
&  par-tout  il  a  été  infiniment  goûté. 
On  rapporte  qu'un  roi  de  Maroc 
Tavoit  dans  fa  bibliothèque  ,  & 
qu'il  le  lifoit  avec  complaifàince. 
La  première  édition  latine  eil  de 
1492 ,  in-i2 ,  gothique.  H  en  exif^ 
toit  alors  une  vieille  traduâion 
fi-ançoife  fous  le  titre  de  VlntemtlU 
0or^lation,  dont  le  françois  paroit 
auài  ancien  que  Thomas  a  Kcmpis: 
c'eft  ce  qui  a  fait  douter  fi  ce  li- 
vre avoit  d'abord  été  compofé  en 
latin,  ou  en  âançois.  L'abbé  Xen- 
fUt  a  tiré,  de  cette  ancienne  tra- 
duâion ,  un  chapitre  qui  n'étoit  pas 
dans  les  verfions  latines.  Ce  livre 
de  VInumdU  confolation  a  été  impri- 
mé plufieurs  fois  dans  le  xv^*  fie- 
cle,  in-8MVl.  l'abbé  r«//^»t  publia 
une  jolie  édition  de  V Imitation  chez 
Barbou  en  1 7  5  8 ,  in- 1 2 ,  purgée  d'un 
frand  nombre  de  fautes.  Celle  d'£/- 
\evîr  ,  in-i2 ,  à  Leyde ,  fans  date  , 
avec  deux  figures  au  fedntifpice, 
cfl  encore  plus  recherchée  &  beau- 
coup plus  chère.  Il  y  en  a  eu  aufli 
une  édition  au  Louvre  ,  in  -  fol. 
1640 ,  en  gros  caraûere ,  dont  l'im- 
pref&on  efl  très-bellei  mais  elle  n'eft 
pas  d'un  ufage  commode,  &  elle 
ne  peut  fervir  que  pour  les  grandes 
bibliothèques.  ÙabhéDeshilIons,  en 
adonné  une  édidon  GoGtc  à  Ma*- 


KEN 

heîm,  1780, in-8**.  ;  mais  l'édkeur 
a  négligé  de  divifer  les  chapitres  par 
verfets  ;  ce  qui  en  diminue  beau- 
coup le  mérite.  Une  des  plus  belles 
éditions ,  parmi  les  difFérentesVer- 
fions  françoifes  qu'on  en  a  £cdtes,  eft 
celle  de  la  tradut'tion  de  de  Beiâl , 
(  Sacy  )  in-8** ,  1663  ,  avec  figures. 
Ceux  qui  défireront  une  hiftoire 
détaillée  des  conteflations  furve- 
nues ,  au  fujet  de  Vlmîtatîon  ,  en- 
tre les  Bénédiftins  &les  Gcnové- 
fains ,  peuvent  confulter  la  Relation 
airieufe  que  Dom  Vincent  Thmlâer 
en  a  donnée ,  à  la  tête  du  tome  i^*^ 
des  Œuvres  poflhumes  des  PP.  Aftf- 
hlllon  &  Rmnart,,.  Voyt^  G  O  N  N  E- 
LiEU,  Corneille  (Pierre), 
ôcFronteauI 

KEN ,  (  Thomas )  évêque  de  Bath 
en  Angleterre ,  infbuifitfon  clergé, 
fonda  des  écoles  ,  fecourut  les  pau- 
vres, &  laifla  plufieurs  ouvrages 
de  piété  eflimés  par  les  Anglicans.. 
Il  étoit  né  à  Barktamfléad  dans  la 
province  de  Hertford  en  1647,  &' 
il  mourut  à  Longe-Léate  le  29  Mars 
171 1 ,  âgé  de  64  ans.  Quelqu'un 
l'ayant  accufé  auprès  du  roi  fur 
certaines  propofkions  d'unfermon 
qu'il  avoit  prêché  à  "Wittehal,  ce 
prince  l'envoya  chercher  pour  fe 
laver  de  ce  reproche  ;  l'évêque  de 
Bath  lui  dit  ,  fans  s'ébranler  :  Si 
Votre  Majefté  n* avoit  pas  négligé  f on 
devoir  ,  &  qu'elle  eût  ajjifié  au  fer" 
mon ,  mes  ennemis  n'aurolent  pas  eu 
occafion  de  m*accufer.  Il  juftiâa  en- 
fuite  ce  qu'il  avoit  dit  dans  fon  fer- 
mon ,  &  le  roi  ne  s'offenfa  point 
-de  fa  liberté.  On  rapporte  que  ce 
prélat  avoit  un  goût  très-vif  pour 
la  mufique  &  la  poéfie ,  qu'il  dor- 
moit  peu ,  &  qu'il  chantoit  tous  les 
jours  un  hymne  aux  accords  de  fon 
luth ,  avant  de  s'habiller. 

L  KENNETT,  (White)  évêque 
de  Péterboroug ,  fonda  une  biblio- 
thèque d'antiquités  &  dliifloire 
dans  fa  ville  épifcopate ,  prêcha  fc 


KEN 

iintk  avec  fuccès.  Les  ouvrages 
Vj^  refteat  de  lui ,  prefque  tous  en 
aogiois  ,  décèlent  un  homme  fa- 
taBit&  un  bon  littérateur.  Ce  pré- 
lat mourut  en  lyzS. 

II.  KENNET  ,  (  Bafile  )  frère 
du  précédent ,  autant  diftîngué  par 
fa  fcience  que  par  la  pureté  de  fes 
moeurs,  mort  en  171 4,  laifla  plu- 
lîears  ouvrages  en  anglois ,  parmi 
lefquels  on  difHngue  les  FUs  des  Poè- 
tes Grecs  ,  les  Antiquités  Romaines  , 
des  Sermons  en  5  vol.  -,  &^une  ver- 
fiondu  Traiié  des  Lus  dé  Pujfmdorff, 

KEPPEL,  Voy.  Alb£MARL£. 

L  KEPPLER,  (  Jean  )  célèbre 
aftronome ,  naquit  à  ^éX  le  27 
Décembre  1 5  7 1 ,  d'une  famille  illuf- 
trc ,  qui  efTuya  bien  des  infortu- 
nes. Ces  intbrtunes  retardèrent  {çs 
études  -,  mais  dès  qu'il  put  les  con- 
tinuer fans  interruption  ,  il  alla  au- 
delà  de  ce  qu*on  auroit  dû  efpérer 
d'un  jetuie  homme.  Dès  l'âge  de 
20  ans ,  il  profeffa  la  philofophie  -, 
&  s'étant  attaché  enfuite  à  la  théo- 
logie, il  fit  quelques  dîfcours  au 
P€uple ,  qui  annonçoient  les  plus 
grands  talens  pour  le  miniftere.  Sa 
paflîon  pour  l'aftronomie  le  dégoûta 
de  toute  autre  occupation.  Il  fe  vit 
bientôt  en  état  de  remplir  la  chaire 
des  m^ématiques  à  Gratz.  Un 
Calendrier  qu'il  fit  poiu-  les  grands 
deStirie ,  auxquels  il  devoit  fa  chai- 
re, lui  fit  un  nom  diftingué.  Tycho- 
Braké  l'appela  auprès  de  lui  en 
Bohême  l'an  1600  ;  & ,  pour  qu'il 
fc  rendît  plus  vite  à  fon  invitation, 
il  le  fit  nommer  mathématicien  de 
l'empereur.  Depuis,  ces  deux  grands 
hommes  ne  fe  quittèrent  plus.  Si 
Tychû'Brahé  fiit  d'un  grand  fecours 
par  fes  lumières  à  Kepp/er ,  celui-ci 
ae  lui  fut  pas  moins  utile  par  les 
fiennes.  La  mort  lui  ayant  enlevé 
cet  illuftre  ami ,  ce  généreux  bien- 
feiteur  ,  en  1601 ,  Kepp/er  confacra 
fes  regrets  dans  une  élégie  tou- 
chante. L'empereur  i?oia^A<  //,  qui 


R  E  P  §9 

fe  pîqiioit  d'être  aftronome ,  &  mê- 
me aftrologue ,  fuppléa  très-foible- 
ment  à  ce  que  la  mort  de  Tyçko^ 
Braké  lui  faifoit  perdre  :  »  Je  fuis 
»  obligé,  (  dit  Kepplcr  dans  une  de 
fes  lettres ,  )  »»  pour  ne  pas  désho- 
»♦  norer  fà  facrée  Majefté  impéria- 
a»  le ,  de  faire  &  de  vendre  à  fa 
M  cour  des  Almanachs  à  prédif^ion , 
w  les  feuls  ouvrages  qu'on  y  acliete 
>♦  &  qu'on  y  life.  Les  empe- 
reurs MathJas  &  Fer£nand  II  Ift 
traitèrent  avec  plus  de  générofité. 
Ils  lui  continuèrent  le  titre  de  Ma" 
thémadden  Impérial,  &  lui  accordè- 
rent différentes  gratifications.  Il 
obtint  en  1629  une  chaire  de  ma- 
thématiques dans  l'univerfîté  de 
Roftock  ;  mais  il  n'eut  pas  le  temps 
de  l'occuper.  S'étant  rendu  l'année 
fuivante  à  la  diète  de  Ratisbonne 
pour  fe  faire  payer  d'une  fomme 
que  l'empereur  lui  avoit  promife, 
il  tomba  malade  dans  cette  ville, 
&  y  mourut  le  1 5  Novembre  1630»  ^ 
à  59  ans.  ^1  avoit  été  marié  deux 
fois ,  &  il  laiffa  des  ei^ans  de  fes 
deux  époufes.  [  Voyt^  l'article  fui- 
vant.  ]Les  études  profondes  qu'il 
avoit  faites,  ne  l'avoient  rendu  ni 
dur,  ni  indifférent.  Il  pleura  amè- 
rement fa  première  femme ,  &  fiit 
tendrement  attaché  à  la  féconde» 
Comme  tous  les  hommes  fenfibles  > 
il  eut  des  chagrins  dont  il  fiit  très- 
touché.  Sa  mère  lui  en  donna  en 
1620  de  fort  cuifans.  Cette  femme 
acariâtre  &  cauflîque  avoit  infulté 
gravement  une  amie ,  à  laquelle  elle 
avoit  reproché  des  débauches  réel- 
les ,  mais  cachées.  Elle  fiit  attaquée 
en  juftice  comme  calomniatrice. 
Ce  procès  ,  auffi  difpendieux  que 
défagréable  ,  ne  finifibit  point. 
La  mère  de  Keppler,  fe  livrant  à 
l'emportement  de  fon  caraé^ere, 
reprocha,  en  termes  injurieux,  au 
juge  de  fon  affaire  )  fa  lenteur  à  la 
finir.  Ces  outrages  avancèrent  le 
procès  *,  car  ce  nia^ilrat  la  fit  arrê- 


^1       k:  E  R 

blanccs ,  Rejettent  beaucoup  it  Jour 
fur  les  difficultés  hiftoriques  ,  chro- 
nologiques &  géographiques  de 
rEaiture-Sainte.  III.  De  Situ  Para- 
étfi  tcncfirls ,  Louvain ,  1 7  3 1 ,  in-i  2. 
Il  place  le  paradis  terreftre  un  peu 
au-deffus  de  la  Babylonie ,  prend 
px)ur'  le  Phifon  le  bras  occidental 
de  l'Euphrate  jufqu'à  fon  embou- 
chure, &  pour  le  Gdion  le  bras 
oriental  du  même  fleuve ,  depuis 
la  ville  de  Cippara ,  où  il  fe  mêle 
à  un  bras  du  Tigre  jufqu'à  l'em- 
bouchure du  même  Tigre ,  près  de 
la  ville  &  rifle  de  Charax  :  ccfyf- 
tême  différent  de  celui  de  Huet , 
eft  peut-être  auffi  probable.  Kerk- 
herdere  à  feit  précéder  ce  traité  du 
Conatus  novus  de  Ctpha  reprchenfo  , 
où  il  foutient  que  ce  Ccphas  eft 
différent  de  Saint  Pierre.  On  trouve 
encore  dans  ce  volume  ime  Differ- 
tatîon  fur  le  nombre  des  années  que 
le  Sauveur  a  inftruit  le  peuple ,  & 
une  autre  intitulée  :  De  Cepha  ur 
eorrepto,  JV.  Grcmmatica  laùna  , 
Louvain,  1706,  in-12  ,  de  117 
pages ,  où  il  y  a  plus  d'érudition 
que  dans  la  plupart  des  grammaires , 
même  volumineufes.  V.  Un  grand 
nombre  de  Poéfies  latines. 

KERVILLARS  ,  (  Jean  -  M;:rin 
de  )  Jcfiiite ,  né  à  Vannes  en  1668  , 
mort  en  1745  ,  à  Paris,  à  77  ans, 
où  il  profeffoit  la  philoibphie , 
avoit  du  goût  &  de  la  littér  .ture. 
^  Nous  avons  de  lui  une  affcz  bonne 
traduction  des  Faftes  &  Elégies 
A'Ovlde,  3  vol.  in-ii.  ,  1724  , 
1726  ,  I741,  Il  avoit  travaillé 
quelque  temps  aux  ^Umoîrcs  de 
Trévoux. 

•  KESLER ,  (  André  )  théologien 
Lutfiérien  ,  penfionné  par  Jean  Ca- 
fimlr  duc  de  Saxe ,  naquit  à  Cobourg 
en  159c  ,  &  mourut  -en  1643  , 
avec  la  réputation  d'un  bon  pré- 
dicateur, &  d'un  affez  bon  con- 
troverfifte.  Il  lailïa  une  Philofophte 
en  3  vol*  in-S** ,  dont  on  Reparle 


K  E  Y 

plus ,  00  des  Commentaires  fur  H 
Bible ,  in-4°. 

KETT  ,  (  Guillaume  )  cheîd'une 
rébellion  fous  Edouard  y Ixoi  d'An- 
gleterre ,  étoit  fils  d'un  tanneur ,  & 
tanneur  lui-même.  Son  efprit  s'éle- 
va  au-deffus  de  fa  naiffance  :  il  étoit 
délié ,  fouple  ,  rufé  ,  plein  de  har- 
dieffe  &  de  courage.  S'étant  mis  à 
la  tête  du  peuple  de  Nortfolck ,  il 
s'empara  de  la  ville  de  Norvick^ 
mais  le  duc  de  ÎTarwîck  ayant  eu 
ordre  de  marcher  contre  lui  ,  le  prit 
&  le  fit  pendre  à  un  chêne ,  avec 
dix  des  principaux  complices  de 
cette  révolte. 

KETTLEWELL ,  (  Jean  )  diéo- 
logien  Anglican ,  né  dans  la  pro- 
vince d'Yorck ,  mort  de  confomp- 
tion  en  1695  ,  eft  connu  dans  fon 
pays  par  plusieurs  ouvrages,  dont 
le  plus  célèbre  eft  intitulé  :  Les  Me» 
fûtes  de  Pohéljfance  Chrétienne,  Les 
Anglois  ,  républicains ,  ne  trouvent 
pas  ces  meîures  tout- à-fait  exac- 
tes. L'auteur  étoit  zélé  Royalifte. 
Il  avoit  dédié  fon  livre  à  d^mpton  , 
évêque  de  Londres ,  partifan  dé 
l'autorité  royale  comme  lui  -,  mais 
ce  prélat  ayant  changé  de  fenti- 
ment ,  &  s'étant  mis  à  la  tête  d'un 
régiment  de  gentilshommes  con- 
tre leur  prince ,  Kettkwell  fit  ôter 
la   dédicace. 

KEULEK,  Voy.  Van-Keulen. 

KEYSLER  ,  (  Jean-George  )  né 
à  Thornau  en  1689  ,  voyagea  en 
France ,  en  Angleterre ,  en  Suiflc  \ 
en  Italie,  en  Hollande,  en  Aîle^ 
magne  ,  en  Hongrie ,  &  fé  fit  efti- 
mer  par  fon  érudition.  Il  fut  trouvé 
mort  dans  fon  lit  en  1743  ,  à  54 
ans ,  dans  une  terre  appartenante  à 
M.  de  Botnfioifft  premier  miiiiftre 
du  roi  d' Angleterre ,  dans  l'éleflo- 
rat  d'Hanovre.  Il  avoit  accompagné 
les  petits-fils  de  ce  feigneur  dans 
leurs  voyages.  La  fociété  de  Lon- 
dres fe  î'affocia  en  17 18.  Son  prin- 
cipal ouvrage  fui  publie  en  X73.djt 


K  ID 

à  Hanovre ,  fous  le  titre  é^AntU 
çmusfcUBA  Septentrionales  &  Cel- 
ûoi,  in-8**.  On  y  voit  une  pro- 
fonde connoiiTance  des  antiquités. 

KHUNRAT,  Voy.  Kunbaht. 

KIDDER,  (Richard) né  à  Suf-. 
fo^ ,  d'abord  miniilre  à  Londres  « 
doyen  de  Péterboroug  ,  enfuite 
évêque  de  Bath  &  de  ^els  ,  fiit 
ccrafé  dans  fon  lit  avec  fa  femme , 
par  la  chute  d'une  cheminée  qu'une 
grande  tempête  renverfa  le  26  No- 
vembre 1703.  Ce  prélat  étoit  pro- 
fondément verfé  dans  la  littéra- 
tnre  Hébraïque  &  Rabbinique.  On 
lui  doit  :  I.  Un  lavant  Commentaire 
fur  le  Pentateuque ,  avec  quelques 
,  Lettres  contre  Jean  le  Clerc,  en  2 
vol.  in-8*^,  II.  Une  Démonftratlon 
4e  la  venue  du  Mejfze ,  en  3  vol,  in-S*', 
ni.  Des  Ouvrages  de  Controvcrfe.  IV. 
Des  Uvres  de  Morale»  V.  J^^  Ser- 
Jttons. 

KIEN  ,  Voyei  Lanuza. 

LKILIAN,  (Corneille)  né  dans 
le  Brabant ,  mort  dans  un  ige  avan- 
cé en  1607,  fut  pendant  50  ans 
correâeur  de  l'imprimerie  de  P/<w- 
t^n,  qui  dut  une  partie  de  fa  gloire 
â  fon  attention  fcrupuleufe.  Nous 
avons  de  lui  :  I.  Une  Apologie  des 
Correâeurs  d'imprimerie,  contre 
les  Auteurs.  II.  Etymolo^con  lingua. 
Jeutonicfit ,  Antuerpiae ,  I'  5  99 ,  in-8**, 
m.  Quelques  Vers  latins, 

IL  KILIAN,  (  Luc  )  graveur 
Allemand ,  floriiToit  vers  la  fin  du 
XTi*  fiede.  Il  mania  le  burin  avec 
(beaucoup  d'intelligence  ,  &  réuiHt 
principalement  dans  les  Portraits. 
Sa  famille  a  produit  plufieurs  per- 
fonnes  également  habiles  dans  la 
jnême  profefHon. 

KIMCHI,  (David)  rabbin  Ef- 
pagnol ,  mort  vers  1140 ,  fut  nom- 
mé en  IZ3Z  arbitre  de  la  querelle 
Çurvenue  entre  les  Synagogues  d'Ef- 
yagne&  de  France  au  fujet  des  li- 
yre^  de  MaJmonldts,  C'eft  celui  de 
I9US  les  Grammairiens  lyiiU ,  qui  y 


X  IN 

avec  Juâa  Chlug ,  a  été  le  plus  iui« 
vi ,  même  parmi  les  Chrétiens ,  lef- 
quels  n'ont  prefque  compofé  leurs 
Dictionnaires  &  leurs  verfions  de 
la  Bible ,  que  fur  les  livres  de  ce 
favant  rabbin.  On  eftime  particu- 
lièrement fa  méthode ,  la  netteté  & 
l'énergie  de /on  ftyle  :  les  Juifs  mo-» 
dernes  le  préférèrent  auffi  à  tous  les 
Grammairiens^  Il  s'eft  illuftré  par 
divers  ouvrages,  I.UneGraminaire 
hébraïque,  intitulée  Mlchlvl,  c'eft* 
à-dire,  PerfèHlon  ,  Vei^ife,  1545  , 
in-8°  v  Leyde ,  1631  ,  in-12,  «C'eft 
cette   Grammaire    qui  a  fervi  de 
modèle  à  toutes  les   Grammaires 
hébraïques.  II.  Un  livre  dç4  Rad- 
nes  hébraïques,  1555  »  in-8*'  ou  in- 
fol.  fans  date.  UI.  DlcUonarUim  Tal- 
mudlcum ,  Venife ,  1 5  06 ,  in-fol.  IV. 
Des  Commentaires  fur  les  Pfeaumes  , 
fur  les  Prophètes ,  &  fur  la  plupart 
des  autres  livres  de  l'ancien  Tef- 
tament ,  imprimés ,  au  moins  la  plus 
confidérable  partie ,  dans  les  gran- 
des Bibles  de  Venife  &  de  Balle. 
L'on  n'y  a  pourtant  point  lais  fes 
Commentaires  fur  les   Pfeaumes, 
qui  fe  trouvent  imprimés  féparé* 
ment  en  Allemagne.  Dom  Janvier, 
Bénédi£bin  de  Saint-Maur,eûa  donné 
une  vcrfion  latine  en  1669  ,  in-4*^. 
Ces  Comme;itaires  ,  ainfi  que  tous 
les  autres   de  cet  illuftre  rabbin, 
font  ce  que  les  Juifs  ont  produit 
de  meilleur  &  de  plus  raifonnable 
fur  l'Ecriture.   Génébrard  à   traduit 
fes  Argumens  contre  les  Chrétien» , 
1566,  in-8^ 
KING,  Tcy^ï  Ching/ 
L  KING,  (Jean)  né  à  Warn- 
hali^  en  Angleterre ,  devint  chape-» 
lain  de  la  reine  EU^aheth  ,  prédica-. 
teur  du  roi  Jacques ,  doyen  de  l'é- 
glife  de  Quiû  à   Oxford,  enfin 
évêque  de  Londrçs.  Il  mourut  eq 
16x1 ,   univerfellement    regretté  » 
pour  fon  favoir  ,   fon  zèle   &  fa 
charité.  On  a  de  lui  pluiieurs  ou» 
vrages ,  parmi  lefquels  on  didii^ue 


f  4         K  I  N 

Jes  Cùmnaitairzs  tav  Jonâr,  &  ùs 
Sermons. 

n.  KING ,  (Henri)  fils  du  pré- 
cèdent,  mort  le  i*^*^  o6\obre  1669, 
évêquc  de  Chicheftcr ,  laiffa  diffé- 
rens  ouvrages  en  anglois  &  en  lanin , 
en  profe  &  ^ n  vers.  Les  meilleurs 
font  des  Sermons  ;  une  Expltcatlon 
et  POraifon  Dominicale  ,  &  une  Tra- 
éucUon  des  Pfeaumes. 

m.  KING,  (  Guillaume)  né  à 
Antraim  en  1650 ,  d'une  ancienne 
famille  d'EcofTe  ,  prit  des  leçons 
^  philofophie  &  d'hiftoire  fous  le 
femeux  DoâwtL  Parker ,  archevêque 
de  Toam ,  (  fiege  qui  a  été  trans- 
féré à  Gftllovai)  infb-uit  de  fon 
iaYoir&  de  la  pureté  de  £^  mœurs , 
lui  procura  divers  emplois ,  &  en- 
fin le  doyenné  de  Dublin  en  i6S8. 
King ,  peu  fcivorable  au  paru  du 
roi  Jacques ,  manifeila  trop  ouver- 
tement fon  attachement  aux  inté- 
rêts de  Guillaume,  Il  fut  mis  en  pri- 
fon  -,  mais  quand  le  gendre  eut  dé- 
trôné le  beau- père,  il  fut  nommé 
à  révêché  de  Derby ,  6e  cnfuite  à 
l'archevêché  de  Dublin.  Il  ne  man- 
qua à  ce  prélat  que  d'être  Catho< 
lique.  Quoique  engagé  dans  les 
erreurs  du  ProteÔantifme,  il  eut  tou- 
tes les  vertus  que  notre  religion 
înfpirc ,  la  charité ,  la  bienfaifance, 
la  douceur ,  la  modération  ,  le  dé- 
fmtéreiïement.  Il  mourut  en  1729  , 
à  79  ans  ,  fans  avoir  jamais  voulu 
fe  marier.  Ses  ouvrages  font  :  I. 
"L'Etat  des  Proteflans  d'Irlande  fous  U 
règne  du  roi  Jacques  ;  ouvrage  vanté 
par  le  fameux  G,  Bumee,  mais  dont 
M.  I^flle  a  f^t  la  réfutation,  IL 
Difcoursfur  les- inventions  des  Hontties 
dans  U  culte  de  Dieu  ,  fouvent  réim- 
primer IIL  Un  traité  de  V  Origine 
du  mal,  en  latin  ,  tradiût  en  anglois 
par  Edmond  I^aw ,  1731,  in-4** ,  & 
1711,  2  vol.  in-8°.  Le  traducteur 
a  chargé  fa  verfion  de  longues  notes, 
dans  lefquelles  il  prétend  réfuter  les 
49bjeitipns  que  Bayle    &    Le^niti 


K  IN 

avoîeilt  faites  contre  ce  traîfie.  IW 
Des  Ecrits  Polémiques.  V.  Des  Ser» 
mons,  &c. 

IV.  KING ,  (  Guillaume  )  jurif^ 
confulte  Anglois  ,  étoit  d'une  illuf- 
tre  famille.  La  reine  Anne  le  fit 
fon  fecrétaire ,  &  il  accompagna  le 
comte  de  Pembrock  en  Irlande,  IX 
auroit  pu  s'enrichir  par  les  emplois 
importans  qu'il  exerça  dans  ce  pays  ^ 
mais  il  aima  mieux  retourner  en 
Angleterre,  pour  cultiver  les  fcien- 
ces  &  la  littérature.  L'étude  n'aiFoi- 
blit  point  fa  gaieté  naturelle.  Il 
aimoit  à  dire  &  à  entendre  de  bons 
mots  ,  &  paffoit  pour  un  excellent 
juge  &  pour  un  homme  très-pieux. 
11  mourut  en  171 2,  &  fut  enterré 
à  l'abbaye  de  "Weftminfter.  On  a 
de  lui  un  grand  nombre  à! Ecrits  em. 
anglois  ,  remplis  de  faillies;  Ses 
Réflexions  fur  le  livre  de  M.  Afo- 
lefworth  toudiant  le  Danemarck, 
furent  fort  goûtées  :  elles  ont  été 
traduites  en  françois, 

V.  KING ,  (  Pierre  )  né  à  Excef- 
ter  dans  le  Dévonshire  Tan  1659  , 
fut  le  difciple  &  l'ami  du  célèbre 
laoehe ,  qui  lui  laifla  la  moitié  de  ÙL 
bibliothèque.  Ses  progrès  dans  l'é- 
tude des  lois,  &fon  mérite,  rele- 
vèrent à  plufieurs  dignités ,  &  enfin 
à  celle  de  çrand-chancelier  d'An- 
gleterre. 11  mourut  paralytique  en 
1734,  à  77  ans ,  à  Ockam  ,  après 
avoir  publié  deux  ouvrages  eftr- 
més  dans  fon  pays  :  l.  Recherches 
fur  la  conJBcution  ,  la  dlfclpUne  &  Pu-* 
nité  du  cuàe  de  la  primitive  Egllfepen' 
dant  les  trois  premiers  fiecUs  ,  in-8®, 
IL  Hlfioirc  du  Symbole  des  Apôtres  , 
avec  des  Réflexions  critiques  fur  fet 
dlfférens  articles. 

KIPPING,  (Henri)  Klpplnglùs; 
littérateur  Luthérien ,  né  à  Roftock, 
mourut  en  1678 ,  fous-redenr  du 
collège  de  Bremen.  II  eu  conm* 
par  plufieurs  ouvrages.  Les  prindij, 
paux font:  1.  Un  Supplément  à  l'Hif^ 
toire  de  Jean  .Pappus,  IJ,  Un  Traii^ 


I 

J 


KIR 

éfhûqmèsRijmaiMs^  Leyde,  ïyi^» 
in-S",  en  latin.  111.  Un  autre  fur 
Uiouvra^is  de  la  Création,  Franc- 
fort, 1676  ,  in-4°.  IV.  Plufieurs 
Dijertâdons  ou  Ex^rcitadons  fur  Tan- 
den  &  le  nouveau  TeHament ,  &c. 

KIRCH,  Fbyc^KiRKE. 

KIRCH ,  (  Chrill-Fried  )  aftro- 
aome  de  la  fociété  royale  des  fcien- 
ces  de  Berlin,  correfpondant  de 
l'académie  de  Paris,  acquit  de  la 
réputation  aux  obfervatoires  de 
Bamzig  &  de  Berlin  ,  &  mourut 
ém  cette  dernière  ville  le  9  Mcets 
1740 ,  à  46  ans.  Godefroi  Kîrch , 
fon  père  ,  &  Marie-  Marguerite 
WtnekUmann  ,  ù  mère  ,  s'étoient 
^un  nom  par  leurs  obfervations 
célefies.  Cette  famille  entrctenoit 
oa  commerce  d'érudition  allrono- 
nique  dans  toutes  les  parties  de 
l'Europe.  Les  ouvrages  qui  nous 
leftent  djelle  en  ce  genre  ,  font 
tr»-dHmables. 

L  KIRCHER  ,  (  Athanafe)  Jé- 
iîttte  de  Fulde,  bon  nuathématiden 
&  profond  érudit  ,  profeflbit  à 
"Wirtzbourg  dansja  Franconie  ,  lorf- 
^c  les  Suédois  troublèrent  par 
leurs  armes  le  repos  dont  il  jouif- 
foit  II  fe  retira,  en  France ,  y  eut 
des  démêlés  avec  le  P.  Malgnan  : 
[Voyez  ce  mot,  ]  pafla  à  Avignon, 
&  de  là  â  Rome ,  où  il  mourut  en 
1680 ,  à  79  ans.  11  ne  cefla  d'écrire, 
Çï'cn  cefljmt  de  vivre.  Les  princi- 
paux fruits  de  fa  plimie  laborieufe 
&  féconde  ,  font  :  1.  Pralajîones 
«wpKtM«,Roma5,  1654 ,  in-fol.  IL 
^rs  magna  lucîs  &  umbra ,  in-folio, 
Roms,  1646  ,  2  vol.  III.  Prîmîtla, 
CnomonUa  CatoptUa ,  in-4*^.  IV, 
Mkfir^a  unîver/aâs,  165 G  ,  in-fol. 
a  VolV.  OheUfcusPamphiûus,  165O , 
m-fol.  VI.  Obe/l/cus  jEgypttacus  , 
Urfolio.  VIL  (Edlpus  jEgyptiacus ,  à 
Rome,  1652  &  i6n  ,  4  vol.  in- 
CoLCeft  une  explication  d'un  grand 
Dombre  dliiéroglyphes  ;  mais  er- 
llicatioa  ^lle  qu'on  peut  Tatten- 


KIR         97 

dre  d'un  favant ,  qui  avoît  une  »* 
çon  de  voir  •  toute  particulière.  Ce 
livre  eft  rare,  VIII.  her  extadaam 
calejèc  ,  fivè  Mundl  oplficUan  quQ  CaH 
fiderumque  namra  ,    vires   &  finciurm 
exponuntur  ^  à  Rome, -1656,  in-4**.  Il 
donna  ,  Tannée  d'après  ,  her  extad* 
cum  terreftre ,  in-4° ,  dans  lequel  fl 
décrit  la  fbuûure  du  globe  terrc^ 
tre.  IX.  Mundus  fubterraneus ,  1 67S  , 
in-folio,  2  vol.  X,  China  îliujtratd, 
à  Amilerdam ,  1667 ,  in^ol.  Strv-» 
rivs  en  porte  ce  jugement  :»  Kîr* 
cheri  China  ejl  vera  aoHorls  pkantafia  i 
fie  autem  judU.Jur  »    eà    qitod  Patru 
'Jefulta  ,  nuper  rcduces   ,  facU  plcra* 
que  in  il/o  libro  împrohent  »«.  Ce  livre 
a  été  traduit  en  françois  par  ^Al^ 
quU  y  1670  ,  in-»folio ,  fous  ce  titre  5 
La  Chine  ^f'Athan.  Kircher,  lUafirèê. 
de  plufieurs  monumens  tant  facris  qmt. 
profanes^  &  de  quantité  de  ncherchet 
de  la  nature  &  de  Part  ,  avec  un  Die 
tionnaire  Chinois  &  François,  XI* 
Arca  No'è ,  in-fol.  XII.  Turns  Babel ^ 
in-folio,  Amilerdam   1679,   Cetio 
produdHon  ,  peu  commune  &  vrai* 
ment  finguliere ,  traite  de  la  conf- 
truâion  de  la  Tour  de  Babel  &  de 
la  difperfion  des  peuples.  XIII.  Pho* 
nurgla  nova  ,   de  prodlglofis  fonorum 
effecilhus  ,  &  fermocinatlone  per  maclilnaa 
J'ono  antmat.:s  ,  1673  ,  in-fol,  XIV* 
Ars  ma^na  fc'tndl ,  1669  ,  in-folio^ 
ouvrage  plus  fubtil  qu'utile ,  pleia 
de  combinaifons  pénibles  &  de  fpé- 
culations  techniques,  moins  pro- 
pres à  faire  des  favans  qu'à  dégoû- 
ter des  fciences.  XV.  Polypaphla  , 
feu  Artlficum  llnguantm ,  quo  cum  om- 
nlbus  totlus  mundi  popuHs  poterlt  qtd» 
correfpondere,  1663  ,  in-folio.  XVI. 
Scnainlum  Phyfico'Medlcum  conUi^^fcL 
bas,  Leipzig,  1 67 1 ,  avec  une  Pré- 
face de  Langius,  C'eft  un  traité  fur 
la  pefle   fort  utile    &  bien  écrit. 
XVII.  Mundus  magnes  ,  în-4^ ,   où 
l'on  voit  l'idée  de  l'attraôion  uni«^ 
verfelle.XVIII.  Maff,a  Catoptrlca,  o\i 
l'on  trouvées  miroirs  d'Archidnede 


I 


b6         K  I  R 

éc  de  M.  de  BuflFon.  Cen'eil  point 
la  feule  idée  qu'il  ait  fournie  aux 
phyliciens   modernes  j  &  il  a  mis 

9      iiit  la  voie  de  beaucoup  d'expénen- 
ces  faites  depuis  lui.  Son  malheur 

^    ^coit    de    mêler  à    des    opinions 
vraies  les  préjuges  de  fon  fieclc  , 
ou  des  fendmens  ûnguliers  que  fon 
imagination    lui  fuggéroit.    XIX. 
Iatwm  ,  id  eft  Nova  6»  paralàla 
Latli  y  tàm  vetcrls  ,  titm  novl ,  Dcf- 
çrlptîo  ,  1671  ,  in -fol.  :   ouvrage 
favant ,  &  qui  a   coûté  beaucoup 
de  recherches  y  mais  plus  curieux 
qu'exaû.  Tous  les  livres  du  Père 
Kireher,  pleins  d'une  érudition  pro- 
fonde ,  font  remarquables  par  les 
fingularités  qu*il  y  «ntaffe.  Il  étoit 
un  peu  vifionnaire,  ^lUch.  Simon 
le  compare  à  PoJhL  II  étoit  con- 
tent ,  pourvu  qu'il  trouvât  des  cho- 
ses qu'on  n'avoit  pas  remarquées 
avant  lui.  Peu  lui  importoit  qu  elles 
ne  fuiTr-'t  pas  toujours  d'une  utilité 
inarquée  ,  ni  relatives  à  fon  fujet. 
Tout  ce  qui  portoit  l'empreinte  de 
l'antiquité ,  étoit  divin  à  fes  yeux. 
Cette  manie  ^xpoÙL   à  quelques 
tours  plaifans.  On  dit  que  des  jeu- 
nes gens  ayant  deflein  de  fe  diver- 
tir à  fes  dépens ,  firent  graver  fur 
une  pierre  informe  plufieurs  gra- 
vures  de  fantaiiie,  &  enterrèrent 
cette  pierre  dans  un  endroit  où  ils 
iavoient  qu'on  devoit  bâtir   dans 
peu.  On  fouilla  effeâivement  dans 
ce  lieu  quelque  temps  après  ,  &on 
trouva  la  pierre,  qu'on   porta  au 
Père  Klrckcr,  comme    une  chofe 
merveilleiife.  L'érudit ,  ravi  de  joie, 
travailla  alors  avec  ardeur  à  l'ex- 
plication des  caraé^eres  qu'elle  con- 
tçnoit ,  &  parvint  enfin ,  après  bien 
de  l'application,  à  leur  donner  le 
plus  Jipau  fens  du  monde.  Mmcken 
raco9  du  même  Jéfuite  une  hif* 
tpire  qui  n^eft  pas  moins  amufante. 
Un  des  amis  de  ce  Père  lui  préfenta 
une  feuille  de  papier  de  la  Chine, 
fur  lequel  il  avQÎt  infcrit  des  ç»r 


raâeres ,  qui  parurent  d'abord  tout*: 
à-fait  inconnus  au  P.  Kircher,  Après 
bien  des  veilles  inudles  &  des  pei-  ^ 
nés  perdues  >  un  jour  ce  même  ami  ' 
vint  faire  l'aveu  de  fon  impoflure 
au  bon  Père  ;  &  ayant  auflî  -  tôt 
préfenté  ce  papier  myûérieux    au 
miroir ,  le  favant  Jéfuite  y  recon* 
nut  facilement  des  caraâeres  Lom* 
bards,  qui  ne  l'avoient  fi  fort  em* 
barrafïe,  que  parce  qulls   étoieat 
écrits  à  l'envers., .11  laifTa  un  riché^ 
cabinet  de  machines  &  d'antiquités  , 
décrit  par  le  Père  Philippe  Bonanrù  » 
Rome ,  1709  ,  in-folio.  M.  Bauara 
a  doimé  en  1774  une  nouvelle  det  ^ 
cription  des  pièces  relatives  à  l'hif- 
toire  Naturelle. 

II.  KIRCHER,  (  Jean)  théolo- 
gien ,  publia  en  1646 ,  en  latin  ,  les 
Motifs  de  fa  converfion  du  Luthéra- 
nifme  a  la  religion  Cadiolique.  Les 
Luthériens  ont  fait  diverfes  répon* 
fes  à  cet  ouvrage  de  /.  Klrcher. 

m.  KIRCHER ,  (  Conrad  )  thco^ 
logien  Luthérien  d'Ausbourg ,  s'efl 
rendu   célèbre  par  fa    Concordance 
Grecque  de  l'Ancien  Tcflament  qu'il 
fit  imprimer  à  Francfort  en  1607  , 
en  2  vol.  in-4®.  Cet  ouvrage  peut 
fervir  de  Dictionnaire  Hébreu.  L'au- 
teur met  d'abord  les  noms  hébreux , 
&  enfuite  l'interprétadon  que  ïès   ^ 
Septante  leur  ont  donnée ,  &  cite 
les  endroits  de  l'Ecriture  où  ils  £e 
trouvent  difieremment  interprétés. 
Le  principal  défaut  de  cette  Ccn^'    j 
cordance  ,  fuivant  Ladvocat  ,  eft    \ 
d'y  avoir  fuivi  l'édition  de  Mcala. 
de  Henarès ,  au  lieu  de  fuivre  celle 
de  Rome  qui  eft  la  m&lleure.  La     | 
Concordance  de  Trommus  n'a  pas  Êdt 
Oublier  celle  de  Klrcher» 
LKIRCHMAN^C  Jean)  reù&ir  dt 
l'univerûté  de  Lubeck  ùi  patrie  y 
exerça  cet  emploi  avec  beaucoup 
de  diflinÛion  jufqu'à  fa  mort  arri- 
vée le  2jo  mars  1643 ,  à  68  ans. 
Ses  principaux  écrits  font  :  I.  Dt 
fifflgrihs  ^«Hmorum  ,Leydc  y  1672» 
in-iz; 


K  IR 

ht-n  :  traké  ikvœt ,  qui  lui  acquit 
ioe  grande  réputadon ,  &  lui  pro- 
cura  un  riche  mariage..  II.  De  annu» 
Ss  Sècr  faigu/aris  ,  àLubeck,  1613, 
in-S° ,  &  Lcyde  lé'^i ,  in-ii  î  ou- 
▼rage  plus  curieux  qu'utile. 

II.  KIRCHMAN ,  (  N.  )  profef- 
feur  de  phyiique  à  Pétèrsbourg  ,  eft 
éffirtmi  célèbre  par  fes  expériences 
ht  la  matière,  éteârique ,  &  par  le 
genre  de  mort  qui  termina  fe»  jours 
k  6  août  175  3. 11  avoit  dre^  un 
eonduâeur  pour  A>utirer  la  foudre  *, 
un  globe  de  feu  en  fortit  au  mo- 
ment cpi'il  en  approcha  &  lui  brûla 
b  tète.  Depuis  cette  époque  quel- 
qoes  phyéciens  ont  penié  que  les 
conduâeurs  a'étoiempas  toujours 
«n  préfervaiif  contre  le  feu  du  ciel. 
Un  poëte  latia  a  êât  à  Kirckman 
cette  épitaphe ,  imitée  de  ^irg^le ,  an 
^*  livre  de  t*£&éîde. 

Vî£   &    ctudcUs    danum    Salmont^ 

paoéu, 
J}ùm  fiammas    jovîs  &  fonîtus  non 

curât  Qlymfi 
Dimens  ,  qid    lùmbos    ac    îrrièabîU 

,fulmen 
Ign^fcru  JUls  firroquc  idcejjit  atuto, 

At  Pour  ommpotens  denfa  inter  nubîU 

ulmn 
C^ntorfie  (mon   ilU  levés  de    culmine 

tecU 
$cînâUas  )  n^^tumque  immani  turhtne 

volv'u. 


\  KIRCHMAYER ,  (  George^af- 

^ard)  profefieur  à  Wittemberg,  & 
membre  des  fodétés  royales  de 
Londres  &  de  Vienne  ,  naquit  à 
Uffeiaheim  en  Franconie  ,  Tan 
1635  ,  &  mourut  en  lyop,  à6y 
I  ans,  après  avoir  publié  pluiieurs 
I  ouvrages  d'érudition  &  de  phyfi- 
que.  Les  principaux  font  :  I.  Des 
Commintalrcs  fur  ComeHus  Nepos  > 
TacUc ,  &  d>atres  livres  claflîques. 
H.  Des  OraJ/ons  &  des  Pièces  de  Pvé^ 
fie  m.  De  cordlloy  b(Ufamo&  fnç' 

Tome  K* 


K  I  k  97 

t^ro  ,  1661 ,  in-4**.  IV.  i>c  tribu* 
Us  ,  1692,  in-4^  V.  Six  Dtffer- 
tations  fous  le  titre  de  Hexas  Mf» 
pttationuai  Zoolog^urum,  Elles  rou-  * 
lent  fur  le  balilic ,  la  licorne  »  U  \i. 
phénix ,  le  béemoth  6c  1  araignée. 
VI,  Patholûffu  vêtus  &  nota,  VII. 
PhîL/ophia  metallica,  VIII.  Infiitw 
ùones  metailîca ,  &c. 

KIRCHMAYER,   Voye^  Nao- 

GEORGE. 

KIRCHMEYER ,  (  Jean  -  Sigif- 
mond  )  théologien  Proteflant ,  né 
à  Allendorf  en  Hefle  l'an  1674 , 
profefTeur  de  philofophie  &  de 
théologie  à  Marpurg  ,  mourut  e» 
1749 ,  à  75  ans.  On  a  de  lui  :  L 
Pluiieurs  Dljfertaàons  Académiques. 
11.  Un  Traité  en  laùn  centre  les 
Enthoufiafles ,  pour  prouver  que  l'u- 
nique principe  de  la  Foi  eft  la  pa- 
role de  Dieu.  Les  ProteAan^  en  font 
cas  ;  mais  fes  principes  pourroient 
fervir  à  juiliiîer  les  SocilR^s ,  %& 
prcfque  toiis  les  hérétiques.        ' 

KIRKë  y  colonel  d'un  régiment 
Anglois  ,  fe  fignala^  fous  le  règne 
de  Jacques  II,  çt»Hes  cruautés  fans 
exemple.  Il  fut  employé  à  pourfui- 
vre  les  rebelles  qui  avoient  pris 
part  en  i6d^  à  la  conjuration  du 
duc  de  Monmcuth  i  &  il  s'en  acquitta 
avec  la  barbarie  d'un  foldat  de  for- 
tune ,  qui  avoit  vécu  long-temps 
chez  les  Maurei.  En  entrant  dans 
une  ville ,  il  fit  conduire  au  gibet 
19  habitans.  Enfuite ,  fe  faifant  un 
jeu  de  fa  cruauté,  il  en  fît  exécu- 
ter plufieurs  autres ,  pendant  qu'il 
buvoit  avec  fes  compagnons  à  la 
fanté  du  roi  &  de  la  reine.  Il  ob- 
s  ferva  que  dans  leurs  agonies  leurs 
paroles  étoient  tremblantes  -,  &  s'é- 
criant  auiïi-tôt  qu'//  fallult  de  la  mw 
fiqm  p\yur  leur  danje  y  il  donna  ordre 
en  effet,  que  les  tamboulP&  ks 
trompettes  fe  fiffent  entendre.  Il 
hii  tonrfja  dans  l'efprit  de  fùre 
pendre  trois  fois  un  même  hi^mme ,  pcir 
s  infirme  t  difoit-il ,  par  cette  bizari  C 

G 


98  KIR 

expérience;  &  chaque  £ois  il  lui  de* 
manda  s'il  ne  fe  repentoit  pas  de 
fon  crime }  Mais  cemiférable  s'obf- 
dnant  à  procéder  que  *  malgré  ce 
qu'il  avôit  fouffert  >  il  étoit  tou- 
jours dirpoCé  à  s'engager  dans  la 
même  caufe,  XtrA<le  fit  étrangler... 
On  conte  de  lui  un  trait  plus  hor- 
rible encore.  Une  jeune  fille  deman- 
da la  vie  de  fon  frère,  en  fe  jetant 
aux  pieds  de  Klrkc  »  armée  de  tou- 
tes les  grâces  de  la  beauté  &  de 
l'innocence  en  pleurs.  Le  t^'ran, 
fentam  enflammer  fes  défu-s ,  pro- 
mit ce  qu'elle  demandoit  ;  mais  il 
y  mit  des  conditions  bien  dures. 
Cette  tendre  fœur  fe  rendit  à  la 
nécef&té  cruelle  qu'on  lui  impofoit. 
Le  tigre ,  après  avoir  paiTé  la  nuit 
avec  elle ,  lui  fit  voir  le  lendemain 
par  une  fenêtre  fon  frère ,  le  cher 
objet  pour  qui  fa  verm  avoit  été 
iacrifiée ,  pendant  à  un  gibet  qu'il 
avoit  fait  dreffer  fecrétement.  La 
rage  &  le  défefpoir  s'emparèrent 
d'elle  à  l'inilant  ,  &  la  privèrent 
pour  jamais  de  fes  fens«  On  ne  (ait 
en  quelle  année  ce  monffaré  temuna 
ÛL  déteôable  vie....  Foyei  Dain. 

L  KIRSTENIUS,  (Pierre)  mé- 
decin, né  à  Breflaw  en  1577  >  eut 
la  direâion  des  collèges  de  cette 
ville ,  après  avoir  acquis  de  vailes 
connoifîances  par  l'émde  des  lan- 
gues favantes  &  par  des  vo3rages 
dans  toutes  les  parties  de  L'Europe. 
Son  emploi  lui  dérobant  trop  de 
temps,  il  fe  dévoua  entièrement  à 
la  médecine,  &  fe  retira  en  PrufTe 
avec  fa  famille.  Le  chancelier  Oxai" 
fiem  l'y  ayant  connu,  l'emmena  en 
Suéde  y  &  lui  procura  la  chaire  de 
profefleur  en  médecine  dans  liuii- 
verfité  d'Upfal.  Il  y  monrut  le  5 
Avril  1640 ,  à  63  ans.  Son  appli- 
cation avoit  accéléré  la  vieillefle , 
&  il  étoit  déjà  fort  caffé  quand  il 
fe  rendit  en  Suéde.  Son  Épitaphe 
porte  qu  il  savoit  26  lahcves  : 
fiçU  peut  être  *,  mais  il  ne  les  con-  - 


Kl  s 

noifToit  pas  certainement  comme  ia| 
langue  maternelle.  On  a  de  lui  un 
grand  nombre  d'ouvrages  :  I.  Traité 
dt  Vufa^  &  de  l'abus  de  la  Médecine  , 
en  latin,  Francfort,  1610 ,  in-8^«. 
IL  Les  JK  Evan^eûfies  tirés  d*un  an^ 
cien  manufcrit  Arabe,  Francfort,  1 609, 
in-foL  ni.  Notes  fur  PEvan^  de 
S.  Matthieu  ,  confronté  fur  les  textes^ 
Arabe  ,  Syriaque  ,  Egyptien  ,  Grec  6* 
L:itin ,  BredsLw  ,  1612  ,  in-fol. 

II.  KIRSTENIUS  ,  (  George  ) 
habile  médecin  &  favant  natura- 
lise ,  né  à  Stetin  en  161 3  ,  fit  loag-« 
temps  &  avec  applaudiSement  des 
exercices  publics  fur  la  phyfique  » 
la  médecine ,  la  botanique ,  l'ana- 
tomie  «  &c.  On  fait  cas  de  fes  Excr- 
dtadones  FhytopUloloput, ,  à  Stetin  , 
165 1 ,  tii-4^,  U  mourut  en  1660, 
à  47  ans. 

KISK.A  DE  ClECHAVOiriECXy 

(Jean)  chevalier  Polonois,  à  ce 
qu'on  croit,  ou  plutôt  de  Lithua- 
nie  ,  fut  difciple  du  Êuneux  Caf-^ 
talion  g  k  la  mémoire  dtiqnel  il  fit 
drefferim  monument  après  fa  mort. 
Parvenu  à  l'âge  de  figurer  dans  l'ad- 
miniflration ,  il  fut  préûdent  géné- 
ral dans  la  Sama^tîe,  châtelain  ou 
capitaine  dans  Wilna  »  &  gouver- 
neur de  Breffici.  Il  devint  fi  riche 
&  ô  puifiant ,  dit  Sandûts  ,  qu'oA 
le  ùk  feigneur  de  70  villes  ou 
bourgs  &  de  400  villages»  Avec 
fes  richefies  &  l'autorité  que  lui 
donnoiem  fes  emplois ,  il  protégea 
les  Sodniens  en  toute  occafion  & 
contre  tous  leurs  ennemis  *,  il  leu* 
bâdt  &  fonda  plufieurs  Eglifes ,  & 
mourut  fans  enfans  en  i59.x>  laif- 
iantle  prince  de  RadiivU  héritier 
de  tous  fes  biens  &  de  fon  affec* 
tion  pour  la  fef^eSocinienne.  Quel- 
que zélé  qu'il  fut  pour  elle,  la  crainte 
qu'on  ne  le  fit  paiTer  après  fa  mort 
pour  Socinien ,  l'engagea  à  faire  une 
profeffion  de  foi  contraire,  qu'il 
figna  peu  de  temps  avant  de  mou^ 
rir»  On  a  quelques  Lettres  de  ce  (kff^ 


K  L  A 

Ipuor,  adrefiiées  aux  Eglifes  Soc>* 
aieiifles  ,'  dans  lefqu^les  il  les  in- 
vite à  tenir  ua  fynode  pour  régler 
les  différens  qui  étoient  entre  elles 
au  fujet  de  r«leâion  des  magiflracs 
&  del'ufagedes  armes.  Vcy,  Ziska. 
KLAUSWITZ ,  (  Benoît-Goth- 
lieb)  né  à  Leipzig  en  1692,  pro- 
fefieur  de  théologie  à  Hall ,  mou- 
lut en  1749  ,  à  57  ans.  Il  a  donné  : 
L  Pluûeurs  JXJfenations  Académiques, 
n.  Des  Explications  de  divers  paûa- 
ges  de  la  Bible,  m.  Un  Traité  en 
allemand ,  efHmé ,  fur  la  Ral/on  ôc 
VEcniurt'fdinu ,  &  fur  l'ufage  que 
nous  devons  faire  de  ces  deux  gran* 
des  lumières. 

KLEÏST,  (Ewald-Çhrérien  de) 
fié  à  Zeblid  en  Poméranie  l'an  161 5  ^ 
fevoit  dans  les  années  du  roi  de 
Prufle  y  en  qualité  de  major  du  ré- 
giment de  Hauâien,  loifqu'il  mou- 
rut des  bleiïures  qu'il  avoit  reçues 
à  la  fanglante  bataille  de  Kimers- 
dorf  entre  les  Ruâès  &  les  Pruflîens, 
au^  mois  d'Août  17 59,  à  44  ans. 
Ce  poète  guerrier  étoit  bien  fait  & 
de  haute  taille  -,  il  avoit  l'air  martial , 
nuis  uns  rudelTe*  Bon  ,  humain  , 
compatiflant ,  généreux ,  on  le  vit , 
dans  la  diredÛon  qu'il  eut  de  l'hô- 
pital de  Leipzig  ,  s'occuper  avec 
ardeur  du  plus  petit  beToin  du  der- 
nier des  malheureux  entaiTés  par 
milliers  dans  cet  aûle  de  la  mifere 
humaine.  Il  cultiva  l'amitié  au  mi- 
lieu des  occupations  militaires  &  du 
tumulte  des  camps.  Ami  du  cèle- 
Ire  M.  Gejfner  ^  poète  Allemand,  il 
marcha  ûir  les  mêmes  traces.  Il  a 
domié  aux  aâéurs  de  fes  Idylles , 
les  mêmes  ientimens  de  vertu  &  de 
bien£û&nce  qui  diitinguent  les  ber- 
gers de  M.  Gejf/ur  *,  mais  il  ne  s'eft 
pas  borné  à  des  bergers  :  il  a  intro- 
iuit  dans  l'Eglogue ,  des  jardiniers 
le  des  pêcheurs ,  à  l'exemple  de  San- 
naiar ,  de  Grotlus  &de  Théùcnu  lui- 
même.  KLdft  avoit  aufli  compofé 
4cs  Traités  df  merile^  ^  &'«&( 


t 


KNË 

pas  encore  été  publiés.  De  fes  ' 
flexions  fur  l'art  de  la  guerre  il 
•forma  un  Roman  militaire ,  intitulé 
Cîjjides  »  de  imprimé  au  commence- 
ment de  1759.'  Quand  le  guerrier 
parle  dans  cet  ouvrage,  c'eflavec 
une  ûmplicité  héroïque  -,  mais  quand 
le  poète  prend  la  parole  ,  il  vous 
tranfporte  au  milieu  des  combats. 
Il  joignoit  à  une  connoifTance  pro- 
fonde ds  fon  métier  ^  des  notions 
de  toutes  les  fciences  ,  &  il  parloit 
avec  facilité  l'Allemand,  le  Latin  , 
le  François  ,  le  Polonois  &  1q 
Danois. 

KLING ,  Voye^  Cling. 

KLINGSTET,  peintre,  natif  de 
Riga  en  Livonie ,  mort  à  Paris  le 
26  Février  1734,  âgé  de  77  ans. 
Il  s'étoit  defliné  à  la  profeiHon  des 
armes ,  fans  négliger  les  talens  qu'il 
avoit  pour  la  peinture  j  fon  godt 
&  fa  bravoure  furent  également 
connus.  Ce  peintre  a  donné  dans 
des  fujets  extrêmement  libres.  On 
ne  peut  point  dire  qu'il  ait  eu ,  dans 
un  haut  degré ,  la  correâion  du  def- 
fin  &  le  génie  de  l'invention  ;  ce- 
pendant on  voit  pluiîeurs  morceaux 
de  fa  compofition  aflîez  eflimables» 
Ses  ouvrages  font,  pour  l'ordinaire, 
à  l'encre  de  la  Chine.  Il  a  excellé 
dans  la  Miniature  :  il  donnoit  beau- 
coup de  relief  &  de  caraâere  à  fes 
figures. 

KLOPPENBURG  ,•  (  Jean)  Voy. 
Clofpenburg. 

KLOTZrUS  ,  (  Etienne  )  théo- 
logien Luthérien,  néàLippiladt  en 
i6o6  ,  gouverna  ,  en  qualité  de  fut- 
intendant  général ,  les  Ëglifes  des 
duchés  deSlefwick&  de  Holflein» 
&  eut  beaucoup  de  crédk  auprès  de 
Frédirlc  III ,  roi  de  Danemarck.  Il 
mourut  à  Flensbourg  en  1668 ,  à 
62  ans.  On  a  de  lui  plufieurs  ou- 
yrages  de  théologie  &  demétaphy* 
fioue ,  peu  connus. 

KNELLER,  (  GodcR-oi  )  exceî- 
Ifia;peiatrç  dans  le  PonruU  «  va(^ 


ïoo       K  N  Ô 

à  Lubeck  en  1648.  Après  s'être 
Appliqué  quelque  temps  aux  tableaux 
d'Hiftoire ,  il  fc  livra  tout  entier 
au  Portrait ,  &  paffa  en  Angleterre , 
où  il  fut  comblé  de  biens  &  d'hon- 
aeiïrs.  11  y  devint  premier  peintre 
de  Charles  II ,  fut  créé  chevalier 
par  le  roi  Guillaume  III,  &  enfin 
nommé  baronnet.  Il  mourut  à  Lon- 
dres vers  1717,  âgé  d'environ  6^ 
ans.  Sa  touche  eft  ferme ,  fans  être 
dure.  On  a  gravé  d'après  cemaître^ 

KNORRIUS    A   RUSENROTH» 

(  Chriftian  )  favant  Allemand  du 
XVII*  fiecle,  connu  principalement 
par  un  ouvrage  qu'on  lui  attribue  » 
&  qui  a  pour  titre  :  Kabala  denu" 
éata.  L'auteur  a  approfondi ,  ôcTon 
peut  dire  ,  épuifé  la  matière  qu'il 
traite.  Parmi  les  rêveries ,  les  fo- 
lies &  les  chimères  qu'il  difcute  » 
on  y  trouve  d'excellentes  recher- 
.ches  f\ir  la  philofophie  des  Hé- 
breux ,  &  fur-tout  des  Rabbins.  Cet 
touvrage  eft  en  3  vol.  in-4^.  Les  2 
premiers  furent  imprimés  à  Sultz- 
bach  en  1677  j  le  3*^  à  Francfort  en 
1684  :  ce  dernier  volume  eft  peu 
commun.  Knvrùus  mourut  en  1689, 
à  53  ans. 

KNOT,  (Edouard)  Jéfoite  An- 
glois  ,  natif  de  Northumberland , 
auteur  d'un  livre  fttr  la  Hiérarchie  , 
cenfuré  par  le  clergé  de  France  & 
par  la  Sorbonne.  Ce  livre  intitulé  : 
Modefles  &  cewtes  difatUîons  de  quel- 
iqucs  propofidons  du  Docteur  KelÛf' 
J'on  y  par  Nicolas  Smith ,  in-  II,  An- 
vers, 163 1 ,  fit  du  bruit  parmi  les 
théologiens  ,  &  eft  aujourd'hui  par- 
faitement ignoré.  Knot  mourut  le 
14  Janvier  1656,  dans  un  âge  affei 
avance.  On  a  de  lui  quelques 
Ecrits  de  Controverfe, 

KNOX  ou  Cnox,  (Jean)  fa- 
meux miniflre  Ecoflbis  ,  fut  un  des 
apôtres  du  Calvinifme  &  du  PSres- 
bytéranifme  en  EcofTe.  Il  avoit  étu- 
dié d'abord  à  Paris  fous  Jean  M::jor, 
4o^Nr  -ûc  Sorbonae  j  ^  enfuii&  4 


KNU 

Genève  fous  Ci/vm.  I>e  retour  en 

Angleterre,  le  roi  Edouard  yi "vou* 
lut  lui  donner  un  évêché  ;  mais  il 
le  refiifa ,  en  difant  que  VBpifcopaê 
était  contraire  à  l'Evan^le*  Il  paftfa  eft 
Ecofîe  l'an  1.5  f  9 ,  &  y  répandit  iè» 
erreurs  par  le  fer  &  par  le  feu.  Lz 
reine  Marie  Stuartay^at  voulu  s'op- 
pofer  à  fes  fureurs ,  il  fouleva  fei 
difciples  contre  elle ,  &  prêcha  le 
Ré^cide.  11  mourut  en  1572 ,  à  57 
ans.  Sponde  «  Thtvet  »  &  la  plupart 
des  écrivains  Catholiques  ,  ont  dér 
peint  Knox  comme  un  ânatique  en»- 
porté  *,  màVi.BayU  &  Bumu  n'e» 
parlent  pas  de  même ,  &  Bc^e  fum 
tout  l'a  fort  exalté.  Cette  diveriiié 
de  fentimens  fur  Knox  ,  fait  juger 
que  s'il  avoit  de  grands  dé£iuts ,  il 
poffédoit  auffi  des  qualités.  On  a 
de  lui  des  Ouvrages  de  Contfovtrfe^ 
marqués  au  coin  de  l'enthouiiaûnef. 
&une  Hijèoire  de  la  Réformation  de 
CE^life  d*EcoJfe ,  Londres,  1 644 ,  i*» 
fol.  Ses  écrits  font  très-rares. 

L  KNUTZEN,  (Mathias)  étott 
né  à  Oldenfworth  dans  le  Duchef^ 
wich.  Après  avoir  fait  fes  études 
à  Konigsberg  en  Pruffe ,  il  s'aviâ. 
de  courir  le  monde  â:  de  s'ériger 
en  nouvel  apôtre  de  YAtii^fma.  Bn 
1674 ,  il  répandit  dans-  divers  ei^ 
diroits  de  l'Allemagne,  &  fur-tout 
à  lene  en  Saxe  &  à  Altdorff  »  ime 
Lettre  latine,.  &  deux  Dialogues BÏlt- 
mands,  qui  contenoiem  lesprinâ-' 
pes  d'une  nouvelle  fe£le  qu'il  vou» 
loit  établir ,  fous  le  nom  de  la  fieâc 
des  Con/ciencieux  i  c*eft-à-dire ,  des 
gens  qui  ne  fcroient  profeffion  de 
fuivre  en  toutes  chofes  que  les  lois 
de  la  confcience  &  delà  raifon.  Ce 
chef  des  Confciencîeux  nioit  Texîf- 
tence  de  Dieu  ,  Timmortalité  de 
l'ame,  &  par  conféquent  l'autorité 
de  l'Ecriture^inte  :  comme  fi  y  ces 
vérités  étant  ôtées ,  il  pouvoit  refter 
dans  l'homme  quelque  confcience 
&  quelque  principe  de  vertu  !  Cet 
A4tée  i^.vaote  d'avoir  fait  un  ^?3fli 


K  K  U 

liôiiilire'de  difciple^  Il  en  avoit, 
ét4l  ^  700  ,  tant  bourgeois  qu'é* 
tudians  ^  dans  la  feuUe  ville  d'Ieoe. 
/a»  Muféots^  ifavant  profeiTeur  ea 
«héolo^e  dans  runiveriité  de  cette 
ville,  réfuta  cette  calomnie  dans  un 
jlivre  allemand,  publié  en  1675  , 
contre  cet  infenfé  &  contre  fa  pré- 
lendue  ie^lke ,  qui  ce  fubiîAoit  que 
idans  fbn  imagination.  Sçi  DLU^ 
^us ,  imprknés  en  allemand ,  font 
l^leias  de  blidpb^mes  &  d  impem- 
f^eoces.  On  peut  voir  fa  Lettre  toute 
entière,  en  £rançois  &  en  latin, 
■daos  les  Entretiens  fur  diytrs  fujets 
^hifioire  ,  de  littérature ,  de  religion  ^ 
de  critique,  par  la  Croie,  in^ia.'U 
la  date  de  Rame ,  quoiqu'il  foit  sûr 
qu'il  ne  fortit  jamais  d'Allemagne. 
£es  hiftoriens  ne  nous  apprennent 
(pas  quelle  (at  la  An  de  ce  £inatique. 

U.  KNUTZEN,  (Martin). né  à 
Komgsbeig  en  171 5,  y  fut  pro- 
fefîeur  en  philofophxe  &  biblio- 
ihécare.  Il  mourut  en  17  51,435 
ans.  On  a  de  lui  un  grand  nombre 
d'ouvrées.  Les  uns  font  en  alle- 
mand ,  &  les  autres  en  latin.  Les 
principaux  de  ceux-«i  font  :  L  Sy/^ 
tenuL  caujarum  effidentium.  II.  EU- 
•ffunta  Philofophdarationa&s  ,  methodo 
Jniitktmfltlco  demonfirata.  lU.  Thâore- 
J^ta  de  parahoUs  infiaitis  y  &c.  Cel^i 
.«le  {es  livres  allemands,  qui  lui  a 
Eût  le  plus  d'honneur ,  eft  une  Dé" 
fmfe  de  la  Reâ^n  Chréùmne  ,  in-4°. 

KOBAD,'  Voy,  Cabade. 

KQDDE,  {Jean,  Jdrîen  &  GU- 
itrt  Vander-)  trois  frères ,  de  Leyde, 
^ui  donnèrent  naiflance  à  la  fed^e 
des  Prophètes  en  1619,  lojfqu'ilfiit 
Aéfîeadu  aux  R&nomrans  d'avoir 
<ies  minières.  Les  Koddes  s'ima^- 
'î^ent  qu'en  effet  on  pouvoit  bien 
s'en  paiTcr.  Ils  déclamèrent  xonnre 
les  Pafteurs,  travaillèrent  à  fe  faire 
«ies  aiUiérens  ,  &  formèrent  des 
affemblées  dans  une  maifon  parti- 
culicre  ,  après  s'être  féparés  des 
Bcotonirans,  Ce$  aileml)lles  fusent 


K  O  E        101 

blefttot  honorées  du  don  des  mira« 
clés.  Un  des  chefs  de  ces  fanatiques , 
Jean  Kodde  ,  fe  vanta  d'avoir  vu 
le  Saint-Efprit comme  les  Apôtres^ 
&  il  ajoutoit,  "pour  faire  croire  cp 
prodige,  que,  quand  il  defcenriit 
fur  lui  /  la  maijfon  tjrembla.  L^ 
aâTemblées  de  ces  enthoufiafles 
étoient  curieufes  à  voir.  Un  d'en- 
tre eux  lifoit  quelques  chapitres  du 
Nouveau  Teftament  -,  après  quoi^ 
le  leôeur  ou  quelqu'autre  faifoît 
la  prière.  On  demandoit  enfuite  Û 
quelqu'un  avoit  quelque.,  chofe  à 
dire  pour  l'édi^cation  du  peuple  ? 
Alors  un  de  TaiTemblée  fe  levoit , 
lifoit  un  texte  de  la  Bible  fur  le- 
quel on  avoit  médité  auparavant  ; 
'&  prenant  le  ton  de  Prophète ,  fai* 
fort  fur  ce  texte  un  diïcours  qui 
duroitquelquefois  j>lus  d'une  heure. 
<On  laiâbit  ainû  parler  un  2^,  un 
3*,  &  même  un  4®  Prophète,  s'il 
s'en  préfentoit  autant  qui  vouluffeçt 
parler.  Les  féances  duroient  quel* 
quefois  depuis  le  foir  jufqu'au  le- 
.ver  du  foleil.  Après  k  mort  des 
Koddes,  un  boulanger  de  Rinsbnig 
gouverna  cette  milice  de  fous,  Ih 
rejetèrent  toutes  les  confeffions  de 
foi,  introduifcnt  le  baptême  p^ 
immerfiOn,  &.fouîiment  qu'aucun 
Qirétien  ne  devoit  être  magiflrat , 
ni  faire  la  guerre. 

KOEBERGER  (Wenceflas-) 
peintre  Flamand ,  difdple  de  Af.tr- 
,tln  de  Vos ,  p^rfeûionna  en  Italie 
fes  talcns  pour  la  peinture  &  l'ar- 
chitcdure.  Il  embellit  plusieurs  égli- 
fes  d'Anvers  par  fes  tableaux  ,  & 
.  dirigea  le  bâtiment  .de  l'églife  de 
Notre-Dame,  de  Montaigu ,  fur  le 
modèle  de  celle  de  Saint-Pierre  de . 
Rome.  Bon  phyficien  comme  bon  . 
architefte ,  il  trouva  le  moyen  de 
deffécher  pluûeurs  marais  du  côté 
de  Dunkerque ,  &  il  en  fit  des  ter* 
res  propres  au  labourage  &  au  pâtu- 
rage. Cet  habile  homme  mourut  à  70 
ans ,  vers  le  milieu  du  xy  11^  fiecle* 

G  iij 


1 


lôî         K  O  E 

KOEC ,  Voy.  CoEcn. 

•  KOEMPFERo«CoEMPSER, 
ifEngelbert)  médecin  &  voyageur 
rélebre ,  né  le  1 5  Septembre  1651a 
Leingow  en  "Weftphalie  d'un  mi- 
xiiftre ,  pafla  en  Suéde ,  après  s'être 
adonné  pendant  quelques  années  à 
l'étude  de  la  médecine ,  de  la  phy- 
fique  &  de  l'hiftoire  naturelle.  On 
le  follicita  vivement  de  s'arrêter 
dans  ce  royaume  *,  mais  fa  paffion 
extrême  pour  les  voyages  lui  fit 
préférer  à  tous  les  emplois  qu'on 
lui  offrit  ,  la  place  de  fecrétaire 
d'ambaiîade ,  à  la  (uite  de  Fahriee , 
^e  la  cour  de  Suéde  envoyoitau 
roi  de  Perfe.  Il  partit  de  Stoddiolm 
l'an  1683  ,  s'arrêta  deux  mois  à 
Moskou ,  &  pafTa  deux  ans  à  If- 
pahan  ,  capitale  de*  Perfe.  Fabrice 
voulut  l'engager  à  revenir  avec  lui 
en  Europe  -,  mais  fon  goût  pour  les 
voyages  augmentant  avec  les  con- 
noiifances  qu'il  acquéroit ,  il  fe  mit 
fur  la  flotte  de  la  compagnie  Hol- 
landoife  des  Indes  Orientales ,  en 
qualité  de  chirurgien  en  chef.  Koëmp* 
ftr  fut  à  portée  de  fatisfeire  fa 
curiofité  ;  U  pouffa  fes  courfes  juf- 
qu'au  royaume  de  Siam  &  au  Japon. 
Ce  pays,  fermé  aux  étrangers ,  n'é- 
toit  connu  qu'imparfaitement  -,  l'ha- 
bile voyageur  remarqua  tout ,  & , 
grâces  à  fes  foins ,  l'on  vit  difparoi- 
tre  dans  la  géographie  un  vide 
qu'on  défefpéroit  de  pouvoir  jamais 
remplir.  De  retour  en  Europe  en 
1693  ,  il  fe  fit  recevoir  doÛeur  de 
la  faculté  de  Leyde ,  &  revint  dans 
fa  patrie.  La  compofition  de  divers 
ouvrages  ,  la  pratique  de  la  méde- 

-  cine  ,  &  l'emploi  particulier  de 
médecin  du  comte  de  U  Uppe ,  fon 
fouverain ,  l'occupèrent  jufqii'à  fa 
mort ,  arrivée  le  2  novembre  1716, 
à  66  ans.  Parmi  les  ouvrages  dont 
ce  favan  obfervateur  a  enrichi  la 
littérature  ,  on  diftingue  :  I.  Amani- 

*  tates  exodca ,  in-4° ,  1 71 1 ,  avec  un 
çr9nà  nombre  de  figures.  Cet  ou* 


K  o  E 

vragé  entre  dans  ufi  détail  curî^ise 
&  fatisfaifant  fur  l'hiftoire  civile  & 
naturelle  de  la  Perfe,  &  des  autres 
pa^s  Orientaux  que  l'auteur  avoit 
parcourus  &  examinés  avec  toute 
l'attention  d'un  voyageur  ^hilo€€>^ 
phe.  II.  Heiharmm  ultri'^angtûcumm 
m.  Hîflolre  naturelle ,  eccUfiaJKque^ 
civile  de  Pempîre  du  Japon,  en  alle-« 
mand ,  traduite  en  anglots  par  Sekat» 
ck^er  ,*  &  en  françois  fur  cette  ver- 
fion,  en  1729,  en  2  vol.  in-fioL 
avec  quantité  de  figures ,  &  en  ^ 
vol.  in-i2  avec  les  cartes  feulement. 
Koëmpfir  voit  en  favant ,  il  ^crit 
de  même  :  il  efl  un  peu  fec  ,  & 
quelquefois  minutieux  -,  mais  il  efl 
fi  efKmable  à  tant  d'autres  égards  ^ 
il  entre  dans  des  détails  fi  curieux  , 
il  les  rend  avec  tant  d'cxa^tude 
&  de  vérité  ,  qu'il  mérite  bien  qu'on 
lui  pardonne  quelque  chofci  IV. 
Le  ReauU  de  tous  fes  autres  Voya-^ 
ges,  à  Londres,  I736 ,  en  2  vol. 
in-fol.  avec  figures.  On  y  trouve 
des  defcriptions  plus  exaâes  que 
toutes  celles  qui  avoient  paru  avant 
lui  de  la  cour  &  de  l'empire  de 
Perfe ,  &des  autres  contrées  Orien- 
tales. 

I.  KOENIG,  (Daniel)  SuHTede 
nation ,  mort  à  Roterdam  en  1727, 
à  22  ans ,  des  coups  qu'il  reçut  à 
Franeker.  La  populace  l'entendant 
parler  François  ,  le  prit  pour  un 
efpion  de  la  France ,  &  l'eût  mis 
en  pièces,  fi  le  fénat  académique 
ne  l'avoit  arraché  à  cette  tourbe 
mutinée  :  les  blefTures  qu'il  reçut , 
le  mirent  au  tombeau  quelques  mois 
après.  On  lui  doit  la  TraduBîon  la- 
tine des  Tables  que  le  do£^eur  Ar* 
buthnot  mit  au  jour  fur  les  Mon- 
noies  des  anciens  ,  1727  ,  in-4*. 
Cet  ouvrage  ne  fut  publié  qu'ea 
1756,  in-4**,  par  Reiti  profeâeur 
à  Utrecht ,  qui  l'orna  d'une  pré- 
face curieufe  &  utile. 

II.  KOENIG ,  (  Samuel  )  fi-ere  do 
précédeiït ,  (e  fit  connoitrçdebosnt 


K  OE 

fleure  par  Tes  talens  pour  les  mt- 
diéinatiques.  Il  demeura  deux  ans 
an  château  de  Cirey  ,  avec  Tilluf* 
tre  siarquife  du  Chânlet^  qui  eut 
beaucoup  à  fe  louer  de  fès  leçons^ 
Il  obtint  enfuite  une  chaire  de  phi- 
lofophie  &  d<e.  droi$  uaturel  à  Frane^ 
ker ,  d'où  il  pafîa  à  la  Haye  pour 
être  bibliothécaire  du  prince  Sta- 
diouder  y  &  de  Madame  la  princc^Te 
^"Orange,  L'académie  de  Berlin  fè 
^affoda  ,  &  le  rejeta  enfiiite  de  Ton 
mn.  On  fait  à  quelle  occafion  : 
i^oenig  dii]^ta-  à  Maupemâs  Ol  dé-' 
«ouverte  du  Pnndpe  untverfel  de  la. 
nobidrt  aBion.  Il  écrivit  contre  lui ,. 
&cita ,  en  le  réâitant ,  un  fragment 
d'une  Lettre  de  Lubnit^t  dans  la- 
quelle ce  phiiofophe  diibit  avoir 
remarqué  que ,  dans  les  modiiicar 
tiofls  du  mouvement,  l'aûion  de- 
vient ordinairement  un^  maximum.  « 
ou  un  minimum,  ^aiçemds  fit  fbm* 
ner  fon  adverfaire  par  racadémie 
de  Berlin  ,  de  produire  l'originaî 
de  cette  Lettre  ;  l'original-  ne  fe 
trouvant  plus^,  le  phiiofophe  Suiffe 
^  condanné  par  l'académie.  Toute 
l'Europe  a  été  iniïruitedes  fuites  de 
cette  querelle.  Kotmlg  en  appela 
au  public;  &  fon  >(p/?e/,  écrit  avec 
cette  chaleur  de  ilyle  que  donne  le 
f eflêntiment ,  mit^ufieursperl^n- 
«e$  de  fon  côté.  On  a  de  lui  d'au- 
fres  ouvrages;  Il  mourut  en  1757 ,, 
Tcgjvdé  comme  i^i  des  meilleurs 
madiématiciens  de  ce  fiede.  Voici 
comme  le  caraâérife  PoUmn  dans, 
«ne  Lettre  à.  HelvetUis  ;  »♦  Koenig: 
^  n'a  de  ^imagination  en  aucun  fêns, 
»  mâs  il  eft  cequ*on  appelle  grand 
^  métaphyûcien.  Il  &ic  à  point- 
*  nommé  de  quoi  la  matière  eil 
»♦  composée ,  &  il  jUre  ,  d'après 
^Làhttit{.^  qu'il  eft  démontré  que 
»•  l'étendue  eft  compofée  de  mor 
**  nades  non-étendues  ,  &  k  ma- 
»  tiere  in^énétrable  compose  de 
st  petites  monades  pénétrables.  Il 
^  CI9it  qucjcfaaqiie  inoa9dc  ^  un 


K  O  E         loj 

w  miroir  de  fon  univers.  Quand  on 
vi  crois  tout  cela ,  on  mérite  de 
M  croire  aux  miracles  de  Saint  P^- 
»  ns.  D'ailleurs  il  eft  très-bon  géo- 
»♦  mètre,  &,  ce  qui  vaut  mieux, 
>t  très-bon  garçon  «<• 

KOERTHEN ,  (Jeanne)  femme 
étHenrtB/oUk  ,  née  à  Amfterdam  en 
1650 ,  morte  en  171 J ,  à  65  ans , 
donna ,  dès  fes  premières  années , 
des  marques  fenhbles  de  fon  goût 
pour  les  bjeaux-arts.  Elle  réuffiffoit 
à  jeter  en  cire  des  ftatues  &  des 
ihiits ,  à  écrire ,  à  chanter,  à  gra- 
ver fur  le  verre ,  à  peindre  en  dé- 
trempe.; mais  elle  excelloit  princi- 
palement dans  la  Ditoupurt^  Tout 
ce  €[ue  le  graveur  exprime  avec  le 
burin ,  elle  le  rendoit  avec  fés  ci-- 
féaux.  Elle  exécutoit  àts  payfs^es  ^ 
des  marines,  y.  des  animaux.,  des 
fleurs  £îc  des  portraits  d'une  refTem- 
blance  pai^Mte.  Ses  ouvrages  font 
d'un  goût  de  defSn  trèss:orreéV  ;  on 
ne  peut  mieux  les  comparer  qu'à 
la  manière  de  graver  de  Afe/Z^/i.  Ea. 
les  collant  fur.  du  papier  noir ,  le 
vide  de  la  coupe  repréfentoit  leS; 
traits  comme  du  burin  ou  de  la 
plume..  C'eft  peut-êtrç  là  l'origine- 
dé  ces  portraits  groffiércment.  dé- 
coupés ,  dont  la  folie  a  fuccédé: 
parmt  nous  à  celle  des  Pantins.  Les . 
talens  de  «Madame  iCo^r^en  lui  ac- 
quirentun  nom  dans  PEurope  :  plu--, 
fleurs  Têtes  couronnéçs  employè- 
rent fOn  art ,  &  lui  firent  ou  des 
préfens  ott  des  vifites.  Pkfre  le  Gmnd 
fe  fit  im  ptaiûr  de  l'aller  voir,  & 
de  payer  à  fes-  ouvrages .  lé  tribut 
de  louai^es  qu'ib  méritoient. 

L  KONIG  ,  (  George -Mathias) 
né  à  Altdorf 'en- 1616 ,  mort  dans 
cette  ville  fe  29  août  16,99  ,  à  84 
ans ,  fut  profefTeur  en  poëfie  &  e». 
langues  Latine  &  Grecque,  &  biblio- 
thécaire de  l'unirerfité  de  fa  patrie. 
La  plupart  des  fevans  ne  le  con-- 
noiftent  guère  que  par  fa  BihUo^^ 
thicd  vems^nova^  gros  tn-fel.pu.-^ 


104        K  O  N 

blié  en  1678.  Cet  ouvrage  mëritoit 
d'être  plus  foigné.  Ce  qu  il  dit  des 
auteurs  ,  eft  ou  fuperfîciel  ou  ine- 
xact ,  &  a  été  relevé  en  grande  par- 
tie par  le  favam  hm  Mi>iLrus,  Il  y 
a  une  négligence  extrême  dans  les 
4ates ,  aixifi  que  dans  tout  le  reâe. 
Il  attribue  aux  écrivains  des  ou-/ 
vrages  qu  ils  n'ont  pas  faits ,  &  ne 
parle  pas  de  ceux  qu'ils  ont  faits. 
Son  père  Geor^  Konig,  natif  d'Am- 
bert,  mort  en  1654^^  à  64 ans  >  fut 
profefleur  de  théologie  à  Altdorf , 
&  a  laiiTé  un  Traité  d,s  cas  dà  Conf- 
cUnce^  in-4*^i  1675  ,  &  d'autres  li- 
vres théologiques. 

II.  KOKIG,  (  Emmanuel)  célè- 
bre médecin ,  profefTeur  de  phyfi- 
que  &  de  médecine  à  Baie  fa  pa- 
trie ,  mourut  dans  cette  ville  en 
1731 ,  à  73  ans ,  après  avoir  publié 
pluûeurs  ouvrages  fur  fon  art ,  qui 
décèlent  une  vaûe  leChire.  Le  plus 
connu  efl  fon  lUgnum  itûruraU ,  |s- 
iutjU  &fpedaU ,  à  Bâle,  1763  ,  in-4'*, 
qui  fut  fuivi  du  lUgnum  vcguabiU . 
Bâle ,  1708  ,  in-4°. 

KOORÉE,  Toy.  LolJCoor. 

KOORNHERT,  Foyq  Corne- 

HERT. 

KOPHTUS,  ou  Cheospes,  au 
Chemmi  ,  roi  d'Egypte ,  fit  bâdr , . 
fuivant  la  plus  commune  opinion , 
les  ^meufes  Pyrûtnidu  d^Egyptt ,  qui 
ont  pafle  pour  l'une  des  merveil- 
les du  monde.  Il  y  occupa  ,  dit- 
ojx ,  360  mille  ouvriers ,  qui-  tra- 
vaillèrent pendant  23  années.  PUiu 
dit  qu'il  y  hxt  dépeoJfé  1800  talens  y 
feulement  en  raves  &  enjoignons , 
les  Egyptiens  étant  grands  man- 
geurs de  ces  légumes.  Ces  Pyrami- 
des font  au  nombre  de  trois  ^  une 
grande,  &  deux  un  peu  inférieures, 
£lles  ibnt  à  deux  milles  du  grand 
Caire  ,  &  diihuues  de  200  pas  T^ine 
de  l'autre.  On  dit  que  les  deux 
moindres  furent  bâties  parj'^n  Aes. 
Pharaons ,  pour  dépofer  les  corps  de 
Iq  reine  fon  époufe  &  à^  I9  pi^in* 


K  O  R 

cefle  fa  fille.  Aurefte,  ee  ibnt  des 
conjeûures  que  nous  donnons  d'a- 
près raille  autres  écrivains  :  l-hif- 
toire  n'a  pas  la  vue  aiTez  perçante 
pour  plonger  dans  les  ténèbres 
épaifTies  de  plus  de  trente  ûedes 
accumulés. 

KORNMi^NN,  (Henri)  jurif- 
confulxe  Allemand ,  publia  divers 
livres  au  commencemem  du  xvii* 
Ûecle.  Titnplum  natura ,  feu  De  ml*  t 
raculis  quatuor  Eîcmentjrum  ,  Dçunmr 
ftadt ,  1611 ,  in-8°,  IL  De  mîraculis 
vlvorum,  Kirchkeim,  1614,  in-8®. 
m.  D<i  mîraculis  mortuurtffn  ,  16 10  « 
in-8®.  Ces  trois  ouvrages ,  fur-tout 
les  deux  derniers,  font  curieux  & 
difficiles  â  trouver.  IV.  De  Vhr^" 
nitatû  jure,  1617,  in-8°.  V.  lênta 
amorls  ,  i6io  ,  in-8®. .  Quoique  ce 
livre  &  le  précédent  foient  fuper- 
£ciels,  il  y  a  des  chofes  recher- 
chées. 

L  ICORTHOLT ,  (  Chriftian  > 
né  en  1633  à  Burg  dans  l'iile  de 
Femeren  ,  profefTeur  de  Grec  à 
Roûock  en  1662  »  devint  vice-chan- 
celier perpémel  &  profeiTeur  de 
diéologie  dans  Tuniverfué  nouvel- 
lement fondée  à  Kiell.  Il  remplit 
ces  deux  emplois  avec  autant  d  ha- 
bileté que  d'application.  Cefàvant 
mourut  en  1694 ,  à  61  ans  ,  avec 
la  réputadon  d'un  honune  auîfi  boa 
citoyen  qu'érudit  profond.  On  a  de 
lui  :  L  Traciatm  de  calumnlls  Paganc-^ 
rum  in  veteres  Chrtfilanos ,  à  Kiell , 
1698  ,  in-4°  :  5>uvrage  curieux. & 
intéreilant  pour  ceux  qui  aiment  la. 
religion.  IL  Traciatus  de  ofif^t  & 
natura  Chrljilanlfmi  ex  mente  Gwti"^ 
lium  ,  Kiell,  16 j^ ,  ii>'4°  :  livre  non 
moins  curieux  que -le  précédent.  III. 
Tractatus  de  perfuutiçmbus  E^çU^ 
primitive  ^  vaerum^ue  Martyrum  cm* 
elatihus,  Kiell,  1689'^  in-4*'.  IV. 
Traelatus  de  ReUg^ne  ^hnlcd  »  M^- 
hummedand  &  /udfued  .,ith^°  ,  Kiell  t 
1^65.  V^  De  X:ujasTO  cni^fix9  i 


K  OT 

JCîdî,  léyS  ,  ïïir4?.  VI.  Di  trimai 
Jmpofionbus  magnis  liber  ,  Edojrdo 
Herbert  ;  Thonut  Hobbe  ^  &  BmtdiBa 
SfMnofae  oppofims  ;  dont  la  meilleure 
é^on  eft  celle  de  170 1 ,  in-4^,  par 
Ifsîoms  éeSihaftkn ,  fils  de  l'auteur. 
Vîl.  Pluûeurs  Traites  de  contro- 
verfc ,  où  les  invcdives  contre  îe 
pape  ne  font  pas  épargnées.  Les 
tittes  Teuls  prouvent  l'extrême  po- 
litdïe  de  Tauteur.  Le  Papi/me  plus 
noir  que  U  charbon  ;  le  Béel\ébub 
lUmain  ;  le  Pape  fchlfmatique  :  tel 
eft  le  frontifpice  de  quelques-uns 
de  {es  livres.  Kurtholt  eft  moins 
cftimable  dans  les  ouvrages  de 
isifonnement,  que  dans  ceux  d'éru- 
dition. 

U.  KORTHOLT  ,  (Chriftian) 
petit-iils  du  précédent  ,  travailla 
avec  Tuccès  au  Journal  4e  Wp^tg^ 
jufqu'en  1756 ,  &mourut  à  la  ileur 
de  fon  âge,  en  1751  ,  profeffeur 
de  théologie  à  Gottingen.  Il  étoit 
auffi  favant  que  fon  grand-pere. 
On  lui  doit  :  I.  Une  édition  des 
leures  latines  de  Làbniix^  *  en  4  vol. , 
des  Lettres  fntnçoifes  du  même  ,  en 
un  êul  vol.  &  d  un  Reeueil  de  di- 
verfes  Pièces  philosophiques  ,  ma- 
^lémaciques  &  faiflonques  de  ce 
pbilorophe.  II.  De- Ecclefiis  fubuT" 
bicariis.  III.  J?e  eatkufiafino  Mtéanu- 
mdîs.  IV.  De  favantes  Dijfertations, 
y.  Des  Sermons ,  &c. 

KORKOU  &  KOUROM ,  Voy. 

GCHAK-GVIR. 

KOTTER  ,  (  Çhriftophe  )  cor- 
soyeiir  de  Sprotaw  en  Siléfie,  fa- 
Qieux  -dans  le  parti  Proteftant  par 
Ses  vivons  chimériques  &  abfurdes. 
Ce  fut  vers  Tan  1620  qu'il  les  mit 
«u  iour.  £n  1625  Omtnius  ayant 
fait  tosnoiflance  ^vec  ce  ibu  ,  fe 
rendit  pronmlgaceur  do  fes  prophé- 
ties. Comme  eUses  annonçotent  4e 
grands  malheurs  à  la  maifon  d'Au- 
triche  ,  &  de  grands  avantages  à 
fes  ennemb,  on  le  mit  au  piloiià 
Bseûaw)  4n  ^627^  &  on  k  bannit 


K  O  u         roç 

éfifuite  des  états  de  l'empereuri 
Cette  petite  correétion  ne  le  cor- 
rigea pas  -,  un  fanatique  peut-il 
changer?  U  pafla  dans  la  Luface, 
&  y  prophëtifa  iufqu'à  fa  mort  ^ 
arrivée  en  1647 ,  à  61  ans.  Ccum-. 
nius  publia  les  délires  decevifio^n* 
naire  ,  &  ceux  de  Drahitha  &  dé 
ChriJHne  Poniatovia  ,  deux  autres 
êinatiques.  comme  lui ,  fous  le  titre 
impertinent  de  Lux  in  tenebris  ,  à 
Amâerdam  ,  1665.  L'édition  de 
1657  eft  beaucoup  moins  ample. 

KOUC,( Pierre)  Vvy.  ICoECK. 

KOULl-KAN  ,  <  Thamas  )  roi 
de  Perfe,  appelé  auiS  Schah-Njt* 
z>XA,  naquit  à  Calot ,  dans  la.pro* 
visce  de  Khorafan  ,  une  des  plus 
Orientales  de  la  Perfe ,  &  fu|ettô 
aux  incurfioas  des  Tartres  Uf- 
becks.  Le  père  de  Nadir  ,  chef 
d'une  branche  de  la  tribu  des 
Afschards  ,  étoit  gouverneur  de  la 
fortereffe  que  les  Afschards- avoient 
bàcie  contre  les  Tartares.  Depuit 
bien  des  années,  ce  gouvernement 
avoit  été  -héréditaire  dans  cette 
fiaunille.  Cettedignitérevenoitdonc 
à  Nadir  f  après  la  mort  de  fon  père  ^ 
qui  le  laifia  mineur.  Son  oncle 
s'empara  du  gouvernement,  fous  ic 
pcétexteif^écieux  d'en  prendre  ibin 
iufqu'à  La  majorité  de  fon  nev«a» 
Nadir  y  né  avec  une  ame  élevée  & 
un  eiprit'  indépendant  ,  ne  voulut 
pas  vivre  fous  un  onde -fi  ii^uile\ 
il  s'expatria.  £tant  allé  en  pèlerinage 
à  Mufchade  dans  le  Khorafan ,  le 
jB^Meg  le  jprtt  à  fon  fervicepour 
ibus-naître  .des  cérémonies.  Le 
gainnemetir^  fut  û  fatisfait  de  fa 
conduite,  ^qu'illui  donna  une  com^  ■ 
pagaie  de  cavalerie.  Sa  bravoutv 
St.  {Jon  habileté  relevèrent  en  peu 
cd'anoées  à  un  grade  fupérieur  ;  il 
ént  fiait  Min>Bafchi  ,  ou  comman^ 
•dam  de  mille  chevaux.  Il*  demeura 
dans  ce  pofle  Jufqu'à  l'âge  de  )z 
ai» ,  fe  âtfant  »mer  de  tous  ceuK 
wrtc  qui  il   fe  £uailiatifoit ,  & 


io6        K  O  U 

cachant  avec  foîn  l'ambitioti ,  fk 
paiHon  dominante.  Il  nç  put  s'em^ 
pêcher  de  la  laiiTer  transpirer  en 
Z720.  Les  Tartares  Usbecks  firent 
une  irruption  dans  le  KhoraÊm , 
avec  un  corps  de  10^000  hommes; 
LeScgfaheg  n'aroitfur  pied  qu'en- 
ynroa  4000  chevaux  &  1000  ùat- 
laffiiB.  Dans  un  con&il  de  guerre , 
où  tous  les  officiers  feifoientfentir 
au  gouverneur  qu'il  y  auroit  de 
l'imprudence  de  fe  rirquer  avec  des 
forc^  û'  inégales  ,  Nadir  s'oflfrit 
pour  cette  expédition  ,  en  répon- 
«lant  du  fuccès.  Le  gouverneur  , 
dtarmé  de  cette  propoôtion ,  le  fit 
général  des  troupes.  Nadir  part  ^ 
rencontre  l'ennemi ,  le  bat ,  &  tue 
de  ùi  main  le  général  des  Tartares. 
Cette  viâioire  donna  un  grand 
hiAre  à  la  gloire  de  Nadir,  Le 
gouverneur  le  reçut  comme  un 
honane  diiHngué  >  &  l'aiTura  qu'il 
avoxt  écrit  en  coiv  pour  lui  ob- 
tenir la .  lieutenanee  -  générale  du 
Xhorafan.  Mais  le  foihlé  Hujfdn 
iê  laifla  pi'évenir  contre  Nadir  , 
par  éss  officiers  jaloux  de  fes 
îuccès*,  &  l'emploi  fut  donné  à  un 
autre ,  parent  du  gouverneur.  Nadir 
piqué  y  ût  des  reproches  au  Beglaheg', 
Sc'ûpouSa  rinfolence  û  loin,  que 
ceieigneur,  qucûque  naturellement 
doux  y  fe  vit  obligé  de  le  caffer , 
après  lui  avoir  fait  donner  la  baf" 
tonna<k  fous  la  plante  des  pieds  ^ 
îufqu'àce<que  les  ongles  des  orteils 
lui  ôifTent  tombés.  Cet  af&ont 
obligea  Nadir  à  prendre  la  fuite  ; 
il  fe  joignit  à  deux  voleurs  de 
grand,  chemin ,  enrôla  des  bandits , 
2c  fe  vit  dans  peu  à  la  tête  de 
500  hommes  bien  momés.  Avec 
ce  corps ,  il  ravagea  tout  le  pays , 
&  brûla  les  maifons  de  tous  ceux 
qui  refiifoient  de  contribuer.  Les 
Aghwans  sétoiem  rendus  maî-K 
très  d'I^ahan  ,  fous  la  conduite 
<de  Magfimuâ  ou  Ma^tmoud  ,  qui 
yenoit  d'envahir  la  Perfe.  Les  Turcs 


K  o  u 

&  les  Moscovites  s'étoient ,  «Tcai' 
autre  côté,  jetés  fur  divers,  ceats^ 
de  la  Perfe  -,  de  forte  que  Schah-^ 
Thomas  ,  léginme  fiiccelTeur  de 
Hujfûn ,  n'avoit  {^us  que  deux  oir 
trois  provinces.  Un  des  généraux 
de  foaarmée  \  dont  il  étoit  mécon- 
tent, fe  retire  fiecrétemem  auprès  de 
Nadir  avec  1500  hommes.  L'oncler 
de  Nadir  y  appréhendant  alors  qu'it 
ne  vînt  le  débrouiller  da  gouverne- 
ment à  main  armée  ,  lui  écrivir 
qu'il  obtiendrok ,  s'il  vouloît ,  le^ 
pardon  de  tout  ce  qu'il  avoit  hit  ^ 
&  qu'il  pourroit  entrer  au  fervice- 
du  roi.  Il  accepta  cette-  ofire  ,  Re- 
parut ,  ^ans  différer  >  pour  Csdot  ^ 
avec  le  général  fugitif,  &  ceii& 
hommes  d'élite.  Il  ^t  ]»en  reça  ^- 
mais  la  nuit  fuivante  il  fit  inveftir^ 
la  place  par  f  00  hommes ,.  &  étant- 
monté  dans  la^  chambre  de  Ibnc^ 
oncle ,  il  le  tua ,.  en  L717.  Schah-^ 
Thamas ,  ayant  befoîn  de  monde  » 
fit  dire  à  Nadir  qu'il  lui  pardon-^ 
neroit  encore  cette  feute,  s'ilvenoi^ 
le  joindre  »  &  qu'il  Icl  feroit  Mio-^ 
Bafchi.  Nadir  ^  ravi  de  cette  pro-. 
pofition ,  fe  rendit  auprès  du  mo-^ 
narque ,  s'excufa  ,  &  promit  beau- 
coup de  fidélité.  Après  s'être  iignalé 
en  diverfbs  rencomres  contre  lest 
Turcs ,  il  fut  fait  lieutenant-général. 
Il  ûit  m^e  il  bien  s'infinuer  dan» 
l'efprit  du  roi  ^  &  rendre  fufpeéè 
le  général  de  fes  troupes,  que,  ce 
dernier  ayant  eu  la.  tête  tranchée^ 
Nadir  fut  fait  général  au  commen-*. 
cernent  de  l'an  1729.  Alors  il' dé^ 
ploya  toute  l'étendue  de  fes  talens. 
Le  roi  fe  repofa  ûa  lui  de  toute» 
les  affaires  militaires.  Dans  le  moi» 
d  Août  de  cettQ  année  ,  Thomas 
apprit  q}i*4fihrt^\,  fiiccefTecir  de 
Magkmuii\t  s'avançoit  avec  30,000 
hommes  vers  le  Khorafân  ;  Nadif 
marcha  contre  lui  :  la  bataille  fo 
doima  ,  &  jifchruff  y  syant/jperàm 
1 1,000  hommes ,  fe  retira  àlfpahaii 
avec  envixoaie  ti^ers  de  £op.  uméfi^ 


KOU 

Ce  fut  alors  que  Thomas  fit  à  fon 
gtnéral  le  plus  grand  honneur  qu'un 
roi  de  P«rfe  puiffe  faire.  Il  lui  or- 
tionna  de  porter  fon  nom ,  de  forte 
qu'il  fut  nommé  Thamas-Kv u  om 
KoVLi  ,  PEfclave  de  Thamas^tny 
ajoutant  le  mot  Kan  ,  qui  fignifie 
Seigneur.  L'efclave  voulut  bientôt 
être  le  maître  ;  K&uR^Kan  excita 
une  révolte  contre  Thomas^  le  fit 
enfermer  dans  une  prifon  obfcurc; 
&  ayant  tiré  du  férail  un  fils  de 
ce  prince  qui  étoit  encore  au  ber- 
ceau ,  il  le  plaça  flir  le  trône. 
KouB^Kan  fut  le  premier  qui  lui 
prêta  ferment  de  fidélité,  8c  tous 
les  autres  officiers  fuivirent  fon 
exemple.  Quand  on  eut  remis  ce 
roi  ênhtit  dans  le  berceau ,  il  fit 
trois  ou  quatre  cris.  KouU-Kan 
|oua  alors  Une  plaifante  comédie. 
U  demanda  aux  aififtans  s'ils  en- 
tendoient  ce  que  vouloit  le  nou- 
veau roi  ?  &  quelques  uns  d'entre 
eux  ne  fâchant  que  répondre ,  il 
leur  dit  :  Je  vais  vous  t'apprendrei 
J'ai  reçu  de  Dieu  le  don  d* entendre  le 
engage  des  enfans^  ht  Prînte  nous 
rtdemande  les  provinces  que  les  Turcs 

ont  envahies Oui  ,    mon  Prince  > 

(  clouta- t-il  ,  en  touchant  la  tête 
de  !'en£int ,  )  nous  irons  bientôt  tirer 
ra^fon  du  Sultan  Mahmoud ,  &  ,  s'il 
piaù  à  Dieu ,  nous  vous  ferons  manger 
des  raifins  de  Scutari ,   &  peu^étre  de 

ConflanùnopU ,.   KOULI  -  Kan  , 

déclaré  régent  pendant  la  minorité 
du  jeune  prince,  alla  faire  la  guerre 
aux  ennemis  de  Tempire.  Il  gagna 
plttfïeurs  batailles ,  dont  la  p^us  mé- 
morable fut  celle  d'Erivan ,  livrée 
le  28  Mai  173  c.  Les  Turcs  per- 
dirent, dans  cette  journée ,  plus  de 
^o  mille  hommes  ,  &  le  général 
qui  les  commandoit.  La  conquête 
de  plufieuts  provinces  fut  le  fruit 
de  tant  de  fUccès.  La  couronne  de 
Perfefiit  alors  déférée  au  vainqueur 
par  tous  les  grands  de  l'empire. 
>  S  partit  au  mois  de  Décembre  , 


KOU        107 

aveè  une  armée  de  plus  deSo,ooo 
hommes ,  ayant  laiffé  fon  fils  Be^m- 
Kuil-'Mtrla  pour  commander  dans 
Ifpahan  ,  pendant  fon  abfènce ,  & 
il  prit  Kandahar  après  un  fiege  de 
18  mois.  Quelques  mintfires  de 
Mahommed'-Schah  ,  empereur  du 
Mogol  ou  de  rindoftan ,  écrivirent 
à  KouÛ-Kan^  pour  l'inviter  à  s'cf»- 
parerd'un  empire,  dont  le  monttr- 
que  indolent  &  voluptueux  n*étok 
pas  digne.  Dès  que  le  toi  dePerfè 
eut  pris  fes  furetés ,  il  ne  fe  refiiû 
pas  à  cette  conquête ,  fi  conforme 
à  fon  inclinadon.'Après  avoir  pris 
les  villes  de  Ghorbundet  &  de 
Choznav^ ,  il  tira  droit  à  Cabol  , 
capitale  de  la  province  du  même 
nom  ,  &  frontière  de  Tlndofbn  ; 
KouU-Kan  la  prit ,  &  il  y  trouva 
d'immenfes  richefies.  Il  écrivît  au 
grand-Mogol ,  »♦  que  tout  ce  qu'il 
>♦  venoit  de  faire  ,  étoit  pour  le 
»♦  foutien  de  la  religion  de  Tcm- 
M  pereur  ♦«.  Mahommed  ne  réponrHt 
à  cette  lettre  qu'enlevant  des  troupes. 
KouFt-Kan  envoya  un  Jecond  am-^ 
baffadeur  pour  demander  environ 
100  millions  de  notre  monnoîe  , 
avec  quatre  provinces.  L'empereur 
trop  nonchalant ,  &  trahi  par  fes 
miniftres ,  ne  fit  aucune  diligence. 
Pendant  ces  tergiverfations ,  lePer- 
fan  fe  rendoit  devant  Pishor ,  dont  il 
s'empara  ,  après  avoir  défait  un 
corps  de  7000  hommes  campés 
devant  cette  place, au  mois  de  No- 
vembre .1738.  Le  19  Janvier  fai- 
vant ,  il  fe  vit  maître  de  Lahor. 
Enfin  ,  l'armée  du  grand-Mogol 
s'ébranla  ,  &  le  monarque  partit 
de  Delhi  le  18  Janvier,  Koull-Kan 
alla  au-devant  de  lui.  Son  armée 
étoit  d'environ  16,000  hommes  à 
cheval.  Il-  alla  camper  à  une  petite 
diftance  de  l'armée  ennemie.  Le 
combat  fe  donna ,  &  le  Perfan  rem- 
'  porta  une  viftoire  complète  ,  quoi- 
qu'il n'eût  fait  agir  qu'une  partie  de 
fes  troupes,  La  confternation  &  U 


K>g       ,K  O  U 

«erreur  fe  répaodirent  dans  te  camp 
de  r«mpereur.  On  tint  un  conieil , 
&  on  fit  £ûre  des  proportions 
d-'accoflunoderaent  à  Kouli  -  Kan  , 
qiû  exigea  qu'avant  toutes  chofes 
le  grand-Mogol  vint  s'entretenir 
avec  lui  dans  fon  camp.  L'empe- 
«eur  fit  ce  qu'on  demandoit  de  lui  ^ 
&  après  que  le  roi  de  Perfe  l'eut 
^t  aiTeoir  à  côté  de  lui  dans  le 
iaême  fiege ,  il  lui  parla  en  maître 
&  le  traita  en  (ujet*  Il  ordonna 
cnfiiite  à  un  détachemeitt  de  cavar 
ierie  de  s'emparer  de  toute  Tar- 
tillene  du  grand-Mogol ,  de  d'en- 
lever  tous  les  tréfors ,  les  joyaux  , 

6  toutes  les  armes  &  les  munitions 
ide  l'empereur  &  des  émirs^  Les  deuK 
monarques  fe  rendirent  enfjuite  à 
Delhi ,  capitale  de  l'empire,  &  ils 
y  arrivèrent  avec  leurs  troupes,  le 

7  Mars  1759.  Le  vainqueur  enferma 
2e  v^ncu  dans  une  pnfon  konora- 
I»Ie,  &  fe  fit  proclamer  empereur  des 
Iodes*  Tout  fe  pafla  d'abord  ^avoc 
Iteaucoup  de  tranquillité  ;  mais  une 
taxe  que  l'on  mit  Air  le  blé ,  caufa 
na  grand  tumulte ,  &  quelques-uns 
des  gens  du  roi  de  Perfe  fiirent 
.filés.  Le  lendemain  ïi ,  le  tumulte 
ê3£  plus  grand  encore.  KouG-Kan 
monta  à  cheval ,  &  en^^oya  un  gros 
détachement  de  fes  troupes  pour 
«ppaifer  le  tumulte ,  avec  permiffioïi 
^  Éaire  main-baffe  fiir.  les  fédi- 
lieiBE  ,  après  avoir  employé  la 
douceur  &  les.nienacos.  Le  roi  de 
Ferfe  s'étant  rendu  dans  une  mof* 
quée  ,  y  fut  attaqué  à  coups-  de 
pierres  ;  on  tira  même  fur  lui.  Ce 
jnrince,  fe  livrant  alors  à  toute  fa 
fureur,  ordonna  im  mafiacre  géné- 
ral. Il  le  fitceffer  enfin  :  mais  ayant 
àxBtè  depuÎA  8  heures  du  matin 
,}ufqu'à  trois  heures  après  midi ,  il 
y  eut  im  fi  grand  carnage ,  que  l'on 
compte  qu'il  y  périt  au  moins 
110,000  habttans.  Pour  fe  délivrer 
4'un  hôte  fi  formidable ,  il  s'agiffoit 
4te  lui  payer  lfi9  &tinoies  ^  lui 


KOU 

avoient  été  promifes  :  KouSs^Keof 
eut ,  pour  fa  part ,  des  richefles 
immenfes  en  bijoux ,  en  diamans.. 
Il  emporta  beaucoup  plusdetréfor^ 
de  Delhi ,  que  les  Ëfpagnols  n'ea 
prirent  à  la  conquête  du  Mexique. 
Ces  tréfors ,  amalTés  par  un  bri- 
gandage  de  plufieurs  fiecles ,  fiirent 
enlevés  par  un  autre  brigandage» 
Le  palais  feul  de  l'empereur  iea«- 
fermoir  des  tréfors  inefiimables.  La 
falle  du  trône  étoit  revêtue  de 
lames^d'or ',des  diamansenomoîeat 
le  platicmd.  Douze  colotmes  d'or 
vasSMy  garnies  de  perles  &  de 
pierres  précieufes,  formoient  trois- 
cdtés  du  trône ,  dont  le  <dais  fur- 
tout  étoit  digne  d'attention  *,  il  re- 
préfentoit  la  figure  d'un  paon  qui  ^ 
étendant  fa  queue  &  fes  ailes,  cou- 
vroit  le  monarque  de  fon  ombre» 
-Les  diamans  ^  les  rubis,  les'éme» 
raudes  ,  toutes  les  pierreries  dont 
ce' prodige  de  l'art  étoit  compofé  ^ 
repr^emoient  au  naturel  les  cou* 
leuKsdecet  oifeau  brillant.  On  £ak 
monter  le  dommage  que  cauCa 
cette  irruption  .des  Perfes  ,  à  ixf 
millions  de  livres  fierlings.  Un 
Dervis,  touché  des  malheurs  de  £a 
pcltrie ,  ofa  prcfenter  à  KouB-Kart 
U'  requête  fui  vante.  »»  Si  tu  es  Dieu  , 
»»  agis  en  Dieu  ;  fi  tu  ts  Prophète  ^^ 
vt  eondiùs-nous  dans  la  voie  du/alut  i 
*y  fi  tu  es  Roi ,  rends  les  pétales  keu- 
>»  reux  ,  &nc  Iss  détruis  pas,,.  K.ouU" 
w  Kan  répondit  :  Je  ne  fuis  pas 
n  Dieu  ,  pour  agir  en  Dieu  ;  ni  Pro- 
y>  phete  pour  montrer  le  chemin  du 
»♦  falot  ;  ni  Roi  ,  pour  rendre  lespett^ 
»  pies  heureux.  Je  fats  Cejluï  que 
»r  Dieu  envoie  contre  les  Nations  fur 
»♦  lefquelUs  il  veut  faire  tomher  fa 
vt  vengeance  «t.  Le  monarque.  Perfan  , 
qui  étoit  en  droit  de  tout  exiger 
de  Mohammed ,  finit  par  lui  deman- 
der en  mariage  une  princefie  de  fon 
fang  pour  fon  fils,  avec  lacefiion 
de  toutes  lesprovincesfituées  au-delà 
de  U  tiviere  d'Ateck  ^  de  celle  de 


KOXI 

Tlodus  ,  du  côté  de  la  Pei^ 
Mahommed  conientit  à  ce  démem- 
brement, par  un  aûe  figné  de  fa 
fliain.  Kouh'Kan  fe  contenta  de  la 
ceffion  de  ces  bdles  provinces  qui 
étotent  contiguës  à  fon  royaume 
de  Perfe ,  &  les  préféra  fagement 
à  Ats  conquêtes  plus  vailes ,  qu'il 
eût  cet^ervées  difficilement.  11 
laifla  le  nom  d'empereur  à  Mahcm-' 
nted-,  mais  il  donna  le  gouverne- 
ment à  un  vice-roi.  Comblé  de 
gloire  &  de  richeifes ,  il  ne  longea 
plus  qu'à  retourna:  en  Perfe.  Il  y 
arriva  après  une  marche  pénible  , 
qui  fut  travetfée  par  pluiîeurs  obf- 
tades  que  fa  valeur  &  fa  fortune 
furraonterent.  Ses  autres  exploits 
font  peu  connus.  {Foy«î  Maho- 
met ,  n**  Vï.  )  11  ftit  maffacré  le 
S  Juin  1747  >  par  Makomed  ^  go^A" 
vemeur  de  Tawus ,  de  concert  avec 
Àû  KauII^Kan  ,  neveu  de  Tkamas , 
qui  fe  fit  proclamer  roi  de  Perfe. 
^  Les  afli^ins  (  dit  un  hidorien 
M  Perfan  )  firent  une  balle  de 
»»  pamne  de  cette  tête  que  l'univers 
m  peu  de  temps  auparavant  n'étoit 
^  pas  capable  de  contenir.  ^  Ses 
trob  fils  &  16  autres  princes  du 
façg  royal ,  fur^Rt  égorgés  le  même 
Jour.  Àii^  mourut  ce  prince,  auffi 
brave  C[d*Alexandn ,  auffi  ambitieux , 
mais  bien  moins  généreux  &  bien 
moins  himiûn.  IFoy.  Bovgain* 
TILLE.  ]  Ses  conquêtes  ne  furent 
marquées  que  par  des  ravages. 
Point  de  villes  réparées  ou  bâties  -, 
point  de  grands  établiffcmens.'  H 
ne  fut  enfm  qu'un  illuflre  icélérat. 
11  aimoit  à  l'excès  les  femmes ,  fans 
négliger  les  affaires.  Pendant  la 
guerre,  ilvivoil  comme  unfimple 
foldat  -,  dans  la  paix  il  n'étoit  pas 
moins  frugal.  Sa  taïHe  étoit  de 
6  pieds  ,  fa  conôitution  fort  ro- 
birfle  -,  &  fa  voix  extrêmement 
fort».  Quant  à  fa  religion  ,  il  n'en 
eut  aucune.  Son  premier  aâe  d'au- 
-torité  «  en  montfmt  fur  le  trône  ^ 


K  O  U        109 

fitt  de  s^emparer  de  la  plus  grande 
partie  des  biens  des  mintfbres  de  ^ 
la  religion.  U  demanda  peu  de 
temps  après  ,  une  traduâion  en 
langue  perûine ,  de  la  Bible  &  de 
l'Alcoran.  Les  millionnaires  Euro- 
péens ,  les  Rabbins  &  les  Mollas 
travaillèrent  à  ces  ouvrages.  Lod^ 
qu'ils  furent  achevés  ,  les  traduc- 
teurs lui  en  firent  la  leéhire  d'une 
partie.  U  plai&ntafiir  lesmyfieres 
de  la  religion  Qu'étieni^e ,  fe  mo^ 
qua  de  celle  des-  Juifs ,  tourna  Ma^ 
homet  &  Ali  en  ridicule.  Ënfuite  il 
fit  enfermer  les  traduâions  des  li- 
vres facrés  des  Chrétiens  &  des 
Mufulmans  dans  une  eafiette ,  difanc 
qu'il  donneroit  bientôt  aux  hom-> 
mes  une  religion  beaucoup  meil- 
leure. Mais  les  af&ires  de  Per& 
ne  permirent  pas  heureufement  à 
ce  defpotè  d'exécuter  un  projet  qut 
auroit  été  une  fource  de  cruauics 
&  d'erreurs  nouvelles.  Ce  prophète 
guerrier  Y  ennemi  de  la  contradic- 
tion ,  auroit  fans  doute  fait  recevoir 
les  rêveries  à  coups  de  fabre.  Un 
des  chefs  des  minîfires  de  la  veti*- 
gion  de  Perfe  ^  lui  ayant  voulu 
représenter  qu'il  n'appartenoit  pas 
au  prince  d'innover  en  madère  de 
dogme ,  KonÛ'-Kan  ne  lui  répondit 
qu'en  le  faifant  étrangler.  La  crainte  ' 
qu'il  in^iroit  étoit  telle ,  qu'à  fou  y 
retour  des  Indes ,  au  milieu  même 
de  la  marche  ,  il  ofa  commander 
à  fes  foldacs  de  remettre  dans  Ion 
tréfor  tout  ce  qu'ils  avoient  pillé 
dans  cette  expédition  *,  &fes  foldats 
obéirent.  Il  fe  contenta  de  Êûre 
difiribuer  à  chacun  d'eux  »  cinq 
cens  roupies  9  &imefomme  un  peu 
plus  forte  aux  officiers ,  qui  reçurent 
îans  fe  plaindre  cette  foible  récom- 
p^ife  de  leurs  travaux  &  de  leurs 
fetigues.  Foyei  lextrait  hâfiorique 
qui  efi  à  la  fin  de  NadÎTy  tragédie, 
par  M.  Dtéiffon  ,  repréfentée  en 
1780.  On  a  une  Hifttired^ThamaS'- 
KouU^Km^  traduite  d'un  manufcri^ 


Tto       K  R  A 

Pcfûn  y   par  M.  WîUlams^ Jones  \ 
membre    du  collège  d'Osbbrd  , 

KRACHENINNIKOW  ,  né  en 
1713  »  &it  du  nombre  des  jeunes 
élevés  attachés  aux  profiefleurs  de 
Tacadémie  de  Saint-Pétersbourg. 
Cette  compagnie  ayant  envoyé 
qoeiques-uns  de  fes  membres  au 
Kamtchatka  par  ordre  de  l'impéra- 
trice «  en  17^3,  pour  donner  une 
relation  de  ce  pay»  ,  le  jeune 
Krachénuimkûw  fuivit  le  pro&âeur 
dlûAoire  naturelle.  Il  en  revint  en 
1743 ,  avec  un  grand  nombre  d'ob* 
iervations.  L'académie  le  nomma 
adjoint  en  1745 ,  &  profefleur  de 
botanique  &  d  hifloire  naturelle  en 
1753.  Il  mourut  en  1755  *,  il  avoir 
éoé  chargé  par  fa  compagnie  de* 
dieÛcr  la  Relation  des  découvenes 
des  académiciens ,  &  de  la  combi- 
ner avec  celle  de  M.  SulUn  qui 
ëtoit  mort  &l  1745.  C'eft  cet  ou- 
vrage, écrit  avec  beaucoup  de  fin* 
cérité  &  d'ezaéibitude ,  dont  la  tra- 
dufbon  forme  le  2**  vol.  du  Voyage 
de  Sthiiîe  de  l'abbé  a\Apj^  à'Auu>^ 
roche  ,  à  Paris  ,  1768,  2  tom.  en 
3  vol.  in-4°  avec  figures  »  magnir 
£quement  exécuté, 

KRANS.  Voye{  Causius. 

KRANTZ,  Voyei  Fjscset. 

KRANTZ  ou  C&ANTS ,  (Albert) 
doyen  de  l'églife  de  Hambourg  » 
fa  patrie  y  fut  employé  dans  di- 
verfes  négociations  ,  &  s'en  acquitta 
avec  autant  d'intelligence  que  de 
zèle.  Il  étoit  l'arbitre  des  difSérens , 
la  reflburce  des  pauvres  ,  fiç  l'e- 
xemple de  ion  chapitre.  Cethonune 
cftimable,  parvenu  à  la  vieiUeâfe, 
mourut  le  7  Décembre  1517  , 
laifTam  pli^urs  ouvrages.  Les 
-plus  connus  font  :  I.  Chronica  ng^ 
norum  AqvUomùruai  Danitt ,  Succue , 
NorwegUt  ;  ArgentoratL  ,  154^  » 
in-fol.  réimprimée  à  Francfort  dans 
le  même  format ,  par  les  foins  de 


K  R  A 

SaxotdM  gmtU  vetuftâ  orlgfne^  >  9 
Francfort,  in-fol. ,  en  i  J75, 1 580— » 
1581.  m.  WandaUa ,  iive  Hlfioria 
de  Vandalorum  origine  i  Cologne  » 
1 600 ,  in-fol.  réimprimée  avec  plus 
de  foin,  en  1619  ,  à  Fsancfort, 
in-fol. ,  par  WecheL  IV.  hUtr*,folis  . 
five  HiftorU  EecUfiafiica  de  Saxonla, 
1575—90  &  i6i7  »  à  Francfort, 
in-fol.  £ile  ne  r^^arde  que  THif* 
toire  de  'Weflphalie  &  de  Jutland. 
Tous  les  ouvrages  de  cet  auteur 
offrent  beaucoup  de  recherches  ^ 
mais  il  fe  perd  dans  les  origines 
des  peuples  ,  ainû  que  ceux  qui 
avant  lui  s'étoient  mêlés  de  dé- 
brouiller ce  chaos.  Krant^  ,  plus 
(avant  que  cridque  ,  a  beaucoup 
de  penchant  pour  les  Êibies  ,  & 
pour  les  Êibles  les  moins  vraifcm- 
blables.  Il  eft  d'ailleurs  accufé  dé 
plagiat.  On  dit  dans  fon  Epitaphe 
qu'/7  ctoU  trts-éloquent  ;  cela  ne  paroit 
guère  par  (es  livres*  ^oy«^-en  la 
lifte  détaillée  dans  le  38^  vol.  des 
Mémoires  du  P.  Nlceron.  ' 

KRAUSEN ,  (  Ulric  )  habUe  gra- 
veur Allemand ,  dont  nous  avons 
l'ancien  &  le  nouveau  Tefiament 
très-élégammem  exécutés  entaille- 
douce.  La  déliccjteiïie  des  figures 
&it  rechercher  le  recueil  qu'on  ea 
fit  à  Ausbourg  ^  en  2  vol.  in-fol. , 

1705.  Les  Epitres  &  Evangiles  font 
gravées  féparément»  i  vol.  in^foL., 

1706.  L'explication  étant  en  alle- 
mand ,>  cet  ouvrée  ne  peut  êtr^ 
recherché  d'un  François  qu'àcaufe 
de  la  besoité  des  gravures. 

KRETZCHMER,  (Pierre)  né 
dans  le  Brandebourg,  vers  1700» 
coafcdller  des  domaines  du  roi  de 
Prufie,  mort  en  1764,  à  65  ans, 
fe  diitingjaa  par  fa  patience  labo- 
rieufe^  &  fa  fagacité  en  fiait  d'é- 
conomie &  d'agriculture.  Il  fit  un 
grand  nombre  d'expériences  fur  ces 
matières  *,  une  des  plus  curieuies  e(t 
celle  qull  développa  dans  un  Af<- 
mo^.^  ^  fujet  del4  multiplication 


K  R  O 

teraordlnaîre  d'un  ^ain  d'ôrge. 
Ce  fixt  en  marcottant  les  tiges  d'une 
toufiSe  d'herbe  produite  par  ce  grain 
iemé  au  printemps,  &  tranfplantées 
ailleurs ,  qu'elles  produifîrem  d'au- 
tres touiSes  -,  &  alnû  de  fuite,  par 
le  même  procédé ,  ce  graîa  d'orgt 
produtjit  j^jfqu'à  1)000  ipis^  Cette  cul- 
lure  demande  trop  de  bras  pour 
être  d'une  utilité  générale.  Ce  même 
auteur  avoit  tenté  d  introduire  en 
Pniile  le  labourage  à  deux  char- 
rues ;  il  le  propofa  dans  un  autre 
Mémow,  L'idée  n'étoit  pas  neuve  : 
OUvler  de  Seris  en  parle  dans  fon 
Thèatxe  d'Jffiaiùure  i  mais  cette 
idée  eA  une  de  celles  qui  font  plus 
avantageiifes  dans  la  théorie  que 
dsns  la  pratique. 

L  KROMAYER,  (Jean)  né  en 
2576 ,  à  Dolben  en  MiTnie  ,  fut 
Biiniftreà  Eiileben,  prédicateur  de 
la  duchefle  douairière  de  Saxe ,  & 
enfin  furintcndant  à  'W^eimar ,  où 
il  mourut  en  1643 ,  à  67  ans.  On 
a  de  lui  :  I.  Harmonia  Evangtllfta-' 
nm,  IL  H'tfijntt  EccUfiaftlcA  corn- 
pauEkm.1ÏL  Une  Paraphrafc  e^mée 
fur  JérémU  &  fur  les  Lamentations  : 
die  (é  trouve   dans  la  Bible  de 

IL  KROMATËR ,  <  Jérôme  )  ne- 
veu du  précédent,  né  à  Zeitieni6io, 
mon  en  1670 ,  à  60  ans  ,  à  Leipzig , 
cù  il  étoit  profefTeur  en  hiûoire , 
en  éloquence  &  en  théologie ,  eut 
une  pUÎme  laborieufe  &  féconde. 
Entre  les  nombreux  ouvrages ,  nous 
citerons  feulement  :  I.  Theologia  Po^ 
fidvo-Polemka,  IL  HifiorU  Ecclefiaf^ 
tica,  m.  PolymathlA  Theolog,  Ôcc. 

KROUST,  (Jean-Marie)  Jéfuite , 
fut  profefleur  de  théologie  plu- 
fieurs  années  à  Strasbourg  ,  puis 
confeiTeur  de  mefdames  de  France , 
&  travailla  quelque  temps  aux  Jour» 
1UMX  de  Trévoux,  On  a  de  lui  un 
ouyiage  «n  ladn ,  en  4  vol.  iii-S'* , 
intitulé  Jnj&tMÙs*  Cknconan ,  Aus* 
kour^; ,  1767.  Ce  font  des  médi- 


K  R  O        iir 

tstîoiis  pour  tous  les  jours  de 
l'année,  très-propres  à  former  les 
prêtres  à  la  fainteté  de  leur  é^', 
&  au  minifiere  de  la  chaire.  Il  m 
encore  donné  un  vol.  in-S^  coo- 
tenant  une  RetraUe  de  huit  jours  « 
à  l'ufage  des  ecdéfudtiques  *,  réim- 
primée à  Frtbourg  en  Brifgaw  , 
Z765.  On  trouve  dans  ccsr  livres 
le  lainage  onâueux  de  1  Ecrinne 
&  des  Pères.  Il  ne  feut  pas  juger 
de  ce  Jéfuite  par  ce  qu'en  dit  Vsdt^bpt 
qui  avoit  eu  à  fe  plaindre  de  ha  , 
ou  plutôt,  qui  étoit  mécontent  da 
zele  qu'il  montra  contre  ies  opî« 
nions  erronées* 

KRUG£R,  (Jean-Oiriden)  né 
à  Berlin  de  parens  pauvres  ,  mon 
à  Hambourg  ,  en  1750  ,  âgé  de 
28  ans ,  iâi  diitingué  fur  la  fcens 
comme  aâeur  &  comme  poeie.  U 
eft  à  préfumer  qu'il  auroit  con- 
tribué à  illuflrer  le  théâtre  Alle- 
mand, û  les  travaux  qu'exigeoient 
de  lui  fa  qualité  d'aâeur  &  fou 
état  de  médiocrité  ,  ne  l'cuffaoi 
obligé  à  entreprendre  des  traduc- 
tions ,  &  fi  la  mort  ne  l'eût  fui:pris 
à  la  fleur  de  fon  âge  ,  ainfi  que 
Schlegel  &  Cronegh  ,  autres  auteurs 
dramatiques  du  même  pays.  Outre 
la  Traditaion  allemande  du  Théden 
de  Marivau»^  on  lui  doit  un  recueil 
de  Poifies ,  imprimé  à  Leipzig  : 
les  ouvrages  qu'il  contient  font  des 
Poéûes  diverfes ,  des  Prologues ,  & 
fur-tout  des  Comédies  ,  dont  lek 
principales  font  :  l'Epoux  aveugle^ 
les  Candidats ,  &  le  ZHic  AùckeL 

KUHLMAN ,(  Quirinus)  naquit 
à  Breflaw  en  Siléûe  avec  un  efpric 
fage  &  pénétrant.  Une  maladie  dé- 
rangea ies  organes  à  l'âge  de  iS 
ans ,  &  il  fîit  un  des  plus  grands 
vifionnaires  de  fon  pays  &  de  fon 
fiecle.  Il  fe  crut  infpiré  de  Dieu  ; 
il  s'imagina  être  dans  un  globe  de 
lumière  qui  ne  le  quittoit  jamais  ; 
il  ne  voulut  recevoir  aucune  leçon , 
parce  que  ,  difoit-il ,  h  Saint-E/prk  ' 


II»        KIT  If 

étottfon  makn.  Cet  infortuné ,  qu^l 
aoroit  £illu  eniiermer,  fut  brûlé 
l'an  16S9  ,  en  Mofcovie  pour  quel- 
ifues  prédiéhons  fédttieués.  H  avoit 
parcouru  auparavant  l'Angleterre, 
la  France ,  l' Allemagne ,  rOri<:nt  ; 
&  malgré  la  facilité  de  TeTprit  hu- 
main à  adopter  toutes  les  extrava- 
gances ,  il  ne  fit  pas  beancoup  de 
profélytes.  On  a  de  ce  vifionnaire 
quelques  écrits  pleins  de  rêveries 
les  plus  abfurdes.  Il  en  préparoit 
un ,  qu'il  devoit  intituler  :  La  CUf 
àt  /'Eternité  &  du  Temps  ;  c'étoit 
la  fuite  d'un  ouvrage  qu'il  avoit 
publié  en  1674  à  Leyde  ,  fous  le 
titre  de  Prodromus  Qmnquamu  mira* 
huit. 

KUHNIUS,  (Joachim)profef- 
feur  de  Grec  &  d'Hébreu  dans  Tu- 
niverfité  de  Strasbourg ,  né  àGrips- 
valde,  mort  en  1697  à  50  ans, 
kifla  des  Notes  fur  PoUux ,  Paufa- 
mas ,  Elîen ,  Diogenc'Laiérce ,  &  d'au- 
tres écrits  dans  lefquels  on  remar- 
que un  grand  fonds  d'érudition.  Le 
plus  connu  efl  intitulé  :  Qu^e/Uones 
Pkllofophica  ex  facrls  VeterU  6»  Novi 
Teftamend  alufqiu  Scrlptorlbus ,  3  vol. 
in-4° ,  Strasbourg ,  1698. 

KULCZINSKI,  (  Ignace  )  abbé 
de  Grodno  ,  né  à  Wiodimirs  en 
Pologne  l'an  1707  ,  entra  de  bonne 
heure  dans  l'ordre  de  Salnt-Bafik,^  & 
fut  envoyé  à  Rome  en  qualité  de 
procureur-général  de  cet  ordre.  Il 
mourut  dans  fon  abbaye  de  Grodno 
^n  1747 ,  à  40  ans ,  après  s'être 
acquis  une  grande  réputation  par 
fon  Spécimen  Ecclejlz  RutherUca.  On 
a  encore  de  lui ,  en  manufcrit  : 
Opus  de  vuls  SanSorum  ordinif  Dlvi 
Bafilu  magnl ,  2  vol.  in-fol. 

KULPiaUS  ,  (  Jean -George) 
Nj^ofeiTeur  >en  droit  à  Gieilen  ,  puis 
à  Strasbourg,  aflîÂa  au  Congrès 
de  Ryfwick  en  qualité  d'envoyé  du 
duc  de  VT^ittembcrg ,  &  mourut  en 
7698.  Le  plus  efHmé  de  fes  ouvra- 
ges dk  un  Commaucûrc  va-j^^,  fur 


K  UN 

Groàust  fous  le  titre  de  CoUe^wà 
Grijtianum  :  il  eft  favant. 

KUNADUS  ,  (André)  théolo- 
gien Luthérien ,  né  à  Dobelen  es 
Mifnie  Tan  1602  ,  fut  profefleiu-  de 
diéologie  à  "Wittemberg ,  &  minif- 
tre  général  à  Grimma.  Il  mourut  en 
1662 ,  à  66  ans.  On  a  de  lui  :  ï. 
Une  ExplUatlon  de  l'Epîtreaux  Ga* 
lates.  II.  Un  Abrégé  des  lieux  -  com* 
muns  de  théologie.  III.  Des  Dijfer* 
tatlons  fw  la  tentation  au  Déferi  j  — 
Sur  U  Confcjfion  de  S.  Pierre;  — 
Sur  ceux  qui  nffuf durent  au  temps  dé 
la  Prjjion  ,  in-4®  ,  &c. 

KUNCKEL,  (Jean)  né  dans  le 
duché  de  Slefwick  en  1650,  fut 
chimifte  de  Télefteur'  de  Saxe  , 
de  celui  de  Brandebourg ,  &  de 
Charles  XI  roi  de  Suéde.  Ce  mo- 
narque récompenfa  fon  mérite ,  par 
des  lettres  de  noblelfe,  &  par  le 
titre  de  confeiller  métallique.  Kunc" 
kel  mourut  en  1702  ,  à  68  ans  , 
après  avoir  fait  plufieurs  découver- 
tes ,  entre  autres  celle  du  Ph^/pkcre 
d^uîne.  On  lui  doit  encore  plu- 
fieurs nouvelles  opérations  fur  l'art 
de  la  verrerie  ;  une  manière  de 
mouler  des  figures  en  bois  ;  une 
petite  curiofité  chimique ,  qui  con- 
fiée à  marbrer  un  globe  de  verre 
de  difféifentes  couleurs  •,  &  un  pro- 
cédé ingénieux  pour  faire  une  plante 
de  métal.  Parmi  le  grand  nombre 
d  ouvrages  qu'il  a  publiés  en  alle- 
mand &  en  latin ,  on  diitingue  fes 
Ohfervatlon&s  Chymlctt  ,  Londres  , 
1678 ,  in- 12  -,  &  fon  Artd^  la  Ver" 
r:rle  ,"  traduit  en  françois  par  M.  le 
baron  d'Oll>ach  ,  &  imprime  à  Paris 
en  1752,  in-4'*.  Les  chimiftes  qui 
Tavoient  précédé,  avoient  cultivé 
la  chimie  pour  augmenter  les  lu- 
mières de  la  médeciiie  :  Kunchl  en 
fitufege  pour  perteûiontîer  les  arts. 
C'étoit  un  ardfte  qui  avoit  peu  de 
théorie,  mais  qui  portoit  dans  la 
pratique  une  fagacité  &  ime  intel- 
ligence qui  lui  tenoient  lieu  de  £1- 

^  voin 


KUN 

toîr.  Il  s'attacha  ûir-tout  à  fuivre 
le  travail  de  Néri  fur  la  vitrification  *, 
&fes  découvertes  donnèrent  beau- 
coup d'étendue  à  cette  partie  impor- 
cmte  de  la  chimie.  Une  de  fes  ex- 
périences paroît  démontrer  contre 
M  dt  Buffbn  ,  que  l'or  n'eft  pas 
vitrifiable  ;  Kunckel  en  a  tenu  dans 
un  feu  de  verrexie  pendant  plus  d'un 
mois,  fans  qu'il  ait  diminué  d'un 
grain,  ni  reçu  la  moindre  altéra- 
tion. Au  refte  ,  fes  ouvrages  bril- 
lent plus  par  le  détail  de  fes  expé- 
riences ,  que  par  le  ftyle.  11  écrit 
comme  un  artiile  greffier  ,  fans  art 
&  uns  méthode. 

KUNRAHT ,  (Henri)  chimifte  de 
la  feâe  de  Paracdfc  ,  fît  beaucoup 
parler  de  lui  au  commencement  du 
XVII*  fiede,  &  fut^  dit-on,  pro- 
feffcur  en  médecine  à  Leipzig.  Mol- 
Urm  prétend  que  Kunrakt  ctoit  un 
adepte  qmpoffédoit  l^  pierre  phîlo- 
/opÂiz/efll  nous  apprend  lui-même, 
»  qu'il  avoit  obtenu  de  Dieu  le  don 
«  de  difcemer  le  bien  &  le  mal  dans 
M  laclûmie  w.  U  mourut  à  Drefde 
«n  1607.  On  a  de  lui  plufieurs  ou- 
vrages d'une  obfcurité  impénétra- 
ble, qui  ne  fervent  qu'à  montrer 
le  ànatifine  ou  la  charlatanerie  de 
leur  auteur  ;  &  que  s'il  avoit  obtenu 
de  Dieu  le  don  du  difcerneméht , 
il  n'avoit  pas  reçu  celui  de  la  raifon 
&  du  bon  fens.  Les  curieux  recher- 
chent fon  Amphîtheatrum  Sapientùe 
tttemA ,  ChrîfiianO'caialijUcum  ,  Di-' 
vliuhma^cum  ;  Hanovis  ,  1619 ,  in- 
6>1.  On  y  mit  un  nouveau  titre  en 
1653.  Ce  livre  fut  cenfuré  par  la 
^cidté  de  théologie  de  Paris.    . 

KUSTER,  (Ludolphe)  né  à 
Blomberg  dans  le  comté  de  Lippe 
en  1670 ,  du  premier  magiftrat  de 
cette  ville,  fe  diftingua  de  bonne 
heure  par  l'étendue  de  fa  mémoire. 
Après  avoir  achevé  l'éducation  des 
fnfans  du  comte  de  Schwerln ,  pre- 
nûer  miniibre  du  roi  de  Pruffe ,  il 
voyagea  en  Angleterre  &  en  France. 

Tqtiu  V. 


KUS  113 

De  retour  à  Berlin,  le  monarque 
Pruffien  le  fit  fon  bibliothécaire  \ 
mais  le  féjour  de  cette  ville  lui 
étant  défagréable ,  il  fe  retira  en  Hol- 
lande. Réduit  à  une  extrême  mifere , 
il  fe  rendit  à  Paris ,  où  l'abbé  JBlgaon^ 
fon  ancien  ami ,  Tinvitoit  de  venir. 
Les  follicitations  de  fon  proteûeur, 
jointes  aux  réflexions  qu'il  avoit 
faites  fur  la  néceiTité  de  reconnoitre 
une  Eglife  dont  l'autorité  infaillibU 
mît  fin  aux  controverfes ,  l'enga- 
gèrent à  fe  feire  Catholique.  La  cé- 
rémonie de  fon  abjuration  fe  fit 
le  25  Juillet  171 3.  Kufier  jouit  alors 
de  la  faveur  &  des  diftinâions  que 
pouvoit  cfpérer  un  fàvant  &  un  nou- 
veau converti.  L'abbé  Blgnon  le 
préfenta  à  Louis  XlTy  qui  le  gra- 
tifia d'uile  peniion  de  2000  liv. 
L'académie  des  belles-lettres  lui  ou- 
vrit fes  portes ,  en  qualité  d'afTocié 
furnuméraire  -,  difliné^ion  qu'elle 
n'avoit  faite  à  perfonne  avant  lui. 
Ce  favant  mourut  peu  de  temps 
après,  le  12  odtobre  1716 ,  à  46 
ans.  On  ne  peut  nier  que  Kufier  ne 
fût  unabyme  d'érudition  ;  mais  font 
mérite  fe  bornoit  là.  Il  étoit  de 
ces  érudits  enthoufiafles  pour  le 
genre  qu'ils  ont  embraffé  >  &  qui 
traitent  toutes  les  autres  fciences 
de  vaines  ou  de  frivoles.  Un  livre 
de  philofophie  le  faifoit  fuir  -,  &  ilf 
croyoit  bonnement  qu'un  homme 
qui  compiloit ,  étoit  fort  au-defTus 
'  d'un  homme  qui  penfoit.  Ayant 
trouvé  im  rw/Vphilofophique  dans 
la  boutique  d'un  libraire  ji  il  le  re- 
jeta en  difant  :  >»  ^Ce  n'eft  qu'imt 
»»  livre  de  raifonnement  :  Non  fie 
n  îmr  ad  afira  «.  U  étoit  d'ailleurs 
d'un  naturel  doux  &  paifible;  mais 
comme  il  n'avoit  pas  lu  dans  le 
grand  livre  du  monde,  fes  manières 
étoient  un  peu  rebutantes.  Ses  ou- 
vrages les  plus  eftimés  font ,  I.  une 
Edition  de  Suidas ,  à  Cambridge ,  en 
grec  &  en  latin ,  en  1705 ,  formant 
3  vol.  in-foL  Cet  ouvrage  deman^ 

H 


114       KUS 

doit  une  prodigieufe  le£^iirc  :  Tau- 
teur  n'épargna  rien  pour  le  rendre 
parfait  en  fon  genre.  C'eft  auffi  la 
meilleure  édition  que  nous  ayons 
du  Lexicographe  Grec.  L'univerfité 
de  Cambridge  récompenfaréditcur , 
en  le  mettant  au  nombre  de  fes 
doâeurs.  La  littérature  Gfecque 
ctoit  ce  que  Kufta^  poffédo'it  le 
mieux.  Il  regardoit  VHlfiolre  &  la 
Chronologie  des  mots  grecs ,  (c'étoient 
fes  expreifions  ordinaires) ,'  comme 
tout  ce  qu'il  y  avoit  de  plus  folide 
pour  un  favant.  IL  Blbllotheca  no- 
vorum  JJhrorum ,  5  vol.  in-S®  :  Jour- 
nal afTez  médiocre,  du  moins  aux 
?'cux  de  nos  littérateurs  François* 
1  commença  en  Avril  1697,  & 
^nit  avec  Tannée  1699.  L'auteur 
s'étoit  aflbcié  »  pour  ce  travail , 
Henri  Sikc.  IIL  Hljîoria  critlca  Homeriy 
1696 ,  in-8° ,  curieufe.  11  fe  cadia , 
dans  ce  livre  &  dans  le  précédent , 
fous  le  nom  de  Neocorous^  quifignifie 
en  grec ,  Sacriilain.  Kuftcr  a  la  même 
fignification  en  allemand.  IV.  Jam" 
fUcus  jdc  vitd  Pithagora ,  à  Amfler- 


KYR 

dam  ,  en  1707  ,  in-4**.  V.  NovuÎH 
Tcftamentum^  en  grec,  I710  ,  Amf- 
terdam ,  in-fol.  avec  les  variantes 
de  Mil!  y  augmentées  &  rangées  dans 
un  ordre  méthodique.  VI.  Une  belle 
édidon  à* Arîfiophne  en  grec  &  en 
latin,  1710  ,  in-fol.  Voye^l.  Aris- 

TOPHANI. 

KYRLE,  (Jean  )  homme  bien- 
foifant  d'Angleterre ,  dont  le  nom 
mérite  de  paffer  à  la  poftérité.  H 
étoit  né  à  RofF,  périt  bourg  de  la 
province  d'Héréford  ,  &  il  mourut 
en  1724  ,  à  90  ans.  Avec  un  re- 
venu de  500  guinées  au  plus,  il 
fit  plus,  que  beaucoup  de  princes  r 
il  défricha  des  terres ,  pratiqua  des 
chemins  fevorables  au  commerce, 
bâtit  un  Temple ,  nourrit  les  pau- 
vres de  fon  canton ,  entretint  une 
maiibn  de  charité ,  dota  àes  filles  , 
mit  des  orphelins  en  apprentifïage, 
foulage^  &  p;uérit  des  malades ,  & 
appaifa  les  dmérens  de  Us  voifins; 
C'eft  le  célèbre  Pope  qui  a  fait  con- 
noître  fes  vertus  dans  fon  Epîm 
morale  fur  lUmplçi  tkt  nçhcgcu. 


sBsa 


Laab 


\Ri  Voye{  Làer« 
LABADIE,  (Jean)  fils  d'un  foU 
éat  dé  la  citadelle  de  Bourg  -  en  - 
Gnienne  4  naquit  en  1610.  Les  Jé- 
fuites  de   Bordeaux,  trompés  par 
ù  piété  apparente  &  charmés  de 
fon  efprit  ^   le  revêtirent  de  leur 
habit,  qu'il  garda  pendant  15  ans* 
Quoique  dès-lors  fon  eTprit  don- 
nât dans  les  rêveries   de  la  plus 
folle  myfticit«  ,  il  fut  fi  bien  fe 
déguifer ,  que ,  lorfqu'il  voulut  quit-i' 
ter  la  fociéf é ,  lés  fupérieurs  &  les 
inférieurs  mirent  toUt  en  ufage  poW 
le  retenir.  Labadie  ne  tarda  pas  de 
fe  feire  connoître.  Quelques  mois 
avant  de  ibrtir  des  Jéfuites ,  il  s'a- 
vifa  de  vouloir  mener  la  vie  de 
S,  Jeati'BapuJh  ,    dont  il  Croyoit 
wroit  Teiprit.   II   ne  voulut  plus 
manger  que  des  herbes ,  &  ne  s'af* 
foibUt  pas  peu  la  tête  par  cette  abf- 
tinence*  Après  avoir  parcouru  plu- 
fieurs  villes  de  Guienne ,  il  fut  em-» 
ployé   dans  le  dioCefe  d'Amiens. 
On  lé  croypît  im  Saint  ;  mais  un 
commerce  crimind  avec  une  dé- 
vote ,  &  des  liaifons  plus  que  fuf- 
peftes  avec   des   Bernardines,  dé- 
couvrirent en  lui  un  fcélérat  hy- 
pocrite. L'évêque  d'Amiens ,  [  Cau- 
martin]  alloîtle  faire  arrêter,  lorf- 
qu'il prit  la  fuite.  11  demeura  quel- 
que temps  enfuite  à  Bâïas ,  il  paiTa 
de  là  à  Touloufe  ^  &  par-tout  il 
fe  fit  connoître  comme  «n  homme 
qui  fe  fervoit  de  la  religion  pour 
fatisfaire  fes  pénchans.  Nommé  di- 
teûeur  d'un  couvent  de  Religieufes, 
il  y  introduifit  le  dérèglement  avec 
la  fiauffe  fpiritualité.  Tout  ce  que 
l'on  a  reproché  de  plus  horrible  aux 
difciples  du  Quiétifte  Mollnos ,  il  le 
fcifoit  pratiquer  à  ces  bonnes  filles , 


lôs  excitant  lui-même  par  Tes  ZC'* 
tions  &  par  fes  paroles.  L  archevê* 
que  de  Touloufe ,  informé  de  ces 
défor^dres ,  difperfa  les  relîgieufes 
corrompues  <  &  pourfuivit  le  cor- 
rupteur. Ce  fourbe  alla  fe  cacher 
dans  un  hermitage  de  Carmes  prèa 
de  Bazas  ,  s'y  fit  appeler  Jean  de 
L  C. ,  parla  en  prophète ,  &  y  fe-< 
ma  fon  enthoufiafme  &  fes  détef- 
tablcs  pratiques.  Ses  principales  er- 
i*curs  étoient  les  fuivantes:  I.  »♦  Dieu 
»  peut  &  veut  tromper  lés  hom- 
»i  mes,  &  les  induit  efïeÔivemenfl 
»♦  en  erreur.  11.  L'Ecriture-Sainte 
>»  n'eft  point  nécefïaire  pour  con»* 
«  duire  les  hommes  dans  la  voie  du 
*>  falut;  ni.   Lç  Baptême  ne  doit 
«  être  conféré  qu'à  un  certain  âge  g 
»»  par'ce  que  ce  facrement  marquç 
M  qu'on  ell  mort  au  monde  &  re^ 
»♦  fufcité  à  Dieu.  IV.  La  nouVellei 
1»  Alliance  n'admet  que  des  hom- 
n  mes  fpirituels  ^  &  nous  met  dans 
M  une  liberté  fi  parfeite ,  que  nous 
>♦  n'avons  plus  befoin  ni  de  la  loi  ^ 
>«  ni  de  fes  cérémonies,  V.  11  eft 
w  indifférent  d'obferver,  ou  non, 
«  le  jour  du  repos  ;  il  foffit  que  ce 
»»  )otir-là  on  travaille  dévotement. 
»  VI.  Il  exific  deux  Eglifes  :  Tune 
>»  ou  le  Chriftianifme  a  dégénéré  , 
>4  6e:  l'autre  compofée  des  régéné-p 
»  rés  qui  ont  renoncé  -sm  monde, 
>♦  VU.  Jefuf'Chrlfin'eA  point  réelle* 
M  ment  préfent  dans  l*EucharilHe* 
»*  VIII.  La  vie  contemplative  eft  ua 
»»  état  de  grâce,  une  union  divine 
n  pendant  cette  vie ,  &  le  comble 
î»  de  la  perfeâion  >».  Labadie ,  con-r 
traint  de  prendre  la  fuite ,  fe  fit  CaU 
vinifte  à  Montauban  en  i6yo ,  & 
y  exerça  le  minifiere  pendant  8  ans^ 
Quoiqu'il  choquât  dans  ce  pofte  le| 

T  T    •• 


îi6        L  A  B 

perTonnes  fages  par  fes  fennons  fa- 
tiriques ,  il  ne  latiTa  pas  de  fe  fou- 
fenir  par  le  crédit  des  dévotes  qu  il 
■voit  enchantées ,  les  unes  par  l'ef- 
prit ,  les  autres  par  la  chair.  Leurs 
pieufes  cabales  n'empêchèrent  pas 
pourtant  qu'  1  ne  fiit  chaffé  quel- 
que temps  après.  Il  pafla  à  Genève , 
«l'où  il  fut  encore  expulfé ,  &  de 
là  à  Middelbourg.  Lbadie  s'acquit 
beaucoup  d  autorité  dans  cette  ville* 
à  la  faveur  du  ton  myftique  qu'il 
prenoit ,  &  de  la  févérité  de  mœurs 
qu'il  affeâoit.  >»  On  regardoit ,  (  dit 
»  Nictron  )  comme  autant  de  Mon-' 
H  daXns  vendus  au  ficcU  préfcnt ,  ceux 
»*  qui  le  taxoient  d'hypocrifie ,  & 
>»  comme  autant  de  Saintes  celles 
w  qui  le  fuivoient.  Mademoifelle 
w  ScHUKMAN  y  cette  fille  fi  fameufe 
y*  dans  la  république  des  lettres  , 
♦*  crut  choifir  la  meilleure  part  en  fe 
y*  rangeant  fous  fa  diredîion.  Elle 
»»  devint  un  dits  chefs  les  plus  ar- 
»  dens  de  la  feâe.  Ce  fut  elle  qui 
«»  entraîna  la  princefle  Palatine  EU- 
w  \ahah ,  qui  reçut  les  difciples  er- 
»♦  rans  &  fugitifede  Labadîe.  Cette 
•»  princefïe  regardoit  comme  un 
>♦  grand  honneur  de  recueillir  ce 
**  qu'elle  appeloit  la  vérluhle  Eglifc , 
«♦  &  fe  trouvoit  heureufe  de  s'être 
t>  détrompée  d'un  Chrlftlanîfme  maf- 
*•  que  qu'elle   avoit  fuivi  jufque- 

»  làl Le  nombre  des  fedlateurs 

•»  de  Lah'adU  augmenta  confldéra- 
»»  l)lement  ,  &  feroit  devenu  très- 
«  grand  fans  la  dcfertion  de  quel- 
*»  ques-uns  de  fes  difciples  ,  qui , 
v>  publiant  ÏHîfiolre  de  fa  vie  privée 
1»  &  de  fa  manière  d*enfJgner ,  n'ou- 
w  blierent  pas  d'inftruire  le  public 
■»  des  familiarités  qu'il  prenoit  avec 
*»  fes  dévotes,  fous  prétexte  de 
>•  les  unir  plus  p-îrticuliérement  à 
rt  Dieu.  Il  envoyoit,  de  fa  retraite, 
•»  des  Apôtres  dans  les  grandes  villes 
?»  de  Hollande  -,  mais  le  fuccès  ne 
»♦  fut  pns  a^Tez  grand  pour  le  dif- 
f  peofer  de  chçrçheç  un  lieu  où  il 


L  A  B 

»  pAt  vivre  fans  craindre  la  famin<i; 
♦»  Il  palTa  à  Erfort ,  d'où  la  guçxic 
»  le  chafTa ,  &  l'obligea  de  fe  retirer 
>♦  à  Altena  dans  le  Holflein.  Ce  fut 
>«  en  ce  lieu  qu'attaqué  d'une  colique 
M  violente  ,  il  mourut  en  1674., 
>«  entre  les  bras  de  MademoifeÛîe 
>»  Schurman»  qui  comme  une  corn- 
M  pagne  fidelle  l'avoit  fuivi  par- 
>t  tout.  Il  étoit  alors  âgé  de  64  ans  «<. 
Il  avoit  été  dcpofé,  peu  de  temps 
auparavant,  danslef)'node  de  Dor- 
drecht.  Les  ouvrages  de  ce  fanatique 
font  en  afTez  grand  nombre  *,  mais 
nous  avons  fait  affez  connoitre  fes 
rêveries ,  pour  nous  difpenfer  d'en 
doaner  une  longue  lifle,  auflî  feti- 
gante  pour  le  lefteur  ,  qu'humi- 
liante pour  l'efprit  humain.  Les 
curieux  peuvent  la  voir  dans  le 
XViii*^  volume  àos  Mémoires  du 
P.  Nlceron,  Il  intituloit  fes  livres 
finguliérement  :  Le  Hérault  du  gr  nd 
Roi  Jésus  ,  Amflerdam  ,  1667  , 
in-i  2  ;  Le  véritable  Exorclfme  ,  ou 
r  Unique  moyen  de  chujfer  le  Dîahlc 
diim^nde  Chrétien,  Amfterdam»  1667, 
in-i2  :  Le  Chunt^Royal  du  Rut  J.  C.» 
Àmfterdam ,  1 670,  in-i  2  :  Les  Saintes 
Dec. dis  y  Amfterdam,  1671  ,in-8**  : 
V Empire  du  Salnt-EfprUy  Amflerdara, 
1671 ,  in-12:  Traité  du  Soi  y  ou 
le  Renoncement  à  Soi-meme ,  ÔCc.  &c^ 
Il  avoit  compofé  à  Montauban  , 
1656,  in-24,  ^  Pratique  des  deux 
Oralfons  mentale  &  vocale.  Il  VOU7 
loit  introduire  cette  pratique  parmi 
les  Proteftans  -,  mais  fon  entreprifê 
téméraire  fur  Mademoifelle  de  Ca.* 
longes  y  dont  il  ofa  toucher  le  fcin  ^ 
tandis  qu'il  croyoit  l'avoir  plongée 
dans  la  plus  profonde  méditation  9 
renverfa  fes  projets.  Les  difciples  de 
ce  dévot  libertin  s'appelèrent  Là-- 
BADisTEs,  On  afTure  qu'il  y  en  a 
encore  dans  le  pays  de  Clcves,  mais 
qu'ils  y  diminuent  tous  les  jours» 
LASAN  ,  fils  de  Ba^huel  &  petit- 
fils  de  Ndchor  »  fut  père  de  Lia  & 
de  R^hel  ^  qu'il  donna  Tune  &  V^ 


L  A  B 

'tf«  en  mnriage  kJacôh  ,  pour  le  ré- 
«ompenfer  de  14  ans  de  fervices 
^'il  lui  avoift  rendus.  Conune  Xtf- 
han  vit  que  fes  biens  fruûifioient 
fous  les  mains  de  Jacoh ,  il  voulut 
le  garder  encore  plus  long-temps 
car  avarice  *,  mais  J.cob  quitta  fon 
beau-pere  ikns  lui  rien  dire.  Celui- 
ci  courut  après  lui  dtirant  7  jours , 
dans  le  deflêin  de  le  maltraiter, 
&  de  ramener  enfuite  fes  biens  , 
fes  iils  &  fes  filles.  Mais  Dieu  lui 
apparut  en  fonge,  &  lui  défendit 
de  feire  aucun  mal  à  JacU.  L'ayant 
atteint  fur  la  montagne  de  Galaad, 
ils  offrirent  enfemble  des  facrifices 
&  fe  réconcilièrent.  Liban  rede- 
manda feulement  à  fon  gendre  les 
idoles  qu'il  l'accufa  de  lui  avoir 
dérobées.  Jacob ,  qui  n'avoit  aucune 
connoiiïance  de  ce  vol ,  lui  permit 
de  fouiller  tout  fon  bagage.  Rache/, 
affifedeffus^  s'excufa  de  fe  lever, 
feignant  d  être  incommodée.  Ils  fe 
féparerent ,  contens  les  uns  des 
autres,  l'an  1739  avant  J.  C 
.  LABAT,  (Jean-Baptifte)  Domi- 
nicain Parificn ,  d'abord  profeffeur 
de  jriûlofophie  à  Nanci ,  fut  envoyé 
«n  Amérique  l'an  1693.  Il  y  gou- 
verna iagement  la  cure  de  Macou- 
ba,  revint  en  Europe  en  1705 ,  & 
parcourut  le  Portugal  &  1  Efpagne. 
Après  avoir  demeuré  plufieurs  an- 
nées en  Italie  y  il  mourut  à  Paris  le 
^Janvier  1738,37  5  ans.  On  a  de  lui: 
I.  Nouysau  Voyage  aux  IJUs  de  VAmé^ 
li^ui ,  contenant  PHlJLlre  naturelle  de 
«  fays  ,  P origine ,  les  mœurs ,  la  Re- 
H^Ln  &  le  gouvernement  des  Habitans 
anciens  &  modernes;  Us  Guzrres  & 
Us  événemens  fingulùrs  qui  yf^nt  ar** 
rivés  pendunt  le  lungféjour  que  P Auteur 
y  a  fait  ;  U  Commerce^  Us  manufac- 
tures qui  y  fon:  établks  ,  &  le  moyen 
de  les  augmenter  ;  avec  une  Defcrip^ 
iion  exacte  &  curleufe  de  toutes  ces 
IJUs ,  ornée  de  figures  -,  Paris ,  1741  , 
3  vol.  in-i2.  »»  Ce  livre  agréable  & 
»  Mruétxfcft  écrit,  (dit  Tabbé  dm 


L  A  B        IÎ7 

Fontaines ,  )  »  avec  une  liberté  qui 
»♦  réjouit  le  Icftcur.  On  y  trouve 
>)  des  chofes  utiles  ,  femées  dtf 
»♦  traits  hiftoriques  affez  plaifans^ 
>♦  Ce  n'eft  peut-être  pas  un  bon 
M  livre  de  Voyage  •,  mais  c'eft  ua 
>»  bon  livre  de  Colonie,  Tout  ce  qui 
>♦  concerne  lès  nôtres ,  y  cft  traité 
»»  avec  étendue.  On  y  fouhaiteroit 
>»  feulement  un  peu  plus  d*exa^* 
>«  tude  dans  certains  endroits  u.  II. 
Voyages  en  Efpagne  &  en  Italie ,  $ 
vol.  in- 12  y  écrits  avec  autant  de 
gaieté  que  le  précédent  ;  mais  nou* 
avons  fur  l'Italie  des  ouvrages  beau- 
coup meilleurs.  Ses  plaifanteries  ne 
font  pas  toujours  de  bon  aloi.  U 
cenfure  le  ton  fatirique  de  Mijfon  , 
&  il  l'imite  quelquefois.  ELI.  Now 
yelle  Relation  de  PAfnque  Occidin'* 
tic,  5  vol.  în-ii-,  compofee  fur 
les  Mémoires  qu'on  lui  âvoit  four* 
nis  ,  &  par  conféquent  moins  cer- 
taine que  la  Relation  de  fon  voyage 
en  Amérique.  IV.  Voyages  du  Che* 
valler  des  Marchais  en  Guinée ,  Ifles 
voifities  y  &  à  Cayenne ,  avec  des  Cartes 
&  des  figures ,  4  Vol.  in-ii.  On  y 
donne  une  idée  très -étendue  du 
commerce  de  ces  pays.  V.  Relation 
hijlorique  de  l'Ethiopie    Occidentale  ^ 

5  vol.  in- 12.  Cette  Relation,  tra- 
duite de  1  italien  du  Capucin  Cat^ant, 
eft  augmentée  de  plufieurs  Relations 
Portugaifes  des  meilleurs  auteurs  , 

6  enrichie  de  notes ,  de  cartes  géo- 
graphiques &  de  1  gurcs.  VII.  Afe- 
moires  du  Chevalier  d'Arvieux ,  £n- 
vçyé  du  Roi  de  France  à  la  Forte  , 
6  vol.  in- 1-2,  1735.  Le  P.  Labat 
a  recueilli  &  mis  en  ordre  les  Mé- 
moires de  ce  voyageur  fur  l'Afie, 
la  Syrie  ,  la  Palei&ne,  l'Egypte, 
la  Barbarie.  Le  ftyle  de  tous  les 
ouvrages  de  ce  Dominicain  é^  ea 
général aiTez  coulant,  maisunpea 
dif&s. 

LABARRË  ,  LABAtJME  ,    Voit 
à  la  Lettre  B. 

LABB£ ,  (  Philippe)  Jéfuite,  né  à 

Hiij 


ziS        L  A  B 

Bourges  ea  1607  ,  profefia  les  hu- 
manités, la  philofophie  ôclathéo- 
iogie  avec  beaucoup  de  réputation. 
Il  mourut  à  Paris  ,  le  25  Mars 
1667  ,  à  60  ans  ,  avec  la  réputa- 
tion d'un  (avant  profond ,  &  d'un 
homme  doux  &  poli.  Le  P.  Commlrc 
lui  fit  cette  £pitaphe  : 

X^abbeus  hîcfitus  0,  :  vîtam,  mortS" 
que  rcqidris  ? 
Vka    lÀhros  IIG  fcrîhere  ,  morfque 
fiâu 
4)  rùmîùm  felîx  !  qui  Patrtan  antlqua 
TUraHans 
Concilia,  acceJjfU coneUiis Supcrûm, 

ïl  avoit  une  mémoire  prodigieufe , 
une  érudition  fort  variée ,  &  une 
ardeur  inùtigable  pour  le  travail. 
Toutes  les  années  de  fa  vie  furent 
marquées  par  des  ouvrages  ,  ou 
plutôt  par  des  recueils  de  ce  qu'il 
avoit  ramafle  dans  les  livres  des 
autres  ,  ou  de  ce  qu'il  avoit  déterré 
dans  les  bibliothèques.  >♦  Le  Père 
»  Lahhcy  (  dit  Figneul'  MarvllU)  , 
>»  étoit  un  fort  bon  homme.  Quoi- 
»>  que  affez  inférieur  aux  écrivains 
♦♦  de  fon  temps  ,  il  ne  laiffoit  pas 
>♦  de  bienfervir  en  fécond.  On  a 
>♦  vu  un  grand  nombced'ouvTc^es^ 
vt  Je  ne  dirai  pas,  tout-à-Êiit  de  lui , 
»>  mais  de  toutes  fortes  de  perfohnes 
»♦  fous  fon  nom.  Les  autres  en- 
>»  fentoient,  &  lui» comme  parrain, 
»  nommoit  l'enfant ,  &  lui  donnoit 
>»  un  béguin  &  des  langes.  Auflî 
»»  a-t-il  été  accufé  d'être  un  peu 
»»  pirate  ;  mais  il  faut  de  ces  gens- 
»♦  là  dans  la  république  des  lettres, 
»♦  auffi-bien  que  fur  la  mer.  Ce 
»»  n'étoit  pas  par  néeeffité  que  le 
>♦  P.  Lahbt  détruifoit  les  favans , 
I*  mais  par  amufement  *,  comme  , 
^  à  peu  près  5.  AugufBn  ,  étant 
w  écolier ,,  déroboit  les  poires  de 
♦t  fes  voifins,  feulement  pour  fe 
t»  donner  le  plaifir  de  dérober  chez 
m  «utrui  ce  qu'il  n'imroit  pas  voulu 


L  A  B 

>»  ramafler  dans  fâ  maifon  «,  U  eft 
vrai  que  la  plupart  des  ouvrages 
que  le  P.  Lahhc  a  donnés  au  public  , 
ne  lui  ont  coûté  que  la  peine  de  ' 
raiTembler  les  matériaux  &  de  les 
mettre  en  corps.  Cependant  Ces  re- 
cherdies  ont  été  quelquefois  utiles  * 
en  ce  qu  elles  ont  fourni  le  moyen 
de  faire  mieux ,  &  ont  abrégé  le  tra- 
vail de  ceux  qui  font  venus  après 
lui.  Ses  principales  compilations 
font  :  I.  De  Byiantîna  HlfiorUt  Scrîp» 
toiihus ,  1648 ,  in-folio  ;  notice  aÛèz 
inexade  &  fort  feche  des  écrivains 
de  l'Hiftoire  Byzantine.  U.  Nova 
BîbUotfuca  manufcriptorum ,  1657  « 
a  vol.  in-fol.  -,  compilation  de  plu- 
fleurs  morceaux  curieux  qui  n'a- 
voient  pas  encore  été  imprimés , 
&  de  quelques  autres  qui  ne  dévoient 
janais  l'être.  IIL  Bibliotheca  Bî*^ 
bliothecarum  ,  1664,  1672  &  1686  , 
in-fol. ,  &  à  Genève ,  1 680 ,  in-4** , 
avec  la  Bibliotheca  nummaria  ,  &  un 
Auctuanum  ^  imprimé  en  1705.  IV, 
Concordla  Chronclogica  »  1670  ,  en  5 
vol.  in-fol.  Les  4  premiers  volumes 
de  cet  ouvrage,  fort  embrouillé, 
peu  utile ,  mais  bien  imprimé ,  font 
duP.  iflWej&le  5^eûduP.  BrUu 
Cependant  il  y  a  des  choies  qu'on 
chercheroit  inutilement  ailleurs  : 
telle  dk  VArîadne  Chronologica  ,  qui 
€&  au  i^'  volume.  Cet  ouvrée  ne 
s'étant  pas  vendu ,  Cramoîfi  en  en- 
voya une  partie  à  la  beurriere  , 
c'eft  ce  qui  le  rend  rare  aujourd'hui. 
V,  JU  ChroBologue  François  ,  en  6 
vol.  in-ii,  1666 ,  aiTez  exaû ,  mais 
écrit  avec  peu  d'agrément.  Y\,Abré^ 
Royal  de  V Alliance  Chronolo^ue  de 
PHlJiolre  f ocrée  &  profane ,  avec  le 
lignage  d'Outremer  y  1  vol.  in-4^  f 
165 1.  Cet  Abrégé  Royal  efl  fort 
confiis  ;  mais  on  y  trouve  des  ex- 
traits 8c  des  pièces  qu'on  ne  pourroit 
découvrir  ailleurs.  VIL  Concordla 
facTA  &  prophana  Chronologfa ,  ah 
orbe  condito  ad  annum  Ckrifil  iC^S  , 
ia-l2.  VlIIf  Méthode  dfl^  pour  ^? 


L  A  B 

jpmért  îa  ChronologUfdcrce  &  profane^ 
in-i2  *,  en  vers  artificiels  ,  fi  mal 
conftruits ,  que  cette  méthode  aifée 
deviendroit  fort  difficile  pour  un 
homme  qui  auroit  Tombredu  goût. 
IX.  Plufieurs  Ecrits  fur  Vmfiolrtdt 
frâncc ,  la  plupart  enfévelis  dans  la 
pouifiere  :  La  Cltf  d'or  de  l*Hlfioîrt 

de  France Les  Mélanges  curieux 

Us  Eloges  hîjiorîques  ,  ,&c.  X.  Pha-^ 
rts  GalRct  aruiqua  ^  1668  ,  in- II. 
L'auteur ,  fous  ce  titre  emphatique , 
avoit  cru  cacher  les  larcins  ^u'il 
avoit  faits  dans  les  écrits  du  favant 
Nîc,  Sanfon^  qu'il  cenfiiroit  vive- 
jnent  après  l'avoir  volé.  Le  Géo- 
graphe répondit  avee  la  même  vi- 
vacité au  Jéfuite ,  dévoila  fes  pla« 
giats ,  &  montra,  dans  les  deux  feu- 
les premières  lettres  del'Alphabeth , 
,  un  millier  de  fautes.  XL  Plufieurs 
autres  ouvrages  fur  la  Géographie^ 
aullî  inexads  que  le  précédent. 
(  Voyei  Cluvie;k  ).  XIL  Beaucoup 
A'Ecrîu  fur  la  Grammaire  &  Jn 
Poéfie  Grecque.  Le  plus  célèbre  eft 
connu  fous  le  titre  ^EtyttioLogU 
de  plufieurs  mots  François^  1661 , 
in-i2.  Ce  livre  eft  contre  le /^^a 
des  Racines  Grecques  de  MM'  de  Pçrt" 
Royal.  L'auteur  avoit  cueilli  les 
plus  belles  fleurs  de  ce  parterre  ,. 
&  après  fe  les  être  appropriées  affez 
mal-adroitement  ,  il  inve^iivoit 
contre  les  écrivains  qu'il  avoit  dé- 
trouffés.  Lancdot ,  dans  une  2*  édi- 
tion ,  découvrit  les  plagiats  »  & 
vengea  fon  ouvrage.  Le  Jéfuite 
lahhe  n'a  voit  volé  les  Janféniftes  » 
que  parce  qu'il  avoit  vu  le  poifon 
des  cinq  propofitions  dans  les 
Racines  Grecques,  C'étOit  Un  crime 
que  la  charité  lui  avoit  fait  com-. 
mettre.  Il  vouloit  que  le  public 
jouît  de  ce  qu'il  y  avoit  de  bon 
dans  le  livre  de  fes  adverfaires  y 
fans  courir  le  rifque  de  fé  laiiTer 
corrompre  par  ce  qu'il  y  avoit  de 
mauvais.  XIII.  BihlLtkeca  anû-Jan" 
fcnian^ ,  in-4** ,  &  piufiçurs  awres 


L  A  B         119 

écrits  contre  MM.  de  Port-RoyaL 
C'étoit  un  nain  qui  combattoit  con- 
tre desgéans  ^  du  moins  par  rapport 
au  ftyle  &  à  l'éloquence.  Un  auteur 
Janfénifte  prétend  que  ce  Jéfuite  , 
tout  ennemi  qu'il  étoit  de  ces  illuftres 
Solitaires ,  avouoit»»  qu'avant  eux, 
»  les  théolo^ens  perdoient  leur 
>»  temps  à  fe  forger  des  efpaces  va- 
»♦  gués  fur  des  riens  ,   au  lieu  de 

M  remonter  aux  fources ♦*  Mais 

il  eft  peu  vraifemblable  qu'il  ait 
fait  un  tel  aveu.  XIV.  Nodtla  dl^ 
g/ùtatum  omnium  Imperll  Romani  , 
i65i,in-i2,  ouvrage  utile.  XV. 
De  Scrlptorihus  Ecclefiafticls  dlJJ'ertatlo  , 
en  2  vol.  in-8°.  Ceft  une  petite 
bibliothèque  des  écrivains  ecclé* 
fiaftiques  »  trop  abrégée  ,  &  qui 
manque  d'exaâitude.  XVL  Une 
Edition  de  Glycasy  grecque  &  latine, 
au  Louvre  »  1660.  XVII.  Conci- 
Uorum  CofleBlo  maxlma  ,  ij  vol* 
in-fol. ,  1672 ,  avec  des  notes.  Les 
Il  premiers  vol.  de  cette  collec- 
tion ,  font  du  P.  Làhbe  ,  les  deux 
autres  du  P.  Cojfart,  On  y  a  joint 
un  iS®  vol.  ,  c'eft  le  plus  rare.  II 
eft  fous  le  titre  de  Apparams  altzr  » 
parce  que  le  17^  tome  eft  auffi  un 
Apparat  -,  cependant  ce  18*  vol. 
n'dl  autre  chofe  que  le  Traité  des 
Condles  de  Jacohatiks,  La  diverfité 
de  génie  de  Lahbc  &  de  CoJ/an  n'a 
pas  peu  contribué  à  laiffer  gliffer 
dans  cette  édition  le  grand  nombre  de 
fautes  dont  elle  fourmille.  Elle  eft 
d'ailleurs  recherchée,  parce  qu'il 
n'y  en  a  pas  de  meilleure.  Le  Jéfuite 
Hardouln  s' étoifr  chargé  d'en  donner 
une  nouvelle  ;  mais  (m' peut  voir 
dans  fon  article  comment  il  l'exé- 
cuta. Nicolas  Colettl  en  a  donné, 
une  plus  ample»  Venife»  1728— 
1732  ,  23.  vol.  in-fol. ,  auxquels 
on  joint  le  fupplément  par  Manfi , 
Lucques  ,  1748  ,  in-fol.  XVIII. 
Ejifin  ce  favant  &  infatigable  com- 
pilateur publia  ,  en  1659  ,  ua 
TabhoM  44s   Jéfn'tss  illuîres  tef  ^l 


110        L  A  B 

RépubBqm  des  Lettres ,  fuivant  Tordre 
chronologique  de  leur  mort  :  ouvra- 
ge fec ,  &  qui  ne  peut  avoir  d'utilité 
que  par  rapport  aux  dates.  En  1662 , 
il  mit  encore  au  jour  une  Biblio- 
graphie des  ouvrages  que  les  iavans 
de  la  Société  avoient  publiés  en 
France  dans  le  courant  de  166 1 , 
&  au  commencement  de  1662.  Cette 
Gazette  littéraire  eft  exécutée  fur 
le  modèle  de  la  Bibliographie  pé- 
riodique que  le  P.  LouU  Jacob  y 
Carme ,  enfantoit  tous,  les  ^ns  à 
Paris.  Le  flyle  du  P.  Labbe ,  fur-tout 
en  françois .  eft  fort  mauflâde. 

L  LABBE ,  (  Louife  Charly  , 
dite)  fumommée  ia  Belle  Cordlere^ 
parce  qu'elle  avoit  époufé  à  Lyon 
fa  patrie  ,  un  riche  négociant  en 
câbles  &  en  cordes.  Son  époux , 
Ennemond  Perrln  ,  étant  mort  en 
1^65  ,  fahs  en&ns  ,  la  fit  fon 
héridere  univerfelle.  Son  goût 
pour  les  lettres  &  pour  ceux  qui 
les  cultivoient ,  étoit  extrême.  Son 
cabinet  étoit  rempli  de  livres  Ita- 
liens, François  &  Efpagnols.  Elle 
^dfoit  des  vers  dans  ces  trois  lan- 
gues. D'ailleiu-s,  elle  favoit  chanter 
ic  jouer  du  luth ,  &  manioit  fort 
bien  un  cheval  -,  ce  qui  prouve 
qu'elle  avoit  eu  de  l'éducation. 
M  Mais  toutes  les  belles  qualités  , 
«  (  dit  Nlccron  )  que  Ton  admiroit 
>♦  en  elle ,  étoient  gâtées  par  un  li- 
»  bertinagequi,quoique  plus  raffiné 
M  que  celui  des  Xai-r  &  des  Phyné  ; 
^  n'en  étoit  pas  moins  condam- 
>♦  nable.  Elle  feifoit  le  métier  de 
w  courtifane,  quoique  elle  neref- 
»*  femblât  pas  en  tout  à  ces  mal- 
y»  heureufes  viôimes  de  ï'impudi- 
M  cité.  Si  d'un  côté  elle  étoit  de 
»  leur  humeur ,  en  ce  qu'elle  vou- 
^  loit  être  payée  des  faveurs  qu'elle 
^  accordoit ,  elle  avoit ,  d'un  autre , 
M  des  égards  pour  les  gens  de 
»♦  lettres,  qu'elle  recevoitquelque- 
9)  fois  gratis.  Démoflhenes  eût  été 
M  bien  aife  que  la  courtifanê  LaU 


L  A  B 

M  eût  refTemblé  à  celle<i  ;  il  n'au-^ 
>t  roit  pas  Êiit  le  voyage  de  Co* 
»»  rinthe  inutilement  w.  Au>refte, 
Lbidfe  s'excufoit ,  comme  toutes  les 
femmes  galantes  ,  en  difant  que 
l'amour  étoit  fon  feul  défaut.  VoicL 
comme  elle  s'en  explique  dans  una 
EU^  adreilée  aux  Dames  de  Lyon  : 

Quand  vous  verrt[ ,  6  Dames  Lyonoifes^ 
Ces  miens    écrits  pleins   d*amouTtufes 

noifes, • 

Ne  veuille:^  point  condamner  ma  fim^ 

pUjfc» 
Et  jeune  erreur  de  ma  folle  jeuruffe  , 
Si  c*efi  erreur.  Mais  qui  ,  deffous  les 

deux  f 
Se  peut  vanter  de  n'être  vicieux  ? 
L'un  n*efl  content  de  fa  forte  de  vie» 
Et  toujours  poru  à  fes  volfins  envie. 
L'un ,  forcenant  de  voir  la  paix  en  terre  p  < 
Par  tous  moyens ,   tdehe  y  mettre   la 

guerre. 
L'autre ,  croyant  pauvreté  être  vice  , 
A  autre  Dieu  qu'OR  ne  fait  facrifice* 
L'autre  fa  foi  parjure  \  il  emploira 
A  décevoir  quelqu'un  qui  U  croira. 
L'un ,  en  mentant  y  de  fa  langue  léi^ardd 
Mille  brocards  fur  l'un  &  l'autre  darde» 
Je  nef  lus  point  fous  ces  Planètes  née» 
Qui  m'eujfcnt  pu  tant  faire  infortunécm 
Oncques  ne  fia  mon  edl  marri  de  voir 
Che^  mon  voifin  mieux  que  che\^  moi 

pleuvoir. 
One  ne  mis  noife  ou  dîfcord  entre  amis  , 
A  faire  gain  jamais  ne  me  fournis, 
Met^ir,  tromper  &  abufer  autrui  , 
Tant  m'a  déplu ,  que  médire  de  lui. 
Mais  fi  en  moi  rien  y  a  d'imparfait  ^ 
Qu'on  blâme  amour  ;  c'efi  lui  feul  qui 

Pa  fait. 

Ses  (EuFREs  furent  imprimées  à 
Lyon ,  fa  patrie ,  en  15^5  ;  & 
réimprimées  dans  la  même  ville  en 
1762,  in-i2,  avec  la  Vie  de  cette 
Mufe  û  aimable.  La  meilleure  pièce 
de  ce  recueil  eft  intitulée  :  Débats 
de  FoÛe  &  d'Amour ,  dialogue  en 
profe.  Ces  deux  divûvités  ,  qui 


.     i;  À  B 

flerroîent  être  fort  urnes  ^  fe  dis- 
putent le  pas  à  la  porte  du  palais 
de  hpiter  qui  avoit  invité  tous  les 
Dieux  à  un  feftin.  Telle  cft  la  fic- 
tion de  Lomft  Labbé,  Ses  ouvrages 
font  pleins  de  feu  ,  d'efprit  &  de 
délicatefîe  pour  le  temps  auquel 
elle  écrivoit.  Elle  étoit  née  en 
1526  ou  1517 ,  &  elle  mourut  en 
1566. 

n.  LABBÉ ,  (  Marin  )  né  au 
village  de  Luc ,  près  de  Caen ,  fut 
Miné  ,  en  167S,  à  la  miffion  de 
la  Codiinchine.  Rappelé  en  1697  , 
il  fut  nommé  évêque  de  Tilopolis 
par  le  pape  Innocent  XIL  II  remplit 
pendant  15  ans  les  devoirs  de 
vicaire  a^oflolique  d^ns  la  Co- 
chinchine  où  il  étoit  retourné ,  & 
où  il  eut  beaucoup  à  fouffrir  de  la 
part  des  Gentils  &  des  Chrétiens 
fchifmariques.  Il  mourut  en  1723, 
O^n  a  de  lui  une  eaccellente  ûttre. 
au  pape  Clément  XI  ^  fur  le  culte 
cies  Chinois  *,  &  un  Mémoire  fur  une 
perfécudon ,  &c. 

m.  LABBÉ^Pierre-Paul)  Bénédic- 
tin de  Saint-Maur ,  né  à  RoiiTy ,  au 
Diocefe  de  Paris  ,  mort  le  14  Mai 
'778 ,  âgé  d'environ  50  ans ,  com- 
po& ,  pour  V Ecole  militaire ,  un  vol. 
in-i2,  intitulé  :  Ufiéroïfme  ,  ou 
PHifloire  miliioire  des  plus  illuflrts 
Capitaines  ^Vms^  1766. 

LABDA ,  fille  d'un  certain  Am^ 
phlon  de  Corimhe,  de  la  famille 
des  Baâriades ,  fe  voyant  méprifée 
de  fes  compagnes  parce  qu'elle 
étoit  boiteufe ,  époufa  Cation  dont 
elle  eut  un  fils  qui ,  dans  la  fuite , 
fiit  appelé  Cypfcle.  Les  Corinthiens 
avertis ,  par  deux  oracles  différens , 
qu'un  fils  de  Labda  régneroit  un 
jour  dans  leur  ville ,  firent  un  dé- 
cret par  lequel  on  envpya  dix  dé- 
putés pour  enlever  le  petit  Cypfele , 
&  le  faire  mourir.  Lorfque  la  mère 
baignée  de  larmes ,  eut  mis  fon  fils 
entre  les  mains  du  chef  de  la  dépu- 
tation ,  Teo^  fourit  fi  agrésble^ 


t  A  B         ïii 

inei^àfon  meurtrier,  que  n'ayant 
pas  le  courage  de  le  mer  ,  il  le 
donna  à  celui  qui  le  fuivoit ,  celui-ci 
au  troiûeme ,  &  enfin  il  pafTa  dans» 
les  mains  de  tous  l'un  après  l'autre  , 
jufqu'au  di^eme ,  qui  le  rendit  à 
la  mère.  Les  députés  fonis  de  la 
maifon  ,  fe  reprochèrent  leur  foi- 
blefTe ,  &  accuferent ,  fur-tout ,  leur 
chef,  de  n'avoir  point  exécuté  fa 
commiflion.  Labda  qui  entendit  les 
reproches  qu'ils  fe  faifoiem  mu- 
tuellement, craignant  qu'ils  ne  ren- 
traiTent ,  cacha  fon  fils  fous  un  vafe 
à  mefurer  le  blé  ,  que 'les  Grecs 
appellent  Cypfe/t ,  d'où  il  avoit  tiré 
fon  nom. 

LABDACE  ,  fils  de  Phénice» 
vint  à  Thebes  dans  un  âge  déjà 
avancé ,  &  y  régna  quelques  années. 
Son  fils  Laius ,  père  d'Orefle  ,  loi 
fuccéda.  C'efl  de  ce  Labdacc ,  que 
les  Thébains  ont  été  appelés  Lab^ 
dacides* 

L  LABELLE ,  Voy,  Belle. 

//.  LABELLE ,  (  Pierre-Franc.  ) 
prêtre  de  la  congrégatidn  de  l'Ora- 
toire ,  mort  le  14  Janvier  1760, 
âgé  de  64  ans ,  efl  auteur  du  Nécro- 
loge dis  Apptlans  &  Oppùfans  à  U 
Bulle  Unigenitus  ,  en  2  vol. 
in- 12.  Le  titre  de  cet  ouvrage 
fuffit  pour  faire  connoître  fes  fen- 
timens  &  le  caraûere  de  fon  zèle. 

I.  LABÉON  (  g.  Fabius  Labeo  ,  ) 
conful  Romain  ,  l'an  183  avant 
J.  C.  ,  fut  homme  de  guerre  & 
homme  de  lettres.  Il  remporta  une 
viûoire  navale  fiu-  les  Candiots, 
&  aida  ,  dit-on ,  Tértncc  dans  fes 
Comédies,  Il  fut  plus  illuflre  pour 
fon  courage  que  pour  fa  bonne  foi. 
Antîochus  &  les  Kolitains  ciu-ent  à 
s'en  plaindre. 

II.  LABÉON  (  Caius  Antiftius 
Labeo  ,)  tribun  du  peuple, l'an  14S 
avant  J.  C. ,  voulut  fe  venger  du 
cenfeur  Metellus  qui  l'avoit  rayé  . 
de  la  lifle  des  fënateurs.  Il  le  con* 
damna  ,  fans  forme  de  procès ,  à 


m    ,      L  A  B 

être  précipité  du  roc  Tarpeïen;  &* 
il  auroit  faU  exëcatcr  fon  Jrrêt 
fiir  le  champs  fans  un  autre  tribun 
^  furvint  &  forma  Ton  oppofîtion  » 
z  la  prière  des  parens  de  Metellus, 
CeU  une  chofe  inconcevable ,  que 
ce  pouvoir  despotique  des  tribuns  » 
au  milieu  d  une  ville  û  ialoufe  de 
là  liberté  -,  Tabus  qu'ils'  en  firent 
peut  être  regardé  comme  une  des 
Iprxncipales  caufes  des  troubles ,  & 
enfin  de  la  ruine  totale  de  la  répu- 
blique. Non-£eulement  Laheo  de- 
meura impuni  ,  mais  il  reprit  Ta 
place  au  fcnat  en  vertu  d'une  nou- 
velle loi  »  par  laquelle  il  fit  ftatuer 
»  que  les  tr  ibuns.  auroient  voix  déli- 
>»  bérative  dans  cette  compagnie  «  -, 
êç  pour  que  fon  triomphe  n'eût 
rien  à  déùrer ,  il  prononça  la  con- 
fifcation  des  biens  de  Metellus ,  & 
les  lit  vendre  en  plein  marché  à 
fon  de  trompe. 

IIL  LABÉON  (Ântljîîus  Laheo  ,  ) 
lavant  jurifconfulte  ,  refufa  le  con- 
fuJat  qa!Augu/k  lui  of&it.  Il  paiToit 
£x  mois  de  Tannée  à  converfer 
avec  les  favans ,  &  les  fix  autres 
qiois  à  compofer.  Il  laifla  plufieurs 
ouvrages  qui  font  perdus.  Horau 
le  traite  avec  mépris ,  fans  doute 
pour  &ire  fa  cour  à  Auffjfte  qui  ne 
i'aimoit  point ,  parce  que  Labéon 
parloit  avec  tant  de  hardiefTe  & 
d'opiniâtreté,  que  fouvcnt  il  réfiftoit 
en  fece  à  l'empereur.  Son  père 
avoît  été  un  des  complices  de  TafTaf- 
finat  de  JuUs-Céfary  &  s  etoit  £ût 
doimer  la  mort  après  la  perte  de 
la  bataille  de  PhUippes  ,31  ans 
avant  J.  C. 

LABERIUS  y(Declmus  )  chevalier 
Romain ,  excella  dans  les  Mimes, 
Cétoient  de  petites  comédies  fati- 
diques ,  pour  lefquelles  fon  hifmeur 
cauiUque  lui  donnoit  beaucoup  de 
talent.  A  Rome  ,  un  homme  de 
naiiTanccqui  compofoit  des  poéfies 
pour  le  théâtre  ,  ne  fe  dégradoit 
point  i  mais  il  ne  pouvoil  les  re- 


LA  B 

présenter  lui-même  fans  fe  dêsKd»^ 
norer.  Malgré  cette  opinion  établie 
depuis  long-temps  ,  Jules  -  Céfar 
preffa  vivement  Laherlus  démonter 
fur  le  théâtre  pour  y  jouer  une  de 
fes  pièces.  Le  poète  s*en  défendit 
en  vain-,  il  fallut  céder.  Dans  le 
prologue  de  cette  pièce  ^  Laherlus 
exhala  fa  douleur  d'une  manière 
fort  refpeûueufe  pour  Céfar  ^  &  en 
même  temps  fort  touchante  ;  c'efl 
un  des  plus  beaux  morceaux  de 
l'antiquité  ,  fuivant  RJlîm,  Mais 
dans  le  cours  de  fa  pièce  »  il  lança 
contre  lui  divefs  traits  fatiriques , 
tels  que  celui-ci:  Necejfe  eft  muàos 
ùmeat ,  quem  muUl  t'ment,^.  Céfar  Vot 
punit ,  en  donnant  la  préférence  à 
Puhi.  Syrus ,  rival  de  Laherlus,  Ce* 
pendant,  lorfquela  pièce  fut  finie» 
il  lui  donna  un  anneau ,  comme 
pour  le  rétablir  dans  la  noblefîe 
qu'il  avoit  perdue  ^  &  lui  permit 
de  defcendre  du  théâtre.  Laherlus 
alla  chercher  une  place  au  quartier 
des  chevaliers  *,  mais  chacun  jugeant 
qu'il  s'étoit  rendu  indigne  de  ce 
rang,  ils  firent  en  forte  qu'il  n'y 
en  trouvât  plus  aucune.  Clceron  le 
voyant  dans  l'embarras ,  le  railla  » 
en  difant  :  Recepljfem  te  ,  nlfi  angujlc 
federem^,,,  Laherlus  lui  réponctit  z 
Mlrutn  fi  angufiè  fcdes  ,  qui  foies 
duabus  fellls  fedirc*  Il  lui  reprochoif 
ainfi  de  n'avoir  été  ami  ni  de  Céfar 
ni  de  Pompée  ,  quoiqu'il  afFe^ât  de 
le  paroîtré  de  tous  les  deux.  Lahe^ 
rlus  mourut  à  Pouzole,  dix  mois 
après  Julcs-'Céfar  »  44  ans  avant 
J.  C  II  avoit  coutume  de  dire  : 
Benefclum  dando  acccplt  »  qui  digno 
dédit.  On  trouve  quelques  fragment 
de  lui  dans  le  Corpus  Ppctarum  de 
Malttaire. 

LA  BERTHONIE ,  (  Hyacinthe  } 
Dominicain,  mort  en  1774  ,  ftit 
également  célèbre^  comme  direfteur» 
&  comme  prédicateur.  Ses  (Euvres 
pour  la  dcfnfe  de  la  religion  Chré^ 
tienne  ,  contre  Us  incrédules  ,  fureOt 


L  A  fi 

aÉpnméesen  1777,  en  3  vol.  în-ii. 
I.es  preuves  de  la  religion  y  font 
expùCées  avec  autant  de  lumière 
cpie  de  folidité.  On  a  encore  de 
Jui,  Jm  RtLm^n  dt  la  malaâU  &  d€ 
la  mort  de  M.  Bouptar  de  l'Académie , 
in- 12,  17S6.  Les  difficultés  &  les 
doutes  des  incrédules  font  très- 
bien  dJicutés  dans  cette  brochure, 
<[iii  peut  fervir  de  fupplément  à 
l'ouvrage  précédent 

LABIGNE,  royqBiGNE. 

1.  LABOUREUR,  (Jean  le)  né 
à  Montmorency  près  de  Paris ,  en 
1613  ,  fît  gémir  la  prefle  dèsTâge 
de  19  ans.  Il  étoit  à  la  cour  en 
1644  ,  en  qualité  de  gentil- 
homme fervant ,  lorfqull  fut  choifi 
pour  accompagner  le  maréchal  de 
Guébrlant  dans  fon  ambaâade  en 
Pologne.  De  retour  en  France ,  il 
embraiTa  l'état  eccléiiaftique ,  obtint 
le  prieuré  de  Juvigné  ,  la  place 
d'aumônier  du  roi ,  &  fiit  îsàx  com- 
mandeur de  l'ordre  de  Saint-Michel. 
Ce  favant ,  mort  en  1675  >  à  53 
ans  ,  eft  connu  par  pluiieurs  ou- 
vrages. I.  Hiftolre  du  Maréchal  de 
Gutbrîant  ,i(>^6^\n'ÎQ\,  ,plusexa£^e 
qu'élégante.  II.  Hîftoire  &  Relation 
d'un  Voyage  de  la  Reine  de  Pologne , 
«648  ,  in-4®  ,  curieufe  ,  quoique 
diffîife.  III.  Une  bonne  édition  des 
Mémoires  de  Michel  de  Caftelnau ,  Bru- 
xelles, 173 1  ,  3  vol.  in-fol.,  avec 
Ats  commentaires  hifioriqucs ,  très- 
utiles  pour  l'intelligence  de  plu- 
^èurs  points  de  notre  Hihoire. 
•♦  Ces  Mémoires,  (dit  M.  Anquail) 
y*  font  écrits  avec  la  fimplicité  que 
♦♦  demandent  les  ouvrages  de  ce 
y  genre.  Cafiebiau  ,  gentilhomme 
^  d'un  mérite  diftingué ,  h<xi  offi- 
«  cier,  bon  négociateur,  dit  tout 
t  ce  qui  s'cft  paffé  fous  fes  yeux 
»♦  pendant  l'efpace  de  dix  ans ,  depuis 
>i  la  mort  6!  Henri  II  ^  en  Juillet 
**  ^559  »  jusqu'en  Août  1570.  Ils 
«  ojît  été  commentés  &  confidé- 
^  dérsblement enrichis  de  Lettres, 


*     L  A  B         iij 

»  Inftru^tions ,  Aâes ,  Mémoires , 
't  &c  par  Jean  le  Laboureur ,  hifto- 
M  riographe  de  France.  Le  Labourear 
>t  étoit  un  homme  très-laborieux 
w  &  très-favant.  Son  travail  fur 
r*  Caftelnau  eft  devenu  moins  pré- 
M  cieux  pour  la  partie  des  anec- 
>♦  dotes ,  parce  que ,  depuis  fa  mort» 
>♦  arrivée  en  1675 ,  on  a  imprimé 
M  beaucoup  de  Mémoires  originaux 
n  qu'il  avoit  inférés  dans  fes  notes, 
r*  en  tout  ou  en  partie  j  mais  il  fera 
n  toujours  recherché  avec  avidité , 
>9  &  lu  avec  fruit  par  ceux  qui  ai- 
n  ment  la  juftefTe  &  la  vérité.  Le 
>f  Laboureur  penfe  librement;  il  dit 
n  tout  ce  qu'il  fait  ,  fans  mena- 
>f  gement;  il  faifit  &  marque  tous 
V*  les  traits  cara£^ériftiques  des  pcr- 
n  fonnes  qu'il  veut  peindre.  Sa  ma» 
)f  niere  eft  fiere ,  mais  fans  rudefle  \ 
M  fon  ftyle  eft  mâle  oc  nerveux  \ 
n  enfin  il  attache  jufque  dans  les 
vt  diflertations  &  les  généalogies  «<. 
Nous  foufcrivons  aux  éloges  que 
M.  Anqutdl  diontit  à  le  La^^oureur; 
mais  quant  à  fon  ftyle ,  il  eft  fouvcnt 
lourd  &  embarraflfé.  IV.  Hiftdre 
du  Roi  Charles  VI  ^  traduite  du  latin 
en  françois  f«r  un  manufcrit  tiré 
de  la  bibliothèque  du  préftdem  de 
Thou  ,  en  2  vol.  in-foI.  1663  ;  die 
eft|  eftimée  des  favans,  V.  Trakéde 
l'onpne  des  Armoiries  ,  1684  ,  in-4^. 
On  y  trouve  des  chofes  curicufes 
&  recherchées.  VI.  Hificire  de  la 
Pairie  y  en  manufcrit  dans  la  biblio- 
thèque du  roi.  Il  laifta  d'autres  ma* 
nufcrits  ;  M.  Cleramhault ,  qu'il  avoit 
initié  dans  les  recherches  généalo- 
giques ,  hérita  d'ime  partie  de  fes 
dépouilles  littéraires.  Le  plat  Poëme 
de  Charlemagne,  in-S°  ,  1664  ,  n'eft 
point  de  lui  ;  mais  de  fon  frero 
Louis  ^  mort  en  1679  ,  qui  inonda 
le  Pamaffe  dans  le  dernier  iîeclo 
dé  fes  productions  inftpides. 

II.  LABOUREUR,  (  D.  Claudç 
le  )  oncle  des  précédées ,  mort  ea 
1675  ,  à  5  3  ans ,  étoit  prévôt  d« 


n4        L  A  B 

rabbayedeline-Barbe.  II  fat  obligé 
de  religner  ce  bénéfice ,  pour  le 
fouûraire  au  reiîentiment  du  cha> 
pitre  de  Lyon ,  dont  il  avoit  parlé 
d  une  manière  peu  mefurée,  en  pré» 
Içntantà  1  archevêque  fes  Notes  & 
fes  correûions  fur  le  Bréviaire  de 
te  diocefe,  1643  ,.  in-S®.  On  a 
«Je  iui  Lis  MaJ'ures  de  rifle-Bo/^e  ,  a  ' 
voh  i«k-4°  y  i68i  i  ouvrage  pleia 
d'éradttion. 

LABOURLIE,  Voy,  Bovrlie. 

LABOURLOTTE,  (Oaude)  1  un 
écs  plus  braves  capitaines  de  Ton 
fiecle ,  ne  fut  redevable  de  fa  for- 
nme  qu'à  fon  courage  ^  car  il  étoit 
de  û.  balle  condition,  qu'on  difpute 
encore  s'il  étoit  Lorrain  ou  Franc- 
Comtois.  On  dit  qu'il  avoit  été 
barbier  du  comte  Charles  de  Mans- 
fdd  ,  &:  qu'il  lui  rendit  un  fervice 
;  ^nalé  en  le  délivrant  d'une  mau- 
vaife  femme.  L'hiflorien  de  farchi- 
duc  Âlhert  le  nie  -,  mais  Grotlus  le 
St  poûtivement.  U  palTa  par  tous 
les  degrés  de  la  milice ,  jufqu'à  celui 
décommandant  des  troupes'W'allones 
au  fervice  du  roi  d  Efpagne.  Ce  hé- 
ros avoit  plus  de  bonheur  que  de . 
conduite  -,  jamais  il  ne  s'engageoit 
plus  volontiers  à  une  entreprife , 
que  lorfqu'elle  étoit  fort  périlleufe. 
II  fut  blelTé  en  diverfes  occaûons , 
&  enfin  tué  d'un  coup  de  moufquet 
]e  24  Juillet  1600  ,  pendant  qu'il 
faifoit  travaillera  un  retranchement 
entre  Bruges  &  le  fort  Ifabelle.  Il 
avoit  eu  beaucoup  de  part  aux  ac- 
tions barbares  que  les  troupes  de 
l'amirante  de  CaÔille  commirent  fur 
les  terres  de  l'Empire  en  1598. 

LABRE,  ( Benoit -Jofeph) né  à 
Saint-Sulpice  d'Amiette ,  village  du 
diocefe  de  Boulogne-fur-mer ,  le 
2.6  Mars ,  1748  ,  montra  ,  dès  fa 
première  jeunefle  ,  la  piété  la  plus 
tendre.  Il  fut  reçu  novice  à  l'abbaye 
de  Sept-fonts  -,  mais  fa  fanté  déli- 
cate l'obligea  de  quitter  ce  monaf- 
tcre,  après  l'avoir  édifié  pendant 


I  A  B 

dk  mois.  Entraîné'  par  fon  goAt 
pour  les  pèlerinages  de  dévotion  ,  il 
quitta  entièrement  la  France,  &  alla 
vifiter  les  foints  lieux  de  Lorette  &  ' 
de  Rome.  S  étant  fixé  dans  cette 
capitale  du  monde  chrétien,  il  l'edi* 
fia  par  fa  modeftie  ,  par  fon  déta* 
chement  des  feux  biens  &  par  fon 
afHduité  dans  les  Eglifes.  Il  vécut 
en  pauvre  ,  ne  demandant  rien  , 
prenant  ce  qu'on  lui  donnok ,  6s 
difbribuant  aux  autres  neceffîteux 
tout  ce  qui  étoit  au-delà  du  plus 
étroit  néccfTaire,  Après  fa  mort  ^ 
arrivée  le  16^  Avril  1783  ,  fon 
tombeau  attira  un  caocouxs  infini 
d'étrangers  &  de  Romains ,  témoins 
de  Ces  vertus.  Les  guérifons  mira* 
culeufes  ,  opérées  par  fon  inter^ 
cefîîon ,  font  efpéter  qu'il  fera 
bientôt  infcrit  dans  le  catalogue  des 
Saints.  On  travaille  aûuellemen^ 
à  la  béatification  de  ce  ferviteur  de 
Dieu.  Le  P.  May  cul  ^  Capucin ,  fecré* 
taire  général  de  fon  ordre ,  la  peint 
au  naturel  dans  les  vers  fuivans» 
Ils  préfcntent  en  peu  de  mots  toute 
la  vie  de  ce  célèbre  pénitent, 

Tcttt  ocaipéde  Dieu  «,  ce  morul  vertueux, 
Mépnfd  les  faux  biens  ,  Us.  Vulas  hott-^ 

neuts  du  monde,  % 

Humble  ,.  pauvre  ,  inconnu  ,  dans  unô 

paix  profonde. 
En  châtiant  fon  corps  >  il  fut  ravir  Im 

deux* 

Un  prélat. Romain  ayant  prié  un 
hoHune  de  lettres  de  £aire  quatre 
vers  pour  mettre  au  bas  de  fon 
portrait ,  il  a  compoie  les  fuivans  : 

Dans  un  fiecle  pervers  Dieu  fit  naîtr$ 

cejujie; 
Ses  Vils  haillons  cacholent  un  Alexis 

nouveau. 
Les  princes  &  le  peuple  honorent  fon 

tombeau  , 
Et  le  jour  de  fa  mort  fut  un  trlçmph^ 

augufie. 


LAC 

.    lACAKRY,  (GiUes)  Jéfuîtê, 
né  au  diocefe  de  Caib-es  en  1605 , 
profeâa  avec  Tuccès  les  humanités , 
ia  philofophie ,  la  théologie  mo- 
rale ,  l'écriture-rdinte  »  fît  des  mé- 
fions ,    obtint  les   emplois  de  ùl 
fodété ,  &  mourut  à  Glermont  en 
Auvergne ,  l'an  1684  ,  à  79  ans. 
Malgré  la  multitude  &  la  variété 
de  fes  occupations  ,  il  trouva  le 
temps  de  compofer  un  grand  aom- 
bre  d'ouvrages  très-util^  ,  fur-tout 
pour  ceux  qui  s'appliquent  à  notre 
hiftoire.  Les  principaux  font  :  I.  Hlf" 
toria  Galliaritm  fub  Prttfc^  pra*oru 
Ga/ûarum  >  in-4^  :  morceau  afTez 
bien  fait  &  plein  d'érudition.  llMif' 
toria  Coloniarum  à  Gallis  m  ixttras 
mùotus  nûff  non  ,   1677  ,  in-4°  : 
ouvrage  eftimé ,  écrit  avec  autant 
de  favoir    que   de    difcernement, 
m.  EpUomc  hlfi^fùt  Rggum  Fronda , 
167 1,  in-4®  :  petit  abrégé  de  notre 
Hiftoire  »   tire   du    Dochina  tem- 
forwn  de  Pet  au.  IV.  De  Rt^ibus 
Fronda  &  Ugc  SaUca  ,  in-4®.  V.  Cor^ 
acUl  Taciu  liber  de  Germanla ,  in^4^, 
1649  ,  avec  de  favantcs  notes, 
que D'uhmar  a  fuivies dans  ledition 
qu'il  a  donnée  du  même  ouvrage 
en  1716  ,  in-8° ,  à  Francfort  fur 
l'Oder.  VI.  Hîftoria  Romana ,  depuis 
Céfar  jufqu'à  Confimùn  ^   appuyée 
fur  les  médailles  &  les  autres  mo- 
numens  de  l'antiquité.  Cet  ouvrage  > 
publié  en  1671 ,  in-4°  ,  contient 
des  inibuâions   utiles   en  faveur 
des  perfonnes  peu  verfées  dans  la 
coanoiâànce des  médailles,  &  of&e 
de  favantes  difcuIEons  fur  plufieurs 
£Dts.  VIL  Une  bonne  édition  de 
Vdlcius  Fauradus ,  avec  des  notes. 
Vni.   mjiorià    Chrîfllana  Jmperato- 
non,  Confulum  &  Prafeciorumi  Nod- 
da  Magyiratmm  &  Praylnclarum  Im- 
péril  u  nu/que ,  cum  nodsy  in-4°,  1 66  j , 
On  voit  dans  tous  ces  ouvragés 
un  homme   profondément    verfé 
dans  les  matières  les  plus  épineufes 
le  les  plus  recherch^^  d«  llodiioire  » 


I  A  C         itç 

€c  tui  lavant  dans  qui  Téruditioa 
n'a  pas  éteint  le  goût 

LACERDA,  ^o^'.  Cerda. 

LACHANIUS ,  feigneur  Gaulois, 
père  de  Rutlâm  Ntanaduatu  ,  s'ac- 
quit beaucoup  de  gloire  dans  les 
charges  de  quefteur  ,  de  piéfet  du 
prétoire  &  de  gouverneur  de  Tof-, 
cane.  Il  étott  né  à  Touloufe ,  ou« 
félon  D.  /6Vtf ,  â  Poitiers.  Les  peu- 
ples, charmés  de  fa  bonté,  de  fou 
équité ,  6ç  fur-tout  de  f  on  attendon 
à  les  foulager ,  lui  firent  ériger 
plufieurs  ftatues  en  diffcrens  en- 
droits de  l'empire.  U  mourut  vêts 
la  fin  du  IV*  fiecle. 

LACHESIS ,  Voy.  P ARRIVES. 

LACOMBE  ,  Voyei  Combe  & 
IL.  GuvoN. 

LA  COUR ,  (  le  P.)  Voy.  Covju 

LA  CROIX  ,  Voy.  Croix-dtj^ 
MAINE...'.  Nicole..,.  Pétiç,-.  ^ 

BuSiEMBAiiM. 

LACTANCE  ,  (  Ludus  CaSug 
Fîrmlémus)  orateur  &  défenfeur  de 
l'EgUfe.  On  ne  connoit  ni  fou 
pays ,  ni  fa  famille.  Son  éloquence 
lui  acquit  une  fi  grande  réputation  » 
^e  DlocUtîcn  le  fit  venir  à  Nico- 
médie  où  il  tenoit  fon  fiege,  & 
l'engagea  à  y  enfeigner  la  liiéto- 
rique  latine  -,  mais  il  eut  peu  de 
difciples  ,  parce  qu'on  y  parlent 
plus  grec  que  latin.  Là  ,  il  vit  com- 
mencer l'an  .303  de  J.  C.  cette 
terrible  perfécution  contre  les  Oiré- 
tiens ,  &  s'il  n'étoit  pas  lui->mème 
Chrétien  alors ,  (  ce  qu'on  ne  peut 
décider,  parce  qu'on  n'a  rien  de 
certain  fur  fa  converfion^  ).foa 
humanité  y  du,  moins ,  le  rendit  fea- 
fible  aux  maiix  qu'il  voyoitfouffitîr 
aux  Chrétiens.  Sa  vertu  &  fon 
mérite  le  rendirent  fi  célèbre ,  qtie 
Conftandn  lui  confia  l'éducation  de 
fon  fils  Crlfpe,  LaHancexCext  fax.  que 
plus  modefte.  U  vécut  dans  la  pau- 
vreté &  dans  la  folitude,  au  milieu 
de  l'abondance  &  du  tumulte  de 
la  cour..U  ne  reçut  les  préfens  de 


ïi^        LAC 

remperaxr ,  que  pour  les  diftribuër 
aux  pauvres.  Ce  grand  homme  mou- 
rut en  325.  Le  ftyle  de  CUéron 
avoit  été  le  modèle  du  fien  *,  même 
pureté  f  même  clarté  >  même  no- 
blefle  ,  même  élégance  :  c*eil  ce 
qui  le  ât  appeler  U  Cicèron  Chr4^ 
tkft  ;  mais  il  a  un  ton  déclamateur 
que  CUéron  n  avoit  point.  Parmi 
les  ouvrages  dont  il  a  enrichi  la 
poâérité  y  les  plus  célèbres  font  : 
I. Les InjUtitUons Divines ^tn 7  livres. 
L*auteiu*  y  élevé  le  Chriftianifinc 
fur  les  ruines  de  l'idolâtrie  ;  mais 
il  réfute  beaucoup  plus  heureuiè- 
ment  les  chimères  du  Pagaltiime, 
qu'il  n'établit  les  vérités  Ue  la  reli- 
gion Chrédenne.  Il  traite  la  théo- 
logie d'une  manière  trop  philofo- 
pluque;  il  n'approfondit  pas  aâez 
les  myiieres ,  &  il  s'égare  dès  (|u'il 
▼eut  en  chercher  les  raifons.  En 
général»  fon  ouvrage,  dontlabbé 
Maupertms  a  traduit  en  françois  le 
r'  livre  »  eft  plutôt  celui  d'un 
rhéteur  ,  que  celui  d'un  théolo- 
gien, n.  Un  Trahi  de  U  mort  des 
Perféeutanrs  ,  publié  pour  la  pre- 
mière fois  par  Baù^e ,  d'après  un 
manufait  de  la  bibliothèque  de 
Colbertj  &  réimprimé  à  Utrecht^ 
în-8®,en  i693.[^oy.I.FoucAULT.] 
Le  but  de  l'auteur  eft  de  prouver 
que  les  Empereurs  qui  ont  perfe- 
cuté  les  Qu-étiens  ,  ont  tous  péri 
miferablement.  IIL  Un  livre  de 
V  Ouvrage  de  Dtèu^  où  ri  prouve  la 
Providence  par  l'excellence  de  fon 
principal  ouvrage ,  par  l'harmonie 

.  qui  eft  dans  toutes  les  parties  du 
corps  de  l'homme  ,  &  par  les  fu- 
blimes  qualités  de  fon  ame.  IV.  Un 
livre  de  U  coltre  de  j9ia<...... L'édi- 
tion h.  plus  corre6le  de  toutes  ces 

.  différence  productions  eft  celle  de 
Defmareues ,  Paris ,  1748 ,  en  2  vol. 
ln-4^ ,  par  les  foins  de  l'abbé  Le/iglet. 
Les  meilleures  ,  après  celles-là  , 
font  celles  de  Leipzig,  par  JTarchîus , 
«a  171  j  ».  îîi-4*i  des  Varlonm  , 


LAD 

Icyde,  1660»  in-S^  Laprqmert 
édition  de  LacUnce  fe  ^t  au  mo« 
naftere  de  Sublac,  146^  ,  in^oL 

LACYiœ  ,  philofophe  Grec; 
ttctif  de  Cyrêne ,  difciple  ^AruJU- 
laus ,  &  fon  fuccefleur  dans  Taca* 
demie  ,  fut  aimé  &  M.mi&*Aualns 
roi  de  Pergame ,  qui  lui  donna  un 
jardin  où  il  philofophoit.  Ceprineef 
aurott  voulu  le  poiféder  à  fa  cour  ; 
mais  le  philofophe  lui  répondit 
toujours  ,  que  le  portrait  des  rois  n* 
devMt  être  regardé  que  de  loin,  Le^ 
principes  de  Lacydc  étoient  :  n  Qu'il 
>v  Êilloit  toujours  fufpendre  fon  ju-» 
»  gement ,  &  ne  ha&rder  jamais 
M  aucune  déciûon  «.  Lorique  fe» 
domeftiques  l'avoient  volé  &  qu'il 
s'en  pla^oity  ils  ne  manquoienr 
pas  à  lui  dire  :  Ne  décide^  rien  ,  fuf" 
pende^  votre  jugement.  Fatigué  de  fe 
voir  battre  £iixs  cefteavec  fies  pro-* 
près  armes  ,  il  leur  répliqua  ua 
jour  :  Mes  enfans  ,  nous^parlans  d*ttn& 
façon  dans  técoU  ,  &  nous  vivons 
d*tme  autre  mamere  à  la  nuâfon».^ 
Lacyde  iuivoit  ce  principe  à  ht 
lettre.  Tout  philoA>i^  qu'il  éfoit, 
il  fit  de  magnifiques  funérailles  à' 
une  oie  qu'il  avoit  beaucoup  diérie; 
enfin  ,  il  mourut  d'un  excès  de 
vin,  l'an  212  avant  J.  C. 

LADAS  ,  coureur  ^Altxandrt ,. 
qui  étoit  d'une  fi  grande  légèreté  r 
qu'on  n'appercevoit  point  l'em* 
prânte  de  fes  pieds  fur  le  fable.. 
Il  mérita  qu'on  lui  érigeât  une  flatw 
dans  le  temple  de  Vénus  à  Argos^ 

I.  LADISLAS  I^',  roi  deHon- 
gric  après-  Gdfky  en  1077  ,  étoit 
né  en  Pologne,  où  fon  père  Btlal 
s'étoit  retiré  pour  éviter  les  vio- 
lences dur  roi  fUrri^  Après  diver&s^ 
révolutions ,  il  monta  fiir  le  trône» 
&  y  fit  édater  le  coursée  dont  A 
Srvoit' donné  de  bonne  heure  des- 
preuves.  Il  founût  les  Bohémiens^ 
battit  les  Hunè  ,  les  chafTa  de  1» 
Hongrie,  vainquit  les  RuiTes  ,  les 
Bulgare^  )  Içs  Tartares  ,  agrandf 


LAD 

foft  royaume  des  conquêtes  fiôtas 
far  eux ,  &  y  ajouta  la  Dalmatie 
&  la  Croatie,  où  il  avoit  été  ap- 
pelé pour  délivrer  fa  foeur  des  mal- 
traitemens  de  Zuoalmlr  fon  cruel 
époux.  Ce  héros  avoit  toutes  les 
vertus  d'un  Saint.  Après  fa  mort, 
arrivée  le  30  Juillet  109  |f  »  CéUftÎM 
III  le  canoi^fa. 

IL  LADISLAS  iV  .   grand-duc 
de  Lidiuanie  ,  appelé  au  trône  de 
Hongrie  en  1440  ,  après  la  mort 
à'Jâert  d'Auijîche  ,    poffédoit  déjà 
celui  de  Pologne  depuis  l'efpace  de 
6  ans ,  fous  le  nom  de  LadlJUs  VL 
Amurat  H  porta  (es  armes  en  Hon- 
I     fric  ;  mais   ayant  été  battu  par 
I      Hwùaàt^  général  de  LaSflas ,  &  fe 
I     l^oyant  preifé  de  retourner  en  Afie , 
I      «1  conclut  la  paix  la  plus  folen- 
\     nclk  que  les  Chrétiens  &  les  Mu- 
fulmans  eurent  jamais  contraâée. 
Le  prince  Turc  &  le  roi  La£fias 
la  Jurèrent  tous  deux  ,    Tun  fur 
l'Akoran,  &  Tann-e  fur  TEvangile. 
'      A  peine  étoit-elle  fignée  ,  que  le 
cardinal  Julkn  Céfannî  ,    légat  en 
i      Allemagne  ^    engagea  LatRflas  à  la 
rompre.   Ce  prince  foiblc  &  im- 
prudent ,  cédant  à  fes  follicîtations , 
livra  bataille  à  Amurat  ,  près  de 
,      Vames,  le  11  Novembre  1444;  il 
fiit  battu  &  pereé  de   coups.  Sa 
tête  coupée  par  un  Janiffaire  ,  fot 
portée  en  triomphe  de  rang  en  rang , 
dans  l'armée  Turque.  Amurat  vain- 
ipicnr  fit  enterrer  le  roi  vaincu  fur 
le  champ   de  bataille  ,  avec  une 
pompe  militaire.  On  dit  qu'il  éleva 
une  colonne   fur  fon  tombeau  , 
&  que  ,  loin  d'infuleer   à  fa   mé- 
moire ,  il  louoît  fon  courage  & 
déploroit  fon  inforttme.  Cet  échec 
caûfe  en  partie  la  ruine  de  la  Hon- 
j;rie  &  celle  de  l'empire  Grec  ,  en 
ouvrant  une  nouvelle  porte  aux 
conquérans   Ottomans ^oye^ 

OlESNIKJ. 

in.  LADISLAS  ou  LANCEtoT , 
TOI  de  Naples ,  furnommé  /e  FiSh^ 


LAD         127 

$îeust  UU  libéral ,  fut  Tun  &  Tautre^ 
mais  ces  belles  qualités  furent  terniei 
par  une  ambition  fans  bornes  3c 
par  une  cruauté  inouie.  Il  fe  difoit 
comte  de  Provence  &  roi  de  Hon- 
grie. Il  iè  fît  donner  cette  deriùef« 
couronne  i  Javaiin  ,    en   140}  , 
durant  la  prifon  du  roi  Si^/moÂâ^ 
^ui  bientôt  après  le  contraignit  de 
retourner  à  Naples.   Il  avoit  fu&- 
cédé  à  fon  père   Charles  de  Dmt^ 
dans  le  royaume  de  Naples  ,  «« 
1386  ;  mais  les  Napolitains  ayattc 
appelé   LlvXs  U  ,    duc  d'Anjon  , 
ces  diverfes  prétentions  caufereift 
des  guerres  fanglantes.    Le   pape 
han  XXIII  étoit  pour  le  prince 
d'Anjou ,  à  qui  il  avoit  donné  1  in- 
veftiture  de  Naples.  U  fit  prêcher 
une  croifade  contre  Lancelot  ,  qoi 
filt  battu  à  Roquefeche  fur  les  horét 
du  Garigliau  ,  le  19  Mai   141L, 
Après  cette  défeite,  dont  levâa- 
queur  ne  fut  pas  profiter  ,  letm 
XXIII   reconnut    Lanctlèt  ^    ibft 
epnemif  pour  roi  ,  (au  préjudice 
de  LovXs  d'Anjou  ,  fon  vengeur  ^"J 
à  condition  qu'on  lui  livreroit  le 
Vénitien  Corarîe,   fon  concimPeflt 
aufaint-Siege.  Lancslot^  après  avoir 
tout  promis  ,  laifTa  échaper  Corado  , 
s'empara  de  Home  ,  &  combattit 
contre  le  pape  fon  bienfaiteur  ,  & 
contre  les  Florentins  ,  qu'il  força 
d'acheter  la  paix  ,   en  1415,  Ses 
armes  viftorieufes  lui  promettoîent 
de   plus  grands  fuccès  ,    lotfqu'ï 
mourut  à  Naples  ^  le  16  Août  I4i4'9 
à  l'âge  de  38  ans ,.  dans  les  dou- 
leurs les  plus  aiguës.  La  fille  €uti 
médecin ,  dont  il  étoit  paffionnê- 
ment  amoureux ,  l'empoifonna  avec 
une  compofition  que  fon  père  lut 
avoît  préparée  ,  îbit  pour  plaire 
aux  Florentins ,  foit  pour  fe  venger 
de  ce  qu'il  avoit  féduit  fa  fille. 

IV.  LADISLAS  I*' ,  roi  de  Po- 
logne ,  furnommé  Herman ,  fils  de 
CafimÎT  I  ^  fax.  élu  l'an  108 1  .après 
BoUfioT  II,àklc  Cruel  &  I4  Hardi ^ 


'ii%        L  A  ï> 

fon  firere.  Il  fe  contenta  du  nom 
de  prince  &  d'héritier  de  Pologne , 
&  mérita  des  éloges  par  fon  amour 
pour  la  paix.  U  fut  pourtant  obligé 
.de  prendre  les  armes  contre  les  ha- 
bitans  de  Prufîe  &  de  Poméranie , 
qu'il  défit  en  trois  batailles.  Ce  fut 
de  fon  temps  que  les  Ruffes  fecoue- 
rent  le  Joug  de  la  Pologne.  Il  mou- 
rut le  16  Juillet  1102  ,  après  vingt 
ans  d'im  règne  auffi  tranquille  qu  il 
auroit  été  glorieux  ,  s'il  avoit  eu 
le  courage  de  faire  par  lui-même 
le  bien  de  fes  états ,  &  s'il  n'avoit 
pas  confié  fon  pouvoir  à  un  &vori 
qui  en  abufa. 

V.  LADISLAS  II  ,  roi  de  Po- 
logne ,  fuccéda  à  fon  père  Bo/aflas 
III y  en  II 39.  Il  fît  la  guerre  à  fes 
frères  fous  de  vains  prétextes ,  & 
fut  chafTé  de  fes  états ,  après  avoir 
été  vaincu  dans  plufieurs  batailles. 
Bokflus  ly,  le  Frî/é,  monta  fur  le 
trône  à  fa  place  en  1146,  &  lui 
donna  la  Siléiie  à  la  prière  de  Fré- 
dcrlc-B^rberouffe,  Ladiflas  mourut  à 
Oldembourg  en  11 59. 

VI.  LADI5LAS  III ,  roi  de  Po- 
logne en  1296,  fUrQommé  IOÀ10- 
tuk ,  c'efl-à-dire  ,  d*uM  coudée  ,  à 
caufe  de  la  petitefTe  de  fa  taille, 
pilla  fes  peuplés ,  &  s'empara  des 
biens  du  clergé.  Ces  violences  ty- 
ranniques  portèrent  fes  fujets  à  lui 
6ter  la  couronne,  &  à  la  donner 
â  Wincefias  roi  de  Bohême.  Après 
la  mort  ds  ce  prince ,  Ladiflas ,  re- 
tiré à  Rome,  fitfoUiciter  puif&m- 
ment  par  fes  partifans  iîîcrets,  & 
obtint  de  nouveau  le  fceptre.  Ses 
malheurs  eh  avoient  fait ,  d'un  ty- 
ran ,  un  bon  prince.  U  gouverna 
avec  autant  de  douceur  que  de  fa- 
gelTe;  il  étendit  les  bornes  de  fes 


LAD 

prirent  Dantzig  pour  leur  rëcoxilS 
penfe,  &  firent  d'autres  entrepnfes 
fur  la  Pologne.  Ladiflas  marcha 
contre  eux ,  &  en  défit  20,000  dans 
une  fanglante  bataille.  Il  mourut 
peu  de  temps  après  ,  le  10  Mars 
1333,  3vec  une  grande  réputation 
de  bravoure  &  de  prudence.  Il  ne 
regretta,  au  lit  de  la  mort,  que 
d'avoir  ménagé  les  chevaliers  Teu- 
toniques  ,  ces  oppreiTeurs  dome^ 
tiques  qui  déchiroient  fon  royaume* 
U  recommanda  à  fon  fils  de  ne  les 
pas  épargner.  U  laifTa  ^Hedwigciatk 
époufe ,  Cafimlr  le  Grand ,  &  Eafa-^ 
beth ,  mariée  à -Charles ,  roi  de  Hon- 
grie. Il  avoit  inftitué  eni  325  Tordre 
de  chevalerie  de  V Algie  blanc ,  lors 
du  mariageTde  fon  fils  Cafimîr  avec 
Anne ,  fille  du  grand -duc  de  Lir^ 
thuanie. 

VII.  LADISLAS  V ,  dit  Jagellon  , 
grand-duc  de  Lithuanie,  obtint  la 
couronne  de  Pologne  en  1 386 ,  par 
fon  mariage  avec  tiedwîge^  fille  de 
Loïâs  roi  de  Hongrie.  Cette  prin- 
ceiTe  avoit  été  élue  reine  de  Po- 
logne ,  à  condition  qu'elle  pren* 
droit  pour  époux ,  celui  que  les 
états  du  royaume  lui  choiiiroient^ 
Ladiflas  étoit  Païen;  mais  il  fe  fit 
bapdfer  pour  époufer  la  reine.  Il 
unit  la  Lithuanie  à  la  Pologne  , 
battit  en  diverfes  occaûons  les  che- 
valiers Teutoniques ,  &  refufa  le 
trône  de  Bohême  que  les  Huffites 
lui  offrirent.  Ce  roi  fage  mourut  le 
.31  Mai  1434,  à  80  ans,  après  un 
fegne  de  48.  La  probité ,  la  can- 
deur ,  la  modération,  U  bieniâi- 
fance  étoient,  félon  M.  la  Combe  ^ 
les  principales  qualités  qui  çarac- 
térifoient  ce  prince.  Il  ne  faifoit  la 
guerre  que  pour  avoir  la  paix  -,  il 


états ,  &  fe  fit  craindre  &  refpec-    préféroit  la  voie  des  négociations 
ter  par  fes  ennemis.  La  Poméranie    "  '"  ''         ^  ^         '       "* 

s'étant  révoltée*  Ladiflas  la  rédui- 
fit  par  fes  armes  ,  jointes  à  celles 
des  chevaliers  Teutoniques.  Ces  re- 
Mgieux  guerriers  deauader«nt  & 


à  la  force  des  armes.  Cependant  il 
eût  pu  fe  faire  un  grand  nom  dans 
les  combats,  où  fon  coiuage  & 
fon  habileté  le  rendoient  redou- 
Ablç,  U  ^cçucUIqû  $c  réçompenfoit 

avec 


t  A  0 

0itc,fK>h]efîe  les  t^eos;  il  prévè^ 
wàtti^tx^iitCé  II  confacroit  pre^ 
.ip^  .tant .  foA  temps  à  rendre  la 
jbiftice  rie  premier  devoîràçs  rois* 
On  TaccuTa  d'être  diffimulé  ,  de 
Afoiquer  de  confiance ,  &  d'apporter 
trop  de  tefiteur  dans  fes  entreprifes  *, 
tnais  fes  foibleiTesne  dégénérèrent 
jamais  en  vices.  Il  contribua  bean- 
coap  à  la  converfion  des  Samogites, 
peuple  qui  habite  une  province  .de 
la  Uibuanie.  K  Olesniki*     . 

VUL  LADISLAS  yii:rQide 
Pologne  y.  ûlik  du  précèdent,  eft  hs 
tnême  que  Ladtfias  IV ,  grand^duc 
de  Litlmaaîe  &  roi  dte»  Hongrie  r: 
Fcy€{  fon  fffticle  ô-devaèt^.  n*'  U* 

IX.  LADISLAS-SiQiSMOlfP 
Vil,  Toi  de  Pologne  &  de  Suéde, 
monta  fur  le  trôoeiiprès  Sigl/mon^ 
lllùm  psK^^  en  1631^  AvtafitCon 
avènement  à  la  couronne  «.il  s'é- 
tôit  fignalé  contre  Ofnuin  «  /ultaft 
desTvB-cs^  wxqatl  ilartrolt'jUépljlto 
de  150,000  homtnes  en.;diyerfe6 
«eooontres*  LèniofUrcp2ie'fbtt^la 
réputation  que  Icf  généiïd«*étoit  aa- 
•qiufe.  Il  défit  les-Bstâesi^es  non- 
ttaigait  à'.£aire  la>pai3C  à  iVia^as 
tepoûffii  les  Turcs,  Su  mourait  tefs 
pôftéritë  pn  164S  V  à  'i^  am.vIl:étoit 
nataddten^nt  bravé ,  biefiÊltfan^& 
générAixv>n»is>il  41e  fut  jEas  âffias 
^lîiBipiè^pOQr  préférer  le  biéit*^^ 
ikéaàés^^vâoà  aux  ififiéDêt!3-par«' 
ticuliers  'de-  la  noblefle  iBplonôiib. 
'Sooxtsjuâfcei  centre  lesV  Cofiquéfi 
fimleva  jcè'peafdep'la  pKis-xftrme 
iKfifHerQ  de  Véékt,  <&-  l'et^pigeèiiat^ 
tme ^guerre  qu^tt  né  vîtipeani  finiti. 
-  X:ii  A DiS-L AS  4  fils  a&Kpd'fi. 
lumte  Ihapào  ,  éponfii  v'.Àivpéfa 
avant  la'  morc^de.  ion  père ,  '  la^lle 
de  LkSflas^/^vtsàvMs  de.^>aàâW»» 
Inev  '&^£f  cade  de  xettd^'allnttîce'^f 
Êutt  at^KT  \mu  princdre  ^iî^ifma- 
tique^f  fal  cxeoàuniitnié  patolrtaatd:^ 
nal  -Jd^  Mùnafôfi  ;^légatbd(?iatni> 
«i^^î£ai5lii:<étoit>  rhériiier  pfi». 
iMttpKàf'detig  €win)fti0^  de  Servies 
Tome  Fm 


*  A  0       .Î10 

ion  père  «  en,  y  renonçant^  avoit 
réfervé  le  droit  des  en%is.  Milu-* 
.un  fon  onple  y. voulant  pofieder  ce 
trône  ,  fit  enfigçn^  tadlflas  après 
la  mort  de  fon  père,  &  le  tint  en 
prifon  jufqu^à  ia.fienne ,  arrivée  en 
142 1.  LadlJUs,  devenu  alors  roid« 
Servie  ^  refufa,  l'apanage  à  Conjlinr 
tin  fon  frère,  qui  n'ayant  pu  l'ob- 
tenir de  gré^  le  lui  demanda  à  1^ 
tête  d'une  armée.  Il  fut  vaincu  8c 
fait  prifonnier  :  kodiflas  pouiïa  I9 
cruauté  Jufqu'à  le  iabre  pendre,  & 
enfuite  écart^er.  Cette  barbarie ,  à 
laquelle  on  ne  peut  penfer  façs 
jiorreur  ^  lui  attira  la  haine  desi 
peuples ,  qui  oâirirent  la  couronna 
■k  EtUnnt.t  iiifi  naturel  de  MUutin^ 
2»nni  alors  4  Ç^n^antinople.  La* 
dtjlof  ^  abandonné  de  tout  le  monde  « 
iùrtpris  à  Sin^)c>  &  jeté  dans  une 
prifon  d'où,  il  ne  foixit4>lusr 

/,  LApVOCAT/<  Louis  Fran- 
çois )■  né  À  Pa«is  en  1644 ,  mourut 
(t^os  la  .ffl&ne  ville  doyen  de  ia 
chambre  d^n-^otmptes.,  le  s  Février 
r735 ,  à  91 -sn^  Sonr  principal  ou* 
yî8gç;.eft  .ilitimlé  t  Erûntîms  fat 
m  n^ftvsm  ^^yfième.  à^  Mpt^U  6»  <^ 
Jthyfi^uc  ^oa  La  ruharche-  de  ia  Vi^ 
imr^ft  Jeliffi  Us  lumU^s  naturelles  ^ 
ifk^iiv  Di^  dit  ^  ^e-,^  -xçt  ou^ 
»#,.yrage  efthlenéctiif,  Irréflexions 
««  en.  JûnK  foljdes ,.  &  les  jr^ifonne* 
H^.mens  juftes-^  bien  fuivis  w*  II 
fk'jenefi  pas^  moi^  ignoré ,-  parce 
qUe  cette  nKaiere  a 'été.. traitée  dc^ 
fi(&  avec  plus  de-  prçfondeur* 
.'  '/i.; I^DVOCAT  ,  Clèan-^Bapr»). 
fl/é  ea  1709^  dwii&délégué.de  Vau> 
couleurs  dans  le  ^ocefe  de  Toul , 
fut  doâeur^.  bîbfioithécaite  &;pro- 
fôfièUr  de-  la  chaire Id-'Qrléansrei^ 
^orbonne.  ;Aprês  aVoir  feît  fes  étu- 
iii^  de  phsioâyphift  daon  les  Jéfui>> 
tes  dé  Pont^à^Moixâbn ,  qui  vous* 
lurent  en  vainf^raetaaher  à  leur  fo^ 
lâé^,  il  .allcfrèimlier  pn  Sorbonnei, 
Il  fiit  admis 'en  «734  à  l'hofpits*. 
•lité  «  &L.k:àtrÙKûixç^  en  17.36 ,  étaztt 


^ï)D      11  A  ô 

déjà  en  licence.  Rappdé  dans  fon 
dioceie,  il  occupa  la  cure  de  Domp^ 
Remî^  lieu  célèbre  par  la  naiflance 
de  la  PucdU  d*OrtUns,  Mais  la  Sor- 
bonne  l'enviant  i  la  province  ^  le 
nomma  en  1740  a  une  de  fes  chai- 
res royales ,  &  lui  donna  le  titre 
de  bibliothécaire  60^1741.  M.  le 
duc  à!  Orléans ,  prince  auffi  religieux 
que  favant  ,  ayant  fondé  en  Sor- 
bonne  une  chaire  pouï  lHébreu  en 
175 1 ,  en  confia  l'exercice  à  l'abbé 
Ladvocat   qui   remplit   cet  emploi 
avec  fuccès  Jufqu'à  fa  mort ,  arri^ 
vée  à  Pariîs  le  19  Décembre  1765  ^ 
dans  la  57*  année  de  fon  âge.  Ce 
favant  avoit  un  cœur  digne  de  foa 
•efprit-,  une  noble  franchife  animok 
tous  fes  fentimens.   Il  n'omoit  m 
ce  qu'il  écrivoit,  ni  cè-qu'ildifoit; 
-«nais  on  fentoit  dans  toutes  iesL  ac*- 
dons  cette  humamté-  Ôr  cette  doui- 
ceur,  qui  eft  là   vraie  fource  de 
la  politeiTe.  Nous  srvons  de  lui  t 
I.  Dictionnaire  Gébgrdpfuqûc  portatifs 
in-S° ,  plusieurs  fois  réimprimé.  Cet 
•ouvrage  ,  publié  foiis  le  nom  de 
M.  Vo/giaty  Si  donné  comme  une 
traduéHon  de  l^Anglois ,  eft  un  {life» 
•bon    Abrégé'  du  Dictionnaire  Géo^ 
^aphique    de   ia^  Màrûnlert,   «Nx>ia$ 
^vons  fous  les  yeux  Toriginal  An* 
glois ,  avec  lequel  il  n'a  prefque 
aucun  rapport'  ',.  mais  M.  La^ocat 
voulut  acà-éditer  fon  ouvrage,  en 
le  préfentant  au  public  comme  une 
-produftion    de  l'Angleterw.'  Up 
homme  de  lettres  prépare  un  Dkr 
tionnaire  Géographique  en  4  vol.  in-8**, 
^  nous   conduirons  d'avance  au 
libraire  qui  vend  celiû  de  Lad¥ocar^ 
4e  dire  &  même  d'éàrire  que  l'ou* 
▼rage  annoncé  n'eft  qne  la  cc^ié  dii 
ûen.   Cela  ne  laifTera  pas  de  faire 
^[uelque  •  efEet  auprès  de  ceux  qui 
«ce  compareront  pas  les^deux  livres. 
3lais  ceux  qui  voudront  hiear&ué 
>ce  parallèle^  verront  qu'on  peui 
^e  à -peu «près  '^niffî  exaâ  qUè 
Hibki  MyQ€Ui  y  <c  «tipenda»  don* 


1  AO 

-ntt  des  détails  plus  inflruâi& ,  pfiH 
variés  &  plus  agréables.  II.  DiSion^ 
naifÉ  HifioHque  porîaâf^  en  1.  VOU 
in*8^;  dontilyaeuatiffîplufieufs 
éditions  &  contreferions.  L'auteur 
s'étoit  {gxTi   des   DiW4>nnàirts  qui 
avoient  précédé  le  fien  ;  &  cede^ 
nier  nous  a  été  quelquefois  utile. 
-M.  Ladvotat  fe  défend  aâcz  mal-àe 
propos  d*être  rabbréviateur  de  Mi^ 
rirU  II  n'y  a  qu'à  comparer  &  pre- 
mière édition  avec  ce  gros  Dii^ 
'^foUfiaire,  pour  voir  qu'il  n^a  pas 
puifé  dans  d'autres  fouies.  On  y 
^ouve ,  à  la  vérité ,  quelques  ar« 
tic)  es  ajoutés  \  mais  ces  additiots 
•it'emipèdient  point  que  le  total  de 
'l'ouvrage*  ne  foit  un  abrégé  ni^^ 
-&  pdrdaL  Nous  ne  Êûfbns  que  ré^ 
péter  ce  quepenfoit  dé  ce' Lexique 
feu  M.  l'abbé  Gotiju^  &  ce  qull 
nousavoitécrit.  M.Dnux  éaRidkr^ 
i&pftifietirs  autres  ûvans'trèfrVerfés 
dans  i'Iliftotre  polidque  &  Ëttératie, 
«h  ontpenfé  &  parlé  comme  l'abbé 
Gmiet*  Le  dernier  volume ,  -.  de  l'édi* 
'don  de  1760,  efl  feitavec  plus  de 
fcôn  qne  le  prcsiier  ^  parce  que  l'au- 
teur profita,  pour  ce  dernier  vo* 
.lumey':'du  IHSîonnairfM/hnqut  ^ 
Terittqveét  M.   Barrai  ^  tfai  veook 
:de  pàroître.  S'il  avoit  pu  ittfoodre 
:tam  l|£^vrage ,  f&tcndre  les  616 
•plus^  inféréfisn»  par  ktSiélaiige  dci 
anecdotes',  papr  les  ^ngemens crir' 
£tpies»  par  Télegance  de  la  di^on^, 
ion  livré  ik  feroit  lire^vec  plus  de 
4ylaiâr*:  Rarement  dsaôérife-t-'il  Id 
fprands.'-^écrivHÔis.  Ses  éloges  font 
peu  réfléchis  &  trop  Vagues.  Si 
•littttcatnre,  dit  on  cridque ,  eft  très- 
ifiiperftciçlle  ;  fi  l'on  entend  «  parce 
mot  /la  connoiflancetaiibnnée  des 
«dttfni'oéuvresd'Adienes.fiidèRoniék 
4e-fiaris  &de,^Londxes.  Alu  refle  il 
avtfît  des  conaoiiTançes  r  profondes» 
aLd'auttSest  égards.  Cet  hoaune  de 
-lettres».  >doux  &  hoUmête^  a.en  des 
•continuateuts  de  fon.Diâloiin«rf 
Mtf»  <^posist ^u»  pé» iMrfLt^ 


lèces.  Us  ont  publia  ea  1777  une 
nouvelle  édition  en  3  vol.  in-8** , 
augmentée  d'un  grand  nombre  d'ar- 
ticles imdh  y  féchement  &  plate- 
fflent écrits,  & furchargée d'injures 
groifieres  contre  ceux  qui  ont  fait , 
depuis  Ladvocat  ,    des  DlcHonnaîres 
hifioriques.  Le  principal  éditeur ,  qui 
eft  très-reconnoiiïant ,  ne  s'eil  per- 
mis à  la  vérité  ces  critiques  que  par 
excb  de  zcle  pour  la  mémoire  de 
ion  auteur  :  c'efl  du  moins  ce  qu'il 
a  dit.  Mais  les  perfonnes  juftes  & 
éclairées    n'ont  vu  dans  fes  fatires 
qne  la  rage  impuiâante  &  intéref- 
fée  d'un  homme  qui ,  depuis  l'appa- 
ntion  du  Nouveau  DîMîonnairt  hifio'- 
toTÙpu  ,  n'a   pas  aflez  vendu  fon 
livre.  11  a  beau ,  dans  des  Supplé- 
nieas  annuels .,  renouveler'périodi-' 
quement  îes  cenfures  &  fes  com- 
plaintes :  cela  ne  fera  pas  revivre 
iâ  fedie  nomendamre.  On  a  penfé 
frès-juilement  que  ces  Supplémens , 
offerts  gTAtls  au  public ,  étoient  les 
inutiles  requêtes  d'un  mourant  à 
un  médecin  qui  l'a  abandonné.  •  •* 
ISLGrammain  HébroiqueyinS^y  1755* 
L'auteur  l'avoit  compofce  pour  fes 
élevés  ;  elle  réunit  la  clarté  &  lamé- 
Aode  néceflaires,  IV.  Trachtus  de 
Conduis  In  guun  »  Caen ,  1769 ,  in- 
11.  V.  Diffatatîan  fur  U  Pftaumt 
UCYii ,  Escurgat  Deus.  VI.  Lsttre 
fw  Pautorlté  des  Textes  originaux  de 
PEautare'famte ,  Caen  ,  1766 ,  in-8°. 
VII.  Jugement  fur  quelques  nouvelles 
Tradxâions  de  V Ecriture-fuiatc  d'après 
U  Texu  Hébreu.  Ces  quatre  derniers 
•uvrages  font  pofUiumes,  &  font 
oppofés  au  fyûême  de  l'Abbé  de 
rtlUfroy. 

LiELIEN,  {Ulpitts  Cornélius  Itt^ 
ûanas)  eftun  de  ces  généraux  qui 
prirent  le  titre  d'empereur  dans  les 
Gaules  fur  la  fin  du  règne  de  Gallien, 
Il  fiit  proclamé  Augufte  par  fes  fol- 
dats  à  Mayence  Tan  a66.  Il  étoit 
d'un  âge  avancé  *,  mais  il  avoit  de  la 
valeur  Ôc  de  la  politique.  Laûen  n« 


L  A  E  131 

régva  que  pendant  quelques  mois. 
Pofihume  le  Jeune  ayant  afpiré  comme 
lui  au  trône  des  Céfars ,  raflèmbla 
fes  légions  ,  le  vainquit  près  de 
Mayence  au  commencement  de  l'an 
2.67  ;  &  l'ufurpateur  perdit  dans  la 
même  journée  l'empire  &  la  vie.  On 
l'a  confondu  mal-à-propos  avec  le 
tyran  Lotûea ,  qui  prit  la  pourpre 
après  lui  -,  &  avec  Pomponius  jEâanus^ 
qui  fe  révolta  fous  DîocUtîen, 

LiELIUS  ,  {Caiut)  conful  Ro- 
main l'an  140  avant  J.  C. ,  étoit  l'in- 
time ami   de    Sclpion  l'Africain  k 
Jeune^  Il  fignala  fa   valeur  en  £f- 
pagne ,  dans  la  guerre  contre  Vi- 
riathus  général  des  Espagnols.  U  ne 
fe  diilingua  pas  moins  par  fon  goût 
pour  l'éloquence  &pour  k  poéfie  , 
&  par  la  protection  qu'il  accorda  à 
ceux  qui  les  cultivoient.  On  croit 
qu'il.eut  part  aux  Comédies  de  Térence, 
It  po(^  le  plus  châtié  qu'ait  eu  le 
théâtre  de  l'ancienne  Rome.  Son 
éloquence  éclata  plusieurs  fois  dans 
le  fénat  pour  la  veuve  &  pour  l'or- 
phelin. Ce  grand  homme  étoit  mo- 
dèle. N'ayant  pas  pu  venir  à  bout 
de  gagner  une  caufe ,  il  confeilla  à 
fes  parties  d'avoir  recours  à  Galba  , 
fon  émule  ,  &  il  fut  le  premier  à  le 
féliciter ,  lorfqu'il  fut  qu'il  l'avoit 
g^;née.  Sàplon  &  lui  fe  retiroient 
à  la  campagne  y  où  >  loin  du  tumulte 
&  desfoliesdelaville ,  ils  s'amu- 
foient  comme  des  enfans  à  amaifer 
des  coquillages  Ôc  de  petits  cailloiflT, 
&  fe  livroient  à  mille  jeux  inno- 
cens.  Il  y  a  eu  un  autre  Lalius  , 
conful  Romain  190  ans  avant  J.  C. 
Il  accompagna ,  le  premier ,  SeîpUm 
V  Africain,  en  Efpagne  &  en  Afrique  , 
Sa  eue  part  aux  viâoires  remportées 
fur  Jfdrubal  &  fur  Syphax, 

LAER  ou  Laar  ,  (Pierre  de) 
-fumommé  Bambochz  ,  peintre  né 
en  161 3  à  Laar ,  village  proche  de 
Naarden  en  Hollanfle  ,  mourut  à 
'Harlem  l'an  1675  ,  à  6i  ans.  Le 
furnoin  de  Bamboche  lui  fut  donné , 


131         L  A  E 

à  cauf^e  de  la  Singulière  cotifcrmatîoA 
de  fa  figure.  Cet  artiile  étoit  né 
peintre  :  daiis  fa  plus  tendre  enfancCf 
on  le  trouvoit  continuellement  oc- 
cupé à  defliner  ce  qu'il  voyoit.  Sa 
mémoire  lui  rcpréfentoit  fidelle- 
ment  les  objets  qu'il  n  avoit  vus 
qu'une  feule  fois  &  depuis  long- 
temps. Il  étoit  (d'une  grande  gaieté, 
rempli  de  faillies,  &  tiroit  parti 
de  fa  difformité  pour  réjouir  fes 
amis ,  U  PvuJJin ,  Claude  le  Lorrain , 
Sandrarty  &c.  C  étoit  un  vrai  farceur; 
mais  étant  parvenu  à  1  âge  de  60  ans,- 
fa  fanté  s'affoiblit ,  &  de  la  joie  la 
plus  vive  il  pail'a  à  la  mélancolie 
.  la  plus  noire.  Ce  peintre  fut  furprls 
avec  quatre  autres  >  mangeant  de  la 
viande  en  Carême,  par  ua  ccdé- 
fîaftique  ,  qui  les  réprimanda  plu-* 
ûeurs  fois  &  les  menaça  de  l'Inqui- 
iition.  Enfin  cet  homme  zélé  les 
outra;  â  J^amboçhc ,  aidé  des  autres 
qui  étoîent  af  ce  lui ,  noya  le  prêtre. 
Les  remords  que  ce  crÎQie  lui  caufa , 
joints  à  quelques  petites  difgraces 
qu'il  eut  à  eiTuyer,  hâtèrent  fa  mort  ; 
mais  il  n'eft  pas  vrai  qu'il  fe  préci- 
pita dans  un  puits.  Ce  peintre  ne 
s'cft  exercé  que  fur  de  petits  fujets. 
Ce  font  des  Foires ,  des  Jeux  d^enfans  , 
des  ChaJ^s  ,  des  Pay/agcs  ;  mais .  il 
y  a  dans  fes  tableaux  beaucoup,  de 
force,  d'efprit  &  de  grâce.  Le  roi 
&  le  duc  d'Orléans  en  poUedeot 
plufieurs. 

•  LAERCE,Fa^^DlOGENE-LAER-. 

CE,  n°  IV. 

I.  LAET ,  (  Jean  de)  direûcur  de 
la  Çcmpfiffiic  des  Indes ,  favant  dans 
1  hifloire  &  dans  la  géogeairi^  , 
naquit  à  Anvers ,  &  y  mourut  en 
1649.  On  a  de  lui  :  I,  Novus  Orbls , 
à  Leyde,  in-ft)l,  1633.  Ceft  une 
defcription  du  Nouveau  Monde  en 
18  livres.  Quoiqu'elle  fok  quelque- 
fois inexafte  ,  elle  a  beaucoup  fervi 
aux  géographes.  Làet  traduâit  lui- 
même  cet  ouvrage  cnfrançois.  Cette 
yeriion  fîdelle,  mais  plate,  parut 


L  AB 

en  1640 ,  ia-foUo ,  à  L^de ,  {btii.  t 
le  titre  d'Hifi(flreÂu  Ncwt^fluÎApnde^, 
Ih.ReJpubUca  Belgarum ,  in-24 ,  aiTez 
exaâe.  III.  GaiUa^  in^24,  moins 
efUmée  que  la  précédente.  IV.  Dé 
Régis  HlJ'panla  ngnis  ^  oplbus ,  in-8^, 
V.  Hijlorla  naturslis  BrafitU  G,  Pi" 
fonis ,  in-fol.  avec  figures ,  à  Leyde  > 
1648.  W,TurcleiImperiiJhtttis/ïi\'14» 
VII.  P^rfia  ,  feu  A;gni  PerJUiftatus  , 
in-24.  Tous  ces  petits  ouvrages  ^ 
imprimés  chez£/(/Wr,  contiennent, 
une  defcription  fuccinte  des  difté- 
rcns  pays  dont  le  royaume  que  le. 
géographe  parcourt  efl.  £ompofé« 
On  y  parle  des  qualités  du  climat  « 
des  produdtions  du  terroir  ;  du 
génie ,  de  la  religion ,  éts  moeurs 
des  peuples  *,  du  gouvernement  civil 
&  politique  ;  de  la  puiflance  &  des 
richefîc»  de  l'état*  Ce  plan,  qui 
eA  aiTez  bon ,  a  été  miîeux  exécuté 
par  les  géographes  qui  font  venus 
après  LaiBt,  Mais^  quoique  ces  petits 
livres  ne  foient  guère  au-dçfTus  du 
médiocre ,  on  les  recherche  comme 
s'ils  étoient  excellens ,  grâces  au 
00m  &  à  la  réputadon  de  l'impri- 
meur^ Un  ouvrage  plus  confidé- 
rable ,  imprimé  aui&  diez  E/^évir 
en  1649,  in-folio,  l'occupa  fur  la 
un  de  fes  jours  v  c'eâ  1  édition  de 
Vitruye ,  avec  les  notes  de  Phîiandre, 
de  Barbara ,  de  Saumai/e ,  accompa- 
gnée de  plufieurs  Traités  de  divers 
auteurs  fiur  la  même  matière.  Ce 
recueil  eft  eflimé. 

IL  LAET,  Voy^  Rollwinch. 

L  iE  T  A ,  dame  Romaine ,  fille 
d'Albin  grand-pontife ,  époufa ,.  fur 
la  fin  du  iv^  ûecle ,  Torax  fils  de 
Sainte  Poule,  Albin  fut  fi  touché  de 
la  verm  de  fon  geùdre  &  de  la  £a- 
gefTe  de  fa  fille',  qu'il  renonça  au 
Pagaxûfme  &  embrafia  la  religion 
Chrétienne.  Lxta.  fiit'^ere  d'une 
fille ,  nommée  PauU ,  comme  ion 
aïeule  ;  c'efi  à  cette  occafion  que 
5.  Jérôme  lui  adrefla  une  Epitrt  qvl 
comxnence  ainii  :  Apofiolm  Faui^ 


t  AT 

fa^s  ai  Corînthîos  ^  ficc.  dans  la* 
^elle  il  lui  donne  des  inftruâions 
pour  l'éducation  de  cette  enâmt. 

L^TUS»  capitaine  de  la  garde 
prétorienne  de  Tempereur  Commode^ 
dans  le  fécond  fiecle  y  empêcha  que 

'  ce  prince  barbare  ne  fit  brûler  la 
ville  de  Rome  ^  comme  il  l'avoit 
réfolu.  Commode  ayant  voulu  le 
faire  mourir  avec  quelques  autres ,. 
cdui-ci  le  prévint ,  &  de  concert 
avec  eux ,  il  lui  fit  donner  du  poifbn 

I  Tan  193^  JUuus  éleva  à  l'empire 
Ptrtmax  ;  &  trois  mois  après  il  le 

I  fitmaflacrer ,  parce  qu'il  rétabliiloit 
trop  févérement  la  difcipline  mili- 

j      taiïe,^  &  que ,,  par  l'innocence  &  la 

[  droiture  de  fes  mœurs  ,  il  lui  repro- 
choit  tacitement  fa  diflolution.  DU 
dur- Julien  lepiinit  de  mort  peu  de 
temps  après. 

LjETUS  Pomponius,  Voyei 
POMPONIUS  >  n°.  lîl. 

LiEVINUS  TORRENTITJS,. 
Voy,  TORRENTIUS^ 

LiEVIXIS  ,  ancien  poète  Latin, 
dont  il  ne  nous  refte  feulement  que 
éiiux  vers  dans  Au/ugele ,  6i  Jîx  dans 
Apulée,  On  croit  qu'il  viyoit  ayant 
Ctcéron, 

LAFARE»  ( Charles-AuguHe^ 
marquis  de  )  né  au  château  de  Val- 
gorge  dans  le  Vivarais  ,  en  1644, 
(tit  capitaine  des  gardes  de  Mon- 
teur ,  8(  de  fbn  fils  y  depuis  régent 
du  royaume.  H  plut  à  ce  prince  , 
par  r^jouement  de  fon  imagina- 
tion, la  délicatefTe  de  fbn  e^rit, 
&  les  agrémens  de  fon  caraûere. 
Son  talent  pour  la  poclie  ne  fe  dé- 
veloppa ,  fuivantTauteur  du  Siècle  de 
Louis  XIV  y  qu'à  l'âge  de  près  de  60 
ans.  Ce  fiit  pour  Madame  de  Caylus 
qu'il  fîtfcs  premiers  vers  ,  &  peut- 
ctre  les  plus  délicats  qu'on  ait  de  lui: 

M*ahandonnitnt  un  jour  â  la  trt/kffe  , 
Sans  efpéronce  ^  mime  fans  défirs , 
"  Je  n^rettols  les  fenfih/ts  plalfirt 
Dont  la  di»iceur  cTéf hanta  majstmâfi,&g. 


L  A  F         13Î 

Ses  autres  Poéûes  refpirent  cette, 
liberté  ,  cette  négligence  aimable» 
cet  air  riant  &  £acile ,  cette  fîneiTe 
d'un  courtifan  ingénieux  &  délicat , 
que  l'art  tenteroit  en  vain  d'imiter. 
Mais  elles  on'  aufli  les  dé&uts  de  la 
nature  livrée  à  elle-même*,  le  flyle 
en  efl  incorref^  &  fans  précifion. 
C'eft  V Amour,  c'eft  B.'cehus ,  plutôt 
qa* Apollon,  qui  infpiroient  le  mar- 
quis de  Lafare,  Les  fiuits  de  fa  mufe 
fe  trouvent  à  la  fuite  des  Poéfies  de 
l'abbé  de  Chaulicu^  fon  ami ,  [  édition 
de  Saint'-Marc],  Ces  deux  hommes 
étoient  faits  l'un  pour  Tautre,  mêmes 
inclinations ,  même  ardeur  pour  les 
plaifirs  ,  même  ùiçon  de  penfer  ^ 
même  génie.  Il  y  avoit  une  parfaite 
fympaâiie  dans  tous  leurs  goûts  & 
même  dans  leurs  défauts.  Le  marquis 
de  Jjtfarc  mourut  en  1 7 1^ ,  à  6.8  ans. 
»»  Lafare  n'efl  plus ,  écrivoit  l'abbc 
y*  de  Chaullaz  à  madame  de  Bouillon,. 
>»^  J'aivu  mettre  le  comble  aux  amer»^ 
»  tûmes  de  ma  vie ,  pa»  la  mort  du 
'»  plus  tendre  &  du  plus  fidelle  ami 
>♦  qui  fut  jamais.  Pendant  40  ans 
»>  la  raifbn  n'a  ceiTé  d'approuver  & 
M  de  cimenter  une  union  qu'un  pen-- 
»♦  chant  aveugle  avoit  commencée"* 
Outre  {t&  Poéfies ,  on  a  de  lui  des^ 
Mémoires  &  des  Réflexions  fur  les 
principaux  événemens  du  règne  de 
Loms  XIFy  in-ï2.  Us  font  écrits 
avec  beaucoup  de  fmcérité  &  de 
liberté-,  mais  cette  liberté  efl  quel- 
quefois poufTée  trop  loin.  Le  mar-- 
cpiis  de  Lafarty  qui  dans  le  commerce 
de  la  vie  étoit  de  la  plus  grande  in- 
dulgence,, n'a  prefque  Êit  qu'une, 
l&tire.  Il  étoit  mécontent  du  gou- 
vernement', il  pafToit  fa  vie  dans^ 
une  fociété  qui  fe  faiibit  un  mérite- 
de  condanner  la  cour  :  >*  Cette  fo« 
>♦  ciété  (  dit  l'auteur  déjà  cité  )  fit  „ 
y*^  d'un  homme  très  -  aimable ,  ua. 
M  hiitorien  quelquefois très-injufte*«^ 
À  ce  jugement,  joignons  celui  qu'^f- 
tzthuriy  évêque  deRochefter,  por- 
toit  dfetiMfi^ptf'^^*:  lAf<srt^^\  Le  OUK 


liii 


IJ4         L  A  F 

ft  en  efl  aifé  &  naturel ,  &  ily  a  un 
n  air  de  vérité  dans  tout  ce  que 
>*  Tauoeur  dit.  Mais  ce  n'eH  pas 
>*  pourtant ,  £elon  moi ,  une  main 
>•  de  maître.  U  narre,  non  en  homme 
H  qui  poiTede  les  règles  de  la  bonne 
M  compofition  ,  mais  en  agréable 
M  convive.  Je  dis  de  fon  ftylc ,  ce 
»»  qu'il  dit  lui-même  de  fa  figure  : 
f»  Ma  figure  tCcfi  pas  fort  déplaifanu , 
)t  quoique  je  ne  fois  pas  du  nombre  des 
»  gms  bien  fahs.  Quoiqu'il  ne  foit 
ft  pas  un  écrivain  du  premier^  ni 
1»  même  du  fécond  ordre,  il  eft  pour- 
>t  tant  amufant....  J'ai  de  la  peine  à 
M  lui  pailer  ce  qu'il  dit  des  belles 
M  jambes  du  chevalier  de  Rohan,  On 
»  auroit  plutôt  attendu  une  pareille 
ji  remarque  de  la  part  d'une  dame 
n  galante  ;  &  cela  Eût  voir  que  le 
M  marquis  étoit  trop  attentif  à  de 
n  pareilles  bagatelles.  Il  le  fent  lui- 
91  même ,  car  il  s'excufe  dans  ce  qui 
vt  fuit;  mais  cette  excufe  prouve 
>«  feulement  combien  fon  penchant 
M  à  cet  égard  étoit  puif&mt  en  lui , 
»»  puifqu'U  avoit  afTez  de  lumières 
%^  pour  appercevoir  la  faute  ,  & 
vt  que  malgré  cela  il  ne  laiâbit  pas 
M  de  la  commettre  ««.  On  a  encore 
de  lui  les  paroles  d'un  opéra  in- 
titulé, Panthée ,  que  le  duc  é*  Orléans 
mit  en  partie  en  muûque. 

LAFFICHARD  ,  (Thomas)  né 
à  Ponflon  en  1698,  diocefe  de  Saint- 
Paul-de-Léon  ,  &  mort  à  Paris  le 
20  Août  1753  ,355  ans,  adonné 
un  grand  nombre  de  pièces  aux 
François ,  aux  Italiens  &  à  l' Opéra- 
comique.  Celles  qui  font  imprimées, 
font  recueillies  en  un  vol.  in-8**. 
Elles  eurent  un  fuccès  paflàger.  Voy. 
la  France  Ûttéraîre^  1669  ,  tom.  2« 

I.  LA  FIT  AU,  (Jofeph-Fran- 
çois)  né  à  Bordeaux ,  entra  de  bonne 
:  heure  dans  la  Compagnie  de  Jésus, 
où  fon  goût  pour  les  belles-lettres 
&  pour  rhifloire  le  tirade  la  foule, 
U  fe  fit  connoître  dans  la  république 
.des  lettres  par  quelques  ouvrages. 


1.  £er  Mcturs  des  Sauvants  Aûiiit^ 
coins,  comparées  auâ!  maurs  des  pre» 
nùers  temps ,  imprimées  à  Paris  en 
1723  ,  en  2  vol.  in-4** ,  &  4  vol. 
in- 12.  C'eftun  livre  très-eflimable. 
L'auteur  avoit  été  miffionnaire 
parmi  les  Iroquois  \  auffi.  n  avons- 
nous  rien  d'aiiffi  exaâ  fur  ce  fujet. 
Son  Parallèle  des  anciens  peuples 
avec  les  Américains  efi  fort  ingé- 
nieux ,  &  fuppofe  une  grande  con- 
noiflance  de  l'anâquité.  II.  Hljioirc 
des  découvertes  des  Portugais  dans  U 
Nouveau  Monde  ,1733,2  vol.  in-4**, 
&  1734 ,  4  vol.  in-i2  :  exaûe  & 
affez  bien  écrite.  III.  Remarques  fur 
le  Gin-Seing,  Paris,  if^S ,  invi2. 
L'auteur  mourut  vers  1740. 

n.  LAFITAU,  (Pierre-Franc.) 
né  à  Bordeaux  en  1685 ,  jl'un  comr- 
tier  de  vin ,  dut  fa  fortune  à  fon 
efprit.  Admis  fort  jeune  chez  les 
Jéfuites,  il  s'y  diftingua  par  fon  ta- 
lent pour  la  diaire.  Ayant  été  en- 
voyé à  Rome  pour  entrer  dans  ks 
négociations  au  fu)et  des  querelles 
fufcitées  en  France  pour  la  bulle 
Unigenitus ,  il  plut  par  fes  bons  mots 
à  Clément  IX  ,  qui  ne  pouvoir  fe 
pafTer  de  liii.  Sa  converfarion  vive 
&  aiféc,  fon  efprit  fécond  «n  fail- 
lies ,  amufoient  ce  pontife ,  &  L^^* 
tau  en  profita  pour  obtenir  quelque 
dignité.  U  fortit  de  fon  ordre  *  & 
fiit  nommé  à  l'évêché  de  Sifleron. 
Les  commencemens  de  fonépifco- 
pat  lui  firent  moins  d'honneur  que 
la  fin  *,  s'étant  peu-à-peu  détaché 
du  monde  \  il  fut  l'exemple  de  fon 
clergé  :  il  donna  des  miflions»  il 
afTembla  un  fynode ,  il  fonda  un 
féminaire.  Après  avoir  pafTé  les 
dernières  années  de  fa  vie  dans 
'  l'exercice  des  vertus  épifcopales , 
il  mourut  au  château  de  Lurs  le 
5  Avril  1764,  dan*  fk  79*  année. 
L'évêque  de  Sifleron  s'étoit  tou- 
jours montré  ennemi  ardent  du 
Janfénifme  ;  mais  la  vidllefTe  le 
ramena  à  une  façon  de  pttifer  plu« 


X  A  F 

iiouce  &  plus  pacifique.  On  a  de  liu 
pluficurs  ouvrages  :  I.  Hîftoin  de  ta 
ÇonJUtudon  Unig£nitus,  en  1  vol. 
îa-ii,  dans  laquelle  il  y  a  plus  de 
légèreté  dansleflyle,  que  de  mo- 
dération dans  les  portraits  qu'il  trace 
des  ennemis  de  cette  Coniftitution. 
IL  Hifioîre  de  Clément  XI  j  en  2  vol. 
in- II.  Il£iit]£édre  àfon  héros  des 
miracles.  [Koy.  Dupin].  III.  Des 
Samons^  en  4  vol.  in-12,  qui  ne 
répondirent  point  à  l'attente  du 
public  Ce  prélat  avoitplus  de  gefte 
&  de  repréfentation ,  que  d'élo- 
quence. Il  cite  rarement  l'Ecriture 
&  les  Pères  ;  il  manque  de  preuves , 
&  il  bâtit  toutes  nos  grandes  vérités 
fur  des  toiles  d'araignée.  Les  dif- 
€ours  qui  ne  demandent  pas  une 
connoiflânce  profonde  des  myileres, 
font  les  meilleurs  :  tel  eft ,  par 
exemple  •  fon  Sermon  fur  le  Jeu  ; 
niais  lorfqu'il  prononçoit  les  autres, 
il  étoit  dijBkile  de  n'être  pas  touché 
par  les  grâces  de  fa  figure ,  de  fa 
voix  &  de  fon  aâion.  IV.  Retraite 
àc  quelques  jours ^  in- il.  V.  Avis  de 
din^n^  in- II.  VI.  Confirencespour 
les  Mlffions  ,  in-ii.  VII.  Lettres 
Spîntuelles ,  in- il.  Tous  ces  ouvra- 
Iges  font  fort  fuperfîcîels  ;  on  n'y 
trouve  ordinairement  que  de  petites 
phrafes  fans  penfées.  VIII.  La  Vie 
^  les  Myjlires  de  la  Sainte  Vierge^ 
2  vol.  in.  1 2  :  ouvrage  àîGté  par  une 
dévotion  peu  éclairée  &  pleine  de 
ÊiuiTes  traditions.  Lafitau  avoit  le 
génie  porté  aux  petites  pratiques, 
&  il  mettoit  fouvent  du  ridicule 
dans  celles  qu'il  introduifoit  en  fon 
diocefe.  Il  fonda  un  ordre  de  reU- 
gieufes,  qu'il  fît  appeler  la  Paren- 
ule.  Il  parut  quelquefois  avoir  un 
goût  de  dévotion ,  qui  tenoit  plus 
d'un  moine  Portugais  ,  que  d'un 
4vêque  François-,  c'eft  ainfi  du  moins 
que  l'a  peint  l'auteur  des  Nouvelles 
iccléfia/Bques  ,  &  fon  témoignage 
n'eft  détruit ,  ni  par  les  pradudions 
à%  c«  prélat ,  ni  par  ceux  qui  l'ont 


L  A  G         13». 

vu  dans  •les  derniers  temps  de  fi 
vie.  L'auteur  de  cet  article  efl  de  ce 
nombre  \  &  quoiqu'il  eût  plus  à  fe 
louer  de  lui ,  qu'à  s'en  plaindre  » 
il  a  dû  le  peindre  tel  qu'il  étoit, 
parce  qu'on  ne  doit  aux  morts  que 
la  juflice  &  la  vérité  :  un  article 
hiflorique  n'eft  point  une  oraifon 
funèbre. 

LAFONT  ,  LAFOSSE,  Voy.  à 
la  lettre  F. 

LAGALLA,  (Jules-Céfar)  na- 
quit en  1576  d'un  père  iurifcon- 
fuite,  à  P»iulla,  petite  ville  de  U 
Bafilicate  au  royaume  de  Naples. 
Après  avoir  fait  fes  premières  étu-* 
des  dans  fa  patrie ,  il  fut  envoyé  k 
Naples  à  l'âge  de  1 1  ans  ,  pour  y 
étudier  la  philofophie.  Son  cours 
étant  achevé ,  il  s'appliqua  à  la  mé- 
decine ,  &  fit  tant  de  progrès  dans 
cette  fcience,  qu'après  avoir  été 
reçu  doâeur  gratuitement ,  par  une 
diftindHon  que  le  collège  des  mé- 
decins de  Naples  voulut  lut  accor- 
der ,  il  fut  nommé  à  Tage  de  18  ans 
médecin  des  galères  du  pape.  A 19 
il  fe  fit  recevoir  doâeur  en  philo- 
fophie &  en  médecine  dans  l'uni- 
vâ^té  de  Rome  *,  &  à  21  ans ,  il  fut 
îugé  digne»  par  Clément  VUI^  de 
la  chaire  de  logique  du  collège  Ro- 
main ,  qu'il  occupa  avec  une  grande 
réputation  jufqu'à  fa  mort ,  arrivée 
en  1623  ,  à  47  ans.  Les  travaux  de 
cette  place  lui  laiflbient  peu  de 
temps  pour  pratiquer  la  médecine  ; 
auffi  eft-il  plus  connu  comme  phi- 
lofophe,  que  comme  médecin.  Il 
paroît  cependant  qu'on  n'avoit  pas 
une  mince  opinion  de  fes  talens 
-dans  l'art  de  guérir ,  puifque  Siff./* 
mond  III ,  roi  de  Pologne  &  de 
Suéde  ,  voulut  l'avoir  auprès  de 
lui  en  qualité  de  médecin  *,  ce  que 
fa  mauvaife  fanté  ne  lui  permît  pas 
d'accepter.  Ce  favant  étoit  doue 
d'une  mémoire  admirable  ,  &  ce 
don  de  la  nature  lui  fut  plus  utile 
qu'à  tout  autre ,  fon  écriture  étant 

I  iy 


%3^        1  A  G 

Indéchiffrable,  &  vu  ^qu'il  n*écrl- 
voit  qu'avec  la  plus  grande  répu- 
gnance. AufH  eft-il  refté  peu  d'ou- 
vrages de  lui.  Léo  AUatîus^  qui  a 
donné  fa  Vlc^y  cite  un  Traité  in- 
titulé :  Dîfputatîo  di  Cotlo  animato^ 
Jieidelberg ,  .1721. 

LAGARDÏE,  Vcyei  GàRdie, 

LAGERLOOF  wLagerloef  , 

î[ Pierre)  LaurîfuUus  ,  habile  Sué- 
dois ,  né  dans  la  province  de  Ver- 
meland  ,  le  4  Novembre  1648 , 
devint  profefTeur  d'éloquence  à 
XJpfal ,  éc  fut  choiû  par  le  roi  de 
^uede  pour  écrire  l'hiftoire  ancienne 
8c  moderne  des  royaumes  du  Nord* 
Il  mourut  le  7  Janvier  1699 ,  à 
5 1  ans.  On  a  de  lui  :  !•  De  Ortho^ 
f^aphiâ  Succand,  IL  De  commerças 
Romanomm,  111.  De  Dnùdièus,  IV, 
De  GothîcA  Gentis  fedihus ,  Upfal , 
1691  »  in-8^.  V.  Des  Difcours  & 
des  Harangues ,  &c.  Son  latin  étoit 
irès-goûté  dan^  le  Nord*^ 

LAGNEAU,  (N...)  connu  feule- 
ment par  fa  manie  pour  la  pierre 
philofophale,  qui  lui  fît  perdre  le 
jugement  &  fa  fortune ,  &  qui  l'en- 
^gea  à  traduire  &  à  augmenter  le 
livre  infenfé  de  Bafîle  VaUntm  , 
intitulé  :  Les  dou^e  Clefs  de  la  Philo/o' 
jpAitf.  La  traduâion  de  Lagneau  fat 
imprimée  à  Paris  en  1660,  in-8**, 
I-es  fous  comme  lui  la  recherchent. 
Cet  auteur  mourut  fur  la  fin  du 
,xvii**  fiecle. 

j  LAGNY ,  (Thomas  Fantet ,  fîeur 
de)  célèbre  mathématicien  ,  né  à 
Lyon  en  1660 ,  fut  deftiné  par  fes 
parens  au  barreau  •,  mais  la  phyfique 
&  la  géométrie  l'emportèrent  fur 
la  jurisprudence.  Connu  de  bonne, 
heure  à  Paris ,  il  fut.çhargé  de  l'édu- 
cation du  duc  de  NvalLks,  L'acadé- 
mie des  fcienccs  lui  ouvrit  fes  portes 
en  1695  ,  &  quelque  temps  après 
J^uU  XIV  lui  donna  la  chaire  d'hy- 
drographie à  Rochefort.  Son  mérite . 
1^  fit  rappçlçr  à  Paris  16  ans  après , 


;    .  L-^  A  G 

8e  lui  obtint  une  place  de  penfibn- 
naire  de  l'académie ,  celle  de  fous- 
bibliothécaire  du  roi  pour  les  livres 
de  philofophie  &  de  mathémadques» 
.&  une  peniion  de  1000  liv.  dont  le 
duc  à!  Orléans  le  gratifia.  Il  mourut 
le  12  Avril  1734,  à  64  ans,  re- 
gretté des  gens  de  lettres  dont  il 
étoit  l'ami  &  l'appui,  &  des  pauvres 
dont  il  étoit  le  père.  Dans  les  der* 
niers  momens ,  où  iX  ne  connôif- 
foit  plus  aucun  de  ceux  qui  étoient  \ 
autour  de  fon  lit,  un  mathémati- 
cien s'avifa  de  lui  demander  :  Quel 
étoit  le  quarré  de  dcu^e }  il  répondit 
dans  rinilant ,  &  apparemment  fans 
favoirce  qu'il  répondoit:  Centqua^, 
rante-quatre.  Ce  géomètre  n'avoit 
point  cette  humeur  férieufe  ou 
îombre  qui  feit  aimer  Tétude ,  & 
que  l'étude  elle-même  produit.  Mal- 
gré fon  grand  travail  ,  il  avoit  tou* 
jours  aiïez  de  gaieté;  mais  cette 
gaieté  étoit  celle  d'un  homme  de 
cabinet  La  tranquillité  de  fa  vie  fut 
indépendante ,  non-feulementd'unç 
plus  grande  ou  moindre  fortune, 
mais  encore  des  événemens  litté- 
raires ,  fi  fenfibles  à  ceux  qui  n'ont 
point  d'autres  événemens  qui  oc< 
cupent.  Les  ouvrages  les  plus  con- 
nus de  cet  illufire  mathématicien 
font  :  L  Méthodes  nouvelles  &  abri» 
gées  pour  l'extraction  &  l'approxîma* 
tion  des  racines  ,  Paris  ,  1691  & 
1697 ,  in-4**.  IL  Elémens  d'Arîth" 
métlque  &  d^ Algèbre  ,  Paris  ,  1697  ^ 
in- 12.  On  les  lit  peu;  parce  que 
d'autres  plus  parfaits  ont  pris  leur 
place.  UI.  La  Cubature  de  la  Sphère  ^ 
1702 ,  la  Rochelle ,  in-i2,  IV.  Ana^ 
ly/e  générale  ,  ou  Méthode  pour  ré* 
foudre  les  Problèmes ,  publiée  à  Paris 
par  Rlckcr  en  1733  ,  in-4**.  V.  Plu- 
fieurs  écrits  importans  ,  dans  let 
Mémoires  de  l'académie  des  iciences. 
Ils  décèlent  tous  im  grand  géo- 
mètre. ;  - 
.  LAGUILLE ,  (Louis)  Jéfuite ,  ni 
à  Aucun  en  x6]fS ,  m<>rc  àPom«à; 


1  A  C 

Mouflon  en  1742  «  à  S4  ans ,  fe  fît 
cftimer  par  fes  vertus  &  £es  talens. 
Ils'étoit  trouvé  au  Conph  de  Bade 
en  1714  -,  &  le  zcle  pour  la  paix , 
qu'il  avoir  ێdt  paroitre  dans  cette 
aflfemblée,  lui  valut  une  penfîon. 
On  a  dé  lui  pluiieurs  ouvrages.  Le 
principal  cft  une  Hlftolre  d^Alfact 
ancUane&  moderne,  depuis  CéÙLrjuf" 
fi*en  rjzj ,  à  Stras|30urg ,  en  2  vol, 
in-foL  8r  en  8  vol.  in-8** ,  1727. 
Cette  hifloire  commence  par  une 
notice  utile  de  l'ancienne  Alface, 
&  finit  par  pluiieurs  titres  qui  lui 
fervent  de  preuves  ,  &  defquels  on 
peut  tirer  de  grandes  lumicres. 

LAGUNA,  (André)  médecin, 
né  à  Sé^ovie  en  1499  ,  pafla  une 
grande  partie  de  fa  vie  à  la  cour 
de  l'empereur  Qiarles-Quint^  qui 
avoit  une  grande  confiance  en  lui. 
Il  fe  rendit  à  Metz  l'an  1540 ,  pro- 
digua tous  fes  foins  à  fes  habitans 
durant  une  épidémie  peftilentielle , 

I  &  s'acquit  par-là  leur  eftime  &leur 
reconnoiffance,  dont  il  profita  adroi- 

I  tement,  pour  refferrer  les  nœuds 
qui  les  attachoient  à  Téglifè  ro- 
maine &  à  leur  fouverain.  Il  fe  ren- 

!  dit  de  là  à  Rome  où  Léon  X  Itû 
donna  des  marques  d'une  grande 
eftime ,  parcourut  enfuite  TAlle- 
magne ,  les  Pays-Bas ,  &  alla  esifin 
finir  fes  jours  dans  fa  patrie  en  i  ç  60, 
à  61  ans.  Ce  médecin  étoit  aufiiun 
bon  critique.  On  a  de  lui  :  L  Ana- 
tomlca  methodus ,  Paris ,  16  3  5  ,  in-8®. 
II.  EpUome  GaUnî  operum  ,  adjecUs 
vUâ  Galcni  6»  Ubel/o  de  pondcrlhus 
^  nwifurîs  ,  Lyon ,  1643  y  in-fol. 
ni.  Annotatîones  în  Dîofcondem  y 
Lyon  ,  1554,  in -12.  IV.  Une 
Verfion  efpagnole  des  ouvrages  de 
IXofcoride,  Valence,  1636,  in- 
fo!. &c. 

LaGUS  ,  (Daniel)  Ludiérien, 
profeffeur  de  théologie  à  Gripf- 
waîd,  mourut  en  1678.  On  a  de 
lui  :  1.  Theoria  meteorolo^ca.  IL  Af» 
irt>fophif  mathcmatieo -^  phy/iea,  III^ 


L  À  f  ïî^ 

Stdckolcgia,,,  "Pfycholopa,**  Archolo^ 
gfa  :  ce  font  trois  traités  différens. 
IV.  Examen  trîum  ConfiJJianum  refàr»  * 
tnatarum  ,  MarchUcx  ,  Lîpfienfis  & 
Thonmenfis,  V.  Des  Commentaires  fur 
les  Epîtres  aux  GaUtts ,  aux  Ephi- 
fiens  &  aux  FfdUppîms  :  ils  font  plus 
favans  que  méthodiques. 

LAHIRE,  Voye^niVilL. 

LAÏMAN ,  ou  L AYM AN ,  (  Paul  ) 
Jéfiiite,  natif  de  Deux-Ponts,  en- 
feigna  la  philofophie  »  le  droit 
canon  &  la  théologie  en  divers 
collèges  d'Allemagne ,  &  mourut  à 
Confbn<^  le  13  novembre  1635  » 
à  60  ans.  On  a  de  lui  une  Théclogi^ 
morale  en  latin ,  in-fol.. ,  dont  toutes 
les  décifions  ne  font  pas  exàCtçs  ; 
&  d'autres  ouvrages ,  cnfévelis  en 
France  dans  les  grandes  bibliothè- 
ques ,  mais  dont  les  théologiens  & 
canonises  Efpagnols  &  Italiens  font 
encore  ufage  y  ou  du  moins  ils  lo 
confultent  quelquefois. 

LAINE,  Foyei  Laisné. 

1.  LAINEZ  ,  (Jacques  )  Efpa- 
gnol ,  l'un  de&  premiers  compa- 
gnons de  5.  Ignace  ,  contribua  beau* 
coup  à rétabliflement  de  fa  Société, 
&  lui  fuccéda  dans  le  généralat  en 
15  5  8.  Il  aflifta  au  concile  de  Trente, 
comme  tliéologien  de  PaulIII ,  de 
Jules  III,  de  Pu  IV,  II' s'y  fignala 
par  fon  {avoir  ,  par  fon  cfprit ,  & 
fur-tout  par  fon  zèle  pour  les  pré» 
tentions  ultramontaines.  Dans  la. 
xxiii^  fefïioft  tenue  le  15  Juillet 
I563  ,  il  foutint  :  Que  la  Hiérarchie 
était  renfermée  dans  la  pcrfonne  du 
Pape  ;  que  les  Eviques  n*avolent  dA. 
juridiction  &  de  pouvoir  ,  qu^amant 
qulls  les  tenoîsnt  de  lui  ;  que  /.  C* 
n'avûit  donné  fa  mljfion  qu'à  S.  Pierre, 
de  qui  les  autres  Apôtres  avoient  reçu  la 
leur  i  que  le  tribunal  du  Pape  fur  U  terre 
efi  le  mime  que  celui  de  /.  C.  dans  le 
Clily  fi»  qu^ll  à  la  mime  étendue  ^  &c,, 
Laine^  vint  en  France  à  la  fuite  du 
(Ordinal  4i  ^man ,  légat  de  Pk  IV  | 


138         LAI 

6c  y  )oua  un  peifoxmage  ^ngulîer. 
Il  parut  au  colloque  de  PoiiH  pour 
difputer  contre  Èc[e,  Ses  premiers 
traits  s'adreiTerent  à  la  reine  Cathe- 
tint  de  Médias,  U  eut  la  hardieiTe 
éc  lui  dire  que  ce  n'étoit  pas  à  une 
femme  d'ordonner  des  conférences 
ic  religion  ,  &  qu'elle  ufurpoit  le 
droit  du  pape.  U  difputa  pourtant 
dans  une  aflemblée  qu'il  réprou- 
voit  ',  &  parmi  beaucoup  de  bonnes 
chofes ,  il  laiiTa  échapper  bien  des 
puérilités.  De  retour  à  Rome,  il 
reàifa  la  pourpre,  &  mourut  le 
19  Janvier  1565  ,  à  53  ans.  Quel- 
ques auteurs  ont  prétendu  qu'on 
avoit  jeté  les  yeux  fur  lui  dans  le 
conclave  de  1559  ,  pour  remplir 
le  trône  pontifical.  On  a  de  lui  quel- 
ques ouvrages  de  théologie  &  de 
morale.  Théophile  Rayttaud  le  fait 
auteur  dés  Déclarations  fur  les  Conf" 
^  mutions  dès  Jéfmtes  -,  &  pluiieurs  écri- 
vains lui  attribuent,  peut-être  fans 
autres  preuves  que  des  foupçons, 
les  Conflitutions  mêmes  :  ces  Conf- 
tUuùons  qui  n*ont  pas  été  écrites  par 
une  induftrie  humaine  ,  mais  qui  ont 
'tily  cefembltt  In/plréis  par  la  Dlvl- 
lùtéi  c'eft  le  jugement  qu'en  porte 
le  Père  Alégambe  en  bon  Jéfuite.  Les 
bornes  de  cet  ouvrage  ne  nous  per- 
mettent pas  de  donner  une  analyfe 
détaillée  de  ces  Conftitutions  ,  û 
long-temps  enféveîies  dans  l'oubli , 
6c  aujourd'hui  trop  fameufes.  On  fe 
contentera,  de  dire  que  S.  Ignace  ^ 
nourri  dans  Topinion  du  pouvoir 
abfolu  du  pape  fur  le  fpirituel  & 
le  temporel ,  crut  qu'il  falloit  éri- 
ger la  Société  en  monarchie.  Ses 
vues  étoient  pures  -,  mais  celles  de 
Lalne[  l'étoient  beaucoup  moins. 
On  doit  le  regarder  comme  le  vrai 
fondateur ,  &  peut-être  comme  le 
deftruâeur  de  la  Société.  Sa  pre- 
mière démarche  fut  défaire  déclarer 
U  Généralat  perpétuel  i  quoique  Paul 
iV  fentit  la  dangereufe  conféquence 


LAI 

de  cette  perpémité.  La  féconde  fbt 
de  faire  accorder  au  général  :  I.  Les 
droits  de  pafTer  toutes  fortes  de  con- 
trats fans  délibération  commune.  II. 
De  donner  l'autorité  &  l'authen- 
ticité aux  commentaires  &  aux  dé* 
clarations  fur  les  ConiHtunons.  III. 
Le  pouvoir  d'en  faire  de  nouvelles  , 
de  changer  &  d'interpréter  les  an-, 
ciennes.  IV.  Celui  d'avoir  des  pri- 
ions. Eyifin  Laînei  fe  fit  prefque  tout 
déférer,  dans  la  première  congré- 
gation qui  fut  tenue  après  la  mort 
A'ignau,  Ainfi  fut  fubftituée  à  la 
droiture  &  à  la  fimplicité  évangé- 
lique ,  une  politique  qui  parut  plut 
humaine  que  chrétienne.  On  fait' 
combien  les  Jéfuîtes  furmonterent 
d'obftacles  pour  s'établir  en  France. 
Chaffés  de  ce  royavune  en  '1594  , 
ils  y  rentrèrent  dix  ans  après ,  mal- 
gré les  remontrances  du  Parlement 
de  Paris.  Henri  IV  répondit  lui- 
même  à  ces  repréfentations ,  avec 
cette  éloquence  vive  ,  franche  & 
naïve,  qu'on  n'a  fait  que  délayer 
dans  les  longues  apologies  des  Je- 
fuites.  >♦  J'ai  obfervé  ,  (  dit  ce  mo- 
narque aux  députés  du  parlement) , 
j'ai  obfervé  que ,  »»  quand  j'ai  com- 
>\  mencé  à  parler  de  rétablir  les  Jé- 
>t  fuites ,  deux  fortes  de  perfonnes 
»♦  s'y  font  oppofécs-,  ceux  de  la 
>i  religion  prétendue ,  &  les  ecdé- 
y>  iiaiHques  mal  vivans.  On  leur 
»»  reproche  qu'ils  attirent  à  eux  les 
.  >♦  beaux-efprits  ,  &  c'efl  de  quoi  je 
n  les  eftime.  Quand  je  fais  des 
Vf  troupes ,  je  veux  qu'on  choififfe 
»»  les  meilleiu-s  foldats ,  &  défirerois 
n  de  tout  mon  cœur  que  nul  n'entrât 
«  dans  vos  compagnies^  qui  n*en  fût 
»  bien  digne  -,  que  par-tout  la  vertu 
M  fut  la  marque  &  la  diftihâioa 
»♦  des  honneurs.  Ils  entrent,  dit- 
»♦  "on,  comme  ils  peuvent  dans  les 
»•  villes  -,  &  fuis  moi-même  entré 
»♦  dans  mon  royaume  comme  j'ai 
M  pu.  Chaut  ne  les  a  point  accu?; 


L  A  I 

«  fés  (r)  ;  &  quand  même  un  Jë- 
^  fuite  auroit  éàt  ce  coup ,  duquel 
»  je  ne  veux  plus  me  fouvenir  , 
M  faudroît-il  que  tous  lés  Jéfuites 
"  en  pâtîffent ,  &  que  tous  les  Apô- 
«  très  fiiiTent  chaffés  pour  un  Judjs  ? 
»»  Il  ne  faut  plus  leur  reprocher  la 
'»  Ligue  :  c'étoit  l'injure  du  temps  ; 
»*  ils  croyoient  bien  feire  ,  &  ils 
>»  ont  été  trompés  comme  plufieurs 
»»  autres.  On  dit  que  le  roi  d'Ef- 
»»  pagne  s'en  fert  -,  je  dis  auffi  que 
M  je  veux  m'en  fervir.  La  France 
v>  n'eft  pas  de  pire  condition  que 
M  TEfps^ne.  Puifque  tout  le  monde 
M  les  juge  utiles ,  je  les  tiens  utiles 
T»  à  mon  état  \  &  s'ils  y  ont  été 
>*  par  tolérance ,  •  je  veux  qu'ils  y 
»>  foient  par  arrêt  «.  Tout  ce  que 
4it  Henri  IV  en  faveur  des  Jéfuites , 
étoit  vrai  ;  mais  le  parlement  leur 
feifoit  des  reproches  dont  ce  prince 
ne  parle  point.  Il  les  accufoit  d'avoir 
des  amis  ardens  dans  toutes  les 
cours  ;  d'y  dominer  par  leurs  con- 
feffeurs  ;  d'y  être  quelquefois  les  ef- 
pions  d'une  cour  étrangère.  Comme 
c'cft  par  l'or  qu'on  gouverne  les 
hommes,  dès-lors  quelques  mem- 
bres de  la  fociété  joignirent  dans 
leurs  midions  lointaines,  d'abord 
infpirées  par  le  zèle ,  le  commerce 
à  l'apoftolat.  Ils  acquirent  des  ri- 
cheffes  coniidérables  &  un  crédit  (2) 
non  moins  Singulier ,  &  abuferent 
quelquefois  de  l'un  &)  de  l'autre. 
Ils  voulurent  maîtrifer  les  efprits  -, 
&  perfécutant  ceux  qui  ne  pen- 
foient  pas  comme  eux ,  ils  fe  firent 


LAI  159 

des  ennemis  implacables^  qcd  finirent 
par  les  rendre  odieux  ou  fufpe^ 
à  tous  les  princes.  Fajca.1,  Arnauld^ 
Nlco/e ,  tâdierent  de  les  couvrir  de 
ridicule  &  d'ignominie.  Louis  XIV, 
en  leur  prodiguant  fa  confiance  âc 
quelquefois  fon  autorité  ,  ne  fit 
qu'aigrir  leurs  ennemis.  [Voy,  les 
art.  II.  Chaise  ;  III.  Tellier  ; 

I.    MON]>OK VILLE.  ]    Sous  Louis 

XV ,  ils  fe  firent  beaucoup  de  mal  ' 
à  eux-mêmes  en  voulant  en  faire 
aux  autres.  Ayant  perpétué  desdif- 
putes  que  la  fagefiie  du  gouverne- 
ment vouloit  éteindre,  &  la  fuite 
de  ces  querelles  ayant  £iit  exiler 
beaucoup  de  particuliers ,  &  troublé 
la  tranquillité  des  corps ,  on  faifi«, 
la  première  occafion»  qui  fe  pré- 
fenta  pour  anéantir  un  ordre  tou- 
jours prêt ,  à  la  vérité ,  à  combattre 
les  hétérodoxes  ;  mats  confondant 
quelquefois  la  dodrine  cadiolique 
avec  fes  opinions  particulières  ,  & 
trop  jaloux  de  fon  crédit  pour  qu'il 
ne  cherchât  point! à  nuire  à  ceux 
qui  le  lui  envioient.  Le  roi  de 
Portugal  Jofeph  /,  foupçonnant  que 
ceux  qu'il  accufoit  d'avoir  attenté 
à  fa  vie ,  avoient  £ût  part  de  leur 
defiein  aux  Jéfuites ,  les  chafia  d« 
its  états  en  1^59.  [Voy.  Mala- 
G  RIDA.]  Cette  di%racefttt  l'époque 
d'une  foule  à' Ecrits ,  que  leurs  ad- 
verfaires  publièrent  en  France.  Les 
magifirats  ne  tardèrent  pas  d'exa- 
miner le  régime  de  cette  finguliert 
Société ,  à  l'occafion  d'un  événe- 
ment qui  parut  d'abord  de  peu  d'im- 


(0  L'Auteur  de  YHifioire  ie  Paris  y  cité  par  Tabbé  ittfcÎM  ,  rapporte  qu*à  l'occa- 
fion de  l'attentat  de  Châtel^  Henri  IV  dit:  Falloit4l  donc  qu»  Us  Jéfuites  fujptnt 
convaincus  par  ma  bouche  I  propos  qui  ne  «'accorde  point  arec  ce  qu'il  dit 
tôneUement  ;  foit  que  dans  le  premier  mouvement  il  ait  parlé  fur  les  Jéfuites  , 
conme  penfoit  alors  la  plus  grande  partie  du  public  ;  foit  qu'il  eût  oublié  ,  dix  ans 
après ,  ce  qu'il  aroit  '  d'abord  été  porté  de  croire ,  d'après  le  cri  général  de  Paris 
&  de  prefque  tous  les  magiftrats  du  parlement. 

(1)  le  P.  d*Avrigni  dit  ,  fous  Tannée  i6s7  »  que  fi  les  Jéfuites  étoient  par-tout 
comme  ils  étoient  i.  Venife ,  c'eil-à-dire  ,  fans  crédit ,  ils  n'en  feroient  pas  plus 
BtaU  Arec  fon  crédit  ,  U  Société  verrait  tomber  f»s  envieux  9  é  Heutôt  elle  n'éturoit  ^ 
flus  d^ennemis. 


'tAO         LAI 

portance ,  mais  dont  les  fuites  furent 
très-conlidérables.  Le.  P.  ia  Valette , 
prétet  des  misions  delà  Martinique, 
avoit  tiré  une  lettre-derchange  fur  le 
.  P.  de  Sacy  ^  Jéfuite  de  la  maifon  pro- 
fe£e  y  fon  correfpondant  à  Paris» 
La  lettre  futproteftée,  &  Saey  affi- 
gpé  pardeTant  les  confuls,  qui  le 
condsonnerent  à  l'acquitter.  Il  en 
appela  au  parlement.  Les  porteurs , 
qui  étoient  de  riches  marchands  de 
Marfeille ,  publièrent  alors  des  Aie- 
moires  bien  raifonnés  &  bien  écrits , 
&tBs  lefquels  ils-tâcherent  de  prou- 
ver c{ue  Us  léj  ultcs  n  *  étant  que  les  Agens 
iu.  Générait  qui  étoît  maître  <&  touUs 
Mars  pojjejporis  »  la  Soàéié  entière  ré- 
fondoît  de  leur  dette,  IX  feUut  donc 
examiner  les  ConJUtuiions  des  Je- 
fiixtes.  Le  parlement  les  trouva  in- 
compatibles avec  ce  qu  un  François 
doit  à  fon  roi ,  &  un  citoyen  à  fa 
patrie.  11  prononça  la  diffolunoo  de 
la  Société  dans  fon  reiTort^  &  fut 
bientôt  imité  par  les  autres  parle- 
mens,  Louis  XV ^  cédant  aux  re- 
montrances de  ces  compagnies  & 
au  défir  d'un  grand  nombre  de  ies 
lujets ,  fupprima  les  Jéiltites  ,  en 
1763  ,  dans  tout  fon  royaume. 
Anéantis  ea  France,  ils  le  furent 
bientôt  dans  les  autres  parties  du 
'inonde  Chrétien,  Le  roi  d'Efpagne 
les  chaiTa  en  1767 ,  avec  toutes  les 
marques  d'une  indignation  dont  il 
cachoit  les  motifs.  Le  roi  deNaples, 
le  duc  de  Parme ,  &  le  grand-maître 
de  Malte ,  imitèrent  cet  exemple  en 
1768.  Ënân  le  pape  Clément  XW  ^ 
rendant  juftice  aux  talens  &  aux 
vertus  de  plufieurs  membres  -,  mais 
ifentant  combien  ce  corps  étoit  dan- 
gereux, par  l'influence  que  quel- 
ques-uns defes  membres  cherchoient 
à  avoir  dans  les  coups  ,  par  le  com- 
merce qu'ils  faifoient ,  par  les  que- 
relles théologiques  qu'ils  excitoient 
ou  qu'ils  entretenoient ,  le  Supprima 
entièrement  en  Ï773  »  &  porta  le 
éernier  coup  à  ce  col^fTe.  Woy*  les 


X  A  I 

art.    AUBENTON  -,    BUSEMBAUM  ^ 

JouvENcr  ;   Oldecorn  y    In- 

CHOFFER  ;   II.    NORBERT  -,   &  H. 

Tournon]. 

II.  LAI  NEZ,  (Alexandre)  de 
la  même  famille  que  le  précédent  ^ 
fié  à  Chimay  dans  le  Hainaut ,  ei^ 
1650,  fe  diûingua  de  bonne  heure 
par  fes  talens  pour  la  poéfie  &  par 
ion  goût  pour  les  plaifirs.  Après 
avoir  parcouru  la  Grèce»  TAfie- 
mineure  ,  l'Egypte ,  la  Sicile ,  TI- 
tajie ,  la  Suiffe ,  il  revint  dans  fa« 
patrie  dépourvu  de  tout.  Il  y  avoit 
environ  deux  ans  qu'il  y  menoit. 
une  vie  obfcure ,  mais  gaie ,  lorCque^ 
Tabbé  Fautrter^  intendant  du  Hai- 
naut ,  fut  chargé  par  Louvois  ^  mi-^ 
nifhe  de  la  guerre  ,   de   faire  la; 
recherche   de  quelques  auteurs   de 
libelles  qui  paffoient  fur  les  âron^ 
tieres  de  Flandres.  jLa/n<^  fut  foup->. 
çonné  d'être  un  de  ces  auteurs  ,  & 
l'abbé  Fautrier  defcendii  chez   lui  ^ 
accompagné  de  50  hommes  »  pour 
vifiter  {^  papiers  •,  mais  ,  au  lieut 
de  libelles ,  û  ne  trouva  que  des- 
vers  aimables  &  des  relations  de  fes 
voyages. L'intendant,  charmé  de  ce- 
qu'il  vit ,  embraffa  Lalnei^  &  l'invita 
delefuivre-,  mais  ce  poëte  voulut 
s'en  défendre ,  difant  «  qu'il  n'avoit 
»♦  que  la  robe-de-chambre  qu!il  por- 
>»  toit  t<.  Fautrier  infifla  y  &  Laîne^  le 
fuivit.   Ce  poète  Epicurien  avoit  uti; 
efprit  plein  d'enjouement,  il  faifoir 
les  délices  des  meilleures  tables ,.  où. 
il  étoît  tous  les  jours  retenu  ,  pour 
fes  propos  ingéniexix ,  fes  faillies  ^ 
&  fes  vers  qu'il  faifoit  fouvent  fur 
le  champ.  Il  étoit  gros  mangeur ,  & 
il  fe  remettoit  quelquefois  à  table* 
après  avoir  bien  dîné ,  en  diiànt  que- 
fon  eftomac  n'avolt  pas  de  mémoire^ 
On  le  vit  toujours  très-attentif  à 
conferver  fa  liberté., Perfonne  ne 
favoit  où  il  logeoit -,  il  refufa  même 
de  très-bonnes  places ,  pour  n'être 
point  gêné.  Content  d'êtie  applaudi 
à  cable  le  verre  à  la  main  >  il  o& 


LAI 

toiilut  îaipals  coaôer  à  perfonne 
les  fruits  de  fa  xnufe.  La  plupart  des 
^v^plicàs  qui  nous  reftent  de  lui  ^ 
recueillies  en  175  3  ,  in-8°,  ne  font 
prefque  que  des  im-promptu.  On  y 
remarque  une  imagination  vive  « 
libre ,  riante ,  finguliere  ;  le  fel  de 
la  faillie  fe  fait  fentur  dans  quelques^ 
unes  *,  le  pinceau  de  la  volupté  a 
crayonné  les  autres  -,  msds  elles  man- 
quent ,  prefque-xoutes ,  de  liaifon 
dans  les  idées  &  de  correétion  dans 
leflyle.  Les  feuls  vers  délicats  qu'on 
ait  de  Lamti  y  font  ceux  qu'il  fit  pour 
madame  de  JVltfYe/: 

U  undre  Apelle  m  jour  ,  dans  ces 
jeux  fi  vantés  t  &i* 

encore  ne  foutîendroient  -  ils  pas 
Tonl  d'une  critique  févere.  Ce  n'eft 
pas  que  nous  penfions  qu'ils  ont  été 
puifés  dans  VAnoJk  ,  comme  on 
l'a  dit  :  le  poëte  Italien  n'a  pas  plus 
fourni  la  penfee-  qui  les  termine  » 
que  vingt  autres  écrivains  qui  l'ont 
eue  après  lui.  Il  eft  naturel  que  deux 
bommesqui  ont  à-peu-prèslemême 
génie  &  qui  travaillent  fur  le  même 
fujet,  fe  rencontrent  dans  leurs  idées. 
Si  JuvauU  fût  venu  après  Boiltau ,  le 
ûtirique  Latin  aurait  en£inté  plu- 
£eurs  des  faillies  du  iatirique  Fran- 
çois. Lcùnei  mourut  à  Paris ,  le  iS 
Avril  1710,  à  60  ans.  Il  paiToit 
pour  déifie.  On  afliire,  qu'après 
avoir  reçu  les  facremens  dans  fa  der- 
nière maladie  ,  fbn  confefTeur  fit 
emporter  la  caffette  de  fes  papiers 
pendant  la  nuit.  Le  moribond  s'étant 
révelUé  ,  cria  au  voleur ,  fit  venir 
un  commifTaire,  dreiTafk  plainte, 
fit  rapporter  la  cafiette  par  le  ^tre 
même,  à  qui  il  parla  avec  vivacité,  & 
à  l'infiantfe  fit  tranfporter  dans  une 
chaife  fiur  la  paroifTe  de  Saint-Roch , 
où  il  mourut  le  lendemain.  Il  avoif 
imaginé  follement  de  fe  faite  mener 
dans  la  plaine  de  Montmartre ,  & 
4*7  xDOurtr  y  pour  Vfiîr  encore  ufufM 


L  A  I        i4r 

Uvêr  h  fokll.  Sa  vie  v.ohiptucufe 
l'avoit  conduit  à  ces  fentimens.Toua 
fes  écrits  nen  font  qu'un  fidelle  & 
fouvent  trop  dangereux  tableau.  Le 
choix  qu'il  avoit  fait  de  Pétronû 
pour  le  traduire  en  profe  &  en  vers  , 
marque  auffi  fon  penchant  :  cette 
traduâion  n'a  point  été  imprimée. 
Il  favoit  au  refte  parÉsiitement  le 
Grec,  le  Latin,  l'Italien  &  l'Efpa-. 
gnol ,  &  poffédoit  tous  les  bona 
auteurs  qui  ont  écrit  en  ces  langues^ 
C'étoit  auffi  un  excellent  géographe  j 
&  il  efl  une  preuve  que  Ton  peu» 
être  en  même  temps  homme  d'érudi- 
tion &  homme  de  plaîfir ,  & ,  poue 
nous  fervir  d'une  de  fes  penfées  , 
partager  fa  vie  entre  Bacchus  & 
Apollon  :  Cl/M  Phœbo  Baeehus  dividit 
hnpetîum.  Il  fe  piquoit  auffi  de  phi- 
lofophie,  &lefeul  plaifîr  de  voir 
Baylt  ,  lui  fit  faire  le  voyage  d# 
Hollande.  Voy,  Mon  noie. 

LAIRESSE,(Gérard)peintre 
&  graveur,  né  à  Liège  en  1640^ 
moimit  à  Amfterdam  en  171 1,371 
.ans.  Il  avoit  l'efprit  cultivé-,  la 
poéfie  &  la  muiique  firent  touMi-' 
tour  fon  amufement ,  &  la  peinture 
fon  occupadoii.  Son  père  fiit  foa 
maître  dans  le  deffin  :  Lalr&ff&  réuf« 
fiflbit ,  dès  l'âge  de  1 5  ans  ,  à  pein^ 
dre  le  portrait.  Il  gagnoit  de  l'argent 
avec  beaucoup  de  £icilité  ,  &  le 
dépenfoit  de  même.  L'araourfitletf* 
plaifirs  &  les  tourmens  de  fa  jeu-* 
nelTe  ;  il  penfa  être  tué  par  une  de 
fes  fflaitrelTes  ,  qu'il  avoit  aban- 
donnée. Pour  ne  plus  être  le  jouet 
de  l'inconftance  ,  il  fe  maria.  Ce 
peintre  entendoit  par&itement  le 
poétique  de  la  peinture  ;  fes  idées 
font  belles  &  élevées  -,  il  inventoit 
facilement ,  &  excelloit  dans  les 
grandes  compofitions  -,  fes  tableaux 
font ,  la  plupart ,  ornés  de  belle» 
fabriques.  On  lui  reproche  d'avoir 
£ait  des  figures  trop  courtes  8c  peu 
gtacieufes.  Il  a  laiffé  beaucoup  d'e/^ 
tàiJépes' pavées  à  l'eau-forte.  On  î 


14^         LAI 

gravé  d'apf  es  ce  maître.  Ldregt  îxA 
père  de  trois  fils ,  dont  deux  furent 
fes  élevés  dans  fon  art.  Il  avoitauffî 
trois  frères  peintres  :  Emtfi  &  Jean  , 
qui  s'attachèrent  à  peindre  des  ani» 
maux,  &  Jacques  qui  repréfentoit 
fort  bien  les  fleurs.  Ce  dernier  a 
compofé ,  en  flamand ,  un  ouvrage 
fiir  la  Peinture  pratique, 

LAIRVELS,  (Servais)  né  à 
Soignies  en  Hainaut,  l'an  1560  , 
général  &  réformateur  de  Vordre 
de  Prémontré  ,  fit  approuver  fa  ré- 
forme par  Louis  XIII ,  qui  lui  per- 
mit de  l'introduire  dans  les  monaf- 
teres  de  fon  toyaume ,  &  par  les 
papes  Paul  V  &  Grégoire  XV.  Ce 
faint  homme  mourut  à  l'abbaye  de 
Sainte-Marie-aux-Bois,le  iS  oâobre 
16  3 1 ,  à  7 1  ans ,  après  avoir  public 
quelques  ouvrages  de  piété ,  écrits 
d'une'  manière  diffufe.  I.  Statuts  de 
la  Réforme  de  l'ordre  de  Prémontré. 
U.  Cdtéc^fme  des  novices',  111.  L'op" 
dque  des  réguliers  de  l'ordj-e  des  Au- 
guflins  ,  &c.  11  étoit  doûeur  de 
Sorbonne. 

LAIS ,  fameufe  courtifane  ,  née 
à  Hyccara,  ville  de  Sicile ,  fut  tranf- 
portée  dans  la  Grèce ,  lorfque  NI- 
dos ,  général  des  Athéniens ,  rava- 
gea fa  patrie.  Corinthe  fut  le  pre- 
mier théâtre  de  fa  lubricité.  Prin- 
ce ,  grands  orateurs ,  philofophes , 
tout  courut  à  elle ,  ou  pour  admirer 
fes  charmes  ^  ou  pour  en  jouir.  Le. 
célèbre  Démoflhme  fit  exprès  le 
voyage  de  Corinthe  -,  mais  Lais  lui 
ayant  demandé  environ  4000  livres 
<fe  notre  nK>nnoie ,  il  s'enretourna ,. 
en  difknt  :  Je  n'acheté  pas  Ji  cher  un 
repentir.  Comme  elle  mettoit  fes 
faveurs  à  un  très-haut  prix  ,  peu  de 
gens  pouvpiénty  prétendre  j  c'eâ 
ce  qui  donna  lieu  au  proverbe  rap- 
porté par  Horace  :  Non  licet  omnibus 
^dire  Corînthum,  Il  n'eft  pas  permis 
k  tout  le  monde  d'aller  à  Corinthe. 
Les  attraits  de  cette  courtifane 
p  eurent  aucun  j^ouyoif.fujr  lec08i« 


E  A  r 

dH  philofophe  XéHocrau.  N'ayiAt 
pu  l'attirer  chez  elle ,  cette  beauté 
alla  chez  lui  *,  mais  la  philofophie 
l'emporta  fur  la  coquetterie.  ^  Z^> 
avoit  un  goût  décidé  pour  les  phi- 
lofophes. Le  dégoûtant  cynique 
Diogene  lui  plut ,  &  en  obtint  tout 
ce  qu'U  voulut.  Arîftlpp& ,  autre  phi- 
lofophe, mais  beaucoup  plus  ai- 
mable que  le  cynique ,  dépenfk  avec 
elle  une  partie  de  fon  patrimoine  , 
&  en  fut  moins  aimé  que  Diogene^ 
Comme  onTenrailloit,  il  répondit  i 
Je  nepenfepas  que  L  vin  &  les  polffons 
m'aiment  ;  cependant  je  m'en  nourris' 
avec  beaucoup  de  plalfir.  Cette  réponfc 
vaut  moins ,  que  celle  qu'il  fit  à  un 
autre  de  fes  amis  qui  lui  reprochoit 
ce  commerce  :  Je  pojfede  Lais ,  maïs 
elle  ne  me  pojfede  pas.  Cette  femme 
badinoit  quelquefois  fur  la  foiblefTe 
de  ces  gens  qui  prenoient  le  nom 
de  fages  :  Je  ne  fais  ce  qu'on  entend  , 
difoit-elle ,  par  l'auftérlté  des  philo^ 
fophes  ;  mais  avec  ce  beau  nom  ,  Usné 
font  pas  moins  fouvent  à  ma  porte  que 
les  autres  Athéniens,  Capricieufe  dans 
fes  goûts  ,  Lais  ne  facrifia  pas  tou« 
jours  à  un  vil  intérêL  Le  fculpteur. 
Myron  s'étant  préfenté  chez  elle ,  & 
en  ayant  été  mal  accueilli ,  crut  qu'il 
devoit  s'en  prendre  à  fes  cheveux 
blancs  :  il  les  teignit  en  brun ,  & 
ne  fut  pas  mieux  reçu.  Imbédlle  que 
vous  êtes ,  lui  dit  ht  coiuiifàne ,  vous 
venei  me  demander  une  chofe  qu'hier  je 
refiifai  à  votre  père  I  Après  avoir  cor- 
rompu une  partie  de  la  jeunefle  de 
Corindie  ,  LaUs  paiTa  en  ThefTalie 
pour  y  voir  un  )cime  homme  dont 
elle  étoit  amonreufe.  On  prétend 
que  quelques  femmes ,  jaloufes  de 
&  beauté ,  rafTafiinerem  dans  un 
tenple  de  Vénus ,  vers  l'an  340  avant 
l'ère  chrétienne.  La  Grèce  lui  éleva 
des  monumens.  Il  y  eut  encore  une 
autre  Laïssaiûi  fameufe  que  la  pré- 
cédente »  que  Paufanias  Ait  être  611a 
de  Damafandre, 


-  LA  1 

tJUSNÉ  ou  Laikas  ,  (  Vincent) 
prêtre  de  TOratoire  de  France ,  né 
â  Lucques  en  1633  ,  profeiTa  avec 
di&nâion  >  Se  fît  des  Conférmces  fur 
l'Ëcrmire-ûiinte,  à  Avignon,  à  Paris 
&  à  Aix.  Elles  furent  fi  applaudies  « 
que  dans  cette  dernière  ville  on  fut 
obligé  de  dreflêr  des  écha&uds  dans 
réglife.  Sa  fanté  avoit  été  toujours 
fort  délicate  ;  on  l'avoit  envoyé  à 
Aix  pour  la  rétablir.  Il  y  mourut 
■le  2S  Mars  1677,  à  45  ans.  On  a 
de  liii  :  I.  Les  Oraifofis  fmehrcs  dU 
chancelier  Ségder  &  du  maréchal  de 
Choîfiàl.  Les  louanges  y  font  mefii- 
rées  »  &  les  endroits  délicats  maniés 
avec  adreiTe.  Son  éloquence  eft  à  la 
fois  fleurie  &  chrétienne.  Le  père 
Laï/né  auroit  été  mis  à  côté  des  plus 
«élebres  orateurs  de  fa  congréga- 
tion ,  û  des  infirmités  ne  Tavoient 
•bligé  de  quitter  la  carrière  brillante 
•&  pénible  de  la  chaire.  II.  Des  Confé- 
rences fur /e  ConcUedeTre/uc,  imprinu 
à  Lyon.  W.  T>çs  Conférmces  munuf* 
crites  en  4  vol.  in-fol,  fur  l'Ecriture- 
faiace.  Un  ma^ârat  d'Aix  les  con* 
fervedan»  fa  bibliothèque. 

LAITH  ou  Leith  ,  étoit  un  chau" 
.dronnier ,  qui  éleva  trois  enfans , 
nommés  Jacoh .,  Amrau  &  AU,  Le 
père  &  les  eni^ns,  s'ennuyant  de 
leur  mener ,  voulurent  porter  les 
armes.  Lekh  fe  mit  donc  en -cam- 
pagne avec  fes  trois  enfans  «  &  ayant 
yamafi!e  quelques  gens  de  foitune  , 
dont  il  fcfit  le  chef,  il  devint  rap/- 
taîne  de  voleurs.  Il  voloit  pourtant 
ktt  galant  homme ,  car  il  ne  dépouil- 
loit  jamais  entièrement  ceux  .  qui 
tomboient  entre  fes  mains ,  fe  con- 
tentant de-partageravec  eux  ce  qu'ils 
Soient.  I!  fiit  connu  &  eftimé  pour 
fa  bravoure  &  pour  celle  de  (fes  en- 
bns  ,  ^axDarhan  \  quirégnoit  alors 
dans  le  Ségeftan.  Ce  prince  l'attira 
à  fa  cour ,  &  découvrant  tous  les 
)ours  en  lui  d'excellentes  qualités  « 
il  l'avança  jufqu'aux  premières  char- 
jet  df  l'état  :  de  fortç  que  fjMy 


t  À  L        145 

ftnifTantglorieùfeihent  fa  vie ,  laifTa 
en  mourant  à  fon  fils  Jacoh  l'efpé- 
rance  &  les  moyens  de  parvenir  à 
quelque  chofe  de  plus  grand.  En 
effet  ce  fut  ce  même  Jacoh  qui  fond^ 
la  Dynaflie  des  Soffarldcs, 

LAIUS  ,  fils  de  Lahdacus^  roi  d« 
Thebes  ,  &  époux  dejocafte  :  Voye^ 
(Sdxpe. 

L  LALANDE,  (Jacques  de) 
confeiller  &  profeflTcuren  droit  à 
Orléans  ,  naquit  dans  cette  ville  en 
i6ii,&ymourutlej  février  1703, 
à  8i  ans.  Ilfut  aufii  regretté  pour  fon 
(avoir ,  que  j^our  fon  zèle  &  fon 
inclination  bienfaifante  ,  qui  liô. 
jnériterent  le  titre  de  père  du  peuple^ 
Lorique  Philippe  V  paffa  par  Or- 
léans ,  pour  aller  prendre  pofTefiiom 
de  la  couronne  d'Efpagne ,  Lalande 
le  complimenta  à  la  tête  de  TUni- 
verfité.  L'orateur  n'avoit  aucun  de 
ces  dehors  capables  d'en  impofee. 
11  étoit  d'une  petite  taille,  &  d'une 
figure  fort  commune.  On  ne  voyoit 
rien  de  noble  &  d'élevé  dans  fon 
air ,  ni  dans  fes  manières  ;  & ,  pour 
furcroît  de  malheur,  en  récitant 
fon  difcours  ,  fa  mémoire  fîit  in- 
fidelle.  Cependant,  au  travers  de 
ces  apparences  rebutantes  ,  fon  nom 
parla  pour  lui.  On  engagea  le  roi 
d'Efpagne ,  fort  jeune  alors ,  à  lui 
envoyer  un  gentilhomme ,  pour  le 
prier  de  le  venir  voir ,  &  de  lui 
apporter  fes  ouvrages.  Le.vidllard 
tcnoit  fa  Coutume  fous  fon  manteau. 
Le  roi  la  feuilleta ,  lui  dit  bien  de» 
chofes  obligeantes ,  lui  parla  d'un 
autre  ouvrage  auquel  il  travsdlloit« 
&  lui  fit  promettre  qu'auffi-tôt  qu'il 
feroit  imprimé ,  il  hii  çn  enverroit 
par  la  pofte  un  exemplaire  à  Ma- 
drid, On  a  de  lui  :  I.  Un  excellent 
Commentaire  fur  la  Coutume  d'Or« 
léans^  in-folio ,  1677  ,  &  réimpri- 
mé en  1704 ,  en  2  vol.  La  i'*^  édi- 
tion efi  la  meilleure.  II.  Traké  du, 
jBan  ^de  l*arrUri'Ban ,  in-4^,  1^74 « 


«44        ^  A  L^ 

lU.   PiuQeurs  autres   Ouvra^  ^ 
Droit ,  en  latin. 

IL  LALANDE  ,  (.Michel-Ri- 
chard de  )  muûcien  François  ,  né  à 
Paris  en  1657  ,,  mourut  à  Verfail- 
les  le  8  Janvier  1716 ,  à  68  ans. 
Lalande  fut  placé  enfdnt-de-chœur. 
à  Saim-Germain-rAiixcrrois ,  par 
ion  père  &  fa  tnere  dont  il.  étoit 
le  15*^  enfant.  Dès  fa  plus  tendre 
jeuneiTe ,  il  marqua  fa  pa£Bon  pour 
la  muiique  -,  il  y  palToit  même  les 
nuits.  Sa  voix  étoit  très-belle  ;  il 
s'étoit  appris  à  jouer  de  pluûeurs 
fortes  d'inftrumens ,  dont  il  faifif- 
foit  tout  d'un  coup  l'intelligence. 
A  l'âge  de  puberté,  ayant  perdu , 
comme  il  arrive  fouvent ,  la  voix*, 
il  s'appliqua  au  violon ,  &  alla  £e 
•préfenterà  £a//y  pour  jouer  à  l'o- 
péra ;  mais  Lu/ly  l'ayant  reâifé ,  le 
jeune  Lalande ,  de  retour  chez  lui\ 
brifa  fon  inftrument ,  &  y  renonça 
.pour  toujours.  Depuis  il  s'attacha 
à  J* orgue  &  au  davecin,  &  fe  fît 
bientôt  défirer  dans  plufieurs  pa- 
roiiTes.  £nôn  lé  duc  de  NoailUs  le 
choiiit  pour  enfeigner  la  muiique 
à  Mil*  de  Noaièies ,  fk  fille.  Ce 
feignem-  i  qui  ne  laiffa  jamais  édiap- 
per  l'occaûon  de  rendre  témoi- 
gnage au  mérite,  ayant  trouvé  le 
moment  favorable  de  parler  des 
lalens  de  LalamU  à  Louis  XIV  ,  le 
fit  avec  tant  de  zèle ,  que  le  roi 
choifit  ce  muficien  pour  montrer  à 
jouer  du  clavecin  aux  deux  jeunes 
princefiès  fes  filles,  Mll^de-SA)^. 
.^à^Nanus,  Lalande  eut  ^  déplus^ 
J'avantage  de  compofer  de  petites 
fiwfiques  Françoifes  par  l'ordre ,  & 
quelquefois  même  en  préfence  de 
fa  majeflé.  Ce  célèbre  muficien  plut 
fi  fort  à  Louis  XTT,  qu'il  fitt  com- 
blé de  fes  bienfaits.  11  obtint ,  fue- 
<effivement  ,  les  dëu'x  charges  de 
maltre-de-mufique  de  la  Chambre; 
les  deux  de  compofiteur  ;  «elle  de  fur- 
imehdant  de  la  nlufique  -,  8c  le^  quatre 
)fhqrgçs  de  maître  de  la  Chapelle» 


L  AL 

I^s  motus  qu'il  a  fait  exéâittf ' 
devant  Uuîs  XIF  &  Louis  XV, 
toujours  av^c  beaucoup  de  fuccès 
&  d'applaudi0ement ,  ont  été  re- 
cueillis en  2  vol.  in-fol.  On  ad- 
mire fur-tout  le  Cantaïc ,  le  Dixk  , 
le  Mijèrert, 

L  LALANE ,  (Pierre  )  parifien  ; 
fils  d'un  garde  -  rôle  du  confeil- 
privé,  n'eut  d'autre  paflion  que  la 
littérature  &  la  poéfie.  On  ne  coiw 
noit  guère  cependant  de  lui  quo 
trois  pièces  en  vers  fi^uiçois  ;  la 
1'^  ,  en  élances  champêtres  à  fou 
ami  Ménage  ,  efi  la  meilleure  :  les 
2.  autres  ,  ^i  font  des  Stances  & 
une  efpece  d'Egloguc  ^  rouleift  fur  la 
mort  d«  fa  foune  Morit  CUulU^ 
des  Roches ,  qui  étoit  trè54>elle ,  ^ 
qui  mourut  après  cinq  ans  de  mjf- 
riage.  Elles  fè  trouvant  toutes  trois 
dans  ItTwTLiydu  RuueUdês  plut 
belles  pièces  des  poètes  François  ,  p» 
JMll^  d*Jmoii  L'amour  a  fouvent 
infptré  des  poètes ,  &  leur  a  diÛé* 
des  vers  fort paflionnéspour  leurs 
mdtrefies  v  mais  on  n'en  a  gtiere 
vu  faire  de  leurs  femmes  le  ^ct 
de  leurs  poéfies ,  &  pleurer  leur 
mort  en  vers.  Ceux  dcl<i/tf««mët^ 
quent  plutôt  un  homme  ienfible  v 
qu'un  bon  poète.  Il  mourut  Vers 
1 66  z ,  Sts  poéfies  ont  été  recueillies 
en  1759  ,  in^  12  ^  avec  celles  de 
Montplatfir,  MiUjCGE'ïoiût  cêJÊtt 
épitaphe  : 

Conjups  eregtae,  trîJU  quitrlJîiQr  Orphée 

Fleb'illbus  ceclale  funera  aceiha  mp^ 

dis  ^       . 

Proh  dolor  l  lU^,  t&ner  tenerorum  /çr^"^ 

tor  amorum ,  , 

Condltur  hoc.tumulo  mormone  X^* 

nius.  ,,     , 

plus  qjii* Orphie  adoTant  tirie  époufe 

plus  belle. 
Plus  qu'Orphée  accabtè  de  ïà  perte 

cruelle , 
Celui  qtii ,  (ur  un  lifth  inondé'de  fei 
•  pleurs ,     *      '  ■  .    -  •      •    '  j. 

Modiilst 


L  À  L 

Modula  Tes  vives  douleurs  l 
Le  chantre  fortuné  des  amours  les 

plus  tendres  > 
Sous  ce  marbre  où  ma  main  a  gravé 
Tes  malheurs , 
Lfllanc^  hélâs!  n'ed  plus  qu'im 
peu  de  cendres. 

//.  L  AL  ANE  »  (  Noël  de)  fa^ 
ineux  doreur  de  Sorbonne  ,  du 
colkge  de  Navarre ,  &  abbé  de  No** 
tre-Dame  de  Y alcroiiTant ,  naquit 
i  Plus  de.  parens  nobles.  U  fut  le 
chef  des  députés  à  Rome  pour  l'af* 
Élire  de  Janfinm  ,  à  la  défenfe  du* 
quel  il  travailla  toute  fa  vie.  On 
lui  attribue  plus  de  40  ouvrages 
difFérens  fur  ces  matières  ,  dont  on 
a  parlé  trop  long-temps.  Les  prin- 
cipaux font  :  I.  D't  Imûo  pîa  volunta* 
««,  1650,  in-ii.  n.  La  Grau  vie 
toiieufc ,  in-4° ,  fous  le  nom  de  jBmk* 
&»  :  la  plus  ample  édition  eil  de 
1666.  IIL  Conformité  de  Janfénius 
tfwc  Us  Thomljks ,  fur  le  fujtt  dts 
GaqPropofitions.  lY  ^yindlcUfancU 
Thonuz  clrca  Grailam  fufficlentcm  y 
contre  le  P.  NUoUi^  Cordelier ,  avec 
Amauld  &  Nicole»,,,  Lalanc  mourut 
,  en  1673  j  à  5  5  ans ,  avec  la  répu- 
I  tadon  d'un  homme  pieux  &iavaa^ 
LALAURE  ,  (Claude-Nicolas) 
avocat  au  parlement  de  Paris  fa 
patrie,  né  le  21  Janvier  1711 ,  mort 
le  10  Septembre  1781^  exerça  fa 
pro£e(Gon  avec  autant  d'honnêteté 
que  d'intégrité.  Nous  avons  de  lui 
I.  Traité  des  fervltudes  réelles  à  Vufag/t 
de  tous  les parlemens  du  royaume^  1661 , 
in -4°.  IL  Nouvelle  édition  du 
Ricudl  ^Arrêts  de  Bardet ,  1773  , 
1  vol.  in-fol.  avec  dès  notes  favan- 
tes  &  inftru^ves. 

L  LALLEMANT»  (Louis)  Jé- 
fuite,  né  à  Châlons- fur -Marne, 
mort  reûeur  à  Bourges  le  5  avril 
1635  ,  cft  auteur  d'un  Recueil  de 
.  Maximes  qu'on  trouve  à  la  fin  de 
fa  Vie ,  publiée  en  1694 ,  ia^ii ,  par 


I9  P.  CJuimpion, 


xomc  V. 


L  A  t         ï4f 

IL  LALLEMANT  ,  (Jacques- 
Philippe,  Jéfuite,néàSaint-Valfry- 
fur-Somme ,  mourut  à  Paris  dans 
un  âge  avancé*  Il  étoit  un  des  plus 
zélés  défenfeurs  de  la  Conftitution 
l/nigenltus ,  &  il  fe  donna  pour  cette 
difpute  facrée ,  tous  les  mouvemens 
qu'on  fe  donne  dans  une  querelle 
profane,  il  étoit  du  confeil  du  Père 
ùllisr ,  &  membre  de  ce  que  les 
Janféniftes  appeloient  la  cabale  des 
Normands.    On  a  de  lui  :   L   Là 
véritable    Efprit   des   dlfàp/es   de  S* 
Augu/iin  ,    1705    &  1707  ,    4  V0I4 
in-i2  :  tableau  vrai  a  certains  égards, 
quoique  peint  par  I9  paillon.  II.  Une 
Paraphrafe  des  Pfeauaies  ,  en  profe  « 
à  Paris»  1710  ,  in-12  >  &  qui  met 
dans  un  aâfez  beau  \p\it  ces  fublimes 
cantiques.  »»  Elle  eft ,  (  dit  FléchUr ,  ) 
)*  non- feulement  pure  dans  les  ex« 
»  preifions  ,  mais  eacore  exaâe  â( 
>*  fidelle dans  les  fens,  &  dans  Tap* 
v>  plicationdu  texte.  L'auteur  ,  pouf 
?♦  la  rendre  plus  utile ,  a  cru  qu'il 
»♦  devoit  la  rendre  plus  intelligible- 
>*  Il  a  cherché  un  milieu  entre  la 
>»  paraphrafe  trop  libre  &  la  ver- 
>♦  fion  trop  reflerrée  :  il  lie  ce  qui 
?«  femMoit  être  détaché  *,  il  éclair- 
'»  cit  ce  quiparoit  obfcur ,  il  donne 
»  quelque  goût  à  ce  qui  eût  été 
;*  trop  fec.  Ces  additions,  courtes 
»  &  judicieufes  ^  ne  défigurent  & 
'♦  n'aiterentrien.  Il  exprime  le  fens 
>»  &  les  fentimens  ;  il  joint  l'efprit 
»  à  la  lettre  ,  l'onÔion  à  l'intelli- 
>»  gence»  Ce  qu'il  ajoute  à  Torigi- 
>t  nal ,  ne  change  rien  à  ce  qu'il  y 
>♦  trouve  ;  &  ce  qu'il  y  met  du  fien , 
M  il  femble  qu'il  l'ait  pris  dans  l'ef- 
>♦  prit  &  dans  le  coeur  du  Roi-Pro- 
»  phete  »«.  I  Ijl.  Un  Nouveau  Tejia- 
ment ,  12  vol.  in-12  ,  qu'il  oppofa 
à  celui  de  Quefnel ,  &  qui  eut  moins 
de  fuccès.  Ce  n'eil  pas  que  fa  dic- 
tion ne  foit  correÛe  &  élégante^ 
mais  Quefnel  a  plus  d'énergie  &  uq^ 
ton  plus  pénétrant.  Les  notes  que 
le  P.  LalUniant  a  mifes  à  la  fin  dç 

K 


t4^         L  A  L 

chaque  chapitre,  font  très -utiles 
pour  l'uitelligence  du  fens  littéral, 

IV.  Pluûeurs  ouvrages  fur  les  que- 
relles du  temps.  Nous  nous  dif- 
penfpns  d'en  donner  la  liile  :  tout 
ce  qui  refpire  Tefprit  de  parti ,  ne 
mérite  que  Toubli. 

III.  LALLEMANT,  (Kerre) 
dianoine-rqgulier  de  Sainte- Gène* 
Yieve  ,  natif  de  Rheims ,  n'embrailk 
cet  état  qu'à  Tâge  de  33  ans.  La 
chaire ,  la  dire£Hon  &  les  œuvres 
^e  piété  remplirent  le  cours  de  fa 
▼ie.  Il  la  termina  par  une  mort  fain- 
te ,  le  l8  Février  1673  ,  à  51  ans, 
après  avoir  été  chancelier  de  l'uni- 
yerfité.  Nous  avons  de  lui  :  I.  Le 
Teflament  fpîrhn&l ,  in  - 12,  1 1.  Les 
f  oints  défirs  de  la  Mon ,  in-12.  III.  La 
mort  des  Jufks ,  in  -  II.  Ces  trois 
ouvrages  font  entre  les  mains  de 
toutes  les  perfonnes  pieufes.  IV. 
Abrégé  de  la  vie  de  faînte  Geneviève  , 
in -8®;  ^le  manque  de  critique. 

V.  Eloge  funèbre  de  Pompone  de  Bel-' 
lièvre  ,  in-4**. 

/.  LALLI,  (Jean-Baptifte)  Lal-^ 
iîus ,  fut  employé  par  le  duc  de 
Parme  &  par  le  pape  au  gouverne- 
ment de  diffiérentes  villes ,  &m(}u- 
tut  à  Norlîa  dans  l'Ombrie ,  fa  pa- 
trie >  en  1637  f  à  64  8ns.  On  a  de 
lui  plufieurspoëmes  Italiens.  I.  Do- 
tnlyxmo  mo/ckelda  ,  in-12.  II.  //  mal 
Francefe,  in-12.  III.  La  Gieru/alemme 
éêfolata^  in-12.  IV,  L' Enéide  tra-- 
yeJHta  ,  in-12.  V.  Un  vol.  de  Poé- 
fies  dîverfes  ,  1638  ,  in-12.  LaUl 
itoit  jurifconfulte  &  politique  : 
comme  il  ne  fit  des  vers  que  pour 
fe  diftraire  ile  fes  occupations ,  il 
cultiva  la  poéfie  burlefque.  Sa  pa- 
rodie de  VEnélde  vaut  mieux  que 
celle  de  Scarron,  En  général ,  les 
plaifanteries  y  font  lûen  amenées , 
&  la  verfification  en  eft  coulante. 
Leftyle  eft  à  la  vérité  très-négligé  -, 
mais  l'auteur  ne  mit  que  peu  de 
temps  &  peu  de  foins  à  cet  oyx- 
$Tage»  Dans  (es  autres  poéfies  lé- 


L  A  L 

gères,  s*il  a  la  même  négligence  ^xisê 
au/n  la  même  gaieté  &  le  même 
naturel.  Son  poëme  fur  la  deilruc- 
tion  de  Jén^alem ,  eft  d'une  diétio» 
plus  élevée,  &  prouve  que  Lalll 
aixroit  pu  être  un  poëte  au-defTus  du 
médiocre  ,  fi  des  travaux  plus  im* 
portans  lui  avoient  permis  de  fe 
confacrer  tout  entier  aux  Mufes. 

//.  LALLI  y  (  Thomas  -  Arthur 
comte  de)   lieutenant-général  des 
armées ,  grand-croix  de  l'ordre  mi* 
litairede  Saint-Louis»  étoit  ungentil- 
honmie  Irlandois ,  donc  les  ancêtres 
fuivirent  la  fortune  de  Jacques  II  ^ 
roi  d'Angleterre  »  lorsqu'il  chercliâ 
un  afile  en  France.  Il  fe  diftingua 
de  bonne  heure  par  des  a£Hons  de 
valeur.  Il  fe  f^;a^a  fur-tout  à  la 
bataille  de  Fontenoi  fous  les  yeux 
de  Louis  XV  y  qui  le  fit  brigadier 
fur  le  champ  de  bataille.  L'année 
fuivante  ,  1746,  LaM  donna  un 
plan  de  defcenie  en  Angleterre  -,  & 
fi  le  prince  Edouard  vl  eût  point 
été  batm  à  Culoden ,  on  devoit  lui 
confier ,  fous  le  commandement  de 
M.  le  Maréchal  de  Riehelieu ,  une 
partie  de  l'armée  de  débarquement 
Lorfque  les  Anglois  eurent  allumé 
■la  guerre  en  1755 ,  fa  bravoure  fit 
juger  qu'il  feroit  propre  à  rétablir 
nos  a^res  dans  les  Indes  orien- 
tales. Il  fut  nommé ,  en  Décembre 
1756 ,  gouverneur  des  pofieifions 
f  rançoifes  ,   dans  cette  partie  du 
monde  ,  quoiqu'il  ne  joignit  pas 
à  fon  courage  la  prudence ,  la  mo- 
dération &  le  défintérefiement  né- 
cefiaires  dans  des  pays  éloignés  & 
dans  des  temps  difficiles.  Il  partit 
du  port  de  l'Orient  le  2  Mai,  & 
arriva  àPondichery  le  28  Avril  17^8. 
Il  s'empara  d'abord  de  Gondelour 
&  de  Saint-David-,  mais  il  échoua 
devant  Madrafs  ;  &  «  après  la  perte  . 
d'une  bataille ,  il  fut  obligé  de  fe 
retirer  fous  Pondichery  ,  que  les 
An^ois   bloquèrent   6c  prirent  le 
16  Janvier  1761,  Sa  |;arn}foa  Àt 


"t  A  L 

Ente  prifbnnicre  de  guerre  v .  &  ^ 
place  rafée.  Alors  tout  fe  réunit 
j    contre   le  gouverneur  de   Pondi* 
dieiy  :  les  haKtans  de  la  ville,  les 
I    officiers  de  fes  troupes  ,  les  em- 
;    ployés  de  la  compagnie  des  Iodes, 
ïl  avoir  indifpofé  tous  les  cfprits 
par  fon  hiuneur  violente  &  hau- 
taine ,    &  par  les  propos  les  plus 
outrageans.  On  l'accufa  même  hau^ 
tement  d'avoir  vendu  Pondicher^ 
mix  ennemis  de  la  France.  Mais  H 
eft  probable 'que  s'il  eût  été  d'in- 
telligence avec  les  Anglois ,  il  feroit 
-  Tefté   parmi    eux.    Les   Anglois  , 
d'ailleïirs  ,  (  dit  Voltaire  )   ne  font 
pas  abfurdes  i   &  c  eût  été  l'être  , 
que  d'acheter  une  place  ailamée, 
qu'ils   étoienc'  fûrs  de   prendre  , 
étant  maîtres  dé  la  terre  &  de  la 
mer.  On  peut  ajoutei* ,  que  Lalti 
étant  Jacobite,  ctpit  pénétré  de  la 
haine  la  phis  forte  pour  la  nation 
Angloife  ;  &  tju'il  avoit  écrit ,  eij 
arrivant d^ns  l'Inde,  à  M.  de-^w/p: 
y>  Ma  politique  efl  dans   ces  cinq 
M  mots  :  Plus  et  Anglais  dans  'Upé' 
>♦  nînfulc  «i.  "Quoi  qUll  en  foit  ,  leS 
vainqueurs  le  firent  conduire  à  Ma- 
drafs  le  iS  Janvier,  pour  lefoufl- 
traire  à  la  colère  des  officiers  Fran- 
çois. Arrive  en  Angleterre  le  13 
Septembre,  fuivant,  il  obtint  le  n 
Oûobre  la  permifîîon  de  revenir 
en  France.  Le  cpnful   de  Pondi- 
chery ,  &  le  cri  général ,  l'accufoient 
de  concufîion  ,  &  d'avoir  abufé  du 
pouvoir  que  le  roi  lui  avoit  con- 
I      fié: il  fut  renfermé  à   la  BafUlle, 
en  Novembre   1762".   Lui-même 
avoit  offert  de  s'y  rendre,  ïl  avoit 
écrit  à   M.    le  duc  de  Choîfeul  ; 
Papporte   ici  ma  tète  &   mon  înno^ 
eence  ;  j'attends  vas  ordres.  Le  parle- 
ment fut  chargé  de  lui  faire  fon 
procès ,  &  il  Sit  condamné ,  le  6 
Mai  1766 ,  à  être  décapité ,  comme 
duement  atteint  d'avoir  tr*ahl  les  intérêts 
du  BfOi^  de  l'Etat  &  de-  la  compd^îi 
4^  Indes  ,'d* abus  d'autorité  ,   vexa- 


L  A  L  147 

tions  ^  txaSUons,  L'arrêt  fut  exécuté , 
&  ce  lieutenant-général  finit  fa  vie 
far  un  éçhafaud ,  à  l'âge  de  68  ans , 
vi£time  de  fon  ambidon  ,  qui  lui 
fit  défurer  d'aller  aux  Indes  pour 
mériter  le  bâton  de  maréchal  de 
de  France ,  &  qui  ne  lui  procura 
qu'une  mort  malheureufe.  Mais»  en 
vertu  d'un  arrêt  du  confeil  du  21 
Avril  1777  ,  obtenu  par  M.  le 
comte  die  LalS.  fils ,  le  confeil  ^  fur 
le- rapport  de  M.  Lambert  ,  maî- 
tre-des-requêtes ,  &  confeiller-d'état, 
&  après  32  féances  des  commif** 
fairés,  acaÔe,  le  2j  Mai  1778, 
Tarrêt  du  parlenlent  ,  prononcé 
contre  le  comte  (fe  LaUi  père.  Le 
fond  de  Tafifeire  avoit  été  renvoyé 
au  pterlement  de  Dijon  qui ,  au  lieu 
deVéhëbiliter  la  mémoire  du  comté 
tie  Lalliy  &  confirmé  le-  23  Août 
17%  v;  le*  jugement  du  Parlement 
de  Paris.  Cepehdatat,  ce, général  a 
été  nneux 'défendu  après  fa  mort 
qu'il  ne  s'étoit  défendu  lui-mê- 
me. Dans  fb  ■  prifon  ,  il  n'avoit 
eu  d*aut?es  fecours  que  fa  plume. 
On  lui  avoit  permis  d'écrire ,  & 
il  s-étdit  fervi  de  cette  permiffioit 
pour  fon  malheur.  Ses  Mtmoîits 
irriterenfr  fes  anciens  ennemis  & 
lui  en  firent  de  nouveaux.  Se 
rendant  à  lui-même  le  témoignage 
qu'il  avoit  toujours  feit  rigoureu- 
fement  fon  devoir ,  il  fe  livra  par 
écrit  aux  mêmes  emportemens  qu'il 
avoit  eus  fouvent  dans  fes  difcours. 
11  étoit  difficile  que ,  parmi  la  mul- 
titude d'adverfaîres  qu'il  avoit ,  tous 
fuffent  afTez  généreux  pour  oublier 
fes  fautes  &  pour  ne  fe  fouvenir 
que  de  {es  màlhèiiris. 

I.  LALLOUETTJ7  ,  (  Ambroife) 
chanoine  de  Sainte  -  Opportune  à 
Paris ,  fa  patrie ,  mort  dans  cette 
ville,  le  9  Mai  1724  ,  à  71  ans, 
s'appliqua  avfec  fuccès  à  la  direéHon 
&  aux  miffioils  ,  pour  la  réunion 
des  Proteflans'  à  J'Eglife  Romaine. 
On  lui  doit  :  I.  Des  Traités   fur 

Kij 


148         L  A  L 

la  Priftnte  rétlU ,  fur  la  Communlûn 
faits  une  cfpecc  ,  réunis  en  un .  vol. 
in-I2.  II.  PHyiûire  des  Traduâiont 
Françoîjes  de  l*Ecriture^famu  ^  1691 , 
ia-i2.  L'auteur  parle  des  diange- 
niens  que  les  Proteftans  y  ont  £aits 
en  différens  temps.,  &  entre  dans 
des  détails  curieux ,  mais  quelqucr 
fois  inexa£^s.  III.  La  VU  d'Antoi- 
nette de  GoNpi  ,  Supérieure  généraie 
du  Calvaire^  in- 11.  IV.  La  VU  du 
.Cardinal  L£  Cauus  ,  Eveque  de  Grer 
nobU ,  in-i  1.  V.  VHlftoire  &  V Abrégé 
des  Ouvrages  Latins ^  Italiens  GFrunçois 
pour  &  contre  la  ConUdU  &  l'Opéra , 
in^ii.  Il  n'eft  pas  fur  que  ce  recueil 
curieux  foit  de  lui  j  mais  on  le  lui 
attribue  aiTez  communément.   . 

IL  LALL(>UETT£,,<Jean. 
François  )  muûcien  Français ,  dif- 
ciple  de  Ldâ  y  mort  i  Paris  en 
J7z8 ,  à  75  ans ,  obtint  fucceffî- 
vement  la  place  de  Màio-e  de  mu- 
iîque  de  l'églife  de  Saint-Çqrmaiiir 
l'Auxerrois,  &de  celle  de  Notre- 
Dame.  Il  ^compofé  plufieurs  Afo- 
tets ,à  grand  chœur ^  qui  ont  été.fprt 
applaudis  *,  mais  on  n'a  gravé  de  fes 
ouvrages  que  quelques  Motets  pour 
Ifs  principales  fêtes  de  Tannée ,  à 
une,  deux  &  trois  voix  ,  avec  la 
ibaiTe  continue.  Son  Miftrere  fur- 
tout  eft  très-eftimé. 
.    LAMARE,  royqMARE. 

LAMBECIÙS ,  (  Pierre  )  né  à 
Hambourg  en  1628,  fit  des  pro- 
grès il  rapides  dans  la  littérature , 
qu'à  l'âge  de  19  ans,  il  publia  fes 
favantes.  Remarques  fur  AulugcUc, 
Des  voyages  dans  les  différentes 
contrées  de  l'Europe,  répandirent 
fon  nom ,  &  augmentèrent  fes  con- 
noiffances.  De  retour  à  Hambourg , 
il  fut  nommé  en  ^652  profeffeur 
d'Hifloire ,  &  en  1664  reôeur  du 
collège.  Deux  ans  après  il  épou- 
fa  une  femme  riche ,  mais  vieille  , 
acariâtre  &  avare.  Ne  pouvant  plus 
vivre  avec  cette  furie,  il  pafïa 
à  Rome ,  &  y  fiit  bien  accueilli.  Le 


L  AM 

pape   Alexandre    VIL   &   la  téoé 
Chrlftine  lui'  firent  un  fort  heureux. 
Il    oublia  aifément  fa  patrie ,  où 
l'envie,  après   avoir  critiqué   fes 
études  &  fes  ouvrages ,  l'avoit  ac- 
cufé  d'être  hérétique  &  même  adiée. 
Il  devint  enfuite  bibliothécaire  de 
l'empereur ,  &  mourut  dans  ce  pofie 
à  Vienne  en  1680,  à  52  ans.  Les 
ouvrées  qui  honorent  fa  mémoi- 
re, font  :    L  Origines  Uamburgmfu 
ab  anno  $o$,adannumtz^x^  2  voL 
in-4° ,  1652  &  i66i  ;•&  2  vol.  in- 
fol.  1706  &  17 10  :  ouvrage  chargé 
d'érudition.  Il  y  a  de  la  fidélité  &  , 
de  l'exaâitude,  à  l'exception  de 
quelques  endroits   où  .fon  amour 
pour  la  patrie  l'a  induit  en  erreur. 
II,  Anîmadverjwnes  ad.  Godini  Orlgl' 
nés     Confiantinopollta/ii^  »    très  -  ik- 
vantes  j  Paris,  1655  ,  in-fol.  III. 
Commentarîorum   de  Èlblîotheca   CÀ" 
farea-Vindobonenfi  Ubrl  rill ,  en  8  . 
vol.  in-foL  L'auteur  n'eil  pas  tou< 
jours   exa<^    dans    cet   ouvrage  , 
plein  de  beaucoup  de  chofes  inu- 
tiles, ^  d'autres  qui  font  curieu- 
ies  &  iingulieres.  Il  iaiit  joindre 
à  cet  ouvrage ,  le  fupplément  de 
Daniel   Nejfdms  ,     1690 ,    2    vol. 
in-fol.  IV.  Prûdromus  Hljlorla  âuc^ 
rarue ,  &  Itcr  CcUcnfe  :  ouvrage  pof- 
thume,  publié  à  Leipzig  en  17 10, 
in-fol.  par  le   favant  Jean  -  Albert 
Fahrlclus,  Lamhccius  vouloit  donner 
une   hiftoire   littéraire  complète» 
mais  ce  qu'il  en  a  fait ,  efl  la  par- 
tie la  plus  flérile.  Il  ne  s'étend 
que  depuis  Adam^  jufqu'au  xiii* 
ûecle  avant  J.  C.  :  il  s'eft  conten- 
té de  donner^  le  projet   du  rcfle 
de   l'ouvrage.^  Stmve   doutoit  que 
Lamhecius  fût  en  état  de  compofer 
une  bonne  hifloire  littéraire,  quoi- 
qu'il fût  favant  &  laborieux-,  mais 
fon  flyle  étoit  difïus  :  il  accabloit 
fon  lefteur  par  Îq%  digreiîions,  & 
il  avoit  plus  d'efprit  que  de  juge- 
ment &  de  goûî.  Quant  à  fon  her 
CelUnfe^  qu'on  avoit  imprimé  féps^ 


L  A  m; 

rément,  8c.qu*on  a  joint  daos  cette' 
édition,  cèft  un  Journal  du  pélé- 
linagc   que  l'empereur  Leopold  fit 
en  1665   au  monaftcre  de  Marien- 
Kell  dans  la  haute  Stirie,  Le  rédac- 
teur y  a  raâiemblé    des   obrerva* 
tions  propres  à  enrichir  lliiftoire 
littéraire. 
I.  LAMBERT, empereur,©» roi 
I     d'Italie  ,   étoit  fils  de  Gtd  duc  de 
I     Spolete ,  auquel  il  fuccéda  en  S94. 
Deux    ans   après    il  s'accommoda 
avec  Béraiger^    fon    compétiteur, 

6  mourut  peu  de  temps  après 
d'une  chute  de  cheval  qu'il  fit  à 
la  chaiTe.  D'autres  hifloriens  difent 
çi'il  fiit  tué  à  la  chàâb',  par  Hu- 
gues comte  de  Mila09..Mais  nous 
préférons  avec  M.  'tiardlon  ,  le 
premier  récit.  Ce  prince  avoit  don* 
aé  de  belles  efpérançes. 

n.  LAMBERT  ^  CSaint)  évêque  de 
Maefirtcht  ù  patrie,  fùtchaâede 
ion  fiege  après  la  mort  de  Chllderic 
par  le  barbare  Ebroîn^  qui  mourut. 

7  ans  après.  Lambert ,  rétabli  fur  le 
trône' épifcopal ,  convertit  un  grand 
nombre  d'infidelles,  adoucit  leur  fé- 
rocité, &  fut  tué  le  17  Septembre 
709  (  félon  les  BoUandiftes ,  )  par 
Dodort ,  qui  fe  vengea  fur  lui  d'un, 
meurtre  commis  par  deux  neveux 
du  ûint  évêque.  Son  martyre  ar- 
riva à  Liège ,  qui  n'étoit  qu'un  pe- 
ât  \'illage ,  &  qui  devint  par  cet 
événement  une  ville  confidérable , 
la  dévotion  des  fidelles  y  ayant 
itdré  beaucoup  de  peuples....  Il  y 
a  eu  deux  autres  faints  de  ce  nom , 
l'un  archevêque  de  Lyon ,  mort 
«n  688  ;  l'autre  évêque  de  Vence- 
en  H14. 

m.  LAMBERT  de  Schawem- 
30URG  ,  ou ,  (elpn  d'autres ,  j''^/- 
<hajBfcmbovrg^  célèbre  Bénédi^in  de 
l'abbaye  d'Hirchfelden  en  1058 ,: 
entreprit  le  voyage  de  Jérufalem. 
De  retour  en  Europe ,  il  compofa 
une  Chronique  depuis  Adam  jufqu'en 
IPTJk  Cette  Chronique  n'dl  qu*ua 


L  A  M         149 

îrituvaU  abrégé  jufqu'à  l*an  loçoj 
mais  depuis  1050  jufqu'en  1077  , 
c'eft  une  hiftoire  d'Allemagne  » 
d'une  jufte  étendue.  Ce  monument 
ftit  imprimé  à  Bâle  en  1669 ,  in^fol. 
avec  celui  de  Conrad  de  Liechte- 
nav ,  &  dans  le  premier  volume 
des  Ecrivains  d* Allemagne  de  Pîfio» 
rius.  Un  moine  d'Erfurt  en  a  donne 
\xnç  Continuation  jufqu'à  l'an  1472, 
aifez  bonne ,  mais  conflife.  Cette 
Continuadon  fe  trouve  aufli  dans 
le  Recueil  de  Plfiorlus, 

ly,  LAMBERT,  évêque  d'Ams. 
né  à  Guines,  fe  diftingua  telle- 
ment par  la  prédication  pendant 
qu'il  étoit  chanoine  de  Lille,  que 
les  Artéfiens  défirant  féparer  leur 
églife  de  celle  de  Cambrai,  à  la- 
quelle elle  étoit  unie  depuis  yo© 
ans,  l'élurent  pour  évêque  en  1092. 
C/rhain  II  confirma  cette  éleÛion  ; 
&  facra  le  nouvel  évêque  à  Rome  » 
malgré  les  oppofitions  des  Cam- 
braifiens.  Lambert  aiUfia  à  quelques 
çoncikis ,  &  mourut  en  1115.  Il 
fiit  enterré  dans  fa  cathédrale ,  »où 
on  lui  mit  une  épuh.:phc  y  qui  an- 
nonce :  >♦  Que  la  Ste  Vierge  étoit 
apparue  à  Lambert  &  à  deux  Jon- 
gleurs ,  &  qu'elle  avoit  donné  à 
l'évêque  un  cierge  qui  avoit  la 
vertu  de  guérir  du  mal  des  Ardens  , 
fi  fort  commun  en  France  «.  On  a 
dans  le  Mlfcellanea  de  Balu^e  un 
Recueil  de  chorus  ^  de  lettres  qui 
concernent  l'évêché  d'Arras.,  attri- 
buées à  Lamheit, 

V.  LAMBERT,(  François)  Cor-* 
délier  d'Avignon  fa  patrie,  né  en 
1487 ,  quitta  fon  couvent  pouc. 
prêcher  le  luthéraniCne ,  &  fur- 
tout  pour  avoir  une  femme.  Luther 
en  fit  fon  apôtre  dans  la  Suifie  &. 
en  Allemagne,  &  lui  procwa  la 
place  de  premier  profeffeur  de  théo- 
logie à  Marpurg.  Il  y  mourut  de  la, 
p^e  en  1538-,  à  51  ans,  avec  la, 
réputation  d'un  homme  zélé  pour 
lafcâft  ^pi'il  avoit  embraffée*  It, 


1^0        L  A  M 

alï«ftoit  un  air  dévot,  &  déchîrôît 
impitoyablement  les  catholiques , 
pour  fe  faire  valoir  auprès  des  lu- 
thériens. On  a  de  lui  :  1.  Deux  Ecrits, 
l'un  pour  juftilîer  fon  apoftafie, 
&  l'autre  pour  décrier  fon  ordre  ; 
1513  ,  in-8®.  Le  i^'^a  été  réimpri- 
mé avec  plufîeurs  de  fes  Latres ,  6» 
de  fes  Que/ilons  théologiques,  dans 
les  AmœnUatcs  lliterarla  de  Sclhom* 
II.  Des  Commentaires  fur  S,  Luc ,  fur 
le  Mariage ,  fur  le  Cantique  des  Can^ 
tiques ,  fur  les  petits  Prophètes ,  &  ftir 
XApocalypfe  ,  in-8°.  lll.  Un  Trahi 
de  U  vocation ,  in-8°.  IV.  Un  autre 
Traké  renfermant  plufieiu^  difcuf- 
fions  théologiques,  fous  le  titre 
affez  jufte  de  Farrago ,  in-8®.  Ce 
moine  apoilat  fe  déguifa  long-temps 
fous  le  nom  de  Johannes  Serranus  , 
/ean  de  Serres,  Ses  écrits  font  auffi 
remplis  d'emportement  que  vides 
de  raifon. 

VI.  LAMBERT,  furnommé  h 
Bègue  à  caufe  de  la  difficulté  de  fa 
prononciation ,  mourut  l'an  1 177 , 
à  fon  retour  de  Rome ,  où  Raoul 
ivêque  de  Liège  l'avoit  envoyé. 
Ce  fiit  lui  qui  inftitua  les  Béguines 
des  Pays-bas  -,  établiffement  fort  ré- 
pandu dans  ces  provinces ,  &  qui  eft 
de  la  plus  grande  utilité  à  la  re- 
ligion &  à  la  fociété.  Il  affure  des 
moyens  de  vertu  &  de  fubfiftancc 
à  une  multitude  de  filles ,  fans  leur 
ôter  la  liberté  de  rentrer  dans  le 
'  fiecle.  Plufieurs  auteurs  attribuent 
l'inftitution  des  Béguines  à  Ste  Bègue  ^ 
mais  ce  fentiment  eft  moins  fondé. 

Vn.  LAMBERT,  (Anne -Thé- 
rcfe  de  Marguenat  de  CourcdUs  , 
marquife  de)  naquit  à  Paris  d'un 
maître-des-comptes.  Elle  perdit  fon 
père  à  l'âge  de  trois  ans.  Sa  mère 
cpoufa  en  fécondes  noces  le  facile 
&  ingénieux -PjcA<iw7K)/ï<  ,  qui  fe  fît 
un  devoir  &  un  amufement  de  cul- 
tiver les  heureufes  difpofitions  qu'il 
/  découvrit  dans  fa  belle-fille.  Cette 
aimable   enfant    s'accoutuma   dçs- 


L  A  M' 

lofs  à  faire  de  petits  eaàraîts  de 
fes  leûures.  Elle  formas  peu-à-peu 
un  tréfor  littéraire ,  propre  à  afiai- 
fonner  fes  plaiiirs  &  à  la  confoler 
dans  fes  peines.  Après  ^a  mort  de 
fon  mari,  Henri  Lamhert^  marquis 
de  Saim-Bris ,  qu'elle  avoit  époufé 
en  1666,  &  qu'elle  perdit  en  1686: 
elle  efTuya  de  longs  &  cruels  pro- 
cès ,  où  il  s'agiflbit  de  toute  (k  for- 
tune. Elle  les  conduifit  &  les  ter- 
mina avec  toute  la  capacité  d'une 
perfonne  qui  n'auroit  point  eu  d'au- 
tre talent.  Libre  enfin  &  maitrefTe- 
d'un  bien  confidérable  qu'elle  avoit 
prefque  conquis,  elle  établit  dans 
Pari«  une  ma^n  où  il  étoit  hono- 
rable d'êa*  KflÇu  :  c'étoit  la  feule  , 
à  un  petit  no'rfibre  d'exceptions  près , 
qui  fe  fût  préfcrvée  de  la  maladie 
épidémique  du  jeu,  &  où  l'on  fe 
raïTemblât  pour  parler-  raifonnable- 
ment.  Aufli  les  gens  frivoles  lan- 
çoient,  quand  ils  pouvoient,  quel- 
ques traits  malins  contre  la  maifon 
de  madame  de  Lambert ,  qui ,  très- 
délicate  fiur  les  difcours  &  fur  l'o- 
pinion du  public ,  craignoit  quel- 
quefois de  donner  trop  à  fon  goût. 
Elle  avoit  le  foin  de  fe  rafîurer, 
en  faifant  réflexion  que  dans  cette 
même  maifon,  fi  accufée  d'efprit, 
elle  y  faifoit  une  dépenfe  très-noble , 
&  y  recevoit  beaucoup  plus  de  gens 
du  monde  &  de  condition ,  que  de  ^ 
gens  illufh-es  dans  les  lettres.  Les 
qualités  de  l'ame  furpafToient  encore 
en  elle  les  qualités  de  l'efprit.  Elle 
étoit  née  courageufe,  peu  fufcep- 
tible  d'aucune  crainte,  fi  ce  n'étoit 
fur  la  gloire  •,  incapable  d'être  arrê- 
tée par  les  obflacles  dans  une  en- 
treprife  nécefTaire  ou  vertueufe. 
M  Elle  n'étoit  pas  feulement  ardente, 
>♦  (  dit  Fontenelle^  )  à  fervir  fes  amis  , 
>»  fans  attendre  leurs  prières,  ni 
ï>  l'expoiition  humiliante  de  leurs 
>♦  befoins  -,  mais  une  bonne  a£Hon 
M  à  faire,  même  en  faveur  desper- 
yt  fonnes  indififérentçs ,  la  tentoit 


L  A  M 

t»  toujours  vtvement,  &  il  falloit 
n  que  les  circonitances  fuiTent  bien 
»  contraires  *  û  elle  n'y  fuccomboit 
r>  pas.  Quelques  mauvais  fuccès  de 
y*  Tes  généroûtés  ne  Tavoient  point 
rt  corrigée^  &  elle  étoit  toujours 
w  également  prête   à  hafarder  de 
i>  £ure  le  bien.  £lle  ait  fort  iniîr- 
}*  me  pendant  tout  le  cours  de  fa 
^  vie.  Ses  dernières  années  furent 
>t  accablées  de  foui&ances,  pour 
»  lefquelles   Ton  courage   naturel 
M  n'eût  pas  Tuffi  fans  le  fecours  de 
^y  toute  ÙL  religion  ««^  Cette  dame 
tlluib-e  mourut  le  1 2  Juillet  1 7  3  3 1 
à  86   ans.  Ses  ouvrages   ont  été 
réunis  en  deux  vol.  in- 11.  Les 
principaux  font  :  L  Les  Avis  d*unc 
mère  à /on  fils,  &   à^unt  nuit  à  fa 
flU.  Ce  ne  font  point  des  leçons 
feches ,  qui  fentent  l'autorité  d'une 
mère;  ce  font  des  préceptes  don- 
nés par  une  amie^  &  qui  partent 
du  cœur.   C'eft  une   philofophie 
aimable ,  qui  feme  de  âeurs  la  route 
dans  laquelle  elle  veut  Êiire  marcher 
fes  diidples;   qui  s'attache  moins 
aux  frivoles  définitions  des  vertus, 
qu'à  les  infpirer  en  les  faifànt  con* 
noitre  par  leurs  agrémens.   Tout 
ce  qu'elle  prefcrit,  porte  l'emprein- 
te d'une  ame  noble  &  délicate,  qui 
poiTede  fans  fefte  &  fans  effort  les 
qualités  qu'elle  exige  dans  les  au- 
tres. On  fent  par-tout  cette  chaleur 
du  coeur ,  qui  £sule  donne  le  prix 
aux  produÛions  de  l'efprit.  II.  Nou^ 
ytlUs  Réflexions  fur  les  femmes ,  ou 
Métaphyfyae  d'amour  :  elles  font  plei- 
nes d'imagination  ,  de  fineffe  &  d'a- 
grément. III.  Traité  de  PAmUié.  L'in- 
génieufe  auteur  peint  les  avantages , 
ïfcs  charmes ,  les  devoirs  de  cette 
vertu,  avec  autant  de  vérité  que 
de  délicateffe.  IV.  Traité  de  la  FieiU 
lejfcy  non  moins  eitimé  que  celui 
de  l'Amitié.   V.  La  Femme  hermke , 
petit  roman  extrêmement  touchant. 
VI.  Des  morceaux  détachés  de  Mo- 
rale ou  de  littéFature,  Ceft  par-tout 


;- A  M      ICI 

le  mêmeefprit,  le  même  goût,  U 
même  nuance.  Il  y  a  quelquefoh  » 
mais  rarement ,  du  précieux  ;  il  eft 
difficile  de  n'y  pas  tomber,  quand 
on  a  de  la  finefle  dans  l'efprit ,  de 
la  délicateffe  dans  le  cœur  ,  & 
qu'on  afïeâe  de  pouffer  loin  ces 
qualités. 

Vin.  LAMBERT ,  HoUandois , 
capitaine  de  vaifTeau,  s'eft  rendu 
célèbre  dans  le  xvii^  fiede  par  une 
adtion  des  plus  hardies  qui  fe  foient 
paiTées  fur  mer.  £n  1624,  les  états 
de  Hollande  ayant  arméiS  vaiâfeaux 
contre  les  Algériens,  en  donnè- 
rent le  commandement  à  ce  brave 
homme,  qui  s'empara  d'abord  de 

I  vaiiTeaux  corfaires,  &  mit  i2y 
pirates  à  la  chaîne.  Après  cette  pre- 
mière expédition ,  il  alla  mouiller 
devant  Alger  avec  fon  efcadre  de 
iîx  vaifTeaux  j  &  étant  à  portée  du 
canon  de  cette  ville,  il  fit  arbo- 
rer l'étendard  rouge  en  figne  de 
guerre.  Cette  hardieffe  furpritceux 
d'Alger  *,  mais  le  capitaine  Lambert 
voyant  qu'on  différoit  trop  long- 
temps à  lui  rendre  les  efdaves  qu'il 
avoit  demandés ,  fit  lier  dos-à-dos 
une  partie  des  Turés  &  des  Maures 
qu'il  avoit  dans  fes  Vcûffeaux,  les 
fit  jeter  à  la  mer  ,  &  fit  pendre 
les  autres  aux  antennes ,  à  la  vue  des 
Algériens ,  qui  regardoient  en  fré-» 
mifiant  cette  fanglante  exécution. 

II  fit  &ire  enfuite  une  décharge 
contre  la  ville  j  &  ayant  levé  l'an- 
cre, fit  voile  poiu:  s'en  retourner. 
Sur  la  route  il  eut  une  féconde  ren- 
contre de  deux  vaifTeaux  d'Alger  ; 
s'en  étant  encore  rendu  maître ,  il 
revint  avec  fa  proie  devant  cette 
ville ,  &  contraignit  enfin  ces  cOr- 
faires  de  rendre  tous  les  efdaves 
HoUandois  qu'ils  avoient  en  leur 
puifiance ,  en  échange  de  ceux  qu'il 
tenoit  dans  fes  vaifieaux.  Comblé 
de  gloire  ,  &  accompagné  de  fes 
compatriotes  qu'il  avoit  drés  d'ef- 
clavage,  il  aborda  hcUfeufemooC 

Kiy 


ICI         L  A  M 

en  Hollande ,  où  fa  valeur  reçut 
les  applaudiiTemens  qui  lui  étoient 
dus. 

IX.  LAMBERT,  (Jofcph)  fils 
d'un  maitre*des-comptes ,  naquit  à 
Paris. en  1654 ,  prit  le  bonnet  de 
doâeur  de  j^orbonne , .  &  obtint 
le  prieuré  de  Palaifeau  près  Paris. 
L  églife  de  Sain^And^é-des-Arcs ,  fa 
paroilTe ,  retentit  long^temps  de  fa 
voix  douce  6c  éloquente.  Il  eut 
le  bonheur  de  convertir  plufieurs 
calviniiles  6c  plufieurs  pécheurs 
endurcis.  Sa  charité  pour  les  pau- 
vres alloit,  jufqu'à  l'hcroifme  Ils 
perdirent  le  plus  tendre  des  pères, 
le  plus  fage  confolateur  6c  le  plus 
généreux  prote^eur ,  lorfque  la 
mort  le  leur  enleva  le  91  Janvier 
7722 ,  à  6S  ans.  Ce  fut  à  la  requi* 
ihion  de  ce  faint  homme,  que  la 
Sorbonne  fit  une  déclaration  qui 
rend  nulles  les  thefes  de  ceux  qui 
s'y  feroient  nommés  titulaires  de 
plufieurs  bénéfices.  On  a  de  lui  : 
I.  V Année  Evangéllqut ,  ou  Homélks , 
en  7  vol.  in- 12.  Son  éloquence  eft 
véritablement  chrétienne ,  fimple 
&  touchante.  Tous  fes  ouvrages 
font  marques  au  même  coin  ,  de 
l'on  ne  peut  trop  les  recommander 
à  ceux  qui  font  obligés  par  état  à 
infiruire  le  peuple.  Si  le  fiyle  en 
efi  négligé ,  on  doit  faire  attention 
qu'il  écrivoit  pour  Tinflruâion  des 
gens  de  la  campagne ,  8c  non  pour 
les  courtifans.  II.  Des  Conférences 
en  2  vol.  in-i2 ,  fous  le  titre  de 
Dlfcours  fur  la  vie  Ecelgfiaflique, 
m.  Epitrcs  &  Evangiles  de  l*année  , 
avec  des  réflexions,  chez  Muguet ^ 
en  I713  ,  inri2.  IV.  Les  Ordina- 
tions des  Saints^  in-l2.  V.  La  Ma- 
nière de  hlen  Infindrc  les  pauvres ,  in-12. 

VI,  (  Hifloîres  ehoifies  de  l'ancien  &  du 
nouveau  Teftiiment  :  recueil  utile  aux 
Catéchifies  ,  chez  Lotln ^  in-  12. 

VII.  Le  Chrétkn  inflrtiit  des  Myfleres 
4e  ta   Religion    &  des  vérités    de  la 


L  A  M 

fandUcrcs  pour  tous  les  Dîmanche# 
6c  principales  Fêtes  de  l'année ,  en  - 
faveur  dis  Pauvres ,  &  particulièrement 
des  gens  de  la  Campagne,  in-i2.  IX« 
Deux  Lettres  fur  la  pluralité  des 
Bénéfices  ,  contre  l'abbé  Bolleau^ 
X.  InfiruBions  fur  Us  Commande^ 
mens  de  Dieu ,  en  faveur  des  pauvres 
&  des  gens  de  la  Campagne ,  en  2  voU 
in-i2.  XI.  InJèruêUons  fur  le  Symbole ^ 
2  vol.  in-12. 

X.  LAMBERT  ,  (Michel)  mo* 
ficien  François ,  né  en  z6io  à  Vi* 
vone ,  petite  ville  du  Poitou  ,  mort 
à  Paris  en  1696 ,  à  86  ans ,  excelloit 
à  jouer  du  luth ,  6c  marioit ,  avec 
beaucoup  d'art  &  de  goût,  les  accens 
de  fa  voix  aux  fons  de  l'inibument. 
Il  fut  pourvu  d'une  charge  de  maître 
de  mÛQque  de  la  chamiM-e  du  roi« 
Les  perfonnes  de  la  première  di^ 
tinâion  apprenoient  de  lui  le  bon 
goût  du  chant ,  6c  s'afTembloienc 
même  dans  fa  maifon ,  où  ce  mufi* 
cien  tenoit ,  en  quelque  forte ,  une 
académie.  LamberteA  regardé  comme 
le  premier  en  France,  qui  ait  Eût 
fentir  les  vraies  beautés  de  la  mu- 
fique  vocale ,  les  grâces  Ôc  la  juf- 
teflê  de  l'expreifion.  Il  fut  aufS  ^e 
valoir  la  légèreté  de  la  voix,  6c 
les  agrémcns  d'un  organe  flexible» 
en  doublant  la  plupart  de  (es  airs ,  6e 
les  ornant  de  pafiagesvifis  6cbrillans« 
Lambert  a  fait  quelques  petits  Motets  ^ 
&  a  mis  en  mufique  des  Leçons  ds 
Ténèbres,  On  a  encore  de  lui  un  Re* 
cucil  contenant  plufieurs  Mrs  à  une, 
deux ,  trois  6c  quatre  parties  ,  avec 
la  bajffe  continue. 

XL  LAMBERT ,  (Jean)  général 
des  troupes  d'Angleterre  fous  la 
tyrannie  de  Cromwell , .  fignala  h 
valeur  dans  différentes  occafîons. 
Il  n  eut  pas  prccifément  les  vertus 
qui  font  un  grand  homme*,  il  eut 
les  qualités  moins  honorables,  mais 
plus  rares ,  d'un  chef  de  parti.  Spn 
efprit ,  fans  être  fort  étendu ,  étoit 
proprç  à  fQnnçr  6c  à  entrgjmi:  doc 


1 


L  A  M 

feâions  -,  foti  cœur ,  ùlus  être  droit , 
'ctoit  généreux  *,  il  eut  l'ambmon 
d'afpirer  à  tout.  Cromwcll  ayant  cafTé 
le  l^lement  l'an  165  3  ,  établit  un 
Confeil  dont  Lambert  fut  le  chef. 
LorTqu'il  fut  déclaré  tVotcôeur  de 
la  République  ,  Lambert  empêcha 
qu'il  ne  fût  déclaré  Roi.  Cromwcll  le 
regarda  dès-lors  comme  fon  rival , 
&  lui  ôta  le  généralat.  Après  la  mort 
duProteûeur,  arrivée  en  1658, 
Lambert ,  qui  ne  pouvoit  trouver 
ion  élévation  que  dans  les  malheurs, 
fe  ligua  avec  le  chevalier  Van€  con- 
tre le  nouveau  Proteûeur ,  Richard 
CromweU^  ûls  d' OâvUr,  Il  s'oppoia 
enfuite  de  toute  fa  force  au  réta- 
falifiement  de  la  Monarchie  *,  fes  in- 
trigues furent  inutiles.  Son  armée 
ayant  été  dé£ûte ,  il  fiit  pris  par  le 
général  Monck ,  qui  le  fit  mettre  dans 
j  la  tour  de  Londres  avec  Fane  fon 
;  complice.  Convaincu  d'avoir  ap- 
I  puyé  les  pernicieux  deffeins  d'Oli- 
vier Cromwcll ,  &  de  s'être  oppofé 
au  rétabliffement  du  roi  Charles  11^ 
il  fut  condamné  à  mort  l'an  1661. 
L'arrêt  ne  fut  point  exécuté ,  parce 
■  que  le  roi ,  par  une  bonté  peu  com- 
mune ,  en  modéra  la  rigueur ,  &  fe 
contenta  de  reléguer  Lambert  dans 
i'iile  de  Jerfey ,  où  il  paffa  le  refte 
de  fa  vie. 

Xn.  LAMBERT ,  {Qaude-Fran- 
çois  )  né  à  Dole ,  eut  la  cure  de 
Saineau ,  dans  le  diocefe  de  Rouen , 
qu'il  abdiqua  enfuite.  11  vint  à  Paris 
&  s'y  mit  aux  gages  des  libraires , 
pour  lefquels  il  compila  divers  ou- 
vrages qui  lui  coûtoient  peu ,  & 
qui  ne  valoient  pas  ce  qu'ils  lui 
coûtoient.  Les  principaux  font  : 
I.  Le  Nouveau-TéUmaque ,  ou  Mé- 
moires &  Aventures  du  Comte  <fc***  & 
it  fon  fils ,  3  vol.  in-i2.  IL  La  New 
vellc  Maiîanne  ,  3  vol.  in- 12.  III. 
Mémoires  &  Aventures  d*une  Femme 
de  Qualité^  3  vol.  in- 12.  On  voit 
que ,  dans  ces  divers  romans ,  il  a 
cteché  à  perfuader  qu'il  copioit 


t  A  M         içj 

de  bons  modèles  ;  mais  céiane  pa- 
H^oît  que  dans  le  titre ,  &  c'eft  à  ce 
titre  qu'ils  ont  dû  tout  leur  fuccès. 
Ils  font  dénués  d'imagination  & 
d'élégance.  ÏVMInfortméeSiciliauu^ 
in-12.  V.  Recueil  d^Obfervadons  fur 
tous  Us  Peuples  du  Monde^  4  voL  in-i  2. 
VI.  Hifloire  générale  de  tous  Us  Peuples 
du  Monde ,  1 4  vol.  in-12 ,  qui  le  re- 
lient en  1 5 .  Il  a  réuni  dans  ce  livre  ce 
qui  fe  trouve  répandu  dans  les  diffé- 
rens  voyageurs;  mais  il  manque 
d'exaâimde  dans  les  £ûts ,  &  de 
grâce  dans  la  narration.  VTI.  Wf^ 
toire  Littéraire  de  Louis  XIV  »  3  vol. 
in-4^  ,  qui  lui  valut  une  peidion  : 
c'étoit  l'obtenir  à  bon  marché  ;  ça 
ce  n'eft  qu'une  compilation ,  indi- 
gène &mal  écrite,  da Mémoirts ék 
Niceron,  des  Eloges  des  différentes 
académies ,  des  Jugemens  des  Jour- 
nalifles.  L'auteur  l'a  ornée  cepen- 
dant de  Difcours  préliminaires  fut 
les  progrès  de  chaque  fcience  fous 
le  règne  illufbe  de  Louis  le  Grand  ; 
mais  ces  difcours ,  vides  de  philo- 
fophie ,  ne  font  plans  que  de  phra- 
fes  emphatiques.  On  voit  un  homme 
fans  idées  ôc  fans  flyle  ,  qui  n*a  fu 
ni  connoître ,  ni  rendre  les  choies 
dont  il  parle.  VIII.  Hifioire  de 
Henri  II ,  2  vol.  in-12.  IX.  Biblio* 
theque  de  Phyfique^  7  vol.  in-12.  X. 
Mémoires  de  Pa/carilla  ,  in-i2«  mau- 
vais roman  ,  &c.  L'abbé  Lambert 
mourut  à  Paris  le  14  Avril  1765. 
Il  eut  le  malheur  de  furvivre  à  fes 
livres. 

Xm.  LAMBERT,  (N...)  l'un  des 
plus  habiles  madiémaddens  du 
xviii*^  fiecle,  naquit  à  Mulhaufen 
en  Alface ,  vers  l'an  1728 ,  &  mou- 
rut à  Berlin ,  (de  confomption ,  le 
25  Septembre  1777  ,  à  49  ans  » 
penfionnaire  de  l'académie  de  cette 
ville,  &  confeiller  fupérieur  au 
département  des  bâtimens.  Sa  phy- 
iionomie  étoit  naïve,  douce,  &dé- 
celoit  un  efprit  pénétrant.  Le  fien 
étoit  caraûérifc  par  Tuniverfalité  » 


fç4        L  A  NT 

la  daite  &  l'originalité  des  idée$« 
Cette  originalité  feremarquoit  dans- 
fa  conduite  &  dans  Ton  extérieur  , 
.qu*ii  négligeoit  beaucoup.  Il  étoit 
fu;et  à  des  préventions  dont  il  re- 
venoit  difficilement.  Outre  les  ex- 
f^ellentes  pièces  qu'il  inféra  dans 
les  Mémoires  de  Berlin,  de  Bàle, 
de  Munich ,  on  a  de  lui  un  grand 
nombre  d'ouvrages.  Les  principaux 
font  :  L  Un  Traité  fur  Us  proprUtés 
les  plus  remarquables  de  la  rautt  de  la 
Jjaâûere,  la  Haie ,  1759.  IL  Une 
Per/'pecBve^  Zurich  ,  1758.  III.  Une 
Pkotomctrîe ,  Ausbourg  ,  1760.  IV* 
Un  Traité  furies  Orbites  des  Comètes^ 
Ausbourg  >  1 76 1 .  V.  Des  Opufcules 
mathématiques ,  &c. 
•   LAMBERTINI.   Toye^  Be- 

MOIT  XIV. 

LAMBIN,  (Dcnys)  c^ebre 
commentateur ,  né  à  Montreuil-Tur- 
mer  en  Picardie ,  voyagea  en  Italie 
avec  le  cardinal  de  Toumon  ,  & 
obtint  par  Ton  crédit  la  place  de 
proSeiTeur  en  langue  Grecque  au 
coHege-royal  de  Paris.  Il  l'occupa 
avec  <tiflin£kion  )ufqu'à  fa  mort  , 
occafionnée  en  1572  parla  nou- 
velle du  meurtre  de  fon  ami  Ramus , 
égorgé  pendant  le  ma{rai:re  de  la 
Sa^ia-BarthclemlJX  avoit  alors  5  6  ans* 
On  a  de  lui  pluûeurs  ouvrages  « 
dans  lesquels  on  trouve  une  éru- 
dition Tsfte  y  mab  quelquefois  ac- 
cablante. Le  foin  qu'il  a  de  rap- 
porter les  diverfes  leçons  avec  la 
plus  fcmpuleufe  exaéHtude,  en- 
floya  bien  des  favans  ,  &  fit  naître 
le  mot  de  Lambiner,  Lamhln  a 
donné  des  Commentaires  fur  Lucrèce  y 
if6j,in-4^...  fur  Clcéron  ^  178J  , 
2  volâmes;  fur  Plaute^  15SS;  & 
far  Horaa,  1605  :  tous  trois  in- 
ioL  Son  tra\'ail  fur  Horace  a  été 
applaudi  ;  mais  il  a  été  moins  heu- 
feux  dans  les  corrections  qu*il  a 
fiâtes  aux  Œuvres  de  l'orateur  Latin* 
Il  change  le  texte  de  Cicércn  à  fon 
gré,  iknsêtre  acutorifé  par  les  an* 


L  A  M  I 

ciens  manufcrits.  Il  bt&  les  mots 
des  éditions  qui  fe  trouvent  entre 
les  mains  de  tout  le  monde ,  pour 
en  fubftituer  de  nouveaux ,  qu'il 
n'a  pris  qu'en  fa  bizaree  imagina- 
tion. Toutes  les  fois  qu'il  ajoute 
ces  mots  :  Invltls  &  repugnantUnts 
omnibus  llbris ,  on  peut  afiurer  qu'il 
fe  trompe.  Lambin ,  au  mérite  de 
l'érudition  ,  joignoit  la  bonté  du 
caraâere.  Il  avoit  été  très-lié  avec 
Muret ,  auquel  il  avoit  hk  part  de 
fes  interprétations  de  pluûeurspafo 
fages  diÂciles  d*  Horace.  Muret  les 
employa  dans  fes  diverfes  leçons, 
fans  en  £aâxe  honneur  à  fon  amL 
Ce  procédé  les  bfouilla  ;  mais  ils  fe 
réconcilièrent  enfuite.  Lasubin  parla 
toujours  avec  honneur  de  Muret  ^ 
tandis  que  celui-ci ,  naturellement 
bilieux  &  vindicatif,  fé  répandit  en 
injures,  même  après  leur  réconci- 
liation. Le  fils  de  Lambin  ,  qui  ne 
dégénéra  point  du  favoir  de  fon 
père  ,  fut  précepteur  à'Jmaulà 
d'AndlUy, 

LAMBRUN,  (Marguerite) mé- 
rite autant  par  fon  courage  d'oc- 
cuper une  place  dans  lliiftoire  du 
XVI*'  iîecle  ,  que  pluiieurs  dames 
Romaines  dans  celle  des  ptemien 
temps  de  la  république.  Cétoit  une 
Ecofliéiife  de  hùâte  de  MarieStuart, 
Après  la  mort  tragique  de  cette  in- 
fortunée princeffe ,  le  mari  de  Mar- 
guerite Lambfun  ne  put  furvivre  à 
la  perte  de  fa  maîtrefTe.  Il  en  mou- 
rut de  douleur ,  &  fa  femme  prit 
aufTi-tôt  la  réfolution  de  venger  la 
mort  de  l'un  &  de  l'autre.  Pour 
exécuter  plus  tellement  fon  projet, 
elle  sliabilla  en  homme ,  prit  le 
nom  d'Antoine  Sparch ,  &  fe  rendit 
à  la  cour  de  la  reine  EUfaheth»  Elle 
portoit  toujours  fur  elle  deux  pif- 
tolets,  l'un  pour  tuer  cette  prin- 
ceffe ,  l'autre  pour  fe  tuer  elle- 
même.  Un  jour  qu'elle  perçoit  la 
foule  à  deffein  de  s'approcher  de  la 
reine  qui  fe  promenoît  dans  fes 


L  A  M 

jstnims,  elle  laifl^  tomber  un  dé 
fes  piftolets.  Les  gardes  qui  s'en 
apperçurent,  fe  faifirent  d'elle  :  on 
alloit  la  traîner  en  prifon  ;  mais  la 
reine  qui  la  prenoit  pour  un  homme, 
"Toulut  l'interroger  elle-même,  & 
lui  demanda  fon  nom ,  fa  patrie  & 
Êi  qualité.  Madame ,  lui  répondit- 
elle  avec  intrépidité ,  je  fids  femme , 
inique  je  pone  ut  habit  :  je  m*appelU 
Marguerite  Larabrun.  Paî  été  plu- 
f^uTs  années  au  fervlce  de  la  Hûne 
Marie  mx  maîtrejfe ,  aue  vous  ave\  fi 
uijttfkmtnt  fait  mourir  ;  &  par  fa  mort 
fous  ave\  été  caufe  de  celle  de  mon 
mari,  qui  n'a  pu  furvivre  à  cette prin- 
t^jfe.  Ègilement  attachée  à  l'une  &  à 
L'autre  ,  j'avois  réfobt ,  au  péril  de 
ma  vie  y  de  venger  loir  mort  par  la 
rotre.  Il  efi  vrai  que  j'ai  été  fort  corn-' 
battue,  &j*atfai£  tous  Us  efforu pof- 
fhle>fur  moi-même  pour  me  détourner 
d'un  fi  pernicieux  deffein  ;  mais  je  ne 
rai  pu.  Quoique  la  reine  eût  grand 
fujet  d'être  émue  d'un  tel  difcours , 
elle  ne  laiâa  pas  de  l'écouter  froi- 
dement ,  &  de  lui  répondre  tran- 
quillement :  Vous  ave^  donc  cru  faire 
votre  devoir  ;  &  rendre  à  P amour  que 
vous  avei  pour  votre  maùrejfe  &  pour 
votre  mari,  ce  qu'il  demandoit?  Mais 
çuel  penfe^^'vous  que  doit  être  aujour" 
d'hui  mon  devoir  envers  vous  ?  Mar- 
guerite répliqua  avec  fermeté  ;  Je 
dirai  franchement  à  Votri  Majefté 
m^n  fenùment  ,  pourvu  qu'elle  ait  la 
honte  de  me  dire  auparavant  fi  elle 
demande  cela  en  qualité  de  Reine,  ou 
en  qualité  de  Juge,,,  Elisabeth  lui  ré- 
pondit que  c'étoit  en  qualité  de 
reine.  Votre  Majefté  doit  donc  m'ac- 
corder  ma  grâce  ,  lui  répliqua  cette 
femme.  Quelle  ajfurance  me  donnerez' 
vous ,  lui  dit  la  reine ,  que  vous  n'en 
éhttfereipas ,  &  que  vous  n'entreprendre^^ 
pas  une  féconde  fois  une  a^ion  fem- 
blable  dans  quelque  autre  occafion  ?  — > 
Madame ,  repartit  Marguerite  Lam- 
brun,  la  grâce  que  l'on  veut  donner 
avec  tant  de  précaution ,  n'eft  plus  une 


LAM         1^5 

grâce  ;  &'  mnfi  Votre  Majefté  peut  apt 
contre  moi  comme  Juge.  La  reine  s'éf 
tant  tournée  vers  quelques  per* 
fonnes  de  fon  confeil  qui  étoient 
préfentes ,  leur  dit  :  Il  y  a  ^o  ans 
que  je  fuis  Reine;  mais  je  ne  me  fou» 
viens  pas  dl^ avoir  trouvé  taie  perfonne 
qui  m'ait  donné  une  pareille  leçon» 
Ainfi  elle  voulut  lui  donner  la  grâce 
entière  &  fans  condition ,  quoique  le 
préiident  de  fon  confeil  dît  tout  ce 
qu'il  put  pour  la  porter  à  faire  punir 
cette  femme.  Elle  pria  lareine  d'avoir 
la  généroiité  de  la  faire  conduire 
sûrement  hors  du  royaimfe ,  &  on 
la  tranfporta  fur  les  côtes  de  France. 

L  LAMECH ,  de  la  race  de  Caïn  , 
fils  de  Matht/falaélf  père  de  Jabel^ 
de  Jubal ,  de  Tuhalcaïn  &  de  No'ema , 
eft  célèbre  dans  l'Ecriture  par  la  po- 
lygamie ,  dont  on  croit  qu'il  ufa  le 
premier  dans  le  monde.  Il  époufa 
Ada  &  Selh,  Un  jour  Lamech  dit  à 
fes  femmes  :  Ecoutei-moi,  femmes  de 
Lamech  \  j'ai  tué  un  homme  pour  ma 
hlejfure ,  &  un  jeune  homme  pour  ma 
meurtriffure.  On  tirera  vengeance  jfoîs 
du  meurtre  de  Caïn ,  6»  yo  fois  du  meur- 
tre de  Lamech....  Ces  paroles  ren- 
ferment une  obfcurité  impénétrable. 
On  a  fait  de  vains  efforts  pour  les 
expliquer  -,  mais  on  n'a  donné  que 
des  conjeéhires,  auxquelles  nous 
préférons  un  filence  refpedhieux. 

IL  LAMECH,  fils  de  MjrAi//tf- 
lem ,  père  de  Noé ,  qu*il  eut  à  l'âge 
de  182  ans  ;  après  la  naiffance  de 
fon  fils,  il  en  vécut  encore  575. 
Ainfi  tout  le  temps  de  fa  vie  fiit  de 
777  ans.  Il  mourut  la  5  *^  année  avant 
le  Déluge ,  245  3  avant  J.  C. 

LAMET,  Voyei  DeLAMET. 

LAMETRIEt,  Vcyei  Mettrie. 

I.  LAMI,  (Bernard)  prêtre  de 
rOratoire ,  né  au  Mans  en  1645 
d'une  famille  noble  ,  profefTa  les 
humanités  &  la  philofophie  dans 
divers  collèges  de  fa  congrégation , 
&  dans  tous  avec  fuccès.  Son  zèle 
ppur  les  opinions  de  Defcartes  fou- 


f56        L  AM 

leva  contre  lui  de  ridicules  part- 
fins  des  rêves  à^Arlftote,  Onlepcr- 
ÊtaaXà  à  Saumur  &  à  Angers  ^  où  il 
cnièigna  fucceffivement  la  philofo- 
fhie.  La  frénéiie  des  feâateurs  de 
f  aBcicnne  vint  au  point  ,  qu'ils 
demandèrent  une  lettrc-de-cachet 
contre  lui.  Le  favant  Oratorien  fiu 
frivé  de  fa  chaire  &  relégué  à 
Saiatt-Martin  -  de  -  Miféré  y  diocefe 
et  Grenoble.  Le  cardinal  U  Camus  ^ 
évêque  de  cette  ville,  l'ailocia  au 
gouvernement  de  fon  diocefe,  & 
Ini  confia  la  place  de  profefTeur  en 
rfiéalogjé  dans  fon  féminaire.  Laml 
îoigmt  1  £criture-fainte  à  la  théo- 
logie, &  dès4ovs  il  prépara  les 
viatériaux  des  ouvrages  qu'il  a  pUr 
btiés  fur  cette  madère.  Celui  qui  a 
£dït  le  plus  de  bruit  eft  fa  Concordé 
4&S  Evang^/ijies  ,  dans  laquelle  il 
xvança  trois  fentimens  finguliers  , 
çii  l'engagèrent  dans  de  longues 
cooteâations.  U  y  foutenoit  :  Pre- 
mièrement ,  que  5*  Jean  -  Bapùfo 
avoit  été  mis  deux  fois  en  prifon , 
£cL  i^*  fois  par  l'ordre  des  Prêtres 
&  des  Phariliens  i  la  x^  par  celui 
étHérode,  Secondement  ,  il  pré- 
tendoit  que  Jesvs  -  Christ  ne 
mai^ea  pas  l'Agneau  Pafcal  dans 
la  dernière  Cène,  &  que  le  véritable 
Agneau  Pafcal  fut  mis  en  croix 
pendant  que  les  Juifs  immoloient 
ie  Typique  ou  le  figuratif.  Troîfié- 
mement  ,  les  deux  MarUf  &  la 
Péchereffe,  étoient,  félon  lui,  la 
même  perfonne.  Buluau ,  Tillemont , 
Mauduh  ,  Wîtajfc  ,  Daniel ,  Pîednu  , 
attaquèrent  ces  opinions ,  fur-tout 
celle  de  la  Pâque  *,  &  Laml  perdit 
beaucoup  de  temps  &  de  papier  à 
leur  répondre.  Que  tout  cela  foit 
ou  ne  foit  pas  ,  en  faut-il  moins 
regarder  les  dogmes  &  les  préceptes 
évangéliques  comme  le  plus  bel 
ouvrage  de  la  Divinité  ?  Que  de 
mamens  perdus  ,  qu'on  pourroit 
mieux  employer  !  Après  avoir  , 
pendant  pluiieurs  années ,  contri- 


L  A  M 

biié  a  rinftruûion  &  à  l'édlficado^ 
du  diocefe  de  Grenoble  ,  il  alla 
demeurer  à  Rouen,  où  il  mourut 
le  29  Janvier  171 5  ,  âgé  de  75  ans^ 
11  avoit  toujours  joui  d'une  bonne 
ianté  ,  malgré  fes  travaux  &  fes 
fatigues.  Mais  im  chagrin  vif  &: 
>uile  caufa  (à  dernière  maladie.  Vît 
jeune  homme  y  que  la  levure  d& 
fes  livres  avoit  arraché  àl'héréfie,. 
&  étoit  mis  fous  fa  direéHon  ,  & 
avoit  ,.  eik  fiiivant  fes  avis ,.  déjà 
fait  des  progrès  fupéricurs  éotns  ta 
piété  &  dans  les  fciences.  11  efpéroit^ 
des  heureufes  dii^ofittons  de  ce 
profélyte ,  les  plus  grandes  chofes  „ 
iorfqu'il  apprit  quel'infidelles'étoit 
replongé  dans  fes  premières  erreurs» 
Cette  nouvelle  lui  caufa  une  trif- 
teiTe  profonde  ;  fa  fanté  en  fut  vio- 
lemment dérangée ,  &  un  vomiiTe- 
ment  de  fangqui  furvint  l'emporta* 
Le  P.  Laml  avoit  des  moeiu-s  pures. 
&  aufteres  :  mais  la  vivacité  de  foa 
efprit  le  jetoit  quelquefois  dans 
des  ûngularités,  &  dans  l'opimâ* 
treté  qui  en  eft  la  fuite.  C'étoit 
d'ailleurs  un  homme  très-ellimable, 
ami  de  la  retraite ,  fimple ,  modefle  , 
qui  parloit  aifément ,  &  fur  toutes 
fortes  de  matières.  On  lui  doit  : 
I.  Elément  de  Géométrie  &  de  Matké* 
matiques ,  2  vol.  in- II,  IL  Traité 
de  PerfpeHive  ,  1700  ,  in-8®.  III, 
Traité  de  l'Equilibre^  16S7  ,  in-12. 
IV,  Traité  de  la  Grandeur  en  général  ^ 
in-ia,  Paris,  171 5.  U  le  compofa 
dans  fon  voyage  qu'il  fit  à  pied 
de  Grenoble  à  Paris.  Tous  ces 
difFérens  Traités  fiirent  bien  reçus 
dans  le  temps,  pour  l'ordre  »  la 
clarté  &  la  netteté  qui  y  régnent  i 
mais  à  préfent  ils  ne  font  prefque 
d'aucun  ufage.  V.  Entretiens  far  les 
Sciences^  &  fur  la  manière  d* étudier^ 
1706  ,  in-ii  ;  ouvrage  utile ,  dans 
lequel  l'auteur  indique  les  écrivains 
qu'on  peut  confulter  \  mais  il  en 
cite  un  trop  grand  nombre ,  &  c^ 
ne  font  pas  toujours  les  meiUeursb 


L  A  M 

XI  &udtoît  ({ue  qudque  habile  bi- 
bliographe revit  ce  livre  ,  &  y 
ajoutât  la  lifte  ^s  boimes  produc- 
tions qui  ont  paru  depuis  la  mort 
de  l'auteur.  ••  Ses  réflexions  font 
^  quelquefois  allez  fuperôôelles  , 
tt  félon  BayU  \  mais  c'eft ,  dit-il , 
r  une  aiar^ue  du  jugement  de 
r*  l'auteur  :  -car  il  ne  £iut  pas  qu'un 
-M  livre  qui  doit  fervir  à  tous  ceux 
9*  qxii .  étudient  ^  foit  cempli  de 
^  profondeurs  &  d'^{fa:a6lions.  Ce 
*>  qu'il  y  a  de  louable,  c'efb  qu'il 
«♦  ne  peré  .point  de  vue  la  &i  prin- 
^  cipade  de  nos  a^ons ,  qui  âft  de 
t»  rapporter  Août  à  Dieu ,  &  que 
M  fon  deflein  dk  de  former  des 
y>  lavans  qui  aient  de  la  piété ,  & 
1)  qui  ne  fe  prqpofent  dans  leurs 
«  émdes  que  la  gloire  de  Dieu  & 
••  l'utilité  de  l'Eglife  ♦<,  VI.  Dé" 
monftraûon  de  la.  Jalnteté  &  dû  I4 
Mie  de  la  Morale  ChrétUnne^^îiànq 
vol.  in-ii  ,  1706  à  1716.  Cet 
ouvrage  diiFuseft -chargé  d'inutilités. 
JLa  force  des  preuves  eu  diminuée 
par  l'abondance  des  paroles.  Le  P. 
Zami  avoit  reconnu  lui-même  xe 
•dé&ut  ,  &  U  trayailloit  à  rendre 
fon  livre  plus  court ,  &  par  con* 
féquent  \plus  fort ,  lorfque  la  mort 
le  furprit.  Vil.  IntroducUon  à  l'Ecris 
tuTù-foMU  ,  in-4** ,  Lyon  ,  1709  , 
traduite  de  VAppartuus  BlbJicus  , 
qu'il  avoit  d^à  dpnné  en  1696  , 
àid. ,  in-8^.  Il  y  en  a  un  Abrégé 
in-i2.  L'abbé  de  JBellegardetxaiàm&t 
cet  ouvrage  fous  le  titre  d'Apparat 
de  la  Bible ,  in-8^«  Maiscette  vcriion 
se  phit  point  au  P.  Laml  ^  ^  il 
adopta  celle  de  l'abbé  Êoyer ,  dia- 
noine  de  Montbrifon  ;  c'eft  celle 
que  nous  avons  indiquée.  Ce  livre 
remplit  fon  titre  ,  &  l'on  gagne 
beaucoup  i  le  lire  avant  que  d'é- 
tucUer  les  Livres  ûints.  Les  der- 
nières éditions  de  cet  ouvrage  , 
2inû  que  de  tous  ceux  du  P.  Laml^ 
ibnt  les  meilleures ,  parce  que  fa 
.Tivadté  ou  fon  inconilance  ^atu- 


L  A  M         157 

rdle^  It  dégoûtant  d'une  trop  lott« 
gue  application  à  la  mème<ha&, 
ne  lui  permettoit  pas  de  limer  fies 
produôtons.  VIII.  De  TaUmacaU 
faderis  «  de  fancia  Clntate  Jerufalem 
&  de  TempU  ejus ,  in-foi.  auvra\0B 
favant.  IX.  Harmonla  fivk  Concordlm 
EyaagslUa  ^  Lyon ,  1699 ,  deux  vdL 
in-4^;  nous  en  avons  déjà.pariléu 
X.  h* Art  de  parler  ^  avec  ési  jRé- 
fiexiqntfar  l'Art  Poéti^  ,  lyij  , 
in-ii  :  ce  n'efl  pas  la  tneilletae 
produdion  du  P.  Lanù  ,  ni  ii 
meilleure  Rhétorique  que  ixnb 
ayons.  Elle  efl  divifée  en  a  par- 
ties ;  l'une  en  iv  liv.  regarde  VAa 
de  parUr  ou  la  Grammaire  ^  4bbb 
laquelle  il  fait  entrer  beaucoup  ^ 
chofes  étrangères  à  fon  fu^:;ratane 
roule  fur  VArt  de  ^crfuader  ^  qu^ 
traite  d'une  manière  aijei  fiqia*- 
ficielle.  Dans  £ts  R^xions  fur  ùi 
Poétique  ,t  les  matières  font  peu  a|K 
profond^es  ;  &  l'on  y  fent  plus  3e 
raifonneur  aride,  que  Thommede 
goût.  Lorfque  l'auteur  préfeon 
VArt  déparier  au  cardinal  le  Camus ^ 
ce  prélat  lui  dit  :  Voilà  fans  doute 
un  excellent  Art  \  mais  qui  nous  daa^ 
nera  I'Art  Jf£  sE  TAiRi?  Leâyle 
de  cet  écrivain  eil  allez  net  &  a&x 
^cile  ;  mais  il  n'eft  pas  toujours  pur, 
IL  LAMI ,  {  Dom-François  )  nç 
à  Montyreau ,  vill^e  du  dioce& 
de  Chartres  ,  ,  de  parens  nobki  , 
porta  d'abord  les  armes ,  qu*il  quitu 
enfuite  pour  entrer  dans  la  conj;i«- 
gation  de  Saint-Maur.  11  y  fitpro- 
fefTion  en  1659 «  à  vingt-trois  ans, 
&  mourut  à  Saint-Denys  le  4  Avril 
1711  ,  à  75.  Il  fut  infiniment 
regretté ,  tant  par  les  lumières  de 
fon  efprit  y  que  pour  la  bonté  de 
fon  cœur ,  la  candeur  de  fon  ca* 
raâere ,  &  la  pureté  de  fes  mœurs. 
Il  étoit  fur-tout  animé  d'une  charité 
compatifïante ,  qui  verfoit  dans  les 
cœurs  des  infortunés  les  fentimens 
les  plus  tendres  de  confolation. 
Son  amitié   £ncere    &  généreuie 


ïçS        l  AU 

l'attachoît  encore  plus  intimement 
a  fes  amis  ,  lorsqu'ils  étoient  aban* 
donnés  :  il  s'expofoit  à  tout  pour 
prendre  leurs   intérêts  »  &  les  fe- 
coiu-ir  de  fes  eonfeils  &   de  Ton 
argent.    Madame   la    comteffe  de 
Durctt  ^  fa    fœur  ,  fecondoit  fon 
caraftere  bienfeifant  par  fes  libé- 
.ralîtés.  n    (îonna    en  faveur    des 
pauvres  jufqu'à  fes   beaux  inftru- 
mens  de  phyiîque ,  avec  lefquels  il 
avoir  fait  d'utiles  expériences.   Ce 
philofophe   Chrétien   étoit  parfai- 
tement détaché  de  la  terre.  On  l'a 
vu  traverfer  des  appartemens   ma- 
gnifiques dans  les  palais  des  piinces , 
fans  faire  la  moindre  attention  aux 
obiets  brillans  qui   les    embellif- 
foient.  Lorfqu'on  lui  témoignoit 
fa  fuprife  d'une  telle  indifférence , 
il  difoit  que  »♦   toutes   ces  belles 
y*  chofes    qui    nous  éblouiflent  , 
v>  n'étoient  tout  au   plus  que  des 
V*  modifications   différentes  de  la 
5»  matière ,  qui  ne  méritent  pas  de 
>»  fixer  n6«  efprits  v.  Les  ouvrages 
dont  il  a  enrichi  le  public ,  por- 
tent  l'empreinte   de  ffes   différen- 
tes qualités.  Les  principaux  font  : 
ï.  Un  Traité ,  efHmé ,  De  la  connoîf- 
fanct  de  Soi-  mime  ,  6  vol.  in  -  1 1. 
dont  la  plus  ample  édition  eft  celle 
de   1700.  IL  Nouvel  Athélfme  ren- 
verfé  ^  in-i2,  contre  Spînofa,    Les 
argumens  de  cet  impie  (  dit  M.  Mi- 
chault)  y  font  rapportés  avec  beau- 
coup  de  méthode  ,   &  d'une  ma- 
nière capable  d'éblouir  ceux-mêmes 
qui  fe  flattent  de  juftefTe  d'efprit; 
au  lieu  que  les  réponfes  font  va- 
gues, &  ne  confident    la   plupart 
qu'en  des  exclamations,  des  raille- 
ries, qui  ne  peuvent  tout  au  plus 
faire  imprefîîon  que  fur  des  génies 
fuperficiels.  Ainfi,  le  contre-poifon 
n'étant  pas  afTez  puiffant,  cet  ou- 
vrage doit  être  mis  au  nombre  des 
livres  dangereux  ,  quoique  infpiré 
par  l'amour   de  la   vérité.    Nous 
parlons  de  la  première  édition  , 


L^  A  M 

Paris,  1696,  in-ï2.  Danslafeco»' 
de ,  faite  à  Bruxelles  r  171 1 ,  in-ii; 
on  a  ajouté  une  réfutation  de  Spi' 
no/a  par  Pension  &  BoulainvillUrs  ^ 
quia  été  réimprimée  en  173 1.  IIÏ. 
L'Incrédule  amené  à  la  Reâgion  par  la 
Riifon  ;  ou  Entretiens  fur  V accord  de 
U  Ral/on  &dcla  Foi  ;  à  Paris ,  1710; 
in- 12  :  livre  eftimé  &  peu  commun, 
11  eft  écrit  avec  force  &  folidité,  & 
l'auteur  a  l'art  de  rendre  fenfibles 
à  l'efprit ,  des  matières  très-abflrai- 
tes.  IV.  De  U  connolffunce  &  de  Ua-- 
mour  de  Dieu ,   in  -  12.  :  ouvrage 
poftliume.   V.  Lettres  phll^fophiques 
fur  divers  fujets  ,   in-I'2.  VI.  Lettres 
théologiques  &    morales  fur    quelqusi 
fujets  importans  ,  Paris  ,*  1708  ,  in-12. 
VII.  Les  gémlffemens  de  l'Ame  fous 
la  tyrannie  du  Corps,  in-12.  Vlli. 
Les  premiers  Elémens  i  ou  Entrée  aux 
connolffances  folides  ,   fuiv|es    d'un 
EJfai  de  Logique  en  forme  de  dia- 
logue ,  Paris,  1706 ,  in-12.  L'auteur 
de  cet  ouvrage ,  qui  eft  clair  &  pré- 
cis ,   r^ette  l'art    éts  fyllogifmes 
comme  inutile.  Il  fuit  ordinaircr 
me6t  dans  cet  ouvrage,  les  idées 
de  Def cartes  &  de  MaUebranche ,  & 
il  les  développe  avec  ordre  &  net- 
teté. IX.  Réfutadon  du  Syftême  de  la 
Grau  wiiverfelle  de  Nicole,  X.  Un 
petitTraité  dePhyfîquefort  curieux, 
fous  ce  titre  :  Conjeciures  fur  4^vers 
effets  du  Tonnerre^  1689,  in- 12,  XI, 
La  Rhétorique  de  Collège  trahie  par  fon 
Apologîfie  ,  in-12 ,  contré  le  fameux 
Gibert.  Ce  titre  annonce  un  ouvra- 
ge afTez  vif.  Le  P.  Laml  ne  mefu- 
roit  pas  toujours   fes  expreffioiis. 
Lé  fujet  de  la  querelle  étoit  de  û- 
voir  fi  la  connoiffanu  du  mouyenwtt 
des  efprits  animaux  dans  chaque  paf- 
fion^  eft  d'un  grand  poids  à  l*  Orateur 
pour  exciter  celles  qu'il  l'eut  dans  U 
âlfeours.     Le     profefTeur    Powchot 
avoit  foutenu  l'affirmative  ;  le  Bé- 
nédiéHn  la  foutint  avec  lui .  contre 
leprofeffeur  de  rhétorique.  On  dif- 
puta  longtemps  &  vivement  >  après 


L  A  M 

bicode  Tencre  répandue ,  on  vit  que 
lien  n'étoitéclairci,  &  que  perfon* 
ae  ne  s'étoit  entendu.  Chacun  fe 
flatta  d'avoir  pour  foi  la  vérité  « 
&  demeura  dans  fon  opinion.  Celle 
du  P.  Lami  paroiflbit  pourtant  la 
plus  raifonnable.  Cet  auteur  avoit 
beaucoup  médité  fur  le  cœur  hu- 
aiain  ;  il  connoiflbit  aflez  bien  quel* 
ques  pardes  de  cet  abyme  -,  mais  il 
ne  put  en  fonder  toutes  les  {mto- 
fondeurs.  Il  eft ,  de  tous  les  Béné- 
diâins  de  Saint-Maur ,  celui  qui  a  le 
mieux  écrit  en  François  *,  ce  n'étoit 
pas  cependant  un  écrivain  fubâme^ 
I  comme  dit  Moréri-,  &  fon  ftyle, 
quelquefois  foible  &  fouvent  difliis , 
n'eft  pas  exempt  d'afFeôation.  L'un 
des  talens  du  Père  Lami  étoit  de 
kiUer  dans  la  difpuitc.  Il  avoit  le 
tare  avantage  de  parler  avec  fe- 
cilité  &  avec  abondance.  Madame 
la  princcffe  de  Guife ,  ducheiTe  d'A- 
lençon,  le  mena  à  la  Trappe,  où 
elle  le  mit  aux  'prifes  avec  le  fa- 
meux réformateur  de  cette  abbaye, 
^  fujet  des  études  monafiiques. 
Malgré  <bn  attachement  &  fon  e(H- 
me  pour  Tabbé  <ie  Ranci ^  elle  ne 
put  s'empêcher  de  donner  le  prix 
de  laviâoire  au  Père  Lamî,..  Voye^ 
-Maisthe  ,  n®  m. 

Th.  lami  ,  (  Jean  )  théologien 
4u  grand-Ak:  de  Tofcane,  pro- 
fefleur  d'hiiloire  eccléfiafUque  dans 
l'univerfité  de  Florence,  &  garde 
de  la  bibliothèque  Bîcardi ,  mourut 
à  Florence  le  6  Janvier  1774,  à  74 
ans.  Il  efl  connu  dans  le  monde 
ûvant par  dîfférens^ ouvrages,  dont 
quelques-uns  firent  naître  fous  fes 
pas  des  épines.  I.  De  nHâ  Chrifia-- 
noramcircaTrmltatemStntcntid',  Flo- 
rence ,  1737,  in-4**  :  ce  Traité  four- 
nit aux  JâTuites,  qu'il  n'aimoit  ni 
ne  âattoit,roccaâon  de  former  con- 
tre l'auteur  des  accufadons  qu'il 
repoufla  dans  l'ouvrage  fuivant. 
n.  De  erudiiione  Apoftolorum  ,  vol. 
in-g«,  1758.  JJI.  Ceû  Lâmî  qui 


L  A  M        ÏÇ9 

préfida  â  l'édition  des  Œmyres  de 
Meurfius  ;  Florence ,  1741 ,  11  voL 
in-fol.  IV.  Il  travailla  auffi  pendant 
pluûeurs  années  au  journal  connu 
fous  le  nom  de  NouveUu  Ikténùna 
dt  Florence.  Ce  favant  étoit  propre 
à  ces  fortes  d'ouvrages  :  ùl  mé* 
moire  étoit  meublée  d'anecdotes 
piquantes,  &  fon  porte-feuille  en* 
richi  d'écrits  rares ,  dont  il  publia 
même  une  ColUBion  paroculicre. 
Ce  fut  lui  qui,  montrant  à  des 
gentilshommes  Suédois  rancien 
palais  de  Médicis ,  qu'une  rue  iëpare 
du  collège  de  la  fodété,  leur  dit: 
f^ûici  le  berceau  des  Lettres  \  pàîs  fe 
tournant  vers  le  collège:  Et  « 
voici  (  a]outa-t-il  )  le  tomieaa^,,^ 
Lami  avoit  dans  fa  converfation  & 
dans  fes  écrits  un  fon  de  fmgola* 
rite,  qui  s'étendoit  jufque  fur  fou 
genre  de  vie. 

LAMI  A,  nom  d'une  ilhiftie  £k- 
mille  Romaine ,  de  laquelle  dcfcen* 
doit  ^lîus  Lamîa ,  qui  eft  loué  dans 
Horace.  Il  y  a  eu  un  autre  Lacmà 
JE.IÎUS  Lami  A ,  qui  fut  exilé  pour 
avoir  embrafTé  avec  trop  de  chalear 
le  parti  de  Cicéron  contre  Pifim.  Il 
fut  édile ,  puis  préteur  après  la  moir 
de  Céfar.  On  croit  que  c'eft  loi  qui 
ayant  pafTé  pour  mort,  fut  mis  fur 
le  bûcher ,  &  recouvra  le  fenoment 
par  l'aéHon  du   feu. 

/.  LAMIE,  fille  de  Neptm^  née 
en  Afrique ,  'étoit  d'une  beauté  ra-s 
vii&nte.  Jupiter  eaût  fa  maîtreffelà 
plus  chérie-,  Junon  irritée  Stjaloufe 
fit  périr  tous  fes  enfans.  Ce  malheur 
rendit  Lamie  û  furieufe ,  qu'elle  dé- 
voroit  tous  ceux  qu'elle  rencon- 
troit,  &  elle  fut  changée  en  chienne. 
C'eft  fans  doute  cette  fable  qui  a 
donné  lieu  à  celle  des  Lamles, 

IL  LAMIE ,  fameufe  courtifane  » 
fîUe  d'un  Athénien ,  de  joueufe  de 
Mte ,  devint  maîtreàe  de  Ptolomét  I 
roi  d'Egypte.  Elle  fut  prife  dans  la 
bataille  navale  que  Demurius  Po&or^ 
€ete  gagna  fur  ce  prince,  auprès  de 


rf  ^o        L  A  M 

llfle  de  Chypre.  Le  vûnc[ueur  Vta.^ 
ma  autant  que  le  vaincu  ;  quoique 
^lefiit  déjà  d'un  âge  aiTez  avancé. 
JjgmU  étoit  féconde  en  bons  mots 
&  en  reparties  agréables ,  &  joi-^ 
gnoÎK  les  grâces  de  TeTprit  à  celles 
de  la  figure.  Les  Athéniens  &  les 
Xhébaîns  lui  élevèrent  un  ten^le 
Ibos  le  nom  de  Vzifus  Lamie. 
Voyez  Pbiur^uc  ftw  DemetrUu, 

L  LAMOIGNON,  (  Charles  de) 
d'une  ancienne  Êunille  du  Niver^ 
BOts ,  qui  remonte  iufqu'au  xiii*^ 
fiecle,  mourut  en  1573,  maître- 
des-tequêtes.  Il  fut  viiité  pluûeurs 
fois  dans  ù.  dernière  maladie  par  le 
roi  :  fa  fagefie  &  Ton  intégrité  lui 
avoient  mérité  cette  diftinéHon.  Son 
£]s  PUrrt  de  Lamoîffion ,  mort  en 
1 5  84  confeiller  d'état ,  étoit  un  bon 
poète  latin.  Chrétien  ^  (on  autre  fils , 
fiit  père  du  fuivant. 

II.  LAMOIGNON ,(  Guillaume 
de)  marquis  de  BafvllU^  étoit  pe- 
tit-fils du  précédent.  Il  fut  reçu 
confeiller  au  parlement  de  Paris  en 
1635  ,  maître-des-requêtes  en  1644, 
&  fe  difiingua  dans  ces  deux  places 
par  fes  lumières  &  par  fa  probité. 
Son  mérite  lui  procura  la  charge  de 
premier-préûdent  du  parlement  de 
Paris ,  en  165  8.  Le  cardinal  Mayuîn 
lui  dit,  quelques  mois  ayant  de  le 
faire  nommer  :  SI  Le  Roi  avait  cjnnu 
un  plus  homme  de  hun  &  un  plus  dlpie 
fujet  ,  //  ne  vous  ûurou  pas  diolfi  : 
paroles  que  Louis  XIV  répéta  de- 
puis au  cardinal  de  NoallUs  ,  en 
lui  donnant  l'archevêché  de  Paris. 
On  a  voit  offert  au  Roi  une  fomrae 
confidérable  pour  cette  place  -,  mils 
quelque  hefola  quUn  ait  h  Roi,  (  dit 
Mazârin  ,  )  Il  vaudrait  mieux  qu*il 
donnât  cet  argent  pour  avoir  un  bon 
premhr-préfidmt  y  que  de  le  recevoir. 
Le  préadent  de  Lamolgnon  méritoit 
qu'on  eût  de  lui  les  idées  qu'en 
avoit  le  cardinal.  Il  remplit  tous 
les  devoirs  de  fa  place  avec  autant 
de  fa^efTe  que  de  zcle  -,  il  fouônt 


L  A  M 

les  droits  de  fa  compagnie  ;  21  éle^ 
va  ùt  voix  pour  le  peuple  ;  il  dé- 
sarma la  chicane  par  fes  arrêts  v 
enfin  il  crut  que  fa  famé  &  fa  vîc 
étoient  au  Public  ,  &  non  pas  à  bâi 
c  etoiem  les  expreffi^ns  dont  il  fe 

fervoit On  £iit  la  part  qu'il  eut 

à  la  malheureufe  affaire  du  furinten" 
dant  fouquet.  Il  fiit  mis  d'abord  à 
la  tête  d'une  diambre  de  juâice 
pour  faire  de  procès  à  ce  minifire  » 
contre  lequel  Louis  XIV  étoit  ex- 
trêmement irrité.  Plus  le  roi  mettoii 
de  chaleur  dans  cette  affaire ,  plus 
lamolffion  fentit  qu'il  devoit  y 
mettre  de  modération.  Il  fit  domieff 
à  Foaquet  un  confeil ,  &  un  conTeil 
libre  -j  c'eft-à-dire ,  qui  n'étoit  gêné 
par  l'a/Eftance  d'aucun  témoin. 
Colben ,  le  plus  ardent  -perfécuteur 
de  Fouquet^  voulut  fonder  les  dif- 
pofitions  du  premier^préfident  ,  à 
l'égard  de  ce  mimfire.  Un  Juge , 
(  répondit  Lamoignan> ,  )  ne  dit  fati 
avis  qu^une  fois  ,  &  que  fwr  les  fleurs» 
de-lis.  Il  n'en  &Uut  pas  davantage 
pour  rendre  Colhert  ennemi  du  pre- 
miâr-préûdent.  Il  engagea  louIrX/i^ 
à  donner  à  Lamolgnon  des  marques 
de  mécomentement ,  auxquelles  ce 
magffirat  fiit  fenfihle  comme  il  le 
devoit.  Il  rapporta  au  roi  les  pro- 
vifion»  de  fa  charge  ,  &  profita 
de  la  con}onâMre  pour  lui  diiv 
de  ces  vérités  ,  dont  la  foixe  eft 
&  grande  dans  la  bouche  d'un 
homme  vertueux  qui  {&  facrine.  Le 
roi  n'accepta  pas  ce  facrifice  :  û 
répara  «  par  ces  mots  obUgeans 
qu'il  favoit  fi  bien  dire  de  lui-même^ 
les  termes  d  animadverfion  qu'on 
lui  avoir  fuggérés  -,  &  le  jour-même, 
il  envoya  le  Teliler  dire  au  premier- 
jM-éfident  qu'il  feroit  plaifir  au  roi 
de  bien  vivre  avec  Colben  ,  & 
d'oublier  ce  qui  s'étoit  paffé  entre 
eux.  Fouquet  apprenant  que  Lamol» 
gnon  y  auquel  il  avoit  doimé  des 
fujets  de  plainte  dans  le -temps  de 
(a  faveur  ,    étoit  préfident   de  la 

chambre 


LA  M 

IfiamBre  dp  iuûice ,  jugea ,  en  6ou^ 
tifan  &  en  miniffa-e  ,  du  motif 
qu'avoient  eu  des  coumfans  &  des 
miniflres  pour  faii-e  ce  choix  ;  mais 
il  jugea  aufll  qu'ils  s'étoient  trom- 
pés ,  en  croyant  un  vrai  ma^îArat 
capable  de  reffentiment  j  il  le  fit 
prier  d'oublier  fes  torts.  La  réponfe 
de  Lamoîgnon  fut  :  Je  me  fouvlens 
fiulcmnt  qull  fut  mon  amï  >  &  que 
je  fuis  fort  Juge.  Cependant  il  fe 
déchargea  infcnfiblement  de  la  com* 
mifHon  de  juger  un  homme  qu'il 
croyoit  au  moins  coupable  de  pé- 
tillât ,  mais  contre  lequel  on  mon- 
troitun  acharnement,  qui  pouvoit 
rendre  fon  jugement  fufpeft  au 
public.  Il  fe  retira  (ans  éclat  ^  fans 
feire  de  fa  retraite  un  événement , 
alléguant  feulement  l'incompatibi- 
lité des  heures  du  palais  &  de  la 
chambre  de  juflice.  Ce  tCeft  point 
nol ,  difoit-il ,  qm  quitte  la  Chambr  t  , 
t'cfi  la  Chambre  qui  nu  quitte.  Il  n'en 
fiit  que  plus  attaché  aux  devoirs 
de  fa  place-,  &  il  fiit  parmi  les  pre- 
taièrs-préfidens ,  ce  que  à'AgùeJJeau 
fot  enfuite  parmi  les  chanceliers. 
Ses  harangues  ,  fes  réponfes ,  fes 
ànêtés ,  étoient  tou;  autant  d'écrits 
folides  &  limiineux.  Son  ame  éga* 
loit  fon  génie.  Simple  dans  fes 
mœurs,  auftere  dans  fa  conduite  « 
il  étoit  le  plus  doux  des  hommes  » 
quand  la  veuve  &  Torphelin  étoient 
à  (çs  pieds.  N'ajoutons  pas ,  (  difoit- 
il,  en  parlant  des  plaideurs,)  au 
malheur  qu'ils  ont  éi  avoir  des  procès  , 
uhâ  d'itre  niai  reçus  de  leurs  Juges  t 
Nous  fommts  établis  pour  examiner 
loirs  droits  ^  &  non  pas  pour  éprouver 
leur  patience.  Il  faVoit  cependant 
Élire  refpedcr  fa  personne  ,  &  le 
corps  dont  il  étoit  le  chef.  Saïntot , 
ttaître  des  cérémonies  ,  ayant  , 
dans  un  lit-de-juftice  ,  falué  les 
prélats  avant  le  parlement ,  LamoU 
pion  lui  dit  :  Sointot ,  'la  Cour  ne 
nçoit  point  yos  civilités.  Le  Roi  ré- 
pondit au  premier  -  préfident  ;  Jî 
Terni  Ké 


I  A  M        ïi?i 

Rappelle  Monsieur  Sajstot.  — . 
SIRE,  (  répliqua  le  magiftrat ,  ) 
yotre  bonté  vous  difpenfe  quelquefois 
déparier  en  maître;  maïs  votre  Far*' 
lemcnt  doit  tx^ujows  vous  faire  parlet 
en  roii  Semblable  à  Cicei^n  ,  &  aux 
grands  magiflrats  de  rQncienne 
Rome  ,  il  fe  délaflbit  par  Ups  char-*, 
mes  de  la  littérature ,  des  travaux 
de  fa  place.  Les  Boikau ,  les  Racine  ^ 
les  Bourdaloae  ,  compo/oient  fa 
petite  cour.  La  France,  les  lettres 
&  les  gens  de  bien  le  perdirent  le 
10  Décembre  1677,  à  60  ans.  Se» 
Arrêtes ,  réimprimés  en  1781  j  in-4**^ 
fur  plufieurs  matières  importantes 
du  Droit  François  ,  parurent  pout 
la  première  fois  à  Paris  ^  en  1701  ^ 
in-4°^II  laiffa  deux  fils,  lepréfi-- 
dent  de  LamoignotL^xfoi  fuit  *,  &  l'in- 
tendant de  Languedoc  »  (  BaJ ville  ) 
le  meilleur  modèle  des  intendans^ 
iS*il  n'avoit  été  un  peu  dur  &  def» 
potiquej  dont  la  branche  eft  éteinte 
depuis  quelques  anpées  par  la  morc 
de  M.  de  MontevrauU, 

III.  LAMOIGNON ,  (  Chrétien^ 
François  de }  fils  aine  du  précédent , 
naquit  à  Paris  en  1644.  Il  reçut 
du  ciel  ,  avec  un  efprit  grand  « 
étendu,  &cile,  folide  ,  propre  à 
tout ,  un  air  noble,  une  voix  forte 
&  agréable  *,  une  éloquence  natu- 
relle ,  à  laquelle  l'art  eut  peu  de 
chofe  à  ajouter  ;  une  mémoire  pro- 
digieufe ,  un  cœur  jufte ,  &  un  ca»- 
raàere  ferme.  Son  père  cultiva  fes 
heureufes  difpofitionsi  Reçu  con- 
feiller  en  1666 ,  fa  compagnie  le 
chargea  des  commifiions  le^  plus 
importantes.  Il  devint  enfuite  maitre< 
des-requêtes ,  &  enfin  avocat-géné- 
ral :  place  qu'il  remplit  pendant 
25  ans  ,  &  dans  laquelle  il  parut 
tout  ce  qu'il  étoit.  Aux  ouvertures 
du  parlement ,  &  dans  les  occafions 
où  il  s'agiflbit  de  venger  l'hon-^ 
nêteté  publique ,  il  fe  montroit  ce 
que  Cicéron  étoit  à  Rome  ,  parlant 
pour  li§arlHf  >  ou  contre  Caûlina^ 


tel         t  À  M 

On  propofkà  la  Cour  de  récom* 
penfer  Ton  mérite  par  une  penfion 
de  6000  livres  -,  on  fut  enfuite  ûx 
mois  Tans  en  parler.  X«wj  XIV  s'en 
fouvint ,  &  (Ut  un  îour  à  Lamol- 
pion  :  Vous  ne  mtparlc^pas  de,  votre 
jfcnfion  ?—  SiKE ,  répondit  l'avocat- 
%énéralJ*Attendsqueje  l'aie  méritée,^-' 
A  ce  compu  ,    répliqua  le  roi ,  /« 
youtdoîs  des  arrérages  -,  &  la  penfion 
lîit  accordée  fur-le-champ ,  avec  les 
intérêts ,  à  compter  du  jour  où  elle 
avoit  été  propofée.  Au  commence- 
ment de  1690 ,  le  roi  lui  donna 
l'agrément  d'une  charge  de  préfi- 
ident-à-mortier  \  mais  l'amour  du 
travail  le  retint  encore  8  ans  entiers 
dans  le  parquet ,  &  il  ne  profita 
de  la  grâce  du  prince  ,  que  lorfque 
la  Tante    &   les  inûances  de    fa 
Emilie  ne   loi  permirent  plus  de 
ims  un  repos  honorable.  Les  lettres 
y  gagnèrent.   L'académie   des  inf- 
criptions  lui  ouvrit  fes  portes  en 
1704,  &  le  roi  le  nomma  préfi- 
tdent  de  cette  compagnie ,  l'année 
d'après.  Ceravantma^ifhratdifcutoit 
Une  difficulté  littéraire ,  avec  prefque 
flutant  de  £cicilité  qu'un  point  de 
juiifprudence.  U  mourut  le  7  Août 
•1709,  à  65  ans»  C'eft  lui  qui  fit 
abolir    l'épreuve  ,    aufîî   ridicule 
€[u'infeme ,  du  Congés,  Louis  XIV 
tefpedoit  fa  vertu  -,   &   il  lui  en 
donna  des  preuves  dans  plufieurs 
«Dccafions.  Des  perfonnes  coniidé- 
râbles  lui  confièrent  un  dépôt  im- 
portant de  papiars.  Là  Cour  en  fut 
inlh-uite.  Un  fecrétaire^d'état  om- 
brageux ,  écrivît  à  Lamolgnon  que 
le  roi  vouloit  iàvoir  ce  que  con- 
tenoit  le  dépôt.  Le  généreux  ma- 
gifbat  répondit  :  Je  n'ai  pas    de 
iiépot  y  ^  fi  7'^»  avols  un  ,  l'honneur 
èxlgeroU  que  ma  réponfe  fut  la  même, 
ijtmolgnon  mandé  à  la  cour ,  parut 
devant  Louis  XlV  en  préfence  du 
fecrétaire-d'état  ',1  I  fupplia  le  roi 
de  vouloir  bien  l'entendre  en  par- 
«LcoUer,  U  lié  «lYOua  pour  Iq^s 


L  A  M 

qu*il  aroît  un  dépôt  de  p^îert  J 
&  l'afTura  qu'il  ne  s'en  feroit  jamais 
chargé ,  û  ces  papiers  eufTent  con- 
tenu quelque  chofe  de  contraire  i 
fon  fervice  &  au  bien  de  l'état. 
>♦  Votre  Majefté  »  ajouta-t-il ,  me 
»  refuferoit  fon  elHme  »  fî  j'étois 
n  capable  d'en  dire  davantage  *<. 
Aujfi^  dit  le  roi,  vous  voye^queje 
n'en  demande  pas  davantage  ,  je  fuis 
€ontent.  Le  fecrétaire  -  d'état  rentra 
dans  ce  moment  »  &  dit  au  roi  : 
n  Sire  ,  je  ne  doute  pas  que  M, 
*  n  de  Lamolgnon  n'ait  rendu  compte. 
>•  à  Votre-Majefté  des  papiers  qui 
>*  font  entre  fes  mains  «<.  Vous  me 
faîtes-là ,  dit  le  roi  ,  une  belle  prc 
pofitUn ,  d'obliger  un   homme  dfhon" 

neur  de  manquer  à  fa  parole  ? Puis 

fe  tournant  vers  Lamolgnon  :  Mon- 
fleur,  dit-il  ,  ne  vous  deffaîfif[e\  de 
ces  papiers  que  par  la  loi  qui  vous 
a  été  împofée  par  U  dépôt.  On  n'a 
imprimé  qu'un  de  fes  ouvrages, 
tel  qu'il  eft  fort!  de  fa  plume  : 
c'efl  une  Lutre  fur  la  mort  du  P. 
Bowrdalouêy  Jéfuite  ,  qu'on  trouve 
à  la  fin  du  tom.  3^  du  Carême  de  ce 
grand  orateur.  Il  donna  le  jour  au 
chancelier  de  Lamolgnon  ,  père  de 
M.  de  Lamolgnon  de  Malesherhes  , 
qui  a  occupé  des  places  fupérieures , 
&  qui  efl  encore  au-deiTus  de  ces 
places  par  fon  noble  défintérefle- 
ment  ,  fes  vertus  patriotiques  & 
fon  génie. 

LAMOUR ,  (  Jean  )  Thii  des 
plus  habiles  ferruriers  de  ce  fiecîe , 
naquit  à^anci  en  1695  ,  &  mourut 
en  177....  Il  termina  fes  plus  beaux 
ouvrages  fous  les  yeux  du  roi  Sta- 
niilas.  Il  fe  fit  fur-tout  connoître 
par  des  grilles  en  fer  qui  décorent 
difFérehs  édifices  à  Nancî ,  dont  il 
fît  graver  les  defïins  dans  un  ou- 
vrage de  format  grand  atlas. 

LAMPE ,  (  Frédéric  -  Adolphe  ) 
reÔeur  ,  miniilre  &  profeffeur  de 
théologie  à  Brème  ,  mort  d'une 
hémorragie  dans  cette  ville  >  le  S 


tAU 

Décembre  1729 ,  à  46  ans  ,  lal^a 
plufieurs  ouvrages  parmi  lefquels 
on  diftingue  fon  traité  De  Cymbalis 
rermwi,  Utrecht,  1703  ,  in-i2.Son 

.  Bftolre  f ocrée  &  EccUfiaJB^ ,  in-4° , 
Utrecht,  1711  ;  &fon  Commentaire 
fur  rEvangUe  de  5.  Jean  ,  en  trois 
gros  vol.  in-4°  ,  plein  de  favames 
minuties  ,  font  d'un  mérite  fori 
inférieur.  On  a  encore  de  lui  un 
Abrcgé  de  la  Théologie  naturtlU ,  in-8°. 
Il  travailla  avec  Théodore  de  Hafe 
à  un  Journal  intitulé  BibUothîca 
Hifiêrko'Philologico-Theologica  ;  & 
donna  une  édition  de  Hifl.  Ecclejûe 
nfomata  in  Hungaiia  &  Tranfilva- 
m ,  de  Paul  Ember ,  avec  des  fup- 
plémens,  Utrecht,  1728,  in-8**. 
LAMPETIE  ou  Lamfetuse  , 
iille  ^Apollon  &  de  Netaa,  Son 
père  l'avoit  chargée  du  foin  des 
troupeaux  qu'il  avoit  en  Sicile. 
Les  compagnons  ^Ulyffe  en  ayant 

!    tué  quelques  bœu& ,  Apollon  porta 

'  fcs  plaintes  à  Jupiter  ,  qui  les  fit 
tous  périr....  Il  y  eut  une,  autre 
Lampetie  ,  fceur  de  Phaèton  , 
^uelle  fot  métamorphofée  en 
peuplier. 

I.  LAMPRIDE  .{A^Ms  Lampn- 
£as)  hiftorien  latin  du  iv^fiecle, 
«voit  compofé  les  Vies  de  plufieurs 
empereurs  -,  mais  il  ne  nous  refte 
que  celles  de  Commode ,  de  Diadu- 
»«c  fils  deMacrin,  d'Héfiogabale , 
^^'Alexandre-Sévere,  On  les  trouve 
^S  les  Hiftoruz  Augu/ix  Scrlptores , 
Leyde,  1671 ,  2  vol.'  in-8<>.  Cet 
«uteur  offre  des  chofes  curieufes , 
fflàs  fon  fVyle  eu.  mauvais  ;  il  ne 
Êitni  choûr  les  feits ,  ni  les  arran- 
ger. 

'  n.  LAMPRIDE ,  (  Benoît)  céle- 
^îc  poëte  ,  natif  de  Crémone  , 
peigna  les  langues  grecque  &  la- 
tine avec  réputation  à  Rome ,  où 
"  ^on  X  le  protégea.  Après  la  mort 
<le  ce  pontife ,  il  fe  retira  à  Padoue , 
&  fut  enfuite  précepteur  du  fils  de 
^ridfrle  M  G(^\ag^\  duç  de  Jj^an- 


L  A  N        165 

toue.  On  a  de- lui  des  Epîgrammu  ^ 
des  Odes ,  &  d'autres  Pièces  de  vers , 
en  latin,  à  Venife  ,  1550,  in-8**. 
Il  mourut  en  1540.  Lampride  tzcYoL 
d'imiter  Pindare  dans  fes  Odes  -,  mais 
il  n'eût  pas  affez  de  force  pour 
fuivre  le  vol  de  ce  poète. 

LAMPUGNANI ,  (  Jean-André) 
domeilique  de  GaléasSforce  duc  de 
Milan  «  fiit  l'un  des  trois  conjurés 
qui  afTafHnerent  ce  prince  dans  l'é- 
glife  de  Saint-Etienne ,  le  26  Décem- 
bre 1476.  Il  ne  fe  porta  à  cette 
perfidie  que  par  un  mécontentement 
qu'il  prétendoit  avoir  reçu  du  duc  , 
qui  avoit  refiifé  de  lui  rendre  juf- 
tice  au  fujet  d'un  bénéfice  dont 
Tévêque  de  Côme  l'avoit  dépouillé. 
Lampugnani,  affifté  de  fes  deux  com- 
plices ,  Charles  Vifcomî  &  Jérôme 
Olgiati ,  porta  les  deux  premier» 
coups  au  duc,  feignant  d'avoir  des 
lettres  à  lui  préfentcr ,  &  fut  auffi- 
tôt  percé  lui-même  de  plufieurs 
coups.  Il  ne  laifTa  pas  de  fuir; mais 
étant  tombé  de  foiblefije  dans  l'en- 
droit de  l'églife  où  les  femmes 
étoient  afTcmblées ,  il  y  fut  achevé 
par  un  Maure.  Ses  complices  fiirent 
pris  &  punis  par  les  plus  cruels 
fupplices.  On  admira  la  fermeté 
d' Olgiati  ;  car ,  voyant  que  le  bour- 
reau détoumoit  la  tête  en  le  tour- 
mentant :  Prends  courage ,  (  lui-dit-il ,) 
O  ne  crains  point  de  me  regarder;  les 
peines  '  que  tu  crois  nu  faire  fouffrit 
font  toute  ma  confolation  ,  quand  jt 
me  rappelle  que,  fi  je  les  endure  ,  c*eji 
pour  avoir  tué  le  Tyran  &  rendu  la 
liberté  à  ma  patrie,  C*e(t  le  hien  public 
que  foi  eu  en  \ue  :  le  Tyran  efl  mon  ; 
je  ne  mefoudeplus  de  mourir  mj-même. 
Il  montra  jufqu'au  dernier  foupir 
le  même  courage. 

LAMY  ,  yoye(LKUi'  Cf  Ami. 

LANA ,  (  François  de  )  Jéfuite , 
né  à  BrefTç  en  1637 ,  mort  en  16.... 
enfeigna  avec  fuccès  la  philofophie 
&  les  mathématiques.  On  trouve 
des  çhoiçs  relatives  à  la  navi^atioa 

Lij 


1^4      ,  L  A  N 

aérienne  dans  fon  Recueil  de  nou- 
velles inventions  ,  publié  à  Brefle 
en  1670  ,  in-fol.  fous  le  titre  de 
Frodomo  aWartc  maifira  :  ouvrage 
qui  reparut  dans  la  même  ville  en 
1684 ,  fous  le  titre  de  Ma^fterïum 
natum  &  anis ,  3  vol.  in-foL  avec 
figures. 

I.  LANCELOT  »  (  Jean  -  Paul  ) 
jurifconfulte  célèbre  de  Péroufe  » 
mort  dans  fa  patrie  en  1591  ,  à 
80  ans ,  compofa  divers  ouvrages  ^ 
entre  autres  celui  des  InJHtutes  du 
Droit  Canon  en  latin ,  à  l'imitation 
ëe  celles  que  Tempereur  JuJUnlcn 
avoit  fait  dreffer  pour  fervir  d'in- 
trodudBon  au  Droit  Civil.  D  dit 
clans  la  préface  de  cet  ouvrage  , 
qu'il  y  avoit  travaillé  par  ordre  du 
papeFtftt//K,  &  que  ces  ïnfHtutes 
furent  approuvées  par  des  corn- 
miiTaires  députés  pour  les  exami- 
ner. Nous  en  avons  diverfes  édi- 
tions »  avec  des  notes.  La  meil- 
leure eft  celle  de  Doujatj  Paris, 
168  ç  ,  %  vol.  in-li.  M.  Durand  dt 
Maillant ,  favant  canôniile  y  en  a 
lionne  une  traduction  françoife 
avec  des  remarques  intéreffantes , 
en  la  vol.  in-ix,  1770  ,  à  Lyon 
chez  Bruyftt.  On  3  encore  de  Lan-- 
€elot  un  Corps  du  Droit  Canon  y 
in-4^. 

IL  LANCELOT,  (Dora  Qau- 
de)  né  à  Paris  en  161 6  ,  montra 
de  bonne  heure  les  qualités  du  cœur 
&  les  talens  de  lefprit ,  qui  forment 
l'homme  de  mérite.  Il  fut  employé  r 
par  les  Solitaires  de  Port-Royal , 
dans  une  école  qu'ils  avoient  éta- 
blie à  Paris.  Il  y  cnfeigna  les  hu- 
manités &les  mathématiques  avec 
beaucoup  de  fuccès.  Il  fut  enfuite 
chargé  de  l'éducation  des  princes 
de  Contî,  Cette  éducation  lui  ayant 
été  ôtée  après  la  mort  de  la  prin- 
cefle  leur  mère,  il  prit  l'habit  de 
S.  Benoir  dans  l'abbaye  dé  Saint- 
Cyran.  Quelques-  troubles  s'étant 
^evés  dans  cemonaftete,  il  en  fut 


LAN 

une  des  viC^imes  :  on  l'exila  à  (Jumîi* 
perlay  en  Baffe  -  Bretagne ,  où  if 
mourut  le 1 5  Avril  1695 ,  à  97 ans, 
confumé  par  le  travail  &  les  auûé- 
rites.  ,Nous  avons  puifé  cet  arricle 
dans  les  différens  Mémoires  fur  Port" 
RoyaLLc  détail  daas  lequel  on  y 
entre  fur  fes  vertus ,  ne  s'accorde 
guère  avec  ce  qu'en  difoit  le  comte 
de  Brienrte  en  1685  ,  dans  un  ou- 
vrage plus  fatirique  que  vrai.  Claude 
LanceLOT  ,  né  en  téiC  y  tfi  bien  le 
plus  entêté  Janfénifte  &  le  plus  pédant 
que  j*aie  jamais  vu.  Son  père  étois 
mouleur  de  bots  â  Paris.  Il  fut  Précep" 
teur  de  Mjfeigneurs  les  Princes  de 
Conti,  d* auprès  def quels  le  Roi  le 
ckajfa  luî-mém:,  après  la  mort  de  la 
Prihcejfe  leur  mère  ;  ce  qaî  l'obligea  de 
fe  retirer  dans  P Abbaye  de  Saint-^Cy- 
ran  ,  où  il  avoit  déjà  reçu  le  fous- 
diaconat,  Deptàs  fon  retour  dans  cette 
Abbaye  ,  U  y  faifoit  la  cuîfine ,  ^ 
très-mal  ;  ce  qu*il  continua  jufquù  la 
mort  du  dernier  Abbé  de  Saint-Cyran.,* 
Sqs  principaux  ouvrages  font  :  L 
Nouvelle  Méthode  pour  apprendre  la 
Langue  Latine  ^  in-8°  ,  chez  Vitré  ^ 
1664,  &  réimprimé  depuis  chez/«^ 
Petit  en  1667 ,  in  -  8°  ,  avec  des 
correûions  &  des  augmentations , 
&en  1761  yin-  8®.  Lancelot  eft  le 
premier  qui  fe  foit  affranchi  de  la 
coutume ,  auflî  ridicule  que  peu  ju- 
dicieufe,  de  donner  à  des  en&ns  les 
règles  du  Latin  en  latin  même.  Oa 
peut  regarder  fon  ouvrage  comme 
un  excellent  extrait  de  ce  que  Valle  , 
ScaUger ,  Sclopplus ,  &  Au"-tout  Sanc" 
tins  y  ont  écrit  fur  la  langue  Latine.^ 
On  y  trouve  des  remarques  aulfi 
favarttes  que  curieufes  fur  les  noms? 
Romains ,  fur  les  Sefterces ,  fur  la 
manière  de  prononcer  &  d'écrire- 
des  anciens  ,  &c.  II.  Nouvelle  Mé- 
thode pour  apprendre  la  Langue  Grec* 
que ,  auflî  eftimahie  que  fa  Méthode 
Latine  ,  &  plus  eftimée  par  cer- 
tains critiques.  Elle  vit  le  jour  ea 
1656»  in-8**»  cliez  Vitré,  &a  «4 


LAN      . 

tSmprîmée  en  1754.  III.  DtsAhré^ 
^és  de  ces  deux  excellens  ouvra- 
ges. On  prétend  que  Li^uu  XIV  Ç^ 
fervit  de  la  Méthode  Latine,  Si  l'on 
compare  ces  livres  à  ceux  des  au^- 
très  grammairiens  qui  l'avoient  pré- 
cédé ,  il  faut  avouer  que  perfonne 
n'avoit  trouvé  want.Lancelot  l'art 
defemer  des  fleurs  dans  les  champs 
arides  de  la  Grammaire.  Les  vers 
Ê^nçois  de  ces  deux  ouvrages  font 
de  Sacy ,  qui  les  faifoit  en  fe  pro- 
menant après  les  travaux  de  la  di- 
reâion.  IV.  Le  Jardin  des  Racines 
Grecques^  in  -  8**  ,  1657.  [Foye^ 
Labbe.  ]  Tout  n'eft  pas  également 
jufte  dans  cet  excellent  ou\Tage , 
fur-tout  dans  la  partie  des  mots 
François  qui  ont  quelque  rapport 
avec  ceux  de  la  langue  Grecque. 
Mais  il  ne  dit  rien  de  lui-même ,  & 
il  ne  fe  rend  pas  toujours  garant 
de  ce  que  difent  les  autres.  V.  Une 
Grammaire  Italienne ,  in-i  2.  VI.  Une 
Grammaire  Efpagnole  ,  in-i2.  Elles 
font  moins  étendues  &  moins  efti- 
mées  que  fes  Grammaires  Grecque 
&  Latine.  VII.  Grammaire  générale 
^  raifonnée ,  in-i  2  ,  réimprimée  en 
1756  ,  par  les  foins  de  Duclos  , 
lècrétaire  de  l'Académie  Françoife. 
Cet  ouvrage,  fait  fur  le  plan  & 
fur  les  idées  du  doâeur  Arnauld  » 
eft  digne  de  ce  grand-homme.  Il  a 
été  traduit  en  pluûeurs  langues  ^ 
preuve  de  reflune  qu'en  font  les 
étrangers.  On  y  fent  autant  le  phi- 
lofophe  que  le  grammairien  :  [  Voy. 
l'article  d'ARNAUD ,  n^  iv.]  VIII. 
DdcHus  Eplgrammatum  ,  1659  ,  en  2 
vol.  in-i2  ,  avec  une  Préface  par 
Nicole,  IX.  Mémoires  pour  Jervlr  à 
la  Vu  de  Saint  Cyran ,  en  2  parties 
in-i2  ,  pleins  de  partialité  &  de 
préjugés  ,  fuivant  Ladvocat-,  vrais 
&  fans  partialité  ,  fuivant  l'abbé 
Barrai  ;  ce  qu'il  y  a  de  fur ,  c'cft  que 
LanceLot  étoit  l'enthoufiafte  de  fon 
héros,  &  que  le  propre  de  l'en- 
liiouiiaûnc  dl  d'exagérer.  X.i?//er. 


LAN         igç 

tation  fur  Phémlne  de  vin  &  la  livre 
dipaln  de  Saint  Benoit ,  in- 12.  Cette 
queftion,  trop  embarraffée  pour  être 
pleinement  éclaircie  ,  ùit  e^ammée 
par  le  favant  Mahlllon  ,  qui  réfuta 
modeftement  l'opinion  de  l'auteur. 
Il  vouloit  réduire  les  BénédiéUns 
à  12  onces  de  vin  par  jour  *,  Ma» 
hlllun  leur  en  donuoit  jufqu'à  18» 
D.  de  Vert  &  Pelletier  de  Rouen» 
entrèrent  enfuite  dans  cette  difcuf- 
fion.  [Koytf(  l'article  de  ce  dernier.  ] 
Bien  des  perfonnes  ,  dit  Alceron  , 
trouveront  que  cette  queftion ,  fort 
inutile  d'elle  -  même ,  ne  méritoit 
pas  que  tant  de  favans.  employaflent 
leur  érudition  à  la  difcuter.  XI.  Les 
Dljfcrtatlvns  y  le$  Obftrvatlcns  &  I2 
Chrcnolo^e  facrée,  qui  enrichiffent 
la.  Bible  de  Vitré ,  Paris ,  1662  , 
in-folio.  Sa  ChronoLgle  ,  courte .  & 
exafle,  contient  un  abrégé  très- 
clair  de  l'Hifloire-fainte.  Il  l'a  tirée 
en  partie  des  Annales  àHJjferlus,  Se$ 
Tables  des  monnoies  &  des  mefu- 
res  des  anciens ,  font  un  autre  orne- 
ment delà  Bible  de  VMy  qui  n'eft 
pas  à  négliger.  Cet  imprimeur  donna 
une  autre  Bible  in-4°,  en  .1666» 
où  l'on  trouve  des  tables  chrono- 
logiques facrées ,  qui  font  l'abrégé 
de  celles  qui  accompagnent  l'édition 
in-folio. 

LANCELOT,  Voye^    m.   La* 

DISLAS  ,   &  PoF£LINI£R£. 

LANCJEAN,  (Rémi)  peintre, 
natif  de  Bruxelles ,  mort  en  167 1 , 
fut  le  meilleur  des  élevés  de  Van^ 
dyck.  Il  forma  fa  manière  fur  celle 
de  fon  maître  ,  &  il  a  affez  bien 
faili  fon  coloris  -,  mais  il  n'a  pu 
atteindre  à  la  même  fineiî'e  de  def- 
iln.  On  voit  peu  de  tableaux  de 
chevalet  de  Lancjean,  Ses  prin- 
cipaux ouvrages  font  des  fujets  de 
dévotion,  peints  en  grand. 

LANCISI,  (Jean-Marie)  né  à 
Rome  en  1654,  mourut  dans  cette 
ville  le  21  Janvier  1720  ,  à  65 
ans  y  profeffcur  d'anatomie  au  col* 

L  iij 


i66       LAN 

lege  de  la  Sapience,  médecm  & 
camérier  fecret  à! Innocent  XI  &  de 
CUmau  XL  11  exerça  fes  emplois 
avec  beaucoup  de  fuccès*  11  étoit 
bon  obfervateur ,  &  il  ne  fe  pref- 
foit  point  d'accabler  fes  malades 
de  remèdes ,  lorfque  la  nanire  lui 
paroiflbit  devoir  agir.  11  laiila  une 
nombreufe  bibliothèque ,  qu'il  don- 
na à  l'hôpital  du  Saint  -  Efprit ,  à 
condition  '  qu'elle  feroit  publique. 
•La  plupart  de  fes  Ouvrages  ont  été 
imprimés  à  Genève  en  1718  ,  deux 
Yol.  in-4°  ,  réimprimés  en  latin  en 
1739  ,  in-fol.  On  y  trouve  difFé- 
rens  Traités  curieux  :  fur  les  morts 
fubites ,  fur  les  mauvais  effets  des 
.  vapeurs  de  marais ,  fur  le  ver  fo- 
litaire,  fur  les  maladies  épidémi- 
ques  des  beftiaux ,  fwr  la  manière 
dont  les  médecins  doivent  étudier. 
On  a  encore  de  lui  une  édition  de 
la  Metallothcca  Vaticana  de  Michel 
Mercatl ,  Rome,  1717  ,  avec  un  Jp- 
paidlx'  de  1719 ,  qui  manque  à  plu- 
sieurs exemplaires. 

L ANCRE,  (  Pierre  de  )  eft  au- 
teur du  Tableau  de  Vînconftunce  des 
mauvais  Ang^s  &  Démons ,  à  Paris  y 
171 3  ,  in-4**.  Il  y  faut  une  figure 
du  fabbat  pour  qu'un  bibliomane 
acheté  cher  cette  rapfodie. 

LANCRET ,  (  Nicolas  )  peintre 
Parifien ,  né  en  1690 ,  mourut  en 
1743  ,  dans  fa  54^  année,  aimé  & 
cftimé.  Il  eut  Wauiau  pour  maître  ; 
nais  il  ne  faifit  ni  la  fineife  de  fon 
pinceau,  ni  la  délicateffe  de  fon 
deflin.  lancret  e&  k  fTatteau ,  ce  q}ie 
JUcher  dH  à  la  Fontaine,  Il  a  fait 
pourtant  plufieurs  chofes  agréables 
8c  d'une  compofition  riante.  On  a- 
gravé  plus  de  80  fujets  d'après  fts 
tableaux. 

L ANDA ,  (  Catherine  )  dame  de 
Flaifance ,  écrivit  en  1526  une  Let- 
tre latine  à  Bembo ,  qui  fe  trouve 
-  avec  celles  de  cet  habile  homme. 
Elle  étoit  fœur  du  comte  AuguJUn 
ftando ,  &  femme  du  comte  Jean 


LAN 

Fermo  TrivuUlo,  Elle  fut  célèbre  pw 
fa  beauté  auffi  -  bien  que  par  fa 
fcience. 

LANDAIS,  (  Pierre  )  fils  d'ua 
tailleur  d'habits  de  Vitré  en  Bre- 
tagne ,  entra  en  qualité  de  garçon  » 
l'an  1475  ,  au  fervice  du  tailleur 
de  François  II  duc  de  Bretagne.  Ce 
fut  par  ce  canal  qu'il  eut  entrée  dan? 
la  cKambre  du  duc ,  &  qu'il  fe  fit 
aimer  de  ce  prince ,  qui  lui  fit  con- 
fidence de  fes  plus  grands  fecrets. 
Ainfi  Landais ,  après  avoir  paiTé  par 
les  charges  de  valet  6c  de  maître  de 
la  garde-robe  du  duc ,  parvint  à 
celle  de  grand-tréforier ,  qui  étoit 
la  première  charge  de  Bretagne.  Mais 
s'étant  laiffé  aveugler  par  fa  bonne 
fortune  ,  il  abufa  de  fon  pouvoir  , 
opprima  les  innocens ,  perfécuta 
les  barons ,  trahit  l'état  &  s'enrichit 
par  mille  vexations.  Ses  crimes  irri- 
tèrent tellement  lc&  barons  &  le 
peuple,  que  le  duc  ,  pour  avoir  la 
paix ,  fiit  contraint  de  livrer  Lan- 
dais  au  chancelier  Chrlfdan ,  qui  le 
condamna  à  être  pendu  *,  èc  il  le 
fut  en  148  y. 

LANDE ,  Foyei  Lalande. 

LANDEAU,  Voy,  Elshainler, 

LANDES ,  Voy,  Deslandes. 

LANDINI,  (ChriftopHe)  litté- 
rateur Vénitien ,  affez  habile  pour 
fon  temps ,  viyoit  au  xv®  fîecle- 
Ses. ouvrages  font  cependant  plus 
recherchés  pour  le  temps  auquel 
ils  ont  été  imprimés,  <jue  pour 
leur  bonté  réelle.  Il  a  traduit  l'Hif- 
toire  naturelle  de  Pline.  Sa  Verfion, 
qui  n'eft  pas  toujours  exafte  ,  fut 
imprimée  par  Jenjfon  à  Venife  en 
1476 ,  in-fol.  En  1482  on  imprima 
à  Florence  ,  in-fol. ,  fes  Commentai- 
res latins  fur  Horace.  Ils  ont  été 
réimprimés  plufieurs  fois  depuis; 
mais  la  première  édition  efl  la  plus 
recherchée.  On  lui  doit  aufli  des 
Notes  fur  le  Dante ,  qui  ont  été 
jointes  à  celles  de  Vellmello  furie 
même  auteur  par  Sanforino»  &c 


LAN 

lANDO  ,  (  Ortenfio  )  médedtt 
Nilanois  du  XYi*  fiecle^  auteur 
de  plufieurs  ouvrées  ,  fe  plaifoit 
à  les  publier  ibus  des  noms  fiip- 
pofés.  On  a  de  lui  :  I.  Un  Dialo- 
gue intitulé  Fortîana.  QuttJHones  , 
où  il  examine  les  mœurs  &  l'eTprit 
des  divers  peuples  d'Italie ,  &  où 
il  prend  le  nom  de  PhllaUthes  PoU- 
tkopunfis  y  Lovaniî  ,1550,  in«8°.  II. 
Deux  autres  Dialogues ,  l'un  inti- 
tulé CicERO  ftU^atus  ,  &  l'autre 
CxcERo  revocatus  ,  qui  ont  été  fauT- 
Tement  attribués  au  cardinal  Jiéan-' 
drt.  Ils  parurent  à  Lyon ,  où  Lando 
étoit  alors,  en  1534  ,  in-8®.  IIL 
Plufieurs  de  fes  Opufcules  ont  été 
réimprimés  à  Vemfe  ,  en  1554, 
fous  ce  titre  :  Varu  componimmti 
d*0nenfi4>  Lando  ,  clôt  dialoghl ,  no- 
vtlU ,  favoU  ;  c'eft  un  vol.  in-8°. 

LANDON ,  papie  après  Anaftafi 
///en  914^  mourut  à  Rome  après 
6  mois  de  pontificat ,  le  16  Avril 
915.  Soumis  aveuglément  aux  vo- 
lontés de  la  femeufe  Theodora ,  mère 
de  Marofie ,  il  ordonna  ardievêque 
de  Ravenne  le  diacre  Jean ,  un  des 
Êivoris  de  cette  femme  impérieufe. 
La  mort  enleva  ce  Êintôme  de  pon- 
tife peu  de  temps  après ,  &  lui  épar- 
gna le  fpeâacle  des  mépris  qu'il 
mcritoit  pour  cette  vile  aâion  ;  mais 
elle  ne  le  mit  pas  à  couvert  de  ceux 
de  la  poftérité. 

/.  LANDRI  ^  maîre-du-pal^s  de 
Clçtairt ,  fut  le  défendre  pendant 
û  jeuneiTe  contre  Chlldeben,  Les 
ramées  étoient  en  présence  :  £<w- 
drî  fit  avancer  vers  le  camp  de  C/u7- 
àthtn  quelques  troupes,  avec  des 
tamées  qu'elles  plantèrent;  de  forte 
que  les  gens  de  Childebcn  s'imagi- 
notent  être  auprès  d'un  bois-taillis. 
Mais ,  au  point  du  jour  ,  les  fol- 
dats  de  Landri  forôrent  de  ces  feuil- 
lages ,  &  attaqueremû  bioifquement 
ceux  de  ChUdtben ,  qu'ils  les  mirent 
en  6iite  l'an  593.  Landd  paâbit 
fom  l'anunt  de  Fréieffmdc  mère  de 


LAN         1^7 

ChtaXrt  i  mais  fi  fon  courage  fit  par- 
donner ies  galanteries  ,  il  ne  lui 
fit  point  pardonner  l'aiTafiinat  de 
Chilperic ,  dont  il  fut  accufé.  Qj  Voy^ 
Frédeoonde.  ] 

//.  LANDRI,  (S.)  évêqiiede 
Paris  ,  fignala  fa  charité  durant  la 
grande  ùmine  qui  afiîégea  cett« 
ville  l'an  65 1.  Ce  fut  lui  qui  fond» 
vers  le  même  temps  l'Hôpital  qui 
dans  la  fiiite  a  pris  le  nom  à' Hôtel" 
JDUu.  Après  fa  mort-,  fa  précieufe 
dépouille  fut  dépofée  dans  l'églife 
de  Saint-Germain-rAuxerrois ,  qui 
alors  étoit  fous  l'invocation  de  S. 
Vincent. 

I.  LANFRANC ,  fils  d'un  con^ 
feiller  du  fénat  dePavie,  paiTaen 
France  après  s'être  diftingué  par 
fon  efprit  en  Italie.  Il  profefTa  d'a- 
bord à  Avranches  avec  difiin^on  ^ 
mais  ayant  été  pris  par  des  voleurs 
qui  le  laifierent  attaché  à  un  arbre  » 
en  allant  d' Avranches  à  Rouen  ^  il 
quitta  le  monde ,  &  fe  confacra  à 
Dieu  dans  le  monafiere  du  Bec  » 
dont  il  devint  prieur.  Il  çA  célèbre 
par  le  zèle  avec  lequel  il  combattit 
les  erreurs  de'  Bérenger  au  concile 
de  Rome,  en  1059,  &  dans  plu- 
fieurs autres  conciles.  Gul/laume  ^ 
duc  de  Normandie ,  le  tira  de  fon 
monaflere ,  pour  le  mettre  à  la  tête 
de  l'abbaye  de  Saint  -  Etienne  de 
Caen ,  <|u'il  venoit  de  fonder.  Ce 
prince  étant  monté  enfuite  fur  le 
trône  d'Angleterre ,  appela  Lanfranc^ 
&  lui  donna  Tarchevêché  de  Can- 
torbery  en  1070,  Il  mourut  le  8 
Mai  1089,  illuftré  par  fes  vertus  , 
&  par  fon  zele  pour  le  maintien 
de  la  difcipline,  des  droits  defoiv 
égliie  &  des  immunités  eccléfiafii* 
ques.  Il  fîit  regardé  à  la  fois  comme 
un  homme  d'état  habile,  &  comme 
un  prélat  favant.  Ses  Ouvrages  ont 
été  recueillis  par  Dotad'Aekerlyen 
1648,  in-^ol.  On  y  trouve  :  I.  Son 
Êimeux  TraUc  du  corps  &  du  fang 
d0  Nafrç'Sàpicuf  «  contre  Biwiger^ 

L  iv 


t6S         LAN 

II.  Des   Commentaires  fur  S,   Paul, 

III.  Des  Notes  fur  CajUn.  IV.  Des 
Lettres, 

IL  LANFRANC,  médecm  deMi- 
lan  ,  profeiTa  en  cette  ville  la  mé- 
decine &  la  chirurgie.  Cependant  il 
y  eiTuya  de  grandes  perfccutions , 
dont  il  ne  dit  point  le  fujet  :  il  fut 
même  arrêté  &  mis  en  prifon  -,  mais 
le  vicomte  Matthieu  lui  permit  de 
fe  tranfporter  où  il  jugeroit  à  pro- 
pos ;  &  ayant  choiû  la  France ,  le 
vicomte  l'y  fit  conduire.  11  fut 
appelé  en  divers  lieux  du  royaume , 
&  demeura  quelque  temps  à  Lyon. 
L'an  1195  il  fut  appelé  à  Paris  par 
plufieurs  feignetirs  &  maîtres  en  mé- 
decine-, mais  particulièrement  par 
maitre  Jean  de  Pajfavant  &  par  les 
bacheliers  en  médecine,  pour  lire 
publiquement  la  chirurgie  &  démon- 
trer les  opérations  de  cet  art.  La 
chirurgie  étoit  entièrement  aban- 
donnée aux  barbiers.  Il  fit  naître 
une  claffe  mitoyenne  entre  les  mé- 
decins &  les  barbiers,  qui  joignoient 
la  pratique  des  opérations  manuelles 
à  la  fcience  médicaïe ,  comme  fai- 
foit  Lanfranc  :  c'éfl  ce'  qui  a  donné 
lieu  au  Collège  des  Chirurgiens  de 
Saint' Corne  à  Paris ,  qui  a  commencé 
du  temps  de  5.  Louis,  On  a  de  lui  : 
Chirurgla  magna  &  parva  ,  Venife, 
1490 ,  in-fol.  &  plufieurs  fois  de- 
puis ,  dans  l'édition  de  Lyon  1553, 
on  y  trouve  Gui  de  Chauliac^  & 
au^es  anciens  chirurgiens. 

m.  LANFRANC ,  (  Jean  )  pein- 
tre., né  à  Parme  en  15Ô1 ,  mort  à 
Bqme  en  1647  à  66  ans ,  fiit  d  abord 
page  du  comte  Scottl;  mais  étant 
né  avec  beaucoup  de  difpofitions 
&  de  goût  pour  le  deiBn ,  il  en  ^-i 
foit  fon  amufement.  Le  comte  s*en 
apperçut,  &  le  mena  lui-même 
dans  l'école  à'Auguftln  Carrache,  & 
depuis  dans  celle  d'Annlbal  Carra" 
die.  Les  progrès  rapides  que  Lan^ 
franc  foifoit  dans  la  peinture ,  lui 
|ïc<2uireat  bientôt  un  grand  nom , 


LAN 

&  lui  méritèrent  la  dignité  de  chè^ 
valier.  Ce  peintrfe  avoit  une  imagi- 
nation vaâe ,  qui  exigeoit  de  grands 
fujets.  Il  ne  réuiMbit  que  médio- 
crement aux  tableaux  de  chevalet. 

LANG,  (Jean-Michel)  né  à  £zel« 
vangen  dans  le  duché  de  Sultzbach  ea 
1664,  obtint  la  chaire  de  théologie 
à  Altorf.  Mais  s'y  étant  attiré  des 
ennemis ,  il  quitta  cette  place  &  alla 
demeurer  à  Prentzlow,  où  il  mourut 
le  20  Juin  173 1 ,  à  67  ans.  On  s 
de  lui  :  I.  Philolo^a  Barharo^Grétca  » 
Notimbergae  ,  1708 ,  in-4**.  II.  Dlf-- 
fcrtaùcnes  Botanîco  -  Theolo^œ  ,  Al- 
torfia,  1705  ,  in-4**.  III.  Plufieurs 
Traités  ladns  fur  le  Mahométifine' 
&  l'Alcoran  :  De  fahuûs  Mohammc 
dlcls,  1697  ,  in-4°.  Ces  livres  fi^nt 
peu  connus  en  France  ;  ceux  qui 
les  connoiiTent  en  font  cas. 

LANGALERIE  ,  (  Philippe  de 
Gentils ,.  marquis  de  )  premier  baron 
de  Saintonge ,  d'une  famille  diftin- 
guée  de  cette  province ,  fe  confacra 
aux  armes  dès  fa  jeunefie,  fit  32 
campagnes  au  fervtce  de  Firance , 
donna  dans  chacune  de  grandes 
preuves  de  valeur,  &  parvint  au 
grade  de  lieutenant-général  en  1 704, 
Des  mécontentemens ,  occafionnés 
par  les  perfécutions  du  minifire 
Chamîllan^  fon  ennemi  ,  l'obligè- 
rent de  paiTer  au  fervice^'de  l'em^ 
pereur  en  1706.  Il  obtint  l'emploi 
de  général  de  la  cavalerie  \  mais  il 
ne  le  garda  pas  loi^-temps.  Soit 
inconfiance,  (bit  mécontentement, 
il  quitta  l'empereur ,  pafia  en  Po- 
logne ,  où  il  fiit  £ût  général  de  la 
cavalerie. Lithuanienne,  &  ne  fut 
pas  plus  tranquille.  Il  fe  retira  à 
Francfort ,  laiUant  un  pays  où  le  roi 
Augufle  n'étoit  pas  afiez  abfolu  pouift 
tenir  tout  ce  qu'il  lui  avoit  promis* 
Après  diverfes  courfes ,  à  Franc- 
fort ,  à  Berlin  ,  à  Hambourg  ,  à 
Brème ,  &c. ,  il  trouva  une  dpece 
d'établiffement  à  Caffel ,  par  la  pro- 
te^on  du  prince  héréditaire  4ft 


LAN 

Heiïe.  Le  Landgrave  étant  mùtt  , 
iMpalerîe  partit  pour  la  Hollande , 
où  il  fe  lia  très  -  étroitement  avec 
i'Âga  Turc ,  ambaiTadeur  à  la  Haye , 
qui  couclut  un  traité  avec  lui  au 
nom  du  grand-Seignéur.  On  n'en 
a  jamais  bien  Tu  les  articles  ;  mais 
en  général  on  croit  qu'il  s'agifibit 
ë'une  defcente  en  Italie ,  dont  le 
marquis  devoit  commander  les  trou- 
pes. Il  paflbit  à  Hambourg  pour 
^e  préparer  des  vaifTeaux,  lorfque 
l'empereur  le  fît  arrêter  à  Stade  en 

1716.  On  le  conduifit  à  Vienne , 
QÙ  il  mourut  de  chagrin  le  20  Juin 

1717,  à  61  ans.  Voici  comme  le 
peignoit  le  duc  ,  depuis  marédial 
de  NoaU/es  ,  dans  une  lettre  à  Lou^ 
yow ,  du  8  Juillet  1690  ',  »»  Ceft  un 
^  homme  enivré  de  lui-même ,  qui 
»»  veut  le  commandement  en  chef. 

"  11  n'eft  pas  permis  de  n'être  pas  , 
»»  de  fon  avis  ,  fans  s'expoier  à  fes 
>♦  emportemens.  Il  fe  croit  engagé 
**  à  fe  jufHfier  à  tout  le  monde , 
»  des  mauvaifes  démarches  que  je 
^  fais ,  parce  qu'il  prétend  que  tout 
M  roule  fur  lui ,  &  que  je  ne  dois 
«  rien  Ésiire  que  ce  qu'il  me  pro- 
^  pofe  ;  &  il  le  dit  ainii  m.  Cette 
jaloufie  du  pouvoir,  jointe  à  fon 
efprit  bizarre  &  inconfidéré ,  furent 
la  fource  de  toutes  fes  fautes.  Il  a 
paru  en  1753  des  Mémoires  duMar- 
fus  de  Langalerie  ,  Hlftoire  écrite 
fOr  lui-même  dans /a  ptîfon  à  Vienne  ^ 
in-ii ,  à  la  Haye.  Cette  prétendue 
hiftoire  eft  un  roman  qu'on  a  voulu 
débiter  à  la  âveur  d'un  nom  connu  : 
Itt  noms ,  les  ^ts ,  les  dates  ,  tout 
en  démontre  la  ÊniiTeté.  On  pré- 
tend que  le  marquis  de  Langalerie\ 
avoit  fait  le  projet  impie  de  raf- 
fembler  dans  les  ides  de  TArchipel 
les  reftes  infortunés  de  la  nadon 
Hébraïque. 

LANGBAINE,  (Gérard)  né  à  Bar- 
lon-Kirke  en  Angleterre ,  mort  le 
10  Février  1657  à  50  ans  ,  fiit 
pcde  dss  archives  de  Vutdyçrôxç 


LAN        1^9 

d^Ozford.  On  a  de  lui  plufieurs 
écrits ,  dans  lefquels  l'érudition  eft 
femée  à  pleines  mains.  Les  plus 
connus  font  :  I.  Une  Edition  de  Lon^ 
çn  en  grec  &  en  latin ,  avec  des 
notes.  II. .  Fmdtrîs  Scoticl  examen  , 
en  anglois ,  1644 ,  in-4*'.  III.  Une 
TraduHion  angloiiê  de  l'Examen  du. 
Conci/e  de  Trenu  ,  par  Chemnlt^» 

I.  LANGE  ,  (  Jofeph  )  Langks  ; 
profeiTeur  en  grec  à  Fribourg  dans 
le  Brifgaw ,  vers  1610 ,  fiit  d'abord 
Proteftant ,  enfuite  Catholique ,  &  il 
publia  au  commencement  du  fiede 
dernier  la  compilation  intitulée  : 
Polyanthea  ,  1659  ,  2  vol.  in-fol.  Ce 
recueil  a  été  long-temps  le  mafque 
dont  des  auteurs ,  ou  des  prédica* 
teurs  peu  inilruits  fe  font  fervis 
pour  cacher  leur  ignorance.  On  y 
trouve  des  paffages  fur  toutes  for- 
tes de  matières.  On  a  encore  de  lui  r 
FloTiUffttm  ,  in-8**  ,  &  ElementaU 
Matkematictan  ,   in-S^. 

II.  LANGE ,  (  Paul  )  Bénédiôîa 
Allemand  ,  natif  de  Z\rickau  ea 
Mifnie ,  parcourut  en  15 15  tous  les 
couvens  d'Allemagne,  afin  de  re- 
chercher des  monumcns.  Il  eft  au- 
teur d'une  Chronique  des  Evê^ues  de 
Zeiti  en  Saxe ,  depuis  968  ji^qu  en 
1515; ,  imprimée  dans  le  1"  tome 
des  Ecrivains  d'Allemagne.  Il  y  loue 
Luther,  Carloftad  &  Mélanchton ,  & 
y  déclame  contre  le  clergé  :  c'eft 
ce  qui  Ta  rendue  û  précieufe  aux 
Proteflans.  Ils  l'ont  citée  &  la  ci- 
tent encore  avec  beaucoup  de  com- 
plaifance  ;  comme  fi  les  vices  des 
miniffa-es  d'une  religion  pouvoient 
retomber  fur  la  religion  même  ! 

ra.  LANGE,  (Jean)  né  à  Lee- 
wenberg  en  Siléfie  Tan  148  c  ,  mort 
à  Heidelberg  en  1565  à  80  ans, 
exerça  la  médecine  en  cette  ville 
avec  difiindHon ,  6c  fut  médecin  de 
quatre  éiefteurs  Palatins.  On  a  de 
lui  r  EpîftoUrum  Mcdicina/ium  '  opus 
mlfcellaneum,  1589  ,  in-8°  -,  recueil 
rj^pU  4'uac  x^C  érudition  ,  $C 


ï7ô        LAN 

dont  la  Itàure  eft  utile  à  totLi  àttO. 
qm  Tculent  apprendre  THiftoire  de 
fe  nature....  Ueft  différent  de  Chrif- 
ïïùfkc-Jtan.  Lange  »  autre  médecin  ^ 
^  dôntks  Ouvtages  ont  paru  i  Leip» 
zig  y  1704 ,  en  trois  tomes  in-folio  , 
&  qui  n'en  eft  pas  plus  connu  mal- 
gré la  grofleur  de  îes  volumes. 

.  ly.  LANGE, (Charles-Nicolas) 
habile  naturaliile  Suifle,  a  donné  en 
latin  :  I.  Hlftorla  lapîdum  fipiratorum 
HeLvctU  ,  Venetiis ,  1708  ,  in-4°.  II. 
^rlgo  €orumdcm^  Lucernas  ,  1706, 
in-4^..  III.  Methoius  tcJUcea  marina 
dijirihvendl ,  Lucernx,  i722,in-4**. 
Ces  ouvrages,  &  fur-tout  le  "pre- 
mier,, font  recherchés  par  les  na- 
turalifleSb 

V.  LANGE ,  (Rodolphe) gentil- 
ftonanc  de  ^eftphalie  &  prévôt 
d£L  la  cathédrale  de  Munfi^er ,  fut  en- 
voyé  par  fon  évêque  &  par  fon  cha- 
fitre  vers  le  pape  Sixu  IV  ^  pour 
une  affaire  importante  ,  &  s'acquitta 
ttès-bien  de  fa  commiffion.  A  fon 
retour  ,  il  fit  établir  un  collège  à 
Muniler*  Lange  fut  y  par  cetétablif- 
ïément  &  par  fes  écrits ,  le  princi- 
pal refiaurateur  des  lettres  en  Aile* 
snagne.  On  a  de  lui  plufieurs  Poë- 
xnues  latins ,  (  fur  U  dernier  fiege-  de 
JéfufaUm  i  fur  la  Ste.  Vùrge;  fur  5. 
Paul,  )  que  Ton  ne  croit  pas  avoir 
été  imprimés.  Malttairé  en  indique 
cependant  une  édition  de  Munfter, 
i486 ,  in-4°.  Lange  mourut  en  1 5 19, 
à  S I  ans  »  pleuré  de  fes  concitoyens , 
«Font  il  ^avoit  été  le  bien^teur  & 
la.  lumière. 

VI.  LANGE ,  (François  )  avocat 
au  parlement   de   Paris  ,  natif  de 

'  Reims ,  nnort  à  Paris  le  1 1  Novem- 
I>re  1684^4  74  ans,  s'eil  fait  un 
■nom  par  le  livre  intitulé  ;  Le  Pra- 
ai (ùen François  ,  2  vol.  in-4°  ,  175  y. 
L ANGEAC  ,  (  Jean  de  )  né  d'une 
ancienne  maifon  à  Langeac,  ville 
•te  la  baffe  Auvergne ,  acheva  fes 
études  à  Paris,  &  embraffa  l'état 
ecdéiiaûique,  La  quantité  de  béné- 


LAN 

fîcds  qu'il  pofféda  eil  étonnante  r 
on  le  voit  fucceffîvement  précen* 
teur  de  l'Hôtel-Dieu  de  Langeac  4 
curé  de  G>utange ,  conte  de  Briou- 
de ,  doyen  du  chapitre  de  langeac  ^ 
archidiacre  de  Retz,  chevecier  de 
l'églife  du  Puy ,  comte  de  Lyon> 
prévôt  de  Brioude ,  abbé  de  Saint* 
Gildas-des-Bois ,  de  Saint -Lo,  de 
Charli ,  d'Eu ,  de  Pébrac  *,  &  exifîi» 
évêque  d'Avranches  ,  &  enfuite  de 
Limoges»  Dans  l'Etat  on  le  voit 
paroître  fous  les  qualités  de  pro^^ 
tonotaire  du  faint-Siege ,  de  con- 
feiller  au  grand-con£eil  :  François  1  ^ 
qui  l'aimoit  y  le  fit  fon  aumônier  eo  . 
1^16,  maître  des  requêtes  en  i  $  iS  ^ 
ambaffadeur  en  Portugal ,  en  Po- 
logne ,  en  Hongrie  »  en  SuiiTe  ^ 
en  Eco^e ,  à  Venife ,  à  Ferrare ,  ci» 
Angleterre  v  &  enfin  à  Rome.  Cette 
-  multimde  d'emplois,  accumulés  fur 
la  même  tête',  indique  un  homme 
important  &  d'un  talent  peu  cora* 
mun.  Ce  fîit  à  fa  recommandation 
que  Robert  Cenalîs  luf  fuccéda  es- 
l'évêché  d'Avranches.  Dans  tous 
les  lieux  où  il  fe  trouva  ,  il  ne  fut 
occupé  que  du  bien  public.  Sa  mé* 
moire  fubfifle  encore  à  Limoges  « 
où  on  rappelle  le  bon.  Evêque.  II 
foutint  vigoureufement  les  droits 
du  roi  dans  tous  les  pays  où  il  fiit 
envoyé ,  &  défendit  avec  la  même 
force  à  Rome  les  libertés  de  TEglife 
Gallicane,  Il  aimoit  &  protégeoit 
les  lettres,  Etienne  DoUt  lui  dédi» 
fon  Traité  De  Legads ,  imprimé  à 
Lyon  en  1^41  in-S**.  Ce  digne  pré- 
lat mourut  la  même  année  à  Paris  » 
très-regretté.         - 

LANGEVIN  ,  (  Eléonor  )  doc- 
teur de  Sorbonne ,  natif  de  Caren-  - 
tan ,  mort  en  1707 ,  efl  auteur  d'un 
livre  intitulé  :  L'InfalUibilîté  de  L^E^- 
gUfe  touchant  la  foi  &  Us  mcturs  » 
contre  Mafius ,  profefTeur  de  Copen* 
bague;  Paris,  1701 ,  2Vol.in-i2, 
Peut-être  étoit-il  de  la  âanille  de 
RaoulLdflfM^riify  chaaoiftçdt 


LAN 

Biyetix,  qui  coxnpofa  en  1169  le 
funcux  Gutulaire  de  cette  Eglife , 
£  connu  fous  le  nom  de  fon  au- 
teur. C'eft  une  compilation  des  fta- 
tuts,  ufages  &  cérémonies  qui  fe 
pratiquoient  de  fon  temps  dans  cette 
cathédrale,  à  qui  elle  fert  encore 
de  loi.  Ce  manufcrit  précieux  fut 
préfcrvé,  par  le  plus  grand  bon- 
heur ,  des  horribles  ravages  des 
Protdftans  en  1562. 

LANGEY,  Voye;^  IL  Bellay. 

LANGIUS  ou  Langue  ,  (  Char- 
les  )  ne,  félon  quelques-uns,  à  Gand, 
&  félon  d'autres ,  à  Bruxelles ,  fut 
chanoine  de  l'églife  de  Liège ,  où  il 
mourut  dans  uri  âge  peu  avancé  ,  le 
29  Juillet  1573.  Il  fut  étroitement 
lié  avec  Ju/k-Up/e  &  plufieurs  au- 
tres favans  de  ion  temps.  Langlju 
étoit  très-verfé  dans  le  grec  &  le 
latin  ,  bon  poëte  ,  &  l'un  des  plus 
judicieux  critiques  de  fon  fiecle  ; 
tous  ceux  qui  en  ont  parlé ,  con-. 
viennent  qu'il  réuniiToit  en  lui  une 
érudition  extraordinaire  ôc  une  piété 
très-exemplaire.  Nous  avons  de  lui 
des  Commentaires  fur  les  Offices  de 
Cicéron  ,  fur  les  Comédies  de  Plante, 
&  plufieurs  Pièces  de  vers. 

LANGIUS,  royei  Lavge. 

LANGLADE ,  Voye^  IL  SERRE. 

1.  L ANGLE  ( Jean-Maximi- 
lien  de)  miniftre  Prote(lant,^néà 
Evreux,  mourut  en  1674,  âgé  de 
84  ans.  Il  a  laifle  2  vol.  de  Ser- 
mons y  &  une  Dijfcrtatîon  pour  la  dé- 
fenfe  de  Charles  I,  roi  d'Angleterre. 

IL  LANGLE ,  (  Pierre  de)  né  à 
Evreux  en  1644 ,  doûeur  de  Sor- 
bonne  en  1670 ,  fut  choiiî ,  à  la  fol- 
Hcitation  du  grand  ^Sc^/^uât  fon  ami, 
pour  "précepteur  du  comte  de  Tou- 
loufe.  Louis  XIV  le  récompenfa  en 
1698  de  fes  foins  auprès  de  fon 
élevé,  par  l'évêché  de  Boulogne. 
Ce  diocefe  prit  fous  lui  une  face 
nouvelle  ;  il  y  fit  fleurir  la  fcience  & 
là  vertu ,  &  l'inftruifit  par  îes  le- 
f  oQs  %i  fçs  exemples.  Le  Mande- 


LAN         ijt 

ment  qu'il  publia  en  171 7 ,  aufujet 
de  fon  appel  de  la  Bulle  C/nigenitus, 
caufa  fa  difgrace  à  la  cour ,  &  excita 
des  troubles  dans  fon  diocefe.  Les 
habitans  de  Calais  fe  fouleverent; 
ceux  de  Quern^  en  Artois  le  re- 
çurent, dans  une  vifite,  à  coups 
de  pierres  &  à  coups  de  bâton.  Ca 
prélat  fut  inflexible  *,  il  s'oppofa 
avec  l'évêque  de  Montpellier  Col-» 
bert,  à  l'accommodement  de  1720. 
Cette  démarche  irrita  le  régent,  qui 
l'exila  dans  fon  diocefe.  Il  y  mourut  • 
le  12  Avril  1724,  à"^o  ans.  Dont 
Af<;/?//iuf,  Bénédiftin  de  la  congié-  • 
gation  de  Saint-Maur ,  fit  les  quatre 
vers  fuivans  en  l'honneur  de  ce 
Êimeux  évêqûe  de  Boulogne  : 

Si  ptuas  ,  fi  Religlo  ,  fi  régula  yeri 
Non  périt ,  Memàm  vives  ,  venerande 

Sacerdos  : 
Hos   clneres ,  hac  ojfa  fihl  Deus^m^   ■ 

timus  ho/pes,  ■     * 

Confecrat  ,   &  Chrlfti  fefyat  jungendéi    ■ 

trlumpko, 

I.  LANGLOIS,  (Martin)  bour- 
geois de  Paris ,  mérite  une  plaça 
dans  les  faites  de  la  patrie ,  par  fa 
fidélité  à  fon  roi  pendant  le  fiege 
de  Paris  que  faifoit  Henri  IV  y  & 
par  le  fervice  fignalé  qui  en  fut  la  - 
fuite.  Il  réuniffoit  l'office  municipal 
d'échevin  de  la  ville  &  celui  de  • 
prévôt  des  marchands.  Il  employa 
tout  fon  crédit  pour  faire  triompher 
la  caufe  du  fôuverain  légitime ,  fans 
ménager  aucunement  ceux  du  parti 
oppofé  en  qui  réfidoit  le  pouvoir.  \ 
On  en  voit  une  preuve  non  équi- 
voque dans  l'entretien  très-orageux 
qu'il  eut  avec  une  des  têtes  les  plus 
fanatiques  qui  ait  fermenté  du  temps 
de  la  Ligue,  Ecoutons  l^lerre  de  l'E- 
tolle....  [  Le  Mercredi  19  Janvier 
1 5  94 ,  le  cardinal  PelLevé  ayant  ren- 
contré au  Louvre  le  prévôt  £j»- 
glols ,  lui  dit  :  On  ne  vous  voit  pas 
f cuvent  à  la  Mejfs  des  Etftts,  »  6*  ro«f 


17»        LAN 

j  daie\  vtnlr,  m  Je  vais  ,  répondit 
»  Languis,  à  lameiTe  de  ma  paroif- 
>»&♦>♦■  —  Vous  ne  faites  pas  votre 
^harg^y.  répliqua  le  cardinal,  —  »»Je 
»  penfe  ,  repartit  Lan^Lls ,  faire  ma 
»  charge  auffi  bien  &  mieux  que 
»  ne  £aites  la  vôtre,  m  —  Ne  me  n- 
^^mmoiffe^vous  donc  pas  pour  être  votre 
srçkevéque  >  lui  demanda  le  cardinal 
transporté  de  colère  ?  —  »»  Mais  que 
w  vous  ayez  ,  répondit  Langlolsy 
t»  kk  éieàion  de  l'un  des  deux  ar*- 
»  chevêches  de  Sens  ou  de  Reims  , 
>*  aloes  je  voits  reconnoîtrai  pour 
*»  tel  y  &  non  plutôt  «.  —  //  vous 
fwt  éUpoftr  >  reprit  le  cardinal  :  ^z^- 
hîea  vous  eonnoit^on  trop^  &  chacun 
/att  le  lieu  d*ou  vous  vene^.  —  «On 
»  m«  connoît  bien  »voiremem  pour 
>»  Homme  de  bien  y  dit  Langloîs  ;  & 
»  pour  le  regard  du  lieu ,  je  veux 
»  bien  queùchiez  que  je  fuis  d'aufR 
»  bonne  maifon  &  meilleure  que 
m  vous  n'êtes.  Quant  à  me  dépo- 
y*  £er,  il  n'eft  pas  en  votre  puif- 
•♦  fence»  ni  d'homme  qui  vive  ;  il 
♦•  n'y  a  que  le  peuple  qui  m'a  élu 
9^  qui  me  puiffe  dépofer.  Au  refte , 
w  Je  n'ai  que  fciire  de  vous ,  &  ne 
»  vous  connois  &  refpefte  ,  que 
>»  pour  la  couronne  que  vous  avez 
w  fur  la  tête.  Je  fais  que  vous  avez 
w  force  évêchés  -,  mais^on  ne  voit* 
V»  pas  que  vous  vous  en  acquittiez 
9*  comme  il  faut...  i(.  Et  ainfî  fe 
départirent.]  Deux  mois  après  ,  Lan- 
glots  redoubla  de  zèle  &  d'efforts 
pour  faire  entrer  Henri  IV  dans  Pa- 
ïiç ,  &  ce  fut  par  fes  foins  bien  con- 
certés avec  Brijfac ,  gouverneur  de 
cette  capitale ,  &  de  quelques  autres 
bons  citoyens  ,  que  le  père  des 
Bourbons  &  des  François  fit  fon  en- 
ttée  fecrete  &  triomphante  dans 
Paris,  la  nuit  du  21  au  22  Mars 
1594  ,  fans  prefque  répandre  de 
fang  :  il  n'y  eut  qu'un  corps  -  de - 
garde  Efpagnol  &  3  bourgeois  de 
tués;  ce  qui  affligea  beaucoup  le 
roi.  Il  répéta  Couvent  depuis  ,  qu'f/ 


LAN 

eât  voulu  racheter  pour  beaucoup  la  vie 
de  ces  trois  Citoyens ^pour  avoir  lafatis-^ 
faction  de  faire  dire  à  la  pojiérlté  qu*ll 
avoit  pris  Paris  fans  verfer  une  goutte 
de  fang*,.,  /^e«ri  récompenia  dans  la 
fuite  le  brave  &  fidelle  Lang/ois  par* 
une  charge  de  maître  des  requêtes  v 
&  fon  nom  parviendra  à  la  pofté- 
rité ,  uni  à  celui  de  Brijfac,  Langlois 
même ,  comme  homme  obfcur  ea 
comparaifon  de  ce  dernier ,  dit  un 
écrivain ,  paroit  avoir  fervi  Henrt 
d'une  manière  plus  déiintérefîee  & 
plus  noble. 

//.  LANGLOIS  ^(Jean-Baptifîe, 
ou /(î/o/i</'<Mtfr«,  Etienne)  Jéfuite^ 
né  à  Nevers  en  1665  ,  &  mort  ea 
1706  à  43  ans,  publia  divers  écrits» 
oubliés  aujourd'hui  »  contre  ledi» 
tion  de  S.  Jugufiin  ,  donnée  par  les: 
Bénédidïins  de  Saint-Maur...  [  Voye^ 
Massuet.  ]  Nous  avons  de  lui  na 
ouvrage  plus  cfîimable  par  les  re- 
cherches que  par  le  flyle.  C*eft  foa 
hijtoirt  des  Croifades  contre  les  Alhv^ 
geoisy  à  Paris,  1703»  in-i2.  teut* 
être  exagere-t-il  un  peu  trop ,  lor{^ 
qu'il  parle  des  vices  &  des  erreurs 
des  Albigeois. 

L  LANGUET,  (Hubert)  né  I 
Vitteaux  en  Bourgogne  l'an  15x8, 
étudia  en  Italie  ,  &  pafla  de  là  ea 
Allemagne  pour  voir  Mélanchthon^ 
Cet  homme  célèbre  lui  infpira  lea 
erreurs  de  Luther,  Après  la  mort 
de  Mélanckthon  ^  Languet  fe  retira 
auprès  à'AuguJh ,  électeur  de  Saxe  ^ 
qui  lui  coniia  les  négociations  les 
plus  importantes.  Envoyé  en  France 
en  1570,  il  fit  une  harangue  élo« 
guente  &  hardie  à  Charles  IX ,  aa 
nom  des  princes  proteftans  d'Al* 
lemagne  -,  (  elle  fe  trouve  dans  les 
mémoires  de  Charles  IX  )  Si  Iq 
jour  du  maffacre  horrible  de  la  5iwr.r* 
Batthélemi ,  il  ne  craignit  pas  d'expo- 
fer  fa  vie  y  pour  fauver  celles  de 
DupleJpS'Mornai  &  d* André  Wéchcl  ^ 
fes  amiis.  Les  différens  furvenus 
en  Saxe  entre  les  Luthériens  ôc  log 


LAN 

Zulngllensfurl'Euchariftle,  l'obli- 
gèrent de  demander  fon  congé  au 
duc  de  Saxe ,  dont  il  étoit  un  des 
premiers  miniftres.  II  mourut  à  An- 
vers le  30  Septembre  iç8i,  363 
I  ans ,  au  {ervice  du  prince  d*  Orange , 
I  qui  faiToit  de  lui  un  grand  cas. 
j  «  Longuet  fut,  (  fuivant  la  penfée  de 
♦»  DupUgis'Momal ,  )  ce  que  bien  des 
^  gens  tâchent  de  paroitre  *,  &  il 
•*  vécut  de  la  façon  que  Us  gens 
^  de  bien  veulent  mourir,  u  Ses 
voyages  lui  avoicnt  appris  à 
connoître  le  inonde  &  à  le  mé- 
prifer.  Il  le  quitta  fans  regret,  panz 
f«,  dit-il  dans  fes  derniers  mo- 
mens,  loin  de  devenir  mû/leur,  il  em- 
pÎToit  toujours,  Conune  il  n'ambi- 
ëonna  jamais  les  richeiTes ,  il  ne 
laifla  à  fes  héritiers  qu'environ  mille 
livres  avec  quelque  vaifTelle  d'ar- 
gent, des  médailles  &  fa  biblio- 
Aeque.  Il  n'avoit  jamais  voulu  fe 
marier,  de  peur  qu'iuie  femme  n^ 
troublât  les  plaifirs  du  cabinet-,  il 
ctoit  cependant  bien  fait  pour  la 
rendre  heureufe.  Sa  douceur  lui  ga- 
gnoit  tous  les  coeurs.  Sa  convér- 
lation  étoit  très-agréable,  &  il  l'af- 
faifonnoit  dufel  d'une  raillerie  fine 
&  délicate.  Mais  il  étoit  ii  ennemi 
du  menfonge,  qu'il  Tévitoit  même 
en  badinant.  Quand  il  parloit  fur 
les  intérêts  des  princes  &fur  l'hif- 
toire  des  hommes  illuAres,  on 
voyoit  bien  que  c'étoient  des  ma- 
tières qu'il  avoit  étudiées  à  fond. 
Sa  mémoire  ne  bronchoit  jamais ,  ni 
fur  les  feits ,  ni  fur  les  noms ,  ni 
fur  les  dates.  L'étude  qu'il  avoit 
^te  des  hommes  dans  le  monde 
^dansThiftoire,  lui  donnoit  beau- 
coup de  facilité  pour  pénétrer  leurs 
deffeins  fie  pour  prévoir  les  évé- 
nemens.  On  a  de  lui  plufieurs  ou- 
vrages j  les  principaux  font  :  I.  Des 
Rtcudls  de  Lettres  en  latin ,  à  l'é- 
leâeur  de  Saxe ,  publiées  i  Hall , 
in -4®,  en  1699;  à  Camerarïus  ^ 
^e  &  EU  ,  imprimées  en  x68^  , 


LAN         xji 

à  Francfort,  in-ii;  an  dieralier 
Ph.  Sidndj  nvifes  fous  {^efle  -tm 
1646,  ift-l2.  IL  V'mdlcUe  contrm 
Tyrarmos  ^  publiées  fous  le  noa 
de  Stepharuis  Junhu  Brmus^  '(79« 
in-8°  -,  traduites  en  françois  #  1  y  81 , 
in-8^  C'eft  la  produOioa  d'un  té^ 
publicain  qui  ne  ménage  rien^  flt 
^ui  penfefur  les  monarques ,  commç 
on  parloit  dans  le  fénat  de  Rome' 
après  l'expulilon  des  T»qwu.  O» 
doit  interdire  la  leéhu-e^le  ce  Hrre« 
fur-tout  dans  les  états  monarcls* 
ques,  aux  caraâeres  r^vêches  & 
aux  têtes  chaudes.  III.  Unt  relaâam 
de  l'expédition  de  l'éleé^eur  JU^ 
gfifie ,  contre  Guillaume  Grwnhacb  îBC 
autres  révoltés  de  Saxe,  ^rec 
VHîJhîre  de  ce  que  fît  l'emper^vr 
contre  ce  prince  ;  l'çéi,  in-4°,  ÏV* 
On  lui  attribue  V Apologie  duprTna^ 
d'Orafige  contre  le  roi  d* Ef pagne  ^ 
15  81,  in-4^.^  Sa  Vie  a  été  écme 
par  la  Mare ,  confeiller  au  ^acle- 
mcût  de  Dijon  ;  HaU  ,  tjoo  ^ 
in- 12. 

IL  LANGUrr,  (Jeaa-Baptifle-' 
Jofeph  )  arrière  -  petit  -  neveu  da 
précédent,  naquit  à  Dijon  en  1675^ 
du  procureur-général  auparlemenc 
dé  cette  ville.  Il  prit  le  bonnet  de 
dodleur  de  Sorbonne  en  «703,  4SC 
obtint  la  cure  de  Saint-Sulpice  em 
1 7 14.  L'églife  de  fa  paroiâe  n'étois 
guère  digne  de  la  capitale  h  <om 
vouloit  la  rétablir ,  &  on  avoit  iléj'à 
confhruit  le  choeur-,  mais  le  Tcflc 
étoit  imparfait.  L'Abbé  Langueticon^ 
çut  le  Tafle  déffein  «d'ilever  ina 
Temple  capaible  de  contenir  ies 
nombreux  paroiffiens.  Il  entreprit 
ce  grand  ouvrage ,  n'ayant  d'autre! 
fonds  qu'une  fomme  de  100.  écQs« 
Il  employa  cet  argent  à  acheter 
des  pierres,  -qu'il  étala  dans  le* 
rues  pour  annoncer  fon  defTein  an 
public.  Les  fecourff  liu  vinreor 
aufli-tôt  de  toutes  parts;  &  le  éxc 
d' Orléans  j  régent  du  royaiane,  luî 
accorda   une  loterie*    Ce    priace 


i7«       L  A  K 

freine  de  traits  édifîans  «  nutîs  où 
Ton  trouve  trop  de  pucrilitès  & 
d'indccences  :j£SUS-CKaiSTy 
convoie  avec  cette  religieufe ,  dans 
le  ûjle  de  Baruyer;  &  ce  qui  met 
le  comble  à  l'abfurdité ,  il  ùit  des 
vers  pour  elle.  Si  l'archevêque  de 
Sens  eft  le  véritable  auteur  de  ce 
pieux  roman ,  que  faut*il  penfer  de 
lui>  &  s'il  ne  left  pas ,  &  qu'il  l'ait 
adopté  fans  en  îentir  l'extrava-* 
gancc,  qu'en  faudroit-il  penfer 
auffî ,  £i,  Ton  ne  favoit  que  l'efprit 
le  plus  fa^e  iè  laifTe  féduire  quel- 
qndbis  par  l'enthoufiaûne  d'une 
dévotion  trop  ardente?  II.  Une 
TraJu^on  àts  P/eaumes  ^  inrii.  III« 
Vne  Réfitaûon^  in-i2,  peu  folide 
&  peu  judiciéufe,  de  l'excellent 
Traité  de  Càutdc  dt  Vert ,  tréforier 
de  Cluny ,  fiv  les  cérémonies  de 
l'Eglife.  IV.  Dsts  Livres  dt  PUtd^ 
qui  n'ont  pas  aûez  d'onâion.  V. 
I>es  Remarques  fur  le  ùrneux  Traité 
du  Jéfuite  Pîchon  ,  touchant  la  fré^ 
qiients  Communion.  VL  Plufieurs 
Vifcours^  dans  les  recueils  de  l'Aca- 
démie Françoife.  Ils  prouvent  qu'il 
«toit  très-capable  de  compofer  lui- 
même  fes  ouvrées.  Son  ftyle  eft 
un  peu  diffus,  mais  clair,  naturel, 
élégant,  &  afiez  noble. 

LANNOY,  (Charles  de  )  d'une 
des  plus  illulhres  maifons  de  Flan- 
dres, fut  chevalier  de  la  Toifon- 
d'or  en  1 5 16 ,  gouverneur  de  Tour- 
nai en  15 II»  &  vice-roi  de  Na- 
ples  pour  l'empereur  CharUs^Qmnt 
en  1522.  U  eut  le  commandement 
général  des  armées  de  ce  prince  , 
après  la  mort  de  Profptr  Colonne,  en 
1523.  Il  s'immbrtaliîa  à  la  journée 
de  Pavie ,  en  152c  :  journée  à  ja- 
mais célèbre  par  les  malheurs  de 
François  L  On  fait  que  ce  prince , 
après  avoir  fait  tout  ce  qu'on  pou- 
voit  attendre  de  l'homme  du  mon- 
de le  plus  intrépide  y  fiit  forcé  de  fe 
rendre  ;  mais  il  ne  voulut  fe  rendre 
igu'au  Vice-roi.  Monjwdc  Lannoy, 


LAN 

(lui  dît-Il  en  italien  «  )  voila  Pipii  j 
d*un  Roij  qui  mérite  d'être  loué^puif» 
qu^ avant  que.de  la  rendre,  il  s'en  efi 
fcTvi  pour  répandre  le  fang  de  plufieurs 
des  vôtres  ,  &  qu*il  n'eftpas  prtfonnler 
par  lâcheté ,  mais  par  un  revers  de 
fortune,,,  Lannoy  fe  mita  genoux, 
reçut  avec  rdpe£^  les  armes  du 
prince,  lui  baifa  la  main,  &  lui 
préfentant  une  autre  épée  :  Je  prie  , 
dît-il^  Votre  Majefié  d*agréer  que  Je 
lui  donne  la  mienne  ^  qui  a  épargné  U  "  \ 
fang  de  plufieurs  des  vôtres.  Il  ne  eon*  I 
vient  pas  qu'un  Officier  de  V Empereur  \ 
voie  un  Roi  défarmé  ^  quoique  prifon-*  ' 
nkr.  Le  généreux  Lannoy  traita 
toujours  François  I  en  roi.  Crai- 
gnant que  fes  troupes  n'entrepriiTent 
de  fe  faiiîr  de  la  perfonne  de  c6 
prii^ce  pour  s'aflTurer  de  leur  paye- 
ment ,  il  le  fît  mener  dans  le  châ-» 
teau  dePizzighitone.  Enfuitè,  pour 
l'eng^er  à  pafTer  en  Efpagne ,  il 
le  flatta  de  l'efpérance  qu'il  pour- 
roit  s'aboucher  avec  l'empereur, 
&  qu'ils  s'accorderoient  facilement 
enfemble  ;  lui  promettant  qu'au 
cas  qu'ils  ne  puâent  convenir ,  il 
le  rameneroit  en  Italie.  Le  traité 
ayant  été  fait  entre  Charles- Quint 
&  François  /j^^ce  fut  Lannoy  qui 
Conduifît  le  roi  près  de  Fontara- 
bie ,  fur  le  bord  de  la  rivière  dô 
BidafToa,  qui  fépare  la  France  de 
l'Efpagne.  L'Empereur  Charles-QuInt 
lui  donna  la  principauté  de  Sulmo- 
ne,  le  comté  d'Aft,  &  celui  delà 
Roche  en  Ardenncs.  II.  mourut  à 
Gayette  en  1 5  27  ,  d'une  fièvre  ar- 
dente qui  l'emporta  en  4  jours* 
Lannoy  étoit  un  général  réfléchi  « 
mefuré ,  capable  de  décider  la  vic- 
toire par  fes  talens  militaires  au- 
tant que  par  fon  courage.  Propre 
au  cabinet  comme  à  un  champ  de 
bataille  ,  il  favoit  traiter  une  né- 
gociation &  ménager  une  affaire.... 
On  connoît  encore  de  cette  famille 
diflinguée  Raoul  de  Lan  s  01^  qui  fer- 
vit  avec  diflin^on  fous  Louis  XL 


LAN 

Ce  hrave  guerrier  étoit  monte  i 

l'haut ,  à  travers  le^er  &  la  flam- 
me ,  au  ilege  du  QueTnoy .  Lcms  XI , 
qui  fut  témoin  de  fon  ardeur ,  lui 
paila  au  cou  une  çhauie  d'or  de  cinq 
cents  ccus ,  en  lui  difant  :  Par  la 
Piqub-'DUu^  mon  ami  ^  vous  €te$  ux>p 
furUux  ui  CQtnhats  ;  il  faut  vous  en- 
chaîntr  :  ou  je  ne  veux  point  vous  per^ 
ire  ,  &jc  éUfirc  dèmefervlrdt  vous  plus 
i*unefois.  Les  deTcçndaos  de  £<umoi 
cm  porté  long-temps  une  chaîne 
autour  de  leurs  armes,  en  mémoire 
de  cette  aâioa.  -> 

LANGUE,  roy<^NouE. 

LANSBERGU£  ou  Landsber- 
GHE  (Philippe)  mathématicien  , 
né  à  Gand  en  1561  «  fut  pendant 
quelque  temps  mimftre  à  Anvers. 
Cette  ville  étant  rentrée  fous  Tobéif- 
ûnce  de  Philippe  II»  le  17  Août 
içSj  ,  il  fe  vit  obligé  de  chercher 
un  aûle  dans  les  Provinces-Unies. 
11  y  fut  miniilre  à  Ter-Gocs ,  en  Zc- 
lande  «  &  iê  retira  fur  la  fin  de  fes 
jours  à  Middelbourg ,  où  il  mourut 
en  1631 ,  à  71  ans.  On  a  de  lui  : 
L  Une  Chronoioffc  facréc  ,  Middel- 
bourg ,  1645  ,  in-4°.  IL  Progymnaf- 
mata  Jftronom*  njUtutct ,  1619  ,  in- 
4°.  IIL  Commçntarîus  in  motutn  terrx  , 
dans  le  précédent.  Il  s'y  déclare 
pour  le  fyftême  de  Copernic.  IV. 
Tabula  motuum  CaUfium  ptrpetate , 
Middelbourg,  1633,  in -fol.  On 
dit  qu'il  travailla  quarame  ans  à  ces 
Tables.  V.  Litroéucîio  in  quadranum 
tum  afironomicum  tum  gcometriatm  , 
&cMididelbpurg,  1633  ,  in-folio. 
VI.  Uorolopoff'aphia  nova ,  &c.  Tous 
ces  ouvrages  ont  été  réunis^  à  Mid- 
delbouxg  «  1633 ,  in-fol.  Son  fils, 
Jacques  Landsbkrghe,  s'appliqua 
auffî  aux  mathématiques  ^  &  publia 
une  Apolope  des  ouvrages  de  fon 
père  *,  Middelbourg  *  1633,  in-4®'  ; 
&  mourut  en  Hollande  en  16  ^7.  U 
ne  Ênit  pas  le  confondre  avec  un 
autre  Jacques  Lakdsberghe  , 
connu,  par  une  J^efaiption  di  in 
Tome  V. 


LAN         177 

itUle  dt  Hulft ,  La  Haye ,  1687 ,  in- 
jS'^  ;  ni  avec  N..  Landsberghe  , 
habile  ingénieur  HoUandois  ,  qui 
publia  La  nouvelle  manière  defortffiir 
Us  places^  La' Haye,  171a  ,  in-4**. 
Cet  ouvrage  efl  curieux  par  k  nou- 
veauté du  fyftême  que  Tauteur  y 
propofe ,  &  par  la  critique  qu'il  y 
fait  des  places  qui  paroifient  les 
mieux  fortifiées. 

LANSBERG ,  (  Jean  )  natif  d'une 
ville  de  ce  nom ,  en  Bavière,  fefit 
Chartreux  à  Cologne ,  mourut  en 
1539  ,  av^c  le  fumom  de  Jufie^  ëc 
laifia  un  grand  nombre  d'ouvrages 
afcétiques  ,  qui  refpirent  une  piété 
tendre.  Us  ont  été  recueillis  à  Co- 
logne en  1693 ,  en  5  vol.  in-4°.  S^ 
Entretiens  de  Jefus^krifi  avec  PAmû 
fidelle  4  ont  été  traduits  en  fi-ançois. 
L'auteur  étoit  un  homme  zélé  ,  qui 
travailla  avec  ardeur  à  faire  rentrer 
dans  le  fein  de  Téglife ,  ceux  que  les 
erreurs  de  Luther  en  avoient  fine 
fortir. 

LANSIUS,  (Thomas)  jurifcon- 
fuite  Allemand  t  né  en  1577 ,  à  Ber- 
gen dans  la  Haute-Autriche ,  voya- 
«gea  beaucoup ,  acquit  une  grande 
coxmoiifance  des  moeurs  &  des  lois 
des  différentes  nations ,  &  devint 
^rofefieur  de  )urifprudence  à  Tu- 
binge.  On  a  de  lui  :  Orationes ,  feu 
ConfuUado  de  prîncipam  inter  Provins 
cla^  Eurcpa ,  Amfterdam ,  1636 ,  in- 
8°.  Lanfius  mourut  oûogéaaireen 
1657- 

LANSPERGE,  (Jean)  Voyt^ 
Lansberg, 

LANUZA  ,  (  Jérôme-Baptifte  de 
Sellan  de  )  fumommé  le  Dominique 
de  fon  fiecle ,  naquit  à  Ixar ,  dans  U 
diocefe  de  Sarragofie  en  1553  ,  fe 
fit  Dominicain ,  &  devint  provin- 
cial de  fon  ordre.  Il  exerçoit  cet 
emploi  avec  beaucoup  de  diftinc- 
«ion  r  lorfqu'il  préfenta  une  requête 
à  Philippe  III ,  contre  le  filence  que 
les  papes  avoient  f^ement  impofé 
finies  nyttiççsdeld^race,  Ceô^ 

M 


•  178         LAN 

-  requête  peut  Êiire  honneur  au  zde 
4e  l'auteur  pour  la  doârine  de  Saint 
Thomas  ;  mais  elle  n*en  fait  pas  à 
ûi  modération.  Les  pontifes  avoient 
ordonné  le  filence ,  comme  on  tire 
le  bois  du  fieu  qu'on  veut  éteindre. 
Si  ce  fdence  n'étoit  pas  obfervé, 
il  ùlloit  faire  punir  les  rebelles  ; 

.mais  il  ne  falloit  pas  s'en  prendre 
k  ceux  qui   l'avoient  impoTé.  Ce 

:  pieux  Dominicâiniut  élevé  en  1616 
îurle  fiege  de  Balbaftro ,  &'en  162:2 

.  fur  celui  d' Albarazin.  Il  mourut  dans 
cette  dernière  ville ,  le  1 5  Décembre 
1625  ,  à  72  ans,  après  une  vie 
«emplie  par  les  devoirs  d'un  évêque 

.  &  par  les  exercices  d'un  religieux* 

.P^ri%w///faifoit'tant  de  cas  de  fa 

■  vertu ,  qu'il  le  fit  prier ,  à  fon  avè- 
nement au  trône ,  de  hii  indiquer 
les  eccléûaftiques  &  les  religieux 
qu'il  jugeroit  dignes  des  premières 
dignités  de  l'églife.   On  a  de  lui  : 

,1,  Défi  Traités  Evangéllques  ^  écrits 
amplement  &  folidement.  II.  Des 

.éiomelUs  ,    en  3  vol.  traduites  de 

-l'efpagnol  en  latin  affez  fidellement 
par  Ouefime  de  Kia.  ^  à  Mayence  y 

'1649  y  4vx>),  in-4°  -,  Ôcenfrançois 
par  louis  Amadton.  avec  peu  d'exac- 

:Âtude, 

LANZONI ,  (  Jofq>h  )  médecin 
&  profeffeur  àFerrare ,  membre  de 
l'académie  des  Cunsux  de  la  Nature^ 
naquit  à  Ferrare^i6^3  ,  ôcmon- 

•Ica  dès  J'enfance  un  attrait  vif  pour 
l'étude.  La  réputation  qu'il  acquit 
dans  l'exercice  de  lamédecine,  lui 
mérita  la  confiance  de  plufieurs  pet- 
fonnès  illuftres.  Tout  le  temps  que 
fa  profefiion  n'abforboit  point ,  il 

X'employoït  à  la  littérature,  ou  à 
l'étude  de  l'antiquité.  S'il  s'agitoit 

jen  Italie. quelque  quefiron  difficile 

rfur  des  matières  de  philofophic  & 

jde  médecine  ,  c'étoit  presque  toii- 
jours. lulqui en  ét«it  Tarbitre»  Plùr- 
fieurs  académies.  d'Italie  Qc  éiran^ 
gères  fe  l'a^cterent.    11  a  été  le 


L  A  O 

de  Ferrarc.  11  avoi^  du  goût  &  it 
l'inclination  pour  la  poéûe ,  &  Vott 
afiiire  qu'il  réuifiâoit  à  mai^er  les 
langues  de  ViipU  &  du  Taffe^  If 
mourut  en  1730;,  dans  1367®  année 
de  Ton  âge.  En-iTjS  »  on.  a  donné 
à  Laofanne  le  Atoteî/defes  Ouvrages 
manufcrits&  imprimés ,  ^^vol»  in-4^ 
en  latin. 

LAOGOON  ,  fils  de  Fdam  te 
d*Hécuhe  ^  &  gr»id-prêtre  é'Apoldan  , 
s'oppofa  aux  Troyecis^,  lorfqu'il» 
voulurent  f»re  eatstt  le  Cheval  dt 
bois  dans  la  ville  -,  mais  ils  s'obfiine- 
rem  à  ne  pas  le  croire.  Il  ofa  alors^ 
poiir  les  convaincre  de  la  réalité  de 
iès  frayeurs ,  décocher  une  flèche 
dan&.les  flancs  de  cette  vafle  machi- 
ne ,  qui  rendit  à  l'inflant  un  foa 
terrible ,  comme  d'armes  &  de  fol- 
éats  renfermés  -,  mais  les  Dieux  irri- 
tés contre  Troie  ,  bouchèrent  les 
oreilles  de  Tes  concitoyens  à  fes 
infiances ,  &  le  punirent  mên^e  de 
fa  témérité.  Il  fortit  à  Tinflant  de 
la  mer  deux  énormes  ^erpens ,  qui 
vinrent  attaqi^er  fesenfans  an  pied 
d'un  autel  *,  il  courut  à  leur  fecours  ^ 
&  fut  étouffé  comme  eux  dans  les 
nœuds  que  ces  monflres  faifoient 
avec  leur  corps. 

LAODAMIË,  fille  de  ^e^&vo- 
.pkon  ,  fiit  aimée  de  Jupuer  ,  &  en 
,  eut  Sarpedon.  Diane'  la  nta  à  coups 
de  flèches ,  parce  qu'elle  avait  mii 
ÛL  beauté  au-deflus  de  Celle  de  la 
décfle.«  Il  y  eut  une  autre  Laod  a- 
MiE*  fille  d'M^,  «c^fename  de 
Frotéfilas.  Celle-ci  aima  û  tendre- 
ment fon  mari  ^  qu'ayant  appris  qu'il 
avoit  été  tué  au  ficçe  de  Troie ,  & 
.ne pouvant  lui  iUrvivre,  demanda 
-aux  Dieux  pour  toute  grâce /dé 
<  voir  au  moins  l'ombre  de  fon  cher 
Pwt^ilas,  Ce  qui 'lui  ayant  été  ac- 
.  cordé ,  elle  expira  en  l'embsaflàm. 
:   L  JLAOraŒ,  fille  de /'»Mitt& 
à^HéaJu ,  &femmed'^/&dofl.  EUe 
,e& connue  par  Sa  paflton.efiErénét 
«pour  Atamas,^  canipagn0adi;-i2«0- 


,        L  Â  O 

^i  Mn  £ege  de  Troie....  Il  y  éoLt 
trois  autres  La.odic£s  -,  Tune  fem- 
me de  Phronée  ;  une  autre  ,  fille  de 
Cnyrt  -,  la  troifieme ,  fille  d*Agamem- 
BOR&  de  Clyumnefin^  qu'on  offrit 
en  mariage  à  AchllU, 

II.  LAODICE,  fœur  &  femme 
êtMtthridatey  roi  de  Pont,  &  mère 
de  Drlpeflhc  ,  s'imaginant  que  ce 
|)rinceétoit  mort ,  s'cd>andonna  aux 

I  plaiûrs  &  lui  devint  infidelle.  Il 
avoit  quitté  fecrétement  fa  cour  , 
pour  reconnoître  les  lieux  où  il 

'  devoit  un  jour  iÉaire  la  guerre,  & 
n'avoit  donné  aucune  de  fes  nou- 
velles depuis  fon  départ.  A  fon  re- 
tour ,  Laodics  craignant  fes  repro- 
ches ,  voulut  Tempoifonnef  j  mais 
fon  deflein Payant  été  découvert, 
Mthrîdatc  là  fit  mourir.  £lle  avoit 
époufé  en  premières  noces  Arîa- 
Tithe  j  roi  de  Cappadoce.  Voye^  ce 
mot,n**  VI  6»  VII...  I.  Bérénice^ 

é'MiTHRIDATE. 

LAODICÉE ,  Voy.  ÀNTIOCHUS, 

n*»  n. 

LAODOCUS  ,  fils  A'Antenor  ^ 
étoit  un  jeune  Troyen  d'une  grandç 
valeur.  P allas  cachée  fous  fa  figure, 
engagea  Pandarus  à  tirer  une  fléché 
à  Ménélas ,  pour  rompre  les  conven- 
tions Élites  avec  les  Grecs....  Il  y 
eut  un  autse  Laûdocus,  fils 
d'Apollon» 

LAOMEDON,  roi  de  Phrygie , 
fils  àHùis  &  père  de  Prlam ,  ayant 
formé  le  projet  de  bâtir  les  murailles 
de  Troie  ,  Neptune  &  Apollon  *dé- 
guifés  en  maçons ,  vinrent  s'bflErir 
pour  cette'  entfeprife  moyennant 
une  fomme  d'argent  dont  ils  con- 
vinrent avec  lui.  L'ouvrage  étant 
fini ,  il  ne  voulut  plus  tenir  fa 
parole.  Pour  l'en  punir ,  Apollon 
affligea  le  pays  d'une  grande  pefte» 
&  Neptune  eavoya  un  monfire 
aprè$  une  inondation  terrible.  Les 
Troyens  confulterem  l'oracle ,  qui 
répondit  que ,  pour  être  délivrés  de 
4«8r$  ïs&ox  t"tt;fallolt  répafer  l'iiU 


t 'À  t>.         179 

jure  Ëute  aux  dieux ,  en  expount 
au  monfire ,  H^onc ,  fille  de  JLaàmi' 
don,  Hercuù  vint  délivrer  cette  in- 
fortunée ,  à  condition  qu'il  l'épou- 
feroit  -,  mais  ce  prince,  fans  honneur 
&  fans  foi  ,  reftifa, encore  de  lui 
donner  fa  fille ,  ^mme  il  Tavoit 
promis.  Hercule  indigné  ,  ruina  fa 
ville  ,  le  tua  ,  &  donna  Héfione 
à  Télamon  ,  qui  l'emmena  dans  la 
Thraice. 

LAON,  (le  cardinal  de)  Foyt^ 

III.    MONTAIGU. 

LAPARELLI,  (Françoi*)  na^ 
quità  Cortone,  le  5  Avril  1 5  21.  Som 
application  aux  fcîences  militaires 
&  mécaniques  le  fit  efiimer  de 
Came  J ,  grand-duc  de  Tofcane.  Il 
obtint  fous  PU  IV  une  compagnie 
de  200  hommes ,  avec'  laquelle  il 
fiit  chargé  de  garder  Civita-Vec- 
chia  ,  dont  il  fortifia  les  murs  & 
le  port.  Michel-Ange  Buonarotù  lui 
confia  enfuitç  l'exécution  de  fes 
deffins  poiu:  l'églife  de  Saint-Pierre. 
Soliman  IJ ^  en  1565  ,  ayant  réfolu 
de  chafîer  de  Malte ,  avec  240  voi- 
les ,  les  chevaliers  de  Jérufalem  ^ 
le  pape  y  envoya  François  Lapa^ 
relR,  Il  donna  le  projet  d'une  nou- 
velle ville ,  laquelle  porta  le  nom 
dé  la  Valette  »  parce  que  Jean  Pa^ 
nfot  de  la  V^àtte  étoit  alors  grand- 
maître  de  Malte.  Dans  la  fuite ,  les 
Turcs  ayant  formé  des  entreprifes. 
fur  rifle  de  Chypre ,  .LaparelU  offdt 
fes  fervices  aux  Vénitiens  j  & 
étant  arrivé  à  Candie  .  où  toute  la 
'  flotte  Chrétienne  s'étoit  réunie  ,  il 
y  mourut  de  b  pelle  i  le  26  Oâobrc 
1570 ,  à  50  ans.  ' 

LAPIERRE,  Toy.  Mallerot  î 
<•  xvi.  Pierre  ( Corneille  de la% 

LAPORTE,   VoyeifoKTE. 

LAPPO^  VoyeiÇiQTriJno. 

LARA ,  Naïade  du  fiepve  Almon^ 

Jupiter  n'ayah£  pw  ïédiUre  Juturne  , 

fœur  de  Tumus ,  parce  que  Lara  Iç 

.  traverfoit  toujours  >  ordonna  à  Mer' 

airède  la  côndiiire"dans  les  enfers» 

MiJ 


«go        i  A  R 

Celui-ci  en  foft  épris  ,  &elleaccoii- 
cH^  de  deux'  jumeaux  |  qui  furent 
les  dieux  Lares,  [Voyei  ce  mot.]  C'eil 
la  même  que  Lanmde, 

LARAZE,  Voyci  1.  Ponce. 

LARCHANT,  (Nicolas  de  Gri- 
mouville  dç^4>rincipal  du  collège 
de  Bayeux ,  (a  patrie,  mort  en  1 7  3  6 , 
cultivoit  avec  (Uccès  la  poéfie  la-  . 
tine.  On  a  de  lui-,  en  vers  latins, 
la  Traduction  du  fameux  po«me  , 
intkulé  PhUotanus, 

LARDEAU  ,  (  Jacques  )  marin 
François ,  qui  a  bien  mérité  de  Ta 
patrie  :  Voyei  Henri  IV ,  n**  xn , 
-vers  le  commenument, 

LARDNER,  (N...)  célèbre théo- 
logien  Anglois  ,  naquit  à  Hawkuxil 
dans  le  comté  de  Kent,  l'an  1724 , 
&  mourut  pauvre  le  24  Juillet  1768, 
à  44  ans.  Sa  vie  offre  un  exemple 
de  plus ,  de  l'indigence  où  fé  trou- 
vent fouvent  les  gens  -  de  -  lettres. 
Kous  avons  de  lui  des  ouvrages 
bons  dans  leur  genre.  Le  premier 
eft  intitulé  :  La  crcdlblUU  de  IHlf- 
toîre  de  l'Evan^lc  ,  en  huit  volumes 
îh-il  ,  publiés  en  175c  ,  17^6, 
1757.  Le  fécond  a  pour  titre  :  Le 
témoignage  des  anciens  Juifs  &  Païens 
en  faveur  de  la  Religion  Chrétienne.  Il 
eft  en  4  volumes  qui  ont  paru  en 
1763, 1765  ,  1766  &  1767.  Outre 
ces  deux  ouvrages,  il  a  encore 
■  donné  au  public  VEJfal  fur  le  rédt 
de  Moyfé ,  concernant  la  création  & 
la  chute  de  l'homme,  publié  en  1 7  5  i  : 
ouvrage  fyftémadque  où  l'on  ne 
'trouve  rien  ou  prefque  rien  qui 
explique  les  véritables  difficultés  de 
laGende; 

LARES  ,-  Dieux*  domeftiques' , 
*fils  de  Mercure  &    de  la  Nymphe 
'  Lara  ou  Muta  :    quelques  auteurs 
difent  de  la*  Déeffe  Manie.  Les  an- 
ciens regardoiént  les  Dieux  Lares 

•  comqie  les  gardiènîf  &  les  protec-, 

*  teurs  des  familles  &  des  maifons  ; 
'  c'eft.pout  cela  qu'ils  étoienthcré- 

diiaires,  Le$  pOëtiss  les  .prenaeot 


t  A  R 

foi^v^nt  pour  les  maifbiis..fflêmés; 
&  les  confondent  avec  les  Dieux 
Pénates.  On  diftinguoit  plufieurs 
fortes  dé  Lares,  On  appeloît  Lares 
famUiares ,  ceux  qui  protégoient  les 
familles  :  Lares  praftltes ,  ceux  dont 
la  vigilance  s'étendoit  à  mettre  en 
sûreté  tout  ce  qu'il  y  avoit  dans  la 
iraaifon  -,  c'étoient  ceuxrci  que  l'on 
couronnoit  de  fieyrs  ,  &  «jUe  l'on 
couvroit  de  la  peau  d'un  chien; 
fouvent  aufn  on  mcttoit.  près  d'eux 
un  petit  chien  pour  lignifier  qu'ils 
étoient  les  fidelles  gardiens  de  la 
maifon  :  Lares  parvi ,  ceux  qui  ha- 
bitoient  la  campagne  &  en  proté- 
geoient  les  habitans  :  Lares  puhlîcl , 
étoient  ceux  qui  veilloient  à  la 
confervation  des  villes  &  de  l'état 
dont  ils  étoient  les  proteûeurs. 
tomme  les  Dieux  Lares^  paffoient 
âufii  pour  être  fils  de  la  déefie 
MdnUy  les  fous  s'adrefToient  parti- 
culièrement à  eux  pour  être  guéris. 
On  faifoit  des  facrifices  aux  Laret 
'dans  lès  maifons  ^  dans  les  carte- 
fours  &  dans  les  places  publiques. 
On  leur  offroit  les  prémices  des 
fieurs ,  des  fruits  ,  &  on  leur  im- 
taoloit  ordinairement  un  cochon. 

LARGE,  (le)  Voyei  Lignac. 

L ARGENTIER,  méd€cift,r<>y. 
Argentier.  ." 
^  LARGILLIERE,  (Nicolas  de) 
excellent  peintre  dan>  le  Portrait , 
naquit  à  Paris  en  Î656.  11  paià 
en  Angleterre,  où  l'on  employa 
fon  pinceau.  Le  roi  prenoit  plaifîr 
"à. le  voir  travailler  ,  étonné  de 
fon  habileté  qui  étoit  au-deiTus  de 
fa  jeuneffe.  Enfin ,  l'amour  de  la 
^patrie  follicita  LargUUsire  de  revenir 
en  France,  au  fein  de  fà  famille. 
Le  célèbre  le  Brun  lui  accorda  foa 
eftirae  &  fon  amitié  ,  &  le  fixa  en 
France ,  malgré  les  infiances  de  la 
cour  d'Angleterre  ,  qui  lui  offroit 
des  places  non  moins  honorables 
qù'avantagcufcs.  L'académie  le  reçut 
(9:^ç  peintre  d'H^oice  ^,i|  r^u^fii 


TAR 

îoit  en  effet  très-bien  dais  'ce 
genreimaisroccaficm  le  fit  tra'^^aUlér 
principalement  au  pferait.  A  Tâvé- 
iiemem<ie  Jacques  II  à  la  coitfttfahe^ 
«ï'ADgleterre  ,  LarplUere  fut  mànëé 
nommément  pouiS^trje  les  Ponraks- 
tlu  roi  &  de 'la  reiiie  V  il  fe  furpaiftf 
lui-même.  La  fortune  vint  (e  pré- 
fenter  alors  dans  fori  éclat  au  peintre 
pour  le  retemr  à  la  cour  Ai^leifc  ♦* 
mais  il  ne  fe  laiiTa  point  tenteir ,  & 
revint  encore  en  France.  Il  mourut 
à  Paris  en  1746 î  à  90  ans,  îaifiant 
iegrands  biens^  Ce  maître  peignoir  ,- 
pour  l'ordinaire  ,  de  pratique  ; 
cepen<lant  fo'n  -  defîîn  eu  correà  ^ 
&  la  nature  parfaitement  faîde.  Sa* 
touche  eft  Ubre-,  favante  &  légère-, 
fon  pinceau  moelleux  ;  fa  compo- 
fition  rkJhe  &  îngénieufe.  U  donnoit- 
une  reflemblafice  parfaite  à  fe^- 
^j  fes  mains  font  admirables  < 
&fe$  draperies  d'un  ^graiïd  j^oût; 
Rivttl  du-^Énncyx  ^gàud  ,  dans  la 
partie  q^'il  avoit  embraffée^*  il  ftjt; 
toujours  foii  ami»  Aux  talens-de 
l'illuftre  ârtiftc  ,  il  jo%n^itfles^ 
^^ernis,  de  rhonnête-hommé  &  les 
qualités  du  bon  citoyen.  Un  4e  fes' 
fi*  iffiort  en  ^742 ,  a  laiflcqu^qucs- 
Pwu  de  théâtre,  -  -   ' 

ïAROQÛE,  Fbye^  Roque.' 
LARREY , (  ïfeac  de)  né  à  Lîntot; 
près  Bolbec ,  dans.le  pâyi  dû  Caux ," 
<te  patèns  Calvimiflès  ,-eo  1638  , 
aerça  pendant  quelque  femp^  avec 
fttccès  la  profeffion  d'at^ocaft  dans 
fï  patrie.  Les  -rigueurs  qu'pn  em- 
ployoit  en  France  contre  ceux  de 
U  religion  ,  l'obligèrent  de  paffer 
en  Hollande  ,  où  fon  mérite  fut 
récompenfé  par  le  titre  d'hiterib- 
grâphe  des  Etats-gén^aiix.  L'él^ 
tsur  de  Brandebourg  l'appela  en- 
fuite  à  Berlin  ,'&.  Ty^xa  par  une 
P«ftfion.  Il  y:  moimit  le  17  Mars 
J719  »  *  80  atts\,  ayant  joui  d'une 
f^  phjs  vigourettfe  que  ne  le 
PwwJfeteôit  foft^^extérieur.  Cétcàf 
^  homme  d'iMOiprbbité  exa^«^^ 


ïélé  pour  fa  religion  -,  mais  îa  vifa- 
cicé  de  fon  efprit  rcndoit  fon  hu-^ 
meur  un  peu  i<9égale  «  &  le  portoit 
quelquefois  aux  extrémités  oppo- 
fées.  Ami  des  gens  dé  bien ,  il  fe 
déclaroit  ouvertement  contre  ceux 
qu'il  ne  croy oit  pas  tels.  Aidé 
d'une  mémoire  excelleme ,  il  s'y 
fioit  trop ,  ôcnefaifoit  pas  d'extrait» 
de  fes  lefturès  ;;  de  là  les  inexac-  ' 
tkudes  qui  fourmillent  dans  quel- 
ques-uns de  fes  écrits.  Les  plus 
connus  font  :  I.  Une  Hlfijire  d*An'^ 
gieterre^  Roterdam ,  en  4vol.  in^fol.» 
1697  à  1713  ,iclipfée  par  celle  de 
Rapîn  Toyras  ,  ^ul  Ta  été  à  fon 
tour  par  celle  de  Atone.  Cet  ouvrage, 
qu'on  ne  lit  plus  aujourd'hui ,  eue 
un  grand  fuccès'  dans  fa  naiffance. 
Lamodération  avec  laquelle  l'auteur  < 
parle  des .  qUereUes  de  religion  ,  • 
(  modération  <jm'  ne  fe  foutint  point 
dans  le  dernier  volume  )  &  la  beauté 
des  portraits ,  Servirent- à  iaire  re- 
chercher ce  Ùvre. -D'ailleurs  ,  on 
n^'^ôit  rien  on  françois  d'auffî 
complet  fur  l'Hiftoire  d'Angleterre- 
On  a  reconnu  d^is  que  Lamy 
avoit  manqué  dçf  fecours ,  &  qu'il 
a'tfvoît  pas  aiTez  foigné  ^on  ftyle. 
lU//^iH  iU  Louis-  XIV ^  1718  ,  • 
3-voî.in-4*'.&  9'V0l.in-ii:mau-  : 
yaifo  compilation  4»  Gazettes  in- 
'  fideltes  ,  '^fans  agréaient  dans  le  • 
flylé  y  d^ûfens  «xaaîtude  dans  les 
faits^  les  dates  6c  les  noms  propres. 
*  Les  trois  derniers  voUimes  font  de 
lâManmUre,  £1^  roulant  rendre 
cette  diftoire  agréable  à  la^fance  , 
il  déplut  aux  Anglois  5c  aux.  Hol- 
landois ,  qui  le  traitèrent  de  pané- 
'  gytifte  de  Zottîï  .3fi^  &  de  préva- 
ricateur de  fa  religion.  Il  fut  mo- 
'  déré  ,  &  on  le\  trtmVà'  partial  » 
•  parce  ^e  dans  fes  autres  ouvrages 
-■  il  4roir  pris  le  ton  d'un-  réfugié 
'.  m^Ntomenti  On  remaiîiqua  des  di#é- 
'  renées  effenticnes  «ntre  Larr^  écri- 
vait la  yie  de  Louis  XIF ,  &  Lamy 
écrivant  les  vies   de  Chai-lcs  11^ 

M  iij 


'1 


iSi'        Ir  A.  R 

Jacftusllti  GtùUaumc  UL  I^aplume. 
des  hiftorieos ,  au  moins  du  plus. 
grand  nombj^',  ^(Ipr^que  tpujou» 
à  vendf  Q ,  conun^  I4  mufe  de  cer« 
tains   poëtes.  .III.  /{t/^oi/v  d'A.Ur-. 
GVsTE ,  in-S**  f.  1690^  le  premier 
ouvrage  hiftorique  de  Lanty ,  &  ua 
des   plus  redierchés.  Il-  eâ   écrit 
d'un  flylc   ferme   &.  avec  vérité. 
Comme  les  faits,   qii'il    rapporte 
étoient  fort  connus ,  &  par-là  moins 
piquans  ,  il  les  a  entre -mêlés  de- 
réflexions  politiques;   &   de  def-*. 
criptions  '  des    ij^e^l^les    &    des 
mœurs  de  .L'aiicienne  Rome.  Ces 
ornement.  réndeQt.fop  livre  plus 
ii^ibuâif  &  plus  agréable.  (  Il  a: 
été    réimprimé    ay^c    l'exceUente) 
Hifioire  des  TrUim$^ir4ts  ,  .^sr  Cîtri  de 
la  Guette,  )  IV.  V.Hénùen  de  Gmetme  , . 
ou    ^ê^ffc  4'£léoiiore  ,  fitU^dt, 
Guillaume  demkr  Due'\  de  GuiemU'  ^ 
femme  de  Louis.  VU  roi  de  Fr4n» , 
in-i2  ,  1692.;  liiDroe^u  dlùAoire 
curieux,    rempli  .<d'inci'den6.  qui 
amufent  le.  le^îeut^&.. écrit-  d'unn. 
fhrle  vif  &  uR  peu  romaneique* . 
Xon  y   voit  que  cette  pvincefie* 
^     répudiée  épouià  ûQi  prince  du  feng  : 
«l'Angleterre  ,  dcpub  Hatrl  II  ^  &. 
que  ce  fiv  par  ce  mariag&.c^  les^ 
monarques  Angioi»  drvi]ireQtmaî-.<r 
tpes  de  la  Gnieâne.  Y.  Hlfl^edes, 
Sept  Sapts ,  <  tnr%  ^pol.  i«-8° ,  frfi^.  ■: 
Ceft  un   ouvri|[e .  comgÉpié  m»v- 
quement  pour  amufer  les:oHifisy& 
qû  ne  parvient  pas  toi^eoirs  à  îba  . 
hwt\  ^pioique  écrit  pafTablement.  U* 
ya  peu'dë  finefTe  dans  la  manière 
dont  les  événemens  font  amenés' 
&  liés  ;  .&  il  faut   être  «i  garde  ' 
contre  le  mélange  que  l'auteur  y 
£ixt  du  vrai  &  du  vraiTemblable' , 
ppur  rendre  fon  Ime  plus  inté- .. 
rei&nt.   Lamy  parût  atÂffi-  fur  «la- 
fcene  en  qualité  de  comrovô^^  a 
Il  donna,  tn-i^o^i  unemauvaifià'.i 
IRiponfe  à  l'Xvv  iww  Méfi^  »  ré«8fc  . 
primée  à  Roudn  ^  in-i2\  ijij^  ^  / 
^7n^    .     -       .:--.-:  ; 


L  ^R 

I.  LARi^OQV£ ,  (  Matthieu  de) 
né  à  I^ac  pr^  d'Agen  en  16 19» 
de  parens  Ca^iniâes,  prêcha  à 
Chareitton..  avtc  applaudiiTement* 
La  dttchefle  de  U  Trimouille  l'ayant 
entendu ,  le  chôiût  pour  fon  lai* 
miilre  à  Vio-é  ^f  n  Bretagne.  Après 
avoir  £ervi  cette  églife  pendant  27 
ans,  il  alla  exercer  le  n^iniflere  à 
Rouen,  &  mourut  le  ^3I  Janvier 
1684  à  65  ans.  C'étoit-un  grand 
&  rigide  obfêrvateur  de  la  morale* 
U  ne  fe  contentoit  pas  de  k  pra* 
tiquer }  il  tonnoit  en  chaire  contre 
ceux  qui  s'en  éloignoient.  Tous  les 
acôdens  de  la  vie  le  trouvèrent 
terme  &  inébranlable  Ses  princi- 
paux ouvrages  font  :  L  Une  Hiftotre 
de^  rEuchariJUy  ,(  Elievir)  1669  , 
ifl-4^ ,  &  1671 ,  in-8®  ;  ^eine  <le 
recherches  curieufes  5  mais--c*eû, 
d'ailleurs,  l'un  des  «crits  lis  pi«s 
fgiblçs  ^^e  les  Proteftaa^  aient 
publiés» cpntre  ce  my/lere.>.II.  Rî*' 
po^ft.  AU'  D^re  de  Mi  fe-M«mft ,  Di 
la-  Cfmmunlon,  fùuf  les  dêOtc  effùts^ 

^6$3,.i»-ï2.  IlI..UaTfiw«/iirAt 
l^alu^.  iVsDeux  favantes:X>;/«rt»^ 
/M»{kx,iatine$  fur.PAvAÎv  ^JUk^m.  V< 
Phifieurs  autres  Ecms-ÀetÇpmroverft^ 
eflimés  dans  fon  pani>v    .    \ 

IL-I»ARROQt;Ë,  {  Dafiiel  dé  ) 
ftbs.ilii  précédent ,  fté  ^  Vitré  »  auiS 
(^vam  "  q»e  iofv  percfj,  nais  éai- 
v^ain moins.  foÙiie » quloà  ^France 
apfès  la  révocation  de  Tédit  de  Nan- 
tes^. paiSi.  à  Londres  ,  de-  là  à  Co- 
pefihague ,  enfuite/  à  .  Âmi):erdam  « 
&  enfin  revint  à  Paris  pour  em- 
braifer  la  religion  Catliolique.  Va 
Ecrit  fatirique  contre  Louis  XIV  ^ 
(  àl'occafiotn  de  la  ^irie  de  169  3 ,  ) 
auqud  il  avojt  eu  :p9iU  le  fît  en- 
fermer aM  Qiâtektj  d'où  il  iîit 
transféré  au .  château  de  jS^umur. 
EtQAt  ibrti  <cipq  ^^sr  après  -de  û 
pnfoiï ,  il  obtint  un  'po£ie  dans  le 
buxfeav'  des  afifiûres  étrangères  -,  & 
unin.fi^énûon  de  4P00:  livtea  <lans 
i9«t«^p»  d^  1%  Rég«Qise<?  Il  tm>urut 


L  A  S 

le  f  Septembre  1731,  à  ^o  anftt 
regardé  cpmpie  un  homme  poli  & 
aia^éajvain  ^ez  mçdiocre. .  On  a  de 
laï  :  I.  FÀtf  <^«  i'impqfteur  Mahomet ,. 
ti-adi^ce  de  ^anglois  du  faytnt 
Prldsaux  ^ish-ix,  U.  Deux  mauvais^ 
Eomans  fadriques  :  l'un  fous,  le 
titre  de  Vérhablçs^  motifs  ^  de  la  con^ 
yo^n  de  Rancé^  abbé  de  la  Trap« 
pe,  1685 ,  in-ia;  l'autre  fous  celui 
4e  yU  deMeierM  VHlfiorUny  in-io. 
L'auteur  étoit  jeune,  dit.  l'abbé 
à'OIivet^  lorfqu'U  fit  ce  dernier  ou- 
vrée; mai^  Vétoit-il  lorfqu'il  i« 
publia  en  ^7_>6^  III.  TraduBion  ik 
ilHlfitHre  Romaine  d'Mchard^  retou* 
chée  &  publiée  par  l'abbé  dot  Fon- 
taines: [  Voyei  ce.  mot.  ]  iV..  Avis 
aux  RLjuph  y  in-  Il ,,  1690.  On  crut 
dans  «oute  la .  Hollande  que  Baylt 
étoit  l'auteur  de  ce  livre ,  qucnquip 
ce  fut  Z«im»^«e  >  fuivant  Talsbé  d'O^ 
ZtVtt,  U  fit , .  dit-oi% ,  cet  ouvrage 
pQur^eiîgag^,i'<B$  &eres  perfécutés 
à  garder  le  filencc  contre  les  per- 
fécuteurîî  $c  à  n^  pas.  mettre  d'obda- 
clés  par  leurs  dédauiations  à  leur 
iietotu-  en  France^  Cet  ^^vic  ,  judv» 
cieux  àplufieurs'égsfd$,'d^lut  aux 
ckux  partis.  V.  -  Il  travailla  aux 

pendant  tme-^maladie  da-MayU^  .: 
LASCA.,J^p^«(Qrazzini.  :  » 
I.  LASCARIS»  (XhéadoKe) 
d'une  anci^^ne  famille  Grecque, 
pa{|à  danslaNatolie,  aprè&la.pfife 
de  Conôantinople  par  leS'.Lstfias:^ 
&  siy  ût  r^çonnoitre  defpotew  L'eni/9 
pire  Gsr^c  étoit  déchiré  èe.  toutes 
parts-,  il  profia  de  l'état  de  foi* 
bleffe  où  il  étoit ,  pour  fe.feire  dé* 
clarer  empereur  à  Nicée  en  iao6. 
Il  foutint  une  guerre  opiniâtre  cof^ 
tre  l'empereur  Henri ,  &  combat 
9veç  ipyancage  les  François  établis 
dans  V  Orient*  Mais  ayantj  ép^wfe 
Mark  ^.fillg  de  Robert  de  Cotutenal^ 
il  vécut  pendant  quelque  ;:emps. en 
paix.  Il  avoit  auffi  tourné  fes  ar- 
ènes cQotre  le  Sul^n  dljcpngi  %m 


CAS?         r8t 

tteît  -venu  afliéger  Antioché  fur  le; 
Méandre i  ilattaqttafon  armée,  & 
l)|i  ôta  la  yid^oire  {k.  là  vie«  Apre» 
avoir  donné  diverfes  preuves  d$ 
valeur,  il  mourut  en  1211  dans  f«h 
46 '^  année.  Cétoit  un  grand  prince., 
qui  retarda  par  fon  courjage  ôc  fa» 
ptïidence  la  chuce  de  l'empiré  d'Or 
rient...  Jean  Dhcos  Fouace ,  fon  fuc-r 
ceiTeUr  &  fon  gendre  i  eut  un  fils  ^^ 
npmmé  a^^  Thdodqrt  L4$ç^fiJs^^ 
Ce  dernia:  régn^  à  Nicée  depuis. 
1235  jufqi*;ep:j.^59.«  C'eprince com-f 
battit  avec  fuccès  le  roi  des  Bul*v 
gjare»,  &.fe  fitaaindre  des.  peu- 
ples qui  r^e&vironnoient.  J^es  acctsr 
fréquens  d'épilepf^^  le  ietereq;  dan^ 
«ne  maladie.de  langueur.  Comme 
fe  dfrniçrs  momens:  approchoient^ 
il  fe  revêtit,  fuivant  l'ufage  du, 
temps,  d'an  .haî«ï".d«  moine,  & 
iBOurutàgéde  36  ans.  Ses  talens^ 
militaires ,  fa  gé^roûté  ,  ,1a.  prQi 
léâi^n  qu'il  ^ccordaaux  favansy 
êaïQtit  balantés  par.  l'ii^pétuofit^ 
dç  fon  caraûere.  Il  devint  foup-f 
çonneux  .&  gruel ,  .fia^-ïÇut  enver§ 
le»  feigneurs  de. fa.  cour»  U. avoit 
^oufé  Hélène,  fille  d'.<^ian  roi^ç 
Bulg^e ,  laquelle, lui  donna  un  fil^ 
nommé  J^an  JLds CARIS  %  Voy,  Jean  , 
P^  ni,  , 

,  IL  LASCARIS ,  (•  An4ré-:Jean  ) 
dit  i^>rii4^«n£,. de. la ;9»ème famille 
que  le. précédent,  pailà  en  Italie 
l'an  JL45  3 ,  après  la  prife  de  Conf- 
tantinopje,  La  Grèce  étpit  devenu^ 
la  .proie  .des  Ottomans  &  le  féjous 
4e  la  barb^ie.:La  mai/bn  de  Laureni 
4e  MédlcUy  l'afiie  des  gens-de^ 
lettres ,  fut  celui  de  i^carls,  Qj 
fcâ^eur  FloreKtm ,  occupé  alors  à 
former  fa  vaûe  tiiblipthçque,  l'en^ 
iVoya  deux  ibis  à  Conifantinéple 
|ipu!r,<her4*er  dçs  manufcrits  Grecs* 
A  fon  retour,  Louis  XII  l'appela 
4  Paris ,  ^l'envoya  à  Venife  com* 
me  ambafiadeur  *,  fonâion  à  laquelle 
il  étoit  moins  prçpre,  qu'à  celle 
.de  bibliothécaire*. .  Quelqi^  temp» 

M  iy 


184         t  A  s 

«près,  le  cardiflitd  de  MéJUb  ajmt 
cté  élevé  au  pontificat  fous  le  nom  ^ 
de  Léon  X;  LafcarU ^  fon  ancien' 
ami,  pafla  à  Rome,  &  obtint  <ie 
ce  pontife  la  direâion  d'un  collège 
des  Grecs»  Il  mourut  de  la  goutte 
^  1535  «  3S^  d'environ  90  ans. 
On  imprima  à  Bàle  en  1537,  & 
«  Paris ,  1 1^  44 ,  in'4° ,  quelques  Epi- 
grammes  de  Laf&trîs  en  grec  &  en 
latin  :  car  il  poiTédoit  parfaitement 
ces-  deux  langues»  Son  ftyle  a  de 
la  vivacité  &  de  Tharmonie.  Une 
fies  grandes  obligations  qu'on  lui  a , 
c'eft  d'avoir  apporté  en  Europe  la. 
plupart  des  beaux  manuscrits  Grecs 
^e  nous  y  vt>yons.  C'eft  par 
fon  confeil  &  celui  de  Budî ,  que 
la  bibliothèque  de  François  I  fiir 
drefTée. 

m.  LA5CARIS,  (  Conflantîn) 
iquitta  Conibntinople  fa  patrie*  en 
,14c  5 ,  lorfque  les  Turcs  s'en  fii- 
rent  rendus  maîtres ,  &  fe  réfugia 
en  Italie ,  où  fe^  talens  reçurem 
l'accueil  qu'ils  méritoient.  Il  enfei- 
gna  les  belles-lettres  à  Milan,  en- 
fitite  à  N^les ,  &  enfin  à  Meffine.' 
De  fon  école  fortirent  Bembo  & 
^'autres  hommes  illullres.  Il  laiilâ 
ia  bibliothèque  au  fénat  de  Mef- 
&ie,  qui  l'avoit  honoré  du  droit 
^e  bourgeoifie  en  1465  ,  &  qui  lui 
£t  élever  tm  tombeau  de  marbre* 
On  a  de  lui  une  Grammaire  Grecque^ 
en  grec  feulement ,  Milan ,  1476 , 
în-4**.  C'eft  la  première  produ£tion 
jgrecque'de  l'imprimerie;  elle  a  été 
réimprimée  avec  quelques  autres 
Traités  de   Grammaire  y   à   Venii^ , 

5537,  in^4^ 

LAS-CASAS,  (  Barthelemi  de  ) 
Voyei  Casas. 

LASCENE  ou  Lasena  ,  (  Pierre  ) 
«vocat  de  Naples ,  originaire'  de 
Normandie ,  habile  dans  les  belles- 
lettres  &  dans  la  Jurifpf  udence ,  mou- 
TÎit  à  Rome  le  10  Août  1^36 ,  à  46 
ans.  On  a  de  lui  :  ï.  Nepenthes  Hù'- 
nuri,  feu  Ve  ahoUndo  iuSu^  Lugd, 


LAS 

t6l4,  ttl-8°.  IL  Cleomhroms,  ûvë 
Dt  Us  qui  in  aquîs  pereunt ,  Rom»  , 
1637 ,  in-S**.  III.  DdCanùco  G'mna" 
fio  i^apoletano ,  Napoli ,  i688,ia-4». 
LASCUS,  ou  Lasco,  (}ean) 
jniniftre  Proteftant  d'une  Camille 
illuftre  de  Pologne,  travailla  d'a- 
bocd  en  Angleterre.  Banni  de  ce 
pays  par  la  reine  Marie ,  il  fe  ré&tgia 
a  Francfort  fur  le  Mein.,  où  il 
mounu  en  I  j  60 ,  après  avoir  eflîiyé 
beaucoup  de  perfécutions  de  la  part 
des  Luthériens.  Ses  principaux  ou- 
vrages font  :  L  Trdîatus  de  Sacra- 
mentis ,  Londini ,  I  ç  5  2 ,  in-8°.  *  IL 
Forma  Minîjhm  in  peregrinortun  Ec-^ 
eUfiâ  inftltutâ  Londini  anno  fj^Oy-per 
Edwardum.f^I,  in-S'',    - 

LA-SERRE,  Koy«^  Serre. 

LASNE,  (  Michel  )  ^effinateur  & 
^vcur,  natif  de  C&ai,  mort  ea 
1667 ,  âgé  de  72  ans ,  a  donné  quel- 
ques planches  au  burin ,  d  après  Ra^ 
phaëly  Paul  Veronefe^  Jo/epin^  Ru'm 
bens,  Anmhdl' Carraeke  ^  Vouet^  le 
Brun ,  &  d'autres.  Il  a  aUffi  fait  beau- 
coup de  morceaux  de  génie,  dans 
lèfquels  on  admire  fon  talent  pour 
exprimer  les  paflîons.  Ce  maître 
avoit-un  '  caraâere  gai ,  qui  lui  ûv 
couler ,  au  feiri  de  l'amitié  &  de  la 
joie,  une  vie  douce'  &.  agréable^ 
Cétoit  le  vin  qui  échauifoit  pour 
l'ordinaire  fa  veine. 

LASIUS,  /^oy^'Lifitius. 

LASSENIUS ,  (Jean)  né  l'an  1636 
à  Waldan  en  Poméranie ,  voyagea , 
avec  un  jeune  feigneur  deDanàg« 
en  Hollande,  en  France,  en  An-» 
gleterre,  en  Ecofie  &  en  Irlande, 
Ces  voyages  ne  furent  pas  infruc- 
rueux.  Il  vifita  les  bibliothèques  , 
&  les  favans  les  plus  diftingués 
de  ce  pays ,  avec  lèfquels  il  forma 
^es  liaifons.  Etant  à  Nuremberg , 
fl  fe  fit  des  ennemi* ,  en  publiant 
4in  ouvrage  imimlé:  Ctjfficum' hells 
'Turcici  contre  deux  Jéfuites ,  le* 
PP.  Ottcn  d'Ausbourg  &  Neukaufe/t 
d0  Râtisbonne  <  &  contre  le  dosent 


LAS" 

^b;^.  On  Tcnleva  iecrétemetft,  8c 
x>n  Vtaknùa  dans  une  prilon  en 
Hongrie ,  oùnl  eut  beaucoup  à  fouf- 
fnr.  Ayant  obtenu  fa  liberté  /  il  fut 
nominé  padeur  de  divferfes'églifes 
Luthériennes  en  Allemagne,  puis 
profeâeur  de  théologie  à  Copen- 
hague, où  il  mourut  en  1692,  à 
j6  ans.  U  a  laiflé  un  grand  nom- 
bre d'ouvrages  en  allemand. 

I.  LASSUS  ou  La9Vs;  poète 
Dithyrambique,  né  à  Hermione 
dans  le  Péloponefe  l'im  foo  avant 
Jcfus-Chriil ,  l'un  des  fept  Sages  de 
la  Grèce  après  la  mort  de  JP/rtau- 
dire,  (ut  fort  applaudi  de  fon  temps , 
&  n'eft  connu  aujourd'lnii  ^e  par 
fil  réponfe  à  un  homme  qni  lui  de- 
mandoit:  Ce  qui  étoiv  U  fiu»^  capa- 
hie  de  ttndre  U  vUfàp?,,,  Vexpé-. 
rience, 

II.  LASSUS ,  (  Orknd)  célèbre 
muficien  du  xvi®  fiede ,  né  à  Ber- 
gtt  en  if%o  &  mort  à  Mutôch  en 
X594,  à  74  ans,  étoit  le  premier 
homme  de  Ton  art ,  dans  un  temps 
où  la  muiique  n'étoitpas  ceàu'eUe 
ell  aujourd'hui.  11  fit  briller  les  ta- 
kns  dans  les  cours  de  Ft«noe ,  d'An- 
gleterre, de  Bavière,  &c.  On  a  de 
lui  un  grand  nombre  de  pièces  de 
mufique  fur  des  fujets  iâcrés  &  pro- 
fanes :  Thêotrum  mttfiiaan  ;  Patroa- 
lium  Mufarum  ;  Motetarum  â*  Madrî' 
pdtum  iibrly  JJher  Mijjarum ,  8cc.  Ses 
contemporains  le  vantèrent  comme 
la  merveille  de  fon  iiecle ,  &  le  mi- 
Knt  au-deiTus  &*  Orphée  8c  é*jfmphhn. 
Un  mauvais  poëte  die  de  lui  : 

Hic  ilze  Orlàndus,  lassvm 
oui  recreat  orbem. 

Un  autre  rimeur  lui  fit  cette  fin- 
guliere  Epitaphe  : 

Etant  enfant ,  j'at  ehanié  ie  deffus  ; 
Adoltfceni  ,  j*aI  fuît  U  <»ntre^taîlle  ; 
HomMi parfait,  j* ai  réfùnné  la  taille: 
Hais  maintenant  je  ftâs  mis  au  haf* 
■  fu,. 
tfit,  Ptjf-int ,  }««  Pefpiitfitk  Urfasi 


ITA  S         iSv 

:  LASTIC,'  (  Jean  de)  grand-raai-  ' 
tre  de~iy>rdre  de  Sain^Jeahdè  Jéru- 
falem,   étoit  grand -pneur  d'Au- 
vtKrgne>  lorsqu'il  fut  élu  à  lUiodes- 
quoique  abfent.  Ce  fiit  le  6  Novem- 
bre 1437^  On  donne  le  nom  de  ^ 
Grand'Maîtrâ  â  tous  fes  prédécef-  ' 
fears  ^  mais  il  efl  confhnt  que  ce 
fut  La/iic  qui  porta  le  premier  ce 
titre  dans  l'ordre.   Il    étoit  d'une 
famille  diflinguée  d'Auvergne,  & 
il-  s'étoit  fignalé  de  bonne  heure 
par  fa  valeur  &  fa  prudence.  Le 
Soudan   d'Egypte    fe   difpofoit  à 
faire  le  fiege  de,  Rhodes ,  lorfqu'il  * 
fiit  élevé  au  magifbre.  JU/fcV,  crai- 
gnant l'exécution  de   ce    projet,  ^ 
fit  une  ligue  avec    l'empereur   de 
Conftaminople  contre  les  Infidel- 
les ,  &  fortifia  foutes  les  places  de  ' 
l'ifle.   Au   commencement   d'Août  * 
1444,  le  Soudan  parut  à  la  vue  ' 
de  Rhodes ,  avec  une  flotte  com- 
poféé  de  dix-huit  mille  combattans. 
Mais  après  pluiieurs  aiTauts  foute- 
nus  courageufement  par  le  grand** 
maître  &  fes  chevaliers  ,  les  Bar- 
bares forent  contraints  de  lever  le 
fiege.  Qiielqtte  temps  après ,  Là^c 
fy  avec  Amuréb  un  traité  de  paix , 
qn'U  renouvda  en  1450  avec  Af^-  * 
homtt  U,  Ce  dernier  prince  fidgnit 
d'abord  de  vouloir  bien  vivre  avec 
les  Latins  &•  les  Grecs;  mais  coiHmt,  ' 
la  conquête  de  Conflantinople  étoit 
lé  grand  objet  de  fon  ambition , 
il  affîégea  cette  capitale  de  l'empire 
en   I4f  3 ,   &  s'en  rendit  maître. 
Sept  mois  après  la  prife  de  cette 
ville ,  Mahomet  envoya  une  amhaf- 
fdde  à  Rhodes ,   pour  demander  à  * 
l'ordre  un  tribut  annuel   de  deux 
mille  écus.  Le  grand-maître,    in- 
digné d'une  telle  demande ,  répon-  ' 
dit,  qU'7   ne  fouffnroit  jamais   que 
fes  Chevaliers  fuffent  tributaires  d*un 
En^erèitr  Turc,  Le  Sultan  ayant  me- 
nacé ,  fi  l'on  reftifoit  ce  qu'il  de-  ■ 
mandoit ,  -de  porter  £ss  armes  vie- 
torieufes  dans  Rhodes ,  Lafiic  tra- 


m        LA'T? 

va^lla.  avec  ardeur  à  meffte  cette 
iÛc  en  état  de  défenfe;  Il  vft^pra 
le  (ecoiirs  des  princes  Chrétiens , 
&;  fu£>tout  de  CharUs  yjl^  ^oi  de 
France.  Mais,  tandis  qu^U»'oociip<Mt  > 
avec  tant  de  zèle  a  éire  triompher 
Iqxl  ordre,  il  fut  attaq^ié  d'une  ma- 
ladie qui  termina  fes  j(Hu:s  ea  145  4. 
Il  mourut  accablé  id'annéest  Après 
avoir  tenu  le  gouvernai  (  dit  Tabbé 
de  Fenot  )  dans  de$  temps  difficile» 
^  o^geux ,  avec  autant  de  fa- 
gei&  que  de  fermeté....  De  la  même 
famille  étoit  Louis  de  Las  tiç  ,  grand* 
prieur  d'Auvergne  »  qui  acquit  beau« 
coup  de  gloire  en  France  dans  le^ 
guerres  contre  les  CalviniAes.  LorP 
que  Malte  fut  afiîégée  par  les  Turcs  ' 
en  1565 ,  fous  lemagiûere-  étJtim  • 
4ç  la  ,  VaUuc  ,  il  ^ut  dçput^  au 
vice-roi  de  Sicile^  pour  feUiciter 
des  troupes.  Ce  gouverneur  j  hom- 
me, fier  &  hautain ,  fe  plaignit  de 
ce  que  les  chevaliers  ne  le  trai- 
tQient.pas  ^Exc€lUfUA,.laJilclvÀ.xé- 
pondit  :  Pourvu  que  -  nous  arrivions'- 
à  ,MiUtt-  ajfei  à  temps  po^r/^ifpurir  la 
RiU^ÎQU  »  je  vous  truiterai  4iv<€  plaijïr 
^'Excellence,  <f'Alteffe^.  è  M»e ,  fi 
vous  voulci,  de  Majefté.1»  Le  vice-  , 
rçi  fburit  à, cette  réponfei.&  après 
bien  des  obôacles  &  des  irréfolu-^ 
49f^»  m^^  ^^M<{  vainquit)  il  ame- 
lut  un  recours  conâdérable.  La  mai- 
ion.  de  LafilCy  l'une  des. plus  diiHn- 
guées.  parmi  la  première  nobleiTe 
d'Auvergne ,  a  produit  d'ai^tres  pet- 
fonnes  illuflres ,  qui  ont  fait  hon- 
neur à  l'églife  &  à  la  patrie ,  foit 
«lans  le  clergé ,  foit  dans  l'état  mi- 
litaire. 

LATAILLE ,  Voy^x  Taille. 
.  LATERANUS  ,  f  Flauùus  )  fiit 
4éilgné  conful  l'an  65  de  L  C. 
Avant  de  prendre  ppiToffion  de  fon 
confulat ,  il  fut  tué  par  ordre  de 
IÇéron,  pour  être.entrçdaîis  ,1a  con- 
juration de  Pi/on  contre-  ce  prince. 
^aphrodite  ,  affranchi   de   Néron,, 

tâcha,  vaJneAiemdf  t^tt  ^  ^^ 


r  AT 

ranvf.  quelques  circouflatrces  Aif  Î0 
c^njuraiion.  Ce  fénateur  ne  révéla 
rien  „  jSk  fe-  contenta  de  dire  à  cet. 
e^lave  \,Si  jai  quelque  cho/e  à  dire  * 
js  le  dîtai  À  -¥otm  Maître*  On  le  con- . 
duiiât  au  Tupplice ,  (ans  lui  avoir, 
donné  Jeiemps  d'embfafler  fes  en* 
fans  ;  .&  .ce  ^t  en  ces  derniers  mo- . 
mfôis  q«e  fa  confbince  parut  dansx 
toute  fon  ^étendue.  Quoique  letri-^ 
bq^  qui  a^Xok  lui  trancher.  1»  tête 
fùtiui-méihede  fa  confpifation  ^  il 
ne  daignarPisi^if^ire  le  v&oindre 
reproche»  &le  premier  coup^ qu'il 
en  reçut  nlayant  fait  que  le  bleffer  . 
il  fecoua  Ic^ement  la  tête ,  &  li- 
tendit  eofuittf.avec  autant  de  fer- 
meté <{u'aiipaniyacit.  C'eilde  PAiw- 
tius'  ^Lauratmx  ,;que  le  célèbre  paiim 
diç  latScan  a  tiré  fon  nom  i  car  c'é- 
toit  autrefois  la  maifon  qu'habi- 
toient  ceux  de*  cette  famille»  Les 
auteuDS  eetntemporains  lamettoient- 
au  nombre  des  plus  magnifiques  de 
Rome.     ^.  .    . .  . 

LAXHBEB),  (  Jean  )  Cordeliep 
Anglots  du  ;3$y^  iiccle ,  dont  on  ji 
de»  iCommentaires  cflimés  fur  les» 
Efentâpes^  fut  JérémU.,  &  fur  \t$ 
ji^M  des  ApâtrcK  ■ 

I.  LATINUS ,  rpi  des  Laurentina 
Aborigènes- dans  l'ancien  Latium, 
évbiti  fils  de  Faune  &  de  Marica  ^ 
&  commença  à  régner  vers  l'azt 
123 9, avant  J.  C.  Il  eut  é*^mat9 
fbeur  de  Daunus  roi  des  Rutules  ^ 
une  fille  appelée  Lavinie ,  que  l'o- 
racle lui  ordonna  de  marier  à  uo 
prince  étranger.  Il  la  donna  en  effet 
à  Enée ,  qui  étoit  forti  de  Troie 
pour  s'établir  en. Italie.  Tumus  rot 
des  Rutules ,  à  qui  la  princeiTe  avoit 
été  prbmiie  j'en  fut  fi  irrité  ,  qu'il 
déclara  la  'guerre  au  prince  Troycn 
&  au  rpi  Laûnus,  Cette  guerre  fiùt 
le  fujet  des  iix  derniers  livres  de. 
l'Enéide.  La  vi^oire  s'ctant  déda^ 
rée  pour  fnéc ,  il  bâtit  une  vill« 
du  nom  de  Lavinie  fille  de  J^nu^ 
Sttdhçnxfpvi^  ^ue  }e  roi  d^-  A^<>: 


L  A  t     ^ 

ngenes  ayant  été  tué  dans  une  fe« 
coade  bataille  contré  les  Rutules , 
£aée  les  vainquit  à.fon  tour  ,  & 
le$.fubjuga  entièrement.  Lorfqu'il' 
fut  paifible  poffeffeuf  du  royaume, 
il  changea  le  nom  des  Aborigènes 
«m  celui  de  Latins.  Pic/fyx  d*HaIy- 
carnaffe  rapporte  la  même  <;hoie  fur 
l'origine  de  ces  peuples  ,  excepté 
qu'il  dit  ^  que  le  roi  de  la  nation 
donna  le  nom  de  X4atîns  auxAbo- 
r%enes.      • 

IL  LATINUS  Pacatus  DtŒ^ 
PANivs  ,  orateur  Latin ,  né  à  Dré^ 
pane  dans  TAquitatne  ,  dont  nous 
avons  un  Panégyrique  de  Théodofe 
U  Grand ,  prononcé  devant  ce  prin- 
ce en  389 ,  après  la  déËùte  duL  tyran' 
Maxme,  Il  y  en  a  une  écUdon  dé 
^651,-  in-ft'*  -,  &  on  letfc'ouve  dans 
les  Paneg,  veteres  ,  1677 ,  inr*4V 
.  Cet  orateur  n'étoit  pas  fans  mé- 
rite, n  SU  n'a  point ,  dit  Thomas  , 
^»  cet  agrément  que  donnent  le  goût 
'  >»  &  la  pureté  du  ftylè  j  il  a  fou- 
I  K  vent  de  '  Hm&gînation.  &  de  la 
)>  force.  Son  éloquence.en  générât 
«%  ne  nienque  nr  de  précifion ,  ni 
^  de  r£q>idicé.  Au  rdle  ;  tlans  fà 
I  »'  manière  d'écrire  il  reffemble  plus 
^i^Séne<pte  &  3:>PHne,  x[U?ir'C/«w 
\  foff.*  Quelquefois  même  it  a  des 
>*-  tourt  &  «un  pQVL  de  la.'  manière 
«  de  Tacite,  Ses  e?£iw«ffioiis  ont  alors 
^^qadque  cho&  de  hardi ,  de  va- 
«>-gae  îc  de  profond  qui  ne  déplaît 

HL  LATINUS-LATimUS ,  où 
LàTiNO-LATiNi,  commt  l'appelle 
le  P.  Niceran ,  vit  le  jour  à  Viter-. 
been  15 13-  Il  fut  employé  à  la 
correÛiôn   du    Décret  de   Graûen^ 

i      &mourut  à  Rome  en  1593  /après 
avoir  publié  des  ternaires '>&;  des  i 
corrreftions    fur   Teradlim"  -^   fur 
pkilietiGS  autces  écrivains,»    &  unei - 
fayantc  compilation  fous^  le  titre 

'  ^Ç  Bîblloihua  facru  &frofana:,  Ce 
recueil  d*obfovationsv  de  correc-' 
ti^ns  ^  de  vartastt^ ,  de  conjeâures  ,  1 . 


t  A  T        V«7 

fut  nnpnttèà  Rome  en  1.^67,  paf 
les  foins  de  Dominique  Macri^  qvA. 
l'eivlchic  de  la  Vie  de  l'AtiieUf; 
On  a  ztaxBè  cehn-^ ,  ùni$  trop  dé 
raift>h ,  é'àvoir  Supprimé  l&  piéeet 
des  anciens'  qui  ne  s'accOrdoiént 
pas  avec"'  fes*  fentimens.  Certains 
anteurs  Pr'ètcftans  qui  le  traitent 
d&^Cùhupàarde  l^amiqulté ,  avoienè 
leurs*  raifiïïtt  poMr  lui  Éfftiû&  i^ 
thre  LaxSnta  avoir  été  fecrétaifâ 
ëe  phifieùrs.  iiaitàxtmùi,'  Jt^t-l^fi 
Y^péHérPfàblJitmts  finex ,  &  omni 
titttrarum  génère  injiruptijfmuti  QUoî^ 
qtfil  eùtime  âmé  trè*-délicate ,'  if 
la  ménagea  fi  bien,  quil  poM'a-â 
carrière  jfufqu'à  80  ans.  Il  étoit  tt'ès- 
wsadHé  atac  intérêts  de  k  eouy  é4 
Rome,  il:  mourut  dans  cette  ville 
lirat  J3nvi€r  1593  ,  à '80  ans. 

h  LATOMUS ,  (  Jacques  )  ù^  ' 
vanr  théologien  fcol^qne  y  Àé  à 
Cambron  dans  le^  Hainma:,  étoit 
dôé^eur  d^rLouvam  &  chanoine 
de  Sâinv«Pierre  de  la  ttiètKè  vffîe: 
Il  écrivit  contre  LtoHer ,  &  fiw  Turf 
des  mevlièitr»  icontroverMes  de  foft 
tem]^$.'It"ni)onr«  en  1^44.  Te\xi 
hà  OiFVï^^  ftirtUt  re<nielàis  âî 
d«ifnéff'afr 'pnblte  en  1550,  in-folî 

//;  LATOMUS,  (  Barthêtanî') 
profeffetir  en  langue  &  en  éloquent 
ce  Latinb,  natif .  d'Arlon ,  dan^  lé 
duch^  du  l^uxembourg ,  profeffsr 
r^oquence  ^u*  collège  royal  d^ 
Paris  &  moufuc  à'  Cobleftts  vefst 
^566,  à  80'  an$.  On  a  de  lui  des 
Notes-Ùxt  Ûhèrôft,  fur  Tiftnce^  &c...- 
(dans  l'édittMi  de  Jean'Opbrin\' 
Bàîe,  iyif3S  in-fol.  )  &  quelques 
Trâàés  de  Càfttfovirfe  contre  les  Vrb- 
tcôans  y  iw-àf*.,  • 

LATONB.,  fille  de  Cm  8t  de 
Umbir  Comtme  J^upiur  l'annoit ,  /«- 
ne»  par  Jà^oufie  «la  fit  poùrfuiVre- 
par-  te-ierpenr Py*ftdn ;  &  pendant' 
toute  fa^gW)lfeflfe, -cette  infortunée* 
erfJT  As  cdisé  &  d'autre.  Deï  payfans  ' 
luir^ant:  refuféde  Feau  pouriétan-  . 
ch«r'  'ûk..^if ,  M  rayant  accablé*  \ 


'j88        LÀT 

«l'injures,  ils  furent  méfafaiorplKV- 
tés  en  grenouilles.  Enfin,  Neptunt 
par  pitié  fit  paroitre  l'i^e  de  Délos 
au  milieu  des  eaux  »  ou  elle  alla  fe 
réfiigier ,  &  y  accoucha  -^AppUon  êc 
de  Diéfu, 

LATOUCHE,  roye{  TÔUCM. 

L  ATT  AIGNANT,  (Gabriel- 
Charles  de  )  chanoine  éé  Reims, 
étoit  d'une  Camille  de  fobe  de  Pa« 
ris.  Il  cultiva  la  littérature  «  dont 
il  ne  prit  que  la  fleur ,  &  s'attacha 
à  la  poéfie  légère.  Il  éiîToit  lés  dé-» 
lices' d'un  repas ,  par  ûi  Êicilité  à 
compofer  &  à  chanter  des  couplets , 
^{uelquefois  iolis,  d'autre  fois  mé- 
fliocres,  mats  toujours  agréables 
pour  les  perfonnes  qui  en  étoiest 
l'occaâon  ou  fe  fujet.  On  aiecttciUi 
Tes  Poéfies  en  4  vol.  in^-iiy  &  oii 
a  donné  après  fa  mort  fes  Chanfons  - 


L  A  V 

ûetdma  :  Ego  fluvlus Dots  terrât  't 

Ego  gliia.,.  Il  a  faitauili  quelques 
Traités  depoliôque,  qui  ne  valent 
pas  mieux  que  fes  Traités  Géolo- 
giques, yoyt^  LaUX). 

LAVAGNE^  Voy.TizsQpiE^ 
L  LAVAL ,  (  Gilles  de  )  felgneur 
de  Retz ,  marcdial  de  France,  d'une 
nurïfon  de  Bretagne ,  féconde  en 
hommes  illuftres ,  fe  fignala  'par 
ibn  courage  fous  0uiries  VI  &ûnis 
ChapUt  VIL  II  contribua  beaucoup 
à  chafler  \ti  Anglois  de  la  France. 
Les  fervi^es.  qu'il  rendit  à  fa  patrie 
l'auroient  immortalifé  ,  s'il  ne'  les- 
avoit  pas  ternis  p^  des  meurtres , 
des  impiétés:  &  des  débauches  effré- 
nées. S'étant  rendu  coupable  envers 
Jean  VI ^  duc  de  Bretagne,  il  fut 
condamné  le  23  Décembre  1440  ^ 
aprèft  un»  longue  procédure ,  à  être" 


&  £is  autres   (Eurrcs  pofthumes,  St^S^ûlé  vi£  dans  la  prairie  de  Nantes, 
l'on  excepte  une  vingtaine  de  Ma^^    U^  Italien  ,  complice  de  fés  abo- 


drigaux  ou  de  Chanfojis^  les  opuf- 
^es  poétiques  de  l'abbé  lAUtaipta^ 
€ont  en  général  lâches  ^^fbible^; 
quelques-wis  même  font  avilis  par 
tme  bigarrure  bizarre  de  tenue»  nd- 
blés  &  bas ,  &  par  une  £umliarité 
fouvent  triviale  :  mais  on  ne  peut 
lui  reprocher,  comme  à  tant  d'au- 
tres verûÂcateurs  de  -nos  jours , 
l!afféterie  du  {l3ile ,  le  néologifme , 
&  le  jargon  précieux  €c  maniéré. 
LIabbé  M  Lattaignant^  touchant^à 
la  vieilleâe ,  fe  retira  dti  monde  de 
bonne  grâce.  Il  mourut  le  10 
Janvier  1779  ,  chez.. les.  Perei  de 
la  Doârine  Chrétienne. 
,  LAU^  (  Théodore  -  Louis  )  fa- 
meux Spitioûfle  du  xviii^  fiecle, 
confeiller  du  duc  de  Cuitlandet  s'eft. 
m^lheureufement  6ail  coiinoitre  par 
un'  Traita  imprimé. àbJjrascfort  en» 
1717  ,  fous  ce  titre  :  Médltatlorus 
Phl/ù/ophic^  df  Dêo  ^ffomh'fhomne. 
Ce  livre  fiit  profcrit  ;  ce  qui  l'a  ^ 
rendu  fort  rare.  Lau  y  dit  (  para- 
graphe IV  )  :  Deus  efi  mtttaia  firfi- 
P^iS$9:mfWhi  moéifieatÀt»  I>ciu 


ihinations,  fubit  le  même  châti- 
ment.   Le  -duc  ,'  témoin  <de  cette 
exécution,  permit  qu'on  étranglât 
Laval  auparavant  ,  &  qû^on  enfé- 
velit  fon' corps.  Le  maréchal^  jqui- 
S'étoit  armé  d'abord  d'une  fermeté 
audacieuTe ,  changea  de  ton ,  donna  - 
les  matquies  du  rq>endr  le  plus  tou- 
chant ,  &  finit  en  chrétien  réftgné  j- 
déclarant  for  le  bûcher ,  que/k  maù-'  ■ 
valfe  éducation  avoit  été  la  fourcc  de  * 
fes  dehordâmens,  C'étoitun'  homme  • 
d'une  prodigaUté  extrême  :  il  coq-- 
fuma  çh  folles   dépenfes  200^000  - 
écus  d'ôr  comptant,  dont  if  hérita 
à  20  ans  ;  &  plus  de  30,000  liv.  tic 
rente,  qui  en  valoiem  dans  ce  temps-> 
là*  300,000  de  celui-ci.    Quehme 
part  qu'il  allât ,  il  avoit  à  fa  fmte 
un  férail  ^  des  comédiens ,  une  mu- 
flque ,  "dcsinfirumens  ^  des  devins ,  ^ 
des  magicàehs  ;  \ine  '  compagnie  de 
cuiâniers  «t. des  meutes. de  chiens  < 
de  toutes-  efpecesr,  &  plus  de.deux  : 
cents  cheVaux  de^maîn.  Afe^cTitîdit  > 
qa*U''entretmotf''nks^  fardcrs  ■  &    dis 
tn^antaiTi  four  trqurtr  deê^itéfçn^ 


L  A  V 

6^  corrompoU  de  faaus  garçons  &  dt 
jama  jUlis  y  qu'il  tuoit  après ,  poitr  en 
avoir  Ic/ang^  afin  de  faire  f es  charmes» 
Dételles  abominationsferoijent  biea 
peu  croyables ,  fi'on  ne  favoit  dans 
^jucls  çxcès  jette  la  perveriité  du 
cœur  huAain.  On  peut  aflurer  ce» 
pendant  que  le  fccret  de  trouver  de 
l'argent  par  le^noyen.desforciers, 
a  toujours  été  uneioiblereiTource. 
IL  LAVAL,  (André de)  fieigncur 
de  Lohéac  &  de  R«tz  ,  deuxième 
fils  de  Jean  de  M.ontfort ,  feigneur  de 
Kergolay  ,  ^à' Anne  de  Laval  ^  dont 
il  prit  le  nom  &  les  armes ,  rendit 
des  fetvices  ûgnalés  au  roi  CharUs 
VII  y  qui  le  fit  amiral  ,puis  maréchal 
de  France.    U  fut  (ufpendu  de  £i 
charge  au  commencement  du  règne 
de  Louis  XI  i  mais  ce  prince  leréta* 
blitpeu  de  temps  après  >  &  lui  donna 
le  collier  de  l'ordre  de  Saint-Michel 
en  1469.  U  mourut  en  14JB6 ,375 
ans ,  £ins  laiiTer  de  poilérité  »  &  plu» 
riche  en.  réputation  qu'en  biens. 
Envoyé  en  1455  contre  Jean  comte 
d'Armagnac  «  qui  étoit  excommu- 
nié pour  avoir  époufé  publique- 
jnent  (a  propre  foeur  ,  il  l'avoit 
poufle  û  vivement ,  qu'en  une  feule 
campagne  il  l'eût  dépouillé  de  fes 
états. 

m.  LAVAL  ,  (Urbain de)  mar- 
quis de  Sablé  &  deBois^Daiiphin, 
maréchal  de  France ,  &^ouvernear 
d'Anjou  » ,  (é  ûgnala  en  divers  fieges 
&  combats.  11  fuivit  le  parti  de  la 
Ligue ,  fut  bleiTé  &  fait  prifonnier 
à  la  bataille  d'Ivri,  en  1590.  11  fit 
«nfuice  fon  accommodement  avec 
Henri  IV,  Ce  prince  lui  donna-  le 
bâton  de  maréchal  de  France ,  &  le 
£t chevalier  de  fes  ordres  &. gou- 
verneur d'ABJou*  ^A  crédit  aug* 
memafous  le  règne  fuivant.  Lon* 
que  le .  pribce  de  ConM  &  beaucoup 
d'autrea  mécontens  fe  furent  umi 
pour  empêcher  le  mariage  de  L^ds 
XIII  avec  rinfançe  d'£fpagn$)  U 
jreine  Marû  de  Hiàkk.  *  &  le  wu- 


L  A  V         fS^ 

ifXkS^étAfKTt  fon  confident  «  firenir 
commander  à  Bois^Vauphin  l'armée 
qu'ils  mirent  fur  pied  pour  com- 
bato^  celle  des  mudns.  Celle  -  ci 
étoit  foible  i  die  manquoit  de  pro- 
vifions  -,  il  y  avoit  dil  à  douze  che6. 
Celle  du  roi  étoit  nombreufe  »  elle 
avoit  tout  en  abondance-,  Bôis^Dait* 
phtn  en  étoit  le  feul  général.  Ces 
avantages^e  fbentqu  augmenter  iâ 
home  :  car  les  mécontens  prirent 
des  places  fous  fes  yeux ,  &  psifreren# 
1  Oyfr ,  l'Aifne ,  la  Marne,  la  Seine, 
TYone  &  la  Loire ,  fans  qu'il  les  en 
empêchât  II  eut  beau  dure  *»  qu'il 
>«  avoit  un  ordre  fecret  de  ne  rien 
M  hafarder  u  -,  il  fut  blâmé  de  tout 
le  monde ,  &  accufé  même  à  la  cour  « 
par  les  ims  de  timidité ,  &  par  les 
autres  d'intelligence  avec  les  rebel- 
les. Depuis  il  ne  commanda  plus. 
Dans  la  fuite  n*j^yimt  pu  acquérir 
l'eftime  &  la  confiance ,  ni  ducoiv*- 
nétable  de  Luynes ,  ni  du  cardinal  de 
Richelieu  ,   qui  gouvernèrent  Tun 
après  l'autre  ,  il  fe  retira  dans  une 
terre ,  où  il  mourut  tratiquillemeni 
le  Z7  Mars  1 629 ,  dans  un  âge  afles 
avancé. 

IV.  LAVAL. Mqntigny; 
(François  de)  premier  évêque  de 
Québec  ,  étoit  fils  de  Hugms  da 
Laval  y  feigneur  de  Montigni.  Il  fut 
d'abord  archidiacred'Ëvreux ,  &  en* 
fuite  nommé  au  fiege  nouvdlement 
érigé  à  Québec ,  qu  il  alla  remplir 
en  1673.  Il  y  fondaunféminaire» 
s'y  fit  eitimer  de  tout  le  monde  par* 
fa  vertu  &  par  fon  éminente  piété  « 
&  y  mourut  le  6  Mai  1708  ,  à  86. 
ans ,  après  s'être  démis  de  fon  évê«i 
ché.  L'abbé  de  la  Tour ,  doyen  du 
chapitre  de  Moatauban,  a  écrit  fa 
VU,  ia-i2.  ^ 

V.  LA  VAt,(  Antoine  de  )rieut: 
deBelaiTy  maitredes  eaux  &  forêts 
du  Bourbonnois ,  puis  capitaine  des  . 
châteaux  de  Beaumanoir-lès-Mou« 
lins ,  étoit  .iavam  dans  les  langues*^ 
l'hiAo^  &  U4iéalo^.  11  «  laâO'é 


ë^o         L  A  19[ 

im  grapd  nombre  d'ouvfslgte.  le 
plus  conûdérable  eft:  D^ffdns.dc 
PrQfiJJwns  nobles  &  publiqttgs ,  çon^ 
fcnant  entrç  auae$ ,  VHÎfioirc  dfi  la 
Mai/on  de  Bourbon ,  Paris ,  x6o];  <  in- 
4®.  Il  mourut  en  163 1 ,  à  80  ans. 
11  étf)it  très-lié  avec  û  Camille  de 
Ret\ ,.  qui  lui  donna  des  preuves  de 
fon  eftinte  &  de  £a  bienveillance. 
Plusieurs  gens -de -lettres  fe  fai- 
ibient  honneur  de  fon  amitié  &:  de 
^  fociété. 

LAVARDIN,  roya^BEAUMA- 
âîOJR  ',  Cota  -,  H}£.Df;B£RT  ;  £> 
ÂIascaron. 

>  LAYÂTER ,  (Louis)  i»ntrover* 
glie,  Proteftant ,  né  à  Kibourg  dans 
le  canton  de  Zurich  en  1,5^^7  ^njort 
çh^anoine  &  pafteur  de  cette  dernière 
ville,  le  17  Juillet  1 5 86 ,  à  '5 9  ans, 
aJaiiTç  une  Hijioin  Sacrammtaîit ^ 
<ie^  Commentaires  ^  des  Homéiks. 
Ces  divers  ouvrages  font  lus  par 
les  gens  de  ion  parti*  .Mais,  fon 
Jraité  curieux  DeSpeHri^ ,  (  Genève, 
1580  ,  in  -  ?^  V  &  tçyde ,  1687  , 
if>-iz  )  eft  recherdxé  de  tout  le 
monde.  TeiJJier  donne  de  grands 
éloges  à  cet  auteur.  On  voyoiten 
lui,  ii*£-i7,  une  gravité  &une.févé- 
xîté  mêlée  d'une  douceur.  &  d'une 

r'e^é  qui  lui  gagnoient  les  jMeurs, 
étoit  bon  ami ,  officieux ,  géné- 
reux ^  fîncere  &  doux ,  quoique  mi- 
niihre  &  controverfifle. 

LAVAU,  roy^^FLONCEt. 

LA  VA  U  R  ,  (  Guillaume:  de  ) 
avocat  au  parlement  de  Paris,  mort 
le  8  Avril  1730,  à  Saint -Ceré, 
dans  le  Quercy ,  fe  patrie ,  âgé  de 
7.6  ans ,  fut  l'oracle  de  fon  pays  par 
fes  connoilTances.  JX*  joignoit  à  un 
coeur  bofi  &  généiou:!^  ,  une  mé-? 
moire  prodigieufe  &une  v^elittéi 
sature.  On  a  d^  l\Jr\  L  UHîfioln 
fecrete  àe  Néron  ,  ou.  le  .Ffifin  it, 
Trima^clan^y  tradui;  avec  des  remar- 
qij^hiftoriques,  in-i2>^  1726.. II. 
Conférence  de  lu  Jfqklfi'A'i^Ç  liHlfidre 
Saints  ,^7J9  9  iWl^fVicà.isùWSi'^ll* 


L  A  U 

L'auteur  ^jétend  prouver  que  le$ 
grandes  £ables ,  le  culte  &  les  myf- 
teres<lu  paganifme ,  ne  font  que  des 
altérations  des  uiages  ^  hifioires  & 
des  traditions  des  anciens  Hébreux  : 
fyfiême  qui  n'a  pas  été  adopté  par 
tous  les  divans.  Il  y  a  de  rérudition 
dans  ce  Hvre  ;  mais  les  conjeéhires 
n'y  font  pas  toujours  heureufes. 
Hu£t  avoit  eu  la  même  idée  avant 
l'auteur  -, .  il  n'ed  pas  difficile  de 
s'aj^rcevoir  qu'il  a  profité  de  fs 
Démonftratîon  Evangélique^ 

LAUBANIE ,  (  Yrier  de  Magon- 
thiertle)né  en  1641  dans  le  Li* 
mouftn ,  parvint  par  fes  fervices  au 
grade  de  lieutenant-général ,  Zx.s'esi 
rendit  digne  par  les  preuves  de  cou- 
rage qu'il  donna  dans  quantité  d'oc- 
eafions.  Etant  forti  de  Brifach  à  la 
tête  de  2000  hommes ,  il  furpritla 
ville  &  le  château  de  Neubourg ,  y 
fit  400  ptifonniers ,  força  les  enne- 
mis de  décamper,  &  occafionna  la 
bataille<de  Fredelingen,  où  ils  furent 
battus.  Nommé  gouverneur  de  Lan- 
dau ,  en  1704 ,  il  y  fut  affiégé  par 
deux  armées  ,  commandée^  par  le 
prince  Louis  de  Bade  &  le  prince 
Eugaie\  foutenues  par  l'armée  d'obr 
ibrvation  de  .milord  Marleborough  . 
il  défendit  la  place  durant  69  jours 
avéô  iine  valeiA:  opiniâtre.  Les  gé<* 
néraux  ennemis  envoyèrent  un 
trompette  pour  le  fommer  de  4è 
rendre.  //  eft  fi  glorieux  ,  répondit 
Laubanie  >  de  réfijier  «  des  princes  qui 
ont  tant  de  valeur  &  de  capacité ,.  que 
je  défirt  d! avoir <  encore  quelque  temps 
cette  gloih.  Je  v^ux  mériter  U  même 
e^me  qu'a  obtenue  d^eux  M*  de  Melac 
dans  U  umps-  da  j^remier  fiep,  —  Il  y 
a.  vrçlment'  di'  la  gloire  à  vaincre  de 
pareils  ennemis  ,  dit  -l'un  des  géné- 
raux*,  ►feff  apprenant  cette  réponfë. 
iMihame^  quoique  devenu  aveugle 
le  "Il  O^ofere  par  l'éclat  d'unb 
bombe^  qui  creva  à  ies  pieds ,  ne 
le  rendit  que  le  25  Novembre,  & 
obtint  Ua-  plus*  hot;K>rable  eapitult^ 


•1.  A  U 

,1tofl.  J^  &t  £ait  grand  <«  croix  «te 
foidne  de  Saint-Louis ,  &ie  retira  a 
ito.  Le  duc  àe.  Bourgogne  avoit 
^beaucoi^  d'efiâine  ppur  ce  brave 
officier;  Il  le  préfenta  un-  jour  à 
lomXiy ,  le  tenaat  par  la  main  ; 
&  il  adreââ  ces  .paroles  au  roi  : 
Sise  ,  yoUà  un  pauvre-  aveugle  ^l 
âurokbefoind'unkatan:*  Louis  JT/^ 
se  répondit  rien.  Lauhame  fiit  û 
faiâ  de  ce  filence ,  qu'il  tomba  ma- 
^iade&  mourut  peu  de  temps  après 
«Q  1706,  àé'f  ans. 
'    UUHëSPINë,  V4>yei  AvBES- 

.  FINE. 

LAU^USSEL,  (  Ignace  deO  Je- 
•fcite  /  né  à  Verdun  en  1665  ^  pro- 
Ha  av«c  diitinâion  dans  fon  or- 
dre, fut  provincial  de  la  province 
^Champagne ,  & enfuite  préfet  des 
'études du  prince Xouû  tUsÀfiuricsi 
&  lorsque  ce  prince  &  fut  marié ,  il 
devint confeffeur  delà  princeilie.  Il 
mourut  au  Port-Sainte-Marie  en 
Efpagne  ,  le  9  Oûobre  1.730,  à 
'67  ans ,  après  avoir  publié  quel- 
^[ues  ouvrages.  Les  plus  connus 
font  ;  L  X<2  rie  du  Père  Chartes  de 
lorraine^  Jéfiiite  ,  1753  ,  in -12. 
.n.  Traité  des  abus  de  la  Cnùqm.^en 
màfre  de  Re/lgUfn  ,  1710 ,  x  vol. 
in- II.  Son  but  étoît  dç  venger  la 
-religion,  descoup^impAÛjOTatisque 
lui  portent  les  incrédules^  les  hé- 
réù^es.  L'entrq>rile.  étoit  très- 
louable^  mais  eue  auroit  pu  être 
exécutée  phis  heureuièmeat.  L'au- 
teur a  compilé  dans  fon  livre,  ce 
-^ia  été  dit  de  plus  impie,  déplus 
'ibindalenx  &de  phis  indécent  fur 
nos  myfteres,  fans  y  répondre  le 
plusiouvent  que  par  des  exclamar 
-dons  ou  de  foibles  rai^nans.  Il  .âl- 
loit  un  Bojfuet ,  un  Pa/cal  pour  un 
patél  ouvrage v&  Lu^raffelxiaiVQit 
ai  leurs  talens ,  niieurlogique» 

LAUO ,  <  Guillaumede  )  Als  d'un 
Jboittgeois  deRéading  .en  Angle- 
■tene,  fiit  Ulnftre  parrfes  talcns  & 
(Par  £aL.cos&mu»  daQsfesmialbeufs. 


TL  A  tJ  191 

II  prlr  le  boimet  de  doreur  à 
Oxford ,  &  parvint  par  fon  méritle , 
après  avob^  rempli  divers  fieget , 
à  l'ardievôché  de  Contorbery^  Son 
4uxackemei(t  à  Charles  J ,  fi  glorieux 
pour  fa  mémoire ,  lui  ait  fonefte. 
Les  eiMiemis  de  ce  prince  ârent 
mettre  l'archevêque  à  la  Tour  de 
Londres.  Il  fut  accufépar  le  parle- 
ment d'avoir  voulu  introduire  U 
religion  Catholique ,  d'avoir  entre- 
pris de  réunir  l'-églife  Rom»ne  avec 
l'Ai^licanê.  Laud  démontra  la  fai^ 
ieté  de  toutes  «es  imputations  ; 
m^'Ckarles  ayant  été  emiéremiefac 
défait,  &  le$Kditieux  n'ayant  plus 
rien  à  draindre ,  on  fit  couper  la 
tète  à  cettlluftre  prélat,  le  10  Janvier 
1644  j  il  avoit  alors  71  ans.  -Il 
.foufïrit  la  mort  avec  l'intrépidité 
d 'Un  martyr.  Il  fit  fur  1  echafaud  un 
long  diicours ,  où  il  iniinua  qu'd 
mour<ttt  four  n'avoir  pas  voulu  abati" 

•  donner  lé  tempkde  Dieu  6*  adorer  les 
veaux  de  Jnoàoàtn  ;  iffaifoitallufioit 

-  au  fchifme  des  Presbytériens.  La^â 
avoit  beaucoup  d'esprit ,  &  îl  Ta- 
voit  perfeâiônnéparTétude.  Éga- 

•  lement  propre  aux  affiures  6c-  au 
cabinet ,  il  pafla  pour  bon  théolo- 
gien :  mais  il  ne  ^utint  pas  fa  ré- 
putation de<bon  politique.  Il  s'ex- 
pliqua fouvent  fur  fes  ennemis 
d'une  mamere  aigre  &  dure.  La 
droiture  de  ÇoA  cœur  &  la  pureté 

-de  ies  imenôons  lui  perfuaderent 
qu'il  pouvoit  parler  impunément 

, contre  le  vice  triomphant:  il  fe 
trompa ,  &  fournît  aux  parlemen- 
taires qui  n'étoiem  pas  d'htimèur 

•  de  pardonner  à  leurs  ennemis  ua 
-moyen  de  le  perdre.  Il  eut  même 

beaocof^  de  peine  à  obtenir  qu'on 
ife  contentât  de  lui  trancher  la  tête. 
•On  voul^  le^foumeeiFô'à'unrup- 
pltce  plus  ■  infime.  Cependant  après 
£aL  mort ,  on  permit  à  que^ues-uns 
de^fesi  amis' de'  pendre  fon  corps 
pour  rentecrer  a  leur  gré*  On  a  de 
cet  ..iiiibi$u9é 'préltt  uacxJpôlû^ 


•191        L  A  U 

de  l'EgUfs  AngUumt  CoiXtK  FIfcker , 
Londres,  1639,  wrioUo,  ff^arthon 
publia  en  1695,  in-folio,  UFie 
et  cet  archevêque.  Elleeftcurieufe 
&  recherchée.  On.  y  trouve  Thif- 
toire  du  procès  de  Landy  com- 
poféepar  lui-même  dans  la  Tour  de 
Londres  avec  beaucoup*  de  vérité. 
Foyei  Lau. 
LAUDUN,  ^©^<x  Delauduh. 
LAUGIëR^  (Marc- Antoine) 
né  à  Manolque  en  Provence ,  le  2$ 
Juillet  17 1 3  ,  entra  de  bosne  heure 
chez  les  JéTuites.  U  fe  confacra  à 
la  chaire ,  &  prèchaà  la  cour  avec 
applaudiiTement.  Ayant  (pistté  la 
Compagnie  de  Jefus  pour  quelques 
mécontentemens  qu'on  lui  donna, 
il  fe  tourna  du  côté  des  beaux- 
arts.  Son  EJfai  fur  PArckiuSun  , 
175  y ,  in-8° ,  dont  il  y  a  eu  deux 
édttions,  prouva  qu'il  étoit  né  pour 
eux.  Il  y  a  fans  doute  quelques 
réflexions  hasardées  dans  cet  ou« 
vrage  ;  mais  on  y  trouve  encore 
plus  de  vues  )uAes  &  d'idées  fai- 
nes. Ucft  d'ailleurs  bien  écrit.  Son 
Hlfioire.  dt  U  Répukiique  de  Venife , 
qu'il  publia  enfuite  en  12  volumes 
in-i2  ,  1758  &  années  fuivanies  ; 
&  celle  de  la  Paix  de  Be^ade^  en 
2  vol.  in- 12,  1768  ,  luiaflîirent 
un  rang  parmi  nos  hiftoriens...  11 
réunit  dans  l'une  &  dans  l'autre , 
à  quelques  endroits  près,  le  carac- 
tère de  la  vérité  au  méritede  l'exac- 
timde.  Le  Ayle  auroit  pu  être  plus 
foiçné  dans  certains,  morceaux  , 

.  noms  oratoires  dansd^autres;  mais 
en  général  il  a  de  l'él^nce  &  de 
la  clarté  -,  fon  hiftoire  de  Venife  a 
été  traduite  en  Italien  ,  &  accom- 
pagnée de  nombreufes  notes  où  les 

.  étrangers  apprendront  beaucoup 
mieux  à  connoitre  le  fingulier  gou- 
vernement de  Venife  I  que  dans 
i'Hiftoire  inexaâe  à^Amcht  dt  la 
HouJfaU,  On  a  encore  de>  lui  :  I. 
Paraphrafe  du  Miferere  ,  traduits  de 
^4^>  i«^X}«  IL  V^^^i»  à  la  Mit 


LAU 

du  Sud ,  tràdmt  de  l'anglois,  17^^^ 
m^j^  &  in-i2.  III.  Apaloffc  de  U 
Mufique  Françoi/e  ,  1754*  in-8^« 
L'abbé  Lau^  mourut  k  7  Avril 
1769  ,  dansfa  51^  année  >  d'une 
fluxion  de  poitrine.  Ses  mœurs 
étoient  douces,  &  fon  c<nnmetce 
agréable.  U  avoit  des  connoi^^eès  -, 
&  fes  ouvrages  lui  coûtoiem  peu 
de  travail. 

LAVIGNE,  Foyq  Vigne. 

LA VINIË  »  fille  de  Latinus ,  rot 
du  Latium ,  étoit  promiiè  à  Turaus , 
roi  des  Rutules  -,  mais  elle  ^ouia 
Enée ,  &  en  eut  un  fils  pofihume  » 
nommé  Sylvîus ,  parce  qu'elle  l'en- 
fanta dans  un  bots ,  où  elle  s*étoic 
retirée  par  la  crainte  qu'elle  avoit 
A*Afeaffu ,  fils  &*Enée. 

LAVIROTTE,  ( Louis- Anne) 
médecin ,  né  à  Nolay,  diooeied'Au- 
tun ,  mort  le  3  Mars  1759  ,  dans 
la  34^  année  de  fon  âge ,  étoit  bon 
f>hyficien  &.  observateur  habile.  B  a 
traduit  de  l'anglois  :  L  OhfervamMs 
fur  Us  Crîfcs  par  U  pouls ,  de  Hihdb  > 
in- 12.  11^  Differtatiott  fur  La  traaf' 
piration ,  in?  12.  III.  — /«r  la  chaleut^ 
in-^2i  IV.  Découvertes  pkUofophi' 
quesdi^^Ntmon ,  ^ptar  Maclaurîa^  1/49» 
in-4^.  V.  Méthode  pour  pomper  U 
mauvais  air  des  valffeau»,  I740  » 
ia-S^.  VL.  Obferrations  tnUrofioj^" 
que»  de  Nudham  ,1750,  in-»^.  VII. 
Il  a  donné ,  de  fon  propre  Êcmds, 
des  Obfarations  fur  une  Hydropàoiie 
fpcmanée ,  fmvU  de  U  ra§e  ^  iii-i2« 

L  LAUNAY,  (Pierre  de)  écri- 
vain de  la  religion  Prétendue-ré- 
formée ,  né  à  Blois  en  1 573 ,  quina 
une  charge  des  finances ,  le  titie 
de  fecrétaire  du  roi ,  &  toutes  les 
prétentions  d«  fortune  ,  potir  fe 
livrer  à  Tétude  des  livres  iàcrés. 
Les  proteftans  de  France  avoient 
en  lui  une  confiance:  extrême,  il 
fiit  député  à  tous  les  fynodes  de  fa 
province  ,  &  à  prefqpie  tous  les 
îynodes  nadonaux  qui  fe  tinrent 
de  fba  temps ,  &  xoouait  ea.1662» 


L  AU 

  $9  tfi$,  très-regretté  de  ceux  de 
fa  communion.  On  a  de  lui  :  L  Des 
Parapkrujes  fur  toutes  Us  Epitres  de 
'  S.Pauli{}xrDanUl,V£cciéJiaJk,Us 
Proverhes  &  VApocalypJe.  II.  Des 
Rmarçues  fur  U  Bible  ,  ou  Expli^ 
ùitwn  des  mots ,  des  phrafes  0  des. figures 
£.fficUts  de  laf..aue'Ecrlture,  Genève , 
1667,  in-4®.  Ces  deux  ouvrages 
fonttîiHmés  des  Calviaiftes. 

U.  LAUNAY,  (François de)  né 
à  Angers  en  161 2  ^  reçu  avocat  à 
Paris  en  1638  ,  fuivit  le  barreau  , 
pl^da,  écrivit  &  confulta  avec  un 
fuccès  égal ,  jufqu'en  i68cJ.  U  ob- 
îint  ceae  année  la  chaire  de  Droit 
François  :  chaire  qu'il  remplit  le 
premier.  U  fit  Touverrare  de  fcs 
leçons  par  un  Dif cours  dans  lequel 
il  prouva  »«  que  le  Droit  Romain 
j  >»  n'eft  pas  le  Droit  conmiun  de 
!  M  France  «.  Ducange  ,  Bigot  »  Co- 
I  tdCer  ^  Ménage  &  pluiieurs  autres 
favans ,  fe  faifoient  un  plaifir  de 
I  converfcr  avec  kii.  Ils  trouvoient 
dans  fes  entretiens  un  fonds  iné- 
poifable  des  maximes  les  plus  cer- 
taines de  la  jurifprudence  ancienne 
&  moderne.  Ses  mœurs  relevoient 
beaucoup  fon  favoir  -,  elles  étoient 
douces  &  pures ,  fa  piété  folide  , 
û  charité  bien^iiânte.  Il  ne  favoit 
rienrefufer  -,  mais  en  fecourant  les 
niférables .  fur^toutceux  qui  men- 
dioient  plutôt  par  pareffe  que  par 
befoin,  il  leur  difoit  :  Vous  pourrie^ 
hlm  travailler  pour  g-^gner  votre  ^ie  j 
ji  me  levé  à  cinq  heures  du  matin  pour 
ptpwr  U  mienne.  Cet  homme  eftiiiia- 
ble  mourut  le  9  Juillet  1693  ,  à  81 
ans.  On  a  de  lui  :  I.  Un  favant 
Commentaire  fur  Us  infilaues  coutu- 
lùeres  4' Antoine  Loyfel ,  1688 ,  in- 
8^  U.  Un  Traité  du  ^  roU  de  ch.Jfe, 
1681 ,  in-i2.  III*  Des  Remari^ues  fur 
Pînftuutivn  du  Droit  Romain  &  du 
X>Ti,it  Françoif  ,  in-4® ,  1686. 

LAUNAY,  (MU* DE)  Voyci 
Staal. 
h  LAUNOY,  (Matthieu  d«)  prc- 
Tomc  f^ 


tre  delaFërté-Alais ,  au  diocefe  dé 
Sens  ,  fe  fit  protefhuiten  1560,  8(1  ' 
exerça  le  minifiere  à  Sedan ,  où  il 
fe  maria.  Une  fcene  fcandaleufe. 
qu'il  donna  dans  cette  ville,  l'obli* 
gea  de  fuir.  Il  redevint  catholique  « 
&  fiit  pourvu  d*un  canonicot  à 
Soifions,  C'étoit  un  homme  ar-. 
dent  ,  toujours  emporté ,  ou  par 
les  pldifirs  ,  ou  par  la  fureur  de  ca- 
baler.  De  proteÂant  fanatique ,  il 
devint  ligueur  furieux.  11  fe  mit  à 
la  tête  de  la  faâion  des  Sd^e ,  & 
fut  le  promoteur  de  la  mort,  de 
riiluftre  préfident  Brijfon.  Le  duc 
de  Mayenne  ayant  fait  pourfuivrd 
les  meurtriers  de  ce  magiftrat ,  Lau-^ 
noy  pafla  en  Flandre^,  &  y  finit ,. 
à  ce  qu'on  croit,  fon^abominable 
vie.  On  a  de  lui  de  mauvais  Ecrits 
juft'ficatîfs  &  de  c^mr^v^rfe  ,  dans 
lefquels  il  calomnie  les  minières, 
Calviniiles ,  comme  il  avoit  calom- 
nié les  p:  êtres  Catholiques  dans  le 
temps  qu'il  étoit  Proteftant» 

II.  LAUNOY.j  (Jean  de)  né  au 
Vaidefis ,  à  deux  lieues  de  Valogne, 
le  21  Décembre  1603  ,  vint  de 
bonne  heure  à  Paris ,  &  y  prit  \(^ 
bonnet  de  doûeur  en  théologie  en 
1636.  Un  voyage  qu'il  fit, à  Rome 
augmenta  fon  érudition ,  &  lui  pro-^ 
cura  1  amitié  &  1  efiime  d*Holfienius 
&  à'AUatîus,  De  retour  à  Paris ,  il  fe 
renferma  dans  fon  cabinet ,  recueils  > 
lant  les  paiTages  des  Itères  &  des 
auteurs  facrés  &  profanes  fur  tou- 
tes fortes  de  matières.  Les  C^nfé-^. 
rmces  qu'il  tint  chez  lui  tous  les 
lundis  ,  fiirent  une  éfpece  d'école 
>  académique ,  où  les  favans  même 
trouvoient  à  s'inflruire.  Elles  rou- 
loient  fur  )a  difcipline  de  l'églife  t 
&  fur  les  droits  de  celle  de  France. 
On  y  attaquoit  avec  force  les  pré- 
tentions ultramontaines  -,  on  y  dif- 
cutoit  les  fables  des  Légendes.  L'a-  n 
poftolat  de  à>,D.nis  VArévpagite  ça 
France  ,  le  voyage  de  la^arc  &  de 
la  Magddeine  en  Jrrovence  >  la  réfux* 

N   . 


t94       L  A  U' 

feâîon  du  chanoine  qnî  produîfit 
la  converfion  de  S.  Bruno  i  l'ori- 
gine des  Cannes ,  la  vifion  de  5/- 
mon  Stock  au  fujet  du  Tcapulaire  > 
te  une  foule  d'autres  traditions ,  fu- 
rent pro(crites  à  ce  tribunal.  Ceâ. 
ce  qui  fit  fumommer  Lamoy  le  Di- 
MicHEUR  D£  Saints,  AuÈlecuré 
de  Saint-Roch  difoit  :  Je  /tdfins  tou- 
jours de  profondes  révérences,  de  patr 
fu*il  ne  m*6te  mon  S,  Rock,  Le  (Mré- 
ûdent  de  Lamoignon  le  pria  un  )our 
de  ne  pas  Êiire  de  mal  à  S,  ton  , 
patron  d'un  de  Tes  villages.  Comment 
Aùferois^e  du  mal,  répondit  le  doc- 
leur  }  Je  n*ai  pas  Phonneur  de  U  con- 
noitn.,.  Il  difoit  qu'*//ic  ch^Jfok point 
du  paradis  as  Saints  que  Dieu  y  avait 
placés  ,  mais  bien  ceux  que  Cignorance 
/uperfdueufe  des  peuples  y  av^^ît  fait 
ffiS^,  U  avoit  raye  de  fon  calen- 
drier 5ec.  Catherjhs,  martyre  -,  &^ 
le  jour  de  (a  fête ,  il  affeâoit  de  dire 
tee  mefTe  de  requiem.  Rien  ne  pou- 
Toit  corrompre   l'auflere  critique 
de  ce  fage  do^bcur.  Non-feulement 
il  ne  rechercha  pas  les  bénéfices  , 
xnais  il  rtSuÙL  même  ceui^  qu'on 
llii   of&it    Je  me  trouvtrois  bien  de 
VEffife  ,  mais  l'Eglife  ne  fe  trouve- 
Toit  pas  bien  de  mot^  difoit-il  à  ceux 
^\}x  vouloient  lui  infpirer  de  Tam- 
Ijition.  Il  vécut  toujours  pauvre- 
anent  &  fimplement ,  ennemi  de  ce 
commerce  de  fourberies  qu'on  ap- 
pelle cérémonial ,  attaché  au  vrai, 
hi  fe  plaifant  à  le  dire.  Il  aima  mieux 
&  faire  exclure  de  la  Sorbonne  ,. 
^ue  de  foufcrire  à  la  cenfurc  du 
dodear  Amauld  ,  quoiqu'il  ne  pen- 
fât  pasr  comme  lui  fur  les  matières 
de  la  Grâce.  Il  fit  plus  :  il  écrivit 
contre  le  formulaire  de  l'afTemblée 
«hi  Clergé  de  1656.  La  république 
des  lettres  lui  efl  redevable  de  plu- 
£curs  ouvrages-  L'abbé  Granet  en  a 
donné  une  bonne  édition  en  1631 , 
«n  10  volumes  in-fôlio ,  enrichie  * 
de  la  Vie  de  l'auteur ,  &  depUifieurs 
df  (es  écrits  qui  a'aroieot  point 


L  AU 

eiicoré  vu  le  jour.  Cet  habHie  ai^ 
tique  n'éait  ni  avec  pureté ,  ni  avec 
élégance  ;  fonflyle  efl  dur  &  forcé. 
U  s'exprime  d'une  manière  toute 
particulière  ,  &  donne  des  tours 
finguliers  à  des  chofes  très<om- 
munes.  Ses  citations  font  fréquent 
tes  ^  extraordinairement  longues  , 
&  d'autant  plus  accablantes ,  qu'il 
ne  craim  pas  de  les  répéter.  Serrai* 
fonnemens  ne  font  pas  toujours 
juiles ,  &tl  femble  qu^quefois  avoir 
eu  d'autres  vues  que  celles  qu'il  fe 
propofe  dans  fon  ouvrage.^  U  avoit 
l'humeur*  un  peu  caultique ,  &  fa 
phyfionomie  qui  étoit  mauvaife  , 
ï'annonçoit  afTez.  Ménage  lui  ayant 
reproché  d'avoir  choqué  cenSains 
religieux  qui  l'attaquoientvivement 
dans  leurs  écrits ,  Launoy  lui  répon» 
dit  malideûfément  :  Je  crains  plus^ 
leur  canif  que  leur  plume.   Les  reli- 
gieux lui   avoient  été  cependant 
utiles  ,  &  il  avoit  beaucoup  pro- 
fité  des  entretiens  du  favant  Jé- 
fuite  Sirmond,.  Gul-Patm  prétend 
même  qu'un  des  amis  de  Launoy  lui 
avoit  dit  ^  »»  qu'il  avoit  été  long- 
'v  temps  penâonnaire  des  Jéfuites  ^ 
»  qui  fe  fervoient  de  lui  pour  ap» 
n  prouver  leurs  livres-,  mais  qu*en- 
>«  fin  ils  favoient  cafTé  aux  gages  , 
>»  pour  n'avoir  point  voulu  don- 
n  ner  quelque  approbation  à  une 
!♦  nouvelle   do^ne  qu'ils   vou- 
n  loient  publier  «(.  ^«y/e  doute  avec 
raifoft  que  Launoy  air  été  penfion- 
naire    des    Jéfuites^    Ce    critique 
éprouva  ,   fur   fes  vieux  jours  , 
qu'il  avoir  des  ennemis  redoutables. 
On  lui  défendit  de  tenir  des  afTem- 
blées  dans   6  chambre.  Quoique 
on  ne  s'y  entretînt  que  de  fciences , 
on  lui  fit  dire  que  le  roi  fouhaitoir 
que  ces    Semblées  cefTaâent.   It 
mourut  le  10  Mars  1678  ^  âgç  de 
74  ans ,  dans  l'hôtel:  du  a^nal 
d^Eftrées ,   qui  fe  faifoit  un  pîaifîr 
de  le  loger.  Il  fut  enterré  aux  Mr- 
nimes  de  la  Piace-royale^  Le  prp^ 


L  À  U  t  A  U        ïûÇ 

ma  préfident  de  la  cour  des  Aides  ;    ^gialena  Méjpâenfi  advena ,  où  il 
Je  Camus  ^  lui  fît  Êdre  TEpitaphe    terrafla    (on    adverfaire.  VI.  i>r 


fuivante  : 

D.     O.     M. 

Su  jâcet  Joéuines  Launo'ius  «  Conf^ 
tantUnJu  « 

Parifimfis  Theologus  ; 
Çid  ventatïs  affenor  perpeimu , . 
Juritm    EccUfiét  &   Rtps   acerrimus 
yindex^ 

Vltam  utnoxUun  exept  i 
Opes  ne^lexh. 
Et  fuanùJwnamque  ut  reliSurus  fatis 
kéAuît. 
Milita  fcripfii  nuUâ   fpc  \     raUlQ 
timoré  i 
Ofdmam  ftmam  moMÎmamque 


Apudprohas  aàeptus  ^  €tCm 

Les  Minimes  craignant  que  l'éloge 
de  Vtntaûs  ajfenor  perpeams  ,  ne 
choquât  ceux  dont  Launoy  avoit 
attaqué  les  foufTes  tradidons ,  s'ex- 
cuferent  de  la  ^e  graver  fur  Ton 
tombeau  ;  & ,  pour  colorer  cette 
cxcuTe ,  ils  prétendirent  avoir  reçu 
des  défeniès  de  leur  général  &  de 
la  cour Ses  principaux  ou- 
vrages font  :  L  De  varia  Anflo-' 
telis  fvriuna  in  Acaâemîa  Parîfina  : 
[  Voy.  AriSTOTE.  ]  H.  De  duohus 
'Dîonyjus,  in.  hiftoiia  Gymnaju 
Navarre  ,  pleine  de  favantes  re* 
cherches.  XV.  Inqulfiùo  in  Chartam 
immunitatis  Sanâi  Germani  à  PratU  : 
ouvrage  très-abondant  en  citations. 
V.  De  commenùdo  La\ari  ,  hfiagda» 
lente  y  Manfue  &  Maximini  in  Pro- 
vinciam  appulfu  :  pièce  viâorieufe  , 
qui  plut  à  tous  les  bons  critiques , 
ezcqjté  aux  Dominicains  &  aux 
Provençaux.  Le  Pcre  Guefnay  Jé- 
finte ,  tâcha  de  réfuter  iMtnoy  dans 
fon  livre  intitulé  :  Magdalena  Maffia 


ouBontaU  negantls  argumenti  :  Ètunoy 
s'y  montre  en  plufièurs  endroits 
bon  logicien  ;  mai&  il  donne  peut* 
être  trop  d'autorité  à  cet  argument. 
VIL  De  vetmhus  Parifienfium  Bafi^ 
ûds  :  favant  &  curieux.  VIU.  Judim 
cium  de  auHore  ûbrorum  p£  Ihita» 
TJONM  ChrisTU  IX.'  De  fieqittnû 
Confijjiomi  &  EuchanJK^  ufu,  X.  D€ 
cura  Ecclefia  pro  Sanciis  &  SanBo» 
rum    rcUquus  :  ouvrage  judicieux. 
XL  De  cura  EçcUJU  pro  miftns  & 
paupenhus  ;  féconde  édition ,  1663  , 
in-8**.  »♦  Launoy ,  (  dit  Niceron  )  en 
»«  publiant  en  1649  ^^  Diâertadoa 
«  De  veteri  cihorum  delcclu ,  ajouta  à 
>•  la  fin  un  petit  écrit  de  fix  pages  » 
y>  où  il  montre  que  ,  fuivant  la 
»  doârine  des  Pères ,  il  eft  mieux 
y*  de  doimer  aux  pauvres  qu'ausqr 
n  églifes.  Il  augmenta  depuis  cet 
>«  écrit  ,  &  le  mit  dans  Tétat  où 
»»  il  eft  dans  cette  édition.  M.  Thiârs  » 
M  dans  fa  réponfe  à  M.  ^  Launoyt^ 
w  fur  Vargument  négatifs  a  prétendu 
M  qu'il  avoir  pillé  l'ouvrage  intitulé  s 
M  L* Aumône  Chrétienne ,  Paris ,  165 1  ^ 
M  in-i2«  2  vol.  -,  mais  tout  cepil-» 
M  lage  fe  réduit  à  dix  pafTages  des 
y*  Pères  &  des  conciles,  dont  ZtfiMoy 
»  s'oft  fervi  ««.  XII.  De  veteri  ciko* 
rum  deleHu  in  jejuniit  :  qui  mérite  ic 
même  éloge   que    le    précédent* 
L'auteur  y  montre  qu'on  pourroit  ^ 
abfolument  parlant ,  jeûner  avec 
de  la  viande  *,  il  le  fit  au  iUjet  dif 
fiegede  Paris.  XUI.  Defcholis  celo- 
hnorihus  à  Carolo  Magno  exfirucUs  s 
on  y  trouve  des  chofes  recherchées, 
XIV.  De  Sacramento  VnSlonis  E» 
tréma,  XV.  Romande  EccUfia.  Trt^ 
ditio  drca  Simonium  *,  la  matière  y 
eft  épuifée.    XVI.  De  v:ro  auâon. 


Eenfis  advena ,  Lyon  ,  1643  ;  mais  fidti  Profijfionis  quA  Pelag^o  ,  Auguf» 

il  règne  dans  cette  réponfe ,  (  dit  tîno  &  Hieronymo  trihuifolet.  XVIU 

Nieeron  )  plus  de  prévention  que  Des  Lettres  ,  imprimées  féparément 

de  bonne  critique.  Launoy  répliqua  à  Cambridp  ,  1689  ,in-fol.  XVIII, 

&^  ^  Plfi^^^  Pîfjuifit^fnis  de  Flufieurs  écrits  fur  la  vem^^^  Jjr^^ 


>9(5         L  A  U 

dltlon  de  PEgUfe  touchant  la  GMce , 
éc  fur  divers  points  de  critique  hif- 
torique ,  Ôcc.  On  prétend  dans  le 
Longueruana ,  qu'il  n'étoit  pas  par- 
cfan  de  la  Théologie  fcoiaftique. 
On  ajoute  qu'il  avoit  copipofé  un 
£crit^o\x  il  vouloic  prouver  qu  elle 
avoit  apporté  de*  changemen»  dans 
la  Théologie.  Cet  Ecrit ,  qui  auroit 
peut-être  tait  tort  à  fa  mé  noire  , 
fut  brûlé  après  fa  mort.  Refte  à 
favoir  fi  cette  apecdote  eft  vraie.... 
P^oy,  DiOCRE  -,  &  I.  GrANET  , 
à  la  fin. 

111.  LAUNOY,  orfèvre,  Foye[ 
Ballik.  I 

LAUR ATI ,  (  Piétro  )  peintre  , 
natif  de  Sienne ,  difciple  de  Glotto  » 
floriflbit  dans  le  xiv*"  ficelé.  Cet 
artifie  a  travaillé  à  Sienne  ,  &  à 
Arezzo  -,  il  réufliffoit  principalement 
dans  le  jet  des  draperies ,  &  à  faire 
ientir  fous  l'étoffe  le  nu  de  fes  fi- 
gures. 11  a  aufil  excellé  dans  les 
parties  qui  regardent  la  pcrfpe£tive. 

LAURE ,  (  La  Belle)  dame ,  & 
non  demoifelle ,  comme  le  difent 
tous  les  diûionnaircs ,  d'après  le 
P.  Nlceron ,  eft  plus  connue  fous 
ce  noifi  ,  qjé  fous  celui  de  Lau.e 
DE  NovES ,  qui  étoit  celui  de  fa 
famille.  Elle  naquit  à  Avignon  , 
ou  dans  un  village  circonvoifin  , 
en  î  308  ,  à'Audlfru  de  Novcs  ;  & 
fur  mariée  à  Hugues  dt  Sade ,  feigneur 
de  Saumane.  Son  efprit ,  fa  vertu , 
fa  beauté  &  ^ts  gr?.ces  lui  foumec- 
toient  tous  Ifcs  cœurs.  Ses  traits 
tétoient  fins  &  réguliers  ,  fes  yeux 
l)rillans  ,  fon  regard  tendre  ,  fa 
phyfionomie  douce  ,  fon  maintien 
modefte  ,  fa  démarche  noble  ,  fa 
Voix  touchante.  Les  figures  qui 
Yious  reftent  d'elle  ne  font  pas  fi 
"belles  que  ce  portrait  ;  mais  nous 
la  peignons  d  après  Pétrarque.  Ce 
poète  ,  Tetiré  à  Avignon  ,  la  vit 
•pour  la  première  fois  en  1327.  11 
xonçut  une  fi  violente  pafiîon  pour 
•elle,  qu*il  l'aima  vingt  ans  pen- 


L  A  u 

dant  fa  vie ,  &  conferva  îon.  ampuf 
dix  ans  après  fa  mort.  Ce  poète 
lui  confacra  fa  mufe  ,  &  fit  à  fa 
louange  318  Sonnets  &  88  Chanfons , 
auxquels  elle  doit  fon  immorta- 
lité. La  plupart  refpirent  la  poéfie 
la  plus  aimable  &  les  femimens  les 
plus  tendres.  Lattre  étoit ,  dit-on  , 
du  nombre  des  dames  qui  compo^ 
foient  la  Cour  d'Amottr.  Cette  couf 
étoit  une  afiemblée  de  femmes  de 
la  première  qualité  ,qui  aetr.aitoient 
que  de  matières  de  galanterie ,  & 
qui  dccidoient  gravement  fur  ces 
bagatelles.  Laure  mouiut  de  la  pefie 
à  Avignon  en  134.8,  à  3Sans;.& 
fut  enterrée  aux  Cordeliers.  On  a 
débité  beaucoup  de  fables  fur  cette 
dame  vertueufe.  Flettry  (  dans  fon 
Hifioire  Ëcdéfiafùque  )  raconte  que 
le  pape  Benoit  XII  voulut  per- 
fuader  à  Pétrartjue  d'époufer  Laure , 
lui  promettant  difpenfe  pour  garder 
fes  bénéfices.  Le  poète  l'ayant  re- 
hife  fous  le  frivole  prétexte  qu'il 
ne  pourroit  plus  la  chanter ,  L^ure 
fe  maria  à  un  autre.  T^Uara ,  con- 
tinuateur de  l'Hiftoire  de  France  » 
qui  a  adopté  ce  conte,  fait  dire  à 
Pétrarque  qu'il  ne  vouloir  point  de 
ce  mariage ,  de  peur  que  l'hymen 
n'éteignît  fon  ardeur  poétique.  Ces 
fables  &  beaucoup  d'autres  ont  été 
puifécs  dans  des  auteurs  Italiens  , 
qui  n'ont  jamais  bien  connu  Laure, 
Cette  dame  illuftre  étoit  aufiî  ver- 
tueufe que  belle.  Quelques  légers 
foupirs  ,  quelques  regards  gracieux 
&  quelques  paroles  honnêtes ,  fiirent 
les  feuls  aiguillons  dont  elle  fé 
fervit  pour  ranimer  la  verve  du 
poète  ,  quand  elle  la  voyoit  fe 
ralentir.  Nous  avons  dit  que  P<- 
érar^us  conferva  lon^  -  temps  fon 
fouvenir.  On  le  prouve  par  la 
note  que  l'on  trouve  dans  fon  Vîr-^ 
p/e,  où  après  avoir  parlé  de  l'ori- 
gine de  fon  amour  &  de  la  mort 
de  fon  amante ,  il  ajoute  :  »♦  J'aime 
M  à  croire  que  fon  ame  »  comme 


L  A  U 

«  SftiKjttf  le  dit  éeSeipton  rAfricsîn , 
w  eft  retournée  au  ciel  d'où  elle 
»»  ctoît  dcfcendue.  Je  goûte  une 
**  douceur  mêlée  d'amertume  à  me 
">♦  rappeler  toutes  ces  circonftances; 
»♦  &  je  les  écris  fur  le  livre  que 
^  j*ai  le  plus  fouvent  (bus  les  yeux , 
->♦  pour  me  pénétrer  de  cette  vérité, 
»  que  rien  ne  doit  plus  m'être 
«  cher  dans  cette  courte  vie  ,  & 
>♦  qu'il  eft  temps  de  m'arracher  à 
'»♦  Babylone  ,  puifque  la  mort  a 
»♦  rompu  le  nœud  le  plus  puiffant 
»♦  deceuxqiiimecaptivoient  encore. 
^  Avec  le  (ecours  du  Tout-puiffant, 
*»♦  il  me  fera  facile  d'agir  en  con- 
»♦  féquence  de  cette  réflexion  ,  fi 
♦♦  mon  efprit ,  déformais  plus  mâle 
«  &  plus  CQurageux ,  arrête  forte- 
■»»  ment  ia  penfée  fur  les  vains 
*  foucis ,  les  efpérances  frivoles  , 
w  &  les  «ccidens  imprévus  dont 
>»  il  fat  fi   long-temps  le  foible 

•»»  jouet «. 

François  /,  pafiânt  à  Avignon., 
•ordonna  de  rétablir  le  tombeau  de 
Lattre 'y  mâs  cet  ordre  ne  fut  pas 
«xécuté.  Ce  prince  l'honora  d'une 
Epitaphe  en  vers  françois.  Elle  ne 
vaut  pas  celle  que  liii  fit  fon  amant 
en  vers  italiens  : 

Qui  TÏpofan  quel  cajh  e  ftULcl  offa 
Di  quell*  aima  gcntlU  e  fola  in  terra 
Ajpro  t  dur  Sajfo  !  hor  bon  uco  htU 

fottera 
EP  vero   honor  y    la  fama   e   heltà 

fcoffa 
Moru  ha  dcl  verdc  Lauro  fvelta ,    e 

fnwffa 
Fréfca  radtce  ,    e  U  premio  di   tnia 

gusrra, 
Dl  quattro  lufiri    e  pîti  ;  (    s*ancor 

non  erra 
Jli^  penjur  trifto  )  eP  chhtde  ht  poca 

foffa. 
FeUce  planta  in' horgo  d*Avlffiont 
'Nacqoc  e  mori  :  e  qui  con  ella  giace 
La  pcnna  ^  eP  fil ,  Pinchiofiro  e  la 

ragume, 
V  dcliçuti  mmhri  «  o  vîva  fac^ 


t  A  u         197 

Ch*aneor  ml  atoggl  t  fimg^l  in  ci- 

nucchlont 
Clafcum  pregkî  il  Slgnor   tracera  ht 

pdd. 

Nous  avons  confulté  pour  cet  ar- 
ticle les  favans  Mémoires  de  P«- 
trarque ,  publiés  à  Avignon  par  M« 
l'abbé  de  Sade ,  en  3  vol.  in-4*'  , 
1764  &  années  fuivantes.  ^oye^ 
auffi  l'article  de  Pétrarque. 

LAUREA,  Voyi  Lauria. 

/.  LAURENS ,  (  André  du)  natif 
d'Arles,  difciple  de  Louis  Dura, 
devint  profeffeur  de  médecine  à 
Montpellier,  &  premier  médecin 
du  roi  Henri  IV.  On  a  de  lui ,  en- 
tre autres,  un  bon  Traité  d*j4natomie^ 
en  latin,  in-fol. ,  qui  à  été  traduit 
en  françois  par  Héftot.»^  Du  Laurent 
mourut  en  1609 ,  &  eut  le  bonhour 
de  n'être  pas  témoin  du  farfiait  hor- 
rible de  l'année  fuivante. 

IL  LAURENS,  (  Honoré  du  ) 
frère  du  précédent ,  &  avocat-gé- 
néral au  parlement  de  Provfence , 
fe  didingua  dans  le  parti  de  la  Li- 
gue. Devenu  veuf,  il  embraffa  l'é- 
tat eccléfiafiique ,  &  JRenri  ly  lui 
donna  l'archevêché  d'Embrun.  U 
gouverna  fon  diocefe  avec  fageffe , 
&  mourut  à  Paris  en  1612.  On  a 
de  lui  :  I.  Un  Traité  Cvar  VHenôticon^ 
ou  Ee^t  de  Henri  III  ^o\ir  réunir  les 
•  Proteftans  à  .  l'églife  Catholique  , 
1588,  in-S**.  L'auteur  y  raifonn» 
favamment  fur  la  néceffité  d'une 
feule  religion.  IL  La  Conférence  de 
Surêne ,  entre  les  députés  des  Etats- 
gcnéraux ,  &  ceux  du  roi  de  Na- 
varre,  1593,  in-8\  Cette  relation 
eft /peu  fidelle,  &  fe  fent  des  pré- 
jugés de  l'auteur. 

LAURENS ,  Voytx^  Lorens. 

L  LAURENT,  (  Saint  )  diacre 
de  l'églife  Romaine  fous  le  pape 
'Sixte  II  j  adminiftroit  en  cette  qua- 
lité les  biens  de  l'églife.  L'empc- 
ÎÉ^ur  Valéiîm  ayant  allumé  le  feu 
de  la  perfécution  par  un  édit  cruel\ 
Shu  fut  mis  en  croix ,  &  du  hadt 

Ni4 


1^9       t  A  0 

de  fon  pbgt  il  promit  à  Laurent  ; 
impatient  de  le  fuivrey  qu'il  rece- 
vroit  dans  trois  jours  la  couronne 
du  martyre.  On  l'arrêta  bientôt 
après,  &  le  préfet  de  Rome  lui 
demanda,  au  nom  de  l'empereur, 
les  tréfors  qui  lui  avoiem  été 
'confiés.  Laurent  ayant  obtenu  un 
délai  de  trois  jours ,  pendant  le- 
quel il  raflembla  tous  les  pauvres 
Chrétiens,  il  les  préfenta  au  préfet: 
yoUà ,  lui  dlt-îl ,  les  Tréfors  de  /»£- 
gllfe.  Ce  barbare ,  outré  de  dépit , 
le  fit  étendre  fur  un  gril  ardent, 
après  l'avoir  fait  déchirer  à  coups 
de  ^Miet.  Le  héros  Chrétien ,  tran- 
quille fur  les  flammes ,  dit  à  fon 
tyran  :  Pai  été  ajfe[  longtemps  fur 
ee  côté  ;  fàUes^mol  retourner  fur  Poutre , 
afin,  que  je  fois  rSti  fur  tous  les  deux. 
Le  préfet ,  d'autant  plus  furieux  que 
Laurent  étoit  plus  intrépide ,  le  fit 
retourner  :  M^^q  hatdment^  dit  le 
généreux  martyr  à  cet  homme  de 
tfang,  6»  fojfq  fi  la  chair  des  Chré- 
tiens efi  mdllmre  rôtie  que  erue.  H 
jwia  enfuite  pour  fes  perfécuteurs , 
^ur  fes  bourreaux,  poiu  la  ville 
de  Rome,  &  expira  le  lo  Août 
258.  Sa  mort  fit  Beaucoup  de  Chré- 
tiens. Pluûeurs  Païens ,  touchés  de 
fa  confiance ,  ne  tardèrent  pas  d'em- 
brafTer  la  religion  qu'il  leur  avoir 
inipirée. 

n.  LAURENT,  évêque  de  No- 
vare  dans  le  vi^  fiecle ,  s'illuflra 
par  fes  vertus  &  par  fon  zèle.  On 
trouve  quelques-unes  de  fes  Home- 
Hes  dans  la  bibliothèque  des  PP. 

IlL  LAURENT,  (Saint)  moine 
&  prêtre  de  Rome ,  envoyé  par  5. 
Grégoire  le  Grand  y  avec  5,  Augiif- 
tin  y  pour  converdr  les  Anglois, 
en  baptifà  un  grand  nombre.  Il  fuc- 
céda  à  S.  Jupif&n  dans  l'archevêché 
de  Cantorbery ,  &  termina  {çs  tra- 
vaux apofloliqi^es  en  619.... 

1}  ne  Êiut  pas  le  confondre  avec 
5.  LàvtitST ,  ifCi  du  fang  royal 
■  d'Irlande,  qui  ait  abbé  de  GHa- 


L  A  U 

dale ,  plus  archevêque  de  Dublin  :  Il 
mourut  dans  la  ville  d'Eu  en  Nor- 
mandie, l'an  II 81. 

IV.  LAURENT  de  U  Résurrec- 
tion ^  (  le  Frère)  convers  de  l'oiv 
dre  des  Carmes  déchauiTés,  né  à 
Hérémini  en ,  Lorraine ,  monrut  à 
Paris  en  169 1 ,  à  So  ans.  FéneUn^ 
archevêque  de  Cambrai ,  qui  avoir 
été  fort  lié  avec  lui  y  le  peint  com- 
me  un  homme  greffier  par  nature  & 
délicat  par  grâce  ^  gai  dans  fes  plus 
grandes  maladies,  &  en  tout  & 
par-tout  un  homme  de  Dieu.  On 
a  publié  fa  Vie  à  Chàlons  en  1694, 
fous  le  titre  de  Aîeturt  &  Entretiens 
du  Frère  Laurent^ 

Y.  LAURENT,  (  Jacques  )  fils 
d'un  tréibrier  de  l'extraordinaire 
des  guerres,  porta  long-uemps  l'ha- 
bit ecdéfîaiiique ,  qu'il  quitta  dans 
un  âge  aflez  avancé.  U  Ait  fecrétaire 
du  duc  de  RichtlUu  ,  pete  du  célè- 
bre maréchal  vainqueur  de  MahoiL 
Lauraa  culdvoit  la  poéfie*,  mais 
il  eft  moins  connu  par  fes  vers 
qui  font  très-médiocres,  que  par 
la  traduction  de  VNlfioinde  Tempire 
Ottoman  àtSagred^ ,  en  6  vol.  in-il» 
à  Paris,  1724.  Le  traduâeur,  après 
avoir  poufîe  fa  carrière  jufcpi'à  S5 
ans ,  fijt  brûlé  dans  l'incendie  de  â 
maifon,  arrivé  le  6  Mars  1726. 

VI.  LAURENT,  (Pierre-Jofeph) 
habile  mécanicien ,  né  en  Flandres 
en  1715 ,  mort  en  177..,  fe  ûps^ 
par  des  prodiges  '  de  mécanique , 
&  par  toutes  les  vertus  de  l'excel- 
lent citoyen.  Le  cardinal  de  Poli" 
gnac  ayant  vu  une  petite  machine 
qu'il  fit ,  âgé  feulement  de  8  ans , 
prédit  que  cet  enfant  ieroit  un  jour 
un  grand  homme  dans  cette  bran- 
che importante  de  la  phyiîque,  & 
il  ne  fe  trompa  point.  Laurent  fit 
exécuter ,  à  21  ans ,  dans  les  pro* 
vinces  de  Flandres  &  de  Hainault , 
des  defléchemens  jufqu'alor&recon- 
nus  impraticables.  Chargj^  de  la  di- 
reâion  des  canaux  des  généralità 


4e  Valoidcmies  &de  Lille ,  i\  cra- 
vâlla  à  faciliter  la  navigation  de  la 
Scarpe,  &  confbuifit  fur  les  autres 
xivieres  des  édufes  plus  commo- 
des. Valenctennes  lui  e&  redeva- 
ble d'une  machine  ingénieuTe  pour 
les  fortiiicattoiis  &  pour  fa  détenfe. 
le  chariot  qui  amena  de  Paris ,  en 
1757,  avec  la  plus  grande  facilité, 
la  Satue  de  Loms  XV  ^  Ait  encore 
iffl  des  fruits  de  fon  induibie.  11 
inventa  auffi  ia  machine  connue  fouk 
Je  nom  de  pana  PuUs ,  dont  on  fe 
Servit  en  Bretagne  pour  purger  à  la 
lois  les  mines  de  toutes  leurs  eaux 
incommodes,  &  en  extraire  les  mé- 
fiux.  La  jonâion  de  l'Efcaut  &  de 
la  Somme  préfentoient  des  difficul- 
tés infurmontables  :  Laannt  conçut 
Je  projet  de  les  vaincre»  en  formant 
un  canal  fouterrain  de  trob  lieues 
d'éten4uè»  dont  le  niveau  devoit 
rejoindre  TEfcaut  à  ipiarante-srinq 
pieds  au-defliis  de^fa  fource,  &  la 
âomme  à  quinze  pieds  au-defîbus  de 
fon  lit.  On  travaille  aâuellement  à 
l'exécution  de  ce  grand  ouvrage ,  que 
Voltaire^  écrivant  à  fon  inventeur , 
appeloit  avec  raifon  un  Ckef-d'auvre 
inott'»  Les  div^s  phénomènes  de 
mécanique,  qu'a  opérés  cet  excel- 
lent artiÂe ,  ont  été  célébrés  dans 
Une  belle  Épitre  en  vers  par  M.  De- 
£lle^  de  l'académie  françoife*,  elle 
iè  trouve  dans  le  Trefor  du  Pamaffet, 
Tome  III.  page  50. 

LAURENT  DE  MEDICIS ,  Voy. 
Alexandre,  a?,  xv. 

LAURENT  JusTiNiEN,  (Saint) 

foy.  JûSTINIANI  ,  n°  L 

LAURENT  d'Upsal,  Fcyex. 
l'art.  GoTH. 
,  LAURENT  EcHARD,  Toy^  H. 

ECHARD. 

LAURENT  DE  BRINEœS ,  (  k 
bienheureux)  général  des  Capucins, 
né  à  Brindes  dans  le  royaume  de 
Naples  le  22  Juillet  1559,  mort 
^  Lisbonne  le  22  Juillet  16 19,  à 
éo  9DSf  s-ilhiAra  par  f«s  vertus  & 


L  U  U        199 

par  fon  zèle.  Les  pdpa,  Tempe* 
reiir ,  le  roi  d'Efpagne  l'employé* 
rent  dans  divetfes  négociations  ;  & 
il  les  remplit  avec  beaucoup  d'in- 
telligence &  de  fagefie.  U  converdt 
en  Italie  un  grand  nombre  de  Juifs  ^ 
en  Allemagne  plufieurs  hérétiques  ^ 
&  Alt  regardé  comme  un  nouveau 
S.  Bernard,  Pie  VI  l'a  béatifié  en 
1783.  Sa  rZf,  publiée  à  Paris  eit 
1787  ,  eft  écîite  avec  fidélité  9 
avec  élégance,  &  nourrie  de  réfle- 
xions intéreiTantes  propres  à  aire 
aimer  la  religion. 

LAURENTIA,  royti  AcCA. 

LAURENTiEN ,  (  Laurent  )  pro- 
fefleur  en  médecine  à  Florence  & 
à  Pife  dans  le  xv^  iiecle ,  traduififc 
en  latin  le  Traité  de  GàllUn  fur  Ut. 
fevrts  ,•  &  commenta  les  Prorn^fticÈ 
d'Hippocnue ,  Lyon  ,1550,  in-i2i 
Séi  bonnes  qualités  étoient  obfcur» 
des  par  une  noire  mélancolie ,  qui 
le  rendolt  infupportable  à  lui-même; 
Un  Jour  il  eut  envie  d'avoir  une 
maifoh  en  propre,  il  en  acheta 
une ,  &  donna  la  3^  partie  du  prix, 
à  condition  que  û  dans  fix  mois  il 
ne  payoit  le  refle,  l'argent  qu'il 
avoit  avancé  reôerdit  au  premier 
poflefTeur  de  la  maifon.  Faute  d'a- 
voir bien  pris  fes  mefures,  il  né 
put  trouver  la  fomme  promife  à  là 
fin  des  fix  mois  -,  ce  qui  le  rendit  Û 
chagrin ,  que ,  manquant  de  con-^ 
fiance  pour  fes  amis  qui  lui  aUroieni 
fourni  cet  argent,  il  fe  précipita 
dans  un  puits; 

LAURENTIO,  (Nicolas  Gahri^ 
BO ,  dit  )  Foyei  Gabrino. 

LAURÉS,  (Antoine  de)  né  à 
Gignac  dans  le  diocefe  de  Mont- 
pellier ,  mort  le  1 3  Janvier  1779  ^ 
cultiva  la  poéfie  de  bonne  heure» 
&  remporta  quatre  prix  à  l'acadé- 
mie des  Jeux  Floraux  ,  &  trois  à 
l'académie  françoife.  Son  Ode  fur 
ie  Jeu ,  refiera  comme  un  ouvrage 
bien  penfé  &  bien  écrit,  &  l'on 
en  fait  par  cœur  quelques  âançjsi 

Niy 


aoo        l-  A  U 

veriiflées  avec  autant  de  noblefie 
que  de  prédfion  &  d'énergie.  On 
9  encore  de  lui  uoe  tradudion  ou 
plytot  une  imitation  en  vers  de  la 
FharfiU  de  Lucjin,  17  7  h  itt-8°,  dans 
)aque  le  il  a  taché  de  faire  difpa- 
roitre  les  tccHes&de  rapprocher  les 
vraie >  bciutés  de  ce  poèmes  mais 
en  voulant  le  décharger  de  fon 
embonpoint  il  Ta  un  peu  défTéché: 
&  il  eil  fouvent  difficile  de  recon- 
Boitre  l'original  dans  le  traducteur. 
Il  y  a  cependant  des  morceaux  bien 
verfifîés,  &  quelques-uns  de  fon 
invention  qui  ne  déparent  point 
le  poëme  htin.  Le  chevalier  de 
Laurés  avoit  de  la  littérature  & 
même  de  la  pliilofopliic ,  mais  faris 
prétention  i  &  il  n  employa  ni  le 
jnanege,  ni  l'intrigue  pour  faire 
valoir  fes  tajens  &  décrier  ceux 
de  Tes  rivaux.  Nous  n  avons  pas 
parlé  de  quelques  tragédies  de  cet 
auteur.  La  poéÂe  dramatique  n'étoit 
pas  fa  partie  brillante. 

LAURI ,  (  Philippe  )  peintre,  né 
à  Rome  en  1623 ,  mort  dans  cette 
ville  en  1694,  à  71  ans  ,  a  excellé 
à  peindre  en  petit  des  fujets  de 
Métamorphofùs  ,  des  Bacchanales  ,  & 
lies  morceaux  d'HîJiolre,  Sa  touche 
eft  légère ,  fes  compofitions.  gra- 
cieufes ,  fon  deflin  correâ  ;  mais 
ion  coloris ,  rarement  dans  le  ton 
convenable ,  eft  tantôt  foible ,  & 
tantôt  outré.  Il  a  feit  quelques  ?->• 
fages^  où  Von  remarque  beaucoup 
de  fraîcheur  &  de  goût.  Lawi 
îvdit  plus  d'une  forte  de  talent  -, 
Il  étoit  favant  dans  la  perfpeftive , 
dans  la  fable ,  dans  l'hiftoire ,  &  s'a- 
inufoit  quelquei:ois  avec  les  Mufes, 
Un  caraûere  gai ,  une  imagination 
pétillante,  un  efprit  de  faillie  6( 
de  Uberté ,  rendoient  fa  çonver- 
fitian  très  -  amufante..,,..  V^yci 
Geléç. 

.  LAURI  A ,  rFraiîçoîS-Laurent  de) 
iJroit  ce  nom  de  la  ville  de  Lauria 
dao?  kroyaumç  deN?plçs ,  pw  U 


L  A  U 

étok  né  :  car  fon  nom  de  Ênùlle 
étoit  BrancM,  Il  fe  fît  Cordelicr, 
&  de  dignités  en  dignités  parviu 
à  la  pourpre  Romaine  en  1 687 ,  fous 
Innocent  XL  L'illuffare  Francifcaia 
auroit  pu  fe  flatter  d'avoir  la  tiare, 
il  les  Ëfpagnols,  avec  lefquels  il 
étoit  brouillé ,  ne  lui  euûent  Eût 
donner  lexcluiion  dans  le  conclave 
où  AUxandn  VUl  Mt  élu  :  il  eut  I 
quinze  voix  dans  un  fautin.  Ce  | 
favant  cardinal  mourut  à  Rome  le 
30;  Novembre  1693  ,  à  82  ans, 
laiiTant  pluûeurs  ouvrages  de  théo* 
logie.  Le  plus  eflimé  de  tous  eâ: 
-fon  Traité  en  latin  de  la  Prédefima- 
tion  Ode  U  Réprobation ,  in'.-4** ,  pu- 
blié à  Rome  en  1688,  &  à  Rouen 
en  170  ç.  5.  Auffifiln  eft  fon  guide 
dans  ce  traité  v  il  ne  parle  que  d'a« 
près  lui ,  &  n'en  parle  que  mieux. 
LAURIERE ,  (  Eufcbe-Jacob  de) 
avocat  au  parlement  de  Paris ,  fa 
patrie  «  naquit  en  1659.  Il  fuivit 
le  barreau  pendant  quelque  temps  » 
mais  fon  goût  pour  les  travaux  da 
cabinet  l'obligea  de  l'abandonner. 
Il  fouilla  toutes  les  parties  de  la 
jurifprudence  ancienne  &  moderne; 
il  débrouilla  le  chaos  de  l'andenne 
procédure  -,  il  porta  la  lumière  dans 
la  nuit  obfcure  des  Coutumes  par- 
ticulières de  diverfes  provinces  de 
la  France ,  &  ,  par  des  recherchcf 
épinçufes ,  il  fe  rendit  l'oracle  de 
la  jurifprudence.  On  avoit  recours 
à  lui  comme  à  une  reffource  aflii- 
rée  ,  &  quelquefois  unique  pour  les 
quefHons  qui  ne  font  pas  renfer- 
mées dan?  le  cercle  des  rffeires  cou* 
rantes.  Le^  fiv^ns.  les  plus  diftin- 
gués  de  fon  temps  fe  firent  un  hon* 
neur  &  un  plaifir  d'être  lié  avec 
lui.  Lauriers  fiit  aiTocié  aux  émde< 
dn  jeune  Digmjfeau^  depuis  chan- 
celier de  France.  Cet  habile  homme 
mourut  à  Paris  le  9  Janvier  1728, 
à  69  ans.  Ses  travaux  continuels 
avoieni  beaucoup  aftbibli  fon  tem» 
pçrauuça^  Vingt  aa$  avw  fy  tHQit^ 


L  A  U 

il  hâ  furvint  une  groâe  loupe, 
^  adhéroit  à  la  gencive  du  côté 
^  droit.  Dansées  dix  dernières  années 
I  de  fa  vie,  elle  groâit  fi  confidéra- 
!  blement,  qu'à  peine  pouvoit  <-  il 
I  pieadre  des  alimens  folides.  Elle 
lui  attiroit  des  âuxions  prefque  con- 
I  ttnucUes  ;  &  après  avoir  rempli  fa 
'  vie  de  douleurs,  elle  fut  la  caufe 
ëe  fa  mort.  On  a  de  lui  :  I.  D^ 
VoTl^Uududruhd*Amorttjfcmentii6()%^ 
in-ia  :  l'auteur  y  traite  auffi  du 
DrMdis  Frjncs'FUfs ^  quieft fondé 
fur  les  mêmes  principes  ,  &  il  veut 
prouver  que  les  rentes  conûitu«^es 
îb&t  fujetes  au  droit  d'amortiâe- 
ment.  IL  Tcxu  dis  Cout.mu  de  la 
Privâté  de  Paris  »  réimprimé  avec 
beaucoup  de  notes  nouvelles ,  Paris , 
^777»  3  vol.  in*i2.  IlL  hiblîothc* 
fM  des  Coutumes ,  in-4^  ,  avec  Bcp- 
K-ycT'  Cet  ouvrage ,  qui  n'eft  pro- 
prement que  le  plan  d'im  bâtiment 
imxBenfe ,  que  ces  deux  (avans  archi- 
teftes  n'ont  pas  fini ,  renferme  la 
Pré&ced'un  nouveau  CoutumUrgi- 
néral ,  &  une  Differtation  profonde 
fur  l'origine  du  Droit  François.  IV. 
GLffaiie  du  Droit  François ,  in-4®, 
•1704.  Ce  Diâionnaire  de  tous  les 
vieux  mots  des  ordonnances  de 
nos  rois  &  des  autres  titres  anciens, 
avoit  été  donné  d'abord  par  Ra- 
p^c.u  ;  L  urlcrc  le  mit  dans  un  meil- 
leur ordre,  U  étoit  d  autant  plus 
capable  de  ce  genre  de  travail ,  qu'il 
itoit  fort  verfé  dans  la  iechire  de 
nos  poëtes  &  de  nos  vieux  roman- 
ciers. V.  Infikutes  Coutumi^rcs  de 
hfifd ,  avec  de  favantes  notes , 
1710,  a  vol.  in-ia.  VI.  Le  i^' 
&  le  2*  tomes  du  Rccudl  curieux 
&  immenfe  des  Ordonnances  de  nos 
Piiî^y  qui  t'orme  aujourd'hui  1 1  vol. 
in-folio  :  [  Voye^  Secousse.  )  VII . 
lîûhU  Chnmvlo^que  des  Ordonnances^ 
in-4° ,  avec  deux  de  Ces  confrères: 
VIII.  Une  édition  des  Ordonnances 
compilées  par  Aéron  &  Cirdrd , 
47» ,  2  vol.  in»£61. . .  •'    - 


L  A  V        lofi 

LAURIFOLIUS,  f^É^e^LAOER- 

tOOF. 

L  LAURO,  (Vincent)  né  à 
,Tropea  en  Calabre ,  cultiva  de  bon- 
ne heure  la  médecine,  &  joignit  à 
cette  fcience  une  grande  capacité 
pour  les  afi  aires.  Pie  V  qui  con« 
noifloit  tout  le  mérite  de  ce  favant, 
lui  conféra  1  evéché  de  Mondovi 
en  Piémont.  Sous  le  pontificat  de 
Grégoire  XJII  y  Lauru  iLt  envoyé 
nonce  en  Pologne.  11  remplit  cette 
tionciature  fucccfTivement  auprès  de 
Slgljmond'Augufie  y  de  Henri  de  Va^ 
lois  y  duc  d'Anjou ,  &  6!Etknne  Bat" 
tort.  Au.  perfuafion,  Jean  IJI,  roi 
de  Suéde  ,  reçut  dans  fa  cour  le  Jé- 
fuite  Antoine  Poffevîn ,  qui  ramena 
Sipj'mond,  fils  de  ce  prince,  à  la 
religion  Catholique.  Grégoire  XIII^ 
en  reconnoifiance  des  fervices  de 
Ldur^ ,  le  décora  de  la  pourpre  Ro* 
maine  en  15 S 5.  Dans  cinq  concla-  . 
ves  confécutifs ,  Lawo  eut  un  grand 
nombre  de  voix  pour  être  placé  fur 
la  diaire  de  S.  Pierre.  Il  mourut  en 
159a,  à  70  ans,  avec  la  gloire  de 
n'avoii:  dû  fon  élévadon  qu'à  foa 
mérite. 

IL  LAURO ,  (  Jean-Baptifle  )  né 
à  Peroufc  en  1 5  8 1 ,  devint  camerier 
d'Urbain  VIII  ^  dianoine  de  Sainte- 
Marie  ,  fecrétaire  du  confiftoire,  &c. 
^&  mourut  âgé  de  4$  ans  en  1629. 
On  a  de  lui  :  L  Èpijiola^  1624  , 
in-8^.  IL  Poemati ,  1623  ,  in- 12. 

LAUTREC,  Kc^re^  Foix  n^  m. 

L  LAW ,  (  Jean  )  EcofTois  »  na- 
quit en  168S  à  Edimbourg ,  d'un  ^ 
coutelier ,  ou  ,  félon  d'autres ,  d'un 
orfèvre.  11  fc  donnoit  cependant . 
pour  gentilhomme.  U  étoit  grande 
bien  fait ,  d'une  figure  agréable  8c 
noble,  de  beaucoup  d'efprit ,  d'une 
politeffe  difiinguée.  Ayant  féduit  à 
Londres  la  filie  d  un  lord ,  il  tua 
le  firere  de  fa  maîtrcffe ,  &  fût  con- 
damné à  être  pendu.  Obligé  de  fuir 
"de  la  Grande-Bretagne  ,  il  pafla  en 
HpU^nde,  &  de  làe9  Iialie,  U  avoit 


j.0%       L  A  V 

depuis  long-temps  rédigé  le  plan 
d'une  compagnie,  qui payeroit en 
billets  les  dettes  d'un  état,  &  qui 
fe  rembourferoit  par  les  profits.  Ce 
fyftême  étoic  une  imitation  de  la 
banque  d'Angleterre,  &  de  Ta  com- 
.  pagnie  des  Indes.  Il  propofa  cet 
établiiTementau  duc  de  Savoie ,  de- 
puis i*"^  roi  d€  Sardaigne,  (  Victor- 
Amédu  )  qui  répondit  qu'<7  ii'étou 
pas  ajfc^  puljptnt  pour  fe  ruiner.  Il  le 
viat  proposer  au  contrôleur  géné- 
ral de  France ,  Des  Marits ,  en  1 709 
ou  1710  ;  mais  c'étoit  dans  le  temps 
d'une  guerre  malheureufe ,  où  toute 
là  confiance  étoit  perdue ,  &  la  ba£e 
de  ce  fyftême  étoit  la  confiance. 
Enfin  il  trouva  tout  favorable  fous 
la  régence  du  duc  d^OrUetns  :  deux 
niilliars  de  dettes  à  écdndre ,  un 
prince  &  un  peuple  amoureux  des 
.nouveautés.  Il  établit  d'abord  luie 
banque  en  fon  propre  nom  l'an 
1716  5  elle  devint  bientôt  un  bu- 
jreau  général  des  recettes  du  royau- 
me. On  y  joignit  une  compagnie 
du  Miiliffipi  :  compagnie  dont  on 
faiToit  efpéi-er  de  grands  avanta- 
ges. Le  public ,  féduit  par  Tiquât 
du  gain,  s'emprefTa  d'acheter  avec 
^eur  des  avions  de  cette  compa-  ' 
gnie  &  de  cette  banque  réunies. 
Les  richeiTes ,  auparavant  refTerrées 
par  la  défiance ,  circulèrent  avec 
proton  ',  les  billets  doubloicnt, 
quadruploient  ces  richeiTes.  La 
France  fiit  très-richç  en  effet  par 
Je  crédit.  La  banque  fiit  déclarée 
banque  du  roi  en  171$  ;  elle  fe 
chargea  du  commerce  du  Sénégal , 
des  fermes  générales  du  royaume , 
&  acquit  1  ancien  privilège  de  la 
compagnie  des  Indes.  Cette  ban- 
<{ue  étant  établie  fur  de  û  vafles 
ibndemens  ,  fes  actions  augmentè- 
rent vingt  fois  au-delà  de  leur 
première  valeur.  En  i7i9elle$va- 
îoient  86  fois  tout  l'argent  qui  pou- 
voit  circuler  dans  le  royaume.  Le 
.  gouveraement  reoiboûrfa  en  papier 


L  A  V 

tous  les  rentiers  de  l'état,  &  et  fin 
l'époque  de  la  fubveriion  des  for- 
tunes les  mieux  éta]|lies.  Ce  fiit 
alors  (  en  1710  }  qu'on  donna  la 
place  de  contrôleur  des  finances 
à  law.  On  le  vit  en  peu  de  temps 
d'EcofTois  devemr  Françob  par  la 
naturaiiiktion  -,  de  Protefhnt ,  Ca- 
tholique ;  d'aventurier  ,  feigneur 
des  plus  belles  terres  *,  &  de  ban- 
quier, miniâre  d'état.  Le  déTordre 
étoit  au  comble;  Le  parlemdit  de 
Paris  s'oppofa ,  autant  qu'il  le  put» 
à  ces  innovadons ,  &/  il  fut  eâûlé 
à  Pontoile.  Enfin  dans  la  même  an< 
née ,  'Law  ,  chargé  de  Texécradon 
publique  ,  fiit  obligé  de  ^itter  le 
pays  qu'il  avott  voulu  enrichir ,  & 
qu'il  avoit  bouleverfë.  Il  fe  retii? 
d'abord  dans  une  de  fes  terres  en 
Brie  ;  mais ,  ne  s'y  trouvant  pas  en 
fureté ,  il  parcourut  une  partie  de 
l'Allemagne ,  &  defceodit  en  Italie 
par  le  Tirol.  Après  avoir  entrepris 
quelques  autres  courfesen  HoUan- 
de ,  en  Angleterre ,  en  Danemarck, 
il  ife  fixa  enfin  à  Venife ,  où  tl 
mourut  l'an  1729 ,  l'efprit  plein  de 
projets  imaginaires  &  de  calculs 
immenfes.  Un  anonyme  lui  a  Eut 
cette  épitaphe  : 

et  ^t  te£  Ecùffoîs  célèbre  , 
Ce  calculateur  fans  égal  ^ 
Çtd  par  les  règles  de  l'al^ehre 
A  mis  la  France  à  Phâpttal, 

Le  jeu  avoit  commencé  fa:  fortune  « 
&  cette  paffîon  fèrvità  la  démiire. 
Quoique  fon  état  ne  fîit  guère  au- 
deâus  de  l'indigence ,  il  joua  juf- 
qu'à  fa  mort.  Lorfque  le  préfident 
de  Montefquîeu  pafTa  à  Venife,  il 
n'oublia  pas  de  voir  ce  trop  célèbre 
Ecoffois.  Un  jour  la  converfadoo 
roula  fur  fon  âmeux  fyflême. 
Pourquoi  ,  ■(  lui  demanda  Monuf-- 
quîeu  ,  )  n'ave^ous  pas  ejfayé  de 
corrompre  le  Parlement  de  Paris  , 
comme  le  mimftere  Aîiglois  fait  à 
Pétard  du  Farloatat  de  JUndrv?**»^ 


L  A  W 

fluûle  dxffirmu^  f  répondît  I^ir  )  / 
Lt  Sénat  Angloîs  ne  faU  confifier  la 
Siméfi/à  fdrt  tout  et  qu'il  veut  ;  le 
FrottfoU  M  met  la  fienne  qu*â  fmt 
tcut  ce  qu*tl  doit.  Ainfi  PimérU  petit 
tn^er  Pun  à  vouloir  ce  qu'il  ne  doit 
pas  faire  i  il  e/i  rare  quil  poru  l'amtre 
à  fore  ce  qu'il  ru  doit  pas  vouloir»  U 
eut  un  en£int  de  &  femme  ,  ou 
plutôt  Cà  maitreffe  :'elle  étoit  aufll 

'  hautaine  que  belle.  Elle  avoit  ob- 
tenu une  penûon  qui  fut  iupprimée 

I      après  la  mort  «tu  régent  ^  &  cette 

I  femme  qui ,  dans  le  temps  de  Ton 
élévation  ,  difoit  qu7/  n'y,  avait 
point  d^animal  plus  ennuyeux  qu'une 
Ducheffe,  rentra  dans  la  mifere  & 

I  dans  la  boue  d'où  elle  avoit  été 
tirée....  Voye^  l'Hîfioire  du  $yfihu 
du  Finances  ,  par  du  Haut^Champs , 
la  H«e,  1734 ,  6  vol.  in-i»i  & 

^       les  Mémoires  de  la  Régence  ,  5  vol. 

i      in-i2,  1749. 

IL  LAV ,  (Edmond)  r«y.  KiNG, 
tP  m,  à  la- fin. 
LAUZUN ,  (  Antoine-Nompar  de 

:      Caumontî  duc  de)   né  en  1634, 

i  fut  s'attirer  les  bonnes,  grâces  de 
loms  XIV  y  &  celles  -de  MU«  de 
Montpenfier,  [  Voyei  ce  dernier  arti- 
cle}.... Lauiun ,  font  de  Pignerol , 
p^a  Tan  1689  en  Angleterre ,  poOr 
aider  le  roi  Jacques  II  à  reconquérir 
foa  toyaume.  Ceprince  obtim|K>ttr 
lui  le  tkre  de  duc  de  Lauiun  en  ^691. 
il  mourut  au  couvent  des  Petite- 
Ai^uâins  à  Paris,  en  1713  >  âgé 
de  91  ans ,  avec  la  réputation  d'un 
homme  avantageux  de  brave  *,  mais 
.qui  avpitmoias  de  mérite ,  que  l'art 
de  faire  valoir  le  peu  qu'il  en  avoit. 
B  ne  lai£^  point  de  pofkérité  de 
la  fille  du  maréchal  de  Lorges^  qu'il 
avoit  époulee  après  la  mort  de 
MU^  de  Montpenfar. 

i  LAZARE, frère  de  Mc7{^&  de 
Marthe ,  demeuroit  à  Béthanie*,  Je/us 
qui  l'aimoit,  alloit  quelquefois  loger 
ànz  lui.  Le  Saïiveur  vint  en  cette 
viUe  quatre  fovas  s^ès  Ifi  mon  de 


L  A  Z         %oj 

Lâ\ârt ,  fe  fit  conduire  à  fon  tom- 
beau ,  &  en  ayant  fiût  èter  la  pierse 
il  lui  rendit  la  vie.  Ce  miracle  édi- 
tant ,  opéré  aux  pones  de  Jérufidem, 
ayant  été  rapporté  aux  princes  des 
I^êtres  &  aux  Pharifiens ,  ces  etuit* 
mis  delà  vérité  pnrent  la  réfolution 
de  faire  mourir  &  JefiwChrifi  &  L^h 
\are.  Ils  exécutèrent  leut  mauvais 
defiein  envers  le  Sauveur  ;  mais  à 
l'égard  de  Lazare  ,  Thiftoire  fainte 
ne  nous  apprend  pas  ce  qu'il  devint. 
Les  Grecs  difent  qu'il  itiounit  dans 
ride  de  Chypre ,  où  il  étoicévêqutf  ^ 
&  que  fes  reliques  ont  été  trinipàr- 
tées  à  Conôdtitinople  fous  Trempe-* 
reur  Léon  U  Sage,  Les  anciens  nutr» 
tyrologes  d'Occident  confirment 
.  cette  tradition.  Ce  n  eft  que  vers  le 
xiii^  fiecle  de  Téglife ,  que  l'on  a 
.  parlé  de  fon  voyage  en  Pt^vence 
avec  Marie-Magieleine  ^Marthe,  fes 
fœursy  &  qu'on  Ta  fuppofé.  mon 
évêque  de  Marfeille.  VAl,  hhvmou 
IL  LAZARE,  pwvre ,  véritable 
ou  fymbolique ,  que  le  Fils  de  Diâu 
nous  repré&me  ,  dans  l'évangile  » 
tout  couyevt  d'ukeces  ,  coudié 
devant  la  porte  d'un  riche  y  où  il 
ne  défit  oit  que  les  miettes  qui  tosn- 
boiait  de  £1  table ,  fans  que  pec- 
ibnne  les  hit  donnât.  Dieu  ^  pour 
récompenfer  1^  pQtieaoe  de  l^are  , 
.  le  redra  du  monde  ;  &  fon  ame 
.fiit  portée  dans  te  fein  A'Ahahant^ 
Le  riche  mourut  auffi ,  &eiitrettlior 
pourfépulture»  Lorsqu'il  étoit  dàhs 
les  tourmens ,  il  vit  de  loinirt^o;», 
&  lui  demanda  quelques  tafcticlnf- 
ibnens  ',  nm^AlMraham  lui  répondit^ 
qu'ay«i»e  été  dana  Us  déliées  pendanl^ 
queLazare/ot^toit ,  il  étoit  jufte  qu'il 
fut  dans  les  tourmens  ,  pendant  qàe 
éelul-^ei  étoit  dans  fa  joie.  Quelques 
interprètes  ont  ctu ,  que  ce  que  le 
Fils  de  Dieu  rappone  ici  de  La^art 
&  du  mauvais  ridie  f  dk  une  ïàS* 
toire  réelle  vd'au&es  prétendent  qu£ 
ce  n'eft  qu'une  parabole  ;  &  ondfia 
qud^pie»»us9,  tenastt  le  imlka^ 


204        L  A  2 

veulent  que  ce  foit  un  fonds  hîfto* 
rique ,  anbelli  par  le  Sauveur  de 

-  quelquescirconftaiices  paraboliques. 
.     m.  LAZARE,  religieux  Grec , 

•  qui  avoit  le  talent  de  la  peintture , 
'confacra  fon  pinceau  à  des  fujets 

•  de  piété.  L'empereur  ThéuphlU ,  Ico- 
nocldfte  ,  furieux  ,  fit  déchirer  le 
pieintre  à  coups  de  touet ,  &  lui  fit 
appliquer  aux  mains  des  lames  ar- 
dentes. Laiare  ^  guéri  de  fes  plaies  , 

.  continua  de  peindre  /.  C,  la  Ste» 

VUrge  &  les  Saints.  Il  mourut  en 

.  867  à  Rome ,  où  l'empereur  MUful 

-  l'avoit  envoyé. 

•  LAZARELLI,  (Jean-François) 

-  poëte  Italien ,  né  à  Gubio ,  d  abord 
auditeur  de  rote  à  Macerata,  en- 
fuite  prévôt  de  la  Girandole ,  mou- 
tut  en  1694 ,  âgé  de  plus  de  80 

'  ans.  On  a  de  lui  un  poëme  (ingu- 
lier,  intitulé.:  La  Clcce.de  legîttma, 
La  féconde  édition ,  qui  efl  augmen- 
.  té/B ,  eft  de  Paris  ,  fans  date  ,  in-12, 
•■&  a  été  réimprimée  une  troifieme 
ibis.  C'eft  un  recueil  de  fonnetsfic 
.de  Vers  mordans  contre  un  nommé 
^jirrigfûni^  fon  collègue  à  la  rote  de 
Macérata.  Il  le  pfend  au  berceau  , 
&  ne  le  quitte  qu'au  cercueil.  Il 
-pouffe  la  baiTeffe  jufqu'à  plaifanter 
ïiur  fa  mort  &  fur  ion  enterrement. 
,La  yerfificatiott'de  cefattrique  efl 
coulante ,  aifée ,  naturdlc ,  lesfail- 
-lies  vives  ,  les  plaifanteries  piquan- 
*tes  ;  mais  il  y  règne  trop  d'amcr- 
•<6me  &  de  grof&éreté  ;  6c  ceux  qui 
.en  ont  loué  la  fiiieffe ,  ne  l'ont  pas 
4u  Y  du  font  bien  peu  délicats.  La 
^ré£ace  de  cette  faore  renferme  des 
cxcufes  qui  ne  i'excufent  pas. 

LAZERME,  (Jacques)  profef- 
ifeur-  de  médecine  en  l'univcrfité 
-de  Montpellier ,  mort  au  mois  de 
Juin  1756  ,  âgé  de  plus  de  80  ans, 
«ft  auteur  d'un  ouvrage  intitulé  : 
^âciatux  de  morbis  inumis  CapUls , 
4748 ,  2  vol.  in-12  ;  ouvrage  qiâ 
n'a  été  mis  au  jour  que  par  le  dé* 
fix  d'être  utilç  aux  jeunes  niédçcin$. 


L  E  A 

M.  DidUr-des^Marêts  Ta  traduit  ea 
françois.  Il  a  été  imprimé  à  Paris 
en  1754,  fous  ce  titre:  Traité  des 
maladUs  internes  &  externes  ,  2  vol. 
in-i2v  On  a  encore  de  lut  :  I.  Cura^ 
tiones  morhorum ,  I7  5 1 ,  2.  vol.  in-12 , 
mifes  en  françois  fous  ce  titre:  Me- 
thvde  pour  guérir  Us  maladies ,  traduites 
du  latin  de  M.  La^ermt  ;  Paris,  175 1* 
in-12.  Cet  ouvrage  eft  un  peu  fu- 
perficiel.  II.  De  fitpptaraùonîs  eyctt' 
tlbus ,  1724 ,  in-8**.  III.  Défère  ter^ 
tîana  Intermluente  ,  I73I ,  in-S*^. 

LAZIUS  ,  (Wol%ang)  profef- 
feur  de  belles-  lettres  &  de  méde- 
cine à  Vienne  en  Autriche ,  fa  pa- 
trie, naquit  en  1514  ,  &  mourut 
en  7565  ,  à  50  ans,  avec  le  titre 
d'hifloriographe  de  l'empereur  FtF' 
dlnand  I,  &  avec  la  réputation  d'un 
homme  fort  laborieux,  mais  mau- 
vais critique.  On  a  de  lui  :'  ï.  Un 
favant  traité  de  Gemlum  mîgrationi^ 
bus^  1752 ,  iri-fol.  Il  roule  princi* 
paiement  fur  les  émigrations  dès 
peuples  du  Nord.  II.  CommeâtarL" 
rum  Rtiptthltctt  Romanttîn  exteris  prà- 
vincils  hello  de^tufals  c^njtîtutet ,  H- 
bri  XII ,  1598  ,  in-folio  ,  pleins  de^ 
-recherches  &•  d'inexa£):itudes.  lïl. 
De  rehus  Vlennenfihus  ,  I5 46 ,in-fol.: 
favant ,  mais  femé  de  fautes.  Les 
états  de  Vienne^  jugèrent  cepen- 
dant fon  travail  digne  d'une  récbra- 
penfe  honorable.  ÏV.  Geograpfua 
Fannonla ,  dans  OneÛus*  V.  In  Ce*  ■ 
neàlvgiam  AuftfiieAm  Commentant  , 
1 5  64 ,  ih-foîio  ,  ^r.  La  plupart  des 
ouvrages  de  La{luf  ont  été  recueillis 
à  Francfort,  1698,  en  deux  volumes 
in-fol.  ^Vhy.  îil.  Abdias. 
I.  LÉANDRE  -,  jeune  homme  de  k 
ville  <l'Abydos ,  fur  la  côte  de  l'Hel- 
Icfpont  du  côté  de  l'Afie ,  qui  fe 
noya  en  traycrfam  ce  détroit  à  la 
nagé  dans  une  nuit  orageufe.  Vir- 
gile d  décrit  cette  aventure.  Georg, 
L.  5.  Voye^  HÉRO.  * 

.  II.  LÉANDRE ,  (  Saint  >  fils  d'un 
gouverneur  de  Quthagene ,  fn« 


L  E  C 

brafla  d*abord  la  vie  rnoxâftique ,  & 
fut  enfuite  évê(^e  de  Séville ,  où  il 
cilébra  un  concile.  Il  mourut  en 
6oi.  Quelques-uns  lui. attribuant 
le  iOu  Mijarablquc,  S,  Crégoln  le 
Grand  lui  dédia  (es  àd^r^Us  fur 
Joh ,  qu'il  avoit  entreprifes  à  fa 
perfuaiion.  On  a  de  S,  Léundre  une 
Lettre  à  fioremine  fa  fœur  ,  qui 
renferme  des  avis  fort  utiles  pour 
des  rel^eufes.  On  la  trouve  dans 
la  Bibilotheque  des  Pères  ;  ainû  que 
fon  Difccurs  fur  la  converfion  des 
Goths  Ariens,  inféré  aufli  à  la  fin 
des  Aôes  du  m*  concile  de  Tolède. 

ni.  LÉANDRE ,  ( le  Pcre)  Capu- 
cio  ,  mort  à  Di)on  fa  patrie  ,  en 
1667 ,  compofa  plulîeurs  ouvrages 
qui  lui  firent  un  nom  dans  fon  or- 
dre. Les  plus  accueillis  font  :  Les 
vifîtés  de  PEyangjiU  ,  1661  &  l66a , 
Paris,  1  vol.  in-folio  ;  &  un  Cutn- 
nuntdlre  fur  les  Epîtrcs  de  S,  Paul , 
1663  ,  1  vol.  in-fol. 
IV.  LÉANDRE,  Voy,  L  Alberti. 

LÉARQUE  ,  fils  d'Athamas  & 
d7io ,  que  fon  père  dans  un  accès 
de  fiireur  ccrafa  contre  un  rocher , 
croyant  que  c'étoit  un  jeune  lion- 
ceau. Voyê{  Ivo  &  Athamas. 

LEBAS,  (JacquesPhilippe)  pre- 
mier graveur  du  cabinet  du  roi ,  né 
â  Paris  le  8  Juillet  1707  ,  mort 
le  14  Avril  178  3  ,  fe  difhngua  par 
la  délicateâe  &  la  fécondité  de  fon 
burin. 

LEBBÈE,  Voy.  JuDE  (Saint). 

LEBEUF,  Voy.  Beuf. 

LEBID,  le  plus  ancien  des  poè- 
tes Arabes  qui  ont  vécu  depuis  l'o- 
rigine du  Mahoméûfme ,  embrafla 
cette  religion  après  avoir  lu  un  cha- 
pitre de  TAlcoran.  Mahvmet  fe  féli- 
cita d'une  telle  conquête  ,  &  em- 
ploya fa  mufe  à  répondre  aux  chan- 
îbns  &  aux  fatires  que  les  poètes 
Arabes lançoient  contre  lui.  Ce  pro- 
phète difoit,  que  la  plus  belle  fen- 
tence  qui  fàt  fortie  de  la  bouche 
dçj  Arabes ,  éîgit  ceîje-ci  de  Lf^ii  ; 


L  E  B         205 

Torr  ce  qui  n'efipas  DUu  ,  n*efi  rien». 
Le  verfincateur  Arabe  mourut ,  âgé  » 
dit- on,  de  140  ans. 

LEBLANC,  Vvy.  LBeaulieu... 
Blanc  ,  (le)  n**  //  &  ///...  Car- 
dan... 6-  I.  COULON. 

LEBLANC  ,  (Marcel)  Jéfuite» 
né  à  Dijon  en  165  3  ,  tut  un  des  14 . 
mathcmaucicns  euvoycs  par  jlouIs 
Xlf  au  roi  de  Siam,  Il  travailla  à  la  - 
converfion  des  Talapoins  ,  &  s  em- 
barqua pour*la  Chine  ;  mais  le  vaif- 
feau  fur  lequel  il  ctoit,  ayant  été  ^ 
battu  par  la  tempête  ,  le  P.  Leblanc 
reçut  un  coup  à  la  tête ,  dont  il 
mourut  en  1693  ,  à  40  ans  ,  a»  . 
Mozambique.  On  a  de  lui ,  VHlJioîrt 
de  la  Révc/ùaion  de  Slam  en  tCSS ,  à  , 
Lyon,  1691 ,  en  2  volumes  in-ii ,  . 
avec  un  détail  de  Tétat  préfcnt  des 
Indes.  C&ttç  Relation  eflafiez  exaâe  » 
le    deuxième  volume  of&e    plu-  . 
fieurs  remarques  utiles  aux  navi- 
gateurs. 

LEBLOND ,  Lebossu  ,  Voye^ 
au  B. 

LEBRIXA,  Vcye[  Antoine  N*-  ] 
brijjfenfis ,  n**  XI. 

LEBRUN,  Koyq  Brun. 

LECHE ,  ( N... )  mort eni764 , 
membre  de  l'académie  des  fciences 
de  Stockholm ,  profeffcur  d'hifloir« 
naturelle  à  Abo  ,  a  été  le  rédaâeur 
d  un  ouvrage  entrepris  par  l'ordre 
du  roi  de  Suéde ,  6c  qui  a  paru  après 
la  mort  de  l'auteur ,  fous  ce  titre  :  . 
Infiruclum  fur  U  plantation  des  ArWes 
&  Arbrlffcaux  fauvages ,  &c.  Cellun 
extrait  des  ouvrages  de  Utimzus  & 
de  plusieurs  autres  favans  natura- 
lîïles ,  relatifs  à  cette  raàtiere. 

LECLAIR,  (Jean-Marie)  né  à 
Lyon  en  1697  ,  d'un  père  mufi- 
cîen ,  obtînt  la  place  de  fympho- 
nifte  de  Louis  XIV  ^  qui  l'honora 
de  fes  bontés.  Après  un  voyage  en  . 
.  Hollande,  il  fefixa  àParb,  où  le 
duc  de  Gramont ,  dont  il  avoit  été  . 
maître,  lui  donna  une pcnfioti.  I<-  ^ 
clair ')omSoit  ea  paûc;  de  U  réputé 


at>6        t  E  C 

tlon  &  de  l'eftime  des  honnètes- 
gens ,  lorfqu'il  fut  affiUHné  la  nuit 
du  22  au  23  Oftobre  1764,  dans 
ÛL  6^  année.  Ce  célèbre  muficien 
avoît  dans  fes  mœurs  une  fimpli- 
xité  noble.  Sérieux  &  penfeur ,  il 
n'aimoit  point  le  grand  monde  *,  mais 
il  connoilToit  l'amitié  ,  &  favoit 
l'infpirer.  G)mme  muficien  ,  il  dé- 
brouilla le  premier  l'art  du  violon , 
il  en  décompofa  les  difficultés  & 
les  beautés  ,  &  on  peut  le  regarder 
comme  le  créateur  de  cette  exécu- 
tion brillante  qui  diftingue  nos  or- 
cheftres.  Ses  ouvrages  font  :  I.  Qua- 
tre livres  de  Soimatts ,  dont  le  pre- 
mier parut  en  1720.  Leur  difficulté, 
capable  dé  rebuter  les  muficiens  les 
plus  courageux  ,  empêcha  de  les 
goûter  d'abord  ;  mais  on  les  a  re- 
gardées enfuîte  comme  ce  qu'il  y  a 
de  plus  parfeit  en  ce  genre.  IL  Deux 
livres  de  Duo,  III.  Deux  de  Trio, 
rV.  Deux  de  Concerto,  V.  Deux 
IXvertiifemens  fous  le  titre  de 
BÂcriatioM,  VL  L'Opéra  de  ScylU 
&  Glaucus ,  où  l'on  a  trouvé  des 
morceaux  d'harmonie  du  premier 
genre. 

LECLERC,  ro^.CtERc  (le)... 
Lesseville....  &  le  P.  Joseph, 
n*  XII. 

LECOQ,  Voye^Coçi  (le)...  & 
Kanquier. 

LECTIUS ,  (Jacques )  fut  quatre 
fois  fyndic  de  Genève,  &  jouit  d'une , 
grande  confîdération  dans  fa  petite 
république.  On  a  de  lui  :  I.  Des 
Foéfits ,  1609  ,  in-8*».  II.  Des  D//- 
cours ,  161  y  ,  in-8®.  III.  Il  a  donné 
une  édition  des  Pojéta,  Gmcl  vacres 
Heroïciy  Genev»,  1606.  in-fol.  Les 
Tra^ques  ont  paru  en  16 14,  in-fol. 
J^eciluf  mourut  en  161 1,  à  53  ans. 

LECZINSKA  ,  (Marie)  Voyci 
XVII.  Marie. 

LECZINSKt,  rb>.  Stanislas, 
n«  II. 

LEDA ,  fille  de  Thyejk  &  femme 
4e  Tindare^  ftit  «wnée  itJupit^^  Cç 


L  E  D 

I^u  étant  amoureux  d'elle  ,  né 
pouvant  la  furprendre  ,  fe  méta- 
morphofa  en  cygne  ,  &  la  trompa 
en  jouant  avec  elle  fur  les  bords  du 
fleuve  Eurotas ,  où  elle  fe  baignoit. 
ËUe  conçut  deux  otu& ,  de  l'un  deT- 
qùels  fortirent  ffé/ene  &  Cafior ,  & 
de  l'autre  PoUux  &  Cfyumnefln, 

I.  LEDESMA ,  (Pierre)  Domi- 
nicain ,  natif  de  Salamanque ,  mort 
en  1616  ,  enfeigna  à  Ségovie  ,  à 
Avila  &  à  Salamanque.  On  a  de 
lui  un  {Traité  du  Mariage ,  une  Som-^ 
me  des  Sacremens  &  divers  autres  ou- 
vrages. Il  ne  faut  pas  le  confondre 
avec  Dieff>  de  Lmdesma  ,  Jéfuite 
Efpagnol,  na^  de  Cuellar,  qui 
s'acquit  l'eftime  du  pape  Grégoire 
XIII ,  &  qui  mourut  à  Rome  en 
IJ75  ;  on  a  de  lui  divers  écrits.  Il 
y  a  eu  deux  autres  Dominicains  de 
ce  nom ,  tous  les  deux  théologiens 
fcoiaftiques  -,  le  premier,  Barthélémy 
né  à  Niéva  près  de  Salamanque , 
mourut  évêque  d'Oxaca  en  1604  ; 
le  fécond ,  Martin ,  finit  fes  jours  en 
1584  :  l'un  &  l'autre  laiHerent  des 
ouvrages. 

II.  LEDESMA,  (Alphonfe)  né 
à  Ségovie  ,  appelé  par  les  E<5)a- 
gnols  le  Poète  Divin  ,  eft  une  divi* 
nité  peu  connue  par  les  étrangers. 
Il  mourut  en  1623*,  âgé  de  71  ans. 
On  a  de  lui  diverfes  Poéfies  fur  des 
fujets  facrés  &  profanes.  On  y  trou* 
ve  de  la  force  &  de  la  nobleife  s 
mais  l'auteur  s'efi  trop  abandonné 
à  fon  imagination ,  &  n'a  pas  aiTez 
confuité  fon  goût.  Au  refte ,  le  uom 
de  Divin  lui  fut  moins  donné  à 
caufe  de  la  fublimité  de  fon  génie , 
que  parce  qu'il  s'appliqua  à  traiter, 
en  vers  des  fujets  tirés  de  l'Ecris 
ture-fainte. 

LEDRAN  ,  (Henri -François) 
chirurgien  fameux  ,  fur-tout  pour 
la  lithotomie  ,  mort  à  Paris  le  17 
Oftobre  1770 ,  à  8  5  ans ,  brilla  éga- 
Ipneat  par  ta'de^ttéjû^  $ie  la  ni^ia 


le  par  retendue  des  lumières.  Oa 
•  de  lui  :  I.  ParaUtle  des  différentes 
manières  de  tirer  la  pierre  de  la  veffU  , 
Paris,  1730.  Il  a  donné  une  fuite 
à  cet  ouvrage  en  1756.  II,  Olfer^ 
votions  de  Chîrur^t  ^  Paris,  I7f l , 
ivoirin- 12.  III.  Trotté  des  Opéra- 
tions  de  Chlntr^  ,  Paris  ,  1742  , 
ifl-S^.  rV.  R^kmotu  Jw  Us  plaies 
d'armes  à  feu ,  Paris  ,  1759  ,  in-12. 
V.  ConJuUations  fur  la  ph^art  des 
maladies  qui  font  du  reffan  de  la  Ckl^ 
re.-jtf,  Paris,  1765,  in -8**.  VI. 
Traité  économique  de  VanatomU  du 
corps  humain ,  1768  :  ouvrage  moins 
ciÛmé  <{ue  les  autres  produétions 
I  de  cet  habile  homme ,  qui  ont  mé- 
rité les  fuf&ages  ,  non  -  feulement 
i  des  François  ,  mais  auill  des  étran~ 
;  gers  -,  la  plupart  ont  été  traduits  en 
Allemand  &  en  Anglois.  Son  père 
\  Henri  Ledsan  ,  ait  un  des  plus 
I  grands  opérateurs  de  fon  ikcle  :  il 
s'acquit  {ur-tout  cette  réputation 
dans  les  années  &  à  la  cour«  Il 
mourut  Tan  1720. 

LEE«lOU  ,  (  Pierre-Lambert) 
naâf  d'Hui ,  reli^eux  Auguftin  , 
doâeur  de  Louvaîn,  profeâà  la 
théologie  dans  Tuniveriné  de  cette 
I  ville  avec  beaucoup  de  léputattom 
Innocent  XI  ^  inftruit  de  fon  mérite , 
le  fit  venir  à  Rome ,  &  lui  donna 
la  préfeôure  du  collège  de  la  Pro- 
pagande.  Les  papes  Alexandre  VIII, 
Innocent  XII  &  Clément  XI ,  n'eu- 
rent pas  moins  d'eftime  pour  lui. 
Innocent  le  nomma  à  l'évêché  In  par- 
dhus  de  Porphyre  ,  &  même ,  dit- 
on  ,  l'eût  décoré  de  la  pourpre ,  û 
ia  modcfHe  avoit  voulu  fe  prêter 
à  cette  offre  ,  féduifante  pour  tant 
d'auttes.  Ayant  eu  quelque  défa- 
grément  à  l'occafion  de  l'affaire  du 
P;  Quefnel ,  dans  laquelle  il  avoit 
été  nommé  confulteur  ,  il  fe  retira 
à  liege  avec  la  qualité  de  vicaire- 
général  de  ce  diocefe.  U  y  mourut 
le  6  Mai  1721 ,  à  81  ans.  On  a  de 
lui  ir  Differtadont  fur  Uk  Çomri^n' 


L  É  Ë        207 

€fl*Attndon  y  Rome ,  1707 ,  &  Mu« 
nich ,  1708. 

LEE,  (  Nadianaël }  poëte  dra* 
matique  Anglois ,  élevé  dans  l'école 
de  AX^e^kninider ,  puis  au  collège  de 
la  Trinité  à  Cambridge ,  a  laiffé  xi 
Pièces  reppéfeatées  avec  fuccès  t\jx 
le  théâtre  Anglois  *,  mais  oa  douce 
qu'elles  euâeat  les  mêmes  applau* 
difiemens  fur  le  théâtre  François^ 
les  iU)ets  n'en  font  pas  toujours  bien 
choiûs ,  ni  les  intrigues  bien  con* 
duites.  Ceux  qui  s'attachent  moins 
à  la  régularité  &  à  la  conduite  du 
plan  ,  qu'à  la  verfification ,  y  trou» 
veront  quelques  vers  heureux.  Ce 
poète ,  mort  inienie ,  a  été  loué  paj* 
Addiffon, 

LEEUWEN,  (Simon  Van)  ju- 
rifconfulte  HoUandois  ^  né  à  Leyde 
en  1625 ,  exerça  long-temps  la  pro-r 
feffion  d'avocat  avec  beaucoup  de 
r^utation  dans  ùl  ville  natale ,  ëc 
mourut  à  LaHay e  le  1 3  Janvier  1682. 
U  étoit  verfe  dans  le  droit  Romain  , 
mais  encore  mieux  dans  celui  de 
foa  pays.  Ses  ouvrages  feroient  ef- 
nmésp4usqu'ils  ne  le  font^  s'il  avoit 
nàcvx  poifédé  les  belles-lettre&  Il 
a  donné  :  I.  Pratique  à  Pufage  des 
Notaires  ,  en  flamand  ,  Sec,  Roter- 
dam  ,  Ï741  ,  2  vol.  in-8*;  II.  Cfen- 
jfià-a  forenfis ,  Leyde ,  1741 , 2  vol. 
in-fbl.  III.  Une  Edition  du  Cerps 
de  Droit  Civil  ,  grec  &  latin ,  avec 
les  notes  d'un  grand  nombre  de  la-» 
van»;  Leyde,  1663  ,  {vl-îoL  belle 
édition,  IV.  De  origine  &  progrejpt 
Jurls  Civitis  Romani  ,  1672 ,  in-8**. 

LEEW,  Toytf^  Léonin. 

LEFEVRE,  KoyqFivRE. 

LEFORT,  Voyei  Fort  &  Mo- 

RINIERE. 

L  LEGER ,  (S.)  évêqued'Autun  » 
fut  miniftre  d'état  fous  la  minorité 
dé  Clotdre  III  y  Cl,  fuivant  quelques 
auteurs ,  maire  du  palais  fous  ChU'- 
deric  IL  II  ne  s'occupa  qu'à  faire 
régner  ces  princes  avec  juilice  & 
hinxamté.  Les   cots-nAns^  l'ayant 


io8        L  E  G        ,      - 

rendu  (nCptù  à  ChiùUric ,  il  fe  rem 
à  Luxeuil  *,  mais  fa  retraite  ne  le 
mit  pas  à  Tabri  de  la  perfécution. 
Ebruln^  maire  du  paJais,  lui  ât  crever 
les  yeux  ^  eahn  il  fut  décapité  l'an 
680 ,  dans  la  t'orêc  de  Luch^u  en 
Picardie  ,  dioccTe  d'Ârras.  Il  nous 
refte  de  lui  des  Statut^  Synodaux  , 
dans  le>  Conciles  du  P.  labbe  ;  & 
une  Lettre  de  çonjo/adon  à  Sit/ude  , 
dans  la  Bibliothèque  des  Manufcrits 
.  de  Labbe,,,  f^oyei  ëbroin. 

II.  LEGER ,  (  Antoine  )  théolo- 
gien proteiiant ,  né  à  Ville-Seiche , 
dans  la  vallée  de  Saint-Martin  en 
Piémont,  lan  1594  »  alla  en  qualité 
de  chapelain  de  1  amballadeur  des 
États  -  généraux  à  Conftantinople. 
Il  y  lia  une  étroite  amitié  avec  cy* 
rlUe  ÀMCar  ,  dont  il  obtint  une  Con- 
feffhn  de  Fol  des  Eglifes  Grecques 
&  Orientales ,  qui  a  été  contredite 
par  les  théologiens  cacholiques.  De 
retour  dans  les  Vallées ,  il  y  exerça 
le  minillere  *,  mais  le  duc  de  Savoie 
rayant  fait  condamner  à  mort  com- 
me fanatique  &  féditieux ,  il  fe  re- 
tira à  Gsneve,  oà  il  obtint  une 
chaire  de  théologie  :  il  y  mourut, 
en  1661 ,  à  67  ans.  On  a  de  lui 
une  Edition  du  Nouveau  T^JLunent , 
en  grec  original  &  en  grec  vulgaire, 
en  deux  volumes  ia  -  4**.  AntSme 
Lbg^r  ,  fon  fils  ,  né  à  Genève  en 
lïôji ,  fut  un  célèbre  prédicateur , 
&  mourut  dans  cet^  ville  en  1680. 
On  a  de  lui  cinq  volumes  de  Str-- 
mons ,  imprimés  après  fa  mort. 

III. LEGER,  (Jean)dofkcurpro- 
teftant ,  ne  en  161 5 ,  neveu  à! Antoine 
i-tf^crlepere ,  fut  miniftrc  de  l'églife 
de  Saint-Jean  ,  après  Ta  voir  été  de 
quelques  autres.  Il  échappa  heureu- 
fement  au  maflacre  que  le  marquis 
de  Punejjc  ût  faire  des  Vaudois  en 
1655.  Ayant  été  député  en  166 1 
auprès  de  plufieurs  PuiiTances  pro- 
tellanteî ,  la  cour  de  Turin  (  déjà 
fort  irritée  contre  l'oncle  )  fit  ra- 
Cer  à  Saifu-Jean  la  maison  du  neveu^ 


LÉG 

&  le  fît  déclarer  criminel  âe  le(b^ 
majefté.  Il  devint  enfuite  pafteur 
de.  l'églife  Wallone  a  Leyde ,  &  il 
remplifibit  encore  cette  ^lace  en 
1665  :on  croit  qu'il  mourut  peu 
de  temps  après.  Il  a  laiilé  ïhijioire 
d€s  Eplfes  EvangéHques  des  f^ allas 
de  Piémont ,  in-fol.  -,  écrite  avec  un 
peu  de  pafiion»  mais  en  général 
avec  vérité. 
IV.LEGER ,  (Qaude)  né  à  Atddii, 

'  petite  ville  du  diocefe  de  Soiffons , .  . 
en  1699,  embraffa  l'état  eccléfiaf-     ' 
tique ,  &  en  eut  toutes  les  vertus. 
Deveflu  curé  de  Saint-André-des^ 
Arcs  à  Paris ,  il  gagna  Teftime  & 
le  refpeû  de  tous  les  gens  de  bien 

■  par  fa  charité  ,  fon  zèle ,  fon  déiin- 
térefTement.  Il  mourut  à  Paris  en 
1774,  regretté  fur-tout  d'un  grand 
nombre  de  prélats  qui  avotent  été 
fes  élevés  dans  les  fciences  du  faint 
miniilere.  A  l'occafion  du  monu« 
ment  qui  lui  fut  érigé  en  1781 , 
l'évêque  de  Senez  (  M.  de  Beau- 
vais  )  prononça  fon  Eloge  funèbre»  ■ 
LEGET,  (Antoine)  né  dans  le 
diocefe  de  Fréjus ,  fiit  fupérieur  du 
feminaire  d'Aix  fous  le  cardinal  de  \ 
Grlmaldu  On  a  de  lui  :  !•  Une /2e- 
tralte  ds  dix  jours ,  in- 1 2.  II.  La  Con" 
duite  des  d/nfejfeurs  dans  le  Tribunal 
de  la  Pénitence^  in-X2.  III.  Les  Vé* 
rhables  Mixlmes  des  Salnis  fwPA* 
mour  di  Duu,  Il  mourat  en  1728, 
à  71  ans,  direâeur  de  la  maifon 
de  Sainte-Pélagie. 

LEGIONENSIS ,   Voye^  LÉOK  , 
n°  xxiî. 

LEGOUVÉ,  (  N...  )  avocat  au 
parlement  de  Paris ,  mort  eni78i, 

.  fe  chargea  de  bonne  heure  des  af- 
faires qui  fixoient  l'attention  pu- 
blique. Telle  fut ,  en  1761 ,  celle  des 
fi-eres  Uonâ  contre  les  Jéfuites.  En  | 
développant  le  premier  l'efprit  des  I 
conftitutions  de  cette  célèbre  So- 
ciété, il  fut  Tuiie  des  caufes  de  fa 

.  dei^âion  en  France.  Depuis  cette 
époque ,  Legouvc  ûtt  l'un  des  ora- 

cles 


'■>. 


L  E  i 

jdôi  du  barreau  de  Paris.  Comme 
il  unilToit  au  talent  de  plaider 
celui  de  mieux  écrire  encore ,  il 
a  fait  beaucoup  de  Mémûlns  jufte- 
ment  efûmés.  Embrafîant  tout  dans 
fes  lujets  &  les  traitant  avec  pré- 
cifion  &  clarté ,  ilfe  diftingua  fur- 
tout  dans  les  queftions  abftraites. 
Ceft  là  (ju'll  déploya  deux  qualités 
importantes  dans  un  écrivdn,  & 
fur-tout  dans  un  avocat  :  la  faga- 
cité  &  la  méthode.  La  plupart  de 
fc«  Mémoires  &  de  fes  Confiilta- 
dons  font  des  modèles  de  difcuf- 
fions  bien  faites  &  bien  écrites  , 
isas  autres  ornemens  que  ceux  qui 
naiubient  de  fon  fujet  même,  Sçs 
Vertus  égaloient  fes  talens.  Content 
•d'une  médiocrité  honorable ,  il  re- 
fiifoit  à.Qs  moyens  de  s'avancer , 
qui,  qiioique  légitimes ,  répugnoient 
à  fà  délicateffe.  Ce  qui  conviendroh 
à  un  autre  homme ,  difoit-il,  ne  con^ 
ylendroU  pas  à  un  Avocat,  La  féré- 
mé  de  fon  ame  &  de  fon  vifage 
l'accompagna  jufque  dans  les  bras 
de  la  mort.  Ses  dernières  paroles 
Êirem  celles  qu'il  adreiïa  à  fon  fils  : 
Je  vous  fouhaite  une  vie  aujjjî  pure  & 
fne  mort  aujji  douce  que  la  mienne. 

LEGRAND,  Legros  &  autres, 
Voye^  lettre  G. 

LEIBNITZ,  (  Guillaume-Gode- 
ixoï  baron  de  )  naquit  à  Leipzig 
en  Saxe  le  23  Juin  1646  de  Fré- 
déric Leibnitz  profefTeur  de  morale 
&  greffier  de  l'univerfité  de  cette 
ville.  11  fut  un  de  ces  enfans  privilé- 
giés de  la  nature ,  qui  embrafTent 
tout  &  qui  réuffiffent  dans  tout. 
Après  avoir  £ait  fes  premières  étu- 
des ,  il  s'enferma  dans  la  nombreufe 
bibliothèque  que  fon  père  lui  a  voit 
laiffée.  Poètes ,  orateurs ,  hillo- 
ïiens ,  juiifconfultes ,  théologiens , 
philofophes  ,  mathématiciens  ;  il 
île  donna  l'exclulion  à  aucun  genre 
de  littéramre,  &  devint  un  homme 
«niverfel.  Les  princes  de  Brunf- 
^ck,  inilruîts  de  fes  tal.ens  pour 

Tome  K 


L  E  I         109 

rhifloîre,  lui  confièrent  celle  de 
leur  maifon.  Il  parcourut  toute 
l  Allemagne,  pour  ramaffer  les  ma- 
tériaux de  ce  grand  édifice,  &  paffa 
de  là  en  Italie ,  où  les  marquis  de 
Tofiam^  de  Ligurle  &  d'EJi  ^  fortis 
de  la  même  fouche  que  les  princes 
de  Brunfwlcky  avoient  leurs  prin- 
cipautés. Comme  il  alloit  par  mer 
de  Venife  à  Mefola  dans  le  Ferra- 
rois,  il  fut  furpris  par  une  tem- 
pête. Les  matelots ,  le  croyant  Al- 
lemand &  hérétique,  alloient  le 
jeter  dans  la  mer  pour  défarmer  la 
Divinité,  lorfqu'ils  virent  qu'il  ti- 
roit  un  chapelet  de  fa  poche ,  & 
.cet  expédiex^t  le  fauva.  De  retour 
.  de  ce  voyage  en  1690 ,  il  commen- 
ça à  faire  p^  au  public  de  la  ré- 
colte abonc/ante  qu'il  avoit  faite 
dans  fes  favantes  courfes.  Son  mé- 
rite ,  <:onnu  bientôt  dans  toute 
l'Europe ,  lui  procura  des  penfions 
&  des  charges  honorables.  L'élec- 
teur Emeft-Augufte  le  fit ,  en  1696 , 
fon  confeiller-privé  de  jufiice-,  il 
rétoit  déjà  de  l'éleftcur  de  Mayence, 
&  du  duc  de  Brun/wlck-Lunebourg, 
En  1699  il  fiit  mis  à  la  tête  des 
aflbciés  étrangers  de  l'académie  des 
fciences  de  Paris  >,  il  n'avoit  tenu 
qu'à  lui  d'y  avoir  place  beaucoup 
plutôt ,  &  avec  le  titre  de  penfion- 
naire.  Dans  un  voyage  qu'il  fit  en 
France  ,  on  voulut  l'y  fixer  fort 
avantageufement  ,  pourvu  quTl 
quittât  le  Luthéranifme  -,  mais , 
tout  tolérant  ou  plutôt  tout  indif- 
férent qu'il  étoii  pour  toutes  les 
religions  ,  il  rejeta  abfolument 
cette  condition.  L'Allemagne  en 
profita  :  il  Jnfpira  à  l'élefteur  de 
Brandebourg  le  deffein  d'établir 
une  académie  des  fciences  à  Berlin» 
Il  en  fut  fait  préfident ,  &  il  n'y  eut 
point  de  jaloux  -,  car  qui  auroit 
pu  rêtre  alors  en  Pruffe  ?  Un  champ 
non  moins  vafte  &  non  moins 
glorieux  s'ouvrit  à  lui  en  1711,  L« 
C^ar  le  vij  à  Torgaw  ,   §c  ce  l^j 

o 


1 


îio         L  E  I 

gidatciir  de  Barbares  traita  Lilhmt[ 
avec    la   confidération  qu'un  ûige 
couronné  a  pour  un  fage  qui  raé- 
riteroit  la  couronne.  Il  lui  fît  un 
magnifique  prcfent ,    lui  donna  le 
titre  de   fon   confeillcr  -  privé  de 
juflice ,  avec  une  penfion  confidé- 
rable.  L'empereur  d'Allemagne  ne 
le  récompenfa  pas  moins  généreu- 
fement  que  celui  de  Ruffie  :  il  lui 
donna  le  titre  de  confeiller  auli- 
•que ,  avec  une  forte  penfion ,  &  lui 
£t  des  offres  confidér4bles  pour  le 
feer    dans   fa   cour.   La    vie    de 
Lelbnlti  ne  fut  marquée  que  par  des 
cvénemens  flatteurs  ,    fi   Ton  en 
excepte  la  difpute  de  la  découverte 
<lu  Calcul  différentiel.  Cette  querelle 
couvoitfousla  cendre  depuis  1699  -, 
elle  éclata  en  171 1.  Les  admirateurs 
de  Newton  accuferent  le  pUilofophe 
Allemand  d'avoir  dérobé  à  celui-ci 
l'invention  de  ce  calcul.  La  chofe 
n'étoit  pas  aifée  à  prouver  ;  Kel/l 
l'en  accufa  pourtant  à  la  face  de 
l'Europe.    Lùbnît^  commença  par 
réfuter  cette  imputation  avec  beau- 
coup d'impétuofité  dans  les  Jcur- 
naux  d&  Leip\îgj  &  finit  par  fe  plain- 
<lre  à  la  Société  foyale  de  Londres , 
en  la  demandant  pour  juge.  L'exa- 
men des  commifTaires  nommés  pour 
^ifcuter  les  pièces  de  ce  grand  pro- 
cès ,  ne  lui  fut  point  fovorable.  La 
Société  royale  donna  à  fon  conci- 
toyen l'honneur  delà  découverte, 
;&,  pour  jufHfîer  fon  jugement  , 
.elle  le  fit  imprimer  avec  toutes  les 
pietés  qui  pouvoient  fervir  à  appuyer 
l'arrêt.  Les  autres  tribunamx  de  l'Eu- 
rope favante  jugèrent  Lelowti  avec 
moins  de   févérité  ,  &  peut-être 
■avec  plus  de  juflice.  Les  fages  pcn- 
ferent  afîez   généralement  que  le 
philofophe  Anglois  te  le  philofo- 
phe  Allemand  avoient  faili  ch:icun 
ia  même  lumière  &  la  même  vérité , 
par  la  feule  conronnlté  de  la  péné- 
ttation  de  leur  génie.   Ce  qui  les 
confirma  dans  leur  opinion ,  c  efl 


L  E  f 

qu*lls  ne  fe  rencontrèrent  que  dans 
le  fond  des  chofes  ;  ce  que  l'un 
appeloit  Fluxions ,  l'autre  le  nom- 
moit  Différences,  L'infiniment  petit 
étoit  marqué  ,  dans  Leîhnit^ ,  par  un 
caraftere  plus  commode  &  d'un 
plus  grand  ufage ,  que  le  caraftere 
employé  par  Newton,  >»  En  général , 
(dit  Fontenelle ,  )  »  il  faut  des  preuves 
»♦  d'une  extrême  évidence  pour 
>♦  convaincre  un  homme  tel  que 

>♦  M.  Lelbnlti   d'être  plagiaire 

♦♦  Les  gens  riches  ne  dérobent  pas , 
>♦  &  combien  M.  Leîbnlti  l'étoit-il  ! 
>♦  Il  a  blâmé  De/canes  de  n'avoir 
»  £tit  honneur  ni  à  Kepler  de  la 
»♦  caufe  de  la  pefanteur  tirée  des 
»»  forces  centrifuges  ,  ni  a  SnelHus 
»  du  rapport  conftant  des  finus  des 
>'  angles  d'incidence  &  de  réfrac- 
H  tion  •:  puits  artifices   qui  lui  ont 
>♦  fait  perdre    beaucoup    de    véritable 
n  gloire,'  Auroit  -  il   négligé  cette 
>»  gloire  qu'il  connoifToit  fi  bien? 
>»  D'ailleurs  ,  on  ne  fent  aucun* 
»♦  jaloufie  4ans  M.  Ldhniti.  Il  excite 
»»  tout  le  monde  à  travailler -,  il  fe 
>♦  fait  des  concurrens ,  s'il  peut  ;  il 
>»  ne  donne  point  de  ces  louanges 
>»  baflement  circonfpcâes  qui  crai- 
»>  gnent  d'en  trop  dire  -,  il  fe  plait 
^  au  mérite  d'autrui  :  tout  cela  n'cft 
>♦  pas  d'un  plagiaire.  Il  n'a  jamais 
>♦  été  foupçonné  de  l'être  en  au- 
tt  cune  autre  occafion  -,  il  fe  feroit 
»♦  donc  démenti  cette  feule  fois,  & 
1)  auroit  reiTemblé    au    héros    de 
M  Machiavel  ,   qui  efl    ëxaôeraent 
»  vertueux  jufqu'à  ce  qu'il  s'agiiTc   ^ 
»♦  d'une  couronne  *<.  Quoi  qu'il  en  ; 
foit ,  Lubnlti  n'apprit   qu'avec  un   . 
chagrin   mortel    la    perte   de  fon 
pBOccs,  qui  entraînoit  la  perte  du 
plus  beau  rayon  de  fa  gloire  ;  il 
lui    en   reftoit    cependant   encore 
aflez  ,  puifque  le  vol  dont  on  l'ac- 
cufûit  ,  fuppofoît    le    plus  grand 
génie.  Ce  chagrin  le  confuma  peu 
à  peu ,  &  hâta ,  dit-cji ,  fa  mort , 
arrivée  le   14  Novembre   1716  |  j 


LEI 

i  70  ans,  à  Hanovre  «  comme  il 
raifoimoit  fur  la  chimie.  Ce  phi- 
lofophe  ne  s'étoit  point  marié  ,  & 
la  vie  qu'il  menoit  ne  lui  per- 
metcoit  guère  de  l'être.  Il  ne 
régloit  point  fes  repas  à  de  certaines 
heures ,  mais  félon  fes  émdes  *,  il 
n'avoit  pas  de  ménage  ,  &  étoit 
peu  propre  à  en  avoir.  Il  étoit 
toujours  d'une  humeur  gaie  *,  tnais 
il  fe  mettoit  aifément  en  colère  : 
il  eft  vrai  qu'il  en  revenoit  auili-tôt. 
Il  s'entretenoit  volontiers  avec 
toutes  fortes  de  perfonnes  ,  gens 
de  cour  ,  artifans  ,  laboureurs  , 
foldats.  Il  converfoit  même  fouvent 
avec  les  dames  ,  &  ne  comptoit 
point  (  dit  FonuneUt  )  pour  perdu 
le  temps  qu'il  donnoit  à  les  en- 
jtretenir.  Il  fe  dépouilloit  parfei- 
tement  avec  elles  du  caraâere  de 
favant  &  de  philofophe ,  qu'il  eft 
fi  difficile  de  quitter  entièrement. 
On  l'a  accufé  d'avoir  aimé  beau- 
coup l'argent.  Avec  un  revenu  très- 
confidérable ,  il  vécuttoujours  aiTez 
grofliérement.  Mais  quoiqu'il  n'eût 
poim  de  fafte ,  il  dépenfoit  beau- 
coup en  négligence,  parce  qu'il 
abandonnoit  fout  le  détail  de  fa 
maifon  à  fes  domeftiques.  Il  avoit 
penfé  à  fe  marier  à  l'âge  de  50  ans, 
La  demoifelle  qu'on  lui  avoit  pro- 
pofée  demanda  à  faire  quelques 
réflexions  -,  Ldbnlt^^  dans  cet  inter- 
valle ,  en  fit  lui-même ,  &  conclut, 
que  Umarla^^hony  mais  que  Phomme 
fafgt.  âoityfonfgei>  touttfa  vu,  .Ses  talens 
om  dû  fermer  les  ycuxfur  fes  défauts. 
Sa  mémoire  étoit  admirable  -,  tou- 
jours prêt  à  répondre  fur  toutes  for- 
tes de  madères ,  il  mérita  que  le  roi 
d'Angleterre  l'appelât  fon  Diction'- 
nain  vivant.  C'âoit  le  {avant  le 
plus  univerfel  de  l'Europe  ;  hifto- 
rien  infatigable  dans  fes  recherches  ; 
îurifconfulte  profond  ,  éclairant 
l'émde  du  droit  par  la  philofophie  ; 
métaphyfiden  afîez  délié  pour  vou- 
•^o\x  réconcilier  la'  métaphyaque 


Il  E  I  211 

€vec  la  théolope);  &:  enfin  aifez 
grand  mathématicien,  pourdifputer 
l'invention  du  calcul  de  l'infini  , 
au  plus  beau  génie  qu'ait  eu  l'An- 
gleterre. Nous  avons  de  lui  des 
.ouvrages  dans  tous  ces  genres, 
I.  Scrlptores  rerum  Brunfwîearum  ,  en 
3  vol.  in-fol. ,  1707  -,  recueil  utile 
pour  l'Hiiloire  générale  de  l'Em- 
pire &  pour  l'Hiftoire  particulière 
d'Allemagne.  II.  Codtx  Juris  gen* 
ùum  diplomaiîcus  ,  avec  le  Supplé- 
ment ,  publié  fous  le  titre  de  Mari'* 
tljfa  codicls  Juris ,  ôcc. ,  Hanovre , 

'  1693  .»  }  vol.  in-fol,  C'efl  une 
compilation  de  différens  traités^ 
pour  fervir  au  droit  public ,  pré- 
cédés d'excellentes  prémices.  Il  y 
remonte  aux  premiers  principes  du 
droit  naturel  &  du  droit  des  gens*. 
Le  point  de  vue  où  il  fe  plaçoit , 
dit  FonttnelU ,  étoit  toujours  fort 
élevé ,  &  de  là  il  découvroit  un 
grand  pays  dont  il  voyoit  le  détait 
d'un  coup-d'œil.  III.  De  jure  fuprA» 
matas  ac  legationis  Principum  Ger* 
mania ,  1687  ,  fous  le  nom  fup-*' 
pofé  de  Cé/ar  Furfiener  :  ouvraga 
plein  de  favames  recherches,  com-^ 
pofé  pour  foire  accorder  aux  am-' 
bajffadcurs  des  princes  de  l'Empire  , 
non  éle£leurs ,  les  mêmes  préro- 
gatives qu'aux  princes  dltalie.  IV* 
Le  I*'  volume  des  Mémoires  èck 
PAcadénue  de  Berlin ,  en  latin ,  in-4®  , 

,  fous  le  titre  de  MXfctllanea  Bero^ 
Knenfia,  V.  Notîtla  Optlcapromota^ 
dans  4es  ouvrages  poftliumes  dq 
Spinofa,  VI.  De  Ane  eomhimatoria  , 
1690 ,  in-4**.  Vn.  Une  foule  de. 
Queftions  de  Phyfique  &  de  Mathéma^ 
tlgues ,  réfolues  ou  propofées  dans 
les  Journaux  de  France  ,  d'Angle- 
terre, d'Hollande,  &  fur-tout  de 
Leipzig.  Ce  fut  dans  ce  demict 
Journal  qu'il  inféra  ,  en  1684,  les 
Règles  du  Calcul  différentiel.  VIII. 
Effais  de  Théodlciefur  lahonté  de  Dieu^ 
la  lihcrté  de  P  Homme  ;  Amflerdam  , 
1747  ►  2  vol.  in-l2.  La  TlUadlséc^ 

oij.        • 


2!2  L   E   I 

(dit  FonuncUt)  fuffiroit  feule  poiir 
repréfenter  Ldbnhi  :  une  le^hire 
immenfe,  des  anecdotes  curieufes 
ilir  les  livres  ou  fur  les  perfonnes  , 
des  vues  fublimes  &  lumineufes» 
un  ftyle  où  la  force  domine  ,  & 
où  cependant  font  admis  les  agré- 
mens  d'une  imagination  heureufe. 
En  foufcrivant  à  cet  éloge  ,  nous 
ajouterons  ,  pour  être  vrais  en 
tout ,  que  le  ftyle  ,  fi  louable  à 
certains  égards  ,  manque  fouvent 
de  clarté ,  de  précifion  &  de  mé- 
thode. Voici  le  fond  du  fyflême 
établi  dans  ce  livre.  »  Dieu  voit 
*•  une  infinité  de  mondes  ou  uni- 
»  vers  poflibles  ,  qui  tous  pré- 
i»  tendent  à  l'exiflence.  Celui  en 
*♦  qui  la  combinaifon  du  bien  mé- 
»  taphyfique,  phyfique  &  moral 
»♦  avec  les  maux  oppofés  ,  feit  un 
n  mMleur  ,  femblable  aux  ptus 
•V  grands  géométrl^uss  ,  eft  préféré. 
M  De  là,  le  mal  quelconque  permis, 
'  ^>  &  non  pas  voulu.  Dans  cet  uni- 

■  *♦  vers  qui  a  mérité  la  préférence , 
>•  font  comprifes   les   douleurs  & 

•  j»  les  mauvaifes  aâions.  des  hom- 
>♦  mes ,  mais  dans  le  moindre  nom- 

*»  bre  &  avec  les  fuites"  les  plus 
9>  avantageufes  qu'il  foit  poffîble««. 
jC'eft  la  reine  de  Prufl*e  qiti  avoit 
engagé  Ldhnlti  à  répondre  aux 
difficultés  deBayleCur  lii  bonté  de 
Dieu  ,'  la  liberté  de  Vliomme  & 
l'origine  du  bien  &  du  mal.  Il  en- 
treprit la  Théodlcic  dans  ce  deflein , 
du  moins  en  apparence  j  car  M. 
Pfaf  affure  ,  (  dit  Nlceron  ,  )  que 
LdbaUi  étoit  du  fentimentde  BayU^ 

-quoiqu'il  voulût  paroître  l'atta- 
quer ,  &  que  ce  favant  le  lui  avoit 
avoué  lui-même  dans  une  de  fes 
lettres.  Ce  qu'il  y  a  de  vrai ,  c'eft 

■  qu'il  commence  par  mettre  dans  le 
ciel  ce  BayU ,  dont  il  vouloit  dé- 

•  truire  les  dangereux  raifonncmens. 
U  lui  applique  ces  vers  de  Virgile  : 

Candiius  infutti  mtxatur  llmen  Olympî  , 
i  fubpUibtMquevidctnubciÇrfii^raVafhrtiis  ' 


L  E  I 

Comme  B^U ,  il  ne  ùàSoit  pref^ 
que  aucun  exercice  de  religion* 
Étant  près  de  mourir ,  (dit  JV«ero72) 
fon  domeftique  favori  lui  propofa 
de  faire  venir  im  mîniftre  :  il  ré- 
pondit qu'zV  n^en  aviU  pas  hefcin» 
Ses  pafteurs  lui  avoieat  fait ,  au 
fujet  de  fa  façon  de  penfer  ,  des 
réprimandes  publiques  &  inutiles  .- 
ai^  n'aimoit-il  pas  les  eccléfiafH- 
ques.  IX.  Différens  Ëer'us  éU  Me- 
taphyfique ,  fur  l'efpace ,  fur  le  temps  » 
fur  le  vide  ,  fur  les  atomes»  &  fur 
plufieurs  queltions  non  moins  épî- 
neufes.  Ils  ont  prefque  tous  été 
réunis  dans  un  R^.cucîl  public  à 
Amfterdam  en  1720  ,  en  2  vol. 
in-i2  ,  par  Defmalftau».  Comme 
Defeartes ,  il  femble  avoir  reconnu 
rinfuififance  de  toutes  les  foliitions 
qui  avoient  été  données  jufqu*à 
lui ,  des  queftionsles  plus  élevées  , 
fur  l'union  du  corps  &  de  l'ame  , 
fur  la  providence ,  &  fur  la  nature 
de  la  matière  -,  mais  il  n'a  pas  été 
plus  heureux  que  lui  à  les  réfou- 
d^e.  L'un  &  l'autre  étoient  trop 
livrés  à  refprit  fyftématique.  Ils 
cherclioieût  dans  de  vaines  idées 
philofophiques  l'éclairciffement  de 
leurs  doutes,  &  ne' l'y  trouyoîent 
point-,  &  ils  ne  le  cherchoient 
point  dans  la  religion  ,  où  ils 
Tauroient  trouvé.  Le  principe  d« 
Ldhnhi  de  la  Raifort  fuffifante^  très- 
beau  &  très-^rai  en  lui-même ,  ne 
paroît  pas  devoir  être  fort  mile  à 
des  êtres  anflî  peu  éclairés  qiie  nous 
•le  fommes  fur  les  raifons  premières 
de  toutes  chofes.  Ses  MonatUs  prou- 
vent ,  tout  au  plus  ,  qu'il  a  vk 
mieux  que  perfonne ,  que  les  phî- 
lofophes  ne  peuvent  fe  former  une 
idée  nette  de  lamaderév  niais  dles 
ne  paroifTent  pas  faites  pour  la 
donner.  Son  Harmonît  préétablit 
ferai -le  n'ajouter  qu'Une  diifficultc 
de  plus  à  l'opinion  de  Defcartcs 
ftir  l'union  du  corps  &  de  l'ame. 
ËJ9&»  fon  fyitême  4«  'VQpûmi[m^ 


■  «Vr-*- 


j  L  E  I 

I      a  dangereux  ,    par  le  préteftJa 
avantage  qu'il  a  d'€Xplic[uer   tout, 
I      Les  idées    politiques    de  Lctbnîti 
'      peuvent  être  miTes  à  côté  de  Tes 
I      idées    métaphyfiques,    11    vouloit 
réduire  l'Europe  fous    une   feule 
puiffance   quant  au  temporel  ,    & 
foiis  un  chef  unique  ^uant  au  fplri- 
mel.  U Empereur  &  Ife  Papt  auroient 
«té  les  chefs  de  ces  deux  gouver- 
nemens ,  l'un  du  premier ,  &  l'autre 
du  fécond.  11  ajoutoit  à  ce  projet 
dûmérique ,  celui  d'une  Langue  uni- 
nrfcUc  phllofophique  pour  tous  les 
peuples  du   monde.   Des  favans  , 
pcrfjadés   de    la  pofllbilité  d'une 
telle  langue,  en  ont   fouhaité  la 
réalité.  D'autres  favans  ,  plus  fages 
qu'eux ,  ont  jugé ,  d'après  des  ré- 
flexions très-judicieufes ,  que  Ton 
trouveroit  cette  langue ,  lorfqu'on 
I      auroit   trouvé    la    quadrature  du 
cercle  &    la  pierre  philofophale. 
D'ailleurs ,  après  avoir  formé  cette 
limgiie,   il  auroit  fallu  découvrir 
l'art  de  perfuader    aux  différentes 
nations  de  s*en  fervir  ;  &  ce  n'eût 
pis  été  la  moindre  difficulté  -,  car 
elles   ne   s'accordent    guère   qu'à 
ne  point  entendre ,  dit  FonteneUe  , 
leurs  intérêts  commim.  [  Voy,  cette 
matière  difcutée  dans  la  Differta- 
tion  de  M.  Mîchaëlls ,  des  Opinions 
fir  le  lan^e ,  &  du  langage  fur  Us 
opinions ,  à  Brème ,  in-8^  ,   1762.  ] 
I      X.  Theoria  motus  ahftracli    &  motûs 
I      concred ,   contre  Defcartes.  XI.  Ac~ 
j      cijjioms  HîficTLcce ,    2'  vol.  in;4^  : 
I      recueil  d'anciennes  pièces.  Xlï.  De 
I       origne  Francorum  difquifitio  ;  réfutée 
I      pir  le  Pcre  de  Toumcnùne ,  Jéfuite , 
&  par  Dom   Vaijfette ,  Bénédiftin. 
I      XIII.  Sucrofancla  Trinitas  ,  par  nova 
I      inventa  Lg.ci ,  itftnfa  ;  contre  IT'iJ'' 
I     favatîus^  neveu  de  Socin  :  il  y  a 
I     de  nrès-bonnes   idées.   XIV.   Des 
i  .  Lettres  à   Pciijfon  fur  la  tolérance 
i      civile  àa   Religions  ,    à    Paris  , 
1692,  in-i2:avec  les  rcponfes  de 
PeUJj^jn,  Il  règne  dans  les  unes  & 


L  E  I  aij. 

dans  les  autres  une  politefTe  exem- 
plaire.    Le    caraftere    naturel    de 
Leibnîti  le  portoit ,  (  dit  Fonunel/e ,  ) 
à  cette  tolérance   que  les  efprits 
doux  fouhaiteroient  d'établir  ,  mais 
dont  après  cela  ils   auroient  affe» 
de  peine  à  marquer  les  bornes  &, 
à  prévenir  les  mauvais  effets.   On 
voit  dans  les  Ouvrages  pojlhumes  de 
Bûjfuet ,  que  Leibniti  étoit  en  cor- 
refpondance   avec  ce  prélat  pour 
travailler  à   la  réunion   des  Pro- 
teftans  -,  mais  il  paroît  qu'il  appcr- 
toit  dans  cette  affaire  le  même  efprit 
romanefque  qui  l'infpiroit  dans  les^ 
autres.  Il  reconoiffoit ,   du  refte  , 
tous  les  avantages  de  l'églife  Ro- 
maine fur  les  diverfes  branches  du 
Proteflantilme.  »*  Voilà ,  dit-il  dans 
>»  une  de  fcs  lettres ,  la  Chine  ou- 
ït verte  aux  Jéfuites  ,  le  pape  y 
>♦  envoie  nombre  de  mifïïonnaires. 
»♦  Notre  peu  d'union  ne  nous  per- 
>♦  met  pas  d'entreprendie  ccsgran- 
»  des  converfions  ♦<.  XV.  PluSeur» 
volumes  de  Lettres ,  recueillies  par  * 
KoRTHOLT  :  [Foyei  cet  article.)  ' 
XVI.  Des  Poéfies  lathies  ^  francci'- 
fes.    On  trouve  une  de  fes  Epitres 
dans  le  Recueil  intitulé  :  Poètdrum 
ex  Ac.idcmîa  GalUca  ,  qui  latine  aut 
gracè  fcripfcrunt  ,    carmina.    Ce    fut 
moins  le  génie  poétique ,  que  l'am- 
bition d'être  envifagé  comme  un 
homme  univerfel ,  qui  l'engagea  à 
joindre  à  fes  autres  titres  de  gloire 
celui  de  poète.  Il  fit  un  poëme 
fur  la  conquête    d£  la  Terre-Sainte  , 
■qui  ne  fervit  qu'à  le  rendre  ridi- 
cule ,    &  à  prouver  la    difficulté  * 
d'allier    une   grande   étude   de  la 
géométrie  avec  les  richeffes  de  l'i- 
magination &  le  génie  des  belles- 
lettres. 

M.  l'abbé  Contj^  célèbre  ma- 
thématicien, rapporte  diverfes  parti-  ' 
cularités  fur  notre  philofophe. 
Comme  elles  font  curicufes  ,  nous 
les  tranfcrirons  :  mais  nous  les  ga- 
rantirons d'autant  moins ,  qu'elles 

Oiij 


114         L  E  I 

viennent  d'un  zélé  difciple  de 
Newton,  i>léùhnUi  mourutpour  avoir 
>♦  voulu  fe  délivrer  trop  prompte- 
»♦  ment  d'un  accès  de  goutte  :  il 
«  prit  un  remède  qu'un  Jéfuite  lui 
»»  avoit  donné  à  Vienne-,  la  goutte 
>♦  remonta  du  pied  dans  l'eftomac , 
»  &  le  malade  fut  tout-à-coup  fuf- 
>^  foqué.  Il  étoit  alors  aflis  fur  fon 
»»  lit ,  ayant  à  côté  de  lui  fon  écri- 
w  toirc  &  ÏArgenîs  de  Barclay,  On 
»  prétend  qu'il  lifoit  continuelle* 
w  ment  ce  livre  -,  le  ftyle  lui  en 
n  plaifoit  beaucoup ,  &  c'eft  ainfi 
>»  qu'il  vouloit  écrire  fon  Hiftoire. 
>*  Il  lifoit  ,  fans  exception  ,  tous 
»♦  les  livres  ;  plus  les  titres  en 
>♦  étoient  bizarres ,  plus  il  en  re- 
»t  cherchoit  la  lefhure.  11  trouva 
w  chez  M.  Eccard  un  roman  écrit 
9^  en  langue  Allemande  ;  ce  roman 
w  contenoit  l'hiftoire  d'un  père  , 
M  qui  ayant  confulté  un  ailrologue 
«♦  fur  ce  qui  devoit  arriver  à  fon 
»♦  fils  ,  apprit  que ,  pour  le  préfer- 
»♦  ver  de  la  mort ,  il  n'y  avoit 
M  d'autre  moyen  que  de  faire  croire 
V  que  fon  fils  étoit  fils  du  bourreau  : 
»»  Lubnu\  trouva  ce  ronjan  admi- 
»f  rable ,  &  le  lut  d'un  bout  à  l'autre 
9t  tout  d'une  haleine.  La  première 
»♦  fois  qu'il  vint  à  Hanovre ,  il  ne 
»♦  fortoit  point  de  fon  cabinet.  II 
y*  ne  parloit  des  Livres  faints  qu'avec 
>»  reipeâu  :  Ils  font  remplis ,  difoit- 
îl ,  d^une  morale  nécejfalre  aux  hommes, 
M  II  n^  vouloit  point  qu'on  dif- 
»>  putât  fur  les  matières  de  religion  ; 
>»  mais  quand  on  l'attaquoit  fur  la 
»♦  fienne,  il  fe  déiendoit  avec  la 
*>  plus  grande  chaleur.  Il  aimoît 
>♦  les  mœurs  Orientales  -,  il  faifoit 
»>  grand  cas  des  langues  Chinoife 
5»  &  Arabe  ,  &  ,  fans  fa  grande 
i»  vieilleffe  >  il  auroit  fiait  un  voyage 
«>  à  la  Chine.  Il  ne  communiquoit 
»  fes  manufcrits  à  perfonne ,  &  ne 
»  vouloit  être  contredit  fur  rien  ; 
w  mais ,  comme  l'a  obfervé  milord 
>»  Stênhùpe^  il  n'entroit  véritable-^ 


L  E  f 

h  ment  en  colère  que  lorfqu'îl  s*a* 
»»  giflbit  de  politique  :  matière  fur 
»♦  laquelle  il  avoit  des  opinions 
n  aufli  bizarres  que  fur  tout  le 
»»  refte.  Il  voulut  furpaffer  les  ma- 
»♦  thématicicns  les  plus  célèbres; 
>♦  Il  n'eft  prçfque  point  d'objets 
»♦  dans  la  vie  civile  ,  pour  lef- 
M  quels  il  n'eût  inventé  quelque 
M  macliine  -,  mais  aucune  ne  réuf- 
>»  fit M.  Nous  finirons  par  quel- 
ques mots  fur  la  figure  de  Lelbniti, 
Il  étoit  d'une  taille  médiocre ,  plutôt 
maigre  que  gras.  Il  avoit  l'air  ap- 
pliqué ,  la  phyfionomie  douce  »  la 
vue  très-courte ,  mais  infatigable ,  & 
qui  fe  foutint  jufqu'à  la  fin  de  fa 
vie M.  Dutems  a  publié  le  re- 
cueil des  Œuvres  Mathématiques 
de  Lelhniti ,  en  6  vol.  in-4**  ,1767 
&  1768  -,  &  peu  de  temps  après  on 
a  imprimé  fon  Esprit  ,  à  Lyon , 
en  2  vol.  in- 12.  Ces  deux  recueils 
font  intérefïans.  Felàr  a  donné 
Mtfcellanea  Leïbnltlana ,  Leipzig  ^ 
1718,  in-8^ 

LEICESTER  (  Simon  de  Mont- 
fort  ,  comte  de)  fils  cadet  du  fa- 
meux Simon  de.  Montfort ,  le  héros  de 
la  crpifade  des  Albigeois ,  s'établit 
de  bonne  heure  en  Angleterre ,  où 
fa  famille  pofTédoit  de  grands  biens, 
Henri  III  ^  dont  il  fut  gagner  les 
bonnçs  grâces ,  lui  donna  fa  fœur  en 
mariage,  &  le  nomma  fon  lieute- 
nant dans  les  provinces  qu'il  avoit 
en  France.  Il  gouverna  pendant 
quelque  temps  ces  provinces  avec 
une  févérité  qui  irrita  les  grands  ; 
&  ayant  déplu  à  Blanche ,  veuve  de 
Louis  VIII  &  régente  de  France ,  il 
retourna  en  Angleterre.  Sa  faveur 
ne  s'y  foutint  point  :  l'inconflan-  ■ 
ce  de  Henri  ^  &  le  caraftere  hau-  | 
tain  de  Ldcefter^  ne  pouvoient  man-  | 
quer  de  produire  entre  eux  des  \ 
brouilleries.  Un  jour  le  comte  don- 
na un  démenti  au  roi  qui  l'avoit 
appelé  traître^  &  ajouta  que  s*U 
n'éioît  pas  fon  Souverain  ^  ilfcr^cjt^^ 


L  El 

thît  de  eetu  înfultc.  Sofl  adreffc  , 
fes  intrigues ,  fes  déclamations  con- 
tre le  gouvernement  &  même  con- 
tre les  étrangers  ,  quoiqu'il  en  fût  du 
nombre ,  fon  extérieur  dévot ,  fon 
zele  apparent  pour  les  libertés  na- 
tionales, lui  concilièrent  l'amitié 
ài  peuple  &  la  confiance  de  la  no- 
bleffe.  Se  voyant  en  état  de  tout 
entreprendre,  il  fit  entrer  les  ba- 
rons dans  le  projet  de  réformer  le 
gouvernement ,  ou  plutôt  de  s'em- 
parer de  l'autorité.  Dans  une  af- 
ïemblée  parlementaire  où  ces  fei- 
gneurs  parurent  en  armes,  le  roi 
ayant  demandé  des  fubfides ,  on  ne 
les  lui  promit,  qu'à  condition  qu'il 
remédieroit  aux  défordres  en  con- 
fiant le  pouvoir  à  des  hommes  ca- 
pables de  les  corriger.  Henri  fe 
îbumit  atout-,  il  convoqua  un  par- 
lement à  Oxford ,  où  furent  arrêtés 
les  plans  de  réforme.  Mais  il  fentit 
bientôt  le  joug  auquel  il  s'étoit  af- 
fujetti.  Non-feulement  les  fubfides 
qu'il  efpéroit ,  n'arrivèrent  point  : 
mais  fes  quatre  fi-eres  utérins ,  en- 
fans  du  comte  de  la  Marche  & 
de  la  reine  IfabelU ,  furent  bannis 
du  royaume,  comme  auteurs  des 
maux  de  la  nation.  Henri  voulut  re- 
prendre fon  pouvoir  :  ce  fiit  alors 
que  LelceJUr  fe  mit  à  la  tête  des 
mécontcns  &  combattit  fon  fouve- 
rain.  Nous  avons  raconté ,  dans  l'ar- 
ticle de  Henri  HI  y  les  fuites  de 
cette  entreprife.  Leicefter  ayant  été 
tué  dans  une  bataille  donnée  en 
1264,  fon  corps  fut  haché  en  mille 
mdrceaux  :  Un  cccléfiaftique  les  raf- 
ferabîa ,  pour  les  expofer  à  la  vé- 
nération du  peuple ,  qui  les  révéra 
comme  celles  d'un  martyr  mort 
pour  le  maintien  de  la  liberté.  11 
laiffa  cinq  fils.  Le  plus  célèbre  cft 
Gui  ou  Guidon  ,  qui  n'ayant  pu 
obtenir  de  S.  Loms  des  fecours  con- 
tre le  roi  d'Angleterre ,  fuivit  Chaf 
^  d* Anjou  en  Sicile.  On  croit  qu'il 
mourut  dans  cette  iik,  On  dit  que , 


LEI         iiç 

pour  venger  la  mort  de  fon  père, 
il  affaffina  dans  une  églife  de  Viter- 
be,  Henri  fils  d'un  des  meurtriers 
dç  Leicefter  y  pendant  qu'il  cntendoit 
la  meffe ,  &  qu'en  fortant  de  l'égli- 
fe  il  s'écria  :  J'ai  ajfouvl  ma  vengeant 
ce!  Un  de  fes  gentilshommes  lui 
ayant  dit  que  le  cadavre  de  fon  père 
avoit  été  traîné  ignominieufement , 
il  rentre  aufii-tôt  dans  l'églife ,  faifit 
le  corps  de  Henri  par  les  cheveux 
&  le  traîne  dehors  jufqu'au  milieu 
de  la  rue ,  fans  que  Charles  pensât  à 
empêcher  ou  à  venger  ce  crime. 

LEICH,  (Jean-Henri)  profcf- 
feur  d'humanités  &  d'éloquence 
à  Leipzig ,  où  il  étoit  ne  en 
1720  ,  travailla  au  3<.umal  6c 
aux  Nouvelles  Littéraires  de  cette 
ville,  &  y  mourut  en  1750,  à 
30  ans.  Son  ouvrage  le  plus  cu- 
rieux cft  intitulé  :  De  origine  &  in-^ 
crementls  Typographia  Llpfienfis,  U 
n'avoit  que  20  ans  lorfqu'il  le 
compofa.  Ses  autres  productions 
font  :  I.  Une  édition  du  Trcfor  de 
Fabrl,  II.  De  vita  &  rébus  gcftls  Conf- 
tantini  Porphyrog,  III.  De  Diptycls 
veterum  ,  &  de  Dlptyco  emln,  Card. 
QuiriniilV.  Diatribe  in  Photii  Blbllo' 
thecam^  &C. 

LEIDRADE,  archevêque  de 
Lyon,  bibliothécaire  de  Charlema'» 
gne ,  mort  en  816 ,  dans  le  monaf- 
tcre  de  Saint-Médard  de  Soiffons  , 
après  s'être  démis  de  fon  arche vê^^ 
ché ,  eut  une  grande  réputation  de 
favoir  &  de  piété.  Il  étoit  origi- 
naire du  Norique.  Avant  fon  épif- 
copat ,  il  avoit  été  nommé  commif- 
faire  avec  Théodulphe  d'Orléans,  pour 
informer ,  de  la  part  du  roi ,  des 
abus  qui  fe  commettoient  dans  la 
Provence  &  dans  la  Gaule  Nar- 
bonnoife  touchant  les  abus  de  la 
juftice.  Il  fut  élu  archevêque  de 
Lyon  en  797  ;  &  il  montra  un  grand 
zele  pour  le  rétabliffement  de  la 
difcipiine  dans  le  clergé  féculier  & 
régulier,   U  nous  refte  de  lut  ua 

Oiv 


2i6         L  E  I 

Traité  fur  le  Baptême ,  quelques  Itf^- 
tKs  qu'on  trouve  dans  la  Biblio- 
thèque des  PP.  &  divers  Opnfculcs 
dans  les  Analef^es  de  D.  Mablilon, 
Balw^e  a  donné  une  édition  de  Tes 
Œuvres  avec  celles  d'JgobJrd, 

I.  LEïGH  ,  (  Edouard  )  cheva- 
lier Anglois  ,  ne  dans  le  comté  de 
Leiccller ,  s'eft  fait  un  nom  par 
plufieurs  ouvrages,  dans  lefquels 
règne  un  profond  favoir ,  la  con- 
noiffance  des  langues  &  une  cri- 
tique fage.  Les  principaux  font: 
I.  Des  Réflexions ,  en  Anglois ,  fur 
les  cinq  livres  poétiques  de  l'ancien 
Teftament ,  Job ,  les  P/eaumes ,  les 
Proverbes  y  XEccléfiaJle  &  le  Cantique 
■des  Cantiques \  à  Londres,  1650, 
,in-folio.  IL  Un  Commentaire  fur  le 
Nouveau  Teftament ,  in  -  folio  , 
1657.  IIL  Un  DlcHonnalre  Hébreu  ^ 
&  un  DizUunnaire  Grec ,  qui  fe  joi- 
gnent enfemble  fous  le  titre  de 
€ritica  facra ,  in-fol.  à  Amfterdam , 
1696.  Le  i^^  a  paru  en  françois 
en  1703  ,  par  les  foins  de  Wol^o^ 
que ,  fous  ce  titre  :  Dictionnaire  de  la 
Lan^  Sainte  y  contenant  fes  origines  ^ 
avec  des  ohfervations.  IV.  Un  Trotté 
de  la  llaifon  qu'il  y  a  entre  lu  Religion 
ér  la  Littérature,  Ce  favant  mourut 
en  167 I. 

IL  LEIGH,  (  Charles  )  né  à 
<yrange  datis  le  duché  de  Lancaftre , 
pratiqua ,  avec  beaucoup  de  fuccès , 
la  médecine  en  Angleterre ,  &  par- 
ticulièrement à  Londres ,  où  il  fut 
fait  membre  de  la  fociété  royale.  Il 
parcourut  prefque  toute  l'Angleterre 
en  habile  natiiralifte ,  étendit  fes 
obfervations  jufqu'en  Amérique , 
&  mourut  au  commencement  du 
18®  fiecle.  Le  fruit  de  £e$  recherches 
•font  :  L  HifiJre  naturelle  des  Provln- 
<es  de  Lancaftre^  di  Chtfler  &  de 
Derhi ,  avec  le  détail  des  antiquités 
qu'on  trouve  dans  ces  Provinces ,  Ox-» 
ford,  1630  ,  in-fol.  Londres  ,  1700', 
avec  figures  ,  en  anglois.  IL  Hîftoire 
de  la  Vir^nie ,  LoïVlres,  1 70  5 ,  in- 1 2> 


L  E  L 

Ouvrage  fuperficiel.  IIL  Exercïtifl 
ùones  de  aquis  mineralibus ,  Londres  » 
1697 ,  in-8°. 

LEIRUELS,  Foyei  Lairuels. 

LELAND ,  (  Jean) né  à  Londres, 
obtint  du  roi  Henri  VIII  le  titre 
d'antiquaire  &  une  forte  penfion. 
Il  parcourut  toute  TAngleterre  * 
&  fit  une  ample  moiffon  -,  mais  il 
ne  put  pas  profiter  des  matériaux 
qu'il  avoit  amaffés.  Sa  penlion  ne 
lui  étant  point  payée ,  il  perdit  l'ef* 
prit  de  chagrin  ,  &  mourut  fou  le 
18  Avril  1551.  On  conferve  fes 
Manufcrits  dans  la  bibliothèque  Bod- 
léienne.  Le  plus  eftimé  de  £qs  ou- 
vrages imprimés  ,  eft  un  favant 
Traité  des  Ecrivains  de  la  Grande-Bre- 
tagne ,  en  latin  ,  Oxford ,  1 709 ,  2 
vol.  in-8°.  Il  paffe  pour  exaft.  On 
accufe  Cambden  d'en  avoir  fort  pro- 
fité ,  fans  en  rien  dire.  Je.in  Bolée 
y  a  aufîî  beaucoup  puifé.  On  a  en- 
core de  lui  :  I.  "L'Itinéraire  d'Angle^ 
terre  ^tn  anglois,  Oxford,  1710, 
in-8° ,  9  tomes.  IL  De  rébus  Bri- 
tannicis  culleclanea  ^  Oxonii ,  1615, 
6  vol.  in-8^. 

LELIO ,  Voy,  CAPILUPI6-  Ric- 

COBONI. 

LELIUS,  Voy,  L^Lius. 

LELLIS ,  (  S.  Camille  de  )  né  à- 
Pucchianico  dans  l'Abruzze  en 
1*550,  entra,  après  une  vie  fort 
déréglée  &  très-vagabonde ,  dans 
1  hôpital  de  Suint- Jacques,  des  Incu- 
rables à  Rome.  Devenu  économe 
de  cette  maifon ,  il  fe  propofa  de 
prendre  des  moyens  plus  efficaces 
pour  foulager  les  malades,  que 
ceux  qu'on  avoit  employés  juf- 
qu'alors.  Son  état  de  laïque  lui  faî- 
fant  craindre  de  grands  obflacles 
pour  fon  projet,  il  fe  mit  au  Ru" 
dlment  à  32  ans,  &  parvint  dans 
peu  de  temps  au  facerdoce.  C'efl 
alors  qu'il  jeta  les  fondemens  d'ime 
Congrégation  de  Clercs  réguliers^ 
mlnljhes  des  Infirmes,  Les  papes 
Sixte  V ,    Grégoire  XIV  &  Clén\^ 


L  E  L 

VIÎÏ ,  approuvèrent  ce  nouvel 
or<lre ,  digne  en  cflfet  de  tous  les 
fufirages  &  de  tous  les  encourage- 
incns  qu'en  a  vu  prodigués  à  des 
ailociations  moins  utiles.  Le  cardi- 
r.ai  de  Mcndovl  lui  laiffa  tous  fes 
biens  à  fa  mort ,  anivée  en  1 592 , 
après  l'avoir  protégé  pendant  fa 
vie.  Ixllis  ^  voyant  fon  ouvrage 
aiFermi  &  fa  congrégation  répan- 
due dans  plufieurs  villes ,  fe  démit 
de  la  fupériorité  en  1607,  &  mou- 
rat  faintement  le  14  Juillet  16 14, 
à  64  ans.  ^ 

LELY ,  (  Pierre  )  peintre ,  né  en 
1613  à  Soeft  en  Weftphalie ,  mou- 
rut à  Londres  en  1680, à  67  ans. 
Il  s'appliqua  d'abord  au  payfage; 
mais  le  talent  de  faire  des  portraits 
le  fixa.  Ltly-  paffa  en  Angleterre  ,  à 
la  fuite  de  Guillaume  II  de  NafTau , 
prince  d*Orange,  &  peignit  toute 
la  famille  royale.  L'alflucnce  des 
perfonnes  qui  vouloient  exercer 
ion  pinceau  étoit  il  grande  >  qu'un 
de  fes  domeftiques  étoit  chargé 
d'infcrire  les  feigneurs  &  les  dames 
9ii  avoicnt  pris  jour  pour  être 
rcprcfentés  par  Le/y.  Si  quelqu'un 
manquoit  au  temps  fixé ,  il  étoit 
remis  au  bas  de  la  lifte;  enfin, 
fans  aucun  égard  ni  à  la  condition  , 
ni  au  fexe ,  on  étoit  peint  fuivant 
fon  rang.  Ce  peintre  faifoit  une 
grande  dépenfe.  11  avoit  un  do- 
mcftique  nombreux,  tenoit  table 
ouverte ,  &  fes  repas  étoient  ordi- 
nairement accompagnés  d'une  fym- 
phonie  choifie. 

LExMERY,  Foyci  Er.iERV. 

I.  LEMERY  ,  (  Nicolas  )  né  à 
Rouen  le  17  Novembre  1645  , 
d'un  procm*eur  au  parlement ,  aima 
mieux  fe  confacrer  à  Tétude  de  la 
n-ture  ,  qu'à  celle  des  chicanes 
interminables  des  hommes.  Il  cul- 
tiva de  bonne  heure  la  chimie, 
&  parcourut  toute  la  France  pour 
s'y  pene^onner.  Cette  fcience  étoit 
alors  une  cfpece  de  cliaos ,  où  le 


L  E  L         117 

faux  cioît  entièrement  mêle  avec 
le  vrai.  Lemery  les  fépara^  il  ré- 
duifit  la  chimie  à  des  idées  plus 
nettes  &  plus  fimples,  abolit  la 
barbarie  inutile  de  fon  langage , 
femblabîe  à  la  langue  factée  de 
l'ancienne  théologie  d'Egypte  & 
aulîi  vide  de  fens-,  il  ouvrit  des 
cours  publics  de  cette  fcience  » 
d'où  fortirent  prefque  tous  les  chi- 
mifles  françois  qui  y  excellèrent* 
Obligé  de  paffer  en  Angleterre  à 
caufe  de  fon  attacîiement  au  Ca!- 
\'inifme ,  &  ne  pouvant  oublier  la 
France  &  fj  famille,  il  y  retourna, 
&  fe  f.t  Catholique.. L  académie  des 
fciences  fe  l'aflocia  en  1699,  & 
lui  donna  enfaite  une  place  de 
p«nfionnaire.  Elle  le  perdit  le  15 
Juin  171 5,  à  70  ans.  C'étoit  un 
homme  infatigable,  bon  ami,  d'une 
exaÔe  probité  ,  &  d'ui^e  fimplicité 
de  moeurs  affez  rave.  Il  ne  con-i 
noiflbit  que  la  chambre  de  {es  rou- 
lades ,  fon  cabinet ,  fon  labora- 
toire, &  l'académie.  Il  fut  une 
preuve ,  que  qui  ne  perd  point  de 
temps ,  en  a  beaucoup.  Quoiqu'il 
dût  être  naturellement  prévenu  en 
faveur  des  remèdes  chimiques ,  il 
ne  les  employoit  qu'avec  beau- 
coup de  circonfpeôion.  Il  croyoit 
que,  par  rapport  à  la  médecine, 
la  chimie ,  à  for<:e  de  réduire  les 
mixtes  à  leurs  principes,  les  ré- 
duifoit  fou  vent  à  rien.  On  a  de 
lui:  I.  Un  Cours  de  Chimie,  dont 
la  meilleure  édition  eft  celle  de 
M.  Baron ^  en  1756,  in-4°,  avec 
de  favantes  notes.  La  i"^®  édition 
de  ce  livre,  traduit  dans  toutes 
les  langues  de  1  Europe ,  eut  le  débit 
le  plus  rapide.  11  fe  vendit  comme 
un  ouvrage  de  galanterie  ou  de 
futire.  II#  Une  Pharmacopée  unlvcr- 
Jclle^  1764,  in-4°.  C'eft  un  recueil 
exaf^t  de  toutes  les  compoiicions 
des  remèdes  décrits  dans  les  meil- 
leurs livres  de  pharmacie.  Il  en  a 
retranché  un  grar.d  nombre  qui  lui 


ai8        L  E  M 

paroiûoient  moins  bons  v  maïs  II 
en  a  encore  trop  confervé.  M. 
Baume  s 'eft  renfermé,  avec  raifon, 
dans  \zs  préparations  effentielles. 
Quoi  qu'il  en  foit,  le  livre  de 
Lcmcry  a  été  pendant  long-temps 
le  meilleur  recueil  de  '  remèdes. 
L  auteur  fait  des  remarques  qui  en 
apprennent  les  vertus ,  qui  rendent 
raifon  de  la  préparation,  &  qui  le 
plus  fouvent  la  facilitent,  en  re- 
trandiant  les  ingrcdiens  inutiles, 
m.  Un  Traité  unlvtrfcl  des  Drcpizs 
fimplts^  1759  »  i'^-4°  •  ouvrage  qui 
eft  la  bafe  du  précédent ,  &  qui  eft 
aufîi  eftimé.  Ce  recueil ,  (  dit  Fon- 
unclle ,  )  eft  une  bonne  partie  de 
l'Hiftoire  naturelle.  Un  des  mé- 
rites de  l'auteur,  c'eft  qu'il  écrit 
avec  clarté  &  avec  méthode.  IV. 
Un  Traité  de  P Antimoine  y  in-8**, 
Lemery  s  etoit  beaucoup  enrichi  par 
le  débit  du  blanc  d'Efpagne ,  que 
long-temps  il  pofféda  feul. 

II.  LEMERY  ,  (  Louis  )  fils  du 
précédent ,  &  digne  de  lui  par  fes 
connoifTances  en  chimie  &  en  mé- 
decine ,  naquit  à  Paris  le  25  Jan- 
vier 1677,  fut  pendant  trente-trois 
ans  médecin  de  l'Hôtel -Dieu  de 
Paris,  acheta  une  charge  de  mé- 
decin du  roi,  &  pbtint  une  place 
a  l'académie  des  fciences.  Il  mourut 
le  9  Juin  1743  ,  à  66  ans ,  aimé 
&  eftimé.  On  a  de  lui  :  I.  Un  Tralié 
des  AllmenSy  I70i>  in-12  :  ouvrage 
clair  &  méthodique  ,  réimprimé  en 
deux  volumes.  L'auteur  explique  le 
choix  qu'on  doit  faire  de  chaque 
aliment-,  les  bons  &  les  mauvais 
effets  qu'ils  peuvent  produire*,  le 
temps ,  l'âge  &  les  tempéramens 
auxquels  ils  conviennent.  Ce  livre 
eft  très-utile  à  ceux  qui  font  atten- 
tifs à  leur  fanté.  Ses  obfervations 
fur  les  ufages  des  alimens  font  juf- 
tcs ,  parce  qu'elles  font  fondées  fiu* 
l'expérience  *,  mais  les  raifonne- 
mens  qu'il  fait  fur  leurs  principes 
^fur  lams^re  dont  ils  opèrent. 


L  E  M 

ne  font  pas  toujours  appuyés  fur     | 
une  bonne  théorie.  II.  Un  grand 
nombre  d'excellens  Mémoires  fur  11     ' 
chimie  inférés  dans  ceux  de  l'aca-     ' 
demie  des  fciences.  III.  Trois  Leures 
contre  le  Traité  de  la  génération  des 
Vers  dans  le  corps  de  l' Homme  ^  par 
Anâry  y  1704»  in-12. 

LEMNE ,  (  Lavinlus  Lemnius  ) 
né  à  Ziriczée  en  Zélande  l'an  1 50c  , 
exerça  la  médecine  avec  réputa- 
tion. Après  la  mort  de  fa  femme, 
iP  fut  élevé  au  facerdoce ,  &  de- 
vint chanoine  "de  Ziriczée,  où  il 
tfiourut  en  1568,  à  63  ans.  On  a 
delui:I.  De  occultis  Nature  miractf 
lis,  in-8**.  II.  De  Afirolo^a ,  in-8^ 
ni.  De  Plantis  hihUcis ,  francofurti , 
15 91,  m-ii,  Lemnius  eft  le  premier 
qui  ait,  traité  des  plantes  dont  il 
eft  fait  mention  dans  l'Ecriture, 
mais  il  en  parle  d'une  manière 
aiTez  fuperficielle  &  inexafte  ; 
Scheuch\er  a  mieux  fait  dans  fa  Phy^ 
fica  facra.  On  a  donné  un  Recueil 
des  ouvrages  de  Lemnîus ,  Franc- 
fort, 1628  ,  auquel  on  a  ajouté  le 
traité  De  Gcmnis  de  Kueus,  Gtdl-  ^ 
laume  LeMne  ,  fon  fils ,  fiit  pre- 
mier médecin  d'Eric ,  roi  de  Suéde, 
On  le  fit  mourir  lorfque  ce  prince  ' 
fut  détrôné.  Il  y  a  eu  un  pocte  de 
ce  nom ,  Simon  Lemnii/s  ,  qui  vi- 
voit  en  1550,  &  dont  on  a  de 
mauvaifes  Eplgramîmsy  in-8®. 

LEMOS,  (Thomas)  Dominicain^ 
né  à  Rivadavia  en  Galice ,  vers  l'an 
1 5  5  0 ,  de  parens  nobles ,  eft  célè- 
bre par  le  zcle  avec  lequel  'û  com- 
battit pour  5.  Thomas  contre  Mo^  > 
lina.  Le  chapitre  général  de  fon 
ordre ,  convoqué  à  Naples  en  i6oo» 
le  chargea  d'aller  à  Rome  pour  dé- 
fendre la  doûrine  des  écoles  Do- 
minicaines. On  étoit  à  examiner 
le  livre  de  Mollna  ,  De  la  Concorde 
du  Libre  -  Arbitre  &  de  la  Grâce 'j 
le  P.  Lemos  excita  les  juges  de  cet 
ouvrage ,  de  vive  voix  &  par  écrit. 
Il  parut  avçc  éçUt  dans  ks  çon^ 


gr^adons  àt  AuxUus\  les  papes 
CUmmt   VUl  &  ?auL  V,  qui  les 
avoîent  convoquées,  applaudirent 
piuûeurs  fois  à  Ton  éloquence  & 
a  Ton  {avoir.  Le  Jéfuite   VaUnth , 
tcrraffé  par  cet  habile  homme,  fi 
Ton  en  croit  les  Dominicains ,  cita 
dans  une  féance  un  paiTage  de  5. 
Auptftm ,  qui  n  etoit  pas  de  ce  Père. 
Lmos  le    lui   ayant  reproché,  le 
Icfuite  fut  fi  févérement  réprimandé 
par  le  pape ,  qu'il  en  mourut ,  dit- 
on,  peu  de  temps  après,  confumé 
par  le  chagrin.  Plerrt  Arruhal ,  fon 
confrère ,  le  remplaça  *,  mais  il  ne 
put   tenir   contre  le   Dominicain, 
Outre  que   la  nanire   Tavoit   fait 
naitreavec  une  poitrine  de  fer ,  il 
étoit  environné  d'««e  gloire  m  ma- 
n'icTi  de  couronne  ,  qui  éblotdjfolt  fcs 
civerfalres ,    Us    Cardinaux    mêmes. 
C'eft  le  R.  P.   Chouqua ,  Domini- 
cain ,  qui  nous  attelle  ce  prodige 
dans  fon  curieux  livre  des  Entrailles 
miumelles    de    la   Ste,    Vierge  pour 
P  Ordre  des  Frères  Prêcheurs,  Ces  dif- 
pmes ,  dans  lefquelles  les  Jéfuites 
ne   manquèrent    pas    auili   de  fe 
donner  l'avantage,    furent  termi- 
nées par  une   permifllon  donnée 
aux  deux  partis  de  défendre  leurs 
fentimens.    Lemos    combattit   très- 
bien  le  Molinifme',  mais  fonfuccès 
fut  moins  grand ,  lorfqu'on  attaqua 
le  Thomifme  &  la  promotion  phy- 
fique.  Il  fe  jeta  dans  la  diftinaion 
du  Sens  compofé  &  du  Sens  divifé, 
11  convint  que  Calvin  avoit  fou- 
tenu  ,  comme  lui ,  une  grâce  effi- 
cace par    elle-même-,  mais  il  nia 
que  ce  feâair&fut  hérétique  en  cela , 


L  E  N  ii$ 

îl  prétendit  qu'il  ne  Tavoit  été 
que  dans  cette  conféquence ,  feufTe- 
ment  tirée  d'un  principe  très-vrai , 
que  le  confentement  de  la  volonté 
s'enfulvoît  nécejfalremcnt ,  par  une  né" 
cejfv.é  de  conféquence  :  au  lieu  que  Ic» 
Dominicains  foutenoient  que  U  con* 
fenument  de  la  volonté  h* étoit  nécef- 
faire  que  d'une  néceffué  de  conféquence, 
Lemos  s'immortalifa  dans  fon  or- 
dre, &  fe  fit  un  nom  dans  l'Eu- 
rope. Le  roi  d'Efpagne  lui  offrit 
un  évêché ,  qu'il  refiifa.  H  fe  con- 
tenta d'une  penfion,  dont  il  jouit 
jufqu'à  fa  mort ,  arrivée  le  13  Août 
1629 ,  à  84  ans.  Il  étoit  depuis 
long-temps  confulteur-général.  On 
a  de  lui  :  L  PanopUa  gratia ,  2  vol. 
in-fol.,  1676,  à  Bezicrs,  fous  le 
nom  de  Liège.  Il  y  traite  à  fond 
des  matières  de  la  grâce  &  de  la 
prédefiinarion  -,  mais ,  aprb  avoir 
lu  tout  ce  qu'il  en  dit ,  on  finit 
par  où  les  théologiens  devroient 
commencer ,  par  cette  exclamation 
fi  fage  de  l'Apôtre  des  Gentils: 
O  altitudo  divitlarum  !  &c.  I L  Un 
Journal  de  la  congrégation^  de  Au^ 
•  xiliis ,  Reims ,  1702  ,  in-fol. ,  fous 
le  nom  de  Louvain.  III.  Un  grand 
nombre  d'autres  Ecrits  fur  les  quef- 
tions  de  la  Grâce,  qu'on  ne  de- 
mande pas  alTcz  ,  &  fur  laquelle  on 
difpute  trop. 

LEMPEREUR,  Voy.  Empe- 
reur. 

LENCLOS ,  (  Anne ,  dlu  Ninon 
de)  naquit  à  Paris  en  1615  ,  de 
parens  nobles.  Sa  mère  vouloit 
en  faire  une  dévote  -,  fon  père  (*), 
homme  d*efprit  &  de  plaifir ,  réufïit 


(•)  „  Ménage  rapporte  dans  fes  Ohfervations  fur  Malherbe  ,  qnc  M.  Uinon  ma 
}i  en  duel  ,  près  les  Minimes  delà  Pla  ce- royale  ,  en  1630  ,  le  baron  de  Chabans  ^ 
})  auquel  Malherbe  cvoit  adreffé  plufîeurs  de  fes  poëfies  fous  le  nom  de  M.  ^u, 
if  Maine:  c*étoit  un  foldat  d«  fortune,  d'abord  ingénieur  ,  aide-de-camp  au  fetn 
>t  vice  de  France  ,  qui  ^toit  paffé  à  celui  de  Vcnife  en  qualité  de  lieutenant. 
»j  d'anillerie  (  Note  fournie  à  Tlmprimeur  )  *'.  Nous  doutons  que  ce  Ninon  fut 
U  père  de  Mlle,  de  Lenetos  ,  dont  le  nom  de  iiinon  étoit  tiré  Yraifemblabiement 
^e  celui  d*Anne  ^'«Ue  avoit  reçu  aa  baptême»  ^ 


ttiô        L  E  N 

beaucoup  mieux  à  en  feiré  une 
Epicurienne.  Ninon  perdit  l'un  & 
l'autre  à  l'âge  de  15  ans.  Maîtreffe 
tf  c  fa  deftinée  dans  une  grande  jeu- 
ïxcfle,  elle  fe  forma  toute  feule. 
Son  efprit  s'étoit  développé  par 
la  lefture  des  ouvrages  de  MontaU 
;gne  &  de  Charron ,  qu'elle  avoir 
médités  dès  Tâge  de  dix  ans.  Elle 
étoit  déjà  connue  dans  Paris  par 
fon  efprit,  fes  bons  mots  &  fa 
philofophie.  Etant  malade  ,  & 
voyant  beaucoup  de  gens  autour 
de  fon  lit,  qui  la  plaignoient  de 
mourir  fi  jeune  :  Hélas  ^  dit- elle  , 
je  ne  ialjfe  que  des  mouransl  Reve- 
nue de  cette  maladie,  elle  s'appli- 
qiia  de  plus  en  plus  à  perfeôionnçr 
/es  talens  &  à  embellir  fou  efpfit. 
Elle  favoit  parfaitement  la  mufique , 
jouoit  très-bien  <du  clavecin  &  de 
plufieurs  autres  inftrumens ,  chan- 
toit  avec  tout  le  goût  pofîible ,  & 
daafoit  avec  beaucoup  de  grâce.  La 
heautéfans  les  grâces  ctc.it  ^  félon  elle, 
vn  kameçun  fans  appâta  Avec  de 
tels  agrémens,  elle  ne  dut  man- 
quer ni  d'amans  ni  d'époux.  Un 
goût  décidé  pour  la  liberté  , 
& ,  fi  j'ofe  le  dire  ,  pour  le  liber- 
tinage, l'empêdia  de  fe  prêter  à 
aucun  engagement  folide.  Une  femme 
finfce  {  difoit-elle  ,  )  ne  (Lit  jimais 
prendre  de  mari  fans  le  corfcntement 
de  fa  ralfon  ,  6»  d'amant  fans  Paveu 
de  fon  cœur.  Mais  préférant  la  li- 
cence de  l'amour  à  la  gêne  de 
l'hymen,  elîe  mit  fon  bien  à  fonds- 
perdu  ,  tint  elle-mcme fon  ménage, 
&  vécut  à  la  fois  avec  économie 
fc  avec  noblefTe.  Elle  joiiifibit  de 
S  à  10  mille  livres  de  rente  via- 
gère &  avoit  toujours  une  année 
«le  revenu  devant  elle ,  pour  fe- 
courir  fes  amis  dans  le  befoin.  Le 
plan  de  vie.  qu'elle  fe  traça ,  n'a- 
voit  point  eu  d'crcemple.  Elle  ne 
voulut  pas  fcire  un  tiàfic  honteux 
cîe  fes  charmes  -,  mais  elle  réfolut 
lie  fe  livrer  à  tous  ceux  qui  lui 


L  E  N 

pîairoîent,  &  d'être  à  eux  tant  que 
le  preftige  dureroit.  Volage   dans 
fes  amours  ,  ^confiante  en  amitié^ 
fcrupuleufe  en  matière  de  probité , 
d'une   humeur  égale ,  d'un  com- 
merce  charmant  ,    d'un    caraÔere 
vrai ,  propre  à  former  les  jeunes- 
gens  &  à  les  féduire,   fpirituelle 
fans  être   précieufe,  belle  jufqu'à 
la  caducité  de  l'âge,  il  ne  lui  man- 
qua que  ce  qu'on  appelle  la  vertu 
dans  les  femmes ,  &  ce  qui  en  mé- 
rite fi  bien  le  nom  ;  mais  elle  agit 
a^ec  autant  de  dignité  que  ù  elle 
l'avoit  eue.   Jamais  elle  n'accepta 
de  préfens  de  l'amour.  Ce  qu'il  y 
a  de  plus  étonnant ,  c'eft  que  cette 
paHion  ,  qu'elle  préféroit  à  tout  ^ 
lui  paroifToit  une  fenfation  plutôt 
qu'un  fentiment  -,  un  goût  aveugle  , 
purement  fenfuel  ;  une  lllufion  paf- 
îagere,  qui  ne  fuppofe  aucun  mé- 
rite  dans   celui  qui  le  prend,   ni 
dans  celui  qui  le  donne.  Elle  p^n^ 
foit    comme    Epicure ,    &    agifloit 
comme   Laïs,    Les     CoUgnis  ,    les 
VUlarecaux ,  les  Sévignés ,  le  Grand 
Condéy  le  duc  dz  la  Rochefoucault  ^ 
le    maréchal    d'AIbret^    GourvilU^ 
Jean  Bannier ,  la  Châtre ,  furent  fuc- 
ceflivement  fes  amans  ,  &  fes  amans: 
heureux  -,    mais   tous  reconnurent 
que  Ninon  cherchoit  moins  à  fàtis- 
faire  fa  vanité  que  fon  goût.  Le 
dernier  l'éprouva   fur -tout   d'une 
façon  finguliere.  Obligé  de  rejoin« 
dre  l'armée ,  incrédule  aux  fermens 
les  plus  tendres,  Ninon  le  raffura 
par  un  billet  figné  de  fa  main ,  dans 
leqiîel    elle  lui  donnoit  fa  parole 
d'honneur ,  que  malgré  fon  abfence 
elle  n'aimeroît  que  lui.  A  peine 
eut  r  il  difparu ,    qu'elle  fe  trouva 
dans  les  bras  d'un  nouvel  am.ant. 
Cette  réputation   d'inconftance  & 
de    galanterie  ne  l'empêcha  point 
d'avoir  d'illuftres  amis.  Les  femmes 
les  plus  aimables  &  les  plus  ref- 
pefrabîes  de  fon  temps ,  la  recher- 
ciKrent.  On  ne  citera  que  Mad*  de 


L  E  N 

iSmtmon.  Cette  dame  .voulut ,  dit- 
ort ,  l'engager  à  Ce  faire  dévote , 
&  à  venir  la  confoler  à  Verfaillcs 
de  l'ennui  de  la  grandeur  &  de  la 
viàileffe.  Ninon  préféra  fon  obfcu- 
rlté  voluptueufe  à  l'efclavage  bril- 
lant de  la  cour.  En  vain  des  direc- 
teurs fages  voulurent  la  ramener 
à  la  religion  :  elle  ft'en  fit  que 
plaifanter.  Vout  /uve^  ,  (  dit-elle 
à  Fonundle ,  )  le  parti  que  j'aurJs 
pu  tirer  démon  corps  ^  jepourrois  encore 
mieux  vendre  mon  ame  ;  les  Janfé'» 
mftes  &  les  MçUnîfics  fe  li  difputcnt, 
Ninon  n'aimoit  pourtant  point  que 
l'on  fît  parade  d'irréli^jion.  Un  de 
fes  amis  refufant  de  voir  fon  curé 
dam  une  maladie ,  elle  lui  n?cna  ce 
prêtre  en  lui  difant  :  Monfieur ,  fol' 
tts  votre  devoir  ;  je  vous  affurc  qus\ 
qu:Hqu'îl  ral/bnne  ,  Il  n*en  fait  pas 
plus  que  vous  &  moi,  Perfonne  ne 
poffédoit  mieux  qu'elle  la  tJiéorie 
de  cette  décence ,  fi  néceffaire  dans 
le  monde.  Sa  maifon  fut  le  rendez- 
vous  de  ce  que  la  cour  &  la  ville 
avoient  de  plus  poli ,  &  de  ce  qne 
la  république  des  lettres  avoit  de 
plus  illustre.  Sc.:rron  la  confultoit 
fur  fes  romans  ,  Salnt-Evremom  fur 
fes  vers  ,  Molière  fur  Ces  comédies , 
Fontenelà  fiir  fes  dîalopies*  On  a 
ridiculement  prétendu  que  le  der- 
nier amant  de  MU^  de  Lenclos  fut 
un  homme  -  de  -  lettres  -,  [  Voysi 
Gedcyn.  ]  Ninon  avoir  alors  80 
ans  accomplis  ,  &  à  cet  âge  elle 
n'étoit  guère  propre  à  infpirer  des 
paffions.  Voltaire  qui  la  vit  dans 
fa  viëlleffe ,  dit  qu'elle  étoit  feche 
comme  une  momie.  Elle  fe  plai- 
gnoit  elle-même  des  changemens 
que  produit  la  décrépitude.  Elle 
difoit  que  fi  elle  avoit  ajfiftc  au  con- 
fell  des  dieux  au  moment  de  la 
création  ,  elle  auroit  opiné  pour  qu'ils 
plaçaient  Us  rides  des  femmes  où  ils 
étvoient  mis  le  foihle  <f  Achille.  Elle 
mourut  le  17  Odobre  1705  »  fai- 
X^  k3  1^  >  comme  elle  avo^ 


L  E  N         121 

vécu*,  fuivant  d'autres,  dans  des 
fentimens  plus  chrétiens.  Elle  avoît 
alors  90  ans.  Les"  approches  de  la 
mort  n'altérèrent  pa; ,  dit-on ,  la 
férénité  de  fon  ame.  Elle  conferva 
juicru'au  dernier  moment  les  agré- 
mens  &  la  liberté  de  fon  efprit.  Si 
Von  pouvolt  croire ,  difoit-elle  quel- 
quefois ,  comme  madame  de  jChevreufe  ,. 
qu*en  mourant  on  va  caufer  avec  tous 
fes  amis  dans  l'autre  monde  ,  //  ferott 
doux  de  penfcr  à  la  mort.  Le  por- 
trait que  nous  venons  de  tracer 
de  cette  Epicurienne,  eft  d'après 
tous  les  mémoires  qui  ont  paru  fur 
elle.  Quelques  moraliftes  doutent 
pourtant ,  avec  raifon  ,  que  ce  por- 
trait foit  reffemblant  dans  tous  les 
points.  Ecoutons  là-delTus  /.  /.  R^^uf-* 
feau.  »»  Dans  le  mépris  des  vertus 
»  de  fon  fexe  ,  Ninon  de  Lenclos 
>♦  avoit  ,  dit- on  »  confervé  celles 
>♦  du  nôtre.  On  vante  fa  firanchifc, 
>»  fa  droiture ,  la  fureté  de  fon  com- 
w  merce ,  fa  fidélité  dans  l'amitié. 
>»  Enfin ,  pour  achever  le  tableau  de 
M  fa  gloire ,  on  dit  qu'elle  s'étoit 
y>  faite  homme.  A  la  bonne  heure  ! 
>»  Mais ,  avec  toute  fa  haute  répu- 
»♦  tation ,  je  n*auroispas  plus  voulu 
»»  de  cet  homme-là  pour  mon  ami* 

»♦  que  pour  ma  maitreffe Les 

»i  femmes  qui  perdent  toute  pudewr , 
rt  font  plus  fauffes  niille  fois  que 
»  les  autres.  On  n'arrive  à  ce  point 
»♦  de  dépravation  qu'à  force  de 
»»  vices ,  qu'on  garde  tous ,  &  qui 
>»  ne  régnent  qu'à  la  faveur  de  Im- 
>»  triguc  &  du  mcnfonge.  Au  con- 
»>  traire ,  celles  qui  ont  encore  de 
>♦  la  honte,  qui  ne  s'enorgueilliiTcnt 
>»  point  de  leurs  fautes ,  qui  favent 
>♦  cacher  leurs  défirs  à  ceux-mêmes 
>♦  qui  les  infpirent  ,  celles  dont 
>»  ils  en  arrachent  les  aveux  avec 
M  le  plus  de  peine ,  font  d'ailleurs 
w  les  plus  vraies ,  les  '  plus  fince- 
»  res ,  les  plus  confiantes  dans  tous 
>»  leurs  engagemcns ,  &  celles  fur 
9  i%  foi  dâquçUes  on  peut  géné.!^ 


111  L  E  N 

>>  ralement  le  plus  compter Le 

)>  plus  grand  frein  de  leur  fexe  ôté  , 
M  que  refte  - 1  -  il  aux  femmes  qui 
»♦  les  retieiuie  ?  &  de  quel  honneur 
y>  feront  -  elles  cas  ,  après  avoir 
j>  renoncé  à  celui  qui  leur  eft  pro; 
»>  pre  ?  Ayant  mis  une  fois  leurs 
9)  pallions  à  l'aife,  elle,  n'ont  plus 
»♦  aucun  intérêt  d'y  réfifler  *♦.  Ces 
réfleidons  d'un  auteur  qui,  au  milieu 
de  beaucoup  d'erreurs  ,  a  déve- 
loppé les  plus  grandes  vérité  > ,  peu- 
vent fervir  à  contre- balancer  les 
éloges  qu'on  a  donnés  à  Nlnm  ,  & 
diriger  le  lefteur  dans  le  jugement 
qu'il  doit  en  porter.  Cette  célèbre 
courtlfane, 

FoîbU  &  friponne  tour-à'tour , 
Eut  trop  d'amans  pour  connu  lire  l' amour, 
Desmahis. 

Elle  laifla  quelques  fruits  de  fon 
/  libertinage^  l'un  de  fes  flls,nommé/a 
Boijjfure,  mourut  eni732,à7jans, 
à  Toulon ,  où  il  étoit  officier  de 
marine ,  c'étoit  un  homme  fingu- 
lier  ,  &  très-paflionné  pour  la 
muiique,  quoiqu'il  ne  connût  pas 
une  note.  Avant  qu'il  vînt  au 
monde ,  un  militaire  &  un  ecclc- 
.fiaftique  fe  difputerent  le  criminel 
honneur  de  la  paternité.  La  chofe 
ct»it  douteufe ,  le  fort  en  décida  : 
on  prit  dQS  dés  ,  &  l'abbé  perdit  cette 
funeile  gloire.  L'autre  fils  de  Ninon 
finit  fes  jours  d'une  manière  bien 
tr^ique.  Il  devint  amoureux  de  fa 
mère ,  à  qui  il  ne  croyoit  pas  appar- 
tenbr  de  fi  près  -,  mais  dès  qu'il  eut 
découvert  le  fecret  de  fa  naifTance , 
il  fe  poignarda  de  défefpoir.  Le 
Sage  a  employé  cette  cruelle  aven- 
ture dans  fon  roman  de  Gll-Blas  , 
en  y  mêlant  quelques  traits"  comi- 
ques. Ua  événement  fi  tragique 
n'ayant  pas  fait  changer  Nîncn  de 
façon  de  vivre  ,  ne  peut  que  laiffcr 
de  fon  cœur  des  imprefiions  défa- 
vorables. On  prétend  cependant 
qu'elle  ne  fut  pas  fans  regret  fur 


t  EN 

les  erreurs  de  fa  jeunefTe.  Dans 
une  lettre  à  Saim^Evremont ,  elle  lui 
parle  ainfi  :  »  Tout  le  monde  me 
»  dit  que  j'ai  moins  à  me  plaindre 
>♦  du  temps  qu'une  autre.  De  quel- 
>»  que  façon  que  cela  foit,  fi  l'on 
n  m'avoit  propofé  une  telle  vie , 
M  je  me  ferois  pendue  *«.  Elle  rai' 
d^ît  grâces  à  Dlui  tous  les  foirs  it 
fon  ejprit  ,  &  le  prioit  tous  les 
matins  de  la  préftrvfr  des  fotûfes  de 
fon  couir.  Deux  auteurs  nous  ont 
donné  la  Vie  ide  cette  héroïne  en 
galanterie  :  M,  Bret  en  175 1 ,  in-ii : 
&  M.  D  mours  à  la  tête  des  Lettres 
qu'il  a  fuppofé  écrites  par  Ninon 
au  marquis  de  Sévigrii ^  1764,2 
vol.  in-ii,  dans  lefquelles  il  y  a 
beaucoup  d'efprit  &  de  métîiaphy- 
fique  de  fentiment.  Les  vraies  Let- 
tres de  Ninon  "étoient  moins  recher- 
chées &  plus  délicates.  On  en  trouve 
quelques-unes  dans  le  recueil  des 
Œuvres  de  Salnt'Evrenwnt,,,  Vcye{ 
VI.  Orléans. 

.LENET,  (Pierre)  fils  &  petit- 
fils  de  deux  préûdens  du  parlement 
de  Dijon  ,*  a  été  lui-même  confeil- 
1er  dans  ce  corps ,  enfuite  procu- 
reur -  général ,  &  enfin  confciller 
d'état.  Il  fut,  pendant  le  fiege  de 
Paris ,  Tun  desintendansdejutice, 
de  police  &  de  finances.  Le  fiega 
fini ,  il  retourna  à  la  cour ,  où  l'on 
fe  fcrvit  de  lui  en  beaucoup  d'oc- 
cafions  importantes.  On  a  imprimé 
fes  Mémoires,  contenant  Pklfioire  d:s 
Guerres  civiles  des  années  i6^q  &  fil- 
vantes  ,  principalement  de  celles  de 
Guknne,  Ils  ont  paru  en  2  vol.  in- 
12  ,  en  1729 ,  fans  nom  de  ville  ni 
d'imprimeur.  Ces  mémoires  ne  font 
pas  bien  écrits  -,  mais  ils  contien- 
nent quelques  faits  intérefians.  L'au- 
teur n'y  dit  prsfque  que  ce  qu'il  a 
vu ,  &  il  a  eu  part  à  la  plus  granda 
partie  des  chofes  qu'il  raconte.  U 
moiu-ut  en  1671. 

I.  L'ENFANT ,  (  David  )  Domi- 
nicain X^arifien ,  mort  dans  fa  patrie 


•1  E  N 

;  Te  ji  Mai  1688  ,  à  85  ans  „  publia 
plufieurs  compilations ,  monument  , 
de  fa  patience  plutôt  que  dd  fon 
génie.  Les  principales  font  :  I, 
Blblia  Bcmardlatia.  ^  BlbUd  AuguJU- 
nîana  ;  Blblia  Thomût  *Aquinaùs  ,  en 
5  vol.  in-4®.  Ces  ouvrages  ren- 
ferment tous  les  paffages  de  l'Ecri- 
ture expliqués  par  ces  Pères.  Les 
perfonnes  judicieufes  n'approuvè- 
rent guère  cette  méthode.  On  auroit 
beaucoup  mieux  aimé  un  comment 
taire  ,  dans .  lequel  on  eût  trouvé 
recueiUi  ce  que  les  différens  Pères 
de  TEglife  avoient  de  meilleur  fur 
les  Livres  faints.  IL  Un,  gros  Recueil 
des  Sentences  de  5.  Auguftln  ^^îows 
le  dtre  de  Concordantes  Augufilniana , 
*2  vol.  in  -  fol.  IIL  Une  Hlftoire 
générale ,  fuperfîciellè  &  mal  écrite  , 
en  6  volumes  in -12,  1684. 
Une  finguîarité  de  cet  ouvrage  , 
c'eft  que  Tauteur  obferve  ce  qui 
s'eft  paffé  de  particulier  dans  l'uni- 
vers chaque  jour  de  Tannée  depuis 
la  naiflance  de  J.  C. ,  de  façon  qu'il 
auroit  pu  intituler  fon  livre  Calm* 
<Wfr  Hiflorlque, 

n.  LENFANT ,  {  Jacques  )  né  à 
Bazoche  en  Beauce  ,  Tan  1661  , 
d'un  père  miniftre ,  fe  ^ftingua  à 
Saumur  &  à  Genève  où  il  fit  fes 
études.  Ceft  dans  cette  dernière 
viQe  qu'il  traduifit  la  Recherche  de 
lu  vérité  du  P.  Malchranche,  Cette 
verfion  ne  ftit  imprimée  qu'en  1 69 1 , 
ifl-4°  ,  fous  le  titre  :  De  înqu'rcnda 
verltate.  Le  traduûeur  avoit  paffé 
«n  i68a  à  Heidelberg ,  où  il  ob- 
tint les  places  de  miniftre  ordi- 
'  naire  de  l'^life  Françoife  ,  &  de 
chapelain  de  l'éleébice  douairière 
Paladne.  L'invafion  àçs  François 
dans  le  Palatinat  en  1688  ,  l'ayant 
obligé  de  fe  retirer  à  Berlin  ,  il 
y  fut  prédicateur  de  la  reine  de 
Pruffe  &  chapelain  du  roi  fon  fils , 
confeiller  du  confiftoire  fupérieur , 
membre  de  Tacadémie  des  fdcnces 
ie  cette  ville,  &  agrégé  à  la  fo- 


L  E  N         îi| 

cîcté  de  la  Propagation  de  U  Fol , 
établie  en  Angleterre.  Il  mourut 
d'une  paralyfie,  le  7  Août  1718  y 
à  67  ans  ,  fans  laiffer  d'enfans. 
C'était  un  homme  d'une  phyfio- 
nomie  fine  ,  avec  un  air  funplc 
&  un  extérieur  négligé.  Il  parloit 
peu ,  mais  bien ,  &  d'un  ton  infi- 
nuant.  Il  prêcha  avec  applaudifîe- 
ment.  Ami  de  la  fociété  &  du  tra- 
vail ,  il  fe  partageoit  tour-à-tour 
entre  fes  amis  &  fon  cabinet.  Né 
avec  un  caraftere  doux  &  un  ef- 
prit  modéré,  il  vivoit  bien  avec 
tout  \q  monde  ,  même  avec  ceux 
dont  il  avoit  eu  à  fe  plaindre.  Ses 
meilleurs  ouvrages  font  :  I.  Hlfiolre 
du  Concile  de  Confiance^  2  vol.in-4*^ , 
1727  -,  celle  du  Concile  de  Plfe  , 
2  vol.  m-4°  ,1724-,  celle  du  Con-^ 
elle  de  BâUy  173 1 ,  même  format  & 
même  nombre  de  volumes.  Les 
deux  premières  de  ces  Hiftcires  font 
bien  faites ,  bien  écrites  ,  traitées 
avec  impartialité  ,  &  femces  de 
Êûts  curieux  &  recherchés  ,  à  quel- 
ques endroits  près  où  l'efprit  de  fe£>e 
le  domine.  Celle  du  concile  de  Bâh 
eft  au  ton  du  Pogglana  ,  c'eft-à-dire  » 
au'H  mal  digérée  ,  aufU  découfue 
que  négligée  dans  le  ftyle.  '»  J'at 
»♦  fu  de  Berlin  ,  (  dit  un  favant 
eftimable  de  Troyes  ,  )  w  que  la 
î»  manière  dont  le  concile  de  Bâle 
«  a  été  traité  par  Lenfant ,  rient 
>♦  au  genre  de  vie  auquel  il  sYtoit 
>♦  abandonné  dans  fes  dernières 
»♦  années  «t.  Ces  trois  Blftolrcs  ont 
été  réunies  en  173 1 ,  en  6  vol.  in-4'*. 
L'édition  de  1727 ,  de  l'Hiôoirc  du 
concile  de  Confiance,  eft  préféra- 
ble aux  autres.  IL  Nouveaa^Tefta-^ 
ment ,  traduit  en  françois  fur  l'ori- 
ginal grec  ,  avec  des  notes  litté- 
rales, conjointement  avec  Beau^ 
foim ,  en  2  vol.  in-4®.  Les  notes 
éclaircifîent  le  texte ,  &  la  verfion 
eft  eftimée  par  les  Proteftans  -,  quoi- 
que DartU ,  miniftre  de  Berlin ,  ait 
accufé  les  tr<idtt^eurs  >  avec  aflez 


ii4        L  E  N 

peu  de  fondement ,  çl'avoîr  afToiblî 
les  preuves.de  la  divinité  de  Jefus- 
airifî.  m.  UHljlohi  de  U  Papcffc 
Jeanne^  1694  ,  in- 12,  Lenfant  Tcvitit 
Tdins  la  fuite  de  fes  préjugés  au 
ifujet  (le  cette  fable  fi  ridiculement 
tnventée  -,  mais  A/^yh.  Vîpiolcs  donna 
une  nouvelle  édition  de  fon  ouvrage 
«n  1720,  en  2  vol.  in-i2,  avec 
ties  auo^mentations  conlidérables , 
-dans  lefquelles  il  fit  de  vains  efforts- 
pour  appuyer  ce  roman.  IV,  Une 
tradudion  latine  du  livre  de  la 
Rfichcrchz  de  U  Vcriti ^  2  vol.  in- 4^. 
V.  Pi^'ig'an:!  y  en  2  vol.  in-  12  : 
ouvrage  aufli  inexaft  que  prefque 
toutes  Jes  productions  de  ce  genre. 
C'eft  une  vie  du  Pog^e ,  avec  un 
recueil  de  fe?  bons  mots  &  quel- 
^es-uns  de  fes  ouvrages.  VI.  Des 
Sermons,  2  vol.  in- 12.  VII.  Des 
£crUs  de  Controverfe,  Le  plus  connu 
eft  intitulé  :  Préfervculf  contre  la  réu- 
nion avec  leSl^gede  Rom:  ,  172^  ,  eïl 
^  vol.  in-8°.  VIII.  Plufieurs  pie- 
ces  dans  la  Blbâjthegue  choifie ,  & 
lians  la  Bîblîothec^ue  Germanique  ,  à 
laquelle  il  eut  beaucoup  de  î>art. 
Lenfant  fut  un  des  pafteurs  Fran- 
çois qui  contribuèrent  le  pliu  à 
Tcpandre  les  grâces  &  la  force  de 
notre  langue  aux  extrémités  de  TAl- 
lemaejne. 

I.  LENGLET,  (Pierre)  natif  de 
Beauvais,  profeiTcur  royal  d'élo- 
quence, fut  reileur  de  l'univeriité 
de  Paris  en  1660,  &  mourut  le 
i8  Oftobre  1707  ,  à  47  ans.  On 
a  de  lui  un  Recueil  de  poéfies  héroï- 
,ques  ,  intitulé  :  'Petrî  hen^^lztl  Car- 
mina  y  1692,  in-8®.  Elles  font  écri- 
tes avec  plus  de  piu-eté  q'ae  d'ima- 
gination ;  &  l'auteur  reiTembîe  à 
tantdepoëtes  latins  modernes,  qui 
reproduifent  trop  fouvent,  dias 
leurs  vers  poftiches ,  les  images  Se 
même  les  vers  qu'ils  ont  puifés 
dans  les  poètes  anciens. 

II.  LENGLET  dm  Fresnoit  , 
(Nicolas),  naquit  4  Bcauvai*  le  5 


t  E  N- 

0£lobre  1674.  Après  le  cours  de 
fes  premières  études  qu'il  fit  à  Paiis , 
la  tliéologie  fut  le  principal  objet 
de  fes  travaux  ;  il  la  quitta  enfuite 
pour  la  politique.  En  1705  ,  le  mar- 
quis di  Tony  ,•  minière  des  affaires 
étrangères ,  l'envoya  à  Lille ,   où 
étoit  la  cour  de  l'éleâeur  de  Co- 
logne ,  Jo/eph-Clément  de  Bavière,  Il 
y  fut  admis  en  qualité  de  premier 
îecrétaire  pour  les  langues  Lanne 
&  Françoife.  Il  fut  chargé  en  même 
teinps  de  la  correfpondancc  étran- 
gère de  Bruxelles  &  de  Hollande, 
Cette  correfpondancc  le  mit  à  portée 
d'être  informé  des  trames  fecretes 
de.  pl^iieurs  traîtres  que  les  enne- 
mis avoient  fu  gagner  en  France. 
La  découverte  la  plus  importante  * 
qu'il  fit  dans  ce  genre ,   fiit  celle 
•d  un  capitaine  des  portes  de  Mon», 
qui  devoit    livrer  aux   ennemis  , 
moyennant  100,000  piaifa*es ,  non- 
feulement  la    ville  ,   mais  encore 
les  éleûeurs   de    Cologne  &   de 
Bavière  qui  s'y  étoient  retirés.  Le 
traître  fut  convaincu  :  il  fubit  la 
peine  de  fon  crime ,  &  fut  rompu 
vif.  L'abbé  LenglaCe  fignala  encore 
dans  Je   même  genre  en    171 S  » 
lorfque  la  confpiration  du  prince 
de  Cellanmre ,  tramée  par  le  cardinal 
Alberonl ,  fut  découverte.  Plufieurs 
feigneurs  furent  arrêtés ,  mais  on 
ignoroit   le    nombre  &  le  defîein 
des   conjurés.    Notre    auteur   tiit 
choifi  par  le  miniftere  pour  péné- 
trer cette  intrigue.   Il   ne  voulut 
s'en  charger ,  que  fur  la  promelTe 
qu'aucun  de  ceux  qa'il  découvTÏ- 
roit  ne  feroit  condamné  à  mort» 
Il  rendit  de  grands  fervices  à  cet 
égard  ;  &  non  -  feulement  on  lui 
tint  parole  par  rapport  à  la  con- 
dition qu'il  avoit  exigée ,  mais  en- 
core le  roi    le    gratifia  dès  -  lors 
d'une  penfion  dont  il  a  joui  toute 
fa  vie.    L'abbé    LengUt    avoit  eu 
occafion  de  connoître   le    prince 
E^ugene  après  la  prife  de  Lille  ,  ea 
1708^ 


.LKN 

Y^ol  Daiis  un  voyage  qa^il  ftt 
!  i  Vienne  en  lyai ,  il  vit  de  nou- 
veau ce  prince,  qui  le  nommti  fon 
Ubliothécaire  :  place  qu'il  perdit 
bientôt  après  ,  parce  qu'il  con- 
fçva  peu  fidellement  le  dépôt  qui 
ïm  avoit  été  confié.  L'abbé  Len^ 
flA  ne  fut  jamais  profiter  des  cir- 
confiances  heureufes  que  la  for- 
tune lui  offrit,  &  des  proteâeurs 
puiiïans  que  Ton  mérite  &  Tes  fer- 
vices  lui  acquirent.  Son  amour 
pour  l'indépendance  étouffa  dans 
ïbn  coeur  la  voix  de  l'ambition  *, 
il  voulut  écrire ,  penfer  ,  agir  & 
vivre  librement.  Il  ne  dépendit  que 
de  lui  de  s'attacher  au  cardinal 
Fajionnd ,  qui  auroit  voulu  l'atti- 
rer à  Rome  *,  ou  à  /e  Bianc ,  mi- 
iiifire  de  la  guerre  :  il  refiifa  tous 
les  partis  qui  lui  fiirent  propofés. 
Ubmé  ,  EbcTté  î  telle  étoit  fa  de- 
vife.  Dans  fes  dernières  années 
même,  où  fon  grand  âge  follici- 
toit  pour  lui  un  loifir  doux  & 
tranquille,  il  aima  mieux  travailler 
j&  refier  feul  dans  un  logement 
4)bfcur ,  que  d'aller  demeurer  avec 
june  fœur  opulente  qui  l'aimoit  , 
&  qui  lui  of&oit  chez  elle,  à  Paris , 
«n  appartement ,  fa  table ,  &  des 
domeftiques  pour  le  fervir.  Il  eût 
été  plus  à  fon  aife ,  &  fans  doute 
moins  heureux.  Accoutumé  à  faire 
ce  qu'il  vouloit ,  tout  l'auroit  gêné  : 
l'heure  fixe  du  repas  eût  été  pour 
lui  un  efdavage.  Cet  éloignement 
pour  la  fervitude  s'étendoit  jufque 
fur  fon  extérieur.  Il  étoit  ordinai- 
rement afTez  mal  vêtu ,  mais  il  ne 
croyoit  pas  l'être.  Malgré  cela  on 

!  le  recèvoit  avec  plaifir  dans  plu- 
fieurs  maifons,  parce  qu'il  avoit 
beaucoup  de  feu  &  d'agrément  dans 
l'efprit ,  &  fur  -  tout  une  mémoire 
adiairable.  Ce  don  de  la  nature  lui 

I  înfpirale  goût  des  ouvrages  d'éru- 
dition. Toutes  fes  études  étoient 
tournées  du  coté  des  fiecles  pafi^és  ; 

I        9  en  affe£loit  )ufqu'au  latigage  gothi* 


1  E  N         12Ç 

que.  Il  vouloit  ,  difoit  -  il ,  être 
Franc-Gaulois  dans  fon  ftyle  comme 
dans  fes  aâions.  Auili  feroit  -  on 
tenté  dde  prendre ,  dans  quelques- 
uns  de  fes  ouvrages ,  pour  un  favant 
du  XVI*  ficelé,  plutôt  que  pour  un 
littérateur  du  xviii^  Malgré  fon 
prodigieux  favoir ,  il'ne  feroit  pas 
étonnant  qu'il  fe  fût  trompé  aufïi 
fouvent  qu'il  fe  trompoit:  il  ne  fe 
feifoit  aucun  fcrupule  d'écrire  le  con- 
traire de  fd  penfée ,  &  de  la  vérité 
qu'il  connoilibit  parfaitement ,  lorf- 
qu'il  étoit  poufifé  paj- quelque  motif 
particulier.  Il  a ,  dans  fes  notes  & 
dans  fes  jugemens,  la  mordante 
caufiicité  de  Guy  Patin,  U  écrivoit 
avec  une  hardiefie  &  une  liberté 
qu'il  poufiToît  quelquefois  jufqu'à 
l'excès.  C'eft  ce  qui  lui  occafionna 
tant  de  querelles  avec  les  Cenfeurs 
de  ÎQs  manufcrits.  Il  ne  pouvoit 
fouffrir  qu'on  lui  retranchât  une 
feule  phrafe;  &,  s'il  arrivoit  que 
Ton  rayât  quelque  endroit  auquel 
il  fût  attaché ,  il  le  fétabliflbic 
toujours  à  l'impreflEion.  L'abbé 
Laiglu  aimoit  mieux  perdre  fa  li* 
berté ,  qu'une  remarque  ,  qu'une 
feule  ligne.  Il  a  été  mis  à  la  Bafiille 

10  ou  II  fois  dans  le  cours  de  iâ 
vie  :  il  en  avoit  pris  en  quelque 
fo«e  l'habitude.  Depuis  plu£eur$ 
années  il  s'appliquoit  à  la  chimie» 
&  l'on  prétend  même  qu'il  cher* 
choit  la  Tient  PhîLfQphaU,  Parvenu 
à  l'âge  de  8 1  ans ,  il  périt  d'une  ma- 
nière fiinefie,  le  î6  Janvier  1755» 

11  rentra  chez  lui  fur  les  6  heures 
du  foir ,  &  s'étant  mis  à  lire  un 
livre  nouveau,  il  s*endormit  & 
tomba  dans  le  feu.  Ses  voifins 
accoururent  trop  tard  pour  le  fe- 
courir  :  il  avoit  la  tête  prefque  toute 
brûlée,  lorfqu'on  le  tira  du  feu. 
Les  principaux  fruits  de  fa  plume 
vive,  féconde  &  incor>c£^e ,  font ♦ 
I.  Un  Nouvian-^Tefiamcrit  en  latin 
enrichi  de  notes  hiftoriques  &  cri-, 
dques,  ni  trop  lotigues,  nj  ^op 

p 


ai<5       L  E  N 

conrteis ,  &  aiTez  claires  ;  à  Paris , 
1703 ,  a  vol.  in-i6  ;   réimprimé 
ta  1735  ,    même  format.   II.   Le 
Rationarium    Temporum    du    {avant 
Petau^  continué   depuis  163 1  juf- 
qu'en  1701 ,  a  vol.  in-ia ,  à  Paris , 
1700.  Cette  édition  eftiûcorreûe, 
&  ce  que  l'abbé  IxngUt  y  a  ajouté 
eft  d'une  latinité  aiTez   médiocre. 
•   III.   Ccmmcntaln  de  Dupuîs  fur  le 
Traîtz  des  Uh&rUs  de  l'EgliJc  Gallicane 
de  y  une    Pîthcu  ^    1715»    1  vol. 
in-4*  :  édition   belle  &  correcte. 
Cet  ouvrage    effuya    de    grandes 
contradidlions.    IV.  Vimltatîvn   de 
Jefus-Chrijl  traduite  &  revue  fur  Van" 
cUn  Originul  françois ,  d*tjU  Von  a  tiré 
un  Cliapitre  qui  manque  dans  Us  autres 
éditions  -,  Âmllerdam,  173 1 ,  in-ia. 
V.  Aircfta  Amorum  ,  cum  commerua" 
rlîs  Bcntàlày  Curtliy    173 1  ,    en   a 
Vol.  in- II.  Cette  édition,  devenue 
rare ,  dl  d'une  grande  beauté  ;  la 
Préface  oiïre  des  endroits  curieux 
&  piquans.  VI.  Réfutation  des  erreurs 
de  Spinofa  :  [  Voye^  ce  mot  ]  par 
"Fénéion,  Lami  &  BoulainvillierSj  1 7  3 1 , 
in- 12.    VII.    (Euvrcs   de    Clément^ 
Jean  &  Michel  Marot  ,  la  Haye, 
1729,  en  4  volumes  in-4°  :  édition 
plus  magnifique  qu'utile,   fur   le 
plus  beau  papier ,  chaque  page  en- 
cadrée  &  en  6  vol.  în-ia-,  édi- 
tion très-inférieure  à  la  précédente: 
l'une  &  1  autre  pleines  de  fautes. 
Des  différentes  pièces  qui  groffif- 
fent  ce  recueil,  les  unes    ofifrent 
des  obfervations  curieufes  &  fort 
Xuftes,  les  autres  des  plaifanteries 
du  plus  mauvais  ton ,    des  obfcé- 
nités  dignes  de  la  plus  vile  canaille, 
des     déclamations    fatiriques    qui 
méritoientun  châtiment  exemplaire. 
L'abbé  Lcngl.t  fe  cacha  fous  le  nom 
de  Gordon  de  Fercel.  VIII.  Les  5a- 
tlrcs    &  autres    (Sutures    de  Rsgnier  ^ 
J733  ,    grand   in-4°  :  édition  qui 
plaît  autant  aux  yeux ,  qu'elle  dé- 
plaît au  cœur  &  à  l'efprit.  L'abbé 
^jUngUt  éclairât  un  texte  licencieux , 


L  E  M 

par  des  notes  plus  licencieufes  efi« 
core.  Il  avoit  du  goût  pour  tout  ce 
qui  avoit  rapport  a  la  fale  lubricité. 
On  lui  a  attribué ,  (  &  ce  n'eft  pas 
tout-à-âit  fans  fondement ,  )  des 
éditions  de  VAloyfia  Slgea  ,  du  Ci- 
binet  Satirique^  &  de  pluûeurs  au- 
tres infamies.  IX.  L&  Roman  de  la 
R^fe,  avec  d'autres  ouvrages  de 
Jean  de  Meung,  1735  i^a^ri: ,  (Rouen) 
3  voîmnes  in- 11.  On  y  trouve  une 
Préface  curieufe ,  &  des  notes  dont 
beaucoup  font  communes  ,  &  par 
confequent  inutiles ,  quelques-imes 
ridicules ,  d'autres  obfcenes  ,  &  un 
Glo-:aire  très-abrégé  &  trcs-fuper- 
ficiel,  X.  Une  édition  de  Catulle^ 
Froperce  &  Tlhullc^  comparable  à 
Celles  des  Eli^evirs  pour  la  beauté 
&  la  correûion ,  à  Leyde ,  (  Paris  ) 
chez  Coufielliery  1743  ,  in-12.  XI. 
Le  VI®  volume  des  MémJres  de 
Condi,!  743 ,  in-4*',  Londres ,  (Paris) 
helle  édition ,  mais  pleine  de  traits 
fi  viîJs  &  de  réflexions  fi  hardies, 
que  réditeur  en  fut  puni  par  un 
alTez  longfejourà  la  Baftille.  XII. 
Journal  de  Henri  III  ^  1744,  en  j 
"vol.  in-8® ,  Paris ,  (  fous  le  nom  de 
Cologne  )  avec  un  grand  nombre 
de  Pièces  curieufes  fur  la  Ligue. 

XIII.  Mémoires  de  Ci^mlnes ,  4  vol. 
in-4°  ,  1747  :  [  V^yc^  CoMiNES.  J 

XIV.  Une  édidon  de  Lactance  :  [  Voy, 
LACtANCE.  ]  XV.  Mémoires  de  la 
Régince  de  M,  le  duc  d'OrUans ,  I749, 
en  5  vol.  in-12.  L'abbé  LengLt 
n'a  été  que  le  révifeur  de  cet  ou- 
vrage ,  qui  eft  de  M.  Fi^jfzns,  U  3 
ajouté  des  Pièces  eflentielles ,  fur- 
tout  la  confpiration  du  prince  de 
Cellamare  ^  &  l'abrégé  du  fameux 
Syilôme.  XVI.  Métallurgu  d'Ah 
phonfe  Barba  y  traduite  de  1  efpagnol 
en  françois ,  1751,2  vol.  in.  12  -,  le 
2*  vol.  eft  de  Lsnglet.  XVII.  Cours 
de  Chimie  de  Nicolas  le  Fevre  ,1751» 
y  vol.  in-12,  dont  les  deux  der- 
niers font  de  l'éditeur.  XVIîI.  Mé' 
thode  p9ur  étudia  l'HiJioire,  avec  ua 


LÊN 

i^atalogue  des  principaux  HtfiorUns,^ 
tn  II  vol.  in*i2 ,  &  en  7  vol.  in- 
4°  :  le  meilleur  ouvrage  que  nous 
ayons  en  ce  genre.  L'auteur  y  éa- 
blit  les  principes  &  l'ordre  qu'on 
doit  tenir  pour  lire  l'Hiftoire  uti- 
lement-, il  difcute  plufieurs  points 
hiftoriques  intéreflans  ;  il  fait  con* 
noitre  les  meilleurs  hifloriens ,  & 
accompagne  le  titre  de  leurs  ouvra- 
ges de  notes  hîiloriques ,  littéraires , 
critiques ,  &  le  plus  fouvent  fatiri- 
qaes.  Ce  livre  feroit  encore  plus 
cilimé,  û  l'auteur  s'arrêtoit  moins 
fur  l'origine  de  certains  peuples  , 
qui  fera  toujours  très-obfcurc  -,  s'il 
écrivoit  avec  plus  de  foin ,  de  pro- 
fondeur &  de  méthode  ;  s'il  ne  grof- 
fiflbit  pas  fon  Catalogue  de  tant 
d'hiÛoriçns  inconnus  -,  &  s'il  s'étoit 
attaché  à  faire  un  ouvrage  de  goût 
plutôt  qu'une  conîpilation.  La  pre- 
mière édition,  qui  n'avoit  que  2 
vol. ,  étok,  à  quelques  égards ,  plus 
régulière  que  les  fuivantes.  La  5  *  » 
de  1729»  attira  l'attention  du  mi- 
niftere ,  qui  y  fit  mettre  un  grand 
nombre  de  cartons.  Le  Recueil  de 
ces  morceaux  fupprimés  forme  ua 
in-4®.  alTez  épais  ,  qui  fe  vendit 
féparément  &  fous  le  manteau  ^  à 
tm  prix  confidérable.  Les  Anglois 
&  les  Italiens  ont  traduit  cet  ou- 
vrage, qui  a  été  réimprimé  en  177 z 
en  15  vol.  in-i2,  avec  des  addi- 
tions &  dès  corre^ons  fournies 
par  M.  Drouu.  XIX.  Méthode  pour 
htdUr  la  géographie.  Elle  eft  aÛêz 
recherchée ,  malgré  quelques  incxac- 
tinides.  On  y  trouve  un  Catalogue 
des  meilleures  Cartes ,  &  un  juge- 
ment fur  les  diâférens  géographes* 
Le  fond  de  cette  Méthode  appar- 
tient à  Martîneau  du  PleJJîs.  La  der- 
nière édidon  eft  de  1767 ,  10  vol. 
in  - 12  ,  avec  les  augmentations 
&  les  correâions  néccflaires.  On 
auroit  dû  plutôt  augmenter  le  corps 
de  l'ouvrage,  que  le  Catalogue ,  qui 
a'étoit  déjà  que  trop  long.  XX. 


LEN         xii 

De  Pu/agt  des  Romans ,  où  Ponfaîfi 
voir  leur  utilité  &  leur  dîjjférins  ca^ 
racieres  ,  avec  une  Bibliothèque  deà 
Romans,  1734,  2  vol.  in-i 2  :  ou- 
vrage profcrit  par  tous  les  geits 
fages  f  comme  un  livre  fcandaleux. 
XXL  VHifioir.  juJKfiéi  contre  Us  Ra-* 
mans  ,  1735  ,  in-i^«  C'eft  Ic  contre* 
poifon  du  livre  précédent ,  que  l'au- 
teur n'aVoit  pas  intérêt  qu'on  lui 
attribuât-,  mais  l'antidote  eft  plus 
foible  que  le  venin.  Vt/fage  des 
Romans  amufe  par  la  fmgularité  des 
penfées ,  la  liberté ,  l'enjouement 
du  ftyle  ;  VHtfioire  jufSfée  ennuie 
par  des  lieux  commuas ,  mille  fois 
fipétés,  fur  l'utilité  de  lUiftoire. 

XXII.  Plan  de  PHifiolre  géniruU  fi* 
parùcuUeTe  de  la  Monarchie  Françoîfe^ 
Il  n'en  a  donné  que  3  vol.  &  il  a 
fort  bien  fait  de  ne  pas  continuer  , 
car  ce  livre  eft  mal-fait  &  mal-écrit. 

XXIII.  Lettre  d'un  Pair  de  la  Gr..nde- 
Bretagne  fur  les  affaires  prif entes  dt 
V Europe  ,  174*  ,  in-12  :  elle  ç^ 
curieufe.  XXI V.  L'Europe  paclfiU 
par  Pequlté  deU  Reine  de  kongrie„..m 
par  M.  Albert  Van-Heuffen  ^  &c.  k 
Bruxelles,  1754,  in-12  :  ouvra;^e 
recherché  à  Caufe  des  traits  hardis 
qu'il  renferme.  XXV.  Calendrier 
hifiorigne ,  cà  l'on  trouve  la  Généa-* 
lo^  de  tous  Us  Princes  de  P Europe  ^ 
1750,  in*24.  Ce  petit  ouvrage  le 
fit  mettre  à  la  Baftille*  XXVÎ, 
Diumal  Romain  ,  latin  &  françois  ^ 
2  vol.  iû-i2,  1705.  Il  fit  cette 
verûon  à  la  foUicitation  de  Ma-* 
dame  la  princefie  de'Conié^  qui 
dîfoit  tous  les  jours  fon  bréviaire*. 
XXVIL  Géograpfile  des  enfans  ^ 
in-12  ,  très  -  répandue.  XXVIIJ. 
Principes  de  PHiftoire  ,  1736  ,  fic 
aimées  fuivantes  ,  6  vol.  in-12  > 
ouvrage  foiblé  ,  éait  incorrcâd* 
ment ,  &  dont  les  faits  ne  font  pas 
toujours  bien  choifis.  L'auteur 
Tavoit  compofé  pour  fervir  à  l'édu- 
cation de  la  jeunefTc.  Pour  que  cô 
Uvre  pût  lui  être  utile,  il  faudroit 

P  ïy 


ia*-        L  E  K 

le  refondre  preTque  cnô^emeAt 
XXIX.  Hlftoîre  ât  U  Philofophîc 
ffipnùîque  »  3  vol.  in-ii  ,  Paris» 
1741.  On  ne  connoît  rien  à  ce 
livre.  Si  l'auteur  eft  partifân  de  la 
philofophie  hermétique ,  il  n'en  dit 
jpas  aiTez  -,  &  s'il  la  méprife ,  Ton 
mépris  n'cft  pas  aiTez  marqué.  XXX. 
Tablettes  Chtonoloffques  »  publices 
pour  la  i'*  fois  en  1744  ,  en  2 
vol.in-8® ,  &  de  nouveau  en  1778 , 
^vec  les  correâions  &  les  augmen- 
tations dont  cet  ouvrage  très^^inf- 
truâif  avoit  befoin.  On  n'a  pas 
tout  corrigé  ,  à  la  vérité  ;  mais 
comment  le  pourroit-on  dans  des 
livres  fi  chargés  de  noms  &  dé  da- 
tes ?  XXXI.  Traité  hlftorlquc  &  dog- 
inatlque/w les  apparitions^  lesvljîonsy 
érc.  175 1  ,  a  vol.  in-ii:  curieux, 
mais  pas  toujours  judicieux.XXXII. 
iUeueîl  de  Dljfertatloas  onclenTies  & 
nouPelles  fur  les  apparitions  ^  les  vU- 
fons y  les  fondes  ,  &c,  4  vol.  in-ii, 
1752  :  collection  plus  ample  que 
bien  choific.  XXXIII.  Hlftoîre  de 
Jcannt  d'Arc^  1753»  i^-H  ,  en  3 
parties  ,  compofée  fur  un  manuf- 
crits  à*Edm'jnd  Rlcher.  On  l'a  lue 
avec  plaifir.  Le  fiyle  eft ,  comme 

^  celui  de  Tes  autres  produéHons  , 
vif ,  femilier  &  incorrea.  XXXIV. 
Traité  hlftorlque  &  dogmatique  du  fecret 
inviolahU  de  la  ConfiJJion  «  Paris  » 
1713  ,  in-i2  :  livre  utile  ,  &  Tua 
des  meilleurs  de  ce  fécond  ébi- 

vain M.  Mlchaud  a  publié ,  en 

1761  ,   des  Mémoires   curieux  pcti- 

*  fervir  à  PHlfiolre  de  la  Vie  ^  des  Ou- 
rrages  de  l'abbé  Lenglet,  Ce  Tavctnt 
firéparoit  un  Langletianna,  L'abbé 
Lmgla  dit  à  un  de  nos  amis ,  quel- 
ques mois  avant  fa  mort,  qu'il  tra- 
vailloit  aux  Mémoires  de  fa  vie  : 
nous  ignorons  s'il  eut  le  temps  de 
finir  cet  ouvrage. 

I.  LENONCOURT,  (Robert  de) 
d'une  des  plus  anciennes  mcifbns 
de  Lorraine  ,  fut  archevêque  de 
'K.eitns,  Il  fe  di^ipgua  par  (onçnû? 


LES 

nente  pâété,  &  fit  charité  art  telfe# 
qu'il  s'acquit  le  ricre  de  Pert  éts 
pauvres.  Il  facra  le  roi  François  I^ 
&  mourut  en  odeur  de  iabtetét 
le  15  Septembre  15  31. 

n.  LENONCOURT,(K<ri)ertD£) 
neveu  du,  précédent ,  fiit  évêque 
de  Châlons  en  Champagne ,  piûs  de 
Metz.  Il  contribua  beaucoup  à 
remettre  cette  ville  aux  François 
en  1552.  L'année  fidvaate»  il  ra- 
cheta le  coin  de  la  monnoie ,  que 
les  évêques  fes  prédécefieurs  avoient 
engagé ,  &  l'on  trouve  encore  de 
la  monnoie  marquée  à  fon  coin  » 
avec  cette  légende  :  Zir  ljborS 
REQyjEs»  »♦  Je  trouve  mon  repos 
M  dans  le  travail  «.  U  fit  achever 
dans  l'egliiê  de  Saint-Remi  deReims^ 
le  Tombeau  de  S.  RemJ ,  qui  eft  un 
des  plus  beaux  monumens  du 
ro;^aume.  Le  gouvernement  de  ۥ 
prélat  fat  û  plein  de  bonté  y  <1^ 
douceur,  demodeftie  &  de  ûgefle» 
qu'on  l'appeloit  communément  le 
bon  Robert,  Paul  III  l'avoit  Ssix 
casdinal  en  1538,  &  en  cette  qua- 
lité il  ailîfta  à  quatre  conclaves  ; 
à  ceux  où  forent  élus  les  pspes 
Jules  III  ,  Marcel  II  ,  Paul  IF  & 
Pie  ir.  Il  fiit  auffi  archevêque 
d'Embrun,  d'Arles  «  &c.  Il  mourut 
à  la  Charité-fur-Loire  >  le  4  Fé- 
vrier 1561.  Les  Huguenots  ayant 
pris  cette  ville  l'année  fuivante  > 
eurent  la  fîveur  d'ouvrir  fbn  tom- 
beau &  d'en  tirer  fon  corps.  . 

m.  LENONCOURT ,  (  Philippe 
DE  )  neveu  du  précédent  t  cardixul 
6c  archevêque  de  Reims ,  s'acquit 
l'efiime  &  la  confiance  des  rois 
HenriIIIScir,&:dxL  pzftSixuV. 
U  mourut  à  Reims,  le  13  Décem- 
bre 1 591 ,  365  ans.  II  avoit  autant 
d'efprit  que  de  piété.  , 

LENOSTRE,  Voy.  Nostre. 

L  LENS  ou  Lensei,  (AmouloE 
Lmfaus^  naquit  au  village  de  Bail* 
leul ,  près  d'Ath ,  dans  le  Hainault; 
Après  ^otf  Élit  un^  voy^e  da9« 


LËN 

fe  Pays-Bas,  il  paffiai  en  Mofco- 
Vie ,  devint  médecin  du  Ciar  ,  & 
périt  à  Mofcou/lorfque  cette  ville 
&t  brûlée  l'an  157c  ,  parles  Tar- 
nres.  Nous  avons  de  lui  une  In- 
troduâion  aux  EUnum  dt  g/io^. 
métm  à'EucBde ,  imprimée  à  Anvers, 
fous  ce  titre  :  Ifagogt  în  geometn<é 
Elementa  Eacûdis, 

n.  LENS,  (Jean  de)  frère  du 
précédent,  dianoine  de  Tournai, 
&  profeffeur.  de  théologie  à  Lou- 
vain ,  mourut  dans  cette  dernière 
ville  en  1593.  On  trouvoit  en  lui , 
(dit  le  P.  Fakn)  »  la  profondeur 
»  de  doârine  de  5.  Attgufiîn  ,  8e 
)»  le  ftyle  citant  de  LaHan<€u.  Il 
a  laifle  plufieurs  bons  ouvrages  de 
controverfe.  Il  fut  un  de  ceux  qui 
compofcrent,  en  1588,1a  Cmfwt 
dfi  l'univerfité  de  Louvain  ,  contre 
Uffius ,  fur  la  doârine  de  la  Grâce. 

/.  LENTULUS-Getulicus  , 
{Cnaus)  d'une  àmiUe  confulaire, 
îlluftre  &  ancienne ,  fut  élevé  sn 
confulat  Fan  26  de  J.  C.  Il  étoit 
proconful  dans  la  Germanie ,  lorf^ 
'  «jue  Séjan  fut  tué  à  Rome.  U  fiit 
accufé  d*avoir  eu  defiêin  de  don- 
ner (a  fille  en  mariage  au  fils  de 
ce  miniftre.  Lmtulus  s*ea  défendit 
par  une  lettre  û  éloquente,  qu'il 
fît  cdler  fon  délateur  &  qu'il 
échappa  au  danger  qui  le  mena- 
çoit ,  mais  Talfi^bn  des  foldats 
pour  Lentubts  ,  ayant  donné  enfuite 
de  la  jaloufie  à  Tibère  ,  ce  prince 
le  fit  mourir.  StUtonc  parle  ,  dans 
la  vie  de  Calîgula  ,  d'une  Hi/hhe 
écrite  par  ce  conful.  Montai  dit 
wxffi,  dans  la  préface  du  i®'  livre 
de  fes  Epigrammes  ,  qu'il  étoit 
poëte. Il  ne  ^ut  pas  le  con- 
fondre avec  Lentulus  fénateur , 
911  fut  mis  à  mort  en  prifon  , 
pour  avoir  trempé  dans  la  conju- 
ration de  Cauiîna ,  fous  le  confulat 
de  Cicéron,  U  s'étoit  attribué  cer- 
tains vers  de  la  Sibylle ,  qui  pro- 
Bcttoient  r«Dpire  à  ceux  de  fa 


ti  E  O         lia 

maifoû.  Cétoit  celui  des  eon)urâ 
qui  étoit  reflé  à  Rome  pour  y 
mettre  le  feu.  Le  nomade  Lsntuùu 
fiit  donné  àcette£unille,  parce  qu^ 
quelqu'un  de  fes  membres  s's^pli- 
quoit  à  culriver  des  lentilles.  Ainix 
JLentuàts  vint  de  lenu  ,  comm6 
Cieero  de  cUert ,  &  Fabius  de  fabd, 

//.  LENTULUS  ,(  Scipion)  Na- 
politain ,  fe  retira  dans  le  pays  de» 
Grifons  où  il  embraffa  le  CalvH 
nifme  ,  &  exerça  le  miniflere  à 
Chiavenne.  Il  eft  connu  par  fon' 
Apologie  d'un  édit  des  Ligues-Grifes' 
contre  àcs  feâaires  Ariens ,  in-8^ , 
1570;  &  par  une  jGrammaîrc  Ita^- 
lUnjUy  publiée  à  Genève  en  1568.' 
BayU  remarque,  à  l'occaiion  d« 
fon  Apoloffc  ,  *>  que  les  apoflats 
n  affichent  un  grand  zèle  pour  laf 
>*  religion  qu'ils  ont  embrafTée; 
n  &  que  quoiqu'ils  aient  grané 
>»  befoin  de  tolérance ,  ils  font  or- 
vt  dinairement  très-intolérans  t*. 

L  LÉON  I*^  (S.)  fumomraé 
U  Grand ,  vit  le  jour  à  Rome,  fuî- 
vant  les  uns  ,  &  en  Tofcane  fui- 
vant  d'autres.  On  ne  fait  rien  de 
parriculier  iîir  fes  premières  années. 
Les  papes  5.  CéUfiin  I  ^x:  Sixte  Ifl^ 
l'employèrent  dans  les  affaires  les 
plus  importantes  &  les  plus  épi* 
neufes  ,  lors  même  qu'il  n'étoit 
que  diacre.  Après  la  mort  de  ce 
dernier  pontife  ,  en  440  ,  il  fur 
élevé  fur  lefaint-^iegepar  le  clergé 
de  Rome,  le  premier  Septembre 
de  la  même  année.  Le  peuple  apprit 
fon  élection  avec  tranfport ,  &  le 
vit  fur  le  trône  pontifical  avec  ad-' 
miration.  Léon  réprima  par  fa  fer-' 
meté ,  les  progrès  des  hérétiques  , 
&  en  ramena  plufieurs  à  la  foi  par 
fa  douceur.  Ayant  découvert  à 
Rome  un  nombre  infini  de  Mani- 
chéens ,  il  fit  contre  eux  une  infor* 
mation  juridique  &  publique,  mît 
au  grand  iôur  les  infamies  téi^é^ 

P  iij         ^ 


i^o         LEO 

breufes  de  leurs  tnyllercs,  &  Kvra 
les  plus  opiiùàtres  au  bras  féculier. 
Il  s'arma  du  même  courage  contre 
les  Pélagiens  &  les  Prifcillianiftes  , 
&  extermina  endéremem  les  refies 
de  ces  hérétiques  en  Italie.  Son 
zeie,  non  moi^s  ardent  contre  les 
Eutychéens ,  le  porta  à  protefter, 
par  fes  légats  contre  les  aâes  du 
Srigahdage  d'Ephefe  ,  où  l'erreur 
avoit  été  canonifée  en  449.  L'em- 
pereur MarcUn  ayant  affemblé  un 
concile  œcuménique  à  Chalcé- 
doine,  en  4j^i ,  5.  Lcony  envoya 
quatre  légats  pour  y  préfider.  La 
deuxième  feflion  fut  employée  à  lire 
une  lettre  du  faint  pape  à  F/avUn  , 
patriarche  de  Conilantinople ,  dans 
laquelle  il  développoit^  d'une  ma- 
nière admirable ,  la  doélrine  de  TE- 
gliCe  Catholique  fur  l'Incarnation. 
le  concile  lui  donna  tous  les  élo- 
ges qu'elle  méritoit.  L'erreur  fut 
pfrofcrite ,  &  la  vérité  prit  fa  place. 
Dans  le  temps  qu'on  tcnoit  ce 
concile  en  'Orient  ,  Jttl/a  rava- 
geoit  l'Occident ,  &s'avançoît  VErs 
Home  pour  la  réduire  en  cendre* 
L'empereur  VaUndnln  choiiit  5, 
Léi,n  pour  arrêter  ce  guerrier  terri- 
ble &  pour  faire  des  proportions 
de  paix.  Le  pontife  lui  parla  av^o 
tant  de  majefté ,  de  douceur  &  d'é- 
loquence ,  qu'il  amollit  fon  carac- 
tère féroce.  Ce  roi  barbare  fortit 
de  l'Italie  &  repafTa. le. Danube  y 
«emportant  dans  fon  cœur  de  l'a- 
mitié, du  refpeâ  &  de  l'admiratioii 
pour  le  pontife  Romain.  Genfcric, 
tkx  ce  ^a' Attila  n'avoit  pas  fait.  U 
furprit  Rome  en  45  5  ,  &  1  aban- 
donna au  pillage  i  fes  troupes  fac- 
cagerent  la  ville  pendant  quatorze 
jours  avec  une  fureur  inouie.  Tout 
ce  que  put  obtenir  S,  Léon  ,  fut 
^'on  ne  commettroit  ni  meurtres  , 
si  incendies ,  &  qu'on  ne  toucherott 
point  aux  trois  principales  bafiliques 
de  Rome  >  enrichies  par  Conftantia 
de  préfens  magnifiques.    L'illuflre 


LEO 

poîïdfe ,  en  veillant  aux  biens  ipÎM- 
tuels  ,  ne  négligea  point  l^s  tempo- 
rels, &  mourut  le  3  Novembre  461, 
avec  la  réputation  d*un  faint  &  dun 
grand-homme.  C'efi  le  premier  pape 
dont  nous  ayons  un  corps  d  Ou- 
vrages. U  nous  refle  de  lui  xcrx 
Sentions  ,  &  CXLZ  Lettres,  Pluiieurs 
favans  lui  attribuent  aufîi  les  livres 
delà  vocahon  des  Gentils ,  biVEpître 
à  Démetriade  :  mais  le  pape  Gélafe , 
qui  vivoit  à  la  fin  de  ce  ûede ,  cite 
ces  livres  comme  étant  dW  doûeur 
de  l'Eglife  ,  fans  les  attribuer  à 
5.  Ic'ua.  Le  ftyle  de  ce  Père  efl 
poli ,  &  paroit  quelquefois  aifef^é. 
Toutes  fes  périodes  ont  une  certaine 
cadence  mefurée ,  qui  furprend  fans 
déplaire.  Il  efl  femé  d'épiàietes  bien 
choifîes ,  &  d'antithefes  très-heu- 
reufcs,  mais  un  peu  trop  fréquentes. 
L'édition  de  fes  Ouvrages ,  par  le 
P.  Quefnel ,  fut  imprimée  d'abord  à 
Paris  ,  en  1675?  ,  en  deux  volumes 
in-4°  j  eftfuiie  à  Lyon,'  1700  ,  in- 
folio. Le'  P.  Longueval  dit  que  cet 
Qratorien  femble  n'avoir  entrepris 
fon  édition  que  poiu:  faire  le  procès 
à  ce  grand  pape  ,  ^u'il  accufe  fàuf- 
fement  d'avoir  ^i  par  prévention 
contre  S.  Hîlalrc  d'Arles.  U  efl  cer- 
tain que  le  P.  Qîicfnd  efl  plus  fevo- 
rable  à  celui-ci  qu'à  S,. Léon  ,  & 
cela  efl  un  peu  extraordinaire  dan& 
un  éditeur.  Les  (Euvres  de  ce  pape 
ont  été  publiées  de  nouveau  à  Rome 
par  le  r.  Cacdari  Carm» ,  &  à  Ve- 
nife  par  MM.  BalUrîni ,  l'une  & 
l'autre  en  trois  volumes  in  -  folio. 
Le  P.  MalmbouT^  a  écrit  VJilfioire  de 
fon  pontificat ,  in-4** ,  ou  i  voL 
in-i^  ;  &  il  a  employé  un  ftyle 
moins  romanefque  que  dons  fes 
autres  ouvrages.  L'abbé  de  Belles 
garde  a  traduit  fes  Sermons  ,  Paris, 
.  I70I.  Voyci  auffi  les  Éxerchationa 
in  opéra  Sti,  Leonîs^  par  le  P.  CaccUii, 
i75i,in^ol. 

IL  LÉON  II,  Sicilien,  fuccef- 
feur  du  pape  Ag^hon^,  le  17  Aoâl 


L  E  Q 

6t%  »  envoya  Tannée  fulyantê  le. 
fous-diaae  Conjiantuiy  régionnaire 
du  faint-Siege,  à  Condantinopic , 
<n  qualité  de  légat.  U  le  chargea 
d'une  lettre  pour  Tempereur ,  dans 
Jiquclle  U  C3nnrmoit,  par  Fauto- 
rite  de  S,  Tîcm ,  la  définition  du 
fixieme  concile ,  &  difoit  anathême 
à  Théodore  de  Pharan  ,  a  Cyrus  d^A-» 
lixmdrze  ,  à  Str^us  ,  Pyrrihu  ,  Paul 
&  ?Une  de  Conjianûnvple ,  au  pape 
Honorius  ,  à  Macalre  ,  EtUnne  & 
Polyckrone,  U  mourut  le  3  Juillet 
^83  ,  après  avoir  tenu  le  bâton 
paftoral  avec  autant  de  fermeté 
qwe  de  (kgeûfe.  Il  inûitua  le  BaJfer 
de  paix  à  la  méfie  ,  &  VJfperfion 
dt  Pcaar-linîtt  fur  Ic  peuple.  On  lui 
attribue  iv  Epures ,  que  Baronîus 
Croit  fuppofée*  ,  parce  qu'il  y  ana- 
thématife  Honorius ,  1  un  de  fies  pré- 
dcceffeurs. 

m.  LEON  III ,  Romain  ,  monta 
iur  la  chaire  de  Saînt-Plerre  après 
Adiitnl  y  le  26  Décembre  79  c. 
Une  de  fcs  premières  démarches 
fut  d'envoyer  à  Charlemagne  Aes 
légats  chargés  de  lui  présenter  les 
clefs  de  la  bafiliquc  de  5,  Int'Ptcrrt , 
êc  l  étendard  de  la  ville  de  Rome, 
en  le  priant  de  députer  un  feigneur 
pour  recevoir  le  ferment  de  fidélité 
des  Romains.  U  fe  forma  ,  peu  d€ 
temps  après,  une  conjuration  con- 
tre Uvn,  Elle  éclata  en  799  ,  le 
jour  de  S,  Marc,  Le  pape  fut 
afTaillx  par  une  troupe  d'afïaflîns  , 
au  moment  quil  fortoit  du  palais 
pour  fé  rendre  à  la  prqceflion  de 
la  grande  Utarûe,  Le  primicier 
Pdf  chai  y  &  CampuU  faccUaire ,  tous 
deux  neveux  du  dernier  pape  ,  à 
qui  ils  n'avoient  pas  pu  fuccéder  , 
étoient  à  letu:  tête.  Après  l'avoir 
chargé  de  coups  ,  ils  voulurent 
lui  arracher  la  langue  &  les  yeux  -, 
mais  ils  n'en  purent  venir  à 
i)out.  On  l'enferma  cnfuite  dans 
,  un  monaftcre ,  d'où  il  fe  fauva  en 
France  auprès  de  Charlcma^^  Ce 


L,E  O         231 

monartiue  le  renvoya  en  Italie  avec 
une  efcorte.  Il  rentra  à  Rome, 
comnse  en  triomphe ,  au  milieu  de 
tous  les  ordres  de  la  ville,  qui 
vinrent  devant  lui  avec  des  ban- 
nières. Char.emagne  pai&  en  Italie 
l'an  800.  Le  pape,  après  Tavoir 
facré  empereur ,  feproftertta  devant 
lui  comme  devant  fon  fouverain. 
Les  ennemis  de  Léon  ayant  de  nou- 
veau confpiré  contre  lui  après  la 
mort  de  Charlemagne ,  il  en  nt  périr 
plusieurs  par  le  dernier  fupplice  » 
en  Si ^.  Il  mourut  1  année  d'après , 
(  le  II  Juin  816  )  regardé  comme 
un  pontife  qui  avoit  des  mœurs 
éditantes ,  du  couraj»e ,  du  zèle  » 
de  l'éloquence ,  du  favoîr ,  &  une 
fcige  politique.  On  a  de  lui  xiiï 
Epitres  y  à  Heîraftadt,  16^5  ,  în-4**. 
On  lui  attribue  mal  -  à  -  propos' 
VEnchlridlon  LeonisPapa ,  petit  livre 
de  prières  ,  contenant  les  (ept 
Pfeaumes  »  &  diverfes  Oraifons 
énigmatiques  dont  les  akhimiftes 
font  cas ,  8c  que  les  curieux  re- 
cherchent par  cette  raifon.  Il  a  été. 
imprimé  i  Lyon  en  1601  &  1607  , 
in-14,  &  a  Mayence,  J633.  Mais 
l'édition  la  plus  reclierchée  eft 
celle  de  Rpme,  en  1525 ,  in-24; 
&  la  meilleure  après  celle-là  e(î 
celle  de  Lyon,  en  1584,  auflt 
in-14. 

IV.  LÉON  IV ,  Romain ,  pape 
le  II  Avril  847  après  Scr^s  //, 
moiuiit  faintement  le  17  Juillet 
855.  Il  illuftra  le  pontificat  pan 
fon  coitfage  &  par  fes  vertus.  U 
eut  la  douleur  de  voir  les  Sanafins 
aux  portes  de  Rome ,  prêt*}  à  faire 
une  bourgade  Mahomccane  de  1» 
capitale  du  Chriftiinifmc.  Les  em- 
pereurs d'Orient  &  ceux  d'Occi- 
dent fembloient  l'avoir  abandonnée. 
Léon  IV  ^  plus  grand-homme  qu'eur» 
prit  dans  ce  danger  l'autorité  d'un 
ibuvcrain ,  d'un  père  qui  défend  fe  J 
eufans.  11  employa  les  richeffes  de 
l'Eglife  à  réparer  les  murailles»  à 

Piv 


231        LEO 

élever  des  tours  ,  à  tendre  des. 
chaînes  fur  le  Jibre.  Il  arma  les 
milices  à  Tes  dépens  ^  il  engagea  les 
habitans  de  Naples  &  de  Gayette 
à  venir  défendre  les  côtes  &  le 
port  d'Oftie-,  il  vifita  lui'-raême 
tous  les  poiles ,  &  reçut  les  Sarra^ 
iins  à  leur  defcente,  non  pas  en 
équipage  de  guerrier ,  mais  comme 
un  ponti£e  qui  exhortoit  un  peu- 
ple Qirétien ,  &  comme  un  roi  qui 
vetUoit  à  la  fureté  de  fes  fujets.  Il 
étoit  né  Romain.  Le  courage  d^ 
premiers  âges  de  la  république  y^ 
(dit  l'auteur  àeVHlJioire  Générale) 
revivoit  en  lui  dans  un  temps  de 
lâcheté  &  de  corruption  \  tel  qu'un 
des  plus  beaux  monumens  de  Tan- 
tienne  Rome ,  qu'on  trouve  quel- 
quefois dans  les  ruines  de  la  nou- 
velle. Son  courage  &  fes  foins 
forent  fécondés.  On  reçut  les  Sar- 
rafins  courageufement  à  leur  def- 
centei  &  la  tempête  ayant  diflipé 
la  moitié  àfi  leurs  vaifieaux ,  une 
partie  de  ces  conquérans ,  échappés 
VI  naufrage ,  fut  mife  à  la  chaine. 
Le  pape  rendit  fa  viftoire  utile , 
en  iaifant  travailler  aux  fortifica- 
tions de  Rome  &  à  fes  embelliffe- 
mens  >  les  mêmes  mains  qui  dévoient 
la  détruire*  Il  bâtit  à  quelques 
milles  de  Rome  une  ville,  à  la- 
quelle il  donna  fon  nom ,  Léopolîs, 
Cinq  jours  après  fa  mort,  Benoit 
III  ftit  élu  pape  :  ce  qui  détruit  l'o- 
pinion fabuleufe  de  ceux  qui  ont 
placé  le  prétendu  pontificat  de  la 
papefTe  Jeanne  entre  ces  deux 
pontifes. 

V.  LEON  V,  natif  d'Andréa, 
fuccéda  au  pape  Benoit  IV ^  en 
903.  Il  fut  chaffé  &  mis  en  prifon 
environ  un  mois  après  par  Chrlfio- 
pA<  ,  &  y  mourut  de  chagrin. 

VI.  LEON  VI,  Romain,  fuc- 
céda au  pape  han  X ,  fur  la  fin 
4e  Juin  928 ,  &  mourut  au  com- 
mencement de  Février  919.  Quel- 
ques-uns prétendent  que  c'étoit  un 


t  EO 

Uum^  plaeé  fur  le  iaint-Sîege  p^ 
les  ennemis  de  Jean  X, 

VU.  LEON  VU,  Romain,  fut 
élu  pape  après  la  mort  dtjean  XI  f 
en  936,  &  n'accepta  cette  dignité 
que  malgré  lui.  Il  fit  paroitre 
beaucoup  de  zèle  &  de  piété  dans 
fa  conduite,  &  mourut  le  23  Avril 
939.  Il  eft  appelé  Léon  VI  dans 
pluûeurs  catalogues.  Il  eut  EtUnne 
VIII  pour  fuccefiieur. 

VIII.  LEON  VIU,  fut  élu  pap# 
après  la  dépoûtion  de  Jean  XII  , 
le*  6  Décembre  963 ,  par  Tauto- 
rité  de  l'empereur  Othon.  Fleury  en 
parle  comme  d'im  pape  légitime  \ 
mais  Baronius  &  le  P.  Pagl  le  trai- 
tent d'intrus  &  d'antipape.  Au  reile  ^ 
ce  fut  la  grande  probité  de  Léon  , 
qui  détermina  les  fuf&^es  en  fa 
Êiveur.  Il  mourut  au  mois  d'Avril 
965»  Benoit  V,  qui  avoir  été  élu 
pour  fuccéder  à  Jean  XII ,  lut- 
difputa  le  pontificat  le  5  JuHlet 
965.  Jean  XIII  fiit  élu  pape ,  après 
la  mort  de  ces  deux  pontifes» 

IX.  LEON  IX ,  (  Saint  )  appelé 
auparavant  Brunon  ,  fils  du  comte 
d'Egesheim  ',  pafTa  du  fiege  de  Toul 
à  celui  de  Rome  en  104S,  par  le 
crédit  de  l'empereur  Henri  III ,  fon 
couiin.  Elevé  au  pontificat  malgré 
lui  f  il  partit  pour  Rome  en  habit 
de  pèlerin ,  &  ne  prit  celui  de  fou- 
verain  pontife  qup  lorfque  les 
acclamations  de  joie  du  peuple 
Romain  l'eurent  déterminé  à  accep- 
ter la  tiare.  Il  fut  intronifé  le  1 3 
Février  1049.  Le  nouveau  pontife 
affembla  des  conciles  en  Italie  ,  en 
France,  en  Allemagne,  foit  pour 
remédier  à  des  maux ,  foit  pour 
introduire  des  biens.  La  fimonie  & 
le  concubinage  étoient  alors  les 
deux  plus  cruels  fléaux  de  l'E-* 
glife.  Léon  IX  porta  un  Décret^ 
dans  un  concile  tenu  à  Rome  en 
105 1 ,  où  il  étoit  dit  que  Itsfem^ 
mes  ^  qui  dans  Vencelnte  des  murs  d^ 
Rome  fe  feroient  abandonnéu  à   dêt 


I  LEO 

I  Tritm'y  ferolmt  à  l* avenir  adjugàs 
I  «u  Palais  de  'latran  commmc  tjclavts, 
Ceft  fous  ce  pontificat  que  le 
fchifine  des  Grecs,  dont  Fhotîus 
avott  jeté  les  premiers  fondemens , 
éclata  par  les  écrits  de  Michel  Ca- 
ndarhis ,  patriarche  de  Conftantino- 
ple:  [  Voy.  xr.  Michel.]  Ces  écrits 
furent  folidement  réfutés  par  or- 
dre de  Léon  IX  ^  qui  envoya  trois 
légats  à  G>nfhntinople.  Ces  pré- 
lats n'ayant  pu  vaincre  l'opiniâ- 
treté du  patriarche,  l'excommunie- 
rcnt,  &  firent  mettre  la  fentence 
d'excommimication  fur  l'aptel  prin- 
cipal àt  SalnU'Sophit,  En  105  3  Ldon 
/iTmarcha  en  Allemagne  pour  ob- 
tenir du  fecours  contre  les  Nor- 
mands; il  en  obtint  :  ayant  armé 
contre  ces  guerriers,  il  fut  battu 
&  pris  dans  une  petite  ville  près 
de  Bénévent.  Après  un  an  de  pri- 
fon ,  il  fut  conduit  à  Rome  par  fes 
vainqueurs  ,  &  mourut  le  19  Avril 
1054.  Il  avoit  paiTé  le  temps  de  fa 
capdvité  dans  les  exercices  de  la 
pénitence ,  &  lorfqu'il  fe  fentit  près 
de  fa  fin ,  il  fe  fit  porter  à  l'Eglife 
de  Saint-Pierre  dans  l'endroit  qu'il 
«voit  défigné  pour  fa  fépulture. 
Voyei  mes  frères ,  (  dit-il  à  la  vue 
defon  tombeau,  )  combien  vile  & 
fithc  efl  la  demeure  qui  m'attend ,  après 
tint  d?honneurs.  Voilà  tout  ce  qui  m*en 
^^  fur  la  terre  \  On  fit  ces  deux. 
Vers  à  l'occafion  de  fa  mort  : 

Vicinx  RoMA  ,  doU ,  Nono  vîdua' 
ta  Leone , 
^x  multis  talent   vlx  habîtùra  parem, 

Uon  fbt  en  efïet  un  pontife  d'un 
j  zelc  vif  &  ardent ,  d'une  piété  ten- 
!  dre  &  folide.  Il  fiit  le  fléau  des 
j  hérétiques ,  &  la  terreur  des  mau- 
vais prélats,  dont  il  dépofa  un 
fp-and  nombre.  Il  fut  connoitre  & 
s'attacher  plufieurs  perfonnes  de 
mérite ,  tels  que  le  cardinal  Hum- 
hrt,  Hildehrand  &  Pierre  Damien* 
11  étoit  aaîf  &  laborieux*  A  l'âge 


LEO        133 

de  phxB  de  50  ans ,  il  commença' 
d'apprendre  la  langue  grecque,  pour 
mieux  entendre  l'Ecriture ,  &  pour 
pouvoir  réfuter  les  écrits  des  Grecs  ' 
fchifmatiques.  C'efl  le  premier  pape 
qui  fe  foit  fervi  de  l'ère  chrétienne 
dans  la  date  de  fes  bulles,  mais 
cet  ufage  ne  fut  conflamment  éta- 
bli que  depuis  Eugène  IV,  L'ar<> 
chidiacrc  V^ibert  a  écrit  Va  Vie  dt 
Léo  If  IX  en  latin ,  que  le  P.  Sir"' 
mondz  mife  au  )our,  Paris,  161 5  «' 
in-8^.  On  a  de  ce  ûdnt  pontife  des 
Sermons ,  dans  les  Œuvres  de  5. 
Lèon\  des  Epîtrts  Décrétales  ^  dans 
les  Conciles  du  P.  Labhe\  &  une 
Vie  de  5.  Hidulphe ,  dans  le  Thcfaurus 
Anecdot,  de  D.  Martenne, 

X.  LEON  X ,  (  Jean ,  &  non  /«- 
âen  de  Méd'cis  )  étoit  fils  de  Laurent' 
de  Médicis ,  &  de  Clarlce  des  Urfins^ 
Créé  cardinal  à  14  ans  par  Inno< 
cent  VIII  ^  il  devint  dans  la  fliite 
légat  de  Jules  IL  11  exerçoit  cette' 
dignité  à  la  bataille  de  Ravenhe  ^ 
gagnée  par  les  François  en  1 5 12 ,' 
&  il  y  fut  fait  prifontiicr.  Les* 
foldats  qui  l'avoient  pris ,  charmés' 
de  fa  bonne  mine  &  de  fon  élo- 
quence ,  lui  demandèrent  humble- 
ment pardon  d'avoir  ofé  l'arrêter. 
Il  fe  fauva  dans  Une  conjoncture 
très-Éivorable.  A  la  mort  de  JuUs  II, 
il  fbt  fi  bien  profiter  du  caprice 
des  jeunes  cardinaux ,  &  de  la  cré- 
dulité des  anciens,  qu'il  fe  fit 
donner  la  tiare  le  5  de  Mars  1 5 1 3. 
Léon  X  fit  fon  entrée  à  Rome  le 
,1 1  Avril  p  le  même  joiu-  qu'il  avoit 
été  fait  prifonnier  l'année  précé- 
dente ,  &  étant  monté  fur  le  même 
cheval.  Ce  pontife  ^voit  reçu  l'é-^ 
ducation  la  plus  brillante  :  Ange 
Politim  &  Démétrius  ChaUondyU 
aVoient  été  fes  maîtres-,  ils  en  fi- 
rent un  élevé  digne  d'eux.  Sa  fa* 
mille  étoit  celle  des  beaux-arts; 
elle  recueillit  les  débris  des  lettres 
chaffées  de  Conflantinople  par  la 
barbarie  Tiyrque,  elle  tûérica  que 


au        LEO 

ce  ficelé  s'appelât  le  SUcU  dès  Mî- 
dlcls.  LÉON  X  fur-tout  joignoit 
4u  goût  le  plus  lin ,  la  magnifi- 
cence la  plus  recherchée.  Son  en- 
trée à  Rome  eut  un  éclat  prodi- 
gieux *,  fon  couronnement  coûta 
cent  mille  écus  dor.  Le  nouveau 
pontiï'e  partageant  fon  temps  entre 
les  plaiûrs ,  la  littérature  &  les 
affaire*,  vécut  en  prince  volup- 
tueux. Sa  table  etoit  délicieufe, 
iion-ieulement  par  le  choix  des 
mets,  mais  par  la  délicateiTe  & 
Tenjouemeçt  dont  il  les  afTaifon- 
noit.  Au  milieu  des  délices  aux- 
quelles il  fe  livroit,  Léon  X  n'ou- 
blia pas  les  intérêts  du  pontlHcat. 
Il  termina  les  difforeas  que  Juîts 
H  avoit  eus  avec  LouU  Xll^  & 
conclut  en  15 17  le  concile  de  La- 
tran.  Il  choiût  fes  fecrctaires  parmi 
les  plus  beaux  efprits  de  lîtalie. 
te  ôyle  barbare  de  la  Diterie  fut 
9bolî,  &  fit  place  à  l'éloquence 
douce  &  pure  des  cardinaux  Bimho 
tL  Sddvlu,  Il  £t  fouiller  dans  les 
Bibliothèques,  déterra  les  anciens 
manufcrits ,  &  procura  des  éditions 
çxaâes  des  meilleurs  auteurs  de 
]['antiquité.  Les  poètes  étoient  fur- 
tout  Tobjet  de  fa  complaifdnce  j  il 
aimoit  les  vers,  &  en  ^foit  de 
très-jolis.  Dans  le  temps  qu'il  pré- 
paroit  de  nouveaux  plaiilrs  aux 
fiommes  ,  en  faifant  renaître  les 
ieau;x-arts ,  il  fe  forma  une  coni- 
piration  contre  fa  vie.  Les  cardi- 
îiaux  Pttrucl  &  Sauli  irrités  de  ce 
que  ce  pape  avoit  ôté  le  duché 
â'Urbain  à  un  neveu  de  Jules  II , 
forroAipirent  un  chirurgien  qui 
ôevoit  panfer  un  ulcère  fecret  du 
pape  ;  &  la  mort  d^  Léon  Xdevoit 
ftre  le  fignal  d'une  révolution 
dans  beaucoup  de  villes  de  l'état 
^cléfraAique.  La  confpiration  fut 
(lécouverte;  il  en  coûta  la  vie  à 
plus  d'un  coupable.  Les  deux  car- 
liinaux  fiirent  appliqués  à  la  quef- 
lion,  ${  çoodimA^s  à  U  mort.  On 


LEO 

pendit  le  cardinal  Petrutl  dans  lai 
prifoa  en  1 5 17  ;  l'autre  racheta  fa 
vie  par  Ces  trcfors.  Léon  X ,  pour 
faire  oublier  le  fuppUce  d'ud  car- 
dinal mort  par  la  corde,  en  créa 
31  nouveaux.  Il  méditoit,  depuis 
quelque  temps,  deux  grands  pro- 
jets. L  un  étoit  d'armer  les  princes 
Qarétiens  contre  les  Turcs,  deve- 
nus phis  formidables  que  jamais 
fous  le  faltan  Stlim.  II;  l'autre, 
d'embellir  Rome,  &  d'achever  la 
baiilique  de  Suint-yùrre  ,  commencée  • 
par  Ju/ss  11^  un  des  plus  beaux 
monumcns  qu'aient  jamais  élevé 
les  hommes.  Il  fit  publier  en  ip8 
des  indulgences  plénieres  dans  toute 
la  Chrétienté ,  pour  contribuer  à 
l'exécution  de  ces  deux  projets.  Il 
s'éleva  à  cette  occaiion  une  vive 
querelle  en  Allemagne,  entre  les 
Dominicains  &  les  Auguftins.  Ceux* 
ci  avoient  toujours  été  en  poffef- 
ûon  de  la  prédication  des  Indul- 
gences :  piqués  de  ce  qu'on  leur 
avoit  préféré  les  Dominicains ,  ils 
excitèrent  M.nln  Luther ,  leur  con- 
frère ,  à  s'élever  contre  eux,  C'étoit 
un  moine  ardent,  infcfté  des  er- 
reurs de  Jean  Hus  :  [  Voy .Luther.  ] 
Ses  prédications  &  fes  livres  en- 
levèrent des  peuples  entiers  à  l'c- 
glife  Romaine.  Léon  X  tenta  vai- 
nement de  ramener  ITiéréfiarque 
par  la  douceur;  il  tîit  enfin  forcé 
de  l'anatliématifer  par  deux  bulles 
confécudves ,  l'une  du  15  Juin 
1510,  l'autre  du  j  Janvier  1^21. 
Le  feu  de  la  guerre  s'alluma  vers 
le  même  temps  dans  toute  l'Eur 
rope.  François  I  &  Charles-Qulnt 
recherchant  l'alliance  de  Léon  X, 
ce  pontife  flotta  long-temps  entre 
ces  deux  princes  :  il  fît ,  prefque 
à  la  fois ,  un  traité  avec  l'un  8c 
avec  l'autre  ;  en  1510 ,  avec  Frati" 
fois  I,  auquel  il  promit  le  royau- 
me de  Naples  ,  en  fe  réfervant 
Gayette  -,  &  en  içai ,  avec  Charles* 
Quint  ^  pour  chafTer  les  Frasçoi^ 


LEO 

[  et  lltatie ,  &  pour  donner  le  Mi- 
lanez  à  François  S  force ,  ûls  puiné 
de  Lorns  U  Maure ,  &  fur-tout  pour 

j         donner  au  faint-Siege  Ferrare,  qu'on 

!  vouloit  toujours  ôter  à  la  raaifon 
è.'Efi,  On  prétend  que  les  malheurs 
de  la  France  dans  cette  guerre  lui 

I  caiiferent  tant  de  plaifir  ,  qu'il  tut 
faifl  d'une  petite  fièvre  dont  il 
mourut  le  i*^*"  Décembre  1511  ,  à 
44  ans.  Quelques  hijftoriens  attri- 
buent fa  mort  à  une  caufe  plus 
cachée  ;  mais  comme  ils  ne  font 
que  les  échos  des  auteurs  Protef- 
tans ,  on  ne  doit  pas  s'en  rappor-> 

i         ter  à  leur  témoignage.    Ce  pon- 

I  tife  n'avoit  pas  certainement  à  fe 
plaindre  de  la  France  :  il  obtint  de 

I  Irançou  1  ce  que  î^  prédécefTeurs 
n'avoient  pu  obtenir  d'aucun  roi  de 
jFrance,   l'abolition  entière   de  la 

I         iPragmatique.    Son  talent  étoit  de 

\  inaiûer  les  efprits;  il  s'empara  fi 
)>!en  de  celui  de  François  I ,  dans 
ittae  entrevue  qu'ils  eurent  à  Bou- 
}ogne  en  15 15  ,  que  ce  prince  lui 
accorda  tout  ce  qu'il  voulut.  Léon 
^  &  le  chancelier  Duprat  conclu- 
rent un  Concordat,  par  lequel  il 
iàt  convenu  que  le  roi  nommeroit 

\  aux  grands  bénéfices  de  France 
&  du  Dauphiné,  &  que  le  pape 
recevroit  les  annates  des  bénéfices 
fur  le  pied  du  revenu  courant. 
Cette  dernière  çlaufe  n'étoit  pas 
exprimée  dans  le  Concordfit^  mais 
elle  n'en  étoit  pas  moins  une  ùiçs 
conditions  eiTentielles ,  &  elle  a 
tou)oiu*s  été  exécutée.  La  fincérité 
Françoife  fut ,  en  cette  occafion , 
la  dupe  des  artifices  Italiens.  Léon 
X  avoit  une  partie  des  rufes  qu'on 
attribue  à  fa  nation.  Sos  défauts , 
fon  ambition,  le  goût  du  luxe  & 
des  plaifirs ,  goût  plus  convenable 
à  un  prince  voluptueux  qu'à  un 
pondfe ,  les  moyens  qu'il  employa 
pour  élever  fa  famille,  fon  hu- 
jneur  vindicative-,  ternirent  l'é- 
fM  que  les  beauz-^rts  avgient  ré; 


LEO        ^« 

pandu  fur  fon  pontificat.  Il  ne  nut 
pas  croire  cependant  tous  les  bruits 
ré^vandus  fur  Léon  X  par  les  Pro- 
telUns  »  qui  l'ont  peint  comme  un 
Athée ,  qui  fe  moquoit  de  Dieu  & 
des  hommes  :  ces  bruits  fcanda* 
leux  ne  font  fondés  que  fur  de 
prétendues  anecdotes ,  dont  la  vé- 
rité n'efl  certainement  pas  confia- 
tée ,  &  fur  des  propos  qu'il  efl  im- 
poffible  qu'il  ait  tenus,  v*  Paul  love  « 
M  dit  que  depuis  fa  jeunefie  juf- 
>f  qu'au  pontificat,  il  vécut  dans 
>»  une  parfaite  continence.  Cet  hifto- 
»  rien  ajoute  que  depuis  qu'il  fut 
»»  pape' ,  fon  naturel  plus  facile  & 
»♦  plus  complaifant  que  corrompu 
»  le  fit  tomber  dans  bien  des  dé- 
>♦  fordres.  «  (  Fabre ,  Hifi.  Ecclef,  ) 
Mais  il  ne  dit  pas  un  mot  des 
étranges  difcours  que  certains  hif- 
toriens  Protefians  lui  attribuent. 
Voltaire  U  fait  mourir  fans  confeffion  , 
parce  qu*il  étoit  fi  occupé  des  affaires 
umporeiles  qt/U  n'eut  pas  U  temps  êg 
fonger  aux  fplrltuelUs,  Cette  anti- 
thefe  feroit  bonne  û  Léon  X  avoit 
fait  une  longue  maladie  \  mais  il 
fut  fuïpris  par  une  mort  fubite  & 
fi  i:«prévue-qu'on  le  crut  empoi-^ 
fonné.  Il  faifoit  d'ailleurs  des  aâes 
de  religion  &  même  de  mortifica-r 
tion.  L'abbé  de  Cholfi  dit  qu'il  jeu-r 
noit  régulièrement  deux  fois  la  fc« 
mainc.  Accablé  des  afiaires  du 
monde  clirétien  ,  Léon  X  fe  délaf  • 
foit  avec  le.î  gens  de  lettres  &  le» 
traitoit  comme  s  il  avoit  été  l'un 
d'eux.  On  peut  même  lui  repro-» 
cher  avec  le  P.  Fahre  d'avoir  fait 
plus  dé  cas  des  beaux-efprits  nourris 
des  imaginations  riantes  des  auteurs^ 
profanes  que  des  théologiens  & 
des  cafttifies.  Il  £iVorifoit  princi-^ 
paiement  les  poètes,  &  il  ne  gard^ 
pas  toujours  avec  eux  la  gravité 
pontificale.  Il  aimoit  le  Quemo  ^ 
agréable  parafite ,  qui  avoit  été 
couronné  par  àts  jeunes  gens ,  dan? 
un  fefiîB,  Afchl£<^.  LçQ^.  X  li4 


15^        LEO     . 

Siubit  porter  fouvent  des  viandes 
qu'on  defTervoit  de  fa  table  ;  mais 
fl  étoit  obligé  de  payer  fur  le 
champ,  d'un  diftique^  chaque  plat 
qu'on  lui  offiroit.  Un  jour  qull 
étoit  tourmenté  par  la  goutte,  il 
fit  ce  vers  : 

Archipoëta  fadt   verftis  pro  miiU 
poëds,». 

Comme  il  héfitott  à  compofer  le 
fecond ,  le  pape  ajouta  plaiûun- 
nxem  : 

Et  pro  nulle  alus  Archipoëta  hîhît. 

Alors  U  Qucmo ,  voulant  réparer  fa 
£iute ,  compofa  ce  troiûeme  vers  : 

Porrige,  quod  f octant  mUd  earmina 
doHa  g  FaUmum, 


Le  pape 
celui-d  : 


a  g  raurnum,,, 

lui  répliqua  à  Tinflant  par 

Hoc     vinum    eturvat    dAîUtatque 
pcdcs. 

An  refte  cet  archipoete  ayant  quitté 
Rome ,  fe  retira  à  Naples  ,  où  il 
mourut  à  l'hôpital.  Il  dif<Ht,  en 
regrettant  le  généreux  Lèom  X , 
y*  qu'il  avoit  trouvé  mille  Loups  ^ 
ti  après  avoir  perdu  un  Uon^  m 

XI.  LEON  XI  ,  (  Alexandre- 
Oôavien  )  de  la  maifon  de  Médias , 
cardinal  de  Florence ,  fut  élu  pape 
le  premier  Avril  i6cy ,  &  mourut 
le  27  du  même  mois ,  à  70  ans , 
infiniment  regretté.  Ses  vertus  & 
les  lumières  préfageoient  aux  Ro- 
mains &  à  l'Eglife  un  règne  glo- 
rieux. 

LEON ,  (Pierre  de)  Foyc{  Ana- 
CLET,  n**.II. 

[Emf£reurs.']  "" 
Xn.  LEON  1"  ,  ou  t Ancien, 
empereur  d'Orient,  monta  fur  lé 
trône  après  Marclcn\  le  7  Février 
4^7.  On  ne  fait  rien  de  fa  famille; 
tout  ce  qu'on  connoit  de  fa  patrie , 
c'efl  qu'il  étoit  de  Thrace.  Il  fi- 
|;nala  les  «ommencemens  de  fon 


LEO 

régné  par  la  confirmation  du  coi^ 
cile  de  Chalcédoine  contre  les  Euty- 
chéens ,  &  par  la  paix  qu'il  rendit 
à  l'empire  ,  après  avoir  remporté 
de  grands  avantages  fur  les  Bar- 
bares. La  guerre  avec  les  Vandales 
s'étant  rallumée ,  Uon  marcha  con- 
tre eux  *,  mais  il  ne  fut  pas  heu- 
reux, par  la  trahifon  du  génétal 
Afpar.  Cet  homme  ambitieux  Tavoit 
placé  fur  le  trône ,  dans  Tefpérance 
de  régner  fous  fon  nom.  Il  fiit 
trompé ,  &  dès-lors  il  ne  ceflà  dé 
fufcitcr  des  ennemis  à  l'empereur. 
Léon  fit  mourir  ce  perfide,  avec 
toute  fa  famille ,  en  47 1 .  Les  Goths , 
pour  venger  la  mort  d* A/par  j  leur 
plus  fort  appui  dans  l'empire ,  rava- 
gèrent pendant  près  de  deux  ans 
les  environs  de  Conftantinople ,  & 
firent  la  paix  après  des  fuccès  divers. 
Léon  mourut  le  16  janvier  474, 
loué  par  les  uns,  blâmé  par  les 
autres.  Son  zèle  pour  la  foi ,  la 
régularité  de  fes  moeurs  »  lui  méri- 
tèrent des  éloges.  L'avarice  obfcur- 
cit  fes  vertus-,  il  ruina  les  pro- 
vinces par  des  impôts  onéreux  ^ 
écouta  les  délateurs,  &  punit  fou- 
vent les  innocens. 

Xm.  LEON  II ,  ou  Ze  Jeune ,  fîl* 
de  Zenon  dit  PIfaurUn ,  &  A*Ariadnt 
fille  de  Léon  I ,  fuccéda  à  fon  aïeul 
en  474.  Mais  Zenon  régna  d'abord 
fous  le  nom  de  fon  fils,  &  fe  fit 
enfuite  déclarer  empereur  au  mois 
de  Février  de  la  même  année.  Le 
jeune  Léon  mourut  au  mois  de 
Novembre  fuivant;  &  Zenon  de^ 
meura  feul  maître  de  l'empire.  Léon 
avoit  environ  16  ans ,  &  non  pas  6  , 
comme  dit  Ladvocat  \  il  avoit  ruiné 
fa  fanté  par  des  débauches  qiû  hâtè- 
rent fa  mort. 

XIV.  LEON  III ,  rifaurîen  ,  em- 
pereur  d'Orient,  étoit  originaire 
d'Ifaurie.  Ses  parens  vivoient  du 
travail  de  leurs  mains  &  étoient 
cordonniers.  Léon  s'enrôla  dans  la 
milice.  J^fimcn  II  l'incorpora  «sk 


LEO 

fiiite  dans  Tes  gardes  «  &  Anaflaft  II 
lui  donna  la  place  de  général  des 
armées  d'Orient  ,  après  diverTes 
preuves  de  valeur  :  c*éto.it  le  polte 
(pi'il  occupoit ,  lorfqu'il  parvint  à 
l'empire  le  25  Mars  717.  Les  Sarra- 
fins  ,  profitant  des  troubles  de 
rOrient ,  vinrent  ravager  la  Thrace , 
&  affiéger  Conftantinople  avec  >ine 
flotte  de  So  voiles.  Léon  défendit 
vaillamment  cette  ville ,  &  brûla  une 
partie  des  vaiâeaux  ennemis  par  le 
moyen  du  feu  grégeois.  Ses  fuccès 
Tenorgueillirent  -,  il  tyrannifa  fes 
fujets ,  &  voulut  les  forcer  à  brifer 
les  Images  ;  il  chafla  du  fiege  de 
Confhmtinople  le  patriarche  Ger- 
main ,  &  mit  à  fa  place  Anaftj/e  , 
qui  donna  tout  pouvoir  au  prince 
fur  TEglife.  Léon  ayant  en  vain 
répandu  le  fang  pour  &ire  outrager 
les  tableaux  des  Saints ,  tâcha  d'en- 
trainer  dans  fon  parti  les  gens-de- 
lettres  ,  chargés  du  foin  de  la  biblio- 
thèque. N'ayant  pu  les  gagner  ni 
par  promeiTes ,  ni  par  menaces ,  il 
les  fît  enfermer  dans  la  bibliothè- 
que ,  entourée  de  bois  fec  &  de 
toutes  fortes  de  matières  combuf- 
tibles  ,  6r  y  fit  mettre  le  feu.  Des 
médailles ,  des  tableaux  fans  nom- 
bre, &  plus  de  30,000  volumes, 
X>ér^rent  dans  cet  incendie.  Le  bar- 
bare fut  excommunié  par  Grégoire 
Il  &  Grégoire  III,  Il  équipa  une 
flotte  pour  iè  venger  du  pape;  mais 
elle  fit  naufrage  <ibns  la  mer  Adria- 
tique, &  le  tyran  mourut  peu  de 
temps  après,  le  iS  Juin  741  , 
regardé  comme  un  âéau  de  la  reli- 
gion &  de  l'humanité.  Son  règne 
fiit  de  24  ans. 

XV.  LEON  IV,furnommé  Cha- 
\are ,  fils  de  Confianùn  C-jpronyme , 
naquit  en  750,  &  fuccéda  à  fon 
père  en  775.  C'étoit  un  temps  où 
les  difputes  des  Iconodafies  agi- 
xoient  tout  l'Orient.  Léon  feignit 
d'abord  de  protéger  les  Catholiques-, 
fl»is  eofuice  il  fe  moqua  cgalçm«m 


LEO        aj7 

de«  adorateurs  &  des  deflruâetir» 
des  Images.  Son'  règne  ne  fut  que 
de  5  ans,  pendant  lefquels  il  eut 
le  bonheur  de  repouffer  les  Sarrafias 
en  Afie.  Il  mourut  l'an  780 ,  d'une 
maladie  peftilentielle ,  dont  il  fijt 
frappé ,  difent  les  liiftorîens  Grecs  « 
pour  avoir  ofé  porter  une  couronne 
ornée  de  pierreries  ,  qu'il  avoit 
enlevée  à  la  grande  églife  de  Conf- 
tantinople.U  avoit  époufé  la  fameufe 
Irène  :  Voye^  ce  mot. 

XVI.  LEON  V ,  P  Arménien  ,  ainfî 
appelé ,  parce  qu'il  étoit  originaire 
d'Arménie,  devint  par  fon  courage 
général  des  troupeis  -,  mais  ayant  été 
accufé  de  trahifon  fous  Nlcéphorc  , 
il  fut  battu  de  verges,  exilé,  & 
obligé  de  prendre  l'habit  monafU- 
que.  Michel  Rhangabe  l'ayant  rap- 
pelé ,  lui  donna  le  commandement 
de  l'armée.  Lts  troupes  le  procla- 
mèrent empereur  en  813,  après 
avoir  deftimé  MlcheL  II  remportt 
Tannée  d'après  une  viftoire  figoa- 
lée  fur  les  Bulgares ,  &  fit ,  en  817  » 
une  trêve  de  30  ans  avec  eux.  Ce 
qu'il  y  eut  de  fingulier  dans  ce  traité  , 
c'eft  que  l'empereur  Chrétien  jura 
par  les  faux  Dieux  de  l'obferver  i 

.  &  le  roi  Bulgarien ,  qui  étoit  Païen  , 
appela  à  témoin  de  fon  ferment, 
ce  que  le  Chriftianifme  a  de  plus 
facré.  La  cruauté  de  Léon  envers 
fes  parens  &  les  défenfeurs  du 
culte  des  Images ,  ternit  fa  gloire 
&  avança  fa  mort.  Il  fut  maflacré 
la  nuit  de  Noël ,  en  820 ,  comme  A 
entonnoit  une  antienne.  Foy,  Théo-* 
DORE  Studlte. 

XVII.  LEON  Yl,U  Sag^^U 
Thllof.phe  ,  fils  de  Bafile  le  Macé- 
donien ,  monta  après  lui  fur  le  trône 
le  I*'  Mars  886,  L'empire  étoit 
ouvert  à  tous  les  Barbares  :  Léom 
voulut  dompter  les  Hongrois ,  les 
Bulgares  ,  les  Sarrafins  ;,  mais  il  ne 
réuâît  contre  aucun  de  ces  peuples* 
Les  Turcs,  appelés  à  fon  fecours» 
p^flerent  en  Bulg:^rie>  mvent  t9U| 


13»        LEO 

à  feu  &  i  fang  ,  enlevèrent  ées 
richefTcs  immenfes  ,  &  firent  un 
nombre  prodigieux  de  prifonniers 
qu'ils  vendirent  à  Léon.  £n  fe  fer- 
vart  des  armes  des  Turcs ,  Léon 
leur  ouvrit  le  chemin  de  Conftan- 
tinople  -,  &  après  en  avoir  été  les 
fouticns ,  ils  en  furent  les  deftruc- 
tcurs.  Il  fe  montra  meilleur  politi- 
que en  chafTant  de  fon  iiege  le 
patriarche  Photîus,  Un  des  fuccef- 
îeurs  de  cet  homme  célèbre,  le 
patri-irche  Nicolas  ,  excommunia 
l'empereur,  parce  qu'il  s'étoit  marié 
pour  la  4®  fois  :  ce  que  la  difci- 
pline  de  l'Eglife  Grecque  défen- 
doit.  Il  temiina  cette  affaire,  en 
^ifknt  dépofer  le  patriarche.  Léon 
mourut  de  la  dyffenterie ,  le  9  Juin 
911.  Il  fut  appelé  le  Sage  &  le 
Philo/ûphe ,  non  pour  fes  mœurs  qui 
étoient  très-corrompues ,  mais  pour 
la  protedion  qu'il  accorda  aux  let- 
tres. Il  les  cultiva  avec  fuccès.  La 
philofophie  de  Léon  ne  l'empêcha 
pas  de  fe  laifîer  dominer  par  d'indi- 
gnes favoris.  Il  fut  fur-tout  gou- 
verné pendant  affez  long-temps  par 
un  certain  Samonas.  C'étoit  un 
/  Sarrafm  réfugié  à  fa  cour,  qui  de  iim- 
pic  valet- de-chambre  devint  patri- 
ce ,  grand-chambellan ,  &  le  plus 
intime  confident  de  l'empereur. 
Ayant  amafTé  d'immenfes  richefTes  , 
il  réfolut  de  retourner  dans  fa  patrie 
avec  tous  fes  tréfors ,  &  prit  le 
prétexte  d^m  pèlerinage  fur  le  bord 
du  fleuve  Damaflris  \  car  ,  tout 
Mahométan  qu'il  étoit  dans  le  coeur , 
il  fcignoit  d'être  Chrétien.  Malgré 
ïa  précaution  qu'il  avoit  prife  de 
faire  couper  les  jarrets  à  tous  les 
chevaux  de  pofte  qui  étaient  fur 
fa  route ,  il  fut  arrêté  par  un  offi- 
cier qui  avoit  découvert  fon  defTein , 
&  ramené  à  Conftantinople.  Le  fénat 
voulut  lui  faire  fon  procès  \  mais 
l'empereur  eut  la  foiblciTe  de  le 
JufHfier  ,  de  le  rétablir ,  &  de  punir 
l^o^der  qui  l'avoit  anêcé,  Sam9> 


LEO 

nos  »  fier  '  de  ce  nouveau  crédit  ^ 
calomnia  auprès  de  l'empereur  tous- 
ceux  qui  cxcitoient  fa  jaloufîe.  Il 
eut  même  la  témérité  d'accufer  l'im- 
pératrice d'un  commei'ce  fecret 
avec  un  jeune  feigneur  ;.  &  comme 
Léon  mépiifa  cette  calomnie,  il 
publia  un  libelle  difFamatoire  contre 
luu  Tant  d'excès  &  de  perfitiies 
firent  enfin  ouvrir  les  yeux  au  prin- 
ce ,  qui  fit  rafer  Samonas  &  le  con- 
fina dans  un  monaflere.  Léon  fentit 
alors  la  vérité  de  cet  avis»  que  BafiU 
fon  père  lui  avoit  donné  :  La  pour" 
prc  ne  met  pas  à  l'abri  de  la  preven^ 
tlon  ;  le  Monarque  ejl  fujet  aux  foi'" 
bleffes  de  V humanité;  &  fon  trône  ne 
VéUve  au-deffus  des  autres  hommes , 
que  pour  lui  apprendre  combîm  il  duit 
Cire  vlgllofit.,.  LÉON  airaoit  à  par- 
ler en  public.  Il  fe  plaifoit  a  com- 
pofer  des  Sermons ,  au  lieu  de  s'oc^ 
cuper  de  la  défenfe  de  l'empire. 
Nous  en  avons  3  3  pour  différentes 
fêtes ,  dans  la  Bibliodieque  des  PP.., 
Gretfer,  Combéfis  &  Me^ei  en  ont 
publié  qUclques-uns.  L'éloqucncç 
de  ce  prince  tenoit  beaucoup  de  la 
déclamation.  Ce  font  des  difcours 
de  fophifte  ,  qui  marquent  moins 
de  piété  que  de  vanité.  11  nous  refle 
encore  de  lui  :  I.  Opus  Bafilicon  , 
dans  lequel  on  a  refondu  les  lois 
répandues  dans  les  différens  ouvra- 
ges de  droit ,  compofés  par  ordre 
de  Jufilnicn,  C'eft  ce  Code  que  les 
Grecs  fuivirent  jufqu'à  la  conquête 
de  Conflantiilople  par  les  Turcs* 
[Voyei  Fabrot.  ]  II.  Novelta.  Con/-* 
tltutîones  ,  pour  corriger  pluficura 
nouveautés  que  hfilnien  avoit  intro- 
duites. Leunclavius  les  a  données  k 
la  fin  dé  fon  abrégé  du  Bafilicon  , 
Bâle,  1575.  III.  Un  Traité  de  TaHi" 
que ,  publié  par  Meurfius  ,  Leyde  , 
16 12.  C'eft  le  plus  intérefl'ant  defe» 
ouvrages.  On  y  voit  l'ordre  des 
batailles  de  fon  temps ,  &  la  manière 
de  combattre  àts  Hongrois  &  des- 
Sarrafin^t  Ce  l^vre  ^  important  pour 


LEO 

la  connoiffance  du  Bas-Empiffe, 
a  été  traduit  en  â-ançois  par  M. 
itMMjeroî,  ijji  y  ^  vol.  in-8°. 
On  a  encore  de  cet  empereur  un 
Cmdpe  fur  U  Jugimen/  dcmitr ,  tra- 
<Iuit  en  iatin  par  Jacques  Pontarus  -, 
une  Lettre  à  Omar  pour  prouver  la 
vérité  de  la  religion  chrétienne  & 
1  mpiétc  de  celle  des  Sarrafins  ,  on 
la  trouve  dans  les  nouvelles  éditions 
de  la  Bibliothèque  des  Pères ,  &  tj 
freinons  fur  Ufort  de  Conft  mtlncple  > 
publiées  par  George  Codlnus  dans 
fon  ouvrage  De  Imperatorlhus  Conf- 
tamnopoluanis ,  Paris,  16  5  5  \  car  il 
aiffloit  à  lire  dan5  l'avenir ,  &  il 
croyoit,  comme  les  autres  Grecs  de 
fon  temps ,  aux  prédissions  des  de- 
vins &  àts  aftrologues.  Quoiqu'il 
eut  quatre  femmes  ,  il  ne  laiflk 
qu'un  fils  ,  Cùnfiintîn  Porphyrogi^ 
me.  r<»yc(  Santa BARENE. 

XVin.  LEON  u  Grammairien  , 
qui  vivoit  dans  le  xii*  fiecle, 
Compofa  une  Chronlqu:  de  Confian" 
iinople ,  depuis  IV^»  C Arménien  , 
jufcîu'à  Cojiflantin  y  II.  Elle  eft 
jointe  à  la  Chronique  de  5.  Théo- 
fhme,  imprimée  au  LoUvre  en 
165^ ,  in -fol.  &  fait  partie  de  la 
Byi  ntine, 

XîX.  LEON  DE  Bï^ZANCE ,  natif 
de  cette  ville ,  fe  forma  dans  l'école 
de  Platon.  Ses  talens  pour  la  poli- 
tique &  pour  les  affaires ,  le  firent 
choifir  par  fes  compatriotes  daxu 
toutes  les  occafions  importantes. 
Ils  renvoyèrent  fouvent  vers  les 
Athéniens,  &  vers  Philippe  roi  de 
Macédoine,  en  qualité  d'arabaflk- 
deur.  Ce  monarque  ambitieux ,  dé- 
fefpérant  de  fe  rendre  maître  de 
Byzance ,  tant  que  Léon  feroit  à  la 
tête  du  gouvernement ,  fit  parvenir 
aux  Byzantins  une  lettre  fuppofëe , 
par  laquelle  ce  philofophe  promet- 
toit  de  lai  livrer  fa  patrie.  Le  peu- 
ple ,  fans  examiner ,  court  furieux 
à  lanaaifon  de  Léon  ,  qui  s'étrangla 
pour  échapper  à  la  ^énéfiç  dç  U 


LEO         179 

populace.  Cet  illuftre  infortuné  laifla 
plufiears  Ecrits  d  hiftoire  &  de  phy- 
fique  i  mais  ils  ne  font  pas  parve- 
nus jufqu'a  noaç.  U  floriflbit  \çt% 
l'an  350  avant  Jefus-Chrift. 

XX.  LEON  (  S.  )  évêq^ie  de 
Bayonne  ,  &  apôtre  des  Bafques , 
ctoit  de  Carentan  en  baffe-Norman- 
die.  U  tut  chargé  d'une  iriffion  apos- 
tolique par  le  pape  Etienne  V ,  pour 
le  pays  des  Bafques  ,  tant  en  deçà 
qu'au-delà  des  Pyrénées  -,  mais  pen- 
dant qu'il  cxerçoit  fon  miniffere, 
il  fut  martyrifé  vers  Tan  900  par 
les  idolâtres  du  pays. 

XXL  LEON  d'Orviette  (  Uù 
l/rbcvetanus  )  natif  de  cette  ville ,  ' 
Dominicûn  fuivant  les  uns  ,  & 
Francifcain  fuivant  d'autres ,  laiffa 
deux  Chroniques  :  Tune ,  des  Papes  , 
qui  finit  en  1514-,  &  l'autre,  des 
Èmp  r^urs ,  qu'il  a  term'inée  à  l'ai* 
1308.  Jion  Lami  les  publia  toutes 
deuK  en  1737  ,  en  1  volumes  in-8% 
Le  ftyle  de  Léon  fe  fent  de  la  bar- 
barie de  fon  fiecle.  Il  adopte  bon- 
nement les  fables  que  la  lumi  re  de 
la  critique  a  diffipées.  A  ces  défauts 
près,  fon  ouvrage  eft  utile  pour 
i'hifloire  de  fon  temps. 

XXn.  LEON ,  (  Jean  )  habile 
géographe ,  natif  de  Grenade  ,  fe 
retira  en  Aî'rique  après  la  prife  de 
cette  ville,  en  1491,  ce  qui  lui 
fit  donner  le  nom  à' Africain,  Ap'-ès 
avoir  long-temps  voyagé  en  Europe, 
en  Afie  &  en  Afrique ,  il  fut  pris 
fur  mer  par  des  pirates.  Il  abiura 
le  Mdhométîfme  fous  le  pape  Léon 
X,  qui  lui  donna  des  marques  fingu- 
lieres  de  fon  eftime.  U  mourut 
vers  1526.  Nous  avons  de  Jean 
Lé^n  les  Vl£s  des  Phl/ofophes  Ara-^ 
hes  ,  que  Hottlnger  fit  imprimer  en 
latin  à  Zurich  en  1664,  dans  fon 
Blbllaihecanus  quadripartitus.  On  les 
a  inférées  auffi  da^s  le  tome  xiii 
de  la  Bibliothèque  de  Fahrlclus\ 
fur  une  copie  que  Cavalcantî  avoît 
envoyçe  de  jFlorçQ$?e,  1^  compofii 


a40        LEO 

ta  Arabe  la  Dcfcrlptîon  ie  P Afrique^ 
qu'il  traduifit  enfuite  en  Italien. 
Elle  eft  affez  curieufe  &  aiTez  efli- 
mée ,  quoique  nous  ayons  des  ou- 
vrages plus  étendus  &  plus  décaillés 
fur  cette  partie  du  monde.  Jean 
Tf.mporal  la  traduiât  en  françols ,  & 
la  fit  imprimer  a  Lyon  en  1 5  5.6 , 
.en  1  vol.  ift-fol.  Il  y  en  a  uncmau- 
vaife  traduûion  latine  par  Vlonan, 
Marmoly  qui  ne  cite  jamais  Léon  «  Ta 
copié  prefque  par-tout. 

XXIII.  LEON    DE  MODENE, 

célèbre  rabbin  de  Venife  au  xvii^ 
iîede  9  eft  auteur  d'une  excellente 
Hifioîrc  des  Rus  &  Coutumes  des 
Jtàfs^  en  italien.  La  meilleure  édi- 
tton  de  cet  ouvrage  eft  celle  de  Ve- 
nife, en  16  3  S.  Richard  Simond  a 
donné  une  traduwlion  françoife 
(  Paris ,  1674 ,  in-i2  ,  )  de  ce  livre 
qui  infîruit  en  peu  de  mots  des 
coutumes  des  Juifs,  &  fur-tout 
lies  anciennes,  auxquelles  l'auteùr 
s'attache  plus  qu'aux  modernes.  Le 
traduûeur  a  enrichi  fa  verfion  de 
deux  morceaux  curieux ,  l'un  fur 
la  feâe  des  Çaraius  ^  l'autre  fur 
celle  des  Samaritains  d'aujourd'huL 
On  a  encore  de  Léon  un  DlcUon" 
noire  Hébreu  &  Italien^  Venife,  1612 , 
.in-4°i  2®  édition  augmentée  ,  Pa- 
<loue>  1640. 

XXIV.  LEON .  (  Louis  de  ) 
Aloyfius  htpxtmnfis^  religieux  Au- 
guftin ,  profefTeur  de  théologie  à 
Salamanque,  fe  rendit  très-habile 
dws  le  Grec  &  l'Hébreu.  Il  fiit 
mis  à  l'inquifition  ,  pour  avoir 
commenté  le  Cantique  des  Cantiques, 
Il  y  donna  des  exemples  héroïques 
de  patience  &  de  grandeur  d'ame  , 
&  fprtit  de  fon  cachot  au  bout  de 
deux  ans.  On  le  rétablit  dans  {a 
chaire  &  dans  fes  emplois.  Il 
mourut  le  23  Août  1591 ,  à  64 
ans.  Il  avoit  le  génie  de  la  poéfie 
Efpagnole,   &  fes  vers  of&oient 

•  de  la   force  ^    de   la   doucci4r  ; 
«agis   il   eft  plus  connu  pv  ^a 


LEO 

Uvres  théologiques.  Son  princt* 
pal  ouvrage  d^  un  lavant  Traité 
en  latin,  intitulé  :  DeutrlufyueApà, 
typlcl  6*  verl ,  immolationis  Ug^im 
umpoTt.  Le  P.  Daniel  a  donné  ce 
livre  en  françois  ,1695,  in-12 ,  avec 
des  réflexions..  L'original  &  la  ver- 
fion font  également  curieux.  Son 
Commentaire  fur  le  Cantique  des  Ttf»- 
tiqucs  parut  à  .Venife  en  1604, 
in-S**.  en  latin. 

XXV.  LEON .  (  Pierre  Geça 
DE)  voyageur  Efpagnol,  paffa  ea 
Amérique  à  l'âge  de  13  ans,  &s*jr 
appliqua  pendant  17  ans  à  étudier 
les  moeurs  des  habitans  du  pays. 
Il  compofa  VHlfioire  du  Pérou  y  & 
l'acheva  à  Lima  en  15  5  ô.  La  pre- 
mière partie  de  cet  ouvrage  fut 
imprimée  à  Séville  l'an  15  j3  ,in- 
fol.  en  efpagnol  ;  &  â  Venife  en 
italien  ,  in-8°  ,  15 57  :  elle  eft  effi^ 
mée  des  Efpagnols ,  &  elle  mérite 
afTez  de  l'être. 

XXVI.  LEON  HÉBREU ,  ou  it 
JUDA ,  fils  aîné  à!Jfaac  Ahrabaml, 
célèbre  rabbin  Portugais,  fuivit 
fon  père  réfugié  à  Venife  après  l'ex- 
pulfion  des  Juifs  par  Ferdinand  le 
Catf^olique,  On  a  de  lui  un  Dlalo' 
gue  fur  l'Amour  ^  n-aduit  de  l'italiea 
en  françois  par  Denys  Sauva^  & 
Pontus  de  Thiard  :  il  a  été  fouveot 
imprimé  m-8**  &  in-12  dans  le  xvi* 
fiecle. 

XXVn.LEON  DE  Saint-Jean, 
Carme ,  néà  Rennes  Pan  1600,  étoic 
appelé  avant  fon  entrée  en  rehgioa 
Jean  Macé  :  il  fut  élevé  fucccffive- 
ment  prefque  à  toutes  les  charges 
de  fon  ordre,  &  s'acquit  l'eftune 
de  Léon  XI ,  à'AUxandre  Vil  & 
de  plufieurs  cardinaux^  U  prêcha 
devant  Louis  XIII  &  Uuis  Xll^ 
avec  applaudifiement.  Ami  ^  . 
cardinal  de  Richelieu ,  il  recueillit 
les  derniers  foupirs  de  ce  miniihCt 
Il  mourut  le  30  Décembre  1671, 
à  Paris ,  après  avoir  public  un 
tïcs-girand  nombre  d'ouvrî^es  :lcs 

principaux 


LEO 

principaux  font  :  I.  StuHum  fa*- 
^auîa  unlyerfalis  ,  3  vol.  ih^fol.  Le 
ÏKtmÎCT  parut  à  Paris  en  1657-^  il 
comprend  les  fciences  profanes  : 
les  deux  autres  ont  été  imprimés 
à  Lyon  en  1664  -,  ils  ont  pour 
but  la  fcience  çle  la  religion  ;  on 
tftime  principalement  ce  qui  re- 
garde la  tîléologie  dogmatique.  Le 
ftyle  de  cet  ouvrage  cft  pur  & 
coulant.  IL  VU  à&  Ste.  Migdilaîw 
tfc  ?aixi,  Paris,  1636,  in-8°,  IIL 
Vit  de  Françoîfc  d*Amholfe ,  Paris  , 
1634.  IV.  Jcumal  de  ce  (jul  s'efi 
fajfé  à  la  maladie  &  à  la  mon  du 
cardîndl  de  Richelieu,  Paris  ,  1641  , 
in-4®.  V.  Plufieurs  ouvrages  afcé- 
Âques ,  &  quelques-uns  pour  foute- 
nir  la  prétendue  antiquité  de  fon 
ordre.  VI.  Hifiolre  de  la  Province 
ks  Carmes  de  Tours  ,  en  latin  , 
Paris ,  1640  ,  in-4®.  VIL  La  Somme 
des  Sermons  Parénéthpus ,  &  Pané^" 
limes  ^  4  vol.  ih-fol."  Paris  ,  167I , 
1671. 

LÉON  JUDA,  Voy.  iv.  Juda. 

LÉON  Alazzi  ,  Voy.  Alla- 
Tius  (Léo). 

LÉON ,  Voy.  Leontius....  Pa- 
DOUAN &  Ponce  ,  n^  ir  &  v. 

LÉON  BE  Castro  ,  Voy.  Cas- 
tro ,  n^  IL 

I.  LÉONARD ,  (S.)  folitaire  du 
Limoufin ,  mort  vers  le  milieu  du 
■VI*  ficelé ,  a  donné  fon  nom  à  la 
pedte  ville  àeSamt^UonardleNohlet^ 
à  5  lieues  de  Limoges.  On  prétend 
qu'il  fut  baptifé  par  S,  Reml  ,  qui 
i  chargea  du  foin  d'inftruire  les 
peuples.  Il  s'en  acquitta  avec  uq 
ïde  apoftolique  qui  le  fit  connoitre 
^  la  cour.  Le  roi  lui  offrit  un 
évêché  qu'il  refufa  ;  il  pria  feule- 
ment ce  prince  de  lui  permettre  de 
▼ifiter  les  prifonniers  ,  &  de  déli- 
vrer ceux  qui  mériteroient  quelque 
grâce.  Il  fe  retira  cnfuite  dans  une 
folimde  où  il  eut  des  difciples,  Sa 
réputation  s'étendit  jufques  en 
A^Sleterre ,  où  fon  nom  fe  iif 
Tome  f^. 


LEO  141 

encore  aujourd'hui  dans  le  calen- 
drier réformé  de  la  nouvelle  li- 
turgie. 'L*hifiûlre  de  fa  vie  ,  écrite 
-par  un  anoiiyme  ,  eft  pleine  dé 
taufletés  &  de  tables  abfurdes.  Nous 
n'avons  choifi  que  les  circonilances 
qui  nous  ont  paru  les  plus  vrai- 
fcmblables.  Voy.  La  Vie  dea  Saints 
de  Baillet ,  au  6  Novembre  -,  c'eft 
le  jour  où  l'on  célèbre  fa  fête. 

IL  LÉONARD  Matthei  d'U- 
DINE  ,  Dominicain  du  xv*  fiece  » 
ainfi  nommé  du  lieu  de  fa  naiffance  , 
enfeigna  la  théologie  avec  réputa- 
tion ,  &  fut  l'un  des  plus  célèbres 
prédicateurs  de  fon  temps.  On  a 
de  lui  un  grand  nombre  de  Sermons 
latins ,  dont  le  mérite  eft  très-mé- 
diocre-, mais  ,' comme  les  éditions 
en  font  anciennes  ,  quelques  favans 
les  recherchent.  Les  principaux 
font  :  I.  Ceux  de  Sancîls  ,  Paris  , 
1473  ;  ceux  du  Carême  ,  1478  , 
in-tol.  IL  II  a  laiffé  aufli  un  traité 
De  fangulne  Chrijti,  1473  ,  in-fol. 

m.  LÉONARD  DE  Pisé  ,  (Z^o- 
nardo  Plfano  )  cft  le  premier  qui  fit 
contloitre  en  Italie,  au  commen- 
cement du  xiii^fiecle  les  Chiffres 
arabes  OU' Algèbre,  &  quiyenfei* 
gna  la  imni^e  d'en  faire  ufage* 
On  conièrve  à  Florence,  daâs  la 
bibliothèque  de  Magûa'jecchi  ,  un 
traité  d'Arithmétique  en  latin  ,  in^ 
tituié  :  Uber  Abacl  ,  compofitus  à 
I^onardo  fiuo  Bonaccl  ,  Plfano  ,  in 
annd  tioz.  L'auteur  y  dit  dans  la 
préface ,  qu'étant  à  Bugie  ,  ville 
jd'Afiique ,  où  fon  père  étoit  fac- 
teur pour  des  marchands  Pifans ,  il 
avoit  été  initié  dans  la  manière  de 
compter  des  Arabes  -,  &  que  l'ayant 
trouvée  plus  coïnmode  &  de  beau- 
coup préférable  à  celle  qui  étoit 
en  ufage  en  Europe ,  il  a  entrepris 
ce  Traité  pour  la  faire  connoitre  en 
Italie.  C'eft  de  là  que  les  Chiffres 
ai^abes  &  l'Algèbre  fe  répandirent 
enfuitedans  les  autres  pays  de  l'Eu- 
rope ,  à  l'égard  de  laquelle  Léonard 

Q 


14*        LEO 

de  Pî(e  peut  prefque  palTer  pouc 
inventeur  «  ayant  enfeigné  le  pre- 
mier les  règles  de  cette  fcience  , 
&  l'ayant  même  perfectionnée.  Il 
eft  encore  auteur  d'un  Traité  à^Ar-^ 
ftnta^ty  que  l'on  conierve  dans  la 
même  bibliothèque. 

LEONARD,  Voy€^  ViNCl....^ 
Malesfeines. 

LEONARDI ,  (Jean)  initimteur 
des  Clercs-réguliers  de  la  Af«r«  ék 
Dieu  de  Lucques  ^  né/à  Decimo  en 
15  41,  érigea  fa  congrégation  en 
IJ83.  Le  but  de  cet  tnitimt  eftde 
conûcrer  une  vie  pauvre  &  labo- 
/  rieufe  à  un  des  ouvrages  les  plus 
importans  de  la  fociété  civile  >  à 
l'inflruâion  de  la  jeunefTe.  Le  pieux 
inftituteur  efiuya  des  contradic- 
tions à  Lucques  ;  mais  il  en  fut 
dédommagé  par  l'eitime  du  pape 
CUmtnt  VllI^  &  du  grandrduc  de 
Tofçane.  Il  mourut  à  Rome  le  8 
Oéïobre  1609  ,  à  69  ans.  On  a 
de  lui  quelques  ouvrages  peu  con- 
nus, 6t  il  eft  plus  recommandable 
comme  fondateur  que  comme  écri« 
vain.  Sa  Vie  a  été  d&nnée  eyi  Ita- 
lien par  Maracci ,  prêtre  de  (a  con- 
grégation, Venife,  in-fol.  16 17.. 

LEONAT ,  un  des  lieuienans  d'A'- 
àxandn ,  qui  étpit  fon  parent  ,  & 
^oit  été  élevé  avec  lui.  Dans  le 
partie  que  fes  officiers  firent  de 
ïes  conquêtes  après  fa  mort  ,  la 
petite  Egypte  échut  à  Léonat* 

I.  lïONCE,  philosophe  Adié- 
sién ,  eft  principalement  célèbre  , 
parce  qu'il  donna  le  jour  à  Atkaïaïs  ^ 
qui  devint  impératrice  d'Orient*., 
Voy.  IL  EuDOxiE  ,  femme  de 
Tkéodo/e  IL 

IL  LEONCE ,  (  S.  )  évêque  de 
ITréjus  en  361 ,  mort  vers  450 ,  fe 
fit  un  nom  par  fon  favoir  &  fa 
piété.  Cajfîen  lui  dédia  les  dix  pre- 
miers Hvres  de  fes  Conférences, 

m.  LEONCE  ,  le  Scol^tu  , 
prêtre  de  Conftandnople  dans  le 
vVi^fiecle»  lailTa  pluécurs  livres 


LEO 

é*fitjhire  &  de  .Théolopt  ,  eaeri 
autres  un  Ttaité  du  Concile  de  Chai» 
çédohù ,  qu'on  trouve  dans  la  Bi- 
bliothèque des  PP.  &  dafts  le  iv^  vo- 
lume des  antiennes  leçons  de  Ca* 
nifius  y  in-4°.   . 

IV.  LEONCE , patrice  d'Oricm, 
.&  gouverneur  de  Syrie  ,  s'en  fit 
couronner  roi  en  482 ,  fous  l'em- 
pire de  Zénoné  Vérine^  femme  di 
Léon  TAncien  >  qui  Êivoriibit  ion 
ufurpatiôn  ,  le  fit  proclamer  dans 
la  ville  de  Tarfe  en  Cilicie  où  elle 
avoit  été  reléguée.  Zenon  envoya 
contre  Léonce ,  le  général  Ilba  à  la 
tête  d'une  armée  nombreufe.  Mais 
Vérine  étant  venue  au-devant  de 
lui ,  le  féduiât  en  lui  repréibntant 
l'ingratitude  de  Zenon  ,  &  en  l'é- 
blouifiânt  par  les  plus  grandes  cfr 
pérances.  Il  employa  donc  àfou-> 
tenir  Léonce  fur  le  trône  ,  les  mêm^ 
troupes  que  Zenon  lui  avoit  coa" 
fiées  pomr  le  détrôner.  L'empereur 
trouva  un  général  plus  fidelledans'' 
Théodùrie  Rumal,  qid  mîi^yha  con- 
^e  les  deux  rebelles.  Après  quatre 
années  de  guerre ,  il  remporta  une 
viâoire  figpiialée.  Ayant  pourfuivi 
Léonu  &  lUus  qui  s'étoient  réfu- 
giés dans  un  château  nommé  Pa^ 
plrus ,  il  les  fit  prïfonnters,  &  en- 
voya leurs  têtes  à  Conftantinople 
en  4$^.  Vérine  fur  arrêtée  comme 
eux ,  &  exilée  en  Thrace,  où  elle 
mourut  peu  de  tençs  après. 

V.  LEONCE ,  patrice  d'Orient, 
donna  des  preuves  de  fon  courage 
fous  JuJBnîen  IL  Cet  empereur., 
prévenu  contre  lui  par  fes  envieux  • 
le  tint  trois  ans  dans  une  dure 
prifon.  Léonce  ^  ayant  eu  fà  li- 
berté ,  dépofTéda  Ju/Uaien  ,  &  & 
mit  fur  fon  trône  en  695.  Il  gou- 
verna Tempire  jufqu'en  698  ,  que 
Tlber^'Abfiptare  lui  fit  couper  le  née 
&  les  oreilles ,  &  le  confina  dans 
un  monaflere.  JuJUnien ,  rétabli  par 
le  fecours  des  Bulgares  >  condamna 
Léonce  à  perdre  la  tête  :  ce  quifiit 


LEO 

cxkuté  en  705.  Le  foin  que  cet 
nfiirpateur  avôit  eu  de  conferver 
la  vie  à  JuJBnUn  ,  dans  im  temps 
de  barbarie  ,  où  les  monarques  ne 
omentoient  leur  trône  que  par  le 
6ng  de  leurs  rivaux ,  donne  une 
idéeavantageufe  defon  humanité  > 
&  eût  dû  infpirer  à  celui  qu'il 
avoit épargné,  des  fendmens  con* 
lonnes. 

LEONICENUS,  (Nicolas)  cé- 
lèbre médecin  «  né  à  Lunigo  dans 
le  Vicentin  ,  en  1418  ,  profefla 
pendant  plus  de  60  ans  la  méde- 
cine à  Ferrare,  avec  beautoup  de 
fuccès.  Ceft  à  lui  qu'on  doit  la  pre- 
mière tradu6Hon  latine  des  Œuvres 
de  Gallen.  Il  parvint  à  un  âge  fort 
avancé ,  par  la  traoquilltiéd'efprit, 
par  des  mœurs  pures  &  une  vie 
îbbre.  Il  conferva  îufqu'à  la  fin 
.  une  mémoire  fûre ,  des  fens  entiers , 
un  corps  droit  &  une  fanté  vigou- 
reufe.  Il  mourut  en  1524 ,  dans  ùl 
96^  année ,  emportant  les  regrets 
des  iavans  &  du  peuple.  Il  ne 
s'attacha  que  très*peu  à  la  pratique 
de  la  médecine.  >»  Je  rends ,  mfoit-il , 
fbu  de  ferpîces  au  puhltc  ,  que  fi  je 
flftoîs  Us  malades ,  pdfyue  j*enfeignt 
eatx  tpâ  les  guérlffent  ♦<.  On  a  de  lui 
plufieurs  ouvrages.  Les  prindpaux 
font  :  I.  Une  Grammaire  Latine  «, 
1473  »  in-4*.  n.  Une  Tr^daHion 
latine  des  Aphorifines  A*Hîppo* 
trou,  m.  Celle  de  plufieur s  Trjtf/* 
de  GalUn.  IV.  Un  Traité  curieux  : 
De  PRnu  &  plurium  aliorum  Midi- 
conm  h  medicîna  errorlhus  ;  à  Bude , 
iç  3  i  »  in-fol.  ouvrage  rare,  V.  Des 
Vtjfions  italieimes  de  l'Hiftoire  de 
Dion ,  &  de  celle  de  Pracope,  VI. 
Une  autre  des  Dialopies  de  Lucien^ 
yil.  Trois  livres  d'Hîfiolres  dîverfu^ 
in-fol.  ,*  en  latin.  On  les  traduifit 
en  italien  ,  &  cette  v#rfion  parm 
4  Venife,  in-8**,  en  1544.  VIIL 
Th  morho  GalUco  Uber ,  Bâle  ,1536, 
fc-4*.  On  voit  par  ces  différentes 
prodttâion^  qui  Iç^imnf ,  ça  ÇlUÎ^ 


LEO         î4f 

tîvant  la  médecine ,  n'avoit  pas  né« 
gligé  la  littérature  &  l'étude  de  l'an- 
tiquité. Ses  OtttTdgiej  furent  recueillis 
à  Bâle«  en  15 33,  in-fol. 

LEONICUS  Thom  jEus ,  (Nico-^ 
las  )  favant  philofophe  Vénitien 
&  originaire  d'Albanie,  étudia  le 
Grec  à  Florence  fousDemetrius  Chai- 
condyle.  Il  rétablit  le  goût  des  belles* 
leto-es  à  Padoue  ,  où  il  expliqua 
le  texte  grec  ^Aiiftou,  Il  mourut  ea 
1 5  3 1  «  ^  7  5  atu*  La  philofophie  avoit 
dirigé  Tes  moeurs  autant  que  réglé 
fon  efprit.  On  a  de  lui  une  TroAucm 
non  du  Commentaire  de  Proclui 
ftir  le  Tîmée  de  Platon ,  &  d'autres 
Verfions  italiennes  &  latines ,  qu'oB 
ne  confulte  plus  guère. 

L  LEONIDASI",roidesLacé- 
démoniens  >  de  la  famille  des  Agi« 
des ,  ayant  été  chargé  de  s'oppofer 
à  finvafion  que  Xerxes  roi  de  Perfe 
menaçoit  de  faire  en  Grèce ,  com-^ 
prit  bientôt  qu'il  lui  feroit  impof- 
fible  de  réfifter  en  rafe  campagne 
à  l'armée  innombrable  de  l'ennemi  ; 
il  réfolut  de  l'attendre' au  défilé  de^ 
Thermopyles',  que  Xerxès  étoit 
obligé  de  franchir  pour  entrer  en 
Grèce.  Alors  confidérant  qu'il  n'a- 
voit pas'  befbin  d'une  nombreufe 
armée  pour  garder  ce  paffage ,  il 
renvoya  tous  les  alliés ,  &  ne  garda 
que  trois  ceots  Lacédémoniens  déter- 
nùnés ,  comme  lui ,  à  vaincre  ou 
à  mourir.  D'ailleurs  ayant  appris 
de  l'oracle  qu'il  falloit  que  Lacé- 
démone  fût  détruite  ou  que  fon  rot 
pérît ,  il  n'héfita  pas  de  fe  ùcrifîer 
pour  le  falut  de  fa  patrie.  Le  len- 
demain matin  après  avoir  exhorté 
fa  petite  troupe  à  prendre  de  IdH 
nourriture ,  dans  TeTpérance  de  fou- 
per  tous  enfemble  chez  Pluton ,  il 
les  mena  à  l'enneim  avec  un  cbu«' 
rage  intrépide  ,  lllïw  avant  Jefus- 
Chrifl  480.  Le  cho^iut  rude  &. 
fanglant.  Léonidas  tomba  des  pre-' 
miers ,  &  tous  imitant  fon  exemple  , 
dcuuurm&tfiirl^  champ  debiii^ll^ieY 


t44         LEO 

excepté  un  feulqmfefauyaà  Lacé- 
démone ,  où  il  fut  reçu  comme  un 
traître  à  fa  patrie.  Xerxès  outré  de  dé- 
pit de  ceque  Léonidas  avoit  ofé  lui  te- 
nir tète  avec  une  poignée  de  foldats , 
le  fit  chercher  parmi  les  morts  ôc 
attacher  à  une  potence.  Mais  au  lieu 
de  déshonorer  fon  ennemi ,  il  fe 
couvrit  lui-même  d*une  honte  éter- 
nelle. On  dit  que  quand  ce  héros 
partit  pour  cette  expédition ,  il  ne 
recommanda  à  (a  femme  autre  chofe , 
iinon  de  /<  rcmsrUr  après  fa  mon  à 
quelque  brave  homme ,  qui  fit  des  enfiins 
dignes  de  fon  premier  époux,  Xerxès 
lui  ayant  mandé  qu'en  s'accom- 
modant  avec  lui ,  il  lui  donneroic 
l'empire  de  la  Grèce  :  J^alme  mieux 
mourir  pcrur  ma  patrie  ^  lui  répondit- 
il  ,  que  d*y  régner  injuftcment,,.  Ce 
même  prince  lui  o£uit  demander 
fes  armes,  il  ne  lui  répondit  que 
ces  mots  bien  dignes  d'un  Lacédé- 
tnonien  :  Vims  les  prendre.,.  Comme 
C[uelqu  un  lui  rapporta  que  l'ar- 
mée ennemie  étoit  û  nombreufe , 
c[ue  le  foleil  feroit  obfcurci  de  la 
grêle  de  leurs  tnits  i^Tant  mieux  ^ 

S  dit  X^onidas  )  n»us  combattrons  à 
*ombre,..  On  vouloit  (avoir  pour- 
quoi les  braves  gens  préféroient 
la  mort  à  la  vie  :  —  Parce  qu*ils  tien- 
hent ,  dit-il ,  celle  -ci  de  la  fortune  , 
&  l'autre  de  la  vertu, 

JI.LEODINASII.roi  de  Sparte 
vers  l'an  256  avant  J.  C.  ,  fut 
chafle  par  Cléomhotu  fon  gendre , 
&  rétabli  enfuite.  Il  étoit  petit- 
fils  de  Cléomine  //,  &  fîit  fuccefleur 
-d^Aréc  IL 

LEOKIN ,  ou  Leew  ,  (  Elbert 
eu  Engelbert)  de  l'ifle  de  Bommel 
dans  la  Gueldre  ,  cnfeigna  le  droit 
â  Louvaln  avec  un  fuçcès  extraor- 
dinaire. Il  eut  la  confiance  la  plus 
intime  du  prince  d'Orange ,  quT 
l'employa  beaucoup  dans  l'établif- 
fement  des  Provinces-Unies.  Léo-.^ 
nia  fiit  chancelier  de  Gueldre  après 

^  départ  de  ra^shûbv  M^^i  ^, 


LEO 

X581  -,  &  l'un  des  ambafladeufs  que 
les  Etats  envoyèrent  à  Htnri  111 , 
roi  de  France,  Cet  habile  polid- 
que  mourut  à  Arthém  le  4  Décem- 
bre X598  ,  à  7^  ans.  Il  ne  fut 
point  Proteilant ,  &ne  voulut  jamais 
entrer  dans  les  difputes  fur  la  reli- 
gion. On  a  de  Uiiplufieur^  ouvra- 
ges ,  entr'autres  :  L  Çenturia  Concis 
liorum  ,  Anvers ,  1584,  in  -  fol.  IL 
Emcndationumfeptem  Librt ,  Arnheim^ 
1610 ,  in-4°.  Les  jurifconfultes  fe 
font  beaucoup  fervis  aunrefois  de  ces 
deux  produâions. 

LEO NIUS,  poète  Latin  de  Paris» 
fut  célèbre  dans  le  xii^  fiede  par 
l'art  de  faire  rimer  Thémiiticlie  de 
çliaque  vers  avec  la  fin. 

D^emon  languehat,  monachus  tunctjt 
volAtt  i 
Afiubi  convaluitf  manfitvt  ânùfiàu 

Beel^ébub  UngUifloit  tnàe  8c  blême: 

Lors  vers  le  froc  il  tourna  tous  fes 
^uxs 

Mais  ,  revenu  de  cet  état  piteux» 

Le  fin  matois  refta  toujours  le  même» 

U  mit  en  vers  de  ce  genre  prefque 
tout  l'ancien  TeilamenL  Ces  vers 
barbares  ,  que  Firgi/e  n'eût  certai- 
nement pas  avoués ,  furent  appelés 
Léonins  :  non  parce  que  Leunhs  ht 
^inventeur  de  cette  Ineptie  ,  fort 
en  vogue  avant  lui  ;  mais  parce 
qu'il  y  reuffit  mieux  que  les  autres. 
Le  favant  abbé  le  Bctuf,  a  domié 
une  Difiertation  pour  détruire  Topi- 
nion  commune  qui  ^t  Leonius  cha- 
noine de  Saint-Benoit  de  Paris*,  il  pré- 
tend qu'il  étoit  chanoine  de  Notre- 
Dame.  Sa  plus  forte  preuve  eft  que 
Leonius ,  dans  une  de  fes  pièces , 
invite  un  de  fes  amis  à  venir  à  la 
fête  des  Fous,  (  pieuiê  farce,  qui 
ne  fe  faifoit  alors  que  dans  l'églife 
de  Paris  ,  )  pour  y  dépôfer  l'office 
de  Bâtônnkr ,  &  le  traiifmettre  à  un 
autre  avec  la  nouvelle  année.  U 
parlç  d^  cet  ami  comme  d'un  (ie 


LEO 

fe  confrères  ^  &  par  confé^uent 
Us  étoient  l'un  &  l'autre  chanoines 
de  Notre-Dame.  Comme  cette  dif- 
cuiSon  n'eft  pas  bien  importante , 
&  qae  d'ailleurs  les  preuves  du 
lavant  diflercaceur  ne  font  que  des 
coajedhires ,  on  ne  s'y  arrêtera  pas 


LÉONOR ,  évêque  régionnaire 
«n  Bretagne ,  au  vi®  fiedc ,  étoit 
du  pays  de  Galles.  Ses  travaux  apof- 
toliques  &  Tes  vertus  l'ont  £ût  met- 
tre au  nombre  des  Saints. 

LÈONORE,  Foy({  Eléokore. 

LEONTIUM,  courtifanc  Athé- 
sienne ,  philofopha  &  fe  proftitua 
toute  fa  vie.  Epicurt  fiit  fon  maitre , 
&Icsdifciples  de  ce  philofophc  fes 
galans.  Métrodon  fut  celui  qui  eut  le 
pins  de  part  à  fes  £civeurs  ',  elle  en 
eut  un  fils ,  cpxEpîatrt  recommanda 
en  mourant  à  fes  exécuteurs  tefia- 
mentaires.  Leontium  foutint  avec 
chaleur  les  dogmes  de  fon  maitre, 
Çui,  fuivant  quelques-uns  ,  avoit 
été  auffi  fon  amant.  Elle  écrivit  con- 
tre Théophrafte ,  avec  plus  d'élégance 
çue  de'folidité.  Son  ftyle,  fuivânt 
CUeron^  {Dcnat,  Deor.  L.  1.  )  étoit 
pur  &  attique.  Leontium  eut  auffî 
ttne  fille ,  nommée  DanaA  ,  héri- 
tière de  la  lubricité  de  fa  mère.  Cette 
fileAtt  aimée  de  Sopkron ,  préfet  d'£- 
phefe ,  &  ^ant  évorifé  l'évafion 
de  fon  ânant  condamné  à  mort  » 
ellefîit  précipitée  d'un  rocher.  Elle 
£t  éclater  dans  fes  derniers  momens 
cfes  fêatimens  hardis  &  impies  ,  tels 
qu'on  dévoie  les  attendre  d'une 
proftimée. 

.LEONTIUS-PILATUS,o« 
^ON,  difciple  de  Barlaam  moine 
de  Calabre  ,  efl  regardé  romme  le 
pteiBierde  ces  favans  Grecs  à  qui. 
l'on  efl  redevable  de  la  renaiâànce 
des  lettres  &  du  bon  goût  en  Europe. 
Ccft  lui  ai]f&  qui  enfeigna  le  premier 
le  Grec  en  It^e  vers  le  milieu  du 
Xiv*"   fiecle  :    Pétrarque   &  Bçcace 

bKot  att.  r^ni;  de  fes  (tifcistles,  li 


LEO         14^ 

psâa  dam  la  Grèce  pour  en  rap<b 
poner  des  manufcriç  -,  mais  il  fut 
tué  d'un  coup  de  toimerre  fur  la 
mer  Adriatique  ,  en  s'en  retour- 
nant en  Italie.  Ce  moine ,  très-verfé 
dans  la  littérature  Grecque,  ne  con- 
noifToit  que  médiocrement  la  Latine. 
C'étoit  un  favant  ians  politeiTe  & 
fans  urbanité ,  mal-propre ,  dégoû- 
tant ,  toujours  rêveur ,  mélancoli-; 
que  &  inquiet.  Voye^  fa  FU  dans* 
l'ouvrage  de  Humfroi  Hody,  Dt 
Cradt  illufiiîhus  »  in  -  8^  ,  Lon- 
dres ,  1742. 

LEOPARD,  (  Paul  )  humaniite 
dlfemberg  près  de  Furnes,  aima 
mieux  p^er  fa  vie  dans  un  petic 
collège  à  Bergues  -  Saint-  Vinox  i 
que  d'accepter  une  chaire  de  proi 
fef&ur  royal  6n  Grec  ,  qu'on  lui 
ofirit  à  Paris.  Il  mourut  le  3  Juia 

1567  ,  à  57  ans.  On  a  de  lui 
en  latin  de9  Remarques  critiques ,  divi<* 
fées  en  vingt  livres.  Les  dix  pre- 
miers ont  été  imprimés  à  Anvers  , 

1568  ,  in-4^.  Les  dix  derniers  ont, 
paru  p^ur  la  première  fois  en  1604 
dans  le  3®  vol.  du  Fax  Arùum  de- 
Gruter.  On  convient  généralement 
que  ces  Remarques  font  pleines  de 
ûvoir ,  de  bon  fens  &  de  bon  goût. 
Il  a  donné  encore  une  TraducHcn 
aiTez  fîdelle  de  quelques  Vîes  de 
Plutarque,  Cafaubon  parle  de  lui 
comme  d'un  homme  auffi  favant 
que  judicieux ,  ,&  dont  les  recher- 
ches ont  été  utiles  aux  gens-de- let- 
tres... Il  y  a  eu  encore  de  ce  nom 
}en>me  LEOPARD ,  poëte  Florendn  ^ 
peu  connu. 

I.  LEOPOLD ,  (S.)  fils  de  Uc^ 
polà  U  Bel ,  marquis  d'Autriche , 
ûiccéda  à  fon  pcre  en  1096.  Sa 
vertu  lui  mérita  le  titre  de  Pîmix  ^ 
il  fit  le  bonheur  de  fes  fujets  ,  dimi- 
nua les  impôts ,  traita  avec  upe  égale 
bonté  le  pauvre  &  le  riche ,  & 
fit  rendre  à  tous  ime  juftice  très- 
exaôe.  Sa  valeur ,  égale  à  fa  piété  ^'. 
édata  fous  l'empereur  Henri  IV  ^  ^ 


14(5        LEO 

fe  foutînt  fous  Henri  F  y  dont  îl 
cmbraââ  le  parti.  Ce  prince  lui 
donna»  en  i io6 ,  Agnès  û  foeur  ^ 
mariage ,  6c  après  ia  mort  il  eut  plu- 
£eurs  voix  pour  hii  fuccéder  à  l'em* 
pire  ;  mais  Lothain  l'ayant  emporté» 
liopold  fe  fit  un  devoir  de  le  recon* 
noitre.  Ce  prince  mourut  ûinte- 
ment  en  1139  ,  après  avoir  fondé 
plufieurs  monafleres.  Innocent  Vlll 
le  casonîfa  en  1485.  U  avoir  eu 
û'Apùs  18  enÊms ,  8  garçons  &  lo 
£lles ,  qui  fe  montrèrent  £gnes  de 
leurs  illuflrcs  parens. 

LEOPOLD  d'Autriche  ,  Vey, 
Melctal. 

IL  LEOPOLD ,  fécond  fils  de 
Temperenr  Ferdinand  JII ,  &  de  Mc- 
fU-'Anne  d*E/pagne^  né  le  9  juin 
1640 ,  roi  de  Hongrie  en  165  5  ,  roi 
de  Bohême  ,en  1679 ,  élu  empereur 
en  1658 ,  fuccéda  à  fon  père  à  Tâge 
de  dix-huit  ans.  Un  article  de  la  cs^i- 
fulation  qu'on  lui  fit  figner  en  lui 
remettant  le  bâton  impérial ,  fut 
fl[u'il  ne  donneroit  aucun  fecours  â 
l'Eipagne  contre  la  France.  Les 
Turcs  menaçoient  alors  l'empire. 
Ils  battirent  les  troupes  Impériales 
près  de  Barcan  ,  &  ravagèrent  la 
Moravie  ,  parce  que  l'empereur 
continuoit  de  foutenir  le  prince  de 
Tranfjrlvanie ,  qui  avoit  ccîTédepuis 
6  ans  d'envoyer  un  tribut  annuel 
de  200,000  florins .  que  fes  prédé- 
cefieurs  avoient  promis  de  payei' 
à  l'empire  Ottoman.  MoTUceucuR  , 
général  de  Léopold,  foutenu  par  un' 
corps  de  6000  François  choifis , 
fous  les  ordres  de  Coûgni  &  de  As 
Fadl/ade  ,  les  défit  entièrement  à 
Saint-Godiard  en  1664.  Loin  d^ 
profiter  d'une  vîdoire  aufiî  com- 
plète, les  vainqueurs  fe  hâtèrent 
de  fidre  la  paix  avec  les  vaincus  : 
îls  fouffrirent  que  le  prince  de 
Tranfylvanie  ,  Ragot(ki  ,  fût  leur 
tributaire.  L'Allemagne  &  la  Hon- 
grie défapprouverent  ce  traité  ;  mais 
}t  misûftere  Imginsi  avoir  fes  vues  » 


LE  O 

les  finances^  étoient  en  taaavéi 
état  :  on  fof^eoitàaffiijettirabib* 
lument  les  Hongrois  ,  &  l'on  voyoit 
avec  pdne  la  ^oire  que  les  Fran- 
çois s'étoient  acquiie  dans  cette 
guerre.  La  paix  ou  plutôt  la  trêve 
6u  conclue  pour  20  années.  [  Voyei 
Lembecius  ,  tf  ^  j£n. }  La  Hoa< 
grîe  occupa  bientôt-après  les  armes 
de  l'empereur.  L^  iHg^ienrs  dece 
royaume  vouloient  à  U  fois  dé&a* 
dre  leurs  privilèges  &  recouvrer 
leur  liberté  ;  ils  fongerent  à  fe  dot^ 
ner  un  roi  de  leur  nation.  Ces  com- 
plots coûtèrent  la  tète  à  Serin ,  i 
Fmn^umiy  â  Nmda/B  &  à  plufieurt 
autres  ^  mais  ces  exécutions  ne  cal- 
mèrent pas  les  troubles.  TtkeU  k 
mit  à  la  tète  des  mécontens  ,  & 
fiit  £ût  prince  de  Hongrie  par  les 
Turcs  ,  moyennant  un  tribut  de 
40000  ièquins.  Cet  ufurpateur  sq)' 
pela  les  Ottomans  éaos  l'Empire. 
Ils  fondirent  fur  l'Autridie  avec 
une  armée  de  240,000  hommes; 
ils  s'emparèrent  de  l'ifle  de  Schurt, 
&  mirent  le  fiege  devant  Vierni^ei 
1683.  Cette  place  étoit  fiir  le  point 
d'être  prife ,  lorfque  Jean  SobUsH 
vola  à  fon  fecours ,  tandis  que  l'effi* 
pcreur  fe  fauvoit  à  Paâgni.  Il  atta- 
qua les  Turcs  dans  leurs  retran- 
diemens  &  y  pénétxa.  Une  terreur 
panique  faifit  le  grand*vifir  Mt/b- 
fha ,  qui  prit  la  fiiite  &  abandoona 
fon  camp  aux  vainqueurs,  kçjàs 
cette  déÊiite ,  les  Turcs  fiuentpref- 
que  toujours  vaincus  ,  &  les  Impé- 
riaux reprirent  toutes  les  villes  dont 
ils  s'étoient  emparés.  JUopoU  regar» 
dant  les  rebelle^  de  Hongrie  comme 
la  caufe  d'une  partie  des  maux  qui 
avoient  menacé  l'empire,  ordomia 
qu'ils  fiifient  punis  avec  riguenr* 
On  éleva  dans  la  place  pfibli^ 
d'Eperies,  en  1687,  un  écbaând, 
où  l'on  immola  les  viâîmes  dont 
la  mort  étôit  la  plus  nécefiaire  i 
la  paix.  Le  ma&cre  fut  long  & 
teniUe4  il  fiok  par  une  convoe»: 


LEO 

A»  des  principaux  noble^  ffên- 
grois,  qui  déclarèrent  au  nom  de  la 
nation  que  la  couronne  étoît  héré- 
ditaire. Uoj^old  eut  d'autres  guerres 
à  foutenir.  Ce  prince  ,  qui  necom- 
battoit  jamais  que  de  fon  cabinet , 
ne  ccffa  d'attaquer  toub  JT/f^:  pre- 
mièrement en  167 1,  d^abord  après 
l'invafion  de  la  Hollande ,  qu'il  fe* 
courut^contre  le  monarque  Fran- 
çois ;  enfuite  quelques  années  après 
h  paix  de  Nimegue ,  en  1 686 ,  lorf- 
qu'il  fit*  cette  femeuîe  Ligue  d'Auf. 
bourg,  dont  l'objet  étoit  d'acca- 
hier  la  France  &  de  chafler  Jacques 
II  du  trône  d'Angleterre  -,  enfin  en 
I70J ,  à  l'avènement  étonnant  du 
pedt-fils  de  Loms  XIV  à  la  cou- 
ronne d'Efpagne.  Léopold  {ut  ^  danç 
toutes  ces  guerres  ,  intéreiTer  le 
corps  de  l'Allemagne ,  &  les  faire 
déclarer  ce  qu'on  appelle  guerres 
de  l'Empire.  La  i"^  fut  affez  mal- 
beurcufe ,  &  Tempereur  reçut  la  loi 
à  la  paix  de  Nimegue  ,  en  1678. 
L'intérieur  de  l'Allemagne  n.'  fut 
pas  facci^é  *,  mais  les  frontières  du 
côté  du  Rhin  furent  maltraitées» 
La  fortune  fiit  moins  inégale  dans 
la  1*  guerre  »  produite  par  la  Ligué 
d'Ausbourg.  La  3^  fut  encore  plus 
heureufe  pour  JUopold,  La  mémo- 
rable bataille  d'Hochftet  changea 
tout,  &  ce  prince  mourut  Tannéfi 
fuivante,  le  j  Mai  170  j  ,  à  6.j 
ans  ,  avec  l'idée  que  la  France 
feroit  bientôt  accablée ,  &  que  VA.U 
ûce  feroit  réunie  à  l'Allemagne. 
Ce  qui  fervit  le  mieux  Léopold  dans 
toutes  ces  guerres ,  ce  fut  la  gran- 
deur de  ùuU  XIV  ,  qui  s'étant 
{Produite  avec  trop  de  Cile,  irrita 
tous  les  Souvehiins.  L'empereur 
Allemand ,  plus  doux  ôc  plus  mo-« 
defte,  fut  moins  craint,  mais  plus 
îtuné.  Il  avoit  été  defliné  dans  fon 
-  enânce  à  l'état  ecdéliaftique.  Son 
éducation  avoît  été  conforme  à 
cette  vocation  prématurée.;  on  lui 
dvQit  doxuié   cl«  la  piété   &  du 


LEO         247 

Ëvoir  *,  mais  on  négligea  de  lut 
apprendre  le  grand  art  de  régner. 
Ses  miniftre*  le  gouvernèrent,  & 
il  ne  vit  plus  que  par  leurs  yeux. 
Leur  rôle  étoit  néatunoins  difficile 
à  foutenir  :  dès  que  le  prince  s'ap- 
percevoit  de  fa  fujétion  ,  une 
prompte  dif^race  le  vcngeoit  d'ua 
miniflre  impérieux  i  mais  il  fe  li- 
vroit  à  un  autre  avec  auffi  peu  do 
réferve.  Cependant  prcfque  tous 
fes  choix  furent  heureux  »  &  fi  le 
miniilcre  de  Vienne  commit  dcç 
fautes  pendant  un  règne  de  46  ans^ 
il  faut  avouer  qu'avec  une  lenteur 
prudente ,  il  fut  faire  prefque  tout 
Ce  qu'il  voulut.  Louis  XIV  fat  VAu-* 
gujic  &  le  SclpLn  de  la  France ,  8c 
Léopold  le  Fabius  de  l'Allemagne* 
»♦  Tout  l'empire ,  (  dit  M.  de  Mb«* 
tigny  )  **  fut  dans  fa  dépendance^ 
»♦  On  le  vit  créer  un  nouvel  élec- 
i*  tfiur ,  menacer  les  princes  du  baa 
»♦  de  l'empire ,  faire  un  roi  en  vertu 
>♦  de  fa  toute-puîjfance  y  comme  il 
>♦  s'exprimoit  lui-même,  ûuis  l^ 
>»  confentement,&  même  contre  l'a- 
»♦  vis  de  tous  les  états...  Rien  defî 
'♦  foible  qne  l'autorité  irrpériale 
»♦  après  la  mort  de  Ferdinand  III. 
»»  La  paix  de  Weflphalie  la  fubor- 
»♦  donnoit,  pour  ainfi  dire  ,.  au  ca» 
»♦  price  des  états.  Léopold  rompit 
V  les  bornes  qui  la  reinerroient  ÔC 
»♦  la  rétablit  dans  fon  ancienne  vi-» 
>♦  gueur.  C'eft  ce  qu'on  appela  dan& 
»i  le  temps  U  retour  d&  Cuarles^ 
»♦  QyjNT  6»  de  la  Tyrannie  «.  X/o* 
pold  aimoit  paflk^^cment  la  mu-^ 
fique  &  même  en  compofôit  d'à-» 
gréable ,  telle  que  le  Menuet  paro- 
dié ,  Quel  caprice ,  &c,  »»  Etant  prêt 
»♦  à  mourir,  dit  DucIjs^  après  avoir 
»»  fait  fes  dernières  prières  avec  foa 
>♦  confeffeur  »  il  fit  venir  (a  mufiquc 
v>  &  expira  au  milieu  du  concert  u^ 
Ce  prince,  s'étoit  marié  trois  £ois^ 
Ses  Éemmes  furent:  i**  Marguerite'^ 
Thénfe^  féconde  fille  de  Philippe 
IV  y  roi  d'Êfpagnc*  qu'il  époiiSi 


14?         LEO 

en  1666.  %^  Claudt'Fé/lcUé  tPAu- 
triche  -  Jn/pruck  ,  qui  mourut  en 
1676.  3**  La  princeffe  Palatine 
de  Neubourg,  Eiéjnore-Magddûinc- 
Thénfiy  princeffe  célèbre  par  fcs 
vertus  ,  dont  on  a  la  Vie  in-8**. 
Léop^ld  en  eut  trois  princes  :  )ofephy 
en  1678  ,  qui  lui  fjccéda-,  LéopM- 
Jofeph  ^  en  i6Sz,  mort  âgé  de  1 
ans  -,  &  Charlis  »  archiduc  d'Autri- 
che ,  qui  fut  auffi  empereur. 

III.  LEOPOLD ,  duc  de  Lor- 
raine ,  fils  de  Charles  V  &  A'EUo- 
Tiore  d'Autrlchi ,  naquit  à  Infpruck 
le  II  Septembre  1679.  Il  porta  les 
armes  dès  fa  plus  tendre  jeuneire , 
8c  fe  (ignala  en  1695  à  la  journée 
de   Témefwar.   Le    duc    CharUs  P" 

•fon  perc  ayant  pris  parti  contre 
la  France,  avoit  vu  la  Lorraine 
envahie ,  &  elle  étoit  encore  au 
pouvoir  de  la  France  à  fa  mort , 
arrivée  en  1690.  Léopold  fut  réta- 
2)li  dans  fes   états  par  la  paix  de 

.  iRyfwick  en  1697  ,  mais  à  des  con- 
ditions auxquelles  fon  père  n'avoit 
|amais  voulu  foufcrire  :  il  ne  lui 
ctoit  pas  feulement  permis  à!avoir 
des  remparts  à  fa.  Capitale.  Quelque 
mortification  que  dût  lui  donner 
la  perte  d'une  partie  des  droits  ré- 
galiens, il  crut  pouvoir  être  utile 
à  fon  peuple,  &  il  ne  s'occupa 
dès-lors  que  de  fon  bonheur.  Il 
trouva  là  Lorraine  défolée  &  dé- 
tferte  :  il  la  repeupla  &  l'enrichit. 
Auffi  grand  politique  que  fon  père 
«toit  brave  guerrier,  il  fut  con- 
ferver  la  paix ,  tandis  que  le  refte  de 
l'Europe  étoit  ravagé  par  la  guerre. 
Sa  nobleffe,  réduite  à  la  dernière 
jnifere,  fut  mifedans  ropuîence 
par  fes  bienfaits.  Il  faifoit  rebâtir 
îes  maifons  des  gentilshommes 
pauvres,  il  payoit  leurs  dettes,  il 
inarioit  leurs  filles.  Szxnljlas  Lee 
jînsld  ,  depuis  duc  de  Lorraine  ^ 
ayant  pafTé  par  L'unéville  en  17x4 , 
Êit  ©bligé  de  foire  vendre  fecti- 


tenn^t  des  bijoux  de  grand  prix  ; 
léopM  le  fut  par  le.mar|îais  de 
Beaui^au  ,  &lui  renvoya  les' bijoux 
avec  leur  valeur  en  argent.  Un  de 
fés  miniilres  repréfentoit  à  Léopold 
que  fes  fujets  le  ruinoient.  Tant 
mieux ,  répondit-il  !  je  n'en  ferai  que 
pluf  riche ,  pu^qu*  Us  feront  heureux.  Un 
gentilhomme  pauvre  jouoit  avec 
lui ,  &  gagnoit  beaucoup  ;  Vous 
joue\  bien  malheureufement  ^  dit-il  au 
prince...  Non ,  repartit  Léopold  ; 
jamais  lu  fortune  ne  m* a  mieux  fern* 
•Proteûéur  des  arts  &  des  fciences , 
il  établit  une  univerfité  à  Luné- 
ville,  &  alla  chercher  les  talens 
jufque  dans  les  boutiques  &  dans 
les  forêts  ,  [  Voye^  v.  Duval,  ] 
pour  les  mettre  au  jour  &  les 
encourager,  le  quitterais  ,  difoit* 
il  ,  demain  ma  fouveraXncté  ,  fi  jf 
ne  pouvois  faire  du  bien,  Admini^ 
trer  la  juflice ,  étoit  pour  lui  ua 
devoir  facré.  Il  affiftoit  toujours  au 
confeil,  &  fignoit  non-feulement 
fes  édits ,  mais  même  les  décrets  fur 
requête.  Afin  de  fe  décider  plus 
furement  dans  les  affaires  impor- 
tantes ,  il  avoit  à  Paris  un  confeil , 
compofé  des  avocats  les  plus  cé- 
lèbres de  la  capitale.  U  avoit  formé 
le  projet  de  liquider  lès  dettes  de 
l'état  en  dix  années  -,  mais  la  mort 
l'empêcha  de  l'exécuter.  Il  futen- 
fevé  à  fes  fujets  le  27  Mars  1729» 
a  Lunéville,  à  50  ans.  U  laiffa 
fon  exemple  à  fuivre  à  François  I 
fon  fils ,  depuis  empereur ,  &  ja- 
mais exemple  n'a  été  mieux  imité. 
L'empereur  Jofeph-Benoit  y  petit-fils 
de  Léopold ,  eft  en  tout  l'image  de 
fon  grand -père.  Léopold^  avoit 
époufé  Elifaheth  ,  fille  du  duc 
^Orléans  ,  morte  en  1 744 ,  qui 
avoit  porté  à  Lunéville  toute  la 
politeffe  de  la  cour  de  Verfailles* 

LÉOPOLD  -  GUILLAUME, 

archiduc    d'Autriche,    évêque  de 
Palïau ,  de  Strasbourg ,  &c ,  grand* 


/ 

LEO 

kaâre  de.  l'ordre  Teûtonique  Se 
gouvemeuç  des  Pays-Bas ,  ûls  de 
l'empereur  Ferdinand  II  ,  com- 
manda les  armées  autrichiennes 
contre  les  Suédois  &  les  Fi-ançois, 
durant  la  guerre  de  30  ans  que  fa 
maifon  foutint  pour  le  maintien 
de  la  religion  catholique  en  Alle- 
magne. Il  eut  de  grands  fuccès  & 
de  grands  revers.  C'étoit  un  prince 
làge,  doux  &  pieux  :  il  ne  man- 
quoit  ni  de  courage ,  ni  de  talens 
Vïiiitaires -,  mais  il  n'étoit  pas  le 
maître  de  fes  opérations,  &  ceux^ 
dont  il  dépendoit ,  le  fecondoient 
mal.  Il  mourut  à  Vienne  en 
1661. 

LÉOTAUD 1  (  Vincent  )  Jéfuitc 
françois  ,  habile  mathématicien  , 
mort  le  1 3  Juin  1672 ,  a  publié  un 
ouvrage  favant,  où  il  montre  que 
ïon  travaille  vainement  à  la  dé- 
monûration  de  la  quadrature  du 
cercle.  Il  a  pour  titre  :  Examen  cîr- 
oils  quadrature,  Lyoii  ,  1654  > 
in-4®. 

LEOTYCHIDE  ^  roi  de  Sparte , 
&  fils  de  Menarlt ,  défit  les  Perfes 
dans  un  grand  combaft  naval  près 
de  Mycale ,  l'an  479  avant  J.  C* 
Dans  la  fuite ,  ayant  été  accufé  d*uri 
crime  capital  par  les  Ephores ,  il  fe 
réfugia  à  Tégée  dans  un  Temple  de 
MUurvc,  ou  il  mourut.  Archidamc^ 
fon  peût-fils  ,  lui  fuccéda. 

LEOVIGILDE,  VoyciUEWi- 

GILDE. 

LEO^nCZ,  (  Cyprlen  )  aftro^ 
nome  Bohémien ,  fe  mêla  de  faire 
des  prédirions  géologiques ,  qui 
ne  rcuflirent  qu'à  le  rendre  ridi- 
cule. Il  prédit,  en  1565  ,  comme  une 
chofe  aflurée ,  que  l'empereur  Ma- 
xlmliltn  feroit  monarque  de  toute 
J'Europe  pour  punir  la  tyrannie 
des  autres  princes ,  ce  qui  n'arriva 
point;  mais  il  ne  prédit  pas  ce  qui 
arriva  un  ans  après  fa  prophétie , 
9U£  le  Sultan  Solîmaa  II  prendroit 


L  E  P  249 

Sigedi  ,vla  plus  forte  place  de  Hon>< 
grie ,  à  la  vue  de  l'empereur  &  d«r 
l'armée  Impériale ,  fans  aucun  em* 
pechement.  Cet  extravagant  an- 
nonça la  fin  du  monde  poiu:  l'an 
15S4.  Cette  fameufe  alarme  porti 
le  peuple ,  craintif,  à  faire  des 
legs  aux  morwifteres  &  aux  églifes* 
Liowlci  eut ,  en  1569  ,une  confé- 
rence fur  l'aflronomie  avec  Tycho^ 
JSrahé,  qui  fit  un  voyage  exprès 
pour  le  voir.  Il  finit  fes  jours  i 
Lawingen  en  1 5  74.  On  a  de  lui  : 
I.  Une  Difcrlption  des  Eclipfes  « 
in-fol.  II.  Des  Ephémirides^  in-foU 
III,  PrédîEilons  depuis  1 564  lufqu'eA 
1607,  in-8^,  iç6ç.  IV.  Dejudiclts 
Natlmatum  ,  in-4°  -,  &  d'autres  ou- 
vrages en  latin.  Voyei-ea  la  lifte 
dans  T&ijjiir. 

LEPAUTRE,  Lepays  ,  &  autres,. 
Voyei  lettre  P. 

I.  LEPICIER,  (Bernard)  gra- 
veur ,  mort  à  Paris  en  Janvier  1755» 
âgé  d'environ  59  ans,  manioit  par-? 
faitement  le  burin.  Ses  gravure* 
font  d'un  beau  fini ,  &  traitées  avec 
beaucoup  de  foin  &  d'intelligfcnce. 
Il  a  gravé  des  Portraits  &  pliilieurs 
Sujets  ji^HîJîolrc  d'après  les  meil-y 
leurs  peintres  François.  Lcplder 
avoit  auiîi  du  talent  pour  les  lettres! 
Il  fut  nommé  fecrétaire  perpétuel 
&  hifioriographe  de  l'académie 
royaîe  de  peinture,  &  profeffeig: 
des  élevés  protégés  par  le  roi  pou» 
l'hiftoire  ,  la  feble  &  la  géographie^ 
On  a  de  cet  aimable  artifte  un  Ca- 
talûgue  ralfonné  des  Tableaux  du  Rot , 
avolumesin-4°  :  ouvrage  curieux 
&  inftruâif  pour  les  peintres  6c  les 
amateurs. 

ri.  LEPICIER,  (  N...  )  profeffeur 
de  l'académie  de  peinture  &  dç 
fculpmre  de  Paris  fa  patrie ,  naquk 
en  173 j  ,  &  mourut  en  1784,  9. 
49  ams.  Son. père  étoit  graveur: 
[  f^oy^i  l'article  précédent.  ]  Le  fil? 
ne  pouvant,  à  caufe  de  la  foir 
bleâe  de  fa  vue ,  cultiver  cet  art, 


^50         L  E  P 

<«  confatfa  entièrement  à  la  pôn- 
cnre  fous  les  yeux  du  célèbre  CarU 
V^oilùù^  Il  débuta  par  un  grand  ta* 
bleau  de  Guil/aume  le  Conquérant  ^ 
^'il  fit  pour  l'abbaye  de  Saint- 
Etienirê-de-Caen  ,  remarquable  par 
la  fécondité  &  la  hardieife  de  fon 
]»inceau.  Hiftoire,  portraits,  fcenes 
Êmiîlieres  &  domeftiques,  il  em- 
i>raffcr  pre(<|ue  tout.  Abondant  dans 
ics  comportions ,  il  brilla  particu- 
lièrement par  l'effet  &  le  fort  defîin , 
6c  copia  fidellement  la  nature  dans 
les  tableaux  où  il  put  la  confuU 
ter  de  plus  près.  La  Douant  ^  la 
HaUcy  le  Repos  d*m  Vieillard,  le 
BraconUry  feront  toujours  cités  avec 
«loge*  Le  fouvenir  de  fes  vertus 
foetales  ne  lé  confervera  pas  moins 
que  celui  de  fes  ouvrages.  Tout 
ce  qwt  intéreifoit  fes  parens ,  Îq% 
amis ,  fes  élevés  touchoit  fenfible- 
meiit  fon  cœur.  Infatigable  au  tra- 
vail, il  fe  livra  fouvent  à  une 
cpplicarion  exceffive  ,  pour  avoir 
le  moyen  de  multiplier  fes  dia- 
tirés. 

LEPIDUS ,  (  M,  jEndOus  )  d*une 
des  plus  anciennes  &  des  plus  ilîuf- 
très  familles  de  Rome,  parvint 
aux  premiers  emplois  de  la  répu- 
blique. Il  fut  grand-pontife ,  gêné- 
ral-mefbe  de  la  cavalerie,  &  ob- 
tînt deux  fois  le  confnlat  les  années 
46  &  41  avant  Jefus-Chrifl.  Pen- 
lîant  les  troubles  de  la  guerre  ci- 
^le ,  excitée  par  les  héritiers  &  les 
amis  de  JuUs-Céfar^  Lepldus  fe  mit 
a  la  tètQ  d'une  armée  &  fe  diflin- 
gua  p»*  fon  courage.  Marc-Antoine 
ic  Augufte  s'unirent  avec  lui.  Ils 
partagèrent  entre  eux  l'univers,  ic* 
piàus  eût  l'Afrique.  Ce  fot  alors  que 
ie  forma  cette  Ligue  funefle ,  appe- 
"îèe  Triumvirat.  Lepldus  fît  pé- 
rir tous  fes  ennemis,  &  livra  îba 
propre  frère  à  la  fureur  des  tyrans 
avec  lefqi^els  il  s'étoit  afTocié.  Il 
^ut  partenfuite  àlaviéh)irequ*^tt- 
tg^  remporta  fur  le  jeune  Pompée 


L  Ë  p 

en  Sîcife.  Comme  il  étolt  accôùnl 
du  fond  de  l'Afrique  pour  cette  ex- 
pédition, il  prétendit  en  recueillir 
feul  tout  le  fruit,  6c  ie  difpofa  à 
foutenir  fes  prétentions  par  les  ar- 
mes. Au^ufie  le  méprifoit,  parcp 
qu'il  favoit  qu'il  étoit  méprifé  de 
fes  troupes.  Il  ne  daigna  pas  tirer 
répée  contre  luL  II  pafTa  dans  fon 
camp,  lid  enleva  fon  armée,  le 
•delHtua  de  tous  fes  emplois ,  à  l'ex- 
ception de  celui  de  grand-poonfei, 
&  le  relégua  à  Circeïes ,  pedte  ville 
d'Italie,  l'an  36 avant Jefus-Chrifl.. 
11  y  mourut  obfcur  &  indifférente 
l'univers ,  dont  il  avoit  fixé  quel- 
que temps  les  regards;  moins  af- 
kOté,  dtt  rhiftoire,  de  la  mine  de 
fes  affaires ,  que  de  la  douleur  que 
lui  cauia  une  lettre  par  laquelle  it 
connut  que  ^  femme  avoit  violé 
la  fidélité  conjugale, .  [  Voye{  III, 
Julie,  à  la  fin.  }^L^ldus  étoit 
d'un  caraélere  à  pouvoir  fupporter 
l'exil.  Plus  ami  du  repos  qu'avidd 
de  puiiTance ,  il  n'eut  jamais  cette 
activité  opiniâtre ,  qui  peut  feule 
conduire  aux  gr,ands  fuccès  &  left 
foutenir.  Il  ne  fe  prêta  qu'avec  une 
forte  de  nonchalance  aux  drconf* 
tances  les  plus  favorables  à  fon 
agrai^difTement  ;  & ,  pour  noua 
fervir  des  expreffibns  de  Pateratkf 
\l  ne  mérita  point  les  carefîcs  dont 
la  fortune  le  combla  long-temps. 
Ce  n'ffl  pas  qu'il  n'eût  quelque 
talent  pour  la  guerre;  mais  il  n'eut 
ni  les  vertus  ni  les  vices  qui  rea-. 
dent  les  hommes  célèbres. 

LEPRINCE.  (N.  )  né  ci 
1735 ,  mort  en  1781  ,  étoit  un  ex- 
cellent peintre  de  Paris  &  u» 
mulîcien  très-agrcable.  Il  Jouoii 
fupérieurement  du  violon.  Des  tra- 
cafferies  de  famille  l'ayant  obligé 
de  quitter  la  capitale,  U  alla  s'em* 
barquer  en  Hollande  pour  Péters- 
bourg ,  où  il  avoit  deux  frères  éta- 
blis. Son  vaiffeau  fut  pris  par  uil 
corf^re  Anglois.  Les  vainqueuEt 


I  E  R 

île  livrèrent  au  plUage  &  fe  t»ara- 
geoient  déjà  les  effets  du  peintre- 
mufifien.  Alors  il  prend  fon  vio- 
lon &  ie  met  à  pélùder  avec  beau- 
coup de  ûing-ftoid.  Les  corfaires 
étonnés  de  fon  flegme ,  fufpendent 
lejpillage,  écoutent  le  nouvel  Jnon^ 
•&  lui  roident  tout  ce  qu'ils  lui 
avoientpris. 

LEQUESNE  &  autres ,  Voyeif^  à 
Mettre  Q. 

LERAC,  Voyci  Carei. 

LERAMBëRT,  (Louis)  fculp- 
tcor,  natif  de  Paris,  reçu  à  l'aca- 
démie de  peinture  &  de  Sculpture 
en  1663  ,  s'eft  acquis  un  grand 
nom  par  (es  ouvrages.  Ceux  qu'on 
voit  de  lui  dans  le  parc  de  Ver- 
failles  ,  font  :  Le  groupe  d'une  ^«e- 
ekûnu  avec  im  Enfant  qui  joue  des 
caftagnettes  ,  deux  Satyres ,  une 
Vanjeufe ,  des  Enfans  &  des  Sphynx. 
Il  mourut  à  Paris  en  1670,  à  56 
ans. 

LERI ,  (  Jean  de  )  mlnifire  Pro- 
teftant,  né  à  la  Margelle,  village 
^e  Bourgogne  ,  fit  en  1556  le 
voyage  du  Bréfil  avec  deux  mi- 
niftrcs  &  quelques  autres  Protef- 
tans,  que  Chsrits  D^and  41  ViUc" 
Ppton  ,  chevalier  de  Malte  ,  et 
^c&4imiral  de  Bretagne ,  avoit  ap- 
pelés jpour  y  former  une  colonie 
<te  Réformés  fous  la  proteâioik 
<te  l'amiral  de  Coltpiy.  Cet  établif- 
fcment  n'ayant  pas  réufli ,  Un  re- 
vint en  France.  Il  eâ^ya  dans  fon 
retour  tous  les  dangers  du  nau- 
frage &  toutes  les  horreurs  de  la 
feirane.  Jl  fe  vit  rédui|  avec  £es 
compagnons  à  manger  les  rats  & 
les  fouris ,  &  jufqu'aux  cuirs  des 
nelles.  On  a  de  lui  une  Relation 
de  ce  voyage,  imprimé  in-S**  en 
I57S,  &plufieursfois  depuis.  Elle 
cft  louée  par  de  Thou.  LéH  fe  trouva 
dans  Sancerre ,  lorfque  c^fte  ville 
fat  afficgée  par  l'armée  Catholique 
^  '573  »  &  il  publia  l'année  fui- 
e,  in-8^y  un  Journal  curieux 


L  E  R         ijt 

de  ce  fiegc  &  de  la  crndlefirame 
que   les  afBégés  y  endurèrent.  Il 
mourut  à  Berne  en  161 1 ,  < 
les  regrets  de  tous  ceux  ^l'a 
connu. 
LERIGET,  FoyqFATB.  »••  n 

LERME,  (FrançoisdeRoxasrfé 
Sandoval ,  duc  l>s  )  pMoiitr  nâ-* 
niftre  de  PhU'^pe  III  ^  roi  é'Efyagoe^ 
fat  le  plus  chéri  de  lès  ÊnrorisL  H 
étoit  d'un  cataôere  pfattSc  iodolerit 
que  pacifique  :  aiifll  fehâta-t-3  de 
conclure  une  trêve  avec  les  Pr>« 
vinces-Unies.  Ufcmbleqa'iiiigoiH 
vememem  ami  de  la  paix  «  ùbs 
tributs,  fans  impôts  o<Keux,  antoît 
dû  le  faire  aimer  des  peonles  ;  maâg 
le  maître  étok  foible ,  fivré  à  Ssà 
favoris  -,  &  le  nnuiâre  étant  égale* 
ment  incapable  ,  égalemenc  goa« 
vemé  par  des  commis  iolôteiis  et 
avides ,  il  do^ntl'obîec  dellioncnè 
&  du  mépris.  Les  moyens  de  le  dé^ 
crier  manquèrent-,  on  eut  rec«nas 
à  la  caloitinie.  IL  fiit  accnlë  d'awir 
fait  empoifbnncr  ta  reine  M^pieMi 
par  Rodrigue  Caùteron  ,  faoréatnreft 
fon  confident  intime.  Quelque  élof^ 
gnée  que  fût  cette  aàion  de  foil 
cara£^ere  •  le  roi  ne  put  temr  ooH'i 
tre  la  haine  des  courtîiàns.  H  fuè 
difgracîé  en  i6t8.  Il  étoit  entré 
dans  rétat  eccléfialtique  après  Is 
mort  de  fa  femme  ;  &  Paul  V  vou-i 
lant  établir  l'Inquifition  dans  léf 
royaume  de  Naples ,  &  chercbané 
à  rendre  le  minière  É^agnol  fihro- 
rable  à  te  defTein^  Tavoit  honoré 
de  la  pourpre ,  &  Tavoît  employé 
pour  concilier  les  deiix  partis,  achar-» 
nés  l'un  contre  l'autre,  desJéiîii- 
tes  &  des  Dominicains  »  au  fu}et  de 
l'opinion  de  MoSna,  Le  roi ,  par  res- 
pect pour  fa  dignité^  ne  voulut  point 
<fii'on  approfondît  les  accu&tions 
formées  contre  lui.  Cependant  fois 
fîdelle  agent ,  Ca/deron  ,  qu'il  avoît' 
élevé  de  la  pouffiere  à  des  dignités 
&  à  des  titres  diilingués  ^  étant  a««' 


içt         L  E  R 

cufé  it  plufieurs  crimes  &  malver^ 
iations  ,  eut  la  tète  tranchée  en 
1611.  Le  cardinal  deLtrme  mourot 
quatre  ans  après  ,  en  1615 ,  dé* 
pouillé  de  la  plus  grande  partie  de 
its  biens  ,  par  Phlâppc  IK  [  Voye^ 
NiDH ARD.  ]  Le  duc  ^V'slàa. ,  fon 
fils ,  s'étoit  montré  fon  plus  cruel 
ennemi ,  &  lui  avoit  fuccédé  dans 
le  miniftere;  mais  fa  Êiveur  finit 
avec  PhlUpptin^  en  1621.  Le  car- 
dinal de  Umu  étoit  trois  fois  Grand 
d'Efpagne ,  par  fon  duché ,  par  fon 
marqmiat  de  Dénia ,  &  par  le  comté 
de  Santa -Gadea.  11  avoit  époufé 
WéliclU  Hcnrîquei  de  Cabrera  ,  fille  de 
l'amirante  de  CafHUe ,  dont  il  eut , 
outre  le  duc  à^U^éda ,  une  fille , 
(  Mar'u  '  Anru  de  Sandçval  )  ,  qui 
porta  les  biens  &  les  grandefîes 
de  fa  maifon ,-  ainii  que  la  charge 
4e  grand-fi^néchal  de  Cafiille,  dans 
la  maifon  de  Cirdonne  par  fon  ma- 
riage avec  Louis-Raim.  Flock^  duc 
de  Cardonm. 

LERNUnUS ,  (  Jean  )  pocte ,  né 
à  Bruges  en  1545  ,  après  avoir 
achevé  fes  études ,  voulut  connoitre 
les  principales  untverlités  de  France, 
d'Italie  &  d'Allemagne  *,  il  entreprit 
ce  voyage  avec  Jufie-JJpfc  De  re- 
tour dans  fon  pays  ,  malgré  les 
embarras  de  quelques  charges  dont 
il  y  fut  honoré ,  il  n'abandonna 
point  les  mufes  dont  il  faifoit  îç& 
délices.  Il  mourut  le  19  Septembre 
16 1 9,  On  a  recueilli  fes  poéfies  fouâi 
ce  dtre  :  Janl  Ltmutii  Bafia  ,  OccUi , 
&  alla  poïmata ,  Leyde ,  Elzevir  , 
l6i2<  Elles  lui  aOfurent  un  rang 
parmi  les  poètes  latins  modernes. 

LEROUX ,  Leroy  ,  Voy.  Roux 
&  Roy. 

LÉRUELZ,  r<>y«îLAiRUELs.' 

LESBONAX,  phUofophe  de 
Mitylene  au  premier  fiecle  de  l'Ere 
Chsétienne ,  enfeignaia  philofophiè 
dans  cette  ville  avec'  beaucoup 
d  applaudiffement.  Il  avoit  été  dif- 
Qple  4ç  TUnçirau  j  m^is  il  corrigea 


LES 

ce  qa*îl  pouvoit  y  avoir  de  trop  ' 
aufiere  dans  les  moeurs  &  dtas  les 
leçons  de  fon  maître.  Sa  patrie  isx 
tant  de  cas  de  lui ,  qu'elle  fit  frap- 
per fous  fon  nom  une  médaille ,  qui 
avoit  échappé  jufqu'à  nos  jours  aui 
recherches  des  andquaires.  Cary  « 
membre  de  l'académie  deMarfeille  « 
ayant  eu  le  bonheur  de  la  recou? 
vrer ,  la  fit  connoitre  dans  une  Dif« 
fertation  curieufe ,  publiée  en  1744; 
in-ii,  à  Paris ,  chez  Barols.  Luhoiuae 
avoit  mis  au  jour  plufieurs  ouvra- 
ges *,  mais  ils  ne  font  pas  parvenus 
jufqu'à  nous.  On  lui  attribue  néan* 
moins  :  I.  Deux  Harangues^  que 
nous  avons  dans  le  Recueil  des 
Anciens  Orateurs  d'Aide^  1613,  3  tom. 
in-foU  II.  De  fyuris  Grammaâcis  ^ 
avec  Àmmonius ,  Leyde  >  1739  * 
deux  parues  in-4**.  Potamon ,  fon 
fils ,  hit  un  des  plus  grands  orateurs 
de  Mytilene. 

I.  LESCAILLE,  (  Jacques)po<b 
&  imprimeur  Hollandois ,  nanl  de 
Genève ,  fit  des  vers  heureux ,  & 
donna  des  édifions  très  -  nettes  & 
très  -  exa£ies.  L'empereur  LéopoU 
l'honora ,  en  1663 ,  de  la  couronne 
poéûque.  Utnourut  en  1677  »  H^ 
de  67  ans. 

.  IL  LESCAILLE  ,  (Cadierine) 
furnommée  la  Sapho  UoUandoifc  & 
la  Dixième  Mufe  ,  étoit  fille  do  pré? 
cèdent.  Ellefurpafia  fon  père  dans 
l'art  des  .vers.  Le  libraire  Ranck^îoBL 
beau-firere ,  recueillit  fes  Poifies  en 
1728.  On  trouve  dans  cette  col- 
lection plufieurs.  Tragédies  »  dont 
voici  les ,  titres  :  Ariadnt  ;  Cajfan*- 
dre  i  Hérode  &  Mariamne  ;  Genfertc; 
Nlçomede;  B^>'CuU  ^  Déj^nire  ;  Wt»* 
cûflas  „  &c.  Oh  ne  doit  pas  les  fugcr 
à  la  rigueur.  Les  règles  y  font  fou- 
vent  violées  •)  mais  on  y  perçoit 
de  temps  en  temps  des  cdncêlles  de 
génie.  Cette  fille illufire mourûtes 
171 1 ,  àôxans. 

LESCALOPIER  de  Nou*a», 
(Charités- ArnuAd)  paître  d«$  x^ 


LES 

i|uètes ,  né  a  Paris  le  24  Juillet 

1709 ,  mort  le  7  Mars  1779  ,  dans 

fil  70'  année ,  cultiva  la  littérature 

iufqu  a  la  An  de  fes  jours.   Nous 

avons  de  lui  :  I.  VAmîme  du  Taffe , 

traduite  en  François ,  1735  «  in-ii. 

II.   Traké  du  PouvUr  du  Magîjirat 

foUtiquc  fur  les  chofts  facrit*  ,  traduit 

duladnde  Grotîusy  1751*  in-ii. 

\      III.  htftolrc  des  CapUuluires  des  Rois 

Franfois^  traduites  de  Baluze,  175  5 , 

!      in-lZ.  IV«    Traité  du   Gouvernement 

qti  de  la  République  de  Bodin ,  I756  , 

[     in- 12,  V.  Les  Ecucils  du  Sentiment , 

i      1756,  in -12.  VI.  Lt  Minijiere  du 

[     Négociateur  y  1763  ,  in-8^, 

LESCARBOL,  (Marc)  avocat 
f  au  parlement  de  Paris  ,  natif  de 
I  Vervins,  alla  dans  la  Nouvelle- 
I  France  ou  Canada ,  &  y  fé)Ourna 
I  quelque  temps.  A  Ton  retour ,  il  pu- 
I  blia  une  Hijhire  de^  cette  vafte  par- 
tie de  l'Amérique ,  dont  la  meilleure 
édition  eft  celle  de  Paris ,  en  1612 , 
in-S*».  Cette  hifloire  ctoit  affez 
bonne  pour  fon  temps  ;  mais  celles 
qu'on  a  eues  depuis  lui ,  l'ont 
entièrement  £ait  oublier.  L^carhot 
âffloit  à  voyager  *,  il  fuivit  en  Suiflie 
l'anbaiTadeur  de  France ,  &  il  pu- 
blia le  Tableau  des  Trei\e  Cantons , 
en  1618 ,  in-4** ,  en  vers  fort  plats 
&  fort  ennuyeux. 

LESCHASSIER,  (  Jacques)  avo- 
catfic  fubftitut  du  procureur-général  * 
au  parlement  de  Paris  4  fa  patrie , 
né  en  i^  50,  eut  des  conuniilions  im- 
portantes y  &  lia  amitié  avec  Pibrac , 
Pithouy  Loifely  &  d'autres  favans 
hommes  de  fon  fiede.  Pendant  les 
tireurs  de  la  Ligue  ,  il  fortit  de 
Paris  pour  fuivre  fon  roi  légitime 
VtmîlVy  qui  aima  en  lui  un  fujet 
iîdelle&un  magiflrateftimable.  La 
plus  ample  édition  de  fes  Œuvres, 
cft  celle  de  Paris ,  «n  165  2  ,  in-4®. 
On  y  trouve  des  chofes  curieufes 
&  intéreffantes ,  fur  différentes  ma- 
nières de  droit  nawrél  &  civil ,  & 
itlênufurdesfuietsd'éruditicu.  Son 


t  E  S         155 

petir  Trahi  de  la  liberté  ancienne  & 
canonique  de  PEgUfe  Gullicane ,  auffi 
précis  que  folide ,  jette  un  grand 
jour  fur  notre  Hifioire.  Sa  Con/ul" 
tation  d'un  Parlfien  en  faveur  de  la 
république  de  Venife ,  lors  de  fes 
différens  avec  le  pape  Paul  T,  1606  ^ 
in-4° ,  lui  valut  une  chaîne  d'or 
d'un  grand  prix.  On  voit  dans  tous 
fes  écrits  un  jurifconfulte  profond 
&  lumineux  :  c'efl  à  lui  qu'on  doit 
l'abrogation  de  la  claufe  delà  renon^ 
dation  au  Vclléim,  Il  mourut  à  Paris, 
le  28  Avril  1625  ,  à  75  ans. 

LESCOT ,  (  Pierre  de  )  feigneur 
de  Clagny  &  de  Clermont ,  d'une 
famille  diilinguée  dans  la  robe,  étoit 
confeiller  au  parlement  &  chanoine 
de  Paris.  On  Tappeloit  commu- 
nément VAbbé  de  Clagny  ,  &  non  de 
Clugny  ,  comme  le  dit  Ladvocat^ 
H  fe  rendit  célèbre  dans  1  architec- 
ture ,  qu'il  cultiva  fous  les  règnes 
de  François  /  &  de  Henri  IL  C'efk 
à  lui  qu'on  attribue  rardûteé^ure 
de  la  Fontaine  des  Saints  Innoccns , 
rue  Saint-Denys  »  admirée  des  con-* 
noifTeurs  pour  fa  belle  forme ,  fon 
élégante  fimplicité  ,  fes  ornemens 
fages  Ôc  délicats ,  ôc  fes  bas-relie£s  » 
dont  le  fameux  Goujon  a  été  le  fculp- 
teur.  L'un  &  l'autre  ont  auffî  tra- 
vaillé de  concert  au  Louvre.  Il 
mourut  à  Paris  ,  à  68  ans. 

LESCUN,  r<>yqFoix,  (Tho« 
mas  DE  )  n^  iv. 

/.  LESDIGUIERES  ,  (François 
de  Bonne ,  duc  de  )  né  à  Saint-Bon- 
net de  Champfaur  ,  dans  le  Haut- 
Dauphiné ,  le  1*^'  Avril  1543,  d'une 
Êunille  ancienne,  porta  les  armes 
de  fort  bonne  heure,  &  avec  beau- 
coup de  valeur.  Ses  grandes  qua- 
lités pour  la  guerre  le  firent  choifir 
par  les  Calviniftes ,  après  la  mort 
de  Montbrun ,  pour  être  leur  chef. 
il  fit  triompher  leur  parti  dans  le 
Dauphiné ,  &  conquit  pluiieurs  pla- 
ces. 11  remporta,  en  1568  ,  une 
yi^oif  e  complète  fur  de  Vins ,  geog) 


M4 


LES 

rCxkolique  de  Provence , 
&éaifk«lu  champ  >  de -bataille  à 
£i  fionae  ce  bilkt  digne  .d  un  Spar» 
tizie  :  Mm  wêù  ,  j*a/nval  hkr  îd  :  j'en 
ftart  s^Mm^huî.  Les  Pruvâiçaux /ont 
éifmts^  Mim^.  En  I  j  90 ,  Grenoble 
cnigaMKavecraîfon  d'être  aifiégé  & 
pas  "pm  hfSpkru.  Le  parlement 
lûcan>3^  un  gentilhomme  du  pays, 
wiÊÊmmi  tÊoHUn ,  pour  traiter  avec 
UL  Ccioît  im  ligueur  pafHonné , 
qiâ  onftcpadlà  û  miffîon  ;  &  qui  , 
au  Ken  de  parler  avec  modération , 
aVnqplayaqiiedes  expreffions  iieres 
ft  menaçâmes.  Lt/élg^tltres  ^  qui  avoit 
lalemeté  qœ  le  grand  courage  inf- 
pîie,  le  contenta  de  lui  répondre 
Iboriant  :  Qug  ditiei^vous  donc  y 
r,  fi  rtmstinùi  comme  mol  la 
,  Hmmri  ly  ^  qui  falfoit 
cas  de  lui  ,  loriqu'il 
fi*écoit  encore  que  roi  de  Navarre , 
Ifeddotma  toute  fa  confiance  ,  lorf- 
^11  fin  monté  fax  le  trône  de  Fran- 
te.  n  le  fitlîcutenant'^énérsd  defes 
années  de  Piémont ,  de  Savoie  &  de 
Dauphîné.  Lefdîgukres  remporta  de 
grands  avantages  fur  le  duc  de  Sa- 
voie, qH*il  à&t  au  combat  d'Efpar- 
von  cB  1^91 ,  de  Vigort  en  1592 , 
et  Grefilane  en  i  j  97.  Le  Duc  conf- 
tnnfit  un  fort  conûdérable  à  Bar- 
beaux, furies  terres  de  France,  à 
la  vue  de  Tarmée  Françoife.  Lefdi" 
gaUres  fut  prefque  unanimement 
blâmé  dans  fon  camp ,  de  fouffrir 
Une  telle  audace.  La  cour  qui 
adopte  cette  Êiçon  de  penfcr ,  lui 
jca  £ût  un  crime.  Fotrt  Majefîé  , 
lépondit  firoidement  au  roi  ce  grand 
capitaine,  a  hefoin  d'une  bonne for^- 
tereffe  pour  tenir  en  brîde  celle  de  Mont- 
meRan.  Fulfquc  U  Duc  de  Savoie  en 
•peut  faire  U  dépenfe  ,  U  faut  lelaîffer 
faire  -,  dès  que  la  place  fera  fuffifam- 
ment  pourvue  de  canons  &  de  muni- 
dons  ,  je  me  charge  de  la  prendre 

Henri  fentit  toute  la  juttelTe  de  fcs 
vues.  Lefdîguleres  tint  fes  promeffes , 
fc  conquit  h  Savoie  entiers,  Ses 


LES 

fervîccs  lui  méritèrent  le  bâtoa  d« 
maréchal  de  France  en  160S.  Sa 
terre  de  Lefdiguicres  fiit  érigée  en 
duché-pairie.  Quelque  temps  après 
la  mort  de  Henri  /^,  il  fervituri- 
lemem  Louis  XUL  En  i6ao ,  les 
Cahriniftes  lui  offrirent  le  corn* 
mandement  de  leurs  troupes  avee 
cent  mille  écus  par  mois  ;  mais  il 
conferva  un  attachement  inébran- 
lable au  parti  de  fon  roi ,  qui  le 
fit  généraliffime  de  fes  armées.  U 
ailiégea  en  1621  Saint-Jean-d'An- 
géli  &  Momauban.  Ce  grand  gé- 
néral s'y  expofa  en  ibldat.  Ses  aniis 
le  blâmant  de  cette  témérité  :  //  y 
a  foixanu  ans ,  leur  dit-il ,  <pie  Us 
moufquetades  &  moi  nous  nous  coH" 
noiffons.  L'année  d'après  il  abjura 
le  Calvinifme  à  Grenoble,  &  reçut 
à  la  fin  de  la  cérémonie  les  leores 
de  connétable  ,  pour  avoir  unqourt 
été  vainqueur  ,  &  t^ avoir  jamais  été 
vaincu.  En  1615  ,  il  prit  quelquies 
places  fur  les  Génois  -,  il  fe  iignala 
à  la  bataille  de  Beftagne ,  &  fit  lever 
le  fiege  de  Verue  aux  Efpagnols. 
Les  Huguenots  du  Vivaraîs  avoient 
profité  de  fon  abfence  poiir  pren- 
dre les  armes-,  htfHpàeres  parut, 
&  ils  tremblèrent.  Ayant  mis  le 
fiege  devant  Valence ,  il  fut  attaque 
d'une  maladie  dont  il  mourut  ,  le 
2S  Septembre  1626 ,  à  84  ans. 
Ce  héros  étoit  auffi  eftimable  par 
l'adivité  V  la  fermeté  &  le  courage , 
que  par  les  qualités  du  coeur ,  l'hu- 
manité &  la  clémence.  GéUaam 
Avanfon  ,  archevêque  d'Embrun  , 
féroce  par  une  religion  mal -en- 
tendue ,  corrompit  le  domeftique  de 
confiance  de  Lefdiguieres ,  alors  dief 
du  parti  Calvinifte  ,  &  le  déter- 
mina à  aiîafliner  fon  maître.  Plaulf 
(c'étoit  le  nom  de  ce  domeftique,  ) 
en  trouva  plufieurs  fois  l'occîtifion, 
fans  ofer  la  faifir.  Lefdiguieres  zvcm 
du  complot  ,  vit  fon  domeftique 
&  lui  ordonna  de  s'armer  ;  il 
»'afma  à  fon  tour  ;  Pulf^uc  tu  »' 


1  E  s       , 

^om$  de  me  tuer  y  dit-il  4  ee  mal- 
heureux ;  effaye  maintenant  de  le  faire  ; 
te  perds  pas  par  ime  Uchetfi  la  réptt^ 
tadon  de, valeur  que  tu  t*e$  acquife,*,* 
Platel^  confondu  de  tant  de  ma- 
pianimité,  fe  j«xe  aux  pieds  de 
fon  tnaître  ,  ^  qui  lui  pardonne  & 
continue  de  s'en  (ervir.  On  le 
blâma  de  cette  conduite ,  &  il  £e 
contenta  de  répondre  :  Ptùfque  u 
vola  a  été  retermpar  Vhorreur  du  aime  » 
U  U  fera  encore  plus  par  la  grandeur 
du  bienfait.  Sa  réputation  étoit  fi 
grande  ea  Europe  y  que  la  reine 
LUiabetk  difoit  y  que  s*U  y  avoit 
deux  Lefdiguieres  en  ÏÏranu  y  elle  en 
demanderoit  un  à  Henri  IV,  Les  lec- 
teurs qui  voudront  connoître  plus 
particulièrement  ce  grand4iomme , 
Cuvent  confulter  ià  Vie  par  Loms 
Viddy  fon  iecrétake ,  in-fol.  1638, 
Cet  ouvrage  curieux  &  iméreilant, 
quoique  écrit  d'une  manière  am- 
poulée ,  nous  a  fourni  les  parti*» 
cularités  dont  nous  avons  orné  cet 
article.  L'auteur  ne  dii&mule  point 
les  vices  de  f on  héros  y  comme  fbn 
avidité  pour  les  ncheiTes  y  fes  dé- 
bauches publiques  avec  la  femme 
d'un  marchand  y  les  mariages  incef- 
tueux  qu'il  fit  faire  dans  fa  famille 
pour  y  conferver  fes  terres,  &c.  &c. 
//.  LESDIGUIERES  »  Voy.  Cré- 
4iUI»tt**   I. 

1.  LëSLëY  ,  {on  prononce  Lélie^ 
^JUtm  y  (  Jean  )  évêque  de  Ro£s 
en  Ëcoffe  y  fut  ambailadêur  en  1 5  71  « 
de  la  reine  Marie  Satan  y  à  la  cour 
d'Angleterre ,  &y  foufïrit  de.  gran- 
des perfecutions.  U  rendit  dçs  fer- 
vices  importans  à  cette  princeiTe  , 
\  &  négocia  pour  fa  liberté  à  Rome , 
I  à  Vienne  &  dans  plufieurs  autres 
cours.  U  mourut  à  Bruxelles  en 
I  1591.  On  a  de  lui  une  Hifloire 
d'Èeoffe  en  latin  ,  fous  ce  titre  : 
l^e  Cligne  ,  morihus,  &  rcbus  ffftis 
Scotorum,  â  Rome,  1578  ,  a  vol. 
in-4**  ;  &  quelques  Ecrits  en  feveur 
^  drQ.i)  de  la  r^oo  Maiû  &  def»a 


LES         î5^ 

fils  i  la  couronne  d'Angleterre. 
Les  Proteflans  ont  accufé  fon  Hif- 
toire  de  partialité ,  mais  les  par-» 
dfans  des  Stuaru  la  trouvent  très-» 
fidelle. 

IL  LESLEY ,  (  Charles  )  LÉtiE  ; 
évéque  de  Carlide ,  mort  en  1721 , 
fut  tout  à  la  fois  zélé  défenfeurdu 
Chrifiianiûne  ,  &  zélé  partifan  dt 
la  maifon  de  Stuan,  Il  eft  auteur 
de  plufieurs  Traités  efiimés  des  An* 
glicans.  L  Méthode  court*  &  facile 
contre  Us  Déifies  ,  in-S^  ,  traduisQ 
en  latin.,  in-4^.  li.  Méthode  comte 
&  facile  contre  les  Juifs  ;  plus  éten- 
due que  la  précédente  ,  •&  tirée 
en  panie  de  l'ouvrage  de  Umborch  ^ 
intitulé  :  Arnica  coUatio  cwn  erudito 
JiM^tco  [Voyez LiMBORCH.]  III.  Dé^ 
fcnfe  de  la  Méthode  contre  les 
l>éiftes.  IV.  Lettre  fur  le  Dieu  des 
Siamois ,  SontmonochoAom,  V.  Lettre 
k  un  Déifie  converti.  VL  La  Vé* 
rite  du  Chrif&anîfme  démontrée  ,  dia« 
logue  entre  un  Qirétien  &  t» 
Déifte,  in-4®.  VIL  Dijfertationfur 
U  Jugement  particulier ,  &  fur  Vaueo^ 
lité  en  matière  de  fui.  Tous  ces  écrits  , 
excepté  le  6^ ,  traduits  de  Tangloi^ 
en  françois  ,  par  le  P.  Houbigant  de 
rOratoire  y  ont  paru  à  Paris ,  Tan 
Ï770 ,  çnmx  voL  in-8°, 

LESMAN ,  (  Gafpard  >  habile 
graveur  en  pierres  fines ,  vivoit  gf 
la  fin  du  XVI*  fiecle  fous  Tem- 
pereur  Rodolphe  U  ,  dont  il  étoit 
valet-dc-chambrc.  On  lui  doit  la 
découverte  d'un  nouveau  genre 
d'opérer, au  moyen  duquel  lama-, 
tiere  fe  trouve  fufceptible  d'une  in- 
finité de  travaux  qu'on  n'auroit 
ofé  tenter  auparavant.  Ceft  à  cette 

Etatique  ,  confervée  dans  les  fa- 
riques  de  Bohême ,  qu'on  doit  ce» 
ouvrages  de  verre  ,  dont  la  déli- 
catefiê  &  le  grand  fini  étonnent, 
même  les  connoifieurs. 

LESPARRE ,  Foy.  Foix ,  n*»  nu 
LfiSPlNfi ,.  V^i^y.  Grawîv  ix.LE^ 


1^6         LES 

LESSEVILLE  ,  (  Euftache  Le 
Qerc  DE  )  de  Paris ,  d'une  famille 
noble ,  fe  iignala  tellement  dans  Tes 
études ,  qu'il  fut  re£^eur  de  l'uni- 
verfité  de  cette  ville  avant  l'âge 
de  lo  ans.  Il  devint  docteur  de  la 
maifon  &  fociété  de  Sorbonne  » 
lun  des  aumôniers  ordinaires  du 
roi  Louis  XIII  y  confciller  au  par- 
lement ,  &  enfin  évdque  de  Cou- 
tances.  Il  s'acquit  l'ellime  &  l'a- 
mitié de  fes  diocéfains ,  &  fiit  l'ar- 
bitre des  affaires  les  plus  impor- 
tantes de  la  province.  Une  coû- 
noiilance  profonde  de  la  théologie 
&  de  la  jurirprudence,  le  rendit  par- 
ticulièrement recommandable.  Cet 
iJluûre  prélat  mourut  à  Paris  le  4  Dé- 
cembre 1665,  pendant  l'aflemblée.'du 
clergé  >  à  laquelle  il  étoit  député. 
C'eft  lui  qui  le  premier  fit  aller 
l'univerlité  en  carroffe,  au  lieu  qu'au- 
paravant elle  n'alloit  qu'à  pied  , 
quand  elle  étoit  obligée  de  mar- 
dber  en  corps. 

LESSIUS,  (Léonard)  né  à 
Brechtan,  village  près  d'Anverj, 
en  1554,  prit  l'habit  deJéfaiteen 
t^J^y  &  profefla  avec  diilinâion 
la  philofophie  à  Douai ,  &  la  théo- 
logie à  Louvain.  La  doârine  de 
5.  Thomas  fur  la  Grâce  a^it  été  re- 
commandée par  5.  Ignace  «es  enfansj 
tejpus  ne  la  goûtoit  pas ,  &  mal- 
gré les  coafeils  de  Ton  fondateur , 
il  fît  foutenir ,  de  concert  avec 
ffjméllus  fon  confrère,  en  1586, 
des  Thefcs  qui  étoient  entièrement 
oppofées  aux  fentimens  de  TAnge 
de  l'Ecole.  La  faculté  de  .théologie 
de  Louvain  alarmée  cenfiira  34 
Propofitlons  tirées  des  Thefes  de 
Lejfius,  Elle  crut  voir  que  le  Jéfuite , 
en  combattant  le  Baianifmc ,  s'étoit 
jeté  dans  le  Scmi-  Fèlaglahifme.  L'uni- 
verlité de  Douai  fe  joignit  à  celle 
de  Louvain  -,  &  une  partie  des  Pays- 
Baj  s'éleva  contre  la  nouvelle  doc- 
trine. Cette  difpute  fut  portée  à 
Borne  fous  Sixu  Y  qui  ne  trouva 


LES 

pas  les  propofitions  de  Ltffias  dSgnef 
^  cenfure.  Ce  Jéfuite  fit  déclarer 
pour  lui  les  univcrfités  de  Mayence, 
de  Trêves  &  d'Ingolftadf,  &  mouniir 
à  Louvain  le  i  y  janvier  1623  , 
à  69  ans  ,  regardé  dans  fa  com- 
pagnie comme  le  vainqueur  des 
Thoirfftes.  On  a  prétendu  que  U% 
confrères  firent  enchâfTer  dans  ua 
reliquaire  le  doigt  avec  lequel  il 
avoit  èerit  fes  ouvrages  fur  la  Graçe. 
On  ajoute  même  qu'ils  voulurent 
s'en  fervir  pour  chaffer  le  Diable 
du  corps  d'une  pofTédée  *,  &  que 
ce  doigt ,  qui  avoit  (ait  trembler 
les  Jacobins,  ne  put  rien  fur  les 
Démons.  •  Nous  ne  favons  pas  fî 
htffms  fit  des  miracles  -,  mais  il 
méritoit  d'en  £iire  par  fa  piété  & 
fes  vertus  qui  égalèrent  fes  lumiè- 
res. Ce  Jéfuite  favoit  la  théologie, 
le  droit  ,  les  mathématiques  ,  la 
médecine  &  l'hiftoire  :  fes  ouvrages 
en  font  un  témoignage.  Les  prin* 
cipaux  font  ;  I.  Dt  Ju/Bùa  5» 
Jure  ,  Ubrl  iv  ,  in-folio  \  ouvrage 
profcrit  par  les  parlemens  à  caufe  de 
quelques  propoMons  qui  choquent 
les  idées  reçues  en  France.  II.  Dt 
pbttflaufummi  Pontifias ,  condamné 
comme  le  précédent ,  quoique  bien 
écrit ,  parce  qu'il  pouffe  trop  loin 
1  autorité  du  pontife  fur  les  puif- 
fances  temporelles.  L'auteur  £iit  du 
pape  le  roi  des  rois,  qu'il  peut, 
dit-il ,  dépofer  à  fon  gré.  III.  Plu- 
fleurs  Traités  ,  recueillis  en  deux 
vol.  in-£ol.  écrits  avec  clarté  &  élé- 
gance. L'abbé  Maupenuy  a  traduit  ce- 
lui/ur  le  choix  d'une  Rdi^n.»^  [  y<tye{ 
CoRM  ARo.]  Il  av4>it  adopté  les  prin- 
cipes de  ce  noble  Vénitien ,  fur  la 
fobriété;  &  ilcompofaun  ouvrage 
dans  lequel  il  prouve  tous  lesavan* 
tages  de  la  vie  fohre.  Ce  livre  pa- 
rut à  Anvers  en  1 563 ,  fous  ce  titter 
Hygiafiiccn  ,  feu  Vera.  ratio  ydt- 
tuàlnis  houA  vita  ,.  unà  atm  fin* 
futwi ,  ^  judlcll  &  mtmoriix.  intcgà" 
tat^  ad  extrméun  femâuum.  tonfa^ 
vanddi 


LES 

imiâ;  avec  le  traité  de  Vms  Cor-- 
non  fur  la  même  matière ,  traduit 
de  l'italien  par  Lzjjius  :  Cambri(ige , 
1634 ,  in-8''.  Ces  deux  Traités  Ont 
été  traduits  en  François  par  Sébaftun 
Hardi ,  Paris ,  1646  ,  &  enrichis  de*" 
notes  par  de  la  Bonn*àxtrt ,  Paris , 
1701.  La  vie  .de  Itffius  parut  en 
ladn ,  Paris ,  1644 ,  in-12. 

LESTANG  ,  (  François  6-  Chrif- 
tophe  DE  )  deux  frères  ,  dont  le 
premier  fiit  préfidcnt-à-mortier  au 
parlement  de  Touloufe-,  &le  fécond 
évêque  de  Lodeve  ,  puis  d'Alet 
&  de  Carcaffbnne.  Ils  furent  l'un  & 
l'autre  entraînés  dans  les  fureurs 
de  la  Ligue  ;  mais  lorfque  la  paix 
eut  été  rendue  à  la  France ,  ils  fer- 
virent  utilement  Henri  IV  &  Luuis 
IlIL  François  mourut  le  9  Décem- 
bre 16 17  ,  à  79  ans  ,  laiiTant  quel- 
<[ue$  ouvrages  de  piété  &  de 
littérature ,  rongés  des  vers  -,  &  Chrif- 
tofht,  en  1621.  Celui-ci  avoit  été 
pourvu  de  la  commiffion  peu  épif- 
copale  de  direâeur  des  finances. 
On  dit  qu'il  voulut  mourir  debout , 
en  s'appliquant  ces  paroles  figure  es 
de  l'empereur  Vcfpafiin  :  Dec  et 
Imperatorem  stantem  morj. 
Il  fubftitua  le  mot  d'Eplfcopum  à 
celui  d'imperjtorem,,,  Foy.  II.  Ma- 

i      &OLES  à  la  fin. 

LESION AC ,  (  Jeanne  de  )  fon- 

!  datrice  de  l'ordre  des  Relî^eufa 
Bénédictines  de  la  Compagnie  de 
Notre-^Dume ,  naquit  à  Bordeaux  en 
1556.  Elle  étoit  fille  de  Richard  de 
Lefionac  ,  confeiller  au  parlement 
de  cette  ville ,  &  nièce  du  célèbre 
Michel  de  Montaigne.  Après  la  mort 
de  Gafton  de  Montferrand,  fon  mari, 
dont  elle  eue  7  eofans ,  elle  infii- 
tuafon  ordre  pour  l'inftrudHon  des 
icunes  filles ,  &  le  fit  approuver  par 
le  pape  Paul  V  en  1609  ,  &  con- 
firmer par  Henri  IV  en  1609. 
Quand  le  pape  eut  donné  fa  bulle , 
il  dit  au  général  des  Jéfuitcs  :  Je 
pMs   de  vous  unir    à   de   yertueufes 

Tome   Vn 


L  E  T         157 

Fuies  ^  9<û  rendront  aux  perf ormes  dt 
leur  Jexe  les  pieux  fcrvices  que  vos 
Feres  rendent  aux  hommes  dans  toute 
la  Chrétienté,  Madame  de  Leftonac  ^ 
en  fe  confacrant  à  la  vie  religieufe  , 
avoit  facrifié  tous  les  agrémens  de 
la  figure  &  les  avantages  de  la  naif- 
fa^ce.  Sa  congrégation  fe  répandit 
en  France.  A  la  mon  de  la  fon- 
datrice ,  arrivée  le  10  de  Février 
1640 ,  à  $4  ans ,  ellecomptoit  déjà 
vingc-lix  maifons.  Ce  nombre  a 
augmenté  depuis.  Voyez  VHiftoirc 
des  Riâpmfes  de  Notre-Dame^  par 
Jean  Bou^onU  ;  ^  U  Vie  de  Madame 
de  I.ESTONAC  ,  par  le  père  Beaufil» 
Jéfuite ,  à  Touloufe ,  I742 ,  in- 1 2.., 
Voyei  Tende..  ' 

LETI ,  (Grégoire)  né  à  Milan 
le  29  Mai  1630,  d'une  famille  Bo- 
lonnoife  ,  montra  de  bonne  heure 
beaucoup  d'efprit  &  peu  de  vertu. 
Après  avoir  fait  fes  études  chez  les 
Jéfuites ,  il  fe  mit  à  voyager  &  f<i 
fit  connoître  pour  un  homme  d'un 
efprit  vif  &  d'un  caraûere  ardent» 
L'évêque  d'Aquapendente ,  fon  on- 
cle ,  qu'il  alla  voir  en  pafilant,  fiit  û 
choqué  de  la  hardiefi!e  de  fes  propos 
(vLT  la  religion,  qu'il  le  chafla,  en 
lui  prédifant  qu'il  fe  laififeroit  infec- 
ter du  poifon  de  Théréfie.  Ses  crain-' 
tes  n'étoient  paâ  fans  fondement. 
Léti  vit  à  Gênes  im  Calvinifte ,  qui 
le  catéchifa.  Le  jeune  homme  porté 
naturellement  à  l'incrédulité  ,  lui 
avoua  que  s*il  avoit  â  changer  de  reli» 
glori ,  ilprendroît  ulle  qui  f croit  la  plut 
conforme  à  l'ordre  de  la  nature.  Da 
Gênes  il  pafTa  à  Laufanne,  où  il 
fit  profefiion  de  la  nouvelle  reli» 
gion.  Un  médecin  de  cette  ville  , 
charmé  de  la  vivacité  de  fon  efprit  y 
lui  fit  époufer  fa  fille.  De  Laufanne 
il  alla  à  Genève ,  &  y  obtint  le  droit 
de  Bourgeoifie  gratis  :  faveur  qui  n'a*  * 
voit  été  accordée  à  perfonne  avant 
lui?  Son  humeur  querelleufe  Tayant  * 
obligé  de  fortir  de  cette  ville ,  après 
y  avoir  demeura  environ  20  ans ,  *' 

R 


a^»        L  E  T 

il  £e  réfugia  à  Londres.  CharUs  //, 
àmi  des  lettres ,  le  reçut  avec  bonté , 
lui   promit  la  charge  d'Hiflorio- 
graphe ,  tx.  lui  accorda  une  peniion 
de  looo  écus.  Ce  bienfait  n'empêcha 
pas   qu'il  n'écrivît  VHlftolre  SAn- 
f;^ame  avec  une  licence  qui  lui  fit 
donner  Ton  congé.  Amflerdam  fut 
Con   denier  afile  :  c'cft  là   que  fe 
forma  fa  liaifon  avec  le  femeux  le 
Çlcrc ,  qui  épouia  fil  fille.  Il  y  mou- 
rut le  9.  Juin  en  1701 ,371  ans , 
avec  le  titre  d'iiiftoriograplie  de  la 
ville.  Ldti  ctoit  un  hiftorien  ùméli- 
que ,  qui  en  écrivant  confultoit  plus 
les  befoins  defon  eflomac  que  la  vé« 
lîté.  Il  offrit  fes  fervices  à  tous  les 
potentats  dç  l'Europe.  U  leur  pro- 
mettoit  de  les  feiire  vivre  daas  la 
pofïérité  ;  ma»  c*étoit  à  condition 
qu'ils  ne  le  laiiTerolcnt  pas  mourir 
de  faim  dans  ce  monde.  Sa  plume 
«il  toujours  ,  ou  flatteufe ,  ou  paf-* 
iionnée.  H  eA  regardé  afTez  gèné- 
ralement  comme  le  VanlUs  de  l'I- 
talie.  Plus  foigneux  d'écrire  des 
faits  extraordinaires  qucdeschofes 
vraies ,  il  ff  rempli  fcs  ouvrages  de 
menfbnges,  d  inepties  &  dlnexac- 
titudes.  Son  flyle  eft  afTez  vif ,  mais 
diffus ,  mordant  >  héniTé  de  réfle- 
xions pédantefqucs  &  quelquefois 
dangereufes ,  &  de  d/greffions  acca- 
blantes. U  ctoit  infatigable.  »♦  J'ai 
»♦  te  u5  QUI  s    (dit-il)  trois  ouvrages 
9»  en  îîiême  temps  fur  le  métier.  Je 
»♦  travaille  à  un  ouvrage  deux  jours 
»>  de  fuite  i  ôcj'empîoie  letroifieme 
»♦  à  deux  autres  prQdudUons.  Lorf- 
'*„  qiie  je  manque  de  mémoires  pour 
n  un  ouvrage,  je  trouve  dans  les 
»»*  awtres  de  quoi  m'occuper  en  at- 
»»  tendant.  Ainfi   je  n'ai  point  de 
n  peine  à  choifir  le  livre  que  je 
vi  veux  faire  paroitrc  le  premier  ;  & 
w.  quand  je  m'y  fuis  déterminé,  je 
>♦!  mets  deux  mois  de  fuite  à  Tache-  - 
n  ver   avapt  que  de  livrer  à  l'im* 
»»  prraieur  t«.  lîemçîoycit  à  écrire 
douze  heures  pendant  trois  jours  de  - 


L  E  T 

la  femaîne ,  &  les  autres  jours  ^ 
lieures  pour  le  moins.  Ainfi  Tonne' 
doit  pas  être  étonné  s'il  a  enfanté 
un  fi  grand  nombre  délivres.  On 
parlera  d'abord  de  ceux  qiû  ont  été 
a-aduirs  d  italien  en  françois.  Les 
prîncij^aux   font  :  I«  La  AfonarchU 
unlvcrfdU  du  Roi  Louis  XIV,  1689.. 
2  vol.  in- II,  Léd   ccrivoit  tantôt 
des  panégyriques ,  tantôt  des  fati- 
res  contr?  le  monarque  François» 
Mais  comme  il  le  repréfeme ,  dans 
cet  ouvrage ,  beaucoup  plus  puiffant 
qucj  les  autres  princes  de  l'Europe  » 
qu'il  fuppofe  menacés  d'une  ruine 
prochaine ,  il  y  eut   une  réponfe 
à   cet   ouvrage,  fous  le  titre  dei 
"L'Europe  rcjfuj citée  du  tombeau  de  M. 
létî ,  à  Utrecht ,  1690.  II.  Le  Aef 0- 
tr/me  de  R(.me  ^  in-i  2,  deux  vol.  1667, 
III.  La  Vie  du  Pape  SiXTt-QyiNT  , 
traduite  en  françois,  en  2  vol.  in- 
12,  1694,  &  pluûeurs  fois  réim- 
primée  depuis.    L'auteur  répondit 
à  Mad^  la    Dauphine,  fîemmo  du 
Grand'  Dauphin  ,  laquelle  lui   de- 
mandoît ,  >»  fi  tout  ce  qu'il  avoit  écrit 
»»  dans  ce  livre  étoit  vrai  «  ?  Une 
chefs,  bien  imaginée  fuit  plus  de  plai* 
fir  que.  la   véfki  deJUtuéfi  d'omemens^ 
(  C'cft  Léd  qui  rapporte  lui-même 
cette  anecdote  dans  une  de  fes  la* 
très.  )   On  y  trouve  des  &its  cu- 
rieux ,.  &  quelques-uns  de  hafardés. 
Le  tradu^leur  y  fit  des  retranche- 
raens.  IV.  La  Vie  dcTHiLiPTz  11^ 
Roi  d*Efpcpî€,  (Elle  a  été  traduite 
en  1734,  en  6  vol.  in-ri.  )  L'au- 
teur ne  s'y  montre  ni  Catholique ,, 
ni  Proteftanf.   Si  ,  pour  être  bon 
hîflcricn  ,  il  fufîifoit  de  n'avoir  ni 
religion  ,  ni  amour  pour  fâ  patrie  v 
Léti  Tauroit  été  à  coup  fur.  V.  La 
Vie  de  Charlies-Quint  ,  traduite 
en  françois ,  en  4  vol.  in-ii ,  par 
les  filies  de  Tauteur  :  compUaticn 
cnnuyeufe.  VI.   La  Vie   £Eliza- 
BÈTH  ,  Reine  d^AngUterre  ^  1694  & 
1741 1  in-i2 ,  2  vol.   Le   roman 
y  eâ  mêlé  quelquefois  avec  ITjif- 


LET 

toire.  VII.  VHtfioîre  àt  CroMUteil^ 
1694  &  17Ô3  ,  in*  12  j  2   vol.  : 
vtaie  rapTodie  fans  ordre  &  fans 
fflrangemens ,  comme  la  plupart  de 
Tes  ouvrages.  Sa  narration  eft  trop 
I    interrompue  par  les  pièces  &  par 
I    les  aaes  publics.  Vill.  L^  UU  de 
;     Phn  GiROS  ,  Duc  à*  Offom ,  1 700  , 
!    Paris,  3  vol.  in-i2  :  affez  intéref- 
I    (ante  y  mais  trop  longue.   IX.   L€ 
Syndicat  d*ALEXANDR£    VU  ^  aveà 
fon  Foyage  en  Poutre  monde  ^  1669 , 
in-i2»fatire  emportée,  telle  qu'on 
I    deroit  l'attendre  d'un  apoâat.  Ce 
n'eft  pas  la  feule  qu'il  ait  publiée 
,    contre  Rome ,  les  papes  &  les  car- 
dinaux ;  mais  de  telles  horreurs  ne 
I    doivent  pas  même   être  citées.  X. 
I     Cmujue  Idjhrîque  ,  politique  ,  morale , 
économique  &  comique  fut    les   LotC" 
I    rw  anciennes  6^  nouvelles ,  en  2  vol. 
in-ii.  C'ed  un  fatras  fatirique,  où 
il  maltraite  beaucoup  de  perîbnnes. 
L'auteur  devoit  fe   borner  à  Té- 
pithete  .  de  Comique  ,  que  méritoît 
ion  ouvrage.  Rlcotler  en  fit  ime  cri- 
tique fknglante  ,    à  laquelle  il  fit 
mettre  le  portrait  de  Létl  habillé 
tn  moine...  Parmi  fes  ouvrages  ita- 
liens, on  diftingue  :  I.  SotiJftorîa 
Coinrrrna,  Amllerdam,  1686,  ç  vol. 
in-i2 ,  dans  laquelle  on  trouve  bien 
des  chofès  qu'on  chercheroit  vaine- 
ment ailleurs.  L'auteur  n'y  ménage 
pas  Genève,  &  il  y  prend  un  ton 
très^mordant.  II.  Son  Teatro  Brîtan" 
nUo ,    6  verà   Iftona  deila  Grande- 
Brkannîa^  Amfterdam,  1684,  5  vol. 
in-i2.  Ce  livre  fut  d'abord  impri- 
mé à  Londr^  en  2  vol.  in-4°.  L'au- 
teur le   préfenta  au  Roi  d'Àng.'e- 
terre  qui  l'acuëllit  très-bien  :  mais 
le  cotifeil  y  ayant  trouvé  pîufieurs 
traits  hardis ,  fit  faiiîr  l'ouvrage  & 
diafla  l'auteur.  C'eft  à  cette  occafion 
qu'un  feigncur    Aaiglois    lui  dit  : 
îéù ,  ^0us  'a^e\  fait  une  Wftaîre  pouf 
Us  autres  ,  &  non  pour  vous  ;  Ufal- 
loh  au  cùnïraln  la  faire  pour  vous  , 
(flu  vous  emharraffer  def  autres,  VI* 


L  E  U         159 

Le  Teûtro  Gallico  ,  7  vol.  in-4*'  ; 
mauvais  ouvrage  hiflorique,  qui 
s'étend  depuis  15  72  jufqu'en  1697. 
IV.  Le  Teatro  Belgîco ,  2  vol.  in-4**  ; 
auffi  mauvais  que  le  précédent.  V. 
Vltalia  Régnante ,  4  vol.  in-l  2.  VL 
h*Hijioire  de  V Empire  Romain  en  Ger-' 
manie ,  4  vol.  in-4*.  VIL  Le  Cardin 
nalt/me  de  la  faînte  Egllfe^  3  vol.' 
in-12  :  c'eft  une  fatire  violente. 
VIII.  La  jufie  Balance ,  dans  laquelle, 
on  pefe  toutes  les  maximes  de  Rome 
&  Us  oHlons  dis  Càrdînauje  vivons  ,< 
4  vol.  in -12.  IX.  Le  Cérémonial 
hifiorlque ,  6  voL  in  - 12  „  X.  Dîa^ 
lûgues  politiques ,  fur  les  moyens  dont 
fe  fervent  les  Répukûques  d' Julie  povt 
fe  confervcTy  2  vol.  in-ia.  XL  Abrégé 
des  Vfftus  patrioùqvfis^  2.  VOl,  in-Ô**.! 
XII.  La  Renummée  paloufe  de  la 
Fortune,  XIIL  Panégyrique  de  Loui^. 
XIF  ,  in.4^.  XIV.  Eloge  de  U 
Cbaffe,  in-i2.  XV.  Des  Lettres  ,  i. 
vol.  in-ï2.  XVI.  L'Itinéraire  de  la 
Cour  de  Rome,  3  vol.  in-8°.XVlL 
Hîjiolre  de  U  nuiifon  de  Saxe,  4 
voL  in-4^  XVIIL  --^  de  ceUe  de 
Brandebourg,  4  vol.  in  -  4°.  XIX, 
Le  Carnage  des  Réformés  înnoeens 
iii  -  4^.  XX.  Les  précipices  du  Siège*: 
ApofioUque  ,  1672  ♦  in-l2,  &ç  XXL 
de  Rbandlta;  c'eft  un  difcoursiàns 
aucune  r  »  préfenté  à  l'académie  des 
Humoriiles  de  Rome.  Léti  fe  mêloit 
auffi  de  poéfie  :  mais ,  quoique  foa 
imagination  le  fervit  beaueoup  dms 
fes  Hifloires ,  elle  brUlolt  peu  dans 
fes  vers. 

LEU ,  (  S.  )  appelé  auflî  5.  L(wf^  ' 
évêque  de  Sens ,  qui  fui:céda  à  ^. . 
Anem  l'an  609,  étoitué  à  Orléans 
de  parens  alliés  à  Ig  famille  royale- 
Paryenu  à  l'épifcopat ,  il  fe  fit  efti- 
mer  du  roi  Clotalre  II ,  Se  aimer  de 
fon  peuple.  U  mourup  le  i*5  Sep- 
tembre 623  ,    après  l'avoir  cdiâé 
par  fes  vertus.  La  mort  le  furprit 
dans  la  terre  de  Brinon ,  qu^il  avoit 
eue  de  fon  patrimoine ,  &  il  fut  ' 
enterré  (ovls  les  gouttières  de  l'é-  - 

Rij 


i6o  *     L  E  V 

glife  de  Samte-Colombe ,  parce  qu'il 
Tavoit  ordonné  ainû  par  humilité. 
Mais  Ces  vertus  &  fes  miracles  lui 
furent  donner  une  fépulture  plus 
honorable  dansl  eglife  même. 

LEVAU  ,  architeûe  ,  Voy. 
Vau. 

LEUQPPE,  célèbre  philofophe 
Grec  y  difciple  de  Zenon ,  étoit  d'Ab- 
dere ,  fuivant  la  plus  commune  opi- 
nion. Il  trouva,  le  i*^',  le&meux 
fyflème  des  Atomes  &  du  Vide  , 
développé  enfuite  par  Démocrhe  & 
|>ar  Epicure,  L'hypothefe  des  Tour- 
billons, perie&onnée  par  Deftar^ 
tes ,  eft  auffi  de  l'invention  de  Lfu- 
cipft ,  comme  le  favant  Huu  l'a  prou- 
vé. On  trouve  encore  dans  le  fyf- 
tême  de  Laulppt  «  le  germe  de  ce 
^rand  principe  de  mécanique ,  que 
Dtfcarus  emploie  fi  efficacement  : 
hu  €orp*  qui  tcument  ;  s*éloigMait  d» 
centre  autant  qu*îl  tfi  pofpbU  ;  car  le 
philofophe  Grec  enfeigne  ,  que  Us 
atomes  les  plus  fubttls  tendent  vers  l*ef'i 
pace  vide  comme  en  s*élançant,  Ainfî  , 
Keppler  &  enfuiie  Defcarus  ont  fuivi 
leuclppe  à  l'égard  des  tourbillons 
&  des  caufe»  de  la  pefanteur.  Ce 
célèbre  philofophe  vivoit  vers  Fan 
318  avant  J;  G.  On  peut  voir  tout 
le  détail  de  fon  fyftème  dans  Dio- 
l^e  Lalàxi ,  tome  II.  de  la  Traduc- 
tion françoifè  ,  Amilerdam  «  1761 , 
en  3  vol.  in-i2. 

LEUCOTHOÉ ,  fille  A'Orchame 
yoi  d'Achéméïîie ,  &  d^Eurynomé. 
Apollon  qui  l'aimoit ,  prit  la  figure 
de  fa  mère  pour  s'inûnuer  auprès 
d'elle ,  Çt  en  abùfa  par  cet  artifice. 
Ctçhanuy  irrité  du  déshonneur  de 
fa  fillè  ,  dont  il  ~fijt  inflïuit  par 
Clytie  fa  rivale ,  fit  enterrer  Léu- 
çothoé  toute  vive  ;  mais  Apollon 
là  changea  en  arbre  qui  porte  l'en- 
cens. 

LEVE,. (Antoine  de)  Navarrois, 
né  dans  l'obfcurité  &  d'abord*  fim- 
pie  foldatji  parvint  |(u  çonvium*>^ 


L  E  V 

dément  par  d'utiles  découvertes ,  & 
par  une  fuite  d'aâions  la  plupart 
heureufes  &  toutes  hardies.  Ua 
extérieur  ignoble  ne  lui  ôtoit  riea 
de  l'autorité  qu'il  devoit  avoir  ^ 
parce  qu'il  joignoit  au  talent  de 
la  pyole  une  audace  noble  à  la- 
quelle les  hommes  ne  réfiilent  pas. 
Il  fe  ûgnala  d'abord  dans  le  royau- 
me de  Naples  ,  (bus  Gonfalve  de 
Cordoue  \  ^  enfuite  dans  le  Milanez , 
d'otr  il  chaila  l'amiral  Bannîvet  en 
1513.  La  bataille  de  Rebec  s'é' 
tauit  donnée  en  1^14,  il  y  Ser- 
vit ayec  beaucoup  de  valeur.  Il 
défSmçUt  Pavie,  l'année  fuivante, 
contre  François  I  qui  y  fut  pris.  Ses 
fuccès  dans  le  Milanez  lui  procu- 
rèrent des  difiinâions  fiatteu&s. 
Charlcs'Quint  s'étant  rendu  en  Iia^ 
lie ,  le  fit  afleoir  à  côté  de  lui  ^  & 
le  voyant  obftiné  à  ne  pas^  fe  cou- 
vrir, il  lui  mit  lui-même  le  chapeau 
fur  la  têtej  en  diiant,  qu'a»  Capi- 
taine qui  avoit  fait  foixamt  campa* 
ffits  toutes  gloricufes^  mérîtoit  bien 
dUtre  affzs  &  couvert  devant  un  Em^ 
pereur  de  trente  ans.  Ce  grand  général 
foutint  fa  réputadon  en  Auniche» 
où  il  fut  envoyé  en  1 5  29  ^  contre 
Soliman  qui  affiéseoit  Vienne-,  & 
en  Afrique,  où  il  fuivit  l'empereur 
en  1535.  L'année  d'après,  Tcxpé- 
didon  djc  Provence  fut  réfolue.  Elle 
eut  une  oti^ne  finguliere  ;  mais 
cette  origine  n'étonnera  point  les 
ledeurs  verfés  dans  l'étude  des  hom- 
mes &  dies  temps.  Ua  aftrologue 
avoit  afiuré  de  Levé ,  encore  enâint  r 
qu'il  mourroit  en  France  &  qu'il 
feroit  enterré  à  Saint -Denys.  Suc 
cette  idée  il  engagea  Charles-Quint 
à  fiiire  une  irrupdon  en  Provence} 
elle  fiu  malheureufe  :  l'empaeur 
s'en  prit  à  fon  général^  qui  en 
mourut  de  douleur  en  15  36 ,  à 
56  ans.  Antoine  de  Levé  avoit,  Cur 
un  champ-de-bataîlle  ,  autant  .<le 
génie,  que  d'adHvité  ;  mais  dans  U 
factété  il  étoit  inquiet  &  gro^CÇ 


t  £  V 

§ufqu^àla  rufticité.  Il  ne  confioSTolt 
^e  la  religion  ficde  k  probité  que 
1^  appasences  :  ûk  fortune;  &  les 
intérêts  du  prince  ,  étoient  fa  feule 
loi.  Entretenant  un  jour  TeiBpe- 
jKur  des  a£Bêiires  d'Italie ,  il  QÙk\ui 
propofer  de  fe  défiâre,  p^  des 
.a£a/Iinats  »  de  tous  les  princes  qui 
I  avaient  des  poffeffions  dans  ce  pays. 
Eh  !  que  dcvUndroît  mon  am&  ?  li^  dit 
Charlu-f^ànt.  —  Avt:n^vous  w^t,  ame , 
repartit  de  Levé?  abandonne^  LUm' 

L  LEVESQ17E  de  Pouilli  , 
;  (Louis)  né  à  Reims  en  1692  , 
I  d'une  £unille  ancienne ,  montra  de 
bonne  heure  beaucoup  de  goût  & 
de  dirpoétions  pour  les  lettres.  L'a- 
cadéraie  des  infcriptions ,  infbuiie 
de  Ton  mérite ,  lui  donna  une. place 
parmi  fes  membres,  L'érudition  n'é- 
toit  pas  fa  feule  qualité*,  il  favoit 
être  citoyen.  Elu  lieutenant  des 
habitans  de  la  ville  de  Réms  en 
1746,  il  fit  venir  dans  cette  ville 
[  yôyii  G  o  o  I N  o  T  ]  &ts'  eaux 
de  fontaine  plus  ialutaves  que 
çeUes^  de  puits  qui  les  iijcpm- 
modoîent  beaucoup.  Il  établit  , 
en  174^,  des  écoles  publiques  de 
mathématiques  &  de  deffin,  &  il 
embellit  les  .promenades.  Ce  zélé 
patriote  projetoit  de  bâtir  des  ça- 
femes  &  'des  magafins  de  blé, 
lotfcju'il  mouhit  le  4  Mai  1750 , 
H^  de  59  ans.  FouUâ  étoit  ixin 
caraftd-e  aimable,  dou^,  ^acif4, 
comme  s'il  ti  ayoit  pas  été  favant. 
Son  efprit,  orné  des  fleurs  de  k 
littérature ,  n'avoit  aucutie  .des  épi- 
nes de  l'érudition.  S^  Théorie  des 
Sentmehs  a^réàilés ,  petit  ouvrage 
imprimé  ppur  la  4*  fois  eff  1774, 
ifl'S®,  eft^  produéHon  d'wiefprit 
'pet -&;  délicat,  "qiA  fait  a<iâ!^ftr 
iufqu'aux  plus  petites  nuancés  du 
femifflem.  Il  eil  plein  d'ûiié  faine 
philofophie,  &  fetné  ^'^»-g<aftd 
nombre  -  d'idées  neuves.^'  .Celles 
^otanc  xfAV  ne  le  font  pasv  pPéitincàt 


t"  È  V         161 

un  air  de  nouveauté  par  la  ma- 
nière dont  l'autetir  les  rapproche  & 
les  préfente  à  ion  leôcur.  On  dé- 
fireroit  peut-être  plus  de  liaifon , 
plus  -d'enchainement  &:tl'enfemble 
ehtre  les  différentes  parties  qui  com- 
pofent  û  Théorie.  Il  y  a  auffi  quel- 
ques proportions  auxquelles  on 
potirroit  donner  un  mauvais  fens  ; 
-  mais  un  leâeur  fage  doit  cou)ours 
choiâr  le  meilleur.  M.  deBurîgnl^ 
frère  de  Poul^U ,  connu  avantageu- 
fement  dan^'  la  rét)ublique  des  let- 
tres, a  hérité  de  fes  manufcrits, 
c[ui  forment  un  recueil  en  12  voU 
m-fol....  Voyei  'Elût, 

n.  LEVESQUE  Di  Gravelle  ; 
(  Michel  -  Philippe  )  confeiller  au 
parlement  de  Paris ,  nion  en  175 2  , 
avoit  lé  goût  des  beaux  arts.  On 
'lui  doit  un  Recueil  de  Pierres  gra' 
vées  antiques',  1732  &  1737  ,  2  vcl. 
•in-4®,  curieux  àr  recherché. 

LEUFROI ,  (  Saint  )  i  *'  nbbé  de 
'Madrie  dans  le  diocefe  d'Evreux, 
où  il  étoit  hé  d'une  famille  noble  » 
mourut  le  21  Juin  738 ,  après  avoir 
'donné  à  fes  religieux  le  précepte 
&,l'exemple.  Ce  monaftere,  nommé 
'anciennement  en  latin  Madriacenjè  y 
du  nom  du  village  où  il  étoît 
iitué ,  s'appela  dans  la  fuite  la  Croix 
SairU'Ouen  ,  puis  la.  Croix  Saint» 
'  Leâfroi,  Sa  menfe  conventuelle  fut 
unie  au  petit  féminaire  d'Evreux» 
:§af  décret  de  rtsârdinaire ,  au  mois 
^  de  Mars  174^,  confirmé  par  let- 
.  très  -  patentes  .  du  mois  d'Avril 
.Ausvant. 

.^  I.  LEVI,  3«  fils'de  Jacol  &  de 

îJa  ,  'naquit  en  Méfo^otamie  Tan 

'Î74S  avant  1:  C.  Ceft*  lui  qui» 

voulant  venger  avec  fon  frère  55- 

'  fneon    Tinjure  faite  à  Vina ,    leur 

-foeur,  pafTa   ail  fil  de  Fépée  tous 

'■les  habitans  Hé  Sichem  :  [   f^oyei 

'SicHEM.  ]  Jdéob  en  témoigna  un 

'déplaifîr  extrême;  &  prédit  au  lit 

c  de.  la  mort ,  qii'en  punition  de  cette 

R  iij 


i6i        l  E  V 

cruauté  »  la  famille  de  ÏJyt  fa^ît 
divifée,  &  n'aurçit  point  de  por- 
tion £xe  au  partage  de  la  Terre 
promife.  £n  eâet  elle  6u  difperfée 
dan^  ICrael ,  &  n'eut  pour  partage 
que  quelques  villes  qui  lui  furent 
.  âflignées  dans  le  lot  des  autres  tri- 
bus. Lévi  deicetviit  en  Egypte  avec 
fon  père ,  ayant  déjà  ies  trois  fils , 
,  Gerjun  ,  Gaath  &  Mîrari ,  dont   le 
^  a*^  eut  pour  fils  Amram ,  de  qui  na: 
.  quirent   fioyf^ ,  Aaron    &    MmU, 
Il  y  mourut  Tan  1611  avant  Jefus- 
^  Chrift ,  à  1 37  ans.  Sa  Camille  fut 
'  toute  confaçrée aufervice de  Dieu, 
&  c'eft  de  lui  que  les  Prêtres  & 
les   Lévites  tirèrent .  leur  origine. 
;  Ceux  de  fa  nribu  "  s'allioient  fpu- 
"  vent  à  la  maifbfi  fayale ,  ainfi  que 
'le  prouve  la  généalogie  des  parens 
de  Jefus-Chrifl  félon  la  chair.... 
Voyei  I.  Matthieu. 

II.  L£VIb£nG£&som, rabbin» 

a  compofé  les  Çuerres  du  Selgruur^ 
^  en  hébreu ,  Riva ,  *i  5  60 ,  in-fol.  ; 
*  &  des  Commentaires  imprimés    fé- 
'  parement  &  dans  les  grandes  Bi- 
bles.   C  etoit  un  éfprit  fingulier , 
.  qui  a  rempli  tous  fes  livres  de  vai- 
nes fubtilités  métaphyfiques.   On 
ignore  le  temps  où  il  a  vécu. 

m.  LÉVI  ,    Vqy^x  Philippe 

DE....  n°  XXIX, 

h^yiSyFoyei  Caylus  & 
^  Qvtivs. , 

L  LEVIS  ou  iaEvi,  (Guy  !>â) 

d'une  maifon  illuftre  de*  France, 
-  ait  le  chef  de  toutes  les  brandies 

que  Ion  en  connoit  aujourd'hui. 
.  11  fe  croiiii' contre  Jes  Albigesois, 

&  fut  élu  maféch^  àes  Crpifée. 
^  Ç'ef^  en  inémoire  de  cette,  diargç , 
[  que  fa  pqftérité  a,  toujours  cpn- 

fervé  le  titre  de.  Maréchal  dt  (a 
.  Fol.  Il  fe  fignala  dans  cette  guerre 

façrpe,  &  eut  la>;teçre  de  JVJ^re- 
..poix  &  plusieurs  «autres  ôtuées  eja 
.,  Languedoc ,   de  û  dépouille  df  s 

Albigeois,  U  maurut  Tan  i2jL<>9 


L  E  IT 

8c  tvok  fondé  en  1190  VMayê 
de  ^a  Roche.  Ses  fuccefieurs  ont 
joint  au  nom  de  LévU ,  celui  de 
feigneurs  de  MUepoix^ 

II.  LEVIS ,  (  Guy  be  )  m*  du 
nom^,  feigneur  de  Mîrepptx  ,  ma- 
réchtr  de  la  Foi ,  petit-fite  du  prc- 
' cèdent;  fuivit  en  Italie CW/«  roi 
•  de  Sicile  &  de  Naplcs ,  &  fe  trouva 
au  combat  donné  le  26  Février  1166 
dans  une  plaine  près  de  Bénévent, 
entre  ce  prince  &  Mamfrotfon  rival , 
qui  périt  dans  la  mêlée.  Le  feigneur 
,d€  Mîftpoix  y  de  retour  en  France» 
•fiit  maintenu  par  arrêt  de  l'an  1169 
dans  la  poiTeffion  de  conaoitre  &  de 
Juger' du  fait  dliéréfie  dans  toutes 
fes  terres  du  Languedoc.  Il  vivoit 
encore  en  1286...  Voye^  Cartier 
ûfi»  LooNAc- 

;  m.  LE\aS ,  (  Louîs-Pîerre  de  ) 
marquis  de  Mirepolx  ,  ambafla- 
'deur  a  Vienne  eniyjy^  maré- 
chàl-dé-camp  en  1738,  chevalier 
des  ordres  du  roi  çn  iJ4ltl^^V^' 
nânt  général  " en  1744,  âmbaflà- 
déur  à  Londres  en  1749  ,  créé  duc 
"par  brevet  en  1751,  maréchal  de 
'France  en.  1757,  mort  à  Mom- 
".pellier  la  même  année,  eft compte 
parmiJes  rejetons  de  Cf*ff  ^  ^^^'^  % 
qui  fé'fdnt  le  plus  di&ngués  par 
les  qualités  du  cpeur  &  dcTeiprit. 
'Il  avdit  été  marié  deux  fois,  &  il 
'n^iut  point  denfans  âe.  fçs  deux 
mariages. .  La  maifon  de  JJvls  tire 
'ion  origine  de,  la  terre  de  Lévls 
près  Qievreufe.  L'opinion  fabu- 
îeufe^,*  qvu  iâ  fait  defceadfé  de  la 
tribu^'dê-^JLcV* ,  eft  aujoiurd'hui  gé- 
'nëraleincnt   rejetée ,  même  par  le 


,  ji:uiiCLAVIUS.< Jean)  natif 
;*À»wibrwi  en  f?^çéphaîte  ,.'.d'unc 
.iS^Ufe  n9bl<^,  vcr>iagea  dans  picf- 
-qllô  vmt^  'l6s  cobrs  de  l'Europe. 
i.Fendapt  k  féjour  qu'il  fit  en  Tur- 
rgi^de,  il.tam^ifa  d&  très-bons  ma- 
.Ifrij»^  .pour  cûnipofer  l'Hiftoiie 


L  EU 

Ottomane;  &  c'eft  à  lui  que  le 
public  eft  redevable  de  la  meillein;e 
connoiflance  qu'on  eh  ait.  Il  joignit 
à  rintelligence  des  langues  favan- 
tes ,  celle  de  la  jurifptudence.  Cet 
érudit  mourut  à  Vienne  en  Autri- 
che en  Juin  1593,  à  60  ans.  Ses 
mœurs  netoient  pas  trop. pures. 
Scaligcr  ait  du  moins:  Hahcbatfcorta 
fKum\  mais  cet  écrivain  fadrique 
peut  l'avoir  calomnié...  On  a  de 
lui:  I.  L'Hlfiuîrc  Mufulmane^  Iî9i» 
in-fol.  II.  Les  Annales  du  Sultans 
Gttomanldes  ,  «1  -  fol.  ,  Francfort , 
1596,  qu'il  traduifit  en  latin,  fur 
la  verfion  que  Jean-Gaudlcr ,  (  autre- 
ment SpUgcly  )  en  avoit  fsute  de 
turc  en  allemand.  IIL  La  Suite  de 
ces  Ajinalcs  ,  qu'il  continua  jufqu'en 
l;S8,  fous  le  titre  de  PandecLa 
Turclca  :  on  trouve  ces  deux  ou- 
vrages a  la  fin  du  ChalcondyU  du 
Louvre.  On  peut  profiter  de  fes 
recherches,  mais  en  les  reftlfîant. 
IV.  Des  Vetfions  latines  de  Xeno^ 
fhon  ,  de  Zoy.me^  de  Confiamln  Ma^ 
mfts^  de  Michel  Glycass  de  1'^- 
hrégé  des  Bafiûques  :  celle-ci  parut 
en  1596,  a  vol.  in-fol.  V.  Commen- 
taùo  de  Mofcorum  helâs  adverjus 
fttùîmos  gefils ,  dans  le  Recueil  des 
Hiilorîens  Polonois  de  PlJîorîus\ 
BàIc/1581 ,  3  vol.  in-fol.  M.  Dt 
jure  Grceco-Romano  ,  FrancfçR,  1 596. 
VII.  Un  abrégé  du  Bafilicon  de 
l'empereur  Léon  VI.  Voyff^  ce  mot; 

voyci  3uffi  BlASTARES. 

LEUPOLD ,  (  Jacques  )  çoti- 
feiller  &  commi^aire  des  Mines  du 
toi  de  Pologne ,  membre  de  la  fo- 
ciété  royale  de  Berlin ,  &  de  di- 
verfes  autres ,  fut  un  des  plus  ha- 
biles hommes  de  l'Europe  pour  les 
inftrumens  mathématiques.  Il  mou- 
rut à  Leipzig  en  1727 ,  après  s'être 
rendu  célèbre  par  fon  grand  ou- 
vragé intitulé  :  Theatrum  Machina" 
nm ,  Leipzig ,  1724 ,  3  vol.  in-fol. 
Cette  compiladon  eft  udie  &  re- 
fcbcrchée. 


t  E  U         î«| 

LEVRET,  (  André  )  chirurgie* 
de  Paris  fa  patrie,  difHngué  dans 
fon  art ,  naquit  en  1703  ,&  mou- 
rut le  22  Janvier  1780.  Nous 
avons  de  lui  de  bonnes  Ohfervattons 
fur  Pallakement  des  en  fans ,  1781  ^ 
in-i2. 

LEUSDEN,  (Jean)  naquit  à 
Utrecht  en  1624-,  ftit  profeffeur 
dllébreu  dans  fa  patrie,  6c  s'y  ac- 
quit avec  juftîte  une  grande  répu- 
tation. Il  mourut  en  1699,  37^ 
ans.  Quoique  cet  écrivain  n*ait 
point  tait  de  nouvelles  découver- 
tes dans  la  critique  grammaticale  » 
il  la  connoiflblt  bien  \  &  il  enfei- 
gnoît  avec  autant  de  daf té  que  dé 
méthode.  On  a  de  lu\  plufieurs  ou* 
vrages  elHmés.  L  Om/majUcon  Sa^ 
crum^  à  Utrecht,  1684,  in-8**.  IL 
Clavis  Hebraïca  &  plùlolo^ca  veurîs 
Teftamenti^  1683  ,  iA-4**.  IIL  Noyi 
Tefi.  Clavis  Graca ,  cum  annotatîoniit^ 
hus  phllùlo^idf ,  ,167^,  in-8®,  IV» 
Compendlum  BllRaun  vaeris  Tejlanu 
1688,  in-S**.  V.  Compendlum  Gr*» 
<um  novl  Tejiam.  dont  la  plus  arat 
pie  édition  eft  celle  de  Londres, 
1688,  in- 12.  VL  Phllclcgus  He- 
hmus^  1695  ,  in-4°,  VIL  Philolvgus 
Hebrxo^GrACus  ^  1^9$  >  in-4®.  VUl» 
Thlloloffu  Hebrxo  -  mlxtus  ^  ^^99  f 
ÎM"*.  IX.  Des  Hôtes  fur  Jonas  ^ 
Joïl  &  Oiûy  &c.  X.  C'eft  à  lûx 
qu'on  eft  redevable  des  édition» 
correiles  de  Bochàrt  ^  de  Llghfoot^ 
&  de  la  Synopfe  des  Critiques  d(| 
Pool,  XL  On  lui  doit  aufli  1^ 
meilleure  édition  de  I3  Bible  d'At 
Ihîas ,  imprimïe  a  Amftèrdam  en  % 
vol.  in-8*^ ,  1705 ,..  &  du  Nouvçai^ 
Tç/Tamemt  Èyrîa(^  ,  1708" ,  2  '  vol. 
ic-4''.  Rodolphe  Leusden  ,  fon  fils , 
a  donné  une  édition  du  Nouveau 
Tefiament  Gr^c, 

LEUTARD,  payfan fanatique 
du  bourg  de  Vertus ,  dans  le  dio- 
çefe  de  Giâldns-fur-Marne ,  vers 
la  fin  du  X®  fiede ,  bi-ifoit  les  croix 
^  les  images ,  prêchbit  qu'il  ne  f^- 

R  iv 


i«4  '       L  E  0 

loitpas  payer  les  dixmes ,  8c  foute- 
noit  que  les  prophètes  n'avoit  pas 
>  toujours  dit  de  bonnes  chofes.  Il  fe 
faifoit  fuivre  par  une  multitude 
innombrable  de  perfonnes  qui  le 
croyoient  infpiré  de  Dieu.  Glbuln  , 
évêque  de  Çhàions ,  défabuia  &  con- 
vainquit ces  pauvres  gens  *,  &  le 
malheureux  Leutard^  défefpéré  de 
fe  voir  abandonné ,  fe  précipita  dans 
un  puits, 

LEUTINGER,  (Nicolas) né 
dans  le  Brandebourg ,  profeiTeiur 
de  belles-lettres  &  miniftre  Luthé- 
rien ,  mourut  à  Vittemberg  en  i6i  2, 
à  64  ans.  Une  inclination  invin- 
cible pour  les  voyages  ne  lui  perr 
jnit  pas  d'être  tranquille  &  féden- 
taire  :  quelque  emploi  ambulant 
l'eût  mieux  accommodé.  Il  par- 
courut l'Italie ,  la  France ,  l'Efpa- 
r,  l'Angleterre ,  les  Pays-Bas , 
Norwege  ,  le  Danemarck  ,  la 
Suéde  »  la  Prufle ,  la  Livohie ,  la 
Pologne,  la  Bohême,  &c.  iàns 
vouloir  fe  fixer  nulle  part.  Son 
tempérament  étoit  robufte,  &  s'il 
avoit  eu  un  caraôere  moins  in- 
quiet, il  auroit  vraifemblablemcnt 
joui  d'un  fort  aâez  heureux.  U  ne 
manquoit  dans  fes  écrits  ni  d'érur- 
dition ,  ni  de  jugemem ,  il  fe  mon- 
tçoit  fort  fupérieur  aux  chroni- 
queurs de  fon  temps.  Il  le  fentoit 
lui-même;  &  une  vanité  exceffive 
perce  dans  tout  ce  qu'il  dit  de  lui. 
Mais  fon  amour-propre  ne  l'empê- 
choit  pas  de  demander  continuel- 
lement de  l'argent  ou  des  fecours. 
Cet  efprit  de  mendicité  littéraire 
lui  diâa  un  grand  nombre  d'Epi- 
tres  dédicatoires.  U  y  en  a  plus 
de  cinquante  dans  fon  Hiftolre  de 
Bfûndehottrg,  Chaque  livre  de  cette 
Hiftoire  dft  dédié  à  un  Méeene ,  6c 
ïbuvent  à  plufîeiurs.  Elle  s'étend 
depuis  1499  jufqu'en  15^4.  Elle  pa- 
rut avec  fes  autres  ouvrages  &  fa 
VU^  à  Francfort,  en  1729  ,  2  vol. 
in-4<>  par  les  foins  de  Kujîer. 


L  E  U 

LEUVIGILDE,  roi  des  Goût» 

en   Efpagne ,    fils    é'JthanaglùU  , 
monta  fur  le  trône  après  fon  ôrere 
Lùiva ,  qui  lui  céda  le  fceptre  ea 
568.  Il  avoit  de  la  valeur,  &  il  la 
prouva  enfe  rendant  m^tre,  en  5  72, 
de  Cordoue  &  de  quelques  autres 
villes  confidérables.  Ce  prince  avoit 
eu  deux  fils  de  fa  première  époufe  : 
HermenégUde  &  Recarede ,  qu'il  aflb- 
cia  au  gouvernement  de  fes  états 
après  la  mort  dçLiuva  en  573.  Tous 
ces  princes  étoient  Ariens.  Hernu" 
néglldcy  qui  avoit  époufé  Ingonde^ 
fille  de  Slgehcrt  roi  de  France ,  eni- 
braffa  à  fa  perfuafion  la  foi  Catholi- 
que.   Ce  changement  irrita  LcuvU 
^.ld&  :  il  le  menaça  de  toute   fon 
indignation ,  s'il  ne  revenoit  à  la 
doctrine  Arienne.   HcrmaiégUdc  lui 
répondit  :  »»  Je  fuis  prêt  de  vous 
»♦  rendre  le  fceptreque  vous  m'a- 
>♦  vez  donné.  Je  fuis  difpofé  même 
'»♦  à  perdre  la  vie  ,  plutôt  que  d'a- 
>♦  bandonner  la  vérité.  Je  confcr- 
V,  verai  jufqu'au  dernier  foupir  le 
y>  refpeâ  que  je  vous  dois  ;  mais 
>»■  il  n'eft  pas  plus  jufte  qu'un  père 
M  ait  plus  de  pouvoir  fur  fon  fils , 
>♦  que   Dieu   &    fa   confcience  «. 
Cette  réponfe  mit  en  fwr&xt  Leuvl- 
^Ide^  qui  attaqua  fon  fils  dans  une 
place  forte  où  il  s'étoit  retiré.  C'é- 
toit  OlTete,  ville   bien   fortifiée, 
dont  les  habitans  étoient  très-atta- 
chés à   HermenégUde,    La  place  fiit 
prife  &  brûlée.  JUuvlgllde  fit  mettre 
"fon    fils   dans   une   dure  prifon^ 
après  l'avoir  dépouillé  des   mar- 
ques de  la  royauté ,  & ,  le  1 4  Avril 
586 ,  il  envoya  un  bourreau  pour 
lui  couper  la  tête.  Comme  les  or-  ^ 
thodoxes  avoient  montré  de  l'atta- 
chement à  ce  prince  infortuné ,  il 
les  perfécuta  cruellement.  La  mort 
de  Leuvl^ide  termina  les  fiireurs  de 
ce  prince  ÙLmûqidQ,*Hermené^e  a 
été  mis  au  nombre  des  martyrs, 
&  TEglife  honore  fa  imémoire  le  13 
Avril. 


L  E  U 

tEUVILLE,roy.llI.  OtiriER. 
LEUWENHOECK  ,  (Antoine 
D£)  célèbre  phyûden,  né  à  Delft  en 
1632 ,  excelloit  à  faire  des  verres 
pour  des  mifcrofcopes  &  pour  des 
lunettes.  Ses  découvertes  lui  ont 
&icun  nom  diftingué  j  plufîeUrs  font 
utiles  &  réelles ,  mais  d'autres  font 
parfeitemeot  chimériques.  Son  fyf- 
tême  des  vers  ipermatiques ,  dont  il 
faifoit  le  principe  de  la  génération , 
n'a  eu  d'autre  vogue  que  celle  de  la 
nouveauté  -,  croyant  détruire  l'o- 
vifine,  il  lui  fubflitua  une  hypo- 
thefe  beaucoup  plus  défeéhieufe. 
Le  goût  fur  qui  décide  de  la  folidité 
d'une  obfervation ,  lui  manquoit  ab- 
iblument,  auffi-bienque  la  littéra- 
ture qui  porte  la  lumière  dans  toutes 
les  fcieoces.  On  doit  cependant  lui 
favoir  gré  d'avoir  contribué  à  la 
découverte  des  germes ,  qui ,  fuivant 
un  philofophe    de  ce  fiecle ,  fuffit 

'  feule  pour  anéantir  rathéifme.  Il 
mourut  en  1723 ,  à  91  ans  i  on  lui 
ï  élevé  un  beau  maufolée  à  Delil, 
dans  la  Vieille-Eglife ,  avec  une 
épitaphe  emphatique.  U  a  publié 
diflerens  ouvrées  en  hollandois  , 
qui  ont  été  traduits  en  latin  ,  & 
ont  paru  foiis  le  titre  ^Arcana  natura 
àaxla ,  Delft,  1695  à  1719  ,  4  yol. 
in-4**,  Leyde ,  1722.  On  a  imprimé 
en    1722  y    in  -  4**  ,  fes  Uttres  à 

■  lafociété  royale  de  Londres ,  dont 

ilétoit  membre,  &  à  divers favans. 

LEYDE,  (Philippe  DE  )  né  d'one 

femille  noble  de  cette  ville ,  fut  con- 

feiller   de    Guillaume    de    Éaviere , 

'  comte  de  Hollande  ,  puis  grand- 
vicaire  &  chanoine  d'Utrecht ,  où 
il  mourut  en  1380  ,.  avec  une 
grande  réputation  de  fcience  &  de 
piété.  On  a  de  lui  ir  petits  Trai- 
tés ,  écrits  d'un  ftyle  barbare ,  fur 
PÂn  de  htm  gouverner  un  Etac  &  une 
famille  ,  Leyde .  1616  ,  &  Amfter- 
dam,  1701  ,in-4°,  PtdUppe  connoif- 
foit  moins  la  politique  générale  que 
la  particulière.   Ce   qu'il    a    écrit 


L  E  Y         165 

fur    le    gouvernement  civil  ,   ne 
vaut  pas  ce  qu'il  dit  du  domefti- 
que.  Il  avoit  profeffé  le  droit  à 
Orléans    &   à   Paris,  &  il  laiûk 
d'autres  ouvrages  oubliés  aujour- 
d'hui 
LEYDE,  Voy.  Lucas  de  teyie^ 
LEYDECKER,  (  Melchior)théo. 
logien   Calvinifte ,    né  à  Middel- 
bourg  en  16  5  2 ,  profefleur  de  théo- 
logie àUtrccht  en  1678 ,  mort  le 
6  Janvier  1721 ,  à  69  ans,  étoit 
un  homme  dur    &  padionné ,  qui 
ne  favoit  réprimer  ni  fa  langue  , 
ni  (a  plume.  On  a  de  lui  pluûeurs 
ouvrages  pleins  d'érudition  ,  mais 
,  dénués  de  cridque.  Les  principaux 
_  font  :  I.  TrLÙté  de  la  RcpubCiquc  des 
Hébreux  ,  2  vol.  in-fol.  Amflerdam , 
1714   &  17 16  :  recueil  curieux, 
femé  d'anecdotes ,  fur  le  Judaifme 
moderne.  Il  y  a  joint  une  réfuta- 
tion de  V Archéologie  de  Buma.  II. 
Un  Commentaire  latin  fur  le  Caté- 
chifme  d'Heidelberg.  III.  Une  DlJ- 
fertatlon   contre   le  Monde  enchante 
de  Becker,  IV.  Une  Analyfe  de  racri- 
tiue ,  avec  la  Méthode  de  prêcher,  V. 
Une   Hlftolre   du   Janféni/nuy  Tra- 
jeOi^  ,i69j ,  in-S^  Le  P.  Guefnel ^ 
réfuté  dans  fon  livre  de  la  \Sottv«- 
raîncté  des  Rois  défendue ,  (  Paris,  1 704, 
in-i2)  cetîiic  Leydccher  a  dit  dans 
cet    ouvrage   contre   la  fouverai- 
neté  des  Rois.  VI.  Fax  verîtatls  ^ 
Lugd.  -  Batavofum  ,   1677  ,  in- 8°. 
.VII.    La    Contmuatlon  de  l'Hilloire 
EccléflâiHque  de   Hornlus  ,  Franc- 
fort, 1704,  in-8^  Vin.  Hljiolrede 
rEglifc  d:* Afrique  ,  in-4**  ,   curieuib 
'  &  pleine  de  recherches.  IX.  Synop- 
fis  controverfiarum    de  fadere.   Tous 
•  ces-  oavrages  font  écrits  en  latin ,  & 
d'un  ftyle  dur. 

LEYDEN,(Jean  de)  Koy.  Jeaw. 
n**  txxxi. 

LEYDEN ,  (  Jean  Gerbrand  de  ) 
ainii  nommé  ,  parce  qu'il  étoit  de  la 
ville  de  ce  nom ,  fe  fit  Carme ,  s'ap- 
pliqua avec  une  grande  affiduité  à 


x66       1  E  y 

toutes  les  fondions  de  la  vîe  apof- 
tolique ,  &  confaaa  Tes  momens  de 
loifir  à  l'étude  de  Thifloire  de  fon 
pays.  Il  mou-ut  Tan  1504.  On  a 
de  lui  :  L  Chrotdcon  HoÛaridice  coml' 
tum  &  epl/coporum  l/àrajcclenjfum ,  à 
S,  JFllUbrordo  ad  annum  i^ij ,  Franc- 
.  fort ,  1620  ,  in  -  fol.  n.  Chronicon 
.£.gmQndaman  ,  Jtve  Annales  ahbatum 
.  J^gmottdinfium ,  publié  par  Antoine 
Matthieu, à Ley de,  i698,in-4°.  On 
lui  attribue  une  Hifloire  de  l'ordre 
des  Carmes,  ce  n'eft  qu'une  répéti- 
tion de  celle  d'Axnold  Boftius. 

LEYDRADE,  Voy.  Leidradx. 

LEZANA ,  (  Jean  -  BaptiHe  de  ) 
'  Carme ,  naquit  a  Madrid  le  13  No- 
vembre 1 5  86.  Il  enfeigna  avec  répu- 
t^ition  à  Tolède,  à  Aicala  &  à 
Rome-,  &  ]cs  j^çcs  Urbain  VIII, 
Innâcejit  X  &  AUxândn  VIII  l'em- 
ployèrent dans  des  affaires  impor- 
tantes. 11  mourut  à  Rome  le  29 
Mars  1659 ,  à  73  ans.  On  a  de  lui  : 
1.  Sumrt^a  qucfHonum  regularîum,  Lyon, 
"  165  ç  »  4  vol.  in-fol.  c'eft  une  théo- 
logie qui  a  pour  objet  principal  les 
'devoirs  des  reli^eux.  II.  Summa 
'Thçolb^l^  faact ,  Rome,  1654,  3 
'vol.  in-fol.  III.  Annales  facrl, 
prophttîcl  &  Elîanî  ordlnls  ,  &c. 
Roifie .  165 1  —  j6  ,  4  vol.  in-fol. 
'pleines  de  fables  ridicules  fur  Tori- 
*gine  de  cet  ordre.  IV.  De  Rcgu- 
'Urïum   reformadone  ,  Romc    1646  , 

;  LEZIN ,  (  S.  )  IjcjKivs  ,  évêquc 
d'Angers  en  586»  mort  le  i"  No- 
vembre 605.  Lé  pape  5.  Grégoire 
lui  écrivit  la  Lettre  jz  du  Kvre  ix*. 

L'HOSTE,  Voy.  HosTE. 

L'HUÏLLIER,  Voy,  Lvii^UKR. 

LIA ,  fille  aînée  de  Lahan ,  fut 
mariée  avec  Jacob  par  la  fupercherie 
de  fon  père,  qui ,  i^e  fâchant  com- 
ment la  marier ,  parce  qu'elle  étoit 
.<hanîeufe ,  la  fubflitua  àRackel  que 
Jacob  devoit  époufer.  £Ue  eut  du  pa- 
trxai[che  6  fils  &  ime.  fillo ,  Rubm^ 


L  I  A 

Simion  ,  Lévly  Juda ,  IJfachar ,  Zâw* 
Ion  &  Dina, 

LIANCOURT,  (  Jeanne  de 
Schomberg ,  ducheffe  de  )  fille  du 
maréchal  Henri  de  Sckorfiberg  &  fem- 
me de  Roger  du  PlcJlîs  duc  de  LLii" 
court,  connu  par  les  deux  lettres 
que  lui  écrivit  le  célèbre  doâeui 
Antoine  Arnauld^  [  Voy,  ce  mot,  n** 
IV.  ]  détacha  du  monde  fon  mari  par 
fes  leçons  &  par  fes  exemples,  les 
deux  époux,  uniquement  occupés 
de  l'éternité ,  fe  lièrent  étroitement 
avec  les  célèbres  Solitaires  de  Port- 
Royal  ,  &  leur  donnèrent  un  aiîle 
contre  leurs  perfécuteurs.  Après 
avoir  vécu  faintement,  ils  mouru- 
rent de  même  en  1674.  Le  duc  ne 
furvécut  que  deux  mois  à  fon  épou- 
fe.  On  a  d'elle  un  ouvrage  éditant 
&  plein  d'excellentes  maximes ,  fur 
l'éducation  des  enfans  de  l'un  &  de 
l'autre  fexe.  L'abbé  BoiUau  le  pu- 
blia en  169S ,  fous  ce  titre  iRég^ 
ment  donné  par  une  homme  de  haute 
quotité  à  fa  petite-fille ,  pour  fa  ccn- 
duite  &  pour  celle  de  fa  maifon  »  in- 12. 
L'éditeur  joignit  à  cet  ouvrage  us 
Règlement  que  la  ducheffe  de  liat^" 
court  avoit  fait  pour  elle-même,  avec 
un  tableau  des  principales  vertus 
de  cette  illuftre  dame. 

LIBANIUS,  fameux  fophifle 
d'Anticche  ,  élevé  à  Athènes  ,  pro- 
feffa  la  rhétorique  à  Conflanrino- 
ple  &  dans  fa  patrie.  S.  Bafile  & 
S*  Jean  Chryfojtcme  furent  les  dif- 
ciples  de  cet  illuflre  maître,  qui, 
quoique  Païen ,  faifoit  beaucoup  de 
cas  des  talens  &  des  vertus  de  fes 
deux  élevés.  On  prétend  qu'il  auroit 
choifi  Chryfoftome  pour  fon  fuccef- 
feur  ,  fi  le  Chriflianifzne  ne  le  lui 
avoit  enlevé.  L'empereur  JuHm  n'ou- 
blia rien  pour  engager  lÂbanius  à  ve- 
nir à  fa  cour  ;  mais  il  ne  pût  y  réufHr , 
même  en  lui  offrant  la  qualité  de 
préfet  du  prétoire^  Le  philofophe 
répondit  conftamment  à  ceux  qui 
le  follicitoient ,  que  la  qualité  de 


L  I  B 

fophîfte  etolt  fort  au-deflîis  de' ton- 
tes les  dignités  qu'on  lui  offiroit. 
$oa  caraâere  étoit  Âer  &  noble. 
fuUaiy  irrité  contre  les  magifbats 
d'Anthioche  ,  avoit  ait  mettre  en 
priibn  le  fiénat  de  cette  ville,  ii^tf- 
ms  vint  parler  à  l'empereur  pour 
ies  concitoyens,  avec  une  liberté 
couti^peufe.  Un  homme ,  peur  qui 
ce  ton, ferme  étoit  s^paremment 
nouveau ,  lui  dit  :  Oratatr  ^tuts  bien 
frit  du  fiaivc  Orotue ,  pour  parler  fi 
{iardimau,r^Ubamtu  le  regarda  avec 
jdédain ,  &  lui  dit  :  CcwrtiJ'an ,  la  me-- 
nast  qm  tu  me  fais ,  ne  peut  que  dés" 
bfMorer  le  nuû&re  que  tu  veux  me  faire 
tTMpdre  ;  &  il  continua.  On  ignore 
ie  temps  de  ùl  mort  ;  qnelques-uns  la 
placem  à  la  fin<iu  iv^  fiede*  Liba- 
nius  avoit  le  grand  talent  de  s'atta* 
cher  fes  élevés.  Dans  toutes  les 
lettres  que  lui  écrit  5'.  Bafile ,  on 
voit  une  dRjme  finguUere  pour  fes 
ouvrages  ^  &  un  tendre  actachenïènt 
&  h  perfônne.  Il  lui  adre^oit  tous 
les  jeunes  gens  de  Cappadoce,  qui 
youloient  cultiver  l'éloquence,  com- 
me au  plus  habile  maître  de  fon  fie- 
c|e ,  &  ils  en  étoieflt  reçus  avec  une 
diflindhon  particulière.  A  Vooc^Roti 
de  l'un  de  ces  jeunes  gens ,  mal  par- 
tagé de  la  fortune ,  Ithaûms  dit  : 
»  Qu'il  ne  coniidéîtoit  point  dans 
f»  fes  diifôipes  les  richeâe»,  mais  la 
f  bonne  volonté  «<.  Il  ajoute  ^e  : 
))  S'il  troovoit  un  jeune  •  homme 
f*  pauvre  \  qui  montrât  un  gtand 
•♦  défîr  d'apprendre ,  il  le  préÉfc»^oît 
r  iàns  héfiter,  aux  j[>lus  riches ,  & 
»♦  qu'il  étoit  fort  content,  loNque 
«  cepx  qui- ne  pouVoientrifeii  don- 
ft  ner^oiefatf avides  de -recevoir  , 
Uécri^  ThemyUus,  célèbre  iepMfte, 
<{9ejb  ukas^  &  ùt  âgeite  éJ^e- 
i^t  aiBt  prentieres  dïargés  de  l'é- 
tat, d'une  manière  qui  montre  que 
ii^efAi3r»roit  des  fehtimens  nobles 
■&  ^'il  éttfit  touché- ^l'artl^oftf. du 
^tt^  public*  »•  Je  né  vous  félicite 
»  poiàt^  (hil  dk4r,;  fia-  ce  que  le 


L  I  B^        a6t 

t^  gouvernement  de  la  ville  vous  a 
>t  été  donné  ;  mais  je  félicite  la  ville 
v>  fur  le  choix  qu'elle  a  fait  de  votr« 
>f  peribnne  pour  cette  importante 
M  place.  Vous  n'avez  pas  befoin  de 
rt  nouvelles  dignités ,  mais  elle  a 
**  grand  befoin  d'un  gouverneur 
»»  comme  vous.  ♦«  11  feroit  à  fou- 
haiter  que  Ubanîus  eût  été  auffi  irré* 
préhenÂble  pour  les  moeurs ,  qu'ef- 
timable  pour  Ton  caraâere  d'efprit 
&  pour  fon  éloquence.  On  lui  a  re* 
proche  aulïi  d'être  trop  pldn  d'efti- 
me  po\ir  lui-même,  &  trop  grand 
admirateur  de  iès  propres  ouvrages 
dont  il  ne  voyoit  pas  les  défauts.  Il 
avoit  beaucoup  de  goût  lorfqu'il  ju- 
gepit  des  prôduâions  des  autres, 
quoiqu'il  en  manque  quelquefois 
dans  les  tiennes.  Julien  foumettoit  à 
fon  jugeiïient  Tes  a£):ions  ôc  Tes  écrits  \ 
&  le  fophifte ,  plus  attaché  à  la  per- 
fônne qu'à  la  fortune  de  ce  prince  i 
le  traitoit  moins  en  conrtUkn  qu'en 
juge  iîevére.  La  plupart  des  Haran-^ 
gués  de  ce  rhéteur  ont  été  perdues , 
&  ce  n'eft  pas  peut-être  un  grand 
mal  :  fans  parler  des  citations  mul* 
tipliées  d'Âomere ,  de  la  fureur  d'exa- 
gétter,  d'un  luxe  d'érudition  très^ 
déplacé ,  il  gâte  tout  par  TafFeélation 
&  Tobfcurité  de  fon  ftyle ,  qui  ne 
manque  d'ailleurs  ni  de  force ,  nî 
d'éclat.  On  eftime  davantage  £q$ 
Lettres ,  dont  on  a  donné  urre  excel- 
lente édftiôn  à*  Amfterdam  en  1758 , 
in-fol.  Ce  recueiloflfre  plus  de  1680 
Epîtres ,  dont  la  plupart  ne  renfer- 
ment que  des  complimens.  On  en 
lit  plufieurs  autres  curieufes  &  inté- 
refiantes  ;  qiû- peuvent  donner  des 
lumières  fur  l'hiftoiie  civile ,  ecclé- 
fia(lique  ,iiitétaire ,  de  ces  temps-là. 
.  AntoUie^^Bongiorani  a  publié  à  Ve»- 
nife-,  èft  Î75  ^  ,  xrn  Harangues  de 
Ubaniusy  en  tm  vol.  in-fol. ,  tirée* 
de  là  biblioilîe({ue  de  Saint-Marc.  Il 
Élut  joindre  ce  recueil  à  l'édition  d« 
fes  (Sbrr» ,  Paris ,  1606  &  1617, 
jL  voir  in-fol*  >   - 


\ 


i68  L  I  B 

LIBAVIUS ,  (  André)  doûciir  en 
médecine ,  né  à  Hall  en  ^axe ,  mou- 
rut à  Cobourg  en  Franconie  l'an 
1616  (  après  avoir  publié  un  grand 
nombre  d'ouvrages  fur  la  chimie  & 
cherché  toutes  les  occaûons  de  ré* 
foter  les  rêveries  de  Paracelfe  & 
de  fes  fefhteurs.  Ses  principaux 
ouvrages  font  :  1.  Symagma  fr 
Jeclurum  Alchemla  arcanorum ,  Franc- 
Cbrt,  161 3,  2  tom.  in-fol.  en  t 
vol.  II.  Appaidlx  fytuagnatis  arcA" 
norum^  1615  ,  in-fol.  III.  Epifio^ 
larum  Chymîcarum  Gb,  très  ,  '595* 
la  chimie  a  fait  tant  de  progrès 
depuis  Libavius ,  que  ces  ouvra- 
ges ne  font  plus  recherchés.  Il 
eft  le  premier  qui  ait  parlé  de  la 
iransfuiion  du  fang  d'un  anijnal  dans 
un  autre. 

LIBERALIS,  Voy,  Antovius. 
.  I.  LIBERAT.  (S.)  abbé  du  mo- 
naâere  de  Capfe  en  Afrique,  fouf- 
£rit  le  martyre  le  2  Juillet  4B4 ,  pen- 
dant la  petfécution  à^Uunnenc* 

IL  LIBERAT,  médecirt  en.Afri- 
gue>»  yfoui&it  le  martyre  pour  la 
£>i  catholique  y  dans,  le  cinquième 
£ecle,  aui&  fous  le  roi  Hunneric, 
JLes  Ariens  çnlevoient  alors  les^en* 
fans  des  Catholiques  pour  les  bap- 
tiCer.  Les  deux  fils  de  Uberat  furent 
du  nombre ,  &  leur  père  fut  mis 
çn  prifon  avec  fa  fiemme  :  .on,  ne 
fait  pas  ^'ils  y  moururent,,  ou  s'ils 
âirent  bannis  •,  mais- ils  fo;»  mis  au 
rang  des  mar^rs  avec  leurs  ensuis , 
su  23  de  Mars. 

,.  .UI.  LIBERAT,  diacre  del'églife 
de  Carthage  au  vi^  fîeck ,  Tun  des 
plqs  zélés  dé^enfeurs  des  TrçU  Cha^ 
filtres  )  fut  employé  en  diveiles  af- 
fres importantes.'  On  a  de  lui  un 
Ûvrc  intitulé  :  Brevlarlum  de  Caufa 
Nejiwu  &  Eutyeheds  ,  que  le  P.  Gar^ 
ai^r  publia  en  1675;}  in-§®.    • 

UBERE,  Romain^fotélevfrfur 
%ijchaire  de  Saint-Pienre  le.  24*  Mai 
^j2,: après  le  pape  Jules  L  Illa-mé- 
xità  par  fa  piété  &  par  (pà^f^^pour 


LIÉ 

la  foi  ;  nais ,  lorfqu'il  y  fîit  parve^ 
nu ,  il'  ne  t;^da  pas  de  s'en  ren« 
dre  indigne. L'empereur  Confiance ^ 
ayant  tenté  vainement  de  le  Êiire 
foufoire  à  la  condamnationHle  l'il* 
luibe  Athanitft ,  le  rdégua.à  Bérée 
dans  la  Thrace.  Le  rigueur  avec 
laquelle  on  le  traita  dans  fon  exil , 
&  la  douleur  de  voir  fon  âçge  oc« 
cupé  par  l'antipape  Fédx  ,  ébran- 
lèrent fa  conÂance.  Il  confentit 
enfin  à  la  condamnation  ^Atkanafe^ 
&  iigna  la  Fortmde  de  Sirmium: 
non  pas  celle  du  dernier  concile  ^ 
qui  étoit  viâblement  hérétique  ; 
mais  celle  du  fécond  ,  drefiee  avec 
beaucoup  d'art  par  les  Ariens ,  & 
qui  pouvoit  à  la  rigueur  être  dé- 
fendue ,  comme  jelle  le  fut  par  S. 
HlùUre.  Par  cette  foibleû'e  U  rentra 
dans  la  communion  dés  Orientaux. 
On  lui  fit  approuver  dans  le  con- 
cile d'Ancyre  ,  en  35S,  nn  Ecrit 
qui  rejetoit  le  mot  Confubfimsul^y 
mai^  il  proteflaen  même  teinps  qu'il 
anathématifoit  ceux  qui  (ûfoient 
jque  le  Fils  n'étoit  pas  femblable  aa 
Père  en  fubilance  &  en  toutes  cho- 
fes,  L'empereur  lui  permit  alors  de 
retourner  à  Rome ,  où  le  peuple  le 
reçut,  aflez  froidement.  Le  courc^e 
&  la  foiklefTe  fe  fuccédoient'en  lui 
tour-i-tour.  Cet  accudl  le  fit  ren- 
trer en  lui-4ttème  :  il  reconnut  fa 
feute ,  la  pleura ,  fit  des  excufes  à 
Aihanafe ,  rejeta  la  confieffion  de 
foi  du  concile  de  Rkmni-en  359\ 
&  moujut  Aii^tement  le  24  Sep- 
tembre .-366.  Malgré  fa  chute  $ 
prefque  tous  les  SS.  Pères,  tou- 
chés» de,  fon  .  repentir  ,  le  quali- 
fient de  fii^hmrcux  ^  &  fon  nom 
fe  trouve  dans  les  plus  anciens 
Martyrologes  Latins.  Ses  Epkres 
font  parmi ..<;<Ues  4es  Pgpe^par  D. 
Cûufiant, 

LIBÏÏWUS  A  Jesu  ,' Corne,  nsr 
tif  d^.Novare,  enfeigna  latontro* 
y erfe, pendant  38  ans  à  Rome^  &  fitt 
préfet;  de  la  Prp!pi(£^de,,U  mourut 


L  I  B 

l'an  17 19,  après  avoir  publié  :  Cotif' 
troveifi*  dogmatica  ,  Rome  ,  17OI  , 
io-fol.  Cette  édition  fut  défendue , 
parce  que  l'auteur  y  étoit  favorable 
auJanfénifme  -,  mais  l'ayant  corrigée 
&  s'étant  rétra£bé ,  on  permit  l'édi- 
tion, qui  fut  faite  l'an  1510.  Zi^«- 
ms  qui  avoit  promis  3  vol.  in* 
fol.  quand  il  en  publia  le  premier , 
l'augmenta  tellement  qu'on  l'a  im- 
primé à  Milan  en  1 1  vol.  in-fol.  ^an 
1742. 

LIBERGE,  (Martin)  né  au 
Mans ,  profeiTeur  de  droit  à  Poi* 
tiers,  mérita  d'être  élu  échevin  per« 
pàuel  de  cette  ville»  pour  avoir 
appaifé  par  fa  £igeâe  deux  fédi- 
tions  du  peuple  au  commencement 
de  la  Ligue.  Il  harangua  Henri  IP"', 
lorsqu'il paiTa  par  Angers  en  1595  , 
&  ce  bon  prince  fut  fi  charmé  de 
fon  difcours  ,  qu'il  l'embrafla.  Xi- 
^(Tj^  mourut  en  1599.  Nous  avons 
de  lui  la  Rilaùon  dufiege  de  Poitiers , 
où  il  étoit  préfent,  1625  ,  in- 12-, 
&  quelques  Traités  de  droit. 

LIBERTÉ,  Divimté  ad«rée  des 
Romains  qui  lui  bâtirent  un  temple 
fur  le  mont  Aventin.  On  la  repré- 
fentoit  fous  la  figure  d'une  femme 
vêtue  de  blanc ,  tenant  un  fceptre 
d'une  main ,  un  cafque  de  l'autre, 
&  ayant  auprès  d'elle  un  faifceau 
d'armes  &  im  joug  rompu  :  le  chat 
lui  étoit  confacré.  Cette  DéeiTe 
étoit  toujours  accompagnée  de 
éeax  autres  qui  s'appeloient  Adéone 
&  Ahéone ,  parce  que  la  liberté  con- 
fiée à  pouvoir  aller  &  venir  où 
l'on  veut. 

LIBITINE,  DéeiTe  qui  avoit  un 
Temple  à  Rome ,  dans  lequel  fe 
vendoient  les  chofes  néceilaires 
pour  lesftinérailles.  C'étoit  la  même 
qdtProfiipine  reine  des  enfers ,  que 
les  Romains  çroyoient  préfider  aux 
cérémonies  lugubres.  On  tenoit 
auiHdans  fon  Temple  un  regiffare 
exaâ  de  tous  les  morts,  &  on  y 
recevoit  une  pièce  d*arj;pent  pour 


Lie         269 

chacun.  Pliturque  dit  que  Lîbitlnù 
étoit  Vénus  ,  &  veut  que  cette: 
Déeffe  qui  préfidoit  à  la  naifiiance 
des  hommes ,  préfidàt  auffi  à  leur 
mort.  On  trouve  le  mot  Uôidna  , 
pour  la  mort  &  pour  la  bicre  dan» 
laquelle  on  enfermoit  les  morts. 

LIBON ,  célèbre  architeae  Qrec, 
vivoit  450  ans  avant  J.  C  Ceft 
lui  qui  bâtit  le  femeux  Temple  de 
Jupitir ,  auprès  de  Pife ,  ou  OlympU , 
fi  renommée  par  les  Jeux  Olym- 
piques qu'on  y  célébroit  tous  les 
4  ans. 

LICETI  ou  LiCETO  ,  Ucetus  , 
(FortUiiius)  fils  d'un  célèbre  mé^  ' 
decin  &  médecin  lui-même  ,  naquit 
à  Rapalo  dans  1  état  de  Gênes ,  en 
1 577  ♦  avant  le  7®  mois  de  la  grof- 
fefie  de  fa  mère.  Son  père  le  fit 
mettre  dans  une  boîte  de  coton  , 
&  l'éleva  avec  tant  de  foin ,  qu'il 
)ouit  d'une  fanté  aufii  par&ite  que 
s'il  ne  fut  pas  venu  au  monde  avant 
le  temps.  11  profefTa  la  philofophie 
a  Pife ,  &  enfîûte  la  médecine  à 
Padoue ,  avec  beaucoup  d'applau- 
difiement.  Il  y  mourut  en  16^6 , 
à  77  ans.  On  a  de  lui  un  très- 
gtii&d  nombre  de  Traités.  Les  prin- 
cipaux  font  ;  I.  De  Monflris  ,  Am- 
fterdam,  1665  ,  in-4®.  On  y  trouve 
des  contes  populaires  -,  mais  il  y  a 
quelques  bonnes  vues.  II,  De  Co^ 
metarum  aarlbutis  ,  in-4*',  III.  De 
hîs  qui  vivant,  fine  alîmcntis  ,  in-fol.  • 

IV.  Mundi&  homînis  Anaiog'a ,  in-4'*.. 

V.  DeAnnuUs  antiquls ,  in-4°.  VI.  De 
novis  Aflrls  &  Comttis^  Venife,  1622, 
in-4°.  VII.  De  ortu  fpontaneo  vlven- 
£i«m  »  Vicentix  ,1618,  in-fol.  VIII. 
De  animorum  rationalium  immortali' 
t<ue ,  Patavii ,  1629 ,  in-fol.  IX.  De 
Fidmlnum  natura ,  in-4°.  X.  Ds  ortu 
Anima.  /u0n<ui« ,  Genève,  1619,  in-4**. 
XI.  Hydrolttgia  ,  five  De  Maris  tran" 
qmllitAu  &  ortu  Flumînum ,  Utini  ^ 
165  5  ,  in- 4^.  XII.  De  Lucemis  an" 
tirais  ,  ibid.  165 3  ,  in-fol.  &c. 
Dans  ce  dernier  traité ,  U  foutient 


tjQ         L  I  C 

que  les  andehs  avoient  des  lances 
fépulcrales  qui  ne  s'éteignoient 
point  ',  mais  tous  les  Tavans  con- 
viennent aujourd'hui  que  ces  pré- 
tendues Lampes  iumdUs  n'étoient 
que  des  PhofphortSy  qui  s'allumoient 
pour  quelques  inâans  après  avoir 
été  expofées  à  l'air.  C'eft  le  fen- 
timent  de  Fenan  dans  fa  ûivante 
«liiTertation  De  Veterum  lucernis  fù* 
pulchralibus ,  qu'il  publia  en  1685  * 
in-4^  dans  fon  livre  De  rt  ytjGxala.^. 
Jofeph  LiCETi  ^  père  de  Forttaùus, 
cft  auteur  d'un  livre  intitulé  :  JVu- 
hlUtà  de  princîpali  membri  delP  Uomo^ 
1J99,  in-8^ 

LICHTENSTEN ,  (  Jofeph-AVen- 
ceflas ,  prince  de  )  duc  de  Troppau 
&  de  Jagendorf  en  Siléfie,  cheva- 
lier de  la  Toifôn  -  d'or  ,  feld-ma- 
îéchal  au  fervice  de .  l'impératrice- 
reine ,  direâeur  générai  de  Tartil- 
lerie  >  entra  au  fervice  de  la  mai- 
fon  d'Autriche  en  1716 ,  fiit  ait 
colonel  d'un  régiment  de  cb^gons 
en  1725.  Charles  VI  l'envoya  en 
1738  en  qualité  d'ambai&deur  à 
la  cour  de  Verfailles ',  emploi  qu'il 
remplit  pendant  trois  ans  avec 
diftm^tion.  Il  commanda  en  chef 
les  armées  en  Italie  en  1746  ,  & 
gagna  le  16  Juin  la  bataille  de 
PlaiTance,  qui  mit  les  affidres  de 
<&  fouveraine  dans  un  état  très- 
avantageux  en  Italie.  En  1760  , 
il  fiit  nommé  ambafTadeur  extraor- 
dinaire à  la  cour  de  Parme ,  pour 
cpoufer  par  procuration  l'infante 
JfabelU  au  nom  de  l'archiduc  /a- 
fcph^  depuis  empereur.  Quatre  ans 
après ,  il  remplit  à  Francfort  la 
dignité  de  commifTaire  impérial 
pour  l'éleâion  du  roi  des  Romains. 
Il  mourut  à  Vienne  le  10  Février 
1771 ,  âgé  de  75  ans ,  confidéré 
comme  un  fidelle  miniftre  &  un 
zélé  fujet  de  Maiit-Thérefe  ,  & 
comme  le  reftaurateur  de  l'artillerie 
autricîiienne.  Cette  princeffe  le  re- 
garda comme  un  des  foutiens  d« 


Lie 

fon  trône,  dans  les  circonfËincei 
où  il  s'ébranloit  de  toute  part,  &lui 
fit  élever  un  monument  en  bronze 
dans  l'arfenal  de  Vienne.  Les  ar< 
tiftes  perdirent  en  lui  un  proteâeur, 
les  infortunés  un  appuis  &  les 
pauvres  un  père. 

LICINIA ,  Veftale ,  fîtt  punie  de 
mort  avec  deux  autres ,  EmiUi  & 
Marcla ,  à  caufe  de  leurs  débauches, 
vers  l'an  m  avant  J.  C. 

I.  LIQNIUS ,  (  Cams  )  tribun 
du  peuple  »  d'une  Êémûlle  des  plus 
coniidérables  de  Rome  entre  les 
plébéiennes  ,  fîit  choifi  par  le  dic- 
tateur Man/tus  pour  général  de  la 
cavalerie,  l'an  365  avant  Jefus* 
Chriâ.  Idànuu  fut  le  premier  plé- 
béien honoré  de  cette  charge. 
On  le  Airnomma  StoU ,  c'eft-à-dire, 
Rejeton  inutile^  à  caufe  de  la  loi 
qu'il  publia  avec  Stxùus  pendant 
fon  tribunat  ,  par  laquelle  il  dé- 
iendoit  à  tout  citoyen  Romain  de 
poûeder  plus  de  500  arpens  de 
terre ,  fous  prétexte  que  ceux  qui 
en  avoient  davantage^  nepouvoient 
culdver  leur  bien  avec  foin.  Ces 
deux  tribuns  ordonnèrent  encore, 
qtu  les  intérêts  qui  auroient' été  payés 
par  Us  débiteurs  ,  demeuraient  imputés 
fur  le  principal  des  dettes  ^  &  que  U 
furpltts  feroh  acquitté  en  trois  diverfes 
années-,  enfin,  que  Pan  ne  eréeroît 
plus  de  Confitls  à  Pavenir  ,  que  Pun 
d'eux  ne  fût  de  famille  Plébéienne* 
Ces  deux  tribims  furent  confuls 
en  conféqiience  de  cette  dernière 
loi  ;  Sext'us ,  l'an  362  avant  Jefus- 
Qirift ,  &  Ucinius  deux  ans  après. 
Ce  font  les  deux  premiers  confuis 
de  famiUe  plébéienne.  Liànius  Stola 
porta  cette  loi  à  l'infligadon  de 
ion  époufe ,  femme  fiere  &  ainbi* 
tieufe ,  qui  ayant  une  foàir  mariés 
ail  conful  Sulpîtîus  ,  ne  pouvoit 
fouffrir  que  fon  mari  fût  d'un  rang 
inférieur. 

II.  LiaNIUS  TEGULA ,  (Publ.) 
célèbre  poëte  comique  latin,  reri 


L  I  C 

l'an  îoo  avant  J.  C.  Ucatîus ,  cité 
jyar  Aulugelle ,  lui  donne  le  4*  rang 
parmi  les  poètes  comiques.  Mais , 
comme  il  ne  nous  refte  de  lui  que 
des  fragmcns  dans  le  Corpus  PoC' 
târum  de  Maîttaîre  ,  il  eft  dilfficile  de 
dire  s'il  méritoit  le  rang  qu'on  lui 
affigne. 

nixiaNius-çALVUs,  (Ctf/iw) 

orateur  &  poëte  célèbre,  contem- 
porain de  Clcéron  ,  réuffiffoit  fi  bien 
en  poéfie ,  que  les  anciens  n'ont  pas 
fait  difficulté  de  l'égaler  à  Catulle, 
On  trouve  des  vers  de  lui  dans  le 
Corpus  Poëtarum,  Moins  éloquetit, 
&  plus  fec  que^Cicéron  ,  il  s'ex- 
primoit  cependant  avec  tant  de 
force ,  qu*un  Jour  Vatînîus ,  contre 
lequel  il  plaidoit ,  craignant  d'être 
condamné,  l'interrompit  avant  la 
fin  de  fon  plaidoyer ,  en  difant  aux 
juges  :  Eh  quoi  !  feraî-je  condannU 
conmu  coupeAle  ,  paru  que  mon  accu- 
fcttatr  eft  éloquent  ?»,„„  Lîctnius  mou- 
rut à  l'âge  de  trente  ans  ,  après 
avoir  donné  de  grandes  efpérances. 
Il  ne  nous  refte  aucune  harangue 
de  cet  orateur- *,  Qulntiiîm  les  loue 
beaucoup.  On  croit  qu'il  étoit 
auteur  des  Annales  citées  par  Denys 
d'Haltcamaffe ,  &  que  nous  n'avons 
plus.  Il  vivoit  65  ans  avant  J.  C. 

LiamuS-CRASSUS  ,  roye^ 
Craffus,n°«  I,  II,  HI. 

IV.LICINIUS  01/LiciNiANUS, 
(  C,  Flavius-VaUnanus)  empereur 
Romain ,  fils  d'un  payfan  de  Dacie , 
parvint  du  rang  de  fimple  foîdat 
îux  premiers  emplois  militaires. 
GuUn  -  Maxîmîen  »  qui  avoit  été 
foldat  avec  lui ,  &  auquel  il  avoit 
rendu  des  fervices  importans  dans 

j  la  guerre  contre  les  Perfes ,  raflfocia 
à  l'empire  en  307  ,  &  lui  donna 
pour  département  la  Pannonie  & 

I  la  Rhéue.  Coriftantln  voyant  fon 
<J"édit<  s'unit  étroitement  avec  /.A- 

:     <//uttç  ;  & ,  pour  refferrer  les  nœuds 
de  leur  amitié.,  il  lui  fit  époufer 
"mU  ia  foBUr  ,  en  313.  Cette 


L  I  c        271 

année  fiit  célèbre  par  les  viîf^oirev 
de  Uclnlus  fur  Maxumn  Daïa,  Il  le 
batnt  le  30  Avril  entre  HéracléeSc 
Andrinople ,  le  pourfuivit  jufqu'au 
Mont-Taurus,  le  força  à  s'empoi* 
fonner  &  maffacra  toute  fa  famille. 
Enorgueilli  par  fes  fuccès  &  jaloux 
de  la  gloire  de  Confiantîn ,  il  petfé- 
cuta  les  Chrétiens ,  pour  avoir  un 
prétexte  de  lui  Éaire  la  guerre.  ï! 
n'en  falloit  pas  davantage  pour  le 
brouiller  avec  lui.  Les  deux  em- 
pereurs marchèrent  l'un  contre 
l'autre  à  la  tête  de  leurs  armées* 
Ils  fe  rencontrent  auprès  de  Ci- 
balesen  Pannonie ,  combattent  tous 
les  deux  avec  valeur ,  &  Uclnlug 
eft  enfin  obligé  de  céder.  Il  répara 
bientôt  cette  perte,  &  en  vint  une 
féconde  fois  aux  mains  auprès  d' An- 
drinople. Son  armée  ,  quoique 
vaincue  une  féconde  fois ,  pilla  le 
camp  de  Confiantîn,  Les  deux  princes 
las  de  cette  guerre  ruineufe  &  fi  peu 
décifive  ,  réfolurem  de  faire  la 
paix  :  Uclnius  l'acheta  par  la  cefiion 
de  rUlyrie  &  de  la  Grèce.  Conf- 
tantîn  ayant  pafllé  fur  fes  terres  en 
323 ,  fon  rival  irrité  viola  le  traité 
de  paix.  On  arma  des  deux  côtés  , 
&  le  voifinage  d' Andrinople  devint 
encore  le  théâtre  de  leurs  combats. 
L'armée  de  Lic'mius  y  fiit  taillée  en 
pièces  -,  il  prit  la  fiiite  du  côté  de 
Chalcédoine,  où  le  vainqueur  le 
pourfuivit.  Craignant  d'être  obligé 
de  donner  bataille ,  6c  n'ayant  que 
très-peu  de  troupes  ,  il  demanda 
la  paix  à  Confiantîn ,  qui  la  lui  ac- 
corda ;  mais ,  dès  qu'il  eut  reçu  du 
fecours  ,  il  rompit  le  traité.  Il  y 
eut  une  nouvelle  bataille  près  de 
Chalcédoine ,  où  LîcînUts  ,  toujours 
malheureux  ,  quoique  toujours 
brave  ,  fut  encore  vaincu  &  con- 
traint de  fuir,  Confiantîn  le  fuivit 
de  fi  près ,  qu'il  l'obligea  de  s*en- 
fermer  dans  Nicomédie.  LicîftUis  ^ 
dans  cette  extrémité  ,  fe  rendit  à  la 
clémence  de  fon  vainqi^çur.  Conf^ 


17*         Lie 

tantîa  ù  femme  employa  les  larmes 
&   les  prières  pour  toucher  fon 
frcre^  ÙdrJtus  fe  joignit  à  elle,  & 
fe  dépouilla  de  la  pourpre  impé- 
riale. Confianùn  ,  après  lui  avoir 
accordé  fon  pardon ,  &  l'avoir  fait 
manger  à  ùl  table  ,  le  relégua  à 
Thefialonique,  où  il  le  fit  étrangler, 
l'an  324.  M  Zo\tmc  &c  Eutrope  (dit 
»♦  Crevjer  )  Taccufent  en  ce  point 
»♦  de  perfidie  *,  &  S,  Jérôme^  dans 
»t  ÙL  Chronique  ,  n  a  pas  fait  diffi- 
**  culte  de    copier   les  termes  de 
»•  ce  dernier.  SQcratc  nous  fournit 
w  un  moyen  de  défenfe  en  faveur 
M  de  Confianùn.   Il    rapporte   que 
V*  lÀclmus  ,  dans  fon  exil  »  tramoit 
»»  des  intelligences  avec   les  Bar- 
>♦  bares  ,   pour    remonter  fur    le 
>»  trône.  La  chofe  en  foi  n*a  rien 
»  que  de  vraifcmbiabie  ;  &  Tauto- 
>•  rite  de  Socratt  peut  bien  contre- 
y*  balancer  celle  de  ZoT^mt  &  d'£u- 
V*  tropc,  11  efi  néanmoins  une  cir- 
V*  confiance  fôcheufe  pour  la  réputa- 
>»  tion  de  Confianùn  :  (  car  nous  inf- 
M  truifons  le  procès  à  charge  &  â  dé- 
»  charge.  )  On  fe  perfuadera  aifé- 
r>  ment  qu'en  ordonnant  la   mort 
y>  de  UcUiius ,  il  fuivit  les  impref- 
n  fions  d'une  politique  ombrageufe 
>♦  &  cruelle ,  fi  l'on  confidere  qu'a- 
»  près  le  père  il  tua  le  fils ,  qui 
»♦  étoit  fon  neveu  :  jeune   prince 
>♦  fur  qui  l'hifloire  ne  jette  aucun 
>»  foupçon  ,  &  que  fon  âge  même 
M  juflifie  pleinement ,  paifqu'il  n'a- 
>♦  voit  encore  qu'onze  ans  lorfqu'il 
n  fut  mis  à  mort.  Liclnius  le  jeune 
>»  périt  l'an  de  J.  C.  326  ,  &déii- 
»t  vra  ainfi  la  maifon  de  Cunji^ntîn 
M  du  feul  rival  qui  lui  reîtàt.  [  Foy. 
l'article  fuivant.  ]   La  funefce  ca- 
>»  taffarophe  de  Liclnius  eft  un  exem- 
>«  pie  que  LaHana  auroit  ajouté  au 
»  catalogue  qu'il  a  drctXé  de»  morts 
r»  tragiques    des    perfécuteurs   du 
n  Chriftianifme ,  s'il  avoit  pouffé 
«  fon  ouvrage  jufqu'à  ce  temps. 
n  Le  défaflre  de  ce  malheureux 


LIE 

^  prince  ne  finit  pas  même  entié* 
»  rement  à  £1  mort,  &  fa  mémoite 
»♦  fut  flétrie  par  une  loi  de  ConfiM' 
t»  tin ,  qui  le   traite    de  Tyran ,  & 
M  qui  cafie  fes  ordonnances.  Le 
»  vainqueur  auroit  fans  doute  pu 
M.  montrer  plus  de   générofité  en- 
»  vers  un   ennemi   qui  avoit  été 
V  foH  collègue  &  fon  beau-frere. 
»  Mais  enfin  c'étoit  un   ennemi, 
n  de  la  part  duquel  il  devoit  atten- 
>»  dre  le  même  traitement ,  s'il  eût 
»♦  eu  le  malheur  d'être  vaincu  «. 
Liclnius    s'étoit  diftingué  par  fon 
courage  -,   mais  cette    vertu  étoit 
balancée  par  beaucoup  de  vices.  Il 
étoit  avare ,  dur ,  cruel ,  impudique  ; 
il  petiecuta  les  Chrétiens ,  pilla  fes 
fujets ,  &  leur  enleva  leurs  femmes. 
U  haïfToit  les  favans ,  comme  des 
témoins  importuns   de  fon   igno- 
rance ,  de  fes  moeurs  féroces  &  de 
fon  éducation  barbare.  La  philofo- 
phien'étoit  à  fes  yeux  qvLwu'pcJU 
publique, 

V.  LiaNIUS,  {Flavlus-VaUnus 
LiciNiANUs  )  fumommé  k  Jeune , 
étoit  fils  du  précédent  &  de  Confian" 
tia ,  foeur  de  Confiantin,  Il  naquit  ea 
315  ,  &  fiit  déclaré  Céûr  en  317, 
ayant  à  peine  10  mois.  Confianùn 
le  fit  élever  fous  fes  yeux  à  Conf- 
tantinople.  Son  efprit  étoit  vif,  pc* 
nétrant  &  porté  aux  granées  cho- 
fes  ;  mais  fa  jeunefTe  ne  lui  per- 
mettant pas  de  cacher  les  faillies, 
de  fon  imagination ,  il  lui  échappoic 
des  traits  quipouvoient  n'être  que 
les  fentimens  d'une  ame  noble ,  & 
qu'on  prit  pour  âçs  défirs  ambi* 
tieux.  Fcuifta ,  femme  de  Confiantin, 
jeta  des  ombrages  dans  Tefprit  de 
ce  prince ,  qui  le  fit  mourir  en  326 , 
lorfqu'il  étoit  à  peine  dans  ù  ii' 
année.  Le  mérite ,  la  figure  &  la  fin 
traT;ique  de  ce  prince, >  le  firent  re- 
gretter de  tout  l'empire. 

VI.  LiaNIUS,Fc|y«îLEZi!r. 
LIEBAULT,  (Jean)  médecin, 
né  à  Di)on ,  mort  à  Paris  le  21 . 

Jiiin 


L  I  E 

Juin  1596  ,  dans  un  Âge  tfTiez 
avancé  ,  laiffa  divers  Traités  de 
médecine,  &  eut  part  à  la  Mal/on 
RuJGqttt  :  ouvrage  dont  Charles 
Etienne ,  fon  beau-pere ,  eft  le  pre- 
mier &  le  principal  auteur.  Ce 
livre ,  qui  ne  formoit  d'abord 
qu'un  volume,  cfk  à  préfent  en 
deux,  in-4**.  On  Ta  groffi,  fans 
l'épurer  entièrement.  Trop  de  re- 
cettes &ufles  ou  mal  détaillées, 
om  £dt  tort  à  ce  livre  utile.  On 
a  encore  de  LUhault  :  /.  Des  7r<i/- 
tts  fur  les  Maladies^  \* Ornement  & 
la  Beauté  des  Femmes ,  1582,  3  vol. 
ia-8^  II.  Thefaunufanitatls,  1578, 
in-8°,  III.  De  pracavendis  curandîf- 
que  venenls  Commentarlus.  IV.  Des 
SckûlUs  fur  Jacques  Hollerlus^  en 
ladn,  IÇ79,  in-8**,  &c. 

UEBE,  (  Chrétieû-Sigifm.  )  fa- 
vam  antiquaire  Allemand ,  mort  à 
Gothaen  1736 ,  dans  un  âge  avancé, 
s'eft  principalement  £ait  connoî- 
tre  par  fon  ouvrage  intitulé  :  Go^ 
tha  Nummana ,  Axnfierdam ,  1730 , 
in-fol. 

LIEBKNECHT ,  (  Jean-George  ) 
célèbre  profefleur  de  Gieffen ,  na- 
df  de  \^afluagen ,  devint  membre 
de  la  fociété  royale  de  Londres  , 
I  de  l'académie  des  fciences  de  Ber- 
lin, Se  de  la  fociété  des  Curieux 
!  de  la  Nature.  Il  mourut  à  GiciTen 
I  en  1749.  On  a  de  lui  un  grand 
nombre  de  Dljfertations  Théologl- 
quts ,  Philo fophlques  &  Liuéralres  , 
eftimécs  ,  &  cUvers  .autres  ou- 
vrages. 

I.  LIEXJTAUD ,  (  Jacques  )  ûh 
d'un  armurier  d*Arles ,  mourut  à 
Paris  en  1733  »  dans  un  âge  affez 
avance ,  ^membre  de  l'Académie  des 
fciences,  à  laquelle  ilavoit  été  affq- 
cié  en  qualité  d'aftronome.  On  a 
de  lui  17  vol.  de  la  connoljfance 
des  Temps  ^  depuis  1703  ,  jufqu'en 
i'ji(),FotttenelU  ne  fit  pas  fon  Eloge, 
©n  ne  (ait  pourquoi. 

n.  LIEUTAUD ,  (  Jofeph  )  né  à 

Tome   y. 


LIE  273 

Aix  en  Frovendp  en  1703  ,  $*étoit 
fait  une  réputation  en  province, 
avant  que  de  fe  produire  à  la  capi- 
tale. Appelé  à  VerfaiUes  eo  1749 . 
pour  y  remplir  la  place  de  médecin 
de  l'infijmerie  royale ,  il  fut  reçu 
à  Tacadémie  des  fciences  de  Paris 
en  1752.  A3rant  été  nommé  à  la 
place  de  médecin  des  Enfans  de 
France  en  175  5 ,  il  devint  premier 
médecin  du  roi  à  l'avenémcnt  de 
Louis  XVI  au  trône.  Ses  ouvrages 
font  :  I.  Effais  anatomlques ,  dont 
la  meilleure  édition  eft  celle  de  M. 
Portai ,  avec  des  notes  &  des  obfcr- 
vations ,  Paris ,  1777 ,  2  vol.  m-g^ 
On  y  trouve  l'hifloire  exaâe  des 
parties  du  corps  humain ,  avec  la 
manière  de  les  diflcquer.  II.  £/«- 
menta  Phyfiolo^a ,  1749,  in-S». 
L'auteur  y  a  recueilli  les  expérien- 
ces &  les  obfervations  nouvelles 
des  njeilleurs  phyficiens  &  des  ana- 
tomiftcs  les  plus  exercés.  III.  Précis 
de  U  Médeiine  Pratique,  177©  ,  5 
vol.  in-i2.  Cet  abrégé ,  qui  eft  blea 
fait,  contient  l'hiftoire  des  maladies 
dans  un  ordre  tiré  de  leur  fiege , 
avec  des  obfervations  critiques  fur 
les  points  les  plus  intéreffaas.  Ce 
n'eft  prefque  qu'une  traduûion  du 
I**"  vol.  de  l'ouvrage  fuivant.  IV. 
Synopfis  univerftt  Praxeos  Medlctt  \ 
1765  ,  2  vol.  in.4^  Cet  ouvrage, 
exaa  &  complet ,  eft  remarquable 
encore  par  l'ordre  &  la  clarté  qui 
y  régnent.  V.  Pricis  de  la  Mathrc 
Médicale,  I777  ,  3  vol.  in-12.  Ce 
Précis ,  qui  eft  une  traduâ^on  du 
fécond  volume  de  la  Synopfis ,  peut 
fufEre  aux  médecins  qui  veulent 
fe  borner  à  à^s  idées  fucçintes , 
mais  claires  &  juftes ,  fur  l'hiftoire , 
la  nature ,  les  verms  &  Us  dofes 
desmédicamens.  Vl.fUftorlAAnato^ 
mlfO'Medica,  1767, 2  vol.in-4°.  VIÎ. 
Un  grand  nombre  de  Differtations  fél 
parées ,  imprimées  à  Aix ,  &  des 
Mémoires  fur  le  cœur  ,  la  veffie 
parmi  ctux  dô  l'académie  des  fciea- 

.  S 


174         L  I  G 

ces.  Ce  célèbre  médecin  mourut  à 
Vcrfailles  le  6  Décembre  1780 , 
dans  fa  78*-*  année,  avec  la  fer- 
meté d'un  homme  de  bien  &  d'un 
bon  efprit.  Des  médecins  raiîem- 
blés  autout  de  fon  lit,  lui  propo- 
foient  différens  remèdes...  >«  j4h\ 
leur  dit41 ,  »»  je  mourrai  bien  fans 
a  tout  ce/a  i.i  !  Mo/ure  n'eût  pas  dtt 
autrement.  Cependant  le  mourant 
croyoit  à  la  médecine  *,  mais  il  ne 
croyoit  pas  qu'elle  fit  des  mira- 
cles. Sage  &  prudent ,  il  n^  fe  paf- 
fionnoit  pour  aucun  fyftême  ;  &  il 
favoit  attendre ,  quoique  fon  coup- 
d'œil  fut  auili  pénétrant  que  juile. 
Plus  attaché  à  l'obfervation  de  la 
nature,  qu'à  celle  des  livres ,  il  n'ai- 
moit  p^s  à  chercher  dans  les  ou- 
vrages des  autres  ce  que  rinfpeo- 
tion  du  corps  humain  pouvoit  lui 
apprendre.  Aufli  s*étoit-il  préparé 
à  1  étude  de  la  médecine  par  celle 
de  Tanatomie  :  fcience  qu'il  avoit 
approfondie.  Il  trouva  des  amb 
zélés  dans  ceux  même  dont  il  n'a- 
dopta pas  les  idées ,  ou  même  dont 
il  critiqua  les  opinions  :  tels  que5tf- 
nac  &  Wlnfioiv  \  &  c'eft  une  preuve 
que  la  bonté  de  fon  caraâere  éga- 
loit  fes  lumières. 

LIGARIUS,  (  Quintus)  lieute- 
nant de  Caius  Confidlus ,  proconful 
d'Afrique ,  fe  fit  tendrement  aimer 
des  Africains.  Ils  le  demandèrent 
&  l'obdnrent  pour  leur  proconful , 
lorfque  Confidlus  fut  rappelé.  11 
continua  de  fe  faire  aimer  dans  fon 
gouvernement ,  &  fes  peuples  vou- 
lurent l'avoir  à  leur  tête,  lorfqu'ils 
prirent  les  armes»  au  commence- 
ment de  la  guerre  civile  de  Céfar  & 
de  Pompée  \  mais  il  aima  mieux  re- 
tourner à  Rome.  11  embrafia  les 
intérêts  de  Pompée ,  &  fe  trouva  en 
Atrique  dans  le  temps  de  la  délice 
de  Sclplon  &  des  autres  chefs  qui 
a  voient  renouvelé  la  guerre.  Ce- 
pendant Céfar  lui  accorda  la  vie. 


L  I  G 

Rome.  Ugarîus  fe  vit  contraint  i$ 
fe  tenir  caché  hors  de  l'Italie.  Se» 
frères ,  fes  amis ,  &  fur^tout  ûcérim^ 
mettoient  tout  en  œuvre  pour  lui 
obtenir  la  penriifion  de  rentrer  dans 
Rome ,  lorfque  Tuberon  fe  déclara 
dans  les  formes  l'accufateur  de  Uga» 
rîus^  Ce  fut  alors  que  Qcéron  pro- 
nonça pour  Taccufé  cette  harangue 
admirable,  qui  pafife  avec  ndfon 
pour  un  chef-d'oeuvre ,  &  par  la- 
quelle il  obtint  de  Céfar  l'abfolu- 
tion  de  Ligarûis ,  quoique  ce  prince 
n'eût  pas  defiein  de  rabfoudrc.  Tu- 
beron fut  fi  iaché  de  Tifiue  de  ià 
caufe,  qu'il  renonça  au  barreau. 
Ligarius  reconnut  mal  la  clémence 
&  la  générofité  de  Céfar;  car  il 
devint  dans  la  fuite  un  de*?  complices 
de  la  conjuradon  où  ce  héros  fiit 
afiafliné. 

L I GER ,  ( Louis )  auteur  d'un 
grand  nombre  d'ouvrages  fur  l'a- 
griculture &  le  jardinage ,  naquit  à 
Auxerre  en  1658  ,  &.  mourut  à 
Guerdû  J)rès  de  cette  ville ,  le  6 
Novembre  1717  à  59  ans.  U  ctoit 
fort  honnête-homme  j  mais  c'étoit 
un  auteur  médiocre ,  rebattant  cent 
fois  les  mêmes  chofes  en  diiFérens 
livres.  Ses  principaux  ouvrages 
font:  I.  L* (Economie  générale  de  U 
Campagne ,  ou  Nouvelle  Malfon  Muf" 
tique ,  dont  la  meilleure  édition  cft 
celle  de  1762,  en  a  vol.  in-4^ 
II.  Le  Nouveau  Jardinier  &  Cuifinicr 
François  ,  2  vol.  in-i2,  III.  DÛ^' 
nàlre  général  des  termes  propres  à  tÀ' 
griculttire^  in-12.  IV.  Le  Nouvam 
Théâtre  d* Agriculture ,  6r  Ménage  des 
Champs ,  avec  un  Trahé  de  la  Pèche 
&.  de  la  Chajfe,  in-4®,  V.  Le  Jar^ 
dmlcrflcurijh  &  hiftorïographe ,  2  voL 
in-12.  VL  Moyens  faciles  pour  ré- 
tahiir  en  peu  de  temps  fcéondanu  de 
toutes  fortes  de  grains  &  de  fruiu 
dans  le  Royaume  y  ia-12.  VII,  Dic' 
ttonnaire  pratique  du  bon  Ménager  à 
Camp::^e  &  de  yiUe  ,  in-4**.  VlH. 
Les  Amufmtm  dç  la  Campait,  (Ht 


LÎG 

îtaivtUis  Rufes  Innocentes  ^  qtà  enfeU 
ptau  la  manière  éc  prendre  aux  pUgu 
totaes  fortes  dOifeaux  O  de  Quadru^ 
pedes,  1  vol.  inr-il.  IX.  La  Cuf" 
turt  parfiûu  des  Jardins  fruitiers  & 
pota^s ,  in-ia.  X.  Traité  facile  pour 
apprendre  à  élever  des  Figuiers  ,  in-Il  : 
c'eft  une  fuite  du  Traité  précédent. 
Liger  s*attachoit  plus  à  compiler , 
qu'à  réfléchir  fur  les  matières  qu'il 
traitoit  On  lit  par  exemple  dan$ 
la  ALifon  Rj^ue  ,  que  LE  Café 
RAFRAICHIT.  Ccttc  crrcur  &  cent 
autres  qu'on  pourroit  citer ,  font 
défîrer  que  la  compofition  des  li>- 
vres  utiles  ne  foit  plus  confiée  à 
des  gagiftes  de  libraire ,  qui ,  comme 
Llger,  recueillent  des  fautes  à  tant 
la  feuille.  On  lui  attribué  encore 
It  Voyageur  jidelle^  ou  le  Guide 
its  Etrangers  dans  la  vUle  de  Paris  ^ 
in- II.  Ce  guide  égareroit  aujour-^ 
dhui. 

LIGHTFOOT ,  (  Jean)  l'un  des 
plus  habiles  hommes  de  fon  iiecle 
dans  la  connoiffance  de  l'Hébreu , 
du  Talmud  &  des  Rabbins ,  né  en 
i6o2 ,  à  Stoke  dans  le  comté  de 
StaiFord,  mort  à  Cambridge  le  6 
Décembre  1675,  à  75  ans,  fut 
vice-chancelier  de  l'univerfité  de 
cette  dernière  ville ,  &  chanoine 
d'Ely.  C'étoit  un  homme  attaché  à 
fes  devoirs ,  &  qui  les  remplit  tous 
avec  ezaûitude.  Il  ne  l'étoit  pas 
moins  à  fon  cabinet  ,  &  il  n'en 
fortoit  guère  que  pour  les  fonc* 
tions  attachée»  à  fes  places.  La 
meilleure  édition  de  fes  (EurREs 
cft  celle  d'Utrécht  ,  1699 ,  en  3 
vol.  in-fol. ,  mife  au  jour  par  les 
foins  de  Jean  Leufden,  Ses  princi- 
paux ouvrages  foftt  :  1.  Hont  He^ 
hraicie  &  Talmudlca  in  Geograpfuam 
Temt^SanH*.  On  y  trouve  des  ob- 
-fervations  propres  à  reftifier  les 
erreurs  des  géographes  qui  ont 
travaillé  fur  la  Paleftine.  II.  Une 
Harmonie  de  PAncten  Teft^rmnt  , 
svec  une  difpofition  chronologique 


lïG         17c 

du  Texte  facré.  Lightfoot  s'eftpro 
pofédans  cet  ouvrage  de  donnef 
un  abrégé  de  l'Hifloire-fainte ,  où 
chaque  événement  iùt  placé  dan^ 
l'ordre  où  il  doit  être.  Les  remar- 
ques curieufes  qu'il  a  mêlées  à  ThiP* 
toirc ,  empêchent  qu'elle  ne  paroifle 
feche  &  décharnée.  Mais  on  fent 
qu'il  doit  y  avoir  un  peu  d'arbi* 
traire  dans  l'arrangement  des  faits  •, 
&  c'eft  le  fort  de  toutes  les  Chro- 
nologies anciennes»  III.  Des  Com^ 
mentJiires  fur  une  partie  du  Nouveau 
Tefhment.  Us  refpirent  l'érudition 
la  plus  recherchée  ,  ainli  que  fes 
autres  ouvrages.  Il  y  feit  un  ufage 
heureux  des  connoiflances  Talmu- 
diques  pour  l'explication  des  ufages 
des  Juife.  Strype  a  publié  à  Londres-,  * 
en  1700  ,  in-8®  »  de  nouvelle» 
(EurREs  foflhumes  de  Lightfoot^ 
On  trouve  dans  fes  écrits  quelques 
fentimens  particuliers  :  que  les  Juifs 
étoient  entièrement  ri^etés  de  Dieu  ^ 
que  les  clefs  du  royaume  des  Geux 
ft'ayoient  été  données  qu'à  S,  Pierre  ; 
que  fon  pouvoir  ne  regardoit  qub 
la  doctrine ,  &  non  la  difeipline  « 
&c.  &c. 

LIGNAC  ,  (  Jofeph-Adrien  tt 
Large  DE  )  naquit  à  Poitiers  d'une 
femille  noble.  Il  paffa  quelque  temps 
chez  les  Jéfuites ,  qu'il  quitta  pout* 
aller  dans  TOratoire.  On  lui  confia 
divers  eihplois  ,  dont  il  s'acquitta 
avec  fuccès.  Dans  un  voyage  qu'il 
fît  à  Rome ,  Benoit  XIV'^  le  car- 
dinal Paffîohei  raccu^ïllirent  avec 
cette    bonté    &   cette'  famiMarhé 

'  nobles  ,  qui  leur  étoient  ordinaires 
envets  les  favans.  L'abbé  de  Llgnac 
mourut  à  Paris  en  Juin  1762,  après 
être  forti  de  l'Oratoire.  La  Reli- 
gion ,  dont  il  défendit  les'  myftcres  , 
anima  fon  ooeur  en  éclairaht  tou 
efprit.  Nous  avons  tle  lui  :  I.  Poffi-* 
hiiité  de  la  préftnce  corporelle  de 
l'homme  en  plujiettrs  lieux  iij^^  , 
in-iî.  L'auteur  tâche  d'y-irtontrer  » 

*  centre  M,  BwîlUer,  queute  dogne 


-ijê         L  I  G 

.de  la  Tranflubilamiation  n*a  rîea 
d'incompatible  avec  les  idées  de  la 
faine  philofophie.  11,  Mémoires  pour 
PHiftoirc   dts   Araignées   aquatiques  , 
en  1748  ,  in-I2.   m.  Lettres  à  un 
.Américain  fut   l*Hiftoire  Naturelle  de 
M,  de  Buffun  ,  2  vol.  in-12  »  17  J  l , 
pleines  d'obfervatLonsfenfées  :  mais 
il  y  en  a  quelques-unes  qui  font 
futiles  &  minutieufes.  IV.  Le  Té" 
.pioignage  du  fens  intime  &  de  l'expé- 
.rience  oppofée  à  la  foi  profane  &  ri-' 
dicuU  des  Fataliflù  modernes ,  3  vol. 
in-li,  1760.  V.  Elémens  de  Aféta^ 
phyfique  tirés  de  Pexpiiience  ^  ^75  3  « 
in-Il.  VI.  Examen  férieux  &  comique 
du  Livre  de  l*Efprit,  1759»   *  vol. 
in- 12.   L'auteur  travailloit  à  exe- 
,cuter ,  quand  la  mort  le  furprit ,  le 
plan  des  preuves  de  la  religion  , 
que  Pafcal  avoit  conçu.  Il  n'avoit 
pas ,  à  la  vérité  ,   le  génie  de  ce 
.grand-homme  ;  mais  il  penfoit  pro- 
fondément, fur-tout  en  métaphy- 
-iîqtie ,  &  tous  fes  ouvn^es  en  font 
.la  preuve.  Au  rcfte  fon  ftyle  étok 
fort  inférieur  à  celui  de  Pafcal, 
,     LIGNEROLLÇS,    (  Jean  Zr 
Voyer ,  feigneur  de  )  après  avoir 
commencé   par  porter  î'arquebufe 
dans  les  guerres  de  Piémont ,  fat 
enfuite  écuyer  du  duc  de  Nemours 
-(  Jacques  de  Savoie ,  )  &  guidon  de 
•  la  compagnie  des  gendarmes  de  ce 
prince.    Il   trouva   le  moyen  de 
s'iniinuer.  dans,  les  bonnes  grâces 
du  àvLzd^ Anjou ,  frère  de  Charks  IX , 
(depuis  roi  fous  le  nom  de  Henri  JIQ 
;.  qui  le  fit  fon  chambellan  &  fon  con- 
.  ndent.  Etayé  de  la  ûiveur  de  fon 
maître.,  il  fît  bientôt  une  fortune 
rapide  à  la  cour ,  &  de  iimple  & 
pauvre  gentilhomme  on  le  vit  en  . 
,  peu  de  temps  devenir  gentilhomme 
.  de  la  chambre  du  roi ,  chevalier 
-  de  J'Ordre ,  capitaine  d'hommes- 
.  d'armes ,  &  gouverneur  du.  Bour- 
.  bonno^s.  Le  duc  d'Anjou ,.  cédant  à 
£bn  importune  curioûté,  lui  révéla 
'  k  projtt  dH  mafT^çre  de  U  S,  Bar« 


L  I  t 

tfaelemi  :  Llgnerolles  eut  l'indifcré* 
tion  de  vouloir  tirer  avantage  de 
cette  confidence  auprès  de  Charles 
JJCy  &  cette  indifcrétion  fiit,  dit- 
on  ,  la  caufe  de  fa  perte ,  que  le  roi 
jura  dès  ce  jour  même.  Georgt  de 
Fillequier  vicomte  de  la  Gueiche» 
&  Charles  comte  de  Mansfeld ,  qui 
étoientfes  ennemis,  furent  chargés 
de  cette  expédition.  Ils  rattaquereot 
en  pleine  rue  à  Bourgueil  en  Anjou  » 
où  la  cour  étoit  pour  lors ,  (  en  1 5  71) 
&  le  merent.  Le  roi  ft  mine  d*ètst 
fort  irrité  contre  ces  deux  fdgneurs, 
les  fit  emprifonner ,  &  ne  parut  ac- 
corder leur  grâce  qu'aux  foiliciti- 
tions  du  duc  £Angoulime  \  mais  on 
fut  perfuadé  à  la  cour ,  que  c'étoit 
un  jeu  de  la  part  du  roi.  C'eft 
ainû  qu'en  parle  le  Laboureur,  (Ad- 
DIT,  à  CafteJnau  )  :  cependant  de  Thou 
paroît  incertain  fur  la  vraie  caufe  de 
fa  mort. 

UGNI,  Foy^WlEVBET. 

LIGNIERE ,  Voyei  LlHIERE. 

LIGURINUS,  Voye^  GoK- 

THXER»  n®  I. 

LILIENTAL  ,  (Michel,)  né  à 
Liebffadt  en  Pruffe  l'an  1686 ,  s'éta- 
blit à  Konisberg  ,  où  il  fut  paf- 
teur  &  profeffeur  jufqu'à  fa  mort , 
arrivée  en  1750  ,  à  64  ans.  Il  étoit 
de  Tacadénûe  des  fciences  de  Berlin , 
profeffeur  honoraire  de  l'académie 
de  Pétersbourg.  On  a  de  lui  :  I. 
Acla  Borujpca  acclefiafica ,  civiUa  , 
Ihterarîa ,  3  vol.  II.  Plufieurs  bon- 
nes Dijfertations  académiques.  III. 
Selecia  hîflorica  &  Htterana ,  2  vol. 
in- 12.  IV.  De  Machiavelâfmo  Hue- 
rarîo.  Cet  ouvrage  roule  fur  les 
petites  rufes  dont  les  gens-de-let- 
tres fe  fervent  pour  fe  feire  un 
nom.  V.  Annotatlones  in  Struvîi  Ir* 
troducUcnem  ad  notîtiam  rei  litterarU. 
Ces  écrits  font  pleins  de  (avantes 
recherches^ 

LILIO ,  (  Louis  }  médecin ,  auttitf 


L  I  L 

^  k  réformation  du  Calendrier  Qftl* 
Hanea  :  Vt^yt^  GRiGOIRE  XIII. 

LILLY,  (Guillaume)  natif  dO- 
ddiam  dans  le  Hantshire,  voyagea 
dtts  kTerre-faiate,  dans  l'Italie  ^ 
l(  fiit  le  premier  maître  de  l'école 
^Saint-P^  de  Londres, fondée  par 
Colla,  On  a  de  lui  des  Po^ ,  &  une 
Orammatre Latine  y  Oxford,  1673  , 
û-8®.  U  mourut  eni  5  22...  Il  eft  dif- 
férent de  GuiHuime  hiLLY ,  ailro- 
logue  Anglois,  mort  en  168 1  , 
dont  on  a  :  MerUnus  AnglUut  junior , 
en  anglois ,  à  Londres,  16  j  5 ,  in-4\ 
&  pliîûfieiirs  autres  ouvrages. 

LIMBORCH,  (PhiUppede) 
Aéologien  Remontrant ,  né  à  Amf- 
Krdam  en  1633 ,  d'une  bonne  h- 
mille ,  for  mtniftre  à  Goude  en 
i6p,  puis  à  Afflâerdam  en  1667. 
U  obtint  la  même  année  en  cette 
▼ille  la  chaire  de  théologie ,  qu'il 
remplit  avec  une  réputation  extra- 
ordinaire jufqu'à  ÙL  mort ,  arrivée 
le  dernier  Avril  1711»  à  79  ans. 
II  eut  beaucoup  d'amis  parmi  les 
imns  de  ion  pays  &  des  pays 
étrangers.  Son  caraâere  étoit  franc 
&  fincere  ;  mais  fa  douceur  ôtoit 
t  ù  francfaife  ce  qu'elle  aurok  pir 
avoir  de  trop  rude.  Grave  fans- 
morgue  &  fans  AîftefFe,  civil  fans 
alFeâation  ,  gai  lorsqu'il  falloir 
l'être ,  il  avoir  preique  toutes  les 
qua&és  du  oorar.  U  foufl&oitfans 
peine  qu'on  ne  fut  pas  de  fon  avb , 
excepté  lorfqu'il  s'agifibit  derégUfe 
Romaine ,  contre  laquelle  il  avbit 
d'inpiftes  préventions.  Umborch  fa-. 
voit  parfaitement. lliiâoire.  de  fa 
patrie,  &  fon  excellente  mémoire 
lui  en  rappelott  les  plus  petites 
circonfbmces.  On  a  de  lui  plufieurs- 
ouvrages,  eftimés  des  Proteâans  \ 
les  principaux  font  :  I.  AnÙM  coi'* 
latto  de  veritau  Rtli^msChtifiianét  aan 
erudico  Judao  ,  in- 12  *,  excdlent  mot^ 
ceau  pour  cette  partie  de  la  théo- 
logie. L'édition  de  Goude  ,  in-4*. 
1687 ,  n'eft  pas  commune.  On  en 


L  I  M         177 

a  fait  une  à  Bàle ,  in-8^,  1740: Le 
Juif  avec  lequel  Ùmborch  eut  cette 
conférence  ,  cft  Ifaae  Orohio  de 
Séville  ,  qui  n'avoit  proprement 
aucune  religion.  Les  objeâîons 
finguUeres  qu'il  Êiit  à  fon  adver- 
£âre,  ont  fait  rechercher  le  livre 
de  Ùmhorch  par  les  incrédules, 
mêmes.  Le  ton  que  les  deux  difpu- 
teurs  prennent ,  eft  doux  &  honnête, 
û  l'on  excepte  les  forties  que  Xi/m- 
horch  fait  contre  les  catholiques,- 
II.  Un  Corps  complet  de  Théologie^ 
17I5 ,  Amfterd^ , In-folio ,  félon 
les  opinions  &  la  doârine  des  Re- 
montrans.  III.  Hîfioria  In.jmfiiwnls ,  à 
Amfterdam ,  1691 ,  in-fol.  :  pleine 
de  recherches  curieufes ,  &  accom- 
pagnée de  toutes  les  fentences  pror 
noncées  par  ce  tribunal  depuis  1303 
pifqn'en  1333.  Quoiqu'en  général 
linAorch  n'affiche  pas  la  paflion, 
on  voit  qu'il  a  puifé  quelquefois 
dans  des  auteurs  qui  ayant  été  mal- 
traités par  rinauiûtion  ne  doivent 
pas  être  crus  en  tout  fur  lesextrê-* 
mes  rigueurs  qu'ils  lui  attribuent. 
W,  Umborch  ^  auiB  procuré  1r 
plupart  des  éditions  des  ouvrages 
du.  Ênneux  Eplfcopims ,  fon  grand- 
onck  maternel  y  des  écrits  duquel 
il  avoît  hérité. 

LIMIERS  ,<  Henri-Philippe  de  > 
doâein*  en  droit  »  &  membre  des 
académies  des  fctences  &  arts>  pafl» 
fa  vie  à  compiler  fans  choix  de 
mauvaifes  Gazettçs.  Il  publia  fes 
mauiïades  rejrueils  fous  difPérens 
titres  :  I.  Hl/hire  de  Louis  XIV  y 
1.718,  12  vol.  in-îa*  II.  Annales  et* 
la  Montre/lie  Françoife^  172 1  ,  in- 
folio. III.  Ahr^  Ckronololjiqm  de 
l'Hifioirf  de  France  ^  pour  •  fervir  de 
fuUe.à  Mêlerai ,  a  ou  3  voL  in-ii« 
IV .  Mémoires  dure^ne  de  Ca  thmsunS,  > 
Impératrice  de  RMffie,  V.  H^floire  de» 
CMARLM.S  XI J,  roi  de  Suedt ,  6  vol. 
kt-ix.Vh  Annales hi/hriqves y  3  vol. 
in^fol.  VIL  TradaHlon  de  Plante  , 
groffîérement  &  infideUemeat  tr^^ 
S  ii  j 


Î78  .      L  IM 

ycfti,  10  vol.  in- 12.  LesproduC" 
tions  de  Limiers  font  bonnes ,  tout 
au  plus ,  pour  fervir  de  le£bire  au 
peuple  :  point  de  ftyle,  point  d'exac- 
titude, point  d'agrément.  C'étoit 
la  faim  qui  le  faifoit  écrire;  on 
jn-étend  qull  auroit  pu  iaàst  beau- 
coup mieux  ,  fi  la  fortune  a  voit 
répondu  à  Ton  mérite.  On  a  encore 
4e  lui  une  verûon  françoife  des 
Explications  latines  des  Pierres  gra- 
vées de  Stofch  y  Amfterdam ,  1724 , 
în-fol. 

LIMN^.US  ;  (  /ean  )  célèbre  ju- 
TÎfconfulte  Allemand ,  né  à  leneen 
1592 ,  d'un  père  qui  profeiToit  les 
mathématiques^  fut  chargé  fuccef- 
iivemem  de  l'éducation  de  pluficurs 
jeunes  feigneurs,  avec  lesquels  il 
voyagea  dans  prefque  toutes^  les 
cours  de  l'Europe.  Enfin  A^en 
margrave  de  Brandebourg,  qu'il 
avoit  accompagné  en  France ,  le  fit 
fon  chambellsm  &  fon  confeiller- 
privé ,  en  1639.  Umnaus  exerça 
fe  emplois  jufqu'à  Ta  mort ,  arrivé^ 
en  1663,361  ans.  On  a  de  lui  divers 
t>uvrages.  Les  principaux  font  :  I. 
JPejureimperu  RamoKo-Germanki  ^  4 
Strasbourg,  5  vol.  in-4®.  C'eflfutie 
compilation  fort  ûvante  ;  mais 
«fîez  mal  digérée.  II.  Commattdriaâ 
Aà  Bullam  aurcam  ,  in-4** ,  1666  ,  & 
Leyde,  1690.  Cette  dernière  édition 
^  la  meilleure.  III.  CapittUàtàùnts 
Jmperatorum  ,  Leipzig ,  in-4**";  1691. 
ÏV.  De  Atademtu  y'iti-'^^ .  V.  Nêtîdà. 
regni  Gallia^  2  vol.'in-4*Mi»Wrtttr 
a  enta^Té  beaucoup  d  érudition -dans 
ces  différens  ouvrages  ;  mais  il  n'a 
pas  eu  afiez  de  difcernement  dans 
Je  choix  des  auteurs. 

I.  LIMOJON  DE  St-Didier  , 
(.Alexandre  -Touiïaint  )  fuivit , ,  en. 
qualité  de  gentilhomme  j  le  comte 
i^Ayaux  dans  fon  ambafifade  de  Hol- 
lande ,  &  fc  fit  un  nom  par  fa  pro- 
fonde connoiâânce  de  la  polititque 
Européenne.  On  en  a  des  preuve» 
dsos  VHîfiolrc  des  Négociatlçtts  d^ 


1 1  M 

Ntuugue ,  Pans ,  16S0  ,  in^ii ,  ou-* 
vrage  cftimé  ;  &  dans  le  livre  ind- 
tulé  :  La  VUlt  &  la  RipiSliqui  de  Vt- 
mft.  On  a  encore  de  lui  :  Le  Trû>m- 
phe  Hermétique  y  ou  la  Pierre  Phi- 
lofophale  viâorieufe.  Cette  dcfoier* 
produâion  eft  curieufe ,  &  ne  con- 
tient que  153  pdges  -,  mais  on  pré- 
fère les  deux  autres.  Il  étoit  oncle 
du  fuivant. 

II.  LIMOJON ,  (  Ignace-Fran- 
çois) co-feigneur  de  Venafque  & 
de  Saint'Oidiery  naquit  à  Avignon  en 
^668.  Il  cultiva  la  poéfie  Proven- 
çale &  la  Françoife ,  &  réi^t  a£fez 
bien  dans  l'une  &  dans  Tautre,  fur- 
tout  dans  la  première.  Il  ûit  dans 
ÙL  jeunefle  le  Pindan  de  l'académie 
des  Jeux  Floraux  ,  qui  le  couronna 
trois  fois.  L'académie  françoife  lui 
décerna  auffî  fes  lauriers  en  1720 
&  1721.  Salnt'Didicr  ^  enhardi  par 
ces  fuccès  ,  voulut  s'élever  jufqa'au 
Poëme  Épique.  Il  publia  en  1725  « 
ia-8** ,  la  1  '*  partie  de  fi>n  Czoris , 
qui  ne  fut  pas  fuivie  d'une  féconde. 
Quoique  fon  poëme  renfermât  quel- 
ques vers  heureux  &  des.  beautés 
de  >  détail ,- le  pid)Hc  trouva,  qu'il 
avpit  péché  dans  le  deâein  de  l'ou- 
vrage ,  &  qu'il  avoit  plus  de  génie 
pour  trouver  des  idmes  &  des  épi* 
thetes ,  que  pour  marcher  dans  la 
carrière  des  Homère  &  des  Vif^> 
e*«ft  à  tort  qu'on  ar  dit  que  K<»iM//t! 
avoit  copié  Umojon  dans  fa  Ben* 
riade,  puifque  le  cy^^ij  ne  parut  que 
deux  ans  après  la  première  édinon 
de  C6  poëme.  On  a-  encore  de  lui 
UA  ouvrage  fatirique  afifez  infi- 
pide,  mêlé  de  vers  &  de  profil, 
contre  la  Motte,  FomenelU  SiSan-- 
rin  ,  partifans  des  xnodemes  ,  fous 
le  titre  de  Voyage  du  Pantaje ,  in-ii. 
Ces  trois  illuflres  académiciens  y 
fonttrès-mahraités.  Le  vide  d'idées, 
les  hémiiliches  inutiles ,  les  mots 
amenés  feulement  pour  la  rime  : 
voilà  ce  qui  caraaérife  \^  vers  de 
ce  Voyage  du  Pamaffe.  QuaAt  à 


L  I  N 

U  profe ,  elle  eft  lâche  &  traînante  ; 
&  l'auteur  eut  ïe  fecret  d'être  un 
ùàxique  ennuyeux.  Il  mourut  à 
Avignon  le  13  Mai  1739,  à  71 
ans. 

LIN ,  (S.  )  fucccda  à  S.  Pierre  fur 
leôegede  Rome,  l'an 66  de  Jefus- 
ChriS.  Il  gouverna  Téglife  pen- 
-  dant  douze  ans  avec  le  zèle  de 
fon  prédéceiTeur.  C'eft  durant  Ton 
ponuficat  qu'arriva  la  ruine  de 
Jéruùlem  »  l'an  70.  Il  mourut  huit 
ans  après.  On  ne  fait  rien  de 
certain,  ni  Tur  fa  vie,  ni  fur  ia 
mort, 

LINACRikott  LiKACER,  (Tho- 
i)aas  )  médecin  Anglois  ,  étudia  à 
Florence  fous  Demetrms  Chalcon- 
iyU  &  fous  VoUùm ,  &  fe  diftin- 
gua  tellement  par  fa  politefle  & 
par  fa  modeilie  ,  qiie  Laurent  de 
Médlcis  le  donna  pour  compagnon 
d'émdes  à  fes  eafans.  De  retour 
en  Angleterre  >  il  devint  précep- 
teur du  prince  Archus ,  fils  aîné  du 
roi  Henri  VU\  enfuite  médecin  ordi- 
naire de  Henri  VIII ,  frère  d^Arthus, 
11  mourut  le  20  Odlobre  1 5 14  «  à 
l'âge  de  64  ans.  Il  étoit  prêtre ,  &  \ 
s'en  étoit  pas  plus  dévot  *,  en  prétend 
4u'il  ne  voulut  jamais  lire  l'Ecri- 
ture -  fainte.  On  a  de  lui  :  I.  De 
emendata  Laùni  Sermonit  firueiura  , 
à  Leipzig,  1545  ,  in-8".  IL  Galeni 
Methodus  medmdi ,  m-$°.  UL  Quel- 
ques autres  ouvrages  de  Gaûen , 
traduits  du  grec  en  latin.  IV .  Rudl- 
menta  Grummanccs  ,  1 5  ?  3  9  in-8^  *, 
H  d'autres  écrits  qui  font  eAimés 
des  favans.  Son  ftyle  eft  pur ,  mais 
il  fent  trop  le  travail. 

LINANT,  (Michel)  né  à  Lou- 
vîers  en  1709  ,  fit  de  bonnes  étu- 
des dans  fa  patrie.  Le  goût  des 
lettres  l'ayant  amené  à  Paris ,  il 
fiit  gouverneur  de  M.  le  comte 
du  ChâteUt ,  fils  de  l'illuflre  mar- 
quife  de  ce  nom.  On  fe  fouvlent 
encore  du  quatrain  plein  de  finefle  » 


LIN         179 

qu*il  fit  pour  cettte  moderne  Athé- 
nais.  Le  voici  : 

Un  voyageur  qui  ne  mentit  jamais 

Pajfe  à  Qrcy  ,  fadmire  ,  le  contemple. 

Il  crut  d'abord  que  c  étoit  un  palais  ; 

Mais ,  voyant  Emilie  ,  U  dit  :  Ah  ! 

cifi  un  umple, 

Linant  étoit  connu  alors  par  fon 
goût  pour  la  poéfie  noble  ,  dans 
laquelle  il  eut  quelques  fuccès  éphé- 
mères. U  remporta  trois  fois  le 
prix  de  l'académie  françoife  ,  en 
1739 ,  1740  &  1744.  Le  fujet  de 
1740  étoit  :  Les  AccroîJJtmicns  de  la 
Bibliothèque  du  Roi,  Son  poëme  « 
quoique  médiocre  ,  fut  applaudi  ^ 
la  raifon  s'y  montra  parée  avec 
peu  d'éclat ,  mais  avec  affez  de  rto- 
bleiTe.  Le  fujet  qui  lui  mérita  la 
dernière  couronne  ,  étoit  :  Les  pro^ 
grès  de  l* Eloquence  &  de  la  Comédie, 
fous  le  règne  de  Louis  XIV.  U  a  com- 
pofé  auffi  pour  le  théâtre ,  qu'il 
emendoit  affez  bien  -,  mais  il  avoit 
plus  de  goût  que  de  génie.  Sa  ver- 
fification  eft  fouvent  très  -  foible  » 
&  il  ne  la  foignoit  pas  aiTez.  La 
tragédie  &'Al\aide^  qu'il  donna  en 
1745  ,  &  qui  eut  fix  repréfenta- 
tions,  a  quelques  beaux  endroits. 
Celle  de  Vanda ,  reine  de  Polo- 
gne ,  qu'il  fit  paroître  en  1747 ,  eft 
romanefque  &  mal  écrite  :  elle  tom- 
ba à  la  première  repréfentation. 
L'une  &  l'autre  font  oubliées  au- 
jourd'hui. Cet  auteur  a  fait  encore 
des  Odes ,  des  Epitres ,  &  a  mis  fon 
nom  à  la  préface  de  l'édition  de  la 
Henrlade  de  I739.  ^okaire ,  fon 
proteâeur  &  fon  ami ,  lui  rendit 
des  fervices  ,  que  Linant  célébra 
dans  fes  vers.  Les  qualités  du  coeur 
ne  le  caraftérifoient  pas  moins  que 
celles  de  l'efprit.  Sa  converfation 
étoit  aimable  &  faillante.  Il  fiit  re- 
cherché des  plus  beaux  efprits  de 
fon  temps ,  pour  fa  politefle ,  fa  pro- 
bité &  fa  franchifc.  Il  ne  tint  pas 
à  lui  que  l'auteur  de  la  Hennadc 

Siv 


iSo 


L  I  N 


ne  renonçât  à  fa  manU  ënù-thtolo' 
lo^qut ,  &  il  lui  prédit  tous  les  dé- 
fagrémcns  qu'elle  répandroic  fur 
fa  vie.  Voltain^  de  fofi  côté,  lui 
confeilloit  d'aimer  un  peu  plus  le 
travail ,  de  Te  confier  moins  dans  fa 
facilité ,  &  de  £ure  des  vers^lus 
difficilement.  Unêiu  mourut  le  ii 
Décembre  1749 ,  à  41  ans. 

LINCK  ,  (  Henri  )  célèbre  ju- 
rifconfulte  du  xvii*  âede,  natif 
de  Mifhie ,  &  profefleur  en  droit 
à  Altorf ,  laifTa  un  TralU  du,  Dfit 
des  Temples ,  où  il  y  a  des  chofes 
curieufes. 

LIKDANUS ,  (  GuUlaume  )  né  à 
Dordrecht,  d'une  famille  con£dé- 
rable  de  cette  ville ,  qui  avoit  au- 
trefois pofledé  la  feigneurie  de 
Unday  bourg  fubmergé  en  1412 
avec  71  autres ,  exerça  avecfévérité 
l'office  d'Inqutfiteur  de  la  foi  dans 
la  Hollande  &  dans  la  Frife.  P^- 
lippe  II  ,xoï  d'Efpagne ,  le  nomma  « 
en  15  62 ,  à  révêché  de  Ruremondc. 
Il  £t  deux  voyages  à  Rome,  fe  fit 
eftimer  du  pape  Grégoire  XIII  ^ 
fiit  transféré  à  l'évêché  de  Gand  en 
1588  ,  &  mourut  trois  mois  après , 
âgé  de  63  ans.  On  a  de  lui  un  grand 
nombre  d'ouvrages  très-eftimés, 
dont  le  flyle  efl  pur,  quoique  véhé- 
ment &  un  peu  enflé.  Les  princi- 
paux font:  I,  De  optlmo  génère  tnter- 
praandi  Scripturas ,  Cologne ,  1 5  58  i 
in-8^.  II.  TahulA  analydae  omnium 
harefeon  hujus  fiaiU.  III.  PancpUa 
Evangellca. ,  Cologne,  1 590 ,  in-fol. 
IV.  Pfaltermm  vêtus ,  à  mendis  600 
repurgatum  O  de  graco  atqut  hehraïco 
fomlbus  Uluftratttm ,  Anvers.  V.  On 
lui  doit  suffi  une  édition  de  la 
Meffe  ApqftoUque ,  faufTement  attri- 
bué à  S.  Pierre  :  elle  parut  accom- 
pagnée d'une  Apologie  &  de  Com- 
mentaires ,  à  Anvers  en  1 5  89 ,  in-8**i 
&  à  Paris,  en  1591.  La  i*"* édition 
efl  la  moins  commune.  Ce  prélat  » 
non  moins  éclairé  que  vertueux , 
poffédoit  les  langues  ,  les  Pcres , 


L  IN 

&  Tantiquîté  iàcrée  &  profeae.  H 
avoit  d'excelleas  principes  de  théo- 
logie &  de  morale ,  le  autant  d'élé- 
vation dans  l'eCprit  que  de  force 
dans  le  raifonnement.  Il  eut  beau« 
coup  à  fouifrir  dans  le  temps  des 
troubles  *,  mais  il  réfifta  aux  enne- 
mis de  l'Eglife  &  de  l'Efpagne.  Sa 
vie  a  été  écrite  par  Havaifius  dans 
ioA  ouvrage  Dt  erecUone  novanm 
in  BelgU>  eptfcopatmm ,  &  on  a  donné 
le  Catalogue  de  fes  ouvrages  à  Bois- 
le-Duc  1584,  in-8®. 
LINDEN,  (  Vander  )  ^«y.  Va». 

D£R-LlND£N. 

UNDENBRUCH,  (Frédéric) 
Llndenbrogius  ^  favant  &  laborieux 
littérateur  Flamand,  au  xvii^  fiede, 
donna  des  éditions  de  VirpU^  de 
Térence,  é'Alhin^vMus  ^  des  Auteurs 
infâmes  des  Prlapela,  d'AmmUn-Mar^ 
celRn ,  &c.  Ce  qu'il  a  £ût  fur  le 
dernier  ,*  fe  trouve  dans  l'édition  de 
cet  hiflorien  par  Adriai  dt  Varois^ 
L'hiftoire  &  le  droit  public  l'occu- 
pèrent enfuite.  On  lui  doit  en  œ 
genre  un  livre  curieux,  indtulé  : 
Codex  Legum  antlquanm,  feu  I^es 
Wlfigothorum  ,  Burgundionum ,  Lon* 
gobardomm ,  &c.  à  Francfort,  1613 , 
in-folio.  Ce  livre  devient  rare  de 
jour  en  jour.  Undenbruch  mourut 
vers  1638. 

LINGELBACK ,  (  Jean)  peintre, 
né  à  Francfort  en  1625.  Ce  maître 
a  peint ,  avec  beaucoup  d'intdli-^ 
gence ,  des  Marines ,  des  Payfages, 
des  Foires  ,  -  des  Charlatans  ,  des 
Animaux  y  &c.  L'envie  de  fe  pe^ 
feâionner  dans  la  peinture,  lui  fit 
.  entreprendre  le  voyage  de  France 
&  ^d'Italie ,  où  il  s'attira  l'admira- 
tion des  curieux  connoifTeurs.  On 
remarque  dans  fes  tableaux  un  co- 
loris féduifant ,  une  touche  légère 
&  fpirimelle ,  des  loîntjuns  qui  fem- 
blent  échapper  à  la  vue.  Il  a  gravé 
quelques  Payfages,  Nous  ignorons 
l'année  de  fa  mort. 

I.  UNGENDES,  (Claude  de) 


LIN 

né  à  Moulins  en  15  91 ,  Jéftiite  en 
1607 ,  fut  provincial  &  enfuite  fu- 
péricur  de  la  maifon  profcfle  à 
Paris,  où  il  mourut  le  12  Avril 
1660,  âgé  de  69  ans.  On  a  de  lui 
3  vol.  in-4®  ou  in-8°  de  Sermons , 
qu'il  compofoit  en  latin ,  quoiqu'il 
les  prononçât  en  françois.  L'ap- 
plaudiffement  avec  lequel  il  avoit 
rempli  le  miniflere  de  la  chaire, 
fut  un  augure  Êivorable  pour  ce 
recueil ,  très-bien  reçu  du  public. 
Les  vérités  évangéliques  y  font 
expofées  avec  beaucoup  d'élo- 
quence -,  le  raifonnement  &  le  pa- 
thétique s'y  fuccedent  tour-à-tour. 
Son  extérieur  répondoit  à  fes  au^ 
très  talens.  On  a  traduit  quelques^ 
uns  de  fes  Sermons  en  françois  fui' 
l'original  latin ,  en  profitant  néan- 
moins des  manufcrits,  de  plufîeu^ 
copiftes ,  qui  avoient  écrit  les  Dil^ 
cours  du  Père  de  Vngendes  taqiiïs 
qu'il  les  prêchoit.  Ses  autres  ou- 
vrages font  :  I.  Confells  pot&  fà- 
conduite  de  la  vie,  II.  Vodvum  rno^ 
numentum  ah  urhe  Molinenfi  De/phlrià 
oblatum,  in-4**.  Ce  dernier  fut  f^ 
dans  le  temps  qu'il  étoit  reûeiat 
du  collège  de  Moulins.         ' 

n.  LINGENDES  ,  (  Jean  de) 
évoque  de  Sarlat ,  puis  de  Mâcon , 
mort  en  1665  dans-  un  âge  alTei 
avancé ,  étoit  aufR  de  Moulms  & 
parent  du  précédent.  Il  fut  précep- 
teur du  comte  de  M<»ret  ^  fils  na- 
turel de  Henri  IF,  il  prêcha  ^vec 
beaucoup  d'applàudiffement  fbus 
Louis  XIII  &  (bus  lokis^  XIV.  Il 
n'emprunta  point ,  pour  4eur  plaire, 
l'art  impofleur  de  la  flatterie ,  & 
ne  craignit  pas  d'attaquer  le^  vice 
fous  la  pourpre  &  fous  le  dais. 
Voy,  Flechier.  '        '    '-'  ' 

lU.  LINGENDES;  (  Jean  de  ) 
poëte  François ,  natif  de  Moulins , 
de  la  même  famille  des  précéderis, 
jftoriflToit  fous  le  règne  de  Henri  U 
Grand.  On  fe  plaît  encore  à  la 
fcfture  de  fes  Poéfi^^  foibies  à  la 


LIN        iSi 

vérité,  mais  qui  ont  de  la  dou- 
ceur &  de  la  facilité.  Ce  poète  a 
particulièrement  réufli  dans  Ic^ 
Stances.  U  mourut  en  1616 ,  à  la 
fleur  de  fon  âge.  Ses  productions 
font  en  partie  dans  le  Recu^l  de 
Barhin  ,  5  vol.  in- II.  La  meilleure 

•  efl  fon  Eié^e  pour  Ovide. 

LINIERE,  (Françoii  Pajot  de) 
poëte  François  ,  mort  et^  Ï704,  i 
76  ans ,  eft  moins  connu  aiijoiir- 

cd'hui  par  les  vêts  que  par  fcv  , 
nTrpictc<î.  On  ÎSppeloit  VJthéi^  îk 
Senâs ;  &  il  a^- oit  mérité  ce  nom, 
non  -fculcipcïït  par  fes  propOS  1 
maispnr  pMeurs  chanfoas  impies, 
C'eft,  flm;  V.ifon  (fue  Mad*"  dii 
HouHerc^ ,  donc  le  fort  (dit  un  au- 
teur )  fut  TJe  donnOT  au  public  de 
bonnes  thpCps ,  et  de  prendre  toti- 
fours   i^  pttrt?:  de^   maùvaifci ,  a 

'  Voulu  JLTOtiier  JUffiflw.  Cet  xncTé- 

'  âulemouniç  comme  il  avoit  vt  tu,     . 

^  VL  fé  brouilla  avec  êjîùan ,  qui  lui 
i-cprodioit  fiMi  mïlï^on,  Uni  avec 
"É.  Pavln  ,  autre  Péifte^,  il  fit  de^ 
cçniplers  cono-ç  lé'  dtlebce  poëte 
fetiriquc,  qui  s  ci! 'Vengea  à  fama- 
ïriere ,  iV  cjut  1  m  '  dtî  avec  le  public , 

f^* il  n* avait  dt  réjfjti  qtti  ^pncriDi^^ 
Le  libertinage  de  l'cfprit  avoit 
tonmiencé  dans  Lîàïàx  par  celui  du 
cœur.  Il  avoit  de  la  vivacité  dr 
une  figure  avantageufe  5  il  étoit  » 
recherché  des  hommes  &  des  ftm- 
mes.  Le  vin  &  l'ànour  remplireilt 
toute  fa  vie  ',  ta  ne  liïr  laiffererit 
pas  le  tempf  de  feircfdt^^fléxions.' 
Dniere  eutjdarif  fdri'fiéclè  quel- 
que réputation"  èomme  poëte.-  ^ 
avoit  le  talent  de -traiter  facile«»eitt 
un  fvijet  frivole"?  i*âîs  des  prd4iû<^  % 
rions  ne  refpitènt  jamais  cette  îrfirf* 
'ginarion  eriîôûeé',  douce  &  bril-^ 
lante  ,  <ju'on  àdtnipe  dans  lés  CHaùl 
lieu ,  les  Sttwt'Atdairiy  -&c.  Ses  ver* 
fatiriques  nç  màhqi^ôient  pas  dé 
feu  ^  mais'  1^.  lui  attirèrent  plus  dé 
coHps  de  cénrie  que  de  lauriètsf. 
[  V6yc(  dans  ce  DieHo/maire  Ics*^- 


%9i         LIN 

tieles  LBoiLEAU...  Chapeiaiv... 

CONRART...     MaROLLES...    J/. 

Fontaine  (  la  ).  ] 

LINNÉ ,  (Charles  von)  Unnaus , 

.  l'un  des  plus  grands  namralifles  du 
xviii^  fiecle ,  chevalier  de  1  Etoile- 
polaire  ,  fondateur  &  premier  prc- 
fident  de  l'académie  de  Stockholm, 
&  profefleur  de  botanique  dans 
l'univerfité  d'Upfal ,  étoit  de  pref- 
que  toutes  les  académies  des  fcien- 
ces  de  l'Europe.  Mais  avant  que 
d'obtenir  ces  diftindkions ,  il  eut  à 
lutter  contre  le  pédantifine  &  la 
mifere.  »»  Entraîné  de  bonne  heure 
»»  par  un  goût  dominant  qui  lui 
»»  rendoit  infipide  toute  autre  étude, 

.  »«  il  donne  lieu  à  des  plaintes  fur  fa 

V  parefle  &  fon  incapacité.  Son 
»»  inepte  infHtuteur  Lmajîus  pro- 
•»  pofe  à  fes  parens  d'en  faire  un 
*?  cordonnier ,  fous  prétexte  qu'il 
w  n'avoit  aucime  aptitude  poiu-  les 
>♦  lettres.  Ses  parens  aigris  contra- 
y*  rient  fon  goût  naturel  pour  les 
«  plantes  ,  &  finiffent  par  l'aban- 
«  donner  à  fon  propre  fort.  Il  eût 
«  été  arrêté  dans  fa  carrière  û  le 
»♦  médecin  Rothman ,  &  enfuite  Sto^ 
>♦  hctus  à  Lunden ,  ne  Teuffent  ac- 
9»  cucillichez  eux ,  &  ne  lui  euffent 
»>  facilité  tous  les  Moyens  d'inf- 
*«  tru£tion  &  de  ^bfiftance.  Livré 
>♦  à  i'infeôologie  ,  il  eft  far  le 
w  point  de  périr  par  la  morfure  de 
*♦  rinfeÛe  connu  fous  le  nom  de 
»»  furie  infernale.  Le  défir  vicient 
»'  de  fe  perfedionner  l'attire  à 
»♦  Upfal,  &  il  manque  pendant 
^  long -temps  des  çliofes  de  pre- 
rt  miere  néceftlté.  Le  feul  moyen 

V  de  fubiiflance  qu'il  avoit  dans 
I»  {es  cours  particuliers  de  botani- 
>«  que^  lui  eft  enlevé  impitoyable- 
*^  ment  par  un  médecin  en  crédit. 
»»  11  fe  porte  à  la  dernière  violence 
*♦,&  jufques  aux  menaces  contre 
♦»  ce  perfécuteur  puiffant ,  &  il  eft 
«  forcé  de  s'expatrier.  Errant  & 
I)  pblig;é-  de  fe  plier  aux  circonf- 


LIN 

M  tances,  il  arrive  en  Hollande dé^ 
9>  ,nué  de  tout  fecours  -,  il  auroit 
»»  peut-être  fuccombé ,  ûins  la  pro- 
»  tewlion  éclatante  de  Boerhaave 
>♦  qui  lui  obtient  la  direéHon  du 
M  fuperbe  )ardin  de  Cliford.  11  rc- 
»♦  vient  enfuite  dans  fa  patrie  -,  mais 
n  fon  nom ,  déjà  devenu  célèbre, 
w  tetcite  les  rumeurs  &  les  intri- 
>«  gués  de  la  médiocrité  ;  il  s'en 
>♦  feroit  éloigné  pour  jamais  fi  le 
«y  comte  de  Tejfin ,  premier  minif- 
>•  tre«  n'étoit  parvenu  à  le  con- 
»»  noître  &  à  le  recommander  en 
)t  termes  les  plus  honorables  au 
>♦  roi  &  à  la  reine  de  Suéde. 
M  Toutes  les  diftinéHons  &  les 
»  dons  de  la  fortune  furent  alors 
»»  la  digne  récompenfe  de  la  lon- 
>»  gue  fuite  de  fes  revers  &  de  fes 
>»  peines  *4.  [  Galette  de  fantéy  n.* 
31 ,  année  1786  ].  Ce  favant  mé- 
decin mourut  le  lo  Janvier  1778, 
à  l'âge  de  71  ans.  GuftavTe  III, 
pour  éternifer  la  mémoire  de  ce 
favant,  a  fait  frapper  une  médaille 
rcpréfentant  d'un  coté  le  bufte  de 
ce  favant ,  &  de  l'autre  la  déeffe 
Cybele ,  fymbole  deîla  Nature ,  af- 
fligée &  entourée  des  attributs  du 
règne  minéral  ,  de  plantes  &  de 
quadrupèdes.  On  lit  à  l'entour  : 
Deam  luBus  an^t  amljji ,  &  à  l'exer- 
gue :  Pûji  obîtum ,  UpfalU ,  D.  10 
Januarii  MDCÇLXXnih  Régit  jw 
bente.  Réformateur  de  la  méÂode 
de  Tuumefort ,  Unné  en  a  imaginé 
une  nouvelle  pour  la  divifion  des 
plantes  en  daffes,  en  genres  &  en 
efpeces.  Les  différentes  parties  qui 
fervent  à  la  fruftification  lui  ont 
fourni  les  règles  qu'il  a  fuivies. 
11  a  propofé  vingt-quatre  daffes' 
de  plantes ,  différenciées  avec  tant 
de  juftefTe  &  de  difcernement , 
qu'elles  viennent  pour  ainfi  dire 
fe  ranger  d'elles  -  mêmes,  dans  la 
place  qui  leur  convient.  Les  bo- 
taniftes  ont  trouvé  beaucoup  d'a- 
vantage, dans  la  méthode  de  Xûu4 


L  I  N 

^  elle  eft  aujourdliui  aiTez  géné- 
ralement reçue.  Ce  ûvant  a  donné 
un  très-grand  nombre  d'ouvrages 
au  public ,  prefque  tous  écrits  en 
latin ,  qui  feront  vivre  fon  nom 
auifi  long-temps  que  l'on  cultivera 
l'hiftoire  natiurelIe.Peu  de  phyikiens 
ont  montré  autant  d'application  à 
fdvre  la  nature  dans  fes  plus  petits 
détails  ,  &  ont  fait  autant  d'obier- 
valions  longues  &  pénibles.  Ses 
principaux  ouvrages  en  latin  font  : 
I.  Syfiana  nature ,  fiJUns  rtgna  tria 
natune.  Leyde  ,1735,  in-fol.  &  17  5  6, 
2  vol.  in-$^.  Ce  fut  par  ce  traité 
qu'il  débuta  pour  la  réforme  de  la 
botanique.  U.  JSibiiotheca  botanica^ 
Amft.  1741 ,  in-8^  Il  y  donne 
une  notice  de  plus  de  mille  ouvra- 
ges fur  les  plantes.  III.  Hortus 
CiiffortUnusy  Amft.  1737  ♦  in-foL 
avec  figures.  Ceft  une  deCcription 
des  plantes  rares  que  Gtorgi  Clîf' 
fort  cultivoit  à  Hortecamp  en  Hol- 
lande. IV.  Cruîccf.  botanka ,  Leyde  > 
1737 ,  in  -8^  Il  y  îait  voir  la  né- 
celRté  de  changer  les  noms  dans 
les  genres  &  les  efpeces  àc&  plan- 
tes. V.  Flora  Laponlca ,  Amft.  1737» 
in-S®.  Ceft  le  fruit  d'un  voyage 
qu'il  fit  en  Lapoiûe  en  1731 ,  d'où 
il  rapporta  ^^6  plantes.  VI.  Gtnera 
plamarum  ;  earumque  caractères  natu~ 
raUs ,  Stockholm,  1754,  in-B**. 
Vïl.  Flora  Sutclca  ,  Leyde,  1745. 
Ceft  le  tableau  des  plantes  de  la 
Suéde.  VIII.  Fama  Suscica, ,  Stock-* 
holra ,  1746  ,  in^S^  ,  avec  figures. 
On  y  trouve  les  quadrupèdes  , 
oifeaux ,  poiftbns ,  infères,  Ôce,  de 
la  Suéde.  IX.  FJora  Zfylanlca  , 
Stockholm ,  1747 ,  in-4**.  Ce  font 
les  plantes  de  l'ifte  de  Ceylan  , 
dont  Paul  Hermann  avoit  donné  la 
defcription  »  arrangées  félon  le  fyf- 
tême  de  Linné,  X.  Hortus  Upfalknfis, 
Stockholm,  1748  ,in-8'* ,  avec fig. 
Ceft  le  catalogue  des  plantes  étran- 
gères que  Linné  a  procuarées  pour  le 
iaidin  botanique  d'Upfal,  depuis 


LIN        a8j 

1741  jiifqu'à  1748.  XI.  Amanuat» 
acaïkmicdt ,  Stockholm ,  1749-1760, 

5  vol.  in-8^,  avec  fig.  :  diifertations 
intéreftantes  en  forme  de  thefes. 
XII.  MaurU  medtca,  Stockholm, 
1763  ,  in -8°.  XIII.  AmmaHumfpe- 
dcrum  in  elajfes^  Leyde,  1759  ,  in-8^, 
Xiy.  Oratio  de  incranends  telluris 
habîtabllis ,  Leyde ,  I744,  in-8°.  Par 
la  raifon  que  la  terre  a  été  entiè- 
rement couvene  d'eau  dans  les 
jours  de  la  création  ,  &  que  cet 
amas  d'eau  s'eft  retiré  pour  laifTer 
la  terre  à  découvert  ,  il  prétend 
que  les  mers  continuent  de  fe  re- 
tirer in£enfiblement  :  Syftême  qui 
n'a  pas  fait  fortune.  XV.  Nemefis 
divlna  »  recueil  d'obièrvations  pour 
prouver  que  Dieu  punit  les  ûnpie$ 
^  les  fcélérats ,  même  en  ce  mon- 
de ;  ouvrage  qui  pour  le  fond  des 
cbofes  refiemble  en  partie  à  celui 
de  Salvien,  De  Provldmtla.  Unni 
jouiftbit  en  Europe  d'une  eftime 
générale  :  aufii ,  quand  l'emporté 
la.  MiurU ,  en  écrivant  contre  ce 
naturalifte  qui  range  dans  la  même 
clafle  l'Hippopotame ,  le  Porc  & 
le  Cheval, lui  dit:*CHEVAL  TOï- 
MÊME  ;  VoUaîre  lui  répondit;  Vous 
m* avouerai  que  fi  M,  Linnaeus  tft  un 
Cheval^  e*tfi  U  premier  des  Chevaux,^* 
Ce  botanifte  étoit  de  petite  taille  *» 
mais  il  avoit  l'œil  vif  &  perçant.  Sa 
mémoire  »  qui  étoit  excellente  , 
s'aiFoiblit  un  peu  dans  fes  derniers 
jours.  Il  joignoit  une  grande  fen- 
fibilité  à  un  câraâere  très-agréable. 
Il  fe  mettoit  aifément  en  colère» 

6  s'appaifoit  auifi  Vilement.  Son 
ame,  ferme  &  courageufe,  lui  fit 
foutenir  de  longs  travaux  &  des 
voyages  pénibles.  Il  parcourut  » 
en  1732,  preft]ue  to^te  la  Lapo*» 
nie  pour  bâxt  des  recherches  .fur 
l'hiftoire  naturelle,. &  dans  cetto 
favante  courfe  il  brava  les  horreurs 
des  déferts,  des  précipices,  de  U 
feim»  de  la  foif,  du  chaud  &  di| 
firoid,  £n  1736 ,  il  fit  le  voya^ 


'^•5 


'€^-:% 


184        L  I  O 

d'Angleterre ,  où  il  fe  lia  avec  lei 
plus  célèbres  phyficiens  &:  les  plus 
habiles  médecins  de  cette  ifle.  h>y. 

11.  Jl/SSIEI/, 

LINUS  DE  Ch a;lcide  ,  fils  d*^- 

po/lon   &  de   Toffficore^  OU,  felon 

d'autres  ,  de  Mtratrt  &  ^Urame ,  & 

frère  à' Orphée  ,  fut  le  maître  d'^er- 

oiZe ,  auquel  il  apprit  l'art  de  jouer 

de  la  lyre.  Il  s'établit  à  Thebes, 

inventa  les  Vers  lyriques  &  donna 

.des  leçons  au  poëte  Thanùre,  Linus 

fut  tué   par   Hercule ,  difciple  peu 

docile ,  qui  ,  las  &  impatient  de  (a 

févérité  ,  lui  brifa  un  jour  la  tète 

d'un  coup  de  fon  inftrument.  Selon 

d'autres  mydiologiftes,  il  fut  mis 

>%%^*  ';    ^  TBCLcrt^dx  Apollon^  pour  avoir  ap- 

•WlS*';.  pris  aux  hommes  à  fubftituer  des 

'  ♦it  f  ^  '   ^*^*^^  a"3t  fils  dont  on  montoit 

.     l*>\./r  sdors    les   infirumens  de  mufique. 

'%/  -       Quoi  qu'il  en  (bit ,  on  lui  attribue 

'v%vf.    l'invention  de  la  lyre.  On  trouve 

^-       '  fv     dans  Stobée  quelques  Vers  {o\3S  le 

7         ".^  '  fiom  de  linus;  mais  ils  ne  font 

:  ïÀ  pas,  vraifemblàblement,  de  lui. 

-  I.  UONNE,  (  Pierre  de)  céle- 

•i ..        .       Ure    «apitaine    du   xiv*    fiecle , 

d'une  des  plus'  anciennes  maifons 

'^  )  de   Dauphiné,    rendit   de   grands 

fervices  aux  rois  Jeau^  Charles   V 

&  CharUs  VI  ^  contre  les  Anglois 

&   contre  les  Flamands.  Il  fe  fi- 

gnala  fur-tout  à  la  journée  de  Ro- 

fcbec ,  en  1381.  Ce  héros  mourut  en 

1399. 

II.  LIONNE ,  (Hugues  de  )  de 
la  mêmefiaLmille  que  le  précédent; 
s'acquit  l'amitié  &  la  confiance  du 
cardinal  Ma^arln^  &  fe-  diftii^ua 
dans  fes  ambafiades  de  Rome,  de 
Màdtid  &:  de  Francfort.  Il  devint 
minifire  d'état ,  fut  chargé  des  né- 
goçiadons  les  plus  difficiles,  & 
s'en  acquitta  avec  beaucoup  d'hon- 
neur pour  lui  ôc  pour  la  France. 
Il  mourut  à  Paris  le  i*'  Septembre 
167 1 ,  à  60  ans.  Ce  minière  étoit 
auffî. aimable  dans  la.fociété«,  que 
^lijioneiix.  dans  le,  cabinet.   Voici 


L  I  O 

comment  Saint-Evremont  parle  dé 
lui  dans  une  lettre  à  Ifaac  Voffm, 
>*  Je  fuis  furpris  qu'un  homme 
M  auffi  confommé  dans  les  négo- 
M  dations  ,  fi  profond  dans  les 
M  affaires,  puifle  avoir  la  délica- 
*t  tefTe  des  plus  |>olis  courtifans 
M  pour  la  converfaticm  &  pour 
»»  les  plaifîrs.  On  peut  dire  de  lui , 
n  ce  que  Sallufte  a  dit  de  Sylla , 
tt  que  fon  loifir  efi:  voluptueux; 
M  mais  que  par  une  jufie  difpen* 
w  fation  de  fon  temps  ,  avec  la 
M  facilité  dé  travail  dont  il  s'eft 
M  rendu  le  maître ,  jamais  affaire 
M  n'a  été  retardée  par  fes  plaifirs. 
»t  Perfonne  ne  connoît  mieux  que 
V*  lui  les  beaux  ouvrages  ;  perfonne 
*«  ne  les  ^t  mieux  :  il  fait  égale- 
>»  ment  juger -&  produire-,  &  l'on 
M  efi  en  peine  îi  l'on  doit  eitimer 
M  plus  en  lui  la  fineife  du  difcer* 
n  nement,  ou  la  beauté  du  génie  «<• 
De  Lionne  fut  fort  regretté ,  ftdvant 
le  même  écrivain,  w  C'efl  le  feul , 
(  dit-il  en  parlant  des  minifhes 
d'état,  )»♦  qui  ait  fait  appréhender 
n  de  le  penire ,  &  fait  connoitre 
>»  ce  qu'on  a  perdu  au  même  infiant 
w  qu'il  eft  mort  ««.  Ce  minifhe 
libéral ,  prodigue  même ,  ne  re- 
gardoit  les  biens  &  les  riçhefles 
que  comme  un  moyen  de  fe  pro-. 
curer  des  amis  &  des  plaifirs.  Il 
fe  livra  fans  ménagement  à  ceux 
du  jeu ,  de  l'amour  &  de  la  table  *, 
fa  famé  &  fa  fortune  en  foufïri- 
rent  également.  On  a  fes  Négoàd» 
dons  à  Francfort^  in -4**,  &  fes 
Afémoires  imprimés  dans  un  Recueil 
de  Pièces ,  in-i  2 ,  1 668  :  ils  ne  font 
pas  communs...  Jrtus  de  Lionns, 
l'un  de  fes  fils,  fîit  évêque  de  Ro« 
falie ,  &  vicaire  apofloÛque  dans 
la  Chine.  Il  mourut  à  Paris  le  2 
Août  171 3  ,  à  58  ans,  avec  une 
granderéputadon  devenu  &dezele. 

LIONS,  Voyei  Deslions. 

LIOTARD  ,  (  Jean-François  ) 
né  à  Genève  en  1703,  mort  en  178.H 


LI  P 

fiohpeîiitre  &  graveur.  Il  réuA^Ott 
parfaitement  dans  le  portrait.  Il 
voyagea  dans  le  Levant  &  demeura 

5  ans  à  Confhntinople  >  où  Tes 
talens  lui  valurent  l'honneur  d'être 
appelé  au  férail  du  grand-feigneur 
pout  y  faire  les  portraits  des  ful- 
tanes.  Le  coftume  oriental  lui 
plut;  il  laifla  croître  fa  barbe  avec 
d'autant  moins  de  répugnance* 
qu'elle  cachoit  une  partie  de  la 
difFormité  de  Ton  vifage.  Etant  re- 
venu en  France ,  il  conferva  fon 
extérieur  levantin.  Ce  fut  ainfi  qu'il 
parut  à  Paris  en  1752*  Son  habit 

6  fa  barbe  fuffirent  pour  l'élever 
au  defiits  de  la  foule.  Les  pariûens 
&  les  pariiiennes  s'empreflerent  de 
fe  Êdre   peindre.    Son  nom  par- 
vint bientôt  à  la  cour ,  où  il  pei- 
gnit Louis  Xy  êc  la  Emilie  royale. 
Il  fit  en  peu  de  temps  une  fortune 
brillante,  qui  ne  fut  pas  due  en- 
tiéremènrà  Tenthoufiafine  paiTager 
que  fon  coftume  avoit  excité.   Il 
fàiMbit  par^temem  non-feulement 
les  traits ,  mais  le  cara^ere  de  ceux 
qu'il  pe^oit.  Clément  de  Genève 
l'appelle  le  Pebitn  de  la  vérité ,  & 
dit  qu'à  Venife  &  à  Milan  les 
femmes  de  moyenne  beauté  crai- 
gaoient  de  fe  faire  peindre  par  lui. 
On  prétend  que  la  marquife    de 
Pompadour  fut  blefTée  de  fa  fcrupu- 
leufe  exaéHtude  ;  &  en  lui  donnant 
cent  louis  pour  le  prix  de  fon  por^- 
trait ,  elle  lui  fit  fentir  que  fa  barbe 
^oit  fon  principal  mérite.  Il  eft 
vrai  que  Idotard  ne  brilloit  pas  par 
le  coloris  ;  mais  û  l'art  de  faiûr 
la  reffemblance  eft  le  premier  ta- 
lent d'un  peintre  à  portraits ,  l'ar- 
tiûe  genevois  étoit  un  homme  peu 
commun  dans  fon  genre.  On   a 
gravé  pluAeurs  de  fes  portraits  & 
<ie   fes   defHns.    On  connoit  les 
eûampes  de  fes  Grecques   &    de 
fes    Turques.     Liotard    a    gravé 
deux  fois  fon  portrait,  le  profil 
de  l'impératrice  Muirh  -  Théreft  , 


L  I  p         x9^ 

le  portrait  de  U/eph  II,  Vénus  en« 
dormie  du  Tiâen  ,  fa  fille  Maru* 
Tkénfe  ,  des  Fumeurs  flamands  , 
&c.  &c 

LIPENIUS ,  (  Mardn  )  Luthérien 
Allemand,  mort  en  1692,  à  62  ans» 
épuifé  de  travail ,  de  chagiûis  & 
de  maladies,  étoit  un  laborieui^ 
compilateur.  On  a  de  lui  :  I.  Un 
Traité  curieux  fur  Us  Entnnc»  y  1670, 
in-4^.  II.  BibUothtca  reaUs ,  6  voL 
in-fol.  C'eft  une  table  univerfelley 
mais  très-inexa£le  ,  des  matières 
pour  les  différentes  fciences ,  avec 
le  nom  &  les  ouvrages  des  auteurs 
qui  en  ont  traité.  Il  y  a  2  vol.  pour 
les  théologiens  ,  2  pour  les  philo/o-^ 
phes  -,  les  jurlfconfultes  &  les  méde^ 
tins  en  ont  chacun  un.  Elle  parut 
à  Francfort  en  1675  &  1685. 

LIPMAN,  Rabbin  Allemand,  . 
dont  on  a  un  Traité  contre  la  re- 
ligion Chrétienne,  qu'il  compofii 
en  hébreu  en  13.99.  Il  efl  intitulé: 
Nitfachon  ;  c'eft-à-Klire  ,  Victoire* 
Mais  rien  n'efl  moins  viâorieux 
pour  les  Juifs,  que  ce  pitoyable 
ouvrage.  Theodorle  Hdkfpan  le  pu- 
blia en  1644,  à  Nuremberg  »in-4\ 
L  LIPPI,  (  Philippe  )  peintre» 
natif  de  Florence  »  mourut  âgé  de 
57  ans,  en  1488,  avec  la  réputa- 
tion d'un  homme  qui  avoit  plus  de 
talens'que  de  mœurs.  U  eut  beau- 
coup de  partifans  dans  fa  patrie* 
&  le  Jour  de  fon  enterrement  tou- 
tes les  boutiques  furent  fiermées, 
U  laifla  un  fils ,  nommé  aufil  FhU 
lippe  LiPPif  qui  fut  peintre  comme 
luL  II  l'avoit  eu  d'une  jeune  pen- 
fionnaire  qu'il  corrompit  dans  un 
monailere  de  Florence ,  où  il  avoit 
été  appelé  pour  fon  art.  Ce  fils , 
aui£  réglé  dans  (k  conduite  que 
fon  père  avoit  été  débauché ,  mou- 
rut en  1C05  ,  à  45  ans. 

U.  UPPI,  (Laurent)  peintre  & 
poëte  Florentin,  eft  connu  des  fk- 
vans  par  un  fameux  poëme  burlef- 
^ue ,  inàtulé  :  M<^<»^^<  Ra^uifyto, 


i8<5         L  IP 

impriiné  à  Florence  en  i68S  ,'m-4^ , 
fous  le  nom  de  Perlonc  Zipoli ,  qui  eft 
ranagranune  de  Laurent  Llppl.  Oit 
l'a  réimprimé  en  173 1,  in-4°,  à 
Florence ,  avec  des  notes  curieuîfes 
de  Salvini  &  BiJfioni\  &  depuis  â 
Paris  ,  1768 ,  in-i2.  Uppl  eft  plus 
connu  par  cette  produâion  de  fa 
mufe ,  que  par  celles  de  fon  pin- 
ceau ,  quoique  Tes  tableaux  l'élevé- 
vaiTent  au  deiTus  du  commun.  Il 
mourut  en  1664. 
^  I.  LIPPOMAN ,  (  Louis  )  favant 
Vénitien ,  fut  chargé  des  aflàires 
les  plus  importantes ,  &  parut  avec 
éclat  au  concile  de  Trente.  Il  fut 
l'un  des  trois  préfidens  de  ce  con- 
cile fous  le  pape/«/«  ///.  Paul  IV. 
l'envoya  nonce  en  Pologne  l'an 
ly  56 ,  &  le  fit  fon  fecrctaire ,  en- 
fuite  évéque  de  Modon,  puis  de 
Véronne,  &  enfin  de  Bergame.  Il 
mourut  en  1559,  avec  la  réputa- 
tion d'un  bon  négociateur.  Ce  pré- 
lat poiTédoit  les  langues,  l'hifloire 
eccléfîailique ,  facrée  &  profane  *, 
&  fur-tout  la  tliéologie.  Son  ca- 
rafVere  manquoit  de  douceur,  & 
il  traita  avec  une  févérité  inouie 
Its  Juift  &  les  hérétiques  pendant 
fa  nonciature  en  Pologne.  On  a 
de  lui  :  I.  Huit  volumes  de  com- 
pilation, de  Vies  des  Saints^  15 68, 
in-fol. ,  recueillies  fans  critique  & 
fans  difcemement.  II.  Catena  in 
Genefim ,  în  exodum ,  6»  in  aâquot 
P/a/mos^  3  vol.  in-fol. 

IL  LIPPOMAN,  (Jérôme)  no- 
ble Vénitien ,  tour-à-tour  ambafla- 
deur  à  Turin,  à Drefde ,  à  Naples , 
à  Conftantinople ,  s'acquitta  des 
commiffîons  les  plus  importantes 
avec  beaucoup  de  fiiccès.  Mais  ayant 
été  acpifé  devant  les  inquifiteurs 
d'état^  d'avoir  vendu  le  fecret  de 
la  patrie  aux*  princes  avec  lefquels 
il  avoit  eu  à  traiter ,  il  fut  arrêté 
à  Conftànttnople  &  conduite  Ve^ 
nife.  Ldppoman  prévint  Ion  fup- 
pltee  par  fa  mort.  Un  jbur  ayant 


dmufé  fes  gardes ,  il  fe  jeta  iÉiiê 
la  mer  pour  fe  fauver  à  la  nage* 
Les  mariniers  le  reprirent;  mais  il 
mourut  1  heures  après ,  en  1 5  9 1 . 

LIPSE ,  (  Jufte  )  né  à  Ifch ,  vil- 
lage près  deBruxelles,  le  18  Oôobre 
1547  ,  commença  à  écrire  lorf- 
que  les  autres  en&ns  commencent 
à  lire.  A  9  ans  il  £it  quelques  Poèmes  ; 
à  12  desDifcours-,  à  19  fon  ouvrage 
.  intitulé  Varia  leâiones.  Le  cardi- 
nal de  GranvdU^  furpris  &  char- 
mé de  fon  génie ,  le  mena  à  Ro- 
me en  qualité  de  fon  fecrétaire* 
De  retour  en  Allemagne ,  il  pro* 
feiTa  avec  beaucoup  d'applaudiflie- 
mcnt  l'hiftoire  à  lene&à  Leyde, 
&  les  belles  -  lettres  à  Louvain. 
Ses  leçons  lui  firent  un  fi  grand 
nom ,  que  l'archiduc  Albert ,  &  l'in- 
fante ifahelU  fon  époufe ,  allèrent 
les  entendre  avec  toute  leur  cour. 
Henri  IV,  Paul  V,  les  Vénitiens, 
voulurent  l'enlever  à  Louvain  ; 
mais  ils  ne  purent  le  gagner  ,  ni 
par  les  préfens ,  ni  par  les  promcf- 
îès.  lif/è,  dans  fes  différentes  cour- 
fes ,  avoir  changé  de  religion  en 
changeant  de  climat  :  Catholique  i 
Rome  ,  Luthérien  à  lene,  Calvi- 
nifte  à  Leyde;  il  redevint  Catho- 
lique à  Louvain.  Depuis  ce  der- 
nier changement,  il  eut  toujour» 
une  dévotion  fervente  à  la  Sainte 
Vierge.  U  écrivit  VHiJioire  de  No^ 
trc^Ddme  de  Hall ,  comme  on  l'au- 
roit  écrite  dans  les  fiecles  de  la 
plus  craffe  ignorance..Il  adopta ,  fans 
examen  ,  les  fables  les  plus  ridicu- 
les ,  les  traditions-  les  plus  inccr-^ 
taines.  Il  confacra  fa  plume  d'argent 
à  cette  cliapelle.  Dans  la  dédicace  de 
fa  plume  en  vers  latins ,  il  fe  donne 
des  éloges  exceffifs,  &  cet  hommage 
ne  pafTera  jamais  pour  celui  de  l'hu- 
milité. Ce  ne  fut  pas  fans  doute 
fous  l'infpiration  de  la  Sainte  Vierge 
qu'il  écrivit  fon  Traité  de  PoGù-^ 
que,àsins  lequel  il  ibutient  >*  qu'il 
>f  £auc  exterminer  par  le  fer  &  S^ 


y 


L  IP 

fi  le  féu  ceux  qui  font  d'une  au<* 
rt  tre  religion  que  celle  de  1  état , 
w  afin  qu'ua  membre  périfTe  plu- 
>»  tôt  que  tout  le  corps  *«.  Ce  fa- 
vantfl  peu  humain  mcnirut  à  Lou- 
vain  le  23  Mars  1606,  à  58  ans. 
Il  ie  fit  lui-même  cette  épitaphe , 
qui  àoaoen  une  idée  de  fon  ftyle. 

Qtiis  hïc  fipu/tus  ,  quarts  ?  Ipfe  cdif" 

fêram, 
Nuptr  locutus  &  flylo  &  linguâfuli 
iVwzc  aàsro  Habit,  Egojum  LipiiMS  , 
CidUtura  dont  nomea  &  tuus  f^vor^ 
Sid  nomen,,.   ipjï    ablvi  ^    ahtbU  hoc 

quocrut  y 
Et  nîhU  hic   orbîs  ;  quod  pcrrennet ., 

pojjidet. 
Vis  aàlure  voce  nu  tccttm  loqul  ? 
fiumana  cunciafumus  ,  umbra,  vanuas , 
Et  Jcmx  imago  ,  6» ,  verbo  ut  abfolvamy 

nlhiL 
Extr^jttum  hoc  fc  alloquor  ; 
Etcmàm  ut  gaudeam  y  tu  apprccare, 

/.  Ljpse  ordonna  à  ifon  époufe, 
en  mourant ,  d'offrir  fa  robe-four- 
rée de  profefleur  à  l'autel  de  la 
Vierge  de  Saint-Pierre  •  de  Louvain. 
Sa  femme  offrit  effedHvement  ce 
fingulier  préfent  ;  mak  comme  il  ne 
poiivoit  fervir  de  rien  à  cette  cha- 
pelle ,  on  la  vendit  à  Gérard  Cvr- 
ftiiiis  ,  qui  s'en  fervit  depuis  en 
mémoire  de  Upfe,  L'aident  fut  em- 
ployé à  des  ufages  de  dévotion. 
Jt^Upfi  avoit  paru  anime  ,  du 
moins  d^ns  fes  derniers  jours ,  par 
une  piété  véritable  -,  car ,  dans  fa 
jeuncffe,  il  avoit  beaucoup  aimé 
les  femmes.,..  SesUgsr^  Cafauhon  & 
lui,  pafToient  pour  les  Trmmvlfs  de 
la  république  des  lettre?.  On  ne  fe 
contentoit  pas  d'admirer  Upfe  ;  tous 
les  jeune»  gens  cherchoicnt  à  l'imi- 
ter. Le  goût  du  public  a  été  de  tous 
les  temps  une  vraie  machine ,  qui 
s'eft  élevée  &  qui  s'eft  abaiffée  au 
gré  des  auteurs  célèbres.  7k/&  Llpfe 
eut  affez  de  réputation  dans  fon 
•^P5  >  pour  être  pris  univcrfeU^ 


L  I  P         187 

ment  pour  modère.  On^  n'en  pou- 
voit  guère  choifir  de  plus  mauvais. 
Son  ftyle  fautillant ,  incorrcéT , 
femé  de  pointes  &  d'ellipfes ,  gâta 
une  inanité  d'écrivains  en  Flan^ 
dres ,  en  France  &  en  Allemagne. 
Ju^  jjyjc  croyoit  s'être  formé  fur 
Tadte  ,  &  il  n'avoit  pris  que  foh 
obfcurité  &  fon  âpreté.  Il  favoit 
par  cœur  cet  hiftorien  ,  &  il  s*o- 
bligea  un  jour  à  \écïtçr  mot  pout 
mot  tous  les  endroits  de  fes  ou- 
vïages  qu'on  lui  marqueroit ,  con* 
fentant  à  être  poignardé ,  en  ca^ 
qu  il  ne  les  récitât  pas  fîdellement. 
»♦  Outre  ce  que  Jujh  Lipfe  a  écrit  ^ 
(  dit  M.  Formel  J  >♦  fur  les  matière» 
M  de  jurifprudence  &  de  politique  , 
»♦  il  s  eft  propofé  de  rétablir  toute 
w  la  dofïrine  Stoïcienne ,  tant  À 
r>  l'égard  de  la  phylique  que  de  la 
»♦  morale  ;  &  fes  ouvrages  à  ce  fu* 
«  jet  font  remplis  d'érudition.  11 
»»  n'eft  pounaut  pas  également  heu*- 
»»  reux  par-tout.  Il  n'a  pas  faifi  1<5 
»♦  véritable  fens  des  axiomes  du 
»»  iloidûne  -,  &  fe  laiffant  éblouir 
»♦  par  les  grands  mots  que  cette  feôe 
»♦  prodigue ,  il  n'a  pas  eu  la  circonf- 
w  petBon  néceffaire  pour  décott- 
>»  vrir  &  éviter  le  venin  qu'ils  re- 
»  cèlent.  Ainfi  prévenu,  il  a  pro* 
»»  pofé  comme  des  doÔrincs  fai- 
»♦  nés  ,  pieufes  &  conformes  au 
»»  Chriftianifme,les  chofes  les  plus 
>»  dangercufes  &  les  plus  diamé- 
>♦  tralement  oppoC^es  à  la  religion. 
»♦  En  politique ,  il  voulut  fe  mon- 
>»  trer  Ecle6>ique*,  mais  ce  qu'il  écri* 
»♦  vit  en  faveur  de  l'intolérance , 
vt  lui  attira  de  fortes  réfutations 
*♦  &  de  vives  cenfures.  11  démentit 
»»  les  principes  de  confiance  em- 
»♦  pruntés  du  Stoicifme ,  qu'il  étala 
>»  dans  {e&  écrits ,  par  l'inconftance 
»»  qui  régna  dans  toutes  fes  dé- 
M  marches ,  fur-tout  en  fait  de  reli- 
«  gion  «.  (  Histoire  abrégée  de  la 
Pkliofophiey'pRg.  240.^  Sa  figtire, 
^  fa  converûàosi  no  répon4oiênf . 


i88        L  I  P 

poiat  à  la  grande  répuaôon  qu^il 
s'étoit  £ûte.  Les  étrangers  qui  ve- 
noient  rendre  hommage  à  fes  ta- 
lens ,  ne  pouvoient' concevoir  que 
•ce  fût  cet  homme  dont  la  renom- 
mée étoit  û  étendue/^  aimoit  à 
l'excès  les  chiens  Sx,  le$%^ijgn  \  & 
il  dit  :  »*  qu'il  préféroit  certains 
n  oignons  de  tulipe  à  des  lingots 
>»  <l'or  ou  d'argent  «t.  Les  ouvrages 
.de  Llpfc  ont  été  recueillis  en  6  vol. 
io-folio,  à  Anvers,  1637  ;  &  cette" 
.colleâion  n'eft  guère  feuilletée 
,^ue  par  des  favîps  poudreux.  Les 
principaux  écrits  qu'elle  renferme  9 
font  :  I.  Un  Commciuain  fur  TacUt , 
aiTez  cftimé.  Muret  prétend  que  ce 
qu'il  y  a  de  mieux  dans  cet  ou- 
vrage ,  a  été  tiré  de  fes  écrits.  Jujie 
Lîpje  paEoit  pour  plagiaire ,  &  cet 
liomme ,  qui  doanoit  des  robes  à 
ja  Sainte  Vierge ,  ne  fe  feifoit  pas 
un  fcrupule  de  dépouiller  les  auteurs. 
jSaumaî/c ,  le  président  du  Faut ,  le 
chevalier  de  Morualgu ,  &  pluiieiirs 
autres  écrivains  le  lui  reprochèrent. 
.11.  Ses  Satumalts.  III.  Son  Traité 
De  mUitU  Ronuuia.  IV>  Ses  E/ecles  , 
ouvrages  de  critique,  pailables.  V. 
Un  Traité  de  la  Confiànu ,  fon  meil- 
leur ouvrage  ,  fuivant  quelques 
critiques.  Xzpyê  n'avoit  pas  été  le 
jSaint  de  fon  fermoa.  Nous  avons 
4éjà  vu  qu'il  avoit  promené  fon 
efprit  de  religion  en  religion.  Mais 
c'eft  peut-être  ce  qui  lui  fit  con- 
nohre  la  néceifité  d'être  confiant 
dans  la  véritable.  VI.  Ses  Dlverfes 
JLeçons  :  ouvrage  de  fa  tendre  jeu- 
nefle,  beaucoup  mieux  écrit  que 
les  produâions  de  fes  derniers  jours. 
Jljpafla  du  bon  au  jnauvais  goût. 
yiL  Son  TrdiU  de  Politique;  com- 
pilation afTez  médiocre,  &  que 
l'auteur  aimoit  beaucoup  *,  fem- 
blable  à  ces  mères  bizarres ,  qui 
donnent  toute  lepr  tendrefTeà  ceux 
de  leurs  enians  q^e  la  nature  a  le 
plus  maltraités.  VIII.  De  wia  Reâ" 
l^iu.  IX.  Dt  Çrm  Sk§,  très  ,  Leyde  , 


L  I  R 

1695  ,  in-ii  ;  ouvrage  plein  d'éro* 
dition.  X.  De  Cruels  fuppâdo  afui 
Rotnaaos  ufitato  ,  dans  les  Antiquités 
Romaines  de  Kippingius.  XI.  De 
Amphttheatris  »  dans  les  Antiquités 
Romaines  de  Graevius.  Les  huit 
Harangues  qui  ont  paru  à  lene  fous 
fon  nom,  lui  ont  été  attribuées  par 
des  hommes  de  mauvaife  foi  ,  com- 
me il  le  prouve  lui-même.  Cent,  iv» 
MlfulL  Epifl,  69. 

LIRON  ,  (Jean)  favant  Béné- 
diûin  de  la  congrégation  de  Saint- 
Maur,  très-verfé  dans  les  recher- 
ches &  les  anecdotes  littéraires  , 
naquit  à  Chartres  en  1665  ,  &mou- 
rut  au  Mans  en  1749 ,  à  84  ans. 
Nous  avons  de  lui  deux  ouvrages 
curieux.  I.  L^Bihliotheque  des  Au' 
teurs  Ckartrains ,  1719  ,  in'4^.  Si 
Ton  retranchoit  de  ce  livre  un 
grand  nombre  d'auteurs  qui  n'a- 
voient  aucun  droit  d'y  être  placés , 
on  le  réduiroit  à  un  petit  vol.  in-ii. 
Une  foule  d'évêques,  de  chanoines , 
de  curés ,  de  petits  écrivains  connu  s 
feulement  par  une  chanfon  nos 
imprimée  ,  y  font  une  figure  inu- 
tile. D'ailleurs ,  il  eft  un  peu  pro-  | 
digue  d'éloges  envers  des  écrivains 
qui  en  méritent  bien  peu.  Le  projet  I 
de  l'auteur  avoit  été  de  &ire  une  | 
Bibliothèque  générale  des  Auteurs  de 
France ,  &  il  avoit  commencé  par 
ceux  de  fa  patrie.  II.  Les  Aménités 
delà  critique  y  1717— 1718,  en  % 
vol;  in- 12.  C'eftun  recueil  dedif- 
fertations  &  de  remarques  fur  di- 
vers points  de  l'antiquité  ecdé- 
iiailique  &  profane.  lH.  les  Singu- 
larités Hiftoriquês  &  Littérains ,  Paris , 
1734—1740  ,  4  vol.  in-ia.  Ce 
font  des  fiaits  échappés  aux  plus 
laborieux  compilateurs  ,  des  noms 
tirés  de  Toubli ,  des  points  de  a» 
tique  éclaircis,  des  bévues  d'écri- 
vains célèbres  relevées  ,  des  opi* 
nions  combattues ,  )d'autres  établies  : 
tout  cela  aiTemblé  fans  beaucoup 
d'ordre,  écrit  d'un  f^le  ample , 
pas 


LIS 

ps  tbu)outs  exempt  d*expreflloiis 
«acorreôes  &  de  phrafes  mal  cognC^ 
truites, mais  femé  de  l'énididon 
h  plus  redierchée»  On  voit  un 
homme  qui  UCoit  beaucoup ,  &  qui 
ne  paile  fur  rien  iàns  faire  des  cor- 
leéÛons  ou  desi  remarques. 
OSET,  FDyexLu.Er. 
LISIAS,  -^LïSiAs. 

I      LISIEUX  ,  —   Zachaeib  dé 

!    Lifioix ,  n**  VI. 

I       I.  LISLE ,  (  Gaude  de  )  naquit  à 

I  Vaucouleurs  en  Lorraine  ,  l'an 
1^44 ,  d'un  père  qui  étoit  médecin. 
Le  fils  fe  fît  recevoir  avocat  ;  mais 
r#mde  de  la  îuriTprudence  n'étant 
pas  de  Ton  goût ,  il  (e  livra  tout 
entier  à  l'kifioire  •&  à  la  géogra- 
phie. Four  fe  perfeâionner  ,  il 
vim  à  Paris  «  cù  il  Te  fit  bientôt 
connoître.  Il  y  donna  des  leçons 
pamculieres  d'hiôoire  &  de  géo- 
graphie,  &  compta  parmi  fes  dif* 
ôples,  les  principaux  feigneurs  de. 
la  cour  ,  &  le  duc  d^Orlians  , 
depuis  régentdu  royaume.  Ce  prince 
conferva  toujours   pour    lui  une 

;    a£SetHon  ûng^ere  ,  &  lui  donna 

i    fouvent  des  marques  de  Ton  eflime. 

i  Dt  Uflc  mourut  à  Paris  le  2  Mai 
Z710 ,  à  76  ans  >  laifïant  4  fils  & 
une  fille.  On.  a  de  lui  :  I.  Une 
Bdadon  Hljiorlque  du  royaume  de  Slam^ 
1684, in- 1 a  ,  aiïez  cxaÛe.  II.  Un 
Ahrégé  de  PHlfiotre  UnlverfelU ,  depuis 
la  création  du  inonde  jufques  en 
1714;  à  Paris",  7- vol.  in-ia  , 
173 1.  Cet  ouvrage,  plat ,  ennuyeux, 
iuperficiel,  eft  le  finit  des.,  leçons 
que  de  Ufle  avt)it  faites  f^r  l'HiÔoire. 
Il  y  a  cependant  quelques  fingu-,; 
laorités  qui  le  firent  rechercher  dans 
le  temps.  Ut.  tfne  litr^duciLn  a  la 
Ciogcaphle  ^^  avec  mvl  Traité  de  là 
SphJe,  2  voKïn-ia^à'paris ,  1746  -, 
liyre  publié  fous  le  nom  de  (on 
fils  aine,  le  Ccographcv  qui  fuit. 
•  U.  LISLE^  (Guillaume  de)  fils 
du  précédent  ,j  i^aquit  à.  Paris  en 
ï^j.  Dès  l'âge  ;de  huit  ou  neuf 
Tome  r^ 


LIS:         a8^ 

aflsilcomxnençaàdeffijierdesCarteSf 
&  fes  progrès  dans  la  géographie 
furent  cous  les  jours  plus  rapides, 
A  la  fin  de  1699  ,  il  do/ina  fes  pre- 
miers ouvrages  :  une  Mappemonde  ^ 
Tfr  Cartes  des  quatre  parties  de  la 
terre ,  &  deux  Gi4^hes ,  l'un  célefle  » 
l'autre  terreftre ,  qui  eurent  une 
approbation  générale.  Ces  ouvrages 
différoient  beaucoup  de  ceux  qui 
avoient  paru  jufques  alors,  v  La 
»•>  Méditerranée  ,  (dit  Fontenelle ,). 
Vf  mer  connue  de  tout  temps  par 
•t  les  nations  fayantes  ,  •toujours 
»♦  couverte  de  leurs  vaiffeaux ,  tra- 
>♦  verieede  tous  les  fens  pofiibles 
«  par  une  infinité  de  navigateurs  , 
»»  n'avoit  que  860  lieues  d*Occi- 
»>  dent  en  Orient ,  au  lieu  de  116 6 
v>  qu'on  lui  donnoit.;  erreutpref* 
»►  que  incroyable.  L'Afie  étoit  pa*^ 
w  reille^nent  raccourcie  de  500 
>t  lioues  ;  la  pofition  de  la  terre 
>♦  d'Yeco ,  changée  de  1700  ;  une 
M  iniisdté  d'autres  cortedionsmoins 
n  frappantes  &  moins  fenfibles ,  ne 
>»  furpienoient  que  les  yeux  favans^ 
>»  encore  M.  de  LijfU  avoit-il  jugé 
>*  à  propos  de  refpeâcr  jufquà  ua 
>*  certain  point  les  préjugés  établis, 
»*  &  de  n'ufer  point  à  toute  rigueur 
9t  du  droit  que  lui  donnoient  fes 
»♦  décQuvertes ,  tant  lé  feux  s'attiie 
n  d'égards  par  une  certaine  pof- 
»♦'  fefnon  où  il  fe  trouve  toujours  «  t 
Ces  premiers  ouvrages  furent  fuivis 
de  plufieurs  autres  qui^  lui  méri- 
,  térént  une  place  à  l'académie  des 
fciences  ^  en  1702' j  le  titre  de 
premier  géographe  du  roi  &  une 
;  penfion,  en  1718*  Choifî  pour 
.  montrer  la  géographie  à  Lotus  XV  ^ 
il.  entreprit  plufieurs  ouvrages  pour 
^  l'ufage  dé  ce  jeune  monarque-,  il 
dreila  une  Carte  générale  du  mànd:  ^ 
•  &  une  autre  de  la  fanieufe  Rara'.tt 
\  des  Dix  mille.  L'illuftre  élevé  devint 
l'émule  de  fon  maître.  Lotâs  XV 
a^, été  l'un  des  monarques  de 
rËurope  ,  qui  pbfTédoit  le  mieux 

T 


tiço         LIS 

U  géographie.  Il  a   compofè  im 

Traité  au  touTM  de  tous  les  fleuves  , 
.  précieux   pour  les  recherches  & 
pour  rexaâitude....  La  réputation 
de  de  Ufle  étoit  fi  répondue  ft  û 
bien  établie,  qu'il  ne  paroiiToit  pres- 
que plus  d'HiAoire  le  de  Voyage  « 
^'on   ne  voulût  Tomer  de  fes 
cartes.  11  travailloit   a    celle  de 
Malte  pour  Vmftoint  de  l'abbé  de 
Venot^  lorfqu'il  Ait  emporté  par 
une  apoplexie ,  le  15  Janvier  1716 , 
â  51  ans.  Ses  Canes  font  en  très- 
grand  nombre  &  très-eftimées.  Ce 
ne  font  point  des  répétitions  de 
Cartes  plus  anciennes  ;  on   voit 
dans   les  fiennes    l'hiflorien    qui 
tecueille  les   témoign^;és  ,   &  le 
géographe  qui  mefure  8c  qui  corn- 
piare.  On  peut  en  voir  la  iiftedans 
lé  Mêrcurt  de  Mars  171^.  Il  dcvoît 
donner  une  IntroduSHon  à  la  Géo^ 
gtiqfhie  ,    dans  laquelle   il  auroit' 
rendu  compte   des  raifons    qu'il 
«voit  eues   de  faire  des  change- 
mens  aux  Cartes  anciennes  ;  mais  ' 
fil  mort  prématurée  priva  le  public 
de  cette  mile  proditétion.  Le  nom 
de  ce  géographe  n'étoit  pas  moins' 
célèbre  dans  les  pavs  étrangers  que' 
dans  fa  patrie.  Pltiueurs  fouveraîns 
tentèrent  de  renleyer  à  la  France,  ' 
mais  toujours  intitilement.  Le  tzar 
FUrre ,  dans  fon  voyage  à  Paris  ,' 
alloit  le  voir  familièrement ,  poui;' 
lui  donner  quelques  remarques  fur  ^ 
la  Mofcovie  -,  &  plus  encore ,  dit 
FontenelU  ,poûr  cOflttOîti^chèz'hii  ,/ 
mieux  que  par-tout  ailleurs  ,  fon 
propre  empire/  ' 

ni.  LISLE ,  (Joftph-NîcOlas  de) 
fijere  du  précédent ,  naquit  i  Paris, 
en  1688.  Après  avoir  fait  dé  bonfies  ' 
études   aii  collège  Ma^arm  ,  il  fé  * 
cônfacra  tout  entier  aux    mathé- 
matiques. L'àftronomie  avoit  fur-^' 
tout  des  attraits  puiiïans  pour  lui»  ' 
L'éclipii  totale  de  foleil ,  arrivée 
le  12' Mars  1706  ,  fiit  comme  le 
figaal  que  là  natùrç  iesjâ>l\  à<^m&  ' 


lia    L   s^'- 

à  fim  génie.  Diepu»  il  ne  ceffa  éi 
•  fûre  des  obfervations  afirondnit^' 
qaes ,  donr    plusieurs   font  très* 
importantes.  La  place  d'élevé  que 
l'académie  des  Sciences  lui  donns 
en  17  X4 ,  fut  un  nouveau  lien  poiîr 
le  jeune  aAronome.  Les  mémoife» 
de  cette  compagnie  forent  bientôt 
ornés  de  fes  réflcaioAs  &  de  iès 
<tfertftlions^  Il  propo6  en  1720 
de  déterminer  la  figure  de  la  terre  « 
eli  Frttnfce  ;  8e  les  vues  à  ce  fujee 
farent  mi^  en  exécution ,  quelques 
années  après«    U  "fit  en    1724  le 
voyage  d'Angleterre ,  &  y  fut  trcs- 
lûen  accueilli  par  Newton  &  HaU^^ 
Le  premier  lui  fit  préfent  de  foa 
portrait ,  &  le  fécond  éc  fes  Tables 
agronomiques  ^  qui  né  fkrent  doit* 
niées  au  public  que  long-temps  de^ 
puis.  La  fociété  royale ,  ft  fucce^ 
fivement  toutes  les  compagnies  fa-> 
vantes  de  l'Europe,  s'empnsflerent 
de  s'aflbcier  M.  de  JUj/U  ;  &  il  eft 
mort  doyen  de  toutes  les  grande» 
académies.  Appelé    en  Riâfe  en 
1726  ,  il  y  obtînt  uhe  penfion  con* 
ôdérable  éc  un  obfervatoire  vaflt 
&  commode  ;  &  ne  revint  dans  û 
patrie,  en   1747»  qu'après  s'être 
fignalé  par  des  travaux  immenlès 
eil  géographie  &  en  afirononue. 
Il  les  conrinua  à  Péris ,  où  il  étoit 
pfofeflHir  au  collège  -  royal  ^   H 
îâmoL  des  éteves    £gnes  de  loi,* 
efïtt'âutres  le  célèbre  M.deU  Lanêt 
&  M,  Meffier.  Enfin  ;  il  termina  fa 
longue  &  glorieufe  carrière  en  1768 
à  80  an^.  Une  piété  vraie  ,  des 
mœtirs  douces,  une  foèiéeé  tran-, 
qûifle,  le  défiméreffement  le  flva 
grand  :  telles  étoîent  lei  qUalhés' 
dé  cet  illufire  ârtrdnctoe.  La  drdi- 
fùre  de  ion  ^^  éclata. dans  toute 
faf  Conduite  ;  Bc  s'il  fté  fut  pas  tou*' 
jdtirs  communicatif ,  il  ne  connut 
pas  non  plus  ces  âgreurs  ,^  ces  ja- 
Idûfîes  qui  divifent  quelquefois  lès 
favans.^11  a  laiffé  un-  grand  nom-. 
htï  db  porce-feaiUes  >  rea&tn»it 


LIS 

pluâeurs  colleûlons  précieufbs ,  St 
qui  peuvent  être  très-utiles  aux  af- 
troàomes  ,  aiîTi;  géographes ,  aux 
llavigateurs.^  Nous  avons  encorç 
de  lui  ;  I.  d'excellens  Mimolr&spour 
fcryir  à  tWfioîre  de  PAJironomlc  , 
Î738,  cii  a  vol.  in-4^,  H.  Divers 
Mémîns^  inférés  dans  ceiuc  de  l'a- 
cadémie des  {cienccs  &  dansquelr 
ques  Journaux.  III.  Nouvelles  Cfrr 
us  des  Découvertes  de  t Amiral  de 
Foau,  ij^t^  in-4''.  Enfin  il  suroij 
pu ,  (kns  (Toute ,  donner  un  plu$ 
grand  nombre  d*ouvragçs  i  ^ais  là 
Yafte  étendue  de  Tes  vue^  &  de  fes 
projets  ,  ^foit  qu'il  ràflçmlîloit 
ooaucoup  &  qu'il  publloit  peu. 

IV.  iSSLE  DE  LA.DREVÉTIERE4 

{Louis-François  de)  né  à  $uze-l^ 
Rouâfe  en  Dauphiné ,  mort  ^ù  moifi 
de  Novembre  1756,  dans  un  âge 
^dez  avancé ,  étoit  iiTu  d  une  fa.- 
miUe  noble  àâ  Périgor<t  Son  peirç 
1^  vivoit.d'ùn  revenu  modi^e, 
l'envoya  à  Paris  pour  y  finir  -fes 
études.  Le  Jeune  de  Lîfie  ie  diitinr 
gua  en  rhétorique,  &  fur  -  tout  en 
philofoçhie^  u  ûit  en  écarter  les 
laots  baroqnes  &  les  argusoens  bir 
zarres  \  pour  s'attacher  aux  raifoa- 
nemeos  folides.  Il  fit.  ciiAûte  fon 
droit  «  dans,  le  deiîein  de  fuivre  le 
l^arreau  ;  mais  Tamour  du  plaiiir  le 
détourna  de  ceae  carrière^  Son  père 
ne  pouvant  le  foutenir  ,i^,  jP^fis:^;  ^ 
^e  vit  réduit  à  vivre  de  fes  tai^çn^» 
Il  travailla  pour  le  théâtre  Italio^ 
Ea  J721  y  il  donna  au,  public  jCa 
çoniédie  à'Aj>ieqMh  /auyage  /  pièce 
excellente  y  jui'on  voit  tou)ouriS 
avec  playjr.  En  lyaa  U.  fit.  repré- 
feiuer  Timon  le  Mtfmuknij^èi  mii  eut 
!^  plu^'gr^nd  Tuccès,  X'annee  fuir 
vante  il  donna  Arleqma  au  Bajtqua 
desfftSa^ ,  comédie  qu'oB  rece- 
vroit  pCîAt^ètre  mieux  aujourd'hui 
qu'elle  ne  le  fiit  alors  ,  parce  que 
le  goût  de  la  philosophie  n'étoi^ 
pas  dominant  Cette  pièce  fut  fuivie 
i^'tm^uit  nâ^\  Û  sii;  au  jour 


LIS         a9i 

en  1^15  fa  comédie  du  faucon  ^o\x 
lis  Oies  de  Bocace,  On  a  encore  dé 
lui  :  EJfulfur  t amour-propre  ^  poëmet 
1738  ,  in-  8*^  -,  la  Découverte  des  Lon- 
gltud^s  ,    În-I2  ,    1740  ;    Danaus  » 
tragédie  ,  1731  -,   le  Berstr  d*Àm- 
phry'fe  ;    le    Vala  Auteur  i  Arlequin 
Afirolû^ue  \  Arlequin  Grand^r  Mogf>J{ , 
&c,  &  quelque^   Plcces  de   Vers., 
recuçillies  eà  un  feul  volume.  l)c 
UJle  étôit  d'un,caraftcre  fier,  taci- 
turne  &  rêveur;   Ôc  aç  ppuvoù 
s'ab^fîer    qu'auprès    des    grandsi: 
encore  difoit  -  il  ,qu7/  y  avolt  trop 
àfouffrîr  dans  leurs  '  antichambres,  fl 
ne  faut  pas  le  confondre  avec,  un 
autre  de  lijlfi\  mon  à  Paris   en 
Mars  1784,  Celui-ci  étoit  un  lit- 
térateur aimable  qui  setoit  Êiit  uji 
nom  par  de  joJis  complets  répan4i^ 
^à  U  Cour ,  ce  q\fx  I  avoit  fait  fuir 
^lonuner  Dçiîfle-No'èis,  Beau<^up  d^ 
îiçilité& ','iàC. tal^t  accable  l'ap- 
[pellerent  auprès  du  duc  de  Choifeul 
&  de  la  maiîbn  de  jt<?À<i«  j  enfin ,  j^l 
étoit  attaché  k  Monfqgnçup  comte 
d'Artois^  qui  lavoit  honoré  d'uoik 
'penfipn.  Il  a  ^légué  tous  fes  voe^ 
.nufcriits  â^  Prl/ice  ;^  on  croit  qu'lU 
contiennent  des  d^oiés  fon  curieu^ 
'fes.  '    '.; 

^^  LISOLA ,  (François  baron  de  ), 
n^  à  Salins  en  161 3  ,  entra  au  fer  r 
vice  de  l'empereur  en,  1639  ,  &lui 
fut  utile  par  iès  négociations  &  par 
{>::&  écrits.  Il  fut  employé  dans  tous 
Jes  traités  1^  plus  célebi;b  >  &  mou^ 
rut  en  1677  i.$4,  ans  ^  un  peu  avaiq^ 
les  conférences  de  Nime^e.  On  a 
de  lui  :  1*  Un  ouvrage  intitulé  : 
BoucUer   d'Etat  &  de  fujilce  y  dans 
lequel  il  entreprend  de  réfuter  les 
.çlroits  de  la  France  fur  divers  étaii$ 
de  la  monarchie   d'Efp^ne.    Cet 
.  ouvrage  plut  (beaucoup  à  la  maifoa 
d'Autriche^  &;  fut  très  -  défagréable 
à  la  France.  Verjus  »  l'un  des  plé- 
nipotentiaires au  traité  de  Ryfwick 
en  1697  r  -écrivit  contre  cet  auteuf 
avec  beaucoup  de  vivacité,  Ùjpla 

Tij[ 


19^         LIS 

lut  répondit  par  une  mauvâfe  bro- 
chure qu'il  ijlôtula  :  La  faucc  au 
Verjus ,  xaifant  une  plate  allufion  au 
nom  de  fon  adverfoire.  Ce  n'eil 
pas  la  feule  mauvaife  plaîfamecle 
qui  foit  daiis  ce  livre.  II.  Littn^  & 
Memo.res ,  in- II. 

LISTER,  (  Martin ,  )  médecin  op- 
tlinaire  d*Anng  reine  d'Angleterre*, 
fous  le  règne  de  laquelle  il  mourut, 
pratiqua  la  médecine  avec  beau- 
coup'de  fuccès,'  &  en  expoûi  la 

•théorie   dans  plulîeurs    ouvrages. 

'Il  écrivit  aiiflî  beaucoup  fur  Thif- 

'toire  naturelle.  Ses  livres  les  plus 
connus  font  :  I.  Hlftorut  Conchyllà- 

'rum  Ghil  quatuor^   cum  Appendice;  à 

Londres,  1685  à  1693  ,  5  tom.  en 

'un  vol.  in-foUo.  Ce  ne  font  que 

des  figures,  au  bas  defquelles  fe 

'trouve  le  nopi  de  la  Coquille  qi 

y  eft  repréfemée.  11  y  a  1057  plan- 
ches. On  en  a  donné  une  nouvelle 

édition  à  Oxford ,  1770,  in-folio, 

avec  ée&  Tablés  die  Guillaume  Hué-- 

disfort.  II.   Ëxei'cuado  dnatomlca  de 

'Bucclhîs  ftuvU^dtlbus  O  manmsy  ctffh 

Bxeràcaûont  deVarîpUsy  1695,  in-8**, 

m.  Voyage  de  Paris ,'  iil-8®,  en  an- 

^lois  :  il  ïft  curieux.  IV.  Traciams 

de  Aranàs  &■  de  'Ccchkis   Angita  : 

accedit  TracUtus  dç  lapîdjAus  tjufdem 

Infulte  aà  Cochîearum   quandaijf.  Ima'- 

gaiem  figuratîs ,  1678 ,  in-4^.  V.  De 

Morbis  ekronîcîs  Dîfertado,  V\.  Exer^ 

xttatlo  anatomlca  àe  Cochlds ,  màxlmh 

urreflrîbus  &  lîmaclhus  ,  1678  ,  in-4°, 

VII.  Une  édition  du  Traké  rf'Api- 

Ôus ,   De  Ohfonus  &   condimentîs  , 

3709  ,  in-8° ,  avec  des  remarques. 

Vin.  Exercîtadonef  d»    defcrlptlones 

^hermarum  ac  Fontlum  AngUa ,  in- 12, 
LISZ:il^SKI ,  (  Calimir  )  gentil- 
homme Polonois ,  fut  accufé  ,d*A- 
ihéifme  à  la  diète  de  Grodno  en 

1688 ,  par  révêque  de  Pofnanie. 
•On  trouva  diez  lui  des  écrits  où 
il  avançoit,  entre  autres  propor- 
tions, que  Ditu  n'àoît  pas  le  créa'- 
tcunk  i'hommff  J^jis  qu€  rh^Vî^cp^    qui  alloit  s'y  tenir.  Godeau ,  évêqùe 


LIT 

le  cricaatr  d'un  Dieu  qt^îl  arok  ûré 
du  néant».  lÀf-^^nAl  ûtt  arrêté  ;  il 
tâcha  de  s'excufer  en  difànt  qu'il 
n'avoit  écrit  ces  extravi^;ances  que 
pour  les  réftiter  ;^  mais  on  ne  Té- 
couta  point.  Il  fiit  condamné  à  pé- 
rir daus  un  bûcher  ,  &  la  fenteoce 
fiit  exécutée  le  30  Mars  1689. 

LITOE,  ou  le  />£r/r,(Giullaii- 
me)  furnommé  de  Neu  bridge  , 
'{Nzuhrlgcnfis)  du  nom  du  collège 
où  il  demeuroit ,  étoit  chanoine- 
régulier  de  Sainr-Ai^^uâin  en  An- 
gleterre,^ &  mourut  vers  1208  ou 
1220.  If  laifla   une  MlflJlre  d'An- 
^turft  j  en  f  liv.  dont  la  meilleure 
édition    eft   celle  d'Oxfort  ,    par 
Héarne  ,   1719  ,  en  3  Vol.  in-S*"  , 
avec  dés  notes  de  pluficurs  fkvans  , 
&  ///  HomUUs  attribuées  au  même 
fitle.  Elle  commence  en  1066,  & 
finit  en  1197.  Les  hifloriens  trou- 
veront dans  cet  ouvrage  des  maté- 
riaux util  eit  ,    en  lés  débarrailant 
de  quelques  feits  feux  ,ou  exagérés. 
•^  LlTOLPfflMARONI ,  (  Henri  ) 
ëvêque  de  Bazas ,  étoif  de  fa  famille 
des  marquis   de   Suzzne .  Lîtolphi- 
Maronî^  originaire  de  Mantoue ,  & 
l'une  des  plus  illuAres  dltalie.  H 
naquit  à  Gauville ,  à  une  lieue  d*£- 
vreux ,  devint  aumônier  du  roi ,  & 
fit  paroitrei  à  la  cour  tant  de  vertus» 
que  Louis  XIII  le  nomma  à  l'évêché 
de  Bazas.  Son  mérite  fi»  la  feule 
fbllicitatiQn  "  qu'il    employa  pour 
avoir'  cette    dignité.    Lùolphi  fut 
très-attaché  aux  Solitaires  de  Port- 
royal  ,  &  prit  Slngiin  pour  fon  di- 
reâeur.  13  établit  à  Bazas  un  fémi- 
naire^  réforma  fon  abbaye  de  Saîju- 
'Nicolas  ,  dipceffp  de  Làon  ,  parut 
arvec  éclat  dans  faffembléedu  clergé 
de  J'rancé ,  quî  condamna  les  ma- 
ximes des  cafuifies  relâchés  ;  édifia 
par  •  fes   prédications  .&    par  fe| 
vertus  -,  &  mourut  le  12  Mai  1645  , 
âTouloufe,  où  il  étoit  allé  pour 
fe  rendre  à  TaiTemblée  du  clergé 


éc  Vcnce ,  fit  fbïi  Oraifon  fimért'^ 
On  a  de  lui  une  Ordonnance  pour 
prouver  l'utilité  des  Séminaires  , 
qu'il  cdmpofa  lors  de  l'éreéHon  du 
ée^  \  elle   fiit   imprimée   in-4^  , 
1646,  chez  Vitré -y   &  réimprimée 
svec  la  traduâion   des  livres  du 
Sacerdoce  de  Saint  han^Chryfoftome, 
I.  LITTLETON  ,    (  Thomas  ) 
jurifconfulte  anglois ,  fut  créé  che- 
valier de  Bath ,  &  Tun  des  juges  des 
communs  plaidoyers  fous  le  règne 
éi  Edouard  IV,  Il  mourut  en  1481 
i      dans  un  âge  avancé.  On  a  de  lui 
!      «n  livre  célèbre  indtulé  :  Tenurts 
de  LktUton»     1604,    in-8*^.^   qilr 
j      eft,  félon  Cabden.  fon  commenta- 
I      tcur,  à  l'égard   du   Droit  eoutu- 
micr  Anglois  ,   ce  qu'eft   hJUnîen 
!      par  rapport  au  Droit  civil.  Cet  ovt^ 
!      vragc  a  beaucoup  fcàrvi  à  M.  Davïi 
I      Houard  ,  auteur  des  Anciennes  Lois 
'      ^s  François,  confervées  dans  les  Cou» 
^mes  Angloîfes  ,  Rouen,  1766  j    2 
▼ol.  in-4°  i  fuivis ,  en  1776  ,  de  4 
autres  vol.  in-4®.  11  ne  faut  pas  le 
confondre  avec  G«)f^«LiTTLETON, 
d'abord  déifte  déclaré  ,  &  enfuite 
!     chrétien  zélé ,  dont  on  a  un  petit 
ouvrage  intitulé  :  La  Rt/Igîon  Chré' 
fcftWÉ  ,  démontrée  par  la  converfion  & 
tapofiotat  Je  S,  Paul  \  traduit  en  fran- 
çois  par  Tabbé  Guenée ,  Paris ,  chez 
TiUiard  ,  1754,1  vol.  in-12. 

n.  LITTLETON ,  (  Adam  )  hu- 
sumiAe  de  Shropshire  )  fit  'fes 
études  dans  l'école  de  "WeAminfler , 
&  en  devint  le  fécond  maître  en 
1658.  Ses  vaftes  connoiflances  le 
firent  fumommer  dans  fon  pays  le 
Grand  dictateur  de  la  Littérature,  H 
cofdgna  enfuite  à  Chelfea,  dans 
le  Middlefex ,  &  fut  feit  curé  de 
cette  églife  en  1664.  Enfin  il  de- 
vint chapelain  ordinaire  du  roi , 
chanoine ,  puis  fous  -  doyen  de 
Veftminfier ,  &  mourut  à  Chelfea 
le  30  Juin  1694  dans  un  âge 
avancé.  11  aimoit  paffionnément' 
récude^  &ilo'épargnott  rien  pour 


L  !  T         ±93 

fatîslaîré  fa  curiofité  littéraire.  Son 
principal  ouvrage  efi'uh  DîBion" 
nalre  ItOtin- Anglois  ,  i68ç  ,  iri-4**» 
qui  efi  d'un  grand  ufage  en  Angle- 
terre. Il  en  avoit  commencé  un 
pour  la  Langne  Grecque ,  i^'il  n'eut 
pas  le  temps  d'achever.  La  litté- 
rature orientale  &  rabbinique ,  les 
hiftoriens ,  les  orateurs ,  les  poètes 
anciens ,  lui  étoient  très-familiers. 
La  préface  latine  des  ouvrages  de 
Cicéron  ,  publiés  à  Londres  ,  es 
x68i ,  en  2  vol.  in -fol. ,  eil  de 
hd.  Il  eft  encore  auteur  d'une  dif- 
fertation  latine,  Dejuramento  McS" 
€orum ,  in- 4° ,  1693  -,  d'une  traduc- 
tion angloife  du  Janus  Anglomm 
de  Selden  ;  de  Sermons  en  fa  langue  » 
I  vol.  in-fol.  &c. 

LITTRE,  (  Alexis  )  fayant  mé- 
decin, né  à  Cordes  en  Albigeois, 
le  21  juillet  1658  ,  fe  fit  une 
réputadon  à  Paris' par  fes  con- 
noiffances  anatomic[iies.  L'académie 
dèç  fciences  fe  l'affocia  en  1699, 
6c  il  fut  choifi  quelque-  temps 
après  pour  être  médecin  du  Châ- 
telet.  Le  principal  agrèncni  de 
cette  place  étoit  à  fes  yeux  de 
lui  fournir  des  accidcns  rares,  & 
plus  d'occafions  de  difféquer.  Il 
mourut  d'apoplexie  à  Paris  » 
le  3  Février  1715  ,  à  67  ans. 
C'étoit  un  homme  d'im  caractère 
très  -  férieux  &  très  -  appliqué , 
ennemi  de  tout  autre  plaifir  que 
celui  d'augmenter  fes  lumières.* 
La  feciUté  de  parler  lui  manquoit 
abfolument;  &,  quoiqu'il  eût  beau- 
coup de  précifîon  ,  de  jufteffe  & 
de  (avoir,  il  ne  réuflit  guère  que 
parmi  ceux  qui  fe  contentent  de 
l'art  de  la  médecine  t,  dénué  de 
celui  du  médecin.  Sa  vogue  ne 
s'étendit  point  jufqu'à  la  cour ,  ni 
jufqu'aux  femmes  du  monde.  Son 
laconifmé  peu  confolant  n'étoit 
d'ailleurs  réparé,  ni  par  fa  figufe, 
ni  par  fes  manières.  Il  fut  d'une 
affiduité  eictrême  à  l'académie,  8c 

Tiij 


194         L  f  V 

y  lui  fournit  diff(ireotes  obtenu 
bons  dont  elle, a  omé  fes  M^ 
wtoires, 

LIVE,  Voyt^  TiTE-LiVE. 

L  LIVIE  Drusille  ,  fille  de 
Lîvius  Drufus  Ca/Uianus  ,  '  épovSd. 
TjMER£  €laiuU  N4rcm ,  homme  illus- 
tre par  fa  naiiTance ,  £a  valeur  & 
foni  eiprit,  dont  elle  eut  deux  en- 
fans  :  l'empereur  Tihtrt ,  &  Drufus , 
furnommé  Carmatflcus,  Ce  T!b£rc, 
^  fiit  d'abord  préteur,  &  enfuite 
pontife,  ayant  fuivi  le  parti  de 
Luci'us  frère  à'Antohu^  OSdve  le 
chaâa  du  territoire  de  Naples^ 
Llpie  Riyant  lef  armes  d'Oof^r^, 
accompagnée  d'un  feu!  domeiUque 
ta  portant  fon  fiU  entre  fes  bras, 
fut  obligée  de  fe  jeter  dans  unç 
petite  bttsque  pour  aller  rejoindre 
ion  mari.  LlvU  avolt  les  grâces  de 
la  figure  &  tous  les  takns  de  ïeC* 
prit.  Oàéiy<  (  depuis  Juga/k  ).  ea 
devint  paffionnémcnt  amoureux. 
Dégoûté  de  ScribanU  Ton  épou£e, 
il  U  répudia,  enlevai  LïvU  à  fon 
mari,  À  ^quoiqu'elle  fût  grofie  de 
Drufus^  il  ne  kiâa  pas  de  l'épou-. 
£er ,  de  r«vc9  des  prêtres  de  Rome  « 
plu$  eâ&ayés  de  la  puiflance  du 
Trii^vir  ,  qu'attachés  aux  lois 
Çc  à  l'équité.  :L'efprit  vif  &  infi- 
nuant  ^e  Uvîc  lui  donna  beaucoiq> 
d'empire  fur  Àuguftc ,  qui  partage^ 
avec  elle  fes.£oins  &  ù  puifTance. 
jamais  femme  -ne  porta  la  politi- 
que plus  loin,  &  ne  fut  mieux  la 
fouvrir.  Son  ambition  ne  fe  borna 
pas  à  être  la  femme  d'un  ernpe* 
reur;  «lie  voulut  en  être  la  mère. 
Elle  fit  adopter  par  AiigfiU  les  en- 
fans  «qu'elle  avoit  eus  de  fon  pre- 
mier mari*,  fx.^  pour  combler  Tef- 
pace  qui  -étoit  entre  le  trône  &. 
eux«  die  fit  périr,  dit-  on ,  tous 
les  parens  ^*Àugi^  qui  aurolent 
pu  y  préttAdre.  On  l'accuia  même 
d  avoir  h&té  la  mort  de  fon  époux  ^, 
dans  la  crainte  qu'il  ne  dé%nât 
4^^PPA  .fMHir  f9a  racce^Teur  ,  au 


LI  V 

pr^udîcc  de  Tîbtn,  Ce  qu'il  y  i 
de  certain ,  c'eû  qu'elle  cacha  long* 
temps  ÙL  mort ,  de  peur  que,  û 
la  nouvelle  s'en  répandoit  penëant 
l'abfence  de  fon  iUs  ,  il  n'arrivât 
quelque  révolution  Ibbite  ,  £»ale 
à  fa  .fortune  &  à  ies  ei^éruices. 
Ce  fils ,  le  motif  de  tous  fes  cri*, 
mes,  la  trâta  avec  la  phis  scâre 
ingratitude ,  &.  pendant  fa  vie,  & 
pprès  fa  mort,  arrivée  l'an  29  de 
J.  C  â  S6  ans.  Il  ne  prit  aucun 
ibin  de  fes  fiinéraiUes  ,  cafia  fon 
teflameat  «  &  dé£endit  de  lui  ren- 
dre aucuns  honneurs.  Cette  kmme 
intrigante  que  Caûgula  appeloit, 
Ulyjfk  4n  hahît  de  fanmt ,  xéuniflbit 
l'habillé  à^Augufte  &  la  profonde 
diifimulation  de  Tîhcrt  :  tout  lui 
fervit  à  dominer.  £lle  étok  uiie 
des  plus  belles  femmes  du  monde  ; 
mais  fa  fagefiè ,  vraie  ou  affeâée» 
paroifioit  encore  plus  grande  que 
fâ  beauté.  Dion  rapporte  qu'un 
jour  des  hommes  nus  s'étant  ren» 
contrés  par  hafard  ou  autrement 
devant  cette  VnoxxSt ,  le  Sénat  qui 
le  fut,  étoit  ùx  le  point  de  ks 
condamner  à  4ine  grofie  peine» 
mais  elle  s'oppofa  à  cet  arrêt,  en 
difant  que  des  hommes  nus 
n'étoient  que  des  fiatues  pour  une 
femiTie  ^ge.  Le  Sénat  ayant  dé- 
cerné à  Augn/h  après  fa  mort  le» 
honneurs  divins ,  comme  à  Jules- 
Céfar ,  &  lui  ayant  fait  bâtir  ua 
Temple;  Lîvle  voulut  en  être  1? 
prêtrefie ,  &  le  defTervir  fous  le 
nom  de  JulU-Augufic, 

II.  UVIE,   J^ojtq;  DauSlLLEr 

n*  II. 

LIVTLLE,  rxjjyq^ V.Julie. 

LIVINEIUS  ,{  Jean  )  natif  de 
Dendermonde  ,  étoit  originaire  de 
Gand.  Lev'mus  Torrentûa ,  évêque 
d'Anvers ,  fon  oncle  maternel ,  lui 
iafpira  le  goût  ^e  la  littérature 
ûcrée.  Etant  allé  à  Rome  >  il  ^ 
OBiplpyé  par  les  cardinaux  Sîrk 
%L  CMfe  à  trviuire  de  à  pub% 


a  î  V 

les  ôttvra^  des  Pères  Ofto.  H 
ht  enfiike  dianôine  &  âiëologsl 
<i'Aavfrs,où  ii  niùurut  en  1599* 
i  50  ans*  C'étoit  un  bon  criâque*, 
mats  fon  latin  eft  dur.  Il  travailla 
avec  Guillaume  i-'énurus  à  exami* 
ner  &  à  confronter  quelques  ma- 
fiufcrits  d«  la  verûon  des  Septante , 
&  leurs  observations  fervireot  à  la 
partie  grecque  de  la  Pofyglotte 
de  PUntin,   Nous  avons  •  de   kd 

I  L  une  première  Edition  latine  & 
gEecque  des  Mvres  de  la  Vir^nui 

I  de  S.  Grégcîrt  éU  Nyjft^  &  de  S« 
Jean  Ckjyfojhme,  qui  ont  paflié 
tous  iei  deux  dans  le  recueil  des 
ouvres  de  ces  deux  SS.  Pères, 
par  le  Pi  Fronton  du  Dut,  II.  Pane^ 
gyrîtî  vturtt ,  Anvers ,  1 5  99 ,  in-8**. 

I  m.  Une  presùere  Verfion  deS  Str-- 
nous  de  S.  Théodore  Studite^  & 
des  HoméUu  de  S.  Emchtr  i  Anvers , 

I       i6oz,  in-S^ 

UVIUS^  r<>y.  Anbronic, 
n®  VI...  &  TiTE-LivE. 

UVIUS  SALlNATOR(Marcus) 
«tant  confiil  avec  Claude  Néron  ^ 
dans  le  temps  de  la  féconde  guerre 
Punique,  il  remporta  une  grande 
^ûoire  Air  ÀfdrukéU  qui  amenoit 
i|n  fecours  confidérable  à  fou 
frère  Aanîhal,  Par  cet  événement* 
le  fecours  fut  non-feulement  inter* 
cepté ,  mais  l'Italie  fsnivée.  AfinAU 
ayant  été  tué  dans  le  combat ,  le 
conliil  fitieter  fa  tète  dans  Je  camp 
é'Aanibai  qui  en  conçut  un  cha- 
grin morteL  Quelque  temps  après* 
U»ms  perdit  la  ville  de  Tarente 
qui  fiit  tarife  par  Pàhhu  Maximus, 
Alors  le  conful,  pour  diminuer  la 
gloire  de  cet  exploit  ,  fe  vanta 
^'elle  n'avoic  été  reprife  que  par 
fon  moyen  %  il  tfi  vrai ,  répondit 
iâhHis  i  car  s'il  ne  ttùt  poùu  perdue  ^ 
je  ne  PauroU  point  reprife. 

LIVONIÉIŒ  ,  <aaude  Poquet 
de)  néi  Angers,  en  1652  ,  fe 
ât  recevoir  avocat,  après  avoir 
iityi  pendant  quelque  temps  ,  & 


-fbivit  le  barreau  à  Paris,  où  il  ffe 
diflii^ua.  L'amour  de  û  patrie  le 
fit  revenir  à  Angers;  il  y  occupt 
une  place  de  confeiller  &  une  de 
profeiTeur  en  droit ,  qu'il  céda  à 
fon  iils  en  1711.  Il  mourut  eà 
1726,  à  74  ans,  à  Paris  où  il 
-  étoit  venu  fuivre  un  procès.  C'étoic 
un  homme  favant  &  modeile,  qui 
redoutoit  la  qualité  d'auteur  :  il 
ÊiUut  bien  du  temps  pour  Tenga* 
ger  à  fe  &ire  imprimer.  On  a  de 
lui  :  I.  Un  bon  Recueil  de  Corn» 
mémoires  fur  la  Coutume  d'tdnjou, 
Paris,  1715  »  i.  vol  in-fol.  II. 
Traité  des  Fiejfs ,  1719 ,  in-4**.  III. 
Règles  du  J^roit  François^  1768^ 
in-ia.  On  les  attribue  avec  plus 
de  raifon  à  fon  fils  aine.  Lé  per6 
&  le  fils  connoiffoient  bien  les 
lois  Romaines  &  la  jurifprudence 
Françoife.  Us  fureuttrès-confulté^/. 
Foyei  Pineau. 

LIVOY,  (TmiothéeDE)  Bar- 
nabite,  né  à  Pithiviers,  mort  le 
27  feptembre  1777 ,  eft  auteur  du 
Dictionnaire  des  Jynonymes  françoU  , 
in-8°;  ouvrage  utile,  mais  incom- 

£let.  Il  a  traduit^  de  l'italien  :  L 
ï  Tableau  des  révolutions  de  la  lit-' 
tératiàre  ancienne  &  moderne  de  Denlna^ 
1767,  2  vol.  in-i2.  II.  L'homme 
de  lettres^  du  P.  Rartoli ,  iy6S  ^  z 
vol.  in- 12.  III,  Vexpofittom  des 
4aru£ieres  de  la  vraie  Religion  du  P* 
GerdU,  in-  12.  IV.  TToitêdu  honheut 
public  ,  de  Muraton^  2  vol.  in-12. 
V,  Voyage  d'Ef pagne  fait  en  ty^j , 
avec  des  notes  hifloriques,  géogra- 
phiques &  critiques ,  2  vol.  in-12. 
Ces  différentes  tradyâions  peuvent 
être  fidelles  *,  mais  l'élégance  n'dl 
pas  leur  plus  grand  mérite. 
LIUTPRAND ,    Voyei    I-U"^ 

PRAND. 

LIZET,  (Pierre  )  de  Clermom 
en  Auvergne  ,  avocat  -  général, 
puis  premier  préfident  au  parle-, 
ment  de  Paris ,  s'éleva ,  en  1 5  29  , 
par  fon  mérite  à  cette  dignité.  Le 

Tiv 


496         L  I  Z 

cardinal  \ie  Lçrrtm  la  lui  fit  ptf« 
dre  en  15  50,  pour  fe  venger  de 
ce  qu'il  avoit  empêché  qu'on  ne 
donnât  aux  Gmfts  le  titre  de  P&in* 
czs  dans  le  parlement  :  titre  qu'il 
BO  croyoit  dû  qu'aux  feigneurs 
de  la  raaifpn  royale.  Jtan  BertiOndi, 
préfident  à  mortier  &  habile  cour- 
tifan  ',  fut  mis  à  fa  place  par  les 
follicitations  de  la  ducheiTe  de 
Vaientînois ,  qui  ne  refufoit  rien 
au  cardinal  de  Lorraine  ,  &  qui 
étoit  alors  toute-puiiTante  fur  le 
cœur  de  tienrl  IL  Li\et ,  (  dit  M. 
CarnUr ,  )  étoit  un  homme  folide- 
ment  vertueux ,  &  auffi  éclairé  que 
le  comportolt  fon  ûecle.  Mais ,  à 
mille  bonnes  qualités ,  il  Joignoit 
deux  défauts  eflentiels  dans  la  plate 
qu'il  rempliiioit  ;  un  zèle  fanati- 
que contre  tous  ceux  qu'il  fup- 
pofoic  imbus  des  nouvelles  opi- 
nions :  &  une  loquacité  qui  le 
Tendoit  inconamode ,  &  fouvent 
ridicule ,  dans  le  commerce  de  la 
vie.  Tant  qu'il  put  fe  perfuader 
que  fa  compagnie  le  foutiendroit,  il 
réiifla  courageufement  aux  menaces 
ta  aux  prières  qu'on  employa  fuccef- 
livement  pour  lui  arradier  fa  démii?- 
iion.  Lorfqu'il  s'apperçut  qu'on 
l'oublioit,  &  qu'il  y  avoit  dans 
le  parlement  des  brigues  pour  lui 
donner  un  fucceffeur,  il  alla  trou- 
ver le  cardinal  de  Lorramt ,  auteir 
de  fa  difgrace  ;  & ,  tombant  à  ît% 
genoux ,  il  le  conjura  d'avoir  pitié 
d'un  vieillard  infortuné  ,  qui, 
après  avoir  confumé  fa  vie  dans 
de  travaux  pénibles  ,  étoit  réduit 
a  une  maifon  de  louage;  &  n'a- 
voit  pour  tout  bien  que  fa  charge. 
Le  roi  lui  donna ,  en  dédommage- 
.  ment  de  cette  place  ,  l'abbaye  de 
Saint  -  Vi£bor ,  où  il  mourut  le  5 
juin  15^4,  à  72  ans;  Ce  magifbat 
paffoit  tour-àrtour  de  l'exceillve 
fbmeté  à  l'exceflivé  foibleffe  -,  il 
ne  fut  j^ais  prendre  un  jufle. 
lùilieu»  &  on  le  vit,  pou/  wi^ 


t  LO 

fervUr  des  expreiEon»  de  et  lAoïi^ 
»  fe  conduire  .  eli  femine  »  après 
»  avoir  agi  en  homme,  m  On  a 
de  lui  de  mauvais  Ouvrais  de  Com» 
tr^verfi  ,  en.  2  vol.  On  voit  qu'il 
avoit  lu  :  il  compile  quandté  de 
paâages;  mais  comme  il  n'étok 
, pas  théologien,  il  ne  rûfonne  pas 
afTez*  &  avance  quelquefois  des 
proportions  infoutenables  :  ce  qui 
fournit  matière  à  Bcic  de  le  ridl- 
culifer  dans  un  écrit  macarooique, 
indtulé  :  Magifier  BcrMiîclus  Pajfa^ 
yantius.  Son  %  Le  d'ailleurs  eâ  am- 
poulé, &  fe  fent  du  zèle  ardent 
dont  il  étoit  animé  contre  les 
hérétiques.  Ce  qu'il  avance  dans 
fon  TrM  contre  les  Vafions  de. 
,1* Ecriture  en  langue  imlgalre  »  eil  tout- 
à-Êiit  original.  Il  dit  que  quand 
k  Bible  ^t  traduite  en  latin  dans 
les  premiers  ûecles  de  TE^life ,  il 
y  avoit  deux  fortes  de  latins ,  l'un 
pour  les  favans  ,  &  l'autre  pour 
le  peuple  -,  &  qu'ainû  la  verfion 
de  l'Ecriture  ayant  été  faite  dans 
le  premier  latin,  ce  n'étoit  paspjro- 
prcment  une  traduâion  en  langue 
vulgaire.  Plufieurs  de  fes  raifon- 
nemens  ne  valent  pas  mieux.  U 
eft  un  art ,  (  dit  le  P-  Berdcr^  ) 
de  manier  les  controverfes  de  la 
religion;  &  un  magiârat  qui  avoit 
paiTé  fa  vie  dans  la  difcuâlon  des 
agraires  publiques  ,  n'étoit  guère 
propre  «  fur  le  retour  de  l'âge,  à 
marcher  d'un  pas  ferme  dans  une 
carrière  totalement  difFérente. 

I.  LLOYD ,  (  Guillaume  )  na- 
quit à  Tylchurft ,  dans  le  Berlcshire, 
en  1627.  Il  devint  chapelain  du 
roi  d'Angleterre  en  1666  ,  doc- 
teur de  théologie  en  1667 ,  puis 
évêque  de  Saint-Afaph  en  i68o. 
Lloydùit  l'un  des  ûx  prélats ,  qui, 
avec  l'archevêque  Sancrofi^  s'éle- 
vèrent contre  VEdlt  de  toléroMee 
publié  par  Jacques  IL  Cette  con- 
duite déplut  au  roi,  &  les  lept 
cenfeurs  mitres  faxcat  mis  à  la 


'^  L  L' O 

tour  de  Londres.  Aufli-tôt  après 
•  la  révolution  ,  Lloyd  fe  déclara 
pour  le  roi  Guillaumt  &  la  prin- 
ceâê  MAric,  I|  fut  nommé  au« 
mdnier  du  roi  ,  puis  évêque 
de  Co'^entiy  ,  de  Lichfîdd  en 
1619,  &  de  Worccfter  en  1699, 
où  il  réfida  Jufqu'à  fa  mort ,  ar- 
rivée en  Septembre  1717,  à  91 
aas.  C'étoit  un  prélat  pacifique  -, 
les  circonllances  l'avoient  rendu 
intolérant  :  car  il  avoit  penfé 
d'abord,  qu'on  devoit  fouifirir  les 
Otholiques  qui  n*adoptoient  point 
l'inÊiillibilité  du  pape  &  le  droit 
chimérique  de  dépcfer  les  rois. 
On  a  de  lui  :  I.  Une  Dtfcrîptîon  du 
Gouvernement  eeciéfiaJBque ,  te),  qu'il 
^it  dans  la  Grande-Bretagne  &  en 
Irlande ,  lorfqu'on  y  reçut  le  ChriC- 
tianifine,  in-S^.  II.  SerUs  Chrono^ 
logUa  Olympionicarum  ,  dans  le 
fuiiûre  de  l'édition  d'Angleterre, 
m.  Une  HîJLîre  chronolopqu*  de  la 
Fie  de  Pythagure  &  d'autres  Auteurs 
contemporains  de  ce  philofophe. 
Tous  ces  ouvrages  annoncent  une 
grande  connoiflance  des  écrivains 
&  des  monumens  de  l'antiquité. 

II.  LLOYD  ,  (Nicolas)  habile 
philologue  A'nglois ,  natif  de  Hol- 
ton  ,  devint  ps&eur  de  Newington 
Sainte-Marie,  près  de  Lambeth  , 
où  il  mourut  en  1680 ,  à  49  ans , 
regardé  comme  un  littérateur  doux 
&  poli.  On  a  de  lui  :  DîcUonarium 
HlfioTÎcum  ,  Geographlatm  ^  Po'èti" 
cm ,  dont  Hoffman  &  les  éditeurs 
de  Morérl  fe  font  beaucoup  fervis. 
Cet  ouvrage  fiit  imprimé  pour  la 
i"  fois  à  Oxford  ,  1670 ,  in-fol. 
La  meilleure  édition  eft  celle  de 
1695  »  in-4**-  Le  fonds  de  ce  Lexi- 
que appartient  à  Charles  Etienne. 
lloyd  j  a  fiiit  des  correéHons  & 
des  additions  ;  mais  il  n'a  pas  fup- 
primé  toutes  les  fautes ,  &  il  y  en 

a  mis  de  nouvelles Il  ne  faut 

pas  le  confondre  avec  Humphrey 
Lloitd  ou  LiToyd  ,  iàvaat  axiti« 


LOB         197 

quaîre  &  médecin  Anglois  du  xvi* 
fiecle ,  natif  de  Debinga ,  dans  li 
province  de  Galles  ,  dont  on  1 
De  Mona  Druidum  Infula  anùqvitad 
ftut  reftkma  ,  in-4^  ,  &  pluiieurs 
autres  ouvrages  *,  ni  avec  Edouard 
Lloyd  ou  Lnuyd  ,  garde  du 
cabinet  d'Ashmol  à  Oxford,  mort  en 
1709 ,  dont  on  a  :  I.  Un  bon  Abrégé 
de  llûfloire  des  pierres  ,  intitulé 
Lithopkyiacu  BrUanmcî  Ichnogr>iphid  » 
Londres,  i6<)%in'%^,ll^rchaolo^a 
Britanmea  y  Oxford,  i707,in-foL 

LOAYSA  ,  Voyex  il.  Giron. 

LOAYSA ,  (  Gardas .  de  )  de  Ta- 
lavera  en  Caflille,  fe  fît  Domini- 
cain ,  &  parvint  par  fon  mérite  « 
en  1 5 18 ,  à  la  place  de  général  de 
fon  ordre  ,  &  enfuite  à  l'évêché 
d'Ofma.  CkarUs'Qji'mt  le  choilit  pour 
fon  confefTeur  ,  le  fît  préfîdent  du. 
confeil  des  Indes ,  le  transféra  au 
fîege  archiépifcopal  de  Séville,  & 
lui  obtint  le  chapeau  de  cardinal* 
Ce  prélat  mourut  à  Madrid  ,  le  ix 
Avril  1546,  dans  un  âge  avancé  » 
laiiTant  une  mémoire  reifpeûable. 
Lorfqu'on  délibéra  au  confeil  de 
Charles-Quint  ^{ur  la  conduite  qu'on 
devoit  tenir  ii  l'égard  de  François  I  ^ 
fait  prifonnier  à  la  bataille  de 
Pavie  ,  le  généreux  Loayfa  fut 
d'avis  qu'on  lui  rendit  la  liberté  fans 
rançon  &  fans  condition,  L'événe* 
ment  juftifia  qu'on  avoit  eu  grand 
tort  de  ne  pas  fuivre  ce  confeil  , 
infpiré  par  la  politique  autant  que 
par  la  magnanimité.  On  lui  a  attri- 
bué fauffement  Concilia  Hîfpanîca^ 
Madrid ,  1593,  in-foh  Recueil  pu- 
blié par  Giron  Gardas  de  Loayfa  , 
archevêque  de  Tolède. 

LOBEIRA  »  (  Vafquez  )  naquit  à 
Porto  en  Portugal  ,  vers  la  fîn  du 
XIII*  fiecle.  Il  paffe  en  Efpagne 
pour  le  premier  auteur  du  Roman 
d'Amadls  de  Gaule,  Il  s'en  eft  fait 
nombre  de  traduflions  en  diveifes 
langues ,  dont  toutes  ont  eu  le  pliis 
grand  fuccès. 


*98  U  O  B 

LOBEL ,  (Mamhieu)  nécn  If  )9 
4  Lille  »  médecin  &  botanifte  de 
laequts  /,  mourut  i  Londres  en 
i6i6  »  à  78  ans.  Il  publia  plufieuis 
ouvrages  «  cftimés  de  fon  temps. 
i.  Hiftoin  tUs  Plantes ,  Anvers,  1 5  76, 
ia-fol.  en  latin.  IL  AdvtrfarU  fim" 
pUdum  medic^mentontm  ,  Londini, 
1605  «  in-£ol.  m.  /c()B£r  fiîrpium,, 
X5  81,  în-4^.  IV.  Bai/ami  éxp/aàatlo  « 
)[^ndini«  1598,  in-4^.  V<  Stirpium 
<     il/u/irationes^  Londini,  165  5  ,  àa-4^, 

LOBINËAV  ,  (  Gui- Alexis }  né 
à  Rennes  en  1666 ,  3énédiâin  en 
1683  ,  mourut  le  3  Juin  1717,  à 
61  ans ,  à  l'abbaye  de  Saint- Jagut , 
près  de  Saiat-Malo.  Ses  ouvrages 
roulent  ûir  Thiftoire  «  à  laquelle  il 
coniàcra  toutes  fes  études.  On  lui 
doit  :  L  L*hîfioire  de  Breugne ,  Paris  « 
1707 ,  en  2  voL  in-£ol.  dont  1« 
lecond  eft  utile  par  le  grand  nom- 
lire  de  titres  que  l'auteur  y  a  raf- 
ièmblés.  L'abbé  de  rm^£&  l'abbé 
Aioulinet'des'ThmlerUs  l'attaquèrent 
viviement.  L'un  &  l'autre  préten* 
dirent  que  Dom  LobUttau  s'étoit 
plus  livré  aux  préjugés  &  à  l'amour 
de  (a  patrie ,  qu'à  celui  de  la  varité. 
Ils  tâchèrent  de  conTerver  à  la 
Normandie  des  droits  bien  fondés, 
que  l'hiftorieo  Breton  s'étoit  e0br- 
cé  de  lui  enlever.  Lobîneau  a  un 
ilyle  un  peu  fec  ,  &  il  eft  avare 
d'omemens  ^  mais  il  a  de  la  netteté  , 
&  il  évite  autant  la  rudeïïe  que  l'af- 
feâadon.  IL  VHlfioîrt  des  daut 
Conquêtes  d'Ejpagne  par  les  Maures  , 
1708  ,  in-ia  :  ouvrage  moitié  ro- 
manefque,  moidé.  hiSftorique  ,  tra- 
duit de  TeTpagnol,  &  dont  les  Fran- 
çois fe  feroient  bien  paffés.  III. 
Hlfioirc  de  Paris,  en  5  vol.  in-fol. 
commencée  par  Dom  Feilhien  , 
achevée  &  publiée  pir  Dom  io*/- 
neau:[  Voy,  UI.  F£LlBiEN.]On 
trouve  à  la  tête  du  j*'  voL  une 
lavante  Dljj'atation  fur  l'origine 
du  corps  municipal,  par  le  Roy  , 
contrôleur  des  rentes  de  l'hôtel* 


t  O  B^ 

de-vîUe.  IV.  VHyhîndes  SaUis/i 
Brttapu ,  Rennes ,  1724 ,  in-£61io^ 
Ce  livre  a  de  l'exaétitudé)  mûsÛ 
manque  d'onâion.  V.  Les  n/es  ife 
guerre  de  Pofyet^^  traduites  du  grec 
en  françois  ,  Paris,  1738,2  voL 
in-19.;  verûon  cftimée.  L'auteur 
avoit  beaucoup  de  goût  pour  la 
littérapare  grecque ,  &  il  avcMt  tra- 
duit pli^urs  comédies  ^AriJUtofkê' 
ne  i  ^aks  cette  verûon  n'a  pas  vu  le 
jour.  Eoân ,  on  a  aciribué  à  D.  Lo" 
blneau  les  Aventures  de  Pomponiasp 
Chevalier  Romain  ;  ouvrage  (àttri- 
que ,  in-i2 ,  qui  n  eft  pas  de  lui* 
LOBKO  WITZ,  r.  Caramueu 
LOBK.OWrrZ ,  (  Bohuilas  de 
Hafleoftetn,  baron  de  )  étoit  d'une 
des  plus  illuftres  maiCbns  de  -  Bo» 
hême.  U  entreprit  de  longs  voya- 
ges, à  deâein  de  fe  perfeâionner 
dans  les  fciences ,  pour  lefquelles 
il  av<Ht  beaucoup  de  goût.  A  foa 
retour  il  Tpnt  le  parti  des  armes , 
où  il  fe  fignala  *,  mais  fon  amour 
pour  l'étude  l'emportant  fur  toute 
autre  paifion ,  il  préféra  l'état  ec* 
défiaftique ,  &  &t  Secrétaire  d'état 
en  Hongrie ,  &  grand-chancelier  de 
Bohême.  Ces  en^plob  ne  l'em- 
pècherent  pas  de  (e  livrera  fon 
goût  dominant  II  étoitt  iurifcon- 
fulte,  hifiorien,  poëte,  littérateur. 
Cet  habile  homme  mourut  dans 
fon  château  de  Hafleînftûn  en  i  $  10. 
laiiIantdes/'o^>e«  latines,  &divets 
Traités ,  imprimés  à  Pragiue  es  1 5^3 
&  1 570...  De  la  même  &mille  étpit 
le  prince  George  Chrétien  de  LoB« 
KcwiTZ,  mort  en  1753  «dansia 
68®  année ,  après  avoir  commandé 
long-temps  les  troupes  AutrichieR- 
nés,  fous  l'impératrice-reine  de  Hoo* 
grie.  [  Voyc(FovQVET ,  n**  11  i.l 

L  LOBO,  (Jérôme)  JéfuitfiHte 
Lisbonne ,  envoyé  dans  les  miffiooi 
des  Indes  ,  pénéora  Jufque  daos 
l'Ethiopie  ou  Abyi&nie ,  &  y  de- 
meura plufieurs  années.  De  retour 
dans  fa  patrie ,  il  fut  £ût  fsùm 


LOB 

îlu  coHcge  de  Conimbre ,  où  U  mou* 
nit  le  29  Janvier  1 678 ,  âgé  d'envi- 
ron 8f  ans.  On  a  de  ce  mi/Iicj^n- 
mire  une  Relation  curitufe  de  VAhyf- 
fadu  II  y  entre  dans  des  détails  fa- 
ÙsÊiifans,  L'abbé  U  Grand  en  publia 
une  traduâion  françoiie  en  1728  , 
îïi-4** ,  avec  des  Dijfenadons ,  des 
ImruZii'çlu&.&ui  Mémoires  très-inf- 
tmôi£5. 

IL  LOBO ,  (  Rodriguez-Fran< 
fois  )  poëte  Portugais ,  né  à  Ldria , 
fe  noya  en  revenant  dans  un  eCiquif , 
dune  maifon  de  campagne,  à  Lis- 
bonne. Ses  Foéjus  ont  été  recueil- 
lies en  1721 ,  in-£ol.  Sa  meilleure 
pièce ,  ou  du  moins  la  plus  applau- 
die par  les  Portugais ,  eâ  fa  comé- 
die àiEuphrofint, 

LOCCENIUS  ,  (  Jean  )  profef- 
feur  royal  à  Upfal  ,  âoriiToit  en 
1670.  Il  a  traduit  en  latin  Lt^ 
ITtfi^GothUét ,  Upfal ,  in-folio  :  li- 
vre curieux  &  rare.  U  a  aufH  laifïe 
des  Nous  fur  quelques  Auteurs  an» 
deas. 

LOCHON,  (  Etienne)  Char- 
train  ,  doôeur  de  la  maifon  de  Na- 
varre ,  fiit  pendant  pluûeurs  années 
curé  deBrétonvilliers  dans  ledîoce- 
ie  de  Chartres.  Sa  xnauvaife  fanté 
l'obligea  de  qiûtter  cette  cure.  Il 
mourut  à  Paris  vers  1720 ,  après 
avoir  publié  phifieurs  ouvrages  de 
piàé  &  de  morale.  Les  principaux 
font:  I.  Àirégé  de  la  dlfeîpline  de 
PEgUfc  pour  Plnfintciion  des  EccUfiaf' 
tiques,  en  2  vol.  in-8°.  II.  Les  Entre* 
tiens  d'un  Homme  de  Cour  &  d'un  So- 
ihaire  fur  la  conduite  des  Grands  ; 
I713  ,  in-i2.  C'eft  une  fiftion  pieu- 
fe,  dans  laquelle  Tauteur&it  con- 
voyer le  fameux  réfbrmateur/de  la 
Trappe  avec  le  comte  ^e  ***.  III. 
T;ahédufe€ra  de  la  Confeffion  ;  ou- 
vrage profMre  à  în&aiire  les  confef- 
feurs  &  à  raiTurer  les  pénitens,  in-i  2. 
C'étoit  le  mâlleur  Traité  fur  cette 
madère  importante ,  avam  que  celui 
!       ^l'abbé  Len^^  eut  paru. 


L  O  C         199 

10CKE,(  Jean)  u»  dts  phi4 
profonds  mécUtatifs  que  TAt^^leierrd 
ait  produit ,  naquit  à  AVrington  près 
de  Briftol ,  le  19  Août  i6%i^  d'un 
père  capkaine  dans  l'armée  que  lo 
parlen^nt  leva  contre  Ckofks  h 
Après  avoir  fait  les  études  ordinai- 
res Y  il  fe  dégoûta  des  univerfités  & 
s'eniferma  dans  fon  cabinet.  Unpé« 
ripatéticifmc  abfurde  6c  barbaro 
régnoit  alors  dans  les  écoles.  On 
diîj^utoit  vivement  fur  dos  riens  » 
qu'une  longue  fuite  de  fiocles  avoit 
rendus  importans.  Locke  {t  dédom"» 
magca  de  l'ennui  que  lui  avosem 
caufé  ces  graves  impertioeoccs ,  pat 
la  leâure  de  Defearus,  Les  <»wrra-« 
ges  de  ce  phil  ofophe  furent  pour  lui 
un  trait  de  lumiene,  au  milieu  des 
ténèbres  qui  Tavoient  environné» 
11  fe  livra  dès-lors  à  la  bonne  f^ 
lofophie  j  c*eft-à-dite ,  à  celle  qui , 
confacrée  toute  entière  a  la  raÛcn 
&  à  la  mécUtation ,  abandonne  les 
opinions  au  vulgaire.  Il  s'attacha 
pendant  quelque  temps  à  la  inéde« 
dne  *,  mais  la  foiblefîe  de  fa  fanté 
ne  lui  permit  pas  de  TexOTcer.  Après 
deux  voyages  ,  l'iin  en  Allemagne 
&  l'autre  en  France ,  il  fe.  char^ 
de  l'éducation  du  fils  de  milord 
AshUy  ,  depuis  comte  de  Shafieskury, 
Ce  lord ,  dev^enu  gran4rchanceHer 
d'Angleterre^  lui  donna  la  {ilacede 
fecrecaire  de  la  préfentaàofi  des  bé* 
aéfices  ;  mais ,  £on  proteâeur  ayant 
été  diigracié  en  1679  ,  le  philo(b- 
phe  perdit  cette  place  3c  n'en  iat 
pas  plus  trifte.  La  crainte  de  tom- 
ber dans  la  phthi£e  l'obligea  d'al- 
ler à  Montpellier  en  167  c  ,  d'où 
il  paiTa  à  Paris.  Les  favans  de 
cette  capitale  l'accueillirent  comme 
il  le  méritoit.  De  Paris  il  alla  en 
Hollande ,  où  il-reçut  les  mêmes 
politeffes.  Ce  fot-U  qu'il  acheva^ 
fon  beau  Traité  de  V Entendement  hu- 
main :  ouvrage  de  la  métaphyûque 
la  phis  profonde  &  la  plus  hardie. 
Pour   connoitre  notre  ame  >  iès 


>o<3        toc 

Idées ,  fes  afFeâions  y  il  ne  eon- 
fulta  point  les  livres  des  anciens 
philofophes  ,  qui  l'auroiem  mal 
infiruit  ^  ni  ceux  des  nouveaux  , 
qui  l'auroient  égaré.  Il  fit  comme 
MaUbrAndUy  il  fe  renferma  dans 
Im-mème  \  &  après  s*étre  ,  pour 
ainû  dire ,  contemplé  long-temps  , 
il  préfenta  aux  hommes  le  miroir 
dans  lequel  il  s'étoit  vu.  Il  anroit 
été  à  fouhaifer  que  l'auteur  n'eût 
pas  toujours  confulté  la  phyfique, 
dans  une  matière  que  fon  flambeau 
ne  peut  éd^er.  En  voulant  dé- 
velopper la  raifon  hamaine ,  com- 
me un  anatomifle  explique  les  ref- 
forts  du  corps  humain  ,  il  a  été 
plus  Êivorable  aux  matérialises 
qu'il  ne  penfoit.  Son  idée,  i^\t 
Dl£v  par  fa  totac-putjfancc  pourrok 
rendre  la  mature  penfame ,  a  paru 
avec  raifon  d'une  dangereufe  con- 
séquence. A  ces  défauts  près ,  l'ou- 
vrage de  LocU  eft  très-eftîraable  , 
pour  la  méthode  ,  la  profondeur 
h.  Tefprit  d'analyfe  qui  le  caraéU- 
rifent.  Il  n'y  avoit  pas  un  an  que 
Loch  étôit  forti  d'Angleterre ,  lorf- 
qu'on  l'accufa  d'avoir  fait  impri* 
mer  en  Hollande  des  libelles  con- 
tre le  gouvernement  Anglois.  Cette 
calomnie  lui  fit  perdre  fa  place  dans 
le  collège  de  Chrift  à  Oxford. 
Après  la  mort  de  Charles  II ,  fes 
amis  lui  offrirent  d'obtenir  fa  grâce  ; 
mais  il  répondit ,  qu*on  n*avou  pas 
htfoîn  de  pardon  ,  q^and  on  n  avait 
pas  commis  de  crime*  Le  philofophe 
Locke  étoit  deftiné  à  paîTer  pour 
confpirateur  -,  il  fut  enveloppé  dans 
les  accufations  portées  contre  le 
<kic  de  Montmomh ,  quoiqu'il  n'eût 
aucun  commerce  avec  lui.  Jacques 
II  le  fit  demander  aux  Etats-géné- 
rtmx,  &  Locke  fut  obligé  de  fe 
cacher  jufqu'à  ce  que  fon  inno- 
cence eût  été  reconnue.  Le  mo- 
narque Anglois  ayant  été  chaffé  de 
fon  trône  par  le  prince  étOrangz , 
foa  gendre,  il  retourna  dans  fa  pa- 


toc 

tnt  fur  la  flotte  qui  y  conduîfit  Is 
princefîe  depuis  reine  d'Angleterre. 
Son  mérite  lui  eût  procuré  diver» 
emplois  -,  mais  il  fe  contenta  de 
celui  de  commiflâire  du  commerce 
des  colonies  Angloifes ,  qu'il  rem- 
plit avec  applaudifTement  jufques 
en  1700.  Il  s'en  démit  alors ,  parce 
que  l'air  de  Londres  lui  étoit  ab- 
folument  contraire.  Cette  place  étoit 
très-lucrative  -,  en  la  quittant,  il 
auroit  pu  entrer  en  compoiidon 
avec  un  prétendant,  qui  lui  auroit 
h\t  des  conditions  avantageufes.  Il 
Tabandonna  généreufement  &  fans 
prévenir  perfonne  :  Je  tavoîs  reçue, 
du  Roi ,  dit-il  à  fes  amis  *,  j*ai  voulu 
la  lui  remettre ,  pour  <ju*îl  pût  en  dif^ 
pofer  félon  fon  bon  plaifir.  Débar* 
rafTé  des  foins  &  des  af&ires  ,  il  fe 
retira  à  dix  lieues  de  Londres, 
chez  le  chevalier  de  Marsham  ^  fon 
ami  &  fon  admirateur,  H  y  pafîa 
le  refte  de  fes  Jours  ,  heureux  & 
tranquille ,  partageant  fon  temps 
entre  la  prière  &  l'étude  Une  fanté 
foible  &  une  poitrine  altérée  exi- 
geoient  le  féioiu*  de  la  campagne. 
Plus  d'une  année  avant  fa  mort^ 
il  tomba  dans  une  â  grande  £oi- 
bleife  qu'il  ne  pouvott  pas  même 
écrire  une  lettre.  Enfin ,  il  mourut 
en  philofophe  chrétien  «  le  7  No- 
vembre 1704,  à  73  ans,  après 
avoir  exhorté  fes  amis  à  regarder 
cette  vie  comme  une  préparation  à 
une  meilleure.  Locke  n'étoit  pas 
moins  connu  en  Angleterre  par  fon 
zèle  patriotique,  que  par  fa  philo- 
fophie.  C'efl  lui  qui  confeilla  au 
parlement  de  faire  refondre  la,  Mon» 
note  aux  dépens  du  public ,  fans  en 
haujfer  le  prix;  &  ce  fut  à  fes  avis. 
que  l'Angleterre  dut  ce  bienÊût.  H 
nous  refte  de  lui  un  grand  nom- 
bre d'ouvrages  en  anglois  ,  dans 
lefquels  on  voit  briller  Tefprit  géo- 
métrique ,  quoique  l'auteur  n'eût 
jamais  pu  fe  fôlunettre  à  la  fatigue 
des  calculs  »  ni  a  la  fécherefle  des 


LOC 

vèttés  mathématiques.  Us  ont  été 
tccueillis  en  3  vol.  in-fol.  1714; 
&  4  vol  m-4°  ,  1748.  Les  prin- 
cipaux font  :  I.  EjJVt.  de  l'Enteade^ 
ment  humain ,  dont  la  meilleure  édi- 
tion en  anglois  eft  celle  de  1700, 
in-folio.  Il  a  été  traduit  en  françois 
par  Cçjie  ,  fous  les  yeux  de  1  au- 
teur, 1719  ,  in-4^  &  réimprime 
en  4  vol.  in- la.  fynne  ,  dfpuis 
évèque  de  Saint- ATaph ,  fît  un. Abré- 
gé très-eftimé  de  VEJfaI  de  Locke, 
Ce  philofophe  lui-même  l'approu- 
va ,  &  bien  des  gens ,  (  dit  NUtron^) 
le  prcferem  au  livre  de  Loch  même, 
qui  eil  quelquefois  difficile  à  en- 
tendre à  force  d'être  diffus.  Cet 
Abrégé  fut  traduit  en  françois  par 
j5o/«r ,  Londres ,  1720,  in-12.  II, 
Ua  Traité  du  Gouvernement  Civil  ^ 
en  anglois ,  qui  a  été  aiTez  mal  tra- 
duit en  françois  par  Maiel,  in- 11, 
I724.  Le  fage  philofophe  y  coip- 
bat  fortement  le  pouvoir  arbitraire, 
m.  Trois  Lettres  fur  la  ToUrcnu 
tn  matière  de  religion.  La  i'*  en 
latin,  1689,  in-i2  5  la  2*  en  an- 
glois, 1690,  in-4**  ;  la  3*  aufli  en 
anglois,  1692  ,  in-4**.  Les  moder- 
nes parîifans  de  la  tolérance  -,  (  en- 
tr'autres  VoitSirCy)  fe font fervis de 
ces  lettres.  Mais  il  fera  toujours 
dîflScile  d'affigner  les  bornes  de 
cette  tolérance  ;  &  c'eft  ce  qui  em- 
barrafle  les  gouvememens  les  plus 
fages.  IV.  Quelques  Ecriu  fur  les 
Moimoies  &  le  Commerce.  V. 
faifies  fur  PEducafion  des  Enfans. 
Ce  livre  eftimable  a  été  traduit  en 
fi^ois ,  en  allemand  ,,  en  hollan^. 
dois  &  en  flamand.  VI.  Un  Traité 
intitulé  :  Le  Oiriftîamfmcraifonnahlei 
traduit  auffî  en  françois ,  par  CcJU^ 
&  imprimé  en  1715 ,  2  vol.  in-ia* 
Quelques  proportions  de  ce  livre, 
prifes  à  la  rigueur ,  pourroient  le 
Élire  foupçonner  de'  Socinianifme. 
Il  y  foutient  qu^ll  n*y  a  rien  dans  la. 
fUvéiatlon  ,  qui  folt  contraire  à  aucuM 
notion  afuréc  d«  la  rai/on ,  &  que 


LOC        301 

Jefus-Chrift  &  les  Apôtres  n'aii* 
nonçoient  d  autre  article  de  foi  0 
que  de  croire  que  Jelus-Chrift  étoit 
le  MefTie.  Il  s  excufa  ,  ou  tâcha  de 
fe  juiUner ,  dans  des  Lettres  aif 
doûeur  SuiUngfléet,  Le  même  Cojt 
a  traduit  la  Ùtfenfe  de  Luckc ,  &  l'a 
ajoutée  à  celle  du  Chrlflianifme  rai- 
fotmahle.  Il  y  a  de  plus  dans  l'édi^ 
tion  de  17 15  une  Dijfertation  ^  où 
Ton  veut  établir  le  vrai  moyen  de 
réunir  tous  les  chrétiens,  malgré 
la  différence  de  leurs  femimens  : 
moyen  plus  facile  à  chercher  qu'i 
trouver  j  &  un  Traité  de  la  Helt" 
p^n  des  Damtt,  Ces  deux  ouvrages 
ne  font  pas  de  Locke,  Au  refie  » 
le  tradu£leur  a  perfectionné  le  li- 
vre de  ce  philofophe  ,  en  retran- 
chant plufieurs  répétitions  »  «<  qui 
»»  font ,  dit  Ntcéron  ,  aiVez  ordinai- 
»  res  à.fon  ftyle  «.  VII.  Des  Pa- 
raphrafes  fur  quelques  Epitres  de,  S^ 
Paul,  U  avoit  confacré  fes  derniè- 
res années  à  letude  de  l'Ecriture; 
Vin.  Des  (&uyrcs  divcrfes ,  1710  ^ 
en  2  voL  in-12.  On  y  trouve  unp 
Méthode  très-commode  pour  dreiTet 
des  recueils  :  plufieurs  favans  l'ont 
fuivie.  IX.  Des  Œuvres  poflhumcs^ 
Elles  renferment  des  morceaux  fur 
divers  fujets  de  philofophie.  LgcUa 
avoit  une  grande  connoifTance  des 
moeurs  du  n]ionde  &  des  arts.  U 
avoit  coutume  de  dire  que  »»  U 
)f  eonnoijfance  des  Arts  mécàniquu 
»♦  renferme  plus  de  vraie  philofophie^ 
n  que  tous  lu  fy filmes ,  les  hypothefes 
»  &  Us  fpieulations  dis  Philofophcs  i«. 
Son  fiyle  n'a  ni  la  force  de  la. 
Bruyère ,  ni  le  coloris  de  Malehranchei 
mais  s'il  eu  diffus  »  il  a  en  revan- 
che de  la  clané  &  de  la  netteté  y 
du  moins  dans  les  ouvrages  qu'il 
a  foignés.  L'auteur  montre  de  la 
circonfpeâion  en  propofant  fes 
penfées ,  &  du  refpeCl  pour  celles 
d'autrui.  Lés  curieux  pourront  voit 
fon  portrait  affez  au  long  dans  le 
tome  Yl*  de  la  BihC^theque  cholfi^f, 


^oi         L  O  C 

En  voici  une  ébauche  :  Ce  philo- 
fopht  étoit  prudent ,  fans  être  fin. 
Sa  converfation  étoit  enjouée.  11 
favoit  phificufs  contes  agréables  , 
^'il  rendoit  encore  plus  piquans 
par  la  manière  donc  il  les  racon- 
<bit  II  aimolt  la  raillerie ,  pourvu 
qu'elle  fût  innocente  &  déUcatc, 
Ses  manières  étoiem  aifées  ;  il  dé- 
daignoit  la  fotte  gravité  des  faux 
Ibvans.  Il  aimoit  l'ordre ,  Ôc  l'ob- 
lervoit  dans  toutes  les  chofes  de 
la  vie.  Les  chicanes  grammaticales, 
tes  difputes  de  controverfe  n'étoient 
pas  de  fon  goût.  11  méprifoit  fur- 
tout  ces  miférables  écrivains  qui 
détniifent  fans  ceiTe  ,  fans  rien 
élever.  Il  étoit  fort  libéral  de  fes 
avis  -,  mais  ayant  éprouvé  que  la 
plupart  des  hommes»  du  Heu  de 
iendre  les  bras  aux  conftlls ,  -y  ten- 
dotent  les  griffes ,  il  en  fut  beau- 
coup plus  avare.  U  avoit  fom  ce" 
pendant  de  demander  ceux  des  au- 
tres, &  il  ne  donnoit  rien  au  pu- 
blic fans  avoir  confulté  fes  amis. 
Son  génie  fe  mettoit  à  la  portée  de 
tous  les  efprits ,  &  il  pàrloit  à  cha- 
<un  leur  langage.  Son  humeur  étoit 
portée  à  la  colère-,  mais  fes  accès 
n'étoient  que  paffagers ,  &  il  étoit 
le  premier  à  reconnoitre  fes  torts. 
Son  amitié  étoit  folidè-&  tendre; 
mais  il  exigeoit  les  mê^nes  fenti- 
mens.  Un  jeune  homme ,  '  auquel 
il  avoit  mar^é  le«  plus  grandes 
bontés  &  le  plus  vif  artachemem , 
Amt  par  le  voler  6c  le  trahir,  fombé 
dans  la  plus  extrême  mifere  par  fa 
ïhauvaife  conduite,  il  vint  récla- 
mer ,  long-temps  après ,  lesfecourt 
Cf  le  pardon  de  celui  qu'il  avoit  trai- 
té avec  tant  de  perfidie.  Le  phi* 
lofophe  tira  de  fon  porte-feuille  un 
billet  de  cent  pîfloles ,  qu'il  donna 
à  ce  malheureux  j  en  lui  difant  : 
A  Je  vous  pardonne  de  tout  mon 
»  cœur  vos  indignes  procédés  ; 
n  mais  je  ne  dois  pas  vous  mettre 
>t  4  portée  de  me  trahir  an«(iscoadc 


L  O  C 

>«  fois.  Recevez  cette  bagatelle  i. 
)»  non  comme  un  témoignage  de 
>t  mon  ancienne  amitié ,  maiscom- 
M  me  une  marque  d'humanité.  Ke 
>t  me  répondez  point  -,  il  eft  impof- 
>i  fible  de  regagner  mon  eflîrae  •,  & 
>t  l'amitié ,  une  fois  outragée  ,  efl 
M  perdue  pour  jamais....  *«  Ce  qui 
cara£lérifoit  particulièrement  ce 
philofoplie ,  c'eft  que  rien  de  ce 
qui  pouvoit  être  utile  à  l'homme  ^ 
ne  lui  paroiffoit  indiflérent.  Com^ 
me  il  portbit  une  attention  égale  à 
tout,  on  a  dit  de  lui  qu'il  étoit  auiE 
capable  des  petites  que  des  grandes 
chofes.  Dans  ces  petites  chofes , 
il  ne  faut  pas  comprendre  les  fud- 
lités  de  la  fociétc.  Le  jeuMui  pa- 
roiffoit  tout-à-la-fois  l'occupation 
la  plus  fotte  &  la  plus  frivole.  S'é- 
tant  trouvé  dans  une  afTemblée  de 
feigneurs  pleins  d'efprit,  qui,  au  lieu 
de  s'entretenir  de  chofes  intérêt 
famés ,  demandèrent  des  cartes  »  il 
eut  la  patience,  pendant  quelque 
temps ,  de  les  regarder  jouer.  Ayant 
enfuite  tiré  fes  tablettes  de  ùl  po- 
che ,  il  fe  mit  à  écrire  avec  beau- 
coup d'attemioh.  Un  de  ces  fei- 
gneurs s'en  étant  apperçu  ,  lui  de- 
manda ce  qu'il  écrivoit  ?  y»  Milord, 
i>  dit-il ,  je  tâche  de  profiter ,  au- 
À  tant  que  je  puis ,  lorfque  je  fuis 
)«  dans  la  compagnie  de  gens,  tels 
M  que  vous.  7'ai  atten4u  avec  im- 
»  patience  le  moment  de  me  trou- 
>^  ver  dans  une  afTemblée  des  hon»- 
>«  mes  les  plus  fages  &  les  plu| 
>»  éclairés  de  notre  fiecle.  Ayant  ea- 
M  fin  cet  hoimeur ,  je  nç  ptiis  sûeux 
>»  faife  que  d'écrire  votre  couver- 
**  fatlon  -,  8c  j'ai  déjà  couché  ce  qui 
♦♦  s'efl  dit  depuis  une  heure  ou 
^  deux.  4(  Il  ne  fallut  pas  que  Lod* 
lût  beaucoup  de  ces  dialogues  *,  cet 
feigneurs  en  fendrent  aifément  Id 
vide  &  le  ridicule.  C'étoient  le  duc 
de  Bucidngham  ,  milord  HaBfaa$ 
milord  AshUy ,  &c.  &c. 
*  1.9aLMAN|£M|^CUzpb9(^rop|li 


t' oc 

dPEtltîôpîe  ou  de  Nubie.  Les  Arabes 
en  racontent  mille  fables.  Ils  pré- 
tendent qu*il  ctoit  cfclafve ,  &  qu*il 
fut  Tendu  aux  Israélites  du  temps 
de  Salomon,  Ils  en  dHent  à-peu-près 
lés  mêmes  diofes  t^ue  Ton  débite 
ordinairement  fur  Èfo]^,  On  de- 
mandoit  à  ce  fige  de  qui  il  aroit 
appris  la  fage^  >-Dts  ai^eug/es ,  dit- 
il  ,  qui  ne  pofeut  point  h  plêâ ,  ftuu 
s*itrt  affurés  de  la  foUdké  du  terrain,,, 
Desibiitaires  avdfenc  volé  une  ca- 
nvane.  Les  marchands  les  con}u« 
itrem  ,  les  larmes  aux  yeux ,  de 
leur  laifler  du  moins  quelcfues  pro- 
vlfions  pour  continuer  leur  voya- 
ge :  leâ  foHtaires  furent  inexorables. 
Le  £çe  Lochnan  étoit  alors  parmi 
cDx  ;  &  uû  des  inàrchands  kii  dit  : 
«  Eft-ce  aififi  que  voîb  înftruifeÉ 
»■  CCS  hommes  pervers  }  *.<  Je  ne  Ua- 
iafirms  pas  ,  dit  Lockman  :  que  fo^ 
ràîent-Us  de  la  fàgejfe  *  -^  »»  Et  que 

if     »'  Eûtes  -  vous  donc  avec  les  iiié- 
t' clians  M  >  —  /e  cherche  ;  ditLock- 
Idan ,  à  dicouvth'  eommttn  ils  kfùnt 
deyemu.,..  Le  inaitre  dé  totkman  lui 
ajrant  donné  à  manger  un  melon 
d'un  très-mauvats  goût ,  il  le  man- . 
geatont  entier.  Son  maître,  étonné 
de  cet  afte  d'obé^nce  ,  lui  dit: 
»  Comment  avez*vous  pu  rtxatager  j 
»»  un  fi  mauvâs  fruit  ?  «  — Pal  reçu , 
(lui  répondit 'Xac^àï ,  )  fifouvêtit 
dis  dotêceurs  de  votrk  pan ,  qu*il  n^eft 
pas  étrange  que  fàie  mààÉé  une  fols 
dans  ma  vie  un  finit  amer  que  vous  • 
m*at^et  pré/ente.  "  X^etté  répoiife  gé- 
aércufe  de .  réfchve  ibucha  fi  fort 
fônmaître ,  qu'il  Itfi  accorda  auifi*^ 
tôt  la  liberté. . .  Ndui  a^ons  un  Irvre  ' 
de  Fables  &  dfc  Sentences  \  attribué  ' 
ïl.odan2n  par  Ves  Àrabek.  Mab  Ton  ' 
croit  qtte  ce  jiv^e  cfl:  ihddeme  ,  êc  - 
qû*il  a  été  rècuetlHdèi  difcours  &  ^ 
des  entrétiéhs  de  cet  aiicieh  phîlo^  - 
fophe.  Si  Lochnan  n'ell  pas  le  même 
%\x'Efope  ,  il  eft  diffiale  de  décider  " 
files  Orientaux  Ont  pris  des  Grecs 

i    ^ii^vf^â^n  dds  Fablàl  T'^^  fi  ceux* 


L  O  C         50 j 

d  les  o(t(  empruntées  des  Orienî' 
taux.  Le$  Fables  H  les  Apologies 
paroîffent  néanmoins  plus  confor« 
mes  au  génie  de$  peuprles  d'Orieat^ 
qtt*à  celui  des  nadons  Occidentales. 
Les  hiôoriens  peignent  Lodauam: 
^mme  tm  homme  également  efii-^ 
mable  par  fes  comioiffances  6c  f&t 
fts  vatu$«  Cétoit  un  philofophe: 
taciturne  H  contemplatif,  occupé 
de  Tamour  de  Dieu,  ^détaeliéée 
<»iui  dei  créatures.  Erpenlus  piK 
bli»  le»  Fables  de  Lochnan ,  en  arabe. 
&  en  latin ,  à  la  âute  de  là  Gram^ 
maire  Atabe ,  1636  &  1656 ,  in-4*** 
Tann^  U  iPevre  les  mît  en  beaux  versi 
latins.  Galland  les  traduifit  en^tiV 
çois  avec  celtes  de  Pi^^^  ^arîs«' 
r'^14  ,  deux  volimiesin-ii,  Âg.^ 
A:  Ùueullettê ,  lo  an»  après ,  uaSl 
deux  volumes  <n-i2. 

LOCHNERUS,  (  Mkhel-Fréd6^ 
tic)  niort^ft  1720*  à58ahs,étoiir 
de  l'académie  des  Curieux  de  1# 
Nature^  On  a  de  lui  1 1.  Papaver^e»- 
antîquUateirmum ,  Nuremberg,  17I3, 
in-4*.  1 1  ffepta*  diffettatlomm  «J 
WftjTÎamNataraUMpertmentiuntyij  17^ 
in-4^.  III.  Rariora  mufiU  B^iarîanl^ 
1^16  ,  in-^lio. 

.  LOCRES,  {Ferri  de  >  cui4  de? 
Saint-Nicolas  d'Arras,  mort  en  1614^ 
partagea  fon  temps  entre  les  devotts 
de  fon  miniiVere ,  &  Tétude  des  aïK 
tlqttkés  <le  fon  pays.  Nous  devions 
àfts  Recherches:  1.  Dî/cou^s  Oe im- 
NohUffe,  où  il  fkit  metKson  ée  ^ 
piété  &  des  vertus  des  rots  deFfvioei: 
Arras ,  1605  ,  in-$^.  M.  fiyhkt  du 
Comtés  de  Same^PjVL^  Oouâi ,  16 1 3, 
itH°-  IIL  Chromeon  Bel^tùmt  ah  mut» 
!tj9  ai  ahnim  1C09  i  Arras ,  1616  , 
iii-4». 

LOCTOTA,  ânfeofeempoifoii* 
neûfe ,  vlvoit  à  la  cour  de  N^rotip 
l'an  60  de  Jefùs-Guift.  Ce  'prince 
bèirbafe  fe  fervoit  de  cette  miféraMe 
pour  faire  périr  les  Objets  de  f « 
haine  &  de  fa  vengeance.  Tacite  dit 
qit'U'  eré^aoit  fi  fo^pt  de  la  perdre , 


304      .  L  O  E 

qu'il  la  foifoit  garder  à  vue.  Ilenw 
ploya  fon  miniûere ,  lorfqu'il  vou- 
lut fe  difaire  de  Bruannîcus,  Comme 
le  poifofi  n'opéroit  pas  aflez-tôt  « 
il  alloit  ordonner  qu'on  la  fit  mou- 
rir ',  la  mort  foudaine  de  BrltannUus 
lui  fauva  la  vie.  Suitont  rapporte, 
que  Néron  lui  ùûSoït  préparer  Tes 
poisons  dans  Ton  palais ,  &  que  pour 
prix  de  fes  abominables  décrets  ,  il 
lui  pardonna  non  feulement  tous 
€es  crimes ,  mais  qu'il  lui  donna  4e 
grands  biens,  &  des  élevés  pour 
apprendre  Ton  métier. 

.  LOCUTlUS,r<>y«^AÏus. 

.  LOÉBER ,  (  Chriftian  )  théolo- 
gien Allemand ,  né  à  Orlamunde  ,• 
en  1683  ,  mort  en  1747,  à-^4  an^ ,, 
fut  furlntendant-génét^  à  Altem- 
bourg.  On  a  de  lui  dts.  VlJfertatUns 
iUddémlques  «  &  un  AhrJgd  de  TkéolagU 
ea  latin.  Il  eut  un  flls>  Gothîlf-FrUd^ 
man.^  &  une  fille ,  ChriJUnê^Dorothée  ; 
quife  dillinguerentpar  leurs  Poélies. 
,  LOERIUS,  VoyeiLoïEK. 

LOESEL,  (  Jean)  né  en  1607, 
a  vécu  jufquau  milieu  du  xvii* 
fecle  à  Konisberg.  On  a  de  lui , 
^lora  Prujfua ,  Re^omomi,  1703  , 
^"4**.  Georger-André  He/vmg  en  a. 
donné    le  SuppUmau  ;  Dantzig  , 

1712  ^  in-4^ 
LOEWENDAL,  (  Ulric-Fréde- 

rie  Woldemar  comte  4e  )  né  à 
Hambourg  le  6  avril  1700 ,  étoit 
arriere-petit-fils  de  Frédéric  lU^  roi 
de  Danemarck.  Il  commença  à 
porter  les  armes  en  Pologne  Tan 

17 13  cpmme   fimple    foidat ,   & 
après  avoir  paiTé  par  les  .  grades 
de  bas-officier,  d'enfeigne  &  d'aide-, 
major,  il  devint  capitaine  en  17 14., 
L'empire   alors    n'ctoit   point  eni 
guerre: il  alla  fervir  comme  vo- 
lontaire dans  les  troupes,  de  pane- 
marck  contre  la  Suéde.,  &  s'y.  dis- 
tingua par  Ton  aâivité  &  par .  fo^ 
courage.  La. guerre  étant  furvenue 
^  Hongrie,  il  y  pafla  en  itjlô, 
4&.fi»  ûgnaU  à.U  bataille 4ç  Pecer^^ 


L  0  E 

varadîn;  au  ficge  de  Temcfirari 
à  la  bataille  &  au  fiege  de  Belgrade. 
Sa   valeur    ne  parut   point  avec 
moins   d  éclat  à  Napies  >  en  Sar« 
daigne  &  en  Sicile ,  où  il  fut  fuc 
ceflivement  envoyé.  Il  eut  part  à 
toutes  les  a^oas  de  cette  guerre, 
depuis  17 1 8,  jufqu'cn  171 1  qu'elle 
finit.  Toujours  occupé  de  la  fclence 
militaire,  il    employa  le  loifir  de 
la  paix  à  approfondir  les  détails  de 
YAnltJerîc  &  du   G2nie,  Le  roi  X- 
ff^  de  Pologne ,  au  fervice  duquel 
il  entra  bientôt,  le  fit  maréchal*. 
de-camp  &  infpe^teur  général  de  l'in- 
fanterie Saxonne.  La  mort  de  ce  mo- 
narque ,  arrivée  en  173  3  ,  lui  donna 
occaiîon  de  (}gnaier  fa  valeur  dans  la 
défenfe  de  Cracovie.  Il  fit  les  cam- 
pagnes de  1734  &  de  1735  fur  ^^ 
Rtun,  toujours  avec  la  même  diflinc- 
âion.  La  C\arlney  l'ayant  attiré  à  fon 
fervice,  fut  fi  contente  de  la  manière 
dont  il  fe  conduiût  dans  la  Cnmée 
&  dansrUkraine,qu'elle  le  nomma 
chef  de  Tes  armées.  La  grande  répu- 
tation que fà  voleur  lui  avoit  faite, 
ei^agea  le  roi  de  France  à  fe  le 
procurer.   Il   obtint  en    1743   le 
grade  de.lieutenant^énéral,  &  dès 
l'année  fuivante  il  juflifia    l'opi- 
niofi  que  touls  Xy  avoit  de  lui. 
Il  fervit  avec  aut^t  de  prudence 
que  de  valeur  aux  fieges  de  Menin» 
'  d'Ypres ,  de  Fumes ,  Ôc  à  celui  de . 
Fribourg    en    1744.   Quoique  le 
comte  de  Loewtndal  ne  fût  pas  de 
tranchée  lorfqu  jon  ^attaqua  le  che* 
min<ouyert,,il   s'y  poru  par  Î5n 
eîjcès  de  xêle,  &ry  fut  bleflc  d'un 
coup  de  feu  qui  fit  t:raindre  pour , 
fa  vie.  Dans,  la  campagne  de  1745 , 
il  commanda  je  corps  de  réferve 
à  la  bataille  4^  Fomenoy ,  &  par- 
tagea la  gloire;  de  la  vi^oire ,  par 
l'ardeur    avec  laquelle  il  chargea 
la    colonne    Angloife    qui    avoit 
pénétré  dans  le  centre  de  l'armée 
Franc oifc  11   eut  le  bonheur  de 
prendre ,  dans  la .  m^e  campag^ne,  \ 

Gaiid> 


LO  E 

Gflod ,  Oudenardc ,  Oftcnde ,  Nieu- 
poit.  Ce  fut  au  retour  de  cette  bril- 
lante campagne  que  Louis  XV  té' 
compensa  fes  talens  &  fes  fervices 
par  le  collier  de  fes  ordres.  L'année 
I747   fut   encore  plus   glorieufe 
pour  lui.  Il  la  commença  par  les 
^egesde  TEduTe  &   du   Sas-de- 
Gmd;  &,  nendant  que  les  troupes 
achevoient  'de    rédiure  les  autres 
places  de  la  Flandre  HoUandoife, 
îl  fît  de  fi  heureufes  difpolitioas 
pour  la  défenfe  de  la  ville  d'Anvers, 
que  les   ennemis  renoncèrent  au 
projet  de  l'attaquer.  Il  mit  le  com- 
ble à  fa  gloire  au  fiege  de  Berg- 
Op-Zoonu  Cette  ville  qu'on  croy  oit 
imprenable,  défendue  par  fa  litua- 
tion,  par  une  gamifon  nombreufe, 
par  une  armée  qni  campoit  à  fes 
portes  ,    eft  pnfe  d'ailaut  le    16 
Septembre  1747,  lorfque  la  brèche 
ctoit   à    peine    pratiquable.    On 
croyoit  qu'elle  ne   pouvoit   être 
inveitie',  à  caufe   des  marais  qui 
Venvironnoient.  Le  duc  de  Parme 
avoit  échoué  devant  cette  place  en 
1588 ,    &   Spinola    en    1622  i    & 
depuis   ces  fieges   elle  avoit   été 
fortifiée  par  le  Êimeux  Cohorn ,  le 
Vauhan  des  Hollandois^  qui  la  re- 
gardoit  comme  fon  chef-d'œuvre. 
Mais  la   valeur  des  François,  fé- 
condée par  leur  général ,  fiit  plus 
forte  que  fa  fituation.  Les  vain- 
queurs trouvèrent  dans  le  port  17 
grandes  baïques  chargées  de  pro- 
vifioas,,  avec  cette  adrefTe  en  gros 
caraûeres  fur  chaque   barque  :  A 
iInvincible  Garnison 
DE  Berg  -  Of  -  Zoom.  Le  lende- 
main de  cette  glorieufe  journée , 
le  comte    <^    Locwcndal   reçut  le 
bâton  de  maréchal  de  France.  Sa 
'  complezion  forte  &  robufle  faifoit 
,  efpérer  à  la  France  qu'olle  auroit 
I  long-temps  un  défenfeur*,  mais  un 
I  petit  mal  qui  lui  furvint  au  pied ,  & 
fui  6it  fulvi  de  la  gangrené,  rem- 
porta le  27  Mai  1755,  à  55  ans« 

Tome  K 


L  O  G         30$ 

Il  fut  eoterré  i  Saint-Sulpîce  avec 
les  honneurs  dus  à  fes  alens  &  k 
fes  fervices.  Depuis  la  paix  ,  le 
maréchal  de  loct^cnia/ avoit  partagé 
fon  loifir  entrâtes  plaifirs  de  Te* 
tude  &  la  fociété  de  quelques  amis 
choiûs.  Il  les  charmoit  par  la  bonté 
de  fon  ame  ,  par  fa  candeur ,  par 
fon  efprit,  par  le  don  de  s'ezpri* 
mer  avec  autant  de  force  que  de 
juilefle ,  &  par  une  infinité  de  cosr 
noiiïances  que  fes  leéhires  &  {e^ 
voyages  lui  avoient  acquifes.  II 
parloir  bien  Latin ,  Danois ,  Alle- 
mand ,  Angloîa,  Italien,  RufTe  & 
François.Il  pofTédoit  à  un  degré  émi- 
nent  la  Tûàlqucy  le  Génie  &  la  Gé*^ 
graphie  dans  fes  plus  petits  détails  « 
telle  que  la  doit  (avoir  im  milt-> 
taire  chargé  du  commandement. 
L'académie  des  fciences  orna  ûe 
lifle  de  fon  nom  illufire,  en  qu»« 
lité  de  membre  honoraire.  Sembla- 
ble par  le  cœur  &  par  l'efprit  au 
maréchal  de  Saxe^  fon  ami  intime,; 
il  faifoit,  au  milieu  des  plaifirs» 
l'étude  la  plus  profonde  de  la 
guerre.  U  avoit  toujours  lu  beau*** 
coup  -,  il  écrivoit  auffi,  &  on  a  dÛL 
trouver  pluiieurs  n^nufcrits  donc 
il  feroit  âcheux  qu*on  privât  le 
pubUc  Le  maréchal  de  Loewendal  à 
laiflé  un  fils ,  héritier  de  fon  zèle 
patriotique ,  Françols'Xavler-Jofiph  , 
comte  de  Lo£wendal, 

L0Ç£S ,  (  Marie  Bruneau  dam» 
des  )  femme  de  Charles  de  Ruhignê:^ 
voifin ,  feigneur  des  Loges ,  &  gen- 
tilhomme de  la  chambre  du  roi, 
fut  extrêmement  eftimée ,  non-feule- 
ment de  Malherbe ,  de  Baliac  &  des 
autres  beaux-efprits  de  fon  temps» 
mais  auf&  du  roi  de  Suéde,  du 
duc  d'Orléans ,  du  duc  de  W*ymar» 
On  ne  Tappeloit,^  en  vers  &  en 
profe,  que  la  CéUfie ,  la  Divine^  la 
Dixième  Mufe,  Quoique  cette  dame 
eûf  de  l'efprit ,  il  eft  à  croire  que 
fon  fexe  lui  mérita  une  partie  de 
ces  louanges.  Elle  mourut  le  s  Jiûa 

V 


jotf        L  O  G 

1641 ,  dans  un  âge  affez  avancé  , 
faiflant  cinq  enfans.  Madame  d'Au^ 
n<^yéxoixÎA  nièce.  ^<>yc{ Costar... 
Voiture. 

LOGNAC,  (N.  de  Montpoat,. 
leigncur  de)  favori  i*  Henri  I II  toi 
de  France,  étok  brave,  &  ft  tira 
avec  honneur  des  querelles  que 
les  Gidfts-  lui  av oient  fuicitées.  Il 
Alt  maître  de  la  garde-robe  du  roi  ^ 
&  capitaine  de  45  gentilshommes 
qui  (ùrent  choifis  pour  la  Aireté  de 
Jierm  ///.  C'eft  lui  qui  engagea  ce 
prince  à  fe  défaire  du  duc  de  Gulfi, 
Il  ftit  préfem  à  l'exécution' y  mais 
en  ne  convient  pas  fur  la  manière 
dont  il  y  parôcipa,  [  Voye^  GciSE  ^ 
n°'  II  &  .m.  I  11  «oit  avec  le 
marquis  d&  Mùtpeîx ,  le  procureur- 
général  ^  ^ur^^fôcplofieurs  autres 
lleigneurs  ,  quand  , .  accourus  au 
Cti  de  Henri  III  que  le  fanatique 
Clément  venoit  de  poignarder  ,  ifs  . 
▼ei^erent  à  l'heure  même  de  cent 
coups  d*épée  le  parricide  fur  fon 
làcfilege  auteur*  Lognac  fut  difgracié 
dans  la  fuite,  &  obligé  de  fe  retirer 
dans  la  Gafcogne ,  ia  patrie  ,  où  il 
§dt  tué  quelque  temps  après.  Foy^ 
Bouchard.  ' 

LOGOTHETE,^^  Voyei  AcRO- 

POLITE. 

LOHENSTEIN  ,  (  Daniel-Gaf- 
p»d  de)  confeiller  de  l'empereur,- 
iyndic  de  la  ville  de  Breilau ,  né 
à  Nimptfdi  en  Siléfie  l'an  1635  , 
fit  de  bonnes  études  ,  &  voyagea 
dans  toutes  les  parties  de  rEurope, 
où  it  s'acquit  l'eftime  des  favans. 
M  mourut  le  2-7  Avril  1683  ,  à 
49  ans.  Son  génie  avoit  été  pré* 
coce  9  à  l'âge  de  i  f  ans  il  donna 
trois  Tragédies ,  applaudies.  C'cft  le 
premier  qui  ait  tiré  la'  Tragédie 
Allemande  du  chaos.  On  a  de  lui: 
I.  Pluiieurs  Pièces  dramatiques.  II. 
Le  généreux  Capitaine  Arminius  , 
vaUlant  défenfeur  de  la  lihtrté  Ger^ 
Monique ,  en  2  vol.  in-4'*.  C'eft  un 
Rom^p  i9oral  »  ^ti  eont^ev^c  » 


Lor 

donr  le  but  eft  d'infpiter  ie  V^ 
deur  pour  les  fciences  aux  perfon-* 
nés  deiHnées' aux  emplois  publics^ 
III.  Des  Réflexions  Poétiques  fur  le 
5:3*  chapitre  d*J/aJie,  Lohenfiein  éxoït 
libéral ,  flir-tout  à  l'égard  dés  fa- 
vans. Il  confkcroit  le  jour  aux 
devoirs  de  fe  charge  «  &  le  foir  à 
les  amis  &  è letude , qu'il pouflbif 
bien  avant  dans  la  nuit. 

LOIR,  (Nicolas)  peinfire,néi 
Paris  en  1624 ,  fit  une  étude  û  par»' 
ticuliere  des  ouvrages  du  Poijjhir 
&  les  copioit  aVec  tant  d'art,  qu'il 
eft  difficÛe  de  diitinçuer  la  copie 
d'avec  l'original. I&«û  XI VU  gr» 
tiiîa  d'une' penfion  de  4000  livres. 
Loir  s'attacha  au  coloris  &  au  def* 
fin.  Il  avoit 'de  la  propreté  &  de 
la  âcilité.  Il  peignoir  également 
bien  les  figures ,  le  payfage  r  l'ar- . 
chifeâure  &  les  omemens  ;  mais 
il  excelloit  à  peindre  des  femmes 
&  des  enfans.  Il  mourut  à  Vmê 
en  1679,  â  f5  ansî  Alexis  Loiif 
fon  firere  ,  s'eft  difiingué  dans  la 
gravure. 

LOISEAU ,  Voyei  LoTSiAir. 

LOISEL ,  (Antoine  )  avocat  aa 
piiulement  de  Paris ,  né  à  Beauvai^ 
en  1536,  d'une  famille  féconde  en 
perfonnes  de  mérite ,  étudia  à  Paris 
ibus  le  fameux  Ramus,  quille  fit 
fon  exécuteur  teftamentaire  ;  à  To» 
loufe  &  à  Bourges ,  fous  Ctgas,  Il 
s'acquit  une  grande  réputation  par 
fes  plaidoyers ,  &  fat  revêtu  de 
pluficurs  emplois  honombles  dans 
la  magifhrature:  Il  étoit  lié  d^amidé 
avec  lepréfident  de  Thou ,  le  chao- 
cclier  de  V Hôpital^  Pierre  Pitkou^ 
Claude  Dupuy ,  Scévole  de  Sûim- 
Marthe  ,.  &  plufieurs  autres  grands- 
hommes  dc"  fon  temps.  Il  moiaot 
à  Pïiris  le  24  Avril  1617 ,  à  81  ans. 
On  a  de 'lui:  I.  Huit  Dijcours'm' 
tulés  :  La  Gmenne  de  AC  Loifdf 
parce  qu'il  les  prononça  étant  avo* 
cat  du  roi ,  dans  la  chambre  ^] 
jufikt  d^  Quiçone,  U,  Le  T4^ 


LOI 

êc  tlBi/hlrt  générale  de  notre  temps  ^ 
dq>uis  i6io  i|urque$en  1628,  in-8°: 

I  ouvrage  médiocre.  III.  Le  Dialo- 
ptt  des  Avocats  du  Parlement  de  Paris, 
IV.  Les  Rtgjles  du  Droit  François, 
y.  Les  Mémoires  de  Beauvais  & 
Biduvolfis ,  in-4° ,  pleins  de  rccher- 

J     ches  ciirieufes.  VL  Les   Infiuats 
CoutumUrcs  ,   1710  ,  en  2  volumes  , 
is-l2.  François  de  Launay  O  Lauriere 
ta  ont  publié  de  bons  Commentaires, 

!  VU.  Des  Poéfies  Utines,  VIII.  Opuf. 
adcs  divers ,  in-4® ,  1656.  Ils  furent 
publiés  par  l'abbé  Joly  ^  Ton  neveu 
&  dian#ine  de  Paris ,  qui  les  orna 
éeU  yie  de  l'auteur. 
LOISEL,   Foyex   L0ESEL04.  & 

i       pISEL» 

LOKE,  Voye^  LocitE. 
LOLA  ,    ^oyei  Abov-LolA»  ^ 
LOL-KO  OR ,  plus  connue  dans 
nndoftan   ix>us  le  nom  de  Xoxl- 

I  KoùRÈE  y  fiit  une  courdfane  d'une 
beauté  parfaite ,  qui  excelloit  éga-» 
lement  dans  le  cbant  &  daâs  la 
danfe.  Mau^-'Odln-Jehandar-Shaw  , 
Ibaveraîn  de  rindofbui  *  &  petite 
fils  à^Aurcn^Zeb ,  en  devint  éper- 
dument  amoureux,  &  n'eut  plus 
d'autre  Volonté  que  celle  de  fa 
maîtrefTe.  Ce  prince  indi^pofa  tel- 
lement les  grands ,  qu'ils  rérolurent 
de  le  détrôner  &  de  mettre  à  fa 
place  foft  neveu  Tnrrukhjtr,  On  en 
tint  à  une  bataille ,  qui  fut  déci- 
five  en  faveur  de  ce  dernier.  Les 
Careffes  de  Loll  -  Koorée  ,  nouvelle 
CUopâtte ,  avoient  empêché  l'em- 
pereur d'aller  commander  en  per- 
sonne, &  d'éviter  peut-être  Une 
débite  dont  il  fîit  la  vi£bime.  Son 
neveu  lui  fit  couper  la  tête  en  171 5 , 
&  LoUrKoor  fiit  condamnée  à  une 
prifbn  perpétuelle  au  château  de 
Selimgur.  [  Art,  fourni.  ] 

LOLLARD  *  0»    LoLHARD  , 

.(Waliher)  héréfiarque  Allemand, 

enfeigû^ ,  vers  l'an  1 3 1 5  /^que  Lucifer 

&  les  Démons  avoient  été  chaiTés 

^  Qtà^  ihjuâement»  &  qu'ils  7 


L  0  t        50^ 

fetoient  rétablis  un  jour.  5.  Mlchti 
&  les  autres  Anges  «  coupables  dd 
cette  injuftice,  dévoient  être  »  félon 
lui  ,  damnés  éWrttellement  avec 
tous  les  hommes  qui  n'étoient  pas 
dans  ces  fentimens.  Il  méprifoit 
les  cérémonie?^  de  l'Eglife ,  ne  re-^ 
connoiiToit  point  l'interceffion  des 
Saints ,  &  droyoit  que  les  facre», 
mens  étoient  inutiles.  ««Si  le  Bap-^ 
>»  tême  eft  un  facrement ,  (  difoit 
«  Lollardi)  tout  bain  eri  eft  aufR 
»♦  un,  &  tout  baigneur  eft  uà  Dieu  ♦<. 
Il  prétendoit  que  Vfioftie  confacrét 
itou,  un  Dieu  Imaginaîre,  Il  fe  mo-  ' 
quoit  de  la  MefTe,  des  prêtres  & 
des  évêques ,  (Jpnt  il  foutenoit  que 
les  Ordinations  étoient  nulles.  Le  ma->i 
nage ,  félon  lui ,  n'étoit  q[x*uneprofi 
tltutîon  jurée.  Ce  fanatique  fe  fiiî 
un  grand  nombre  de  difciples  en 
Autriche  ^  en  Bohême ,  &c.  Il  %x» 
bjit  dou\c  Hommes  choifls  entre  fé» 
difciples ,  qu'il  nommoit  fes  Apô-^ 
très,  &  qui  parcouroient  tous  les 
ans  l'Allemagne ,  pour  affermir  ceux 
qui  avoient  adopté  fes  fentimens. 
Parmi  ces  douze  difciples,  il  y  av^oit 
deux  vieillards  qu'on  nommoit  les 
Miniftres  de  la  SeHe,  Ces  deux  minii« 
très  feignoiertt  d'entrer  tous  les  an» 
dans  le  Paradis  ,  où  ils  recevoient 
à'Enoeh  &  d'Elie  le  pouvoir  de  re* 
mettre  tous  les  péchés  à  ceux  dtà 
leur  fefte,  &  ils  communiquoîent 
ce  pouvoir  à  plufîeurs  autres  dans 
chaque  ville  ou  bourgade*  Les  In-^ 
quifiteurs  firent  arrêter  LoUard  ^  fie 
ne  pouvant  vaincre  fon  opiniâtreté, 
le  condamnèrent*-  Il  alla  au  feu 
Êms  frayeur  &  fans  repentir ,  &  Ait 
brûlé  à  Cologne  en  1422.  On  dé- 
couvrit un  grand  nombre  de  fes 
difciples,  dont  on  fit,  {clonTrîehéme^ 
lin  grand  incendie.  Le  feu  qui  ré- 
duifit  LoUard  en  cendres ,  ne  dé- 
truisit pas  fa  feue.  Lts  LoUards  fe 
perpétuèrent  en  Allemagne  ,  paffe- 
rent  en  Flandres  &  en  Angleterre. 
Lç?  *çxçi^lé»  de  ce  royaimiç  avec 

y  ij 


3o8         L  O  L 

la  cour  de  Roae  ,  concilièrent  à 
ces  enthoufiaftes  TaiFeâion  de  beau- 
coup d'AngloU ,  &  leur  feâe  y  fît 
du  progrès.  Mais  le  clergé  fit  por- 
ter contre  eux  les  lois  les  plus  (c- 
veres ,  &  le  crédit  des  Conununes 
ne  put  empêcher  qu'on  ne  brûlât 
pas  les  Loilards.  Cependant  on  ne  les 
détruifit  point.  Us  fe  réunirent  aux 
WîcUfius  ',  &  préparèrent  la  ruine 
4u  clergé  d'Angleterre  &  le  ichiûne 
^  Henri  VIII  i  tandis  que  d'autres 
JjoUards  difpofoient  les  efprits  en 
Bohême  pour  les  erreurs  de  Jean 
*Jius  &  pour  la  guerre  des  Huffites. 

LOLLIA  Paulina  ,  petite-fille 
4lu  conful  Lollius  ,  étoit  mariée  à 
^.  Memmms  Regulus^  gouverneur 
de  Macédoine  9  quand  l'empereur 
£aligula ,  épris  de  fa  beauté ,  vou- 
lut lui  faire  partager  Con  trône  Ôc 
ion  lit  :  or ,  afin  de  Tépoufcr  dans 
les  formes ,  il  obligea  Memmius  à  fe 
dire  le  père  de  cette  dame ,  dont  il 
étoit  le  véritable  mari.  Elle  ne  porta 
pas  long> temps  le  titre  fi  envié  & 
U  dangereux  d'impératrice  :  la  ùl- 
meufe  AgHppîne ,  dévorant  dans  fon 
cœur  le  trône  qu  elle  pccupoit ,  la 
fit  accuTer  de  fordlege,  &  fous  ce 
prétexte  la  fit  bannir  par  l'empe- 
reur, puis  afiaffiner  par  un  tribun  « 
l'an  49  de  J.  C. 

LOLLIEN  ,  (  Spunus  -  Servîlht^ 
LolUanus)  foldat  de  fortune  ,  né 
dans  la  lie  du  peuple  ,  s  avança 
dans  les  armes  par  fon  intelligence 
&  (a  bravoure.  Il, fut  revêtu  de  la 
pourpre  impériale  par  les  foldats 
Romains,  qui  venoient  de  mafia- 
crer  Pofikume  U  Jeune  :  ce  fiit  dans 
le  commencement  de  Tan  167.  L'u- 
furpâteur  fe  défendit  à  la  fois  contre 
les  troupes  de  Gal/ien  &  contre  lés 
Barbares  d'au-delà  du  Rhin.  Après 
les  avoir  contraints  de  retourner 
dans  leur  pays ,  il  ût  rétablir  les 
ouvrages  qu'ils  avoient  détruits. 
Comme  il  faifoit  travailler  fes  fol- 
d«,t«  à  ç&  travaux  ^  iU  fe  mucLnertat 


L  O  M 

&  lui  ôterent  la  vie ,  après  quelques 
mois  de  règne.         • 

LOLLIUS  y  {Marais)  confulRo^ 
main ,  fut  eftimé  ^Àuçiflu.  Cet  em- 
pereur lui  donna  le  gouvernement 
de  la  Galatie ,  de  la  Lycaonie ,  de 
riûurie  &  de  la  Pifidie  ,  13  ans 
avant  Jefus-Chrifi.  U  le  fit  enfuite 
gouverneur  de  Cdius  Agrippa^  fon 
petit-fils ,  lorfqu'il  envoya  ce  jeune 
prince  dans  l'Orient  pour  y  mettre 
ordre  aux  affaires  de  l'empire.  LoUias 
fit  éclater  dans  ce  voyage  fon  ava- 
rice &  d'autres  mauvaifes  qualités  • 
qu'il  avoit  cachées  auparavant  avec 
adrefle.  Les  préfens  immenfes  qu'U 
extorqua  de  tous  les  princes  pen- 
dant qu'il  fut  auprès  du  jeune  Cefârf 
découvrirent  fes  vices.  Il  entretenoit 
la  difcorde  entre  Tihere  &  Agrippa ,  & 
l'on  croit  même  qu'il  fervoit  d'ef-  , 
pion  au  roi  des  Parthbs  pour  éloi- 
gner la  conclufionde  la  paix.  Cduu 
ayant  appris  cette  trs^fon,  raccufk 
auprès  de  l'empereur.  LoÛms^aà- 
gnant  d'être  puni  comme  il  le  mc- 
ritoit ,  s'empoifonna  ;  laifiknt  des 
biens  immenfes  à  Marcu»  LoWus  fon 
fils ,  qui  fut  conful  »  &  dont  la  fille 
LoUlaPomnaépouisL  CaUguIa.  Céi 
ce  dernier  Lollîus  auquel  Horace 
adrefle  la  a®  &  la  iS*^  Epîtredcfon 
premier  livre. 

LOM  ou  LOMMIUS,  (Joflc 
Van  )  favant  médecin  ,  né  à  Buren , 
dans  le  duché  de  Gueldre,  vers  1 5  00, 
exerça  fa  profefiion  principalement 
à  Tournai  &  à  Bruxelles ,  &  mou- 
rut vers  l'an  1561.  Nous  avons  de 
lui  :  I.  Commsntarîi  deSanltdîttua' 
da^  in  primumâb,  àe  Rz  medUa  C,  Celfii 
Leyde  ,  176 1.  II.  Ob/ayationum 
medlclnallum  iibri  très.  On,  en  a  ^t 
un  grand  nombre  d'éditions ,  la 
plus  récente  ell  celle  d'Amfierdam , 
1761 ,  in- 12.  U  a  été  traduit  deux 
fois  en  fi-ançois  ,  Paris,  17 11  & 
1759.  III.  De  cwandls  fibribust  Amft. 
1761.  Le  latin  de  Lommlus  efi  pur 
&  élégant.   On  prétend  qu'aui^ 


L  O  M 

«é^çcîfi  de  Ton  fîecle  n'a  lait  mieux 

connoitre  les  maladies ,  ni  prëfcrit 

une  pradque  plus  judicieuse  &  plus 

fùrc.  Tous  les  ouvrages  de  Lommius 

ont  été  imprimés  à  Amilerdam ,  en 

174 j  &  1761  ,  3  vol.  in- II. 

LOMAGNE,  Voyti  Terride. 

LOMAZZO ,  (  Jean-Paul  )  né  à 

Milan ,  en  1 5  98 ,  devim  habile  dans 

.  la  peinture  &  dans  les  belles-let> 

très.    La    littéramre  lui  fîit   d'un 

grand  fecours ,  quand  il  eut  perdu 

la  vue  à  la  fleur  de  Ton  âge ,  fuivant 

1  ia  prédiâion  que  lui  en  avoit  faite 
Cardan,  On  a  de  lui  deux  ouvrages 

1      peu  communs  :  I.  Un  Traité  <U  la 

\      Peinture  ,  en  italien ,  Milan ,  I5 85 , 
in-4®.  n.  Idiét  del  Tempio  délia  Pip- 
««r4,  1590,  in-4**. 
I.  LOMBARD ,  (  Pierre  )  Voye^ 

'      Pierre  Lombard  ,  n°  xir. 

I  IL  LOMBARD ,  (  le  Pcre  )  Je- 
fuite,  poëte  françois  de  ce  iiecle^ 
eft  auteur  de  plufieurs  Potmes  cou- 
ronnés aux  Jeux  floraux  de  Tou- 
lottie  ,  dont  trois  fe  trouvent  dans 
le  recueil  connu  fous  le  titre  de 
Parnaffe  Chrétien ,  Paris ,  1750,  in- 
II.  Mais  on  n'y  trouve  pas  ime 
petite  pièce ,  pleine  de  namrel  &  de 
grâces ,  du  même  poëte ,  intitulée  : 
Leçotts  aux  Enfans  des  Souverains, 
C'eft  une  paflorale  charmante ,  qui 
»'a  de  déÊiut  que  la  brièveté.  Les 
pièces  du  P.  Lombard  offrent  plus 
de  pureté  &  d'élégance  cfue  n'en 
ont  communément  les  vers  couron* 
nés  par  les  académies  de  province. 
On  diftingue  le  poème,  qui  a  pour 
titre  :  Combats  de  S.  Auguflin^  où 
l'on  pourroit  peut-être  reprendre 
«tn  trop  fréquent  nfage  de  Tanti- 
thefe  -,  mais  le  fujct  femhle  le  com- 
porter. Les  trois  pièces  citées  du 
P.  Lombard ,  font  des  années  1738 , 
39  &  40.  Nous  ignorons  l'année  de 
fe  mort. 

LOMBART  ,  (  Lambert  )  né  à 
Liège  en  1 5  06,  mort  vers  l'an  1565, 
^'applij|ua  avec  fuccès  à  la  peinture. 


L  O  M        50$ 

Il  fe  pèrfe^onna  dans  fon  art  en 
Allemagne ,  «n  France ,  &  fur-tout 
en'Italie ,  où  il  pafla  à  la  fuite  du 
célèbre  cardinal  Polus.  De  retour 
dans  fa  patrie,  il  y  établit  le  bon 
goût  dans  la  peinture  &  l'architec- 
ture ,  &  forma  des  élevés  qui  firent 
de  grands  progrès  dans  ces  arts. 
Hubert  GoUims  publia  la  Vie  de 
Lombart ,  par  Dominique  Lampfon  ; 
fous  ce  titre  :  Lamberti  Lombarde 
apud  Eburones  piHoris  celeberrtmi  Vita  , 
Bruges,  1565  ,  in-S". 
^  LOMBERT,  (Pierre) avocat  aw 
parlement  de  Paris ,  fa  patrie ,  fut 
uni  à  MM.  de  Por^Royal ,  &  de- 
meura quelque  temps  dans  leur  mai- 
fon.  11  avoit  de  l'efprit  ;  il  l'em- 
ploya à  des  ouvrages  udles.  Il  tra- 
duifit  les  écrits  des  SS.  Pères,  & 
mourut  en  17 10 ,  avec  une  grande 
réputation  de  piété  ,  après  avoir 
piûslié  pluâeurs  verfions.  Les  plus 
eflimées  font  :  I.  Celle  de  VExpU^ 
cation  du  Cantique  des  Cantiqms  ,  par 
5.  Bernard.  II.  Celle  de  la  Guide  du 
chemin  du  Ciel ,  écrite  en  latin  par 
le  cardinal  Bona.  III.  Celle  de  tous 
les  ouvrages  de  S,  Cyprîen  ,  en  1  vol. 
in-4^  ,  accompagnée  de  favantes 
notes  -,  avec  une  nouvelle  Vie  de 
ce  Père  tirée  de  fes  écrits ,  &  la  tra- 
duâion  de  l'ancienne  par  le  diacre 
Ponce  ^  &c.  Cette  verfion  efl  élé- 
gante &  fîdelle.  IV.  Une  bonne 
traduâion  des  Commentaires  de  S. 
Auguflin  ,  de  Sermone  Chrifti  in  monte, 
V.  Enfin  la  tradùâion  de  la  Cité 
de  Dieu ,  du  même  doâeur ,  avec  de 
favantes  notes,  en  deux  vol.  in-8**, 
1675  ,  c'efl  la  meilleure  de  ce  traité 
de  S,  AuguJBn  ,  dom  quelques  paf- 
fages  font  très  -  difficiles  à  enten- 
dre. Cette  verfion  ,  que  Lambert  en- 
treprit fur  les  Mémoires  du  célè- 
bre le  Maitre ,  efl  recommandable 
par  la  fidélité  &  l'énergie  du  flylc  , 
&  par  quantité  de  remarques  qui 
renferment  des  corrcâions  impor- 
tantes du  texte*  On  peut  pourtant 

Viij 


310        L  O  M 

reprocher  à  Lombert  ce  qu'oa  a  re- 
proché à  Dubois ,  autre  traduâeur 
àePort-Royal.  S,  Bernard  ,  S.  Au^  . 
fufin  &  5.  Cypr'un,  ont  chez  lui  à- 
peu7près  le  même  ftyle ,  les  mêmes 
tours  &  le  même  arrangement. 

LOME  ]>£  MOMCHESNAY,  Voy. 

jMonchesnay. 

LOMEIER ,  (  Jean  )  miniftre  Ré- 
formé à  Zutphen  ,  s'eft  diftingué 
par  fon  Trjùté  hlflorlqnc  &  critique 
iUs  plus  célchres  Bihliotheques  avcim" 
nés  &  modernes ,  imprimé  à  Zutphen 
«n  1699  ,  in- 12.  De  tous  les  livres 
que  nous. avons  fur  cette  matière , 
ç'eil  le  plus  favant,  mais  non  pas 
le  mieux  écrit  j  &  depuis  qu'il  a  été 
publié,  il  y  auroit  bien  des  additions 
â  y  £aire.  On  peut  d'ailleurs  repro* 
cher  à  Loméier ,  de  prendre  quel- 
quefois de  iimples  cabinets  pour  de 
grandes  bibliothèques....  Voyei  Mj." 

JPERUS. 

I.  I.OMENIË  ,  (  Antoine  de  ) 
ftigneur  de  la  Ville -aux -Clercs, 
nommé  ambailadeur  extraordinaire 
en  Angleterre,  en  15 9  j ,  fecrétaire 
d'état  en  1606,  fut  employé  dans 
diverfes  négociations  importantes 
dom  il  s'acquitta  avec  fuccès.  Henii 
JK  lui  donna  des  marques  d'diime. 
Ce  monarque  protégea  le  fils  en 
faveur  du  père ,  (  Martial  de  Lo-^ 
MENiE  i  )  greffier  du  confeil ,  tué  à 
la  Saint'BanhéUmiy  en  1572.  Antoine 
mourut  le  17  Janvier  1638 ,  à  78 
ans, 

II.  LOMENIE,  (Henri^ugufle 
de  )  comte  de  Brienne  ,  fils  du  pré^ 
cèdent ,  obtint  après  divers  emplois 
la  furvivance  de  la  charge  de  fo» 
père  ,  en  161 5.  louis  XIII  le  fit 
capitaine  du  château  des  Tuileries, 
«n  1622,  &  l'envoya  en  Angleterre 
deux  ^ns  après  ,  pour  régler  les 
«oticles  du  mariage  de  Ht^nrittte  de 
fronce  ,  avec  le  prince  de  Çaller. 
li  fuivit  enfuite  le  roi  au  iiege  de 
]a  Rochelle.  Dans  le  commence- 
4RÇ0X  du  r^e  de  Louis  XlFi  î^  ^y 


L  O  M 

le  département  des  af&îres  étran- 
gères.  Il  fe  conduiût  avechcaucouf» 
de  prudence  durant  les  troubles  de 
la  minorité  ;  &  mourut  le  5  No- 
vembre 1666 ,  à  71  ans.  11  laifl* 
des  Mémoires  manufcrits ,  depuis  le 
çommen/cement  du  règne  de  Loét 
XllI ,  juftïu'à  la  mort  du  cardinal 
Ma^arln,  On  en  a  pris  les  morceaux 
les  plus  intéreilans ,  pour  compofer 
l'ouvrage  connu  fous  le  titre  de 
Mémoires  de  JLoménie ,  imprimés  i 
Amflerdam ,  en  1719  ,  en  3  voU 
in- 12..  L'éditeur  les  a  pouiïés  juf- 
qu'en  i68i.  Us  offrent  quelques 
détails  curieux  ,  &  des  anecdotes 
utiles  pour  THiftoire  de  fon  temps. 
On  voit  que  l'auteur  avoitune  poli- 
tique fage  &  de  bonnes  vues  pou? 
radifiinifbranon.  Son  efprit  a  écç 
reproduit  dans  un  de  fes  ddcen- 
dans  :  M.  Tarchevêque  deTouloufe,  ' 
qui  ,  aux  lumières  de  l'homme 
d'état ,  joint  le  talent  de  l'éloquence 
&  le  goût  des  belles-lettres. 

III.  LOMENIE  ,  (  Henri-Loui» 
de  )  comte  de  Brienne  ,  fils  du  prc-« 
cèdent  ,  fut  pourvu  en  1661 ,  dès 
l'âge  de  16  ans  ,  de  la  furvivance 
de  la  charge  de  fecrétaire  -  d'état 
qu'avoir  fon  père,  Comme  la  plus 
importante  partie  de  l'exercice  de 
cet  emploi  regardoit  les  étrangers  it 
il  parcourut  l'Allemagne ,  la  Hol- 
lande ,  leDanemarck  ,  la  Suéde,  U 
Laponia,  la  Pologne,  l'Autriche^ 
la  Bavière  &  l'Italie.  Il  voyagea  en 
minîilrc  qui  vouloit  s'inftruire,  oh% 
fervant  les  mceurs ,  les  caraûeres  & 
les  intérêts  politiques  de  ces  diffe* 
rens  peuples.  Ses  coimoiffances , 
qui  furpafToient  fon  âge,  lui  ayant 
hit  beaucoup  de  réputation  daot 
fçs  courfes  ;  Lotus  XIV  lui  permit 
d'exercer  fa  diarge ,  quoiqu'il  n'eû^ 
encore  que  23  ans.  Il  fe  conduifit 
d'abord  en  miniftre  ;  mais  Tafflioi 
don  que  lui  caufk  la  mort  de  fa  km^ 
me ,  Henriette  de  Chavigny ,  en  1665  « 
aliéna  (on  efprit^  Depuis  çence  trift( 


L  O  M 

iSpCfpit  *  -/on  an/tau  hoviUûU  tùw* 
jours ,  pour  nous  ibrvLr  de  Tes  ex- 
freffions.  Son  imagination  4éré^ 
giée  le  jetoit  quel<[i^ois  daagf  des 
bizarreries  peu  dignes  d'un  homme 
en  place.  LouU  XIV  fut  obligé  de 
iui  demander  £à  démiûion.  Le  mi- 
nière difgracié  fe  retira  clvez  lis  PP, 
de  l'Oratoire  -,  après  avoir  vaine- 
neat  tenté  d'entrer  chez  les  Char- 
treux. Il  vicut  d'abord  avec  Cigefle , 
&  reçut  même  les  ordres  facrés  ; 
mais  il  ne  tarda  pas  à  fe  dégoûter 
d'une  vie  qui  lui  paroiiToijc  trop 
uniforme.  U  reprit  Tes  voyages  \ 
pafla  en  Allemagne  -,  s'enflamma 
(  dit-on  )  pour  k  piinceâe  de  Mec- 
ieihourg  ^  &  lui  déclara  fa  paflio^. 
louis  XIV  ^  à  qui  cette  priacefiie  icn 
porta  fes  plaintes ,  ordonna  à  lo- 
mtnlt  de  revenir  à  Paris  #  &  le  fit 
enfermer  dans  l'abbaye  de  Saint" 
Germain.  Le  refie  de  fa  vie  fut  trèsr 
nalheuj^ux.  On  fut  obligé  de  le 
confiner  à  Saint-Benoit-fiur-Loire., 
&  enfuite  à  Saint  •  Lazare*  L'écrit 
^  l'occupa  le  plus  dans  fa  prifon^ 
£it  une  prétendue  Hiûoire  du  Jan- 
fénifme ,  dont  le  titre  d^  auffi  finr 
gulier  que  l'ouvrage.  Voici  ce  titre 
Xe  Rotnan  rérl^abU  ,  ou  VHîftolfc 
{tcTUi  du  Janfénlfmci  Dialoguts  d&  la 
iumpofiûoa  <U  M,  DE  MélonI£  , 
ILoménie]  Slredt  Néhrlne^  Maroa 
de  Mentcrejfe  Sc  autres  lieux  ,  Bachelier 
€n  TkéologU  d^ns  Vunlvejfité  de  Mayeri' 
«e»  agrégé  Docteur  en  Médecine  duikf' 
Mlle  de  Padoue ,  ^  Licencié  en  Vroh- 
€anon  de  Vf/niverfiU  de  ^alan^anque  ^ 
maintenant  Abbé  de  Saint- Léger  ^  habi- 
tué à  Saint-lta\are  depuis  on\c  ans  ^ 
ci|  i68  5 .  Cet  ouvrage  n'a  point  été 
imprimé.  C'efl  un  mélange  de  profe 
&  de  ve^s ,  en  ix  livres.  Les  por- 
Iraits  à'AmAuld ,  de  Lanctlot  &  de 
.quelques  autres  y  font  peints  avec 
beaucoup  de  feu.  L'auteur  y  ménage 
peu  les  Solitaires  de  Port-Royal-^ 
<iont  les  partifansne  l'ont  pas  mé- 
lAilgé  à  lê^r  XQXitf  U  faut  avouer 


L  O  M         jit 

cependant  que  ,  lorfquSl  pouvoct 
calmer  les  agitations  de  fon  efprit  ^ 
il  îtoit  aimable  ;  fon  cœur  étott 
fenfibU  &  généreux.  Quelques  an- 
nées avant  fa  mort,  il  eut  ordre 
de  fe  retirer  à  l'abbaye  de  Saint- 
Séverin  de  Qiàteau-Landon ,  où  il 
mourut  le  17  Avril  169S  ,  âgé 
d'environ  56  ans.  0\xtxi^£onRomam 
du  Janfênifme.^  dans  lequel  on  re- 
cueilleroit  quelques  anecdotes ,  fi 
Ton  pouvoit  en  féparer  le  férieux^ 
des  plaiiànteries  qui  y  dominent^ 
\Voy,  IL  Lancelot.]  On  a  de 
iui  :  L  Les  Mémoires  de  fa  Vis ,  eo 
3  voL  in-folio.  II.  Des  Sadres  & 
des  Odes,  IIL  Un  Pohne  ,  plus  que 
burlefque  >  fur  les  Toux  de\  Saint» 
Lazai^.  Les  ouvrages  prccédens 
font  manufcrits.  iV.  'VHifiùire  de. 
fa  Voyxiges ,  in-8®v  écrite  en  latin 
avec  àdSiw  d'élégance  &  de  nettetés 
V.  La  traduâion  des  Inftitutions  de 
TltoMUre^  1665,  in-S^  VL  U» 
Recuâl  de  Poéfies  Chrétiennes  &  divcr^ 
fes ,  1671 ,  3  volumes  in-11.  Les 
pièces  ile  cette  coUeâion  ne  font 
pas  toujours  bien  choifies.  On  y 
trouve  pluûeurs  de  fes  propres  ou» 
vrages,  &ce  ne  font  pas  toujours 
les  meilleurs  morceaux.  L'auteur 
avoit  de  la  facilité  &  de  la  vivacité  i 
mais  fon  imagination  n'étoit  pas 
toujours  dirigée  par  un  goût  sûr^ 
VU,  Les  Règles  de  la  Poéfie  Françoife  , 
qu'on  trouve  à  la  fuite  de  la  Méthodç 
'  Latine  de  Port^Royal,  CeR.  un  caner 
vas  qui  a  fervi  à  tous  ceux  qui  onc 
écrit  fur  la  même  matière.  J[  Ce^i  était 
imprimé  en  tjyt^,  1 

Depuis  ,  M.  l'archevêque  c^ 
Touloufe  a  été  nommé  («n  1787) 
premier  minière  du  Royaume  ^  & 
M.  le  cornue  de  Brienne  ,  fon  frère  ^ 
miniflre  de  U  guerriQ.  .  Leur  frère 
•giné ,  le  marquis  de  Brienne ,  colonel 
du  régiment  d'Anois  ^  s'étoit  âgnalé 
dans  plufieurs  pccaûons  ,  par  le 
courage  d'un  foldat  &  par  l'intclH* 
gence  d'un  habile'  capitaine.  Dao^ 

yiv 


^îi        LÔM 

1%  amefte  iouraée  de  l'Af&ette,  lé 
19  Juillet  1747 ,  il  anaqua  une  pa- 
liflade  »  à  la  tête  de  fa  troupe.  Un 
coup  de  feu  lui  emporte  le  bras. 
On  le  preiTe  de  fe  retirer  du  com- 
bat :  Non  y  non ,  répondit-il ,  //  m*en 
nftt  un  autre  pour  U  J'ervîct  de  mon 
Roi,  Il  revient  à  la  charge ,  &  il  eil 
tué ,  laiiïant  après  lui  le  ibuvenir 
d'un  citoyen  généreux ,  d'un  brave 
officier  &  d'un  homme  aimable. 

LOM£R ,  (  S.  )  Launomams ,  abbé 
au  diocefe  de  Chartres ,  mourut  le 
19  Janvier  594.  Ses  reliques,  por- 
tées dans  le  diocefe  de  BÎois ,  don- 
nèrent lieu  d*y  fonder ,  au  dixième 
iiede ,  une  abbaye  qui  porte  fon 
nom. 

LOMMIUS ,  Foy.  Lom  &  Mas- 

CRIER. 

LONDE,  (François-Richard  de 
la  )  de  l'académie  royale  des  belles- 
lettres  de  Caen  ,  né  le  premier  No- 
Ttembre  168  5  ,  fe  livra  à  la  poéfie , 
à  la  mufique ,  à  la  peinture ,  &  fur- 
tout  au  deflîn  &  au  génie.  Le  pro- 
jet &  les  moyens  de  rendre  havi- 
gable,  depuis  fa  fource  jufqu'à  la 
mer ,  l'Orne  qui  pafTe  par  Caen ,  ne 
ceiTerent  d'être  l'objet  de  fes  tra- 
vaux. Après  avoir  démon*  ré  la  pof- 
£bilité  de  ces  moyens ,  il  mit  tout 
en  ufage  pour  les  fiaire  approuver 
par  le  gouvernement.  U  traça  le 
Plan  ,  les  Vues ,  &  Us  PerfpeBives  de 
Casn ,  avec  cette  netteté  &  cette  pré- 
cifion  qui  font  le  mérite  de  fes 
Cartes  :  il  les  fit  graver  à  {çs  frais 
&  fous  fes  yeux.  Il  s'occupa  enfuite 
des  antiquités  &  de  l'origine  de  fa 
patrie  ,  &  fit  les  recherches  les  plus 
ïaborîeufes.  Pour  fedifbaire  au  mi- 
lieu de  ces  pénibles  occupations ,  il 
fe  partageoit  entre  les  arts  &  la 
littérature  :  tantôt  il  peignpit  fes 
amis ,  tantôt  il  traçoit  des  plans  & 
des  payfages  ,  &  tantôt  il  rendoit 
le  verre  propre  à  fovorifer  des  vues 
d'optique.  Dans  fes  vers  il  combat- 
tit les  erreurs  dt  r2Uuûoii  &  de  U 


t  ON 

folle  \  il  développa  les  effets  da# 
gfreux  du  luxe  &  des  voluptés  -,  il 
fit  #s  Contâtes  ,  des  Elé^ ,  des 
Opfti,  6cc.  En  profe  il  traça  lesYC" 
ritables  caraâeres  de  la  vertu ,  & 
apprit  à  goûter  les  avantages  d'une 
bonne  éducation.  Ce  vertueux  ci- 
toyen ,  malgré  fes  travaux  ,  jouit 
toute  fa  vie  d'une  famé  égale  ;  fon 
efprit  &  tk  mémoire  ne  reâendrent 
point  les  attentes  de  l'âge;  U  mou- 
rut le  iS  Septembre  1765  ,  à  Soans^ 
fans  prefque  avoir  été  malade.  U 
aimoit  à  conter  ,  &  il  le  £ai(bit 
d'ime  manière  imérefîante,  U  a  laif- 
fé  :  I.  Paraphrafe  ,  en  vers ,  dis  fipt 
Pfeaumes  dt  U  Pénitenu ,  174S ,  in* 
8^.  U.  Mémoire  concernant  le  Com^ 
merce  de  la  baffe  Normandie  ,  manuf- 
crit.  ÏLL  Recherches  fur  Pantiqmté  de 
Château  &  de  la  Ville  de  Caen  \  auifi 
en  manufcrit.  IV.  Diverfes  Pièces 
de  Poéfie ,  les  unes  manufcrites  «  les 
autres  iniférées  dans  les  Recueils  & 
Journaux.  [Art. fourni,] 

I.  LONG,  (George le) doôeuf 
&  premier  garde  de  la  bibliothèque 
Ambrofienne ,  vivoit  au  commett- 
cernent  du  feizieme  fiecle.  Il  lai£a 
un  Traité  en  latin  «  plein  d'érudi* 
tion,  touchant  les  Cachets  des  An* 
ciens  ;  Milan,  1615  ,  in-8**.  On  le 
trouve  aufli  dans  le  Recueil  des 
divers  Traités  De  Annulis ,  publié 
à  Leyde  en  1672. 

II.  LONG ,  (  Jacques  le)  prêtre 
de  l'Oratoire,  né  à  Paris  le  19 
Avril  ï  66  5 ,  fut  envoyé  dans  fa  jeu- 
nefïc  à  Malte  pour  y  être  admis  au 
nombre  des  Clercs  de  Saint-Jean  de 
Jérufalem.  A  peine  fut-il  arrivé ,  que 
la  contagion  infeâa  l'ifle.  U  ren- 
contra par  hafard  des  perfonnes  qui 
alloient  enterrer  un  homme  mort 
de  la  pefle-,  il  les  fuivit ,  mais,  dès 
qu'il  fut  rentré  dans  la  maifon  où 
il  logeoit,  on  en  fît  murer  les  por- 
tes ,  de  peur  qu'il  ne  communiquât 
le  poifon  dont  on  le  croyoit  atta- 
qué. Cette  efpece  de  prifon  gariotit 


LON 

45»  Jours  &  ceux  des  perfonnes  avec 
lefquelles  il  étoit  enfenné.  Le  jeune 
k  Long^  échappé  à  la  contagion, 
quitta  rifle  qu'elle  ravageoit,  & 
revint  à  Paris ,  où  il  entra  dans  la 
congrégation  de  l'Oratoire  ,  en 
1686.  Après  avoir  profefle  dans  plu-' 
fieurs  collèges ,  il  ùt  nommé  biblio- 
diécaire  de  la  maifon  de  Sakit- 
Honoré  à  Paris.  Cette  bibliothèque 
augmenta  de  plus  d'un  tiers  fous 
fes  mains.  L'excès  du  travail  le 
Jeta  dans  l'épuifement ,  &  il  mou- 
rut d'une  maladie  de  poitrine  le 
1$  Août  1721 ,  à  56  ans,  regardé 
comme  un  favant  vermeux.  Le  P. 
U  Long  favoit  le  Grec ,  l'Hébreu , 
leChaldéen  ,  l'Italien  ,  l'Efpagnol, 
le  Portugais  &  TAnglois.  Il  étoit 
patfeitement  inftruit  de  tout  ce 
qui  regarde  la  littérature ,  les  livres 
&  l'imprimerie.  Le  P.  Malehranehc 
lui  reprochoit  quelquefois  en  badi- 
nant, les  mouvemens  qu'il  fe  don- 
noit  pour  vérifier  ime  date  ou  pour 
découvrir  des  petits  faits  que  les 
philofopKes  regardent  comme  des 
minuties.  La  vérité  tftfi  aîmabU^  (  lui 
répondoit  le  P.  U  Long^  )  qu'il  ne 
faut  rien  négliger  pour  U  découvrir  y 
mime  dans  les  plus  petites  ehofes.  Il 
poiTédoit  les  mathémadques  &  la 
philofophie  ;  mais  il  avoit  une 
cTpece  de  dégoût  pour  la  poéiie, 
l'éloquence  &  les  belles  -  lettres. 
Cette  fleur  d'efprit  que  les  gens  dé- 
goût cherchent  dans  les  livres ,  il 
la  négligeoit  :  il  ne  prenoit  de 
l'érudition  que  -les  ronces.  Ses 
principaux  ouvrages  font  :  I.  Une 
Bihliotheque  facrée  ,  en  latin  ,  réim- 
primée en  1723  ,  en  1  vol.  in-fol. 
p»  les  foins  du  P.  DefmoUu  fon 
confrère ,  &  fon  fucceffeur  dans  la 
place  de  bibliothécaire.  C'eft  le 
meilleur  ouvrage  que  nous  ayons 
fur  cette  matière  -,  mais  il  y  a  quel- 
ques Êiutes  :  il  efl  fl  facile  d'en 
feire  en  ce  genre  !  car  il  efl:  bien 
rare  d'avoir  fous  les  yeux  tous  les 


L  p  fï        31^ 

livres  dont  on  parle.  II.  BibUoth^' 
que  hifioriqut  de  France  ^  in-fol.  Cct 
ouvrage,  plein  d'érudition  &  de 
critique ,  coûta  bien  des  recherches 
à  fon  auteur  :  il  eft  d*une  grande 
utiUté  à  ceux  qui  s'appliquent  à 
l'hifloire  de  notre  nation,  &  uii^ 
homme  d'efprit  ne  balance  pas 
de  l'appeler  un  véritable  monument 
du  règne  de  Louis  XV.  On  y  trouve 
quelques  inexaâitudes  :  mais  quel 
ouvrage,  fur  -  tout  de  ce  genre, 
en  eft  eifempt  ?  W.  <fe  Fontctte  en 
a  donné ,  en  1768  &  années  flii- 
vantes ,  une  nouvelle  édition  en 
j  volumes  in-folio ,  corrigée  & 
confîdérablement  augmentée.  III. 
Un  Dijcours  hiflorique  fur  les  Bibles 
Polyglottes  &  leurs  différentes  édi- 
tions ,  in-8^ ,  171 3« 

LONGEPIERRE,  (HUaire-Ber- 
nard  de  Roqueleyne , feigneur  de) 
né  à  Dijon  en  1659  ,  d'une  famille 
noble ,  fut  fecrétaire  des  comman- 
demens  du  duc  de  Berrî ,  &  eut 
quelque  réputation  comme  poète 
&  comme  traduûeur.  Il  fe  &  un 
nom  dans  le  genre  dramatique  par 
trois  Tragédies  :  Médée ,  Electre  ê: 
Séfofirîs  'y  cette  dernière  n'a  pas  été 
imprimée.  La  première,  quoiqu'iné- 
gale  &  remplie  de  déclamations, 
eft  fort  fupérieure  à  la  Médée  de 
Corneille  y  &  a  été  confervée  au 
théâtre.  La  fcene  des  entos,  au 
4®  afte ,  produit  le  plus  grand  eiffet 
Ces  trois  pièces  font  dans  le  goût 
de  Sophocle  &  à! Euripide,  Une  froide 
&  malheureufe  intrigue  d'amour 
ne  défigure  point  ces  fujets  terri^ 
blés  ;  mais  Langepîerre  coimoiiTant 
peu  notre  théân-e,  &  ne  travail- 
lant que  très-foiblement  fes  vers, 
n'égala  pas  fes  modèles  dans  la 
beauté  de  l'élocution,  qui  fait  le 
grand  mérite  des  poètes.  Il  ne  prit 
prefque  d'eux ,  que  la  prolixité  des 
lieux  conununs,  &  le  vide  d'ac- 
tion &  d'intrigue.  Les  défauts  Tem- 
pgrterent  tellement  fur  les.  beautés 


5î4        LON 

qu  elle  àvolt  empruntées  de  laCrec6, 
«[u'on  fut  forcé  d'avouer  à  la  repré- 
éntatiQn  de  fon  EUEtre^  que  '^  c  etoit 
t»  une  ftatuc  de  PrajfUcU  défigurée 
-tf  par  un  moderne,  y»  RouJJ'eau  fit 
<les  CoupUu  contre  lui,  &  les  dé- 
tracteurs de  l'antiquité  ié  fervirent 
très-mal-à-propos  de  la  copie  pour 
4léprifer  les  originaux.  On  a  encore 
de  LongepUrrc  :  L  Des  TraducUons 
<n  vers  ^ançois ,  ou,  pour  xnieux 
-dire,  en  profe  rimée,  A'Anaeréan^ 
de  Sapho ,  de  Théocnu,  i6S8 ,  in-ia,  i 
de  Mofais  &  de  Bion  ,  à  Amiler- 
dam,  16S7,  in-ii.  L*auteur  les  a 
enrichies  ne  notes  qui  prouvent 
.^'il  connoiffoit  l'antiquité ,  quoi- 
qu'il ne  iïït  en  faire  paiTer  dans 
notre  langue  ni  les  beautés,  ni  la 
délicatefle.  II.  Un  Rtetuu  d'Idylles^ 
in-i2 ,  à  Paris ,  1690,  La  nature  y 
cfl  peinte  de  Tes  véritables  couleurs; 
tnais  i^i  verfification  en  eft  pro- 
saïque &  foible  :  Ton  chalumeau 
cfl  un  ûfHet  dur  &  aigre.  Longt- 
fient  mourut  à  Paris,  £e  $1  Mars 
,272/-,  à  61  ans. 

LONGUNO ,  (  Fauflo  de  y  au- 
leur  Italien  du  xvi*  fiecle,  dont 
on  a  un  Traké  des  DmU ,  Venife , 
1552,  in-S**  \  &  des  Ohfervaùons 
fm  Cidron^  ïÇ5^>  in-8** ,  &  une 
traduftion  de  £>îo/fonitf  en  Italien , 
Venife,  1542,  in-8^ 

I.  ïjONGIN,  (  Dcnys)  philo- 
sophe &  littérateur,  né  à  Athènes  «  - 
«ut  une  graade  réputation  dans  le 
iii^  fiecle  par  fon  éloquence ,  par 
fon  goût  &  par  fa  philofophie.  Ce 
fut  lui  qui  apprit  le  Grec  à  Zitio-- 
iUy  femme  d'Odenat  &  reine  de 
'  Palmyre.  Cette  princefTe  le  fit  fon 
^IniÂre.  L'empereur  Auréûen  ayant 
afSégé  fa  capitale ,  Longln  lui  con* 
feilla  de  réfifler  autant  qu'elle 
pourroit.  On  dit  qu'il  lui  diâa  la 
ïéponfe  noble  &  fiere  qu'elle  fit  à 
^t  empereur  qui  la  prefToit  de  fe 
«rendre,  Longin  fut  la  viûime  de 
ion  zèle  pour  ZénobU^  Pi^yfÇ 


LON 

ayant  ouvert  fes  portes  à  Aaritun] 
ce  prince  le  fit  mourir  en  273. 
Longin  parut  philoibphe  à  fa  mort, 
comme  dans  le  cours  de  fa  vie;  il 
fouffrit  les  plus  cruels  tourmeos 
avec  confiance ,  &  .confola  même 
ceux  qui  pleuroient  autour  de  luL 
Cet  homme  illufire  avoit  un  goût 
délicat  &  une  érudition  profonde. 
On  difoit  de  lui  qu'il  étoit  une 
Bibliothèque  vîvatue ,  &  on  difoit  vrai. 
Il  avoit  compofé  en  Grec  dtsRà- 
marques  critiques  fur  tous  les. anciens 
Auteurs.  Cet  ouvrage n'exifle plus, 
ainii  que  plufieurs  autres  produc- 
tions de  philofophk  &  de  littéra* 
ture,  dont  il  ne  nous  refle  que  1« 
Traité  du  Suklîme,  L'auteur  y  donne 
à  la  fois  des  leçons  &  des  modèles. 
BoUeau  l'a  traduit  en  François,  & 
TolUus  la  fait  imprimer  à  Utrecht , 
en  1694,  in-4*' ,  avec  les  remarques 
de  différens  favans.  Boileà»  a  accom- 
pagné fa  traduâion  de  plufieurs 
notes ,  dont  «piques-unes  peuvent 
être  utiles.  On  eftime  encore  l'édi- 
tion d'Oxford  par  Hudfon ,  1718 , 
in-8?  ;  celles  de  Londits,  1724, 
in-4*'  j  &  dç  Glafcow ,  1763 ,  pedt 
in-4^.  Il  y  a  une  édition  en  grec, 
latin ,  italien  &  françoisi  de  yérooe* 
1733,  in-4^ 

II.  LONGIN  oiiLoNGis(S.) 
Ceil  ainfi  qn'on  ^pelle  le  foldac 
qui  perçft  d'un  coup  de  lance  le 
côté  de  iVofrc  -  Seigfimr  ,  lodqu'il 
«toit  en  croix  :  ce  ,nom  femWe 
n'avoir  d'autre  fondement  que  le 
mot  grec  d'où  il  cil  dérivé ,  lequel 
£gnifie  Lance^ 

III.  LONGIK ,  (C^efitr^Lonfnus) 
efl  un  auteur  d'un  livre  finguUer  & 
peu  Commun ,  intitulé  Trîman  fft- 
^cum\  à  Francfort,  ,1616,  1630 ou 
i673,in-i2. 

ly.  LONGIN  ,  i^^  exarque  de 
Ravenne ,  Voyci  x,  RosemondEi 
&  les  Tables  ChronoloqjuvSs» 
LONGINA,  VcyeiBoMniA^ 
LONGINUS ,  F,  IL  QMnuSé 


L  O  N 

lOKGO ,  (Pictro  )  Voy.  Aar- 
SESs ,  n®  11. 

LONGOMONTAN,  (Chriftian) 
né  au  Jutland  dans  le  Danemarck 
en  1561,  étoit  fils  d'un  pauvre  la- 
boureur. Il  eiTuya  dans  (es  études 
toutes  les  incommodités  de  la  mau- 
vaife  fortune ,  partageant ,  comme 
le  philofophe  CUanthe  ,  tout  fon 
temps  enWe  la  culture  de  la  terre , 
&  les  leçons  que  le  miniftre  du 
lieu  lui  faifoit.  Il  /e  déroba  du  fein 
éc  fa  Emilie  à  l'âge  de  14  ans ,  pour 
fe  rendre  dans  un  collège.  Quoi- 
qu'il fût  obligé  de  gagner  fa  vie  , 
Û  s'appliqua  à  l'étude  avec  tant 
d'ardeur ,  qu'il  fe  rendit  très-habile, 
fur-toût  dans  les  mathématiques. 
Longomontan  étant  allé  enfuite  à 
Copenhague  ,  les' profefleurs  de 
l'univerfité  le  recommandèrent  au 
célèbre  Tycho-Brahé  ,  qui  le  reçut 
très-bien  en  15S9.  Longomontan  paiTa 
hmt  ans  auprès  de  ce  fiameux  af- 
tronome,  &  l'aida  beaucoup  dans 
ics  obfervations  &  dans  fes  calculs. 
Entraîne  par  le  défir  d'avoir  une 
chaire  de  profefleur  dans  le  Dane- 
marck ,  il  quitta  Tycho  -  Brahd,  Ce 
grand-homme  ayant  confenti,  quoi- 
que avec  peine  ,  à  fe  priver  de  îes 
fervices,  lui  fournit  amplement  de 
quoi  foutenir  la  dépenfe  du  voyage. 
A  fon  arrivée  en  Danemarck  ,  il 
fut  pourvu  d'une  chaire  de  mathé- 
matiques en  1605 ,  &  la  remplit 
avec  beaucoup  de  réputation  juf- 
qu'à  fa  mort ,  arrivée  en  1647 ,  à 
S  5  ans.  On  a  de  lui  pluiîeurs  ou- 
vrages très-eftimables.  Les  princi- 
paux font  :  I.  Aftronomîa  Danlct , 
Wi-fol.  1640,  Anifterdam.  L'auteur 
y  propofe  un  nouveau  Syfiimt  du 
vionds  ^  compofé  de  ceux  de  Pto^ 
hnéc^  de  Copernic  OcdcTycho-Brahé ; 
ojais  ce  fyftême  qui  fembloit  ren- 
ier les  avantages  de  tous  les  au- 
tres ,  n'eut  pas  cependant  beaucoup 
<le  feôateurs.  II.  Syfitma  mathema" 
ifm  ,  in-Ç*'.  m,  ProHetma  Gço^ 


tON        31^ 

n^rtca ,  în-4°.  IV.  Dlfputado  Ethlca 
de  anima  humanét  morbis ,  in  -  4^. 
Parmi  les  maladies  de  Tefprit  hu- 
main ,  l'auteur  ne  compte  pas  cette 
manie  qui  dévoroit  les  philofophes 
de  fon  temps  ,  de  vouloir  faire  ^. 
chacun  un  fyftême ,  &  de  chercher 
fans  ccffe  ce  qu'oh  ne  peut  trouver. 
Longomontan  y  ctoit  fujet  comme 
les  autres.  Il  croyoit  bonnement 
avoir  trouvé  la  quadrature  du  cer- 
cle i  il  configna  cette  prétendue 
découverte  dans  fa  Cyclométrie  , 
1611 ,  in-4*'  ,  &  réimprimée  en 
16 17  &  1664-,  mais  Pc//,  mathé- 
maticien Anglois ,  lui  prouva  que 
fk  découverte  étoit   une  chimère. 

L  LONGUEIL,  (  Richard-Oli- 
vier  de  )  archidiacre  dEu  ,  puis 
cvêque  de  Coutances ,  étoit  d'une 
ancienne  fiunille  de  Normandie.  Le 
pape  le  nomma  pour  revoir  le  pro- 
cès de  la  Pucçllc  d'i^rléans,  &  il  fe 
fignala  parmi  les  commifTaires  qui 
découvrirent  l'innocence  de  cette 
héroïne  &  l'injuftice  de  fes  juges; 
Char/es  VII,  charmé  du  zèle  pa- 
triotique qu'il  avoit  fait  éclater 
dans  cette  occafion ,  l'envoya  am- 
bafladcur  vers  le  duc  de  Bourgogne^ 
le  fit  chef  de  fon  confeil ,  premier 
préfident  de  la  chambre  des  comp- 
tes de  Paris ,  &  lui  obtint  la  pour- 
pre romaine  du  pape  Calixte  III  ^ 
en  1456.  Le  cardinal  de  Longueîlïe  - 
retira- à  Rome  fous  le  pontificat  de 
?U  II ,  qui  lui  confia  la  légation 
d'Ombrie ,  &  lui  donna  les  évêchés 
de  Porto  &  de  Sainte-Rufine  réu- 
nis enfemble ,  comme  un  gage  de 
fon  eftime.  Il  mourut  à  Péroufe  , 
le  15  Août  1470  ,  dans  un  âge 
aflez  avancé ,  regretté  par  le  fon- 
verain  pontife  &  par  les  gens  de 
bien. 

n.  LONGUEIL  ,  (  Chriftophd 
de)LoNGozJUs  f  fils  naturel  d'An-* 
toîne .  de  Longueil  évêque  de  Léon  , 
naquij  en  1488 ,  à  Malines ,  où  fon 
père  étoit  ambafiàdeur  de  la  rein^ 


Îi6        L  O  N 

Anne  it,  SrttAgnc ,  /  qui  TaVoît  ûi)k 
hk  foo  chancetier.  Chrïftophe  mon" 
tra  de  bonne  heure  beaucoup  d'ef- 
prit  &  de  mémoire.  Il  embrafTa 
toutes  les  parties  de  la  littérature: 
antiquités ,  langues  ,  droit-civil  , 
droit-canon ,  médcane,  théologie. 
Le  fuccès  avec  lequel  il  exerça  à 
Paris  la  profeilion  de  jurifconfulte, 
lui  valut  une  charge  de  confeiller 
au  parlement*  Pour  donner  encore 
plus  d'étendue  à  {on  génie ,  il  par- 
courut ritalie,  l'Efpagne,  l'An- 
gleterre ,  l'Allemagne ,  la  Suiffe  , 
où  il  fut  retenu  captif  par  le  peu- 
ple, ennemi  juré  des  François  , 
vainqueurs  des  Suites  à  la  bataille 
de  Marignan  qui  venoit  de  fe  don- 
ner. Il  mourut  à  Padoue  le  ii 
Septembre  1522,  à  34  ans.  On  a 
de  lui  des  Epîtres  &  des  Harangues^ 
publiées  à  Paris  en  1533  ,  în-8°, 
snrec  fa  Vît  par  le  cardinal  Polus, 
Son  Oratio  de  ùtudibus  D*  LUDO- 
VICI  Francorum  régis ,  habita  Pich» 
vïi  in  ctdt  Francifcanorum  ,  anno  ipOy 
(  Paris  ,  chez  Henri  Etienne  )  eft  très- 
rare,  ayant  été  ôtée  de  Tes  Œuvres, 
pour  les  libertés  qu'il  s'y  permit 
contre  la  cour  de  Rome.  La  dic- 
tion de  fes  ouvrages  cft  pure  & 
élégante ,  mais  le  fond  en  eft  mince. 
Il  étoit  du  nombre  des  favans  qui 
tâchoient  d'imiter  le  ftyle  de  C/- 
€éran,  Bembe  étoit  un  de  fes  prin- 
cipaux amis ,  &  ce  fut  lui  qui  l'en- 
gagea à  changer  la dif^ion  qu'il  s'é- 
toit  d'abord  formée ,  fans  s'attacher 
à  aucun  auteur ,  pour  la  rendre  en- 
tièrement Gcéronienne.  De  Longusll 
fat  occupé  pendant  un  temps  con- 
fidérable  à  lire  les  ouvrages  de 
Cicéron ,  &  il  fe  les  rendit  fi  fami- 
liers ,  qu'il  s'accoutuma  à  ne  f e  fer- 
vir  d'autres  termes  que  des  fiens. 
Cette  manie  a  été  jugement  cenfu- 
rée  p»*  Vives,  Son  premier  flyle 
lui  déplut  tellement,  qu'il  recom- 
manda en  mourant  qu'on  fuppri- 
mkt  to\»s  les  ouvrages  où  il  Tavoit 


E  o  N 

eitiptbyé.  Le  jugement  &  la  ré- 
flexion l'avoient  ramené  à  une  (Uc^ 
tion  plus  fîmple. 

m.  LONGUEIL,  (Jean  de) 
fleur  de  Mdifons ,  né  en  1489 ,  de 
la  femîlle  des  précédcns ,  ftit  pré- 
ûdent  aux  enquêtes  au  parlement 
de  Paris,  &  enfuite  confeiller  ë'c- 
tat  en  1549 ,  fous  Henri  IL  II  fe 
rendit  célèbre  dans  ces" emplois  par 
fon  habileté  &  par  fa  prudence  \  & 
laifTa  un  Recueil  curieux  de  cclxxi 
Arrêts  notables  rendus  de  fon  temps. 
Il  mourut  le  i"  Mai  ijjio.  ^a« 
de  LoNGUEiL ,  marquis  <fcAffl/ybw  » 
préfident  à  mortier  au  parlement  de 
Paris  ,  furimendant  des  finances 
en  165 1 ,  mort  en  1677,  étoit  de 
la  même  Êunille.  C'efl  lui  qui  bâ- 
tit le  château  de  Maifons  ,  l'un  des 
plus  beaux  de  l'Europe.  En  démo- 
liflant  fon  hôtel  à  Paris  ,  il  trouva 
dans  im  petit  caveau  40,000  pie- 
ces  d'or,  au  coin  de  Charles  IX. 
C'eft  avec  cet  argent  que  le  château 
de  Maifons  fut  élevé...  11  y  a  eu  de 
la  même  famille ,  Jean-René  de  LoK- 
GUEiL ,  né  à  Paris  en  1699 ,  & 
mort  en  173 1  de  la  petite  vérole^ 
à  32  ans.  Celui-ci  étoit  fils  de 
Claude  de  Longueil ,  marquis  de  Mai- 
fons ,  préfident  au  parlement ,  qu'il 
perdit  à  l'âge  àe  13  ans.  Louis  XIF. 
lui  accorda  la  charge  de  fon  pers , 
dans  Pe/pérsnce ,  lui  dit-il  ,  fuU  le 
ferviroit  avec  la  même  fidélité  que  fes 
ancêtres,  Ainfi ,  dès  l'âge  de  iS  ans, 
il  eut  voix  &  féance  à  fa  place  de 
préfident.  Son  goût  pour  les  fciea- 
ces  ,  &  fur-tout  pour  la  phyfique, 
lui  mérita  le  titre  d'Académicien 
honoraire  de  l'académie  des  fcien- 
ces  ,  &  il  fut  préfident  de  cette 
compagnie  en  1730.  Le  préfidint 
de  Maifons  joignoit  aux  connoif- 
fances  folides ,  une  littérature  va- 
riée, un  goût  févere,  &  les  agré» 
mens  de  la  fociété. 

IV.  LONGUEIL,  (Gilbert de) 
né  à  Utrçcht  tn  IJ07 ,  fut  mé4«* 


LO  N 

4sa  de  l'archevêque  de  Cologne  , 
&  mourut  dans  cette  dernière  ville 
en  1545.  Comme  il  avoit  reçu  la 
communion  fous  les  deux  efpeces , 
on  ne  voulut  pas  Tenterrer  à  Colo- 
gne, &  fes  amis  furent  obligés  de 
tranfporter  Ton  corps  à  Bonn.  On 
a  de  lui  :  I.  Lexicon  Graco^laùnum^ 
in-8°  ,  Cologne  ,  15  31»  U.  Des 
remarques  fur  Ovîdc  ,  Plautc ,  Cor- 
ndUis-Nepos ,  CîUron ,  Laurent  ValU , 
&c.  à  Cologne ,  4  vol.  in-S**,  111, 
Une  traduâion  latina  de  pluileurs 
OpufcuUs  de  Pbaarque  ,  Cologne  > 
1541,  in-8^  IV.  Une  édition  de 
la  Vie  à' Apollonius  de  Thiane  ,  par 
Phllofiratt ,  en  grec  &  en  latin  , 
Cologne  ,1532,  in-8°.  V.  Dialogus 
àt  avibus  ,  6t  earumdem  nominibus 
gnuù  ,  louais  6*  germanicis  ,  Co- 
I       logne,  1544,  in-8°. 

LONGUEMARE,  Foy.GovYZ, 
à  la  fin  Ae  Tart. 
LONGUERUE ,  (  Louis  Dufour 
i       de  )   abbé  de  Sept-Fontàines  &  du 
I       Jai4 ,  naquit  à  Qiarleville  >  d'une 
Emilie  noble  de  Normandie  ,  en 
165 1.  Son  père  n'épargna  rien  pour 
fon  éducation.  Rkheletùit  Ton  pré- 
cepteur ,  &  d'Ablancourt  ^  fon  parent , 
voila  à  fes  études.  Dès  l'âge  de 
I      quatre  ans  il  étoit  un  prodige  de 
I      mémoire.  La  réputation  de  cet  en- 
I      hnt  étoit  û  grande ,  que  Louis  XIV 
\      paffamàCharleville,  voulut  le  voir. 
Le  jeune  Longuenu  fit  des  réponfes 
û  précifes  &  û  ]uûes  à  ce  monar- 
que ,  qu'il  augmenta  la  haute  idée 
qu'on  avoit  de  lui.  Son  ardeur  pour 
l'étude    s'accrut  avec  l'âge.  A  14 
ans  il  commença  à  s'appliquer  aux 
langues  Orientales  ;  il  favoit  déjà 
une  partie  des  langues  mortes ,  & 
quelques-unes  des  vivantes.  L'hif- 
toire  fut  la  partie  de  la  littérature 
à  laquelle  il  fe  confacra  ,  fans  né- 
gliger pourtant  la  théologie ,  l'Ecri- 
ture-fainte ,  laphilofophieancieime 
&  moderne  ,  les  antiquités  &  les 
I     J»allç9-letcre$,  U  4(  ^^  é^udepro-. 


L  O  N        317 

fonde  de  la  chronologie  &  de  U 
géographie.  11  pofTédoit  toutes 
les  combinaifons  des  différentes, 
époques  dont  les  peuples  ont  fait 
ufage  dans  leurs  manières  de  comp- 
ter les  années  ^  &  il  n'ignoroit  la 
pofition  d'aucune  des  villes  un  peu 
célèbres.  Ne  connoifTant  d'autre  dé- 
lafTement  que  le  changement  de  tr»* 
vail  &  la  fociété  de  quelques  amis  , 
il  leur  ouvroit  libéralement  le  tré* 
for  de  fes  connoifTances  ,  &  com- 
pofoit  fouvent  pour  eux  des  mor- 
ceaux alTez  longs.  Il  ne  chercha 
jamais  à  fe  faire  une  réputation 
par  l'impreffion  de  fes  écrits.  Ce 
n'étoit  pas  afTurément  par  modei^ 
tie  :  l'abbé  de  Longueme  connoif- 
foit  ce  qu'il  valoit ,  &  le  faifok 
alTez  fouvent  fentir  à  ceux  qui 
l'approchoient.  Des  traits  vifs  & 
fouvent  brufques ,  des  faillies  d'hu- 
meur ,  des  critiques  téméraires  , 
une  liberté  cynique ,  un  ton  tran- 
chant &  fouvent  trop  hardi  ;  voilà 
le  caraâere  de  fa  converfation. 
C*eft  auffi  celui  du  Longuemana  ,  re- 
cueil publié  après  fa  mort.  Ceux 
qui  l'ont  connu  conviennent  qu'il 
fe  peint  afTez  bien  dans  cet  ouvra- 
ge ,  où  il  ne  femafque  point.  On 
l'y  voit  en  déshabillé,  &  ce  désha- 
billé ne  lui  eft  pas  toujours  avan- 
tageux. Ce  (avant  mourut  à  Paris  , 
le  22  Novembre  1733  ,  à  82  ans. 
L'abbé  de  Longutrue  n'étoit  pas  de 
ces  minces  littérateurs ,  qui  ne  font 
que  voltiger  de  fleur  en  fleur  ;  il  a 
approfondi  toutes  les  matières  qu'il 
a  traitées  :  On  a  de  lui  :  1.  Une  Dif- 
fenatlon  latine  fur  Tatien  ^  dans  l'édi- 
tion de  cet  auteur ,  à  Oxford,  1700, 
in-8^.  11.  La  Dtfcrlptîon  hiflorlqut 
de  laPrinçe^  Paris,  17 19,  in-fol. 
Cet  ouvrage  ,  fisât  (  dit-on  )  de  mé- 
moire à  l'ufage  d'un  ami ,  n  etoit 
pas  defliné  à  la  prefTe.  L'auteur  n'y 
parolt  ni  géographe  exaâ ,  ni  bon 
citoyen.  U  y  rapporte  quantité  de 
j^ts  contre  le  droit  iouQédiat  de  &p% 


3iS       LON 

rois  fur  la  Gaule  Tran^ane  8c  {ur 
d'autres  provihces.  IIl.  Annales  Ar^ 
faàdarum ,  iii-4%  Strasbourg  •  173  a. 
IV.  Difftrtatiàn  fur  la  TranfftàfiMi" 
tiéulon ,  que  l'on  faifoit  paiTer  fous  le 
aom  du  xniniftre  AUix  fon  ami ,  & 
qui  n'eft  point  favorable  à  la  foi  Ca- 
Àolique.  Il  parolt  par  quelques 
endroits  du  Longusrana ,  qu'il  pen- 
f oit  fur  certains  points  de  dofbine 
comme  lesProtefians  ;  entre  autres , 
far  la  confefBon  auriculaire.  Je  ne 
fais  au  refte  û  l'on  peut  compter 
toujours  fur  la  fidélité  du  rédaâeur 
de  cet  Ana.  V.  Plufieurs  ouvrages 
manufcrits ,  dont  on  peut  voir  la 
Me  à  la  tête  du  même  recueil. 

LONGUEVAL  ,  (Jacques)  né 
près  de  Péronne,  en  16S0,  d'une 
famille  obfcure ,  fit  fes  humanités 
à  Amiens  ,  &  fa  philofophie  à  Paris 
avec  diflinâion.  Il  entra  enfuitt 
dans  la  fociété  des  Jéfuites  ,  où  il 
profeiTa  avec  fuccès  les  belles-let- 
tres, la  théologie  &l'Ecriture-fainte. 
S'étant  retiré  dans  la  maifon  profelTe 
des  Jéfuites  de  Paris ,  il  y  travailla 
avec  ardeur  à  VHlftoîrt  de  l*EgliJc 
Gallicime ,  dont  il  publia  les  huit 
premiers  volumes.  U  avoit  prefque 
mis  la  dernière  main  au  neuvième 
&  au  dixième  ,  lorfqu'il  mourut 
d'apoplexie,  le  14  Janvier  173 j , 
à  54  ans.  U  avoit  dit  la  mefle  le 
matin  même.  Une  mort  il  précipitée 
(dit  le  V,Fonunay)  avoit  de  quoi 
conflemer  ;  mais  une  vie  auffi  irnlo* 
cente ,  aufll  occupée,  aufli  relig^eufe 
que  la  fienne ,  avoit  bien  de  quoi 
rafTurer.  Le  P.  Longueval  étoit  d'un 
caraâere  doux  &modefle ,  &  d^me 
application  inÊttigable.  Son  Hifloire 
de  PEgUft  Gaincant ,  pour  laquelle 
le  clergé  lui  faifoit  une  penfion  de 
800  livres,  efleftimée  pour  le  choix 
des  matières  &  l'exaâimde  des  fifiits. 
Elle  Ç&.  écrite  avec  une  noble  (im- 
plicite. LesDifcoursprdiminaires, 
qui  ornent  les  4  premiers  volumes ,  ■ 
prouvent  une  ènidiûon  profonslç 


t  G  N 

&  une  critique  judidrâfe.  LesPenV 

Fcmenay  ,   Brumoy  &  B&rthUr  l'onf 
continuée,  &  l'ont  poufTéejufqu  au  . 
dix-huitieme  volume  in -4^.  Ceft 
im  de  ces  vafles  édifices ,    (  dit  Is 
P.  BcrthîcT ,  )  dont  on  recoimoît  à 
l'œil,  que  tomes  les  parties  n'ont 
pu  être  placées  par  le  même  archi- 
tecte. Mais  ,  malgré  la  différence 
des  ouvriers  ,  l'ouvrage  eft  lu  avec 
plaiiîr  &  avec  fruit.  Le  compte-qu'on 
y  rend  des  aôions  ^  de«  ouvrages  «  1 
des  caraâeres  des  différens  perfon- 
nages ,  efl  en  général  ji^e  &  fondé 
fur  l'étude  que  les  auteurs  en  avoienc 
faite.  Les  PP.  Lonpteval  &  BenhUr 
méritent  fur^tout  cet  éloge.  On  a 
encore  du  P.  Longueval  :  I.  Un  Traid 
duSchifmc ,  In-ii  -/Bruxelles,  171S; 
II.  Une  Dljpgtadonfiir  les  Miracles  ^ 
in-4**.  III.  Dlintres  Ecrits  fur  1»    j 
disputes  de  lIEglife  de  France ,  dans 
lefquels  on  trouve  de  Tefprit  &  du  • 
feu.  IV.  Une  Hljioire  étendue  du    i 
Semi-Pélapanifme ,  en  manufcrit* 

L  LONGUEVILLE.  (  Ant.  d'Or-; 
léans  de)  Foyei^  Antoinette» 

II,  LONGUEVILLE,  (Anne^ 
Geneviève  de  Bourbon  «  duchefie 
de  )  née  au  château  de  Vincennes, 
en  16 18,  étoit  fille  de  Menti  II  f 
prince  de  Condé ,  &  de  Marg^mtt 
de  Montmorencî,  Sa  figure  étoit  belle  « 
&  fon  efpsk  répondoit  à  &  figure. 
Elle  époufa  à  l'âge  de  2  3  ans  «  Henri 
d'Orléans ,  duc  de  LonpuvilU ,  d'une 
£unille  illuftre  qui  devoit  fon  ori- 
gine au  brave  comte  de  Dunols,  Ce 
feigneur  qui  s'étoit  fignalé.coimne 
plénipotentiaire  au  congrès  de  Mun* 
fier,  en  1648  ,  avoit  le  gouverne^ 
ment  de  Normandie  *,  &  il  vouloit 
obtenir  celui  du  Havre ,  place  iin^ 
portante ,  que  le  cardinal  Ma{ann 
lui  refiifa.  Ce  refus,  joint  aux  ia&* 
nuations  de  foh  époufe  >  jeta  le  duc 
dans  la'faâion  de  la  Fronde,  & 
eniuite  dans  celles  de  Condé  &  de 
Conti ,  dont  il  partagea  la  prifbn  en 
1650,  nie  duc  dâ  lenffifrUh  (4 


L  O  N 

»  le  cardinal  de  Reti)  ayott  cte  la 
»r  vivacité ,   de  ragrément ,  de  la 
.  y*  libéralité ,  de  la  jullice  .>  de  la 
»  valeur  y  de  la  grandeur  i  &  il  ne 
y*  fat  jamais  qu'un  homme  médiocre, 
•  »»  parce  qu'il  eut  toujours  des  idées 
r*  qui  furent  infiniment  au  -  deiTus 
yt  de£a  capacité  ««.  Il  s'étoit  engagé 
dans  la  guerre  civile  ,   en  partie 
par  amitié  pour  le  prince  i«  Coniéy 
qu'il  avoir  empèdié  d'accepter  les 
P^fecours  de  l'Angleterre.  Dès  qu'il 
eut  recouvré  fa  liberté ,  il  renonça 
pour  toujours  aux  partis^  qui  trou« 
bloient"  l'état.  Il  vécut  fouvent  dans 
Tes  terres ,  &  y  vécut  en  homme  qui 
,    veut  fe   taire  aimer.   On  vouloit 
>    qu'il  défendit  la  chafTe  aux  gentils- 
hommes fes  voxfins.  Painu  mUu»  , 
répondit-il  y  des  amis  que  des  licvrcs, 
La  ducheiTe  de  Longuevllle  (aï  moins 
iage.  Ardente  y    impétueufe  ,  née 
pour  l'intrigue  &  la  faâion ,  elle 
^    avoit  tâché  de  faire  loulevcr  Paris 
&  la  Normandie  ;  elle  s'étoit  rendue 
à  Rouen  ,  pour  eflCiyer  de  corrom- 
pre L>  parlement    Se   fervant  de 
l'afcendant  que  Ces  charmes  lui  don* 
noient  (ur  le  maréchal  de  Twennt  , 
«lie  l'avoit  engagé  à  faire  révolter 
l'armée  qu'il  commandoit  :  [  Voye^ 
Ill„   ROCHEFOUCAULT.  ]    >♦  La 
"  duchéfïe  de  Longuevillc ,  (  dit  en- 
»  core  le  cardinal  deR£t\  ) ,  avoit 
"  Une  langueur   dans  fes  manie- 
"  res ,  quitouchoit  plus  que  le  brilr 
^  lant  de  celles  mêmes  qui  étoient 
^  plus  belles.  Elle  en  avoit  une 
»  même  dans  l'efprit ,  qui  avoit  fes 
"  charmes,  parce  qu'elle  avoit,  ii 
*»  l'on  peut  le  dire  ,  des  réveils  lu- 
»♦  mineux  &  furprenans.  Elle  'eût 
^  eu  peu  de  dééiuts ,  iî  la  galan- 
**  terie  ne  lui  en  eût  donné  beau- 
»  coup.  Comme  fa  paffion  l'obli- 
»  gca  de   ne  mettre  la  politique 
^  qu'en  fécond  dans  fa  conduite  , 
»♦  d'héroïne  d'un  grand  parti ,  elle 
»  en  devint  Taventuriere  *<.  Pour 
gagner  ]«  coniî^ncp  du  peuple  de 


L  O  N         JI0 

Paris  peadant  le  fîege  de  cette  ville 
en  1648  ,  elle  avoit  été  faire  fe» 
couches  à  l'hôtel-de- ville.  Le  corp» 
munidpal  avoit  tenu  fur  les  fonts 
de  baptême  l'enfant  qui  étoit  né  , 
&  lui  avoit  donné  le  nom  de  Char" 
les'Parîs,  Ce  prince  ,  d'une  grande- 
^pérance ,  fe  fit  tuer  par  fa  faute 
au  paâageduHhin,  en  1672,  avanr 
d'êôre  marié.  .Quoique  les  enne- 
mis demandaient  quartier,- il  tirs, 
fur  eux,  en  criant:  Point  de  quartier 
pour  cette  canaille  l  AuiH  -  tôt  partir 
une  <lécharge  qui  le  coucha  par  ter» 
re.  Il  n'avoit  que  23  açs,  &  les 
Polonois  fongeoient  à  l'élire  pomr 
roi.  Lorfque  les  princes  fiirent  arrè-^ 
tés  ,  Mad*  de  LonguevllU  évita  la  pri- 
fonpar  la  fuite ,  &  ne  voulut  poinr 
imiter  la  conduite  prudente  de  fon 
çpoux.  Cependant  le  feu  de  la  guerre^ 
civile  étant  éteint  ,  elle  revint  en: 
France,  où  elle  protégea  les  lettres  ,. 
&  joua  un  nouveau  rôle  dans  un* 
genre  nouveau^  Née  pour  être  chef 
de  parti ,  elle  Ce  mit  à  la  tète  des 
champions  poétiques  qui  fe  bat» 
toient  pour  le  fonnet  ^Urank ,  par 
Voiture ,  contre  celui  de  Johy  par  Èetir 
ferade ,  que  défendoit  le  prince  da. 
Contl,  C'efl  à  cette,  occafion  qu'on; 
dit  plaifamment  :  Que  le  fort  de  Job  » 
pendant  fa  vie  6»  après  fa  mort ,  étoit 
bien  déploraUe ,  ^étre  toujours  perfé-^ 
attéy  foit  par  un  Diable ,  f oit  parure 
Ange,,,  LaiTée  de  combattre  tantôt 
pour  des  princes  ,  tantôt  pour  des 
poètes ,  elle  voulut  enfin  goûter  le 
calme.  Elle  alla  d'abord  à  Bor- 
deaux ,  &  de  là  à  Moulins,  où  elle 
demeura  dix  mois  dans  le  couvent 
de  Sainte  -  Marie.  Ce  fut  dans  ce 
monaflere  que  commencèrent  les 
préliminaires  de  fa  converfion  *,  & 
api^s  la  mort  duducie  LonpêevîUe^ 
en  1663  ,  elle  quitta  la  cour  pour 
fe  livrer  au  cahne  de  la  retraite 
&  aux  auftérités  de  la  pénieence«' 
Unte  de  fentimefts  avec  la  maifbn 
de  Por^-Royal^-des-champs ,  elk  3; 


310        L  O  N 

fit  Êmne  um  bâtiment  pour  s'y  re- 
tirer ,  &  fe  pait^ea  entre  ce  mo- 
naAere  &  celui  des  Carmélites  du 
faubourg  Saint-Jacques.  Elle  mourut 
d3Ds  ce  dernier ,  le  15  Avril  1679 , 
à  61  ans,  &  y  fîit  enterrée.  Son 
ccnir  fut  porté  à  Port-Royal.  Ce 
fut  elle  qui  forma  le  projet  de  la 
paix  de  Clémau  IX  ^  &  qui  fe  donna 
tous  les  mouvemens  nécefîaires 
pour  la  ^e  conclure.  Son  hôid 
îîit  Taûle  des  grands  écrivains  de 
Port-Royal  ;  &  elle  les  déroba  à  la 
periecution ,  foit  par  Ton  crécfit ,  foit 
par  les  moyens  qu'elle  trouvoit  de 
les  enlever  aux  pourfuites  de  leurs 
ennemis.  ViUtfort  a  donné  fa 
Vie  ,  Amfierdam,  1739,  2  voL 
petit  in-8^.  Le  duc  de  LonpuvUIe , 
en  mourant  ,  laifla  d*un  premier 
mariage  une  fille  qui  fut  ducheâie  de 
Nemours ,  [  Voyei  v.  Nemours  ] 
&  qui  mourut  la  dernière  de  fa 
famille.  11  en  cxiftoit  cependant 
encore  une  branche  bâtarde ,  dont 
étoit  l'abbé  et  Ratheûn  :  [  Koyei  ce 
mot.  ]  Son  frère  ,  le  marquis  de 
Rothelin  y  maréchal-de-camp  ,  qui 
avoit  eu  la  cuifTe  fracaiTée  au 
Gege  A* Aire  en  1710 ,  mourut  en 
1764  fans  poftérité. 

III.  LONGUEVILLE,  (  le  com- 
te de  )  Voy.  I.  Marigky. 

LONGUS,  auteur  Grec,  fameux 
par  fon  livre  intimlé ,  Paftoraàs  ; 
roman  grec,  qui  contient  les  Amours 
de  DaphnU  &  de  Chloi.  Le  célèbre 
Amyot  a  donné  une  tradudion  fran- 
çoife  de  ce  roman.  Comme  les  au- 
teurs anciens  ne  parlent  point  de 
Ijmgtts ,  il  eft  diffîdle  de  fixer  avec 
cectitude  le  temps  auquel  il  a  vécu« 
La  meilleure  édition  grecque  &  la- 
tine de  Loregus ,  eft  celle  de  Franc- 
ien ,  en  1660 ,  in-4**  ;  &  celle  de 
i6ç4,  Paris,  in -4°.  La  vcrfion 
à! Amyot  n'eft  pas  fidelle  ;  mais  elle 
ajies  grâces  de  la  naïveté  &  de  la 
liinplicité.  On  en  a  donné  pluûeurs 
é^ïipns  ;  I,  En  1718 ,  in-8°  ^  ^% 


L  O  N 

19  figures  deffinéespar  le  Régent; 
&  gravées  par  Benoit  Audran,  La 
29^  ne  fut  point  £nte  par  Audran , 
&  ne  fe  trouve  pas  ordinairement 
dans  l'édition  de  1718 ,  parce  qu'on 
n'en  tira  que  250  exemplaires ,  dont 
le  prince  fit  des  préfens.  IL  Cet 
ouvrage  fut  râmprimé  en  I74|f  » 
in-8**,  avec  les  mêmes  figures  re- 
touchées. L'ouvrage  de  Lonçts  eft 
enprofe.  Son  pinceau  eft  léger,  & 
ion  imagination  riante ,  nuds  fou- 
vent  trop  libre. 

LONGWIC  ou  LoKGVT  y  {  Jac- 
queline de  )  duchefie  de  Mootpen- 
fîer ,  fille  puînée  de  Jaan  de  Longwy^ 
feîgneur  de  Givri  ,  fut  mariée  en 
1538a  Loub  de  Bourhan  II  du  nom» 
duc  de  Montpenfier.  Elle  eut  beau- 
coup de  crédit  auprès  des  rois  Fran' 
çoU  I  &  Henri  II ,  &  s'acquit  la 
confiance  de  Cathaîne  de  Médîds  ; 
elle  contribua  à  l'élévation  du  ch^i- 
celier  Michel  de  P  Hôpital^  &  mou- 
rut la  veille  des  grands  troubles  de 
la  religion  ,  le  28  Août  1561, 
C'étoit ,  fuivant  le  préfident  de  Thon, 
une  femme  d'un  efprit  fupérieur  & 
d'une  prudence  au-deffus  de  fon 
fexe.  Elle  étoit  Proteftante  dans  le 
fond  du  cœur,  quoique  extérieu- 
rement Catholique. 

L  LONICERUS,  (Jean)  né  en 
1499  y  ^  Orthern  dans  le  comté  de 
Mansfeld ,  s'appliqua  à  l'étude  avec 
une  ardeur  extrême  ,  &  fe  rendit 
habile  dans  le  grec  &  l'hébreu,  & 
dans  les  fciences.  Il  enfeigna  en^ 
fuite  avec  réputation  à  Strasbourg, 
en  pliifieurs  autres  villes  d'Alle- 
magne, &  fur-tout  à  Marpurg  ,  où 
il' mourut  le  20  Juillet  1569,  à 
70  ans.  On  a  de  lui  divers  ouvra- 
ges. Mélanchthon  &  Joaehim  Can»* 
rariis  le  choifirent  pour  mettre  la 
dernière  main  au  DîBlonnaîre  Grec 
&  LatUy  auquel  ils  avoient  travaillé., 
On  a  de  lui  plufieurs  traduûions 
d'ouvrages  grecs  en  ladn,  entre 
autres,  despoëmes  Therlaca  &  Alexi* 
pharmaça 


L  ON 

pèâmâu  ie  Nuaadit  ,   Cologne  % 
ifji ,  m-4**;  &  mie  édition  de 

Dîo/condc  d*j1jiaiarie  ,   Marporg  , 
3545,  in-fbl. 

a  LONIŒRUS,  (Adjm)  fils 
du  précédent  »  né  à  Maiputg  en 
I518,  fat  un  médecin  habile,  & 
mounit  à  Francfort  ,  le  19  Mai 
1586,  à  58  ans.  Onadelmplu* 
£ears  oinrr^;es  dlûfloire  natnreUe 
^  de  médecine  :  h  Metkodas  rd  ktr» 
hatiit^  Fiancofiuti,  1540,  in-4®. 
n.  Hifiorla  natitraltt  fUntanmi ,  «1»- 
maSam&  nutalloram  ^TnacoLl^^l 
^  1555  ,  en  2  voU  in^L  IDL  Me- 
thodUa  expSattio  ommum  catpons  ibi- 
mani  affeamtm.  IV.  Hortasfamtaûs  de 
}tan  Cuba  «  dont  la  dernière  édition 
eft  dlJlm,  171 3  ,  in-fiolio,  figu- 
res, &c  II  y  a  encore  un  PhiËppc 
loNicEaus ,  auteur  d'une  Chronî- 
^ue  des  Turcs  y  pleine  de  recherches , 
&  écrite  en  latin  avec  élégance. 

LONVAL,  Foy.BoCQUiLLOT. 

LOOS  ,  (ComôlleJ  chanoine 
de  Goude  ,  fe  retira  à  Mayence 
pendant  les  troubles  de  fa  patrie. 
Sa  façon  de  penièr  fur  les  Sorciers  , 
qu'il  r^^doit  comme  fous  plutôt 
que  poffédés  ,  lui  caufa  bien  des 
clu^ns.  Il  s'en  ouvroit  dans  fes 
converiàtions ,  &  travailloit  à  éta- 
blir Ton  fentiment  dans  un  livre , 
lorTqu'il  fut  dénoncé  »  dit-on,  par 
le  Jâuite  Dclrîo  ,  &  emprifonné.  Il 
fe  rétraûa  pour  avoir  fa^  liberté  ; 
mais ,  ayant  de  nouveau  enfeigné 
fon  opinion ,  il  fut  arrêté.  U  fortit 
cependant  encore  de  prifon  ,  &  il  y 
auroit  été  mis  une  troifieme  fois , 
fi  la  mort  ne  l'eût  enlevé ,  à  Bruxel- 
les, en  IÇ95.  On  a  de  lui:  Dçtw 
tttultuosâ  Btlgarum  fcMdone  fsdandâ  . 
1581  ,  in-8^.  InjKtudonumTheologùt 
Idhn  IV ,  Mayence ,  in  - 12.  Ceft 
lui  abrégé  de  Mclchîor  Canus. 

LOPEZ,  Fû|yq[ Ferdinand- 
loPEz ,  n°  XIV. 

LOPEZde  Vega  ,  Voy.  Vega. 

I.QPIN  ,  (D.  Jacques)  Béaé- 
Tome  V^ 


L  O  R         }ii 

dSâin  de  la  congrcg^on  de  Sadm» 
Bfaut,  né  i  Rniscni65^  ,   mort 
OB1695 ,  à  58  ans,  fijt  également 
feccnnmandable  par  fon  lavoir  & 
par  û  modeftie.  D  pofldédoitle  latîa, 
le  grec  &  l'hébreu,  n  aida  D.  et 
Moiufmam  dans  l'éditiott  de  5.  Atk^ 
uafièiàansoàlcéesjiMaleSaOr^^^ 
qui  parurent  en  1688 ,  in-4^..,  U 
ne  âut  pas  le  confondre  avec  ua 
antre  D.  Loriir  ,   à  qui  le  grand 
Ccndé  accorda  un  petit  hermitage 
au  bout  du  parc  de  Chantilly.  On 
conte  fiir  ce  dernier  religieux  une 
anecdote  aflez  plaiftnte.  Ses  plai- 
firs  les  plus  doux  étoient  de  cul« 
dver  les  fleurs.  Un  jour  que  lecar« 
dinal  dcReti  «toit  allé  â  Chantilly .' 
le  grand  CondéU  mena  â  la  cellule 
de  D.  Lopin^  Ils  voulurent ,  pour 
s'amufer ,   éprouver  la  patience  de 
ce  bon  folitaire  j  &  feignant  de 
pvler   de  chofes  qui  les  intéref> 
fbient  beaucoup ,   ils  marchoient  à 
droite  &  à  gauche  fur  les  fleurs  de 
l'heimitage.  D.  Lopin,  s'étant   ap* 
perçu,  à  leur  fourire,  que  cette 
efpiéglerie  étoit  coaccrtée  ,    leur 
dit  :  Oh  !  Mejfelgneurr  ,  c*eji  Bien  U  ^ 
umps  d'être  d* accord  entre  vous  quand 
il  s'agù  de  fédre   de  la  peine  â  un 
pauvre  reCpeux  !  U  faUoît  Pêtre  antres 
fois  pour  le  bien  de  la  France  &  puur 
le  vôtre.  Cette  brufquerie  naïve  qui 
étoit  une  excellente  leçon ,  fit  rire 
le  prince  &  le  cardinal. 

LOREDANO ,  (Jean-François  ) 
fénateur  de  Venife  au  xvii»  ficde 
s'éleva  par  fon  mérite  aux  pre^ 
mieres  charges  ,  &  rendit  de  grands 
fervices  à  la  république.  Sa  maifon 
étoit  une  académie  de  gens-de-» 
lettres.  Ce  fut  lui  qui  jeta  lesfon- 
demens  de  ccjle  degU  Incogniù.  On 
a  de  lui  :  I.  Binante  Academicke. 
II.  Vita  del  Mariai,  III.  Morte  del 
Vaifleln.  IV.  Ragg^agli  di  Pamaffo, 
V.  Une  Fie  d*Adam  ,  traduite  en 
fi-ançois.  VI.  VHifioîre  des  RoU  d^ 
Chypre  (  de  X«/^«i  )  fous  le  nom 


jii        L  O  R 

de  Henri  Gihla.  VII.  Plufieuw  Co- 
médles  en  Italien.  On  a  recueilli 
fes  <£ttvres  en  1649  ,  7  vol.in-î4, 
&  1653  ,6  vol.  in-11.  Loredano 
étoit  né  en  1606  \  mais  nous  igno- 
rons Tannée  de  la  mort.  Le  doge 
François  LoREDANO  «  élu  en  175  2  ^ 
Inort  10  ans  après  »  âgé  de  S7  ans, 
ctoit  de  fa  £unille. 

LOÏ^ENS ,  (  Jacipies  du  )  né  dans 
îe  Perche ,  fox  le  *ï)remicr  juge  du 
tbcilliage  de  Oiâteauneuf  en  Thi- 
xnerais.  Il  étoit  fort  verfé  dans  la 
Jurifprudence ,  bon  magiftrat ,  d'une 
prdbité  incormpdble  ,  &  l'arbitre 
de  toutes  les  amires  de  fon  paj^s. 
Il  pofTédoit  les  auteurs  Grecs  & 
Ladns  ,  &  fur-tout  les  poètes  & 
les  orateurs.  Il  n'avoit  pas  moii)s 
de  goût  pour  les  beaux-arts  y  &  en 
particulier  pour  la  peinture.  Apres 
fa  mort  ,  arrivée  en  1655  ,  dans 
fon  quinzième  lufh-e  »  l'inventaire 
«qu'on  fit  de  fes  tableaux  fe  monta 
à  10  mille  écus  ,  fomme  confidé- 
table  pour  ce  temps.  On  lui  attri- 
bue cette  épitaphe  : 

Ci  cit  maFlUme  ...  Oh!  ^u'^elle 

EST  BIEN 
WOtTR    SON    REN>S    ET   POUR    LE 
MIEN  ! 

ïl  n*eft  pas  très-fur  que  ce  bon  mot 
Ibit  de  hii  ;  mais  ce  qu'il  y  a  de 
certain ,  c'eft  que  fa  femme  le  mé- 
ritoit.  C'étoit  une  Mégère,  Ses  5/j- 
tlres  fiirent  imprimées  à  Paris  en 
1646  ,  in- 4°  -,  elles  font  au  nom- 
bre de  XXVI.  La  verfificatîon  en 
eft  plate  &  rampante.  Son  fiede  y 
t&  peint  avec  des  couleurs  allez 
vrîries  ,  mais  groffieres  &  dégoû- 
tantes. On  a  encore  de  lui  :  Notes 
fur  les  Coutumes  du  Pays  Ctianraîn 
&  Perchtgouet  ^  1645  ,  in-4°. 

LORENZETTI  ,  (  Ambrofio  ) 
peintre ,  natif  de  Sienne ,  mort  âgé 
de  83  ans,  \ivoitdansIe  quator- 
zième fiede.  Ce  fiit  Glotto  qui  lui 
apprit  les  feccets  de  foam»  mâU 


L  O  R 

Loreniettl  fe  fit  un  genre  pardculier  î 
dans  lequel  il  fe  diflingua  beai^ 
coup.  Il  fut  le  premier  qui  s'appli- 
qua à  repréfênter  en  quelque  forte 
les  vents ,  les  pluies ,  les  tempêtes , 
&  ces  temps  nébuleux  dont  les 
effets  font  fi  piquans  en  pënturé. 
A  l'étude  de  fon  art  ,  ce  peintre 
joignit  encore  celle  des  belles- 
lettres  &  de  la  philofophie. 

LORET ,  (  Jean)  de  Carentanen 
Normandie  ,  mort  en  1665  ,fedif* 
tingua  par  fon  efprit ,  &  par  fa  fe- 
cilité  à  foire  des  vers  françois.  Il 
ignoroit  le  latin  ;  mais  la  leâure 
des  bons  livres  écrits  dans  les  lan- 
gues modernes,  fuppléa  à  cette  igno- 
rance. Le  furintendant  Fcuquet  lui 
faifoit  une  penfion  de  200  écus , 
qu'il  perdit  ,  lorfque  ce  rémuné- 
rateur des  talens  fut  conduit  à  la 
Baflille.  Fouquet  ayant  appris  qu'où 
lui  avoit  ôté  cette  penfion ,  &  que , 
malgré  fa  difgrace ,  il  avoit  continué 
de  lui  donner  des  éloges  ,  lui  fit 
tenir  1500  livres  pour  le  dédom- 
mager. Lora  célébra  d'autant  plus 
cette  libéralité ,  qu'il  ne  fut  pas  de 
quelle  main  partoit  un  préientfi 
flatteur.  Ce  poète  avoit  commencé 
au  mois  de  Mai  1650  ,  une  G^ 
{ctte  burlefque  ,  qu'il  continua 
jufqu'au  28  mars  1664.  U  l'avoit 
dé«Éée  à  Mad^  de  LonguevUle  ,  qui 
lui  faifoit  une  gratification  annudle 
de  2000  liv. ,  même  depuis  qu'elle 
fut  duchefTe  de  Nemours,  Cette  &(> 
lette  rlmée  renfermoit  les  nouvelles 
de  la  cour  &  de  la  ville.  Loret  les 
contoit  d  une  manière  naïve  &  affez 
piquante  dans  la  nouveauté  «  fur- 
tout  pour  ceux  qui  fiaifoient  plus 
d'attention  aux  faits  qu*à  la  verfi- 
ficatîon lâche  ,  profaïque  &  lan- 
guifTante.  On  a  recueilli  fes  Ge^ 
\ettes  en  3  vol.  in-fol.  ,  1650  , 
1660  &  1665  ,  avec  un  beau  por- 
trait de  l'auteur ,  gravé  par  NarJeaUj 
au  bas  duquel  on  trguve  les  ve» 
(uivans  ; 


LO  R 

^tfi  là  de  Loret  U  UlU  ou  idldc 

£m  France ,  bien  ou  mal ,  Il  eu  quelque 

rmorn^ 
Le  leSeur  ou   lectrice  ,   en  âfant  fort 

ouvrage  * 
Jugeront  s*il  ayoit  un  peu  tC^prit  ou 

non* 

Il  refte  encore  d«  Loret  de  mau* 
vaifes  Poéfies  hurle/ques^  imprimées 
en  1646 ,  in-4**. 

LORGES  ,  (  Guy-Aldonce  de 
Durfort ,  duc  de  )  fils  puîilé  de 
Cay^Alionce  de  Durfort  ,  marquis 
^  Duras  £c  à*Ell\aheth  de  la  Tour  ^ 
£t  ks  premières  armes  fous  le 
maréchal  de  Turenne  ,  fon  oncle 
maternel.  S'étant  fignaléen  Flandres 
&  en  Hollande ,  &  fur-tout  au  fiege 
de  Nimegue  ,  dont  il  obtint  le 
gouvernement»  il  s'éleva  par  Tes 
fervices  au  grade  de  lieutenant- 
général.  Il  fervoit  en  cette  qualité 
dans  Tarmée  de  Turenne ,  lorfque  ce 
grand  homme  fiit  tué  près  de  la 
ville  d*Achéren ,  le  25  Juillet  167  j. 
Alors  âifant  trêve  à  fa  douleur  « 
&  chercham  plutôt  à  fauver  une 
«raiée  découragée  par  la  perte  de 
fon  chef,  qu'à  acquérir  de  la  gloire 
en  livrant  témérairement  bataille  , 
il  fit  cette  retraite  admirable  ,  qui 
loi  valut  le  bâton  de  maréchal  de 
France  en  1676.  Il  commanda 
depuis  en  Allemagne ,  prit  Heidel* 
bffg ,  &  chafia  les  Impériaux  de 
l'AIface.  Ses  exploits  lui  méritèrent 
hi  £iveurs  de  la  cour.  Le  roi  érigea 
en  duché  la  ville  de  Quintin  en 
bafle-Bretagne ,  pour  lui  &  fes  fuc- 
cefieurs  mâles  ,  fous  le  titre  de 
Lorges-Quîntin,  Il  fut  capitaine  des 
gardes-du-corps ,  chevalier  des  or- 
dres du  roi  ,  &  gouverneur  de 
Lorraine.  Il  mourut  à  Paris  en 
I70Z ,  âgé  de  72  ans  ,  &  fut  re- 
gretté comme  un  digne  élevé  de 
Turenne,  U  eut  de  Geneviève  de  FrC" 

pm 9  qu^&re£Uc3  &  uo  ûb,  dont 


L  O  R         31^ 

la  poMrité  foutient  la  gloire  du 
maréchal  de  Lorges*.,»  Yoy,  Duras  « 

&  MONTGÛMMERT   à  U  fin. 

LORICH,  (  Gérard  )  Lorickius^ 
d'Adamar  en  AVétéravie  «  publia 
divers  ouvrages.  Le  plus  célèbre 
ell  un  Commentaire  latin  fur  l'An- 
cien Teibment,  IJ46,  inrfol.,  à 
Cologne.  Le  Commmtaire  fur  le 
Nouveau  avoit  vu  le  j*ur,  5  ans 
auparavant,  en  15 41,  auûi  in-fol« 

LORIN,  (Jean)  Jéfuite,  né  à 
Avignon  en  1559  ,  enfeigna  I3 
théologie  à  Paris  ,  à  Rome ,  s 
Milan»  &c.  &  mourut  à  Dole,  le 
a6  de  Mars  1634,  à  75  ans.  On 
a  de  lui  de  longs  Commentaires  eH 
latin  fur  le  Lévidque^  les  Nom* 
bres,  le  Deutéronome,  les  Pfeau«- 
mes ,  l'ËccléiiaAe ,  la  SagefTe ,  fur 
les  Aâes  des  Apôtres  &  les  Epltres 
Catholiques.  Il  explique  les  mots 
hébreux  &  grecs  en  critique,  & 
s'étend  fur  diveries  queftions  dliif- 
toire^  de  dogme  &  de  difcipline. 
Mais  la  plupart  de  ces  queftionii 
pouvoient  être  traitées  d'une  ma* 
niere  plus  concife  ,  &  quelques* 
unes  n'ont  qu'un  rapport  éloigné 
à  leur  fujet.  C'efl  à  lui  qu'on  doit 
l'ufage  établi  à  Avignon  de  Êûre 
tous  les  famedis  ime.  iniiruâioa 
aux  Juifs. 

LORIOT,  (  Julien  )  prêtre  de 
l'Oratoire ,  fe  confacrtf  aux  Mif- 
fions  fur  la  fin  du  xvii^  fiede.  Ne 
pouvant  plus  fupporter  la  fatigue 
de  ces  pieux  exercices,  il  donna 
au  public  les  Sermons  qu'ir  avoit 
prêches  dans  fes  courfes  évangéli- 
ques.  Il  y  a  9  vol.  de  Morale , 
6  de  Myfteres ,  3  de  Dominicale  \  en 
tout  18  vol.  in-i2,  1695  à  1713. 
Le  flyle  en  efl  fimple  ;  mais  la 
morale  en  eft  exa6be,  &  toujours 
appuyée  fur  VEcriture  &  fur  les 
Pères. 

LORIT  ,  (  Henri  )  fumommé 
Glareanus ,  à  caiife  de  Claris ,  bourg 
de  U  âuiffe  «  où  il  naquit  en  148$  , 

Xij 


314        L  O  R 

tnourut  en  1565  ,  âgé  de  y^f  ans.  Il 
ie  rendit  célèbre  par  fes  talens  pour 
la  miiiique  &  pour  les  belles-lettres, 
&  fut  ami  d£ra,  iim  &  de  pluiieurs 
autres  favans.  Son  nom  eft  plus 
Connu  que  fes  ouvrages.  On  en 
trouve  une  indication  dans  les 
jiddltionsaux  Llogu  de  de  Thou  ,  par 
Teljîer, 

I.  LORMÉ ,  (  Philibert  de  )  natif 
de  Lyon  ;  mort  vers  1577  ,  f e  dif- 
tingua  par  fbn  goût  pour  Tarchi* 
teâure.  Il  alla ,  dès  l'âge  de  14  ans , 
étudier  en  Italie  les  beautés  de 
l'antitjue.  De  retour  en  France, 
fon  mérite  le  £t  rechercher  à  la 
cour  de  Henri  //«  &  dans  celle 
des  rois  fes  fils.  Ce  fut  de  Lorme  qui 
lit  le  fer-à-dieval  de  Fontainebleau, 
&  qui  conduiiit  plufieurs  magni- 
fiques bâtimens  dont  il  donna  les 
défi]  ns ,  tomme ,  le  château  de  Meu- 
don ,  celui  d'Anet ,  de  Saint-Maur- 
des-Foffés  ,  le  Palais  des  Tui- 
leries :  il  orna  aùffi  &  rétablit  plu- 
fieurs maifons  royales.  11  fut  fait 
aiânônier  &  confeiller  du  roi',  & 
on  lui  donna  l'abbaye  de  Saint- 
Eloi  &  celle  de  Saint-Serge  d'An- 
gers. Ronfard  ayant  publié  une 
fatire  contre  lui  ,  de  Lorme  s'en 
vengea,  en  faifant  reftifer  la  porte 
du  jardin  des  Tuileries  ,  dont  il 
étoit  gouverneur ,  au  fatirique ,  qui 
crayonna   fur   la  porte   ces  trois 

mots  :  Fo'-lf....  Rjtvetent,,^,  Habe 

L'architeé^e  qui  entendoit  fort  peu 
le  latin,  crut  trouver  une  infulte 
dans  ces  paroles,  &  s'en  plaignit 
à  la  reine  Catherine  de  Médlch,  Ron- 
fard répondit  que  ces  trois  mots 
étoient  latins,  &  le  commence- 
ment de  ces  vers  du  poëte  Aw 
fonnt^  qui  avertiffoit  les  hommes 
nouvellement  élevés  par  la  fortune , 
à  ne  point  s'onblier  i 

Fortuntm   reverenter  hahe,   qtiUumquc 
repente 


L  OR 

Si  la  fortune  enfin  daigne  te  U^ 

«ccueil , 
Né  dans  robfcurité ,  défends- toi  et 

l'orgueil. 

On  ^  ôc  de  Lorme  :  I.  Dix  li- 
rres  d'ArchîteSure ,  1668 ,  in-foL  II, 
Un  Traité jur  U  manière  de  hUn  hâtir 
&  à  peu  de  frais»  ' 

II.  LORME,  (  Charles  de)  né 
à  Mouhns,  de  han  de  Lorme  ^i^ 
médecin  de  la  reine  Marie  de  Aff- 
dlcls ,  prit  des  degrés  en  médecine 
à  Montpellier,  fiit  reçu  licencié  en 
1608,,  &  foutint  pour  cette  céré^ 
monie  iv  thefes.  11  examina  dans 
la  l'^  y  fi  les  Amoureux  &  Us  Fout 
pouvaient  être  guéris  par  les  menus 
remèdes^  &  il  décida  pour  l'affirma* 
tive.  Cette  guérifon  eft  en  effet 
poifible;  mais  elle  eft  très-difficile. 
Ce  célèbre  médecin  pafta  de  Paris 
à  Montpellier,  &  fiit  très  -  recher- 
ché par  les  malades  &  par  ceux 
qui  fe  portoient  bien  :  il  donnoit 
la  fanté  aux  uns ,  &  infpiroit  la 
gaieté  aux  autres.  Il  mourut  à  Mou- 
lins en  1678 ,  à  94  ans.  L  enjoufr 
ment  de  fon  caraâere  contribua 
fans  doute  à  fa  longue  vie.  H 
avoir  époufé  à  86  ans  une  jeun» 
fille ,  à  laquelle  il  furvécut  encore. 
On  a  de  lui  Laurtse  ApoUînara^ 
in-8**,  Paris,  1608.  C'dl  un  rc- 
ceuil  de  fes  theles:  la  plupart  roiH 
lent  fur  des  fujets  intérefiàns. 

LORRAIN,  (  Le)  peintre:  V. 
Gelée  (  Claude  )  ...  &  Loriv. 

L  LORRAIN ,  (  Jean  le  )  vicaire 
de  Saint-Lo  à  Rouen  fa  patrie ,  fe 
diftingua  par  la  folidité  de  fes 
inftruéHons  &  par  la  force  de  fes 
exemples.  Son  érudition  ne  le  rendit 
pas  moins  recommandable  ;  il  avoit 
une  mémoire  heureufe ,  une  vafte 
leélure  &  beaucoup  de  jugement. 
Il  prêchoit  quelquefois  jufqu'à  trois 
fois  par  jour  des  Sermons  diflférens, 
&  on  l'écoutoit  toujours  avec  ud* 
iité.  Il  devint  chapdain  titulaire  de 
to  cathédrale  de  Rouen  »^ où  il 


L  OR 

teurut  en  1710,  âgé  de  59  ans* 
L'abbé  U  Lorrain  avoit  £ut  une 
étude  profonde  des  rits  ecdéfiaf- 
tiques.  Nous  avons  de  lui  un  excel- 
lent Traité  De  PancUnnc  coutunu 
d^adorer  dehoiu  Us  jours  de  Dimanche 
&  de  Fites ,  &\dwant  U  temps  de  Pâques; 
OU  Abrégé  Hlftoiique  des  Cérémonies 
anciennes  &  modâmes.  Ce  dernier 
titre  donne  une  idée  plus  iuûe  de 
cet 'ouvrage  <»  qui  eft  en  effet  un 
finram  traité  des  Cérémonies  an- 
cienoes  &  modernes,  &  plein  de 
I  recherches  peu  communes.  Il  eft 
^  ea  2  vol.  in-i2,  &  parut  en  1700. 
Oa  a  encore  de  lui  :  Les  Conciles 
f^néraux  &  particul- ers  i  &  leur  Hifiolre^ 
ovtc  des  Remarques  fur  leurs  CoUeC" 
^ns ,  à  Cologne ,  en  1717  ,  2  vol. 
in-8°.  Les  ouvrages  de  cet  auteur 
(ont  aiTez  rares...  Il  ne  faut  pas 
le  confondre  svec  Pierre  le  Lorrain 
à  ValUmont  ,  fur  lequel  Voye\ 
Vallemont. 

n.  LORRAIN,(  Robert  le)fculp* 
teur,  né  à  Paris  en  1666,  mort 
^ns  la  même  ville  en  1743  ,  fut 
élevé  du  célèbre  Girardon.  Ce  grand 
maître  le  regardoit  comme  un  d^ 
plus  habiles  deflinateurs  de  fon 
iecle.  U  le  chargea  >  à  lage  de 
iS  ans ,  d'inffaruire  fes  enfans ,  & 
de  corriger  fes  élevés.  Ce  fut  lui 
&  U  Nourriffon  qu'il  choifit  pour 
travailler  au  Maufolée  du  cardinal 
ée  Richelieu  en  Sorbonne.  Le  Lornin 
auroit  eu  un  nom  plus  fameux 
àiDs  les  arts  ,  s'il  eût  pofledé  le 
falent  de  fe  feiire  valoir ,  comme 
il  avoit  celui  de  faire  des  chef- 
d'oeuvres.  Ses  ouvrages  font  remar- 
quables par  un  génie  élevé  ,un  def- 
fin  pur  &  fkvantf  une  exprei&on 
élégante ,  un  choix  gracieux ,  des 
têtes  d'une  beauté  rare.  Sa  Gala' 
tkée  eft  un  morceau  fini.  On  voit 
"de  lui  un  Bacchus  à  Verfailles ,  un 
Faune  à  Marly  ,^  & .  une  Andromède 
en  bronze»  juftement  eiHmés  des 
coonoifleurs  *>   suûs  les  ouvrages 


L  O  R        31^ 

qui  lui  font  le  plus  dlionneur, 
font  dans  les  palais  de  Saverne, 
qui  appartiennent  aux  évêques  de 
Strasbourg.  Cet  atifle  mourut 
étant  reâ:eur  de  l'académie  royale 
de  peinmre  &  de  fculpture. 

L  LORRAINE,  (Charles  de) 
dit  le  Cardinal  de  Lorr.iime  ,  archevê- 
que de  Reims,  de  Narbonne,  évêque 
de  Mets ,  de  Toul  ^  de  Verdun ,  de 
Terouanne ,  de  Luçon  &  de  Va<* 
lence,  Abbé  de  Saint-Denys  ,  de 
Fécamp ,  de  Cluni ,  de  Marmoutier» 
&c.  naquit  à  Join ville  en  1515  »• 
de  Chude  de  Lorrains ,  premier  duc 
de  Gulfe.  Paul  lU  1  honora  de  U 
pourpre  Romaine  en  1547.  Il  fut 
envoyé  la  même  année  à  Rome , 
où  il  plut  extrêmement  par  fon  air 
noble»  fa  taille  majeflueufe  y  fes 
manières  affables ,  fes  lumières  & 
fon  éloquence.  Paul  III  le  logea 
dans  fon  palais  &  lui  donna  un 
appartement  qui  touchoit  au  flen. 
De  retour  en  France ,  il  y  jouit  de 
la  plus  grande  faveur.  Il  fe  ûgnala 
en  15  61  au  colloque  dePoidi ,  où  il 
confondit  Théodore  de  i?qe  par  fe9 
raifons  &  fon  éloqiience.  L'année 
d'auparavant ,  il  avoit  propofé  d'é- 
tablir rinquifition  en  France  :  le 
feul  moyen  qui  lui  parût  propre  à 
arrêter  les  progrés  du  Calviniîme, 
mais  moyen  odieux  aux  François. 
Le  chancelier  ^  /'^({ptctf/ s'y  oppofa« 
Pour  tenir  un  milieu ,  le  roi  attri- 
bua la  connoiffance  du  crime  d'hé- 
réfie  aux"  évêques ,  à  l'exclùfion  des 
parlemens.  Ce  fut  le  cardinal  dé 
Lorraine  qui  obtint  cette  Déclara» 
tion  y  &  qui  la  porta  lui-même  au 
parlement.  Le  parlement  de  Paris 
repréfenta  au  roi ,  que  par  cet  édit, 
il  abandonnoit  fes  fujets ,  &  livroit 
leur  honneur ,  leur  réputation ,  leur 
fortune ,  &  même  leur  vie  ,  à  une 
puiffance  ecdéfiaflique  -,  qu'en  fup- 
primant  la  voie  d'appel  ,  on  pri- 
voit  l'innocence  de  fon  unique 
refiburce  :  '«  Nous  prenons  encore 

Xuj 


5x6        ton 

9%  U  liberté  da}outer  ,  dîTem  ]«$ 
»>  remontrances,  que,  puifque  les 
.n  fupplkes  de  ces  malheureux 
»*  qu'on  punit  tous  les  jours  au 
>♦  fujet  de  la  religion ,  n'ont  fervi 
»»  jujfqu'ici  qu'à  £aire  déteftcr  le 
9*  crime ,  fans  corriger  Terreur ,  il 
n  nous  a  paru  conforme  aux  règles 
9i  de  l'équité ,  fc  à  la  droite  raifon, 
>»  de  marcher  fur  les  traces  de 
)«  l'ancienne  églife ,  qui  n'a  pas 
5*  employé  le  fer  &  le  feu  pour 
9»  établir  &  étendre  la  religion  ; 
H  mais  plutôt  une  doârtne  pure  , 
9«  )ointe  à  la  Vie  excmpiîure  des 
^  évèques  :  nous  voyons  donc 
n  que  votre  majefté  doit  s'appli- 
5»  quer  entièrement  à  conferver  la 
vt  religion  par  les  mêmes  voies  par 
9*  lefquelles  elle  a  été  établie , 
rt  puifqu'il  n'y  a  que  vous  feul 
»4  qui  en  ayez  le  pouvoir.  Nous 
M  ne  douiofis  point  que  par-là  on 
••t  ne  guériiTe  le  mal  avant  qu'il 
9^  s'étende  plus  loin  ,  &  qu'on 
>♦  n'arrête  le  progrès  des  opinions 
9*  erronées  qui  attaquent  la  reli- 
9Î  gion  :  û  au  contraire  on  méprife 
99  ces  remèdes  efficaces ,  il  n'y  aura 
yt  point  de  lois  ni  d'édits  qui  puif- 
9»  fént  y  fuppléer  ««.  [  De  Tkou, 
I/y.  i6,  Wfi.  de  PEgpfc  Gallicane , 
JÀv,  yjf,  ]  Ces  remontrances  fuf- 
pendirent  renregiftrement  de  l'édit, 
mais  elles  n'arrêtèrent  point  les 
pourfuites  contre  les  calviniftes  , 
dont  le  nombre  croifToit  tous  les 
jours.  Le  cardinal  de  Lorraine  pa- 
rut avec  beaucoup  d'éclat  au  con- 
cile de  Trente.  Le  pape ,  qui  au- 
roit  voulu  empêcher  ce  voyage, 
dit  en  fouriant  à  l'ambaifadeur  de 
France,  qui  lui  afTuroit  qu'il  au- 
roit  lieu  :  Non  ,  Monfimr  ;  le  Car» 
dinal  de  Lorraine  cfi  un  fécond  F ape^ 
yiendra-'t'îl  où  Concile  parler  de  la 
•plurallU  des  hénéfUes ,  bâ  qiâ  a  joo 
mille  icus  en  bénéfices  ?  Cet  artîcU  de 
féformatîon  feroit  plus  à  craindre  pour 
htt  que  pour  moî ,  qui  n'ai  que  le  feul 


L  OR 

bénéfice  du  fottveraln  pânâficat  ,4dni 
je  Jais  content.  Cette  plaifamerie 
n'empêcha  point  le  cardinal  de  fe 
tendre  à  Trente.  Il  y  parla  avec 
beaucoup  de  chaleur  contre  les  abus 
qui  s'étoient  gliiles  dans  la  cour  de 
Rome ,  &  pour  la  fupériorité  do 
concile  fur  le  pape*  De  retour  en 
France  ,  il  fut  envoyé  en  £^<^e 
par  Charles  IX  ^  dont  il  gouvemoit 
les  finances  en  qualité  de  mini&c 
d'état.  Henri  IIJ  paflânt  à  Avignon 
à  fon  retour  de  Pologne,  è  fit 
agréger  aux  confréries  des  Péni- 
tens ,  &  tromra  le  cardinal  de  lor^ 
raine  à  la  tête  des  Pénitens  bleus. 
Ce  prélat  ayant  en  une  foibleffe 
dans  une  des  proceilions ,  &  n'ayant 
pas  voulu  fe  retirer ,  de  peur  de 
troubler  la  cérémonie  ,  fiit  faifi 
d'une  fièvre  qui  le  conduifit  au 
tombeau  en  1574  à  49  ans.  Il  avoit 
fondé  l'année  précédente  l'univeiâté 
de  Pont-à-Mouffon.  Il  avoit  pris 
pour  devife  une  colonne  droite, 
avec  un  litrre  attaché  à  la  colonne, 
&  ces  mots  :  Ts  stante  riRiso, 
On  y  ajouta  ceux-ci  »  par  ailufion 
au  lierre  qui  fait  périr  les  corps  où 
il  s'attache  :  Te^ue  virznte  /£• 
RiBO,  On  a  de  lui  quelques  ou- 
vrages. Ce  fut  lui  qui  propofa  le 
premier  la  Ligue ,  dans  le  concile 
de  Trente ,  où  elle  fut  approuvée. 
La  mort  de  fon  frère  fufpendit  ce 
projet  -,  mais  Henri  duc  de  Golfe  ^  fon 
neveu ,  l'adopta  &  le  fit  adopter 
par  une  partie  de  la  France.  Si  le 
cardinal  de  Lorraine  montra  beau- 
Coup  de  zèle  pour  la  religion  Ca- 
tholique ,  il  n'en  montra  pas  moins 
pour  foutenir  les  intérêts  du 
royaume  contre  la  cour  de  Rome. 
Il  les  défendit  avec  tant  de  vigueur, 
c[iiQ  Pie  F,  alarmé  du  grand  rôle 
qu'il  lui  voyoit  jouer  dans  l'Eglife, 
Tappeloit  le  Pape  d'au-delà  des  Monts. 
Les  cardinaux  difoient  à  fa  moit, 
qu'il  leur  donne it  plus  de  hefogne  en  un 
jour ,   jK*  touic   la    Cbrétimtc    ^« 


L  OR 

'ionnàît  au  facri  ColUgjt    m    un   afti 
S'il  traita  les  Calviniftcs  avec  ttof 
de  rigueur ,  l'Hôpital  &  Bojfuet  nous 
apprennent  que  ce  fut  à  l'inftiga- 
don  de  quelques  confeillers  irapru- 
dcns,  qui  necefToicnt  de  lui  repré- 
fenter  que  c'étoit  le  feul  moyen 
d'extirper  rhcréfie,  La  cruauté  ne 
lui  étoit    pas    naturelle.    Lorfque 
Franççls  //  monta  fur  le  trône ,  de- 
venu tout-puiflant  à   la  cour ,  & 
maître  de  fe  venger  de  fes  ennemis, 
il  leur  pardonna  géncreufement.  Si 
ce  nouveau   règne  fut  marqué  par 
le  défir  d'élever  fa  famille  &  d'é- 
tendre fon  autorité ,  il  ne  fut  pas 
fignalé,  comme  lesprécédens  ,.par 
la  mort  »  l'exil  &  les  confifcaûons*' 
Olivier  &  l'Hôpital ,  deux  rainiftres 
diftingués  par  leur  modération  & 
leur  humanité,  durent  leur  éléva- 
toon  au  cardinal ,  qui  »  s'il  eût  été 
naturellement  fanguinaire ,  n'auroit 
pas  choifi  des  hommes  de  ce  ca- 
raûercLes  gibets  qu'il  fit  élever 
dans  les  avenues  de  Fontainebleau» 
n'étoient  qu'un  épouvantail.  Il  vou- 
loit  prévenir  les  projets  criminels 
de  quelques  Protcftans  ,  qui ,  i!bus 
prétexte  de.  venir  folUciterdes  grâ- 
ces à  la  cour ,   cherchoient  a  fe 
tendre  çiaîtrcs  de  la  perfoijne  du 
tôl.  Les  htlîoriens  qui  lui  Vepro- 
cKent  fpn  aral>itïon  &  les  moyens  * 
qu'il  prit  pôxix  la  fâtisfaire ,  s'aç-  '. 
cordcni  à  vanter  l'étçndue   de  *fes  ' 
connotflances ,  fon  goût  pour  les 
fciences    &  pour  les  {avans  dont 
il  étoit  le  Af/«^.  lîpoffédoit,  dans 
ïe  plus  haut  degré,  l*art  de  la  parole  v 
fon  éloquence  forte  &  rapide  en- 
traînoirtoûs  les  fuflFragés.  En  Fraitce 
&  dans  toute  l'Europe,  on  Fappe* 
loit  le  Mercure  François,  11  traiailîa 
à  réformer   la  magiflrature ,  &  fit 
promulguer  plusieurs  lois  très-fages, 
entre  autres  ,  celle  qui  ordonnoit 
que  »  les  compagnies  de  judicature 
»♦  préfenteroienr  pour   remplir  les 
|t  places  vacatues  ^  tf  ois  perfonaes 


L  O  H        517 

>*  irréprochables  &  verfées  dans  la 
»♦  Jurifpi:udence ,  entre  Icfqudles  le 
>♦  roi  choifiroit  ♦«»  C  etoit  réparer 
le  plus  grand  inconvénient  de  la 
vénalité  des  charges ,  l'incapacité 
des  juges.  On  trouve  fon  portrait 
dans  le  livre  de  Nicolas  Boucher^ 
intitulé  :  CaroH  Lotharingl'  Utter*  6^ 
Arma  y  Paris,.  1577,  ia-4°,  Vçy.^ 
l'art,  LiZET. 

IL  LORRAINE,  (Charles  de) 
d^abord  évêque  dé'  Verdun ,  &  en* 
fuite  Jéfuite,  étoit  fils  de  i/wr/  d^ 
Lorraine  ,  marquis  d^  May.  Il  naquit 
en  1592 ,  &  fut  élevé  ^auprès  de 
fon  oncle  l'évêque  dç  Verdun  » 
qui  fe  démit  de  cet  év^ché  en  ik 
faveur.  Il  fe  cpnduifît  d'abord  ea 
prince  plutôt  qu'en  apdtre.  Mais  ^ 
la  grâce  l'ayant  touche ,  il  réformgj 
fes  moeurs,  &  epffln  il  q\Htta  foa 
évèché  pour  entrer  çlahs'la  corn-' 
pagnie  de  J^svs.  11  é^oit  fupcrieur 
de  la  raaifpn  prdfefle  a  Bordeaux  , 
loftjtt'il  fut  député  de  fa  province 
a  Rome,  ^e  duc  de  Lqrraîne  prit 
cdte  occaflon  ppur  fotlicitcr  f^pape 
de  l'élever  au'  cardinalat.  Mais  lé 
Perc  Charles  Payant  appris,  tépon- 
àit  à  un  gentiinomme  que- le  diic 
lui  avoit  ^voyé:  qu'ayant  renond 
aux  dignités  pour  embrajjer  la  Croix  » 
il  ferott  attffi'  coupable  devant  Dieu, 
que  rîdlknfe  devant  Us  hommis  ,  s'il 
cflangeoU  de  'fintîn^ent,  A  fon  re- 
tour à  Bordeaux,  il  alla  ^offrir 
prtjur.le  fervice  des  malades  atu- 
qués,  de  la  pefte  *,  mais  fon  général 
ne  voulant  pas  le  livrer  à  toute 
la  vivacité  de  fon  tele' ,  l'envoya 
à  Toviloufe  pour  y  être  fijpéricur 
de  la  maifon  profeffe-  L'air  de 
cette  ville  paroiflbit  lui  être  con-; 
traire  -,  on  voulut  l'engager  à  chan- 
ger de  démeure  :  //  m'importe  Men 
moins  de  vivre  >  dit» il ,  que  de  mourir 
où  la  Prqyidcnce  O  Pobéljfance,  m*onJi 
placé,  11  mourut  le  18  Avril  163 1, 
dans  la  ^9*^  année  de  fon  âge.  Le* 

X  iv 


ji8       L  O  R 

P.  de  Lmân^d  a  publU  îà  yU", 
Kand,  i733f  in-12, 

m.  LORRAINE,  (Maifon  de) 
Voy.  Charles,  n**  xxv  à  xxyiij; 
AuMALE../.  François...///.  Leo- 

70LD..  MeRCCEUR  ;   MAYENNE.. 

j,  &  //.Harcourt..  IX.  Cathe- 
rine.. IX,  Claude...  ///.  Loui- 
se s  &C. 

LORRANS,(Le)  Toy.GARiN. 

L  LORRIS,  (  Guillaume  de  ) 
mort  vers  Taii  1260,  fut  de  fon 
temps  un  très-bon  poëte ,  &  com- 
pofa  le  Roman  de  la  Rofe  ,  donc  la 
meilleure  édition  eft  celle  de  l'abbé 
ten^  ,  Amflerdam^  1735  ,  3  vol. 
in- 12»  Cbt  ouvrage  ,  imité  du 
poëme  de  PAn  d'aimer  d'Ovide ,  eft 
fort  au-defTous  de  fon  modèle. 
L'auteur  y  a  mêlé  des  moralités, 
aiuzquelles  fon  dyle  na'i£&  ûmple 
donne  «pielque  prix.  En  voici  le 
fond,  tel  qu'on  le  trouve  dans 
t Année  .UtUrtùre  ,  1767  ,  n°  41. 
»*  Un  jeune -homme  s'endort  un 
»  jour  de  printemps ,  &  fonge  «pi'il 
1^  fe  trouve  dans  un  jardin  déli- 
V*  deux ,  où  il  voit  ime  Rose  nou- 
M  velle,  dont  Tédat  &  la  beauté 
»  le  féduifent.  Il  veut  la  cudllir  •, 
w  mille  obflades  s'y  oppofent. 
>»  Voila  le  noeud  de  l'intrigue.  Des 
M  Etres  mal-faiïkns  > Faux'ftmhlant^, 
«  Dangler,Male'bouche,&c,  mettent 
»♦  tout  en  œuvre  pour  l'empêcher 
»  de  réuffir  dans  fon  entreprife. 
»  D'un  autre  côté  ,  Bel-accueil  , 
«  Pitié,  Franchife  ,  &c»  font  des 
>*  Divinités  bienfaif^ptes  qui  le  fa- 
w  vorifent.  Enfin ,  après  avoir  fauté 
M  des  fofTés ,  efcaladé  des  muts  ^ 
»  forcé  des  châteaux  ,  furmonté 
»♦  mille  obftacles  ,  le  jeune-hom-. 
»  me  cudlle  la  Rose  ,  &  le  fonge 
n  finit  :        ; 

Alns  eus  la  Rofe  vermeille  *, 
A  tant  fut  jour,  &  je  m'éveille  n 

Pétrarque  ne  trouvoit  que  des  rêves 
,â«ms  ce  Poëme,  Le  fuccès  qu'il  eut 


L  O  R 

en  France ,  annonce  le  peu  qu*îiy 
avoit  alors  de  bons  ouvrages...  On 
peut  cbnfulter ,  pour  cntoidre  plus 
Étalement  ce  Poëme ,  le  Glojfcm 
publié  en  1737 ,  in-i2.  V.  Cloïi- 

NEL 

L*  LORRY  y  {  Paul-Charlcs  ) 
avocat  au  parlement,  proCîefîeuren 
Droit  dans  l'univeiî&té  de  Paris, 
mort  le  4  Novembre  1766 ,  à  47 
ans,  étoit  un  jurifconfulte  édairé 
Sr  profond ,  qui  fe  vit  confulté  & 
eflimé  par  les  magiffa-ats  &  le  pu- 
blic Il  a  mis  au  jour  le  Commentaire 
latin  de  fon  père,  (François  Lorry) 
fur  les  Inftitutes  de  JufBnien,  1557, 
in-4** ,  &  un  Ejfai  de  Dlffenatlons 
ou  Notes  fur  le  Mariage,  1670,  în-S*'. 
Son  fils  foutient  fa  réputation. 

II.  LORRY ,  (  Anne-Charles  ) 
doâeur  -  régent  de  la  £u:ulté  de 
Médecine  de  Paris  ,  frère  du  pré- 
cédent ,  naquit  à  Crône ,  à  quatre 
lieues  de  Paris ,  en  1725.  Il  exerça 
fa  profeffion  avec  noblefle ,  la  et 
refpeâer  des  grands  dont  il  étoit 
chéri  ;  &  ce  qui  vaut  encore  mieux , 
il  la  fit  fervir  fouvent  au  foulage- 
ment  de  l'indigence.  Sa  tendrefle 
pour  fes  proches ,  l'aménité  de  fes 
mœurs ,  fa  fimplicité ,  ù  candeur 
retraçoient  l'image  des  vertus  an- 
tiques. Il  recueillit  le  firuit  le  plus 
précieux  de  la  douceur  inaltérable 
de  fon  carad^ere  ;  il  vécut  chéri  & 
refpeélé.  Ami  de  Témde ,  il  donna 
au  travail  du  cabinet  tout  le  temps 
qu'il  pouvoit  dérober,  à  une  prati- 
que auifi  brillante  qu'étendue.  Cet 
habile  homme  ,  qui  avoit  autant 
de  modeftie  que  de  talent ,  répé- 
toît  fouvent  :  >♦  Je  ne  me  permet- 
n  tirai  jamais  de  dire  :  J'ai  pén, 
>*  mais  ,  j'ai  donné  mes  foins  à  un 
>♦  tel  malade  ,&  fa  maladie  s'cft  ta* 
>t  minée  heureufemmt  m.  U  mourut  le 
18  Septembre  1783  ,  à  Bourboane- 
les-Bains ,  après  avoir  publié  :  I. 
EffaifuT  Vufage  des  AUnuns  ,  Paris  « 
1753  ,  in-i2.  Cet  ouvrage  >  qui  lui 


LOT 

fit  beaucoup  dlioaneur ,  traité  de 
râlimeat  en  général  ;  il  fut  fuivi 
d'un  fécond  volume  en  1757 ,  où 
il  parle  de  Tufage  des  alimens  con- 
fidérés  dans  leurs  rapports  avec  les 
mœurs ,  les  climats  ,  les  dififérens 
fujets ,  les  lieux ,  les  faifons ,  &c. 
La  théorie  la  plus  fatisfaifante  y 
cft  jointe  aux  lumières  de  la  plus 
faine  chimie  -,  on  préfère  cet  ou- 
vrage à  ceux  que  ùmery  &  Arhuth- 
not  ont  donné  fur  la  même  matière. 

i     II.  Dt  McùmckoRa  &  morhîs  Mclati' 

I     choâàs ,  Paris,  1765 ,  2  vol,  in-8°. 

I  Tout  y  eft  intéreflant  :  le  ftyle  plaît, 
la  théorie  eft  folide  &  lumineufe. 
nL    Traclatus    de   morhîs    cutanels  , 

!  Paris,  1777,  in-4®.  Il  y  ramené 
aux  principes  les  plus  reconnus  de 
Tart  le  traitement  de^  maladies  de 
la  peau ,  qui  ont  û  long-temps  été 
foumifes  à  Tempirifine;  IV.  Une 
Edition  latine  des  Œuvres  de.  Ri- 
chard Méad  ,  avec  une  pré^ce  , 
1751  &  1758,  2  volumes  in-8®* 
V.  Une  Edition  de  l'ouvragé  de 

I  Santorto  ,  intimlé  :  De  Mtdicina 
Ikdca  Jphorifmi ,  avec  des   com- 

I  mcntaires ,  1770 ,  in-12.  VL  Une 
Edition  des  Mémoires  pour  fervlr  à 
VHifioire  de  la  Faculté  de  Médecine 
dt  Montpellier ,  par  Aftruc ,  1767  , 
in-4®  ,  avec  une  préface  &  1  éloge 
hiftorique  de  l'auteur.  VII.  Apko- 
nfml  Hlppocratis,  Gracè  &  Latine  , 
1759  ,  in-8**.  Ces  différens  ou- 
vrages prouvent  qu'il  étoit  aufll 
vcrfé  dans  les  belles  -  lettres  que 
dans  la  médecine.  Sa  latinité  pure 
&  correcte  eft  digne  des  fiecles  de 
la  faine  littérature. 
LOSPITAL.  (De)  Foye^  Hos- 

riTAL. 

I.  LOTH ,  fils  d*Aran,  petit-fils 
de  Tharé ,  fuivit  fon  oncle  Abraham  , 
lorfqu'il  fortit  de  la  ville  d'Ur, 
&  fc  retira  avec  lui  dans  la  terre  de 
Qianaan.  Comme  ils  avoient  l'un 
h  l'autre  de  grands  troupeaux,  ils 
furent  contraints  de  fe  féparer ,  pour 


LOT        319 

éviter  des  querelles  qui  commen* 
çoient  à  fe  former  entre  leurs 
pafteurs  ,  l'an  1920  avant  J.  C. 
Loth  choifit  le  pays  qui  étoit  autour 
du  Joitfdain ,  oc  fe  retira  à  Sodome 
dont  la  fituation  étoit  riante  Se 
agréable.  Quelque  temps  après  « 
Chodorliihomor  ,  roi  des  Elamites , 
après  avoir  dé€ût  les  cinq  petits 
rois  de  la  Pentapole  qui  s'etoient 
révoltés  contre  lui ,  pilla  Sodome  « 
enleva  Loth  ,  fa  famille  &  fes  trou- 
peaux ,  l'an  1912.  Abrahim  en 
ayant  été  informé,  pourfuivit  le 
vainqueur,  le  défit,  &  ramena  XorA 
avec  ce  'qui  lui  avoit  été  enlevé. 
Celui-ci  continua  de  demeurer  à 
Sodome ,  jufqu'à  ce  que  les  crimes 
dé  cette  ville  infâme  étant  montés 
à'ieur  comble ,  Dieu  réfolut  de  la 
détruire  avec  les  quatre  villes  voi- 
fines.  Il  envoya  trois  Anges  qui 
vinrent  loger  chez  LoUi  fous  la 
forme  de  jeunes  gens.  Les  So- 
domites  les  ayant  apperçus,  vou- 
lurent forcer  Loth  à  les  leur  aban- 
donner. Loth  effrayé,  à  la  vue  du  pé- 
ril que  couroientïes  hôtes,  offrit  de 
leur  fubftîtuer  plutôt  fes  deux  filles. 
Cette  offre  ,  effet  de  fon  trouble , 
qu'on  ne  peut  excufer ,  n'ayant  pas 
arrêté  ces  infâmes,  les  Anges  les 
frappèrent  d'aveuglement*,  &  firent 
fortir  Loth  de  la  ville  avec  fa  femme 
&  fes  deux  filles.  Il  fe  retira  d'abord 
à  Ségor,  &  enfuite  dans  une  ca- 
verne avec  fes  filles  -,  (  car  fa  femme , 
pour  avoir  regardé  derrière  elle, 
contre  la  défenfe  expreifedeDieu^ 
avoit  été  changée  en  ftatue  de  fel.  ) 
Les  filles  de  Loth  s'imaginant  que 
la  race  des  hommes  étoit  perdue* 
enivrèrent  leur  père.  Dans'  cet 
état,  elles  conçurent  de  lui  cha- 
cune un  fils  -,  l'aînée ,  Moab  ,  d'où 
fortirent  les  Moabites-,  &  la  jeune , 
Ammon^  qui  fut  la  tige  des  Ammo- 
nites. On  ne  fait  ni  le  temps  de 
la  mort  ,  ni  le  lieu  de  la  fépul- 
ture  de  hfth ,  &  l'Ecriture  n'en  dit 


5^0        LOT 

phis  rien.  On  a  donné  bîeû  des 
manières  d'expliquer  Icchangement 
de  £à  femme  en  fbitue  de  Tel ,  dont  la 
plus  contbrme  au  texte  eft  celle 
qui  explique  le  iak  littéralement. 
Quelques  anciens,  commet.  Irénécy 
attedent  qu  elle  confervoit  de  fon 
temps  la  forme  de  femme ,  &  qu'elle 
ne  perdoit  rien  de  fa  grcffeur  , 
quoique  on  en  arrachât  toujours 
qnelque  morceau.  Ils  ajoutent  même 
qu'elle  étoit  fuiete  aux  incommo- 
dités ordinaires  a  fon  fexe  »  chofe 
prodigieufeôc  inaoyable.  Foye[le 
Diclionnalrc  de  la  Bible  par  D. 
Calmct, 

IL  LOTH,  (Jean-Charles) 
peintre  ,  né  à  Munich ,  en  1 6 1 1 , 
mort  à  Venife  en  1698.  Michel- 
Ange  &  le  cavalier  Uberl  ftirent  €es 
maîtres  pour  la  peinture.  Loth  étoit 
grand  colorifte ,  &  poffédoit  aiiffi 
plufieurs  autres  parties  de  fon  art. 

•  I.  LOTHAIRE  I^^ ,  fils  àe  Louis 
lé  Débonnaire ,  &  à'Ermcngarde  , 
fille  de  Hugues  ,  comte  d*Alface  , 
fût  affocié  à  l'empire  par  fon  père  ^ 
le  31  Juillet  817, dans  raflcinblée 
d'Aix-la-Chapelle  ,  &  nommé  roi 
des  Lombards  en  820.  L'ambition 
l'emporta  chez  lui  fur  la  reconnoif- 
fance.  Il  s'unit  avec  les  grands 
feigheurs  pour  détrôher  l'empe- 
reur ,  fe  faifît  de  fa  perfonne ,  & 
l'enferma  dans  lemonaftcre  de  Saint- 
Médard  de  Soiflbns.  (  Nous  faifons 
connoîtrc  les  fuites  de  cet  attentat 
dans  l'article  du  prince  détrôné,  ) 
Louis  le  Débonnaire  étant  forti  de 
fa  prifon  par  les  intrigues  d'un  de 
fes  partifans ,  qui  fema  la  difcorde 
entre  fes  fils  rebelles ,  en  promet- 
tant aux  deux  cadets  de  faire  aug- 
menter leur  portion  ;  ceux-ci  fe 
déclarèrent  contre  Lothaîre^  êcl'o-. 
Wigerent  à  danander  pardon  à 
leur  père  commun.  Après  la  mort 
^e  ce  prince  infortuné ,  l'ambitieux 
Lothaîre  s'arrogea  la  fupériorite  fur 
deux  de  fts  frètes  ,  &  voulut  le» 


LOT 

refirôndre  ,  l'un  à  la  feule  Ba^ 
viere  ,  &  l'autre  à  TAquitaine» 
Charles ,  depuis  empereur ,  &  Louis 
de  Bavière  ,  s'unirent  contre  lui , 
&  remportèrent  une  célèbre  vic- 
toire à  Fontenai  ,  Tan  841.  Cette 
journée  fut  fanglante  ;  il  y  périt , 
dit-on,  près  de  100,000  hommes. 
Les  trois  ireres  fe  difpofoient  à 
lever  de  nouvelles  troupes  ,  lorf- 
qu'ils  convim-ent  d'une  trêve ,  fui- 
vie  d'un  traité  de  paix  conclu  i 
Verdun  en  843.  La  monarchie 
Françoife  fut  partagée  en  trois  par- 
ties égales ,  &  indépenoantes  l'une 
de  l'autre.  LothJrt  eut  l'empire^ 
1  Italie  &  les  provinces  fituées  en- 
tre le  Rhin  &  le  Rhône,  la  Saône, 
la  Meufe  &  l'Efcaut.  Louis  fur- 
nommé  le  Germanique^  reçut  toutes 
les  provinces  fituées  fur  la  rive 
droite  du  Rhin,  &  quelques  villes 
fur  la  rive  gauche  ,  comme  Spire 
&  Mayence,  propter  vini  copiant  ^ 
difent  les  Armaliiles  -,  &  CharUs 
devint  roi  de  toute  la  France,  ex- 
cepté de  la  portion  cédée  à  Xo-  ' 
thaire.  Ce  traité  eft  la  première 
époque  du  Droit  public  d'Alle- 
magne. (  Pepîn  ne  fut  point  appelé 
au  partage,  étant  mort  en  838.) 
Dix  an^  après  cette  partition ,  Lo" 
thaire  abdiqua  la  couronne,  par  la 
laflîtude  des  troubles  de  fon  vafte' 
empire ,  &  fur-tout  par  la  crainte 
de  la  mort.  îl  alla  expier  dans  le 
monaftere  de  Prum  en  Ardennes, 
les  fautes  que  fon  ambition  tyran- 
nique  lui  avoit  £ùt  commettre 
contre  fon  père ,  contre  fes  frères 
&  conn-e  fe^  ûijets.  (  Voye\  Tan. 
Gerberge.  )  11  prit  l'habit  moriaf- 
tique  dans  fa  dernière  maladie,' 
plutôt  pour  moiu-ir  fous  cet  habrt^ 
que  pour  faire  une  longue  péni- 
tence :  car  il  n'avoi;  pas  long-temps 
à  vivre.  Il  mourut  fix  jours  après, 
le  28  Septembre  88  j  ,  dans  la  6o* 
année  de  fon  âge ,  &  la  15®  de 
foil  empire,- Quelque  tardif  qu'eût 


LOT  ' 

fcé-le  rependr  de  Lothaln ,  def 
luteurs  BénédiéHns  le  mirent  dans 
le  catalogue  des  Saints  de  l'ordre. 
Aàhemar ,  moine  de  Saint  -  Cibar 
d'Angoulême,  dit:  m  Qu'après  fa 
fi  mort  ,  les  bons  Anges  &  les 
¥>  mauvais  fe  difputerent  fon  ame*, 
»»  &  que  les  bons  l'emportèrent, 
H  en  difant  aux  démons  :  Nous 
Ti»  vous  abandonnons  VEMft.Rl.VK  : 
rt  mais  nous  emportons  U  MofN£.  » 
Ce  conte  (  dit  le  P.  Longueval  )  fut 
invemé  pour  faire  valoir  fa  pro- 
feilion  reiigieufe ,  qui  n'a  pas  be- 
foin  de  pareilles  preuves.  Lothalre 
fut  enterré  à  Prum ,  &  Ton  mit  fur 
fon  tombeau  une  Epîtaphe  qu'on 
croit  être  de  Rahtm. 

Conùna  hic  tumulus  memorandl   C«- 
farls  offa, 
Lotharii ,  magnl  prlnclpîs  atqucpll , 
j^ui  Francis  ,  Italls ,  Romanis  prafuit 
ipfis: 
Owiia  fed  fprcvlt^  pauper  &  hinc 
abiitt 

LoTHAiRZ  laiâa  3  fils ,  Louis  , 
Chtrlis  &  Lothalre  ,  auxquels  il 
divifa  fes  états  :  Louis  eut  en  par- 
tie le  royaume  d'Italie  ou  de 
Lombard ie  ,  avec  le  titre  d'em- 
pereur; Charles,  la  Provence  juf- 
que  vers  Lyon  -,  &  Lothalre  ,  le 
refte  des  domaines  de  fon  père 
en-deçà  des  Alpes,  jusqu'aux  em- 
bouchures du  Rhin  &  de  la  Mcufe, 
Cette  partie  fut  nommée  le  Royaume 
ie  Lothalre,  C'eft  de  ce  dernier  qu'eft 
Venu  le  nom  de  Lothatînge  ou  Lor- 
raine ,  province  qui  avoit  alors 
beaucoup  plus  d'étendue  qu'aujour- 
d'hui. (  Foyei  LoTHAIR£>  roi  de 
Lorraine,  n**  iv.  ) 

II.  LOTHAIRE  II  ,  empereur 
d'Occident  &  duc  de  Saxe,  fils  de 
Gerhard^  comte  de  Supplembourg , 
fut  élu  roi  de  Germanie  après  la 
mort  de  l'empereur  Henri  Vy  en 
1115  ,  &  couronné  empereur  de 
I      Rome,  le  4  Juin  n  3  3 ,  par  k  pape 


LOT        iit 

Innocent  II y  qui  lui  céda  l'ufufruit 
des  terres  de  la  co^teffe  Mathilde, 
Ce  prince  remercia  le  pontife ,  en 
lui  baifant  les  pieds ,  &  en  condui- 
fent  fa  mule  quelques  pas.  On  croit 
que  Lothalre  eft  le  i®'  empereur  qui 
fit  cette  double  cérémonie.  U  avoit 
Juré  auparavant  de  défendre  VE%life , 
&  de  conferver  les  biens  du  faint» 
Siège,  La  cour  de  Rome  fe  prévalut 
dans  la  fuhe  de  ce  ferment ,  pour 
prétendre  que  l'empire  étoit  un  fief 
relevant  du  faim -Siège.  L'empire 
avoit  été  difputé  après  la  mort  de 
Henri  V  :  Lothalre  fut  préféré  à  Con- 
rad de  Franconie  ,  &  à  Frédéric  de 
Souabe,  iils  à' Agnes  ^  fœur  du  der- 
nier empereur;  ce  qui  caufa  de 
grands  troubles.  Il  mourut  fans 
enÊms ,  le  4  Décembre  1 1 37 ,  dans 
le  village  de  Bretten ,  près  Ti-ente. 
Ce  règne  fut  l'époque  de  la  police 
établie  en  Allemagne ,  vafte  pays 
livré  depuis  long-temps  à  la  con- 
fufion.  Les  privilèges  des  égîifes , 
des  évêchés  &  des  abbayes,  fiircnt 
confirmés  ,  ainfî  que  les  hérédités 
.&  les  coutumes  des  fiefs  &  arriere- 
fie&.  Les  niagifiratures  des  bourg- 
meftres  ,  des  maires  ,  des  pré- 
vôts ,  furent  foumifes  aux  feigncurs 
féodaux.  On  fe  pîaignoit  des  în- 
Juftices  de  ces  magiftrats ,  &  on 
eut  bientôt  à  fe  plaindre  de  la' 
tyrannie  de  ceux  dont  ils  dé- 
pendirent. 

m. LOTHAIRE  II,  roi  de 
France,  "fils  de  Louis  S  Outremer^ 
de  Gerherge  fœur  de  l'empereur, 
Othon  I ,  naquit  en  941 ,  fut  affocié 
au  trône  en  951 ,  &  fuccéda  à  fon 
père  en  954.  Il  fit  la  guerre  avec 
fuccès  à  l'empereur  Oihon  II,  auquel 
il  céda  la  Lorraine  en  980 ,  pour 
la  tenir  en  fief  de  la  courronne  de 
France.  Il  avoit  cédé  aufîi  à  Charles 
fon  frère  le  duché  de  la  bafie- 
Lorraine;  ce  qui  déplut  à  tous 
les  grands  du  royaume.  Il  mourut 
à"  Conipiegîie  le  2  Mars  986 ,  à 


33»        LOT 

45  ans,  en^oîTonné ,  à  ce  qu'oft 
croit  9  par  Emma  fa  femme  ,  fille 
de  Lothalrt  II  ,  roi  dltalie.  Ce 
prince  étoit  recommandable  par  fa 
bravoure,  fon  aôivité  ,  ia  vigi- 
lance ,  fes  grandes  vues  \  mais  il 
^toit  peu  exaâ  à  tenir  fa  parole , 
&  finifToit  prefque  toujours  mal 
après  avoir  bien  commencé. 

IV.  LOTHAIRE,  roi  de  Lor- 
raine ,  fils  de  l'empereur  Lothaire  /« 
abandonna  Tfyletbergc  fa  femme, 
pour  époufer  Valdradc  fa  maîtreffe. 
Ce  divorce  eft  approuvé  par  deux 
conciles ,  1  un  afîemblé  à  Metz , 
l'auue  à  Aix-la-Chapelle.  Le  pape 
Nicolas  l^  caffa  leurs  décrets,  & 
Lothaire  fut  obligé  de  quitter  la 
femme  qu  il  aimoit ,  pour  repren- 
dre celle  qu'il  n'aimoit  pas  &  qu  il 
devoir  aimer.  Le  pape  Adrien  II 
ayant  été  élevé  fur  le  trône  pon- 
tSical ,  le  roi  de  Lorraine  pafla  en 
Italie  au  fecours  de  l'empereur 
touisi {on  frère,  contre  les  Sar- 
rafins,  efpérant  obtenir  la  difTo-» 
hition  de  fon  mariage.  Mais  le 
pape  lui  fit  jurer ,  en  lui  donnant 
la  communion ,  qu'il  avoit  fîncé- 
rement  quitté  Valdradc ,  &  les  fei- 
gneurs  qui  accompagnoient  ce  prin- 
ce, firent  le  même  ferment.  Ils  , 
moururent  fubitement  prefque  tous , 
à  ce  que  dit  un  hiflorien  contem- 
porain, peu  de  temps  après.  Xo- 
tkàirt  lui-même  fiit  attaqué  à  Plai- 
fancc  d'une  fièvre  violente ,  qui 
l'emporta  le  7  Août  869.  Le  pape 
avoit  fait  à  Lothalrt  des  prcfens 
qui  lui  avoient  paru,  ainfi  qu'à  it:& 
courtifans  ,  d'un  augure  fevorable. 
Il  lui  avoit  donné  un  manteau, 
une  palme  &  une  férule  ou  un 
fcèptre.  Le  pape ,  par  le  manuau , 
avoit  voulu ,  difoient-ils ,  le  re- 
vêtir de  Valdradc  \  par  la  palme  ^ 
le  rendre  viâorieux  de  fes  enne- 
mis i  & ,  par  la  férule ,  lui  foumettrc 
les  évêques  rebelles  à  fa  volonté  ; 
mats  le  pape  étoit  bien  éloigné  dt 


LOT 

ces  fentimens  ,  &  révénemeot  H 
voir  que  Lothaire  Çc  les  ûens  s'étOicnt 
trop  flattes.  Voyei  LoTHAiRE  I*' 
&  Louis  III.  n**  viu. 

I.  LOTICHIUS ,  ( Pierre)  né  en 
I50i>  dans  le  comté  de  Hanau«  y 
devint  abbé  de  Solitaire  ,  en  alle- 
mand Schluchtem  ,  l'an  1 5  34.  Ilin- 
troduiiit  dans  fon  abbaye  le  Lu- 
théraniihie  ,  dont  il  frit  un  zélé 
défenfeur ,  &  mourut  en  1567.  Il 
montra  des  vertus  qui  le  firent  ef- 
timer  dans  fon  parti  ;  il  fut  pieux, 
charitable ,  &  laifra  quelques  Ou- 
vrages, imprimés  à  Marpourg,  1640, 
in-i2. 

IL  LOTICHIUS,  (Pierre) ne- 
veu du  précédent ,  &  le  Prlaa  des 
Poètes  Allemands  ,  félon  Mvrkcff^ 
fe  fit  {urnoiamcr  Secundus ,  pourfe 
diftinguer  de  fon  oncle.  Il  naquit 
en  1528  à  Solitaire  ,  &  après  avoir 
fait  de  bonnes  études  en  Allema- 
gne ,  il  prit  le  parti  des  armes  en 
1546.  Mais  u  retourna  bientôt  à 
fes  études ,  voyagea  en  France  & 
en  Italie  j  fc  fit  recevoir  doâeur 
en  médecine  à  Padoue  ,  &  alla  pro" 
feffer  cette  fcience  à  Heidelberg, 
où  il  mourut  de  frénéfie ,  le  7  No- 
vembre 1560,  333  ans.  CétoituB 
habile  médecin  ,  &  l'un  dçs  plus 
grands  poètes  que  l'Allemagne  ait 
produits.  Ses  Poéfies  Latines ,  &fu^ 
tout  fes  EU^ ,  1580 ,  in-8** ,  ont 
quelque  mérite.  Il  avoit  toutes  les 
qualités  qui  font  aimer  &  refpeûer: 
il  étoit  affable ,  modeilc  ,  fobre  » 
confiant  dans  fes  amitiés  ,  infanga- 
ble  dans  1  étude  ,  &  intrépide  dans 
les  dangers.  Sa  candeur  6c  fa  bonté 
lui  firent  des  amis  illufrres.  On 
trouve  fa  Vie  à  la  tête  de  fes  Poé- 
fies  ,  publiées  par  Jean  Hagius ,  mé- 
decin. 

IIL  LOTICHIUS,  (ChrifHan) 
frère  cadet  du  précédent ,  mort  cfl 
1568 ,  eft  auteur  de  plùiieurs  Pièces 
de  Vers  latins ,  efUmées.  Elles  ont 
été  imprimées  féparément  {c  avec 


LOT 

telles  du  fuivant,    à  Francfort  , 
1610 ,  in-S**. 

IV.  LOTICfflUS ,  (  Jean-Pierre  ) 
petit- fils  de  Chnjilun ,  profeifa  la 
médecine  avec  diftinâdon  ,  &  ne 
dédaigna  pas  les  Mufes.  Il  dédia 
fon  livre  d*£pîgrammes  à  Maurice  ; 
landgrave  de  Hejfe  «  &  en  reçut  pour 
^ute  récompenfe  une  épigramme 
et  ce  prince.  Il  publia  en  1629  un 
Commentaire  fur  Pétrone ,  in-4°.  Ce 
n'eft  {dit  Nlceron)  qu'une  rapfo- 
die  tirée  de  différens  auteurs.  £lle 
prouve  que  Lotlchms  avoit  beau- 
coup de  mémoire ,  mais  peu  de  ju- 
gement. On  a  de  lui  divers  autres 
ouvrages  en  vers  &  en  profe.  [  yoy, 
\  l'art,  précédent]  ;  des  Uwres  de  mé- 
decine j  une  Hlflolre  des  Empereurs 
Ferdinand  II  &  III ,  1646  ,  4  tom. 
in-foi.  fig. 

LOUAIL  ,  (  Jean  )  naquit  à 
Mayenne  dans  le  Maine.  Après 
avoir  demeuré  quelque  temps  avec 
l'abbé  le  Toumeux  au  prieuré  do 
Villiers,  que  celui-ci  poflëdoit, 
ii  ^t  mis  auprès  de  l'abbé  de  Lou- 
vois  pour  diriger  fes  études.  Son 
I  élevé  étant  mort ,  l'abbé  Louail 
fe  retira  à  Paris  ,  où  il  panagea 
fon  temps  entre  la  prière  «  l'étude  & 
le  foin  des  pauvres.  Il  y  mourut 
le  3  Mars  1724,  dans  un  âge  affez 
avancé.  Il  étoit  prêtre  &  prieur 
d'Aufai.  On  a  de  lui  :  I.  La  pre- 
mière partie  de  P.HlJhîre  du  Livre 
^  Réflexions  morales  fir  le  nouveau- 
Tejlamenf,  &  de  la  ConfBtudon  Uni- 
genitus ,  fervant  de  Préface  aux  Hexa-- 
p^,  en  fix  vol.  in-ii,  &  en  un 
gros  volume  in-4*,  1726 ,  à  Amf- 
«erdam.  Cette  Hiftoire,  fi  ton  peut 
lui  donner  ce  nom  ,  eft  un  recueil 
de  &it$ ,  la  plupart  trop  détaillés  *, 
&  mis  en  œuvre  par  une  main 
peu  habile.  Le  ftyle  n'a  pas  afTez 
d'agrément  pour  foutenir  la  pa- 
deoce  du  lefleur  jufqu'à  la  fin. 
Il  y  a  pourtant  plufieurs  pièces 
çurieuffs  ^  mais  U  aujr9tt  (alla  du 


L  O  U        335 

choix  «  moins  de  verbiage ,  &  plus 
de  modéradon.   Cadry*^  continué 
'cette  Hlfioire  en  3  vol.   in-4** ,    gç 
l'a  conduite  prefque  jufqu'au  temps 
où   ont   commencé   les    Nouvelles 
Eccléfiafilques.  II.  Réflexions  critiques 
fur  le  livre  du  Témoignage  de  la  vé^ 
rite  dans  CEgllfe ,  par  le  Père  de  U 
Borde,  in.  L*  Hiftoire  abrégée  du  Jan^ 
fén'fme ,  &  des  Hsmarquis  fur  l'Or^ 
donnance  de  Monfeigneur  Parohevêque 
de  Paris  »  in-12 ,  avec  Mademoifelle 
ds  Joncoux  ^  dont  il  revit  aufii  la 
traduâion  des  Notes  de  Wendrock, 
LOUBERE ,  (  Simon  de  la  )  né 
à  Touloufe  en  1642,  fut  d'abord 
fecréuire  d'ambaffade    auprès  de 
Sa'nt-Romaln,  ambafiadeur  de  France 
en  Sîiifle.  Ses  talens  pour  les  né* 
gociations  déterminèrent  Louis  XIV 
à  l'envoyer  à  Siam  en  1687 ,  en. 
qualité    d'envoyé    extraordinaire. 
Il  n'y  refta  qu'environ  trois  mois  , 
pendant  lefquels  il  s'occupa  à  raf- 
îembler   des  Mémoires  fur  l'Hif- 
toire  civile  ^  naturelle  du  pays  , 
fur  l'origine  de  la  langue ,  le  ca- 
riâere  &  les  moeurs  des  habitans. 
De  retour  en  France,  il  fut  envoyé 
exécuter  une  commiifion    fecrete 
en  Efpagne  &  en  Portugal.  On  croit 
que  c'étoit  pour  détacher  ces  deux 
cours  de  Talliance  qui  avoit  pro- 
duit   la  révolution    d'Angleterre. 
Son  defiein  tranfpira.  Il  fut  arrêté 
à  Madrid ,    &  n'obtint  fa   liberté 
qu^avec  beaucoup  de  peine.  La  Low 
hère ,  rendu  à  la  France ,  s'attachs 
au  chancelier  de  Ponuhartrain ,  alors 
contrôleur-général  des  finances.  Ct 
fut  par  le  crédit  de  ce  miniftre  qu'il 
obtint  uhe  place  à  Tacadémic  Fran- 
çoife,  en  1693  :  fur  quoi  la  Fon- 
taine y  quelquefois  fitirique  malgré 
la  douceur  de  fjn  niturel ,  fit  l'éi 
pigramme  qui  finit  par  ces  vers  : 

//  en  fera ,  quoi  qu'on  en  die  ; 
C'eft  un  impôt  que  Pontchartraia 
Veut  mettre  fur  PAcadémU^ 


334        L  O  U 

Le  flouvcl  académicien  fe  retira 
peu  de  temps  après  dans  fa  patrie , 
y  rétablit  les  )eux  Floraux  ,  autre- 
fois fi  célèbres  &  alors  fi  dégéné* 
rés.  Après  s'être  montré  citoyen 
zélé  &  lavant  prefque  univerfel ,  il 
termina  fa  carrière  le  26  Mars  1729, 
à  87  ans.  Il  s  etoit  marié  à  l'âge  de 
60  ans  avec  une  de  Ces  parentes , 
qui  mourut  avant  lui ,  uns  lui  avoir 
donné  d'enÊms.  La  Loubere  favoit 
non-feulement  le  Grec  &  le  Latin» 
mais  encore  l'Italien,  ll/pagnol  & 
rAllemand.  Il  cultivoit  à  la  fois  la 
poéfie ,  les  mathématiques ,  la  po- 
litique &  lliiftoire  \  mais  il  n'ex-*- 
cella  dans  aucun  genre.  Sa  princi- 
paux ouvrages  font  :  I.  Des  Poéfies 
répandues  dans  différens  Recueils. 
Il  y  a  ^t  entrer  tantôt  de  la  mo- 
rale» tantôt  de  la  galanterie  \  car 
il  pofieda ,  jufqu'à  un  âge  avancé, 
Tst  de  dire  &  de  rimer  des  chofes 
flatteufes.  Son  flyle  d'ailleurs  eft 
foible.  n.  Une  Relaùon  curieufe  de 
fon  Voyage  de  Siam ,  Amflerdam , 
1713  ,  2  vol,  in-i2.  III.  Un  Traité 
de  X^iRdfoIuùon  des  Equadons  ,  isk-j^y 
1729  y  peu  connu,  &c. 

LOUCHALI,  ou  Uluzzali  ,  ou 
OccHiALi ,  &meux  coriàire ,  né 
dans  la  Calabre  en  Italie ,  fiit  £ût 
cfdave  par  les  Turcs  dès  ià  jeu- 
nciTe ,  &  fiit  mis  en  liberté  en  re- 
nonçant au  Chrifiianifine.  La  for- 
tune &  (a  valeur  relevèrent  juf- 
qu'à la  vice-royauté  d'Alger.  Lorf- 
que  les  Turcs  fe  préparoient  au 
ûe%e  de  FamagouAe  l'an  1570  , 
après  s'être  rendus  maîtres  de  Ni- 
cofie  dans  Tifle  de  Chypre»  Louchaâ 
alla  joindre  leur  flotte  avec  fon 
efcadre ,  compôfée  de  9  galères  & 
de  30  autres  vaifieaux.  Dans  la 
bataille  de  Lépante,  en  15  71  ,  il 
commandoit  l'aile  gauche  de  l'ar- 
mée fies  Turcs  »  &  étoit  oppcfé  à 
l'efiadre  de  Doria. ,  qui  le  mit  en 
•fiiite.  Cependant  il  rentra  comme 
«a  triomphe  dans  CoofianÂnople , 


L  O  U 

parce  qu*il  mena  avec  lui  quekfoei 
bàtimens  chrétiens  qu'il  avoit  prb 
dès  le  commencement  du  combat. 
Le  giand^eigneur  donna  de  grands 
éloges  à  fil  valeur ,  &  le  nomma 
Badia  de  la  mer  à  la  place  d'Hdk 
Ce  renégat  fe  difiingua  dans  plu« 
fieurs  autres  occafions  ,  fur-tout  à 
la  prife  de  la  Goulette  en  Afiique^ 
l'an  1^74,  &  mourut  à  la  fin  dn 
XV  i*^  fiecle. 

LOUDUN ,  [  le  curé  de  ]  Voy% 
Grand  i£zu  \ 

LOUET .  (  Georges  )  d'une  no- 
ble  &  ancienne  âmille  d'Anjou, 
confeiller  au  parlement  de  I^iriS| 
&  agent  du  cierge  de  France,  sac-  * 
quit  une  grande  réputation  par  £1 
fcience»  par  fes  talens ,  par  fa  pru- 
dence &  fon  intégrité.  U  fiit*  nommé 
à  l'évêché  de  Treguier  -,  mais  il 
mourut  en  1608 ,  avant  que  d'avoir 
pris  poflefiîon  de  cet  évêcbé.  On 
a  de  lui  :  L  Un  Remdl  de  pbifieurt 
notabUs  Arrêts^  dont  la  meilleure 
édition  eft  celle^de  Paris,  1742, 
2  vol.  in-foL  avec  les  Commentaires 
de  Julien  Brodeau,  II.  Un  Commen- 
taire fur  l'ouvrage  de  DtaiumUn ,  des 
R^jUs  de  la  Chanullene, 

[E   M  r   £  R  £    ÏT  R  s.]  I 

L  LOUIS  r',  le  Debonkairi 
ou  le  Foible  ,  fils  de  Chademapic 
&  d^HUdegarde  fa  2^  femme ,  naquit 
en  778  ,  à  Cafifeneuil  en  Agenois, 
&  fiit  dès-lors  nommé  roi  d'Aqui- 
taine. Il  parvint  à  la  couronne 
de  France  en  814,  &  fut  proclamé 
empereur  la  même  année ,  âgé  de 
56  ans*  Ce  prince  %nala  le  com- 
mencement de  fon  r^ne  par  la 
permiifion  qu'il  accorda  aux  Saxons 
tranfportés  en  des  pays  étrangers ,  j 
de  retourner  dans  leur  patrie,  louis 
ne  continua  pas  comme  il  avoir 
commencé.  Il  aflbcia  Lothaîre  (on  \ 
fils  aîné  à  l'empire,  nomnaPep» 
&  Louis  fes  deux  autres  fils ,  l'un 
roi  d'A^iûoiae,  &  riutre  roi  dQ 


L  ou 

'Ba^ere.  Loin  de  fortifier  Ton  admî- 
nifbation  par  ce  partage ,  il  l'afFoi- 
blit.  D'ailleurs  le  zèle  de  Charte- 
magne  pour  la  religion  avoit  ci- 
menté fa  puiiïance ,  &  la  dévotion 
mal-entendue  de  fon  fils  lui  ôta 
une  partie  de  fa  force.  Trop  occupé 
de  la  réforme  de  l'Eglife ,  &  trop 
peu  du  gouvernement  de  fon  état, 
U  s'attira  la  haine  des  éccléfiafti- 
ques,  &  perdit  l'eftime  de  fes  fujets. 
«  Ce  prince ,  jouet  de  Ces  paflîons 
»  &  dupe  de  fes  vertus  mêmes, 
>»  ne  connut  ni  fa  force ,  ni  fa 
w  foibleiTe  :  il  ne  fut  fe  concilier  ni 
«  la  crainte ,  ni  l'amour ,  &  avec 
»  peu  de  vices  dans  le  cœur  v^  il  eut 
«  toutes  fortes  de  défauts  dans 
»♦  l'efpritM  (Montefquieu.)ll  indif- 
pofa  les  évèqaes  par  des  réglemens 
%es,  mais  laits  mal-à-propos.  Les 
prélats  obligés  d'aller  à  la  guerre 
contre  les  Sarrafîns  &  les  Saxons  » 
prenoiem  fouvent  l'habit  guerrier. 
LouU  les  obligea,  dit  un  h'dlorien 
Contemporain  ,  »♦  de  quitter  les 
»  cânnires  &  les  baudriers  d'or , 
«  les  couteaux  enrichis  de  pierreries 
^  qui  y  étoient  fufpendus  ,  les 
>»  éperons  dont  la  richefle  acca- 
>♦  bloit  leurs  talons  «.  Le  mécon- 
tentement du  Clergé  ne  tarda  pas 
à  éclater.  Une  cruauté  de  LjuLs  en 
fut  l'occalion.  Bernard^  roi  d'Italie , 
(bâtard  de  Pépin  dit  le  Bojfu^  fils 
aîné  de  Charlemagne ,  )  irrité  de  ce 
que  Lothaire  fon  coufin  lui  avoit 
été  préféré  pour  l'empire ,  prit  les 
annes  en  Si 8.  L'empereur,  ayant 
marché  contre  lui ,  Tintimida  telle- 
ment par  fa  préfence,  que  Bernard  y 
abandonné  de  fes  troupes ,  vint  fe 
jeter  à  fes  pieds.  En  vaxn  il  demanda 
fa  grâce;  Louis  lui  fit  arracher  les 
yeux ,  &  ce  jeune  prince  mourut 
des  fuites  de  cette  cruelle  opéra- 
tion. Ce  ne  fut  pas  tout  -,  Louis  fit 
arrêter  tous  les  panifans  de  5er- 
«v'f,  &leur  fit  éprouver  le  même 
fuppUcc.  Plufieurs    çcdéûaltiques 


lui  infpirerent  des  remords  fur  fes 
exécutions  barbares.  Les  évêques 
&  les  abbés  lui  impo'erent  une  pé- 
nitence publique.  L>.uis  ,  oubliant 
qu'il  étoit  roi ,  narut  dans  l'alTem» 
blée  d'Attigni,  couvert  d'un  cilice. 
Cette  humiliation ,  jointe  à  fon 
peu  de  fermeté ,  caufa  de  nouveaux 
troubles.  Des  l'an  817  L.uls  avoit 
fuivi  le  mauvdis  exemple  de  fon 
père,  en  partageant  fon  autorité 
&  fes  états  à  fes  trois  fils.  Il  lui 
refioit  un  4^  fils,  qui  lut  depuis 
empereur  fous  le  nom  de  Charles 
le  Chauve,  Il  voulut,  après  le  par- 
tage ,  ne  pas  lailler  fans  état  cet 
ei^ant  d  une  femme  qu'il  aimoit , 
&  il  lui  donna  en  829  ce  qu'on  ap- 
peloit  alors  l'Allemagne ,  en  y  ajou- 
tant une  partie  de  la  Bourgogne. 
Judith  de  Bavière ,  mère  de  cet  en- 
fant nouveau  -  roi  d'Allemagne, 
gouvernoit  l'empereur  fon  mari, 
&  étoit  gouvernée  par  un  Bernard^ 
comte  de.  Barcelonne,  fon  amant, 
qu'elle  avoit  mis  à  la  tête  des  affai- 
res. Les  trois  fils  de  Louis  y  indi- 
gnés de  fa  foiblefTe ,  &  encore  plus 
de  ce  qu'on  avoit  démembré  leurs 
états,  armèrent  tous  trois  contre 
leur  père.  Les  évêques  de  Vienne , 
d'Amiens  &  de  Lyon,  déclarèrent 
rebelles  à  l'état  &  à  l'églife,  ceux 
qui  ne  fe  joindroient  pas  à  eux.  La 
plupart  des  autres  évêques  fuivi- 
rent  leur  exemple,  &  abandonn^- 
nerent  le  parti  de  l'empereur.  Le 
pape  Grégoire  IV ^  qui  étoit  de  ce 
nombre ,  vint  en  France  à  la  prière 
de  Lothalre ,  &  ne  put  rétablir  la  paix 
entre  le  père  &  les  enfans.  Au  mois 
de  Juin  de  l'année  833,  Lothalre  fe 
mit  à  la  tête  d'une  puifTante  armée, 
augmentée  bientôt  par  la  défedtion 
prefque  totale  des  troupes  de  fon 
père.  Ce  malheureux  prince,  fe 
voyant  abandonné,  prit  le  parti 
de  pafTer  au  camp  de  fes  enfans 
retranchés  entre  Bàle  &  Strasbourg  ^ 
dans  uae  plaine  appelée  depuis  le 


336        L  O  U 

Camp  du  menfonge^  aujourd'hui  Rot- 
leube,   entre  Brifach  &  la  rivière 
d'Ili.  Ceft-là  que ,  de  l'avis  du  pape 
&  des  feigneurs ,  on  le  déclara  di- 
chu  de  la  dignité  impériale,  qui  fiit 
déférée  à  Lothaln,  On  partagea  de 
nouveau  l'empire  entré  fes  trois  fils, 
Lothalrc^  Pépin  &  Louis,  A  l'égard 
de  Charles  ,  prétexte  innocent  de 
la  guerre,  il  ftit  renfermé  au  mo- 
naftere  de  Prum  dans  la  forêt  des 
Ardennes.    L'empeur  fiit   conduit 
dans  celui  de  Saint-Médard  de  Soif- 
fons ,  &  l'impératrice  Judith  menée 
à  Tortone  en  Lombardic,  après 
que  les  vainqueurs  l'eurent  fait  ra- 
fer.  Louis  n'étoit  pas  à  la  fin  de  Tes 
malheurs  :  on  tint  dans  le  mois 
d'Oûobre  une  affemblée  générale 
à  Compiegne ,  où  ce  prince  fe  laiiTa 
perfuader  de  fe  foumettre  à  la  pé- 
nitence publique ,  comme  s'avouant 
tùupabU  de   tous  Us  maux  qui  affi" 
gcoient  rEtat.   On   le  conduifit  à 
réglife  de  Notre-Dame  de  Soiflbns  ; 
il  y  parut  en  préfence  des  évêques 
&  du  peuple  ,   fans  les  ornemens 
impériaux  ,  &  tenant  à  fa  main  un 
papier  qui  contenoit  la  confeflîon 
de  fes  prétendus  crimes.   Il  quitta 
fes  vêtemens   &  fes  armes  ,  qu'il 
mit  au  pied  de  l'autel,  &  s'étant 
revêtu  d'un  habit  de  pénitent  & 
profterné  fur  un  cilice  ,  illutla  lifte 
de  fes  crimes ,  parmi  lefquelsétoit 
celui  d* avoir  fait  marcher  fis  troupes 
in  Carême.  Alors  les  évêques  lui  im- 
pofcrent  les  mains  ;  on  chanta  les 
pfeaumes  &   on  dit  les    oraifohs 
pour  rimpofition  de  la  pénitence. 
tes  auteurs  ont  parlé  divesfement 
de  cette  aftion  :  les  uns  ont  pré- 
tendu que  c'étoit  un  trait  de  la  po- 
litique de  Louis ,  qui  crut  devoir 
cette  fatis£iâion   aux  évêques  & 
aux  feigneurs  de   fon  royaume  : 
d'autres  l'ont  regardée  comme  l'effet 
de  la  vertu.  Quoi  qu'il  en  foit  , 
il  fera  toujours  vrai  de  dire  que 
c'étoit  pouÛTer  la  vertu  ou  la  pCH 


LOU 

litîque  beaucoup  plus  loin  qu'ella 
ne  dévoient  aller.  Louis  ht  enfier- 
mé  un  an  dans  une  cellule  dumo- 
naftere  de  Saint-Médard  de  Soif-  | 
fons ,  vêtu  du  fac  de  pémtent ,  i 
fans  domeftique ,  fans  confolation,  | 
mort  pour  le  refte  du  monde.  S'il  ' 
n'avoit  eu  qu'un  fils ,  il  étoit  perdu 
pour  toujours  -,  mais  fes  trois  en- 
fans  difputant  fes  dépouilles ,  leur 
défunion  rendit  au  père  fa  liberté 
&  fa  couronne.  Louis  ayant  été  | 
transféré  à  Sant-Denys  ,  deux  de  j 
fes  fils  ,  Louis  &  Pépin ,  vinrent  le  ' 
rétablir  ,  &  remettre  entre  fes  bras 
fa  femme  &  fon  fils  Charla.  L'af- 
femblée  de  SoifTons  fut  anathéma- 
tifée  par  une  autre  à  Thionville  en 
835.  Louis  y  fut  réhabilité  -,  Mon , 
archevêque  de  Rheims  ,  qui  avoii 
préfidc  à  l'alTemblée  de  Compie- 
'  gne ,  &  quelques  autres  évêques 
non  moins  féditieux:  que  lui ,  fu- 
rent dépofés.  L'empereur  ne  put , 
ou  n'ofa  les  punir  davantage.  Bien- 
tôt après ,  un  de  ces  mêmes  enfans 
qui  l'avoient  rétabli ,  Louis  de  Ba- 
vière ,  fe  révolte  encore  *,  mais  il  eft 
mis  en  'fuite.  Le  malheureux  père 
mourut  de  chagrin  le  20  Juin  840, 
à  62  ans,  dans  une  iile  du  Rhifl 
au-deflus  de  Mayence ,  en  difant  : 
Je  pardonne  à  Louis;  mais  qu'il  fâ' 
che  qu'il  m'arrache  la  vie.  Il  paiTl 
les  derniers  quarante  jours  qu'il 
vécut ,  fans  autre  nourriture  que 
le  pain  &  le  vin  euchariiHques. 
Comme  il  fe  reprochoit  amèrement 
de  n'avoir  pas  obfervé  le  carême 
pendant  une  campagne  ,  il  attribuoic 
fa  maladie  à  cette  faute ,  &  il  s'é- 
crioitavec  douleur  :  Vous  êtes  ju/k, 
6  mon  Dieu  !  pulfque  j'ai  rcfu/ê  à 
jeûner  le  carême ,  vous  m'en  aivoy«{ 
aujourd'hui  un  autre  pendant  lequel  il 
faut  bien  que  je  jeûne.  Il  tomba  dans 
une  fbiblefTe  extrême ,  qui  du  coip 
s'étendit  jufqu'à  Tefprit.  U  croyoit 
dans  fes  derniers  momens ,  que  te 
Dyd}le  étoit  au  chçvec  de  fon  1& 

poio: 


L  O  U 

pour  s*emparer  de  fon  amc.  Oa 
|)réten<L  qu'une  écUpfe  totale  de 
îbleil,  qui  furvint  pendant  qu'il 
marchoit  contre  fon  fils  ,  effraya 
fon  efprit  que  les  «malheurs  avoient 
troublé ,  &  hâta  fa  mort.  Comment 
accorder  cette  erreur  avec  les  con- 
noiflânces  aftronomiques  que  plu- 
iièurs  hiHoriens  lui  ont  attribuées? 
Tout  s'allie  dans  les  têtes ,  dit  un 
homme  d'efprit.  Ce  prince  pouvoit 
croire  que  cet  événement  tenoit  à 
une  caufe  naturelle  *,  mais  il  ne 
pouvoit  s'empêcher  d'en  être  trou- 
blé. L'eiprit  &  le  fentiment  n'ont 
rien  deconmiun  j  on  peut  avoir  le 
cerveau  très-bon ,  &  le  cœur  pu- 
fillanime.  Celui  de  Loms  U  Débon- 
naire rétoit.  Ce  déÊBiut  fit  le  mal- 
heur de  fon  règne ,  &  ternit  fes 
autres  qualités  :  fa  bien&ifance,  fa 
bravoure ,  fon  favoir  très  -  étendu 
pour  fon  temps.  Il  connoiiToit  les 
lois  anciennes  &  modernes ,  &  il 
en  fit  obferver  quelques-unes.  U 
rendit  au  clergé  de  fon  royaume 
la  Uhené  des  EUcilons  ,  &  fe  réferva 
feulement  le  droit  de  les  confirmer. 
tes  cvêques  avoient  grande  part 
au  gouvernement  d'alors  -,  ils  rele- 
voient  la  puifiance  fpirimelle  par 
l'éclat  de  la  richeflTc  &  par  la  force 
de  l'autorité  temporelle  -,  ils  préfi- 
doient  aux  délibérations  des  peu- 
j)les ,  non-feulement  comme  dicfs 
de  la  religion ,  mais  conmie  pre- 
miers citoyens.  De  là  leur  influence 
dans  les  affaires  de  l'état ,  &  les 
entreprifes  téméraires  &  amhitieu- 
fes  de  quelques-uns.  On  doit  ob- 
ferver ici ,  que  ce  fut  Louis  U  Dé' 
ionnairt  qui  donna  ,  l'an  817,  la 
ville  de  Rome  &  fes  appartenances 
aux  papes ,  &  qu'il  en  retint  tou- 
tefois la  fouveraineté  ,  comme  le 
prouvent  les  aftes  d'autorité  fu- 
prême  que  lui  &  fes  fiicceffeurs 
exercèrent  dans  cette  capitale  du 
monde  Chrétien.  La  foiblefle  de 
^ms  U  Débonnaire  ne  l'empêclia 


LOU         337 

pas  de  feire  de  bonnes  lois.  Sa  haine 
contre  le  luxe  paroit  dans  celles 
qu'il  a  faites  fur  les  habits  des  ecclé^ 
fiaftiques  &  des  gens  de  guerre.  Il 
dCi'endit  aux  uns  &  aux  autres  les 
robes  de  foie ,  &  le.s  ornemens  d'or 
&  d'argent,  &  interdit  fur-tout  aux 
premiers  Us  anneaux  gcrnis  de  pierres 
précL'ufes ,  les  ceintures ,  cohteaux  ou 
fouUers  garnis  de  boucles  d*or  ou  de 
plcrreiles ,  des  mulss  ,  palefrois  &  che^ 
vaux  avec  brides  &  freins  dorés,  C'cft 
une  de  nos  premières  lois  fomp- 
tuaires.  En  parlant  des  gens  de 
guerre ,  qui  marchent  avec  de  fu- 
perbes  éqi^ipages  ,  &  de  riches  meu- 
bles :  Qudle  extravagance  ^  difoit-ill 
Ne  leurjuffù'il  p^is  d'expofcr  Uur  vie^ 
fans  enrichir  encore  Pennemi  de  leurs 
dépouilles ,  &  U  meure  en  état  de  con^ 
tinuer  la  guerre  à  nos  dépens  ?  Sa 
maxime  ordinaire  étoit  :  Rien  de 
TROP  ;  maxime  qu'il  fuivit  mal , 
ou  plutôt  de  la^ellç  il  s'éloigna 
dans  tonte  fa  conduite.  Ceux  qui 
avoient  fa  confiance  en  abuferent  : 
ce  qui ' Ità' arriva  ,  (dit  Fauchet  dans 
fon  ôyle ,  )  pour  s* occuper  trop  à  lire 
&  à  pfalmodier  ;  car  ,  ajoute- t-il  , 
comhîen  que  ce  fuit  chofe  bienféante 
à  un  Prince  f avant  &  dévuieux  ,  fi 
doit-il  être  plus  en  action  qu^cn  con- 
templation, 

II.  LOUIS  II ,  U  Jeva'e,  empe- 
reur d'Occident  ,  fils  aîné  de  Lo* 
th  ire  /,  créé  roi  d'Italie  en  844  , 
monta  fur  le  trône  impérial  en  855. 
îl  eut  un  différent  avec  les  Sou- 
verains de  Confiantinople ,  qui  luî 
difputoient  le  titre  d'empereur  :  il 
fe  défendit  affci  mal ,  &  n'allégua 
contre  eux  que  la  poflTeflion.  Il 
mourut  le  1 3  Août  875 ,  fans  avoir 
laiffé  d'enfans  mâles ,  après  avoir 
gouverné  près  de  vingt  ans ,  depuis 
la  mort  de  fon  père.  Il  fit  durant 
fon  règne  (  dit  M.  de  Montlgnl  ) 
tout  ce  que  l'on  pouvoit  attendre 
d'un  grand  prince.  Né  avec  les 
qualités  qiû  font  les  conquérans  , 


^}8         L  O  U 

il  fe  contenta  d'être  jufte.  Il  Sem- 
bla fe  borner  à  défendre  contre 
fes  ennemis  la  portion  qui  lui  étoit 
échue  de  l'héritage  de  fes  pères. 
Ses  vertus  lui  ont  mérité  des  éloges 
de  la  part  même  des  fouverains 
pontifes.  Voici  comment  le  pape 
Adrien  en  parle  dans  ufi^  lettre 
adrefTée  à  Lotds  roi  de  Germanie. 
»♦  L'empereur  Louis  (  dit-i.l)  com- 
*►  bat ,  non  contre  les  Chrétiens  , 
>«  comme  quelques-uns,  mais  contre 
H  les  ennemis  du  nom  Girétien , 
>*  pour  la  iureté  de  l'EgUfe,  prin- 
»♦  cipalement  pour  la  nôtre ,  &  pour 
»  la  délivrance  de  plufieursFidelles 
M  qui  couroient  un  extrême  péril 
vt  dans  le  Samnlum  ,  en  forte  que 
>♦  les  Sarrafins  étoient  près  d'entrer 
n  fur  nos  terres.  11  a  quitté  fon 
a  repos  9  &  le  lieu  de  fa  réfidence  » 
^  A  s'cxpofant  au  chaud  ,  au  froid  » 
»i  à  toutes  fortes  d'incommodités 
»»  &  de  périls.  Ses  progrès  ont  été 
vt  rapides,  11  a  feit  tomber  pluiieurs 
>»  Inftdelles  fous  fes  armes  vi£ko- 
»  rieufes  *«. 

III.  LOUIS  III,  dit  V Aveugle  y 
©é  en  880 ,  de  Bofon  roi  de  Pro- 
vence ,  &  d'Ermengarde  fille  de  l'em- 
pereur Loiùs  U  Jeune ,  n'avoit  que 
10  ans  quand  il  fuccéda  à  fon 
père  en  890.  Il  paila  en  Italie  Tan 
900 ,  pour  défendre  fes  droits  con- 
tre Bérmger  qui  lui  difputoit  l'em- 
pire', &  après  l'avoir  battu  deux 
fois ,  il  fe  fit  couronner  empereur 
à  Rome  par  le  pape  Benoît  IF,  Mais 
s'étantlaiffé  furprendre  dans  Vérone 

£ar  fon  rival  >  celui  ci  lui  fit  crever 
»  yeux  ,  &  le  renvoya  en  Pro- 
vence où  il  mourut  en  934, 

IV.  LOUIS  dit  r Enfant,  fils 
de  l'empereur  Arnould ,  fut  roi  de 
Germanie  après  la  mort  de  Con 
père ,  en  900  ^  à  l'âge  de  fept  ans. 
L'Allemagne  fut  dans  une  entière 
défolationfous  fon  règne.  Les  Hon- 
grois la  ravagèrent ,  &  il  fallut  les 
faire  retirer  à  prix  d'argent,  A  ces 


L  o  u 

înciirfions  étrangères ,  fe  joigaîrem 
des  guerres  civiles  entre  les  princes 
&  le  clergé.  On  pilla  toutes  les 
églifes  ;  les  Hongrois  revinrent  pour 
avoir  part  au  pillage  ;  Louis  s'enfiik 
a  Ratisbonne  »  où  il  mourut  le  11 
Janvier  9 1 1  ou  9 1 1.  Il  fut  le  dernier 
prince  en  Allemagne  de  la  race  des 
CariovlngUns,  Nous  ne  l'avons  placé 
ici ,  que  parce  que  fa  mort  eft  une 
époque  mémorable  dans  le  droit 
public  &  dans  l'hiftoire  d'Alle- 
magne. La  couronne ,  qui  devoit 
être  héréditaire  dans  la  maifon.de 
Charlemagne  ,  devint  éleftive  ;  les 
états  delà  nouvelle  monarchie  pro- 
fitèrent de  cette  révolution.  Les 
Allemands ,  maîtres  de  difpofer  du 
^  trône ,  fe  donnèrent  des  privilèges 
excefii£i.  Le<:  duchés  &  les  com- 
tés ,  adminifirés  jufques  alors  par 
commifiion  ,  devinrent  des  fiefs 
héréditaires.  Peu-à-peu  la  noblefle , 
&  les  états  des  duchés ,  qui  dans 
les  premiers  temps  ne  reconnoif- 
foient  que  la  fouveraineté  du  roi 
feul ,  furent  réduits  à  dépendre  ab- 
folument  de  leurs  ducs ,  &  à  tenir 
en  arrière -fief  des  terres  quimou- 
voient  auparavant  en  droiture  de 
la  couronne.  D'un  autre  côté* 
l'Italie  commença  à  être  aflervie  à 
l'Allemagne  ,  &  les  Romains  re- 
çurent, des  Barbares  de  la  Ger- 
manie ,  les  maîtres  qu'ils  voulurent 
bien  leur  donner. 

V.  LOUIS  V ,  nonuné  ordinai- 
rement Louis  IV ,  parce  que  Lotus 
V Enfant  paroifibit  ne  devoir  pa« 
être  placé  parmi  les  empereurs, 
étoit  fils  de  Louis  U  Sévère^  duc 
de  Bavière ,  &  de  Matfdlde,  fille  de 
l'empereur  Rodolphe  L  II  naquit 
l'an  1284,  &  fut  élu  empereur  i 
Francfort  le  20  Oé^obre  1314»* 
l'âge  d'environ  30  ans.  Il  fut  cou- 
ronné à  Aix-la-Chapelle  par  l'ar- 
chevêque de  Mayence ,  tandis  que 
Frédéric  le  Bel  y  fils  de  l'empereu» 
4lhm  1 1  étoit   fàcré  à  Cologne  | 


LOU 

^rcs  avoir  été  nommé  à  l*empîrc 
par  une  partie  des  électeurs.  Ces 
éaxK  facres  produifirent  des  guer- 
res civiles  d'autant  plus  cruelles, 
?ue  Louis  dç  Bavière  étoit  oncle  de 
réderlc  fon' rival.  Les  deux  empe- 
tcurs  confentirent ,  après  avoir  ré- 
pandu beaucoup  de  fang,  à  décider 
kur  querelle  par  30  champions: 
«fagc  des  anciens  temps ,  que  là 
chevalerie  a  renouvelé  quelque- 
fois. Ce  combat  d'homme  à  homme, 
de  1 5  contre  1 5  »  ^t  comme  celui 
des  héros  Grecs  &  Troyens  -,  il  ne 
décida  rien ,  &  ne  fut  que  le  pré- 
lude d'une  bataille  ,  dans  laquelle 
Xottii  fut  vainqueur.  Cette  journée, 
luivic  de  quelques  autres  vidoires , 
le  rendit  maître  d«  l'empire.  Fré- 
éerU  ayant  été  feit  prifonnier ,  y 
renonça  au  bout  de  troii  ans  pour 
avoir  (a  liberté.  Le  pspc  Jean  XXII 
avoit  obiervé  jufqu'alors*  la  neu- 
tralité entre  les  deux  concurrens  -, 
mais ,  après  la  bataille  déciiive  de 
MichldorfF  çn  1322,  il  déclara 
l'empire  vacant ,  &  ordonna  à  Louis 
2/ de  fe  défifter  de  fes  droits  & 
de  les  foumettre  au  jugement  du 
pape,  qui  feul  pouvait  ,  difoit  -  il , 
confirmer  les  empereurs ,  &  fans  Vap^ 
probathn  duquel  aucun  prince  ne  pou- 
voit  monter  far  le  trône  impérial. 
L'empereur  n'ayant  pu  foire  chan- 
ger de  fentiment  le  pontife ,  appela 
du  pape  mal  infirult  au  p(^e  mieux 
infiruit ,  &  enfin  au  Concile  géné- 
ral. [  V,  Castrucio.  ]  Jean  XXII 
l'excommunia,  délia  fes  fujets_du 
ferment  de  fidélité ,  &  dans  fa  Bulle 
le  priva  de  fes  biens  meubles  6»  im- 
meubles. L'empereur  s*en  vengea, 
en  fuTcitant  des  ennemis  au  pape , 
&  en  faifant  élire  l'anti-pape  Pierre 
de  Corbière ,  prononça  une  fentence 
de  mort  contre  le  pape  &  fon 
dcfenfeur  le  roi  de  Naples ,  &  les 
condamna  tous  deux  à  être  brûlés 
vife.  Clément  Vl  marchant  fur  les 
traces  de  han  XXI f  y  lança  ks 


L  O  Û        339 

foudres  eccléfiaftiques  fur  Louis  en 
134^*  (l**^  ^^  colère  de  Dieu,  difoit- 
11  dans  fa  Bulle,  &  celle  de  5.  Picr/€ 
&  de  S,  Paul ,  tondent  fur  lui  dans 
Ci  monde  &  dans  l^ autre  !  Que  la  terre 
tengloutijfe  tout  vivant  !  Que  fa  mé- 
moire périjfe  !  Que  tous  les  élémens  lui 
f oient  contraires  !  Que  fes  enfans  tom- 
bent dans  les  mains  de  fes  ennemis  , 
aux  yeux  de  leur  père  !  Cin<}  éleftcurr 
excités  par  le  pape,  élurent  roi 
des  Romains  ,  la  même  année, 
Charles  de  Luxembourg  ,  marquis  de 
Moravie.  Les  deux  compétiteurs  fe 
firent  la  guerre*,  mais  un  accident 
arrivé  le  11  Oftobre  1347,  ter- 
mina ces  querelles  funeftes.  Louis 
tomba  de  cheval  en  pourfuivant  ua 
ours  a  la  chafie ,  &  mourut  de  ùi 
chute  à  63  ans.  Sa  mort  ,  (  die 
Fleuri^  )  fut  regardée  comme  une 
punition  divine.  Les  officiers  &  les 
juges  qu'il  nommoit  depuis  quelques 
années ,  fe  fouilloient  par  des  in- 
jufiices  &  opprimoient  les  pauvres. 
Dans  fes  voyages  il  occafionnoit 
de  grandes  dépenfes  aux  -prélats  , 
aux  églifes  &  aux  monafieres.  II 
haïffoit  le  clergé  féculier  ,  &  il 
difoit  fouveiit ,  que  quand  il  pour^ 
roit  amaffer  de  l'argent  comme  de  la 
houe  y  il  ne  fonderait  pas  des  Chapitres^. 
Ce  prince  eft  le  premier  empereur 
qui  ait  réfid^  confiamment  dans  fes 
états  héréditaires ,  à  caufe  du  mau- 
vais état  du  domaine  impérial ,  qui 
ne  pouvoit  plus  fuffire  à  l'entretien 
de  fa  cour.  Avant  lui  les  empereurs 
avoient  voyagé  continuellement 
d'une  province  à  l'autre.  Louis  eft 
anfil  le  premier  qui  dans  fes  fceaux 
fe  foit  fervi  de  deux  Aigles  pour 
déiigner  les  armes  de  l'empire.  Ils 
furent  changés  fous  JFencefias  ,  & 
réduits  à  un  feul  à  deux  têtes*. 

[Rois  de  France,] 

VL  LOUIS  I",  foi  de  France; 
Voyei  Louis  I ,  ^  Débonnaire,  em- 

PiÇreur, 

Yij 


340         L  O  U 

VIL  LOUIS  II  ,U  BtGUE, 
aonû  nommé  à  caufe  du  défaut  de 
fa  langue  ^  étoit  fils  de  Charles  U 
ehauve,  U  fut  couronné  roi  d'Aqui- 
.taine  en  867 ,  &  fuccéda  à  Ton  père 
dans  le  royaume  de  France  le  6 
Oi^obre  S77.  U  fiit  contraint  de 
démembrer  une  grande  partie  de 
fon  domaine ,  en  faveur  de  Bo/on 
qui  s'étoit  fait  roi  de  Provence, 
&  de  plufieurs  autres  feigneurs 
xnécontens.  Il  mourut  à  Compiegne 
le  10  Avril  S79,  à  35  ans.  Il  eut 
d* An/garde  fa  i'*  femme,  (  qu'il 
fut  obligé  de  répudier  par  ordre 
de  fon  père ,  )  Louis  &  Carloman ,  qui 
partagèrent  le  royaume  entre  eux  ; 
&  laiSa  »  en  mourant ,  Adélaïde  ,  fa 
2'  femme,  grofle  d'un  fils,  qui  fiit 
Charles  le  Simple, 

VIIL  LOUIS  III,  fils  de  Loms 
le  Bcgutj  &  frère  de  Carloman^ 
partagea  le  royaume  de  France 
avec  fon  fi-ere,-  &  vécut  toujours 
uni  avec  luL  II  eut  l'Aufirafie  & 
la  Neufb-ie,  &  Carloman  l'Aqui- 
taine &  la  Bourgogne.  LouU  III 
défit  Hugues  U  Bâtard ,  fils  de  Lo- 
thaîre  &  de  Valdraâc  »  qui  réven- 
diquoit  la  Lorraine  *,  marcha  contre 
Bofon  roi  de  Provence;  &;  s'op- 
pofa  anx  courfes  des  Normands , 
ûxx  lefquèls  il  remporta  une  grande 
vifloire  dans  le  Vimeu  en  881. 
Il  mourut  fans  enfans ,  le  4  Août 
fuivant.  Après  fa  mort ,  Carloman 
fon  fi-ere  fut  feul  roi  de  France. 

IX.  LOUIS  ly  ou  d'OuTRE^ 
M£R ,  ainfi  nommé  à  caufe  de  fon 
féjour  en  Angleterre  pendant  13 
ans,  étoit  fils  de  Charles  le  Simple 
&  6!0glne,  Il  fuccéda  à  Raoul  ^  roi 
de  France,  en  936.  U  voulut  s  em- 
parer de  la  Lorraine,  mais  l'em- 
pereur Othon  1  le  força  de  fe  re- 
tirer. Les  grands  de  fon  royaume 
fe  révoltèrent  pluûeurs  fois,  &  il 
les  réduifit  avec  peine.  S'étam  em- 
paré de^  la  Normandie  fur  Richard^ 
^  du  duc  GuUlà^vmc ,  il  fiit  défait , 


L  o  0 

&  pris  prifonnier  par  Algrold^  roî 
de  Danemarck  ,   &  par  Hugues   tt 
Blanc ^  comte  de  Paris,  en  944. 
On  lui   rendit  la   liberté  l'année 
fuivante  ,  après  l'avoir  obligé  de 
remettre  la  Normandie  à  Richard^ 
&  de  céder  le  comté  ie  Laon  à 
lÙgues  le  Blanc,  Cette  cefilon  occa- 
fîonna  une  guerre  opiniâtre  entre 
ce  comte  &  le   roi  \  mais   Lculs 
£  Outremer  étant  foutenu  de   l'em- 
pereur Othon  ,  du  comte  de  Flan- 
dres &  du  pape»  Hugues    le  Blanc 
fut  enfin  obligé  de  éire  la  paix , 
&  de  rendre  le  comté  de  Laon  en 
950.  Louis  d^ Outremer  finit  fes  jours 
d'une  manière  fimefte  ;  il  fut  ren- 
verfé   par  fon  cheval  en  pourfui- 
vant  un  loup ,  &  mourut  à  Reims 
de  cette  chute,  le  10   Septembre 
954,    à  38  ans.    II  laifia  de  Ger- 
bergt  ^  [  Voyei  IV  BERNARD  ]  fille 
de  l'empereur  Henri  POlfeleur^  deux 
fils  :  Loihaire  &  Charles,  Lothaîre  lui 
fuccéda  ;    &   Charles   ne  partagea 
point,  contre  la  coutume  de   ce 
temps-là ,  tant  à  caufe  de  fon  bas- 
âge  ,  que  parce  qu'alors  il  ne  ref- 
toit  prefque   plus  que  Reims    & 
Laon  en  propre  au  roi.  Depuis, 
le   royaume  ne    fut    plus   divifé 
également  entre  les  frères.  L'ainé 
feul  eut  le  titre  de  Roî^  &  les  ca- 
dets n'eurent  que  de  fimples   apa- 
nages. C'eft  une  des  époques  de  la 
grandeur  de    l'état.  Louis  SOutre-* 
mer  étoit  un  grand  prince ,  à  plu- 
ûeurs- égards  ;  mais  Û  ne  fe  méfioit 
pas  afiez  des  hommes ,  &  il  étoit 
fouvent  trompe. 

X.  LOUIS  Y ,leFAisÈANT\ 
roi  de  France  après  Lothaîre  fon 
père  le  2  Mars  986 ,  fe  r^dit  maî- 
tre de  la  ville  de  Reims ,  &  fit  pa- 
roître  beaucoup  de  valeur  dès  le 
commencement  de  fon  règne.  Il  fe 
préparoit  à  marcher  au  fecours  du 
comte  de  Barcelone  contre  les  Sar- 
rafins ,  lorfqu'il  fut  empoifonné  par 
la  reijae  Blanche  fy  f^aune ,  It  21 


L  O  Û 

Mai  de  l'année  fuivante  987 ,  âgé 
d'environ  20  ans.  Louis  étoit  d'nn 
caradere  turbulent  &  inquiet  ;  le 
nom  de  Fainéant  ne  convenok  point 
â  un  tel  homme.  Il  paroit  que  ce 
nom  ne  lui  a  été  donné  que  parce 
que  fon  règne  n'offre  rien  de  mé- 
morable.   Et  que  pouvoir  -  il  foire 
dans  le  peu  de  temps  qu'il  occupa 
le  trône?  C'eft  le  dernier  des  Rois 
de  France  de  la  a*   race  des  Car-- 
lonng:ens  ,    laquelle   a   régné    en 
France   236   ans.  Après  fa  mort  , 
le  royaume  apparteaoit  de  droit  à 
Charles  fon  oncle ,  duc  de  la  baffe- 
Lorraine  ,  &  fils  de  Louis  ^Outre- 
mer; mais  ce  prince  s'étant  rendu 
odieux  aux  François ,  il  fut  exclus 
de  la  fucceffion ,  &  la   couronne 
fut  déférée  à  Hu^  Capet ,  duc  dé 
France ,  &   le  prince  le  plus  puif- 
lant  du  royaume...  Si  Ton  confidere 
les  caufes  de  la  ruine  de  la  2*^  race, 
on  en  trouvera  cinq  principales  : 
ï.  La  divifion  du  corps  de  l'état 
en  plufieurs   royaumes  ,   divifion 
fuivie    néceffairement   de    guerres 
dvilefs  entre  les  frères.  II.  L'amour 
exceffif  que  Louis  le  Débonnaire  eut 
pour  fon  trop  cher  fils  Charles  le 
Chauve.  III.  La  foibléffe  de  la  plu- 
part des    rois  fes  fucceffeurs  :  à  - 
peine  en  compte-t-on  cinq  ou  fix , 
qui  aient  eu  à  la  fois  du  bon  fens 
&  du  courage.  IV.  Le  ravage  des 
Normands ,  qui  défolerent  la  France 
pendant  près   d'un  fiecle ,   &  qui 
feyoriferent  les  révoltes  des  grands 
feigneurs.  V.  Le  trop  grand  nom- 
^rt  d'enfons  naturels  qu'eut  Ckar^ 
^^magne  ,    lefquels    vouloîent  être 
Souverains  dans  leurs  terres  &  n'en 
feconnortre  aucun.  Ce  fut  vers  le 
temps  de  Louis  V  que  s'introduifit 
lufage   de  prendre  des   furnoms. 
Autrefois  on  n'avoir  que  fon  nom 
propre.  Sous  la  féconde  race  de  nos 
'ois ,  on  commença  à  fe  diftinguer 
d'une    manière    particulière  ,    en 
ajoutant   quelque    épithete  à  fon 


L  o  U         34Ï 

nom ,  nrée  de  la  dignité  de  celui 
qui  le  portoit ,  ou  de  la  force  de 
fon  corps  ,  ou  de  la  couleur  de 
fon  teint,  ou  de  quelque  qualité 
perfonnelJe.  De  là  les  noms  de  ^w- 
pus  l'Abbé  ,  Robert  le  Fort,  Hugues 
le  Blanc ,  Hugues  le  Noir ,  Hugues 
Capet  ou  la  Forte-tête.  Les  fei- 
gneurs comtes  &  ducs  retenoient 
ces  derniers  noms.  Ceux  qui  n'é- 
toient  ni  l'un  ni  l'autre,  tiroient 
leur  furnom  du  nom  de  leur  terre 
ou  de  leur  château.  Les  bourgeois 
prenoient  le  nom  de  leur  ville  ou 
de  leur  métier ,  ou  de  leur  négoce, 
ou  de  quelque  défaut  naturel.  Ct^ 
de  là  que  font  venus  les  noms  fui- 
vans  :  U  Breton  ,  P Allemand^  le. 
Potier ,  le  Charpentier ,  U  Bègue ,  U 
Bojfu,  Ceux  qui  aifeâoient  un  or- 
gueil fupérieur  à  leur  état ,  étoient 
appelés  le  Prince  »  l*Evêque ,  te  ce 
fobriquet  devenoit  un  furnom. 

XI.  LOUIS  VI,  le  Gros  ,  fili 
de  Philippe  /  &  de  Berthe  de  Hol- 
lande, né  en  108 1 ,  parvint  à  la 
couronne  en  iioS.  Le  domaine 
qui  appartenoit  immédiatement  au 
roi ,  fe  réduifoit  alors  au  duché  de 
France.  Le  refte  étoit  en  propriété 
aux  vaffaux  du  roi ,  qui  fe  condui- 
foient  en  tyrans  dans  leurs  feigneu- 
ries  ,  &  qui  ne  vouloient  point 
de  maître.  Ceis  feigneurs  vaffaux 
étojent  prefque  tous  des  rebelles. 
Louis  fut  prefque  toujours  fous  les 
armes  ,  combattant  des  feigneurs 
de  Montmorencl ,  des  fires  de  Mont- 
Ihéri  y  des  châtelains  de  Rochefort, 
Il.fiit  trois  ans  à  réduire  le  fort 
de  Puifet ,  qu'il  ne  prit  qu*en  i  iiy, 
&  qu'il  détruiiît  jufqu'aux  fonder  " 
mensv  Prefque  tous  les  châtelains 
afpir oient  alors  à  la  royauté.  On 
vit  un  comte  de  Çorbdly  prenant 
fes  armes  pour  combattre  le  roi , 
dire  gravement  à  fon  époufe  : 
Comtejje  ,  donnei-moi  vous-même  cette 
épée ,  &  après  l'avoir  reçue,  ajouter  : 
IC'efi  un  Comte  gui  la  reçoit  de  vos 

Yiij 


341         L  O  U 

nohUs  mains  ;  c^efi  m  Roi  qui  vous  U 
rapportera  teinte  du  fang  de  fon  ad- 
verfalre.  Le  futur  fouvcrain  fiit  tué 
d'uA  coup  de  lance  dans  le  combat', 
mais  les  autres  feigneurs  ne  don- 
nèrent pas  moins  d'embarras  à 
Louis  le  Gros,  Le  roi  d'Angleterre, 
duc  de  Normandie ,  ne  manquoit 
pas  d'appuyer  leurs  révoltes  :  de 
là  ces  petites  guerres  emre  le  roi 
&  (es  fujets;  guerres  qui  occupè- 
rent les  dernières  années  de  Phi- 
lippe I  &  les  premières  de  Louis  U 
Gros,  Ce  prince  s'apperçut  trop 
tard  de  la  éute  qu'on  avoit  faite , 
de  laiffer  prendre  pied  en  France 
aux  Anglois  ,  en  ne  s'oppofant 
point  à  la  conquête  que  Henri  I  fit 
de  la  Normandie  fur  Roh^rt  fon 
frère  aîné.  Le  monarque  Anglois 
étant  en  poiTeffion  de  cette  pro- 
vince ,  refiifa  de  rafer  la  fortereffe 
de  Gifors ,  comme  on  en  étoit  con- 
venu. La  guerre  s'alluma ,  &  après 
des  fuccès  divers  elle  fut  terminée 
en  iri4,  par  un  traité  qui  laifToit 
Cifors  à  l'Angleterre  fous  la  con- 
dition de  l'hommage.  Elle  fe  ral- 
luma bientôt.  Louis  le  Gros  ayant 
pris  fous  fa  proteâion  Guillaume 
Cliton ,  fils  de  Robert  dit  Courte-cui/fe^ 
qui  avoit  été  dépouillé  de  la  Nor- 
mandie ,  voulut  le  rétablir  dans  ce 
duché  ',  mais  il  n' étoit  plus  temps. 
fienrî  étoit  devenu  trop  puiflant-, 
&  Louis  le  Gros  fut  battu  au  com- 
bat de  Brenneville  en  1 119.  Il 
étoit  plein  de  valeur.  Sa  maxime 
étoit  qu'il  vaut  mille  fois  mieux 
mourir  avec  gloire  ^^e  de  vivre 
fans  honneur.  Dans  la  route  un 
Anglois  faifit  la  bride  de  fon  che- 
val en  criant  :  Le  Roiefi  pns.  On. 
ne  prend  jamais  le  Roi  ^  lui  repondit 
Louis  avec  le  plus  grand  fang  froid, 
pas  menu  au  jeu  des  échecs ,  &  d'un 
coup  de  fa  mafie  d'armes ,  il  l'a- 
battit mort  à  fes  pieds.  L'année  d'à* 
près  ,  la  paix,  fe  fit  entre  Louis 
&  Henri ,  qui  renouvela  foA  hom- 


L  ou 

mage  pour  la  Normandie.  Le  rm 
d'Angleterre,  ayant  perdu  toute  fa 
famille  &  U  fleur  de  fa  noblefTe  ♦ 
qui  périt  à  la  vue  du  port  de  Bar- 
fleur  ,   où  elle  s'étoit  embarquée 
pour   pafler   en   Angleterre  ,     cet 
événement  renouvela     la  guerre." 
Guillaume  Cliton  ,  foutenu  par  plu- 
fieurs  feigneurs  Normands  &  Fran- 
çois, que  Louis  le   Gros  appuyoit 
fecrétement ,  profita  de  ce   temps 
funefle  à  Henri  ^  pour  la  lui  faire  ; 
mais  le  monarque  Anglois  en   eut 
l'avantage ,  &  vint  à  bout  de  fou- 
lever  l'empereur   Ifenn    V  contre 
le  roi  de  France.  Henri  levé  des 
troupes  &  s'avance  vers  ^le  Rhin  ; 
mais  Louis  le  Gros   lui  ayant  op- 
pofé  une  armée  confidérable,  l'em-* 
pereur  fut  bientôt  obligé  de  reculer. 
Le  monarque  François  auroit  pu 
aifément   marcher    tout    de    fuite 
contre  le  roi   d'Angleterre   &  re- 
prendre la  Normandie  *,   mais   les 
vafliaux  qui  Tavoient  fuivi  contre 
un     prince    étranger  ,    l'auroient 
abandonné,  s'il  eût  fallu  combattre 
le  Duc  de  Normandie|,  par  l'inté- 
rêt qu'ils  avoient  de  balancer  ces 
deux  puiflances  l'une  par  l'autre* 
Les  dernières   années   de  Louis  U 
Gros  furent  occupées  à  venger  le 
meurtre  de   Charles  le  Bon ,  comte 
de  Flandres ,  &  à  éteindre  le  fchifine  . 
entre  le  pape  Innocent  II  &  Anaclet, 
D  mourut  à  Paris  le  premier  Août 
1137 ,  dans  fa  57^  année.  Les  dei> 
nieres   paroles    de     ce   monarque 
mourant  font  une  belle  leçon  pour 
les  rois  {N'oublie^  jamais  ,  (dit-il  à 
fon  fils  ,  )    que  l'autorité  Royale  eft 
un  fardeau  dont  vous  rendre^  un  compte 
très^exaB  après  votre   mort.    L'abbé 
Suger^  fon  miniftre,  pleurant  au- 
près de  fon    lit ,   Mon   cher  ami  , 
(  lui  dit-il ,  y  pourquoi  pleurer  ,  quand 
la   mijericorde  de    Dieu  m'appelle  au 
ciel?   S'étant  fait  porter  deMelua 
à  Saint-Denys ,  le  peuple  accou- 
rut de  toute  part.  Les  labourewra 


L  O  U 

laUTolent  leur  charrue ,  pour  avoir 
la  -confblation  de  voir  un  roi  qui 
ne     les    avoit    jamais   chargés  de 
fubîldes  ,  un  défenfeur  'qui  les  avoit 
mis   à    l'abri  de  l'oppreflîon ,   un 
vrai  père.   On  vit  fous  fon  règne 
cinq  papes  venir  chercher  un  afile 
en    France  :  Urbain  IJ ^  PafchalJJj 
Gtlafc    II,    Calixts  II  ^  Innocent  IL 
En  fe  déclarant  prote£fceur  de  l'E- 
glife  ,    Louis  maintint  fes  droits  •, 
&  s'il  confentit  que  Raoul ,  nommé 
à   l'archevêché   de  Reims   par   le 
pape ,  fijt  mis  à  la  place  de  Girvals, 
nommé  par  le  roi ,  ce  ne  fot  qu*à 
condition    que  Raoul  confeiTeroit 
tenir ^  Tarchevêclié    du  roi.    Louh 
était  un  prince  recomittandable  par 
^la  douceur  de  Ces  mœurs ,  (  dit  le 
préfident   Htnault  )   &    par  toutes 
les    vertus  qui  font  un  bon  roi. 
Trop  peu  politique ,  il  fut  toujours 
la  dupe  de  Henri  />  roi   d'Angle- 
terre ,  qui  rétoit  beaucoup.  Ce  fut 
cependant  ce  prince  qui  commença 
à  reprendre  l'autorité  dont  les  vaf- 
faux  s'étoient  emparés.  11  en  vint 
à  bout  par  divers  moyens.  U  établit 
des  Communes,   La    ville  de   Laon 
eut  la  première   charte  des  Com- 
munes en  II 12,  $c  deux  ans  après 
Amiens  obdnt  la  féconde.  Les  fuc- 
ceffeurs  de  Louis  h  Gros  les  ayant 
multipliées  ,   donnèrent .  ainfi  aux 
-  villes  des  citoyens  zélés  ,  des  ad- 
minilbateurs  plus  fages ,  des  juges 
plus  éclairés  ,    &  s'aiTurerent   des 
affranchis  en  état  de  porter  les  ar- 
mes.   On  appelôit  bourgeois  ,  ceux 
qui  compofoient  les  Communes , 
&  Ton  donnoit  le  nom  de  Maires , 
Jurés ,  Echevlns  ,  aux  notables, qu'ils 
choififfoient  parmi  eux  ,  pour  veil- 
ler au  maintien    de  leurs   droits. 
C*eft  l'origine  des  corps  de  villes. 
pans  la  fuite  ,  on  reprit  peu-à-peu 
à  ces  villes  devenues  prefque  in- 
dépendantes ,  la  plupart  des  droits 
dont  elles  jouiffoient.  Mais  l'abus 
qu'en  firent  quelques-unes   n'em- 


L  o  u       343 

pèche  point  que  LouU  h  Gros 
n'eût  rendu  fervice  à  la  France , 
en  formant  ces  utiles  établiffemens. 
Pour  les  étendre  davantage  ,  il 
affranchit  des  Serfs  ;  il  diminua  la 
trop  grande  autorité  des  Juflices 
feigneùrialçs  ,  en  envoyant  des 
commiffaires  pour  éclairer  la  con- 
duite des  juges  &  des  feigneurs. 
A  la  vérité ,  ce  fut  moins  fon  ou- 
vrage^ que  celui  de  l'abbé  Suger  ; 
mais  ,  comme  on  tient  compte  aux 
rois  de  ce  qui  fe  fait  de  mal  fous 
eux  ,  on  doit  auffi  /leur  tenir 
compte  de  ce  qui  fe  fait  de  bien. 
Cette  entreprife  importante  fut  con- 
tinuée fous  Louis  le  Jeune ,  fon  fils, 
&  fous  Philippe- Augu/ie.  Louis  le 
Gros  eft  le  premier  de  nos  rois 
qui  ait  été  prendre  à  Saint-Denys 
r  Oriflamme  ,  efpece  d'étendard  de 
couleur  rouge  ,  fendu  par  le  bas»  ' 
&  fufpendu  au  bout  d'une  lance 
doré.e.  Cet  étendard  avoit  été  ori- 
ginairement la  bannière  que  le 
comte  de  Vexln  ,  avoué  du  mo- 
nallere  de  Saint-Denys  ,  porto it 
avant  la  réunion  de  fes  domaines 
à  la  couronne  dans  les  guerres 
particulières  que  les  religieux  de 
cette  abbaye  foutenoient  pour  dé- 
fendre leurs  biens.  L'Oriflamme  pa- 
rut pour  la  dernière  fois  à  la  ba- 
taille d' Azincourt ,  fuivant  du  Tlllet^ 
Sponde  *  D*  Féliblen  ,  &  le  P.  Slm" 
pUclen,  Cependant ,  félon  une  chro- 
nique manufcritc  ,  Louis  XI  prit 
encore  l'Oriflamme  en  1465.  Louîs 
U  Gros  réunit  au  domaine  de  la 
couronne  le  duclié  de  Guienne  ^ 
que  Guillaume  IX  lui  laiffa  par  foa 
tcfiament  ,  à  condition  que  fon 
fils  Louis  ,  qui  fuit  ,  épouferoit 
EUohore  ,  fille  du  duc.  [  Voyc^ 
I.   Montmorency  ,  Courte- 

NAY  ,   &  I.  GaRLANDE,  ] 

Xn.  LOUIS  VII,  /e  Jeune  ^. 
fils  du  précédent,    né   en   11 10, 
fuccéda  à  fon  père,  le  i^""  A«ût 
1137  après  avoir  régné   avec  lui 

Yiv 


%44       t  6  XJ 

quelques  années.  Un  génie  ùtàle 
6r  inconûdéré  ,  un  tempérament 
prompt  &  colère  ,  une  '  extrême 
délicatefTe  fur  le  point-d'honneur , 
un  attachement  opiniànre  à  (à  vo- 
lonté ,  rengagèrent  dans  des  dé- 
n\êlcs  qui  furent  caufe  de  beau- 
coup de  chagrins  pour  lui  &  de 
bien  des  calamités  pour  fes  fujets. 
Innocent  II  ayant  nommé  à  l'archevê- 
ché de  Bourges  ,  fans  avoir  égard 
à  l'éleétion  que  le  clergé  avoit 
£ûte',  Louis  fe  déclara  contre  le 
pape ,  qui  l'excommunia  &  mit  fon 
domaine  en  interdit.  Le  roi  s'en 
vengea  fur  Thibault  III ,  comte  de 
Champagne  ,  promoteur  de  cette 
guerre  facrée ,  &  mit  en  1141  la 
ville  de  Vitri  à  feu  &  à  {Smg.  Les 
temples  mêmes  ne  furent  pas  épar- 
gnés, &  1300  perfounes  réfugiées 
5ans  une  églife  périrent  ,  comme 
tout  le  refte  ,  dans  les  flammes. 
Les  débris  des  églifes  &  d'une 
multitude  de  maifons  en  cendres, 
avec  les  corps  des  infortunés  qui 
avoient  été  confumés,  furent  pour 
Louis  même  un  fpcâacle  û  touchant , 
qu'il  en  verfa  des  larmes.  S,  Ber- 
nard lui  perfuada  qu'il  ne  pou- 
voit  expier  qu'en  Paleftine  cette 
barbarie,  qu'il  eût  mieux  réparée 
en  France  par  une  adminifhration 
fage.  L'abbé  Sugcr  ne  fut  point 
d'avis  quil  abandonnât  le  bien 
certain  qu'il  pouvoit  faire  à  fes 
fujets ,  pour  courir  à  des  conquêtes 
incertaines  ;  n^ais  le  prédicateur 
l'emporta  fur  le  miniftre.  Cette 
féconde  Croifade  fut  une  nouvelle 
époque  de  la  liberté  que  les  villes 
achetèrent  du  roi  ou  de  leurs  fei- 
gneurs  ,  qui  feifoient  argent  de 
tout  pour  fe  croifer.  Depuis  long- 
"lemps  il  n'y  avoit  plus  en  France 
que  la  noblcffe  &  les  ecdéfiafti- 
ques  qui  fuffent  libres  :  le  refte  du 
peuple  étoit  efdave,  &  même  nul 
né  pouvoit  entrer  dans  le  clergé 
fans  la  permiilion  de  fon  feigneur. 


Lôù      ' 

Le  roî  n'avoit  d'autorité  (pÉîvï 
les  ferfs  des  terres  qui  lui  appâf- 
tenoient.  Mais  quand  les  villes  & 
les  bourgs  eurent  acheté  leur  li- 
berté ,  le  roi ,  devenu  leur  défcn- 
feur  naturel  contre  les  entreprifcs 
des  feigneurs,  acquit  en  eux  autantde 
fujets.  Cette  défenfe  occafionna  de 
la  dépenfe  ;  il  falloit  qu'ils  la 
payaffent  :  &  ils  devinrent  ainfi  con- 
tribuables du  roi ,  au  lieu  de  l'être 
de  leurs  feigneurs.  Ils  ne  firent 
donc  que  changer  de  maîtres  ;  mais 
la  fervitude  du  roi  étoit  fi  douce, 
qu'on  vit  dès-lors  renaître  en  France 
les  fciences ,  l'induftrie  &  le  com- 
merce. L'occafion  de  la  Cntifade 
étoit  la  prîïe  d'Edeffe  par  Noraàln, 
Le  roi  partit  en  1147 ,  avec  EUoncre 
fa  femme ,  &  une  crimée  de  80000 
hommes.  Il  fut  défait  par  les  Sar- 
ralins.  Il  mit  le  fiege  devant  Damas, 
&  fut  obligé  de  le  lever  en  1 149  » 
par  la  trahifon  des  Grecs.  C'cfl 
ainfi  du  moins  qu'en  ont  parlé  la 
plupart  des  hifloriens  d'Occident, 
qui  paroiflbient  prévenus  contre 
les  Orientaux.  Louis  le  hune,,  en 
revenant  en  France  ,  fut  pris  fur 
mer  par  des  Grecs ,  &  délivré  par 
le  général  de  Roger  roi  de  Sicile. 
Il  eft  fùrprenant  que  ce  monarque, 
après  de  telles  aventures,  ne  fût 
pas  dégoûté  des  croifadcs.  A  peine 
fiit-il  arrivé ,  qu'il  en  médita  une 
nouvelle  ;  mais  les  efprits  étoient 
f\  refroidis ,  qu'il  fut  obligé  d'y 
renoncer.  Sa  femme  Eléonore ,  héri- 
tière de  la  Guienne  &  du  Poitou , 
qui  l'avoit  accompagné  dans  û 
courfe  auflî  longue  que  malheu* 
reufe ,  s'étoit  dédommagée  des  Êiri- 
gues  du  voyage  ,  avec  Raîmond 
d*Antioche ,  fon  oncle  paternel ,  & 
avec  un  jeune  Turc  d'une  rare  beauté, 
nommé  Saladin,  Louis  crut  laver 
cette  honte  en  feifant  calTer ,  l'an 
1152,  fon  mariage,  pour  époufcr 
Alix ,  fille  de  ce  même  TlùhauU^ 
comte  de  Champagne  ,  fon  anciea 


LOU 

teinônî.  C'cft  ainfi  qu'il  perdit  la 
ëuienne  ,  après  avoir  perdu  en 
Afie  fon  armée  ,  fon  tertps  & 
fon  honneur.  EUonort  répudiée ,  fe 
maria  ûxfemaines  après  avec  Htnri 
Il  y  duc  de  Normandie,  depuis  roi 
d'Angleterre,  &  lui  porta  en  dot 
le  Poitou  &  la  Guienne.  La  guerre 
éclata  entre  la  France  &  l'Angle- 
terre en  1 1 5  6 ,  au  fujet  du  comté  de 
Touloufe  :  Louis  ,  tantôt  vaincu  , 
tantôt  vainqueur ,  ne  remporta  au- 
'  cune  viâoire  remarquable.  La  paix 
fiit  conclue  entre  les  deux  monar- 
ques en  1161.  Elle  fut  fuivie  d'une 
nouvelle  guerre ,  terminée  en  1 1 77, 
par  la  promeffe  de  mariage  du  fé- 
cond fils  ^'Htnrl  //  &  de  la  fille 
cadette  de  Louis  U  Jmne,  Ce  prince 
mourut  à  Pari^  le  18  Septembre 
1 180,  à  60  ans,  d'uue  paralyfie 
qu'il  contracta  en  allant  au  tombeau 
I  deJ.  TAowAfdeCantorberi,  auquel 
il  avoir  donné  une  retraite  dans  fa 
I  fuite  :  il  entreprit  ce  voyage  pour 
1  obtenir  la  guérifon  de  Philippe  fon 
i  fils  dangereufement  malade.  U  fut 
inhumé  dans  l'églife  de  l'abbaye 
i  de  Barbeau  qu'il  avoit  fondée.  En 
i  1566,  Charles  IX  fit  ouvrir  fon 
tombeau.  Le  corps  fe  trouva  en- 
core tout  entier.  Il  avoit  au  doigt 
plufieurs  anneaux  d'or.  Charles  IX 
les  détacha  &  les  porta  long- temps , 
ainfi  qu'une  chaîne  d'or  trouvée 
dans  la  même  tombe.  Lovls  U  Jeune 
étoit  pieux,  bon,  courageux»,  mais 
fans  politique, /ans  fîneffe,  &  tou- 
jours emporté  par  fa  dévotion  très- 
m^l  entendue,  plus  digne  d'une 
femme  fuperfHtieufe  que  d'un  prince. 
Ne  pouvant  extirper  de  fon  royaiune 
les  corruptrices  des  mœurs,  ver- 
mine qui  a  toujours  pullulé  dans 
les  états  puiiTans  &  peuplés,  & 
qui  cependant  eft  mortelle  à  la 
population ,-  il  voulut  au  moins 
que  les  filles  publiques  fuffent 
marquées  par  un  fceau  cara^érif- 
tique  d'àvilifTcmeat  ;  il  défendit  par 


un  Edit  qu'elles  portafTent  des  cein- 
tures dorées  comme  les  honnête* 
femmes  *,  ce  qui  donna  lieu  au  Pro- 
verbe qui  fUblifte  encore  :-ffo^^iE 
rénommée  l^avt  mieux  que 
Ceinture  dorée, 

XIII.  LOUIS  VIII ,  roi  de  Pran- 
ce,  que  fa  bravoure  a  fait  fur- 
nonuner  le  Lion  ,  fils  de  Philippe^ 
Augujle  &  d'Ifahelle  de  Hainaut  , 
naquit  le  5  Septembre  11 87.  Il  €t 
fignala  en  diverfes  expéditions ,  fous 
le  règne  de  fon  père ,  &  monta  fur 
le  trône  en  1223.  Celt  le  premier 
roi  de  la  3*  race,  qui  ne  fut  point 
facré  du  vivant  de  fon  père.  Henri 
III,  roi  d'Angleterre,  au  lieu  de 
fe  trouver  à  fon  facre ,  comme  il 
le  devoit,  lui  envoya  demander 
la  reftitutîon  de  la  Normandie  ; 
mais  le  roi  refiifa  de  la  rendre, 
&  partit  avec  une  nombreufe  armée, 
réfolu  de  chaffer  de  France  les 
Anglois.  Il  prit  fur  eux  Niort, 
Saint- Jean  d'Angely ,  le  Limoufin , 
le  Périgord ,  le  pays  d'Aunis ,  &c. 
Il  ne  redoit  plus  que  la  Gafcogne 
&  Bordeaux  à  foumettre  ,  pour 
achever  de  chaffer  les  Anglois; 
lorfque  le  roi  fe  laifTa  engager, 
par  le  jpapc  &  les  eccléfîafliques^, 
dans  la  guerre  contre  les  Albi- 
geois. Il  fit  le  fiege  d'Avignon ,  à 
la  prière  du  pape  Honoré  III  ^  & 
prît  cette  ville  le  12  Septembre 
1226.  Cette  place  lui  coûta  cher  v 
elle  l'arrêta  plus  de  trois  mois ,  & 
il  y  perdit  plus  de  la  moitié  de 
fes  troupes  &  fes  plus  braves  offi- 
ciers. La  maladie  fe  mit  enfuite 
dans  fon  armée  ;  le  roi  lui-même 
tomba  malade ,  &  mourut  à  Mont- 
penfier  en  Auvergne  le  8  Novem- 
bre 1226,  à  39  ans.  Thibaut  VI  ^ 
comte  de  Champagne  ,  éperdu- 
ment  amoureux  de  la  reine,  fut 
foupçonné  de  l'avoir  empoifonné; 
mais  cette  accufation  efl  dénuée 
de  fondement.  D'autres  hifloriens 
ont  prétendu  que  fa  dernière  ma- 


t  o  u 

fadie  vint  d*uii  excès  de  tondnenc^.' 
Mais  cette  conjedure,  rejetée  par 
les  perfonnes  éclairées  ,  prouve  du 
moins  l'idée  qu'on  avoit  de  la 
fagede  de  Louis  :  &  U  tft  ioujoars 
éon  ,  {  dit  M«{cral ,  )  de  faire  de  ces 
heaux  exemples  de  venu  ;  car  U  ne 
s^en  trottvt  guère  ailleurs  que  fur  le 
papier.  Le  nom  de  Cour  de  Lion 
que  M.  Mexur  lui  difpute  ,  fut 
mérité  par  des  afles  de  valeur, 
qui  ne  fuppofent  pas  toujours  la 
force  de  l'ame.  «  Louis  n'avoit  point 
*»  de  caraûere  à  lui.  Plus  inquiet  que 
w  guerrier,  il  ne  fuivoit  que  les 
•«  renfeignemens  qu' avoit  laiiTés 
»»  fon  père.  On  eût  dit  que  l'ombre 
**  de  Philippe' Aupifte  étoit  encore 
»»  affife  fur  le  trône.  [  Portraits  des 
>«  rois  de  France  ».]  Il  légua  par  fon 
tcflament  cent  fols  à  dbacune  des 
aooo  Icproferies  de  fon  royaume. 
Les  Croifades  en  Orient  avoient 
rendu  la  lèpre  fort  commune  en 
Occident.  Il  légua  encore  30,000 
liv.  une  fois  payées,  (c*eft-à-dire, 
jcnviron  540,000  liv.  de  la  monnoie 
d'aujourd'hui  )  à  fa  femme ,  la  célè- 
bre Blanche  de  Caftille,  Cette  remar- 
que fera  connoitre  quel  étoit  alors 
le  prix  de  la  monnoie.  C'eft,  dit 
un  hiûonen ,  le  pouls  d'im  état , 
&  une  manière  affez  fûre  de  recon- 
noître  fes  forces.  Quoique  le  règne 
de  Louis  Vlll  ne  dura  que  ,trois 
ans  ,  il  fut  remarquable  ,  parce 
qu'il  procura  à  l'Europe  les  bran- 
ches d'Artois,  d'Anjou ,  du  Maine , 
de  Provence  &  de  Kaples.  De  onze 
«nfans  qu'il  avoit  eus  de  Blanche  de 
CaJUlle ,  il  ne  reftoit  à  fa  mort  que 
cinq  fils  &  une  fille. 

XIV.  LOUIS  IX,  (Saint)  fils 
de  Louis  VIII,  &  de  Blanche  de 
CttfiilU^  né  le  25  Avril  121 5  ,  fut 
baptifé  à  Poi^  :  ce  qui  lui  faifoit 
prendre  le  nom  de  Louis  de  PoiJJî. 
Il  fignoit  même  quelquefois  de 
cette  ÙLçon  :  Timitt ,  difoit-il  alors  , 
l$s  empereurs  Romains  ,  ^ui  prenoient 


LO  u 

les  m&ms  qm  indiquaient  leurs  vxSfiUtfê 
C*eft  à  Poijfî  que  j'ai  triomphé  de  Ptif 
nemi  le  plus  redoutable  :j*y  ai  vaincu  U 
Diable  par  le  Baptême  que  j'y  ai  reçu,., 
Louis  parvint  à  la  couronne  le  $ 
Novembre  1226,  fous  la  mtclle 
de  fa  mère ,  qui  réunit  pour  la 
première  fois  la  qualité  de  tutrice 
&  de  régente.  La  minorité  du  jeune 
roi  fut  occwpée  à  foumettre  les  ba- 
rons &  les  petits  princes ,  toujours 
en  guerre  çntre  eux ,  &  qui  ne  fe 
réuniflToient  que  pour  bouleverfer 
l'état.  Le  cardinal  Romain ,  légat  du 
pape ,  aida  beaucoup  la  reine  par 
fes  confeils.  Thibaut  VI  ^  comte  de 
Champagne  ,  depuis  long  -  temps 
amoureux  de  Blanche ,  fiit  jaloux 
de  Tafcendant  que  frcaoït  Romain^ 
&  arma  contre  le  roi.  Blanche  , 
qui  avoit  méprifé  jufqu'alors  fon 
amour ,  s'en  fervit  avec  autant  d'ha- 
bileté que  de  verm  pour  ramener 
le  comte  ,  &  pour  apprendre  de 
lui  les  noms ,  les  deffeins  &  les 
intrigues  des  faâieux.  Louis  ^  par- 
venu à  l'âge  de  majorité ,  foutiiit 
ce  que  fa  mère  avoit  fi  bien  com- 
mencé; U  contint  les  prétentions 
des  évêques  &  des  laïques  dans  leurs 
bornes^  il  appela  à  fon  confeil 
les  plus  habiles  gens  du  royaume; 
il  réprima  l'abus  de  la  jurididion 
trop  étendue  des  eccléfiaftiqucs , 
maintint  les  libertés  de  l'Eglife 
Gallicane ,  mit  ordre  aux  troiiles 
de  la  Bretagne ,  garda  une  neutra- 
lité prudente  entre  les  emportemens 
de  Grégoire  IX  [  Voye\  fon  article] 
&  les  vengeances  de  Frédéric  II  ^ 
&  ne  s'occupa  que  du  bonheur  & 
de  la  gloire  de  fes  fujeis.  Son  do- 
maine >  déjà  fort  grand  ,  s'accrut 
de  plufieurs  terres  qu'il  acheta. 
Une  adminiftration  fage  le  mit  efl 
état  de  lever  de  fortes  armées  con- 
tre le  roi  d'Angleterre  ffenri  III  r 
&  contre  les  grands  vaiTaux  de  la 
couronne  de  France  unis  avec  ce 
monarqiïe.  U  les  batdt  deux  (oisi 


L  O  U 

h  première ,  à  la  iouroée  de  Tall' 
lebourg  en  Poitou,  l'an  1241  *, 
la  féconde ,  quatre  jours  après,  près 
de  Saintes,  où  il  remporta  une 
vîâoire  complète.  Le  prince  An- 
glois  fîit  obligé  de  fuir  devant  lui 
&  de  faire  une  paix  défavamageufe, 
par  laquelle  il  promit  4<  payer 
50C0  liv.  fterlings  pour  les.  frais 
de  la  campagne.  Le  comte  de  la 
Marche  &  les  autres  vafTaux  révol- 
tés rentrèrent  dans  leur  devoir  & 
n'en  fortirent  plus.  Louis  n'avbit 
alors  que  27  ans.  On  voit  ce  qu'il 
eût  îak ,  s*'û  fut  demeuré  dans  Ta 
patrie-,  mais  il  la  quitta  bientôt  après, 
pour  pafler  en  Paleftine.  Dans  les 
accès  d'une  maladie  violente  dont 
il  fut  attaqué  en  1244  ,  il  crut  en- 
tendre une  voix  qui  lui  ordonnoit 
de  prendre  la  croix  contre  les  In- 
fidelles  :  il  fit  dès-lors  vœu  de 
pafler  dans  la  Terre-fainte.  La  reine 
f?  mère  ,  la  reine  fa  femme ,  le 
prièrent  de  différer  jufqu'à  ce  qu'il 
fut  entièrement  rétabli  *,  mais  Louis 
n'en  fiit  que  plus  ardent  à  deman- 
der la  croix.  L'évêque  de  Paris  la 
la  lui  attacha ,  fondant  en  larmes, 
comme  s'il  eût  prévu  les  malheurs 
qui  attendaient  le  roi  dans  la  Terre- 
fainte.  Louis  prépara  pendant  qua- 
tre ans  cette  expédition  aufli  il- 
luftre  que  malheureufe^  enfin  , 
laifïant  à  fa  mère  le  gouvernement 
du  royaume  ,  il  s'mbarqua  l'an 
1248  à  Aigues-mortes  ,  avec  Mar- 
guerUe  àe  Provence  fa  femme ,  [  Voy, 
III.  Marguerite]  &  fes  trois 
frères  :  prefque  toute  la  chevalerie 
de  France  l'accompagna.  Arrivé  à 
la  rade  de  Damiette,  il  s'empara 
de  Cette  ville  en  1249.  ^  avoit 
réfolu  déporter  la  guerre  en  Egypte, 
pour  attaquer  dans  fon  pays  le 
fultan  maître  de  la  Terre-fainte  ; 
il  pafla  le  Nil  à  la  vue  des  Infi- 
delies  ,  remporta  deux  viûoires 
/ur  eux,  &  !fit  des  prodiges  de 
Taleur  à  It  journée  de  ZVfaiSbure 


L  o  u        347 

en  1250.  Les  Saprafins  eurent  b.en-* 
toc  leur  revanche  ;  la  famine  &  la 
maladie  contagieufe  ayant  obligé 
les  François  à  reprendre  le  chemin 
de  Damiette ,  ils  vinrent  les  atta- 
quer pendant  la  marche  ,  les 
mirent  en  déroute  &  en  firent  uq 
grand  cànage.  Le  roi ,  dangereu- 
sement malade  «  fut  pris  près  de 
MaiToure,  avec  tous  les  feigneurs 
de  fa  fuite  &  la  meilleure  partie 
de  l'armée.  Louis  parut  dans  fii 
prifon  auffi  intrépide  que  fur  le 
trône.  Les  Mufulmans  ne  pou? 
voient  fe  laffer  d'admirer  fa  pa- 
tience &  fa  fermeté  à  refufer  ce 
qu'il  ne  croyoit  pas  raifonnablc. 
Us  lui  difoient  :  Nous  te  regardions 
comme  notre  captif  &  notre  efclave  ; 
&  tu  nous  traites ,  àan$  aux  fers  , 
comme  fi  nous  étions  tes  prifonnîers  ! 
On  ofa  lui  propofer  de  donner 
une  fomme  excefuve  pour  fa  ran- 
çon -,  mais  il  répondit'  aux  envoyés 
du  fultan  :  AUe^  dire  à  votre  nutitre^ 
qû*un  Roi  de.  France  nefe  racheté  point 
pour  de  l'argent.  Je  donnerai  cette 
fomme  pour  mes  gens  ,  &  Damîetu 
pour  ma  perfonnc.  Il  paya  en  effet 
400,000  liv.  pour  leur  rançon , 
rendit  Damiette  pour  la  fienne,  & 
accorda  au  fultan  une  trêve  de  10 
ans.  Son  defTein  étoit  de  repafTer 
en  France  ;  mais  ayant  appris  que 
les  Sarraiins  ,  au  lieu  de  rendre 
les  prifonniers  ,  en  avoient  fait 
périr  un  grand  nombre  dans  les 
tourmens  pour  les  obliger  de  quitter 
leur  religion ,  il  fe  rendit  dans  la 
Palefline,  où  il  demeura  encore  4 
ans  ,  jufqu'en  1254.  Letemsde  fon 
féjour  fut  employé  à  fortifier  &  à 
réparer  les  places  des  Chrétiens  , 
à  mettre  en  liberté  tous  ceux  qui 
avoient  été  Êiits  prifonniers  ea 
Eg3rpte,  &  à  travailler  à  la  con- 
verfion  des  Infidelles.  Son  retour 
en  France  étoit  d'autant  plus  né* 
cefiaire ,  que  la  reine  Blanche  fa  mero  ^ 
étoit  morte.  U  s'embarqua  do^c  fur 


34».       L  O  U 

tin  vaîiTeau  qui  heurta  contre  des 
rochers  avec  tant  de  violence ,  qu'i\ 
y  eut  trois  toifes  de  la  quille  em- 
portées. On  prefla  le  monarque 
de  paf!er  fur  un  autre  ;  il  refufa 
en  dîTant  :  Ccax  qnl  font  ici  avec  moi 
miment  leur  extjknee  autant  que  j'aime 
la  mienne  ;fi  je  defcends ,  Ils  dzfcm- 
iront  aujji  ;  &  tu  trouvant  point  de 
bâtiment  qui  pmjfe  Us  recevoir  ,  ils 
Tifiiront  expofès  à  mille  dangers.  Pal*- 
me  mieux  mettre  entre  les  mains  de 
Dieu  ma  vie  ,  celle  de  la  rein:  &  de 
mes  enfans ,  que  de  cauftr  un  tel  dom" 
mage  à  tant  de  braves  gens.  Arrivé 
lieureufement  en  France ,  il  trouva 
Ion  royaume  dans  un  meilleur  état 
qu'il  n'aurott  dû  l'efpérer.  Son  re- 
tour à  Paris ,  où  il  fe  fixa ,  fit  le 
bonheur  de  fes  fujets  &  la  gloire 
de  la  patrie.  Il  établit  le  premier  la 
Ii^Bce  du  rzffort  ;  &"  les  peuples  , 
opprimés  par  les  fentences  arbi- 
traires des  juges  des  baronnies  , 
purent  porter  leurs  plaintes  à  iv 
^wtds  Bailliages  royaux ,  créés  pour 
les  écouter.  Sous  lui  les  hommes 
d'étude  commencèrent  à  être  admis 
sHix  féances  de  fes  parlemens ,  dans 
lefquelles  des  chevaliers  ,  qui  rare- 
ment favoient  lire  ,  décidoient  de 
la  fortune  des  citoyens.  Il  diminua 
les  impôts ,  &'  révoqua  ceux  que 
l'avidité  des  financiers  avoir  in- 
troduits. Il  porta  des  Edlts  féveres 
contre  les  blafphémateurs  &  les 
impies  ,  dont  les  lèvres  dévoient 
être  percées  avec  un  fer  chaud.  On 
murmura  d'une  û  grande  févérité. 
Qwelques  gens  de  la  lie  du  peuple 
s'échappèrent  même  au  point  de 
répandre  contre  lui  des  malédic- 
tions. Loids  le  fut,  &  défendit  de 
les  pimir.  Je  leur  pardonne ,  dit-il , 
fuîf qu'ils  n'ont  offenfé  que  mol,  'Plût. 
à  Dieu  qu'en  me  condamnant  moi-mê- 
me à  un  pareil  fupplice  ^  je  pujfe  han^ 
nîr  le  hlafpkêmi  de  mon  Royaume  ! 
Cependant  il  adoucit  enfuite  fa  pre- 
mière ordonnance  :  tant  il  étoît  inf- 


L  o  u  . 

pire  par  un  zèle  fage  &  modéra 
Dans  les  inflruf^ions  qu'il  doûnoit 
à  Louis  fon  fils  aîné ,  mort  à 
l'âge  de  i6  ans ,  infiruàions  que 
Bojfuit  appelle  le  plui^el  héritagi 
que  S,  Louis  ait  lai  Je  àJa^m:lfon<, 
il  finit  ainfi  :  Enfoi ,  mon  fils ,  ne 
fonga^  qu'à  vous  faire  aimer  de  vos 
fujets  ;  &  fach^i  î"*  /^  mettrais  de 
grand  cœur  quelque  étranger  à  votre 
place  ^  fi  je  croyois  qu'il  dût  gouverner 
mieux  que  vous.  U  donna  en  1269 
une  Pragmatique-Sanction  pour  con- 
ferver  les  anciens  droits  des  Eglifes 
cathédrales,  la  liberté  des  élec- 
tions ,  &  pour  réprimer  les  entre- 
prifes  des  feigneurs  fur  les  béné- 
fices. Son  refpeft  pour  les  minif- 
tres  de  la  religion  ne  l'cmpêchoit 
pas  de  réprimer  leurs  entreprifes , 
lorfqu'elles  intéreffoient  Thonneuf 
de  fa  couronne.  L'évêque  d'Auxerre, 
à  la  tête  du  clergé  de  France,  avoit 
repréfenté  à  ce  prince ,  que  la  Pot 
Chrétienne  s*ajfJbliffoit  tous  les  jours  , 
&  s* .  ffyjlbtiroU  davantage  ,  s'il  n'y 
mettolt  remède,  Alnfi,  ajouta -t -il» 
nous  vous  fuppllons  que  vous  ordonnlei 
M  tous  les  juges  de  votre  Royaume, 
quils  contraignent  ceux  qui  auront  éti 
pendant  un  an  excommuniés ,  de  fe 
fûre  ahfoudre  &  defatisfalre  à  l'Eglife» 
Louis  lui  répondit  :  Je  rendrai  vo- 
lontiers cette  Ordonnance  ',  mais  je 
veux  qus  iftès  juges,  avant  que  de  rien 
ftatuer ,  examinent  la  fentence  d'excom.' 
munlcatlon  ,  pour  f avoir  fi^  elle  eft  jufie 
ou  non.  Les  prélats,  après  s'être 
confultés,  répliquèrent  qu'ils  ne 
pouvoient  permettre  que  les  juges 
d'EglifefefoumiJfent  à  ceue  formaiité... 
Et  moi ,  (Ut  le  monarque ,  jamais  je 
nefùuffrîral  que  les  eccléfiaJBques  pren- 
nent connoijfance  de  ce  qui  appartient 
à  ma  Jitfilce.  Louis  reçut  en  1264  un 
honneur  qu'on  ne  peut  rendre  qu'à 
un  monarque  vertueux  :  le  roi 
d'Angleterre  Henri  III  ^  les  barons 
le  choifirent  pour  arbitre  de  leur» 
querelles.  Ce  prince  étoit  venu  k 


L  O  U 

voir  à  Paris   au   retour    de  fon 
voyage  de  Paleftine ,  &  Tavoit  af- 
furé  qu*/7  était  /on  fèîffieur  &  qu'il 
U  ferait  toujours.  Le  comte  d'Anjou , 
Ûiarlis  fon  frère,  dut  à  fa  répu- 
tation  &  au   bon   ordre  de   fon 
royaume ,  l'honneur  d'être  choifi 
par  le  pape   pour  roi  de  Sicile. 
Imuîs  augmentoit  cependant  fes  do* 
xnaines  de  Tacquiâtion  de  Namur , 
dePéronnc ,  d'Avranchcs ,  de  Mor- 
tagne ,  du  Perche.  Il  pouvoit  ôter 
aMx  rois  d'Angleterre  tout  ce  qu'ils 
poffédoient  en   France  :  les    que- 
relles de  Henri  ///  &  de  fes  barons 
lui   en  facilitoient   les    moyens; 
mais  il  préfiéra  la  juiHce  à  l'ufur- 
pation.  U    les  laiila   jouir    de  la 
Guienne ,  du  Périgord ,  du  Limou- 
fin,  en  les  faifant  renoncer   pour 
jamais  à  la  Touraine ,  au  Poitou , 
à  la  Normandie ,  réunis  à  la  cou- 
ronne fous  PhiUppe-Augufit.  fon  aïeul. 
Seize  ans  de  fa  préfence  avoient 
réparé   tout   ce   que  fon  abfence 
avoit  miné,  lorfqu'il  partit  pour 
la  VI®  Croifadc  en  1 170.  Il  affiégea 
Tunis  en  Afrique  ;  huit  jours  après 
il  emporta  le  château,  &  mourut 
dans  fon  camp  le  25   Août  de  la 
même  année,  d'une  maladie  con- 
tjgieufe  qui  ravageoit  fon    armée. 
Dès  qu'il  en  fut  attaqué  ,  il  fe  fit 
étendre  fur  la  cendre,  &  expira  a 
l'âge  de  55  ans,  avec  la  ferveur 
d'un    anachorète    &    le    courage 
d'un  héros.  Les  maximes  qu'il  laiffa 
écrites  dé  fa  main  à   Phi.ippe  fon 
fuccefleur,   font   dignes  d'un  roi 
chrétien  &  d'un  prince  humain.  Il 
jiïi  recommanda  de  ne  point  fur- 
charger  les  peuples  de  tailles  &  de 
fubfides,   de  mettre  de  jufles  bor- 
nes aux  dépenfes  de  fa  maifon; 
de  maintenir  les  libertés  &  fran- 
chifes  des  villes  du  royaume  -,  car 
plus  elles  feront  riches,  plus  Us  tnncr 
^s  craindront  de  Us  affaXUXr^    Soyt\ 
vptitahU  en  tout  y  même  contre  vous, 
laUes  régner  la^aix  &  la  ju^ce  parmi 


L  O  U         34, 

vosfujets,  N*entrepreneipoint  de  guat^ 
fans  néciffué.  Dvnnci  Us  bénéfices  4 
des  perfonnes  dignes,  &,  n'en  donne^ 
point  À  c&ux  qui  en  ont  déjà.  Aimer 
tout  ce  qui  efi  bien  ,  &  hoijei  tou$ 
mal^  &c. 

Bonijace  FUI  le  canonifo  en  1297* 
&  Louis  Xill  obtint  du  pape  qu'on 
en  feroitlafête  dans  toute  lEglife. 
Quanta  fes  reliques,  fon  corps  ne 
put  être  tranfporté  entier  de  Tunis. 
On  connoiûoit  peu. le  fccret  d'em- 
baumer.   On  faifoh    bouillir  les 
membres   coupés  dans   du  vin  2ç 
de  l'eau,  pour  féparer  la  chair  des 
os.  On  porta  en  France  ceux  du  faint 
roi ,  après  que  fon  jeune  fuccef*- 
feur  eut  fait  une  trêve  de  dix  ans 
avec  le  roi  de  Tunis.  La  caifie  où 
étoient  les  os  &  le  cœur  fut  dépofée 
à  Notre  -  Dame  de   Paris,   &  le 
lendemain  conduite  à  Saint-Denys, 
Philippe  voulut  porter  lui-même  le 
corps  de  fon  pcre  fur  fes  épaules. 
On  prétend  que  c'efl  aux  endroits 
où  il  fe  repofoit  qu'ont  été  poféesles 
croix  fur  le  chemin  de  Paris  à  Saint- 
Denys.  S, Louis  a  été,  au  jugement  du 
P.  Daniel^  dii  préfident  HenauU^ 
un  des  plus  grands  princes  &  des 
plus    fmguliers   qui    aient   jamais 
porté  iefeptre;  compatiffaat  comme 
s'il  n'avoit   été   que  malheureux  i 
libtral  ,  fans  cefîer   d*avoir    une 
lage    économie  ;    intrépide    dans 
les  combats  ,  mais  fans  emporte^ 
ment.    Il  n'étoit    courageux    que 
pour  de  grands  intérêts.  Il  falloi't 
que  des  objets  puilTans,  la  jufHce 
ou  l'amour  de  fon  peuple ,  cxci- 
taffent  fon  ame^  qui  hors  de  là 
paroiffcnt  foible,fimple  &  timide. 
Prudent  &  ferme  à-  la  tête  de  fes 
armées  &  de  fon  confeil  -,  quand  il 
étoit  rendu  à  lui-même  »  il  n'étoit 
plus  que  particulier.  Sos  domefli- 
ques  devenoient  i^s  maîtres ,  fa  merè 
le  gouvemoit,  &  les  pratiques  dç 
la  dévotion  la  plus  fimple  rem- 
pliiToienr  fes  journées.  Il  çft  vr^ 


3îO        LOU 

que  ces  pratiques  croient  anoblies 
par   des  vertus  folides  ,  &  jamais 
démenties  ;   elles  formoient   fon 
caraâere.    Ce  prince  pieux   bâtit 
diverfes  églifes  ,  des  monaftcres  & 
des   hôpitaux.    Toujours   habillé 
avec  une  extrême  fimplicité,  excepté 
dans  les  jours  de  cérémonie ,  iL  fe 
ïeftifoit  tout ,  pour  les  doter.  Les 
pauvres ,  &  fur-tout  les  vieillards 
&  les  eftropiés ,  entt oient    jufque 
dans  fon  appartement  -,  il  leur  l'er- 
voit  fouvent  lui-même  des  viandes 
dont   il   mangeoit.   Il   sétoit  feit 
feire  un  dénombrement  de  toute  la 
nobleffe  indigente  de  fon  royaume. 
C'eft  lui  qui  fit  bâtir  à  Paris  l'hô- 
pital des    (juin\t-vlngts    apès  fon 
premier  voyage  de  la  Terre-Sainte, 
pour  y  loger  300  gentilshommes 
auxquels  les  Infidelles  avoient  crevé 
les  yeux.  U  avoit  donné  ordre  de 
dreffer  dans  tes  provinces  un  état 
des  pauvres  laboureurs  qui  ne  pou- 
voient  travailler ,  &  de  pourvoir 
à  leur  fubfiftance.  U   fe  déroboit 
fouvent    à  fes    courtiûns,    pour 
exercer  quelque  oeuvre  de  charité  > 
ou  pour  prier  en  filence.  On  en  mur- 
muroit  quelquefois.  Ah  î  difoit-il , 
fi  j'employais  /es  motnens  dont  on  me 
reproche  rmutWté ,  au  /<«  ou  à  d'au- 
tres piazfirs ,   on  me  le  pardonnerolt.  Il 
favoit  pourtant  donner   quelque- 
fois  d'unies  leçons  à  ces  frivoles 
courtidans ,  qui  pardonnent  les  toi- 
bleffes  &  non  les  vertus.  Une  dame 
de  qualité  s'étant   préfentée  à  lui 
avec  une  parure  au  deffus  de  fon 
âge  »  Louis  lui  dit  :  Madame ^j'au- 
toi  foin  de  votre  affaire ,  fi  vous  ave\ 
foin  de  celle  de  votre  falut.  On  par- 
loit    autrefois  d:  votre  beauté ,  elle  a 
djfparu  comme  la  fleur    des  champs. 
On  a  beau  faire,  on   ne  la   rappelle 
point 'y    il  vaut   mieux  fonger  à    la 
beauté  de  tamt^  qui  ne  finira  point» 
5;  louis  faN'orifoit  les   favans    & 
fe  plaifoit  avec  eux.  U  les  admet- 
toki  (à  table  ^  &  leur  tçmQignoit 


LOU 

avec  bonté  le  plaifir  qu'il  avoir 
de  les  entendre  ;  [  Koyq;  Thomas 
D*AqyiN,  ]  Ayant  entendu  dire  dans 
le  Levant  qu'un  foudan  des  Sar- 
rafins  avbit  ramaffé  tovs  les  ouvra- 
ges eftimés  des  Infidelles ,  il  voulut 
en  Élire  autant  en  faveur  des  auteurs 
Chrétiens.  On  lui  fut  redevable 
du  premier  plan  de  Bibliothèque 
publique  qu  on  eût  peut-être  vue 
en  France  depms  Charlemagne,  Il  fit 
conftruire  dans  le  tréfor  de  la  Sântc- 
Chapelle,unefalle  propre  à  rece- 
voir les  exemplaires  de  rEcriture- 
fainte,  des  Interprètes,  des  Pères, 
dès  auteurs  afcétique^.  Outre  cette 
coUeéHon  ,  on  croit  qu'il  sefl 
forma  une  autre  dans  l'abbaye  de 
Royaumont  au  àiocefedeBeauvais, 
dont  il  avoit  pofé  les  fondemens 
dans  fa  jeuncffe  ,  travaillam  de 
fes  mains  aux  bàtimens  &  aux  jar- 
dins. C'eft  dans  ce  monafterc, 
que  ,  loin  des  agitations  de  la 
cour  &  des  -embarras  de  l'admi- 
niftration  ,  il  alloit  quelquefois 
goûter  la  paix*  de  Tame ,  manger 
au  réfeûoirc  &  fervir  les  malades. 
Cette  folitude  étoit  aufli  pour  lui 
une  efpece  d'académie.  Il  y  tc- 
noit  familièrement  des  conférences 
fur  divers  fujets  :  car  non  feule- 
ment il  lifoit ,  mais  il  cherchoit  à 
approfondir  ;  &  lorfque  les  livres 
ne  fatisfaif oient  pas  fa  louable  curio- 
fité ,  il  avoit  recours  aux  lumières 
de  ceux  qui  l'approchoiem.  Son 
difcernement  naturel  le  portoit  à 
préférer  les  anciens  aux  modernes , 
&  il  s*attachoit  fur-tout  aux  pro- 
durons  des  faints  Petes  qu'on  re- 
gardoit  comme  authentiques  ;  il  s'ap: 
pliquoit  même  quelquefois  à  rea» 
dre  en  firançois ,  ce  qu'il  avoit  lu 
en  latin.  Non  content  de  s*êtreaf- 
furé  des  bons  exemplaires  origi- 
naux ,  il  en  lifoit  multiplier  les 
coptes:  &par-là*il  rendit  de  vtjbs 
fervices  à  la  littérature  &  à  la  reli- 
gion«  Avant  fa  n^ort  û  ordQnnaqut 


L  O  U 

(a  l»b]iotheque  fàt  partagée  entre 
lesûfterciens  de  Roysumont,  les 
FF.  Prêcheurs  &  les  FF.  Mineurs» 
Il  avoit  aimé  &  protégé  ces  deux 
ordres ,  qui  fourniiïbient  alors  une 
I^rtiedes  iâvans,  des  philofophes 
&  des  théologiens.  Pour  augmen- 
te la  célébrité  de  leurs  écoles  & 
exciter  une  émulation  plus  vive  , 
'^kût  une  loi  de  ne  donner  fon 
confentement  pour  la  diilrftution 
dçs  bénéfices  qu'après  les  preuves 
d'uûe  capacité  fuffifante. . .  C'eft  à 
fon  règne  ,  fuivant  JoinvUie ,  que 
<ioit  fe  rapporter  l'inflitution  des 
maîtres-des-requêtes*  Ils  n'étoient 
d'abord  que  trois  -,  ils  font  à  préfent 
80,  depuis  redit  de  17  j  2  qui  les  a 
fixés  à  ce  nombre.  5.  Louis  profcri- 
vit  aufli  des  terres  de  fon  domaine , 
la  fanglante  &  injufte  procédure  des 
àiés  judiciaires  ,  &  y  fubftitua  la 
voie  d*appel  à  un  tribunal  fupé- 
tieur  :  ânfi  il  ne  fiit  plus  permis , 
comme  auparavant  ,  de  fe   battre 
contre  fa  partie ,  ou  contre  les  té- 
ffloins  qu  eMe  produifoif,  ni  d'em- 
ployer  la  preuve  abfurdeduyô/  & 
<*€  Veau ,  qui  fut  remplacée  par  la 
preuve  teftimoniale....  JoinvîlU  ,  la 
^kaîfe  &  l'abbé  de  Choîfi  ont  écrit 
^  Vie.  [  Voyt\  leurs    art.  &•   i. 
Çoucy.]  M.  L'abbé  de  Saint-Mar- 
^  a  publié  en  1786 ,  in  8° ,  Les  tta- 
^^jfemtns  <U  S.  Louis  ^  fuivant  U  texte 
on^lnal^  &  rendus  dans  le  langage  aciueL 
XV.  LOUIS  X,  roi  de  France 
&  de  Navarre ,  furnommé  Hutin  , 
f  c'eft-  à  -  dire  Mutin  &   Querelleur  ) 
Succéda  à  Philippe  le  Bel  fonpere  , 
^29  Novembre  13 14;  étant  déjà 
roi  de  Navarre  par  Jeanne  fa  mère , 
«  s'étant   fait  couronner  en  cette 
^lité  à  Pampelune  le  i  Ofkobre 
1308.  Veuf  de  Marguerlu  de  Bour-^ 
%^gnc^  [  Voy.  ir.  Marguerite) 
*l  différa  fon  facre  jufqu  au  mois 
4' Août  de  Tan  1315  ,  à  c«mfe  des 
doubles  de  fon  royaume ,.  &  parce 
|uii  attea^oit  fa  nouvelle  épqufe^ 


L  o  u       %p 

Clémence ,  fille  de  Charles  roi  àù 
Hongrie.  Pendant  cet  interralle , 
Charles  de  Valois  ,  oncle  du  roi ,  fe 
mit  à  la  tête  du  gouvernement ,  &* 
fit  pendre  Enguerrand  de  Marîgny  à 
Montfaucon ,  au  gibet  que  ce  mi- 
niib-e  avoit  Im-même  fait  dreflier 
fous  le  feu  roi.  Louis  X  rappela  les 
Jui£s  dans  fon  royaume ,  fit  la  guerre 
fans  fuccès  contre  le  comte  de  Flan  • 
drts  ,  &  laiffa  accabler  fon  peuple 
d'impôts  fous  le  prétexte  de  cettQ 
guerre.  Il  contraignit  encore  le 
relie  des  ferfs  de  fes  terres  ,  de 
racheter  leur  liberté  :  ce  qu'ils  firent 
avec  peine.  En  rempliâànt  un  dé- 
voir connu,  ils  étoicnt tranquilles  » 
&  ils  ignorçient  ce  qu'on  exige* 
roit  d'eux  quand  ils  ferpient  li^ 
bres.  L*édit  du  roi  portoit  que  ft^ 
Un  U  droit  de  nature  chacun  doit  nai'- 
tre  franc  ,  &  il  faifoit  acheter  ce 
droit  de  nature.  Louis  X  mourut 
à  Vincennes  le  8  Juin  1 316 ,  à  16 
ans.  U  n'avoit  eu  de  fa  première 
femme  ,  Marie  de  Bourgogne ,  qu'une" 
fille.  11  avoit  époufé  en  fécondes 
noces  Clémence  de  Hongrie  ,  qu'il 
laiiTa  enceinte ,  &  qui  mit  au  monde 
un  fils  pofthume  ,  tiommé  Jean  »  ■ 
(le  ly  Novembre  13 16  -,  )  mais 
ce  jeune  prince  ne  vécut  que  9 
jours.  11  s'éleva  une  grande  dif- 
ficulté au  fujet  de  la  fucceflion. 
Jeanne ,  fille  du  roi  &  de  là  pre- 
mière femme  ,  devoit  fuccéder  , 
félon  le  duc  de  Bourgogne,  l,es  états*- 
généraux  décidèrent  que  la  lot 
Salique  excluoit  les  femmes  de  la 
couronne.  Oa  ne  trouve  rien  de 
décidé  là.deffus,(  dit  M.  Fabbé 
Mi/lot ,  )  par  la  loi  Salique  -,  mais 
la  coutuhie  invariable  ,  le  voeu  de 
la  nation  &  l'imérct  du  royaume  , 
valoient  bien  une  loi  formelle  \ 
&  ce  fut  Thlllppe  le  Long^  2*  fils 
de  Philippe  le  Bel  ,  qui  monta  fur 
le  trône  de  France.  Jeanne,  fz  fille  ; 
eut  pour  fa  part  la  couronne  de 
Navarre  ,  qu'elle  poit^  en  dot  àr 


L  O  U  L  O  U 

petit-fils   de   PhlTippc  k    ciers  &  aux  magiflrats  leurs  char* 


ges,  pour  les  donner  aux  rebel- 
les qui  avoient  fuivi  fes  retraites 
dans  le  Dauphiné ,  dans  la  Fran- 
che-Comté, dans  le  Brabant.  Re- 
gardant la  France  comme  un  pré 
qu^U  pouvoh  faucher  tous  les  ans  & 
d'aujp,  près  qu^il  lui  plaîfoit  ,  il  la 
traita  d  abord  conrnie  un  pays  de 
conquête  «  dépouilla  les  grands , 
accabla  le  peuple  d'impôts  ,  & 
abolit  la  Pragmatique-Sanction.  Lovis 
XI  étoit  cependant  intéreffé  (  dit 
M.  l'abbé  Mlllot  )  à  maintenir  cet 
ouvrage  de  fon  prcdéceffeur,  Mais , 
dans  refpérancede  remettre  la  mai- 


3î* 

FhUippé 

Hardi  j  qui  l'époufk. 

XVI.  LOUIS  XI,  fils  de  Char- 
les  K//,  &  de  MarU  d'Anjou ,  fille 
de  Louis  Jl  roi  titulaire  de  Naples , 
naquit  à  Bourges  le  3  Juillet 
1423.  Il  fe  fignala  dans  fa  jeàneile 
par  pluiieurs  exploits  guerriers  con- 
tre, les  Anglois  ,  qu'il  obligea  de 
lever  le  fiege  de  Dieppe  en  1443. 
La  gloire  que  lui  acquit  fon  cou- 
'  lage ,  fiit  ternie  par  fon  caraâere 
dur  &  inquiet.  Mécontent  du  roi 
&  des  miniilres  ,  &  ne  pouvant 
fou{&ir  Agnès  Sord ,  maitreiTe  de 
Chvles  VU  »  il  fe  retira  de  la  cour 

dès  l'an  1446.  Nulle  confidération    fon  eC Anjou  fur  le  trône  de  Naples 
ne  put  l'engager  à  revenir.  11  s'é-    ufurpé  par  Ferdinand  d'Aragon  ,  il 
toit  marié ,  fans   le  confentemem    facrifia  au  pape  une  loi  auffi  pré- 
de  fon  père ,  avec  la  fille  du  duc    cieufe  à  la  France  qu'odieufe  à  la 
de  Savoie.  Il  gouvernoit  le  Dau-    cour  de  Rome.  [F<>>e^JouFFRoi.] 
phiaé  en  fouverain  ;  mais  fâchant    II  eut  beau  infiiler  enfuite  fur  la 
que  le  roi  vouloit  s'aiTurer  de  fa    droits   de  la  maifon  d'Anjou,  Pic 
perfonne,  il  fe  retira  dans  le  Bra-    //qui  foutenoit  Ferdinand^  ayant 
bant  auprès   de  Philippe  le  Bon  ,    obtenu    ce    qu'il    (ouhaitoit ,   ne 
qu'il  ne  put  faire  entrer  dans  fes   marqua  fa  reconnoifTance  que  par 
projets  féditieux.  Les  dernières  an-   un  bref  de  remercîment  où  il  le 
nées  de  Charles  VU  fon  père ,  fu-    comparoit  à  Théodofe  &  à  CharU- 
rent  remplies  d'amertume  -,  fon  fils   magne.  Cependant  le  parlement  de 
cauià  fa  mort.  Ce  père  infortuné    Paris  foutint  la  Pragmatique  avec 
mourut ,  comme  on  fait ,  dans  la   tant  de  vigueur ,  qu'elle  ne  fut  to- 
crainte  que  fon  enÊint   ne  le  fit   talement  anéantie  que  par  le  Concor- 
mourir*   Il  choifit  la  faim  ,  pour    dat  fait  entre  Léon  X  &  François  L 
éviter  le  poifon   qu'il   redoutoit.    Les  entreprifes  de  Louis  XI  exci- 
houls  XI ,  parvenu  à  la  couronae   terent  contre  liû  tous    les   bons 
le  1  Juillet  146 1  par  la  mort  de   citoyens.   Il  fe  forma    une  ligue 
Charles  VU  ,  porta  à  peine  le  deuil    entre  Charles  duc  de  Berrl  fon  frère, 
de  fon  père ,  &  trouva  même  mau-    le  comte  de  Charolois ,   le  duc  de 
vais  ,  dit-on  »  que  fa  cour  le  por-   Breti^ne ,  le  comte  de  Dunoîs  &  plo- 
tât.  Il  prit  un  plan  de  conduite  &    fieurs  feigneurs  ^  non  moins  mé- 
de  gouvernement ,  entièrement  dif-'  contens  de  Louis  XL  Jean  d'Anjou^ 
férent.  //  ne  craignit  point  d'être  hai\    duc  de  Calabre  ,    vint  fe  joindre 
pourvu  qu^ll  fut  redouté  :  OjyZRiVT  ^    aux    princes  confédérés,    &  leur 
DUM  METUANT...  Si  je   m*é:ois   amena    500  Suifles,  les   premiers 
avifé ,  dit-il  quelque  temps  avant  fa    qui  aient  paru  dans  nos  armées.  La 
mort  y  de,  régner  plutôt  par  l'amour   guerre ,  qui  fuivit  cette  ligue  formée 
que  par  ta  crainte  ,  j*aurùis  bien  pu   par  le  mécontentement ,  eut  pour 
ajouter  un  nouveau   chapitre  aux  Ji-    prétexte  la  réformation  de  l'état  & 
ii/sTREs  Malheureux  de    Bo-   le  foulagement  des  peuples  :  elle 
^^«,  U  conuuexiça  par  ôxer  ^ux  offi^  fut  appelée  la  U^  du  bien  piAUc. 

''       '  [roye( 


L  O  U 

iyoye{  L  MORYILLIERS  &  Fis- 
CRET.]  Louis  arma  pour  la  diffi- 
per.  Il  y  eut  une  bataille  non  dé* 
cifive  à  Montlhéri ,  le  i6  Juillet 
1465.  Le  champ  refta  aux  troupes 
confédérées  ;  mais    la    perte    tut 
égale  des  deux  côtés.  Le  monar- 
que François  ne  défunit  la  Ligue , 
qu'en  donnant  à  chacun  des  prin- 
cipaux chefs  ce  qu'ils  demandoient  : 
la  Normandie  à  Ton  frère  *,  plufieurs 
places  dans  la  Picardie  au  comte 
dt  Charolois'y  le  comté  d'Eftampes 
au  duc  de  Bretagne ,  &  l'épée  de  con- 
nétable au  comte  de  Saint-Pol.  La 
paix  fut  conclue  à  Conâans ,  le  5 
Oâobre^  la  même  année.  Le  roi 
accorda  tout  par  ce  traité ,  efpérant 
tour  ravoir  par  Tes  intrigues.  U  en- 
leva bientôt    la  Normandie  à  fon 
frère ,  &  une  partie  de  la  Brets^e  au 
duc  de  nom.  L'inexécution  du  traité 
\    de  G>nâans  alloit  rallumer  la  guerre 
I    civile  :  Louis  XI  crut  Tétein&e  en 
'    demandant  à   Charles  U  TénUraire^ 
duc  de  bourgogne ,  ime  conférence 
à  Péronne  ,  dans  le  temps  même 
qu'il  excitoit  les  Liégeois  à  faire 
une  perfidie  à  ce  duc  &  à  prendre 
,    les  armes  contre  lui.  Charles ,  inf- 
tnût  de  cette  manoeuvre ,  le  retint 
prifonnier  dans  le  château  de  Pé- 
ronne, le  força  à  conclure  un  traité 
fort  défavantageux  ,  &  à  marcher 
à  &  fuite    contre    ces   Liégeois 
mêmes  qu'il  avoit  armés.  Le  com- 
ble de  l'humiliation  pour  lui ,  fut 
d'affifler  à  la  prife  de  leur  ville, 
&  de  ne    pouvoir    obtenir    (on 
retour  à  Paris  ,  qu'après  avoir  pro- 
digué les  baiiefles  &  efluyé  mille 
ififronts.  Le  duc  de  Berry ,  frère  du 
monarque  François ,  fiit  la  vi6Hme 
de  cet  élargiffement.    Louis  XI  le 
força  de  recevoir  la  Guienne  en 
apanage ,  au  lieu  de    la    Cham- 
pagne &   de  la  Brie  :  il   voulut 
l'éloigner  de  ces  provinces  \  dans 
là  crainte  que  le  voifinage  du  duc 
de  Bourgogne  ne  fût  une  nouvelle 
Tome  V* 


LOU        355 

fource  de  divisons»  ZouT^  XI  n'en' 
fut  pas  plus  tranquille.  Le  duc  ââ, 
Bourgopie  fit  offrir  fa  fille  unique 
au  nouveau  duc  de  Guienne,  Le  roi« 
redoutant  cette  union  ,  fut  foup- 
çonné  d'avoir  £ait  empoifonner 
fon  frère  par  l'abbé  de  Saint- Jean 
d'Angely ,  nommé  Jourdain  Faure  , 
dit  Verforis ,  fon  aumônier.  Le  duc 
foupoit  entre  fa  maitrefTe  &  cet 
aumônier ,  qui  lui  fît ,  dit-on  ,  ap- 
porter une  pêche  d'une  grofTeur 
finguliere,  (fuppofé  qu'il  y  eût 
alors  des  pêches  en  France).  La 
dame,  d'un  tempérament  délicat, 
expira  immédiatement  après,  en 
avoir  mangé  ;  le  prince  plus  ro« 
bufle  ne  mourut  qu'au  bout  de  fiz 
mois ,  après  des  convuliions  hoi^ 
ribles.  Odet  d*Aidk^  Êivori  du  prince 
empoifonné,  voulut  venger  la  mort 
de  fon  maître.  Il  enleva  l'empoi- 
fonneur  &  le  conduifit  en  Bretagne  « 
pour  pouvoir  lui  faire  fon  procès 
en  liberté  \  mais  la  veille  du  jour 
qu'on  devoit  prononcer  l'arrêt  de 
mort,  on  le  trouva  étouffé  dans 
fon  lit.  [  Voyei  Versoris.  ]  Ce- 
pendant le  duc  de  Bourgogne  fe  pré« 
paroit  à  tirer  une  vengeance  plus 
éclatante  de  la  mort  d'un  prince 
qu'il  vouloit  Êiire  fon  gendre.  U 
entre  en  Picardie ,  met  tout  à  feu 
&  à  fang ,  échoue  devant  Beauvais 
défendu  par  des  femmes  [  Voye^ 
l'article  de  Jeanne  Hachette]-^ 
pafTe  en  Normandie  ,  la  traite 
comme  la  Hcardie,  &  revient  en 
Flandres  lever  de  nouvelles  trou- 
pes. Cette  guerre  cruelle  fut  ter- 
minée, pour  quelques  infhns,  par  le 
traité  de  Bouvines,  en  1474  :  traité 
fondé  fur  la  fourberie  &  le  men* 
fonge.  Cette  même  année  il  y  eut 
une  ligue  ofFeniive  &  défenfive , 
formée  par  le  duc  de  Bourgogne^ 
entre  Edouard  ly  roi  d*Ân^eteTre  & 
le  duc  de  Bretagne ,  contre  le  roi  de 
France.  Le  prince  Ânglois  débar- 
que avec  fes  troupes  ;  Louis  p«ui 

z 


?Ç4       LOU.       . 

le  combattre ,  mats  il  aune  mieux 
le  gagner  par  des  négociations.  Il 
paye  fes  principaux  miniûres  *,  il 
féduit  les  premiers  officiers,  au 
lieu  de  fe  mettre  en  ém  de  les 
vaincre-,  il  fait  des  préfens  de 
vin  à  toute  l'armée  •,  enfin  il  acheté 
le  retour  à* Edouard  en  Angleterre. 
Les  deux  rois  conclurent  à  Amiens 
«n  1475  ""  traité,  qu'ils  confir- 
mèrent à  Pecquigni.  Ils  y  convinrent 
d'une  trêve  de  7  ans  -,  ils  y  arrê- 
tèrent le  mariage  entre  le  Dauphin 
^  la  fille  du  monarque  Anglois« 
îc  Loms  s'engagea  de  payer,  juf- 
<ïu'à  la  mort  de  fon  ennemi,  une 
fomme  de  50,000  écus  d'or.  Le 
duc  d€  Bretagne  fiit  auifi  compris 
<Jans  ce  traité.  Celui  de  Bourgogne , 
abandonné  de  tous  &  feul  contre 
Louis  XI ,  conclut  avec  lui  à  Ver- 
vins  une  trêve  de  neuf  années.  Ce 
prince ,  ayant  été  tué  au  fiege  de 
Nancy  en  1477 ,  laiffa  pour  héri- 
tière Marie  îà  fille  unique ,  que  Louis 
XI ,  par  une  politique  mal-enten- 
due, refiifa  pour  le  Dauphin  fon 
fils.  Cette.,  princefle  époufa  Maxi- 
miùm  d^ Autriche ,  fils  de  l'empereur 
Frédtf{c  llly  &  ce  mariage  fiit  l'ori- 
gine des  querelles  qui  coûtèrent 
tant  de  fang  à  la  France  &  à  la 
lUaiCon  d'Autriche.  La  guerre  com- 
mença peu  de  temps  après  cette 
union»  entre  l'empereur  &  le  roi 
de  France.  Celui-ci  s'empara  de  la 
Franche-Comté  par  la  valeur  de 
Chaumont  d*jimbolfe.  Il  y  eut  une 
bataille  à  Guinegate,  où  l'avantage 
fut  égal  des  deux  côtés.  Un  traite , 
fait  à  Arras  en  14Ô2 ,  termina  cette 
guerre.  On  y  arrêta  le  mariage  du 
Dauphin  avec  Marguerite ,  fille  de 
Marie  de  Bourgogne.  Louis  XI  ne 
jouit  pas  long*>temps  de  la  joie  que 
lui  dévoient  infpirer  ces  heureux 
événemens.  Sa  fanté  dépérifibit  de 
jour  en  jour,  &  fon  courage  s*af- 
foiblit  avec  îes  organes.  Une  noire 
méJUniColi^  le  ûûfit  >  &  ne  lui  offrant 


L  O  U 

plus  que  des  images  fimeftes  ,  il 
commença  à  redouter  la  mort.  Il 
fe  renferma  au  château  du  Fleifis- 
les-Tours,  où  l'on  n'entroit  que 
par  un  guichet ,  &  dont  les  murail' 
les  étoient  hériffées  de  pieux  de 
fer.  Inaccefiible  à  its  fujets,  entouré 
de  gardes ,  dévoré  par  la  crainte  de 
la  mort,  pnr  la  douleur  d'être  haï  « 
par  les  remords  &  par  l'ennui,  il 
fit  venir  de  Calabre  un  pieux  Her- 
mite  ,  révéré  aujourd'hui  fous  le 
nom  de  5.  François  de  PiZuU.  U  fe 
jeta  à  fes  pieds  *,  il  le  fupplis  y  en 
pleurant,  de  demander  à  Dieu  la 
prolongation  de  fes  jours  :  mais  le 
faim  homme  l'exhorta  à  penfer 
plutôt  à  purifier  fon  ame ,  qu'à  tra* 
vailler  à  rétablir  un  o^rps  foible 
&  ùfé.  En  vain  il  crut  en  ranimer 
les  refies  >  en  s'abreuvant  du  iâng 
qu'on  tiroit  à  des  enÊms ,  dans  la 
faufile  efpérance  de  corriger  l'àcreté 
du  fien.  Il  expira  le  3oAoûti4S3y 
à  60  ans  &  2  mois ,  en  difant  : 
Notre  '  Dame  d*Emhrai ,  mxL  honne 
maitrejfe  ,  alde^-moi»  Louis  XI  eft' 
regardé  comme  le  Tibère  de  la 
France.  Sa  févérité ,  qui  avoit  été 
extrême  >  fe  changea  en  cruauté 
fur  la  fin  de  fa  vie.  Il  foupçonnoit 
légèrement ,  &  l'on  devenoit  cri- 
minel dès  qu'on  étoit  fufpeâ.  U  y 
a  peu  de  tyrans  qui  aient  fiût  mou- 
rir plus  de  citoyens  par  la  mm 
du  bourreau  &  par  des  fupplices 
plus  recherchés.  Les  Chroniquei 
du  temps  comptent  40oofiijets  exé* 
cucés  fous  fon  règne ,  en  public  ou 
en  iecret.  Les  cachots  ,  les  cages 
de  fer ,  les  chaînes  dont  on  charo 
geoit  les  viûimes  de  fa  barbare  dé- 
fiance, font  les  monumens  qu*a 
laifTés  ce  monarque.  Oci  prétend 
qu'en  Êiifant  donner  la  torture  aux 
criminels ,  il  étoit  derrière  une  ja- 
loufie  pour  entendre  les  interroga* 
toires.  Onne  voyoit  que  gibets  au- 
tour de  fQn  château  *,  ç'étoit  à  ces 
affireufes  marques  qu'oa  recgimoiÇ( 


L  O  U 

Ibit  les  lieux  habités  pat  un  toL 
Trifim^  prévôt  de  fon  hôtel  &  Ton 
ami ,  (  û  ce  terme  peut  être  toléré 
pour  les  méchans  ,  )  étoit  le  juge , 
le  témoia  &  l'exécuteur  de  l'es 
vengeances  -,  (  Voy.  I.  Tristan.  ] 
&  ce  roi  cruel  ne  craignoit  pas  d'y 
tffifler  après  les  avoir  ordonnées. 
Lorfque  Jacques  d! Armagnac  duc  de 
Ntmours^  accufé  peut-être  fans  rai- 
fon  du  crime  de  lefe-majefté ,  fut 
exécuté  en  1477  par  fes  ordres  -, 
lottls  XI  fit  placer  fous  l'échafaud 
les  enfans  de  ce  prince  infortuné, 
pour  recevoir  fur  eux  le  fang  de 
leur  père.  Ils  en  fortirent  tout 
couverts  >  &  dans  cet  état  on  les 
conduisit  à  la  Baftille,  dans  des  ca- 
I  chots  îaàt  en  forme  de  hottes ,  où 
la  gêne  que  leurs  corps  éprou- 
I  voient  étoit  un  continuel  fupplice. 
[  Voy,  1.  Marck.  ]  Ce  cruel  mo- 
I  narque  eut  pour  fes  conHden;  & 
I  pour  fes  miniftres  ,  des  hommes 
dignes  de  lui  -,  il  les  tira  de  la 
boue  :  fon  barbier  devint  comte  de 
Meulan  &  ambafïadeur  :  fon  tail- 
leur ,  héraut  d'armes  ^  fon  médecin , 
diancelier.  [  Voy,  les  art.  Dans... 
CoYTiER...  DoYAC.  ]  Il  abâtar- 
dit la  nation ,  ec  lui  donnant  ces 
vils  fimulacres  pour  maîtres  ;  auffi , 
fous  fon  règne ,  il  n'y  eut  ni  ver- 
tu,  nihéroïfine.  L'obéiiTance  &la 
baiTefle  tinrent  lieu  de  t«ut*,  &  le 
peuple  fut  enfin  tranquille  ,  dit  un 
hiftorien  ingénieux.,  comme  les 
forçats  le  font  dans  une  galère.  Ce 
cœur  artificieux  &  dur  avoit  pour- 
tant deux  penchans  qui  auroient  dû 
adoucir  fes  mœurs  ;  l'amour  &  la 
dévotion.  Mais  fon  amour  tenoit 
dî  fon  caraûere,  inconilant ,  bi- 
garre ,  inquiet  &  perfide  ;  &  fa  dé- 
votion n'étoit  le  plus  fouvent  que 
la  crainte  fuperftitieufe  d'une  ame 
pufillanime.  «<  La  bizanvrie  de  fon 
»♦  efprit ,  (  dit  le  P.  Daniel ,  )  lui  fai- 
»»foit  négliger  reflentiel  de  la  dé- 
**  votion ,  pour  U  contenter  de  fes 


L  0  u        5^5 

^^  pratiques  extérieures ,  &  le  ren- 
M  doit  fcrupuleux  fur  des  bagatel- 
w  les  ,  tandis  qu'il  n'héfitoit  pas 
»♦  dans  les  chofes  les  plus  impor^ 
»♦  tantes  ♦<.  Toujours  couven  de  re- 
liques &  d'images ,  portant  a  fon 
bonnet  une  Non-e-Ùame  de  plomb  , 
il  lui  demandoit  pardon  de  fes  af- 
faifinats ,  &  en  commectoit  toujours 
de  nouveaux.  Louis  s 'étant  voué 
à  un  Saint-,  comme  le  prêtre  re- 
commandoit  inflamment  à  fa  pro- 
te^kion  le  foin  de  Tame  &  du  corps 
du  roi  :  Ne  parle\  que  du  corps  ,  dit 
le  prince  -,  il  ne  jhu  pas  fe  rendre 
importun  en  demandant  tant  de  chofev 
à  la  fois,  l\  fît  folliciter  auprès  dw 
pape  le  droit  de  porter  le  furplis 
&  l'aumuffe ,  &  de  fe  £aire  oindre 
une  féconde  t'ois  de  Tampoule  de 
Reims  ,  au  lieu  d'implorer  la  mifé- 
ricorde  de  l'Etre-fuprême ,  de  laver 
fes  mainî  fouillées  de  tant  de  meur- 
tres commis  avec  le  glaive  de  I2 
juflicc...  Si  la  nature  le  fit  naître 
avec  un  cœur  pervers  ,  elle  lui 
donna  de  grands  talens  dans  l'ef- 
prit.  Il  avoit  du  courage  ;  il  con- 
noifToit  les  hommes  &  les  afFaires. 
Il  portoit ,  fiiivant  fes  expreffions  , 
tout  fon  confdl  dans  fa  tète,  [  Voyet 
I.  Brlzé  ,  &  LA10SOI  à  la  fin,} 
Prodigue  par  politique ,  autant  qu*a- 
vare  par  goût  ,  il  favoit  donner 
en  roi.  C'efl  à  lui  que  le  peuple 
dut  le  premier  abaiflement  des 
grands.  La  juftice  fiit  rendue  avea 
autant  de  févérité  que  d'exaéHtude 
fous  fon  règne.  Paris  défolé  pac 
une  contagion  en  1466  ,  fut  re- 
peuplé par  fes  foins  :  une  police 
rigoureufe  y  régnoit.  S'il  avoic 
vécu  plus  long-temps ,  les  poids 
•&  les  mefures  auroient.  été  uni- 
formes dans  fes  états.  U  encou- 
ragea le  commerce.  Ayant  appelé 
de  Grèce  &  d'Italie  un  grand  nom- 
bre d'ouvriers  qui  pifient  fabri- 
quer des  étoffes  précieufes ,  il  les 
exempta  de  tout  impôt ,  ainû  qa§ 

Zi; 


55«        LOU 

les  François  employés  dans  leurs 
inami£aâiires.  Il  £ûfoit  plus  de  cas 
d'un  négociant  a£b£  ,  que  d'un 
gentilhomme  fouvent  inutile.  Un 
marchand  qu'il  admettoit  à  ik  ta- 
ble, lui  ayant  demandé  des  let> 
très  de  noblefle ,  il  les  lui  accor> 
da  &  ne  le  regarda  plus.  Alie^  , 
Monfitur  U  Gauflhommc  ,  lui  dit 
Louis  !  quand  je  vous  fai/ols  affeoir 
â  ma  tahû ,  je  vous  ngardoLs  comme 
h  frtmUr  de  votre  condition  ;  at^ouf" 
d*hm  quf  vous  en  êtes  le  dernier  >  je 
f croîs  injure  aux  autres ,  fi  je  vous 
faifois  la  même  faveur.  Ce  fîit  lui 
qui  ,  par  l'avidité  d'apprendre  les 
nouvelles ,  établit  en  1464  les  pof- 
tes,  jufqu'alors  inconnues  en  France. 
Deux  cents  trente  courriers  ,  a  Tes 
gages  ,  portoient  les  ordres  du 
monarque  &  les  lettres  des  parti- 
culiers dans  tous  les  coins  du 
royaume.  [  Voy,  Maillard.  ]  Il 
eft  vrai  qu'il  leur-  fit  payer  chère- 
ment cet  établifîement  ;  il  aug- 
menta les  tailles  de  trois  millions  , 
&  leva  pendant  vingt  ans  4  millions 
700,000  liv.  par  an  :  ce  qui  pou- 
voit  &ire  environ  23  millions 
d'aujourd'hui  *,  au  lieu  que  Charles 
F//n'avoit  jamais  levé  par  an  que 
1800  mille  francs.  En  augmentant 
fon  pouvoir  fur  fes  peuples  par 
fes  rigueurs  ,  il  augmenta  fon 
royaume  par  fon  indufbie.  L'An- 
jou, le  Maine  ,  la  Provence  ,  la 
Bourgogne  &  quelques  autres  grands 
fiefs  ,  ârent  réunis  fous  lui  à  la 
couronne.  Ce  prince  aimoit  & 
protégeoit  les  lettres  ,  qu'il  avoit 
lui-même  cultivées.  Il  fonda  les 
univerfités  de  Valence  &  de  Bour- 
ges. U  aimoit  les  faillies ,  &  il 
lui  en  échappoit  d'ingénieufes.  On 
lui  faifoit  voir  un  jour,  dans  la 
ville  de  Baune ,  un  Hôpital  fondé 
par  RoUn ,  chancelier  d'un  duc  de 
Bourgogne.  Ce  Rolîn  avoit  été  un 
grand  concufHonnaire.  //  étoît  bien 
raifonnabU ,  (  dit  Louir^  )  ^H  Rolia 


LOU 

qid  avoit  fait  tant  de  pauvres  pendâni 
fa  vie  ^  bâtit  avant  que  de  mourir 
une  maifon  pour  les  loger»  Un  pau- 
vre ecdéûaitique  pourfuivi  pour 
une  dette  de  joo  écus  ,  prit  le 
moment  ,  où  le  roi  faifoit  fa 
prière  dans  une  ^life,  pour  lui 
expofer  fon  trifte  eut.  Le  roi  paya 
dans  l'inftant  la  fomme  deman- 
dée,-en  lui  àiùaniF^ous  ave^hîen 
pris  votre  temps  \  il  efijufie  que  fait 
pitié  des  malheureux  ,  puifque  je  ée^ 
mandois  à  Dieu  d'avoir  pitié  de  moL 
A  ce  trait  de  bienÊiifance  on  peut 
en  joindre  un  autre  encore  plus 
touchant.  Une  femme  toute  éplo- 
rée  lui  adreiTa  fes  plaintes  fur  ce 
qu'on  ne  vouloir  pas  enterrer  (on 
mari  en  terre-fainte  ,  parce  qu'il 
étoit  mort  infolvable.  Le  roi  lui 
dit  qu'Z^  n*'avoit  pas  fait  les  lois  ; 
mais  il  paya  les  dettes ,  6c  ordonna 
d'enterrer  le  corps...  Ce  fut  fous 
fon  règne  que  fe  fit  la  première 
opération  del'extraéHon  de  la  pierre 
fur  un  franc  -  archer  condamné  à 
mort.C'efl  Louis  XI  qui  fit  recueillir 
les  Cent  NouvtlUs  nouvelles  ,  ou  Hif* 
toires  contées  par  différens  feigneurs 
de  fa  cour ,  (  Paris ,  Vérard ,  )  in-foL 
fans  date  ;  mais  dont  la  belle 
édition  eild'Amflerdam,  1 701,  deux 
vol.  in-8°,  fig.  de  Hoogue  :  quand 
les  figures  font  détachées  de  l'im- 
primé, elles  font  plus  recherchées* 
{Voy,  VII.  Marguerite  de  Va- 
lois. )  C'ed  encore  fous  fon  règne, 
en  1469 ,  que  le  prieur  de  Sorbonne 
fit  venir  des  imprimeurs  deMayence. 
Le  peuple  ,  alors  très-fuperftitieu3C, 
les  prit  pour  des  forciers.  Les  co- 
piées qui  gagnoient  leiu:  vie  à  traof- 
crire  le  peu  d'anciens  manufcrits 
qu'on  avoit  en  France  ,  préfente* 
rent  requête  au  parlement  contre 
les  imprimeurs  *,  ce  tribunal  fit  faifir 
&  confifquer  tous  leurs  livres.  Le 
roi  qui  favoit£ôiire  le  bien,  quand 
il  n'étoit  point  de  fon  intérêt  de 
&ire  le  ma  ,  défendit  9u  parle-. 


L  O  U 

ment  de  connoitre  de  cette  affaire , 
l'évoqua  à  fon  confeil ,  &  fit  payer 
aux  typographes  Allemands  le  prix 
de  leurs  ouvrages.  pucUs  ,  hUlo- 
riographe  de  France ,  a  publié  1'//*/- 
^  de  ce  prince  ,  1745  ,  4  vol. 
in- 12  :  elle  eft  curieufe  ,  intéref- 
foitc  &  bien  écrite.  U  y  en  a  une 
autre  par  MU®  de  Luffan^  6  vol.in-i  2, 
XVII.  LOUIS  XII  ,  roi  de 
France  ,  fumonuné  U  Jufte  &  U 
Fore  du  PeupU  ^  naquit  à  Blois  le 
27  Juin  1462  ,  de  Charles  duc 
^Orléans  ,  &  de  Marie  de  Cleves, 
Louis  ^/ lui  fit  époufer ,  en  1476 , 
itanne  de  France,  fa  fille.  Il  aflîfta, 
en  qualité  de  premier  prince  du 
Ùng,  au  facre  de  Charles  VIU  ;  & 
quoiqu'il  fût  fi  près  du  trône,  il 
n'en  étoit  pas  mieux  à  la  cour>de 
ce  monarque.  Il  ne  pouvoit  fouflfrir 
le  gouvernement  de  Mad*  de  Beau- 
jeu  ,  fille  ainée  de  Louis  XI ,  & 
toute  -  puifiTante  pendant  les  pre- 
mières années  du  règne  de  Châties 
VIU,  Ayant  à  fe  plaindre  de  cette 
princefie ,  il  fe  retira  en  1487  en 
Bretagne  avec  le  comte  de  Dunois 
&  quelques  autres  feigneurs.  Le 
fort  des  armes  ne  lui  fiit  pas  Àvo- 
rable.  La  bataille  de  Saint- Aubin , 
donnée  en  1588  ,  abattit  entière- 
ment fon  parti.  Le  duc  d'Orléans 
fut  feit  pnfonnier,  tranfporté  de 
prifon  en  prifon  ,  enfin  enfermé 
à  la  Toia-  de  Bourges ,  où  il  fiit 
gardé  très-étroitement  pendant  trois 
ans,  &  traité  avec  une  extrême 
rigueur.  On  lui  refiifoit  prefque  le 
aéceiîaire-,  la  nuit  on  Tenfermoit 
dans  ime  cage  de  fer  ;  on  ne  lui 
permcttoit  pas  d*écrire,  &  un  nommé 
Gutiin  ,  fon- geôlier  ,  rendit  cette 
longue  captivité  encore  plus  dure , 
par  des  précautions  qui  tenoient 
de  la  barbarie.  Ce  fut  pendant  ces 
malheurs  qu'il  éprouva  les  foins 
tendres  &  généreux  de  la  princeffe 
Jeanne  ,  [  Voy,  iv.  Jeanne  ]  fon 
époufe ,  qui  obtint  enfin  ù  déli-» 


LOU        357 

vrance  à  force  de  prières  &  de 
larmes.  Le  duc  d'Orléans  ^  élevé 
dans  l'école  de  l'adverfité  ,  y  per- 
feâionna  les  vertus  que  la  nature 
lui  avoit  données.  Parvenu  à  la 
couronne  en  1498  >  après  la  mort 
de  Charles  VIU ,  fon  humeur  bien- 
faifante  ne  tarda  pas  d'éclater.  Il 
foulagea  le  peuple  &  pardoiina  à 
fes  ennemis.  Louis  de  la  TnmoullU 
l'avoit  fait  prifonnier  à  la  bataille 
de  Saint-Aubin  ^  il  craignoit  foa 
refiientiment.  II  fut  rafiîiré  par  ces 
belles  paroles  :  Ce  n'eji  point  au  Roi 
de  France  à  venger  les  querelles  du  Duc 
d'Orléans,  Il  avoit  fait  une  lifte  > 
des  feigneiurs  dont  il  avoit  eu  à  fe  - 
plaindre  fous  Charles  VUI ,  &  mar- 
qué leurs  noms  d'une  croix.  Prei?* 
que  tous  vouloient  s'éloigner.  U 
les  rafTura  par  ces  belles  paroles  » 
vraiment  dignes  d'un  roi  très-chré- 
tien :  La  croix  que  j'ai  jointe  à  vos 
noms  ,  ne  devoit  pas  vous  annoncer  de 
vengeance  >  elle  marquoit  ,  ainfi  que 
cUle  de  notre  Sauveur  ,  le  pardon  ^ 
l'oubli  des  injures.  Après  qu'il  eut 
réglé  &  policé  fon  royaume  >  di- 
minué les  impôts  ,  réprimé  les 
excès  des  gens  de  guerre*  établi 
des  parlemens  -,  il  tourna  fes  -vues 
fur  le  Milanès ,  fur  lequel  il  avoit 
des  droits  par  fon  aïeule  Valenûne  , 
fœur  unique  du  dernier  duc  de  la 
£unille  des  Vifconti,  Ludovic  S  force 
s'en  étoit  emparé  :  le  roi  envoya 
une  armée  contre  lui  en  1499  , 
&  dans  moins  de  20  jours  le  Mi- 
lanès fut  à  lui.  U  fit  fon  entrée 
dans  la  capitale  »  le  6  Oâqbre  de 
la  même  année  *,  mais ,  par  une  de 
ces  révolutions  fi  ordinaires  dans, 
les  guerres  d'Italie ,  le  vaincu  ren- 
tra dans  fon  pays  d*où  on  l'avoit 
chafie ,  &  recouvra  plufieurs  places. 
Sforcc  ,  dans  ce  rétabliiTement  paf** 
fager,  payoit  un  ducat  d'or  pour 
chaque  tête  de  François  qu'on  lui 
portoit.  Louis  XU  fit  un  nouvel 
effort  \  U  renvoya  Loùs  de  la  Tri^ 

Ziij 


3î8       LOU 

mouille ,  qui  reconquît  le  Milanès. 
Les  Suifïes  qui  gardoient  Sforce ,  le 
livrèrent  au  vainqueur.  Maître  du 
Milanès  &  de  Gênes  ,  le  roi  de 
France  voulut  encore  avoir  Naples  ; 
il  s'unit  avec  Ferdinand  le  Catho' 
Mque  pour  s'en  emparer.  Cette  con- 
quête fîit  fiaite  en  moins  de  4  mois , 
Tan  1501.  Frédéric  roi  de  Naples  fe 
remit  entre  les  mains  de  Louis  XII , 
^ui  l'envoya  en  France  avec  une 
penûon  de  120,000  liv.  de  notre 
monnoie  d'aujourd'hui.  Le  mo- 
narque François  étoitdeiHné  à  avoir 
<les  prifonniers  illuftres.  Un  duc  de 
Milan  étoit  fon  captif,  &  un  roi  de 
JN^aples  Ton  peniionnaire.  Ce  prince 
infortuné  ne  voulut  pas  traiter  avec 
Ferdinand  le  Catholique  ,  qui  pafîbit 
pour  perfide  &  qui  l'étoit.  A  peine 
Kaples  fut-il  conquis ,  que  ce  der- 
nier s'unit  avec  Alexandre  F/ pour 
ôter  au  roi  de  France  fon  partage. 
Ses  troupes  ,  conduites  par  Gon^ 
falve  de  Cordoue ,  qui  ménta  fi  bien 
le  titre  de  Grand  Capitaine  ,  s'em- 
parèrent en  1503  de  tout  le  royau- 
me y  après  avoir  gagné  les  batailles 
de  Seminare  &  de  Cérignole.  Cette 
guerre  finit  par  un  traité  honteux , 
en  1505.  Le  roi  y  promettoit  la 
feule  fille  qu'il  eût  d*Anne  [  yoy, 
VII.  AnneI  de  Bretagne,  au  petit- 
fils  de  Ferdinand^  à  ce  prince,  depuis 
û  terrible  à  la  France  fous  le  nom 
de  Charles-Quînt  )  fa  dot  devoit  être 
compofée  de  la  Bourgogne  &  de  la 
Bretagne,  &  on  abandonnoit  Milan 
&  Gênes  fur  lefquelles  on  cédoit 
fes  droits.  Ces  conditions  parurent 
£  onéreufes  aux  Etats  afTemblés  à 
Tours  en  1506  ,  qu'ils  arrêtèrent 
<pie  ce*  mariage  ne  fe  feroit  point. 
Les  Génois  fe  révoltèrent  la  même 
année  contre  Louis.  11  repaiTa  les 
Monts ,  les  défit ,  entra  dans  leur 
ville  le  fabre  à  la  main.  IL  avoit 
pris  ce  jour  là  une  cotte-d'armes , 
îur  laquelle  étoient  repréfentces 
des  abciUes  voltigeant  autour  d'une 


LOU 

ruche,avec  ces  mots  :  Ne  s  uriTVt 
ACuiEO.  n  11  ne  fe  fert  poim  d'ai- 
n  guillon  M.  En  efiSet ,  il  étoit  eotré 
en  vainqueur ,  &  il  pardonna  en 
père.  L'année  1508  fut  remarqua- 
ble par  la  Ligue  de  Cambrai , 
ourdie  par  Jules  II  :  [  Foj.  l'ar- 
ticle de  ce  pontife.]  Le  roi  de 
France  y  entra  ;  l'anibafladeur  de 
Venife  ayant  voulu  l'en  détour- 
ner, en  lui  vantant  la  prudence  | 
des  Vénidens  :  J'oppoferal ,  lui  dk 
ce  prince  ,  un  fi  grand  nomhre  ie 
foux  à  vos  fages  ,  que  je  Us  décoft' 
cercerai.  La  conduite  de  'Louis  Xîl 
répondolt  à  fes  difcours.  Il  veut 
marcher  aux  Vénitiens  ,  pour  les 
combattre  à  Aignadel.  On  lui  re- 
préfente  que  les  ennemis  fe  font 
emparés  dufeulpofle  qu'il  pouvoir 
occuper.  Où  campere^-vous  ,  S  JRI  ? 
lui  demande  im  grand  de  fa  cour. 
Sur  leur  ventre ,  répondit-il.  11  cnira 
fur  le  territoire  de  la  république 
en  1509  ,  &  défit  les  ennemis  en 
perfonne ,  le  14  Mai ,  à  Aignadel. 
Durant  la  bataille  ,  Louis  étoit 
toujours  dans  les  endroits  où 
le  danger  étoit  le  plus  grand. 
Quelques  cburtifans  obligés  par 
honneur  de  le  fuivre  ,  veilent 
cacher  leur  poltronnerie  fous  le 
motif  louable  de  la  confervadoii 
du  prince  :  ils  lui  font  appercevoir 
le  péril  auquel  il  s'expofe-,  le  roi, 
qui  démêle  à  Tinftant  le  principe 
de  ce  zèle ,  fe  comente  de  leur  ré- 
pondre :  Que  ceux  qui  ont  peur  fe 
mettait  derrière  moi.  La  prife  de 
Crémone ,  de  Padoue  ,  &  de  plu- 
fieurs  autres  places ,  fut  le  firuit  de 
cette  viûoire.  Jules  11^  qui  avôit 
obtenu  par  les  armes  de  Louis  XII 
à  peu  près  ce  qu'il  vouloit,  n'avoit 
plus  d'autre  crainte  que  celle  de 
voir  les  François  en  Italie.  H  fe 
ligua  contre  eux,  &  l'on  peut  voir 
les  fuites  de  cette  Ligue  dans  fon 
article  où  nous  les  avons  détaillées. 
Parmi  les  ennemis  que  le  papelû 


L  O  U 

Ihfclta ,  il  ne  fiaut  pas  oublier  les 
Suiilès ,  qu'il  détacha  de  Ton  alliance 
d'autant  plus  Êicilement ,  qu'ayant 
exigé  une  augmentation  de  paye, 
Louis  les  avoit  irrités  ,  en  difam  :  // 
^  /tonnant  que  àt  mîférahUs  Montai 
%nards  ,  à  qui  Vor  6*  Variait  étoîent 
inconnus  avant  qui.   mes  pridéceffeurs 
Uur  en   donnajfent ,  veuillent  faire   la 
loi  à  un  roi  de  France  !  Plufieurs  Fran- 
çois firent  admirer  leur  valeur  dans 
cette  guerre.  Lejeune  Gajîon  de  Faix, 
duc  de  Nemours  ,  repouffa  une  ar- 
mée de  Suiffes,.  chaâa  le  pape  de  Bo- 
logne ,  &  gagna  en  1 5 12  la  célèbre 
bataille  de  Ravenne,,où  il  acquit  tant 
de  lauriers ,  &  où  il  perdit  la  vie. 
f  Voyei  Gas  joN ,  n**.  II.  ]  La  gloire 
des  armes  Françoifes  ne  fe  foutint 
pas  *,  le  roi.  ctoit  éloigné*,  les  ordres 
arrivoîent  trop  tard ,  &  quelquefois 
fe  contredifoient.  Son  économie , 
quand  il  falloir  prodiguer  l'or ,  don- 
noit  peu  d'émulation.  L'ordre  &  la 
difcipline  étoient  inconnus  dans  les 
troupes.    En  moins  de  trois  mois 
les  François  furent  hors  de  l'Italie. 
Le  maréchal  de  Tnvulce  ,    qui  les 
comniandoit,abandonna,  l'une  après 
l'autre  ,    toutes   les   villes   qu'ils 
avoient  prifes  »  du  fond  de  la  Ro- 
niagne  aux  confins  de  Savoie.  Loms 
Xll  eut  la  n^ortification  de  voir 
établir  dans  Milan  par  les  Suifles , 
le  jeune  Maxîmîlîen.  Sforce  ,  fils  du 
duc  mort  prifonnier  dans  (es  états. 
Gênes ,  où  H  avoit  étalé  la  pompe 
d'un  roi  Afiatique ,  reprit  fa  liberté  , 
&  chafla  les  François.  Elle  fiit  fou- 
mife  de  nouveau  ;  mais  la  perte  de 
la  bataille  de  Novare,  gagnée  par 
les  Suiâes  contre  la  Trlmoultlc  ,  le 
6  Juin  151^  ,  fut  l'époque  de  la  to- 
tale expulfion  des  François,  [  Voye^ 
Caballo.]  Louis  XII  y  félon  Md- 
chiayel  y,  fit  cinq  fautes  capitales  en 
Italie.  »♦  li  ruina  les  foibles  ;  il  aug« 
w  menta  la  puiffance  d'un  puiffant  ; 
»♦  il  y  introduifit  un  étranger  trop 
.»»  puiffant  i  il  n'y  vkit  point  de- 


LOU         3Î9 

>♦  metirer;  &il  n'y  envo3ra  point 
>t  de  colonies.  «<  L'empereur  AfiiA't- 
milien  ,  Henri  VIII  &  les  Suiffe» , 
attaquèrent  à  la  fois  la  France.  Les 
Anglois  mirent  le  fiege  devant  Te- 
rouanne ,  qu'ils  avoient  prife  après 
la  journée  de  Guiaegate  ,   où  les 
troupes  Françoifes  avoient  été  mi- 
fes  en  déroute  le  13  Avril  1313. 
>*  Elle  fut  appelée  la  journée  des  Ept" 
»  rons  ^  [Ait Mdierai'l  parce  que  les 
>♦  François  s'y  fervirent  plus  de 
H  leurs  éperons  que  de  leurs  épées.  « 
La  prife  de  Tournai  fuivit  celle  de 
Térouanne.  Les  Suiffes  affiégerent 
Dijon ,  &  ne  purent  être  renvoyés 
qu'avec  10,000  écus  comptant ,  une 
promeffe  de  4000 ,  &  fept  otages 
qui  en  répondoient.    Louis  XII  ^ 
battu  de  tous  côtés ,  a  recours  aux 
négociations  •,  il  fait  un  traité  avec 
Léon  X ,  renonce  au  concile  de  Pife  » 
'&  reconnoit  celui  de  Latran  ;  il  en 
fait  un  autre  avec  Henri  VIII ,  6c 
époufe  le  9  Oftobre  1 5 14 ,  fa  fœur 
-Aiine,  pour  laquelle  il  donne-  ùa 
million  d'écus.  [  Voyei  xi,  Marie^ 
6*  Renée,  ]  Il  avoit  alors  5  3  ans , 
&  étoit  d'une  famé  fort  délicate  :  il 
oublia  fon  âge  auprès  de  cette  prin- 
ceiTe  ,  &  mourut,  au  bout  de  deux, 
mois  de  mariage ,  le  i  Janvier  151^9 
pleuré  de  tous  les  bons  citoyens. 
A  fa  mort,  les  crièurs  de  c^/p^diloienc 
le  long  des  rues ,  xn  fonnant  leurs 
clochettes  :«  Le  bon  rolLovis  ^  Perc 
n  du  peuple^  eji  mort  !  **  On  eût  pu 
mettre  fur  fon  tombeau:. 

Cl  git  un  roi  \  ou  pour  mieux  dtrû 
un  père  ,        . 

Dont  le  caur  tendre  ér«  les  yeux  vio- 
lons ,     , 

Spli  que  le  fort  fut  propice  ou  con» 
traire  , 

Dans  fes  ftqets  vit  toujours  fes  cô- 
fans» 

Sx  Loms  XII  fut  malheureux  ait 
dehors  de  foo  royaume ,  il  fiit  heu- 
reux au  dedans.  Onnepeutrepro- 

Ziv 


i€o       L  O  U 

cher  àceroî  que  la  vente  deschatgei  : 
il  en  tira  en  17  années ,  la  fomme  de 
1200,000  liv.  danslefeul  diocefe 
de  Paris  ;  mais  les  Tailles ,  les  Aides 
furent  modiques.  11  auroit  peut-être 
été  plus  loué ,  fi«  en  impoiânt  les 
tributs  néceâaires ,  il  eût  confervé 
l'Italie  ,  réprimé  les  Suifles  ,  fe- 
couru  efficacement  la  Navarre ,  & 
repouâe  T  Anglois.  Mais  il  ait  tou- 
jours retenu  par  la  craime  de  fou- 
ler £es  fujets,  La  ju/Hce  d'un  Prince 
^oblige  à  ne  rien  devoir  ,  plut^  que 
fa  grandeur  à  beaucoup  donner  ;  €*€• 
toit  Tun  de  fes  principes.  J'aime 
mieux ,  dit-il  un  jour ,  voir  les  Cow" 
tif ans  rire  de  m jn  avarice,  que  de  voir 
mon  peuple  pleurer  de  mes  dépenfes, 
KYec  treize  millions  de  revenu  , 
qui  envaloient  environ  cinquante 
d'aujourd'hui  «  il  fournit  à  tout,  & 
foutint  la  roa}eilé  du  trône.  Son 
extrême  bonté  l'empêcha  de  fe 
méfier  des  méchans.  U  fiit  la  dupe 
de  la  politique  meurtrière  du  pape 
Alexandre  VI ,  9a  de  la  politique 
artificieufe  de  Ferdinand,  On  lui 
confeilloit,  (  pour  l'intérêt  ,  ic- 
foitron ,  de  la  France  >  que  ce  der- 
nier prince  trahiâbit  )  de  retenir 
fon  gendre  l'archiduc  d'Autriche  : 
J'aime  mieux  ,  répondit.  Louis  , 
perdre  ,  s'il  le  faut  ,  un  royaume , 
dont  la  peru  après  tout  peut  être  ri'* 
parée  ,  que  de  perdre  l'honneur  qui  ne 
fe  répare  point.,.  Lu  avantages  que 
mes  ennemis  remportent  fur  moi ,  ne 
doivent  ,  difoit-il  encore  ,  éton- 
lur  perfonne  ,  s'ils  me  bauent  avec 
des  armes  que  je  n'ai  jamais  employées  : 
avec  U  méptis  de  la  bonru-foi  ,  de 
thormeur  &  des  lois  de  PEvanff.le^ 
On  doit  lui  pardonner  fes  Êiutes  , 
en  faveur  des  qualités  prédeufes 
de  bon  roi  ,  de  roi  jufte.  Lorf- 
qu'il  alloit  à  la  guerre  ,  il  fe£ii- 
ioit  fuivre  de  quelques  hommes 
vertueux  &  éclairés ,  chargés,  même 
en  pays  ennemi  ,  d'empêdher  le 
défordre  ,  &  de  réparer  le  dom* 


L  ou 

mage  lorfqu'il  avoît  été  fait  Un 
.  gentilhomme  de  fa  maifon  ayant 
maltraité  un'  payfan  ,  il  ordonna 
qu'on  ne  lui  fervit  que  de  la  viande 
éc  du  vin.  Il  le  fit  enfuite  appe- 
ler ,  &  lui  demanda  quelle  étoit 
la  nourriture  la  plus  néceiiiûre  ? 
L'officier  lui  répondit  que  c'étoit 
le  pain.  Eh  î  pourquoi  donc  ,  reprit 
le  roi  avec  févérité  ,  ites-vous  «/- 
fe\  peu  ralfonnabU  pour  maltraiter  ceux 
qui  vous  le  mettent  à  la  main  ?  -— Id 
menu  Peuple  ,   difpit-il ,  ejl  la  proie 
du  Gentilhomme  &  du  Soldat ,  &  ceux" 
ci  foru  la  proie  du  Diable,  Ces  prin- 
cipes d'une   probité   auftere  ,  fii* 
rent  fur-tout  remarqués  après  la 
prife  de  de  Gênes  ,  qui  avoit  fe- 
coué  le  joug  de  la  France.  Son 
avant-garde  ayant  pillé  quelques 
maifons  du  Êtubourg  Saint  -  Pierre 
d'Arena ,  le  prince  ,  quoique  per- 
fonne ne  fe  plaignit  ^  y  envoyi 
des  gens  de  confiance  pour  exa« 
miner  à  quoi  fe  pouvoir  monter 
la  perte  ,  &  enfuite  de  l'argent 
pour  payer  la  valeur  de  ce  qui 
avoit  été  pris.  Sa  clémence  s'éten-' 
doit  fur  les  étrangers  comme  fur 
fes  ennemis    domefHques.    VAl- 
viane ,  général  des  Vénitiens ,  ayant 
été  pris  à  la  bataille  d'Aignadel  , 
fut  conduit  au  camp  François,  où 
il  fut  traité  avec  toute  l'honnêteté 
pofiîble.  Ce  général ,  plus  aigri  par 
l'humiliation  de  fa   défiaite  ,  que 
touché  de  l'humanité  de  fon  vain- 
queur ,  ne  répondit  aux  démonf- 
trations  les  -  plus  confolantes  que 
par  une  fierté  brufque  &   dédai- 
gneufe.  lavis  fe  contenta  de  le 
renvoyer  au  quartier  où  l'on  gar- 
doit  les  prifonniers.  //  vaut  mieux 
le  laiffcr  ,  dit-il  ;  je  m* emporterais^ 
&  j'en  f trois  fâché.  Je  tai  vaincu  ;  // 
faut   me    vaincre  moi-même,.,   Loms 
XII  eut  foin  que  la  juitice  fût  ren- 
due par-tout  avec  promptitude  , 
avec  impartialité  &  prefque  fans 
frais»  On  payott  46  fois  moins  d*é- 


L  O  U 

pîces  qu'aujourd'hui ,  &  les  officiers 
ëe  juftice  étoient  en  beaucoup  plus 
petit  nombre ,  &  n'en  valoientque 
mieux*  U  maintint  Tufage  où  étoient 
lesparlemens  du  royaume,  de  choi- 
iir  trois  fujets  pour  remplir  une 
place  vacante  ;  le  roi  nommoit  un 
des  trois.  Les  dignités  de  la  robe 
n'étoient  données  alors  qu'aux  avo- 
cats -,  elles  étoient  l'efFet  du  mé- 
rite ,  ou  de  la  réputation  qui  fup< 
pofe  le  mérite.  Son  Edit  de  1499 , 
éternellement  mémorable ,  a  rendu 
ù  mémoire  chère  à  tous  ceux  qui, 
rendent  la  juftice  &  à  ceux  qui  Tai- 
ment.  U  ordonne  par  cet  édit  qu'on 
fulve  toujours  la  Loi^  malgré  les  or- 
dres  contraires  que  l'împortunUé  pouf 
roit  arracher  au  monarque,,,  Louis  XI J 
fut  le  premier  des  rois  qui  mit  le 
laboureur  à  couvert  de  la  rapacité 
du  foldat ,  &  qui  lit  punir  de  mort 
les  gendarmes  qui  rançonnoient  le 
payfan.  .Les  troupes  ne  furent  plus 
le  fléau  des  provinces  ;  & ,  loin  de 
vouloir  les  en  éloigner ,  les  peuples 
les  demandèrent.  La  bonté  de  Louis 
XII  alloit  jufqu'à  la  tolérance  pour 
leserrans.  £n  1501 ,  ce  prince  tra- 
verfant  le  Dauphiné  pour  fe  rendre 
en  Italie ,  fut  fupplié  par  quelques 
feigneurs  trop  zélés  ,   d'employer 
une  partie  de  fes  forces  à  purger 
cette  pjovince  des  Vaudois  qui  en 
habitoient  les  montagnes.  Avant  que 
de  pourfuivré   ces  hérétiques ,  il 
voulut  favoir  de  quoi  ils  étoient 
coupables.  11  députa  Guillaume  Par- 
yi ,  fon  confeflfeur ,  &  Adam  Fumée , 
maître  des  requêtes ,  pour  vérifier 
fur  les  lieux  tous  les  che&  d'accu- 
fation.  Soit  que  ces  dignes  minières 
d'un  roi  clément  ne  cherchaiTent 
point  trop  curieufement  (  dit  M. 
Garnier  )  à  trouver  des  errans ,  foit 
que  le  voifinage  de  l'armée  forçât 
les  Vaudois  à  diflimuler  leurs  fen- 
timens ,  le  rapport  fut  û  favorable , 
que  Louis  s'écria  en  jurant  :  Ils  font 
tneilleur*  chrétiens  que  nous  l  U  ot" 


L  o  u        3ff 

donna  qu'on  rendit  aux  Vaudois 
les  biens  qu'on  leur  avoit  enlevés» 
défendit  qu'on  les  inquiétât  à  l'ave- 
nir,  &  fit  jeter  dans  le  Rhône  tou- 
tes les  procédures  déjà  commen- 
cées. Le  particulier  dans  Louis  XII 
étoit  auilî  adoré  que  le  monarque. 
[  Voye[iii,  Spinola  ].  Il  étoit  aflBsi- 
ble  ,  doux ,  carefTant  ;  il  égayoit 
la  converfation  par  des  bons-mots  , 
plaifans  fans  être  malins.  Son  amour 
pour  fon  peuple  s'étendit  jufqu'à 
l'avenir.  Prévoyant  les  maux  que 
l'humeur  prodigue  &  inconfidérée 
dejFr.«j:o/j/ cauferoit  à  la  France, 
il  pleuroit ,  en  difant  :  Ce  gros  garçon 
gâtera  tout!  [  Voye^  CLAUDE,  n* 
VIII  ].  Louis  XII  donna  fon  palais 
au  parlement  de  Paris  ,  &  fe  retira  au 
bailliage ,  (  aujourd'hui  l'hôtel  des 
premiers  préfidens)  parce  qu'ayant 
la  goutte,  il  pouvoit  fe  promener 
fur  fon  petit  mulet  dans  les  jardins' 
de  fon  hôtel.  Lorfqu'il  avoit  befoin 
de  confdl  pour  l'admipiftration  des 
affaires  de  l'état ,  il  montoit  au  par- 
lement ,  demandoit  avis ,  &  quel- 
quefois afKftoit  aux  plaidoyers.  On 
a  imprimé  fes   Lettres  au  cardinal' 
â'Amhoife  ,   Bruxelles  ,   1712  ,  4- 
vol.  in- 12.  Elles  font  bien  écrites 
pour  le  temps  où  il  vivoit.  Peu  de 
fouverains  ,  (  dit  M.  d'Arnaud,)  ont 
porté  auffi  loin  que  Louis  XII  la  con- 
fidération  pour  les  gens-de-lettres. 
Etant  à  Pavie ,  non  feulement  il  con- 
firma les  privilèges  de  l'école  de 
Droit ,  mais  il  augmenta  confidéra-  - 
blement  les  honoraires  des  profef- 
feurs  :  il  aifiiloitmêmeà  leurs  exer- 
cices. [  Voyei  Mainus.  ]  U  appela 
auprès  de  lui  les  plus  favans  hom- 
mes d'Italie  ,  leur  afïigna  des  pen- 
fions ,  des  honneurs.   Il  y  en  eut 
qui  furent  chargés   d'ambafiades  , 
&  qui   parvinrent   aux  premières 
places.  C'eft  de  fon  temps  qu'on  con- 
mença  à  enfeigner  le  grec  dans  l'u^ 
niveriité;  &  il  prépara  en  partie 
tout  ce  que  fon  fucceiTeur  £t  pour 


jiSt        L  O  U 

us  lettres.  Ce  monarque  poffédok 
une  des  plus  amples  colleâions  d'an- 
ciens manufcrits  qui  fiîit  en  Europe. 
Cicéron  étoit  Ton  auteur  £ivori.  U 
aimoit  fur-<out  fcs  Traités  des  Offi- 
«ej,  de  Al  VuiUcgt  &  de  tAmkît. 
»»  Je  ne  trouve  (dit  M,  d'Arnaud) 
»>  qu'une  tache  dans  rhiftoii«  de 
w  LoubXIl  ;  fon  refroidifiement* 
>»  je  n'ofe  dire  Ton  ingratitude ,  à 
9*  l'égard  du  célèbre  Philippe  de  Co^ 
«  mines  :  car  il  fiiut  croire  qu'il  eut 
M  des  raifons  bien  fortes  pour  agir 
»•  ainfi,  qui  ne  font  point  parve- 
♦♦  nues  jufqu'à  nous  «.  [  Vuyci  Co- 
uines. ]  L'abbé  TaîlhU  a  donné  {a 
Vie,  Paris,  1755  ,  3  ^^1-  i»-^°- 
I^nds  XII  avoit  pris  pour  dcTife 
le  Pon^Epic^  avec  ces  mots:  Co- 
MiNùs  &  Eminus  y  qui  en  étoient 
l'ame. 

XVra.  LOUIS  Xra,  furnom- 
mé  LE  Juste  ,  naquit  à  Fontaine- 
bleau ,  le  27  Septembre  i6oi ,  de 
Henri  ly  &  de  Marlt  de  Mcdic'u, 
î  Voye(l.  Bailly.  ]  La  France  n'a- 
voit  point  eu  de  Dauphin  depuis 
S4  ans,  c'eû-^-dire,  depuis  la  naif- 
iance  de  François  IL  II  étoit  en-*^ 
core  eni^t ,  lorfqu'on  vint  lui  an- 
noncer que  le  connétable  de  Caf- 
ûUe ,  ambafTadeur  d'Efpagne ,  avec 
une  grande  fuite  de  feigneurs  ,  ve- 
noit  pour  lui  faire  la  révérence. 
JDes  Efpagnols  !  dit-il  de  ce  ton  ani- 
mé qui  marquoit  fa  valeur  naiflan- 
te  :  Çày  f  i  ,  iju'on  me  donne  mon  épie, 
[  Voy  i  aufli  les  art.  Malherbe  & 
RivAULT.]  Il  monta  fur  le  trône  le 
24  Mai  1610  ,  lourde  raflaflînatde 
ion  père ,  fous  la  tutele  &  la  ré- 
gence de  fa  mère.  Cette  princeffe 
changea  le  fyftême  politique  du  rè- 
gne précédent ,  &  dcpcnfa  en  pro^ 
fufions  pour  acquérir  des  créatures , 
tout  ce  que  Htnri  U  Grand  avoit 
amaifé  pour  rendre  la  nation  puif- 
fante.  Les  troupes  à  la  tête  def- 
cpielles  il  alloit  combattre ,  furent 
Uceaciées.  $on  fîdelleminifhre  ,foa 


LOU 

ami  Sulâ ,  fe  retira  de  la  cour  ;  l*Etaè 
perdit  {a  conûdération au  dehors,  & 
û  tranquillité  au  dedans.  Lespria- 
ces  du  fang  &les  grands  feigneurs, 
le  maréchal  de  Bouillon  à  leur  tète , 
remplirent  la  France  de  Êsâions. 
On  appaifa  les  mécontens ,  par  le 
traité  de  Sainte-Menehoud  ,  le  i; 
Mai  1614-,  on  leur  accorda  tout, 
&  ils  fe  foumirent  pour  quelque 
temps.  Le  roi  ayant  été  déclaré  ma- 
jeur ,  le  1  Oâobre  de  la  même  an- 
née ,  convoqua  le  27  fuivam  les 
derniers  états  -  généraux  qu'on  ait 
tenus  en  France.  Le  réfultat  de  cette 
aflemblée  fut  de  parler  de  beaucoup 
d'abus ,  fans  pouvoir  remédier  pref- 
que  à  aucun.  La  France  refia  dans 
le  trouble ,  gouvernée  par  le  Flo- 
rentin Condniy  connu  fous  le  nom 
de  Maréchal  d* Ancre,  Cet  homme 
obfcur ,  parvenu  tout  -  à  -  coup  au 
faite  de  la  grandeur ,  difpofa  de  tout 
en  miniilre  defpotique ,  &  fît  de 
nouveaux  mécontens.  Henri  II  f 
prince  de  Condé,  fe  retire  encore 
de  la  cour  ,  publie  un  manifefte 
fanglam ,  fe  ligue  avec  les  Hugue- 
nots &  prend  les  armes.  Ces  trou- 
bles n'empêchèrent  point  le  roi  d'al- 
ler à  Bordeaux ,  où  il  époufa  Anne 
d'Autriche  ,  infante  d'Efpagne.  Ce- 
pendant il  avoit  armé  contre  les 
rebelles  -,  mais  les  foidats  produifant 
peu  de  chofe ,  on  eut  recours  aux 
négociations.  Le  roi  conclut  avec 
lui  une  paix  (imulée  à  Loudun ,  en 
1615  ,  &  le  fit  mettre  à  la  Baftillç 
peu  de  temps  après.  Les  princes ,  a 
la  nouvelle  de  cet  emprifonnement, 
fe  préparèrent  à  la  guerre  ;  ils  la 
firent  avec  peu  de  fuccès  ,  &  elle 
finit  tout-à-coup  par  la  mort  du 
maréchal  d'Ancre,  Le  roi ,  mécon- 
tent de  la  dépendance  où  fon  mi- 
niftre  le  tenoit ,  &  conduit  par  les 
confeils  de  Lignes  fon  Êivori ,  con- 
fentit  à  Temprifonnemem  de  Cof 
cini,  yitry  ,  diargé  de  l'ordre ,  vou- 
lut  1  exécuter  ^  &,  fur  la réûf^nce 


L  ou 

éï  naréchal ,  il  le  tua  fur  le  pont 
du  Louvre,  le  24  Oftobre  1617. 
Lovis  XIII  dès4ors  fe  crut  libre. 
Jufqu'à  ce  moment  il  avoit  été 
contrarié  dans  tous  Tes  goûts.  On 
lui  intimoit  à  chaque  inibnt  les 
ordres  de  la  reine-mere ,  pour  lui 
permettre  ou  défendre  une  partie  de 
chafle,  unt  promenade  aux  Tuile- 
ries. 11  craignoit  même  de  parler 
devant  ùl  mère.  Je  ne  dirai  point  cela , 
difoit-il  à  fes  Êivoris  *,  le  fonner  du 
eorne  ft  pomt  mourir  Charles  IX  ; 
mais  c*e/i  qu'il /émit  mal  avec  la  reine 
Catherine  fa  mère.  Enfin  il  crut 
ibrtir  de  tutele ,  en  éloignant  Marie 
deUé£ds ,  qui  fat  reléguée  à  Blois. 
Le  duc  d*Epemon ,  qui  lui  avoit  Êiit 
donner  la  régence ,  alla  la  tirer  de 
cette  ville ,  &  la  mena  dans  fes  ter- 
res à  Angoulême.  On  Tavoit  haïe 
toute-puifTante  ;  on  l'aima  malheu- 
reufe.  Louis  XIII,  voyant  les  difpo- 

'  fitiofts  du  peuple ,  chercha  à  fe  rac- 
commoder avec  fa  mère ,  &  y  réuffit 
par  le  moyen  de  Tévêque  de  Luçon , 
£  connu  &  fi  craint  fous  le  nom  de 

^  cardinal  de  Rlchtlleu,  La  paix  fe  fit 
à  Angoulême,  en  16 19  ;  mais  à  peine 
fut -elle  lignée  ,  qu'on  penfa  à  la 
violer.  La  reine ,  confeillée  par  l'é- 
vêquc  de  Luçon ,  qui  vouloit  faire 
acheter  fa  médiation ,  prit  de  nou- 
veau les  armes  ;  mais  elle  fut  obli- 
gée de  les  quitter  bientôt  après.  Le 
roi  ,  après  s'être  montré  dans  la 
Normandie  pour  appaifer  les  mé- 
contens  ,  pafTa  à  Angers  où  fa 
mcre  étoit  retirée  ,  &  la  força  à 
fe  foumettre.  La  mère  &  le  fils  fe 
virent  à  BrifTac  en  verfant  des  lar- 
mes ,  pour  fe  brouiller  enfuite  plus 
que  jamais.  La  nomination  de  Ri- 
chelieu au  cardinalat  fut  le  feul  fruit 
de  ce  traité,  liouls  XIII  réimit  alors 
le  Béam  à  la  couronne  par  un  édit 
folennel.  Cet  édit ,  doimé  en  1620^ 
ttftimoit  aux  Catholiques  les  égli- 
fcs  dont  les  Proteflans  s'étoient 
^patis,  &  «rigeoit  «a  parlement 


L  O  U        36? 

le  confeil  de  cette  province.  Ce  fut 
l'époque  des  troubles  que  les  Hu« 
guenots  exdterent  fous  ce  règne* 
Rohan  &  Soublje  fiirent  les  chefil 
des  Êiétieux,  lie  projet  des  Calvi* 
nifles  étoit  de  foire  de  la  France 
une  République  \  ils  la  diviferent 
alors  en  vin   Cercles  ,  dont  iU 
comptoient  donner  le  gouverne* 
ment  à  des  feigneurs  de  leur  partîw 
Ils  offrirent  à   Lefdiguleres  le  gé- 
néralat  de  leurs  armées  &  100,000 
écus  par  mois  ;  mais  Lefdiguieres  ai* 
ma  mieux  les  combattre ,  &  fut  fait 
maréchal  -  général  des  armées  du 
roi.  L^es ,  devenu  connétable  en 
même  tems ,  marcha  contre  les  re- 
bellés vers  la  Loire ,  en  Poitou , 
en  Béarn ,  dans  les  provinces  mé- 
ridionales. Le  roi  étoit  à  la  tête 
de  cette  armée.  Prefque  toutes  les 
villes  lui  ouvrirent  leurs  portes  •, 
il  foumit  plus  de   50  places.  Ses 
armes  ,  viftorieufes  dans  tout  Iç 
royaume ,  échouèrent  devant  Mon- 
tauban ,  défendu  par  le  marquis  de' 
la  Force  ;  il  fut  obligé  de  lever  le 
iîege ,  quoiqu'il  eût  mené  fix  ma- 
rédiaux  de  France  :  mais  le  nom- 
bre des  che&  fut  nuifible ,  par  le 
défaut    de    fubordination.   Luynes 
étant  mort  le  15  Décembre  de  la 
«nême  année   1621  ,  Louis  XIII  ^ 
excité  par  le  cardinal  de  Richelieuqai 
avoit  fuccédé  à  la  feveur  du  con- 
nétable, n'en  continua  pas  moins 
la  guerre.  Les  avantages  &  les  dé- 
favant^ges    furent  réciproques  de  , 
part  &  d'autre.  Le  roi  donna  une 
grande  marque  de  courage  en  Poi- 
tou ,  lorfqu'à  minuit,  à  la  tête  de  fes 
gardes ,  il  paffa  dans  l'ifle  de  Rié, 
(&  non  pas  de  Ré^  comme  l'ont 
écrit  quelques  auteurs ,  )    dont  il 
chafTa  Soublfe^  après  avoir  défait 
les  troupes  qui  défendoient  ce  pofte. 
Il  ne  fe  fignala  pas  moins  au  lîége 
de  Royan  en  Saintonge  -,  il  monta 
trois   ou  quatre  fois   fur  la   ban** 
quettç  pour  reconnoîtrc  la  place , 


j64       L  O  U 

svec  danger  évident  de  (a  vie. 
Cependant  les  Huguenots  fe  laf- 
Ibient  de  la  guerre;  on  leur  don- 
na la  paix  en  1613.  Pendant  cette 
courte  paix  Louîs  XIII  rétablit  la 
tianquillité  dans  la  Valteline  en 
1624 ,  &  iècourut  en  1625  le  duc 
de  Savoie  contre  les  Génois.  Les 
croupes  Françoifes  &  les  Piémontoi- 
f es  firent  quelques  conquêtes,  qu'el- 
les reperdirent  prefque  aufli-tôt.  Les 
Huguenots  avoient  recommencé  la 
guerre ,  toujours  fous  le  prétexte  de 
l'inexécution  des  traités.  La  Rochel* 
le ,  le  boulevard  des  Calviniftes ,  re- 
prend les  armes ,  &  eft  fecourue  par 
l'Angleterre.  Les  vatfleaux  Anglois 
furent  vaincus  près  de  Tifle  de  Ré  , 
(le  8  Novembre  1627,  )  &  cette  ifle , 
dont  les  rebelles  s'étoient  rendus 
maîtres  ,  fut  de  nouveau  à  la 
France.  Eichclîeumiàkoït  un  coup 
plus  important ,  la  priie  de  la  Ro- 
chelle même.  Une  femme  (  c  etott 
la  mère  du  duc  dt  Rohan ,  chef 
des  hérétiques  révoltés  )  défendit 
cette  ville  pendant  un  an  contre 
l'armée  royale,  contre  l'adivité 
du  cardinal  de  HîcheÛcu  &  contre 
l'intrépidité  de  Louis  XIII  ,  qui 
aâironta  plus  d'une  fois  la  mort 
à  ce  fîege.  Elle  fe  rendit  enfin  le 
28  Oûobre  161S ,  après  avoir 
fouffert  toutes  les  extrémités  de 
la  âmine.  On  dut  la  reddition  de 
cette  place  à  une  digue  de  747 
toifes  de  long ,  que  le  cardinal 
de  Richelieu  fit  conftruire  à  l'exem- 
ple de  celle  qa' Alexandre  fit  autre- 
fois élever  devant  Tyr.  Cette,  di- 
gue dompta  la  mer,  la  flotte  An- 
gloife  &  les  Rochelois  :  [  Voye^ 
GuiTON  &  Metezeau.  ]  Les 
Anglois  travaillèrent  en  vain  à  la 
forcer-,  ils  furent  obligés  de  re- 
tourner en  Angleterre ,  &  le  roi  en- 
tra enfin  dans  la  ville  rebelle, 
qui ,  depuis  Louis  XI  iufqu'à  Loms 
XIII ,  avoit  été  armée  contre  fçs 
maîtres.  Ce  dernier  ûege   coûta 


L  O  U 

40  millions.  Les  forôfications  furent 
démolies,  les  fbiTés  comblés ,  les  pri- 
vilèges de  la  ville  anéantis,  &  la  reli- 
gion Cadiolique  rétablie.  Loiàs  XIII 
dit  à  cette  occaûon  :  Je  fouhaluroU 
quU  n'y  eût  de  places  fortifies  quC 
fur  Us  frontières  de  mon  Royaume, 
afn  que  le  cceur  &  la  fidcfué  de  ma 
fujets  feryljfent  de  citadelle  &  de  garde 
à  ma  petfonne.  La  prife  de  la  Ro« 
chelle  fut  fuivie  d'un'édit  appelé 
VEdlt  de  Grâce  y  dans  lequel  le  roi 
parla  en  fouverain  qui  pardonne* 
Après  cet  événement,  fi  funefte 
pour  le  Calvinifme  &  fi  heureux 
pour  la  France  ,  le  roi  partit 
pour  fecourir  le  duc  de  iV«- 
vers  ,  nouveau  duc  de  Mantoue, 
contre  l'empereur  qui  lui  refufoit 
l'invefiiture  de  ce  duché*  lo^ûs 
XIII  y  en  fe  rendant  en  Italie, 
paâa  à  Châlons  -  fur  -  Saône.  Le 
duc  de  Lorraine  l'y  va  voir-,  & 
connoi£ant  fon  extrême  paffioi» 
pour  la  chaffe ,  il  lui  oflEre  une 
nombreufe  &  excellente  meute* 
Quoique  ce  prince  eût  en  géné- 
ral peu  d'empire  fur  lui-même, 
il  fe  trouva  capable  d'un  effort 
en  cette  occaûon  :  il  refufa  ce 
préfent  ,  qui  étoit  fort  de  fon 
goût.  Mon  Coufin  ,  dit-il ,  jt  ne 
chaffe  que  lorfque  mes  affaires  me  U 
permettent  ;  mes  occupations  font 
plus  férleufes ,  &  je  penfe  à  convaincre 
l'Ewope  que  Pintérét  de  mes  AlTUs 
m'efi  cher.  Quand  j'aurai  fecouru  U 
Vue  de  Mantoue  ,  je  reprendrai  mes 
diverdjfemens  ,  jufqu'à  ce  que  ma 
AUUs  aient  hefoin  de  moi.  Arrivé 
en  Piémont  ,  il  força  le  Pas  de 
Sufe  le  6  Mars  1629 ,  ayant  fous 
lui  les  maréchaux  de  Créqid  &  ^ 
Baffompierre\  battit  le  duc  de  Sa- 
voie*, &  figna  un  traité  à  Sufe» 
par  lequel  ce  prince  lui  remit 
cette  ville  pour  fureté  de  fes  en- 
gagemens.  Louis  XIII  fit  enfuite 
lever  le  fiege  de  Cafal  »  &  mit 
fon   4Uié  en  pofîefiion  de  fos 


L  O  U 

Itat.  Le  duc  de  Savoie  n'apnt 
rien  exécuté  du  traité  de  Sufe  > 
la  guerre  fe  renouvela  ea  Sa- 
voie, en  Piémont  &  dans  le  ref- 
te  de  l'Italie.  Le  marquis  de  Spi" 
noia  occupoit  le  Montterrat  avec 
une  armée  ETpagnole  :  le  cardinal 
éc  Rlchtlim  voùdut  le  combattre 
lui-même  >  &  le  roi  le  fuivit 
bientôt  après.  L'armée  Françoife 
s'empare  de  Pignerol  &  de  Cham- 
beri  en  deux  piurs  -,  le  duc  de 
Montmorenci  remporte  avec  peu 
de  troupes  une  vi£boire  fignalée 
au  combat  de  Veillane  fur  les 
Impériaux ,  les  Ëfpagnols  &  les 
Savoifiens  réunis ,  en  Juillet  1630. 
La  même  armée  défit  peu  de  temps 
après  les  Efpagnols  au  Pont  de 
ôrignan  &  délivra  Cafal.  Ces 
fuccès  amenèrent  le  traité  de  Quié- 
rafque  conclu  en  163 1  ,  &  mé- 
nagé par  Maiarln  >  depuis  car-- 
dinal.  Le  duc  de  Ntvers.£ut  con- 
firmé ,  par  ce  traité  ,  dans  la  pof- 
(effion  de  fes  états.  Louis  XIII 
&  Rkhclim  ,  de  retour  à  Paris , 
y  trouvèrent  beaucoup  plus  d'in- 
trigues qu'il  n'y  en  avoit  en 
Italie  entre  l'Empire,  TËCpagne, 
Rome  &  la  France.  Gafton  d*Or^ 
Ilms  frère  unique  du  roi,  &  la 
reine-mere  ,  tous  deux  mécon-- 
tens  &  jaloux  du  cardinal  ,  fe 
retirèrent  ,  l'un  en  Lorraine  & 
l'autre  à  Bruxelles.  Se  voyant 
ians  refTource  dans  ce  pays  , 
Gafion  porta  le  malheur  qui  l'ac- 
compagnoit ,  en  Languedoc ,  dont 
le  duc  di  Montmorenci  étoit  gouver- 
neur. Montmorenci ,  engagé  dans  (a 
révolte,  fut  blefTé  &  Èiit  prifon- 
nier  à  la  rencontre  de  CaSelnau- 
dari  le  premier  Septembre  1632. 
Le  moment  de  la  prife  de  ce  géné- 
ral, fut  celui  du  découragement  de 
Gafion  &  du  triomphe  de  ICcheLlcu, 
I4  cardinal  lui  fit  ^e  fon  procès  *, 
le  30  Oâ:obre  fuivant  il  eut  la 
tête   tranchée  à  Toulovfe  >  iàns 


L  o  u       i6^ 

que  le  fouvenir  de  fes  viâoires 
pût  le  fauver.  Gafion  ,  toujours 
fiigitif ,  avoit  pafTé  de  Languedoc  à 
Bruxelles ,  £c  de  Bruxelles  en  Lor- 
raine. Le  duc  Charles  /K  fut  la 
viâime  de  la  complaifance  pour 
lui.  Le  roi  réunit  le  duché  de  Bar 
à  la  couronne:  il  s'empara  de  Lu* 
néville  &  de  Nancy  en  1633  ,  & 
Tannée  fuivante  de  tout  le  duché. 
Gafion  ayant  fait  cette  année  ua 
traité  avec  l'ETpagne,  fîit  invité  à  iè 
réconcilier  avec  le  roi  &  accepta  la 
paix  qu'on  lui  offrit.  Les  Efpagnols^ 
toujours  ennemis  fecrets  de  là 
France,  parce  que  la  France  étoit 
amie  de  la  Hollande,  fi^rprirent 
Trêves  le  26  Mars  163  j  ,  égorgè- 
rent la  garnifon  Françoife  «  £c  arrê- 
tèrent pnfonnier  l'éleàeur,  qui  s*è* 
toit  mis  fous  la  prote^on  du  mo- 
narque François.  La  guerre  fiit  auifi- 
tôt  déclarée  à  l'Efpagne  ;  il  y  eut 
une  ligue  of!«nilve  &  défenfive, 
entre  la  France ,  la  Savoie  &  le  duc 
de  Parme;  Victor^AnUdic  en  fut  fait 
capitaine  -  général..  Les  événemens 
de  cette  nouvelle  guerre ,  qui  dura 
13  ans  contre  l'empereur  ,  &  25 
contre  l'Efpagne ,  dirent  mêlés  d'a- 
bord de  bons  &  de  mauvais  fuccès. 
On  fe  batdt  en  Alface ,  en  Lorraine, 
en  Franche-Comté ,  &  en  Provence 
où  les  Efpagnols  avoient  ^t  une 
defcente.  Le  duc  de  Rokan  lés  défit 
fur  les  bords  du  Lac  de  Côme ,  le 
j8  Avril  1536;  mais  ils  prenoient 
Corbie  d'un  autre  côté.  Cet  échec 
met  Tef&oi  dans  Paris  >  on  y  levé 
20,000  hommes ,  laquais  pour  la 
plupart ,  ou  apprentiCs.  Le  roi  s'a- 
Vance  en  Picardie ,  &  donne  au  duc 
d*  Orléans  la  lieutenance- générale 
de  fon  armée ,  forte  de  5  0,000  hom- 
mes. Les  Efpagnols  furent  obligés 
de  repaffer  la  Somme,  &  les  Im- 
périau3Ç,  qui  avoient  pénétré  en 
Bourgogne ,  fe  virent  repouffés  juf- 
qu'au  Rhin  par  le  cardinal  de  la. 
Valette  &  le  duc  de  IFeimar,  qui 


366        L  O  U 

leur  firent  périr  près  de  8000  hom- 
nes.  L'année  (ui vante,  1637,  fut 
encore  plus  £ivorable  à  la  France. 
Le  comte  d'Harcoun  reprit  les  ifles 
de  Lérins ,  qu'occupoient  les  £fpa- 
gnols  depuis  deux  ans.  Le  maréchaf 
de  Schomberg  les  battit  en  Roui]îl- 
lon  ',  le  duc  de  Savoie  &  le  maré- 
chal de  Ciéqui ,  en  Italie  ;  tandis  que 
le  cardinal  de  la  VaUtu  prenoit  Lan- 
drecie  &  la  Chapelle ,  le  maréchal 
àt  ChatlUon  Yvoi  &  Damvilliers ,  & 
que  le  duc  de  JFeîmar  battoit  les 
Lorrains.  Ce  général  fontint  la 
gloire  des  armes  Françoifes  en  16  3  8. 
U  gagna  une  bataille  complète  , 
dans  laquelle  il  fit  quatre  généraux 
de  l'empereur  prxfomiiers  j  entr'au- 
tres  le  fameux  Jam  de  JTert.  Louis 
XIU  eut,  Tannée  fuivante  1639, 
^  armées  fur  pied,  l'une  vers  les 
.  Pays-Bas ,  une  autre  vers  le  Luxem- 
bourg ,  la  3*  fur  les  frontières  de 
Champagne,  la  4*  en  Languedoc, 
la  5^  en  Italie ,  la  6^  en  Piémont. 
Celle  de  Luxembourg,  commandée 
par  le  marquis  de  FeuquUres  qui  affié- 
geoit  Thionville ,  fut  défaite  par 
Piccolomînl.  La  fin  de  l'année  1640 
fiit  plus  heureufe  :  la  Catalogne  fe 
donna  à  la  France  en  1641.  Cepen- 
dant le  Portugal  s'étoit  révolté  con- 
tre TEfpagne ,  &  avoir  donné  le 
fceptre  au  duc  de  Bragance,  On  né- 
gocioit  toujours  en  faifant  la  guerre  *, 
elle  étoit  au  dedans  &  au  dehors 
de  la  France.  Le  comte  deSotJfons^ 
inquiété  par  le  cardinal  de  Richelieu^ 
figna  un  traité,  avec  TEfpagne ,  & 
excita  des  rebelles  dans  le  royaume, 
U  remporta,  le  6  Juillet  1641  , 
une  viâoire  à  la  Marfée ,  près  de 
Sedan  ,  qui  auroit  été  fîmefle  au 
cardinal ,  fi  le  vainqueur  n'y  avoir 
trouvé  la  mort.  Le  maréchal  de  la 
Meilkraie  &  le  maréchal  de  Bre^é 
eurent  quelques  fuccès  en  Allema* 
gne.  La  guerre  y  ftit  continuée  en 
1642  avec  défavantage  *,  mais  on 
fut  heureux  ailleurs*  La  MeUUrMC 


LOU 

fit  la  conquête  du  Rouffîllon.  Taïf^ 
dis  qu'on  enlevoit  cette  province  è 
la  maifon  d'Autriche ,  ilfe  formoit 
une  confpiration  contre  le  cardinal  : 
[F(L»y.  Cinq -Mars.]  Pendant  ces 
intrigues  fanglantes,  RUkelUu  &  LouIm 
Xllly  tous  deux  attaqués  d'une  ma« 
ladie  mortelle ,  étoient  près  de  def- 
cendre  au  tombeau  :  ils  moururent 
l'un  &  l'autre,  le  minifh-e  le  4  Décem- 
bre 1642,  &  le  roi  le  4  Mai  1643  à 
parâl  jour  que  fon  père  Henri  IF ,  à 
42  ans ,  après  un  règne  de  3  3.  Le  roi 
mourant  s'étoit  vu  prefque  abandon- 
né-de  toute  ÙL  cour,  qui  toiumoittous 
fes  hommages  vers  la  reine  qui  al- 
loit  devenir  régente.  Une  profonde 
mélancolie  s'empara  de  lui.  Il  dit 
à  quelques  perfonnes  qui   étoient 
autour  de  ^on  lit ,  &  qui  l'empê- 
choient  de  jouir  de  la  vue  du  So- 
leil ;  De  grâce  range^vous  l  Laljfe^'- 
moi  la  liberté  de  voir  encore  une  fois 
le  Soleil  ^  &  de  jouir  d'un  bien  que  la 
nature  accorde  à  tous  les  hommes!  En 
jetant  les  yenx  fur  fes  mains  &  fur 
fes  bras  maigres  &  décharnés ,  il  dit: 
yoilÀ  les  bras  d'un  Roi  de  France  !.. 
Ce  prince ,  maître  d'un  beau  royau- 
me, mais  né  avec  un  caraâere  ua 
peu  fauvage,  ne  goûta  jamais  les 
plaifirs  de  la  grandeur,  s'il  en  eft» 
ni  ceux  de  rhimianité  :   toujours 
fous  le  joug ,  &  toujours  voulant 
le  fecouer  ,  malade ,  trille ,  fombre, 
infupportable  à  lui-même  &  à  fes 
courtifans.  Son  goût  pour  la  vie 
retirée  l'attachoit  à 'des  favoris, 
dont  il  dépendoit ,  jufqu'à  ce  qu'on 
lui  en  eût  fubitimé  d'autres  :,car  il 
lui  en  falloir  ;  &  le  titre  de  favori 
étoit  alors ,  dit  le  préfident  Henaut , 
comme  une  charge  dans  l'état.  U 
cardinal  de  Richelieu  le  domina  tou- 
jours, &  il  n'aima  jamais  ce  minif- 
tre ,  auquel  il  fe  livroit  fans  réfen'c 
Après  la  mon  même  du  cardinalt 
ceux  qui  avoient  été  enfermés  par 
fon  ordre  a  la  Baftille ,  follidtereflt 
d'abord  çn  vaiti  leur  liberté.  Po<^ 


L  ou 

te  gagner ,  on  le  pnt  par  fon  foible, 
par  fon  penchant  à  l'extrême  éco- 
nomie. Pourquoi ,  SzRK^  lui  dit-on, 
employer  les  fonmts  proâ^gîeufes  que 
vous  coûtent  Us  Prifonnkrs  de  la  Baf" 
tille ,  lorfque  vouspouve^  les  épargner  en 
les  renvoyant  che^  eu*  ?  Ce  fut  i^  ce  mo- 
tif,  dont  le  roi  fiit  plus  frappé  que 
de  tout  autre ,  que  Vitry  ,  Èt^om" 
pierre  ,  CramaUy  &  quelques  autres, 
durent  leur  fortie  de  prifon.  Louis 
XIII  fe  conduifoit  avec  fes  maî- 
treffes ,  (  Foyei  ii.  Fayette  & 
HAuiEFORT  )  comme  avec  fes 
fevoris.  Il  en  étoit  jaloux  ;  il' leur 
Êiifoit  part  de  fà  mélancolie,  & 
c'étoit  où  fes  fenrimens  fe  bôr- 
noient.  Les  vues  de  ce  prince  étoient 
droites ,  fon  efprit  fage  &  éclairé  • 
fon  cœur  porté  à  la  piété  ;  mais  à 
cette  piété  qui  tient  beaucoup  de 
la  petiteiTe,  &  non  pas  à  celle 
.  qui  eft  la  vertu  des  grandes  âmes. 
Il  n'imaginoit  point,  mais  il  ju- 
geoit  bien  ,  &  fon  mînUlre  ne 
le  gouvernoit  qu'en  le  perfua- 
dant.  Le  courage  qu'il  eut  de  fou- 
tenir  fon  miniilre .  contre  tous  les 
ennemis  ligués  pour  le  perdre-,  & 
de  le  foutenir  uniquement  parce 
qu'il  le  croyoît  utile  à  l'Etat ,  fup- 
pofe  une  force  dé  caraftere  qu'on 
ne  lui  foupçonnoit  point.  AuiH 
▼aillant  que  Henri  IV  ^  mais  d'une 
valeur  fans  éclat ,  il  n'eût  pas  été 
bon  pour  conquérir  un  royaume. 
La  Providence,  (  dit  l'illuftrc  au- 
teur que  nous  avons  déjà  cité ,  ) 
le  fit  naître  dans  le  moment  qui 
lui  étoit  propre  :  plutôt  ,11  eût  été 
trop  foible  :  plus  tard ,  trop  cir- 
confped^.  Fils  &  père  de  deux  de 
nos  plus  grands  rois ,  il  affermit 
le  trône  encore  ébranlé  de  Henri 
ly,  &  prépara  les  merveilles  du 
règne  àt  Louis  XIV.  Sa  Vie  a  été 
écrite  par  le  Vaffor^  le  P.  Griffa^ 
^upla  ,  M.  de  JSury  :  celle-ci  eft 
en  4  vol.  in-ii.  Un  Proteftant 
Hublu  ,  ça  1Ô43  f  le  préteada 


L  O  U        3^7 

CoéicUle  et  Lotus  XIII ,  2  petits 
vol.  in-i8.  C'eft  un  recueil  rempli 
d'abfurdités ,  &  fi  rare,  qu'il  a  été 
vendu  jufqu'à  90  liv.  Voye^  le 
Mercure  dt  France ,  (  Septembre  17  5  4^ 
pag.  78  &  fuivantes  )  &  l'article 

CAUMARTIir. 

XIX.  LOUIS  XIV,  à  qui  la  gloire 
de  fon  règne  acquit  le  fumom  de 
Grand  ^  naquit  à  Saint-Germain-en- 
Laie  le  5  Septembre  16  3  S  àt  Louis 
XIII  &  à! Arme  d'Autriche.  Il  fbt 
furnommé  Dieu-donné  ,  parce 
que  les  François  le  regardèrent 
comme  un  préfent  du  Ciel ,  accordé 
à  leurs  voeux ,  après  22  ans  de 
ftérilité  de  la  reine.  Comme  une 
foule  de  peuj^e  fe  prédpitoit  dans 
la  chambre  de  cette  princefîe  au 
moment  de  la  naiffance  ,  &  que 
les  huiffiers  repoufToient  les  plus 
cmpreffés  ,  Louis  XIII  leur  cria: 
Laijfei^  entrer  ;  cet  enfant  appartient  à 
tout  le  monde.  Il  fut  baptifé  le  i% 
Avril  1643  -,  &  après  la  cérémonie^ 
on  le  mena  au  roi  fon  père,  qui 
lui  demanda  :  Quel  nom  U  ovolt 
reçu}  —  Je  rnappelU  Louis  XIV ^ 
répondit  le  jeune  prince.  Cette  ré-» 
ponfe,  feite  fans  doute  au  hafard, 
ne  laifia  pas  de  chagriner  Loms  XIII 
alors  malade,  qui  dit  -.Pas encore ,  pas 
encore.  Cependant  il  fut  bientôt  roi; 
car  il  parvint  à  la.  couronne  le  14 
Mai  fuivant,  fous  la  régence  à'Annt 
d* Autriche  fa  mère.  Cette  princefle 
fut  obligée  de  continuer  la  guerre 
contrôle  roi  d'EfpagnePAZ^)?;»*/^, 
fon  frère.  Le  duc  dEnguien,  géné^ 
rai  des  armées  Françoifes ,  gagna 
la  bataille  de  Rocroy ,  qui  entrains 
la  prife  de  TJîionvillc  &  de  Bcor* 
lemont.  Le  marquis  de  Bre\é  battit 
peu  de  temps  après  la  flone  Efpa- 
gnole  à  la  vue  de  Carthagene ,  tan- 
dis que  le  maréchal  de  U  MoUû 
remportoit  plufieurs  avantages  en 
Catalogne.  Les  Efpagnols  reprir/nt 
Lérida  l'année  d'après,  1644,  & 
ùasox  lever  le  fiege  de  Tarragonei. 


3^8       L  O  U 

mais  la  fortune  étoit  (avorable  aux 
François ,  en  Allemagne  &  en  Flan- 
dres. Le  duc   d'EnguUn   fe  rendit 
maître  de  Philisbourg  &  de  Mayen- 
ce  ;  Rofe  prit  Oppenheim  ;    &  le 
maréchal  de  Turenne  conquit  for- 
mes ,  Landau ,  Neufiadt  &  Man- 
heim.  L'année  (uivante,  1645  >  ^^ 
encore  plus  glorieufe  à  la  France. 
Le  roi  étendit  fes   conquêtes   en 
Flandres ,  en  Artois  «  en  Lorraine 
&  en  Catalogne.  Torftenfon  ^  géné- 
ral des  Suédois ,  alliés  de  la  France, 
remporta  une  viûoire  fur  les  Im- 
périaux dans  la  Bohême.    Turenne 
prit  Trêves ,  &  y  rétablit  l'élec- 
teur ,  devenu  libre  par  la  média- 
tion  du    roi.  Le  duc   d'Enguun^ 
(  que  nous  nommerons  le  Prince 
de  Condé  ,  )  gagna  la  bataille  de 
Nortlingue,  prit  Fumes  &  Dunker- 
que  l'année  d'après,  &  remporta 
ime  viâoire   complète  fur  l'archi- 
duc dans  les  plaines,  de  Lens  en 
1648 ,  après  avoir  réduit  Ypres. 
Le  duc    d'Orléans  s'étoit  diftingué 
par  la  prife  de  Courtray ,  de  Ber- 
gues  &  de  Mardick  ;  la  flotte  £f- 
pagnole  avoir  été  battue,  fur   les 
côtes  d'Italie  par  une  flotte  Fran- 
çoife    de     20     vaifTeaux    &    20 
galères,  qui  compofoient  prefque 
toute  la  marine  de   France  ;  Gu^- 
hriant  avoit  pris  Rotveil  ;  le  comte 
de  Harcourt ,  Balaguier.  Ces  fuccès 
ne  contribuèrent  pas  peu  à  la  paix 
conclue  à  Munfler  en  1648 ,  entre 
le  roi ,  l'empereur   Ferdinand  III, 
ChrlJHne    reine  de    Sude  ,    &  les 
états  de  l'empire.   Par  ce  traité , 
Metz,  Toul,  Verdun  &  l'AIface 
demeivercm  au  roi  en  toute  fou- 
veraineté.  L'empereur  &  l'Empire 
lui  cédèrent  tous  leurs  droits  fur 
cette  province,   fur  Brifach,  iur 
Pignerol   &  fur    quelques    autres 
places.  Dans  le  temps  que  cette 
paix  avantageufe   faifoit  refpedber 
la  puiffance  de  Louis  XIK^  ce  roi 
£q  voyoit  réduit  par  les  Frotidet^s , 


LO  u 

(parti  formé   contre  le  cardinal 
Maiarin ,  fon  miniftre ,  à  quitter  la 
capitale.  Il  alloit,avec  ùl  mère» 
fon  frère  &  le  cardinal ,  de  pro- 
vince en  province,  pourfuivi  par 
fes  fujets.  Les  Pariflens  excités  par 
le  duc   de  Bemfort  ,  par  le  coad- 
juteur  de  Paris,  &  fur-tout  par  le 
prince  ie  Condé  ^  levèrent  des  trou- 
pes ,  &  il  en  coûta  du  iàng  avant 
que  la  paix  fè  fît.  Les    ducs  à 
Bouillon  ai  delà  Rochefoueauù ,  pa^ 
tiùns  des  Frondeurs,  firent  foulever 
la  Guienne ,  qui  ne  put  fe  cabner 
que  par  la  préfence  du  roi  &  de  la 
reine-régente.  Les  Efpag^ols ,  pro- 
fltam  de  ces  troubles,  éufoiem  di- 
verfes  conquêtes  par   eux-mêmes 
ou  par  leurs  alliés,  en  Champagne, 
en  Lorraine,  en  Catalogne  &  en 
Italie;  mais  le  maréchal  duPleffis" 
Prajlin  les  battit  à  Rethel ,.  &  après 
avoir  gagné  une   bataille   contre 
le  maréchal  de  Turmne  ,  ligué  avec 
le  duc  de  Bouillon    fon  frère,  il 
recouvra   Château-Porcien  ,  &  les 
autres  villes  fltuées  entre  la  Meufe 
&  la  Loire.  Le  roi ,  devenu  ma- 
jeur,   tint  fon   lit  -  de  -  juftice  en 
165 1,  pour  déclarer   fa  majorité. 
L'éloignement  du  cardinal  Mt^^rûi , 
retiré  à  Cologne,  fembloit  avoir 
rendu  la  tranquillité  à  la  France» 
fon  retour  en    1652    ralluma  la 
guerre  civile  Le  parlement  de  Paris 
avoit  donné  en  vain  pluiieun  arrêts 
contre  lui  i  ils  flirent  cafles  par  un 
arrêt  du  confeil  d'etau  Le  prince 
de  Condé ,  irrité  de  ce  que  le  car- 
dind  l'avoit  feit  mettre  enprifon 
au  commencement  de  cette  guerre 
domeftique ,  dont  nous  détaillerons 
l'origine  &  les  faits  principaux  dans 
l'article  Mazarin  ,  (  Voyc^  ce  mot) 
fe  tourna  du  côté  des  rebelles ,  &  fiit 
nommé  généraliflime  /des  armées» 
Il  défît  le  maréchal   d*Hocqidncourt 
à  Bléneau  -,  mais  ayant  été  attaque 
par  l'armée  royale  dans  le  £âu- 
bourg  Saint- Antoine  4  il  auroit  été 

fait 


L  O  U 

fait  prxfonnier ,  fi  les  Parifiens  ne 
lui  avoient  ouvert  leurs  portes ,  & 
n'avoient  fait  tirer  fur  les  troupes 
du  roi  le  canon  de  la  BalHlle.  On 
négocia  bientôt  de  part  &  d'autre 
pour  appaifer  les  troubles.  La  coiir 
fe  vit  onligée  de  renvoyer  Maiarin 
qui  en  étoit  le  prétexte.  Cependant 
les  Efpagnols  profitoient  de  nos 
querelles  pour  faire  des  conquêtes. 
L'archiduc  Léopold  prenoit  Grave- 
lines  &  Dunkerque  ;  Don  Juan 
d'Autriche ,  Barcelonne  -,  le  duc  de 
Mmtoue ,  Cafal  :  mais  à  peine  la 
\  ttaiiquillité  fut  rendue  à  la  France , 
qu'ils  reperdirent  ce  qu'ils  avoient 
conquis.  Les  généraux  François  re- 
I  prirent  Rethel,  Sainte-Menehoud , 
I  Bar  y  Ligny  ;  le  maréchal  de  Grancey 
i  gagna  une  bataille  en  Italie  contre 
le  marquis  de  Caracene  -,  on  eut  des 
i  fuccès  en  Catalogne*,  le  vicomte 
I  de  Turcane  battit  l'armée  Efpagnole 
I  en  1654,  réduiiît  le  Quefhoy  ,  & 
'  fit  lever  le  liège  d'Arras.  Cet  ex- 
ploit important  rafTura  &  la  France 
&  le  cardinal  Maiarin  ,  retourné 
de  nouveau  en  France ,  &  dont  la 
fortune  (dit  le  préfident  Henault) 
dépendoit  prefque  de  l'événement 
de  cette  journée.  Le  roi  ne  s'y 
trouva  point,  &  auroit  pu  y  être. 
Ce  fut  dans  cette  guerre  qu'il  fit 
fa  première  campagne;  il  étoit  allé 
.à  la  tranchée  au  fiege  de  Stenay; 
mais  le  cardinal  ne  voulut  pas  qu'il 
expofàt  davantage  fa  perfonne, 
de  laquelle  dépendoit  le  repos  de 
l'état  &  la  puiffance  du  miniilre. 
Le  maréchal  de  Turenne  foutint  fa 
.réputation  les  années  fuivantes , 
&  fe  fignala  fur -tout  en  1658-, 
il  prit  Saint- Venant,  Bourbourg, 
Mardick  ,  Dunkerque  ,  Fumes, 
Dbcmude ,  Ypres ,  Mortagne.  Le 
prince  de  Condi  &  Don  Jum^ 
^nt»  ramailé  toutes  leurs  for- 
ces, tentèrent  en  vain  de  fecourir 
Dunkerque-,  il  les  défit  entière- 
ment à  Id  journée  des  Dunes.  La 


L  O  U        369 

France  ,   puifTante  au  dehoK^pw 
la  gloire  de  fes  armes,  &  folli- 
citée  délire  la  paix,   la  donna 
a  l'Efpagne  en    1659.    Elle    fiit 
conclue  le  7  Septembre  dans  l'ifle 
des  Faifans   par  Maymn  &  Don 
houls  dz  Hai-o  ,    plénipotentiaires 
des  deUx   puiflaifces  ,    après    24 
conférences  :  c'efl  ce  qu'on  nom- 
me U  Paix  des  Pyrmées.  Les  prin- 
cipaux articles  de  ce  traité  fiirent 
le  mariage   du  roi  avec  l'infante 
Marîe-Thérefe  ;    la   reftitution    de 
plufieurs  places  pour  la  France, 
&  celles  de  Juliers  pour  l'élec- 
teur Palatin  j  &  le  rétabliflement 
du  prince  de  Condé.   Le  mariage 
.  du  roi ,  fait  à  Saint- Jean-de-Luz 
avec  beaucoup   de  magnificence 
couronna   cette   paix.  Les    deux 
époux    revinrent    triomphans    à 
Paris  ,    &  leur   entrée  dans  cette 
capitale  eut  un  éclat  dont   on  fe 
fouvint  long-temps.   Le    cardinal 
Maiarin  mourut  l'année  fuivantc  » 
1661.     I«    roi   ,     qui   par    re- 
connoifiance  n'avoit  ofé  gouver- 
ner de  fon  vivant,  prit  en  main 
les  rênes   de  fon   empire,  &  les 
tint  avec  une  fermeté  qui  furprit 
dans   un    ;eune   monarque  ,    qui 
n'avoit  montré  juftm'alors  que  du 
goût  pour   les  plaifirs.  Il  vérifia 
ce   que  Maiarin   avoit  dit   de  ce 
.prince,  en  confidence,  au  maré- 
chal de   Gramont  :    Il  y  a  de  /V- 
toffe   en  lui  pour  faire  quatre  rois  & 
un   honnête  homme.  Tout  prit  une 
face  nouvelle.   Au    premier  con- 
feil    qui    fe  tint    après   la   mort 
du  nuniftre,  il  déclara  qu'il  vou- 
loit  tout   voir  par  lui-même.   La 
fice  du  théâtre  changée ,  ajouta-t-il 
j'aurai     d'autres    principes^    dans    U 
gouvernement    de   mon    état   ,     dans 
U  régie  de  mes  finances ,  &  dans  les 
négociations,  au   dehors ,   que    ceux  de 
M.    le.  Cardinal,     Vous  favei    mes 
volontés  i    c^efi  à  vous   maintenant 
Mejfteurs  ,    de  Us  exécuter,   U    fi»à 

A  a 


}70 

1    j-^- 


L  O  U 

a  diacun  de  fcs  minifhes  les  bor- 
nes de  fon  pouvoir  ,  fe  feifant 
rendre  compte  de  tout  à  des  hcmes 
réglées  ,  leur  donnant  la  confiance 
quil  falloit  pour  accréditer  leur 
miniitere  ,  &  veillant  fur  eux 
pour  les  empêcher  d'en  trop  abu- 
ftr.  Une  chambre  fut  établie  pour 
mettre  de  l'ordre  dans  les  finan- 
ces ,  dérangées  par  un  long  bri- 
gandage. Le  furintendant  Fouque*^ 
condamné  par  des  coramiilaires 
au  bannifTement ,  eut  pour  fuc- 
ceflcur  le  grand  Colben^  miniflre 
qui  répara  tout , .  &  qui  créa  le 
commerce  &  les  arts.  Des  Colo- 
nies Françoifes  partirent  pour  s'é- 
ta]>lir  à  Madagafcar  &  à  la  Caycn- 
ne  ;  les  académies  des  fcicnces  , 
ée  peinture  &  de  fculpture  fiirent 
établies*,  des  manufaéhires  de  gla- 
ces ,  de  points  de  France  »  de  toi- 
les »  de  laines ,  de  tapifTeries ,  furent 
érigées  dans  tout  le  royaume. 
On  projetoit  dès-lors  de  rétablir 
la  marine  ,  de  former  une  aca- 
démie d'architefhire  -,  *  d'envoyer 
dans  les  difterens  endroits  de  l'Euro- 
pe, d'Afrique  &  d'Amérique,  des 
iàvans  &  des  mathématiciens  cher- 
cher des  vérités.  Le  canal  de 
Languedoc  pour  la  jonéHon  des 
/deux  mers  fut  commencé  ;  la  dif- 
cipline  rétablie  dans  les  troupes , 
l'ordre  dans  la  police  &  dans  '  la 
judice;  tous  les  arts  furent  en- 
couragés au-dedans  &  même  au- 
dehors  du  royaume  ;  60  favans 
de  l'Europe  reçurent  de  Lotds 
XIV  des  récompenfes  ,  &  furent 
étonnés  d'en  être  connus.  Quoi- 
fut  U  roi  ne  foît  pas  votre  fouvt" 
'raîriy  leur  écrivoit  Colbert»  U 
veut  être  votre  bienfaittuf\  U  vous 
tnvoîe  cette  letire--dc'Change  comme 
un  gagt  de  fon  efiime.  Un  Floren- 
tin ,  un  Danois  recevoient  de  ces 
lettres  datées  de  Verfaille^.  Plu- 
fieurs  étrax^ers  habiles  furent  ap- 
p«lés  en  France,  &  récompenfes 


L  O  U 

d'une  manière  digne  d'eux  &  èi 
rémunérateur.  Lutûs  XIV  faifoit 
à  11  ans  ce  que  Henri  IV  avoit 
Érit  à  jo.  Ne  avec  le  talent  de 
régner  ,  il  favoit  fe  faire  refpec- 
ter  par  Ita  puiiTances  étrangères , 
autant  qu'aimer  &  craindre  par 
fes  fujets.  Il  exigea  une  répara- 
tion authentique  en  1662 ,  de 
l'infulte  faite  au  comte  d*£ff.ades^ 
fon  ambafladeur  à  Londres ,  par 
le  baron  de  BaacvîUe ,  ambafia- 
deur  d'Efpagne  ,  qui  prétendoit  le 
pas  fur  lui.  La  iâtisfaâion  que  lui  fit , 
deux  ans  après ,  le  pape  A'exanin 
Vil ,  de  l'attentat  des  Cotfcs  fyr 
le  duc  de  Ctéqul^  ambafîadeur  à 
Rome,  ne  fut  pas  moins  éclatan- 
te. Le  cardinal  Chi^  ,  légat  & 
neveu  du  pontife ,  vint  en  Fran- 
ce pour  faire  au  roi  des  excufes 
publiques.  Quoique  la  paix  régnât 
dans  tous  les  états  Chrétiens ,  fes 
armées  ne  demeurèrent  pas  oiii- 
ves  -,  il  envoya  contre  les  Mau- 
res une  petite  armée ,  qui  prit  Gi* 
geri ,  &  fecourut  les  Allemands 
contre  les  Turcs.  Ce  fut  princi- 
palement à  ces  troi^es  ,  conduites 
par  les  comtes  de  CoCgny  &  de 
la  Fetdlladc  ,  qu'on  dut  la  viétoi- 
re  de  Saint  -  Gothard  ,  en  1664. 
Ses  armées  triomphoient  fur  mer 
comme  fur  terre.  Le  duc  de  Beau' 
fort  prit  &  coula  à  fond  un  grand 
nombre  de  vaiffeaux  Algériens, 
6c  périt  dans  cette  belle  acHon. 
Les  Anglois  &  les  Hollandois 
étoient  alors  en  difpute  pour  le 
commerce  des  Indes  Occidenta- 
les. Le  roi ,  allié  avec  ces  derniers, 
les  fecourut  contre  les  premiers. 
U  y  eut  quelques  batailles  nava- 
les *,  les  Anglois  perdirent  Tiile 
de  Saint -Chriftophe;  mais  ils  y 
rentrèrent  par  la  paix  conclue  à 
Breda  le  26  Janvier  1667.  Phi' 
âppe  IV ^  père  de  la  reine,  éioit 
mort  le  17  Septembre  1665  ;  fe 
roi  croyoit  avoir  des  prétontiom 


L  ou 

far  fott  héritage,  &  fur-tout  fut 
les  Pays-bas.  Il  marcha  en  Flan- 
A'es  pour  les  faire  valoir ,  comp- 
tant encore  plus,  fur  fes  forces 
^e  fur  fes  raifons.  Jl  étoit  à  la  tête 
de  35,000  hommes  ;  Tunsnne  étoit, 
fous  lui ,  le  général  de  cette  armée. 
Louvois,  nouveau  miniftre  de  la 
guerre ,  $c  digne  émule  de  Colbert , 
avoit  fait  des  préparatifs  immen- 
fes  poiu"  la  campagne.  Des  ma- 
gafins  de  toute  efpece  étoient  dif- 
ttibués  fur  la  frontière.  Louis  cou- 
roit  à  des  conquêtes  alTurées.  Il 
entra  dans  Charleroi  comme  dans 
P^ris.  Ath,  Tournai  furent  prifes 
en  deux  jours  -,  Fumes  ,  Armen» 
dcres ,  Courtray  ,  Douay  ,  ne  tin- 
rentras  davantage.  Lille ,  la  plus 
floriflante  ville  de  ce  pays  ,  la 
feule  bien  fortifiée ,  capitula  après 
9  jours  de  fiege.  La  conquête  de 
la  Franche-Comté  ,  faite  l'année 
fuivante  i663  ,  fiit  encore  plus 
rapide.  Loms  XIV  entra  dans 
Dole  au  bout  de  4  jours  de  liè- 
ge, Il  jours  après  fon  départ 
de  Saint-Germain.  Enfin  ,  dans 
trois  femaines,  toute  la  provin- 
ce lui  fut  foiunife.  Cette  rapi- 
dité de  conquêtes  ,  qui  tenoit  du 
ptodige  ,  fit  naître  ce  diftique  , 
digne  du  héros  qui  en  étoit 
l'objet. 
Vna  âUs  Lotharos  ^  Burgun4os  heb" 

domas  una  ^ 
Vna  domat  Batavot  luna  :  (pùÂ  an-' 
'    nus  erlt?  (♦) 

Tant  de  fortune  réveilla  l'Eu- 
rope aflbupie  :  im  traité  entre  la 
Hollande,  l'Angleterre  &  la  Sué- 
de ,  pour  tenir  la  balance  de 
l'Europe ,  &  réprimer  l'ambition 
du  jeime  roi,  fut  propofé  & 
conclu  en  cinq  jours  -,  mais  il 
n'eut  aucun  eïet.  La  paix  fe  fit 
avec  l'Efpagne  à  Aix-la-Chapelle, 
le  1  Mai  de  la  même  année.  Le 
roi  fe  priva  de  la  Franchc-Copité 


L  O  U        37ir 

par  ce  traité ,  &  garda  les  villes  con* 
quifes  dans  les  Pays-Bas.  Pendant 
cette^paix ,  L^uls  continua ,  comme 
il  avoit  commencé  ,  à  régler  ,  à 
fortifier,  à  embellir  fon  royaume. 
Les  ports  de  mer ,  auparavant  dé« 
ferts  ,  furent  entourée  d'ouvrages 
pour  leur  ornement  &  leur  dé-* 
fenfe,  couverts  de  navires^  dc.ma'> 
telots ,  &  contenoiem  déjàfoixante 
grands  vaiffeaux  de  guerre.  L'hô- 
tel des  Invalides  ,  où  des  foldats 
bleffés  &  vainqueurs  trouvent  le$. 
fecours  ipirimels  &  temporels  ^ 
s'élevoit  en  1671  avec  une  magni-* 
ficence  vraiment  royale.  L'Ob* 
fervatoire  étoit  commencé  depuis 
1665.  On  traçoit  une  méridienne 
d'un  bout  du  royaume  à  l'autre. 
L'académie  de  Saîat^Luc  étoit  fondée 
à  Rome  poiir  former  nos  jeunes 
peintres*  Les  éditions  des  bons 
auteurs  Grecs  &  Latins  s'impri* 
moient  au  Louvre  à  l'ufage  du 
Dauphin  ,  confié  aux  plus  éloquens 
&  aux  plus  favans  hommes  dé 
l!£urope.  Rien  n'étoit  négligé.  On. 
bâtifibit  des  citadelles  dans  tous 
les  coins  de  la  France ,  Sr  on  for- 
moit  un  corps  de  troupes  com- 
pofé  de  400,000  foldats.  Ces  trou- 
pes furent  bientôt  nécefiaires.  Louis 
XIV  réfolut  dp  conquérir  les 
Pays-Bas  ,  &  commença  par  la 
Hollande  en  1672.  Au  mois  de 
Mai  il  pafiTa  la  Meufe  avec  fon 
armée  ,  commandée  fous  lui  par 
le  prince  àù  Condi  &  par  le  ma- 
réchal d&  Turmne.  Les  places  d'Or* 
foy ,  Burick  ,  Vefel  ,  Rhinberg  » 
Emmerick,  GroU,  furent  réduites 
en  fix  jours.  Toute  la  Hollande 
s'attendoit  à  pâfier  fous  le  joug  « 
dès  que  le  roi  fer  oit  au-delà  dtt 
Rhin  -,  il  y  fiit  bientôt.  Ses  troupe$ 
traverferent  ce  fleuve  en  préfence 
des  ennemis.  La  reddition  de  plus 
de  40  places  fortes  fut  le  fruit  de 
ce  pafiàge.  Les  provinces  de  Guel- 
dres^  4'Utrçciit  &  d'Ovetiflel  H 


371        L  O  U 

rendent  Les  Etats  ,  afTemblés  â  la 
Haye  ,  (e  fauvent  à  Amfterdam 
avec  leurs  biens  &  leurs  papiers. 
Dans  cette  extrémité ,  ils  font  per- 
cer les  digues  qui  retenoient  les 
eaux  de  la  mer  :  Amilerdam  fut 
comme  une  vafte  fortereiTe  au  mi- 
lieu des  flots  ,  entourée  de  vaif- 
feaux  de  guerre ,  qui  eurent  affez 
d'eau  pour  fe  ranger  autour  de  la 
ville.  Il  n'y  avoit  plus  de  conquê- 
tes à  faire  dans  un  pays  inondé. 
Lotus  quitte  Ton  armée  ,  laifTant 
Turenne  &  Luxembourg  achever  la 
guerre.  L'Europe  ,  eÔrayée  de  fes 
fuccès ,  étoit  dès-lors  conjurée  con- 
tre lui.  L'empereur  ,  TEfpagne  , 
l'éleâeur  de  Brandebourg ,  réunis , 
étoient  de  nouveaux  ennemis  à 
combattre.  Louis  XIV ,  afin  de  re- 
gagner la  ûipériorité  d'un  autre 
côté ,  s'empara  de  la  Franche-Comté. 
Turenne  entra  dans  le  Palatinat  :  ex- 
pédition glorieufe  ,  fi  Tes  troupes 
n'y  avoient  commis  des  excès  hor- 
ribles. Le  comte  de  Schomherg  bar- 
rit les  Efpagnols  dans  le  Rouffil- 
lon.  Le  prince  di  Conâé  défit  le^ 
prince  d'Orange  à  Senef.  Turenne  , 
qui  avoit  pafie  le  Rhin  à  Philips- 
bourg  ,  remporta  plufîeurs  vic- 
toires fur  le  vieux  Caprara  ,  fiir 
Charles  VI  duc  de  Lorraine,  fur 
BoutnonvUle.  Ce  héros  fâchant  tour- 
à-cour  reculer  comme  Fabius ,  & 
avancer  comme  Annlhal ,  vainquit 
l'éleôeur  de  Brandebourg  à  Turkeim 
en  1675 ,  tandis  que  les  autres  gé^ 
néraux  de  Louis  XIV  foutenoient 
la  gloire  de  fes  annes.  Tant  de 
profpérités  furent  troublées  par  la 
mort  de  Turenne,  Ce  général  ,  la 
torreur  des  ennemis  &  la  gloire  des 
armes  Françoifes  ,  fut  tué  le  27 
Juillet  d'un  coup  de  canon  au 
milieu  de  fes  viàoires  ,  dans  le 
temps  qu'il  fe  préparoit  à  battre 
Montécucuâ,  Le  prince  de  Condé  fit 
ce  que  Turenne  auroit  fait  -,  il  força 
le  général  Allemand  à  repafier  le 


Rhin.  Le  maréchal  de  Créquî  euc 
moins  de  bonheur  ,  quoiqu'il  eùr 
autant  de  courage-,  il  fut  mis  es 
déroute  au  combat  de  Confarbrick , 
&  fiit  feit  prifonnier  dans  Trêves. 
La  formne  fut  entièrement  pour 
les  François  en  1676.  Le  duc  àe 
Vtvonne  ,  fécondé  par  du  Quefne , 
lieutenant-général  de  l'amiée  na- 
vale de  France  ,  gagna  deux  ba- 
tailles contre  Rityter  amiral  de  Hol- 
lande:, qui  périt  dans  la  dernière,  ' 
(  le  1  Avril  1676  )  &  qui  fut  re- 
gretté par  Louis  XIV  comme  un 
grand  homme.  Ce  monarque  étoit 
alors  en  Flandres  ,  où  Condé», 
Bouchain ,  Aire  &  le  Fort  de  lindc 
reçurent  fes  lois.  La  campagne  de 
1677  s'ouvrit  par  la  prife  de  Va- 
lenciennes  &  de  Cambrai  :  la  pre- 
mière fut  emportée  d'aflaut  ,  & 
l'autre  par  compofitton.  PhÙlppe 
duc  d*OrUans ,  frère  unique  du  toi , 
gagna  contre  le  piince  éHOronp.  la 
bataille  de  Caffel,  lieu  célèbre  par 
la  viâoire  qu'un  autre  PhtUppe  , 
-j-oi  de  France ,  y  avoit  remportée 
350  ans  auparavant.  Le  maréchal 
de  Créqul  battit  le  prince  Charles  de 
Lorraine  auprès  de  Strasbourg ,  l'o- 
bligea de  repaffer  le  Rhin  ,  & 
l'ayant  repafle  lui-même  ,  aflîégea 
&  prit  Fribourg.  Nos  fuccès  n'é- 
toient  pas  moindres  en  Flandres 
&  en  Allemagne.  Lé  roi  forma 
lui-même,  en  1 67S,  le  fiege  de  Gand 
&  celui  d'Ypres ,  &  fe  rendit  maî- 
tre de  ces  deux  places.  L'aimée 
d'Allemagne  ,  fous  les  ordres  de 
Créquly  mit  les  ennemis  en  déroute 
à  la  tête  du  pont  de  Reinsfeld  ,' 
&  brûla  celui  de  Strasbourg  ,  après 
en  avoir  occupé  tous  Içs  forts  en 
préfence  de  l'armée  ennemie.  Cette 
glorieufe  campagne  -finit  par  la' 
paix  que  donna  Louis.  'XIV  à  l'Eu-' 
rope  ,  &  qui  '  fut  fignée  par 
toutes  les  '  puifi!ances'  en  1678.  Il 
y  euf  trois  traités  ;  fùn  entre  la 
France  &  la  Hollande  i  le  2*  avec 


L  OV 

lïfpagnc  -,  le  3®  avec  l*Empereiir 
&  avec  l'Empire ,  à  la  réferve  de 
l'éleâeur  de  Brandebourg.  Par  ces 
traités  la  France  refta  en  poffef- 
iîon  delà  Franche-Comté,  qui  lui 
fut  annexée  pour  toujours ,  d'une 
parrie  de  la  Flandre  Efpagnole  , 
&  de  la  forterefle  de  Fribourg.  Ce 
qu'il  y  eut  de  remarquable  dans 
.ce  traité ,  figné  avec  les  HoUan- 
dois ,  c'eft  qu'après  avoir  été  l'u- 

'  nique  objet  df  la  guerre  de  lôyi, 
ils  furent  les  feuls  à  qui  tout  fut 
rendu.  On  venoit  de  figner  cette 
paix  à  Nimegue,  (  le  10  Août  1678  ) 
lorfqiie  le  prince  d'Orange  tenta 
vainement  de  la  rompre ,  en  livrant 
ie  fanglant    &   inutile  combat  de 

t  Saint-Denys,  où  le  duc  de  Luxembourg 
triompha  malgré  la  rufe  &  la  mau- 
vaife  foi  de  fon  adverfaire.  Les 
Anglois  y  perdirent  1000  hommes 
de  leurs  meilleures  troupes ,  &  les 
HoUandois  firent  une  perte  encore 
plus  coniidérablè.  Louis  XIV  ayant 
diûé  des  lois  à  l'Europe  ,  viâo- 
rieux  depuis  qu'il  régnoit ,  n'ayant 
affiégé  aucune  place  qu'il  n'eût 
prife ,  à  la  fois  conquérant  &  po^ 
lititjue  ,  mérita  le  fumora  de 
Gkasd  ,  que  l'hôtel-de-ville  de 
Paris  lui  déféra  en  1680,  Ce  mo- 
narque ât  de  la  paix  un  temps  de 
conquête  :  l'or  ,  l'intrigue  &  la 
terreur  lui  ouvrirent  les  portes  de 
Strasbourg  &  de  Caial  ^  le  duc  de 
Mantoue  ,  à  qui  appartenoit  cette 
dernière  ville  ,  y  laHa  mettre  gar- 
iiifon  Françoife.  Louis  XIV  ^  craint 
par-tout ,  ne  fongea  qu'à  fe  faire 
craindre  davantage.  Le  pape  Inno- 
cent XI  ne  s'étant  pas  montré  fa- 
vorable au  defTein  qu'avoit  le  roi 
d'étendre  le  droit  de  régale  fur 
tous  les  diocefes  dé  Ta  domination  » . 
ce  prince  fit  donner  ,  en  1682,  une 
déclaration  par  le  Clergé  de  France , 
renferniée  en  iv  propofitions  ,  qui 
font  le  réfultat  de  tout  ce  qu'on 
avoit  dit  de  mieux  fur  lapuifTance 


LOU         37J 

ecdéiiaihque.  La  première  eft ,  que 
le  pape  n'a  aucune  autorité  fur  U 
temporel  des  Rois  :  la  ii^  «  que  le 
Concile  efi  au-dejfas  du  Pape  :  la  1 1 1  ^  » 
que  Vufagc  d/e  la  Pmffance  Apoflolî- 
que  doit  être  réglé  par  Us  Canons  :  & 
la  1  v'  ,  qu'i/  appartient  principalement 
au  Pape  de  décider  en  maticre  de  Foi;  mais 
queyèj  déc'i fions  ne  font  irréformabUs 
qu'après  que  l'ÈgUfe  les  a  reçuts,,,» 
Louis  y  en  veillant  fur  l'Eglife ,  ne 
négligeoit  pas  les  autres  panies  de 
fon  empire.  Il  établit  une  cham- 
bre contre  les  empoifonneurs ,  qui 
en  ce  temps-là  infeéloient  la  France. 
Une  chaire  de  droit  françois  fut 
fondée ,  tandis  que  d'habiles  gens 
travailloient  à  la  réforme  des  lois. 
Le  canal  de  Languedoc  étoit  na- 
vigable depuis  1681.  Le  port  de 
Toulon  fur  la  Méditerranée  fut 
conftruit  à  frais  immenfes,  pour 
contenir  100  vaiffeaux  de  ligne, 
avec  un  arfenal  &  des  magafins 
magnifiques.  Sur  l'Océan ,  le  port 
de  Breft  fe  formoit  avec  la  même 
grandeur.  Dunkerque,  le  Havre- 
de-Grace  fe  rempliffoient  de  vaif- 
feaux. La  nature  étoit  forcée  à 
Rochefort.  Des  compagnies  de  ca- 
dets dans  les  places,  de  gardes- 
marines  dans  les  ports  ,  fiirent 
inftia^ées ,  &  compofées  de  jeunes 
gens  qui  apprenoient  tous  les 
arts  convenables  à  leur  profeffion 
fous  des  maîtres  payés  du  trcfor 
public.  60,000  matelots  étoient  re- 
tenus dans  le  devoir  par  des  lois 
auffi  féveres  que  celles  de  la  dif- 
cipline  militaire.  Enfin  on  comp- 
toit  plus  de  100  gros  vaiflcau» 
de  guerre ,  dont  plufieurs  portoient 
cent  canons.  Us  ne  reftoient  pas 
oififs  dans  nos  ports.  Les  efcadres^ 
fous  le  commandement  de  du  Qucfn*^ 
nettoyoient  les  mers  infeftées  par 
les  corfaires  de  Barbarie.  Alger  fut 
bombardé  en  1684,  &  les  Algériens 
obligés  de  faire  toutes  les  foumif- 
fions  qu'on  exigea  d'eux.  Us  rcn- 

A  a  iij 


374        L  O  U 

éirenc  tous  les  délaves  Chréâcn*, 
êc  doimerent  encore  de  l'argent. 
L'ctac  de  Gènes  ne  s'humilia  pas 
moins  dev?jit  L^uis  XH^  que  celui 
d'A  ger.  Gènes  avoit  vendu  de  la 
poudre  aux  Algériens  &  des  galè- 
res aux  Efpagnols  ;  elle  fut  bom- 
bardée la  même  année,  &  n'obtint 
fa  tranquillité  que  par  une  fatistac- 
*tion  proportionnée  à  loftenfe.  Le 
4ogc ,  accompagné  de  4  Tenateurs , 
vint  à  Verfiiilles  feirc  tout  ce  que 
le  roi  voulut  exiger  de  ù  patrie. 
La  loi  de  Gênes  eft ,  que  ie  Doge 
f  f.rdt  fa  dignité  &  fun  turc  dès  qu'il 
4fi  foTil  et  laV  îiU  ;  n.ais  Loms  vou- 
lut qu'il  les  conièrvàL  Le  monar- 
que ayant  demandé  à  ce  magiflrat 
ce  qui  le  frappoit  le  plus  à  Ver- 
fail'es  ?  —  C\jit  àt  m'y  volr^  StRE^ 
répondit-il.  Des  ambafiade'^rs  qui 
fe  difoient  envo^  es  du  roi  de  Siam 
£  Voyei  IV.  Constance,  ]  pour  ad- 
iPtrer  fa  puifiànce ,  avoient  âutté , 
l'année  d'auparavant,  le  goût  que 
le  monarque  Francis  avoit  pour 
les  chofes  d'éclat.  Tout  fembloit 
alors  garantir  une  paix  durable; 
Jjoiàs  XI V  y  comptoit  fi  bien ,  qu'il 
£gnala  fa  puiflence  par  un  coup 
d'autorité  qui  donna  plu/ieurs  fujets 
à  l'Eghfe,  mais  qui  malheureiifement 
en  etileva  beaucoup  plus  à  l'état. 
L*édit  de  Nantes  ,  donné  par  Henri 
IV  en  faveur  des  Calvimiies ,  fut 
révoqué  ea  x  68  5 .  Cette  révocation , 
qui  pouvoit  avoir  des  elFers  heureux, 
en  eut  de  fort  trilles  ,  par  les  violen- 
ces dont  on  ufa  pour  ramener  les 
-feéhires.  Les  troupes  fiirent  ém- 
.  ploytes  à  feire  des  converfiocs , 
que  la  parole  divine ,  le  bon  exem- 
ple des  Catholiques  &  la  douceîir 
compatifTante  des  miniflres  d'un 
I>ieu  de  paix ,  auroient  bien  mieux 
opérées.  Près  de  50,000  familles, 
en  trois  ans  de  temps,  fortirent 
du  royaume ,  &  portèrent  chez  les 
étrangers  les  arts  ,  les  manufaâures 
&  les  tréfors  de  la  France.  Une 


L  O  U 

Ugue  contre  Icitt>  XJVteîomffA 
fecrétement  en  Europe  entre  le  eue 
de  Savoie,  Téleûeur  de  Bavière, 
l'éleâcur  de  Brandebourg  (  depuis 
roi  de  Prufie  )  &  plufieurs  autres 
princes,  excités  par  le  prince  d'Oran" 
gc ,  l'ennemi  le  plus  implacable  de 
JU,tùs  XIV,  L'empereur ,  le  roi  d'Ef- 
p^ne ,  en  un  mot  tous  les  coniîé- 
dércs  de  la  dernière  guerre,  s'uni- 
rent à  eux.  Cette  Ligue ,  connue 
fous  le  nom  de  Ligu*^  éTAnsbcurg, 
éclata  en  1687.  Pour  la  rendre  en- 
core plus  formidable,  on  forma 
le  projet  de  chaffer  Jacques  II  dn 
trône  de  la  Grande-Bretagne,  & 
d'y  placer  le  prince  Guillaume  d'O' 
r^nge.  Ce  deffein  fut  exécuté.  Le 
dauphin ,  fils  unique  du  roi ,  ou- 
vrit la  campagne  par  la  prife  de 
Philipsbourg ,  le  19  Oûobre  1688  -, 
fon  armée  viftorieufe  fut  conduite 
dans  le  Bas-Palatinat.  Depuis  Baie 
jufqu'â  Cobicntz  ,  tout  fut  fournis 
le  long  du  Rhin  :  mais  les  confé- 
dérés ayant  réuni  leurs  forces, les 
François  abandonneieiit  à  leur  ap- 
proche toutes  les  places  qu'il  avoient 
prifes  depuis  le  fiegedePhilipsbourg^- 
L'année  fuivante  1690  fut  plus  heu- 
reufe.  Le  maréchal  de  Luxembourg 
gagna  le  i^  Juillet  une  bataille  con- 
tre le  prince  de  JTaldeck^  à  Fleunis. 
La  flotte  du  roi ,  commandée  par 
le  comte  de  TounilU^  défit  dans 
la  Manche  les  flottes  d'Angleterre 
&  de  Hollande.  Catlnat  fe  rendit 
maître  du  F  as  de  Sufe,  prit  Nice, 
Villeûdnche ,  &  remporta  la  vic- 
toire de  Staforde  contre  lés  troupes 
du  duc  de  Savoie,  Le  prince  d'Oraage 
hit  obligé  de  levei  le  fiege  de  Limc- 
rick  en  Irlande.  Mons  dans  les  Pays- 
Bas»,  Valence  en  Catalogne ,  Carma- 
gnole &  Montmélian  en  Savoie, 
nirent  les  conquêtes  de  la  campa^ 
(iiivante.  Ces  fuccès  furent  contre- 
balancés par  la  perte  de  la  batûlle 
navale  de  la  Hogue,  en  1691.  Le 
combat  dutïi  depuis  le  matin  juf» 


L  O  U 

iqu*à  la  nuit,  avec  des  efforts  figna- 
lés  de  valeur  de  la  part  de  nos 
troupes,  50  de  nos  vaiffeaux  com- 
battirent contre  S4.  La  fupérîorité 
du  nombre  l'emporta.  Les  François, 
obligés  de  faire  retraite,  furent  dif- 
perfés  i^ar  le  vent  fur  les  côtes  de 
Bretagne  &  de  Normandie  j  &«  ce 
qu'il  y  eut  de  plus  malheureux, 

f  l'amiral  Anglois  leur  brûla  13 
Vaiffeaux.  Cette  défaite  fur  la  mer, 
Une  des  premières  époques  du  dépC' 
riffement  de  la  marine  de  France , 
fut  affoiblie  par  les  avantages  qu'on 
remporta  fur  terre.  Le  roi  a(ïîégea 
Namur  en  perfonne,  prit  la  ville 
en  8  jours  (le  j  Juin  1692)  & 
les  châteaux  en  2Z*  Luxembourg  em- 
pêcha le  roi  Guillaume  de  paffer 
la  Mehaine  à  la  tête  de  80,000 
hommes ,  &  de  venir  faire  lever  le 
iî^e.  Ce  général  gagna,  peu  de 
temps  après ,  deux  batailles  -,  celle  de 
Steinkerque  en  1 69 2,  &  celle  de  Ner- 

'  winde  en  1 69  3 .  Peu  de  journées  fu- 
rent plus  meurtrières  &  plus  glorieu- 
fcs.L'année  i694,reraarquablepai-la 
difette  qu'on  fouffrit  en  France ,  ne 
le  fiu  par  aucun  fuccès  éclatant.  La 
campagne  de  1695  fe  réduiiit  à  la 
prife  de  Cafal ,  dont  les  fortifications 
turent  rafées  entièrement.  Cornme 
les  recrues  fe  faifoient  difficilement 
en  1695 ,  des  foldats  répandus  dans 
Paris  enlevoient  les  gens  propres  à 
porter  les  armes ,  les  enfermoient 
dans  des  maifons ,  &  les  vendoient 
aux  officiers.  Ces  '  maifons  s'ap- 
peloient  des  fours  :  il  y  en  avoit 
30  dans  la  capitale.  Le  roi.,  inf- 
truit  de  cet  attentat  conore  la  liberté 
publique ,  que  le  magiflrat  n'avoit 
ofé  réprimer  de  crainte  de  lui  déplai- 
re, fît  arrêter  les  enrôleurs^  ordonna 
qu'ils  fufTent  jugés  dans  toute  la  rir 
gueur  des  loi$,rendit  la  liberté  à  ceux 
qui  l'avoient  perdue  par  fraude  ou 
par  violence,  &  dit  q\i'llvouloltêtre 
fvvlpar  dis  foldats  ,  6»  non  par  des 
ifclaves.  On  s'attcndoit  à  dé  grands 


L  o  u         37Ç 

événemens  du  côté  de  l'Italie  en 
1696.  Le  maréchal  de  Caùnat  ^ 
qui  avoit  remporté  l'important* 
viftoire  de  la  Marfaille,en  1693, 
fur  le  duc  de  SayoU^  étoit  campé 
à  deux  lieues  de  Turin.  Ce  prince  » 
las  de  la  guerre  ,  conclut  un  ac» 
conunodement  avec  la  France ,  le 
18  Septembre  1696.  Par  ce  traité 
Louis  XIF  lui  rendit  tout  ce  qu'il 
avoit  pris  pendant  la  guerre  >  lui 
paya  4  millions ,  eut  la  vallée  de 
Barcelonnette  en  échange  de  Pigne- 
rol ,  &  maria  le  duc  de^Bourgogne 
avec  la  fille  aînée  du  duc.  Cette 
paix  particulière  fiit  fuivie  de  la 
paix  générale  >  fîgnée  à  R}  fWick  le 
10  Oàobre  1697.  Les  eaux  du^^hin 
furent  prifes  pour  bornes  de  l'Alle- 
magne &  de  la  France.  Louis  Xlf^ 
garda  ce  qu'il  polTédoit  én-deçà  de 
ce  fleuve ,  &  rendit  ce  qu'il  àvoit 
conquis  en  -  delà.  Il  reconnut  le 
prince  d! Orange  pour  roi  d'Angle- 
terre. Les  Efpagnols  recouvrèrent 
ce  que  l'on  avoit  pris  fur  eux  de- 
puis le  traité  de  Nimegue ,  qui 
fervit  prefque  par-tout  de  fonde- 
ment à  celui  de  Ryfwick,  Cette 
paix  fiit  précipitée  ,.  par  le  feul 
motif  de  foulager  les  peuples ,  ac- 
cablés par  les  impôts  &  par  la  mi- 
fere.  Il  y  a  dix  ans ,  dit  alors  Louis 
XIV" ,  qut  je  me  trouve  obligé  de  char- 
ger mes  peuples;  mats  à  l'avenir  je  vais 
me  faire  un  plaîfir  extrême  de  lesfoit^ 
lager.  {Voy,  Ballin.  )  L'Europe 
fe  promettoit  en  vain  le  repos  après? 
une  guerre  fi  longue  &  fi  cruelle, 
après  tant  de  fang  répandu ,  après 
les  malheurs  de  tant  d'états.  Depuis 
long-temps  les  puifTances  foupi- 
iroient  dans  Tattente  de  la  fuccef- 
fion  d'Efpagne  v  Charles  II ,  mort 
fans  enfans  en  1700,  laiffa  ùl  Cou- 
ronne à  Philippe  de  France  ,  duc 
d'Anjou.  Ce  prince  prit  polTefîîoa 
de  cet  important  héritage  fous  le 
npm  de  Philippe  F.  Lorfqu'il  fut 
déclaré  roi  à  la  cour  de  Verfailles, 

Aa  iv 


pS        L  O  U 

louis  XIV  lui  dit  :  Mon  fils ,  vovs 
àeye^  être  bon  EfpAgnoli  maïs  n'ou" 
hUe\  jamais  qut  vous  eus  né  François, 
Les  potentats  de  TEurope ,  alar- 
més de  voir  la  monarchie  Efpa^ 
gnole  foumife  à  la  France,  s'uni- 
rent prefque  tous  contre  elle.  Les 
alliés  n'eurent  d'abord  pour  objet 
que  de  démembrer  ce  qu'ils  pour- 
roient  de  cette  riche  fucceflion  %  & 
ce  ne  fut  qu'après  pluûeurs  avan- 
tages y  qu'ils  prétendirent  ôter  le 
trône  d'Efpagne  à  PhlUppe,  La  guerre 
commença  par  l'Italie.  L'empereur, 
voulant  procurer  ce  trône  à  l'ar- 
chiduc Charles^  y  envoya  le  prince 
Etigme  avec  une  armée  confîdérable. 
Il  fe  rendit  maître  de  tout  le  pays 
d'entre  TAdîge  &  l'Adda ,  &  man- 
qua de  prendre  Gémone  en  1702: 
£  Voye^  fon  article.  ]  Les  premières 
années  de  cette  guerre  furent  mê- 
lées de  fuccès  &  de  revers  *,  mais 
l'année  1704  vit  changer  la  face 
de  l'Eurppe.  L'ETpagne  fut  prefque 
conquifé  par  le  Portugal ,  qui  ve- 
noit  d'entrer  dans  la  grande  al- 
liance, &  dont  les  troupes  étoient 
fortifiées  de  celles  d'Angleterre  & 
de  Hollande.  L'Allemagne  fut  en 
un  moment  délivrée  des  François. 
Les  alliés  ,  commandés  par  le 
prince  Eugène  ,  par  Marleborou^  , 
par  le  prince  de  Bade  ,  taillèrent  en 
pièces  le  1 3  Août  à  Hochftet  l'ar- 
mée Françoife  commandée  par 
Tallard  &  Marchîn,  Cette  bataille, 
dans  laquelle  27  bataillons  &  qua- 
tre régimens  de  dragons  furent 
feits  pnfonniers  ,  12000  hommes 
tués ,  30  pièces  de  canon  prifes , 
nous  ôta  cent  lieues  de  pays ,  Se 
du  Danube  nous  jeta  fur  le  Rhin, 
L'année  1705 ,  plus  glorieufe  pour 
la  France,  fut  funefteà  l'Efpagne. 
Nice  &  Ville-Franche  furent  pri- 
fes ;  la  vi£fcoire  de  Caflano  (  lô 
Août)  fut  difputée  au  prince  Eugène 
par  le  duc  de  Vendôme  avec  avan- 
tage i  la  Champagne  garantie  d'in- 


L  O  Ù 

vafîon  par  VilUrs,  Maïs  Tejfé  Ivft 
le  fiege  de  Gibraltar  *,  les  Portugal 
fe  rendirent  maîtres  de  quelques 
places  importantes  ;  Barcelone  fe 
rendit  à  l'archiduc  d'Autriche,  le 
concurrent  de  Philippe  V  dans  la 
fuccenion  ;  Gironde  fe  déclara  pour 
lui  :  la  bataille  de  Ramillies  fut 
perdue  par  VUUroi  ,  malheureux 
en  Flandres,  après  l'avoir  été  en 
Italie  -,  Anvers ,  Gand ,  Ofiende  &  ' 
plufieurs  autres  villes ,  furent  en- 
levées à  la  France.  L'année  1706 
fut  encore  plus  malheureufè  que  la 
précédente.  Le  maréchal  de  ViHeroy 
fut  vaincu,  le  23  Mai,  à  la  bataille 
de  Ramillies  près  de  Namur.  Al- 
cantara  en  Efpagne  tomba  entre  les 
mains  des  ennemis ,  qui ,  profitant 
de  cet  avantage ,  s'avancèrent  juf- 
qu'à  Madrid  &  s'en  rendirent  les 
maîtres.  On  tenta  vainement  de 
prendre  Turin  ;  le  duc  d*OrUans 
fiit  défiait  par  le  prince  Eugène  de- 
vant cette  ville ,  délivrée  par  cette 
bataille.  Le  mauvais  fuccès  de  ce 
fiege  fit  perdre  le  Milanez  ,  le 
Modénois ,  &  prefque  tout  ce  que 
l'Efpagne  avoit  en  Italie.  Les 
François  n'étoient  pas  pourtant  dé- 
couragés :  ils  mirent  à  contribu- 
tion ,  en  1707 ,  tout  le  pays  qui  e& 
entre  le  Mein  &  le  Nékre ,  après 
que  le  maréchal  de  FUlars  eut 
forcé  les  lignes  de  StollH>fïen.  Le 
maréchal  de  Berwlck  remporta  à 
Almanza ,  le  25  Avril  de  la  même 
année,  une  viàoire  fignalée,  fui- 
vie  de  la  réduéHon  des  royaumes 
de  Valence  &  d'Aragon.  Le  che- 
valier de  fofhîn  &  du  Guay-Troui» 
fe  difHnguerent  fur  mer ,  batdrent 
les  flottes  ennemies  en  diverfes 
rencontres  ,  &  firent  des  prifes 
confidérables.  La  fortune  ne  fevo- 
rifa  pas  les  François  en  1708,  nî 
en  Allemagne,  ni  en  Italie.  La 
ville  de  Lille  fut  reprife  par  les 
alliés,  qui  avoient  gagné  peu  de 
temps  auparavant  la  bataille  d'Ou; 


L  O  U 

denarde.  Les  Impériaux ,  qiû  s*^ 
toient  rendus  maîtres  du  royaume 
de  Naples  l'année  précédente  , 
s'emparèrent  du  duché  de  Man- 
toue  ,  pendant  que  lés  Anglois 
conquirent  le  Port-Mahon.  Le  cruel 
hiver  de  1709  adieva  de  défef- 
pérer  la  France  :  les  oliviers ,  les 
orangers,  reâburce  des  provinces 
méridionales  ,  périrent  :  prefque 
tous  les  arbres  fruitiers  gelèrent  ; 
il  n'y  eût  point  d'efpérance  de  ré- 
colte. Le  découragement  augmenta 
avec  la  mifère.  Louis  -X/^F  demanda 
la  paix ,  &  n'obtint  que  lés  ré- 
poôfes  les  plus  dures.  Déjà  Marie- 
horougk  avoir  pris  Tournai ,  dont 
Eugène  avoit  couvert  le  fiege  -, 
déjà  ces  deux  généraux  marchoient 
pour  inveftir  Mons.  Le  maréchal 
if  Vîllars  raffemble  fon  armée  , 
marche  au  fecours  ,  &  leur  livre 
bataille  près  du  village  de  Mal- 
plaquet  :  il  la  perdit  &  fut  bleffé  ; 
mais  cette  défaite  lui  acquit  autant 
de  gloire  qu'une  yiftoire.  Les  en- 
nemis laiflerdit  fur  le  champ  de 
bataille  12000  hommes  tués  ,  ou 
beffés  -,  les  François  n'en  perdirent 
que  Sooo.  Le  maréchal  dt  Boufflcrs 
fit  la  retraite  en  fi  bon  ordre ,  qu'il 
ne  laiiTa  ni  canons ,  ni  prifonniers. 
Le  roi  ,  ferme  dans  l'adverfité, 
mais  vivement  affligé  des  malheurs 
de  fes  peuples  ,  envoya  en  17 10 
le  maréchal  dWxdlts  &  le  cardi- 
nal àc  PoUgnac ,  pour  demander  la 
paix.  Il  porta  la  modération  juf- 
qu'à  promettre  de  fournir  de  l'ar- 
gent aux  alliés ,  pour  les  aider  à 
ôter  la  couronne  à  fon  petit -fils. 
Ils  vouloient  plus  ;  ils  exigeoient 
qu'il  fe  chargeât  feul  de  le  détrô- 
ïier,  &  cela  dans  l'efpace  limité 
de  deux  mois.  Cette  demande  ab- 
furde  fit  dire  au  roi  :  Pmfqu^ll  faut 
i^'jt  faffe  U  guerre  ^  j'aime  mieux  la 
fom  à  mes  ennemis  quà  mes  en/ans, 
11  fellut  âptic  continuer  la  guerre , 
quelque  itialheureufe    qu'elle  fût. 


L  O  U        377 

Philippe  F,  battu  près  de  Sarragoife , 
fut  obligé  de  quitter  la  capitale  de 
fes  états ,  &  y  rentra  par  une  vic- 
toire. Les  négociations  pour  la 
paix  recommencèrent  en  171 1  , 
année  de  la  mort  de  l'empereur 
Jojeph ,  &  eurent  un  effet  heureux 
[  ^oy. IV .Gauthier]  auprès  d'Anne 
reine  d'Angleterre.  Une  fufpenfion 
d'armes  fut  publiée  entre  les  deux 
couronnes,  le  14  Août  1711.  On 
commença  enfin  à  Utrecht  des  con- 
férences ,  poiur  une  pacification  gé- 
nérale. La  France  n'en  fut  pas  moins 
dans  la  conftemation  :  des  détache- 
mens  confidérables ,  envoyés  par  le 
prince  Eugène ,  avoient  ravagé  une 
partie  de  la  Chcmpagne ,  &  péné- 
tré jufqu'aux  portes  de  Reims.  L'a- 
larme étoit  à  Verfailles ,  comme 
dans  le  refte  du  royaume.  La  mort 
du  fils  unique  du  roi ,  arrivée  de- 
puis un  an  \  le  duc  de  Bourgogne  , 
la  ducheiïe  de  Bourgogne  ,  leur  fils 
aîné  ,  enlevés  rapidement  &  por- 
tés dans  le  même  tombeau  *,  le  der- 
nier de  leurs  enfens  moribond  : 
toutes  ces  infortunes  domefiiques  ^ 
jointes  aux  étrangères ,  failoient 
regarder  la  fin  du  règne  de  Louis 
XIV y  comme  un  temps  marqué  pour 
la  calamité ,  ainfi  que  le  commen- 
cement l'avoit  été  pour  la  formne 
&  pour  la  gloire.  Au  milieu  de  ce 
dçfaftre ,  le  maréchal  de  VlUars  force 
le  camp  des  ennemis  à  Dénain ,  (  le 
24  Juillet  1 7 1 1  )  &  feuve  la  France  : 
cette  viéioire  eft  fuivie  de  la  levée 
du  fiege  de  Landrecie,  par  le  prince 
Eugme ,  de  la  prife  de  Douay ,  de 
celle  du  Quefnoy ,  &  de  celle  de 
Bouchain.  Tant  d'avantages  rem- 
portés en  une  feule  campagne  , 
mirent  les  alliés  hors  d'état  de  con- 
tinuer la  guerre  ,  &  accélérèrent  la 
condufion  de  la  paix  générale.  Elle 
fiit  fignce  à  Utrecht  par  la  France 
&  TEfpagne ,  avec  l'Angleterre ,  la 
Savoie ,  le  Portngal ,  la  Prufle  & 
la  Hollande,  le  11  Avril  1713  i  & 


37?        L  O  U 

«vec  remperéur ,  le  1 1  Mars  1 71 4 , 
à  Raftadt.  Par  ces  ditFérens  traités , 
Louis  Xii'  reconnut  l'éledleur  de 
Brandebourg ,  roi  de  Prufïe  ;  il  ren- 
dit à  la  Hollande  ce  qu'il  pofledoit 
dans  les  Pays-Bas  Catholiques  ;  il 
promit  de  îaire  démolir  les  fortifi- 
cations de  Dunkerque  :  les  froatie- 
rcs  de  l'Allemagne  refterent  dans 
Tétat  où  elles  étoient  après  la  paix 
de  Ryfwick.  Les  dernières  années 
de  Louis  XIV  auroient  été  heu- 
reufes,  fans  l'afcendant  que  leJé- 
iiiite  U  Telller  prit  fur  fon  efprit. 
Sa  vieilleffe  fiit  accablée  de  foucis  , 
à  caufede  l'affaire  de  la  ConJHtutlon , 
dont  ce  Jéfuite  le  fatigua  jufqu  a  fes 
derniers  inftans.  La  mort  de  JUu's 
fut  celle  d'un  héros  Chrétien,  qui 
quitte  la  vie  fans  fe  plaindre  ,  & 
les  grandeurs  fans  les  regretter.  Le 
courage  d'efprit  avec  lequel  il  vit 
fa  fin  ,  fut  dépouillé  de  cette  often- 
tation  répandue  fur  toute  fa  vie. 
Pourquoi  pleurei'Vous  ^  dit-il  à  fes  do- 
mcftiques  ?  Vous  ave\  dû  depuis  long- 
temps vous  préparera  meperdre.MUvei- 
vous  cru  immortel?  Sa  grandeur  d'ame 
alla  jufqu'à  avouer  fes  fautes.  U 
recommanda  à  fon  fucceffeur  »♦  de 
>♦  foulager  fes  peuples  ^  &  de  ne 
'♦  pas  l'imiter  dans  fa  paffion  pour 
'»  la  gloire ,  pour  la  guerre  ,  pour 
»♦  les  femmes  ,  pour  les  bâtimens  t*. 
Il  expira  le  premier  Sept«mbre  1715, 
377  ans  ,  dans  la  73*^  année  de  fon 
règne.  Il  vit  avant  fa  mort ,  quatre 
rois  en  Danemarck,  quatre  en  Suéde, 
cinq  en  Pologne ,  quatre  en  Portu- 
gal ,  trois  en  Efpagne ,  quatre  en 
'  Angleterre ,  trois  empereurs ,  neuf 
papes  ,  &  plus  de  cent  autres  prin- 
ces d'Italie  ou  d'Allemagne,  Quoi- 
qu'on lui  ait  reproché,  (  dit  le  meil- 
leur, de  fes  hiftorien»,)  quelques 
petîteffes  dans  fon  zèle  contre  le 
Jdnfénifme ,  [  Voye^y.  No  ailles.  ] 
trop  de  hauteur  avec  les  étrangers 
dans  fes  fuccès ,  de  la  foibleffe  pour 
pluficurs  femmes ,  de  trop  grandes 


L  ou 

févérîtcs  dans  des  chofes  pcrfon- 
nelles  ,  [  Voyc^  II.  Voisin.  ]  des 
guerres  légèrement  entreprifes  , 
l'embrafement  du  Palatinat  vcq)en- 
dant  fes  grandes  qualités,  mifes  dans 
la  balance ,  l'ont  emporté  fur  Tes 
fautes.  La  poitérité  admirera  daçs 
fon  gouvernement  ,  une  conduite 
ferme,  noble  &  fui  vie,  quoiqu'un 
peu  trop  abfoluei  dans  fa  cour, 
le  modèle  de  la  politefle ,  .du  bon 
goût  &  de  la  grandeur.  Il  gou- 
verna fes  miniftres  ,  loin  d'en  être 
gouvenié.  Un  de  fes  principes  étoit, 
qu'après  un  mûr  examen ,  il  felloit 
prendre  foi -même  un  parti,  &le 
fuivre  avec  fermeté.  Mes  fauus  , 
difoit-il ,  font  venues  de  ma  complot' 
fonce  ,  é"  pour  mUire  laijfé  aller  trop 
nench^ilamment  aux  avis  des  autres. 
Rien  n'eftfi  dangereux  que  la  fûiblcffe , 
de  quelque  nature  qu  elle  f oit.  Il  eut  des 
maîtreffes-,  [Voyei  Fontanges... 

V.  ROCHECHOUART...    III.  VAL- 

LiERE.]  mais,  elles  firent  donner 
quelques  places ,  quelques  emplois , 
&  influèrent  très-rarement  dans  les 
affaires  générales.  D'ailleurs  fes 
pallions  amoureufes  cefferent ,  de- 
puis que  madame  de  Malntenon  eût 
fixé  fon  cœur  ,  &  lui  eût  infpiré  le 
goût  de  la  vertu  ,  l'amour  de  la 
religion  ,  &  même  l'efprit  de  piété. 
Les  efprîts-forts  n'oferent  jamais  fe 
montrer  devant  lui  :  à  fa  cour  on 
vit  quelques  hypocrites;  mais  les 
libertins  &  les  feux  philofophe^, 
furent  contraints  de  fe  cacher.  S'il 
aima  les  louanges  ,  il  foufifrit  la 
contradiction.  Dans  fe  vie  privée , 
il  fut  à  la  vérité  trop  pldn  de  ù, 
grandeur ,  mais  affable  -,  ne  don- 
nant point  à  fa  mère  de  part  au 
gouvernement  ,  mais  rempliflant 
avec  elle  tous  les  devoirs  d'un 
fils  -,  infidelle  à  fon  époufe ,  rsm 
obfervant  tous  les  devoirs  de  la 
bienféance  ;  bon  père,  bon  maître, 
toujours  décent  en  public ,  labo- 
rieux dans  le  cabinet  »  cxaô  dan» 


L  O  U 

les  affaires ,  penfant  jufte ,  parlant 
bien ,  &  aimable  avec  dignité.  Il 
avoit  voulu  plufieurs  fois  goûter 
les  douceurs  de  l'amitié  *,  mais  elles 
font  peu  faites  pour  les  rois.  Pal 
chctchc  des  amis  ,  difoit-il ,  6*  je  n*ai 
trouvé  qut  du  intrtgans.  N'éprOU- 
vant  de  la  part  des  courtifans  que 
des  fentimens  qui  ne  répondoient 
point  aux  fieiis ,  il  difoit  :  Touus 
lis  fois  que  je  donne  une  place  va- 
cantt ,  jz  fais  cent  mècontens  &  un  in- 
grat,  [VoyeiMKlUTEVOV.]  Onfe 
fouvient  encore  de  plufieurs  de  fes 
reparties  ,  les  unes  pleines  d'efprit, 
les  autres  d'un  grand  fens.  Le  mar- 
quis <£-'  Marivaux ,  officier  général  , 
homme  un  peu  brufque,  avoit  perdu 
un  bras  dans  une  aâdon,  &  fe  plai- 
gnoit  au  roi ,  jqui  l'avoit  récom- 
penfé ,  autant  qu'on  le  peut  faire 
pour  un  bras  caffé  :  Je  vaudrols  avoir 
firdu  aujfî  l'autre  ,  dit-il ,  &  ne  plus 
fervir  Votre  Majejîé.  —  Penferois  bien 
fiché  pour  Viius  &  peur  moi ,  lui  répon- 
dit le  roi  -,  &  ce  difcours  fut  fuivi 

d'un  bienfait Lorfquc  Po/ircA  r- 

^^n  fut  nommé  chancelier:  Je  fuis 
àfuré ,  lui  dit  le  roi ,  que  'fui  eu  plus 
de  pla'tfir  à  vous  donner  cote  place  ^ 
que  vous  n*en  ave^  eu  à  la  recevoir. 
Le  prince  de  Condé  l'étant  venu  fa- 
luer,  après  le  gain  d  une  bataille  con- 
tre Guillaume  III  ;  le  roi  fe  trouva 
fur  le  grand  -  efcalier  ,  lorfque  le 
prince,  qui  avoit  de  la  peine  à  mon- 
ter à  caufe  de  fa  goutte  ,  s'écria  ; 
Sire  ,  je  demande  pardon  à  Votre  Ma- 
7*/^' .  fi  je  la  fais  attendre,  —  Mi/n 
^<^ufin  ,  lui  répondit  le  roi ,  ne  vous 
prejfe^  pas  ;  on  ne  faurolt  marcher 
iîen  vite  ,  quand  on  efi  aujfi  chargé 
de  lauriers  que  vous  Pétes.,,,  Le  ma- 
réchal du  ?Uffis ,  qui  ne  put  faire 
la  campagne  de  1672  ,  à  caufe  de 
fon  grand  âge ,  ayant  dit  au  roi  ; 
»»  Qu'il  portoit  envie  à  fes  enfans 
»»  qui  avoient  l'honneur  de  le  fer- 
y  vir  ;  que  pour  lui  il  fouhaitoit  la 
*  moct  *  piufqu'il  ne  lui  étoxt  plus 


L  O  U        379 

M  propre  à  rien  »«  -,  le  roi  lui  dit , 
en  l'embrafTant  ;  Monfitur  le  Maré- 
chal ,  on  ne  travaille  que  pour  appro" 
cher  de  la  réputation  que  vous  a,e^ 
acquîfe^  Il  eji  agréable  de  fe  repvfer 
après  tant  de  viclolres,,.  Un  des  mufi- 
ciens  de  fa  chapelle  ayant  tenu  des 
propos  indécens  contre  un  prélat , 
l'evêque  fe  trouvant  dans  la  tribune 
du  roi ,  lui  dit  que  ce  muficien  per- 
doitfa  voix  :  Louis  XIV  pénétrant 
l'intention  de  1  cyêque  ,  lui  ré- 
pondit :  Dites  qu'il  chante  bien  ,  mais 
qu*il  parle  mal,  La  difcipline  ne 
pouvoit  pas  être  beaucoup  plus 
révère  chez  les  Romains  ,  que  dans 
les  belles  années  de  Xrouw  X/K.  Ce 
princes  paffant  fes  troupes  en  re- 
vue ,  frappa  d'une  baguette  la  crou- 
pe d'un,  cheval.  Le  cavalier  ayant 
été  défarçonné  par  le  mouvement 
que  fît  le  dieval  à  cette  occalion , 
fiit  renvoyé  fur  le  champ,  comme 
incapable  >de  fervir.  Dans  le  temps 
que  ce  monarque  travailloit  à  éta- 
blir une  difcipline  auilere  &  invio- 
lable dans  fes  troupes ,  il  chercha 
Tcccafion  d'en  donner  lui-même  un 
exemple  remarquable.  L'armée  com- 
mandée pjir  le  grand  jCondé  ayant 
campé  dans  un  endroit  où  il  n'y 
avoit  qu'une  maifon ,  le  roi  or- 
donna qu'on  la  gardât  pour  le  prin- 
ce. Condé  \oyji\\iX.  en  vain  fe  défen- 
dre de  l'occuper  \  il  y  fut  forcé.  Jt 
nej'uls  que  voLntalre ,  dit  le  monar- 
que ,  &jençrf  ujfhalpJnt  que  mon 
Général  folt  fus  la  toile,  tandis  quff 
j'occuperai  um  hMtatun  commode,.,^ 
Ce  qui  immortalife  fur-tout  Zo«/x 
XIV ,  c'eft  la  protection  qu'il  ac- 
corda aux  fciences  &  aux  beaux- 
arts.  C'efl  fous  fon  règne  qu'on  vit 
éclorre  ces  chef- d'œuvres  d'élo- 
quence ,  d'hiftoire  ,  de  poéiie  ,  qui 
feront  l'éternel  honneur  de  la  Fran- 
ce. Corndlle  donna  des  leçons  d'hé- 
roïf.ne  &  de  grandeur  dame ,  dans 
î^  immortelles  Tragédies.  Racine^. 
«'ouvrant  une'  autre  route ,  fit  pa^. 


jSo        L  O  U 

roitre  fur  le  théâtre  une  pa(&on  que 
les  anciens  poètes  dramatiques  n'a- 
'Tt>ient  guère  connue ,  &  la  peignît 
des  couleurs  les  plus  touchantes. 
Defpréaux ,  dans  fes  Épitres  &  dans 
fon  Art  Poétique ,  fe  rendit  l'égal 
'd*Horace.  Molière  laifTa  bien  loin 
derrière  lui  les  comiques  de  fon 
Hecie  &  de  l'antiquité.  La  Fontaine 
effaça  Efope  &  Phedn ,  en  profitant 
de  leurs  idées.  Bojfua  immortalifa 
les  héros  dans  fes  Oraifons  funèbres, 
&  inflruiût  les  rois  dans  fon  Hif- 
toire  univcrfelle.  Fénélon ,  le  fécond 
des  hommes  âans  l'éloquence  ,  & 
le  premier  dans  l'art  de  rendre  la 
vertu  aimable  ,  infpira  par  fon 
Télcmaqui  la  juftice  &  l'humanité. 
Dans  le  même  temps  que  notre  lit- 
térature  s'enrichifîbit  de  tant  de 
beaux  ouvrages  ,  le  poujjîn  faifoit 
fes  tableaux ,  Pugee  &  Gîrardon  leurs 
ihtues  ;  U  Sueur  peignoit  le  cloî- 
tre des  Qiartreux ,  &  le  Brun  les 
batailles  d'Alexandre  ;  Perrault  & 
Manfard  fournifToieîit  des  modèles 
aux  ardiiteâes  de  toutes  les  na- 
tions *,  Rlquet  creufoit  le  canal  de 
Languedoc  -,  le  Nôtre  traçoit  les  jar- 
dins de  Verfàilles  j  Qmnauày  créa- 
teur d'un  nouveau  genre ,  s'affuroit 
rimmortalité  par  fes  Poèmes  lyri- 
ques ,  &  Lulà  donnoit  à  notre  mil* 
fique  naiiTante ,  de  la  douceur  &  des 
grâces  :  enfin  Def cartes  ,  Huyghens  ; 
^Hoffital  ^  Ccjfini^  acquéroient  des 
noms  célèbres  dans  l'empire  des 
ifciences.  Louis  -X7K encouragea  & 
récompenfa  la  plupart  de  ces  grands 
honunes  ;  &  le  même  monarque  qui 
fût  employer  les  Condé ,  les  Turenne  , 
les  Luxembourg ,  les  Créqul ,  les  Ca- 
tinat ,  les  Vauban,  les  Vendôme  ,  les 
yîllars  y  dans  fes  armées  •,  les  du 
Quefne  ,  les  TourvïUe  ,  les  du  Guay- 
Trouîn  dans  fes  efcadres  -,  les  Colhcrt , 
les  Lcuvois ,  les  Torcy ,  les  Beau- 
viUîcrs  dans  fes  cabinets  ,  choifitles 
Boîlcau  &  les  Racine  ,  pour  écrire 
fon  Hiftoire  i  les  Bojfuu ,  les  Féaé^ 


L  o  u 

Ion ,  leç  Montaufier ,  pour  înflruîté 
fes  en^s  *,  &  les  Fléchur ,  les  Bm» 
daloue ,  les  MaJJîUon  ,  pour  l'inf- 
truire  lui-même.  Son  premier  par- 
lement d\o\xMolé^  Lamoignon,Tpo\a 
chefs.  Talon  &  DagueJJeau  pour  or- 
ganes. La  révolution  générale  qui 
fe  fit  fous  fon  règne  dans  nos  arts, 
dans  nos  cfprits  ,  dans  nos  mœurs, 
influa  fur  toute  TEurope.  Elle  s'é- 
tendit en  Angleterre ,  elle  porta  le 
goût  en  Allemagne ,  les  fciences  en 
Kufiîe  ;  elle  ranima  l'Italie  languif- 
(ânte.  Ces  peuples  divers  doivent  de 
la  reconnoiffance  &  de  l'admiration 
à  Louis  XIV.  Les  leéieurs ,  curieux 
de  connoître  plus  en  détailles  hom- 
mes illufb-es  qui  ont  honoré  fon 
fiecle  ,  peuvent  confulter  leurs  ar- 
ticles répandus  dans  ce  Diction- 
naire,,., Limiers ,  Larreî ,  Rehoulet , 
la  Hode  &  Voltaire ,  ont  écrit  fon 
Hiftoire:  mais  celui-ci  eft  court, 
trop  fuperficiel  ;  &  les  autres  font 
trop  diffus  ,  trop  inexaûs  -,  leur 
travail  ne  s'eft  borné  qu'à  compiler 
&  à  défigurer  des  gazettes. 

XX.  LOUIS  XV,  étoitlc 
3*  fils  du  duc  de  Bourgogne  (  de- 
puis dauphin  ,  )  petit-fils  de  Loms 
XIV,  &  de  Marie-Adélaïde  de  Sa- 
voie. Il  naquit  à  Verfàilles  le  iç 
Février  17  lo,  &  fut  d'abord  nommé 
duc  d! Anjou,  Devenu  dauphin,  le 
8  Mars  171 1 ,  par  la  mort  de  fon 
illufire  père,  il  fuccéda  à  Lotis 
XIV,  fon  bifaïeul  ,  le  i"  Sep- 
tembre 171 5.  Il  avoit  5  ans  & 
demi  lorfqu'il  monta  fur  le  trôn& 
Dès  fa  première  enfonce,  il  mon- 
tra un  efprit  jufte  &  folide.  On 
lui  demanda  un  jour  qui  étoient 
ceux  qu'il  devoit  aimer  ?  Les  hon- 
nêtes gens ,  répondit- il,  —  Et  cens 
que  vous  deve^  éviter  ?.,.  Les  flatteurs, 
reprit-il.  On  l'entretenoit  des  ti- 
^tres  donnés  à  fes  ancêtres,  dont 
les  uns  s'appeloient  le  Hardi, 
le  Grand ,  le  Jufte  :  Je  toudrols , 
àlt-'û, pouvoir  mér'iUr  celui  dehom 


L  OU 

It  Pdrfali.,.  Philippe,  duc  SOrlians^ 
♦  fon  plus   proche  parent  ,    devoit 
être  régent;  mab   il  vouloit  de- 
voir cette  place  à  îi  naiffance, 
&    non    au    teftament    de    L-uU 
'XIV,    Ce    teftamem    qui   auroit 
beaucoup    gêné    fon    adminifbra- 
non  ,  fut  caffé  par  le  parlement , 
&  la  régence  lui  fut   déférée   le' 
i*Septembre ,  c'eft-à-dire  le  len- 
demain de  la  mort  de  Louis  XIV, 
Ce  prince  avoir  prévu  ce  qui  ar- 
riva, pai  fait  mon  ujhment ,  (  avoit- 
il  dit  à  une  princefTe  )  parce  qu*iU 
Vont  voulu  ;  car  du  refti  il  en  fera 
du  rnkn,  comme  de  celui  de  mon  pin  : 
^ini  j*aurai  les   yeux  fermds ,    on 
n*y  aura  aucun  égards  Les  premiers 
foins  du  régent  furent  de  rétablir 
i     les  finances   qui   étoient  dans    le 
plus  grand  dérangement.  On  créa 
j     une  chambre    de   juftice    contre 
ceux  qui  s'étoient  enrichis,  fous 
le  règne  précédent ,  dos  malheurs 
j      àt  la  France.   On   rechercha   les 
fortunes  de  près   de    4J00   per- 
fonnes  ;   &    les   taxes   auxquelles 
on  les  fournit  étant  une   reffour- 
ce  imfuffifanre  ,  lê  Régent    per- 
mit à  Law  ,  intrigant  Ecoflbis  , 
«le  former  une    banque,  dont  on 
*c    promettoit     les    plus    grands 
avantages.   Tant  que  cet    établif- 
fement  fut  renfermé  dans  de  juftes 
bornes,  &  qu'il  n'y  eut  pas  plus 
^e  papier   que   d'dpeces  ,   il  en 
réfulta  un  grand  crédit,    &  par 
confé(juent  le    bien   de  là  Fran- 
ce ;    mais   quand    Law    eut     lié 
d  autres  entreprifes  à  ce    premier 
projet ,  tout  fut  dans  le  plus  grand 
défordre  :  [  Foyei  les  articles  Lajt^ 
&    Phjllippe  ,    duc    d'Orléans  , 
^    Il ,  auxquels  nous  renvoyons 
pour  tout  ce  qui  regarde  les  évé- 
nemcns  de  la  régence.  ]  Les  fuites 
<les    dangereufes    nouveautés    de 
ly  furent,  la  fubv^rfion  de  cent 
mille   familles  ,    la    difgrace     du 
Chancelier  Daguejfcau ,  [  Voy'ei  foo 


L  O  U        381 

art.  ]   &    Texil    du    parlement  à. 
Pontoife.  Le  roi  ayant  été  cou- 
ronné à  Reims  en  1711 ,  &  dé- 
claré majeur  l'année  fiiivante ,  le 
duc  d*  Orléans  lui   remit  les  rênes 
de  Tétat  dont  il  avoit  eu  la  con- 
duite pendant  fa  minorité.  Le  car- 
dinal Dubois ,  alors  fecrétaire  d'é- 
tat, fut    chargé    pendant  quelque, 
ttmps    de    la    direfHon  générale' 
des    af&ires  ;    mais    ce    miniilre: 
étant  mort  au  mois  d'Août  1723  » 
le  duc  d*  Orléans  accepta  le  titre 
de  premier  minifhré.   Ce  prince , 
mort  d'apoplexie  le    1  Décembre' 
de  la  même  année ,  eut  pour  fuc-.. 
cefTeur  dans  le  miniftere  le  duc  de 
Bourbon ,  qui  s'erapreffa  de  cher- 
cher une   époufe   au    jeune  mo-, 
narque.  Il  choifît   la  princefle  de^^ 
Pologne  ,    Marie    Lecilnska  ,    fille, 
du  roi    Stanijlas,   Le  mariage  futj 
célébré  à  Fontainebleau  le  5  Sep-, 
terabre  1725 ,  &  une  heureufe  ft-* 
condité.  fut  le  fruit  de  cette  union.  ' 
Le  nouveau  miniftere  ayant  effe- 
rouché  le  parlement ,  la  nobleïTe  & 
le  peuple  par  quelques  édits  bur- 
faux,  lé  duc  de  Bourbon  fiit  difgra-, 
cié.  Le  cardinal  de  Flairy ,  qui  prit 
fa  place, fubftitua  une  fage  écono- 
mie  aux   profufions  dont   on   fe 
plaignoit.  Sans  avoir  le  titre  de 
premier  miniftre  ,  il  eut  toute  la 
confiance  de  Loms  XV ,  &  il  s'en 
fervit  pour  faire  le  bien  &  réparer 
les  maux  pafTés.  La  double  élec» 
tion  d'un  roi  de  Pologne ,  en  17331 
alluma  la  guerre  en  Europe.  Louis 
XV ,   gendre  de  Stanijlas  qui  ve-^ 
noit  d'être   élu  pour    la  féconde 
fois ,  le  foutint  contre  l'élefteur  de 
Saxe ,  fortement  appuyé  par  l'em- 
pereur Charles  Vl,  Ce  dernier  fou- 
verain  agit  fi  efficacement  pour  le 
prince  qu'il  protégeoit ,  queStaniflat 
fut  obligé  d'abandonner  I4   cou- 
ronne qui  lui  avoit  été  décernée , 
&  dQ  prendre  la  fuite.  Louis  XV  ^ 
voulant  Ye  venger  dé  cet  af!rom 


|8i       L  O  U 

ixt  rcmpereur  ,  s'unit  avec  l*Efpa- 
gne  &  la  Savoie  contre  T Autriche. 
La  guerre  fe  fit  en  Italie  ,  &  elle 
fut  glorieufe.  Le  maréchal  ic  VU- 
lars ,  en  finifTant  fa  longue  &  bril- 
lante carrière,  prit  Milan  ,  Tortonc 
&  Novare.  Le  maréchal  de  Coîgni 
gagna  les  batailles  de  Parme  &  de 
Guaftalle.  Enfin  en  1734  Tempe- 
Tcur  avoit  perdu  prcfque  tous  fes 
états  dltaHe.  La  paix  lui  étoit  de- 
venue nécefTaire  :  il  la  fit  -,  mais 
elle  ne  fiit  avantageuf:  qu'à  Tes 
ennemis. 'Par  le  traité  définitif, 
figné  le  18  Novembre  1738  ,  le 
roi  Stantjlas  ^  qui  «voit  abdiqué  le 
trône  de  Pologne ,  devoit  en  con- 
server les  titres  &  lés  honneurs  , 
&  être  mis  en  po^Tefllon  des  du- 
chés de  Lorraine  &  de  Bar ,  pour 
être  réunis  après  fa  mort  à  la  cou- 
ronne de  France.  Ainfi  la  réunion 
de  cette  riche  province  ,  fi  long- 
temps défîrée,  &  û  inutilement  ten- 
tée jufqu'alors ,  fut  confommée  par 
une  fuite  d'événemens  auxquels  la 
politique  ne  fe  feroit  pas  attendue. 
II  n'en  coûta  qu'une  penfion  de  3 
millions  500  mille  livres  faîte  au 
duc  de  Lorraine  ,  jufqu  a  ce  que  la 
Tofcane  qu'on  lui  donnoit  en 
échange  ,  lui  fût  édiue.  Le  vieux 
duc  de  Tofcane  étant  mort  peu 
après ,  &  Louis  XV  étant  déchargé 
de  la  penfion  :  Ca  argent  ,  dit-il  , 
me  vient  fort  à  propos  pow  diminuer 
les  Tailles  &  pour  foulager  les  pauvres 
Paroijfes  qui  ont  été  grêlées.  En  effet 
les  Tailles  furent  diminuées  de  trois 
millions.  La  mort  de  l'empereur 
Charles  f-/,  arrivée  en  1740,  ou- 
vrit une  nouvelle  fcene,  La  fuc- 
cefiîon  de  la  maifon  d'Autriche 
fiit  difputée  par  4  puiffances,  Louis 
XV  s'unit  aux  rois  de  Prufijc  & 

yàii  Pologne,  pour  faire  élire  em- 
pereur  Charles^Alb  rt  ,  éleâour  de 

*  Bîviere.  Créé  lieutenant-général  du 
roi  (|e  France ,  ce  prince  fe  rend 
maître  de  Paâau ,  arrive  à  Lina , 


L  0  u 

capitale  de  la  haute  Autriche  > 
mais ,  au  lieu  d'afiiéger  Vienne ,  « 
dont  la  prife  eût  été  un  coup  dé« 
dfif ,  il  marche  vers  Prague  ,  s'y 
bât  couronner  roi  de  Bohême ,  & 
va  recevoir  à  Francfort  la  couronne 
impériale  fous  le  nom  de  Charlci 
VIL  Ces  premiers  fuccès  furent 
fui  vis  de  pertes  rapides.  Prague  fut 
reprife  en  1742,  &  la  bataille  ^ 
Dettingue  ,  perdue  l'année  fui- 
vante,  détruifit  prefque  toutes  les 
efpérances  de  l'empereur  protégé 
par  la  France.  Il  fut  bientôt  chafié 
de  fes  états  héréditaires  &  errant 
dans  l'Allemagne  ,  tandis  que  les 
François  étoient  repoufifés  au  Rhin 
&  au  Mein.  Le  cardinal  de  Fleuri , 
avoit  terminé  fa  longue  cartierc  le 
29  Janvier  1743.  Lcms  XV  gou- 
vernant par  lui-même ,  voulut  fe 
montrer  à  la  tête  de  fes  armées.  Il 
fit  fa  i'*  campagne  au  printemps  de 
1744,  &  pris  Courtray  ,  Menin  & 
Ypres.  Au  fiege  de  Menin  »  on  lui 
dit  qu'en  rifquant  une  attaque  qoi 
ne  coûteroit  que  peu  de  (àng  ,  on 
pourroit  prendre  la  place  4  jours 
plutôt  :  J^aime  mieux  les  perdre  eu 
quatre  jours ,  répondit-il ,  devant  wu 
plaee ,  qu'un  feul  de  mes'fujets,»,  Loms 
XV  quitte  la  Flandre  où  il  avoit 
des  fuccès ,  pour  aller  au  fecouis 
de  l'Alface  où  les  Autrichien» 
avoient  pénétré.  Tandis  qu'il  mar- 
choit  contre  le  prince  Chartes  de 
Lorraine ,  général  de  l'armée  enne- 
mie qui  avoit  paflé  le  Rhin ,  il  eft 
réduit  à  l'extrémité  par  une  mala- 
die dangereufe  qui  l'arrête  à  Mets. 
Ce  fut  à  cette  occafion  que  les 
François  lui  donnèrent  des  témoi- 
gnages finguliers  de  leur  tendreâe 
alarmée:  il  fut  fumommé  le  BnS' 
Aimé,  La  nouvelle  de  fa  guérifon 
fut  reçue  comme  celle  d'une  vic- 
toire importante  ;  &  le  roi  »  dans 
les  transports  defareconnoifTance» 
s'écria  :  Ah  !  qu'il  eft  d^ux  d'être  aimé 
aînji  !  &  ^i^ài^jejait  pour  U  mcritttl 


L  O  U 

Fendant  fa  maladie ,  il  avou  tenu 
un  propos   qui  prouve  que    fes 
maux  ne  lui  avoieni  pas  fait  per- 
dre de  vue  rintcrêt  de  Tétat.  Son 
defTdn  en  quittant  la  Flandre ,  avoit 
été  de  livrer   bataille  au  Prince 
Charles  ie  Lorraine  *,  mais  la  mar- 
che trop   lente    des    troupes   ne 
lui  avoit  pas  permis  de  l'exécuter 
en  perfonnc.  C'étoit  le  maréchal 
it  NoaîUes  qui  avoit  pris  le   com- 
mandement   en    chef   de   l'armée 
d'Alface.  Louis    XV  inftruit  dans 
fon  lit  de  la  réunion  des  troupes , 
dit  au    comte  d*Ar^mfon  :  écrive^ 
de  ma  fart  au  maréchal  de   Noailles 
fu  pendant  qu*on  portoU  Louis  XIII 
m  tombeau ,  U  P rince  àt  Condé  ^i- 
pà'u  me  bataîlU,  A  peine  eft-il  ré- 
tabli ,  qu'il  va  aHiéger  Fribourg  , 
&  le  prend  le  5  Novembre  I744- 
Les  batailles  de  Fontenoy   &  de 
Lavfcld  gagnées  en  174^  &  1747  , 
la  journée   de  Mêle  fuivie  de  la 
prife  de  Gand ,  Oftcnde  forcée  en 
'3  jours ,  Bruxelles  prife   au  cœur 
de  l'hiver  ,  tout  le  Brabant  Hol- 
landois  fubjugué  ,  Ber»-Op-Zoom 
emporté  d'afîaut ,  Maëfhicht  invefti 
en  préfence  de  8c,ooo  hommes  , 
font  des  é(|(kxcmens  fur    lefquefe 
nous  renverrons  le  lefteur  à  l'ar- 
ticle des  maréchaux  de  Saxe  & 
de  LoETTENDAL.    Mais    nous   ne 
pouvons  paffer  fous  filence,  qu'à 
la  bataille  de  Fontenoy  Louis  XV y 
frappé  du  fpeé^cle  des  morts  &  des 
mourans ,  dit  à  un  de  fes  Officiers  : 
■Qa'on  ait  foin  des  François  hleffés , 
wrrwe  de   mes   enftns.  On  lui  de- 
manda :  Comment  U  voulolt    qu'on 
traitât  les  blejfés  du  parti   Anglais.., 
Comme  les  nôtres ,  répondit-îl  -,  ils  ne 
font  plus  nos  ennemis,  S'étant  appercu 
tjue  les  monceaux  de  cadavres  ,  les 
cris  des   mourans  ,   le  fang  qui 
inondoit  une  vafte  plaine,  arra- 
choient  des  larmes   au   dauphin  , 
il  lui  dit  :  Apprene\  y  mon  ps  ,  com- 
^Un   U  rîâoirê  efi  chère  &  doulow 


L  o  u        383 

reufe.  Tandis  que  tout  lui  cédoit  en 
Flandres ,  les  affaires  dltalie  étoient 
dans  le  plus  mauvais  état.  La  ba- 
taille   de   Plaifance  ,    perdue    en 
1746   par   le  maréchal  de  Maille^ 
b^is  ,  avoit   forcé    les-  François  à 
repafîer  les  Alpes.  Les  troupes  di» 
duc  de  Savoie  &  de  la  reine  d'Hon- 
grie ravagcoient  la  Provence.  Les 
Anglois  ,  aufli  heureux    fur  mer 
que    les    Autrichiens   Tétoient  en 
Italie ,  ruinoient  notre  coinmerce  ; 
ils  s'emparoient  de  Louisbourg  6c 
du  Cap-Breton  :  ils  faifoient  par- 
tout  des    prifes    immenfes.    Louis 
XV ^  à  chaque  victoire  qu'il  avoit 
remportée  ,  avoit  offert  la  paix  ; 
on  l'avoît  refufée.   Ecr'vei  en  HoÛ 
lande  ,  difoit-il  à  un  de  {es  minif- 
tres ,  que  je  ne  demanda  que  la  tran» 
quîUlté  de  P Europe  ;  ce  n*e/è  pas   ma 
condition  ,  c*eft  celle    de^   peuplesr  que 
je  veux  rendre   meilleure.  Enfin  cette 
paix  fi  défirée  fut  conclue  à  Aix- 
la-Chapelle  le   18  Oûobre  1748. 
Le  roi  qui  »  fuivant  fes  expreffions  , 
voulolt  faire  cette  paix  y  non  en  mar* 
chand  ,  mais   en  prince ,  ne  voulut 
rien  pour  lui  ;  mais  il  fit  tout  pour 
fes  alliés.  11  affura Parme ,  Plaifance 
&  Guaftalle  à  Don  Philippe; {on 
gendre ,  &  le  royaume  des  Deux- 
Sici'es  à  Don  Carlos ,  fjn  parent. 
Il  fit  rétablir  le  duc  de  Modene  fon 
allié,  &  la  république  de  Gênes  » 
dans  tous  leurs  droits.  Après  cette 
paix  ,  Louis  travailla  à  dédomma- 
ger la*  France  des   malheurs  de  la 
guerre.  Des  grandes  routes  furent 
ouvertes  dans   tout  le  royaume  , 
pour  faciliter  le   comm.erce.  L'£- 
colc  Royale  Militaire  fut  établie  en 
1751  ;  on  éleva  quantité  de  mo- 
numens  publics  *,  les  fciences  &  les 
arts  furent  honores  d'une  protec- 
tion particulière.  On  jouiffoit  des 
plus  beaux  jours-,  &  au  milieu  du 
bonheur  qu'on  commençoit  à  ref- 
fentir  ,  on    s'appercevoit  à  peine 
des  épines  qye  l'affaire  des  BllUu 


384        L  O  U 

de  Confejfion  femerent  dans  quel- 
ques villes.  Mais  la  félicité  publi- 
que fut  troublée  par  une  nouvelle 
guerre  «  allumée  de  Lisbonne  à 
Pctersbourg  ,  pour  quelques  ter- 
rains incultes  de  l'Acadie  ,  dans 
l'Amérique  feptentrionale.  Les  An- 
glois  ,  dont  Tanibition  cherchoit 
loccafion  d'une* rupture ,  nous  les 
difputerent  en  1755  ,  &  firent  la 
guerre  fans  la  déclarer.  Le  roi  de 
.  Pruffe  ,  auparavant  allié  des  Fran- 
çois ,  fe  ligue  avec  l'Angleterre , 
tandis  que  l'Autriche,  notre  an- 
cienne ennemie  ,  s'unit  avec  la 
France.  Loms  XVeA  forcé  de  prendre 
les  armes.  Les  Anglois  furent  d'a- 
bord battus  dans  le  Canada,  & 
craignirent  ime  invafion  dans  leurs 
ifles.  Ils  perdirent  le  Port-Ma- 
hon ,  que  le  maréchal  de  iilchcHeu 
pritd'affautau  printemps  de  17)6  , 
après  une  vifloire  navale  du  Marquis 
'iU  U  Gallffonnicrc,  Le  maréchal 
i^Eftrécs  gagnoit  d'un  autre  côté, 
la  bataille  de  Haftimbeck  fur  le 
"duc  de  Cumherland,  Le  maréchal 
di  l^çhelLeu  ,  envoyé  pour  com- 
mander à  ùi  place ,  pouffa  l'An- 
gloîs,  &  le  força  de  capituler  à 
Cloftcr-Seven  avec  toute  fon  ar- 
mée. L'éleâorat  de  Hanovre  étoit 
CQnquis.  Une  armée  Françoife, 
jointe  à  celle  des  Cercles,  mar- 
cha la  même  année  1757  contre 
le  roi  de  Pruffe  en  Saxe,  &  fut 
battue  à  la  fameufe  jouraée  de 
Rosbac  ,  donnée  au  conunence- 
ment  de  Novembre.  Cette  viiftoi- 
re  fiit  décifîve  :  Téleflorat  de  Ha- 
novre fut  repris  par  les  Anglois, 
malgré  la  capitulation  de  CioUer- 
Seven.  Les  François  furent  encore 
battus  à  Crevelt  par  le  prince  de 
Brunfwick  en  1758;  mais  le  duc 
de  Brogile  les  vengea ,  en  rempor-  ^ 
tant  une  viûoire  complète  à  Ber- 
gen, vers  Francfort,  le  13  Avril 
1759.  Enfin 9  après  différens  com- . 
bats  s  où  chaque  partr  étoit  tantôt 


LOU 

vaincu  ,  tantôt  vainqueur,  tous 
les  princes  penferent  férieufemem 
à  la  paix.  La  France  en  avoitun 
bcfoin  extrême  ^  les  Anglois 
avoient  fait  des  conquêtes  pro- 
digieufes  dans  les  Indes  -,  ils 
avoient  ruiné  entièrement  nôtre 
commerce  en  Afrique  ;  ils  s'é- 
toient  emparés  de  prefque  tou- 
tes nos  poffefilons  en  Amérique. 
Le  PûHc  de  famille  ,  conclu  en 
176 1  entre  toutes  les  branches 
fouveraines  de  la  maifon  de  Bout- 
bon ,  ne  les  avoir  pas  empêchés 
d'enlever  aux  Efpagnols  la  Ha- 
vane ,  1  ifie  de  Cuba  dans  le  golfe 
du  Mexique,  &  les  ifles  Philip- 
pines dans  la  mer  des  Indes.  Par 
le  traité  de  paix  qui  fut  figné  à 
Paris  au  commencemetit  de  1763, 
ils  rendiient  quelques-unes  de  leurs 
conquêtes  \  mais  ils  en  gardèrent 
la  meilleure  partie.  La  France  cé- 
da à  l'Angleterre  Louisbourg  ou 
le  Cap-Breton,  le  Canada,  tou- 
tes les  terres  fur  la  gauche  de 
Miffiflipi  ,  excepté  la  nouvelle 
Orléans.  L'Efpagne  y  ajouta  eo- 
core  la  Floride.  Les  Ai^lois  ga- 
gnèrent environ  iMP  Heues  de 
terrain  en  Amérique  On  leur 
abandonna  le  Sénégal  en  Afri- 
que ,  &  ils  reflituerent  la  Corée. 
Minorque  fut  échangé  contre  Bei- 
lè-Ifle.  .  Les  ^ifle?  de  la  Guada- 
loupe,  de  Marie-Gaknde ,  de  la 
Defirade,  de  la  Mardnique  ,  de 
Sainte-Lucie  ,  celles  de  Saint- 
Pierre  &  de  Miquelon  pour  la 
pêche  de  la  morue,  reflètent  à  , 
la  France.  On  reflitua  récipro- 
quement les  comptoirs  &  les  pla- 
ces fur  les  côtes  de  Coroman- 
del  &  d'Orixa.  Telle  fiit  la  fin 
de  cette  guerre ,  en  apparence  fii- 
nefte  à  la  France ,  mais  qui  pa- 
roîtra  peut-être  quelque  jour  plus 
fatale  à  l'Angleterre  ,  puifqu'elJe 
a  été  en  partie  la  fource  des  di- 
viiions    cruelles   qui  ont   féparé 

les 


L  O  U     . 

les  Coloiiîes  de  la  métrojîble.  Les 
années  qui  fuivirem  cette   paix , 
fiirent  tranquilles  ^  fi  Ton  en  excepte 
l'af^ire  du  duc  de  Parme  avec  le 
pape  CUment   XIII  ^   qui   obligea 
le  roi   de    fe   rendre   maître    du 
Comtat  *  Veriaiffitt    en    1768,    la 
conquête  de  la  Corfe ,  &  les  chan** 
gemens  arrivés   dans  la  magiflra- 
ture  en  1770  &  1771.  Les  Jéfui- 
les  f  que  quelques  parlemens  ay oient 
déjà  cliaSSes    de    leur  refTort  en 
1762 ,  furent  entièrement  abolis  cti 
france  par  un  édit  du  roi ,  don- 
né au  mois  de  Novembre  1764  : 
£  Voyc^  L   Lai  NEZ.  ]   Tous    ces 
événemens  font   i\  récens,  qu'il 
filait  de   les   indiquer.   Au   corn-* 
mencement    de  Mai    1774 ,  Loms 
XV  fut  attaqué   pour   la  féconde 
1     fois  de  la  petite-vérole  ,  &  ce;te  tcr- 
^  .  rible  maladie  l'enleva  à  fon  peuple 
I     le  10  du  même  mois.  Il  étoit  dans 
ia  65*  année,  &  occupoit  le  trô- 
I     ne  depuis  j  9  ans  S  mois  &  quel- 
ques jours^  Son  attachement  ten-, 
dre  pour  (a  famille ,  fa    douceur 
■     envers  ceux  qui  le  fervoient ,  fon 
amour  pour  la  paix ,  fa  modéra- 
tidn  jointe    à   un   efprit   fage   & 
juile ,  le  firent   aimer  &  eftimer 
de  tous  ceux  qui  furent  à  portée 
de  l'approcher.  H   étoit  affable , 
prévenant',    humain,    naturelle- 
ment  porté  à  faire  du  bien,   & 
ii'auroit  jamais  pu  faire  de  mal , 
que  celui  qu'on  lui  auroit  infpiré 
ea  furprenant  (a   religion  ou  fon 
coeur.   Qn  fortoit   toujours  con- 
tent de  fa  préfencc.  Un  jour  qu'il 
revenoit  de  la  chaile,  l'officier  de 
la  garde-robe,   qui  étoit  abCent,- 
lui  ayant  fait  attendre  fa  chemife 
^  pendant   un   quart-d'heure,  quoi- 
qu'il fût  tout  en  fueur ,  il  défen- 
dit au   gentilhomme  de    femaine 
de  le  gronder.  Il  dit  comme  Louis 
-     XIV  dans  une  pareille  occafion  : 
,      Laljfe\-le  ;  U  eji  ajfci  fâché    d'avoir 
pansue  à  fçn  devoir,, *  Qu^ld  U  ^« 

Tome  y^ 


L  O  U        38c 

Ibît  à  la  Cha£e^  pn'  portoit  tou«  . 
jours  40  bouteilles  de  vin  moins 
pour  lui  que  pour  fa  fuite.  Ua 
jour  qu'il  eut  foif ,  il  demanda  un 
verre  de  vin.  On  lui  répondit 
qu'il  n'y  en  avoit  plus.  N'en  preyid'- 
on  pas  40  jfoutdlUs ,  demanda-t-il  ? 
Oul^  Sire  -y  maïs  tout  eft  bû.,*  Qu'on  en 
prenne  à  r avenir^  dit-il  tranquillement^ 
>fi,  afri  qu'il  en  refit  une  pour  mol^ 
Un  officier ,  qui  s'étoit  ruiné  au 
flervice,  lui  ayant  demandé  mille 
louis ,  pour  fe  mettre  en  état  de 
continuer  £ss  campagnes  ,  il  les 
lui  accorda.  Le  contrôleur-géné^ 
rai,  qui  venoit  de  compter  des^ 
fommes  confidérables  pour  des 
affaires  importantes  &  preffées^ 
repréfenta  au  roi  qu'il  n'y  avoit 
point  d'argent  au  tréfor  :  Mh  bien  ^ 
dit  ce  prince,  quon  lui  donne  «e-*- 
lut  qui  efi  dans  ma  cajfetu  pour 
mes  plaifirs  ;  il  n\fi  pas  jufie  que  je 
me  divenijfe  lorfqu'un  de  mes  Officiers 
foujfre^,.  Un  brigadier  de  fes  ar- 
méess  qui  n'étoit  pas  riche,  (vt 
envoyé  par  le  général  pour  lui 
tendre  compte  d'une  aé^ion  où  il 
s'étoit  difHngué.  Louis  XV  tira  de 
fon  doigt  un  diamant,  qu'il  lui 
donna.  L'officier-général  lui  ayant 
fait  fentir  que  quelque  précieux 
que  fût  un  tel  don ,  il  avoit  plus 
befoin  d'argent  que  de  bijoux^ 
le  roi  lui  envoya  le  lendemain 
une  fomme  plus  conlidérable  que 
la  valeur  du  diamant...  Lotfqu'il 
ne  ppuvoit  accorder  ce  qu'on  lui 
demandoit ,  il  répondoit  avec  tant 
débouté,  qu'on  lui  tenoit compte, 
pour  ainfi  dire ,  de  i^%  refus.  \}xt 
vieux  officier  lui  ayant  demandé 
un  pofte  )  &  le  minière  de  la 
guerre  lui  ayant  répondu  qu'il  n'y  en 
avoit  pas  de  vacant  :  Vous  vçyt^  , 
(dit. le  roi  au  militaire,)  Vlrnpof' 
fibllué  où  je  me  trouve  de  vous  oblè^ 
gen  mais  rcverxi  une  autre  fols  ^  yc 
ferai  fans  doute  plus  heureux*,*  Le 
duc  de  la  Vrilliere  ayant   eu   une 

Bb 


386        L  O  U 

main  emportée  à  la  chaiTe ,  le  roi 
lui  écrivit  :  Tu  n*as  perdu  qu'une 
main  ,  &  tu  en  trouveras  toujours  deux 
en  moi  à  ton  ferviu.  Ce  ton  de  &- 
zniliarité  affeâueufe,  il  le  prenoit 
fouvent  avec  fes  anciens  fervi- 
teurs.  Quoiqu'on  lui  ait  reproché 
de  n'avoir  vu  bien  des  chofesque 
par  autrui ,  il  étoit  plus  inflruit 
des  affaires  du  royaume  &  de 
l'adminiflration  générale  &  parti- 
culière ,  qu'on  ne  penfe.  Très- 
fouvem  il  avoit  un  agent  de  con* 
£ance  auprès  de  fes  ambaiTadeurs , 
avec  lequel  il  entretenoit  une  cor- 
refpondance  fecrete.  Les  Mémoi- 
tes  politiques  du  maréchal  de 
NoaliUs  renferment  quelques  let- 
tres de  lui ,  qui  prouvent  qu'il 
entroit  dans  les  détails,  &  qu'il 
apprécioît  tout  avec  une  fagacité 
peu  commune.  Le  grand  nombre 
d'impôts  qu'il  mit  fur  fon  peuple 
firent  murmurer  :  mais  ils  furent 
preTque  toujours  ocÇafionnés  par 
les  guerres  difpendieufes  qu'il  eut 
àroutenir.£nfin  il  étoit  homme,  & 
le  trône  n'affranchit  point  desfoiblef- 
fes  attachées  à  l'humanité.  Ses  fau- 
tes furent  expiées  en  partie  par  les 
fentimens  pieux  dans  leTquels  il  mou- 
rut ,  &il  fe  propofoit  ie  foulager  fes 
fujets  s'il  avoit  furvécu.  Il  aimoit 
la  religioit,  protégeoit  fes  minif- 
tres,  &  ne  fouf&oit  point  qu'on 
tournât  en  dérifion  les  chofes  fa- 
crées  ,  fur-tout  en  fa  préfence. 
Nous  ne  parlerons  pas  de  l'acci- 
dent effroyable  du  5  Janvier  1757  ; 
nous  l'avons  détaillé  dans  l'arti- 
cle de  rinfame  auteur  de  cet  at- 
tentat :  [  Voyei  Damiens.  ]  Louis 
XV  étoit,  à  fa  mort,  le  plus  an- 
cien des  monarques  de  l'Europe, 
li  eut  de  fon  mariage  -%  princes , 
morts  l'un  &  l'autre*,  &  8  prin- 
cefTes,  dont  il  ne  refte  plus  que 
trois.  Ce  prince  avoit  le  goùtd^s 
beaux  arts ,  &  connoiffoit  l'hiflol- 
r«  &  la  géographie.  On  a  de  lui 


L  o  u 

un  pefit  vol.  in*8^»  171^  «  ^If 
Cours  des  princlpaks  Rivières  '  de  l'Et* 
ropc  :  ouvrage  devenu  rare  ,  & 
qu'il  avoit  compofc;  fous  la  di« 
reâion  du  célèbre  géographe  ii 
JJJle,  Les  fciences,  les  lettres^  & 
les  arts  ont  été  encouragés  & 
perfeéHonnés  fous  fon  règne.  Le  { 
voyage  au  Pôle  psr  Màupends  ^ 
&  celui  à  l'Equateur  par  la  Con» 
domine  y  entrepris  l'un  &  l'autre  à  j 
de  fî  grands  frais  ;  d'autres  voya* 
ges  aux  Philippines ,  à  la  Californie^  | 
en  Sibérie,  £dts  par  ordre. du gou-  1 
vernement,  prouvent  le  zèle  du  | 
roi  &  de  fes  minières  pour  tout 
ce  qui  avoit  rapport  à  l'aflrona* 
mie ,  à  la  navigation ,  à  lliifloire 
naturelle.  La  phyiique  expérimen- 
tale y  les  mathématiques ,  la  méca-* 
nique  •  ont  £ait  des  progrès  confi- 
dérables ,  &  ces  progrès  ont  influé 
fur  les  arts  néceâaires.  Les  étoffe» 
ont  été  manu&âurées  à  moins  de 
frais ,  par  les  foins  du  célèbre 
Vauçanfon^  &  de  quelques  autres 
mécaniciens  dignes  de  marcher  fur 
fes  traces.  Un  académicien  inâti- 
gable  autant  qu'éclairé,  (  M.  ix 
tiamel  )  a  augmenté  les  Imnieres 
des  agriculteurs ,  &  abrégé  leurs 
travaux.  M.  PoiffonnUr ,  célèbre 
médecin,  a  trouvé  enfin  le  feaet 
long -temps  recherché  de  rendre 
l'eau  de  la  mer  potable.  Un  hor- 
loger ingénieux  (  M.  le  Roy)  a 
inventé  une  pendule  qui  fuppUe 
à  la  connoiiTance  qui  nous  eft 
refiifée  des  longitudes  de  la  mer. 
Enfin ,  s'il  y  a  eu  moins  de  génie 
&  de  grands  talens  que  dans  les, 
beaux  jours  de  Louis  XIV ,  la 
nation  efi  en  général  plus  inflniite. 
Des  poètes  touchans  ou  agréables , 
quelques  philofophes  éloquens,& 
un  grand  nombre  de  beaux-efprits, 
ont  illuf^ré  le  règne  de  Louis  JT. 
Il  efl  vrai  que  le  goût  de  la  décla- 
mation ,  la  manie  des  antithefes  & 
des  tours  nouveaux  ^  a  beaucoup 


t  ou 

ter  èégéoitet  le  ftyle;  mab'tl/o 
trouve  toujours  dés  eTprits  bien  faksi 
qui  se  Te  laifSent  pas  entraîner  au 
torrent  du  mauvais  goût.  Une  vé- 
ritable éloquence  a  preTque  tou« 
}o)irs  animé  les  écrits  de  nos  pre« 
miets  magîftrats  ;  &  la  ^  jurifpru« 
dence  ayant  été  éclairée  par  la 
philoropfaie ,  iU  ont  mieux  connu 
ce  droit  unirerfel  puife  dans  la 
namre,  qui  s*éleve  au-deffus  des 
lois  de  convention  &  des  coutu-* 
mes  barbares.  [  Ki»y«x  les  Tabler 
dutmoiogiques  ,  article  France, 
V0ye{  auffi  les  articles  Mohtgon.ô 
Tii.  Bois... Fleuri,  n°  jx..4  Vid- 
tiiRs^.  Fdu^UET,n^  ir  „»Saxe.u 

LOEKr£KI>AL...  BoURDONNAYX«. 
31.  DUPLXIX  t  &C.  &C.  ] 

•    IDavp  m  KX:Je  ItdnUé  J 

XXL  LOUIS ,  Dauphin,  appelé 
Uon^tîctfBVK  vfils  de  Lùds  XÎV 
&  de  Thkeft  d^^taniheiné-k'-lBon^ 
laincbleau  le  i*' Novembre  1 66 1^ 
eut  le  duc  de  Montaufier  pour  goii* 
vcmeur ,  &  Bojfuet  pour  précepteur* 
Ce  fut  eh  feveUr  de  ce  prince ,  qu'on 
itomme  communéfflent  U  Mpsnd 
VtuiphSH\  que  furenf  6dts' les  co** 
toentaires  &  les  belles  éditions  des 
IboQfi  Auteurs  Latin»,  dires,  àd  nfum 
Delp/util.  Il  Joignoit  beaucoup  de 
courage  à  un'caraâeré  bon  &ii» 
cile.  Son  père  le  mit  à  la  tète  de» 
ïrmées  en  ï6S8  5  ii  prh  Philips^ 
bourgs  Heidjîlberg,  Manheim»  & 
Conquit  te  Palatinat.  Cette -^  campa* 
gne  acquit  autant  de  gloire  k  Mûh-- 
/^pfeur  y  que  d^r«(antages  à  la  France^ 
n^  dtcompagAa  énCuité'  loub  XIV 
tfû  ûé^té  ^^«^ns,  à  celm  de  Na- 
iuai ,  tsi  cômmâSttda  l^ârmée  4e  Flan- 
dres en  -1694.' Son  fécond  fîls>t  1^ 
duc  é*At^ou ,  qu'il'  avoit  eu  de 
Marte -^^  CHf^ne  dé  BétvUn  ,  fou 
tpôufe,  fiit  appelé  en  T7O0  à  la 
Couronne  d'Êfpagné  -,  &  c'eft  alors 
4tt*tldif,à  ce  qu'on préttHd, qu'il 


1  O  U  jSy 

li*jlipirOtt  qu'à  dire  toute  fa  viei 
/e  Roi  mon  père  »  &  à  Roi  mon  fils ^ 
belles  paroles  v  À   l'indolence  âE 
l'inappliçatiojp  ne  les  avoient  autant 
infpirées  que  la  modération.   Ce 
prince  paâa  la  plus  grande  partie 
de  fa  vie  à  Meudon  &  à  Cboifjr, 
dont  MademulfeUt  lui  avoit  donné 
Tufage..  Dans  cette  vie  retirée,  il 
fe  livroit  aux  plaiûrs  &  à  l'amour, 
quoiqu'il  fût  gêné  dans  fes  inclinai 
ôons  par  le  roi  fon  père.  U   lia 
une   intrigue   avec   Marie-Anne  de 
Caumont^  611e  du  duc  de  la  Force  ^^ 
placée  auprès  de  Madame  la  Dau-^ 
phlne.  Cette  princeffe  crut  prévenif 
les  fuites  de  cette  .inclination  «  en  1« 
mariant,  en  168S,  avec  Lotâs-Sclplon 
de  Grimoard ,  comte  ,du  Roure  \  mais 
cette    intrigue     devint     feulement 
plus   fecrete.  ..  Enfin    le  Datipkîk 
&  la  comteiTe  du  Roure  étant  de-^ 
venus    veufs    l'un  ^  &  l'autre  en 
1690,  le  prince    crut  pouvoir  & 
livrer  plus   librement  à  fon  pen- 
chant; mais  le  roi  l'en  punit,  eit 
exilant  Madame  du  Roure  à  Mont** 
pellier.    Ce  monarque   en    avoit 
mauvaife  idée^  &  ne  voulut  pai 
naturalifer  une  filje  que  le  Dau'^ 
phm  en   avoit.  eue,  &  qui  époulis 
dans  la  îmXtMef nager.  ^  n^ociateuf 
du  traité  fecret  avec  l'Angleterre  # 
en  17  XI.  M.  le  D/tuphln  s'atcacbai 
«nfuite  à  Marle^Emill*  de  Joly  d« 
Choin.  [  Vciyex  L   Choin.  ]   C^ 
prince  mourut  à  Meudon  le    14 
Avril  17 II,  de  la  petite* vér oie, é 
50  ans.  Rien  n'étoitplus  commun, 
même  long-temps  avant  fa  mort , 
qiie  ce  proverbe    qui.  couroit  fut 
lui:  FUs  de  Rot,  Père  de  Rol^  jans 
être  Roi,  Ce  mot  étoit  fondé  fur  Ul 
(anté  de  Louis  XIV ,  meilleure  qus 
celle  de  fon  iils.  Le  DantpAm  avoit 
un  peu  ufé  la  fieiuie  par  la  diaiTe  4 
I^  table  &  les  plaiftrs  ;  mais   dans 
les  dernières  années-defa  vie  il  fut 
très-vertueux  &  très-retiré. 
XXU,  LOUIS,  Dauphin^  fUs 

B  b  i; 


3^8        L  O  U 

aine  du  précédent  et  père  de  totàs 
XV  y  tié  à  Verfailles  le  6   Aoûc 
1682,  reçut  en  naifiântle  nom  de 
Dnc  it  B cargo ffk.  Il  avoit  à  peine 
7  ans    quand  à  l'occafion   d'une 
Tible    généalogique  des   rois  de 
France,  le'  duc  de  MentMmfitr  hû 
demanda  :  Lequel  H  Aoîfiroh  du  dîf^ 
fénns  titres  qu'on  aroit  donnes  â  nos 
rois  ? . .  celui  de  Père  du  peuple ,  rc- 
'ipondic-il.  Le  duc   de  BeatvîlSers\ 
tin  des  plus  honnête^  hommes  de 
la  cour,  &  Féneàm^  un  des  plus 
^ermcux  &  des  pTus  aimables ,  veil- 
lèrent à  fon  éducation ,  l'un  en  <fa& 
lité  de  gouverneur ,  l'autre  en  qua-> 
3ité  de  précepteur.   Sous  de  tels 
"ïmaîtres  il   devint  tout  ce    qu'on 
>roulut.  Il  étoit  natufeliement  em- 
^rtc  ;  il  fiit  modéré,  doux,  COifi^ 
platfant.  X'édùcation  changea  tel'f 
lement  fon  caraûere,  qu'on  eût  dtt 
^ue  fes  vertus  lut  étoient  naturelles: 
^ouîs'  XIV  ft>rma  exprès  le  CBnfp 
^e  Cômpiegrié  pour  lui  fervir  de 
leçon^  Il  ftit  général  des  arhiéés 
il' Allemagne  en  1^61 ,  généraliiGme 
^e  celle  de  Flandres  i  en  a  702,  & 
battit  4a  cavalerie  ennemie  près  de 
îïtmegue:  lîjttit'Briftch  par  capih 
tttlatioii ,  en  ^703  t  [  Voyt\^  Marsi? 
«GLi.  ]  Mafs  ii  fe  diftingua  moins 
par  les  qualités  guerrières ,  que  pav 
les  vertus  morales  &  chrétienn«? 
Les  malheuiis  de  la  guerre ,  toQ^ 
jours  Suivis  de  ceux  des  peiq>les, 
l'affligeoient  fenfiblement.  Lts  dé- 
prédations qui  les  ruinoient,  affli-. 
geoient  fon  cœttr  prefqu'autant  que 
la   guerre.  Gn  parloit  en  fa  pré*. 
lence  des  richeiTes  immeofes  laif- 
fée^  par  le  cardinal  M«^arln.  Le  duc 
de  Bcauvillîers  dit ,  que  pour  cahner 
fes  inquiétudes  au  lit  de  la  mort, 
il  avoit  voulu  en  ànre  une  dona* 
tion  générale  au  roii  II  eut  encore 
fallu ^  dit  le  duc  de  Bourgogne, 
qu'il  eût   fait  ratifier    cette  donatiott 
par  le  pauvre  pedple  qui  réclamait  fa 
éépoiijtlic^  Il  voyôîc  1^  xygux  i  ^ 


L  O  G 

dierchâ  les  remèdes ,  pour  lès  a^ 
pliquer  lor£qu'il  feroit  ftir  le  trône. 
11  s'inAnrifit  de  Tétat  du  royamne. 
11  vouint  connoitreies  provinces. 
Il  joignit  aux  comiQiâances'de  la 
littérature  &   des  fcienccs ,  celles 
d'un  nrince  qui  veut  régner  en  roi 
âge  K  £nre  des  heUreux^U  répé- 
toitfouvent  d'^rès  Fénelon  :  »  Le» 
M  rois  font  Êiits  pour  les  peuples, 
•>  &  non  les  peuples  pour  les  rois. 
H  Us  peuvent  donner  des  récom- 
»*  penfes  ,  patce  qu'alors  ils  ac« 
»  quittent  une  dette;  mais  jamais 
n.ites  peniions,  parce  que.a'aj/m 
A  rien  aeux,  ce  ne  peut  être  qu'aux 
»  dépens  des  peuples  «<^  Ulrenonça 
aia  îjpeâacles  de  boime  heure.  Le 
fpeâaele  d^  Dauphm  ^'difoit<il^ 
c*eft  Vétat    des  provinces.  Il  difoit, 
à  foccafion  des  dépenfes  e»:éffi« 
ves  faites  à  l'occafion  de  la  ftanie 
de  Louis'  XiV  Air  la   place  de 
Yendàne;  i)épeo(esque  lezolluis 
mémeiflVoit  blâmée^  :  Je  fmi  affeSi 
à  eti  épttd  tomme  li^oi:  comfhentfi 
ré/cmr  quand  le  peHple  /bt^e>  Ja 
France  fondoit  les  phj^  belles  <efpé* 
r&nors  fur  lui ,  lotfqu'une  maladie 
auetk  l'enleva  à  la  pan^e  avec  la 
l>mxf^t    foi>  épouiè..  X^  joiit. 
m^me  quie  cette  prince  ^apurut^ 
le.  Dauphin   tomba  malade  ^  & 
c6mme  on  s'entretepioit;  auprès  de 
io6  Jii  tle  la  manière  xloat  k  paa-t 
cefle  avoit  été  traitée  :  >*  Soit  que.  Jes. 
M  médecins  l'aient  tuée,  -dit  ^reli» 
»  gieun  prince ,  foit  que  Dieu4'ait 
)»  appelée,  il  nous  £nit  paiement 
->  adtxrer  ce  qu'il  permet  &  ce  qu'il 
>t.  ordôtwib**.  U  mourut;lui-mêa>e£bi; 
jours  apm  à  Marly,  le  1%  Février 
lyilfânan  après  foa  pei«,  dans/a 
30*  9a(aét%  C'eft  pour  c»  prûice.  que 
l'illuârt  fénelo»  compoû  fon  J/- 
lémaque  &  la  plupart  de  ^  autres 
ouvrages.   Il  avoit  épouféJMivM!* 
Adélaïde  de  Satoie^  [   Voyei  XIX^ 
AL<li/£]  qu'il  aima  tendrementJI  lui 


L  O  U 

UtiiS  une  occafion  où  elle  redou- 
bla Tes  infbnces  pour  le  pénétrer ,  il 
répondit  à  fa  curiofité  ea  lui  chan- 
tant ces  vers  : 

Jamais  mon  cmur  n*eft  qu*à  ma  femme  « 
Pont  qu'il  efi  tottfows  à  moii 
Elle  a  U  fecret'  de  mon  anu ,  - 
^^uand  il  n'efi  pas  feau  du  roi. 

Les  corps  des  deux  auguiles  époux 
furent  portés  .  enfembie  à  Saint- 
Denys ,  avec  celui  du  duc  de  Bre- 
ti^,  l'un  de  leurs  fils.»  mort 
preftjue.cn  même-temps. 

Voyt\  les  VtTtus  de^Louis  de 
htmu^  Duc  de  Bourgogne  ^  par  le  P. 
Manineau  Jéûiite  ,  Ton  confeiTeur , 
1711 ,  in-4**  ;  &  (on  Portrait  par 
râbbc  Fieury ,  fon  {bus-prccepteur , 
Paris,  1714,  in-.i2.  Ces  deux  ou- 
vrages prouveront  que  c'eft  à  tort 
que  Foliaire  a  dit  :  »•  Nous  avons ,  à 
»  la  home  de  rcfprit  humain,  cent 
»♦  volumes  contre  Louis  XlVy  fon 
«  fils  Monfdffiewr ,  le  duc  d'Orléans 
w  fon  neveu  -,  &  pas  un  qui  felTc 
y  connoître  les  verms  de  ce  prince, 
»»  qui  auroit  mérité  d'être  célébré, 
>»  s'il  n'eût  été  que  particulier  «, 
Un  homme  de  lettres  qui  a  raf- 
femblé  dans  fon  cabinet  le  portrait 
des  hommes  illuftres  ,  a  mis  au 
bas  de  celui  du  duc  de  Bourgogne 
ces  quatre  vers ,  tirés  de  la  Hen- 
riade  : 

Hélas  t  que  n^eût  point  fait  eetu  amê 

vertueufe  ! 
la  France  fous  fùn  règne  eût  été  trop 

heureufe  l 
H  «ttt  entretaiu  Pabùndanee  &  la  paix  ; 
Il  eut  compté  fes  jours  par  fes  bien* 

faits,  . 

Voyei  Laubanîe  ,  Ù  II.  Fon- 
taine ,  vers  le  milieu. 

XXIII.  LOUIS  ,  Dauphin  de 
France ,  fils  de  Louis  XV  &  père 
de  Louis  XVI ,  mort  le  20  Décem- 
bre 1765  ,  étoit  né  à  VerfaiUes 
en  1729»   Ce  prince   monora   de 


bonne  heure  tant  de  goût  pour  I4 
vertu ,  que  la  reine  ià  mère  difoit  : 
Le  ciel   ne   m*a   accorde   qu'un  fils  ; 
mais  il  me  l*a  donné  tel  que  j'aurols 
pu  le  fûuhaîter.  Il  avoit  époufé  ,  1« 
2j  Février   1745  ,  Marlt-Thénfe  , 
infante  d'Efpagne.  Cette  princeiTe 
étant  morte  en   1746 ,.  il  époufa 
au  commencement  de  l'année  fui« 
vante ,  Mane-Ja/ephe  de  Saxe ,  dont 
il  a  eu  plufieûrs  fîls  :  {  Voye^  aux 
Tables   Chronologiques^  )   Le  Dau^ 
fbin  accompagna  le  roi  fon  père 
pendant  la  campagne  dé  1745  y  & 
îe  trouva  à  la  bataille  de  Fontenoy, 
où  il  donna  des  preuves  de  va- 
leur &  d'humanité.    Il  joignoit  k 
des  talens  naturels ,  ^t%  connoif* 
fances  étendues  &  des  vertus  rares. 
Sa  pieté  folide  &  affe^ueufe  ,  fat 
douceur ,  fon  aflEibilîté ,  fon  appli- 
cation confiante  à  tous  fes  devoirs» 
ont  rendu  fa  mémoire  précieufe. 
Son  amour  pour  la   religion  lui 
feïfoit  redouter  l'excdïive  liberté 
de  la  prelTe.   Un  jour"  qu'on  par- 
loit  devant  lui  des  livres  contrai- 
res à  la  religion  &  aux   moeurs  » 
&  qu*on  en  jufHfioit  la  circulatioa 
comme  celle  d'un   objet  de  com- 
merce :   »♦   Malheur  ^  dit  -  il ,  ai» 
ï»  royaume  qui  prétendroit  s'enri- 
»»  chir  par  un  tel  commerce ,  que 
>♦  facrifieroit   des    richelTes   vraies 
>»  &  durables  à  des  richefles  fadtî- 
M  ces  &  éphémères  ,  qui  étoufFe- 
>»  roit    la    vertu  des   citoyens   & 
»»  croiroit  acquérir  les  moyens  de 
>♦  la  faire  paroître^  *<..    H    croyoife 
qu'il  falloir  chercher  la  fource  de 
tous  les  défordres  de  ce  iîecle  dans 
1^  licence    eflfrcnéé'  de    parler   & 
d'écrire.  >»  On  n^écrit ,  dlfôit  -  il  , 
;♦  prefque  plus  que  pour  rendre  la 
^  religion  meprîfable  &  ta  royauté 
>»  odieufe.    Il   ne   paroît   prefque 
M  point  de   livres   où  la  religion 
w  ne  foit  traitée*  de  fuperfHtion  ôc 
>i  de  chimère  >  où  les  rois  ne  foient 
»♦  repréfentés  comme  des  tyrans  , 

Bb  iîj 


)9Ô       L  o  ir 

>t  &  leur  autorité .  comme  un  è.ef" 
M  potifme  iofupportable.  Les  uns^ 
w  le  difcnt  ouvertement  &  avec 
•t  audace ,  les  autres  fe  contentent 
>*  de  riniînuer  adroitement;  6c  à 
»♦  quoi  bon  tant  de  livres  ?  la  vie 
•>  entière  de  ITiomme  ne  ftiffiroit 
w  pas  pour  lire  ce  (p'il  y  a  de 
»»  mieux  écrit  en  quelque  genre 
»  que  ce  foit  *,  on  ne  fait  plus  que 
h  répéter  ce  que  les  autres  ont  <ètî 
»♦  &  fi  Ton  veut  s'en  éloigner  pour 
>♦  fe  frayer  dés  routes  nouvelles  , 
»»  on  donne'  dans  des  écarts  «<. 
Cette  fageffe  de  principes  parut 
clans  toute  fa  conduite.  Il  y  a  une 
foule  de  traits  de  lui,  qui  méritent 
d'être  tranfinis  à  lapoftérité.  Telle 
cft  la  fubiime  leçon  qu*il  fit  aux 
jeunes  princes  fes  fils ,  lorfqu*on 
leur  fuppléa  les  cérémonies  au 
baptême.  On  apporta  les  regifires 
fur  lefquels  l'Eglife  infcrit  fans 
ëiftind^on  fes  enfans.  Voye^ ,  leur 
dit-il ,  votre  nQm  flaçi  à  la  fuite  de 
telul  du  pauvre  O  de,  LHndl^ta,  X^ 
JUlî^on  ^  la  Nature  mettent  tous  les 
homrnes  de  niveau  ;  la  vertu  feule  met 
^ntreeux  quelque  Sfferençc  :  &  peut^re 
^ue  celui  qui  vous  précède  Jera  plus 
frandaux  yeux  de  Dieu ,  que  vous  ne 
(tferei  jamais  aux  yeux  des  peuples^,* 
'Condtâfe^  nus  enfany ,  difoît  ce  bon 
prince,  dans  la  chaumière  dû  fay- 
fan  :  montrd^'leur  tout  ce  qui  peut  les 
attendrir  i  qu*its  votent  le  pain  noir 
d^ife  nourrit  It  F  ouvre  \  qulls  tou^ 
^hent  de  leurs  niaîns  la  paille  qui  lui 
fert  de  lit,,.  Je  veux  qu*ils  apprennent 
>  4  pleurer.  Un  prince  qui  ti'a  jamais 
ytrfé  de  lartii^  ^  ne  peut  être  hon^  Il 
avoit  tracé  de  fa  main  des  plans 
de  palais  &  de  jardins  magnifiques. 
Ceux  à  qui  il  les  montra ,  en  loue* 
irent  la  beauté.  Ce  qu'ils  ont  de  pluli 
i^eau ,  dit  lé  Dauphin  ,  ç'eft  qu'ils  ne 
coûteront  rien  ai^  peuple  ;  ils  ne  feront 
jamais  exécutés.  Il  dit  un  jour  à 
Vambafladeur  d'Efpagne  que ,  pour 

qw'w  prinçç  goMç  «no  tmkç^ 


^on  ^ure  'dans  un  feftîn ,  il  en- 
droit qull  pût  y  convier  toute  la 
nation;  ou  du  moins  qu'il  pût  fe 
dire ,  en  fe  mettam  à  table  :  Auca 
4e  mesfujets  n*ira  aujourd'hui  fe  cov 
cher  fans.,foaper^  A  la  naiffance  du 
duc  deBoHTgogne^  au  lieu  de  fêtes 
pompcuies  II  inutiles,  U  diibihuï 
d'aboiidantes  aumônes ,  &  fit  deôb 
fiéii  le  prix  des  réjouîflances  pu- 
bliques à  doter  6oo  filles.  Le  roi 
vouloît  qu'on  augmentât  (a  pen« 
fion*  Jfaimerois  mieux ,  dit  le  DaiH 
phin  ,  en  refiifant  rauginémadon  i 
que  cette  fomme  fût  diminuée  fur  les 
Tailles,.,  Il  difoit  quelquefois  :  B 
faut  qu'un  Dauphin  paroîjfe  un  Ao«* 
mt  inutile ,  &  qu'un  Koi  sUfforce  d'etn 
un  homme  univerfel,,.  L'abbé  de  Saint* 
Cyr  s'entretenant  avec  lui  un  joui 
fur  le  Livre  de  la  Concorde  du  Sa>*  \ 
cerdoce  fy  de  l'Empire ,  de  MarcA; 
il  lui  dit  :  Hélas  !  mon  cher  Abbé  , 
quil  en  coûte  de  peines  pour  accordet 
les  hommes  entre  eux  !  Un  Berger , 
•ia  houletu  à  la  main  y  ma  tout  fon 
peuple  en  mouvement  d'un  coup  defiffet» 
Deux  chiens  font  fes  feuls  miniflres;  / 
ils  aboient  quelquefois  fans  prefque  jom 
mais  mordre  f  &  tout  efi  en  paix... 
Ce  qui  rend  la  réforme  d'un  Etat  fi 
difficile  ,  diibit  -  il  dans  une  autrQ 
occafion  ,  e'efl  qu*il  faudrolt  deux 
bons  Règnes  de  faite  :  l'un  pour  extir- 
per Us  abus ,  &  l'autre  pour  les  emptfki 
4c  renaître^*.  Il  avoit  £ût  une  éxaà^ 
approfondie  de  l'Hiftoire ,  qu'il  ap- 
peloit  la  Leçon  des  Princes  &  rEeolt 
dç  la  Politique,  »»  L'hifloire,  difoit-il, 
>*  efi  ia  reâburce  des  peuples  coq« 
H  tre  Içs. erreurs  des  princes.  ElU 
>t  donne  aux  enfans  les  leçons  qu'on 
>♦  -»*ofoit  faire  aux  --pères.  Ell« 
I*  craint  moins  un  roi  dans  le  tom* 
>t  beau  qu'un  payiàn  dans  fa  cbaU- 
>»  miere  «•  La  fenfibilité  de  foa 
ame  fe  déploya  dans  plufieurs  oc« 
cafions.  II  aimoit  tendrement  le 
comte  du  Muy ,  homme  d'une  verfil 
çarej  d'une  piété  fofidc.  Ildçmïpdoil 


L  O  U 

tmu  les  )ûurs  par  une  priete  particu- 
lière la  confervadoii  de  cet  ami  pré- 
cieux.L'hiflorien  de  ce  prince  nous  a 
confervé  cette  prière.  »»  Mon  Dieu, 
»  dtfendez  de  votre  cpce,  proïégei 
>»  de  votre  bouclier  le  comte  de 
M  Fclix  du  Mxty  »  afin  que  ii  jamais 
»  vous  me  faites  porter  le  peTant 
»  Etfdeau  de  la  couronne ,  il  puifTe 
M  me  foutenir  par  fa  vertu ,  fes  Ic- 
M  çons  &  Tes  exemples  ««.  Nous 
avons  d^i  que  le  comte  du  Mûy  étoit 
fon  ami ,  car  on  ne  peut  Ce  fervir 
d'un  autre  mot  en  parlant  du  fen- 
timent  qui  les  unit.  Leur  liaifon 
étoit  fondée  fur  la  conformité  fin- 
guUere  des  caraôeres  :  même  auf- 
térité  de  moeurs,  même  himianité  » 
même  bienÉiiiànce ,  même  dévoue- 
ment au  bien  public  >  même  zèle 
pour  la  religion.  Pour  connoître 
l'état  de  la  France ,  les  maux  6c  les 
remèdes  polidques,  le  prince  croy  oit 
qu'il  ^ott  voir  par  foi-même  „  & 
compta  voir  par  foi- même >  en 
envoyant  dans  les  provinces  un 
tmi  jaloux  de  fa  gloire,  un  citoyen 
dévoué  à  l'intérêt  public  ,  un  ob-» 
fervateur  judiâeux  tet  que  M.  du 
Muy  y  qui  remplit  fa  tâche  avec  un 
zèle  mefuré  fîur  la  confiance  que 
lui  témoignoit  le  Dauphin.  La  fim- 
plicité  de  ce  prince  ne  fe  bomoit 
pas  au  fèul  ientiment  de  Tamitié. 
Il  avoit  eu  le  malheur  de  tuer  a  la 
chafle  un.  écuyer  ùxm  le  voir,  en 
déchargeant  fon  fufil.  Il  en  étoit 
ûcQnfolable.  Vouf  dirt^  tout  ce  que 
tous  voudrez ,  (  obfervoit^l  i  ceux 
qui  cherchoient  à  éloigner  de  fon 
rouvenir  cette  trifle  aventure  )  : 
W*  ccpam^H  homme  efi  tot^ours  mort, 
^  mort  d*un  coup  qui  ^  parti  de  ma 
9taîn,  Non ,  je  ne  me  le  pardonnerqf 
}amais.  Je  vob  encore  l'endroit  oès'eji 
fi^ée  eau  fient  agreufe^  J'entends  en-* 
f.ore  les  cris  de  ce  pauvre  malheureux  ; 
^  U  me  femble  U  voir  à  chaque  injiant- 
f*«  me  tend  fes  bras  enfanglantés ,  & 
9K  dit  ;  )t  Quçl  mal  vous  sû'jie  Êdt». 


LOU         39t 

»  pour  m*ôter  la  vie  ♦»  ?  //  me  fem-^ 
hle  voir  fa  femme  éplorde ,  qui  me  dc" 
^  mandé  :  «i  Poiurquoi  me  faites-vous 
>»  veuve  «  ?  Et  fes  enfans  qui  crient  : 
»  Pourquoi  nous  faites -vous  or- 
»♦  phelins  4* }  Un  jour  qu'il  alloit  à 
la  chafTe ,  il  ne  voulut  jamais  tra- 
verfer  une  pièce  de  blé  pour  arri- 
ver plutôt  au  rendez-vous.  Le  peu- 
ple circonvoifin  j  accouru  à  fon 
palTage ,  fiu  témoin  des  détours  qu'il 
fit  prendre  pdur  ne  caufer  aucun 
dommage.  L'un  des  fpe^lateurs  s'é- 
cria :  Ahl  voye\  notre  bon  Dauphin  y 
U  ne  veut  pas  fouler  nos  fmences.  Ce 
prince  dit  à  ceux  qui  l'accompa- 
gnoient  :  Vous  Pentende\ ,  ils  nous, 
favent  gré  de  tout  le  mal  que  nous  ne 
leur  fdfons  pas.  Digne  fils  d'un  tel 
père,  Louîs  XVI y  encore  Dauphin^ 
a  donné  dans  une  femblable  occa- 
fion  un  pareil  exemple  de  jufHce. 
Le  Dauphin  mourailt  prit  la  main 
d  un  homme  qu'il  avoit  aimé  ,  la 
ferra  contre  fon  cœur ,  &  lui  dit  : 
Vous  n'êtes  jamais  ford  de  ce  cœur-lâ». 
Regardant  tous  fes  amis  qiji  pieu- 
roient  ^  il  les  remercia  avec  l'af- 
fe£Uon  lît  plus  tendre  :  Ah  !  s'é- 
cria-t-il ,  je  favois  bien  que  vous  m'a^ 
vic^  toujours  aimé,,^  [  Voye\  auiH 
NoLLET.  ]  On  a  deux  Vies  de  ce 
prince  :  I.  par  M.  de  VtUiersy  in-iz,^ 
1769  :  II.  par  M.,  l'abbé  Proyart  ^ 
1778,.  in-^**,  &  1782,  a  vol.  in-i2,.« 
&  des  Mémoires  fur  ia  vie ,  par  le 
P»  Grijfèt,  1778,  2  vol.  iri-i2. 

Parmi  les  fils  du  Dauphin ,  on 
dçit  diflinguer  Louis -^  Jofeph  Xa-- 
vter  de  France  y.  duc  de  Bourgogne  ^ 
né  à  Verfailles  le  15  Septembre/ 
1757  ,.&  mort  après  avoir  fouffert 
de  grandes  douleurs  avec  une  conf^^ 
tance  héroïque,  le  22  Mars  176 1« 
Ce  jeune  prince  of&oit  les  plus 
grandes  eipérances  du  côté  du  coeu^ 
&  de  l'écrit.  On  raconte  de  lui 
plufieurs  traits ,  qui  donnent  une- 
grande  idée  de  l'un  &  de  l^&utrei^ 
On  lui  avoic  préfenté  une  Tabi^ 

B  h  iv 


39^        L  O  U 

duonologlque  de  tous  les  Rois  de 
France  depuis  la  fondation  de  la 
monarchie.  Son  gouverneur  lui  dit, 
qu'on  n'avoit  point  de  preuves  que 
les  rois  de  la  troiiieme  race  def- 
cendiflent  de  la  première*  ni  mê- 
me de  la  féconde  \  il  en  parut 
étonne  »  &  répondit  avec  une  forte 
de  dépit  :  Au  moins  ,  Monjuur , 
ji  defccns  àt  5.  Louis  &  de.  Henki 
jy.  On  lui  apprit  un  jour  à 
quelle  occaiîon  LouU  XV  avoit 
eu  le  titre  de  B jeu-Aimé,  m  Ah  ! 
qui  U  Roi ,  s'écria- t-il ,  dut  ctrefcn- 
fible  à  tant  d'amour,  &  que  j'achète^ 
rois  ifolonders  ce  plaîfir  au  prix  d'une 
telle  maladie  /..  Il  aimoit  la  célé- 
brité que  donnent  la  gloire  &  Je 
inérite  -,  mais  il  haïfToit  &  mépris 
ibit  en  mêmte  temps  la  flatterie. 
Quelqu'un  s'avifa  de  lui  donner  des 
éloges  qui  fentoient  Tadulation  : 
Monfieur^  lui  dit-il ,  vous  me  flatte^  ; 
je  n'aime  point  qu'on  me  flatte.  Et  le  foir 
en  fe  couchant,  il  dit  à  fon  gouver* 
neur  :  Ce  Mcnfieur  me  ftatu  ;  prene^ 
^arde  à  lui,.,  La  médifance  lui  dé- 
plaifoit  fouverainement.  Quelqu'un 
parloit  afTez  mal ,  devant  lui ,  d'un 
homme  dont  la  naiflance  méritoit 
<les  égards  ;  il  le  fit  approcher,  & 
lui  dit  :  Je  trouve  fort  mauvais  que 
vous  parlie^  ainfi ,  devant  moi ,  d'un 
homme  de  condition  ;  n'y  revene^  plus, 
La  générofité  de  fon  cœur  fe  mon- 
troit  dans  toutes  les  ocçafions.  Il 
aimoit  mieux  fe  retrancher  un  amu- 
iement ,  que  le  pouvoir  de  faire  une 
aumône.  Un  village  ayant  été  in*- 
cendié  ,  il  fit  une  quête  dans  fon 
augufte  famille  ,  pour  le  foulageT 
ment  de  ces  malheureux  çampat- 
gnards  ,  &  y  ajouta  tout  ce  qu'il 
put  prendre  fur  fes  menus  plaifirs. 
On  raconte  des  chofes  auffi  fatis£û- 
fantes  des  difpofitions  de  fon  ef* 
prit.  Il  poiTédoit  fupérieuremeat  la 
langue  Françoife  ;  il  la  parloit  avec 
une  correâion  &  une  pureté  qui 
étoonoit»  Qdix  &  concis  dans  tout 


LOU 

ce  qu*il  'difoit ,  il  vouloît  que  Ton 
s'énonçât  aVec  netteté  &  préci- 
ûon  j  fa  délicatefTe  à  cet  égard  étoit 
extrême. 

XXIV.  LOUIS  I"  ,lePimsovi 
le  Vieil  y  roi  de  Germanie ,  troiûenie 
fils  de  Louis  le  Débonnaire  ,  &  frère 
utérin  de  l'empereur  Lothaire  &  de 
Pépin  ,  fut  proclamé  roi  de  Bavière 
en  817.  11  gagna ,  av^  Charles  le 
Chauve ,  fon  frère  paternel ,  la  ba- 
taille de  Fontenoy  contu^  Lothaire 
en  841 ,  étendit  les  limites  de  fes 
états  ,  &  fe  rendit  redoutable  à  (es 
voifms.  U  mourut  à  Francfort  le 
a8  Août  876  ,  à'  70  ans.  Ce  fut  un 
des  plus  grands  princes  de  la  famille 
de  Charlemagne.  Il  n'eut  pas  toutes 
les  vertus  d'un  bon  roi ,  mais  il 
eut  les  qualités  des  héros  :  [  Voye^ 
Lothaire  I...]  Loi/is  II  le  Jeune  ^ 
fon  fils  ,  auHi  courageux  que  lui, 
&  fon  fuccefieiu:  au  trône  de  Ger- 
manie ,  fut  attaqué  par  fon  onde 
Charles  le  Chauve  ,  qu'il  vainquit 
près  d'Andemac ,  en  876.  Il  mourut 
à  Francfort  le  20  Janvier  881, 
dans  le  temps  qu'il  levoit  des  trou- 
pes pour  ôppoîcr  aux  Normands 
qui  commençoient  leurs  ravages. 
Son  autre  fils  Charles  ,  dit  le  Gros , 
fut  empereur  :  Voye^  Charles  , 
n°  IX. 

LOUIS  m,  roi  de  Germanie, 
Voyei  Louis  111 ,  empereur. 

XXV.  LOUIS  V  d'Anjou  , 
roi  de  Hongrie  &  de  Pologne ,  fur- 
nommé  le  Grand ,  naquit  ;le  5  Mars 
1326  V  &  fuccéda  dans  Bude,  en 
1342  ,  à  Charles^Robert  le  Boiteux 
fpn  père ,  iffu  de  Charles  I ,  comte 
d'Anjou ,  frère  de  S.  Louis.  Il  chaiTa 
les  Juifs  de  la  Hongrie ,  fit  la  guerre 
^vec  fucçès  aux  Tranfijvains ,  aux 
Croates,  aux  Tartares  &  aux  Venir 
tiens  -,  il  vengea  le  meurtre  à* André 
fon  frère ,  roi  de  Naples ,  mis  à  mort 
en  1345 ,  &  fut  élu  roi  de  Pologne 
après  celle  du  roi  Cafmir ,  fon.  on- 
(:ie  I  en  J370«  Il  fit  panoitre  uo  Â 


LOU 

.ffând  zèle  pour  la  religion  Catho- 
lique ,  que  le  pape  Innocent  VI  le 
fit  grand-gonÊdonnier  de  l'Eglife. 
Ce  prince  fage  &  juft»  mourut  à 
Tirnau  ,  le  la  Septembre  1381 , 
à  57  ans.  Sa  mort  fut  fui  vie  de 
grands  troubles  en  Hongrie  :  Voye^ 
Gara. 

XXVI.  LOUIS  II,  roi  de 
Hongrie  ,  fuccéda  à  Ladlflas  Ton 
père,  en  15 16.  Comme  il  étoit  trop 
Jeune  pour  rcfifter  à  fes  ennemis  , 
il  s'engagea  inconâdérément ,  & 
périt  avec  fon  armée  à  Mohatz.  11 
mourut  le  29  Août  1 5  26  ,  à  22  ans. 

I       On  a  remarqué  de  lui ,  que  fa  naïf- 
<&nce ,  fa  vie  &  fa  mort  avoient  eu 
j       quelque  chofe  d'extraordinaire.  11 
^       naquit  fans  peau  *,  il  eut  de  la  barbe 
à  1^  ans,  devint  grisa  18  ,    &  fe 
noya  dans  un  marais.    Quelques 
I       hiftorjens   ont  cru  que  la  Provi- 
dence Tavoit  puni  de  ce  qu'il  avoit 
I    •  iak  jeter  les  ambaifadeurs  de  SoU- 
I       mon  II  dans  un  vivier ,  où  ils  furent 
mangés  des  poiiTons. 

XXVII.  LOUIS,  prince  de  Ta- 
«nte ,  neveu  de  Robert  le  Bon  ,  roi 
xle  Sidle  ,  né  en  1 322 ,  époufa  le 
20  d'Août  1347,  Jeanne^  reine  de 
Kaples,  ia^roufine ,  [  Voy,  Jean  ne  , 
n**  y.  ]  après  ]a  mort  6! André  fon 
premier  mari ,  à  laquelle  il  avoit 
contribué.  Contraint  de  fortir  du 
royaume  par  Louis  I^  roi  de  Hon- 
grie ,  qui  s*y  étoit  rendu  avec  uiie 
armée ,  pour  venger  l'afTaffinat 
d'jindré  fon  firere ,  il  vint  fe  réfu- 
gier avec  la  reine  fon  époufe,  en 
Provence,  où  le  pape  Ci:;n<»«  VI 
^ti  déclara  innocens.  Rappelés  en- . 
fuite  par  les  Napolitains ,  ils  cliaf- 
fcrent  les  troupes  Hongroifes  reftées 
<ïans  le  royaume ,  &  fe  firent  cou- 
ronner folennellement  à  Naples , 
le  jour  de  la  Pentecôte  1352.  Lotds 
mourut  l'an  1362 ,  fans  laifler  d'en- 
Éms.  U  avoit  inftitué ,  dix  ans  aupa- 
ravant ,  Tordre  du  Saint-Efprît  du 
"fuoid ,  qui  sç  durg  q[ue  pédant  fon 


t  O  U       .  39 J 

régné.  Lorfque  Henri  III  pafià  par 
Venife ,  à  fon  retour  de  Pologne , 
la  feigneurîe  lui  fit  préfent  du  ma« 
nttfcrit  qui  contenoit  les  fiatuts  dû 
cet  ordre.  Ce  prince  s'en  fervit 
pour  établir  fon  ordre  du  Saint- 
Efprlt  ,  &  commanda  au  chancelier 
de  Chyvtmy  de  faire  brûler  le  livre  ^ 
mais  la  volonté  du  roi  ne  fut  pas 
exécutée  en  ce  point ,  &  le  manuf- 
crit  fiit  comfervé..  11  a  été  imprimé 
dans  les  Monumens  de  la  Monarchu 
Françolfe  de  D.  Montfauson  \  &  de** 
puis  féparément  ,  fous  le  dtre  de 
Mémoires  pour  ferrir  à  PHiftoire  de 
Fr^ce  duxjy^  fiecle,  avec  les  notes 
dél'abbé  le  Fevre,  1764,  in-8^ 

XXVIII.  LOUIS  r'.  duc^'j^n- 
jou ,  fécond  fils  de  Jean ,  roi  de 
France ,  &  de  Bonne  dt  Luxembourg^ 
fe  chargea  de  la  régence  du  royaume 
pendant  la  minorité  de  Charles  VI 
fon  neveu.  U  ne  fut  occupé  que  du 
Xoin  de  remplir  fes  coffres ,  pour 
fe  mettre  en  état  d'aller  prendre 
poiTefiion  du  trône  de  Naples,  que 
la  reine  Jeanne  ,  citée  dans  l'ardcle 
précédent  ^  lui  avoit  ^égué  l'an 
1380  par  fon  teflament.  Ck  prince 
fe  rendit  en  Italie  deux  ans  après , 
avec  des  tréfors  immenfes  ,  pour 
faire  valoir  fes  prétentions  -,  mais 
quand  il  arriva ,  il  trouva  le  trône 
occupé  par  Charles  de  Duras ,  parent 
de  la  reine ,  morte  depuis  peu.  11  fit 
de  vains  efforts  pour  l'en  chalTer. 
Traki  d'ailleurs  par  Pierre  de  Craon  , 
qu'il  avoit  renvoyé  en  France  faire 
de  nouvelles  levées ,  &  qui  difîîpa 
tout  Targent  à  Venife  avec  des  cour- 
tifanes  ,  il  en  mourut  de  chagrin , 
à  Paris  ,  le  20  Septembre  1384.  Ses 
defcendans  tentèrent  à  diverfesre- 
prifes  de  s'emparer  de  ce  royaume , 
&  ne  purent  jamais  y  réuffir.    ' 

XXIX.  LOUIS ,  (  S.  )  évêque 
de  Touloufe  ,  fils  de  Charles  II ,  dit 
k  Boiteux ,  roi  de  Naples ,  de  Jé- 
rufalem  &  de  Sicile  -,  naquit  à  Bri- 
gnolcs  ça  PfpTcacei  l'an  i274« 


194        L  O  U 

Quokja'il  fi^t  Hiérider  pf^fomiMÎf 
des  états  de  fon  père ,  il  prit  l'habit 
de  SaùU'FrançoU  .11  fut  Êadt  évêqHe  de 
Toulouse  par  le  pape  Bonifacc  VllI, 
Ik:  gouverna  fon  diocefe  en  homme 
«poftolique.  U  mourut  le  19  Août 
1199 ,  âgé  de  1^  ans ,  à  Brignoles , 
où  quelques  œuvres  de  charité 
l'avoient  attiré.  Perfonne  ne  fut 
mieux  concilier  la  (implicite  reli- 
gieufe  avec  la  dignité  épiicopale. 
11  donnoit  tous  les  jours  à  manger 
à  vingt-cinq  pauvres ,  &  les  fervoit 
lui-même.  Il  n'ufa  jamais  de  vaiffelle 
d'argent  y  que  pour  les  étrangers  : 
encore  ordonna-t-41  en  mourant , 
qu'on  la  diilribuât  aux  pauvres. 
Son  premier  foin ,  en  prenant  pof- 
leflîon  du  fiege  de  Touloufe ,  avoit 
ité  de  s'informer  de  fes  revenus , 
dont  il  ne  réferva  que  le  quart  pour 
l'entretien  de  fa  maifon  -,  tout  le 
refte  îat  deftiné  aux  befoins  de  fon 
peuple.  Lepape/e^XY/Zlecano- 
nifa  en  13 17. 

LOUIS  DE  PozN  ,  né  dans  le 
diocefe  d'Amiens,  en  1714,  mort 
à  Paris  en  1782 ,  étoit  au  nombre 
àes  Capucins  hébraïfans,  du  cou- 
vent de  Saint- Honoré,  élevés  de 
l'abbé  de  yuicfroy,  U  eut  beaucoup 
de'  part  à  tous  les  ouvrages  de  fes 
confrères  «  wx  principes  dîfcutés  pour 
rintzUîgtnu  dfis  livres  prophétiques ,  & 
k  ia  verfion  latine  &  françoife  des 
Pfeaumes. 

LOUIS  DE  BouRBoy ,  évêque 
de  Liège,  Voyc^l,  Margk. 

LOUIS ,  (  Princes  d'Orléans  ) 
Voytiii,  &  III.  Orléans. 

LOUIS ,  (Princes  de  Condè  ) . 

Voyei  CONDÉ  ,    n°*  II.  &    III.... 

Bourbon  ,  n*^*  iv  &  v. 

LOUIS,  (Pierre  de  Saint-)  Voy. 
Pierre  ,  n**  xxix. 

LOUIS  LE  Maure,  Toy^iv. 
$force. 

LOUIS  DE  Dieu  ,  Voy.  Ditv, 

LOUIS  DE  Grenade,  Voyt{^ 
ce  dernier  mot» 


t  O  U 

LOUIS  DE  LÉON»  ri>x.LÉo»2 

B®   XXIV.  . 

LOUIS  DE  Lorraine»  Voye^^ 
Guise  »  n**  vi. 

L  LOUIS£  DE  Lorraine,  fille 
du  comte  Antoine  de  Vaudcmont  »  fils 
puîné  à* Antoine  de  Lorraine  »  naquit 
à  Nomeny ,  en  1554 ,  &fut  élevée 
avec  le  plus  grand  foin  par  la  com«^ 
tefle  de  Saint»  Elle  époufa  en  1575 
Henri  III ,  roi  de  France.  Cette  pria* 
ceâfe,  également  belle  &  ûtge ,  avoir 
été  aimée  éperdument  par  Franco» 
de  Brienne ,  de  la  maifon  de  Luxenw 
bourg ,  avant  qu*elie  fe  mariât.  Ce 
feigneur  s'étant  trouvé  au  facre  de 
Henn  III  :  Mon  coufin  ^  lui  dit  le  roi  » 
j*aî  enlevé  votre  maitreffe  ;  mais  je  veuM 
en  échange  que  vous  époufie^  la  mienne» 
Il  parloit  de  Mll^  de  Chdteatmeuf  ^ 
pour  laquelle  il  avoit  eu  un  amour 
pafHonné.  Brienne  s^excufa ,  en  de» 
mandant  du  temps.  Ce  n'étoit  point 
lui ,  mais  le  comte  de  Salm ,  qui  avoit 
été  le  premier  objet  de  l'amour  de 
la  reine.  Mais  »  depuis  qu'elle  6it 
mariée ,  elle  fut  fidelle  à  fon  mari. 
Cependant  elle  conferva  toujours 
de  la  tendrefîe  pour  le  comte.  Elle 
eut  un  A  grand  regret  de  ne  l'a- 
voir pas  pu  époufer,  qu'elle  tomb» 
dans  une  langueur,  <iui  contribua 
à  la  rendre  flérile.  L'inditFérence 
prit  la  place  de  l'amour  dans  le  cœur 
de  Henri  IlL  II  en  avoit  d'abord 
paru  charmé.  Si  en  qualité  de  Roi  ^ 
difoit-il ,  je  fuis  le  maître  de  iotes  les 
autres ,  je  puis  dire  auffi  que  j*ai  Ia 
femme  la  plus  aeeomplie  du  royaume»^ 
Mais  la  reine  naturellement  fombre  ^ 
&  n'ayant ,  malgré  la  beauté  des 
traits ,  rien  d'animé  ,  Téloigna  en^ 
core  d'elle  par  les  pratiques  d'une 
dévotion  févere  &  minudeufe.  Elle 
pouffa  le  mépris  de  la  parure ,  ju£^ 
qu'à  s'habiller  d'une  étoffe  de  laine^ 
Quoique  fon  teint  fut  devenu  ez« 
trêmement  pâle ,  elle  refufa  confît 
tamment  les  fecours  de  l'art,  qui 
eufTeot  pu  corriger  ce  déÊiuL  Soik 


L  O  t 

itrain  étoît  fi  iîmple ,  qu*étant  allée 
un  jour  elle-même  dans  la  bouti- 
que d*un  marchand  d'étoflfe^  de  la 
rue  Saint-Denys  ,  elle  ne  fut  pas 
reconnue  par  la  fiemme  d'un  préfi- 
dent  qui  y  étoit  avant  elle ,  &  qui , 
ïuperbement  parée ,  ne  quitta  pas 
des  étoffes  qu'elle  examinoit,  pour 
prendre  la  pofture  décente  où  elle 
devoit  être.  La  reine  ,  choquée  de 
la  magnificence  de  Tes  ajufiemens , 
&  peut-être  de  fon  manque  de  ref- 
peâ,  lui  demanda  qui  dit  étoit  ?  Sans 
regarder  la  reine ,  la  dame  lui  ré- 
pondit :  Que  ,  pour  fatisfalre  fa  eu-- 
rîofité ,  elle  vouloît  lien  lui  apprendre 
^u'on  Viippelou  la  Préfiiente  /V...  Sur 
quoi  la  reine  répliqua:  En  vérité, 
madame  la  Préfiderac ,  vous  êtes  bien 
hrave ,  pour  une  femme  de  votre  quaàté» 
Piquée  du  reproche  ,  &  continuant 
de  ne  pas  faire  attention  à  celle  qui 

I  le  Itdfaifoit,  la  préfidente  allajuf- 
qu'à  lui  dire  brufquement ,  qu'^w 

j  moins  ce  n* étoit  pas  à  f es  dépens.  Mais 
enfin ,  averde  de  la  èiute  im{)ardon- 
nable  qu'elle  commettoit  «  elle  ou- 
vrit les  yeux  ,  reconnut  la  reine, 
6c  fe  jeta  à  fes  genoux.  Elle  en  fin 
quitte  pour  quelques  remontrances 
fur  fon  luxe ,  d'autant  plus  condam- 
nable ,  qu'il  venoit  de  paroître  un. 
édit  contre  celui  des  habits.  Lowfe 
ne  fe  contenta  pas  des  pranques 
fecretes  de  piété  auxquelles  elle 
pouvoit  fe  livrer  dans  fon  appar- 
tement :  elle  érigea  des  confréries, 
affifla  à  des  proceffions  ,  parcourut 
toutes  les  églifes  &  tous  les  cou- 
vens ,  &  infpira  fon  goût  à  tous 
ceux  qui  fe  piquoient  d'une  foi  pure 
ti  oppofée  à  rhéréfie.  Elle  mourut 
le  29  Janvier  1601  ,  à  Moulins  , 
où  elle  s*étoit  retirée  après  la  mort 
à&  Henri  III 

II.  LOUISE  DE  Savoie, 
ducheffe  d*Angoulême,  fille  de  PAt- 
^ppe ,  comte  de  Breffe ,  puis  duc  de 
Savoie,  &  de  Marguerite  de  Bour*- 
-ion}  épouft,  e»  14^8,  Charles d'Qf 


t'  0  1/        39f 

léans"^  èomte  d'Angoulême ,  dont 
-«lie  e«t  le  roi  François  I,  Ceftpar 
elle  que  fut  formée  la  jeunefTe  dé 
ce  prince ,  qui  ,  étant  monté  fur  l6 
trône  de  France  après  la  mort  do 
Louis  XII  ^  lui  laiiTa  la  régence  d« 
royaume ,  lorf^'il  partit  pour'  U 
conquête  du  Milanez.  Cette  prin- 
ceffe  eft  principalement  célèbre 
par  fes  démêlés  avec  Charles  dc^ 
Bourbon.  Elle  avoit  d'abord  beau-^ 
coup  aimé  ce  prince ,  &  avoit  m©^ 
me  obtenir  pour  lui  l'épéedecon* 
nétable  *,  mais  piquée  enfuite  de 
ce  qu'il  avoit  refiifé  de  Tépoufer^j 
fon  amour  fe  tourna  en  une  haine 
violente.  Elle  revendiqua  les  bien» 
de  la  maifon  de  Bouxbon  ,  dont  elle 
étoit  du  côté  de  fk  mère,  &  qu'elle 
prétendoit  lui  appartenir  ,  par  la 
proximité  du  fang.  Les  juges  ne 
furent  pas  aflêz  corrompus  pour 
adjuger  cette  fucceffion  à  la  ré- 
gente ;  mais  ils  furent  aflez  fbibles 
pour  la  mettre  en  féqueftre.  BoW'i^ 
bon  ,  fe  voyant  dépouillé  de  fes 
biens ,  quitta  la  France  &  fe  ligua 
avec  l'empereur  Charles-Qmnt*  On 
fentit  bientôt  l'importance  de  cette 
perte  ,  fur-tout  lorfque  François  l 
fut  fait  prifonnier  à  Pavic.  Louifc 
manqua  d'en  mourir  de  douleur; 
mais  ayant  enfin  efiuyé  fes  larmes  ^ 
elle  veilla  avec  beaucoup  de  cou- 
rage &  de  bonheur  à  la  fureté  dtt 
royaume.  Elle  maintint  tous  les 
corps  dans  l'obéifiance ,  6e  follidta 
des  fecours  avec  vivacité.  Tous  le» 
bons  François  allèrent  au-devanfi 
de  fes  défirs  -,  le  parlement  de  Paris 
fe  fignala  par  fa  fageiTe,  tandis  que 
les  autres  corps  fecouroient  l'état 
avecTibéralité.  La  France  étoit  coni^ 
temée  -,  chacun  partagea  la  douleur 
de  la  régente  du  royaume,  &  l'on 
vit  fans  peine  l'édît  du  20  Avril 
1515,  qui  ordonnoit  de  quitter  les 
habits  de  foie ,  défendoit  déporter 
au-delà  de  la  valeur  d'une  demi* 
once  d'or ,  &  d'aller  en  carrofikw 


196        L  O  U 

jAtulfc  ayant,  poftirvu  k  la  tranquil- 
lité intérieure  &  à  l'économie  pu« 
fclique,  négocia  la  paix  à  Cambray, 
«ntre  le  roi  &  l'empereur.  Le  ta^aité 
fot  conclu  par  fes  (oins ,  le  3  Août 
ip9.  Elle  mourut  peu  de  temps 
«près ,  en  15 32  ,  à  5 5  ans,  cegardée 
comme  une  femme  auili  propre  à  une 
intrigue  d'amour^  qu'à  une  affaire  de 
fcabinet.  On  a  remarqué  de  grandes 
reâemblancesentre  Ls^ulfi  eUSayoit  & 
i^Atheruudù  MédUL^dans  la  politique» 
ilans  la  galanterie,  dans  la  tendreiTe 
«latemelie.  On  croit  que  c'eft  elle 
qui  procura  la  ducbeile  d'Etampes  à 
irançoîs  I ,  à  condition  qu'elle  ne 
^'oppoferoit  à  aucune  de  ics  vues. 
Un  autre  reproche  qu'on  peut  &ure 
à  fa  mémoire ,  eft  d  avoir  extorqué 
de  Samkianfay  ,  furintendant  des 
finances,  400 mille écus,  (iîx mil- 
lions d'aujourd'hui)  ,  deilinés  à 
l'entretien  d'une  armée  en  Italie  , 
qui  y  périt  de  mifçre.  FrûnçoU  /, 
irrité  ,  fit  condamner  ce  vieillard 
comme  concuifionnaire ,  uns  que 
(Ta  mère ,  qui  avoit  été  en  partie 
caufe  de  fon  fupplice  ,  travaillât 
pour  l'y  arracher.  Lomft  étoit  aufli 
Ifpirituelle  que  belle.  Elle  aima  les 
lavans  &  les  protégea.  Maigre  fon 
fcTprit ,  elle  avoit  beaucoup  de  pe* 
tits  préjuges.  Trois  jours  Avant  là 
inoct,  elle  apperçut,  dans  la  nuit, 
de  la  «larté  à  travers  fes  rideaux  \ 
elle  demanda  ce  que  c'étoit  >  On  lui 
dit  que  c'étoit  une  comète.  Ah  I  dit- 
elle  ,  voîlÀ  un  fiffie  ^td  »<  paroit  pas 
pour  uM  ^ptrfonne  M  bajfc  quaûté  ; 
Dieu  l*cnvoU  pour  nous  autres  grands 
&  grandes,  Refermei  la  fenêtre  ;  cefi 
une  Comte  qui  m'annonce  la  mort. 
Elle  avoit  toujours  appréhendé  ce 
triftc  moment ,  &  ne  pouvoit  fouf- 
frir  qu'on  en  parlât  devant  elle, 
même  dans  les  fermons.  [  Voy.  vu. 
Agrippa.].  Cependant  elle  s'y  pré- 
para en  princeiTe  chrétienne.  Ses 
îiaifons  avec  quelques  favans  Cal- 
Tialftcs ,  &  le  penduuit  de  hUr^, 


t  O  u 

pttnu  (a fille  pour  les  nouveautés» 
avoient  fait  croire  à  quelques  cour- 
tifans  malins  ,  qu'elle  n'étoit  pas 
bonne  Catholique.  Mais  ce  qu'elle 
fit  dans  fes  do^ers  momens ,  dé- 
mentit «es  injuftes  foupçons.  Peut- 
être  qu'elle  avoit  condamné  trop  i 
hautement  les  vues  de  quelques  j 
membres  du  Clergé,  &  les  abus  qui 
s'y  étoient  gliffés  \  &  alors  condam- 
ner ces  abus ,  c'étoit ,  aux  yeux  de 
quelques  hommes  plus  zélés  qu'é- 
dairés,  c'étoit  être  novateur.  Oa 
trouve  les  mémoires  de  LouLfe  de 
Savoie ,  écrits  par  elle-même  dans 
le  Tome  xvi  de  la  ColàcHon  uni' 
vtrfcUe  des  Mémoires  fdfiorlqufs  relatifs 
à  l*Hifloiredt  France,  Ils  font  curieux 
&  écrits  avec  naïveté. 
ni.  LOUISE-MARGUERITE  de 
Lo i^R AïKE ,  princeffe  de  Contl ,  fille  | 
dé  Menrl  duc  de  Guife  ,  dit  le  Bala-  \ 
fié,  naquit  en  1588.  Elle  époufa  | 
François  de  Bourhon^  prince  de  Conti,  1 
fécond  fils  de  Louis  I  de  Bourbon , 
prince  de  Condé.  Ayant  perdu  foa 
époux  en  1614  ,  elle  fe  confolade 
cette  perte  avec  les  Mufes.  Elle  fe 
confacra  entièrement  à  la  littéra- 
ture, &  protégea  ceux  qui  lacul- 
tivoient.  Elle  en  coimoifToit  tout 
le  prix ,  &  accordoit  fa  proteûion 
avec  difcernement.  Cette  princeffe 
mourut  à  Eu  le  30  Avril  1631. 
On  lui  doit  les  Amours  du  grand 
Alcandre  ,  dans  le  Journal  de  Henri 
///,  1744,  5  vol.  in-8^  C'eft 
une  hiftoire  des  amours  de  Henri  IVy 
ornée  du  récit  de  quelques  belles 
a£Uons  &  paroles  remarquables  de 
ce  grand  roi  -,  mais  entremêlée  auffi 
de  fatires  ameres.  Cet  ouvrage 
parut  d'abord  fous  le  nom  du  fieur 
du  Piloufe  ,  avec  ce  titre  :  Rûnuat 
Royal ,  ou  Aventures  de  la  Cour, 

LOUISE  MARIE  de  Gonza- 
GUE  ,  reine  de  Pologne  \  Foy. 
Gon:(agu£,  Vi*  vu, 

I.  LOUP  ,  (S.>  Ijupus  ,'  né  i 
TQal ,  épQuf^  I9  fœw  de  5,  BJHaîn 


L  ou 

^êque  d'Arles.   La   Verra   «roît 
fbrmé  cette  union  *,  une  venu  plus 
fublime  la  rompit.  Les  deux  époux 
&  réparèrent  l'un  de  l'autre,  poux 
ie  coo£icrer  à  Dieu  dans  ub  mo* 
naftere.  Loup  s'enferma  dans .  celui 
de  Lérins.  Ses  remis  le  firent  éle- 
ver fur  le  fiege  de  Troyesen427.r 
Lùup^  entièrement  occupé  des:  de- 
voirs de  lepiicopat  /  mérita  les 
refpeâs  &  les  éloges  des  plus  grands 
hommes  defon  ûede.  Sidoine  ApU- 
Unaire.  rappelle  le  premier  dis  Prélats. 
S.  loipétoit,  en  effet,  auffi  iUufire 
par  {es  lumières  que  par  fes  ver- 
tus. Il  avoir  un  goût  sûrrponrles 
ouTmges.d'e^irtt  ,    &   les  auteurs 
Be  redoutoient  pas  .moins  ia  cen- 
lîire^que  Vë$  pédieuss.  Il  étoitibr- 
tout  verfé  dans  les  faintes  lettres. 
lût  comte  Athogafit  ^  qui  favoit  aiiill 
bien  manier  la  plimie  que  Tépée  » 
s'étant  adrefle  à  Sidoincpom  Tex* 
plisation.de  quelques  pafiagés  de 
l'Ecriture,  ce  (àint  évêquc.  le  ren- 
voya à  .  Loup,  Les  .  révoques  des 
Gaules   le    députèrent  y   avec  Si 
Htmaîn    d'Auxerrer,   pour    aller 
combattre  les  Pélagiens  ^  iofec- 
toient    la  Grande-Bretagne.  Cette 
miffion  prbdaiât  de  grand  fruits« 
X<*p,de  retour  à  Tniyes  ,  fauva 
cette  villede  la  fiireur  du  barbare 
Jttùia ,  que  fes  mères  défarmerent. 
On  prétend  même  qu'il  l'iemmena 
avec  lui  jvfqu'au  Rhin.  L»up  mou« 
rut  le  19  Juillet  479 ,  après  5  a  ans 
d'épifaopat.  Le  Père  Sirmond  a  pu- 
blié XKDtrLmre  de  cet  illuilre  pré- 
lat, dans  le  premier  volume  de  fa 
colleûion  .des  Conciles  die  France... 
il  îaa»  lé   diftinguer  de  5.  Loup 
évêqUc  de.  Ly<to  ,  mort  en;  741  ; 
&  de  S.tviUP  évoque  de  Bayeux, 
Jnort  vers  465...  Fo;yqau(fi  Lev, 
IL  LOUP,  abbé  deFerrieres  , 
avoît  embraflé  la  proieffion  mo- 
naftique  fous  S:  Aldtu  ,  qui  l'en- 
voya à  Fulde  étudier  les  Ecritures 
fous  ]it  iàsfusa^  M4oih  Xo  dtfcipl4 


L   O  U        3^7 

fit  honneur  â  foa  maitre.  De  re« 
tour  à  Ferrieres  ,  il  en  fut  nommé 
«bbé  en  842.  Il  parut  avec  éc^t 
au  concile  de  Vemeuil  en  844,.fc^ 
en  dreâa  les  canons.  Le  roi.&let 
évéques  de  France  lui  commirent 
pluûeurs  affaires  importantes.  Ckar^ 
les  le  Ckaiofe  l'envoya  à  Rome  vet« 
le  p9péléuH  ly  en  847.  Loup  »  iàn» 
être  courti(àn,  eut  un  grand  cré- 
dit à  la  cour  ;  &  il  s'en  fervit  pour 
parler  au  roi  avec  liberté  fur  le» 
ufucpaûqns  des  bietis  ecdéûaâiqu^» 
Cependant  l'intérêt  qu'il  y  avoit  » 
peut  dimimier  un  peu ,  (  dit  le  P, 
Loripiwal^  )  le  mérite  de  fon  zèle;; 
On  avoit.  eiklevé.  un  bénéfiçe^con- 
iidérable  à  l'abbaye  de  Ferneres,- 
qui  f&  voyoit  par-là   hors  d'état 
de  nourrir  (sa  religieux.  Auifi  Lwip^ 
écrivoi»-il  à  Charles  le   Chauve  :  // 
efi  bien  injufie  que  vqus  les  fujpâ^  mov^ 
nr  de  faim  '6^  de  froid  ,  tandis  ^u'Oê 
font  okUgés  dtpner  pour  vaus^*  Chat^ 
Us  lui  accorda  eofia  ce  qu'il  demant 
doit ,  &  le  chargea  de  réformer  tousi 
les  monaftefes  de  France  avec  lu 
célèbre  Prudence,  .Ces  deux  illu^es 
perfofu}9gesiurefit  zélés  défenfeikrt 
de  la  dodfcrine  de  5.  Augnflin  fur  la 
Grâce.  On*  deXoi^  plufieuvs •oo*- 
vrages  :  I.  cxxxiv  heures  (kr  dif-. 
iérens  fiiietS.  Elles  mettent  dans  ua- 
graftd  }oar  phifieurs  affaires  de  foa 
temps.  On  y  trouve  divers  poiilts 
dé  doârine  &  de  difcipUne  ecclé^ 
iiaâique  y  difcutés.  Le  ûyle  en  A 
pur  &  aÎTez  élégant  II.  Un  Tsiut^ 
ijQtkulé  :  Des  tii  Quâ/Hons  conim 
Gotrftak^  Le  favant  Balm\e  a  re-- 
cueilli  cesdiiFérens  E^ritsen  1^64  »    ' 
in-8^>  k  les  a  enrichis  de  notes  cu« 
rieufet.   '     * 

LOUPE,  (  Melun  de  la )  Toy^^ 
L  Melun. 

LOUPTIERE  ,  (  Jean-Charjes . 
de  Relongue  de  la.)  de  l'académie 
des  Arcades  dé  Rome  ,  né  à  la 
Lokptiere.,  diocefe  de  Sens,  ea 
S7ï4i  <(9mVX7^>«69«is  I 


^9S        L  O  U 

eil  connu  ptr  un  recueil  dt  Poifia 
«n  2  vol.  in-S°  «  où  l'on  trouve 
jde  refpi-u ,  de  la  grâce  i  6c  quel-» 
«{uefois  de  la  délicatede;  mab  foi- 
blet  de  coloris  h  de  ûyle.  L'auteur , 
naturellement  doux  &  honnête,  ne 
veriîfia  prefque  jamais  <|ue  pour 
vendre  hommage  au  talent  À  à  la 
licauté.  On  a  encore  de  lui  les  fîx 
premières  parties  -  du  Jomnal  dts 
•Dofjus^tti  176 1 ,  où  il  donna  des 
éloges  ,  &  ne  fe  permit  guère  de 
critiques.  Dans  la  fociété ,  il  étoit 
|>oli  &  indulgent. 

.  LOUVARD,  (Dom  François) 
Bénédiâin  deSaint-Maur ,  nadf  da 
Mans  ,  fut  le  premier  de  fa  con* 
grégadon  qui  s'éleva  contre  la 
ConiHtution  Umgenims,  Ce  reli« 
f;ieux,  qui  auroit  dû  refter  dans 
k  retraite  &  dans  robfcurité  , . 
écrivit  à  quelques  prélats  ées  Ltttns 
û  féditieufes,  que  le  roi  le  fit  en- 
fermer à  la  Baflille  &  en  d^autres 
maifons  de  fotce.  Il  difoit  dans 
«ne  de  ces  Lettres  ,  qu'i^  falloii 
fouWiîr  et  qu'U  4royoit  U  vérité  , 
contre  U  ftr^  Ufeu  ^  U  ttmpt  ^&  Us 
Princes „,  &  dans  une  autre,  qu*«8e 
konne  &  vigoureufi  guem  valou  mieux 
^*wi  mauvais  accommàéemetuW  mou- 
rut à  Skonaw  ,  près  d'Utredit ,  où 
il  s'étoit  réÂigré  le  11  Avril  1719 , 
âgé  de  78  ans ,  laifTant  une  ^ro^ 
t^Luian  qui  fît  beaucoup  de  bruit 
quand  elle  vit  le  jour  :  il  Vavoit 
compofée ,  cinq  motsavantût  mort  ^ 
Mi'Chàteau  de  Nanoesl 
.  LOUVENCOURT,(  Marie  de) 
née  à  Paris ,  mourut  au  mois  de 
l^ovembre  171 1 ,-  âgée  de  32  ans. 
Gette  demoifelle  apporta,  en  naif- 
fant  des  difpofitionsheureufespocr 
tpusles  beaux  arts,  ^He  étoit  belle 
&  modefte  ;  Ton  caraâere  étoit 
doioc ,  &'fa  cokverfation  ei^uée. 
Baa0kau.V^  peU.méns^^ée  dmis  {& 
£pitres;  mais  oà  6dt  le  jugement 
qu'il  faut  portes  des  traits  fatiti- 
*que&  d'jin  .poëtc  .piqué»  JU^^...4e 


LO  u 

tott¥tn€omt  avoit  une  vois  hSi 
lame  :  elle  chantoit  avec  grâce  JU 
avec  goût  ,  &  jouoit  auffî  da 
tuorbe  ;  mais  elle  a  particulière* 
ment  léuffi  dans  la  poéfie.  Ses  Vers 
font ,  la  plupart ,  des  Cantates  en 
mufique,  &  gravées.  En  voici  les 
titres  :  I.  Ariidne^  Céphale  &  CAa* 
rare  j  Zéphyrt  &  Flore  ;  P/yché  :  dont 
Bourgeois  afi|it  la  muûque.  II.  VA" 
mowr  piqué  par  une  AheUle  ;  Kédét  ; 
Alphée  &  Arétbu/e;  Léandre  &  Héra; 
la  Mufcttt  ;  Pygmalion  ;  Pyrame  & 
Thishé:  la  muûcpie  de  ces  fept  der- 
nières Cantates  efl  de  la  compo* 
fition  de  CUramhauU,  On  a  encore 
quelques  Poépes  de  cette  Mufedass 
le  recueil  de  Vertron, 

LO^ENDAL,  Voys^Xxit^ 

WENDAL. 

LOU  VER  m  LowE  A ,  (  Richard) 
né  vers  1631  ,  à  Tremere,  dans  la 
province  de  Cornouailles,  di£dple 
de  Thomas  WWis ,  exerça  la  niéde« 
cine  à  Londres  avec  réputation.  Il 
étoit  du  parti  des  JFîghs  ,  &  m<s» 
rut  le  17  Janvier  1691.  Ce  m^ 
decin  pratiqua  la  transfusion  dn 
fang,  d'un  anixnal  dans  im  aotrei 
Il  voulut  même  pafier  pour  Vin* 
venteur  de  cette  opération  ,  dont 
on  promettott  de  grands  avantage  , 
&  qui  n'en  a  produit  aucun  ;  mais 
il  ne  fit  que.  la  préfenter  fous  un 
nouveau  jour  ;  car  U  eâ  certain  qoe 
Libavius  eft  le  premier  qui  en  Â 
donné  l'idée  [  Voyei  Libavius  } 
Ses  principaux  ouvrages -font  :L 
Un  Traité  du  Cotur^^  npouvemtst 
€t  de  la  couleur  du  Sangj  &  dupdf» 
fagc  du  Chyle  dans  le  ^«1^1  Londres  4 
1669  ,  Leyde,  1721  ,  in-S**,  fit 
1749  -,  traduit  en  â-ançois ,  1679  f 
in*8**.  houver  éi  le  premier  qui  att 
édairci  cette  matière.  Avant  lui  on 
9'avoit  qu'une  idée  très-vague  dff 
ce  vifcere  *,  mais  Senae  a  depuis 
étendu  les  lumières  que  Lowa  a 
•épandues  fur  cet  objet.  On  a  ajouté 
«I.  TmiL  M.  Cetur  une  i^/^tf  «t 


loi; 

éoH  ée  Porlgine  du  Catam  '&  de 
la  Saîfftée,  Londres  ,1671  ,in-8**. 
H.  Une  Ddfenfe  de  la  Differtadon  de 
WûUs  fur  les  Fièvres ,  à  Londres  , 
166  j ,  b-8°.  Ces  écrits  furent  re- 
dierchcs  de  fon  temps  »  &  peuvent 
encore  être  utiles. 

1.  LOUVET,  (Pierre)  avocat 
du  xvii*  ficelé  ,  natif  de  Rein- 
ville  ,  village  iîtué  à  deux  lieues  de 
Beauvais«  fut  maitre*des-requ6tes 
de  la  reine  Marguerite  ,  8c  mourut 
ea  1646.  On  a  de  loi  :  L  VHîf- 
îoÎTt  &  les  AnùquUés  de  Beauvaîs , 
tome  i*^',  1609  &  1631,  in-8°-, 
tome  II®,  Rouen,  1614,  in-8**. 
La  première  partie  traite  de  ce  qui 
«oacerne  l'état  eccléliaiyqne  du 
Btauvoifis:  la  lï*,  de  l'état  civil. 
II.  Nomenclatura  &  Chronolopa  re- 
tum  EcclefiafiUarum  Dlacefis  Be/lo^ 
focetifis ,  Paris ,  1618  ,  in-8**.  UI. 
Hîfiolre  des  Antiquités  du  Dloceft  de 
Beauvaîs ,  imprimé  en  cette  ville , 
163  j  ,  in^8**.  IV.  Anclefmee  remar^ 
fttff  fur  la  ttobleffe  Beauvoîfine ,  &  de 
plujîeurs  Familles  àt  la  France^  163 1 
&  Ï640,  in-8**,  très-rare.  Cet  ou- 
vrage cft  par  ordre  alphabétique , 
&  il  ne  va  que  jufqu'à  VN,  V. 
Ahrégé  des  Conjiltutîons  ^  régie- 
nais,,.,  pour  Us  études  &  réformes  du 
Couvent  des  Jacobins  de  Beauvaîs^ 
x6i8.  Le  flylede  ces  ouvrages  eft 
plat  &  rampant,  &  leur  mérite 
ne  confifte  que  dans  les  recher- 
ches. 

IL  LOUVET,  (Pierre)  dodeur 
en  médecine,' natif  de  Beauvais, 
profeiTa  la  rhétorique  en  provin- 
ce, &  eniêigna  la  géographie  à 
Montpellier.  11  furchargea  le  pu- 
blic, depuis  1657  julqU'en  1680, 
d'une  foule  d'ouvrages  fur  THif- 
toire  de  Provence  &  de  Langue- 
doc ,  écrite  du  ftyle  le  pUis  lâche 
&  le  plus  traînant.  Ses  matériaux 
font  fi  mal  digérés,  &  fes  inexac- 
titudes font  fi  fréquentes,  qu'on 
•£è  à  peine  le  citer.  On  a  de  lui  : 


L  O  U         ^99 

L  Remarques  fur  PHtfiolre  de  Lan'* 
ptedoe^  ih-4°.  IL  Traité,  en  forma 
d* Abrégé ,  de  l*Hiflolre  d* Aquitaine  4 
Guîennt  &  Gaf cogne ,  jufqu'à  préfent  i 
Bordeaux,  1659  ,  in-4*».  IIL  L4 
France  dans  fa  fptaideur ,  a  voU' 
in- II.  IV.  Abrégé  de  l'Hifiolre  dé 
Provenee,  2  vor.  in-11 ,  avec  de# 
Additions  {ur  cette  Hiftoire,  auffi  ea 
a  vol.  in-i2.  V.  Projet  del*mfiùt^ 
re  du  Pays  de  Beaujolois  ,  iB-4^.  Vïrf 
Hi/tolre  de  Ville-^Franche ,  '  Capitale  dm 
Beaujoloîs  ,  in-8®.  VIL  ^ijuift  de* 
Troubles  de  Provence  ,  depuis  t^t^ 
jufqu*en  tfefg  ,  1  vol.  in- 12.  VlIX^ 
La  moins  mauvaife  de  fes  pfodtaci 
tiens  ^  fon  Mercure  HoUandois^ 
en  10  vol.  in- II.  C'cft  une  HiiU 
toire  mauifade  des  conquêtes  dm 
Louis  XI  y  en  Hollande,  «fl  Fr«Ki*« 
che-Comté ,  en  Allemagne'  &  en 
Catalogne ,  &  des  autres  '  événe^ 
mens  qui  occupèrent  l'Europe  de-* 
puis  16 la  jufqu'à  la  fin  de  167^^ 
Louvet  avoit  quitté  la  méd>ecin« 
pour  l'hifioire  ;  il  écoix  âuâl  pin 
propre  à  l'une  t(VL*k  l'autre ,  quoi^ 
qu'honoré  du  titre  i'HtJîôriogram 
pke  de  S.  Â.  R.  le  prince  d« 
Bombes.  -      •  i 

LOUVIÉRES ,  (  Charles  -  Jac- 
ques de)  vivoit  dans  le  xiv*  ûe^ 
éle,  fous  le  règne  de  Châties  IT 
roi  de  France.  On  croit  mêmcqu» 
fon  intelligence  pour  les  affaires 
relatives  au  gouvememem,  lui 
mérita  la  faveur  de  ce  prinCe'& 
une  place  confidérahle  auprès^  de 
lui.  La  réputation  qu'il  fe  ût  dans 
cette  partie ,  lui  a  fait  attribuer^àfiel 
communément  le  £uneux  ouvrage 
du  Songe  du  Verger,  i59Z,in-f(»l. ,  & 
réimprimé  dans  lé  recueil  AesiJUbtr^ 
tés  de  PEgSfe  Gallicane  ^  en  I73 1,4 
vol.  in -^1.  :  ouvrage  qui  traité  de  la 
puifiance  eccléfiafiique  &dela  tem- 
porelle. Goldafi  l'a  inféré  dans  fon  re- 
cueil Z>c  Monarchia,  Ce  traité  ne  paflfe 
pas  univerfellement  pour  être  dfe 
Lcuvîerct;  ct$  les  uns  l'ont  cioaiié 


400        LOU 

i  Raouide  Pr^ ,  ou  à  Jtan  de  TmUf 
lecrétaire  de  Charlu  V  i  &  les 
autres   à    Philippe  de   Maii^ieres, 

LOUVILLE ,  (  Eugène  d'Alloa- 
ville ,  chevalier  de  )  né  au  châ- 
teau de  ce  nom,  en  Beauce,  l'an 
167 1 ,  d'une  Êimille  noble  &  an- 
cienne ,  fervit  d'abord  Cur  mer ,  en- 
^te  Cur  terre.  Il  fut  brigadier  des 
armées  de  Philippe  V  y  &  colonel 
^'un  régiment  de  dragons.  La 
paix  d'Utrecht  l'ayant  rendu  à  lui* 
même ,  ilfe  confacra  aux  mathémati- 
ques >  &  principalement  à  l'afbono- 
mie*  11  alla  à  MarTeille  en  171 3  ou 
17 14,  dans  la  feule  vue  d'y  pren- 
ne exa^^ement  la  hauteur  du 
pôle ,  qui  lui  étoit  nécelTaire  pour 
lier  avec  plus  de  fureté  fes  obfer^ 
vations  à  celled  de  Pythéas ,  ancien- 
nes de  près  de  1000  ans.  £n  171 5 
il  fît  le  voyage  de  Londres  »  ex- 
près pour  y  voir  l'écli]^  totale 
du  Soleil  )  qui  fut  plus  fenûble 
fur  cette  partie  de  notre  hémifphe- 
re.  L'académie  des  fciences  de 
Paris  l'avoit  reçu  au  nombre  de 
fes  membres  -,  la  fociécé  royale  de 
JLondres  lui  Ht  le  même  honneur 
quelque  temps  après.  Le  chevalier 
de  Lottyille ,  revenu .  en  France  « 
fixa  fon  fé>our  daps  une  petite  mai» 
tbn  de  campagnei  un  quart  de  lieue 
d'Orléans  ,  &  s'y  livra  entière- 
ment aux  obfervations  ailronomi- 
<pies.  Les  curieux  qui  le  viiitoient 
ne  pouvoient  le  voir  qu'à  table , 
<&  le  repas  fini ,  il  rentroit  dans  fon 
cabinet.  Il  avoit  l'air  d'un  paf&it 
Stoïcien,  renfermé  en  lui-même , 
&  ne  tenant  à  rien  d'extérieur.: 
bon  ami  cependant ,  officieux,  li- 
héral  *,  ^mais  fans  ce»  aimables  de- 
hors ,  •  qui  fouvent ,  (  dit  Fontend^ 
le,)  fuppléent  à  l'eâentiel,  ou  du 
moins  le  font  extrêmement  valoir. 
On  prétend ,  (  ajoute  PontendU  ,  ) 
que  ce  Stoïcien  û  auAere  &  é 
dur ,  ne  laifîbit  pas  d'avoir  fur  ia 
.tible»  to  fçs  habUlemàis»  cernai* 


L  O  Y 

ses  délicatefies,  certaines  attea-*' 
tiolis  raffinées ,  qui  le  rappro« 
choient  un  peu  des  philofophe» 
du  parti  oppofé.  Au  commence- 
ment de  Septembre  1732 ,  il  eut 
deux  accès  de  iievre  léthargique, 
qui  ne  l'étonnerent  point  II  re- 
gardoit  ces  maladies  comme  des 
phénomènes  de  phy£que ,  auxquels 
il  ne  s'intéreffoit  que  pour  en  cher- 
cher l'explication.  Il  continuoît  fà 
vie  ordinaire  ,  lorfque  la  même 
£evre  revint  ,  &  l'emporta  au 
bout  de  40  heures,  pendant .lef- 
quelles  il  fut  abfolument  fans  con- 
noiflknce.  Il  avoit  61  ans.  On  a 
de  lui  pluûeurs  Diffenatîons  curieu- 
fes,  fur  des  matières  de  phyfique  & 
d'aàronomie ,  imprimées  dans  les 
Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences^ 
&  quelques  autres  dans  le  Meraat , 
dq>uis  1710  ,  contre  le  P.  Caftel 
Jéfuite.  Le  chevalier  de  LouvllU  fâi- 
foit,  de  fes  propres  mains,  tout 
ce  qu'il  y  avoit  de  plus  difficile  & 
de  plus  fin  dans  fes  infhrumens  af- 
tronomiques. 

LOUVOIS  ,  (  le  Marquis  de) 
Voyei  Tellier,  n°  IL 

LOYER,  (  Piètre  le  )  Loerks^ 
çonfeiller  au  préûdial  d'Angers, 
&  l'un  des  plus  favans  hommes 
de  fon  iiede  dans  les  langues  orieo* 
taies  ,  naquit  au  village  d'Huillé 
dans  l'Anjou  en  i$$o,  &  mourut 
à  Angers  en  1634,  à  84  ans.  On 
a  de  lui  :  I.  Un  Traité  des  Spec- 
tres ,  publié  fous  ce  titre  :  Dlfcoars 
&  Hlftolre  des  Spectres  ,  &  affon- 
ûons  des  Efprlts  ^  Anges  ^  Démons, 
&  ama  féparées  des  corps ,  fe  mon* 
trant  vlfibles  aux  hommes  ;  Paris , 
1605  ,  in-4**.  Cet  ouvrage  cft  en- 
core recherché  aujourd'hui ,  à  eau-  J 
fe  de  fa  fingularité.  On  y  trou- 
ve une  foule  d*hifloires  merveil- 
leufes  ,  que  l'auteur  croyoit  & 
qu'il  veut  faire  croire  •,  mais  s'il 
trompe  fon  fiecle ,  il  ne  faut  pas 
attendre  qu'il  puîSê  tromper  le 

nôtre. 


L  O  Y 

nôtre.  Ces  fotti£es  pouvoîem  êtfe 
bonnes  >  il  y  a  cent  ans  j  mais 
elles  ne  valent  plus  rien  aujour- 
d'hui, du  moins  pour  tous  ceux 
qui  ne  font  pas  peuple.  Toute  la 
Bobleffe  vivoit  alors  dans  fes  châ- 
teaux ^  les  foirs  d'hiver  font  longs  : 
on  feroit  mort  d'ennui ,  fans  les 
contes  de  Sorciers  flc  de  Fées.  II. 
£dom  ,  ou  i€s  Colonies  Iduméennes 
en  Europe  &  en  Afie ,  avtc  les  Phé- 
«/««««•,  Paris  1620,  in-8®.  On  re- 
marque dans  cet  ouvrage  une  éru- 
didon  &  une  leéhire  immenfe  , 
mais  point  de  goût ,  point  de  dif- 
cemement  ,  des  idées  bizarres,  & 
un  entêtement  ridicule  pour  les 
étymologies  tirées  de  l'Hébreu 
&.des  autres  langues.  L»  Loyer  pré- 
tendoit  trouver  dans  Homère  le 
village  d*Huillé  ,  lieu  de  fa  naif- 
fance ,  fon  nom  de  Êunille  &  celui 
de  ÙL  province.  Lorfqu'on  lui  re- 
prochoit  de  fe  vanter  de  favoir 
ce  qu'il  ne  pouvoit  pas  connoî- 
tre ,  il  répondoit  que  c'étoU  la  grâce 
MDUu  qui  opérait  ces  effets  mervcil' 
leux.  Lé  bon-homme  ne  favoit  pas 
que  le  premier  effet  de  la  grâce 
doit  être  le  bon  fens ,  &  il  né  l'eut 
jamais.  III.  Des  Œuvres  &  Milati" 
ges  Poétiques ,  Paris,  1579  ,  in-ia. 
Quelque  mauvais  poëte  qu'il  fût  \ 
il  avoit  remporté  le  prix  de  l'E- 
glantine  à  Touloufe.  i'olàtet  dit  du 
bien  de  fes  Idylles  -,  mais  il  fau- 
droit  être  un  bien  mauvais  juge 
en  poéiie  ,  poujr  approuver  le  fa- 
tras d'érudition  que  le  Loyer  a  ré- 
pandu dans  {es  vers,  fuivantlegoût 
de  fon  temps.  Il  fait  l'amoureux 
tranfi;  fur  quoi  fa  fœur  Margue- 
rite lui  adreita  le  quatrain  fuivant  : 
Si  vos  amours  font  du  tout  vraies  , 
Vous  êtes  malheureux  vraiment  ; 
Mais  fi  elles  font  pures  bayes  , 
Qitefert  feindre  tant  de  tourment  ? 

Sa  comédie   de  la  Néphélococu- 
jze  ,  ou  la  Nuée  des  Çocus  eit  fans 


L  O  Y        401 

dîiltnétion  d'aâ:es>  &  femble  faite  ea 
dépit  du  bon  fens.  Quoiqu'il  y  ait 
en  quelques  endroits  de  l'efprit  & 
du  fel ,  dit  Niceron  ,  ce  qu'il  y  a 
de  plus  remarquable ,  font  les  grof- 
£éretés  &  les  ordures. 

I.  LOYSEAU ,  (Charles) avocat 
au  parle^ient  de  Paris  ,  &  habile 
Jurifconfulte  ,  iffu  d'une  famille 
originaire  de  la  Beauce ,  fut  lieute- 
nant-particulier à  Sens  fa  patrie, 
puis  bail'i  de  Châteaudun  ,  &  enfin 
avocat  confultant  à  Paris ,  où  il 
mourut  le  27  Oélobre  1617465 
ans.  On  a  de  lui  pluûeurs  Ouvra- 
ges  eftimés  ,  Lyon,  170 1 ,  in-foU 
Son  Traité  du  Dégu^^rpiffement  paâis 
pour  fon  chef-d'œuvre ,  à  caufe  du 
mélange  judicieux  qu'il  y  a  £iit  du 
droit  Romain  avec  le  nôtre/ 

II.  LOYSEAU  DE  Mauléon  , 
(  Alexandre- Jérôme  )  maître  en  la 
chambre-des-comptes  de  Lorraine  , 
ancien  avocat  au  parlement  de  Pa- 
ris ,  mort  le  19  Oftobre  1771» 
marqua  fa  carrière  au  barreau  ,  dit 
"M.,  de  la  CretelU  ,  par  des  fuocès 
&  des  écarts.  >♦  M.  Loyfeau  de  Mau'- 
>»  léon  vouloit  porter  les  talens 
>i  de  l'homme  de  lettres  dans  les 
y>  travaux  de  l'avocat.  Rien  de 
>♦  nûeux  conçu  que  cette  réunion  » 
»•  fi  naturelle  &  li  fimple ,  qu'elle 
>t  n'auroit  dû  jamais  étonner.  Mais 
tt  il  manquoit  de  ce  qu'il  faut  dans 
>y  ces  deux  caraf^eres  ;  un  efprit 
M  fort  &  étendu ,  &  un  flyle  élo- 
M  quent.  Il  étoit  borné  dans  fes 
»»  connoiflances  &  fes  vues  ,  foi- 
w  ble  dans  fa  logique ,  bel-efprit 
Vf  dans  fa  manière  d'écrire.  Il  fe 
>t  contentoit  de  plaire  dans  les  ou- 
>*  vrages  où  il  faut  éclairer  &  échauf- 
j»  fer  ,  &  où  rien  n'efl  beau  que  ce 
>♦  qui  efl  en  même  temps  folide  & 
>♦  vrai.  Aulîî ,  en  voulant  attacher 
M  dans  les  écrits  du  barreau ,  il  n'a 
»»  guère  fu  qu'y  porter  les  grâces 
>»  frivoles  &  l'afféterie  des  mauvais 
)>  Romans,  Son  genre  3  eu  du  fu&j^ 

Ce 


401         L  U  B 

w  ces  dans  fa  nouveauté  ,  parce 
>♦  qu'il  étoit  foutenu  par  du  bon 
n  efprit  &  du  talent  -,  il  eft  devenu 
n  infuppottable  dans  fes  imitateurs. 
»  Indépendamment  de  ce  que  fes 
w  Mémoires  ont  long-temps  gâté  le 
»t  goût  des  jeunes  avocats ,  ils  ont 
*)  encore  produit  un  grand  mal  , 
»  celui  de  Êûre  croire  à  beaucoup 
»  d'efprits  eitimables ,  mais  qui  ne 
.y>  fe  donnent  pas  la  peine  de  bien 
>t  examiner  la  queftion ,  que  les  ou- 
»  vrages  de  notre  barreau  n'admet- 
»  tent  ni  les  grandes  vues  de  h 
M  philofophie ,  ni  les  grandes  beau- 
>t  tés  de  l'éloquence.  LesdéÊnits 
»  de  cet  écrivain  ne  font  pas  Tu- 
>»  nique  chofe  que  j'aie  à  relever 
.n  en  lui.  Il  a  plufieurs  Mémoires 
M  où  il  eftau-deiTus  de fon genre, 
>*  &  ceux-là  ont  de  la  dignité  &  de 
M  l'intérêt.  Il  s'eftmêmc  élevé  que- 
vf  quefois  à  la  véritable  éloquence , 
^  ^- tout  dans  quelques  morceaux 
9>  de  fon  Mémoire  pour  Us  Calas,  U 
M  eft  mort  jeune ,  &  généralement 
«I  cftimé& regretté.»» 

LOYSEL,  Vo^e^  LoisEL. 

LlJBBERT,  (Sibrand)  ùvant 
éof^eùr  Proteftant  dans  l'univerfi" 
té  d'Heîdelberg ,  né  à  Langoword 
dans  la  Frife  vers  1556  ,  devint 
profefieur  à  Franekcr  ,  où  il  mou- 
rut en  1625 ,  à  69  ans.  On  a  de 
lui  un  grand  nombre  d'ouvrages 
contre  Bellarmln  ,  Gretfer ,  SocUi  * 
Grotltts  y  Armlnlus  ,  &c.  Sealigà  , 
qui  trouvoit  en  lui  un  autre  lui- 
même  ,  du  moins  poi^r  1^  ton  cauf- 
tique ,  le  regardoit  comme  un  fa* 
vant  homme  -,  &  Jacques  I  ,  rot 
d'Angleterre  »  en  faîfoit  cas.  So» 
traité  De  Papa  Romano ,  I594 ,  in» 
8°,*  eft  recherché  des  Proteftans , 
quoique  le  ftyle  en  foit  peu  mo- 
déré. 

LUBIENIETSKI,  (Staniflas)  !«- 
hîenmlus ,  gentilhomme  Polonois  , 
né  à  Cracovie  en  1623 ,  fut  un  des 
foutiens  du  ^cpiamfme,  U  n'ou* 


t  u  B 

blia  rien  auprès  des  princes  d'Ailé^ 
magne  pour  le  faire  autorifer  ou  du 
moins  tolérer  dans  leurs  états  -,  mais 
il  n'y  put  réuffir.  Il  mourut  em- 
poifonné  le  16  Mai  1675 ,  à  52 
ans,  après  avoir  vu  périr  de  même 
deux  de  fes  filles  ,  &  fut  enterré  z 
Altena  ,  malgré  Toppofitidn  des 
minières  Luthériens.  On  a  de  hu: 
I.  Theatrum  Comakum  ,  Amflerdam, 
1668  ,  ^  yol.  in-folio.  On  y  trouve 
l'hiftoire  des  Comètes  ,  depuis  le 
Déluge  jufqu'en  1667.  H.  Une 
Hlflùlre  de  U  Réformadon.  de  Pologne^ 
Freifladt ,  16S5  ,  in-8®.  L'auteur 
n'avoit  pas  mis  la  dernière  main  i 
fon  ouvrage  lorfqu'il  mourut ,  & 
on  s'en  apperçoit  bien  en  le  lifant. 

I.  LUBIN,  (  S.  )  né  à  Poitiers  de 
parens  pauvres ,  devint  abbé  du  mo- 
naftere  de  Brou  ,  puis  évêque  de 
Chara'^en544,  Il  mourut  en  556, 
après  avoir  pafTé  fa  vie  dans  les 
exercices  de  la  pénitence  &  dans  la 
prati(pie  des  vertus. 

II.  LUBIN,  (Eilhard)  net 
'Werfterftede  dans  le  comté  d'Ol- 
denbourg', en  1565 ,  fe  rendit  très-, 
habile  dans  les  langues  Grecque  & 
Latine,  &  fut  poète,  orateur,  ma- 
thématicien &  théologien.  Il  de- 
vint profcffeur  de  poéûeà  Roflock 
en  1595 ,  &  on  lui  donna  une  chaire 
de  théologie  dans  -la  même  ville 
10  ans  après.  Il  mourut  le  2  Juin 
1621 ,  à  56  an$ ,  avec  la  réputation 
d'un  bon  humanifle  &  d'un  mauvais 
théologien.  On  a  de  lui  :  I.  Def 
Notes  fur  Anacréon  ,  Juvénal ,  Perft  » 
Horace,  II.  Antiquamts ,  in- 12  &  in- 
8°  ;  c'efl  ><une  interprétation  afe 
claire  &  afTez  courte  ,  par  ordre 
alphabétique ,  des  mots  vieux  ou 
peu  ufités.  IIL  Un  Traité  fur  la 
nature  &  lorighie  du  mal ,  inti- 
tulé ;  Phofphorus  de  caij'a  prima  ,  ^ 
natura  malî ,  à  Roflock ,  in-8**  & 
in-i2,  1596.  L'auteur  y  foudent 
qu'il  faut  admeto-e  deux  pîmdpes 
coét^nels  -,  favoir  >  Dlm  ,  &  ^^ 


LUB 

Iflâu  ;  î>ieu  ,  en  qualité  éû  bon 
principe  ;  &  le  Néant ,  en  qualité 
<ie  mauvais  principe.  11  prétend 
que  le  mal  n'eil  autre  chofe  que 
la  teùdance  vers  et  néant ,  auquel 
11  applique  tout  ce  ^fi'Artfiou  a  dit 
de  la  matière  première.  Grawerus 
&  d'autres  favans  ont  réfuté  cette 
extravagance.  IV.  Une  Apologie 
du  livre  précédent  ,  intitulée  :  De 
tmfa  peccati ,  Roftock,  1 6o2 ,  in-4**. 
V.  Des  Vers  Latins ,  dans  le  tome  3® 
du  recueil  DellcUe  Po'ètarum  Gcr- 
mcmoTum,..  Voyez  NoNNIUS. 

m.  LUBIN ,  (  Auguftin  )  faraéuji 
religieux  Auguftin ,  naquit  à  Paris 
en  1624.  Il  devint  géographe  du 
roi ,  &ftit  provincial  de  la  province 
de  France  ^  puis  afliftant  général  des 
Auguftins  François  à  Rome.  Il  mou- 
rut dans  le  couvent  des  Augu{lins 
du  Ciubourg  Saint-Germain  à  Paris, 
le  7  Mars  1695 ,  à  72  ans.  L'efprit 
de  retraite  &  l'amour  de  l'étude  > 
lui  donnèrent  le  moyen  d'enrichir 
la  république  des  lettres  de  divers 
ouvrages.  On  a  de  lui  :  I.  Le  Mer- 
cure ^Géographique  ^  ou  le  Guide  des 
Curieux i  in-i2,  Paris,  1678.  Ce  li- 
vre ,  qui  fut  recherché  dans  le  temps, 
ne  peut  guère  fervir  aUjourd*hui. 
II.  Des  Notes  fur  les  lieux  dontilefi 
parU  dans  le  Martyrologe  Romain  , 
1661 ,  Paris  ,  in-4''.  III.  U Fouillé 
des  Abhayes  de  France  ,  in- 12.  IV.  La 
Notice  des  4hbayes  d^Italie  ,  in-4°  , 
'  en  latin.  V.  Orhis  Augufinîanus  ^  ou 
la  Notice  de  toutes  les  Maifons  de 
fon  ordre ,  avec  quantité  de  Cartes 
qu'il  avoir  autrefois  gravées  lui- 
même-,  Paris  >  in*-i2,  1672.  VI. 
Tabula  facrtt  Geognfphica  ,  in-8®  , 
Paris,  1670.  Ceft  un  Dictionnaire 
de  tous  les  lieux  de  la  Bible  ^  qui 
cft  Couvent  joint  avec  la  Bible  con- 
nue fous  le  nom  de  Léonard,  VII. 
Une  tradu6Hon  de  VHlftoire  de  la 
Zaponie\pdx  Scheffer ,  1678 ,  in-4°. 
VIII.  Inix  Geographicus  fivè  In  An" 
nales  UJferiano*  Tabula  &"  ohferva^ 


LUC        40  f 

tîoius^eographiaty  publiées  à  la  tête 
'de  l'édition  dOlJferius,  faite  à  Paris 
en  1673 ,  in-fol.  Tous  ces  ouvrages 
font  des  témoignages  de  l'éruditioii 
du  P.  Lubin,  il  étoit  verTé  dans  1« 
géographie  ancienne  &  moderne ,  & 
dans  l'hiftoire  fecréc  &  profane^ 
Ses  livres  ne  font  pas  écrits  avec 
agrément  «  mais  les  recherches  ea 
font  utiles. 

/.  LUC,  (S.)Êvaûgélifte,.étoit 
d'Antioche,  métropole  de  S)rrie^ 
&  avait  été  médecin.  On  ne  fait  s'il 
étoit  Juif  ou  Païen  de  naifîance.  Il 
fut  compagnon  des  voyages  &  de 
la  prédiCadonde^^P^itt/,  &  com- 
mença à  le  fuivre  l'an  ^  i ,  quand 
cet  Apôtre  pafla  de  Troade  en  Ma* 
cédoine.  On  croit  qu'il  prêcha  l'E- 
vangile dans  la  Dalmatie ,  les  Gau-^ 
les,  l'Italie  &  la  Macédoine,  8ç 
qu'il  mourut  en  Achaïe  -,  mus  oa 
ne  fait  rien  de  certain  ni  fur  letemps^ 
ni  fur  le  lieu  de  fa  mort.  Outre  .foa 
Evangile ,  qu'il  écrivit  fur  les  Mé- 
moires des  Apôtres ,  &dont  le  ca- 
raôere  eft  d'être  plus  hiftorique, 
&  de  rapporter  plus  de  faits  que 
de  préceptes  qui  regardent  la  mo- 
rale ,  on  a  de  lui  les  AfUs  des  Apô^ 
très.  C'eft  l'hiiloire  de  leurs  prin- 
cipales aûions  à  Jérufalem  &  dans  li| 
Judée ,  depuis  TÀfcenfion  de  J.  Cj 
jufqu'à  leur  dtfperfion^  Il  y  rap-^ 
porte  les  voyages,  la  prédication 
oc  les  a£Hons  de  5.  Paul ,  jufqu'à  la 
fin  des  deux  années  que  cet  Apôtre 
demeura  à  Rome.,  ç'dl-à-dire ,  juf^ 
qu'à  l'an  63  de  J.  C.  :  ce  qui  donne 
lieu  de  crwre  que  ce  livre  fut  corn- 
pofé  à  Romei  C'efl  un  tableau  fldelle 
des  merveilleux  accroiffemens  de 
l'Eglife  ,  &  de  l'union  qui  régnoit 
parmi  les  premiers  Chrétiens.  Il 
contient  l'hiftoire  de  30  aas ,  &  S» 
Luc  récrivit  fur  ce  qu'il  avoir  vu 
lui-même.  [  Voy,  Van.  t.  Piéride; 
à  la  fin,  ]  Toute  l'Eglife  l'a  toujours 
reconnu  pour  un  livre  canonise. 
.  H  èft  écrit  en  Grec'aVec  élégance  i 
Ce  ij 


404        LUC 

k  narration  eiî  eft  noble  ,  & 
les  difcours  qu'on  y  trouve  font 
remplis  dune  douce  chaleur.  S,Jé^ 
rSme  dit  que  »»  cet  ouvrage ,  compofé 
»  par  un  homme  qui  étoit  médecin 
»  de  profdTion  ,  eft  un  remède 
>f  pour  une  ame  malade  :  Aaipiét  lask- 
V*  guentls  medlcinam  «(....  S.  Luc  eft 
celui  de  tous  les  auteurs  infpirés, 
du  Nouveau  Teftament,  dont  les 
ouvrages  font  le  mieux  écrits  en 
Grec.  La  manière  dont  il  écrit  Thif- 
toire  de  J.  C.  ,  de  fes  avions  &  de 
fa  doôrine ,  a  ce  caraftere  frappant 
de  vérité ,  ce  ton  de  perfuafion  & 
de  conviaion ,  qui  fubjugue  l'en- 
tendement &  confond  la  phi!ofo- 
phie.  Ce  n*efi  pas  ainfi  qu'on  învenu  , 
dit  J.  J.  Rouffeau.  On  penfe  que 
c  eftrEvan^le  de  5.  Luc  que  5.  Paul 
appelle  fort  EvangiU  ,  dans  l'Epître 
4IUX  Romains.  L'Eglife  célèbre  la 
fttedecetEvangélifte  le  i8  Oûo- 
bre,  5.  Jérôme  prétend  qu'U  demeura 
dans  le  céUbat ,  &  qu'il  vécut  juf- 
qu'à  84  ans.  Dans  les  tableaux  où 
5.  Luc  eft  repréfenté,  on  voit  à 
côté  de  lui  un  Sauf  y  l'un  des  quatre 
animaux  emblématiques  de  la  vifion 
d*ElJchUly  pirce  qu'il  s'eft  attaché 
à  parler  du  faccrdoce  de  J.  C. ,  & 
que  le  Bœuf  étoit  le  plus  fouvent 
immolé  dans  les  facrifices  de  l'an- 
cienne loi. 

•  //.  LUC,  (Geoffroidu)  gentiP 
homme  Provençal ,  favant  en  grec 
&  en  latin,  mort  i'an  1340»  éta- 
blit une  efpece  d'académie ,  où  les 
beaux-efprits  de  la  province  s'en- 
tretenoient  fur  les  belles-lettres  & 
médifoient  des  femmes.  Da  Luc  étoit 
vivement  irrité  contre  elles ,  depuis 
que  Flandrîne  de  FUJfans ,  fon  élevé 
fn  poéfie  &  la  maîtreiTe  de  fon  cœur, 
avoitdédaigné  fon  amour.  Cepoëte 
laifla  quelques  ouvrages  en  vers 
.  provençale. 

LUC ,  Voy.  Lucas  ,  n«  II 6-  IIL 
LUC,  (Saint-)  Voy,Y.svivAY. 
\  LUCA,  CJ»a-Baptifte)-i^-; 


vant  cardinal  »  natif  de  Ves^xaà 
dans  la  Bafilicate,  mort  en  16S3, 
à  66  ans ,  s'éleva  à  la  pourpre  par 
fon  mérite  ;  car  il  étoit  d'une  naif- 
fance  très-obfcure.  On  lui  doit:  L 
Des  Notu  iûr  le  concile  de  Trente. 
II.  Une  Relation  curieufe  de  la  dm 
de  Rome,  1680»  in-4^  III.  Une 
compilation  étendue  fur  le  Droit 
Eccléûaftique ,  en  11  vol.  in-folio. 
Elle  eil  intitulée  :  Theatntm  jufiùa 
&  veruatîs,  La  mdlleure  édition  eft 
celle  de  Rome. 

IL  LUCA,   Toy.  SiGNORELlI. 

LUCAIN,  (Marau  Amueus  Lu- 
CANUs)  naquit  à  Cordoue  en  Efpa- 
gne ,  vers  Tan  39*  de  J.  C ,  SAmm 
Mêla  ,  frère  de  Sénequc  le  philofo- 
phe.  U  vint  à  Rome  de  bonne  heure, 
6cs*y  fit  connoitrepar  fes  déclama- 
tions en  grec  &  en  latin.  Néron  ^ 
charmé  de  fon  génie ,  &  plus  en- 
core des  baiTes  flatteries  qu'il  lui 
prodigua  à  la  tète  de  fk  PharfaU , 
le  fit  élever  avant  l'âge  aux  char- 
ges d'augure  &  de  quefleur.  Cet 
empereur  vouloit  avoir  fut  le 
ParnaiTe,  le  même  rang  qu'il  occu- 
poit  dans  le  monde  *,  Ijicain  eut 
la  noble  imprudence  de  difputer 
avec  lui  le  prix  de  la  poéfie»  &le 
dangereux  honneur  de  le  rempor- 
ter. t.t&  fujets  qu'ils  traiterem  Tun 
&  l'autre,  étoient  Orphée &lMé, 
Lucaîn  s'exerça  fur  le  premier ,  & 
Néron  fur  le  fécond.  Cet  empereur 
eut  la  douleur  de  voir  fon  rival 
couronné  fur  le  théâtre  de  Pompée, 
Il  chercha  toutes  les  occaûons  de 
mortifier  le  vainqueur ,  en  atten- 
dant celle  de  le  perdre.  EUefeprc- 
fenta  bientôt.  Lucaln,  irrité  contre 
fon  perfécuteur ,  entra  dans  la  con- 
juration de  Pî/on  ,  &  fitt  condamné 
à  mort.  Toute  la  grâce  que  lui  & 
le  tyran ,  fut  de  lui  donner  le  choix 
du  fupplice.  II  fe  fît  ouvrir  les  vei- 
nes dans  un  bain  chaud ,  &  pro- 
nonça ,  dans  fes  derniers  momeos, 
les  vers  qu'il  avoit  ^ts  fyr  m  &H 


LUC 

iat  fui  étoit  mort  de  la  forte.  Il  ex* 
pîra  Van  65  de  J.  C  ,  avec  la  fer- 
meté d'un  philofophe.  Sts  eiuiemis 
prétendirent  que,  poiur  échapper 
ai  ûipplice ,  Û  chargea  fa  mère  & 
rejeta  îur  elle  tous  les  complots. 
n  efl  difficile  de  concilier  cette  lâ- 
cheté ,  avec  les  fentimens  élevés 
^e  fes  ouvrages  refpirent.*De  tous 
ceux  qu'il  avoit  compofés  »  il  tie 
nous  refte  que  fa  Psamsale  ^ouIa 
Guerre  de  Cefar  &  de  Pompée.  Lucaîn 
n'a  ofe  s*écarter  de  l'hiîftoire  dans, 
ce  Poëme  ,  &  par-là  il  l'a  rendu 
fec  &  aride.  En  vain  veut-il  fuppléer 
au  défaut  d'invention ,  par  la  gran- 
deur des  (éntimens  ;  il  eft  pràque 
toujours  tombé  dans  l'enflure  >  dans 
le  &UX  fublime  &  dans  le  gigantef- 
que.  Cc/ar  &  Pompé*  y  font  quel- 
quefois petits  à  force  d'être  grands, 
(Voy,  l'article  Pétrone  ,  n*  IL  ] 
Le  poëte  Efpagnol  n'emploie  ni  la 
poâîe  brillante  à! Homère ,  ni  l'har- 
monie de  Virgile.  Mais  s'il  n'a  pas 
imité  les  beautés  du  poëte  Grec  & 
du  Latin  >  il  a  au(E  des  traits  qu'on 
chercheroit  vainement  dans  \  Iliade 
Zl  dans  V Enéide,  Au  milieu  de  fes 
déclamations  ampoulées  ,  il  of&e 
despenfées  mâles  &  hardies,  de  ces 
maximes  politiques  dont  Corneille 
éft  rempli.  Quelques-uns  de  ciss  dif- 
cours  ont  la  majeflé  de  ceux  de 
TîU'Llve  &  la  force  de  Tacîu  ;  il 
peint  comme  SaUt^U  :  une  feule 
ligne  eÛ  un  tableau.  Mais ,  lorfqu'il 
narre  ,  il  eft  bien  moins  heureux  -, 
ce  n'efl  prefque  plus  qu'un  gazeder 
bourfoufflé.  La  première  édition  de 
Lucaln  efl  de  Rome,  1469 ,  in -fol,  ; 
l'édition  cum  notis  Varîorttm  ,  eil  de 
Leyde,  1669  ,in-8^:  celledeLeyde, 
1728 ,  en  2  volumes  in- 4** ,  efl  plus 
eftimée  que  celle  de  1740*,  mais 
toutes  le  cèdent  à  l'édition  de  Straw 
htrry ,  Hill ,  1760 ,  in-4° ,  gr.  pap. 
Il  y  en  a  une  jolie  édition  de  Paris , 
Bttrhou ,  1768  ,  in  -  12.  Bréheuf  a 
traduit  la  PharfaU  en  vers  françois , 


LUC        40Ç 

h  il  ne  falloit  pas  moins  que  l'ima- 
gination vive  &  fougueufe  de  ce 
poëte,  pour  rendre  les  beautés  & 
les  défauts  de  l'original.  M'^  Af^r- 
montd  &  Maffon  en  ont  donné  plus 
récemment  deux  verûons  en  profe  « 
l'une  en  1768  ,  2  vol.  in-8^  ;  ft: 
Tautte  en  1766  ,  2  vol.  in-i2.  Le 
chevalier  de  Laurès  a  publié  une  imi- 
tation de  Laicain  en  vers  françois  ^ 
in-8^.  M,  de  la  Harpe  a  aufli  mis 
en  vers ,  les  meilleurs  morceaux  de 
fon  Poëme. 

LUCANUS  OCELLUS  »  Voyc^ 

OCELLUS. 

LUCAJR.  ^oy.CïRiiLELucA». 

LUCAS,  VoyciLuco. 

I.  LUCAS  SE  Leïoe,  peintre  & 
graveiu-,  né  en  1494,  apporta  en 
aaifTant  un  goût  décidé  pour  la  pein- 
ture ,  &  il  le  perfeâionna  par  une 
grande  application.  A  douze  ans  il 
fît  un  tableau  eflimé  des  connoif- 
feurs.  Il  aimoit  les  plaifirs  &  la  ma- 
gnificence ^  mais  cetamour  nel.ui  fit 
jamais  perdre  un  moment  du  temps 
deiliné  à  fon  travail.  Ses  talens  lui 
acquirent  l'efUme  de  plufieurs  célè- 
bres artifles  ,  &  particulièrement 
^Albert  Durer  y  qui  vint  exprès  en 
Hollande  pour  le  voir.  S'étant  ima- 
giné ,  au  retour  d'un  voyage  de 
Flandres  ,  qu'on  l'avoit  empoifon- 
né  ,  il  paâa  fes  fix  dernières  an- 
nées dans  un  état  languifTant ,  & 
prefque  toujours  couché.  Il  neceilâ 
pas  pour  cela  de  peindre  &  de  gra- 
Ver  :  Je  veux ,  diôait-il ,  que  mon  lit 
me  foît  un  lit  d'honneur.  Il  mourut 
en  1533,  à  39  ans.  Ses  figures  ont 
beaucoi^  d'exprefBon ,  fes  attitu- 
de font  naturelles ,  &  il  y  a  un 
bon  ton  dans  le  choix  de  fes  cou- 
leurs *,  mais  il  n'a  pas  jeté  afTez  ds 
variété  dans  fes  têtes  ;  fes  draperies 
ne  font  pas  bien  entendues  ,  foa 
deflin  efl  incorreâ ,  &  fon  pinceau 
n*efl  pas  aiTez  moelleux. 
•  IL  LUCAS  ri/D2î-Br5i5 ,  ou  Luq 
éU  Tuy ,  écrivain  du  tr«ziemefiecl«i, 

C  ç  iij 


4o6        LUC 

ainfi  nommé ,  parce  qu'il  étoît  dia- 
cre ,  puis  évêque  de  Tuy  en  Ga- 
lice ,  fit  divers  voyages  en  Orient 
&  ailleurs  ,  pour  s'informer  de  la 
religion  &  dés  cérémonies  des  dif- 
férentes nations.  Il  compofa  à  fon 
retour  :  I.  Un  excellent  Ouvrage 
contre  Us  Alhîgtois ,  imprimé  à  In- 
golftadt  en  j6ii ,  qui  fe  trouve 
dans  la  BiWiotheque  des  Pères.  IL  ^ 
Une  Hiflotrc  ^Efpapu^  depuis  A(Um' 
|ufqu'en  1236.  III.  La  vie  de  S, 
Jfidorc  de  Seville  ,  compofée  Tan 
1236 ,  inférée  dans  Mabillon ,  Sac, 
jt.  Baitcd,  Il  feroit  à  fouhaiter  que 
l'auteur  y  eût  été  auffi  exaÔ  &  auffi 
judicieux  qu'il  Teft  dans  fes  livres 
contre  les  Albigeois. 

III.  LUCAS  Brugensis  ,  (Fran- 
^ois)ou  Luc  de  BrugUyAo6tearàe  Lou- 
vain,  &  doyen  de  l'églife  de  Saint- 
Omer  ,  mourut  en  1619 ,  à  67  s*^* 
11  poiFédoit  les  langues  grecque  , 
hébraïque  ,  fyriaque  &  chaldaïque. 
On  a  de  lui  :  I.  i®  L'Itinéraire  de 
J.  C  tiré  des  quatre  Evangéliftes. 
3**    Commentaire  fur  les  Evan^les  y 
dont  R.  Simon  loue  le  defTein  & 
la  méthode.  3°    Ufage  de  la  Para-^ 
fhrafe  Chaldaïque  de  la  Blhle^   4^  Re^ 
marques  fur   les  correlUons    les  plus 
notables  des  Bibles  latines,  y^  Notes 
critiques  fur  les  Exemplaires  des  Bibles 
iatines  &  les  Variantes,   6°...  Sur  les 
Variantes  des  Evangiles\y  tantdu  texte 
grec  que  du  latîn.  Tous  ces  ouvra- 
ges imprimés  plufieurs  fois  fépâré-' 
mène,  ont  été  recueillis  avec  ordre  » 
ÂLeyde,  17 12,  5  volumes in-fol, 
II.   Des  Concordances  de  la  Bible  ^ 
félon  la  vnlgate  de  Sixte  V.  ffuben 
Phalefius  ,  Bénédiain  de  Tabbaye 
lA'Aflingen  dans  le  Brabant,  mort 
l'an  16 3S,  en  donna  une  édition 
plus  ample  &  plus  corre^e ,  à  An- 
vers ,  Tan  1642 ,  in-fol.  Hugues  de 
$alnt^Cher  eft  l'inventeur  de  cet  où-i 
■vrage  i5  utile  pour  trouver  fans  peinç 
tel  paÛ3ge  de  l'Ecriture  que  l'on 
(Touh^e.   l\X  InJiwHiQns  pour  Iv 


LUC 

Confej[eurs.  IV.  If  es  Sermons  &  Ord- 
fans  funéres  de  t^ois  évêques  de 
Saint-Omer,  Anvers ,  inr-S**. 

IV.  LUCAS, (Paul)néàRoucn 
en  1664 ,  d'un  mardiand  de  cette 
ville ,  eut  dès  fa  jeuncffe  ime  incli- 
nation extrême  pour  les  voyages , 
&  dès  qu'il  pÛT ,  il  la  fatisfît.  Ilpar^ 
courut  piuiieurs  fois  le  Levant» 
l'Egypte  ,  la  Turquie  &  différent 
antres  peys.  Il  en  rapporta  un  grand 
npmbre  de  médailles  &  d'autres 
curioiités  pour  le  cabinet  du  roi, 
qui  le  nomma  fon  antiquaire  en 
1714  ;  &  lui  ordonna  d'écrire  l'Hif- 
toire  de  fes  voyages.  Lotis  ICVXt 
fit  partir  de  nouveau  pour  le  Le- 
vant en  1723.  Lucas  revint  avec 
une  abondante  moiiTon  de  chofes 
rares,  parmi  lefquelles  on  diftin- 
gua  ^0  Manufcrits  pour  la  bibliothè- 
que du  roi,  &  1  médailles  dortch- 
curieufes.  Sa  paflion  pour  les  voya- 
ges s'étant  réveillée  en  1736  ,  il 
partit  pour  l'£Q>agne»  fie  mourut  s 
Madrid  l'année  fuivante ,  12  Mai 
^737»  ^  73  'ï^^i  après  huit  mois 
de  maladie.  Les  Relations  de  ce 
célèbre  voyageur  font  en  7  voL 
Son  premier  Voyage ,  en  1699 ,  Paris, 
1714,  eft  en  2  tom.  in-12,  qui  ft 
relienten  un.  Son /«comi  Voyagt  ea 
1704,  parut  à  Paris,  1712,2  vol. 
in-i2.  Sontroifieme  Voyage  ,  faites 
1714,  fut  publié  à  Rouen ,  1724 , 
en  3  vol.  in-12*  On  afTure  que  ces 
Voyages  ont  été  mis  en  or<be  pv 
différentes  perfonnes  :  le  premiers 
par  Baudelot  de  Dairval  y  le  fécond  a 
par  Fourmont  l'aîné ,  &  le  troifieme, 
par  l'abbé  Sanier.  Ils  font  paf&ble- 
ment  écrits  &  àfTez  amufans.  L'au- 
teur ne  dit  pas  toujours  la  vérité  :  il 
fe  vante  d'avoir  vu  le  àémonjifmodée 
dans  la  haute  Egypte  -,  mais  on  lui 
pafle  ces  contes  en  fiaveur  des  inflnh 
étions  qu'il  nous  donne  fur  ce  pays. 
V.  LUCAS,  (Richard)  théolo* 
gten  Anglois  &  do6^eur  d'Oxford» 
aé  ca  Ecoffe  «  mourut  ea  i72$i 


LUC 

tgé  de  76  ans.  On  a  de  lui  des 

Sermons  -,  une  Morale  fur  l'Evangile  ; 
des  Penfces  Chràienrus -,  le  Gtddcdu 
Cuuxy  &  d'autres  ouvrages  en  an- 
glois,  dans  lefquels  on  a  remarqué 
beaucoup  de  foÛdité. 
LUCE,  (le Pape)  Voy.Lvcivs. 

I.  LUCEN A ,  (  Jean  de  )  né  4an$ 
le  Pomigal ,  Jcfuite  l'an  1565,  mort 
en  1600 ,  à  35  ans  ^  fe  rendit  célè- 
bre par  fes  Sermons.  Il  a  laiffé  l'Hi/' 
toire  des  Mijfions  de  ceux  de  TaSociété 
dans  les  Indes ,  avec  la  VU  de  S, 
Françols-Xancr,  Cet  ouvrage  a  été 
traduit  du  portugais  en  latm  &  en 
cfpagnol. 

II.  LUCENA,  (Louis  de)  né  à 
Guadalaxara  dans  là  Nouvelle  Caf- 
tille  ,  do£^eur  en  médecine ,  florii^ 
foit  dans  le  xvi^  fiecle.  Il  employa 
pluâeurs  années  à  £ûre  de  longs 
Xoyages  pour  étudier  la  ijature. 
Après  diverfes  coiufes ,  il  fe  rendit 
à  Touloufe  y  où  il  exerça  la  mé- 
decine. Ce  fut  certainement  dans 
cette  ville  qu'il  écrivit  fon  traité 
De  tuaidâ  ,  praferûm  à  peJU  ,  inugr4 
valuudlne ,  d&quc  hujut  morhl  rcmedus  \ 
&  il  y  fut  imprimé  en  1 5  23  ,  in-4/*. 
L'auteur  mourut  à  Rome  en  1^52. 

LUCIDUS  ,  (Jean)  furnommé 
Sitnotheus  ou  Samofathenus  ,  fe  dif> 
tingua  dans  le  xv  ^  ûecle  par  fes  pro- 
grès dans  les  mathématiques.  On  a 
de  lui  plufieurs  ouvrages  de  chro- 
nologie en  latin  :  I.  De  emendatîcne 
TcmpoTum,  II.  EpUome  emendationU 
KaUndarii  Rom.,  ni  ^  &C« 

LUCIE 01* LUCE,  (Ste)\'ierge 
célèbre  dans  Ihiftoire  de  l'églSe 
de  Sicile  ,  fouf&it  le  martyre  à 
Syracufe  ,  WQXS  l'an  304.  6lgeben 
de  Gemhlowrs  dit  que  l'empereur 
Othon  l  fit  porter  fon  corps  à  Metz  ^ 
où  il  eil  honoré  dans  l'églife  de 
Saint- Vincent.  Les  {avans  ne  font 
pas  fort  difpofés  à  reconnoîtte  les 
aûes  de  cette  Sainte  pour  authen- 
tiques ,  quoiqu'ils  foient  anciens  , 
piufque  «S,  Mhcimi  qui  vivoit  dan$ 


LUC         407 

le  VII*  fiecle ,  les  a  cités,  [  Voye^. 
les  Acla  fincera  S,  Lticia  V,  Af,. 
Palerme ,  166 1 ,  in-4**  -,  ouvrage  de. 
Tûuromenitanl  y  chanoine  de 'Paler- 
me. ]  Ce  qu'il  y  a  devrai ,  c'eft que 
le  culte  de  Ste  Lucie ,  l'idée  géné- 
rale de  fa  foi  &  de  fes  vertus  ont 
des  fondemens  très-foUdes  *,  puifque 
fon  nom  fe  trouve  dans  le  canon  dç 
la  meâe  ,  pièce  de  la  plus  haute 
antiquité ,  avec  ceux  des  Saints  les 
plus  illufires  des  premiers  fiedes. 

L  LUCIEN  »  né  à  Samofate» 
fous  l'empire  de  Trajan ,  d'un  père 
de  condition  médiocre  ,  fut  mis 
entre  les  mains  d'un  de  fes  oncles  » 
habile  fculpteur.  11  eut  cela  de 
commun  avec  Soçrate,  Le  jeune 
homme  ne  fentant  aucune  incli- 
nation pour  l'art  de  fon  parent» 
cafïa  la  première  pierre  qu'on  lui 
mit  entre  les  mains.  Dégoûté  de 
la  fculpture  »  il  eut  un  fonge» 
dans  lequel  il  crut  voir  la  Litté- 
rature qui  l'appeloit  à  elle ,  &  l'at^ 
rachoit  à  fon  premier  métier.  »  Je 
»♦  t'apprendrai  (  lui  dit-elle  )  tout 
>♦  ce  que  l'Univers  a  de  plus  beau 
>*  &  de  plus  rare  ,  &  l'antiquité 
»»  de  remarquable.  J'ornerai  ton 
y  ame  des  vertus  les  plus  elHma- 
>*  blés  :  la  modefHe^la  juitice,  la 
»  piété ,  la  douceiu: ,  l'équité ,  la 
»  prudence ,  la  patience  &  l'amour 
»  de  l'honnête  *,  car  ce  font  là  les 
»♦  véritables  ornemens  de  l'ame..* 
>t  Je  ferai  marcher  la  Renommée 
»♦  devant  toi.  Par-tout  on  viendra 
>»  te  confulter  comme  un  oracle  î 
>♦  tu  feras  refpeûé  de  tout  le 
»  monde..  Je  te  donnerai  même 
»v  l'invnortalité  tant  vantée  «  &  te 
>i  ferai  vivre  à  jamais  dans  la  mé- 
»»  moire  des  hommes.  Confiderece 
»  qu*£/*cÂi«^&  Démojlhenesy  l'admi- 
>♦  ration  de  tous  les  fiecles ,  font 
vt  devenus  par  mon  moyen.  Socrau  ^ 
»»  qui  avoit  fuivi  d'abord  la  Sculp- 
v>  ture  ma  rivale  ,  ne  m*eut  pas 
n  plutôt  connue ,  qu'il  l'abandoiumL 

Ce  iv 


\ 


408     tue 

H  pour  moi.  A-t-il  eu  fu]et  de  s*cn 
>♦  repentir  ?  Quineras-tu  tant  d'hon- 
«  neurs,  de  richeffes  ,  de  crédit, 
♦♦  poiur  fuivre  une  pauvre   incon- 
>»  nue,  qui,  le  marteau  &  le  cifeau 
»*  à  la  main ,  n'a  que  ces  vils  inf- 
»  trumens  à  l'offrir  ?  qui  eft  con- 
»♦  trainte  de  travailler  de  {es  mains 
>»  pour  vivre ,  &  de  fonger  plutôt 
y%  à  polir  un  marbre  qu'à  fe  polir 
I»  foi-même  ?  »»  ...  Luden  déterminé 
par  ce  fonge  à  fe   livrer  entière- 
ment aux  belles-lettres  ,  embrafla 
d'abord  la  profeffion  d'avocat  ;  mais, 
auffi  peu  propre  à  la  chicane  qu'à 
la  fculpture,  il   fe   confacra  à  la 
philofophie  6f  à  l'éldquence.  11  les 
^  profefTa  à  Antioche ,  dans  Plonie , 
dans  la  Grèce,  dans  les  Gaules  & 
l'Italie.  Athènes  fut  lé  théâtre  où 
il  brilla  le  plus  long-temps.  Alors 
la  rhétorique  étoit  un  art  très-lu- 
cratif. On  croyoit  pouvoir  appren- 
dre l'éloquence  comme    la  danfe 
&  la  mufique.  Marc-AureU  ,  inftruit 
du  mérite  de  Luc'tin  ,   le   nomma 
greffier   du  préfet   d'Egypte.    On 
croit  qu'il  mourut  fous  l'empereur 
Commode ,  dans  un  âge  fort  avancé. 
Quelques  écrivains  ont  pcnfé  qu'il , 
avoit  été  Clirétien  -,  mais  le  Dia- 
logue intitulé  Philopatns,  fur  lequel 
ils  fondent  fon   prétendu  chriftia- 
nifme,  cft  l'ouvrage   de  quelque 
Païen  plus   ancien,  qui  avoit  vu 
5.  Paul  :  avantage  que  LucUn ,  pé 
fous  Trajan^  ne  peut  avoir  eu... 
Nous  avons  de  lui  divers  écrits, 
dont   le  %le   eft  naturel  ,    vif, 
plein  d'efprit  &  d'agrément  -,  il  fait 
éprouver  ces   fenfations  vives    & 
.agréables,  que  produifent  la  {im- 
plicite fine  &  l'enjouement  naïf  de 
la    plaifanterie  attique.   LucUn  eft^ 
principalement  connu  par  fes  Dia" 
lopus  des  Morts,  Il  y    peint    avec 
autant  de  fànelTe  que  d'agrément, 
les  travers ,  les  ridicules  &  la  fotte 
vanité  de  l'efpece  humaine.  Il  ridi- 
culife  fur-tout  le  âfte  des  philofo- 


,     L  U  C 

phes  «  qui  afFe£^ent  de  mépnfer  b 
mort  en  fouhaitant  la  vie.  Quoi- 
qu'il ÊifTe   parler  une  infinité  de 
perfonnages ,   d'âges ,  de  fex©  & 
d'états   diiférens ,   il   conferve   à 
chacun  fon  caraâere,  &  fes  Dia-^ 
hfftes   font   très-dramatiques.   Ses 
ouvrages  font  le   tableau  le  plus 
vrai  des  hommes  de  fon  iiecle, 
&  même  de  ceux  du  nôtre.  On 
conclut  après   l'avoir  lu ,  que  de 
tout  temps  l'efpece  humaine  a  été 
à-pcu-près  la  même,  &  qu'un  por 
trait  du  monde ,  tracé  depuis  dix- 
feptfiecles,  eft,  à  quelques  petites 
différences .  près ,  celui  du  monde 
aâuel.  Lucien ,  quoique  peintre  ha- 
bile &  intéreilant,  n'cft  pas  fans 
défauts.  Quelquefois  fa  pl^anterie 
eft  trop  marquée  ;   fon   flyle  eft 
difïiis,  il  fe  répète  fouvent.  Lorf- 
qu'il  a  rencontré   une  idée  hev- 
reufe,  il  ne  la  quitte  que  lorfqu'il 
Ta  refTaftee  de  toutes  les  manières. 
jRo/^Jui  reproche,  avec  raifon, 
de  bleffer  la  pudeur  dans  fes  ou- 
vrages ,  &  d'y  faire  paroître  une 
irréligion   trop  marquée.    Il   fut 
le  VoUairt  des   Grecs  ,    &  pour 
la  hardieffe ,  &  pour  le  tour  d'ef- 
prit. Luden  fe  moque  également  des 
vérités  de  la  religion   Chrédenn^ 
''Se  des  fuperflitions  du  Fi^anifine. 
Il  faut  avouer  cependant  qu'il  n'a 
jamais  combattu  Texiftencè  de  Dieu 
dans  fes  écrits ,  &  qu'il  y  donne 
quelquefois  de  bonnes   leçons  de 
morale.   Les  fujets  qui  foumiffent 
le  plus  à  fes  réflexions  &  à  fes 
plaifanteries ,  font  les  prétendons 
de  ITiypocrifie  ;  la  faufTe  modeftie 
&  la  vaine  fagefte  des  Sophifbs; 
l'inudlité  du  pouvoir ,  des  honneurs 
&  des  richeffes  pour  rendre  heu- 
reux. Je  fuis ,  dit-il  lui-même ,  Pot- 
neml   déclaré  de  torpteîl  &  de  Paa- 
pojbm ,  de  U  faujfeté^  de  ^oflattaûon\ 
&   Paml  de  la  vérité  ^  de  Phomuàr, 
de  la  honte  ^  de  U  fimp&dté^  de  tout 
ce   qid  tfi  iùmabU  Cr  boH„,»  Suidas 


LUC 

Retend  qu'il  mourut  déchiré  par 
les  chiens ,  en  punition  de  ce  qu'il 
avoit  plaifanté  fur  Jefus-Chrift  -,  mais 
cette  fable  eft  réfutée  par  le  filence 
de  tous  les  auteurs  contemporains.  \ 
/>'-<<Wtfncottrt  a  traduit  toiis  les  ou- 
vrages de  Lucien ,  à  Amflerdam ,  2 
vol.  ÎB-S** ,  1709  -,  mais  quiconque 
ne  les  connoit  que  par  cette  ver- 
iion  lâche,  infidelle  &  tronquée , 
ne"  peut  en  avoir  qu'une  très-faufle 
idée.  Un  homme  de  lettres  connu, 
(  M.  Majfuu  )  en  a  donné  une  nou- 
velle, Paris,  1781,6  vol.  in-12, 
plus  cxzùt  &  plus  élégante.  Les 
meilleures  éditions  des  ouvrages  de 
Luciea  font  :  Celle  de  Paris ,  in-fbl. 
161  ç  ,  en  grec  &  en  latin,  par 
Bourdelot-,  d'Amfterdam ,  1687,  1 
vol.  in-8°  ;  cum  nous  Variorum ,  de 
la  même  ville,  1743  -,  3  vol.in-4®, 
auxquels  il  Êiut  joindre  un  Index , 
Utrecht ,  1746 ,  in^**. 

n.  LUQEN ,  (  S.  )  prêtre  d'An- 
tioche  &  martyr  ,  avoit  d'abord 
évité  la  fureur  de  la  perfécunon 
de  DiocUtien  ;  mais  ayant  été  dé- 
noncé par  un  prêtre  Sabellien ,  il 
fut  conduit  devant  Maxlmîm  Galère, 
Au  lieu  de  blafphémer  la  religion 
Chrétienne ,  comme  on  vouloit  le 
lui  perfuader ,  il  compofa  pour  fa 
défenfe  une  Apolo^e  éloquente.Af<(Mrt- 
'  mien  le  fit  tourmenter  de  plufieurs 
manières  -,  mais  n'ayant  pu  ébranler 
fa  foi ,  il  le  fit  jeter  dans  la  mer 
avec  une  pierre  au  cou,  en  311. 
L'illuilre  martyr  emporta  au  tom- 
beau une  grande  réputation  de  fa- 
voir  &  de  fainteté.  Il  avoit  ouvert 
à  Aiitioche  une  école  pour  déve- 
lopper les  principes  de  la  religion  & 
pour  aplanir  les  difficultés  de  l'E- 
criture. Il  ne  nous  reile  aucun  des 
ouvrages  qu'il  avoit  compofés.  5. 
■Jérâme  dit  qu'il  avoit  revu  avec 
l)eaucoup  de  foin  la  Veriîon  des 
Septante»  Toutes  les  EgKfes  qui 
•  étoient  entre  Antioche  &  Conf- 
«ncinople^  fe  fervoient  de  &tte 


LUC         405^ 

verfîon.  On  l'accufa  d'avoir  eu  du 
penichant  pour  l'ArianiCne.  Il  eft 
certain  que  l'es  principaux  che&  des 
Ariens  avoient  été  difciples  du  faint 
martyr  ;  mais  ils  s'éloignèrent  des 
vérités  que  leur  maître  leur  avoit 
cnfeignées ,  &  fe  fervirent  de  foil 
nom  pour  répandre  leurs  erreurs* 
$,  Athanafe  l'a  juflifié  de  façon  à 
diffiper  tous  les  nuages  répandus 
fur  fa  foi.  S.  Lucien  avoit  ététrès- 
lié  avec  Paul  ^Je  Samofau  -,  mais 
on  peut ,  fuivant  TiUemont ,  excufer 
l'attachement  qu'il  eut  pour  cet 
hérétique,  »♦  5.  Lucim ,  dit-il ,  étoit 
»♦  du  même  pays  que  Paul  de  Samo^ 
y  /ace.  Il  pouvoit  avoir  encore  avec 
v*  lui  d'autres  lialfons  ;  avoir  même 
>♦  été  élevé  par  lui  au  facerdoce. 
>»  Ainii ,  il  ne  fera  point  étonnant 
»f  qu'il  ne  fe  foit  point  aifément 
>♦  convaincu  des  fautes  &  des  cr- 
n  reurs  d'un  homme  qu'il  honoroit 
»♦  comme  fon  père  &  comme  fon 
n  évêque ,  &  qui  coirvroit  fi  bien 
»♦  fes  erreurs ,  qu'on  eut  de  la  peine 
»  à  l'en  convaincre.  Que  s'il  y  en 
»  a  qui  cenfurent  trop  durement 
n  les  £iutes  que  le  refpeÛ  &  l'ami- 
n  tié  font  faire  ,  au  lieu  d'en  avoir 
>»  de  la  compafiion  ;  ils  en  font 
♦♦  peut-être  luie  plus  grande,  en 
»»  oubliant  qu'ils  font  hommes  & 
»t  capables  de  tomber  comme  les 
}i  autres  y».  Il  y  a  eu  deux  autres 
LvciEvs,  l'un  martyrifé  fous  Dece, 
&  l'autre  premier  évêque  de  l'Eglife 
de  Beauvais. 

I.  LUCIFER ,  c'eil-à-dire ,  Por««- 
Lumidre^  fils  de  Jupiter  &  de  P Au- 
rore y  fdon  les  poëtes ,  eft ,  fuivant 
les  aftronomes ,  la  planète  brillante 
de  Vénus,  Lorfqu'elle  paroît  le  ma- 
tin, elle  fe  nomme  Lucifer-^  mais 
on  l'appelle  Hefperus ,  c  eft-à-dirc , 
P Etoile  du  foir ,  lorfqu'on  la  Voit 
nprès  le  coudier  du  Soleil.  JJfct- 
FiR ,  dans  l'Ecriture-fainte ,  eft  It 
nom  du  premier  Ange  rebelle ,  pré- 
cipité du   ciel  aux   enfers,    f^cy^ 


410        LUC 

Michel  »  n**  i.  d»  Ophionée. 
U.  LUCIFER  ,  Êimeux  évêqud 
de  Cagliari ,  métropole  de  la  Sar- 
daigne  ,   foudnt  la  cauie   de  5. 
Athanafe  avec  tant  de  véhémence 
&  d'intrépidité,  au  concile  de  Milan, 
en  354,  que  l'empereur  Confiance  ^ 
irrité  de  fon  zèle  ,  l'exila.  Son  es- 
prit fougueux  &  inquiet,  excitant 
des  querelles  dans  tous  les  endroits 
.où  on  l'envoyoit,  on  6it  obl^é 
de  changer,  quatre  fois  le  lieu  de 
fon  exil.  Xuctyêr^  rappelé  fous /W!^ 
en  361,  alla  à  Antioche,  y  trouva 
l'E^ife  divifée ,  &  ne  fit  qu'ai^men- 
ter  le  fchifine  en  ordonnant  Paulin* 
Cette  ordination  déplut  à  Eufehc  de 
Vcrceil,  que  le  concile  d'Alexan- 
drie avoit  envoyé  pour  terminer 
cette  querelle.  Lucîfir ,  inflexible 
dans  Tes  fentimens ,  fe  iepara  de  ià 
communion ,  &  fe  retira  en  Sardai- 
gne ,  où  il  mourut  dans  le  fchiTme, 
en  370.  U  nous  refte  de  lui  r  Livres 
très  -  véhémens  contre  l'empereur 
Confiance ,  &  d'autres  Ouvrages  im- 
primés à  Paris  en  x  5  68,  par  les  foins 
de  du  TUia  évêque  de  Meaux.  Ses 
difciples  furent  appelés  LuclférUns^ 
&  continuèrent  le  fchiûne.    Peu 
d'évêques  embraflerent  ce  parti; 
mais  on  y  comptoit  beaucoup  de 
prêtres  &  de  diacres ,  qui  fe  fu-ent 
de  nombreux  feâateurs  à  Rome , 
en  Orient ,  en  Egypte  ,  en  Afri- 
que, &  fur-tout  en  Efpagne  &  en 
Sardaigne.  Lucîfir  étoit  recomman- 
dable  par  des  mœurs  pures,  par 
fon  favoir ,  par  fon  zèle  ;  mais  ce 
zèle  étoit  peu  réglé.  Il  avoit  un 
fonds  d'aigreur  dans  refprit  &  une 
roideur  dans  le  caraâere ,  qui  firent 
beaucoup  de  tort  à  fa  piété.  On 
fait  fa  fête  à.  Cagiiari  le   20   Mai. 
Les  curieux  peuvent  confulter  un 
livre  imprimé  dans  cette  ville  en 
1639 ,  fous  ce  titre  :  DefinJiofanc~ 
tltatis  B,  Luclfiril, 

LUCILIO  ,    Voyei  Vanini. 
.  .  LUOUUS  ,  (  Caïus)  chevalier 


LUC 

Romain,  né  a  Sueiïa  Tan  147 avant 
Jefus-Chrift,  étoit  grand-onde  ma* 
temel  du  Grand  Pompù.    U  porta 
d'abord   les  armes ,  fuivant  quel- 
ques écrivains,  fous  Saplon  VA- 
frlcaln  à  la  guerre  de  Numance,  & 
fiit  intimement  lié  avec  ce  géné- 
ral ,  qu'il  délafibit  par  fes  bons- 
mots  des  £itigues  des  armes.  On 
regarde  LucUlus  comme  l'inventeur 
de  la  Satire  parmi  les  Latins,  parce 
qu'il  lui  donna  ùl  dernière  forme, 
telle  qu'Horace  ,   Perfe   &  Juvcnal 
l'imitèrent  depuis.  Ennlus  &  Ptfop- 
vins  avoient ,  à  la  vérité  *  travaillé 
dans  ce  genre;  mais  leurs  efTais. 
étoient  trop  groffiers ,  pour  qu'on 
leur  donnât  l'honneur  de  l'inven- 
tion.  Lucl/ius  leur  fîit  fupérieur^ 
&  il  futfurpafTé  à  fon  tour  par  ceux 
qui  vinrent  après   lui.   Horace  le 
compare  à  un  fleuve  qui  roule  un 
fable  précieux4)armi  beaucoup  de 
boue.  De  xxx  Satires  qu'il  avoit 
compofées ,  il  ne  nous  reile  que 
quelques  frag^nens ,  imprimés  dans 
le  Corps  des  Poètes  Latins  de  Malt* 
taire,  François  Dou^a  les  a  publiés 
féparément,  &  la  meilleure  édi« 
don  eft  celle  d'Amâerdam,  1661^ 
in-4^ ,  avec  de  favantes  remarques. 
Luclûus^  mourut  à  Naples ,  âgé  feu- 
lement de  46  ans  ,   vers  l'an  lo^ 
avant  Jefus-Chrift.  Ce  poëtc  pen^     1 
foit  très-philofophiquement.  U  di- 
foit  qu'il  ne  voulolt  ni  des  LeBem 
trop  f avons  ^  ni  des  LxUurs  trop  Iffio^ 
rans ,  parce  que  les  uns  en  auendrolent 
peut-être  plus  qu'il  n'en  dlfult ,  &  que 
les  autres  ne  l'enwidrolent  pas.  Ses 
talens  firent  des  enthoufiafles^  qui» 
le  fouet  à  la  main ,  châdoient  ceux 
qui  of  oient  dire  du  mal  de  fes  vers» 
Leur  admiration  étoit  déraifonha- 
ble  à  plufieurs  égards.  LuâiiusY^' 
ûfioit  durement  *,  âc  quoiqu'il  tra- 
vaillât avec  précipitation ,  fes  oih 
vrages  avoient  un  air  forc^. 

LUCILLE.,  fille  de  Marc-Mdt  . 
Se  ée  pQu^ }  fut  élevée  avec  1» 


LUC 

plus  grand  foin.  Son  pcre  lui  înf- 
pira  des  fentimens  nobles  &  du  goût 
pour  la  vertu.  Ce  prince  U  fit  par- 
tir, à  l'âge  de  17  ans,  pour  aller 
dans  la  Syrie  époufer  Vents ,  qui  fei- 
foit  la  guerre  aux  Arméniens  & 
aux  Parthes.  Cet  empereur  vint  à 
Ephefe  ,  où  (^  noces  furent  célé- 
brées avec  magnificence.  Lucl/U 
belle,  bien  faite  &  très-fpirituelle , 
4toit  digne  de  s'attacher  le  cœur 
d'un  mari  moins  corrompu  que 
Faits  :  mais  ayant  trouvé  ce  prince 
plongé  dans  les  débauches  les  plus 
in£unes ,  elle  s'en  dégoûta.  Le  dé- 
pit qu'elle  conçut  de  fe  voir  mé- 
prifée,  l'ayant  rendue  infidelle  à 
fon  tour  y  elle  fe  déshonora  par 
fes  prollitutions.  De  retour  de  la 
Syrie  à  Rome ,  LucilU  yit  avec  in- 
dignation l'amour  inceftueux  que 
fon  époux  conçut  pour  fa  f<jeur 
Fah'ia  ;  &  le  commerce  détefiable 
qu'il  entretenoit  avec  Faufllne,  Elle 
en  fit  les  reproches  les  plus  vifs  à 
fa  mère  ;  &  ces  deux  femmes ,  que 
le  crime  giddoit  dans  toutes  leurs 
a£Hons,  s'étant  réconciliées, firent, 
à  ce  que  Ton  prétendit ,  empoifon- 
ner  Vents,  Marc-AureU  remaria  Imt- 
àlU ,  au  bout  d'un  an  ,  à  Claude 
fompéien  ,  fénateur  d'un  grand  mé- 
rite ,  mais  d'un  âge  fort  avancé. 
Comme  elle  l'avoit  époufé  malgré 
elle  &  pour  obéir  à  fon  père ,  elle 
fe  livra  à  une  foule  d'amans  ,  qui 
l'entraînèrent  dans  les  défordres  les 
plus  odieux.  Elle  mit  le  comble  à 
les  crimes ,  en  s'abandonnant  à  la 
pafiion  que  Commode  fon  frère  prit 
poiu-  elle  ;  mais  le  goût  de  ce  prin- 
ce ne  fut  que  pafiager.  LudlU,  pour 
s'en  venger,  ainfi  que  des  hauteurs 
que  Crîfpme  fa  belle^fœur  affeôoit 
d'avoir  envers  elle,  forma ,  l'an  18  3 , 
une  confpiration  contre.  Commode  ^ 
dans  laquelle  |lle  fit.  entrer  fon 
amant  Quadratus  &  d'autres  fénar 
teurs.  Ce  complot  ayant  été  dé- 
couvert par  l'imprudence  dçs  con- 


r 


LUC         411 

)uré$,  Commode  les  fit  \  punir  de 
mort ,  &  exila  LucUle  dans  l'iile  de 
Caprée ,  où  il  la  fit  mourir  quel- 
que temps  après,  à  l'âge  d'enyiroa 
38  ans. 

LXJCINE ,  Divinité  ,  qui  pré- 
fidoit  aux  accouchemens  chez  les 
Romains ,  étoit  la  même ,  feloa 
quelques-uns ,  que  Juaon  ,  &  félon 
d'autres,  que  Diane,  On  lui  don- 
na le  nom  de  Luclnt ,  du  mot  Lux^ 
parce  qu'on  croyoit  qu'elle  foula- 
geoit  les  £emmes  en  travail  dan» 
leurs  douleurs ,  &  qu'elle  les  fai< 
ibit  promptement  mettre  au  )ouc. 
leur  fruit  : 

ri/c  lahorantes  utero  puellas 
tr  vocata  audls^  &c.  HoraceJ 

LUCINIUS,  Voy.  l'an.  i.  Pline. 
vers  la  fin. 

LUCIUS^SAR,  Voyei  11.  Ju^ 
LIE  ,  époufe  de  Marc-Antoine. 

LUCIUS  -  VERUS  ,  empereur  , 
Voy,  Verus   (  Lucitis  ). 

LUCIUS  I",  ou  LucE,  (S.) 
monta  fur  la  chaire  de  S.  Pierre 
après  5.  ComtUUy  au  mob  de  Sep" 
tembre  de  l'an  255,  &  fut  exilé 
auiH-tôt  après  fon  éle^^n.  U  reçut 
la  couronne  du  martyre  le  4  ou  le  $ 
de  Mars  254  ,  n'ayam  gouverné 
l'Eglife  que  5  mots  feulement  8c 
quelques  jours.  U  ne  refte  rien  de 
lui.  S,  Cyprîen  lui  écrivit  une  Lettre 
fur  fa  promotion  &  fur  fon  bani> 
nifiement  qui  ne  fiit  pas  long.  En« 
tre  iVLtrçs  Décrets  qu'on  lui  attribue^ 
il  y  en  a  un  qui  ordonne  que 
fEvêque  fera  toujours  accompagné  d0 
deux  Prêtres  6*  de  trois  Diacres ,  afin 
qu'il  ait  des  témoins  de  fa  conduite, 

II.  LUCIUS  ll,(GérardàQCa^ 
ciatumlcl ,  )  natif  de  Bologne ,  bi- 
bliothécaire &  chancelier  de  l'E*  . 
glife  de  Rome ,  puis  cardinal ,  em-' 
ployé  en  diverfes  légations ,  fuccéda 
au  pape  CélcJUn  //,  le  1 2  Mars  1 144* 
Il  eut  beaucoup  à  fouîTrir  despar- 
tifam  ^'Arnaud  de  BrcjJ'c ,  &  mounut 


3jii        LU  C 

à  Rome  le  ay  Février  1145 ,  d*uii 
coup  de  pierre  qu'il  reçut  dans 
une  émeute  populaire.  On  a  de 
lui  X  Epitres,  qu'on  trouve  dans 
les  Annales  de  Baron: us  6c  dans  la 
Bibliodieque  de  Cluni. 

III.   LUaUS   m  ,  (  Himéaîdo 
AliincîffoU  )  natif  de  Lucques ,  (uc- 
céda  au  pape  Alexandre  III  y  le  29 
Août  iï8i.  Le  peuple  de  Rome 
•'étant  foulcvé    contre  lui ,  il  fe 
retira  à  Vérone-,  mais  peu  après 
H  rentra  dans  fa  capitale,  Se  fou- 
rnit les  rebelles   avec  le  fecours 
des  princes    d'Italie.  Il  mourut  à 
Vérone  le    a  5    Novembre  118  5, 
On  a  de  lui  m  Epitrts,  Ce  pape 
$t ,  de  concert  avec    l'empereur 
Frédéric  ,  une  longue  Conâitutîon , 
dians  laquelle  on  voit  le  encours 
des  deux  puifTances   pour  l'extir- 
pation des  héréfies.  On  y  entre- 
voit auffi  l'origine  de  l'Inquifition 
contre  les  hérétiques  ,  en  ce  que 
cette   Conftitution     ordonne    aux 
évèques  de  s'informer    par   eux- 
mêmes  ou  p»  des  commiiTaires  , 
des  perfonnes  fufpeÛes   d'héréfie. 
On  y  Voit  encore,  qu'après  que 
l'Eglïfe  avoit  employé  contre  les 
coupables  les  peines  fpirituelles, 
elle  les  abandonnoit  au  bras  fécu- 
lier  ,  pour  exercer  contre  eux  les 
peines  temporelles. 

IV.  LUCIUS,  (S.)  cvêquc 
^'Andrinople,  vers  le  milieu  du  iv® 
iiecle ,  célèbre  dans  TEglife  par  fes 
^Is ,  &  par  le  zèle  qu'il  fit  pa- 
Toitre  pour  la  foi  Catholique  con- 
tfe  les  Ariens,  étoit  né  dans  les 
Gaules.  On  croit  qu'il  ailifla  au 
coTKÎle  de  Sardique,  en  347  ,  & 
•cm'il  mourut  en  exil. 
-  V.  LUCIUS  ,  fameux  Arien, 
-fiit  chafTé  du  fiege  d'Alexandrie, 
-<n  362 ,  &  mourut  enfuite  miféra- 
blement.  Il  avoit  ufurpé  le  fiege 
d'Alexandrie  fur  5.  Athanafe, 
■  VI.  LUCIUS  ,  (  Jean  )  né  à  Traw 
^n  Dalmatie ,  d'une  Êuxdlle  noble 


LUC 

&  ancienne,  ût  fes  études  àRomI 
avec  fuccès ,  &  s'y  acquit  l'eftiiM 
des  favans,  fur-tout  d'Ugheli,  qui 
lui  confeitla  d'écrire  1  hifloire  de  fa 
patrie.  Il  fuivit  ce  confdl ,  retourna 
en  Dalmatie  pour  y  faire  les  recher- 
ches néceffaires ,  vifita  les  archives , 
les  bibliothèques  des  monafteres. 
Le  fruit  de  fes  travaux  fin  fa  £>j/- 
matîa  illuftrata  feu  Commtntarîdrmtm 
DalmatU  &  Croatie ,  1666 ,  in-fol.  'y 
Vienne,  1758,  in -fol.,  &  dans  les 
Scriptores  rerum  Hungaricanm.Cc  lirrc, 
plein  d'érudition  &  d'une  bonnt 
critique,  eft  dliώ  des  favaas. 
LUCIUS ,  Voy,  I.  Elevthere. 
LUCIUS  Bellantius  ,  Veyei 
1,  PIC  de  la  Mirandole^  à  la  fin. 

LUCO  o«  Lucas  ,  de  Grimaud 
en  Provence ,  aima  une  demoifellc 
de  la  maifon  de  Villeneuve  ,  &  en 
fiit  tendrement  aimé.  Sa  maîtrefle 
craignant  de  le  perdre ,  &  ne  con- 
fultant  que  fa  paffion ,  lui  donna 
un  breuvage  pour  augmenter  fofl 
amour.  A  peine  Lucj  l'eut-ilpris, 
que  fa  tendrefTe  fe  changea  en 
frénéiie  :  il  s'alluma  dans  fon 
fang  un  feu  fi  cruel ,  que  dans  un 
de  fes  accès  il  fe  donna  la  mort, 
en  1408  ,  âgé  feulement  de  35  ans. 
On  trouva  dans  fes  papiers  beaucoup 
de  chanfons  fju*  fa  trop  tendre  & 
malheureufe  maîtreffe ,  &  plufieurs 
pièces  fatiriques  contre  le  pape 
Bonifacc  VIII. 

L  LUCRECE,  {Lueretia)  dame 
Romaine ,  fille  de  Lucretius  Tricîpi' 
ûnus  ,  préfet  de  Rome ,  époufa  Col" 
latin  ,  parent  dç  Tarquîn  roi  de 
Rome,  Un  jour  que  fon  époux 
étoit  à  table  avec  les  fils  de  ce 
monarque,  il  peignit  la  beauté  de 
fa  femme  avec  des  couleurs  fi  bril- 
lantes, que  Scxtus  ^  fils  aîné  de 
Tarqutn,  prit  du  goût  pour  elle. 
CollatUi  l'ayant  mané  chez  lui  le 
même  jour ,  il  vit  que  le  portrait 
n'étoit  pa^  flatté,  &  fon  amour 
naiâOant  devint  une  pailioa  violente 


LUC 

Impétueux  dans  feS  défirs ,  il  te 
déroba  quelques  jours  après  du 
camp  d'Ardée  pour  voir  l'objet  de 
(es  vœux.  11  fe  gliffe  pendant  la 
nuit  dans  ia  chambre ,  1  epée  à  la 
main  &  le  feu  dans  les  yeux.  Lu- 
crut,  inflexible  à  fes  prières,  ne 
fit  qu'enflammer  davantage  fon  ar- 
deur. Stxtus  menaça  de  la  tuer, 
&  avec  elle  l'efclave  qui  le  fuivoit , 
afin  que  le  cadavre  de  ce  malheU- 
jeux ,  placé  auprès  d'elle  dans  un 
même  lit ,  fit  croire  que  la  mort 
de  l'un  &  de  l'autre  avoit  été  le 
châtiment  de  leur  crime.  Lucrtcc  fuc- 
combe  à  cette  crainte-,  ^Sextus^ 
après  avoir  fatisfiait  fes  défirs ,  la 
laifiê  dans  l'amertume  de  la  plus 
vive  douleur.  Elle  fait  appeler  à 
l'infiant  fon  père ,  fon  mari  &  fes 
parens,  kur  fait  promettre  de  ven- 
ger fon  outrage ,  &  s'enfonce  un 
poignard  dans  le  cœur,  Tan  509 
avant  J.  C. ,  fans  que  fon  père  & 
fon  époux  puilTent  la  rappeler  à 
U  vie.  Le  fer  fanglant  dont  elle 
s'étoit  percée ,  (afi  le  fignal  de  la 
liberté  Romaine.  On  convoque  le 
fénat ,  on  expofe  à  fes  yeux  le 
corps  de  Luence  ,  &  les  Tarqmns 
ibnt  profcrits  à  jamais.  Le  tableau 
que  fait  Ovîde  de  cette  trifte  ca- 
tafbophe,  au  U*  livre  de  fes  Faftes, 
eft  touchant  &  tracé  de  main  de 
maître  :  cette  infortunée  ayant  com- 
mencé le  récit  de  fa  fiinefte  aven- 
ture devant  fes  parens  afTembles-, 
brfqu'elle  en  fut  vernie  à  l'attentat 
qui  confomma  ia  honte  :  Reftabant 
uldma ,  dit  le  poète. . .  FUvît.^  Ce 
dernier  trait  eft  d'une  vérité  & 
d'une  fimplicité  fublime.  On  a  dit 
de  tucRtcn  ,  comparée  à   SU" 

$AKSRl 

Cafta  Suianna  piacet;  htcnda ,  Cid€ 
Su{nfmtt  :  * 

Tu  poft  ,  lUâ  mori   maluk    ante 
fctîuu 

Qa  a  traduit  alnû  ces  v«rs: 


LUC        4i| 

DesfureufS  de  Tarquin  m«Ih«ureaf« 

viftime  , 
Lucrèce  ,  vante  moins  ton  généreux 

eifort. 
Le  crime  a  précédé  ta  mort  ; 
>    Ta  mort  eût  prévenu  le  crime. 

Ajoutons  qu  il  eft  plus  ^cile  de 
faire  une  Epigramme  fur  Lucrèce^ 
que  de  fe  tirer  de  la  fituation  où 
elle  fe  trouva.  . 

LUCRECE ,  Voye[  Obizzi. 

IL  LUCRECE,  (  Titus  Lucre-' 
Tiys  Carus)  poète  .&  philofophe, 
naquit  à  Rome  d'une  ancienne 
famille ,  environ  un  fiede  avaac 
J,  C.  11  fit  fes  études  à  Athènes 
avec  beaucoup  de  fuccès  :  c'eft 
dans  cette  ville  qu'il  puifa  les 
principes  de  la  philofaphie  d'Epi" 
cure,  11  fut  le  premier;  qui  fit  pa- 
roître  dans  Rome  la  phyfique  or- 
née des  fleurs  de  la  poéîie.  Le 
poète  philofophe  adopta  l'Infini 
à'Anaxlmandre  &  Iq;  Atomes  de 
Démocrltc,  11  tâcha  de  concilier  les 
principes  de  ces  deux  philofophes 
avec  ceux  d!Eplcure  ,  dans  fon 
poème  De  rerum  natura  ,  en  fix 
livres.  Cet  ouvrage  eft  moins  un 
poème  héroïque  ,  qu'une  fuite 
de  raifonnemeps ,  quelquefois  très- 
bons  ,  &  plus  fouvent  moins  jcon- 
cluans  que  captieux.  Jamais  homme 
ne  nia  plus  hardiment  la  Provi- 
dence, &  ne  parla  avec  plus  de 
témérité  de  l'Etre  fuprême  :  il  fem- 
ble  ^ue  fon  but  n'ait  été  que  de 
détruire  Tempire  de  la  Divinité ,  & 
d'enlever  à  l'homir"  les  confola- 
tions  de  la  religion.  Aucune  con- 
fidération  ne  le  retient ,  aucune 
peur  ne  l'arrête.  11  ofe  fe  féliciter 
d'avoir  été  le  premier  à  Ronie  qui  ait 
fecoué  le  joug  de  la  religion.  Cefi 
la  feule  récompcnfe  ,  ajoute-t41 ,  que 
je  me  promette  de  mon  travail.  Quelle 
funefte  récompenfe!  Selon  lui ,  rien 
n'exifte  que  le  vide  &  les  atomes. 
Le  vide  eft  quelque  chofe  de  paf- 
fif  :  toute  Taiâivité  réfide  dâivs  les. 


414        LUC 

atomes.  Au  moyen  de  leurs  mou- 
vemens,  de  leurs  mafTes,  de  leurs 
figures  s'exécute  Touvrage  im- 
meofe  &  laborieux  de  la  nature. 
Cet  univers,  éternel  fujet  d'admi- 
ration, ne  renferme  que  des  corps 
dont  toutes  les  proportions  &  toutes 
les  richeiTes  dépendent  du  hafard 
qui  feul  forme  leurs  affemblages ,  & 
«aufe  enfuite  leurs  dérangemens.  Zxi- 
€rece^  en  niant  la  Providence  qui  di- 
rige ce  bel  ouvrage ,  admet  une  cer- 
taine force  dans  la  nature  qui  remplit 
fa  place.  C'eft  elle  qui  fe  joue  de  nos 
jyrojets  &  de  nos  défirs-,  qui  élevé,  qui 
abaiffe  ,  qui  forme  les  grandeurs 
humaines  &  qui  les  anéantit.  Son 
fyftêrae  eft  contradiûoire  comme 
Celui  deprefque  tous  les  Cophiftes 
anciens  &  modernes.  Mais ,  û  nous 
mettons  à  l'écart  le  philofophe  pour 
conlidérer  lepoëte ,  on  ne  peut  nier 
que  le  génie  poétique ,  avec  lequel 
il  étoit  né,ti^éclate  dans  plulieurs 
endroits  de  fon  ouvrage.  On  ne 
peut  qu'être  frappé  de  fa  hardiefTe 
à  peindre  des  objets  avec  lefquels 
le  pinceau  de  la  poéfie  n'étoit  point 
femiliarifé.  Son  prologue  eft  beau  ; 
la  defcription  de  la  pefte ,  rive  & 
animée-,  l'exorde  du  fécond  livre 
a  beaucoup  d'élévation.  Malgré  la 
fatigante  uniformité  de  fon  ftyle , 
la  fécherefîe  de  fa  verfification  & 
la  roideur  de  fon  pinceau,  il  eft 
quelquefois  emporté  par  une  ef- 
pece  d  enthouliafine ,  fur-tout  danis 
cette  profopopée  où  la  Nature  re- 
proche aux  hommes  la  foibîefle 
qu'ils  ont  de  craindre  la  mort.  Ce- 
pendant il  feroit  ridicule  de  le 
préférer ,  comme  poëte ,  à  Vlt^Ue  , 
ainfi  que  l'ont  fait  quelques  phi- 
lofophes  épicuriens.  Il  eft  bien 
fcnfibîe  à  quiconque  a  le  goût  de 
la  poéiie  latine  ,  qiie  toute  com- 
paraifon  entre  les  deux  poètes  eft 
infoutenable.  Quoique  né  avant 
Au^Jk^  on  le  prendroit  fouvent 
pour  un   écrivain    poftéricur   de 


LUC 

trois  âecies  à  Vîrplc,  ttat  foi 
flyle  eft  quelquefois  dur ,  ia  ver- 
fiêcation  négligée ,  fa  marche  pé- 
nible &  embarraftee.  On  a  beau 
dire  que  le  pinceau  de  la  poéfie  n*ef 
pas  fait  pour  les  objets  qu'il  avok  à 
peindre  ;  cette  excufe ,  imaginée  par 
quelques-^ins  de  fes  partifans,  eft 
fuffifamment  réfutée  par  les  Géop- 
glques  dont  la  nature  eft  auffi  di- 
daéHque  que  Celle  du  poëme  de 
Lucrèce,  Lucrèce  mourut  à  la  fleur 
de  fon  âge ,  à  41  ans ,  le  52^  avant 
J.  C.  dans  une  frénéfie  caufée  par 
un  philtre  que  lui  donna  fa  fem- 
me ou  fa  maîtrefte.  Ce  philtre  avoâ 
dérangé  fa  tête  depuis  long-temps , 
autant  que  le  défefpérant  fyftême 
du  matérialiime.  Son  efprit  n'avoit 
que  quelques  momens  ,  dont  il 
profitoit  pour  mettre  en  ordre  fon 
poëme..  La  première  édition  de 
cet  ouvrage  ,  faite  à  Vérone  en 
i486  ,  eft  recherchée.  On  a  enco- 
re celle  ad  uftan  Delphînl^  1680, 
in-4^  Celle  ifc  Chréech,  Oxford, 
1695 ,  in-8*'\  eft  plus  belle  que 
la  réimpreflîon  de  1717.  Il  en  a 
paru  une  é<iition  magnifique  à 
Londres  »  1712 ,  in-foHo  ou  «1-4**. 
M^s  on  préfère  à  toutes  ces  édi* 
tions ,  celle  de  Stglfmond  Haver^ 
camp ,  à  Leyde ,  in'4°,  2  vol.,  172^. 
Celle  que  donna  Couftetter  en  1744, 
fous  la  diretiion  de  M.  Phiûppe^ 
en  un  vol.  in-12 ,  mérite  la  pré- 
férence pour  fa  commodité:  elle 
eft  enrichie  de  bonnes  variantes 
&  de  jolies  eftampes.  La  favante 
édition  de  Créech  a  guidé  l'auteur 
de  celle-ci,  qui  fut  encore  réim- 
primée en  1754,  fous  le  même 
format  in-12.  Il  y  a  eu  depuis, 
deux  autres  éditions  ,  de  Glafcovr, 
17^9  ,  &  Ae  BaskervUle ^  1772  ,  in* 
4^.  Le  baron  des  Coutures  en  pu- 
blia une  traduôioli  firançoife  en  < 
1692,  avec  des  notes.  Cette  ver-  i 
fion,  qui  n'eft  pas  toujours  exac-  | 
te  y   de  qui  pourroit  dtre  mieux 


t  UC 

ferite,  a  été  éclipféepar  celle  qu'à 
donnée  M. /a  Grange,  avec  defa- 
vantes  notes  »  Paris,  1767  ,  1  vol. 
in-8**  &    in-i2»    Voye^  U,    Ma- 

ROLLES...  I.  HENAXJLT.,, 
POLIGNAC...    &    MaRCHETTI. 

LUCTATIUS ,  Voy,  Lutatjus. 

1.  LUCULLUS,r.VoLUMNiu$. 

n.  LUCULLUS  ,  (  hucms^UcU 
mus  )  de  famille  confulaire ,  naqait 
vers  l'an  115  avaoït  J.  C.  Il  mon^ 
tra  de  bonne  heure  des  dîfpofitions 
pour  la  philofophie  &  pour  l'é- 
loquence. Après  avoir  paru  avec 
éclat  dans  le  barreau,  il  ftit  fait 
quefteor  en  Afie  &  préteur  en 
Afrique  :  il  gouverna  ces  deux 
provinces  avec  beaucoup  de  juiH* 
ce  &  d'humanité.  Ses  premiers  ex- 
ploits militaires  furent  contre  Arml- 
€ar,  fiir  lequel  il  remporta  deux 
viftoires  navales.  Elevé  au  con- 
fulat  &  chargé  de  faire  la  guerre  à 
AI«Ani«e(*),il  dégagea  ion  collègue 
Cotta  que  l'ennemi  avoit  enferaié 
dans  Chalcédoine  ,  &  remporta 
Une  viÔoire  fur  les  bords  du  Gra- 
nîque ,  l'an  74  avant  J.  C  L'an- 
née d'après,  il  reprit  toute  la  Bi- 
thynie,  à  l'exception  de  la  ville 
de  Nicomédie,  où  MUhndatt  s'é- 
toit  renfermé.  U  détruifit ,  dans 
deux  journées  ,  une  flotte  que 
ce  prince  cnvoyoit  en  Italie. 
Le  vaincu  ,  défcfpéré  de  la 
perte  de  fes  forces  maritimes,  fe 
tetira  dans  fon  royaume ,  où  le 
Vainqueur  le  pourfuivit.  Les  pro- 
grès à^Lucullus  furent  d'abord  af- 
fez  lents  ;  mais  la  fortune  le  fé- 
conda eniuite  au-delà  de  fes  efpé- 
rances ,  &  le  dédommagea  bien  du 
danger  qu'il  avoit  couru  d'être  af- 
faffîné  par  un  transfuge  vendu  à 
MUhrîdate,  Les  troupes  de  ce  prin- 
ce ayant  attaqué  dans  un  lieu  dé- 
savantageux un  convoi  efcorté  par 
quelques  milliers  de  Romains ,  el- 
les furent  entièrement  défaites  & 
difHpées.  L'alarme  fut  ii  vive  dans 

•    (*J   Voy,  I,  GeTHEGUS. 


LUC         4tç 

le  camp  de  Mlthrldatc ,  qu'il  prit  Ik 
fuite  fur  le  champ,  &  (e  réfugia 
chez  Tigrane  fon  beau-pere,  roi 
d'Arménie,  l'an  71  avant  J.  C. 
LucuUus  pafTa  l'Euphrate  &  vint 
fondre  fur  Tîgrane,  qui  l'attendoit 
avec  une  armée  formidable.  Ce  lâ- 
che monarque  fut  des  premiers  à 
tourner  le  dos ,  dès  qu'il  vit  le 
général  Romain  s'avancer  fière- 
ment à  pied  &  l'épée  à  la  main« 
£n  fuyant  il  perdit  fon  diadème  9 
qui  tomba  entre  les  mains  de  Lw* 
adlus 'y  ce  conful  avec  une  poi* 
gnée  d'hommes,  lui  tua  ou  lu£ 
prit  cent  mille  émtaffins  6c  pref- 
que  toute  fa  cavalerie.  La  prifd 
deTigranocerte,  capitale  du  royau-» 
me ,  iuivit  de  près  cette  vi£loire« 
Le  roi  d'Arménie  avoit  tranfporté 
une  partie  de  fes  richefles  dana 
cette  ville-,  elles  devinrent  la  proie 
du  vainqueur.  [  Voy.  l'art.  Mi-* 
Thridate.  ]  Ces  fuccès  ne  fa 
foutinrent  pas  :  il  n'effuya  perfon-» 
nellement  aucuïie  défaite;  mais  il 
aliéna  l'efprit  de  fes  fbldats  pa^t 
trop  de  févérité  &  de  hauteur^ 
Pompée  vint  lui  ôtcr  ^e  bâton  de 
commandement.  Les  deux  géné-^ 
raux  eurent  une  entrevue  dans 
une  bourgade  de  la  Galatie ,  &  fe 
firent  l'un  à  l'autre  des  reproches 
très-amers  &  très- vrais.  Pompée  re- 
prodia  à  Lucullus  fon  avidité  pour 
les  richeiïes,  &  Lucullus  reprocha 
à  Pompée  fon  envie  &  fon  ambi- 
tion. [  Voy,  I.  Pompée  ,  à  la  fin.  J 
Ils  avoient  tous  deux  rdfon.  Le 
vainqueur  àeTlgrane,  de  retour  à 
Rome ,  obtint  les  honneurs  du 
triomphe  ;  mais  ce  triomphe  fut 
le  dernier  Jour  de  fa  gloire.  Sa 
vie  fut  depuis  moins  brillante» 
mais  plus  douce  &  plus  tranquille. 
U  reconnut,  &  il  le  dit  fouvent 
à  fes  amis,  que  la  fortune  ay oit  dis 
homes,  qu'un  homme  dUfpru  devoU 
connoître.  Livré  à  l'étude  &  au 
commerce  des  hoxiunes  les   plus 


'4i6        LUC 

ingénieux  &  les  plus  poUs  de  fon 
ilecle ,  il  paiToit  avec  eux  les  jours 
entiers  dans  uce  riche  bibliothè- 
que qu'il  avoit  remplie  de  livrés 
précieux,  &  dcftinés  à  l'ufagc  de 
tous  les  favans.  ti  furpaiïa  en  mi- 
gniâcence  &cn  luxe  les  plus  grands 
rois  de  l'Afie»  qu'il  avoit  fu  vain- 
cre. Les  ouvrages  de  LucuUus  fur 
les  côtes  de  la  mer  de  Campanie 
&  aux  environs  de  Naples,  fur- 
pafToient  tout  ce  que  riraagination , 
naturellement  prodigue,  peut  fe 
figurer  de  plus  fomptueux.  11  creu- 
fa  des  routes  fous  des  collines ,  qui 
demeurolent  ainii  en  quelque  façon 
fufpendues.  11  conduifit  des  canaux 
autour  de  fes  édiiîccs ,  pour  y  re- 
cevoir l'eau  de  la  mer ,  &  y  nour- 
rir du  poiffon ,  qu'il  y  ralTembla 
en  une  fi  prodigieufe  quantité  , 
qu'après  fa  mort  il  en  fut  vendu 
pour  quatre  millions  de  feilerccs» 
(  environ  5  00  mille  livres.  )  Il  bâ- 
tit enfin  des  cabinets  de  plaifance 
au  milieu  de  la  mer  même.  Il 
avoit  près  de  Tufculum  une  mai- 
fon  de  campagne  heureufement  fi- 
tuée ,  ornée  de  grandes  galeries  & 
de  falons  ouverts  de  tous  côtés  pour 
recevoir  le  jour  &  l'air ,  avec  des 
promenades  très-étendues.  Pompée 
l'y  étant  venu  voir,  ne  trouvasqu'un 
défaut  dans  cette  maifon  ;  c\ft  qu*elle 
était  trcs'Commode  pour  Pété ,  mais 
'  inhahuable  pour  r hiver,  —  Lucullus 
fe  mit  à  rire  :  Penfei-vous  donc ,  lui 
r^pondit-il ,  que  j^'aie  moins  d'efprît 
que  les  Grues  &  Us  Cigognes ,  &  qjte 
je  ne  fâche  pas  changer  de  demeure  fé- 
lon les falfons ? „,  Un  préteur,  flat- 
té de  donner  au  peuplé  des  fpec- 
tacles  magnifiques,  pria  Lucullus 
de  lui.  prêter 'quelques  .manteaux 
de  pourpre  pour  habiller  fes 
perfonnages.  ImcuUus  lui  répon- 
dit qu'il  feroit  vifiter  fa  garde- 
robe  ,  &  que  s'il  en  avoit ,  il 
Ic$  lui  prêteroît  très  -  volontiers. 
te    préteur    n'ea    ayoit  liaCoin 


LUC 

que  de  cent  ;  mais  il  s'en  trou- 
va cinq  mille  chez  lucullus  ,  qui 
les  Itti  envoya  aufH-tÔL  C'eft  ainfi, 
(  ajoute  Horace  avec  fa  gaieté  ordi- 
naire) qu'il  faut  être  riche...  Des. 
Grecs  étant  venus  à  Rome ,  furent 
reçus  fplendidemem  par  Lucullus^ 
mais  fans  qu'il  ajoutât  rien  à  fon 
ordinaire.  Ces  provinciaux  hon- 
teux de  fe  voir  fi  bien  traités ,  & 
craignant  bonnement  d'être  à  char- 
ge à  leur  hôte^  le  prièrent  de  les 
difpenfer  de  manger  dorénavant 
chez  lui ,  de  peur ,  difoient-ils ,  de 
lui  occafionner  trop  de  dépenfe. 
Lucullus  leur  répondit  en  fouriant: 
Il  y  a  bien  quelque  chofe ,  de  tout  ceà^ 
qui  fe  fait  pour  vous  ^  maïs  la  fks 
gcands  partie  efipour  Lucullus,  D  avoit 
plufieurs  falons ,  à  chacun  defquels 
il  donna  le  nom  d'une  Divinité; 
&  ce  nom  étoit ,  pour  fon  maître- 
d'hôtel,  le  fignal  de  la  dépenfe 
qu'il  vouloit  £aiire.  Pompée  &  Cieeron 
l'ayant  furpris  un  jour ,  il  dit  feu- 
lement qu'il  fouperoit  dans  le  ù- 
lon  d'Apollon;  &  on  leur  fervitun 
repas  qui  coûta  15000  liv.  11  fe 
fâcha  un  )our  très  -  férieufement 
contre  fon  maître  -  d'hôtel ,  qui» 
fâchant  qu'il  devoit  fouper  fcul, 
avoit  fait  préparer  un  repas  moins 
fomptueux  qu'à  ror(i|inaire.  Ne  fa- 
vois-tu  pas  ,  lui  dit-il ,  qu'aujourd*h» 
Lucullus  devait  fouper  cAe^  Lucullus? 
Ce  fut  lui  qui  apporta  du  royaume 
de  Pont  les  premiers  cerifiers  que 
l'on  ait  vus  en  Europe.  Ce  gr<ind 
homme  tomba  en  démence  dans 
fes  derniers  jours.  11  mourut  i 
rage  de  67  ou  68  ans ,  avec  la 
réputation  d'un  homme  qui  éga- 
loit5y/Ai  pour  le  mérite  militaire  1 
&  le  furpaflbit  pour  les  vertus  à- 
viles.  Il  fut  fils  tendre ,  bon  frère, . 
père  indulgent ,  ami  iincere ,  maK 
tre  généreux,  excellent  citoyen, 
raagiftrat  incorruptible ,  général  ha- 
bile. Ennemi  des  brigues  &  despsr- 
tis ,  exempt  d'ambition ,  il  suroît 


jpu,  $1l  avoit  été  plus  tétnéraîre  oU 
plus  hardi,  balancer  Tautorité  de 
rompée  &  de  Cdfar.  Il  fe  piquoit  de 
h  plus  grande  (koiture ,  & ,  malgré 
fes  profbfions,  il  eût  été  dii&cile 
de  trouver  dans  l'ancienne  Rome 
im  homme  d'une  ^  probité  plus 
èxaûe  &  plus  févcre.  Foye^  rHîf- 
tolrc  de  LucuUus^  dans  le  i®'  vollune 
des  Mélanges  hîflorîques  &  critiques 
de  M.  le  préfident  d'Orheffant, 

LUCUMOî^  ,  '  Voyei  D  E  M  A- 
HATE,  n®  II. 

LUD£  ,  (  Jean  DaiUon  du  )  fut 
élevé  avec  toms  XI  ^  qui  le  fit  fon 
thambellan,  capitaine  de  fa  porte 
&  de  cent  hommes  d'armes ,  &  fuc- 
ceffivcment  gouverneur  du  Dau- 
phiné  &  d'Artois.  Condnes  dit  »  qull 
M  aimoit  fon  profit  particulier  ; 
>^  mais  qu'il  n'aimoit  à  abufer  ni 
M  tromper  pcrfonnô  w.  11  mourut  en 
14S0.  De  la  même  famille  étoit 
François  Daillon  ,  comte  DU  LvDE, 
gouverneur  de  Gafton  duc  d* Orléans, 
duquel  on  cite  le  bon-mot  fuivant , 
Voj'^ant  la  dame  d'atours  de  Marié 
de  Médîcls ,  s'eraprciTer  à  aller  cher- 
èher  fon  voile  :  //  n*€fi  faut  pas , 
ditrii  ,  pour  un  Navire  qutefià  Cancre*, 
Saifant  alluiioâ  à  la  faveur  du  ma-^ 
réchal  d'Ancre,  Sa  poflérité  mafcu* 
hnt  finit  par  Henri  comte ,  puis 
duc  I>t7  LvDE ,  grand  -  maître  de 
l'artillerie  eti  1669,  mort  en  1685. 
il  fut  pourvu  de  cette  place  fur  la 
démiffion  du  duc  Ma\arin  ,  &  eii 
partie  par  lé  crédit  de  fon  époufe, 
qui  eut  part  (dit-on)  aux  bonnes 
grâces  de  Louts  XIV. 

LUDEWIG ,  (Jean-Pierre)  con- 
feiilèr  intime  du  roi  de  Pruffe , 
(Chancelier "^  du  duché  de  Magde- 
bourg ,  profefleur  en  droit ,  mort 
le  7  Septembre  1743  ,  à  73  ans  , 
a  beaucoup  écrit  en  latin  &  en  alle- 
mand. On  a  de  lui  :  I.  Scrîptomm 
Ttrum  Germanicumm  ,  Francfort  & 
Leipzig  ,  1718 ,  2  vol.  II.  Manu- 
fcii^ta  omnis  xvij  diplomata  M  ma* 

Tome  F. 


L  U  D       417 

tiumentà  médita  /  1720  -  1740  ,  li 
vol.  in-8^  m.  La  Vie  de  Ju/tltileri 
&  de  Trihonlen,  173  ï.  IV,  CEuvrcS. 
dlverfesy  1720 ,  2  voU 

LUDOLPHE  VAN  Ceulen  , 
Voyei  Vas  -  Ceul£S. 

I.  LUDOLPHE  DE  SAXE,  d'à* 
bord  Dominicain ,  puis  Chartreux, 
étoit  prieur  de  Strasbourg  en  1 3  30  ^ 
c*efl  tout  Ce  qu'on  fait  fur  fon 
compte.  Outre  une  Tradù£tion  du 
livre  de  l'Imitation  qu'il  palTe  pouf 
avoir  faite,  on  lui  doit  une  Vie  de 
J£sus*Chrïst  ,  in-fol.  en  latin  » 
imprimée,  à  ce  qu'on  croit,  en 
1474,  dans  foil  monaflere  :  elle 
a  été  réimprimée  chez  Verard  avec 
une  verfioii  françoife,  en  2  voU 
in-fol.  Ces  deux  éditions /ont  p%u 
Communes. 

II.  LUDOLPHE ,  ou  LuDOLF» 
(  Job  )  né  en  1624 ,  à  Erfort ,  capi- 
tale de  la  Thuringe  ^  d'une  famille 
ancienne,  s'appliqua  à  l'étude  des 
langues  avec  un  travail  infatigable* 
Ludolphe  Voyagea  beaucoup ,  vifita 
les  bibliothèques  des  difFéf ens  pays  ^ 
en  rechercha  les  curiofités  natu- 
telles  &  les  antiquités ,  &  forma  de» 
lîaifbns  avec  les  faVanS.  Il  fut  con- 
feiller  à  Erfort  pendant  près  de  iS 
ans,  &  fe  retira  enfuite  à  Francfort 
avec  fa  famille.  L'éleâeur  Palatin 
le  mit  alors  à  la  tête  de  fes  affai- 
res^ &  lui  confia  le  foin  de  fes 
revenus.  Ludolphe  étoit  auifi  pro- 
pre aux  affaires  tumultueufes  de 
l'état ,  qu'aux  recherches  pénibles 
des  fciences  •,  également  bon  pour 
le  confeil  &  pour  l'exécution.  Se& 
mœurs  ne  le  firent  pas  moins  ef- 
timer  que  fes  talens  :  il  favoit  beau- 
coup ,  &  n'étoit  point  avare  de  fa 
fcience.  Son  ardeur  pour  le  travail 
étoit  fi  vive ,  que ,  dans  fes  repas 
même ,  il  avoit  toujours  un  livre 
devant  les  yeux.  On  dit  qu'il  fa- 
voit 25  langues  :  il  s'étoit  parti- 
culièrement appliqué  à  celle  des 
Ethiopiens.  Il  mourut  à  Francfbj( 


4i8        L  U  D 

le  8  Avril  1704  »  à  80  ails.  S^ 
principaux  ouvrages  font  :  I.  ^y- 
toria  ^thiopUa,  àFrancfort,en  1681, 
in-fol.  On  en  publia ,  en  1684,  un 
Abrégé  en  françois.  II.  Un  Com^ 
mentaîrt  J'ur  catc  Hlfiolrt ,   in  -  fol. 
1991  ,  en  ladn.  Ul.  Un  Appcnd^x 
pour  le  même   ouvrage,  1693  , 
in-4°,  en  latin.  L'hiftoire  des  Ethio- 
piens ,  leur  religion*  leurs  coutu- 
iies  font  développées  dans  ces  dif- 
fiireûs  écrits  avec  autant  defavoir 
que  d'exaÛitudc.  L'abbé   lUnaudot 
en  a  relevé  quelques  endroits  dans 
ion  Hijloirc  des  Patnarchcs  d'Alexan- 
drie y  &  dans  fa  Colleclion  d^  tuur- 
gîes  Orientales;  mais  fa  critique n a 
pas  diminué  le  méritç  de  Luhlphe 
^anj  l'efprit  de  quelques  favans  de 
fon  pays.  Ludolphe  eft,  fdon  eux, 
«n  AUemagne,  ce  que  les  Mont-^ 
faucon  ,  les  Du€an$e  font  en  France: 
idée  un  peu  exagérée.  ^V.  Une 
Crammairc  &  un  Dl^onnaire  Ahypi^ 
1698 ,  in-fol.  V.  Dijfcrtatio  de  Lo- 
cufds  ,  à  Francfort ,  1694  »  in  -  folio. 
VhFrfta  Eeclefia  Alexandrins ,  fbid. 
1691 ,  in-fol.  Vil.  De  hello  Turcleo 
féliciter  conficlendoy  ibid;  1686,  in-4  • 
ludolphe  ,  fort  ardent  à  défirer  «la 
ruine  des  Turcs ,  fournit  dans  cet 
ouvrage  des  moyens  efficaces  pour 
la  procurer  v  mais ,  malheurcufe- 
ment ,  ces  moyens  font  impratica- 
bles. Ceft  ce  que  tâcha  de  lui  prou- 
ver Chriticn  Thomafius ,  auquel  Lu^ 
dalvhe  répondit  dans  un  écrit  alle- 
mand ,  intitulé  :  Remarques  fur  les 
venféet  enjouées  &  fdrleufes ,  fottes  & 
déraifonnabUs   d'une  nouvelle  &   rare 
focUU  de  poltrons  ,  Leipzig ,  16S9, 
In- 8®.  vm.   Un  grand  nombre 
d'autres  Ouvn^ges  ,   dont  on  peut 
voir  la  lifte  dans  la  VU  de  Ludolphe 
par  JwiUr  ,  qui  le  low  un  peu 

trop. 

LUDOVIC    Sforce  ,    Voyei 

ir.  Sforce.  ,   ,  „ 

LUGO ,  (  Jean  de  )  ne  a  Ma- 
^id  en  158J ,  fc  difoÀt  néwioifls 


LUC? 

dé  SévUle  ,  parce  que  (bfl  pèrt  y 
ùifoit  fa  réûdence.  U  fe  fît  Jéfuittf 
en  1603  ,  &  après  la  mort  de  foa 
père  il  partagea  fa  fucceffion ,  qui 
étoit  fort  coAÛdérable  «  entre  la 
Jcfuitts  de  Séville  &  les  Jduites 
de  SaUunanque.    Après  avoir  en- 
feigne  la  philofophic  &  la  théo- 
logie en  divers   Collèges  ,  il  fiit 
envoyé  à  Rome  pour  y  profeffcr 
cette  dernière  fdence  -,  ce  qu'il  ^% 
avec  ^plaudiflement.  Le  Pjqpe  Ur* 
baîn  y  m  le  nomAa  Cardinal  cq 
1643 ,  &  fefervit  de  lui  en  plufiews 
occahons.    X«^o  mourût  à  Rom* 
le  ^o  Août  1660  *  à  77  ans.  On  ^ 
de  lui  un  grand  nombre  d'ouvra* 
gcs  en  latin ,  qu'on  a  recueillis  ei| 
7  gros  vol.  in-fol*  Ils  roulent  tous 
fur  la  théologie  fcolaftique  &  mo- 
rale, &  fijrent  imprimés  fuccdli- 
vement  à  Lyon  depuis  1633  Jufi 
qu'en  1660.  Le  volume  qui  a  été 
le  plus  lu  par  les  théologiens,  A 
le  3*  :  De  vîraae  &  Sacramenfo  P«- 
nUentia ,  publié  à  Lyon  en  163S, 
&  réimprimé  en  1644  &  1651.  I5 
cardinal  de  I^o  étoit  fort  chan- 
table.  Ce  fîit  lui  qui  donna  le  pre- 
mier beaucoup  de  vogue  au  Quin- 
quina ,  qu'on  appela  la  Poudre  U     ^ 
Im^o,  il  la  donnoit  gratuitement  au| 
pauvres  ,  &  la  vendoir  chèrement 
aux  riches.  Les  ennemis  des  Jéfuites 
l'ont  acctifé  à  tort ,  d'être  l'autcuf 
du  Péché  Phllofophlaue ,  découvert» 
un  peu  moins  udle  que  celle  du 
Quinquina.   Luge  avoit  ,  dit-on  « 
toute  la  politique  qu'on  a  attribue 
à  fa  Société.  On  trouve  dans  letome 
I*'  de  la  Morale  pratique  ,  une  dc    1 
fes  Lettres ,  daps  laquelle  il  con-  * 
feille  à  un  Jéfuits  de  Madrid  «  de 
>»  réveiller  les  difputes  fur  Yîmm^ 
a  ailée  Conception  y  sBnAt^té' 
>♦  veriion  contre  les  Dominicains  1    : 
M  qui  preffoient  vivement  en  Italie 
»♦  le»  Jéfuites  fur  les  matières  de    1 
w  la  Grâce  m.  Les  ouvrages  de  Zip    \ 
font  aujourd'hui  confondus  avecl4 


tu  1 

bt^trop  nombreufe  des  fcolafti* 
<[ues  de  fon  fiede  ^  & ,  à  Texception 
de  (ou  Traité  de  U  Pénltitice  &  de 
quelques  autres  ea  petit  nombre  ^  ils 
ne  font  plus  bons  qu'à  fervir  d'en- 
veloppe à  la  poudre  c[u'il  débitoit. 
Son  frère  aîné  »  (  Franc,  de  Lvgo  ,  ) 
Jéfuite  comme  lui ,  mort  en  i6^ 2 , 
à  71  ans ,  eft  auteur  d'un  Comment 
uitc  fur  5.  Thomas ,  en  2  volumes 
fci*folio*,  d'un  Trakidts  Sacretnens  ^ 
&  de  pluûeurs  Traltds  de  théologie , 
3  vol.  in-4*'. 

I.LUILLIER,  (Jean)  d'une 
Êunille  aacienne  de  Paris  ,  fei- 
gneur  d'Orville  &  maître  des  com- 
ptes ,  fut  élu  prévôt  des  marchands 
en  1592.  11  rendit  de  grands  fervi- 
ces  à  ttenrilV^  pendant  les  trou- 
bles de  la  religion.  Il  facilita ,  au. 
péril  de  ûi  vie ,  l'entrée  de  ce  prince 
dans  Paris,  &  obtint  pour  récom- 
pense une  charge  de  préûdçnt  à  la. 
chambre  dès  comptes.,  que  le  roi 
créa  en  fa  faveur.  De  la  même  fa*, 
mille  étoit  Jeaa  Lvil.libb,  ,  fils  de 
l'avocat  -  général  du  parlement  de, 
Paris ,  qui  fut  reÛeuf  de  l'univer- 
fité  en  1447 ,  doûeur  &  profefTeur 
en  théologie  quelque  temps  après , 
puis  évèque  de  Mcaux  en  1483. 
Il  fut  auffi  confeiXeur  de  Iiotds  XI  ^ 
&  né  contribua  pas  peu  à  terminer 
la  guerre  du  Bien  Pubûc.  Il  mourut 
le  1 1  Septembre  1 5  00 ,  âgé  d'envi-, 
ron  75  ans. 

IL  LUILLI£R,(Magdelaine)  fille 
du  préûdent  Jean  LuîllUr ,  fut  mariée 
à  Claude  U  Roux  deSamu-Beuve^  con-» 
Içillcr  au  parlement  de  Paris.  Dieu 
l'ayant  privée  de  fon  époux,  elle 
oublia  les  vains  délices  du  fiede  , 
dont  les  fuites  font  il  ameres ,  & 
s'attacha  à  un  Kien  plus  folide  &  in- 
dépendant des  événemens  humains. 
Après  avoir  fondé  à  Paris  le  mo« 
ft^ere  des  RtUpcufes  UrfuBnes  du 
^bourg  Sûnt-Jacques,  elle  les  édi-^ 
fia  par  les  vertus  ,  &  y  mourut  en, 
od«UJC  de  iSûat^,  l'an  162$. 


L  U  t        4t^ 

IXJ1K£S^  F<>y.  Albert  (d')^ 
tP^  /,  //&///;  &  l'art.  CoNCHiNU 

LUISINO ,  Lui^iNi ,  ou  Luit* 
SI  NO,  (François)  célèbre  huma* 
njfle  d  Udine  dans  le  Frioul ,  re- 
commandable  par  fon  amour  pour 
la  littérature ,  oc  par  l'intégrité  de 
fa  vie ,  enfeigna  quelque  temps  les 
lettres  grecques  &  latines  à  Reggio^i 
&  devint  enfuite  fecrétaire  du  duc 
de  Parme.  U  mourut  en  1568,  à 
45  ans.   On  a  de  lui  :  L  Par^rgôa. 
Lîbri  très  ,   U  qulhus  ,  tam  in  Gracis 
quàm   in    Latinis   Scriptoribus   muLta^ 
abfcura  loca  declarantur.  Cet  ouvrage 
eft  inféré  dans  le  tome  3®  du  Re- 
cueil de  Jean  Gruter ,  intitulé:  Lam^ 
pas  feu  Fax  Àrtîum  ,  hoc  cfi ,  Titefau-^ . 
rus  critiçus.  IL  Un  Cumjmn^alre  laçln 
fur  l'Art  Poétique  à! Horace ,  Venife,,. 
1554,  in-4®.  III.  Un  Traité ,  Decom* . 
ponendîs  animl  affkcHhas  ,  Bàle,  1562.,. 
in-8®.  On  peut  r/emarquer ,  à  l'oc-^ 
caûon  de  cet  humanifte ,  que  de  fon 
temps  vivoit  Aloyjùis  Lussinus  » 
qui  mit  en  vers  hexamètres  ,    le». 
AphOriûnes  d^Hlppçcrare  ^  Venifc^. 
1.5  j2 ,  in-8**  ;  &  qui  a.dopn^  ua 
excellent  traité  pe  compefcené^s  atil* 
mi  ajfkaibus^  Bâîe,  1562,  in*8°  ; 
&  Strasbourg,  I713  ;  &  le  Recueil^ 
des  Auteurs  qui  ont  trtdti  de  la  maU4l4 
Vénérienne  y  Venife  ,  2  voL  in- foi*  > 
le  1^^  en  1567  ,  &  le  2*  en  1599  » . 
dont  Boerhaaye  a  donné  une  nou-  . 
veUe édition,  Ijeyde ,  1728, in-foU 

L  LUITPRAND  ,  roidesLom-, 
hards  ,  échappa  à  la  vefigejiiicc 
à*Aiibert,  qui  ayoit  égprgé  prpfqae 
toute  fa  femille.  [  Voy^  Akibert.  ] 
U  fe  retira  en  Bavière  avec  At{/^^ 
pranéL^  fon  père,  auquel  il  fuccéda 
en  712.  Il  fut  tmypujrs  lié  d'amitié 
avec  Charies  Mattel,  foumit  Thrn*, 
fimond  ,  duc  de.  Spolete ,  enleva, 
aux  Grecs  un€t  ptrtie  de  ce  qu'il» 
poâedpient  en  Italie  ,  priva  les  pal- 
pes des  Alp^  Cptrionnes,  &  s'em- 
para du  patrimoine  qu'ils  avoient 
dans  la  Sabine  &  en  Sicile^  Les  em<^.' 

Dd  iji 


4iO         L  U  I 

pereurs  d'Orient  &  les  pondfes  Ro- 
mains tâchèrent  de  s'oppofer  à  fès 
cntreprifes  *,  mais  fa  valeur  &  fon 
habileté  le  firent  toujours  triom- 
pher de  fes  ennemis.  Enfin  le  pape 
Zacharît  obtint  par  la  douceur  les 
reflitutions  que  fes  prédéceffeurs 
attendoient  de  la  force.  LuUprand 
mourut  en  744 ,  après  un  règne  de 
3 1  ans.  Il  avoit  fignalé  le  commen- 
cement de  fon  règne  par  de  nou- 
velles lois,  au  nombre  de  152  , 
toutes  conformes  au  génie  de  ù 
nation  &  propres  à  la  rendre  heb'- 
reufe.  C'étoit  un  prince  &ge ,  pieux, 
jufle,  prudent,  valeureux ,  cepen^ 
dant  ami  de  la  paix ,  prompt  à  fou- 
lager  les  miférables ,  naturellement 
porté  à  la  démence.  A  peine  fîit-il 
îur  le  trône ,  que  Rotans  fon  parent 
forma  dans  Pavie  même  un  complot 
pour  lui  ôter  le  fceptre  &  la  vie. 
Il  devoit  l'inviter  à  un  repas  & 
apoiler  des  fcélérats  qiû  dévoient 
exécuter  fon  deflein.  Jjùtprand  fit 
appeler  ce  perfide ,  auquel  il  auroit 
pardonné  ;  &  comme  il  vouloir  le 
fouiller ,  parce  qu'on  lui  avoit  dit 
qu'il  auroit  une  cuirafTe  fous  fa 
robe,  Rotarisûi^  fon  épée  pour  le 
percer.  Lmtprand  fe  mit  en  défenfe  , 
tx.  fes  gardes  qui  accoururent ,  maf* 
facrerent  le  malheureux  qui  vouloir 
le  tuer.  Quatre  de  fes  encans  furent 
auifi  mis  à  mort. 

IL  LUITPRAND,LiuTPHRAND 
ou  LiTOBRAND  ,  fous-diacre  de  To- 
lède ,  diacre  de  Pavie  &  évêque 
de  Crémone ,  fit  deux  vo3rages  à 
Conftantinpple  en  qualité  d'ambaf- 
fadeur  \  l'un  en  948  ,  au  nom  de 
Bérenger  U ,  roi  d'Italie ,  avec  qui 
il  fe  brouilla  à  fon  retour;  l'autre 
en  968  ,  au  nom  de  l'empereur 
Othon.  NUéphon  Phocas  ,  empereur 
d'Orient ,  faifoit  un  crime  à  Othon 
d'avoir  pris  le  titre  d'empereur  Ro- 
main :  Luuprand ,  chargé  de  le  jufii- 
fier,  éprouva  les  traitemens  les  plus 
ilidignes.  U  oçfe  déconcerta  point. 


LUI 

&  défendit  avec  zèle  les  intérêts 
de  fon  maître.  NUéphon  piqué  liii 
parla  avec  mépris  des  troupes  Fran- 
çoifes,  en  les  accufant  de  lâcheté, 
de  molleiTe  &  de  difiblunon.  L'am- 
bafiadeur  répondit ,  que  les  guerres 
qui  fuivroient ,  félon  toute  appa- 
rence, lui  fbroiemconnoitre  qu'elles 
avoient  hérité  de  la  valeur  des  Ro- 
mains. >t  Je  iàis  ,  [  dit  Nlcéphore ,  ] 
>♦  que  vous  voulez  en  prendre  le 
M  nom  ;  mais  c'efi  en  vain  que  vous 
»♦  vous  en  flatteriez.Vous  êtes  Lom- 
n  bardsi  votre  fang  efi  corrompu 
>»  depuis  que  vous  l'avez  mêlé  avec 
M  celui  de  ces  peuples  féroces  «. 
Lmtprand  lui  répliqua  :  «  *  S'il  falloir 
>*  remonter  jufqu'à  l'origine  des  na- 
>♦  lions ,  vous  verriez  qu'il  n'en  cft 
>*  poim  dont  la  fource  foit  moins 
>*  pure  que  celle  des  Romains.  Ro* 
n  mulus^votrc  fondateur,  étoit  le  fruit 
>♦  d'un  adultère  ;  le  meurtre  de  fon 
>♦  fi'ere  fut  le  premier  degré  par  le- 
»»  quel  il  s'éleva.  Il  bâtit  ime  ville 
»  fur  un  terrain  ufurpé  ;  il  la  peu- 
»  pla  de  fugitifs  ,  d'efdaves  ,  de 
>*  meurtriers ,  qui  fiiyoientla  mort 
>t  ou  les  pourfuites  de  leurs  créan- 
>vciers.  Voilà  ,  puifque  vous  me 
>f  forcez  de  le  dire  ,  d'où  font 
»*  venus  vos  premiers  empereurs, 
»  &  ceux  de  qui  ils  fe  Êûfoient 
y  gloire  de  defcendre.  Les  Lom- 
>»  bards  ,  les  Saxons ,  les  François , 
»  les  Sueves ,  les  Bourguignons  le 
>i  favent ,  &  ils  difent  en  proverbe, 
>t  que  les  vices  de  Romulus  font  paf- 
»  Ces  à  leurs  defcendans  ««.  Nué- 
phort  fiit  outré  de  ce  reproche  fan- 
glant ,  qui  le  regardoit  moins  qu'une 
nation  étrangère ,  avec  laquelle  il 
n'avoit  plus  rien  de  commun  que  le 
nom  de  fon  empire.  U  fe  leva  bruT* 
quement ,  &  envoya  l'ambaffadeur 
enprifon^  où  il  le  fit  traiter  avec 
toutes  fortes  de  rigueurs.  Il  ne  lui 
accorda  la  permifiion  de  retourner 
en  Italie  qu'à  la  fin  de  l'année.  La 
meiUçure  édiûon  des  CEuvrcs  de 


L  Ut 

hdtprand ,  cft  çdlc  d'Anvers ,  1640, 
in-fol.  Le^lyle  en  eft  dur ,  ferré  & 
très-véhéoient.  Il  afFç^e  de  faire 
parade  de  Grec ,  &  de  mêler  des 
vers  à  fa  profe.  On  y  trouve  ^ne 
Relation  en  VI  livrçj  de  ce  qui  s'é- 
toit  pafTé  en  Europe  de  fon  temps. 
Ses  récits  pe  font  pas  toujours  fîdel- 
les;  il  eft  ou  flatteur  ou  fatiri- 
que.  Le  livre  des  Vîes  d*s  Papts  & 
les  Chroniques  des  Qoths ,  qu'on  lui 
attribue ,  ne  (ont  poii^t  de  lui.  Voy, 
Jean  XII,  ^®^I. 

L  LULLE ,  (  Raimond  )  furnom- 
mé  le  DocUur  illuminé^  né  dans  Tiile 
Majorque  en  1236,  fut  difcipledu 
célèbre  Arnaud  de  Villeneuve,  L'a- 
mour le  rendit  chimiile.  Il  étoit 
pailîonnément  amoureux  d'une  jo- 
lie fille,,  appelée  £/ieonor  «  quirefu- 
ibit  de  l'écouter.  LulU  lui  aya^t 
demandé  les  raifons  de  fon  dédain , 
EUonor  lui.  découvrit  fon  fein  dé- 
voré par  un  cancer.  Xu/^  «  en  amant 
tendre  &  généreux ,  chercha  dans  la 
chimie  quelque  remède  au  qial  de 
fa  maitrefTe ,  &  eut  le  bonheur  de 
le  trouver.  Dès-lors  il  s'appliqua  , 
avec  un  travail  infatigable ,  à  l'é- 
tude de  la  philofpphie  des  Arabes , 
de  la  chimie ,  de  la  médecine  & 
de  la  théologie.  Il  alla  enfuite  an- 
noncer les  vérités  de  l'Evangile  en 
Afrique ,  &  fut  aiTommé  à  coups 
de  pierres,  en  Mauritanie  ,  le  29 
Mars. 1 315  ,  à  80  ans.  Il  efl  ho- 
noré comme  martyr  à  Majorque , 
où  fon  corps,  fut  tranfpotté.  Il  nous 
refle  de  lui  un  grand  nombre  de 
Traités  fur  toutes  les  fçiences ,  dans 
lefquels  on  remarque  beaucoup  d'é- 
tude &  de  fubtilité ,  mais  peu  de 
folidité  &  de  jugement.  Le  flyle 
efl  digne  de  la  barbarie  de  fon  îie- 
de.  Lulle  étoit  auiîi  obfcur  dans 
fes.  exprefGons  que  dans  fes  idées. 
U  avoir compofé  une  Logique,  qui 
étoit  un  vrai  délire.  Cependant  Içs 
dofteurs  Efpagnplsdifoient:  >♦  qu'il 
»»  ne  Taypit  inventée ,  qu'afin  qu'on 


L  u  L        411 

>»  pût  Ce  défendre  de  PAnuchnfiàaxLi 
>*  les  derniers  jours  ,  &  rétorquer 
M  contre  Iw  les  mêmes  argumens  «<• 
Quoiqu'il  y  ait  encore  aujourd'hui 
des  gens  qui  prétendent  qu'en  fai- 
fiiTant  la  clef  de  ces  myflérieipc 
écrits ,  on  trouve  des  connoifTances 
vraies  &  ûmples  -,  '  il  efl  certain 
que  cette  voie  d'y  parvenir  efl  pé-» 
nible  &  puérile  (  on  peut  confulter 
VArs  magna  feUndi  ,  du  P.  Kir^ 
cher  ).  On  a  donné  à  Mayence ,  e^ 
I714,  le  catalogue  des  ouvrées 
de  cet  auteur  ,.  in-8®.  On  y  trouve 
des  Traités  fur  la  Théologie  y  la  Mo'm 
raie  ,  la  Médecine  ,  la  Chimie  ,  1« 
Phyfique  ,  le  Droit ,  &c.  :  car  les 
doâeurs  de  ces  iiecles  embrafToient 
toutes  1^  fçiences  ,  quoiqu'ils  n'en 
pofledafTent  parfaitement  aucune* 
Il  n'efl  cependant  pas  certain  que 
tous  les  ouvrages  énoncés  dans  ce 
catalogue  foient  de  lui  ;  on  peut 
croire ,.  que  pluiîeurs  auteurs ,  pour 
donner  de  la  vogue  à  leurs  ouvrages, 
les  ont  décorés  de  ce  nom  célèbre 
alors.  On  a  en  françois  deux  Vies 
ie  Raimond  Lulle  :  l'une  de  M.  Perr 
rojricr,  Vendôme,  1667  ,  in-8®  ; 
l'autre ,  du  P.  Jean-Marie  de  Verr 
non  y  Paris,  1668,  in-i2..  Jordanus 
Brunus  a  donné  deux  ouvrages  qui 
ont  rapport  à  l'hiftoire  de.  LulU^ 
I.  Liber  de  Lan^ade  comhinatoria  R^ 
Lullîi  ,  Vrague,  158?  ,  iîi-8**.  lÙ 
De  ccmpendiofa  a^cfUteciura  &  complet 
minto  artis  LuUii ,  Paris,  1582  « 
in- 16.'  Les  critiques  les  plus  accré^ 
dites  regardent  Raimond  Lulle  ^ 
comme  Un  homme  prefque  indéfi,- 
nifTable»  d'abord  difTipé  9^  même 
liberân  ,  enfuite  Frère  très-fervenp 
du  Tiers-Ordre  de  Saint-François  ^ 
amateur  de  la  folitude  &  folliciteur 
afîidu  des  princes ,  qu'il  vit  tous 
&prefra  jufqu'à  l'importunitç ,  pout 
les  faii:e  entrer  dans  les  plans  de  foiv 
zèle ,  négociateur  d'une  activité  uni*, 
que  ,  auteur  de  plus  de  volumes  », 
qu'un  homme  n'en  pourroit.  trciofc 


4zt         LVL 

crire  &  prcfquc  lire  durant  la  jne^ 
fure  ordinaire  de  la  vie  ;  accufé 
d'hcréfie ,  &  martyrifé  chez  les  Ma- 
hométans  d'Afrique  *,  homme  en  un 
mot  11  difiTérent  de  lui  -  même  & 
chargé  de  tant  de  contrariétés  in- 
conciliables »  que  fi  l'en  n'étoit 
alTuré  qu'il  a  exifté ,  on  feroit  tenté 
de  le  prendre  pour  un  perfonnage 
rûmanefque. 

II.  LULLE  DE  Terraca  (Rai- 
mond)  furnommé  le  Néophyte ,  de 
Juif  fe  fit  Dominicain ,  &  retourna 
enfuite  au  Juda'iûne.  Il  foutint  des 
erreurs  monftrueufes ,  condamnées 
par  le  pape  Grégoire  XI  ^  en  1376. 

LULLI  ,  (Jean-Baptifte)  mufi- 
cicn  François ,  né  à  Florence  en 
1633  ,  quitta  fa  patrie  de  bonne 
heure.  Ce  fut  un  de  nos  officiers 
qui  engagea  Lullî ^  encore  jeune, 
à  venir  en  France.  A  peine  fut-il 
arrivé ,  qu'il  fe  fit  rechercher  pour 
le  goût  avec  lequel  il  jouoit  du 
violon.  MU*  de  Montperijur  l'atta- 
cha à  fon  fervice  *,  &  Lotus  XIV 
lui  marqua  bientôt  après  le  cas  qu*il 
faifoit  de  fon  mérite ,  en  lui  don- 
nant rinfpctiioû  fur  fes  violons. 
On  en  créa  même  une  nouvelle 
tande  en  fa  faveur ,  qu'on  nomma 
les  Pttks  VloLns  y  par  oppofîtion 
à  la  bande  des  Vingt-quatre ,  la  plus 
célébré  alors  de  toute  l'Europe. 
Les  foins  de  Lulli  ,  &  la  xtiufique 
cju'il  fournît  à  fes  élevés  ,  mirent 
^n  peu  de  temps  les  Petits  Violons 
dans  la  plus  haute  réputation.  Lulli 
a  fait  pfufieurs  innovations  dans  la 
mufique,  qui  lui  ont  toutes  réuffi. 
Avant  lui  la  baffe  &  les  parties  du 
milieu  n'ttoient  qu'un  fimple  ac- 
compagnement ,  &  l'on  ne  confi- 
déroit  que  le  chant  du  deffusdans 
les  pièces  de  violon  -,  mais  LulU 
a  fait  chanter  les  parties  auiïi  agréa- 
blement que  le  deffus.  Il  y  a  in- 
troduit des  fugues  admirables  -,  il 
a  étendu  l'empire  de  l'harmonie  ; 
il  a  trouvé  des  mouvement  ilou^ 


LU  L 

▼eaux  y  &  jufque-là  inconnos  ï 
tous  les  maîtres»  Il  a  Êiit  entrer 
dans  les  concerts  jufqu'aux  tam- 
bours &  aux  tymbales.  Des  &ux 
accords  &  des  dififonances  y  écudi 
ordinaire  où  les  plus  habiles 
échouoient  ,  LulU  a  fu  compofèr 
les  phis  beaux  endroits  de  fes  ou- 
vrages ,  par  l'art  qull  a  eu  de  les 
placer  &  de  les  fauver.  Enfin  il 
falloit  LulU  pour  donner  en  France 
la  perfection  aux  Opéra ,  le  plus 
grand  effort  &  le  chef-d'œuvre  de 
la  mufique.  L'abbé  Perrin  céda  à 
ce  célèbre  mufiden  ,  au  mois  de 
Novembre  1672  ,  le  privilège  qu'il 
avoit  obtenu  du  roi  pour  ccfpcc- 
tacle.  Le  caradere  de  la  mufiquer 
de  cet  artifie  admirable  «  efi  une 
variété  merveilleufe ,  une  mélodie 
&  une  harmonie  qui  enchantent. 
Sts  chants  font  fi  naturels  &  fi  in- 
finuans  ,  qu'on  les  retient ,  pour 
peu  qu'on  ait  de  goût  Ôcdedifpo- 
fition  pour  la  mufique.  Lulâmovr 
rut  à  Paris  en  Mars  1687  ,  à  ^ 
ans ,  pour  s'être  fi^ppé  rudement 
le  bout  du  pied  en  battant  la  me- 
fure  avec  fa  canne.  Le  mauvais 
germe  que  la  débauche  avoit  mis 
dans  fon  fang  ^  fit  empirer  le  mai. 
Au  premier  danger ,  Lulli  confendt 
à  livrer  à  fon  confefifeur  un  Opéra 
nouveau  ,  Athille  &  PoUxenc  Le^ 
confefTeur  le  brûla.  Quelques  jours 
après  ,  LulU  fe  portant  mieux,  ua 
de  nos  princes ,  qui  aimoit  ce  mu- 
ficien  &  fes  ouvrages ,  fut  le  voir: 
Eh  quoi  !  Bapt'Jie ,  lui  dit-il ,  tu  as 
jaé  ton  Opéra  au  feu  ?  Tu  étois  bien 
fou  y  de  croire  un  Janfénljit  qui  revoit  ^ 
&  de  brûler  une  fi  belle  mufique  ?  — 
Paix  y  paix  ,  Mi^nfeigneur ,  (  lui  ré- 
pondit LulU  à  l'oreille  )  je  favois 
bien  ce  que  je  faifois  y  j'en  avols  mM 
féconde  copie.  Une  rechute  le  fi^ 
bientôt  rentrer  en  lui-même.  Dé* 
chiré  des  plus  violens  remords ,  il 
fe  fit  mettre  fur  la  cendre ,  la  corde. 
^  COU  ^  fit  ^^e-honorabkk  & 


I  U  L 

tShM ,  les  larmes  aux  yeaz  :  lifaut 
mourir  »  pécheur  !  0cc.  On  trouTa  dans 
fa  cafiette  fept  mille  touis  d'or ,  & 
Vingt  mille  écns  eA  efpeces.  Auffi, 
Satççai^  qui  lui  fit  une  épitaphe, 
dans  laqu^le  il  le  comparoit  à 
Arion  ,  à  Orphée  &  à  Amphion  , 
a)oma  :  Pius  habiUqu' Amphion,  qui 
n'ajfemhloii  que  des  pierres  par  fes 
mccotâs  ^  Il  A  fait  par  Us  fiens  un. 
tidu  amas  des  plus  précieux  métaux» 
luUl  formoit  lui-même  fes  rnufi^ 
cîens  &  fes,  a^eurs.  Son  oreille 
étoit  fi  fine  ,  que  ,  d'un  bout  du 
théâtre  à  l'autte ,  il  difiinguoit  le 
violon  qui  jouoit  faux.  Dans  foft 
premier  mouvement  de  colère  , 
il  brifi^it  rinfirumeitf  fur  le  dos 
du  muficien  :  la  répétition  faite  , 
il  Tappelôit  ,  lui  payoit  fon  inf- 
trument  plus  qu'il  ne  valoit  ,  & 
l'emmenoit  dîner  avec  lui.  Dilli 
avoit  l'enthoufiafme  du  talent ,  fans 
lequel  on  réuilit  toujours  foible* 
ment.  Il  favoit  ce  qu'il  valoit ,  & 
le  Êtifoit  peu^êt^e  trop  fentir  aux 
autres.  Malgré  une  ardeur  conti» 
nuelle  de  caraftcre ,  pcrfonne  n'ap- 
portoit  dans  la  fociété  plus  de  gaieté 
<^elui  -,  mais  c'étoit  une  gaieté  qui 
dégénéroît  quelquefois  en  polîçon- 
lierie.  Molière  le  regardoit  comme 
un  excellent  pantomime ,  &  lui  di» 
foît  aflez  fouveot  :  LulU  ^  fais^aous 
tire.  Ayant  été  anobli  par  Louis 
XIV ,  qui  l'aimoit  beaucoup ,  il  ob- 
tint encore  de  ce  prince  d'être  reçu 
fecrétaire  à  la  chancellerie  ,  mal* 
gré  Toppofition  de  tous  les  mem^ 
bres  de  cette  compagnie.  Comme 
Lourds  reprochoit  à  LuIU  fa  tcmé- 
lité  ,  de  briguer  une  place  dans  un 
corps  auquel  ce  miniiïre  écoit  aâb^ 
dé ,  lui  qiii  n'avait  d'autre  recom- 
mandation que  cdle  de  faire  rii'c 
Eh  !  tetehlcu ,  (  répondit  LulU  y  )  vous 
m  firle\  autant ,  fi  vons  le  pouvie^.^, 
SENEÇAJy  dont  nous  ayons  quel- 
ques Poéiies  ,  a  tracé  ce  portrait 
éc  LalU  ,  dans  une  Lettre  qu'il 


L  U  L         4^5 

(hppofe  écrite  des  Champs  Elyfées 
peu  de  temps  après  la  mort  de  ce 
muficien.  r,  Sur  uneefpcce  de  bran- 
>»  card ,  compofé  grofiiércment  de  . 
>*  plufieurs  branches  de  lauriers  » 
n  parut ,  porté  par  12  Satyres ,  un 
»  petit   homme  d'afiez    mau\'aife 
n  mine  &  d'un  extérieur  fort  né- 
»»  g^ig^'  ^  peôw  yeux  bordés  de 
>♦  rouge,  qu'on  voyoit  à  peine  , 
>t  &  qui  avoient  peine  à  voir ,  bril- 
M  loient  en  lui  d'un  teu  fombre  , 
»  qui  marquoit  tout  enfemble  beau- 
n  coup  d'cïprit  &  beaucoup  de  ma>-> 
n  lignite.  Un  caraflere  de  plaifan* 
»♦  tcrie  étoit  répandu  fur  fon  vifa- 
M  ge  ,  &   certain  air  d'inquiétude 
n  régnoit  dans  toute  fa  perfonne. 
n  Enfin  y  fa  figure  entière  refpirott 
>»  la  bizarrerie*,  &  quand  nous  n'au  ^ 
))  rions   pas  été  fufiifamment  inf« 
)»  cruits  de  ce  qu'il  étoit  ^  fur  la  fox 
M  de  fa  phyfionomie  ,  nous  l'au*- 
n  rions  pris  fans  peine   pour  un 
>t  muficien  «<.  H  eut  des  torts  avec 
le  bon  La  Fontaine ,  qui  s'étoit  laiifé 
engager  à  faire  un  Opéra  *  que  Luld 
devoir  mettre  en  mulique.  Le  poète , 
de  la  nature  fe  voyant  joué ,  céda  » 
en  enrant  piqué ,  au  premier  mou- 
vement de  fon  reffenfiment  ,   6c 
dans  cet  accès  pafïager  il  en&nta 
une  Satire  contre  le  muficien  Flo- 
rentin ,  la  feule  qui  foit  échappée 
à  fa  plume  fans  fiel  •  &  où  peroo  . 
toujours  ce    ton  de  bonhommie 
qu'on  forçoit  à  deveuoir  aigre»  On  a 
de  Lf/ijLi  ea  grands  Opéra  :  Cad-^ 
mus  y  AlceJUy  Théfée^Atys^  ♦  P/y- 
ehéy  Bellérophon  ,.  Proferplne ,  Perfét , 
Phaeton ,  IJts  ,  Am  idis ,  Roland  ^  At" 
mldey  Sec.  Tragédies  en  f  aâes  -,  les 
Fêtes  de  l* Amour  6*  de  Bacchus ,  Aeis 
&  Galathéiy  Pafiorales  en  3  aâes^ 
le  Carnaval,  Mafc^ade  &  Entrées  ; 
le  Triomphe  de  V Amour  ,  Ballet  en 
20  entrées-,  VIdylU  de  la  Paix^^ 
l'Mglogue  de  Ver/allUs  ,  Divertiffe- 
mens  ;  le  TempU  de,  la  Paix ,  Ballet 

en  6  emrées,  Qutre  ces  pièces  ^ 

Dd  iv 


4*4        L  U  N 

LttlU  a  (ait  encore  la  mufîque  d'en*' 
viron  vingt  Ballets  pour  le  roi  ; 
comme  celle  des  Mufts  ,  de  VA- 
mour  déguîfé ,  de  la  Prlnuje  d*ElUU , 
&c.  C'eft  encore  de  lui  qu'eft  la 
niufique  de  V Amour  Médecin  ,  de 
PouTceangnac  ,  du  Bourgeois  Gentil'» 
homme ,  &c.  On  a  aui&  de  ce  mu- 
£clen  ,  des  Suites  de  Symphonie^ 
^es  Trio  de  violon  ,  &  plufieurs 
Motets  à  grand  chœur*  LdU  épouia 
la  fille  de  Lambert  ,  célèbre  muii- 
cien  François.  11  en  eut  plufieurs 
£ls ,  qui  marchèrent  de  loin  fur 
iti  traces. 

LUMINA,  FoyeiVovLLiv. 

I.  LUNA ,  (  Alvarez  de  )  gentil- 
homme ETpagnol ,  s'empara  de  Tef- 
prit  de  Jean  II  roi  de  CafUUe ,  dont 
il  obtint  répée  de  connétable  ,  & 
qu'il  gouvemoit  non  en  Êivori , 
mais  en  maître  defpotique.  Il  abufa 
^e  fon  pouvoir  ,  alluma  la  guerre 
<lans  le  .royaume  ,  perfécuta  les 
grands ,  s'enrichit  du  bien  d'autrui , 
€i.  reçut  de  l'argent  des  Maures  pour 
empêcher  la  prife  de  la  ville  de 
Orenade.  Convaincu  de  ces  crimes  y 
il  fîit  condanmé  à  Valladolid ,  l'an 
145  3,  à  avoir  la  tête  coupée ,  qu'on 
texpofa  pendant  plufieurs  jours  avec 
un  baffin  pour  trouver  de  quoi  feire 
enterrer  fon  corps.  Sa  hauteur  in- 
iblente  avec  la  reine ,  fiit  la  prin- 
cipale caufe  de  fa  ruine.  Cette  prin- 
cefle ,  plône  de  la  fermeté  opiniâ- 
tre que  donne  le.  refientiment  ,  ne 
quitta  pas  unfeul  moment  fon  foi- 
ble  époux ,  jufqu'à  ce  qu'elle  eût 
appris  la  mort  de  fon  favori.  On 
afiure  que ,  Lima  ayant  voulu  fa- 
voir  d'un  aftrologue  quelle  feroit 
fa  fin,  celui-ci  lui  répondit. qu'il 
mourroit  à  Cadahal/o^  C'étoit  le 
nom  d'une  de  fes  terres ,  &  ce  ter- 
tne  fignifie  auili  Echafauâ  en  efpa- 
gnol.  Le  hafard  rendit  la  prédic- 
tion de  l'ailrologue ,  véritable. 

II.  LUNA ,  (  Michel  de  )  inter- 
f  retç  du  roi  PhiUi^i^e  III  pour  la 


LU  P 

langue  Arabe  ,  a  tradiût  dé  cÊi 
idiome  en  efpagnol  VHifioire  d^  roi 
Rodrigue^  compofée  par  Abulcacîm* 
Tarif  -  Ahentarique.  La  verfion  da 
Luna  fîit  imprimée  pour  la  4^  fol$ 
à  Valence ,  en  1646. 

LUNDORPIUS ,  (  Michel-Gaf- 
pard  )  écrivain  Allemand  ^  a  conti- 
nué VHiftoirc  de  SiMan ,  mais  d'unç 
manière  fort  inférieure  :  cette  Co»-- 
tinuation  »  qui  eft  en  3  vol.  va  ]u£* 
qu'à  l'an  1609,  On  a  encore  de  lui  : 
I.  4^  puhlica.  U,  Des  Notes  fur 
Pétrone ,  fous  le  nom  fuppofé  de 
George  Erhard  ;  elles  font  peu  rer 
cherchées. 

LUNE ,  (  Pierre  de  )  Voye^  B  e* 
NOiT  ,  antipape ,  n**  xvm. 

LUNE,  la  Lune,  étoit  la  inême 
que  Plane  ,  Proferpint  &  Hécate^ 
Le$  Païens  la  mettoient  au  rang 
des  Dieux  du  ciel.  Quand  elle  s'é« 
clipfoit,  ils  croyoient  que  c'étoit 
l'eâfet  de  quelque  ençhantemeitt 
magique  *,  c'eft  pourquoi  ils  ^«- 
foient  un  grand  bruit  en  fi-appant 
fur  des  ba(Bns  d'airain ,  afin  qu'elle 
ne  pût  entendre  ces  enchantemens* 
Elle  avoit  deux  temples  à  Rome» 
l'un  fur  le  mont  Palatin ,  &  l'au-» 
tre  fUr  le  mont  Aventin ,  où  elle 
étoit  honorée  fous  le  nom  de  Noc^ 
tiluca, 

I.  LUPUS ,  Voye{  LoXJP,  (  S.  ) 

II.  LUPUS  ,  (  Chrétien  )  ain$  . 
nommé  parce    que  fon   nom  de 
Emilie  ^0/f, fignifie  Loup,  naquit 

à  Ypres  ,  en  1612  ,  &  entra  dans 
l'ordre  des  Augufiins.  Il  enfe^na 
la  philofophie  à  Cologne ,  puis  la 
théologie  à  Louvain ,  avec  un  fuç* 
ces  diftingué.  Il  exerça  enfuîte  les 
premières  charges  de  fon  ordre 
dans  ù  province.  Le  pape  CUmaifs, 
IX  voulut  lui  doxmer  un  évêché  , 
avec  l'intendance  de  fa  iacriftie  » 
mais  le  Père  Lupus  ,  préférant  l'é- 
tude &le  repos  à  l'efclavage  brillant 
des  dignités  ,  refîifa  confiamment 
l'up  Çç  l'autre,  Innoc^t  ^  ^  ]q 


LUS 

grand-duc  de  Tofcane  lui  donné-* 
rent  auifi    des  marques  publiques 
de  leur  eftime.  Il  mourut  à  Lou- 
vain  en  1681  ,  à  70  ans.  Il  s*é- 
toit  fait  lui-même  une  Epitaphe  , 
dans  laquelle  il  difoit  modeftement 
qu'il  étoit   dipms  nomint  reqw  Lu- 
pus..,. Indlgnus  non  1»,  fid  folo  no" 
mm  doctor.  On  a  de  lut  un  grand 
nombre  d'ouvrages   en  latin.  Les 
principaux  font  :  I.  De  favans  Com- 
mentaires fur  l'HiJioîre  &  fur  Us  Cû" 
notts  du  Conclus^  1665  — 1673  ,en 
5  vol.  in-4®.  11.  Un  Traité  des  Ap- 
felUttlcju  tw  Stùnt-SUge^  in-4°,  con- 
tre Quefnel  ;  8ç  OÙ  1  auteur  adopte 
quelques  opinions  des  Ultramon- 
oins.  111.  Un  Traké  fur  la  Contri- 
tion ,  in-4**,  Louvain ,  1666,  auffi  fa- 
vant  que  fOlide.  IV,  RecutU  ^  l^- 
,       près  &  de  Monumens  concernant   Uf 
Conclus  d'Ephefe  &  de  ChaUédolne  , 
2  vol.  in^4°,  Louvain ,  i68i.  V. 
I       Un  recueil  des  Lutres  de  S.  Tho^ 
j       wtf*  de  Cantorberi  ,  précédées  de 
j       fafTe,  Bruxelles,  i68i,in-4^  VL 
[       \^n Commentaire  furies  Refcrlptions 
I       àe  TertulUm.  VII.  Un  grand  nora- 
I       brc  de  Dlffertatlons  ,  &c.  Tous  ces 
I       ouvrages  font  en  latin   &  pleins 
d'érudition.  Ils  ont  été  réunis ,  à 
Venifc  ,  en  4  vol.  in-fol ,  1724  , 
par  les  foins  du  P.  Thomas  Phi- 
lippino  de  Ravenne ,  Auguftin. 

LUSaNIUS  ,  (  Othraar  )  cha- 
noine de  Strasbourg  fa  patrie ,  laiifa 
pîufieurs  écrits ,  entre  autres  :  I,  Dçs 
Tiadu£kions  latines  dçs  ^ympojùt" 
ques  de  Plutarque^  &  des  Harangues 
à^Ifocrau  à  DetnonUus  &  à  Nleo^ 
fies  ;  d'£pigrammes  Qreçqucs  ,  &c. 
]£Ues  ibnt  plus  fidelles  qu'élégan- 
tes. II.  Des  Commentaires  fur  VE,ctÎ'- 
fureSamtç,  Il  mourut  en  1535- 
LUSIGNAN  ,  Voy.  LUZIGNAN. 
I.  LUSSAN,  (  François  d'Efpar- 
bez  de  )  vicomte  dAuheterre  ,  fer- 
vit  fous  Henri  IV  &  fous  Lov^ 
XUl ,  &  fe  diftingua  dans  difFé- 
fpi^  oççafions.  Il  fu;  po\irv\ipai: 


LUS         41$. 

le  premier,  Tan  1590,  du  gouvet- 
ment  de  Blaye  ,  fur  la  démiffioa 
de  fon  père  ;  &  par  le  fécond ,  l'an 
1620  ,  de  la  dignité  de  maréchal 
de  France  ,  après  avoir  remis  fon 
gouvernement  de  Blaye  à  Brames  , 
frère  du  connétable  de  Luynes.  II 
fe  déclara  pour  la  reine  en  1610  « 
fit  le  fiege  de  Nérac  &  de  Cau- 
mont  en  162 1  ,  fous  le  duc  de 
Mayenne  ,  &  fe  retira  enfuite  à 
Aubeterre,  où  il  mourut  en  1628* 
Son  père  ,  Jean-Paul  d'Efparhei^  , 
s'étoit  maintenu  dans  Blaye  mal- 
gré le  maréchal  de  Matignon  , 
qui  l'y  affiégea  pour  l'en  dépoffc- 
der.  11  avoir  commencé  à  fervir  ea 
Italie  fous  Montluc ,  qui  parle  avec 
éloge  de  fa  bravoure  naiiTante  an 
fiege  de  Sienne  en  1554. 

II.  LUSSAN ,  (Marguerite  de) 
fille  d'un  cocher  &  de  la  FUwy  , 
célèbre  difeufe  de  bonne-aventure» 
naquit  à  Paris  vers  16S2.  Quoi- 
que fa  naiffance  ne  fût  ,pas  trQ|^ 
brillante ,  elle  reçut  une  éducation 
affcz  noble.  Le  favant  Huet  ayant 
eu  l'occafion  de  la  connoître ,  goûta 
fon  efprit ,  &  l'exhorta  (  dit-on  ) 
à  compofer  des  romans.  UHlfioîrc 
de  la  Comtejfe  de  Gondès ,  en  2  vol. 
in- 12,  qui  fut  le  premier,  jufHfia 
le  confeil  de  ce  prélat.  Il  eft  vrai 
que  fi  elle  trouva  un  évêque  pour 
démêler  fon  imagination,  elle  ren- 
contra un  galant  homme  pour  l'ai- 
der.  Ce  fut  Ignace-Louis  de  la  StRRZ^ 
fiçur  de  Langlade ,  auteur  de  9  OU 
10  Opéra  ,  entre  autres  de  celur 
de  Pyrcme  Ç^  Thishé.  11  dirigea  le 
premier  ouvrage  de  Mil*  de  Lujfan^ 
&  ajufla  la  charpente  qu'il  n'auroit 
pu  imaginer.  Il  vécut  toujours  dans 
la  plus  grande  intimité  avec  fon 
afTociée.  Elle  commença  par  avoir 
pour  lui  des  fentimens  qui  paf- 
îbient  les  bornes  de  la  recoxmoif- 
fance.  Elle  fit  croire  enfuite,  par 
la  continuité  de  fes  attentions  j 
qp'il  éîoit  fon  m^ri  >  Pn  fe  xxqv^. 


i»i6      lus 

poit.  Mil*  de  J^ffan ,  enchantée  dn 
é'itaâere  de  la  Serre  ,  avoit  fait  fon 
ami  de  fan  amant.  Jui'qu'a  l'âge 
de  près  de  cent  ans  que  cet  homme 
de  lettres  pr plongea  (à  vie ,  il  fut 
pour  eue  ce  qi**un  père  refpeéb- 
X>le  eft  po or  (a  tille  la  plui  tendre. 
Z.  Scrr,  ttoit  un  bon  gentilhomme 
de  CJiôrs  ;  il  avoit  une  belle  ame 
te  des  mœurs  très-douces.  Il  étoit 
né  avec  25000  liv.  de  rente  quli 
peidit  au  )eu.  Il  voulut  devenir 
poète  *,  il  ioua  toujours  de  mal- 
heur. Heureufement  pour  Mil* 
de  Luffan  ,  c*étoit  un  excellem  cri- 
'dque ,  &  réellement  un  homme  de 
goût  &  de  bonne  compagtiie.  Son 
peu  de  talent  a  écarté  le  foupçon 
qu'il  étoit  l'auteur  des  Romans  de 
fon  amie  ;  mais  la  gloire  qu'elle  en 
a  retirée,  n'a  pas  toujours  été  pure 
êc  fans  mélange.  On  attribue  à 
M.  l'abbé  de  Boifmorand  les  Anec-' 
dotes  de  la  Cour  de  Philippe- AuguJU  ^ 
en  6  vol.  in-i^,  qui  virent  le  jour 
en  1733  ,  &  qui  ont  été  fouvent 
réimprimées  depuis.  C'eft  fans  con- 
tredit le  meilleur  ouvrage  qui  ait 
paru  fous  le  nom  de  MU*  de  Luffan. 
La  figure  de  cette  agréable  roman- 
cière n'annonçoit  point  ce  qu'elle 
devoit  à  la  nature.  Elle  étoit  lou- 
che &  brune  à  l'excès.  Sa  voix , 
fon  air  n'appartenoient  point  à  fon 
it^t  -,  mais  elle  en  avoit  Tame.  Elle 
étoit  feniible,  compatiflante^  pleine 
d'humanité ,  généreufe ,  capable  de 
Alite  dans  l'amitié  -,  fujette  à  la  co- 
\tt^ ,  jamais  à  la  haine.  Elle  eut 
des  foibleffes  -,  mais  fa  paflîon  prfn- 
cipale  fut  de  £aire  de  bonnes  ac- 
tions. Elle  étoit  vive  ,  gaie  ,  & 
malhenreufemem  fort  gourmande. 
Cet  excès  dans  le  manger  lui  caufa 
une  indigeftion.»  dont  elle  mourut 
à  Paris  le  31  Mai  1758  ,  âgée  de 
75  ans.  Outre  les  ouvrages  dont 
nous  avons  parlé  ,  on  a  d'elle  : 
ï.  Les  VeîUées  de  TheffaUe  ,  4  vol. 

'  in<ri2,  C'eft  un  recueil  de  contes 


LUT 

agréiUes  &  de  fiôions  ingénîedei; 
n.  Mémoires  fecrets  &  întdffies  it  U 
Cour  de  Frâiue  fous  Charles  F/JT, 
I741  y  in^-ii.  III.  Anecdotes  de  U 
Cour  de  François  /,  I748 ,  3  vol. 
in- 12.  IV.  Marie  d'Angleterre,  1749, 
în-ii«  V.  Annales-  de  U  Cour  à 
Henri  U ,  I749  ,  1  vol.  in- II.  VI. 
On  a  vu  paroître  aulfi  fous  fon 
nom  l'Hiftolre  de  U  vie  &  du  reçu 
de  Charles  VI y  roi  de  France^  1753, 
9  vol.  in- 12.  VîUftoire  du  règne  à 
Louis  XI ^  175  { ,  6  vol.  in-12  -,  & 
VHlftoire  de  la  dernière  révolution  à 
Naples ,  1756,  4  vol.  in-il.  Mds 
ces  trois  derniers  ouvrages  font  de 
Baudot  de  Jtdlly  y  le  même  qui  en 
1696  donna  PHlfioîre  de  Charles  VII, 
2  vol.  in-12 ,  réimprimée  en  1755. 
Mll^  de  Luffan  lui  rendoit  la  moi* 
dé  du  profit  qu'elle  retiroit  des  li- 
vres qu'elle  adoptoit ,  &  lui  £iifoit 
cent  piftoles  de  penûon ,  des  109 
qu'elle  avoit  obtenues  fur  le  Mtr^ 
'cure»  VII.  La  Vie  du  brave  CrUlon, 
17 57,  en  2  vol.  in- Il  :  ouvrage 
prolixe  &  mal  écrit.  Le  déÊiut  de 
précifion  eft  celui  de  prefque  tous 
les  écrits  de  MU*  de  Luffan.  Il  y 
a  de  la  chaleur  dans  fes  Romaas  \ 
les  événemens  y  font  préparés  & 
entremêlés  avec  art,  les  ^mations 
vivement  rendues ,  les  paffions  bien 
maniées  :  mais  la  néceffité  où  die 
étoit  d'entaffer  volumes  fur  volu- 
mes pour  vivre,  l'obligeoit  d'é- 
tendre fes  récits,  &  par  confé- 
quent  de  les  rendre  foibles  &  lan< 
guiiTans. 

L  LUTATIUS-Catvlus. 
[  Caius  ]  conful  Romain  ,  l'an  241 
avant  J.  C. ,  commandoit  la  flotie 
de  la  république  dans  le  comba 
livré  aux  Carthaginois  entre  I^é- 
pani  &  les  ifles ''agates.  Il  leur 
coula  à  fond  50  navires ,  &  en  jirit 
70.  Cette  viftoire  obligea  les  vain* 
eus  à  demander  la  paix ,  &  mit  fûi 
à  la  première  guerre  Punique, 

U,  LUTATIUS-Catvivs» 


LUT 

t  Quaitas  ]  conful  Romain  «  l'an 
101  avant  Jefus-Chnft,  vainquit 
les  Ombres  de  concert  avec  Ma- 
ms  fon  collègue.  Dans  la  fuite , 
fdartus  s'étant  rendu  maître  de  Ro< 
me  par  fes  difTendons  avec  Sy/la , 
il  le  mit  au  nombre  des  profcrîts, 
fans  que  la  conûdérat&on  de  fes 
fervices  &  les  prières  des  princi- 
paux citoyens  euiTem  pu  le  âéchir. 
Il  fiit  donc  enfermé  dans  une  cham- 
bre où  l'on  avoit  allumé  un  grand 
brafier,  &  étoufie  par  la  vapeur 
du  diarbon.  Peu  après ,  Sylla  ven- 
gea ÙL  mort  par  celle  du  jeune 
Manus,  Ce  magifbat  fut  du  nom- 
bre des  orateurs  illufires.  Il  avoit 
Élit  de  belles  Haranpus  &  VHîfloirc  de 
fon  Confulat\  mais  ces  ouvrages  ne 
font  poim  parvenus  jufqu'à  nous, 

II L  LUTATIUS-Catulus, 
\Quintus'\,  fils  du  précédent,  fit 
mourir  ûpldus^  qui  vouloit  après  la 
mort  de  Sylla ,  renouveler  la 
guerre  civile.  Il  fit  rebâtir  le  Ca- 
pitolc  qui  avoit  été  brûlé.  C'étoit 
un  homme  qui  avoit  autant  de 
probité  que  defagefTe ,  &  qui  jouif- 
toit  d'une  grande  autorité  dans 
Kome. 

LUTHER, (Martin)  né  àlûebe 
dans  le  comté  de  Mansfeld ,  le  lo 
Novembre  1483  ,  de  Jean  Luther  ou 
lauther ,  qui  travailloit  aux  mines  , 
£t  fes  études  avec  beaucoup  de 
£iccès.  La  foudre  tua  un  de  fes 
compagnons ,  tandis  qull  fe  prome- 
noit  avec  lui.  Cette  mort  le  frappa 
teUement ,  qu'il  embraffa  la  vie  mo- 
naftiquechez  les  Hermites  de  Saint- 
Augiilin  à  Erford.  Ses  taleas  en- 
gagèrent fes  fupérieurs  à  l'envoyer 
profefTer  dans  la  nouvelle  univer- 
Ètc  de  Wittemberg ,  fondée  depuis 
peu  par  Frédéric ,  éleâeur  de  Saxe. 
Il  donna  fucceffivement  des  leçons 
de  philofophie  &  de  théologie 
avec  beaucoup  de  fuccès  ;  on  re- 
marqua feulement  en  lui  im  pen- 
chât extrême  pour  ks  nouveau- 


L  U  T        417 

tél.  ttoher  étoit  un  de  ces  hommes 
ardens  &  impétueux,  qui,  lor^ 
qu'ils  font  vivement  fiûfis  par  un 
objet ,  s'y  livrent  tout  entiers  , 
n'examinent  plus  rien ,  &  devieo» 
nent  en  quelque  manière  abfolu^ 
ment  incapables  d'écouter  U  fa« 
gefle  6r  la  raifon.  Une  imagination 
forte ,  fécondée  par  l'efprit  &  nour- 
rie par  l'étude ,  le  rendoit  naturel- 
lement éloquent,  &  lui  afliiroic 
les  fuf&ages  de  ceux  qui  l'enten- 
doient  tonner  &  déclamer.  U  fen* 
toit  bien  iâ  fupériorité  ;  &  fes  fuc« 
ces,  en  flattant  fon  orgueil ,  le 
rendoient  toujours  plus  hardi  Ce 
plus  entreprenant.  Lorfqu'il  don* 
noit  dans  quelque  écart ,  les  re* 
montrances  ,  les  objeétions  n'é- 
toient  pas  capables  de  le  £ûre  ren* 
trer  en  lui-même  :  elles  ne  fervoient 
qu'à  l'irriter.  Un  homme  d'un  tel 
caraâere  devoit  néceiXairement  en- 
£inter  des  erreurs.  Le  moine  Au- 
guftin ,  s'étant  rempli  des  livres  de 
Théréfiarque  Jean  Hus ,  conçut -une 
haine  violente  contre  les  prati- 
ques de  l'Ëglife  Romaine  ,  & 
fur -tout  contre  les  théologiens 
fcolafliques.  Dès  l'an  15 16  » 
il  fit  foutenir  des  Thefes  publi- 
ques ,  dans  kfquelles  les  gens  éclai- 
rés virent  le  germe  des  erreurs 
qu'il  enfeigna  depuis.  Ainû  il  eft 
faux  que  Luther  ait  commencé  à 
dogmatifer  à  l'occaûon  des  difpiw 
tes  furvenues  entre  les  Domiiû'^ 
cains  &  les  Auguilins  pour  la  dif* 
tribution  des  indulgences  plénie^ 
res ,  qui  ne  furent  accordées  par 
Léon  X  qu'en  15 17.  Seckendorf^  & 
depuis  lui  MM.  Lenfant  &  Ckau 
ont  démontré  que  ,  long-temps 
avant  l'éclat  des  indulgences ,  Lu^ 
ther  avoit  commencé  à  combattra 
divers  points  de  doôrine  de  TE^ 
glife  Romaine.  Il  eft  vrai  que  les 
abus  que  commettoicnt  les  quêteur» 
des  aumônes  que  l'on  donnoit  pout 
les  indulgeoçesi  ^  les  propofi^ 


428         LUT 

âons  outrées  que  les  prédicateurs 
(débkoient  fur  leur  pouvoir,  lui 
fournirent  une  occafion  de  répan- 
dre avec  plus  de  liberté  fa  bÛe  & 
fon  poifon.  Le  Lutkéranlfmc  n'é- 
toit  qu'une  étincelle  en  i  ç  17  ; 
mais  en  15 18  ce  fut  un  incendie. 
Frcdtric^  éleôeur  de  Saxe,  &  Tu- 
iiivcrlité  de  Wittemberg ,  fe  décla- 
rèrent proteéleursdei^itfA«r.  [  Voy. 
XYi.  Frédéric]  Cet  héréiîar- 
que  s'ouvroit  peu-à-peu.  D'abord 
il  n'attaqua  que  l'abus  des  in- 
dulgences*, enfuite  il  attaqua  les 
indulgences  mêmes-,  enfin  il  exa- 
mina le  pouvoir  de  celui  qui  les 
donnoit.  De  la  matière  des  indul- 
gences il  pafla  à  celle  de  la  juiH- 
tication  &  de  Tefficace  des  Sacre- 
mens ,  &  avança  des  propoiitions 
toutes  plus  erronées  les  unes  que 
les  autres.  Le  pape  Léon  X  l'ayant 
vainement  fait  citer  à  Rome ,  cour 
fentit  que  cette  querelle  fût  termi- 
née en  Allemagne  par  le  cardinal 
Cajaan  fon  légat.  Cajetan  avoit 
ordre  de  fidre  retracer  l*héréfiar- 
quc  »  ou  de  s'aiTurer  de  fa  perfon- 
ne  :  il  ne  put  exécuter  ni  Tune 
ni  l'autre  de  ces  commiffions.  Lu- 
ther lui  tint  tête  dans  deux  con- 
férences fort  vives  j  &  craignant 
le  fort  de  Jean  Husy  il  prit  Secrè- 
tement la  fidte  ,  après  avoir  fait 
afficher  un  aûe  d'appel  àMPape  mal 
informé  au  Pape  mieux  Informé,  Du 
fond  de  fa  retraite ,  il  donna  car- 
rière à  toutes  fes  idées.  Il  écrivit 
contre  le  Purgatoire  ,  le  Llbre-Ar- 
hître ,  les  Indulgences ,  la  Confeffîon 
auriculaire^,  la  Primauté  du  Pape ^ 
les  Vaux  monafiîques  ,  la  Commu-- 
mon  fous  une  feule  efpue,  les  Pélerî' 
nages ,  &c.  Il  menaçoit  encore 
d'écrire  ;  mais  le  pape ,  pour  oppo- 
ser une  digue  à  fes  erreurs ,  anathé- 
matifa  tous  fes  écrits*  dans  une 
bulle  du  20  Juin  1 5  20.  Luther  en 
appela  au  futur  concile  :  &  pour 
toute  réponfe  à  la  bulle  de  Léon 


LUT 

X  ^  il  la  fit  brûler  publiquement 
à  "VVittemberg ,  avec  les  Décréta- 
'  les  des  autres  papes  fes  prédécef- 
feurs.  Ce  fut  alors  qu'il  publia  fon 
livre  De  la  Captivité  de  Babylonc^ 
Après  avoir  déclaré  qu'il  fe  repen- 
toit  d'avoir  été  fi  modéré,,  il  expie 
cette  feiute  par  de  nouvelles  décla- 
mations. Il  y  exhorte  les  princes 
à  fecouer  le  joug  de  la  papauté  ,. 
qui  étoit ,  félon  lui ,  le  royaume 
de  Babylone.  Il  fupprime  tout  d'un 
coup  quatre  Sacremens ,  ne  recon- 
noiâfant  plus  que  le  Baptême,  l3 
Pénitence  &  le  Pain.  C'eft  l'Eu- 
charifiie  qu'il  défigne  fous  le  nom 
de  Pain.  Il  met  à  la  place  de  la 
Tranfuhjlantiation  ,  qui  s'opère  dans 
cet  adorable  facrement ,  une  CV>«- 
fubftantlatlon.  Le  pain  &  le  vin  de-* 
meurent  dans  l'Euchariftiei  mais 
le  vrai  Corps  &  le  vrai  Sang  y 
font  aufii  ,  comme  lefeufe  mêle  dans 
un  fer  chaud  avec  le  métal  ^  ou  cow- 
me  le  vin  efi  dans  &  fous  le  ton-- 
neau,,.  Léon  X  oppofa  une  nou^ 
velle  bulle  à  i'héréfiarque  :  elle 
fut  lancée  le  3  Janvier  15  21.  L'em- 
pereur Charles-Quint  convoqua  en 
même  temps  une  diète  à  Worme, 
où  Luther  fe  rendit  fous  un  fauf-* 
conduit  &refufade  fe  retracer.  A 
fon  tetour  il  fe  fit  enlever  par  Fré^ 
derlc  de  Saxe,  fon  protefteur,  qui 
le  fit  enfermer  dans  un  château 
défert ,  pour  qu'il  eût  un  prétexté 
de  ne  plus  obéir.  Cependant  la  fe- 
culté  de  Théologie  de  Paris  fe  joint 
au  pape,  &  anathémathife le  nou- 
vel hérétique.  Luther  fiit  d'autant 
plus  fenfible  à  ce  coup ,  qu'il  avoit 
toujours  témoigné  une  grande  ef- 
time  pour  cette  faculté,  jufqu'à 
la  prendre  pour  juge.  Henri  VIII% 
roi  d'Angleterre  ,  publia  dans  le 
même  temps  contre  lui.  un  écrit  > 
qu'il  dédia  au  papeI«o/zX.L*héréfiar^ 
que  furieux  eut  recours  à  fa  ré- 
ponfe ordinaire ,  aux  injurçs.  »  Jq 
>♦  ne  fais  fi  la  Folie  çlle-mêm^^ 


LUT 

h  (  difoit-il  à  ce  monarque  )  peut 
n  être  aufli  infenfée  qu'eft  la  tête 
M  du  pauvre  Henri,  O  !  que  je  vou- 
»  drois  bien  couvrir  cette  Majefté 
n  Ângloife  de  bouc  &  d'ordure! 
n  J'en  ai  bien  le  droit...  Venez,  di- 
n  foit-il  encore ,  monfieur  Henri , 
H  je  vous  apprendrai  «<  :  Vmiads^  do* 
mine  Henrke^  ego    doceho  vos.  Sur 
quoi  Erafnu  n'a    pu  s'empêcher 
d'obferver    que   LutUr  auroit  du 
moins  dû  parler  latin,  puifque  le 
roi   d'Angleterre  lui  en   donnoit 
l'exemple ,  &  ne  pas  joindre  des 
folécifmes  aux  grof&éretés:  Ç^mà 
invîtahat  Lutherum  ut  dlceret  :  Venia- 
ùs ,  domine  Hennce  ,  ego  doctbo  vos  ? 
ScUtem    re^s  Gber   laânè  loquebatur. 
Ce  finguUer    apôtre    appeloit    h 
château  où  il  étoit  enfermé,  fon 
ifie  de  Pathmos,  Sans    doute  que» 
pour  mieux  reflembler  à  Tévangé- 
lifte  S,  Jean  ,  (dit  M.  Macqusr,)  il  crut 
ne  pouvoir  fe  difpenfer    d'avoir 
des  révélations   dans  Ton  lAe.  Il 
eut  une  conférence  avec  le  Dia- 
ble, qui  lui  révéla  que    s'il  vou- 
loit  pourvoir  à  fon  falut ,  il  fal- 
loit  qu'il  s'abftînt  de  célébrer  des 
Mefles  privées.  Luther  ûiivit  exac- 
tement ce  confeil  de  l'Ange   des 
ténèbres.   Il   fit  plus*,  il    écrivit 
contre  les  méfies  baiTes ,  &  les  fit 
abolir  à   "Witteinberg.  Luther,  étoit 
tt-op  reflTerré  dans  fon  ifie  de  Path- 
mos ,  pour  qu'il  voulût  y  refier 
long-temps.  Il  fe    répandit   dans 
TAUemagne  ;     &  ,    pour    avoir 
plus  de  feâateurs ,  il  foulagea  les 
prêtres  &   les  religieux  de  la  ver- 
tu  pénible    de    la    continence  „ 
dans  im  ouvrage  où    la    pudeur 
tfi  ofiEenfée    en    mille    endroits. 
Ce  fiit  cette  même  année,  1523, 
qu'il   écrivit   fon   Traité   du  Fifc* 
Commun,   Il    le    nommoit    ainfi  , 
parce  qu'il  y  donnoit  l'idée  d'un 
ffc  ou  tréfor  public,  dans  lequel 
on  feroit  entrer  les    revenus    de 
t£us  lesmopailercs  rentes  ,dçs  cv$* 


LUT        41^ 

chés  >  des  abbayes ,  &  en  général 
de  tous  les  bénéfices  qu'il  vouloit 
enlever  à  l'églife.   L'efpérance  de, 
recueillir  les  dépouilles  des  -  £c4 
défiafiiques  engagea  beaucoup  de^ 
princes  dans   fa  feue,   &  lui  fitv 
plus  de  profélytes  que  tous  fes.  li- 
vres. 11  ne  faut   pas  croire ,  (  dit» 
un  écrivain  ingénieux,)  que  Jean 
Hus ,  Luther  ou   Calvin  fufient  dès 
génies  fupérieurs.  Il   en  efi   des 
àieh  de  îeâes  ,  comm^  des  am*- 
baffadeurs  -,  fouvent  les  efprits  mé-^ 
dlocres  y   réuffiflent  le  mieux,, 
pourvu  que  les  condition^  qu'ils 
ocrent  foient  avantageufes.  Si  en. 
cfl^et  on  veut  réduire   les  caufes 
des  progrès  de  la  Réforme  à  des 
principes  fimples,  on  verra  qu'en. 
Allemagne  cefiit  l'ouvrage  del'in*. 
térêt,  en  Angleterre  celui  de  l'a-, 
mour ,  &  en  France  celui  de  la  nou^. 
veauté.  L'amorce  des  biens  ecclé-^ 
fiafiiques  fiit  donc  le  principal  apô«- 
tredu  Luthér^wjme,  Cependant  Lu^, 
ther  lui-même  eut  le  temps  de  voir, 
que  ces  biens  n'avoient  poim  en-, 
richi  les  princes  qui  s'en  étoient. 
emparés.  Il  trouva  même  que  Vè.-». 
le£^eur  de  Saxe  &  fes  favoris .  qui; 
avoient  partagé    cette  dépouille^ 
n'en  étoient  pas  devenus  plus  ri*, 
ches.  L'expérience ,  difoit-il ,  nous, 
apprend  que    ceux  qui     s'appro-. 
prient  les  biens  eccléfiaftiques ,  n'j;^ 
trouvent  qu'une  fource  d'indigences. 
&  de  détrefiTe  :    Comprohat  experlen^, 
tîa ,  eos   qui  ecclefiaftica  hona  ad  ft 
traxenmt ,  oh  ea   tandem   depat^erart 
&  mendlços  fieri.  Il  rapporte  à  .cette 
occafion  les  paroles  àeJean  Hund^, 
confeiUer  de  l'élef^eur  de  Saxe , 
auquel  il  paroifiToit  que  les  biens^ 
de  l'Eglife ,  envahis  par  les  nobles  ^ 
avoient  dévoré  leur  patrimoine  : 
Nos  nohiles  canobiorum   opes  ad  nos 
traximus.   Opes   nofiras  equtftres  illct 
comederunt ,  &  confumpferunt  A<8  cff- 
nohia/es  ,    ut  neque  canobiaks  nequt 
t^uefirçs  ampU^s  hal^amm»  U  finit 


'450       LUT. 

fôr  f apologue  d'un  aigle ,  qm«  em- 
portam  de  l'autel  de  yi/^y/^cr  des  vian- 
des qui  lui  étoient  offertes,  em- 
portai en  même  temps  un  charbon 
qui  mit  le  feu  à  fon  nid  (  Sympo- 
fiât*  cap,  ^.  )  L'ob£ervation  n'étoit 
que  trop  Traie.  Des  courtifàns  avi- 
des «  des  adminiâratairs  inftdelles 
ont  dévoré  les  monafteres»  les 
abbayes ,  les  hôpitaux  ;  eux  6c  le 
prince  dont  ils  fervoient  la  paf- 
£on,  femblables  aux  harpies  de  la 
6ble,  paroiflbient  par  leurs  dépré- 
dations augmenter  leurs  befoins  ; 
tout  s'évanouiflbit  dans  ces  mains 
voraces*  [  Voye^  Henri  VIII...  ] 
Cependant  le  parti  de  LuUier  fe 
fbrtiâoit  de  jour  en  jour.  Luther 
6ifoit  tout  dans  l'églife  ;  il  pré- 
choit,  il  vifitoit»  il  corrigeoit , il 
retranchoit  des  cérémonies,  il  en 
établiflbit  d'autres ,  il  inftituoit  & 
deftituoit  -,  il  établit  même  un  évê- 
que  à  Nuremberg.  Son  imagination 
véhémente  échauffii  les  efprits  ,  il 
Communiqua  fon  enthouûaûne  ,  il 
devintrApôtre  &rOraclede  la  Saxe 
ft:  d'une  grande  parce  de  TAlle- 
magne:  étonné  de  la  rapidité  de 
fes  progrès,  il  fe  crut  en  effet  un 
homme  extraordinaire:  >*  Je  n'ai 
M  pas  encore  mis  la  main  à  la 
»  moindre  pierre  pour  la  renver- 
M  fer,  difoit-il*,  }e  n'ai  fait  mettre 
M  le  feu  à  aucun  monaftere ,  mais 
M  prefquetous  les  monaflercs  font 
M  ravagés  par  ma  plume  &  par 
yt  ma  bouche,  &  on  publie  que 
>»  fans  violence  J'ai  moi  feul  tait 
M  plus  de  mal  au  pape  que  n'au- 
>♦  roit  pu  faire  aucun  roi  avec  tou* 
M  tes  les  forces  de  fon  royaume  «. 
luther  prétendit  que  ce;  fuccès 
étoient  Tefifet  d'une  force  furnatu- 
lelle  que  Dieu  doimoit  à  fes  éaits 
&  à  fes  prédications  :  il  le  pu- 
blîoit  ,  &  le  peuple  le  croyoit. 
Attentif  au  progrès  de  .fon  empire 
fur  les  efprits,  dit  M.  l'abbé  ei» 
fuct ,  il  prit  le  ton  des  Prophètes 


LUT 

contre  ceux  qui  s'oppofoîent  àiS^ 
dofb-ine.  Après  les  avoir  exhortés 
à  l'embraffer,  il  les  menaçoit  de 
crier  contre  eux  s'ils  refiofoient  de 
s'y  foumettre  :  «  Mes  prières ,  dit- 
>*  il  à  un  prince  de  la  maifon  de 
n  Saxe ,  ne  feront  pas  un  foudre 
H  de  Salmonée,  ni  un  vain  mur- 
n  mure  dans  l'air  >  on  n^'arrête  pas 
n  ainfi  la  voix  de  Luther,  &  je 
M  fouhaite  que  Votre  Alteflie  ne 
>•  l'éprouve  pas  à  fon  dam  :  ma 
n  prière  eft  un  rempart  invincible , 
n  plus  puiflànt  que  le  Diable  mê- 
n  me  ;  fans  elle  il  y  a  long-temps 
n  qu'on  ne  parleroit  plus  de  •£«« 
M  thir  ,  &  on  ne  s'étonnera  pas 
>i  d'un  il  grand  miracle  m  !  Lorf- 
qu'il  menaçoit  quelqu'un  des  )uge-  | 
mens  de  Dieu,  vous  euffiez  die 
qu'il  lifoit  dans  les  décrets  étcr-  | 
nels  ;  fur  fa  parole ,  on  tenoit  pour 
aiTuré  dans  fon  paru  qu'il  y  avoit  | 
deux  Anteehrijts  clairement  marqués 
dans  récrittu^ ,  le  Pape  &  U  Turc^ 
dont  i^^rannonçoit  la  nûne  pro- 
chaine. Ce  n'étoit  pas  feulement  le 
peuple  qui  croyoit  que  Luther  ^\t 
un  Prophète  ;  les  Savans ,  les  Théo- 
logiens ,  les  Hommes  de  Lettres  d& 
fon  parti ,  le  regardoient  &  le  don- 
noient  pour  tel ,  tant  l'empire  del'i- 
magination&de  l'enthoiÛQafine  eft 
étendu.  De  la  haute  Saxe  le  Luthéra* 
nifine  s'étoit  répandu  dans  les  pro- 
vinces Septentrionales.  U  acheva  do 
s'établir  dans  les  dudiés  de  Lune* 
bourg ,  de  Brunfvick ,  de  Mecket 
bourg  &  de  Pomérame  \  dans  les 
archevêchés  de  Magdebourg&de 
Brémen;  dans  les  villes  de  '^'- 
mard  &  de  Roftock ,  8c  tout  le 
long  de  la  mer  Baltique.  Il  paffil 
même  dans  la  Livonie  8c  dans  li 
PrufTe ,  où  le  grand-maître  de  l'or- 
dre Teutoniqué  fe  fit  Luthérieot 
Le  fondateur  du  nouvd  évangile  ' 
quitta  vers  ce  temps-là  le  froc  d'Au-  ' 
gufUn  pour  prendre  l'habit  de  àoCf 
teur,  U  renonçaàlaçialitédeAAf 


LUT 

Wreni  Pitt ,  qu'on  lui  avoît  doiti'' 
née  iur<tu'alors  ,    &  n  en  voulut 
point  d'autre  que  celle  de  DoSmr 
Mania  Lf/THiR.  L'année  d'après, 
(le  II  Juin  1515  )  il  époufa  C^- 
^srine  de   Bore  ,    jeune  reUgieuiîe 
d'une  afTez  grande  beauté  f  qu'il 
avoit  fait  fortir  de   fon   couvent 
deux  ans  auparavant  pour  la  ca« 
téchîTer  &  la  féduire.  Le  réforma- 
teur Luther  avoit  déclaré  ,  dit-on , 
<lans  un  de  (es  fermons  ,  qu'<7  lui 
iiok  auji    impoJpbU  de    vivre  fans 
femme  ,   ^ue   de   vivre  /ans    manga". 
Mais  il  n'avoit  pas  ofé  en  prendre 
une  pendant  la  vie  de  l'élefleur  Fré' 
iene ,  fon  proteâeur ,  qui  blâmoit 
ces  alliances.  Dès  qu'il  fut  mort,  il 
voulut  profiter  d'une   commodité 
que  fa  dofbine  accordoit  à  tout  le 
monde ,  &  dont  il  prétendoit  avoir 
plus  de  befoin  qu^  perfonne.  Quel- 
ques années  après  il  donna  au  mon- 
de Chrétien  un  fpeâade   encore 
plus  étrange.   Philippe  ,  landgrave 
de  Hefle ,  le  fécond  protedeur  du 
Latliéranifme,  voulut  ,  du  vivant 
de  (à  femme  Chrlfllne  de  Saxe ,  épou- 
fer  ù  maitrefle.  Il  crut  pouvoir 
être  difpen£é  de  la  loi  de  n'avoir 
qu'une  femme  «  Ipi   formelle  de 
l'Evangile ,  &  fur  laquelle  eft  fondé 
le  repos  des  état$  &  des  familles. 
U  s'adreiTa  p9ur  cela  à  Luthîr,  Le 
patriarche  de  la  Réforme  alTemble 
des  doâeurs  à  \rittemberg  en  1539* 
&lui  donne  une  permimon  pour 
époufer  deux  femmes.  Rien  de  plus 
ridicule  que  le  long  difcours  que 
les  doâeurs  Luthériens  adt^erent 
au  landgrave  à  cette  oçcafion.  Après 
avoir  avoué  que  le  Fils  de  Dieu 
a  aboli  la  polygamie ,  ils  prétend- 
dent   qiie   la  loi  qui  permettoît  aux 
Jmfs  la  pluralité  dès  femmes  à  at^e 
de  la  dureté  de  leur  cceur  ,  n*a  pas 
été  expreffément  révaquée.  Ils  fe  croient 
donc  autorifés  à  ufer  de  la  même 
indulgence  envers  le  landgrave ,  qui 
ivoit  befoin  d'une  fâmme  desioin- 


LUT       4ît 

4re  qualité  que  fa  première  époà-^ 
£e ,  afin  de  la  pouvoir  mener  avec 
lui  aux  diètes  de  l'Empire  ,  où  I4 
bonne  chère  lui  rendoit  la  conti* 
nence  impoilible.  L'empereur  Ch^r^ 
les-'Qmnt  ,  touché  de  ces   fcenes 
fcandaleufes  ,  avoit  tâché  dès  le 
commencement  d'arrêter  le  progrès 
de  rhéréiie.  Il  convoqua  pluûeurs 
diètes  :  à  Spire ,  en  1519  ,  où  les 
Luthériens  acquirent  le  nom  dé  Pro-m 
teftjru  ,  pour  avoir  protefté  contre 
le  décret  qiû  ordonnoit  de  fuivrç. 
la  religion  de  l'Eglife  Romaine  :  k 
Ausbourg  en  1530,  où  lesProtef-, 
tan^  préfenterent  leur  Confeffion  ds 
Foi ,  &  dans  laquelle  il  fiit  ordon* 
né ,  par  un  édit  de  l'empereur ,  de 
fuivre  la  croyance  Catholique.  Ces 
diîFérens  décrets  produifirent  la  £/• 
gue  o£Eenfive  &  défenfive  de  Smal-^ 
kade  entre  les  princes  Protefbns.  11% 
écrivirent  enfuite  à  tous  les  prin< 
ces  Chrétiens  pour  leur  faire  cpn? 
noitre  les  motifs  qui  les  avoient  dé-». 
terminés  à  embraâer  la  nouvelle 
doMne  ,  en  attendant  qu'un  con* 
cile  prononçât  fur  les  matières  de 
religion  qui  troubloient  l'Allema-^ 
gne.  Luther  ,  qui  Jufqu'alors  avoi^ 
cru  que  la  réforme  ne  devoit  s'éta<« 
biir  que  par  la  perfuafion ,  &  qu'elle 
ne  devoit  fe  défimdre  que  par  la  pa« 
tience ,  autorifa  la  Ligne  de  Smal» 
hdâ.  Il  coroparoit  le  pape  à  ua 
loup .  enragé  «  contre  lequel  tcHi^ 
le  monde  s'arme  au  premier  fignal  » 
uns  attendre  l'ordre  du  magnat* 
M  Que  fi  ,    renfermé    dans    une 
n  enceinte ,  le  magiffarat  le  livre  ,c 
w  on  peut  continuer  à  pourfuivre 
>»  cette  bête  féroce  ,   &  attaquei; 
>*  impunément  ceux  qui  auront  em^ 
t  péché  qu'on  s'en  défît.  Si  l'oa 
>»  eft  tué  dans  cette  attaque ,  avant 
*>  d'avoir  doimé  à  la  bête  le  coup 
»  mortel ,  il  n'y  a  qu'un   fcul  fu- 
>»  jet  de  fe  repentir  :  c'eft  de  ne 
n  lui  avoir  oas  enfoncé  le  couteau 
„  dafis  le  fein.  Voilà  comme  il 


43*         Lut 

»t  Ênit  traiter  le  pape  ^  tous  ceux 
M  qui  le  défendent  ,  doivent  auiS 
>t  être  traités   comme   les  foldats 
>♦  d*un  chef  de  brigands  ,   fuffent- 
M  ils  des  Rois  &  des  Céfars...  u.  Les 
Protcftans  reçurent  donc  Tédit  de 
Tempereur  avec  mépris ,  &  on  fe 
vit  à  la  veille  d'une  guerre  égale- 
ment dangereufe  aux  deux  partis , 
Zi  funeûe  à  l'Allemagne.  Les  gens 
Éiges  avoient  prévu  cette  guerre. 
n  Les  réformateurs  du  quinzième 
w  fiecle ,  dit  Ko/rd/rt ,  ayant  déchiré 
»  tous  les  liens  par  lefquels  l'é- 
»»  glife  Romaine  tenoit  les  hom- 
i>  mes,  ayant  traité  d'idolâtrie  ce 
»  qu  elle  avoit  de  plus  facré ,  ayant 
»  ouvert  les  portes  de  fes  cloîtres , 
w  &  remis   fes    tréfors    dans   les 
>V  mains    des  féculiers  ,  il  falloir 
>»  qu*ttn  des  deux  partis  périt  par 
rf  l'autre.  Il  n'y  a  point  de  pays 
»  en  effet  où  la  religion  de  Calvin 
M  6c  de   Luiher  ait  paru  fans  faire 
>'♦  couler  le  fang  *«.  (  SUc/e  de  Louis 
JKiy,  chapitre  j^.  )    Charles-Qidnt , 
hors  d'état  de  réfifter  à  la  fois  aux 
princes   confédérés  &  aux   armes 
Ottomanes   ,    accorda   aux   Pro- 
teflans  la  liberté  de  confcience  à 
Nuremberg  en   1532  ,   jufqu'à  là 
convocation   d'un    concile    géné- 
fal.  Luther  fe  voyant  à  la  tête  d'im 
parti  redoutable,  n'en  fut  que  plus 
fier  &  plus  emporté.  C'étoit  cha- 
que année  quelque  nouvel  édrit Con- 
tre le  fouverain  pontife,  ou  con- 
tre les  princes   &  les  théologiens^ 
Catholiques.   Rome   n'étoit  plus  , 
ielon  lut ,  que  là  Racaille  de  SodSmc , 
la   FroflatUe  de  Babylone,  Le   pape 
Xi'étoit  qu'cm  fcéUrat  qui  crachoit  des 
jDiables  ;  les  cardinaux ,  dés  mal- 
heureux qu'il  fallait  exterminer,  v>  Si 
>•  j'étois  le  maître  de  l'Empire  ; 
{ écrivoit-il  )  »♦  je  ferois  un  même 
>♦  paquet   du    pape    &   des  cardi- 
»♦  naux,  pour  les  jeter  tous  en- 
M  femble  dans  la  mer  :  ce  bain  les 
If-  guérir  oit  î  j'ea   ^ïOi^  ma  pa« 


LUT 

»  foie  i  j*en  donne  Jefus--Chriflf 
»  pour  garant  «.  L'impétueufe  ar- 
deur de  foû  imagination  éclata 
fur-tout  dans  le  dernier  ouvrage 
qu'il  publia  en  1545  ,  contre  les 
diéologiens  de  Louvain  &  contre 
le  pape.  11  y  prétend  que  la  Pe^ 
pauté  Romaine  a  été  étûbhe  par  Sor 
tan  ;  &  faute  d'autres  preuves ,  il 
mit  à  la  tête  de  fon  livre  une  ef*' 
lampe  où  le  pontife  de  Rome  étott 
repréfenté  entraîné  en  enfer  par 
une  légion  de  Diables.  Qtiant  aux 
théologiens  de  Louvain  ,  il  leur 
parle  avec  la  même  douceur  :  fes 
épithetes  ordinaires  font  ,  béte , 
pourceau.  Epicurien  ,  Athée,  &C  &C 
Il  eft  vrai  que  quelques-uns  de  fes 
adverfkires  né  le  traitoient  pas  avec 
plus  de  modération  ;  mais  ceux-ci 
avoient  l'Eglife  pour  eux ,  &  bahet 
n'avoit  que  des  feâaires  fous  fa 
bannière.  Cet  homme  trop  Êuneox 
mourut  à  iflebe  le  iS  Février  1 5  46 , 
à  63  ans ,  avec  l'air  tranquille  d'un 
homme  de  bien  ,  qui  va  jfouir  de 
la  vue  de  Dieu.  Sa  feâe  fe  divifir 
de  fon  vivant ,  &  après  îà  mort ,  ea 
plufieurs  branches.  U  y  eut  les  i«-^ 
théro-'Papi/ks  ,  c'eft-à-dire  céxx  qui 
fe  fervoient  d'excommunication 
contre  les  Sacramentaires*,  les  Lu- 
théro'ZuinçGens  ,  les  Lathéro^CaM" 
hijtes,  les  LùthérO'Ofiandriens ^ cet' 
à-dire  ceux  qui  mêlèrent  les  dog- 
mes de  Luther  avec  ceux  de  Calvin , 
de  Zuîngle ,  ou  d*Ofiander.  Rien  ne 
prouve  mieux  le  prix  de  l'auto-r 
rite  de  l'églife  Catholique  ,  que  la 
formation  de  cette  fburmilliere  de 
ferles  nées  les  unes  des  autres ,  di! 
moment  qu'on  eut  contdfté  le» 
droits  de  ce  grand  &  antique  tri- 
bunal. Les  feûaires  entrés  par  le 
Ludïéranifme ,  différoient  tous  eor- 
tre  eux  par  quelque  endroit ,  &  nr 
s'accordoient  qu'en  ce  point  ,  à 
combattre  PEglf/e  &  de  rejeter  tout  te 
qui  vient  du  Pape,  C'eft  cette  haine 
qui  leur  fit  prendre  ,  durant  1er 

guerres 


LUT 

tucrres  de  la  religion  du  xvxf 
nede  ,  cette  devife  fi  peu  chré-* 
tienne  .Plutôt  Turc  que  Pa- 
nsT£...  Ltafur  laifla  un  grand 
nombre  d'Ouvrages  à  fes  difci'* 
pies,  imprimés  à  lene  en  15 ^6 ,  4 
vol.  in-foUo  ;  &  à  Wittemberg ,  en 
7  vol.  in-folio  ,  ijyi.  On  pré- 
fere  les  éditions  publiées  de  fon 
vivant ,  parce  que,  dans  celles  qui 
ont  vu  le  i&ur  après  fa  mort  ,  fes 
feâateurs  ont  &it  des  changemens 
très-coi^déiabks.  On  voit  par  (es 
écrits  y  que  Luther  avoit  du  favoir 
&  beaucoup  de  feu  dans  l'imagi- 
nation ;  mais  il  n'avoit  ni  douceur 
dans  le  carafiere,  ni  goût  dans  la 
manière  de  penfer  &  d'écrire.  U 
donnoit  fouvent  dans  les  groi&é* 
retés  &  dans  les  bouffoimeries. 
Henrî^Pierre  Rebenfioc ,  minifbre  d'Eif- 
cheriieim ,  &  difciple  zélé  de  Luther^ 
publia  en  I571 ,  in-S**,  lesDifcours 
que  cet  héréfiarque  tenoit  à  table , 
fous  ce  titre  :  Sermonts  Mcafales ,  ou 
CoUuqma  MmfaUa,  C'eft  ime  efpe- 
ce  i*Ana ,  dont  la  leéiure  prouvera 
la  véracité  du  portrait  que  nous 
avons  tracé  du  réformateur  de  l'Ai* 
kmagne.  Ceux  qui  voudront  le 
connoître  plus  particulièrement  <, 
pourront  confulter  les  ouvrages  de 
Cochlms  ,  Mélanehthon  ,  Sukaidorf^ 
Uutltrus,  Chrlfian  Junchw^  Boffuet , 
Sandenu,  Gtnehrard,  &c.  Mais  il 
&ut  rejeter  les  calomnies  que  Ga* 
raffe  &  quelques  autr^  Controver- 
£ftes  trop  outrés  ont  débitées  con« 
tre  lui.  On  a  ofé  imprimer  qu'il 
étoit  né  du  commerce  de  fa  mère 
isivec  un  Démon  incube.  On  hU 
fifia  le  jour  de  fa  naiâànce ,  que 
Cardan  plaça  le  12^  du  mois  d'Oc- 
tobre 14S3  ,  &  GoMric  en  14S4, 
pour  avoir  lieu  de  lui  drefTer  un 
horofcope  défavantageux.  On  Tac- 
ctifoit  d'avoir  avoué  ,  qu'ayant 
combattu  dix  ans  contre  fa  con- 
fcience ,  il  étoit  enfin  venu  à  bout  de 
ne  point  en  avoir  du  tout,  &  4'dtr« 


LUT        435 

iosifaéLdans  l'athéfime;  On  ajoutoit» 
qu'il  difoit  fouvent  qu'il  renonce 
roit  au  Paradis;,  pourvu-  que  Dieu 
lui  donnât  en  ce. monÂe.cent  ans 
de  vie  agréable.  On  lui.imputoit 
encore  d'avoir  nié  Timmortalité 
del'ame;  d'avoir  eu  des  idées  baf- 
fes &  chamelles  duEaradis;  d'a- 
voir compofé  des  hymnes  en  l'hon* 
ncur  de  l'ivrognerie ,  vice  auquel 
on  le  difoit  fort  enclin  ;  d'avoir 
vomi  mille  blafphêmes  contre  l'E- 
criture -  fainte^  -&  en  particulier 
contre  Moyfê  i  d'avoir  fouvent  dit 
qu^il  ne  croyoit  rien  de  ce  qu'il 
prêchoit.  Nous  rapportons  ces  ca- 
lomnies ,  non  -pour  ^  donner  du 
poids  ^  mais  pour  prouver  que 
dans  tous  les  temps  on  a  fubflimé 
les  inj.ures  aux  raifons ,  &  rendu 
méchancetés  pour  méchancetés»  Ce* 
pendam  il  eâ  à  croire  qii*en  con- 
sidérant l'incendie  qu'il  avoit  allu* 
mé  ,  Luthir  eut  fouvent  des  re» 
mords.  L'abbé  dt  Chotfi  dit  qu'il  en 
éprouva ,  fur^tout  dans  une  maladie 
aflez  longue  q»*il  eut  vers  l'an  i  <  29. 
M  En  voyant  l'héréfie  des  Sacra- 
»  mentaires  &  celle  des  Anabaptifles 
*»  décliirer  l'Eglife  ,  il  ^'accufoit 
**  d-'en  être  caufe,par.la  publica- 
n  tion  de  fon  nouvel  Evangile ,  qui» 
»  en  renveriant  l'autorité  des  con- 
y*  ciles,  celle  des  p^pcs,  &  la  tra- 
»  dition  Apoflolique ,  abandonnoit 
»»  l'homme  à  fa  propre  imagination. 
»»  Jonas  &  Potjuran ,  fes  fiddles  dif* 
»♦  ciples,  rapportent  en  divers  écrits» 
w  qu'il  s'écrioit  fouvent  :  Qui  t*ù. 
»»  ordonné,  ô  LVTHÊtL^  d^cnfàgnir 
M  un  nouvel  Evangile^  ineonnu  à  tous 
»  Us  fiecUs  précédtns?  Qui  t'en  m 
M  donné  la  miffion?  Et  fi  tant  drames 
M  ont  été  ptrverdcs  /fc-  us  prédîca- 
)»  tlons ,  ^ue  peuiiHu  attendre ,  que  Ut 
»  dumnation  éumtlU?  Ils  ajoutent 
»>  que  le  Diable,  qu'il  fe  vante it 
»•  de  confulter  fouvent,  lui  en- 
»♦  voyoit  ces  penfées  pour  le  jettf 
n  ùsài&  le  déibfpoir.  Luther  étoit  4?ry| 

Ee 


'AU       t  U  T 

>»  cesa^doonséecoQfôeiic&rlQd^ 
••  qu'il  eut  une  eipcce  d'apoplexie.^ 
»  quelques  ^Qucsj  a{Hrès  la  £^  de  la 
H  Vifitacion  de  la.Saiate  Vierge.  11 
M  ccut  aloirs  que  €à  dernière  heure 
M  écoit  arrivée  ;  toutes  les  horreurs 
•»  qui   accompai^neiit  la  mort   des 
H  grands  pécheurs  ^  fe  pré£cmere&t 
14  à  lui  i  les  ahymes  lui  parurent 
^  ouverts  pour  l'ei^outir.  Il  fit 
»  appeler  PoMuran  ,  fe  confiefia*  à 
M  lui ,  &  le  conjura  de  lui  adsii* 
n  ai&rer  lafainte  £uchariftie  &d« 
M  prier  Dieu  pour  lui  Sa  maladie 
>t  dura  quatre   mois>  mais  quand 
M  Jaûnté  lui  fut  jcvenuey  ilno3r9 
»»  fes  remords    dans  le  vin  ,   ne 
n  ibngea  qu'à  fe  réiouir ,  à  £ûre 
M  bonne  chère ,  &  à  fe  procurer  4m 
M  fommeilqui  lui' fîr  tout  oublier  w. 
U  eft.cerdnnjqu'il  aimoît  beaucoup 
les  plaiûrs  de  hi>  table.  On  con- 
serve dans  la  bibliothèque  du  Vati- 
can un  exemplaire  delà  Bible ,  à  la 
fin  duqud  on  voit  .une  prière  en 
vers  allemands ,  écrite  de  la  main 
de  Luiher,  dont  le  Tfos  eft  :  »  Mon 
»»  Dieu  y  par  votre  borne  ,  pour- 
V  voyez  «  nosis  d'habits,  de  cha- 
M  peaux  >  de  capotes  &  de  man- 
M  teaur;   4^.  veaux  bien  gras,  de 
»  cabris ,  de  boeuÊs ,  de  montons  & 
»>  de  géniiTes;  de  beaucoup  de£ein* 
p  mes  âc.dc  peu  d'enfaos.  Bien  boire 
9«  6c  bien  manger  eft  le  vrai  moyen 
>»  de  ne  point  s'ennuyer  «.  Cette 
prière  eft  très  -  certainement  dé  la 
main  de  Ijaher.  En  vain  Mijfan  a«t-il 
voulu  en  £aire  douter.;   Chrifiia» 
Junker^Xon  hiftorieû,  en  convient 
&  la  rapporte   mot  à   mot  (  Vha 
Ztahen  ,  page  225  ),;  Foy*^  àuffi 
les  articles  de  Calvin  ,  de  Car- 
LOSTAD,  d«A Clément  VU,  de 
Bennon  ,  j.    GumaN  ,  &    i. 
6T0RCIC,  dansce  Diâionnaire. 
:    LUTTI,  (Benoit)  peintre,  né 
à  Florence  en  1666  ,  mort  à  Rome 
en  1726 ,  à  60.  aoi,  s'attacha  fur* 
i^iAt  au  coloriSé  U  a  ùk  un  grand 


LUX 

hombre  de  tableaux  de  chevalet  ; 
qui  l'ont  fait  connoître  dans  pref-* 
que  toutes  les  cours  de  l'Europe. 
L'empereur  le  fit  dievalier  ,  & 
réleâeur  de  Mayence  accomp<^;na 
ies  .lettres^atemes  d'une  croix  en- 
.richie  de  (Ûamans.  Le  pinceau  de 
^Kiti  eft  frais  &  vigoureux  ,  il 
mettoit  beaucoup  d'harmonie  dans 
£es  couleurs ,  &  donnoit  une  belle 
expreifion  à  fes  figures.  On  lui 
reprodie  de  ti'être  pas  toujours 
côrreéb.  Le  MiracU  de  S»  Purre, 
qu'il  a  peint  dans  le  palais  Alhanl 
k  Rome  4  pafTe  pour  fon  chef- 
d'œuvre. 

LUTWIN,  (S.)  né  de  parens 
illuftres,  fonda  de  fes  biens  l'ab-  ' 
baye  de  Mettloch,  où  il  fit  pro- 
fieiBon  de  U/vie  monaftique  dès 
que  la  mort  de  fa  femme  lui  per* 
mit  de  renoncer  au  fiecle.  Le  û.^<i 
archiépifcopal  de  Trêves  étant  de- 
venu vacant  par  la  retraite  de  S. 
Baôn,  oncle  de  S.  Lutwin^  celui- 
ci  fut  tiré  de  fa  folimde  pour  le 
remplir.  U  déploya  pendant  1 8  ans, 
qu'il  gouverna  cette  illufire£glifey  ' 
toutes  les  qualités  d'un  grand  évê- 
que.  L'abbaye  de  Mettloch,  où  il 
fut  enterré,  poiTede  fes  reliques. 
\  I.  LUXEMBOURG ,  l'une  des 
plus  anciennes  &  des  plus  illufbes 
maifons  de  l'Europe.  Elle  a  pro* 
duit  cinq  empereurs,  dont  trois  ont 
été  rois  de  Bohême.  Elle  a  pofTédé 
les  premières  charges  en  France, 
&  a  donné  naiiOfance  à  fîx  reines, 
&  à  plufieurs  princeiTes ,  dont  Tal- 
liance  a  relevé  l'éclat  des  familles 
les  plus  diflinguées.  La  branche 
aînée  de  la  maifon  de  JMxemJbowg 
fut  fondue  dans  celle  d^ Autriche  par 
)e  mariage  A'EUxabeth ,  fille  de  l'em- 
p^eur  Sig'/mond ,  morte  en  1447  » 
avec  Alhen  /,  archiduc  d'Autriche 
jÇc  empereur.  La  branche  cadette 
de  Luxembourg  -  Ligny  ,  quoique 
moins  illuftrée  que  la  première, 
{l'a  pas  été  moins  difUnguée  pa| 


J 


EUX 

les  talens  &  les  vertus.  Voici  caix 
que  M-onri  &  d'autres  hilloriens 
nous  font  connoître  : 

II.  LUXEMBOURG ,  (  Valeran 
de)  conite  de  Saùit-Pol,  fm  nommé 
gouverneur  de  Gênes ,  en  1 396 ,  & 
grand-maître  des  eaux  &  forêts  de 
France ,  en  1402.  11  fit  la  guerre 
aux  Anglois ,  &  fut  deux  fois  batni. 
Le  duc  dti  Bourgogne  le  fit  pourvoir 
delà  charge  de  grand  -  bouteillier 
de  France  V  l'an  1410,  du  gouver- 
nement de  Paris,  &  de  l'épée  de 
connétable,  en  141 1.  U  mourut 
en  1415 ,  à  60  ans ,  au  château 
d'Ivoi. 

m.  LUXEMBOURG,  (Pierre 
de)  frère  du  précédent ,  fut  évêqu* 
de  Metz  ,  &  mourut  en  1 387 ,  à  18 
ans.  Quoiqu'il  eût  le  gouvernement 
de  fon  diocèfeil  n'éioit  point  prêtre. 
Il  avoit  été  fait  cardinal  l'année  pré- 
cédente ,  &  il  fiit  béatifié  en  1 5 17. 
De  la  même  Emilie  étoit  Louis  de 
Luxembourg,  comte  de Saùu-Pol  : 
[  ^oyei  l'article  V.  ]  Sa  poftérité 
nlafculine  finit  à  Henri  ,  mort  en 
1616.  Sa  fille  Marguerite-Charlotte , 
mone  en  1680 ,  eut  du  comte  Char- 
les-Henrî  de  CUrmont'Tonnerre,  mort 
en  i6j4yMagdeleme,  femme  de  Fraa- 
sois-Henri  de  Montmorency  y  duc  de 
Luxembourg ,  dont  la  poftérité  fub- 
fifte  avec  honneur. 

IV.  LUXEMBOURG ,  (  Louis 
de  )  de  l'illuftre  Ecunille  de  Luxem- 
hourg'Ugny  ,  fut  élu  évêque  de 
Térouane  en  141 4.  Henri  VI , 
toi  d'Angleterre  ,  qui  prenoit  le 
titre  de  roi  de  France ,  le  fit  chan- 
celier en  1425  ,  &  archevêque  de 
Rouen  en  1436.  U  s'étoit  telle- 
ment dévoué  aux  intérêts  de  ce 
prince,  qu'il  condmfoit  lui-même 
du  recours  au^  places  affiégées, 
&  ne  négtigeoit  rien  pour  rétablir 
ce  parti  chancelant.  Il  (e  jeta 
dans  la  Baftille,  lorfque  Paris  fe 
foimiit  à  Charles  VU ,  en  1436  v 
xs^i&  il  fut  obligé  d'en  fortir  par 


LUX        435 

compofîtion ,  &  (e  retira  6n  An* 
gUterre ,  où  il  fut  évêque  d'Ely 
&»  cardinal  en  1436*  Il  mourut 
en  1443. 

V.  LUXEMBOURG  ,  (  Loui« 
de  )  comte  de  Saint-Pol ,  neveu  du 
précédent ,  avoit  fervi  Charles  Fil 
avec  fuccès^  dans  divers  fieges. 
Après  fa  mort,  il  s'attacha  au  duc 
de  Bourgogne  ,  qui  lui  donna  le 
commandement  de  l'avant-^arde  de 
Ton  armée  à  la  bataille  de  Mont- . 
Ihéri.  Louis  XI y  voulant  l'atàrerà 
fon  fervice ,  lui  donna  l'épée  de 
connétable  -,  mais ,  pour  fe  main- 
tenir dans  la  ville  de  Sain^Quentin, 
dont  il  s'étoit  emparé  ,  il  trahit 
fucceffivemcnt  &  le  roi  &  le  duc 
de  Bourgoffu,  Ses  perfidies  furent  dé» 
couvertes.  Craignant  la  févèrité  d» 
Louis  XI  y  il  fe  retira  »  fur  la  foi 
d'un  fauf- conduit,  auprès  du  duc 
de  Bourgogne  y  qui  le  trahit  à  fon 
tour  ik  le  rendit  au  roi.  Son  procès 
lui  fut  fait ,  &  il  eut  la  tête  tran- 
chée à  Paris  le  19  Décembre  147J  : 
Voyti  Louis  XI...  'LHlftoire  des 
Comtes  de  Saint-Pol  a  été  publiée 
in-4®.  par  Perri  deLocres^  Douai,i6 13. 

VI.  LtrXEMBOURG  ,  (  Fran- 
çois-Henri de'Montmortnci,  duc  de)  * 
maréchal  de  France ,  né  pofthume 
le  8  Janvier  1628  ,  étoit  fils  du- 
fameux  SouutviUe ,  qui  eut  la  tête 
tranchée  fous  Loiâs  Xlll  ,  pour' 
s'être  battu  en  duel.  Voyez  Bout* 
TEviLiE.  Il  fe  trouva  à  la  bataille  de 
Rocroi  en  1643  ,  fous  le  Grand 
Condé ,  dont  il  fiit  l'élevé ,  &  qu'il 
fuivit  dans  fa  bonne  &  fa  mauvaife 
fortune.  Le  jeune  guerrier  avoiî 
dans  le  caraâere  plufieurs  traits  du 
héros  qu'il  avoit  pris  pour  mo- 
dèle :  un  génie  ardent  ,  une  exé- 
cution prompte  ,  un  coup-d'oeil 
jufte,  un  efprit  avide  de  connôsT-' 
fances.  On  vit  briller 'en  lui  ces 
différentes  qualités  à  la  conquête 
delà  Franche-Comté,  en  1668, 
où  il  f«rvit  on. qualité  de   Ueu- 

Èe  xj 


4^6        LUX 

tenant-général.  La  guerre  ayant 
recommencé  en  1672  ,  il  com- 
manda en  chef  pendant  la  £uneiitfe 
campagne  de  Hollande ,  prit  Grool, 
Deventer  ,  Cocworden  ,  Swol  , 
Campcn  ,  &c.  &  défit  les  armées 
des  Etats  près  de  Bodegrave  & 
de  Woërden.  Les  hifloriens  Hol- 
landols  prétendent  que  Luxembourg 
partant  pour  cette  dernière  expé- 
<lition  5  avoit  dit  à  Tes  troupes  : 
j^fUi  y  mes  enfuis  ^  pUle{  >  tue^  , 
viole{  ;  6r  s'il  y  a  quelque  chojc 
de  plus  effrayant  ,  ne  manque^  pas 
de  U  fojre  ;  afin  que  je  voie  que 
je  ne  me  fuis  pas  trompé  ,  en  vous 
ehoîfiffant  comme,  les  plus  braves  des 
hommes  ^  &  les  plus  propres  à  pouf'- 
fer  les  ennemis  avec  vigueur.  On 
ne  fauroit  croire  que  le  générai 
François  ait  tenu  un  difcours  fi 
barbare  ;  mais  ce  qu'il  y  a  de 
fur  ,  c'eft  que  les  ixildats  mirent 
le  feu  à  Bodegrave  ,  &  fe  livrè- 
rent ,  à  la  lueur  des  flammes  ,  a 
la  débauche  &  à  la  cruauté.  Ce 
fut  alors  que  Luxembourg  fit  cette 
belle  retraite  ,  fi  vantée  par  les 
ennemis  mêmes.  Il  pafià  au  travers 
de  l'armée  ennemie ,  compofée  de 
70,000  hommes  ,  quoiqu'il  n'en 
eût  que  20,000.  Lctds  XIV  ayant 
fait  une  nouvelle  expédition  dans 
la  Franthe-Comté  ,  ÏMxembourgVj 
fuivit  II  fe  trouva  enfuite  à  la 
bataille  de  Senef ,  obligea  le  piince 
d*  Orange  de  lever  le  fiege  de  Qiar- 
Ikroi,  fe  fignala  dans  les  campa- 
gnes fuivantes ,  &  obtint  le  bâton 
de  maréchal  de  France  en  1675.  Il 
commanda  une  partie  de  l'armée 
Françoife  après  la  mort  de  Turenne , 
&  ne  fit  pas  d'abord  des  chofes 
dignes  de  fa  réputation.  Le  Grand 
Condi  ne  put  s'empêcher  de  dire , 
quoique  fon  ami  :  Luxembourg  fait 
mieux  l* éloge  de  Turenne  ,  que  Ma/- 
caron  &  FUchLir,  Il  l^ifia  prendre 
Philipsbourg  à  fa  vue  par  le  duc  de 
Lorraine ,   &  efiaya  en   vain   de 


LUX 

la  ftcourir  avec  une  armée  àê 
50,000  hommes.  Il  fiit  plus  heu- 
reux en  combattant  GuiUmme  d'O' 
rangs.  Ce  prince  ayant  attaqué  le 
général  François ,  qui  ne  s'y  at- 
tendoit  point ,  à  Saint-Denys  près 
de  Mons  ,  cette  furprife  n'empê- 
cha pas  le  maréchal  de  Luxembourg 
de  difputer  la  viâoire  avec  beau* 
coup  de  valeur.  Dans  la  féconde 
guerre  que  Louis  XIV  foutint  coQ' 
tre  les  Puifiances  de  l'Europe  réu- 
nies en  1690  ,  Luxembourg ,  nom- 
mé général  de  l'armée  de  Flan- 
dres ,  gagna  la  fameufe  bataille  de 
Fleurus  j  &  la  viû-^ire  fîit  d'au- 
tant plus  glorieufe  pour  lui ,  que, 
de  Taveu  de  tous  les  officiers ,  elle 
fut  due  à  la  fupériorité  de  génie 
que  le  général  François  avoit  fur 
le  prince  de  Valdeck  ^  alors  gé- 
néral de  l'armée  des  alliés.  Cette 
viôoire  fiit  fuivie  de  celle  de  Leu* 
fe  ,  remportée  l'année  fuivante  , 
169 1 ,  &  de  celle  de  Steinkerque. 
Cette  journée  eft  célèbre ,  par  le 
mélange  d'artifice  &  de  valeur  qui 
la  diftingua  des  autres  batailles.  Le 
maréchal  de  Luxembourg  avoit  un 
efpion  auprès  du  roi  Gtdllaume  : 
on  le  découvre ,  &  on  l'oblige  à 
donner  un  faux  avis  au  général 
François.  Sur  cet  avis  ^  Luxemboar$ 
prend  des  mefures  qui  dévoient  le 
faire  battre.  Son  armée  endormie  eft 
attaquée  à  la  pointe  du  jour  :  une 
brigade  efi  dé}à  mife  en  fiûte  ,  & 
le  général  le  fait  à  peine  ;  mais 
dès  qu'il  l'apprend  ,  il  répare  tout 
par  des  manœuvres  aufii  hardies 
que  favantes.  Ses  envieux  ca- 
chèrent à  diminuer  la  gloire  de 
cette  journée  auprès  de  Louis  XIV 1 
en  répétant  à  tout  propos  qu'il  s'é- 
toit  laifiTé  tromper  :  Et  qu'auroîMl 
fait  de  plus  ,  répliqua  ce  monar- 
que ,  s* il  n*avoîe  pas  .  été  furpris  ?.» 
Luxembourg,  avec  les  mêmes  trou- 
pes furprifes  &  viâorieufes  à  Stein- 
kerque  »  battit  le  roi  GuUImu  à 


LUX 

KenrÎRde  en  1693.  Peu  dé  joUf' 
nées  furent  plus  meurtrières  &plus 
l^lorieufes.  Il  y  eut  environ  20,000 
morts  >  iiyooo  des  alliés  &  8000 
François.  Ceû  à  cette  occaiion 
qu'on  dit ,  qu'il  falloit  chanter  plus 
de  De  profundls  que  de  Te  Deum, 
La  cacljl^drale  de  Paris  fut  remplie 
de  drapeaux  ennemis.  Luxembourg 
s'y  étant  rendu  peu  de  temps  après 
avec  le  prince  de  Cuntî  pour  une 
cérémonie ,  ce  prince  dit  en .  écar- 
tant la  foule  qui  embarrafibit  la 
porte  :  Mcjpeurt  ,  hijf^l  paffer  U  ta- 
fîjjicr  de  Notre-Dame,  Le  m-^réchal 
de  Luxembourg  tomina  (a  glorieufe 
carrière  par  la  Iqngue  marche  , 
qu'il  fit  en  préience  &ts  ennemis , 
depuis  Vignamom  )ufqu'à  l'Ëfcaut 
près  de  Tournai.  Il  mourut  l'an- 
née d'après  le  4  Janvier  1695  ,  à 
67  ans  y  regretté  comme  le  plus 
grand  géaéral  qu'eût  alors  h 
France.  Le  regret  d'avoir  mieux 
l*ervi  le  roi  que  Dieu ,  lui  Ât^dire 
dans  ce  moment  où  toutes  les 
iUufions  finiiTent  :  h  priféren^is 
mqowrd'huî  ,  à  PêcUt  de  tant  de  vU" 
cpirei  MutUjs  au  tribunal  du  juge  des 
rois  &  des  guerriers  ,  le  mérîu  d'un 
verre  d'eau  donne  aux  pauvres  pour 
Pamour  de  bu.  U  laiiTa  de  Ma^leine^ 
Charlotte-Buftne'Thérefe  de  Clermont^ 
ducheflè  de  Luxembourg  >  plufieurs 
cnÊins  illuftres.  Sa  mort  fiit  le 
terme  des  viâoires  de  LouuXIV-, 
&  les  foldats ,  dont  il  étoit  le  père , 
&  qui  fe  croyoient  invincibles  fous 
lui ,  n'eurent  plus ,  ce  femble  ,  le 
même  courage.  Le  maréchal  de 
Luxembourg  avoit  plus  les  qualités 
d'un  héros  que  d'un  fage  :  plongé 
dans  les  intrigues  des  femmes  , 
touiours  amoureux ,  &  même  fou- 
vent  aimé  ,  quoique  contrefait  & 
d'un  vifaee  peu  agréable.  Le  prince 
d*  Orange  difoit:  Ne  ba^ral-je  jamais  ce 
ho][uUà  l  —  Comment  le  fait-il ,  dit 
Luxembourg ,  lorfqu'on  lui  rapporta 
ce  mot  i  U  ne  m'a  jamais  vu  par 


LUX         437 

dernere.  Les  liaifons  d'un  de  fes 
gens  d'affaires  ,  nommé  Bonnard  , 
avec  certaines  femmes  ,  le  firent 
accufer  d'avoir  trempe  ,  en  1680  , 
dans  l'horrible  afi^re  des  poifons. 
Il  fe  rendit  à  la  Bailille ,  par  les 
confeils  du  marquis  de  Cavcye,  Dès 
qu'il  fut  dans  cette  prifon  royale , 
la  jalouiie  de  Louvoîs  le  pourfuivit 
avec  tureur  ;  &  la  Reinîe  ,  lieute- 
nant de  police  de  Paris ,  fervit  trop 
bien ,  dit  le  préfident  Hencult ,  la 
paflion  du  miniftre.  Luxembourg  fut 
enfermé  dans  un  efpece  de  cachot 
de  fix  pas  &  demi  de  long ,  où  il 
tomba  très-malade.  On  l'interrogea 
le  fécond  jour  ^  &  on  le  laiffa  en- 
fuite  5  femabes  entières  fans  con- 
tinuer fon  procès  :  injuilice  cruelle 
envers  tout  particulier  ,  &  plus  con- 
damnable encore  envers  un  pair  du 
royaume  !  Il  fîit  enfin  interrogé. 
Les  imputations  étoient  aufli  ridi- 
cules qu'atroces.  Parmi  les  quef- 
tions  qu'on  lui  fit  y  on  lui  demanda 
s'il  n'avoit  pas  fait  un  paâe  a\  ec 
le  Diable  ,  pour  pouvoir  marier 
fon  fils  à  la  fille  du  marquis  de 
Loqvols  ?  L'accufé  répondit  :  Qtuind 
Matthieu  de  Montmoretici  époufa 
une  Reine  de  France  ,  il  ne  s'adreffa 
point  au  Diable  »  mais  aux  Etati" 
généraux t  qui  déclarèrent  que,  pour  acqué- 
rir au  Roi  mineur  l'appui  des  Montmo* 
renci ,  il  falloit  faire  ce  mariage.  Il  for- 
ât enfin  de  la  Baftille  après  une  dé- 
tention de  14  mois ,  fans  qu'il  y  eût 
de  jugement  prononcé  ni  pouir  ni 
.contre  lut.  Il  continua  de  faire  à 
la  cour  les  fondions  de  capitaine 
des  gardes ,.  fans  voir  Louvoîs  fon 
perfecuteur  »  &  fans  que  le  roi  lui 
parlât  de  l'étrange  procès  qu'il  ve- 
noit  d'efTuyer,  U  ne  tarda  pas  de 
répondre  à  fes  ennemis  par  des. 
viûoires.  On  imprima  à  Cologne  » 
en  1695  ,  in- Il  ,  une  Satire  con- 
tre Iwrance  &  conn-e  lui  »  inti- 
tulée :  Le  Maréchal  de  Luxembourg 
au  Ut  de  la  mort  y  tragi  -  comédie 


'438        LUT 

en  5  cinq  aâes  &  en  ^ofe.  On 
èonnoitra  mieux  ce  héros  ,  en 
li£mt  VHîftoirt  de  la  Mai/on  de 
Montmortncî ,  par  M.  Dcf ormeaux» 
VII.  LUXEMBOURG ,  (  Sc- 
baftien  de  )  Voye^  Pisseleu  ,  à 
1h  fin. 

LUYKEN  ,  (Jean) graveur  Hol- 
landois.  On  remarque  dans  {es 
ouvrages  un  feu ,  une  imagination 
&  une  facilité  admirables.  Son 
oeuvre  eu  considérable  &  fort  ef- 
dmé.  Il  étoit  né  à  Amilerdam  en 
1649,  &  il  mountt  en  171 2.  On 
cilime  ià  BihU  en  figures ,  imprimée 
dans  cette  ville  en  1731»  in-fol.; 
&  fon  Théâtre  des  Martyrs  ,  en  l'i  5 
planches. 

LUYNES ,  royq  Albert  (d) , 

n°*    I  ^  JI  &  IJJ.   &  CONCHINÏ. 

■  LUYTS ,  (  Jean  )  philofophe  & 
afbonome ,  né  dans  la  Nord-HoK 
lande  en  165  5 ,  fiit  profefleur  de 
phyûque  &  de  mathématiques  à 
Utrecht,  depuis  1677  jufqu'à  ùl 
mort ,  arrivée  le  12  Mars  1721.  Il 
a  donné  :  I.  Afironomîca  Inftitutio , 
Utrecht,  1689,  in-4°.  Ilyrget- 
te  le  ryiiême  de  Copernic.  On  y 
▼oit  un  grand  nombre  d  obièrv»- 
tions  aibonomiques  ,  curieufes  & 
utiles,  expliquées  dune  manière 
laconique,  alliée  à  beaucoiq>  de 
clarté.  II.  IntroducUo  ad  gecgra^ 
-phiam  novam  &  veurem ,  avec  beau- 
coup de  cartes  4  16911  ûi-4^)  ef- 
ômée. 

LUZIGNAN  ,  (  Guy  de)  fils  de 
Hugues  de  Lux}gnan  ,  mort  vers 
1164  /  d'une  des  plus  anciennes 
maifons  de  France ,  fit  le  voyage 
d'Outre-racr.  Il  époufa  SyhilU^ 
fille  ainée  à.*Amauri  roi  de  Jérufa- 
lem.  Par  ce  mariage  il  acquit  le 
royaume  en  fon  nom,  &  le  re- 
perdit en  11S7,  lorfque  la^llefe 
rendit  à  Saladin  :  [  Voye^  cAïiot.  ] 
Lu[Lgnan  ne  conferva  que  le  titre 
4c  roi  de  Jtruiàlem,  qu'il  vendit 


L  Y  C 

bîent^  à  Richard  roi  d'Angletmv; 
pour  rifle  de  Chypre.  11  y  prit  ia 
qualité  de  roi  ,  &  y  mourut  en 
1194.  Sa  maifon  conferva  cet» 
ifle  jufqu'en  1473.  -''«<""*  ^  ^" 
XÎgnan  ,  fon  frère  ,  lui  fuccéda: 
[  Koyet  Amauri.  ]  Cette  femille 
tire  fon  nom  de  la  petite  ville  de 
Luzignan  en  Poitou ,  dont  le  châ- 
teau pafîbit  autrefois  pour  impre- 
nable ,  parceqne  le  vulgaire  cro3roit 
qu'il  ovoit  été  bâti  par  une  Fée, 
moitié  femme  ,  &  moitié  fer- 
pent. 

LYBAS,  Grec  de  Varmée  AV- 
lyffe  :  La  flotte  de  ce  prince  ayant 
été  jetée  par  une  tempête  fur  les 
côtes  dltalie  ,  Lykas  infulta  une 
Jeune  fille  de  TémefTe  ,  que  les 
habitans  de  cette  ville  vengèrent 
en  tuant  le  Grec  -,  mais  bientôt 
lesTémeflîens  furent  affligés  d'une 
foule  de  maux.  Ils  penfoicnt  à 
abandonner  entiéremenr  leur  ville, 
quand  Toracle  A* Apollon  leur  con- 
feilla  d'appaifer  les  mines  de  ly 
bas  ,  en  lii  &ifant  bâtir  un  tem- 
ple ,  &  en  lui  immolam  tous  les 
ans  une  Jeune  fille.  Ils  obéirent 
à  l'oracle,  &  Témefle  n'éprouva 
plus  de  calamités.  Quelques  an- 
nées après  ,  un  brave  athlète  nom- 
mé Euthyme  ,  s'ctant  troirvé  à  Té- 
mefle dans  le  temps  qu'on  alloit 
faire  le  facrifice  annuel,  il  entre- 
prit de  combattre  le  Génie  de  ly- 
bas  y  &  d'arracher  à  la  mort  la  vic- 
time qui  y  étoit  dévouée.  Le  fpec- 
tre  parut ,  en  vint  aux  mâns  avec 
l'athlète,  fut  vaincu,  &  de  rage 
alla  fe  précipiter  dans  la  mer.  Le» 
Témefliens  ,  délivrés  de  ce  fléau, 
rendirent  de  grands  honneurs  à 
Euthyme^  lequel  époufa  la  jeuni 
fille  qui  lui  devoit  la  vie. 

LYCAMBE,  Voyei  AïiCTil' 
LOÇUE. 

LYCAON  ,  roi  d'Arcadie.  Ovià 
raconte  que  Jupiter  ,  voyageant 
fur  la  terre  >  étoit  ddfcendu  dbo 


LY  C 

Xyisaii^  où  les:  peuples  alloiem  le 
vccoociQitrtt.-comine  Dieu.  Mais  le 
prince  Ajrcadien'  fe  moquant  de. 
leur^créëulité,  leur  dit  qu'il  fau- 
tok  bientôt  s'il  avoit  reçu  chez 
lui- un  I%ci»;<0Ù.Hn  homme*  H 
.  «enta  iil'abord  de  tuer  Jt^Uer  pen« 
dam  qu'il  dormoit.;  mai»-  nlayani;, 
pu  exécuter  fon  attentat,  il  fit> 
égofger  te  des  ottages  que  les  Mo- 
loâes  lui  avokat  envoyés  i  Sa  a^^m 
donné  ordis  qu'on  en  fit  bouillir 
les  membre»  éc^içptir  lerrefle ,  il  le 
préfenta  à  Jiqnier  Cva  fa  table.  Le 
perc  des  Dieux  irrité  d'une  telle 
barbarie  #  ât  defcmdre.  la  foudrei 
fur  le  palais  du  tyran,  6c  le  f  édui« 
fit  en  cendres,  l^eaon  effirayé  s'enr» 
&iit  dans  *les  bois,  où  il  fut  changé 
en  loup.  [Voyei  Ajb.ca$.]  H  y  a 
eu  pluûeurs  autres  LycoQns  \  un  irere 
de  N^r^  qui  fut  tué  par  Hercule  \ 
VA  autre ,  fils  de  Vriam  ,  tué  par. 
AààlUy  &c. 

LYCHAS,  eâ  le  nom  de  l'ef- 
dave.  qm  préfenta  à  HumU ,  4e  la 
part  tie  Déjanire  >  la  robe  du  Cen- 
taure N€jlus.  A  peine  le  }iéros  l'eût- 
ii  fur  ion  corps  ,  qu'il  fçntit  le 
poifoi^  s'inilnuer  dans  fes  veines. 
Alors  devenu  furieux ,  il  iaiût  Ly* 
chas  &  le  lança  dans  la  mer,  où 
i!  périt  *,  mais  les  Dieux  «n  euxent 
compaffîon  ,  &  le  changèrent  en 
rocher ,  que  les  matelots  montroient 
dans  la  mer  d'Eubée. 

LYCOMEDE  ,    Voyti  A- 

CHILLE. 

I.  LYCOPHRON ,  fils  de  Pc- 
rîandrc  roi  de  Corinthe ,  vers  l'an 
628  avant  J.  C,  n*avoit  que  17 
ans  lorfque  fon  père  tua  Mdiife  fa 
mère.  Proclus ,  fon  aïeul  maternel , 
roi  d'Ëpidaure,  le  fit  venir  à  fk 
cour  avec  fon  frère  nommé  Cyp/cU , 
âgé  de  1$  ans ,  &les  renvoya  quel« 
que  temps  après  à  leur  père ,  en 
leur  difant  :  Souvcne^vous  qui  a 
me  votre  nurcî  Cette  parole  fit  une 
telle    impr€iBK>a    fur    lycophron  ^ 


L  Y  c       4^ 

qu'étant  de  retour  à,  Corinthe ,  il 
9^'obfiina  à  ne  point  vouloir  par- 
ler à  fon  père,  Pêriandre  indigné, 
l'envoya  à  Corcyre  (  aujourd'hui 
Corfou,  }  &  l'y  laifia  fans. fon-. 
ger  à  lui;  Dans  la  .fuite  ,  fe  fen«> 
tant  accablé  des  infirmités  de  la 
Tieiliefie,,& voyant  {(m  autre  fils 
incapable  de  cégner,  il  envoyât 
of&ir  à  Lycophron  fon  iîeptre  &  ia 
couronne;  mais  le  jeune  prince 
dédaigna  même  de  parler  au  mef* 
filmer.  ^  foeur  ,  qui  fe  rendit  en« 
fuite  iiuprès  de  lui  pour  tâcher  de  1« 
gagner  ,  n'en  obtint  pas;  davantage. 
Enfin,  on  lui  envoya  propofer  d« 
venir  régner  à  CorinÀe,  &  que 
foa  pcre  iroit  régner  à  Corfou.  Il 
accepta. ces  conditions  ;  mais  le»  / 
Corcynens  le  tueront ,  pimr  pré-  / 
venir  cet  échange  qui  ne  leur  plai« 
foit  pas. 

IL  LYCOPHRON  ,  fameux 
poëte  &  grammairien  Grec,  natif 
de  Chalcide  dans  Tifie  d'Eubée» 
viyoit  vers  l'an  304  avant  J.  C, 
&  fut  mé  d'un  coup  de  flèche» 
félon  Ovide,  Suidas  a  confervé  les 
titres  de  20,  Tragédies  de  ce.poc-. 
te.  U  ne  nous  reile  de  lui  qu'un 
Poëme  intitulé  Cajfan4re  ;  mais  il: 
eft  û  obfcur,  qu'il  fit  donner  à 
fon  auteur  le  nom  de  Ténébreux^ 
C'efi  une  fuite  desprédiéHons  qu'il 
fuppofe  avoir  été  faites  par  Ca/-: 
fondre^  fille  diê  Priam,  La  plupart 
ne  méritent  pas  la  peine  que  les: 
favans  ont  prife  pour  l'expliquer-. 
On  a  donné  une  édition  de  ce 
Poëme,  avec  une  verfion  &  des. 
notes  ,  à  Oxford',  en  1697  ;  &  ella. 
a  été  réimprimée  en  1701,  in-fol. 
Lycophron  étoit  .un  des  poètes  de 
la  Pléiade,  imaginée  fous  Ptolo- 
met  Philadelphe  ,  par  allufion  à  la 
confiellation  de  ce  nom  compofée- 
de  fept  étoiles.  Ces  poètes  étoient 
Théûfirlte ,  Aratus  ,  Nicandre  ,  Apollo^ 
nlus^  Phllicus  ,  Homère  le  jeune  ,& 
lycophrofi, 

Ee  iv 


440  •      t  Y  C 

LYCORIS,  céiebK  courtifaiie 
du  temps  à'Auguftcj  eft  ainfi  nom* 
mée  par  VîrgUe  dans  fa  dixième 
Eglogue.  Le  poëte  y  confole  ion 
ami  Cornélius  Gallus ,  de  ce  qu'elle 
lui  préiéroit  Marc-jùitolne,  Cette 
courtifane  fiiivoit  ce  général  dans 
un  équipage  magnifique,.  &  ne  1er 
quittoit  jamais ,  mhat  au  milieu  des. 
années.  L'afcendant  qu'elle  aroit 
pris  fur  fon  dp(it&  fur  fon  coeur  » 
étoit  extrême  ;  mais  fes  charmes 
ne  purent  tenir  devant  ceux  de 
Ciéofâtn.  Lycons  perdit  le  coeur 
4* Antoine ,  &  ^  avec  fon  cœur  »  la 
feule  des  adorateurs^  que  fa  iaveur. 
lui  procuroit.  Lycorîs  avoit  d'abord 
«fié  comédienne.  Son  véritable  nom. 
«toit  CytherU  ^  mais  elle  le  chan- 
gea en  celui  de  Volumma  ,  «ptks 
qu'elle  eut  été  affranchie  par  Vo^ 
lumnius  qui  l'avoit  aimée. 

LYCOSTHENES ,  en  allemand 
WoiFHART  ,  (Conrad)  ne  l'an 
1518a  Ruffack ,  dans  la  haute  Al- 
lace,  fe  rendit  habile  dans  les  lan-* 
gués  &  dans  les  fciences.  Il  fut 
sniniftre ,  &  profeffeur  de  logique 
êc  des  langues  à  Baie,  où  il. mou- 
rut en  1561.  Il  fiit  paralytique  les» 
fept  dernières  années  de  fa  vie.. 
On  a  de  lui  :  I.  Chwnicon  ProdU- 
^orum  ,  Bâlc  ,1557,  in-folio.  IL 
De  MuIUrum  prétclarè  dictù  &  faSis, 
m.  Compendùan  BibUothectt  Gefntrî^ 
3  5J7  ,  in-4®.  IV.  Des  Commentai" 
res  fur  Plmelt  Jeune.  V.  Apophtht^ 
mata^  1614,  in-8°.  Ce  fiit  lui  qui 
commença  le  Thetumm  vum  huma^ 
7ta,  achevé  &  publié  par  Theod, 
ZwUiger  fon  gendre.  Cette  compi- 
lation forme  8  volumes  in-fol.  de 
l'édition  de  Lyon,  1656. 

I.  LYCURGUE ,  roi  de  Thra- 
ce.  Ses  fujiets  s'abandonnant  à  Ti- 
vrognerie,  il  fit  arracher  toutes 
]es  vignes  de  fes  états  i  ce  qui  a 
donné  lieu  aux  Poètes  délire  qu'il 
avoit  déclaré  la  guerre  à  Saechus^ 
&  l'avoit  forcé  de  pafîer  la  mer 


L  YC 

9c  de  fe  réfugier  dans  l'iâe  At  VaA 
xe  ;  mais  que  ce  Dieu  irrité  de  fon 
impiété  l'avoit  tranfporté  .d^un^ 
telle  foreur ,  qu'il  s'étoit  cafié  les 
jambes.  .  '  '   i 

II.  LYCURGUE  i  législateur  <bs 
Laeédémoniens^;!  étoit  IBIs  d'Eummi 
roi  de  Sparte ,  &  frère  dePoUdéâe^ 
qui  régna  après  fon  père.  Apièsia 
mort  de  fon  frère ,  fa  veiAre  ofttt 
k  couronne  9  Lycurpte^  s'engageast 
de  fiEiire  avorter  l'enÊim  dont  elle 
étoit  gro€e,  pourvu  qu'il  voulut 
répoufer  *,  mais  Lycurgue  refiifii 
eonftammcnt  ces  olfrcs  avantageux 
fes.  Content  de  Id  qualité  de  tuteur 
de  fon  neveu  Charîiaus^  il  lui  re^ 
mit  le  gouvernement  lorfi)u'il  eut 
atteint  l'âge  de  majorité ,  l'an  870 
avapt  Jefus-Chrifiw  Malgré  une  coU'* 
duite  fi  régulière  &  fi -généreufei 
on  l'accufa  de  vouloir  ufurper  ia 
fouveraineté.  L'intégrité  de  ks  ■ 
moeurs  lui  avoit  £ût  des  ennemis }  ! 
il  lîe  chercha  à  s'en  venger  ^  qu'en  | 
fe  mettam  en  état  d'être  plus  utile  i 
à  fa  patrie.  Il  la  quitte ,  pour  étu- 
dier les  mœurs  &  les-  v£ages  des  | 
peuples.  Il  pafie  en  Crète ,  célèbre 
par  fes  lois  dures  &  aofteres  ;  il 
voit  la  magnificence  de  l'Afie ,  fans 
en  être  ni  ébloui ,  ni  corrompu  ; 
enfin  il  €t  rend  en  Egypte  ,  l'école 
des  fciences  &  des  arts.  De  retour 
de  fes  voyages,  Xyoi;;^  donna  aux 
Lacédémoniens  des  lois  féveres. 
Tout  étoit  en  confiifion  depuis 
long-temps  à  Sparte.  Aucun  frdfi 
ne  retenoit  l'audace  du  peuple.  Les 
rois  vouloient  y  régner  defpotî- 
quement,  &  les  fujets  ne  vouloient 
pas  obéir.  Le  légiflateur  philofophe 
prit  la  réfolurion  de  réformer  en- 
tièrement le  gouvernement  ;  mais , 
avant  que  d'exécuter  un  defl*ein  fi 
hardi,  il  eut  beaucoup  d'obfladesâ 
fiirmonter.  ÀUândrty  jeune  Spar- 
tiate y  creva  un  œil  à  Lyatrpie  es 
le  pourfuivam  dans  une  fédition 
élevée  coâcre  lui.  fycurpti  nos  fe«: 


L  Y  G 

lement  lui  pardonna  ;  mais  il  lé  te* 
tint  auprès  de  lui ,  &  le  traita  cont- 
ffle  fon  fils.  Cependant  le  légiila- 
leiir  de  Lacédémone  méditant  des 
changemens ,  dont  les  fuites  pou* 
.voient  être' dangereufes  >  ie  rendit 
Avec  les  principaux  Spartiates  au 
temple  de  Delphes  pour,  confulter 
Apoilutt^  Quand  il  eut  offert  fon 
£icriâce,  il  reçut  cette  réponfe  : 
Alle:{^  ami  du  DUux  %  o«  Dieu  plutôt 
qu'homme;  Apollon  a  examiné  votre 
frigre ,  Gr  vous  alU\  jeter  lesfondemens 
de  la  plus  fioriffaruc  RépubUjue  qui  ait 
jamair  éU,..  Lyaupu  commença  dès 
ce  moment  les  grands  changemens 
^'il .  avoit  médités.  Il  établit  : 
î  Un  Confttl  compofé  de  28  fé** 
nateurs ,  qui ,  en  tempérant  la  puif- 
6nce  des  rois  par  une  autorité 
égale  à  la  leur  »  fut  comme  un  conr 
trepoids  ,  qui  maintint  l'Etat  dans 
ttn  parÊdt  équilibre.  IL  II  mit  une 
czaûe  égalité  entre  les  citoyens , 
par.un  nouveau  partage  des  terres. 
m.  il  déracina  la  cupidité ,  en  dé- 
fendant l'ufage  de  la  monnoie  d  or 
^  d'argent.  IV.  Il  inftitua  les  repas 
publics,  pour  bannir  la  rooUefie , 
&  il  voulut  que  tous  les  citoyens 
mangeaient  enfemble  des  mêmes 
viandes,  réglées  par  la  loi...  Parmi 
des  réglemens  li  iages  ,  il  y  ^  en  eut 
quelqiies-uns  de  bizarres.  On  l'a 
blâmé ,  avec  raifon ,  d'avoir  vouhi 
que  les  h\\t$  portaient  des  robes 
fendues  des  deux  côtés,  à  droite 
&  à  gauche ,  jufqu'aux  talons  ;  & 
d'avoir  ordonné  qu'elles  fiifent  les 
mêmes  exercices  que  les  jeunes 
^^arçons  ,  qu'elles  danfaiTent  nues 
comme  eux  ,  &  dans  les  mêmes 
lieux,  à  certaines  fêtes  folennelles, 
en  chantant  des  chanfons.  Le  rè- 
glement barbare  qu'il  fit  contre  l'es 
enâms  qui  ne  fembloient  pas  pro- 
mettre ,  en  venant  au  monde ,  de- 
voir être  un  jour  bien  faits  6c  vi- 
ffoureux ,  n'eft  pas  moins  blâmable. 
Mais  ,  à  l'exception  de  ces  deux 


t  Y  C         441 

dédrets  Se  d'un  petit  nombre  d'au- 
tres,  il  Àut  avouer  que  les  Lois 
de  Lycurgue  étoient  très-I^es  &  très* 
belles.  Leur  principal  objet  étoit 
d'exercer  le  corps  .&  de  Tendurcir 
aux  travaux  de  la  guerre.  De  là 
l'éducation  dure  &  févere  qu'on 
donnoit  aux  en£an$.  Il  voulut  qu'on 
les  accoutumât  à  braver  tout  ,  à 
n'avoir  peur  de  rien ,  à  coucher 
fur  la  dure ,  à  marcher  im-pieds» 
On  les  élevoit  tpus  enfemble  fous 
des  maîtres  d'une  vertu  reconnuew 
On  tâchoit  de  les  rendre  fouples^ 
obéiiiAns,  adroits,  infatigables  & 
padens  dans  les  travaux.  On  leur 
ordonnoâtmême  de  dérober ,  pour- 
vu que  ce  fût  avec  tonc  d'adrefie 
qu'on  ne  s'en  apperçut  pas;  car 
s'ils  étoient  découverts ,  ils  étoieQt 
punis.  ;Un  jeune  Spartiate  ayant  pris 
un  renard ,  le  cacha  fous  fa  robe , 
&  plutôt  de  laiûer  découvrir  fon 
vol ,  il  fouftirit  jufqu'à  en  mourir, 
que  l'animal  lui  déchirât  le  ventre. 
Dans  une.  fête  qu'on  célébroit  tous 
les  ans  en  Thoimeur  de  Diane  ^ 
on  aâembloit  tous  les  enfans,  de 
on  les  fouettoit  près  de  l'autel  de 
la.Déefie,  jufqu'â  les  faire  expirer 
fous  les  coups  ,  fans  qq'on  leur 
entendit  iakte  la  moindre  plainte» 
Les  parens  eux*mêmes  aUoient  les 
exhorter  à  fouffrir  ces  cruelles 
épreuves.  Une  telle  éducation  fit 
des  Lacédémoniens  d'excèllens 
hommes  de  guerre.  Leurs  maximes 
étoient  de  ne  point  fuir  devant 
l'ennemi ,  quelque  fupérieur  qu'il 
fût  en  nombre  *,  de  ne  jamais  aban- 
donner leur  pofte ,  ni  leurs  armes; 
de  '  vaincre  ou  de  mourir.  CeuiC 
qui  étoient  tués  fur  le  champ  de 
bataille  étoient  rapportés  fur  leurs 
boucliers  qui  teaoient  Ueu  de  bian- 
cards.  Une  mère  en  diùnt  adieu 
à  fon  fils  qui  partoit  pour  la  guerre, 
lui  recommanda  expreflement  de 
revenir  avec  fon  bouclier  ou  fur  fon 
kwieiier^  Une  autre  mère ,  en  appte^ 


44*        L  Y  C 

nant  que  foo  fils  itoii  mort  dans 
un  combat  pour  le  fcrvice  de  fa 
patrie,  dit  froidement  :  Je  ne  /'«- 
vois  mît  au  monde  que  pour  cela» 
Comme  la  muiique  &  la  poéiie 
font  capables  d'exdter  Timagina- 
éoQ ,  Lycurgue  tâcha  d'en  inipirer 
le  goût  aux  Spartiates.  f»iais  il 
voulut  une  poéiie  &  une  muiique 
mâles  ,  nobles ,  propres  à  élever 
l'ame  &  à  la  porter  aux  aéHons  de 
vertu  &  de  courage.  De  là  vipt  la 
coutume  des  rois  de  Sparte,  de 
faire  un  facrifice  aux  Mufes  avam 
que  de  livrer  bataille.  La  marche 
ides  troupes  étoit  une  efpece  de 
tlanfe  pendant  laquelle  on  chantok 
des  cantiques  militaires  ;  en  l'hon- 
neuf  des  braves  guerriers  morts 
^ur.  la  patrie.  Lycurgue  voulant 
«ngager  les  Lacédémoniens  à  ob- 
iervcr  inviolablement  les  lois  qu'il 
avoit  faites  pour  leur  profpérité , 
leur  fit ,  dit-on  ,  promettre  avec 
ierment  de  ny  rien  changer  jufqu'à 
/on-  retour.  11  s'en  alla  enfuite  , 
^)oiite-t-on  ,  dans  l'ide  de  Crète , 
où  il  fe  donna  la  mort ,  après  avoir 
ordonné  que  l'on  jetât  {es  cendres 
dans  la  mer.  Il  craignoit  que  ,  û 
-vvt  rapportoit  ibn  corps  à  Sparte;, 
ics  Lacédémoniens  ne  cruflent  être 
abfous  de  leur  ferment.  Monfieur 
l'abbé  de  Condillac  a  fait  un  parai- 
ielcde  LYcuRCiTEàiAeSoLONi^  qin 
.mérite  bien  de  terminer  cet  article. 
'V*  Le  premier,  dit-il,  donna  dans 
^  les  Spartiates  un  modèle  fubfif- 
y>  tant  de  talens  militaires  &  de 
r*  vertus  guerrières^  le  fécond  ai- 
4«  veloppa  dans  les  Athéniens  le 
»  germe  de  toutes  les  vertus  focia- 
n  les  &  des  talens  de  toute  efpeee. 
n  Ce  fut  l'époque  où  la  Grèce  com- 
>•  -mença  à  produire  de  grands  hom- 
n  mes  en  tout  genre.  Comme  les 
y*  mœurs  aiTurent  feules  la  durée 
>♦  d'un  gouvernement,  tous  deux 
*»  donnèrent  leurs  foins  à  l'éduca- 
•••  tion  dçs  citoyens ,  quoique  av«c 


LTC 

1»  des  vues  différentes.  A  Spattè 
>»  les  eitfans  élevés  par  l'état,  nt 
f*  prenoiem  que  des  habitudes  ud- 
n  les  à  la  patrie.  La  république 
*«  veilloit  fur  lews  exercices,  fur 
>>  leurs  aâions,  fur  leurs  difcours. 
*  Rien  n'ctoit  indifférent  ,  tout 
M  étoit  réglé  par  la  loi  *,  &  les  d- 
n  toyens  s'accoutumoient  dès  l'en* 
y>  fance  à  la  même  £açon  de  penfer 
M  comme  à  la  même  âçon  d'agir. 
««  Une  parité  égtditépouvoic  feule 
vt  maintenir  une  difcipline  fi  fé- 
»♦  vere  ;  il  fdloit  par  conféquent 
n.  que  tous  les  biens  fiiffem  en  com- 
>t  mun.  Il  fsUloit  ôter  aux  citoyens 
VI  tout  moyen  dé  s'enrichir ,  bao" 
ri  nir  les  arts,  le  commerce,  l'or 
vt  &  l'argent.  Il  fidk>it  en  un  mot, 
>♦  pour  fermer  Sparte  à  la  corrup- 
>*  don  ,  la  fermer  aux  richefies.  Ce 
M  fut  donc  la  monnoie  de  fer  qui 
t>  donna  toute  la  conûflance  aa 
VI  gouvernement  des  Spsraates,  & 
M  la  pauvreté  pouvoit  feule  coii" 
>t  ferver  les  mœurs  à  cette  répu- 
•*  blique.  Solon  ne  pouvoit  pas  a^ 
vt  furer  à  fon  gouvernement  la  mê- 
*>  me  durée ,  &  il  ne  fe  le  promet- 
VI  tpit  pas  dans  une  république  o« 
»  tous  .les  cicoyoBis  n'étoient  pas 
)»  pauvres^  Les  pauvres  auroient 
M  été  dangereux  dans  un  pareil  ËcaL 
•»  11  falloit  que  l'éducation  fit  à 
vt  tous  un  befoin  de  s'occuper ,  & 
M  ce  fWt-là  le  principal  objet  du 
)»  Légtflateur.  IVlais  il  lui  fuffifoît 
H  au&  qu'on  s'occupât  ;  car  en  gê- 
»  nant  la  liberté  ,  il  eût  étoiâé 
»  l'induftrie  t  &  -dégoûté  de  tom 
>*  travail.  U  étoit  donc  nécefiàiit 
>*  que  tous  les  arts  fuffent  eftimés; 
>*  que  la  confidéradon  qui  leur  étoit 
M  attachée,  fit  un  befoin  d'avoir 
vt  des  talens  &  de  les  cultiver  daas 
^  les  autres.  Or  voilà  l'efprit  qiû 
VI  diftinguoit  les  Athéniens.  Les 
.vt  gran£-hommes  parmi  eux  fe  firent 
M  un  honneur  de  former  des  éle- 
*i  vcs...  On  a  dit  que  lyairfftt  arwi 


L  Y  C 

^  donné  aux  Spartiates  des  moeurs 
y>  conformes  à  fes  lois,  &  que  Solon 
y>  avoit  donné  aux  Athéniens  des 
^  lois  conformes  à  leurs  mœurs. 
»»  L'entreprife  du  premier  deman- 
y>  doit  plus  de  courage  ;  &  celle 
»»  du  iecond,  plus  d'art.  Peut-être 
rt  la  différence  de  leur  cara£tere 
w  eut-elle  beaucoup  de  part  à  la 
y>  différence  des  plans  qu'ils  fe 
»»  firent.  Lycurgue  étoit  dur  &  auf- 
»♦  tere  ;  Sohn  croit  doux  &  même 
»♦  voluptueux.  Quoi  qu'il  en  foir, 
9»  tous  deux  réuffîrent.  Lycwgue 
»♦  vôuloit  faire  des  foldats  ,  &  il 
M  en  fît,  Solon  voulut  réunir  les 
>♦  talens  aux  vernis  militaires  ,  & 
»>  il  fit  des  hommes  dans  tous  les 
>♦  genres...  Lacédcmone  conferva 
y  plus  long  -  temps  fes  mœurs  & 
•>»  fes  lois;  mais  Athènes  -furvécut 
9»  même  à  la  perte  de  fa  liberté. 
*»♦  Toute  la  Grèce  fut  affujcttie,  & 
>»  les  Athéniens  triomphèrent  de 
^  leurs  vainqueurs  par  la  fupério- 
>»  rite  des  taletis.  Tous  ces  talens 
i  >♦  auîx)ient  été  perdus  ,  fî  Solon 
w  avoit  fait  à  Athènes  ce  que  Zy- 
■f>  eurgs  ût  à  Sparte.  Admirons  le 
r>  courage  de  celui-ci ,  &  chériflbns 
>»  la  mémoire  de  Tautre  «.  Foye^  la 
Vie  de  LyctiTpic  dans  Plutarque;  & 
dans  le  vtï'  vol.  des  Mémoires  de 
'V Académie  des  Jnfcnptlons  ,  par  la 
BoTfe,  • 

IIÏ.  LYŒTRGUE ,  orateur  Athé- 
nien ,  comemporain  de  Démufthe-- 
nés ,  eut  l'intendance  du  tréfor  pu- 
blic ,  fut  chargé  àxt  foin  de  la  po- 
lice, &  l'exerça  avec  beaucoup  de 
févérité.  Il  chafla  de  la  ville  tous  les 
malfaiteurs  ,  &  tint  un  regiilre  exaft 
de  tout  ce  qu'il  fit  pendant  fon  ad- 
miniftration.  Lorsqu'il  fut  hors  de 
charge ,  il  fit  attacher  ce  regiftre  à 
une  colonne,  afin  que  chacun  eût 
la  liberté  d'en  faire  la  cenfure. 
Dans  fa  dernière  maladie ,  il  fe  fit 
porter  au  fénat  pour  rendre  compte 
de  fes  actions ,  &  après  y  avoir 


L  Y  c         44t 

confondu  le  feul  accufateur  qui  te. 
préfenta ,  il  fe  fit  rapporter  chez 
lui  ,  où  il  expira  bientôt  après, 
vers  l'an  356  avant  Jefus-Chrîft. 
Lycurgue  étoit  du  nombre  des  30 
Orateurs  que  les  Athéniens  refu- 
ferent  de  donner  à  Alexandre,  Oe 
fut  lui  qui ,  voyant  le  philofopha 
'  Xénocrau  conduit  en  prifon  pour 
n'avoir  pas  payé  le  tribut  qu'on 
exigeoit  àes  étrangers ,  le  délivra , 
&  fit  mettre  à  fa  place  le  fermier 
qui  avoit  fait  traiter  fi  durement 
un  hommc-dè^lettres.  Les  AùUs 
imprimèrent  à  Venife,  1513  ,  en 
2  vol.  in-fol. ,  un  recueil  de  Ha-^ 
rangties  de  plufieurs  anciens  Ora- 
teurs Grecs  ,  parmi  lefquelles  fe 
trouvent  celles  de  Lycurgue. 

I.  LYCUS  ,  roi -de  Béotie  /aroît 
d'abord  époufé  Antiope  ,  fille  du 
roi  NtHée ,  qu'il  répudia ,  lorfqu'il 
fiit  inffi"uit  de  fes  amours  avec 
Jupuir  changé  en  Satj^re  ,  &  fè 
matïa  avec  Dircé,  Celle-ci  craignant 
que  fon  mari  ne  reprît  fa  première 
femme  ,  la  fit-  enfermer  dans  une 
étroite  prifon.  Mais  Jupiter  touche 
de  cômpaffion ,  la  mit  en  liberté. 
Alors  elle  fe  réfugia  fur  le  mont 
Cithéron  ,  où  elle  accoucha  d*'Am* 
phlcn  &  de  Zéthus  -,  qui  fiirent  élevée 
par  un  berger  du  voifinage.  Dans 
la  fuite  ay^nt  été  inftruit  de'  leur 
naiflance ,  ils  tuèrent  Lycus  &  Dhrcé^ 
Voyt\  Amphion  &  DiRcÉ. 

II.  LYCUS  ,  citoyen  banni  de 
Thebes ,  voulant  profiter  du  temps 
xju'HercuU  étoit  defcendu  aux  en-» 
fers  ,  pour  exécuter  fes  defTeins 
ambitieux  ,  avoit  déjà  fait  mourir 
le  roi  Crcon ,  &  s'étoit  emparé  dé 
la  royauté.  Il  étoit  même  fur  le 
point  de  feire  violence  à  Mégare 
femme  A^fferettle,  lorfque  ce  Héros 
arriva  heureufement  pour  tuer  le 
tyran.  Mais  Junon  qui  protégeoif 
Lycus  &  haïiToit  Hercule ,  irritée  de 
ce  qu'il  l'avoit  fait  mourir,  lu 
infpira  un  û  grand  accès  de  fureur    ' 


!<  Y  C 

qu'ayant  perdu  le  (iras ,  il  maflâcra 
iUffU€  &  fes  enÛAs. 

m.  LYCUS  ,  l'un  des  génërsux 
et  Lyfimachus  ,  célèbre  parmi  les 
Ibccefieurs  ^Alexandre  le  Grand , 
le  rendit  maître  d'Ephtfe  par  le 
noyea  d'Aadroa  ,  dief  de  cor- 
Êbes  j  qu'il  gagna  à  force  d'ar- 
gent. Andron  introduiiît  dans  la 
Tkll«  qoelques  foldats  de  tycus  , 
comme  s'ils  cufient  «té  des  pri- 
lonniers  ^  mais  avec  des  armes 
cachées.  Dès  qalls  furent  entrés  dans 
b  place  ,  iU  tuèrent  ceux  qui  Êû- 
ibtent  la  garde  aux  portes  y  & 
donnèrent  en  même  temps  le  fignat 
aux  troupes  de  Lycus  ^  lesquelles 
sTeoiparcrent  de  la  place  »  &  firent 
pcifonnier  Eitut  qui  en  étott  gou- 
/veraeur.  Frondn  a  placé  cette  hif- 
iDire  dans  fes  5tr4ta|Mu/.  • 

LYDE  ,  femme  .du  pocre  An- 
nmaque  «  &  poëte  elle-même ,  aiqia 
ion  mari  fi  tendrement ,  ^pe  pour 
ie  cocfoler  de  fa  mort  ^  elle  çom- 
pofa  une  élégie  de  fon  nom  ,  qui 
iat  regardée  comme  un  ch^-doeu- 
"ne  en  ce  genre. 

LYDIAT  y  {  Thomas  )  maïkéma- 
teen  Anglois ,  né  à  Okerton  dans 
Je  comté  d'Oxford  en  15  71,  mort 
ca  1646 ,  à  74  ans ,  eut  dans  l'iite 
agence  le  fort  de  pluûeurs  favans. 
H  traîna  dans  l'indigence  une  vie  la» 
tborieufê.  Il  fur  long-temps  en  prîfon 
pour  dettes  ;  &  lorfqu'iî  eut  obtenu 
ha  la  fin  de  Tes  jours  un  petit  béné- 
^j  il  fiit  perfécuté  par  les  parlemen- 
taires y  parce  qu'il  étoit  attaché 
a^parti  royal.  11  a  laifTé  plufîeurs 
ouvrages  en  latin  fur  des  matières 
4e  chronologie  ,  de  phyfique  6c 
d^hiiloire.  L^  principaux  font  :  I. 
D$  variis  armorumformis  ,  Londres  y 
160  f  »  in-8**  ,  contre  CUvius  & 
Sfoligpt!,  Ce  dernier  ayant  répondu 
avec  beaucoup  d'emportement  , 
i^diéu  fît  une  ApologU  de  fon  ou* 
levage,  imprimée  en  1607.  II.  Dt 
fong/ing  des  fwtaitus  &  du  omet 


LTN 

fîeiurs  Traités  AJirvnomiqties  O  Phy 
fiqucs  ,  fur  la  nature  du  Ciel  & 
des  Elémens  ,  fur  le  mouvement 
des  Aibes  ,  fur  le  flux  &  le  re- 
flux, &c. 

L^DIUS , .(  Jacques  >  fils  de  BsU 
thafar  minifbe  à  Dordrecht ,  &att* 
tetir  de  quelques  mauvais  ouvrages 
de  controveife ,  fuccéda  à  fon  pcrc 
dans  le  minidere ,  &  fe  fit  conooi- 
tre  au  xvn*  fiecle  dans  la  répii' 
blique  des  lettres  par  plufieurs  li* 
vres  pleins  de  recherdies  curieu- 
fes*  I.  Samunum  connubitUàtm  iihn 
duo  y  in-4^,  1643.  Ceû,  un  traité 
des  différens  uikges  des  nadoos 
dans  la  manière  de  fe  marier.  II. 
De  n  Militari  ,  in-4**  ,  1698  :  ôtt» 
vrage  poftiiume  »  publié  par  ^40- 
Thll  qui  l'enrichit  de  plufieurs  re-  | 
marques.  III.  w^^oAoySctf/dCM,  Ro  | 
terdim^lôsj'tin'izAY.Belfftmgio-^  | 
riofun,  Dordrecht,  i668»ia-i2. 

I.  LYNCÉE  ,  un  des  Argona»- 
tes  qui  accompagnèrent  Jafon  à  la' 
conquête  de  la  Toifon-d'or;  étoit 
fils  é'Apharà,  Il  avoir  la  vue  fi 
perçante  ,  félon  la  Fable  »  qu'il 
voyoit  au  travers  des  murs  ,  & 
découvroit  même  ce  qui  fe  pafibit 
dans  les  cieux  &  dans  les  enfers. 
L'origine  de  cette  fable  vient  ap»- 
remment  de  ce  que  Lyncéc  enfeigna 
le  moyen  de  trouver  les  nûaes 
d'or  &  d'argent  ,  &  '  qu'il  fît  des 
obfervatiofls  nouvelles  fur  l'a^ 
tronomie, 

IL  LYNCÉE,  Tun  des  cinquante 
fils  d'Egyptus  ^  ép6\x£sL  Hypcrmne/irt, 
l'une  des  50  filles  de  Danaus  roi 
d'Argos  ;  cette  princeffe  ne  voulitt 
pas  l'égorger  la  nuit  de  fes  noces  à 
l'imitation  de  fes  autres  foeurs  ,  & 
aima  mieux  défobéir  à  fon  peref 
que  d'être  cruelle  envers  fon  mari. 
Hpracù  met  dans  la  bouche  de  cette 
femme  un  difcours  touchant:  i*  Leve- 
>»  toi ,  (  dit-elle  à  Lyncéc ,  )  de  peur 
M  que  tu  ne  trouves  la  mort  dan» 


LYN 

•h  les  liras  de  la  volupté.  Je  veux  te 
^  ibHftraire  à  la  barbarie  de  mon 
**  père  &  de  mes  fœurs.  Dans  ce 
**  moment  même  ces  liomies  dé- 
^  chirent  les  innocentes  brebis  , 
^  qui,  trompées  par  Tamour,  font 
^  venues  fe  livrer  à  leur  rage.  Moi , 
«  je  ne  fuis  ni  cruelle,  ni  perfide, 
*»  &  je  t'aime  :  je  veux  te  fauver. 
»»  Que  mon  père  m'en  punifTe  par 
»»  les  plus  rudes  châtimens  -,  il  n'en 
>*  ed  aucun  dont  on  ne  puifie.  fe 
«  confoler  par  le  plaifir  d'avoir 
«*  fait  du  bien.  Adieu  ,  fuis  !  je 
r>  t'en  conjure  par  notre  mutuelle 
»♦  tendreiïe.  Que  la  nuit  te  prête 
»»  fes  fombres  voiles  &  te  procure 
»^  un  heureux  aftle.  Pui(fîons-nous 
»^  un  jour  être  réunis  !  PuiiTent 
M  nos  cendres  être  dépofées  dans 
>♦  la  même  urne  !  PiiifTe  notre 
»  amour  fervir  de  modèle  à  la 
H  poftérité  ««  !  Lyncée ,  échappé  au 
danger ,  arracha  le  trône  &  la  vie 
àfon  cruel  beau-pere. 

LYNCUS  ou  LYNX  ,  roi  de 
Scythie ,  Prince  barbare  &  cruel  , 
donna  lliofpitalité  à  Triptoleme 
que  Gérés  avoir  envoyé  par  tout 
l'univers  pour  apprendre  aux  hom- 
mes à.  cultiver  les  terres  ,  à  les 
enfemencer ,  &  à  faire  ufage  des 
ftvàxa»  Lorfqu'il  eut  appris  le  nom 
de  fon  hôte ,  fa  patrie  &  le  fujet 
de  fes  vdyages ,  il  forma  le  deffein 
de  le  mer  pour  s'attribuer  la  gloire 
d'une  û  belle  invention.  Mais  dans 
le  moment  qu'il  alloit  exécuter  fon 
crime.  Gérés  le  changea  en  lynx , 
bête  féroce  de  fon  nom. 

LYND  ,  (Humprey)  chevalier  • 
Anglôîs,  né  à  Londres  en  1578 , 
mort  l'an  1636,  à  58  ans  ,  publia 
deux  Traités  de  controverfe ,  ef- 
timés  ,  dit-on,  de  fes  compatrio*- 
tes  ,  &  traduits  en  françois  par 
Jean  de  là  Montagne,  L'un  traite  de 
kt  VcU  sûre  ,  &  l'autre  de  la  Foie 
égarée. 

LYNDWOODE  ,  (  GuiUauiae 


LYS         44^ 

de  (  Voyii  Guillaume  ,  n*  xvi. 

LYON, (le Cardinal  de)  Voye^ 
ïv.  Plessis. 

LYONS,  Voyei^^  DistTOKs, 

LYRE  ,  (  Nicolas  de  )  Voye^tlv* 
COLAS  de  Lyre ,  n®  xiv. 

L  Y  S  ,  (  Jeanne  du  )  Voye{^ 
Jeanne  d'Arc  ,  n®  x. 

LYSANDRE ,  amiral  des  Lacé- 
démoniens  dans  la  guerre  contre 
Athènes ,  détacha  Ephefe  du  pard 
des  Athéniens ,  &  fit  alliance  avec 
Cyrus  U  Jeune  ,  roi  de  Perfe.  Fort 
du  fecour^  de  ce  prince  ,  il  livra 
Un  combat  naval  aux  Athéniens  « 
l'an  405  avant  Jefus-Chriil ,  défit 
leur  flotte  ,  tua  3000  hommes  , 
emporta  diverfes  villes  Ôc  alla  atta- 
quer Athènes.  Cette  ville,  preflee 
par  terre  &  par  mer ,  fe  vit  con- 
trainte de  fe  rendre  Tannée  fuw 
vante.  La  paix  ne  lui  fut  accordée 
qu'à  condition  qu'on  démoliroit 
les  fortifications  du  Pirée  *,  qu'on 
livreroit  toutes  les  galères  ,  à  la 
réferve  de  12  -,  qufe  les  villes  qui 
lui  payoient  tribut  feroient  aStaa* 
dites  -j  que  les  bannis  feroientrs^ 
pelés-,  &  qu'elle  ne  feroit  plus  la 
guerre  que  fous  les  ordres  de 
Lacédémone.  Athènes ,  pour  com- 
ble de  douleur  ,  vit  fon  gou- 
vernement changé  par  Lyfandre, 
La  démocratie  fut  détruite  &  toute 
l'autorité  remife  entre  les  mains 
de  50  Archontes.  Ceû  ainfi  que 
finit  la  guerre  du  Péloponnefe  , 
après  avoir  duré  27  ans.  Le  vain- 
queur alla  foumettre  enfuite  l'ifle 
de  Samos ,  alliée  d'Athènes  ;  &  re- 
tourna triomphant  à  Spardie  avec 
des  richefTes  immenfes ,  {ruit  de  fes 
conquêtes.  Son  ambition  n'étoit  pas 
fatis£ûte  :  il  chercha  à  s'emparer  de 
la  couronne ,  mais  nioins  en  tyran 
qu*en  politique.  Il  décria  la  cou- 
tume d'hériter  du  trône,  comme 
un  ufage  barbare ,  inûnuant  dans 
les  cfprits  qu'il  étoit  plus  avanta- 
geux df  ae  déférer  la  royauté  qu'au 


A46         LYS 

mérite.  Après  avoir  teaté  envaîn* 
de  faire  parler  en  fa  âveui:  les  ora-» 
clés  de  Delphes ,  de  Dodone  &  de 
Jupiter  Ammon  y  il  fut  obligé  de  re- 
noncer à  fes  prétentions.  La  guerre 
s'étant  rallum<^e  entre  les  Athéniens 
&  les  Lacédémoniens ,  Ly/amUc  fut 
un  des  chefs  qu'on  leur  oppofa.  Il 
fiit  tué  dans  luie  bataille ,  l'an  366 
avant  Jefus-Qirifl.  Les  Spartiates» 
furent  délivrés  par  fa  mort  d'un 
ambitieux ,  pour  qui  l'amour  de  la 
patrie ,  la  religion  du  ferment  y  les 
traités  ,  l'honneur  n'écoient  que  de 
vains  noms.  Comme  on  lui  repro- 
choit  qu'il  faifoit  des  chofes  in- 
dignes 6! Hercule  y  de  qui  les  Lacé- 
démoniens fe  âattoient  de  defcen- 
dre  :  Il  faut ,  dit- il ,  coudre  la  peau  du 
Renard  où  manque  celle  du  Lion-,  fai- 
fant  allufion  au  Lion  ^'Hercule.  Il 
difoit  qu'  On  amufe  les  enjans  avec  des 
offekts ,  &  les  hommes  avec  des  paroles,,, 
La  vérité  „ajoutoit-il ,  vaut  apurement 
mieux  que  le  menfonge;  m^is  il  faut  fe 
fervîr  de  l'un  &  de  l'autre  dans  l'oc-' 
cafion»  Le  droit  du  plus  fort  étoit, 
à  fes  yeux,  le  meilleur  titre.  Dans 
une  occafion  où  les  Spartiates  & 
les  Argiens  fe  difputoient  fur  leurs 
limites,  il  dit  ,  en  montrant  fon 
çpée  :  Voilà  le  moyen  d'avoir  raifon, , . 
Lyfandr:  fut  toujours  pauvre,  après 
avoir  introduit  à  Sparte  lesricheffes. 
Quand  on  fut  l'état  de  fes  affaires , 
deux  citoyens  confidérables  qui 
dévoient  époufer  fes  filles  ,  refu- 
ferent  de  remplir  leurs  engagemens. 
Cette  baffefîe  les  rendit  inêmes  & 
les  fit  condamner  à  une  amende. 
:  L  LYSERUS,  (Polycarpe)  na- 
quit à  Winendéen,  dans  le  pays 
de  Wittemberg ,  en  1552.  Le  duc 
de  Saxe  ,  qui  Tavoit  ,fait  élever  à 
fes /dépens  dans  le  collège  de  Tu- 
binge ,  l'appela,  en  1577 ,  pour  être 
miniflrc  de  l'Eglife  de  "Witteniberg. 
ty férus  fîgna  ,  l'un  des  premiers , 
le  livre  de  la  Concorde,  &  fiit  dé- 
puté ,  avec  Jacqiits  André  ^  pour  le 


L  Y  s 

faire  âgner  aux  théologiens  &  aux 
miniilres  de  Téleâorat  de  Saxe.  Il 
mourut  à  Drefde,  où  il  étoit  mijiif- 
tre,  le  14  Février  1601 ,  à  50  ans. 
Beaucoup  de  querelles  qu'il  eut  à 
f outenir ,  &  îts  grandes  occupations» 
ne  l'empêchèrent  pas  de  ccmpofer 
un  nombre  coniidérable  d'ouvrages 
en  latin  &  en  allemand.  Les  prin- 
cipaux font  :  I.  Expofitio  in  Genefim^ 
en  fix  parties ,  in-4" ,  depuis  1604, 
jufqu'en  1609.  II.  Schola  Bahylo- 
nlcuy  1609.,  in-4°.  111.  ColoffasBa- 
bylonicus^  1608  ,  in-4°.  L'auteur  y 
donne ,  fous  ces  deux  titres  bi- 
zarres ,  un  Commentaire  fur  lés  2 
premiers  chapitres  de  DankL  IV.  Un 
Commentaire  fur  les  XII  petits  Pro- 
phètes ,  publiés  à  Leipzig  en  1609 , 
in-4'* ,  par  Polycarpe  Ly férus  ,  fon 
petit- fils.  V.  Une  foule  de  U-vrts 
de  théologie  &  de  coutroverfe, 
dont  les  théologiens  ne  font  pref- 
que  plus  aucun  ufage.  U  y  efl, 
ainfi  que  dans  fes  Commentaires  y 
iavan^,  mais  diffus.  VL  L'édition 
de  Vmjioîre  des  Jéfuites ,  de  l'ex-Jé- 
fuite  HafenmuUcTy  qu'il  publia  après 
la  mort  de  celui-ci  fous  ce  titre: 
Hifioria  Ordinis  Jefuîtici  y  deSodetatis 
Jesu  ttuciore  ,  nomine,  gradikus  ,  is- 
crementis ,  ab  Elia  Hafenmulleroy  eum 
dupllci  prafatione  Polycarpi  Lyferi ,  à 
Francfort,  1594  &  1606  ,  in-4**. 
Le  Jéfuite  Gretfer  attaqua  cette 
Hiiloire  compofée  par  un  homme 
quiavcit  abandonné  fon  ordre  &  Is 
foi  de  fes  pères.  Lyferus  la  défendit 
dans  fon  Strena  ad  Gretfenm  pr» 
honorario  ejus  ,  in-8®  ,  1607.  Les 
deux  auteur»  ne  s  épargnent  point 
les  injures.  C'étoit  le  ftyle  ordinaii» 
entre  les  favans  de  ce  temps -là, 
&  il  n'efl  pas  entièrement  hors  de 
mode. 

II.  LYSERUS,  (Jean)  dofteur 
de  la  confefîlon  d'Ausbourg ,  dé  la 
même  femille  que  le  précédent, 
naquit  .en  Saxe.  11  fîit  V Apôtre  de  h, 
polygamie  dans  le  fiede  dernier.  Sa 


LYS 

minîe  pour  cette  erreur  alla  û  loin , 
'qu'il  confuma  Ces  biens  &  fa  vie 
pour  prouver  que  non- feulement 
la  pluralité  des  femmes  eft  perraife , 
mais  qu'elle  eft  même  commandée 
en  certains  cas.  Il  voyagea  avec 
aÛêz  d'incommodité  en  Allemagne , 
enDanemarck^  en  Suéde,  en  An- 
gleterre ,  en  Italie  &  en  France,  pour 
rechercher  dans  les  bibliothèques 
de  quoi  appuyer  fon  fyftême^ 
&  pour  tâcher  de  l'introduire  dans 
quelques  pays.  Déguifé  tantôt  fous 
un  nom ,  tantôt  fous  un  autre ,  il 
publia  pluûeurs  écrits  pour  prou- 
ver fon  opinion  ;  mais  elle  n'eut 
pas  de  pardfans ,  du  moins  ouver- 
tement. Son  entêtement  fur  la  plu- 
ralité des  femmes  furpreaoit  d'au- 
tant plus,  qu^'une  feule  Tauroit 
fort  asb^rraÔe ,  fuivant  B.ay^c,  C  é- 
toit  un  petit  homme ,  un  peu  boiTu , 
m^gre  ,  pâle ,  rêveur  &  inquiet. 
Après  bien  des  courfes  inutiles ,  il 
crut  pouvoir  fe  fixer  en  France , 
&  alla  demeurer  chez  le  doûeur 
M:ifius  ,  miniûre  de  l'envoyé  de 
Danemarck.  Il  fe  flatta  enfuite  de 
rendre  fa  fortune  meilleure  à  la 
cour,  par  le  jeu  des  échecs  qu'il 
entendoit  padaîcement,  &  s'établit 
à  Verfailles  ;  mais  n'y  trouvant 
point  les  fecours  qu'il  avoir  efpérés,^ 
&  y  étant  tombé  malade ,  il  vou- 
lut revenir  à  pi«d  à  Paris.  Cette 
£iingiie  augmenta  tellement  fon  mal, 
qu'il  mour4it  dans  une  maifon  fur 
la  route ,  en  1684.  On  a  de  lui , 
fous  des  noms  empruntés  ,  un 
grand  nombre  de  livres  en  faveur 
de  la  polygamie.  Le  plus  coniidé- 
rable  eft  intitulé  :  Polypimla  Trhan" 
phatrîx  ,  id  eft  »  Dljcurfus  polUlcus  de 
Pofygamiay  éyx^oréTh&ophih  AUthctOy 
cum  notis  Athinafiî  Vîncent'ù  ,  in-4®, 
1682 ,  à  Amilerdam.  [  Brunjmanus  , 
minlfbe  à  Coppenhague,  a  réfuté 
cet  ouvrage  par  un  livre  intitulé  : 
Polygamli  Trîumphata  ,  1689 ,  in-8^. 
9<l-«  <lu  caême  auteur  un  autrt 


L  Y  S         447 

livre  contre  Infinis ,  intitulé  :  Mç-i 
Hogamia  Vlârlx^  1689  ,  in-S^.]  On 
trouva  dans  les  manufcrits  à&Lyfiras 
une  lifle  curieufe  de  tous  les  po- 
lygames de  fon  iiede.  Il  eil  à  croire 
que  cette  lifte  auroit  été  plus  lon- 
gue ,  fi  l'auteur  y  avoit  fait  entrer 
tous  ceux  qui  n'ayant  qu'une  femme, 
vivent  avec  pldieurs.  Au  refte» 
Théophile  Akthée  &  Athanafi  Vincent , 
font  des  noms  controuvés  fous 
lefquels  Lyfsrus  s'étoit  caché. 
«  I.  LYSIAS,  très-célebte  orateur 
Grec ,  naquit  à  Syracufe  l'an  459 
avant  Jefus-Chrift ,  &  fut  mené  à 
Athènes  par  CejpAâ/(f  fon  père,  qui 
l'y  fit  élever  avec  foin.  Lyfias  s'ac- 
quit une  réputation  extraordinaire 
par  fes  Harangues.  Il  forma  des  dif« 
ciples  dans  le  bel  art  de  l'éloquence 
par  fes  leçons  &  par  fes  écrits.  Il 
parut  à  Athènes  après  PérkUs ,  & 
retint  une  partie  de  la  force  de  cet 
orateur ,  fans  s'attacher  à  la  préci- 
ûon  qui  le  caraâérifoit.  U  ioignoic 
à  une  expofition  de  fon  fujet  fim- 
ple, claire,  développée >  une  élo- 
cution  pure  &  choiîie ,  une  noble 
fimplicité,  un  beau  naturels  une 
exaâe  peinture  des  moeurs  &  des 
caraéteres.  On  peut  juger  de  l'élo- 
quence de  Lyfias^  par  le  premier 
difcours  de  la  première  partie  du 
Phédon  de  Platon.  Qulntilien  la  com* 
paroit  à  un  ruifteau  pur  &  clair , 
plutôt  qu'à  un  fleuve  majeftueux. 
£n  efl!et,  il  inftruit  fes  juges  *,  queU 
quefois  même  il  s'infinue  avec  adref«' 
fe  :  mais  il  emploie  rarement  ces 
mouvemens  qui  ébranlent  &  qui  en- 
traînent. On  rapporte  qu'un  jour 
Lyfias  ayant 'donné  fon  plaidoyer 
à  lire  à  fon  adverfaire  dans  l'A- 
réopage ,  cet  honrnie  lui  dit  :  »*  La 
>•  première  fois  que  je  l'ai  lu ,  je  Tai 
»  trouvé  bon  -,  la  deuxième ,  mé-. 
»  diocre  *,  la  troKieme ,  mauvais.  >». 
Hé  bien  ,  répliqua  Lyfias  ,«7  efidona 
hon\  car  on  ne  le  récite  quune  fols,  U 

mourut  dans  un  âge  fort   avancé 


448         LYS 

l'an  3 74  avant  JeAis-Chrift.  Ucom- 
pofa  ,  depuis  la  67*  année  de  fon 
âge  iufqu'à  la  80* ,  deux  cents  Dif- 
cours  dont  il  ne  nous  refte  que 
34,  traduits  en  françois  par  M. 
l'abbé  Aupr^  à  Paris,  1783  ,  in- 
8^.  I^  meilleure  édition  de  l'ori- 
ginal, eft  celle  de  Taylor^  in-4**, 
.  X740  «  à  Cambridge.  On  les  trou- 
ve auÂî  dans  le  Recueil  des  Ora- 
teurs Grecs  à.*Atdc  ,  in-fol.  i  p  3 , 
&  de  Htnn-Eûtnnt  ^  in-fol.  157^. 
Voyei  l'art,  i.  SocKATE  vers  le 
milieu. 

II.  LYSIAS ,  (  Claude  )  tribun 
des  troupes  Romaines  qui  faifoient 
garde  au  temple  de  Jéruikiem.  Il 
arracha  S,  Paul  des  mains  des 
Jui£i ,  qui  vouloient  le  £ûre  mou- 
tir  \  &  pour  connoitre  le  fujet  de 
leur  animofité  contre  lui ,  il  ftit  fur 
le  point  de  l'appliquer  à  la  quef- 
tîon  en  le  faifant  frapper  de  ver- 
ges. Mais  5.  Paul  ayant  dit  qu'il 
étoit  citoyen  Romain,  ce  tribun 
n'ofa  paffer  outre,  &  il  l'envoya 
dans  la  tour  Antonia  ,  d'où  il  le 
fit  conduire  fous  une  bonne  ef- 
corte  'à  Céfarée ,  fur  les  avis  qu'il 
reçut  que  plus  de  40  Juifs  avoient 
confpiré  contre  cet  apôcre. 

I.  LYSIMAQUE,  difciplc  de 
CaWJtiienes  ,  [  Voy.  ce  mot  ]  fut  l'un 
des  meilleurs  capitaines  ^AUxtai- 
in  h  Grand,  Il  fe  rendit  maître 
d'une  parties  de  la  Thrace,  après 
la  mort  de  ce  conquérant,  &  y  bâ- 
tit une  ville  de  fon  nom  l'an  309 
avant  J.  C.  Il  fuivit  le  parti  de 
Çaffandre  &  de  Stleucus  contre  An^ 
ilgonc  &  Dtmurlus ,  &  fe  trouva 
à  la  célèbre  bataille  d'Ipfus,  l'an 
301  avant  J.  C.  Lyfimaqut  s'em- 
para de  la  Macédoine ,  &  y  régna 
10  ans  -,  mais  ayant  fait  mourir 
fon  fils  Agathoclcj  &  commis  des 
cruautés  inouies,  les  principaux 
de  fes  fujets  l'abandonnèrent.  Il 
paiTa  alors  en  Alic ,  pour  faire  la 
guerre  a  S^lmau  qui  leur  avoit  don- 


LYS 

né  retraite,  &  fiit  tué  dans  fof 
combat  contre  ce  prince  l'an  lîi 
avant  J.  C. ,  à  74  ans.  On  ne  re- 
connut fon  corps  fur  le  champ  de 
bataille ,  que  par  le  moyen  d'ua 
petit  chien  qui  ne  l'avoit  point 
abandonné.  Il  neÊiut  pas  le  con- 
fondre avec  un  autre  Lyjima^t 
d'Acamanie  ,  &  un  des  anciflos 
maîtres  d'Alexandre  qui  n'avoit 
aucune  forte  de  délicatdle  d'efprit 
C'étoit  un  Êide  adulateur  ,  dom 
tout  le  mérite  confîfioit  à  répéter 
fans  cefTe  que  Philippe  étoit  Pi* 
Ut  ;  AUxandjt ,  AdâlU  j  &  lui , 
Photnix, 

II.  LYSIMAQUE,  Juif,  par- 
vint au  fouverain  pontificat  de  fa 
nation  l'an  ao4  avant  J.  C ,  après 
avoir  fupplanté  fon  frère  M««- 
Uus ,  en  payant  une  fournie  d'ar- 
gent que  celui-ci  n'avoit  pu  four- 
nir au  roi  Antiochus  Epiphanes,hf$ 
violences ,  les  injustices  &  les  fa- 
crileges  fans  nombre  qu'il  comstit 
pendant  fon  gouvernement ,  for- 
cèrent les  Juié ,  qui  ne  pouvoienf 
plus  le  foulfrir ,  à  s'en  défaire  d«* 
l'année  fuivante. 

m.  LYSIMAQUE,  frère  d'^- 
pollodore ,  ennemi  déclaré  des  Juifs, 
eut  le  gouvernement  de  Gaza*  La 
.grande  jaloulie  qu'il  conçut  con- 
tre fon  frère ,  que  le  peuple  &  les 
foldats  aimoient  &  coniidéroient 
plus  que  lui,  le  porta  à  le  tuer 
en  trahifon ,  &  à  livrer  cette  ville 
à  Aàxandn^Jannée  qui  raffiégeoit. 

LYSIPPE  ,  très-célebrc  fcalp- 
teur  Grec  ,  natif  de  Sicyone ,  exer- 
ça' en  premier  lieu  le  métier  de 
ferrurier.  Il  s'adonna  enfuitc  à  la 
peinture ,  &  la  quitta  pour  fe  H* 
vrer  tout  entier  à  la  fculpmre.  H 
avoit  eu  d'abord  pour  maître  le 
Donphon  de  PolicUu  ;  mais  ayant 
demandé  à  Eupompe  qui  de  ceux 
qui  l'avoient  précédé  dans  fon  art, 
il  devoit  fe  propofer  pour  modè- 
le ?   Nul  komjw  en  partlculUry  lia 

répondit-il , 


LYS 

f  2poà$t-ll ,  mais  la  nature  mime»  11 
rétudul  dont  uniquement ,  &  la  ren- 
dit avec  tous  fes  charmes,  &  fur-tout 
avec  beaucoup  de  vérité.  Il  étoit 
contemporain  à* Alexandre  le  Grandi 
Cétdit  à  lui  &  à  ^/re/^  feulement, 
qu'il  étoit  permis  de  repréfenter 
ce  conquérant*  Lyfippe  a  îaixt  plu- 
fieurs  Statues  à* Alexandre ,  fuivant 
fes  dififérens  âges.  Une  entre  au- 
tres étoit'  d'une  beauté  frappante  : 
l'empereur  Néron  en  fiêiifoit  grand 
cas  ;  mais ,  Comme  elle  n'étoit  que 
de  bronze,  ce  prince  crut  que  l'or 
en  Teiiuichiflànt  la  rendroit  plus 
belle.  Cette  nouvelle  parure  gâta 
ia  ftame ,  au  lieu  de  l'orner  \  on 
&t  obligé  de  l'oter ,  ce  qui.  dégra- 
da iàns  doute  beaucoup  ce  chef- 
dWvre*  Lyfippe  eft  celui  .de  toUs 
les  fculpteurs  anciens ,  qui  laifTa  le 
{>ius  d'ouvrées.  On  en  comptoit 
près  de  éoo  de  foncifeau.  Les 
plus  connus  font  V Apollon  de  Ta- 
tente  *  de  40  coudées  de  haut  \  la 
Statue  de  Socrau  -,  celle  d'un  hom- 
me fortant  du  bain  ,  qa' Agrippa 
mit  à  Rome  devant  fes  thermes  ^ 
Alexandre  encore  en£uit  j  $c  les  25 
cavaliers  qui  avoient  perdu  la  vie 
tai  paûâge  du  Grâoique.  On  dit 
sue  Lyjippe  e3q>rima    mieux   les 


LYS        :j^4<^ 

cheveux  que  tous  ceux  qui  l'â- 
voient  précéda  :  cela  feul  fuffiroit 
pour  le  tirer  de  la  foule  des  ar- 
ticles ordinaires^  11  fut  le  pt'emief 
fculpteur  qui  fit  les  têtes  plus  pe^ 
tites  &  les  corps  moins  gros ,  pout^ 
faire  paroitre  les  il^tues  plus  haù* 
tes.  Mes  prédceejfiurs  j  difoit-il  à 
ce  fujet,  ont  repréfentt  les,  hommes 
tels  qu'ils  itoient  faits  ;  .  mais  pour 
mot  je  les  repréfente  tels  qu*ils  paroîjfcnt^ 
Il  âoriâbit  vers  l'an  x%o  avanc 
J.  C 

LYSIPPË ,  Voye^  Phétides* 
LYSIS ,  philofophe  Pythagori- 
cien ,  précepteur  i*Epaminondas\ 
eft'  auteur,  fuivant  la  plus  çom.- 
mune  opinioa,  des:  f^ers  dorés  que 
l'on  attribue  ordinairement  à  Pyr»» 
thagore.  Nous  avons  fotts  lé  nont 
de  Lyfis  une  Lettre  '  à  Hlpparquê  ^ 
dans  laquelle  il  lui  reproche  de 
divulguer  les  fecrets  de  Pytkagore  ^ 
leur  maître  commun.  Cette  Lettré 
eft  dans  les  Opafoula  Miytholo^ca  6* 
PhUofophlca  de  Thomas  Gale»  On 
croit  que  Lyfis  vivoit  vers  l'an  38^ 
avant  î.  C 

LYSISTRATÉ,  frère  du  ftatuai- 
re  Lyfippe ,  fut  le  premier  qui  in-» 
venta  la  manière  de  faire  dès  ft%« 
tues  d'argile.  &  de  curei 


Tome  ^ 


Fï 


HT© 


M 


p/ji  A ,  une  ies  femmes  qui  fui- 
Toient  Rhée.  Jupîttr  \^  ch^ea  de 
réducarion  de  Bacchus.  Les  Ly- 
diens adoroient  Rhic  elle-même  fous 
•le  nom  de  Ma. 

MAACHA,  roî  de  Geth ,  don- 
na du  fecours  à  Hannon  ,  roi  des 
Ammonites  ,  contre  Dayîd.  Mais 
'Joab ,  général  des  troupes  de  Da- 
yîi ,  tailla  en  pièces  les  deux  <ar- 
jnées. 

MAAN,  (Jean)doaeurdeSor- 
bonne  ,  natif  du  Mans  ,  chanoine 
&  précenteur  de  Téglife  dcTours , 
fe  fit  connoître  dans  le  fiede  der- 
nier par  un  ouvrage  intitulé  :  Sanc 
ta  &  Mctrop^/ttana  Ecclefia  Turonen- 
fis ,  facronan  Ponvficum  fuonan  or^ 
riJti  vlnutihus  ,  &  fanHlJpnds  Coti" 
clGorum  înjikutls  décorât  a  ;  qui'  fut 
imprimé  dans  la  rtiaifon  même  de 
Tauteur  ,  à  Toui^  en  1667  ,  in- 
fol.  11  dft  eftimé  pour  les  recher- 
ches ,  &  s'étend  depub  l'année  de 
X  C.  25 1  jufqu'en  1655.  Cette  Hif- 
toire  a  aèquh  î>eaucoup  d'éloges 
à  ce  doâeur.  Rsné  Robichon  ,  çoa-  * 
feîller  à  Tours ,  lui  a  confacré  ces 
deux  vers  : 

Unus  erat   quonâam   Turonum  gloiui 

magnus  ^ 
ifunc  quoqtu     Turonum   gloria   ma^ 

gnusetît. 

MABILLE ,  Foy,  Jourdan. 

MABILLOK ,  (  Jetn  )  né  le  2^ 
Novembre  i6\*  ,  à  Sâînt-Pîerre- 
Mont ,  village  près  le  Monzon  danf 
le  dioceie  de  Reim|  > prit Ihabit  de 
Bénédidin  de  Saim-Maur  à  Saint- 
Remi  de  cette  ville  en  16  j  4.Ses  fupé- 
rieurs  l'envoyèrent  en  1663  à  Saint- 
Denys,  pour  montrer,  aux  étran- 
gers le  tféÎQf,fi.  les  monumeos 


antiques  de  cette  ahbaye  *,  mab 
a^ant ,  heureufement  pour  lui  & 
pour  les  lettres  ,  cafTé  un  miroir 
qu'on  prétendoit  avoir  appartenu 
à  ytr^f/e  ,  il  en  prit  occafion  de 
quitter  cet  emploi,  qui  demandott 
un  homme  moins  vrai  que  im. 
C'ed  une  anecdote  que  Tauteur  de 
VHîftoifï  /îttérairt  de  la  Congrégadon 
de  Sjlnt'Mattr  traite  de  conte  fiât  i 
plaifir  ,  en  citant  notre  Diôioa- 
naire  ;  comme  fî  nous  édoQs  les 
feuls  écrivains  qui  TeuiHons  ra- 
contée !  Si  ce  favant  eftimable  avoit 
pris  la  peine  d'ouvrir  les  Mémoires 
de  Nteeron  ,  il  y  auroit  vu  cette 
anecdote  ,  &  NUeron  ne  la  rap- 
porte pas  comme  un  ouï-dire.  Quoi 
qu'il  en  foit  ,  Dom  d4chin  le 
demanda  pour  travailler  à  fott  Sfî' 
c'iegt ,  &  eut  beaucoup  à  £e  louer 
<dc  fes  foins  &  de  fes  recherches. 
Le  nom  du  jeune  M^biUon  corn- 
meflça  à  être  connu.  La  congréga- 
tion de  Saint  -  Maur  ^  Taâle  de  la 
véritable  éruditioa^  ayaat  pro)«ié 
de  publier  de  nouvelles  éditions 
des  Pères,  il  fiit  diargé  de  celle 
de  5.  Bernard ,  &  s'acquitta  de  ce 
travail  avec  autant  de  diligence  que 
de  fucces.,.  Voye^  IL  Bernard 
(S.)  Le  |i;and  Colhen ,  inlbiiit  de 
ion  mérite ,'  voulut  lui  faiire  don- 
ner une  penûon  4k  deux  mille  li- 
vres, qu'il  refuia^,  fe  bornant  i 
demander  la  proteftion  de  la  cour 
pour  fa  congrégation.  Que  penft' 
roîtrci.  ,  difoit-il  quelquefois  ,  fi 
étant  pauvre  &  fié  de  parens  pauvns, 
je  reckerchois  dans  la  ReU^on  te  ^ 
je  nauroîs  pas  obtenu  dans  le  fiscû  f 
Le  miniflre  fut  touché  de  fon  dé- 
iiatérelTement ,  &  n'en  eut  qu'une 
plus  grande  idée  de  fan  mérita  B 


W  AB 

t'envoya  en  Allemagne  Tan  lôS^^ 
pour  chercher  dans  cette  partie  de 
l'Europe  tout  ce  qui  pourroit  {er- 
vir  à  l'Hiftoire  de  France ,  &  à  la 
gloire  de  la  nation  &  de  la  mait- 
fon  royale.  Dom  Mahitlon  déterra 
plufieurs  pièces  çarieufes  ,  &  les 
fit  connoître  dans  ua  Journal  de 
fon  voyage.  Cette  favante  courfc 
ayant  éeé  beaucoup  applaudie  ,  le 
toi  l'envoya  encore  en  Italie  deux 
ans  après.  Il  fut  reçu  4  Rome  avec 
toute  la  diftinéHon  qu'il  méritoitL 
On  l'honot'a  d'une  place  dans  la 
congrégation  de  ria4«;  onlûi-ou*- 
vrit  toutes  les  archives  ,  toutes  les 
bibliothèques  ,  &  il  en  tira  quanti^ 
té  de  pièces  nouvelles*  De  tous  les 
objets  qui  excitèrent  fa  curiofité^ 
Bucun  ne  la  piqua  plus  que  lesCa^ 
tacombes  dé  Rome.  H  y  fit  des  vi* 
fîtes  fréquente  *  -^  J  po^t^  ^  ^ 
fois  reTprk  de  KlïgfOti  H  celui  de 
critique.  Atifadiclorteffieût  à  la  foi , 
mais  en  gar<ie  contre  l'erreur  ,  il 
vit  des  abus  d&ns  J'^poâtiofl^de 
quelques  corps  faims  ,  &  les  dé* 
voila  dans  une  Lettre  latine  fous 
le  nom  é^&tfée  Rémain  à  '  Thcù>^ 
fhile  Français  ,  touchant  le  ailtt  des 
Saints  inconnue.  C^tte  brochure  foU- 
leva  contre  lui  quelques  iavâns 
fuperftitieux  de  Rome.  l\  y  eut 
plufieurs  écrit»  pour  6c  contre.  On 
déféra  à  la  congrégation  de  Vlndes- 
la  Lettre  d^Eu/ehe  ,  5c  elle  alk>it 
être  profcrite  par  le  tribunal ,  û  ce 
favant  vertueux  &  docile  n'en  avoir 
donne  une  nouvelle  édition.  Il  y- 
afFoiblit  quelques  endroits  trop 
vife  ;  &  rejetant  ftir  les  officiers 
lubal  ternes  les  abus  qui  fe  commet- 
toient  au  fujet  des  corps  qu'on  ti- 
feit  des  Catacombes  ,  il  contenta 
des  )tiges.  qui  l'eftimoient  ,  &  qui 
ne  rauroiect  condamné  qu^  re-' 
gret.  Une  autre  difpute'  occupa  le 
fage  MéUnllon.  Vem  Rond  ,  abbé 
de  la  Trappe  ,  attaqua  les  études 
dç$  Moifics  r  $c  prétendit  qu'elles 


M  A  B         4^1 

leur  étaient  plus  nuîfible$  qu'util 
les.  Pour  appuyer  l'idée  qu'ils  ne 
dévoient  ni  faire  ni  lire  des  li- 
vres ,  il  en  compofa  un  liAi-même. 
Il  l'intitula  :  Dt  la  fainuU  des  de* 
vfàrs  de  Vttat  Mona^fuç,  Cet  ou- 
vrée éiî^it  à  la  fois  la  iuftificanoft 
de  l'ignorancede  beaucoup  de  moi- 
nes »  &  la  cenfure  de  ceu3ç  qui 
faifoient  profeffion  de  favok.  La 
congrégation  de  Saint-Maiu: ,  alors 
entièrement  confacrée  aux  recher« 
ches  profondes  &  à  l'étude  de 
l'antiquité ,  crut  devoir  ^é^ter  l'en- 
nemi des  études  des  cloîtres..  Elle 
dioiût  le  doux  Maklll^n^  potirent 
trer  en  -lice  av«c  TauAere  »bbédQ 
la  Trappe.  Il  a'avoit  ni  l'imagina* 
tion,  Jii  l'éloquence  de  ce  réfor»» 
naeeur;  mais.â>n  ei^t  étoit  phts 
orné  &  plus  méthodique  i  &  fi^ 
diâion  claire,  ample,  Si  preiqu« 
entiécs^nenr  dénuée .  d'esmemens  « 
ne  •  manquoit  pas  d'une  certaine 
force.  Il  oppofa  principes  à  prin- 
cipes ^^induétions  à  induéions.  Oant 
ion  Traité  des  Etudes  Aitm^tf^t  ^ . 
publié  en  1691 ,  in-ii ,  il  s'aéachft 
à  prouver  que  les  moines  peuvent 
non  feuiemeot ,  mais  doivent  étu^ 
dier.  Il  marqua  le  genre  d'étude* 
qui  leur  convient ,  les  livres  qui 
leur  font  néceflaires ,  le»  vues  qu'iif. 
ont  à  fe  propofer  en  s'appliquant:- 
aux  fdences.  L'exemple  des  SoJi-> 
taires  de  la  Thébaïde ,  untquement 
occupés  du  travail  des  mauis  ,  ne 
l'embarrafTa  point.  Nos  moines  ne 
leur  reflemblent  guère.  Leur  vie- 
eft  moins  une  vie  moneftique , 
qu'une  vie  cléticalc.  Us  comptent 
mener  cdle  d'un  prêtre  &  ^'un 
homme  d^étude  en  entrant  dans  le 
doitre^  &  non  celle  d'un  Ifibou- 
reur.  L'abbé  de  la  Trappe ,  âehé 
de  voir  contredire  fes  idées  ,  fit 
une  Réponfe  vive  an  livre  des 
^mdes  Monafiiques.  Dom  MahlUon 
y  oppo(a  des  Réfieasîons  ûges  & 
mo(Lérie^.  £iles  amenèrent-,  une  R4* 

Ff  ij 


4SI         M  Â  B 

plique  (bus  le  nom  de  ffttt  CSaul 
L'abbé  de  la  Trappe  en  étoic  l'an- 
teur  i  mais  Ton  ouvrage  ne  forât 
point  de  fon  doitre.  MabUlon  ,  né 
«▼ce  un  génie  pacifique ,  Udâà  iaîm 
la  guerre  à  quelques  écrivains  qui 
fe  mêlèrent  de  cette  querelle.  Il  ne 
voulut  plus  entrer  dans  aucune  dis- 
pute.   Il  s'occopa  à  perfeâionner 
fon  favant  '  ouvrage  de  la  Diplo^ 
matiqtu ,  qu'il  avoit  publié  en  i6Si. 
Cette  fcience  lui  devoit  tout  fon 
luftre.  Le  doâe  Bénédiûin   avoit 
beaucoup  de  £^cité  »  pour  démê- 
ler ce  qu'il  y  a  de  plus  confits  dans 
la  nuit  des  temps ,  &  pour  appro* 
fondir  ce  que  lluiloire  office  de  plus 
cUfficile.  Il  fiit  le  premier  qiv  réunit 
les  règles  de  la  diplomaaque  fknis 
tm  £&à  point  de  vue.  U  donna  des 
principes  pour  Tezamen  des  diplô* 
mes  de  tous  les  âges  &.de  tous  les 
pays.  11  n'avoit  encore  rien  paru  de 
plus  lumineux  en  ce  genre ,  que  fon 
ouvrage  ;  mais  comme  il  eft  in^x>f- 
fible  d'êtfe  parte,  &  qu'il  Teft^n* 
core  plus  d*être  généralement  goûté, 
&s  règles  trouvèrent  des  contra- 
diéleurs.    On  prétendit  qu'il  n'é- 
toit  pas  aifé  de  porter  un  jUgemetit 
fixe  &•  certain  fur   i^Mit  ce   qui 
s^appdle  titres  &  manufcrits,  parce 
qu'en  ce  genre  la  fauiTe  monnoîe  a- 
^uvent  la  plus  ezaâe  refTemblance 
avec  la  véritable.  Deux  manufcritsi, 
paroitront  du  même  âge ,  tandis  que 
celui  qui  porte  500  ans  fur  le  fi-ont, 
n'eft  peut-être  né  que  depuis  qucl- 
'  ques  années.  Les  yeux  &  la  con* 
noiflance  de  l'hiftoire  font  lesfeuls 
juges  en  cette  matière,  &  ce  font, 
des  juges  auxquels  un  fauflâire  ha* 
bile    pçut    aifément   en   impofer. 
(  Voyei  Germon.  )   On  examina 
les  pièces  que  Dom  Mabillon  donne 
comme  la  pierre-de-touche  des  hons 
titns,  &  le  Sere  Gennon  Jéfuite  pré- 
tendit trouver,  dans  quelques-uns , 
das  marques  de  faufTeté.  MahtUon  , 
au  lieu  de  répondre  ^  £rofeJlo  ,  f<^ 


M  A  B 

de  joindre  à  fon  livre  mi 
Svppiémau ,  qui  vit  le  jour  en  1704, 
&  qui  iadsât  prefque  tous  les  cri- 
tiques. L'amour  de  la  paix ,  la  csa- 
don- ,  &  fiir-tout  la  modefiie ,  foi* 
moienr  fon   caraûere.  Préfenté  i 
Louis  XIF  par  le  TdlUr  archevê- 
que de  Reims ,  comme  le  ReUffoa 
le  plms  faréoi  du  Royaume ,  il  mé- 
rita d'entendre  ce  mot  de  la  bouche 
du  grand  ^o/itft  ;  AjomU{y  W,& 
le  plus  humble.  Un  étrai^er  ayant  été 
confulter  le  favant  du  Cauge ,  celui- 
ci  l'envoya  à  MahUlon ,  fon  ami  & 
fon  tivsd  en  érudition.   On  v<m 
trompe  quand  on  vous  adrcjfc  à  mù^ 
répondit  humblement  le  Bénédiâin; 
mlle[  Tolr  M.  du  Congé.  --^  Ceft  Id* 
même  qui  m'adrcffe  à  vous  ,  dit  l'étran- 
ger, -r-  Ilefi  mon  makre ,  répliqua 
MabUlon.  Si  cependant  vous  m'hono» 
n[  de  vos  vifites  ^  je  vous  commuai' 
ifurài  le  peu  que  je  fais.   Ce  iavant, 
fi  célèbre  &  fi  modefte ,  mourut  à 
Pans  dans  l'abbaye  de  Saim-Ger- 
main-^ies-Prés  » .  le,  27  Décembre 
1707,  à  75  ans,   d'une  retenrioa 
d'urine.  Clément  XI,  en  apprenant 
ÙL  mort,  fit  écrire  a Oom  Rùnard^ 
qu'on  lui  feroit  plaifir   d'inhumer 
un  homme  qui  avoit  û  bien  mé- 
rité des  Letn-es  &*de  l'Eglife ,  dans 
le  lieu  le  plus  diiHngué  ,  >«  puifque 
>»  tous  les  favans  qui.  iront  à  Pans 
M  ne  manqueront  pas  de  vous  de-' 
n  mander    où    vous  l'avez   mis* 
M  Ubi  pofuiJËs  eum^  «< }  Le  pape  vou* 
loit  qu'on    recueillit,  fes    cendres 
fous  le  marbre ,  avec  une  infcrip- 
tion  qui   convint  à  des  reftes  fi 
pcécieux.  L'intention  du  pontife  ne 
fiit  pas  fuivie  à  cet   égard  ;  mais 
Dom  Rj>ujfil  fit  un  éloge  en  ftyle 
lapidaire,  qui  valoit  bien  un  mo< 
niuneot.  Nous  n'en  rapporterons 
que  lé  morceau  fuivant  :    ^ 


Omnium  homiaum  Jibl  con^Rai^ 
animas 
ffominiim  mlùffinuif^ 


M  A  B 

fn  Ipfit  iùam  Huerarîîs  àlfc^utîo^ 
nlbus 
J^emini  afper, 

Scnbmtem  inckabat  verîtas  y 
Catamem  moderahatiw  UnUas  ,      « 
yincetuem  eoronabat  veritas  ^ 
Coronatum  omabut  hwnUîtas, 
Hâc  fingulati  morum  fuavhate 
JPcvlncûhat  animos  ,  /enUbat  mvU 

dos. , . . 
Courts  tejBbtts  nemo  major  ^ 
Se  ipfo  judice  nemo  minor; 
Eb  ciarior  y  qtiàfibi  vUior^ 

Çttliftis    glorîoi  cupîdus  ,    tmmidnam 

fprcvît. 
I^fpult  homînum  plaufus  y    mercedem 

^am  dare  f oient  homîncs  « 
Vont  vanam, 
Nuîlum    in    cUuftro  tenuh    dlpùtatls 

gradum^   Omnes  menât, 

"Çum  vlrtutum  /hidus  fiudîà  Utterarum 
conjunxU ,.  ^ 

Ut  aUemo  fadere 
Sdenîîa  pletatem  ,  pletas  Jc'ientlam 
adjuyaret» 

l'académie  des  lofcrîptions  s'étoit 
fidt  un  hoiifieur  de  fe  l'affocier»  & 
M.  deBo^c^  fecrétairede  cette  com- 
pagnie ,  en  fit  l'éloge  comme  il  le 
méritoit....  Ses  prûicipau^  ouvrages 
ibnt  :  I.  A  ex  A  SanHorum  or/Jlnis 
SanBiBenedlcUy_  à  Paris  ,  en  9  vol,, 
in-fol.  Le  i*'vQlumedcçerecueil, 
commencé  par  Dom  d'Acheri,  parut 
ta  1668,  Il  v<i  jusqu'à  Tannée  11  icx 
I^'ouvrage  eft  aiUIi  eftimé  pour  les 
fttooumens  qu'il  renferme ,.  que^ouj* 
les  favantes  préfai^es  dont  l'aifteur 
l'a  orné.  Les  moeurs  &  les  ufagef 
des  fiecles  d'ignorai^ce  y  fo^t  re*- 
cherchés  avec  foin ,  &  cent  quef-» 
Ûons  importantes  difcutées  avec 
ime  critique  e^aâe  &  folide.  On 
peut  ^e  le  même  éloge  des  Qotes 
(lans  Içfquelles  l'auteur  rétablit  la 
chronologie  &  l'hifloirc ,  &  éclair- 
bU  d^  pQÛa.t^.  de.  difcipU^ç  afîe;; 


M  A  B         455 

obfcurs.  Les  Préfaces  ont  été  im- 
primées féparément ,  ia-40  ^  173a, 
il.  ANAitcTA  ;  ce  font  des  pièces 
recueillies  dans  diverfes  bibliothe* 
ques ,  en  4  voU  in-8°  »  dont  le  pre* 
micr  parut  en  167  j.  Les  favante* 
PifTeirtations   qui    enrichirent    ce 
recueil ,  ne  font  pets  ce  qu'il  y  a  do 
moins  précieux.   On  en  a  donné 
wne  édition  in-fol.  à  Paris  en  1723  : 
c'eft  la  plus  eftimée.  IIL  De  re  Dî^ 
pLmatic4 ,  2  vol.  in-foU  La  meil- 
leure  édition  eft  celle    de  1709  j 
par  les  foins  de  Dom  Buman ,  qui 
l'augmenta  de  nouveaux  titres.  IV« 
La  Liturgie  GctlU^aney  in-4**  ,1685 
&  1729.  V.  Une  Dîjfenatlonfur  lu*  ■ 
fafft  du  ,Paln  a\yme  dans.  TEucharif- 
tie,  in-8°.  VL  une  Lutn  fous  le 
nom  A'Eufehc  Romdn  touchant  le 
Culte  des  Saints  Inconnus  >  1698  in-4**, 
&  I70J  in- 12.  VIL   Mufaum  Ita-^ 
Ucum  y  X  voU  in-4°  ^  1*7^14 ,  en  fo- 
ciété  avec  Dom  Oermala,  VIII.  Les 
Annales  des  Bénédîclins  ^  dont'  il    3 
donné  4  val.  in-fol.  qui  .contien- 
nent l'Hifloire  de  l'ordre,  des  Bé- 
uédidins ,  depuis  fqn  origine  jufr 
qu'en  io66.   Les  volumes  fuivana 
ont  été  donnés  par  Dom  Rmnan  & 
Dom  Vincent  ThuillUr,  IX.  VEpître 
dédicatoire  qui  efl  à  la  tête  de  /'£- 
dltion  de  S.  AuguJBn,  X.  Sancll  Ber-* 
jiARDi  Opéra  ^  1  vol.  in-fol.  Paris» 
1690.  :  ç'eft  ù  meilleure  édition  ; 
elle  a.  été   réimprimée  ea   17 19* 
Tous.  les,  ouvrages  préçédens  (biit 
en  Ij-atin.   Ceux  que  le  Père  Ma-* 
bîllon  a  donnés  en  François-,  font  :: 
I*,  Un  Façîum ,  avec  une  Réplique  , 
fur  P-^ntlquité  des  Chanoines-réguliers. 
6*  des  Mqlnei ,  pour  maintenir  le$, 
droits  de  fon    ordre  ,^  contre    les. 
Chanoines-réguliers  de  la  province 
de  BqurgQgpe.  IL  Traité  des  Etudes 
MonaJUques^  2  vol.  în-4**  OU  in- 12. 
ni.  iixxt  TjaducUoH    de   la   Règle  de 
JJ.   Benoit  y   În-l8,,    1697.    [  Voye^ 
Lancelot  vers  la  fin.]  IV.  Uncr 
ItC^tre  (Ur  1^  vérité  de  la  falnti  LarviÇi 


4U        M  A  B 

ée  Vendôme.  Mmyuion  ,  par-40Qt 
«îlleurs  excellent  critique,  parolt, 
dans  cet  ouvrage  ,  trop  crédule 
&  peu  judicieux...  Dom  Thmllîer 
pubHa  en  1714  les  Œuvres  poi^ 
thumes  de  Dom  MçhUlon ,  &  y  joi- 
gnit celles  de  Dom  Ruinait  ;  ce  re- 
'  cudl  eft  en  5  vol.  in-4®.  Parmi  les 
pièces  intéreilantes  qu'il  renferme , 
on  trouve  des  Réflexions  fur  Us  Pr/- 
fons  monafiiquts ,  qui  Semblent  avoir 
ctc  diftées  par  la  charité  &  la  mi-» 
féricorde.  if  firit  voir  les  inconvé- 
niens  d'une  conduite  trop  févere  « 
Zx.  enfin  il  propofe  l'efpece  de  châ- 
timent qui  lui  paroît  plus  propre 
à  intimider  les  foibles  &  à  ramener 
les  coupabes.  Les  différens  Ouvra- 
ges de  D.  Mabillon ,  très-bien  ac- 
cueillis en  France  &  dans  les  pays 
étrangers ,  lui  procurèrent  les  mar- 
ques d'efHme  les  plus  honorables, 
Le  P.  Noris  ^  Auguftin ,  depuis  car* 
dinal ,  lui  dédia  un  de  £es  ouvra- 
ges ;  le  P.  Tvmafi  lui  fit  le  même 
honneur.  Le  pape  Akxanire  VIII 
voulut  qu'il  lui  écrivît  toutes  les 
Semaines.  A  fa  mort,  la  Monnaye^ 
H^rjan ,  Soivln ,  le  Roy ,  de  VilUers , 
BoJqulUon  ,  Gomrdan ,  Grenant  ,  & 
plufieurs  autres ,  répandirent  des 
fleurs  fur  fon  tombeau.  Les  favans 
d'Allemagne  lui  donnent  ordinaîre" 
mcnt  le  nom  de  Srand  :  Macnus 
Mab ILLO NW s,  Y oy.  VHîJtoire  litté- 
raire de  la  Congrégation  de  Samt-Maur, 
p.  Rulnart  écrivit  ÙlVi£^  in-12, 
1708  :  c'eft  un  modèle  pour  les  fa- 
vans &  pour  les  chrétiens. 

MABLY,  ( l'abbé Bonnot de)  né 
à  Grenoble,  en  Mars  1709  8c mort 
le  23  avril  1785  ,  à  76  ans,  étoit 
fircre  aîné  de  l'abbé  de  CondUUc, 
Il  fit  its  premières  études  chet 
les  Jéfuitès  à  Lyon ,  &  fut  attaché 
dans  fa  jeuneile  au  cardinal  de  Tencin, 
dont  il  étoit  parent  :  il  n'eut  d'Or- 
dres dans  rSglife  que  le  Sous-Dra- 
conat.  Livré  tout  entier  aux  lettres, 
«1  ne  fit  jamais  un  pas  vers  la  far- 


MA  » 

nme  ni  vers  les  honneurs ,  mèaé 
littéraires.  U  fe  difbit  plus  jaloux 
de  mériter  leftime  générale  que  de 
l'obtenir.  U  s'efb  contenté  long- 
temps de  iiiill«  écus  de  rente  j  il 
avoit  de  plus  une  pen^n  vi^;ere 
qui  lui  étoit  échue  dans  les  par- 
tages de  (a  Êunille  ;  mais  à  la  mort 
de  fon  frère  aine  ,  il  l'abandonna 
a  fes  poreos.  La  cour  le  dédom- 
magea de  la  privation  qui  réful- 
toit  de  {à  gtnéroâtét  par  une  pen- 
fion  de  x8oo  livres ,  demandée  & 
obtenue  a  ion  infu  par  un  de  fes 
amis.  Sa  fanté  «  devenue,  mauvaife 
dans  les  dernières  années  de  fa 
vie ,  exigeoit  plus  de  foins  &  une 
augmentation  de  dépenfe.  Mais 
voyant  que  fes  économies  annuel- 
les y  dent  il  formoit  un  fonds  def- 
lîné  pour  un  domeftique  attaché  i 
lui  depuis  long  -  temps  y  &  pour 
lequel  il  avoit  déjà  placé  mille 
écus,  ne  pouvoiem  pas  fùffire  à 
remplir  fes  vues ,  &  fe  fentant  dé- 
périr, il  s'étoit  retranché  fur  la 
fin  de  fes  jours  le  fecours  d'une 
chaife  à  porteurs  *,  &  a  laifiTé,  en 
mourant  ,  à  ce  domeftique ,  use 
fomme  de  4000  livres,  le  montant 
à-peu-près  de  fa  fucceâîon.  Ses 
ouvrages ,  qui  ont  fait  la  fortune 
des  Libraires,  n'ont,  en  aucuoe 
manière,  contribué  à  augmenter  la 
fienne;  il  le  contentoit,  pour  toute 
rétribution  «  d'un  petit  nombre 
d'exemplaires  qu'il  dtfiribuoitàfes 
amis.  Ses  principaux  ouvrages  font: 
l,Paralleledes  Romains  &  des  Frinfws, 
1740,  2  vol.  in-ia.  U.  Le  I>roitptAlu 
de  l'Europe  y  1674,  a  vol.  is-12. 10. 
Ohfervaiums  fitr  ksGrtcs  y  in-ii.  IV, 
Ohfervaûons  fur  les  Romams  ,  2.  vol. 
in-i2.  Les  unes  &  les  autres  font 
profondément  penfées  ,  l»en  liées , 
remues  de  vues  fines  &  de  conjeâu- 
res  heureufes.  [ F<>y.  Gr accrus.] 
y, Des  Principes  desN^ociatiems^  1 7  ^7^ 
in-i  2.  VI.  Entretiens  de  Phocion/vr 
U  rapport  de  la  Mor^k  avec  la  Vc& 


M  A  B 

ififM,  in- II.  La  fociété  économi- 
que de  Berne ,  à  qui  cet  ouvrage 
excellent  parut  le  code  des  Etats 
libres ,  lui  a^ugea  le  prix  qu'elle 
-  difbibue  annuellement.  L'auteur  y 
donne  avec  précifion,  &  même 
avec  agrément,  des  idées  faines  & 
liunineufes  de  la  vertu  patriotique 
&  des  devoirs  qui  attachent  l'eut 
a^x  citoyens  &  les  citoyens  à  l'é- 
tat. Ce  livre  rendit  l'abbé  i«  Mabfy 
ù  recommandable ,  que  les  Polonois 
&  les  Américains  (♦)  eurent  recours 
a  fes  lumières-,  &  les  Hollandots 
mêmes  reçurent  de  lui  des  confeils , 
trop  judicieux  pour  être  écoutés 
dans  des  temps  de  trouble.  Vil.  Oh~ 
fervdtùffu  fur  CHiftoin  de  Franct^ 
176^  ,  2  vol.  in-ii.  VIIL  Oh/iT'^ 
vatùms  fur  l'Hlftoire  de  la  Grue^ 
1766 ,  in-I2.  IX.  Entretiens  fur  PHif- 
tolre^  in- 12.  On  y  trouve  des  ré- 
flexions judicieufes  ,  des  obferva- 
nons  bî«n  faites ,  une  grande  con- 
noiflance  des  hiftoriens  anciens  & 
modernes.  Mais  il  déprime  peut- 
être  trop  ceux  -  ci  ,  &  exalte 
trop  les  autres.  On  peut  lui  repro- 
cher auffi,  que,  dans  fes  autres 
ouvrages,  il  paroit  avoir  trop 
penfé  que  lés  peuples  d'aïqour- 
d'hui  pouvoient  fe  gouverner  par 
les  principes  des  républiques  Grec-* 
ques  &  Romaines.  >«  Etranger  d'ail* 
yt  leurs  aux  Etats  libres  par  fa  patrie, 
M  par  ion  état ,  par  fon  éducation  ^ 
M  il  efl  tombé,  (  dit  M.  Mallet  Du^ 
rt  fan  ,  )  dans  les  dé£iuts  où  tom-r 
M  beroit  un  républicain  afTez  hardi 
n  pour  diâer  la  difcipline  des  roy au- 


M  A  &        455 

9*  meis  «.On  ne  doit  pas  cepen« 
dant  le  confondre  avec  ce  tas  dt 
dédamateurs  modernes  qui  n'écrW 
vent  fur  la  liberté  qu'avec  le  tranf'* 
port  au  cerveau  ,  &  qui  prennent 
pour  de  l'éloquence  les  effervef» 
cences  d'une  tête  exaltée.  Le  ftylc. 
de  l'abbé  de  Mahly  eil  clair  »  cor« 
reÛ,  quelquefois  élégant,  mais  ua 
peu  froid.  Il  fut  accise  quelquefois 
d'avoir  adopté  le  fyftême  des  Phi- 
losophes du  ûecle,  &  cette  opinion 
s'accrut  dans  quelques  efprits ,  pat 
la  cenfure  que  fit  la  Sorboimef 
d'un  de  fes  Livres.  La  manière 
dont  il  termina  fa  vie ,  (  il  reçut 
tous  les  facremens.) prouve afTez  que 
fes  écarts  ne  provenoient  que  de  foa 
efprit  échauffé  par  les  calculs  po&-; 
tiques,  &  nullement  de  fon  coeur. 

MABOUL ,  (  Jacques  )  né  à  Paris» 
d'une  famille  diflinguée  dans  la  robe^ 
fe  confacra  à  la  chaire  ,  &  prêcha 
avec  difUnûion  à  Paris  &  en  pro- 
vince. Il  fut  long -temps  grand-* 
vicaire  de  Poitiers ,  &  devint  évê- 
que  d'Aleth,.en  1708.  Il  mourut 
dans  cette  ville  le  21  Mai  1723, 
laiflant  une  mémoire  refpeâable. 
Dans  fes  Oralfons  funtïns ,  qui  ont 
été  recueillies  en  1749,  en  un  vol, 
in<i2 ,  on  trouve  par  -  tout  cette 
douceur  de  flyle ,  cette  nobleife  de 
fentimens,  cette  élévation  ,  cette 
onâion ,  cette  limplicité  toudiante  , 
qui  font  le  caradere  d'une  belle 
ame  &  d'un  vrai  bel  efprit.  L'évê« 
que  d'Aleth  n'a  pas,  en  général, 
la  mâle  vigueur  de  Èojfuct  \  mais  il 
eft  plus  châtié  &  plus  poli.  Moins 


(•)  Ce  dernier  peuple  n»a  pas  confervé  fes  fentîroens  de  déférence  pour  cet 
êcrivcin  phllofophe  :  roici  ce  qu'on  lit  dins  le  Mer^vre  de  France  ,  Janvier 
«78?,  n.*  III.  »  Le  dernier  ourrage  de  M.  Tabbé  de  Mahly  ^  ùir  Its  Cçnjlitutions 
»  des  Etats-Unis  de  l'Amérique  ,  a  rérolté  les  Américains  contre  cet  eiUmabie 
-  écrirain.  Dam  pimTtenrs  Etats  ,  on  Ta  pendu  en  effigie  ,  comme  tnnemi  d*  U 
m  Uhtrti  Ct  de  U  toléranet  ,  &  fon  liyre  a  été  traîné  dans  la  boue.  Ce  traitement 
»  qtti  pourra  parottre  plur  honteux  encore  pour  ceux  qtiî  Pont  infligé  ,  que  pour 
■•  ceioi  qui  en  eft  rob|ety  prouve  da  dkoîns  que  les- Amétlcaîns  n*aitteM  ptsqa'gn 
•  Itm  donic  d«s  «vit  *«,  , 

'  Ff   17 


45^        M  A  B 

^dic  &  moins  brillaiU  ipie  fU" 
^fiUr,  il  eft  auilî  plus  touchant  & 
'  plus  affeâueux.  S'il  (ait  des  anti- 
thefes ,  elles  font  de  chofes  &  non 
do  mots.  Plus  égal  que  Mafc..ron ,  il 
à  le  goût ,  les  grâces ,  la  facilité  &  le 
ton  intéreilant  du  P,  la  Hue,  On  a 
encore  de  lui  deux  Mémoires  pour 
la  conciliation  des  ai&ires  de  la 
Confliration ,  in-4° ,  I749» 

MABUSË  ,  (  Jean  )  peintre ,  natif 
ilW  village  de  ce  nom  en  Hon* 
grie»mon  en  1562  ,  fit  le  voyage 
d'Italie  avec  fruit.  Il  peignoit  très- 
bien  un  fujet  d'hiftoire.  On  voit 
pluiieurs  de  {çs  ouvrages  à  Amfter- 
dam ,  entre  autres  une  Décollation  de 
Saint  Jean ,  i^te  de  blanc  6e  de  noir , 
avec  une  certaine  eau,  ou  un  fuc 
qu'il  inventa ,  pour  fe  pafter  de 
couleur  &  d'impreffion  :  enfortç 
qu'on  peut  plier  •&  replier  la  toile 
de  fes  tableaux ,  fans  gâter  la  pein- 
ture. Le  roi  d'Angleterre  exerça 
long-temps  fon  pinceau,  Mahufe  fuf 
Cort  fobre  dans  fa  jeuneiTe  -,  mais 
dans  un  âge  plus  avancé  il  s'adonna 
?u  vin ,  &  cette  paflîon  lui  faifoit 
laire  de  temps  en  temps  quelques 
friponneries.  Le  marquis  de  Verens , 
91U  fervice  duquel  il  étoit ,  devant 
loger  chez  lui  l'empereur  Charies-! 
HuaUy  habilla  fes  domeftiques  en 
damas  blanc  ^tf^tt/e  vendit  fon  dar 
inas ,  &  en  but  l'argent  au  cabaret. 
Il  le  remplaça  par  une  robe  de  pa^ 
pier  blanc  ,  qu'il  peignit  en  damas  à 
grandes  fleurs,  L  éclat  des  couleurs 
5t  remarquer  Thabit  du  peintre. 
L'empereiir  furpsis  du  brillant  de 
ce  dam^s,  Ip  flt  ftpproçher  &  dér 
couvrit  fe  rufe.  On  en  rit  beaucoup, 
tx.  Mahufe  ,  gui  ^voit  fait  rougir  fon. 
ifialtre  /  eii  fut  qui^e  poj^  quelquçs 
mois  de  prifon. 

L  MACAIRë,  (Saint)  t Ancien^ 
célèbre  Solitaire  du  iv*  fieçle,  cpn- 
^jempqrain  de  S,  Ephrem ,  éa,  non 
difciple  de  ^«  Antoine ,  comme  le 
iÀ\  f9W  ,  «acjuiç  4  Alçxaftdriç 


MAC 

vers  l*an  301 ,  de  parens  pauvrèj 
Il  exerça»  jufqu'à  l'âge  de  30  anSi 
le  métier  de  boulanger.  Ayant  alors 
reçu  le  baptême,  il  fe  retira  dant 
la  folitude.  Il  paiïa  60  ans  dans 
un  monaflere  de  la  montagne' 
de  Seété  ,  partageant  fi>n  temps 
entre  la  prière  &  le  travail  des 
mains.  Il  mourut  vers  l'an  391  ; 
à  90  ans.  On  lui  attribue  50  Ho* 
méûes  en  grec ,  Paris ,  1526 ,  in-foU 
avec  5.  Grégoire  Thaumaturge  ;  &  fé-  | 
parement ,  Leipzig ,  1698  &  1699 ,  | 
i  yol.  in-8®.  Les  myftiques  «  1 
§ont  beaucoup  de  cas.  On  y  trou*  j 
ve  toute  la  (libftance  de  la  tfaéo-' 
logie  afcétique.  Quoique  S.  M&^ 
Caire  fût  un  homme  fkns  émdes, 
il  étoit  puiâant  en  paroles  &  en 
oeuvres.  Il  montra  de  û  boime  heui 
te  une  fagefle  confommée,  qu'on 
l'appeloit  à  l'âge  de  30  ans  Itjat^ 
ne  vieillard» 

n.  MACAIRE,  (S.)  le  Jeune. 
autre  célèbre  Solitaire ,  ami  du  pré* 
cèdent ,  &  originaire  d'Alexandrie 
comme  lui ,  eut  près  de  5000 
moines  fous  fa  dire^ion.  La  fais* 
teté  de  fa  vie  &  la  pureté  de  £1 
foi  l'cxpofcrent  à  l«t  perfécution 
des  Ariens.  Il  fut  exilé  dans  une 
ifle  où  il  n'y  avoit  pas  un  feul 
Chréden  -,  mais  il  en  converdt  pref* 
que  tous  les  habitans  par  fes  mira^r 
des,  Maeaîre  mourut  en  3 94' ou 
395 .  Pailla  ne  le  Êiit  mourir  qu'en 
405  ,  après  avoir  vécu  près  ds 
cent  anSf  Comme  il  avoit  été  dèl 
l'enfimcc  d'une  complexion  plu* 
délicate  que  Mœalre  d'Egypte,  il 
étoit  devenu  fec  comme  une  mo* 
mie.  Ses  auftérites  lui  avoient  ait 
tpmber  le  poil  du  menton,  di| 
Pailla ,  &  il  éroit  tellement  deffé* 
ché  qu'il  ne  cracha  pas  une  feulf 
fois  pendant  les  60  <  dernières  an* 
fiées  de  fa  vie.  C'ef^  à  Jui  qu'on 
attribue  les  Reglts  des  Moines ,  quç 
nous  avons  en  30  chapitres  dans 
}ç  Cçdex  ftepilantmi  RQme,  xéél| 


MAC 

t  vol.  iii-4®.  Jacques  TolRus  3  pu- 
blié ,  dans  fes  Injîgnia  Uîntraril  Ita- 
Bct^  un  Dlfcours  ic  5.  Macaîre  fut 
la  mort  des  Juftes> 
•MaCARÉE,  Voye^  Cakacée. 

MACARIE,  fille  d'Hercule. 
!Après  la  mort  de  ce  héros,  Eurlf" 
^ée  perfécuta  fes  enfans  &  chcr- 
éa  les  moyens  de  les  foire  périr. 
Ceux-ci  réfugiés  à  Athènes  près 
de  l'autel  de  la  Miféricorde ,  les 
Athéniens  refuTerent  de  l^s  livrer 
à  Eurîfihée ,  lequel  piqué  de  ce 
refus  leur  déclara  la  guerre.  L'ora- 
cle confulté ,  répondit  que  fi  quel- 
qu'im  des  Héraclides  vouloit  fe 
dévouer  aux  Dieux  éts  enfers,  les 
Aâiéniens  remporteroient  la  vic- 
toire fiir  leur  ennemi.  Macatie  ayant 
appris  la  réponfe  de  l'oracle ,  fé 
dévoua  à  la  mort  pour  le  ialut  de 
la  république.  Les  Athéniens  par 
reconnoifiance,  lui  élevèrent  un 
lombeau  qu'ils  Ornèrent  de  fieurs 
&  de  -coutonnes. 

MAÇaO  ,  (  Sébaftien  )  hatif 
d'Urbania  dans  le  duché  d'Urbin , 
mourut  âge  feulement  de  37  ans , 
aîi  commencement  du  xvii*  fie- 
çle.  C'étoit  un  écrivain  û  labo- 
rieux ,  qu'il  fe  forma ,  dit-on ,  un 
aeux  aux  doigts  dont  il  tenoit  la 
plume.  Ses  ouvrages  font  1.  De 
Hifloria  fcrtbenia  ,  peu  efiimé.  IL 
De  hello  Afdrubtdb ,  Venife ,  161 3  , 
în-4<>.  m.  De  Hifloria  Llviana.  IV. 
Un  Poème  fur  la  Vie  de  J.  C,  Ro- 
me, 1605  ,  in-4® -,  &  d'autres  Poé^ 
fies,  qui  ne  font  connues  que  des 
ikvans  de  profefiion. 

MACCOVIUS  ou  Makousc- 
Ki,  (Jean)  gentilhomme-  Polo- 
nois»  né  à  Lobzenie  en  1588, 
d'une  femille  noble  ,  devint  pro- 
fcffeur  de  théologie  à  Francker  en 
i6i6.  Il  remplit  cet  emploi  jufqu'à 
fà  mort,  arrivée  en.  1644,  Il  eut 
de  grandes  difputesavec  les  Soci* 
tiiens,  les  Jéfuites ,  les  Anabaptiftes , 
)»AnwmcRs,  &«•  Qnadcluides 


MAC        457. 

Opufeulet  Phiiofophiquts  ,  Théolop^ 
ques  ,  Amfterdam  «  3  vol.  in-4^. 
Il  y  enseigne  les  propoûtions  le$ 
plus  dures  du  Calviniûne  fur  1^ 
prédefiination. 

MACÉ,  Voye;^  Massé. 

I.  MACÈ,  (Robert)  Imprimeur 
de  Caen,  mort  vers  1491 ,  efi  le 
premier  en  Normandie  qui  exerça 
l'imprimerie  avec  des  caraûeres  de 
fonte.  Il  eut  pour  apprentif  le  cé- 
lèbre Chrîftophe  PUntîn,/,  Gille» 
Macé  ,  fon  arrière-petit  fils ,  né 
à  Oen ,  avocat  &  bon  mathéma- 
ticien ,  s'attacha  particulièrement  k 
Tafironomie ,  -&  publia  un  ouvrage 
efiimé  fwr  la  Comae  de  i6tS,  On  a 
auffi  de  lui  des  Vers  qui  ne  font 
pas  méprifables.  Il  mourut  à  Paris 
en  1637. 

IL  MACÊ«  (François)  bache- 
lier de  Sorbonne,  chanoine  ché- 
vecier  &  curédeSainte-Opportuno 
à  Paris ,  fa  patrie ,  fe  fit  efiimer  par 
fon  favoir  &  fes  vertus.  On  a  de 
hii  un  grand  nombre  d'ouvrages , 
dont  les  plus  eflimés  font  :  I.  Vn 
Abrégé  chronoloff^que  y  hiftorîque&  mo*, 
rai  de  l'Ancien  &  du  Nouveau  Tefla^, 
ment^  1704,  2  vol.  in-4®.  Cet  ou- 
vrage dl  afiez  bien  £ût ,  &;  peut 
fervir  à  ceux  qui  ne  font  point 
en  état  d'entrer  dans  la  diicuffion 
des  auteurs  originaux.  IL  Une 
Hifioîre  morale ,  intitulée  :  Mélanla 
ou  la  Veuve  charitable  \  produâiom 
pofihume ,  qu'on  attribua  à  l'abbé 
de  Choîfit  &  qui  eut  beaucoup  de 
cours,  ni.  h*Hlflolre  des  quatre  Ci-* 
cirons  y  1714»  in-i2  ;  morceau  cu- 
rieux &  intérefTant ,  attribué  d'a<* 
bord  au  P.  Hàrdouin ,  Jéfuite.  L'au- 
teur y  prouve,  par  les  hifloriena 
Grecs  &  Latins ,  que  le.  fils  de  Cl* 
céron  étoit  aufii  illufh'e  que  foa 
père,  IV.  Une  traduction  de  quel* 
ques  ouvrages  de  piété  du  P.  Bu* 
Jée  &  de  limitation  de  J^  C.  V. 
£fprit  de  S.  AuguJ^n ,  ou  Analyft 
d€  tous  Us  QKyrofet  ^  ^  Pere^  Cec 


45«        MAC 

ouvrage  cft  manufcrit  :  il  mèn* 
teroit ,  dit  -  on ,  les  honneurs  de 
la  preflie.  L'abbé  Macé  mourut  à 
Paris  .le  5  Février  172 1 ,  après 
s'être  exercé  avec  Aiccès  daos  le 
cabinet  &  dans  la  chaire. 

1.  MACEDO,  (François)  Jé- 
fuite,  né  à  Coninùire  en  1596, 
quitta  l'habit  de  la  Société ,  pour 
prendre  celui  de  Cordelier.  Il  fut 
l'un  des  plus  ardens  défçnTeurs  du 
duc  de  Bragancf ,  élevé  fur  le  ''trône 
de  Portugal.  Macedo ,  dans  un  voya- 
ge à  Rome ,  plut  tellement  à  Jlâ^n^ 
dre  VII  ^  que  ce  pape  le  fit  maî- 
tre de  comroverfe  au  collège  de 
la  Propagande  ^  profeiTeur  d'hif- 
loire  eccléûaftique  à  la  Sapience, 
&  confttlteur  de  Vlnquiûtion.  Le 
Cordelier,  né  avec  une  humeur 
bouillante»  impétueufe  &  fiere  , 
ne  fut  pas  conferver  fa  faveur  ; 
ti  déplat  au  faim  père,  &  paiTa  â 
Vcnife ,  où  il  fout'mt  en  arrivant 
des  thefes  de  Omni  fclbîU.  Ce  fpec- 
<acle  ftit  fuivi  d'un  fécond.  L'in- 
^jtigable  Macedo  donna  pendant  8 
purs  les  fameufes  concluions  qu'il 
intitula  :  Lu  Rftglfftmais  littéraires 
du  Lion  4^  S,  Marc,  Ses  fucçès  lui 
valurent  une  chaire  de  philofophie 
morale  à  Padoue.  Il  fut  d'abord 
«n  grande  considération  à  Y enife  i 
mais  s'étant  mêlé  de  quelque  af- 
faire du  gouvernement ,  il  fiit  mis 
en  prifon  «  &  y  mourut  en  1681 , 
à  S  5  ans.  La  Bibliothèque  PortU" 
pùpty  compte  Jufqu'à  109  ouvra- 
ges de  cet  inépuifable  auteur ,  im- 
fMrimés  en  différens  endroits  de 
l'Europe ,  &  30  manufcrits.  Le  P. 
Macôdo  dit  lui-même  dans  fon  My- 
r^thâcium  Morale,  qu'il  avoit  pro- 
noncé en  public  5  3  Panégyriques , 
$0  Difcours  latins ,  ^32  Oraifons  fu- 
nèbres; &  qu'il  avoit  £ût  48  Poëmes 
cptmieSf  123  Elégies  >  115  Epita- 
pheé»  212  Epitres  dédicatoires ,  700 
Lettres  familières ,  2600  Poëmes  hé- 
jcoïqnes ,  X 10  Odes ,  30.00  Epigram- 


MAC 

mes  I  4  Comédies  latines ,  &  fiU 
avoit  écrit  ou  prononcé  plus  de 
150,000  vers  fur  le  champ.  Quelle 
étonnante  fécondité  !  ou  phitôe 
qu^s  torrens  d'ennui  !  De  tout  or 
fatras ,  nous  ne  citerons  que ,  I. 
Sa  C/«rû  Aùguflmiana.Uberi  arbitrii^ 
contre  le  Père  Noris ,  depuis  or- 
dinal. Il  y  avoit  eu  une  querella 
vive  entre  ces  deux  favans  au  fu< 
jiet  du  monachifme  de  S,  Auga/Ën^ 
On  impofa  ûlence  aux  parties.  Lt 
P.  Macedo  quitta  la  plume ,  mais, 
pour  ne  pas  paroitre  vaincu,  il 
envoya  à  fon  adverfaire  un  cartel 
de  défi.  Il  y  expofoit ,  félon  les 
lois  de  l'ancieime  chevalerie,  le 
fu jet  de  leur  démêlé ,  &  provoquoit 
Norif  au  combat  en  champ  clos  ou 
•uvert  à  Bologne,  où  lui-même 
promettoit  de  fe  rendre.  Cette  pièce 
finguliere  fe  trouve  dans  le  Jour' 
nal  étranger^  Juin  1757.  Il  y  eut 
une  nouvelle défenfe de  combattre» 
&  le  cartel  ne  fut  point  accepté* 
IL    Schéma    Sanch^    Congregationis  ^ 

1676,  in-4^.  C'eà  une  di&tation 
fur  rinquifition ,  où  Ténididon 
&  les  impertinences  font  femccs 
à  pleines  mains.  L'auteur  £ait  re- 
monter l'origine  de  ce  tribunal 
au  Paradis  terreilre.  Il  prétend 
que  Dieu  y  commença  de  Étire 
la  fon^ion  d'Inquiûteur  ,  &  qu'il 
l'exerça  enfuite  fur  Caïn ,  &  fur  les 
ouvriers  de  la  Tour  de  Babel.  lU. 
Encyclopédie  in  agonem  lUteratorum^ 

1677 ,  in-fol.  IV.  V Eloge  des  Fraa- 
çùis ,  Aix,  1641 ,  in-4° ,  en  ladn. 
Macedo  fe  déclara  d'abord  pour  la 
doûrine  de  Janfaùus  dans  Corùna 
Sancil  Augufiîni  de  pradefiinadone  , 
in-4°  ;  mais  le  pape  Innocent  X 
ayant  condamné  les  cinq  ^meufes 
f^opoiitiqns ,  Macedo  foutint  que 
Janjenîus  les  avoit  enfeignées  dans 
le  fens  condamné  par  le  pape  ,  & 
publia ,  pour  le  prouver ,  un  livre 
intitulé .'  Mais  dlvlhuàs  infpîrata  In* 
noccntlo  X ,  10-4°,  V,  M^rothecùoi 


MAC 

MwaU ,  ln-4^  »  où  il  fait  un  pom- 
peux étalage  ^e  Tes  Ecrits ,  de  Tes 
Harangues ,  de  fes  Vers ,  &c.  Ma- 
€tdo  avoit  une  leâure  prodigicufe , 
uoe  mémoire  furprenante  ,  beau* 
coup  de  facilité  à  parler  &  à  écrire; 
il  lui  auroit  fallu  plus  de  jugement 
&  de  goût. 

n.  MACEDO ,  (  Antoine  )  Jé- 
fuite  Portugais  ,  frère  du  précé- 
dent »  né  en  i6i  2 ,  fut  envoyé  mif- 
£onnaire  en  Afrique,  &  à  fon re- 
tour ,  il  accompagna  Tambafladeur 
de  Portugal  en  Suéde.  Ce  fut  à  lui 
que  la  reine  /^An72in«  fit  les  premiè- 
res ouvertures  du  deûein  qu'elle 
avoit  d'abandonner  le  Luthéranif- 
me.  Ma^do  fut  enfuite  pénitencier 
de  réglife  du  Vatican  à  Rome ,  de- 
puis Tan  165 1  Juiqu'en  167 1.  Il  re- 
tourna alors  en  Portugal ,  où  il  eut 
divers  emplois.  On  a  de  lui  :  Lufi- 
tmùa  înfuUta  &  purpurata  ,  à  Paru , 
1673,  in-4*»,&c. 

MAŒDONIUS ,  patriarche  de 
Conâaminople  en.  341 ,  &  fameux 
faéréfiarque ,  foutenoit  que  le  Saint- 
ETprit  n'étoit  pas  Dieu.  Il  caufa  de 
grands  défordres  dans'  fa  ville ,  & 
s'attira  la  difgrace  de  l'empereur 
Confiance,  Acaa  &  Eudoxc  le  firent 
dépofer  dans  un  concile  de  Conf- 
tantinople  en  360.  Il  mounk  enfuite 
miférablemcnt.  »♦  Avec  des  mœurs 
w  irréprochables  ,  (  dit  M.  l'abbé 
w  Phquu  y  )  Macidonius  étoit  un  am- 
»»  bitieux  ,  un  tyran  ,  qui  vouloit 
'*  tout  fubjuguer  ;  un  orgueilleux , 
>•  qui,  pour  foutcnir  une  première 
rt  démarche  dans  les  plus  petites 
>»  chofes ,  auroit  facrifié  l'empire  ; 
M  un  barbare  ,  qui  perfécutoit  de 
»*  fang  froid  tout  ce  qui  ne  pen- 
v>  foit  pas  comme  lui ,  ou  qui  ofoit 
»>  lui  réfifler  ;  enfin  9  un  préfomp- 
>*  tueux  ,  qui  ,  pour  iatisfaire  fa 
M  vengeance  &  ia  paflîon  pour  la 
n  célébrité  «  fit  une  héréfîe ,  &  nia 
yt  la  Divinité  du  Saint-£fprit  <'.  Les 
feâateurs    de  Matedonlus    s'appe- 


M  A  C         455^ 

loittitMAcivoifiENs,  Leurs  moeurs 
étoient  purçs  &  aufleres  ,  leur 
extérieur  grave ,  leur  vie  auffi  dure 
que  celle  des  moines.  Cette  appa- 
rence de  piété  trompa  les  foiblei. 
Un  certain  Marathon ,  autrefois  tré- 
forier,  embrafla  cette  fe6le,  &  fon 
or  fit  plus  d'hérétiques  que  tous 
les  argumens.  Les  feâateurs  des 
MacédonUns  très-accrédités  à  Conf- 
tantinople  ,  &  répandus  dans  un 
grand  nombre  de  monaficres  d'hom- 
mes &  de  filles ,  dominèrent  prin- 
cipalement daus  la  Thrace  ,  dans 
rHellefpônt  &  dans  la  Bithynie. 
Après  la  mort  de  Julien  ,  Jovien  fon 
fucceffeur ,  très-attaché  à  la  foi  de 
Nicée ,  voulut  la  rétablir.  11  rap- 
pela les  exil<*s.  >♦  Cependant,  (  dit  M. 
»  P/uquet,  )  comme  il  aim oit  mieux 
»♦  agir  par  douceur  que  par  auto- 
>♦  rite  ,  il  laiffoit  une  grande  li- 
w  berté  à  tout  le  monde  pour  la 
»*  religion.  Tous  les  chefs  de  fec- 
»»  tes  s'imaginèrent  pouvoir  l'en-» 
»♦  gager  daiy  leur  parti.  Les  Macé- 
>»  doniens  formèrent  les  premiers 
»»  ce  projet  :  ils  prtfenterent  une 
?♦  requête ,  pour  obtenir  que  toutes 
»»  les  églifes  leur  furent  données-, 
>»  mais  Jovien  rejeta  Jeur  requête. 
>♦  Dans  la  fuite  les  Macédoniens 
»  fe  réunirent  aux  Catholiques  , 
>♦  parce  qu'ils  étoient  perfécutés 
>»^ar  les  Arien*;.  Ils  fignerent  le 
>♦  Symbole  de  Nicée ,  fe  féparerent 
>*  enfuite ,  &  furent  condamnés  par 
r>  le  concile  de  Confcantinople* 
>♦  Théodôfe  avoit  appelé  à  ce  con- 
»»  cile  les  évêques  Macédoniens  , 
>♦  dans  l'efpérance  de  les  réunir  à 
>»  i'Eglife  -,  mais  ils  pcrfévérerent 
>»  dans  leurs  erreurs.  L'empereur 
»♦  employa ,  mais  inutilcirent , tous 
M  les  moyens  propres  à  les  enga- 
>»  ger  à  fe  réunij-  avec  les  Catho- 
»  liques;  &les  chaflfa  de  Conftan- 
rt  tinople  :  il  leur  défendit  de  s'af- 
»»  fembler ,  &  confifqua  à  l'Epargne 
n  lesm^ifonsoùils  s'afTembloient» 


460         MAC 

»t  Les  erreurs  des  Macédoniens  fur^ 
>♦  le  Saint-Efprit ,  ont  été  renouve- 
9»  lées  par  les  Sociniens ,  &  adop- 
M  tées  par  Clarht ,  Wlhfthvn  ,  &c.  «« 
1.  MACER  ,  (  ^milîus  )  poète 
Latin  natif  de  Vérone ,  compofa  un 
Poémc  l'ur  les  Serpens  ^  as  Piuntis  & 
ks  01fcdux\  &  un  autre  ^i/r  la  rame 
éU  Troye ,  pour  fervir  de  fupplé- 
ment  à  l'Iliade  à  Homère  Mais  ces 
lieux  Poèmes  font  perdus  -,  car  ce- 
lui des  Plantes  que  nous  avons 
fous  le  nom  de  Macer  ,  cft  d'un 
auteur  plus  récent  ,  puifqu'on  y 
eite  P/inc,  &  que  l'auteur  eft  aui& 
Mauvais  botanifte  que  plat  ver- 
sificateur. L'édition  la  plus  cftimée 
«ft  celle  deNaples,  1477  i,in-fol. 
Il  y  en  a  une  traduft.  françoife  par 
€mllaumc  Gueroult ,  Rouen,  1588  , 
in-S^.  Mdcer  floriflbit  fous  Augujh, 

Voy.   GUEROAND. 

IL  MACER ,  (  Luc'ius  Claudius  ) 
propréteur  d'Atrique  fous  le  règne 
Se  Néron ,  fe  fit  déclarer  empereur 
l'an  68®  de  Jefus-Chrift  dans  la  par- 
tie qu'il  commandoit.  Ayant  levé  de 
nouvelles  troupes,  il  les  joignit  à 
celles  qui  étoient  fous  fes  ordres , 
&  s'en  feryit  pour  conferver  le 
titre  qu'il  avoit  ufurpé.  Il  fit  plus  : 
â  fe  faifit  de  la  flotte  qui  tranf- 
portoit  lé  blé  à  Rome ,  &  caufa 
la  famine  dans  cette  capitale  du 
inonde.  L'ufurpateur  avoit  plus  de 
courage  que  de  politique.  Il  irrita 
les  Africains  par  des  vexations  & 
ties  cruautés  ,  &  fe  joua  égale- 
ment de  leur  fiuig  &  de  leurs  biens. 
Ces  peuples  irrités  eurent  recours 
à  Galba ,  qui  venoit  d'être  revêtu 
de  la  pourpre  impériale.  L'empe- 
reur donna  ordre  d'arrêter  les  bri- 
gandages de  cette  bête  féroce.  Tre- 
honius  Garucîanus  intendant  d' Afri- 
que ,  &  le  centurion  paplrîus ,  char- 
gés des  ordres  du  prince ,  firent  pé- 
rir Af4c«rdansla  même  année  qu'il 
avoit  pris  le  tttre  de  Céfar.  Il  avoit 
été  engagé  à  U  révolte  par  vne 


MAC 

femme  nommée  CemeUa  CnfphuUê  X 
intendante  des  débauches  de  Néron  » 
laquelle  étoit  paflee  en  Afrique 
pour  fe  venger  des  mécontente* 
mens  que  cet  empereur  lui  avoit 
donnés. 

/.  MACHABÈES  ,  fçpt  frères 
Juits ,  qui  fouffrirent  le  martyre  à 
Antioche  dans  la  perfécutiond'^A- 
tlochus  Epi  hûnes  >  avec  leur  mère  6c 
le  faim  vieillard  £//a(<2r,  l'an  16S 
avant  L  C  Ce  prince  ayant  feit 
arrêter  ces  généreux  coniefleurs  » 
n'oublia  rien  pour  les  po^rter  à  man- 
ger de  la  chair  de  porc.  Les  fept 
frères  fouf&irent  en  préfence  de 
leur  mère ,  l'un  après  l'autre ,  qu'on 
leur  coupât  les  pieds  &  les  mains  ^ 
fans  marquer  la  moindre  foiblefle 
au  milieu  des  tourmens  qu'on  leur 
faifoit  endurer.  '  La  mère  de  ces  mar- 
tyrs, après  avoir  aflifté  au  triom* 
phe  jde  fes  enÊins ,  fut  couronnée 
à  fo^  tour ,  &  mourut  avec  la  conf* 
tance  qu'elle  leur  avoit  infpirée. 

//.  MACHABÈES  ,  (  les  Prin- 
ces) ou  Afmonéens  :  J^cjyq  Judas- 
Mach  ABÉE ,  Math  ATiAs*..  Kous 
avons  fous  le  nom  des  Machahées 
IV  Livres ,  dont  les  deuxpremiera 
font  canoniques ,  &  les  deux  au- 
tres apocryphes.  Le  i®'  fut ,  à  ce 
qu'on  croit  ,  compofé  fous  /e-n 
Hyrcany  le  dernier  de  la  race  des 
Afmonéens  ,  &  contient  l'hiftoire 
de  40  ans ,  depms  le  règne  d'An-^ 
tiochus  Epiphanes  ,  jufqu'à  la  mort 
du  grand-prêtre  Simon.  Le  fécond 
eft  l'abrégé  d'un  grand  ouvrage  » 
qui  avoit  été  compofé  ^ar  un  nom- 
mé /tf/on,  &  qui  comprenoit  l'hif-^ 
toire  des  perfécudon»  d'Eplphancs. 
&  d'Eupator  contre  les  Jui£s.  Ce 
II®  Livre,  tel  que  nous  l'avons, 
contient  l'hiftoire  d'environ  quinze- 
ans  ,  depuis  l'entreprife  d'Héâo^ 
dore ,  envoyé  par  SeUucus  pouren-^ 
lever  les  tréfors  du  Temple ,  jut-. 
qu'à  la  viéloire  de  Judas  contre  NU 
canQr,  Le  xii®  Livre,  appelé  fort; 


MAC 

jAal'-à-propos  des  Machàb^es  ,  puif** 
qu'il  n'y  eft  pas  dit  un  mot  de  ces 
vaillans  défenfeurs  de  la  Loi  de 
Dieu ,  contient  Thiftoire  de  la  per- 
fécution  que  Ptolomée  Phllopstor  , 
roi  d'Egypte ,  fit  aux  Juifs  de  fon 
royaume  ;  &  ce  livre  eft  rejeté 
comme  apocryphe  ,  ainfi  que  le 
IV*.  Ce  dernier  eft  une  efpece  de 
refumé  des  deux  premiers  livres  , 
&  contient  ce  qui  s'eft  paffé  chez 
les  Juifs  dans  une  efpace  d'environ 
deux  cents  ans. 

MACHAON ,  célèbre  médecin , 
fils  à'Efculape  &  frère  de  Podaltn , 
accompagna  les  Grecs  au  fiege  de 
Troye  ,  &  y  fut  tué  par  Euriplle^ 
fuivant.Q.  Calaher. 

l.  MACHAULT,  (  Jean  de  ) 
Jéfuite  Parifien  ,  profefla  la  rhé- 
torique dans  fa  Société  ,  devint 
reâeur  du  collège  des  Jéfuites  à 
Rouen  ,  puis  de  celui  de  Clermont 
à  Paris;  &  mourut  le  15  Mars  1619, 
358  ans.  On  a  de  lui  des  Notes  en 
latin  contre  Vfilflolre  du  préfident 
^  Tkou ,  fous  le  nom  fuppofé  de 
Gallus ,  c'eft-à-dire,  le  Coq ,  qui  étoit 
le  nom  de  fa  mère.  Ce  livre  eft 
intitulé  :  Jo,  Gjlli  Jurlfconf.  Nûta- 
tlones  In  Hîfioriam  Thuanl ,  Ingol- 
fiadt,  1614,  in-4*^*  Il  eft  rare  ,  & 
a  été  condamné  à  être,  brûlé  par 
la  main  du  bourreau ,  comme  per^ 
nîcleux  ,  féditUux  j  p/tf*«  d^impofiures 
&  de  calomnies,,,  MachauU  étoit 
un  de  ces  hommes  ardens  &  zélés, 
qui  font  toujours  prêts  à  prendre 
les  armes  ,  lorfqu'on  attaque  ce 
qu'ils  croient  être  la  gloire  de  leur 
corps.  Il  a  traduit  de  l'italien  l'Hlf- 
toire  de  ce  qui  s*e/l  paffé  à  la  Chine  & 
&  au  Japon ,  tirée  de  Lettres  écri- 
tes en  1621  &  1621 ,  Paris ,  1627, 
in-S^. 

11.  MACHAULT,  (Jean-Bap- 
tifte  de)  autre  Jéfuite  ,  natif  de 
Paris  >  mort  le  22  Mai  1640 ,  à  29 
ans,  après  avoir  été  reâeur  des 
collèges  dç  Nf  vers  &  de  Rouen ,  a 


MAC        461 

COmpofé  :  Gefia  à  Societate  Jesu  i» 
regno  Sinenfi ,  ^thiopico  &  Tibetano^ 
&  quelques  autres  ouvrages  qu'il 
eft  inutÛe  de  faire  connoicre. 

m.  MACHAULT,  (Jacques  de) 
aufiî  Jéiuite ,  né  à  Paris  en  1600.,» 
fut  reâeur  à  Alençon ,  à  Orléans 
&  à  Cacn,&  mourut  à  Paris  en  16SO9 
à  80  ans.  On  a  de  lui  :  1.  Ve  Mif- 
fionihus  Paraguana  &  aiiis  in  Amet* 
ricji  nurldionuli,  II.  De  rébus  Japor^ 
nicis,  IIL  De  ProvincOs  Goana ,  Mof* 
laharlca  &  alus*  IV.  De  Regno  Ca* 
chincinenfi,  V.  De  Mljfiune  RelXgiO'^ 
forum  Soçletatis  JisV  in  Perfide.  VI^ 
De  Regno  Madurenfi^  Tangorenfi^&c^ 
Ces  ouvrages  offrent  quelques  dé- 
tails curieux  fur  les  MifÏÏons  & 
la  Géographie*,  mais  nous  avons 
eu ,  depuis  lui ,  des  Relations  plus 
exaâes. 

MACHET,  (  Gérard  )  né  à  Bloiat 
en  1380  d'une  famille  ancienne  à 
fut  fuccefîivement  principal  du  col- 
lège de  Navarre,  confeiller* d'état 
&  confeiTeur  de  Charles  VII  ^  cnûtK 
évêque  de  Caftres.  Il  parut  avec 
éclat  au  concile  de  Paris  ,  tenu 
contre  les  erreurs  de  Jean  Petit  ;  ha-* 
rangufi  ,  à  la  tête  de  l'univerfité  » 
l'empereur  Slglfmond  ;  fonda  plu-, 
fieurs  hôpitaux  &  couvents  ,  gou- 
verna faintement  fon  diocefe,  & 
mourut  à  Tours  en  1448  «  à  68  ans. 
On  a  de  lui  quelques  Lettres  ma-< 
nufcrites.  Il  fut  l'un  des  commif-. 
faires  nommés  par  la  cour  poiu: 
revoir  le  procès  de  la  PnctlU  dOr* 
Uans ,  &  fe  déclara  .en  faveur  .de, 
cette  héroïne.  ^ 

MACHIAVEL ,  (  Nicolas  )  fa- 
meux politique ,.  naquit  à  Florence 
en  Mai  1469 ,  d'une  famille  noble 
&  patricienne,  honorée  des  pre- 
mières dignités  de  la  république. 
Il  fe  diftingua  de  bonne  heure  dans 
la  carrière  des  lettres,  &  réufiit; 
affez  dans  le  genre  comique  :  îq 
pape  Léon  Xy  proteâeur  de  tous 
les  talcxxs  j  fit  repréftmtar  fes  pie* 


"46%         MAC 

ces  fUr  le  théâtre  <le  Rome.  M^ 
€hiavU  étoic  d*un  caraébere  inquiet 
&  remuant  :  il  fut  accule  d'avoir 
eu  part  à  la  conjuration  de  Soàuim 
contre  les  Médicis  :  on  le  mit  à  la 
qudlion ,  mais  il  n'avoua  rien.  Les 
éloges  qu'il  prodi^uoit  à  jffmettf  & 
â  Cajjfwiy  le  firent (bupçonner d'a- 
voir trempé  dans  une  autre  cons- 
piration contre  Jules  de  Médias^ 
depuis  pape  fous  le  nom  de  CUmint 
VU  \  mais  comme  ces  Soupçons 
étoientdeftitués  de  preuves,  on  le 
laiflâ  tranquille.  La  république  de 
Florence  le  choiiit  pour  fon  iiecré- 
taire  &  pour  fon  hiftoriographe. 
Ces  deux  emplois  ne  purent  le  tirer 
de  l'indigence  -,  &  il  mourut  pauvre, 
en  Juin  i ^27 ,  à  58  ans ,  d'un  re- 
mède pris  à  contre-temps.  Binet 
dit,  qu'avant  que  de  rendre  l'ef* 
prit ,  il  fit  part  d'une  vifion  qu'il 
■voit  eue.  Il  vit  d'un  côté  un  tas 
de  pauvres  gens ,  déchirés ,  affa- 
més, contre&its  ;  &  on  lui  dit 
que  c'étoiem  les  habitans  du  Pa- 
radis. Il  entrevit ,  de  l'autre,  Platon , 
Séntqut  y  Plutarqtu  ,  Taclu ,  &  d'au- 
tres écrivains  de  ce  genre  ;  &  on 
hii  dit  que  c'étoicnt  les  damnés. 
Il  répondit  :  r*  Qu'il  aimoit  mieux 
»»  être  en  Enfer  avec  ces  grands 
*♦  efprits,  pour  traiter  avec  eux 
*»  d'affeires  d'état ,  que  d'être  avec 
>*  les  bienheureux  qu'on  lui  avoit 
»»  Eût  voir  M.  Peu  de  temps  après  il 
rendit  l'ame.  Mais  ce  conte  atout 
l'air  d'un  roman,  fait  pour  don- 
ner une  idée  de  la  façon  de  penfer 
de  Mackiave/y  Ou  du  moins  de  ce 
qu'on  croyoit  être  fa  façon  de 
penfer.  Il  mourut  prefque  à  la 
veille  de  la  grande  révolte  des 
Florentins  contre  Clément  VI  ^  heu- 
reux de  n'avoir  pas  été  témoin 
dés  maux  cruels  de  fa  patrie ,  dont 
il  aurott  eu  une  botme  part ,  comme 
attaché  aux  Médlds,  S'il  avoit  des 
partifans  à  Florence,  il  avoit  en- 
core ptin  d'cnsemis,  Il  tvoit  ce*:- 


MAC 

de  i'efprit ,  mais  encott 
plus  d'orguciL  II  cxerçoit  fa  çen- 
îure  fur  les  grandes  &  les  petites 
chofes  ;  il  ne  vouloit  rien  devoir 
à  la  religion  ,  &  la  profcrivoit 
même.  On  a  de  lui  plufieurs 
ouvrages  en  vers  &  en  proie. 
Ceux  du  premier  genre  doivent 
être  regardes  ,  pour  la  plupart, 
conmie  des  fruits  empoifonnés 
d'une  ieunefle  déréglée.  L'auteur  ne 
manque  ni  d'imagination  ,  ni  de 
facilité ,  ni  d'agrément  \  mais  il  ref* 
peâe  peu  la  pudeur.  Les  princi- 
paux font  :  I.  VAne  d^mr ,  à  l'imi- 
tatioa  de  Lucien  &  d*ApuUe,  U. 
Belphéf^ ,  que  la  Pentaint  a  imité 
&  furpafTé.  III,  Quelques  petits 
P aimes  ,  les  uns  moraux,  les  au- 
tres hifloriques.  Ses  produftions  en 
profe  font  :  I.  Deux  Comédies  :  la 
i^*,  intitulée  la  Mandragore ,  eft  une 
des  meilleures  qui  aient  été  Eûtes 
de  fon  temps.  J,  B.  Rouffeam  ^dzra 
fa  jeuneile ,  la  trouva  û  piquaate, 
qu'il  en  fit  une  traduÛion  libre, 
imprimée  à  Londres ,  en  1723 , 
dans  le  Supplément  de  fes  Œuvres. 
On  doute  que  le  théâtre  françois 
pût  s'accommoder  de  l'or^nal  & 
de  la  copie.  L'autre  Comédie  de 
Machiavel  (  CUtia  )  eft  imitée  de  la 
Cafina  de  PUnu^  &  eft  inférieure  à 
fon  modèle.  Les  deux  pièces  de 
Machiavel  réuflirent  non  pour  le 
plan  qui  eft  affez  irrégulier,  suais 
pour  le  ftyle  qui  eft  pur  &  élégant^ 
&  fur-tottt  parce  que  dans  un  temps 
de  libertinage ,  la  Mandragore  qui  eft 
un  fujet  licencieux  ne  pouvoit  man* 
quer  de  plaire  beaucoup.  MachU" 
vel  joignoit  au  talent  de  Êiire  des 
pièces  de  diéàtre  ,  celui  de  les' 
jouer.  Il  réufliiToit ,  fuivant  VariU 
las ,  à  rendre  les  geftes  »  la  démar* 
che  &  le  fon-  de  voix  de  ceux 
qu'il  voyoit.  II.  Des  Dlf cours  Air 
la  i"  Décade  de  Tite-Live.  Il  y 
développe  la  politique  du  gou* 
T«raon|«Qtpopiûaire,  &  en  s'y  mo^f- 


MAC 

Irant  un  zélé  parti&a  de  ce  qu^ 
appelé  la  liberté,  il  débite  des 
snazines  pcrverfés  dont  un  tyran 

?ourratt  abufer.  III.  Son  Traité  du 
rince  ^  qu'il  compoik  dans  fa  vidl* 
lefre,pour  fervir  de  ûiite  à  Ton* 
vrage  précédent.  C'eft  un  des  ou- 
vrages les  plus  dangereux  qui  îé 
foient  répandus  dans  le  monde  :  c'eft 
le  bréviaire  des  ambitieux,  des  four- 
bes &  des  fcélérats.  Macki^vtlipro* 
feffe  le  crime  dans  ce  livre  abo- 
minable ,  &  y  donne  des  leçons 
d'aflaiSnat  &  d'empoifonnement. 
Céfar  Borgla ,  bâtard  du  pape  Alexan" 
drt  VI ,  monftre  qui  fe  fouilla  de 
tous  les  crimes  pour  fe  rendre  maître 
de  quelques  petits  états,  eft  le  prince 
que  Machiavel  préfère  à  tous  les  (bu* 
veraÎDS  de  Ton  temps ,  6c  le  mo- 
dèle fur  lequel  il  veut  que  les  po- 
tentats fe  forment.  En  vain  Ame^ 
lot  de  la  Houjfaycy  traduâeur  de 
cet  ouvrage  ,  a  voulu  le  i\xRifier  : 
il  n'a  perfuadc  perfoane.  Un  grand 
roi ,  VHomere  &  VAchUU  de  fes 
états ,  a  donné  ,  dans  fon  Antl" 
Machiavel  ,  in'8^  «  un  antidote 
contre  le  poifon  de  Tauteur  Italien, 
Sa  réfutation  eft  beaucoup^  mieux 
&ite  &  mieux  écrite  que  Touvrage 
réfiité*,  &  c'eft  un  bonheur  pour 
le  genre  humain  «  dit  l'éditeur  de 
cette  critique,  que  la  vertu  ait  été 
mieux  ornée  que  le  crime.  IV; 
VWfioîre  de  Florenu ,  depuis  1205  , 
;ufqu'en  1494.  L'édition  &e&  Jari" 
tes  txi  153^»  i'^4*»  à  Florence, 
eft  fort  rare.  Le  commencement  de 
cette  Hiftoire  eft  un  tableau  très-^ 
bien  peint  de  l'origine  des  diffé* 
lentes  Souverainetés  qui  s'étoient 
«levées  autrefois  en  Italie.  L'hifto- 
rien  y  traite  quelquefob  favorable- 
ment fa.  patrie ,  &  avec  trop  peu 
de  ménagement  les  étrangers.  Il 
prodigue  les  réflexions  ;  8c  ces  ré- 
flexions fouvent  trop  récherchées , 
ont  plus  d'éclat  que  de  folidité , 
&  tie^neiit  plus  du  flyie  d'un  dé* 


MAC       46} 

clamataur  que  de  celui  d*un  fagc 
politique.  Ces  déÊiuts  font  un  peu 
couverts  par  rexaâitud«  &  par  les 
recherches  de  l'auteiu*.  V.  La  Vk 
de  Cafintdo  Cajbeacani ,  fouverain  de 
Lucques>«  traduite  en  françois  par 
M,  Dreux  du  Radier  ,  &  imprimée 
à  Paris  en  1753.  Elle  eft  peu  efli- 
mée  par  les  politiques  judicieux^ 
&  ne  l'eft  guère  pUis  par  les  gens 
de  goûc  L'auteur  a  été  plus  foi* 
gneux  d'embellir  fon  fujet  que  de 
rechercher  la  vérité.  VI.  Un  Traité 
^  l*An  Militaire ,  dans  lequel  il  a 
très-mal  travdU  Végece.  VU.  Un 
Traité  des  émigrations  des  peuples  Sep' 
tentrionause.  Tous  ces  diiïereas  ou- 
vrages font  en  ialien.  Ils  ont  éfié 
recueillis  en  1  voL  in-4^ ,  en  1 5  50  » 
fans  nom  de  ville.  On  en  a  .fait 
de  nouvelles  éditions  :  f  ."^  A  Amf- 
lerdam  en  1725  ,  4  vol.  in-12» 
aflêz  bien  exécutée  ,  mais  fott 
iûcorreâe.  1/.°  A  Londres,  1747  , 
en  2  vol.  in-4®;  &  1772,  3  voL 
in-4^  iii.^  A  Paris.  1768,6  vol. 
in-i2.  Us  ont  été  traduits  enfraa- 
çoi»  avec  aflez  peu  d'élégance  par 
Tilard,  Calyinifte  réfugié,  1723  , 
en  6  vol.  in-ia.  On  n'y  trouve 
pas  la  verfion  des  Comédies ,  ni 
des  Contes.  On  en  a  donné  une 
autre  édition ,  augmentée  de  VAnti- 
Machiavel  du  Roi  de  PruflTe ,  à  la 
Haye,  1743  ,  6  vol.  in- 12.  On  a 
publié  à  Florence  en  1767  la  cor- 
redondance  de  Machiavel  pendant 
le  cours  de  fes  négociations.  On  y 
voit  ,  dit  M.  Landi ,  le  miniftte 
fage,  adroit,  habile >  mais  point 
du  tout  le  poliôque  fcélérat,.tel 
qu'il  paroit  dans  quelques-uns  de 
fes  livres. 

MACKENjSIE ,  (  George  )  ûvant 
Ecoftbis  ,  mort  à  Londres  en  169 1, 
à  55  ans ,  s'occupa  toute  fa  vie  de 
'  la  philofophie  &  des  lois.  Ses  ém- 
des  lui  firent  enfiantcr  des  ouvrages 
relatifs  à  ces  matières  ;  tels  font  : 
L  UFmueMt  çu^eSêoïfMe»  in-S^^ 


464         MAC 

traité  d0  morale,  dans  lequel  Tan- 
ceur  s'eA  peint  lui-même.  C  etoit 
un  homme  très-^erfé  dans  la  con- 
fioiiTance  des  meilleurs  Auteurs  an- 
ciens &  modernes  »  d'une  applica- 
tion infatigable ,  d'une  intégrité 
parÊiitc,  rég.é  dans  {es moeurs ,  bon 
ami ,  bon  m)et  &  grand  politique. 
IL  Paradoxe  moral  ,  qu*Â/  tft  plus  aifi 
d'être  vertueux  que  vUUux ,  ki-S^.  IIX. 
De  humana  mentU  îmbecîUîtau  y  à 
Utfccht,  1690  ,  in-S**.  IV.  Lois  & 
Coutumes  d'EcoJfe  ^  vol.  in-fol.  qui 
renferme  beaucoup  de  recherches. 
Oa  trouve  un  aiTez  long  détail  fur 
•cet  auteur  dans  les  Mémoires  du  P. 
^iceron, . .  Il  hut  le  diûinguer  de 
Ceorge  Mjck£NsI£  ,  médecin  d'E' 
dimbourg ,  qui  a  donni,  en  1708 
&  17  n  ,  2  vol.  de  Fies  des  Écri'- 
vains  Ecojfois, 

MACK.I  y  (  Jean  )  ^rneux  intri- 
gant, d'une  famille  noble  d'An- 
gleterre >  joua  un  rôle  dans  les 
guerres  qui  fuivirent  la  révolution 
.qui  précipita,  Jacques  II  du  trône. 
Lorfque  ce  monarque  fe  réfiig^a  ep 
France ,  Macki  le  fuivit  à  Paris  & 
,  à  Saint-Germain ,  épiant  toutes  fes 
démarches  &  en  informant  la  cour 
de  Londres.  Ce  fut  lui  qui  donna 
les  premiers  avis  de  la  deTcente  que 
le  roi  détrôné  devoit  faire  en  An- 
gleterre »  &  qui  fîit  caufe  par-^là  de 
l'heureux  Aiccès  de  la.  bataille  de 
la  Hogueen  i6^x.  Ce  fervice,  & 
d'autres  du  même  genre ,  .dont  un 
honnête  homme  ne  voudroit  pas 
charger  fon  hifloirey  lui  valurent 
une  inrpe^lion  fur  les  côtes.  £n 
2706 ,  il  fit  manquer  la  fameufe 
entreprife  du  Prétendant  (  Jacques 
JIl  )  fur  l'Ecoffe ,  par  fa  prompti- 
tude à  en  informer  la  cour  de  Lori- 
dres.  Ses  découvertes  ne  furent  pas 
toujours  heureufes  pour  lui.  Lorf- 
^ue  Prior  &  l'abbé  Gauthier  arrive- 
tem  en  Angleterre,  il  donna  avis 
de  ce  Xecret  au  duc  de  Marleborougk , 
Huoiqu'on  liû  eû^grdooaç  de  n'en 


MAC 

parler  qu*au  feçrétaire  d*état  14 
cour  irritée  révoqua  facommilTioni 
&  l'abandonna  à  fes  créanciers,  u 
fîit  mis  en  prifon ,  &  ne  recouvra 
fa  liberté  qu  a  l'avènement  de  Geor* 
^I  axL  trône.  Cet  aventurier  obtint 
fur  là  fin  de  fes  jours  un  em-( 
ploi  dans  les  pays  étrangers,  & 
mourut  à  Roterdam  en  1726 ., 
avec  la  réputation  d'un  génie  aâif  ^ 
mais  inquiet  &  turbulent.  On  a  de 
lui  :  L  Tableau  de  la  Cour  de  Saint-' 
Germain  ^  1691  ^  en  angloîs ,  în-12^ 
dont  on  vendit  ea  AngleÉerre  juf-» 
qu'à  30,000  exemplaires.  Le  rot 
Jacques  /i  y  eft  traité  avec  une  iïv- 
décei^ce  que  les  haines  &  le» 
guerres  les  plus  vives  ne  fauroient 
jamais  aucorifer.  IL  Mémoires  de  la 
Cour  d'Angleterre  fous  Guillaume  III 
&  Anne  y  traduits  en  françois  à  là 
Haye  en  173.3,  in-12.  Us  ofireht 
pluûeurs  anecdotes  ciurieufés,  quel' 
ques  faits  intérefTans  -,  mais  l'auteur 
a  trop  âatté  dans  pluiîeurs  endroits , 
Ôc  trop  fâdrifé  dans  d*autres.«.  Foy^ 
Makjn, 

MACLAXTRlN,  (Colin)  célè- 
bre profefteur  de  mathématiques  à 
Edimbourg  >  né  à  Kilmoddan  ea 
EcoiTe,  dfune  ânûlle  noble,  eà 
1698  ,  mort  en  1746  ,  dans  fa  49* 
année ,  montra  dès  1 2  ans  fon  goût 
pour  les  mathématiques.  Ayant 
ttouvé  à  cet  âge  les  Elèncns  d'Eu- 
clide  chez  un  de  Ces  amis ,  il  eA 
comprit  parfaitement  en  peu  de 
jours  les  fix  premiers  livres.  Il  n  a-« 
voit  encore  <jue  16  alhs,  lorfqu'il 
découvrit  les  principes  d'une  Géo^ 
marie  organique ,  c'eft-à-dire ,  d'une 
géométrie  qui  a  pour  objet  la  def- 
çripdon  des  courbes  paV  un  mou- 
vement conunu.  On  â  de  lui  :  I. 
Un  Traité  4* Algèbre ,  fort  eftim^.  IL 
Une  Expofition  des  découvertes  pbi- 
lofophiques  de  Newton  ,  traduite 
par  la  Firoue ,  Paris  ,  1749 ,  in-4**; 
ce  n'eil  pas  fon  meilleur  ouvra- 
ge, UI«  Un  excellent  Traité  des 
Fluxions^ 


M  A  d 

fhaàons ,  traduit  paf  le  P.  Ptienas , 
Paris,  1749»  2fc  vol.  in-4^  Voye^ 
Pezekas. 

MA.CLOT,  (Edmond)  chaooi- 
ne  Prémontré ,  mon  dans  fon  ab- 
baye de  Léfange  en  171 1 ,  âgé  de 
74  ans ,  eft  auteur  d'une  Hlftovt  dt 
V Ancien  &  du  Nouveau  TeJUmmt  ^ 
^n  2  vol.  in'12,  dans  laquelle  il 
mêle  quantité  d'obfervations  &  de 
remarques  théologiques ,  morales 
tx.  hiftoriqucs.  Cet  aoteur  avoit 
beaucoup  lu,  mais  avec  peu  de  dif* 
cemement.  11  ignoroit  totaleAient 
les  premiers  principes  de  la  bon- 
ne  phyfique.  te  religieux  étoit  plus 
eftimable  en  lui  que  récrivain; 
teux  qui  l'ont  connu ,  louent  éga- 
lement ia  piété,  fe  modeftie  &  fa 
politefle. 

MACLOU,  (S.)  Voy.  MAta: 

MAÇON ,  Voyei  Massok. 

MAÇON ,  (  Antoine  le)  tréfo* 
rier  de  l'extraordinaire  des  guerres , 
étoit  attaché  à  la  reine  Marguerite 
de  Navarre,  fœur  de  François  L 
Ce  fut  à  ia  foUicitadon  qu'il  tra«^ 
duifit  le  Ddcaméron  de  Bocace^  Pa- 
ris, I545><  in-folio,  &  fouvent 
depuis  in-8*  ',  les  dernières  édi- 
tions font  corrigées ,  ainfi  que  les 
Italiennes.  C'eft  lui  qui  a  pris  foirt 
\fte  l'édition  des  Œuvres  de  Jean  U 
Maire  y  in-fblio ,  &  de  celles  de 
Clément  Marot,  Il  eft  encore  auteur 
des  Amours  de  Phydie  ^  de  Gilafine^ 
Iyon,i5  50,în-è®. 

MACQU ART ,  (  Jacques-Henri  ) 
médecin  ^e  la  faculté  de  Paris , 
&  cenfeur  royal,  naquit  à' Reims- 
en  1 726.  Après  avoir  feit  de  bonnes 
études  dans  fa  panie,  il  vint  à 
Paris ,  &  obtint  par  fon  mérite  la 
place  de  médecin  de  la  Charité.  U 
la  remplit  avec  Texaâitude  d'un 
homme  fenûble  aux  maux  de  Thu- 
manité ,  &  inftruit  de  leurs  caufes 
&  de  leurs  remèdes.  U  rendit  à  la 
médecine  un  fervice  important ,  en 
tédigeant.en  notre  langue  la  col» 
Tome   F. 


MAC        465 

leâîon  Ats  Tfufts  Medico-Chitur- 
f^cates  ,  que  le  célèbre  Haller  avoit 
publiées  en  latin,  en  5  vol.  in-4^. 
Ce  recueil  ne  forme  que  5  vol.  in- 
12  en  françois.  U  parut  en  1757  , 
&  fut  accueilli  comme  le  mérite 
tout  ouvrage  ôû  Ton  fait  être  la- 
conique fans  être  obfcur.  Le  mz* 
giflât  qui  préfide  au  Journal  des 
Savans,  choiiit  cet  auteur  pour  la 
partie  de  la  médecine.  Ses  extraits 
donnèrent  une  idée  très  -  avanta- 
geufe  de  fes  talehs.  Il  mourut  eti 
1768,  à  46  ans ,  &  ilfut  regretté  par 
tous  ceux  qui  le  connoifToient. 

I.  MACQUER,(  Philippe)  avoc2|C 
au  parlement  de  Paris,  fa  patrie, 
ftaquit  en  1720 ,  d'une  famille  hOn^ 
hête.  La  foibleiTe  de  fa  poitrine 
ne  lui  ayant  pas  permis  de  fe  con« 
ikcrer  aux  exercices  pénibles  de  la 
plaidoirie,  il  fè  voua  à  la  littéra- 
ture. Ses  ouvrages  font  :  I.  VA* 
htigè  Chronologique  de  PHlftoîre  Eo* 
cUfiafiique  y  en  3  vol.  in-8** ,  com- 
pofé  dans  le  goût  de  VHifioire  de 
fronce  du  préfident  'Henauà\  mai& 
écrit  plus  fëchement  &  avec  riioins 
de  fîneiTe.  II.  Les  Annales  Romaines^ 
1756,  in-S**  :  autre  Abrégé  chro- 
nologique, mieux  nourri  que  le 
précédent  ;  l'auteur  y  a  fait  entrer, 
tout  ce  que  Saint-Evremont ,  Vabbé 
de  Saint-Réal,  le  préfident  de  Mort*^ 
tefqidcu ,  l'abbé  de  Mahly ,  &c.  ont 
écrit  de  mieux  fur  les  Romains. 
Mais 'la  différence  des  flyles  fe'faic 
trop  fentir  dans  cetiSe  compilation  , 
qui  eft  d'ailleurs  aflez  bien  feitô. 
ÏIl.  Ahrégé  Chronolo^que  de  PHifioirt 
d^Ef pagne  6»  de.  Portugal ,  17Ç9-1765, 
2  volumes  in  -  8**.  Ce  livre  >  corn* 
mencé  par  le  préfident  Henault^ 
eft  digne  de  cet  écrivain ,  du  moins 
pour  l'exaÔitude  ;  car  on  n'y  trouve 
d'ailleurs  ni  portraits  bien  frappés  , 
ni  recherches  profondes;  L'auteut 
fut  aidé  par  M.  '  Xd^ (>m^e ,  dont  les 
talens  pour  les  Abrégés  chronolo- 
Iniques  font  affez  connue.  L«  repu» 

Gg 


4^^        MAC 

blique  des  lettres  perdit  Mamerte 
9^7  Janvier  1770  «  à  foans.  Cctmt 
im homme  laborieux,  doux,  mo- 
dèle, vrai  ,  ennemi  de  la  fottc 
vanité  &  du  diarlataniûne.  11  avois 
k  tête  froide ,  mais  le  goût  ûb-. 
Son  eTprit ,  avide  de  oonnoiflaoces 
en  tout  genre  ,  n'avoit  négligé 
aucune  de  celles  qui  font  unl^ 
U  eut  ^dxtVuDiBioniudrcdts  Arts  Cf 
Métitrs ,  en  ^voUin-8^ ,  &  àla  tra« 
4u£Hon  du  SyphîUs  de  Froeafior^ 
iloffnéff  par  M.  Lacêmkt» 

H.  MACQUER,  (  Piore  Jofepfa} 
'(teee  du  précédent,  naquit  à  Paris 
le  9  Oûobre  1718»  &  mourut 
JLans  Éettè  ville  le  16  Février 
1784.  11  étoit  membre  de  Tacai^ 
^émie  des  fciences  &  ancien  pro- 
fieâeur  de  pharmacie ,  &  travailloît 
JHH  Journal  des  Savons^  pour  la  par** 
tie  de  médecine  &  de  chimie.  Il 
étoît  très-veifé  dans  cette  dernière 
fcience.  Il  eut  part  à  la  Pharma-- 
copcta  Yajifitnfis ,  1758  ,  in-4**.  Ses 
autres  ouvra^  font  :  L  EUmcnt 
de  Chimie  théorlqmè ^  Paris,  1749» 
1753,  in-ia.  Ûs  ont  été  traduits 
en  anglois  êi  en  allemand.  II.  £//-^ 
mens  de  Chimie  punique  ,  175 1  ,  2 
yol.  in- 12  -,  ces  deux  ouvrages 
cnfemble,  1756,  3  vol.  in-ii.  fil, 
fUa  ^un  cours  de  Chimie  expérlmenr 
tide  ^  raifaniUe  ,  175;;  ,  in-iz , 
içompofé  en  fodlété  avec  Baume* 
IV.    Formula  medicamentorum'   ma- 

fifiralitm  ,  1763.  V.  lu  Art  de  U 
\laturt  en  Soie  ,  1763.  VI.  Dl- 
Bivnnaire  de  Chimie  »  contenant  la 
théorie  &  U  prati.ue  de  cet  art  ; 
.1766  ,  2  vol.  in- 8^  /en  allemand, 
1768 ,  rvol.  avec  des  notes  :  ou- 
vrage excellent ,  d'une  grande  uti- 
lité aux  médecins  ,  6c  à  ceux  qui 
s'appliquent  a  la  phyfique .  pra- 
tique. Macquer  a  beaucoup. -con«> 
trihué  à  rendre  utile  un  art ,  qui 
jiutrefois  n'étoit  que  celui  de  ruiner 
U  iânté  p«  d^  remède'»  exotique  y 


MAC 

on  de  £e  réduire  à  la  mendîdié  té 
cherchant  à  faite  de  l'or. 
'  MlCRlËN ,  (  Titus'Fulvius'Jtt&a 
Macmjamvs  )  né  en  £gypte  d'une 
£miiUe  obfcure ,  s'éleva  du  dermcr 
gnde  de  la  milice  aux  premiers 
emplois.  Il  accompagna  VM«» 
dans  fil  guerre  contre  les  PerfeSi^ 
en  25S  i  mais  ce  prince  ayamété 
Eût  prisonnier  ,  il  iie  £t  donner  la 
pourpre  impériale.  Macrien  étoit 
alors  ûxr  le  déclin  de  Ûl  vie ,  & 
eftropié  d'une  jambe.  U  difiiibua 
une  partie  de  ies  richefTes  aox 
légions  ,  &  les  engagea  par  ù$ 
laigeâes  à  donner  le  titre  d'Au- 
gufte  à  fes  deux  fils  Macrien  & 
Quietus»  BaÛJhy  préfet  du  prétoire, 
ayant  fécondé  ton  usurpation,  il 
le  déclara  Ton  premier  général ,  & 
combattit  avec  lui  les  Pedfes.  la 
viôoire  fuivit  fes  pas  ,  &  il  iê 
maintint  av^  gloire  dans  l'Orient 
pendant  une  année.  Il  pafla  enTuitç 
en  Occident  pour  détrôner  GalBai^ 
Mais  il  rencontra  en  lUyriePoflû- 
tlen ,  général  de  cet  empereur ,  qui 
lui  livra  bataille  &.  le  vainquit.  M»" 
crien  {fi  croyant  trahi,  conclura  les 
foldau  qui  l'environooient  de  le 
délivrer  de  la  vie,  «dnà  que  foa 
£ls  Macrien  ^  ce  qui  fut  exécuté  fuii 
le  champ  vers  le  8  Mars  de  Tao 
262*  Macrien  étoit,  un  général  ha- 
bile f  mais  cruel. -Ce  fut  lui  qui 
infpira  à  VaUrien  l'idée  de  perfé- 
cuter  les  Chrétiens ,  leiquels  eureot 
beaucoup  à  foûffrir  pendant  3  ans. 
Ses  deux  fils  iè  diftinguerent  par 
leur  habileté  dans  les  évolutions 
militaires  ,  &  par  leur  hravours 
dans  les  dangers. 

I.  MACRIN  ,  (Marcus^OfiUm* 
Severus  Macrivus  )  né  à  Alger 
dans  l'obfcurité ,  d'abord  gladiateur , 
chaâeur  de  bêces  fauvages  ,  no- 
taire ,  intendant ,  avocat  du  fifc , 
enfin  préfet  du  prétoire  ,  fut  élu^ 
empereur  en  217  ,  après  Caracalîâ 
qu'^  avoi^  ait  ai&SÂçi^  Sgn  a; 


MAC       ' 

feidete  doux  &  complaifaiit ,  tx>h 
smour  pour  la  juftice  ,  Joints  è 
une  taille  avantageufe  &  à  une 
phyfionoime  agréable,  lui  conci- 
lièrent d'abord  l'amitié  du  peuple. 
Ses  premiers  foins  furent  d'abolir 
les  impôts.  Il  accorda  au  fénat  la 
permifHôn  de  punir  tous  les  delà* 
leurs  apoftés  par  le  dernier  em- 
pereur.  Les  gens  de  marque  qui  ie 
trouvèrent  coupables  dé  ce  crime, 
dirent  enlés  ,  6c  les  efclaves  mis 
en  croix.  Macnn  ne  foutirit  pas 
Hdée  que  donnèrent  de  lui  de  fi 
heureux  commencemens.  Anaban , 
tt)i  des  Parthes ,  lui  ayant  déclaré 
la  guerre  ,  il  eut  la  baflefle  d'a- 
cheter très^chérementune  paix  igno- 
minieufe.  Uniquement  occupé  de 
fes  plaiârs  «  il  fe  conduifit  comme 
s'il  n'eût  eu  qu'à  jouir  de  fa  for- 
tane.  Il  affeâoit  d'imiter  Marc-- 
Annie ,  mais  c'étoit  dans  des  chofes 
textérieures  &  aifées  à  copier  :  une 
démarche  grave  ,  l'attention  à  ne 
point  précipiter  Tes  réponfes ,  un 
ton  fi  bas ,  lorfqu'tl  parloit ,  qu  on 
avoit  pdne  à  l'entendre.  Il  s'eà 
£dloît  beaucoup  qu'il  eût  les  verms 
de  ce  fage  empereur  -,  fon  àâtvité 
&  fa  perféiréri^ncé  au  travail  ,  fon 
zèle  pour  le  bien  public ,  fa  noble 
fimpltcité ,  Con  auilere  tempérance  : 
Au  contraire,  il  aégligeoit  les  al- 
feires  •,  il  fe  livroit  aux  fpeélacles , 
à  la  mufi(^e  :  il  donnoit  dans  le 
luxé ,  &  paroiffoit  vêm  magnifique- 
ment ,  &  ceint  d'un  bandeau  enrî* 
chi  d'or  &  dé  pierreries.  Il  tenta 
cependant ,  malgré  la  molleiïe  de  Tes 
moeurs  ,  d'introduire  la  réforme 
dans  fes  armées  ,  &  il  faut  convenir 
qu'îVprit  à  cet  é^ard  un  tempé- 
rament affez  fs^e.  Il  afTurà  aint 
gens  dé  guerre  qui  étoient  alors 
ëans  le  Service  %  fa  jouiiTance  des 
4roits  que  CàracaUa  leur  avoir 
accordés  -,  mais  il  déclara  que  ztvat 
^  s'enrôleroient  à  l'avenir  n'au- 
l^ient  que  les  privilèges  dont  on 


MAC       467 

}oùîffoît  fous  Sivetc.  Sî  à  cet  af ran* 
gement  il  eût  ajouté  la  précaution 
dé  fëparer  fon  armée ,  de  renvoyer 
fes  légions  chactmedans  leur  quar- 
tier »  &  de  revenir  promptement 
lui-même  à  Rome,  où  il  étoîtdé- 
firé  &  appelé  par  le  peuple  à  grandi 
Cris  -,  peut-être  auroit-il  prévenu  ùt. 
fondle  cataftrophè.  Mais  il  «aiffa  , 
fans  aucune  néceflîté,  au  milieu  de 
la  paix  ,  fes  troupes  ralfemblées 
dans  la  Syrie  &  aux  environs ,  6t 
îl  leur  donna  ainfî  moyen  de  de-^ 
venir  plus  audacieufes  par  la  vucr 
de  leurs  forces  réunies.  D'ailleiirs  ; 
ces  vieux  foldats  ,  perfuâdés  qiij 
la  ratification  des  avantages  qu'ils 
tenoient  de  Cmracaila ,  étoit  extor-*. 
quée  par  la  politique  ,  ne  doutè- 
rent point  que ,  dès  qu'on  les  au- 
roit  afFoiblis ,  en  les  difperfant ,  oa 
ne  les  réduisît  à  la  condition  des 
nouveaux.  Enfin ,  des  exemples  de 
juftice  que  fit  Macrin  fur  quel- 
ques-uns d'entre  eux,  qui  avoient 
commis  des  violences  &  des  excès 
dans  la  Méfopotamie,  ou  qui  s'é- 
toieat  rendus  coupables  de  fédi- 
tion  ,  achevèrent  d'aigrir  les  efprits. 
Capltûûn  l'accufe  d'avoir  pouffé  la 
févérité ,  dans  ces  occafions ,  jufqu'à 
la  cruauté.  Mais  cet  écrivain  fe  dé- 
chaîne tellement  contre  Matrm  „ 
qu'il  efl  peu  croyable  fur  le  mal 
qu'il  en  dit.  Il  paroît  qu'il  a  n-a- 
vaille  d'après  les  bruits  calomnieux 
que  fit  répandre  Hellogabale  ,  pour 
rendre  odieufe  la  mémoire  de  fon 
prédécefleur.  Quoi  qu'il  en  foit  » 
une  armée,  ainfi  difpofée,  ne  pou- 
voir manque^  d'embralTer  &  de  fai- 
fïr  avidement  la  première  occafion 
de  révolte  qui  fe  préfentoit  ;  ç'e{^ 
ce  qui  arriva.  Elle  proclama  em- 
pereur HélîogahaU,  efl  21,8 ,  à  Emefe. 
Macrin  crut  rppaifer  la  révolte  ,'  en 
énvoyam  contre  les  rebelles  /«- 
Km  ^  préfet  du  prétoire -/mais  ce 
général  fut  battu  &  mis.  à  mort. 
I7n  des  conjurés  eut  lit  hardielîa 


468        MAC 

de  porter  &  tète  à  Maerîn ,  dans  un 
pa<iuet  cacheté  avec  le  cachet  de 
JulUn,  lui  diiânt  que  c'étoit  celle 
A*HéIl0gahaU,  Il  fe  fauva  pendant 
qu'on  ouvroit  le  paquet.  Macrin  , 
abandonné  par  Tes  (ujets  &  par 
fes  troupes  ,  prit  le  parti  de  fuir 
déguifc  ;  mais  il  fut  atteint  à  Ar- 
chelaïdc  dans  la  Cappadoce  par 
quelques  foldats  ,  qui  lui  coupè- 
rent la  tête  &  la  portèrent  au  nou- 
vel empereur.  L'infortuné  VUdu" 
ménien  ,  fon  fils  ,  fubit  le  même 
fort,  Macrin  ne  régna  qu'un  ou  2 
mois  &  3  jours ,  &  ne  régna  cni- 
core  que  trop  pour  ùl  gloire* 

IL  MACRIN, (Jean)  poète  La- 
tin ,  difciple  de  U  Févre  d'Etaples  , 
&  précepteur  de  Cùmdc  ds  Savoie 
comte  de  Tende ,  &  A*HGnoré  fon 
frère ,  naquit  à  Loudun ,  &  y  mou- 
rut en  1557  ,  à  67  ans.  Son  vé- 
ritable nom  étoit  Salmon,  U  fut 
furnommé  Macrînus  à  caufe  de  fa 
maigreur,  &  V Horace  François  par 
rapport  à  fon  talent  pour  la  poéfie. 
lia  fur-tout  réuiîi  dans  le  genre 
Lyrique.  Il  réveilla  le  goût  pour 
la  poéfie  latine.  Il  a  fait  des  Hym- 
nés  -,  un  Poëme  eftimé  fur  Gclonls 
ou  plutôt  GilloneBourfaultÙL{etttme\ 
un  Recueil  intitulé  :  Nanùt.  Ces  dif- 
ierens  ouvrages  parurent  depuis 
151a  jufqu'cn  1550,  en  plufieurs 
vol.  in-8®.  Varillas  rapporte  que 
Macrin,  ayam  été  menacé  par  le 
roi  qui  le  foupçonnoit  d'être  in- 
fefté  des  nouvelles  erreurs ,  en  fut 
il  ef&ayé ,  que  de  défefpoir  il  fe 
précipita  dans  un  puits  -,  mais  c'eft 
un  conte  fait  à  plaifur ,  comme  la 
plupart  des  anecdotes  de  cet  hiflo- 
rien  romanefque. 

m.  MACRIN,  (  Charles  ) fils  du 
précédent,  l'égal  de  fon  père  pour 
la  poéfie ,  le  furpaffa  d^ns  la  con* 
noifiance  Ai  la  langue  ^ecque.  U 
fut,  précepteur  ào,  .Catherine  de  Na* 
yarre ,'  foçwir  de  Hmri  I4  Grand ,  $c 


MAC 

périt  enveloppé  dans  le  maflicre  dé 
la  Saint-Barthélemi ,  en  1572. 

MACRINË  ,  (  Sainte  )  fœur  de 
S.  BafiU  &  de  S.  Gré^îrt  de 
Nyffe ,  après  la  mort  de  fon  père 
&  rétabUfTement  de  fes.  frères  & 
fœurs  ,  fe  retira  ,  svec  fa  mère 
Bmmede^  dans  un  monafiere  qu'elles 
fondèrent  dans  le  Pont  ^  près  du 
fleuve  d'Iris.  £lle  y  mourut  fân- 
tement ,  en  379.  5.  Grégoire  ,  fon 
frère ,  a  écrit  fa  Vie.  On  la  trouve 
avec  celles  des  Père»  du  Oéfert. 

MACROBË ,  (  AureUus  Macro- 
sws  )  étoit  un  des  chambellans  ou 
grands-maicres  de  la  garde-robe  de 
l'empereur  Thcodofe,  Les  citoyens 
de  Parme   afTurent  qu'il  éK>it  de 
leur  ville  -,  mais  il  dit  qu'il  n'étoit 
pas  né  dans  un  pays  où  l'on  par- 
lât latin  :  ce  qui  ne  s'accorde  guè- 
re avec  les  prétentions  des  Parme- 
fans.  On  a  de  lui  :  I.  Les  Satunut- 
Us.  Ce  font  des  Entretiens  qu'il 
intitula  ainfi,  parce  qu'il  y  rafifem- 
|}le  les  hommes  les  plus  confidé- 
rables  &  les  plus  ûrvans  de  Rome 
durant  les  vacations  des  SatumaUs, 
Ces  Entretiens  offrent  un  mélange  • 
ciurieux  de  critique  &  d'antiquités. 
L'auteur  écrit  en  favant  ,  c*eft-à- 
dire ,  d  une  manière  pefante  &  in- 
correâe.  Il  ne  £ût  ordinairement 
que  copier  ,  &  lorfqu'il  parle  de 
lui-même ,  on  voit  un  Grec  [  Àfa- 
èrole  rétoit  ]  qiti  n'efl  pas  exercé 
à  écrire  en  latin.  Son  recueil  eft 
précieux,  par  plufieurs  fingularités 
agréables  ,  &  par  des  obfervattons 
utiles  fur  Homère  &  fur  Virgile.  II. 
Un    Commentaire  fur  le  Traité  de 
Cicérony  intimlé  :  Le  Songe  de  Sci'^ 
pion,  La  latinité  n'en  efi  pas  pure  ; 
mais  les  remarques  en  fom  £avan-> 
tes.  La  meilleure  édition  de  Aftf- 
crobe  eft  celle  de  Leyde  ,  1670  ,, 
in-8^  ,  avec    les.  remarques    des 
commentateurs  connus  fous  le  nom 
de  Varlorum.  On  eftime  aufiGL  cdle 
de  Londres,  16941  in-$^«  C^Uede 


MAC 

Vcnîfe  ,  1472  ,  in- fol.  cft  d'une 
rareté  extrême.  ^ 

MACRON,  (  Nttvîus'Sertofîus  ) 
Êivori  de  l'empereur  Tîherc  ,  l'inf- 
tniment  de  la  perte  de  Séjan ,  lui 
fuccéda  dans  la  charge  de  capitaine 
des  gardes.  Il  ne  fe  fervit  de  fbn 
crédit,  que  pour  immoler  à  fon 
reilentiment  &  à  la  cruauté  de  fon 
maître  les  plus  grands  hommes  & 
les  perfonnes  '  les  plus  vertueufes 
de  l'empire.  Lorfque  Tibère  ap- 
procha de  ÙL  fin  ,  Macron  fit  fa 
cour  à  CailgtUa  ,  qu'il  prévoyoit 
devoir  fuccéder  à  Tempirc  II  fe 
rattacha  par  les  charmes  de  fa 
femme  EnnU ,  que  ce  prince  aima 
éperduement.  Dans  la  fuite ,  ayant 
appris  d'un  médecin  que  Tibère  n'a- 
voit  plus  que  deux  jours  à  vivre , 
il  ec^agea  Caligula  à  prendre  pof- 
iêffion  du  gouvernement*,  mais  , 
voyant  que  Tibère  commençoit  à 
£e  porter  mieux ,  il  le  fit  étouffer 
ibus  un  tas  de  couvertures.  Macron 
continua  d'être  en  faveur  auprès 
du  nouvel  empereur  *,  mais  fon 
crédit  ne  fut  pas  de  longue  durée. 
Callgttla  l'obligea ,"  lui  &  fa  femme , 
à  £e  donner  la  mort  :  ainû  le  crime 
iat  puni  par  le  crime. 

MACROPEDIUS,  (George) fa- 
vant  littérateur  ,  né  à  Gemert , 
près  de  Grave  ,  vers  l'an  1475  , 
entra  dans  l'ordre  des  Hiéronimi- 
tes ,  enfeigna  les  bdles-lettres  avec 
unç  r^utatton  brillante  à  Bois-le* 
Duc ,  à  Liège  y  à  Utrecht*  Il  fiit 
très-fuivi-,  prefque  tous  ceux  qui 
fe  diilinguerem  dans  les  belles- 
lettres  en  Hollande ,  vers  la  fin  du 
XVI®  fiecle ,  étoiem  fortis  de  fon 
école.  H  poâfédoit  les  langues  fa- 
vantes  ^  ^  les  madiématiques  *,  a 
ces  connoiiTances  il  joignoit  une 
piété  exemplaire  &  une  grande  pu- 
reté de  mœurs.  On  a  de  lui  :  I. 
Computus  EccUfiaJKcus  >  Baie  >  1 5  9 1 . 
II.  Calendarium  Chirometricutn  ,  Bâle , 
1$  5  3.  lU.  Des  Notes  furl'Of&ce  Di- 


M  A  D         469 

vin ,  pour  en  faciliter  l'intelligence  » 
Bois-le- Duc,  1599  ,  in-4°.  IV. 
Grammaire  Grecque  &  Latine  y  &  plu- 
fiçurs  autres  ouvrages  clafliques. 
MADELEINE ,  hoye^  Magde- 

LÈNE. 

MADELENET ,  (  Gabriel  )  lié  à 
Saint-Martin-du-Puy,  fur  les  confins 
de  la  Bourgogne,  mort  à  Auxerre 
en 'i  661,  âgé  d'environ  74  ans  , 
fut  avocat  au  parlement  de  Paris  , 
&  interprète  latin  du  cardinal  de 
Richelieu  ,  qui  lui  donna  une  pen- 
fîon  de  700  livres ,  &  lui  en  ob- 
tint une  de  1500  du  roi.  Il  avoit 
du  talent  pour  la  verfification.  Il 
a  mieux  réuiîi  dans  les  vers  la- 
tins que  dans  les  françois^  Ce  poëte 
avoit  plus  d'étude  &  d'art,  que  de 
génie.  Ses  poéfies  latines  font 
beaucoup  travaillées  &  afi'ez  châ- 
tiées ,  mais  elles  manquent  de 
chaleur  &  d'enthoufiafme.  On  re- 
marque qu'il  a  autant  refpe£^é  la 
pureté  des  mœurs  ,  que  celle  dn 
flyle  -,  il  ne  s'efl  même  jamais  per- 
mis rien  de  mordant ,  ni  de  fati- 
rique.  Ses  Poéfies  parurent  à  Paris 
en  1661 ,  en  un  fort  petit  volume 
in-ii.  Elles  ont  été  imprimées  de- 
puis ,  en  1575  ,  in-i2  ,  avec  celles 
de  Sautel^  t 

MADERNO  ,  (Carlo)  né  en 
1^55  à  Biâbnne  ,  au  diocefe  de 
Côme  en  Lombardie  v  étoit  ne- 
veu du  célèbre  archited^e  Domi" 
nique  Fontana,  Sa  première  pro- 
feilion  fut  celle  de  Âuccateur.  Etant 
venu  à  Rome  ,  il  s'adonna  à  l'ar- 
chite£lure  ,  &  eut  fon  oncle  pour. , 
maître.  Il  ^acquit  de  la  réputation 
dans  cet  art ,  &  parvint  à  fe  faire 
nommer  principal  architeâe  de 
VE^/ife  de  Saint-Pierre ,  dont  il  ne 
reftoit  plus  à  faire  que  la  partie 
antérieure  de  la  croix  grecque  , 
qu'elle  devoit  former  ,  fuivant  le 
deilin  de  Michel-Ange  Buonarotî  y 
avec  la  façade.  Mademo  ,  pour 
donner  plus  de  grandeur  à  ce  fu- 

Ggiij 


470        M  A  D 

perbe  temple  ,  au  lieu  de  temd- 
ner  la  croix  grecque  ,  imagina 
«ie  la  changer  en  croix  latine  : 
<i'où  font  réfultés  quelques  défauts 
«de  proportion  &  de  perfpeâive  , 
qui  n'auroient  point  eu  lieu  en  fui- 
vant  le  premier  plan.  On  blâme 
auiTi  beaucoup  Tarchiteâare  de  la 
façade  ,  qu3iqu'elle  préfente  dç 
grandes  beautés.  Il  eft  à  croire  que 
Mademo  fut  jugé  moins  févérement 
par  fes  contemporains.  Non-feu- 
lement il  fut  plus  employé  à  Rome 
qu'aucun  autre  architeûe  :  mais  on 
voulut  avoir  de  fes  deffins  dans 
la  plupart  des  grandes  villes  d'I- 
talie ,  &  même  en  France  &  en  £f- 
pagne.  Ceû  artiue  mourut  en  1629, 
à  74  ans. 

:  MADERUS  ,  (  Joachim Jean  ) 
iavapt  Allemand  ,  vivoit  encore 
en  1678.  Son  goût  pour  les  re- 
cherches hiftoriques  lui  fit  fouil- 
ler beaucoup  de  bibliothèques.  On 
lui  doit  :  I.  Des  Editions  de  divers 
ouvrages  anciens,  relatif  à  Thif" 
tpire  d'Allemagne.  H.  Scrutons  L^ 
fimj'cs ,  WUtembcrgmfv  &  francofor^ 
ÂUnfts ,  1660 ,  in-4**.  m.  Dt  Bàllù^ 
thccîs ,  joint  au  traité  de  Lonuïer  » 
Helmiladt ,  1702  &  1705 ,  2  to. 
in-4°,  &c. 

MADRISÎ  ,  (  François  )  né  à 
Udine  vers  la  fin  du  fiede  dernier . 
mort  en  17  p  ,  entra  de  bonne 
heure  dans  la  congrégation  Ora- 
torienne  d'Italie ,  &  fe  livra  aux 
devoirs  &  aux  études  de  fon  état. 
Kous  devons  à  fes  foins  une  bonne 
édition  des  (Euvres  de  5.  Péuiin 
d'Aqui'ée ,  imprimée  àVenife,  in- 
fol.,1737. 
/  M£NIUS  ,  conful  Romain  qui 

ayant  remporté  une  viûoire  fur 
les  Antiates  dans  un  combat  na^ 
val ,  èc  pris  plufieurs  de  leurs  vaif- 
ieaux  /en  fit  attacher  les  becs  des 
proues  qui  écoient  d'airain ,  autour 
de  la  Tribune  aux  harangues,  qui 
depuis  s  appela /ioj^a,  les  Roâres« 


M  A  F 

I.  MAFFÊE  Vegio  ,  di&oiiil 
de  Saint- Jean-de-Latran ,  né  à  Lodi 
daiu  le  Milanez,  mort  en  I45:S, 
unit  les  charmes  de  la  littéranmi 
la  gravité  de  la  jurifptudence.  U 
fe  livra  à  la  première  par  goût,  & 
à  la  féconde  par  déérence  pour 
fesparens.  U  profefla  le  droit  dans 
Tuniverfité  de  Pavie ,  d'où  il  fot 
appelé  à  Rome  par  Eugau^  /f",  qui  *  ! 
le  nomma  dataiie  \  place  importan- 
te qu'il  remplit  avec  zde.  H  illuf- 
ira  fa  plume  par  pluâeurs  ouvra- 
ges écrits  élégamment  en  latin.  Les 
principaux  font  :  I.  Un  traité  Di 
tduauLne  liberorum  j  à  Paris,  15  il. 
in-4° ,  qui  pafibit  pour  un  des  meil- 
leurs Ûvres  que  nous  euffioss  ca 
ce  genre ,  avant  les  écrits  publiés 
dans  ce  fiede  fur  cette  matière.  La 
morale  en  eft  fage  &  chrétienne  *, 
mais  il  y  a  trop  de  lieux  communs  » 
&  l'auteur  éait  avec  plus  de  pu- 
reté qu'il  ne  penfe  avec  profon- 
deur. II.  Six  livres  De  la  Paférc- 
rOiict  dans  U.  ReUgîoiu  III.  Difowt 
des  IV  fais  de  PHommt,  IV.  b\«^ 
loffu  dfi  la  vérîti  exilés.  V.  Les  vies 
de  5,  Benardin  de  Sienne,  de  $• 
PUrre  Célèfiin  ,  de  5.  Jupt/Bn  ,  de 
Su.  Monique  ,  à  laquelle  il  avoit  £nt 
élever  une  magnifique  chapelle  dans 
l'églife  de  Saint- Auguftin  à  Rome. 
Ces  vies ,  ainfi  que  les  traités  afcé- 
tiques ,  dom  nous  avons  donné  le 
titre ,  font  en  latin ,  &  fe  trouvent 
dans  le  Voliune  26  de  la  Biblio- 
thèque des  Pères ,  édition  de  Lyon. 
VI.  Plufieurs  Pièces  de  Poifit,  Mi- 
lan,  1597 ,  in-fol.  &  1^89  >  in-12. 
Celle  qui  lui  fit  le  plus  de  réputa- 
tion ,  fut  fon  xm*  livre  de  r£«»- 
dit  y  quoique  l'idée  d'être  le  conti- 
nuateur d'un  f6mit  tel  que  fTaplt^ 
fut  aufii  téméraire  que  ridicule.  On 
trouve  ce  fupplément  dans  les  édi- 
tions de  VÎT^e  Élites  à  Paris ,  1 507 , 
in-foL  ,  à  Lyon ,  i  j  17,  in-fol. ,  &c 
Cefi  uns  fondement  que  Vt§» 
s'eil  imaguié  qu'il  manquoit  quct 


MAP 

Î'  tè  chofe  à  l'Enéide  de  Vîfj^Ie. 
out  ce  qu'il  a  prétesdu  y  clou- 
ter dans  ce  13^  livre,  eil  renfie^- 
mé  dans  F  ouvrage  même  par  an- 
ticipadon.  Ce  fHpplément  lui  a  fait 
cependant  honneur  ,  &  Borrîchîus 
afiure  qu'il  eft  eftimable ,  quoique 
V^  y  foit  fort  éloigné  de  fon 
j  modèle,  U  a  été  traduit  en  vers 
irançois  par  PUrre  de  Mouehauà';  & 
cette  tradudion  fe  trouve  avec  le 
texte  latin  à  la  fuite  des  (Sovrvi  di 
VirpU  traduites  en  vers  françoîs  par 
Robert  ^  Antoine  U  Chevalier  itAc 
ifEJtrx  ,  frères  ,  de  Vire  en  I^ormaji- 
die ,  Paris ,  1607  ,  in-£ol.  On  a  en- 
core de  Itû  un  Poîhne  fur  les/ripott* 
nerîes  des  Payfans,  Ses  poéfies,  fé- 
lon M.  Lmdi^  ont  de  la  facilité  \ 
de  lliarmotiie  &  de  l'invention.  ' 

IL  MAFFÉE,  (Bernardin  )cé< 
lebre  &  favant  cardinal ,  fous  le 
pape  Paul  III ,  naquit  à  Rome  en 
i;|i4,  8c  mourut  en  1553,3  40 
ans.  La  mort ,  à  cette  époque,  lui 
fiit  avantageufe  ;  elle  lui  épargna 
la  douleur  de  voir  un  de  fes  pa- 
ïens tuer ,  2  ans  après»  fon  frère, 
fa  belle-fœur  &  fes  neveux»  du 
moins  û  Ton  en  croit  de  Thou.  Les 
monumens  de  fon  goût  pour  les 
lettres ,  font  :  Des  Commentaires  fur 
les  Epîtres  de  Cicéron ,  &  un  TraîU 
£lnferlfAons  St  de  MédMlles. 

m.  MAFFÉE ,  (  Raphaël }  Vay. 
Maprée. 

IV.  MAFFÉE  ou  MafFeI  , 
^Jean-Pierre)  célèbre  Jéfutte,  né 
à  Bergame  en  1536»  enfeigna  la 
rhéthorique  à  Gènes  ,  avant  que 
d'être  de  la  Compagnie  de  Je£u$. 
Phiâpfe  II  roi  d'Efpagne ,  auquel  il 
communiqua  le  deSein  d'écrire 
l'hiftoire  des  Indes  ,  l'encouragea 
à  l'exécuter  -,  &  pour  le  récompen- 
fer  d'avance ,  il  nomma  fon  frère 
fccrétaire  du  Sénat  de  Milan  ?  & 
Crégoîre  Jt///e«tpour  hri  uneeftime 
prfticuliere.  StîoppatSy  cité  par  Aï-. 
UT'9ni  dit  qu'il  étoit  '^Uçoiem  Jt- 


fête  dé  la  bdle  latinité ,  que ,  >«  de 
»  peur  de  l'altérer»  il  demanda  au 
>*  pape  la  permiffion  de  dire  fon 
vt  bréviaire  en  grec  «  *,  mais  c'eft 
une  fable.  Le  carénai  BendrogUo  , 
ami  de  ce  Jéfuite,  en  fait  un  pot- 
trait  avantageux  daris  le  chapitre 
VIII  du  premier  livre  de  fes  Mé- 
moires. L'extérieur  du  Père  MajfH 
n'avoitrien  qui  annonçât  fon  mé- 
rite^ fa  converfation  même  étoît 
fans  agrément.  Il  étoit  d'un  tem- 
pérament délicat>  H  veilloit  exac- 
tement fur  fa  fahté.  Les  mets  ordi- 
naires qu'on  fervoit  à  la  commiiu 
naiité ,  ne  lui  fuffifoieiit  pas  -,  il  lui 
^loit  qudque  chofe  de  plus  fin  , 
parce  qu'il  étoit  pertodé  qu'une 
nourriture  groflîere  ne  pouvoit  pas 
faire  naitre  de  penfées  f)>irituelles. 
Il  atmoit  à  voyager  &  à  changer 
Souvent  dé  demeure.  Il  étoit  con»* 
me  tioraet ,  prompt  à  s'eftflamm'er  ; 
mais  il  rentrait  en  lui-même ,  & 
demandoit  pardon  à  ceux  que  far 
colère  avoir  ofFenfés  ou  fcahdali- 
Tés.  Il  étoit  d*une  lenteur  extraor- 
dinaire à  compofer;  rien  ne  pou- 
vait le  fatbfaire  «  &  il  paiToh 
des  heures  entières  à  limer  usie 
phrafe.  Son  travail  de  chaque  )our 
fe  bomoit  à  11  ou  1 5  lignes.  Quand 
on  lui  patDÎâbît  furpris  de  cette 
lenteur  >  il  ré^ondoit  :  >«  que  lé» 
w  leâeurs  né  s'informoient  pas  d<£- 
M  temps  »  mais  des  beautés  qu'oii 
n  avoit  mifes  en  compofant  un  où- 
H  vrage  «<.  Il  mourut  à  Hvoli  le 
20  Oôobre  160  j,  à  77  ans.  Oft 
a  de  lui  :  I.  De  vita  4*  mcnrihusSanSHm 
IgnàiU ,  in-S''  »  à  Venife  »  1585  :  oti 
fent  que  c'eft  un  en£mt  qui  peint 
fon  pere«  IL  Wftoriarum  Indicarum  H- 
hri  xri ,  phifîeufs  fois  réimprimés 
iii-fol.  &  in-8^  ;  &  à  Bergame,  1747  , 
2  vol.  in-4^.  U  y  a  dans  cette  hîf- 
toire  biea  du  merveilleiuc  ^  qû 
pourroit  Élire  tort  à  ce  qu'il  j  n 
-de  vrai.  On  la  lit  pins  pour  li» 
^^c  >  tr^-pur  U  ttès-élégàm  ^ 
Gg  ÎV 


47^         M  A  F 

quoique  bourfouâé  dsas  certaîflf 

endroits ,  que  pour  les  faits.  Le 
eardin^l  Benùvogâo  dit  que  Tauteur 
parle  bien  latin,  &  aflez  mal  des 
affaires  de  la  guerre  &  du  cabinet, 
&  que  fes  harangues  n'ont  rien 
que  de  foible  &  de  languiflaïu.  Il 
mit  dix  ans  à  la  compofer.  L'abbé 
de  Pure  Ta  aiTez  mal  traduite  en 
françoh ,  à  Paris ,  1665 ,  in-4^.  £lle 
va  iufqu'en  155$.  On  y  trouve  à 
la  fin  la  traduûion  des  Lutns  écri- 
tes des  Indes  par  les  Miffionnaires. 
Grégoire  XIII  chargea  Muffei  d'é- 
crire VHtfiolre  de  fon  pontificat. 
Cet  ouvrage ,  qu'il  laifla  manufcrit , 
a'a  été  publié  qu'en  1741 ,  à  Rome, 
en  2  vol.  in-4°. 

y.  MAFFÉE  ou  Maffei  .  (  Fran- 
çois-Scipion  )  né  à  Vérone  en 
1675  ,  d'une  famille  illuffa-e ,  fiit 
aflbdé  fort  jeune  à  l'académie  des 
Arcades  de  Rome.  A  27  il  foutint 
publiquement  dans  Tuniverfîté  de 
Vérone  une  Tnefe ,  qui  refpiroit  la 
gaieté  de  la  ieuneÀe  &  de  la  poé- 
iie ,  quoique  en  profe.  Elle  rouloit 
toutcy«r  r Amour ,  &  contenoit  cent 
condufions  ;  Taéemblée  fut  nom- 
breufè  &  biillante.  Les  dames  de 
Vérone  y  tenoient  la  place  de  doc- 
teurs :  l'ouverture  fut  une  Puce  de 
PUfie  ;  trois  académiciens  argumen- 
tèrent en  forme.  Le  marquis,  paf- 
£oané  pour  tous  les  genres  de  gloi- 
re ,  voulut  goûter  celle  des  armes.  11 
fe  trouva  »  en  1704 ,  à  la  bataille  de 
Donavert,  en  qualité  de  volontai- 
re. L'amour  des  lettres  le  rappela 
bien-tôten  Italie.  U  eut  alors  à  fou^ 
tenir  une  autre  efpeçe  de  guerre  :  il 
combatdt  le  préjugé  odieux  &  ri- 
dicule du  duel ,  à  l'occafion  d'une 
querelle  où  fon  frère  aîné  étoit 
.^i^gagé.  U  ât  un  livre  p^iein  de  fa- 
vantes  recherches ,  fur  les  ufages 
des  anciens  pour  terminer  les  dif- 
férenîs  à&%  pai;ûcuUers  :  il  y  fit  voir 
aux  duellifteà,  que  ce  prétendu  poini 
d'honneur  &  le  duel  cû^ui-mêmç 


M  A  F 

font^ppoféi  à  la  religion ,  au  bot 
fens ,  &  à  l'intérêt  de  la  vie  civile. 
Le  marquis  Maffei  s'attacha  enfuite 
à  réformer  le  théâtre  de  fa  nadoo. 
U  publia  fa  Métope  ;  jamais  Tragé- 
die n'eut  un  fuccès  fi  brillam ,  ai 
û.  foutenu.  Le  marquis  voulut  auffi 
.épurer  la  Comédie^  il  en  fit  une, 
fous  le  titre  de  la  Cérémonie,  qui 
iiit  applaudie.  Sa  réputation  étoit 
répandue  dans  toute  rEurope^ 
quand  il  vint  en  France  en  ij^i» 
Son  féjour  à  Paris  fut  de  plus  de 
4  années.  On  vit  en  lui  un  génie 
étendu,  un  efprit  vif,  pénétrant, 
avide  de  découvertes»  &  très-proprt 
à  en  Eure;  une  humeur  enjouée, 
un  coeUr  naturellement  bon,  fin- 
cere ,  défintérefle ,  ouvert  à  l'anû* 
dé ,  plein  de  zèle  pour  la  religion 
&  fidelle  à  en  remplir  les  devoirs.  A 
peine  voulut-on  s'appercevoir  qu'il 
fe  prévenoit  aifément  de  fes  propres 
idées ,  qu'il  étoit  délicat  fur  le  point 
d'honneur  littéraire  ,  fouffrant  im- 
patiemment la  contradiâion,  trop 
abfolu  dans  la  difpiite,  &  qu'il 
fembloit  vouloir  oire  régner  fes 
opinions  comme  par  droit  de  coa- 
qucte.  De  France ,  le  marquis  Mafâ 
pafla  en  Angleterre  -,  de  là  en  Hol- 
lande ,  &  enfuite  à  Vienne  ,  où  il 
reçut  de  l'empereur  Charles  VI  des 
éloges  plus  flatteurs  pour  lui  que  ks 
titres  les  plus  honorables.  De  re- 
tour en  Italie ,  il  parcourut  toute 
la'fphere  des  connoiiTances  hu- 
[maines.  Cet  homme  célèbre  mou- 
rut en  175 5, à  80  ans.  LesVéro- 
nois  l'avoient  chéri  avec  une  efpece 
d'idolâtrie.  Pendant  fa  dernière  ma- 
ladie on  fit  des  prières  publiques, 
&  le  confeil  lui  décerna ,  après  fa 
mort  ,  des  obfeques  folenncllcs. 
On  prononça  dans  la  cadiédrale 
de  Vérone  fon  oraîfon  funèbre. 
Perfonne  n'ignore  cette  infcriprion  ! 
énergiqup  :  Au  Mabquis  Scjpio» 

MaFFEJ  ,  ENCORE  VIVANT  ,  mifc 

au  bas  de  foa  bufle  ^  qu'il  trouva^       | 


M  A  F 

fon  retour  à  Vérone  ,  placé  i 
l'entrée  d'une  des  faites  de  l'aca- 
démie. Le  catalogue  de  fes  ou- 
vrages femble  être  celui  d'une 
bibliothèque.  Les  principaux  font  : 
L  Rime  e  Profe^i  Venife ,  1719, 
in-4°.  IL  La  ScUn^a  CavaÛtrtfca^  à 
Rome ,  1710 ,  in-i4°.  Ce  livre  con- 
tre l'ufagc  barbare  des  duels ,  paâe 
pour  excellent.  Il  en  a  paru  fix 
éditions  :  la  dernière  a  été  com- 
mentée par  le  Père  Faoii ,  membre 
de  l'académie  des  Arcades.,  fous 
le  nom  de  Tcdalgo.  III.  La  Mérope^ 
tragédie.  U  y  en  a  eu  pluâeurs 
éditions.  La  3*, en  1714,  in-8®  , 
à  Modene,  <eft  ornée  dun  Dif- 
cours  du  marquis  Orfi,  La  8* ,  à 
Londres,  172 1,  in-8°,  eft  avec  un 
Difcours  &  des  notes  du  P.  Séhaf- 
tUn  Paoli  de  Lucques  ,  qui  s'eil 
caché  fous  le  nom  de  Tidalp>  Paf" 
tore.  Cette  tragédie  a  été  traduite 
deux  fois  en  profe  françoife  :  la 
première  traduâion  efl  attribuée  à 
Freru ,  fecrétaire  de  l'académie  des 
iofcriptions  &  belles  -  lettres  :  elle 
parut  avec  le  texte  italien  en  17 18  , 
in-i2,  à  Paris.  La  2^,  imprbnée 
dans  la  même  ville  en  1743 ,  in-8° , 
uns  le  texte,  efl  de  M.  l'abbé  D.  B.. 

IV.  Traduuori  ItalUni  y  o  fia  notifia 
éU  volgan\\amenti  d^aniUhl  Scrîuori 
Latùtle  Greciy  à  Venife,  1720 ,  in-8^. 

V.  Teatro  îtaUano  ,  o  fia.  fcelta  di 
Trageâi  per  ufo  délia  fccna ,  en  3  vol. 
in-8^.  VI«  CaJJiodori  complexiones  in 
Epijiolaj  &  AHa  Apoftolorum  &  Apo» 
ealypfinty  ex  vesuftijifimis  memhrants 
enitee ,  à  Florence,  1721 ,  &  à  Ro- 
terdam  ,  1738.  VII.  Iftoria  éUploma- 
tica ,  che  ferve  d'introdunione  alParu 
ffitiai  in  taP  materiay  1727,  in-4^. 
Ceft  une  hifloire  de  la  fcience  di- 
plomatique «  qui  peut  fervir  d'iiî- 
troduâlon  à  ceux  qui  veulent  s'y 
appliquer.  VIII.  De  gU  Anfiteafn\ 
êfingolarmeme  de  Verontfe^  à  Vérone, 
1728.  IX'.  ^uppUmentum  Acadantm, 
monumtnta  nunfuam  édita  çontlnens  ^ 


MAC         47T 

à  {Vemfe ,  1728.  X.  Mufdatm  Vcro^ 
nenfe ,  1729 ,  in  -  folio  :  c'eft  un 
recueil  d'infcriptioïrs  relatives  à  fa 
patrie.  XI.  Verona  illuftrata ,  in-fol.  » 
a  Vérone ,  1732 ,  en  4 -vol.  in-8^. 
La  république  de  Venife ,  à  qui 
l'auteur  dédia  cet  ouvrage  >  le  dé- 
cor» d'un  titre  qui  ne  fe  donne 
qu'à  la  première  nobleffe,  avec  de» 
revenus ,  des  immunités  &  des  pri- 
vilèges. XII.  U  primo  canto  deU* 
Iliade  d*Omero^traduuo  in  verfi  ha- 
liani^k  Londres  ,  1757»  en  vers 
non  rimes.  XIIL  La  Reli^one  di 
Gentili  nel  morire  ,  ricavatJ.  da  m 
haJfo'Tevelo  antîcho ,  ehe  fi  conferva  in 
Parigi ,  à  Paris ,  17  3  6 ,  in  -  4®.  XIV. 
OJferva^ioni  leturarie  ^  che  poffonofer-' 
vire  di  continua-^one  al  Giornale  dç 
Letterati  d^Italia.  XV.  On  a  encore 
de  lui  un  ouvrage  fur  la  Grâce, 
C'eft  une  Hiftoire  théologique  de 
la  dodbine  &^es  opinions  qui 
om  eu  cours  dans  les  cinq  premiers 
fiecles  de  l'Eglife,  au  fujet  de  la 
Grâce ,  du  Libre  arbitre  &  de  la 
Prédcftination  ;  elle  eft  en  italien , 
&  fîit  imprimée  à  Trente  en  1742. 
Maffci  y  a  joint  quelques  écrits  théo- 
logiques qu'il  avoit  déjà  compofés. 
XVl.  Des  Editions  eftimées  de  quel- 
ques Pères...  U  ne  fout  pa?  le  con- 
fondre avec  Signello  Scipion  Majftmi^ 
de  Tortone,  auteur  d'une  bonne  Hi/» 
toire  de  la  ville  de  Mantoue  en  italien* 

MAGâHAH  ,  Voy.  AuHADi. 

MAGALHAENS,   Foye^    Ma- 

GELLAN. 

MAGALLIAN ,  (Côme)  Jéfuîte 
Pormgais ,  dont  on  a  des  Commen- 
taires fur  Jofué  ^  les  Juges  ,  les  Epî- 
tres  à  Tiu  &  à  Timotkée ,  &  d'au- 
tres écrits,  occupa  une  chaire  de 
théologie  à  Conimbre ,  où  il  mou- 
rut en  1624,  dans  fa  73^  année. 

MAGALOTTI ,  (  Laurent  )  né 
à  Florence  en  1637,  fut  employé 
dans  plufieurs  négociations  impor-* 
tantes.  Il  alla  dans  diverfes  cours 
de  TEurope)  en  qualité  d'envoyé 


du  grand -duc  ,  «pii  llioaoni  et 
la  charge  de  coofeiller  d*état.  11 
devint  membre  de  la  fodété  royale 
de  Londres  «  de  Tacadémie  de  la 
Crufca,  &  de  celle  des  Arcades  de 
Rome.  11  mourut  le  %  Mars  171 1 , 
é  74  ans.  Magaloaî  étoit  très-diffi- 
cile fur  Tes  écrits; rien  neponvoit 
contenter  fa  délicatefle  fcrupulcufe. 
^n  exaâitude  s*étendoit  même  fur 
les  difcours  les  plus  familiers ,  qui 
inroiflbient  aum  étudiés  que  fes 
«crits.  On  frappa  à  fon  honneur 
une  médaille ,  dont  le  revers  eft 
un  Àpolion  rayonnant,  &  la  légende  : 
Vmnij  LUSTRAT.  On  a  de  lui  un 
grand  nombre  d'ouvrages.  Les  prin* 
Icipaux  font  :  I.  Le  ReaUU  du  £xpé^ 
menées  Élites  par  l'académie  tUl  Cl' 
mtmto  dont  il  étoit  fecrétaire,  à  Flo- 
rence^ 1^7  et  169 1,  in-fol.  L'exac- 
titude des  expériences  &  la  ji^efTe 
des  réflexions  ne  font  pas  le  feul 
mérite  de  ce  livre.  Il  eft  écrit  avec 
îme  élégance  recherchée,  peu  or^ 
din«re  à  ce/fortes  d'ouvrages.  II. 
Lettres  fandtUrts  contré  Us  Athies  y  eà 
italien ,  1741 ,  in- 12,  III.  Des  A»- 
iévons  de  II  Chine,  &e,  IV.  Latere 
fiienttfichey  17H  »,  W-4**  >  *  voL 
"V.  Can\onau  anatreonùchft  di' Un- 
doro  Elauo^  1713  »  in-8^,  VL  Open^ 
Ï762,  in-8*. 

MAGATUS,(  Céfar)  né  en  1 579, 
à  Scandiano ,  fut  lait  doôeur  en 
médecine  à  Bologne  Tan  1597, 
6c  profefleur  à  Ferrare  en  161 3.  Il 
s'attacha  particulièrement  à  mon- 
trer les  défauts  de  la  méthode  de 
^anfer  les  plaies  qui  étoit  alors  en 
itûge ,  &  fubilitua  une  pratique 
appuyée  d  une  expérience  fuivie 
û  réfléchie.  Il  donna  à  ce  fujec 
cm  bon  traité  intitulé  De  tara  me- 
Jècadonefwilncrum  ,  Venife,  ï6i6  , 
in-fbl.  Leipzig,  1733 , 1  vol. in-4^ 
Sur  la  fin  de  fes  jours  il  fe  fît 
Capucin ,  &  mourut  en  1647.  Son 
frère  Jeaf-B\ptiste  fe  diflingua 
ftu£  dans  la  médecine  ;  oa  a  de 


M  AG 

lui  Cù9ifidera^nâs  médiat ,  tolopiii 
1637,  in-4^ 

MAGDALEH,  pritre  Angloîf , 
8c  chapelain  de  iS/cAtfr<f//.  Comme 
il  refTembloit  beaucoup  au  roi  par 
les  traits  du  vifage  &  par  la  talle, 
quelques  iéigncurs  révoltés  le  re- 
vêtirent ,  en  1 399 ,  d'habits  royaux , 
aprèl  Taflâffinat  de  Richard,  &  le 
Itfent  reconnoitre  par  un  grand 
nombre  d'Anglois.  Mais  le  nou- 
veau roi  Henri  IV  ayant  pris  quel- 
ques-uns des  principaux  du  paitt  , 
toute  cette  troupe  fe  diflîpa.  Ma^ 
daim ,  &  un  autre  chapelain  du  roi , 
tâchèrent  de  fe  fauver  en  Ecofie  : 
on  les  prit  &  on  les  enferma  dans 
la  tour  de  Londres.  Ils  fiirent 
tous  les  deux  pendus  &  écartdéi 
en  1400. 

I.  MAGDELENE ,  (  Ste  Marie  ) 
ainfi  nommée  du  bourg  de  Mag- 
dala ,  iimé  dans  la  Galilée  près  la 
mer  de  Tibériade  ,  fnt  guérie  par 
Jefuâ ,  qui  chafTa  fept  Démons  de 
fon  corps.  Elle  s'attacha  à  lui  ,  & 
l'accompagna  dans  tous  fes  voya- 
ges. Elle  le  fuivit  au  Calvaire  i  & 
après  l'avoir  vu  mettre  dans  le 
tombeau  ,  elle  retourna  à  Jérufii- 
len  préparer  des  parfums  pour 
l'embaumer.  Le  furlendemain  elle 
alla  de  grand  matin  au  fépulcre 
avec  les  autres  femmes  ,  &  n'ayant 
point  trouvé  le  corps  ,  die  cou- 
rut en  porter  la  nouvelle  aux  Apô- 
tres, &  revint  au  tombeau.  S'é- 
tant  tournée  ,  elle  vit  lefus  de- 
bout ,  fans  (avoir  que  ce  fût  lui. 
Il  lui  demanda  ce  qu'elle  dier- 
choit  ?  Magdeleney  penfantque  c'étoit 
un  jardinier ,  lui  répondit  :5£  vous 
Pavei  enlevé  *  dites-moi  oà  vous  Pâ" 
re\  mis  ,  ^  je  Vemporteral.  Jefu»  lui 
dit  :  Marie,,,  &  aufli-tôt  le  coimoif- 
fant  à  fa  voix ,  elle  fe  jeca  à  fes 
pieds  poitr  les  baifer.  Mais  Jefrs 
lui  défendit  de  le  toucher  -,  & 
tempérant  aufli-tôt  ce  trifle  refus 
psuf  l'aveu  qu'il  cefleroit  encore 


M  A  G 

ifiel^c  temps  avec  elle  avant  que* 
4'aller  à  fon  Piere ,  il  lui  ordonna 
d'aller  annoncer  cette  nouvelle  con^ 
folante  à  fes  frères.  On  ne  fait 
plus  rien  de  certain  de  la  vie  de 
Magdclme  ,  que  quelques-uns  ont 
confondue  avec  la  Pcchereffe  dont 
on  ignore  le  nom ,  &  avec  Marie , 
foeur  de  Lazare,  L'hiftoire  de  fon 
Voyage  en  Provence ,  inconnue  à 
toute  Tantiquité  ,  n'a  plus  bcfoin 
d'être  réfutée.  On  crut  avoir  dé-»* 
couvert  fcs  Reliques  dans  la  même 
province  vers  l'an  1279.  L'hifto- 
rien  romanefque  de  cette  décou- 
verte prétend  qu'on  trouva  dans 
le  tombeau  qui  les  renferraoit ,  un 
écriteau  très-ancien  fur  du  bois  in- 
comiptible  ,  contenant  ces  paro- 
les :  Van  fept  cent  ds  la  naitvtté  de 
^foire-Seigneur  ,  te  feiiieme  jour  de 
Décembre  ,  régnant  Odouïa  roi  de 
France ,  du  tçmps  de  fîncurfion  des  Sar- 
rafins  ,  U  Corps  de  Sainte  Marie-Mag- 
'ïclene  fut  trjnsféré  U  nuit  très-fe- 
<réiement  de  fon  fépulcre  d'albâtre 
*a  celui  de  marbre  ,  par  la  crainte  det 
hf  délies.  »  Or  il  eft  à  obferver  » 
^  (  dit  FUury  )  ,  qu'il  n'y  eut  ja- 
*>  mais  de  roi  de  France  du  nom 
»♦  d.*Odouïn  ou  Odoïc  ,  &  que  l'an 
**  fept  cent  régnoit  Chîldebert  III , 
'♦  à  qm  fuccéda  Dagohert  II  juf- 
*»  qu'en  716.  Mais  celui  qui  fa- 
»♦  briqua  l'ecriteau  ,  ni  ceux  qui  le 
**"  découvrirent,  n'en  favoient  pas 
>♦  tant  Vous  avez  vu  d'ailleurs 
**  que  douze  ans  auparavant ,  en 
"  1267  ,.  le  roi  S.  Louis  ,  ac- 
*^  compagne  du  légat  Simon  de 
^  Brie  ,  alla  à  Vezelai  ,  &  y  af- 
«  fifta  à  la  tranflation  àç&  Reli- 
**  ques  de  Ste.  Marie  -  Magde/ene 
»»  d'une  châffe  à  l'autre.  En  re- 
"  montant  plus  haut  ,  vous  trou- 
'♦'verez  que  dès  l'an  11 46  on 
*»  croyoit  avoir  ce  Corps  à  Ve- 
>*  zelài  -,  &  qu'en  898  l'empereur 
*♦  Léon'  le  Philofophe  l'avoit  fait 
*  apporter  à  Conftantinople  j  & 


•       M  KG        47f 

>»  âlfphefe  ,  félon  Cedrentts,  Tbns 
H  ces  faits  ne  font  pas  feciles  à  ac-' 
>♦  corder  avec  la  découvene  de 
>»  Provence  u ,  dont  1  hiftoire  »  fui- 
vant  le  même  écrivain  ,  eft  un 
Ûf[\i  de  Fables  y  mal^inventées par  de» 
ignorons,.,  Voy.  II.  Launoi, 

IL  MAGDELËNE  de  P^zzi, 
(Sainte)  Carmélite  de  Florence  , 
morte  le  27  Mai  1607,  341  ans» 
fut  béatifiée  par  Urbain  VIU  en 
1626  »  &  canonifée  par  Alexandre 
y II  y  en  1 669.  Elle  fut  tourmentée 
par  divenes  tentations ,  &  exerça 
fur  elle-même  beaucoup  d'aufléri- 
tés.  Sa  P^  a  été  écrite  en  italien' 
par  Vincent  Puchinî ,  &  traduite  en 
françois  par  Brochand  ^  &  en  latin 
par  Papebrock,  On  en  trouve  un 
abrégé  dans  les  Vies  des  Saints  de 
Baillet  y  au  mois  de  Mai. 

m.  MAGDELËNE  de  France  . 
fille  du  roi  François  /,  &  femme 
de  Jacques  V  roi  d'Ecoffe.  Ce  prin- 
ce, prévenu  favorablement  par  les 
bruits  publics  pour  l'efprit  &  la 
beauté  de  cette  princeffe  y  réfolut 
de  la  mériter  en  fecourant  François 
ly  dans  le  temps  qu'on  appréhen- 
doit  que  l'empereur  n'envahit  la 
Provence  ou  le  Dauphiné.  Mais  » 
malheureufement  ,  une  tempête 
épouvantable  difperfala  flotte  Eco^ 
foife ,  fur  laquelle  il  y  avoit  16000 
hommes  de  débarquement.  Jacques 
ne  laifl[a  pas  d'aborder  à  Dieppe  « 
&  de  prendre  la  pofte  pour  sdlet 
demander  à  François  fa  fille  en  ma- 
riage. Ce  monarque  généreux ,  fol- 
licite  par  un  prince  auffi  généreux 
que  lui,  ne  put  lui  refufer  l'objet 
de  fa  demande.  Magdelene  fiit  ma- 
riée à  Paris  le  i®'  Janvier  1536, 
&  mourut  de  la  fièvre  en  EcolTe 
dès  le  7  Juillet  fuivant. 

MAGDELENET ,  Voyei  Made- 

LENET. 

MAGELLAN ,  (  Ferdinand  )  au- 
tremçntFernando  de  Magalhaens, 
capitaine  Portugais ,  s'eft  immorta* 


476        M  A  G 

UTé  par  Tes  découvertes.  H  -  com- 
mença fes  expéditions  par  la  con- 
qjdètt  de  Malaca,  £ûte  en.  1510» 
&  dam  laquelle  il  combattit  fous  ^ 
le  Grand  4*Albuquerque  ,  appelé  le 
Mars  Portugais.  Il  fe  diftingua  bien- 
tôt, tant  par  fa  bravoure  que  par 
fon  intelligence  dans  l'art  de  la 
navigation  ,  &  par  une  connoif- 
fance  exaâe  des  côtes  des  Indes 
Orientales.  A  fon  retour  en  Por- 
tugal ,  il  fe  crut  en  droit  de  de- 
mander une  récompenfe  au  roi 
Emmanuel,  N'ayant  pu  l'obtenir , 
il  renonça  pour  jamais  à  fa  pa- 
trie ,  &  alla  offrir  fes  favices  à 
Charlcs-Qulnî  pour  la  conquête  des 
iiles  Moluques.  L'empereur  n'héiita 
point  à  lui  confier  une  flotte  de 
dnq  vaifTeaux,  &  MagiUan  partit 
en  1^19.  Lorfqu'on  fut  à  la  hau- 
teur de  Rio- Janeiro ,  la  chaleur  de 
ce  nouveau  climat  caufa  tant  de 
maladies  dans  la  flotte  ,  que  tout 
l'équipage  découragé  jugea  qu'il 
étoit  impoilible  de  pourfuivre  cette 
entreprife.  Le  tumulte  alla  fi  loin , 
que  Magellan  fut  obligé  de  punir 
de  mort  les  principaux  chefs  de  la 
révolte  ,  qui  étoient  Mandoce  & 
Çmxada  ,  Caflillans  diflingués.  Il 
fit  hiverner  fa  flotte  dans  un  cajp 
fitué  au  52*  degré  ,  où  l'on  ap- 
perçut  des  hommes  d'une  taille  gi- 
gantefque  ,  &  il  l'appela  le  Cap 
des  Vierges  ,  parce  qu'il  avoit  été 
découvert  le  jour  de  Sie  Urfule, 
A  II  lieues  de  ce  cap  il  entra 
dans  un  détroit  auquel  il  donna 
fon  nom  ,  dont  la  bouche  avoit 
une  lieue  de  largeur,  &  qui  étoit 
bordé  de  montagnes  fort  efcarpées. 
H  y  pénétra  environ  jufqu'à  50 
lieues  ,  &  rencontra  un  autre  dé- 
troit plus  grand ,  qui  débouchoit 
dans  les  mers  Occidentales  -,  il 
donna  à  celui-ci  le  nom  de  Jafon 
Portugais,  £nfin ,  après  une  navi- 
gation de  1500  lieues  depuis  ce 
(ap  ,  il   découvrit  pluûeurs  iiles 


M  A  G 

habitées  *  par  les  Idolâtres  /  &  il 
prit  terre  à  celle  de  Zaha.  Les  Es- 
pagnols y  furent  reçus  avec  hos- 
pitalité par  le  fouverain  du  pays  » 
qu'ils  inâruiiirent  &  convertirent. 
à  la  foi.  Ce  prince  engagea  Ma» 
g/tUafi  à  fe  joindre  à  lui  pour  Êiirc 
la  guerre  au  fouverain ,  de  l'ifle 
de  Mdtan  ;  &  à  l'aide  de  Efpa- 
gnols  ,  il  remporta  fur  lui  de 
grands  avantages.  Mais  craignant 
que  dans  la  fuite  la  même  valeur 
qui  l'avoit  il  bien  fervi  contre  fes 
ennemis ,  ne  fe  tournât  contre  lui- 
même  ,  il  fit  périr  Magellan  en  1 5  21. 
Le  bibliographe*  £fpagnol ,  Nicolas 
Antonio ,  afliire  que  le  Routier  des 
navigations  de  Magellan  étoit  ma- 
nufcrit  entre  les  mains  d'Aatonîa 
Moreno  ,  coimographe  de  la  Con- 
traûation  de  Séville.  On  en  trou- 
ve une  Defcription  abrégée  dans 
le  Reaieil  de  Ramufio, 

MAGEOGHEGAN,  (Jacques) 
prêtre  Irlandois,  habitué  à  la  pa- 
roiffede  Saint-Merry  à  Paris  ,  mou« 
rut  en  1764,  à  63  ans.  Cétoit  un 
homme  laborieux ,  &  auiH  attadié 
à  fa  patrie ,  que  les  Juifis  de  la  cap- 
tivité l'étoient  a  Jéruialem.  Il  tSi 
auteur  d'une  Hiftoire  dlrUnd^^  Pa- 
ris,  1758 ,  3  vol.  in-4**.  Cette  Ifif- 
toire,  remplie  de  recherches  que 
l'on  ne  trouve  pas  ailleurs ,  eil  la 
feule  que  nous  ayons  de  ce  pays* 
L'auteur ,  comme  Irlandois  &  com- 
me Catholique  ,  n'efl  pas  favorable 
aux  Anglois.  Son  (lyle  pourroit 
être  plus  élégant. 

I.  MAGGl,  (  Jérôme  )Afdg%îitf, 
c^Anghiari  dans  la  Tofcane ,  eut 
du  goût  pour  tous  les  arts  "tf.  pour 
tomes  les  fciences,  &  les  culdva 
avec  fuccès.  Quoiqu'il  eût  culdvé 
la  jurifprudence ,  il  s'adontia  par- 
ticulièrement à  la  partie  des  maàié- 
n^atiques  qui  regarde  Tarchiteâure 
militaire.  Ses  talens  déterminereat 
les  Vénidens  à  lui  donner  la  charee 
de  juge  de  l'amirauté  dans  l'ilc 


M  A  G 

^e  Chypfe.  Falnagoufte  ,  affië- 
gée  par  les  Turcs,  trouva  dans  hii 
toutes  les  refîburces  qu'elle  aurolt 
pu  attendre  du  plus  habile  ingé- 
nieur. Il  défeipéra  les  aflîégeans, 
pat  les  machines  qu'il  inventa  pour 
détruire  leurs  tiavaux  -,  mais  ils  en- 
tent leui*  revanche.  La  ville  ayant 


M  A  G        477 

Leçons ,  1564 ,  in-8®.  Tous  ces  oij- 
vrages,  écrits  a^e;E  élégamment  en  U* 
tin,  font  remplis  de  recherches.  Mag^ 
produifoit  peu  de  lui-même ,  &  fe 
cotitentoit  de  recueillir  les  penfëes 
des  autres.  On  a  encore  de  hii  uâ 
Traité  des  Fortifications  ,  en  italien-^ 
15  89^  în-folio.  Il  y  propofe  diverfes 


étéprife  en  15 71,  ils  pillèrent  la'  machines  de  guerre    fort   curieux 
bibliothèque  de  Magp ,  Temmene-     fes ,  &  dont  quelques-unes  étoieift 


rent  chargé  de  chaînes  à  Conftan* 
tinople ,  &  le  traitèrent  de  la  ma- 
nière la  plus  barbare.  Il  fe  confola 
néanmoins ,  à' l'exemple  d'E/ope  de 
Menippe  ,  A*Epicteu^  &  de  divers 
autres  fagcs  qui  avoient  été  efda- 
vcs  comme  lui.  Après  avoir  tra- 
vaillé tout  le  jour  à  des  ouvrage! 
bas  &  méprifables  ,  il  pafToit  la 
suit  à  écrire.  Il  compofa ,  à  l'aide 
de  fa  feule  mémoire ,  des  Traités 
remplis  d'érudition ,  qu'il  dédia  aux 
ambaffadcurs  de  France  &  de  l'era- 
ptreur.  Ces  deux  miniftres ,  tou- 
chés de  ccmipaffion ,  voulurent  le 
racheter  *,  mais ,  tandis  qu'ils  trai- 
toient  de  fa  rançon ,  Maggi  trouva 
le  moyen  de  s'évader  &  de  fe  fau" 
ver  chez  l'ambaffadeur  de  Tempe* 
reur.  Le  grand-vifir ,  irrité  de  cette 
évafion,  l'envoya  reprendre,  &  le 
fit  étranger  dans  fa  prifon  le  17 
Mars  1571.  Cétoit  un  homme  d'une 
profonde  érudition  ^  laborieux  , 
hofti  citoyen ,  ami  fincere ,  &  digne 
d'une  meilleure  fortune.  Ses  prin- 
cipaux ouvrages  font.:  I.  Un  traité 
Z>e  TîHtmnahulis  ^  à  Hanau,  in-8^; 
1608.  èe  traité  des  Cloches  cft  très- 
favant;  8c,  ce  qu'il  y  a  de  plus 
extraordinaire,  c'eft  que  l'auteur 
le  fit  de  mémoire.  //.  Un  autre 
DcEqmUo,  Hanan;  in-$^,  1609, 


de  fon  invention.  Un  livre ,  De  /a 
fitujtion  de  l* Ancienne  Tofcane^ 

IL  MAGGI,  (Barthélemi)  mé- 
decin ,  frère  du  précédent,  naquit 
en  1477  f  &  mourut  à  Bologne  â 
patrie  en  1551,  à  75  ans.  Nous 
avons  de  lui  un  Traité  fur  la  gué* 
rifon  des  plaies  Eûtes  par  les  arr 
mes  à  féu ,  15  5  2 ,  in-4®  ,  Bologne , 
en  latin...  Il  ne  faut  pas  le  con*> 
fondre  avec  François- Marie  Mag^^ 
Gl  ,^qui  a  publié  Syntagmata  Ungtùi'^ 
mm  Géorgie ,  Romae  »  1670 ,  in- 
folio. 

I.  MAGINI ,  (Jacques)  Magi'^ 
nus ,  Auguftin ,  mort  vers  i42ï^ort 
igé,  eft  auteur  d'un  livre  de  théo- 
logie aflez  rare,  intitulé:  Sopho*. 
iogium  ,  Paris ,  1477  »  in-4'*.  H  y  ^n 
a  une  édition  plus  ancienne ,  fans 
date.  ' 

II.  MAGINI ,  (  Jean-Antoine) 
G^ébre  agronome  &  mathémad«- 
cien ,  natif  de  Padoue ,  enfeigna  à 
Pologne  avec  réputation.  Ce  favaiit 
étoit  infeûé  des  erreurs ,  trop  com* 
munes  alors ,  de  l'aflroiogie.  Il  dé 
mèlôit  audi  de  tirer  des  horofco- 
pes ,  &  il  a  écrit  fur  cette  matie-» 
re  aufli  obfciA-e  que  ridicule.  H 
mourut  à  Bologne  le  it  Février 
1617 ,  à  61  ans.  On  a  de  lui  :  I.  des 
Ephémérides.ll.  Nova  caUfiium  orbium 


m.  De  Mundi  exido  per  contbuftio'*  theorU,  Quoiqu'il  penchât  pour  le 

non ,  IWtî  r  ,  Bàlc ,  15  61 ,  in-fol.  fyftème  de  Copsmîc ,  il  foutient  dan^ 

TV.  Des  Commentaires  iw^os  Vies  cet  ouvrage  celui  deP^o/o/ns^^  qu'il 

des   Hommes  illuftres    A^JEmiTtus  tâche  de   corriger   &  d'expliquer* 

^rohus  ,  in-fol.  V.  Des  Commentai"  Ce  n'eft  pas  qu'il  le  crût  meilleur 

^ts  fur  tes  ln/£tuts  die  Juftiaien  ,  in-  que   l'autre  \  mais  vraifemblable- 

^^  yi,  DeiM4^MgUi  ou^divârfes  mtnt  il  redoiypit  Hnquiiiiioa  tf^ 


47$        MAC 

ffegardoitles  Copenûâciis  die 
raisceil.  IIL  Des  Coamunuinsi)XC 
la  Géographie  de  Ptolomi^  IV.  Une 
^eicription  de  Tlalie  ea  60  tables. 
V.Un  Traité  an  Miroir  Ci^ncMVc  fphi' 
fiquc^  traduit  en  françois»  i6zo , 
in-4*'.  U  compofoit  lui-même  de 
farauds  miroirs  concaves  de  cinq 
pieds  de  diamètre,  &  il  fit  en  opti- 
jDue  les  progrès  qu'on  pouvoit  y 
éire  alocs  ;  &  un  grand  nombre 
id'autres  ouvrages  >  peu  recherchés 
sniiourd'hui. 

MAGIO ,  (François-Marie)  ch«- 
snoine régulier,  né  en  i6iz,  mort 
J'ati  1686  à  Païenne,  fut  envoyé 
idans  les  miffîons  de  l'Orient  l'an 
•3636  par  la  congrégation  de  la 
SVopagande.  11  parcourut  la  Syrie  > 
i'Arabie ,  TAnnénie  &  y  fat  beau- 
coup de  fruit.  Par-tout  il  montra 
.qu'il  favoit  allier  un  grand  zèle  à 
beaucoup  de  prudence.  On  a  de 
lui:  1.  Syntdgmata  linguarum  Orient 
gaUwn  ,  Rome  ,  1670  ,  in-fol.  II. 
De  facrts  Cétremoniis,  III.  De  Pauli 
IV  inculp^ta  vita  difqufitlonts  hif- 
torlca»  IV.  Plufieurs  ouvrages  fur 
U  Rituel  &  afcétiques. 

MAGLUBECCHI,  (Antoine) 
né  à  Florence  en  1633,  fiit  d'a- 
bord deftiné  à  i'orfévrerie  *,  mais 
on  lui  laiiTa  fuivre  enfuite  fon  goût 
pour  les  belles-lettres  ,1  &  il  devint 
bibliothécaire  de  Cofnu  II ,  grand- 
duc  de  Tofcane.  U  mourut  à  Flo- 
rence le  14  Juillet  1714»  à  ^i  ans , 
laiâant  fa  nombreufc  bibÛodieque 
'  au  public  avec  un  fonds,  pour 
1  entretenir.  Il  étoit  confuhé  par 
tous  les  favans  de  l'Europe,  & 
adoré  par  ceux  de  Florence.  Con- 
feils,  livres ,  manufcrits  ,  rien  n'é- 
toit  refîifé  à  ceux  dans  qui  il  voyoit  « 
le  germe  de  l'efprit.  Le  cardinal 
NoTÎs  lui  écrivit  ,  qu'i/  hd  étoit 
plus  redevable  de  l'avoir  dirigé  dam 
fes  études ,  qu''aU  Pape  de  l'avoir  ho^ 
noré  de  la  Pourpre,  Sa  vafte  mémoire 

itaahtd&m  tout  U  ponoit  foa  «v^ 


M  A  G 

dite  pour  les  livres,  jufqu'à  Uf# 
ceux  qui  n'étoient  pas  tout-à-Êû 
mauvais*,  &  il  trouvoit  que  fon  temps 
n'étoit  pas  touiours  perdu.  On  a 
imprimé  à  Florence ,  en  1745  ,  un 
recueil  des  différeoces  lettres  que 
des  £ivans  lui  avoieot  écrites ,  in- 
S^  ;  mais  ce  feoudl  eft  incomplet» 
parce  que  MagCaheechi  »  indifféreflC 
pour  tom ,  excepté  pour  l'étude , 
négligeoit  de  mettre  en  ordre  fes 
papiers.  On  a  encore  de  lui  des 
éditions  de  quelques  ouvrées. 

MAGLOIRE(  (S.)  natif  du  pays 
de  Galles  dans  la  Grande-Bretagne, 
couiin  germain  de  S,  Samfom  & 
de  5.  Malo  ,  cmbraila  la  vie  mo- 
nafttque  *  vint  en  France ,  fîit  abbé 
de  Dol  ,  puis  évêque  régionnaire 
en  Bretagne.  U  établit  dans  la  fuite 
un  monaftere  dans  l'ifle  de  Gerièy  « 
où  il  mourut  le  14  Oûobre  575  9 
âgé  d'environ  80  ans.  Ses  reliques 
lurent  transférées  au  faubourg  Sain^ 
Jacques  ,  dans  un  monaftere  de 
Bénédiâins  ,  cédé  aux  Pères  de 
rOratoire  en  162S.  C'eft  aujour- 
d'hui le  Séminaire  Saint^Ma^loire  , 
célèbre  par  les  favans  qu'il  a  pro- 
duits. Ce  faim  homme  cultivoic 
la  po^e,  &  avec  fuccès  -,  c'eft  de 
lui  qu'eft  V Hymne  qu'on  chante  à 
la  Toufiaint  :  Cetlo  quos  eadem  glorié 
çfmfeùrat ,  &ç» 

MAGNAN ,  Voytt,  Maignait. 

MAGNENCE  ,  Germain  d'ori- 
gine ,  parvint  du  grade  de  iîmpie 
foldat  aux  premiers  emplois  de 
l'empire.  L'empereur  Confiant  l'ho- 
nora d'une  amitié  particulière  ,  & 
dans  une  révolte ,  le  délivra  de  la 
fureur  des  foldats ,  en  le  couvraoc 
de  fa  robe.  Magnence  paya  fbn  bien* 
fdteur  de  la  plus  noire  ingratitop 
de  ',  il  le  fit  mourir  en  ^50 ,  après 
s'êire  £nt  proclamer  empereur.  Ce 
crime  le  rendit  maître  des  Gaules, 
des  Ifles  Britanniques ,  de  t'Efpa^ne, 
de  l'Afrique,  de  l'Italie  &  de  l'U^ 
ii«l  Çoii/bmçt  £:  difpofk  à.veoger  J) 


.  M  A  G  M  A  G        47^ 

am  de(onhete'y.ilraaràacotitrè   âîfiësrSlfffmond  ,  roi  de  Pologoe 


Magnm^e ,  &  lui  livra  bataille  on 
351,  près  de  Murfie  en  Pannonie. 
L'ttfiirpateur ,  sçrès  uik  rigoureuse 
rcfiftance  »  fut  oblige  de  prendre 
la  fiiite,  &  Cor  armée  fiit  taillée  en 
pièces.  Il  perdit  peu-à-peu  tous  les 
pays  qyà  Tavoient  reconnu.  Il  ne 
lui  râa  plus  que  les  Gaules  «  où 
il  fc   réfugia.  La  perte  d'une  ba- 
taille, entre  Die  &  Gap,  achera 
de  le  jeter  dans  le  déiefpoir.   Il 
ie  fauva  à  Lyon,  où  après  avoir 
^t   mourir  tous  fes  parens  ,  en- 
tre autres  ùl'  mère  &  fbn  ùtte  ,  il 
le  donna  la  mort  en   355  >  ^  5<^ 
ans.  Ce  tyran  aimoit  les  beUef- 
lettres ,  &  avoit  une  certaine  élo- 
quence gueiriere  qui  plaifoit  beau- 
coup.   Son   air   étoit   noble  ,  fa 
taille  avantageufe  ,  fon  eTprit  vif 
&  agréable  ;  mais  il  étoit  cruel  , 
fourbe ,  dii&mulé ,  &  il  fe  décou» 
rageoit  ûfément.  Sa  tète  &it  por- 
tée par  tout  l'empire.  Aiagnaiçc  fut 
le  premier  des  Chrétiens  qui  où 
tremper  Ces  mains  dans  le  fang  de 
fon  légitiiûe  monarque. 

MaGNET  ,  (  Louis  )  Jéfuite ,.  né 
rân  157^  ,  mort  en  165^,  à  82 
9ns ,  £it  le  rival  du  célèbre  Bw^ 
fhanaa  en  poéfie  ùcrée.  Il  s'eft 
Élit  un  nom  par  fa  Paraphrafe  en 
vers  latins  des  Pfcaunus  &  des 
Candfues  de  l'Ëcriture  £ûnte.  Cet 
auteur  e&  aiTez  bien  entré  dans 
TeTprit  des  écrivains  facrés  ,  & 
n'aâToiblît  que  rarement  la  force  de 
leurs  expreâions. 

MAGNI ,  (  Valerien  )  Magiau , 
célèbre  Capucin  ,  né  à  Milan  en 
1587,  d'une  faniAlle  illuâre  ,  &t 
élevé  aux  eii|pLois  les  plus  impor- 
tans  de  fon  ordre.  Le  pape  Vriain 
VIIl^  inflruit  de  fon  mérite,  le  fit 
chef  des  miifions  du  Nord ,  emploi 
ëom  il  s'acquitta  avec  autant  de 
fuccès  que  de  zèle.  Ce  fut  par  fon 
confeil  que  ce  pontife  abolit  l'or- 
dre dfts  Jffuii^Sps  en  1631,  U^ 


demanda  un  chapeau  de  cardinal 
pour  lui  -,  mais    les  Jéfuites  ^  avec 
lefquels  il  étoit  brouillé  ,  empê- 
chèrent qu'on  ne  l'honorât  de  la 
pourpre.  L'occafion  de  fet  quereU 
les  avec  cet    ordre  redoutable  , 
n'efl  pas  lûen  connue  *,  ce  qu'il  y 
a  de  sûr,  c'eft  que  le  Père  Magfd 
avoit  eÛàyé  fa  plume  contre  la 
morale    corruptrice    de  pluûeurf 
^olo^ens  de  la  Société.  Ses  en* 
nemis  lui  firent  défendre  d  écrira 
par  le  pape  Alexandre  FIL  Le  Ca- 
pucin ne  crut  pas  devoir  obéir  à 
cette  défenfê  >  &  U  publia  quelque 
temps  après  fon  Apolùpe.  Les  Jén 
fuites  irrités  le  déférèrent  conmie 
hérétique ,  &  prirent  pour  prétexte 
de  leur  accufatioa  ^  qu'î/  avoît  avaaeà 
que  la  prmauU  &  PùifaUlHilîU  iv 
Papt  nUtoUtH  pas  fondées  fur  PEcrU 
turc.  On  le  mit  en  prifon  à  Vienne  « 
&  il  n'obtint  £à  liberté  que  par  la 
faveur  de  Ferdinand  llh  U  iè  re^ 
tira,  fur  la  fin  de  (es  joars  ,  â^ 
Saltzbourg  ,  &  y  mourut  de  la 
mort  des  )uftes  en  166I  «  à  7^  aits  g' 
après  en  avoir  paâé  60  dans  foa 
ordre.  On  a  de  lui  quejqucs  ou^ 
vrages  en  latin.  On  trouve  dans 
le  Tom.   Il*    du   Recueil  intitula 
Tyha  magna  ,  tme  Lettre  écrite  est 
fa  prifon  même  :  i)  y  répond  auv 
accufiitioas  intentées  contre  lui  «  & 
le  fait  avec  la  vivacité  qu'infpire/ 
un  caraâere  fougueux  }oint1rla  per« 
fëcution.  Ce  Capucin  ,  zélé  dé&n^ 
ieur  de  la  philofoi^ie  de  Defcar^ 
CM,  fè  déclara  ouvertement  coatra 
les  vieilles  erreurs  d'Ariftotâ ,  qu'il 
combattit  dans  différens  ouvrages* 
On  lui  doit  encore  quelques  /i- 
vres  de  eontroverfe  contre  les   Pro- 
teftans  ,  qu'il  haïfToit  prefque  au-i 
tant  que  les  Jéfuites,  On  coanott 
fa  réponfe  Ênrorite  :  Memîris  tmpw» 
dentîjjimc.  Elle  eft  une  pteuve  que 
fa  franchife  tenoit  un  peu  de  la 
gr^fficr^  ft  4^  l'impolitefle,  Xa| 


4«o        M  A  G 

vérité  auroit  fans  doute  moins  dé- 
plu dans  (a  bouche  /s'il  avoit  Ai 
lui  donner  le  ton  de  douceur  qu'elle 
4loit  avoir. 

MAGNIERE,  (Laurent)  fculp- 
leur  de  Paris ,  mort  en  1700 ,  âgé 
de  81  ans ,  avoit  été  reçu  en  1667 
de  Tacadémie  royale  de  peinture. 
Ses  talens  Tont  placé  au  rang  des 
plus  célèbres  artiûes  du  fiecle  de 
Zouls  XIV,  Il  a  fait  pour  les  Jar- 
dins de  Verfailles  plufieurs  Ther- 
mes ,  repréfentantC//t:/,  Vîyfft ,  le 
Printemps,  &c. 

MAGNIEZ ,  (  Nicolas  )  ccclé- 
fiaftique  favant  &  laborieux ,  mort 
en  1749  dans  un  âge  avancé  ,  eft 
connu  par  fon  excellent  Diûioii- 
naîre  liin  ,  intitulé  Nor^TWs  , 
Paris  ,  1711 ,  în-4®,  2  vol.  Cet  ou- 
vrage fî  utile  aux  maîtres  ,  &  qui 
fouit  d'une  eftime  méritée ,  n'a  eu 
<pie  cette  édition-,  celle  qui  porte 
1733  ,  n'a  de  différence  que  le 
frontifpice.  On  y  trouve ,  outre  les 
teots'des  auteurs  clafliques  ,  tous 
ceux  de  la  Bible,  du  Bréviaire ,  & 
des  Auteurs  eccléfiaftîques,  les  ter- 
mes des  fciences  ,  les  noms  des 
grands  hommes ,  des  Dieux  de  la 
feMe ,  des  évêchés ,  des  conciles  , 
des  héréfies  ,  &c.  ,  enfin  plus  dç 
£x  mille  mots  qui  ne  font  pas  dans 
les  DiéHonnaires  ordinaires. 
-  MAGNIN  ,  (  Antoine  )  poëtc 
François  ,  originaire  de  Bourg-en- 
BreiTe ,  -&  fubdélégué  de  l'intendant 
de  Bourgogne ,  mourut  en  1708 ,  à 
70  ans.  On  a  de  lui  plufieurs  ouvra- 
ges ,  dans  lefquels  on  remarque  du 
goût,  mais  encore  plus  de  négli- 
gence, l'auteur  étoit  un  de  ces  ri- 
nieurs  fubalternes  ,  qui  barbotent 
toute  leur  vie  dans  les  marais  du 
Parnafie*  Il  ne  connut  point  ceten- 
ihoufiafme  qui  eft  l'ame  de  la  belle 
poéfie.  Cet  auteur  avoit  de  Térudi* 
non ,  &  il  a  laiiTé  plnfieurs  ouvra- 
ges manufcrits. 
:  X.MAGNPL,  iPicrr«)  profeC- 


.    M  A  G 

feur  en  médecine ,  &  direûeur  du 
jardin  des  plantes  de  Montpellier  , 
mort  en  171 5 ,  à  77  ans ,  a  donné  î 
I,  Botanîcon  Monfpelllenfe ,  1686  , 
in-8**,  figures.  IL  Hortus  R^us  Mon/' 
pdllenfis ,  1697 ,  in-8°,  figures.  ïll. 
Novus  Chardcler  Planiarum  ,  1710 , 
in-4*. 

II.  MAGNOL ,  (  Antoine  )  fils  du 
précédent  ,  né  à  Montpellier  en 
1676 ,  fuccéda  dans  la  chaire  de 
fon  père,  &  mourut  en  1759  ,  après 
avoir  publié  :  I.  Novus  Charackr 
Plantantm  ,  Montbeliard ,  1725  ,  ou- 
vrage de  fonpcre.  II.  Dijfenaùode 
nfpiradont,  III.  De  natura  &  caujis 
jLldUads  /angulnls  ;  &  plufieurs  au' 
très  difiertations. 

MAGNON ,  (  Jean  )  poète  Fran- 
çois ,  né  à  Tournus  dans  le  Mâ- 
connois  ^  exerça  pendant  quelque 
temps  la  profefiion  d'avocat  à  Lyon. 
On  a  de  lui  plufieurs  pièces  de 
théâtre,  dont  la  moins  mauvaife 
eft  Artaxerees ,  tragédie.  D  y  a  de 
la  conduite,  de  beaux  fentunens, 
&  quelques  caraderes  pafiablement 
ibutenus.  Ce  poète  quitta  le  genre 
dramatique ,  &  conçut  le  defiein  de 
produire  en  dix  volumes  ,  chacnn 
de  vingt  mille  vers ,  une  Encyclo- 
pédU,  Il  n'eut  pas  le  temps  d'exécu- 
ter ce  projet  ridicule ,  ayant  été 
afTafilné  une  nuit  par  des  voleurs 
à  Paris  en  1662.  Une  p^edefofl 
ouvrage  parut  en  1663  ,  in-4**, 
fous  le  titre  emphafique  de  Sàmu 
mivtrfeUe ,  &  avec  une  préface  en- 
core plus  emphatique.  Lu  BihSo^ 
theques  ,  dit-il  au  Leâeur  ,  ne  te  fer" 
riront  plus  que  ffun  ornement  muiik. 
Quoiqu'un  lui  ayant  desâandé  ÎL 
fon  ouvrage  feroit  bientôt  Êdt  ? 
Bientôt  ,  répondit-il  *,  je  n*ai  plat 
que  cent  nùlU  yers  à  faire.  On  ni 
doit  pas  s'étoimer  de  la  merveil* 
leufe  fiaciHté  de  Magnon.  Ses  vers 
font  peut-être  ce  que  nous  avons 
de  plus  lâche ,  de  plus  incorreâ ,  de 
plus  obfcur  &  de  plus  rampant  daoi 

la 


M  A  G 

k  poéfie  Françoifc.  L'auteur  avQit 

pourtant  été  ami  de  Molière  -,  mais 
il  profita  peu  des  confeils  de  ce 
^and  homme. 

I.  MAGNUS  ,  (Jean)  archeyè- 
^e  d'Upfal  en  Suéde  ,  né  à  Lin- 
coping  en  1488  ,  s'éleva  avec  force 
contre  le  Luthéranifme ,  &  travailla 
en  vain  à  empêcher  le  roi  G^/iave 
de  l'introduire  dans  fes  états  :  ce 
monarque  répondit  à  fes  remon- 
«ances  par  des  pcrfécutions.  Mag-^ 
nus  fe  retira  à  Rome  ,  y  reçut  beau- 
coup de  témoignages  d'eftime ,  & 
y  maurut  en  1544  ,  à  56  ans  , 
après  «voir  public  :  I.  Une  Hiftoire 
de  Suéde  en  24  livres ,  intitulée  Go- 
éhorum  Sutonumque  ht/iorla.  ex  probads 
iintiquormn  monumcnùs  colUcU^  ^  5  5  4  $ 
in-fol.j  Bâle,  1558,  in-8^,  Ouvrage 
publié  avec  des  additions  par  Olaûs 
Magaus  fon  frère.  II.  Celle  des 
Ardievêques  d'Upfal ,  ^ous  le  titre 
HlfioTÎa  MuropoUtoTM  Eccîejue.  Up^ 
faUnfis  ,  in  rcgnîs  Suecia  &  Gothia  , 
À  Jeanne  Magno  Gotho  ,  fcdls  apof- 
tolîcx  legato  ,  &  ejufdem  eccUJîa  ar- 
chicpi/eopo  ,  coLkHa,  Optra  Oldi 
JMagni  Gotht  ejus  frturis  in  lucem 
tdita  :  Rome ,  1 560  ,  i  vol.  in-fol. 
On  trouve  dans  ce  livre  de  quoi 
^rétablir  la  vérité  des  faits,  de  dé- 
truire les  calomnies  des  Luthériens 
contre  cet  illuftre  archevêque  , 
homme  d'un  zèle  ferme  &  d'une 
droiture  inflexible. 

II.  MAGNUS,  (Olaus)  frère  du 
pïécédent ,  auquel  il  fuccéda  l'an 
J544,  dans  l'archevêché  d'Upfal, 
parut  avec  éclat  au  concile  de  Trente 
en  1546»  &  fouffrit  beaucoup  dans 
fon  pays  pour  la  religion  Otholi- 
^ue.  On  a  de  lui  :  L'Hiftoire  des 
moeurs  »  des  coutumes  &  des  guerres 
des  peuples  du  Septentrion ,  fous  le 
titre  :  Hlfloria  Gentium  Septentriona- 
iium ,  Rome ,  1555,  in-folio-  Cet 
ouvrage  renferme  des  chofes  curieu- 
fes ,  mais  quelques-unes  femblent 
jlprelefruitde  la  crédulité.  Lauteuç 

Tonii  V^ 


MAG         A%i 

y  montre  un  grand  attachement  à  la 
foi  catholique ,  &  un  zèle  ardent 
contre  les  FroteAansw  II  mourut  à 
Rome  vers  i  j  60. 

MAGNUS,  Koj«îMagni. 

I.  MAGON  Barcée  »  général 
Carthaginois  ,  envoyé  en  Sicile 
l'an  394  avant  Jcfus-Chrift ,  con- 
tre Denys  U  tyran  ,  fut  défait  dan» 
le  premier  combat  \  mais  ayant  re- 
mis une  puilTante  armée  fur  pied 
l'année  fuivante ,  il  battit  le  Tyran 
&  lui  accorda  la  paix.  La  guerre 
s' étant  rallumée  ,  les  Cartliaginois 
firent  une  nouvelle  tentative  int 
la  Sicile.  Magon  étoit  à  la  tête:  il 
livra  bataille  aux  ennemis  ^  &  fut 
tué  l'an  389  avant  Jefus-Chrift...w 
Magon  Barcée  fon  fils  lui  fuc« 
céda  dans  le  commandement ,  &  fuc 
encore  moins  heureux.  Epouvanté 
par  l'arrivée  de  TimoUon  ,  général 
des  Corinthiens ,  il  quitta  précipi* 
tamment  la  Sicile.  On  lid  fit  fon 
procès,  U  prévint  le  fupplice  par 
une  mort  volontaire ,  l'an  343  avanÈ^ 
Jefus-Chrift.  Les  Cardiaginois  firent 
attacher  fon  cadavre  à  une  croix  » 
pouréternifer  fa  lâcheté  &  fon  in- 
famie. 

Ïl.  MAGON,  frère  A'Anmbal^ 
fe  fignala  avec  lui  à  la  bataille  de 
Cannes  ,.&  porta  ia  nouvelle  de  cette 
victoire  à  Carthage.  Pour  donner 
une  idée  fenûble  de  cette  a£lion  >  il 
fit  répandre  au  milieu  du  fénat  trois^ 
boiffeaux  d'anneaux  d'or  »  tirés  des 
doigts  des  chevaliers  Romains  tués 
dans  le  combat,  l'an 216  avant  Je-. 
fus-Chrifté  Magon  fut  envoyé  en-*, 
fuite  contre  Sdpîon ,  en  Efpagnc  -, 
mais  il  fut  battu  près  de  Cartha^ 
gène ,  &  pourfuivi  fur  le  bord  de 
la  mer.  Il  fe  retira  dans  les  IJUs  Ba* 
léarts  ,  connues  aujourd'hui  fous 
les  noms  de  Majorque  &  de  Minora 
que.  Les  habitans  de  ces  iiles  paf*. 
foient  pour  les  plus  habi]es  fron- 
deurs de  l'univers  :  dès  que  les  Car- 
thaginois approchèrent  de  la  prç- 


48i         MAC 

miere*  les  Baîcariens  firent  pleu- 
voir fur  eux  une  fi  effroyable  grêle 
de  pierres  ,  qu'ils  furent  obligés 
de  regagner  la  mer.  Ils  abordèrent 
plus  heureufement  à  Minorquei 
&  le  Port-Mahon  ,  Ponas-Magonls  , 
retint  le  nom  du  général  qui  l'avoit 
conquis.  Le  héros  Carthaginois  palTa 
cnfuite  en  Italie  »  fe  rendit  maître 
de  Gênes ,  fut  battu  &  bleffé  dans 
un  combat  contre  Qmnttlius'Vanu  ^ 
&  mourut  de  fes  bleflures  l'an  203 
avant  Jefiis-Chrift....  Il  y  a  eu  en- 
core un  autre  Magon,  qui  laifla 
XXVI II  livres  fur  V Agriculture,  Ce- 
lui-ci floriflbit  vers  Tan  140  avant 
Jfefus-Chrifi.  De  toutes  les  richcf- 
fes  que  Scîplon  trouva  au  fiege  de 
Carthage  ,  il  ne  conferva  que  l'ou- 
vrage de  Magon  :  il  le  porta  au  fé- 
aat ,  qui  dans  la  fuite  |e  confulta 
fouvènt ,  &  lui  rendit  même  plus 
d'honneur  qu'aux  livres  Sibyllins, 

MAGONTHIER ,  Voyei  Lau- 

BANIE. 

MAGRÏ,  (Dominique)  né  dans 
rifle  de  Malte ,  prêtre  de  l'Oratoire 
&  chanoine  de  Viterbe ,  mort  en 
1672 ,  à  68  ans ,  avoit  une  érudition 
peu  commune  ,  embellie  par  les 
vertus  facerdotales.  Il  laifia  deux 
ouvrages  utiles  :  ï.  Hlerolexicon  , 
1677  ,  in-folio  ,  à  Rome,  compofé 
avec  fon  frère  Charles  ;  c'eft  un  Dic- 
tionnaire qui  peut  beaucoup  fervir 
pour  Tintelligence  de  l'Ecriture- 
fainte.  II.  Un  Traité  en  latin  des 
contrdilHions  apparentes  de  l'Ecriture , 
dont  la  meilleure  édition  eft  celle 
^  1685  ,  in-12,  à  Paris  ,par  l'abbé 
k  Fevre  ,  qui  l'augmenta  confidéra- 
blement  ,  Zc  qui  pourtant  n'a  pas 
épuifé  la  rtlatiere.  III.  Dont,  Magrl 
a  compofé  la  Vie  de  Laùnus  Latî- 
nlus ,  qui  eft  à  la  tète  de  la  BlbUo- 
theca.  J'tcra  &  profana  de  cet  auteur , 
dont  Ch,  Magri  a  donné  l'édition  , 
Rome  ,  1677  ,  in-fol.  IV.  Vlrtu  dd 
C^fé ,  Ruma ,  1671  ,  ia-4**.  V .  Kiaj^ 


M  A  H 

glo  al  Monte  Uhanv  ,  1664  ,  in-4?; 
On  préfère  celui  de  D.:ndlni, 

MAHaDI,  troifieme  calife  delà 
race  des  Abaflides ,  fils  &  fuccciTeur 
é*Aboa-Glafar  Almanior^e  fit  un  nom 
par  fôn  courage  &  par  fa  fagcCe. 
Après  avoir  remporté  plufieurs  vic- 
toires fur  les  Grecs ,  il  conclut  la 
paix  avec  l'impératrice  Irène ,  à  con- 
dition qu'elle  lui  payeroit  tous  les 
ans  70  mille  écus  d'or  de  tribut. 
Ce  prince  voulut ,  à  l'imitation  de 
fou  père ,  Êiire  le  pèlerinage  de  la 
Mecque  -,  &  ce  voyage ,  dans  le- 
quel il  étala  tout  le  luxe  du  fafie 
Afiatique,  lui  coûta  666  millions 
d'écjs  d'or.  Une  infinité  de  cha- 
meaux fiirent  employés  à  porter  de 
la  neige ,  pour  le  rafraîchir  au  milieu 
des  fables  brûlans  de  l'Arabie.  Aftf- 
hadi ,  arrivé  à  la  Mecque  »  fit  em- 
bellir la  mofquée  où  Mahomet  a 
fon  tombeau.  Un  dévot  lui  avoit 
fait  préfent  d'une  pantoufle  de  cet 
impofteur  ;  il  la  reçut  avec  refpeû  » 
&  donna  io>ooo  dracl>mes  à  celui 
qui  la  lui  préfenta.  Mahomet ,  dit- 
il  à  fes  courtifans  ,  n'a  jamais  vu 
cette  chaujfure  ;  mais  le  pétale  tft 
perfuadé  qu'elle  efide  lid  ^  &  fi  je  Pé- 
vols  reftiféi  ,  //  aurolt  ptrtfé  que  je  U 
mépnfuis,,,,  Mahidi  tenoit  fréquem- 
ment fon  lit  de  juilice,  pour  ré- 
parer les  violences  que  les  puif- 
îans  exerçoient  contre  les  foibles. 
Il  ne  prononçoit  aucune  fcnteoce» 
qu'après  avoir  confulté  les  plus 
habiles  iurifconfuites.  Un  jour  » 
ayant  dit  à  un  officier  :  Jufquà  quand 
raomhcrc:^v^us  dans  les  mêmes  faïf 
tes  ?  cet  officier  lui  répondit  fage- 
ment  :  Tant  que  Dieu  v»us  conjer* 
vera  la  vie  pour  notre  bUn ,  ce  fera  i 
nous  de  fùre  des  fautes ,  &  a  vous  de 
les  pardonner.  Ayant  demandé  daas 
le  temple  delà  Mecque  à  unhom]ii0 
de  la  fuite ,  »»  s'il  ne  vouloit  point 
>♦  avoir  part  aux  largeflfes  qu'U  ré- 
»»  pandoit  alors  dans  la  Mofquée  *»  ? 
Je  im^unçU  de  honti^  lui  répondsl 


M  A  H 

Cet  homme  ,  de  demander  dans  U 
tiaîfon  de  Dieu  à  un  autre  qua  lui ,  & 
êutit  chcfeque  Im-mème,  Ce  bon  prin- 
ce mourut  à  la  chafTe ,  pourfuivant 
une  bête  fauve  qui  s'étoit  jetée  en 
une  mafure.  Son  cheval  l'ayant  en- 
gagé dans  une  porte  qui  étoit  trop 
b^e ,  il  ib  cafia  les  reins  &  expira 
flir  l'heure ,  Tan  7^5  de  Jefus-Oirift, 
après  un  règne  de  dix  ans  &  un 
mois. 

MAHARBAL,  capit^ne  Cartha- 
ginois ,  commanda  la  cavalerie  à  la 
bataille  de  Cannes ,  l'an  316  avant 
Jcfus-Chrift.  AuiS  ptx)prc  à  donner 
un  confeil  qu'à  faire  un  coup  de 
main ,  il  vouloit  qu'après  cette  ac- 
tion mémorable ,  Annibul  allât  droit 
à  Rome,  lui  promettant  de  le  faire 
fonper  dans  cinq  jours  au  Capitole-, 
mais  comme  ce  général  demandoit 
du  temps  pour  fe  confulter  fur  cette 
proportion  :  Je  rois  bleu  ,  dit  Ma- 
harbal ,  que  les  Dieux  n'ont  pas  donné 
âu  même  homme  tous  les  talcns  à  la 
fols.  Vous  /ave[  vaincre  ,  Annibal  ; 
mais  vous  ne  favt{  pas  profiter  de  la 
yitiolre, 

MAHAUT ,  Vf^y.  I.  Mathilde. 

MAHÉ ,  —  Bourdons  AYE. 

MAHIS ,— Desmahis  6'Gros- 

TESTF. 

MAHMOUD ,  Voyei  Ti.  Ma- 
homet. 

I.  MAHOMET ,  naquit  à  la  Mec- 
que l'an  569  ou  570.  Sanaiffance 
fat  accompagnée  ,  fuivant  les  dé- 
vots Mufulmans  ,  de  difîerens  pro- 
diges qui  fe  firent  fentir  juique 
dans  le  palais  de  Chofroës,  Eminach , 
îà  mère,  étoit  veu^e  depuis  dix 
mois,  lorfqu'elle  mit  au  monde  cet 
enfant ,  deftiné  à  être  l'auteur  d'une 
religion  qui  s'eft  étendue  depuis  le 
détroit  de  Gibraltar  jufqu'aux  Indes, 
&  le  fondateur  d'un  empire,  dont  les 
débris  ont  formé  trois  monarchies 
puifTantes.  A  Tàge  de  20  ans ,  le 
^une  Mahomet  s'engagea  dans  les 
fjtQcyjauss  qui  1^è%oç\9l^t^  ^^  la 


M  A  H         48? 

Mecque    à  Damas.  Ces  voyages 
n'augmentèrent  pas  fa  fortune ,  mais 
ils,  augmentèrent  fes  lumières.  De 
retour  à  la  Mecque ,  une   femme 
riche,  veuve  d'un   marchand,  le 
prit  pour  conduire  fon  négoce ,  & 
l'époufa  trois  ans  après.  Mahomet. 
étoit  alors  à  la  fleur  de  fon  âge  > 
&    quoique    fa  taille   n'eût    rien 
d'extraordinaire  ,  fa   phyfionomie 
fpirîtuelle ,  le  feu  de  fes  yeux ,  un 
air  d'autorité  &  d'infinuation ,    le 
défintéreiTement  &  la  modeftie  qui 
accompagnoient  fes  démarches  ,  lui 
gagnèrent  le  cœur  de  fon  époufe. 
Chadyfi  \  (  c'efl  le  nom  de  cette  ri- 
che veuve  )  lui  fît  une  donation  de 
tous  fes  biens.  Mahomet ,  parvenu 
à  un  état  dont  il  n'auroit  jamais 
ofé  fe  flatter,  réfolut  de  devenir 
le  chef  de  fa  nation  :  il  jugea  qu'il 
n'y  avoir  point  de  voie  plus  fïire 
pour  parvenir  à  fon  but,  que  celle 
de    la  religion.   Comme    il  avoit 
remarqué ,  dans    fes  voyages    ea 
Egypte ,  en  Paleftine ,  en  Syrie  & 
ailleurs  ,  une  infinité  de  {ç&cs  qui 
fe  déchiroient  mutuellement ,  il  crut 
'  pouvoir  les  réunir  ,  en  inventant 
une  nouvelle  religion ,  qui  eût  quel- 
que chofe  de  commun  avec  toutes 
celles  qu'il  prétendoit  détruire.  On 
prétend  qull  fut  aidé  dans  fon  pro- 
jet par  Batyras  Jacobite ,  par  Serglus 
moine  Neftorien,  &  par  quelques 
Juifs.  A  l'âge  de  40  ans ,  cet  im- 
pofteur  commença  à  fe  donner  pour 
prophète.  Il  feignit  des  révélations , 
il  parla  en  infpiré  i  il  perfuada  d'a- 
bord fa  femme  ^  huit  autres  per- 
fonnes.  Sts  difciples  en  firent  d'au- 
tres ;    &  en  moins  de  trois  ans  il 
en  eut  près  de  cinquante ,  difpofés 
à  mourir  pour  fa  dodh-ine.  Tl  lui 
falloir  des  miracles,  vrais  ou  faux. 
Le  nouveau  prophète  trouva  dan* 
les  attaques  fréquentes  d'épilepfie, 
à  laquelle  il  étoit  fujet,  de  quoi 
confirmer  l'opinion  de  fon  com- 
werce  avec  Je  Ciel.  Il  fitpafferle 

Hhij 


'  aU      m  a  h 

temps  de  fes  accès ,  pour  celui  que 
l'Etre  fupreme  deftinoit  à  l'inAruire, 
&  Ces  convulfions ,  pour  rcffetdes 
vives  hnprefnons  de  la  gloire  du 
miniflre  que  la  Divinité  lui  en- 
voyoit.  À  l'entendre  ,  l'ange  Ga* 
hri:L  l'avoit  conduit ,  fur  un  âne, 
de  la  Mecque  à  Jénifalem  >  où , 
après  lui  avoir  montré  tous  les 
faints  &  tous  les  patriarches  depuis 
Adam ,  il  l'avoit  ramené  la  même 
nuit  à  la  Mecque.  Malgré  l'impref- 
iîon  que  faifoient  ^es  rêves ,  il  fe 
forma  une  conjuration  contre  le 
vifionnaire.  Le  nouvel  apôtre  fut 
contraint  de  quitter  le  lieu  de  fa 
naiffance ,  pour  f«  fauver  à  Médine. 
Cette  retraite  fut  l'époque  de  fa 
gloire,  &  de  la  fondation  de  fon 
empire  &  de  fa  religion.  C'eft  ce 
que  l'on  nomma  Hégire^  (  c'eft-à- 
dire ,  fuite  ou  perfécution ,  )  dont 
le  ^^'  jour  répond  au  i6  Juillet 
de  Tan  622  de  J.  C.  Le  prophète 
fugitif  devint  conquérant.  Il  défen- 
dit à  fes  difciples  de  difputcr  fur  fa 
dofti  inc  avec  les  étrangers ,  &  leur 
ordonna  de  ne  répondre  aux^objec- 
tions  des  contradiûeurs  que  par  le 
glaive.  Il  difoit,  que  chaque  Pro^ 
phtte  avoîtjhn  caractère  ;  que  celui  de 
J,  C,  avoit  été  la  douceur  ^  &  que  le 
fitn  éto'u  la  force.  Pour  agir  fuivant 
fes  principes,  il  leva  des  troupes 
qui  appuyèrent  fa  miflion.  Les  Juifs 
Arabes ,  plus  opiniâtres  que  les  au- 
tres ,  furent  un  des  principaux  ob- 
jets de  fa  fureur.  Son  courage  &  fa 
bonne  fortune  le  rendirent  maître 
de  leur  place  forte.  Après  les  avoir 
fubjugués ,  il  en  fit  mourir  plu- 
fieurs ,  vendit  les  autres  comme  des 
cfclaves ,  &  diftribua  leurs  biens  à 
fes  f oldats.  [  Voye^  I.  Abbas  ^  L 
Abdalla.  ]  La  viûoire  qu'il  rem- 
porta en  627 ,  fut  fuivie  d'un  traité 
qui  lui  procura  un  libre  accès  à  la 
Mecque.  Ce  fut  la  ville  qu'il  choi- 
iit  pour  le  lieu  où  fes  feâateurs 
loroient  dans  la  fuite  leur  pélcri- 


M  A  H 

nage.  Ce  pèlerinage  faifoit  dqà  use 
partie  de  l'ancien  culte  des  Arabes 
Païens  »  qui  y  alloient  une  fois 
tous  les  ans  adorer  leurs  divinités , 
dans  un  temple  aufli  renommé  parmi 
eux  ,  que  celui  de  Delphes  l'ctoit 
chez  les  Grecs.  Mahoma ,  âer  de 
fes  premiers  fuccès ,  fe  6t  déclarer 
roi ,  fans  renoncer  au  caraâere  de 
chef  de  religion.  Cet  Apôtre  fan- 
guinaire  ayant  augmenté  fes  forces, 
oubliant  la  trêve  qu'il  avoit  faite 
deux  ans  auparavant  avec  les  habt- 
tans  de  la  Mecque ,  met  le  fi^e 
devant  cette  ville  ,  l'emporte  de 
force  j  & ,  le  fer  &  la  flamme  à  la 
main ,  il  donne  aux  vaincus  le  choix 
de  ÙL  religion  y  ou  de  la  mort.  On 
pafTe  au  fil  de  l'cpée  tous  ceux  qid 
refirent  au  prophète  guerrier  & 
.barbare.  Le  vainqueur ,  maître  de 
l'Arabie ,  &  redoutable  à  tous  fes 
voiilns ,  fe  crut  affez  fort  pour  éten- 
dre fes  conquêtes  &  fa  religion  chez 
les  Grecs  &  chez  les  Perfes.  U  corn* 
mença  par  attaquer  la  Syrie,  fou- 
mife  alors  à  l'empereur  HeracUuit 
il  lui  prit  quelques  villes  y  &  ren- 
dit tributaires  les  princes  de  Daii- 
ma  &  de  Deyla.  Ce  fut  par  fes  ex- 
ploits qu'il  termina  toutes  les  guer- 
res où  il  avoit  commandé  en  per- 
fonne ,  &  où  il  avoit  montré  Tin- 
trépidité  A^ Alexandre,  Ses  généraux, 
auffi  heureux  que  lui ,  accrurent  en- 
core fes  conquêtes,  &  lui  foumi- 
rent  tout  le  pays  à  400  lieues  de 
Médine,  tant  au  Levant  qu'au  Mi- 
di. C'eft  ainfi  que  Mahomet ^éz^' 
pie  marchand  de  chameaux ,  devint 
un  des  plus  puiiTans  monarques  de  | 
TAiie.  Il  ne  jouit  pas  long-temps  da. 
fruit  de  fes  crime».  Il  s'étoit  toK^. 
jours  reffenti  d'un  poifon  qu'il  avoit 
pris  autrefois.  Une  Juive  voulaol, 
éprouver  s'il  étoit  vraiment  pro-. 
phete ,  empoifonna  une  épaule  dt 
mouton  qu'on  devoit  lui  fervir.  Lc- 
fondateur  du  Mahométiûne  ^ 
s*apperçut  que  1%  riande  çtoit  ott> 


M  A  H 

polfoimée,  qu'après  en  avoir  mangé 
un  morceau.  Les  irapreffions  du 
poifon  le  minèrent  peu-à-peu.  11 
fiit  attaqué  d'une  fièvre  violente , 
qui  l'emporta  en  la  62*  année  de 
fon  âge, via  23*  depuis  qu'il  avoit 
ufurpé  la  qualité  de  prophète ,  l'on- 
zième année  de  VHégireA  la  631*^  de 
J.  C  Sa  mort  fut  l'occafion  d'une 
grave  difputc  entre  fe$  difciples. 
Omar  y  qui  de  fon  perfécuteur  étoit 
devenu  ton  apôtre ,  déclara ,  le  fe- 
bre  à  la  main  ,  que  U  Prephte  de 
Dkune pouvait pjs  môurîr.  Il  foutint 
qu'il  étoit  difparu  comme  Moyft 
&  £//e,  &  jura  qu'il  raettroit  en 
pièces  quiconque  oferoit  foutenir 
le  contraire.  11  fallut  ijdAbubeher 
lui  prouvât  par  le  fait,  que  leur 
maître  étoit  mort  -,  &  par  plufieurs 
paflkges  de  l'Alcoran ,  qu'il  devoit 
mourir.  L'impofteurfut  enterré  dans 
la  chambre  d  une  de  fes  femmes , 
&  fous  le  lit  où  il  étoit  mort,  C'eft 
une  erreur  populaire  ,  de  croire 
qu'il  eft  flifpendu  c^ans  un  coffre  de 
fer,  qu'ime  ou  plusieurs  pierres 
d'aimant  tiennent  élevé  au  haut  de 
la  grande  Mofquéede  Médine.  Son 
»mbeau  fe  voit  encore  aujourd'hui 
à  l'un  des  angles  de  ce  temple  : 
c'cfi  un  cône  de  pierre  place  dans 
tuie  chapelle ,  dont  l'entrée  eft  dé' 
fendue  aux  profanes  par  de  gros 
baneauxdefer^.  Le  livre  qui  con- 
tient les  dogmes  &  les  préceptes 
du  Mahométifine ,  s'appelle  VAl- 
CORAN,  [  Voyei  Caa»  ^  Hamza.  ] 
C'eft  une  rapfodie  de  6000  vers, 
fans  ordre,  fans  liaifon ,  fans  art. 
Les  contradictions ,  les  abfurdités , 
les  anachronifmes  y  font  répandus 
à  pleines  mains.  Le  llyle ,  quoi- 
qu'ampoulé  &  entièrement  dans  le 
goût  Oriental ,  offre  de  temps  en 
temps  quelques  morceaux  touchans 
&  fublimes.  H  eft  divifç  en  quatre 
parties ,  &  chaque  partie  en  plu- 
fieurs  chapitres  diftingués  par  des 
litres  finguliers  ,  tels  que  celui  de 


M   A  H       48y 

î^  Mouche  y  de  V Araignée  ,  de  la  K<i- 
che ,  Ôcc.  Toute  la  Aéologie  du  Ic- 
giflateur  des  Arabes  fe  réduit  à 
trois  points  principaux.  Le  I*^'  dl 
d'admettre  l'exiftence  &  l'unité  de 
Dieu ,  à  l'exclufton  de  toute  autre 
puiffance,  qui  puiffc  partager  ou 
modifier  fon  pouvoir.  Le  11*^  eft 
de  croire  qufil  Dieu ,  créateur  uni- 
verfel  &  tout  -  puiflant ,  connoît 
toutes  chofes ,  punit  le  vice  &  ré- 
compenfe  la  vertu  non-fculemenc 
dans  cette  vie,  mais  encore  après 
la  mort.  Le  III®  eft  de  croire  que 
Dieu  regardant  d'un  œil  de  mifé* 
ricojrde  les  hommes  plongés  dans 
les  ténèbres  de  l'idolâtrie ,  a  fuf- 
cité  fon  prophète  Mahomet  peur 
leur  apprendre  les  moyens  de  par- 
venir à  la  récompenfe  des  bons» 
&  d'éviter  les  fupplices  des  mé* 
chans.  Cet  illuftr e  impofteur  adop- 
ta ,  N  comme  l'on  voit  ^  une  grande 
partie  des  vérités  fondamentales 
du  Chriftianifine  :  l'unité  de  Dieu , 
la  nécefllté  de  l'aimer ,  la  réfurrcc- 
tion  des  morts ,  le  jugement  der- 
nier, les  récompenfes  &  les  chà- 
timens.  Il  prétendoit  que  la  reli- 
gion qu'il  enfeignoit,  n'étoit  pas^ 
nouvelle  *,  mais  qu'elle  étoit  celle- 
d'Abraham  &  d*ïfmaël,  plus  ancien- 
ne, difoit-il,  que  celles  des  Juifs 
&  des  Chrétiens.  Outre  les  Pro- 
phètes de  l'Ancien  Teftament ,  il  re- 
çonnoiffoit  Je/us  fils  de  Marie ,  né 
d'elle  quoique  vierge,  Meftie ,  Ver- 
be &  Efprit  de  Dieu  ,^  mais  non  pas 
fon  Fils.  C'étoit,ftlon  ce  fublime- 
charlatan  *  méconnoître  la  funpli- 
cité  de  l'Être  divin ,  que  de  don- 
nes au  Père  un  Fils  &  un  Efprit  au- 
tres q«e  lui-même.  Quoiqu'il  eût 
beaucoup  puifé  dans  la  religion  des 
Juifs.  &  des  Chrétiens ,  il  haiffoit 
cependant  les  uns  &  les  autres  :  les 
Juifs,  parce  qu'ils  fe  croyoient  le 
premier  peuple  du  monde,  parce 
qu'ils  méprifoient  les  autres  na-^, 
tiens,  &  qu'ils  exerçoient  connc. 

H  h  iij 


'486        M  A  H 

elles  des  iiTures  énormes  :  les  Chré^ 
tiens,  parce  qu'ils étoient  fans^cefle 
diviTés  entre  eux,  quoique  leur 
«livin  léginateur  leur  eût  recom- 
mandé la  paix  &  l'union.  U  impu- 
toit  aux  uns  &  aux  autres  la  pré- 
tendue corruption  des  éaitures  de 
l'Ancien  &  duNouveauTeftament. 
La  circonciiîon ,  les  oblations ,  la 
prière  cinq  fois  par  jour  ,  l'abili- 
iience  du  vin ,  des  liqueurs ,  du 
fkng  y  de  la  chair  de  porc  ,  le  jeûne 
^u  mois  Ramadan,  &  la  fanâifi- 
cation  du  vendredi ,  furent  les  pra- 
tiques extérieures  de  fa  religion. 
Il  propofa  pour  récompenfe  à  ceux 
qui  la  fuivroient,  un  lieu  de  déli- 
ces ,  où  lame  feroit  enivrée  de  tous 
les  plaiûr s  fpirituels ,  &  où  le  corps 
reffufcité  avec  fes  fens  goûteroit 
par  fes  fcns  même  toutes  les  vo- 
luptés qui  lui  font  propres.  Un 
homme  qui  propofoit  pour  Paradis 
un  férail ,  ne  pouvoir  que  fe  faire 
^es  profélytes,  fur-tout  dans  un 
nays  où  le  climat  infpire  la  vo- 
lupté. 11  n'y  a  point  de  religion , 
ni  de  gouvernement,  qui  foit  moins 
favorable  au  fexc  que  le  Mahomé- 
tifme.  L'auteur  de  ce  culte  anti- 
Chrétien  accorde  aux  hommes  la 
permiilion  d'avoir  plufieurs  fem- 
mes ,  de  les  battre  quand  elles  ne 
voudront  pas  obéir,  &  de  les  ré- 
pudier fi  elle  viennent  à  déplaire  -, 
mais  il  ne  permet  pas  aux  femmes 
de  quitter  des  maris  fâcheux,  à 
moins  qu'ils  n'y  confentent.  U 
ordonne  qu'une  femme  répudiée 
ne  pourra  fe  remarier  que  deux 
fois^  &  fi  elle  cû  répudiée  de 
fon  troifieme  mari  ,  &  que  le 
premier  ne  la  veuille  point  re- 
prendre ,  elle  doit  renoncer  au 
mariage  pour  toute  fa  vie.  11  veut 
que  les  femmes  foient  toujours 
voilées ,  &  qu'on  ne  leur  voie  pas 
même  le  cou  ni  les  pieds.  En  im 
mot  toutes  les  lois,  à  l'égard  de 
cette  moitié  du  genre  humain  ^  qui 


M  A  H 

dans  tios  pays  gouverne  Taiiirei 
font  dures  ,  injuiles ,  ou  très-in- 
commodes. "L'Alcoran  eft  fi  refpec- 
té  des  Mahométans ,  qu'un  Juii  ou 
un  Chrétien  qui  y  porteroit  la 
main  n'éviteroit  la  mort  qu'en 
embraflant  leur  croyance  -,  &  qu'un 
Mufulman  même ,  [  nom  qui  figni- 
iie.  le  vr&i-àvyant  ]  feroit  pxmi  avec 
la  même  rigueur  s'il  y  touchoit 
lâns  s'être  lavé  les  mains.  Peu  de 
temps  après  la  mort  de  Mahoma , 
on  publia  plus  de  deux  cents  G>m- 
mentaires  fur  ce  livre.  Mahovla^ 
calife  de  Babylone ,  fit  une  affem- 
blée'^  Damas  ,  pour  concilier  tant 
d'opinions  différentes  *,  mais  n'y 
pouvant  réuffir,,  il  choifit  dans 
l'afiTemblée  fîx  des  plus  habiles  Ma- 
hométans ,  qu'il  chargea  d'écrire  ce 
qu'ils  jugeroient  de  plus  raifonna- 
ble.  Leurs  fix  ouvrages  furent  com- 
pilés avec  foin ,  &  tous  les  autres 
ayant  été  détruits  par  l'eau  &  par 
le  feu ,  on  défendit ,  fous  de  rigou- 
reufes  peines  ,  d'écrire  contre  Tau? 
torité  de  cette  compilation.  La  mal- 
leure  édition  de  VAUoran  ,  eft  celle 
de  Maracdy  en  arabe  &  en  latin, 
2  vol.  in-folio  ,  à  Padoue ,  1698, 
avec  des  notes.  Il  y  en  a  une  bon- 
ne traduâion  ai^loife ,  in-4*' ,  par 
M.  Sale,  avec  une  introduâion 
curieufe ,  dont  on  a  enrichi  notre 
langue ,  &  des  notes  criôques  où 
il  corrige  quelquefois  Maracd ,  8c 
où  il  fe  trompe  quelquefois  lui- 
même.  [  Voy.  Sale.  ]  Du  Ryer  eo 
a  donné  une  verfion  fiançoife»  à 
la  Haye,  1685  ,  in-12. M.  5«y4vî 
à  publié  une  verfion  plus  récente, 
{  Paris,  1783  ,  a  vol.  in-8**.  )  fous 
ce  titre  :  Le  Coran  traduit  dt  l'A' 
rabe.  On  avoit  réimprimé  à  Aiof- 
terdam,  1770»  ^  vol.  in- 12,  U 
traduction  de  l'Alcoran'pjar  du  Rytr, 
&  on  y  a  joint  la  tradu£Hoa&an* 
çoife  de  l'introduâion  de  M.  SaU.  ^ 
1783.  M.  Sa-vari  en  a  dooni 
une  autre,  Paris ^  x  vol.  ûi-$% 


M  A  H 

ivec  yflè  Vie  de  Mahomet  à  la  tête, 
OÙ  cet  impoôeur  ed  -un  peu  trop 
lÛatté  ;  on  y  fait  un  grand  éloge 
de  fon  courage  &  de  fa  prétendue 
politique ,  &  on  glifTe  fur  fes  four- 
beries &  fes  fuperftitions ,  fur  fon 
£uiatiûne  violent  &  fanguinaire.  Il 
y  a  aui&  une  verfion  de  l'A/c^ran 
en  italien ,  eflimée ,  qu'on  attribue 
à  André  Jmvaberu  ^  iy47»  in-4**. 
Elle  eft  plus  exade  que  la  traduc- 
tion  de  du  Ryer ,  qui  eil  pleine  de 
contre-fens.  D'ailleurs  ,  comme  il  a 
inféré  dans  le  texte  les  rêveries  & 
les  £a.blQS  des  dévots  &  des  com- 
mentateurs myfliques  du  Mahomé- 
tiûne ,  on  ne  peut  diiHnguer  par 
cette  tradu£^iou ,  ce  qui  cû  de  Ma- 
homa ,  d'avec  les  additions  &  les 
imaginations  de  £qs  feâateurs  zé- 
lés. On  fait  encore  Mahomet  au- 
teur d'un  Traite  conclu  à  Médine 
avec  les  Chrétiens,  intinilé  :  Tcjta' 
mentum  &  PacU^nes  inUJi  inter  Muham- 
mcdum  &  Chrifilanct  fdd  cuU^rts^ 
imprimé  à  Paris,  en  latin  &  en 
arabe,  en  ^650^  mais  cet  ouvra- 
ge paroit  fuppo£é.  Hottln^r ,  dans 
fon  Hijioîre  Onemalc ,  page  24S  , 
a  renfermé  dans  40  aphoriûnes  ou 
fentençes  toute  la  morale  de  1  Al- 
coran.  Alhert  WUm  .nfiacius  a  expli- 
qué la  théologie  de  cet  impoileur  ^ 
dans  un  Dla/opu  latin  ,  curieux  & 
peu  commun  ,  imprimé  Tan  1540» 
in-4r**...  Foyq  la  Vi£  de  Mahomet 
par  PrUeaux  èa  par  GagnLr  ;  &  une 
dernière  publiée  en  1780  par  M. 
Turfùriy  3  vol.  in- 12...  Pour  fa  doc- 
tricke  >  voyei  Reland  »  De  Relîgiont 
Jiiukammedica, 

n.  MAHOMET  l«^  empereur 
des  Turcs ,  fîl^  de  Bajaiet  I ,  fuccéda 
à  fon  frère  Moyfe ,  qu'Ù  fit  mourir 
en  1413.  Il  fe rendit  recommanda- 
ble  par  fes  vi^loires ,  par  fa  juilice  & 
par  fa  fidélité  à  garder  inviolable- 
ment  fa  parole.  Il  fit  lever  le  fiege 
4e  Bagdad  au  prince  de  CanmanU  « 


MA  H        487 

qui  fijt  fait  prifonnier.  Ce  prin- 
ce craignoit  d'expier  par  le  der* 
nier  fupplice  fes  fréquentes  révol- 
tes -,  Mahomet  le  rafTura  en  lui  di- 
fant  ;  Je  fuis  ton  vainqueur  ,  tu  es 
vaincu  &  Injufie  ;  je  veux  que  tu  vi' 
ves.  Ce  feroit  ternir  ma  gloire  ,  que 
de  punir  un  infâme  comme  toi.  Ton 
ame  perfide  t'a  porté  à  violer  U  foi 
qui  tu  m*avois  donnée  :  la  mienne 
m'infplre  des  fentimens  plus  magnani' 
mes  &  plus  conformes  à  la  majsjîéde 
mon  nom,,.  Mahomet  rétablit  la  gloire 
de  l'empire  Ottoman,  ébranlé  par 
les  ravages  de  Tamerlan  &  par  les 
guerres  civiles.  Il  remit  le  Pont& 
la  Cappadoce  fous  fon  obéiiTance , 
fubjugua  la  Servie ,  avec  uae  par- 
tie de  l'Efclavonie  &  de  la  Macé- 
doine ,  &  rendit  les  Valaques  tri- 
butaires. Mais  il  vécut  en  paix 
avec  l'empereur  Manuel  Paléologue  ^ 
&  lui  rendit  les  places  du  Pont- 
Euxin  ,  de  la  Propontide  &  de  la 
Theâalie  ,  que  fes  prédécefieurs 
lui  avoient  enlevées.  Il  établit  le 
ficge  de  fon  empire  à  Andrinoplc  » 
&  mourut  d'un  fiux-de-fang  en 
1421 ,  à  47  ans. 

IIL  MAHOMET  n ,  ou  Mehe- 
MET  ,  empereur  des  Turcs ,  furnom- 
mé  Bojuc ,  cefl-à-dire  ,  le  Grand  ^ 
naquit  à  Andrinople  le  24  Mars 
1430  ,  &  fuccéda  à  fon  père  ^mu- 
nir //  en  145 1.  Il  penfa  auffi-tôt  à 
faire  la  gucne  aux  Grecs  ,  &af- 
fiégea  Confiantinople.  Des  les  pre- 
miers jours  du  mois  d'Avril  1453» 
la  campagne  fut  couverte  de  fol- 
dats  qui  prefferent  la  ville  par  terre  » 
tandis  qu'une  flotte  de  300  galè- 
res &:  de  200  petits  vaifleaux  la 
ferroient  par  mer.  Ces  navires  ne 
pouvoient  entrer  dans  le  port  ^ 
fermé  par  les'  plus  fortes  chaîne» 
de  fer ,  &  défendu  avec  avantage* 
Mahomet  fait  couvrir  deux  lieues 
de  chemin  ,  de  planches  de  fapin 
enduites  de  fuif  &  de  graiife  ^  ^i^ 

Hhiy 


4S8         M  A  ft 

pofées  comme  la  crèche  d'un  raîC- 
feau.  11  &it  nrer ,  à  force  de  ma- 
chines &  de  bras ,  80  galères  &  70 
allèges  du  détroit ,  qu'il  fait  gliiTer 
fur  ces  planches.  Tout  ce  grand 
ttavaiï  s'exécute  en  peu  de  jours. 
Les  aiHégés  furent  auflî  furpris 
qu'affligés ,  de  voir  une  flotte  en-> 
tiere  defcendre  de  la  terre  dans  le 
port.  Un  pont  de  bateaux  fut  conf- 
truit  à  leur  vue ,  &  fervit  à  l'éta- 
biiiTement  d  une  batterie  de  canons. 
Les  Grecs  ne  laiflcrent  pas  de  fe 
défendre  avec  coUraj>;e*,  mais- leur 
empereur  (  Conjhntm  ••  Dragasès  ) 
ayant  été  nié  dans  une  attaque ,  il 
n'y  eut  plus  de  réfiftance  dans  la 
ville ,  qui  fut  en  un  inftant  rem- 
plie de  Turcs.  Les  foldats  effrénés 
pillent ,  violent ,  maflacrent.  Du- 
rant les  horreurs  du  fac ,  un  bâcha 
conduifit  à  Mahcma  une  jeune  prin- 
ccfie  nonunce  Irenm  ,  que  fes  grâ- 
ces innocentes  avoient  fauvée  du 
carnage,  A  la  vue  du  deftruûeur  de 
fa  patrie ,  fes  yeux  fe  mouillèrent 
tle  pleurs  -,  elle  chancela  devant  lui. 
Sa  tendre  jeuneffe,  fts  fanglots  , 
fes  larmes  relevoient  fa  beauté. 
Mahomet ,  immobile  &  faiiî ,  la  con- 
templa ;  &  bientôt  impatient  de  fa- 
tîsfaire  fa  brutalité  >  il  s'en  empara 
fans  refpe£^  pour  fa  vertu  ,  &  pen- 
dant trois  jours  entiers  le  fui  tan  fe 
livra  à  tout  remporteracnt  de  l'a- 
mour. Quelques  JanilTaires ,  indi- 
gnés de  fa  pafîîon  ,  en  murmurè- 
rent -,  un  vilîr  ofa  même  la  lui  re- 
prochor.  Mahomet  au/îi-tôt  fit  venir 
fa  csptive  devant  les  officiers  de  fa 
garde,  &  la  fatfilTant  par  les  che- 
veux ,  il  lui  trancha  la  tête  ,  en 
difant  ces  paroles  :  C*e/i  ainfi  qut 
Mahomet  (ji  ufc  avec  l'Amour,  Le  vain- 
queur ,  écoutant  enfin  la  voix  de 
la  nature ,  arrêta  le  carnage,  rendit 
ia  liberté  aux  prifonniers  ,  &  fit 
faire  les  obfèques  de  l'empereur 
nvcc  une  pompe  digne  de  fon  rang. 
Trois  jours  aptes  il  fit  une  entrée 


M  A  H 

triomphante  dans  la  ville  ,  dîflrî^ 
bua  des  largeiTes  &  aux  vainqueurs 
&  aux  vaincus  ,  accorda  le  libre 
exercice  de  la  religion  à  tout  le 
monde ,  inflalla  lui-même  un  pa- 
triarche ,  &  fit  de  Conflantinople- 
la  capitale  de  fon  empire.  Cette 
ville  fut ,  fous  fon  règne ,  une  des- 
plus  florifiantes  du  monde  ;  mais 
après  lui  ,  la  Grèce  ,  cène  patrie 
des  Miltîades  ,  des  Lconidas  ^  des 
AUxandres  ,  des  Sophocles  &  A^^ 
Platcns  ,  devint  le  centre  de  la 
barbarie.  Mahomet  ,  pofTeffeur  de 
Conflantinople ,  envoya  fon  armée 
viéiorieufe  contre  ScantUrherg ,  rot 
d'Albanie ,  qui  la  défit  en  plufieurs 
rencontres.  Une  autre  armée  feus 
fes  ordres  pénétra  jufqu'au  Danube  ^ 
&  vint  mettre  le  ûege  devant  Bel- 
grade -,  mais  le  célèbre  Uunladc 
l'obligea  de  le  lever.  La  mort  de 
ce  grand  homme  ranima  fon  cou- 
rage. Il  s'empara  deCorinthe  en 1 4  ^  8 » 
rendit  le  Péloponnefe  tributaire  >  fie 
marcha  de  conquêtes  en  conquêtes» 
En  1467  il  acheva  d'éteindre  l'em-* 
pire  Grec  ,  par  la  prife  de  Sinople 
&  de  Trébizonde ,  &  de  la  partie 
de  la  Cappadoce  qui  en  dépendoit* 
Trcbisoncieétoit,  depuis  l'an  1204, 
le  fiege  d'un  empire  fondé  par  les 
Comncnes.  [  Voye^  x.  David.  ]  Le 
conquérant  Turc  vint  enfuite  fur 
la  mer  Noire  fe  faifir  de  Cafià  » 
autrefois  Théodofie...  Les  Vénidefis 
eurent  le  courage  de  défier  fes  ar- 
mes. Le  fultan  irrité  fit  le  vœu 
impie  d'exterminer  tous  les  Chré- 
tiens ;  &  entendant  parler  de  la  cé- 
rémonie dahs  laquelle  le  doge  de 
Venife  époufe  la  mer  Adriatique  , 
il  dit  qu'/7  tmverroît  bientôt  au  fond 
de  cetu  Mer  con/ommer /on  mariage^ 
Pour  exécuter  fon  deffein ,  il  atta- 
qua d'abord ,  en  1470 ,  l'ifle  deNé- 
grepont  ,  s'empara  de  Chalcis  fa 
capitale,  la  livra  au  pillage,  &fît 
fcier  par  le  milieu  du  corps  le 
l^ouvemeu]:  Patd  £>x^o ,  coaax  % 


M  A  "ri 

fr^mcffe.  Dix  ans  après  il  envoya 
nne  grande  flotte  pour  s'emparer 
ée  riHe  de  Rhodes.  La  yigoureufe 
rcfiftance  des  chevaliers  de  Saint- 
Jean  de  Jérufalem ,  jointe  à  la  valeur 
de  Pierre  d'Auhuffon  leur  grand- 
maître  ,  obligea  les  Inâdelles  à  fe 
retirer  après  avoir  perdu  près  de 
10,000  hommes  &  une  grande 
'quantité  de  vaiiTeaux  &  de  galères. 
Les  Turcs  fe  vengèrent  de  leur  dé- 
faite fur  la  villt  d*Otrantc  ,  en 
Caîabre  ,  qu'ils  prirent  après  17 
jours  de  fiege.  Le  gouverneur  & 
l'évêque  furent  mis  à  mort  d'une 
manière  cruelle  ,  &  12,000  hahi- 
tans  furent  pafTés  au  ûl  de  l'épée. 
Toute  l'Italie  trembloit.  Mdhoma 
préptiroit  une  nouvelle  armée  con- 
tre elle  ,  tandis  qu'il  portoit  d'un 
autre  côté  fes  armes  contre  les 
fultans  Mammducs,  L'Europe  & 
TAfic  étoient  en  alarme  ;  elle  cefla 
bientôt.  Une  colique  délivra  le 
monde  de  VAUxandn  Mahométan 
le  3  Mai  1481 ,  à  5ians  ,  après 
en  avoir  régné  31  ,  pendant  lef- 
quels  il  a  voit  renverfé  deux  em- 
pires >  conquis  11  royaumes,  pris 
plus  de  100  villes  fur  les  Chré- 
tiens. Si  d'heureufes  qualités ,  une 
ambition  v^e  ,  un  courage  me- 
^ré,  des  fuccès  brlllans  font  le 
.  grand  prince  ;  &  â  une  cruauté 
inhumaine,  une  perfidie  atroce  , 
le  mépris  confiant  de  toutes  les 
lois  font  le  méchant  hommç  ,  il 
£iut  avouer  que  Mahomet  II  a  été 
l'un  &  l'autre.  Il  parloit  le  grec  , 
l'arabe ,  le  perfan  *,  il  entendoit  le 
latin  ^  U  deflinoit  *,  il  favoit  ce  qu'on 
pouvoit  favoir  alors  de  géogra- 
phie ^  de  mathématiques  \  il  avoit 
étudié  l'hifloire  des  plus  grands 
hommes  de  l'antiquité.  La  peinture 
étoit  un  art  qui  ne  lui  étoit  pas  in- 
connu :  il  et  venir  de  Venife  le 
peintre  BelUni ,  &  le  combla  de 
bîeni&its  &  de  careiTes.  En  un  mot , 
Mahomet  fktQÏt  comparable  aux  plus 


M  À  H        4«9 

illuibes  héros ,  fi  fes  débauches , 
fon  libertinage  &  fes  cruautés  n'a« 
voient  terni  fa  gloire.  11  fe  moquoit 
de  toutes  les  religions ,  &  n'appe- 
loit  le  fondateur  de  la  fienne  qu*»/! 
Chtfdt  bandits»  La  politique  arrêta  , 
quelquefois  l'impétuofîté  de  foa 
naturel  &  la  barbarie  de  fon  ca^ 
raâere  *,  mais  il  s'y  livra  le  plus 
fou  vent.  Outre  les  cruautés  dont  on 
a  parlé  ,  il  fitmaffacrer  David  Corn- 
nene  &  fes  trois  enfans  après  la  prife 
de  Trébizonde ,  mîrfgré  la  foi  don- 
née. Il  en  ufa  de  même  envers  les 
princes  de  Bofnie  &  envers  ceux  de 
Métélin.  Il  fit^ périr  toute  la  Emilie 
de  Notaras ,  parce  que  ce  feigneur 
avoit  refufé  d'accorder  une  de  ^es 
filles  à  fa  brutale  volupté.  Quand 
même  il  n'auroit  pas  fait  éventrer 
14  de  fes  efdaves  pour  favoir  le- 
quel avoit  mangé  un  melon  qu'on 
lui  avoit  dérobé  ;  quand  même  il 
n'auroit  pas  coupé  la  tête  à  Ir^nt^ 
pour  faire  cefler  le  murmure  de 
fes  foldats  :  (  faits  que  plufieurs  hif-- 
toriens  rapportent,  &  {[u^VoUaite 
a  niés  fans  trop  de  raifon;  )  il- 
refte  afTez  de  preuves  avérées  de  fa 
cruauté  «  pour  pouvoir  aiîurer  que 
ce  héros  étoit  naurellcment  vio-- 
lent  &  inhumain,  &,  pour  le  poin- 
dre en  deux  mots,  un  monfbe  & 
un  grand  homme.  [  Vi>yei  II.  Geor-  ' 
GE,-  Antoine  »  n®  xiv  \  Bellin  ; 
6f  VIII.  Demetrivs. 

IV.  MAHOMET  m,  empereur 
des  Turcs ,  monta  fur  le  trône  après 
fon  père  Amurat  JII,  le  18  Janvier 
1595.  Il  commença  fon  règne  par 
faire  '  étrangler  19  de  fes  frères , 
&  noyer  10  femmes  de  fon  père 
qu'on  croyoit  enceintes.  Ce  barbare  ^ 
avoit  du  courage  ;  il  protégea  la 
Tranfilvanie  contre  l'empereur  Ro^ 
doiphe  IL  II  vint  en  pcrfonn» 
dans  kl  Hongrie ,  à  la  tête  de  200 
mille  hommes  «  aifiégea  Agria  ,  qui 
fe  rendit  à  compoûtion  j  mais  la 
garnifon  fut  maâàcrée  en  fortan^  de  > 


«90       M  A  H 

la  ville.  Ujhcmtt^  tout  cniel  ^'!! 
étok  y  fnt  indigné  de  cette  perfidie , 
éc  fit  trancher  la  tête  à  r«ça  des 
laniflaires  qin  ravoitpenniTe.  L'ar- 
chiduc AtA>^nu^<«a,  frôe  de  l'empe- 
reur Rodolpht^  marcha  contre  lux , 
pdx  fon  artillerie,  faii  tàlla  en 
pièces  iiooo  honunes,  &  auroit 
temporti  une  TÎÛoîre  complète  ; 
mais  Mahoma,  aveiti  par  un  apoâat 
Italien  que  les  vainqueurs  s'amu- 
foient  au  pillée,  revint  à  la  charge^ 
te  leur  enleva  la  viâoixe  le  26  Oc- 
tobre 1596.  Les  années  fuivantes 
dirent  moins  heureufcs  pour  lui. 
Ses  armées  fiirent  chailees  de  la 
haute-Hongrie,  de  la  Moldavie» 
de  la  Valachîe  &  de  la  Tranûlva- 
nie.  Makcma  demanda  la  paix  aux 
princes  Chrétiens ,  qi  la  lui  refu- 
ièrent.  Il  fe  confola  iaas  Ton  fé- 
xail ,  &  s'y  plongea  dans  les  dé- 
]>audies,ûiis  que  les  gjuerres  do- 
tnefiiqucs,  ni  les  étrangères,  puf- 
ient  l'en  drer.  Son  indolence  fit 
miinnurer  les  Janiââires.  Pour  les 
appaifer ,  il  livra  (es  plus  chers 
amis  à  leur  tage,  &  il  exila  fa  mère 
qu'on  croyoit  être  la  caufiî  de  tous 
les  malheurs  de  Tétac  Ce  fcélérar 
mourut  de  la  pefte  le  xc  Décem- 
bre 1603,  à  39  ans,  après  avoir 
£iit  étrangler  l'aîné  de  iès  fils,  & 
noyer  la  iiikane  qui  en  étoit  la 
mcre. 

V.  MAHOMET  IV,  né  en  1642, 
lut  reconnu  empereur  des  Turcs 
le  17  Août  1649,  après  la  mort 
trag^e  à' Ibrahim  /  ,  fon  père , 
étranglé  par  les  Jamââires.  Les 
Turcs  étaient  en  guerre  avec  les 
Vénitieas,  loiiqu'il  monta  far  le 
trône.  I«  conmiencemeat  de  fon 
règne  fiit  brillant.  .Le  gicand-vifir 
Copro^^hma  d abord  à  Raab  par 
Momémadi ,  mit  toute  ù.  gloire  & 
celle  de  Tempire  Ottoman  à  pren- 
riilede  Candie.  Les  troubles  du  fé- 
rail,  les  irrupdons  des  Turcs  en 
Hongrie ,  firent  languir  cette  entre* 


M  A  H 

pffîfe  pendant  quelques  annéesiftuâ» 
jamais  elle  ne  fut  interrompre» 
Coprof/X  afiîégea  enfin,  en  1667, 
avec  beaucoup  de  vivacité  ,  Candie, 
fortement  défendue  par  Morofini^ 
capitaine  général  des  troupes  de 
mer  de  Venife ,  &  par  Monthrun  , 
officier  François,  commandant  des 
troupes  de  terre.  Les  afliégés  ,  fe- 
courus  par  Louis  XIV ,  qui  leur  en- 
voya 6  à  7000  hommes ,  fous  lo 
commandement  des  ducs  de  Beat^ 
fort  &  de  NavuUles  foutinrent  pen- 
dant près  de  deux  années  les  efforts 
des  affiégeans  ;  mais  enfin  il  fallut 
£e  rendre  le  27  Septembre  1^9. 
Le  duc  de  Beaufort  périt  dans  une 

fortie  :  [  Voye^Con  article] Co- 

pr^ygll  entra ,  par  capitulation  »  dans 
Candie  réduite  en  cendres.  Le 
vainqueur  acquit  une  gloire  im- 
mortelle-, mais  il  perdit  100,000 
de  fes  foldats.  Les  Turcs  dans  ce 
fiege  ,  (  dit  Tauteur  du  SiccU  de 
Louis  XIV  y  )  fe  montrèrent  fupé- 
rieurs  aux  Chrétiens  mêmes ,  dans 
la  connoifiance  de  Tart  militaire. 
Les  plus  gros  canons  qu'on  ait  vus 
encore  en  Europe ,  fiirent  fondus 
dans  leur  camp.  Ils  firent»  pour 
la  première  fois  ,  des  lignes  pa« 
ralleles  dans  les  tranchées  :  u&ige 
que  nous  avotis  pris  d'eux ,  &  qu  ils 
tenoieiit  d'un  ingénieur  Italien. .««, 
Le  torrent  de  la  puifiance  Otto- 
mane nefe  répandoit  pas  feulement 
en  Candie,  il  pénétroit  en  Polo- 
gne. Mahoma  IV  marcha  en  per- 
fonoe ,  l'an  1672  ,  contre  les  Po- 
lonois ,  leur  enleva  l'Ukraine ,  \m 
Podolie,  la  Volhinie,  la  ville  de 
Kaminieck  ,  &  ne.  leur  donna  U 
paix  qu'en  leur  impefam  un  tribut 
annuel  de  20,000  écus.  Sohieshi 
ne  voulut  point  ratifier  un  traité 
fi  honteux  ,  &  vengea  fa  ^nation 
Taimée  fuivante  par'  la  dé£ûte  en- 
tière de  Tarmée  ennemie  ,  aux  en- 
virons deChoczim.  Les  Ottomans^ 
battus  à   diverfes  reprifes  par  ce 


M  AU. 

fgeitiA  hoihme  ,  furent  contrant* 
de  lui  accorder  une  paix  moins  dé- 
iavantageufe  que  Hi  première  ,  en 
1676.  Le  comte  Tékéll  ayant  fou- 
levé  la  Hongrie  contre  l'empereur 
d 'AJ  lemagne,  quelques  années  après, 
le  fultan  éivorifa  fa  révolte.  Il  leva 
une  armée  de  plus  de  140  mille 
hommes  de  troupes  réglées,  dont 
il  donna  le  commandement  au 
grand-vifir  Kara  Mufiapha  :  ce  gé- 
néral vint  mettre  le  ficge  devant 
Vienne  en  1683  ,&  il  l'auroit em- 
portée ,  s*il  l'eût  preiTée  plus  vi- 
vement. Sohîeshî  eut  le  temps  d'ac- 
courir à  fon  fecours  -,  il  fondit  fur 
le  camp  de  Mttft.:pha  ,  défit  fes 
troupes  ,  l'obligea  de  tout  aban- 
donner &  de  fe  fauver  avec  les 
débris  de  fon  armée.  Cette  défaite 
coûta  la  vie  au  grand-vifir  ,  étran- 
glé par  l'ordre  de  fon  maître  ,  & 
fut  l'époque  de  la  décadence  des 
afiaires  des  Turcs.  Les  Cofaques  , 
îoints  aux  Polonois ,  défirent ,  peu 
de  temps  après ,  une  de  leurs  années 
de  40,000  hommes.  L'année  1684 
commença  par  une  ligue  ofTenfive 
€c  défienfive  contre  les  Ottomans , 
entre  l'empereur  ,  le  roi  de  Po- 
logne &  les  Vénitiens.  Le  prince 
iCharlts  de  Lorraine  ,  général  des 
armées  impériales ,  les  défit  entiè- 
rement à  Mohatz ,  en  1687  -,  tandis 
que  Morûfini  ,  général  des  Véni- 
tiens ,  prenoit  le  Pélopbnnefe  qui 
valoir  mieux  que  Candie.  Les 
Jaiiifiâires  ,  qui  attribuoient  tant  de 
malheurs  à  l'indolence  du  fultan , 
le  déposèrent  le  8  Oâobre  de  la 
même  année. Sonîtctt Soliman  III, 
élevé  fiu"  le  trône  à  fa  place  ,  fit 
enfermer  cet  infortuné  empereur 
dans  la  même  prifon  d'où  l'on 
venoit  de  le  tirer  pour  lui  donner 
le  fceptre.  Mahomet  ,  accoutumé 
aux  exercices  violens  delachafie, 
étant  réduit  tout-^-coup  à  une  inac- 
tion perpémelle  ,  tomba  dans  une 
langueur  qui  le  CQnduifit  au  tom- 


M  A  H        491 

béaij ,  te  ^^  Juin  169 1.  Ce  princ« 
ne  manquoit  ni  de  courage  ni 
d'efprit  \  mais  il  étoit  d'un  carac- 
tère inégaL  II  fiit  moins  Tandon- 
né  à  fes  plaifirs  que  fes  prédécef* 
feurs.  La  chafife  fut  fa  principale 
paifion.  Sa  timidité  naturelle  lui 
Êiifoit  craindre  fans  ceffe  de  ia* 
neftes  événemens ,  fans  que  ces 
appréhenfions  le  rendififent  cruel  > 
comme  le  font  ordinairement  les 
princes  ombrageux. 

VL  MAHOMET  V,  ou  plutât 
Mahmoud  ,  fils  de  Mufiapha  11^ 
empereur  des  Turcs ,  né  en  1696 , 
fut  placé  en  1730  fur  le  trône, 
vacant  par  la  dépofition  d*Achma 
III  fon  oncle.  Les  JaniiSaires ,  qui 
lui  avoient  donné  la  couronne  » 
éxigeoient  qu'il  reprît  les  provin- 
ces conquifes  par  les  Impériaux  fou» 
les  règnes  préccdens.  Mais  la  guer- 
re que  l'empire  Ottoman  avoit 
avec  la  Perfe,  empêcha  Mahomet 
de  porter  fes  vues  du  côté  de  l'Eu- 
rope. Il  avoir  d'ailleurs  le  carac- 
tère très-pacifique ,  &  il  gouverna 
fes  peuples  avec  douceur  jufqu'à 
fa  mort,  arrivée  en  1754.  Thamas- 
Kcull'kan  lui  enleva  la  Géorgie  8c 
l'Arménie. 

VII.  MAHOMET  Galadik» 
Voy^i  ce  dernier  mot. 

MAHOUT,  F^ci  Malo. 

MAHUDEL,  (Nicolas)  né  à 
Laneres  en  1673,  ^^^^  chcî  leS' 
Jéfuites ,  en  fortit  ;  demeura  onze 
mois  à  la  Trappe,*  &  en  fortit  en- 
core; fe  fit  médecin  &  fe  fixa  « 
Paris  ^  où  il  mena  une  vie  labo- 
rieufe.  Il  fut  pendant  quelque  temps 
de  lacadémie  des  Inscriptions,  Se 
pendant  quelque  temps  aufli  déte- 
nu à  la  Bafiille.  Il  mourut  à  Pa- 
ris en  1747  à  74  ans,  dans  de 
grands  fentimens  de  piété.  Il  a 
compofé  :  I.  Dîjfenation  Hîflonqùe 
fur  Us  Mcnnoîes  antiques  d*Ejpagne , 
Paris ,  in-4*'  >  I7ij.  U.  ^w»  fif 


491        M  A  R 

w»  Médaille  de  la  ville  de  Canhage 
ln-8^  1741. 

MAHY,  (Bernard)  Jéfuitc,  né 
À  Namur  en  1684,  prêcha  avec 
répuution,  pendant  27  ans.  dans 
différentes  Tilles  des  Pays-Bas.  Il 
prèchoic  à  la  cathédrale  de  Liège 
lorfqu'une  mort  fubite  l'enleva  le 
8  Avril  1744^  Il  a  donné  au  pu- 
blic VRifioire  du  Peuple  Hékreu  juf- 
ff('<i  la  rmëê  de  'la  Synagogue,,  Liè- 
ge, 1741,  3  vol.  in- II.  Leftylecn 
i^  trop  oratoire. 

MAI ,  Voy,  Mat  &>  Mey. 

MAIA ,  fille  à' Atlas  &  de  Pléio- 
ne ,  fut  aimée  de  Juflter  &  en  eut 
Mercure.  Ce  pieu  lui  donna  à  nour- 
rir Arcas  qu'il  avoit  eu  de  la  nym- 
plie  Calyflo,  Juncjiy  déjà  irritée 
contre  Maia.  ,  lui  auroit  iaxi  fen- 
tir  fa  colère ,  fi  Jupiter  ne  l'eût 
foufiraite  à  fa  vengeance  ^  en  la 
plaçant  au  ciel  à  la  tête  des  7  Pléia- 
des ,  dont  die  itoit  la  plus  brillan- 
te. Il  y  a  des  auteurs  qui  difent 
que  le  mois  de  Mai  a  pris  fon  nom 
de  cette  Déeffe ,  parce  que  tous  les 
marchands  offroient  en  ce  mois 
des  facrifices  à  Ma'a  &  à  Mercure, 
D'autres  prétendent  que  la  Maïa  à 
qui  le  mois  de  Mai  eft  confaçré, 
efi  la  même  que  la  déefie  Tellus 
ou  la  Terre. 

MAJANO,   r<)y.  GlULANO. 

MAÏDSTON  ,  (  Richard  )  An- 
glais ^  fut  ainfi  nommé  du  lieu  de 
ïa  naiflance.  Il  mourut  le  1^^  Juin 
1396  dans  le  couvent  d'Arlesfort, 
de  1  ordre  des  Carmes ,  où  il  avoit 
pris  rhabit.  Cetoit  un  homme  ver- 
fé  dans  la  théologie,  la  philofo- 
phie  &  les  mathématiques.  Il  a 
laiffé  plufieurs  ouvrages.  Les  plus 
curieux  &  les  plus  rares ,  font  fes 
Sermones  brèves  iruuulatl:  Do^jf/il 
SECURÈ;  Lyon  I491,  in-4**. 

I.  MAIER  ,  (  Jean  )  Carme ,  na- 
tif du  Brabant ,  mort  en  1 5  77 ,  laif- 
fa  des  Commentaires  fur  les  Epîtres 
de  S.  Paul^  &  d'autres  livres. 


M  A  ! 

n.  MAIER,  (Michel)  ildji-' 
mifie  de  Francfort  dans  le  dernier 
fiecle  ,  livra  fa  raifon ,  ùl  formne 
&  fon  temps  à  cette  folie  ruinai- 
fe.  Parmi  les  ouvrages  qu'il  a  don* 
.  nés  au  public  fur  cette  matière  ^  les 
philofophes ,  qui  le  font  a0ez  pea 
pour  vouloir  faire  de  l'or,  diftin- 
guent  &  recherchent  fon  Atalama 
fugfms ,  1618 ,  in-4°  ;  ôc  fa  SeptU 
mana  PhUofophica ,  1610 ,  in.4**  , 
ouvrage  où  il  a  confignéfes  déli- 
res. On  a  encore  de  lui  :  I.  Sîlm' 
tîum  poft  clamores ,  feu  TraBatus  «- 
velatlonum  fratrum  Rofeoe  Cruâs  ^ 
1617  ,  in-8**.  II.  De  fratemîtate  Ro- 
feet  Cruels  ,  1618,  in-8°.  IIL  loats 
fevcrusy  1617,  in-4**.  lY,  De  Rcfea 
Cruccy  16 18,  in-4'*»  V.  Apologed' 
eus  revelationum  fratrtan  Kofett,  Cm* 
elsy  1617  ,  in-8**.  VI.  Canûlmte  bt" 
ullecluales  ,  Romae,  1622,  in- 16, 
Roftoch ,  1623 ,  in.8*>.  VII.  Ah- 
faum  Chymlcum ,  1708  ,  in-4**.  VUL 
De  C'irculo  Pkyfico  quadratOy  16 16-, 

in.4^ 

m.  MAIER,  (Chriftophe)  fe- 
vant  controverfiile ,  natif  d'Auf- 
bourg ,  mort  en  1626 ,  dont  on  a 
quelques  ouvrages  écrits  avec  afiès 
de  chaleur. 

IVIAIER  ,    Voye{    Doppel  & 

I^AY£R.    ' 

MAIGNAN  ,  eu  Maqnan  , 
(  Emmanuel  )  religieux  Minime, 
né  à  Touloufe  en  1601  ,  apprit  les 
mathématiques  fans  maître,  &  les 
profeffa  à  Rome,  où  il  y  a  tou- 
jours eu  depuis,  en  cette fcience, 
un  profeiTcur  Minime  ,  françois. 
Kircher  lui  difputa  la  gloire  de  quel* 
ques-unes  de  fes  découvertes  en 
mathématiques  &  en  phyfique  v  mais 
les  plus  illuftres  philofophes  vi- 
rent dans  les  reproches  du  Jéfuite, 
plus  de  jaloufie  que  de  vérité.  Re- 
venu à  Touloufe ,  le  P,  Malpum 
fut  honoré  d'une  vifite  de  Lom 
XIV ,  lorfqu'il  pafia  par  cette  ville  » 
en   1660.    Ce  monarque  ,  firappé 


MAI 

des  talens  &  de  Thumble  candeur  du 
favant  religieux,  voulut  Tatciror 
dans  la  capitale  ;  mais  le  P.  Mù- 
gaan  s'en  défendit  avec  autant  de 
douceur  que  de  modeitie.  Il  mou- 
rut à  Touloufe  le  19  Oûobre  1676 , 
dans  fa  75®  année ,  après  ^voir 
paiTé  par  les  charges  de  ion  ordre. 
L'innocence  de  fa  vie ,  la  fimpli- 
cité  de  fes  mœurs ,  jointes  à  Té- 
lévation  de  fon  cfprit  &  à  la  pro- 
fondeur de  fes  connoiflances ,  ex- 
citèrent de  vifs  regrets.  Sa  patrie 
plaça  fon  bufte,  avec  une  inîcrip- 
tion  honorable ,  dans  la  galerie  des 
hommes  illuftres.  Le  P.  Maignan 
enridiit  le  public  des  ouvrages  fui- 
vans  :  L  Perfpeciiva  horarla ,  1648 , 
in-fol. ,  à  Rome.  C'eft  un  traité 
de  catoptrique,  dans  lequel  l'au- 
teur donne  de  bonnes  règles  fur 
cette  partie  de  la  perfpeftive.  On 
y  trouve  auffi  la  méthode  de  po- 
lir les  cryflaux  pour  les  lunettes 
d'approche.  Celles  que  le  P.  Mal- 
gnan  ût ,  conformément  à  fes  règles , 
«toient  Ug  plus  longues  qu  on  eût 
encore  vues.  II.  Un  Cours  de  phi- 
lof  ophie  en  latin,  in-fol.  Lyon, 
1673  ,  &  Touloufe  1705,  IV  tom. 
in-4^.  11  n'eft  plus  d'aucun  ufage 
dans  les  écoles.  L  auteur  y  anribue 
il  la  différente  combinaif on  des  ato- 
mes, tous  les  effets  delà  nature, 
^e  Z>e/carus  ùit  naître  de  fes  trois 
fortes  de  matières,  &  Oaffendl  de 
fes  atomes.  Il  faut  cependant  ob- 
ferver  qu'il  s'éloignoit  infiniment 
é.*Ep'icurCy  en  fîippofant  pour  l'exif- 
tence  &  la  combinaifon  des  atomes 
un  être  puiffant  &  fàge.  III.  De 
ufu  lîclto  ptcun'w  y  Ï673  »  in-i2.  Le 
P.  Maignan  s'écarte,  dans  ce  traké 
fur  l'ufure,  de  l'opinion  des  tliéo- 
logiens  fcolaâiques  ,  qu'il  ne  fui- 
voit  pas  en  aveugle.  AuiE  fubtil 
philofophe  que  profond  théolo- 
gien, il  fit  bien  des  efforts  pour 
concilier  les  différentes  opinions 
fde  l'écolCj  encre  autres  celles  des 


MAI         49J 

ThùtnîjUs  fur  la  grâce ,  avec  celle  des 
feûateurs  de  Molina  -,  mais  fes  ef- 
forts ne  ferVirem  qu'à  montrer 
combien  fon  efprit  étoit  délié ,.  & 
cette  matière  obfcure  &  impéné- 
trable..'. Foyex  fa    Vie  par  le  Père 

5  agitais,  fon  élevé.  Elle  parut  en 
1697  y  in-4**,  fous  ce  titre  :  De  W-. 
ta ,  morthus  &  fcriptis  Emman.  Ma-* 
gnanî  »  Tolofs. 

MAIGRET,   Voy.  Meigret. 

MAIGROT,  (Charles)  dodeut 
de  la  maifon  de  Sorbonne ,  vivoit 
en  retraite  dans  le  féminaire  des 
Miiïîons  étrangères,  lorfqu'il  fut 
choifi  pour  porter  la  lumière  de 
l'Evangile  dans  la  Chine»  A  peine 
eut-il  rempli  quelque  temps  fes 
fondrions ,  qu'il  fut  gratifié  de  l'é- 
vêché  de  Conon,  &  du  titre  dft 
vicaire  apoilolique.  L'abbé  Maigrot 
étoit  un  homme  d'une  confcience 
tiniorée  &  d'un  zèle  ardent.  Il  de* 
fapprouva  la  conduite  des  Jéfuites. 
Il  condamna  la  mémoire  de  leur 
plus  célèbre  miffionnaire,  le  Père 
Matthieu  Rica',  il  déclara  les  rite» 
obfervés  pour  la  fépulture,  ab- 
folument  fuperftitieux  &  idolâtres; 
Dans  les  Lettrés ,  il  ne  vit  que 
des  athées  &  des  matérialii^es.  Le 
Mindcment  publié  en  1693,  dans 
lequel  il  prononçoit  fes  anathêmes  , 
lui  attira  la  haine  des  Jéfuites ,  qui 
approuvoient  une  partie  de  ce  qu'il 
profcrivoit.  L  empereur  qui  aimoit 
ces  Pères  en  fut  fort  irrité.M.deTour- 
non  ,  patriarche  d'Antioche  ,  légat 
apollolique  à  la  Chine ,  tâcha  d'a- 
doucir ce  prince,  &  loua  beau- 
coup dans  l'audience  publique  qu'il 
eut  de  l'empereur  en  1706 ,  la  fcien- 
ce  de  M.  de  Conon  dans  la  lan- 
gue &  les  affaires  chinoifes.  Le 
monarque  le  fit  venir ,  l'interrogea , 

6  fut  tort  furpris  de  ce  que  fes  ré- 
ponfes  ne  répondoient  pas  à  l'idée 
que  lui  en  avoit  donné  M.  de 
Tournon.  Il  en  témoigna  fa  iur- 
pr^e   daijis    va   décret   qu'il   lui^ 


'494         M  A  I 

adrdTa  le  fécond  jour  d'Août  de  la 
même  année  ;  peu  après  il  l'exila , 
foit  qu  il  eut  été  prévenu  contre 
lui ,  foit  qu  il  ne  voulût  pas  autant 
d'ouvriers  évangéliques  dans  fes 
états.  Les  ennemis  des  Jéfuites  leur 
attribuèrent  ce  banniiTement  >  par- 
ce qu'ils  avoiem  beaucoup  de  cré- 
dit à  la  G>ur  de  Pékin  \  mais  ilt 
s'en  défendirent.  Quoi  qu'il  en  foit , 
Maigrot  finit  fa  carrière  à  Rome, 
avec  la  réputation  d'un  homme 
verfé  dans  les  lettres  &  les  livres 
des  Q\inois.  On  a  de  lui  des  Ob- 
firvutlons  latines  fur  le  livre  xix 
ée  VHifloirc  des  Jifuius  de  Jouven- 
d.  Cet  ouvrage,  mortifiant  pour 
la  Société ,  a  été  traduit  en  fran- 
çois  fous  ce  titre  :  Examen  des  Cul" 
Us  Chinois, 

MAILLA ,  (  Jofeph- Anne- Marie 
et  Moyriac  de  )  favant  Jéfuite ,  né 
au  château  de  Maillac  dans  le  Bu- 
gey,  fut  nommé  miiHonnaire  de 
ïà  Chine  ,  où  il  paâa  en  1703. 
Dès  l'âge  de  18  ans  ,  il  étoit  fi 
verfé  dans  les  caraâetes ,  les  arts , 
les  fciences  ,  la  mythologie  &  les 
anciens  livres  des  Chinois  ,  qu'il 
étonnoit  les  Lettrés  mêmes.  L'em- 
pereur Kam-Hl  ,  mort  en  1722  , 
i'aimoit  &  l'eftimoit.  Ce  prince  le 
chargea ,  avec  d'autres  miflionnai- 
res,  de  lever  la  Carte  de  lu  Chine 
&  Je  la  Tartarîe  Chmoife  ,  qui  fut 
gravée  en  France  l'an  1732.  Il 
leva  encore  des  Canes  particulie- 
fes  de  quelques  provinces  de  ce 
vafle  empire.  L'empereur  en  fut  û 
fktisfait,  qu'il  fixa  l'auteur  en  fa 
cour.  Le  P.  de  Mailla  traduifit  aufii 
le»  grandes  Annales  de  la  Chine  en 
françois ,  &  fit  palTer  fon  manuf- 
crit  en  France  l'an  1737.  Cet  ou- 
vrage, publié  en  12  vol.  in-4**. 
par  les  foins  de  M.  l'abbé  Grvfier , 
•ft  la  première  Hifioire  complète 
de  ce  vafte  empire.  L'éditeur  en  a 
retouché  le  ftyle  bourfouflé  & 
hyperbolique  »  &  a  fupptxsié  les 


MAI 

harangues  ,  trop  longues  &  trofi 
monotones.  £n  général  ,  le  pin- 
ceau des  hiftoriens  Qûnois  neref- 
femble  point  à  celui  de  Taciu  , 
ni  de  nos  bons  hifioriens  *,  mais 
on  trouve  quelquefois  dans  leurs 
Annales  le  bon  fen$  de  Plutarque  « 
&  des  anecdotes  qui  peignent  (es 
hommes  ,  les  temps  &  les  moeurs. 
Quant  aux  £ût$  des  premiers  temps , 
M.  Gogaet  dit  Sans  fon  Orîginedes  lois, 
tom.  3  ,  difl*ert.  3  :  »♦  On  peut  aflurer 
H  hardiment  ,  que  jiîfqu'à  l'an 
»♦  206  avant  Jefus-Chrift ,  leur  hif- 
vt  toire  ne  mérite  aucune  croyance. 
yt  C'efi  un  tiilu  perpétuel  de  fables 
»  &  de  contradiâions  ;  c'eft  ua 
>*  cahos  monilnieux  dont  on  ne 
M  fauroit  extraire  rien  de  fuivi  & 
9*  deraifonnable«<.  Le  P.  ie  Mailla 
mourut  à  Pékin  le  28  Juin  1748 , 
dans  fa  79^  année,  après  un  fé)our 
de  45  ans  à  la  Chine.  L'empereur 
Kien-Lung^  adhiellement  régnant , 
fit  les  fi-ais  de  fes  fiinérailles.  Ce 
Jéfuite  étoit  un  homme  d'un  cà- 
raâere  vif  &  doux,  capable  d'un 
travail  opiniâtre  &  d'une  activité 
que  rien  ne  refroidifiToit. 

MAILLARD,  (  Olivier  )  fameux 
prédicateur  Cordelier,  natif  de  Pa- 
ris ,  doâeur  en  théologie  de  la  fa- 
culté de  cette  ville  ,  fut  chargé 
d'emplois  honorables  par  le  pape 
Innocent  FUI,  par  Charles  VU l roi 
de  France ,  par  Ferdinand  roi  d'Ara- 
gO!l ,  &c.  Il  fervit  ce  dernier  prince 
en  trahifiant  fon  maître  (  dit  le  P. 
Fabre  )  lors  de  la  reddition  de  la 
Cerdagne  &  du  RouffiUon  ,  qu'il 
lui  confeilla  fortement,  fuppofant 
des  ordres  exprès  de  Louis  XI  au 
lit  de  mort.  Maillard  mourut  à 
Touloufe  le  13  fuin  i502.Illaifla 
des  Sermons  ,  remplis  de  plates 
bouffonneries  &  de  chofes  ric(icu- 
les&  indécentes.  C'étoitainfi  qu'on 
prêchoit  alors.  Le  P.  Maillard  en- 
voie à  tout  moment  fes  auditeurs 
i  tous  Ij»  diaMcsSi  ^^n^^  x$^  «^ 


MAI 

vmnes  dtsholos»»,.  Ad  ontfKs  diabolos 
uûs  modus  Mgtndî,  Il  falloit  (  dit 
Nlceron  )  que  la  corruption  fut 
bien  publique  de  Ton  temps ,  puif- 
que  fa  morale  roule  le  plus  fou- 
rent  fîir  l'impureté  ;  qu'il  fe  fcrt 
dans  cette  matière  des  expreflions 
les  plus  crues  *,  &  que ,  lorfqu'il  en 
parle  ,  il  s'adreiTe  prefque  tou- 
jours aux  Ecdéfiafliques.  Ce  Cor- 
délier  ayant  glifTé  dans  îes  fermons 
des  traits  qu'on  pouvoit  appliquer 
à  Louis  XI  ^  le  monarque  irrité  fît 
dire  au  prédicateur  qu'il  le  feroit 
jeter  à  la  rivière.  U  Roi  tfi  U 
maître  ,  répondit-il  ;  mais  dhes'Im 
foe  je  firmi  plutôt  en  Paradis  par  eau , 
^uîl  n*y  arrivera  avec  fa  chevaux  de 
fojk.  (  On  fait  que  c'eft  Loms  XI 
qui  établit  la  pofte  jufqu'alors  in- 
connue en  France ,  &  qui  le  premier 
a  £ût  difpofer  des  relais  de  dif- 
tance  en  diftance.  )  Apparemment 
que  cette  réponfe  ,  ferme  &  pi- 
quante ,  fit  fon  effet  fur  le  roi  : 
car  il  laifia  Maillard  prêcher  tant 
qu'il  voulut  &  tout  ce  qu'il  vou- 
hit.  Ses  Sermons  latins  furent  im- 
primés à  Paris  depuis  1511  juf- 
qu'en  1530,  en  7  parties,  qui  for- 
ment 3  vol.  in-8^.  La  pièce  la  plus 
originale  de  ce  prédicateur ,  eil  fon 
Seimôn  prêché  à  Bruges  le  v**  Di- 
manche de  Carême,  en  1500  ,  im- 
primé iâns  date ,  in-4^ ,  où  font 
marqués  en  marge  ,  par  des  hem  ! 
hem  !  les  endroits  où  ,  félon  l'u- 
fage  d'alors ,  le  prédicateur  s'étoit 
arrêté  pour  toutter.  On  a  encore 
de  lui  la  ConfiJJion  générale ,  Lyon, 
1526,  in-8^ 

MAILLARD,  fV^tvi.JEAN... 
Desforges-Maillard ,.,&  IL 

TOURNON, 

I.  MAILLÉ  DE  Brezé  ,  (  Simon 
de  )  d'une  des  plus  illuftres  &  des 
plus  anciennes  malfons  du  royau- 
me ,  d'abord  religieux  de  Ciftoaux 
&.  abbé  de  Loroux ,  devint  évêque 
de  Viviers  ,  puis  archevêque  de 


MAI         49f 

Tours  en  i;54.  H  accompagna  le 
cardinal  de  Lomàme  au  coftole  de 
Trente ,  &  tint  un  condle  provin- 
cial à  Touis  en  i$9$.  Il  traduifit 
de  grec  en  latin  qudques  Homélies 
de  S,  BcfiU^  &  monntt  en/1  ^97 ,  à 
81  ans,  avec  une  grande  réputa- 
don  de  favoîr  &  de  faimeté.  La 
maifon  d*  UaUU  étoit  très-fiorif- 
fante  dès  le  xii*  fiede.  Jacquella 
de  MdiZLÂ  j  chevalier  de  Tordre 
des  Templiers ,  combattit  avec  tant 
de  valeur  contre  les  Infidelles  , 
qu'ib  crorefit  qu'il  y  aivoit  en  lui 
quelque  choie  de  divin.  Ils  lepri* 
rent  pour  le  SaSai  Georgt  des  Chrc* 
tiens.  Ayant  été  accablé  fous  la 
multitude  de  traits  qu'on  lança 
contre  hn  ,  on  prétend  que  les 
Barbares  famafierent  avec  une  e^ 
pece  de  fupeifiîiîon  la  pouffiere 
arrofée  de  fon  ùng  ,  pour  s'enfrotr 
ter  le  corps. 

IL  MAILLÉ, (Urbain  de)  mar- 
quis de  Bic^i ,  maréchal  de  Fran- 
ce ,  gouverneur  d*Aiqou  ,  de  la 
même  fsmiiUe  que  les  précédens  , 
fe  fignala  de  bonne  heure  par  foa 
courage.  U  commaiula  l'armée  d'Al- 
lemagne en  1634,  &  gagna  la  ba-> 
taille  d'Avein  le  2  Mai  163  y.  U  fis 
envoyé  ambafladeur  en  Stiede  &  ea 
Hollande ,  &  élevé  à  divers  hon- 
neurs par  la  £ivenr  du  cardinal  dt 
Rtche/lai ,  fon  bcau-frere.  U  mou- 
rut le  13  Février  i6p ,  à  j;3  ans. 

m.  MAILLÉ  DE  Brezé  ,  (  Ar- 
mand de  }  duc  de  Fronlàc  &  de  Cau- 
mont  ,  marquis  de  Graville  &  de 
Brezé  ,  fils  du  précédent ,  com- 
mença a  fe.  dtfHnguer  en  Flandre^ 
en  163$.  L'année  fuivante  i^  «am- 
manda  les  galères  du  roi  ,  puis 
l'armée  navale  ,  &  défit  la  flotte 
d'Efpagne  à  a  vue  de  Cadix ,  le 
22  Juillet  1640.  Il  £ut  envoyé 
ambaâadeur  en  Portugal  en  1641  ^ 
&  remporta  les  années  fuivaates 
de  graa^s  avantages  fur  mer  con- 
ue  les  SXpsi^Qolsi  99^  U  échou^ 


49^         MAI 

devant  Tarragone.  Ses  fcrvlcds 
lui  méritèrent  la  charge  de  fur- 
întendant  général  de  la  navigation 
&  du  commerce.  Il  ^t  tué  fur 
mer  d'un  coup  de  canon,  le  14 
Juin  1646  ,  à  17  ans, tandis  qu'on 
feifoit  le  fiege  d'Orbitello.  Voy,  I. 
Foucault. 

IV.  M  AILLÉ,  (François)  natif 
de  Pontevcz  en  Provence  ,  mou- 
rut en  1709  ,  à  1 19  ans.  Il  Te  maria 
a  Oiâteauneuf ,  &  y  vécut  juCqu'à 
la  fin  de  fa  longue  vie»  A  100 
ans  il  eut  une  galanterie  avec  une 
lîUe  de  village ,  &  en  eut  un  en- 
i&nt.  A  iio  ans ,  étant  à  la  chaiTe , 
il  tomba  d'une  muraille ,  fe  cafTa  la 
jambe  ,  guérit ,  &  vécut  encore  9 
ans  après  cet  accident,  frais  &  vi- 
goureux, &  jouifTant  de  fon  bon 
fens  &  de  fa  mémoire.  Enfin  , 
fans  jamais  avoir  été  malade  ,  il 
ne  mourut  que  parce  qu'il  &ut 
mourir. 

'  MAlLLEB01S,(Jean^Bapti{leDef- 
marêts,marquis  de  )  né  en  1 6S  i ,  fils 
"de  Nicolas  Dcfmariuy  contrôleur-gé- 
néral des  finances  fous  la  fin  duregne 
de  Louis  XIV y  fe  fignala  d'abord 
dans  la  guerre  de  lafucceflîon  d'Ef- 
^agne.  Les  campagnes  d'Italie ,  en 
1723  &  1734,  où  il  donna  diver- 
fes  preuves  de  fes  talens  militaires , 
furent  le  principal  fondement  de  fa 
réputation.  Il  fut  enfuite  envoyé 
en  Corfc  ,  qui  étoit .  toujours  en 
jguerre  avec  les  Génois  :  il  foumit 
cette  ifle,  qui  <è  révolta  auffi-tôt 
après  fon  départ  -,  mais  ce  n'efî  qu'en 
fuivant  fes  plans ,  que  le  roi  de 
France  la  foimiit  de  nouveau  en 
176.9.  Son  expédition  deCorfe  lui 
valut  le  bâton  de  maréchal.  C'efl  en 
cette  qualité  qu'il  commanda  en 
Allemagne  &  en  Italie,  dans  la  guerre 
;de  1741 ,  où  il  cueillit  de  nouveaux 
lauriers.  Il  prit  la  ville  d'Acqui  au 
Montferrat,  dont  il  fitrafer  les  for- 
tifications. Moins  heureux  en  1746, 
"4  fut  b&ttupv  le  fiuneux  cpxmc  dç 


M  A  r 

Brown  à  la  bataille  de  Plaifance.  Xt 
finit  fa  carrière  le  7  Février  1761 , 
dans  fa  80^  années  après  avoir  vécu 
en  citoyen ,  en  chrétien  ,  en  bon 
père  de  famille.  Le  marquis  de  Pq^^ 
a  donné  fes  Compiles  iîtallt ,  im* 
primées  au  Louvre,  1775  »  ^5 
volumes  in-4°  ,  avecundeCart^* 
forme  d* Atlas.  Ce  recueil ,  très-inf- 
tru6l:if  pour  les  militaires ,  montre 
dans  le  maréchal  de  MaUàbois ,  un 
homme  qui  avoit  des  vues  profondes 
fur  la  guerre ,  &  qui  ne  fe  décidoit 
qu'après  avoir  médité.  La  préface 
de  cet  ouvrage  efl  un  morceau  pldn 
d'énergie. 

MAILLET  ,  (Benoît  de  )  né  en 
Lorraine  en  1659  ,  d'une  famille 
noble,  fut  nommé  ,  à  l'âge  de  33 
ans  ,  conful  général  de  l'Egypte  : 
emploi  qu'il  exerça  pendant  feize 
ans  avec  beaucoup  d'intelligence.  Il 
founnt  l'autorité  du  roi  contre  les 
JaniiTaires ,  &  étendit  le  commerce 
de  la  France  dans  cette  partie  de 
l'Afrique.  Le  roi  récompcnfa  fes 
fervices  en  lui  conférant  le  çonfu- 
lat  de  Livourne ,  le  premier  &  le 
plus  ceflôdérable  de  nos  coniulats. 
Enfin  ayant  été  nommé ,  en  1 7 1  j  » 
pour  faire  la  Vifite  des  Echelles  du 
Levant  &  de  la  Barbarie ,  il  remplit 
cette  commiiîlon  avec  tant  de  fuc- 
cès ,.  qu'il  obtint  la  permiflion  dé 
fe  retirer ,  &  une  penfion  confîdé- 
rable.  Il  fe  fixa  à  Marfeille  ,  où  il 
mourut  en  1738  ,  à  79  ans.  C'étoit 
un  homme  d'une  imagination  vive,  j 
de  mœurs  douces  ,  d'une  fociété 
aimable  ,  d'une  probité  exaûe.  Il 
aimoit  beaucoup  la  louange ,  &la 
gloire  de  l'efprit  le  touchoit  infini- 
ment. Il  avoit  fait  toute  fa  vie  uns 
éwde  parnculïere  de  l'Hiftoire  na- 
turelle. Son  but  principal  étoit  de 
connoître  l'origine  de  notre  globe. 
11  laifTa  fur  ce  flijet  important  des 
obfervations  curieufes,  qu'on  a  don* 
nées  au  public  fous  le  titre  de  TtlSa- 
më  i  ie-S°  ;  Ç'çft  h  nom  de  Maîlla 


MAI 

rtnVtoffc»  L'abbé  U  MafcrUr ,  [  Voy. 
[    ce  mot]   éditeur  de  cet  ou>/Vagc, 
f    l'a  mis  en  forme  d'Entretiens.  C'eft 
.    un  philofophe  Indien ,  qui  expofe 
i  un  miffionnaire  François  fon  fen- 
timent  fur  la  nature  du  globe  & 
fur  l'origine  de  l'homme.  Croiroit* 
on  qu'il  le  faifoit  fortir  des  eaux , 
&  qu'il  donne  pour  lieu  de  la  naif- 
fance  de  notre  premier  Père ,  un 
féjour  qu'aucun  homme  ne  pour- 
roit  habiter  ? .  L'objet  principal  eft 
de  prouver ,  que  tous  les  terrains 
dont  eft  compofe  notre  globe ,  juf- 
qu'aux  plus  hautes  de  nos  monta- 
gnes ,  font  fords  du  fein  des  eaux  ^ 
qu'ils  font  tous  l'ouvrage  delà  mer, 
qid  fe  retire  fans  ceflTe  pour  les  laif* 
fer  paroître  fucceffivement.  TdUam 
mei  âiit  les  honneurs  de  fon  livre 
à  VlUuftn  CrRAiSto  ve  Bbrgzslac  , 
âMUur  des   Voyagu  imaginaires   dans 
k  Soleil  &  dans  la  Lune,  Dansl'E* 
pitre  badine  qu'il  lui  adrefTe ,  le  phi- 
lofophe Indien  ne  nous  annonce 
ces  Entretiens  ,  que  comme  un  ti£u 
de  rêveries  &  de  viiions.    On  ne 
peut  pas  dire  tout-à*^it  qu'il  ait 
manqué  de  parole  »  mais  on  pour- 
roit  lui  reprocher  de  ne  les  avoir 
pas  écrits  dans  le  même  goût  que 
îbn  Epître  à    Cyran(y^   &   4e  n'y 
avoir  pas  répandu  aitez  de  gaieté 
&  de  l^dinage.  Il  traite  de  la  ma- 
nière la  plus  grave  le  fujetleplus 
cxtrava^^f,  S  expofe  fon  fenti- 
ment  ridicule,  avec  tout  le  férieux 
d'ua  philofophe.  De  vi  Entretiens 
dont   Touvrage  eft  compofé  ,  les 
quatre   premiers    offrent   diverfes 
•bfervations  curieufes ,  vraiement 
philosophiques  &  de  conféquence» 
Dans  les  deux  autres  on  ne  trouve 
que  des  conjeûures  ,  des  rêveries , 
des    Êibles  quelquefois  amufantes , 
mais  toujours  abfurdes.  On  a  encore 
de  Maillu ,  une  Defcriptlon  de  /*£• 
gypte ,  drefiee  fur  fes  Mémoires  par 
réditeurde  TeUiamed^ij^^ ,  ia-4^» 
au  en  2.  voU  in-12. 


.X"«  K 


T. 


MAI         497 

^  /.  MAILLY ,  l'une  des  plus  an* 
ciennes  maifons  du  royaume ,  tire 
fon  nom  de  la  terre  de  Mailly ,  près 
d'Amiens  *,  elle  eft  illuftre  par  U% 
alliances  &  par  les  grands  hommes 
qu'elle  a  produits.  Celui  dont  le 
nom  doit  être  le  plus  cher  aux  bons 
citoyens  ,  eft  François  de.  Maili.y  , 
ii*du  nom,  feîgneur  d'Haucourt» 
&  fils  de  Fr::nçois  P'  ivk  nom ,  mort 
en  1580.  Le  père  avoit  été  attaché 
inyiolablement  au  roi  *,  le  fils  ne  le 
fut  pas  moins.  Loin  d'entrer  daos 
cette  déteftable  confédération  qu'on 
appeloit  la  Sainte-Ligue^  il  fit  les  der- 
niers efforts  pour  ramener  les  re* 
belle&.à  leur  fouverain  :  fon  zèle  & 
fa  valeur  âu'ent  récompenfés  par 
le  collier  de  l'ordre.  U  mourut  en 
1621.  Un  chevalier  de  cette  fîamille 
donna,en  1 742,  une  Hiftoire  de  Gènes  , 
aftez  eftimée ,  imprimée  à  Paris  en 
4  vol.  ^in-i2.  £Ue  commence  à  la 
fondation  de  cette  république ,  *  & 
finit  en  1693. 

//,  MAILLY,  (Lonifc- Julie  de) 
fille  de  Louis  III  ^  marquis  de  NefU^  , 
née  en  17 10  ,  époufa ,  en  1726  « 
fon  couiin  le  comte  de  Mailly ,  mort 
en  1747.  Cette  dame  avoit  toutes 
les  grâces  de  TeTprit  qui  rendent  la 
fociété  aimable.  A  la  mort  du  comte 
de  Toulùufe ,  en  1737  »  Louis  XV  ^ 
qui  goûtoit  avec  lui  les  plaifirs  de 
famitié,  choifitMad^  4e  Mailly  pour 
répandre  de  l'agrément  dans  fes 
amufemens.  Mais  fa  plus  jeunQ 
foeur ,  Mariù-Anne ,  veuve  en  I74P 
du  marquis  de  U  TournelU  ,  avec 
autant  d'efprit  que  fa  foeur ,  &  plus 
de  beauté  &  de  jeunefte ,  s'empara 
du  coeur  &  de  Tefprit  du  prince^ 
Mad*  de  Mailly  fe  retira  de  la  cour , 
&  vécut  chrétiennement  jufqu'à  fa 
mott  en  17  5 1 .  Très-afîiduc  aux  égli? 
fes ,  elle  ne  s'y  faifoit  diftinguer  que 
par  fon  recueillement  »  fa  modeftie» 
&  quelquefois  par  ià  patience  à  fup-^ 
porter  les  injures  d'une  canaillp  ia« 
frleate  ,  qui  la  regardott  à  tort 


•49^        MAI 

comme  l'auteur  des  calamités  pu* 
l>ii<iues.  Pour  Mad*  ic  U  Toumdie  » 
^  le  roi  lui  donna  le  duché  de  Château- 
roux  ,  &  la  fit  dame-du-palais  de  la 
reine.  Ce  prince  l'a  voit  nommée 
furintendantede  la  maifon  deMad* 
la  Dauphine ,  lorfqu'elle  fut  éloi- 
gnée pendant  la  maladie  de  ce  prince 
à  Metz.  Elle  avoit  permif&on  'de 
revenir ,  mais  une  maladie  violente, 
caufée  par  la  joie  de  fon  retour  , 
l'emporta  le  8  Décembre  1744  ^  à 
17  ans. 

I.  MAIMBOURG ,  (  Louis  )  cé- 
lèbre Jéfuite,  né  à  Nancy  en  16 10  « 
<ie  parens  nobles ,  fé  fit  un  nom  par 
fes  prédications.  Elles  furent  long- 
temps célèbres  »  par  les  faillies  bur- 
lefques  dont  il  les  aflàifonnoit  ;  & 
lorsqu'on  reprocha  à  Moiurc  d'avoir 
cfé  compofer  une  pièce  auffi  mo- 
nie  <iue  le  Tartuffe  :  Efi-il  étonnant  ^ 
dit-il ,  qutjt  mette  des  Sermons  fur  le 
théâtre,  ptdfque  U  P,  Matmhourg  fait 
des  Comédies  en  chaire  ?  Obligé  de  foi> 
tir  de  la  Compagnie  de  Jefus ,  par 
ordre  du  pape  Innocent  XJ,  en  1682, 
pour  avoir  écrit  contre  la  cour  de 
Rome  en  &veur  du  clergé  de  Fran- 
ce «  il  fiit  gratifié  d'une  penfion  du 
roi ,  qui  fbllicita  en  vain  fes  fupé- 
rieurs  de  ne  pas  l'exclure  de  la  So- 
ciété. Les  Janfénifles  eurent  en  lui 
Un  ennemi  ardent.  Ufefignala  con- 
tre eux  en  chaire  &  dans  le  cabi- 
siet ,  fur-tout  par  fés  déclamations 
contre  le  Nouveau-Tejîament  de  Mons, 
L'écrivain  ex-Jéfuite  choiiît  une  re- 
traite à  l'abbaye  de  Saint- Viâor  de 
Paris  ,  où  il  mourut  d'apoplexie 
le  13  Août  1686,  à  77  ans.  Maîm- 
hourg  étoit  d'un  caraôere  plein  de 
hardiefle  &  de  vivacité  ,  &  un  peu 
inquiet.  On  prétend  qu'il  ne  pre- 
soit'  jamais  la  plume  fans  avoir 
échauifïé  fon  imagination  par  le  vin. 
Lorfqu'il  avoit  à  décrire  une  ba- 
taille ,  il  en  buvoit  deux  bouteilles 
au  lieu  d'une ,  de  peur ,  difoit-il ,  que 
Utmagi  du  fgmkau  n«  k  fif  tomher  m 


M  Aï 

fsISUtffe.  On  a  de  lui  un  gniid 
bre  d'ouvrages  hifioriques ,  qui  for- 
ment 14  vol.  in-4^,  &  16  vol.  in-12. 
On  y  trouve  du  feu ,  de  la  rapidité, 
-mais  peu  de  folidité,  de  difcemcmeat 
&  d'exaâitude.  Son  coloris  efl  trop 
romanefque.Rien  de  plus  fade  quelcs 
portraits  qu'il  trace  de  quelques-uns 
ée  fes  héros  :  il  donne  prefque  à 
tous  de  grands  yeux  à  âeiu:  de  tête, 
des  nez  aquilins ,  une  bouche  admi* 
rablement  conformée  ,  un   génie 
perçant ,  un  courage  inébranlable.  11 
plut  d'abord  ;  mais  on  revint  bientôt 
de  ce  mauvais  goût^&  la  plupart  dt 
fes  ouvrages  moururent  avant  lui* 
Son  flyle  ampoulé,  hérilTé  d'and- 
thefes  &  dé  phrafes  qui  ne  fîniflem 
point ,  le  fit  moins  méprifer ,  que  fa 
mamere  de  recuôllir  des  chofes  ex- 
traordinaires plutôt  que  des  chofes 
Vraies,  &  de  rechercher  dans  lesper- 
fonnages  des  fiecles  pafies  de  quoi  ie 
venger  de  ceux  de  fon  fiede.  Il  eft 
certain  qu'il  fit  des  portraits  de  quel-   | 
ques  Hérétiques  anciens  qu'on  sqppli-    | 
qua.  à  des  perfonnages  modernes  «    | 
tels  Q^AnuttM^  âr.  Mais  le  public    j 
malin  lui  prêta  quelquefois  des  vues    1 
qu'il  n'avoit  pas  eues.  On  a  im-    ' 
primé  dans  différens  recueils  d'anec*   j 
dotes  «  que  VExpofidon  deUfdya 
Boffuu^  fi  admirée  aujourd'hui,  ot 
fut  pas  d'abord  du  goût  de  quelques 
Catholiques  peu  éclairés  ,  qui  ie 
plaignirent  de  ce  que  le  favant  pré* 
lat  ne  faifoit  pas  de  toutes  leurs 
opinions  des  articles  de  foi.  Mtim- 
bourg  fut,  dit-on ,  de  ce  nombre.  On 
a  prétendu  qu'il  fit  dans  VHî/lmn 
du  Luthéranlfme  le  portrait  étBofmt, 
&  la  critique  de  fon  livre  fous  k 
nom  du' cardinal  Ccntarêni  ;  &  qu'il 
dit  que  ni    l'un    ni    l'autre  partt 
n'en  avoient  été  fatisfidts.    Cène 
anecdote  rapportée    par  quelques 
Proteflans.,  efi  démentie  par  I'inp 
vrage  même  qu'ils  citent.    Quoi 
qu'U  en  foit ,  plùfieurs  traits  faif- 
^9riques  «  ou  mal  *  rendus  1  «« 


MA  I 

txagcrés  en  bien  &  ea  mal ,  Itu 
firent  donner  par  divers  critiques 
le  titre  de  Romancier,  Un  (avant 
François  ayant  demandé  à  un  Italien 
qui  étoit  à  Paris ,  ce  qu'on  difoit 
dans  fon  pays  >  de  MMÎmhourg  ?  On 
^  de  lui,  répondit-il ,  quHl  efi  entre 
Us  Hiftoriens ,  et  que  Momus  eji  entre 
.  les  Dieu»,  Parmi  ce  torrent  d'ou- 
vrages dont  il  inonda  le  public ,  il 
en  eft  quelques-uns  qu'on  lira  en- 
core avec  plaiâr.  I.  UHiJLirt  des 
Croîfades ,  i  vol.  in-4®,  ou  4  vol.  in- 
12,  écrite  avec  agrément,  mais 
pleine  de  menfonges.  II.  UHiftoir& 
de  la  décadence  de  l*Kmplre  après 
CharUmipie^  1  vol.  in- 11.  L'auteur 
y  difcute  afTez  bien  les  querelles 
de  r£mpire  &  du  Sacerdoce.  IIL 
VHi/hire  de  la  Ligue ,  in-4^ ,  ou  en 
2  vol.  in- 12.  On  y  trouve  des 
chofes  alTez  curieufes  ,  entre  autres 
la  pièce  fondamentale  de  la  Ligue  , 
qui  eft  l'aâe  de  Taflociation  de  la 
Nobleffc  Françoife.  IV.  Les  mf- 
toircs  du  pontificat  de  S,  Grégoire  le 
Grand  ^  &  de  celui  de  S.  Léon  ,  toutes 
deux  alTez  eftimées ,  2  vol.  in-4^  « 
ou  4  vol.  12.  V.  Traité  hiftorique 
éUs  préro^uives  de  tEgtife  de,  Rome  , 
dans  lequel  il  défend  avec  force 
l'autorité  de  l'Eglife  contre  les  Pro- 
ieftanj»,  les  libertés  de  l'Eglife  Gal- 
licane contre  les  Ultramontains  »  & 
la  vérité  des  Aâes  du  concile  de 
Confiance  contre  Schésl/irate,  VI. 
Plufieurs  autres  ouvrages  de  con- 
troverfe,  moins  mauvais  que  les 
Hiftoires  de  VArianifme ,  des  Icono- 
elaflu,  du  Ijahéranifme  ^  du  Calvi- 
Mifnu  ^  du  SchJfme  des  Grecs  ,  du 
Grand  Schi/me  d* Occident^  ouvrages 
oubliés.  VII.  "Des  Sermons  contre  le 
NouveaU'TeJiament  de  Moru^  2  vbl. 
in-i2 ,  récités  avec  beaucoup  de 
chaleur  par  Amaulâ  &  NicoU.  On  a 
remarqué  que  les  Sermons  de  Malm- 
hourg,  d'unç  froideur  infupportable, 
iiirent  le  fruit  de  fa  jeunefTe,  & 
sue  fes  hiAcâi:es«  où  refpire  tant  de 


MAI         499 

vîvadtét  furent  composées  dans 
un  âge  mûr.  Il  eu  vraifemblable 
qu'il  n'avoit  pas  d'abord  connu  £b$ 
véritables  difpoûtions.  Les  Janfé- 
nifles  ne  furent  pas  les  feuls  avec 
lefquels  il  eut  des  démêlés  :  il  com- 
battit avec  pluiieurs  autres,  avec 
des  Jéfiûtes  même*,  entre  autres, 
le  célèbre  P.  Bouhoursy  qui  avoit 
critiqué,  non  fans  raifon^plufieurs 
de  fes  expreffions. 

II.  MAIMBOURG,  { Théodore  ) 
couiln  du  précédent,  fe  fit  Calvi- 
niile ,  rentra  enfuite  dans  l'Eglife 
Catholique ,  puis  retourna  de  nou- 
veau à  la  religion  prétendue  Ré- 
formée ,  &  mourut  Socinien  à  Lon- 
dres vers  1693.  On  a  de  lui  une 
Répon/e  à  VExpofitien  de  la  Foi  Ca^ 
thoûque  de  M.  Bojfuet,  qui  n'eut  pas 
plus  de  fuccès ,  que  la  critique  du 
n;iême  chef-d'œuvre  par  fon  parent 
l'ex-Jéfuite  :  &  d'autres  ouvrages 
au-deflbus  du  médiocre. 

MAIMONIOË  ou  Ben  Mai- 
MON ,  (  Moyfe  )  célèbre  rabbin , 
naquit  à  Cordoue  en  1139.  Son 
père  &  fix  de  fes  aïeux  avoiem  été 
juges.  Il  étudia  fous  les  plus  ha- 
biles maîtres ,  &  en  particulier  fous 
Averro'és.  Après  avoir  &it  de  grands 
progrès  dans  les  langues  &  dans  les 
fciences,  il  alla  en  Egypte,  8c  de- 
vint premier  médecin  du  fuitan. 
Malmonide  eut  un  grand  crédit  au- 
près de  ce  prince ,  &  mourut  com- 
blé de  gloire  ,  dhonneurs  &  de 
richeffes,  en  1209,  à  70  ans.  On 
a  de  lui  :  I.  Un  excellent  Comment 
tuire  en  Ara)}e  fur  la  Aii/chne,  qui 
a  été  traduit  en  hébreu  &  en 
latin,' &  imprimé  avec  Al  MçAAiM,  à 
Amflerdam,  1698,  16  vol.  in-foU 
IL  Un  Abrégé  du  Talmiid,en  4  parties^ 
fous  le  titre  de  lad  Chaiakha ,  c'eft- 
à-dire ,  Main-forte ,  à  Venife  ,1550» 
4  vol.  in-fol.  Cet  Abrégé  eft  écrit 
très-élégammçnt  en  hébreu ,  &  pafle 
chez  1^  Juifs  pour  un  excellent 
ouvragei  II  comprend  toute  la  iu« 

li  ij 


^00       MAI 

rifprudence  civile  &  canonique  des 
Iwîs ,  diftribuée  par  ordre  &  expli- 
quée clairement  en  pur  hébreu.  III. 
Un  traité  intitulé  :  More  NAockim 
ou  Nevochtm  ,  c'eft-à-dire ,  le  GmJe 
de  ceux  qui  chancellent.,,  Maîmonlde 
l'avott  composé  en  arabe  ;  mais  un 
Juif  le  traduifit  en  hébreu  ,  du 
vivant  même  de  Tauteur  :  il  parut  à 
Vcnife  en  15  51  »  in-fol.  Buxtorf 
en  a  donné  une  bonne  traduâion 
latine,  1629  ,  in-4*.  Ce  livre  con- 
tient en  abrégé  la  théologie  des 
7ui£i  »  appuyée  fur  des  raifonné- 
mens  philofophiques ,  qui  déplu- 
rent d'abord  &  firent  grand  bruit  » 
mais  qui  furent  dans  la  fmte  adop- 
tés prdque  généralement.  IV.  Un 
ouvrage  indtulé  :  Se]^her  Hammîfoth  > 
<*eft-à-dire  ,  U  Livre  des  Préceptes  ^ 
hébreu-latin,  à  Amflerdam,  1640, 
in -4**.  Ceft  une  explicanon  des 
éi3  préceptes  afiîrmatifs  8c  néga- 
tifs de  la  Loi.  V.  Un  traité  De  Ido- 
ioUtrîâ^  traduit  par  Vojpms^  Amf- 
terdam ,  1641 ,  i  vol.  in-4®.  VI. 
Ve  rébus  Chrîfti ,  traduit  par  Gene- 
^rard,  157^,  in-8*.  Ylh  Aphon/mî 
fecundùm  doUrlnam  Gdleni^  Bologne , 
1489  ,  in-4^.  VIII.  TracUtus  de  re- 
-^mlne  Sanluuîs ,  Lyon,  1535,  in-fol. 
IX.  Liher  de  ctkis  vetîds ,  ouvrage 
curieux  ,  traduit  en  latin  par  Marc 
Voeldiche ,  &  publié  à  Copenhague 
«n  1734 ,  in-4**.  On  a  encore  de 
Malmonïde  plusieurs  Epîtres  &  d'au- 
tres ouvrages,  qui  lui  ont  acquis 
une  grande  réputadon.  Les  Juif^ 
l'appellent  VÀîg/edes  DocUwrs ,  &  le 
regardent  comme  le  plus  beau  génie 
qui  ait  paru  depuis  Moyfe  le  Légif- 
lateur.  Mojmonide  eft  fouvent  cité 
fous  les  Roms  de  Mo/es  jEgyptius^  à 
caufe  de  fon  fé}our  en  Egypte-,  de 
Mo/es  Corduhenfis^  parce  qu'il  étoit 
de  Cordoue.  On  l'appelle  auâi  U 
DoStmr,  II  eft  fouvent  déiigné  par 
le  nom  de  Rtimham ,  compofé  des 
lettres  initiales,  R.  M.  B«  M.  par 
lefquelles  ils  défigncot  foji  i^m 


M  A  I 

entier,  c'eft-à-dire,  Rahhî,  Mùyf<% 
Ben  (  fils  de  )  Malmon  :  les  Jui£i  ont 
coutume  de  défigner  ainfî  les  nons 
de  leurs  &meux  rabbins  par  des 
lettres  initiales. 

MAINARD  ,  Voye^  Maykard. 

MAINBOURG,K.Maimbou»o. 

MAINE,  V.  II.  Bourg....  Croix- 

DV-M  A I  KE...MA  INXJS...MAyfiE«é 
&  LeNCLOS  ,  au  commencemenu 

MAINE  ,  (  Anne-Louife-Bé- 
nédiâine  i>E  Bourbon  ,  duchcflê 
du  )  petite  -  fille  du  Grand  Conàé^ 
eut  l'efprit  &  l'élévadon  de  fenti- 
mens  de  fon  grand-pere.  Elle  na- 
quit en    1676  ,  &  donna  dès  fos 
enfance  les  dpérances  les  plus  heu* 
reufes.  Elle  fiit  mariée  en  1691 ,  i 
Louis-Auptfte  DE  Bourbon  ,  duc  ^ 
Maine  ,  fils  de  LouU  XlV  &  de 
Mad®  de  Mante/pan,  né  en  iSjo, 
Ce  prince  montra  de  boime  heure 
beaucoup  d'efprit.   Mad*  de  Mak' 
tenon  ,  chargée    de   veiller  à  fofl 
éducadon,  fit  imprimer,  en  1677» 
le  recueil  de  fes  thèmes  ,  fous  ce 
dtre  ;  (Euvres  d'un  jeune  Enfant  fi 
n'a  pas  encore  fept  ans  ;  &  LomsXlf 
les  vit  avec  le  plus  grand  plaifir. 
Tout  ce  qui  concemoit  ceten£iiu« 
l'intéreffoit  extrêmement  -,  aufB  1« 
combla-t-il  de  bienféiits.  H  fut  co- 
lonel-général  des  Suifles  &  Gri- 
fons ,  fit  plufîeurs  campagnes  •  & 
fut  pourvu  de  la  charge  de  grand- 
maitre  de  l'ardUene  en  1688.  Mad* 
la  ducheiTe  du  Maine  ^  devenue  foa 
époufe  ,  fut  gagner  fon  coeur  ,  le 
gouverner  fans  lui    déplaire  ,  & 
le  filtre  çntrer  dilhs  toutes  fes  dé- 
penfes  ,  qui  furent  quelquefois  ex- 
cefiiVes.  Elle   employa  fon  cfprt 
&  fon  crédita  procurer  au  duc  A 
Maine  &  à  fes  enfans  un  rang  égal 
au  fien.  De  degrés  en  degrés  ,  .ils 
parvinrent  à  tous  les  honneurs  des 
princes  du  iàng  ,  &  obtinrent  tf 
•I714 ,  de  Louis  le  Grand ,  un  édlt  ^ 
les  appeloit ,  eux  &  leur  podé> 
rite ,  à  U  fucccfllon  i  U  couiffl^ft 


M  A  r 

*  Cet  cdît  fut  en  partie  l'ouvrage  d« 
Mad*^  Ju  Maine ,  qui  eue  la  dou- 
leur de  voir  fon  édifice  ébranlé 
du  temps  de  la  minorité  de  Louis 
XV^  Tandis  que  le  duc  d* Orléans 
mettoit  tout  en  œuvre  pour  fe 
ménager  la  régence  ,  malgré  les 
difpofitions  du  teftament  de  Lotus 
XIV ^  le  duc  du  Maine  y  plus  oc- 
cupé de  littérature  que  de  politi- 
que, s'amufoit  à  traduire  VAntl- 
Lucrèce,  La  ducheiTe  qui  favolt  qu'il 
auroit  pu  faire  valoir  les  préten- 
tions que  lui  donnoit  ce  teil^ment , 
lui  difoit  :  Fous  trouverez  un  beau 
matin  en ,  vous  éveillant  ,  que  vous 
êtes  de  Pacadémie  y  &  que  M,  d'Or- 
léans a  la  régence,"^  Ceft  ce  qui  ar- 
riva. Le  duc  du  Maine  fut  feule- 
ment confirmé  dans  les  honneurs 
de  prince  du  fai^.  Louis  XIV  l'a- 
voit  audi  nommé  furintendant  de 
l'éducation  de  fon  fucceffeur  *,  mais 
cette  claufe  de  fon  teftament  n'eut 
pas  fon  e](écution.  Mad^  la  du«~ 
chefle  du  Maine  fut  arrêtée  en  171S  » 
&  conduite  au  château  de  Dijpn , 
&  fon  époux  à  celui  de  Dour- 
lens,  &  ils  ne  furent  mis  en  li- 
berté qu'en  172.0.  Le  duc  du  Maine 
motuut  le  14  Mai  1736  ,  à  66 
ans ,  avec  de  grands  fentimens  de 
religion,  n  Ce  prince  (  dit  Mad*^  de 
Stodl  )  »  avoit  l'efprit  éclairé  ,  fin 
9*  &  cultivé;  toutes  les  connoiffan- 
»  ces  d'ufage  ,  fpécialement  ceUe 
M  du  monde ,  au  fouverain  degré  ; 
>»  un  caraâere  noble  &  férieux.  La 
M  reti^on  ,  peut-être  ,  plus  que 
M  la  nature ,  avoit  mis  en  lui  tou- 
>»  tes  les  vertus,  &lerendoit  fidelle 
»  à  les  pratiquer.  Il  aimoit  l'or- 
»  dre,  refpeâoit  la  juilice,  &  ne 
»»  s'écartoit  jamais  des  bienféances. 
»  Son  goût  le  portoit  à  la  retraite ,. 
}»  à  rénide  &  au  travail.^  Doue  de 
)>  tout  ce  qui  rend  aimable  dans  la 
>•  fociété ,.  il  ne  s'y  prêtoit  qu'a- 
»  vec  répugnance.  On  l'y  voyoit 
f  pottrtam  gai  »  facile  >  complal- 


MAI         çot  . 

A  fant  &  toujours  égaL  Sa  con" 
»  vcrfation  folide  &  enjouée  étoit 
'«remplie  d'agrémens  ,  d'un  tour 
»♦  rfifé  &  léger  -,  fes  iécks  amu- 
)t  fâns,fes  manières  noblement fa« 
M  milieres  Ôc  polies  •,  fon  air  aiTes 
»  ouvert.  Le  fond  de  fon  cœur  ne 
y>  fe  découvroic  pas  -,  la  défiance 
>«  en  défendait  l'entrée ,.  &  peu  de 
)t  fentimens  faifoient  e^ort  pour  ^ 
M  en  fortir  >*.  Après  fa  mort ,  1«. 
ducheiTe  du  Maine  fe  livra  en- 
tièrement à  fon  goût  pour  les  icien- 
ces  &  les  arts.  Elle  les  recueillit 
à  Seaux  ,  dont  elle  avoit  fait 
un  féjour  enchanté  -,  (  Foy,  lç$  ar*  • 
ticles  Epi  eu  RE  ,  vers  la  fin  ;  Se 
Malezieu.  )  &  les  prptégea  juP 
qu'à  ÙL  mort,  arrivée  en  1755» 
dans  la  76^  année  de  fon  âge. 
Perfonne  ,  dit  encore  Mad®  de 
Staaly  n'a  jamais  parlé  avec  plu$, 
de  juàeiTe ,  de  netteté  &  de  rapi* 
dite  ,  ni  d'une  manière  plus  nobla 
&  plus  naturelle.  Son  efprit ,  fra 


vivement  des  objets  ,.  les  rendoît 
comme  la  glace  d'un  miroir  qui 
les  réfléchît  »  uns  ajouter  ,  fan& 
orner ,  fans  rien  changer.  Les  en* 
£ms  du  duc  du  Maine  furent  r 
Louise Augufl»  DE  Bo u RB 0 K ,  prince 
de  Domhes  ,,  mort  en  175 j  »  à  5$ 
ans  ;  &  Louis-Charles  DE  BoURBON» 
comte  if  Eu ,  mort  en  177  ç ,  à  74  ans  J 
l'un  &  l'autre  fans  avoir  été  mariés. 
MAINFERME  .  (  Jean  de  la  ) 
celigieux  de  Fontevrault  ,.né  à  Or*^ 
léans,  mort  en  1693^.3  47  ans  » 
s'eft  iignalé  pat  une  défenfe  de  Ro-^ 
bert  dtAbriJfel ,.  fondateur  de  fon  or- 
dre ,  fous  le  titré  de  :  Bouclier  de 
l'Ordre  de  Fontevrault  naljfaru  ,  en  J, 
vx>l.  inrS°.  Le  principal  objet  de 
cet  ouvrage  eft  de  juflifier  iioben  da 
reproche  d'avoit  été  trop  ùmilier 
avec  fes  religieufes  ,  &  d'avoir  ofé^ 
même  coucher  la  nuit  à  coté  d'elles  «>, 
fous  prétexte  de  fe  mortifier  exk 
fouffrant  ce  nouveau  genre  de  mar- 
tyre,. U  prétend  que  les  Lettreiinj 

li  iij 


50i  M  A  I 

juricufes  à  Rohen^  qui  portent  le 
nom  de  Ceojfrol  deVendônu^  &de 
M^rhoét  ^  font  ruppofées  ,  &  ont 
^  écrites  par  Rofcclm  \  nuis  les 
critiques  n  ont  point  été  perfuadés 
par  fes  raifons.  Son  ApologU  de 
r  autorité  que  les  religieufes  de  Fon- 
tevrault  ont  fur  les  religieux  &  les 
prêtres  qui  dépendent  d'elles  ,  n*a 
pas  été  mieux  accueillie. 

MAINFROT  ,  fils  namrel  de 
l'empereur  Frédéric  II,  eut  d'abord 
le  dtre  de  prince  de  Tarente.  Apres 
la  mort  de  Conrad  IF»  en  1154,1! 
le  chargea  d'être  le  tuteur  de  Cw 
radin ,  fils  de  ce  prince.  Mais  bien- 
tôt ayant  ait  courir  le  bruit  de  la 
mort  dé  fou  pupille,  il  fe  fit  cou- 
ronner à  Palerme ,  fous  le  titre  de 
Roi  de«Sicile ,  &  il  gouverna  def- 
potiquement  pendant  près  de  11 
ans.  S'étant  brouillé  avec  le  pape 
Jfuiotene  IV  ,  il  porta  la  guerre 
dans  les  états  de  l'Eglife ,  &  battit 
les  troupes  papales.  Le  vainqueur 
enleva  au  iaint-Si^e  le  cointé  de 
Fondi  ,  &  fiit  excommunié  par 
l/rhain  IV»  Ce  pondfe  François 
appela  Charles  d*Jnjou  ,  frère  de 
Saint  Louis ,  en  Italie ,  &  lui  donna 
l'invefiitnre  des  royauines  de  Na- 
ples  &  de  Sicile.  Le  nouveau  roi 
fit  la  guerre  à  Mûinfroy  ,  poiTef- 
fieur  de  ces  deux  royaumes.  On 
prétend  que  celuî-d  fit  propofer 
un  accommodement  à  Charles  , 
qui  lui  répondit  en  ces  termes  : 
jillei  vers  U  Sultan  de  Lucerîa  , 
C  il  appeloit  ainfi  Mainfroy  ,  qui 
tiroit  du  fecours  des  Sarrafins  de 
Luceria  )&  Itd  dites  que  je  ne  yeux 
ni  paix  ni  trêve  aree  lui  ,  &  que 
dans  peu  je  ^enverrai  en  Enfer  ,  ou 
qu*ll  rfi*enverra  en  Paradis,  Une  ba- 
taille dans  les  plaines  de  Béné- 
vent ,  donnée  le  16  Février  1266 , 
décida  de  tout  :  Mainfroy  y  fut 
tué  ,  quoiqu'il  eût  combattu  en 
héros.  Sa  femme  ,  fes  enâms  , 
fes  tréfors  furent  livrés  au  vain- 


Ul  A  I 

ifueur.  On  trouva  fon  cadavre  fofl^ 
couvert  de  fang  &  de  boue.  Char- 
les  lui  refiifa   la  fépulture ,   parce 
qu'il  étoit  mort  excommunié.  On 
le  }eta  dans  un  fofle  le  long  du 
grand   chemin    ,    où   les    foldats 
le   couvrirent   dHm    monceau  de 
pierres,  y*  Le   pape   le   ût  tranf- 
f*  porter  depuis  hors  du  territoire 
>»  de  Bénévent  ,    ne  voulam  pas 
>•  qu'il   fût  inhumé  proche  d'une 
s*  ville  qui  lui  appartenoit.  Telle 
M  fiit  la  fin  de  Maiafroy  ,  prince 
w  digne    d'un    meilleur   fort  ,  & 
M  dont  nous  devons  prendre  une 
M  autre  idée  que   celle  que  nous 
M  en  ont   laifiee   la  plupart  des 
»  hifioriens  ,  qui   l'ont   maltraité 
*^  fur  la  foi  des  écrivains  dévoués 
>*  au   pape.   Tout  ce  qu'on  peut 
n  lui  reprocher  avec  fondement , 
yt  eft  l'idurpâtion  du  royaume  de 
n  Sicile  fur  fon   neveu  Conra£n4 
v*  Mais  rinjuftice  étoit  encore  plus 
f*  grande  du  côté  de  ceux  qui  at- 
n  taquoient  ce  jeune  prince ,  puif- 
vt  que ,  non-contens  de  renverfiar 
n  fes  droits  inconteftables ,  ils  en- 
M  levoient  cette  couronne  à  la  mai" 
n  fon  de  Souahe  ,  pour  y  appeler 
«*  une  maifon  étrangère...    On  a 
y,  imputé  à  Mainfroy  la  mort  de/îr^ 
n  derîc  II  fon  père  ,  celle  de  Henri 
n  &  de  Conrad  fes  propres  frères  ; 
n  &  quelques  écrivains  prétendent 
w  qu'il  fut  foupçonné  d'avoir  at- 
>•  tenté  par  le  poifon  a  celle  de 
fi  Conradin  :  mais  toutes  ces  accu- 
y,  fations  ne  fe  trouvem  que  dans 
f>  des  auteurs  attachés  au  parti  du 
i>  pape ,  ou  dans  des  hiftoriens  qui 
>4  les  ont  copiés.  Ufiilioitbienqoe, 
»  pour  rendire  Aftfûr/roy  odieux ,  on 
M  lui  reprochât  quelques  crimes, 
M  &  qu'on  faisît  avec  avidité  des 
»♦  calomnies  renouvelées  trop  (w- 
>«  vent  à  la  mort  des  princes  «<. 
[  H(ST.  de  P Empire  d*Allanagne^  par 
M.  de  Montigny  ,  tome  HL  f  II  pa* 
rok  cependant  que  tous  ces  repro? 


M  A  I  N 

ckes ,  faits  à  Mainfroy ,  n'étoîeot  pas 
des  calomnies  ;  &  qu'un  ambitieux 
qui  ufurpa  Vhérïtagt  de  (on  pupille 
éc  qui  traita  quelquefois  Tes  fujets 
ea*  tyran ,  pouvoit  avoir  des  talens 
juilitaires  ;  mais' qu'il  ayoit  très*peu 
de  vertus* 

MAINGRE ,  Voy,  BovcrcAUT. 

MAINTENON  ,  (Françoife 
d'Au>igaé  ,  marquife  de)  petite- 
fille  de  Théodorù-Agrtppa  d'Aukigné  ; 
naquit  le  S  Septembre  1635 ,  dans 
une  prifoft  de  Niort,  où  étoient 
enfermés  Confiant  J^AuhlgnéCon  père, 
&  fa  mère  Anne  de  CardlUac,  fille  du 
gouverneur  du  Château-Trompette 
à  Bordeaux.  Françoife  d'Aubigné  étoit 
deftinée  à  éprouver  toutes  les  vicif- 
iîtudes  de  la  fortune.  Menée  à  l'âge 
de  crois  ans  en  Amérique  \  laiiTée 
par  la  négligence  d'un  domeftique 
iur  le  rivage,  prête  à  y  être  dévorée 
par  un  ferpent  *,  ramenée  orpheline 
â' l'âge  de  douze  ans  ,  élevée  avec  la 
plus  gramde  dureté  chez  Mad^  de 
NeuUlant  fa  parente ,  elle  fut  trop 
heureufe  d'époufer  Scarron ,  qui  lo- 
geoit  auprès  d'elle  dans  la  rue  d'En- 
fer. Ce  poëte,  ayant  appris  com- 
bien MU^  d^AublffU  avoit  à  fouffrir 
.avec  fa  parente  ,  lui  propofa  de 
payer  /a  dot ,  fi  elle  vouloit  fe  faire 
religieufe  ;  ou  de  l'époufer ,  fi  elle 
vouloit  fe  marier.  MU'  d'Aublgné 
prit  ce  dernier  parti ,  &  un  an  après  « 
n'étant  âgée  que  de  feize  ans ,  elle 
donna  fa  main  au  burlefque  Scarron, 
Cet  homme  fingulier  étoit  fans  bien, 
&  perclus  de  tous  fes  membres-, 
mais  fa  famille  étoit  ancienne  dans 
la  robe ,  &  illuftrée  par  de  grandes 
alliances.  Son  oncle  étoit  évêque 
de  Grenoble ,  &  fon  père  confeiU 
1er  au  parlement  de  Paris.  Sa  mai- 
fon  étoit  le  rendez- vous  de  ce  que 
la  cour  &  la  ville  avoient  de  plus 
difiingué  &  de  plus  aimable  :  Vi^ 
vonne ,  Grammont ,  CoU^îy  Charleval^ 
Pellijfan ,  Henault  ,  Marlgni ,  &c. 
towx  le  zftonde  alloix  le  voir ,  comn^ 


^         :m  A I       Koi 

un  homme  aimable ,  plein  dVfprit, 
d'enjouement  &  d'infirmités.  MU" 
d'Aubigné  fut  plutôt  fon  amie  &  (k 
compagne,  que  fonépoufe.  Ellefe 
fit  aimer  &  eltimer ,  par  le  talent  de 

.la  converfation ,  par  fon  efprit,  par 
fa  modeftie  &  fa  vertu.  Cette  vertu 
n'étoit  point  de  l'hypocrifie ,  quoi 
qu'en  aient  dit  fes  détraûeurs.  >*  Je 
>»  ne  fuis  pas  étonnée,  (écrivoitMad* 
n  de  Malntenon  en  1709  )  qu'on  foup< 
>)  çonne  ma  jeunefie  :  Ceux  qui 
»  parlent  ainfi ,  en  ont  une  très- 
yy  déréglée  ,  ou  ne  m'ont  pas  con- 
n  nue.  Il  eft  fâcheux  d'avoir  à  vi- 
Mvre  avec  d'autres  gens  que  ceux 
M  de  fon  fiecle  :  &  voilà  le  mal- 
M  heur  de  vivre  trop  long-temps  «<« 
Nous  ajouterons  que  la  célèbre  Ni' 

.non  de  Lenclos  rendit  toujours  les 
témoignages  les  plus  favorables  à  Ces 
mœurs.  Scarron  éuntmort  le  27  Juin 
1660 ,  fa  veuve  retomba  dans  la  mi- 
fere.  Elle  fit  foUiciter  long-temps  & 
vainement  auprès  de  LouUXlV  une 
penfion.  dont  fon  mari  avoit  joui* 
Ne  pouvant  l'obtenir ,  eUe  réfolut 
de  s'expatrier.  Une  princefile  de 
Portugal ,  élevée  à  Paris ,  éaivit 
à  rambafiadeur  ,  &  le  chargea  de 
lui  chercher  une  dame  de  condi- 
tion &  de  mérite  pour  élever  fes 
enfuis.  On  jeta  les  yeux  fur  Mad^ 
Scarron  ,  &  elle  accepta.  Avant  de 
partir ,  elle  fe  fit  préfemer  à  Mad® 
de  Monte/pan  ,  en  lui  difant ,  qu'élu 
ne  Vouloit  pas  fe  reprocher  d'avoir 
quitté  la  France  ,  fans  m  avoir  vu 
la  merveille,  Mad^  de  Monufpanixxt 
flattée  de  ce  compliment ,  &  lui 
dit  ,  Q^'il  falloit  refter  en  France  i. 
elle  lui  demanda  un  placet,  qu'elle 
fe  chargea  de  préfenter  au  roi.  Lorf- 

/  qu'elle  préfenta  ce  placet  :  Quoi  î 
s'écria  le  roi ,  encore  la  veuve  Scar- 
ron  !    N'entendrai  "  je  jamais   paràr 

.  £  autre  chofe  ?  —  En  vérité  ^  Sirm.  , 
(  dit  Mad*^  de  Montefpan  ,  )  il  y  a  long- 
temps que  vous  ne  devrit^  plus  en  en" 

.  tendre  parler,  La  penfion  fytt  accois 

li  iv 


^04        MAI  i» 

dée ,  &  le  voyage  de  Portugal  rom- 
pu. Madame  Scarron  alla  remercier 
Mad'  de  Montefpan ,  qui  fîicû  char- 
mée des  grâces  de  (a  conversation  » 
qu'elle  la  préfenta  au  roL  On  rap- 
pone  que  le  roi  lui  dit  :  Madame , 
j€  VOUS  ai  fait  attendre  long-temps  ; 
mais  vous  are^  tant  d'amis  ,  que  j*ai 
itoulu  avoir  feul  et  nUriu  auprès  de 
mous.  Sa  fortune  devint  bientôt 
meilleure.  Mad^  de  Monufpan ,  vou- 
lant cacher  la  naiftànce  des  en&ns 
qu'elle  alloit  avoir  du  roi ,  jeta  les 

Î^eux  fur  Mad^  Searron ,  comme  fur 
a  perfonne  la  plus  capable  de  gar- 
der le  fecret  &  de  les  bien  élever.' 
Celle-ci  s'en  chargea  &  en  devint 
la  gouvernante.  Elle  mena  alors 
une  vie  gênante  H  retirée  ^  avec  fa 
penfion de 2000 liv.  feulement,  & 
le  chagrin  de  Savoir  qu'elle  neplai- 
^oit  point  au  roi.  Ce  prince  avoit 
un  certain  éloignement  pour  elle. 
Il  la  regardoit  comme  un  bel  ef- 
prit,  &  quoiqu'il  en  eût  beaucoup 
lui-même,  il  ne  pouvoit  fouf&ir 
ceux  qui  vouloient  le  faire  briller. 
Loms  XI V  i'eftimoit  d'ailleurs  ; 
il  fe  fouvint  d'elle  ,  lorfqu'il  fut 
queftion  de  chercher  une  per- 
fonne de  confiance  pour  mener  aux 
eaux  de  Bari  ge  le  duc  du  Maine , 
né  avec  un  pied  difforme.  Mad^ 
Scarron  conduiôt  cet  enfant  , .  & 
comme  elle  écrivoit  au  roi  direâe- 
ment  ,  fcs  lettres  effacèrent  peu- 
à-peu  les  impreiSons  défavanta- 
geufes  qae  ce  monarque  avoit  pri- 
fes  fur  elle.  Le  petit  duc  du  Md- 
ne  contribua  auffi  beaucoup  à  le 
Élire  revenir  de  Cçs  préventions. 
Le  roi  jouoit  fouvent  avec  lui  , 
content  de  l'air  de  bon  fens  qu'il 
mettoit  jufque  dans  fes  jeux  ,  & 
fatisfait  de  la  manière  dont  il  ré- 
pondoit  à  fes  queflions:  Vous  êtes 
'bien  raifohnahle ,  lui  dit-il  un  jour  ! 
•—  Il  faut  bien  que  je  le  fois  ,  répon- 
«lit  l'enfant  *^i*ai  une  gouvemanu  qui 
0  la  rai/on  mime.m^Allc\i  reprit  le 


MAI 

roî  ,  aUt[  lui  dire  que  vtts  bu  iolh 
ne[  cent  mille*  francs  pour   vos  dn* 
gées.  Elle  profita  de  ces   bienâits 
pour  adieter ,  en  1674 ,  la  terre  de 
Maintenon ,  dont  elle  prit  le  notai 
Ce  monarque,  qui  ne  pouvoit  pas 
d'abord  s'accoutumer  à  elle,  pâfa 
de  l'averfion  à  la  confiance  ,  &  de 
la  confiance  à  l'amour.    Madame 
de  Montefpan ,  inégale ,  bizarre ,  im- 
périeufe ,  fervit  beaucoup  par  foa 
caradere  à  l'élévation  de  Mad^  ^ 
Maintenon  ,    qui ,  en   détachant  le 
roi  d'une  liaifon  criminelle ,  par- 
vint à  occuper  dans  fon   cœur  la 
place  qu'y  tenoit  Mad*  de  MoUtef- 
pan.  Louis  XIV  lui  donna  la  place     i 
de  dame-d'atours  de  Mad^  la  Dcat-     \ 
pkine ,  &  penfa  bientôt  à  l'élever 
plus  haut.  Ce  prince  étoit  alors  dans 
cet  âge ,  où  les  hommes  ont  befoin 
d'une  femme  ,  dans  le  fein  de  la- 
quelle ils    puiiTent   d^ofer  leun 
peines  &  leurs  plaifirs.  U  vouloit 
mêler  aux  Êitigues  du  gouverne- 
ment ,  les  douceurs  innocentes  d'une 
vie  privée.  L'efprit  doux  &  cond- 
liant  de  Mad^  de  Maintenon  lui  pro- 
mettoit  une  compagne  auffi  agréable 
qu'une  fûre  4:onfidente.   Le  P.  de 
la  Chaife ,  fon  coûfeiTcur ,  lui  pro; 
pofk  de  légitimer  fa  paffion  pour 
elle  par  les  liens  indifTolubles  d'un 
mariage  fecret,  mais  revêtu  de  tou- 
tes les  formalités  de  l'églife.  La  bé- 
nédiâion  nuptiale  fut  donnée  vers 
la  fin  de  1685 ,  par  Harlai  arche- 
vêque  de   Paris  9  en  préfence  du 
cottfefTeur    &  de  deux  autres  té- 
moins. Louis  XIV  étoit  alors  dans 
fa 48^  année,  &.la  perfonne  qu'il 
époufoit  dans  fa  50"^.  Ce  mariage 
parut  toujours  problématique  à  la 
cour%  quoiqu'il  y  en  eàt  mille  in- 
dices. Madame  de  Maintenon  enten- 
doit  la  meiTe  dans  une  de  ces  tribunes 
qui  fembloient  n'être  que  pour  la  fa- 
mille royale  -,  elle  s'habÛloit  &  fe 
déshabilloit  devant  le  roi ,  qui  Tap- 
peloit  Madame  tout  coiut.  On  pré: 


M  A  I 

fend  même ,  que  le  pedt  nombre 
«le  domefiiques  qui  étoient  du  fe- 
cret ,  lui  rendoiem  dans  le  parti- 
cuUer  des  honneurs  qu'ils  ne  lui 
rendoient  pas  en  public ,  &  qu'ils 
ia  traitoient  de  MajeJU  :  ce  qui  pa- 
roit    très-peu    vraifemblable.     La 
princeffe  de  Soubifc  lui  ayant  écrit  » 
&  s'étant  fervie  de  la  formule  avu 
rfJpeH\  Madame  dt  Maintenon  ter- 
mina fa  réponfe  par  cette  phrafe  : 
*»  A  l'égard  du  reTpeâ ,  qu'il  n'en 
»  foit  poim  queflion  entre  nous, 
w  Vous  n'en  pourriez  devoir  qu*à 
»♦  mon  âge ,  &  je  vous  crois  trop 
>*  polie  pour  me  le  rappeler  ««.  Le 
bonheur  de  Madame  ^  Maintenon 
fut  de  peu  de  durée.  C'efl  ce  qu'elle 
dit  depuis  »  elle  -  même ,  dans  un 
cpanchement  de  cœur  ;  PctoU  née 
ambitieufe  yjc  tombattou  cê  penchant  : 
Quand  des  défirs  que  je  n'aPoU  plus 
furent   remplis  ,   je  me  crus  heureafei 
mais  eau  ivreffe  ne  dura  que  trois  fc' 
moines.  Son  élévation  fut  pour  elle 
une  efpece  de  retraite.  Renfermée 
dans  fbn  appartement ,  elle  fe  bor- 
noit  à  une  îbciété  de  deux  ou  trois 
dames  retirées  comme  elle  ;  enco- 
re les  voyoit*elle  rarement.  Louis 
XIV  venoit  tous  les  jours  chez 
elle  après  fon  diné ,  avant  &  après 
le  Toupé.  Il  y  travailloit  avec  fes 
minières ,  pendant    que   Madame 
de  Maintenon  s'occupoit  à  la  Itihi- 
te  y    ou   à  quelque    ouvrage  de 
main  ,  s'empreil^t  peu  de  par- 
ler d'af&ires  d'état ,  paroiiTant  quel- 
quefois les  ignorer;   quoiqu'elles 
me  lui  fuflent  j^as  indifférentes  ,  & 
rejetant   ce  qQÎ  avoit  la  moindre 
apparence  d'intrigue  &  de  cabale. 
Cependant  elle  inâua  dans  le  choix 
de  certains  miniffares  (  ChamUlart  ) , 
&  de  quelques  généraux  (  Marfin  ) , 
alnfi  que  dans  la  difgrace  de  quel- 
ques autres  (  Vendôme  &  Catinat,  ) 
Le  public  lui  reprocha  fes  Êiutes  , 
que  Tes  bonnes  intentions  ne  pou- 
yoient  pas  toujours  faire  exç^fer* 


MAI         çof 

Affervîe  aux  volontés  de  Louis  XI  r 
dans  tout  le .  reUe ,  elle  fut  en  gé- 
néral plus  occupée  de  lui  complaire 
que  de  le  gouverner-,  &  cette  ferr 
vitude   continuelle  dans   un    âge 
avancé  la  rendit  plus  malheureufe, 
que  l'état  d'indigence  quelle  avoit 
éprouvé   dans   fa  jeunefle.  Je  n'y 
puis  plus  tenir  ^  dit-elle  un  jour  au 
comte  d*Aubigné^  {on  frère  :  jevow 
drois  être  moru  !  —  Vous  aye\  donc 
parole^  répondit  d'Jubigné ^  d*épou» 
fer  Dieu  U  Pertl  »  Que  ne  puis-je 
(  di^elle  dans  une  de  fes  lettres  >. 
>t  vous  donner  mon  expérience  ! 
»  Que  ne  puis-je  vous  faire  voir 
*\  l'ennui  qui  dévore  les  grands  » 
>*  &  la  peine  qu'ils  ont  à  remplir 
»  leurs  journées!  Ne  voyez-vous 
»  pas   que  je  meurs  de  trifleâe» 
»f  dans  une    formne  qq'on  auroit 
>*  eu  peine  à  imaginer?  J'ai  été 
>»  jeune  &  jolie;  j'ai  goûté  des  plal-. 
>*  iirs  :  j'ai  été  aimée  par-tout.  Dans 
>*  un  âge  plus  avancé ,  j'ai  pafTé  des 
»  années  dans  le  commerce  de  l'ef* 
>*  prit  :  je  fuis  venue  à  la  faveur , 
>t  &  je  vous  protefte  que  tous  les 
»  états  laiflent  un  vide   af&eux  u. 
Si  quelque  chofe  pouvoit  détrom? 
per  de  l'ambition ,  (  dit  Voltaire ,  ) 
ce  fer  oit  affurément  cette  lettre... 
Quel  fuppûce ,  difoit-elle  à  Madame 
de  Bolyn^rocke ,  fa  nièce ,  d*amufer 
un  homme  qui  nefi  plus  amufahle  i  -« 
Ecrive-^nous   des  nouvelles  y   dit- elle 
encore  dans  une  lettre ,  car  nous 
mourons    d'çnnui,     La    modération 
qu'elle  s'étoit  prefcrite,    augmen- 
toit  les  malheurs  de  fon  état.  Elle, 
ne  profita  point  de  fa  place,  pour 
élever  (à  famille  autant  qu'elle  1  au- 
roit pu ,  parce  qu'elle  redoutoit  de 
trop  fixer  fur  elle  &  fur  les  fiens 
les  regards  du  public.  Elle  n'avoit 
elle-même  que  la  terre  de  Main- 
tenon ,  qu'elle  avoit  achetée  des 
bienfaits  du   roi,  &  une  penfion 
de  48000  livres  ;  auffi  difoit-elle  : 
Ses  maitrcjfu  lui  c^utoieent  plus  en  un 


<foé         M  A  I 

mois  que  je  ne  lui  coûu  en  une  ari' 
née.  Elle  exigeoit  des  autres  le  dé- 
Antéreffement  qu'elle  avcit  pour 
elle-inême  j  le  Roi  lui  difoit  fou- 
vent  :  Mais  ,  Madame  ,  y^us  n'ave^ 
tien  à  vous,  —  SiRE  ,  répondoit- 
elle ,  //  ne  vous  efl  p:is  permis  de  me 
tien  donner.  Elle  n'oublia  pas  pour- 
tant fes  amis»  ni  les  pauvres.  Le 
marquis  de  Dangeau ,  Barillon ,  l'ab- 
bé Teflu ,  Râàne ,  Defpréaux ,  Var^ 
des,  Buffi.^  Montchevraùl  ,  Made- 
moifelle  de  Scuderî ,  Madame  Deskou» 
fures ,  n'eurent  qu'à  Ce  féliciter  de 
l'avoir  connue.  Madame  de  Main- 
tenon  ne  regardoit  fa  faveur  que 
comme  un  £irdeau  ,  que  la  bien- 
feifance  feule  pouvoit  alléger.  Ma 
place  ,  difoit-elle ,  a  kîen  des  côtés  fâ- 
theux  ;  mais  auffi  elle  me  procure  le 
pUîfir  de  donner.  Elle  propofoit  à 
Louis  XIV  des  bonnes  oeuvres , 
auxquelles  ce  prince  nefe  prêtoit  pas 
toujours  :  Mes  aumônes ,  lui  difoit-il , 
ne  font  que  de  nouvelles  charges  pour 
mts  peuples  \  plus  je  donnerai  ^plus  je 
prendrai  fur  eux.  Madame  de  Main- 
tenon  lui  répondoit  :  Cela  efl  rrai  , 
mais  tant  de  gens  ^ue  vos  Guerres , 
Vos  Bâtimens  &  vos  Maitreffes  ont 
réduits  à  la  mendicité  par  la  néceffué 
des  impôts,  il  faut  bien  les  foulager 
aujourd'hui.  Il  eft  hUn  jufte  que  ces 
malheureux  vivent  par  vous,  puif qu'ils 
ont  été  ruinés  par  vous.  Dès  que  Ma- 
dame de  Maintenon  vit  luire  les  pre- 
miers rayons  de  ût  fortune,  elle 
conçut  le  deflein  de  quelque  éta- 
blifTement  en  faveur  des  elles  de 
condition  nées  fans  bien.  Ce  fut 
à  fa  prière  que  Louis  XIV  fonda , 
en.  1686,  dans  l'abbaye  de  Saint- 
Cyr  (village  fitué  à  une  lieue  de 
Verfaillcs ,  )  une  communauté  de 
36  dames  religieufes&  de  24foeurs 
,  converfes ,  pour  élever  &  inftrui- 
re  gratis  300  jeunes  demoifelles , 
qui  doivent  faire  preuve  de  4  de- 
grés de  noblefle  du  côté  pa- 
ternel. Cène  masfon  git  dotée  de 


M  A  ! 

40,000  écusde  rente ,  &  Lotâs  XI f 
voulut  qu'elle  ne  reçût  de  bienfaits 
que  des  rois  &  des  reines  de  Fran- 
ce. Les  demoifelles  doivent  èat 
âgées  de  fept  ans  au  moins ,  &  dt 
douze  ans  au  plus-,  elles  n'y  peu- 
vent demeurer  que  jufqu'à  l'âge  de 
vingt  ans  8c  trois  mois,  &  enfor- 
tant  on  leur  remet  mille  écus.  Ma- 
dame de  Maintenon  donna  à  cet  éta- 
bliflement  toute  fa  forme.  Elle  ai 
fit  les  réglemens  avec  Godet  Def- 
maréts ,  évêque  de  Chartres.  Il  fe- 
roit  à  fouhaiter  que  ces  Conftitu- 
tions,  le  chef-d'œuvre  du  bon 
fens  &  de  la  fpiritualité ,  fuilent  pu- 
bliées ;  elles  ferviroient  à  réformer 
bien  des  communautés.  La  fonda* 
trice  fut  tenir  un  milieu  entre  l'or- 
gueil des  chapitres  &  les  petiteffcs 
des  couvens.  Elle  réunit  une  vie 
très-réguliere  à  une  vie  très-com- 
mode. L'éducation  de  Saint-Cyt 
devint  fous  fes  yeux  un  modàt 
pour  toutes  les  éducations  publi- 
ques. Les  exercices  y  font  difhi- 
bués  avec  intelligence,  &  les  de- 
moifelles inUruites  avec  douceur. 
On  ne  force  point  leurs  talens ,  on 
aide  leur  naturel;  on  leur  infpire 
la  vertu  ;  on  leur  apprend  l'hifloi- 
re  ancienne  &  moderne,  la  géo- 
graphie, la  muiique,  le  deflîn;ofl 
forme  leur  ftyle  par  de  petites  com- 
pofitions  ;  on  cultive  leur  mémoi- 
re; on  les  corrige  des  prononciations 
de  province.  Le  goût  de  Madame 
de  Maintenon  pour  cet  établiâemest 
devint  d'autant  plus  vif,  qu'il  eut  un 
fuccès  inefpéré.  A  la  mort  du  roi, 
arrivée  en  171 5  ,elle  fe  retira  tout- 
à-fàit  à  Saint-Cyr,  où  elle  donna 
l'exemple  de  toutes  les  vertus.  Tan- 
tôt elle  infhruifoit  les  novices ,  tan- 
tôt elle  partageoit  avec  les  maitrefTcs 
des  claifes  les  foins  pénibles  de  l'é- 
ducation. Souvent  elle  avoit  de» 
demoifelles  dans  fa  chambre  ,  & 
leur  enfeignoit  les  élémens  de  la 
religion ,  à  lire  >  à  écrire 4Eàtr4^ 


MAI 

vailler  ,  avec  la  douceur  &  la  pa- 
tience qu'on  a  pour  tout  ce  que  Ton 
fait  par  goût.  La  veuve  de  Louis 
XIV  affifloit  régulièrement  au^c 
récréations ,  étoit  de  tous  les  jeux , 
&  en  inventoit  elle-même.  Cette 
femme  illuibe  mourut  le  15' Avril 
1719 ,  à  84  ans,  pleurée  à  Saint- 
Cyr,  dont  elle  étoit  la  mère,  & 
des  pauvres  dont  elle  étoit  la 
bienÊLÎârice.  Quoique  Mad®  de 
Mmntenon  eût  moins  d'ambition 
que  tant  d'autres  &vorites ,  fa  for- 
tune influa  fur  celle  de  fes  parens. 
Son  frère  le  comte  d'Auhlgné  ne 
pouvant  être  maréchal  de  France  , 
â  caufe  de  la  médiocrité  de  Tes 
talçns ,  fiit  lieutenant-général ,  gou- 
verneur de  Berry  ,  &  poffdffeur 
de  fommes  aiTez  confidérables  pour 
étaler  fottement  les  airs  d'un  favori. 
Cependant  il  fe  plaignoit  fans  cefle. 
Sa  foeur  lui  donna  pluûeurs  fois 
tes  confdls'les  plus  fages.  «  On 
»♦  n'eft  malheureux  que  par  fa  faute, 
»*  (  lui  écri voit-elle  )  -,  ce  fera  tou- 
»•  jours  mon  texte  &  ma  réponfe 
**  à  vos  lamentations.  Songez  , 
»*  mon  cher  frère  ,  aux  voyages 
>»  d'Amérique  ,  aux  malheurs'  de 
**  notre  père  ,  aux  malheurs  de 
^  notre  en&nce ,  à  ceux  de  notre 
»♦  jeunefle;  &  vous  bénirez  la  Pro- 
^  vidence  ,  au  lieu  de  murmurer 
>*  contre  la  fortune.  Il  y  a  dix  ans 
^  que  nous  étions  bien  éloignés , 
>«  l'un  &  l'autre ,  du  point  où  nous 
^  fommes  aujourd'hui.  Nos  efpé- 
^  rances  étoient  û  peu  de  chofe,  que 
»  nous  bornions  nos  vœux  a  3000 
>»  livres  de  rente  :  nous  en  avons 
>»  à  préfent  quatre  fois  plus ,  &  nos 
»  fouhaits  ne  feroient  pas  encore 
•*  remplis!...  Vos  inquiétudes  dé- 
»  truifent  votre  famé,  que  vous 
♦♦  devriez  conferver ,  quand  ce  ne 
>♦  feroit  que  parce  que  je  vous 
M  aime.  Travaillez  fur  votre  hu- 
n  meur;  û  vous  pouvez  la  ren- 
>*i  dre  moins  bilieufe  &  moins  ibm- 


MAI         Ç07 

»  bre,  ce  fera  un  grand  point  de 
H  gagné.  Ce  n'eft  point  l'ouvr-age 
a  des  réflexions  feules  ;  il  y  faut 
vt  de  l'exercice ,  de  la  diflîpation  , 
w  une  vie  unie  &  réglée  »♦.  Le  comte 
d'Aublgné  proflta  enfln  de  ces  avis. 
Sur  la  fln  de  fes  jours  ,  il  fe  retint 
dans  une  communauté ,  qu'il  édifla 
par  fa  converflon.  Sa  fœur  lui  flt 
une  penfion  de  10,000  livres ,  & 
fe  chargea  de  la  régie  de  fes  biens 
&  du  payement  de  fes  dettes.  Il 
mourut  en  1703  ;  il  n'avoit  qu'une 
fllle  ,  Françoife  d*Auhignty  mariée 
en  1698  au  duc ,  depuis  maréchal 
de  NoailUs,  Le  père  de  Mad^  dt 
Maîntenon  avoit  une  fœur  (  Atthe" 
mlfed'Atèigné)  ^  qui  époufa  Binja-* 
main  de  Valois  ^  marquis  de  Vil-* 
lette.  Mad^  de.  Maintenon  maria  fa 
petite-fllle  ,  Marthe-Marguerite  ,  à 
Jean'Anne  de  Tubicre  ,  marquis  de 
Caylus  :  elle  fiit  mère  de  M.  le 
comte <fe  Caylus^  (  Voy,  Catlus.  ) 
&  l'on  a  imprimé  fes  Souvenirs  en 
1770 ,  in-8* ,  qui  contiennent  quel- 
ques anecdotes.  Mad*  de  Mainte- 
non  eil  auteur  comme  Mad^  de 
Sévigné  ,  parce  qu'on  a  imprimé 
fes  Lettres  après  fa  mort.  Elles  ont 
paru  ,  en  1756  ,  en  9  vol.  in- 11. 
Elles  font  écrites  avec  beaucoup 
d'efprit ,  comme  celles  de  l'illudre 
mère  de  Mad^  de  ùrignan  ,  mais 
avec  un  efprit  différent.  Le  cœur 
&  l'imagination  diéioient  celles-ci  ; 
elles  refpirent  le  fentiment ,  la  li- 
berté ,  la  gaieté.  Celles  de  Madame 
de  Maîntenon  font  plus  contraintes 
ou  plus  réfléchies;  il  femble  qu'elle 
ait  toujours  prévu  qu'elles  feroient 
un  jour  p!ihliques.  Son  flyle  froid  , 
précis  &  auflere  ,  efl  plutôt  celui 
d'un  auteur ,  mais  d'un  bon  auteur , 
que  celui  d'une  femme.  Ses  Let- 
tres font  pourtant  plus  précieufes 
qu'on  ne  penfc  :  elles  découvrent 
ce  mélange  de  religion  &  de  ga- 
lanterie ,  de  dignité  &  de  foibleffe, 
qui  fe  trouve  â  fouvent  dans  le 


f  oS        M  Â  t 

coeur  humain  ,  &  ({ui  fe  rtacan." 
troit  quelquefois  dans  celui  de 
Louis  XIV.  Celui  de  Mad*  de 
Maintaion  paroit  à  la  fois  plein 
^'uAe  ambition  &  d'une  dévotion 
véritables.  Son  confelTeur  ,  Gok^ 
Mn  y  direûeur  &  courtifan ,  approu- 
ve également  l'une  &  l'autre,  ou 
du  moins  ne  paroit  pas  s'oppofer 
â  fes  vues ,  dans  l'^pérance  d'en 
profiter.  Voilà  les  idées  que  fes 
Lettres  font  naître.  On  y  pourroît 
recueillir  auffi  quelques  pôifées  in« 
génieuTes  «  quelques  anecdotes  ; 
mais  les  connoiflances  qu'on  peut 
y  puifer  ,  font  trop  achetées ,  par 
la  quantité  de  lettres  inutiles  que 
ce  recueil  renferme.  D'ailleurs  U 
BtaanulU ,  en  les  publiant ,  y  a  Êiit 
quelquefois  des  changemens  qui  les 
rendent  infidelles.  'U  fait  <Ûre  à 
Madame  de  Malnttnon  des  chofes 
qu'elle  n'a  jamais  penlées ,  &  cel* 
les.  qu'elle  a  penTées,  d'une  ma- 
nière dont  elle  ne  les  a  jamais  dites. 
C'eft  ce  qu'on  peut  vérifier  en  les 
.comparant  avec  les  copies  authen- 
tiques de  pluûeurs  de  ces  lettres 
qu'on  trouve  dans  les  Mémoires 
du  maréchal  d^NoaUles,  par  M.rabbé 
MUlot.  La  BcdumdU  donna  aufli 
6  vol.  de  Mémoires  pour  favir  à 
i^HlJioire  tic  Madame  de  Mdinunon, 
Us  font  écrits  d'un  fiyle  éner- 
gique ,  pétillant  &  fingulier  , 
mais  avec  peu  de  circonfpeâion  & 
d'exaâitude.  S'il  y  a  pluiieurs  ^ts 
vrais  &  intéreflans ,  il  y  en  a  audi 
un  grand  nombre  de  hafardés  &  de 
minutieux.  Les  Lettres  &  les  Mé- 
moires ont  été  réimprimés  en  i6 
vol.  in-ia  ,  1778.  Ajoutez-y  un 
petit  livre  alTez  rare ,  intimlé  :  £n- 
tretlens  de  Louis  XIV  &  de  Madame 
de  Maint£NON  fur  leur  mariage  , 
Marfeille  ,  1701  ,  in-12.  On  a 
donné  un  Maintenonîana ,  in-8^. 
C'eft  un  recuôl  d*anecdotes,  de 
portraits ,  de  penfées ,  de  bons  mots 
tirés  des  Lettres  &  dçs  Méx^okçs 


M  A  J 

de  Mad'  de  Maîntenon,  Ce  inaBY[ais 
de  CaraccioR  a  publié  &  vie ,  1786 , 
in- II.  Voye{  le  parallèle  que  nous 
ûifbns  de  cette  vertueufe  £avorîte 
avec  Mad'  de  Montefpan  ,  art.  v. 

ROCRECHOVART. 

MAINUS ,  (  Jafon  )  né  à  Pezaro 
en  1435 ,  d'une  Emilie  obfcuré  , 
fîit  rartiûn  de  fa  fortune.  Auffi  prit- 
il  pour  devife:  VlRTtTTI  FORTUNA 
coMMs  NON  DEFICIT,  Il  eufeigna 
le 'droit  avec  tant  de  réputation, 
qu'il  eut  juTqu'à  3000  difdples  ,  & 
'  que  Louis  XÎI  roi  de  France , 
étant  en  Italie,  honora  fon  école 
de  fa  préfence.  Comme  il  con- 
duifoit  le  roi  à  la  porte  de  fou 
école ,  le  priant  d'entrer  avec  une 
inclination  profonde ,  Louis  le  força 
de  paiTer  le  premier  :  Je  nejuis  plus 
roi  ieip  dit-il  »  vous  êtes  lefeul^*oM 
y  doive  refpeSUr.  Ce  prince  lui  ayant 
demandé  pourquoi  U  ne.  s'étoit  pas 
marié  f  il  répondit  que  c'étoit  pour 
obtenir  la  pourpre  à  fa  recçmman-' 
dation  ',  mais  Louis  XII  ne  ju^ea 
pas  à  propos  de  la  demander.  Ce 
jurifcoafulte  mourut  à  Padoue  le 
22  Mars  1519  f  à  84  ans.  Sa 
jeunefie  avoit  été  orageuife  &  liber- 
tine ;  mais  l'âge  le  corrigea  de  tous 
fes  vices.  On  a  de  lui  des  Commen- 
taires  fur  les  PandeSes  &  fur  le  Code 
de  JuJHnien  ,  in-fol.  &  d'autres  ou- 
vrages qui  ,  pour  la  plupart ,  ne 
font  que  de  mauvaifes  compUadons, 

MAJOLI,  (Simon)  néàAilen 
Piémont,  devint  évèque  de  Vol- 
turara  dans  le  royaume  de  Naples, 
&  mounit  vers  l'an  1598.  C'étoit 
un  grand  compilateur.  U  s'eft  ^ 
connoitre  fur^out  par  fon  ouvrage 
intitulé  :  Vies  eaniculares  ,  imprimé 
plusieurs  fois  in-4^  &in-fol.,  ^aduit 
en  françois  par  Rfiffet^  Paris ,  1610 
&  1643  ,  in-4**. 

L  MAJOR,  (  George)  l'un  des 
plus  zélés  difciples  de  iMther^  na* 
quit  à  Nuremberg  en  15  01.  Ufiit 


XI  A  J 

lue  de  Saxe;  enfeigna  à  Magde- 
boUïg ,  puis  à  Wittemberg ,  fut  mi- 
lufire  à  Iflebe ,  &  mourut  le  28  No- 
vembre 1574,  à  72  ans.  11  fou- 
tenoit  que  les  bonnes  œuvres 
font  û  efTentiellement  néceiTaires 
pour  le  falut ,  que  les  petits  enfans 
ne  Tauroient  être  juilifiés  fans 
elles.  >«  Méldnchton  (  dit  M.  Tabbé 
»  Pluqutt)  avoit  abandonné  les 
»  principes  de  Luther  fur  le  libre 
»  arbitre  ;  il  avoit  accorde  qucl- 
y*  que  force  à  la  nature  humaine  , 
yt  &  avoit  enfeigné  qu'elle  con- 
y>  couroit  à  la  converîxon  »  même 
Vf  dans  un  infidelle.  lAajor  avoit 
w  pouffe  ce  principe  plus  loin  que 
»»  Mélanchten  ,^'&  avoit  expliqué 
vt  comment  l'homme  infidelle  con- 
M  couroit  à  l'ouvrage  de  fa  conver- 
w  fion:il£aut,  pour  qu'un  infidelle 
n  fc  convertisse  ,  qu'il  prête  l'o- 
>»  reille  à  la  parole  de  Dieu-,  il 
yt  faut  qu'il  la  comprenne,  &  qu'il 
>♦  la  reçoive  :  jufque-là  ,  tout  eft 
»  l'ouvrage  de  la  volonté.  Mais, 
9»  lorfque  l'homme  a  reconnu  la 
«  vérité  de  la  rdijgion ,  il  demande 
M  les  lumières  du  5aint-£fpnt,  dt 
«  il  les  obtient.  Major  renouveloit 
•»  en  parrie  les  erreurs  des  Sémi^ 
>»  Pélagiens  «.  On  a  de  lui  divers 
Ouvrages  en  3  vol.  in -fol.  Ses 
partifans  furent  nommés  Majorités, 
II.  M  A  J  O  R  ou  LE  Maire  , 
(  Jean  )  d'Adington  en  Ecofle ,  vint 
jeune  i  Paris  ,  &  fît  fes  études 
au  collège  de  Montaigu,  où  il  en- 
fdgna  enfuite  la  philofophie  &  la 
théologie  avec  réputation.  Il  fut 
reçu  doôeur  de  Sorbonne  en  1 5  06 , 
&  mourut  en  EcoiTe  l'an  i54S>à 
é2  ans.  Ses  principaux  ouvrages 
font  î  1.  Une  Hîftoirt  de  la  Grande' 
Bruagnê ,  en  6  livres ,  qui  ftniiTent 
au  mariage  de  Henri  VUl ,  avec 
Catherine  d* Aragon*  Cet  ouvrage  fu- 
perficiel  &  peu  exaA ,  fut  publié 
«n  1521.  II.  Dt  favans  Commen" 
tains  fur  les  Evangiles  ,  fur  l€ 


U  A  J        ço^ 

Mattre  des  Sentences,  &c.  în-fol.» 
1^29.  lil.  On  lui  attribue  encore 
un  livre  intitulé  :  Le  grand  Miroir  des 
exemples^  imprimé  à  Douai  1  1603, 
in-4°.  Tous  ces  ouvrages  font  en 
latin.  Ce  dernier  ed rempli  de  fables.. 

III.  M  A  J  O  R ,  (  Jean-Daniel  ) 
médecin  ,  né  à  Breflau  en  1634» 
exerça  long>temps  {es  talens  à  Ham-% 
bourg.  Il  fut  feit,  en  1663,  pro- 
feiTeur  en  médecine  dans  l'univer* 
fité  de  Kiel  qui  venoit  d'être  fon- 
dée, &  direâeur  du  jardin  des 
plantes.  Il  mourut  en  1693  ,  à 
Stockholm ,  où  il  avoit  été  appelé 
^ar  Charles  XL  On  a  de  lui  un 
grand  nombre  d'ouvrages.  Les  prin- 
cipaux font  :  I.  ilthftlo^a  euriofa 
five  dt  animalihus  &  plantis  in  /api" 
dem  eonverfis^  1662,  in-4**.  II.  De 
cancris  &ferpentibus  petrefaSlis ,  1664^ 
in-4°.  III.  Hiflona  anatomiaj  1666  ^ 
in-folio. 

MAJORAGIO,  (  Marc- Antoine) 
ainfi  nommé ,  d'un  village  dans  la 
territoire  de  Milan ,  fe  rendit  habile 
dans  les  belles  -  lettres ,  &  enfei* 
gna  à  Milan  avec  une  réputation 
extraordinaire.  Il  introduâ&t  dans 
les  écoles  l'ufage  des  déclamations 
pratiqué  parmi  les  anciens  ,  &  qui 
excita  le  génie  de  quelques  jeunes 
gens.  Ses  fuccès  lui  fkest  des  ja- 
loux. Ses  ennemis  lui  intentereiit 
un  procès ,  fur  ce  qu'il  avoit  change 
fon  nom  à*Antonius  Maria  en  celui. 
de  Mardis  '  Antonivs  Majorianus,  H 
fe  tirad'affeireendifant,  qu'il  n'y 
avoit  aucun  exemple  dans  les  au- 
teurs de  la  pure  latinité,  qu'un 
homme  ait  été  appelé  Antonius  Maria» 
Cette  raifon  pédantefque  ferma  ce- 
pendant la  bouche  à  l'envie.  Majo* 
rapo  jouit  tranquillement  de  fon 
nom  &  de  fa  gloire  jufqu'à  fa  mort  \ 
arrivée  le  4  Avril  1555  ,  à  41  ans. 
On  a  de  lui  :  I.  Des  Commentaires^ 
fin*  la  Rétk^rique  d'AriJiote ,  in-fol.  , 
fur  V  Orateur  de  Cicéron  &  fur  VirgUe^ 
ûi«fol.  II,  PlHfieurs  traités  ,  oatrt 


y 


:/# 


510        M  A  J 

autres  :  De  Senatu  Romano  «  Io-4^... 
Z?£  rîju  oratorio  &  uriano,,.  De  no^ 
minibus  proprus  vcurum  Romanorum* 
III.  Un  recueil  de  Harangues  La- 
tlnes ,  &c,  Leipiîg,  1628  »  in-8^. 
Tous  ces  ouvrages  refpirent  l'éru- 
liidon. 

MAJORIEN,  {Julîus'VaUrîus 
JAajokianus  )  empereur  d'Occi- 
dent ,  étoit  fort  )eune  lorfqu'il  fut 
élevé  à  l'empire  le  1"  Avril  457» 
éa  confentement  de  Léon ,  empe* 
reur  d'Orient.  Tout  ce  qu'on  fait 
de  fa  famille ,  c'eft  que  fon  père 
«voit  toujours  été  attaché  au  cé- 
lèbre AJètlus ,  général  fous  yaUntinUn 
m ,  &  que  fon  aïeul  maternel  avoit 
été  général  des  troupes  de  la  Pan- 
nonie  fous  le  Grand  Théodofe,  Les 
vertus  civiles  &  militaires  de  Mojo» 
rUn  lui  méritèrent  le  trône  impérial, 
t)ès  qu'il  y  fiit  mont4«  il  réduifit 
les  Vifigoths ,  &  forma  le  projet 
Reperdre  les  Vandales.  Pour  mieux 
connoître  les  forces  de  ces  ennemis , 
il  fe  déguife ,  pa^e  en  Afrique ,  & 
va  trouver  Gmferic  leur  roi ,  en 
qualité  d'ambafîadeur  ,  fous  pré- 
texte de  lui  faire  des  propofitions 
de  paix.  Il  remarqua  dans  le  mo- 
iiarque  Vandale  plus  de  fierté  que 
de  valeur ,  dans  fes  troupes ,  ni  dif- 
çiplioe,  ni  courage^  &  dans  fes 
îujets ,  un  penchant  extrême  à  la 
révolte*  De  retour  en  Italie ,  il  hâta 
les  pr^aratiâ  de  la  guerre  &  paâà 
en  Afrique.  Genfcrîc  n'avoit  plus 
d'efpoir ,  &  fa  perte  étoit  aiTurée  « 
s'il  n'eût  trouvé  des  traîtres  parmi 
les  Romains ,  qui  lui  livrèrent  la 
plus  grande  partie  de  leurs  vaif- 
feaux.  Majorîen  repaiTa  en  Italie 
pour  réparer  fa  perte.  Le  Vandale, 
craignant  les  armes  de  ce  héros, 
lui  fit  demander  la  paix  &  l'obtint. 
}iicimer,  généraliffime  des  troupes  de 
"MajorUa ,  jaloux  de  la  gloire  que 
ce  prince  s'étoit  acquife ,  £t  fou- 
lever  l'armée,  le  1  Août  461,  6c 
cinq  jours  après  maflacra.  l'empe- 


U  kl     ' 

reur ,  après  un  règne  de  3  ans  & 
quelquei  mois.  Majorun  étoit  ua 
prince  courageux  ,  entreprenant, 
aâif ,  vigilant ,  l'amour  de  fes  peu- 
ples &  la  terreur  de  fes  ennemis. 
Auffî  aimable  dans  le  pardculier 
que  grand  en  public  ,.il  étoit  doux, 
gai ,  complaifant.  Les  belles-lettres 
ctoient  û.  principale  occupation. 

MAJORIN ,  premier  évêque  des 
Donadfies  en  Afrique,  vers  l'an 
306,  avoit  été  domeitique  de  I»- 
ic//s,  dame  fameufe  dans  cette feâe, 
&  fiit  ordonné  pour  l'oppofer  à 
Cécllien.  Quoique  Majorin  ait  été  le 
premier  évêque  de  ce  peuple  de 
rebelles,  il  ne  lui  donna  pas  fon 
nom  i  Douât  fon  fuccefTeur,  eut  ce 
malheureux  avantage. 

MAIRAN,  (  Jcan-Jacquesd'Or- 
tous  de  )  d'une  famille  noble  de 
Beziers ,  naquit  dans  cette  ville  en 
1678,  &  mourut  d'une  fluxion  de 
poitrine  à  Paris  le  20  Février  177 1 , 
à  93  ans.  U  fut  un  des  membres 
les  plus  illuâres  de  l'académie  des 
fciences  &  de  l'académie  Françoife. 
Attaché  de  bonne  heure  à  cette 
poremiere  compagnie,  il  fuccéda  en 
1741  à  FonundU  dans  la  place  de 
fecrétaire' perpétuel.  Il  la  remplit 
avec  un  fuccès  diftingué  jufqu'en 
1744 ,  &  montra  comme  fon  pré* 
décefleur ,  le  talent  de  mettre  dans 
un  jour  lumineux  les  madères 
les  plus  abffaraites.  Ce  don  û.  rare 
éclate  dans  tous  fes  ouvrages.  Les 
principaux  foat:I.  DiJfertatUm  fur 
la  Glace ,  dont  la  dernière  édidon 
efl  de  1749 ,  in-i2.  Cet  excellei^ 
morceau  de  phyûque  a  été  traduit 
en  allemand  &  en  Italiea.  II.  Dif'  I 
ftnaùon  fur  la  çaufc  de  la  lumen 
des  Pho/pkores  ,  1717,  in- il.  lU. 
Traité  hijiorique  &  phyfiqueietAurott 
Boréale^  imprimé in-i 2 «  en  173 )• 
&  fort  augmenté  en  1754 ,  in-4^.  Lt 
fyflême  que  l'auteur  embraflefouf- 
fre  des  contradiûions  ;  mais  fon 
livr«  cft  aiUn.  fayant  que  bien  ^> 


MAI 

IV.  Letm  auPcre  Parennin,  contenant 
dlvtrfcs  queftlons  fyr  la  Chine  ^  in- Il  ^ 
ouvrage  curieux ,  &  plein  de  cet 
efprit  philofophique  qui  caradlérife 
les    autres  livres  de  l'auteur.   V. 
Vn  grand  nombre   de  Mémoires  y 
parmi  ceux  de  l'académie  des  fcien- 
çes  (  dq>uis  1719)  »  dont  il  donna 
quelques   volumes.   VI.  Plufieurs 
Differtatlons  fur  des  matières  parti- 
culières, qui  ne  forment  que  de 
pedtes  brochures  :  ilferoit  à  défirer 
qu'on   les  réunit.  VII.  Ehgts  dts 
JlcadimUîens  it  PAeadémU  des  Stknr 
mes ,  morts  en  ly^t ,  ly^z ,  r;4^ ,  in- 
12,  1747.  Sans  imiter  Fontenclle^ 
Tautenr  fe  mit  preTque  à  côté  de 
lui ,  par  le  talent  de  caraâérifer  fes 
perfonnages ,  d'apprécier  leur  me- 
nte &  de  le  faire  valoir-,  fans  dif* 
fifiiuler  leurs  défauts.  La  réputation 
de    Mairan   avoit  pénétré   depuis 
long-temps  dans  les  pays  étrangers* 
U  étoit  membre  de  l'académie  imr 
périale  de  Pétersbourg ,  de  l'acadé- 
mie royale  de  Londres ,  de  Tiniii* 
tut  de  Bologne ,  des  fociétés  roya- 
les  d'Edimbourg  &  d'Upfal ,  &c. 
La  douceur  de  fes  mœurs  le  faifoit 
regarder  comme  un  modèle  des  ver* 
tus  fociales.  Il  avoit  cette  politeiTe 
aimable,  cette  gaieté  ingénieufe, 
cette  fureté  de  commerce ,  qui  font 
aimer  &eftimer.  Mais  il  faut  ajou- 
ter,  dit  M.  Savenen ,  qu'il  rappor- 
toit  tout  à  lui-même.  Son  bien- 
être  ,  &  le  foin  de  fa  réputation , 
étoient  les  motih  de  toutes  fes  dé-, 
marches.  Il  étoit  très-feniîble  aux 
cridques  &  aux  éloges;  cependant 
il  eut  beaucoup  d'amis.  A  une  phy- 
fionomiefpirituelle  &  agréable  unif- 
&nt  beaucoup  de  douceur ,  il  eut 
l'art  de  s'infinuer  dans  les  efprits 
&defe  frayer  un  chemin  à  la  for- 
tune. Le  duc  d' Orléans ,  régent,  l'ho- 
fiora  d'une  prote^on  particulière , 
&  lui  légua  fa  montre  par  fon  tefta- 
ment.  M.  le  prince  de  Conti  le  com- 
bla de  bienfaiss.  Le  ctolcelier  JDa* 


H  AI        511 

Jeau  î  remarquant  en 'lui  des 
vues  nouvelles  &  des  idées  auffi 
fines  qu'ingénieufes  ,  le  nomma 
préiident  du  Journal  des  Savons  : 
place  qu'il  remplit  à  la  fatisfaâion 
du  public  &  des  gens  -  de  -  lettres^ 
L'égoiûne  fecret  dont  M.  Savenen 
l'accufe ,  ne  le  fit  jamais  manquer 
à  aucun  des  devoirs  de  la  plus  ri* 
goureufe  probité.  Il  difoit  qu'un 
honnête  homme  efi  celui  à  qui  U  récit 
d'une  bonne  action  rafraîchie  le  fang  9 
xaot  que  le  fentiment  feiil  a  pu  pro- 
duire. U  avoit  la  repartie  prompte, 
$e  trouvant  un  jour  dans  une  com- 
pagnie où  étoit  un  homme  de  robe» 
ils  étoient  d'avis  différent  fur  quel- 
que chofe  qui  n'avoit  pas  plus  de 
rapport  à  la  iurifprudence  qu'à  la 
géométrie.  Monfeur ,  (  dit  le  magif- 
trat ,  qui  s'imaginoit  qu'un  favant 
eft  unimbécille  hors  de  (a  fphere) 
il  ne  s'agit  Ul  ni  ^'Euclide  ,  ni  /Ar- 
chimede.  —  Ni  ic  Cujas ,  ni  de  Bar- 
thole!  reprit  vivement  l'académi* 
cien. 

MAÎRAULT,  (Adrien-Maurice) 
fils  d'un  receveur  des  décimes  dn 
clergé ,  mourut  à  Paris  en  1746 , 
à  3$  ans*  Il  étoit  veuf  de  la  filla^ 
du  marquis  de  VHUers.  Cet  écrivain 
avoit  l'efprit  cultivé  ,  un  goût  fain 
&  beaucoup  de  littérature^  mais 
foncaraûere  leportoità  la  fatire^ 
Il  fut  très-lié  avec  l'abbé  des  Fon* 
talnes ,  &  il  travailla  avec  ce  critiqua 
aux  Jugemens  fur  les  écrits  modernes. 
Nous  connoiiTons  de  lui  :  I.  Une 
Traduction  des  Eglogues  de  Néméfiem 
&  Calpumlus  ,  en  françois ,  in-ii , 
recommandablepar  fa  fidélité  &  fon 
élégance.  II.  Vhiftoire  de  la  dernière 
révolution  de  Maroc,  III.  Diverfes 
Pièces  fitgltives. 

L  MAIRE,  (Guillaume le)  né 
dans  le  bourg  de  Baracé  en  Anjou  ; 
eut  part  aux  af&ires  les  plus  im- 
portantes de  fon  temps  >  fut  nommé, 
évêque  d'Angers  en  .1290,  aflifla 
au  concile  g^éral  de  Vianne  eg 


511         M  A  î 

x^ii,  &  mourut  en  1317.  On  a 
ëc  lui  :  I.  Un  Mémoire  fur  ce  qu'il 
convenoit  de  régler  au  concile  de 
Vienne.  On  le  trouve  dans  Ray* 
naldus ,  fans  nom  d'auteur.  II.  Un 
Journal  important  des  principaux 
événemens  arrivés  fous  fon  épif- 
copat.  Le  Vtt^iAchéri  la  inféré 
dans  le  tome  x'  de  fon  SpUUege, 
IIL  Des  Statuu  Synodaux ,  qui  fe 
trouvem  dans  le  Recueil  des  Sta- 
tuts du  diocefe  d'Angers.  GouvtUo 
a  écrit  fa  Vu  »  in-12 ,  à  Ang^  , 
J730. 

.  MAIRE,  Toy^i IL  Major. 
N  IL  MAIRE,  (  Jacques  le  )  Êuneux 
pilote  Hollandois,  partit  du  Tezel 
le  14  Juin  161 5  ,  avec  2  vaiiTeaux 
qu'il  commandoit ,  &  découvrit  en 
16 16  le  détroit  qui  porte  fon  nom, 
vers  la  pointe  la  plus  méridionale 
de  l'Amérique.  On  a  une  RUaùon 
de  fon  Voyage  dans  un  Recueil  de 
Voyages  à  ÎAmérî^  ,  Amfierdam  « 
3612  ,  in-folio ,  en  latin. 

m.  MAIRE,  (Jean  le)  poëte 
François,  né  à  Bavai  dans  le  Hainaut 
en  1473  ,  mourut  dans  un  hôpital 
en  I  ^  24  ;  le  vin  &  fon  imagination 
exaltée  l'avoient  conduit  à  la  folie , 
s'il  faut  s'en  rapporter  à  ce  que  dit 
Piem  de  S AÎnt' Julien  ,  dans  fon  On* 
pnt  des  Bourguignons ,  liv.  2  ,  pag. 
589.  Jean  le  Maire  eft  auteur  d'un 
Poëme  allégorique ,  fous  ce  titre  : 
Mm  trois  Contes  de  CVTIOO»  6» 
d^ÂTKOros  I  dont  le  premier  fut  in» 
venté  p  r  Séraphin ,  poëte  Italien  ;  le 
jl^&le  II J^  de  Maître  Jean  lmMairs^ 
Paris,  1525  ,  in-8^  On  a  encore 
de  lui  pluâears  autres  Po^^f^,  dans 
lefquelles  on  remarque  une  imagi- 
nation enjouée ,  de  l'efprit  &  de  la  ^ 
Êicilité  V  niais  peu  de  iuftefle ,  point 
de  goût ,  ni  de  délicateflie.  Une  de 
fes  produôions  les  plus  rares  ,  eft 
le  Triomphe  de  Très-^futtUe  &  Tres-puif" 
fanu  Dame,,,  Royne  du  Puits  d'Amour^ 
Xyon,  in9t  in-^L  Mais  on  doit 
préjbércr  à  cet  puvr^  Ucencieux  » 


Uk  t 

les  llb^aûons  des  Gaules  &  fingjâéi 
rites  de  Troyes ,  Paris,  15I2 ,  in-fol. 
[  Voye\  fon  Itiiloire  dans  les  Mc- 
moires  du  Inferipùons  ,  in-4^  ,  tom. 
XIII.  ]  On  ne  le  qualifie  ordinal* 
reihent  que  de  poëte  François  ;  pour* 
.  quoi  pas  aulH  d'hiûorien  ?  Il  00m- 
pofa  ,  à  la  louange  de  Marguaiu 
d* Autriche  ,  un  livre  intitulé  :  La 
Couronne  Marputriâque  ^  imprimé  à 
Lyon  en  1^4^*  ou  il  rapporte  des 
chofes  affez  fingulieres  de  l'efpiit 
&  des  réponfes  de  cette  princdSè. 
Son  Trtùté  des  Schifmes  &  des  Coud' 
les  ,  Paris ,  1 547 ,  eft  une inve^ve 
fanglante  contre  Jules  II  ;  elle  (ut 
bien  accueillie  des  Proteihms ,  qui 
la  traduiftrent  en  lAin. 

'  MAIRET  ,  (Jean)  poëte  Fnm- 
çob ,  né  à  Befançon  en  1604,  ^ 
gentilhomme  du  duc  de  Montmo- 
rency  ,  auprès  duquel  il  fe  fignala 
dans  deux  batailles  contre  Soukife , 
chef  du  parti  Huguenot.   Ce  fei- 
gneur  lui  donna  une  penfton  de 
i^  mille  livres,  &  cette généroiité 
ne  iatisfît  pas  fon  ambition  :  auffi 
fe  plaignit-il  fouvent ,  en  fon  nom , 
&  au  nom  des  autres  poëfces  fts 
comemporatns.  m  On  nous  Eût  au 
»  Louvre,  difoit>il,  des  facri£ces 
y*  de  louanges  &  defiunée ,  comme 
»  û  nous  étions  des  I^eux  de  Tan- 
M  tiquité  ««.  li  étoit  fort  âdié  qu'an 
lieu  de  cet  encens ,  on  ne  lui  offrît 
point  des  hécatombes  de  Poifty^ 
avec  une  large  «ftufion  des  vins 
d'Arbois ,   de  Beaune  &  de  Coa- 
drieux.  La  couronne  de  laurier , 
qu'on  préfente  aux  poètes,  lui  au- 
roit  plu  bien  davantage,  û  elle  avoit 
orné  un  jambon  de  Mayence.  On 
traita  Malret  comme  il  le  deman* 
doit  :  le  duc  de  Longuevi/le  lui  ac- 
corda pluileurs  gratificadons.  Le 
cardinal  de  Richelieu,  le  comte  de 
Soijfons  &  le  cardinal  de  la  Valette 
répandirent  fur   lui  des  bien£ûis. 
Mairu  avoit  quelque  talent  pour 
Içs  &égoi;ij\(iQA9f  U^  chargé  deux 
fois 


M  A  î 

feîs  de  ménager  une  fufpenfîond'ar-' 
mes  cvec  la  province  de  Franche- 
Comté,  &  il, y  réùflît.  Les  fervices 
rendus  à  ia  province ,  lui  mérite- 
lent ,  en  i668  ,  des  Lettres  fort  ho- 
norables de  l'emp^eur  Lci>pold ,  par 
lefquelles  ce  prince  rétablit  fa  fa- 
mille dans  la  nobleile  dont  elle  avoit 
joui  autrefois.  11  mourut  à  Befen- 
çon  en  t686 ,  à  S4  ans.   Il  étoit 
retiré  dans  cette  ville  depuis  foit 
mariage,  c*eft-à-dirc,  depuis  164S; 
Sa    femme    étant   morte   dix   ans 
après,  il  ne  revit  plus  la  capitale 
qu'en  paffant.  Ce  pocîe  aimoii  la 
joie  &  la  bonne  chère  j  il  étoit  pro- 
pre à  la  fociété.  L  amour-propre  1 
attaché  à  l'art  des  vers ,  le  rendoit 
fort  pron^t  à  critiqua:  Tes  confrè- 
res.,  &  fort  fenfible  à   leurs  cen- 
fures.  Méiret  eut  beaucoup  de  gra- 
â^^tions ,  fans  être  jamais  riche , 
&  il  connut  beaucoup  de  grands , 
iSR3  «vcir  des  pi^sî  ua  peu  impor- 
tantes. Les  Mufes  l'avoient  infpiré 
Ile  bonne  heure.  A  16  ans  il  com- 
po^  Chryféldç ,  fa  première  pièce  de 
théâtre  ;  à  1 7,  la  Sylvlt ,  à  1 1 ,  la  Syl- 
vamrc  ',323,  le  ducd'Ojfone  i  k  24  ^ 
la  Virginie;  à  2Ç  ,  IsiSophonisbei  Cette 
dernière  pièce  eut  un  grand  fuccès , 
quoique   les   bienféances  les  plus 
communes  y  fuffent  violéeSi  Rien 
li'étoit  plus  ordinaire  alors  ,  que 
de  voir  dans  des  âragédies ,  des  traits 
qu'on,  fouftrirôit  à  pfine   aujour- 
d'hui  pour  le   comique.   Dans  la 
fcene  où  Majpmjfc  &  S^phonlsbe  ar- 
rêtent leur  mariage  ,   ils  ne  man- 
quent pas  de  fe  donner  des  arrhes. 
Syph^fc  avoit  auparavant  reproché 
à  Sophonlsbe  radultere'ôcl'impudi- 
çité.   Cette    pièce   avoit   pourtant 
quelques  beautés  ,  puiiqu'elle  Tem-* 
porta  fur  la  Sophonîsht  de  Corneille  -, 
il  eft  vrai  que  celle-ci  étoit  indi- 
gne de  ce  grand  homme.   Voltaire 
a  refait  la  Sophonlsbe  de  Mairu  ,  ou 
plutôt  a    donné  une  pièce  nou- 
velle fous  le  même  titre  :  On  a  de 

Tome  K 


MAI         515 

lui  ;  1.  "DovLzçJTragédUs^  qui  offrent 
quelqiJes  belles  tirades ,  mais  en»- 
core  plus  de  mauvaifes  pointes  & 
de  jeux  de  mots  inHpidçSé  QueU 
queS'Unes  de  ces  pièces  pèchent 
coptre  les  bonnes  moeurs  y  &  elles 
font  tï^s-foiblemcnt  verfiiiées.  On 
a  imprimé  ,  en  1773  ,  la  Sophonlsbe 
feule  ,  in-4® ,  fuperbes;  figures.  ÏL 
Lc;  Courilfan  folkaire  ^  pièce  qui 
«'eft  pas  fans  mérite.  111.  Des  Poé^ 
fus  diverfcs^  affez  médiocres.  IV^ 
Quelques  Ecrits  contre  Corneille  ^ 
qui  firent  plus  de  tort*  au  cenfeur^ 
qu'à  l'auteur  crtttqué.i  , 

MAIRONIS  ,  (  François  de)  fa-  ' 
meux  Cordelier  au  xiv*  fiede^ 
vit  le  jour  à  Maironès  ,  village 
dans  la  vallée  de  Barcelonette  en 
Provence.  Il  enfâgùa  à  Paris  aveô 
tant  de  réputation ,  qu'il  y  fut  fur-  / 
nommé  U  Docteur  éclairé.  C'eft  le 
premier  qui  foutint  l'adle  finguliçç. 
sppeîc  Sorlomque  ,  dans  lequel 
celui  qui  foutient  eft  obligé  de  ré- 
pondre aux  difficultés  qu'on  lui 
propofe ,  depuis  fixhieures  du  matin 
jufqu'à  fix  hfeures  du  foir  ,  f$ns  in^ 
terruption.  On  a  de  François  de 
Malronis  ^  divefs  Traités  de  philo- 
fophie  &  de  théologie  ,  in-fol.^  * 
dignes  de  fon  fiecle  ^  ôC  indignes  du 
nôtre. 

MAÎSEAUX  ,  Voyei  DesmAm 

SEAUX. 

MAlSEROI  j  ( N.  Joly  de)  lieu* 
tenant-colonel  d'infanterie,  de  l'a-, 
cadémie  des  Infcriptions ,  né  à 
Metz,  mort  le  8  Février  1780* 
étoit  un  bon  officier  &  un  favant 
diftingué.  On  a  de  lui  :  I.  des  EJfals 
nùiltalres  ,  I763  ,  in-S*".  II.  Traité 
du  firatagjimes  pemàs  à  la  guerre  , 
1765  ,  in-8^.  III,  Traité  des  armei 
défcnfiyes  ^  1767  ,  ,in-8°.  IV.  Nou- 
veau cours  de  Tactique  théorique  ^  pra** 
tique  &  hifiorique»  V«  Tableau  général 
de  la  cavalerie  Grecque^  VI.  Injiitu-^, 
Mtif  milltalrtf  de  l* Empereur  l^n^  ' 

.     '  Kk 


5t^        MAI 

tradultii   du  grée  ,   arec  des  notes  ^ 
2  vol.  in-8®,  1770* 
.     MAISI£R£S ,  (  Philippe  de  )  na- 
4{uit  dan;  le  château  de  MaitiereS) 
-au  diocefe  d'Amiens  >  vers  1317  ^ 
porta  fucceflivement  les  armes  en 
oicile  &  en  Aragon  v  revint  en  fa 
patrie ,  où  il  obtint  un  canonicat  ; 
éntrepirtt  enûiite  le  voyj^e  de  la 
Terre-fainte ,  &  fervit  un  an  dins 
les  troupes  des  Infidelles  »  potqr 
.s'inftruire  de  leurs  forces.  Son  mé- 
rite lui  procura  la  place  de  chan-^ 
celier  de  PUm ,  fucceiTeut  dp  Hugues 
de  Lufignan  ,  roi  de  Chypre  &  de 
Jérufalcm.  Ses  conTeils  lui  furent 
très-utiles.  De  retour  en  France  , 
l'an  1371  ,    Charles   V  lui  donna 
une  charge  de  confeiller-dëtat  y  & 
le  fit  gouverneur  du  dauphin  y  depuis 
CharUs  Vl,  Enfin  MalfUres ,  dégoûte 
du  monde ,  fe  retira ,  Tan  1380  ^ 
chez  les  Céleftins  de  Paris.  Il  y 
ftn^  le  relie  de  fés  Jours,  *m» 
prendre  l'habit  ni  faire  les  vœux , 
&  mourut  en    1405  ,   après  leur 
avoir  légué  tous  fes  biens.  C'eft 
lui  &  Craon  qui  obtinrent  de  Chsrles 
VI ,  en  1395  ,  l'abrogation  de  la 
coutume  que  l'on  avoit  alors ,  de 
tefufer  le  (acrement  de  pénitence 
aux  criînineb  condamnés  à  mort. 
Les  principaux  ouvrages  de  Mai- 
fieres  font  :  I.  Le  PcUrlnage  du  pauvre 
,    pèlerin.  II.  Le  Son^c^du  pieux  pclerîn. 
Dans  l'un  il  expofe  les  règles  de 
la  vertu ,  &  dans  l'autre  il  donne 
les  moyens  de  faire  cdffer  les  vices. 
III.  Le  Poirier  fleuri  en  faveur  d'un 
grand  prince ,  en  manufcrit ,  auxCé- 
léftins  ,  &c.   On   lui  attribue   le 
Songe  du   Vergier  ,   1491  ,  in-fol.  ; 
mais  il  eft  plutôt  de  Raoul  de  Prefie, 
'    MAISONS  /(De)  Toyq  III. 

LONGUEIL. 

MAISTRE(Le)  des  Senten- 
ces -,  y<^e[  PiERR£  Lombard  , 
n**  xir. 

I.  MAISTRE,  (Kaoul  le)  né  à 
Hçuen»  embrasa  l'9t^^  de  Satm* 


M  A  I 

Dominique  en  1570  ^  y  ènfeîgia 
la  théologie  ,  &  fut  chargé  dt 
divers  emplois  honorables.  Il  eft 
auteur  d'un  livre  intitulé  :  Oriffai 
des  troubles  de  ce  temps  ,  difeouraiu 
brièvement^  des  Princes  illuflres.  de  la 
mai/oh  de  htxemhourg.  Il  donna  auffî, 
en  159^  y  une  Vefcnptlon  du  Siegi 
de  Rouen, 

JL  MAISTRE ,  (  Gilles/^  MAlftrt, 
tr  Jean  le  )  magiftrats  tncorrup^ 
fibles  dans  un  temps  de  corruption , 
ayant  fait  briller  Us  mêmes  vertus  t 
doivent  partager  le  même  éloge. 
Gilles  y  reçu  confeiller  au  parle- 
ment de  Paris  en  1536 ,  dut  à  iès 
vertus  &  à  fes  grands  talens  pour 
le  barreau ,  l'eftime  des  rois  /««- 
cols  i  &  Henri  II  :  celui-là  le  fit ,  en 
1 5  41 ,  avocat-général  au  parlement 
de  Paris  :  l'autre  le  créa  préûdent- 
à-Mortier  ,  &  enfin  premier  pré- 
fident  en  '  1 5  5  0.  Au  milieu  des  fec- 
tIClâS  piCuâc»  «jai  ucMÎiir9ient  la 
France ,  il  montra  une  fidélité  in- 
violable p^ur  fon  roi ,  une  intré*' 
pidité  prudente  &  ferme  dans  les 
troubles  &  le  bouleverfemem  de 
l'état ,  un  amour  iîncere  &  éclairé 
pour  la  faine  religion ,  jufqu'à  (à 
mort,  arrivée  en  1563  ,  dans  fâ 
63*  année.  On  a  imprimé  fes  (Euvref 
de  jurifprudence  »  Paris  ,  1653  ou 
1680  >  in-4°.  Jean  LsMJisTRiy 
fon  neveu ,  confeiller  aupaxlement« 
foutînt  comme  fon  oncle ,  l'auto- 
rité royale ,  &  refufa  la  place  de 
premier  préfident  que  le  duc  de 
Mayenne  lui  ollroit.  Cétoit  un 
favant  jurifconfulte ,  que  fon  mérite 
fit  généralement  refpeâer.  Sa  mé* 
moire  fera  toujours  chère  aux 
cœurs  François  ;  poiu*  l'Arrêt  cé- 
lèbre ,  rendu  à  ùl  fbllicitadon ,  le 
18  Juin  159^,  par  lequel  le  par- 
lement de  Paris  déclaroit  mâle  HéleC" 
tien  d'un  prince  étranger  y  afmme  ew* 
traire  aux  lois  fondamentales  de  la 
Monarchie.  Cet  arrêt  &  l'abjuration 

^\H^  ly^  ottvrireoc  à  ce  priflct 


MA  I 

les  portes  de  fk  capitale.  Henrî  , 
reconnoiffant  d^  tant  de  zèle ,  créa 
pour  lui  une  7*  charge  de  préfident- 
à-mortier ,  dont  il  fe  démit  en  i  ç  97. 
Ce  bon  citoyen  mourut  le  21 
Février  1601.  Le  ùaneMX  ^Antoine 
le  Maîftre  ,  Simon  le  Maiftre ,  & 
ie  Malflre  de  Sacy ,  étoient  fes  arrière-  ~ 
petits-fils.  Simon  qui  avoit  fuivi 
^Intoinc  fon  frère  dans  fa  retraite  , 
mourut  en  i6ço  »  &  la  branche  de 
leur  famille  s'éteignit.  Celle  de 
Cilles  le  Maiftre ,  qui  fubfifte  encore , . 
a  fervi  Tétat  avec  diftin£tion  dans 
la  magiilrature  &  dans  les  armées. 
ilï.  MAISTRE  ,  (Antoine  le) 
avocat  au  parlement  de  Paris  ,  na- 
quit dans  cette  ville  en  1608 ,  d'ijaac 
le  Mdiftrt ,  maître  des  comptes ,  & 
de  Catherine  Arnaidd ,  fœur  du  grand 
Arnauli,  II' plaida  dès  l'àge  de  21 
afls ,  &  obtint  tous  les  fufFrages. 
L.e  chancelier  Sépder  ^  inftruit  de 
ion  mérite  ,  le  fit  recevoir  con- 
Iciller  d'état ,  &  lui  offrit  la  charge 
d-'avocat-général  au  parlement  de 
Metz  -,  mais  il  ne  crut  pas  devoir 
l'accepter.  11  quitta  même  entiére- 
jnent^le  barreau  ;  &  c'eft  à  cette 
occafion  que  Jombervll/e  fit  les  vers 
fiiivans  : 

Te  dlralje  ce  que  je  penfe^ 
O  grand  exemple  de  nos  jours  ! 
J*admir^is  tes  nobles  Sf cours  , 
Mais  j* admire  plus  tonfilence^ 

11  fe  retira  peu  de  temps  après  à 
Port-royal ,  où  il  s'occupa  le  reile 
de  fes  jours  ,  non  à  faire  de  mauvais 
livres  &  des  fahcts,  (  comme  dit  un 
«crivain  Jcfuite  )  »  mais  à  édifier 
cette  retraite  par  fes  vertus  ,  &  à 
éclairer  le  public  par  fes  ouvrages. 
Un  de  fes  beaux-freres  ayant  été 
le  voir ,  &  ne  le  reconnoiffant  plus 
fous  l'air  mortifié  &  pénitent  qu'il 
avoit  dans  cette  efpece  de  tombeau  : 
Voilà  donc-ce  le  Maiftre  d^autrefuls^  lui 
dit-il  ?  Ce  faim  hotnme  lui  répon- 
éit  :  //  eft  mçn  Ttu^nmant  a»  monde  p 


MAI         5ÏÇ 

&  ne  cherche  plus  quà  mourir  à  luU 
même,  Pai  affe^  parlé  aux  hommes  en. 
ptélic  ,  je  ne  veux  plus  que  parler  à 
Dieu  déins  iefiUnce  de  ce  défert.  Après 
fn'étre  tourmenté  inutilement  à  plaldet 
la  caufe  des  autres  .^  je  me  borne  à 
plaider  la  mienne.  Cet  illtrflre  foli- 
taire  mourut  le  4 Novembre  1658  , 
351  ans.  On  a  de  lid  :  I.  Des  Ptai-^ 
devers  ,  imprimés  pkifieurs  fois  ,  . 
&  beaucoup  moins  applaudis  à 
préfent  qu'ils  ne  le  furent  lorfqu'il  - 
les  prononça:  On  trouve ,  (  dit  un 
auteur  ,  en  parlant  de  Patru  &  de 
le  Maiftre^  )  dans  ces  deux  hom* 
mes  appelés  ie&  lumières  du  bar- 
reau, des  applications  forcées  ,  un 
affemblage  d'idées  fiingulieres  &  , 
de  mots  emphatiques  ,  un  ton 
de  dédamateur  -,  quelques  belles  ima- 
ges ,  il  eft  vrai ,  mais  fouvent  hors 
de  pliace;  le  nawrel  facrifié  à  l'art , 
&  l'état  de  la  queftion  prefque  tou- 
jours perdu  de  vue.  De  femblables 
plaidoyers  ne  doivent  exciter  d'au- 
tre admiration  ,  que  celle  d'avoir 
paffé  long-temps  pour  des  modè- 
les. II.  ,  La  Traduàlon  du  Traité  du 
Sacerdoce  de  S,  Jean  -  Chryfoftome  , 
avec  une  belle  Préface,  in-12.  IIL 
Une  Vie  de  S,,  Bernard  ,  in-4°  & 
in-S** ,  fous  le  nom  du  fieur  Lamy  : 
elle  eft  moins  eftimée  que  celle  du 
même  Saint ,  par  Vlllefure,  IV.  La 
Traduction  de  plusieurs  ^Tmi^/*  de  ce 
Père.  V.  Plufiturs  Ecrits  en  faveur 
de  Port-royal.  VI.  La  Vie  de  Dom 
Barthéleml  des  Martyrs  j^aveC  dû  Fojfé^ 
in-8° ,  bien  écrite. 

IV.  MAISTRE ,  (  Louis-Ifaac  le  ) 
plus  conau>fous  le  nom  de  Sact  , 
étoit  frère  du  précédent ,  &  na- 
quit à  Paris  en  161 3.  Son  efprit  fe 
développa  de  bonne  heure.  Après 
avoh:  éit  d'excellentes  études  fous 
les  yeux  de  l'abbé  </j  Saint-Cyran  , 
il  ftit  élevé  au  facerdoce  en  1648.  * 
Ses  vertus  le  firent  choifir  auiïï- 
tôt  après  pour  diriger  lesreligieu- 
6«  $c  les  foUtstiresdePort-royal-des^ 

Kkij 


çi<5         MAt 

Chain)[>s.  La  réputation  de  Jatxfcnifte 
qu'avoit  ce  monaAere ,  fournit  des 
prétextes  de  perfécution  à  fes  en- 
nemis. Le  direâeur  fut  obligé  de 
fe  cacher  en  x66i ,  &  en  1666  il 
fut  enfermé  à  la  Bailiile.  C'eftdans 
cette  prifon  qu'il  compoik  les  fi- 
piTts  de  la  Bible.  De  là  ,    fuivant 
les  Moliniftes  ,'  les  allufions  qu'on 
y  fait  aux  traverfes  que  les  Janfé^ 
nifiesavoient  à  fouf&ir.  Si  l'on  en 
croit  un  auteur  Jéfuite ,   MM.  de 
Pon-royal  &  ceux  qui  combattent 
leurs  erreurs ,  font  repréfentés  dans 
la  figure  91  »  les  premiers  pari>tf- 
9rid  ,   &  les  féconds  par  Saui.  Le 
iCo^otfm  de  la  figure  Ii6>  la  Jciabel 
de  la  figure   130  •  VAJJuéms  des 
figures  148  &  150  9  &  le  Darius 
de  la  figure  162  »  font  (  dans  l'in- 
tention de  l'auteur)   le  roi  LouU 
XIV.  L'écrivain  qui  nous  fournit 
ces  anecdotes ,  que  nous  ne  garan- 
tirons point ,  ajoute  »  que  quand 
Sacy  veut  dire  à  fes  pôiecuteurs 
quelque  injure  ,  c'eû  toujours  par 
les  Saints  Pères  qu'il  la  leur  ùk 
dire.  Si  c'eft-làlaclefdes  portraits  * 
ënigmatiques  &  des  allufions  dont 
on  prétend  que  ce  livre  eft  rempli , 
ce  n'eft  pas  apurement  la  charité 
qui  l'a  trouvée.  D'ailleurs  il  n'efl 
pas  certain  que  ce  livre  foit  de  Sacy  ; 
il   eft  plus  vraifemblablement  de 
Nicolas  Fontaine ,  fon  compagnon 
de  prifon.  La  captivité  de  Sacy  pro- 
cura au   public  la  Traduction  de 
toi|te  la  Bible.  Elle  fut  finie  la 
veille' de  la  ToufTaint  en  i663,  & 
ce  jour -là  même  il   recouvra  fa 
liberté ,  aprèç  deux  ans  &  demi  de 
détention.  On  le  préfenu  au  roi 
&  au  miniib-e,  à  qui  il  demanda 
pour  toute  grâce  d'envoyer   plu- 
lieurs  fois  l'année  à  la  Baftiile  pour 
examiner  l'état  des  prifonniers.  Le 
Maijîn  demeura  à   Paris   jufqu'en 
1675  ,  qu'il  fe  retira  à  Porc^royal^ 
d'où  il  fut  obligé  de  fortir  €111679. 
il  alla  fç  fi;^«r  à  jfomp6nç,  &  y 


.M  Aï 

mourut  le  4  Janvier  1684,  k  ft 
ans.  On  a  de  lui  :  I.  La  TraàuSian 
de  la  Bible  ,  avec  des  explications 
du  fens  fpirituel  &  littéral,  tirées 
des  Saints  Pères  ,  dont  du  Foffé  , 
Huri^  le  Tournaix ,  ont  fait  la  plus 
grande  panie.    Cette  verfîon  ,  la 
meilleure  qui  eût  encore  paru  ,  eft 
en  32  voK  in -8°  ,  Paris ,  1682 ,  & 
années  fuivantes.  Ceft  l'édition  la 
plus  edimée.    L'auteur  refit  trois 
fois  la  traduûion  du  Nouveau  Tef- 
tament ,  parce  que  la  première  fois 
le  flyle  lui  en  parut  trop  recherché , 
&  la  féconde  fois  trop^fimple.  On 
contrefit  l'édition  de  32  vol.  in-8^ , 
à  Bruxelles,  en40  vol.in-12.  Les 
meilleures  éditions  de  cette  verfion 
ont  été  fûtes  à  Bruxelles  ,  1700  , 
3  vol.  in-4^  ^  à  Amflerdam ,  fous 
le  nom  de  Paris  »  17H  ,  8  vol.  in- 
12  ;  à  Paris  1713 ,  en  2  vol.  in-4**  ;  , 
&  en  1715 ,  avec  des  Notes  &  Con- 
cordes ,  4  vol.  in-fol.  II.  Une  Tw- 
duSion  des  Pfeaumes  félon  l'Hébreu 
&  la  Vulgate  ,   in- 12.  IJIL  Une 
Verfion  des  Homélîes  de  5.  Cktjfop 
>  tome  fur  5.  Matthieu ,  en  3  volumes 
in-8^.  IV.  La  Traduftion  de  Vlmita- 
tlon  de  Jesus-Çurist  (  fous  le  nom 
de  Beuil^  prieur  de  Sain^Val,  )  Paris. 
1663  ,  in.8°.  V.  CeUe  de  Phèdre, 
in-i  2 ,  (  fous  Ite  nom  de  Saint-Aubin,  ) 
yi.  De  trois  Comédies  de  Têrence, 
in- 12.   VIL  Des  Leares  de  Bonptrs  , 
(fous  le  nom  àt BrianvUle.)  VlIL 
Du  Poëme  de  S,  Prof psr  fur  les  in- 
grats ,  in-i2  ,  en  vers  &  en  profe. 
IX.  Les  Enluminures  de  l'Almanach 
dêsJéfuites,  1654,  in-i 2 ,  réimpri- 
mées en  1733.    Il  parut  en  1653 
un^e  Efiampe  ,   qui  repréfentoit  la 
déroute  du  Janfénifme  foudroyé  par 
les  deux  PuilTances;  &  laconfufîon 
des  difciples  del'évêque  d'Ypres, 
qui  vont  chercher  un  afile  chez  les 
Calvinifles,     Cette   efbmpe   irrita 
beaucoup  les  folitaires   de   Port- 
royal,  Sacy  crut  la  faire  tomber  par 
fes  S^d^mtmes  ,  donc  BA&ne  $'e$ 


MAI 

moqué  dans  une  de  Tes  Lettres.  Il 
eft  aflez  étrange  ,  en  effet ,  que  des 
^ens  de  goût  &  de  piété  puffent 
écrire  des  fatires  qui  bleflbientrun 
&  l'autre.  X.  Heures  de  Port-royal^ 
que  les  Jéfuites  appeloient  Heures 
à  la  Janfénîjk ,  in-I2.  XI.  Lettres  de 
IPîété ,  Paris  ,  1690 ,  a  vol.  in-8°. 
Pour  bien  connoître  le  mérite  de 
,Sacy ,  'lifei  les  Mémoires  de  Port- 
royal  ,  par  Nie,  Fontaine ,  à  Cologne, 
1758,  2  vol.  in-i2. 

V.  MAISTRE,(Pierrele) avocat 
au  parlement  de  Paris ,  mort  nona- 
génaire en  1728  ,  acquit  de  grandes 
connoifTances  dans  les  détours  obli- 
ques de  la  jurifprudence ,  &  les  con- 
£gna  dans  un  excellent  Comment 
tcÙTt  fur  la  Coutume  de  Paris  ,  im- 
primé plufieurs  fois  ;  la  dernière 
édition  eft  de  1741 ,  in-folio...  On 
connoît  encore  de  ce  nom,  CfmrLs- 
François-Nicolas  LS  MajsTRE  ,  fieur 
DE  C1.AVILIE  ^  mort  en  1740  ,  pré- 
fident  au  bureau  des  finances  de 
Rouen ,  &  auteur  du  Traité  du  vrai 
mérite  ,  à  part.  in--i2  :  ouvrage  qui 
a  une  grande  vogue  ,  quoique  le 
iftyle  foit  maniéré ,  &  qu'on  y  trouve 
plus  de  lieux  communs  &  de  cita- 
tions ,  que  d'idées  profondes  &  de 
penfées  neuves. 

MAITRE- JEAK  ,  (Antoine)  de 
Méry ,  près  Troyes.  Après  d'excel- 
lentes études  faites  à  Paris',  l'amour 
de  la  patrie  le  ramena  à  Méry ,  où 
il  a  paâe  fes  jours  dans  l''exercice 
de  la  chirurgie.  Il  donna  au  com- 
mencement de  ce  fiede,  chez  le  Fevre, 
imprimeur  à  Troyes  ,  un  Traité  des 
Maladies  de  P(SiL  Cet  ouvrage  qui , 
faute  de  prôneurs  ,  fut  d'un  débit 
très-difficile,  eft  devenu  loi  pour 
/  tous  les  oculiftes  :  il  a  été  cinq  ou 
fix  fois  réimprimé  &  traduit  en 
toutes  les  langues.  Les  lumières  de 
Maître  Jean  dans  la  chirurgie,  étoient 
le  réfultat  des  connoifîances  pro- 
fondes qu'il,  a  cultivées  ,  en  étu^ 
iism ,  diis  tout  le  cours  de  U  vie, 


M  A  I 


V7 


fur  tous  les  objets  relatifs  à  Tart 
de  guérir.  Il  avoir  été  élevé  du  cé- 
lèbre Méry  y  avec  qui  il  entretint  une 
correfpondance  fuivie» 

MAlTRE-RÔUX,  Koy.Rosso. 
M AITTAiRE,  (Michel)   gram- 
mairien  &  bibliographe   de  Lon- 
dres ,  dans  le  dix-huitieme  fiecle  , 
s'eft  fignalé  par  fa  vafte  érudition. 
L»  république  des  lettres  lui  doit  : 
I.  De  bonnes  éditions  de  quelques 
Auteurs  anciens ,  entre  autres ,  du 
Corpus  Poëtarum  Latincrum ,  Londres, 
1721  ,  2  vol.  in-folto.  II.  Annales 
Typographici  ,    à  la  Haye  v    I7Ï9  , 
in-4**.  Le  tome  11®  en  1722 ,   le 
tome^iii*  en  1725.  Cet  ouvrage, 
plein  de  détails   bibliographiques 
curieux  6c  recherchés  ,  &  auquel  oa 
ne  peut  reprocher  que  très-peu  de 
foutes ,  comprend  le  titre  de  tous 
les  livres  imprimés  depuis  Torigine 
de  l'imprimerie ,  jufqu'en  i  ç  5  7.  En  ^ 
Ï733  ,  Maîttdire  donna  une  nou- 
velle édition  du  tom  i*"^ ,  qui  porte 
pour  titre  tome  iv*  ;  elle  eft  cori- 
fidérablement    augmentée.    Cepen- 
dant l'auteur  avertit  qu'il   y   faut 
toujours  joindre  la  i^^  édition  de  * 
1719  ,  parce  qu'il  s'y  trouve  des 
chofes  non  réimprimées  dans  la  fé- 
conde. Eniin,  en  1741,  a  paru  la 
Tai/tf  de  tout  l'ouvrage,  fous  le  ti- 
tre de   tom  v^ ,  en  2  parties.  Ce 
volume  eft  le  plus»  utUe.  III.  Hifio^ 
rid  Stephanorum  ,  Londres  >    1709  , 
in- 8**.    IV.  Hifioria  Typographorum 
aliquot  Panjienfiwn,  I717 ,  2  tomes 
en  un  vol.  in- 8**.  V.  Gracie  lingue 
DiaUBiy  à  la  Haye»  1738,  in-8*. 
VI.     Mifcellanea   Gracorum    aliquot 
Scri^orum  Carmlna^  gr.  lat  Londres  , 
1722,  in-4'*. 

ï.  MAIUS ,  )  Junîanus  )  gentil- 
homme Napolitain  ,  enfeigna.  les; 
belles-lettres  à  Naples  ,  avec  ré- 
putation ,  fur  la  fin  du  xv**  fiecle  9 
&  eut  pour  difciple  le  célèbre-'^ 
Sanna^ar,  Ilfe  mêloit  d'interpréter- 
{e$  fonges,  &  il  fe  fit  une  rép.uca^: 

Kk  iii 


•fi8         MAI 

tion  en  ce  genre  :  tant  il  eft  facile 
d'abufcr  le  public  ,  curieux  de  fa- 
voir  l'avenir  !  On  a  de  lui  :  I.  Des 
Epitns.  II.  Un  DicHonnaire  inti- 
tule :  Opus  àt  pr'fcorum  proprUtau 
veihurum  ,  Neapoli  ,  1475  ♦  in-fol. 
réimprimé  à  Trévife  en  1477.  H^^* 
Une  édition  de  f^lmt  U  Jeme  ,  Na- 
ples,  1476,  in-fol. 

II.  MAIUS ,  (  Jean-Henri)  théo- 
logien Luthérien  ,  ne  à  Pfortz- 
heim,  dans  le  marquiiat  de  Bade- 
Dourlach  ,  en  1653  ,  étoh  très- 
verfé  dans  la  littérature  hébraïque. 
Il  enfeigna  les  langues  orientales 
avec  réputation  dans  plufieurs  aca- 
démies ;  &  en  dernier  lieu  à  Gief- 
ïçn ,  où  il  fut  pafteur ,  &  où  il  mou- 
rut le  I  Septembre  17 19 ,  à  66  ans. 
Il  étoit  profond  dans  l'antiquité 
iacrée  &  profane.  On  a  de  Maïus 
un  très-grand  nombre  d'ouvrages , 
plus  connus  en  Allemagne  qu'en 
France  ^  dans  les  autres .  parties 
de  l'Europe.  Les  principaux  font  : 
I.  Hîftoria.  anîmalium  Scriptunt  fa" 
CTA  ,  in-8°.  n.  Vua  /.  Rtuchiim  , 
1687 ,  in-8**.  IIL  Examen  Uiftorùt 
crîdcA  Ricardl  Sîmonîs  ,  in-4**.  IV. 
SynopfU  Thtolo^a  SymboUca,  ,  in* 
4«.  V.  —  MoraOs ,  in-4^.  —  &  Jw 
daicety  in-4*^.'VI.  IntroduBla  aifiw 
dîum  phîlolûgicum  ,  cnùcum  &  txegfi" 
tUmrty  in-4°,  VH.  Paraphrafis  Epif" 
toU  ad  Hebntos^  in-4**.  VIII.  Theo^ 
l0gia  Evangclîca  »  1701  &  1719  ,  4 
part,  in- 4^,  IX.  Animadverjlones  & 
Supplemcnta  ad  Cocati  Lexîcon  ht^ 
^hrxum  yifO'^  ,  in-folio.  X.  (Econo^ 
9Ùa  ttmporum  vcteris  &  novl  Teftà- 
menti,  in-4°.  XI.  Synopfis  Th&olo^ 
^Ict  Chrlfiuuuty  in-4^.  XII.  T/uoUr 
gii  Luthtrl ,  in-4®.  XIIL  Theologia 
JProphttUa  ,  in-4**.  XIV.  Harmc^ 
nia  Evangiliea  ,  in-4^.  XV.  Uijia^ 
^rla  nformadonis  Lutherty  in-4^.  XVI. 
£>lffertdtîones  phUoh^cA  &  exegetiat , 
Francfort  ,1711,2  vol.  in-4*'.  &c 
Il  a  auffi  donné  une  fort  bonne 
"édition  de  la  BibU  IUkrdi^ucy'mr^\ 


M  A  K 

Son  fîls  ,  du  même  nom  que  Im; 
s'efl  diflingué  dans  la  connoiilance 
du  Grec  &  des  langues  Orientales.  ' 
MAIZIERES,  Voy,  Maisieres, 
MAKI,  Voyei  Mac  Kl." 
'  MAKIN  ,  C  Robert  )  "  fous  le 
règne  d* Edouard  111 ,  &it  à  la  fois 
la  vidtime  des  funeftes  effets  d'ut 
amour  immodéré  ,  &  la  caufe  in- 
volontaire de  la  découverte  for 
tuite  de  rifle  de  Madcre,  Cet^n- 
glois  ,  né  avec  du  courage  &  de 
l'efpfit ,  conçoit  une  pafHon  éper- 
due pour  uinne  Di^rjct  ,  jeune  tille 
d'une  naiiTance  bien  fupérieiure  a 
la  fienne.  On  le  mit  en  prifon, 
&  il  n'obtint  fa  liberté  qu'après  que 
les  p^rens  de  la  demoifelle  l'eurent 
mariée  fuivant  fa  condition.  Ce 
m<^en  violent  n'éteignit  point  fa 
pafuon  ,  &  ne  l'empêcha  pas  d'en- 
lever celle  qui  en  ttoit  l'objet.  Au 
lieu  de  faire  voile  pour  la  France , 
comme  il  le  comptoit ,  dans  le 
defiein  de  s'y  retirer ,.  il  fiit  affailli 
par  une  tempête  ,  &  abandonné 
pendant  treize  jours  à  la  merci  des 
flots.  Enfin  le  14^  il  aborda  à  l'ifle 
de  Madtrt  où,  trois  jours  après  * 
un  orage  arracha  le  vaifTeau  de 
deilus  les  ancres,  &  le  jeta  fur  les 
côtes  de  Maroc.  Cette  nouvelle 
di%race  fit  tant  d'impref&on  fur  lâ 
compagne  de  Màkln  ,  déjà  confier- 
née  par  les  premiers  malheurs  qui 
avoient  fuivi  fon  départ,  quelle 
expira  au  bout  de  deux  jours  , 
■fans  avoir  pu  proférer  une  parole. 
Son  époux  pénétré'  d'un  accident  ^ 
fi  tragique  ,  ne  lui  furvécut  que 
5  jours.  Il  demanda  pQur  unique 
grâce  à  îes  amis  d'être  eaterré  dans 
le  même  tombeau.  Us  rornereot 
d'une  infcription  qu'il  avoit  com> 
pofée,  &  qui  contenoit  en  peu  de 
•mots  fa  trifle  aventure..  Elle  t 
fourni  un  fujet  à  M.  d'Arnaud  pour 
les  Epreuves  dufentknent ,  tom.  4. 
MAKOWSKI,  Vi>yei  WUccO: 


MAE 

MALABRANCA,(  Ladn  )  Do- 
nûjstcain  ,    neveu  du  pape  Nicolas 

,  III ,  fut  fait  cardinal  èc  évêque  de 
VeUetri  en  1178  ,  puis  légat  de 
Bologne.  Il  fut  chargé  des  affaires 
les  plus  délicates, finit  la  paix  dans 
Florence  déchirée  par  les  Guelfes 
&  les  Gibelins ,  &  s'acquit  reôime 
&  TafFedion  des  peuples  par  fon 
intégrité  &  fes  talens.  Il  mouritt 
en  12.94.  On  lui  attribue  la  proie 
I?hs  irse ,  que  TEglife  chante  à  la 
Me£fe   des*  Morts...  11  avoit  poiur 

'  parent  HugoUn  Malabranca  , 
qui  de'  rdigieux  Auguftin  devint 
évêque  de  Bimini  ^  puis  patriar- 

.  che  de  Conilantinople  vers  1:^90 , 
&  dont  on  a  quelques  ouvrages  de 
théologie. 

I.  MALACHIE,  le  detnier  des 
jcn  petits  Prophètes  ,  &  de  tous  les 
Prophètes  .de  l'Ancien-Teftamcnt, 
11  eft  tellement  incofinu ,  que  l'on 
4ome  même  fi  fon  nom  eft  un 
nom.  propre ,  &  s'il  n'eft  pas  mis 
^  pour  un*  nom  générique  ^  qui  fit- 
gnifie  un  Jngedu  Seigneur  ^  unPro^ 
ph^ee  ^  &c.  Orlgtae  &  Tertùl/ien  ont 

^  pris  occafion  de  ce  nom  ,  pour 
avancer  que  ce  prophète  avoit  été 
efFedUvemem  ua  Ange,  qui  pre- 
Jioit  une  forme  humaine  pour  pro- 
phétii«r.  D'autres  croient  avec  «les 
Juifis  que  MalachU  eil  le  même 
ija^Efdnu  ;  &  il  ne  manque  à  cette 
.opinion  que  des  preuves  pour  l'aù- 
tori£er.  Quoi  qull  en  foit ,  il  pa- 
roît  certain  que  MaUchîe  a  prophé- 
tifé  du  temps  de  Néhémle ,  fous  le 
^  règne  d'Aftaxercts^Longuemaln  ^dans 
le  temps  où  il  y  avoit  parmi  les 
prêtres  &  le  peuple  de  Juda  de 
grands  défordrâs  ,  contre  lefquels 
le  prophète  s'élève.  Les  prophé- 
ties qui  nous  reftent  de  lui  ,  £bnt 
en  hébseuy  &  contiennent  3  cha- 

!  -  .pitres.  Il  prédit  l'abolition,  des  fa- 
'i:rifice8  Judaïques  ^  l'inflitution  d'un 
noj^yeau  fapiftce  qui  ferôit  offert 
4ans  toia  l'uiûvêçs,  \i  va&mx  les 


À 


A  L         519 

prêtres  de  la  pureté  qu'ils  doivent 
apporter  .dans  leurs  offrandes  ,  Se 
prédit  Je  jugement  dernier  &  la  ve- 
nue d*Elle. 

n.MALACHIï:,  (S.)néàAr. 
mach  en  Irlande  l'an  1094  ,  fut 
fucceffivement  abbé  de  Benchor  » 
évêque  de  Connor  ^  &  enfin  ar« 
chevêque  d'Armach  en  1117,  Il  fe 
démit  de  fon  archevêché  en  1 1 3  5s 
après  avoir  doilné  une  nouveUo 
face  à  fon  diocefe  par  ^on  zelè  & 
fes  exemples.  Il  mourut  à  Clair- 
vaux  entre  les  bras  de  5.  Bernard , 
fon  ami ,  en  114S.  On  liti  attribue 
des  Prophéties  fur  tous  les  Papes  , 
depuis  CéleJUn  II  jufqu'à  la  fin  du 
monde  -,  mais  cet  ouvrage  a  été  £éi- 
briqué  dans  le  conclave  de  1590^ 
par  les  partifans  du  cardinal  Slmo^ 
nellî^S^Bemûrd:^  qui  a  écrit  WVU 
de  S,  Ma/achle  &  qui  a  rapporté  fes 
moindres  prédirions,  île  fait  au-^ 
cune  mention  de  celles  -  «i.  Aucun 
auteur  n'en  a  parlé  avant  le  com- 
mencement du  XVII*'  fiede.  Ce  fi-r 
lence  de  400  ans ,  joint  aux  erreurs  , 
&  aux  anachroiûfoies  dont  cette  ira- 
perrinante  lifte  fourmille,  eft  une 
forte  preuve  de  fuppofitton.  [  Foy. 
WiON.  ]  On  peut  voir  le  ^P.  Af/- 
nejirier  dans  fon  Traité  fur  les  Prc^ 
phétîes  attribuées  à  5.  Malachle,  Ceux 
qui;  fe  font  mêlés  d'expliquer  ces 
•fadaifes  trop  célèbres,  trouvent  tou- 
jours quelque  allufion  ,  forcée  ou 
vraifemblable ,  dans  les  pays  des 
papes ,  leur  nom ,  ^eurs  armes ,  leur 
naiffance,  leurs  talens,. le  titre  de 
leur  cardinalat,  les  dignités  qu'ils 
ont  poffédées,  &c.  &c.  Par  exem- 
ple, la  prophétie  qui  regardoit  t/r-' 
bain  VIII  ^  étok  LlUum  &  Rofa.  Elle 
s'eft  accomplie  à  la  lettre,  difent 
les  fots  interprétés  :  car  ce  pape 
avoit  dans  fes  armoiries  des  abâl» 
lés ,  qui  fucenr  les  li^  6t  les  rofes. 

MALAGRIDA  ,,( Gabriel)  Je- 
fuite  Italien ,  fut  choi d  par  fon  gé- 
néral pour  faire  des  mii&ons  çêl 

Kk  iv 


>[io        MAL 

Fomigsl.  Cetôit  un  homme  «  <|ui« 
à  un  zèle  ardent  «  )oignoit  la  éd- 
lité  de  parier  que  donne  l'enthou- 
ikfnie.  Il  fut  bientôt  le  direûeur.à 
la  mode*,  les  grands  &  les  petits 
fe  mettoient  fous  fa   conduite.  Il 
ëtoit  regardé  comme  un  Saint ,  & 
confulté  comme  un  oracle.  Lorf- 
que  le  duQd'Avetro  médita  fa  conf- 
piration  contre  le  roi  de  Portugal , 
les  ennemis  de  la  Société  afliirent 
qu'il  confolta  fur   ce   projet  trois 
^  Jéfuites ,  entre  autres  MalagrUa.  Ils 
«joutent* (  ce  qui eft  bicnpeu  vrai- 
^iemblable)  que  ces  cafuiûes  déci- 
fièrent ,  que  ce  n'étoit  pas  fçuUmcnt 
vn  péch4  vénklydt  tuer  «a  Roi  qui 
per/écutou  les  Saints,  Le  monarque 
Portugais,  excité  par  un  minière 
peu  favorable  aux  Jéfuites ,  fe  dé^ 
daroit  alors   ouvertement   contre 
eux ,  &  il  les  chaÏTa  bientôt  après 
de  fon  royaume.  H  n'en  garda  que 
trois  d'entre  eux ,  açcufés  d'avoir 
approuvé  fon  afTait&nat:  Malagriifa , 
Alexandre  &  Maihos.  Soit  qu'il  n'eût 
pas  été  permis  de  les  faire  juger  fans 
le  confentement  de  Rome  qui  le  re- 
fufa  »  foit  qu'il  n'y  eût  pas  de  preu- 
ves pour  faire  condamner  Ma/agrlda , 
Je  roi  fut  réduit  à  l'expédjent  de 
Je   livrer  à  1  Inquifition ,   comme 
fufp^û    d'avoir   autrefois    avancé 
quelques  propoiîtions  téméraires  & 
qui  fentoient  l'hérélie.  Ces  foup- 
çons  étoient  fondés  fur  deux  écriti 
avoués  par  lui^iàiêiiie ,  &  qui  font 
la   preuve  la  plus  complète   d'un 
Vrai  délire-,  l'un  en  latin,  intitulé: 
'TrtKkatus  itvlta,£f  Impciio  AntiçhriJU  ; 
l'autre  en  Portugais,,  fous  ce  titre: 
Za  VU  de  Ste,  Anne ,  compojét  avec 
injjifl^ncç    d:    Iz  bien/uureujï   Vierge 
Made  &    dt  fort  trcs-Jaint   fi/s.  Le 
fanùûqae^M^lagrlda  dit  dans  le  i*' 
.ouvrage  ,  que    lorfqiie   la  Sainte 
Vierge  lui    ordonna    d'écrire  fur 
cette  matière  «  elle  lui  dit  :  Tu  ^ 
JtAN   après  un    autre  JeaK  ,  mais 
i^aHCQuf  plus   clair  6*  plus  frofind. 


MAt 

il  fi  l'on   entend  bien  les  Êûntef 
n  Ecritures  (  dit-il  enfuite) ,  on  doit 
t%  s'attendre  à  voir  parottre  trois 
w  Antechrifis ,  le.  Père  ,  le  Fils ,  & 
w  le  Petit -Fils.  Comme  il  tSf.  im- 
**  poffible  qu'un,  feul  puiiTe  fub*  - 
>•  jugaer  ou  ruiner  tout  le  mon- 
u  de ,  il  eil  plus  naturel  de  croire 
>♦  que  le  premier  Antechrift  com- 
>»  mencera  l'empire  ,  que  le  fécond 
»t  retendra  ,  &  que    le  troiiîeme 
>*  fera  les  défordres  &  caufera  les 
»  ruines  dont  il  eft  parlé  dans  1'^^* 
*>  pocalypfe.  Le   dernier  Antechrift 
>t  aura  pour   père   un  moine  ,  & 
»  pour  mère  une  religieufe.  11  ver- 
>»  ra  le  iour  dans  la  ville  de  Mi- 
M  lan  en  Italie  ,  l'an   192.0,  &  il 
«  époufera  une  des  Furies  infer- 
»t  nales  nommée  Pwferpîne,  Le  feul 
4t  nom  de  Maric'^  fkns  être  accom- 
}>  pagné  des   mérites  des  bonnes 
y*  œuvres ,  ayant  fiait  le  falut  de 
>t  quelques  <^éatures,    la  mère  de 
vt  ce  dernier  Anteclirift,  qui  fera 
^  appelée  Marie  »   fera  fauvée   à 
«)  caufe  de  ce  nom,  &  par  égard 
>•  pour  l'ordre /religieux  dont  elle 
•»♦  fera  profeffe.    Les  religieux  de 
y*  la  Société  de  Je/us  feront  les  fon- 
♦>  dateurs  d'un  nouvel  empire  dtf- 
y*  tiné  à  J.'  C. ,  &  ils  feront  la  <fé- 
n  couverte    de   pluûeurs    nations 
♦»  très-nombreufes  *«.  Le  P.  Mala^ 
grida  n'cfl  pas  moins  extravagant 
dans  fa  Vie  de  Sainte  Anne,  n  Elle  &C 
»  fanâiiiée ,'  dit-il ,  dans  le  fein  de 
»  fa  mère  ,  comme   la  bienheu- 
»  reufe  Vierge   Marie  le  ftit  dans 
>*  celui  de  Sainte  Anne  :  privilège  (ç 
Vf  n'a  jamais  été  accordé  qu'à  elles 
»  deux.  Quand  Sainte  Anne  pleurok 
>♦  dans  le  fein  de  fa  mère.,  elle  fei- 
*^  foit  auiîî  pleurer  les   Chérubins 
»>  qui  lui  tenoient  compagnie.  SaiiM 
»»  Anne,  dans  le  fein  de  ù  mère, 
>>  eatendit  >    connut ,  aima ,  ibrvit 
")t  pieu,  de  la  même  manière  que 
»  font  les  Angea  dans  le  Gel', Il 
ij  afin  qu'aucune  des  orois  Perfoih 


MAI' 

W  ncs  <îe  la  Sainte-Trinité  lie  fftt  Ja- 
M  loufe  de  fon  attention  panicii- 
M  lierc  pour  l'une  d'entre  elles ,  elle 
»»  fit  vofu  de  pauvreté  au  Pore  ctcr- 
y^nel,  voeu  d'obéiiTance  au  Fils 
>♦  éternel ,  &  vœu  de  chaileté  an 
9>'  Saint-Efprît...  Sainte  Anne ,  qui  de- 
**  meuroit  à  Jérufalem ,  y  fonda  une 
»  retraite  pour  65  filles.  L'une 
**  d'elles,  nommée  Marthe^  ache- 
»♦  toit  du  poifTon ,  8c  favoit  le  re- 
M  vendre  dans  la  ville  avec  beau- 
M  coup  de  profit.  Quelques  *  unes 
»t  de  ces  filles  ne  fe  marièrent  qae 
vt  pour  obéir  à  Dieu ,  qui  de  toute 
M  étecnité  avoit  defiiné  ces  heu- 
»t  reiiTes  vierges  aune  plus  haute 
M  fainteté  ,  que  ne  fiit  celle  des 
n  A^>ôfrés  &  de  tous  les  Difciples 
»*  de  J.  C.  5.  Lin  ,  fiiccefieur  de 
>»  5.  Pierre,  naquit  d'une  de  ces 
**  vierges  ;  une  autre  fut  mariée  à 
M  NUodémc  ;  une  3*  à  5.  Mauhieu , 
■M  &  une  4*  à  Jofeph  d'Arîmathie, 
M  &c.  &.C  >«.  Cet  enthoufiafie  s'at- 
tribuoit  le  don  des  miracles.  Il 
confeiTa  de  vive  voix  devant  les 
•Xnquifiteurs ,  que  Dieu  lui-même 
l'avoit  déclaré  fon  Ambàffadtw ,  fon 
Apôtre  &  fon  Prophète-,  que  Dieu 
Tavoit  uni  à  lui  par  une  union  hsh- 
bituelle  ;  que  la  Vierge  Marie  ywec 
l'agrément  de  Jefus  -  Chrift  &  de 
-toute  la  Sainte-Trinité,  l'avoit  décla- 
ré fon  fils.  Enfin ,  l'on  prétend  qu'il 
avoua  avoir  éprouvé  dans  fa  pri- 
son ,  à  72  ans ,  des  mouvemens  qui 
ne  font  point  ordinaires  à  cet  âge  ; 
&  que  ces  turpitudes  lui  avoient 
élit  dans  le  commencement  beau- 
coup /de  peine  ;  mais  que  Dieu  lui 
avoit  révélé  que  ces  mouvemens 
ne  provenoient  que  de  l'effet  na- 
turel d' une  agitation  involontaire , 
pa^  laquelle  il  avoit  autant  mérité 
que  par  la  prière.  Voila  les  folies 
pour  iefquelles  ce  malheureux  fut 
condamné  par  Tlnquifition.  Mais 
ce  qui  hâta  fa  mon  «fut  une  vifion 
«çu'il  fe  prdTa  de  révéler*  Le  mai* 


MAE        51» 

quîs  de  Tancouf  ,  général  en  ch«f 
de  la  province  d'Efiramadure ,  étant 
veii  à  mourir,  le  château  de  Lis* 
bonne  &  toutes  les  forterefies  fur  le 
bord  du  Tage  firent  des  décharges 
lugubres  &  continuelles  à  fon  hon^ 
neur.  Malagrida  ,  ayant  entendu 
de  fon  cachot  ces  déchargés  réi- 
térées, faites  d'une  manière  extraot* 
dinaire  &  même  pendant  la  nuit; 
s'imagina  à  l'tnfiant  que  le  roi  étx>it 
mon.  Le  lendemain  il  demanda  aua> 
dience.  Les  Inquifiteurs  la  lui  ac* 
cordèrent  *,  il  leur  dit  que  Dieu  lui 
avoit  ordonné  de  montrer  au  mi- 
niilre  du  Saim-Oifice  qu'il  n'étoit 
point  un  hypocrite ,  ainiî  que  fes 
ennemb  le  prétendoient  :  puifque 
ia  mon  du  rui  lui  avoit  été  riféUc  , 
&  qu'il  avoit  eu  une  vifion  intel- 
leéhielle  des  peines  auxquelles  fa 
majefié  étoit  condamnée  ,  pour 
avoir  perfécuté  les  religieux  de  foa 
ordre.  Il  n'en  fallut  pas  davantage 
pour  preiTer  fon  fupplice  *,  il  ait 
brûlé  le  II  Septembre  176 1  ,  à  75 
ans ,  non  comme  complice  d'un  par« 
ricide ,  mais  comme  faux  prophète.' 
En  cette  qualité ,  il  méritoit  plus 
les  petites-maifons  que  le  bûcher; 
Les  impiétés  dont  on  l'accufoit^ 
n'étoient  que  des  extravagances, 
fruit  d'un  cerveau  dérangé  par  une 
dévotion  mal-entendue,  f^o^^l'an. 

AVEIRO. 

MALAPERT,  (Charles)  poëtè 
&  mathématicien ,  né  à  Mons  ein 
Hainautt  en  1581 ,  fe  fit  Jéfuite.  11 
enfeigna  la  philofophie  à  Pont-à^ 
Moufibn ,  alla  en  Pologne  ,•  où  U 
fut  profefTeur  des  ihathématiques  ; 
&  eut  enfuite  le  même  emploi  à 
Douai.  Philippe.  IV  le  deman(te 
pour  enfeigner  cette  fcience  à  Ma- 
drid »  dans  l'univerfité  qu'il  venqk 
d'y  fonder ,  mais  il  mourut  en  che- 
min ,  à  Viâoria  en  Cataldgne ,  l<e 
5  Novembe  1630. 11  nous  a  laiffé  : 
I.  I>çs  Poifies ,  imprimées  à  Anvew 
en  1634.  Sa  laàaité  eft  pu;e  ,  ù. 


«XI     Mac 

«iéHon  nette ,  iès  images  vivtt  & 
toiqours  variées  ;  i)  0'%  nullement 
^onné  daAS  les  ieiûc  de  mots  &  les 
mativaifes  pointes  û  communes  de 
(on  temps.  II.  Plufieurs  ouvrages 
concernant  les  Mathématiques ,  im- 
primés à  Douai,  1620-1633. 

.  MALAT£STA,($igirmond) 
leigneur  de  Rimini,  célèbre  capi- 
taine du  xv^  fiede  «  réunit  dans 
fa  perfonne  un  mélange  iînguUer 
^  bonnes  &  de  mauvaiTes  quali- 
tés. Philosophe  «  hiftorien ,  &  hom- 
me de  guerre  très  -  eiq>irimenté  , 
il  étoit  à  la  loia  ambitieux  y  impie , 
fans  £bi  &  fans  huaunité.  Maigre 
l'excommunication  lancée  contre 
lui  ^  par  le  pape  PU  II  ^  pour  fon 
impiété',  il  (c  rendit  très-redouta- 
ble dans  les  guerres  qu'il  eut  avec 
fes  voiûns.  Etant  «ntré  au  fervice 
4es  Vénitiens ,  il  prit  ^arte ,  & 
pluûeurs  autres  places  de  ^  Mo- 
vée ,  fur  les  Turcs.  A  fon  Retour , 
il  tourna  fes  armes  contre  le  pon- 
^fe  qui  1  avoit  anathématifé  -,  mais 
ce  £ut  fans  fuccès ,  &  il  mourut  en 
1467  ,  âgé  de  5 1  ans.  Il  laifTa  des 
cnfans  qui  l'imitèrent  dans  £a  bra- 
youre ,  mais  non  pas  dans  fes  vices 
pc  fon  irréligion.  L'un  d'eux  (  Ga- 
léoti  Maimt£sT4i  )  gouverneur  de 
Faenza  ,  fut  aâ^né  en  14SS  dans 
jfa  chambre.  -  — 

I.  MALAVAL,  (François)  né 
à  MarfeiUe  eniôiy ,  perdit  la  vue 
dès  l'âge  de  neuf  mois.  Cet  accident 
jb'empêcha  pefs  qu'il  n'apprit  le  La- 
tin ,  &  qu  U  ne  fe  rendit  habile 
put  les  leânres  qu'on  lui  faifoit.  Il 
>'accacha  futrtout.atix  Auteurs  Myf-, 
^i^es ,  qui  font  pQur  la  plupart  les 
lalchimiftes  de  la  dévotion.  La  perte 
4e  fa  vue  liii  faciKtoit  le  recueille- 
tnent ,  qu'exigent  lesécnyatns  remr 
•t>lis  des  idées  du  Qctiétifte  MoÏÏnos, 
Il  les  publia  en  France,  mais  avec 
•^u^lques  adouCiiB^fuens  ,  .dans  & 
Pr.2djtefaslic  pour  élei'er  VAmfi.  à  la 

^onf^tpiatim^  Qeà  jnotns  une  mé«' 


MAL 

éiode  d*élever  l'ame  à  la  comem*: 
plation  ,  que  de  s'élever  au  délire. 
L'auteur  fe  jette  dans  les'  rêveries 
extravagantes  de  la  myiticité  £f- 
pagnole ,  dans  les  raifinemens  d'a- 
mour pur ,  dans  tout  ce  pieux  ga- 
limathias  d'anéMÛffcment  des  puif^ 
f onces  »  ait  fiUnce  de  C anu ,  àHnSjjpL» 
rence  totale  pour  le  Paradis  ou  pour 
V Enfer ,  «te.  Le  Jivrc  de  MaUval 
iiit  cenfuré'  à  Rome  dans  le  temps 
de  Tailaire  du  Quiédfme.  L'auteur 
n  avoit  erré  que  par  furprife  :  il  fe 
rén'aâa,  &fe  déclara  ouvertement 
contre  les  erreurs  de  Molînos,  Sa 
piéfié  lui  mérita  un  commerce  de 
lettres  avec  pluâeurs  perfonnes  dif- 
tinguées ,  entre  autres  avec  le  car- 
diiul  Bona ,  qui  lui  obtint  une  dif- 
penfe  pour  recevoir  ladéricature» 
quoique  aveugle.  Ce  pieux  ecdé- 
£ailique  mourut  à  Marfeille  >  le  15 
Mai  1719 ,  à  92  ans.  On  a  de  lui  : 
L  Des  Poéfies  fplrUuellcs  ,  réimpri- 
mées à  Amfterdam ,  en  17 14 ,  in-S**, 
fous  le  titre  de  Cologne.  Elles  fe- 
ront plus  de  platfu-  aux  peifon{ie$ 
pieufes ,  qu'aux  gens  de  goût.  IL 
Des  Fies  des  S.aînts,  IIL  Ijh  VU  dt 
Se  Philippe  Benliii ,  général  des  Serr 
vîtes.  IV,  Pluûeurs  autres  ouvrages 
manufcrits. 

II.  MALAVAL,  (Jean)  chino^ 
gien,  né  à  Pezan,  diocefe  deKl- 
ntes,  en  1669  ,  mort  en  1758, 
âgé  de  89  ans  ,  vint  de  bonne 
heure  à  Paris.  Ilcontraâa  uneliâ- 
fon  étroite  avec  Hecquu ,  qui  lui  fit 
abjurer  la  religion  ProteilantedaBS 
laquelle  il  étoit  né.  Malaval  s'a- 
donna particulièrement  à  ce  qu'on 
appelle  la  petîu  Chirurgie ,  à  la  fai- 
gnée ,  à  l'application  des  cautères^ 
des  ventouCes ,  Oc,  &  il  excella 
dans  cette  partie.  Les  Mémoires  de 
l'académie  royale  de  Chirurgie  fem 
ferment  pluâeurs  obfervations  de 
cet  habile  homme.  Sa  vieilleâe  fut 
une  véritable  enfance.  Son  efprit 
s'alfoiblii}  mais  ce  qui  doitétpo; 


^       MAL" 

«et  >  c'cft  que,  dans  cet  et» mèttlê , 
il  ne  perdit  pas  la  trace  dés  chofes 
qu'il  avoit  confiées  autrefois  à  fa 
mémoire.  A  roccaiion  d'un  mot  qui 
frappoit  fon  oreille  dans  une  con- 
vérfation  à  laquelle  il  nepouvoit 
pas  prendre  part ,  il  rccitoit  avec 
chaleur  un  allez  grand  nombre  de 
vers  ,  ou  des  pages  entières- d*ouvra- 
-ges  en  profe  qui  lui  étoient  fa!mt^ 
liers  ,  &  où  fe  trouvoit  le  mot  ({di 
-lui  fer  voit  pour  ainfi  dire  de  récla- 
me. Son  cerveau  étoit  une  efpece 
de  montre  à  répétition. 

MALBROUGH  ,  Foyei  Mar- 

lEBOROUGH. 

I.  MALCHUS,  ferviteur  'du 
graiid-prêtre  Caiphe  ,  qui ,  s'étam 
trouvé  dans  le  jardin  des  Oliviers 
avec  ceux  qui  étoient  envoyés  pour 
arrêter  Jésus,  eut  l'oreille  coupée 
d'un  coup  d'épée  y  par  S.  'Pierre  -; 
mais  le  Sauveur  l'ayant  touchée ,  la 
•guérit. 

IL  MALCHUS  ou  Malch,  cé- 
lèbre folitaire  du  iv*  fiecle ,  natif 
du  territoire  de  Nifibe,  fe  retira 
•dans  une  communauté  de  moines 
■^ui  habitoient  k  déiert  de  Chalcide 
•en'  Syrie  ,  &  finit  le  refte '  de  fes 
jours  en  Saint ,  comme  il  avoit  vé- 
icu.  La  Fontaine  ,  qui  s'étoit  acquis 
:tant  4e  célébrité  en  un  autre  genre  c» 
âmit ,  dans  un  accès  de  repentir  «  k 
ViM  de  S.M^ilch^  envers françois^  • 
-&  ce  poëme  ,  dit  M.  C/ément  de 
I>i)on ,  etoit  très-eftimé^e  Roujfeau 
3êc  Lyrique. 

MALDON ADO,  (Diego de 
Coria)  Carme  Efpagnol  du  xvi^fie- 
de,  eft  connu  par  deux  ouvrages  fin- 
^liers ,  à  câufe  des  prétentions  ridi^ 
cules  qu'il  y  fait  valoir.-  L'un  eft  u» 
Traité  du  Tiers^Ordre  des  Carmes  •,. 
«n  efpagnol.  Il  y  aflure  que  les 
Frères  qui  le  compoCenî,defcende»t 
.immédiatement  du  prophète  Eiiec 
-il  compte  parmi  les  grands-hom^ 
ânes  qui  en  ont  fait  profeflion  «, 
}tr^xQi^h^t&  Ji^  f^  &  parmi  les 


MAL*         ^2j 

femmes  illuilres  ,  U  btfaîeule  dvr 
Sauveur  du  monde  -,  qu'il  appelle 
Ste.  Emerintienne,  L'autre  ouvrage 
que  ce  bon  Père  a  compofé ,  eft 
une  Chronique  de  P Ordre  des  Carmes^ 
in-fol.  ,  à  Cordoue ,  1598,  en 
efpagnol.  11  y  avance  des  propo^ 
fitions  aflez  fingulieres.  Suivant 
lui,  les  chevaliers  de  Malte  ont 
été  Carmes  dans  leur  origine  y  fie 
S.  Louis  l 'étoit  anlîi ,  &c. 

MALDONAT  ,  (  Jean  )  né  a 
Cafas  delà  Reina  dans  l'Eibama'*- 
dure ,  en  1 5  34 ,  fit  fes  études  à  Sa* 
lamanque.  Il  s'y  diftingua  ,  Ôc  en* 
feigna  le  Grec ,  la  philofophie  &  la 
théologie  avec  un  fuccès  peu  corn-* 
mun.  Il  en&a  chez  les  Jéfuites  à 
Rome  en  1562  ,  vint  en  Êrance 
l'année  fuivante  pour  y  profeffer 
la  philofophie  &  la  théologie.  Mal» 
donat  y  eut  un  nombre  fi  prodi^r 
gieux  d'écoliers ,  que  fon  auditoire 
étoit  rempli  trois  heures  avant  qu'il 
donnât  fa  leçon  -,  &  la  falle  étant 
trop  petite ,  il  étoit  fouvent  oblige 
d'enfeigher  dans  la  cour  du  oolî^e; 
Le  cardinal  de  Lorraine^  voulant 
accréditer  un  établifTement  qu'A 
avoit  à  coeur ,  attira  Muldanat  daoii 
l'ujiiverfité  qu'il  avoit  fondée  à^ 
Pont-à-Moaifibn.  De  retour  à  Paris > 
il  continua  d'enfeigner  avec  ré- 
ptitation  *,  mais  on  lui  fufcita  de» 
affaires  qui  troublèrent  fon  repos* 
Il  fut  accufé  d'avoir  fait  taire  au 
préfident  Monthrun ,  un  l^s  univer* 
îcl  on  feveur  de  fa  Société ,  &  d'en- 
feigner xiés  erreurs  fur  'VlmmacuHk 

Conception Maldonat  fiitmis  à  cou-* 

vert  de  la  première  affaire ,  par  uft 
acrêt  du  parlement  de  Paris ,-  &  dé 
la  féconde  ,  par  une  fentence  do 
Fierre  de  Gondi  ,  évêque  de  la  mêm« 
ville.  L'envie  n'en  fut  que  phis 
ardente  i  le  perfécuter.  li  favarit 
Jefuite  £e  déroba  à  fes  pourfuites  » 
«m  fe  retirant  à  Bourges  :  il  y  de* 
meura  environ  18  mois,  au  bout 
defquelsle  pape  Grégoire  JClIIX'ap^ 


514      M  A  t; 

pela  à  Rome  pour  fe  fcrvîr  de  lui 
dans  rédiûon  de  la  Bible  Grecque 
é%s  Seprante.  Ce  fut  dans  cette 
ville  <ïu'il  acheva  fon  Commentaire 
fur  PEvangiU.  Tandis  qu*il  travail- 
loit  à  cet  important  ouvrage ,  il 
eut  un  {"onge  que  l'événement  con- 
firma. Pendant  quelques  nuits ,  il 
crut  voir  un  homme  qui  1  exhor- 
toit  à  travailler  fans  relâche  à  Ton 
Cùmmsntaltt ,  parce  qu'il  ne  furvi- 
vroit  point  à  fa  conclufion.  Cet 
homme  lui  marqitoit  en  même  temps 
un  certain  endroit  du  ventre,  qui 
fot  effeftivement  le  même  où  il 
feotit  'es  douleurs  dont  il  mourut 
quelque  temps  après  le  5  Janvier 
15S3,  à  49  ans.  Ce  Jéfuite  étoit 
un  des  plus  favans  théologiens  de 
fa  Société ,  un  des  plus  beaux  gé- 
nies de  fon  fiecle.  Il  favoit  le  Grec 
&  l'Hébreu  ;  il  s'étoit  rendu  habile 
dahs  la  littérature  facrée  &  pro- 
fene.  Il  avoit  bien  lu  les  Pères  & 
les  théolofi;iens.  Son  ftyle  eft  clair , 
vif  &  aifé.  Beaucoup  de  facilité 
à  s'énoncer ,  beaucoup  de  viva- 
cité» de  préfence  d'efprit  fit  de 
foiipieffe ,  le  rcndoient  très -re- 
doutable dans  la  difpute.  Maldo- 
Hat  n'étoit  point  fervilement  atta- 
ché aux  opinions  des  théologiens 
fcolaftiques  y  il  penfoit  par  lui- 
fliême ,  &  avoit  des  fentimens  affez 
libres  ,&  quelquefois finguliers, mais  • 
toujours  ôrtfiodoxes  :  on  lui  repro- 
che cependant  avec  raifon  d'être  ' 
trop  prévenu  en  faveur  de  fes  idées. 
On  a  de  lui  :  I.  D'excellens  Corn- 
mtntalres  fur  les  Evangiles ,  dont  les 
meilleures  éditions  font  celle  de 
Pont- à- Mouflon ,  in-folio,  1595  , 
&  les  fuivantes  jufqu'en  1617-,  car 
celles  qui  ont  été  faites  depuis , 
font  altérées.  Les  favans  en  foîtt 
beaucoup  de  cas.  >»  De  tous  les 
»»  commentateurs,  (dit  Richard  Si^ 
9*  mon)  il  y  en  a  peu  qui  aient 
>♦  expliqué  avec  tant  de  foin,  & 
jl  ;nême  avec  tant  dt  fuccès ,  le; 


MAL* 

^  fens  littéral  des  Evangiles  ^  que 
♦»  Jcj-n  Mildonat,  Ce  Jéfuite  Efpà- 
»»  gnol  étant  mort  à  Rome>  avant 
M  qu'il  edt  atteint  l'âge  de  50  ^ns, 
**  Claude  Aquaviva^  général  deUa 
^  Société,  à  qui  il  recommanda  fon 
>»  Commentaire  en  mourant,  donna 
^  ordre  aux  Jéfuites  de  Pont-à- 
>•  Mouflon  de  le  faire  imprimer 
»»  fur  une  copie  qui  leur  ftit  en- 
»*  voyée.  Ces  Jéfuites  témoignent 
»  dans  la  préface  qui  efl  à  la  tête 
»»  de  cet  ouvrage ,  qu'ils  y  ont  in- 
»»  fêté  quelque  chofe  de  leur  Êiçon, 
»  &  qu'ils  ont  été  obligés  de  re- 
»♦  drefler  la  copie  manufcrite ,  qui 
M  étoit  défe£bieufe  en  quelques  en- 
♦»  droits.  L'auteur  n'ayant  point 
>»  marqué,  à  la  marge  de  ion 
«  exemplaire ,  les  livres  &  les  lieux 
>*  d'où  il  avoit  pris  une  boime 
ty  partie  de  Tes  citations ,  ils  ont 
y>  fuppléé  à  ce  dé£ait.  Il  paroh 
»  même  que  Maldonat  n'avoit  pas 
■»♦  lu  dans  la  fource  tout  ce  grand 
»♦  nombre  d'écrivains  qu*îl  cite; 
♦♦  mais  qu'il  avoit  profité/;  comme 
»♦  il  arrive  ordinairement,  du  tr»- 
»♦  vail  de  ceux  qui  Tavoient  pré- 
y^  cédé  :  aufli  n'efl-il  pas  fl  exaû,  que 
«  s'il  avoit  mis  la  dernière  main 
vt  à  Ton  Commeiuaire.  Nonobfiant 
t»  ces  défauts,  &  quelqu<îs  autres 
w  qu'il  eft  aifé  de  redreflTer,  on 
»♦  voit  bien  que  ce  Jéfuite  a  tra- 
>*  vaille  avec  beaucoup  d'applica- 
»♦  tion  à  cet  excellent  ouvrage-  II 
»♦  ne  l^flTe  pafler  aucune  difficul- 
»♦  té,  qu'il  ne  l'examine  à  fond. 
>«  Lorfqu'il  fe  préfente  plufleurs 
H  fens  littérals  a  un  même  pafla- 
>»  gCi  il  a  coutyme  de  choifir  le 
»♦  meilleur,  fans  avoir  trop  d'é- 
»  gard  à  l'autorité  des  anciens  conw 
>*  mentateurs  ,  ni  même  au  plus 
y*  grand  nombre,  ne  confidérant 
«  que  la  vérité  en  elle-même.  Il 
1»  rejette  fouvent  les  inteiprétatioiis 
»»  de  5.  AuguJUn ,  &ç.  «.  II.  Des 
ǧmtm(^ir»  fur  Jcrmîc,  Manifk-^ 


MAL 

M^échUl  &  Daniel^  imprimés  len 
1609 ,  in-4°.  IIL  Un  Traite  des  Sacre- 
mens  avec  d'autres  0;7«/'ctf/.j<  impri- 
més en  latin  à  Lyon  en  1 6 14 ,  in-4°4 
Maldonat  y  explique  d'une  maniè- 
re méthodique  &  folide,   tout 'ce 
qui  regarde  les  facremens  ;  il  éta- 
blit Je  dogme ,  réfute  les  erreurs , 
de  répond  aux  objeétions  avec  net*- 
teté  &  préciiion.  Son  ftyle  eft  iim- 
ple  j  facilç ,  intelligible  *  fans  être 
ias  ni  barbare.   IV.  Un  Traité  de 
la  Grâce  ^  un  autre  du  Péché  orlgi- 
ml ,  &  un  recueil  de  plufieurs  Pie- 
ces  publiées  à  Paris  en  1677,  in- 
fol.  par  Philippe  du  Bois.  Ce  volu- 
me eft   orné  d'une  préface  confa- 
crée  à  fon  éloge.  Un  iraiié  des  Jnges 
&  des  Démons ,  Paris  ,  16 17 ,  in-iz. 
Cet  ouvrage,  curieux  &  rare,  na 
été  imprime   qu'en  françois ,  &  a 
été  traduit  fur  le  latin  qui  n'a  ja- 
mais vu  le  jour,  VI.  Summula  Ca- 
J^uum  confclcncuZy  Lyon  «  1604  ,  dont 
la  morale  eft  trop   relâchée  -,  il  a 
été   condamné.  C'eft  un  ouvrage 
poflhumé,  défavouéparles  biblio- 
thécaires des  Jéfoites,  comme  in- 
digne de  Ma/donat,..  Il  ne  faut  pas 
le   confondre  avec  Jean   Maldo- 
N^T ,  prêtre  de  Burgos  vers  i  J  p  1 
^ui  a  dreifé  les  Leçons  du  Bréviaire 
Romain, 

I.  MALEBRANCHE,  eu  Mal- 
IXBRANQUE,  (  Jacob  )  favant  Jc- 
fuite ,  natif  de  Saint-Omer ,  où  (  fé- 
lon d'autres  )  d'Arras  ,  mort  en 
2^53)  ^  71  3^Sf  3  ^3^t  pluûeurs 
TraducUons ',  &  une  Kiftoire  eôi- 
mée  De  Mt^rinis  &  Mor'morum  r£- 
hus  ,  1629,  1647  &  1654,  en  3 
«om.  in-4**. 

IL  MALEBîlANCHE,  (Nico- 
las) né  à  Paris  le  6  Août  163S , 
d'un  fêcrétaire  du  roi ,  entra  dans 
la  congrégation  de  l'Oratoire  en 
1660.  Dégoûté  de  la  fcieace  des 
faits  &  des  mots,  il  abandonna, 
l'étude  de  l'hiftoire  eccléliaftique 
4k  de$  IfUigues.f^voates,  vers  Iii** 


MAL     '   yi^ 

quelle  il  s'étoit  d'abord  tourné^ 
pour  fe  livrer  tout  entier  aux  mé^  . 
dilations  philofophiques.  Le  TraiU 
di  P Homme  de  Dej Partes ,  qu'il  eut        ' 
oçcaiion  de  voir ,  fut  pour  lui  un 
trait  dé  lumière.  Il  lut  ce  livre  avec 
tranfport.  Il  connut  dès-lors  fon 
talent,  &  fut  en  peu  d'années  au- 
tant que  De/cartes,  Ses  progrès  fu- 
rent fi  rapides ,  qu'au  bout  de  dix 
ans  il   avoit  compofé  le  livre  de 
la  Recherche  de  la  Vérité,    Cet  ou^ 
vrage  vit  le  jour  en  1673,  Il  eft 
peu  d'ouvrages  ou  l'on  fente  plus 
les  derniers  efforts  de  l'efprit  hu-v, 
main.    L'auteur    y    paroît  moins 
avoir  fuivi  Defcanes  ,  que  lavoir 
rencontré.  Perfonne  pe  poffédoit, 
à  un  plus  haut  degré  que  lui,  l'art 
û  rare  de  mettre  des  idées  abibaites^ 
dans  leur  jour ,  de  les  lier  efifem- 
ble,  &  de  les  fortifier  par  cette 
liaifon.  Sa  diâion  ,*  outre  qu'elle 
eft  pure  &  châtiée,  a  toute  la  di- 
gnité que  les  matières  demandent, 
&  toute  la  grâce  qu'elles  peuvent 
fouffrir.  Son  imagination  forte  & 
brillante  y  dévoila  les  erreurs  des 
fens ,  &  de  cette  imagination  qu'il 
décrioitfans  cefTe,  quoique  la  fienne 
fût   extraordinairement    vive.   La- 
Recherche  de  la  Vérité  eut  trop    de 
fucçès   pour  n'être   pas  critiquée. 
On  attaqua  fur-tout  l'opinion  qjLon, 
volt  tout  en  Dieu  :  opinion  chimé- 
rique peut-être ,  mais  admirable- 
ment e:ipofée.  L'illufb*e  philofophe 
compare  l'Être-fuprqme   à,  un  mi- 
roir qui  repréfente  tous  les   ob- 
jets ,  &  dans  lequel  nous  regardons 
continuellement.  Dans  cefyftême 
nos  idées  découlent  du  foin  de  Dieu  / 
même.  Ces  opinions  déplurent  au 
grand  Âmauld,  Le  Traité  de  la  Nature 
&  delà  Graçz,  publié  en  1680  ^  ne 
contribua  pas   beaucoup  à  les  lui 
faire  ggûter.  Ce  traité ,  dans  lequel 
l'auteur  propofe  fur  la  Grâce  un 
fyftême  différent   de  cçlui  du  cé- 
lèbre dodleur ,  fut  l'prigipe  d'une 


^i6        MAL 

guerre  dont  nous  avons  déjà  parlé 
dan'>  Tarticlc  d'ARNAULD.  Ce  doc- 
teur tâcha  de  le  réiuter  dans  fes  Ré- 

fi.xionf  p' tUf^phiquis  &  thtUo^lques 
fur  U  Traité  de  la  Nature  6^  de  Sa  Ora- 
ge ,  publiées  en  1685.  Il  prétendoit 
rctiverfcr  abfolument  la  nouvelle 
philofophie  ou  théologie  du  Père 
MuJehranche ,  que  celui-ci  foutenoit 
n'être  ni  nouvelù^  mfieane.  Il  croyoit 
en  efe  que  la  philofophie  appar- 
tenoit  i  Dejcanes  &  la  théologie 
à  5.  Atigu/Hn,  Mais  s  ils  avoient 
fourni  le  fonds  de  l'ouvrage,  il 
^ut  avouer  que  la  forme  que  le 
P.  MaUbranchc  lui  avoit  donnée  le 
rendoit  quelquefois  méconnoiûàble. 
Après  avoir  répondu  à  Amauld^  il 
réfolut  de  ne  plus  écrire  fur  ces 
matières ,  tant  parce  qu'il  aimoit  la 
piix  ,  que  parce  que  les  le^fteurs, 
long-temps  promenés  çà  &  là  dans 
levifk  pays  du  Pourél  du  Contre^ 
ne  favoiem  plus  à  la  fin  où  ils  en 
ctoient.  D'ailleurs  la  mort  de  fon 
redoutable  adverfaire  ,  arrivée  en  . 
1694  ,  termina  la  difpute.  Tandis 
que  le  P.  Milebrancke  elïuyoitces 
contradi6Hons  dans  fon  pays,  fa 
philofophie  pénétroit  a  la  Chine. 
Un  miffionnaire  Jéfuite  écrivit  à 
ceux  de  France  ,  ♦♦  qu'ils  n'en- 
w-voyaflent  à  la  Chine  que  des 
M  gens  qui  fuifent  les  mathémati- 
^  ques  &  les  ouvrages  du  P.  Maie- 
>*  branche  **■  L  académie  des  fciences 
fut  auffi  lui  rendre  juflice  ;  elle  lui 
ouvrit  fes  portes  en  1699.  L'illuf- 
tre  Oratorien  reçut  d'autres  témoi- 
gnages d'eftime.  Jacques  II  ,  roi 
d' Angleterre ,  lui  fit  une  vifite.  Il  ne 
renoit  prefque  point  d'étrangers  à 
Paris  ,  qui  ne  lui  rcndiffent  le  même 
hommage.  Des  princes  Allemands 
firent,  dit-on,  le  voyage  de  Paris 
pour  le  voT.  Les  qualités  perfon- 
"ïielles  du  Père  M^lcbranche  aidoient 
à.  hkc  goûter  fa  philofo^e.  Cet 
homme  d'un  fi  grand  génie  étoit, 
daas  U,  vie  ordinaire ,  modicile  ^  ÛJOr 


_  .  M  A  L  ! 

pte,  enjoué,  complaifant.  Ses  r£* 
créations  étoient  des  divertiflemens 
d'cnfent.  Cette  fimplicitô,  qat  re- 
levé dans  les  grands  hommes  tout 
ce  qu'ils  ont  de  rare ,  étoit  parfûte 
•n  lui.  Dans  la  converfadon  il 
avoit  autant  de  foin  de  fe  dépouiller 
de  la  fupériorité  qui  lui  appartenoit» 
que  les  pedts  efprits  en  ont  de  pren- 
dre celle  qui  ne  leur  appartient  pasi 
Quoique  d'une  fantc  toujours  très- 
foibie  j  il  p3rvint  à  une  longue  vie, 
parce  qu'il  fut  la  confervcr  par  le 
régime  &  même  par  des  attestions 
particulières.  Son  principal  remède, 
dès  qu'il  fentoit  quelque  incom- 
modité ,  étoit  de  boire  une  grande 
quantité  d'«au  :perfuadé  qu'en  te- 
nant chez  nous  l'hydraulique  en 
bon  état ,  tout  alloit  aiTez  bien. 
Malgré  ce  remède  humeôant ,  fon 
corps  étoit  devenu  diaphane  à 
caufe  de  fa  maigreur  -,  on  voyoit , 
pour  ainfi  dire,  avec  une  bougie, 
à  travers  ce  fquelette.  Sa  vieilleffe 
fut  un?  longue  mort ,  dont  le  der- 
nier inftant  arriva  le  15  Odlobre 
17 15  ,  à  l'âge  de  78  ans.  Le  Pftre 
Malebranche ,  plus  occupé  d'éclairer 
fon  efprit  que  de  charger  fa  mé- 
moire, retrancha  de  bonne  heure 
de  fes  leftures ,  celles  qui  n'étoieot 
que  de  pure  érudition.  Un  infede 
le  touchoit  plus  que  toute  THiftoire 
Grecque  &  Romaine.  U  méprifoit 
auffi ,  &  peut  -  être  avec  moins  de 
raifon ,  cette  efpece  de  philofophie , 
qui  ne  confifle  qu'à  apprendre  lo 
fendmens  des  divers  philofophes.  U 
eft  vrai  qu'on  peut  favoir  rHifloirè 
des  penf^es  des  hommes,  fans. fa- 
voir penfer  ;  mais  fouvent  cet» 
hijftoire  fait  éclore  des  penfées  non- 
velles.  Le  P.  Ma/ebranche  eut  de 
fon  temps  des  difciples ,  qui  étoient 
tout  à  la  fois  fes  amis  :  car  on  ne 
pouvoit  pas  être  l'un  fans  l'autre. 
Il  y  eut  des  Malebranchîftes  ;  mais 
il  y  en  a  beaucoup  moins  aujow- 
d'fa^  €[u'autrà^is  :  le  Père  AUki 


MAL 

tranche  dt  plus  lu  à  prdfent  comme 
écrÎTaîn ,  que  comme  philofophe. 
Ses  fyftêmes  font  prefque  généra- 
lement regardés  comme  des  illu- 
lions  fublimes.  PuU  difoit  que  Def- 
cartes  fe  faifoit  des  principes  appa- 
rens  fur  lefquels  il  bâtifToit  fort 
îtifle*,  mais  que  le  P.  MoUhrunche 
bâtifToit  en  l'air.  Son  principal  oié- 
rîte,  du  moins  celui  qui  le  foutien- 
dra  le  pÎMS  long-tcmpi,  n'eft  pas 
d'avoir  eu  des  idées  neuves ,  mais 
de  les  avoir  expofées  d'une  ma- 
nière brillante,  & ,  pour  ainii  dire , 
'  avec  tout  le  feu  d'un  poëte ,  quoique 
Tauteur  n'aimât  pas  les  vers.  Il  rioit 
de  bon  cœur  de  la  contrainte  que 
les  poètes  s'impofent  i  contrainie 
qui  eft  plus  fouvent  une  occâiion 
de  £iutes  que  de  beautés.  Jt  n'ai  fait 
fuc  dots  vers  tn  ma  yU  ,  difoic-il 
quelquefois ',  /e«  voici: 

m  II  fait   en  ce  beau  jour   lé  plus  beau 

M  temps  du  inonde  , 
•*  Pour  aller  3k  dieyal  for  la  terre  8c  fw 

*.  l'onde  «. 

Mais ,  lui  difoit-oh ,  Pon  ne  va  point 
à  cheyatfttr  Ponde, '^Ptn  conviens^ 
répondoit-il  ;  mais  pajfè{  -  ^  -  moi  en 
faveur  ie  la  rime  :  vous'  en  paffe{  bien 
d'autres  tous  les  jours  à  de  meilleufs 
Foàu  que  moi.  On  a  contefté  la 
vérité  de  cette  anecdote  ;  mais  elle 
eftaufli  vraie,  dit  Kabbé  TruUet^ 
que  finement  plainte.  Les  princi- 
paux fruits  de  fa  plume  ^  non  moins 
vive  &  noble ,  que  brillante  &  lu- 
mineufe ,  font  :  I.  La  Recherche  de  la 
Vérité ,  dont  la  meilleure  édition 
cft  celle  de  1711 ,  in-4° ,  &  même 
année  en  4  vol.  in-iz.  Lmnfant, 
miniflre  Protefhnt ,  l'a  traduite  en 
latin  :  [  Voye{  fon  article.]  On  en 
-^  zvSCx  deux  traduâions  angloifes , 
Les  Trembleurs  ou  Quakers  ont, 
|iir«tout ,  beattcoup.de  goût  pour  les 
opiniotts  du  P.  Malebranche,  n  S'ils 
n  entendoient  leur  doârîne ,  (  dit 
un  cridque  Anglois  cité  par  Nice- 
f9nf)  v  ou    du  moins   s'ils  ût* 


MAL         çi^ 

M  vonint  Vea^Uquer  &  I9  réduire 
r>  en  fyfième ,  iU  ne  leroîent  pas 
»  fort  éloignés  de  iès  lèntimens  a. 
Le  cenfeur  aiiroitdu  dire«  de  quel- 
ques-uns dé  fes  IcBiimens  plnlolb* 
phiques  ;  car  le  P,  Mai^raneke  étoir- 
un  théologien  trop  ordiodoxe» 
pour  que  éts  enans  fe  fiiffem  ac* 
commodes  de  tons  les  pcnnts  de  ùt 
théologie.  IL  CmnmJaAms  Ché^ 
tiennes  ,  1677  ,  in- 12.  L'amenr  j 
expofe  la  manteee  dont  il  accocdoiç 
la  religion  avec  f<m  fyflême  de  jitâ-^ 
iofopide.  Le  diilogHe  y  cft  biea 
entendu ,  6c  les  caïaûeiei  finimMmf 
obfervés;  mais  Tonviage  panit  û 
obfcur  aux  cenfenrs,  que  la  plu- 
part re&ifeient  leur  qiprcrfianon. 
Mènerai  Tappionva  enfin  oonme  un 
livre  de  géoœétôe.  Le  dcflcÎB  qu'a- 
voit  le  P.  Maidrmttàeét  lier  la 
religion  à  la  pliiiofopliie,  a  été  ce^ 
lui  de  pluÊenis  gt^pds  éaivàusj 
Ce  n'eft  pa$(ditFiNUCMfl;eJqn'oa 
ne  pui£e  aâex  laifonnaMenient  les 
tenir  toutes  deux  féparées  ;  &, 
pour  prévenir  tons  les  troubles  , 
régler  les  linùies  des  deux  empires  ; 
mais  il  vaut  encore  mieux  réoon* 
dlier  ces  deux  puiflânces.  Mais« 
pour  opérer  ceifie  léuoion  fi  défi* 
rable ,  il  £oidroit  d*^bord  lenonocr 
à  l'efprit  de  fyfiÂme ,  &  il  €mr 
avou^  que  le  Père  MaîehmUke  étmt 
un  peu  éloigioé  de  £nre  ce  lâcri« 
âce.  m.  TratU  de  U  Nature  de  U 
Graee ,  1 684 ,  in-12  »  avec  phifieurs 
Lettres  &  autres  écrits  pour  le  dér 
fendre  contre  Ânuadd ,  quatre  voL 
tn-z2.  Le  V^KÈiaiArmdiêj  fovi^ 
çonne  de  manvaife  foi  ion  adver-» 
faire;  m»s  ce  foupçcm  étoit  peut- 
être  injufie.  11  dft  affcz  difficile 
de  croire  qu'un  homme  tel  qa'Ar* 
nauld  feignit  de  ne  pas  entendre 
lorfquHl  emendoit.  Nous  croyons 
plutôt  que  le  fde  du  théologien 
ût  tort  à  fes  lumières^ ,  &  l'em-* 
pécha  de  comprendre  le  philo* 
A>phe»  Cet  écrivain  n'cft  pas  1« 


5iS        MAL 

feul  qui  ût  cru  voir  dans  Vàenduê 
inulUglhU  de  Malihranckc ,  une  éten- 
due réelle-,  &par  conféquent  ma- 
térielle fuivanc  Dt/eanes  ;  ou  du 
moins  qui  ait  craint  que  d'autres 
ne  l'y  vi^Tent,  ne  radmiflent,  & 
ne  devinaient  Sputofiftts.  Un  des 
grands  fujets  de  leur  difpute ,  fut 
cette  propoûtion  métaphyâque  & 
«3Uiâenient  vraie:  le  Plaisir  rend 
HEUREvx,  Amauld  ne  l'entendit 
pas  non-plus ,  &  crut  y  voir  cette 
pt<ipoiîtion  morale  &  îàufft  :  les 
Flaisjrs  rendent  heureux. 
Cette  partie  de  leur  querelle  ne  fut 
qu'un  mal-entendu ,  &  ce  génie  de 
la  première  force  combattit  cette 
fois-ci  contre  des  chimères, que  (on 
antagonifle  réprouvoit  autant  & 
plus  que  lui  ;  car  il  n'y  eut  ja- 
mais de.philofopheplus  religieux 
&  plus  ennemi  des  plaiiirs  que  le 
P.  Malehranch^iy.AUdàadons  Chrd- 
tlmnts  6*  Méthapkyfiques ,  16S3  »  in- 
ii.C'eft  un  dialogue  entre  le  Ver- 
be &  lui ,  &  le  ûyle  a  une  no- 
bleiTe  digne  d'nn  tel  interlocuteur. 
L'auteur  fut  y  répandre  un  certain 
fombre  auguâe  &  majeftueux ,  pro- 
I>re  à  tenir  les  fens  &  l'imagina- 
tion  dans  le  iilence,  &  la  raifon 
dans  l'attention  &  le  refpeâ.  V. 
Entretiens  fur  la  Mit<^hyfi<pie  &  U 
Rdiglon^xi.  vol.  in-i2,  1688.  11 
n'y  a  rien  dans  ce  livre  qu'il  n'eût 
déjà  dit  en  panie  dans  Tes  autres 
ouvrages  ;  mais  il  préfente  les  mê- 
mes véritéstlans  de  nouveaux  jours. 
Le  vrai  a  ibuvent  befoin  de  pren- 
dre diverfes  formes ,  félon  la  dif- 
férence des  efprits.  «VI.  Trmté  de 
l'amour  de  Dieu,  1697  ,  in-i2«  Cet 
ouvrage  renferme  tout  ce  que  l'au- 
teur pouvoit  dire  d'inftru£kif  fur 
ce  fujet  -,  mais  il  ne  produira  ja- 
mais ces  mouvemens  rendres  &  af- 
feâueux  qu'on  éprouve  en  lifant 
d'autres  Traités  fur  la  même  ma- 
tière. Les  idées  métaphyfiqaes  qu'il 
y  mêle  ..feroi»  tojujour»  po\ir    1<( 


MAL 

plupart  du  monde ,  (  dit  Fonunelh) 
comme  la  flamme  de  l'efprit-de- 
vin  t  qui  e(l  trop  fubtile  pour  bru-> 
1er  le  bois.  VU.  Entretiens  entre  un 
Ciirétlen  &  un  Philo/ophe  CkinoUjur 
la  nature  de  Dieu,  170S,  in-I2. 
VIII.  Réflexions  fur  la  Prcmotiom 
phyfique ,  contre  Bourfiety  in- 12.  IX. 
Réflexions  Jur  la  Lumière  &  les  Cou^ 
leurs ,  &  fur  la  génération  du  Feu , 
dans  les  Mémoires  de  l'Académie 
des  Sciences.  X.  TrAitc  de  PAmc^ 
in- 12.  imprimé  en  Hollande.  Nous 
ne  connoiiTons ,  ielon  lui ,  notre 
ame  que  par  le  fentiment  intéîrieur, 
par  -confcience  ;  &  nous  n'en  avons 
point  d'idée.  »»  Cela  peut  fervir, 
(  dit-il  dans  la  Recherche  de  la  Vé" 
rite  )  )t  à  accorder  les  différens  fen- 
n  timens  de  ceux  qui  difenc  qu'il 
n  n'y  a  rien  qu'on  connoifîe  mieux 
9»  que  XAme ,  &  jde  ceux  qui  affil- 
ât rent  qu'il  n'y  a  rien  qu'ils  con* 
M  noiffent  moins  «.  On  peut  dou- 
ter que  cet  accord  foit  û  facile  à 
faire  -,  &  il  fera  toujours  vrai  que 
ce  fentiment  intérieur  en  nous  pro- 
duit une  connoilTancé  auilî  vive  & 
aufli  évidente  que  celle  qui  réful- 
te  des  idées.  XI.  Définfedt  PAit» 
teur  de  la  Recherche  de  la  Vérité, 
contre  l'accufation  de  M,  de  la  Ville  ^ 
à  Cologne,  1682,  in- 12,  Ce  U 
ViUe  eft  le  Père  le  VaUU ,  Jéfuite, 
auteur  des  Senùmens  de  Defcartes^ 
&c.LeP.  Malebranche  fait  voir, dans 
cette  réponfe  intérefTantç ,  que  s'il 
étoit  permis  à  un~  particulier  de 
rendre  fufpeâe  la  foi  des  autres 
hommes ,  fur  des  conféquences  bien 
ou  mal  tirées  de  leurs  principes, 
il  n'y  auroit  perfonne  à  Tahri  des 
reproches  d'héréfie.  L'illuflre  Ora- 
torien  laiiTa  plufieurs  critiques  fans 
réponfe ,  entr 'autres  celle  des  Jour- 
naliftes  de  Trévoux  :  Je  ne  veuxpJs 
me  battre  ,  difoit-il,  avec  des  gens 
qui  font  un  livre  tous  les  ij  jours.  On 
a  publié  en  1769^  à  Amflerdam^ 
clicz  Marc-Michel  Rcy  ,  un  ouvrage 

pofthunic 


MA  r 

poffltumedu  P.  MaUkranehe ,  avec  ce 
être:  Traité  dcl*  infini  créé  ^  svccl*expii-> 
eation  de  U pojféiUté  de  ia  Tranjfubjan» 
iiation ,  &  un  Tralu  de  la  Cvnfcjji  m  [O 
de  la  Communion»  Ce  livre  renferme 
une  méthaphyiîque  iînguliere ,  mais 
czpofée  d'une  manière  claire  &.in** 
tell^ble. 

MALERMI  ou  Malerbï  »  (Ni- 
colas )  Vénitien ,  moine  Camalduie 
4lu  xv^fiede,eft  auteur  d'une  tra^ 
duâion  italienne  de  la  Bible ,  im* 
primée  pour  la  première  fois  à  Ve« 
«ife  en  2  voL  ia-fpl.,  147 1»  ^u*  - 
le  titre  de  Bîblia  volgure  Ifioruim* 
Cette  édition   eft   rare  ;  celles  de 
1477   &   1481  le   font  beaucoup 
moins.  C'eil  maUà'-propos  que  queU 
ques  bibliographes   ont  dit,  que 
cette  traduâion  eil  la  première  qui 
ait  été  £aite  de  la  Bible  en  langue  ita<* 
lienne.  Elle  eft  bien,  la  première  qui 
ait  été  imprimée  *,  mais  on  en  connoit 
de  plus  anciennes,  en  manufcritdans 
^dques  bibliothèques  dltalie*  On  a 
encore  de  lui  :  La  Legenda  di  tutti 
Santi^  Vcnetia,  147V  ,in-fol.fare. 
MALESPINES,  (Marc- Antoine- 
JUondrdde)  conTeillerau  Châtelet, 
Xiaquit  à  Paris  en  1700,  de  Léo- 
nard imprimeur   du  roi*  dUtingué 
^ans  fa  profeilion.  Il  eut  à  la  fois 
le  goût  des  lettres  &  de  la  jurif- 
jprudence  &  fut  fe  coocilier  l'ami- 
tié de  fes  confrères  &  l'eftime  du 
public.  Nous  avons  de  lui  une  ira* 
dhi£bion  de  VEJfaifur  Us  Hlérogly- 
•fhes  de  Varhurton  ,  1 744  ,  2  vol.  in- 
aa.  Il  a   laiffé    d'autres  ouvrages 
jnanufcrits.  11  mourut  à  Paris  le  5 
JVlai  1768 ,  dans  .fa  69®  année.  Il 
^oit  frère  de  MarW'Augufiin  Léo* 
jr^Ai» ,  prêtre,  mort  auffi  en  1768» 
À  72  ans ,  avec  la  réputation  d'un 
eccléfiaftique  vertueux  &  éclairé , 
-dont  nous  ayons  :I.i2^iZ£^on  du  LUrc 
des  Règles  pour  rintelligtince  de  V  Ecriture- 
Sainée  y'iïX'XZ  ,  17  27.  H.  Traité  du  fcn4 
•  Uitéraldes  Sairttes-Ëçrltures  ^  in- 12* 
JSiULEZÀIS ,  Voyei  l,  RrSS» 


MALEZIEU,  (  Nicolas  de  )  né 
à  Paris  en  i6yo  ,  d'une  famille  no-» 
We,^reçut  de  la  nature  des  difpo- 
ikions  heureufes  pour  toutes  les 
fciences.  Mathématiques  »  philofo-^  . 
phie,  belles-lettres,  hiftoire>  lan* 
gués ,  poéfies ,  beaux  arts ,  il  em-* 
brafîa  tout ,  quoiqu'il  n'eût  pas  une 
fupériorité  de  génie  bien  marquée 
dans  aucun  genres  Mais  c'étoit 
toujours  beaucoup^  que  d'être uni- 
verfel.  Le  grand  Boffuet  &  le  duc 
de  Montaufier  le  connurent ,  &  ils 
n'eurent  pas  befoin  de  leur  péné-> 
tratioA  pour  fentir  fon  mérite:  Ces 
deux  grands  hommes,  chargés  de 
chercher  des  gens  de  lettres  pro-* 
près  à  être  mis  auprès  du  duc  du 
Maine ,  jetèrent  les  yeux  fur  Afa-. 
k^ieu.  Ce  choix  eut  l'agrément  du 
toi  &  le  fuffirage  du  public.  Son 
élevé  fe  maria  à  la  petite-fille  du 
grand  Condéi  cette  princefie  avide 
de  favoir  &  propre  à  favoir  tout  > 
trouva  le  m^tre  qu'il  lui  fàlloit 
dans  fa  maifon.  Les  converfations 
devinrent  indrufUves.  On  voyoit 
Male^ieu^  un  Sophocle^  un  Euripide. 
à  la  main ,  traduire  fur  le  champ 
en  françois  une  de  leurs  Tragédies^ 
L'admiration,  l'enthou/iaûne  dont  il> 
étoit  faiii,  lui  infpiroient  des  ex- 
prenons  qui  approchoient  de  la 
mâle  &  harmonieufe  énergie  des 
vers  Grecs.  En  1696  Male^ieu  fut 
choifi  pour  enfeigner  les  mathéma- 
tiques au  duc  de  Bourgogne,  L'aca-, 
demie  des  fciences  fe  l'aflocia  en. 
1699,  &  deux  ans  après  il  entra 
à  l'académie  Françoife.  On<ie  fera 
pas  furpris  qu'il  fût  citoyen  de 
deux  états  û  différens-,  c'étoit  l'hom- 
me de  toutes  les  fociétés  &  de 
toutes,  les  heures.  Falloit-il  imagi- 
ner ou  ordonner  à  Seaux  une  fê« 
te  }  il  étoit  lui-même  auteur  &  ac- . 
teur.  Les  Im^pnjTKytu  cou?oiei?t  de 
fource;  mair>  ces  fruits  de  Timagi* 
nation  étoitnt  fouvent  légers  corn-* 
zn^  elle ,  &  il  fam  avouer  qu'il  ^  % 


yjo        M  A  L    ^ 

fien  laifllé  en  poéfie  y  «jui  mérite 
BDC  attennon  particulière.  Le  duc 
du  Maine  le  recompeniâ  comme  il 
méritoit  :  tl  le  nomma  chef  de  iès 
confeils ,  &  chancelier  de  Dombes.  U 
fiit  enveloppé  dans  la  di%race  que  ce 
prince  efltiya  £l>us  la  régence  du  duc 
éC  On  catu^  &  renfermé  pendant  a  ans. 
Son  tempérament  robufte  &  tour 
de  feu ,  joim  à  une  vie  réglée  , 
lui  valut  une  longue  Êmté ,  qui  ne 
ik  démentit  qtt'une  année  avant 
û  mort.  Il  fat  emporté  par  ime 
^oplexie,  le  4  Mars  1727  ^  à  77 
ans.  Malgré  l'étude  des  fâences , 
&  la  dir^on  d'un  grand  nombre 
d'alfaires  ,  il  n'avoit  Textérieur  ni 
triile ,  ni  ibfflbre.  Sa  facilité  à  en- 
tendre &  à  retenir^  lui  avoit épar-» 
gné  ces  efforts  &  cette  pénible 
contention  dont  rhabimde  produit 
ht  mélancolie.  Sa  conver^nion 
«toit  vive,  enjouée-,  &  Ton  carac- 
tère poli  &  officieux.  Il  étoit  iin- 
«érement  attaché  à  1^  religion  y  èc 
il  en  pratiquoit  les  devoirs.  U 
laiiTa  trois  garçons  &  deux  filles  ,. 
qui  tous  furent  placés  ou  mariés 
avamageufement  On  a  de  lui-:  I.' 
EUnuns  de  GéowUtrie  de  M,  U  Due 
de  Bourgogne  ,  in-8**,  1715.  C'cft 
le  recueil  des  leçons  données  pen- 
dant 4  ans  à  ce  prince  »  qm  écri* 
▼oit  le  lendemain  les  leçons  de 
la  veille,  filles  furent  raiTemblées 
par  Boiffiere^  bibliothécaire  du  duc 
du  Maine,  Il  y  a  >  à  la  fin  de  cet 
«uvrage ,  ^elques  problfeieç  ré- 
solus par  I9  méthode  analynque  y 
que  Ton  croit  être  de  MtUeiltu,  II. 
Plufieurs  Fîeces  de  vtr^^  Chanfons  ^ 
Lettres  ,  Sonnets  r  Contes  ,  dans 
lès  Dlvenîjfemens  de  Sé(.ux  ;  à  Tré- 
voux, in-i2,  1712  &  1715.  MI. 
On  lui  ati^ibue  PoRchinelle  deman- 
dant une  place  à  P Académie  ,  comé«* 
die  en  un  aâe ,  repréfentée  à  plu* 
fieurs  rcprifès  par  les  Marionnet- 
tes de  BnûchL  Elle  fe  trouve  dans 
\^l^U$<ê  éehiffé&t  du  feuy  m'tm  » 


MAL 

é  Vhàùanct ,  1717.  Un  aeadcni- 
den  oppoûi  à  cette  pièce  ,  qui 
n'eft  pas  certatnement  du  premier 
rang ,  ArUqu'n  Chancelier  ;  mais  celle- 
ci  a'a  pas  été  imprimée ,  non-plus 
qtxBrUtché  Chancelier,  autre  latire 
£ùte  conice  la  même  pièce, 

MALFILLASTRE  ,  (  Jacques- 
Charles-Louis  )  né  à  Saint-Jean-de- 
Caen  le  8  O^bre  1732  ,  mort 
àl:^aris  en  1767,  à  35  ans,  cul^ 
tiva  les  Mufes  ,  &  vécut  preCque 
toujours  dans  l'indigence  qu'eUes^ 
traînent  après  elles.  Son  poème 
de  Narùjfe  dans  PIfie  de  Vému  ^ 
imprimé  en  1767 ,  in-S**  ,^  fe-£&t 
remarquer  par  Télégance  ,  la  pu* 
veté  &  l'harmonie  du  flyle.  Il  y 
a  quelcpie  chofe  à  défirer  dans  la 
contextnre  de  l'ouvrage  \  mais 
pref<^e  tous  les  détails  ea  font 
ingénieux  &  pleins  de  grâces^  Les- 
mœurs  de  l'auteur  étoient  douces 
&  iimples ,  fon  caraâere  timide  ^ 
&,.  par  une  fiike  naturelle  de  ce 
caraâere^il  fuyoit  le  grand  monde 
&  »moit  la  folitade.  On  trouve 
dans  les  Recueils  Palinodiques  xle 
Caen  &  de  Rouen ,  des  Odts  de, 
hâalfiliafire ,  qui  ibm  remar^iables- 
par  plufieurs  belles  flrophes.  Les 
Objervatiofu  Critiques  par  M.  C/t* 
ment  ^  &  le  Jourtûl  François  de 
M.  PaSJfot  ,  ofirent  auffî^  de  lui 
quelques  fragmetis  de  Foéfies  ^  de 
la  première  beauté  ,  qui  font  re» 
gretter  qu'une  mort  prématurée 
l'ait  enlevé  à  la  littérature.  Telles^ 
îoxxt  des  imitations  de  diffétens 
morceaux  des  Georglques  ,  qui  pe» 
chent  quelquefois  par  trop  d'a- 
bondance y  mais  qui  refpirent  la 
verve  &  la  dialeur  du  vrai  poète. 
MilfUafire  ^yoït  aufB  commencé  à 
mettre  en  vers  le  Tilémaqwt, 

MALHERBE,  Voy.  Malsami; 

MALHERBE ,  (  François  de  )  né 
k  Caen  vers  15^6  ,  d'une  £smille 
nolile  &  ancienne^  fe  redra  ee 
PrtYeaee  rà  il  s'attacha  à  Unôr 


MAL 

fon  de  Henri  d*Àngouléme  ,  fib  na- 
turel  de  Henri  II  ,  &  s'y  maria 
avec  une  demoifelle  de  la  maifon 
de  CorîolLs,  Tous„fes  enfans  mou- 
jairent  avant  liu'Un  d'eux  ayant 
été  tué  en  duel  par  de  Piles ,  gen- 
tilhomme Provençal ,  il  voulut  fc 
battre  a  Tâge  de  73  ans  contre  le 
meurtrier.  Sts  amis  lui  repréfente- 
rent  que  la  partie  n'étoit  pas  égale 
entre    un    vieillard  &   un   jeune 
homme.  Il  leur  répondit:  Ceftpour 
cela   que  je    veux   me   battre  ;  je  ne 
hafarde  qu'un  denier  contre  une  pijiole. 
On  vint  à  bout  de  le  calmer  ,  & 
de  l'argent  qu'U  confentit  de  pren- 
dre pour    ne   pas    pourfuivre   de 
Piles ,  il  £t  élever  un  maufolée  à 
^    fon  fils.  Malherbe  aima    beaucoup 
moins  Tes  autres  parens.  U  plaida 
toute  ÙL  vie  contré  eux.   Un  de 
fes   amis  le  lui   ayant  reproché  : 
Avec  qui  donc  voule^vous  que  je  plaide  , 
lui  répondit-il  ?  Avec  Us  Turcs  &  Us 
Mofcorites ,  qui  ne  me  difptuent  rien  ? 
n   fit  cette  Ëpitaphe  à  un  de  fes 
parens ,  nommé  Monûeur  d'Is  : 

Cy  gU  Monfieur  d'Is... 
Or  plut  À  Dieu  qu'ils  fuffent  dije  ! 
Mes  trois  faturs ,  mon  père  &  ma  mere^ 
JLe  grand  Eléazar  mon  frère , 
Mes  trois  tante?  ,  6*  Monfieur  dis  : 
J^OMS  les  nommé'je  pas  tous  dix  ? 

L'humeur  le  dominoit  abfolu- 
inent ,  &  cette  humeur  étoit  bruT- 
que  &  violente.  Il  eut  plufieurs 
démêlés.  Le  premier  fut  avec  Ra- 
can\  fon  ami  &  fon  élevé  en 
poéfie.  Malherbe  aimoit  à  réciter 
les  prodùdHons  ,  &  s'en  acquittoit 
fi  mal  ,  que  perfonne  ne  l'enten- 
doit,  n  falloit  qu'il  crachât  cinq 
ou  Gx  fois  en  récitant  une  ftance 
de  quatre  vers.  Audi  le  cavalier 
Marlni .  difoit-il  de  lui  :  »»  Je  n'ai 
jamais  vu  d'homme  plus  humide  ,•  ni 
de  P.octe  plus  fec  «.  Racan  ayant 
«»fé  lui  répréfenter  que  la  foibleflt 
4e  fa  voix  ^   l'embah^  de   fa 


MAL        531 

langue  Tempèchoient  d'entendre  les 
pièces  qu'il  lui  lifoit  ,  Malherbe 
le  quitta  brufquement  &  fut  plu- 
iieurs  années  fans  le  voir.  Ce 
poëte  ,  vraiment  poëte,  eut  une^ 
autre  difpute  avec  un  jeune  homme 
de  la  plus  grande  condition  dans 
la  robe.  Cet  enfam  de  Tkémis  vou- 
loit  auf&  l'être  d'Apollon  \  il  avoiç 
Élit  quelques  mauvais  vers  ,  qu'il 
croyoit  excellens  -,  il  les  montra  à 
Malherbe^  &  en  obtint  pour  toute 
réponfe  cette  dureté  cruelle  :  Avei' 
vous  eu  PaUernatire  de  faire  ces  vers . 
ou  d'être  pendu  ?  A  moins  de  cela  , 
vous  ne  devei  pas  expofer  votre  ré^ 
putation  mi  prodwfant  une  pièce  fi 
ridicule.  Jamais  fa  langue  ne  put 
fe  refîifer  un  bon  mot.  Ayant  un 
jour  dîné  chez  l'archevêque  de 
Rouen ,  il  s'endormit  après  le  re* 
pas.  Ce  prélat  le  réveille  pour  le 
mener  a  un  Sermon  qu'il  devoit 
prêcher  :  Vifpenfei-m'en  ,  lui  ré-* 
pond  le  poëte  d'un  ton  brufque  3 
je  dormirai  bien  fans  cela.  Sa  û-an- 
chife  ruftique  ne  le  quitta  pas 
même  à  la  cour.  Loms  XlII  étant 
dauphin,  écrivit  à  Henri  IV  j  ià 
lettre  étoit  fignée  ,  Lors ,  fuivant 
l'ancienne  orthographe.  Le  roi  1« 
fit  voir  à  Malherbe  ,  avec  cette 
fatisfaâion  naturelle  au  cœur  d'un 
bon  père.  Malherbe  ,  qui  ne  louoit 
pas  volontiers,  ne  s'arrêta  qu'à  la 
fignature ,  &  demanda  au  toi  fi  Af. 
[^Dauphin  ne  s'appelait  pas  Louis? 

—  Sans  doute  ,  répondit  Henri  IV  i 

—  Et  pourquoi  doue ,  reprit  Malherbe^ 
le  fju-on  figner  Lors  ?  Depuis  ce 
temps  il  figna  Louis  ,  &  il  a 
été  imité  de  tous  ceux  qui  ontf 
porté  le  même  nom...  L'avaiice 
étoit  un  autre  défaut ,  dont  l*ame 
de  Malherbe  fut  fouillée.  On  di- 
foit  de  lui  :  »  qu'il  demandoit 
M  l'aumône  le  Sonnet  à  .la  main  «v 
Son     appartement    étoit    meublé. 


comme    celui    d'un   vieux 


avarcij 


l^aûte  de  ohaifes  ,  il  ne  recevoit 

Ll  i; 


531         MAL 

les  perfonne»  qui  vènoientle  voir* 
4^e  lés  unes  après  les  autres  *,  il 
£rioit  à  celles  qui  heurtoiént  à  la 
porte  :  Aucnde^  ,  il  n*y  a  plus  de 
fieges...  Sa  licence  étolt  extrême 
lorfqu*fl  parloit  des  femmes.  Rien 
ne  raffligeoit  plus  dans  fes  der- 
niers jours,  que  de  n*avoir  plus 
les  talens  qui  radient  fait  recher- 
cher par  elles  dans  fa  jeiineffe.  U 
ne  refpcftoit  pas  plus  la  religion 
^e  les  Yenimes.  Les  honnêees  gens  ^ 
dîfoit-il  ordinairement  ,  n'en  ont 
point  d*autre  qUi  cdU  de  leur  Prince, 
Lorfquè  les  pauvfes  lui  demân- 
doient  l'aumône  en  Taffuram  qu'ils 
|>rieroient  Dieu  pour  lui ,  il  leur 
tépondoit  :  Je  ne  vous  irois  pas  en 
p-ande  faveur  dans  le  Ciel  ;  12  vaudrait 
hten  mieux  que  vous  le  fuffici  â  la  Cour. 
11  refufoit  de  fe  confcfier  dans  fa 
«lerniere  maladie ,  par  la  ràifon  qu'il 
n*a  voit  accoutume  de  le  faire  qu'à 
Pâques.  Celui  qui  le  "détermina  à 
tejnplir  ce  ddvoir,  fut  un  gentil- 
homme nommé  Yvrande^  fon.difci- 
pleen  pnélîe,  qui  lui  dit:  qu^ ayant 
fait  profiffîon  de  vivre  comme  les  autres 
hommes ,  ilfalloit  aujji  mourir  comme 
€ux.  Cette  raiibn ,  qui  ctoit  plutôt 
d'un  politique  que  d'un  chrétien , 
décida  Malherbe  à  faire  appeler  le 
vicaire  de  Saint  -  Gtrmam ,  qui 
tie  put  entièrement  le  décider  à- 
oublier  Ce  qui  l'^Voit  occupé  jufquV 
lors.  Une  heure  avant  de  mourir , 
il  reprit  ùl  garde  ,  d'un  mot  qui 
n'étoit  pas  bien  François.  On  ajoute 
ftiême  »  que  fon  conteffeur  lui  re- 
préfentant  le  bonheur  de  l'autre  vie 
avec  des  expreffions  baffes  &  tri* 
viales,  le  moribond  Tinterrômpiten 
lui  difant  :  Ne  m* en  parle:^  puis  ,  votre 
tnauvals  flyU  m'en  dégoûtstoit.  Ce 
«oëte  fingulier  mourut  à  Paris  en 
1628,  à  73  ans,  fous  le  règne  de 
J/iuls  XI2I  y  aptes',  avoir  vécu 
^us  flx  de  nos  rois,  étant  né  fous 
Henri  II.  Il  ftit  regardé  comme  le 
pnnc«  ieM  ^ëità  de  fo9  ti^xnps«  Il 


M  A  t 

méprîTolt  cependant  (on  art  ,  &  ' 
traitoit  la  rime  de  puérilité.  Lorf- 
qu'on  fe  plaignoit  à  lui  de  ce  que 
les  verfificateitfs  navoient  rien, 
tandis  que  les  militaires  ,  les  finan- 
ciers &  les  courtifàns  avoient  tout, 
il  répondoit  :  Rien  de  plus  jujle  que 
cette  conduite.  Faire  autrement  ^  ce  ferait 
ûnefottife,  La  Poéfiene  doit  pas  être  un 
métier  i  elle  n'efi  faite  que  pour  nous 
procurer  de  Pamu/ement  y  &  ne  mérite 
aucune  rccompenfe.  Il  ajoutoît  qu'a/x 
hon  Poète  jieji  pas  plus  utile  à  PEtat 
qu'un  hon  Joueur  de  quilles.  U  (e  donna 
cependant  là  torture  pour  le  devenir. 
Oh  dit  qu'il  confultoit ,  fur  l'har"- 
monie  de  fes  vers ,  jufqu'à  l'oreille 
de  Ca  feryante*  H  travailloit  avec 
une  lenteur  prodigieufe,  parce  qu'il 
travailloit  pour  l'immortalité.  On 
coiflparôit  fa  Mufe  à  une  belle 
Femme  dans  les  douleurs  de  tenfanu* 
ment,.  Il  fe  glorifioit  de  cette  len* 
teur ,  &  difoit  :  ♦♦  qu  après  avoir  fait 
n  un  Pôëme  de  cent  vers  ou  un 
rt  Difcours  dé  trois  feuilles  ,  il 
>t  feUoit  fe  repofer  dès  années  en- 
»*  tleres  «i.  Au(&  fes  (Euvres  poéti^ 
quès  font  -  elles  en  petit  nombre. 
Elles  confident  en  Odes ,  eA  Stances  ^ 
Sonnets  ,  Epîgrammes  »  •  Chanfons ,  &c, 
Malherbe  eÔ  le  premier  de  nos  poëtes 
qai  ait  fiait  fentir  que  la  langue  Fran- 
çoife  peuvoit  s'élever  à  la  raajeilé 
de  rOde.  La  netteté  de  fes  idées , 
le  tour  heiu-eux  de  fes  phrafés ,  la 
vétité  de  fes  defcriptions  ,  là  juf- 
teffô,  le  «hoix  de  fes  comparaifons, 
r ingénieux  emploi  de  la  FàhUy  la 
ratiété  de  fes  figures,  ôc  flir'tout 
{es  ûifpenlions  nombreufes ,  le  prin- 
cipal mérite  de  notre  poéfiè  lyri- 
que, l'ont  fait  regarder  parmi  nous 
comme  légère  de  ce  genre. 

£^/^  Aialherbe  vint ,  6t  le  premier  tu 

France 
Fit  fentir  dans  fes  vers  une  jufle  cm» 

.    dence  ; 
Z)'un  mot  mis  à  fa  pla^  €nfeipM  k 


MAL 

Mt  réAdJufa  Mufe  aux  regUs  du  de-^ 

voir,   ' 
par  ee  fage  écrhaln  la  langue  réparée 
^'offrit plus  TÎen  de  rude  à  l* oreille  épurée^ 
Les    fiances    avec    gjrace    apprirent  à 

tomber, 
Et    le  vers   Jkr   U  vêts   n^o£a  plus 

enjamber, 
ToM    reconnut  fis    lois  ;  &  ce  guide 

fideîU      . . 
Aux  auteurs  de  ce  temps  fin  encor  dt 

modèle, 
Marche:^  donc  fur  fis  pas  ;  aime\^  fa 

pureté  y 
£t  de  fin    tour    hmre^    îmîUi^  la 

clané.. 

Bt)  I L  E  A  XJ. 

Quelques  éloges  cependant  qu'oit 
lui  donne ,  on  ne  peut  s*empêcher 
de  le  mettre  fort  au  -  deflbus  de 
Plndare  pour  le  génie,  &  encore 
plus  au  -  deflbus  à! Horace  pour  le^ 
agrémens.  Dans  fon  enthoufiàfitie , 
il  eft  trop  raifonnable ,.  &  dès-lori 
il  n'eft  pas  zKtz  poète  pour  un  poëte 
lyrique.  Ce  qui  éternife  fa  mé- 
moire ,  c-eft  d'avoir  ,  pour  ainiî 
<Jîrc,  feirfortir  notre  langue  de  fon 
l}erceau.  Semblable  à  un  habile 
maître,  qui  développe  les  talens 
de.  fon  difciple  ,  il  faifit  le  génie 
de  notre  langue,  &  en  fut  en  quel- 
que fone  le  créateur;  Malherbe  uni- 
quement occupé  de  la  poéfie  fran- 
çoife,  vouïoit  qu'on  ne  fît  des 
vers  que  dans  {à  propre  langue. 
H  .foutenoit  qu'on  ne  peut  fentir 
k  finefle  de  celles  qu'on  ne  parle 
|)lus  ,  &  difoit  que  fi  Virgile  & 
Horace  revenoient  au  monde,  ils 
dîonneroieat  le  fouet  à  Bourbon  &. 
à  Sirmond  ,  portes  latins  femeux 
de  fon  temps,  Horace  ,  Juvenal^ 
Ovide  ,  Martial^  Stace ,  Sénequs  le  • 
Tragique  étoient  les  poètes  Latins 
qu*il  efiîmoit  le  plus..  Quant  aux 
Grecs ,  il  en  faifoit  aiTez  peu  de 
cas  ,  apparemment  parce  qu'il  n'en* 
teodoir  pas  aâez  bien  leur  langue , 


.MAL         535 

poureitconnoitre  les  beautés.  Lee 
meilleures  éditions  de  fes  Poésies 
font:  Celle  de  1722  ,  3  voU  in-12»  ^ 
avec  les  remarques  de  Ménage  -,  & 
celle  de  Saint-Marc  ,.  à  Paris ,  ea 
1757,  in-8**.  Le  favant  éditeur  a 
rangé  les  pièces  fuivant  l'ordre  chro- 
nologique ,  &  par  cet  arrangement 
on  voit  ITiiftoire  de  la  révolution 
que  ce  grand  poëte  a  produite  dans 
notre  langue  &  dans  notre  poéfie. 
Cette  édition  eil  enrichie  de  notes 
intéreflantes  ,  de  pièces  curieufes 
&  d'un  beau  portrait  de  l'auteur  » 
au  bas  duquel  on  lit  ce  demi- 
vers ,  qui  devient  çrefque  fublime 
par  l'applioBtioii  : 

Enfin  Maih^be  vint... 

Outre  fes,  poéfles  ,  on  a  encore  de 
Malherbe  une  tradu£^ion  très  -  mé- 
diocre de  quelques  Lettres  de  Sé^ 
neque ,  &  celle  du  3  3^  livre  de  Vhif" 
toirt  Romaine  de  Titc-Live,  MU®  de.. 
Gournai  difoit  que  cette  dernière 
verfiori  n'étoit  qu'w/i  houillon  d'eau 
èlalrcy  parce  que  le  ftylaen  eft  trop 
fimple,  languiflant  &  fans  élégance, 
p'ailleurs  il  ne  s'ell  nullement  pi- 
qué d'exa£iitude.;  &  lorfqu'on  lui 
en  faifoit  des  reproches ,,  il  répon- 
doit  qu'//  n'apprêtoit  pas  les  viandes, 
pour  les  culfiniers  :  c'efl-à-dire ,  qu'il 
avoit  moins  en  vue  les  gens  de 
lettres  qui  entendoient  le  latin  ^  que 
les  gens  dé  cour  qui  ne  l'enten- 
doient  pas.  Il  dédia  effectivement 
fa  traduûion  au  duc  de  hiynes  ^ 
dont  il  voulut  déshonorer  la  mé- 
moire après  fa  mort.  Il  lui  fit  cette 
Epitaphe  : 

Cet,  Abfynthe ,  au  tte\de  barbet  ^ 
En  ce  tombeau,  fait  fa  demeure. 
Chacun  en  r^tl  6-  mal  j'en  pleure  t 
Je  le  voulais  y4>ir,  au  gibet,.   , 

Le  nom  à'Abfynthe  eft  une  mauvaife 
alluixon  V  Luyhés  étoit  un  peu  ca- 
mus ,.  mais  d'ailleurs  d*une  jolie  fi- 
gure. Il  étoit  encore  plus  bas  dé 

Lliii 


<i4        MAL 

«durer  fon  cadavre  f  411II  ne 
l'avoit  été  d'enccnfer  ù  peribmie. 
F.  Racak. 

MALINGRE,(CUude)fieiir 
de  Saint' La\are ,  ne  à  Sens,  mort 
vers  rân  1655  ,  a  travaillé  beau- 
coup ,  mais  avec  peu  de  fucces ,  fur 
l^iftoire  Romaine,  fur  THiftoire 
de  France  &  fur  celle  de  Paris, 
C'étoit  un  auteur  Êunélique ,  qui  pu- 
blioit  le  même  ouvrage  fous  plu* 
£eurs  titres  différens,  qui  flattoit 
les  princes  régnans ,  &  qui  avec  tou- 
tes fes  rufes  parvenoit  difficilement 
à  vendre  {es  produûions.  Tout  ce 
que  nous  avons,  de  lui  eft  écrit  de 
la  manière  la  plus  plate  &  la  plus 
rampante.  On  ne  peut ^  pas  même 
proèter  de  fes  recherches-,  car  il  eft 
auifi  intxàù  dans  les  £ûts ,  qu'in- 
correâ  dans  fon  ftyle.  Le  moins 
mauvais  de  tous  fes  livres  eft  fon 
Hifioîre  du  Dignités  honoraires  de 
France^  in-8*  ,  parce  qu'il  y  âte 
ûs  garans.  Ses  autres  écrits  font: 
I.  UHiftoire  généraJc  du  derniers 
troubles,  arrivés  en  France  fous 
Henri  III  &  fous  ^Iobw  JCIII,  in- 
4°.  IL  ffijioire  de  Louis  Xlll ,  in- 
4®  :  mauvais  recueil  de  feits  fouvenr 
^  altérés  par  la  flatterie,  &  qui  ne 
s^étend  que  depuis  16 10  jufqu'en 
16 14.  in.  Hifit)ire  de  la  naijfance  & 
du  progrès  de  tHéréfie  de  ce  fiecle  , 
3  vol.  in-4*'  -,  le  premier  eft  du  P. 
JUcheome,  IV.  Continuation  de  PHlf" 
toire  Romaine  depuis  ^Conjlantîn  jus- 
qu'à Ferdinand  III ,  2  vol.  in-fol.  : 
compilation  indigne  de  fervir  de 
fuite  à  l'Hiftoire  de  Co'èffetecu,  V, 
Miftoire  générale  du  Guerres  de  Pié- 
mont \  c*cft  le  fécond  volume  des 
Mémoiru  du  chevalier  Boivin  du 
'  Villars ,  qui  font  très  curieux  -,  2 
Vol.  in-8**  ,  1630.  VI.  Hifioire  de 
notre  temps  fous  Lows  XIV  ,  con- 
tinuée  par  du  Verdîer  ,  2  vol.  inr 
S**  :  mauvais  recueil  de  ce  qui  eft 
Wrivé  en  France  depuis  1643  5^" 
qu'en    164$.   VIL  Lu  ÀnnaUs  & 


MAL 

iu  JmSfmUs  de  la  Vilk  dk  FmU^ 
2  vol.  în-foL  :  ouvrage  infinrieur 
à  celui  du  P.  dEK  Brad  ùsr  la  même 
midere  ;  msàs  qui  peut  avoirqnd- 
que  utilité  pour  xx>imoitre  l'état 
de  Paris  dn  temps  de  MaBnpu 
Vin.  JounuU  de  Louis  XIII  d^ 
1610  ju/qu*à  fa  mort ,  avec  une  Coa- 
ônuation  jttfquUn  1641^;  Paris ,  1646  , 
in-8°.  Comme  Malingre  étoit  fort 
décrié  en  qualité  d'hîftorien  ,  & 
que  le  public  étoit  las  de  fes  ou* 
vrages ,  il  ne  mit  à  la  tête  de  ce- 
lui-ci que  les  lettres  initiales  de 
fon  nom  ,  traofpofées  ainft  :  Fer 
S.  M.  C. 

MALLARD,  (N...) avocat  an 
parlement  de  Paris  ,  mort  depms 
quelques  années ,  dont  les  taleas 
âu'ent  ignorés  pendant  vingt  ans  , 
devint  l'oracle  de  fon  corps  pe»^- 
dant  les  dix  dernières  années  de  fa 
vie.  Cependant  il  n'avoit  ni  plai- 
dé, ni  prefque  écrit  *,  mais  on 
trouvoit  dans  (a  conveiiatioii  les 
plus  grandes  reftburces.  Après 
avoir  doimé  à  un  jeune  avocat 
le  plan  de  la  plus  folide  défenfe, 
il  lui  traçoit  celui  du  plaidoyer 
le  plus  éloquent.  Il  fut  d'ailleurs 
d'une  probité  égale  à  feshumie* 
res. 

MALLEBRANCHE,  Voye^MK- 

lEBRANCHE. 

MALLEMANS  :  Il  y  a  eu  qua- 
tre frères  de  ce  nom ,  tous  les  qua- 
tre natifis  de  Beaune  ,  d'une  an- 
cienne famille  ,  &  auteurs  de  di- 
vers ouvrages.  Le  premier  (  Claude) 
entra  dans  l'Oratoire,  d'où  il  for* 
tit  peu  de  temps  après.  Il  Rit  pen- 
dant 34  ans  profefteur  de  philo- 
fophîe  au  collège  du  Pleffîs  à  Pa- 
ris,  &  fe  montra  un  des  plus  grands 
partifans  de  celle  de  Defcanu,  Dans 
la  fuite  ,  la  pauvreté  le  contrai- 
gnit de  fe  retirer  dans  la  commu- 
nauté des  Prêtres  de  Saint-François 
de  Salu ,  où  il  mourut  en  1723  ^ 
à  77   ans.  Ses  principaux  ouvra^ 


M  font:  I.  Le  Traité  Phyfi^  du 
monde ,  nouveau  Syflême  ,  1679  , 
in-H.  IL  le  fanuux  Problême  de  la 
Quadrature  du  Cercle^  1683  *  ill-I2. 
UL  La  Rêfonft  à  l'Jpothéofe  du 
JPîaiomuire  de  r Académie^  &C.  Ces 
«uvrages  font  une  preuve  de  fa  <a<- 
l^acké  &  de  fes  connoiflances...  Le 
iecond  étoit  chanoine  de  Sainte-Op- 
portune. On  lui  attribue  quelques 
ouvrages  de  géographie...  Le  3* 
<  Etienne  )  mourut  à  Paris  en  17x6 , 
à  plus  de  70  ans ,  laiflànt  quelques 
PoéJU*.,,  Le  4*,  (  Jean  )  d'abord 
<apitaiae  de  Dragons  &  marié  , 
embrafià  enfuite  l'état  ecdéûafti- 
que  &  devint  chanoine  de  Sainte- 
Opportune  à  Paris  ,  où  il  mou- 
rut en  X740 ,  à  91  ans.  On  a  de 
lui  un  très-grand  nombre  d'ouvra- 
ges. Les  principaux  font  :  1,  Diver- 
ies  Dijfertatêons  fur  des  pa£ages 
difficiles  de  l'Ecrimre  -  fainte.  II. 
Traduâion  Françoife  de  Vir^lk  ,  en 
profe,  1706,  3  voL  în-ii.  L'au- 
teur prétend  avoir  expliqué  cent^ 
«ndroits  de  ce  poëce,  dom  toute 
Tantiquîté  avoit  ignoré  le  vrai 
fens.  Cet  aveu  eft  modèle  \  mais 
le  public  n'a  pas  penfé  de  même. 
Cette  traduâion  ,  encreprife  poiur 
les  dames ,  a  été  trouvée  généra- 
lement rampante  &  même  tobare. 
III.  Hlftoîre  de  la  RUi^îon ,  dipms 
Àe  commeneenunt  du  monde  ,  jufqu'à 
l'empire  de  Jovten ,  6  vol.  in- 12  : 
ouvrage  qui  eut  peu  de  fuccès  , 
parce  qu'il  dï  écrit  d'un  âyle  lan- 
IJuiflânt.  IV.  Pen/ées  fur  le  fens  lit- 
tirai  des  tS  premiers  vafeu  dt  VE- 
van^le  de  S*  Jean  ,  171^  ,  in-I2. 
L'auteur  appelle  cet  ouvrage  VHif- 
tûire  de  l'Eternité,  Il  eu  plein  de 
fmgularités  &  de  rêveries  «  ainii 
^ue  (es  autres  produûions.  /.  M^/- 
Jemans  étoit  un  favant  d'un  efprit 
bizarre  &  opiniâtre,  plein  delui- 
/nême  »  &  toujours  prêt  à  mépri- 
fer  les  autres  :  S»  Augujiin  étoit  % 
ùXoa  lui  I  un   médiocre    théo- 


MAL        Ç|5 

lo^eli  ,  &  Defcart€s  lia  pauviic 
philofophe. 

MALLEROT ,  (  Pierre  )  fb]lpte^r 
connu  fous  le  nom  de  ia  Pj£jm£^ 
eft  célèbre  parplufieurs  beaux  mor- 
œaux.  Les  principaux  font  :  I.  La 
Colonnade  du  Parc  de  VerfaiUes^ 
IL  Le  Péri/nie  &  la  Galerie  du  châ* 
teau  de  Trianon,  III.  Le  Tomh&aa 
du  cardinal  de  Richtûeu  en  Sor- 
bonne ,  fous  les  ordres  de  Gîrat^ 
doiu  IV.  Le  Matifolée  de  Glr^rdon  ,  ^ 
à  Saint-Landry  à  Paris.  V.  La 
ChapelU  de  IVtM.  de  Pompune  à 
Saint-Merry  ,  &  de  MM.  de  Cré- 

?u6i  de  Louvois  aux  Capucins  4e 
aris,  6cc. 

L  MALL£T,  (Oiarles)  né  en 
x6o8  à  Mont-Didier,  doâeur  de 
Sorbotme  ,  archidiacre  &  grand-» 
vicaire  de  Rouen ,  où  il  fonda  un 
Séminaire  auquel  il  légua  fa  biblio- 
thèque *,  mourut  le  20  Août  16  3o  , 
â  72  ans  ,  durant  la  chaleur  des 
difputes  dans  lefquelles  il  étoit  entré 
avec  le  grand  Amauld  à  Toccaiiofl 
de  la  Verfion  du  Nouveau-Tefta^ 
ment  de  Mons.  Cette  querelle  pro- 
duifit  divers  écrits  de  part  &  d'au- 
tre. Ceux  de  MalUt  fom  :  I.  Exa-- 
mm  de  quelques  pajfages  de  la  Verfion  / 
du  Nouveau-Tefiament ,  &C.  1667  , 
in-12.'  Il  y  accufe  les  traduâeurs 
d'un  grand  nombre  de  falûlBca-  • 
tions»  &  même  d'avoir  une  mo- 
rale corrompue  touchant  la  chaf- 
teté.  Cette  dermere  accufationétok 
encore  plus  difficile  à  prouver  que 
la  première.  II.  Traité  de  la  lecture 
de  l'Ecnture-fainu ,  Rouen ,  1669  , 
in- 12.  L'auteur  prétend  qu  elle  ne 
doit  point  être  donnée  au  peuple 
en  langue  vulgaire.  Il  eft  certain 
que  cet  uiage  peut  avoir  {qs  abus  ; 
mais  de  quoi  n'abufe-t-on  pas  ?  IIL 
JUponfe  aux  principales  raifons  qui 
fervent  de  fondement  à  la  Nouvelle 
Défenfe  '  du  Nouveau  -  Tcjhnunt  de 
Mons  :  ouvrage  poilliume,  à  Rouen, 
1682 ,  iu-8''.  IV.  Un  petit  Cahier 

Lliv 


53«         M  A  t 

de  Réflexions  fur  tous  'les  Ouvragts 
de  M.  Amauld,  Ce  doâcor  répon- 
dit à  ces  ctrits  d'une  manière ,  qui 
fit  plus  d'honneur  à  fon  favoir 
'  qu'à  fa  modération. 

II.  MALLET ,  (  Edme  )  né  à  Me- 
dun  en  171 3  ,  occupa  une  cure  au- 
près* de  ia  patrie  jufqu'en  17  y  i  , 
qu'il  vint  à  Paris  pour  y  être  pro- 
fefTeur  de  théologie  dans  le  col- 
lège de  Navarre.  Il  étoit  doôeur 
ag-égé  de  cette  maifon.  L'ancien 
^vêque  de  Mirepoix  ,  Boyer^  d'a- 
hord  préveau  contre  lui  ,  enfuite 
inieux  inftruit  ,  récompcnfa  d'un 
canonicat  de  Verdun  fa  doârine 
&  fes  mœurs.  On  Tavoit  accufé 
de  Jdnfénifme  auprès  de  ce  pré- 
lat ,  tandis  que  la  Gn^etu  qu'on 
*  nommeEcclcfiaftique  l'accufoit  d'im- 
piété. L'abbé  Mollet  ne  méritoit 
'  ni  l'une  ni  l'autre  de  ces  impu- 
tations :  il  s'affligeoit  ,  en  Chré- 
tieri,  des  difputes  de  l'Eglife  de 
Trance  -,  &  s'étonnoit ,  en  philofo- 
phe ,  que  le  gouvernement ,  dès  la 
naiffance  de  ces  démêlés ,  n'eût  pas 
impofc  filence  aux  deux  partis.  11 
mourut  à  Paris  en  175  5  ,  à  42  ans. 
Ses  principaux  ouvrages  font  :  I. 
Principes  pour  la  leciure  des  Poètes , 
1745  ,  in-i2,  2  vol.  IL  Effai  fur 
VEtudz  des  BelUs-Latres  ^  I747»  i"- 
12.  III.  Effai  fur  Us  bîenféances  oram 
'  toîresy  175  3  ,in-l2.  IV.  Principes  pour 
U  lecture  des  Orateurs ,  I75  3  ,  in-l2 ,  3 
\'o\,Y.Hi/iûîre  des  Guerres  civiles  de 
prancefous  lès  Hgnes  de  François  II , 
Charles  IX,  Henri  III  &  Hennir, 
traduite  de  r italien  de  d*jûvlla ,  i-jçy  , 
3  vol.  in  4^.  L'abbé  MalUt  fe  bor- 
ne, dansfes  ouvrages  fur  les  poè- 
tes ,  furies  orateurs  &  fur  les  belles- 
lettres  ,  à  expofer  d'une  manière 
précife  les  préceptes  des  grands 
maîtres  &  à  les  appuyer  par  des 
exemples  choiiis ,  tirés  des  auteurs 
anciens  &  modernes.  Le  flyle  de 
ces  différens  écrits  eft  net,  facile, 
'  ùn$  affectation»  Son  e^rit  rcSem- 


M  A  t 

bloît  à  fon  ftyle.  Mais ,  ce  qilî  doft 
Tendre  ibn  fouvcnir  précieux  aux 
honnêtes-gens,  c'eft  l'attachement 
qu'il  montra  toujours  pour  ics 
•mis, fa  candeur  ,fa  modération,  & 
fon  caraûere  doux  &  modefte.  H 
s'étoit  chargé  de  fournir  à  fEncyclo^ 
pédle  les  articles  de  la  Théolo^  & 
des  Belles  '  Lettres,  Ceux  qu'on  lit 
de  lui  dans  ce  diâionnaire  font  en 
général  bien  faits.  L'abbé  Mollet 
prcparoit  deux  ouvrages  importans» 
lorfqtie  la  mort  l'enleva  à  l'ami- 
tié &  à  la  littérature.  Le  premier  étoit 
une  Hiftoire  générale  de  nos  Guerres  , 
depuis  le  commencement  de  la  Mo- 
narchie ;  le  fécond ,  une  Hlflcîre  du 
Concile  ('e  Trente ,  qu'il  vouloit  op- 
pofer  à  celle  de  Fra-Paelo ,  tradui- 
te par  le  P.  le  Courayer. 

MALLET,  Voyei  Manesson. 
-  MALLEVILLE,  (  Claude  de  ) 
natif  de  Paris  ,  l'un  des  premiers 
membres  de  l'académie  Françoife, 
mourut  en  1647  ,  âgé  d'enviro» 
50  ans.  Il  avoit  été  fecrétaite  dm 
maréchal  de  Baffompterre ,  auquel  il 
rendit  de  grands  fervices  dans  ik 
prifon.  Il  le  vifitoit  fouvent ,  &  lui 
fourniflbit  écs  livres  agréables  pour 
charmer  fon  ennni ,  ou  des  leâu- 
res  plus  fortes  pour  foutenir  fon 
ame  contre  l'injuftice  du  fort.  Les 
bîenfeks  que  cet  illuftre  infortuné 
répandit  fur  lui ,  le  mirent  en-  état 
•d'acheter  ime  charge  de  fecrétaire 
du  roi.  Matlevîlle  avoit  un  efprît 
aflez  délicat ,  &  un  génie  heureux 
pouj  la  poéfie;  mais  il  négligea 
de  mettre  la  dernière  main  à  fes 
verSi  Le  Sonnet  eft  le  genre  de  poé- 
ûe  auçiuel  il  s'eft  prii^palement 
adonne ,  &  avec  le  pliis  de  fuccès. 
Ce  poète  remporta  le  prix  fur  i^u- 
fieursbeajix  efprits,  &  fia-  Voiture 
même ,  qiii  travaillèrent  au  Sonn^ 
propofé  fui*  la  Belle  Maûneufe,  Le 
'£en  lui  donna  beaucoup  de  célé-^ 
brifé.  rt  On  ne  parleroit  pas  ai»- 
>t  jourd'kui  d*ini  pareil  ouvrage» 


M  À  t 

^  (dit  Tauteur  du  SUck  de  Ltnâs 
«  XI P^  \  )  mais  le  bon  en  tout  gen- 
*>»  re  étoit  alors  {luffi  rare^  qu'il  eft 
y*  devenu  commun  depuis,**  Ses 
Poéjus  conâilcnt  en  Sonnets ,  St.n- 
€cs ,  Elégie  >  Epigrammes ,  Rondeaux , 
{  Voyei  Bois- Robert  ,  )  Chanjons , 
Madrigaux  ,  &  quelques  Paraphrafes 
de  Pfcaumcs,  Elles  ont  été  impri- 
mées en  1649 1  ^  ^^^s  >  ^^4°  >  ^ 
en  1659,  in-i2. 

MALUNCKROT,  (Bernard) 
doyen  de  Téglife  cathédrale  de 
■  Munftcr  ,  donnoit  à  l'étude  une 
partie  de  la  nuit ,  &  padoit  le  Jour 
à  fe  divertir.  L'empereur  Ferdlmmd  1 
le  nomma  à  l'évéché  de  Ratze- 
'  bourg ,  &  ,  quelque  ^emps  après , 
il  fut  élu  évêque  de  Minden  ;  mais 
il  ne  put  prendre  poiTeffion  de  l'un 
ni  de  l'autre  de  ces  deux  évêchés. 
Son  ambition  étoit  extrême  :  il  vou- 
lut fe  faire  élire,  en  16 jo,  évê- 
que de  Munfter  ;  mais  n'ayant  pu 
réuflîr ,  il  s'éleva  contre  le  nou*- 
veau  prélat,  &  fufcita  des  féditioûs 
}ufqu'en  1655  ,  qu'il  fut  dépofé  de 
fa  dignité  de  doyen.  L'évêque  de 
Munfter  le  fit  arrêter  en  1657,  & 
conduire  au  château  d'Otteinzheim 
où  on  lui  donna  des  gardes.  Mal» 
Jînckrot  mourut  dans  ce  château  le 
7  Mars  1664,  regardé  comme  un 
génie  inquiet  «  &  un  homme  fier 
&  hautain.  On  a  de  lui  en  latin  : 
I.  Un  Traité  de  l'Invention  &  du^tv 
grès  de  H Imprimerie ,  Cologne ,  in^ 
4°,  l639jà.  Un  autre.  De  la  na- 
ture 6^  de  Vufage  des  Lettres  ,  Cc()o- 
gne,  1656,  in-4°.  III.  Un  Trahi 
du  ArchichaneelUrs  du  Saint  Empire 
Romain ,  des  Papes  &  des  CardÊnaum 
Allemands  ,  de  la- primauté  des  trois 
métropoles  d'Allemagne ,  &  des  Chan- 
eethrs  de  la  aour  <fe  ^om<  ,  Munfler , 
1640 ;  Gênes,  1665  ;  &ibid ,1715, 
în-4**.  Cette  dernière  édition  efî 
ornée  d'une  Pré&ce  hifloriqué.  Ces 
ouvrages  font  recommandables  par 
M    profondeur    des.-  Techerches, 


M  A  t         5î^ 

L'auteur  avoit  beaucoup  lu  ,  À 
retenu  prefque  tout  ce^  qu'il  avoit 
lu. 

MALO,  (Saint)  ou  MÀclou, 
eu  Mahout  ,  fils  d'un  gentilhonî^ 
me  de  la  Grande-Bretagne ,  &  côu* 
ûn-germain  de  S*  Samfon  &  de  Si 
Maglolre ,  fut  élevé  dans  un  mo* 
naflere  d'Irlande ,  puis  élu  évêqt!e 
de  Gui-Caftel  *,'  mais  fon  humilité 
lui  fît  refufer  cette  dignité.  Le 
peuple  voulant  le  contraindre  dlio* 
cepter  la  crofTe,  il  paflâ  en  Bre- 
tagne, &  fe  mit  fous  la  conduite 
d'un  faim  folitairc  nommé  Aaron , 
proche  d'Aleth.  Quelque'  temps 
après ,  vers  541 ,  il  fut  élu  évêque 
de  cette  ville ,  &  il  y  fit  fleurir  la 
religion  &  la  piété.  Il  fe  retira 
enfuite  dans  la  foUtude  auprès  de 
Xaintes,  &  y  mourut  le  15  No- 
vembre 565.  C'eil.de  lui  que  la 
ville  de  Saint-Malo  dre  fon  nom  « 
parce  que  foii  corps  y  fut  tranf- 
porté,%près  que  la  ville  d*Aieth 
eut  été  réduite  en  village  nomme 
Guidalet  ou  GtdchaUt ,  &  qué  le 
iiege  épifcopal  fiit  transféré  à  Sain^ 
Malo. 

MALO  >  (  le  Cardinal  de  Saint-  ) 
Voye\  Briçonnet. 

MALOUIN ,  (  Paul- Jacques  )  né 
en  170 1  à  Caen,  fiit  profefleur  de 
médecine  au  collegc-royal  à  Paris  , 
médecin  ordinaire  de  la  reine ,  & 
membre  de  la  fociété  royale  de 
Londres  &  de  l'académie  deis  fcien« 
ces  de  Paris.  Il  mérita  ces  places 
par  des  co^noifTances  très-étendues 
en  médecine  &  en  chimie ,  &  fe 
fit  &t&  amis  &  des  'proteâeurs  par 
un  caraâere  aimable  &  folide.  II 
étoit  très-différent  de  plufieur»  mé* 
de^ms  modernes  qui  croient  ^fort 
^peu  à  la  médecine.'  Il  n'aimoit  pas 
qu'on  médît  de  fon- art.  Il  difott 
un  jour  à  tm  jeune-homme  qui 
prenoit  cette  liberté  :  Tout  les' grands'* 
hommes  ont  honoré  la  nUdeciiW..,  Aht 
hii  diioit  le  jciiae  me cicasit  >  U^m: 


558        MAI; 

mi  moins  Htranchw  de  la  â/U  un  «ef- 
iëÎM  MouiKi*..  Auffi ,  répliqua 
fur  le  champ  le  doâeur ,  voyti  com- 
pêU^  mon.  On  a  dit  cpi'il  croyoit 
à  la  certitude  de  fon  art,  comine 
un  mathématicien  à  celk  de  la  gco- 
inétrie.  Ayant  ordonné  beaucoup 
lie  remèdes  à  un  homme  de  lettres 
célèbre  «qui  les  prit  exaÔement, 
&  ne  iaafia  pas  de  guérir  ;  MaUmn 
lui  dit  en  rembraiUnt  :  Vom  êtes 
digiu  d*étn  malade.  Comme  U  e(ti- 
moit  les  préceptes  de  la  médecine  « 
encore  plus  pour  lui  que  pour  les 
autres,  fon  régime»  fur-tout  dans 
ies  dfrnieres  années ,  étoit  auderc. 
11  pranquoit  avec  févérité  la  mé- 
decine préfervative ,  plus  fûre  que 
la  curative.  Ce  régime  valut  à  Ai^- 
iomn  ce  que  tant  de  philofophes 
ont  déûré ,  cme  vieillefie  faine  & 
une  mort  douc^  il  ne  connut  point 
ies.infînnités  de  l'âge,  &  il  mou- 
rut à  Paris  d'apoplenie  le  3  Jan- 
vier 1778  •  dans  fa  77®  alliée.  Far  _^ 
fon  teôament,  il  £t  un  legs  à  la 
faculté  de  Médecine ,  fous  la  con- 
fiition  de  tenir  tous  les  ans  une 
aiTemblée  publique,  pour  rendre 
compte  à  la  nation  de  fes  travaux 
&  de  fes  découvertes,  Malouîn  fut 
à  la  fois  économe  &  déiintérefîe. 
Après  deux  ans  d'une  pratique  très* 
luaative ,  il  quitta  Paris  pour  Ver- 
failles  ,  où  il  voyoit  peu  de  mala- 
des ,  difant  qu'iî  s*àûit  retiré  à  la 
Coût»  Ses  principaux  ouvrages  font: 
I.  TrdiU  de  Chimie ,  1734,  in-12.  II, 
ÇhlmU  Médiàaale ,  175  5  ,  deux  vo- 
lumes in-12  ;  livre  plein  de  du>fes 
curieufes  ,  &  écrit  d'un  %le  qui 
ait  autant  d'honneur  à  Tacadémi- 
cieo  »  que  le  fonds  même  £n  fût  au 
levant.  Rien  ne  s'y  xefient  de  cette 
lente  prolixité  ,  de  cette  barbarie 
d'exjxceffions  ,  de  cette  obfcurité 
d'idées  9  qu'on  rqprochoit  aux  ai>r 
ciens  médecin^.  Tout  eft  d'un  liom- 
me  d'efj^rir*,  Qiais  peutrêtre  l'auteur 
^^fivu  OroB  ^g9Û$  l^our  lef  jpr^t 


MAL 

paradons  chimiques.  U  eut  U  ré»* 
putation  d'un  chimiile  laborieux , 
inilruit ,  distingué  même  pour  fon 
temps  ^  mais  plus  foible  à  la  vérité 
pour  le  nôtre ,  où  la  chimie  a  pris 
une  &ce  nouvelle ,  qui  pourroit  bien 
n'être  pas  la  dernière.  III.  Les  Arts 
du  Meunier ,  du  Boulanger  &  du  Kcr- 
mk^Uter ,  dans  le  recueil  que  l'a- 
cadémie des  iciences  a  publié  ikr 
It&ÂATs  &  Métiers.  Un  trait  qà 
fait  autant  d'honneur  à  fon  cœur 
qu'aucun  de  fes  ouvrages  à  fon 
e^rit  >  eft  ce  qui  arriva  à  une  feance 
de  l'académie.  M.  Parmentîer  ayant 
lu  devant  fes  conixeres ,  au  nombre 
defquels  étoit  le  vieux  doâeur ,  un 
nouveau  Traité  de  VArt  du  Boaùm" 
ger ,  où  quelques-unes  de  fes  idées 
étoient  attaquées  *,  le  jeune  académi- 
cien craignoi^fes  regards,  fâchant 
à  quel  point  Tamour  -  propre  eft 
facile  à  bleâer.  Mais  à  peine  fa  lec- 
ture fut-elle  Anie ,  que  Malomn  vint 
à  lui  ,  &  l'embraiTant  :  Recevez  mom 
compliment^  lui  dit -il  ,  vous  avei^ 
mieux  vu  çue  moi,,,  IV.  U  eu  encore 
auteur  des  Articles  de  Chimie  em- 
ployés dans  l'Encyclopédie....  De 
la  même  famiUe  étoit  Charles  Ma- 
LouiN ,  doâeur  agrégé  en  méde- 
cine, dans  Tuniverûté  de  Caen  , 
mort  en  17 18,  à  la  fleur  de  fon 
âge  ^  dont  on  a  un  Traité  des  Corps 
foûdes  &  des  fluides  ^  Paris,  1718, 
in-  12. 

MALPIGHÏ  ,  (Marcel)  vit  le 
îour  à  Crevalcuore ,  d|ps  le  voiû- 
nage  de  Bologne,  en  1628.  Ses ta- 
lens  liû  méritèrent  une  place  de 
profdTeur  de  médecine  dans  cetl^ 
dermere ville,  en  1656.  Le  grand- 
duc  l'appela  eqfuite  à  Pife  ;  mais 
l'air  lui  étant  contraire ,  il  retourna 
à  Bologne  en  1659.  U  remplit  \^ 
place  de  premier  profe£eur  en  mé- 
decine ,  dans  runiverûté  de  Pife ,  en 
1662 ,  &  retourna  encore  à  Bolot- 
gnc  4  ans  après,  La  fociété  royale 
de  Lçf^^  »  f<e%  l'#9çia  en  16^^ 


MAL 

ft  coi^ua  d'enfeigser  avec  repu» 
tation  jufqu'en  1691.  Le  cardinal 
Antoine  Pignatelli ,  qui  l'avoit  connu 
à  Bologne  pendant  fa  légation  , 
étant  monté  fur  le  trône  pontifical 
i}ans  le  nom  d'Innocent  XII  y  l'ap- 
pela à  Rome  >  &  le  fît  £on  premier 
médecin.  Ce  ikvant  étoit  d'un  ca- 
yaâereférieux&  mélancolique.  On 
ùât  que  les  perfonnes  de  ce  tempé- 
rament font  confiantes  au  nravail. 
I>€s  qu'il  vouloit  favoir  quelque 
chofe,  il  fe  donnoit  avec  plaiitr 
toutes  les  peines  nécefiaires  pour 
l'apprendre.    Quoiqu'il    aimât  la 
gloire ,  il  étoit  modefte  au  milieu 
des  éloges  que  fon  mérite  lui  pro- 
curoit.  Sa  ûuité  étoit  très-délicate  ; 
Se  il  eut  befoin ,  pendant  toute  fa 
vie,,  des  refiburces  de  fon  art  pour 
la  ménager  ou  pour  la   rétablir. 
Malpighî  mourut  d'apoplexie  à  Ro- 
fBe  »  dans  le  palais  Quirinal ,  le  19 
Novembre  1694 ,  âgé  de  67  ans , 
laiflant  tm  grand  nombre  d'ouvra- 
ges en  latin  ,  qui  prouvent  qu'il 
s'étoit  plus  occupé  d'anatomie  que 
de  belles-lettres.  Son  ftyle  eft  in- 
correâ ,  obfcur  ,   embarrafTé.  Ses 
principaux  écrits  font  :  1.  Piantarum 
Jnatome  ^  Londini ,  1675  &  1679 , 
%  tomes  en  un  vol.  in-folio ,  figures. 
II.  Epîflol^  varU^.  III.  Dlffertatlones 
Eplfto&ca,  de    Bombyce  ,   Londini  , 
^669 ,  in-4** ,  figures.  IV.  De  far- 
^  madone  Pulli  in  ovo.  Ces  deux  der- 
niers ouvrages  ont  été  traduits  en 
françois.  V;  Confultationes ,  in-4® , 
^71 3.  VI.  De  cerebro  ,  ie  Imptâ  ,  de 
externo  taciûs  organo  ,  de  ommtto  ,^  de 
plnguedîne  &  ad/pofis  duclihus.    VII. 
Exerckatio    anatomica    de    Vîfcerum 
flrucbtrâ.  VIU.  Dîffertaùones  de  Po- 
lypo  cordîs  y    &  de  Pulmombus ,  &c. 
Les  Ouvrages  de  Maipi^  ont  été 
imprimés  à  Londres  en  16,86 ,  deux 
vol.  in-folio  ;  &  fes  Œuvres^  pofihw 
tntf ,  précédées  de  fa  Vit ,  ont  paru 
à  Londres  en  1697  ;  à  Venife ,  en 
S6.93  %  iorfolio;  &  à  Amfierdam» 


M  A  L       Tî9^ 

m^e  année ,  ia-4^.  On  a  réùn-»' 
primé  tous  ît&  ouvrages  à  Venife  , 
1733  ,  in-folio  ,  avec  des  notes  de 
Pauf&n  GavînelU»  [  Voy,  11.  Regxs.  } 
Ce  favant  homme  n'étoit  pas  égoïfie; 
il  ne  rougifibit  pas  d'attribuer  l3< 
plupart  de  fes  découvertes  à  fon 
ami  BoreUX  ,  qu'il  avoit  connu  à 
Pife. 

M  ALT  HE ,  (les  Chevaliers  de) 
Voy.  les  labiés  préliminaires  -,  ficles 
articles  Aubusson  ;    Gérard  ; 

GOZON;  LasTIC  ;   Raimond  Dv^ 

PU  y  -,  //.  Chambrai  y  Valette; 
Parisot  ;  H^/ton  DE  Villeneu- 
ve i  ViLLARET  -,   II.   ViLLIERS.- 

MALTHE ,  (  les  Relipeufes  de  ) 
Foyei  Galiote. 

MALVASIA,  (Charles-Céfar) 
noble  Bolonnois  &  clumoine  de  la 
cathédrale,  cultiva  les  arts  &  les 
lettres  dans  le  fieclc  dernier -,  nous 
lui  devons  une  afifez  bonne  Hifiolre  , 
en  italien ,  des  Peintres  de  Bologne  ^ 
in-4°  ,  en  a  vol. ,  1678.  Le  comte 
Malvafiay  fait  paroître  un  peu  trop 
d'enthoufiafme  ;  mau  ce  fentiment 
eft  pardonnable  dans  un  compa- 
triote. On  attaqua  fon  livre  avec 
chaleur ,  &  il  fut  défendu  de  même. 
On  a  en(îore  de  lui  un  ouvrage, 
qui  a  pour  titre  :  Marmora  Ftlfinea  , 
1690,  in-4**. 

MALVENDA  ,  (Thomas)  Do- 
minicain ,  né  à  Xativa,  en  1566, 
profefTa  la  philofophie  &  la  théo- 
logie dans  fon  ordre  avec  beaucoup 
de  fuccès.  Le  cardinal  BaroniiA  ,  à 
qui  il  écrivoit  pour  lui  indiquer 
quelques  fautes  qui  lui  étoient 
échappées  dans  l'édition  de  fon' 
Martyrologe ,  trouva  tant  de  difcer- 
nement  dans  la  lettre  de  c&  Domi- 
nicain ,  qu'il  ibuhaita  l'ave ir  auprès 
de  lui.  Il  engagea  fon  général  à  le 
faire  venir  à  Rome ,  tfin  de  profiter . 
de  fcs  avis.  Maivenda  fut  d'un  grand 
fecours  aie  célèbre  cardinal.  On  le 
dtarge^  en  mtoe  temps  de  réformer 
tous  les  Uvses  eccléfiafiiques  de  fon  * 


54»       MAL 

«rdre:  continiiBoa  4oot  il  s*iKqiitnt 
9V€C  applaudiflemeftt.  Il  mourut  à 
Valence  em  ETpagne,  le  7  Mai  161S, 
à  63  ins.  Ses  ouvtages  font  :  I.  Un 
traité  De  Anûchrlfto  ,  dont  la  meil> 
leure  édition  eft  cell^  de  Venifé, 
s6zi ,  in-folio.  IL  Une  nouvelle 
VafiiM^  texte  hébreu  de  la  ^/^/e, 
avec  des  notes ,  imprimée  à  Lyoyn 
«a '1650,  en  5  vol.  in-folio.  Ces 
ouvrages  font  eftimés  des  ikvans. 
lyiais  fon  Traïêé  de  l'Antcehrîft  , 
renferme  quekpies  idées  qui  pour- 
roient  être  appuyées  fi»  des  preu- 
ves plus  folides.  On  a  encore  de  lui  : 
^naUs  ofd,  Prcedicatorum ,  Naples  ^ 
X627  ,  ia-fol.  Voy,  m.  DiAZ. 

MALVEZZI  ,  (VirgUio  .  mar- 
dis de  )  gentilhomme  Boulonnois , 
^voit  les  belles  -  lettres  «  la  mufi- 
^ue ,  le  droit,  la  médecine,  les  ma- 
àiématîques ,  la  théologie ,  &  même 
raArologie  ,  à  laquelle  il  fiit  for- 
tement attaché ,  quoiqu'il  fe^nit  de 
la  méprifer.  Il  forvit  avec  diftinc- 
tion  dans  les  armées  de  PhiQppc 
IV  ♦  roi  d'Efpagne ,  qui  l'employa 
<lans  la  guerre  &  dans  les  négocia-* 
^ons.  Il  réuffit  dans  ces  deux  gen- 
res. Il  mourut  à  Cologne  »  en  16  ^4 , 
à  5  5  ans  t  laiiTam  divers  écrits  :  I. 
pijcorfi  foprà  Comelio  Taeito ,  Ve- 
inie ,  16  3  y ,  in-4®.  Il  y  montre  beau- 
coup d  érudition  ;  il  en  ^t  même 
étalage.  Il  cite  grand  nombre  de 
i)3flages  de  l'Ecriture  &  des  Pères , 
^i  n'ont  qu'un  rapport  très-éloi- 
gné  à  Tacite,  Il  fe  fert  de  certai- 
Ti&s  diftinfUons  fcolaitiques,  phis 
^gnes  d'un  pédant ,  que  d'un  poli- 
tique &  d'un  commentateur  de  Ta- 
^.  II.  Optrc  Iflorîche ^  1656,  in-12. 
III.  Ragioni  per  U  quaâ  ietterJti  crc  ' 
^no  non  poUrfi  avaniàre  nelle  cortl  : 
ce  difcours  fe  trouve  dans  les  Sag^ 
gi  academlci  ,  d&Mafeardi^  Venifo  , 
i63o,in-4**. 

MALVINA ,  Foyex  Ossian. 

MAMBRÉ  ,  Amorrhéen.f ,  frère 
(^hisr  &  à*Efcholi  as  étoient  tous . 


MAL 

trois  arnSs  à*Ahaham.  Us  lui  Tàiè* 
teat  à  combattre  les  AiTyriens  ,  8t 
i  délivrer  Loth  que  ces  peuples 
avoient  fak  prifonnier.  Mambré  ha* 
bitoit  une  beUe  vallée,  qui  retint 
fon  nom.  Ce  fot  dans  cette  vallée , 
fituée  dans  le  voifînage  de  la  ville 
dHébron  de  la  tribu  de  Juda ,  qu'^- 
hraham  fot  honoré  de  la  viûte  de 
trois  Anges  qui  lui  annoncèrent  fit 
naiâance  d*Ifaac, 

MAMBRÈS,  l'un  des  Magiciens 
qui  s'oppc^erent  à  Moyfeàxas  l'E- 
gypte, &  qui  imitoient  par  leurs 
prdliges  les  vrais  iftirades  de  ce 
légtilateur. 

MAMBRUN  ,  (  Piene  )  poète 
Laûn  de  la  fociété  des  Jéfuices  » 
né  à  Oermont  en  Auvergne  l'an 
1600,  profeâà  la  rhétorique  à  Pa- 
ris, la  phiiofophie  à  Caen,  &  en- 
fin la  théologie  à  la  Flèche ,  ou  if 
mourut  le  31  Oébobre  1661  y  à 
61  ans.  Ce  Jéfuîte  avoit  de  l'é- 
lévation dans  le  génie  ,  d^  l'élé- 
gance &  de  la  facilité  dans  la 
compoiîtion.  Ses  ouvrages  font 
écrits  purement ,  &  fa  verfiiication 
eft  exaâe  &  hanoonieufe.  Il  pof- 
fédoit  parâitpment  fon  Virgile  ^  &  il 
a  été  un  de  fes  plus  heureux  imi- 
tateurs ,  fi  l'on  en  *  juge  par  la  ca- 
dence de  {e&  vers  ,  par  le  nombre 
de  fes  livres ,  &  par  les  trois  genres 
de  poéfie  auxquels  il  s'eft  appliqué. 
Nous  avons  de  lui  :  I.  Des  E^lo" 
ffies,  II.  Des  Géorp^ues ,  en  4  livres» 
qui.  roulent  fur  la  culture  de  l'ame  & 
de  Pc/prit,  III.  Un  Poëme  héroïque 
en  12  liv. ,  intitulé  Conftantîn  ou  T/- 
doldtne  terraffet ;  la  Flèche,  1661  , 
in-£ol.  &  Paris ,  1652 ,  in-4**  -,  il  eft 
précédé  d'une  Dijfenatîon  latine  fur 
le  Poème  épique ,  écrite  &  raifon- 
née  fupérieurement.  Le  Père  Mam» 
brun  étoit  ^  la  fois  bon  poëte  & 
excellent  critique. 

L  MAMERT ,  ('Saint  )  cfiebre 
évêque  de  Vienne  en  Dauphiaé  , 
eut  un  difi^rént  avec£«>i»«e  Ëvè* 


MAM 

i|u€  d'AHes  ,  touchant  la  fufifra- 
gance  du.  £ege  de  Die  :  le  ?2ft 
Saiat  araire  protoonç^  contre  lui. 
Il  inftitua  les  Rogations  l'an  469. 
J<es  calamités  pubÛques  furent  Toc- 
caflon  de  ce  faint  établififement  y 
qm  a  paiTé  depuis  d^ns  toute  VEr 
gUTe*  Ce  fut  le  pape  Léon  III  qui 
les  établit  dans  l'églife  Romaine. 
On  les  nomma  la  LUanie  Gallî* 
ێMs  ou  les  petites  LitanUs^  pour 
les  diftinguer  des  grandes  Lita- 
nies qu'on  célébroit  le  25  Avril  , 
jour  de  S.  Marc.  Ce  pieux  pcélai 
mourut  en  47  5. 

IL  MAM£RT ,  (  Qaudien  )  frère 
du  pjrccédent.  Kcyq  Claudien» 

MAM£RTIN,  (  Glande)  orateur 
du  ix^  ixecle ,  fut  élevé  au  confu- 
lat  par  JuUenVApoftat ,  en  ^62.  Pour 
remercier  ce  prince,  il  prononça 
en  fa  pxéfence  un  Panégyrique  ladn 
que  nous  avons  encore.  [  Vey» 
l'Hijftoire  Littéraire  de  France  par 
Dom  Rlvu  ,  tom.  i,  ]  Qn  le  croit 
iils  de  Clawit  Mamertjn  ,  qui  pro- 
nonça deux  Panégyriques  à  la  l^Udfnge 
de  MaximUn-HeratU  y  vers  Taç  191. 
On  les  trouve  dans  les  Panegyrid 
veteres  ,  ad  ufum  Delphini  »  1677  , 
in-4^.  Au  refte ,  le  père  &  le  £1$ 
pouiTerent  im  peu  trop  loin  la 
ilatterie. 

MAMMÉ£ ,  (  Julie  )  étoit  mie  de 
JuUus  AvituÊ  y  &  mère  de  l'empe- 
reur Alcxandrc-Sévero,  Cette  prin- 
cdSe  avoit  de  l'efprit  &  des  moeurs. 
£lle  don^a  une  excellente  éduca- 
tion à  fon  fils ,  &  fut  fon  confeil 
lorsqu'il  fut  parvenu  au  trdne  im- 
périal. Elle  écarta  les  flatteurs  & 
les  corrupteufs  ,  &  n'éleva  aux 
premières  places  que  des  hommes 
de  mérite.  Prévenue  en  ficiveur  du 
Chriflianifme  ,  elle  envoya  cher- 
cher Origene  ,  pour  s'entretenir  avec 
lui  fur  cette  religion ,  qu'elle  em- 
hraila  ,  félon  pluôeurs  auteurs. 
Mammét  ternit  fes  vertus  par  des 
lié&^u^t  ^^  étiO.it  cruelle  ^  %yare , 


MAM        Ç4Ï 

.&  vouîoit  s'arroger  l'autoiîté  fow- 
veraine.  Des  foldats  mécontcns  , 
&  pouâës  «  la  rébellion  par  le 
Goth  Maxhnîn  ,  la  maffacrerent 
avec  fon  fils  en  235  à  Mayence. 

MAMMONE,  Dieu  des  riche^ 
îti  chez  les  Phéniciens  ,  étoit  lé 
même  que  Plutus  chez  les  Ro- 
mains :  [  Voyei  ce  mot,  J 

MAMOUN  y  Veyti  Amin. 

MAMURIUS,  (  Veturïnus)  cit^ 
bre  ouvrier  en  cuivre  qui  floriffoit 
à  Rome  du  temps  du  roi  Numa,  Cf 
fut  lui  qui  fit  les  boucliers  facré* 
appelles  Anclâa  ,  à  la  reflemhlancç 
de  celui  qui  étoit  tombé  du  ciel  ^ 
&  pour  récompenfe  de  fon  travail  » 
il  ne  demanda  autre  chofe ,  fînoa 
que  les  Saliens  cliamafTem  fon  nom 
dans  leurs  hymnes. 

MAMURRA  y  chevaUer  Ro- 
main ,  natif  4e  Formium  ,  accomr 
pagna  Jules  Céfar  dans  les  Gaules, 
en  qualité  d'intendant  des  ouvriers;. 
Il  y  aniaiTa  des  richelTes  immeofes  ^ 
qu'il  dépenfa  avec  la  même  Êtcilité 
qu*il  les  avoit  acquifes.  Il  fit  bâ- 
tir un  palais  magnifique  à  Roine, 
fur  le  Mont  Cœlius.  C'efl  le  pre* 
mier  qui  fit  incrufler  de  marbre 
les  musailles  &  les  colonnes.  CVir 
tulU  a  fait  des  épigrammes  très^ 
fatirlques  contre  lui  ;  il  l'y  ao- 
cufe  non  feulemem  de  concuf»* 
fion  y  mais  e&core  de  débauche  ayec 
Céfar, 

I.  MANAHËM  ,  fils  de  Gaddl^^ 
général  de  Tarmée  de  Zacharîe  roi 
d'Ifraël,  étoit  à  Théria,  lorfqu'il 
apprit  la  mort  de  fon  .maître,  que 
Sell^m  avoit  tué  pour  régner  en 
fa  place.  Il  marcha  contre  l'ufur- 
pateur  ,  qui  s'étoit  renfermé  dans* 
Samarie,  le  tua  ,  &  monta  fui^  le 
trône  ,  où  il  s'affermit  par  ïe  fe- 
cours  de  Pfad  foi  des  AfTyriens  ^ 
auquel  il  s'engagea  de  payer  un 
.tribut.  Ce  prince  gouverna  pendant 
dix  ans^  &  ait  auffi  impie  «av«« 


54*         M  AN 

Dieu  qu'injufte  envers  fes  ftijecs. 
Il  mourut  l'an  761  avant  J.  C 

IL  MANAHËM,  de  la  feâedes 
Eflléniens,  fe  mêloit  de  prophétî- 
fer.  U.  prédit  à  Hérodi  (  depuis  nom- 
mé à  Grand ,  )  encore  jtfune ,  qu'il 
feroit  un  jour  roi  des  Juifs;  mais 
«pi'il  fouffriroit  beaucoup  <Uns  fa 
royauté.  Cette  prédiûion  fit  que 
ce  prince  eut  toujours  un  grand 
refpeû  pcmr  les  EiTéniens. 

IIL  MANAH£M,  fils  de  Judo, 
CallUeny  &  chef  des  féditieux  con- 
tre les  Romains  ,  prit  de  force  la 
forterefle  de  Maflada,  pilla  Tarfe- 
nal  àJHérodc  U  Grand  ,  qui  écoit 
mort  depuis  peu  ,  arma  fes  gens 
&  fe  fit  reconnoître  roi  de  Jéru- 
faleni.  Un  nommé  EU^iar ,  homme 
puifiant  &  riche ,  fouleva  le  peu- 
ple contre  cet  ufurpateur  ,  qui 
fat  pris  &  puni  du  dernier  fup- 
plice. 

IV.  MANAHEM  ,  prophète 
Chrétien  ,  frère  de  lait  d^H^rodt" 
Andpas ,  ftit  im  des  prêtres  d'An- 
tÎ!^he  àqui  le  Saint-Ëfprit  ordonna 
d'impofer  les  mains  à  Paul  &  à 
BoT^ahé  ,  pour  les  envoyer  prê- 
cher l'Evangile  aux  Gentils.  On 
croit  que  ceManahem  étoit  du  nom- 
l»tt  des  72  difciples ,  &  qu'il  mou- 
rut à  Antioche. 

/.  MANASSÉS ,  fils  aine  de  Jo- 
fyh  &  è^Afain^  ,  &  petit-fils  de 
/«co^ ,  donc  le  nom  îti^ûAt.  l'cvbU , 
parce  que  Jofeph  dit  à  fa  naifiance  : 
pUu  m*d  fait  otihBcr  tcuM  mes  pu-- 
nés  ^  &  U  mat/on  de  mon  pert  \  na- 
quit Tan  17 12  avant  Jefus-ChriiL 
Jacoh  étant  au  lit  de  mort ,  Jofeph 
lui  amena  fes  deux  fils  ,  afin  que 
Je  faint  vietllavd  leur  donnât  fa 
bénédiâion  ;  &  comme  il  vit  que 
'  fon  père  mettait  fa  main  gauche 
fur  Manafes  ,  il  voulut  lui  faire 
changer  cette  diipbficton  :  Jacoh 
infifia  à  vouloir  les  bénir  de  cette 
mùiiere ,  en  lui  difant  que  l'aîné 
iisroicpm  d€.  pluiieiffi  peuple»  \ 


M  A  N 
maSs  que  fon  cadet  (  Ephraîm  >  ît^ 
roit  plus  grand  que  lui ,  &  que  ia 
poflàité  produiroit  l'attente  des 
nations. 

//.  MANASSÉS  ,  roi  de  Juda  , 
ayam  fuccédé  à  fon  père  EiéchUs 
à  l'âge  de  12  ans ,  fignala  les  com- 
mencemens  de  fon  règne  par  tous 
les  crimes  &  toutes  les  aî>omina- 
tions  de  l'idolâtrie.  U  rebâtit  les 
hauts  lieux  que  fon  père  avoir  dé- 
truits, drefia  des  autels  àBaal^  & 
fit  pafièr  fon  fik  par  le  fèa,  en  Thoo- 
nenr  de  Holoc,  Le  prophète  If  me , 
qui  étoit  beau-pere  du  roi ,  s'éleva 
fortement  contre  tant  de  défordres  \ 
mais  Manafsès ,  loin  de  profiter  de 
fes  avis  ,  le  fit  fàifir  &  couper  par 
le  milieu  du  corps  avec  une  fcie  de 
bois.  La  colère  de  Dieu  éclata  enfin 
contre  ce  tyran ,  vers  la  22^  anné^ 
de  fon  règne ,  l'an  677  avant  I.  C. 
Affarfiaddon  fTOÏ  A*  Attyrie  y  envoya 
une  armée  dans  fes  états.  U  fut  pris , 
chargé  dé  chaînes ,  &  emmené  cap- 
tif à  Babylone.  Son  malheur  le  fit 
titrer  en  lui-même.  Dieu,  tou« 
ché  de  fon  repentir  ,  le  tira  des 
fers  du  roi  de  Babylone  ,  qui  lui 
rendit  fes  états.  Manafsès  revint  à 
Jérufalem  ,  où  il  s'appliqua  â  ré- 
parer le  mal  qu'il  avoit  Eût.  II 
abattit  les  autels  proÊines  qu'il 
avoit  élevés ,  rétablit  ceux  du  vrai 
Dieu,  &  ne  négligea  rien  ponr 
porter  fon  peuple  à  revenir  au  culea 
du  Seigneur.  Il  mourut  l'an  64% 
avant  J.  C.  â  67  ans ,  après  en 
avoir  régné  ^  5 . 

///.  MANASSÉS,  Jeune  clerc» 
d'une  famille  difBnguée de  Reims, 
ufurpa  par  fimonie,  en  1069  j  le 
fiege  épiicopal  de  cette  ville.  Ses 
mauvcus  procédés  dans  l'exerdoe 
de  fa  dignité  ayant  excité  des  mur- 
mures, il  fut  cité  en  vain  au  tribu- 
nal des  légats  du  pape  &  dansplu- 
fieurs  conciles  :  on  fiit  obligé  de  le 
condamner  par  contumace ,  Ôc  l'on 
pron^oça  ^%o|ence  de  dépofitioà 


MAN 

m\  concUe  de  Lyon ,  tenu  Tan 
loSo ,  qui  fut  confirmé  par  celui 
de  Rome  la  même  année.  Manaf- 
9€s ,  non  moins  indocile  que  cou- 
pable, voulut  encore  fe  maintenir 
for  fon  fiege  par  les  armes  *,  mais 
après  de  vains  efforts  ,  il  quitta 
Reims  ,  &  pafTa  en  Paleftine ,  le 
ihéàtre  des  Croisades ,  où  il  ne  fut 
pas  meilleur  guerrier  qu'il  n'avoit 
été  bon  prélat  :  il  fut  pris  prifon- 
nier  dans  un  combat,  &nerecou* 
wra  fa  liberté  qu'en  1099.  Son 
ApologU  fe  trouve  dans  le  Mufaum 
Itaucmm  de  Dom  Makil/on, 

MANASSÈS ,  Fcye{  CONSTAK- 
tin-Manassàs  ,  n^  X. 

MANONËLLI,  (Antoine)  né 
à  Velletri  en  1452 1  enfeignales 
l^lles-lettres  dans  divers  endroits 
dltalie  avec  beaucoup  de  fuccès , 
êi  mourut  vers  l'an  1 5  06. On  a  de  lui 
quatre  Poëmes  latins  :  I.  De  flori- 
ittSt  Dcfiguris,  De  Poetica  virtuu. 
De  vUaftti\Vzx\£,  in-4*'.  II.  Epîgram^ 
maui,  Venetiis,  1500,  în-4°.  IlL 
Des  Notes  fur  quelques  Auteurs  La- 
tins. 

L  MANÇINI,  (Paul)  baron 
Romain ,  fe  fît  prêtre  après  la  mort 
die  fa  femm^  »•  VîttorU  CappotL  II 
avoit  eu  deux  fils  de  ce  mariage  : 
I^liné,  FrjnçotS'Mane  Mànàm^  fut 
nommé  cardinal  à  la  recomman- 
éSùondcL0irisXiy,\e  5  Avril 
1666.  Le  cadet  Makel-Laurent  Mon' 
€  nîy  ipwiîzSironynu  Ma^afin ,  foeur 
puînée  du  cardinal  Malawi ,  dont 
â  eut  plufieurs  enfans  :  entr'autrcs , 
PhUt^e'/ulicn  ,  qui  joignit  à  fon 
nom  celui  de  MaytrUi  ;  &  Laure- 
yiSoire  Manchd  ^  mariée  en  165 1 
à  LottU  duc  âe  VendSme  ,  dont 
elle  eut  les  deux  fameux  prin- 
ces de  ce  nom.  Tout  îe  monde 
connoît  les  illuftres  de(cendans  de 
Michd'ÎAiÊrait  Mancmî.  [  Voye^  ix, 
fiUGZNE  -,  NXVERS)  XV»  COLOK- 

UB-,  Martimoszi-,   //.  Maza- 
HIN.  )  Pm^MAfmtà  culttvoitki.  fi^ 


térature  &  aimait  les  gens  de  let^ 
très ,  &  c'efl  un  goût  qui  paffa  ^  ît 
famille.  L'académie  des  HtmorlJUs 
lui  doit  fon  origine. 

II.  MANClNI ,  (  Jean-Baptiflc  y 
né  d*une  famille  dilRFéreme  du  pré-' 
cèdent ,  mort  à  Bologne  (a  patrie 
vers  l'an  1640 ,  fe  fit  des  amis  il- 
luflres,-  &  compofa  divers  ouvra-^ 
ges  de  morale ,  dom  Scudeti  a  trsh 
duit  une  partie  en  françois.  Cetau-^ 
teur  avoit  de  l'imagination,  mais 
fans  goût.  Son  ftyle  efl  enflé  fit 
extravagant. 

MANCO-CAPAC ,  fondateur  & 
premier  Inca  de  Tempire  du  Pérou. 
Après  avoir  réuni  &  civiHfé  les 
Péruviens,  il  leur  perfuada  qu'if 
étoit  fils  du  Soleil  :  leur  apprit  à 
adorer  intérieurement  &  comme  uit 
Dieu  fuprême ,  mais  inconnu  ,  Pa^ 
çhacimac ,  c'eil'-à-dire  ,  Pâme  ou  lé 
foutlen  de  VVtttrers\  &  extérieure- 
ment &  comme  un  Dieu  inférieur, 
mais  vifible  &  connu ,  le  Solàt  font 
père.  Il  lui  fit  dreiïer  des  autels  fi? 
offrir  des  facrifices  en  reconfloif^ 
ûnce  des  bienfaits  dont  il  les  com*^ 
bloit.  Le  Pérou,  avtfnt  la  révolu- 
tion de  1557 ,  étoit  un  empire  par- 
ticulier ,  dont  lesfouverains  étaient 
très-puiàans  &  très- riches  ,,à  cauîb 
des  mines  d'or  fie  d'argent  que 
renferme  ce  p^ys.  Sa  ridieiTe  Jur 
fut  funefle  :  les  Efps^ols ,  qui  dai£» 
leurs  courfes  lointaines  domroien^ 
le  préférence  aux  contrées  qui  pro- 
duifdient  l'or ,  en  tentèrent  la  con- 
quête. Masco  y  le  dernier  Inca,- 
frère  A*Hw^'cnr  concurrent  du  mal- 
heureux Atatthi ,  fiit  forcé  par  DU-i 
go  d^A/magro ,  de  fe  forunettre  au 
roi  d'Efpagne  -,  fit  depuis  ce  tempsr 
le  Pérou  eft  habité  par  des  Efpa* 
gnols  Créoles  fie  par  des  Indiens; 
naturels  du  pays ,  dont  une  partie 
a  embraffé  te  Chrtftianifme,  fie  obéit 
t  un  vic&-roi  puiffiint  *noîftmB  pair 
h  couronne  d'Efjpagme;  Tautré  par- 
ie^,  le  plu»  petite  d«  deiar,  cft*  tef*' 


544        MA,1? 

tée  idolâtre ,  &  vit  dans  une  efpe- 
ce  d'indépendance. 

MANDAGOT,  (Guillaume  de) 
d'une  famille  illuîhre  de  Lodeve, 
compila  le  vi*  livre  des  Dé- 
créttles ,  par  ordre  du  pape  ^u- 
nîfacc  VIII  ,  conjointement  avec 
Jpr^doli  &  Richard  Ae  Sienne.  U  mou- 
rut à  Avignon  en  13  21  ,  après 
avoir  étéfucceflîvement  archidiacre 
de  Nîmes ,  prévôt  de  TTouloufe , 
archevêque  d'Embrun ,  puis .  d' Aix , 
&  enfin  cardinal  &  évêque  de  Pa- 
iefirine.  On  a  de  lui  un  Traité  de 
tiUSâon  des  Prélats^  dont  il  y  a 
cu.pluûeurs  édidoiÀ.  Nous  con- 
noiiïbns  celle  de  Cologne ,  160 1  ^ 
in^8^ 

MANDAJORS,  T^y^MENDA- 

lORS. 

MANDANES  ,  philofophe  & 
prince  Indien ,  renommé  par  fa  fa- 
geiîe»  fiit  invité  par  les  ambafTa- 
deurs  A' Alexandre  U  Grand  ^  de  ve- 
nir au  banquet  du  fils  de  Jupher, 
On  lui  promit  des  récompenfes 
s'il  obéiflbit ,  &  des  châtimens  s'il 
reçoit.  Infeniible  aux  promefTes 
&  aux  menaces ,  ce  philofophe  les 
renvoya  en  leur  difant;  QaAUxan'. 
dre  n^étuu  point  le  fils  de  Jupiter  » 
quoiqu'il  commandât  une  grande  partie 
de  l* Univers  ;  &  qu'il  ne  fe  fyucioit 
point  des  préfens  d'un  homme  quln'a^ 
volt  pas  de  quji  fe  contenter  lui-4ni~ 
me,,»  Je  méprlfe  /es  menaces  ^  ajouta.- 
t-il,  l* Inde  efi  fuffifanu  pour  me  faire 
fuhfifter  ^  fi  je  vis  ;&  la  mort  ne  itief 
fraie  point ,  parce,  qu'elle  changera  ma 
yleilLeffe^  mes  infirmités  en  une  mùl' 
hure  vie, 

'  "MANliESLO  ,  (  Jean-Albert  ) 
natif  du  pays  de  Meckelbourg,  fut 
page  du  duc  de  Hvlfteln^  ÔC  fuivit 
en  qualité  de  gentilhomme  les  am- 
baOiadeurs  que  ce  prince  envoya 
en  Mofcovie  &  en  PerTe  l'an  1636. 
n  alla  W'uke  à  Ormuz.,  &  de  là 
^'ux  Indes.  On  a  de  lui  une  ReU-' 


traduite  par  Vicquefirt,  Bile  eft  «f* 
tifflée. 

I.  MANDEVILIJE,  (Jean  de) 
médecin  Anglois  au  xiv^  iîecle« 
voyagea  en  Afie  &  en  Afrique.  Il 
publia^ à  Ton  retour  une  RelatUn. 
de  fes  (Voyages  ,  qui  eft  curieufe* 
On  la  trouve  dans  le  recueil  de 
Bergeron ,  la  Haie  ,1735,  in-4***  Elle 
eft  pleine  de  fautes  &  de  ^its  in« 
croyables.  Le  Voyage  de  Jémfalem. 
a  paru  en  latin  fous  ce  titre  :  /i*- 
nerarîus  à  terra  AngH*  ad  panes  Je-  ■ 
rofolynùtanas  ^  encaraâeres  gothi- 
ques, in-4**-,  à  la  fin  du  livre  ofl 
lit  Editas  anno  MCCCCLV in  dvi" 
tau  Leodienfi  ^  ce  qui  prouve  que 
Tart  d'imprimer  n'a  pas  tardé  d'être 
connu  à  ^Liege-.  U  mourut  dans 
cette  ville  le  17  Noven^bre  i372..» 
Il  ne  £aut  pas  le  confondre  avec  Hat* 
ri  de  MjtNJDEFiLLE  OU  Mondeville^ 
médecin-chirurgien  de  Philippe  U 
Bell  c  eft  le  même  que  Hermoi?- 
DANTiLLE  ,  Voye\  cc  mot. 

II.  MANDEYILLE  ,  (  Bernard 
de  )  médecin  Hollandois  né  à  Dort , 
mort  à  Londres  le  19  Janvier  173  3  ♦ 
363  ans ,  s'dl  fait  un  nom  malheu- 
reufement  célèbre  P^ii^  des  ouvrages 
impies  &  fcandaleux.  On  dit  qu'il 
vivoit  comme  il  écrivoit,  &  que 
(a  conduite  ne  valoit  pas  mieux 
que  fes  livres.  On  a  de  Im  :  I.  Ua 
Poëme  Anglois,  intitulé  :  The  Grum^. 
bllng  hive ,  c'efl  -  à  -  dire ,  VEjfain 
d* Abeilles-  mumurçnty  fur  lequel  il 
fit  enfuite  des  Remarques.  Il  pu- 
blia le  tout  à  Londres  en  1732s 
in-8°,  en  anglois-,  &  l'intitula  :X« 
Fable  des  Abeilles,  Il  prétend  dans 
cet  ouvrée  ,  que  le  luxe  &  les 
vices  des.p^cuUers  tournent  aa 
bien  &  à  l'avantage  de  la  fociécé. 
11  s'oublie  jufqu'à  dire  que  les  cri- 
mes mêmes  font  utiles ,  en  ce  qu'ils 
fervent  a  établir  une  bonne  légifla- 
tion.  Çt  livre  iraduit  de  Tanglois 
en  françois ,  parut  à  Londres  ea 
1740,  ça  4  voU  inr8°i  II.  ^<«/«» 

libres 


M  A  N 

l^mfurlaRiU^n ,  qui  firent  grand 
bruit,  auiH  bien  que  fa  Fab/c  des 
Ak^Uts^  m.  Recherches  fur  VorlgiM 
de  rHonmar,  &  fur  fuûIUé  du  Chrifi 
Hamfmc  dans  la  guerre  ^  1730  ,  in-8^. 
Il  contredit  dans  ce  livre  beatt- 
coup  d'idées  faufTes  &  téméraires 
qu'il  avoit  avancées  ddUsùiFahùdes' 
Ahe'Uia ,  &  il  reconnoit  la  néceffité 
de  la  vertu  par  rapport  au  bonheur. 
Van  Effen  traduiât  en  françois  les 
Fenfées  Uhres  ;  la  Haye,  I7i3,  in-il. 

MANDONIUS.&  INDIBILIS, 
étoient  deux  chefs  des  Efpagnols  qui 
avoient  rendu  de  grands  fervices 
à  Sàpwn  l'Africain  dans  la  guerre 
ë'ETpagne ,  &  qui  voyant  ce  géné- 
jral  d^gerçufement  malade,  fon-> 
f;erent  à  fe  révolter  &  à  furprendre 
les  Romans  pour  les  tailler  en 
pièces.  Leur  projet  ayant  échoué , 
Scipion  revenu  en  £mté ,  les  fît 
arrêter  &  amener  devant  lui  :  ils 
s>tttendoient  l'un  &  l'autre  i-  per^ 
^e  la  4ête  -,  mais  Scipion  ,  pour  ne 
point  imiter  ces  i  nations  barbares 
qui  l'avoient  bien  fervi,  Te  con- 
tenta de  leur  £ûre  une  forte  répri- 
mande ,  &  les  renvoya. 

MANDRIN  ,  (  Louis  )  naquit  à 
Saim-Etienne  de  Saint-Geoirs ,  vil- 
lage près  la  Côte  de  Saint-André  en 
Dauphiné ,  d'un  maréchal.  Il  porta 
le  mou£<quet-  de  bonne  heure  \ 
mais  ,  las  des  aâujétii&mens  •  du 
jiiétier  de  foldat ,  il  déferta  >  fit  Is 
fetifie  monnoie  &  enfin  la  contre* 
bande.  Devenu  chef  d'une  troupe 
de  brigands  ,  au  commencement  de 
1754,  il  exerça  un  grand  nombre 
de  violences',  &  commit  pluiieurs 
afiaffinats.  On  le  pourTuivit  pen- 
dant plus  d'une  année ,  fans  pou- 
voir le  prendre.  Enfin  on  le  trouva 
caché  fous  un  amas  de  fagots  dans  un 
vieux  château  dépendant  du  roi  de 
Sardai^e,  d'où  on  l'arracha  malgré 
llmmunité  du  territoire  éttanger  , 
£iùf  à  fatisfaire  à  S.  M.  Sarde  pour 
$fifX&  efpece  d'infî-aâion*  U  lÀAt^coiVi 

Tome  f; 


éamné  H  la  roue»  îe  24  mat  lyfif  1 
par  la  chambre  criminelle  de^  Valen*- 
ce ,  &  exécuté  le  26  du  même  mois» 
Comme  ce  malheureux  exci&  pen-> 
dam  quelque  temps  la  rtditule  cu-*> 
riofité  des  défoeuvrés. de  France* 
&  qu'on  en  a  même  parlé  beaucoup 
chez  réfranger ,  nous  avons  cru 
pouvoir  lui  donner  une  place  dans 
ce  Diâionnaire*  Ce  fcélerat  avoit 
une  phyfionomie  intéreflante  ,  le 
regard  hardi ,  la  repartie  vive*,  mais 
il  étoir  d'ailleurs  gangrené  de  vices  » 
jureur ,  buveur ,  débauché ,  &  il  ns 
même  pas  plus  l'attemien  deslec-^ 
teurs  philofophesqne  C^Arosrcjif£^ 
doit  les  oifi£s  parlent  tant.  Celui-ci 
étoit  fils  d*un  tonnelier  de  Paris» 
Adonné  de  bonne  heure  au  jeu  ^ 
au  vin  &  aux  femmes',  il  fe  fit 
chef,  d'une  bande  qui  fe  ûgnàU 
par  des  vols  confidérables  &  par 
des  meurtres.  Comme.il  étoit  rid*é^ 
adroit  &  robufle ,  on  fut  quelque 
temps  iâns  pouvoir  l'arrêter.  Enfin 
un  foldat  aux  Gardes  avertit  qu'il 
étoit  couché  au  cabaret^  à. la  Coun- 
tille; on 4e  trouva  fur  une  paillaûe 
avec  un  méchant  habit ,  fans  phè-^ 
mife,  &as  argent  &  couvert  de  ver«> 
mine;  Il  fubit  la  peine  de  fes  cri- 
mes ,  'êcfutromptf  vif  en  1721.  $oa 
nom  étoit  Bourguignon,  Il  avoit  pris 
celui  de  Cartouche ,  comme  les  vo- 
leurs &  les  écrivains  de  livres  fcan«> 
daleux  changent  de  fioin«  Le  poëte 
Granéyal  Sa  le  '  comédien  le  Çraïut 
firent ,  fur  ce  héros  de  Grève  ,  l'un 
un  Poème ,  l'autre  une  QomédU ,  q^i 
eurent  du  fuccès» 

MANES ,  les  ombres  oU  les  âmes 
des  morts.  Il  y  a  des  auteurs  qui 
difent  que  c'étoient  les  génies  des 
hommes  ;  d'autres ,  àt%  divinités  in- 
fernales ;  &  généralement  toutes 
celles  qui  préfidoient  aux  tombeaux. 
Les  Païens  croyoient  que  les  Mânes 
étoiencmaU'aifans&jQ^fe  plaifoient 
qu'à  tourmenter  les  vivans.  Ils  les 
i^aifoient  pu  des  libations  $c  p^ 

M  ni 


'54^        M  A  N 

ides  ùcrî^ces.  La  fiète  des  Manés  & 
célébroit  au  mois  de  Février,  & 
éuroic  douce  jours. 

MANES,  héréfiarquedu  iii* 
ûedty  fondateur  de  Ui  feâe  des 
M^nîchicns  ,    s'appela  d'abord  Otr^ 
Uhis.  Né  en  Perfe  dans  l'efclav^ge  j 
il  reçut  du  del  un  efprit  &  une 
figure  aimaUes.  Une  veuve  dont 
il  étoit  l'efidave  »  le  '^nt  en  amitié, 
l'adopta ,  &  le  fit  inftruijre  par  lea 
Mages    dans  la   philefophie  des 
Perfes.  Monts  trouya  chez  fa  bien- 
Êntrice  les  livres  de  l'hérétique  Ttrt^ 
hînthus ,  &  y  puifa  les  dogmes  les 
plus  eztravagans.  Il  les  fema  d'a^ 
bord  dans  la  Peife ,  où  ils  ie  ré- 
]»andirent  rapidement.  L'impofteut 
fe  qualiiioit  éiÂpétn  tU  J,  C*  8l  & 
dîfoit  le  S^dat'Efprk  qu*il  afioUpromU 
Renvoyer.  Il  s'attribuoit  le  don  des 
miracles  ;  k.  le  peuple ,  fiéduit  par 
l'auftérité  de  fes  mœurs ,  ne  parloit 
que  de  l'afcendant  qu'il  avoit  fur 
toutes  fortes  d'écrits.  Sa  renommée 
parvint  jufqu'à  la  cour  de  Sapor  roi 
ée  Per£e.  Ce  prince  l'ayant  appelé 
pour  voir  un  de  fes  fib,  attaqué 
«l'une  maladie  dângereufe;  ce  char-, 
latan  chaffa  tous  les  médecins,  & 
promit  la  guérifon  du  malade  avec 
le  feul  remède  de  fes  prières.  Le 
jeune  prince  étant  mort  entre  fes 
bras ,  fon  père  fit  mettre  aux  fers 
cet  impofteur.  Il .  étoit  encore  en 
prifon ,  lorApie  deux  de  fes  difd^ 
j»les  ,  Thomof  &  Buddas  ,    vinrent 
Ali  rendre  compte  de  leur  miffion 
en  Egypte  &  dans  l'Inde.  Eftayés  de 
l'état  où  ils  trouvoient  leur  msrîtrc, 
ils  le  conjurèrent  de  penfer  au  péril 
qui  le  menaçoit.  Manès  les  écouta 
fans  agitation ,  calma  leurs  inquié»- 
tudes , ranima  leur  courage,  échauffe 
leur  imagination,   &  leur  infptra 
une  fouitiiflion  aveugle  à  fes  or- 
dres, &  une  force  d'ame  à  l'épreuve 
des  périls.  Thomas  &  Buddas  ,  en 
rendant  compte  de  leur  miffîon  à 
Mfinhs ,  lui  apprirent  ^u'i}^  a*i|v^isQt 


M  AK 

^  rencontzé  djc  plus  re4oiitaUli 
ennemis  que  les  Chrétiens.  Msaii 
fentitla  néceffité  de  ie  les  condlier, 
6c  forma  le  pco^et  d'allié  fi»  pria* 
çipes  scvec  le  Quifiianifine.  U  en- 
voya fes  diiciplcs  adxeter  les  livrel 
des  Chrétiens,  &  pendant  fa  priions 
il  ajouta  à  ricriiure'fmBte  ou  en 
retrancha  tout  ce  qui  étoiiÊurorablt. 
ou  contraire  kits  principes,  m  Manu 
»»  lut  dans  les  livres  iacrés ,  (  dit 
M.  Tabbé  Plaqua)  m  qu's»  haa  arhre 
*>  iu  peut  ffoidn  de  mauvais  fruûsp 
n  ni  un  mauvais  arin  de  bonsfirutts^ 
>*  &  il  Crut  pouvoir,  fur  ce  paBbge» 
^  établir  la  néceffité  de  reconnokre 
»  dafislemondeunbon&un  mau;- 
»  vais  Principes ,  pour  produire  les 
>*  biens  &  les  maux.  Il  trouva  don» 
n  l'Ecriture  qae  Satan  étoit  le  priur* 
**  ce  des  téndires  &  FennenuL  6m 
>!  Dieu;  il  crut  pouvoir  bke  àc. 
^  Satan  foa  Principe  mal-  fp^ik^^m 
*•  Enfin  Manis  vit  dans  l'EvangiJltt 
>»  que  J.  C.  prometcoit  à  £m  Apd^ 
>»  tses  de  leur  envoyer  le  F^nK/cr, 
*  qui  leur  appiendroit  toutes  les 
»  vérités.  Il  croyoit  que  ce  Barm^ 
»  cict  n'étoit  point,  encore  arrivé 
>f  du  temps  de  S,  Raul ,  puilque 
>•  cet  apôtre  dit  lui-même  :  j£d^ 
*>*  ne  connwffoas  ^in^arfattemau  i 
n  mais  quand  laperfe&ion  fera  rmut^ 
»  tout  u  qui  cfi  imforfihfera  aboR.,, 
r>  Manès  s'magin^t  '  que  les  Chré^ 
n  tiens  attendoient  encore  le  Pa:-^ 
y*  racla  ,  ne  douta  point  qu'en 
n  prenant  cette  qualité,  iLne  leus 
^  ât  recevoir  fa  doârine  ««.  Tel 
fat  en  gros  le  projet  que  cet  faé« 
remarque  forma  pour  l'établifibnent 
de  1k  feâe.  Pendant  qu^  arrangeoit 
ainii  fes  idées,  il  apprit  que  Sapot 
xvoii  réfolu  de  le  faire  mourn-.  Il 
s'échappa  de  fa  prifon.  U  ait  repris 
peu  de  temps  apiîs  par  les  gardes  du 
roi  de  Perfe,  qui  le  fit  écorchef 
vif.  La  dbârine  de  Mancs^  (  laquelle 
avoit  déjà  eu  dans  le  ii^  fiede  Cern 
4^n  Ji^m  apôtre  J  roulois  pi^âp^ 


lement ,  comme  nous  venons  de  lé 
voir ,  fut  là  diftitidioft  de  daix  Pnn^ 
cipcM ,  VvLW  bon  ,  FâuOré'  mimvais  i 
maïs  tous  '  deux  (buverams ,  ilou^ 
deux  '  indépendans  Tun  de  rautrej 
L'homme  avoit  aUffi  dtus  Ames', 
Inine  bonne  ^  Tautre  mauvaife,  £a 
chair  éxoit  ,  félon  lui  ,  l'ouvrage 
«hi  mauvais  Principe  i  par  confé- 
ilueht  il  ^oir  erhpêcher  la  géné- 
'Mtion  &  le  mariage.  Cétoit  un 
erime  à'  i&s  yeux  ,  que  de  donner 
la  vie  à  Ton  femblable:  Ce  fôù 
d'une  eTpece  finguliere  attribuoit 
mifli  Tancienne  I^i  au  mauvais 
Principe,  &  prétendoit  que  tons 
les  Prophètes  étoiem  damnés.  »  Ce 
^  n'étoit  pas  feulement  fur  la  rat- 
^  fon  (  dit  encore  M;  Plaqua) 
y*  que  Munh  appuyoit  fon  (bnti- 
>•  ment  fur  le  bon  &  fur  le  mau- 
^  Vais  ÎPriDfcipes  ]  il  «  prétendoit  eii 
^  trouver  ht  preuve  dans  l'Ecri- 
»*  ture  même.  Il  trouvoir  fcm  fen- 
>r  riment  dans  ce  que'  S,  Je^ui  dir 
»♦  en  parlatat  du  Diable  r'que  cQmmk 
>♦  la  vlfué  nUft  pas  etf  lai  ,  tomei 
»♦  Us  fols  qu^ll  ment  y  il  p.'.rU  if  fon 
>v  propre  fonds  ,  paret  qu'il  eft  men- 
yi  tair  auffi'blen  que  fon  père.  Quel 
^  dïle  père  du  Diable',  difoit  Ma- 
»*  nés  >  Ct  n'eft  pas  Dlcfu  :  car  il* 
9*  n'eft*  pas  menteur.  Qui  eft-ce 
y»  donc  >  Il  n'y  a  que  deux  moyens 
**  d'être  père  de  "quelqu'un  :  la  voie 
»«  de  la  génération ,  ou  de  la  créa- 
»*■  non'  Si  Dieu  eft  lé  pete'  dii' 
Af  Diable  par  la  voie  de  la  gé- 
yf  nératîon  ,  le  Diable  fera  con- 
>r  ibbfïanriel  à  IMèu;  cette  confé-' 
»f  queùce  eft  îirtpie.  Si  Dieu  ^ 
»  le.  père  du  Diable  par  la  voie 
y*  de  la  création ,  Dieu  eft  un  men- 
î^  teur  ;  ce  qui  eft  un  autre  blaf- 
r»r  phème.  U  feut  donc  que  le  Dia- 
9*  Vile  ft>it  fils  ou  créature  de  qud- 
-rt  que  &rè  méchant  ,  qui  n'eft  pas , 
*r  Dieu  :  il  y  a-  donc  un  autre  Prin- 
n  dptf' créateur, que  Diei<  ».  C'eft 
iRir  ces  ùypaxfym  qu'il  hï\ï%  fon» 


Kfangè-fyftême  -,  te  ce  ne  fut  pas 
fa'feule  erreur.  Il  défendoitde  dOii( 
ner  raumône,  tt^toit  d'idolâtrie  It 
culte  dés  reliques  ,  &  ne  voulott 
pas  qu'on  crût  que  Jïstis-CHttist 
^  fût  incamé  &  eût  véritableitten^ 
fôuffctt.  H  ajoutoît  à  ces  abfurdii 
tés  un  grand  nombre  d'autres.  Il 
foûtenoit,  par  exemple,  que  aùd 
qui  ârrackoU  une  plante ,  ou  qui  titoh 
un  animal ,  feroît  lui-mime  change  en 
cet  ^  animal  ou  m  eau  pàmu,  Sés 
dSfdples»  avant  que  de  couper  un 
pktn:,  avoient  foin  de  maudire  c# 
lui  qtii  l'avoit  foit  ,^  lui  fouhaitani 
d*étrt  /cmd\  motffonnéi  ^  cuit  bûl 
mèmi  eommt  cer  alhnent,  Cesf  abfur^ 
dites ,  loin  de  nuire  au  progrès  dé 
cette  feâe ,  ne  feTvirent  qu'à  Vé*  . 
fendre.  Le  Manichéiime  eft  ,  dd 
toutes  les  héréfies  »  celle  qui  à 
fubftfté  le  plus  long-temps.  Aprè^  ' 
fa  mort  de  Mmes  ,  les  débris  dd 
fa  fèâe  fe  difperferent'  du  côté  de  ^ 
POriènt ,  fe  firent  quelques  éta-» 
bliftemens  dans  la  Bulgarie  ,  àt 
vers  le  X®  fiede  fe  répandirent 
dans  l'Italie  ;  ils  eurent  des  éta- 
bliiTemens  confidérables  dans  li^ 
Lombardie  ,  d'où  ils  envoyoientf 
des  prédicateurs  qui  pervertirent 
beaucoup  de  monde.  Les  nouveatu^ 
Mkilichéens  avoient  fait  des  chan« 
gemens  dans  leur  do^ne*  Le  fyf^ 
téme  des  deux  Principes  n'y  étOtt 
pas  toujours  bien  développé  ;  mais^ 
ils  en  avoient  confcrvé  toutes  le^ 
confequences  fur  l'Incarnation  i,- 
ftirl'Euchariftie,furlaSte.  Vierge  , 
&  fur  les  Sacremens.  Beaucoup  d«{ 
ceux  qui  embrafterent  ces  erreur^ 
étoient  des  ^nthouftaftes  ,  que  la" 
prétendue  fublimité  de  la  morale^' 
Manichéefme  avoit  féduits  :  td»* 
furent  quelques  chanoines  d'Or^' 
léans ,  qui  étoiènt  en  grande  répu^' 
tation  de  piété.  Le  roi  Robert  les 
condamna  au  feu ,  &  ils  iè  préci«' 
piterent  datis  les  flammes  avec  ds-^ 
gran^tranijports  de  joie  «ça  içzif 

M  m  i; 


•54?        M  A  N 

tés   Musdiéai»  firent  baucoue 
^lus  de  progrès  dans  le  Langue- 
doc &  la  Provence.  On  aâiembla 
ipluâeurs  conciles  contre  eux  ,  & 
on  bruIa  plufieurs  (e£Uîres ,  mais 
Ans  «teindre  U^  ^eâe.  Ils  pcné» 
trerent  même  -en.  Allemagne  ^   & 
paflierent  en  Angleterre.  Par-tout 
sis  firent  des  profélytcs ,  mais  par- 
toitt  -on  les  combatdt    &   on  les 
téfuoL  Le  Manichéifme ,  perpétué 
à  travers  tous  ces  obftaclês ,  dé^ 
généra  infeniiblement,,  &  produir 
fit,  danç  iç'xii*  k  dans  le  Viïi* 
fiecles  ,  cet^  multitude,  de    leâes 
qui   ^ifoient  'pro£d£on  de  réfqr- 
«  iner   la  religion  ^&   I^Eglife  :  tels 
Éirem  les  AlhjgcoU^  les  PétrohujIUns^ 
)es  Henrictau^  J£S  diicioles  de  Tan- 
c/uli/iy  les  fppcllcalns  ,    les   CathA-^ 
xiu»  ijcs  anciens  Manichéens  ètoient 
èiviTés  en  deux  ordres.  :  les  Audi'- 
tatrs  ,   qui  dévoient  s'abilenir   du 
vin,  de  la  chair-,  des  œufs  &  du 
fi-om^e;   &  les  £/uj,.quiy  outre 
une     abfiinence    très-r^ôureufe  * 
i^ifoient   pro/eftion  de    pauvreté. 
Ces   élus  avoient  Teuls  le  -  iecret 
de  tous  les  myfteres ,  c'efl-à-dire  , 
des  rêveries  les  plus  extravagantes 
de  la  £eûc.  Il  y  en  avoit  xii  par*, 
mi  eux  qu'on  aommoit   Maures  , 
^  un  XI  u*  qui  étôit  ïe  chef  de 
fous   les   autres  :  à  Timitation    ^ 
idanès ,  qui  ,  (e  diiant  le  Paradet , 
avoit  choifi    12  Apôtres.  Les.  fa-^ 
vans  neXont  pas  d'accord  ÎTur  le 
temps  auquel  cet  hérëflarque  com- 
mença à  paroître  :  ^opinion  la  plus 
probabl|  efl  que  ce  éat  fous  l'cm- 
pire  de  Prohus ,  vers  l'an  280.  S. 
Augujim ,  qui  avoit  été  dans  leur 
{kàc ,  cû.  celui  de  tous  les  Pères 
qui  les  a  combattus  avec  le  plus 
de  force..  Aucune  héréfie  ne  s'dï 
reproduite  fous  des    formes   plus 
différentes   que   celle   des    Mani- 
chéens. On  peut  confulter  là-def- 
fus  un  traité  plein  de  recherches: 
JLaurwsu  Antk0t^  Dîjfmadê  de  an* 


M  A  K 

C»fB&#  novlfque   MatùdutU^   L'aHteor 
auroît  pu  donner  encore  plus  d'é- 
tendue à  fon^  catalogue  »  en  y  pîa* 
çant  pluficurs  nouveaux  pjiilôfô- 
^hes  ;  ^^gr/e  ,  entre  autres ,  qnia&it 
tous  fes  eÂ>rts  pour  iuflmer  la 
do^^e  de  cette  vielle  feôe  *,  8c 
Voltaire  ,    dont  les   déclamations 
contre  la  Providence  ,  nefoiu  réel- 
lement qu'une    efpece   de   mani- 
chéifhie  *,  du  moins  il  femble  avoùr 
voulu     renouveler    les   ptindpes 
de  Maais  ,    dans  fon  Candide  ou 
POpùmlfme,  Beait/cbre  ^  ùtymt  Pro^ 
tdlanc  ,  a  publié  une  Bifioîre  du, 
Manichélfmc^  in-4°,  1  vol. ,  pleine  de 
recherches.  Il  y  juftifie  quelquefois 
a&z  bien  cette  feue  de  la  plupart 
de$  infamies  &  des.. abominations 
qu'on  lui  à  imputées.  r>  Mais  nous 
î  croyons  devoir  avertir,  dit  M. 
»»  l'Abbé  Pluquet  ,  que  l'HifloirB 
>9  de  M.  dt  Beaujohre  »  laquelle  nst 
M  peut    être    l'ouvrage  que    d'u& 
»>  homme  de  b^aucoiç  d'écrit  &. 
M  de  iavoir ,  &  qui  peut  être  utile 
n  à  beaucoup  d'égards  >  cotitient 
»  .cependant  des  inexactitudes  pour 
>?  les  citations  ,  pour   la  critique 
99  &  pour   la  logique  :  que    les 
n  Pères  y  font  cenfiirés  fouvenc 
«  avec  hauteur  ,    &   prefque  toi*- 
»  jours  injuflement.  Il&ut  que  M* 
w  de  Beaufohre   n'ait    pas   fènti   ce. 
M  que  tout  leâeur  équitable  doit , 
M  félon  moi,  ientir  en  lifant  fon 
»*  livre  ;   c'cf^   que  TAuteur  étoit 
»»  entraîné   par   l'amour  du  para- 
N.  doxe ,  &  par  le  défir  de  la  celé* 
»♦.  brîté  ,   deux    ennemis  irrécoa* 
»  dliables  de  l'équité  &  de  la  lo- 

»  gique  H. 

MANESSON-MALLET, 

(Alain)  Parifien  ,  fut  ingénieur 
des  camps  &  armées  du  rot.de  Por- 
tugal ,  &  enfuite  maître  de  mathé- 
matiques des  Pages  de  Lotds  XIV^ 
Il  étoit  habile  dans  fa  profefBon  » 
&  bon.  mathématicien.  U  a  fait 
quelques  ouvrages  :  L  Imu  Tnyem 


.  M.AN,^       ... 

Ife  Mars  ou  l'An  idé  ta  guerre  ^  1691  » 

3  vol.  in-S^ ,  avec 'une  figure  a 
diaque  page  ,  dont  quelques-unes 
ofl&mt  des  plans  tntéreâans;  II; 
Dcfcrîpdon  de  .  P  Univers  ,  contenant 
les  dtfférens  Syflèmes  du  Monde ,  /e/ 
Ctfree^  générales  €•  particuiterts  de  là 
'Géographie  ancienne  &'  moderne  ,  & 
tes  maurs ,  religion  &  gouvernement  dé 
^taque  nofion i  à  Paris,  16S3  ,  eii 
'5  vol.  in-8®.  Ce  livre  cft  plus  re- 
cherché pour  les  figures  que  pour 
rexa£Htude.  Comme  l'atiteur  avoit 
beaucoup  voyage  &  levé  hir-mêmé 
les  plans  qu'il  a  fak  graver  dans 
fon  livre ,  les  curieux  ne  font  pas 
fâchés  de  l'avoir  dans  leur  biblio- 
thèque. III.  Une  Géométrie ,  1701» 

4  vol.  in-8^. 
MANETHON  ,  faiheux  prêtre 

Egyptien,  natif  d'HéHopolis  »  & 
originaire  de  Sebenne ,  florifToil  du 
temps  dePtoIàMée  Phi/adelphe ,  vers 
l'an  304  avant.  J.  C.  Il  compofk 
en  grec  VHÎfloiFe  d'Egypte,  ouvragé 
célèbre  ,  fouvent  cité  par  Tofepht 
&  par  les  auteurs  anciens.  Il  l'avôî^ 
tirée ,  fi  on  l'en  croit ,  des  écrits 
de.  Mercure  &  des  anciens  mémoires 
cofiièrvés  dans  les  archives  des 
temples  confiés  à  £1  garde&  Sui^r 
Africain  en  ayott  fait  un  abrégé: 
dans  fa  Chronologie.,  L'ouvrage 
de  Mamth»n  s'eft  perdu  ,  &  il  ne 
sous  refte  que  des  fragmens  des; 
extraits  de  JuUs  Africain,  Ib  fe. 
trouvent  dans  George  SyncelU.,»,., 
i^rpnonus  a  publié  un  Poièmc  dé, 
lM.anethon  ,  fur  le , pouvoir  des,8fhres^ 
qui  préfident  à  la  naifiance  des 
nommes  ,  grec  &  latin, ,  Leyde  ♦ 
1698  ,  in-4^.  Ce  poëme  a  été  traduit 
en  vers  italiens  par  l'abbé  Salvint, 
^  MANELLI,  (  Jdnnoco  )  célebtie. 
littérateur  Italien ,  difetple  de-  Chry^ 
foloras  ,  fttt  un  de  Ceux  qui  eon-, 
tribuerent  le  plus  ,  dans  le  xv^ 
fiecle  ,  aux  progrès  des  Cciences. 
Vt  naquit  à  Florence  en  1596?,. 
4'unc  faraitknolilô  qui  le  déiÔnoir 


au  coitimerce.  Spn^gpfttje'^b^oft 
à  l'étùdè  dès  belîes^lettres ,  des  lan- 
gues 'Çt  de  la  phitofophté'  t  il  lé 
fttivit7)h!tôt  queies'-vuçs  ihtéreffées 
de  fw'  parehs.  •  11  fcoitmiençâ  '  iW 
carrière  littéraire  par  ;  expliquée  là- 
morale  d*Aïlfioté  dans  l'trnivetfité 
de  Florence.  La  république  voyant' 
eh  lui  un  génie  délié  ,  Tcnvoy» 
dàns'divèrfes  cours  ;où'ii  montwr 
beaucoup  de  fagefle  &  de  dextérité. 
Il  eut  enfuité  le  gouverriement  do 
dtvérfes  places  quilui-doïincrent  le 
ni^'en  de  fiaire  éclater  fes  talen» 
pour  radmiiiiftration.  L'envie' e^t- 
citée  par  fon  élétation: ,  lepour- 
fuivit  au  point  qu'il  qiiitta'FlorçBce. 
&  fe  rendit  À  Rome  auprès  dé  iVT-' 
eolàsV  K^\  le  reçut  a  brds  ouverts.* 
Ses  cttiicitoyens  piqués  dfe  fa  fiftie  / 
hii  ordonnèrent  de  'reVei&ir{  ibus' 
peine  d'être  banni  çoUif  tbi^^urs.' 
11  obéit  ',  maÀs'^côlak  ènn^ànt 
qu'il  n'eCTuyât  dé  notivéllei  trataf- 
ieri€S,>)e  revêtit  du  titre  de  fptt 
ambafTadeur  à  Florence  ,  où  ^1  n^' 
demeura  qu'un  àh. H  retourna  à 
Rômé  &  y  obtint  la. place  àe  fe** 
crétaife  intime  du  pape.  Des  affeirea 
de  famille  l'ayant  ap|>el^^  Naplesv 
il  jbuft  de  la  j^us  grande  eoi^dé-' 
rSition  auprès  du*  roi  ÀlpHonfe\J!iû' 
mourût  dans  cetfe"  yiilc  en- 1459  ;' 
k<6%  afis,  pleittédes  pauvres  donr 
il  étoit  le  p«« ,  &  des  favans  -  donc 
\\  étoit'  l'ami  &  le:bienÊ«heur.  Il:- 
compofa  divers  ouVrâge&.\  11'  trà~- 
duffît  le  Nouveau -«TeflaMi^nt  évt 
grec  en  latiA>  divert*oiiviages>*d'*#*' 
rifiote.ïi  compofo  un  Traité  en  dix 
livré»,  pour  réfuter  les  Juifs.  La* 
plupart  de  ies  pK>^uâion9  &  les 
autres  n'ontpas  été  imprimées.  Ce- 
qu'ou  a  publié  de  fes  «euvi«s  font- 
des  Harangues ,  une  HiftolH  dePyhîe^ 
les  Vies  du  Danu ,  de  Pétrarque ,  de 
Boeace  &  "élt  Nicolas  Vy  &  un Tïaitéi 
en  quatre  livres  De  DlgnhaU'&  ex^ 
cëlientia  "homînis. 
'  h  MAKFREI^l/  (Leliô)  auteur 

Mm  n% 


^.         MAN 

lalien  é»  jcvx*  ^le ,  4nM£i  4* 

rdjpagnol ,  TyrM  k  Blmt ,  Vca?ift , 
if  )S  «  tn-4^.  L'original  eTp^gaôl 
c6  de  Barcelone ,  1497 ,  m^I*  & 
lort  rare.  M.  de  ftfy^  X^  ipi^  e^ 
fcinçois ,  1740  •  1  ToL  vi-i?L 

U.  BiANFREDI  ,  (  EufUdie  ) 
célèbre  madiéauufdeD  ,  naquis  à 
Bologneien  1674.  Dès  fe$  premi»- 
«es  années,  fon  e^iirk  donna  les 
espérances  les  plus  fl^ttcuiÎBS.  U 
devint  profieflcur  de  madiénuni^cs 
â  Bologne  ai  169$  ,  &  furiniea* 
dam  des  eaux  du  sSolonois  en  1704. 
Uk  mené  année,  il  fiu  mi$  à  la 
Ute  du  collège  4e  Moatalte ,  ^iopdé. 
far  SutU'QiSfu  à  Bol<3^e«  pour 
des  îeunesçens  deâînés  à  l'état  ec- 
çléiiafiique.  Il  y  ré^Ut  la  dUci- 

Îline  ,lesbpnnes  menin  &  ramour 
e  l'étu^ç ,  /qui  ep  étpiem  presque 
rntiéKewujn^  bannis.  En  1711  il  eut 
ijne  place  d'aftronome  à  Vip^nm 
de  Bologne,  &  dèsrlors  ilrenon^ 
abfoliunent  au  jçolkge  pontifical  » 
&  à  la  poé£e  même  qu'il  avoit  tou- 
jours culnyée  Jirfqi^là.  Ses  ^o«- 
mts ,  fes  Cênionîj,  &  pluficurs,  au- 
tres morceau^  içipnmés  à  Bologne , 
3713  ,  in-i6.,  ibfit  une  preuve  d^ 
fes  takris  dan&ce  geve.  Il  a  traité 
des  fujets  de  g^ilrie,  d'p9ioi|r 
paffionné ,  de  dévotion.  H  a  chanté 
des  princes  ,  des  généraux ,  des 
l^^ds  prédicateurs  *,  mais  ies  Sm* 
mu  ne  énifient  pM  toujours ,  com- 
Tut  les  nôtres ,  par  des  traiis  frap- 
pfms.  Cç  ne  ibnt ,  le  pl|i5  foaveitf , 
que  des  paroles  harmonieufes  & 
é»  loiianges  un  peu  exagéréi».  L'a- 
qidémiedes  feienpes  de  Paris  U  la 
fociété  royale  deliCHidtes  Te  l'afTo* 
cierent,  l'une  en  1726,  l'autre  en 
1729 ,  ^  elles  le  perdirent  en  1739. 
Il  mourut  le  15  Février  de  cette, 
année ,  à  6$  aqs.  Ce  célèbre  Mo- 
nôme n'étoit  ni  faûvage  comme  ma- 
tliém^ticien  »  ni  ânfafqite  comin^ 
poëte.  Les  qualités  de  Ton  coeiyr. 
cy^loiem  ccUes  de  iw  eCprit.  Siox* 


M  AN 

^filrt,  dBdciix,  Hbéral,  medeC-' 
te ,  il  jGp  fit  peu  de  jaloux  &  beaue* 
coup  d'amis.  L'un  des  plus  illu£- 
tres  £ut  le  <rarHm?|  Lambenim^  ar- 
chevêque de  Bôlogi^e ,  depuis  pape 
fous  le  noin  de  BatoU  XIV,  11  £ii- 
foit  le  plus  grand  cas  du  (avoir  H 
dii  caraâere  dç  notre  madiémaô- 
Ôen.  On  a  de  Itii  :  I.  Éphemeridet 
moùaim  caUMum,  ah  anno  17'/ j  ad 
mnnum  rjfo  «.  aim  Inirodu^ofte  &  roa' 
nu  Tahulis^  à  Bologne,  171 5. .«f 
X725...  en  4  vol.  in- 4".  Le  j*"  voL 
eft  une  excellente  Ixitrodu£Hon  à 
l'afironomie.  Les  trois  autres  con* 
tiennent  Içs  Calculs.  Ses  deux  ibeuxs 
(qui  le  croira^}  l'aidèrent  beau^ 
coup  dans  cet  ouvrage  fi  pénible, 
et  fi  eftimé  pour  fon  ezaômide  Qc 
ià  }ufiefle.  n.  X>«  traofitu  iieratrîi 
ptrSoUm  anno  tjxj ,  Bologne ,  I724> 
în-4^.  UL  De  annuîs  înMrranthan  SuIt 
tarum  aberratwtubus ,  Bologne,  1729  , 
in-4^.  Il  y  réfute  les  afironomes  qui 
r^ardoient  ces  obiervations  com- 
me l'effet  de  la  parallaxe  annuelle 
de  la  terre. 

m.  MAJVFREDI ,  roye{  Beh  TX« 

TOGLIO,  n°   III. 

IV.  MANFREDI  ,  (  Barthélcmi) 
neintre  de  Mantoue,  difdple  de 
MidulfAngi  âe  Csrarûgc^  avoir  noc 
Êuûlité  prodigieufe.  Il  a  fi  bien  tàû 
la  manière  de  fon  maître,  qu'il  cft 
difficile  de  ne  pas  confondre  •  loi 
ouvrages  des  dâix  artifies.  Ses  fu- 
)ees  les  plus  ordinùtts  étoient  des 
imtcars  de  cartts  ou  de  dés,  tu  des  Af» 
fimkiéu  de  Soldats. 

MANFRONE,  Voye^  GoKZA* 
GUE,  n°.  VI. 

MANGEANT,  (Luc-Urbain) 
pieux  &  favant  pr^e  de  Paris* 
naquit  dans  cette  ville  en  \6^6,H 
y  mourut  en  1727,4  71  ans.  Nous 
afvons  de  lui  deux  EdUians  efiîmées  i 
l'une  dit  S.  Falgmct,  évêque  4e  Ruf- 
pe,  à  Paris,  1684,  in-4**.,  &  l'an- 

9t4c S^  PreJ^cTyVB^ioliQ^i  Vmt 


M  A  N 

f^Jt ,  avec  des  Avemf&mens  fort 
inAruâift. 

MANGE  ART ,  (  Doiti-Thomas) 
Benédiâin  de  la  congrégation  de 
Saint-Vaiuie  &  de  Saint-Hidulphe  » 
fit  beaucoup  d'honneur  à  fon  ordre 
par  les  connoiâances.  Elles  lui  mé- 
ritèrent les  titres  d'antiquaire  »  bi^ 
bliothécaire  &  confeiller  du  duc 
Charles  de  Lorraine,  Il  préparoit  un 
ouvrage  fort  confidérable,  lorfque 
la  mort  l'enleva ,  l'an  1763 ,  avant 
qu'il  eût  mis  le  dernier  ordre  à 
fon  livre ,  dom  on  doit  la  publi- 
cation à  M.  Tabbé  Jac^uin,  Cette 
produâion  a  paru  en  176  3 ,  in4bh 
ibus  ce  titre  :  ImroduéHon  à  MifcUnee 
des  AUdaî/ks  ^  fov  fervir  à  la  eori" 
tmîjfaace  des  Diatx ,  de  la  ReUgùm^ 
àes  Sciences ,  des  Arts ,  6  de  tout  et 
'  fui  appartient  à  l'Hifloîre  ancienne^ 
ayte  les  praxvtt  tirées  des  Médailles,. 
Les  Traités  élémentaires  fur  la 
feiencenumifirfiitiipie  étant  trop  pen 
étendus ,  &  les  difSertations  parti- 
culières trop  pcolixes  ,  le  favant 
BcnédidHn  a  réuni  en  un  leul  vo- 
lume tous  les  principes  contenus 
dans  les  premiers,  &  les  notions 
imérefiàntes  répandues  dans  les 
autres.  Son  ouvn^e  peut  fervir  de 
fupplément  à  VJntljidté  expli^  de 
D^  hhmtfaucon.  On  a  encore  de 
lui  une  Octave  de  Sermons  y  avec  un 
Tiraité  fur  le  Purgatoire  ,  Nanci  « 
1739  ,  2  vol.  in-i2. 

MANGEWOT,  (Louis)  cha- 
noine du  Temple  à  Paris  ,  fa  pa- 
trie, né  en  1694,  mort  en  1768  , 
à  74  ans ,  étoit  un  poète  ,de  fo- 
ciété  &  un  homme  aimablç.  Quoi- 
que d'une  converiation  agréable 
&  enjouée ,  fon  caraûeré  n'en  étoit 
pas  moins  porté  à  unemifknthropie 
urt  peu  cynique.  On  peut  en  Juger 
par  les  vers  fuivans ,  fur  un  petit 
fallon  qu'il  avoit  Êdt  conimiire 
dans  un  jardin  dépendam  de  fon 
bénéfice: 


M  A  W       fçf 

Sans  inquiétude ,  /ans  peine  , 
Je  jouis  daàs  ces  liatx  du  de/Un  II 

plus  beau  \ 
Les  Dieux  nCoru  accordé  Vame  de 

Diogenè , 
Et   mes  foihUs  talens  m*ont  valu 

fon  tonneau. 

On  a  publié  i  Amfterdam»  eir 
1776  ,  fes  Poisn^,  Ce  recueil 
contient  deux  Egtogues  qui  ont  du 
lîaturel,  de  la  fimpliaté  &  des 
grâces;  des  Fahles ,  dont  quelques- 
unes  font  bien  faites  *,  dei  Contes , 
'beaucoup  trop  libres  y  des  Aiora^ 
lités  j  des  Réflexions  ;  des  Sentences  ; 
des  Madrigaux ,  &C.   etc. 

MANGET,  (Jean- Jacques)  nér 
à. Genève  en  1652,  s'étoit  d'abord' 
deftiné  à  la  théologie  *,  mais  il 
quitta  cette  émde  pour  celle  de  ïk 
médecine.  L'éleveur  de  Brande- 
bourg lui  dotma  des  lettres  de  fo«: 
premier  médecin,  en  1699  -,  & 
Manget  conferva  ce  titre  jufqu'à 
ÙL  mort ,  arrivée  à  Genève  en  1742  , 
à'  91  ans.  Son  art  ,  ou  plutôt  la 
nature  aidée  par  l'art,  lui  procura 
une  vie  longue  &  heureufe.  On  a 
de  lui  un  grand  nombre  d'ouvrages  ; 
lés  plus  connus  font  :  I.  Bibllothecd 
Anatendca  ^  1699  ,  2  vol.  in-foU 
IL  Une  Co/&afon  de  diverfes  Phar- 
macopées ,  in-fol.  III.  Bibliotheca 
Pharmaceuûco'Médica^  1703  >  2  vol. 
in-fol.  IV.  BîhUotheca  Medico-Prac- 
tlca ,  1739 ,  4  vol.  in-fol.  V.  Le 
Sepulchretum  de  Bonet ,  augmenté  » 
Lyon ,  1700  ,  3  vol.  in-fol.  VI. 
Bibllotkeca  Chymîca  ,  1702  ,  2  vol. 
in-fol,  C'eft  le  moins  commun  des 
ouvrages  dé  ce  favant.  Vil.  JSî- 
bliotheca  Chlrurglca  ,  4  vol.  in-foL 
VIII.  Blhllotheca  Scrlptorum  Medi-^ 
corum  vetcrum  &  recendorum ,  Genève  , 
173 1 ,  4  tom.  en  2  vol.  in-fol.  Il 
a  fait  entrer  dails  cet  ouvrage  la 
Bibliothèque  des  Ecrivains  méde- 
cins de  ùndanus ,  augmentée  par 
Mcrckleinf  avec  un  grand  nombre 

Mm  iy 


'55%       M  À  N 

de  Êuites  qui  s*y  troimneitt^  M. 
Eloy ,  médeân  de  Mons  ,  en  a 
donné  une  beaucoup  plus  exaâe  , 
Mons,  1778  ,  4  vol.  in-4®  ,  &c. 
DaàUl  U  CUtc^  auteur  d'une  Wf- 
toirc  de  Médecine ,  Taida  beaucouj^. 
Un  écrivain  qui  a  en&nté  tant  de 
volumes ,  n'a  pas  pu  être  toujours 
original  &  exaâ  \  Manget  e&  plus 
ibuvent  compilateur  qu'obferva- 
teur  ;  mais  fes  recueils  font  utiles 
à  ceux  qui  ne  peuvent  pas  avoir 
des  bibliothèques  nombi«ufes.  On 
a  encore  de  lui  un  TraiU  de  la 
pçfie  ,  rtcutUU  des  meilleurs  amteurs 
anciens &modemeSy  i72i,zvol.in-i2» 
MANGOT,  (Qaude)  ûls  d'ua 
avocat  de  Loudun  en  poitou,  iat 
protégé  par  le  maréchal  d* Ancre  s 
& ,  par  un  caprice  fingulier  de  la' 
fortune,  il  devint,  en  moins  de 
dix-huit  mois  ,  premierpréûdent  de 
^  Bordeaux, fecrétairç  d'état  &  garde 
*  des  fceaux  en  16 16.  Au  premier 
bruit  du  maHacre  de  Ton  protec- 
teur, il  courut  fe  cacher  dans  les 
écuries  de  la  rône.  EnAiite,  ré- 
folu  de  tout  hafarder ,  il  alla  au 
Louvre  pour  voir  quel  feroit  fon 
fort.  Pttri ,  capitaine  des  gardes- 
du-corps  ,  lui  voyant  prendre  le 
.  chemin  de  Tappartement  de  la  reine , 
lui  dit  d'uA  ton  moqueur  :  Oà  alle^* 
fot(Sy  Monfieur,  avec  votre  robe  de/aùn  ? 
Le  Rot  n'a  plus  hefoîn  de  vous.  En  effet 
il  &llut  qu'il  remît  les  fceaux,  U 

mourut  dans  l'obfcurité Son 

frère  Jacques  M  A  N  o  O  T ,  célèbre 
avocat  -  général  au  parlement  de 
Paris,  mort  en  1587,  à  36  ans, 
€toit  un  magiflrat  favant ,  éloquent , 
intègre ,  ennemi  de  la  brigue ,  de 
la  fraude,  &  des  filions.  L'inquié* 
tude  que  lui  cauferent  les  troubles 
qui  agitoient  la  France  ,  abrégea 
fes  jours.  Il  donnoit  tous  les  ans 
aux  pauvres  la  dixième  partie  de 
fori  revenu.  On  ne  lui  reprochoit 
qu'une  longueur  aiTommante  daas 
fes  plaidoyers. 


M  AN 

MANICHÉENS,  r.BÀSltX»! 

&  Manès, 

MANIERE,  Ki>yqMA&Hi£KE« 
MANILIUS  ,  (  Marcus  )  poëte 
.  Latin  fous  Tibère ,  a  ccxmpofé  en 
vers  un  Traité  d'aflronomie  ,  dont 
il  ne  nous  rcâe  que  dnq  livres, 
qui  traitent  des  étoiles  fixes.  Quoi- 
que Manilius  ait  vécu  dans  le  bon 
fiede  de  la  latinité ,  on  croit  re- 
marquei  à  fk  diétion  quHl  a'écoit 
pas  Romain.  Son  ftyle  eft  à  la 
vérité  plein  d'énergie ,  &:  quelque» 
fois  de  poéfie  ;  mais  on  y  trouve 
des  exptefiions  ,  des  tournures 
fingulieres  qu'on  chercheroit  en 
vain  dans  les  poètes  de  fon  temps. 
Ce  qui  peut  l'excufer,  c'eft  que 
traitant  un  fujet  neuf,  il  lui  a 
Êillu  des  couleurs  nouvelles.  Les 
meilleures  éditions  de  fon  ou- 
vrage font  :  Celle  de  fiutf,  Paris , 
ad  u/um  Dtlpkisù  ,  1679,  in  -  4^; 
de  Londres ,  avec  les  notes  de 
Bentleiy  1739 ,  in  -  4**  ;  de  Paris  , 
1786 ,  a  voL  in-8** ,  avec  une  tra- 
duûion  &  des  notes  par  M.  F/s- 
gré  y  û  célèbre  par  fes  connoilances 
affa-onomiques.  L'édition  de  Bolo- 
gne, 1474  ,  in-folio,  eft'  d'una 
rareté  extrême. 

I.  MANLIUS ,  gendie  de   Tar^ 
qtun  te  Superbe  ^  donna  un  afîle  à 

ce  roi ,  lorfqu'il  fut  chafie  de  Rome  » 
l'an  509  avant  J.  C.  U  eft  regardé 
comme  le  chef  de  l'illuftre  Manille 
Romaine  des  Manlius^  d'oùfortirent 
3  confuls  ,11  tribuns  &  2  diâateurs. 
Les  hommes  les  plus  célèbres  da 
cette  famille  font  les  fuivans. 

II.  MANLIUS-Cafitolinvs, 
(  Afarcus  )  célèbre  conful  &  capitaine 
Romain,  fe  fîgnala  dans  les  armées 
dè$  l'âge  de  16  ans.  Il  fe  réveilla 
daiis  le  Capitule  ,  aux  cris  des 
oies ,  lorfque  Rome  fut  prife  par 
les  Gaulois ,  &  repouiTa  les  ei^ne- 
mis  qui  vouloient  furprendre  cette 
fortereffe.  Ce  fervice  important  lut 


M  A  N 

St  donner  le  furnom  de  d^ttùim 
&  de  ConfcrvateuT  de  la  Vilk^  Tan 
390  avant  J.  €.  Manllus  itoic  na- 
turellement inquiet,  impétueux  & 
bouiE  de  vaine  gloire.  U  conçut 
une  jalouiie  extrême  de  Camille^  qui 
vcnoit  de  triompher  pour  la  troi- 
iîeme  fois.  Ne  fe  croyant  pas  auffî 
bien   traité  par  le  Cénat  &  la  no- 
bleiTe  que  lavoit  été  ce  général ^ 
il    paffa  de  l'ordre  des  Patriciens 
dans  celtâ  du  Peuple.  ^S'àttachant 
alors  aux  intérêts  de  la  multitude  ^ 
ou  plutôt  aux£ens  propres,  il  cher- 
cha le  moyen  de  la  foulever ,  en 
propofant  l'abolition  de  toutes  les 
dettes  dont  le  peuple  étoit  chargé , 
iur-tout  depms  qu'on  avoit  rebâti 
Rome.  C  etoit  précifément  dans  ce 
temps-là  même  que  les  Volfques  fe 
révoltoient.  La  conjontfhire  étoit  fi 
dangereufe ,  qu'il  fallut  élire  un  dic- 
tateur. Les  voix  tombèrent  fur  Cer- 
nçllus  Cojfus  qui  ayant  triomphé  des 
ennnemis   du   dehors,  travailla  à 
réprimer  les  divifions  inteftines.  A 
fon  retour  de  l'armée,  il  fit  arrêter 
Manlîus  ,  comme   un  rebelle.  Le 
peuple  prit  le  deuil  &  délivra  fon 
défenfeur.  L'ambitieux  Romain  af- 
pirant  fecrétementàlafouveraineté, 
profita  mal  de  fa  liberté  ;  il  excita 
une  nouvelle  fédition.  La  conjura- 
tion éclate,  les  tribuns  du  peuple 
citent  Manllus  ,  le  chef  de  ces  fac- 
tieux ,  &  (c  rendem  Ces  accufateurs. 
L.'afifemblée  fe  tenoit  dans  le  champ 
de  Mars ,  à  la  vue  du  Capitole  que  . 
Manllus  avoit  fauve.  Cet  objet  par- 
lait fortement  en  fa  faveur  :  les  ju- 
ges s'en  appercurent  *,  on  transporta 
ailleurs  le  lieu   des   comices  :   & 
Manllus  y  condamné  comme  conf- 
pirateur  ,  fut  précipité  du  haut  du 
roc  Tarpeïen,  l'an  384  avant  J.  C. 
<  Ce  trait  d'hiftoire  eft  le  fojet  d'une 
tragédie  d^  la  Foffe,  )  U  y  eut  une 
dé&nfe  exprelTe  qu'aucun  de  fa  fa- 
siille  portât  à  l'avenir  le  furiiom. 
fU  Mareuf^  &  qu'aiKua  patricien. 


M  À  N        ççj'. 

hùAAt  dans. la  citadelle  où  il  avoit 
eu  fa  maifon. 

m.  MANLIUS -TORQUATUS^. 

conful  &  capitaine  Romain,  fils 
de  Manllus  Impcnojus ,  avoit  l'efprit 
vif,  mais  peu  de  facilité  à  parler. 
Son  père  n'ofant  le  produire  à  la 
v^Ue ,  le  retint  à  la  campagne  par- 
mi des  eiclaves.  Ce  procédé  parut 
fi  injufie  à  Marcus  Pomponlus ,  tri- . 
bun  du  peuple ,  ^u'il  le  cita  pour 
en  rendre  compte.  Torquatus  le  fils  », 
indigné  qu'on pourfuivit  fon  père» 
allafeaétement  chez  le  tribun  -,  &, 
le  poignard  à  la  main ,  lui  fit  jurer 
qu'il  abandonneroit  fon  accufation. 
Cette  adlion  de  générofité  toucha, 
le  peuple,  qui  le  nomma  Tannée 
d'après  tribun  militaire.  La  guerre 
contre  les  Gaulois  s'étant  allumée  ^ 
un  d'entre  eux  propofa  un  combat 
fingulier  avec  le  plus  vaillant  de* 
Romains-,  Manllus   s'offiit  à«com-< 
battre  ce  téméraire ,  le  tua ,  lui  ôta  - 
une  chaîne  d'or  qu'il  avoit  au  cou 
&  la  mit  au  fien.  De  là  lui  vint  le 
furnom  de  Torquatus ,  qui  paiTa  en- 
fuite  à  fes    deicendans.   Quelques 
années  après  il  fut  créé  dictateur , 
&;  il  eut  la  gloire  d'être  le  premier 
Romain  qui  fut  élevé  à  la  didature 
avant  que  d'avoir  géré  le  confulat. 
Il   fiit    fouvent   conful  depuis;  il 
l'étoit  l'an  340  avanf  J.  C  pendant 
la  guerre    contre    les  Latins.    Le 
jeune  Manllus   fon    fils    accepta , 
dans  le  cours  de  cette  guerre ,  un 
.  défi   qui  lui  fiit   préfenté  par  un 
des  chefs  des  ennemis.  Les  gêné? 
Taux  Romains  avoieat  fait  défen-  , 
dre  d'en  accepter  aucun  ;  mais  le 
jeune  héros ,  animé  par  le  fouve- 
nir  de  la  vidoire  que  fon  père  avoit  . 
remportée   dans  une  pareille  occa- 
fion ,  attaqua  &  terrafiTa  fon  adver- 
faire.  Viâorieux,  mais  défobéif» 
faut ,  il.  revint  au  camp  ,    où  il 
reçut, par  ordre  de  fon  père, une 
couronne  &  la  mort.  Manllus  Torm  . 
quaau  y  aprèf  cette  exécution  ver* 


ÇH       M  A  î/ 

tdeufbimt  baibare,  vûndiut  les 
cnneiDis  près  du  flaive  Vifiris« 
dans  le  temps  qoe  foa  coliegue 
/>fcnitf  iMv  fe  dérouoit  à  la  mort 
pour  (k  patrie.  On  lut  accorda 
liioxincDr  du  triomphe  :  mais  les 
ieuiies  gens,  indicés  de £i cruauté, 
ne  voulurent  pas  aller  au  -  devant 
de  lui-,  &  Ton  donna  depuis  le 
nom  de  MsnUana  eM^  à 'tous  les 
arrêts  d'une  jufiîdb  trop  cxaâe  & 
trop  févere.  Les  vieux  fénateurs 
l'en  refpeâerent  davantage,  ^  ils 
voulurent  l'élever  de  nouveau  au 
confulat  -,  mab  ManOus  le  re&fa  , 
en  Êdfant  valoir  la  foibleffe  defes 
yeux.  Rien  ne  f croit  plus  imprudent , 
leur  dif-il ,  qu*un  homme  qd  nepoti^ 
rant  rien  voir  que  par  des  jeux  étroH" 
prs ,  préundroit  ou  foujfriroit  qu'en  le 
foi  font  Ckef&  Général^  on  M  con- 
fiât la  vie  &  la.  fortune  des  antres.  Et 
comme  quelques  jeunes  gens  fe 
îôignoient  aux  anciens  pour  le 
preffer,  Torquatus  ajouta  :  Si  jUtoîs 
Cm  fui  ^  je  ru  pourrois  fouffrir  la  11- 
cènee  de  vos  meturs ,  m  vous  la  févé- 
rhi  de  mon  foug. 

MANNORY  ,  (  Louis  )  ancien 
avocat  au  parlement  de  Paris,  (k 
patrie ,  naquit  en  1696 ,  &  mou- 
rut en  1777.  On  a  de  lui  1%  vol. 
in-X2  de  Plaid^ers  tk  Mémoires.  Ce 
Tccneil  oflfre  un  grand  nombre  de 
caufes  fïngiriieres ,  &  le  talcm  de 
l'auteur  étoit  de  les  rendre  encore 
phis  piquantes  par  la  manière  agréa- 
ble dont  il  les  préfontoit.  B  fot 
l'^ocat  de  Travenol  dam  fon  pro- 
cès contre  Poltaire^  &  il  n'épargna 
pas  à  ce  pocte  les  traits  de  fetire^. 
C^ui^ci  s'en  vengea,  en  le  pei- 
gnant comme  un  bavard  merce- 
n^re ,  qui  vendoit  Ùl  pllime  &  fes 
iifîures  au  phis  ofïirant.  Quoi  qu'il 
«Il  foit,  J&<winory  auroit  été  plus 
etené  comme  avocat  &  comme 
écrivain ,  fi  fon  fljHeeût  été  moins 
pfcylixe  &  plus  foigné,  s'il  avoit 
plor  approfondr  tes  xnsdtres   dr' 


M  A  ff 

p\vA  ménagé  k  pki£mteric  éamâ 
des  caufes  qui  ne  éemandoient  que 
du  iâvoir  &  de  b  logique.  On  a 
encore  de  lui  me  tradôdion  es 
fraaçois  de  TOraifon  tunebre  de 
LomsXly,  par  ie  P.  Por^,,  H  des 
Ohfervations  judidcufês  fur  la  Sétm^ 
rsnûs  de  VoAain,  M-nnoryétcnt  dans 
la  fodété  plein  d'eQntt  &  d'enjoue- 
ment, mais  quelquefois  trop  caii£^ 
tiqué. 

MAHKOZI,  (Jean)  iàtjEAtr 
èe  Smnt-JeÀn  ,  du  nom  du  lieu  de 
fa  nai£aûce  ,  qui  eft  un  village 
près  de  Florence,  fut  un  peistre 
célèbre.  Cet  artifte,  inorteniô^é, 
âgé  de  46  ans,  a  illufbé  Fécole 
de  .Floreûce  par  la  fupérîoiîté  de 
fon  génie,  n  entendoit  parfeite- 
ment  le  poétique  de  fon  art  :  rien 
n'eft  plus  ii^énieux,  &  en  mênde 
temps  rien  n'eft  mieux  exécuté  » 
que  ce  qu'il  peignit  dans  les  ialles 
du  palais  du  grald-duc,  pour  ho- 
norer 9  non  les  vertus  politiques 
de  Laurent  de  Médias  ^  mais  fon 
cafaâere  bienfàifam  &  fon  goût 
pour  les  beaux  arts.  Mann»ii  réniV 
fîlfoit  particulièrement  dans  la  F««r- 
tur€  à  frefqut.  Le  temps"  n'a  point 
de  prifè  ftir  les  ouvrages  qu'il  a 
feits  en  ce  genre  :  fes  couleurs  font , 
après  plus  d'unfiecle ,  auffi  fraîches 
que  ^  elles  venoîent"  d'être  enh- 
pîoyées.  Ce  maître  étoit  favant 
dans  la  perQ)eûive  &  dans  l'opti- 
que. Il  a  fi  bien  imité  des  bas- 
relie&  de  ftuc ,  qu'il  feut  y  porter 
la  main  pour  s'afiutèr  qu'ils  ne 
font  point  de  fculpmre.  H  n'efl"  que 
tnop  ordinaire  que  les  grands  ta- 
leiis  fbient  ternis  par  de  gi-andls 
débuts.  Il  ne  faut  pas  diifimuler 
l'cfprit  inquiet  &  capricieux  deM&n. 
n<f^.  Ennêcni  du  genre  humain  par 
caraôere ,  envieux  de  tout  mérue, 
&  porté  à  décrier  toutbs  fortes  de 
tafens  ;  il  eut,  même  après  fa^mort» 
des  rivaux*  qui  vouhu^nt  infinuer 
au-  giand-du^  de  détruira  ftr  ou-* 


M  Aif 

M!9g«$  :  iQiîs  CCI  fi^nfite  tCiXi  ht  nfOê 
plus  andeat  à  les  con&rver. 

MANRJQUËZ,  (  Ange }  ^e  J^- 
g0s,  moiae  de  l'ordre  4e  Gteaux , 
éoÙ€Wt  en  théologie  à  SaUmaoque , 
évéque  de  Bada^oz  l'an.  i^44  *  n^ort. 
l'an  1649,  a  donné  les  Armalcs  de 
fon  ordres  on  y  chercheroit  en 
rain  l'éxaâitude  &  la  critique. 

I.  MANSARD ,  (  François  )  &-  ' 
meux  ardûteâe  François ,  né  à  Pa- 
ns en  1 598  »  mourut  en  Septembre 
1.666 ,  à  69  ans.  Quoique  né  avec 
les  talens  de  ion  art ,  &  quoiqu'il 
eût  été  fouvent  applaudi  du  public , 
il  avoit  beaucoup  de  pei/ie  à  feiatis- 
&ire  iui-même.  Colhm  lui  ayant  de- 
mandé Tes  plans  pour  ks  façades 
du  Louvre , illui  en  €t voir , dont 
ec  tmmûte  fiit  û  content  ,  qu'il- 
voulut  lui  feire  promettre  qu'il  n'y 
changeroit  rien.  L'architeâe  reCufa 
de  s* ta  charger  à  ces  conditions , 
voulant  totgours ,  répondit*il ,  fe  ré- 
ftrvtr  h  droit  Ac  miewt  falrf.  Les 
magnifiques  édifices,  élevés  fur  les 
plans  de  Manfard  ,  font  autant  de 
inonumens  qui  font  honneur  à  fon 
f^énie  fi(  à  iks  talens  pour  Tarchi- 
«eého'e.  Il  avoit  des  idées  nobles 
&  magnifiques  pourledeâîn  géné^ 
rai  d'un  édifice^  de  un  goût  délicat 
&  exquis  pour  tous  les  omemens 
ë'ardmeâure  qu'il  y  employoit. 
Ses  ouvrages  ont  embelli  Paris  & 
iès  environs,  ê(  même  plufieurs 
ptovinces.  Les  principaux  fopt,  le 
Pùttail  de.  l*Eg£îfe  4ts  fmdilant,  rue 
Saint-  Honoré  ;  VEglifi  d€s  FUUt 
Samte^MâM,,  rue  Saint* Anuûne;  le 
Porsaii  des  MhAuts  de  la  Place 
Royale  ;  une  partie  de  VHôtd  de 
Coati ,  VHétel  dû  Btmlùm ,  celui  4e 
Têulaufc,  &  ÏBéiti  de  Un.  VEgS/û 
du  Val'd^Grmce  a  été  bâtie  fur  fon 
defiin ,  &  conduite  par  ce  célèbre 
architeôe  jusqu'au  -  deiTus  de  la 
grande  comickè  du  dedans;  atais 
'  ées  envieux  lui  firent  interrompre 
«e  maniaque  hâânent»  dont  on 


M  A  K        ççf 

doBnsr  la  conduite  à  d'autres  archi* 
te  Aes.  hUafard  a  auâî  ait  les  dei^ 
fins  du  ChâieoM  de  Maifonsy  dont 
il  a  dirigé  tout  les  hàumens  &  les 
jardins.  Il  a  £ait  encoi«  conôruire 
une  ifi^té  d'autres  fuperbes  châ* 
teaux  ;  ceux  de  Balietoy  en  Hor** 
mandie,  de  Chci/y-fur'Scine^  de  Gêyre 
en  Brie  i  un  partie  de  celui  de  Frefne^ 
où  il  y  a  une  ch^^lle  qu'on  re* 
garde  conmie  un  chef  -  d'osuvre 
d'architeâure,  &c.  C'eft  lui  qui  a 
inventé  cette  forte  de  couverture 
que  l'on  nomme  Manfarde. 

IL  MANSARD  ,  (  Jules  -  Har- 
doùin  )  neveu  du  précédent ,  mort 
en  270S,  à  69  ans,  fut  chargé  de 
la  conduite  de  prefquetous  les  bà- 
timens  de  Lotds  XIV.  Il  devint  non- 
(}eulement  premier  architeûe  du  roi , 
comme  fon  oncle  >  mais  encore 
«hevalier  de  Saint  -  Michel,  furin- 
Pendant  &  ordonnateur  général  des 
bâtiniens ,  arts  &  manuSiôurcs  dit 
roi.  C'eft  fixr  les  deffîns  de  ce  h-* 
meux  architeâe  qu'on  a  confirait 
la  Galerie  du  Palais^royal  ,1a.  Place 
de  Louit  le  Grande  celle  des  VlcLoi^ 
rjts.  Il  a  Élit  le  D6me  des  InyoUdes  ^ 
9i  a  mis  la  dernière  main  à  cette 
magnifique  églife ,  dont  le  premier 
architfiâe  fiit  libéral  Bru  AU  T. 
Aianfard  a  encore  donné  le  plan  de 
la  Meifon  dt  Saint-Cyr^  de  la  Çafeadû 
de  Samt-filoud\  de  la  Ménagerie ,  de 
rOrwi^artf,  des  Ecuries  ^  du  Château 
4e  Fer/ailles,  &  de  la  Chapelle,  fon 
dernier  ouvrage,  qu'il  ne  put  voû? 
fifûr  avant  fa  mort.  Voltaire  l'a  ap« 
pelé  un  coUfiehu  brillant  *,  mais  il  fiit 
g^  par  le  terrain;  &  il  efi  pro» 
bable  que  s'il  avoit  eu  de  Ve^ace^ 
cette  chapelle  auroit  égalé  en  no*^ 
blefie  fes  autces  édifices.  Manfuré 
&  le  Notre  furent  les  premiers  ar* 
tilbs  honorés  du  cordon  de  Sainte» 
A^càei,  i&anfard  employoit  pour 
pîaireàX.owf  X/Ktous  les  détoura 
d'un  courdfan.  Il  lui  préientoit 
qildq^ttfiois  des  plans  où  il  lai^^ 


«6        M  A  N 

M  diofcs  û  abfdrdcs  que  le  rot 
k  voyoit  du  premier  cpMp  d'œil. 
Là-deuus  Manfard  îàpkoît  de  tomber 
€n  admiration ,  &  s'écrioit  :  Votre 
Majtfti  n'ignoré  nm^  &  tn  fait  plu$ 
m.  ttKkiuBurt  qut  U$  mmkru  mimu, 
Voyti  N  o  S  T  R  E« 

I.  MÀNSFELD,  (Piene-Emeft 
comte  de)  d'une  des  plus  illuibres 
«uûfoas  d'Allemagne  &  des  plus 
fécondes  en  perfonnages  recomman- 
dables  ,  iut  Eût  prifonnier  en  i  ^  5 1 
dans  Ivoy ,  où  il  commandoit:  de- 
puis il  Tervit  les  Catholiques  à  la 
^taille  de  Montcontour.  Ses  ta- 
lens  le  firent  employer  dans  les 
afiaires  les  plus  délicates.  Devenu 
gouverneur  de  Luxembourg  ,  il 
maintint  la  tranquillité  dans  cette 
province,  tandis  que  le  refte  des 
Pays-Bas  étoit  en  proie  aux  mal- 
keurs  de  la  guerre  civile.  Les  états 
lui  témoignèrent  leiu*  gratitude ,  en 
plaçant  fur  la  porte  de  l'hôtel-de- 
ville  rinfcription  fuivante  :  In  Bel-' 
gio  omma  dum  vaftat  civUt  htUum^ 
Mansfeldus  btUo  &  pace  fidus  ^  hane 
frovlnàam  in  fidc  continu  fervatqm 
UUtfam  ,  atm  fummo  poptUt  confen/u 
^  hilari  juamdltate,  11  eut  enfuite 
le  commandement  général  des  Pays- 
Bas  ,  &  mourut  à  Luxembourg  le 
3,1  Mars  1604 ,  à  87  ans  ,  avec 
le  titre  de  Prince  du  Samt^Empire, 
Son  mauiblée  en  bronze  ,  qu'on 
voit  dans  la  chapelle  de  fon  nom , 
qui  joint  l'églife  des  Récollets  à 
Luxembourg ,  eft  un  ouvrage  ad-* 
mirable.  LouU  XIV  ayant  pris  cette 
ville  en  1684,  fît  enlever  4  pleu- 
feuTes  d'un  grand  fini,  qui  déco- 
toient  ce  monument.  Mantfdd 
féunifibit  le  goût  des  fciences  & 
éelui  de  la  guerre,  aimoit  &  en- 
courageoit  les  arts  ,  avoit  l'efprit 
vafie  &  porté  aux  grandes  choies. 
Mais ,  comme  plufieurs  héros  an» 
dens  &  modernes ,  U  fut  quelque- 
fiois  avide  d'argent  &  prodigue  de 
6flg.  L'abbé  Sdùuuuu  a  donne  Ti^- 


M  AN 

ioirt  du  comte  de  Mtnsfeld  en  1«* 
tin ,  Luxembourg ,  1707.  Charles  ^ 
prince  deMansfeld,  fon  fils 
légitime ,  fe  fignala  dans  les  guerres 
de  Flandres  &  de  Hongrie,&  mourut 
fans  poftérité  en  1 595 ,  après  avoir 
batm  les  Turcs  qui  voiûoient  fc- 
courir  la  ville  de  Gran  (Strigonie  } 
qu'il  affiégeoit.  Foy«^  l'art.  Ligne- 

ROLLES. 

U.  MANSFELD ,  (  Emeft  de  ) 
fils  naturel  de  Pierre^Emeft  &  d'une 
dame  de  Malines ,  fiit  élevé  à  Bruxel- 
les dans  la  rdigion  Catholique  par 
fon  parrain,  l'archiduc  Emeft  d'Att^ 
triche  ;  &  fervit  utilement  le  roi 
d'Efpagne  dans  les  Pays  -  Bas  r  & 
l'empereur  en  Hongrie,  avec  fon 
firere  Charles  comte  de  Mansfeld, 
Sa  bravoure  le  fit  légitimer  par 
l'empereur  Rodolphe  IL  Mais  les 
charges  de  fon  père ,  &  les  biens 
qu'il  pofiedoit  dans  les  Pays  -  Bas 
Efpagnols,  lui  ayant  été  refufés 
contre  les  promeiTes  données ,  il  ie 
jeta  ,  en  i6io  ,  dans  le  parti  de» 
princes  Protefians.  Devenu  l'un  des 

Îdus  dangereux  ennemis  de  la  mai* 
on  d'Auûriche ,  qui  l'appcloit  VM-^ 
tila  de  la  Chrétienté,  il  fe  mit»  en 
16 18,  à  la  tête  des  révoltés  de  Bohê- 
me ,  &  s'empara  de  Pilien  en  16 19, 
La  défiiite  de  fes  troupes  en  dilFé* 
rens  combats,  ne  l'empêcha  pas 
de  pénétrer  dans  le  Palatinat.  Il  y 
prit  plufieurs  places ,  ravagea  1'^- 
face  ,  s'empara  d'Haguenau  ,  & 
défit  les  Bavarois.  Enfin,  il  fiit  en- 
tièrement dé^  lui  -  même  ,  par 
JValftein^  à  la  bataille  depafibu» 
au  mois  d'Avril  1626.  Ayant  cédé 
au  duc  de  JVeimar  les  troupes  qui 
hiireiloient,  il  voulut  pafi^  dans 
les  états  de  Venile  ;  mais  il  tomba 
malade  dans  un  village ,  entre  Zara 
&  Spalatro ,  &  y  rendit  les  derniers 
(bupirs  le  20  Novembre  1616 ,  à 
46  ans.  Le  procurateur  Nani  lepeint^ 
ainû  :  >*  Hardi ,  intrépide  dans  le 
n  péril. ,  Supérieur  ^ux  premiets^ 


M  A  N 

M  génies  de  ion  temps  pour  une 
>«  négoclatipn ,  s'inûnuant  dans  TeT- 
«  prit  de  ceux  qu'il  vouloit  ga- 
H  gner  ;  avec  une  çloquence  natu- 
««  relie*,  avide  du  bien  d'autrui,  & 
M  prodigue  du  ûea  ;  toujours  plein 
*>  de  vaftes  projets  &  de  grandes 
^  eTpérances-,  il  mourut  fans  ter* 
*«  rcs  &  fans  argent  «.  Il  ne  vou- 
lut point  mourir  dans  le  lit.  Revê* 
tu  de  fes  plus  beaux  habî^  »  Tépée 
au  côté ,  il  expira  droit,  appuyé 
fin  deuxdomeftiqties.  Parmi  les  ac- 
tions de  ce  grand  capitaine  &  de  cet 
homme  fiagulier ,  i^n'y  en  a  certes 
pas  de  plus  iinguliere  que  celle 
qu'on  va  lire.  Ce  ^général,  inftruit 
à  n'en  pouvoir  douter,  que  Cai^el^ 
celui  dé  fes  oB^krs  tuqatl  il  fe 
fioit  le  plus ,  commtmiqiioit  le  plan 
de  fes  projets  au  chef  des  Autri* 
clûens,  n'en  montra  ni  humeur, 
xki  refliémiment.  Il  fît  donner  au 
traître  ^o  rixdales  ^  avec  une  let- 
tre pour  le  .comte  de£uijuùy^  coi»* 
^ue  en  ces  termes:  €ai(e£  étant  vc^ 
trtafftc^nmUftryhtuf  y&  ndn  le  mhn  , 
je  vous  P envoie  ^n  que  vous  profiiUi 
de  fes  fehiices.  Cette  aâion. partagea 
les eiprits,  fie  trouva  autant  decen- 
feurs  que  de  pari^mte.^  Quoi  qu'il 
en  €ba ,  JEjmeft  paiTe^  avec  raifon , 
pour  Vûn>  des  plus  gratads  généraux 
de.foa  -temps*  Jamais  capitaine  ne 
fut  plus  patiemv  .plut'^ii^aâgable  ,• 
ta  plus  endurci  au  travail  ,  aux 
v^lesv  au  froid  .&  à  la  £dm«  Il 
mettait  desGanaxéev  fur  "pîcd  i  «  fie  r»- 
vagepîft  les'^roviacès  defesenne* 
xnis  avec  une  promptitude  prefque 
incrb^^ble.  Les  HoUandois  dif oient 
de  Imr:  Bonus  in  auxilio  ^  eanu  in 
pmlo  ;  c1^-à*dire ,  qu'il  rehdotrde 
grands  fervices  à  ceux  qui  rem« 
ployoîent ,  mais  qu'il  les'  Êdfoit 
payer  bien  cher. 

m.  MANSFELD,  (  Henrt-Fran- 
^oir,  comte  de)  dfirU  mêmemai- 
foâ  que  les. précédent,  Xe  ûgnala 
daa$  les  guerre^  pour  la/nocàsictn 


M  A  N        '^y^ 

d'Efpagiie.  Il  mourut  à^Vieftne  le 
8  Juin  17 15  ,  à  74  ans ,  après  avoir 
été  prince  du  Saint-Eipph-e  fie  'de 
Fondi,  grand- d'Efpagne  ,  maré^ 
chai-  de  camp ,  général  des  armées 
de  l'empereur ,  général  de  Tartille- 
rie,  ambafiadeiu*  en  France  6c  en 
Ëfpagne ,  préûdent  du  confeil  au- 
lique  de  guerre  fie  grand  chambel- 
lan de  l'empereur. 

MANSION ,  (  Colard  )  impri- 
meur &  écrivain  du  xv*  iîecle,étoit, 
félon  la  plus  commune  opinion ,  de 
Bruges ,  où  il  a  paiTé  prefqne  toute 
ÙL  vie^  On  a  de  lui  :  L  Les  Meta* 
morph^fes  d'O^vîde  moraiifécs  ,  tra^ 
dmtes  en  français  par  Manfion  ,-  ik 
ladn  de  Thonuu  Wtdeys ,  heohîn ,  & 
par  bà  Imprimées  en  t^8^  ,  in-fol,  II. 
La  Pénitmct  d*AÂam^  traduite  du  la- 
tin, manufcrit  à  la  bibliothèque  du 
roi  de  France,  n®  7864.  III.  On 
lui  attribue  encore  la  TraducKon  de 
U  Confoiattort  de  Boè'ce,  qu'il  im^ 
prima  en  1477,  fi^xlu  Dialogue  de^ 
Créatures^  Lyon  y  1483. 

MANSTEIN ,  (  Chriftophe-Her- 
mann  de^né  àPétersbourg  le  1*' 
Sq>tembre  1711,  férvit  long-temps 
fie  avec  diftinâion  dans  les  armées 
de  Ruj^e  en  qualité  de  colonel.  Il 
paûa  en  174^  «u  fervice  du  roi  de 
Pruffe,.  fut  nommé  génétal-major 
d'Infantn-ie  en  1754,  fit  fe  diftin^i 
gîia  'dans  toutes  les  occatiens  par 
fa  bravoure  fie  fon  habileté  dani 
l'art  de  la  guerre.  En  1757  il  fut 
blefie  è  la  batûlle  de  Kolin ,  fie 
peu  de  temps  'après  tué  près  de 
Leutmeritft  ^umyèrfelkment  regret* 
•  té  par  tous  ceux  qui  l'ont  connu  ; 
les  etmemb  mêmes  lui\  donnèrent 
des  larmes.  Mafiilein ,  dans  les  mo^ 
mens  de*  Ibiiif'que  lui  laiifoit  le 
métier  périible"  de  la  guerre ,  fe  H^ 
vrojit  â  l'étude.  Il  favoit  là  plupart 
des  langues  de  l'Europe.  On  a  de 
lui  des  Mémoires  hifioriques  ypoÛtiquei 
&  miUtairts  Jur  la  Êuffie ,  Lyon , 
17731 ,  2  vol*  !»-$• ,  avec  d^  plaiu 


56o        M  A  N 

truccîo  CaJhdCdm^  1560,  îli-4^,eû 
'italien ,  &c. 

I.  MANUEL  CoMNEKE ,  4«  fils 
de    Fempereur     Jean    Comnene  & 
é' Irène  de  Hongrie  ,  naquit  à  Conf- 
tantinople  en  iiix).  Il  fut  couron- 
né empereur   dans  cette  ville  en 
'  J143 ,  au   préjudice    à*lfaac  ,  fon 
frère  aîné ,  honune  farouche  &  em- 
porté ,  que  fon  père  avoit  privé  par 
fon  teftament  de  la  fucceffion  im- 
périale. Ses  états  ayant  été   inon- 
'dés  par  les  armées  de  la  féconde 
Croifadc  ,  les  Grecs ,  incommodés 
par  ce  débordement  d'étrangers  , 
leur  rendirent   tout    le  mal  qu'ils 
croyoient  en  avoir  reçu.  La  guerre 
<[ue  Manuel  fouënt   contre    Roger 
roi  de  Sicile,   qui  avoit  pénétré 
dans  Tempiic ,  fut  d'abord  malheu- 
reufe;  mais  enfin  il  vimàbomde 
chaffer  les  Siciliens  horsde  fes  pro- 
^nces ,  &  fes  fuccès  les  forcèrent 
à  lui  demander  la  paix.  Il  paffa  en- 
iùite  dans  la  Dalmatie&  de  là  dans 
la  Hongrie ,  &  il  eut  par-tout  à^ts 
avantages.  Après  avoir  humilié  les 
fultans  d'Alep  &  d'Icône  ,  il  def- 
cendit  en  Egypte  à  la  tête  d'une 
Aptte  &  d'une  armée.  On  prétend 
^'il  auroit  conquis  ce   royaume , 
fans  la  trah:fon  d*Amauri  ,   roi  de 
Jérufalem  ,  avec  lequel  il  s'étoit  li- 
gué  pour  cette  expédition.    Ufic 
nouvelle  guerre  avec  le  fultan  d'I- 
ïbne,  vint  occuper  fes  troupes  : 
'elle  ne  fut /pas  d'abord  heureufe  ; 
inais  la  valeur  de  Manuel   délivra 
l'empire  de  ce  fléau.  Tandis  qu'il 
làifoit  la  guerre  ^  il  s'occupoit  de 
<fifputes  de  religion.  11  compofa  des 
ii^îruâions  en  forme  de  catéchif- 
me ,  qu'il  prononça  lui-même  de- 
vant le  peuple.  Ayant  la  manie  de 
liîfputer  avec  les  évêques  fw  les 
noints  les  plus  obfcursdenosmyf* 
teres,'îl  ptopofoit  chaque  jour  de 
Aouvelks  queftions  fur  lés  paffa- 

rles  plus  difficiles  de  rEcrid&e. 
en  ht  autre  une  imponaote  , 


•M  AN 

touchant  les  qualités   de  Prêtre  H 
de  Viaime  en  Jefus^Chrifl  -,  &  les 
évêques    qui  reftiferent  de  fuivre 
fon  fentiment ,  furent  dépofés.  Le 
célèbre   Eufiatke  ,    archevêque  de . 
Thefiàloniqtte  ,  dont  nous  avons  un 
favant  commentaire  fur   Hwnm , 
fut  de  ce  nombre.   Quelque  ten^ 
après  f  il   entreprit  de  donner  un 
nouveau  fens  à  ces  paroles  de  Je* 
fus-Chrift  ;  M^n  Père  efi  plus  grand 
que  moi.  Il  af!embla  dans  le  palais 
les  plus  favans  de   l'empire ,  où 
il  foutint    contre    tous  l'opinioa 
qu  il  avoit  avancée  y  &  leur  fit  fouf- 
crire  un  décret  conçu  en  ces  mots  : 
n  J  admets  les  explications  que  les 
»  Pères  ont  données  de  ces  mots  de 
n  Jefus-Chrifl  :  Mon  Père  efi  plus 
v>  grand  que  moi  ;  mais  }e  dis  qu'ils 
M  doivent  s^enteodre  de  fon  corps 
M  qui  étoit   créé  &  pafiîble  «.  Il 
n'ofa  cependant  mettre  dans  cène 
formule  fon  véritable  ientinieat  , 
que  le  Fils  étoit  moindre  -que  le 
Père ,  d^Miis  (pi'il  s'étoit  revêtu  de 
l'humanité.  Mais  il  fit  une  ordon- 
nance ,    par  '  laquelle  il  menaçoît 
d'excommunier  ù,-  de  ^re  mourir  « 
non<fieulement  ceux  qui  la  combat* 
troient ,  mais  ceux  qui  penferoient 
le  contraire  '-,  &  il  fit  graver  fon  déo 
ctet  fur  un  marbre  ,   qui  fiit  mis 
dans  l'églife  principale  de  Confian- 
tinople.  Sur  ia.  fin  de  fa  vie  «  il  or* 
donna  qu'on  effaçât  du  Catéchifine 
un  anathême  prononcé  concrm  le 
Dieu  de  Mahoma ,  que  ce  taux  pro- 
phète avoit  dit  ne  point  engendïer , 
&  n'avoir  point  été  engendré.  La 
décifion  de  l'empereur  »  ^ni  ren- 
verfoit  les  idées  que  les  Chrétiens 
ont  de  la  Trinité ,  fouleva  tous  les 
efpriil;  i&  comme  cette  nouveauté 
alloidibcdter  une  guerre  civile ,  les 
évêques  convinrent  de  dire  ample- 
ment aauhême  à  Mahomet  &  à  fit 
doâriné.  Mamul  mourut  quel^pe 
temps  après,  à  la  fin  de  Septembre 
X 1 8O9  âî^  d«^^o.9ns»  Comme  il  ^otc 

fcandaUfé 


MAN 

fcuidlalifé  réglife  Grecque ,  en  dog« 
matilant  fur  les  myileres ,  en  fe  li- 
vrant aux  chimères  de'l'aflrologie 
judiciaire ,  il  fe  revêtit  avant  fa 
mort  d'un  habit  de  moine.  Ce  prin- 
ce étoit  d'ailleurs  plein  de  grandes 
qualités  :  humain ,  généreux  >  pa- 
nent dans  les  travaux  militaires  , 
brave  à  la  tête  des  armées  >  &  ne 
formant  que  des  projets  dignes  de 
Cà  grandeur  d'ame.  Les  Latins  le 
calomnièrent  ,  pour  fe  venger  du 
peu  de  Aiccès  de  leur  croifade  ;  & 
les  Grecs ,  pour  Ce  dédommager  des 
impôts  exorbitans  que  les  guerres 
continuelles  de  Ton  règne  occafion- 
ncrent. 

,  n.  MANUEL  PaléoIogue  , 
£ls  de  Jtan  VI  ?4gU%lo%ut^^  em» 
jpîereur  deConftantinople  après  lui , 
fut  encore  moins  heureux  que  Ton 
père.  Les  Turcs  lui  déclarèrent  la 
guerre  l'an  1391  »  lui  enlevèrent 
'  Theflalonique  ,  &  âilUrent  à  fe 
rendre  maîtres  de  Conftantinoplé 
en  1395. Comme  fes  prédécefTeurs , 
il  vint  demander  aux  Latins  des 
Recours  >\qu'il  ne  put  obtenir.  Enfin 
las  des  infortunes  qu'il  éprouvoit^ 
il  remit  le  feutre  à  Jtan  VlIPaUo* 
iogue  foA  fils ,  &  prit  l'habit  reli* 
l^eux  deux  Jours  avant  fa  mort , 
arrivée  en  1415.  Il  étoit  âgé  de  77 
ans ,  &  en  avoit  régné  3  5 .  La  dou-^ 
ceur  de  fon  caraâere  le  fit  aimer 
de  fes  peuples.  La  politique  fut  la 
bafe  de  fon  gouvernement  ;  mais 
comme  il  ne  parut  prefque  point 
à  la  tête  de  fes  armées ,  qu'il  n'em*» 
ploya  que  des  troupes  étrangères  , 
&  qu'il  négligea  de  difcipliner  les 
fbldats  de  fa  nation ,  il  prépara  la 
ruine  de  l'empire.  Il  eft  auteur  d'un 
Recueil  à'Ouvragu  imprimé^  fous 
fon  nom  -,  on  y  trouve  diTbyle  & 
de  l'éloquence. 

m.  MANUEL  PHILR  ,     Voye^ 
Phile. 

IV.  MANUEL  ,  (  Nicolas  )  de 
M^ae ,  fit  jouer  dans  cette  ville ,  en 
Tome  F^ 


MAP        5^1 

tj  11 ,  deux  miférables  farCés  \  l'un4 
efi  intitulée  :  Le  Maugmrde  Morts  i 
&  l'autre ,  le  ParalUU  de  /.  C,  avet 
fon  Vickin,  Quoique  Berne  fût  en« 
core  Catholique  ,  on  ne  lui  fit 
point  un  crime  de  cts  deux  co*  ^ 
médies  ^  que  quelques  littérateur^ 
ont  la  foiblefle  de  rechercher.  Il 
fut  fait  confeiller  peu  de  temps 
après ,  &  employé  à  plufieurs  né- 
gociations. Il  efl  le  traduûeur  du 
Recueil  de  Procédures  contre  des  Ja* 
cohlns  exécutés  à  Berne^en  lyoç  peut 
crime,  de  forccihrle ,  auquel  Traité  font 
accouplés  des  Cordelltrs  d' Orléans  pour 
fareilh  impofture  i  Genève  ,  1566  . 
in-8^        ,  »     1       t 

MANZO»  (Jean-Baptifle)  mar- 
quis de  Ville  ^  fervit  quelques  an* 
nées  dans  les  troupes  du  duc  de 
Savoie  &  du  roi  d'Efpagnc  ;  puis 
fe  retira  à  Naples ,  fa  patrie ,  pour  y 
cultiver  à  loifir  les  Mufes  &  les  Let- 
tres. Ce  fut  un  des  principaux  fon- 
dateurs de  l'académie  degU  Oîiofi  d% 
Naples»  Il  y  mourut  en  1645  >  à  84 
ans.  On  a  de  lui  ;  1,  DelC  amore  Dia* 
ioglù,  à  Milan,  160S  ,  in-8^  IL 
Rime  ,  1635  ;  in-i2.  IIL  Vka  del 
Tajfo^  1634,  in-ia.  Many>ii' étoit 
pas  un  poète  du  premier  rang  ;  mais 
on  ne  doit  pas  le  compter  non  plus 
parmi  ceux  du  dernier* 
•  MAPHÉE ,  Voyei  les  Maffée* 

MAPHÉE  ,  (Raphaël)  dit  ls 
VoLATMRRAN ,  nom  qu'il  tenoit  de 
la  viUe  de  Volterre  enTofcane* 
où  il  vit  le  jour  en  1450 ,  fe  fie 
connoitre  &  par  fes  ouvrages ,  & 
par  les  verfions  qu'il  fit  de  ceux  des 
autres.  Entre  les  produéKons  du 
premier  genre  ,  on  diftingue  fes 
Commentaria  Urbaaa^  Lyon^  1599» 
in-folio  ,  eftimés.  Parmi  celles  du 
fécond  genre ,  oH  cite  les  Traduc-^ 
tions  latines ,  de  1 '(Economique  de 
Xénophon;  de  l'Hifloire  delà  Guerre 
de  Perfe ,  &  de  celle  des  Vandales  , 
par  Procope  de  Céfurée^  de  X  OraU 
fons  de  S^  Bafilfi ,  &c.  &<:.  Ls  Voh'* 

Nn 


y«x        M  A  R 

Ètnan  paya  la  dette  commune  dafis 
i4  ville  natale,  en  15  21 ,  âgé  de  71 
ans. 

MARACa  ,  (  Louis  )  membre 
de  la  congrégation  des  Qercs  ré- 
guliers de  la  Mtre  de  Dieu  ,  né  à 
Lucques  l'an   161 2  ^   mourut  en 
1700  y  à  ^7   ans.  Il  s'eft  bk  un 
AOffl   célèbre  dans   la  république 
des  lettres ,  par  un  ouvrage  eftimé 
&  peu  commun  en  France ,  intitulé  : 
Alcoranî  textus  univerfus  ,  arahîcè  â* 
iatittè ,  Padoue  »  1698  ,  in-foU  2  vol. 
L'auteur  a  joint  à  cette  tradu£kion 
de  l'Alcoran ,  des  notes ,  une  réfu* 
dation  S(.  une  Vie  de  Mahomet  : 
[  Voye^  ce  mot. }   Les   favans  en 
kngue  Arabe  y  ont  trouvé  plu- 
iieurs  fautes ,  qui   n'ôtent  rien  au 
mérite  de  fon  tr^ail.  Sa  réfiitation 
du  Mahométifine  n'eft  pas  toujours 
afiez  folide.  On  y  teconnoît  qu'il 
é«>it  plus  verfé  dans  la  leéhtfe  des 
auteurs    mufulmans   que  dans    la 
philofophie  &  la  théologie.  C  oft 
le  jugement  qu'en   porte  Richard 
Simon  dans  fa  BSbliotheque  choljîe,,, 
JMaracà  eut  une  gtande  part  à  l'é- 
dition de  la  Bihle  Arabe ,  à  Rome , 
1671  ,    in-fol.  „  ^  vol.  Ce  fevant 
prolcfi^  l'Arabe  dans  le  collège  de 
la  Sapience  ^   avec    beaucoupr  de 
fuccès.  Innocent  XI ,  qui  refpeâoit 
autant  Tes  vertus  qu'il  eftimoit  fon 
£ivoir  y  le  choiût  pour  fon  con- 
feiTeur ,  &  Tauroit  honoré  de  la 
pourpre  y  Ci  l'hiunilité  de  Maracct 
se  s'étoit  oppofée  à  cet  honneur. 
On  a  auili  de  lui  une  Vie  en  Ita- 
lien de  Leonardl  ,   inftituteur  de  fa 
congrégation.    Voye^  les  Mémoires 
du  r.  Niceron ,  (  Tom,  41.  )  qui 
«lonne  un  long  catalogue  de  fe& 
ouvrages. 

MARAIS,  (  Marin }  célèbre  mu- 
ficien  ,  né  à  Paris  en  1656  >  fit 
des  progrès  û  rapides  dans  l'art  de 
jouer  de  la  viole,  que  Saint^Coiomhe 
fan  maître  ne  voulut  plus  lui  don- 
née de  leçons  paiTé  iix  mw^  U 


M  A  R 

porta  la  viole  à  fon  plus  havt 
degré  de  perfeâion ,  &  im^na  le 
premier  de  Eure  filer  en  laiton  les 
trois  dernières  cordes  des  baâes , 
afin  de  rendre  cet  infbumem  plus 
£6nore.  On  a  de  lui  divcrfes  Pièce* 
de  Viole  ,  &  pluiieurs  Qj^ra  ;  celui 
^*Alclont  paâe  pour  ibn  chef* 
d'oeuvre.  On  y  admire  fur  -  tout 
une  tempêce  qui  taie  un  effet  pro-  1 
digieux.  Un  bruit  fourd  &  lugu* 
bre ,  s'unifTant  avec  les  tons  algu& 
des  flûtes  &  autres  in^umens  ^ 
rend  toute  l'horreur  d'une  mer 
agitée  &  le  fixement  des  vent» 
déchaînés;  On  admire  dansfbsour 
vrages  la  fécondité  ^  la  beauté  d9 
fon  génie,  jointes  à  un  goût  ex- 
quis ,  $c  à  une  compoôtioa  fà* 
vante.  Cet  illuflre  muficien  mourut 
en  1728»  à  72  ans»  laiâânt  neuf 
enfans ,  dont  quelques-uns  pamci-  < 
perent  à  fes  talens^ 

MARAIS,  roy<^  Marêts^.  & 
RfCNIER,  n^  II. 

MARAIS,  (Du)  Voye^  Palit- 
DANUS. 

MARALDI  ^  (  Jacques-Philippe> 
favant  mathématicien  &  célebjre  af» 
tronome ,  de  l'académie  desfdeoces^ 
naquit  à  Périnaldo  >.  dans  le  comtf 
de  Nice  ,    en   166  j  ,  de  François 
Maraldi ,  &  d'Angele- Catherine  Caf^ 
fini  ,  ibeur  du  £suneux  agronome 
de  ce  nom.  Son  oncle  le  fit  venie 
en  France  l'an  1687  »  &  Maraldi 
s'y  acquit  une  grande  réputation 
par  fon  favoir  &  par  fes  obferva* 
tions.   £n  1700  ,  il  travailla  à  U 
prolongation  de  la  femeufe  Méri^ 
dienne   jufqu'à  l'extrémité   méri- 
dionale   du'  royaume.    Le    pape 
Clément  XI  profita  de  fes  lumieie» 
pour  la  corre^on  du  Calendrier  » 
dans  un  voyage  qu'il  fit  à  Rome» 
£n  1718,  il  alla  avec  trois  autres 
académiciens  terminer  la    grande 
Méridienne  du  côté  du  Septentrîoo. 
A  ces  voyages  près ,  (dit  Fomenelk  J 
il  pafla  toute  Ia  vie  confeiimé  dan^ 


J 


M  A  R 

f obfervatoire ,  ou  plutôt  dans  le 
Ciel,  d'où  fes  regards  &  fes  re- 
cherches ne  fortoient  point.  Son 
caraâere  étoit  celui  que  les  fciences 
çlonnent  ordinairement  à  ceux  qui 
en  font  leur  occupation  :  du  férieux , 
de  la  iîmplicité  ,  de  la  droiture. 
U  porta  au  plus  haut  point  le  fen- 
timent  de  la  reconnoiiïance  qu'il 
avoit  pour  fon  oncle.  Cajfînl  eut 
un  fécond  fils  daûs  le  fenfible 
Maraldl,  L'académie  &  fes  ami$  le 
perdirent  le  i*''  Décembre  1719  ,  à 
64  ans.  Dans  fa  dernière  maladie  , 
il  employa  le  feul  remède  auquel 
il  eût  confiance,  une  diète  auflere  ; 
mais  nul  remède ,  dit  TonunelU ,  ne 

rëu/Ht  toujours On  a  de  lui  un 

Catalogue  manufcrit  des  Etoiles  fixes  , 
plus  précis  &  plus  exaâ  que  celui 
de  Bayer,  U  donna  un  grand  nom- 
bre à' Ob/ervdtlons  curieufes  &  in- 
téreffantes  dans  les  Mémoires  de 
l'académie.  Celles  qu'il  fit  fur  les 
Abeilles  6c  fur  les  Pétrifications  , 
eurent  auffi  un  applaudifTement  uni- 
vcrfel. 

MARAN,  (  Dora  Prudent)  Bé- 
nédidHn  de  la  congrégation  de  Saint* 
liïaur,  né  en  1683  ,  àSezanne  en 
Brie ,  fit  profeflion  à  l'âge  de  19 
ans  ,  &  mourut  en  1762 ,  dans  fa 
80*  année,  après  avoir  donné  du 
luilre  à  fon  ordre  par  fon  érudi- 
tion &  fes  ouvrages.  Sa  charité  » 
fpn  amour  pour  PEglifé  ,  &  les 
qualités  de  fon  cœur ,  cauferent  les 
plus  vifis  regrets  à  fes  confrères. 
Des  migraines  fréquentes  l'obligeant 
de  recourir  à  la  faignée  ,  la  der- 
nière qu'on  lui  fit ,  lui  devint  fii- 
nefle  :  elle  fut  fuivie  d'une  hydro- 
pàie  qui  l'enleva  prefque  fubite- 
ment.  On  a  de  lui  :  I.  Une  bonne 
édition  des  Œuvres  de  S.  Cyprien  ^ 
il  a  eu  beaucoup  de  part  à  celles 
de  S.  Bafile  &  de  5.  fuBn.  II.  Di- 
yhùtas  Domlni  Jesu-ChkistI  manl- 
fcfiata  in  Scripturis  &  traditione  , 
1746  y  ia-fol,  m.  La  Divinité  de 


M  A  R         565 

Notre-Seignatr  JjlsuS'Christ  prou* 
véc  contrôles  Hérétiques ,  175  i  ,  3  vol. 
in-i2.  Cet  ouvrage  efl  la  traduc- 
tion du  précédent  -,  & ,  quoique  l'un 
&  l'autre  foient  folides ,  ils  ont  eu 
peu  de  débit.  IV.  La  Doctrine  de 
écriture  &  des  Pères  fur  Us  pUiifons 
thhacuUufes,  1754  ^  in- il.  y.  Lei 
Grandeurs  de  Jésus  -  Christ  &  la 
défenfe  de  fa  divinité ^  1756,  in-12. 
Ces  différentes  produâions  décè- 
lent un  homme  favant;  mais  on  y 
trou  vc  rarement  l'écrivain  élégam 
&  précis.  La  mort  furprit  cet  auteur^ 
lorfqu*il  s'occupoit  à  une  nouvelle 
édition  des  Œuvres  de  5.  Grégoîrt 
deNazianze ,  qui  n'a  pas  vu  le  jour. 
MARANA ,  (  Jean-Paul  )  né  vcr« 
1642,  à  Gênes  ou  aux  environs  , 
d'une  famille  diftinguée,  h'avoic 
que  27  à  28  ans,  lorfqu'il  fiit  im- 
pliqué dans  la  conjuration  de  ItéP> 
phdél  de  la  Torre ,  qui  vouloit  li- 
vrer Gênes  au  duc  de  Savoie^  Aprè^ 
quatre  ans  de  prifon,  il  fe  retira  à 
Monaco ,  où  il  écrivit  VHlftoire  de 
ce  complot.  S'étant  rendu  à  Lyon  , 
il  la  fit  imprimer  en  1682 ,  in-12  , 
en  italien.  Cette  Hifloire,  femée 
d'anecdotes  importantes ,  offre  des 
particularités  curieufes  fur  la  ma- 
njete  dont  Louis  XIV  termina  les 
différent  entre  les  G^ois  &  le  duc 
de  Savoie.  Marana  aVoit  toujours 
eu  du  goût  pour  Paris;  il  s'y  rendit 
en  1682.  Son  mérite  perça,  &plu- 
fieurs  grands  feigneurs  furent  fes 
Mécènes,  C'efl  pendant  fon  féjoiir 
dans  la  capitale  qu'il  publia  fon 
Efpîon  Turc^  en  6  vol.  in- 12, aug- 
mentée d'un  feptiemeen  1742,  date 
de  la  dernière  édition  de  cet  ou^ 
vrage.  Quoique  le  flyle  ne  foit  ni 
précis ,  ni  correâ ,  ni  élégant ,  le 
public  le  goûta  extrêmement.  Ma^ 
rana  avoit  fu  intérefTer  la  curiofité 
par  un  mélange  amufant  d'aven- 
tures piquantes ,  moitié  hifloriques, 
moitié  romanefques ,  que  les  gens 
peu  infh-uits  prenoient  pour  vén* 

N  n  i; 


ç«4        M  A  R  M  A  R 

tables.  Les  perfonnes  éclairées  ne    pdntre  ordinaire.  Il  mourut  conW 
'^        '    ■  '        blé  d'honneurs  à  Rome  le  ly  Dé- 
cembre 171 3,  à  87  ans.  Une  extrême 


s'y  méprirent  pas.  On  vit  bien 
que  ce  n'étoit  pas  un  Turc  qui 
ccrivoit  ces  Lettres  imaginaires; 
mais  un  auteur  de  nos  contrées, 
qui  fe  fervoit  de  ce  petit  artifice , 
foit  pour  débiter  des  chofes  har- 
dies ,  foit  pour  répandre  des  nou- 
velles vraies  ou  faufles.  Les  trois 
premiers  volumes  furent  applaudis 


modeftie  ,  beaucoup  de  complai* 
iance  &  de  douceur ,  formoient  fon 
caractère.  Non  content  d'avoir  con- 
tribué à  la  confervation  des  pein- 
tures de  Raphaël  au  Vatican,  &  de 
celles  des  Caraches  dans  la  galerie 
du  palais  f  arnefe ,  qui  menaçoient 


les  trois  autres ,  beaucoup  plus  foi-    d'une  ruine  prochaine ,  il  leur  ût 


blés,  le  dirent  moins  *,  &  les  uns 
&  les  autres  ne  font  plus  lus  à 
préfent  que  par  la  jeuneife  crédule 
&  oiûve.  On  a  donné  une  fuite 
de  cet  ouvrage  qui  efl  aâuellement 
en  9  volumes  in-i  1,  Beaucoup  d'au- 
teurs l'ont  imité,  &  nous  avons  eu 


encore  ériger  des  monumens  dans 
l'églife  de  la  Rotonde.  Ce  peintre 
a  fu  allier  la  nobleiTe  avec  la  im- 
plicite dans  fes  airs  de  tête  -,  il  avoit 
un  grand  goût  de  deffin.  Ses  exprcf- 
fions  font  ravifïantes  ,  fes  idées 
heureufes  &  pleines  de  majeilé ,  fon 


une  foule  d'E/pIons  des  Cours^qui  n'é-  coloris  d'une  fraîcheur  admirable, 
toiënt  jamais  fortis  de  leur  cabinet  II  a  parfoitement  traité  l'Hîftoirefic 
ou  de  leur  galetas.  Marana  vécut  à  l'Allégorie.  Il  étoit  très-inffa-uit  de 
Paris  dans  une  médiocrité  aiïbrtie  ce  qui  concerne  rarchiteâure  &  la 
àfa&çon  de  penfer,  depuis  16S2,  perfpefHve.  On  a  de  lui  plufîeurs 
îufqu'en  1689.  Le  défu-  de  la  re-  Planches  gravées  à  Te  ' 
traite  le  porta  à  fe  retirer  dans  une 
iblitude  d'Italie ,  où  il  mourut  en 
1693.  On  ne  peut  difconvenir  que 
Cet  auteur  n'eût  la  mémoire  ornée 
&  l'efprit  d'une  vivacité  agréable  ; 
mais  il  effleure  tout  &  n'approfon- 
dit rien.  Plutarque ,  Scneque ,  les  deux 
Pâius  &  Paureult  étoient  fes  auteurs 

lavoris.  ^ 

MARATTE,  {  Charles  )  peintre    en  1 581 ,  a  60  ans ,  efl  auteur  d'un 
&  graveur,  naquit  en  1Ô15 ,  à  Ca-    livre  peu  commun  &  fîngulier.  Il 

'    ~ parut  en  1578   fous  ce  titre  :  f£<fe« 

Je  su  &  Jefuitarum\  hocefiy  Coliaùm 
docirinct  DemîninofirîjEsU  CnRlSTt^ 
cum  docirlna  Jefultarum,  Il  n'étoit 
point  ami  de  cette  Société,  &  il 
écrivit  auïfi  contre  le  favant  P. 
Canîfius, 
MARBODE,  évêque de  Rennes, 


eau-forte ,  où 
il  a  mis  beaucoup  de  goût  &  d'ef- 
prit.  On  a  aufli  gravé  d'après  cet 
habile  maître.  Il  a  fait  pluiîenrs 
élevés  ;  les  plus  connus  font  Chîari^ 
Bercttorti  &  Pajforî.  Ses  principaux 
ouvrages  font  à  Rome...  F.  Fage. 
M  A  R  B  A  C  H ,  (  Jean)minîfbtt 
Pi-oteftant  d'Allemagne ,  né  à  Lin« 
daw  en  I521 ,  mort  à  Strasbourg 


merino  dans  la  Marche  d'Ancone. 
'Dès  l'enfance ,  il  exprimoit  le  fuc 
des  herbes  &  des  fleurs ,  pour  pein- 
dre les  figures  qu'il  deflinoit  fur 
les  murs  de  la  maifon  de  fon  père. 
Envoyé  à  Rome  à  onze  ans ,  il  fut 
l'élevé  de  Sacchi,  &  devint  un  maî- 
tre dans  cette  école.  Il  étudia  les 

ouvrages  de  Raphaël  ^  des  Caraches  natif  d'Angers,  étoit,  félon  D.  iSeoif 
Çc  du  Guide  i  &  fe  fit ,  d'après  ces  gendre ,  de  l'illuftre  famille  de  Afar- 
grands  hommes ,  une  manière  qui  bauf.  Après  avoir  enfeigné  la  rhé- 
le  mit  dans  ime  haute  réputation,  torique  à  Angers  avec  réputation  , 
Le  pape  Clément  -Y/  lui  accorda  une  il  mérita  l'évêché  de  Rennes  ,  en 
penfion  &  le  titre  de  chevalier  de  1096,  par  fon  favoir  &  fa. piété. 
ChrifU  LoMs  XIV  le  uQixuna  fon    II  gouverna  fon  diocefe  avec  beaup 


M  AR 

'tàyxp  de  fagefTe  &  de  capacité.  Il 
fut  aiUE  chargé  de  la  conduite  de 
celui  d'Angers ,  pendant  rabfence' 
de  Raînaud ,  évêque  de  cette  ville. 
Son  efprit  brilla  beaucoup  au  con- 
cile de  Tours  en  1096 ,  &  en  1 114 , 
à  celui  de  Troyes.  Marbodt  quitta 
fon  évêché  fur  la  fin  de  fa  vie, 
pour  prendre  l'habit  monaiHque 
dans  l'abbaye  de  Saint-Aubin  d'An- 
gers. Il  mourut  faintemént  dans  cette 
douce  retraite  le  11  Septembre 
11x3 ,  ^  ^^  3i^s>  laiiTant  la  bonne 
odeur  d'im  évcque  également  efti- 
mable  par  fon  efprit,  fon  éloquence, 
€gL  mémoire,  fa  folUcitude  paftorale, 
fa  charité ,  fa  douceur  &  fe  fermeté. 
On  a  de  lui  vi  Lettres  &  plufieurs 
ouvrages ,  recueillis  par  Dom  Beatk- 
gendre ,  &  imprimés  à  Rennes ,  170^, 
à  la  fuite  de  ceux  d*HUdebert ,  in- 
fol.  Ils  furent  eflimés  dans  leur 
temps ,  &  ils  peuvent  fervir  dans 
le  nôtre  à  éclaircir  plufieurs  points 
de  difciplîne.  Quoique  TEglife  ne 
rende  à  Marhode  aucun  culte  pu- 
blic ,  Dufaujfai  l'a  inféré  dans  fon 
Martyrologe  Gallican  au  11  Sep- 
tembre ,  &  lui  a  donné  la  qualité 
de  Saiat.  Voyei  Mainferme. 

I.  MARC  ,  (  S.  )  Evangélifte , 
converti  à  la  foi  après  la  réfur- 
re^ion  de  Jefiis-Chrift,  fut  k  dif- 
ciple  &  l'imerprece  de  5.  Pierre.  On 
croit  que  c'eft  lui  que  cet  apôtre 
appelle  fon  fils/plrltuely  parce  qu'U 
Favoit  engendré  à  Jefus  -  Girift. 
Lorfque  5.  Pierre  alla  à  Rome  pour 
la  féconde  fois  ,  Mar-c  l'y  accom*» 
pagna.  Ce  fïit  là  qu'il  écrivit  fon 
Evangile ,  à  la  prière  des  fidelles , 
qui  lui  demandèrent  qu'il  leur  don- 
nât par  écrit  ce  qu'il  avoit  appris 
de  la  bouche  de  S.  Pierre,  On  efi 
fort  partagé  fur  la  langue  dans  la- 
quelle il  récrivit  ;  quelques  -  uns 
foutiennent  qu'il  le  compofà  en 
grec ,  d'autres  en  latin.  On  morf^ 
tre  à  Venife  quelques  cahiers ,  que 
l'on  prétend  être  l'original  dfr  la 


M  A  'R         ^6ç 

main  de  S,  Marc,  La  quefiion  fe- 
roit  bientôt  décidée,  fi  Ton  pou« 
voit  lire  le  manufcrit  &'  en  prou- 
ver l'authenticité  •,  mais,  outre  qu'il 
efl  tellement  gâté  par  la  main  du 
temps,  qu'à  peine  en  peut  -  on  dif- 
ceiner  une  feule  lettre ,  il  faudroit 
encore   prouver  que  c'efl  vérita- 
blement l'original  de  S,  Marc,.,  Cet 
Evangile  n'eft  prefque  qu'un  abré- 
gé de  celui  de  S,  Matthieu,  L'au* 
teur    emploie  fouvent  les  mêmes 
termes  ^  rapporte  les  mêmes  hif- 
toires ,  &   relevé  les  mêmes  cir-' 
confiances.  Il  ajoute  quelquefois  de 
nouvelles  particularités  ,  qui  don- 
nent un  grand  jour  au  texte  de  5. 
Matthieu,  Soncaraûeredifiinâifeft 
d'avoir  marqué  la  royauté  de  Je-* 
sus-Christ  :  ce  qui  a  fait  attribuer 
à  cet  Evangélifte  le  Lion ,.  l'un  des 
quatre  animaux  de  la  vifion  du  pro- 
phète Eiéchiel,.,  S.  Jérôme  rapporte 
que  le  dernier  chapitre  de  l'Evan- 
gile de  S,  Marc ,  depuis  le  verfet 
9 ,  nefe  trouvoit  point  de  fon  temps- 
dans  les  exemplaires  Grecs  %  m^x» 
il  n'en  efi  pas  moins  authentique  ^ 
puifqu'il  eu  reconnu  par  S,  Irenésr  , 
&  par  plufieurs  anciens  Pères  ,   &- 
que  d'ailleurs  il  fe  trouve  dans  d'au- 
tres exemplaires.  Pour  ce  qui  efi 
de  lai^w^ftf&dela  Vie  de  S.  Bar-^ 
nahéy  qu'on  a  attribuées  à  cet  écri-* 
vain  facré  ,  il  eft  certain  que  vi 
l'une  ni  l'autre  n'eft  de  lui.  L'em- 
pereur Claude  ayant  chafTé  de  Rome 
tous  les  Juifs  ,  S,   Marc  alla   en 
Egypte  pour  y  prêcher  l'Evangile  * 
&  fonda l'Eglife  d  Alexandrie.  Voilà 
ce   qu'une    tradition    ancienne   &, 
confiante  nous  apprend  -,  les   au<«^. 
très  circonfiances  de   la  vie  &  do- 
la  mort  de  cet  evangélifte  ,  rap-.  • 
portées   dan^  fes  Aftes  ^  font  in- 
certaines &  fabuleufes.  S, ^  Marc  efl* 
le  patron  tutélaJre  de  la  républiques 
de  Venife  :  Foyei  Gradenigo. 

11.  MARC  ,  hérétique  &  difd- 
pie  de  Valentln   d?uis  lé  deiuâfime: 

N  a  '\i\ 


k66       m  a  R 

uecle,  réSoraa  en  quelques  poiflts 
le  {yûèmit  de  fon  maître.  Valentin 
Aippofoit  dans  le  monde  un  ETprit 
éternel  &  inâni  ,  qui  avoit  produit 
la  Penfée  *,  celle-ci  avoit  produit 
im  ETprit.  Alors  VB£^nt  &  la  Pen- 
fée avoient  produit  d'autres  êtres 
qu'il  nommoit  J^ns  :  en  forte  que, 
pour  la  produéhon  de  fes  Eons  , 
Valeatm  iaifoit  toujours  concourir 
p]uiieu£s£oAx ,  &  ce  concours  étoit 
ce  qu'on  appela  le  mariage  des 
Mans,  n  Marc  conûdérant  (  dit  M. 
Pluquu)»  que  le  premier  Principe 
»  n'étoit  ni  mâle  ni  femelle  ,  & 
»•  qu'il  étoit  £eul  avant  la  produc- 
t  tion  ées  Ecns  ,  jugea  qu'il  étoit 
>t  capable  de  produire  par  lui-mê- 
»  me  tous  les  êtres ,  &  abandonna 
n  cette  longue  fuite  de  mariages 
n  des  Eons  que  Falentîn  avoit  ima- 
¥  ginés.  Il  jugea  que  l'Etre  ûiprê* 
»  me  éant  feul  ,  n'avoit  produit 
**  d'autres  êtres  que  par  l'expref- 
»»  fion  de  ÙL  volonté.  CcGl  ainfi  que 
M^  la  Gcnefi  nous  repréfente  Dieu 
M  créant  le  monde  ;  il  dit  :  Que  la 
y*  bamen  fc  faffe ,  &  la  luntkrtftpt, 
f^  C'étoit  donc  par  fa  parole  ,  & 
>t  en  prononçant,  pour  ainûdire, 
>»  certains  mots ,  que  l'Etre  fuprê- 
M  me  avoit  produit  des  êtres  diftin- 
»»  gués  de  lui.  Ces  mots  n'étoient 
^  point  des  fons  vagues  «  &  dont 
*t  la .fignification  fût  arbitraire*,  car 
>»  alors  il  n'auroit  pas  produit  un 
'«  être  plutôt  qu'un  autre.  Les  mots 
M  que  l'Etre  fuprême  prononça 
)«  pour  créer  les  êtres  hors  de  lui , 
9»  ezprimoient  donc  ces  êtres-,  & 
M  la  prononciation  de  ces  mots 
>t  avoit  la  force  de  les  produire. 
H  Ainfi  l'Etre  fuprême  ayant  vou- 
M  lu  produire  un  être  feinblable  à 
»«  lui ,  avoit  prononcé  le  mot  qui 
H  exprime  l'dTence  de  cet  être  ;  & 
»  ce  mot  eft  archi  ,  c'eft-à-dire  , 
»  principe.  Comme  les  mots  avoient 
v%  une  force  produébice  ,  &  que 
H  les  mots  étoient  compofés  delet* 


M  A  R 

A  trttyles  lettres  de  l'alphabet  rêikS 
*«  £ermoientauffi  une  force  produc* 
^  trice ,  &  eiTentiellement  produc- 
»>  trice.  Enfin  ,  comme  tou&  les 
»  mots  n'étoLent  formés  que  par 
**  les  combinaifons  des  lettres  de 
>*  l'alphabet,  Marc  conduoit  que 
»•  les  vingt-quatre  lettres  renfer- 
>*  moient  toutes  les  forces ,  toutes 
^  les  qualités  &  toutes  les  vertus 
»♦  poflibles  ,  &  que  c'étoit  pour 
^  cela  que  Jefus-Chrifl  avoit  dit 
>»  qu'il  étoit  VAlfha  &  VOme^i. 
>*  Puiique  les  lettres  avoient  cha- 
^  cune  une  force  produârice  , 
»»  l'Etre  fuprême  avoit  produit  im- 
>*  médiatement  autant  d'êtres  qu'il 
^  avoit  prononcé  de  lettres.  Mare 
>*  prétendoit  que ,  félon  la  Gaufi  , 
^  Dieu  avoit  prononcé  quatre  mots 
^  qui  renfermoient  trente  lettres  *, 
^  après  quoi  il  étoit ,  pour  ainû 
»»  dire ,  rentré  dans  le  repos  ,  d'où 
>«  il  n'étoit  forti  que  pour  produire 
»^  des  êtres  diflingués  de  lui.  De 
>«  là ,  Marc  concluoit  qu'il  y  avoit 
>*  30  Eons  produits  immédiatement 
>t  par  l'Etre  fuprême  ,  &  auxquels 
>*  cet  Etre  avoit  abandonné  le  foin 
>t  du  monde.  Voilà ,  félon  5.  Jn* 
»  née,  quels  étoient  les  fentimens 
»♦  du  Valentinien  Marci<»  Cet  im- 
poileur  s'attachoit  pardculiérement 
à  féduire  les  femmes  ,  fur-tout  cel- 
les qui  étoient  puifTantes ,  riches  ou 
belles.  U  pofTédoit  l'art  d'opérer 
quelques  phénomènes  finguliers  , 
qu'il  fit  paifer  pour  des  miracles. 
Il  trouva  (  par  exemple  )  le  fecret 
de  changer  ,  aux  yeux  des  fpeâa- 
teurs ,  le  vin  qui  fert  au  facrifice 
de  laMeâe ,  en  fkng,  par  le  moyen 
de  deux  vafes,  l'un  plus  grand  & 
l'autre  plus  petit.  U  mettoit  le  vin 
deûiné  à  la  célébration  du  facri* 
fice  dans  le  petit  vafe  ,  &  faifoit 
une  prière.  Un  inôant  après ,  la  li" 
queur  bouiHonnoit  dans  le  grand 
vafe ,  &  l'on  y  voyoit  du  fang  au 
lieu  du  vin.  Ce  n'étoit  apparent 


j 


M  A  R 

fsem  que  ce  que  l'on  appelle  coitt-' 
miuiément  U  Fontaine  dtt  Noces 
ée  Orna,  Ceft  un  vafe  dans  lequel 
on  verfe  de  l'eau  :  Teau  verfée  bit 
monter  du  vin  ,  que  l'on  a  mis 
aupsa-avant  dans  ce  vafe ,  &  dont 
tl  îe  remplit.  ^Man  ayant  perûiadé 
ieaoL  focs  qu'il  cKangeott  le  vin  en 
fang  ,  prétendoit  qu'il  avoit  la 
plénitude  du  Sacerdoce  ,  &  qu'ti 
4m  poffédoit  feul  le  carai^ere.  Les 
femmes  les  plus  iUuftres  ,  les  plus 
riches  &  les  plus  belles  l'adm»- 
roient  &  l'aimoient.  11  leur  dit 
qu'il  avoit  le  pouvoir  de  leur 
communiquer  le  don  des  mira- 
cles \  elles  votilupent  efTayer.  Mare 
leur  fit  verî^r  du  vin  du  petit  vafe 
dans  lé  grand  ^  &  il  prononçoh 
pendant  cette  transifiiûon  la  prière 
Vivante  :  Que  la  gmce  de  Dieu  , 
^ni  tfi  avunt  toutes  chofes  ,  &  qu'on 
ne  peut  concevoir  ni  expliquer  ,  per* 
JiHionne  en  nous  l'komme  intérieur  j 
qrielle  oMpnèntt  fâ  conuoljfance  ,  en. 
Jetant  U  ffwn  de  femence  fur  la  bonne 
terre,  A  peine  Marc  avoiMl  pro- 
noncé ces  paroles  ,  que  la  li- 
<[ueur  qui  étoit  dans  le  calice 
bouiUonnoit  ,  &  le  fang  couloît 
&  rempliffoit  le  vafe.  La  profé- 
lyte  étonnée  croyoit  avoir  fait 
tm  miracle  -,  elle  étoit  tranfpor- 
iée  de  joie  *,  elle  s'agitoit  ,  fe 
troubloit  >  s'échauffoit  jufqu'à  la 
-ftireur  ,  croyoit  être  remplie  du 
5aint-Efprit,  &prophétifoit.  Marc^ 
profitant  de  ces  dernières  impref- 
ëons  ,  difoit  à  fa  profelyte  que  la 
fource  de  la  grâce  étoit  en  lui ,  & 
^u'il  la  communiquoit  dans  toute 
fa  plénimde  à  celles  fur  qui  il  vot>- 
loit  la  répandre.  On  ne  doutoit 
pas  du  pouvoir  de  Marc ,  &  il  avort 
la  liberté  de  choilir  les  moyens 
qu'il  croyoit  prç^res  à  la  commu- 
nicpier. 

III.  MARC  ,  (  S.  )  Romain  , 
fuccéda  au  pape  Sytvtfire  1  le 
^   Janvier  33^  ,  &  mourut  le 


M  A  R        5S7 

7  Oé^obre  de  la  même  année.  On 
lui  attribue  une  Epitre  ^  adreHée 
à  5«  Athanafe  &  aux  évêquei 
d'Egypte  ;  mais  les  critiques  la 
mettent  au  nombre  des  ouvrées 
ftïpppfés. 

IV.  MARC  ,  évêque  d'Aréthu- 
fe  ,  fous  Conjiantln  le  Grand  y  fau* 
va  la  vie  à  Julien  ,  qui  fut  depuis 
empereur.  U  ai&fta  au  concile  de 
Sardiqne  en  347  ,  &  à  celui  de  Sir- 
mich  en  351.  Les  Païens  leperfé- 
cuterent  fous  le  règne  de  Julleft 
i'Apoflat,  parce  qu'il  avoit  détruit 
un  temple  magnifique  confao-é  aux 
Idoles.  U  employa  le  reile  de  fea 
jours  à  Convertir  les  partifans  dw 
Paganifine.  U  mourut  fous  JovlnUn 
ou  fous  Valins*  S.  Grégoire  de  Na- 
zianze  fait  de  lui  un  grand  éloge. 
L'Ëgltfe  Grecque  honore  publique-^ 
ment  fa  mémoire  le(  13  Mars. 

V.  MARC  ,  furnommé  VAfcé^ 
tique  y  célèbre  folitaire  du  iv®  fiè- 
de ,  dont  nous  avons  neuf  Trakéi 
dans  la  Bibliothèque  des  Pères. 

VI.  MARC  Eugénique  ,  ar- 
chevêque  d'Ephcfe ,  fut  envoyé  ert 
1439  3U  concile  de  Florence,  aii 
nom  des  évêques  Grecs.  Il  y  fou- 
tint  leur  caufe  avec  beaucoup  de 
forcé  &  de  fUbtilké,  &  ne  voulut 
point  figner  le  décret  d'union.  Dô 
retour  à  Conihntinople,  il  s'élevë 
contre  le  concile  de  Florence.  On 
«I  de  lui  pluficurs  Ecrits  compofés 
à  ce  fu]et,  qui  font  inférés  dans  U 
Colleâion  des  Conciles  ;  &  d'au- 
tres ouvrages,  dans  lefquels  oA 
trouve  de  l'érudition  &  de  la  cha- 
leur. Cet  archevêque  avoit  profeffé 
l'éloquence  avccfuccès,  IKniourut 
peu  de  jours  après  fa  difpute  avec 
BarthéUml  de  Florence ,  en  proteftanc 
qu't/  ne  voulait  pas  qu*aucun  de  ceux 
qui  avaient  figné  l*itnlon  ,  ajjiflât  àfes 
funcraîlUs ,  ni  qu'ils  priaient  Dieu 
pour  lui.  Tant  il  cft  vrai  qu'un  zèle 
mal-entendu  fait  fothrcnt  commet- 
tre des  «^Avdités  aux  plus  beaux 

N  n  iy 


56S        M  A  R 

génies  !  Marc  d'£/iAe/êavoitun  frè- 
re appelé  Jean  ,  qui  vint  avec  lui  à 
Florence,  &  qui  publia  un  Ecrit  con* 
tre  le  concile  tenu  dans  cette  ville. 

VIL  MARC-ANTOINE,  Ttîum- 
w,  Voye^  IlL  Antoine  ;  IL  Ca- 

X.ENUS-,  IL  JULXB;  NONIUS;  (it 
yOLUMNIUS. 

VIIL  MARC-AURELE  ANTO- 

NIN  ,4e  PhUofophc,  né  le  16  Avril 
Tan  121  de  JeTus-Chrid,  de  Tancien- 
sie  famille  des  Annîus^  fîit  adopté  par 
i^ntolnc  U  pieux  «  qui  Tafibcia  à 
l'empire  avec  Ludus-f^erus  ^  coufin 
de  cet  empereur.  Après  la  mort 
é'Àneonin^  Tan  161,  on  proclama 
d'une  voix  unanime  MarcJureU^ 
qui ,  quoique  le  trône  eût  été  dé* 
Céré  à  lui  Teul ,  en  partagea  les  hon- 
neurs &  le  pouvoir  avec  Luàus- 
Vents ,  &  lui  donna  fa  fille  UtàlU 
en  mariage.  Rome  vit  alors  ce 
^'elle  n'avoit  point  encore  vu, deux 
fouverains  à  la  fois  \  &  deux 
Souverains  qui ,  avec  des  mœurs 
bien  différentes,  n'avoient  qu'un 
cœur  &  qu'un  dfprit.  Marc  -  Ameli 
^voitpris,  dès  l'âge  de  12  ans, le 
manteau  de  philofophe.  Sa  vie 
avoit  depuis  été  fobre  &  auilere.  Il 
couchoit  fur  la  terre  nue ,  &  ce  nç 
fut  qu'à  la  prière  de  ùl  mère  qu'il 
prit  un  lit  \m  peu  plus  commode. 
Ses  maîtres  de  philpfophie  ne  lui 
avoient  point  appris  à  faire  de  vai- 
nes déclamations  &  des  fyUogiihies 
ridicules ,  ou  à  lire  dans  les  Aibes  ; 
inais  à  avoir  des  mœurs  &  de  la 
vertu.  Devçnu  empereur,  il  s*ap- 
.pliqua  à  régler  le  dedans  de  l'état, 
&  à  le  faire  refpe^^er  au  dehors» 
Il  remit  en  vigueur  l'autorité  du  fé- 
nat ,  &  afSila  à  fes  afTemblées  avec 
l'ailldulfié  du  moindre  fénateur. Non- 
feulement  il  délibéroit  de  toutes  les 
affaires  militaires ,  civiles  &  poli- 
tiques ,  avec  U^  plus  fage^.  de  la 
yille  4  de  la  cour  &  du  fénat  ;  mais 

«Rwrç  il  içférpi;  à  içws  ayis  plu- 


M  A  R 

t6t  qu'au  fien.  Il  efi  plus  raîfoiuisi 
blc^  difoit'il,  de  fulvre  C opinion  dé 
plufieurs  perfonnts  éclairées  >  que^  de  lu 
obliger  de  fe  foumeun  à  otlU  d'un 
feul  homme.  S'il  étoit  attentif  à  con* 
fulter,  il  ne  l'étoit  pas  moins  à 
iûre  exécuter.  U  difoit  >*  qu'un  em- 
»  pereur  ne  devoit  rien  £ûre  ni 
M  lentement  «  ni  à  la  hâte  ;  &  que 
M  la  négligence  dans  les  plus  pe- 
M  tites  chof^  influoit  dans  les  plus 
M  grandes  m.  Sa  circonfpe^on  pour 
le  choix  des  gouverneurs  de  pro- 
vinces &  des  magiftracs ,  fut  extrê- 
me. Cétoit  une  de  Tes  maximes , 
»  qu'il  n'étoit  pas  au  pouvoir  d'un 
>»  prince  de  créer  les  hommes  tels 
>«  qu'il  les  vouloit  ;  mais  qu'il  dé" 
n  pendoit  de  lui  de  les  employer 
>f  tels  qu'ils  étoient ,  chacun  félon 
V  f  on  talent  ««.  PerTuadé  que  le  prin- 
ce efl  au-defTous  des  lois ,  il  ne  fe 
regardoit  que  comme  lliomme-d'af- 
Êiires  de  la  République.  Je  vouf 
donne  ctue  épée,  dit -il  au  chef  du 
prétoire,  pour  me  défendre  tant  qu^ 
je  m'acquitterai  fidellcrncnt  de  mon  de» 
voir  i  mais  elU  doit  fervîr  à  tnc  punir  ^ 
fi  j'çvhlie  que  ma  fcnSlon  efi  dt  faire 
U  honhmr  des  Romains,  U  demandoit 
permi(2îon  au  fénat  de  prendre  de 
l'argent  dans  l'épargne  j  car,  difoit- 
il ,  rien  ne  m'appartient  en  propre ,  ^ 
la  mai/on  même  que  j'habite  eft  à  vous^ 
Un  gouvernement  tel  que  le  fien, 
ne  pouvoit  manquer  de  lui  conci- 
lier l'amour  &  l'eflime  du  fénat 
'fit  du  peuple.  L*un  &  l'autre  cher- 
chèrent à  lui  en  donner  des  mar* 
ques  par  les  nouveaux  hom^urs 
qu'ils  voulurent  lui  rendre;  mais 
Û  refîifa  les  temples  Çjl  les  aute'& 
itf  vertu  feule  y  dit^il,  égale  les  hooh 
mes  aux  Dieux,  Un  Roi  yij/fe  a  l'U» 
-niyerspourfon  umple,  &  les  gens4fi 
bien  en  fofu  les  Prêtres  &  les  Mi^ 
nijbts.  Une  pefle  générale  ravàgen 
l'Empire  fous  fon  règne.  A  ce  fîéau 
fi  fimefle  fuccéderent  les  trembler 
ipea$  de  tenç,  ].a  (winc  »  les  mw^ 


J 


M  AR 

ianons ,  les  chenilles;  &  tout  cela 
cnfemble  devint  fi  terrible  i  que  ^ 
fans  la  vigilance  de  MarcAurele^ 
l'empire  Romain  alleit  devenir  la 
/proie  des  Barbares.  Les  Germains , 
les  SarmateSf  les  Quades  &  les 
Marcoman?,  prenant  occafion  de 
ces  calamités ,  firent  frniptiondans 
l'empire  Tan  170,  pénétrèrent  en 
Italie ,  &  ne  furent  repoufies  qu'a- 
près avoir  fait  beaucoup  de  rava- 
ges. La  perfécution  des  Chrétieiis 
parut  un  ade  de  religion ,  propre 
à  calmer  le  courroux  du  Ciel  *,  & 
Marc'AunU ,  cruel  par  piété ,  fouf- 
frit  qu'on  les  persécutât.  Les  Bar- 
bares ajrant  fait  une  nouvelle  irrup- 
tion dans  l'empire ,  l'empereur  les 
défit ,  les  chafia ,  &  procura  la  paix 
a  fes  fujets  par  des  viâoires.  Il  em- 
ploya fes  momens  de  tranquillité 
à  réformer  les  lois ,  à  en  donner, 
de  nouvelles  en  faveur  des  orphe- 
lins &  des  mineurs.  Il  défarma  la 
chicane,  fit  des  réglemens  contre' 
le  luxe ,  &  mit  un  frein  à  la  licen- 
ce générale.  Une  nouvelle  ligue 
des  Marcomans  &  des  Quades ,  jeta 
l'empereur  dans  de  nouveaux  em- 
barras. Pour  ne  pas  charger  le  peu** 
pie  d'impôts ,  il  fit  vendre  les  plus 
riches  meubles  de  l'empire  ,  les 
pierreries ,  les  fiatues ,  les  tableaux , 
la  vaifTelled'^r  &  d'argent ,  les  ha- 
bits même  de  l'impératrice  .&  fes 
perles.  Cette  guerre  fut  plus  lon- 
gue &:  d'un  fiiccès  plus  douteux 
que  les  premières.  Ce  fut  durant 
cette  guerre  que  Marc^AunUy  fe 
-trouvant  refiîerré  par  les  ennemis 
dans  une  forêt  de  Bohême  >  ob- 
tint (  fuivant  T^rtulUm  )  par  les 
prières  de  la  Légion  Miiîdne,  qui 
étoit  Chrétienne ,  une  pluie  abon- 
dante qui  défaltéra  (on  armée  prêtr 
  périr  de  foif.  Les  Païens  attri- 
buèrent ce  miracle  à  Jupiter  plu- 
vieux ;  mais  on  prétend  que  Marc- 
Jturtté  en  fit  honneur ,  avec  plus 
M  raiCoa ,  au  Diçu  des QirécienSy 


M  A  R        56^ 

&  qu^l  défendit  depuis  de  les^ac-^ 
cufer  &  de  les  perfécuter.  Les  Bar* 
bares,  vaincus  par  les  manières 
généreufes  de  ce  héros  bienfaifcint, 
autant  que  par  fes  exploits  mili- 
taires, fe  fournirent  un  an  après  « 
ea  175 ,  la  même  année  qu*Ayidius'- 
Cajfms  fe  fit  proclamer  empereur. 
MarcrAureU  fit  des  préparauéi  pour 
marcher  contre  lui  ;  mais  ce  rebelle 
fut  tué  par  un  centenier  de  fcn 
armée.  On  envoya  la  tête  de  ce 
miférable  à  l'empereur,  qui  refii- 
fa  de  la  voir ,  &  qui  brûla  toutç» 
fes  lettres  ,  pour  n'être  pas  obligé 
de  punir  ceux  qui  avoient  trempé 
dans  fa  révolte.  Il  fit  même  en- 
tendre ,,  que  >♦  ^  Cajfus  avoir  été 
Vf  en  ùm  .pouvoir ,  il  ne  s'en  fe- 
»  roit  vengé  qu'en  lui  laifiîant  la 
»  vie  «  ;  &  pardonna  à  toutes  les 
villes  qui  avoient  embrafifé  fon 
parti.  Il  pafia  enfuite  à  Athènes  , 
y  établit  des  profefTeurs  publics, 
auxquels  il  afiîgna  des  penfions  & 
accorda  des  immunités.  De  retour 
à  Rome,  après  huit  ans  d'abfence , 
il  donna  à  chaque  citoyen  huit  pie^ 
ces  d*or  ,  leur  fit  une  remife  gé- 
nérale de  tout  ce  qu'ils  dévoient 
eu  tréfor  public  ;  & ,  à  l'imitation 
de  Trajan ,  il  brûla  devam  eux  dans 
la  place  publique  les  aâes  qui  les 
conflituoient  débiteurs.  11  éleva' 
auffi  un  grand  nombre  de  fbraes 
aux  capitaines  de  fon  armée,  morts 
dans  la  dernière  guerre.  Pour  fe 
décharger  un  peu  du  poids  de  l'em-» 
pire  ,  il  défigna  pour  foÀ  fucceiP> 
ieur  fon  fils  Commode ,  &  fe  retira 
pour  quelque  temps  à  Lavinium. 
Là ,  entre  les  bras  de  la  philofo* 
phie  qu'il  appeloit  fd  Men  ,  par 
oppofition  à  la  cour  qu'il  nom-» 
moit  /a  Marâtre  ,  il  répétoit  fou- 
vent  ces  paroles  de  Piaton  :  Hew 
veux  le  peuple  dota  Us  Rois  font  Phi" 
lo/ophcs  ,  &  dont  les  Philofophes  font 
des  Rois  !  Ce  bon  prince  croyok 
jouir  d'uœ  tranquillité  honorable. 


570        M  A  Tl 

Une  nouvelle  irrupten  ée§  peu- 
ples du  Nord ,  le  ibrça  à  repren- 
dre les  armes.  U  marcha  contre 
«tix ,  &  deux  ans  après  ion  départ  de 
Rome ,  il  tomba  malade  à  Vienne 
en  Autriche ,  de  mourut  à  Sirmich 
le  17  Mars  180  ,  à  ^9  ans  ,  a^rès 
en  avoir  régné  19.  On  attribua  fa 
snort  à  Tart  funefte  des  médecins 
gagnés  par  Commodt  ;  mab  ces  bruits 
peuvekit  bien  n'avoir  d'autre  fon- 
dement, ^e  les  regrets  que  laifia 
Marc-ÀimU  après  lui  ,  &  la  haine 
que  mérita  la  tyrannie  de  Commode, 
11  paroi«  que  U  pefte  s'étoit  mi£e 
dans  l'armée  ,  de  que  c'eft  de  ce 
mal  que  l'empereur  fut  attaqué.  Le 
fixieme  jonr  de  fa  maladie  ,  ie 
tentant  défiiillir  ,  &  moins  aâigé 
de  fil  mort  prochaine  que  des  mam 
qu'il  prévoyoic  devoir  la  futvre  ^ 
â  voulut  éùxt  un  dermer  effort 
pour  infpirer  à  fon  fils  une  con- 
duite fage  &  un  gouvememenc  ver- 
tueux. L'ayant  fait  appeler  auprès 
de  fon  lit  avec  les  amis  &  fes  phst 
fidelles  conlèillers,  il  parla  ea  ces 
sennes.  »  Mes  amis  !  voici  le  temps 
M  de  recueillir  le  fhât  des  bienfûts 
»  dont  je  vous  ar  comblés  depuis 
M  tant  d'années,  &  de  m'en  témoi- 
,  M  gner  votre  reconnoiiïance.  Mon 
9*  fils  a  befoin  de  vous  *,  c'eft  vous 
»  qui  l'avez  ékvé  jufipi'ici.  Mais 
M  vous  voyez  à  quels  dangers  fa 
Vf  jeuneâe  eft  expofée ,  &  combien , 
M  dans  un  âge  que  l'on  peutjufte» 
M  menr  comparer  à  l'agitacton  des 
H  fiots  &  de  la  tempête ,  lui  eft  né* 
»*  cci&ire  le  iècour»  d'habiles  pi- 
>«  lotes,  qui  le  gouvernent  fage- 
vr  ment ,  &  qui  empêchent  que  Tin- 
1*  expérience  ne  l'entraîne  cbns 
M  raille  écueils ,  &  ne  le  livre  à  la 
n  féduâion  du  vice.  Servez-iui  de 
«t  modérateurs ,  dirigez-le  par  vos 
vt  confeils  ,  &  feites  qu'il  retrouve 
M  en  vous  plufîeurs  pères,  au  lieu 
M  d'un  que  la  mort  luiehleve.  Car, 
4»  mon  £U  y  you&  devea  fsvotr 


M  A  R 

«  qu^l  ft*cft  point  de  nchefTes  qui 
>»  fuffifent  à  remplir  le  gouf&ein- 
»  £mable  de  la  tyrannie; point dt 
»  garde,  &  nombreufe  qu'elle  foit» 
M  qui  puifie  afiurer  la  vie  du  priiH 
n  ce,  s'il  n'a  pas  foin  d'acquériif 
K  l'affeâion  de  fes  fujsts.  Ceux- 
»  là  feuls  ont  droit  à  une  longue 
9»  &  heurcnfe  ÎQuifiance  du  fou-. 
n  ireratn  pouvoir,  ^  travaillem , 
9v  non  à  efir^er  par  la  cnuiuté  \ 
M  mais  k  régner  fur  les  coeurs  par 
»  l'amour  qu'infpire  leur  bonté  à 
M  tous  ceux  qui  leur  obéifiîent  «<• 
Ce  n'étoit  pas  alTez  d'un  pareil  dif> 
cours  \  il  Mloit  que  Marc'AureU  « 
qui  connoifibit  toutes  les  mauvais 
fes  qualités  de  Commode ,  le  privât 
4e  l'empire.  Mais,  quoique  doué  de 
preique  toutes  les  vertus  &  exempt 
de  vices  ,  Mare^AureU  n'agifibit 
^as  avec  la  même  force  qu'il  pen<» 
fbit ,  &  Êi  douceur  tint  quelquefois 
de  la  forbleflie.  On  a  de  ce  prince 
xzi  livres  de  Réflexions  fur  ûi  vie , 
Loaères ,  grec  &  latin ,  1707 ,  in* 
8^  ;  traduits  du  grec  en  françois  par 
l^fad^  Dûder  ,  avec  des  remarçi«S| 
Paris ,  1691 ,  1  vol.  in-12.  M.  di 
hdy  a  donné  une  nouvelle  verfion , 
rn-S° ,  de  cet  excellent  livre:!  Voy. 
l'article  VII.  Jolt.]  Cet  empereur 
y  a  ren^mné  ce  que  la  morale  o&e 
de  plus .  beau  pour  la  conduite  de 
la  vie.  C'étoit,  fi  on  oie  s'aqni^ 
mer  ainfi,  XEvûnpk  des  Païens,  Le 
ftylecn  éft  naturd.  &  fimple  *,  mais 
cette  fimpiicité  eft  auilî  noble  que 
touchanoe.  L*ame  vraiment  grande  & 
élevée ,  dit-il ,  êfi.  ceUe  qm  ttfoitfanf 
répugnance  ce  que  le  ciel  Ad  envoie  & 
de  hien*&  de  mal ;,.„  qmfe  remet  en* 
tiéremeni  '  &  de  toute  fa  volonté ,  poar 
ce  qtd  comceme  fa  deftinée  &  fa  eon^ 
'dkite  A  entre  les  mains  de  la  Divi'^ 
nité'j , ,  •  qui  ne  demande  qu'à  mar- 
eker  dans  U  ehemi»  de  fa  loi  ;  qu*à 
fuiVft  Dieu ,  dont  toutes  les  voies  f une 
droites  6r  tous  les  jagemens  font'jaf- 
j»s^\jk-  phiioTophie  de  Man-Aunk 


M  A  R 

fe  rapprochoit  pr^fqueen  tout  de 
celle  de  Sticrate  ,  qu'il  fembloit 
avoir  fans  ceffe  devant  les  yeux. 
PerTonne  ne  l*i  peint  d'une  maniè- 
re plus  fidelle  ni  plus  précife  que 
Julien ,  dans  cette  critique  ingénieu- 
ie  où  il  trace  en  peu  de  mots  les 
portraits  des  empereurs.  Mercure 
demande  à  Marc-AunU  quelle  fin 
il  s'étoit  propofée  pendant  fa  vie  ? 
De  reJfimbUr  aux  Dieux  ^  répond-il. 
=:  Eh  quoi  !  (  lui  dit  SlUnc  ,  )pré- 
tmàoisHu  u  nourrir  d'ambroifie  &  de 
nechr ,  au  Heu  de  pain  Gr  de  vin  ? 
ZZZ  Non  ;  ce  nUfi  pas  par^lâ  que  je 
prétendais  leur  reffemblcr.'^Z  En  quoi 
confiJLlt  donc  cette  reffemblance  ?  ZZ. 
A  avoir  peu  de  hefoîns  ,  &  à  faire 
aux  autres  tout  U  bien  pojphle*  Tel 
£ut  en  effet  le  plan  de  vi«  de,  MarC" 
jêurde  ,  comme  il  avoit  été  celui  de 
Socrate  \  mais  ,  quand  il  s'agiiToit 
àe&  idées  fyilémaûques  du  fage 
Grec,  l'empereur  philofophealloit 
quelquefois  au-delà  de  fbn  modèle. 
Socrate  fuppofoit  dans  le  monde  de 
])ons  &  de  mauvais  Génies  ,  qui 
s'attachoient  aux  mortels  fuivant 
leurs  caradberes  &  leurs  penchans  ; 
de  là  les  hommes  heureux  ou  mal- 
heureux ,  conformément  aux  dé- 
crets de  U  iuâice  divine,  dont  ces 
dieux  fubalternes  étoient  les  mi- 
siUres.  C'eft  ainfi  que  Sàplon ,  (  fui- 
vant Cicéron^  )  avoit  conçu  le  fyf- 
tême  de  l'univers  -,  mais  Marc-ku" 
ule  paroit  Tenvifager  fous  un  point 
«le  vue  plus  confolam  &  plus  élevé. 
XiOiQ  de  fuppofer  ,  ainfi  que  5o- 
crau^  de  bons  &  de  mauvais  Cé^ 
aies  ,  il  regardoit  l'être  fpirituel 
que  nous  poiTédons  en  nous ,  com- 
me une  pure  émanadon  de  l'Etre 
fuprême.  Il  croyoit  qu'il  fuffifoit  à 
l'homme ,  pour  être  heureux  ,  'de 
bien  fervir  ce  génie  qui  habitoit 
en  lui  j  &  ce  qu'il  entendoit  par  le 
bien  fervir ,  c'étoit  d«  dégager  fon 
ame  de  tous  les  £eiux  jugemens  qui 
J>buiem  &  des  paâions  qui  l'avis 


M  A  R        ^71 

lîflent.  Pour  ceux  qui  n'écoient 
pas  éclairés  des  lumières  de  lavé* 
ritable  religion',  rien  n'étoit  plus 
beau,  que  le  difcours  qu'il  con- 
feilloit  à  chaque  homme  ,  de  fe 
tenir  en  mourant  :  >*  Tu  t'es  em-« 
vt  barque ,  tu  as  fait  ta  cc^urfe  ; 
•»  tu  abordes  au  lieu  où  tu  devois 
»  aller  ,  fors  courageufement  di| 
9^  vaiileau.  Si  tu  en  fors  pour  ar-^ 
't  river  à  une  autre  vie ,  tu  y  trou-r 
y>  veras  des  dieux  rémunérateurs  \ 
M  &  fi  m  es  piivé  de  tout  ienti- 
»»  meut,  tu  cefïeras  d'être  fous  le 
>»  joug  des  pafîlons  &  de  fervir  à 
>»  un  corps  qui  dk  ii  £6rt  auMle£- 
11  fous  de  ton  ame  «.  Ce  langage 
étoit  celui  des  Stoïciens  les  plus 
rigides.  Murc-AureU  croyant  avec 
eux ,  que  toutes  les  âmes  étoient 
des  écoulemens  de  la  divinité  , 
peÀfoit  qu'après  la  mort  elles  s'y 
re)oignoient  intimement.  >«  Cela 
VI  poié  ,  ajoutoit-il  ,  combien  les 
»  hommes  ne  doivent-ils  pas  s'ai- 
w  mer,  fe  fecourir^  &  même  fe 
>f  refpeâer  les  uns  les  autres  >  ils 
»»  font  parens»  avant  que  de  i^f- 
>y  tre  de  telle  om  telle  famille  «<.  . 
IX.  MARC -ANTOINE  RAI- 
MONDl  ,  graveur  ,  natif  de  Bou- 
logne ,  prit  du  goût  pour  la  taille- 
douce  à  la  vue.  des  Mampes  d'^/^ 
bert  Durer.  11  eiTaya  fes  forces  con- 
tre ce  célèbre  graveur.  11  fe  mit  à 
copier  la  Paffion  que  ce  maître 
avoit  donnée  en  36  morceaux ,  & 
grava  fur  fes  planches  ,  ainô  que 
lui ,  les  lettres  A.  B.  La  preuve  de 
fes  talens  fut  complète.  Les.  coo- 
noiiTeurs  s'y  trompèrent  -,  cepen- 
dant All^ert  Durer  s'en  apperçut ,  & 
fit  lui  voyage  exprès  à  Venife  pour 
porter  fes  plaintes  contre  fon  ri- 
val. Marc-Antoine  a  été  à  l'égard  de 
RapluHU  y  ce  fçx'Audran  fut  dans  le 
fiecle  dernier  pour  le  célèbre  U 
Bnuï'y  il  a  été  fon  graveur  favori» 
&en  répandant  içs  ouvrages  &  fa 
l^loire  ,  il  s'eft  drefio  à  lui-même 


57*         M  A  R 

un  trophée  immoitel.  L*oa  pré- 
tend même  que  le  fameux  peintre 
Flamand  deilinoit  les  traits  des  fi- 
gures fur  les  planches  que  Mjvrc- 
Antoine  gravoit  d'après  lui.  Quoi 
qu'il  en  foit ,  Teuâitude  du  deffin , 
la  douceur  &  le  charme  de  Ton  bu> 
rin ,  tieront  toujours  rechercher  Tes 
Eftampes.  Ce  tut  luiqui  grava  d'après 
les  demns  de  Juhs  Romain ,  les  plan- 
ches qui  fivent  mifes  au  -  devant 
des  Sonnets  infâmes  de  Vjrétin, 
Le  pape  Clément  VU  le  fit  mettre 
en  prifon ,  d'où  tl  s'échappa  pour 
fe  retirer  à  Florence.  Il  mourut 
vers  l'an  1540,  dans  un  état  qui 
n'étoic  guère  au-dcflus  de  l'indi- 
gence. Pour  fe  retirer  des  mains  des 
Impériaux  dans  le  facdeRome,  en 
.1 5 17 ,  il  fut  oMigé  de  leur  donner 
«out  (on  orgeat,  c'eft-à-dire,  pref- 
que  tout  ce  qu'il  avoit. 

X.  MAHOPAUL  eu  Marco- 
ÇoloouPaulo,  célèbre  voyageur, 
•étoit  fils  de  NUolatPolo,  Vénitien, 
<qui  alla  avec  ion  £rere  Matthieu^ 
vers  l'an  1255  ,  à  Conftantinople» 
t>Ù  régnoit  Baudoin  IL  Nicolas 
en  partant  avoit  laiffé  fa  femme 
Tnceinte ,  &  elle  mit'  au  monde  le 
fameux  Msrc  Polo ,  qui  a  écrit  la 
Tclation  de  ce  voyage.  Les  deux 
Vénitiens  ayant  pris  congé  de 
l'empereur  ,  travetferent  la  Mer 
"Noire,  allèrent  en  Arménie,  d'où 
ils  pafferent  par  terre  à  la  cour  de 
Sarka,  un  des  plus  g^nds  feigneurs 
de  laTartarie,  qui  les  accueillit  avec 
^iftinftion.  Ce  Prince  ayant  été  dé- 
"fait  par  un  de  fes  voifins ,  Nicolas 
te  Matthieu  fe  fauverem  comme  ils 
purent  à  travers  les  déferts ,  &  par- 
vinrent jufqu'à  la  ville  habitée  par 
Kuhlaî  ,  grand  kan  des  Tartafes« 
Kuhlaî  s'amufa  pendant  quelque 
temps  des  récits  qu'ils  lui  firent 
des  mœurs  &  des  ufages  des  Euro- 
péens ,  &  finit  par  les  nommer  fes 
ambafTadeurs  auprès  du  pape,  pour 
^l«Biandcr  cent  miâionnaire$,Ils  vin- 


M  AR 

rent  donc  en  Italie ,  obtinrent  du 
pontife  Romain  deux  Dominicains , 
l'un  Italien ,  l'autre  Afiatique  ,  & 
emmenèrent  avec  eux  le  jeune  Mare^ 
pour  qui  Kuhlaî  prit  une  afîfeâion 
flnguliere.  Ce  jeune  homme  ayant 
appris  les  différens  dialectes  tar- 
tares ,  fut  employé  dans  des  ambaf- 
fadcs  qui  lui  donnèrent  le  moyen 
de  parcourir  la  Tanarie»  le  Katai, 
la  Chine,  &  d'autres  contrées.  Enfin, 
après  une  demeure  de  ^ix-fept  ans 
à  la  cour  du  grand  kan ,  les  Polo 
revinrent  dans  leur  patrie,  en  1295. 
emportant  de  grandes  richefTes.Afare, 
rendu  à  une  vie  tranquille,  écrif 
vit  la  relation  de  fes  voyages  en 
italien ,  fous  ce  titre  :  DeÛe  maravi" 
gliedel  mondo  ^  da  lui  veduu  ^  &C.^ 
dont  la  première  édition  a  paru  à 
Venife  en  1496,  in-8*^.  Son  ou- 
vrage a  été  tradliit  en  différentes 
langues,  &  inféré  dans  plufieurs  col- 
lections. On  eflimc  l'édition  latine 
é' André  MulUr  ,  Cologne  ,  chez 
Brand,  167 1 ,  in-4°  ;  &  celle  qui 
eft  en  françois  dans  le  Recueil  des 
Voyages  ,  publié  par  Bergeron^  à 
la  Haye,  1735,  2  vol.  in-4°.  Il 
y  a  dans  Marc-Paul  des  chofes  vraies, 
&  d  autres  peu  croyables.  Il  eft  en 
effet  difficile  de  croire  qu'auffi-tôt 
que  le  grand  kan  fut  informé  de 
l'arrivée  de  deux  marchands  Véni- 
tiens qui  venoient  vendre  de  la 
thériaque  à  £a  cour ,  il  envoya  de- 
vant eux  une  efcorte  de  40,000 
hommes,  &  qu'enfuite  il  dépêcha 
ces  Vénitiens  comme  ambafTadeurs 
auprès  du  pape,  pour  le  prier  de 
lui  envoyer  cent  miffionnaires.  Et 
comment  le  pape  qui  avoit  tant  de 
«ele  pour  la  propagation  de  la  foi , 
au  lieu  de  cent  religieux  n'en  au- 
roit-il  envoyé  que  deux  ?  Il  y  a 
donc  des  erreurs  &  des  exagéra- 
tions dans  Marc-Paul;  mais  plu- 
fieurs autres  chofes  vérifiées  depuis, 
&  qui  ont  même  fervi  d'infh-uàion 
aux  voyageurs  pofléricurs  ,  prou^ 


M  A  R 

Vent ,  qu*à  plufieurs  égards ,  fa  Relar 
faon  eft  précieufe. 

MARC,  Voye^    M  A  R  G  H  6> 
M  A  R  G  K. 

M  ARt  A ,  (  Pierre  de  )  né  à  Gand 
en  Béarn  le  24  Janvier  1 594,  d'une 
famille  ancienne  ,  originaire  d'Ef- 
pagne ,  fe  diftingua  de  bonne  heure  ' 
par  fon    efprit,  &  par    fon   zèle 
pour    la  religion    Cadiolique  ;  il 
travailla  à  la  faire  rétablir  dans  le 
Béarn,  &  eut  le  bonheur  de  réuf- 
flr.  C'eft  en  reconnoifTance  de  fes 
foins  qu'il  obtint  la  charge  de  pré- 
£dent  au  parlement  de  Pau  en  162 1  » 
&  celle  de  confeiller  d'état  en  1639. 
Aprè^  la  mort  de  fon  époufe  >    il 
entra  dans  les  ordres ,  &  fut  nommé 
à  l'évêché  de  Conferans.  Mais  la 
cour  de  Rome,  irritée  de  ce  qu'il 
avoit  donné  quelque  attdnte  aux 
prérogatives  du  faint  -  (iege  ,  dans 
ïbn  livre  de  la  Concorde  du  Sacer- 
doce &  de  r  Empire ,  lui  refîifa  long- 
temps fes  bulles  -,  &  il  ne  les  ob- 
tint qu'après  avoir  interprété  fes 
fentimens  d'une  manière  plus  favo- 
rable aux  opinions  ultramontaines  « 
dans  un  autre  Lîvrt   qu'il  fît  im- 
primer à  Barcelone  en  1646 ,  in-4^. 
L'habileté  avec  laquelle  il  remplit  ^ 
«ne  commiffion  qu'on  lui  donna 
en  Catalogne,   lui  mérita  l'arche-^ 
vêché  de  Touloufe   en  16^1.   II 
s'^toit  tant  fait  aimer  en  Catalo- 
gne, qu'ayant  été   attaqué  d'une 
maladie  qui  le  mit  à  l'extrémité , 
la  ville  de  Barcelone  ,  entre  autres , 
fit  un  vœu  public  à  Notre-Dame 
de  MontferHit,  qui  en  ell  éloignée 
d'une  journée,  &  y  ei\voyaenfon 
nom  12  Capucins  nu-pieds,  fans 
fandales ,   5c  12  jeunes  filles  aufll 
pieds  nus,  les  cheveux  épars  & 
vêtues  de  longues  robes  blanches. 
Marca  fe  difpofoit  à  fe  rendre  à 
Touloufe,  lorfque'le  roi  le  fit  mi- 
niftre  d'état  en  1658.  Ses  premiers 
foins  furent  d'écrafer  le  Janfénifme. 
U  s'ur4;  avec  les  Jéfuites  Qi^ntre  le 


M  A  R        Ç7Î 

4îvre  dt)  fameux  évêque  d'Ypres^ 
&  le  premier  il  dreffa  le  proj«t 
d'un  Formulairz ,  où  l'on  condara* 
neroit  les  V  Proportions  dans  le 
fens  de  l'autCHr.  Son  zèle  fut  ré- 
compenfé  par  l'archevêché  de  Paris  , 
mais  il  mourut  le  jour  même  que 
fes  bulles  arrivèrent,  le  29  Juin 
1662 ,  à  68  ans.  Sa  mort  donna 
occaiion  à  François  Colletet  de  liû 
£ïxre  cette  Epitaphe  badine  : 

Ci  ^t  Monfeignstar  de  Marga  ^ 
Que  le  Roi  fagement  marqua 
Four  le  Frilat  de  fon  Eglife  ; 
Mais  la  mort  qui  le  remarqua  , 
Et  qui  fe  plaît  à  la  furprîfe , 
Tout  aufprtôt  U  démarqua» 

Ce  prélat  réuniiToit  plufieurs  ta- 
lens  différens  :  l'érudition  ,  la  cri- 
tique ,  la  jurifprudence ,  mais  fur- 
tout  la  politique  &  l'intrigue.  Dans 
les  difputes  de  l'Eglife,  il  parla  en 
homme  perfuadé  *,  mais  il  n'agit 
pas  toujours  de  même.  Il  favoic 
plier  aux  temps  &  aux  circonfiances, 
non-feulement  fon  coeur  &  fon  ca- 
raâere ,  mais  encore  ion  efprit. 
U  ne  craignoit  pas  de  donner  aux 
faits  la  tournure  qu'il  lui  plaifoit , 
lorfqu'ils  pouvoient  favonfer  fon 
ambition  ou  fes  intérêts.  y>  Quand 
>*  Marca  dit  mal ,  c'efl  (  Aiivant  l'ab- 
»  hé  de  Longuerwi  )  qu'il  efl  payé 
>*  pour  ne  pas  bien  dire ,  ou  qu'il 
>i  efpere  l'être.  Quelques  mois  avant 
vt  fa  mort»  il  diéta  à  Balufe,  un 
»♦  Traité  de  l*infalllîhillté  du  Pape,  Ex 
>♦  ore  ejus  exupi^  dit  Balufe  *,  il  vouloit 
>i  fe  faire  cardinal  »«.  Son  flyle  eft 
ferme  &  mâle,  alTez  pur,  fans  af- 
feâation  &  fans  embarras.  Ses  prin- 
cipaux ouvrages  jfont  :  I.  De  con* 
cordla  Sacerdotii  &  Imperli  ,  dont  la 
meilleure  édition  eft  celle  qui  fut 
donnée ,  après  fa  mort,  par  Balufe^ 
Paris,  1704,  in-folio.  C'eft  l'ou- 
vrage le  plus  favant  que  nous 
ayons  fur  cette  matière.  II.  Hif" 
toirc  de  Bcam  ,  i^-fol,  1  Paris  164c. 


574         M  A  R 

On  y  trouve  tout  ce  qui  concerne 
cette  province,   &   l'on  y  prend 
une  grande  idée  de  l'érucUtion  de 
l'auteur .111.  Marca  Hîfpanîca^  1688, 
in -fol.  Ceft  une   defcription  fa- 
vante  &  curieufe  de  la  Catalogne, 
du  RoufTiUon  &  des  frontières.  La 
partie  hidorique  &  la  géographique 
y  font  traitées  avec  une  égale  exac- 
titude ,  &  cet  ouvrage  peut  être 
très-utile  pour  connoîtrc  les  véri- 
tables bornes  de  la   France  &   de 
l'ETpagnc.  IV.  Dljfcnaîîo  de  primatu 
Lugétinenfi,  1644  ,   in-8®  ,  très-fa- 
vante.   V.  R:latlon   de  ce    qui  s*efl 
fait  depuis  /tfj^  ,  dans  les  ajfemhUes 
dû  Evèques ,  au  fuju   du  V  Propo" 
.filions i  Paris  ,  i6j7  ,  in-4**.  Ceft 
contre  cette  relation ,  peu  favorable 
au  Janfénifme ,  que  Nicole  publia 
fon  BeLga  percontator ,  1657  ,  in-4® , 
dans  lequel  il  expofe  les  fcrupules 
d'un  prétendu  théologien  Flamand 
fur  l'aiTemblée  du  clergé  de  1656. 
VI.   Des    Opufcules  ,  publiés  par 
^tf^/îff.en  1669 ,  in.8°.  VIL  D'au- 
tres Opufcules  mis  au   jour  par  le 
même  en  1681 ,  in-8°.  Ces  Opuf- 
cules renferment  plufieurs  differta- 
tioiiis  intérefTantes  ,   entre  autres  : 
Dt  Tempore  fifcepta  In  Gallusfdel: 
De  Eucharlfia  &  Mljfa  :  de  Panlun- 
ti4  :  De  Matrlmonlo  :  De  Patrlar- 
chatu  ConJiantinopoUtano  :  De  Stem- 
mau  ChrljU  :  De  Magorum  adventu  : 
De  finpdari  Prlmatu  Petrl  :  De  Dlf- 
cnnûne  eUrlcorum  &  laicorum  ex  jure 
dlvlno   :  De    yeterlbus    CollecUonlbus 
Canonum,  VIII.  un  Recueil  de  quel- 
ques  Troués   Théolo^ues ,   les  uns 
en  latin,   les  autres  en  françois  , 
donnés  au  public  en  1668,  in-4**, 
par  l'abbé  de  Faget ,  coufin  germain 
du    iavam   archevêque.    L'éditeur 
orna  cette  colleâion  d'une  f^le  en 
latin  de  fon  illuftre  parent  *,    elle 
eft  étendue   &  curieufe.  Il  s'éleva 
à  l'occaiion  de  cette  VU ,  une  dif- 
pute  fort  vive  entre  Bulu^e  &  l'abbé 
^e  Faget ,  qui   fit   péiA   d')»9naçur 


M  A  R 

à  Tun  &  à  Tautre.  Ils  s'accablèrent 
d'injures  dans  des  Xmrcj  imprimées 
à  la  fin  d'une  nouvelle  édition  de 
ce  Recueil  ,  1669  ,  if^-12.  Cette 
édition  eft  préférable  à  la  première. 
MARCASSUS,  (Pierre  de)  né 
en  Gafcogne  vers  1584  ,  fiit  pro- 
fefleur  de  rhétorique  au  collège 
de  la  Marche  à  Paris,  où  il  mourut 
en  1664 ,  à  86  ans.'  On  a  de  lui  des 
HlflJres  ,  des  Romans  &  des  Pièces 
de  Théâtre ,  qui  font  indignes  de  pa- 
roître ,  même  fur  un  théâtre  de 
collège.  Sts  autres  ouvrages  ne 
valent  pas  mieux.  On  a  de  lui 
des  Traductions ,  qui  font  au-defibus 
de  celles  de  l'abbé  de  MaroUes  ,  fon 
ami  :  c'eft-à-dijre ,  qu'elles  font  ce 
que  nous  avons  de  plus  mauvais 
dans  notre  littérature. 

I.  MARCEL  I ,  (S.)  romain ,  fuc- 
cefleur  du  pape  Marullm  ,  en  308  ^ 
fe  fignala  par  fon  zèle  &  par  fa 
fagefle.  La  jude  févérité  dont  il  ufa 
envers  un  apoftat ,  le  rendit  odieux 
au  tyran  Maxenu  ,  qui  le  bannit 
de  Rome.  Il  mourut  le  16  Janvier 
310.  Il  eft  appelé  martyr  dans  les 
Sacramentaires  de  Gélafe  /  &  de 
5.  Grégoire ,  ainfi  que  dans  les  Mar- 
tyrologes attribués  à  5.  Jérôme  &  à 
Bede,  Le  pape  5.  Damafe  a  compofé 

ITon  épitaphe  en  vers. 

II.  MARCEL  II ,  (  Marcel  CervuîS 
natif  de  Montepulciano  ,  étoit  fils 
du  receveur  -  général  des  revenus 
du  faint-fiege ,  à  Alfano.  Il  fît  fes 
études  avec  diftinflion  ,  &  plut  au 
pape  Paul  m  y  qui  le  nomma  fon 
premier  fecrétaire.  Il  accompagna 
en  France  le  cardinal  Farnefe ,  ne- 
veu de  ce  pontife ,  &  s'y  fit  efK- 
mer  par  fes  moeiu-s  6c  fon  favoir. 
De  retour  à  Rome ,  il  obtint  de  fon 
bienfaiteur  le  chapeau  de  cardinal , 
&  fut  choifi  pour  être  un  des  préfi- 
dens  du  concile  de  Trente.  Il  fuc- 
céda  ,  fous  le  nom  de  Marcel ,  au 
pape  Jules  III  ,  le  9  Avril  1555- 
Quand  an  lui  ayoit  préfeatc  daos 


M  A  R 

le  conclave  certains  articles  que  tous 
les  cardinaux  avoient  accoutumé  de 
iîgner  :  h  Us  ai  jurés  plufieurs  fois  , 
leur  dit-il ,  &jt  préunds  hicn  Us  txé- 
tutcr*  Il  conunença  par  établir  une 
congrégation  de  âx  cardinaux ,  pour 
travailler  à  la  réformation.  Qud^ 
^fues'Utts  de  mes  pridécejfturs ,  dit-il  , 
s*lmagîttoUnt  que  la  réformation  dîmi- 
muôTok  Uut  autorité;  c'efi  par-là  qu'il 
faut  commencer  de  fermer  la  bouche  atm 
hérétiques.  Il  donna  ordre  aux  nonces 
qui  étoient  auprès  de  l'empereur  & 
du  roi  très-chrétien ,  de  les  prefTer 
de  Élire  la  paix  ,  &  de  leur  dire 
que  s'ils  ne  la  ÊûToient ,  il  iroit  lui- 
même  les  conjurer  de  la  ^e.  Il  ne 
voulut  recevoir  aucune  requête  qui 
ae  (ut  jufte ,  Himblable  à  Caùon ,  qui 
s'écrioit  Couvent  :  Heureux  celui  à, 
ful  .perfonne  n'oferoit  demander  une 
injuflîu  !  Ce  pontife  mourut  d'a^K>* 
plexieii  >ours  après  fon  éleâion  , 
avec  le  regret  de  n'avoir  pas  aâîez 
vécu  pour  pacifier  les  troubles ,  ré- 
former les  abus ,  &  £iire  fleurir  la 
Icience  &  la  piété  dans  TEgliiè.  Il 
ctoit  û  ennemi  du  népotifme ,  qu'il 
ne  voulut  pas  même  permettre  à 
lés  neveux  de  venir  à  Rome. 

m.  MARCEL ,  (S.  )  o»  Mar- 
ceau ,  célèbre  évêque  de  Paris  , 
snort  le  premier  Novembre  au  com* 
neacemem  du  cinquième  fiede.  Il 
y  a  eu  plufieurs  autres  (aints  de  ce 
nom;5.  Mareely  martynfé  à  Châlons- 
lur-Saône  Tan  179  ;  5.  Marcel , 
capitaine  dans  la  légion  Trajane^ 
qui  eut  ta  tête  tranchée  pour  la  foi 
de  J.  C.  à  Tanger ,  le  30  Oéèobre 
vers  Fan  298  j  &  5.  Marcel^  évêque 
d'Apamée,  &  martyr  en  385. 

IV.  MARCEL ,  femeux  évêque 
dAncyre,  dès  l'an  314 ,  aiSfta  au 
concile  de  Ni^ée  en  3 1 5 ,  &  y  ûgnala 
Ion  éloquence  contre  l'impiété 
Arienne.  Ils'oppo£i  à  la  condam** 
nation  de  5.  Athanafe ,  au  concile 
deTyr  ,  en  33  y ,  &.  à  celui  de  Jéru-» 
fàkm  »où  il  s'éleva  avec  zèle  «ofitr^ 


M  A  R         575 

Àrws,  Les  Ariens  irrités  le  perTécu-» 
terent  avec  fureur  ;  ils  le  dépoferenf 
à  Conilantinople  en  3  36 ,  &  mirenc 
à  fa  T^laceBafile  »  qui  s'étoit  acquis 
de  la  réputation  par  fon  éloquence* 
M«i«</d*Ancyre  alla  à  Rome  trou- 
ver le  pape  Jules ,  qui  le  jugea  inno^ 
cent  dans  un  concile  tenu  en  cette 
ville ,  &  le  reçut  à  fa  communion» 
L'illuîdre  perfécuté  ait  encore  ab« 
(bus  &  rétabli  au  concile  de  Sar« 
dique  en  347 ,  &  mourut  dans  un 
âge  très-avancé  en  374,  Il  ne  nous 
rdde  de  lui  qu'une  Lettre  écrite  au 
p^  Jules ,  deux  Confeffions  de  Foi  ^ 
&  quelques  fragmens  de  fon  JJvrt 
contre  ÀJèere ,  dans  la  réfutation 
qu'en  a  faite  Mufebe,  Ceâ  une  grande 
queAion  entre  les  faims  Pères  &  les 
théologiens  ,  de  favoir  fi  les  écrits 
de  Marcel  d'Auyre  font  orthodoxes. 
Les  uns  les  juAifient ,  ^  les  autres 
les  regardent  comme  hérétiques.  Les 
perfécutions  qu'il  efTuya ,  font  un 
préjugé  en  faveur  de  l'auteur  &  de 
ies  ouvrages* 

V.  MARCEL,  (S.)  natff d'A- 
pamée ,  d'une  famille  noble  &  ri* 
che  ,  dii^ibua  tous  U&  biens  aux 
pauvres  «  pour  fe  retirer  auprès  de 
S,  AUxasutre  y  infBtuteur  des  Acc^ 
meus.  S,  Marcel  fut  abbé  de  ce  mo- 
naâere  après  Jean  ,  faccefTeur  d'^* 
Uxandre ,  vers  447 ,  &  mourut  après 
l'an  485  ^  Sa  fmnteté  &  f9s  mira* 
cle^  lui  ont  £ait  un  nom  dans  l'O* 
rient. 

MARCEL ,  (  Etienne)  prévôt  de 
Paris ,  fous  le  roi  Jmjv  :  Foyei  ^'^^ 
tidedece  dernier ,  n®  ivi. 

Vï.  MARCEL,  (Chriftophe) 
Vénitien  ,  iut  chanoine  de  Padoue 
&  chanoine  de  Corfbu.  Il  eut  le 
malheur  d'être  pris  au  £ic  de  Rome 
en  1527.  Comme  il  n'avoir  pas  le 
moyen  de  payer  fa  rançon ,  les  fol- 
dats  l'attachèrent  à  un  arbre  au- 
près de  Gayette,  en  pleine  cam- 
pagne ,  &  lui  arracbjMent  un  ongle 
chaque  iouv.  U  mqusat  de  Texcç^ 


ç7^         M  A  R 

des  douleurs  &  de  l'intempérie  de 
l'air.  On  *  a  de  lui  un  Traité  dt 
Anim^  >  1508 ,  in-folio  -,  &  une  édi- 
tion des  Ritus  Etclt^aflid  ^  1516^ 
in-folio. 

VIL  MARCEL,  (Guillaume) 
fié  près  de  Bayeux ,  entra  chez  les 
Pères  de  l'Oratoire ,  &  profeila  à 
Rouen  en  1640.  Il  fortit  quelque 
temps  apfès  de  l'Oratoire  ,  pour 
remplir  la  place  de  profeiTeur  d'élo- 
quence >  au  collège  des  Graffins ,  à 
Paris.  Ce  fiit  dans  celui-ci  que  lui 
arriva  Tavenmre  rapportée  dans  le 
DiéHonnaire  de  BayU  ,  au  mot 
Codefroi  Hermant,  Il  étoit  près  de 
réciter  en  public  l'oraifon  liinebre 
flu  maréchd.  Je  Gaffîon ,  quand ,  fur 
la  plainte  d'un  vieux  doâeur ,  il  lui 
fut  défendu  de  la  part  du  reâeur , 
de  prononcer  «  dans  une  univeriité 
catholique  ,  l'éloge  d'un  homme 
mort  dans  la  religion  Proteftante. 
Le  goût  de  la  patrie  le  rappela  à 
Bayeux»  pour  être  chanoine  & 
principal  du  collège  de  cette  ville. 
Enfin  voulant  fe  repofer  des  Êitigues 
de  ce  pénible  emploi ,  il  fe  retira 
«n  1671 ,  dans  la  cure  de  Bafly  , 
près  Caen ,  &  y  mourut  en  1701 , 
âgé  de  90  ans.  C'eil  par  fes  confeils 
que  le  poète  Brébaïf,  fou  ami ,  en- 
treprit la  tradu£Hon  de  la  PharfaU 
de  Luealn,  Il  a  laiiTé  un  grand  nom- 
bre d'écrits  en  profe,  &  en  vers 
latins  &  françois  ;  on  peut  en  voir 
la  lifte  dans  le  Moriri ,  édition 
de  1759. 

VIII.  MARCEL,  (Guillaume) 
avocat  au  confeil ,  natif  de  Tou- 
ioufe ,  mort  à  Arles ,  commiflaire 
des  claies ,  en  1708 ,  à '61  ans  ;  eft 
auteur,  1.  De  VHlJhlre  de  t origine 
&  des  progrès  de  la  Monarchie  Fran^ 
foi/e^  en  4  vol.  in-12.  C'eft  moins 
un  corps  d'hiftoire ,  qu'une  chro- 
nique feche  &  inexaàe.  11.  Des 
Tablettes  Ckronologques  pour  l*Hifm 
taire  profane ,  in-12 ,  qu'on  lit  moins 
depuis  celles  de  l'abbé  Lcn$Ui  du 


M  A  R 

Fnfnot ,  tndis  qui  n'ont  potot  ifÊ 
inutiles  à  celui-ci.  IIL  Des  Tahla^ 
tes  Chronohgîques  pour  Us  affaires  dt 
fEgltfe  ,  in-8®  :  ouvrage  eftimé^  & 
qu'on  pourroit  rendre  meilleur,  en 
confultant  VAn  de  vérifier  les  dates^ 
Marcel  avoit  le  génie  de  la  négo- 
ciation. Ce  fut  lui  qui  conclut  la 
paix  d'Alger  avec  Louis  XIF ,  en 
1677,  &  qui  fit  fleurir  le  commered 
de  France  en  Egypte. 

MARCELLE  ,  (Ste.)  dame  ro^ 
maine ,  étant  devenue  veuve  après 
7  mois  de  mariage ,  embrafiâ  la  via 
monadique.  Plufieurs  vierges  de 
qualité  fe  mirent  fous  fa  conduite, 
&  la  ville  de  Rome  fut  bientôt  rem<- 
plie  de  monafleres ,  où  on  imitoit 
la  vie  des  Solitaires  i^'Orient.  Mar* 
celle  confultoit  fouvent  5.  Jéroma 
dans  fes  doutes ,  &  nous  avons  les 
réponfes  de  ce  faim  Doôeur ,  dans 
les  XI  Lettres  qu'il  lui  écrivit.  Elle 
eut  beaucoup  à  fouffrir  duram  le 
fac  de  la  ville  de  Rome,  Tan  410: 
les  Barbares  vouloient  lui  fSûre  dé- 
couvrir des  tréfors  qu'elle  avok 
cachés ,  à  l'imitation  de  5.  Laurent^ 
dans  lefein  des  pauvres.  Alarmée  du 
danger  que  couroit  l'innocence  de 
Principie ,  fa  chere  fille  fpirimelle, 
elle  fe  jeta  aux  pieds  des  foldats  & 
les  conjura  de  Tépargner  ;  ceux-ci  - 
oubliant  leur  férocité,  conduifirent 
Marcelle  &  Principie  dans  l'égUfe  de 
Saint-Paul ,  qui ,  félon  les  ordres  d'if- 
i^ic  leurdief,  devoir  fcrvird'afilc, 
de  même  que  celle  de  Saint-Pierre. 
Elle  furvécut  peu  au  défafbe  de  â 
patrie,  &  mourut  en  410.  5.  Jérôme 
a  écrit  élégamment  fa  Vie  dans  la 
Lettre  à  Principie  ,  Lih,  ///,  Epifi.  ji  t 
édition  de  Pierre  Canlfius, 

I.  MARCELLIN  ,  fuccéda  au 
pape  S.  Caïus  en  296 ,  &  fe  %iala 
par  fon  courage  durant  la  perfé- 
cution.  Cependant  les  Donatifies 
l'ont  accufé  d'avoir  facrifîé  aux 
idoles  ;  mais  5.  Augufiln  le  juitifie 
pleinenent  dam  foa  livre  De  umcQ 
baptifm 


M  AR 

%étptlfmo  contre  Pétillm,  les  Aâe$ 
du  concile  dç  SînuefTe,  qui  con'> 
tiennent  la  mêmejaceufation,  font 
tonilaînment  des  pièces  (uppofées , 
&  n*ont  été  fabriques  que  long- 
temps après.  MarceÙln  tint  le  iiegé 
un  peu  plus  de  huit  ans  «  te  mou- 
rut le  ^4  Oâobre  ^04  ,  égale- 
aient  illuàre  par  fa  rainteté.&  par 
^  fes  lumières.  Après  fa  mort,  la 
*  chaire  de  Rome  vaqua  iufqu'en 
308. 

n,  MARCELLIN,  (Saint)  eft 
regardé  comme  le  i*'  évêque  d'Em- 
brun. 11  mourut  vers  353.  Les  Ac- 
tes de  fa  vie  font  fort  incertains 
&  fentent  bien  la  Légende.  [  Voy, 
BajLLET^  Vus  des  Saints^  26  d'A- 
vril.] 11  Éaut  le  diftinguer  de  S. 
Marcellin  >  prêtre ,  qui  reçut  la 
couronne  du  martyre  à  Rome  avec 
5.  PUm  ExorciJU ,  l'an  304. 

m.  MARCELLIN  ,  officier  de 
l'empire,  &  comte  d'Illyrie,  du 
temps  de  l'empereur  JuJUaUn^  e(l 
auteur  d'une  Chronique  qui  commen- 
ce où  celle  de  5.  Jér6mc  fe  termi- 
ne ,  en  379 ,  &  qui  finit  en  5  34. 
L'édition  la  plus  corre£ke  de  cet 
ouvrage  eft  celle  que  le  Père  Sir- 
jttomf  donna  en  1619,  in-8®.  On 
l'a  continuée  jufqu'en  j66.  Cafio- 
dore  ,  qui  en  parle  avec  éloge ,  dit 
^  Divin.  Lcci,  cap,  rj  )  que  Marcellin 
avoit  encore  donné  deux  ouvrages , 
l'un  inrimlé:  De  umporum  quallta- 
tibus  &  pofitiombm  locotum  *,  l'autre  : 
De  urhlbus  CcUi  &  HUrofolymis  ^ 
mais  ils  ne  font  pas  parvenus  juf- 
qu'à  nous. 

MARCELLIN,  Voy.  Ammiek- 
Marcellin. 

MARCELLIN,  évêque  d'Are*- 
10 -,  Voy,  Innocent  li^,. 

MARCELUNUS ,  Voy.  Fabius- 
Marcellinus. 

MARCELLO ,  (Benoît)  célèbre 
'^ftuficien  d'une   des   plus  illuilres 
Tomt   yFf, 


MAR        577 

ÊuntUes  de  Venife  »  vivôlt  au  com« 
mencement  de  ce  fiede.  On  a  dô 
lui  des  Motets  ,  des  Cantates  & 
d'autres  ou  rages ,  que  les  connoif^ 
feurs  mettent  à  côté  de  Ce  que  l'Ita* 
lie  a  produit  de  mieux  en  mufh* 
que.  »»  C'eft  exa£kement  (  dit  M, 
^  de  la  Borde  )  le  Plndare  de  la  mu« 
M  fique.  11  en  eft  aufll  le  Mkhil"^ 
M  Ang^y  par  la  force  &  la  régula* 
H  rite  du  defiin.  On  trouve  dans 
M  l'analyfe  de  îes  ouvrages  une 
»  fcience  profonde  6c  une  adreâs 
»  ingénieufe,  mais  l'exécution  de 
vt  fon  chant  dl  d'une  difficulté  pref* 
»»  que  infurmontable  :  il  faut  des 
y»  voix  de  la  plus  grande  étendue  « 
6c  qui  i\^  redoutent  pas  les  in* 


>t  tefvalles  les  plus  extraordinaires^. 
Le  chef  .de  la  famille ,  qu^  fubfifte 
encore ,  étoit  en  1770  ambafladeuc 
de  Venife  à  la  Porte. 

L  MARCELLUS,  (A/:aratf-C/^ 
dlus)  célèbre  général  Romain,  fit 
la  guerre  avec  fuccès  contre  les  Gau« 
lois,  6c  tua  de  fa  propre  main  le 
roi  Vlrldomau»  Ayant  eu  ordre  de 
pafier  en  Sicile ,  6c  n'ayam  pu  ra- 
mener les  Syracufains  par  la  voie 
de  la  douceur ,  il  les  affiégea  pat 
terre  ôc  par  mer.  Archlmede  en  ré-, 
tarda  la  prife  pendant  trois  ans  par 
des  machines  qui  détruifoient  de 
fond  en  comble  les  ouvrages  des 
affiégeans  -,  mais  leur  ville  fut  en- 
fin obligée  de  fe  rendre  :  [  Voye^ 
ArCHIMede.  ]  Mureeilus  avoit  or- 
donné qu'on  épargnât  l'illufire  in^» 
génieur  qui  l'avoit  û  bien  défen* 
due ,  6c  il  n'apprit  fa  mort  qu'avec 
une  douleur  extrême*  MdrccUus  em* 
porta  delà  Sicile  les  flatues,  les  ta« 
bleaux»  les  meubles  précieux  6c 
les  autres  rares  curiofités  dont  les 
arts  de  la   Grèce  avoient   enridu 
SyraCufe ,  6c  il  en  décora  Rome.  Il 
apprit  le  premier  aux  Romains  à 
ehimer  6c  admirer  les  beautés  6c 
les    grâces   de  ces  chef-d'œuvres 
qu'auparavant  ils  ne  connoiffoienjc 


57*        M  A  R 

pas.  Rofflejufqû'alors  m'Aoît  poui^ 
ânfi  dire  qu'un  vafte  arfenal  -,  elle 
offrit  depuis  des  fpeftacles  à  la  cu- 
riofîté  des  citoyens.  Marcéllus  en  fut 
plus  agréable  au  peuple-,  les  citoyens 
Tenfcs  le  blâmèrent  d'avoir  introduit 
un  genre  de  luxe  qui  traîne  à  ùl  ûiite 
la  molleffe  en  fàvorifant  l'oiliveté. 
Tahlus  qui  après  la  prife  de  Tarente 
h'avoit  pas  voulu  cfmportet  le^  ta- 
Weaux&Iesftatues  des  dieux ,  avoit 
^t  à  cette  occafion  :  Lalffons  aux» 
Tarcntlns  leurs  Dieux  irrités  Ce  ge- 
Béral  ne  fignala  pas  moins  fa  va- 
leur dans  la  guerre  contre  Annlhal  : 
[  Voy .  et  mot,  ]  Il  eut  la  gloire  de  fé 
vaincre  deux  fois  fous  les  murs  de 
Noie,  &  mérita  qû'ott  l'appçlât 
VEpée  de  la  Rcpuhriqae ,  comme  Fa- 
llus ,  fon  collègue  dans  le  confulat 
fc  dans  le  géntralat ,  en  avoit  été 
appelé  le  BoUcRer,  La  prudente  len- 
teur de  Fabl^î  fut  arracher  à  Annîhal 
le  prix  de  fes  viftoires ,  en  évitant 
les  batailles-,  Vaudaée  &  Taftivité 
de  Marcéllus  après^^  nouveaux  dé- 
fâHres  relevèrent  lès  tourages  abat- 
tus -,  il  inipira  aux  troupes  affet 
de  confiance  pour  les  empêcher  de 
craindre  Tenhemi.  Ses  Aiccès  lui 
fufciterent  des  envieux  ;  il  fiii  ac- 
cufé  devant  le  peuple  par*  un  tri- 
bun jaloux  de  fa  gloire.  Ce  grand 
homme  vient  à  Rome,  &syjufti- 
fie  par  le  feul  récit  de  fes  exploits  : 
le  lendemain  il  eft  élu  conftal  pour 
la  5*  fois,  &  part  tout  de  fuite 
'poiu*  continuel*  h  guerre.  Sa  mort 
ne  fut  poin^  digne  d'un  û  grand 
général.  Quoique  âgé  de  6o"ans ,  il 
avoit  la  vivacité  d'un  jeunehommè. 
'Cette  vivacité  remporta  au  point 
d*allét  lui-même ,  prefque  ïafts  ef- 
corte,  à  la  découverte  d'un  pofte 
ipii  féparolt  le  camp  des  Romains 
ifavec  celui  d* Annîhal,  Le  général 
tarthaginois  ■  y  avoit  fait  cacher  un 
détachement  de  cavalerie  Numide  : 
îl  fondit  à  Vîmprovifiefur  la  petite 
troupe  des  Rômûiis ,  qui  fiit  prefqcte 


M  A  R 

entièrement  taillée  en  pièces.  Mtf/sj 
cellus  fut  tué  dans  cette  émbufcade, 
l'an  I07  avant  J.  C.  AnmBal  le  fît 
toteirer  avec  pompe ,  Zt  honora  fa 
mort  de  fes  regrets. 

II.  MARCELLUS  >  (  Maras^ 
Claudlus)  un  des  defcqndans  du 
précédent,  joua  un  rôle  dans  lés 
guerres  civiles ,  &  prit  le  parti  de 
Pompée  contre  Céfar.  Celui-ci  ajant 
été  vainqueur ,  exila  Marcéllus  ,  & 
le  rappela  enfuite ,  à  la  prière  du 
fénat.  C'efl  pour  lui  que  Cîcéron 
prononça  fon  Oraifon  pro  Marctl- 
lo ^  lune  des  plus  beÛes  de  cet 
orateur.  ' 

III.  MARCELLUS,  (  M^mw- 
Çlaudlus  )  petit- fils  du  précédeu, 
ta  fils  de  Marcéllus  &  à'OHavle 
fœur  d'Augufte^  époufa  Julie  fille 
de  cet  empereur.  Le  fénat.  le  créa 
édile.  Marcéllus  fe  concilia  pen- 
dant fon  édilité  la  bienveillance 
publique.  Rien  né  flattoit  davan- 
tage les  Romûns,  que  la  penféê 
tju'il  fuccéderoit  un  jour  à  Augafie, 
Sa  môit  prématurée  fit  évttiouè 
ces  ef^érances  :  ce  qui  fit  dire  i 
Virale ,  que  les  defilru  nan>Une  fort 
-que  le  montrer  au  monde.  Le  Tû 
Marcellvs  stiis ,  <ïi!ie  ce  grani 
poëtc  flit  employer  avec  tam 
d'art  au  6^  livre  de  ibn  Enéide  ^ 
fit  verfer  bien  des  larmes  aux  Ro- 
mains ,  Tur-tout  à  fa  famille.  Ses 
Obf^ques  fe  firent  aux  dépetis*  du 
public»  Se  l'on  honora  fa  mémoire 
par  tout  ce  -que  l'effcne  &  les  re- 
grets furent  imsgiiitr. 

IV.  MARCELLUS,  Toye^No- 

WI0S-MA  RCfilLUS. 

V.  MARCELLUS,  médecin  Je 
•SëKÉe  en  Pamphilie  ,  vivott  fous 
l'empereur  Marc-Aureîe,  Il  -compbâ 
deux  poëmes  en  vers  héroïques: 
Tun  fur  la  Lycanthrcyle  :  efpeoe  de 
mélancolie ,  qui  frappe  oeiiuL  qui 
en  font  attaqués  ,  de  Tidée  opiniâ- 
tie  qu'ils  fant' changés  en  loups: 


M  A  R 

Tautre  fur  les  Poiffons,  On  trou- 
ve des  fragmens  du  premier  dans 
le  Corpus  Po'ètarum  de  Maittaire, 

MARCH  ,  (Aufias)  poste  de 
Valence  en  Efpagne,  dans  le  xv* 
ûtde ,  célébra  dans  fes  vers  une 
de  fes  compatriotes  nommée  TA/- 
re/c  Bou.  Ce  pocte  ;  à  l'exemple  de 
Pétrarque  qu'il  pilla  ,  chaifta  foii 
amante  pendant  fa  vie  &  après  fa 
tnort.  La  vérification  des  temps 
auxquels  ces  deux  pOetes  ont  vé- 
cu ,  juftifie  le  poëte  Italien  de  l'im- 
putation de  plagiat,  qui  retombe 
fur  le  poëte  Espagnol;  à  moins 
qu'on  n'aime  mieux  dire  qu'ils  ont 
puifé  tous  deux  dans  les  Poéfies 
de  Messen-Jordy  {Voye^.  Mjes^ 
sen]^  qui  les  avoit  précédés.  Il 
y  a  apparence  que  March  fut  moins 
fi  délie  à  fa  Théreft^  que  Pétrarque  à 
ta  Laurc;  puifqu'il  a  célébré  aufE 
NacUttt  de  Borgta  ,  niece  de  Ca- 
Hxte  IIL  Le  recueil  de  fes  Vers  fut 
imprimé  à  •  Valladolid  en  1555. 

I.  MARCHAND,  (  Jean-Louis ) 
natif  de  Lyon ,  partage ,  avec  le 
célèbre  d*Aqmn  la  gloire  d'avoir 
porté  l'art  de  l'organifte  au  plus 
ixzut  degré  depcrfeâion.Il  vint  fort 
Jeune  à  Paris ,  &  s'étam  trouvé , 
comme  par  hafard ,  dans  la  chapelle 
du  collège  de  Louis  le  Grand ,  au 
'moment  qu'on  attendoît  l'organifle 
pour  commencer  l'office  divin ,  il 
s'offirit  pour  le  remplacer.'  Son  jeu 
plut  tellement,  quelles  Jéfuites  le 
tetinrent  dans  lé  collège,  &  four- 
tiirent  tout  ce  qui  Iftoit  néceffaire 
pour  perfeôionner  fes  talens.  Mar- 
chand conferva  toujours  l'orgue  de 
leur  chapelle ,  &  refîifa  conftam- 
iment  les  places  avantageufes  qu'on 
lui  offi-it.  La  reconnoiffance  n'eut 
pas  feule  pairt  à  ce  défintéreffe- 
ment  :  il  étoit  d'un  efprit  fi  fen*- 
tafque  &  û  indépendant ,  qu'il  né- 
gligea autant  fa  réputation  que  fa 
gloire.  [  Voyex  Rameau.  ]  Ilmou- 
tutàPlùrhen  1732,  à  63  ansr.  On 


M  A  R         ^79 

a  de  lui  deux  livres  de  Pièces  de  Cùt^ 
vtdn ,  eftimées  des  connoifTeurs. 

H.  MARCHAND  ,  (  Profper  ) 
fut  élevé  >  dès  fa  jeunefTe  ,  dans 
la  librairie  à  Paris  &  dans  la  con^ 
noififance  des  livres.  Il  entretint 
une  correfpondance  réglée  avec 
plufieurs  favans  ,  entre  autres  avec 
Bernard^  continuateur  des  Nouvel" 
Us  de  la  République  des  LuHres  ^  &il 
lui  fournit  les  anecdotes  littéraires 
de  France.  Marchand  alla  le  join* 
dre  en  Hollande ,  pour  y  pro£ef- 
fer  en  liberté  la  religion .  Protef* 
tante  qu'il  avoit  embraffée ,  &  pour 
laquelle  il  étoit  fort  zélé.  Il  y 
continua  quelque  temps  la  librai- 
rie ,  mais  il  quitta enfuite  ce  négoce, 
pour  fe  confacrer  uniquement  à  U 
littérature.  La  connoifÊince  des  li-» 
vres  &  de  leurs  auteurs ,  &  l'étude 
de  THiftoire  de  France ,  fut  tou- 
jours fon  occupation  favorite.  II 
s'y  diftingua  tellement  ,  qu'il  étoit 
confulté  de  toutes  les  parties  de 
l'Europe.  Il  fut  aufli  un  des  prin- 
cipaux auteurs  du  Journal  Littéraire  , 
l'un  des  meilleurs  ouvrages  pério* 
diques  qui  aient  paru  en  Hollande» 
'&  il  fournit  d'excellens  extraits 
dans  la  plupart  des  autres  Jour- 
naux. Ce  favant  eftimable  mourut 
dans  un  âge  avancé  le  14  Juin 
•1756.  Il  légua  le  peu  de  bien  qui 
lui  reiloit  ,  i  une  Société  fondée  à 
la  Haye  "pour  l'éducation  &  l'inf- 
truôion  d'un  certain  nombre  de 
pauvres.  Sa  bibliothèque,  l'une  des 
mieux  compofées  pour  l'Hiftoire 
littéraire ,  eft  réftée  par  fon  tefta- 
ment  avec  fes  manufcrits  à  l'uni- 
verfité  de  Leyde.  On  a  de  lui  : 
1.  L'Hiftoirs  de  P  Imprimerie  ,  dont 
un  de  fes  amis  a  promis  une  nou- 
velle édition.  Cet  ouvrage  ,  rem- 
pli de  difcuifions  fit  de  notes  ,  pa- 
rut en  1740 ,  à  k  Haye  ,  in-4^. 
L'«udition  y  eft  tellement  •  prodi- 
guée, l'auteur  a  tellement  accu- 
WjpXé  les  remarques  &  les  cicttion»-, 

Ooï) 


î8o        M  A  R 

que  quand  on  eft  à  la  £0   de  ce 
chaos  ,    on  ne  fait  guère  à  quoi 
s'en  tenir  fur  les  points  qu'il»  dif- 
cute.    M.  Tabbé  ÂùrcUr,  Abbé  de 
Saint-Léger  de  SoifTons ,  a  donné  en 
177c,  in-4** ,  un  fuppicment  à  cette 
hiftoire ,  auffi  curieux  qu'exaft.  II. 
Un  DicHonnalre  Hlfioriquc ,  ou  Afe- 
moins  Critiqua  &  Littéraires,  impri- 
mé à  lia  Haye  en  1758,  en  1  pe- 
tits vol.  in-folio.  On  y  trouve  des 
fingularités  hiftoriques ,   des  anec- 
dotes littéraires ,  des  points  de  bi- 
bliographie difcutés  -,  mais  il  y  a 
trop  de  minuties,  le  ftylc  n'eftpas' 
pur  ,  &  l'auteur  fe  livre  trop  à  l'em- 
portement de  fon  caraûere.  Il  eft 
difficile  d'entaffer  plus  d'érudition 
&  fur    des  chofes  fi  peu   intcref- 
fantes ,  du  moins  pour  le  commun 
des  leâeurs.  III.  Une  nouvelle  édi- 
tion du  Dtciionnaire  &  des   litres 
de  BayU  ;  du  Cymhalum  mundl ,  &C. 
MARCHANT,  (  Pierre  )  né  à 
Couvin    dans    TEntre-Sambre-Ôc- 
-Meufe,  principauté  de  Liège,  Tan 
.158c,  fe  fit  Récollet.  En  1639  il 
•fut  fait  comsiiiïaire  général  de  fon 
ordre ,  avec  plein  pouvoir  fur  les 
provinces  d'Allemagne  ,  des  Pays- 
Bas  ,  &c.  Il  eA  le  principal  auteur 
de  la  réforme  des  Francifcaines ., 
avec  la  vénérable  Soeur  Uannc  de 
Jefus^  nommée  Neerlng,  de   Gand. 
Cette  congrégation  connue  fous  le 
nom  de   Réforme  des  Seturs  Francif- 
camts .  de  la  pénitence  de  Umhcurg  ^ 
Ait  approuvée  par  Urhain  VIII V m 
1634.   Cet  homme   plein   de  zèle 
poiu:  la  difcipline  reîigieufe ,  mou- 
rut à  Gand  le  11  Novembre  166 1, 
On  a  de  lui  ;  I.  Expofitlo  llucralls 
in  rtpilàm   Stl  franclfd  ,  Anvers, 
163 1  ,  in-S*'.    II.    trliunal  facra^ 
mentale  ,  Gand  ,  1643  ,  1  vol.  in- 
fol.  j  &untroifiemeàAnvers,  16 je 
Théologie  au}ourd'hui  oubliée ,  qui 
renferme    plufieiurs    chofes    plus 
pieufes   que  folides  ,  entre  autres 
}^  td^  ifllittulé  ;  San^y^atip  5.  /^^ 


M  A  R 

fyfh  In  utero,  III.  Les  Confittutloni 
de    la    congrégation    des     Reâguufa 
qu'il  a  établie  <  &c.  Son  frère  Jac- 
ques Marchant  ,  doyen  &  curé 
de  Couvin  ,    s'efl   diiUngué  abffi 
par  fa  fcience  &  (a  pieté  ;  on  ef- 
titne  encore  fon  Hortus  Paftorm^ 
&  pluiîeurs   autres    ouvrages  re- 
cueillis à  Cologne  >  in-fol ,  1635. 
MARCHE, (  les  Comtes  de  la) 
Voyei  la  Généalogie  desBourhotu^ 
au  mot  I.  B0URBON, 
.    MARCHE,  (  Olivier  delà)  fils 
d'un  gentilhomme  Bourguignon  v 
^t  page  ,   puis  gentilhomme  de 
Philippe  It  Bon  y  duc  de  Bourgo- 
gne. Louis  XI ,   mécontent  de  U 
Marche  y  voulut  que  PA/t(p/?«  lui  li- 
vrât ce  fidelle  ferviteur  ;  mais  ce 
prince  lui  fit  répondre  ,  que  fi  U 
Roi  ou  quelqu* autre  attentoit  fur  Im  , 
il  en  foroit  ralfon.  Devenu  enfuite 
maîtte-d*hôtel  &  capitaine  des  gar- 
des de    Charles    le   Téméraire ,  il  le 
fervit  avec  zèle.  Après  la  mon  de 
ce  prince  «   tué  à   la  bataille  de 
Nancy  en  1477  ,  Olivier  de  la  Mar^ 
che  eut  la  charge  de  grand-maitre- 
d'hôtel   de  Maxlmllien    d'Autriche , 
qui  époufa  Théritiere  de  Bourgo- 
gne. Il  eut  la  même  charge  fous 
l'archiduc  Philippe^  &  fut  envoyé 
en  ambafiTade  à  la  cour  de  France 
après  la  mort  de  Louis  XL  U  mou- 
rut à  Bruxelles  le  i  Février  1501. 
On  a  de  lui  :  I.  Dts  Mémoires  ou 
Chronique^  ,  imprimés  à  Lyon  ca 
1562  ,   &  à  Bruxelles  en   1616, 
in-4°.  Ces  Mémoires  ,  inférieurs  à 
ceux  de  Comines   pour  le   ftyle , 
leur  font  peut-être  fupérieurspour 
la  iîncérité.  On  y  trouve  des  anec» 
dotes  curieufes  fur  la  cour  des  deux 
derniers  ducs  de  Bourgogne ,  aux- 
quels   l'auteur   avoù  été  attaché. 
Les   faits  y  font  racontés   d'une 
panière  plate  &  confufe  i  mais  ils 
refpirent  la  franchife.  II.  Traité  for 
les  Duels  &  Gages  dehataille^  in-8% 
lU.  Tfiçmphc  du  Damts  d^kot^evà 


M  A  R 

içio  ,  m-8°.  C'eft  un  ouvrage 
moral ,  plein  de  longues  trivialités 
Je  de  choCes  grote^ue$.  Il  veut 
faire  préfent  à  fa  maitrefle  de^^n- 
toufies  d*humilité ,  de  foulUrs  de  bonne 
dUîgqiee  ,  de  chauffes  de  ptrfivérance , 
de  jarretières  de  ferme'-propot ,  &C.  IV. 
Plufieurs  autres  ouvrages  ,  impri- 
més &  manufcrits ,  qui  ne  méritent 
ni  d'être  lus  ,  ni  d'être  cités. 

MARCHE-COURMONT, 
(  Ignace  Hugari  de  la  }  ancien  cham* 
beiian  du  margrave  de  Bareith ,  & 
capitaine  au  iervice  de  France  dans 
les  Volontaires  de  'Wum^fer,  na- 
quit à  Paris  en  1718  ,  &  mourut  à 
llile  de  Bourbon  en  176S ,  à  40  ans. 
Il  avoit  beaucoup  voyagé  en  Italie , 
en  Allemagne  ,  en  Pologne  ,  & 
s*étoit  fait  aimer  d'un  grand  nom- 
bre de  perfonnes  d'un  vrai  mérite. 
Il  avoit  de  l'erprit,  fit  il  en  met- 
toit  dans  la  fociété  fie  dans  Tes  ou- 
vrages. Les  principaux  font:  I.Les 
Lacres  à*A\a^  pour  fervir  de  fuite 
aux  Lettres  Péruviennes  ^  in- 12  ;  ro- 
man médiocre.  II.  Effai  Politique 
fur  les  avantages  que  U  Prince  peut 
retirer  de  La  conquête  de  Mlnorque  : 
brochure  qui  n'eft  plus  lue  au- 
jourd'hui. III.  Le  Littérateur  impar- 
tial  :  Journal  qui  n'eut  point  de 
fuite^  La  littérature  lui  eft  redeva- 
ble de  la  première  idée  du  Journal/ 
étranger. 

MARCHETTI,  (  Alexandre 
né  à  Pontormo  ,  fur  la  route  de 
Florence  à  Pife,  en  1633  ,  d'une 
famille  illuflre  ,  montra  dès  fes 
premières  années  des  talens  fie  du 
goût  pour  la  poéûe  fie  les  mathé- 
matiques. Il  fut  ami  intime  du 
iavant  Borelll ,.  fie  lui  fuccéda  en 
1679  dans  la  chaire  de  mathéma- 
tiques à  Pife.  C'étoit  un  homme 
dégagé  des  préjugés  de  l'école  , 
qui  foutint  avec  liberté  fes  fenti-< 
mens ,  Ifbrfqu'il  les  crut  fondés. 
L'autorité  faifoit  moins  d'impref- 


M  A  R         581 

fion  fur  lui  que  les  expériences  , 
fie  il  préieroit  une  bonne  raifon 
à  cent  paflages  à^Ariftote,  Après 
avoir  £ait  d'excellens  difciples  ,  il 
mourut  d'apoplexie  au  château  de 
Pontormo  le  6  Septembre  1714  ♦ 
âgé  de  81  ans.  On  a  de  lui  des 
Poéfics^  1704  ,  in-4**  -,  fie  dei  Traî^ 
tés  de  phyfique  fie  de  mathémati- 
ques, eftimés,  parmi  lefquels  on 
diôihgue  celui  De  refifientîa  fiuido» 
rum^  1669,  \n-4**.  Crefcimheni  a  in- 
féré un  de  fss  Sonnets  dans  fon 
HlfloireéUlaPoéfie  Italienne ,  comme 
le  plus  parfJût  qu'il  eût  encore  vu. 
On  iait  cas  de  fa  Traduction  en  vers 
italiens  de  Lucrèce,  Londres,  1717  , 
in-8^  -,  fie  Amfterdam  (Paris) ,  1754, 
en  2  vol.  ift-8**.  Cette  dernière 
édition,  publiée  par  M.  Gerhault^ 
a  plus  d'éclat  que  de  correÛion. 
Sa  verûon  eft  eftimable  par  la 
fidélité  fie  la  précifion  ,  fie  fur- 
tout  par  la  fecilité  ,  la  fineife  & 
la  douceur  de  la  verfification.  On 
ne  fait  pas  autant  de  cas  de  fa  Tra^ 
ducUon  en  vers  libres  des  Œuvres 
d'Anacréon,  à  Lucques ,  1707 ,  in-4®* 
Sa  J^ie  eft  à  la  tête  de  fes  Poéftes,  réim- 
primées à  Venife  en  175  y  ,  in^4**. 

MARCHI,  (François)  gentil- 
homme Romain ,  né  à  Bologne  , 
dans  le  XVI*  fiecle ,  fut  un  des  plu? 
habiles  ingénieurs  de  fon  temps. 
Il  eft  auteur  d'un  ouvrage  curieux  , 
intitulé  :  De(la  ardùtettura^  miâtare  , 
imprimé  à  Brefte  en  1599  ,  grand 
in-folio  ,  orné  de  16 1  figures.  C'eft 
la  feule  édition  qui  en  ait  été  Elite , 
quoique  plufieiu>s  bibliographes 
aient  écrit  le  contraire.  Ce  livre 
eft  très-rare  -,  fie,  s'il  en  faut  croire 
les  Italiens  ,  cette  grande  rareté 
provient  moins  de  ce  qu'il  n'a  pas- 
été  réimprimé  ,  que  de  ce  que  plu» 
fieurs  ingénieurs  François  qui  fe 
ibnt  approprié  beaucoup  d'inven* 
tions  de  Marchi^  en  ont  retiré  di» 
commerce  autant  d'exemplaires  qu'ik 
Uur  a  été  pofiible. 

O  o  iij 


^Si        M  A  R 

MARCHIALI,  Voy€{  dansTart; 
du  Masque-dë-Fer. 

MARCHIN  ouMarsin,  (Fer- 
dinand comte  de)  d'une  Êimille 
Liégeoife,  étoit  Als  de  Jam-Gaf" 
pard'Ferdinand ,  qui  après  avoir  fcrvi 
dans  les  troupes  Françoifes ,  paiTa 
au  fervice  d'Efpagne  &  de  r£m- 
pire ,  &  mourut  en  1673.  Son  Als 
Ferdinand  vint  alors  en  France.  U 
n  avoit  que  dix-Cept  ans  ;  mats  il 
montroit  beaucoup  d'envie  de  Te 
iignaler.  Nommé  brigadier  de  cava- 
lerie ,  il  fer  vit  Tan  1690  en  Flan- 
dres ,  &  fut  blefîe  à  la  bataille  de 
Fleurus.  £n  1693  ,  il  fe  trouva  à  la 
bataille  de  Nerwinde ,  à  la  prife  de 
Charleroi  ;  &  paâa  enfuite  en  Italie. 
Pans  la  guerre  de  la  fuccefiîon ,  il 
fut  employé  comme  négociateur  & 
comme  guerrier.  U  étoit  également 
propre  à  ces  deux  emplois,  parce 
qu'il  avoit  du  courage ,  de  l'efprit , 
&  un  fens  droit.  Louis  XIF  le 
nomma  en  1701 ,  ambaiTadeur  ex- 
traordinaire auprès  de  Philippe  V  ^ 
roi  d'Efpagne  ,  qui  lui  donna  fa 
première  audience  dans  le  vai^Teau 
qui  le  tranfportoit  en  Italie.  A  la 
fin  de  fon  ambafi&de ,  il  donna  un 
bel  exemple  de  défîntérefTement. 
Philippe  V  lui  offrant  la  grandeffe , 
illarefufa.  »  Etant  abfolument  né- 
>»  ceiTaire ,  (  écrivoit-il  à  Louis  XIV  ) 
w  que  l'ambaffadeur  dte  V.  M.,  en 
vt  Efpagne ,  ait  un  créd^  fans  bornes 
>*  auprès  du  roi  fon  petit-fils^  il 
»»  efl  aufli  abfolument  nécefTaire 
>»  qu'il  n'en  reçoive  jamais  rien 
M  fans  exception ,  ni  biens ,  ni  hon- 
»»  neur?  ,  ni  dignités  •„  parce  que 
M  c'efl  un  des  principaux  moyens 
»♦  pour  faire  recevoir  au  confeil 
M  du  roi  catholique  toutes  les  pro- 
»>  pofitions  qui  viendront  de  la 
>»  part  de  V.  M.««.  11  ajouta  mo- 
ddlement  que ,  «>  i^i'ayant  point  de 
V*  famille ,  &  n'ayant  pas  defTein 
M  d'en  avoir  ,  ce  facrifice  apparent 
»  ne  devoit  lui  être  compté  pour 


M  A  R 

n  rien  M.  XJn  autre  auroit  mis  fo« 
adrefie  à  le  faire  compter  pour  beau* 
coup.  Quoique  je  m.  fols  pas  furpm 
de  votre  défintérejfemetu ,  lui  répon^ 
dit  le  roi  ^  je  ne  le  loue  pas  moins  \ 
&  plus  il  efi  rare  ^  plus  j^auraifoia. 
défaire  voir  quej*en  ccnnols  le  prix^ 
&  que  je  fuis  fenfihU  aux  marques  d^vn 
Itle  aujp  pur  que  le  vôtre.  Ce  prince 
lui  donna  »  peu  de  temps  après ,  le 
cordon-bleu.  Marchin  alla  enfuite 
commander  en  Allemagne  ,  où  il 
remplaça  VUlars  auprès  de  l'élec- 
teur de  Bavière  :  en  y  arrivant ,  il 
reçut  les  patentes  de  maréchal ,  en 
1703,  Il  commanda  la  retraite  de 
la  bataille  d'Hochftet,  en  1704,  & 
y  parut  plutôt  bon  officier  qu'ha- 
bile général.  Enfin  ,  ayant  été  en- 
voyé en  Italie  pour  diriger  les  opé- 
rations du  duc  d^  Orléans  y  fuivant  les 
ordres  de  la  cour  ,  il  fiit  fi  cha- 
grin d'avoir  donné  lieu  malgré  lui 
à  la  bataille  de  Turin ,  livrée  en 
1706 ,  &  qui  fut  perdue ,  qu'il  s'ex- 
pofa  au  péril  en  héros  qui  vou- 
loit  finir  fa  vie  fur  le  diamp  de 
bataille.  BlefTé  à  mort',  il  fiit  fait 
prifonnier.  [  r.PHlLippE,n**  xxii, 
au  commencement,  ]  Un  chirurgien 
du  duc  de  Savoie  lui  coupa  la  cuif- 
fe ,  &  il  mourut  quelques  momens 
après  l'opération,  fans  avoir  été 
marié.  En  partant  de  Verfailles 
pour  l'armée ,  il  avoir  repréfenté 
au  roi ,  >«  qu'il  falloir  aller  aux  en- 
»t  nemb ,  en  cas  qu'ils  paruflent  de- 
>»  vantTurin**.  Chamlllan  tiit  d'un 
avis  contraire,  &  une  armée  fiit 
la  viûime  du  protégé  de  Mad*  de 
Maintenon  ,  qui  craignoit  que  fi  les 
François  fortoient  de  leurs  lignes., 
le  duc  d*  Orléans  ne  déployât  une 
valeur  que  Louis  XIV  voy  oit  peut- 
être  avec  quelque  peine  dans  fon 
neveu.  L'abbé  de  Saint-Pierre  parle 
de  Marchin  ,  comme  d'un  homme  ar- 
dent ,  généreux ,  médiocre  Général  ^  dé^ 
rangé  dans  fes  affaires, 
MARCHION,  (N...)archi- 


M  A  R 

tcÛeScfculpteur,  d'Arezzo  ^iloiîf- 
ibit  dans  le  treizième  fiecle ,  fous  le 
pontiâcat  d* Innocent  lîl.  Il  fut  em- 
ployé à  Rome  &  dans  ia  patrie. 
Comme  il  vivoit  dans  un  (iecie  qjui 
i^noroit  les  règles  judicieufes  de^ 
anciens  dans  rarchiteâure ,  il  ne 
&ut  pas  s'ctonner  û  la  plupart  des 
ouvirages  de  Marchion  font  furch^- 
gés  de  fculptures  fans  goût  &  fans 
choix. 

MARQANA ,  foeur  de  l'empe- 
reur Trajan ,  morte  vers  l'an  ii% 
de  J.  C.  ,  étoit  un  modèle  de  vertu 
&  de  grandeur  d'ame.  Son  firere 
la  îit  déclarer  Augui^e.  £lle  vécut 
^ns  une  intelligence  parfaite  avec 
PloûneÙL  belle- fœur ,  &  cette  uiûoij 
charma  la  cour.  Afaraona  étoit  veu- 
ve ;  mais  on  ignore  le  nom  de  fon 
mari. 

1.  MARCIEN  ,  naquit  vers  Vm 
391 ,  d'une  ficmiilledeThrace,  peu 
illuib-ée.  Cet  homme  ,  dediné  à 
être  empereur  Romain ,  fut  d'abord 
jRmple  foldat.  Comme  il  partit  poyr 
aller  s'enrôler ,  il  rencontra  dans  le 
chemin  le  corps  d'un  homme  qui 
yenoit  d'être  tué.  II  s'arrêta  pour 
conûdérer  ce  cadavre;  il  fut  ap- 
perçu  :  on  le  crut  auteur  de  ce  meuc- 
tré ,  &  on  alloit  le  faire  périr  par 
le  dernier  fuppl^jce ,  lorfqu'on  dé- 
couvrit le  coupable.  Enrôlé  dans 
la  milice ,  il  parvint  de  grade  es 
grade  aux  premières  dignités  de  l'em- 
pire* Le  trône  de  Conûantinople_, 
déshonoré  par  la  foiblcffe  de  TAco- 
do/e  II  y  l'attendoit,  &  fes  vertus 
}'y  portèrent  après  la  mort  de  cet 
«mpereur  ,  en  450.  Pulchérîc ,  fœur 
de  Théodcfc  y  devenue  maîtreffe  de 
l'Empire ,  offrit  à  Mardea  de  par- 
tager fon  trône  avec  lui ,  s'il  con- 
fentoic  à  Tépoufer  &  à  ne  pas  violer 
fon  voeu  de  chafteté.  Tout  VOriem 
changea  de  face  *  dès  qu'il  eut  la 
couronne  impériale.  Actîla  envoya 
demander  au  nouvel  empereur  le 
tribut  annuel  que  Théodofe  II  lui 


M  A  R        58>. 

payott.  Marclm  lui  répondît  d'une 
manière  digne  d'un  ancien  Romain  : 
Je  n*al  4e  l*or  que  pour  mes  amis  ,  ^ 
je  garde  le  fer  pour  mes  ennemis.  Le^ 
orthodoxes  triomphèrent  ,  &  le^ 
hérétiques  fiu'ent  accablés.  Il  publia 
une  loi  rigourçufe  contre  ces  derr 
niers  ,  rappela  les  évêques  exilés , 
fit  aiTembler  en  4  p  un  concile  gé- 
néral à  Chalcédoine ,  &  donna  plu- 
ûeurs  édits  pour  faire  obferver  ce 
qui  y  avoir  été  décidé.  On  fc  rap- 
pelle avec  plaifir  ces  belles  paroles 
de  cet  empereur  ,  prenant  féance 
parmi  les  Pères  de  ce  concile,  m  Nous 
tt  venons  aflîflcr  à  votre  concile , 
»  à  i'exeqypJe  du  pieux  empereur 
y  Cof^fiantln  ,  non  poiu:  y  exercer 
>»  aucune  autorijté ,  mais  pour  y  pro.- 
»>  téger  la  foi ,  ç^n  qu^on  ne  puii& 
>»  plus  déforniâis  induire  perfonne 
>«  par  de  mauvais  confeils  ,  à  fe 
n  féparcr  de  vous  i*.  Sous  fo^  règne 
appelé  Vdge  d'or^  les  impôts  exce^ 
iâs  fiirent  abolis ,  le  vice  puni  «  & 
la  vertu  récompenfée. .  Ce  gran^ 
hom^ne  fe  prépvoit  4  marcher  con- 
Siç  Ùenf^rlc ,  ufurpateur  de  l'A&iqué, 
iQrfque  la  mort  l'enleva  à  Teftime 
&  à  l'afFetlion  des  deux  empires 
d'Orient ,  Je  26  lanviçr  457 ,  après 
un  regrie  de  ûx.  -années ,  à  69  an$ « 
avec  la  réputation  d'un  homme 
laborieux  &  d'un  génie  âcile^ 

IL  MARCIEN  ,  fils  à.Umhemîus , 
empereur  d'Orient,  tenta  d'enlever 
la  couronne  a  Zenon  vers  l'an  479. 
Il  avoit  époufé  LcontîayfÀXt  de  l'em- 
pereur Léon  y  &  née  depuis  que  ce 
prince  étott  monté  fur  le  trône  ; 
il  prétendoit  avoir  plus  de  droit 
que  Zenon  ,  dont  la  femme  étoit 
née  avant  le  couronnement  de  Léon» 
Appuyé  de  ces  raifons  fpédeufes , 
Marc'un  ,  à  la  tête  d'une  troupe  de 
rebelles ,  afiiégea  l'empereur  dans 
fon  palais.  Mais,  ayant  manqué  d'ac- 
'  tivité  &  de  prévoyance ,  Zenon  pro- 
fita des  délais  qu'il  lui  donna  ,  pour 
faire  fortir ,  à  la  Êiveur  des  ténc* 

Oô  iy 


5S4        M  A  R 

hres  ,  quelques  ferviteurs  fidelles , 
qui  gagnèrent  les  principaux  de 
Conllantinople ,  à  force  de  prcfens 
€c  de  promefTes.  Le  parti  des  re- 
belles fiit  attaqué  par  les  partifans 
^e  Z^on  &  mis  en  flûte.  Leur  chef 
fe  fauva  en  Cappadoce ,  &  prit 
l'habit  religieux  dans  un  couvent 
où  il  étoit  inconnu.  Mais  Zenon 
l'ayant  découvert  dans  Ion  afile. 
fe  contenta  de  Tcxiler  à  Tarfc  en. 
Cilide.  Il  fe  fît  ordonner  prêtre  , 
&  finit  tranquillement  une  vie  quî 
«voit  d'abord  été  très-orageufe. 

11  y  a  eu  du  nom  de  Marcien  , 
dans  le  v^  fiecle ,  un  patriarche  de 
Conflantinople ,  qui  fit  Réparer  tou- 
tes les  églifes  de  la  ville  &  en  bâ- 
tit de  nouvelles.  Il  étoit  û  chari- 
table ,  qu'un  jour  étant  près  de  mon- 
ter à  l'autel ,  ta  ayant  vu  dans  la 
iacrifHe  un  pauvre  prcique  nu  , 
il  fe  dépouilla  de  fpn  habit  pour 
l'en  revêtir ,  &  fc  couvrit  de  fon 
aube  pour  aHifler  à  la.  cérémonie 
de  la  dédicace  d'une  églife  •  qui  fe 
ifit  d'abord  après.  Les  églifes  d'O- 
rient &  d'Occident  célèbrent  lamé- 
snoiro  de  ce  faint  patriarche ,  le  10 
Janvier. 

MAUCI,  Voyc^UAKCr  & 

Mars  Y. 

MARQGLI,  Toy.  Marsigli. 

MARCILE,  (Théodore)  Marfi. 
Hus  ,  naquit  l'an  1548 ,  à  Amheîm, 
dans  la  Queldre ,  ou  félon  d'autres , 
a  Clcves ,  avec  des  difpofitions  heu- 
reufes.  AyîWt  achevé  (fes  études  à 
Louvain ,  il  vipt  à  Paris ,  où  il  fut 
fait  profefTeur  royal  en  éloquence. 
Il  y  mourut  le  1 5  Mars  1617 ,  à  6y 
"ans.  C'étoit  un  petit  homme  d  une 
phyâonomie  ffirifuelleÇc  d'un  tem- 
pérament robuhé.  Il  aimoit  fi  ten- 
drement les  pauvres ,  qu'il  ne  rdfu- 
foit  jamais  l'aumône,  de  il  étoit  fi 
pttaché  à  rémde  ,  qu'il  fut  (dit-on) 
près  de  dix  ans  fans  fortir  du  cpl- 
IçgÇ  éf  ^^ff^y  OÙ  il.avoit  d'aljpr^ 


M  A  R 

enfeîgné.  'Quoiqu'il  ne  fih  pas  tut 
critique  du  premier  rang ,  il  ncmé- 
ritoit  pas  les  termes  méprifans  dont 
Scalîgar  s'eft  fervi  en  parlant  de  fe» 
ouvrages.  Les  principaux  font  : 
I.  fiîfioria  Strenarum  ,  15  96,  in-8**. 
Ce  recueil  renferme  deux  difcours, 
l'un ,  Contra  ufumfirtnamm^  &  l'autre, 
Pro  ufuflrenarum.  Le  P.  de  Tounumlnt 
en  ^  profité  dans  fa  DiHertation  fur 
les  Etrtnncs.  II.  Lufus  de  stMlSE  , 
avec  PaJferatllNIHIZ  ,  &  GuUIimanMÎ 
ALiQyJD  i  Paris,  1597  ,  ôcFribourg, 
1611  ,  in-8°.  m.  Des  Noies  &  des 
Remarques  favantes,  fur  les  fatires 
de  P^fi^  fur  Horace  ,  fur  Martial^ 
Catulle ,  Suétone ,  Aulugelle  ,  fur  les 
Lois  des  xii  TahUs  ,  in-8®  ,  &  fur 
les  Inflitutes  de  Jujùmen,  IV.  Des 
Dîffenatîons,  V.  Des  Harangues ,  des 
Poéfies  ,  &  d'autres  ouvrages  en 
latin ,  qui  ne  font  pas  fort  au-deflu& 
du  médiocre.  Il  avoit  attaqué  For- 
phtre  dans  un  écrit  intitulé  :  Séries 
nova  proprli  &  accldentis  Lo^xi,  Paris, 
1601 ,  in-8^.  Un  pédant ,  nommé 
Behût ,  défendit  Porphîre,  MarcUe  luî 
répondit  par  un  écrit ,  indtulé 
DUudium ,  auquel  Behot  répliqua  pat 
un  autre  intitulé  DUuvîum ,  qui  eft 
réellement  un  déluge  d'injures,  K«y. 
MÀrsil^. 

MARCILLY,  Voy.  Cipiere. 

MARCION  ,  héréfiarque ,  né  à 
Sinope  dans  le  Pont ,  ville  dont 
fon  père  étoit  évêque  ,  s'attacha 
d'abord  à  la  philofophie  Stoicien- 
tte ,  &  montra  quelques  vçrtus.  Mais 
ayant  été  convaincu  d'avoir  cor- 
rompu une  vierge  ,  il  fut  chafTé 
de  réglife  par  fon  père.  Le  défef- 
poir  l'obligea  de  quitter  fa  patrie 
&  de  fe  rendre  à  Rome ,  où  il  prit 
l'hérétique  Cerdon  pour  fon  maî- 
tre ,  l'an  143  de  J.  C  Cet  cndiou- 
iîafte  initia  fon  difcîple  dans  la 
domine  des  deux  Principes  ,  l'un 
bon  ,  l'autre  mauvais ,  auteurs  du 
bien  &  du  mal ,  &  partageant  entre 
çux   l'çmpire  dç   l'uravets^  PQUf 


M  A  R 

ihieux  foutenîr  ce  faux  4ogme  t 
il  s'adonna  tout  entier  à  l'étude 
cle  la  philofophîe ,  principalement 
de  la  dialectique:  fcience  très-né- 
ceflaire  aux  novateurs.  Le  fanati- 
que élevé  de  CVnfon  ajouta  de  nou- 
velles rêveries  à  celles  de  Ton  maî- 
tre, wll  fuppofa,  (dit  M  l'abbé 
••  Phquét ,  )  que  l'homme  étoit 
9»  l'ouvrage  de  deux  Principes  op- 
**  pofés  ;  que  fon  ame  étoit  une 
•»  émanation  de  l'Etre  bicnfaifant , 
»»  &  fon  corps  l'ouvrage  d'un  prin- 
^  cipe  mâl-Êiifant.  Voici  comment, 
»»  d'après  ces  idées,  il  forma  fon 
H  iyftêmc.  Il  y  a  deux  Principes 
w  étemels  &  néceffaires-,  l'un  effen- 
M  tiellement  bon,  &  l'autre  eflen- 
H  tiellement  mauvais.  Le  Principe 
V»  eâentiellemem  bon ,  pour  com- 
«•  mnniquer  fon  bonheur  ,  a  £dt 
n'CoTÛr  de  fon  fein  une  multi- 
♦»  tude  d'efprits  ou  d'intelligences 
«9  éclairées  &heureufes.  Le  mau- 
»*  vais  Principe ,  pour  troubler  leur 
M  bonheur  ,  a  créé  la  matière  » 
'>  produit  les  élémens,  &  façonné 
t*  des  organes ,  dans  Icfquels  il  a 
^  enchaîné  les  âmes  qui  fortoient 
t»  du  fein  de  l'Intelligence  bien- 
9*  fiifame.  Il  les  a,  par  ce  moyen, 
*t  aiïujetties  à  mille  maux  *,  mais 
w  comme  il  n'a  pu  détruire  l'ac- 
t«  tivité  que  les  âmes  ont  reçue 
»  de  l'Intelligence  bien&ifante  ,  ni 
»  leur  former  des  organes  &  des 
>♦  corps  inaltérables  ,  il  a  tâché  de 
»»  les  fixer  fous  fon  empire  ,  en 
'«*  leur  donnant  des  lois.  Il  leur 
w  a  propofé  des  récompenfcs ,  il 
H  les  a  menacées  des  plus  grands 
n  maux ,  afin  de  les  tenir  attachées 
«t  à  la  terre ,  &  de  les  empêcher  de 
'  »  fe  réunir  «  llntcUigence  bien- 
.M  fiaifante.  L*hifloire  de  M^yfe  ne 
'•»  permet  pds  d'en  douter.  Toutes 
M  les  lob  des  Juirs  ,  les  châtimens 
♦t  qu'ils  craignent  ,  les  récompen- 
>*  (es  qu'ils  dfpérent ,  tendent  à  les 
f  attacher  à  la  tene  ,   Çt  à  faàit 


M  A  R        585 

M  /Oublier  aux  hommes  leur  origine 
»  &  leur  deftination.  Pour  di(fi- 
n  per  l'illufion  dans  laquelle  le 
»♦  Principe  créateur  du  monde  te- 
»f  'noit  les  hommes ,  l'Intelligence 
»»  bienfaifante  avoit  revêtu  J.  C. 
n  des  apparences  de  l'humanité  , 
n  &  l'avoit  envoyé  fur  la  terre 
M  pour  apprendre  aux  hommes  que 
M  leur  ame  vient  du  ciel ,  &  qu'eUe 
M  ne  peut  être  heureufe ,  qu'en  fc 
w  réuniffant  à  fon  Principe.  Com- 
»  me  l'Etre  créateur  n'avoit  pu  dé- 
»♦  pouiller  l'ame  de  l'aûivité  qu'elle 
M  avoit  reçue  de  l'Intelligence  bien- 
>t  faifante  ,  les  hommes  dévoient 
w  &  poûvoient  s'occuper  à  com- 
M  battre  tous  les  penchans  qui  les 
>t  attachent  à  la  terre.  Marclon  con- 
»  damna  donc  tous  les  plaiiirs  qui 
»»  n'étoient  pas  purement  fpirituels. 
»  Il  fit  de  la  cominence  un  de- 
»♦  voir  effentiel  &  indifpenfable. 
»  Le  mariage  étoit  un  crime  ,  & 
•  il  donnoit  plufieurs  fois  le  baptê- 
»»  me.  Marclon  prétendoit  prouver 
»•  la  vérité  de  fon  fyflême  par  les 
»•  principes  mêmes  du  chriftianif- 
>♦  me  »  &  feire  voir  que  le  Créa- 
>\  teur  avoit  tous  les  cara^eres  du 
»»  mauvais  Principe.  11  prétendoit 
»»  faire  voir  une  oppofition  eflen- 
>♦  tielle  entre  l'ancien  &  le  nou- 
»♦  veau  Teflament ,  &  prouver  que 
»»  ces  différences  fuppofoient  qu'en 
»»  effet  l'ancien  &  le  nouveau  Tef- 
>»  tament  avoient  deux  principes 
»»  différens  ,  dont  l'un  étoit  efTen- 
»'  tiellement  bon  ,  &  l'autre  efTen- 
'»  tiellement  mauvais.  Cette  doc- 
»♦  trine  étoit  la  feule  vraie ,  félon 
yy  Marc'wn  ;  il  ajouta ,  retrancha  & 
»♦  changea  dans  le  nouveau  Tef- 
»•  tament ,  ce  qui  paroiifoit  com- 
»»  battre  fon  hypothefe  des  dut» 
n  Principes  *.\  Son  héréfie ,  adop- 
tée par  plufieurs  difciples  célèbres , 
&  partagée  en  plufieurs  fcéles  par- 
ticulières ,  fe  répandit  en  peu  de 
temps  dans  i'fglife  Orientale  &dant 


^H6         M  A  R 

l'Occidentale.  Les  ikfdrctomrM  sVihf- 
tenoiem  de  la  chair ,  n  uroient  que 
d  eau ,  même  dans  les  facriiices ,  & 
faiibieiu  des  jeûnes  fréquens.  Les 
difciples  de  Marcîon  avoient  un 
grand  méptb  &  une  averfion  ex* 
trème  pour  le  Dieu  Créateur.  Théo^ 
ioru  avoit  connu  un  Marcionite  » 
âgé  de  90  ans ,  qui  étoit  pénétré 
de  la  plus  vive  douleur  toutes  les 
fois  que  le  befoin  de  fe  nourrir 
l\)b>igeoit  à  ufcr  des  produéHons 
du  Dieu  Créateur.  La  néccflué  de 
manga-  des  fruits  que  ce  Créateur 
avoit  Eût  naître,  étoit  une  l>umi- 
liation  à  laquelle  le  Marcionite 
nonagénaire  n'avoit  pu  s'accoutu- 
mer. Les  Mardonius  étoient  telle- 
ment perfuadés  de  la  dignité  de 
leur  ame ,  qu'ils  couroient  au  mar- 
tyre ,  6c  recherchoient  la .  mort 
comme  la  fin  de  leur  àviliflement , 
&  le  commencement  de  leur  gloire 
&  de  leur  liberté.  On  dit  que  Mar- 
fion  avoit  hk  un  livre  ,  intitulé 
iâs  Antltbefu ,  dans  lequel  il  pré- 
cendoit  montrer  pluiîeurs  contra- 
riétés entre  l'ancien  &  le  nouveau 
Teftament. 

MARCIUS ,  (  Caius  )  confui  Ro- 
main, vainqueur  des  Privernates, 
des  Tofcans  &  des  Faliiques ,  fut 
le  premier  des  Plébéiens  qui  fiit 
honoré  de  la  charge  de  diâateur, 
vers  l'an  354  avant  J.  C 
^  I.  MARCK;  (  Guillaume  de  la  ) 
iétoit  d'une  maifon  iliuilre  &  fécon- 
.de  en  grands  hommes  :  mais  il  ne 
idut  Ta  célébrité  particulière  qu'à  fes 
for&its.  Dominé  par  deux  pa/Hons 
impétueufes ,  l'ambition  &  la  haine , 
il  conçut  le  projet  de  s'emparer  de 
la  ville  de  Liège,  &  chercha  les 
moyens  de  fe  défaire  de  Lculs  'de 
Bourion  qui  en  étoit  évèque.  Louis 
XI  j  qui  haiiloit  mortellement  ce 
prélat,  parce  qu'il  étoit  dans  les 
intérêts  de  l'archiduc  d'Autriche  * 
avoit  donné  à  Guillaume  des  fol- 
4â£s  (^  de.  rar|;ent  pour  exécuter 


cette  indigne  entreprire-UaiTemblç 
(es  gens ,  qu'il  Êdt  habiUer  de  rou- 
ge ,,  portant  fur  leur  manche  gau- 
che la  figure  d'une  hure  de  San- 
glier (  *  )  ,  &  les  conduit  jufqu'au 
pays  de  Liège.  La,  Marck  avoit  des 
intelligences,  avec  quelques  habir 
tans  de  la  ville.  Ceux-ci  perfuade- 
tent  à  leur  évêque  d'aller  au-de- 
vant de  fon  ennemi ,  &  de  ne  point 
attendre  qu'il  vint  affîçg^  ^a  place, 
promettant  de  le  fuivre  &  de  le  dé- 
fendre au  péril  de  leur  vie.  Le  pré- 
lat ,  peu  en  g^rde  con»^  ces  pror 
tefbtions  perfides ,  fort  de  la  ville 
&  va  au-devant  de  ia  Marck,  A 
peine  les  deip^  armées  furent-elles 
en  préfence ,  que  les  traîtres  abanr 
donnèrent  loms  ,  pour  fe  ranger  du 
côté  de  fon  ennemi.  Il  s'en  fai- 
fit  ,  le  maiTacra  lui-même  par  la 
plus  lâche  cruauté  ,  &  fit  traîner 
dans  Liège  indignée  fon  corps ,  qi^ 
fut  expofé  à  la  vue  du  peuple  devant 
la  porte  de  l'Eglife  Saint-Lambert. 
Eafuite  il  fit  élire  fon  fils  par  vio- 
lence, pour  remplir  la  place  de  ce- 
lui dont  fa  main  venoit  de  verfer 
le  fang.  Mais  fon  crime  ne  demeura 
pas  impi^ni.  Peu  de  temps  après  il 
fut  excommunié  par  le  pape,  §c 
pris  par  le  feigneur  de  Hom ,  frère 
de  celui  que  le  chapitre  de  Liège 
avoit  élu  canoniquement  pour  faç- 
céder  à  LquIs  de  Bourbon,  De  Hom 
piit  le  parti  de  fon  frère  ,  &  fit 
trancher  la  tête  au  meurtrier  de 
Louis ,  dans  la  ville  de  Maëftricht , 
félon  Me\eray  ,  ou  à  Utrecht  ,  fé- 
lon Sponde.  Ces  évcnemens  doi- 
vent être  rapportés  à  l'année  1481. 

IL  MARCK  ,  (  Evrard  de  la) 
nommé  .  pai*  quelques  auteurs  le 
Cardinal  de  Bouillon ,  de  la  famille  du 
précédent,  frit  élu  évêque  de  Liège 
en  1505.  Attaché  d'fdiord  aux  ia- 
térêts  de  la  France ,  Erard  les  aban:- 

(*)  li  fvt  ffirnotiomé  par  le»  Liégecsi 
le  Grand  Sanfller  dts  Ardumts* 


M  A  R 

^onna  ,  povr  fe  lier  avec  Charles 
d'Autriche  ^  roi  d'Efpagne ,  &  con- 
^bua  à  le  faire  monter  fur  le  trône 
impérial.  Ce  prince  lui  donna  l'ar- 
chevêché de  Valence  &  lui  obtint 
le  diapeau  de  cardinal  du  pape 
Léon  X  y  Tan  15  21.  Le  cardinal 
Polus  ^  envoyé  en  Angleterre  par 
Paul  IJI  pour  y  travailler  à  faire 
rentrer  ce  royaume  dans  le  fein  de 
réglife ,  ayant  appris  que^enn  FUI 
avoit  mis  fa  tête  à  prix  ,  trouva 
un  aille  sûr  auprès  d'Erard^  qui  le 
reçut  avec  diftinâion.  Le  pape  l'en 
récompenfa  en  le  créant  légat  â 
Latere,  Il  mourut  le  ij  Février 
J  5  38.  On  voit  dans  la  capitale ,  & 
dans  tout  le  pays  de  Liège  ,  un 
grand  nombre  de  momimens  de  fa 
munificence.  On  admire  fur-tout 
à  Liège  le  vafte  palais  des  évêques , 
&  dans  la  cathédrale  foh  tonibeau 
de  bronze  doré  ,  feit  de  fon  vi- 
vant. Il  enrichit  d'un  grand  nom- 
bre de  pièces  rares  &  précieufes 
le  tréfor  de  fon  églife.  Sleydan  , 
a  dit  beaucoup  de  mal  de  ce  pré- 
lat ,  qui  ne  fut  pas  favorable  aux 
nouvelles  erreurs.  Malgré  fa  vigi- 
lance extrême  ,  l'héréfie  s'étant 
gliffée  dans  fes  états ,  il  employa  , 
pour  l'extirper  ,  ées  gens  zélés  & 
éclairés.  Ceux  qui  refuferent  de  fe 
rendre  à  leurs  inilruâions ,  furent 
bannis ,  &  les  plus  obftinés  à  ré- 
pandre l'erreur  ,  punis  du  dernier 
ïupplice.  Ces  exécutions  le  ren- 
dirent odieux  aux  Luthériens ,  qui 
n'ont  pas  ménagé  fa  mémoire  ,  & 
qui  l'ont  peint  comme  un  prélat 
intrigant  &  ambitieux. 

III.  MARCK  ,  (Robert  de  la  ) 
//®  du  nom ,  diic  de  Bouillon,  prince 
de  Seçîan ,  frère  du  précédent ,  fer- 
vit  fous  le  roi  Loiàs  Xll  ,  &  fe 
trouva  l'an  15 13  à  la  bataille.de 
Novare  ,  avec  deux  de  fes  fils  , 
Flemanges,  &  Jamtti,  On  lui  dit 
i^u'ils  font  reftés  blefies  dans  un 
f câ*é  'y  U  oublie  les  ordres  du  gé- 


M  A  R        ^§7 

serai  y. prend  100  hommes  d'ar-^ 
mes ,  vole  au  ^eu  indiqi^é ,  mal- 
gré les  obftacles  fréquens  d'un  ter- 
rain entrecoupé ,  &  l'impoffibilité 
manifefte  de  les ,  fecourir  ;  perce 
fix  ou  fept  rangs  de  SuifTes  vie- 
torieiix ,  les  écarte ,  trouve  fes  deux 
fils  couchés  par  terre  ,  charge 
l'aîné  fur  fon  cheval ,  met  le  jeune 
fur  celui  d'un  des  fieas ,  £dt  fa  re« 
traite ,  rejoint  la  cavalerie  Fran* 
çoife ,  malgré  les  SuifTes  qui  s'é-» 
toient  avancés  pour  l'en  empêcher  « 
&  donne  ainfi  une  2^  fois  la  vie  à 
ceux  qui  déjà  la  lui  dévoient.  Ga- 
gné par  fon  frère  ,  Robirt  pafT^ 
dans  le  parti  de  CharUsr  Quint  ^  avec 
lequel  il  ne  tarda  pas  à  fe  brouil-» 
1er.  U  fe  raccommoda  alors  avec  la 
France ,  & ,  sûr  d'en  être  fecouru , 
il  fut  affez  téméraire  pour  envoyer 
à  l'empereur  un  cartel  de  défi.  Cet 
homme  intrépide  >  mais  non  moins 
cruel ,  portoit  aufii  le  furnom  de 
Grand  SângÛer  des  Ardâmes ,  à  caufe 
des  maux  infinis  qu'il  commit  ûir 
les  terres  de  l'empereur  ^  de  fes 
voifins  :  de  même  fu*un  Sanglier ,  dit 
Brantôme  ,  qui  ravage  les  blés  &  les 
vignes  des  pauvres  bonnes  -gens.  Il 
portoit ,  ainfi  que  fes  ancêtres ,  cette 
étrange  devife  :  Si  Dieu  ne  mb 
rEULT^  LE  Diable  me  prye. 

IV.  MARCK,  (Robert  de  la  ) 
IW  du  nom  ,  connu  d'abord  fous 
le  nom  du  feigneur  de  fUuranges  , 
pui$  duc  de  Bouillon  &  feigneur 
de  Sedan,  fils  aine  du  précédent, 
fe  difiingua  par  fa  valeur  fous  les 
règnes  de  Louis  Xll  &  de  François 
r^,  11  fe  trouva  avec  fon  père  à  la 
bataille  de  Novare ,  &  y  reçut  46 
blefiures  ;  à  celle  de  Afarignan ,  & 
à  celle  de  Pavie,  en  1525 ,  où  il 
fiit  tait  prifonnier.  Conduit  à  lE- 
clufe  en  Flandres ,  il  y  écrivit  ïHif- 
toire  des  chofes  mémorables  arrivées 
en  France,  Italie  &  Allemagne  ,  de- 
puis  Van  \pi  ju/qu'tn  ijfZi ,  fous  le 
titre   du  Jeune  Aventureux^  On  les 


588        M  A  R 

trouve  dans  le  tome  fcizienie  de  la 
CO\\t€dondes  Mémoires  hîftoriquts  , 
relatifs  à  l'hiftoin  et  Frûnce  ^  &  à  la 
fuite  des  Mémmns  de  Martin  8c 
Cviltaumt  du  Beilai'Langù  ^  publiés 
pr  M.  Tabbé  Lambin  ,  Paris,  175  y^ 
in^ii.  tome  feptieme  ,  avec  des 
notes  critiques  &  hiftoriques  de  l'é- 
ëiteur.  La  plupart  des  événemens 
rapportés  dans  cette  Hiûoire  ,  y 
Ibnt  accompagnés  de  circonilan- 
ces  intéreflantes  qu'on  ne  trouve 
guère  ailleurs.  Le  ftyle  en  eft 
fimple  ,  clair  &  naïf  ;  mais  les 
étrangers  lui  reprochent  fa  par- 
tialité pour  la  France.  Il  fut  Êik 
maréchal  de  France  en  1526.  S*é- 
tant  jeté  dans  Péronne  en  1536  , 
il  y  fut  aflîégé  par  une  armée  d'Im- 
périaux ;  il  foutint  quatre  aflauts , 
malgré  le  feu  de  71  pièces  de  ca- 
non, &  força  les  ennemis  à  fe  re- 
tirer avec  ime  perte  confidérable.  Il 
mourut  l'année  fuivante. 

V.  MARCK  ,  (  Robert  de  la  ) 
IV^  du  nom ,  fils  du  précédent , 
Mt  le  dac&  le  maréchal  ie.Eoml- 
lon^  obtint  le  bâton  Tan  1547  , 
en  épouûint  une  des  filles  de  la 
duchefTe  de  Vdltntlnois  ,  maitrelTe 
de  Henri  II,  11  fervit  à  la  prife  de 
Metz  ,  en  1551  ,  &  fut  fait  lieu- 
tenant général  en  Normandie.  Les 
Impériaux  ayant  afHégé  Hefdin 
l'année  d'après  ,  il  le  dé&ndit  tant 
qu'il  put ,  &  fut  pris  en  capitulant. 
Il  mourut  en  1556,  de  poif.)n  , 
à  ce  qu'il  difoit  t  il  fe  flattoit  que 
les  Efpagnols  le  craignoient  aâez 
pour  s'être  défaits  de  lui.  Son  fils 
Henn-Rohert  ,  duc  de  Bouillon  , 
lui  fuccéda  dans  le  gouvernement 
de  Normandie ,  y  favorifa  les  Pro- 
teftans  dont  il  fuivoit  les  opinions 
en  fecret ,  &  ne  laifTa  qu'une  fille , 
morte  en  IÇ94.  Elle  avoit  époufé 
Jdenri  de  la  Tour  d* Auvergne  ,  qu'elle 
fit  fon  héritier  ,  quoiqu'elle  n'en 
eût  point  d'enfans. 

MARCK ,  (  Jean  de  )  Marciùus , 


M  A  R 

minîftre  proteflant,  né  à  Sneck; 
dans  la  Frife,  en  165} ,  fut  pro- 
fefleur  en  théologie  à  Franger , 
puis  miniflre  académique ,  profef- 
feur  en  théologie  &  de  l'hilloirc 
ecdéfiailique  à  Groningue ,  &  pafla, 
en  16S9 ,  à  Leyde,  où  on  Itû  con- 
fia les  mêmes  emplois.  Il  y  mou* 
rut  le  30  Janvier  173 1,  à  75  ans» 
On  a  de  lui  :  I.  Des  Dijfertaûons 
contre  celle  du  P.  Craffet  fur  Us 
Siby/les ,  Franeker ,  1682, in-8^  II. 
Compendium  theologiée^  Amflerdam, 
1722  ,  in-4".  m.  Des' Commentai-- 
res  fur  divers  livres  de  l'Ecriture- 
Sainte.  IV.  Exerduuiorus  Bihlica^ 
en  8  volumes^  imprimés  féparé- 
ment  &  en  difFérens  lieux.  V.  Exer' 
citaticnes  MifceUantA  ^  Amflerdam, 
1690.  Elles  roulent  fur  les  héré* 
fies  tant  anciennes  que  modernes. 
Entre  celles-ci  il  compte  celles  de» 
Enthoufiafles  &  des  Sociniens ,  & 
fe  garde  bien ,  en  bon  protcfbnt , 
d'oublier  le  Papifnu,  On  a  rafiem- 
blé  quelques-uns  de  fes  ouvrages 
philologiques ,  en  2  vol.  iîi-4** , 
Groningue,  1748.  Jean  de  Marck 
étoit  vérfé  dans  la  fcience  de  l'E- 
crimre-Sainte  ,  des  antiquités  fa- 
crées  *,  mais  il  n'avoit  pas  trop  de 
jugement.  Il  fe  plaifoit  à  les  char- 
ger d'un  vain  étalage  d'érudition  ; 
fa  haine  contre  les  Catholiques  lui 
fert  fouvent  de  raifon.  Son  flyle 
eft  obfcur  &  entortillé. 

MARCONVILLE  ,  (Jean  de) 
feigneur  de  Montgoubert,  vit  le 
jour  dans  le  Perche.  Il  n'eft  guère 
connu  que  par  un  Traité  moral  Ôc 
fingulier ,  afiez  bon  pour  fon  temps» 
&  recherché  encore  par  les  bîblio- 
manes.  Il  eft  intitulé  :  De  la  bonté 
&  dt  la  mauvaifiié  des  Femmes ,  en 
un  vol.  in-i6,  Paris,  1756.  Ona 
encore  de  lui  :  De  l'heur  &  malheur 
du  Mariage^  Paris,  I564,  in-S®.  De 
la  bonne  &  mauvaîfe  langue  ,  Paris , 
1573  ,ip-8®.  On  ignore  les  détails 
de  la  vie  de  cet  auteur.  Tout  ce 


M  A  R     ' 

^e  Ton  peut  juger  par  fes  écrits , 
c'eft  qu'il  étoit  très-retiré  ,  très- 
appliqué  à  l'étude  ,  lifant  beau- 
coup, &  faifant  quelques  bonnes 
réflexions. 

MARCOUL ,  (  S.  )  Marcuiphus, 
né  à  Bayeux  de  parens  nobles, 
devint  un  célèbre  prédicateur-,  il 
fonda  un  monaflere  à  Nanteuil 
près  de  Coutances ,  &  y  mourut 
îaimement  Tan  558.  Il  y  a  fous 
fon  nom  une  églife  célèbre  à  Cor- 
beri ,  au  diocefe  de  Laon ,  dépen- 
dante de  Saint-Remi  de  Reims ,  où 
l'on  conserve  une  partie  de  fes  reli- 
ques. C'eft  là  que  les  rois  de  Fran- 
ce vont  faire  une  neuvaine  après 
•avoir  été  Sacrés  à  Reims,  avant 
que  de  toucher  les  malades  des 
écrouelles. 

MARCULFE ,  moine  François , 
£t ,  à  l'âge  de  70  ans ,  im  re- 
cueil des  Formulés  des  Aâes  les 
plus  ordinaires.  Si  ces  formules  font 
dans  un  ftyle  barbare ,  ce  n'eft  pas 
la  Êiute  de  l'auteur  -,  on  ne  parloir 
pas  mieux  alors.  Son  ouvrage, 
très-utile  pour  la  connoiflance  de 
l'antiquité  ecdéâaflique  &  de  l'hlf- 
toire  des  rois  de  France  de  la  pre- 
mière race ,  eft  divifé  en  a  livres. 
Le  premier  contient  les  Chartres 
royales  ,  &  le  fécond  les  Aâes 
des  particuliers.  Jérôme  Blpton  pu- 
blia cette  Colleâion  en  161 3,  in- 
S** ,  avec  des  remarques  pleines  d'é- 
rudition. Balu^c  en  donna  une  nou- 
velle édition  dans  le  Recueil  des 
Capitulaires ,  1677 ,  2  volumes  in- 
fol.  qui  eft  la  plus  exaâe  &  la 
plus  complète.  Launol  prétend  que 
Marcuife  vivoit  dans  le  vm* ,  & 
non  dans  le  vu*  fiede.  Ce  qu'il 
y  a  de  sûr,  c'eft  qu'on  ne  fait  rien 
de  poiîtif  fur  le  temps  dans  lequel 
il  a  fleuri. 

MARCY,  Foyei  Mars  Y. 

MARCY ,  (Balthafar)  fculpteur , 
de  Cambrai,  mort  en  1674,  âgé  de 
}4  ans»  étoit  firere  de  Gafpard^ 


M  A  R     ,^89 

.  auffi fculpteur,  mort  en  1679  ,  âg^ 
de  56  ans.  Ces  deux  favans  ar^ 
tifles  ont  travaillé  enfemble  au  baf- 
fin  de  Latone  à  Verfailles ,  où  cetts 
Déefle  &  fes  eni^ns  font  repréfen* 
tés  en  marbre  ;  &  au  beau  grou*- 
pe  qui  étoit  placé  dans  une  des  ni* 
ches  de  la  grotte  A'Jpollon ,  à 
Verfailles ,  d'où  il  a  été  tranfpor- 
té  dans  les  jardins  de  ce  palais. 
On  voit  encore  plufieurs  autre» 
grands  ouvrages  qui  font  honneur 
à  l'habileté  &  au  goût  exquis  de 
ces  deux  frères.  Les  mêmes  talens 
les  unirent  étroitement,  loin  d'être, 
comme  c'efl  l'ordinaire ,  une  occa* 
ûon  de  diviûon  &  de  jalouiie. 

MARD,  (Saint-)  V,  Remoniv 
^  I.  MARDOCHÊE ,  oncle  ou  plu- 
tôt couiin-germain  A'Efilur ,  femme 
d'Affuerus  roi  de  Perfe.  Ce  prince 
avoit  un  favori  nommé  Aman ,  de- 
vant qui  il  vouloit  que  tout  le 
monde  fléchit  le  genou.  Le  feui 
Mardochéc  refufa  de  fe  foumettre  à 
cette  baflèflTe.  Aman  irrité  obtint  une 
permifHon  du  roi ,  de  faire  mafla- 
crer  tous  les  Jui£s  en  un  même 
)oiur.  Il  avoit  déjà  Êiit  élever  de- 
vant fa  maifon  une  potence  de  50 
coudées  de  haut ,  pour  y  faire  at- 
tacher Mardochée.  Celui-ci  donna 
avis  à  la  reine  fa  nièce,  de  l'arrêt 
porté  contre  ùl  nation.  Cette  prin- 
cefle  proflta  de  la  tendrefle  que  le 
roi  lui  témoignoit,  pour  lui.  dé- 
couvrir les  noirceurs  de  fon  favo- 
ri. Le  roi  heureufement  détrompé , 
dohna  la  place  à* Aman  à  Mardochée  ^ 
&  obligea  ce  minière  fcélérat  à 
mener  fon  ennemi  en  triomphe^ 
monté  fur  un  cheval ,  couvert  du 
manteau  royal  &  le  fceptre  â  la 
main ,  dans  les  rues  de  la  capitale  , 
en  criant  devant  lui  :  Ceft  ainfi  qvg 
^ue  le  roi  honore  ceux  qu*U  veut  ho^ 
norer,,.  Aman  fut  pendu  enfuite* 
avec  fa  femme  &  fes  enfans  »  à  ce 
gibet  même  qu'il  avoit  defliné  à 
Mardochêej,  Pluheurs  critiques  croient 


N 


^'90        M  A  R 

que  Mardockée  eft  auteur  du  livre 
canonique  d*£>2^.  On  lui  attribue 
aufii  un  Trahé  des  Rits  ou  Coutu- 
mes des  Juifs ,  qui  eft  entre  les  Tal- 
mudiques;  mais  il  eft  incontefta- 
bïe  que  ce  dernier  livre  eft  d'un 
temps  fort  poftérieur  à  Mardockée, 
n  peut  avoir  été  compofé  par  quel- 
ques Juifs  du  même  nom.  Voyei 
EsTHER,  Aman. 

II.  MARDOCHÉE ,  rabbin ,  fils 
é'EGeier  Comrlno,  Juif,  de  Conf- 
tantinople,  eft  auteur  d'un  Com- 
fjunuùrt  manufcrit  fur  le  Pentateu- 
•que.  Simon ,  qui  parle  de  cet  ou- 
vrage, ne  marque  pas  le  temps  où 
fon  auteur  a  vécu...  Voye^  auffi  II. 
Nathak. 

MARDONIUS  étoit  gendre  de 
Darius ,  fuccefteur  de  Camhyfe  roi 
desPerfes.  Ce  piînce  lui  ayamcon- 
'fié  le  commandement  de  Tes  trou- 
pes ,  s*en  repentit  peu  après  à  cau- 
fe  des  pertes  qu'il  fit  fous  la  con- 
duite d  un  général  ii  jeune  &  fans 
•expérience.  Il  le  rappela  &  en  en- 
voya d'autres  qui  furent  plus  heu- 
reux. Aufll-tôt  que  Xerxès  fat  mon- 
"té  fur  le  trône  de  fon  pcre  ,  il 
clioifit  Mardonîus  pour  fon  général , 
'&  lui  confia  le  foin  de  fiiire  la  guer- 
're  aux  Grecs,  Ainfi  après  la  ba- 
taille de  Salamine  il  le  laifTa  avec 
une  armée  de  trois  cents  mille  hom- 
mes pour  réduire  la  Grèce.  Mar- 
doniùs  entra  dans  Athènes  &  ache- 
va de  la  détruire  -,  mais  peu  après 
*a3rant  livré  bataille  aux  Grecs  près 
'de  la  ville  de  Platée ,  il  y  fut  tué 
.*&  fop  armée  entièrement  défaite  Tan 
'79  avant  J.  C. 

;.  I.  MARE^  (Guillaume  de  la) 
MAKA^-po'étt  laân,  né  d'une  fa- 
mille noble  du  Cotentin  en  Nor- 
'mandic ,  fut  fecrétaîre  de  plufîeuf s 
chanceliers  fuçce/îîvemeat.  Dégoû- 
'té  de  la  cour  ,  il  fe  retira  à  Caen , 
^où  Tuniverfité  lui  décerna  le  rec- 
torat :  puis  il  fiit  nommé  vers  1 5 10 
tr4f<^ricr  &  cHanoinc  de  ré^life  de 


M  ar 

Coûtantes,  &  il  y  mourut  énHs 
ces  dignités.  On  a  de  lui  deux  Poè- 
mes qui  traitent  à-peu-près  delà 
même  matière  *  l'un  intitulé  :  Oà- 
nuira ,  Paris  ,1514,  in-4®  ,•  rautre 
a  pour  titre:  De  tribus  fupaiiis^ 
Venere,  Ventre  &  Piumd^^anSy  15 12, 
in-4<». 

II.  MARE,  (PhiUbert  de  la) 
confeiller  au  parlement  de  IMjon, 
très-verfé  dans  la  littérature  &  dans 
llûftoire,  écrivoit  en  latin  prcf- 
que  aufii  bien  que  le  préfident  de 
Th0u ,  fur  lequel  il  s'étoit  formé. 
Il  mourut  en  1687  ^  après  avoir 
publié  plufieurs  ouvrages.  Le  plus 
connu  eft ,  le  Commentanus  de  Bella 
Burgundîco.  C'eft  l'hi^oire  de  la 
guerre  de  1635  :  elleÊiit  partie  de 
fon  Hijhrîcorum  BurpmdUt  Confpeébe^ 
in-4^ ,  1689.  L'auteur  donne  dans 
cet  ouvrage  un  catalogue  des  pie- 
ces  relatives  à  l'Hiftoire  de  Bour- 
gogne ,  qu'il  fe  propofoit  de  com- 
poser. 

in.  MARE  ,  (  Nicolas  de  la  ) 
doyen  des  commiflàxres  du  Châte- 
let,  fut  chargé  de  pWeurs  âfei- 
res  importantes  fous  le  règne  de 
Louis  XIV,  Ce  monarque  l'hono- 
ra de  fon  eftime,  &  lui  fit  une 
penfion  de  2000  liv.  La  Mare  mou- 
rut le  ij  Avril  1715  ,  âgé  d'en- 
viron 82  ans.  On  a  de  lui  un  excel- 
"lent  Traité  de  la  Police ,  en  3  vol. 
în-foi.  ,  auxquels  M.  &  CUrc  du 
BrîlUt  en  a  ajouté  un  4*.  Cet  ou- 
vrage eft  trop  vafte  pour  qu'il  ne 
s'y  foit  pas  glifle  quelques  £iutes  -, 
mais  ces  inexactitudes  ne  doivent 
pas  fermer  les  yeux  fur  la  profon- 
deur des  recherches  &  la  folidité 
du  jugement,  qui  en  font  le  carac- 
tère. On  y  trouve ,  dans  un  grand 
détail,  l'hifleire  de  l'établifilement 
de  la  Police,  les  fonctions  &  les 
prérogaftves  de  fes  magiftrats ,  & , 
les  régiemens  qui  la  concernent. 
Les  deux  premiers  volumes  doi- 
vent aVoif  des  Suppiémeos»  qvî 


M  A  R 

font  refondus  dans  la  2^  édition  de 
.1722  ;  le  3®  eft  toujours  de  1719 , 
&  le  4'  dé  1738. 
;     MARÊNNES ,  (  la  Comteffe  de  ) 
Voyci  1.  Part  h  en  a  y. 

MARES,  Voy.  Desmares. 
MARECHAL  D'AîiVERS,  (Le) 
Voyei  MessIS. 

MARESCHAL,  (George)  pre- 
niier  chirurgien  des  rois  Louis  XIV 
&   Lotus  XV  y  naquit  à  Calûs  en 
165 S ,  dun  pauvre  officier.  Ses  ta- 
iens  pour  les  opérations  de  la  clai- 
rurgie ,  &  fur-tout  pour  celles  de 
.la  taille  au  grand  appareil ,  lui  fi- 
rent un  nom  •  dans  Paris.  Appelé 
.à  Verûilles  pour  être  confiilté  fur 
iune  maladie  de  Lotds  XIV  y  loin  de 
jjrofiter  de  cette  occafion   pour  fa 
fortune ,  il  revint  à  la  capitale  après 
'avoir  donné  fon  avis.  En  1703,3 
fuccéda.  à  ^éÙx  dans  la  place   de 
premier  chiri^rgien  du  i-oi ,  &  trois 
*ans  après , .  il  obtint  une  charge  de 
juaitre-d'hotel  &  dics  lettres  de  no- 
.bleile.  Cet  habile  homme  mourut 
.dans  fon  château  de,  Bi^evre ,  que 
,J^uls  XI V  avoit  érigé  en  matqui- 
.iàt,  en  1736,  à  7S  ans.  La.A>ciété 
^académique   de  la  Chirurgie  a  dû 
beaucoup  à  ies    foins  &  a   fon 
jtde  pour  la  perfeûioa  de  cet  art, 
,^  étoit  d'ailleurs  d'un  commerce  fîir 
&  d'un  caradere  génereu^,.  Ayant 
-fiait  l'ouyerture  d^un  abcès  au  foie 
,à-.îç  ^Zim:,mimôre  de  la  guerre, 
.iVfow/2^,  alors  très- jeiiilef  lui  indi- 
^qua  l'endroit  où  il  foUoit  ouvrir; 
,&  ce  n'^toit  pas  celui  fur  lequel  il 
.avoit  d'abord  porté  le  bifîûuri.Le 
miniftre  rétabli  dit  d'ans  un  repas  où 
\  éto\t,n\M<irefchal  &  Morand ,  en  s'a- 
^  dreffant  au  premier  :  Voilà   celui  à 
,^iù  je  dois  U  vie.  —  Vous  vous  trom- 
^\y  Monfùgneur.,  répondit  Afj«/c,W; 
;^  d^cft  à  ce  jzuTic  homme  (  en  montrant 
-  MoTAnd)  car  y  fans  lui ,  je  vous  tuais, 
.     MARET ,  (  N.  )  célèbre  médecin 
^  Ae  Dijon  &  fecrétaire  perpétiiel  ^de 
.  l'acadénue  dé  cette  ville ,  fut  ràvi«  le 


.         M  A  R        591 

II  Juin  1786  ,  à  cette  compagnie 
par  une  mort  prématurée  &  patrio- 
tique. Chargé  d'empêcher  les  rava- 
ges des  épidémies  ,  il  étoit  allé 
'l'arrêter  dans  un  village  de  Bour- 
gogne ,  mais  il  pérît  bientôt,  viûime 
du  fléau  qu'il  vouloit  combattre.  Oii 
a  de  lui  divers  écrits  fur  l'inocu- 
lation de  la  petite  vérole ,  l'ufage 
des  bains ,  des  eaux  minérales  ,  êc 
fur  les  principales  branches  de  la 
médecine  &  de  la  chimie.  Il  ùk 
encore,  l'éditeur  du  premier  ^01. 
des  Mémoires  de  t Académie  de  Dijon  , 
dans  lequel  il  a  inféré  lliiftoire 
de;  cette  Société  littéraire  ,  &  un 
mémoire  fur  les  maladies  épidé- 
miques  :  deux  ouvrages  dont  il  eft 
auteur.  Comme  médecin  &  comme 
favant,  il  '£i;it  également  regretté, 
parce  qu'il  joignoit  des  lumières 
étendues  à  un  zèle  infetigable. 

L  MARETS,  (RoUand  Des)  né 
à  Paris  eil  1594,  avocat  au  parle- 
ment, fréquenta  d*abord  le  barreau , 
mais  il  le  quitta  enfuite  pour  la 
littérature.  Il  mourut  en  1653,3 
59  ans ,  regardé  comme  un  bojn 
humaniffe  &  un  excellent  critique. 
Il  avoit  été  difciple  du  P.  Petauy  & 
il  conféroit  fouvent  avec  lui  fur  la 
bonne  latinité.  On  a  de  lui  un 
itduetl  de  iictêres  -latines  ;■  écrîfceS  aVtc 
aflez  de  pureté ,  &  remplies  de  re- 
marques de  granftmaire  de  et  héiés*' 
lettres ,  très-fenfées.  Elles  font  in- 
titulées :  Rôllandi  ^arefiï  Epijhiarttm 
philo U^.carum  ^^i  duo.  Ces  Lettres 
font  'dès  buvfêges  faits  à  loifir ,  & 
n'ont  ni  la  même  aifânce ,  '  ni  la 
même  légèreté  de  celles  qu'çn 
écrit  par  occa^on  à  fes  amis.  L'uni- 
formité qui  y  règne ,  fatigue.  Elles 
tiennent  plus  de  4a  diUertatioii  que 
du  genre  épi^olaire ,  qui  a  quelque 
chofe  de  plus  naturel ,  de  plus,  gai 
&  déplus  varié.  Elles  parurent ^n 
165  5  ,  par  les  foins  de  Laun^  ; 
puis  en ^16^,  fa-12.  Le  «ara$ 
de  Roilani  étoit  douX}  hbnni 


COI        M  A  R 

iâatértffé.  Il  ne  fe  fouda  ni  des 
richcfTes.  ni  des  honneurs.  11  ai- 

'  moit  beaucoup  Tes  parens,  entre 
autres  Jean  des  M^réù  fon  frère  *,  & 
Ménage  difoit  à  cette  occafion  , 
qu'on  auroit  pu  l'appeler  PhlUdclphe. 
Rolland  eut  un  fils  qui  fut  égale- 
ment avocat  au  parlement.  Il  eft 
fréquemment  cite  par  BayU^  au- 
quel il  fourniflbit  des  obfervations 
&  des  remarques ,  dont  ce  (avant 
fe  louoit  beaucoup,  Voyt\  wi. 
DvFRÉ. 

II.  MARÊTS  DE  SAiNT-Soa- 
HN ,  (  Jean  Des)  frerc  du  précé* 
dent ,  né  à  Paris  en  1595  >  fut  un 
des  premiers  membres  de  l'acadé- 
mie Françoife.  Le  cardinal  de  RX- 
theVitu ,  qu'il  aidôit  dans  la  com- 
pofition  de  fe$  Tragédies,  le  fit 
contrôleur-général  de  l'-extraordi- 
XJaire  des  guerres ,  &  fecrétab-e-gc- 
néral  de  la  marine  du  Levant.  Il 
mourut  à  Paris  le  25  Oâ:oî||:c 
1676 ,  chez  le  duc  de  RicheO^  doîàt 
il  étoit  l'intendant ,  à  €1  ans.  Il 
'avoit  eu  Terprit  agréable  dans  fa 
Jeuneflc ,  &  Û  avoit  été  admis  dans 
les  meilleures  fociéfiés  de  Paris.  Ce 

'  fîit  lui  qui  compoâi  ces  jolis  vers 
fur  la  Violette^  pour  la  guirlande 
de  Julie  de  Rambouillet  : 

Modefte  en  ma  conleur  ,  modefte 

en  men  féjour  , 
Franche  d'ambition  ,  )e  me  cache 

fous  l'herbe;  -» 

Mais ,  fi  fur  votre  front  je  puis  me 

voir  un  iour  « 
La  plus  humble'  dçs  fieurs  fera  la 

plus  fuperbe. 

Les  derniers  jours  de  des  Marcts  ne 
'  refîemblerent  pas  à  fon  printemps  *, 
ils  tinrent  beaucoup  de  la  folie, 
*  iJiais  de  cette  folie  fombre  &  mé- 
lancolique, qui  eft  la  plus  cruelle 
de  toutes.  Dans  £oa  Ans  du  S  oint- 
Efprit  au  Roi ,    il   fe    va^    qu'il 
leveroit  une  armée  de  144  mille 
^  combatcaas ,  dpat  unç  pamç  étoit 


M  A-R 

déjà  anrôlée  pour  Êûrelagu^w^ 
impies  de  aux  Janféiiiiles.  Le  noav 
bre  de  ceux  qui  compoferont  ce 
facré  troupeau,  doit  être,  félon hi 
Prophétie  dt  S.  Jean  ,  de  t^^  nulle 
qui  autont  la  marque  du  Dieu  rlftatt 
fur  te  front  ,  ^ejl-à'dirt  ,  qui  feront 
voir  à  découvert  far  leur  vie  ^  qui  D'un 
eft  vivant  dans  leurs  caurs^  Et  conune 
toute  armée  a  befoin  d'un  général, 
il  offre  cette  charge  au  Roi  -,  afa 
que  le  [ele  &  la  valeur  de  fa,  pcrfonat 
f ocrée ,  qui  fera  le  général  de  ceue  heUt 
armée  ^  comme  Fils  aine  de  l'EgUfet 
&  principal  Roi  de  tous  les  Chrétiens^ 
anime  tous  ïesfoldats.  Pour  les  moin« 
dres  charges ,  il  déclare  à  Sa  Ma*- 
jefté  qu'elles  font  deftinées  pour 
les  chevaliers  de  l'ordre.  VotreroyaU 
corripagnie ,  dit-il ,  des  Chevaliers  du 
Salnt-Efprit  doit  marcher  à  leur  téu  , 
fi  elle  eft  auffi  noble  &  aujji  vaillante 
comme  elle  fe  perfuade  de    Pitre,  Et 
pour  les  piquer  d'honneur,  il^^joute,, 
qu'e/Ze  le  fera  bcaucuiqf ,  fi  elle  eft  aufi 
prête  que  U  refte  de  cetu  f  ointe  armée  à 
tout  fiire  &  à  tout  fouffrîr.  Pour  les 
moyens  que  Ton   doit  employer 
dans  cette  guerre,  &  dom  cette  nom- 
brcufe  armée  fe  doit  fervir,  il  ne 
s'en  ouvre  pas  ;  mais  il  fe  réferw 
à  les  déclarer  en  temps  &  lieu* 
comme  les  ayant  appris  du  Satat" 
Efprit,  Bien  des  gens  auroiem  pu 
penfer  que  cette  armée  étoit  une 
vifion   digne  de  Noftradttmus  ,  tc 
c'étoit  la  première  penfée  qui  de* 
voh  venir  dans  l'efprir  du  roi  en       j 
'  lifant  le  projet.  C'eft  pour  préve-       | 
nir  cette  idée  que  l'auteur  déclare       | 
à  L^uLs  XIV  ^  que  la  plus  gran^ 
partie  de  cette  armée  eft  déjà  levée, 
&  qu'elle  eft  compofée  de  plufieurs 
mille  âmes.  H  prédit  à  Loms  XlV 
l'avantage  de  ruiner  les  lVIafaomé« 
tans.   Ce  prince  valeureux  ^^l'iX^prP' 
dit   dans  Jérémle  par  les    mots  d§ 
Fils  dv  Juste  ,  va  détruire  &  chajfer 
de  fon  état  tlmpiété  &  théréfie  ^  & 
réjurmer  les  Eç(JéfiaJBques ,  U  jû^cê 

& 


M  À  R 

2*  les  Finances  ;  puis  d'un  commun 
^pnfentement  avec  le  Rûi  d* Ef pagne  ^ 
il  convoquera  tous  Us  Princes  de  CEu" 
tope  avec  le  Pape  pour  remit  tous  les 
Chrétiens  à  là  vraie  &  feule  reUffvn 
CatkûUque,,,  Après  la  réunion  de  tous^ 
les  hérétiques  fous  le  falnt^Slege^  le 
Roi  fera  déclaré  ch^  des  Chrétiens  ^ 
tomme  fils  aine  de  VÈ^ife,  Ces  idées 
lui  échatkfïiei-ent  teHement  l'imagina- 
tionsttue  fon  -eTprit  bleffé  voyoit 
par  '^  tout  des  Janféniftes  &  des 
Athées.  Un  jour  que  la  Mott^k^Vayer 
paffoit  dans  la  galerie  du  Louvre  « 
'  ^  Marêts  fe  mit  à  dire  tout  haut  : 
yoilâ  un  homme  qui  n^a  j^aini  de  rs^ 
Ètgtorti,  *—  Mort-  arrà ,  (  lui  répondit  U 
Vàyer^  en  Çt  retournant  ^  f  ai- tant 
"ëe  reiïglon ,  que  je  ne  fUls  pas  de  ta 
reû^on.  Celle  de  des  Marêts  étoit  le 

Ï»lus  abfurdç  fanatifme.J|  On  a  dit  de 
ui  y  »'  qu*il  étoit  le  plus  fou  de  tous 
»  les  Poètes,  &  le  meilleur  Poète 
5>  qui  fût  entre  lès  fous  w.  On  difoit 
âuffi  qiié  'ï^j  Marêts ,  encore  jeune, 
»  avoït  perdu  fon  ame  en  écrivant 
»v  des  ïtotnans  *,  &  que  vieux ,  il 
w  avoit  perdu  rcfprit  à  écrire  fur 
>>  la  Myfticité*i.  Cet  iiifenfé  fot 
lin  ûe»  tidrcuîes  critiques  de  Boîleau; 
Il  faccufoit  un  jour  d'avoir  pris 
éans  Juvenal  Çc  dans  Horace^  les  ri* 
cheffes  qui  brillent  dans  fés  Sati- 
.res.  g^'iwtforfô,  répondit  un  homme 
d'efprit  à  dès  Marêts  ?  Avoue^  du 
inoins   que    ces    larcins    reffemhlent  à 

.  teux  des  Partlfans  du  temps  paffé  '; 
ils  .  lui  fervent  À  faire  une  '  îftlle  '■de-' 
penfe ,  è»  tout  le  monde  en  profite^..'. 
Des  Marêts  a  fait  pluficurs  pieCeà 
de  théâtre  ,  telles  c^'Afpafie ,  les' 
yifionnalres^  Roxane^  Scîpion^  Eu-^ 
rope ,  &  Mlrame  •   la   comédie  dei 

,  yifionnalres-paff^Ae  fon  temps  pour 
le  chef- d'oeuvre  de  ce  fenatiqùe  ri- 
meur.  Nous  avons  encore  de  lui  : 
1.  Les  Pfeaumes  de  David  paraphra- 
fés,  II.  Le  Tombeau  du  Cardinal  de 
Richelieu,  Ode.  lïl.  V Office  de 
$à   FlERGE   mis  m^  rers.  IV.  Les 

Tome  F^ 


M  A  R         595 

Vertus  Chrétiennes^  Poëme  en  hûic 
chants.  V.  Les  iv  livres  &tV Imita*  ^ 
tlon  de  JesVs^Christ ^  1654,  in-' 
11^  très^mai  traduits  en  vers  Fran- 
çois. VI.  Clovis  ^  ou  la  France 
Chrétienne ,  en  16  livres  ,  El^evir  ^ 
165  7 ,  in-i2  -,  Poëmefans  génie  fur 
un  fujet  qui  devoit  exciter  le  génie< 
Il  en  prit  la  défenfe  contre  BolUau^ 
dans  une  brochure  publiée  en  1674, 
in*4®.  Defpréaux,  averti  que  cette 
critique  alloif  paroîtte ,  la  prévint 
par  cette  épigrarame  : 

Racine ,  plains  nia  dcfllnce  l 
C'eji  demain  la  txlfie  journée  ^ 
Où  le  prophète  des  Marêts  , 
Armé  de  cette  même  foudre 
Qttl  mit  le  Port-Royal  en  poudra  ^ 
Va  me  percer  de  mÛle  traits, 

.    C*en  efi  fait ,  mon  heure  efi  venue  | 
Non  que  ma  Mufe  ,'  foûtcnue 
De  tes  judicieux  avis  , 

'[  N'ait  ajfei^de  quoi  le  confondre  ; 
^Mals  ,  cher  anUi  pour  lui  répondre  2 
Hélas  !  il  faut  lire  Çl,OKis, 

Cette'  épîgrammc  n'empêcha  pas 
que  des  Marks  ne  fut  très-'Coatent  ^ 
de  fon  poërte  ';'  &  il  Tëtoit  à  un 
tel  point ,  que  dans  fés  Délices 
de  VEfprtt\  il  «n  renvoie  la  gloire 
à  Dieu ,  ^i  l'avoit  vifiblement  a(*- 
Mé  pour  fiiiir  ce  grand  ouvragew 
VU.  txi  Conquête  de  la  Frànche-Com* 
té.  Vin.  Le  Triomphe  de  la  Grâce  i 
c'eft  plutôt  le  triomphe  de  l'ennui. 
ÏX.  ÈJiher.  5t.  Les  Amours  de  Pro- 
thée  &  de  PhlUs  :  Poëmes  héroï-t 
qiies  ,  &c.  Des  Marêts  a  puyié  en 
profe  î'  L  Les  Délices  de  1/'^^  ; 
ouvrage  inintelligible ,  dOnt  on  s'eft  '' 
moqué ,  en  difant  qu'il  falloit  met- 
tre dans  l*errata  :  Délices  y  llfer 
DÈLiiiEs,  Ce  fanatique  prétend  ex- 
pliquef  l'A pocalypfe  dans  ce  livre; 
mais  il  s'en  acquitte  comme  Jurlem 
sert  acquitta  depuis.  II.  Avis  du. 
Saint» Esprit  au  Rot.  De  tous  les 
écrits  de  cet  infenfê ,  c'eft  le  plus 
extravagant  î  t^<^n  «"  commen-j 

Pp 


594        M  A  R 

cfinottde  cet  arade.]  III.  R^onfe 
à  tin/olents  Apologft  du  Rdî^tufu 
de  Port'RoyiU,  avec  U  Décvuvcne 
éU  Ia  faufft  E^fe  eu  Janféaifiu  & 
de  leur  foMJft  îloquaic^  ,   préfentée 
9u  Roi ,  Paris,  1666 ,  in-8^.  IV, 
Des  Romans  :  entre  autres ,  Ariane, 
produâion  obfcene  &  mauflade  , 
1639 ,  m-4^ ,  avec  de  belles  figures 
gravées  par  Bojfe,  Du  Maréu  s*cft 
éloigné  des  idées  de  verm  qu'on 
fatfoit  encrer  dans  ce»  fortes  d'ou- 
vrées. Afîane ,  Ton  héroïne ,  s'en 
plaint  dans  le  Pamaffe  réformé  de 
Cuira,  »«  On  ne  trouve  chez  moi  * 
f*  dit-elle ,  que  des  lieux  infunes  ; 
M  &  mes.  héroç  font  il  bien  accou- 
>»  tumés  à   les  fréquenter,  qu'on 
M  les  prendroit  pour  des  foldats- 
M  au^c  -  gardes   ou   des  moufque- 
M  taîres....   Je  ne  m'étonne  point 
rt  après  cela  ,  fi   l'auteur  me  ùit 
»  paroltre  nue  ;  il  y .  auroit  eu  de 
w  l'irrégularité  d'en  avoir  ufé  au- 
«»  trement  »♦.   V.   Une  cfpcce   de 
DlJfertatLon  fiir  les  poètes  Grecs , 
Latins  &  François ,  dans  laquelle 
il  attaque  les  maximes  d'AriJhu  & 
éi  Horace  fur  l'Art  Poétique.  VI.  La 
Viriti  du  FdbUs^  164$  ,  2  volumes 
in-8®.  VIL  Quelques  Ècrîu  contre 
les  Satires,  de  BoUeuu^  &  contre  les 
4ifciples  de  Janfwius,  Ces  difFérens 
ouvrages  n'ont  d'autre  mérite ,  que 
c-elui  de  l'enthoufiafme  le  plus  rifi-^ 
ble.  Se9  vers  font  lâches ,  traînans , 
Incorreûs  i  fa  profç  eft  femée  d'ex-^ 
preîfîons  ampoulées  ôc  extatiques  , 
qui  en  retirent  la  leâure  encore 
plus  ^tigante  que  celle  de  î^  poé- 
fies.  Pour  cotmoitre  cet  auteur  tel. 
qu'il  étott,  il  faut  lire  les  Vlfion- 
nalru  de  Nicole  ,  &  l'Avertiflement 
qui  eft  au  devant  de  cet  ouvrage. 

Voy»  II.  JONAS....   VI,  MoaiK.... 

6  II.  Nicole. 

m.  M  ARETS  ,   (  Samuel  Des  ) 

T\fi   à   Oifmond  en  Picardie,  Tan 

^,599  ,   avec  des  difpofitions  heu- 

l^fes  >  fit  fes  étttd^.  k  Pans  »  i 


M  A  R 

Saumttf  &  à  Genève.  Ildevmrn»* 
niftre  de  plufieurs  ^Jifes  Protef^ 
tantes  ,  puis  pro£eflcur  de  théolo* 
gie  à  Sedan  ,  à  Bois-le-Duc  &  à 
Groningue.   Û  %^j  acquit  tam  de 
réputation ,  que  l'univerfité  de  Ley* 
de  lui  o£&it  une  chaire  depro£ef- 
feur  en  1673.  U  étoit  fur  le  point 
de  l'aller  occuper,  lorfqu'il  mourut 
à  Groningue,  le  iS  Mai ,  à 74 ans. 
On  a  de  lui  un  grand  nombre  de 
livres  de  controverfe ,  contre  les 
Catholiques  &  les  Sodniens  ,  & 
contre  Grotms^  où  il  a  mêlé  beau- 
coup d'injures  &  de  perfbnnalités 
contre  les  théologiens  Catholiques 
&  contre  le  Pufc ,  qui  étoit ,  ielon 
lui  ,    VAjuechrifi.    Les   Protefians 
efiîment  foa  CoUeffum  Theoloffooug, 
Groningue  ,   1673  ,  in-4^.  Sanml 
du  Maréu  laifia  deux  fils ,  Hend 
&  DunUl,  C'eil  à  Hairi  qu'on  doit 
l'édition  de  la  Bible  Françoife,  im- 
primée en  grand  papier,  in-folio, 
El\evlr^  1669  ,  fous  ce  titre  :  BîhU 
Françoife  ,  édition  nouvelle  fur  la  Ver* 
fion  de  Genem  ,  nvu  lu  nous  de  la 
Bible  Flamande ,  çelUs  de  Jean  Deo- 
dati  &  autru ,  &c. ,  par  les  foins  de 
Samuel  &  Henri  du  Maréu  ,  père  & 
file ,  Amfierdam ,  Elzevir ,  ^669  , 
5  vol»  in-folio.  Voici  le  jugement 
qu'en  porte  Richard  Simon,    y*  Def 
n  Maréfs  cite  If^s  endroits  qu'il  n'eft 
w  pi  befoin  de  citer  ,  &  où  il  n'y 
»  a  d'ordinaire  aucune  difficulté. 
M  S'il  rapporte  quelque  chofe  qu'il 
M  ait  pris  des  bons  auteurs,  il  le 
*>  gâte  entièrement  par  c^  qu'il  y 
if  mêle.  De  plus ,  fon  langue  A 
»  un  galimatias  perpétuel...  Dans 
»  les  notes  qu'il  a  prifes  des  autres, 
*9  il  choifit  ordinairement  celles  qui 
>»  fiivorifent  le  plus  fes  préjugés,faÂs 
>*  examiner  fi  elles  font  vraies. .  «  • 
n  £n  un  mot,  tout  ce  grand  ouvrage 
>?  de  remarques  fur  la  Verfion  de 
n  Genève ,  a  été  entiéremem  gâté 
M  par  les  additions  peu  judicieufes 
it  d^^Aidf^CifyquilesareçuèUUes 


M  A  R 

Y*  Outre  qu'il  n'a  pas  eu  atez  éf^ 
y>  capacité  pour  en  faire  un  bon 
w  choix  t*.  Hlji.  crie.  Ilu  V,  T,  pag, 
359.  On  a  encore  de  ce  théologien 
un  Caiéchi{me  latin  fur  la  Grâce , 
publié  en  165 1.  Ce  n'ell  prefque 
qu'une  traduction  de  celui  que  /ey- 
dtau  ,  Janfénifle  célèbre ,  avoit  pu- 
blié Tannée  précédente....  Voyi\ 
Alt  IN  G, 

MARÊTS,  Foj^.  Desmarêts... 
MA.ILLEBOIS. . . .  6*  Régnier  » 
n^  II. 

MAREUIL  &  MARGAt,  (  Je- 
fuites):  le  premier  a  traduit  en  no* 
tre  langue  ^  le  Paradis  reconquis  de 
Mi/ton ,  à  la  fuite  de  la  traduâion 
de  Dupri  de  Saint  -  Maur  ;  Voyc( 
S/LLViEN...  Quant  au  fécond,  Voy^ 
Brumoy. 

MARFORÏO,  royqPASQuiy 
^  Sixte  V.    . 

MARGARITÔNE,  habile  pein- 
tre &  fculpteur  ,  natif  d'Arezzo  ,. 
floriflbit  fous  le  pape  Urhaîn  IV y 
dont  il  étoit  eflimé.  Il  mourut  à 
77  ans  ,  vers  la  fin  du  titizieme 
fiecle. 

MARGON  ,  (  Guillaume  Plan- 
tavit  de  la  Paufe ,  de  )  né  dans  le 
diocefe  de  Beziers ,  vint  de  bonne 
heure  à  Paris  ,  &  s'y  fit  recher- 
cher pou^  la  vivacité  de  fon  efprit. 
Les  Janfénifies  &  les  Molinifles  fe 
le  difputerent  ;  i'abbé  de  Margon 
donna  la  préférence  à  ceux-ci.  Les 
léfuites  étoient  alors  le  canal  de 
toutes  les  grâces',  &'  il  prétendoit 
à  la  fortune.  Il  débuta  en  17 15  par 
une  brochure  ,  intitulée  Le  Jan/é- 
ni/me  démâfqui  ,  qui  devoir  plaire 
à  la  Société ,  &  qui  cependant  fut 
très-maltraitée  par  le  P.  de  Tourne- 
mine ,  auteur  du  Journal  de  Trévoux^, 
L'abbé  de  Margon  ,  d'autant  plus 
(enfible  à  la  critique  de  fes  ouvra- 
ges ,  qu'il  l'exerçoit  avec  plaifir  fur 
ceux  des  autres  ,  lança  plufieurs 
Lettres  contre  le  journalifie  &  con- 
tre (es  confrères.  De  nouvelles  fa- 


M  A  R        Ç9Ç 

tires  contœ  des  perfonnes  accré- 
ditées ,  fiiivirent  ces  premières  pro- 
ductions de  fa  malignité*  La  cour 
fe  crut  obligée  de  le  reléguer  aux 
ifles  de  Lérins ,  d'où  il  fiit  transféré 
au  château  d'If,  lorfque  ces  ifles 
furent  prifes  par  les  Autrichiens  , 
en  1746.  La  liberté  luifiit  rendue» 
à  condition  qu'il  fe  retireroit  dans 
quelque  maifon  religieufe  ,*  il  choi- 
fit  un  monafiere  de  Bernardins ,  où 
il  mourut  en  1760.  L'abbé  de  Mar^ 
gon  appanenoit  à  une  famille  ref- 
pe£^able  ,  alliée ,  dit-on ,  au  car- 
dinal de  FUury,  Sa  vie  n'en  fut  pas 
plus  heureufe  \  le  funefte  abus 
qu'il  fit  de  fon  efprit ,  empoifonna 
fes  jours.  Il  étoit  d'une  taille  au- 
deilous  de  la  médiocre ,  &  fort  gros  i 
il  avoit  une  phyfionomie  méchante  , 
pleine  de  fiel  &  d'impétuofité ,  & 
ton  caraâere  étoit  comme  fa  phy- 
fionomie. Naturellement  porté  à 
augmenter  le  mal  &  à  atténuer  le 
bien  ,  il  ne  voyoit  les  chofes  que  par, 
le  côté  difforme.  Son  cœur  étoitauâl 
méchant  »  que  fon  efprit  étoit  malin« 
L'amitié,  cette  vertu  des  amesfen- 
fibles ,  lui  fut  entièrement  inconnue  : 
il  ne  fut  ni  la  goûter  «  ni  l'infpirer. 
On  le  connoifibit  des  les  premiers 
inflans  «  comme  un  homme  caufti* 
que ,  fiondeur ,  bouillant  ,  faux  ^ 
tracaffîer ,  &  toujours  prêt  a  brouil- 
ler les  perfonnes  les  plus  unies  «  û 
cette  divifion  pouvoit  l'amufer  un 
moment  :  du  moins  c'efl  ainfi  qu'il 
étoit  connu  dans  fon  exil  ^  il  eft 
vrai  que  la  folitude  n'avoit  pas  peu 
contribué  à  aigrir  fon  cara£iere.  Oa 
rapporte  cette  anecdote  à  fon  fujet  z 
Ayant  reçu  une  gratification  de 
30,000  livres ,  il  imagina  de  la  man- 
ger dans  un  fouper  iingulier,  qu'il 
pria  M.  le  duc  d*OrU'ins  de  lui  laif- 
fer  donner  à  Saint-CïoudA  II  en  fit 
la  difpofition ,  Pétrone  à  la  main  » 
&  exécuta  avec  toute  la  régularité 
poffible  le  repas  de  Trimalclon,  On 
furmonta  comités  les  difficultés  à  fgrcc 

ppij 


59^         MA  R 

de  ùcpc/ifes.  M.  le  Rcgent  eut  la 
çuriotîtc  d'aller  furprcndre  les  ac- 
teurs ,  &  il  avoua  qu'il  n'avoit  rien 
vu  de  fî  original...  On  a  de  l'abbé  it; 
Margon  pluiieurs  ouvrages ,  écrits 
avec  cîialcur.  1.  Les  Mémoires  de 
Vî/Iurs  ,  3  volumes  in-i  1  i  les  deux 
premiers  font  du  héros  lui-même. 
II.  Les  Mémoires  de  BerwUk ,  i  vol. 
in-i  1.  IIL  Ceux  de  TourvUU ,  3  vol. 
in-ii  ,  peu  eftimés.  IV.  Latrcs  de 
Fiei'Morîei,  Y.  Une  mauvaife  bro- 
chure contre  l'académie  Françoife, 
intitulée  :  Première  Séance  des  Etats 
Calûdns»  VI.  Pluûeurs  Brevas  de  U 
Calotu,  L'abbé  de  Margon  eut  beau- 
Coup  de  part  aux  Satires  publiées 
fous  ce  nom.  VII.  Quelques  Pièces 
de  Pocfie^  manufcrites,  qui  valent 
beaucoup  moins  que  (a  profe. 
MARGUERIN  de  la  Bigne  , 

F<)>«îII.  BlGHE. 

I.  MARGUERITE ,  (  Ste.  )  vierge 
célèbre ,  reçut  la  couronne  du  mar- 
tyre ,  à  ce  qu'on  croit,  à  Antioche, 
Tan  275.  On  n'a  rien  d'affuré  fur 
le  genre  de  fa  mort.  Son  nom  ne  fe 
trouve  point  dans  les  anciens  mar- 
tyrologes ,  &  elle  n'eft  devenue  cé- 
lèbre que  dans  le  onzième  fiede. 
Ce  que  Ion  dit  de  fes  reliques  & 
de  fes  ceintures  ,  n'a  pas  plus  de 
fondement  que  lès  aéles  de  fa,  vie. 
Cependant  on  fait  aujourd'hui'  fa 
fête  le  10  de  Juillet.  Voyc^  les  Vies 
des  Saints ,  de  Baîllet ,  pour  ce  jour- 
là.  «  Ses  aftes  ,  dit  cet  auteur  ,  ont 
>♦  été  fi.  corrompus  au  jugement' 
«  même  de  Métaphrafte^qatVi^iîe 
>♦  Romaine  n'en  a  fien  voulu  infé- 
M  rerdansfôn  bréviaire.  Les  Orien- 
»»  taux  l'honorent  fous  le  nom  de 
»»'  Ste,  Pélagie  ou  de  Ste,  Marine  ,  & 
w  les  Occidentaux ,  fous  ceux  de 
n  Ste,  Gemme  ou  àc  Ste,  Margue- 
>»  me  *f. 

Il  ne  faut  pas  la  confondre  avec 
Ste.  M ARG VERITE  ,  reine  dE- 
coffe.  Celle-ci  étoit  pedte-niece  du 
roi  Satnt  Edouard  U  Confeffeur^  ^ 


M  A  R 

fœur  d*Edgar ,  qui  devoît  fuccédef 
au  faint  roi.  Guillaume  U  Conquérant 
les  obligea  de  chercher  l^ur  falut 
dans  la  fuite.  Ils  abordèrent  en 
EcolTe ,  &  furent  accueillis  pst  Mal» 
coim  /y/,  qui  foutint  en  leur  fii- 
veur  une  guerre  fanglante  contre  les 
généraux  de  GmlUume,  Marguerlu 
donna  à  l'Ecoffe  le  fpe^cle  de 
toutes  les  vertus.  Malcolm  lui  de- 
manda fa  main .  &  la  fit  couronner 
reine ,  l'an  1070.  Elle  ne  fe  fervit 
de  Tafcendant  qu'elle  eut  fur  foa 
époux  y  que  pour  faire  fleurir  la 
religion  &  la  juftice  ,  &  pour  pro- 
curer le  bonheur  des  EcofTois.  Dica 
bénît  leur  mariage ,  en  leur  doimant 
des  enfans  dignes  d'eux  :  Edgard  , 
Alexandre  &  David ,  leurs  fils ,  illuf- 
trerent  fucceflivcment  le  trône  d'E- 
cofTe^  par  leurs  vertus  &leur  piété«. 
Mathîlde ,  leur  fille ,  époufa  Henri  I , 
roi  d'Angleterre.  [Voy»  Mathilde, 
reine  d'Angleterre.]  Ce  qui  difiin- 
gua  fur-tout  ce  couple  heureux  >  fut 
leur  tendreffe  pour  les  pauvres  & 
i^s  infortunés.  Malcolm  fit  bâtir  la 
cathédrale  de  Durham,  &  fonda  les 
évêchés  de  Murray&dc  CadmelT, 
réforma  famsdfon,  &porta  des  lois 
fomptuaires.  Marpterîte  eut  la  dou- 
leur de  perdre  fon  mari ,  tué  au  fîege 
du  château  d'Alnvich ,  dans  le  Nor- 
thumberland  ,  &  ne  furvécut  pas 
long-temps  à  cette  perte.  Elle  mou» 
rut  le  16  Novembre  1093  ,  dans  la 
47*  année  de  foh  âge ,  «  fut  cano- 
nifée  en  125 1  ,  par  Innocent  IV,  Sa 
Vie  a  été  écrite  par  Thlerî,  moine 
de  Durham ,  fon  confefTéur ,  &  par 
S,  Aelred,     ' 

IL  MARGUERITE,  fiUede 
fValdcmar  III ,  roi  de  Danemarck , 
&  femme  de  Haqum  ,  roi  de  Norwe- 
ge ,  fut  placée  l'an  1 3S7  fur  letrônç 
de  Danemarck  &  fur  celui  de  Nor- 
vège ,  par  la  mort  de  fon  fils  OLus  , 
qui  avoit  uni  dans  fa  perfoxme  ces 
deux  royauifies.  Atben ,  roi  de  Sue* 
de  )  tyran  de  fes  fvjets  nobles ,  Iq^  ~ 


J 


M  A  R 

Ibuleva  contre  lui  *,  ils  offrirent 
leur  couronne  à  Marguerite  ,  dans 
1  efpcrance  qu'elle  les  délivreroit  de 
leur  roi.  Le  tyran  fuccomba  après 
fept  ans  d'une  guerre  auffi  cruelle 
qu'opiniâtre  »  &  fe  vit  forcé  de  re- 
noncer au  fceptre  en  1394  ,  pour 
.  recouvrer  fa  liberté  qu'il  avoit  per- 
due dans  la  bataille  de  Falcoping. 
Marguerite  ^  furnommée  dès-lors  la 
Sémiramîs  du  A^ort/^  maîtreffe  de  trois 
couronnes  par  fes  vidoires ,  forma 
le  projet  d'en  rendre  l'union  perpé- 
tuelle. Les  états-généraux  de  Da- 
nemarck,  de  Suéde  &  de  Norvè- 
ge »  convoqués  à  Calmar  en  1 397 , 
£rent  une  loi  folennelle,  qui  des 
trois  royaumes  ne  faifoit  qu'une 
feule  monarchie.  Cet  aâe  célèbre  y 
connu  Cous,  le  nom  de  V  Union  de 
Calmar ,  portoit  fur  trois  bafes.  La 
première  ^  que  le  roi  continueroit 
d*ètre  éleftif.  La  féconde  »  que  le 
fouverain  feroit  obligé  de  feire  tour- 
à-tour  fon  féjour  dans  les  trois 
royaumes.  La  troifieme ,,  que  cha- 
que état  confervçroit  fon  fcnat ,  fes 
lois  ,  fes  privilèges.  Cette  union 
des  trois  royaumes  ,  (i  belle  au  pre- 
mier coup  -  d'œil  y  fut  la  fource  de 
leur  oppreffîoa  &  de  leurs  malheurs. 
Marguerite  elle-même  viola  toutes 
les  conditions  de  lUinion.  Les  Sué- 
dois ayant  été  obligés  de  lui  rappe-^ 
1er  Tes  fermens  ^  elle  leur  demanda 
$*ils  en  avoient  les  titres  ?  On  lui 
répondit  en  les  lui  montrant.  Garde^ 
tts  donc  bien  ^  répliqua-t-elle  -,  ^  moi 
je  garderai  encore  mieux  les  Villes  ,  U$ 
Places-fortes  Cf  les  Citadelles  du  royau^ 
me.,,  Marguerite  ne  traita  gueremieux 
les  Danois  que  les  Suédois  ;  &  elle 
mourut,  peu  regrettée  des  uns  &  des 
autres,  en  1 412  ,  à  59  ans ,  après  en 
a  v^oir  régné  3.6.  Le  duc  de  Poméra- 
II ie ,  ion  neveu  J.  qu'elle  avoit  ailb- 
cié  au  gouvejcnementdes  trois  royau- 
mes, lui  fuccéda  fous  le  nom  d'£- 
rlc  XIII,  Marguerite  eut  les  talens 
d'unç  héroïne ,  &  quelques  qualités 


M  A  R         597 

d*une  princeife.  Lorfque  fes  projets 
n'étoient  pas  traverfés  par  la  loi  ^ 
elle  la  fiufoit  obferver  avec  une 
fermeté  louable  -,  &  l'ordre  public 
etoit  ce  qu'elle  aimoit  le  mieux  » 
après  fes  intérêts  particuliers.  Ses 
moeurs  n'étoient  pas  trop  réguliè- 
res :  mais  elle  tâchoit  de  réparer 
cette  irrégularité ,.  dans  l'efprit  des 
peuples ,  pair  les  dons  qu'elle  fai- 
(bit  aux  églifes.  Son  efprit  auroit 
été  plus  loin,  s'il  avoit  été  cul- 
tivé. £lle  parloit  avec  force  &  avec 
grâce ,  &  elle  fe  fervit  avantagea- 
fônent  du  mélange  que  la  nature 
avoit  &it  en  elle ,  des  agrémens 
des  femmes  &  du  courage  des 
hommes. 

IIL  MARGUERITE  ,.  fille  aî- 
née de  Ralmond  Bértnger ,  comte  de 
Provence ,  époufa  S,  Louis  en  1134- 
La  reine  Blanche  ,  jaloufe  à  l'excès 
de  l'affeciion  de  fon  fils ,  voyoit 
avec  une  efpece  de  chagrin ,  fes  vifs 
enipreflemens  pour  fa  femme.  Si 
la  cour  voyagepit,  elle  les  faifoit 
prefque  toujours  loger  féparément. 
Auffi  la  jeune  reine  n'aimoit  pas 
beaucoup  fa  belle -mère.  S,  Louis 
n'ofoit  même  aller  che?i  cette épouCe 
chérie  ,  fans,  prendre  des  précau- 
tions ,  comme  s'il  avoit  été  che? 
une  maitrefTe.  Un  jour  qu'il  tenoit 
compagnie  a  fa  femme,, parce  qu'elle 
étoit.  dangereufement  malade-,  oji 
vint  lui  dire  que  fa  mcre  arrivoit» 
Son  premier  mouvement  fut  de  s'en- 
foncer dans  la  ruelle  du  lit.  Blanche 
l'apperçut  néanmoins.  Vene^-vous^ 
en ...  lui  dit-elle ,  en  le.  prenant  par 
la  main  ;  vous  ne  faîtes  rien  i^i,,,.. 
Hélas  !  s'écria  Marguerite,  défolée.» 
ne  me  lalJJ'en\-vous  voir  mon  Seigneur 
ni  à  la  vie ,  ni  à  la  mon  ?  Elle  s'é- 
vanouit à  ces  mots  *,  tout  le  monde 
la  crut  morte»  Le  roi  le  crut  lni- 
mêm^)  &  retourna  fur-le-cliamp 
auprès  d'elle.  Sa  préfence  la  fit  re- 
venir de  fon  évanouiffement  -,  & 
les  deux  époux,  toujours  furveillés^ 

Ppiii 


(59^        M  A  R 

s'en  aimèrent  davantage.  [  Vcye^ 
VHifioîrt  de  S,  Louis  ^  par  Joinville-^ 
&  YHîftobe  de  France ,  par  l'abbé 
Velfy,]  Marguerite  fuivit  Louis  en 
Egypte  l'an  114S  ,  &  accoucha  à 
Danietteen  1150,  d'un  ffls ,  fur- 
nommé  Triftan  ,  parce  qu'il  vint 
au  monde  dans  de  fâcheufes  con- 
jonâures.  Trois  jours  auparavant 
elle  avoit  reçu  la  nouvelle  que 
fon  époux  avoit  été  fait  prifon- 
nier  *,  elle  en  fut  fi  troublée,  que, 
croyant  voir  à  tout  moment  fa 
chambre  plqme  de  Sarrafins ,  elle 
fit  veiller  auprès  d'elle  un  che- 
valier de  80  ans  ,  qu'elle  pria  de 
lui  couper  la  tête ,  s'ils  fc  ren- 
doient  maîtres  de  la  ville.  Le  che- 
valier le  lui  promit  ,  &  lui  dit 
bonnement  qu'iV  en  avoît  eu  lapent 
fée  avant  qu'elle  Im  en  parlât.  Les 
Sarrafins  ne  purent  furprendre  Da- 
miette  ;  mais  le  jour  même  qu'elle 
accoucha,  les  troupes  Pifanes  & 
Génoifes ,  qui  y  étoient  en  garni- 
fon ,  voulurent  s'enfuir  parce  qu'on 
ne  les  payoit  pas.  Cette  princefle 
pleine  de  couk^ge  fit  venir  au  pied 
de  fon  lit  les  principaux  officiers , 
&  elle  les  harangua ,  non  pas  les 
larmes  aux  yeux  j  mais  d'un  ton  fi 
ferme  &  fi  mâle ,  qu'elle  obligea  ce* 
lâches  à  ne  point  fortir  de  la  place. 
De  retour  en  France  ,  elle  fut  le 
confeil  de  fon  époux  ,  qui  prenoit 
fes  avis  en  tout ,  quoiqu'il  ne  les 
fuivît  pas  toujours.  Elle  mourut  à 
Paris  en  1185,  à  76  ans.  Comme 
aînée  de  fa  fœur'  Béatrlx  qui  avoît 
époufé  le  comte  ^ Anjou ,  frère  du 
roi ,  elle  voulut  prétendre  à  la  fuc- 
cefiîon  de  la  Provence  ;  mais  elle 
n'y  réufiit  pas  ,  la  coutume  du 
pays  étant  que  les  pères  ont  droit 
de  fe  chojfir  un  héritier.  Son 
douaire  étoit  affîgné  fur  lei  Juifis , 
qui  lui  payoient  par  quartier  219 
livres  7  ibis  6  deniers.  C'étoit  une 
des  plus  belles  femmes,  de  fon 
temps, _&  encore    plus  fage   que 


-  M  A  R 

belle.  Un  poëte  Provençal  lui 
ayant  dédié  une  pièce  de  galante- 
rie ,  elle  l'exila  aux  ifies  d  Hieres, 
Son  efprit  étoit  û  Judicieux  ,  que 
des  princes  la  prirent  plnfieurs  fois 
pour  arbitre*  de  leurs  différens. 
Quoiqu'elle  n*eût  pas  trop  lieu 
(  dit  le  Père  Fontenaî^  )  d'aimer  la 
reine  Blanche  ,  elle  pleura  beau- 
coup à  la  nouvelle  de  fa  mort  , 
qu'elle  apprit  dans  la  Palefiine. 
Joinvîlle  lui  dit  avec  fa  liberté 
naïve,  »  qu'on  avoit  bien  raifon 
M  de  ne  pas  fe  fier  aux  pleurs  des 
>*  femmes  <<.  AùtrguerUe  lui  répon- 
dit avec  non  moins  de  franclufe  : 
Sire  de  Joinvîlle  ^  ce  n'eft  pas  aujji 
pour  elle  que  je  pleure  ;  mais  c*efi 
parce  que  le  Roi  eft  très-affilgé  ,  & 
que  ma  jilU  liabelle  e/l  refiêe  en  la 
garde  des  hommes, 

IV.  MARGUERITE  de  Bour- 
gogne ,  reine  de  France ,  fille  de 
/Robert  II  duc  de  Bourgogne ,  petite- 
fille  par  fa  mère  de  Saint  Louis ,  & 
femme  de  Louis  le  Hutin  roi  de 
France  *  époufa  cz  prince  âgé  feu- 
lement de  quinze  ans ,  en  1 3  o  5 .  Elle 
étoit  belle ,  d'un  efprit  vif,  &  fon 
cœur  étoit  porté  à  la  galanterie. 
Elle  étoit  très-unie  avec  Blanche  de 
Bourgogne,  femme  de  Charles  comte 
de  la  Marche  ,  fi^ere  du  roi.  Ces 
deux  princefTes  avoient  les  mêmes 
goûts,  8c  leurs  amoiu-s  éclatèrent 
bientôt.  En  13 14,  Tone  &  l'autre 
furent  convaincues  d'adultère  avec 
deux  frères ,  l'un  appelé  Philippe  , 
l'autre  Gautier  dAunay,  Ils  avoient 
Intérefie  dans  leurs  débauches  un 
huiflier  d^  la  chambre  de  la  reine 
de  Navarre ,  confident  &  complice 
de  ces  défordres.  Philippe  pafibit 
pour  l'amant  de  Marguerite  ,  Gautier 
pour  celui  de  Blanche,  C'étoit  à 
l'abbaye  de  Maubuiffon  que  fe 
pafibient  les  fcenes  honteufes"  du 
libertinage  des  princefiTes.  Louis  Hu- 
tin ,  qui  venoit  de  monter  fur  le 
trône ,  fit  feirç  le  procès  aux  deux 


M  A  R 

gehnlshommes  ,  comme  k  des 
traîtres  &  à  des  fcélérats,  coupa* 
blés  du  crime  de  le(i*majeâé. 
L'huiffier  qui  favorifoit  ces  crimi- 
nelles galanteries  ,  fut  condnnné 
au  gibet  -,  mais  Pfdâppe  &  Gautier 
^ent  traités  plus  févérement.  Ils 
furent  tous  les  deux  mutilés  & 
ccorchés  \ih.  Ils  eurent  enfuite  la 
tête  coupée,  &  leur  corps  furent 
pendus  par-deiTous  les  bras  ,  & 
leurs  têtes  placées  fur  des  piliers. 
Cette  exécution  fe  fit  en  1315 ,  à 
Pontoife.  A  Tégard  de  MatgMriu  & 
de  Blanche^  elles  furent  reniermées 
au  château  Gaillard-,  &  ,  foit  que 
Marffterîu  fut  la  plus  coupable ,  foit 
^MeJjouis  Mudn  fût  le  plusféveré, 
fon  époufe  éprouva  le  plus  rude 
châtiment  :  elle  fut  étranglée  avec 
«ne  ferviette. 

MARGUERITE.,  Landgrave  de 
Thuringei  Voy.  ni.  Frédéric^ 

V.  MARGUEmTE  dIcqsse  , 
femme  de  Louis  XI ,  roi  de  France ,  • 
^and  il  n'étoit  encore  que  dau- 
phin, avoit  beaucoup  d%rprit&  ai- 
moit  les  gens  de  lettres.  Ce  fut 
elle  qui  donna  un  baifer  à  AUùn 
ChartUr  :  [  Voyc^  l'article  de  ce 
poëte»  )  Elle  mourut  en  1445  «  ^ 
26  ans.  ' 

VI.  MARGUERITE  D'AU- 
TRICHE  ,  fille  unique  de  l'empe- 
reur Maximlliea  /  &  de  Marie  de 
Bourgogne,  naquit  en  1480.  Après 
la  mort  de  fii  mère,  on  l'envoya 
en  France,  pour  y  être  élevée  avec 
les  enfans  du  roi  Louîf  XL  Peu  de 
temps  après  elle  fiit  fiancée  au 
dauphin,  qui  monta  depuis  fur  le 
trône  fous  le'  nom  de  Char/es  VIU, 
Mais  ce  monarque  ayant  donné  fa 
main  ,  en  1491 ,  à  Anne',  héritière 
de  Bretagne,  renvoya  Marguerîu  à 
fon  père  avant  la  confommation 
du  mariage.  Ferdinand  &  IfahclU  , 
rois  de  Caftille  &  d'Aragon  ,  la 
firent  demander,  en  1497,  pour  leur 
fiU  unique»  /ma  in£itt  d'Efpagne. 


MAR         59^ 

Comme  elle  alloit  joindre  ibn 
époux ,  fon  vaifieau  fut  battu  d'une 
furieufe  tempête ,  qui  la  mît  fur  le 
point  de  périr.  Ce  fut  dans  cette 
extrémité  qu'elle  compoià  cette  Epi* 
taphe  badine  : 

Ci  git  Margot  ,  ia  gente  Demoi* 

Qu'eut  deux  maris,  &  Ji  mourut pu^ 
cdle. 

Si  Margua-ite  fit  effeâivemçnt  cette, 
platfanterie  au  milieu  du  naufrage  ^ 
-on  ne  doit  pas  avoir  une  foible 
idée  de  la  fermeté  de  foh  ame. 
L'infant  fon  époux  étant  mort  peu 
de  temps  après  ,  elle  époufa  en 
1508  Philibert  le  Beau  ^  duc  de  Sa- 
voie. Veuve  trois  ans  après ,  & 
n'ayant  point  d'en&ns ,  elle  fe  re*^ 
tira  en  Allemagne  auprès  de  l'em- 
pereur fon  père.  Elle  fut  dans  la 
fuite  gouvernante  des  Pays-Bas ,  & 
s'y  acquit  l'efHme  publique  par  fa 
prudence  &  par  fon  zèle  contre 
le  Luthéraniûne.  Cette  princefie 
mourut  à  Malines  le  i*' Décembre 
ijf3o,  à  50  ans.  Sa  devife  étoit: 
Fortune ,  infortune ,  fors  une.  On  l'a 
expliquée  de  plufieurs  manières  dif<> 
férentesi  elle  ne  mérite  de  l'être 
d'aucune.  Marguerîu  laifia  divers 
ouvrages  en  profe  &  en  vers  ^ 
entre  autres  :  le  Dif cours  de  f es  in' 
fortunes  &  de  fa  vie,  Jean  le  Maire 
compofa  à  fa  louange  la  Couronne 
Marguarltique  ,  imprimée  à  LyoA. 
en  1549.  Toutes  les  fieursde  cette 
couronne  ne  font  pas  également 
vives  ;  mais  l'on  trouve  dans  ce 
recueil  des  chofes  affez  curieufes 
fur  cette  princefie,  &  plufieurs  de 
fes  faillies. 

VII.  MARGUERITE  de  Va- 
LOIS ,  reine  de  Navarre  >  fœur  de 
François  I^  &  fille  de  Charles  d'Or- 
léans duc  d'Angoulême ,  &  de  Loulfe 
de  Savoie  ^  naquit  à  Angoulême  en 
1492.  Elle  époufa,  en  1509,  Charles  , 
dernier* duc  d'Alen<fon  ,   premier 

Pp  iy 


'6oo        M  A  R 

prince  du  fang  &  connétable  et 
France ,  mort  à  Lyon  après  la  prife 
de  Pavie  ,  en   1^25.  La  princefle 
èiarpurlu ,  affligée  de  la  mort  de 
ion  époux  &  de  la  prife  de  fon  frère 
qu'elle  aimoit  tendrement  ,  fît  un 
voyage  à  Madrid ,  pour  y  fouiner 
le  roi  durant  fa  maladie.  La  fermeté 
avec  laquelle  elle  parla  à  Charl^- 
^ubu  &  à  fes  mimibes ,  les  obl%ea 
à  traiter    ce  monarque    avec  les 
égards  dus  à  fon  rang.  François  /, 
de  recour  en  France  *  lui  témoigna 
fa  gratitude  en  prince  feniible  & 
généreux.  Il  l'appeloit    ordinaire*- 
arent  /a  Mtçioane  ;  il  lui  fit  de 
très-grands   avantages    lorfqu'elle 
fe  maria ,  en  1 5 16 ,  à  Henri  d*A/kra , 
Toi    de  Navarre.   Jeanne  d'Alhret , 
mère  de  Henri  IV  ,  fut  l'heureux 
iruit  de  ce  mariage.  Ses  foins  fur 
le  trône   furent  ceux  d  un  grand 
prince.   £lle    fit  fleurir    l'agricul- 
xure ,  encouragea  les  arts  ,  proté- 
gea les  favans ,  embellit  Oks  villes 
&  les  fortifia.  L'ardeur  qu'elle  avoit 
de  tout  apprendre ,  lui  fît  écouter 
quelques  théologiens    Proteflans  , 
qui   rinfefberent  de  leurs  erreurs. 
Elle  les  dépofa ,  en  1533»  dans  un 
petit  ouvrage  de   fa  £içon  ,    inti-> 
Sulé  :  Le  Miroir  de  VAmt  picherejfe  , 
qui  fut  cenfuré  par  la  Sorbonne* 
Cette  condamnation  lui  infpira  en<t 
core  plus    d'intérât  pour    les  hé- 
jrétiques ,  qu'elle  regardoit  comme 
des  hommes  malheureux  &  per^- 
fécutés^  Elle  leur  donna   fa  con«> 
fiance  ,  &  employa  tout  ce  qu'elle  . 
avoit  de  crédit  pour  les  dérober  à 
la  févéricé  des  lois.  Ce  fut  à  fa  re* 
commandation  que  François  1  écri^ 
vit  au  Parlement  ,  en   faveur  de 
quelques  hommes  de  lettres  pour- 
fuivis  comme  favorables  aux  nou- 
velles erreurs.  Enfin,  fur  la  fin  de 
fes  jours ,  elle  rouvrit  les  yeux  à 
la  vérité  ,  &  mourut  fîncérement 
'eonvertie  le  2  Décembre   1549  ,  à 
17  ans  I  au  château  d'Odos  .en 


M  A  R 

Bigorve.  [  Foyei  m.  FtvRE.  J 
Cme  princefle  joignoit  un  efprit 
mâle  à  une  bonté  compatiflânte  , 
6c  des  lumières  très-étendues  à  tous 
les  agrémens  de  fon  fexe.  Elle 
étoit  doucefânsfoibleile  ,  magni- 
fique fans  vanité  ,  capable  d'af- 
aires,  fans  négliger  lesamuiemens 
de  la  fociété,  attachée  à  François  I , 
comme  une  foeur  bien  née  ,  & 
auffi  refpeûueufe  à  fon  égard  que 
le  moindre  de  fes  fujets.  Amie  de 
tous  les  arts  ,  elle  en  cultivoit 
quelques-uns  avec  fuccès.  Elle  écri- 
voit  Êacilement  en  vers  &  en  proie. 
Ses  Poéfies  lui  acquirent  le  fur* 
nom  de  Dixième  Mufe,  Nous  ci- 
terons la  petite  pièce  qu'elle  adrefla 
à  Marot ,  en  répondant  pour  Hé^ 
Une  de  Toumon  à  ce  poète  ,  qui 
s'étoit  plaint  dans  une  épigramme 
du  nombre  de  fes  créanciers. 

Si-  ceux  à  ^  ^deve^   comme   vous 

dites  ^ 
Vous  connoiffoient  comme  je  voum 

connois , 
Qmte  ferici    du  dettes  que    vous 

fîiCS, 

Au  temps  paffi ,   tant  pondes  qut 

petites  \ 
En    leur  payant  un    diiain  touu^, 

fou , 
Tel  que  U  ydtr*  ^,  qui  vaut  nûeusù 

mille  fois , 
Qiii  Parlent  dû  par  vous  eu  coa^ 

fcience  : 
Car  eftimer   on    peut   f  argent  au 

poids  ; 
'  Mais  on  ne  peut  (  &  j*en  donne  mm 

voix  ) 
Affci  prifer  votre  heliejeience. 

On  célébra  Marffteriie  en  vers  Se 
en  proie.  On  dit  d'elle ,  que  c'é- 
toit  une  Marguffiu  qui  furpajfoii 
en  valeur  les  perles  d'Orii^,  La  reine 
Marguerite  avoit,  dit-on ,  la  vertii 
que  l'antiquité  fuppofoit  aux  Mu^ 
fes  \  mais  on  ne  le  jugeroit  pas 
en  JUi^nt  fes  ou\^è«  ,  très-fou« 


M  A  R 

.vtnt  obfcenes  malgré  la  pureté  de 
fes  mœurs.  Les  jeunes  gens  les  li- 
ient  encore  aujourd'hui  avec  trop 
de-  plaiiir.  On  y  trouve  de  l'ef- 
prit ,  de  rimaginaûon  ,  de  la  naï- 
veté ,  &  la  Fontaine  y  a  puifé  le 
fond,  &  même  les  ornemens  de 
plufieurs  de  Ces  Contes.  O  a  d'elle  : 
I.  Heptaméron  ,  ou  Us  Nouvelles  de 
la  Reine  de  Navarre ,  1 5  60  ,  in-4**. 
(  édition  de  Gmget  ;  )  Ôf  Amfter- 
dam ,  1698  ,  2  volumes  in- 8^ ,  fi- 
gures de  Romain  de  Hoogue,  Ce 
font  des  Cornes  dans  le  goût  de 
ceux  de  Bocace,  qui  ont  été  im- 
primés de  même  ,  à  Amfterdam , 
j6^7,  z  vol.  in-8°,  figures.  On  y 
joint  Its  Cent  Nouvelles  ,  Amfier- 
dam,  17P1  ,  2  vol.  in-8^,  figures  -, 
&  les  Contes  de  U  Fontaine^  Am- 
Herdam ,  1685  ,  2  vol.  in-S** ,  fi- 
gures. Ces  4  Recueils  ont  été 
réimprimés  fous  le  titre  de  Recueil 
de  Contes,  d'une  très-jolie  édition , 
â  Chartres,  fous  le  nom  de  la  Haye  » 
^733  ï  ^  vol.,  petit  in-12.  Des 
aventures  galantes ,  des  fédudions 
de  filles  encore  novices ,  des  ftra- 
tagêmes  plaifans  ,  employés  pour 
tromper  les  tuteurs  &  les  jaloux  : 
voilà  les  pivots  fur  lefquels  rou- 
lent tous  ces  contes  ,  d'autant  plus 
^ngereux  pour  la  jeuneffe  ,  que 
•les  images  obfcenes  y  font  ca- 
chées fous  un  air  de  fimplicité 
&  de  naïveté  piquantes.  [  Voye[ 
Louis  XI,  ]  II.  Les  Marguerites  de 
la  Marguerite  des  Prlncejfes ,  recueil- 
lies en  1 5  47 ,  in-8°  ,  par  Jean  de 
la  Haye  ,  fon  valet  de  chambre. 
On  trouve  dans  ce  recueil  de 
Poéfies  :  i^  Quatre  Myjleresl  ou 
Comédies  pieufes  ,  &  deux  Farces, 
Ces  pièces  fingulieres  ,  où  le  fa* 
cré  eft  mêlé  avec  le  profane  , 
font  fans  élévation  ,  6ç  n'offrent 
que  beaucoup  de  naïveté  ,  parce 
4]ue  le  naïf  efi  une  nuance  du  bas. 
3.°  Un  Poème  fort  long  &  fort 
^nftpidc  ,  ibtitulé  :  Zc  trlom^hç  de- 


M  A  R        ^01 

P Agneau,  3^  La  Complahue  pour 
un  Prlfonnîer  ^  apparemment  pour 
François  / ,  efi  un  peu  moins  mau- 
vaife.  Marguerite  avoit  une  fedlitç 
finguliere  pour  faire  les  devifes. 
La  fienne  étoit  la  fleur  de  ^oud 
qui  regardoit  le  Solâl ,  avec  ces 
mots  :  Non  inferiora  secvtus. 
Elle  en  avoit  une  autre;  c'étoitun 
Lis  à  côté  de  deux  Marguerites  , 
&  ces  paroles  à  l'entour  :  Miras^ 
j)UM  NjiTi/RjE  orus, 

Vm.  MARGUERITE  be 
France,  fille  de  François  */,  née 
en  1523 ,  cultiva  les  lettres  &  ré- 
pandit ies  bienfaits  fur  les  favans , 
à  l'exemple  du  roi  fon  père.  Elle 
fe  maria  en  1559  avec  Emmanuel-- 
Philibert,  duc  de  Savoie.  Ce  prince 
connut  tout  le  bonheur  de  pefle- 
der  une  telle  époufe ,  &  fes  fujets 
la  nommèrent  de  concert  la  Mère 
des  Peuples,,,  Henri  III  ayant  pafTé 
à  Turin  à  fon  tetour  de  Pologne , 
elle  fe  donna  tant  de  mouvement 
pour  que  ce  monarque  &  les  fei- 
gneurs  de  fa  fuite  furent  bien  trai- 
tés, qu'elle  contraûa  une  pleuré* 
fie ,  dont  elle  mourut  le  14  Sep- 
tembre 1574  >  à  51  ans.  Cette 
princeflç  ùvoit  le  Grec  &  le  La- 
tin ,  &  joignoit  à  ces  connoiflan- 
ces  des  vertus  fupérieures  &  une 
piété  tendre. 

IX.  MARGUERITE  DE  Fran- 
ce ,  fille  de  Henri  II ,  née  le  14 
Mai  1552  ,  époufa,  en  1572 ,  Ip 
prince  de  Béarn  ,  fi  cher  depuis 
à  la  France  fous  he  nom  de  Henri 
IV,  Ce  mariage  ,  célébré  avec 
pompe  ,  fut  l'avant-coureur  de  la 
fimefte  journée  de  la  Salnt-Barthé^ 
lemi^  concertée  au  milieu  des  ré- 
jouifiances  des  noces.  La  jeune 
princeiTe  avoit  alors  tout  l'éclat 
de  la  beauté  &  de  la  jeunefle  : 
mais  fon  mari  n'eut  pas  foii  coeur  ; 
le  duc  de  Gidfe  le  poffédoit.  [  Voyei 
auiîî  I.  Faur.  ]  Henri  ,  loin  de 
travailler  à  fe  Tafifurer  y  donna  le 


1 


eioi         M  A  R 

£ea  i  différentes  maxtrefles.  Deux 
<époux  de  ce  caraâere  ne  pou- 
voienc  guère  vivre  en  bonne  in* 
celligence.  Marçurlte  étant  venue 
À  la  cour  de  France  en  1^82  , 
s'abandonna  à.  toute  la  foibleâe  de 
Ton  tempérament.  Le  roi  Charlts 
IX^  fon  frère,  la  fit  rentrer  pour 
quelque  temps  en  elle-même  par 
un  traitement  ignominieux.  Ce 
prince  avoit  dit,  après  avoir  figné 
ion  contrat  de  mariage  :  En  don- 
nant ma  faur  Margot  au  Prince  dt 
Bcam  ^  je  la  donne  à  tous  les  Hu- 
guenots du  Royaume. .»  Henri  ^  obligé 
de  vivre  avec  cette  femme  volup- 
tueufe  ,  lui  témoigna  le  mépris 
quelle  méritoit.  Marguerite,  profi- 
tant du  prétexte  de  l'excommuni- 
cation lancée  par  Slxte-Qulnt  con- 
tre (on  époux  i  s*empara  de  l'Age- 
nois  &  s'établit  à  Agen  ,  d'où  fa 
lubricité  &  Tes  vexations  la  firent 
chafTer.  Contrainte  de  fe  fauver 
en  Auvergne  ,  elle  s'y  conduifît 
en  courtifane  &  en  aventurière. 
Sa  vie  fut  très-agitée  ,  Jufqu'au 
moment  qu'elle  fut  enfermée  au 
château  d'UfTon  ,  dont  elle  fe 
rendit  maîtrelTe ,  après  avoir  affu- 
jetti  le  cœur  du  marquis  de  Ca- 
nlUac  qui  Vy  avoit  renfermée.  Henri 
IV  devenu  roi  de  FraïKe ,  &  n'ayant 
point  eu  d'enfant  d'elle  ,  lui  fit 
propofer  pour  le  bien  de  l'état  de 
faire  cafTer  leur  mariage.  Elle  y 
çonfentit  avec  autant  de  noblef^ 
que  de  défintéreffement.  Loin  d'exi- 
ger plufieurs  conditions  auxquelles 
ce  prince  auroit  été  obligé  de  fouf- 
crire ,  elle  demanda  feulement  qu'on 
payât  fes  dettes ,  &  qu'on  lui  af- 
furât  une  penfion  convenable. 
Leurs  nœuds  furent  rompus  en 
1599,  par  le  pape  Clément  IX, 
Marguerite^  libre  de  fes  liens ,  quitta 
fon  château  d'UfTon  en  i6oç ,  & 
vint  fe  fixer  à  Paris ,  où  elle  fit 
bâtir  un  beau  palais  rue  de  Seine , 
ve  c  de  vaûes  jardins  quirégtioient 


M  A  R 

le  long  de  la  rivière.  Elle  y  vécot 
dans  le  commerce  des  gens  de  let>- 
tres  &  dans  les  exercices  de  piété. 
Elle  mourut  le  27  Mars  161 5  ,  à 
63  ans.  Cette  princefle  joîgnoit  à 
une  ame  noble ,  compatiffante  & 
génércufé ,  beaucoup  d'efprit  &  de 
beauté.  Perfonne  en  Europe  ne  dan- 
foit  fi  bien  qu'elle.  Don  /iwn  d'Aw 
triche  y  gouverneur  des  Pays-Bas, 
partit  exprès  en  pofle  de  Bruxel- 
les ,  &  vint  à  Paris  incognito  pour 
la  voir  danfer  à  un  bal  paré.  Sa 
maifon  étoit  l'aûle  des  beaux  ef- 
prits.  Son  imagination  acquit  tant 
d'agrémens  auprès  d'eux,  qu'elle 
parloit  &écrivoit  mieux  qu'aucune 
femme  de  fon  temps.  Elle  les  ho- 
nora de  fes  bien^ts  ;  mais  die  fit 
pafTer  fouvent  la  générofité  avant  la 
juftice»  car  elle  empruntoit  beaii- 
coup  &  rendoit  très-peu  :  auffi 
mourut-elle  accablée  de  dettes.  Ce 
fut  la  dernière  princefTe  de  la  mai- 
fon de  Falou ,  dont  tous  les  prin- 
ces étoient  morts  fan^  poflérité. 
On  fit  les  vers  fuivans  fur  l'extinc- 
tion dé  cette  maifon  : 
Margaris  tf/w4/<?ror,  confors  &  JUla 
Rsgum 

Omnibus  his  morlens^  proh  dolorl 
orha  fuît. 
Pars  ferro  occuhult,  pars  altéra  cétf\ 
veneno. 

Tutlor  eji  fuUo  parvula  fella  gravi, 
Pravlfa  ohilt  mater  vexata  proccUU , 

Par  nota  maror  praftitu  înfetiasm 

Quelques  hifloriens  ont  prétendu 
que  ,  pendant  fon  -mariage  avec 
Henn  IV,  elle  accoucha  fecréte- 
ment  de  deux  en&ns  ;  mais  on  n'a 
jamais  apporté  la  moindre  preuve 
de  ce  conte  fcandaleux.  On  a  d'elle: 
L  Des  PUfies ,  parmi  lefqudles  il 
y  a  quelques  vers  heureux.  IL 
Des  Mémoires  depuis  1565  Jufqu'en 
1582,  publiés  en  162S  par  Augtf 
de  Maulcon.  Marguerite  s'y  peint 
comme  une  Vénale*  Le  %le  en 


M  A  R 

iftft  naïf  &  agréable,  &  les  anec- 
dotes curieufes  &  amufantes.  Gode 
frol  en  9  donné  une  bonne  édition 
à-Liege,  in-S^.iyi  3...  Voy.  VWfioln 
de  cette  princeffe ,  par  M.  Monge^ , 
diânoine  régulitr,  1777,  in-8". 

X.  MARGUERITE  >  fille  &  hé- 
ritière de  Florent  comte  de  Hol- 
lande, cft  célèbre  par  un  conte 
répété  pcir  vingt  compilateurs ,  par 
ceux  de  ce  fiecle  même.  Ayant  re- 
fufé  l'aumône  à  une  femme  qu'elle 
accufa  en  même  temps  d'adultère , 
Dieu  la  pimit  en  la  faifant  accou- 
cher, l'an  1276,  de  365  enfani; 
tant  garçons  que  filles.  Les  garçons , 
ajoute-t-on,  furent  tous  nommés 
Jean ,  &  les  filles  EUfabeth.  Cette 
hiftoire  eft  peinte  dans  un  grand 
tableau  dW  village  peu  éloigné 
de  la  Haye  ;  &  a  côté  du  tableau 
l'on  voit  deux  grands  baflîns  d'ai- 
rain, fur  lefquels  on  prétend  que 
les  36c  enfans  ftirent  préfentes  au 

.  baptême.  Mais  combien  de  âbles 
ne  feroient  point  atteftécs ,  s'il  fuf- 
fifoit  de  citer  un  tabIea;U  en  leur 
faveur  ?  >»  On  a  remarqué  que  les 
»♦  plus  anciennes  Annales  gardent 
>»  im  profond  filence  fur  ce  ûit  ; 
«  qu'il  n'a  été  rapporté  que  par 
>♦  des  écrivains  modernes,  qui  ne 
M  s'accordent  point  entre  eux,  ni 

*>>  fur  la  date,  ni  fur  la  vie  de  la 
»♦  comteffe ,  ni  fur  le  nombre  ^ts 
»»  enfans;  &  qu'enfin  Najfau^  qui 
»♦  pour  lors  étoit  évêque  d'Utrecht , 
>»  s'appeloit  Jean  &  non  pas  Gui , 
>♦  comme  le  difent  les  Chroniques. 
>»  Plulîeurs  favans  ont  examine  ce 
»♦  qui  avoit  pu  occafionner  un  pa* 
»»  reil  récit.  M.  Struik  s  eft  arrêté 
>♦  aux  Epitaphcs  de  la  mère  &  du 
M'fils,  qui  lui  ont  paru  mériter 
»♦  quelque  attention.  Conformé- 
y*  ment  aux  dates  qu'elles  préfen- 
M  tènt  ,  il  a  penfé,  que   la  coih- 

''  »♦  teffe  accoucha  le  vendredi-faint 
w  1276  qui  étoit  le  26  Mars.  Or, 
*>  dans  ce  temps  l'année  commen- 


/  M  A  R        605 

>)  çant  au  15  du  même  mois,  il  y 
»»  avoit,  lorfqûe  la  comteiTe  ac- 
»  coucha, 'deux  jours  de  l'année 
>«  qui  s'étotent  écoulés;  ce  qui  ai 
»t  Élit  dire  qix^l/c  mit  au  monde  au" 
^^  tant- d* enfans  qu!il  y  en  avoit  À 
>♦  l'année.  En  effiet  on^e  trouve 
»»  dans  l'hLftoire  que  deux  enfens , 
>»  Jean  &  Ellfahetk,  C'eft  ainfi  que 
»  cette  fable  s'explique,  &  devient 
»»  un  événement  ordinaire,  quite- 
»  noit  au  merveilleux  par  une 
>♦  équivoque.  Les  écrivains  poftc- 
»  rieurs ,  qui  n'ont  point  examiné 
>»  cette  circonftance,  ont  attribué 
>f  365  entans  à  la  comtefle^.  (  Jo  ur* 
NAL  des  Savons  ,  Février  1758.,. 
fur  VHiJioire  générale  des  Provinces* 
Unies,  )  Il  y  a  eu  une  autre  Mar- 
guerite, femme  d'un  comte  Pa;.- 
latin ,  qui  accoucha  dans  Cracovie« 
en  1269 ,  de  36  enfans ,  tous  en 
vie ,  û  l'on  en  croit  Martin  Cronfer , 
Gulchardin  qui  l'a  copié,  &  cinquante 
auteurs  qui  ont  rapporté  ce  menfon^ 
ge  après  eux.  Il  ne  faut  cependant 
pas  nier  qu'il  n'y  ait  eu  quelques 
exemples  d'une  fécondité  prodigieu- 
g.  Pic  de  la  Mirandole  parle  de  deux 
îtenmes  ,  dont  Tune  accoucha  de 
9  ,  l'autre  de  11  enfans. /ou^é/t,  dans 
î^^  Erreurs  populaires^  rapporte  que 
la  grand'ijiere  dé  la  maréchale  dt 
Montluc  ,  héritière  de  la  maifon 
de  Bovllle  en  Agénois ,  eut  d'une 
feule  couche  9  filles,  qui  vécurent 
toutes  &  furent  mariées ,  &  dont 
on  voyoit  encore  du  temps  de  Jou^ 
hert ,  les  tombeaux  dans  l'églife  ca« 
thédrale  d'Agen. 

XI.  MARGUERITE  d'Anjou, 
fille  de  René  d'Anjou ,  roi  de  Sici- 
le, femme  de  Henri  VI  roi  d'An- 
gleterre ,  étoit  une  princeffe  entre- 
prenante, courageufe,  inébranla- 
ble. Elle  eut  tous  les  talens  du  gou« 
vernement  &  toutes  les  vertus  guer- 
rières. Elle  prit  un  tel  empire  fur 
fon  mari  ,  qu'elle  régna  fous  fon 
nom,  La  nation  Angloife,  que  fa 


6o4        M  A  R 

fermeté  avoit  Irritée,  réfolut  de 
Ranger  de  maître.  Richard^  duc 
d'Yorck ,  profita  de  la  fermema- 
tton  des  efprits  pour  faire  valoir 
fts  droits  à  la  couronne.  II  Ce  mit 
a  la  tête  d'une  année,  battit  Hcnrî 
Fi  en  1 47  5  à  Saint* Albans  ,  &  le 
JM-it  prifonnier.  Marguerite  voulut  le 
rencfre  libre ,  pour  l'être  elle-même. 
Son  courage  étoit  plus  grand  que 
fe  mallieurs.  Elle  levé  des  troupes , 
délivre  fon  mari  par  une  viftoire , 
devient  générale  de  fon  armée,  & 
entre  à  Londres  en  triomphe.  Les 
rebelles  ne  furent  pas  découragés, 
lis  livrèrent  bataille  a  la  reine ,  a 
Northampton ,  Tan  1460  ,  le  comte 
de  JFarwlck  à  leur  tête.  Marguc- 
ntt  fut  vaincue,  Henri  fait  prifon- 
nier une  deuxième  fois  ,  &  fa  fem- 
me fugitive.  Elle  courut  de  pro- 
vince en  province  pour  ffe  faire  une 
armée ,  quoique  Londres  &  le  par- 
lement lui  fufTent  oppofés.  Elle 
raffembla  dix-huit  mille  hommes , 
marcha  contre  le  duc  d'Yorck ,  le 
vainquit  &  le  tua  à  Wakefield;  at- 
teignit Wurwlck ,  &  eut  le  bonheur 
de  remporter  fur  lui  une  vîéioire 
complète,  en  1471  ,àBrands-héat|^ 
près  de  Saint- Albans.  Le  comte  de 
la  Marche ,  devenu  duc  dTorck 
par  la  mort  de  fon  père ,  &  fou- 
tenu  par  Warwîck  ,  fe  fit*  couron- 
ner roi  d'Angleterre  fous  le  nom 
d* Edouard  IV,  Marguerite  fut ,  plus 
que  jamais ,  daas  la  néceilîté  de 
fe  battre.  Les  deux  armées  enne- 
mies fe  trouvèrent  en  préfence  à 
Tawton,  aux  confins  de  la  provin- 
.  ce  dTorck.  Ce  fiit  là  que  fe  don- 
na la  plus  fanglante  bataille  qui 
ait  jamais  dépeuplé  l'Angleterre. 
Warwîck  fut  pleinement  vidrorieux , 
&  le  jeune  Edouard  IV  affermi 
fur  le  trône.  Marguerite  abandon- 
née pafîa  en  France ,  pour  im- 
plorer le  fecours  de  Louis  XI  ^  qui 
lui  en  refu{à.  Cette  princeffe  intré- 
pide repalTe  en  Angleterre  ,  donne 


M  A  R 

une  nouvelle  bataille  vers  Exhamj 
l'an  1461 ,  &  la  perd  encore.  Con- 
trainte de  fe  réfugier  chez  fon  .pè- 
re ,  elle  revint  bientôt  pour  domp* 
ter  les  rebelles.  Elle  livre  de  nou- 
veaux combats ,  &  eft  feite  prifon- 
niereen  147 1.  Elle  recouvra  la  li- 
berté en  1475  »  P^  ^^  ^'*  ^'  ^^^^ 
année  entre  Louis  XI  &  Edouard 
ly  y  ^  elle  revint  en  Jrance ,  où  , 
obligée  de  dévorer  fes  chagrins  , 
après  avoir  foutenu  dans  douze  ba- 
tailles les  droits  de  fon  mari  &  de 
fon  fils  ,  elle  mourut  en  14S2 ,  la 
reine ,  l'époufe  &  la  mère  la  plus 
malheureufe  de  l'Europe.  La  pofté- 
rité  l'auroit  encore  plus  refpedée  , 
{\  elle  n'avoit  pas  fouillé  fa  gloire^ 
par  le  meurtre  du  duc  àt  Glotefler^ 
oncle  du  roi  fon  époux ,  dont  le- 
crédit  excita  fon  envie  ,  ôc  qu'elle 
fit  périr  ,  fous  prétexte  d'une  conf^ 
piration.  VHlJhlre  de  cène  reine 
infortunée  a  été  écrite  par  l'abbc 
Prévôt j  Amflerdam ,  1 740  ,  en  i  vol. 
în-12.  Voye:^  V.  George, 

XII.  MARGUERITE  d'Yorck, 
fœur  d'Edéuard  IV  &  de  Rîch<^  III^ 
féconde  femme  de  Charles  U  TêMé- 
ralre^  duc  de  Bourgogne ,  n*eut  point, 
d'enjfans  de  fon  mariage.  Ellefùr- 
vécut  à  fon  époux ,  &  fixa  fon  fé- 
jour  en  FlantGres ,  où  elle  fb  fit  ado- 
rer. Mais  die  adopta  &.aima  tenr« 
trement  fa  belle  -  fille  MarU  de 
Bourgogne ,.  &  fes  enfans  ,  dont  elle 
foigna  l'éducation.  Les  facheufes 
affeires  qu'elle  fufcita  à  ffenrl  VII\ 
ufurpateur  du  trône  d!Angleterre 
fur  fa  famille ,  qui  s'y  étoit  affermi 
en  épouf^mt  la  nièce  de  Marguerite  ^ 
&  cjui  la  traitoit  avec  une  dure -in- 
gratitude, firent  donner  à  la  du- 
chelTe  veuve  le  fùmom  de  Jusdh 
du  roi  d'Angleterre.  Voyez  auffi  les 
art,_  di* Edouard  Plantagenu  l  n* 
II ,  de  Perkjns  i  &  de  Stanley  ^ 
n^   I. 

MARGUERITE ,  fille  de  Fréde* 
rlc  U  :  Voyci  FRÉDÉRIC ,  n^  til* 


M  AR 

MARGUERITE  de  Lorïiaine, 
Voyci  III.  Louise. 

MARGUERITE  DE  Savoie, 
Vice-reine  de  Portugal ,  Voy,  lxv. 
Jean  IV ^  le  Fortuné. 

XIII.  MARGUERITE -MARIE 
A  LA  COQUE ,  née  en  1645  ,  à 
Leuihecourt  en  Bourgogne  ,  mon- 
tra dès  Ton  enfance  beaucoup  de 
vertu.  A  l'âge  de  dix  ans  elle  difoit 
avoir  des  extafes  &  des  apparitions  ; 
elle  fe  dévoua  dès-lors  à  la  con- 
templation. En  167 1  elle  entra  au 
monaftcrc  de  la  Vifitation  de  Sainte- 
Marie  de  Paray-le-Monial  en  Cha- 
rolois.  Elle  fut  admife  au  noviciat 
après  trois  mois  d épreuve,  &  fut 
^ès-lors  un  modèle  de  TagefTe ,  de 
foumi/Iion  &  de  patience.  Mais  des 
fingularités  &  des  bizarreries  terni- 
rent l'éclat  de  fes  vertus.  Elle  mou- 
rut le  17  Oûobre  1690 ,  après  avoir 
rérvi  à  répandre  la  dévotion  au 
C<£UR  DE  Jésus.  L'archevêque  de 
Sens ,  Languct ,  a  écrit  fa  F/< ,  &  y 
a  joint  quelques-uns  de  fes  écrits... 
Voyei  n.  Languet. 

MARGUNIO,  (Maffimo)  fîls 
d'un  maréchal  de  Candie  >  vint  â 
Venifeavec  fon  père  en  1547,  & 
y  ouvrit  une  imprimerie  Grecque. , 
de  laqiielle  font  fortis  beaucoup 
d'ouvrages.'  Sa  maifon  ayant  été 
(onfumée  par  un  incendie,  il  re- 
tourna dahs  fa  patrie  &  devint  évê- 
que  de  Cërigo.  U  mourut  dans  l'ifle 
lie  Candie  ,  en  1602,  à  So  ans.  On 
a  de  lui  en  grec  des  Èymnes  Ana^ 
créontlques ,  publiées  à  AusSourg  en 
1592,  in-S** ,  par  Afa/cA«//ttJ.  Elles 
font  une  preuve  de  fes  talens  pour 
le  lyrique.  On  a  eAcore  de  lui  d'au- 
tres Poéfits  ,  dans  le  Corpus  Poéta- 
Tum  Grxc.  Genève,  1606  &  1614  , 
a  vol.  in-fol. 

MARIALES,  (Xantes)  Domi- 
nicain Vénitien ,  d'une  famille  nô- 
h\e  y  enfeigna  quelque  temps  la  phi- 
lofophie  &  fa  théologie.  Il  fe  ren- 
fj^jtAfl  enfuite  dUns  fçn  cabinet, 


M  À  R        60Ç 

fans  Vouloir  aucun  emploi  dans  fou 
ordre  ,  pour  fe  livrer  entièrement 
à  l'étude.  11  mourut  à  Venife  en 
1660 ,  à  plus  de  8û  ans.  On  a  de,lui  : 
L  Plufieurs  gros  ouvrages  de  théo- 
logie ,  dont  le  plus  connu  eft  ea 
4  vol.  in-fol.  Il  parut  à  Venife  «a 
Ï669 ,  fous  le  titre  de  Blbllothcca 
Interprcium  ad  unherfam  Summam  Z>. 
Tkoma,  II,  Plufieurs  Déclamations 
en  italien  contre  la  France ,  qui  atti- 
rèrent de  facheufes  affaires  à  l'au- 
teur ,  &  qui  le  firent  chafTer  deux 
fois  des  états  de  Venife. 

MARIAMNE  ,  l'une  des  plus 
belles  &  des  plus  illuilres  princcf- 
fes  de  fon  temps ,  époufa  Hérode  U 
ù/and ,  dont  elle  eut  Alexandre  & 
ArlflohuU.  Le  roi  l'aimoit  éperdue- 
ment.  Sa  beauté  &  fa  faveur  exci- 
tèrent l'envie  •,  fes  ennemis  vin- 
rent à  bout  de  la  perdre  dans  1  ef-; 
prit  de  fon  mari.  Elle  fut  accufé» 
Êruffement  de  lui  avoir  manqué  de 
fidélité.  l.Voy2\Y,  Joseph.]  Ce 
prince  trop  crédule  la  fît  mourir  v. 
l'an  28  avant  J.  C. ,  &.  en  conçut  * 
enfuite  un  repentir  fi  vif,  qu'il  en 
perdoit  Tefprit  dans  certains  mo- 
mens  ^  jufqu'à  donner  ordre  à  ceux 
qui  le  fervoient,  d'aller  quérir  la 
reine ,  pour  le  venir  voir  &  le  con- 
foler  dans  fes  ennuis.  Hérode  fe  re* 
maria  â  une  princeffe ,  nommée  aufll 
Màrjamue  ,  fille  de  Simon ,  grand 
'  facriflcateur  des  Juifs  *,  mais  cette 
princefle  ayant  été  accufée  d'avoir 
confpiré  contre  le  roi  fon  époux  , 
elle  fut  envoyée  en  exil. 

MARI  AN  A,  (Jean)  né  à  Taîa- 
vera ,  dans  le  diocefè  de  Tolède  , 
entri  cliez  les  Jcfuites  en  1554,  à 
Tâge  de  17' ans.  11  devint  dans  cette 
favante  école  un  dès  plus  habiles 
hommes  de  fon  fiecle.  11  favoit 
les  belles-lettres,  le  grec  &  l'hé- 
breu ,  la  théologie ,  l'hifloire  ecclé- 
fiafiique  &  çrohnt.  Il  enfeigna  à 
Rome ,  en  Sic41e ,  à  Paris  &  en  Ef- 
pâgnç ,  ^V€Ç  réputawion ,  &  «1911* 


6o6        MAR 

rtt  à  Tolède  le  17  Février  1614 , 
à  87  ans.  Cctoit,  fuivant  la  pôn- 
turc  qu'en  ont  faite  fcs  confireres , 
un  homme  ardent  &  inquiet.  On  a 
de  lui  :  I.  Une  WJiohc  '(fE/pagnc  , 
en  trente  livres,  qu*il  tradaifit  liû- 
mêmede  latin  en  efpagnol.  La  meil- 
leure édition  du  texte  efpagnol  , 
eft  celle  de  1678 ,  à  Madrid  ,  en 
a  volumes  in-folio.  Elle  eft  con- 
forme à  celle  de  1608 ,  Ihid,  %  vol. 
în-folio,  à  laquelle  JVftfrÔMïtf  avoit 
préfidé.  Les  éditions  latines  de  VHîf- 
toîn  de  Mariana ,  font  :  Celle  de 
Tolède,  1 59Z,  in-fol. ,  qui  ne  con- 
tient que  ao  livres  ;  de  Mayence , 
en  160  j ,  en  2  voK  in-4®  ;  &  de  la 
Haye,  en  1733  ,  4  vol.  in-folio. 
Celle-ci  eft  la  plus  beUe  &  la  plus 
correÛc.  Noiis  en  avons  une  Tra- 
JucUon  françoife,  par  le  P.  Charen- 
ion ,  Jéfuite  ,  imprimée  à  Paris  en 
1725  ,  5  vol.in-4*',  qui  fe relient 
en  6  :  Mahudcl  y  a  ajouté  une  Dlf- 
fertatlon  hiftorique  fur  les  monnoies 
antiques  d'Efpagne.  Mariana  ^  com- 
parable aux  plus  fameux  jiiftoriens 
de  l'antiquité  ,  eft  égal  au  préfi- 
dent  d6  Thou  pour  hi  nobleffe  & 
pour  l'élégance  du  ftyle  -,  mais  il 
n'eft  ni  auffi  exad,  ni  auffi  judi- 
cieux ,  ni  aufli  impartial  que  ce  célè- 
bre hiftorien.  Il  maltraite  les  Fran- 
çois Scies  Proteftans ,  &  répète  tou- 
tes les  fables  adoptées  en  Efpagne. 
Il  a  de  la  majefté  dans  fes  récits:., 
mais  peu  de  précifion.  Son  Hlfioirt 
ne  va  que  jufqu'en  1516.  L'éditio^i 
'de  Madrid,  que  nous  avons  indi- 
quée» renferme  des  Continuations 
jufqu'en  1678.  [Toye^MiNiANA..] 
Pedro  Mémuano  y  Cohcn-Tnut^  Rir 
Uyro  dt  Matedo  ,  ont  relevé  dans 
.  Mariana  pluûeurs  fautes  contre  la 
chronologie  ^  la  géographie  &  Thif- 
toirc  -,  mais  leurs  critiques  ne  font 
pas  toujours  juftes.  IL  VtsScholl»^ 
ou  courtes  Notes  fur  la  JBibU  ,  in- 
folio. Elles  font  peu  confultées  , 
quoique  uûles  pour  l'iiitelligence  du 


MAR 

fcns  littéral.  On  y  trouve  une  Dif^ 
fertatlon  fur  l'édition  de  la  Vulgate  , 
très-favante  &  très-judicieufe  -,  il  y 
eft  auffi  trai\é  du  texte  &  des  an- 
ciennes verûohs  de  l'Ecriture.  Cette 
D'iffcnation  fe  trouve  avec  l'ouvrage 
fuivant ,  dans  l'édition  de  Mmochîus^ 
par  le  P.  d^  Toumcmlne,  111.  Un 
Traité  De  ponderlbus  &  menfwis  , 
Tolède,  1599  »  in -4®;:  rare  & 
recherché ,  de  cette  édition ,  qui  eft 
Toriginale.  Cet  ouvrage ,  où  il  s' a- 
vifa  de  blâmer  les  changemens  ^ui 
fe  faifoient  en  Efpagne  dans .  les  • 
monnoies  ,  le  fit  mettre  en  prifon. 
IV.  Un  faihcux  Traité  De  Rege  & 
Rcgls  Injhttalone  ,  à  Tolède  ,  en 
1599,  in-4^  :  altéré  dans  les  édi- 
tions poftérieures  ,  &  qui  eft  fort 
cher,  de  l'édition  originale.  Il  ftic 
condamné  par  le  parlement  de  Pa- 
ris, à  être  brûlé  par  la  main  du 
bourreau ,  cenfuré  par  la  Sorbonne» 
&  défapprouvé  par  fes  fup^deurs. 
Mariana  ofe  foutenîr  dans  cet  ou- 
vrage 9  qu**/  efi  permis  dt  Je  défaire 
d*un  Tyran  ,  &  il  y  adnùre  l'aûioa 
déteftable  de  Jacques  Clément,  Il  eft 
conftant  que  RavalUac  n'ayoit  point 
puifé  dans  cet  ouvrage  •  Tabomina- 
hle  dcfTein  qu'il  exécuta  contre  la 
y'iQ  d'Henri  If^  y  comme  quelques- 
uns  l'ont  avancé  *,  mais  ce  livre 
n*en  doit  pas  moins  faire  horreur 
aux  bons  citoyens.  V,  Un  ouvra- 
ge ,  en  efpagnol ,  touchant  Us  dé" 
fauts  du  gouveptement  de  fa  Société  , 
qui  a  été  imp^me  en  efpagnol ,  en 
latin  ,  en  italien  Jk  en  firançois. 
[  Vcye:^  m.  MORXN.  ]  Maiiana.  ne 
vouloit  pas  le  rendre  public  -,  mais 
un  Francifcaia  le  lui  enleva  dans 
fa  prifon  ,  Ôc  le  fit  imprimer  à 
Bordeaux  en  1615  ,  in-8**.  VI.  Un 
Traité  des  SpeHacles  \  &.  d'autres  ou- 
vrages peu  connus  à  préfeat ,  &  im» 
primés  à  Cologne ,  1609  ,  in-fol. 

MARIANUS  SCOTUS  ,  habile 
moine  Ecoâiois  ,  fe  retira  en  1059 
dans  l'abbaye  deFulde^  Ôcmouruit 


1 


M  A  R 

è.  Mayenceea  1086 ,  à  5$  ans.  Il 
étoit  parent  du  vénérable  ^<;^.  On 
a  de  lui  une  Chroniqùs  qui  eft  efti- 
mée.  Elle  va  depuis  la  nailTance  de 
J.  C  jusqu'en  1083  ,  &  a  été  con- 
tinuée jufquen  1200 ,  par  Dodidùm^ 
abbé  au  diocefc  de  Trêves...  Voye^ 


M  A  R        607 

MARICA ,  N3rmphe  que  le  roi 
Faunus  époufa ,  &  de  qui  il  eut  JLi- 
tinus.  Elle  donna  fou  nom  à  un 
marais  ,  proche  deMintume  ,  fur 
le  bord  duquel  il  y  avoit  un  temple 
de  Vénux^  que  quelques-uns  confon- 
dent avec  Marlca  :  cette  dernière  cft, 
félon  LaHance ,  la  même  que  Clrcé^ 


Fin   du    Tome   Cinquième^ 


s^ 


T 


•  .  : ,   '  -^  .  V  _ 


l  ] 


AI/G  2  7   1930